l
1
UNIVERSITÉ DE PARIS 1
PANTHÉON-SORBONNE
LES RELATIONS
FRANCO-GABONAISES DEPUIS 1960'
,
THE8E
pour le Doctorat de 3e Cycled'PHstoire
Sous la Direction de :
Présenté par :
M. le Professeur
Moïse-Nsole BITEGHE
Guy PEDRONCINI
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Paris, 1981
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REM E Rel E MEN T S
Que mon directeur de Thèse, Monsieur le Professeur
t
Guy PEDRONCINI, directeur de 1 'histoire militaire et de dé-
fense, trouve ici l'expression de mon meilleur souvenir pour
le séjour universitaire que j'ai passé en France. Sans votre
soutien moral, vos conseils, vos critiques, 1 laide inestimable
apportée dans le choix. la conception et l'élaboration de ce
travail, la présente étude n'aurait pû être menée à sa fin.
Avec le souci constant de respecter notre liberté de recherche,
vous n'avez pas menagé votre peine, chaque fois qu'il s'est
agi de nous aider dans les moments difficiles que nous avons
connus.
Nous vous en remercions très sincèrement.
j
A Monsieur le Professeur J.B. DUROSELLE, directeur
de l'Institut d'Histoire des Relations Internationales con-
temporaines de Paris 1., nous devons notre formation d1histo-
rien diplomate à vos séminaires et entretiens que nous avons
eu le plaisir de suivre pour la préparation de notre D.E.A.
Malgré vos multiples occupations, vous nous avez toujours
reçu dans votre bureau, chaque fois que nous vous le deman-
dions.
Veuillez y trouver l'expression de notre profonde
gratitude.
A Messieurs les professeurs
J.C. ALLAIN et M.
MICHEl,
je vous remercie d'avoir accepté de faire partie du jury de
soutenance de ma thèse.
t
Au peuple Gabonais, malgré la diversité ethnique,
qui n'est pas un obstacle à ton unité nationale, je te remer-
cie de m'avoir accordé une bourse d'études qui, malheureuse-
ment m'a été supprimée pendant la réali~ation de ce travail,
parce que, pour certains, le IIGabon n'a pas besoin de docteurs ll •
A Feu mon père, Marc BITEGHE, ta mort, nous a privé
de l'affection paternelle depuis notre jeune âge. Tu nous
manques beaucoup.
A tous ceux qui nous étaient chers, et qui ne sont
plus de ce monde, nous ne vous oublierons jamais.
A ma mère, veuve BITEGHE Valentine, née ANDONG OBAME,
tu nous a élevés (ln enfants) dans des conditions difficiles,
mais tu as su t t acqu ttter de ta tâche, et tu as toujours assu-
mé tes responsabilités. Je te dois beaucoup.
",
A mon oncle Joseph ETOUGHE, malgré la mort de notre
père~ tu nous a toujours assistés, et tu nias jamais fait de
différence entre tes propres enfants et nous.
Sans ton aide
financière, morale, cette thèse n'aurait pas été menée à ter-
r
me. Ta présence physique à ma soutenance, est très significative.
Plus qu'un oncle, tu es pour nous, un père, au sens africain
du terme. Je rends hommage à tout ce que tu fais pour nous,
et compte sur toi pour le chemin qui nous reste à parcourir
ensemble. Je te suis très reconnaissant et te dois beaucoup.
A mon grand frère Emile F. MOURE ANGOs toute ma
gratitude pour tes conseils et ton soutien permanent.
A mes frères et soeurs, et à tous nos enfants, vous
avez fait des sacrifices pour moi. Je ne pense pas avoir
trahi votre confiance et vos espoirs. Toute mon affection.
A la famille paternelle ESSAMESSILA
A la famille maternelle ESSIWIE et EBIWUM
A mes beaux parents.
MERCI.
----~--_..-----
•
____i
A mes amis et connaissances, ainsi qU'à tous ceux
qui nous ont aidé de près ou de loin, dans la réalisation de
cette thèse, et durant toute notre scolarité, toute notre
gratitude.
A mes maîtres de l'école primaire protestante
d'ANDENDE à Lambaréné:
E. REWANGLIE ; A. AMVENEMBE ; J. ~1BA-NZOGHE ; J. MVIE-NGUEMA-EDU;
C. ETOUGHE ; NINA-BlE
J. RABIBINONGO ; H. N. NZANG-BENGANG ;
J.D.L. NDONG-EKWAGUE
M.A. BEKALE-EMANE,
Je vous remercie de m'avoir fait aimer IIl 'école ll •
1.
INTRODUCTION
GENERALE
2 .
AU MOMENT OU IL PASSE A L'INDEPENDANCE, OU EN EST LE GABON? (1)
Au moment où il passe à l'indépendance, ses rela-
tions avec la France sont déjà séculaires. En effet, comme le
souligne N. METEGUE N'NAH (2) en 1854 la
présence française au
Gabon est déjà un fait ancien.
Quand bien même les premiers Français arrivent au
Gabon dans la première moitié du XVIe siècle, soùs le règne de
François 1er ce n'est qu'au XIXe siècle qu'ils jettent les ba-
ses de leur établissement (3).
En effet, c'est le 119 février 1839 qu'est signé le
premier acte diplomatique entre un chef gabonais, le roi Denis
Rapontchombo, et un représentant de la France, le commandant
Bouët-Willaumez ll (4).
No us r e·v i end r 0 ns sur 1es dé t ail s de ces t rai tés
dans notre étude des groupes ethniques. Limitons nous à quel-
ques dates importantes qui ont tissé les liens franco-gabonais
jusqu'à la veille de 1960. De protectorat français en 1839, le
Gabon devient une colonie après la Conférence de Berlin de 1885.
Entre temps, le 10 septembre 1880, l'explorateur italo-français
(1) - N.B. Le mot Gabon viendrait de la traduction portugaise
de Gabâo. Les Portugais accordant aux images plus de place qU'à
l'abstraction, l'estuaire du Gabon fut appelé par eux: II r i o
do Gabâo ll tout comme le Wouri du Cameroun II r i o dos Camaroes ll (ri-
vière des crevettes). Ils furent émerveillés par la forme de l'es-
tuaire de Como rappelant grossièrement
le
manteau de marin (le
,.
II g a bâ o ll
portugais) correspondant au Gaba ll des pirates barbaresques!
ou au Caban des matelots français.
'
(2) - N. METEGLlE-N'NAH. Le Gabon de 1854 à 1886 11 Présence fran-
çaise et peuples autochtones ll thèse de 3e cycle, Histoire, Paris,
1, 1974, p. 2.
(3) - J. BOUQUEREL. Le Gabon, Que Sais-Je? P.U.F . .1970 p. 39.
(4) - H. PION. L'évolution politique du Gabon, depuis le milieu
du XIXe siècle, jusqu'à la mort du Président Léon MBA.
(1946-
1967). Thèse 3e cycle Histoire Bordeaux III. 1976. p. 12.
i
1
1
,-~~._-~
3.
Savorgnan de Brazza signe avec le roi Batéké Makoko, un trai-
té qui place les possessions françaises du Gabon et du Congo
sous la protection de la France. Somme toute, l'acte de Ber-
lin, limite 1 1aire d'influence française dans cette zone d'A-
frique. A partir de cette date, et en dépit de la diversité
géographique et ethnique, le sort du Gabon est désormais lié
à celui des pays voisins.
Le décret du 10 janvier 1910, crée et organise
le gouvernement de l'Afrique Equatoriale Française (A.E.F.).
C'est dans cet ensemble flédéra1 que le Gabon et les autres
pays membres évolueront jusqu'à la fin de la Deuxième querre
mondiale. Par ailleurs, la constitution française de 1946,
crée les conditions dlune vie politique dans les colonies pré-
cédemment dirigées par la métropole ou ses administrateurs,com-
me le remarque les "Marchés Tropicaux" : n. jusqu'en 1959,
j
la politique du Gabon a été faite à Paris dans les cadres suc-
cessifs de l'Empire français ... de l'Union française, puis de
la communauté, mais, dès la fin de 1944,
les Gabonais prépa~
raient la relève" (1).
L'éveil politique des Gabonais les amène à con-
tester dès 1948, l'organisation de l'A.E.F. en tant qu'unité
économique, 'quand bien même la métropole admet la remise en cau-
se du statut colonial, tout en refusant d'envisager llautonomie
et a fortiori l'indépendance de ses possessions. C'est seule-
ment la loi cadre de Gaston Defferre "q ui ma r que un progrès dans
le sens de l'individualité des territoires". (2), voulue par
les
Gabonais, dont la motion à l'Assemblée Territoriale du
mois d'octobre 1957 disait: "Si sa volonté est méconnue, elle
(Assemblée) est bien décidée à faire valoir sa position géogra-
phique et économique, qui permet son intégration directe au
(1) - Marchés Tropicaux et Méditérranéens, Spécial Gabon 1960-
1980, n° 1646 du 27 mai 1977 p. 1292.
(2) - M. NSOLE-BITEGHf. Les relations franco-gabonaises depuis
19GO. Mémoire D.E.A . . Institut d'Histoire de Relations Inter-
nationales Contemporaines. Paris I. 1979 p. 4.
4.
Gouvernement f r a nç a i s " (1).
Er. janvier 1958, la même assemblée votait à une
large majorité un ~ouveau te~te qui proclamait que Ille Gabon
entend se fédérer librement et directement à la France considé-
rée comme territoire pilote dans la future fédération franco-
africaine qui unira des Etats autonomes ll • L'attitude des Gabo-
_nafs est claire à cet égard, 11s veulent, du moins, ils manifes-
tent à la fois leur attachement indéfectible à la France, et
leur soüci de prendre leurs distances vis-à-vis des autres ter-
ritoires de l'ancienne fédération de l'Afrique Centrale.
Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958,
confirmait les Gabonais dans leur position et permettait éga-
lement au pays d'accéder au statut d'Etat membre de la Commu-
nauté. Ce processus, chemin-faisant, préludait directement
à l'indépendance.
En conclusion de cette esquisse sur les relations
franco-gabonaises antérieures à l'indépendance (2), le Gabon
qui n'avait pas souhaité ~ne évolution si rapide - Il
se trou-
rad evan t l e fa i tac corn pli
) corn men 0 us 1e ver r 0 ns plu s loi n
a connu le même processus que ses partenaires de l'Afrique noi-
re francophone (3). Il est nécessaire de préciser aue Ille
Français étant la langue véhiculaire entre ces différents pays,
constitue un puissant lien' dé c r ap pr och eme nt , que les
c ha nqe s
é
multiples, notamment économiques sont appelés à renforcer ll (4).
Ceci nous amène à traiter successivement des ca-
dres physiques et humain, avant de passer au bilan économique
du pays, à la veille de la proclamation de l'indépendance.
--------------------------------
(1) - J. BOUQUEREL, op. cité,p. 52.
(2) - N.B.
L'indépendance du Gabon a été proclamée le 17 août
1960.
(3) - N.B. L'Afrique noire francophone était composée de deux
fédérations l'A.E.F. et l'A.O.F.
(4) - J. BOUQUEREL. op. cité. p. 5.
J
5.
A. - CADRE PHYSIQUE
1. - Précipitations et hydrographie.
Certes, l'équateur traverse le Gabon en son mi-
lieu, et en régit son climat. "Nat s , le vrai climat équato-
rial ne semble pas exister au Gabon, puisque~ partout, on
r
constate des variations saisonnières marquées dans le régime
des précipitations. Celles-ci présentent deux maxima bien sé-
parés, 11 un de mars à mai, 11 autre de septembre à décembre" (1'.
En effet, il existe quatre saisons d 1inéga1es durées. Une gran-
de saison de pluies de mi-janvier à mi mai, une grande saison
sèche de mi-mai à mi-septembre, une petite saison de pluies
de mi-septembre à mi-décembre et une petite saison sèche de
mi-décembre à mi-janvier.
Entre ces saisons, les températures va~tent pe~.
30° C. en saison des pluies, 20 à 24° C en saison sèche. "Dans
la reglon forestière, avril avec 27,4°C de moyenne est le mois
le plus
chaud. Août avec 25° lC est le mois le moi ns chaud" (2).
Il existe en revanche de fortes irrégularités annuelles de p1u-
v iométrie, observées aussi bien au sud-Est dans la région de
Franceville que sur les stations côtières de Libreville et de
Port-Gentil. A cet égard, 1958 apparaît comme une année de
forte déficience des p1ùies, Mayumba ne reçoit que 746 mm (mo-
yenne normale 1777 mm). Dans le nord, à Minvoul, on enregis-
tre alors 1047 mm contre 1697 mm en année normale. Par contre,
certaines années offrent un déluge interrompu. On peut expli-
quer, ces variations annuelles de la pluviométrie par la posi-
tion géographique du Gabon, " p1acé entre les influences semi-
arides de l'Afrique Australe et celles du Golfe de Guinée,
très arrosé" (3).
------------------------------------
~ 1) - J. BOUQUEREL', op. ci t , p. 13
2)
- J. BOU QUEREL, op. cit. p.
13
(3) - J. BOUQUEREL; Ibid,! p. 24.
6.
A ces traits d'ensemble du climat gabonais, s'a-
joutent des nuances régionales difficiles d'ailleurs à locali-
ser. Certaines régions sont très arrosées. Cocobea~h, A la fron-
tière de Guinée enregistre une moyenne annuelle de 3856 mm,
parmi les plus fortes du pays (1). Dans ce cas, la diminution
est régulière du sud, sud-est, vers le nord-nord-ouest. L'Est
du Gabon ne bénéficie pas dans l'ensemble de moyennes aussi
élevées. A Mékambo,.on enregistre seulement 1647 mm, A Lastour-
ville, 1605 mm. Mais le nord du Gabon reçoit entre 1800 et 1900 mn
de pluies par an. La station de Bitam 1879 mm, Oyem 1852 mm.
On peut retenir dans L' e ns emb l e que certaines ano-
-
,
malies se traduisent par un déficit pluviométrique dont on ex-
pl~que mal les causes. Cela résulte peut-être de l'existence
d'un réseau hydrographique
très fourni.
Il est vrai que le
Gabon est presque entièrement drainé par l'Ogooué - et ses
affluents - qui se jettent dans l'Océan atlantique. Avec ses
1200 km de long, il représente un débit de 10.000 m3/s. A Lam-
baréné, il dépasse 'un kol omè t r e de largeur et n'est navigable
que sur 300 km, de Port-Gentil à Ndjolé, le reste est entrecou-
pé de chutes. Dans leur majorité, les cours d'eau partent du
nord, de llest et du sud pour converger vers l'ouest, "peut-
être demain, grâce à leurscchutes, ils seront de magnifiques
sources d'énergie" (2).
2. - Le relief
Le Gabon présente la forme schématisée d'un poly-
gone irrégulier.de 600 km environ de diamètre. Il est situé à
cheval sur l'équateur. Sa superficie est de 267.667 km2, à
peu près - -égale à celle de l'Allemagne Fédérale, ou a la moi-
tié de celle de la France.
-----------------------------------
(1) - En voici quelques-unes: Libreville 3119 mm ; Port-Gentil
1956 mm ; Mouila 2310 mm ; Fougamou 2227 mm ; Lambaréné 2008 mm.
( 2) - En cy cl 0 pédie "L e mil l ion : LIA f r i que, vol. XI, Gra nge
Batelière, Paris et Instituto geografico do Agostini, Novare
1973 p. 229.
!
J
7 •
Croquis N° 1 Carte climatique du Gabon.
o
120
,
240 km
1
1
Climat équatorial pur.
Climat équatorial de transition de la zone centrale.
Climat équatorial de transition
du sud-ouest et du littoral Centre-
Atlantique.
_ _ 4
Limite de zone climatique.
•••• •. 5
Limite de région climatique
Fig. 4
-
Zones et régions climatiques au Gabon
Sources
Annales de l'U.N.G. 1976.
j
8.
Le Gabon appartient au monde équatorial africain,
sitùé entre le 20 3D' de latitude nord et 4 0 de latitude sud.
Il est le plus petit ~ays d'Afrique centrale par sa sup~rfi
cie et par sa population (1).
Au nord-ouest, en bordure de l'Océant atlantique
sur lequel il possède une façade maritime de plus de 800 km,
il est limité par la République du Guinée Equatoriale. Au nord,
par la République Unie du Cameroun, à l'Est et au Sud par la
République Populaire du Congo. En fait, "il s'agit des limites
conventionnelles, car, les frontières terrestres ne sont maté-
rialisées ni par les fleuves, ni par les cha'nes de montagnes"
(2). Pour y vair plus clair, écoutons ce qu'en dit PION (3).
"Les impérialismes européens ont alterné affron-
tements et"compromis, et chemin faisant, ont fi-
'xé les frontières errtre leurs zones d'influence ..
Au Gabon, au nord, le tracé de la frontière résul-
te des conventions passées entre la.France et l'Es- 1
pagne
t a b l i
au Rio-Muni d'une part, la France et
. ê
l'Allemagne d'autre part. Ailleurs, il fut arrê-
té par l'administration française qui contrôlâit
aussi les territoires, voisins. Dans tous les cas,
les Européens agirent unilatéralement sans souci
réel des intérêts des populations concernées, où
des affinités ou des oppositions existantes entre
les groupes humains établis dans ces contrées.
Les Fang par exemple se sont trouvés placés les
uns sous domination allemande, au Cameroun; d'au-
tres, sous tutelle espagnole
01]
Rio-Mouni, d'autres
enfin, sous domination-française au Gabon ... 11
Cet état des choses sur le plan culturel et poli-
tique, profitera aux
Européens, i1'leur permettra de mieux
contrôler ces populations comme le rappelle Pion. "Et ces maf-
tres différents se sont efforcés d'inculquer à leurs ressortis-
sants respectifs, leur langue, leur religion, de leur faire
épouser leurs amitiés et leurs inimitiés, au mépris de l'unité
(1) - N.B. - Le problème de la population gabonaise est énig-
matique. Plusieurs sources n'arrivent pas à s'accorder sur un
nombre exact. Il oscille entre 500.000 et 1 million
d'habitants.
Nous y reviendrons dans l'étude humaine" du pays.
(2) - N.B; Ces frontières sont le résultat du découpage admi-
nistratif, héritage de la colonisation française.
(3) - H. PION. Thèse citée, p. 20.
J
9.
ethnique, des liens affectifs, des relations sociales et
éco-
nomiques établies. A l'inverse des groupes que triut divisait)
rivaux depuis plusieurs générations, se sont vus contraints
de coèxister pacifiquement et de collaborer au service d'un
même maître. Ce fut le cas bien souvent pour les Fang et leurs
voisins au Gabon ... et l'auteur de conclure en ces termes:
... La colonie du Gabon apparaît donc comme une construction
artificielle, conçue de l'extérieur. Elle est en cela sembla-
ble à ses autres compagnes d'infortune ... II •
Pour résumer cette situation, nous prêterons at-
tention à ce qU'écrit Mme Bouquerel : ilLe tracé et les limi-
tes de ces subdivisions territoriales sont à peu de choses
près, ceux que définissait l'arrêté du 5 novembre 1936, dans le
cadre de l'ancienne A.E.F.
(1).
Revenons à la présentation du relief, pour cons-
tater que le Gabon ft une façade atlantique dans laquelle slin--
crustent des lagunes et où sont formées des plages de sable
fin, mais, au fur et à mesure que lion avance vers l'intérieur
le relief s'élève selon un axe qui, appro~imativement traverse
le pays du nord-est au sud. Dote d'une double morphologie, le
Gabon est dans sa majeur partie, pays de forêt (2). Quelques
savanes viennent rompre l '~niformité de cet interminable mono-
tonie "ta pi s de bi l l a r d ". La forêt est présente partout où
s'échevêtrent d'essences diverses. La géologie est complexe et
lion retiendra tout simplement que du nord au sud, la région
à l'est de Lambaréné est formée de roches cristallines ancien-
nes. L'essentiel est fait d'un socle
ancien, précambrien, où
se localisent
à la base des Gniess et des micaschistes, et en
profondeur, de très vieux qranits
datant de l'époque secon-
daire. On décèle enfin.des roches éruptives en divers endroits
du territoire, les métaux tels que le manganèse de Moanda, ou
(1) - J. BOUQUEREL, op. cit. p. 48.
(2) - N.B. - La forêt occupe 71 % de la superficie du pays soit
22 millions d'hectares sur 240.000 km2.
10.
Le Gabon, les grands ensembles du relief.
Croquis 2.
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A
11.
le fer de Mékambo, apparaissent ainsi que le diamant dans les
roches cristallines, tandis que le pétrole est emmagasiné dans
les terrains de l'âge tertiaire ou quaternaire, où sont loca-
lisés les gisements de sel ou de phosphate.
Le Gabon est pays de moyenne a1titude~ au relief
l
assez tourmenté. La zone cô ti ër-e , basse, plate, s'étend du nord
au sud parallèlement à la côte, sur une largeur variant de 30
à 200 km. E!le ne représente nulle part d'altitude supérieure
à 300 mètres.
Les p1àteaux couvrent la p1~s grande partie du
pays
notamment tout le nord, 1 'est et~ une vaste partie du
sud. Plus ou moins é1evés~ ils sont gênéra1ement accidentés. Les
reliefs qui dominent les plateaux culminent au Mont Iboundji
(1.575 m) à l'ouest de Koula-Moutou. Les principaux massifs
sont les Monts du Chai11u au Sud, les rno nt s s B'i r oqou au sud-est
Ils dépassent fréquemment 1.000 mètres. Le massif du chai11u
constitue par son importance, un vêritable IImassif-centra111,
il est le chateau d'eau du Gabon.
Nous n'achèverons pas ici notre présentation phy-
sique du pays, sans montrer, dans ses grandes lignes, l'impact
qu'elle peut jouer sur le cadre ~umain. Nous partirons donc
des considérations générales, pour en venir à l'analyse de la
population, ses origines, sa mobilité dans l'espace géographi-
que national.
B. - LE CADRE HUMAIN
1. - R~pport entre milieu physique et cadre humain
Si le Gabon est un pays "b ni des Dieux", pour
ê
ses immenses richesses minières et forestières, il est para-
doxalement, maudit par ses mêmes Dieux en ce qui concerne sa
dêmographie. Le pays
est peuplé d'une mosalque d'ethnies ou de
tribus. Certains avencent~le chiffre de 60 groupes ethniques(l).
---------------------------
1
(1) - J. BOUQUEREL. op. c i t
p. 32.
1
12.
Mais, avec Metegue N'Nah, on est beaucoup plus proche de la
réalité. Il note: "Tout ce que lion peut affirmer c'est que
dans la seconde moitié du XIXe siècle, le Gabon comptait, com-
me de nos jours, une quarantaine d'ethnies (t).
Il faut déjà signaler que la documentation sur
la population gabonaise, du moins sur les différents groupes
ethniques qui la composent est très fragmentaire, voire insuf-
fisante. Cela rend notre analyse
difficile, et nous oblige
ànè traiter que les groupes ayant un inté~êt bibliographique(2).
Quelles sont donc les causes générales du défi-
cit humain gabonais? Pierre Gourou fait remarquer que III 'ouest
de l'Afrique Equatoriale a souffert de la chasse aux esclaves
et de la maladie du sommetl qui ont réduit des effectifs dé-
j a me nu s "
(3). Mais la traite des Noirs à elle seule ne peut
pas être à l'origine du sous-peuplement du Gabon, d'aujourd'hui.
Car, le Gabon n'av~~t pas la faveur des négriers qui devaient
accepter de làngs palabres, pour finalement obtenir des cargai-
sons peu nombreuses d'esclaves qui II s o nt moins appréciés et
recherchés que
ceux originaires du golfe du Bénin ou d'Ango-
la par e xemp l e " (4).
A notre avis, il y a un~autre facteur qui doit être
retenu et qui explique peut-être mieux celui qui vient d'être
évoqué. Le manque de communications, voire les difficultés de
contact entre l es gens de l a côte, et ceux de l' i ntéri eur.
Dans un cadre plus général - en y incluant la
République Populaire du Congo et le Centrafrique, on remarque
que lices pays ont pu, par endroits porter un peu plus d'hom-
mes qu'aujourd'hui comme l'indiquent les Okoumé du Gabon qui
occupent champs et villages abandonnés ll (5). Ce sous-peuple-
---------------------------
(1) - N. METEGUE N'NAH. Thèse citée par. 12
(2) - N.B. Nous parlerons des différents recensements qui ont
été faits dans l'analyse du cadre strictement humain.
(3) - P. GOUROU. L'Afrique. Hachette 1970 p. 270.
(4) - H. PION, Thèse citée p.
10.
( 5) - P. GO URO U. lb id. p. 272.
13.
me n t " (1).
On a souvent incriminé à tort ou à raison le mi-
lieu naturel et
plus précisément la forêt, d'être responsa-
ble en partie du déficit humain du Gabon. A ce propos, il con-
vient de ramener les choses à leur juste proportion; en di-
sant dès le départ que le milieu physique - naturel - gabonais
n'est pas aussi répulsif à la vie humaine comme certains-ent
r
l 'habitude de le croire. En tant qu'habitant de la forêt, nous
~nstatoDs nous-mêmes que celle-ci est peut-être un obstacle,
mai s , n' i nt e r dit pas l' i mpla nta t ion de l a vie numai ne.
Il est donc clair que demander aux seules condi-
tions " physiques ll les clés du faible peuplement serait un leur-
re ; tout comme d'incriminer les tecnniques de production étant
donné que les systèmes agricoles traditionnels, pourraient nour-
rir 25 habitants par km2. La facilité des déplacements des
Fang aux XIXe et XXe siècles, du Cameroun à l'Ogooué - soit
1.000 km - sJexplique par le vide des territoires qu'ils abor-
daient. Il est d'ailleurs remarqué que cette "poussée Fang"
progressait à une vitesse de 10 km par an, dans un domaine
faiblement peuplé; parce qu'il avait reçu peu d'hommes, mais,
peut-être aussi par démographie peu progressive (2).
Il est donc important de retenir que le sous-peu-
plement n'est pas spécifique au Gabon, il caractérise égale-
ment le Congo voisin. Et le passage que nous reproduisons ici,
est significatif à plus d'un titre. Il ••• Au Gabon et au Congo,
la densité de la population n'est pas influencée par la natu-
re des roches,qu'il slagisse de précambrien, du bassin sédi-
mentaire du Gabon ou du delta de l'Ogooué. Les températures
chaudes et stables n'expliquent ni faible densité générale, .
(1) - G. SAUTTER. De l'Atlantique au fleuve Congo, une géogra-
phie de sous-peuplement. République du Congo, République Sabo-
naise. Mouton 1960. 2 tomes.
(2) - P. GOUROU. op. cit. p. 270.
N.B. - L'auteur remarque qulen République Populaire du Congo
et au Gabon, la dé~ographie est déclinante pour les Likouala,
Mboko, Bayoko, Galoa des lacs. Elle est stagnante Dour les
Longui, Fang. Progressive pour les Kamba, Congo, Mbochi, Banga
et faible pour les Zambe et les Nzakara.
14.
ni inégalttés de la densité. La comparaison de la carte des
densités, rien de décisif, la région Brazzaville - Pointe-
Noire et les abords de ~astourville sont à la fois moins plu-
vieux et mieux peuplés. Mais le Woleu-Ntem, le plateau Koukou-
ya, la boucle de l IAlima sont à la fois peuplés relativement
et pluvieux. Les pluies sont très variables vers le sud. Poin-
te-Noire a subi un minimum de 299 mm en 1958 ; (moyenne an-
nuelle 1308). Aucu~ effet sur le nombre des hommes, impossible
de comprendre la densité de la population en partant des pay-
sages végétaux. Bien entendu, la forêt pleine est à peu près
vide. Les échiquiers forêts-savanes peuvent porter des popu-
lation relativement denses si ces populations sont disposées
à apprécier dans cet entremêlement l'agrément de vivre en sa-
vane et la fertilité des sols forestiers. Les relations, en-
tre densité de population et fertilité des sols ne sont pas
évidentes. Les sables pauvres du plateau téké justifient la
faible densité, mais, les sables Koukouya ne valent pas mieux
et nourrissent pourtant 27 habitants au k1ll2 11 (1).
En revenant précisément sur le cas du Gabon, nous
sommes aussi étonné que MM. Gourou et Sautter chez qui, 1I1 a
faible population - 460.000 habitants sur 268.000 km2 - sur-
pr e nd" (2). Qu'il soit nit e n passant que les chiffres avan-
cés pour la population gabonaise sont discordants et surpre-
nants. Nous constatons en effet que les "ë c a r t s de vê r it s "
ê
sont flagrants entre les données dites officielles (3). Nous~\\
avons le sentiment que certains'
organismes gonflent ou dimi-
,
nuent le volume de la population gabonaise, pour des raisons
purement économiques qui tiennent aux investissements, c1est-
à-dire,
à l'apport des capitaux. Il est vrai qu'une main-
d10euvre importée est plus chère, et cela pose des problèmes
(1) - P. GOUROU. op. cit. p. 270.
(2) - N.B. 460.000 habitants est le chiffre de 1960 ; il passe
à 630.000 au recensement de 1970 in Marchés Tropica~ et Médi-
térranéens spécial Gabon op. cit. p. 1237.
(3) - NB. L'évaluation de la population gabonaise est sujette
à caution. J.
BOUQUEREL'
avance les chiffres de 448.000
en 1961, et 518.000 au recensement de 1970. p. 27. Ph. DE-
CRAENE, lui, voit le million d'habitants en 1969, in Le Monde
du 18 février 1969. Tandis que P. TENAILLE in les 56 Afri-
ques, Maspéro 1979 p. 169, donne le chiffre de 900.000 habi-
tants. Enfin, les pouvoirs publics gabonais le porte à 1.232.000
habitants au recensement de 1981, in l'UNION la mai 1981,no160S.
15.
au niveau du mode de vie entre'les autochtones et les étran~
gers, entraînant parfois des vagues de xénophobie incontrôla-
bles et regrettables contre l'amitié entre les peuples.
Avant qu'un démenti ne vienne remettre en cause
le dernier recensement (1.232.000 habitants en 1981) (1), nous
enregistrons celui-~i pour la
précision de l'information.
En dépit de la plupart des chiffres avancés au ha-
sard des circonstances, le vrai problème est qu'on n'arrive
pas à s'expliquer comment un pays ayant partout un climat fa-
vorable à la forêt, et à l'agriculture, puisse
accuser un
tel "déficit" humain?
Pays maritime, le Gabon l'est avec des ports na-
turels (Cocobeach, Libreville, Port-Gentil, Fernan-vaz, Sette-
Cama, Mayumba). Le· tableau, ci-dessous, témoigne des tempéra-
tu r espa s t r ès dé fa '10rab les à l a vie humaine. 0 n y r e ncon t r e
de la savane, dans le sud-est, la forêt ne recouvre que 71 %
du territoire national. Les relations entre densité de popula-
Lambaréné - Gabon : (latitude 00 431 - altitude 82 m) (2)
- J
F
M
A
~1
J
J
A
S
a
N
D
A
T
26,5
26,7
26,9
27
26;2 24,3
22,9
23,3
25,3
26
26,1
26,2
25,6
1
P
147
140
273 182
226
5
3
2
98
357
393
167
1993
tion et fertilité de sols ne sont pas évidentes une fois en-
core. Il est vrai que certains groupes qui
peuplent le Gabon
ont connu des décadences démographiques comme les Galoa dont
(1) - cf. note 3.
p. 14 ..
(2) - cf. P. GOUROU op. cit. p. 270
16.
Brazza estime le nombre a 10.000 hommes en 1884 (1). Les
villages distants des rives, une fois désertés, leurs empla-
cements devinrent bois d'okoumé, vides. Un autre groupe, les
Fang, se sont installés sans gêner personne comme le souligne
M. Gourou "a leur arrivée, ils avaient de l'ardeur au travail,
fouettés par le souci de vendre (1' ivoire, l'ébène et l'okou-
mé) pour acheter des marchandises nécessaires aux mariages ...
r
défricheurs énergiques, ils se différencient des autres Ga-
bonais par leurs pratiques de deux récoltes, par conséquent,
de deux défrichements annuels, l'une dite d t Ess e p , et l'autre
d'Oyone". Ces mouvements de population sont très perceptibles
a l'intérieur du pays notamment dans les monts de Cristal
qui ont été vidés de leur faible population. Par contre, dans
les monts du Chaillu englobés dans l'axe un peu mal peuplé
Tchibanga-Lastourville, sur un fond de 2 a 3 habitants par
km2, quelques modestes densités de 7 a 9. A l'est, s'étale
le socle Woleu-Ntem-Haut-Ogooué. Le Woleu-Ntem siest peuplé
relativement sur un_fond de 7 habitants par km2, les abords
d'Oyem atteignent 13. Ces rares taux élevés par kilomètre car-
ré sont une exception et n'assurent en rien 1 lavenir démo-
graphique du pays, et les perspectives dans ce sens ne sont
pas réjouissantes. Comment ne pas être inquiet quand on avan-
ce que le Gabon aura 600.000 habitants en 1985 (2), quand
bien même un redressement substanciel se serait affirmé entre
1959-1961 passant de 421.000 a 448.000 habttants, et surtout
le dernier en date qui, curieusement, défie tous les pronos-
tics émis jusque-la, puisqu'il porte le chiffre à 1.232.000
habitants.
Malgré ce "boum démographique" inattendu - qui ras-
sure pourtant les Gabonais -, la situation démographique du
pays reste préoccupante, car, certaines moeurs y contribuent
négativement comme ledit à juste titre M. Burel: "C'est
(I)
Cf. P. GOUROU
op. cit. p. 270.
(2) - J. BOUQUEREL : op. cft. p. 30.
17.
l'Alougou (alcool de traite) qui a ruiné physiquement les
populations qui s'y sont adonnées. Il en a résulté de leur
déra~~nement, des maladies qui les ont frappées d'une qua-
si-stérilité ll (1).
Le thème de la dépradation sexuelle des côtiers
et riverains de l'Ogooué est constant dans les récits et les
rapports, il est mis en rapport avec la régression démogra-
phique. A ce propos, Metegue N'Nah (2) note que la cause la
plus profonde de la décroissance numérique de la population
mp o nqwè , "e s t le contact
du peuple mpongwè avec la civilisa-
tion eurQpéenne et tout ce qui s'en suit; abus de liqueurs
alcooliques, débauche ... II • Le Père Delorme écrit à ce propos
en 1868, lice qui entrave beaucoup l'action du missionnaire
et détint l'influence de sa parole, c'est le mauvais exemple
des blancs qui ne cherchent qu'à satisfaire leurs honteuses
passions. Les matelots surtout, se livrent sans freins à tou~
tes sortes de désordres en ce qe nr-e " (3).
Devant tous ces maux dont souffre le Gabon, nous
sommes en droit de nous demander si ce pays est le seul au
monde où ces pratiques et ses calamités se sont données ren-
dez-vous ?
A cette question, nous ne pouvons qu'y répondre
partiellement, voire avec circonspection, car certains cô-
tiers doivent avoir connu ou connaissent les mêmes fléaux,
mais, leur population n'est pas aussi peu nombreuse que cel-
le du Gabon.
Au regard de l'analyse que nous venons de faire
sur la démographie gabonaise, du moins dans ses grandes li-
gnes, un constat s'impose; il éclairera mieux certaines
(1) - M. BUREL in Sautter op. cit. p. 753
(2) - M. METEGUE N'NAH thèse citée p. 27.
(3) - Père DELORME
in METEGUE N'NAH, ibid. p. 27.
18.
critiques jusqu'ici trop superficielles, relatives aux cau-
ses profondes de la population gabonaise. Causes qui ont à
notre avis des origines lointaines et dont les conséquences
pèsent encore de nos jours sur le pays.
Nous nous proposons de poursuivre notre analyse
sur le deuxième aspect du cadre humain, en insistant sur trois
thèmes qui nous paraissent très importants, voire fondamen-
taux et qui sont à nos yeux, de connivence avec les premiers
les vrais facteurs du dépeuplement du Gabon. Ces thèmes sont
la disparition des engagés dans les chantiers forestiers,
les départs définitifs au-delà des IIfrontières nationalès~,
la famine des années 19Z0 etc ...
2. - Lé So~~-peuplement
origines et conséquences
Nous qisons que ni le milieu naturel, ni la trai-
te des Noirs, ne peuvent à eux seuls, expliquer le sous-peu-
plement du Gabon.
Il est donc intéressant de rechercher les
facteurs qui, bien qu'épisodiquement, ont agi d'une façon
déterminante sur la population. Il est donc important, dès
cet instant, d'essayer d'en chercher les origines et les con-
séquences que ces phénomènes ont engendré, reflet de la si-
tuation préoccupante que cannait le Gabon d'aujourd'hui.
Par les contacts avec les Européens, les struc-
tures communautaires et la vie traditionnelle chez les Gabo-
nais s'altèrent. Mais, auparavant, il est à noter que le gou-
vernement de Paris à cherché à négocier avec celui de Lon-
dres, un échange du Gabon contre la Gambie (1). L'explica-
tion est simple, Paris à un moment donné s'est découragé de-
vant la minceur des perspectives qu'offrait le territoire du
----------------------------
(1) - Cf. H. Pion, thèse citée p.
13.
CROQ.UIS N° 3 • ..nIVERSITE
DES
POPULATIO NS
19.
- - -
- - - - - - - - - - - -
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20.
Gabon. "Même au début de la fondation de l'A.E.F., la colo-
nie du Gabon n'est pas considérée comme vitale, on n'appré-
cie même pas l'intérêt économique de ses ressources fores-
tières qui commencent à être exploitées à la fin du XIXe
siècle et constituent bientôt l'essentiel de~recettes doua-
nières de la Fédération" (1).
Ironi~ du sort, c'est sur le Gabon, surtout sur
sa forêt tant décriée "{mp ênê t r ab l e " que les chantiers fo-·
restiers vont trouver leur salut. Cette forêt a constitué
pendant longtemps, l'essentiel des recettes de 1 IEtat comme
le souligne Mme BOUQUEREL. ilLe total des recettes procurées
directement ou indirectem~nt 1 l'Etat par 1 'exp1oitatiGA et
la transformation du bois représentent environ les quatre
cinquièmes du budget gabonais en 1965" (2).
C'est de ces chantiers et de leur impact sur la
population que nous traitons dans les lignes qui suivent.
a. - La disparition des engagés
...•.
Le phénomène des chan~'i.èr-s-To"r~~:t\\~rs est à 11 ori-
gine du dépeuplement de certaines'~on~/$Tn ke~\\ villages en-
,
>
,~-
'
• • / ,
L-
" . '
t i er s se dép 1ac en t , des f am i 11 es '\\~e m-ettelTt-}~-· 'route à 1a
recherche d'un emploi, lourd de cons ëqu ancas..pour e11 es. Les
documents montrent que tous ces engagé~i-;:~Or&:~tiers ou for-
cés n'atteignaient pas le terme de leur contrat. "La morta-
1 ité était parfois importante dans 1es chantiers Il (3). M.
Sautter note, au passage que les "Fang paient un tribut bien
plus élevé que les autres races représentées .... Toutes les
équipes Fang, laissent un gros déchat, tandis que les équi-
pes Eschira, Bapoanou, Bandjabi ou Mitsogo, ne perdent
aucun de leurs hommes, et tous rentrent au complet
---------------------------
( 1) - H. PlO N. Thèsec i té e p. 13.
(2) - J. BOUQUEREL : Op. c i t , p. 69
(3) - G. SAUTTER. op. cit. p. 855
21.
et en bonne santé~. Cette constatation somme toute pertinen-
te, appelle une remarque. L'auteur ne donne pas le nombre
des Fang, Eschira, Bapounou A leur embauche, c'est-A-dire,
A leur prise de fonction, il ne dit pas non plus quel est le
pourcentage des pertes en hommes A la fin des chantiers?
Nous n'avons qu'une vague idée de ces pertes, quand nous
lisons plus loin que le mot "déchet, s'applique ici A la
fois aux décès et caux désertions Il •
Il est
notre avis normal que les " r etours" ne
ë
compensent pas les départs. Nous n'en sommes pàs plus ayan-
cés non plus quand, on lit que sur 1.000 employés engagés
annuellement, la moitié i
peu près était perdue pour la co-
lonie, 3 A 500 hommes de la population jeune et les hommes
en pleine vigueur. On suppose A l'évidence que ces chiffres
concernent les Fang, puisque les autres groupes " r e ntrent au
complet et en bonne santé". La documentation nous faisant
défaut, il ne nous est pas possible malheureusement d'avoir
plus amples précisions sur ces problèmes.
Ce manque de documentation relatif au problème
des engagés, nous amène A aborder celui des départs yo1on-
taires.
b. - Les départs au-delà des frontières
Par départ au-delA des frontières, le phénomène
diffère
du précédent, tout comme le but recherché. Il est A
noter que le mot frontière prend ici une .dimension nationale,
car, ces départs se font entre paysvoisins
alors que les
chantiers eux, étaient circonscrits dans le territoire na-
tional. Il est mieux aussi de situer ces départs sociologique-
ment et géographiquement. Le Gabon formant une mosa1que d'eth-
nies, il .est donc nécessaire de savoir que les frontières,
qui sont l'héritage de la colonisation, ont divisé, voire,
séparé certaines familles dans des zones géographiques don-
22.
nées.
Le sentiment de frustration chez les uns, suscitent
en eux, ce besoin de familiarité, cet esprit d'attachement
aux rites, aux ancêtres qui caractérisent 1 'homme noir.
C'est ainsi que le nord du Gabon, plus précisément la région
du Wo1eu-Ntem, peuplée de Fang, a certaines attaches avec
les frères de la Guinée Equatoriale ou du Sud-Cameroun, tout
comme les Batéké et Obamba de la région du Haut-Qgooué, se
r
sentent très proches de leurs voisins congolais. A cet égard,
les raisons du départ sont multiples et les unes, aussi
valables que les autres pour les intéressés. La majorité
part avec le souci de trouver sur leur chemin des gens d'un
même clan ou d'une même tribu, prêts à leur faire un bon
accueil. L'exemple des Fang est intéressant â ce point qu'aux
jeunes hommes en mal de ressources, les chantiers de cacao
de Fernando-Po offrent plusieurs emplois, saisonniers ou
permanents. Nous reviendrons sur cette tradition migratoire
des Fang, quand nous traiterons de ce groupe à la fin de
cette introduttio~ générale sur le cadre humain.
Une fois encore, il nous est impassih1e d'avancer
un chiffre de ces départs la documentation y faisant défaut.
Mais, qu'ont les exploitations espagnoles, préférables aux
françaises? M. Sautter nous en donne la réponse. "Elles pro-
cèdent par un recrutement intensif d'agents occultes, dont
la propagande, semb1e-t-i1 bénéficie du fait qu'en Guinée
Equatoriale, les indigènes ne seraient assujettis à aucun
impôt et que la main-d'oeuvre serait largement rémunérées (1).
Il Y a évidemment des départs définitifs - dont le nombre
n~est pas connu - qui sont une perte pour le pays. Vers les
années 1920, "les hommes craignaient qu'en rentrant chez eux,
ils ne courussent le risque d'être envoyés sur les chantiers
gabonais" (2). C'est effectivement ce que beaucoup cher-
chaient à éviter en passant la frontière.
-----------------------------
(1) - G. SAUTTER op. c i t . p. 858
(2) - G. SAUTTER Ibid. p. 858
23.
On constate bien qu'au besoin de retrouver un
accueil chaleureux et des liens claniques, fraternels, il y
a la peur des impôts et du travail pénible qui obligent les
gens à émigrer définitivement, c'est la raison pour laquelle,
certains hommes prenaient la précaution d'y amener toute
leur famille. Ajouter
à ces départs définitifs, la famine
des an née s 1920 qui a s évis ur tout 1ete r rit 0 ire, nia fa i t
qu'empirer une situation déjà regrettable.
c. - La famine des années 1920 et les perspectives à venir
Au Gabon, vers les années 1920, les famines sont
le résultat de la pénurie des vivres, consécutive au trouble
introduit dans la vie des villages par les "chantiers de
cueillette" insstitués à la fin de la Première Guerre Mon-
d ia1e, et par l'éloignement prolongé de beaucoup d t homme s ,
recrutés comme porteurs pour 1a"co10nie du Cameroun" .
..
M. Méthivier, résume en effet, ce genre de si-
tua t ion qui ex i st ait sou s l' an cie n ré gi me f r a nça i s : "Sur
une société aussi vulnérable, aux moindres écarts de saisons,
des intempéries, les variations de la conjoncture entraî-
naient d'immenses conséquences sociales et démographiques"(1).
L'alerte de 1921 provoque un manque généralisé de vivres en-
tre 1924 et 1925, on côtoie la famine dans le Bas-Ogaoé. Les
morts se comptent par centaines, et l'amélioration ne commen-
ce
qu'à partir de 1926 ; après plus de cinq années consé-
cutives de disette plus ou moins prononcée suivant les en-
droits. Dans le Wo1eu-Ntem par exemple, les villages abandon-
nés, les "cases recèlent les restes de ceux qui n'ont pas pu
fuir
à temps ... jusqu'au détail macabre du squelette d'Un
enfant dans les bras de celui de sa mère". Toutefois,
dans
la mortalité, il faut faire également la part des "épidé-
mies répétées de variole et de grippe, se propageant sans
résistance dans un milieu affaib1e et accablé de sous-a1i-
---------------------------------
(1) - H. METHIVIER : L'Ancien régime, Que Sais-Je? P.U.F.
1971 p. 69.
24.
mentation" (1).
Nous aurions aimé faire au moins deux pyramides
des âges, mais les rares données démographiques que nous pos-
sédons ne nous le permettent pas (2). Surtout en ce qui con-
cerne les tranches d'âges. Concernant le caractère violent
et meurtrier de ces épidémies, certains fonctionnaires euro-
péens, ont reconnu' sincèrement le caractère anormal de la fa-
mine en ces termes: "11 est infiniment probable que malgré
tout, avant notre arrivée dans ce pays, tout en restant dans
une indigence continuelle, au point de vue alimentaire, le
Pahouin (Fang) n'a
jamais souffert de famine proprement di-
te, celle dont on meurt". Il est vrai que depuis cette date,
la population gabonaise n'a pas connu pareille catastrophe.
Mais, aujourd'hui, la démographie reste tout de même préàc-
cuppante, malgré les efforts de l'Etat dans le domaine sani-
taire. Car, aux recrutements à l'émigration, i
la famine, il
faut ajouter un quatrième facteur de dépeuplement, aux ef-
fets immédiats, moins visibles, et moins marqués, mais gros
de menaces à termes. La détérioration des composantes démo-
graphiques, celles qui régissent le mouvement naturel: mor-
tal ité et fécondité; quand bien même l'accroissement de la
population pendant la décennie 1960-1970 a atteint 51 %, cor-
respondant à un taux annuel de l'ordre de 4,3 % supérieur
au taux maximal observé par les démographes et les staticiens
(3). Un rapport de "l 'Office Of Population" de l'lIAgency for
International Development" en date de février 1976, cite le
Mexique et le Koweit; les deux pays ayant le plus fort taux
d'accroissement connu, respectivement 3,8 et 3,7 %. Si ce
taux
d'accroissement de 4,3 %, était maintenu au Gabon,
la population devrait avoir avoisiné 1.275.000 en 1976, d'a-
près ces données les pouvoirs publics n'ont pas tort quand ils
--------------------
(1) - G. SAUTTER : op. c i t , p. 861.
(2).- N.B. ~eule l'enquête démograph.ique du ~ervice de Coopé-
ratlon de l I.N.S.E.E. 1960-1961 nous a permls de constituer
une pyramide des âges. Les recensements de 1970 et 1981 ne
nous donnent que les résultats globaux, du moins
le chiffre
fin al.
qui ne nous perme t pas de v0 i r l' é vol ut i ~ n par t ra n-
ches d'âges.
( 3) - Cf. ~1 arc hés Tr 0 pic a ux e t Méd i t é rra née ns s péc i a l Gabon
op. cit. p. 1298.
25.
avancent, du moins donnent le cniffre de 1.240.000 habitants
en 1979 (1). Il est à noter également que ce chiffre est su-
périeur à celui du dernier recensement; qui marque curieu-
sement une baisse de l'ordre de 8.000 habitants (2). On com-
prend mieux la différence qui existe entre une estimation
(1979) et un recensement 1980-1981. On est loin du compte es-
péré en 1976.
r
Tous ces chiffres sont au-dessus de celui de l'A-
tl as de l a Banque Mondi ale pour lem il i eu de 11 année 1973._
520.000 habitants pour le Gabon. Avouons que ces écarts consi-
dérables entre les chiffres des pouvoirs publics gabonais et
ceux des organismes internationaux comme la Banque Mondiale,
nous avons du mal à nous faire une idée nette. Nous serons
assez prudents de remarquer qu'il y a eu des erreurs entre
les différents recense~ents de 1960, 1970 et 1980-1981 ;
qui ne sont pas inhérentes (erreurs) à un pays neuf comme le
Gabon, puisqu'en fait, lors d'un récent recensement en Fran-
ce - 00 les méthodes statistiques
et démographiques sont
au point - l lerreur a été de 5 millions d'habitants (3).
Toutefois, ce chiffre, nous semble excessif, quand on sait
qu e n gros, les erreurs sont de l'ordre d
t
' 1 / 2 à 1 x.
En ce qui concerne le Gabon, ces constatations
ne permettent pas de donner une seule densité de la popula-
tion au kilomètre carré, mais, plusieurs, selon les chiffres
avancés, confirmés ou infirmés.
Le problème de la population gabonaise tient du
mystère et pour la simple raison que les uns
comme les au-
tres, fournissent un certain nombre de données statistiques,
(1) - Cf. Aperçu sur le Gabon: publ ication de l'Ambassade
du Gabon à Paris, 1980 p. 3.
(2) - Cf. Supra p. 13.
(3) - Cf. Marchés Tropicaux et Méditérranéens spécial Gabon
op. cit. p. 1298.
26.
dont la précision sur la méthode utilisée fait défaut.
Nous terminerons le deuxième volet de notre in-
troduction générale, relative au cadre humain, par la présen-
tation
de quelques groupes ethniques. A ce propos, nous te-
nons à préciser dès le départ que compte tenu des informations,
c'est-à-dire de la bibliographie que nous avons consultée,
seuls quelques groupes ethniques méritent une étude détaillée,
les autres, ne relevant que de quelques récits, ou des notes
fragmentaires. C'est dans ce sens que nous étudierons les
groupes Mpongwè et Fang.
Il est néanmoins indispensable de présenter glo-
balement les composantes de la population gabonaise. Nous di-
sions au début de cette introduction que le Gabon était peu-
plé d'une mosaTque d'ethnies ou tribus. Sur une population es-
timée à 440.000 habitants en 1960, les Fang - sur lesquels
nous reviendrons - représentaient 124.000 personnes, soit
près du tiers de l~ population. Cê pourcentage est peut-êtrer
encore valable aujourd'hui, mais, 'nous sommes incapables d'en
donner le nombre exact. Le groupe Eschira-Bapounou se place
au deuxième rang par son importance numérique. Un nombre as-
sez important de groupes dépassent chacun
10.000 habitants,
tandis que d'autres ethnies ne représentent que quelques cen-
taines d'hommes. Tous ces groupes ont le sentiment d'apparte-
nir à un même peuple, malgré la diversité des coutumes qui
les car a c t éris e nt. 0 n con s ta t e de pui s deux
décennie s
que les
traces des particularismes régionaux s'estompent et le Gabon
coutumier, aussi dans certains endroits. Celà est dû en par-
tie au brassage des populations, résultant des moyens de com-
munication et des échanges.
Diverse, la population l'est aussi dans ses cro-
yances. Pour 250.000 catholiques, on compte 60.000 protes-
tants et 3.000 musulmans (1), le reste des habitants étant
(1) - N. B.
Les: musulmans ont depuis 1873, un croyant de mar-
que en la personne du Président Bongo, désormais El-Hadj-Omar,
converti dans cette religion.
27.
animistes (1).
- Les principaux groupes ethniques
En dehors du groupe Fang qui représente 31 ~ 34 %
de la population, selon les sources, il nous est difficile de
savoir exactement lequel des autres groupes vient en deuxiè-
me position. Dans l'état actuel de nos connaissances, nous
t
osons cependant placer le groupe Eschira-Bapounou en deu-
xième position, vu le pourcentage qu'il représente, - envi-
ro n 24 % -
Néanmoins, notre étude portera sur les Fang et
les Mpongwè (3 % de la population), pour des raisons d'in-
formations.
Nous justifions, notre choix sur les Mpongwè pour
deux raisons simples: l'une est qu'ils ont été les premiers
~ rentrer en contact avec les Européens, l'autre, est qu'on
a beaucoup écrit sur eux comme sur les Fang. Nous ajoutons
que les premiers actes diplomatiques (2), voire les premiers
traités entre Gabonais et Français ont été l'oeuvre des Rois
mpongwè sur lesquels nous reviendrons après les Fang. D'aucuns
pourraient nous reprocher ce choix, mais nous tenons ~ pré-
ciser dès le départ qulil nlest pas complaisant, et qu'il
tient compte tout simplement des données historiques dont
nous venions de faire mention. Qui sont donc ces Fang et ces
Mpongwè ?
A. - LES FANG OU PAHOUIN
L'origine de ce mot viendrait d'une légende dont
les Européens sont responsables. Ces derniers en arrivant dans
l'Estuaire du Gabon avaient demandé aux Mpongwè, "qui étaient
ces nouv~aux venus établis près dieux. L'un des Mpongwè ré-
( 1) - N.B. Ces chiffres so~~ de 1969. Nous pensons que le
nombre de chaque groupe rellgleux. a da augmenté ou diminué
selon la motivation des individus.
(2) - NB. Les Mpongwè sont les premiers habitants de llEstuaire.
CROQU 15 N° 4.
28.
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o
29.
pondit "m i oa nwya n'", traduisons IIje ne sais pa s ", IILes Euro-
péens auraient alors adopté cette réponse en la transformant
en "Pa hou t ns " pour désigner ce peuple Fang qui était l'objet
de leur question" (1). Cette e~plication ne satisfait pas
l'auteur de la note précitée, dont la vérité à son avis est
beaucoup pl us proche de l' expl i cati on du
Révérend Père Tri 1-
les (2), selon laquelle, le mot "P aho ui n" serait le produit
de deux déformations successives subies par le mot Fang, de
la part des Français et des Ngwèmyène (tribu).
Pour la suite de notre te~te, nous retiendrons
le mot Fang (3) qui est d'ailleurs le ,plus courant aujour-
d'hui au Gabon.
Il existe en effet plusieurs mythologies sur
l'origine des Fang et sur leur avance dans le sens nord-sud
et est-ouest. A ce propos, écoutons ce qu'en dit l'historien
grec Zozime (4). "En l'an 254, de notre ère, Une bande de
Francs Maçons traversa la Gaulle, franchit les Pyrénées, pil-
la l'Espagne pendant douze ans et alla se perdre en Afrique ...
On dit que le peupie fang n'appartient pas à la race nègre
dont il n'a ni la couleur, ni les traits, ni les cheveux ...
beaucoup d'entre eux, s'ils étaient tout à fait blancs, pour-
raient passer pour des Européens. La moustache à crocs des
Germains, s'est transformée en deu~ crocs de barbe tombant
raides sur le menton .. o • La condition de la femme est la mê-
me que dans l'ancienne Germanie où la polygamie était permise
aux
chefs. Il est à noter par exemple que lemot "cu i :", dans
l'intérieur, se prononce comme le "Ya" des Allemands ... II .
Que ces mythologies soient vraies ou fausses, il est un fait
qui confirme cette avance des Fang vers le Gabon. C'est dans
(1) - N. METEGUE NINAH, thèse citée p. 126.
(2) - Cf. R.P. TRILLES in METEGUE N'Nah thèse citée p.126.
(3) - N.B. Le mot Fang porte d'ailleurs en lui, une ambiva-
lence originale. En dehors de son sens ethnique' ~ il peut
représenter aussi le sigle qui désigne les Forces-Armées - Na-
tionales GAbonaises. Mais pour éviter ce caractère subjectif,
les autorités du pays lui ont préféré les F.A.G. Forces-Ar-
mées-Gabonaises.
(4) - Cf. ZOZIME in J. KI-ZERBO. Histoire de l'Afrique Noire,
d'hier à demain, Hatier Paris, 1978. p. 319.
30.
cette optique migratoire que M. KI ZERBQ les apparente aux
Béti ou Boulou et aux Ewondo venus du nord-est, peut-être,
par suite de l'ébranlement causé à travers tout le Cameroun
actuel par les vagues "p eu l d'Ousmane Dan Fodio" (1). Il sem-
blerait que ces "déferlements"auraient traversé la Sanaga et
se seraient enfoncés dans la forêt. liCes déplacements qui
ont donné lieu aux grandes migrations devaient se poursuivre
t
jusqu'à la fin du XIXe siècle, avec les mouvements des tri-
bus fang vers le Bas-Ogooué et la côte" (2). Les Fang sont
déjà installés dans le Woleu-Ntem bien avant 1820, la migra-
tion fang a posé un problème certes, celui de la menace des
intérêts économiques des autres peuples. Mais, les Fang ont
aussi attiré sur eux, l'attention des ex~lorateurs comme Du
Ch a i l l u , qui, d'après lui "était le peuple ayant le plus d'a-
venir".
Les Fang ont été " précédés aussi par une SlnlS-
t r e ré put a t ion dia nth r op 0 Pha g~ s , d' env a hi s s e urs, de pil l a rd s ,
tous les qualificatifs que répandaient les explorateurs occi-
dentaux, l'administration coloniale, les commerçants, les
missionnaires et les courtiers gabo~ais eux-mêmes. Tout cela
n'était pas pour faire aimer les Fang" (3).
Il est vrai que ces idées colportées à travers
les régions du Gabon, tout en détournant l'attention de tous
les peuples gabonais du fait principal qui était la pénétra-
tion française dans leur pays, ont fallacieusement braqué les
énergies des autres peuples sur un hypothétique danger fang.
La cohésion des peuples en a souffert et la colonisation avait
beau jeu ·de pr of i t e n de cette situation et de travailler â
ia m~intenir. Diviser pour rêgher fut donc leur principe poli-
tique, diviser les Fang et les autres peuples, diviser les
(1) - J.
KI-ZERBO : op. cit. p. 319.
( 2) - J. BOU QUE REL ;, 0 p. c i t. p. 41
(3) - N. METEGUE N'NAH : Thèse citée p.
138.
31.
autres peuples entre eux; Hélas, ces sentiments sont encore
quotidiens dans le Gabon d1aujourd'hui. Certes, ils profitent
à certains.
Cette attitude fera que la poussée fang se heur-
tera à trois môles de résistance, qui l'ont ralentie, divisée
ou s c i ndée. Les Mpongwè de l t Es tua ire, 1e s 0 kan dé du ~, 0yen -
Ogooué, les Ga10a d,e Lambaréné et des lacs. Sans la colonisa-
tion, la résistance, de ces trois peuples, chacun tenant une
position commerciale de première importance, n'aurait pas pa
se prolonger longtemps. La pénétration française à notre avis
n'a pas eu p~ur effet d'ârrêter les Fang, au moins àu début
mais, elle a modifié le style de leur avance. La poussée fron-
tale a fait place à une infiltration diffuse, la guerre à la
diplomatie. C1est ainsi qu'ont été investis Libreville, le
delta de l'Ogooué et le pays Ga1oa, y compris les lacs du sud.
Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, du
Chai11u est le premier européen qui entre en contact avec les
Fang .d a ns les monts de Cristal en 1850. A cette date, ils
étaient déjà signalés dans le haut-Como après 1840, sûrement
entre 1842 et 1844
(1). Au mois de juillet 1866, ils tentent
de s'installer à proximité des Mpongwè. Ce n'est qu'en 1876
qu'ils sont admis à s'installer à Libreville (2). L'installa-
tion des maisons de commerce et le développement des échanges
commerciaux dans la région de Lambaréné les attirent en 1867.
Ils y sont précédés par un autre groupe. Les Bakélé. Et se-
lon Mètegue N'Nah, leur premier village se situerait sur la
rive droite de l'Ogooué en face de l'île en aval de l'actuel
hôpital Schweitzer, précisément au lieu-dit "Adouma "
(3). Il
(1) - Cf. A.R. WALKER, in METEGUE N'NAH, thèse citée p. 138.
(2) N. METEGUE N'NAH, ibid.
(3) - N.B. Selon M. Avelot une avant garde fang aurait atteint
le Moyen-Ogooué dès 1825. Le franc~issement du fleuve date-
rait de 1869, d'après Brazza, de 1872, d'après le marquis
de Compiègne, in SAUTTER op. cit. p.
166.
Les Fang atteignent Lambaréné le 14 avril 1879, in G. Sautter.
op. cit. p. 645.
32.
semblerait qu'un autre groupe n'aurait pas suivi le même iti-
néraire que celui venu de ~ibreville, puisque vers 1874, leurs
avant-gardes, apparurent lIau-dessus de Sam-Kita, en aval de
Ndjolé, attirées par un mulâtre John, traitant de la maison
anglaise Hatton et Co c ks o n", Ndjolé, place commerciale, retint
quelques années le gros de la troupe, sans pour autant arrêter
leur progression.
Vers 1885, tout l'Ogooué de Ndjolé aux
abords de Lambarén~, était pratiquement aux mains des Fang.
C'est à partir de Lambaréné qu'ils atteindront les lacs et s'y
installeront.
Le
mouvement fang vers l'ouest et le ~ud tient
au besoin qu'ils éprouvaient de commercer directement avec les
Européens
cette migration même si elle a donné lieu ides
petites batailles rangées, n'était pas une expédition militai-
re or qa nt s ës.pe r un peuple ou une nation qui voulait s'imposer
à d'autres par la force, et les subjuguer. Mais une manifes-
tation (migration) de groupes isolés, avançant fort lentement
et se livrant parfois et même souvent des combats (1). Quant
à leur caractère anthropophagique, il
semblerait que les Fang
ne mangeaient pas n'importe quel individu, mais, seulement
certains adversaires tués au combat pour consommer une
ven-
geance que l'on voulait totale (2). Il semblerait aussi, d'a-
près N. METEGUE N'Nah que seuls certains individus se livraient
à ce IIrepasll, dans un village, on pouvait à peine compter
une, deux ou trois personnes qui se livraient occasionnelle-
ment
à de tels repas ll.
Il est difficile aujourd'hui de donner avec pré-
cision te nombre des Fang au Gabon, mais leur mouvement migra-
toire les a amenés de l'intérieur vers la côte, où ils occu-
pent, en compagnie des autres groupes, les régions de_
l'Ogooué-Maritime (Port-Gentil) et du Moyen (Lambaréné et
Ndjolé). A l'intérieur du pays, on les retrouve à plus de 90
--------------------------
(1) - N. METEGUE N'NAH, thèse citée p.
142.
t:.~V~-) (2) : H.. DES~HM;'PS. Tr?dit~ons orales et !\\.rchives du Gabon.
~At
Con~rlbutlon a l ethno-hlstolre, Edition Berger Levrault
Pans 1962. p. 87.
'
33.
à 95 % dans le Woleu-Ntem et dans l'Ogooué Ivindo.
Les chif-
fres approximatifs que nous avons, d'eux, datent de 1948
et 1958 (1).
Au total leur mouvement migratoire vers la côte
gabonaise a coTncidé aveclâ'pénétration française et européen-
ne au XIXe siècle.
Aujourd'hui, ces mouvements n'existent plus.
B. - LES MPONGWE OU IIGABONAIS II (2)
Dans notre introduction à l létude des groupes et~
niques nous soulignions que les renseignements sur certaines
ethnies étaient fragmentaires sinon rares.
Il faut aussi noter
que notre connaissance des migrations antérieures au.Xl Xe
siècle demeure rare et imprécise, en raison de l'absence de
vrais documents.
Le groupe Mpongwè n'échappe pas à cette règle
quand bien-même au XIXe siècle, beaucoup de documents écrit
sont laissés par les premiers missionnaires et agents colo-
niaux français comme le souligne fort bien N. Metegue N'Nah.
A l'opposé du groupe fang parti du nord vers le
sud et l'ouest, le groupe mpongwè lui, est parti du sud vers
le nord-ouest. La présence est signalée dans l'Estuaire (3)
(1) - G. SAUTTER. op. cit. p. 745 .
. N.B. - 123~618 sur 410-312 habitants, d'après un tableau de la population
du GAbon par race et par district, établi en 1948
sur la base
des renseignements fournis par les administrateurs territoriaux.
125.030 sur 407.330 habitants au 1er janvier 1958, selon les
calculs de M. Soret (tableau de la popü~ation de la République
du Gabon) par groupes ethniques in Bulletin de Statistiques
de l'A.E.F., XIII, n° 131 mai 1959
118 in Sautter op. c i t .
p. 745.
(2) N. METEGUE N'NAH thèse citée p. 25.
(3) - N.B. Les Mpongwè étaient les premiers à s'installer sur l'Estuaire
du Gab9~, notamment sur l~embouchure du Com9 qu'on appelait au milieu du
~IXe si ècl e , "Gabon", d'ou le nom de Gabona i s , c'est-"a-dire habitants de
l'Estuaire.
34.
dès le XVIIe siècle (1), notamment à 1 'emp1acement où allait
être fondée Libreville. Aussi, les Mpongwè ont-ils été les
premiers "Gabonais" à entrer en contact avec les Européens dès
leur arrivée sur la côte. La société mpongwè fut alors au cen-
tre de l t ac t t o n française dès son début. Le premier " a cte di-
p1omatique" signé entre le Gabon et la France est l vo euvr e
dl un chef mpongwè du nom de Deni s Rapontchombo
(2).
Du point de vue de 1 'importance numérique, il
semblerait que le groupe nia jamais été nombreu-x, on peut
1 'estimer à trois mille hommes dans la deuxième moitié du
XIXe siècle. Mieux à cette'époque, leur population est déjà
décroissante comme le constate du Chai11u en 1856 et en 1869,
le contre amiral Laffon 1adebat écrit à leur égard: "Depuis
1843, époque de la fondation du comptoir, la population mpon-
gwè a diminué environ de deu~ tiers. Ce fait
mla vivement
frappé, quand je suis revenu au Gabon à la fin de 1863, après
vingt ans d t ab s e nc e" (3). Cette faiblesse numérique des Mpon':"·
gwè est toujours présente de nos jours, car ils représentent
entre 3 et 4 % de la population totale du pays (4).
Nous ne reviendrons pas sur les causes générales'
du sous-peuplement gabonais, mais nous ajouterons aux causes
déjà évoquées plus haut, les guerres et les meurtres inter-
claniques. Il semblerait
d'après certains observateurs que
le contact avec les Européens a plutôt freiné l'élan démogra-
phique de ce groupe, à cause des excès de toutes sortes de la
part des marins. Car, il est reconnu que Libreville était un
pôle d'attraction des bateaux de la marine et des navires de
(1) - J. BOUQUEREL, op. cit.
p. 39
(2) - N.B. Pour le détail de ce traité et des autres, voir an-
nexe II. Traités franCo-gabonais entre 1839 et 1860.
(3) - In N. METEGUE N'N.l\\H thèse, citée p. 27.
(4) J.F. Ntoutume. L'évo1ution des partis politiques gabonais.
1958-1968. Thèse d'Etat Sciences politiques. Rennes, 1969.
35.
commerce. Il Y a un
autre fait qui mérite d'être retenu,
c'est l'exode des~populations. Libreville qui était le
"f i e f "
des Mpongwè
est aujourd'hui ùne grande ville où l'on
trouve de tout, non seulement toutes les ethnies du Gabon y
sont représentées, mais aussi beaucoup d'étrangers s'y sont
installés. Il est vrai que dans ce "d f e r l eme nt " humain, le
ê
groupe mpongwè y a perdu de son originalité à travers les ma-
riages par exemple. Les descendants des Mpongwè du siècle
dernier ipso-facto sont réduits à peu d'hommes. En dépit de
son petit nombre, ce groupe a été et est encore aujourd'hui
entreprenant, sur
le plan des lI a f f a i r e s ll• Dans la seconde
moitié du XIXe siècle, les Mpongwè ont comme activité dominante
le commerce auquel se livrent seuls les hommes de condition
libre, tandis que les esclaves et les femmes s'adonnent aux
travaux des champs. Avant 1860, ils sont courtiers, mais, le
êourtage décline et disparaît vers les années 1870. Le para-
doxe est que dans l'intérieur du pays et par conséquent, en ...
lève aux autochtones leur indépendance, fut-ce-t-elle minime
en matière de commerce. "Apr s 1860, avec la pénétration com-
ê
merciale européenne, la classe commerçante mpongwè perd pragres-
i\\5ement le contrôle des transactions commerciales avec les
négociants européens, dont les Mpongwè deviennent de plus en
plus des simples emp l oy s " (1).
ê
On voit donc qU'à partir de 1870, ils deviennent
des traitants liés à une maison de commerce implantée au Ga-
bon, à laquelle, ils ne peuvent plus imposer leurs prix. Dès
cet instant, l'ambition suprême des Mpongwè est de devenir
"û r a nd-No nd e " ou riches traitants car, "Gr-a nd-mo nde " s t q nf -
fie avoir quelques pagnes, ou autres habits de luxe, avoir
au moins deux femmes et des esclaves à son service (2). Le
R.P. Neu dit que le "q r a nd mo nde !", est en effet particulière-
---------------------------
(1) - N. METEGUE N'NAH, thèse citée p. 36.
(2) - N. METEGHEN'NAH, ibid.
36.
ment attaché au luxe et affiche une variété non pareille, écou-
tons-le: c'est surtout le dimanche que les Mpongwè, païens
ou chrétiens, étalent toutes les richesses de leur garde-ro-
be. Alors ils s'affublent de chapeaux mous, de chemises de
couleur, de cravates bleues et rouges, d'une redingote et d'un
pantalon. Autour du chapeau, flotte un foulard en soie. De
dessous de la redingote descendent les deux boutsd'une cein-
ture. De la poche, perce le coin d'un mouchoir fin, quelque-
fois les breloques ~'une chaine sans montre, parent le gilet.
Enfin, le tout est complété par une belle canne à tête d'ar-
gent .... Les femmes sont pires encore et ne reculent devant
aucune dépense pour paraitre élégantes. Une femme libre ne
sort jamais sans se faire accompagner par deux ou trois esc1a-
ve s , don t l' un porte son par as ole, 1 Lau t r e son
ven t a i'1, un
ê
autre son mouchoir, etc ... (1).
Il est évident que cet habillement du "grand-
mo nde " di ffère de cel ui du bas peup1 e, 1e R. P.
Neu poursu i t
"Ce qui vient â'être dit
regarde la classe éle-
vée, la classe commerciale. Les autres qui n'ont
pas le bonheur d'être grand monde et les escla-
ves, portent pour tout habillement un simple
pagne, pièce de coton de deux mètresde long sur
un mètre de large, dans lequel ils s'enveloppent
le corps. Les plus pauvres, surtout les esclaves
nlont même souvent qu'un chiffon autour des
reins ll (2).
Cette différence dans l'habillement est aussi
visible dans 1 'habitation sur laquelle nous ne nous apesen-
tirons pas. "Mais, ce qu t i l faut surtout remarquer, c'est que
le
gr a n
II
d monde ll , homme assez aisé, doit son aisance, d'une
part, au travail d'une grande partie de la société démunie de
tout, et d'autre part, à la présence des Européens" (3).
Ce
gr a n
II
d mondell est tributaire en partie de'la
présence des Européens, il souhaite que ces derniers y restent
---------------------------
(1) -
1.
- R.P.
NEU. Etudes gabonaises. Annales apostoliques;
1886, pp. 132-133.
(2) - R.P. NEU Ibid. p. 138.
(3) - N. METEGUE N'NAH. op. cité p. 39.
37.
et fait tout pour les retenir, il leur abandonne tout pou-
voir, se soumet à eux, influence et attire ses compatriotes,
réticents, contribue à la soumission de ceux qui résistent le
plus.à la domination coloniale. Tout ce comportement évidem-
ment lui donne droit aux pourboires dont il se remplit les
poches. "C'est dans ce contexte social et historique qu'il
~audrait situer le fait que les noms de certains personnages
"gabonais du dix-neuvième siècle aient été présentés à la
postérité avec une certaine auréole, de prestige et de glotre
alors que d'autres noms ont été à jamais enterrés Il (l).
Nous partageons largement cet avis, en ajoutant
que cette capitulAtion inconditionnelle, cette rêvérence et
cette soumission sans faille de nos aYeux, se retrouvent au-
jourd'hui dans nos pays d'Afrique, mais sous une forme diffé-
rente, 00 le nécolonialis~e siest substitué au colonialisme
et le phénomène pernicieux de parti-unique, autour d'un seul
"Chef" sous la houlette du Grand camarade, Secrétaire
nêr-a l
. ü ê
Fondateur, Guide éclairé etc ... estl'illustration éclatante
de cette attitude de cupidité et d'égoïsme envers tout un peu-
pl e.
Ceci dit, il est vrai que dans la deuxième moitié
du dix-neuvième siècle, la seule source de richesse pour les
Mpongwè est sans équivoque le commerce. A cet effet, il faut
avoir présent à l'esprit que les peuples du Gabon dans leur
ensemble, n'ontijamais eu de chef unique, dans la seconde moi-
t ié du XIXe siècle, comme aux siècles précédents. La seule
forme de gouvernement existant chez les Mpongwè est le gouver-
nement patriarcal. Le pouvoir relève des chefs de village ou
de clans, qui n'ont entre eux aucun lien politique véritable.
Le choix du nouveau chef ne se faisait qu'après la mort de
son prédécesseur.
(l) - N. METEGUE N'NAH, thèse citée p. 39.
38.
En ce qui concerne les Mpongwè, êer tatns chefs histo-
~iq~~s avaient une influence ou une renommée qui débordait
largement le simple clan, ou village, elle s'étendait au-del~
des "frontières" qui lui étaient reconnues. Il s'agissait
précisément de ceux qui, avaient dès la première heure de
leurs contacts avec les Européens, signé avec ces derniers,
des traités de protection ou d'annexion. Ces chefs s'étaient
vite éteints, et av~c eux, disparaissait, la vraie chefferie
mpongwè. A titre d'exemple, nous citerons les rois Louis,
et Denis - Kowè. Rapontchombo
le plus illustre de ce peuple
au
XIXe _siècle est très connu des Français. "C'est par le
traité qu'il a signé avec Bouët-Willaumez le 9 février 1839
(1) malgré l'opposition de la plupart de ses sujets, et par
l'ardeur qu t i l déploya pour obtenir l'adhésion des autres chefs
aux traités similaires qui leur étaient proposés par les
Français que le roi Denis appelé "0 ga mpolo" (grand chef)
par ses "compatriotes" inscrivit son nom en grosses lettre
dans l'histoire du jsabo n" (2). Il meurt le 9 mai 1876, ~
l '~ge de quatre ving quinze ans environ. Les successeurs de
ces " r ois" n'ont été en fait que des gens choisis par l'ad-
ministration coloniale et qui étaient ~ leur solde, et dont
ils étaient tributaires.
Nous terminons ici notre brève présentation des
groupes ethniques, et pour mieux comprendre leur implanta-
tion dans le Gabon actuel, il noas a paru intéressant de les
représenter sur une carte (cf. page suivante).
Ainsi donc, après le cadre physique et humain,
notre introduction générale s'achèvera sur la présentation
économique du Gabon, à l'aube de son indépendance.
(1) - N.B. pour les détails dud t traité,
î
cf.
annexe II
(2) - N. METEGUE N'NAH. Thèse citée, p. 45.
Croqui,'s N° 5
39.
STRUCTURE
PAR SEXE
ET
PAR
AGE
DE
LA
POPULATION
Q)
"OVl
s::
10
Hommes
Vl
Femmes
:J
r r- LO
c:. r-, 1
~
1
70
r-----
r
60
Opérations
ilitaires
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de pacifica- Il
1
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1
tion 1
1
1
40
1
r
,
1
"G rande famine"
.. ·1
J
30
J
1
1
20
1
Deuxième Gu erre mondiale
1
1
1
10
1
r
1
r
l
.
0
30.000 h
20.000 H 10.DOO H
10.000 F
20.000 F 30~000 F
1 cm
pour 5.000 H~
Source
Enquête démographique du Service de Coopéra-
tion de l'I.N.S.E.E. 1960/1961
-_.
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Croqui s n° 6.
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40.
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d. Coope ra.. t:1.0.......
d..~: r N SEE 1 .A'~O· , ..
41.
APERCU ECONOMIQUE A LA VEILLE DE L'INDEPENDANCE
-----------------------------------------------
Est-il nécessaire de rappeler qu'à chaque fois
qu'on parle du Gabon avant 1960, il faut toujours le situer
dans le cadre dfun territoire d'OutrenMer par conséquent étroite-
ment lié à la France sur le double plan décisionnel et prati-
que.
A cet effet, il nous a paru souhaitable de voir
sa situation économique et sociale de 1945 à 1960, pour mieux
comprendre la période qui suivra. Cet~e localisation temporai-
re sert de transition entre le passé du pays-~~période colonia-
le - et son avenir - décolonisation - qui aboutira
inéluctable-
ment à l'indépendance de 1960. De cette situation donc, dépen-
dront les liens nouveaux entre la métropole et son ancienne
II pr o t é gé e ll•
Notre"analyse, se scinde en deu~ sous-chapitres,
toutefois, complémentaires. Nous envisageons voir les conditions
générales et l'évolution conjoncturelle de 1945 à 1960, dans
un premier temps, avant d'en ve nirvê l'étude chiffrée de l'écono-
mie gabonaise à l'aube de l'indépendance.
1. - CONSIDERATIONS GENERALES
EVOLUTION CONJONCTURELLE DE 1945-
à
1960
Affrontée au double problème de la
reconstruction
intérieure et du développement de ses dépendances d'outre-mer, la
France ne peut mener de front les deux entreprises, sans risque
de destabilisation dont les conséquences sont imprévisibles. Il
est donc honnête voire normal qu'elle s'absorbe dans son oeuvre
de reconstruction intérieure, et qu'elle délaisse pour un temps,
ses efforts en direction de son empire, mieux de ses dépendan-
ces. L'attitude peut être discutable, mais, les nécessités bud-
gétaires et autres, commandent la modération comme nous le ver-
42.
rons plus loin. Les lendemains de la Deuiième Guerre mondiale
font vivre des jours difficiles aux pays d'Europe, ils provoquent
également une mévente des produits tropicaux. Du coup, les biens
de consommation se font rares et entraînent une hausse de prix
dans les colonies, qui réduit le pouvoir d'achat déjà faible des
populations indigènes. A cette situation précaire, s'ajoutent
le sous-emploi, le ralentissement de la consommation et de l'ac-
tivité. Entre 1950 et 1956, la conjoncture n'augure pas d'un
f
avenir optimiste. C'est dans cette perspective que H. PION re-
~
rnrque "l'intérêt subit que les milieux d'affaires portent au
continent africain au début des années 1950, en raison de la
Guerre de Corée et de l'éventualité d'un
troisième conflit mon-
dial, ne suffit pas à créer les conditions d'une relance économi-
que au Gabon" (1).
La conjoncture m~ndiale étant défavorable, la
France, aux prises avec les difficultés budgétaires relatives
aux guerres d'Indochine et d'Algérie, doit réduire les crédits
qu'elle alloue à ses"anciennes colonies. Au Gabon même, la situa-
tion n'est guère anthousiaste, les principaux secteurs de l'ac-
tivité économique, sont influencés par une mévente des nois en
1952 et en
1973(2). Les cours de café et de cacao dont le pays
est exportateur depuis
1953, s'effondrent en 1954 et 1956 (3).
La grande sécheresse des années 1958-1959, vient y porter un
coup dur, alors qu'un redressement était perceptible surtout dans
les plantations
de cacaoyers. Devant cette:situation, la vie po-
politique française déjà en difficultés avec les problèmes~pré
cités, connaît une période instable.
Pour freiner la détérioration des liens entre
la métropàle et les peuples colonisés, certains dirigeants pen-
sent qu'une mise en valeur de ces territoires d'Outre-mer, serait
un moyen de sauver la situation, à partir d'une politique cohé-
-------------------------.-
(1) - H. PION, thèse citée, p. 136.
(2) - Cf. Gouvernement général de l 'A.E.F., circulaire du 20 oc-
tobre 1953 n° 703 CAB/OC.
(3) - Cf J.O. de l'A.E.F. N° 28 du 15 novembre 1956.
43.
rente et continue de développement et de mise en valeur des-
dits tèrritoires. Malgré cette situation, et en dépit des
perspectives de la décolonisation qu'ouvre la loi cadre de
1956, les milieux d'affaires sont partagés entre les crain-
tes et les espérances. L'effet de la loi cadre est donc mi-
tigé, et par conséquent, l'activité marque le pas.
Ces hésitations et ces atermoiements, montrent bien
les difficultés de la politique économique de l'administra-
tion française entre 1945 et 1960. Il faut néanmoins recon-
naître que, malgré ces
difficultés, le gouvernement provi-
soiresonge à affirmer la
s o uve r ei ne t
de la France sur
ë
les territoires qut constituaient son empire colonial à la
veille de la deuxième Guerre Mondiale, c'est dans ce sens que
le décret de 30 décembre 1944, redéfinissait le régime doua-
nier dans les colonies, da ns l t e s pr i t tradittonne1 du pacte
t
colonial.
Les exportations gabonaise~ vers la métropole, béné-
ficient d'un régime préférentiel. Les bois qui en constituent
l'essentiel, sont exonérés de taxes à leur entrée en France.
Par contre, les importations en provenance d'autres nations
que la métropole, sont pratiquement prohibées, assujetties à
un reglme draconien,
de licences et de~contingentements.
Sur le plan monétaire la création du franc des colonies fran-
çaises d'Afrique, (Franc C.F.A), dont la parité sera fixée
en 1948 à 1 FCFA pour 2 F métropolitains, et restera inchan-
gée par la suite., entérine une situation de fait, la monnaie
circulant dans ces colonies ayant été détachée de la monnaie
française au cours des hostilités. Paris ne s'arrête pas à
ces mesures économiques, il lui faut prendre des mesures po-
litiques qui s'imposent. "C'est dans le souci de priver les
U.S.A. de prétextes éventuels d'intervention dans nos colonies
que le gouvernement français, malgré ces problèmes qu'il
doit affronter en métropole même fait adopter le 30 avril
194~
/
44.
une
loi
Dosant le principe de plan de développement écono-
mique et social dans les territoires d'Outre-Mer, qui seront
financés par le Fonds d'Investissement et de Développement Eco-
nomique et Social - FIDES - créé à cet effet par décret du 5
juillet 1946" (1).
Il ressort de cette analyse, mieux, de cette prise de
position que l'organisation est perçue dans le cadre stricte-
r
ment géographique, des ensembles ou groupes de territoires,
et dans la pratique immédiate sur une période, allant de 1944
à 1956. Les nécessités financières très réduites, seront un
obstacle
majeur, quant à la réalisation de ce plan. Dès 1951,
le plan initial de 1946 à 1957 est caduc, il est remplacé par
deux autres à court terme, couvrant une période de quatre ans
chacun. Le premier, prend fin en 1952, le sedond, de 1953 !
1956, subit une réduction importante de crédtts. Malgré les
dépenses d'infrastructure qui conservent la priorité, l'accent
est mis sur l'agriculture des populations autocnhones négligée
au cours des années ·précédentes. Quant aux objectifs à attein-
dre ils sont notifiés dans une circulatre du Gouverneur Géné-
ral de l'A.E.F. (2) : "Amélioration de la nutrition et de la
démographie, accroissement des ressources et du niveau de vie
des populations, conservation et enrichissement du patrimoin~
foncie~ sédentarisation des populations sur des terres de bon-
ne qualité afin de mettre un terme à l'itinérance destructive
des sols et de supprimer un frein permanent à l'amélioration
de l'habitat et à l'équipement social, création de revenus nou-
veaux par l'introduction des cultures riches en polycultures
de l'élevage, et de la pt s c t cu l tur-e ", Le Gouverneur précise
dans ce sens que: 1I1 e s résultats doivent être recherchés sans
bouleversement des coutumes et des traditions, ni rupture avec
l'équilibre de la société existante. Il convient, dans ce s ou-
(1) - Cf. J.O. de l'A.E.F. 53e année, n° 3 21 août 1946. Bilan
des études faites en application de la circulaire n° 703 CAB/~c
du 23 octobre 1946.
(2) - Cf. J.O. de l'A.E.F. N° 1 février 1956, Bilan des études
faites en a~Dlication de la circulaire n° 904 CAB:cc du 20 oc-
tobre 1953.··
45.
ci de choisir
des poi nts d'impact d'étendue 1imi tée, afi n
d'en faire
de véritables cellules d'évolution économique
et sociale" (1). C'est dans ces perspectives que nous devons
rechercher l'origine des "paysannats" dont l'expérience est
tentée au Gabon, dans la région de 1 IOgooué-Ivindo, avec une
extrême prudence.
Même,si1a terre est distribuée sous forme de
lots individuels, les techniques de culture restent presque
les mêmes. On remarque une fidélité A la culture extensive,
avec une rotation sur dix ou quinze ans et une jachère prolon-
gée. La c t r cu l a t ee affirme dans ce sens "qu t a n vauc un cas, l'in-,
troduction d~s cultures riches ne doit faire négliger les cul-
tures vivrières, dont l'organisation constitue le fondement de
toute stabilisation des populations et le moyen de conserver
et de valoriser les sols" (2).
A notre avis, nous pensons que tous ces projets sont
réalisables, néanmoins, on est en droit d'être sceptique, compte
tenu des moyens financiers dont l'administration dispose, no~
tamment ceux mis A la disposition des intéressés. Il reste aus-
si A poser le problème de la motivation, de la sensibilisation
des paysans par des capitaux et des techniques appropriées.
QUè11e peut-être l'attitude
de ces poou1ations ? Il ne serait
pas aisé non plus d'incriminer la question de financement, mais,
d'y rechercher les espoirs et les résultats escomptés. Par ail-
leurs, force est de reconnaître que l'administration française
f
en A.E.F. au cours de l ap r em i r e décennie de l'après-guerre,
è
accepte l'évolution qui 's'impose A elle, avec quelque amertume.
car elle craint la mise en cause des intérêts de certaines so-
ciétés établies 'dans ce territoire. En
effet, c'est la crainte
de la concurrence internationale, de la perte du monopole de
ces sociétés qui hante, l'administration coloniale. Le régime
(1) - cf. J.O. de l'A.E.f. N° 1 op. cit.
(2) -
Idem.
46.
douanier précité, en témoigne et les conditions dans le~quelles
la Compagnie Française du Gabon)(C.F.G.) est secourue en 1952,
ne permet pas d'en douter. La mévente des bois
cette année-
là; ayant mis cette entreprise de
fabrication de contreplaqués -
la plus importante de lIA.E.F.- en difficultés, ne dut son sa-
lut qu'à la constitution d'une société de gérance mixte dans
laquelle, l'Etat prit 63 % % du capital
(1).
En fait, la préoccupation majeure reste la sauve-
garde des intérêts, des sociétés métropolitaines. La mise en
garde du Gouverneur général en 1953, est révêlatrice à plus d'un
d'un titre. Il dénonce "les risques que les actions tntempes-
tives de modernisation feraient courir aux équilibres tradition-
nels". "La
participation des Africains aux activités modernes
n'est pas envisagée, les collectivités indigènes peuvent exploi-
ter le patrimoine forestier pour la satisfaction de leurs be-
soins à l'exclusion de tout objectif commercial. L'exploitation
forestière, doit rester l'affairedes blancs" (2). Il est clair
- qu'au lieu d'aider rés populations dont ëil:les- ont la charge
à-accéder aux connaissances scientifiques, techniques et au pro-
grès économique, ce qui fut,l~dne des justications de la~colo
nisation, les sociétés, mieux l'administration coloniale, frei-
ne cet élan, et l'asservit aux intêrêts "des particul iers ou
des sociétés en présence". Une remarque s'impose; la société
gabonaise est en situation coloniale, et a priori, son évolu-
tion ne doit pas remettre en cause, la présence française.
Et jusqulen 1956, l'idéal de la métropole serait
de créer une colonie d'exploitation de type Congo Belge voi-
sin (3). A partir de 1956, l 'évolution prend une autre tournu-
re, notamment la transformation de l'état d'esprit des coloni-
sés, et c'est ce bouleversement qui fait dire au Gouverneur Gé-
néral que la ... "maturité apparaît vite dans l'Afrique d'au-
(1) - Cf. J. SURET CANALE. Evolution économique en Afrique noire
francophone, de 1945 à 1960. T. III. Editions sociales 1972. p.
126.
(2) - H. PION. Thèse citée p. 141.
(3).- J.O. de l'A.E.F. 53e année. op. cit Note 1 p.
47.
jourd'hui, mais, il faut attendre son heure, et lorsque celle-
ci aura sonné, il faut être prêt à agir et à agir vite, car,
l'évolution poursuit son cours inéluctable" (1). Les directi-
ves qu'il donne à ce sujet sont décevantes, sans rapport avec
c e ,- con s t a t , 1l écri t : "e f for ç 0 ns - nouspa r des réa lis a t ion s
judicieuses, de donner
à la population, confiance en ses pro-
pres capacités et de créer, un potentiel de production capa-
ble dans quelques années de financer, en tout, ou en partie,
r
les frais d'éducation et d'encadrement nécessaires pour mener
à son te rm e l ' en t r e pris e de m0 der ni sa t ion, d u Pay san na t" ( 2 ) .
Nous constatons ici même l'inadéquation de la
politique décidée à la situation décrite. Le gouverneur général
refuse d'envisager plus qu'une prise en charge par les ter-
ritoires du financement de leur équipement et de leur encadre-
ment, et, ceci dans une perspective à long terme.
Compte tenu de l'analyse que nous venons de mener,
nous concluons que la conversion des hommes est souvent lente
et difficile, celle des administrateurs est une oeuvre de lon-
gue haleine. De 1957 à 1960, la rapidité de l'évolution a été
telle que les hommes, comme l'administration nont guère eu
le te~ps de se repènser, mais, le problème,cette fois, a été
surtout financier et technique, il y eut trop de choses à fai-
re pour la France, dans
trop de pays en même temps, pour
que les données fondamentales aient été profondément modifiées
en un si court laps de temps.; d oü l'adage: "on hasarde de
t
perdre en voulant trop gagner".
II. - L'ANALYSE CHIFFREE
Uomme
nous l'avons déjà constaté plus haut, à la
veille de son indépendance, l 'économie gabonaise ne reposait
~-------~-----~-------
(1) - J. O. de l'A.E.F. Idem p. 36
(2) - J.O. de l'A.E.F. Ibid,p. 36.
48.
que sur certains produits, notamment forestiers. "La pr em i e r e
place dans les exportations demeure aux produits forestiers
avec 72 % du" total Il (1). Quant aux autres exportations impor-
tantes, elles concernent notamment trois produits, le cacao
(2) dont la plus grande partie s'écoule sur le marché néerlan-
dais, les concentrés uranifères, dont l'exportation ne
commen-
ce qu'en 1961. Enfin, les exportations de pétrole, qui, d'ail-
leurs, marquent un fl ch i s s eme nt entre 1958 et 191ii1, passent
é
de 775.109 tonnes à 737.800 tonnes.
No us de von s rema r que r au pas sa ge Il qu' il no usa
été un peu difficile d'avoir une idée nette sur la situation
économique chiffrée entre 1958 et 1960. Les quelques chiffres
que nous possédons, ne sont pas fournis annuellement, mais
par tranche de deux ou de trois ans. Nous pensons néanmoins
donner une vue globale de l'économie " embryonnaire" du Gabon
à l'aube de l'indépendance. Pourquoi le terme embryonnaire?
Tout simplement parce que très liée encore à l'administration
coloniale, et cette"situation persistera même.après l'indépen-
dance, avant que les Gabonais ne prennent en mains les "'éviers
de commande. Cette remarque pertinente, à notre avis, nous
amène à traiter des importations en premier lieu.
Dans l'économie gabonaise d'avant l'indépendance,
.
.-
la part de l'agriculture a toujours été très modeste. Ce phé-
nomène per,siste de nos jours. Déjà en 1960, les importations
dans ce secteur s'élevaient à 20 %, paradoxalement aux pro-
duits forestiers qui constituaient 72 % des exportations (3).
J. Bouquere1 le souligne fort bien quand elle constate:
liA l'inverse des autres pays africains, dont l'économie est
essentiellement rurale, l'agriculture n'est pas appelée à jouer
un rôle moteur dans la croissance économique du Gabon (~).
(1) - Cf. La vie économique du Gabon, in Bulletin de l'Afrique
Noire, n° 231 18 avril 1962, p. 4709.
-
(2) - NB. Les cultures arbustives du cacaoyer et du caféier,
ont été introduites au Gabon depuis 1920. Cf. J. BOUQUEREL.
op. cit. p. 59.
(3) - N. Cf. Note 1 ci-dessus.
(4) - J. BOUQUEREL, op. cit. p. 58.
49.
L'auteur poursuit ... pour une superficie de 26.700.000 ha, les
surfaces cultivées ne représentent que 125.000 ha, soit 0,46 %
du sol de la production gabonaise ... '",
Il Y a donc lieu de rechercher des solutions adé-
quates pour remédier à cette situation. Nous y reviendrons
plus loin quand nous traiterons de l'économie gabonaise après
l 'indépendance. Con~ernant les autres secteurs, le Gabon im-
porte un nombre infime de ses produits énergétiques soit en
pou~centage 6 % en 1958 contre 8 % en 1960. Les produits fi-
nis d'équipement atteignent 34 % en 1958 contre 30 % en 1960.;
et les prodults finis pour la consommation avec 26 % en 1958,
contre 29 % en 1960.
Dans l'ensemble, les produits d'équipements
connais-
saient ·~ne certaine baisse par ailleurs, les produits de con-
sommation subissent une hausse entre 1958 et 1960 (cf. tableau
n° 1 p. 51). Il semb1erait que l'augmentation importante de la
plupart de ces produits soit liée au niveau élevé de l'activi-
té du secteur du bâtiment, dûe en effet aux importations de
ciment, des fers et des aciers. Cette hausse des importations
se retrouve également dans les machines et appareillages, au
moment où le secteur d'investissement en matériel, cannait aus-
si un grand essor en 1961. C'est dans ce sens qulil faut ap-
précier à sa juste valeur, le rythme croissant de la motorisa-
tion, en particulier dans les importations des camions qui
ont doublé, passant de 390 en 1958 à 764 en 1960.
Comme idée générale, notons qu'en 1960, les moyens
de transport représentent 13 % des importations gabonaises.
Aù regard de l lanalyse chiffrée que nous venons
de conduire, s'impose un constat. La France est la principale
partenaire du Gabon à la veille de l'indépendance (1), dans les
(1) - N.B. Voir tableau 1 et 2 p 51
et
52
pour les pourcentages.
50.
importations comme dans les exportations. Cela est dû aux
mesures douanières évoquées plus haut, a savoir que les
échanges réels ont fait 1 lobjet d'estimation tenant compte
des importations
du Sud Gabon,. transit~~t par Pointe-Noire
c1est-a-dire, par le Congo, après dédouanement dans ce port.
En 1961, les importations réelles sont estimées a 147.840
tonnes et Il.360.000.000 de francs CFA,
dont 26.230 tonnes
pour 2.510.000.000 de francs C.F.A., de douanes au Congo.
r
Ce fait
est dû a une double attitude, 1 'une, relative au
manque d1infrastructure portuaire
au Gabon, a Libreville
,
et à Port-Gent précisément, et llautre, relevant du privi-
lège administratif dont jouissait le Congo au sein de~
l'A.E.F., et partant, le port de Pointe-Noire, développé dans
ce but commercial. Ces méthodes de l'administration colo-
niale ont permis a la France de contrôler les entrées et
les sorties des produits du Gabon. Aussi, le maintien du
franc CFA au Gabon comme dans les autres tertitoires de
l'A.E.F. ne peut que maintenir l'économie gabonaise en de-
hors des grands ,ourants d'échanges mondiaux et de la coo-
pération internationale.
51.
TABLEAU I. - Exportations
Economie gabonaise à l'aube de l 1 indépendance
- - - - - - + - - - - - r - - - - - - - - - -------+-------------~
Produits
Années
Exportations en milliers de
Pays destinés et pour-
tonnes
centages
-1
Okoumé brut
1960
627.520 tonnes
0
France
.- 316.415 T ~
1961
64A.619 tonnes
Cl>
Allemagne · 178.914 T
- - '
·
Produits forestiers 72 % du
Israël
.
-
48.112 T
co
·
total
\\0
des exportations
Pays-Bas
·
36.226 T
·
-------------
~
------ -
---------------------------- --------------------------------
Bois bruts
1960
138.118 Tonnes
1961
136.732 tohnes
Détail .
Acajou
33.260 tonnes
Limba
13.438 tonnes
------------- ------ --------------------~--------_.-
Sciages
1960
5.540 tonnes
1961
4.178 tonnes. NB : Baisse des
ventes des traverses due à la
reconversion en cours dJannée
de la scierie qui les produi-
sait.
Placages et
1960
26.269 tonnes
France
· . 21.649 m3
Côntrepla-,·-· 1961
· .
26.743 tonnes
Grande B. ·
12.395 m3
·
U.S.A.
·
6.554 m3
·
canada
·
5.414 m3
·
Allemagne ·
3.345.m3
·
------------------- ----------------------------------------------------------------
Autres exportations concernant surtout 3 produits
------------ ------ ----------------------------------------------------------------
1. Cacao
1958
2. 513 tonnes
1961
3.196 tonnes N.B. : La plus
grande partie s'écoule sur le
marché néerlandais.
------------ ------ -------------------------------
2. Concen-
centrés ura-
nifères
1961
777 Tonnes
3. pétrole
1958
775.109 tonnes
1961
737.808 tonnes
N.B. Pourcentage global des exportations par pays:
France
56 %
Allemagne
16 %
Israël
4 %
G.B.
4 %
12 %
Pays-Bas
4 %
52.
TABLEAU II. - Importations
Produits
Années
Importations en milliers de
'Pays Fournisseurs
tonnes ou en pourcentage
et en %
Produits alimentaires
1960
20 %
Produits énergétiques
1958
80 %
Produits énergétiques
1960
60 %
France 60 %
Produits bruts
1958
10 %
Demi-produits
1958
13 %
U.S.A. 12 %
Demi produits
1960
12 %
-----~-----------------------
Produits finis d'équi-
1958
34 %
ments
1960
30 %
Allemagne
8 %
Produits finis pour la
1958
26 %
consommation
1960
29 %
Ensemble produits
1958
47 %
équipements
1959
50 %
1960 .
42 %
Ciment
1960
16.869 tonnes
Grande-Breta-
1961
23.029 tonnes
gne
3 %
Fers et aciers
1960
1.230 tonnes
1961
2.800 tonnes
Véhicules et tracteurs
1960
390 tonnes
1961
764
----------------------- -------- ----------------------------
Ensemble moyens de
transports terrestres
13 %des importations
53.
PREMIERE PARTIE
LES VOIES DE L'INDEPENDANCE
54.
CHAPITRE 1. - L1UNION FRANCAISf, LA LOI CADRE ET LA COMMUNAUTE
L'évolution de la politique française est un
fait acquis au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Cet-
te évolution est perceptible dans le sens de la décentralisa-
tion de son administration coloniale, à court ou à moyen ter-
me. Il nous a paru .t ndi s pe ns ab l e de commencer la première par-
tie de notre thèse par la Constitution de 1946, qui constitue
tant soit peu, les fondements de la décolonisation, et partant,
le prélude à la loi cadre et à la communauté de 1958.
Il n1est pas question pour nous de rentrer dans
les détails juridico-po1itiques de la ~onstitution de 1946 (1),
il est plutôt aisé à notre avis, d'en donner les grandes op-
tions, l'essentiel, car, est-il besoin de rappeler que notre
intention n'est pas de faire une analyse textuelle ou partiel-
le - nous en laissons le soin aux juristes chevronnés - mais,
plutôt globale, succincte et historique surtout. '
1. - L'UNION FRANCAISE; SES PRINCIPES FONDAMENTAUX,
SON EVOLUTION
En gros, nous avons recensé trois principes fon-
d amentaux qui ont guidé l'action politique de l'Union Françai-
se.
- Premier principe: Il rappelle et met l'accent sur l'éga1i':"
(1) - Pour la Constitution de 1946, cf. M. DUVERGER, constitu~
tion et Documents politiques, P.U.F. 1978. Du même auteur, voir
les constitutions de la France. P.U.F., Que Sais-Je? 1971
n° 162.
N.B. - A titre indicatif, on peut également consulter Godechot,
les constitutions de la France, depuis 1789 ; Flammarion Pa-
ris 1970. L'auteur y remarque dans son introduction que la
France a connu 15 constitutions, soit en moyenne une tous les
douze ans, depuis 180 ans.
55.
té des individus. La France forme avec les peuples d'Outre-
Mer, une union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs
sans distinction de race, et. de religion. C'est pourquoi,
écartant tout système de colonisation fondée sur l'arbitraire,
elle garantit ~ tous l~égal accès aux fonctions publiques et
~ l'exercice individuel ou collectif des droits et liBertés
proclamés ou
confirmés ci-dessus. L'article 80 applique ce
principe en reconnaissant la citoyenneté française ~ tous les
nationaux français même aux indigènes)entrainant en fait l'a-
bolition de l'indigenat.
- Deuxième principe: met l'accent sur 'l'autonomie de gestion.
Le titre VIII de la constitution range les pays d'Outre-Mer en
deux catégories. Dans la première, figurent ceux qui font
partie de la République française, c'est-à-dire, les départe-
ments d'Outre-Mer assimilés ~ la métropole et les territoires
d'Outre-Mer, dotés d'une assemblée élue. Dans cette seconde
fig~J~nt[cèux fais~nt partie de l'Union française mais pas
de la République française, c'est le cas du Gabon.
- Troisième principe :C'est celui de la communauté de culture
et d'intérêt. En vertu de ce principe; les départements et les
territoires d'outre-Mer étaient représentés au Parlement
français et dans une assemblée de l'Union française. Quelle est
la place qu'occupe le Gabon dans cette Union Prançaise et
quel rôle va-t-il jouer?
LE GABON DANS L'UNION FRANCAISE
Doté du statut de territoire d'Outre-Mer de
l'Union Française, le Gabon reçoit un embryon d'autonomie. Ce-
ci entraîne le principe de la participation des populations ~
la gestion de leurs affaires et ~ la vie de l'Union française,
partant, entérine la création d'un Conseil représentatif et
la désignation des représentants du Gabon à l'Assemblée Natio-
nale française, au Conseil de la République et à l'Assemblée
56.
de l'Union Française. La loi du 7 mai 1946 t naturalisant en
bloc t dans leur statut tous les négro-africains t fut votée
par une constituante où le député sénégalais t Lamine Gueye
reprit la traditionnelle politique du Sénégalais t Blaise Dia-
gne quit en son tempst avait affirmé: "Nous t Français d'Afri-
que t désirons rester t français t dans une France qui nous a
donné la liberté et nous a accepté sans aucune réserve parmi
l es enfants europée,ns Il (1) ,;
De 1848 à 1946 t en passant par 1916 t c'est le
même courant de pensée politique t dans le cadre de la Républi-
~
,
,
que t une et indivisible. L'égalité politique c'est l'intégra-
tion t or t pour M. Senghor et pour les élites africaines moder-
nes t l'égalité passe par une association librement consentie!
c'est à ce " s e ul prix qulil y aura un idéal commun ... un Par-
lement impérial fondé sur l'égalité des nations co l o nt s e s ,
ë
groupées autour de la France
en une fédération
y
t ne ferait
que renforcer la métropole, riche d'une association fondée sur
le consentement et l'amour des hommes .l-ib r e s Il (2).
Le congrès de Bamako du 18 octobre 1946 - père
du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A.) - proclamait
également: "Nous dénonçons le recul imposé par une constitu-
tion assimilatrice et nous nous prononçons t pour une union li-
brement consentie, fondée sur l'égal ité des droits et des de-
voirs" (3). Cette espérance fut d éçu e , les Africains ont ac-
cepté' sans enthousi a sme le "ma ri age de ra i son" au sei n de
l 'U~ion française. Mais le préambule apportait de nouvelles
perspectives, certes, la participation des représentants afri-
(1) - Cf. F. DUMONT. La communauté franco-africaine-malgache.
Cesorigines,ces
institutions, son évolution. Bruxelles, Ins-
titut de sociologie Salvay, 1900 p. 24.
(2) - Cf. B. Asso. Le Chef d'Etat africain, l'expérience des
Etats africains de succession française. Editions Albatros,
Paris, 1976 p. 82
(3) - In B. Asso. Ibid. p. 83.
57.
cains aux assemblées métropolitaines était proclamée, tandis
que localement, les territoires d'outre-mer, procéderaient
à
l'élection d'assemblées, bien sûr, ou reconnaissait t'ori-
ginalité de la civilisation négro-africaine. Néanmoins, le
représentant du Gouvernement demeurait Ille dépositaire ll des
pouvoirs de la République, les assemblées territoriales n'a-
vaient guère plus de compétence qu'un Conseil Général. Les
territoires d'Dutr~-mer au
Parlement étaient sous-représen-
tés. L'émancipation passait par l'identification juridique.
La IVème République n'a pas su rompre avec l'ordre colonial,
un esprit nouveau fit défaut. Le législateur ne fit aucun ef-
fort pour ass~rer aux autochtoees, l légalité sociale et éco-
nomi q.u e. La pra t i que du d0ubl e c0.1 l è g.e a vait dé t r ui t t 0uS
les effets heureux de la loi du 7 Mai 1946, même si le sys-
tème était destiné à effacer les craintes par une nouvelle
loi (7 octobre 1946) qui fixait la composition du Conseil
représentatif du Gabon à 12 élus pour le premier collège et
18 pour le second. Le 22 février 1952, ces chiffres étaient
respectivement portés à 13 et à 24 (1).
En fait, sur le plan de la représentativité,
s~ulignons qu'il y a une amélioration numérique. Force est de
reconnaître aussi que la sous-représentation des populations
noires subsiste et persiste. C'est dans ce sens que M. ASSD
trouve sa formule originale en Q·éGlarant que 1I1'acceptation
loyale d'une union française égalitaire, impliquait que fat
bannie toute discrimination ... de beaucoup de Français à l'é-
gard d'hommes appartenant à d'autres groupes ethniques qui
s'est trouvée souvent un alibi moral dans la décolonisation.
C'est un choix de petits bourgeois apeurés Il (2). Déçue dans
ses aspirations, l'Afrique cherchera l'autonomie. Trois or-
dres de motivation vont désormais animer les dirigeants poli-
tiques africains. Nécessité de surmonter les divergences po-
(1) - P. BDRELA : L'évolution politique et juridiquè dè l'U-
nion française depuis 1946. Bibliothèque de droit public.·
T. XV 1958 p. 84.
(2) - AS S0 B. 0 p .' c i t
p. 58 .
58
litiques en Afrique, rassembler la masse africaine, élargir
les libertés acquises. Cëla a amené les penseurs du R.D.A. à
une conception II gr adua l i s t e ll de la libération nationale. En
ces années 1954-1956, il est peut-être vrai
que l'histoire
connut une accélération, mais, il est certain que le retrait
de la France d'Indochine a entamé un processus irréversible.
Après la Tunisie et le Maroc, la métropole française, sous
la pression des Nations Unies, doit consentir au Togo une
semi-autonomie. La ~oi du 16 avril 1956 mit en place â Lomé,
un Conseil de gouvernement et a c c r ut l e s pouvoirs de l'Assem-
t
blée territoriale (1). Par ailleurs, la Grande Bretagne fi-
dèle à sa ligne logique, considérait l'indépendance inélucta-
ble et l'achèvement de sa colonisation africaine inévitable.
C'est dans cette atmosphère qu'éclata ce que désormais le
Ti ers - r~ 0 nde a ppel l e l e cou p de Il ton ner r e de Band0 ungIl. Lac 0 n-
férence de Bandoung fut, écrit L.S. Senghor " pl us qu'un triom-
phe militaire, elle fut une victoire morale des peuples de
cou leu r. C' est lac 0 ndam n a t ion de van t l' h i st 0 ire du fa i t col 0-
ni a l " (2). A ce pro.pos J.B. DUROSELLE note
que "l 'avènement
à l'indépendance des anciennes populations colonisées a trou-
vé son symbole dans la conférence de Bandoung ... il y eut donc
unanimité pour condamner le colonialisme et la ségrégation
racia1e ll (3). Au-delà de ces manifestations et des idéologies
qui en découlent que peut-on retenir de l'action de l'Union
française dans le cadre strictement gabonais? En effet, comme
nous le soulignions plus haut, le problème de la sous-repré-
sentation du Gabon existe, en dépit d'une amélioration des
statuts. Le Gabon, comme les autres territoires, se voit doté
d'un Conseil représentatif élu pour cinq ans, au suffrage uni-
versel. En théorie, la compétence de la dite assemblée est
étendue. Elle est chargée de la gérance du patrimoine du ter-
(1) - B. Asso. op. cit. p. 61
(2) - L.S. SENGHOR in revue Afrique contemporaine nQ 20, 1965
p. 20.
(3) - J.B. DUROSELLE. Histoire diplomatique de 1919 à nos
jours 7e édition, Dalloz,1978, p. 624.
N.B. - Pour les détails sur Bandoung, Cf : A. CONTE
Bandoung,
tournant de l'histoire. Robert Laffont, 1965.
59.
ritoire, de 1 'Snseignement, et des services publics. Elle par-
ticipe à l'initiative des dépenses et des recettes, délibère
en matière budgétaire, fiscale, et détient du pouvoir consul-
tatif en matière de règ1ementation. Le fait d'être assujettie
à une triple tutelle, limite ses libertés:
- celle du Chef du territoire,
- du Conseil d'Etat;
- et du Gouvernement français qui a le pouvoir de prononcer
,
sa dissolution. L'appartenance du Gabon à la fédération de
l'A.E.F. limite toutefois sa compétence, car, la fédération
dispose de sa propre assemblée formée de grands conseillers.
Sa compétence est identique à celle des conseils de territoi-
res, mais, s'exerce dans le cadre fédéral et vient donc réduire
la souveraineté des assemblées locales.
En dehors du territoire, les Gabonais partici-
pent politiquement au Parlement et à l'Union Française. Il Ae
leur est réservé qu'une seule place dans l'Assemblée de l'U-
nion française, composée de conseillers, nommés par les assem-
blées locales J.J.!OUCAVEL, en est le premier et le seul Gabo-
nais. Au conseil de la République, et à l lAssem51ée Nationale,
il y a deux sièges à pourvoir pour le Gabon, dont un par col-
lège électora1~ A chacune de ces assemblées, les Européens
du Gabon et du Moyen Congo y désignent un représentant commun.
Pour le premier collège, c'est-à-dire celui du Conseil de la
République, le choix est porté sur A. Anguiley, et pour l I~S
semblée Nationale, c'est J.H. Aobame l'élu (1)
Remarquons en effet que c'est l'émergence du
personnel politique gabonais, mais, un personnel très réduit
et inexpérimenté, ne constituant pas un groupe parlementaire,
(1) - N.B. Il nous a paru indisp~nsable de donner des préci-
sions biographiques sur certains
hommes politiques. Notamment
sur MM. Léon MBA et J.H. AUBAME qui marqueront de leur emprein-
te, l 'histoire politique du Gabon avant et après l'indépendance.
cf. Annexe~
60.
par conséquent ne pouvant infléchir les décisions de l'Assem-
blée ni
dans un sens, ni dans l'autre. Cette situation, favo-
risant la France, s'inscrivait e nupor t e à faux avec l'égalité
des citoyens qui était un des traits fondamentaux de l'Union
française. En effet, politiquement, la ~onstitution de 1946
créait les conditions d'une vie politique dans les territoi-
res précédemment gouvernés presqu'exclusivement par la métro-
pole ou ses représentants. C'est ainsi que les sections loca-
les des partis métropolitains s'implantaient
au GaBon.
Des colons français auxquels se sont joints
quelques évolués gabonais, çréent une section du Rassemblement
du Peuple Français (R.P.F.)
; le parti socialiste S.F.I.O.,
l'U.D.S.R. et le M.R.P. ont également des représentants, mais,
n'ont qu'une faible audience auprès des autochtones. Les si-
gnes avant-coureurs de la canalisation des courants d'opinion
au sein de la population gabonaise sont conduits au Woleu-Ntem
par les Fang qui lancent un mouvement de regroupement ~\\ani
que. En repliquant au mouvement clanique et se posant en ad-
versaire de toute ségrégation raciale, Léon MBA fonde le Co-
mité mixte franco-gabonais.
Il faudra attendre
1947 pour que
J.H. AUBAME fonde le premier parti politique gabonais~U·.D.S.G.J
(1). Lés dissensions au sein du comité mixte franco-gabonais
amènent
Léon MBA et ses quelques transfuges à rallier le
B.D.G.
Désormais, et pour longtemps, la vie politique du Ga-
bon s'organise autour de ces deux formations politiques, le
B.D.G. et l'U.D.S.G. et leurs leaders respectifs, Léon MBA
et J. Aubame. Sur ces "p e r s o nna qe s historiques et leurs par-
tis, nous
en parlerons dans la rubrique: lIévolution et
adaptation interne
(2).
Que peut-on retenir de l'Union? Force est de
reconnaltre qu'elle a favorisé l'éveil politique
des peuples
(1) - N.B. Tous ces partis politiques n'ont pas de programme
défini dès le départ, il faudra attendre 1957
voir.1960, pour
voir les options politiques des uns et des autres se fixafr~
Tout comme on ignore tout du
nombre approximatif des militants
de chaque parti.
(2) - Cf. Chapitre II ; première partie.
61.
autochtones, créé de nouvelles structures politiques dans
les territoires.
Il reste néanmoins qu'elle a suscité des
réserves et des déceptions, du fait qu'elle n'a pas satis~
fait les revendications d'autonomie des peuples autochtones.
La &onstitution de 1946 ne laisse qu'un maigre espoir sur
l'autonomie. Les dirigeants français prennent enfin cons-
cience de l'inanité de leur refus d'ouvrir plus largement
l'accès à l'autonomie.
Avec la loi cadre, intervient une modification
du statut des territoires.
II. - LA LOI CADRE OU LA VOLONTE DE CHANGEMENT POLITIQUE
La loi cadre du 23 juin 1956 et les décrets
d'application du 3 décembre 1956 approuvés par le Parlement
en janvier 1957, avaient déjà accordé aux territoires.d'Afri-
que et à Madagasca~, une large autonomie interne. Cette auto-
nomie était réclamée dtailleurs par les neufs ministres du
Conseil de gouvernement du Gabon et quatre parlementaires de
ce territoire. Dans une lettre adressée au Prêsident du Con-
seil du Gouvernement français, ils revendiquaient l'autonomie
intérieure et le statut d'Etat fédéré (1). Pour D. Bakari,
leader du Niger, "la thèse fédérale est teintée d'esprit im-
périal iste" (2). En effet, la pl upart des hommes pol itiques
reconnaissent que la loi cadre procède à la transformation
interne des territoires et F.J. Ntutume ajoute qu'"elle pro-
cède à une décentralisation fort apparente en associant les
populations indigènes à la gestion effective de leurs pr.o-
pres affaires" (3). Pour diriger l a dm
t
i ni s t r a t l o n locale, la
loi cadre institue dans chaque territoire, un Conseil de Gou-
vernement, c'est-à-dire, qu'elle légitime les aspirations des
(1) - P.F. GONIDEC : L'évàlution des territoires d'Outre-Mer
depuis 1946, L.G.D.J., Paris 1958 p. 8.
(2) - Le Monde 5 août 1958.
(3) - J.F. NTUTUME op. cit. p. 44
62.
peuples à s'administrer eux-mêmes. Pour la première fois dans
son Histoire, le Gabon se voit doté d'une organisation commu-
nale. Les villes de Libreville et de Port-Gentil sont érigées
en communes de plein exercice. M. Léon MBA et M. J.V. Piraube,
française d'origine, tous les deux membres du B.D.G. sont élus
maires. C'est à cette date que se situe le début de l'ascen-
sion politique de Léon MBA. Comment est donc ressentie l'ap-
plication de la loir cadre. Chose prévisible, elle suscite
des réactions et des inquiétu~es de l'administration. Le Gou-
verneur général de l'A.E.F., Paul Chauvet ne le cache pas le
23 mai 1956. lors de la première session ordinaire du Grand
Con sei 1 de liA. E. F. et un moi s a van t 1a sig na t ure dut ext e de
la loi cadre, il déclare; " ... ceux-là craignent que les pou-
voirs accrus donnés aux assemblées territoriales et l'institu-
tion, de conseils de gouvernement, ne soient sous la pression
d'évènements extérieurs qu'un premier pas vers je ne sais
quel relâchement de la mission de la France ... et je pense à
ceux qui pourraien~ échafauder de dangereuses illusions sur
ce 1aisser-a11er.que d'autres redoutent ... A ceux qùi sont
)
tentés d'aller prendre des exemples de libertés syndicales
vers l'Est ... Ceux, enfin qui seraient tentés de se laisser
séduire par la perspective d'un nationalisme étroit" (1). Au s «
...... si,la .. perspective de la Toi cadre est accueillie différemment
par la communauté blanche et la communauté noire. Les_Blancs
d'instinct,et parce qu'ils connaissent les graves problèmes
qui assaillent la métropole, sont peu enclins à une indépen-
dance accélérée, voire brutale. Les Noirs, eux, aspirent à
cette indépendance. Déjà, des tendances se sont manifestées
suffisamment clairement pour alarmer le gouverneur général.
D'une part, des sympathies communistes, d1autre part, des me-
naces de sécession qui mettent en péril l'existence de la Fé-
dération et de certains territoires. L'orateur s'efforce de
rassurer les Blancs et met en garde les Aéfiens vis-à-vis
(1) - J.O. de l'A.E.F. n° 1215 j ui n 1956, discours d'ouver-
ture de la séance inaugurale de la première session ordinai-
r e du Gra nd Con sei 1 de l ' A. E.P-. Le 23 mai 1956 .
63.
d'autres impérialismes, des mirages du communisme et des dan-
gers de l'isolément. Malgré la subtilité du Gouverneur Géné-
ral, on peut toutefois, percevoir ce qu'il n'ose pas avouer
quand il enchaîne: 1111 est remarquable que si près du moment
où la France renoncera à ses possessions d'Outre-Mer, le Gou-
verneur Général pense et agit comme si la métropole savait
ce qui est bon pour les territoires et les hommes qu'elle a
colonisés, alors que cette colonisation est un
c he c" (1).
ë
Avec la prétention de tracer le chemin que de-
vront emprunter les peuples émancipés, le Gouverneur suscite
un doute sur les intentions réelles de la France. A notre
,
avis, clest aux hommes libres et i
eux seuls qui incombe ce
choix. Comment ceux-ci ne seraient-ils pas agacés par cette
prétention de l 'administration française? La liberté, ils
la veulent sans aucune restriction. Quelques mois plus tard,
le Gouverneur général revient à la charge et rappelle les étu-
diants qui se dispeRsent dans des activités politiques i
leur
devoir IIqu1ce~t av~nt toute chose, de travailler pour venir
ensuite participer au progrès du pays " (2). Il invite les
travailleurs à ne pas se laisser entraîner dans une agitation
syndicale à des fins politiques, mais i
IImesurer leurs désirs
en tenant compte des possibilités réelles de les satisfai-
re ll (3).
Ces propos i 11 us trent à mervei 11 e l ' efferves-
cence causée en A.E.F. par le projet de la loi cadre et les
craintes de l'administration. Ces craintes découlent aussi
d'un caractère impromptu dû à une émancipation improvisée dont
les lendemains
sont imprévisibles. Le Gouverneur Général
1
Chaüvet, très volubile à cette occasion, précise les limites
et les difficultés de l'entreprise. Il ••• Les institutions nou-
(1) - Cf. J.O. de l'A.E.F. n° 12. op. «rit.
.
(2) - J.O. de l'A.E.F. n° 28 15 novembre 1956. Discours inaugu-
ral de la deuxième session ordinaire du Grand Conseil de
lIA.E.F., du 31 octobre 1956.
(3) - Idem.
64.
velles, qui seront dans quelques mois mises en place, postu-
lent une participation de plus en plus large et de plus acti-
ve des Africains à la gestion des services publics. Mais, ce
problème, vous le savez est difficile ... Les premiers bache-
liers de l'A.E.F. sont sortis ces cinq dernièees années, alors
que l'A.O.F., par exemple, en forme depuis plus de trente
ans ... Et il serait dangereux d'autre part, de recruter au
rabais, ce qui compromett~ait à coup sûr la réussite des dis-
r
positions nouvelles en perturbant le fonctionnement correct
des rouages administratifs de plus en plus complexes .... Je
le répète, personne ne doit attendre de miracle. Cette afri-
canisation entreprise avec sincérité et avec foi, demandera
malgré tout du temps pour se réaliser de façon ordonnée et
efficace" (1).
Voilà en quelques mots, l'aveu officiel de
l'inefficacité, sinon de l'inexistence de l'action colonisa-
trice de la France. L'évolution a surpwis les responsables
dans la gestion des territpires, la relève n'a p~s été pré-
parée. Il est permis de s'interroger sur les raisons de cet-
te concession tardive à la vérité. N'est-elle pas faite pour
justifier a priori la lenteur avec laquelle, s'effectuera -
du moins certains veulent le croire - l'émancipation des peu-
ples aéfiens, et pour y préparer les esprits? En d'autres
termes, croit-on réellement en haut lieu au caractère irréver-
sible et impérieux de l'évolution? Ne se complaît-on pas à
penser qulil s'agit d'une de ces flambées d'entnousiasme aus-
si vite éteintes qu'allumées? Nous ne voul~ns pas faire un
procès d'intention aux responsables du moment, ce nlest pas
le rôle de 1 'historien, mais, les propos du Gouverneur Géné-
ral, obligent à poser la question.
En tout cas, on assiste à une évolution sans
révolution, mais l'administration entend contrôler cett~ évo-
lution, en évitant des tensions. Il remarque à ce propos ...
--------------------
(1) - J.O. de l'A.E.F. 53è année n° 28 pp. c i t .
65.
"Egalité, ne veut pas dire, suppression des hiérarchies et des
différences de conditions sociales que l'on retrouve au sein
de toutes les sociétés mêmes les plus égalitaires. Car, dans
cette société libre qui est la nôtre, hiérarchies et différences
doivent être le fait de la valeur individuelle qui peut, en
toutes circonstances librement s'exprimer. Du mérite de cha-
cun, de l'efficacité de son travail et aussi, il faut le di-
re, du poids insoud~ble et inévitable du destin et de la chan-
ce sur toutes les vies humaines ... Ega1ité ne veut pas dire
n~n plus pour les groupes humains qui composent un ensemble
politico-économique aussi varié que l'Union française, qu'ils
sont nécessairem~nt appelés à posséder a'emblée ~n niveau de
vie identique" (1). Cette analyse des desseins de la Provi-
dence est parfaitement conforme à l'éthique libérale capita-
liste - c'est la Déclaration des Droits de 1 'Homme et du Ci-
toyen -. Elle ménage la bonne conscience des colons et doit
inspirer résignation et respect, aux colonisés. Cependant,
~c~ derniers donnent bien d~s soucis à leurs tuteurs. Le Gou-
verneur général reprend: "t1essieurs, au moment où s'achè-
vent vos travaux, s'ouvrira précisément la campagne é1ectora-
,--
le, prélude à l'installation dans les six principales villes
de la
fédération des municipalités élues. Je compte sur la
sagesse de tous, et spécialement sur celle des chefs de par~
tis pour que cette consultation électorale, fondée sur la ma-
turité sociale, ne dégénère pas en lutte de groupes ethniques,
en déchaînement anarchique de passions individuelles; ... " (2).
Force est de reconnaître que le danger déclamé existe, en réa-
lité et que les risques encourus sont graves. Mais, comment
ne pas être frappé par l'affolement qui semble s'emparer des
responsables devant une évolution qu'ils avaient vocation
de préparer et qui en fait s'impose à eux.
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons
---------------------
(1)
J.O. de l'A.E.F. n? 28 53e année op. c l t .
( 2) - Idem.
66.
déjà dit t à savoir que la loi cadre divise les esprits. Au
Gabon t les Européens jouent le jeu t ils suivent les nouvelles
règles avec une certaine amertume t en essayant de contrôler
l'évolution
dans le sens qui leur est favorable et au mieux
de leurs intérêts. L'allocution de M. FLANDRE t Conseiller
ter~itorial et doyen d'âge du Grand Conseil t devant cette as-
semblée reflète clairement leur état d'esprit. 1I·~ •• Pour mo i ,
l'Africain d'A.E.F. appartient à l'une des trois générations
Ir
-
suivantes: d'abord l'ancien t le vieillard t vénérable t dont
les souvenirs remontent à quarante ans ou plus! celui-là
sait d'où il vient t de quel niveau nous sommes partis; il
est tout respect et gratitude pour 11 immense progrès accompl i
Ensuite t la génération active de ce jour t déjà formée i notre
culture et à nos méthodes t qui se rappelle encore d'avoir en-
tendu t sinon d'avoir vu ce qu'a été le payst mais t qui pen-
se ardemment aux nouveaux'
progrès à accomplir. Son ardeur est
au moins tempérée par le souvenir du chemin parcouru et il est
compréhensif. Enfin t celui qui vient t quit lui ne considère
que ce qui reste à"faire t qui ignore ou qui veut ignorer la
nécessité des étapes t dans les transformations aussi totales t
si l'on veut éviter un décalage t ~un divorce entre les quel-
ques éléments lancés très loin en avant et la masse. Celui-là
est souvent injuste dans son impatience ... " (1).
On devine que de ces trois générations t les Euro-
péens tentent de s'appuyer sur elles; cart elles leur prê-
tent le sentiment que la loi cadre s'inscrit dans le cours de
la colonisation comme une étape vers le renforcement des liens
avec la France. La troisième est par contre condamnée et re-
doutée; cart
elle est coupable à leurs yeux t de considérer
la loi cadre comme le premier pas dans la voie de l'émancipa-
tion du territoire.
Les Africains t de leur côté t sont unanimes à
juger la loi cadre insuffisante. Tandis que les uns accusent
(1) - J.O. de l'A.E.F. 53e a nnê e , n° 12 t Discours prononcé
par M. FLANDRE t Conseiller du Gabon t doyen d'âge (71 ans) du
Grand Co ns e t l de l'A.E.F" t le 23 mai 1956.
67.
la métropole d'avoir fait à ses colonies un cadeau empoisonné,
qui, sous des apparences libérales, ne visent en fait qu'à
prolonger le statut colonial, en prenant comme prétexte des
faiblesses profondes des territoires pour justifier une évo-
lution lente et superficielle; les autres, veulent y voir,
comme Léon MBA, " une possibilité de libération et de partici-
pation croissante aux charges ainsi qu'aux prérogatives du
pouvoir ... Et une étape vers la réalisation de la communauté
r
fédérale, franco-africaine" (1). Et pourtant, si l'esprit de
la réforme et son opportunité sont contestés, il n'y a pas
d'opposition systématique à sa mise en oeuvre.
Quelle est donc la portée de ces nouvelles ins~
titutions ? La réponse nous est donnée dans ces grandes li-
gnes que nous trace M. Luchaire (2).
a. - LIAssemb1ée Nationale
Le système mis en place e~t un système représen-
tatif. Le territoire est doté d'une Assemblée territoriale
élue au suffrage universel par un collège unique. Elle ne sau-
rait être assimilée à un Parlement, car, ses membres nlont pas
d'immunité et elle ne vérifie pas leurs pouvoirs. En fait,
c'est une assemblée administrative qui jouit d'attributions
étendues en matière administrative et financière, puisqu'elle
vote le budget et les impôts. Elle dispose en outre des pou-
voirs d'information et de contrôle considérables. Logiquement,
l'exercice de ce contrôle sur le Conseil de Gouvernement de-
vrait entraîner la démission de celui-ci s'il juge qu li1 nia
pas la confiance des députés. Mais ce droit de contrôle n'est
pas assorti de sanctions et l'usage des votes de confiance
a peu de chance de triompher de la force du texte législatif.
(1) - Léon MBA. Discours d'ouverture de la session budgétaire
dell'Assemb1ée territoriale du Gabon,
le 18 Novembre 1957 in :
Débat s de l ' As semblé ete r rit 0 rial e du Ga bon ses s ion budgéta ire',
18 eovembre-31 décembre 1957.
(2) - F. LUCHAIRE. Les institutions politiques et administra-
tives des T.O.M. après la loi cadre. Librairie Générale de Droit
et de Jurisprudence. p. 98.
68.
b. - Le Consei l de Gouvernement
En effet, l'Assemblée élit un conseil de gouver-
nement pour la durée de ses fonctions qui est de deux ans. Le
scrutin est de liste à trois tours,ssans panachage ni vote.
préfére~tiel. L'élu en tête de liste prend le titre de Vice-
Président du Conseil de Gouvernement, ses co-listiers pren-
nent le titre de ministre. Ils ne sont pas tous nécessaire-
r
ment parlementaires. Le Conseil de Gouvernement arrête tous
les projets à soumettre à l'assemblée et donne son avis sur
tout projet émanant d'un:membre de celle-ci. Il administre le
patrimoine du territoire et délibêre sur les projets d'arrê-
tés que le chef de territoire se~propose de prendre en Con-
seil de Gouvernement. La compétence
de ce dernier s'étend à
tous les actes rêglementaires concernant la gestion des. affai-
res du territoire.
c. - Le chef du territoire
Dans ce texte, le Gouverneur devient un chef de
territoire et préside de droit, le Conseil de gouvernement.
Il exerce en quelque sorte une "magistrature dlinfluence"
veillle au bon fonctionnement des autres organes territoriaux
et au respect de leursccompétences. Dans ces limites, il con-
serve des pouvoirs étendus. Il peut suspendre pendant trois
mois l'exécution des
délibérations du Conseil, slil les
juge
illégales ou attentatoires, à l'ordre ou aux liber-
tés publiques et peut en demander l'annulation par décret
au Conseil des ministres français. L'étude que nous venons de
mener, nous permet de conclure que la loi du 23 juin 1956,
transformait la
nature juridique des T.O.M.En effet, ce
fédéralisme "à la sauvette", nlétait guêre compatible avec
l'esprit de l t e r t i c l e 60 qui justifiait le centralisme jaco-
bin dans le cadre de la République française. Mais, à vouloir
chercher les compromis, on ne rencontre guêre de satisfaits.
69.
La loi déçut les partisans de conception unitaire comme ceux
de la conception fédérale. En fait si certains aménagements
coïncidaient avec l'idée d'autonomie, voire de participation,
le contenu fédéraliste demeurait "r-ë du i t ", La suppression du
double collège, l'africanisation des cadres, les embryons
d'exécutifs locaux ne transformeront pas cet effort de décen-
tralisation administrative en une autonomie politique; car,
la tutelle du chef de territoire, la toute puissance des ser-
vices publics métropolitains garantissaient la continuité
du jacobinisme. La
métropole consentait le pouvoir de déci-
sion dans une Afrique balkanisée. En outre, malgré la 10; ca-
dre, le peuple français nia pas été plus instruit des problè-
mes d'Afrique, ~1. Së ko u Touré le remarquait amèrement: IIj'ai
été
frappé, après ma
première intervention au Palais-Bou~
bon d'entendre des collègues qui s'entretenaient avec moi;
s'étonner de mon bon français. Et lorsque je parlais de la
Guinée certains me demandaient s'il s'agissait de la Nouvel-
l a-üü tnë e "
(1).
Mais déjà les thèses des hommes politiques afri-
cains, étaient en retrait sur celles de leurs cadets de la
F. E. A. N. F. Il l ' i ndép end a nce do i t être: con qui s e o a r
une
lutte révolutionnaire des masses populaires africaines ll (2).
On constate enfin, clairement qu'il y a des limites de la
souveraineté territoriale consentie par la loi cadre. Non seu-
lement le Conseil des ministres français peut annuler les dé-
libérations du Conseil de gouvernement gabonais, mais, il a
le pouvoir de suspendre l'Assemblée territoriale et de dissou-
dre le Conseil de Gouvernement, bien que l'une et l'autre
soient issues du suffrage universel. Le cadre institutionnel
est donc encore très éloigné de l'autonomie souhaitée par les
esprits les plus hardis, comme étape préparatoire à l'indépen-
dance.
(1) - Cf. Favod (H.) L'Afrique seule. Le seuil Paris 1961
p. 23.
(2) - 8ème congrès de la F.E.A.N.F., 27:31 décembre 1957,
résolution et motion. Motion de politique générale p. 6.
70.
Aussi, les divergences entre les thèses fédé-
ralistes et confédéra1istes des uns et des autres, amènent a
conclure qu'en ce combat, l'A.O.F. et l'A.E.F. ont perdu leur
apparence d'unité. L'octroi de l'indépendance
"
que nous étu-
dierons par la suite - par la métropole, confirmera la balkani-
sation de l'Afrique.
III. - LA COMMUNAUTE OU LA MARCHE A L'INDEPENDANCE
----------------~--------------------------
Désagrégée par le processus général de la déco-
lonisation, la IVème République avait connu un "échec décisif
avec la question algérienne. En fait, c'était l'ensemble des
rapports avec la république et les peuples d'Outre-Mer, qu'il
fallait repenser. La loi constitutionnelle du 3 juin 1958 fit
de cette préoccupation, un des volets de la future constitu-
tion. Le 13 juillet 1958, le général de Gaulle dira: "Nous
sortons de l'incertitude quant a ce que seront nos rapports,
dans l'avenir, nous allons vers une vaste et libre communau-
té. Er)' 1958, nous devons bâtir de nouvelles f ns t t tu t i o ns ç éta-
blir sur le mode fédéral, les liens de notre union ... La pl a ,
ce de l'Algérie si chère et si déchirée est marquée et c'est
une place de choi~ ... Clest en se tenant unis pour une grande
tâche de civilisation que ces peuples, sans sacrifier leurs
droits, vont accomplir leurs devoirs" (1).
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le
gaull isme Si était préoccupé de l'Outre-Mer. Exc1 u de la mé-
tropole, il s'était enraciné dans l'empire. "Les principaux
bataillons, il les a levés, grâce a la fidélité de l'Afrique
Noire, et a la dévotion de Félix Eb o uê " (2). Le Général de
-------------------------------
(1) - Ch; DE GAULLE, Mémoire d'Espoir t.I.
Le Renouveau. Plon 197C
p.
25.
(2) - S. ULRICH. Le Gouverneur général Félix EBOUE, Editions
Larose, Paris 1950. p. 16.
71.
Gaulle, convaincu de l'importance d'Outre-Mer, s'était trop
attaché à exalter l'Empire et les devoirs de la France à son
égard. "L'Empire est un élément qui, dans ces terribles épreu-
ves,(1940-1944) s'est révélé à la Nition comme essentiel à
son avenir et nécessaire à sa grandeur" (1). Soucieux de ras-
sem51er "1es fils de la France", en un vouloir vivre commun",
le Général de Gaulle n'a pas ménagé ses critiques à la
IVème
République. Pour lui, la conférence de Brazza~i11e aurait dû
r
set rad uire par l' a c c ue i 1 dan s 1a Co mm una ut é f r a nça i se des
peuples africains. Certes, il aurait
fa1u également ménager
leur personnalité, leurs intérêts, leurs aspirations, leur
avenir. A. Bayeux, à Epinal, a Bordeaux (2).le général de Gau1-
le avait choisi le fédéralisme.
Nationaliste, il était persuadé que la France
dans la guerre froide n'aurait de présence
que par son
empire (3). Mais, en 1958, la liberté d'action du gouvernement
était restreinte, par les acquis de la loi cadre et par les
conflits entre les leaders àfricains. Mais, la constitution
mort-née, déçut tous ceux qui, un instant avaient espéré à
l'instar du leader ivoirien, un fédéralisme franco-africain(4).
Davantage, le compromis entre les différentes tendances sem-
blait tout aussi illusoire que la communauté elle-même. M.
L.S. Senghor en sait quelque chose quand il déclare en juil-
let 1958 : "J'ai constaté qu'il n'y avait aucune différence
essentielle entre les idées du général de Gaulle et le program-
(1)" --Ch.- De GAULLE. Mémoires de guerre, L'Unité t.2. p.
183.
(2) - Critiquant le projet de c1a constitution de 1946, le gé-
néral de Gaulle déclarait le 27 août "il devait être créé des
institutions de caractère fédéral, communes à la métropole
et aux T.O.M.". A Epinal, le 29 septembre 1946 : "i1 faut deux
séries d~nstitutions, celles qui sont locales et celles qui
sont communes". A Bordeaux, le 15 mai 1947, liMais, enfin, ces
territoires, qui eussent-ils
été sans la France.? in Charles
de Gaulle, l'appel t.1 p. 183 Plon.
(3) - Oh. de Gaulle, discours et Messages, Plon, t. 1 p. 370
(4J - J. SOUSTELLE, 28 ans de gaullisme, édit. Table Ronde,
1971,
p.
276.
72.
_me de notre parti en matière de révision constitutionne11e"(I).
De surcroît, un accord entre le R.D.A. et le
P.R.A. rapprochés sous le nom de Front Commun de l'Action
Africaine (F.C.A.A.) semblait se dessiner autour de la notion
de République fédérale à base égalitaire. En outre, le pro-
blème, délicat des flédérations primaires, avait été en partie
résolu pour l'adoption du principe de la liberté de regroupe-
r
ments des territoires (2). Malheureusement, ce climat favo-
rable s'estompa très vite. A Cotonou, le congrès du P.A.D.
(3) adoptait le mot d'ordre d'indépendance immédiate et de
confédération. Par ailleurs, l'avant-projet gouvernemental ne
faisait qu'esquisser 1a fédération, l'article 71 en effet ne
créait qu'une cour d'arbitrage, la métropole continuait de
prêter ses institutions à l'ensemble fédéral. Enfin, M.f.
Tsiranana, Président du Parti Social Démocrate (P.S.D.) mal-
gache réclamait la création d'Etats fédéraux indépendants (4).
Pouvait-on concilier l'inconciliable? D'un côté, M. Senghor
exigeait un équilibre réel entre la France et l'Afrique "{ l
n'ya pas d'équilibre lorsque la France se trouve face à face
/avec les petits ne r r t t oi r e s " (5). De l'autre côté, M. Houphouêt-
Boigny préchait Te réalisme. IIJe ne crois pas à l'association
des peuples libres, je ne crois pas à l'indépendance avec la
Confédération dans la communauté. Il y a une-logique de la sé-
paration, ne prétendez pas 'fOUS y s ous t r a i r e " (6). Mais, der-
ri ère ces que r e 11 es de mots , de se nt tm e nt s , se déc 0 upa i t l' é-
goisme des riches. La Côte d'Ivoire comme le Gabon, ne briguait
(1) - Le Monde, 3 juillet 1958.
(2) - M. MERLE. La constitution et les problèmes d'Outre-Mer,
R.F.S.P. Paris, 1959 p. 137 . .
(3) - M. MERLE. Ibid.
(4) - Cf. Le Monde, 5 août 1958.
(5) - L.S. SENGHOR, Défense de l'Afrique Noire, in Esprit,
juillet 1958, p. 237.
(6) - F.HOUPHOUET-BOIGNY, cf. L. HAMON, le P.A.D.
; de la que-
relle fédérale à l'indépendance, in R.P.J.O. M. 1959 p. 15.
73.
pas le statut de " pères nourriciers R de chacune des fédérations.
Houphouët-Boigny craignait la tutelle de Dakar, MBA celle de
Brazzaville, jusqu'en 1960, le Gabon, déclarait son président
lia été délaissé.son argent a été draîné au profit de Brazza-
,
ville" (1). Le comité consultatif constitutionnel, soucieux
de dépassionner le débat, entre fédéralistes et confédéralis-
tes, renonça à l'un et à l'autre terme.
Il adopta le mot de
M. Ts t r a ne na Commun a ut
(2).donc, et non plus fédéralisme.
v
ë
"
Aussi, afin d'éviter une trop grande rigidité des institutions,
le comité prévoyait l~ possibilité pour un territoir~ membre
de la communauté de changer de statut (article 66, alinéa 4
texte C.C.C.) tous les cinq ans, les assemblées territoriales
par décision soumise au référendum pouvaient décider de chan-
ger de catégorie. Néanmoins, le Président Senghor, avait mis
en garde les membres du comité contre le peu de soupless~ du
compr om i s : "Les territoires en majorité P.R.A., h s i t e ro nt à
ê
entrer dans une fédération qui n'en est pas une. Si le gou-
vernement riposte, alors, ce sera l'indépendance totale. Nous
refuserons le dilemme" (3). Averti de ces réserves, l-e géné-
ral de Gaulle, au cours de sa tournée africaine, (Afrique
Noire) accepta de modifier quelques positions antérieures. A
Madagascar, il parla de séccession (4), à Brazzaville, il af-
firma : "La France ne s'opposera pas à l 'indépendance" à Co-
nakry, à Dakar, il tint le même langage. Le texte constitu-
tionnel tint compte de ces nouvelles déclarations (5). L'ar-
ticle 86 organisa les modalités du droit de sécession, l'ar-
ticle 78 permit par des accord particuliers, l'élargissement
des compétences reconnues aux territoires locaux.
(1) - L. MBA, Recueil des Discours, discours du 22 avril 1961,
Ed. p. Bory, Monaco 1963.
( 2) - Cf. F. 0UMON .o p. c i t. p. 56
N. B. : V0 ira us siL ' Af r i que
friançaise à l 'heure de la communauté, in Panorama du Monde,
n° 27. 1959, p.
13.
(3) - Cf.
Débats du c.c.e. Documentation française Paris 1960, 14ème
séance.
(4) - N.B. Déjà plusieurs leaders africains avaient critiqué le-projet. DJI'
BO BAKARY, au Niger avait déclaré le 12 août 1960 (in le Monde) : "Nous ne
craignons pas les conséquences économiques de la sécession". Le fait même
de n' avoi r pascassocié aux débats certai ns chefs et notamment M. Sékou TOURE
a certainement consolidé les malentendus. Tout comme le Manifeste de
Brazzaville (21-23 AoOt 1958 qui demandait que l'iaée
d'indépendance fût
dans l es textes constituti onnel s françai s en préparati on . cf. 1ère cons-
·titution gabonaise.
(5) - P.F. GONIDEC/ La communauté et les voies de l'indépendance
,in
recueil Penant, 1960 pp. 1 et sq.
74.
Le compromis reposait donc sur un système de compensation,
la rigidité de l'organisation devait être en principe atténuée
par la souplesse du modèle global. Entre fédération et confé-
dération, la communauté nient pas le temps de choisir les con-
tradictions juridico-po1itiques la transformèrènt rapidement
en une simple alliance de droit international public (1). Pour
M. S. Touré, la communauté n'était que le prolongement de l'U-
nion française. Le .Par1ement français bénéficiait de trop de
privilèges dans cet ensemble, pour que lui soit sacrif-iée l'u-
nité africaine; il déclarait ensuite, lice que nous voulons,
c'est un vrai mariage, le ménage entre égaux doit comporter
le divorce. nous voulons que le droit nous en soit reconnu,
formellement .... Le texte constitutionnel ne parle que de sé-
cession pénale. Nous voulons la liberté, ou nous pro~et une
puni t ion Il ( 2 ) . Le 28 sep t eru br e 1958 , en ré p0 nda nt Il non Il , en
se séparant des autres territoires qui ont approuvé la cons-
titution (3), la Guinée ouvrit ûne brêche dans l'ensemble
franco-africain. Mais, le vote favorable des autres terri-
toires n'était pas:synonyme d'amitié. Les contradictions ver-
ticales ou horizontales n'avaient pas été noyées par les pour-
centages mirifiques; au contraire, pour beaucoup de leaders
africains, le succès du référendum avâit été considéré comme
un avant-gont de l'indépendance. donc, d'une démarcation sub-
tile à l'égard de la France,
un
moyen de nous préparer à
l'indépendance(4), déclarait ~1. Senghor, tandis que son homo-
logue mauritanien Maitre Mocktar Ou1d Daddah affirmait: IINous
- ,
sortirons le moment venu de la communauté ... comme prévu au ti-
tre 12 et nous
conclurons avec elle des accords d'association
prévus au titre 13:Monsieur Apithy le Il octobre 1958 dira:
J
(1) - P.F. GONIDEC. 1ntroduction à l'étude de la communauté,
in Recueil Penant. 1958, p.
185.
(2) - L. HAMON op. cit. p. 337';
(3) - Communication du Gouvernement français, le 29 septembre
1958. La Guinée, par 1.136.324 "rio n" sur 1.408.500 inscrits,
a refusé le projet. de ce fait. la Guinée se trouve séparée
des autres territoires de l'A.O.F. qui ont approuvé la cons-
titution. In B. As s o , op. cit.
p. 78
(4) - Cf. L. HAMON. Introduction à l'étude des partis politi-
ques africains, R.P. J.O.M. 1959. p. 180.
75.
1I1 a communauté bien
comp r t s e deve a i t permettre l'accession ra-
ç
pide à l t t ndê pe nda nce " (1).
Ce tour d'horizon général des contradittions et
des prises de positions, nous conduit à cerner de près, mieux,
à comprendre l'évolution des institutions.
Il nous permet de
situer les Gabonais au sein de la communauté et ce, par rap-
port aux autres Etats qui, en 1960, avec le Gabon accèdent à
11 indépendance
- Les Gabonais et la communauté
Les Gabonais, en votant oui au référendum (2), ont
écarté l'indépendance totale et immédiate, au bénéfice de l'in-
dépendance, au sein de la
communauté franco-africaine et mal-
gache. Devant llAssemblée législative, Léon MBA rend un vi-
brant hommage à la France pour Il ••• cet acte sans précédent
dans les rapports ; entre colonisés et colonisateurs. IIIl évo-
que les raisons qui ont guidé le choix du Gabon:
ilLe Peuple
Gabonais, a choisi d'entrer dans la communauté pour y tra-
vailler en paix avec ses partenaires à la constitution de no-
tre maison gabonaise, au bi e n 'être de l'homme dans sa digni-
té, dans son indépendance réelle, dans le cadre d'un grand
ensemble pol i qi que , économique ... Ainsi, ont été jetées les
fondations profondes, les assises solides de la vraie frater-
nité avec la France et la construction avec elle d'une maison
habitable pour tous, Blancs et Noirs, Noirs et Blancs ll (3).
Voilà un acte de foi et d'espérance qui va bien
au-delà de la construction politique imaginée par le général
-------------------------
(1) - Idem
(2) - 190.334 Oui contre 15.244, in documentation française,
cf. N° 3 Ibid sur 265.161 votants ;il y eut 208.000 votants,
dont 205.578 suffrage exprimé.
(3) - Léon MBA, séance inaugurale de la session budgétaire de
l'Assemblée législative du Gabon, 28 novembre 1958 in, Débats
de l'Assemblée législative du Gabon - session budgétaire: 28
novembre 1958, 27 janvier 1958, compte rendu in extenso. Cf.
IIUnion Gabonaise ll n° 26, Libreville, 10 mars 1959.
J
76.
de Gaulle
pour éviter à la France les affres de nouvelles
guerres de décolonisation et la perte brutale de son influen-
ce dans les pays africains, mais qui relève d'une certaine
idée de la France à laquelle le Président français, nlest
peut-être pas insensible. Quelle est donc la portée de cet-
te communauté franco-africaine et malgache qui semble
co~~ler
1 lattente du Vice-Président du gouvernement gabonais?
Comme la loi cadre, la communauté est née de la
recherche d'une solution au problème des relations entre la
métropole et ses anciennes colonies, problème que les parte-
naires abordent dans des dispositions d'esprit très différen-
tes. En
1958, quand le général de Gaulle revient au pouvoir,
il pense à renforcer les liens existants entre la France et
les territoires d'Outre-Mer - d'où le périple africain avant
le référendum - et nlenvisage pas 1 lévo1ution de ceux-ci vers
une indépendance immédiate. Et clest au cours de ce même pé-
riple qu 'i1se rend à 1 'évidence et qu li1 se résout à en ad-
mettre l'éventualité et slengage par le discours de Brazza-
ville le 24 août 1958,
au nom de la France, à faire droit
à
la volonté d'indépendance d'un Etat-membre de la Communau-
té (1). Les Africains eux-mêmes sont divisés, 1 'exemp1e de
MM. Senghor et Houphouët-Boigny en témoigne.
La constitution de 1958 réserve une large place à
la communauté dans son court préambule. La création de ce11e-
ci y est fondée sur la fidélité aux principes traditionnels
de la République Française: Attachements aux droits de l'hom-
me, respect des principes de la souveraineté nationale et du
droit des peuples à disposer
dieux-mêmes et sur 1 1idéa1 com-
mun de liberté, d 'Ega1ité et de Fraternité. Enfin, les nouve1-
(1)
- La communauté, échange ou échec? in "Signe du Temps",
n° 10
octobre 1960 . . N.B.
Pour les questions de détail re-
latives à la communauté, une étude
intéressante a été faite
sur la communauté franco-africaine malgache. Les origines,
ses institutions, son évolution par: F. Dumont, op. cit.
77.
_les institutions que la France offre aux territoires d'Outre-
Mer sont dites
IIconçues en vue de leur évolution. Les ti-
tres XI et XII de la loi constitutionnelle, précisent le con-
tenu et la forme de la communauté. Ils introduisent une dis-
tinction entre deux domaines de compétence. L'un propre à
chacun des membres
qui fixe les limites dans lesquelles ceux-
ci exercent le "s e l f qouve rnemen t
l'autre celui de la commu-
e
v
,
nauté. Relevant du domaine communautaire, la "politique étran-
gère, la défense, la monnaie, la politique des matières pre-
mières stratégiques" et, sauf accords particuliers, le contrO-
le de la justice, de l'enseignement supérieur, de l'organisa-
tion générale des transports extérieurs et commurs et de~ té-
1écommunications".
Les institutions communautaires se composent d'un
Président,d'un Conseil exécutif, d'un sénat et d'une cour ar-
bitrale (1). Le conseil exécutif est composé du Premier Mi-
nistre français, des chefs de gouvernements des Etats-membres
et des ministres chargés des affaires communes. Les attri-
butions sont mal définies et il n'a aucun pouvoir de déci-
sion. Les
Sénateurs sont désignés par le Parlement français
et les diverses assemblées des territoires. Le rôle du Sénat
de la communauté est purement consultatif. La cour arbitrale
a
vocation à règ1er les différends éventuels entre les Etats-
membres. La réalité du pouvoir échappant aux institutions,
c'est le Président de la communauté qui en est investi
(1) - Une étude intéressante sur la communauté franco-afri-
ca i ne et ma 1gache a été fa i te pa r X.
JACor~O
Les étapes de
la colonisation, Que Sais-Je? N° 428 P.U.F.
78.
et ce Président est aussi celui de la République française.
Il est représenté dans chaque Etat par un haut-commissaire
qu'il désigne.
La communauté maintient donc la france dans une
situation prépondérante à l'égard de ses anciennes colonies.
On a pu la qualifier de dernier sursaut de la politique d'as-
similation" (1). Dès l'article premier de la loi constitution-
nelle, les
intentions du législateur percent. Il y est écrit
la communauté est fondée~sur l légalité et la solidarité des
peuples qui la composent". Cette solidarité implique qu t i l ne
'saurait y avoir de remise en cause de la communauté du f a'i t
de l'évolution des rapports entre les Etats-membres et donc,
la communauté est conçue comme une association définitive sous
la direction et au service des intérêts de la France dont le
/
Président de la communauté ,.a la charge en tant que Président
de la République française.
C'est là, le trait dominant des nouvelles relations
ainsi définies. Les articles 78 et 76, le premier reconnais-
sant à un Etat-membre le droit de demander à son profit le
transfert des compétences communes et le second, prévoyant
le changement de statut sont des concessions aux revendica-
tions des leaders africains, porte-paroles des opinions loca-
les .' 0ail s ce ca dr e i nst i tut ion ne'
nouveau, 1! gr 0 upe de ter-
ritoires disparôît. Sa liquidation fait l lobjet du deuxième
protocole de Paris du 17 janvier 1959. Mais, le maintien des,
relations spécifiques entre les Etats issus des anciens ter-
ritoires de l'A.E.F. est prévu par le protocole n° 1 et con-
firm{ par les conventions passées entre les Républiques du
Gabon, du Congo, de la République Centrafrique et du Tchad, le
23 juin 1959, relatives notamment à la formation d'une IIUnion
Douanière équatoriale", à une conférence des chefs d'Etat de
l'Afrique équatoriale et aux communications. Sans aller jus-
(1) - Ph. DECRAENE, cité par X. Yacono op. cit p. 90
79.
-qu'a imposer la constitution des fédérations africaines, la
France encourage des relations qui devraient freiner la bal-
_ .
.
~
kanf s et i o n de l'Afrique Noire francophone. Les évènements al-
laient rendre caduque une communauté conçue pour durer. Mal-
gré son existence,éphèmère, celle-ci marque une étape importan-
te dans l'évolution
des anciennes colonies françaises, dont
le Gabon, qui brûlent les étapes dans leur marche vers la sou-
veraineté nationale et renouvellement a un rythme accéléré
de leurs institutions.
- La Première constitution gabonaise.
Conformément a l'article 76 de la loi constitution-
nelle, le Gabon a eu a opter entre le maintien du statu quo)
la départementalisation et le statut d'Etat membre de la Com-
munauté (1). Eh juin 1958, Léon Mba (B.D.G.), voulait que le
Gabon devienne un département français d'Outre-Mer, mais,
Jean Hilaire Aubame (U.D.S.G.
demandait que l'idée d'indé-
pendance fût insé~ée dans les textes français en préparation.
Le PUNGA de René Paul Sousatte était plui proche d'Aubame
que de Léon MBA. Finalement, les trois partis prirent posi-
tion en faveur du statut d'Etat ,membre de la communauté et ap-
pelèrent les Gabonais a accepter la nouvelle constitution fran-
çaise. Ce qui entraînera aussi le vote de la première constitu-
tion gabonaise, qui sera
le résultat du compromis entre les
trois partis politiques. Ceci aboutit a l'adoption a l 'una-
ni mit
p
ê
il r
l' As s em blé e Nat ion ale de cet t e con st i tut ion, l e
18 février 1959 (2).
Cette constitution correspondait aux premiers temps
de l'indépendance pendant lesquels, le Gabon n'était pas af-
franchi des tradit~ons de la IVe
République et où le mv'~
tipartisme avait toujours cours. L'optique française
----------------------
(1) - H. PION. op. cit. p. 119.
.
(2) - Débats de l'Assemblée législative du Gabon, session bud-
gétaire du 28 novembre 1958, 27 janvier 1959, compte rendu in
èx~enso, séance du 8 janvier 1959, in Union Gabonaise, Libre-
ville 15 janvier 1959.
80.
~e ~~ntait également dans la référence qui était faite au préam-
bule de la constitution de 1946, sur les droits et les libertés de
l'homme. Pour en avoir une idée plus précise, voyons ce que cette
première constitution réservait aux pouvolts:exécutif~et législatif.
Le choix du reglme. Promu au rang d'Etat et confir-
mé dans celui d'Etat membre de la Communauté par
les constituants,
le préambule reprend que le Peuple gabonais ... conscient de sa
responsabilité devant Dieu, animé par la volonté d'assurer la li-
berté et la dignité de l'être humain, d'ordonner la vie commune
d'après le principe de la justice sociale, proclame solennelle-
ment son attachement ... à la déclaration des Droits de l'Homme
et du Citoyen de 1789 11 •
L'article 1. définit le Gabon comme une IIRépublique
indivisible, démocratique et sociale ll et l'article IV reconnaTt
l'existence et le rôle des partis et groupements politiques qui
IIdoivent respecter les principes démocratiques, la souveraineté
nationale et l'ordre pub l t c ".
L'article V du Titre premier - IIDe la République -
précise que la République gabonaise est organisée selon le prin-
cipe de la séparation des pouvoirs, législatif, exécutif et judi-
ciaire ... des institutions de la République sont: l'Assemblée
législative, le Gouvernement, le Conseil juridique, les Tribunaux
judiciaires, le Tribunal administratif, le Conseil Economique
et Social, les collectivités locales~.
Aussi, en plus de la fidélité aux principes politi-
ques hérités de la Révolution française, l'énoncé des institutions
préjuge de la primauté de l'Assemblée sur le Gouvernement.
L'Assemblée législative. Le Titre II est consacré
à l'Assemblé:
"Le Parlement est constitué par une assemblée uni-
que, dite Assemblée législative. Les membres de l'Assemblée lé-
gislative. portent le titre de d put
Ils sont élus pour cinq ans,
ê
ê
•
au suffrage universel direct. L'Assemblée législative vote la
81.
loi, consent 11 impôt et sanctionne l'action du gouvernement dans
les conditions prévues par la constitution".
Le Gouvernement. Le vice-Président du Conseil de
gouvernement est remplacé par un Premier Ministre désigné par
l'Assemblée. Il nomme les autres membres du gouvernement qui sont
responsables devant lui (article 15). Liart. 18 définit le rôle
du Premier ministre: "il d t e rm i ne et conduit l'action du gouver-
ê
nement. Il est le chef'de toutes les administrations de l'Etat,
nomme à tous les emplois de l"Etat, dispose du pouvoir règlemen-
taire,
veille
à
l'ordre public et à la sécurité des personnes et
des biens. Il négocie tous les accords et conventions dans le
cadre de la communauté.
- Les rapports entre Assemblée et Gouvernement
Le gouvernement est soumis au contrôle de l'Assem-
blée qui dispose à ce titre de plusieurs procédures
l"interpel-
l~tion, la question, orale, avec débat, la question qe confiance
et la motion de c e ns ur e " (art. 32).
Le contrôle du gouvernement par l'Assemblée est
aussi inscrit dans la loi. Suivant l'application que recevra le
te~te et surtout les articles 15 et 32, le Gabon, pourra évoluer
soit vers un régime dlExécutif renforcé, soit vers un régime
d'Assemblée tempérée par les dispositions de l'article 36 qui
prévoit la dissolution de L'Assemblée
législative en cas de crises
ministérielles successives et rapprochées.
La révision de la constitütion : l'initiative ap-
partient au gouvernem~nt ou aux deux cinquièmes des députés. La ré-
vision acquise par un vote à la majorité des trois cinquièmes
des députés ou par référendum précédé d'un
vote à la majorité simple de
l'Assemblée législative (art. 46).
Llatmosphère conciliante qui a permis aux leaders
:
)
82.
gabonais de proclamer la République, n'a duré que quelques temps.
L'avènement de l' indépendance dans l' interdépendance a encoura-
gé les différents pattis politiques à cohabiter et à surmonter
leurs divisions.
Dès le 18 février 1959, le même jour de la dis-
cussion finale du projet de la constitution - qui adoptée le 19 -,
le groupe U.D.S.G.propose que de nouvelles élections soient orga-
nisées au début du deuxième semestre.
Les propos développés par le porte-parole du grou-
pe sont solides, voire pertinents. L'Assemblée a été élue en tant
qu'Assemblée territoriale au moment de l'application de la loi
cadre, elle s'est érigée en Assemblée constituante, ce qui était
,
déjà discutable maintenant qu'elle a donné une constitution au
pays, el~e doit se séparer. L'orateur souligne que ... "seules
les nouvelles élections nous permettront d'installer un gouverne-
ment dans les conditions prévues par la constitution (1). Mais,
l'Assemblée repousse la proposition et décide de proroger son man-
dat et les pouvoirs du gouvernement provisoire jusqu'au 31 mars
1962 (2).
En ~efusant d'affronter le verditt populaire, donc,
un débat démocratique, et en s'octroyant trois années de survie,
l a ma j 0 rit
de l'A s s em blé e r e nie l'e s prit dut e xt e con s t i tut ion ne l
ê
qu'elle vient de voter à l'unanimité. C'est en fait un ajourne-
ment curieux de la constitution qu'aucun péril lat~nt ne justi-
fie. Ces règles parlementaires que l'Assemblée a fait siennes
par le vote de la constitution sont faussées d'entrée de jeu.
Dans cet ordre d'idées
que H. Pion a pa parler de rendez-vous
manqué et s'étonner .... comment expliquer tant de désinvolture à
l'égard des textes de lois et de l'inconséquence du comportement
des élus gabonais? "(3).
Deux éléments fondamentaux nous ont
(1) - Débats de l'Assemblée législative du Gabon - Session du
18 février 1959. Intervention de M. MEYE F.
: "Nous venons de do-
ter, notre pays d'une constitution démocratique. Mais, qui dit
Assemblée constituante, dit Assemblée provisoire. Elus sous le
régime de la loi-cadre, nos pouvoirs doivent normalement prendre
fin après l'adoption de la constitution ... " in Union Gabonaise
20 février 1959.
(2) - Idem
(3) - H. PION op. cit. p. 121.
83.
paru indispensables pour expliquer l'attitude des élus gabo-
nais. Le poids de la tradition et l'ombre de l'Administration.
- Le Poids de la tradition
Il est sans équivoque qu'on ne parle pas le
même langage sur les bancs de l'Assemblée. M. Aubame et ses
amis pensent et essaient d'agir en parlementaires occidentaux
tandis que la plupart des députés suivent leurs impulsions
naturelles. L'absence d'un effort réel d'instruction a en
partie, préservé les populations de l'acculturation, or, la
civilisation traditionnelle a ignoré l'écriture et l'écrit
n'a pas comme pour les Occidentaux, une force contraignante,
il n'est pas tabou.
Il est aussi vrai que les traditions orales
et les coutumes n'ont
sans doute pas reçu immédiatement leur
forme définitive, ~lles se sont fixées après que les hommes en
en aient
éprouvé l'efficacité et l'utilité. "Aussi, l'incon-
séquence des élus gabonais qui heurte notre cartésianisme, ne
pose en fait aucun problème aux Africains" (1).
C'est, tout compte fait, parce qu'ils s'appli-
quent à se comporter de façon plus occidentale que leurs
collègues, que les leaders de l'U.D.S.G. se trouvent désar-
mé s devan t l' As semblé e. Lac 0 ns cie nc e qu' ils
0 nt d' être en
porte-à-faux jointe à la conviction d'avoir inutilement
raison,
les irritent.
- L'ombre de l'Administration
Est-il aisé d'imputer à ce seul contexte le
choix d'institutions ambiguës? Il Y a sa part sans aucun
doute, mais, il faut aussi songer que les députés n'ont pour
la plupart, aucune familiarité avec les textes juridiques
(1) - H.
PION. op. cit. p. 122.
84.
et que l'administration métropolitaine - très liée à Léon
MBA - n'a pas dû être étrangère à l'orientation de la loi
constitutionnelle. Elle demeure influente et nia pas caché
son désir de voir des gouvernements d'union, prendre directe-
ment les jeunes Etats (1). Il est vrai que la métropole redout.e
les effets des divisions que la vie politique risque de con-
naître. Les possibilités de
conflits sont nombreuses. Pour
celà, le choix d'un régime dlassemblée lui para,t redoutable.
A l'inverse, elle pense avoir tout à craindre d'un régime
où l'exécutif serait fort et susceptible de se montrer indoci-
le aux directives de Paris. On est peu soucieux de ménager la
possibilité d'un conflit entr-e l'exécutif d'un Etat membre et
le Président de la communauté. L'évolution des relations fran-
co-guinéennes ne permet aucun doute à ce sujet. Le Ga50n
comme les autres territoires est invité à opter pour un régi-
me parlementaire. La preuve comme le souligne une fois de plus
H. Pion lien est que c'est la constitution française de 1946
qui est proposée e.~ modèle et non celle de 1958 11 • Mais, pour
éviter au Gabon les mésaventures que la France a connu sous
la IVe République, et dont on s'emploie à accréditer dans
l'opinion française l'idée que seules les institutions en
furent la cause, on évite d'affaiblir trop le pouvoir exécu-
ti f :
En dernière analyse, la politique équivoque de
la France qui accepte de partir pour mieu~ rester, appara't
avoir joué un rôle déterminant dans le choix des institutions
gabonaises et dans leurs faiblesses. L'ambiguité de celles-
ci à propos de la forme du régime appara1t immédiatement com-
me un lourd handicap pour la sérénité de la vie politique
du
jeune Etat gabonais.
La présentation des partis politiques et de le
leurs leaders, servira de conclusion à ce premier chapitre.
--------------------
(1) - 24-25 novembre 1958. Conférence des leaders africains,
ré~nis en présence du Haut-Commissaire du gouvernement fran-
çals M. Y Bourges. Elle recommande la mise en place de gou-
vernement d'Union ll • in Europe, France-Outre-Mer n° 349. ar-
ticle de Ph. Oecraene.
85.
Nous empruntons le terme de'Torce en présence à notre mat tre": M. le
Professeur Guy Pedroncini (1). Avant de procéder à cette
présentation, il nous paraît important de faire en quelques
lighes, "le~tableau" de l'évolution politique - interne (2) -
du Gabon à la vei 11 e de l' i ndépenda nce et ce pour les besoi ns
de l'exposé. "La plus grande puissance, en politique, appar-
tient à l'homme, à la personnalité qui, par sa qualité, sait
s'emparer du pouvoir ou, mieux encore, l'obtenir du commun
consentement. Au premier plan, sont donc les hommes politiques
et les politiciens" (3). En ce qui concerne le Gabon, deux
hommes ont ma r qu
de leur empreinte, l'histoire politique
ê
du pays, et comme le souligne M. Comte "pendant quatorze an-
nées, leur antagonisme domina toute la vie politique locale
et accumula pour l'avenir des redoutables poisons" (5).
Ces deux hommes (6) Léon MBA et Jean Hilaire
AUBAME ont été respectivement leader du Bloc, démocratique
gabonais (B.D.G.) .et de l'Union démocratique et s oc t a l e ga-
bonaise (U.D.S.G.).
De 1947 à 1959, l'animateur de lIU.D.S.G. s'as-
sura suffisamment d'avantages pour vaincre à thaque épreuve
électorale, et représenter le pays au Palais Bourbon. Avec
le siège dont il disposait à l'Assemblée territoriale, son
vieil adversaire manoeuvra. plus habilement1lorsqu'il se his-
sa en 1957 jusqu'à la vice-présidence du gouvernement autono-
me, formé à Libreville, en application des réformes introdui-
tes par la loi cadre.
(1)·- -G.· ·PEDRONCHII. Cours de D.E.A.
1979.
Université de Paris
1 Sorbonne.
(2) - NB. Nous insistons sur le mot "interne" relatif à la
politique gabonaise à la veille de l'indépendance. Cela évi-
te à confondre avec l'évolution externe (Union française, loi
cadre (communauté). Ce. n'est donc pas un retour en arrière
de.ce que nous avons déjà dit.
(3) - M. Prélot. La "s c i e nc e politique" Que Sais-Je? PUF ae
édit. Paris 1963. p. 104.
(4) - Souligné par nous.
(5) - Cf Article de G. Comte in Revue française d'études po-
litiques juin 1973 p. 39.
(6) - NB Voir bibliographie des deux hommes en annexe.
86.
En 1958, l'évolution constitutionnelle accélé-
rée par le retour au pouvoir du général de Gaulle, amorça
une sorte de trève entre les antagonistes. Avec un
ensemble
inattendu, ils exhortèrent pareillement leurs électeurs à ré-
pondre "O ui" au référendum du 28 septembre 1958.et acceptèrent
pour le Gabon, le statut d'Etat membre au sein de la communau-
té franco-africaine et malgache. Seul le parti pour l'unité
na t ion ale ga bonais e' t PUN GA) vot a:_Il Non Il au réf é r end um (.1).
Malgré le succès de leur coalition, l'entente
entre- les deux forces politiques principales ne se prolongea
guète longtemps. Le 20 mars 1959, leurs députés s'unirent enco-
pour proclamer la République. La Présidence cie l'Assemblée lé-
l ëqt sl at ive è.ch utiâ M. P. Gondjout (2), Secrétaire Général du
B.O.G., et les fonctions de Premier Ministre à Léon MBA.
Huit mois plus tard, les revendications natio-
nalistes d'éfêm:tuéB~ en dehors par MM. L.S. Senghor et Modibo
Keita disloquaient cette belle unité. L'affiliation de M.
Aubame et de ses amis au parti de regroupement africain -
P.R.A. - commun à plusieurs territoires francophones et
dési-
reux d'affranchir leurs jeunes Etats de la tutelle française,
les contraignit à suivre l'exemple du Mali.
Fidèle au R.D.A. et aux institutions fédérales
défendues par Houphou~t-Boigny, M. Léon Mba refusa au contrai-
re de brOler les étapes. Le 2 janvier 1960, le Comité direc-
teur de son mouvement, annonçait "qu'eu égard à l'insuffisance
présente des cadres administratifs et techniques autochtones,
il préfère à l'indépendance totale et nominale, qui plonge-
rait l'Etat gabonais dans un néo- colonialisme, la souveraine-
( 1) - N. B. Cf. Note s
P. 1-5
(2) NB M.
GONDJOUT fut-le fondateur du B.O.G. son duel avec
Léon MBA au sein même du parti, lui vaudra pâs mal de décon-
venues.
87.
té interne actuelle qui 1u~ permet de se préparer de manière
efficiente A assurer ses ~esponsabi1ités internationales" (1).
LIU.D.S.G. signifiait aussitôt que le moment
est venu dlenvisager dans un bref délai l'accession du Gabon A
la souveraineté t nt e r na t i o na l e " (2), au terme d'une réforme où
1e pfi.Ys r est e rai t Il a ve c 1a Fra ncee t non a u se i n de 1a Ré pu-.
t
b1ique française, comme le chef du gouvernement l'avait d'a-
bord voulu. Malgré ce ferme langage, nous constatons que la
.décision définitive, appartenait moins aux intéressés eux--
mêmes qu'au général de Gaulle, bien résolu A dégager son pro-
,
pre régime des charges africaines qu li1 estimait trop astrei-
gnantes.
A l'occasion de la fête nationale en février
1960, M. GONDJOUT s'exclamait en ces termes:
IIje tiens a
affirmer qu'il serait prématuré pour le Gabon d'accéder a l'in-
dépendance totale qui le précipiterait irrémédiablement dans
l'anarchie, ou ce qui serait pire encore, dans une sorte de
néo-colonialisme" (3).
A Paris, ce pessimisme n'intéressait plus per-
sonne, et le Gabon ne possédait aucun moyen d'éviter l'indé-
pendance, si la métropole voulait absolument la lui octroyer.
Non sans répugnance, le B.D.G. se résigna finalement A cette
émancipation qu'il
ne souhaita guère. En juillet 1960, il ti-
ra néanmoins quelques bénéfices des circonstances, rallia le
PUNGA, négocia~les
accords de coopération a Paris, et invoqua
les valeurs patriotiques pour convaincre ses adversaires de
le
soutenir, pendant cette transition. Au mois d 1août,le pays
célébra son affranchissement dans la liesse. Le premier Minis-
tre devenu Chef de l'Etat s'employa aussitôt A üti1iser l t vo-
ê
(1) - Union Gabonaise, n° 53, janvier 1960.
(2) - Ibid.
(3) - Cf. P. GONDJOUT , in Union Gabonaise,n° 54 février 1960.
88.
lution constitutionnelle qu'il n'avait pas voulu pour asseoir
sa prépondérance; ses adversaires ne prévoyaient sOrement
pas ce résultat lorsqu'ils préconisaient les innovations quel-
ques mois plus tôt. L'histoire de la République débuta sur un
malentendu. f
Il est vain à notre avis de se livrer à une
étude des partis politiques gabonais, car, en premier lieu,
depuis l'accession du pays à l'indépendance, les structures
politiques se sont pratiquement confondues avec celles du par-
ti dominant le B.O.G., devenu par la suite de la réforme des
structures,
du changement des hommes et de la "Rénovation",
le P.O.G. ou Parti Démocratique Gabonais.
Quant aux partis de l'opposition, ils ont pe-
tit à petit disparu? par adhésion individuelle ou collective
soit en alliant leurs forces à celle du B.O.G. soit en som-
bra nt dan s l 1 0 ubl i, c 0 mme l ' U. 0 . S . G. de J e a n Hi lai r eAu bame.
après 1964. Pour trouver trace d'une opposition, il faut
s'écarter du cadre d'étude des partis et étudier une opposi-
tion politique qui ne peut survivre que clandéstinement dans
les cercles estudiantins
de France (1) ou, dans les pays, pro-
fessionnels de la r êvo l ut i on.jqu i ont tour à tour accueilli
MBA
Germain (2).
Par ailleurs, il est nécessaire, - comme nous
l lavons déjà souligné plus haut - de présenter les deux prin-
cipaux partis qui ont dominé la scène politique nationale -
(1) - N.B. - L'Association générale des étudiants gabonais en
France (A.G.E.G.) existe depuis 1946. Plusieurs tentatives de
sa liquidation ont eu lieu, la dernière en date de 1974, me-
née par le Ministre français de l'Intérieur, sur instigation
des
autorités gabonaises~ n'a pu aboutir. Elle est cepëhdant consi·
dérée comme inexistante au Gabon.
(2) - NB. MBA Germain, l lun des plus fervents opposants du ré-
gime Léon MBA a été assassiné à Libreville en septembre 1971
alors qu'il venait de renouer avec les autorités locales,
après plusieurs années d'exil.
89.
- pendant plus de 7 ans - (de 1957 à 1964). Leur importance,
tient aussi de la stature politique de 1eurs"leaders respec-
tifs.
"Du sein de la classe politique gabonaise émer-
gent deux personnalités, Jean Hilaire Aubame et Léon Mba.
L'histoire de l'accession du Gabon à l'indépendance est insé-
parable de celle d~ ces deux hommes. De leur combat commun
pour leur pays, mais aussi de leur rivalité implacable. Le
dénouement dramatique de ce duel et l'élimination de M. Aubame,
ne doivent pas faire oublier ce que le Gabon doit à l'activi-
té politique de celui-ci. - entre 1946 et 1964 - . . . . (1). 11
est vrai que l'emprisonnement de J.H. Aubame et la mort de
Léon Mba ont tourné une page de 1 'histoire du Gabon; c'est
dans ce sens qu'il est permis d'observer que les témoignages
individuels ont une valeur certes, mais, ils sont aussi dif-
ficiles à apprécier. Car, la carrure des hommes, comme les
évènements auxquels ils ont pris part, expliquent que la pas-
sion habite encor~ également ceux qui leur ont donné leur ami-
tié et ceux qui les ont haïs.
Pour situer leurs formations politiques dans
le cadre gabonais, J.F. Ntutume parle des "Grandes organisa-
tions politiques", par comparaison aux autres formations de
moindre importance qu'il désigne sous le nom de groupes ou
1igues" (2).
A. - LE BLOC DEMOCRATIQUE GABONAIS
Il est la création de M. GONDJOUT "qui est
1 'homme politique le plus en vue sous l'administration colo-
niale de la IVème République ... il débute dans la vie po1iti-
---------------------
(1) - H. PION op. cit. p. 85.
(2) - J.F. Ntutume op. c i t . p. 69.
90.
que en créant le "ce~cle amical mutualiste des évolués en
1943 (C.A.~.E.) ce mouvement se proposait de poser les bases
d ' un pouv0 i r ga bon ais :.. i les tél ure pré sen tan t à laC ham-
bre aux élections de 1946. Encouragé par ses succès politi-
ques, il pose les bases du Bloc Démocratique Gabonais en
1954, parti dont il est le secrétaire q n r a l r'{L}. Il était
ë
ê
normal qu'il en demeurât l'homme le plus influent, malgré la
r
présence de Léon Mba dont l'audience ne cesse de s'agrandir.
Les deux hommes vont développer l'implantation du "B.D.G."
" qui n'
ta i t à l'
é
0 r i gin e qu' un gr 0 upee t h ni que des
0my e ne" ( 2 ) .
Paradoxalement, M. GONDJOUT occupe de 1958 à
1960, le poste de Président de l'Assemblée Nationale, mais
son ascension politique se trouve brisée par Léon Mba. Le der-
nier reproche au premier d'empêcher le passage du gouvernement
gabonais du type parlementaire à un type présidentialiste. Il
est pour cela mis en prison et n'en sortira que pour occuper
un poste dans le g~uvernement provisoire de coup d'Etat de
1964.
Il est vrai que le B.D.G. n'est affilié à au-
cune formation métropolitaine, comme le sont de nombreux par-
tis africains (3). "Léon Mba qui n'est pas encore allé
en
France, se contente d'élargir l'audience de son organisation
dans le pays" (4). L'hostilité de certains milieux coloniaux
et des missionnaires, donne longtemps au B.D.G. une image
d'un parti d'opposition. Aux élections de 1957, il remporte
(le parti) 8 sièges contre 18 au parti rival U.D.S.G .. L'ap-
point des transfuges de celui-ci et le ralliement de certains
"indépendants" lui donnent la majorité à, l'Assemblée. Dès lors,
(1) - G. RESSIER op. cit. p. 19
(2) - Ibid.
(3) - N.B. En 1958, à la suite du congrès de Bamako, le B.D.G.
devient toutefois une section territoriale du R.D.A. et M.
Léon Mba commissaire aux comptes de celui-ci.
(4) - J.F. NTUTUME op. cit. p. 70
91.
ije majorité en majorité, le B.O.G. devient le parti unique
de
fait
,après les élections du 12 février 1961 (1). Mais,
très vite, obnubilé par ses succès,
le B.O.G. dans son élan,
tend rapidement à confondre ses finalités partisanes et celles
du gouvernement. La favoritisme et le sectarisme lui porte-
ront un coup, les élections législatives du
12avril 1964 té-
moignent de la relative désaffection de son corps électoral.
Bien sûr, il obtie~t
54 % des voix exprimées, mais, devant
une opposition divisée, musclée et privée de ses tenors. Cho-
se remarquable, ses candidats sont battus dans leur fief à
Libreville. On ne peut s'empêcher de penser que son fonction-
nement èéfectueux et certaine$ de ses manoeuvres nocives ont
largement concouru au déclin de la popularité du Président
Léon Mba, quand bien même le pays lui rendit les honneurs
exceptionnels lors de sa mort.
1° - Les structures
Aprls d~s années de vie politique, ponctuée
de combats électoraux, le B.O.G. n'a pas pO se doter de struc-
tures cohérentes et stables. A cet égard, la remarque de J.F.
Stutume est pertinente quand il souligne "qu'on a l'impression
d'une organisation à forme pyramidale dont les statuts sont
rarement diffusés" (2).
En effet, il est clair que l'objectif du parti
est l'encadrement des masses en vue d'une emprise permanente
sur elles. Tout doit partir de la petite caste) composée de
dirigeants, sous la conduite du Secrétaire Général, pour re-
venir au sommet, après avoir atteint la masse et en passant
par des institutions intermédiaires qui servent de courroies
de transmission. Et ce n'est qU'à partir de 1965 qu'on procède
(1)
J.F. NTUTUME
op. c i t . p. 70
(2) - J.F. NTUTUME: Tbid.
92.
à l'installation de cellules dans les reglons
(1). Sous l'im-
pulsion de J. Ngoua, Secrétaire permanent du parti. La grande
innovation demeure surtout la création des II comi t é s de vigi-
lence"
â Libreville. Ces comités de vigilence constitués par
les ressortissants d'Oyem, de Mitzic et de la région du Moyen
Ogooué sont chargés de conseiller et de susciter l'adhésion
inconditionnelle de leurs frères du Parti National" (2). Le
r
B.D.G. applique ainsi, â sa manière, la loi d'entraînement
qui fait découler, dans la "pathologie" des organisations po-
litiques, le militantisme du sectarisme. De lui déjâ, comme
naguère, certains théologiens de l t Eq l i s e , on peut oser dire
effectivement: "hors du parti, point de salut".
Quoi qu'on dise, les congrès épisoqiques ne per-
mettent pas de pallier la confusion des structures et la ca-
rence de leur fonctionnement. On est en droit de croireque les
deux choses sont voulues. Dès cet instant, force est de
r econ nait r e que l e· dan ge r rée l i e i pou r t 0 ut par t i pers 0 nna l i,-
sé est ainsi écarté par le B.D.G. et la formule célèbre du
"vous â moi".trouve un vibrant écho en ce qui concerne son lea-
der et ses adhérents.
L'appareil du parti se préseote donc de la ma-
nière suivante: le Secrétaire Général au sommet (le Président
Léon Mba lui-même) entouré d'un comité Général, au niveau de la
la région, des sections ayant leur secrétaire et leur comité
de section à l
ch e l l e du district des sous-sections; dans les
t
é
les cantons et les villages des comités.
(1) - N.B.
En application de la circulaire de B.D.G. n° 27/SP
du 9 janvier 1965, in A.G.I. 10 janvier 1965.
(2) - Cf. Gabon matin, 20 juillet 1965.
NB. Il est aisé de remarquer qu'il s!agit de la "chasse aux
sorcières" que sont seuls visés les citoyens originaires des
districts et régions habituellement connus comme fiefs de
l'opposition.
93.
2° - Le programme
L'attitude des dirigeants du B.O.G. est prag-
matique. On peut cependant remarquer l'absence .qua s i totale
d'une idéologie précise. Chemin faisant, le programme prend
forcément l'aspect d'un faisceau d'objectifs délimités, à
court et à moyen termes.
A l'intérieur, l'accent est mis sur une politi-
que d'union nationale. A l'extérieur, les statuts prônent une
défense et une affirmation de la personnalité territoriale
gabonaise. Or, c'est-l 'évidence même, toute affirmation sup-
,
pose implicitement une opposition. Oe là, on perçoit mie~x
1 'opposition constante du B.O.G. aux tentatives fédératives
au sein de l'ex A.E.F .. Après l'indépendance,·
le mou-
v e m e n t / misera beaucoup sur une politique concertée dans
le camp dit de l'IlAfrique réformiste" ou "nodër ëa'", et surtout
sur une coopération préférentielle et permanente avec la Fran-
ce.
En dépit du fait qu'il a sombré dans un e~tlu
sivisme aveugle et insupportable, on doit lui reconnaftre le
mérite d'avoir présenté une certaine~ coloration~ nationale.
En fait, le souci constant du Président Léon Mba jusqu'à sa
mort - malgré quelques méthodes de gouvernement critiquables -
a été de paraître, non cornille l'homme d'une ethnie, mais le
représentant du Peuple
gabonais tout entier. Cette attitu-
dei mpar t i ale
se r e f 1è t e dan s 1 1 hé t ér 0 gé né i té des pr i nci pau.x
dirigeants du B.O.G.
La non-représentativité descertaines reglons
sur le tableau ci-contre, n'enlève en rien au B.O.G. son ca-
ractère " national". Cela est important dans un pays comme le
Gabon où 1 limage de la vie politique se réduit dans une lar-
ge mesure aux seules personnalités qui représentent implici-
tement leurs régions et leurs ethnies respectives. Cette ten-
dance est à bannir dans la mesure où la repr~sentativité,doit
f
. J
94.
être fondée largement sur un critère de compétence,p1utôt que
sur des critères de tribalisme, de régionalisme ou dlethnie.
Malheureusement cette pratique reste encore une réalité poli-
tique que lion ne peut vite ignorer impunément. Elle est un
des freins de notre unité nationale et de notre développe-
ment politique et social.
B. - L'UNION DEMOCijATIQUE ET SOCIALE GABONAISE
En parlant de ce parti, J.F. Ntutume dit, qu li1
est Il de puis 196 1 dan s 1a semi - c1and est i nit
bi e n que que 1_.
ê
,
ques-uns de ses leaders soient devenus ministres de temps à
autre. Il est donc difficile d'en conna1tre la structure si
elle sien est dotée quelquefois (1). Cette version des faits
nous semble surprenante. Essayons dlen donner quelques pré-
cisions.
Au regard des informations que nous possédons. LIU.
D.S.G. a été fondét1e 9 septembre 1947 par J.H. Aubame, alors
qu t t l était député à
L'As s emb l e Nationale française. Le
ë
parti
reste l o nqtémp s l'agent triomphateur de la vie politi-
que gabonaise avant l'indépendance, tout comme son fondateur
qui siège sans interruption à l'Assemblée Nationale de 1946
à 1958. Mais, J.H. Aubame et son parti
ont payé le prix de
leur esprit démocratique aux élections territoriales de 1957,
car, au premier tour, 20 sièges revenaient à leur parti
U.D.S.G., 8 au B.D.G. et 12 aux indépendants, qui étaient as-
sociés au B.D.G. Il fallait donc une majorité. Clest à ce mo-
ment que les manoeuvres de Roland Bru ont
permis au trans-
fuge J.S. Migolet (U.D.S.G.), de rallier le camp B.D.G., qui
s'est retrouvé de facto majoritaire à 20 voix contre 19 à
Ekoh (U.D.S.G.), qui s'était opposé à Léon.Mba. P.ar ailleurs,
nous précisons que le parti avait un statut adopté et dépo-
sé le 9 septembre 1947, et qui a été modifié le 13 octobre
1957. Dans la déclaration de politique générale, il est fait
mention de la "1 ibération de l'homme, et de l'effort c onj u-
(1) - Cf. J.F. NTUTUME op. cit. p. 76.
95.
gué des éléments de toutes catégories, manoeuvres, pêcheurs,
planteurs, agriculteurs, ouvriers, exploitants forestiers,
miniers et intellectuels, en un mot, ceux qui oeuvrent pour
l e dé ve l 0 PPemen t du Ga bon " (1). Lep art i, dan s son pro gr amm e
politique avait tenu plusieurs congrès, notamment ceux de :
_ Libreville: 1950-1951 : thème: constitution du Parti
_ Port-Gentil : 1957 : thème: développement économique et
social.
- Oyem : 4-5,6,7 septembre 1958 : thème, proclamation solen-
nelle dlun Etat gabonai~.républicain, et démocratique.
- Lambaréné, 9, 10, I l septembre 1960. Thème, construction
nationale, routes, écoles, hôpitaux, regroupements des vil-
lages.
On peut remarquer que lIU.D.S.G. avait un sta-
tut et un programme pol itique. Quant à sa "c l e nde s t i nt t
de
ê
" ,
de 1961, elle nous semble aussi exagérée. Car, il y a un fait
irréfutable que las vieux politiques que nous avons interro-
gés reconnaissent. En 1961, il avait été prévu une trève po-
litique des partis pour former L'Il ni o n Nationale. Certes,
llinitiative venait de Léon MBA et non de lIU.D.S.G .. A cet
effet, il y a eu plusieurs tractations (2) dont celle de M.
Pasquier Poudhoux (Français ami de Léon Mba) pour persuader
J.H. Aubame à accepter l'Union nationale. Auparavant, J.H.
Aubame avait pris position contre ces IImanoeuvres" au Kérélé
(3). Mais, en définitive il accepta la formation au stade Ré-
vérend Père Lefèbv~~,V.de Paul Nyondat y prit la parole, au
nom de Léon MBA absent (4). Ces précisions ajoutées, au fait
que lIU.D.S.G. était encore opérationnel en 1964 après le
(1) - NB Archives personnelles J.H. AUBAME.
(2):- Les bruits ont couru que plusieurs ethnies non fang ai-
guisaient leurscouteaux , pour une insurrection contre les Fang~
et que llUnion Nationale avait réuni le "p eup Ie gabonais et
!
apaisé les esprits.
(3) - N.B. Actuel Mausolée Léon MBA.
(4) - N.B. LIU.D.S.G. avait demandé à diriger certains ministè-
res',dont notamment les Affaires étrangères, que J.H. AUBAME
~cOècupé.
~~~
- ~~------~
~----~~--- ----~~--~
---
96.
TABLEAU N° 1. - Les dirigeants du P.D.G.
Nom
Ethnie
Région et Centre d'origine
Léon MBA
Fang (Betsi)
Estuaire
Librevi lle
r
Gustave ANGUILE
Myéné (Mpongwé)
Estuaire
Libreville
J.F.ONDO
Fang (Ntumu)
Woleu-Ntem
Oyem
Louis BIGMAN
Myéné (Mpongwè)
Estuaire
Librevi lle
P.M.. YEMBIT
Eshira (Punu)
Ngounié
Mouila
P. AVARO
Myéné (Orungu)
Ogooué-Maritime
Port-Gentil
V. de P. NYONDA
Eshira (Eshira)
Ngounié
Fougamou
P.
GONDJOUT
Akélé (Akélé).
Ogooué-Maritime
Fernan-Vaz
-
coup d'Etat, ~rouvent;que les assertions de J.F. Ntutume, sont
dénuées de tout fondement.
Il en est de même pour le statut
et le programme - s usmenti on nés - dudi't part i , que J. F. Ntu-
turne, nie purement et simplement.
En effet, il faut préciser qu t e n avril 1964,
tous les tenors du parti, impliqués ou non dans les évènements
de 1964; étaient arrêtés et emprisonnés. Dans le climat d'in-
sécurité qui y règnait, il aurait été hazardeux, voire témé-
raire, de la part des militants de se présenter sous l'étiquette
U.D.S.G. La prudence était donc de rigueur et c'est pour
cette raison
que le 0.1.0. (1) a été formé, très proche d'ail-
leurs des options de l'U.D.S.G .. Nous réfutons aussi l'hypo-
(1) - N.B. 0.1.0. = Défense des Intérêts Démocratiques.
97.
thèse (1) selon laquelle l'U.D.S.G. ne s'est pas souciée
dleffacer le caractère IItriba1 11 que nlavait pas manqué de
revêtir ]e triomphe de J.H. Aubame.
Heureusement, le tableau ci-contre, montre que
l'U.D.S.G. n'était pas un parti ethnique, Fang
t
comme tel,
ë
triba1iste. Il est vrai qu t i l a été pour certains, un parti
personnalisé, comme le B.D.G., et ce, peut-être contre la vo-
lonté de ses leaders; et du principal intéressé J.H. Aubame.
TABLEAU II. - Les dirigeants de 1 IU.D.S.G. (2)
t
Nom
Ethnie
Région et centre dlorigine
J . H. AUBAME
Fang (Méké)
Estuaire
Libreville
: F. MEYE
Fang (Zàmane}
Moyen-Ogooué
N'Djo1é
J.M. EKOH
Fang (Ntumu)
Wo1eu-Ntem
Bitam
J.H. EVOUNA
Fang §Ntulllu)
Wo1eu-Ntem
Oyem
SIMOST
Fang (Betsi)
Estuaire
Librevi 11e
J.R. AYOUNE
Myéné
(Ogooué-Mari t imr Port-Gentil
(1) -
N.B. Cf .. J.F. Ntutume op. cit. p. 86
(2) - Cependant, M. Ayoune (Myéné) et Boucave1
(Punu) longtemps
très liés à M. J.H. Aubame. Mais, dès 1958, ils commençaient à se
désolidariser de lui. Tou-t c omme )1-.8. yMI GOLET- q ut cassa d-e- 1IU~D.S.G.
au B.A.G.
_
..
98.
CHAPITRE II. - EVOLUTION ET ADAPTATION INTERNES: L'APPREN-
-------------------------------------------
TISSAGE DE L'INDEPENDANCE
On ne peut parler d'évolution et d'adaptation
internes de la vie politique gabonaise avant et après l'in-
dépendance qu'à travers l'analyse
du jeu constitutionnel qui
donne au pays la base de ses premières institutions en tant
que République et Etat membre de la communauté.
Aussi, les divergences d te ppr-ë c t et t on des uns
et des autres sur la manière de conduire les affaires du
pays, ne sont qu'éphémères et superficielles, dans la mesure
oD les adversaires d'hier trouvent une formule magique de
gouvernement d'Union Nationale et deviennent ,de ce fait, les
amis d'un moment. L'idylle entre le B.D.G. et l'U.D.S.G. ne
dure que le temps d'une rose, et le divorce qui aboutit au
coup d'Etat de février 1964, n'est que le reflet d'une si-
tuation tendue depuis longtemps.
Pour comprendre et apprécier cette situation, il
nous paraît important d'étudier dans un premier temps l'évo-
lution et l'adaptation internes, et dans un deuxième temps
l'apprentissage de l'indépendance.
A.- - EVOLUTION ET ADAPTATION INTERNES
1. - L'attitude de la majorité
Avant de répondre aux attaques de l'opposition
- que nous étudierons par la suite - le gouvernement recon-
naît "la jeunesse et l'inexpérience de ses membres, et la
sincérité de ses intentions et de ses sentiments". Miè~x. cer-
tains éléments de la majorité (1), dans leur auto-critiquè.
(1) - N.B. Nous donnons la composition sociologique des formations
politiques à la page 106.
99.
vont jusqu1à reconnaître les tendances autoritaires du Pre-
mier Ministre
ils réaffirment aussi, leur volonté de res-
pecter. les institutions et invoquent sans cesse~ la néces-
sité de sauvegarder T' u nt t
nationale. Par ailleurs, la ma-
ê
jorité conteste
la valeur de L' cp po s i t t o n qut e l l e qualifie de
"nëq a t i ve et ni e la représentativité de l'U.D.S.G .. Il ny
a pas assure-t-e11e "d t oppô s t t i o n dans le pays ", Les trou-
bles qui surgisse~t, sont le fait des isolés, des irrespon-
sables, des agitateurs manipulés par une puissance étrangè-
re ll (2). Cette stratégie de dénigrement de 1 'opposition, don-
ne 1 'occasion ~u B.D.G. et à ses ministres, d10pter pour un
gouvernement fort, et leur permet de n'avoir
pas à répondre
aux accusations d'abus
d'autorité. Le Premier Ministre dé-
clare: Il ••• que ceux d1entre vous (opposition) qui ont des
critiques à faire au gouvernement le fassent sans passion,
et sans haine. En étant constructive l o p po s i t t on remplit
v
pleinement· le rôle qui lui est dévolu dans un Etat démocra-
tique, elle participe à, l t ac t i o n gouvernementale, elle peut
tirer une juste fierté de tout ce qu 'e11e a aidé à accomplir
pour le bien du peuple gabonais auquel, chacun de nous a
\\ voué ses forces et sa vieil (3)._
Dans cette attitude, retenons que l'opposition
nlest tolérable, que 16rsquelle est la bonne conscience du
gouvernement, et c1est à cette seule condition qu'elle est
tolérée. Quant à L' am i t i
séculaire avec la France, elle
ê
est dès cette date, le fondement même du système politique
de Léon Mba. Le Premier ministre ne manquera jamais une oc-
casion pour dire à qui voudra 1 1entendre qu'il était sur
la bonne voie. Dans ce cas, 1I1 1aide française a un visage
(1) - N.B. Les troubles dans le district de Minvou1 et agita-
tion à Port-Gentil entratnent l t a r r-e s t a t t o n de M. Sousatte.
Des troubles se sont produits également à l t occ as l o n rde s
élections de juin 1958, et 1 lagitation scolaire revient pério-
diquement au premier
plan de 1 1actua1 ité.
(2) - Assemblée législative. Journal des débats- deuxième
i
session ordinaire, 13 octobre, 12 décembre 1959. Discours inau-'
gural prononcé par Léon Mba le 13 octobre 1959.
(3) -Idem
100.
ami et cette amitié n'est en rien ternie par le fait qu'elle
sert aussi la France ... J'ai pu constater t au cours de mes
.
.
séjours en
France t une sympathie croissante t pour notre pays.
Je puis vous assurer qu'il existe une volonté rée11e d'aide
efficace à notre Etat gabonais t non seulement chez les diri-
geants mais t aussi dans le Peuple de France t parmi les ouvriers
et les paysans ... A ceux qui
ergotent pour démontrer que le
r
F.I.D.E.S. a rapporté autant à la France qU'à ses anciens ter-
ritoires d'Outre-Mert je réponds tant mieu~t une bonne affai-
re est celle qui pr of.t t e aux deux pa r t i s " (1).
Lè paysage politique ainsi fait t tend vers la
ra i son du pl us fort t et tout le monde redoute l'épreuve de
force. L'attitude du Premier ministre gabonais laisse entre-
voir une certaine fermeté t et ses propos vont dans le sens
d'un durcissement de ton plutôt que vers la recherche d'une so-
lution d'entente et de respect de l'opposition. le 30 décembre
1958 t les députés U~D.S.G. demandent des précisions sur le
contingentement d'armes allouées au Gabon t pour 1959. J.H.
Aubame déclare à cette occasion: Il ••• La fépartition des ar-
mes se fait maintenant par les petits copains t nous allons de-
mander au gouvernement de nous présenter un projet complet
qui permette à tous les citoyens gabonais de détenir une ar-
me (2).
La f 0 rm ulep r end de l' i mp0 r tan c eau cou r s de l a
séance du 18 janvier 1959. Le Président de l'Assemblée prend
la parole Il ••• Pour parler d t ëv neme nt s s a nql a nt s , j'ai lu
ë
hier t un papier à ce sujet et aujourd'hui j'én entends parler
(1) - Le Journal des débats op. cit. Léon MBA t 13 octobre 1959.
N.B. Le F.I.D.E.S. est le Fonds d'Investissement et de Dévelop-
pement Economique et Social des T.O.M. Il fournissait alors
l'essentiel de l'aide de la France aux T.O.M. dans le cadre
de la communauté t il est remplacé par le (F.A.C.) - Fonds d'Ai-
de et de Coopération.
. .
(2) - Assemblée législative t session budgétaire 28 novembre t
~7 janvier 1959 t intervention de M.J.H. Aub ame , in Journal
des débats 20 décembre 1959.
101.
par M.
le député F.Meye. Avez-vous donc l ~intention.de sou-
lever une partie du peuple pour l'envoyer à la tuerie quand,
vous resterez cachés derrière les évènements sanglants? Il.
Abondant dans le même sens, M. Ek oh , député U.O.S.G., remarque
IIqulen soulevant le peuple, vous allez (majorité) prendre
vos responsabilités ... (1). M. MEYE précité renchérit: ... Ma
formation de chrétien et d'instituteur m'empêc~e de voir cou-
c
leur le sang. Je dis que je souhaite de tout mon coeur que
notre sol gabonais ne vive pas les évènements qui se sont pro-
duits au Congo ... Clest vous, les hommes de la côte qui êtes'
les plus ambitieux au Gabon (2).
Il est vrai que III 'opinion publique gabonaise,
encore mal affirmée est très sensible aux e~emples des nations
dont elle se sent proc~e géographiquement ou historiquement.
La référence aux émeutes tribales du Congo en témoigne" (3).
Les réactions que nous venons d'évoquer sont révélatrices d'un
.c l i ma t de méfiance -r c t pr oque et de l'état :.d"e)<~spérati:ofl ~u
ë
quel sont parvenues certaines personnes. Heureusement que l'a-
gressivité demeure encore à l'état verbal, mais, cm redoute
une escalade qui entraînerait la violence. Cette atmosphère crispante
- -
.
'
et lo~r~e de menaces, fait redouter au pouvoir, lasécession de
certaines reglons Périphériques. L'accession ~u Cameroun à l'in-
dêpendancele 1er janvier 1960 donne des f~jssons à certains. Car~
le Woleu Ntem, région trèsagricol~ est mal reliée aux ports ga-
bonais. Elle lécoule donc sa production de cacao et dé café au
Cameroun ou en Guinée Equatoriale. Les propos de M. Ekoh nlap-
paisent pas les craintes, au contraire, ils traduisent peut-être
le sentiment de certains électeurs quand il déclare :',f4te n'est
pas tout de dire aux gens, ne regardez pas vers le Cameroun, il
faut pouvoir les attirer vers leur capitale en faisant quelque
chose ll (4). L'ampliation politique de ce problème économique est
à,retenir et à mettre au crédit d'une région dont l'homogénéité
ethnique est évidente et reconnu~ tell~. Cela est d'autant plus
inquiétant que les populationjde la Guinée Equatoriale et du
Cameroun
appartiennent au même/
-----------------------
(1) - Idem Interventions de MM. GONDJOUT et EKOH
(2) - Assemblée législative du Gabon session extraordinaire 28 janvier, 23
fevrier 1959. Interventions de F.MEYE 18 février 1959. (3) - H. PION: op.
ci t . p. J26~ (4) - Cf. Notes L
et 3
p.
Intervention de M. EKOH.
102.
groupe ethnique IIFang ll •
La destabil isation de l'unité nati'onale gabonai-
s e es'l> e f f ec t ive, par let r a vail des for ces c e nt r t f uges. Ce c i
justifie les inquiétudes du gouvernement. Mais, en voulant
prévenir la sécession sans lutter contre les mooiles du mécon-
tentement, le gouvernement ne fait qulaggrav~r celui-ci, et à
faire naitre· la sus~icion autour de ses visées. L'illustration
en est faite dans une autre intervention de M. Ekoh : Il ••• Si
on a voulu nous maintenir dans l'isolement, c'était à dessein,
et nous enregistrons que cette loi a été préparée et confec-
tionnée justement pour nous garder à vue ... Vous savez vous-
mêmes que nous allons être bloqués dans quelques temps et que
nous ne pourrions pas faire écouler nos produits. Vous essa-
yez de nous faire voter une loi dont l'objectif numéro un pour
ne pas dire l'unique objectif est le Woleu-Ntem, déjà pourvu
d'un dispositif propre à assurer la délation la plus systéma-
tique ... 11.
Il est vrai que la population du Woleu-Ntem s'in-
quiète de la :commercialisation de ses produits et de sa pro-
duction dans l'avenir. Ell e éprouve beaucoup d'amertume devant
le manque d'efforts efficaces pour débloquer sa région. Les
prises de position.du député Ekoh, laissent plutôt le go~
vernement impassible, voire apathique. Peut-on parler de
négligence? Nous ne le pensons pas, l'attitude
du
gouver-
nement peut être interprêtée comme un aveu sourd dans les cir-
constances aussi exceptionnelles
que graves.
Le 22 décembre 1959, l'Assemblée est saisie des
faits survenus dans le district de Minvoul et de nature à trou-
bler l'ordre public. C'est la confirmation, de l'état d'esprit
-
.
.
.
"
des populations du Woleu-Ntem à l'égard du gouvernement. L'en-
quête révèle qu'un député avait conseillé aux habitants, soit
de refuser de payer la taxe vicinale, soit d'en différer le
103.
paiement et, aurait "tenu des réunions 00 il a demandé le rat-
tachement de Minvoul au Cameroun et propagé de fausses nou-
velles" (1).
Llaffaire met en lumière tout à la fois, les caren-
ces du personnel politique et les hésitations de l'administra-
tion. Les membres de la commission parlementaire d'enquête
r
plaident les circonstances atténuantes en faveur du d~puté mis
en cause, "dont la culture est des plus élémentaires et qui a
beaucoup de mal à distinguer 00 s'arrête les prérogatives at-
tachées à son titre parlementaire" (2): Mais, la responsabili-
"
.
té de l'administration apparaît engagée: " ... contrairement
audélai de six mois qulil avait initialement accordé à la popu-
lation du district de Minvoul pour payer ses taxes, le chef de / .
district a exigé en avril le paiement immédiat de ces taxes.
.
Il avait un besoin pressant d'argent pour payer les fonctionnai-
res et pour acquitter la dette de la Société d'action paysanne
de Minvoul v t sv a-v t's du crédit du Gabon. "Cette circonstance a
certainement créé un malaise dans la population dont la saison
cacaoyère était mauvaise", conclut M. Meye au nom de la Com-
mission d'enquête (3).
En effet, le danger d'une sécession existe donc
dans certaines régions du Gabon, et à mesure que le pays s'a-
vance sur la voie de l'indépendance, la vie politique s'anime,
un climat fiévreux s'installe. Le gouvernement est appelé à
durcir sa position par des mesures vigoureuses pour lutter con-
tre
les forces centrifuges qui troublent
l'unité natio-
(1) - Assemblée législative - journal des débats - deuxième ses-
sion extraordinaire, 15 décembre 1958, 22 janvier 1959.
(2) - Assemblée législative - journal des débats - deuxième session ex-
traordinaire, 15 décembre, 22 décembre 1959.
(3) - 1d em
104.
nale. En novembre 1959, à la suite des troubles survenus à
Port-Gentil, le leader du PUNGA est arrêté. Le .com i t
reglo-
ê
nal PUNGA de Port-Gentil envoie un télégramme au Président de
l'Assemblée Nationale, exigeant la libération immédiate et in-
conditionnelle de son leader, le président Sousatte, et me-
naça nt dl émeutes sangl antes Il en cas de refus Il (1). Le Gabon
semble s'acheminer vers la raison du plus fort d'oQ cette ma-
t
xime de Che Guevarra
IIC lest celui qui détient la force qui
dicte la s t r a t q i e" (2). Les menaces ne sont que verbales,
ë
mais, la lutte des partis redouble d'intensité.
2. - Accusations de l'opposition
Les accusations de l'opposition se situent à trois
niveaux
mauvais fonctionnement des institutions, options gou-
vernementales contestées sur le plan national, une subordina-
tion jugée t r.op fla-grante du gouvernement à L' qa r-d de l'an-
ê
cienne métropole.
Les réactions ayant trait au mauvais fonctionne-
ment des institutions (constitution 1959) sont en principe
fondées, mais n'éveillent aucun éc~o. Elles jalonnent la lut-
te que mènent MM. Mba et Aubame celui-ci pour imposer au pays
les usages parlementaires, et
un reglme dlAssemblée, celui-là
pour renforcer l'autorité et la primauté de l'exécutif.
C'est dans cette optique que les ténors de l'op-
position se posent en champion de la défense des libertés et
d'une plus grande justice sociale. Face
à une majorité qu'ils
(1) - Assemblée législative - journal des débats - deuxième ses-
sion ordinaire 13 octobre, 12 décembre 1959. Séance du 20 no-
vembre. Texte du télégramme: IILibération immédiate du Prési-
dent Sousatte
stop. Emeutes sanglantes naîtraient. Toute res-
ponsabilité
incombe votre personnalité.
Insistance systémati-
que engendrerait haine mortelle stop. Comité.régional IIPUNGA II.
(2) - PH. GAYI : Che Guevarra. Edition~ universitaires 1970
p. 73.
105.
accusent de pratiquer des méthodes dictatoriales, de favori-
ser une minorité liée au milieu étranger et privilégié, Li-
breville au détriment du reste du pays. M. D. Latapy (1), nous
situe l'importance de ce mil ieu étranger en ces termes: liA
côté de ces deux groupes d'intérêts (B.D.G. et D.D.S.G.), bien
structurés, il faut noter l'existence d'un groupe association-
nel qui a eu beaucoup de crédit au moment de l'indépendance.
r
Il s'agit des forestiers français qui se sont attachés par
l'intermédiaire dlun
des leurs, le sénateur Brû ,â faire va-
loir leurs intérêts au sein des partis en compétition pour le
pouvoir. Soutenant sans réserve le Bloc Démocratique Gabonais
de 'M. MBA,
ce groupe avait réussi à acquérir un pouvoir tres
grand et une autonomie non moins importante qu'il exerçait
dans la brousse. Comme l'économie était alors exclusivement
basée sur l'exploitation forestière et que le pouvoir de mo-
bilisation de ceux-là était très fort, ils parvinrent, par le
canal du B.D.G. à avoir une capacité de manipulation directe
sur les gouvernants
-".Certains d'entre eux de vi nr e nt même
conseillers personnels du Président" (1). C'est dans ce sens
que l'opposition parle de métropolitains vite promus "conseil-
lers techniques", des "col onisateurs, devenus collaborateurs"
etc ... Dans le même ordre d'idées, certains jugent la qualité
et la quantité des liens que le conseil de gouvernement noue et
et entretient avec la France, â quoi Léon Mba répond: Il
"Des gens de mauvaise foi, préten&ent partout que rien n'est
changé, ils disent : ~ni liberté, ni indépendance pour le Ga-
bon aussi longtemps que la France fera la loi ici ... 1I ( 2) . Les
propos de M. Léon MBA donnent l'impression d'une simplifica-
tion abu~ive qui dénature les sentiments réels de ceux qui con-
damnent cette politique à l'égard de l'ancienne métropole.
(1) - D. LATAPY op. cit.
p. 88
( 2) - L. MBA, dis cou r s 20 ma r s 1959, pro non c ë
à l' 0 c cas ion
de l'avènement de la République Gabonaise. In Recueil des
discours. op. cit.
106.
Les raisons 'fondées de leur opposition sont clairement expo-
sées par M. Ekoh, député U.O.S.G. lors du débat sur une "na-
tionalité communautaire" ... Si la France que nous connaissons
comme la mère patrie de la
communauté, y entrait comme mem-
bre avec les autres et non pas comme patronne, ce serait très
bien. Mais, autrement, la communauté correspond à peu de chose
près à ce qu'on appelait autrefois 1 'Union Française et dans
laquelle, ne se trouvait pas la France ... J'ai peur d'une com-
munauté fragile. Nous désirons une communauté solide et dura-
bleD (1). Chez cet adversaire des liens privilégiés avec la
France, on ne décèle pas le moindre sentiment de haine. P1u~
tôt, en tant que membre de l'opposition, II souhaite 1 Iachè-·
vement de la décolonisation dans l'intérêt même des relations
franco-gabonaises.
3. - La lutte des partis politiques
Nous ~enons de constater que les menaces de part
et d'autre sont verbales, mais la lutte des partie redouble
d'intensité. Heureusement l'affrontement n'a pas lieu. Le dé-
man t e~1emen t du PLI NGA est c hos e fa i te, èt 1 1 U. D. S. G. est 1e
seul parti de l'opposition qui reste en piste. Le comb a t qui
l'oppose au B.D.G. accentue les divergences. Les effets de ce
duel se font sentir. LIU.D.S.G. perd certains de ses membres.
Oe 18, ils se retrouvent à 12, après les élections soit une
perte de un tiers de leurs effectifs, au bénéfice du B.O.G.
Le nouveau "paysage" politique se résume comme suit: B.O.G.
22 ; U.O.S.G. 12, indépendants 6. Des 22 députés du B.O.G.
la sont au gouvernement. Ce succès somme toute facile, exci-
te le B.O.G. à persister dans une attitude de fermeté. Il es-
père un ralliement général sous sa bannière qui en ferait un
parti unique. C'est donc une véritable lutte pour l t ex t s t e nce
que l'on livre des deux côtés. Po ur
freiner le progrès du
B.O.G., 1 IU.O.S.G. tente d'utiliser la constitution qui lui
(1) - Assemblée législative du Gabon. Session extraordinaire,
28 janvier 1959. 23 février 1959, intervention de M. Ekoh. 18
février 1959.
107.
est favorable en principe. Mais,on a l'impression que le dé-
puté Aubame plaide en vain la cause du pouvoir législatif,
car, on ne
peut défendre une assemblée contre elle-même.
Ecoutons-le: "Le parlement ne doit pas voter une loi d'or-
dre général, par laquelle il abdiguerait ses pouvoirs au
profit du pouvoir exécutif" (1). déclare-t-il publiquement a
l'occasion du débat sur le projet de loi organisant l'état
,
d'alerte. Peine perdue, la loi est votée. Le président de la
Commission administrative de l'Assemblée fournit peut-être
l'explication de cet étrange comportement des élus, quand
il déclare dans les circonstances similaires: "Je maintiens
mon point de vue, je reconnaîs cependant que les explications
que M.
le député Aubame vient de nous fournir sont très per-
tinentes, mais pour des raisons personnelles, je m'abstiens
sur cette décision. "Ainsi donc, on constate que les consi-
dérations particulières priment sur l'intérêt général. Il
faut néanmoins remarquer qu'en dépit de l'affaiblissement des
positions de l'U.D-.S.G. à ,l'Assemblée, M. Aubame et son par-
ti font peur à un certain nombre de députés - "par leur idée
de sécession et du rattachement du Woleu-Ntem, au Cameroun"
(2) - pour qui, la fidélité inconditionnelle a Léon Mba est
un comportement de refuge. On peut aussi supposer que M.
Léon Mba dispose de moyens de pression sur un grand nombre
de représentants du peuple, notamment à travers ses amis
"français forestiers" -.
Quoi qu'il en soit, l'U.D.S.G., fait une pénible
experlence. Elle avait cru garantir le caractère démocrati-
que et parlementaire du régime par le choix d'une loi consti-
---------------------
(1) - Assemblée législative, journal des débats. 2ème session
ordinaire 13 octobre, 12 décembre 1959, séance 20 novembré
intervention de M. Aubame.
(2) - D. Tatapy, op. cit. P. 96
108.
tutionnelle, approprlee. Mais, la bipolarisation de la vie
politique conjuguée à l'attitude inconditionnelle de l'As-
semblée à l'égard du gouvernement, empêchent le bon fonction-
nement de" la constitution. Le déroulement de la vie politi-
que est moins anti-constitutionnel que para-constitutionnel.
C'est déjà en fait, un régime de parti unique qui est ins-
tauré. L'opposition'légale nia plus de sens, elle nia même
plus une perspectiV~ d'avenir à court et m9yen termes. M1 Au-
bame reconnaîtra amèrement cette situation en déclarant le
19 décembre 1959 : Il ••• Si le gouvernement se sent si fort,
il y a un arbitre, pour nous départager, le Peuple. Les dé-
bats, on les évite, les élections, on les
évite encore ll(l).
En 1956, quand s'amorça le processus du trans-
fert de compétences de la métropole au Peuple gabonais, la
crainte généralement exprimée était
que les populations ne
sachent pas comment employer les libertés nouvellement ac-
quises. Quatre a ns plus tard, on redoute l'usage qu'elles
en font et on s'inquiète pour l'avenir du jeune Etat déchi-
ré par les luttQS politiques vives.
Dans cette ambiance de tensions, il est intéres-
sant de connaître l'état d'esprit et l'attitude des Fran-
çais du Gabon.
4. - Etat d'esprit et attitude de la communauté française au
Gabon
Les tiraillements au sein de la classe politi-
que éveillent un écho par la population. Surtout dans les vil-
les. La perspective de l 'indépendance joue le rôle d'un ca-
talyseur de la vie politique. Une partie de la population se
(1) - Assemblée législative, journal des déb~ts deuxième séan-
ce ordinaire, 13 octobre, 12 décembre 1959. Séance du 9 dé-
cembre.
109.
"-sent concernée
par l'évolution en cours. "Avec la faveur
des néophytes, les
Gabonais, s~~emparent de quelques thèmes
autour desquels se cristallise leur combativité. Tandis que
certains adhèrent spontanément à la ligne de conduite, tra-
cée et défendue par Léon Mba de collabgration étroite avec la
France, d'autres la combattent et mettent en cause les élus
B.D.G. et aussi les milieux e~ropéens et leurs représentants
à L'As s enb l e " (1). L'opposition attaque les milieux d
ê
l a f f a i>
res européens, d'agir de façon à conserver par les élus ga-
bonais interposés, une influence prépondérante au sein de
la jeune république. Il est facile de porter un démenti à de
telles assertions en reprochant aux auteurs de voüloir faire
un procès d'intention aux métropolitains, et de provoquer une
vague de xénophobie dans le pays. Ces derniers ne sien pri-
vent pas d'a ill eurs. Il ni en reste pas moi ns vra i que les i n-
térêts - forestiers en particulier" - sont en jeu et que, dans
certains milieux européens, lien 1945, un courant d'opinion
s'était manifesté en faveur d'un~
émancipation politique qui,
aurait assuré la domination de la minorité blanche"(2). L'élu
des colons au Conseil de la République, a été à l'origine du
contre-projet voté par la commission sénatoriale du suffra-
ge universel, le 16 mai 1952, qui a imposé le maintien du
système du double collège dans la loi électorale votée le
22 mai par l'~ssemblée,
nationale (3). De même, deux années
plus tard M. Bayron, député du premier collège des territoi-
res du Gabon et du Congo (Moyen Congo), siest déclaré parti-
san d'une évolution vers le fédéralisme et le développement
des institutions communales et territoriales, mais, sur la
base du double collège et de la déconcentration administra-
tive (4). Les milieux français nlont donc pas dés~rmé et si
la collusion entre certains milieux d'affaires et le B.D.G.
lors des élections territoriales
de 1957, nia pas été prou-
vée, elle demeure pas moins invraisemblable - elle représen-
------------------------
(1) - Assemblée législative. op.cit~ séance du 22 décembre.
M. Bru, exp loi tan t for est i e r f ra nça i s déc l are : l 1 i nf 6rm a t ion
de la presse offi:iel1e dans ce pays est tendancieuse et par-
ticulièrement détestable".
(2) - H. PION op. c i t . p. 130
(3) - Cf. L'année politique 1952. BA 122
(4) - L'année politique 1954, p. 2 ~.
110.
te donc une force importante. Si l'on peut retenir celle-ci
comme hypothèse de travail, il est évident que le comporte-
ment VOlre l'attitude des milieux européens apparaît en con-
tradiction, flagrante avec 1a politique définie et mise en
oeuvre par la métropo1e~ Or, aucun conflit n'a surgi au cours
de cette période en~re les milieux d'affaires et l'administra-
tion française du territoire.
Peut-on s'autoriser de ce constat pour en conc1u-
re à l'absence de toute ingérence des métropolitains dans la
politique intérieure du jeune Etat? Ce serait, sans aucun
doute hâtif. D'abord, parce que les Européens sont chargés
de responsabilités politiques, nous l'avons vu. Ensuite, il
y a une marge êxistante entre les principes dont l'administra-
tion coloniale se réclamait pour justifier sa politique et
l'application qu'elle donnait à ces principes, ainsi que l'alié-
nation de l'autorité politique et administrative aux intérêts
économiques et financiers privés. La même situation se perpé-
tue aujourd'hui sans doute, mais,les conditions ayant changé,
l'ordre d'importance des facteurs siest modifié. Précédémment,
l'administration jouait un rôle éminent du fait de l'autori-
té dont elle était investie sur les populations indigènes et
masqualt les agissements des milieux d'affaires sut lesquelles
elle n'était pas totalement dépou~vue de moyens d'action.
La promotion des Gabonais à partir de 1956, la
perspective de la fin du règne de l'administration coloniale,
réduisant cette dernière à un rôle subalterne, tandis que se
noue directement le dialogue entre les hommes d'affaires fran-
çais, maîtres des leviers économiques, et les leaders gabonais
appelés à prendre dans un avenir proche, la direction d'un Ga-
bon émancipé.
111.
Les élections sénatoriales du 18 juin 1958 - dont
nous n'avions pü trouver le nombre des membres - en fournis-
sent une illustration. Si M. Durand Réveille est réélu, M.
GO ND JOLI T. est par con t r e é vin c é au bé néfic e d 1 IJn Fra l'! çais M. Bru
~, qui s'est présenté contre lui, mais sous la même étiquet-
te R.D.A . . On peut y voir l'effet
d'une rivalité latente en-
tre MM. GONDJOUT. et Mba, mais, aussi vraisemblablement, les
1
prémices de la collusion évoquée plus haut. C'est du moins,
certainement la première manifestation du désaccord qui ira
croissant entre les deux leaders du B.D.G. L'opinion publique
gabonaise prend conscience de cette évolution. Les représen-
tants de la jeune élite intellectuelle du Gabon,
s'inquiètent
de la nature des liens qui se nouent entre les dirigeants po-
litiques et les hommes d'affaires français. "Les étudiants ga-
bonais accueillis dans les universités françaises dénoncent
les manoeuvres de ceux-ci et prennent à partie ceux-là dans
les tracts et les articles de presse" (1). Ce bouillonnement
révèle 11 exi s t e nce d'une opinion publique qui s'est lentement
constituée et cherche à prendre une part active dans la vie
politique du pays. Elle est désormais une des composantes es-
sentielles de celle-ci, malgré l'indigence de ses moyens dlex-
pression. Le manque de moyens de communications des masses ex-
plique
que cette opinion ne soit le reflet que des milieux
urbains très restreints. La conscience que la population a de
ses propres carences la porte à accorder une certaine légiti-
mité à l'opinion de ses étudiants expatriés. C'est dans ce cli-
mat de suspicion, de tensions, de rivalités partisanes, et sous
l'oeil bienveillant de l'administration coloniale que le
Ga-
bon accède à l'indépendance - Bien sûr, elles s'éteindront un
temps et reprendront juste après 11 indépendance - tJous avons vu
que la création de la Co mmu na ut
a contribué à renforcer l'ac-
ê
tivité politique qui avait connu déjà un certain essor avec la
mise en oeuvre de la loi cadre. Le Gabon siest doté de nou-
1-' - H.
PION, op. cit. p. 131.
112.
velles institutions. Le reclassement des forces politiques,
s'est confirmé et les différentes formations ont été conduites
\\ à
préciser leurs programmes et leurs positions sur les problè-
mes essentiels. A leur suite, une opinion publique s'est af+
firmée.
De leur côté, les milieux franç~is, discrètement,
mais, avec un souci, d'efficacité maximum, se sont employés à
sauvegarder leurs intérêts immédiats et à se renforcer. Une
vive activité a donc été déployée par toutes les parties mais,
l'idéal d'unanimité qui avait présidé à la mise en place des
institutions nia pû être préservé et fortifié. En dépit de
cette situation, un consensus - au niveau des partis politiques~
se fera en faveur de l'accession à l'indépendance.
Les moments qui précèdent la proclamation de
l'indépendance, marquent en effet les hommes et leurs idées.
Au Gabon, comme dans les autres territoires de la communauté
les négociations entre la France d'une part, le Mali et Mada-
gascar d'autre part qui réclament une indépendance sans aucu-
ne restriction, évëillent un écho. Le B.D.G tente de court-
circuiter une évolution qu'il redoute. Le 2 janvier 1960,
son comité directeur pu~lie uni com~uniqué dans lequel il dé-
clare: "Ac t ue l l eme nt , nous préférons la souveraineté i'nter-
ne à l'indépendance nominale qui plongerait l'Etat dans un
néo-colonialisme ... 11 (1). La réaction de l'oppositlon ne se
fa i t pas at te ndr e , l 1 U. D. S . G. i nvit e l ' As s em blé e et 1ego uver -
nement à II me t t r e immédiatement tout en oeuvre pour réaliser la
sou ver a ; net
i nt e r na t ion ale, dan s l t\\m ifi t i
a ve c l a Fra nce
ë
ë
Il
( 2 ) .
Lors de la célébration de la fête nationale gabo-
naise, le 9 février, le Premier Ministre exalte l'amitié fran-
cQ-gabonaise et annonce l'imminence d'une nouvelle étape vers
-(1) - L'année politique 1960 p. 50
(2) - Idem.
113.
l'indépendance. Cependant, au congrès extraordinaire tenu à
Libreville, les Il et 22 février, les dirigeants du B.D.G.
estiment qu'ils ne sont pas encore en mesure d'exercer les ~
compétences communes. Ils déclarent néanmoins faire confiance
au gouvernement pour négocier l'indépendance. Deux mois plus
tard, rentrant de la septième session du Conseil exécutif
de la communauté~ Léon MBA à sa descente d'avion déclare:
"Toute structure pol i t i que doit évoluer avec le temps. Le
Gabon va demander son accession à la souveraineté internatio-
nale. Nos rapports d'amitié avec la République française de-
meurent intacts" (1).
Devant cette attitude, on est en droit de se po-
ser des questions: comment peut-il prendre une telle déci-
sion unilatéralement? Le go'uvernement gabonais a~t-i1 été
consulté? Avait-il débattu de la question avant le départ
du Premier Ministre? Le B.O.G. s'est-il rallié sous réserve
à l'indépendance? Autant de questions qui demeurent sans ré-
ponse. Mais, selon toute vrai~emb1ance, ce1àipeut s'expliquer
qulà Paris, il a été devant le fait accompli
- des autorités -
françaises - et que, bon gré, malgré, le Gabon deviendra indé-
pendant comme tous les ~utres pays francophones de l'Afrique
Centrale, et ce, le même mois.-Dans l'allocution qu'il pro-
nonce le 24 mai, ILéon Mba, parlant de l'indépendance dit: " si
nous la demandons, c'est d'abord parce que la France souhaite
établir sur de nouvelles bases, ses rapports avec les Etats de
la Communauté. C'est ensuite parce qu'elle est inéluctable et
nous ne pouvons pas restèr. en arrière quand tous les autres
vont en avant ... " C'est donc sous l'aiguillon des pressions
extérieures que les dirigeants gabonais acceptent de travail-
ler pour l'accession de l eu r pays à la souveraineté interna-
tionale. Encore, ne l'envisagent-ils pas sans hésitations.
Léon Mba poursuit ... "Quand la communauté nous aura transféré
les compétences qu'elle détient, encore, nous demanderons à la
-----------------------------
(1) -
3 avril 1960, in le Gabon accède à l'indépandance. Maquet-
te éditée par la Chambre de Commerce de Libreville.
114.
France
d'assumer pour notre compte, celles que nous ne pou-
vons pas a s s ume r " (1). "A l or s que d'autres se battent pour con-
quérir l'indépendance, le gouvernement gabonais la reçoit con-
tre son gré. Il nia cependant pas le choix puisque tel est le
voeu de la métropole. De plus, l'opinion publique, réclame
.... cette s ouve r-a i ne t
(2). A propos de l'indépendance du Gabon,
é
"
M. Cathala, écrit, IIL'histoire a voulu que dês sa naissance
la République gabon~ise tisse des relations d'une nature spé-
ciale avec l~ancienne puissance colonisatrice qui lui avait
si généreusement octroyé l' i ndépendar.ce, au lieu_que celle-ci soit
acquise de haute lutte" (3) .Ce passage se passé de commentaires,
il illustre clairement les conditions d'accession du Gabon â
l'indépendance.
Le 20 mai 1960, les députés donnent mandat au gou-
vernement pour négocier avec la France, le transfert des co~
pétences communes et des accords de, coopération. Les négocia-
tions ont lieu â Plris au mois de juillet et se déroulent
.
.
"dans une atmosphère de compréhension et d t am t t i
(4). Le
ê
"
15 juillet le transfert des compétences est acquis, le 17 août,
â 00 heuresâ Libreville, sont signés les accords de coopéra-
tion, et, devant une délégation française conduite par le mi-
nist~e André Malraux que saluent 120 coups de canon, Léon
Mba proclamme sol~nnellement l'indépendance du Gabon en Ges
termes : "En invoquant Di eu et à 1a face des hommes, par la
délégation des pouvoirs que je tiens du peuple gabonais et en
vertu
du droit de ce peuple â disposer de lui-même, je pro-
clame solennellement l'indépendance de la République gabonaise ll
( 5 ) .
..
(i)-:-[ïann~-pol1tlqüë-i960-p.
32.
(2) - H. PION pp. cit. p. 233
(3) - H. CATHALA. La politique extérieure de la République gabo-
naise, thèse doctorat 3e cycle droit, Toulouse 1. 1975, p. 82.
(4) - Léon MBA . 22 juillet 1960 allocution prononcée 1 son
~our de Paris in recueil dp.s discours op. cit . .
(5) - Le Gabôn accède â l i nd
t
êp e nda nc e , maquette de la chambre
de commerce op. cit. p. 52.
U5.
C'est en reconnaissance de cette bonne volonté, de ce -_"beau
geste froidement calculé, qui donnera naissance au mythe, de
la France, championne de la décolonisation" (1). Mais, Léon
Mba reconnaît tout de même que l'indépendance de son pays
n'est pas totale, alors, il affirme: "juridiquement, nous som-
mes les égau.x de~la France, de l'Angleterre, de l'Amérique
(U.S.A.), de la Russie (U.R.S.S.) et de toutes les vieilles
puissances civilisées. Mais en fait,
ayons la sagesse de ne
pas oubl i er ce que nous devons demander à l 1 è.xtéri eur : pour
notre administration, pour rotre industrie, pour notre commer-
ce, pour notre enseignement et nos finances" (2).
Il est important de rappeler une fois encore que
le jour de l'indépendance du Gabon,
le pays signe des accords
particuliers (3) et une série d'accords bilatéraux de coopéra-
tion, portant sur la participation de la RépuBlique Gabonaise
à la communauté, la politique étrangère et particulièrement la
représentation diplomatique, les problèmes 'de défense, la coo-
pération pour les matières premières et les produits str~tégi
ques, la coopération économique, monétaire et financière, pré-
voyant une aide de la France au Gabon. La coordination des po-
litiques commerciales et financières extérieures et le main-
tien d'un régime préférentiel pour les relations commerciales
entre les deux pays. La coopération en matière de marine mar-
c~ande, d'aviation civile et d'enseignement supérieur. Une
convention d'établissement par laquelle les deux Etats s'en-
gagent à ne faire aucune discrimination entre leurs nationaux
respectifs, concernant leurs droits et devoirs personnels, ci-
vils, pénaux, commerciaux et professionnels" (4.).
Cette liste des accords bilatérau.x (5), assure au
(1) - ~. de BOSCHERE, Perspectives de la décolonisation, Albin
Michel, 1968, p. 194.
(2) - Cf. note N° 5 page précédente.
-
(3) - NB. L'expression "accords particuliers" figure en toutes
lettres dans la loi n° 601226 du 22 novembre 1960 portant appro-
bation des textes ainsi que dans le décret 601231 du 23 r.ovem-
bre 1960 qui les a publiés.
(4) - Journal Union Gabonaise, n° 60 novembre 1960 p. 3.
(5) - NB. Nous réservons tout un chapitre (III) â la négocia-
tion et à la signature de tous ces accords. Cf. Chap. III.
première partie.
116.
Gabon le bénéfice d'une aide dont il a effectivement besoin,
mais ces derniers renforcent aussi la position de la France
au sein même de ce pays, au moment où elle l'émancipe officiel-
lement de toute sujétion à son égard.
A cette époque déjà et mieux encore aujourd'hui,
on ne saurait, vu la complicité qui unit à l'évidence les di-
rigeants des deux pays, si l'on peut qualifier d'ambiguës les
relations nouvelles qu'ils ont établies entre eux.
B. - L'APPRENTISSAGE DE L'INDEPENDANCE
Comme le remarque fort bien M. Cathala, "le man-
que de lutte de libération nationale a privé l'Afrique de hé-
ros et une date historique à célébrer" (l). Cependant, l'indé-
pendance acquise sans effusion de sang, sans combats, répond à
l'attente des populations, car, celles-ci pensent bien que
cette indépendance "cr e r a une situation nouvelle. Dès 1960, au-
é
tant de questions auxquelles les réponses sont possibles.
1. - Comment réagit-on devant l' indépendance?
Quand le 22 juillet 1960, Léon Mba déclare:
"l'indtipendance travaille
les esprits depuis plus de de ux
ans" (2), il traduit d'une façon ou d'une autre l'état d'esprit
des gens, mieux, il énonce une véri~é tangible.
Il est vrai que l'élite gabonaise a manifesté
son désir de participer aux décisions concernant le territoi-
re. En effet,
, les consultations électorales ont esquissé une
politisation de la population, notamment dans les villes.; et
(l) - ~1. CATHALA, op. c i t . p. 88
(2) - 22 juillet 1960. Allocution de Léon MBA à son retour des
négociations de
Paris in Recueil des discours op. ci t .
117.
les élus du peuple gabonais ont affirmé avec force la spéci-
ficité de la personnalité gabonaise en slopposant clairement
~ la résurrection d'une fédération d'Afrique Equatoriale in-
cluant le Gabon. Si ~ ce moment, ils ne songeaient pas très
sérieusement ~ remettre en cause les liens unissant le Gabon
~ la France, cette idée s'impose ~ eux progressivement
et toute
opposition sur ce point devient alors inconcevable. Les mem-
bres du gouvernement ont bien compris cel~ et c'est pourquoi
ils abandonnent toute réticence et font leur, cette revendi-
cation. Les dirigeants gabonais réalisent parfaitement llex-
ploitation ~ laquelle se prête l'évènement et s'emploient!
en tirer profit pour eux-mêmes et pour leurs formations poli-
'tiques respectives.
Sous le prétexte dlinformer les populations de
l lévolOtion en cours ~t de les associer aux négociations en
vue de l 'indépendance du 8 au 19 juin, Léon
Mba fait un péri-
ple à travers le pays, au mzme moment les Gabonais sont appelés
dans chaque district ~ désigner leurs représentants aux col-
lectivités rurales. Il semble que le but recherché est de
renforcer les positions du B.D.G. à l'intérieur du pays. Les
candidats dudit parti nlont pas eu à regretter cette initia-
tive du Premier ministre.
Par ailleurs, on note curieusement l'absence de
J.H. Aubame dans la délégation gabonaise associée aux négo-
ciations de Paris.
Certes, le Premier ministre fait appel! des représe~
tants de diverses tendances politiques. Surtout ~ des nota-
bles traditionnels susceptibles d'entraîner les ressortissants
de quelques ethnies dont le poids politique nlest pas négli-
geable dans les villes de la côte et le sud du pays où élec-
toralement, ni le B.D.G., ni lIU.D.S.G. n t o nt pu s'imposer.
118.
Lesdits notables font partie de la délégation (1).
De son côté, 1 IU.D.S.G. tente de récupérer une
part du bénéfice politique lié à la préparation de l'indépen-
dance en rappelant qu'il a tôt préconisé cette évolution et
aiguillonné le gouvernement pour l'inciter à poursuivre sans
le différer cet objectif. C'est alors que M. Meye déclare pu-
b 1iquement que: 1I1a position de notre parti est claire et 10-
r
yale. Dès le con~rès d'Oyem nous exprimions notre volonté de
voir le Gabon obtenir sa souveraineté dans l'amitié avec la
France. C'est ce qui se passe aujourd'hui et c'est pourquoi,
nous nous en f l t c i t c ns " (2).
é
DaflS le courant du mois de juillet 1960, alors que
l'indépendance est chose faite, l'U.D.S.G. et le P.U.N.G.A. de-
mandent la réunion d'une table ronde avec le B.D.G. pour exa-
miner la possibilité de réaliser u~e union nationale et d'éla-
borer "un programme de coll ab or a t i o n" (3).
Force est de constater que l'indépendance fait
finalement l'unanimité. Elle permet aux partis d'enterrer pour
un temps, leurs quer.c11espartisanes.Ellemobi1ise
les esprits
crée les conditions psychc10giques nouvelles et comme le sou-
ligne bien M. Ba1andier : IIL'indépendance engendre un new-dea1 \\
des êmé t i o n.s " (4).
Cet engouement et la situation qu li1 crée, ne
sont pas exempts de tout danger du moins à moyen terme. Fina-
lement, l'indépendance cache des mystères. La mise en garde
----------------------
(1) - Composition de la délégation gabonaise aux négociations
de juillet à Paris: Léon Mba, (Premier Ministre), Paul Gond-
jout (Président de l'Assemblée), André Gustave Anguilé (Mînis-
tr~ des Finances; Eugène Amogo (Député U.D.S.G du Haut Ogooué)
Pnnce
Birinda " (représentant des Eshira)
; Pr i nca Rapontchom-
bo (représentant des Mpongwé)
; MM. Avaro, 'Davtn
, N'Nah et
Jean Félix Mba.
(2) - 3 avril 1960 in
: le Gabon accède à l'indépendance, 17
aoOt 1960. Pl aquette, op. ci t.
(3) - L'année politique 1960 p. 360.
(4) - Ba1andier (G.) op. cit. p. 47.
119.
du Premier Ministre dès le mois de juillet 1960, laisse augu-
rer la fermeté avec laquelle, seront dirigées les affaires du
pays: IIje veux, dit-il que vous mettiez hors de nos coeurs,
les rancunes raciales et la xénophobie ... " (1). Cinq jours
avant la proclamation de l'indépendance, il insiste sur les
limites de cette indépendance: "Ne gaspillons pas notre cnan-
ce en imaginant qu'avec l'indépendance, nous détenons désor-
mais un fétiche tout puissant qui va combler tous nos voeux.
En croyant qu'avec l'indépendance, tout est possible et fa-
cile, on risque de sombrer dans l'anarchie, le désordre, la
misère, la famine" (2).
Il est évident que cette mise en garde apparaît
d'autant plus fondée qu'en écartant théoriquement toute possi-
bilité d'ingérence étrangère dans les affaires intérieures
-
.
gabonaises, en laissant les Gabonais entre eux et en ouvrant
un large champ à leur activité, l'indépendance porte en elle
de multiples germes de division qui risquent de donner une for-
ce nouvelle et redoutable aux forces centrifuges momentanément
neutralisées. L'immense joie et la fierté de tout un peuple
qui recouvre sa souveraineté sont donc teintéps d'appréh~nsion.
Celle-ci prend sa source dans la conscience de la fragilité
du sentiment national et dans celle du caractère précipité, im-
provisé de l'indépendance. Dans ce contexte, les attitudes
qu'adopteront les partis politiques peuvent engendrer le meil-
leurt comme le pire. Les dirigeants semblent le comprendre, ils
en ont même conscience. A l'occasion de la deuxième session
ordinaire de l'Assernblée en 1960, "ils présentent à la tr ibune critiques,
suggestions et programmes, contribuent par là à clarifier la situation
politique tout en évitant les affrontements a~x conséquences imprévisibles *
- Les nouveaux objectifs de la politique gabonaise
. Le programme du B.O.G.
Le Il 0 c t 0 br e 1960 (3), 1e 1ea der du B.D. G. e.x p0 s e
(1) - Allocution de Léon Mba à son retour des négociations de
Paris. op. cit. 22 juillet 1960.
(2) - Allocution de Léon Mba - 12 août 1960.
(3) - Discours d'ouverture de la deuxième session ordinaire de
l'assemblée nationale in Assemblée ,Nationale, - Journal des
débats - Il octobre, 4 novembre 196U.
120.
à
la tribune les objectifs politiques de son gouvernement.
Celui-ci, dit-il, mettra l'accent sur la poursuite du plan
de scolarisation à cent pour cent qui a débuté en 1958, et
sur l'africanisation de la fonction publique - entendons ga-
bonisation - en se pliant à deux impératifs. Gaboniser le mieux
et le plus vite possible, éviter une gabonisation au rabais ll •
Il se propose de faire l'impossible pour que sur le plan budgé-
taire, le Gabon f t na nc e lui-même son bud çe t " ... l'appel à une
ai'de e~térieure nous a paru incompatible
avec notre dignité
d'Etat indépendant. Nous devons et nous pouvons faire la preu-
ve de notre capacité! assurer tout seul la marche normale de
nos services, de nos instituti~ns et l'amélioration de notre
équipement de ba s e ? • -En tout cas, dans l'immédiat ce sont
les
seuls objectifs politiques. L'assemblée devant se prononcer sur
une nouvelle loi constitutionnelle, le Premier Ministre ex-
plique comment il conçoit le système politique ~e mieux adap-
t é à l a réa lité
gab 0 na i se. Il J e pen s e que l a ct ém0 c rat i e est pou r
nous, le seul régi~e convenable. Mais, dans une démocratie, le
D~ênomène essentiel est celui de la stabilité politique.
eette stabilité politique est vitale pour
une
toute jeune nation
comme la nôtre au premier stade de son dé-
veloppement. Elle seule, garantit la venue nécessaire des ca-
pitaux et les indispensables investissements. Elle conditionne
le progrès économique et social du pays. Et la stabilité poli-
tique ne peut
à mon avis exister que
dans un régime 00 les
pouvoirs sont nettement séparés, qui distribue de façon préci-
se les responsabilités~ et qui permet de les exercer. La dis-
persion de l'autorité ne peut que conduire à la confusion, à
l'anarchie, au désordre ... 11 (1). Le Premier ministre Léon Mba
propose donc de rechercher un régime qui concilierait les im-
pératifs de la démocratie à laquelle, en apparence,personne ne
songe à substituer un autre régime,et la nécessité d'une ac-
ttvité gouvernementale ferme et continue propre à favoriser
-------~--------._---
(1) ,~ Léon M~A Bis~ours d:ouverture de la 2~ session ordinaire
de 1 Assemblee natlonale ln Assemblée nationale
journal des
débats. 2e session ordinaire: Il octobre, 4. no~embre'1960.
121.
les investissements sans lesquels toute politique de développement est
impensable. Clest une
argumentation
souvent reprise par les
responsables politiques africains de l'époque.
En matière de politique extérieure, le gouverne-
ment entend s'en tenir à trois principes fondamentaux: parti-
cipation du Gabon aux grandes instances internationales - le
Gabon a été admis à' 110.N.U. le 21 septembre 1960 - ; respect
des traités et des amitiés, non ingérence dans les affaires
d'autrui.~Il est clair que les responsables gabonais ne veu-
l e nn.i ni démériter aux yeux de l'opinion internationale ni se
~ laisser entraîner dans des aventures extérieures. Il importe
avant tout, de construire le Gabon. L'effort intérieur doit
avoir la priorité tout en développant la politique extérieur.e.
- Les réactions de l'U.D.S.G.
Au nom de l'opposition, M. Aubame donne les pré-
cisions sur les positions de son parti, notamment sur le pro-
gramme du gouvernement et la politique suivie par ce dernier
jusqu'à ce jour (1). L'U.D.S.G. approuve le principe de sco-
larisation à 100 % et l'africanisation de la fonction publique,
mais elle conteste les moyens mis en oeuvre pour faire passer
ces principes dans la réalité. Pour elle, l'effort d'africa-
niser est insuffisant, quant à l'enseignement, il est en fait,
victime d'un véritable sabotage dont rend compte, l'agitation
scolaire. En matière de budget, l'opposition approuve égale-
ment la position du gouvernem~ni ; "les jeunes nations doivent
essayer de se suffire à elles-m~mes, pour ne pas avoir à ten-
dre la mainllM. Aubame reconnaît pourtant que la tâche est dif-
ficile il ajoute:
... le Peuple gabonais est peut-être comme
(1) - Assemblée Nationale, journal des débats. 2e session or-
dinaire Il octobre, 4 novembre 1960 .. intervention de M. Aubame.
Il accuse la COMILOG principalement. On sait que 49 % du capi-
tal de cette société sont détenus par lIU.S. Steel et 51 %
par des sociétés françaises.
122.
moi, il ne sait pas épargner, il faut des économies. Par contre, il admet
la nécessité d'une aide extérieure, mais sur ce point précis, il accuse le
gouvernement "d'entretenir de liens trop étroits avec la France, alors que
le Gabon peut prétendre avec succès a une aide multilatérale qui garanti-
\\.
rait mieux, le respect de son i ndëpendance".
Cette volonté de dégager le Gabon du joug fran-
çais, se manifeste ~ussi par les attaques que M. Aubame lance
contre les conseillers techniques français qui ont dit-i1 11 une
autorité trop étendue dont ils ont
tendance â en abuser, et
contre les sociétés privées, liées au gouvernement par des
conventions inégales et qu'il accuse de spolier le Gabon ll (1).
En
accord avec le gouvernement pour que le pays
soit doté d'institutions démocratiques, l'U.D.S.G. lui fait
-
-
pourtant un procès d'intention voire une mise en garde quand
il dit: "qu'i1 faut que les institutions soient vraiment dé-
mocratiques, et la stabilité politique ne doit pas servir de
prétexte à un renfàrcement excessif du pouvoir exécutif.
Avant d'analyser les différentes constitutions
qui se succèdent nous pouvons déjà tirer quelques conclusions.
Nous retiendrons de l'analyse que nous venons de mener que les
divergences entre les partis sont conciliables,
dans leur fond.
AU regard de la tension qui avait marqué la vie po l t t t que l es dtver-
gences entre les partis ne sont nas aussi graves, qu'on pourrait le pen-
ser. Les dirigeants sont d'accord sur le fond des problèmes,
lQurs mésententes viennent d'une part du fonctionnement des ins-
titutions, d'autre part, des relations et de l'attitude à adop-
ter vis-à-vis de l'ancienne métropole. Tandis que Léon Mba
souhaite
un pouvoir exécutif fort et veut maintenir les rela-
tions franco-gabonaises sur un plan pr i vi l q t
ê
é
ç
N. Aubame, défend
la cause du régime par1emèntaire d'Assemblée et souhaite soumettre la France
à la règle commune à tous les partenaires du Gabon.
(1) - Cf.
note supra. Intervention de M. Aubame.
123.
Par
ailleurs, en faisant l'unanimité autour d'el-
le - malgré les hésitations de certains, en obligeant les parf.
tis politiques à définir leur programme, ce qui a mis en lu-
mière les attitudes communes ou du moins non inconciliables,
en mobilisant les esprits sur l'élaboration des nouvelles ins-
titutions, l'indépendance a dédramatisé le climat politique.
Cependant, une certaine effervescence sourde persiste. Le 28
octobre 1960, l'Assemblée Nationale prend connaissance d'un
document assez étonnant ,et révélateur des aspects que peut
revêtir la vie politique dans le pays. Il s'agit d'un tract
signé par le Prince Birinda (1) et aiffusé à Libreville (2).
L'auteur du tract nie la valeur de tout système repré6entatif
et le principe de souveraineté populaire, en s'appuyant sur
une interprétation .personnelle de la tradition: "Le pouvoir_,
dit-il, est la seule chose qui ne se donne, mais qui, se prend.
On peut se passer d'une assemblée, mais jamais d'un gouver-
nement, c'est-à-dire, d'un chef. Il poursuit: ... Nos pè-
res avaient-ils besoin d'une assemblée pour règner ? ... peut
o~ jamais parler
au nom d'un parti dont tous les membres ne
sont pas d'accord ?II.
Remarquons au passage que le prince Birinda n'est
pas le seul à penser de cette manière, il est peut-être le
seul à dire ce qu'il pense. D'autres que lui, aimeraient appli-
quer à la lettre Tes idées du Prince, et le pouvoir, tel qu'il
s'exerce aujourd'hui dans le tiers-Monde, n'est pas très éloi-
gné des vues du prince Birinda.Ajoutons
en que le passage bru-
--------------------
(1) - NB. cf. Texte du tract en annexe.
(2) - Assemblée Nationale, Journal des débats, 2e session or-
dinaire : Il octobre 4 novembre 1960.
124.
tal et sans transition du Gabon moyenageux au Gabon contempo-
rain, type XXe siècle, n'incite pas certains esprits obscurs
ou éclairés a prendre comme référence, l'idéal démocratique
athénien du Ve siècle. Ici, on nia que faire de la volonté
du peuple, et au lieu d'être élu 15 fois
stratège,Périclès
en aurait été battu, ici 15 fois. Le livre de M. Duverger il-
lustre !Dien ce phénomène de IIdémocratie sans le peuple ll (1).
Enef f et, cie s t l' i l lus t rat ion bru t ale d' un c 0 m-
portement très souvent souligné par différents auteurs. On
pense a tort ou a raison que pour les populations africaines,
la multiplicité est destructrice et l'unicité seule viable. La
notion de majorité n'est pas satisfaisante ët il faut parvenir
a l t una ni mi t
Mais, comment atteindre cel1e-ci et la sauve-
ê
•
gard~? La réponse .n'est pas facile et la tentation est forte
pour beaucoup de considérer que tous les moyens sont bons.
Le maintien de l'unicité justifie aux yeux du
princë Birinda, l'autorité de Léon Mba quand il reconnaît que
le IIGabon n'est qu'un agrégat, dont Léon Mba est le pivot ...
Le Gabon est un pays peuplé ~ de plusieurs tribus qui sont mi-
nées par le racismp. Léon Mba est le seul qui les a mises
ensemble pour former un bloc homogène. Moins lui, chaque tri-
bu se désagrègera pour reprendre ses instincts fratricides ll •
En d'autres termes, l'autorité ne se fonde pas, elle se jus-
tifie. On passe ensuite de la réflexion politique! l'affirma-
tion du caractère thaumaturge de l'auteur. On a voulu l'empê-
cher de ppa r l e r , écrit-il Il •••
mais
on a oublié que je suis
Oganga qui agit à l'état d'éveil comme à l'état de s omme i l . ..
Je niai pas besoin de parler publiquement, il me suffit rien
que de souffler, je serais compris qu'on le veui'lle ou non ... 11
(1) - M. DUVERGER,
La démocratie sans le peuple. Editions
Seuil, 1967.
125.
En dépit des tentatives pour tourner en dérision
le tract et son auteur, l'opposition-'déclare qu'elle se sent
menacée.
Saisit-elle ce prétexte pour embarrasser le chef du
gouvernement auprès de qui, l'auteur du tract occupe des fonc-
tions
officielles? Cèla parait vraisemblable. Il est égale-
ment possible que la crainte ne soit pas totalement feinte. Les
membres de l'Assemblée, à quelque parti qu'ils appartiennent,
ne sont ni tous, ni : totalement dégagés de toute crédulité
à l'égard des croyances ancestrales.
Le travail constitution-
nel absorbe bientôt les députés, continuant ainsi à dissipèr
l'inquiétude des opposants à Léon MBA.
1. - La constitution du 14 novembre 1960 ou le renforcement du
pouvoir exècutif
Nous avons déjà signalé plus haut (1) la lutte
des influences de personnes au sein du B.D.G. Les observateurs
avisés en ont peut-être saisi l'indice dans le discours pro-
noncé par M. Ga~djàut, président de l'Assemblée Nationale;
alors que M. Léon Mba avait commencé son a~locution par:
"M. Le Gouverneur, M. le Président (de l'Assemblée Nationale)
MM. les Parlementaires" ... M. Gondjout, quant à lui, avait
inversé l'ordre après l'adresse au Gouverneur. Il commença
en effet par: "M. le Chef du Territoire, MM. les Parlementai-
res, M. le Président (Léon Mba)" ...
(2). Il soulignait ainsi
de façon inégalante, la primauté du Parlement sur le Gouver-
nement. Ces tensions devant se manifester plus clairement lors
de l'élaboration des projets constitutionnels. Deux tendances
s'opposèrent, l'une, constituée par le Chef de l'Etat M. Léon
Mba, appuyé par une fraction de la majorité (B.D.G.) et l'au-
tre, comprenant le P.U.N.G.A., l'U.D.S.G. et les dissidents
du B.D.G. - On a pu croire un instant à une coalition GONDJOUT'-
Aubame (3) - appuyés discrètement par M. GONDJOUT.
Léon Mba
entendait instaurer un régime de type présidentiel. M; GONDJOUT
(1) - Cf. Le texte p. 100
(2) - Archives BR 3760C, Ministère de la F.O.M. p. 3 ; Discours
prononcés lors de l'accesion du pays à l'indépendance.
(3) - Cf. Revue française d'Etudes politiques: la République
gabonaise juin 173, p. 39.
126.
troyait aux vertus du parlemantarisme classique. Mais, il sem-
ble que l'un et l'autre aient finalement renoncé à la rupture
\\ totalev C'est ainsi, qU'à la suite des tractations, l'Assemblée
législative adoptait à l 'unanimité, et par acclamations, cette
seconde constitution gabonaise. Celle-ci fut promulguée le
14 novembre et publiée au JOurnal Officiel le 25 novembre 1960.
Les risques d'un conflit entre le Président et l'Assemblée sont
donc très minces; d'autant plus qU'à l'image des institutions
de la Quatrième République française, le Président de la Répu-
blique gabonaise est privé de pouvoirs réels étendus et d'i-
nitiatives. Le mandat présidentiel est limité à si~ ans et
la réélection n'est,possible qà'une fois (article 7). Le Gou-
vernement assure l'exécution des lois (art. 36), il est diri-
gé par le Premier ministre investi par l'Assemblée (art. 26).
Ce der nie r pro p0 se au Pré s ide nt les' Min i st r e s des 0 n ch 0 ix. 1l
est Fhef du Gouver.nement, mais il n'en détermine et n'en con-
duit plus l'action, comme le postulait l'article 8 de la pré-
eéd e ntee 0 ns t i tut i o.n (1). 1ln' en a mai nille na nt ~'u 1 une sim pl e
responsabilité de direction", la détermination et la "conduite"
relevant du gouvernement en tant que corps iÂdivisible.
Cette nouvelle constitution n'introduit donc pas
de changements profonds dans les institutions gabonaises. Son
apport réside dans la création d--'.-une Cour Suprême
qui' est conçue
comme une magistrature d'influence. Si
la situation~est iden-
tique qu'en 1959, on peut s'étonner que M. Léon Mba et son
équipe gouvernementale n'aient pas saisi l 'occasion qui s'of-
frait à aux d'orienter le choix de l'Assemblée vers un système
politique de type présidentiel. Ont-ils hésité devant l'incer-
titude du scrutin pour l'élection du chef de l'Etat? Cela
semble peu probable, car, le Premier Ministre est en position
de force pour cette consultation électorale. La vérité est
qu'il est
~ ... plus vraisemblable que les autorités fran-
çalses ont falt pression ~ur lui pour lien dissuader .... Elles
conservent une influence certaine et, avec le passage de l'in-
(1) - CF. Texte en annexe.
127.
dépendance, dans l'interdépendance à l'indépendance souverai-
ne, elles ont plus que jamais
des raisons de redouter le renfor-
cement du pouvoir exécutif. Le régime d'assemblée, avec ses
risques d'instabilité et de troubles, a pu même exercer quel-
ques séductions, sur des hommes convaincus des vertus du vieil
axi orne
Il div i se r
pou r r è gne r ", qui f) eut
t r e yon t vu lep lus
ê
sûr garant de la pérénnité de la présence française dans cette
partie de l'Afrique
Cette présence, se trouverait en quelque
f
sorte idéalisée par l'exercice par la France, de la fonction
noble et difficile de conseillère et d'arbitre, auprès d'une
population s'initiant tumu1tueusement aux subtilités de la dé-
mocratie" (1).
L'a rd e ur du Pre mie r Min i st re
ga bon ais à r en for ce r
l'exécutif est ainsi tempérée; mais, ce n'est que partie re-
mise.c~r, en réalité, et comme nous le verrons par la suite,
cette constitution ne présente qu'un simple intérêt historique.
Elle est provisoire et transitoire. En effet, aussitôt v6tée qu'elle
est con fis q ué e par '1 a pou v0 ira van t m me d' ê t r e por té e à l a
ê
connaissance du public; et si l'on prend la peine d'en parler,
c'est parce que les tensions qui ont présidé à son
élabora-
tion ressurgissent déjà. La premier ministre devait croire
certainement à l'existence d'un pj~ge des dispositions consti-
tutionnelles. L'ar. 78 qui prévoyait le remplacement du chef
de l'Etat, en cas d'empêchement momentané par le Président de
l'Assemblée Nationale, ne pouvait le laisser sans souci quand
ce Président s'appelait Paul
Gondjout_.
Il sut donc mettre à
profit le fait qu'il cumulait un moment les pouvoirs du Prési-
dent d:.,~a République et du Premier Ministre, lvu n et l'autre
n'étai~pas encore désignés selon les nouvelles dispositroons.
Le 9 novembre, Léon Mba remania
son cabinet et remarcia trois
notables français MM. Duhaut, Mariani, et Jourdan (2). Il
(1) - H. PION, op. cit. p.
101.
(2) - Dans l'ancien gouvernement, ils occupaient respectivement
les postes de ministres de l'Intérieur.
, de l'Industrie, et de
la Santé. En dehors de ces fonctfons politiques, ils étaient
pour M. Duhaut, (transporteur) Jourdan et Mariani
(anciens
exploitants forestiers).
128.
profita des circonstances pour élargir son équipe et
créa les quatre nouveaux dê pe r t erae nt s de la
Defense, de la
Jeunesse' de
l'Information et du Bu dqe t .
Cet élargissement
~es prérogatives officielles, conforme à des responsabilités
plus étendues n'apaisa pourtant pas les esprits.
Il précisa
néanmoins son choix dans ces termes: " ... dans le sens dit-
il, d'une représentation plus complète à la fois du territoire
et des tendances politiques"(3). Le nouveau gouvernement
corn pta i t d0 uze me mbrr es, don t dix du B. D. G ; e t de uX de l' U. D. S . G
Aucun métropolitain ne faisait
plus partie de l'équipe minis-
térielle.
C'est à la stupéfaction
générale. Mais, cela était
prévisible que dans la nuit du 16 au 17 novembre, M. Léon
MBA proclama l'état d'alerte et conformément aux pouvoirs
qu'il en tirait, fit arrêter un certain nombre d'opposants, y
compris ceux de son propre parti
et parmi les ·infortunés,
l'inévitable f4. GONl"JJOUT
dont, G.Comte dira pl us , tard:
"l' exerci ce du pouvoi r déve l oppa en effet u!1 autori t a r i sme
sensible à la Présidence; un peu par surprise, l'U.D.S.G.
se laissa réduire à ce moment au rôle d'une opposition impuis-
sante ... Mais, parmi les vainqueurs, bien des hommes commen-
çaient à s'inquiéter, ils trouvèrent en M. Paul
GONDJOUT
Président de l'Assemblée Nationale, un lutteur capable de les
comprendre et les diriger"(I) MM.Ivanga, Vice-Président de
l'Assemblée Nationale, et Sos s a, Président du Groupe Parle-
mentaire du B.D.G. furent arrêtés et, Edouard, frère cadet
du premier était en fuite.
Le Ministre des travaux publics, M. Vincent de Paul
Nyonda , justifie ces arrestations par "l'existence d'une
collusion entre certains membres du parti gouvernemental et
le parti de l'opposition. Collusion qui tendrait à obtenir
-------------------------------------
(3
cf Bulletin d'Afrique noire n0161 15/12/1980
( 1)) G. Comte
in
revue française d'études politiques, juin 1973
NB : Le dit article traite un peu de tout relatif aux 13
années de la vie politique gabonaise.
Il semble assez cri-
tique vis-à-vis de la manière de gouverner du Président
Léon MBA. Mais, assez tendre à l'égard de la politique de
r
II
é nova t i on" du Président Bongo, du moins jusqu'en 1973.
129.
la démission immédiate du gouvernement du Président
Léon MBA, ainsi que la constitution d'un nouveau gouverne-
me n t " (1).
Le 18 novembre, la session ordinaire de l'Assemblée
Nationale était déclarée
close et à partir du 23 du même mois,
les "ma t l r e s qui étaient du domaine de la loi, relevaient
ë
du pouvoir rég1ementaire du premier Ministre, jusqu'à ce que
les circonstances permettent la réunion de T'As s emb l e "
(2).
ë
Ainsi donc, la constitution du 14 novembre 1960, a-t-
elle été une constitution mort-née. Les conditions dans les-
quelles
elle a été élaborée et confisquée ont en fait révélé
l'existence d'une vie politique intense, faite de compromis et
de lutte. Pour mieux comprendre la réaction de Léon MBA, re-
produisons ce passage tiré de la revue d'études politiques
précitée. Parlant de M. GONOJOUT, l'article note: Il ••• d'une
longue fréquentation des députés métropolitains, ce deuxième
personnage de la hiérarchie politique avait ramené un attache-
ment vif et sincère envers le par1ementarisme~ Non sans quelque
utopie, il croyait possible de transposer sous les tropiques,
l'aimable modèle des démocraties occidentales. Il convoitait
ainsi la présidence du B.O.G. et cette ambition lui rendait
le lourd paternalisme
en train de s'établir proprement insup-
portable (3)~ Son impatience inspira aussitôt une vive sympa-
thie aux industrieux mi~nés majoritaires à Libreville, Port-
Gentil et fort- satisfaits d'atteindre les Fang à travers leur
che f de l' Et at'. (4) ;
Nous 1aisson~1 'entière responsabilité de ce passage à
son auteur. Qu'il nous soit permis cependant de faire remarquer
cf Europe-France-Afrique n04340 des 18 et 19 décembre 1960
(1)
cf J.O. du 15 janvier 1961
(2)
Nous ne partageons pas le point de vue de G. Comte
(3)
NB
dans la mesure, où M.GONOJOUT
_ étant le fondateur du
B.O.G.avait permis à Léon MBA d'être à la tête de ce
mouvement, tout en le secondant. Il est donc à notre
av i s v plus juste, de parler du repentir, du regrèl:' de
M. GONOJOUT
,que d'ambition, car, s'il était aab i t i e ux
il n'aurait jamais permis à L. MBA d'être le chef du
parti. Cf texte p 79 et 80
(4)
cf Revue française de sciences politiques, article de G.
Comte p 42
130.
qu'i1 est vain de voir dans cette IIcourse au pouvoir ll
"'- une coloration éthnique, tribale ou régionaliste quelconque -
puisque "c e r t a i ns fang comme ceux du ~Jo1eu-Ntem
ont craint
qu' i 1 ne s e ra ppt'oc he trop de s 0 my è ne Il (1) . I 1 es t d' ai 11 eu r s
intéressant de noter que malgré sa proclamation de Nzoé Fang
(dl e f des Fan g) au con gré s de [-:1 i t zi c dei 957 (2) , qui é t ait
beaucoup plus dirigée contre l'administration coloniale, que
contre toute autre êthnie. J.H.Aubam~
a toujours eu1e des-
sus
sur Léon MBA, quant aux choix des Fang·, dont les deux a-
dversaires, étaierit issus. L'analyse serait beaucoup plus
aisée sur le plan idéologique, mieux sur le pouvoir exécutif,
du moins dans son application qui est en train et qui veut
à tout ~rix se hisser au dessus d'un parlementarisme timide
'et i r.p ui s s a nt
; qui, il faut aussi
le reconnaître n'est encore
qu'au stade expérimental et embryonnaire.
L'appel que fera M.
Aubame
à M. Gondjout dans le gouvernement du coup d'état de
février 1964, en sera une preuve irréfutable.
Nous pensons que c'est dans ce sens que M. Gondjout,
faute de gagner tous les membres du parti à ses vues, imagine
de renverser le gouvernement avec l'appui de l'U.S.D.S. de
l'I.Aubame
- pa r , le biais d'une motion
de censure votée à la
Chambre' De minttieux pointages lui laissaient l'espoir de
triompher sans trop de mal, malgré les réserves cependant de
M.Aubame,
fort circonspect et nullement favorable à la déQar-
:he 6e M. Gondjout. C'est ici seulement qu'on peut
parler
d'une attitude tr-ibal is te- de M. Aub ame , mais qui reste encore
à pr ouve r . Clest pourquoi,
très conscient de cet avantage,
(fictif) et parfaitement au courant de la situation, Léon MBA
ne laissa pas à ses adversaires et amis d'hier, de s'unir et
de s'organiser. Ces seules explications peuvent justifier, les
raisons qui amènent Léon MBA à court_circuiter ses détraqueurs
et à lancer un appel pathétique,
au peuple en ces termes :
(1)
cf G. Tessier op .c . p21
JF. NTUTUME op cité p 54
(2)
131.
IIUne petite minorité propageait de fausses nouvelles,
jetait l'inquiètude dans les esprits, tentait de circonvenir
les parle~entaires et de créer un climat de malaise entre
tous les gabonais; on est allé jusqu'à me qualifier de dic-
tateur, d'ennemi irréductible des libertés dé",ocratiques. Il
était impensable que le gouvernement désigné
par les voies
les plus légitimes soit ainsi constamment bafoué
systémati-·
quement attaqué par une poignée de trublions, menée par ses
seules convoitises et ses seuls appétits Il (1). Après ces rudes
propos, il s'empre~se par décret loi n03 P/M, du 7 janvier (2)
cie dissoudre, l'Assemblée
na-ttonale, suspecte de sympathies
envers son président déchu.
Il convoque ensuite les électeurs
pour le 12 février 1961, pourpo~rvoir au remplacement des
parlementaires indociles. L'U.D.S.G. profita largement de cette
situation mieux, de cette crise à l'intérieur du parti officiel.
Pour découvri r des appui s en
dèhors
de son propre groupe,
Léon MBA, devait forcément se tourner
vers elle. Les différents
partis sont portés à éviter les attitudes susceptibles d'ac-
centuer leurs différends
et collaborer à la recherche d'une
unité-nationale po~r tenter d'éclaircir l 'horizon politique.
Dans ce but, il faudra beaucoup de bonne volonté de part et
d'autre.
Il forme donc, des listes d'Union nationale avec M.
Aubame, assez mêlées pour plaire aux électeurs. En remerciement
d'un si précieux concours, son nouvel allié reçoit bientôt le
portefeuille du ~linistre des Affaires étrangères, et l'honneur
considérable de préparer la visite officielle du chef de l'Etat
en France.
La coalition des anciens adversaires leur apporta 315-
335 voix sur 316-679, soit 99,57 % des suffrages. Pour arracher
'\\
ce succes, les organisateurs du scrutin prirent cependant la
précaution de rendre le vote obligatoire(3)
sous peine
----------------------------------
(1) cf revue française d'études politiques op citée p 41
(2) cf Journal officiel 15 janvier 1961
(3) Décret loi n027/P.M du 9 janvier 1961 Jo du 15 janvier 1961
132 .:
d'amende, et inaugurèrent le système de liste unique,
" malgré la multiplicité des organisations politiques. Simul-
tanément, le leader du B.O_G. et son vieux rival, parcouraient
ensemble le pays et
persuadaient
les citoyens de les soutenir.
Le spectacle de cette reconci1iation surprenante et inattendue,
contribua beaucoup à leur
succès.
Un soigneux dosage autorisa seulement quatorze mem-
bres de l'ancienne chambre à présenter de nouveau leur candi-
•
oature. Cette précaution éliminait les éléments douteux et sus-
pectés. M. Léon MBA jumela aussi la reconduction de son man-
dat avec le renouvellement de l'Assemblée élargie à soixante
sept personnes: IILes français votent De Gaulle, les gabonais
votent MbA II, oroc1amaient 1esbandero1es officielles pendant
toute la campagne. Aussitôt, la victoire acquise, M. Louis
Bigman devint Président de l'Assemblée Nationale. En apparence,
l'échec des mécontents dotait la République d'institutions
stables, malgré la sympathie ostensible de ses dirigeants
résolus à travailler ensemble, une sou~de méfiance n'en para-
lysait pas moins ~on fonctionnement.
Affermi dans ses conceptions très fermes du pouvoir
par sa réussite, M. Léon MBA accentua rapidement l'autorita-
risme du régime, que M. Philippe
(1)qua1ifie dans ces termes:
"v i t e , installés, les gouvernements indépendants se sont
révélés à l'usage d'une solidité inattendue ... comme le phé-
noIii ène est gé né ra 1, i 1 ap pel a
au de 1à des cas par tic u1i ers,
si intéressants soient-ils. une explication générale. En fait,
en face de ces gouvernements, t1 y a la patiencpsans
bornes
des gouvernés. C'est-bien plus que la soumission hier, des
sujets de Louis XIV à l'égard du roi solei 1. Gouverner en
Afrique, c'est forcément r qne r ", plus loin, il enchaîne,
ë
(1)
S.
Baille, F. BRA~OEt
R. Phi.1ipp.e .. Le
J
mqnds actuel,
histoire et civilisation -
Llbralrle Eugene Belin:
l'Afrique noire aujourd'hui et demain, 1963 p 228
133.
sous le socle de la statue de 1 lOssagyefo, traduisez
Ille victorieux en tout ll du Ghana, le Président NKRUMAH, on
lit cette maxime
assez bien frappée:
"ch e r ch e d'abord le ro-
yaume politique et le reste te sera donné par surcroît ll •
C1est en abrégeant, saisir le pouvoir et le conserver. Le
pouvoir ne se divisant pas, ne se contrôlant pas, 1 1opposition
nia aucune raison d'être. Pour elle, se manifester, c'est
courir à sa pe r te. 1a masse de 1a popu 1a ti on res te hors
de ce que nous
anpe Her-ions
l e t pays 1éga1 11 (1).
Avec une inquiétude soupçonneuse, Léon MBA surveille
les ordres adressés par M. Aubame à la délégation gabonaise
aux Nations Unies. Sans doute, voulait-il s t a s s ure r de son
loyalisme. A partir de 1962, cependant, 1 'e~pansion économique
encourageait la tranquillité. En octobre, la mise en exploita-
tion du gisement de manganèse de Moanda, plaçait le Gabon au
cinquième rang mondial des producteurs de ce minerai et garan-
tissait de substencie1s revenus.Certes, un match de foot-ba11
provoqua de sérieux incidents à Libreville entre Congolais
installés dans la capitale et ses habitants. Mais, la xéno-
phobie populaire éveillée à cette occasion, consolida plutôt
l'unité nationale. Au début de 1963, un remaniement gouverne-
\\., en ta 1 déc i dép a r 1e che f de l' Et a t , é 1i min a en que 1que s
heures M. Aubame du pouvoir. Par cette mesure discrétionnaire,
le responsable de la crise révéla son intention de s'orienter
vers le régime du parti unique, même s t i l laissait subsister
une opposition légale en marge du B.D.G. En avril, de la
même année, malgré le calme dans le pays, le gouvernement ins-
taura une cour de sûreté de l'Etat, sans fournir aucune espèce
d 'exp1ication.
Dans la seconde, quinzaine du mois d1août, un congrès
triomphal organisé à Libreville, confirma sa suprématie. A
T' a ut onne cependant, un projet officiel, de prélever 10 % sur
les revenus des parlementaires au profit d'un fonds spécial
(1) R. Philippe
op. c i t .
p 228
134.
d'investissements, irrita
fort les intéressés. En
décembre, ils refusèrent de voter le budget et de rendre
incompatible leur mandat et la présidence de la
Cour Su-
prême détenue par M. Aubame .. Très mécontent de cette "fronde"
M. Léon MBA intervint en personne à la Chambre, dénonça
l'égoïsme de ses membres au cours d'une séance mémorable.
Mais, son requisitoire contre les prévilégiés qu'il décla-
rait hostiles à l'intérêt national, négligeait ses propres
erreurs. La sourde résistance opposée à son programme, tra-
.
.
duisait simplement l'irritation produite par des méthodes
trop tranchantes. Après l'élimination de M.GO~tlJOUT~
la
disgrâce de Jean Hilaire Aubame
commençait à porter ses
\\ fruits.
Cette situation tendue aboutira sur les événements
de 1964 que nous étudierons en détail plus loin, pour le
moment, essayons de voir les transformations
qu'apporte
la constitution de 1961 dans son application; et les consé-
quences qui en découleront.
2 - La constitution du 21 février 1961 ou le triomphe du pré-
sidentialisme gabonais et l'agonie de l'opposition parle-
mentaire
Le terme d'agonie peut-être justifié par le fait que
l'opposition légale subsistera jusqu'à la mort du Président
Léon MBA. Disons, que les deux protagonistes disparaissent
en même temps car, en mars 1968, le nouveau président Bongo,
dissout tous les partis politiques, pour n'institutionnaliser
qu'un seul: le P.O.G.
(parti démocratique gabonais). Ce
geste a inspiré les musiciens gabonais
(1). Nous avons vu
la briéveté de la constitution de 1960, qualifiée de "mort-
née", pour des raisons dues au renforcement du pouvoir exé-
cutif, au détriment d'un parlementarisme laxiste.
-----------------------------
(1) En effet: une chanson de l'orchestre Okay.lfe9 ro dit à son
endroit (Bongo): "il a supprimé les autres partis, pour
ne créer qu'un seul, cela nous a procuré la paix. Bravo
Bongo ... il a libéré, détenus politiques et droits com-
muns, oh ! c'est la tolérance ... ".
135.
Faisant une analyse des constitutions des nouveaux
Etats africains, le professeur Gonidec affirme"qu'une consti-
tution écrite est en effet bien autre chose qu'un moyen de
fixer l'agencement, des autorités, capables d'agir au nom du
peuple, et, leurs rapports avec les individus comme leurs
rapports réciproques ... en même temps, elle est (constitu-
tion) une projection dans l'avenir" (1). La troisième cons-
titution gabonaise, mieux que toute autre, peut-être, devrait
être le résultat des forces en présence et le reflet de la
philosophie politique de M. Léon MBA" (2) que ce dernier
,
définit en ces terme:
... j'espère qu'après le vote de cette
constitution, nous serons dans la joie de nous retrouver en-
semble, soit au sein du gouvernement, soit au sein d'un parti
unique" (3).
A cette offre de paix et d'étroite collaboration,
M.
Aubame
répond en rejetant d'abord la responsabilité de la
tension politique sur le B.D.G., car, dit-il: "La paix inté-
rieure dépend du bon fonctionnement des institutions et donc,
du premier ministre et de son gouvernement ... il ajoute:
... en ce qui corrcerne le problème du parti unique, je ne
répondrai pas, parce que c'est une idée qui a besoin d'être
mûrie quoiqu'elle heurte ma conception personnelle, parce
que le parti unique conduit toujours à la dictature. Il y a
d'autres formules qui, si on
voulait les envisager, pour-
raient être étudiées" (4).
M. Aubeme _oppose donc un refus
nuancé à la proposi-
tion d'un parti unique mais, il laisse la porte ouverte à la
négociation de la participation de l'opposition au futur
, gouvernement, participation qu'elle a d'ailleurs ouvertement
( 1 ) Gonidec
(P.F.) cours d'institutions africaines et malga-
che "les cours de droit 1964-1965, Paris p 147.
Ntutume (J.F.) op cité
p 163
République gabonaise - journal des débats - Assemblée
Nationale, deuxième session ordinaire, 4 octobre 1961,
4 novembre 1961 - séance du 4 novembre.
( 4 ) idem intervention de M. Aubame ,
136.
sollicitée, en accord avec le P.U.N.G.A., dès le mois
de juillet.
On constate donc qu'après l'arrestation des éléments
jugés "amb i t t e ux'", le B.O.G. avait resserré ses rangs derrière
l e che f à e l ' e xécu tif Il. De gue r r e bas se, l 1 0 Ppos i t ion avait
lancé dès le 1er septembre 1960, llappel à l'union nationale.
Le P.U.N.G.A. de M. Sousatte
avait en effet parlé d'une table
ronde plus que jamais nécessaire, d'une trève politique et
d'un gouvernement d'union nationale ll (1). Deux semaines plus
t
tard, l'U.D.S.G. demandait également une "t ab l e ronde des par-
tis politiques, des chefs traditionnels, des organisations de
jeunesse et des travailleurs gabonais ll (2). Mais, tant qu'il
était peu sûr de la fidelité de sa majorité parlementaire,.M.
Léon MBA ne prêtait ~'une oreille peu attentive à ces sollici-
tations de l'opposition.
Il avait maintenant cette majorité bien
en mains et deux membres de l'U.D.S.G. faisaient partie de
lléquipe gouvernementale depuis le mois de novembre ~ Il était
en position de force et il allait imposer sa philosophie cons-
titutionnelle. C'était de bonne guerre politique, dirait-og,
il y-eut ainsi des ~ractations dont le contenu ne fui pas porté
à la connaissance du public.
On pourrait presque parler de
"në qoc i a t i ons s e c r t e s
ë
?
,
car, les "s e c r e t s de l t hi s t oi r-e ont
toujours passionné les hommes, mais ils posent aux historiens,
les questions les plus délicates, le manque de documents étant
monnaie courante, et
l limagination romanesque ... Les hommes
qui créent l'évènement ne désirent apparemment pas que le se-
cret cesse d'en être un pour la postérité. Raison
d-'-Etatou
affaire de famille ... Par contre, certains secrets d'~tat ne le
sont que momentanément, en raison des c i r c ons t a nc e s " (3)
Le 5 janvier 1961, un décret-loi annonçait les pro-
chaines élections sur la base d'une liste unique d'union
(1) cf agence France presse: spécial D.M. n04249 du 1/9/1960
(2) cf A.F.P.
O.M. n04261 du 1/9/1960
(3)
PEDRONCINI (G) les négociations secrètes pendant la grande
Guerre- questions d'histoire Flammarion
1969 p 13
137.
nationale, avec Léon MBA comme seul candidat à la
présidence de la République
(1).
Sur la liste d'union nationale, les candidats qui
a va i e nt a ppar te nu à l' 0pposit ion, r e pré sen te nt à pei ne 30 %
du total. De plus, leur ex_leader, J.H. Aubame
ne devait pas
être proposé aux élections dans1a région du Wo1eu-Ntem où son
parti avait toujours été majoritaire, et dont il avait été
personnellement conseiller territorial. La désignation de
,
M. Au bame _ comme dép uté de vait ê t r e sou mis e à l' a ppro bat ion
des électeurs de T'Dqoo ue Maritime où il n'avait jamais été
populaire. Sans doute, n'entendait-on faire de lui qu'un
simple député "f l ot t a nt Il sans assise.
Il ne pouvait de la
sorte, une fois élu, se prévaloir d'un quelaonque soutien
populaire dans cette circonscription. Après une campagne
électorale de deux semaines ponctuées par un grand meeting
de reconci1iation au stade Révérand Père Lefévre de Libreville
la liste d'union nationale fut plébiscitée massivement (2).
Il Y eut, en effet,une participation électorale massive,
de 1 10rdre de 98;7 % , soit 316.679 votants sur 320 000 ins-
crits , et une approbation de la liste unique de l t or dr-s de
99,57 % des voiants. Le Président Léon MBA parlera lui-même
des "ë l e c t t on plébiscitées de façon unan ime " (3).
On remarque-
ra le zèle civique de la région de 1 10gooue Lolo qui apporte-
ra ses 100 % de suffrages par rapport aux électeurs inscrits ll
(4). Le 21 février, le gouvernement faisait adopter en 15
minutes à 1 'unaminité des 67 députés, dêbouts et par acclama-
tions, le projet constitu~ionne1 qu'il avait préparé (5).
( 1)
Décret-loi n026/P.M. du 5 janvier 1961, J.o. du 15 janvier
1961.
(2)
N.B. Pour les détails et les discours prononcés pendant
cette campagne, voir Ntutume (J.F.)
: IILa crise politi-
que gabonaise de 1964 11 op. c.
(3)
Ntutume (J.F.) op c . P 166
(4)
cf A.F.P. n043.911 du 16 février 1961
(5 )
cf journal des débats de l'Assemblée Nationale, 1ère ses-
sion extraordinaire, février 1961.
NB IILa séance avait commencé à 9H15 et elle avait pris
fin à 10H 11 •
138.
Que peut-on retenir de la constitution de 1961 dans
ses structures et dans ses principes généraux. Nous remar-
quons qu'elle ne diffère pas beauooup de sa devancière sur
les principes généraux. On constate cependant un nombre
plus important d'articles relatifs aux droits sociaux et
aux libertés individuelles. On ne peut manquer de relever
au sujet de celle-ci, une certaine anomalie qui parait au
demeurant, paradoxalement rassurante. En effet, bien qu'on
ait présenté aux électeurs une liste unique des candidats,
l'art 4 de la constitution affirme la laïcité des partis
et des groupements politiques qui concourent à l'expression
du suffrage et exercent les activités librement. La voie
reste donc ouverte au jeu d'une démocratie multipartisane.
Mais, malgré ce voeu, cette démocratie ne parait pas être
le souci majeur des constituants. On entend surtout, souli-
gner la prépondérance de l'exécutif.
Le titre II est consacré au Président de la Répu-
blique et au gouvernement et non comme auparavant, à l'As-
semblée Nationale. Le Président de la République est mainte-
nant élu non plu? par l'Assemblée, mais directement par le
peuple et cela pour sept ans. En plus, il devient rééligible
indéfiniment (art.7). Il est le Chef du gouvernement, il
nomme les Ministres dont il détermine librement les attribu-
tions et qui ne sont responsables que devant lui seul. Il
détermine et conduit la politique de la Nation car, il est
le détenteur exclusif du pouvoir exécutif (art. 6 al. 4).
En Afrique en général, de telles formules dispensent
C; 1
n
r e r les pouv
é
Li ,.1 ê
0 i r s
de êllr.œf' de l' e xécu tif, e l les 0 nt
presque ou tout dit, et le reste est superfétatoire. En
tout cas, l'Assemblée ne peut plus prétendre jouer un rôle
déterminant qui puisse contraindre le gouvernement en quoi
que ce soit. Son domaine législatif a subi les mêmes limi-
tations à la mode et aux termes de l'article 43. L'initiative
des lois appartient concurremment au Président de la Républi-
que et aux députés. En CâS, d'obstruction gouvernementale,
139.
1 'art.16, confère au Président de la République le
pouvoir référendaire, qui lui permet de faire directement ap-
pel au peuple. Et l'article 17 lui reconnaît le droit Il en
cas de nécessité de prononcer la dissolution de l'Assemblée
Nationa1e ll • Cette dissolution nlest donc plus conditionnée
par un vote de défi ance ou par 11 adopti on d'une motion
de cen-
sure. Ainsi, cette constitution ne présente-t-e11e plus au-
cune trace du "triomphe par1ementaire" que sa devancière avait
incarné. Elle nia 'retenu d'elle que ce qui tenait au renfor-
cement de l'exécutif, comme les dispositions relatives à l t ta t
ë
d'alerte ou à 1 'ordre public. Au sujet de ce dernier, d'ail-
leurs, une loi du 12 mai 1961 instituait la peine
d'indignité
nationale. Llapp1ication de celle-ci, précisait le texte,
devait résulter non pas d'un jugement, mais, d'un décret pris
en conseil de. ministres
(1). Ph. Decraene (2) a qualifié
lij 1 hYPe r pré s ide nt i e 1 Il
1e r g i me i ns tau ré par cet te con s t i tu-
ë
tion. Cependant, pour mieux rendre compte de ce texte consti-
tutionnel et de la réalité po l i t i c ovs oc i o l oq i que , ou préférera
l'expression de monocratie popu1aire" que le professeur Gonidec
applique à la plupart de nouveaux régimes africains.
Devant les problèmes de sous-développement, lion a
semb1e-t-i1 ressenti partout en Afrique francophone, la néces-
sité d'un exécutif monocépha1e et fort en tout cas, mis à
l t ab r i d t une "Fr onde " éventuelle du .Par1er.:ent.
Mais, le Pré-
sident tient la plénitude de ses pouvoirs du suffrage popu-
laire. Dans un tel régime, avec la technique de la liste
unique aux élections, "le législatif et l'exécutif ne sont
plus ces gladiateurs acharnés dans un combat de domination
et pour qui, tous les coups sont permis".
"Equ i pa qe s de la
même embarcation, i2>doivent ramer de concert, la force de
chacun profitant à tous, et le chef désigné tenant solidement
la barre de la direction où pousse le souffle puissant de
-----------------------------------
(1) Loi n024/6 du 12 mai 1961 J.o.
du 1/07/1961
(2) Ph. DECRAENE
- Tableau des partis politiques au Sud du
Sahara F.N.S.P. Paris 1963 p8
140.
l'unanimité populaire" (1). Ainsi s'exprimait le
Président Léon MBA, lors du pre~ier anniversaire de l'Indé-
pendance, le 17 août 1961, très exactement, six mois après
l'adoption de la constitution.
Il serait intéressant de savoir et comprendre com-
ment des adversaires en apparence aussi inconciliables que
MM. MBA et
Aubame,
ont pû s'accorder sur l'ensemble des
" questions en s us pe ns :" Cette collaboration, Léon MBA l'a
voulue, certes, contre, l'opinion d'une fraction de son par-
ti. En effet, à la suite d'évènements mal élucidés, cinq
membres du B.O.G. dont son fondateur i~. Goudjout
sont frappés
d'une mesure d'internement
administratif, le 17 novembre
IS60.' Il semble que le Chef du gouvernement a voulu briser
une opposition au sein de son parti, éliminer du même coup,
son rival potentiel dont l'autorité était encore grande et,
par voie de conséquence, établir sa domination sans partage
sur le B.O.G.
C0 mmen t d . H. Au bame
a - t - il a c cep t é cet é t a t de c h0 -
ses et quel a été son rôle dans cette affaire? Son agrément
à
la candidature unique de Léon MBA à la Présidence de la
République peut passer pour une ~ontribution à la détente,
alors qu'il pouvait se présenter à la candidature, à la
~agistrature suprême. Mais, pourquoi, fait-il acte de candi-
dature aux élections législatives dans le fief du Président
de l' As semblé e (Go ndj0 ut ) e mpê ch é des e r e pré sen ter et ré-
duit au silence? On peut soupçonner, une entente secrète
Fang - MBA - Aubame
- contre b/!)n'dj9ut.
La signification po-
litique de ce geste n'est pas claire, elle est d'ailleurs.
peu évidente, car,
les conditions ne sont plus celles de
1~57, et ce comportement est ~ne fausse note dans le jeu
politique .de J.H. Auoame
.s o nj ur et t o n de M.Gondjo.ut
ou
attitude désintéressée de J.H.Aubame?
Nous n~avons pas pû
(1) Léon MBA, recueil des discours op.c. 1961-1962 p 32
141.
trouver de réponse à ces questions, faute de documen-
tation, malheureusement.
Toujours est-il que ce revirement soudain, spectacu-
laire des hommes et des partis, confirme l'africanisation,
de la vie politique gabonaise. "Des clientèles se sont cons-
tituées autour des plus fortes individualités et, au niveau
de ces clientèles, l'information fonctionne à sens unique,
les " clients" sont conditionnés mais nlont pas d'influence
sur leurs " patrons" ... Il semble qu t
Libreville et à Port-
ë
Gentil, une opinion publique se développe".
(1) Ce phénomène
est peut-être lié au fait qu'en 1960, Libreville et Port-
Gentil sont les seules villes, ou communes de plein exercice,
.
,
dans lesquelles, se sont déroulées en 1957, des élections mu-
nicipales. C'est à partir de cette analyse que H.
Pion peut
parler du développement de l'opinion publique (2).
Dans cette maturation interviennent des éléments dont
on pressent l 'existence plus qu'on est en mesure de la mettre
en évidence; l'indépendance, bien qu'elle ait été obtenue
sans
affrontements armés et peut-être plus encore la sup-
pression de l a fédération de l'A. E. F., ont été des facteurs
de maturation d'une opinion publique. Ensuite, la population
a commencé à vivre dans l'attente d'un miracle économique
qu'elle concevait comme le prolongement d'un "miracle poli-
tique". Cette véritable inhibition de l'opinion a été ren-
forcée par le développement du phénomène de clientèles.
Le réveil de l'opinion est le fait de la jeunesse.
Les étudi ants expatri és,
pour conti nuer leurs études _ En
Europe, en Afrique et en Amérique-, échappent au système
politique qui régit leur pays. Par contre, ils sont sensi-
bilisés aux diverses idéologies socialistes, anti-impéria-
(1) H. Pion
op. cité p 165
(2) cf. p.53 du texte; organisation communale du Gabon; dans
laquelle LibreviHe et Port-Gentil sont êr i çëes e n CO[,I-
munes de plein exercice.
142.
listes, anti-hégémonistes,
oanafricaines ou
panègres et accessibles, il faut l'admettre à
toute forme
de pro pag/ and e, pré s um eau s e r vic e de l' une
é
0 u l' a ut r e
de ces idéologies. A partir de ces étudiants, l'efferves-
cence gagne la jeunesse restée au pays et plus particuliè-
rement dans les villes où le taux de scolarisation est plus
élevé, l'information plus facile, où les jeunes s'assem-
blent aisément en véritables classes d'âges, sans considé-
ration des appartenances ethniques. Leur influence se fait
à travers
les tr~cts, et les lettres, comme celle du Comité
exécutif du 19 mai 1973, (1)
de l'Association générale des
étudiants gabonais en France.
(A.G.E.G.).
Le Gabon voit donc se preclser un clivage nouveau
au niveau des générations. Alors que dans le cadre des struc-
tures traditionnelles, les IIAnciens ll bénéficient d'un pres-
tige incontesté, dans le cadre des structures importées. La
jeunesse passée par les établissements d'enseignement, se
sent à éga 1i té avec 1es "Anc i ens Il, voi re même avantagée -
sur le plan intellectuel - par rapport aux hommes mûris sous
1e j 0 ug colon i a f et pr i vé s des pré vil è ges, de l' i nst ru c t ion.
Le savoir prétend prendre le pas sur l'expérience.
En 1960, on ne peut encore parler de conflit de gene-
rations. Les adolescents, s'ils ont les moyens de s'expri-
mer n'en n'ont pas pour agir, leur mouvement étant lIostra-
cisé ll , du territoire national.
Il est vrai que certains
éléments, une fois revenus au pays, sont récupérés par le
système. Les autres, qu'on pourrait qualifier de "dur s ";
"d t t r r e duc t i bl e s :' , sont réduits de force au silence. Car,
suspectés, traqués et- soumis à de fréquentes vérifications.
d'identé et aux enqûêtes policières les plus draconiennes
Mais, que le temps passe, et les adolescents d'aujourd'hui
ayant en nombre important atteint l'âge d'homme, le con-
flit sera inévitable.
( 1 ) cf l'étudiant du Gabon, document n04 p10,11,12.
Il
s'agit d'une lettre de protestation au Président Bongo,
lors de 1a récepti on qu Ji 1 a offerte à 11 ambassade du
Gabon à Paris le 20 mai 1973.
NB cf annexe
143.
Portée et limites de l'Union Nationale
Concernant cette union nationale. l'attitude des
uns et des autres nous amène à poser deux questions : la
première est pourquoi ce changement d'institution alors
que la constitution de 1960 n'a pas été expérimentée? La
seconde c'est de savoir s'il y a eu une concertation sur
cep 0 i nt e nt rel e 1e a der de l'a ma j 0 rit é e t 1 1 0 PP0 s i t ion ?
ce1à semble en même temps évident et paradoxal. Le désir
de modifier la constitution peut s'expliquer à la lumière
de 1lévo~ution politique en France et dans d'autres pays
africains voisins ou amis. La France que beaucoup d'afri-
cains persistent à regarder comme un exemple à imiter s'est
donnée depuis 1958 ~es institutions qui ont rompu avec la
tradition du régime d'Assemblée. D'autre part. au moment
où le Gabon se donne une constitution de ce type. 1es(E~ats
diA f r i que 0 cci den ta 1e du gr 0 upe de 1~ Pn t e:nt.e-'.', Lac ôte
.
.
d'Ivoire en tête passaient du parlementarisme au présiden-
tarisme.
Cette
conversion
prenait
va-
leur d'exemple car. elle était complétée par le désir ex-
primé d'harmoni~er les systèmes politiques des quatre pays
du groupe de
1 'Ent e nte
étape vers le renforcement de leur
association.
On peut soupçonner le Gabon d'aspirer à une évolu-
tion identique en Afrique centrale. Son gouvernement a renou-
velé son opposition à toute forme de regroupement des Etats
en Afrique équatoriale qui se traduirait par un abandon de
tout ou partie de sa souveraineté (1):
"Ma t s , l'évolution des
institutions dans le pays de
l~Entente ne peut que séduire
le Premier Ministre gabonais. si mal à l'aise dans le cadre
constitutionnel de 1959. peu modifié en 1960 (2).
Si les
motifs de ce changement sont assez clairs du point de vue
du B.D.G .• un doute plane quant à l'adhésion sans réserve de
l'U.D.S.G. à cette politique. L'opposition est pourtant
(1) NB : Le Gabon a refusé de s'associer à l'Union des Ré-
publiques de l'Afrique centrale (U.R.A.C.) qui a vu
le jour à Fort-Lamy le 17 mai 1960
(2) H. Pion op. cité p.168
144.
informée de l'évolution préparée, le Premier Ministre, l'ayant
mentionnée à plusieurs reprises et notamment dans son discours
d'ouverture de la campagne électorale, radio-diffusée du 28
janvier 1961. "Il faut, au Gabon, un Président de la Répu-
blique, chef de l"Etat élu par le peuple et Chef GU gouver-
nement, qui apparaîtra à tous comme le Père de la partie ga-
bonaise, et le symbole de l'unité nationale"(2).
Pourtant, J.H. Aubame, qui s'est montré à maintes
reprises attaché à la prépondérance du pouvoir législatif, se
prête à l'entreprise et abandonne même la magtstrature suprême
à son rival.
Le désir de consolider, la jeune République ne
peut suffire à expliquer ce véritable sabordage politique; il
est également improbable, que l'U.D.S.G. se soit laissée
prendre au piège d'une prétendue politique de rapprochement
avec leurs anciens partenaires aéfiens, connaissant les sen-
timents d~ B.D.G.
Nous sommes tenus à nous interroger sur le contenu de
l'accord passé entre les dirigeants politiques. L'évolution
des institutions acceptée par le leader de l'opposition ne de-
vait-elle pas sauvegarder l'équilibre entre le gouvernement
et l'Assemblée? Le décret sur l'incompatibilité entre un man-
dat parlementaire et la fonction ministérielle, paru le 5 jan-
vier, incite à le penser, mais, c'est insuffisant pour acqué-
rir une certitude. De plus, si les candidats à la députation
se sont tous présentés sous la même bannière, les partis poli-
tiques n'ont pas été dissouts.
La liste unique a da être établie d'un commun accord
et il est logique de penser que l'argumentation d'effectif
de l'Assemblée ne cond~ne pas a priori les opposants de la
veille à une figuration silencieuse. Pourtant, on ~erçoit mal
les avantages obtenus par J.H. Aubame
et ses amis. Ont-ils cru
que l'Union nationale permettrait de gouverner le pays avec
(2) Président Léon MBA,
in recueil des discours, op cité p. 8
145.
une majorité élargie 1 Il .semb1e au contraire que pour
la B.D.G.
cette union a été conçue dès le départ comme
moyen d 'é1iminer 1 10pposition et une étape vers un régime
de parti unique. Le jeu laxiste - de 1 IU.D.S.G. dans ce
contexte politique, apparaît pour le moins décoccertant.
Pour conclure ce chapitre relatif a 1 lapprentis-
sage de 1 lindépendance, nous constatons qu'il y a un désé-
quilibre des pouvoirs. On remarque en effet, l'affaiblis-
sement du pouvoir législatif face, a un éxécutif renforcé. /
r
L'Assemblée ne participe plus a 1 'é1ection du Président
de la République. Elle conserve l t t nt t t a t t ve des las, mais
la partage avec celui-ci. Le domaine législatif ouvert a
l'Assemblée est encore restreint par le pouvoir réglemen-
taire du ~ehef de l'Etat (art. 37 et 41).Bien que les .dépu-
tés soient les élus du suffrage universel direct, le Chef
de l t Eta t
peu t pas s e r 0ut rel e ur volon t é par 1e r e cou r s
au référendum, tandis que ceux-ci ont de moins en moins
de moyens de contrôler l'action du gouvernement. Dès 1960,
le droit d 'interpe11ation était supprimé; en 1961, clest
le tour de la question orale avec débat, de la question de
confiance et de la motion de censure. Les moyens de con-
trôle conservés par les députés sont limités à la question
écrite, la question orale sans débat, la commission d'en-
quête (art. 50). A noter tout de même qu'en période d'état
de siège, l'Assemblée se réunit de plein droit et ne peut
être dissoute (art.33).
On peut remarquer encore que la compétence du tri-
bunal administratif en matière d'abus du pouvoir et de res-
ponsabilité de la puissance publique, nlest plus définie
par le texte constitutionnel comme en 1959 (titre VII)
Dans ce cas, on peut parler d'un avenir incertain, car,
en fait, la constitution adoptée par 1 'Assemb1ée Nationale
gabonaise le 21 février 1961, organise en droit un régime
146.
présidentiel. Elle est en fait, une condamnation du ré-
gime d'Assemblée expérimentée jusqu'alors. C'est sans au-
cu n do ute, une vic toi r e pou r leP rés ide nt Léon MBA, mai's ,
pour combien de temps?
Il est vrai que la solidité des institutions doit
favoriser la continuité. Dans le même souci, la durée du
mandat présidentiel a été prolongée ainsi que la durée de
sa réélection. ,D'ailleurs, le renforcement du pouvoir exé-
cutif rend impossible un conflit prolongé et paralysant
entre celui-ci et le pouvoir législatif. Comme dans la loi
française du 4 octobre 1958, la loi gabonaise fixe les li-
mites du pouvoir législatif. Tovs les domaines qui ne sont
pas déterminés par la constitution, relèvent du pouvoir
réglementaire du gouvernement. Nous sommes donc, a la fois
en présence d'un "parlementarisme réglementé et d'un prési-
dentialisme accentué" selon l'expression de P. Lampue (1).
Quoiqu'il en soit, il apparaît que dans ce type de
régime, l'opposition légale n'a guère de sens et toute am-
biguité disparaît avec l'organisation d'un parti unique
de gouvernement, dont les cadres seraient ainsi ceux de
la Nation. Au Gabon, ce n'est pas encore le cas. En 1961,
on est pas encore en présence d'un parti unique, mais
d'un regroupement des partis qui n'est pas structuré et
dont l'avenir est incertain.
Si l'Union nationale se maintient ou si l'évolution
vers le parti unique s'achève, le climat politique sera
serein. Par contre, si les partis reprennent a un moment
donné, leur liberté de manoeuvre, les discussions
réap-
paraîtront et dans le cadre institutionnel que nous venons
d'évoquer, on peut s'attendre à des lendemains redoutables.
Les événements de février 1964 entrent de ce fait dans le
droit fil de l'instabilité politique commencée en 1961 et
qui aboutit au dénouement tragique que l'on sait.
(~) P. ~ampue : les constitutions des Etats africains
d'expression française. Librairie de droit et
jurisprudence 1962 p 56.
147.
CHAPITRE III
LES ACCORDS DE COOPERATION
Les territoires devenus indépendants disposent du
droit de gérer librement leurs affaires. Aussi, le jeune
Etat souverain est libre d'échapper à l'influence de son
ancienne métropole. Mais, tout alignement sur la politique
ou les intérêts de la puissance dont on vient de rejeter
la domination.,. c'est la définition même de l'indépendance -
apparaît comme une trahison de la cause nationaliste et
se trouve immédiatement dénoncée comme une atteinte à la
réalité de l'indépendance.
Quelle attitude adopte le Gabon indépendant, vis-à-
vis de la France? C'est le thème de notre étude sur les
accords de coopération et de leur révision en 1974 (1).
"Notre coopération avec le Gabon, particulièrement
àctive, était jusqu'alors, régie par les accords signés à
Libreville en 1960, le jour même de l'indépendance (2).
Ces accords, comme tous ceux conclus avec les autres
Etats
africains et malgache, portent sur des objets très variés.
Ils sont au nombre de 12, et concernent la politique étran-
gère, la défense, et l t a s s t s t a nc e militaire technique, les
matières premières et produits stratégiques, les questions
monétaires, économiques et financières, la marine marchan-
de, l'aviation civile, l'enseignement supérieur et le droit
d'établissement.
Ils ont été complétés au fil des années
notamment par une convention en matière pouanière en 1962,
par une convention d'aide judiciaire en 1964, par une con-
vention fiscale en 1966 et par un accord cadre pour l'en-
seignement supérieur en 1971. Quant à l laide en personnel
(1) NB : Les accords de coopération signés en 1960, ont
été révisés en 1974.
( 2 ) cf assemblée nationale française, première session or-
dinaire 1975/76. Rapport sur la convention relative au
concours en personnel apporté par la République fran-
çaise à la République gabonaise, ensemble, son annexe
et son protocole annexe signés le 22 février
1-974 à
Paris p. 5
148.
apportée par la France, elle se trouvait regle depuis 1959
par une convention relative au concours apporté par la
France au fonctionnement des services publics gabonais.
L'évolution du pays, rendait nécessaire une actua-
lisation de ces accords. C'est dans cet esprit que le Ga-
bon a expréssément demandé leur "adaptation" en novembre
1972. Les négociations pour cette ada pt a tt om devenue en-
suite "aménagement" puis enfin " révision ont duré jusqu'au
12 février 1974. Un certain nombre d'accords ont été si-
gnés à cette date, à l'ambassade du Gabon à Pari s , le
Gabon étant ainsi le quatrième Etat d'Afrique
noire après,
Madagascar, 'la République islamique de Mauritanie
et la
République populaire du Congo à conclure de nouveaux ac-
cords de coopération avec la France.
Les accords de 1960 sont pour la plus grande par-
tie, bilatéraux, le Gabon s'étant refusé à négocier ses
accords avec la France, de concert avec les autres Etats
de l'anoienne A.E.F. bien que par la suite, il rejoint
ces derniers pour certains accords notamment l'accord de
Dé f en se, sig née nt rel a Fra ncee t les au t r e sEt at s de
l'ancienne A.E.F., auquel le Gabon a décidé de se joindre
par un protocole signé à Bangui le 20 juin 1960 et l'ac-
cord sur l'Enseignement· supérieur signé entre la France
et les mêmes
Etats et qui a vu l'adhésion du Gabon le 12
décembre 1961. Compte tenu de la diversité des accords
conclus entre la France et le Gabon en 1960, il n'est pas
nécessaire pour l'analyse de les disséquer en menu, mais,
pour les besoins de l'exposé, on peut les regrouper en
quatre ou cinq grandes rubriques: à savoir le domaine
politique, culturel, économique, et technique.
1 -
Les accords diplomatigues
Ils constituent le premier volet
des accords de
149.
coopération franco-gabonaise signés le 17 août 1960. Il
faut retenir également que tous ces accords ont été négo-
ciés avant l'indépendance du Gabon, donc la signature du
17
août 1960 nia été qu'une simple formalité. Mme NTSAME
a parlé IId'accords dirigés, tmp os s " etc ... (1) par l'an-
ë
cienne métropole et si les jeunes Etats souverains ont ef-
fectivement maintenu des rapports préviligiés avec leur
ancienne métropole, on pourra conclure que l'indépendance
nia pas été autre chose qu'une étape dans la voie du re1â-
,
chement et de l'assouplissement des liens qui subsistent à
l lintérieur des anciens empires coloniaux et
qui assurent
encore, sous une forme nouvelle, des moyens d'influence
appréciables aux vieilles métropoles eur cp e nne s j g j , Ces
ë
v
accords présentent donc deux séries de dispos{tions, qui
constituent la base, des relations prévilégiées et une poli-
,
tique extérieure concer-tees .entre les deux pays. liA plus
forte raison dans les cas où la séparation est intervenue
à l'amiable,
i l est normal que les deux
Etats aient cherché
à régler par voie d'accord,
la liquidation
du passé et
lia mé na ge men t den 0 uveau x ra pp0 r t s Il ( 3 ). C' est ce que l a
France et le Gabon ont tenu à respecter.
En mat i ère de pol i t i (. ue é t ra ngère lia r t . 1 de l' a c-
cord stipule que Ille J1 r' és i de nt de la République Française,
Président de la Communaœté, accrédite auprès de la Répu-
blique gabonaise, un haut représentant. Ce haut représen-
tant a rang et prérogatives d'ambassadeur. Il est le doyen
du corps diplomatique au Gabon. La République gabonaise,
accrédité auprès de la République Française, un haut repré-
sentant qui a rang et prérogatives d'ambassadeur. Il lui est
réservé une place prévilégiée parmi les envoyés diplomati-
ques à Paris.
----------------------------------
( 1) R. NTSAM E
0 P.12.
58
(2) Les nouveaux Etats dans les Relations Internationales
cahiers de la Fondation Nationale des Sciences
politi-
que s sou s lad; r e c t ion de J. B. 0uroselle
Armant Colin - 1962 n0121 p 164
(3) idem.p 166
150.
La République Française assure à la demande de
la République Gabonaise sa représentation auprès des Etats
et des organisations internationales où la République Ga-
bonaise n'a pas de représentants propres. Dans ce cas, les
agents diplomatiques et consulaires et les délégations
françaises agissent conformément aux directives du gouver-
nement gabonais, transmises par l'intermédiaire du gou-
vernement français (art.3). Le dit article démontre comme
si
besoin était qu'une harmonisation de politique étran-
gère est conduite par les deux pays signataires car, com-
ment s'imaginer que les agents, diplomatiques français
représentnant le Gabon à l'extérieur suivent les directives
données par ce dernier, si ces directives ne sont pas con-
formes à la politique voulue par la France dans le domaine
concerné. Avouons que c'est une utopie, et que la position
du Gabon est comparable à celle d'une néo-colonie où la
survivance
du système colonial en dépit de l'indépendance
formelle n'est plus ~ démontrer. La remarque de M. Modibo
Keita est assez
pertinente
dans ce sens quant il déclare
que le "néo-colonialisme, c t e st quand un pays indépendant
est géré indirectement par son ancienne métropole par le
truchement des traîtres qu'elle a hissés au pouvoirs"(I).
L'article 4 ne fait que confirmer cette ambiguïté:
le gouvernement de la République Française et le gouverne-
ment de la République Gabonaise se tiennent mutuellement
informés et se consultent au sujet des problèmes de poli-
tique étrangère. Afin de confronter les points de vue et
de rechercher avant toute décision importante, une harmo-
nisation de leurs positions et de leur action, ils se con-
certent de manière régulière, notamment au sein de la con-
férence des chefs d l E'ta ts et de gouvernements, ainsi que
dans les réunions périodiques des chefs d'Etats et de
gouvernements ou des Ministres des Affaires étrangères.
(I)Cf inKIZERBO(J) op cité p 652
151.
Dans le même ordre d'idées, les délégués des par-
ties contractantes se concertent avant toute négociation
ou conférence technique internationale intéressant la
République Française et la République Gabonaise.
Il est évident que les dispositions contenues dans
les articles 1,4 sont plutôt à l'avantage de la France. Le
haut représentant de la France au Gabon est le doyen du
corps diplomatique. Nous n'oserons pas dire qu'il rappelle
curieusement l'ancien gouverneur ou le chef du territoire
qui l'a précédé mais, dans la pratique, on peut constater
qulil est très écouté. Ce dernier n'est pas forcément un
homme trop âgé, pa~ contre, il est longtemps maintenu à
son poste (1).
Ainsi, dans le cadre dé l 'harmonisation des poli-
tiques étrangères comment imaginer que le colonisateur et
maître d'hier, la France change sa ligne politique exté-
rieure quand ~elle-ci n'est pas
de concert avec celle du
Gabon, le contraire semble plutêt pensable, voire, vrai.
En signant les accords de coopération dans le do-
maine diplomatique précédemment réservé aux tompétences
communes. La France entendait maintenir autant que possible
au lendemain de l'indépendance, l'unité de conception vOire
dlaction
en matière diplomati~ue avec le Gabon. Par
ailleurs, l'appui inconditionnel des nouveaux Etats sou-
verains dont le Gabon, lui permettrait de jouer sur la
scène internationale, un rôle d'une importance accrue.
Mais, aussi un accord étant toujours conclu sur la base
des prestations réciproques, l'accord diplomatique lCl
visé n'échappe pas à la règle commune. Le Gabon y trouve
aussi son compte, si minime soit-il, car, par llaccord,
il peut bénéficier de l'appui de la diplomatie française,
(1) NB : Maurice OELAUNAY,ex-ambassadeur
de France au Ga-
bon y a séjourné de 1964 à 1973 et de 1975 à 1979.
Actuellement, il y est encore, comme P.O.G. de la
COMUF à Franceville.
152.
même à un moindre degré, mais surtout de l'aide technique
et financière de l'ancienne métropole, les moyens en ar-
gent et en homme dont-il dispose ne lui permettent pas
deS a t i s fa ire les e xi ge nces des 0 n s t a tut d ' Eta t sou ve -
rain. En effet, le France pose clairement le problème de
son assistance à travers les accords diplomatiques. Cette
assistance revêt deux formes :
2 - L'Assistance diplomatique française au service du Gabon
La France appuiera la candidature du Gabon à l'or-
ganisation des Nations Unies et aux institutions spécia-
lisées qui en dépendent (art 7). La France assure à la
demande du Gabon sa représentation auprès des Etats et
des organisations internationales où la République Gabon-
aise n'a pas de représentation propre. Aussi, la France
offre son assistance technique au Gabon pour la formation
de ses services diplomatiques propres. Cette assistance
technique se caractérise par l'envoi du
pe r so nne l diploma-
tique au Gabon et par la formation d'un personnel diploma-
tique gabonais par la France (art. 3 alinéa 4, art.5).
C'est là une source d1influence directe. On peut toutefois
aussi penser que l'alignement du Gabon sur la politique
extérieure de la France est chose faite. Faute de document
nous ne pouvons malheureusement l'affirmer.
A - L'accord de défense
---~---------------
Cet accord conclu en 1960 comme tous les autres,
est assorti de trois annexes qui, conformément à son
article 6, définissent les modalités de son application.
- L'accord et ses anneKes
Le grand principe de l'accord réside dans l'appel
que le Gabon peut faire aux forces armées françaises,
dans certaines conditions pour assurer sa défense inté-
153.
rieure. "Considérant que si la défense tant intérieure
qu'extérieure du Gabon, dépend de la seule République
Gabonaise. Celle-ci peut avec l'accord de la République
Française, faire appel aux forces armées françaises pour
sa défense intérieure ou extérieure. L'article 3 stipule
que si la République Gabonaise a la responsabilité de sa
défense intérieure, elle peut demander a la République
Française une aide dans les conditbns définies par les ac-
cords spéciaux. .ce s accords spéciaux restent secrets et
l t a c cë s paraît-il, y est très difficile. L'analyse des
accords de défense, nous montrera leur ambiguïté. Le Gabon
est tenu a contribuer a la défense de la Communauté
dans
le cadre de sa participation (art.l,3 al 2) et art.4.
Quant a l'article 2, il fait état d'un comité de
défense paritaire et permanent, chargé de préparer le plan
de coopération entre la République Française et la Républi-
que Gabonaise, notamment dans le cadre de la défense ex-
térieure. L'aide française au Gabon pour la constitution
de ses forces armées nationales est prévue dàns l'article 5.
Dans l'annexe l, on note l'aide et les facilités mutuelles
en matière de défense commune que les forces armées fran-
çaises en vertu des articles 2,3, 4,5 de tous les moyens,
installations, facilités possibles et inimaginables sur
le territoire gabonais. L'article 2 précise par ailleurs,
que les forces armées françaises ont en outre la liberté
d'utiliser l'infrastructure portuaire, maritime et fluviale
routière, ferroviaire et aérienne. Elles ont le droit de
circuler librement dans l'espace aérien et dans les eaux
territoriales de la République Gabonaise. Elles ont la facul-
té d'installer et de faire usage des balisages nécessaires
sur le territoire et dans les eaux territoriales de la
République Gabonaise.
154.
Mais, dans l'annexe I de l'accord de défense, les
articles ne prévoient pas les mêmes facilités pour le Gabon
sur le territoire français. Aucune disposition semblable
n'est contenue dans le texte, ceci ne peut que montrer le
caractère inégal des rapports franco-gabonais dans ce domai-
ne comme dans d'autres. Force est de reconnaitre que les
deux partenaires sont dans une situation inégale au départ,
car, la France, dispose d'une armée nationale solide, habi-
tuée aux dures épreuves, alors que le Gabon ne possède
qu' une a r mée ria fi 0 na l e à l' é ta t de gest a t ion. L' évol ut ion
des relations franco-gabonaises à partir de la révision
des accords en 1974, peut-être nous amènera à y voir plus
cl air. En prenant le texte de l'annexe à la lettre, on a
l'impression d'une coopération à sens unique et on peut se
poser la question sur la ~arche de manoeuvre dont dispose
le Gabon à l'égard de la France. C'est naturellement, cette
attitude qui amène certains observateurs à considérer le
Gabon comme la "Ch a s s e gardée" ou la "province pétrolière" de
la France.
Quant à l'annexe II relative à l'assistance mili-
taire technique entre les deux pays, les dispositions de
l'article 2 alinéa 1 et de l'article 4 sont particulièrement
remarquables. Il est dit que la République Gabonaise en con-
sidération du concours que lui apporte la République Fran-
çaise et en vue d'assurer la
sTandardisation des armements
s'engage à faire appel exclusivement à la France pour l'en-
tretien et le renouvellement de son matériel. L'article 4
de son côté souligne que la Rêp ub l que Gabonaise pour la
formation des cadres de son armée fera appel à la France.
La République Gabonaise s'engage en retour à ne
faire appel qU'à la République Française pour la formation
de ses cadres. Est-il besoin de démontrer la dépendance du
Gabon vis-à-vis de la France? On pourrait bien sûr, conce-
voir que conformément à l'article 5 de l'accord 'de défense
la France 3pporte son concours au Gabon dans le domaine de
l'équipement en matériel et dans la formation de ses cadres.
155.
Pour l'observateur non avisé que nous sommes en matière de
défense. Nous constatons simplement que malgré l'octroi de
l'indépendance, la France veut garder sous son obédiance
et son contrôle, son ancienne colonie (1).
L'annexe II confirme s i l en est besoin l'inégalité
des rapports déjà signalés dans l'annexe 1. Quant à l'an-
nexe III, relative au statut du personnel des forces armées
françaises sur l€
territoire gabonais, elle donne compétence
aux juridictions militaires françaises pour les infractions
imputées à un membre des forces armées françaises lorsqu~ -
elles auront été commises à l'intérieur des bases et instal-
lations de ces forces, et lorsque l'auteur de l'infraction
en dehors des bases est en service (art.1). L'article 7
rend l'Etat .. français civi lement responsable des fautes
commises par les militaires français dans les services, dans
les mêmes conditions. L'Etat
gabonais est civilement res-
ponsable des fautes commises par les militaires gabonais
dans l'exercice de leur fonction.
Les membres des forces
armées françaises et leurs personnes à charge sont imposés
par la France.
Il n'est pas utile d'examiner en détail l'applica-
t ion des a c cor ds d.e dé f en se. La pra t i que, et l' 0 bs e r vat ion
empirique, montrent que dans l'ensemble, ces accords on été
appliqués. Le Gabon reçoit de la France, une aide militaire
que tout un chacun est libre de juger comme il l'entend.
Nous y reviendrons dans le chapitre relatif à la présence
française.
Les nationaux gabonais sont accueillis dans les
écoles militaires françaises pour y suivre une formation
en application des dispositions contenues dans l'annexe 1.
(1) NB Les événements de févri er
1964, confi rmeront cette
attitude parternaliste de la France à l'égard du Gabon.
156.
Il existe un camp militaire IICharles de Gaulle ll français
à Libreville. Cependant, pour avoir crée une controverse
autour de leur application, les dispositions de l'article
3 de l'accord de défense. méritent que
lion s 'y attarde
un peu. Le libellé de l'article 3 reconnaît que la "Rèpu-
blique Gabonaise a la responsabilité de sa défense interne.
Elle peut demander à la République Française une aide, dans
les conditions définies par les accords spéciaux. En vertu
de cet article" le Gabon, à la suite du putsch militaire
du lB février 1964, a fait appel aux troupes militaires
françaises pour l'aider à r t ab l i r l'ordre "pub l i c ". Cette
ë
intervention française a suscité tellement de controverses
dans la presse et l'opinion internationales que, tant du
côté gabonais que du côté fran~ais, on a senti la nécessité
voire, l'obligation de se justifier. Officiellement, du
côté gabonais, comme celui du gouvernement français, on
adopte l'explication donnée par le Vice-Président Yembit le
19 février à 21 heures au cours d'une allocution radio -
diffusée: ... IIVOUS savez les circonstances dans lesquelles
une minuterie a éclaté à Libreville le 17 février. Les mu~
tins se sont assurés de la personne du Président Léon MBA.
De van t une tel les i tua t ion don t j' a i été pré ven u à
Nd en dé.
le 18 février au soir, et en vertu des pouvoirs que la cons-
titution me donne dans de pareilles circonstances, j'ai
fait appel au soutien des forces françaises pour le réta-
b1i s seme nt de l 1 0 r dr e e t pou ras sur e r 1e r es pe c t de l a l é-
q a l i t
Cette version des faits donnés par M. Yembit a
ê
" .
été généralement contestée. Il aurait agi suivant les di-
rectives de l'assistance technique française ( au Gabon)
ou plus simplement entérinée et couverte par son autorité
politique, une action décidéeunilatéralement par celle-
ci.
(1).
(1) NB : Pour les détails de la démarche de Yembit, voir
le
journal minute en annexe.
157.
Mais, si on admet la version des faits, on doit re-
marquer que le fait constitutionnel de la démarche de M.
Yembit, en admettant qu'elle ait eu lieu, n'est pas soli-
dement établi. En effet, le Vice-Président fonde son droit
sur l'article 9 de la constitution qui prévoit que les fonc-
tions du Président de la République seront provisoirement
exercées par un Vice-Président du gouvernement, en cas
d'intérim ou d'empêchement temporaire. Mais, l'article pré-
cise: lIà l'exclusion des pouvoirs prévus par les articles
16,17 et 19 11 • Or, ce dernier nous semble seul être de
nature à fonder légalement le recours à l'aide militaire
d'une puissance étrangère. Encore que les dispositions de
l'article prévoient la consultation préalable du, Président
de l'Assemblée Nationale, formalité à laquelle M. Yembit
nia pu satisfaire.(2). Finalement,la constitution ne lui
donnait pas d'autre possibilité que de proclamer l'état
de siège ou l'état d'alerte (art.8). Il est d'ailleurs re-
marquable que dans la justification qu'il donne de l t app e l
aux forces françaises, il ne pr c i se pas - par ignorance ou
ë
par omission - comme l 'usage, le veut, les articles de la
constitution qui fondent la légalité de sa décision. Par
ailleurs, et malheureusement, dans les empêchements du
Président, on avait pas prévu le cas du 18 février.
Du côté français, la justification de l'interven-
tion de leur troupes au Gabon était rendue nécessaire par
la non-intervention de la France dans les autres pays fran-
cophones, d'Afrique noire, où des coups d'Etat
avaient eu
lieu auparavant, alors que des accords comparables exis-
taient également entre ces pays et la France. Il s'agit
notamment du Sénégal, 16 décembre 1962, du Togo 13 janvier
1963, du Congo Brazzaville, 13 août 1963, du Dahomey, en
octobre 1963.
(1) . NB : Compte tenu des circonstances qui ont amené le coup
.: d ' Et a t ,
i l nie s t pas sûr que leP rés ide nt de l' As semblé e
Nationale
. aurait accepté l'intervention française. Il
est par contre probable qu'il aurait cherché une solu-
tion de réglement interne du conflit.
158.
La déclaration officielle du gouvernement français
sur li-intervention de ses troupes au Gabon, le 26 février (1)
est
orientée dans ce sens. Il y est affirmé notamment que
les accords passés entre la France et les Etats africains,
nlont pas cessé d'être appliqués et que si la France nlest
pas intervenue au Togo, c'est qu'aucun accord n'était signé.
Quant au Dahomey et au Congo, le ~linistre de l'information
fait observer que les Présidents de ces pays ont eux-mêmes
signé leur démission. A ce propos, Léon MBA avait aussi si-
çné et lu à la radio sa démission.
Il est évident que les justifications officielles
ne peuvent constituer les véritables raisons de l'interven-
tion militaire française au Gabon. Nous serons plutOt enclin
à croire que
la France ayant ses intérêts économiques par-
ticulièrement importants au Gabon, elle les sentait menacés
pa r un éventuel changement de l'équipe qui' ne lui était pas
fôvorable, aussi a-t-elle préféré voler au secours de Léon
~~A, et chemin faisant, protéger ses intérêts.
Nous pensons que le problème des interventions fran-
çaises en Afrique noire depuis 1964, est très grave. Il
soulève en fait de nombreuses questions dont, entre autres,
celle de l'immixtion
de la France, par la force dans les
affaires intérieures des Etats
par le maintien d'hommes
et de régimes impopulaires, et ce, dans le mépris des popu-
lations concernées.
3- L'accord de coopération pour les matières premières et
Produits stratégiques concernés
Malgré sa briéveté (7 articles), cet accord est de
très grande importance. La République Française et la Répu-
blique Gabonaise s'engagent respectivement-à~uivre une
(1) cf Le monde 28 février 1964 et jeune Afrique n° 172
24 février 1964.
159.
politique concertée des matières premleres stratégiques
(art. 1,2,3).Ellesge consultent régulièrement sur leur
politique dans ce domaine, se tiennent mutuellement in-
formés des mesures généralesqu'elle~ se proposent de pren-
dre en ce qui concerne la recherche, l'exploitation et le
commerce extérieur de ces matières premières et des pro-
duits stratégiques. L'article 4 dit que la République
Gabonaise facilite au profit des forces armées françaises
le stockage des matières et produits stratégiques. Lorsque
les intérêts de la défense l'exigent, elle limite ou in-
terdit leur exportation à destination d'autres pays. L'ar-
ticle 5, mentionne que la République Française est tenue
informée des programmes et projets concernant l'exporta-
tion hors du territoire de la République Gabonaise, des
matières et produits stratégiques, de deuxième catégorie,
énumérés, notamment l'uranium et ses composés. Concernant
les mêmès produits stratégiques, le Gabon assure la priori-
té aupr~s d'elle.
Au terme de cet accord, nous ne pouvons manquer
de constater que nous nous trouvons exactement dans la
. même situation que celle créée par l'accord de défense.
La France a la priorité exclusive des matières stratégi-
ques gabonaises et en contre partie, qu'offpe-t-elle au
Gabon? Oans la pratique, le Gabon s'étant rendu compte
semble-t-il de l'exploitation dont il était l 'objet depuis
longtemps (1) a voulu faire preuve de son émancipation à
l'égard de la France.
Sursaut d'orgueil ou concours de cir-
constance? en décidant d'augmenter le prix de son ura-
nium. Mais, lié à la France par des accords sur les matiè-
res premières et pro~uits stratégiques, les deux parte-
naires ont dû négocier pour fixer le prix actuel. Ceci, ne
peut qu'apporter un élément de preuve de plus de la subor-
dination du Gabon à la France, malgré les déclarations
(1) NB : jusqu'en 1973, la France payait l'uranium gabonais
cinq fois moins cher que les cours mondiaux: 20 FF
au lieu de 100 FF cf le journal les échos, 28 novembre
1973
160.
officielles des autorités gabonaises à ce sujet.
On serait tenté de croire avec un orateur au Parlé·
ment français lors de la discussion sur les accords Ge
coopération, qu'en "position d'infériorité, les Etats afri-
cains dont le Gabon, étaient tenus d1accepter comme contre
partie des transferts de compétences, des accords de coopé-
ration et de défense qui, en fait, leur étaient imposés ...
Car, on a rarement vu des accords internationaux (à part les
r
traités de paix) qui ne contiennent des dispositions favo-
rables qu'à une seule des parties contractantes" (1).
Il est
important de rappeler que la politique
étrangère et la défense, constituent en relations interna-
tioÎla1es~ les attributs essentiels de la souveraineté d'un
Etat.
Nous avons vu par le contenu des accords de coopéra-
tion, dans ces matières essentiellement politiques, les
liens étroits qui unissent le Gabon à la France. Ils révè-
lent que l'accession à l'indépendance est presque toujours
suivie ou accompagnée d'une tentative pour établir sur une
bas e pré vil égi é e 1es ra pp0 r t s du nouve 1 Eta t
a ve c lia nci en-
ne. Mais, ce fait n'est ni original, ni nouveau.
L1accord économique franco-gabonais est un accord
bilatéral, contrairement aux accords quadripartite et bila-
téral passés entre la France et les trois autres
Etats de
l'Afrique centrale et l'union monétaire de l'Ouest-africain.
~
Cet accord se distingue également du dernier cite en ce
sens qu'il ne fait aucune référence à une durée de validité
de cinq ans renouvelable ,tant en ce qui concerne l t a t de finan-
cière française que le régime préférentiel réciproque
(1)
M. R. NTSAME op. C. P. 42
161.
en matières d'échanges.
Il semble que pour les Etats
de la
Il
C0 mmu na uté IIr é nové e Il, don t fa i t par t i e l e Ga bon, cet a c -
cora soit permanent.
Dans l'article 3, alinéa 2, il est fait mention des
dispositions rappelant le principe des compétences nationa-
les exclusives du Gabon.
Il est évident que le Gabon reste
jaloux de son indépendance nouvellement acquise, mais, dans
le même temps, Te Gabon déclare vouloir poursuivre son dé-
veloppement en étroite association avec les Etats
africains
de l'Afrique centrale, et en collaboration avec les pays
de la zone franc, (art 1). La République Gabonaise est prête
à coopérer avec les autres Etats. membres de la zone franc
(art.3). Ces dispositions entraînent forcément une limita-
tion de sa liberté'd'action dans le domaine faisant l'objet
de la réglementation commune. Et l'accord passé avec les
autres pays de la zone franc, a valeur de traité interna-
t ion a l pu i s qu' i les t con c l u par les Etats
sou ver ai ns. L' art i -
L'article 2 stipule que la France s'engage à continuer à
apporter à la République Gabonaise l'aide matérielle et
culturelle, qui lui est nécessaire pour réaliser les objec-
tifs de progrès
économique et social qu'elle s'est fixés.
Le principe de l laide de la France au Gabon est posé, dans
le titre II de l'accord les domaines et les formes de cette
aide sont
définis::' et l'article Il dispose que les modalités
1
et les montants des aides consentis feront l'objet des
conventions négociées entre les deux parties.
Les alinéas 2 et 3 de l'article 3 posent les deux
principes fondamentaux et organisent la coopération en
matière économique, monétaire et financière au sein de la
zone franc.
Le premier principe contient le rappel du prin-
cipe de compétences nationales exclusives de chaque
Etat.
Le deuxième principe porte sur l'acceptation par chaque
Etat
membre dlune coordination IIde leurs politiques com-
162.
merciales et financières externes au sein d'organismes
communs de façon à s'entraider et à promouvoir le dévelop-
pement économique le plus rapide de chacun d'entre eux."
Entre le Gabon et
la France, l'instrument de cette
coopération est la commission mixte paritaire franco-
gabonaise. Cette commission se réunit au moins une fois
par trimestre. Dans l'intervalle, elle peut être convo-
quée à la demande de l'une ou l'autre des parties. Cette
commission connaît l'ensemble des problèmes de coopération
économique, monétaire et financière ( art.6). Les pouvoirs
de cette commission sont seulement con~ltatifs (art.7).
Les accords contenus dans les titres III, IV, organisent
la coopération au double point de vue des échanges et de
la monnaie.
Les échanges
L'article 12 de l'accord reconnaît à la République
Ga bonais e, Etat
sou ver a in, " l e droi t den ég0 cie r et de
signer avec tout pays, membre ou non de la zone franc,
ainsi qu'avec tous les organismes internatinaux, des ac-
cords, des traités de commerce, des conventions douanières
et des accords financiers." En vertu du même article, la
République Gabonaise est maîtresse de sa politique contin-
gentaire et tarifaire. Toutefois, l'article 13 précise
que la "République Française et la République Gabonaise
conviennent de maintenir leurs relations commerciales dans
le cadre d'un régime préférentiel r c i pr oque ". Ce régime
ê
préférentiel est basé :
- sur la libre circulation et la franchise douanière avec
la réserve que les nécessités du développement de la
République Gabonaise peuvent motiver des exceptions con-
certées en commission franco-gabonaise (art 14 alinéa 2).
163.
- Sur des débouchés prévilégiés consentis de part et d'au-
tre pour les principaux produits et marchandises, sous la
forme notamment de contingents et de prix garantis (art 14)
- Sur la coordination des politiques commerciales à l'égard
des pays tiers, en vue d'assurer le maintien du régime pré-
férentiel réciproque et l'utilisation judicieuse des res-
sources diverses de la zone franc, notamment à l'occasion
de l'établissement de leurs accords internationaux, au sein
de lac0 mmis s ion mi xte (a r t 13 ). L' art i c leI 5 dis pose. que
IItoutes les recettes et dépenses de la République Gabonaise
sur les pays extérieurs de la zone franc, sont exécutées
par cession-achat de devises étrangères, sur le marché des
échanges de la zone franc. Dans ce but, on compte en dollars
monnaie de compte courant intitulé: "Ga bo n , droit de tira-
ge ll est ouvert dans les écritures du fonds de stabilisation
des changes. Ce compte est crédité de la contrevaleur des
recettes en devises et des dons et prêts en devises que la
République Gabonaise obtiendrait des pays tiers ou d'orga-
nismes internationaux (art 17). On ne peut manquer de noter
ici, la centralisation des relations financières au niveau
de Paris, pourtant, l'article 12 de l'accord reconnaît au
Gabon, "Et a t s ouve r a i n? , le droit de négocier et de signer
avec tout pays membre ou non de la zone franc ainsi qu'avec
tous organismes internationaux, des accords et des traités
de commerce, conventions douanières et accords financiers.
Par ailleurs, le Gabon s'engage à rendre applicable
sur son territoire, la réglementation des changes de la
zone franc.
Sous réserve d'éventuels aménagements concertés
(art 16). Cette disposition est d'une importance, qu'on ne
peut manquer de souligner dans la mesure où la réglementation
uniforme a trait, aux matières dont dépend dans une large
mesure, la vie économique du pays. En conclusion, ce qui
164.
ressort
des accords conclus dans le domaine des échanges,
c lest le caractère contraignant
pour le Gabon de son ap-
partenance à la zone franc et celà, principalement dans ses
rapports avec le pays en dehors de la zone. La France exerce
sans doute à son profit un contrôle rigoureux, sur toutes
les transactions commerciales du Gabon. On ne peut une fois
de plus, manquer de noter le caractère inégal de la coopéra-
tion.
B - Le doma i.ne monétaire
Les accords franco-gabonais dans ce sens intéressent deux
types de ~uestions. L'appartenance à la zone franc et la mon-
naie, proprement dite.
Dans ce domaine, les accords de co-
opération maintiennent le régime monétaire antérieur, carac-
térisé par une zone monétaire commune aux
Etats de l'Afrique
équatoriale et le Cameroun. Par l t a r t i c l a 22, la République
Gabonaise déclare maintenir son appartenance à la zone franc
reconnaît, comme. monnaie légale ayant
pouvoir
libératoire
sur toute llétendue de son territoire, le franc C.F.A. émis
par la Banque Centrale des Etats
de l'Afrique équatoriale
et du Cameroun. Toutefois, comme le Camerouc, le Gabon se-
réserve le droit de créer une monnaie nationale et son pro-
pre institut dlémission (art 21). Deux dispositions ne sont
pas explicitement précisées dans les accords, mais, elles
sont en fait des conséquences de l'appartenance du Gabon
à la zone franc, concernant la monnaie.
Il s'agit de la
parité entre le franc C.F.A. et le franc français. Une zone
monétaire se définissant entre autres, une parité fixe entre
le franc C.F.A.et le franc français, or, contrairement aux
règles
du front monétaire international
(F.M.I.), le franc
C.F.A., nlest pas défini en terme d t o r mais uniquement par
référence au franc français. Il résulte qu'en cas de dévalua-
tion du franc français, le franc C.F.A. se trouverait
165.
automatiquement dévalué. Certes, l'article 24 de l'accord
prévoit que "toute modification apportée a la parité en-
tre l'unité monétaire utilisée au Gabon et le franc
francçais ne s'effectuerait qu'après accord entre les
parties".
Le gouvernement de la République Française
consultera le gouvernement de la République Gabonaise
dans le cadre des études pouvant être effectuées préa-
lablement a toutes modifications éventuelles du rapport-
entre le franc et les monnaies étrangères et négociera
avec lui, les mesures propres a sauvegarder les intérêts
légitimes de la République Gabonaise. L'accord prévoit
même, les modalités de la dénonciation de l'accord et du
retrait de la zone franc (art 23). Mais, malgré toutes
ces dispositions et les dévaluations du franc, qu'il
subit'sans consultation, ni concertation, le Gabon se
maintien dans la zone franc. Comment l'expliquer? L'exem-
ple du Mali lui a peut-être enlevé tout désir de le faire,
en lui montrant la situation précaire d'une monnaie in-
dépendante d~ franc français, dans les conditions actuel-
les de l'Afrique.
La deuxième disposition, - non explicitée dans
les accords - qui relève de l'appartenance a la zone
franc, est la liberté des transferts financiers a l'in-
térieur de la zone.
Il faut dire que cette situation est
pour le moins préoccupante pour le développement écono-
mique du Gabon, car, elle entraine la fuite des capitaux
nécessaires au financement du développement économique.
Ajoutez a cela ce que nous avons déja souligné, a savoir
le caractère restrictif des échanges commerciaux et finan-
ciers avec l'étranger, du fait des opérations de change o-
bligatoirement effectuées a Paris, alors que la convertibi-
lité entre le franc C.F.A. et le franc français est
illimitée. La caractère inégal de l'accord dans ce domaine
166.
aussi~ ne peut manquer de nous apparaitre, et pour bien
le comprendre et en saisir l'origine, il n'est pas inu-
tile de rappeler certains faits historiques.
En effet, la zone franc existe bien avant 1960,
elle recouvre à peu près les mêmes territoires de l'Union
Française et son mécanisme à c e t t e époque était sensible ,
homogène. Sur le plan technique, les réglements entre les
Etats
me mbr es de l a z0 ne é t aie nt réa lis é spa r l e ca na l
des comptes d'opérations du trésor, mécanisme qui assurait
la convertibilité des monnaies internes de la zone franc.
Quant aux relations financières, avec l'étranger, elles
relevaient des instances centrales de la zone franc et les
réglements étaient effectués soit dans le cadre des accords
de paiements, soit par cession des devises fournies par le
fonds de stabilisation des changes. Qu'est-ce-qui a changé
avec l'indépendance? On ne peut que constater que les
accords de coopération conclus par chaque Etat
avec la
France, sur un~ base nouvelle, n'ont fait que reprendre
les dispositions en vigueur avant l'indépendance, puisque
les liens dans la zone franc sont
devenus contractuels
alors qu'ils étaient institutionnels dans l'Union fran-
çaise. En dehors de l'accord général dans le domaine écono-
mique, le Gabon et la France, ont signé d'autres accords,
à caractère économique, notamment l'accord de coopération
en matière d'aviation civile. Le principe de ces deux
accords réside dans la concertation en vue d'une harmoni-
sation de leur politique respective dans ces domaines.
Ces accords contiennent également des dispositions concer-
nant l'aide et l'assistance technique française. En ce
qui concerne la marine marchande l'article 2 de l'accord
prévoit un même traitement dans l'tin et' l'autre Etat
si-
gnataire de l'accord des navires de pêche.
167.
Après les accords politiques et économiques, que
disent ceux ayant trait au domaine culturel?
C - Le domaine culturel
-------------------
Les accords culturels portent essentiellement sur
l'enseignement supérieur, comme son titre l'indique.
"a c cor d de coopération en matière d'Enseignement
s upê r i e ur ".
Et, contrairement aux autres Etats
du conseil de 1 '1 Entente
et du Cameroun, le Gabon nia pas signé d'accord de coopéra-
tion culturelle avec la France en 1960. Il existe cepen-
dant une convention sur l'Enseignement et la Culture datant
du 18 novembre 1959 entre le Gabon et la France. Nous y
reviendrons à la fin de ce chapitre, dans l'analyse de leur
révision (accords) intervenue en 1974. A cet effet, nous
disposons d'indications assez récentes qui permettent de
comparer avec les textes de 1959. Dans le texte de cette
convention (1959), on peut néanmoins citer d'une part, la
convention de coopération dans l'e domaine de la télévision
signée le 9 mai 1963. les dispositions contenues dans
celui-ci ont trait aux moyens. aides et facilités consentis
par la France au Gabon, pour accélérer la formation des
cadres nationaux reconnus aptes à suivre les enseignements
dispensés dans les établissements universitaires et grandes
écoles françaises.
En effet,
l'article l de cet accord est particu-
lièrement remarquable puisqu li1 exprime clairement la vé-
ritable raison qui soutend la coopération culturelle en-
tretenue par la France. avec ses anciennes co1onies: llen
vue de faciliter le rayonnement de la culture française
dans la République Gabonaise. les deux parties contrac-
tan tes, fa cil i ter 0 ntau x -n a ti 0 na ux ga bon ais, not amm e nt
par l'octroi des bourses d'études ... 11accès
à des étab1 i s-
sements universitaires et des instituts de recherche scien-
tifique
ou autres. relevant de leur autorité. En nous
permettant une petite disgression. on peut constater
168.
aujourd'hui que l'ambition d'impérialisme culturel de la
France, dépasse largement le cadre de ses anciennes colonies.
Mais, la francophonie semble aussi une réaction de défense
face à l'impérialisme anglo-saxon - elle s'inscrit désormais
dans un nouveau cadre, celui de la francophonie qui a vu
se créer en 1967, le Conseil
international de la langue
française et l'Association
internationale des parlementaires
de langue française, mais c'est surtout avec la signature
à
Niamey
le 20 mars 1970 par 21 Etats
du traité qui crée
l'Agence
de Coopération Culturelle et Technique (A.C.C.T.)
que la francophonie, marque un grand pas. Axée à l'origine
sur 1e s Eta ts
a f r i ca i nset mal a ga che de l' a. C. A. M., 1a f ra nco -
phonie institutiona1isée a touché le Québec, l'île Maurice,
Haïti, le Zaïre, le Ruanda, le Burundi, le Liban, la Belgi-
que, le Luxembourg, la Suisse, la Tunisie, les régions fran-
cophones
du Val d'Aoste et de Jersey et Guernessey. On
peut se demander pourquoi un tel effort de la part de la
France? Le Ministre Jean de Broglie, répond à cette ques-
tion en décembre 1967 dans ces termes: "j l faut le dire
ouverteffient, la francophonie sera finalement politique ou
elle ne le sera pa s ", Cette réponse est assez significative
pour que nous refermions là cette parenthèse sur la franco-
honie qui risquerait de trop nous éloigner de notre propos.
En revenant aux accords de coopération dans le domaine de
l'enseignement supérieur entre le Gabon et la France, il
faut dire également que les dispositions contenues de ces
accords sont devenues inopérantes à la suite de 1 'adh~sion
le 12 décembre 1961 du Gabon à l'accord conclu entre la
France et les trois autres Etats
de l'Afrique équatoriale
et portant sur la création d'une fondation diE nseignement
Supérieur en Afrique centrale (F.E.S.A.C.). Cet accord pré-
voyait en outre qu'aucun autre établissement d'Enseignement
S up r t eur ne sera
ouvert sur 1e terri toi re de
l'un ou
ê
l'autre des trois Etats
sans consultation du gouvernement
de la République française.
169.
A la suite de l'éclatement de la F.E.S.A.C. en 1971~
le Gabon et la France ont signé un accord-cadre en matière
d'enseignement superleur en vue de la création d'un ensei-
gnement supérieur sur le territoire gabonais. Au sens de
l'accord III 'enseignement supérieur sur le territoire de la
République Gabonaise comprend l'enseignement dispensé dans
les établissements universitaires et dans ceux qui ~ assurent
la formation et le perfectionnement des cadres supérieurs.
&cientifiques~ pédagogiques~ techniques~ et administratifs ll
(art.l). Les dispositions contenues dans l'accord-cadre ~ ont
ttait au concours de la France pour la formation des cadres
gabonais à la nécessité de mettre en place des structures
pour faciliter les échanges de professeurs et chercheurs.
Le principe de l'aide de la France en ce qui concerne le
personnel -l e foncticnr.er.:entet·
les investissements est posé.
Une convention annexe publiée un an plus tard~ définissait
la composition (6 membres titulaires)~ le fonctionnement
la périodicité des réunions (au moins une fois par an)~ du
comité paritaire franco-gabonais~ institué par l'article 5
de l'accord cadr e- lI e t charge de suivre l'exécution de 1I1'ac-
cord cao r e ". L'aspect positif de cet accord réside dans le
fait que les jeunes gabonais peuvent désormais suivre leurs
études et se former dans le contexte des réalités locales~
encore que pour l t he ur e , cette formation ne puisse être menée
de bout en bout~ tous les cycles de l'enseignement superleur
ne fonctionnant pas sur place. Mais~ c'est la rançon de la
jeunesse de cette université qui ne date que de 1970. Il
faudra attendre encore quelques années pour que soit résolu
ce problème~ comme celui qui a trait au manque de professeu~s
qui
gêne énormément le bon déroulement des enseignements~
pour qu'on soit en droit de craind~e que ~es jeunes gabonais
ne soient victimes d'un mseignement au rabais. Cet état de
choses ~ co nt a s t e avec les déclarations du Ministre de l'Educa-
tion nationale M. J. Boniface
Asselé~ qui trouve qu'il y a
trop de docteurs gabonais à l'université nationale Il et que~
dans un proche avenir~ il envisageait de verser une partie de
ces docteurs dans l t e ns e t qneme nt secondaire et de les r ernp l ac e r
170.
par des missionnaires étrangers" (1). Cette attitude du Minis-
tre gabonais se passe de commentaires. Elle révèle au moins que
les nationaux qui ne sont pas d'accord avec la politique en
place, sont indésirables à l'Université OMAR BONGO, et ce,
quelles que soient leurs compétences et leurs mérites.
C'est
là, tout le problème de la profusion des
universités en Afrique, sans considérations des moyens finan-
ciers et humains (professeurs) qui est posé.
Ce qui est appréciable au-delà des accords de coo-
pér~tions dans le domaine de l'enseignement supérieur entre le
Gabon et la France, c'est le degré et la diversité de l'effort
que la France déploie en matière d'assistance dans le domaine
culturel, notamment par la fourniture du personnel enseignant
qui représente plus de la moitié- de l'effectif des coopérants,
par l'octroi des prêts, dons, subventions et concours finan-
ciers destinés à des établissements ayant une vocation cultu-
relle, par la dotation en matériel de ces établissements, par
l'octroi des bourses à des étudiants et des stagiaires gabonais
pour leur permettre de poursuivre des études dans les univer-
sités et grandes écoles françaises. On peut évidemment poser
le problème de la contrepartie de la France, disons toute-
fois que le domaine culturel est celui où les deux parties con-
contractantes ont chacune quelque intérêt.
D. - LE DOMAINE TECHNIQUE
En date du 18 novembre 1959, il existait une con-
vention générale relative au concours de personnel avec un ac-
cord annexe et un accord particulier. Le Il février 1963, un
accord par échange des lettres, relatif au personnel judiciai-
re est également conclu. D'autre part, tous les accords de
- -
-
--------------------
(1) - Cf. Note du 23 novembre 1979 des enseignants gabonais
rie l'enseignement supérieur au Ministre de l'Education Natio-
nale. Voir tract en Annexe.
171.
de coopération comportant des dispositions intéressant la
coopération technique. Dans l'accord diplomatique. la France
apporte son concours pour l'organisation des services diplo-
matiques et la formation des cadres diplomatiques et consulai-
res (art. 3.5). Dans l'accord de défense. d'après les dispo-
sitions de l'annexe II. la France s'engage à apporter son as-
sistance en personnel par l'organisation. l t e ncad r ene nt et -
l'instruction des forces armées gabonaises. et fournit à titre
gratuit tout ou partie du matériel et équipement qui
leur
sont nécessaires.
Dans les accords en matière économique. le princi-
pe de l'aide de la France est posé pour permettre au Gabon
d'atteindre les objectifs de progrès économiques et sociaux
qu'il s'est fixé. (titre II de l'accord). Nous verrons en dé-
tail les formes d
cette aide. en analysant l'aide française
é
au Gabon. DàQS le domaine culturel et les domaines spéciali-
sés comme les tran~ports. les télécommunications. les médias.
la justice. le principe de l'assistance technique française
pour la formation des techniciens. l'étude et la réalisation
d'équjpements est également posé. Il n'y a pas lieu de revenir
ici sur les détails de ces accords qui ont été développés
dans chaque domaine. Ce que l'on peut conclure. sur les ac-
cords en matière d'assistance technique. c'est que.d'apparen-
ce modeste. ces accords n'en constituent pas moins. le centre
de la coopération franco-gabonaise.
Il est normal que. eu égard aux insuffisances du
développement. du besoin en personnel et en capitaux. le Gabon
ait besoin de l'aide de la France. mais. cette aide ne cons-
titue nullement une action bénévole. un investisse~ent non ren-
table com~e certains se complaisent à le dire. Cette aide.
librement consentie par la France. dans le cadre des accords
de coopération est une aide de toute évidence liée puisque
cette aide ne peut se concevoir sans que les avantages particu-
liers soient consentis à la France.
172.
~. - LA CONVENTION D'ETABLISSEMENT
Complétant l'accord multilatéral sur les droits
fondamentaux des nationaux des Etats de la communauté, dont
le Gabon fait partie, une convention d'établissement bilatéra-
le a été conclue entre le Gabon et la France en même temps que
les accords de coopération en date du 17 août 1960. Les clau-
ses contenues dans .ce t t e convention .intéressent d'une part les
personnes physiques, d'autre part, les personnes morales.
10 - tes personnes physiques
L'accord repose sur une réciprocité absolue en
ce qui concerne les personnes physiques. Le Français est as-
similé au national gabonais et réciproquement pour tout ce
qui concerne les professions (article 1er). Toutefois, les
dérogations peuvent être imposées d'une part par la situation
économique et sociale, d'une des parties (art. 2) ; d'autre
part, pour l'accès "aux professions libérales dans un but de
promotion sociale des nationaux d'une des parties contractan-
tes (art. 3). Le Français est encore assimilé au national ga-
bonais pour tout ce qui concerne la 1égi~lation iœr le tra-
vai1, les lois sociales et la sécurité sociale
(art. 6), la
représentation dans les assemblées consulaires ou organismes
assurant la représentation des intérêts économiques (art. 5),
la liberté syndicale, (art. El), le droit fiscal, (art. 8),
les marchéspub1ics, les autorisations et permissions adminis-
tratives (art .. 4). Il en est de même pour l'exercice des droits
civils (art. 6). Toutefois, le statut personnel des Français est
régi par la loi française et le statut personnel des Gabonais,
régi par la loi gabonaise (art. 2 et 7). Les actes d'Etat ci-
vil dressés par les services consulaires de chaque Etat sur
le territoire de l'autre, doivent être communiqués au service
de l'Etat sur le territoire duquel ,ils seront dressés (art. 7
al. 3). L'article Il prévoit la garantie des droits acquis, de
même que le libre service des professions dans l'un et l'au-
17\\3.
tre Etat que les ressortissants des deux parties contractan-
tes exerçaient au jour de l'indépendance.
Des dispositions concernant l'expulsion d'un cfto-
yen de l'une des parties contractantes sont également prévues
par l'article 10 de la convention. L'expulsion ne peut être
prononcée qu'après un délai de ving jours pour permettre à
l'intéressé de pré~enter ses observations, sauf en cas d'ur-
gence, le gouvernement dont l'expulsé est le national doit
être prévenu et l'Etat qui procède à l'expulsion doit assurer
par tous les moyens appropriés la sauvegarde des biens et
des intérêts de l~ personne
expulsée.
2° - Les personnes morales
La convention reconnaît aux sociétés civiles et
commerciales ayant leur siège dans un Etat et exerçant une ac-
tivité sur le territoire de l'autre Etat, les droits énoncés
au profit des persànnes physique. lorsqu'une personne morale
peut en être titulaire. L'article 12. précise que cette con-
vention établit un régime particulier justifié par les rela-
tions étroites existant entre la France et le Gabon et qui ne
peuvent donc se trouver automatiquement étendues aux ressor-
tissants d'un Etat tiers.
L'importance de cette convention réside en fait
dans la situation privilégiée dont jouissent les ressortis-
sants français au Gabon, au regard des nationaux eux-mêmes
et par rapport aux autres étrangers.
F. - LES ACCORDS DE COOPERATION EN MATIERE JUDICIAIRE
Un accord particulier concernant les dispositions
transitoires en matière de justice est signé lors du trans-
fert
de compétence le 15 juillet 1960 entre le Gabon et la
France. et le Il février 1963. par échange des lettres rela-
174.
tif au personnel judiciaire, est signé un accord franco-ga-
bonais
qui sera complété le 23 juillet de la même année par
t
une convention
d'aide mutuelle judiciaire, d'exéquation des
jugements et d'extraditions. Ces accords par leur contenu,
-~
prévoient la communication des renseignements indispensables
à la vie judiciaire, précisent c~rtaines compéténces, facilitent
l'accès des nationaux d'un Etat aux tribunaux de l t au t r e , réa-
lisent une entraide' judiciaire, déterminent par une procédure
simplifiée d'exéquation les conditions d'exécution des juge-
ments rendus dans un Etat sur le territoire de l'autre Etat,
ils annoncent enfin comme tous les autres accords, une certai-
ne assistance technique française.
1° - La communicition des renseignements
Cette communication intéresse les renseignements
sur l'Etat civil qui peuvent être communiqués sans frais par
l'une des parties c.ontractantes à la demande de l'autre. Elle
intéresse également la législation des documents publics qui
sont admis dans l'un et l'autre Etat, sans législation. Enfin,
elle intéresse la communication des casiers judiciaires des
personnes poursuivies pour infraction, dans ou l'autre Etat.
2° - La répartition des compétences
Elle est traitée dans l'accord concernant les dis-
positions transitoires en matière de justice du 15 juillet
1960
par conséquent elle ne contient que des mesures transi-
t
toires ... Il est dit dans l'accord que:
"jusqu'à l'installa-
tion des juridictions suprêmes de la République,Gabonaise
le
t
recours en cassation formulé contre les décisions rendues par
les juridictions gabonaises de l'ordre administratif et de
l'ordre judiciaire, seront _portéesdevant la Chambre de la Com-
munauté de la cour de cassation (art. 1.).
175.
L'article 2 stipule que les décisions rendues par
les juridictions siégeant sur le territoire de la Répbblique
Française ou sur le territoire de la République Gabonaise,
continuant jusqu'à la fin de la période transitoire, prévue
à l'article 1er à être exécutée sur le territoire de l'autre
Etat selon la procédure appliquée lors de l'entrée en vigueur
de l'accord portant transfert des compétences de la communau-
té.
3° - L'accès aux tribunaux
L'accès aux tribunaux est d'abord facilité par la
dispense mutuelle de la caution" juridicatum solvi". Elle est
aussi rendu facile par l'exercice de la profession d'avocat
par le national d'un Etat auprès d'une juridiction de l'autre.
De plus, l'avocat inscrit- en France peut venir plaider
au
Gabon et réciproquement. L'accès aux tribunaux est enfin faci~
lité par les règle~ concernant l'assistance judiciaire qui
assi~ilent les Français aux nationaux gabonais, et vice-versa,
cette assimilation résulte de la convention d'établissement.
4° - L'entraide judiciaire
Elle est le fait de la transmission des actes judi~
ciaires et extra-judiciaires en toute matière sans frais par
l'intermédiaire des ministres de la justice. La voie diploma-
tique peut également être utilisée. L'entraide judiciaire se
fait aœssi par la transmission et l'exécution des commissions
rogatoires entre les ministres de la justice. L'un des Etats
signataires peut refuser d'exécuter la commission rogatoire
dans trois cas
- si son ordre public s'y oppose,
- si elle n'entre pas dans la compétence de ses autorités,
- et s'il juge que son exécution serait de nature à porter
atteinte à sa souveraineté ou à sa sécurité. L'entraide ju-
diciaire se fait également par la comparution des témoins en
176.
matière pénale. Le témoin est invité par le gouvernement de
T'Etat où il réside, à se rendre à la convocation; ses frais
de voyage, sont avancés par le Consul de l'Etat réquérant. Le
témoin bénéficie d'une immunité. Les demandes d'envoi des té-
moins sont adressées par l'intermédiaire des Ministres de la
.J usti ce.
L'entraide judiciaire se fait enfin par l'extradi-
r
tion . La France et le Gabon s'engagent à se livrer récipro-
quement les individus qui se trouvent sur le territoire de
l'un des deux Etats, sont poursulvls par les crimes 0U délits
punis par les lois de l'un ou de l'autre Etat d'une peine d'au
moins deux ans d'emprisonnement: Ne sont pas susceptibles d'ex-
tradition, les infractions considérées par l'Etat requis comme
une infraction politique ou une infraction connexe. Toutefois,
l'accord dit simplement qu'en cas d'infraction, politique ou
connexe, l'extradition pourra être refusée. En ce qui concerne
la procédure d'extradition, la demande d'extradition est for-
mulée par la voie diplomatique et la décision prise par l'Etat
requis est notifiée par la voie diplomatique. Si l'extradi-
tion est accordée, l'individu est conduit au lieu désigné par
la mission diplomatique de l'Etat réquérant et faute d'être
reçu par les agents de ce dernier dans le délai d'un mois, il
eet remis en liberté et ne peut plus être réclamé pour le même
fa i t.
- L'exéguition
L'accord prévoit une procédure simplifiée d'exé-
quation en matière civile, commerciale et administrative.
- Les conditions de l'exéguation
Les décisions contentieuses et gracleuses rendues
par les juridictions de l'un des Etats signataires ont l'auto-
177.
rité de la chose jugée SUr le territoire de l'autre Etat si
elle s r e 101 pli s sen t une e r t a i n nom b r e de con dit ion s .
10 -
La décision doit être définitive et susceptible d'exé-
cution d'après la loi de l'Etat dans lequel elle a été ren-
due.
2° - Les parties doivent avoir été régulièrement citées, re-
l
présentées. ou déclarées défaillantes.
3° - La décision doit en outre ne rien contenir de contraire
à
l'ordre public de l'Etat où elle est invoquée ainsi qu'aux
principes de droit public, elle ne doit non plus être contrai-
re à une décision judiciaire prononcée dans cet Etat et pos-
sédant à son égard l'autorité de la chose jugée.
4° - La décision doit avoir fait application de la loi appli-
cable en litige, en vertu des règles de solution des conflits
des lois admises ~~ns l'Etat où la décision est exécutée.
- La procédure de l'exéguation
Si les conditions énumérées, ci-dessus sont rem-
plies, 1 'exéquatur est donnée par le Président du Tribunal de
Grande instance, elle n'est pas susceptible d'appel, mais sim-
plement d'un concours en cassation. Cette procédure s'ap~li
que également aux sentences arbitrales.
5° - L'assistance technique judiciaire
Comme tous les accords de coopération, l'accord
dans le
domaine judiciaire contient des dispositions relati-
ves à l'assistance technique française.
Il s'agit en outre de
l'engagement pris ~Gr la France d'apporter son concours pour
l a for r., a t i on i-> r 0 f es s i onne 11 e de s ma gis t ra t set ca ndi da t s aux
f 0 nc t ion s
j ud~ ci aire s
9a bon ais es.
178.
Nous avons fait l'analyse du contenu
des accords
de coopération de (1960) par l'examen du domaine guditiaire
et ce, avant d'étudier la révision(des accords) de 1974.
Nous ne prétendons pas avoir fait une analyse du
contenu total des accords, qui sont en fait une matière mou-
vante en continuel devenir, pour s'adapter aux réalités nou-
velles compte tenu 'de l'évolution politique et économique du
Gabon et au régard du contexte international auquel les deux
pays partenaires, le Gabon et la France ne peuvent rester in-
différents. Toutefois, nous pensons avoir parcouru les ac-
cords qui constituent la base de la coopération franco-gabonai-
se.
Il est vrai que les accords de coopération consti-
tuent un cadre formel de la coopération franco-gabonaise. Cet-
te coopération, se réalise en pratique dans
l 'aide qu~ la
France apporte au Gabon depuis 1960 (1).
II.
II. - LA REVISION DES ACCORDS EN 1974
L'année 1972, marque un tournant dans les relations
entre la France et ses anciennes colonies. Comme le note Chris-
tian Coulon (2), lien 1972, un vent de la contestation est per-
ceptible dans les anciennes colonies françaises qui ont sou-
haité la révision des accords de coopération passés au lende-
fI. a i n de
l 1 i ndép end a nce Il. Lor s de l a t 0 ur née a f r i c a i ne du Pré -
s i à e nt Pompi do u , plu sie urs . P ay s: o-pll',Q)lC 0 ph 0 ne s , don t l e Ni 9e r , l a
République Populaire ~u (on~o, la République Unie du Cameroun,
La Mauritanie, Madagascar, le Bé~in (a la suite de l'arrivée
( 1) - N. B. ~' 0 ur' l'a na lys e de l ' a ide f r a nç ais eau Ga bon, c f.
3e partie de la thèse. Chapitre 1.
(2) - C. COULON, in Marchés Nouveaux, février 1977 p. 6.
179.
au pouvoir des militaires), avaient tous exprimé le même dé-
sir, celui de la révision des accords .. De fait, fin 1972,
les pourparlers étaient engagés entre la France et plusieurs
Etats d~Afrique Noire. Seuls le Gabon, et le Sénégal ont refusé
de suivre la mode en matière de révision des accords de coo-
pération". Faut-il voir dans ce refus le signe d'une excel-
lente santé des rapports entre la France et ces deux pays?
Les faits semblent l'infirmer puisqu'en ce qui concerne le Ga-
bon, l'année 1974, concrétise la révision des accords de coo-
pération, entre ce dernier et la France, engagée deux ans
auparavant. Le Gabon siest ravisé peut-être pour ne pas se
désolidariser des pairs de l'Afrique Centrale.
Expliquer la nouveauté des accords de 1974 par
rapport à ceux de 1960, et en dégager les facteurs d'influen-
ce dans l'évolution des relations franco-gabonaises, tels
sont les thèmes que nous allons essayer de développer.
1. - ASPECT POLITIQUE
A. - LA NOUVEAUTE DANS LES ACCORDS DE COOPERATION DE 1974
Llédifice que constituait les accords de coopé-
ration de 1960, ne s'est pas complètement écroulé à laa suite
de la révision des accords opérée en 1974 entre la France et
le Gabon. Seuls certains domaines ont été touchés, ce sont les
domaines de la politique étrangère, des matières premières et
produits stratégiques, le domaine de la coopération monétai-
re et financière.
1° - eolitigue étrangère
En 1960, la coopération dans le domaine de la po-
litique étrangère avait pris place au tout premier rang des
accords de coopération. On y trouvait affirméedans les textes,
la similitude des sources d'inspiration et des tendances en
matières de politique étrangère entre les deux pays en vue
180.
de l 'harmonisation de leurs positions et de leur action au
sujet de tout problème important (1). Dlautre part, par les
dispositions de l'article 5, la France apportait son concours
à
l'organisation et à la formation technique des corps diplo-
matiques et consulaires gabonais.
Toutes tes dispositions pouvaient paraître norma-
les au moment de l (accesion du Gabon à ~(indépendance)la sou-
ve r a i nè t
internationale lorsque l'on connaît le coût d'une
é
représentation diplomatique et si l Ion sait le sous-équipe-
ment financier et humain (en matière de cadres) qui était
celui du Gabon à cette époque. Mais, si lion ajoute à cela
la canalisation de la politique extérieure du Gabon par la
France, notamment par le relai de la France, des directives
du gouvernement gabonais a~ délégués français qui agissaient
pour son compte, on peut, facilement apercevoir l'aspect alié-
nant de ces rapports (2), et comprendre pourquoi en février
1974 - ayant atteiRt leur maturité, désireuses de jouir plei-
nement des attributs que l'on reconnaît d'ordinaire à la sou-
veraineté et soucieuses, d'orienter leur politique extérieure
en fonction de leurs données intérieures - les autorités ga-
bonaises, enfermées dans le carcan des accords de 1960, l t ont
fait éclater.
Llaccord de 1974 se
~trouve ainsi modifié d'abord
par sa f orme : contrairement à l'accord de 1960 qui était "un
accord particulier, soumis à la procédure de ratification, "le
texte de 1974 adopte la formule de l'accord en forme stmplifiée,
dans un échange de lettres. Quant à son contenu, l'échange des
lettres concernant la coopération en matière de PQlitique étran-
gère en date du 12 février 1974, porte abrogation expresse de
l'accord de coopération en matière de politique étrangère du
17 août 1960 et remplacé par trois vagues propositions, les
(1) - N.B. Cf articles 1,3,4 sus mentionnés, pp.
145-146 et 147;
(2) - Nous avons insisté sur ce caractère aliénant, en traitant
du contenu des accords de coopération de 1960.
181.
sept articles precls que renfermait le texte antérieur. On
y remarque essentiellement la disparition de la référence
inscrite dans le préambule de l'accord de 1960, reconnaissant
l'identité de sources en matière de politique extérieure, ain-
si que la consultation préalable prévue à l'article 4 du texte
ancien. Plus rien non plus quant à la participation de la Frane
ce à la formation technique des agents diplomatiques et con-
sulaire gabonais, et si le Gabon peut toujours demander à la
France d'assurer la représentation de ses intérêts et ressor-
tissants dans les Etats où il n'a pas de représentation, il
n'en va plus de même dans le cas des organisations internatio-
nales. On note également une novation dans le domaine proto-
colaire, alors qu'en 1960, le haut représentant envoyé par
la France comme ambassadeur, se voyait attribuer le prlvilè-
ge d'être le doyen du CODpS diplomatique du Gabon, les textes
de 1974 ont aboli cette dernière manifestation de prééminen-
ce. Mais, cela n'empêche qu'il soit toujours conseiller très
écouté des autorités gabonaises, même s'il se fait de plus en
discret.
Quelle interprétation peut-on faire de ces nouvel-
les dispositions? Il est évident qu'il y a de la part du Ga-
bon, une volonté d'affirmer sa personnalité, d'exercer soi-mê-
me les attributs de la souveraineté internationale, de mon-
t~er aux yeux du monde qu'il
n'est pas aussi inféodé
à la
France comme certains l'ont affirmé à maintes reprises. Cette
évolution était d'ailleurs prévisible et à cet égard, les ac-
cords de 1960 peu2ent être considérés comme transitoires,
afin de donner au Gabon, le temps de se doter d'un appareil
financier et humain, lui permettant d'assurer la rèprésenta-
tion
à
l'étranger des intérêts définis par lui-même. Toutefois,
en se déplaçant du niveau du texte des accords à celui de la
réalité, il convient d'avancer avec prudence, les propos te-
nus ci-dessus si l'on ne veut pas courir le risque d'être dé-
menti par les faits, puisque lors du voyage du Président Gis-
card d'Estaing au Gabon en août 1976, ce dernier déclarait en-
182.
tre autres: Il ••• Monsieur le Président, le troisième motif
de la considération dont bénéficie le Gabon tient au rôle qu'il
est appelé à jouer en Afrique et à la conduite de sa politi-
que internationale. Sur ces questions, le Gabon et la France,
partagent une même conception de l'avenir de la communauté
internationale ... 11 (1).
2° - Les matières premières et II pr oduits stratégiques"
Après le domaine de politique étrangère, les ma-
tières premières et stuatégiques II c onstituent le deuxièr.1e vo-
let de la révision des accord? de coopération de 1960. La pré-
sence de .nombreuses richesses ~inifres et ~orestières, en
particulier le pétrole et l'uranium a incité à la France à
s'assurer la IIpropriété privée ll du Gabon, pour toutes ces
questions. Ceci se reflète essentiellement dans l 'accor.d de
coopération conclu en 1960.
Assez contraignant pour le Gabon, il lui imposait
en effet de faire connaître par avance au Gouvernement Fran~
çais, ses intentions en matières de politique touchant aux hy-
drocarbures, à l'uranium et à "d t a ut r e s mi ne r a t s ". L'infor-
mation prévue était certes récippoque puisque l'article dispo-
sait que la République Française devait régulièrement infor-
mer la République Gabonaise de sa politique en ce domaine, mais
il est facile de comprendre que cette information étatt tout
au bénéfice de la France.
La rigidité du système était encore accrue par les
articles 4 et 5 (2) qui organisaient au profit de la France non
(1) - Le MOnde 15 aoQt 197G
(2) - Article 4.
: "La République Gabonaise facilite au profit
des forces armées françaises le stockage des matières et pro-
duits stratégiques lorsque les intérêts de la défense l'exi-
gent, elle limite ou interdit leur exportation à destination
d'autres paysll.
Art. 5. : IILa République française est tenue informée des pr oj
grammes et projets concernant l'exportation nors du territoire
de la République Gabonaise
des matières premières et produits
stratégiques de deuxième catégorie énumérés à l'articJe 1er.
En ce qui
concerne tes ~êmes matières et produits, la Républi-
que Gabonaise réserve par priorité leur vente aux Etats de la
Co mmu na uté a pr è s sa t i s fa c t ion des be SQ i ns de <; '1 con < 0 [":1 J t i 0 11
183.
seulement un droit de préemption sur les "matières premières",
mais aussi un droit de regard sur l'orientation de la politi-
que extérieure gabonaise dans ce domaine.
La conjoncture internationale des années 1973-1974
dominée par la crise de l'énergie à l'essor prodigieux du prix
des hydrocarbures nia pas
laissé le Gabon indifférent, au con-
traire elle lui a don n
l'occasion de prendre consciente de
é
l'étau dans lequel l'avaient enfermé les accords de 1960 avec
la France. Aussi, lors de la révision des accords de 1973-
1974, les dirigeants gabonais ont pris le soin de supprimer
l'organisation de marché, mise en place par la France à son
profit exclusif. Un accord spécifique concernant certaines ma-
tières premières intervenu le 12 févtier 1974 remplace l'accord
de coopération pour les matières premières et produits straté-
giques conclu en 1960 .. . f ...
Le changement se remarque déjà dans le terminolo-
gie employée ;'on rie parle plus désormais de matières et pro-
duits stratégiques, mais, seulement des "matières premières
d'intérêt s p c i a l
é
!",
dont la liste se trouve amputée d'un élé-
ment de poids, les hydrocarbures.
Mais, au-delà des mots, il faut aussi remarquer
l'abandon de l'information réciproque établie en 1960 dans
le domaine des politiques énergétiques et surtout la dispari-
t ion du 1 i en;', a upar a van t é t a b1 i e nt r e pol i t i que é ne r gé t :t que e t
politique de détense. Sur ce point, l'accord de 1960 dans son
préambule, faisait allusion au désir des deux partenaires ll
de réaliser dans l'intérêt de la défense une coopération con-
cernant les matières premières et produits stratégiques".
D'autre part, si
la France demeure "le premier
des clients prioritaires du Gabon, le quasi-monopole ~e 1960
184.
a disparu avec llabrogation des articles 4 et 5 du texte an-
férieur (cf. note 2 page précédente). Une nouveauté également
par rapport à l'accord de 1960, le nouvel accord de 1974 est
conclu, pour une durée limitée (mais renouvelable) avec pos-
sibilité de dénonciation. Ces éléments fort nouveaux prouvent
sans façon la maturité politique du Gabon que nous avons dé-
jà observée en parlant des nouveaux accords dans
le domaine
de la politique extérieure et qui se révèle aussi à propos de
t
l'orientation prise par les nouveaux accords de coopération
dans le domaine monétaire et financier.
Ce nouvel accord a de prolongements immédiats puis-
,
que du 17 au 26 mai 1974, un échange de lettres relatif aux
modalités a lieu entre les dirigeants gabonais et les diri-
geants français, et le 2 avril 1975 à Libreville, lors d'une
importante réunion de travai l franco-gabonaise sur l'uranium,
un accord fixant le prix de l 'uranium à 10.000 F CFA le kilo
(200
FF)
de métal contenu, est signé. Rappelons tout de
même qu'avant cette date, la France payait 1.000 F CFA (20 FF),
donc le nouveau prix a été multiplié par 10.
30 - Le domaine monétaire et financier
Troisième volet d'importance, le Gabon a demandé
la révision des dispositions établies en 1960 dans le domai-
ne monétaire et financier:
un échange de lettres intervenu
le 12 février 1974 a abrogé tacitement la presque totalité de
l'accord de 1960. A la suite de quoi, demeurent seules en vi-
gueur provismirement (mais, sans date limite), les disposi-
tions du titre II de l'accord de 1960, qui consacrent ses trois
articles à l'aide apportée par la République Française à la
République Gabonaise.
Si l'appartenance du Gabon à la zone franc n'a pas
été remise en cause, on remarquera toutefois la disparit~an
des dispositions relatives à la coordination des politiques
monétaires contenues au titre
IV de l'accord de 1960. Si l'or-
185.
g.ane demeure (commission mixte), la périodicité de ses réu-
nions est singulièrement réduite, puisque celles-ci, de fri-
mestrielles, deviennent annuelles. En outre, son rôle n'est
plus que celui d'un observateur.
Les dispositions contenues dans ce nouvel accord
de coopération dans le domaine monétaire et financier complè-
te nt '. a uni veau bi l.a té r a l l a nouve l l e con ven t ion mu l t i lat é ra l e
de coopération monétaire entre les cinq Etats d'Afrique Cen-
trale et la France signée à Brazzaville le 23 novembre 1973
à la suite des négociations amorcées en juin 1973, après la
visite àParis en mars de la même année du Cjimma nda nt
Marien
~GOUABI.
a. - La nouvelle convention de coopération monétaire est une
convention multilatérale qui se substitue aux accords de coo-
pération (en matière économique, monétaire et financière)
bi-
latéraux et multilatéraux existants: accord quadripartite du
15 août 1960 entre -la France, et la R.C.A., le Congo
t
le
é
Tchad: accord du 17 août 1960 entre la France et le Gabon et
accord du 13 novembre 1960 entre la France et le Cameroun.
b. - Qeux nouveaux oryanes sont char9és de la mise en oeuvre de la coopé-
ration monétaire:
_.-
~, - Le comité monétaire mixte, composé de ministres des fi-
nances
des Etats signataires,se réunira au moins une fois
par an, des séances extraordinaires pouvant être convoquées
"à
l'initiative de l'une ou de l'autre des parties".
Le rôle du comité, dont la création renforce la
solidarité monétaire, est de veiller à l'application de la
convention de coopération et de faire "toute recommandation
utile
tendant à l'adapter à l'évolution économique des
Etats signataires.
D'après André Bettencourt, le comité sera chargé
de préparer et de coordonner les positions des Etats
à
propos
de tous les problèmes monétaires internes et externes à la
"Zone".
186.
2. - La Banque des Etats de l'Afrique Centrale (B.E.A.G.) est
un établissement multinational africain à la gestion et au
contrôle d~que1 participe la France en contrepartie de la ga-
rantie qu'elle apporte à sa monnaie. La création de la nouvel-
le banque correspond aux principaux désiderata des Etats afri-
cains membres: Africanisation des structures de la Banque
Centrale, accroissement de leurs propres responsabilités dans
les domaines de l'émission et du crédit et augmentation de la
contribution de la Banque dans le développement économique.
\\
- La dotation de 250 millions alloués à la Banque Centrale ac-
tuelle, dont les réserves appartiennent en indivision aux
Etats membres, est transférée à titre gratuit par la France
à la nouvelle banque.
- Le Conseil d'Administration de la nouvelle banque aura une
r.ma j or i t
africaine (4 Camerounais, 1 êentrafricain, 1 Con-
ê
golais, 1 Gabonajs, 1 Tchadien, 4 Français). Cependant,
"des majorités qualifiées laissent la possibilité de réserver
certaines décisions pour lesquelles la France assume les
responsabilités spéciales au titre de la "zone franc".
La présidence du Conseil d'Administration sera exercée à
tour de rôle par les représentants africains. Un poste de
directeur général a été crée pour un représentant africain.
- Les règles d'intervention de la banque sont assouplies
afin d'accroître le montant de ses concours aux Etats "dans
des limites moins étroites mais qui restent très précises.
Le plafond des avances (aux Etats) représentera 20 % des re-
cettes fiscales au lieu de 10 ou 15 % antérieurement. En
outre, la banque pourra financer par des crédits à "moy e n
terme" les réal i s a t ion s des Etats me nll) r e s dans le domaine de
11 'infrastructure et des équipements collectifs et apporter
certains concours dans des financements à long terme.
187.
C,
-
Les dispositions relatives à la monnaie consacrent le main-
tien des principes essentiels de la zone franc, dont l'appli-
cation est assouplie.
1. - La monnaie est le franc de la coopération financière en
Afrique Centrale (F. CFA), précédemment appelé franc de la
Communauté Financière Africaine. La convertibilité du F CFA
avec le Franc français demeure illimitée dans le cadre d'un
compte d'opérations ouvert au Trésor Français.
2. - La parité de la monnaie avec le franc français est fixe.
Les modifications,de parité entre F. CFA et FF sont rendues
possibles "après concertation entre les Etats signataires,
compte tenu des exigences de la situation économique et fi-
nancière des Etats memb r e s ". La décision serait prise à l'una-
nimité des Etats Africains (dans les anciens accords, qui
reconnaissaient aux Etats le droit de créer une monoaie et
un Institut d'Emis~.ion qui leur soient propres", toute modi-
fication de la parité, ne pouvait intervenir "q ue par accord
entre les parties intéressés").
- Les modifications de parité entre FF et devises
étrangères feront l'objet, à l'initiative du Gouvernement
français,d'une consultation "e ntre la France et les Etats
membres" dans la mesure du pos s i bl e " (sensiblement comme dans
les anciens accords).
En outre, la france associera les Etats membres à
la préparation des négociations pouvant conduire à la modifica-
tion du système monétaire international (nouveau).
- Une certaine diversification des réserves de
change "de la nouvelle Banque sera possible alors que les an:,
ciens accords prévoyaient la centralisation des avoirs exté-
rieurs au Trésor Français".
188.
3. - La liberté des transferts entée les Etats de la Zone
franc est maintenue. Des décisions du Congo en date des 18
et 28 novembre 1972 soumettent cependant ces transferts à dé-
claration préalable et au paiement d'une taxe purement fisca-
le de 1 %. En outre, tous les résidents congolais devront
~apatrier dans un délai d'un mois toutes les créances sur les
pays de la zone franc pour assurer le meilleur rendement de
cette taxe, quitte rà les t e t r a ns t r r ensuite. De même, les
ë
é
investissements des ressortissants de pays de la zone franc
ne pourront plus être constitués que sur autorisation, leur
liquidation n'étant subordonnée qU'à déclaration.
d. - Les amendements à la nouvelle convention, sur recomman-
dation du comité monétaire suivent la même procédure que celle
utilisée par son établissement.
Il est incontestable que les structures de la nou-
velle banque dénot~nt une évolution:
- le plafond dés avances aux Etats est porté à 20 % des re-
cettes fiscales au lieu de 10 % ou 15 % antérieurement.
- Une possibilité de "diversification des réserves de change"
~de la nouvelle banque est envisagée alors que les anciens
accords prévoyaient la centralisation des avoirs extérieurs
au Trésor Français. Cet aspect de la Convention apporte un "
assouplissement des liens avec le Trésor Français.
- Le changement le plus sensible est sans nul dou-
te.-1'africanisation de la direction de la Banque. Le Conseil
d'Administration de la Banque aura une majorité africaine
(8 Africains pour 4 Français) alors que dans la B.C.E.A.C.,
le Conseil d'Administration comprenait 8 représentant français
dont le Président et 8 représentants africains. La présidence
sera désormais confiée à un Africain, alors que dans la BCEAC,
189.
-elle était exercée par un Français. Un poste de directeur
général adjoint de la banque est également créé pour un repré-
sentant africain. Toutefois, malgré toutes ces réformes, le
problème des relations de dépendance entre les pays africains
et la France au sein de la Zdne franc, qui est le problème
de fond, reste posé, car comme le notait un éditorialiste du
IIMonde ll ,
"é t a nt donné l'inégalité de puissance entre l'ancien-
ne métropole et chacun des Etàts, il est douteux que l'on puis-
se aboutir à un véritable partage du pouvoir de battre mon~ ~
na i e "
(1).
Les trois domaines sur lesquels nous venons de
nous pencher à savoir: pô1itique extérieure, matières premières,
monnaie, ont été les principaux domaines concernés par la ré-
vision des accords. Leur choix et le contenu des révisions
qu'ils comportent, dénotent de la part des autorités gabonai-
ses, un désir d'autonomie, d'indépendance, de "Li be r t
de
ë
"
manoeuvre vis-à-vis de la France. Cependant, il est remarqua-
ble que dans la liste des accords reconduits notamment l'ac-
cord de coopération en matière de marine marchande, l'accord
èn matière de navigation aérienne, tous deux du 17 août 1960,
figurent l'accord de défense reconduit par un échange de lettres
du 12 février 1974. Pourtant, la politique extérieure consti-
tue avec la défense les principaux attributs de la souveraine-
té. Si le Gabon demande la révision des accords en matière
de politique éttânyèreeavec la France, pourquoi adopte-t-i1
une attitude opposée quant aux accords de défense? Cela est
assez facile à comprendre si l'on se souvdent des évènements
de 1964, sans l'intervention des militaires français, l'ancien
président Léon MBA et ses familiers n'auraient jamais retrou-
vé les rênes du pouvoir, après leur renversement par une fac-
tion rivale. C'est qu'en effet, au terme de l'accord de défen-
se, la France peut intervenir à la demande des autorités 1é-
(1) - Cf. Le Monde 10 janvier 1976.
190.
sales du Gabon afin d'assurer la défense extérieure ou inté-
rieure du pays.
Là se trouve certainement une garantie apprécia-
ble pour un régime qui se sent menacé à l'intérieur comme à
l'extérieur. Ce n'est cependant pas une sécurité absolue car,
l'intervention de la force armée française n'est pas automa-
tique, mais sujett~ à appréciation de la part des dirigeants
français.
Il faut rappeler pour mémoire à ce propos que la
Général de Gaulle yola au secours de Léon Mba, alors que dans
les circonstances à peu près analogues, il n'hésita pas à sa-
crifier l 'Abbé F~lbert Youlou d~ Congo.
En contrepartie d'un tel service, la France devient
par les disposttions de l'aecord de défense, concernant l'as=
sistance militaire technique
de la France à la République
Gabonaise, le fournisseur attitré de la République Gabonaise
en matériel militaire et en instructeurs militaires. Outre
l'avantage se matérialisant par un débouché appréciable pour
son industrie d'armement, la France se voit donc devenir le
pilier dlun régime qu~il~peut à sa guise faire écrouler ou au
contraire renforcer. L'élément d'appréciation pour l lune ou
l'autre des solutions étant en dernier ressort la sauvegarde
de nombreux intérêts français au Gabon.
La subststance, à l 'heure actuelle des liens d'une
telle nature montre bien que malgré les apparences, la Répu-
blique Gabonaise en la personne de ses dirigeants ne semble
pas vouloir prendre ses distances exagérément avec son ancien
colonisateur.
Pour en revenir à la révision des accords de coo-
pération qui nous intéresse, on mentionnera pour mémoire les
autres accords conclus en même temps que la révision de ceux-
ci-dessus visés: il s'agit de
191.
- la convention sur la circalation des personnes qui
porte
- s ur c l ali r: è gl eIIIe nta t ion et les con dit ion s d' en t rée, .;ct e sor-
tie de ressortissants de l'un des deux Etats dans l'autre.
- La convention dlassistance administrative mutuelle en ma-
tière de douane.
- La convention relative au concours en personnel appottée
par la Républiqu~ Française à la République Gabonaise.
- L'accord cadre en matière de coopération médicale.
Nous ne ferons pas une étude détaillée de ces
nouveaux accords, mais, pour en avoir une idée de leur évolu-
tion, nous nous référerons à la convention relative au concours
en personnel du gouvernement français au gouvernement gabonais.
( 1 ) .
Aussi,.pour donner un sens plus général au "volet
politique" de l'évolution des relations franco-gabonaises,
il est utile de
dire quelques mots sur la crise de la coopé-
ration franco-~fricaine, qui, en fait, est à l'origine de nOU7
velle redéfinition des liens qui unissent la France à ses an-
ciennes colonies. Clest en effet, une certaine modification
dans l'environnement international.
En tant que facteurs d'influence de l'évolution
de la coopération franco-gabonaise, ils nous paraissent sus-
ceptibles d'être ramenés à deux éléments principaux
~.
- LA CRISE DE LA COOPERATION FRANCO-AFRICAINE
L'analyse que fait M. Coulon (2) sur cette crise,
tourne autour de trois éléments
que nous considérons comme
(1) - Cf. Note sur la dite convention: Assemblée Nationale
n°
1952 traités et convention (voir annexe).
(2) - C. COULON: La crise de la coopération franco-africaine,
in Année Africaine, 1972, p. 183.
192.
essentiels - parmi d'autres - dans ces contentieux. Ces élé-
~ents peuvent se regrouper en trois rubriques: les relations
économiques, commerciales et monétaires.
1. - En matière monétaire
Le grief adréssé par les Africains et Malgaches
à
la France, traduit le sentiment de dépendance que ces der-
,
niers éprouvent, du fait de léur appartenance à la zone franc.
L'appartenance à la zone franc constitue
, disent les Afri-
cains, une garantie de stabilité mais, elle freine toute
initiative. La suprématie française aboutit- &placer la po-
litiq~e monétaire et financière, et les échanges extérieurs
des pays africains sous le contrôle du Ministère français
de l'Economie.
Cette dépendance a été ressentie avec la dévalua-
tion du franc qu'ils ont dû subir sans avoir véritablement
été consultés. La France, certes, nlest pas hostile à toute
évolution du système. En novembre, les statuts de la Banque
des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun qui est de-
venue la Banque des Etats d'Afrique Centrale, ont été réfor-
més (cf. infra). D'autre part, début 1973, on apprenait que
la Banque Centrale des Etats de l t Af r i que de l'Ouest allait
être également être restructurée. Reste à savoir si ces réfor-
mes qui, au fond, ne remettent absolument pas en cause les
relations de dépendance
suffiront à calmer et à résoudre les
problèmes.
2. - D'autres aspects de ces relations économiques privilé-
giées préoccupent également les Africains;notamment :
- l laide liée qui oblige les bénéficiaires des prêts et
subventions do F.A.C.
à s'adresser à des
fournisseurs fran·"
çais.
- La liberté des transferts des capitaux entre les Etats
Africains et la France, ce qui, étant donné la faiblesse de
193.
l'épargne locale, limite le financement du développement.
- L'assistance technique, elle a fait aussi
l'objet de criti-
ques. On reproche aux conseillers techniques français de
perpétuer la situation coloniales.
Les accords de défense: ils seront aussi réexaminés pour
certains pays. La présence militaire française gêne de plus
en plus les autorités africaines, et soulève plus de diffi-
cultés qu'elle n'en résoud. La pépendance à l'égard de la Fran-
ce pour les achats de matériel militaire est souvent ressen-
tie comme une atteinte à la souveraineté des~Etats.
D'autre part, les dispositions annexes des accords
passés entre la France et certains Etats africains qui, limi-
tent la liberté d'exploitation de certaines matières premières
stratégiques. Quelques-uns d'entre eux comme le Niger, qui
possède d'importants gisements d'uranium, souhaitent les voir
modifier dans un s~'ns plus libéral. Enfin, les bases militai-
res françaises, si elles sont une source de revenus pour les
Africains, sont souvent mal perçues, d'autant plus qu'elles
sont davantage conçues en fonction de la défense de la France
et du monde occidental que de celle des Etats africains: ce-
ci s'applique surtout à Madagascar.
Tous ces griefs ont abouti à la révision des ac-
cords franco-mauritaniens (25 février 1973), franco-malgaches
(4 juin 1973), accords monétaires de Brazzaville (23 novembre
1972), accords monétaires de Dakar (4 décembre 1973). D'autres
négociations bilatérales étaient également engagées par la
France avec plusieurs Etats d'Afrique Noire.
B. - LA CRISE MULTILATERALE OU CRISE DE L'O.C.A.M.
Si la crise de la coopération entre les Etats
africains et la France a ses origines dans l'aspect bilatéral
194.
des accords de coopération, elle produit~des effets au-delà
de cet aspect bilatéral dans les relations multilatéràles de
la France avec les Etats africains au sein de l'O.C.A.M.
Au cours de l'année 1973, l'O.C.A.M. a connu une
crise grave à tel point que son existence parut menacée. Le
communiqué final d~nconseil extraordinaire des ministres af-
firmant que II s on ut;.ilité demeure certaine" à condition de pro-
céder à certains réaménagements en disait long sur l t t a t
ë
d'un groupement affaibli par de nombreux retraits et démis-
sions.
1~ - L'O.C.A.M. et la crise de la coopération franco-africaine
De nombreux commentateurs ont lié la crise de
l'O.C.A.M. aux tensions entourant la révision du système de
coopération franco-africaine. Cette liaison nous semble-t-il,
est effectiement possible si lion prend en compte-la fonction
de l'O.C.A.M. dans "les relations franco-africaines. L'étude
de J.C. Gautron (1) est intéressante à ce propos. Ce dernier
commence par donner raison aux observateurs qui ont indiqué
que l 'organisation des Etats Francophones faisant suite à la
dissolution de la communauté franco-africaine et pour démon~:
trer ce fait, il se place sur le plan
politique. Son argumen-
---
tation consiste à dire que "1 a Communauté nia pas été dissou-
te mais rompue en 1960, du fait de la non appartenance à la
communauté de certains Etats telle la Côte d'Ivoire. Cadre
vide à compter de cette date la désuétude de la communauté
revêt deux formes simultanées: en premier lieu, la conclusion
d'accords de coopération franco-africains, selon un modèle ho-
mogène, par lesquels, la France prend en charge, pour partie,
un certain nombre de "matières communes" de la communauté,
matières techniques qui impliquent des investissements et des
cadres
nombreux, ainsi qulune dose élargie de coopération
(la monnaie et même le trésor - jusqu'en 1962-63 - les télé-
(1) - J.C. GAUTRON, in Année Africaine 1972 pp. 190-191;
195.
communications, propriété industrielle, transports aériens et
création de la société Air-Afrique ... ). Ainsi, la convention
dlétablissement élaborée par lIU.A.M. est-elle le prolongement
direct a l 'usage (usage ~lus *héorique que réél) des ressor-
tissants africains, de la convention sur les droits des res-
sortissants de la communauté. Ultérieurement, l'évolution in-
tervenue a fait que l'établissement par dlautres Etats des
l'iens de coopérati6n avec la France étend l'O.C.A.M.
: Togo,
Rwanda, Zaïre, Ile Maurice. Fonctionnellement, 1IO.C.A.M. est
donc l 'orgamisation qui réunit les Etats Africains placés dans
une relation identique de coopération avec la France.
Cette relation explique également le rôle joué
par l'U.A.M.-O.C.A.M. vis-àtyis de la France. Dans un certain
nombre de cas, l 'organisation constitue un front commun des
Etats africains dans les négociations entre la France et les
Etats africains. Elle ne peut jouer ce rôle compensateur que
sous certaines con?itions : ho~pgénéité des positions africai-
nes
, objet susceptible de négociations avec la France. On
peut citer par exemple, les études entreprises a partir
de 1969 sur l'africanisation des cadres, des entreprises pri-
vées: dans ce cas, l 'O.C.A.M. était l'instance appropriée
pour diverses raisons: les Etats africains étaient deman-
deurs, le problème revêtait une dimension interafricaine, la
politique de l 'enseignement et les techniques de formation
qulelle impliquait, relevaient partiellement de la France, et ~
surtout, c'était une option politique pour chacune des par-
ties. Cette fonction non manifeste~ de l'U.A.M.-O.C.A.M. a
été passée sous silence a tort selon nous: elle tend a su-
perposer une aide multilatéralisée quant a ses bénéficiaires,
a l laide bilatérale française.
A partir de ce rôle de front commun joué par
l 'O.C.A.M., il nly a qu'un pas a franchir pour établir la
liaison entre la crise de l 'O.C.A.M. et la crise des relations
196.
franco-africaines et les fai ts
le confirment.
Le retrait de Madagascar et celui du Tchad annon-
cés si~u1tanément au mois d'août
1973, les réserves manifes-'
tées par le Bénin, le Togo et l::::r.ipire-Centràfricain
(à
1 'époque République Centrafricaine), découlent à la fois de
la situation intérieure de ces pays (Madagascar, Tchad) et de
1a cri s e des rel a t i "
,0ns a ve c 1a Fra nc e c 0mme
1e dit e ncor e J. C.
r
Ga u t r 0n : " 1a cri s e de 1 1 0 . C. A. ~1. est l' a s pe c t mu1 t i 1a t r a 1
é
de la crise des
relations bilatérales franco-africaines".
D. - AUTRES ELEMENTS D'EXPLICATION DE LA CRISE DE L'O~C.A.M.
La crise des relations franco-africaines ne peut
expliquer à elle seule les difficultés de 1 'O.C.A.M. diautres
éléments doivent la compléter. Nous allons essayer d'en déga-
ger quelques-uns à partir
du retrâit du Gabon de 1 IO.C.A.M.
Le 8 septembre 1976, le Président Bongo annonçait que le Ga-
bon quittait
l'O.C.A.M. qui ,selon
lui, est ... "morte d'e1-
1e - Inê hle .. ( 1), i 1 a j 0u te:
"é tan t don né lie x i ste nc e de l' 0 . U..1\\ •
et de la conférence franco-africaine, nous estimons que
1 1 0 . C. A. 11. n' a plu s der ô 1e â j 0 uer ". Lia 11u s ion â 1a con f é -
rence franco-africaine montre s 'i1 est- besoin le lien que
ce r ta i ns 1e ad ers f 0 n t e n t rel 'O. C. A. r1. e t
1e s rel a t ion sen t r e
la France et les pays africains. ~t.J.C. Gautron c omp l t e la
è
déclaration du Président Bongo par le ~tetrait du Gabon de
1 IO.C.A.M. il écrit:
"Depuis 1974 ; la hausse des prix des ma-
tières fait de ce pays, L' u n des plus riches d'Afrique Noire,
en particulier dans sa partie francophone.
Une telle richesse,
si elle suscite le renouvellement des manifestations de solida-
rité de la part de ses partenaires (au sein de 1 IO.C.A.M. par
exemple) provoque naturellement 1 lémergence, d'un nationalis-
me économique et politique. L'O.C.A.M.
rénové se caractérise
alors par le rapprochement sénéga10-ivoirien. ces deux Etats
(1)
- Cf. Année Af r i c a i ne 19/7.
pp.
1UL
rl.B.
:.1. GAlJfROrl en
f J i t IJ ne cl nJ 1'j s e dé t l i J J e. d
é
J n'il J
ln t~ 1\\1 e
r e '1 e IJ de J J P,.11] e
11d ,}
132.
197.
f a i s a nt figure de "géants" politiques, et par une redistribu-
tion des rôles en faveur des petits Etats qui constituent la
majorité des Etats membres de l'organisation.
Ce cadre parait constituer un obstacle à la fois
économique et politique aux ambitions gabonaises d'autant plus
qu'émergent deux organisations régionales à vocation économi-
que (la C.E.A.O. et/la C.E.D.E.A.O.) dont sont membres la plu-
par t des Eta t s de l ' 0 . C. A. ~1. mai s , Pas
l e Ga bon. 5 url e pla n
politique, l'O.C.A.M. est devenue pour les dirigeants gabonais
une organisation dont l'image histecfquement datée est désor-
mais peu compatible avec leur volonté de redéfinir leur politi-
que é t ra ngère. Le Ga bon, dan s s es rel a t ion s a ve c l ' 0 . C. A';: r~ .
siest instruit de l'exemple du Cameroun:
le retrait camerou-
nais de l'O.C.A.M. en juillet 1973 nia pas nai à la qaalité
de ses relations avec la France, tout en lui assurant le béné-
fice à'une image progressiste par l'effet d'une diplomatie,
ac t i ve vers les pays. de l'Est, la Chine populaire ou les pays
anglophones du continent africain.'
Dès 1974, le Gabon manifeste son souci d'établir une
une certaine distance avec l'O.C.A.M. en refusant d'abriter
le siège de l'organisation jusqu'alors fixé à Yaoundé. En mê-
me temps, il acquiert des moyens de créer une compagnie na-
tionale des transports aériens (AIR-GABON). Ces données préli-
minaires s'accompagnent de la révision de certains accords
franco-gabonais et l'excellence des rapports entre les deux
pays se traduit par la visite officielle du chef de l'Etat
français au Gabon en aoQt 1976. 5'il est vrai que l'O.C.A.M.
a constitué un point de passage des relations franco-africai-
nes, elle parait largement supplantée dans cette fonction par
la tenue régulière et annuelle de la conférence franco-afri-
caine. Celle-ci correspond au renouvellement des relations-
franco-africaines sans constituer pour autant une institution
susceptible de rivaliser avec l'O.U.A. et d'autres organisa-
tions régionales.
198.
...
Par ailleurs, sur le plan régional, le Gabon mene
une politique de participation active au sein de l 'U.D.E.A.C.
qui s'étend au-delà des avantages économiques qu'il en retire.
De cette analyse, on peut dégager trois éléments
d'explication à la crise de l'O.C.A.IVI ..
1
1° - Le dépassement dans le temps de l'O.C.A.M. La déclara-
tion du Président Bongo (cf. ci-dessous (1) exprime bien cet
aspect des difficultés que connaît l'O.C.A.M.
"L'O.C.A.i~.
trouvait sa justification dans les années ont suivi l'indépen-
,
dance par la similitude des Etats qui le constituaient, au-
jourd'hui, son image historique est datée, elle est supplan-
tée par d'autres organismes" (2).
2. - Lm micro-nationalisme
A la fois politique et écono~ique qu'exprime bien
l'analyse ci-dessus sur le Gabon,
elle constitue un autre élément
d'explication de la crise de l'O.C.A.M. Il n'est pas exclusif
du Gabon, il a pu transparaître à l'occasion du retrait du
Cameroun par exemple.
3° - La redistribution des influences dans les relations in-
ter~africaines, nous paraît être le troisième élément pouvant
intervenir dans l'explication de la crise de l'O.C.A.M.
La méfiance gabonaise devant le rapprochement sé-
négalo-ivoirien, sa crainte face à l'émergence de la C.E.A.O.
et de la C.E.D.E.A.O. nous semblent significatifs à cet égard.
Oans cette ambiance, la crise de l'énergie ne fera que creuser
le fossé entre les différents partenaires de l'O.C.A.M.
; ce que
confirmera l'entrée du Gabon à l'O.E.p.e.
(1) - N.B. Cf. Supra. p. 188
(2) - A.B. Bongo. Dialogue et participation. op. cit. p. 48.
199.
B. - LA CRISE DE L'ENERGIE
En 1973, on enregistre une nouvelle hausse du prix
du pétrole décidée par l'organisation des pays pr oducte ur s
et exportateurs de pétrole (O.P.E.P.)
; afin de compenser les
effets de l'inflation mondiale sur les revenus des pays pro-
ducteurs et de réduire les conséquences de la dévaluation du
dollar américain servant à la fixation des prix pétroles. Cette_
hausse a des répercussions sur les économies du monde occidental,
on par l e a l 0 r s de lac ris e de l' é ne r gi e. r~ ais, co mmen t e n est
ont arrivé là ?
Avant 1950, l'activité pétrolière pour les pays
industrialisés const+tùait le moyen d'intégrer dans leur zone
d'influence, les pays producteurs, lesquels dépendaient, en-
tièrement des redevances ou "royalties" qui
leur étaient ver-
sées par les sociétés pétrolières. De l'alignement politique
de ces pays dépendàit bien souvent l'importance de ces redevan-
ces, qui leur étaient octroyées unilatéralement et qui pouvaient
être purement et simplement supprimées. De là, une dépendance
technologique économique et politique, qui n'était que le pré-
lude à la constitution d'un véritable Etàt dans l'Etat.
Les premleres réactions de cette intégration eu-
rent lieu en Iran et au Mexique et dès 1948 on adopta au Véné-
zuéla le principe "Fifty-Fifty", c'est-à-dire le par t aqe par
~oitié' des bénéfices de production. Ce principe fut par la
suite, étendu à l'ensemble des anciens contrats de concession,
notamment en Arabie Séoudite, en Irak et en Iran. Dans un tel
système, la royalty ne constituait qu'une avance d'impôt
donnant droit à un avoir fiscal d'un montant équivalent, récu-
pérable lors du calcul de l'impôt sur les bénéfices au taux
de 50 %. La redevance et l'impôt sur les bénéfices se calcu-
laient sur la base des
"prix âffichés" fixés urllilatéralement
200.
p_ar les sociétés pétrolières. Mais, ces "prix affichés" bais-
saient continuellement, entraînant parallèlement une diminution
considérable de revenus pétroliers. Pour lutter contre cette
érosion consécutive à la baisse des
"prix affichés", les pays
producteurs créerent en 1960, 1 'Organisation des Pays Produc-
teurs et Exportateurs de Pétrole (O.P.E.P.).
Dans un premier temps, 1 1 0 . P. E. P. obtint en 1964,
une révision du mode de calcul des royalties qui cessèrent de
donner lieu à un avoir fiscal, mais restèrent cependant déduc-
tible de L' a s s i e t t e de l'impôt sur les bénéfices (1). De même,
1 I O. P. E.,P. opta pour une politique contractuelle avec les so-
ciétés qui se concrétisa par une série dlaccords, dont ceux de
Téhéran (1971), Tripoli, Lagos, Badgad, ayant abouti à la
fois à une augmentation des prix affichés du pétrole brut et
à un accroissement du taux de 1 limpôt sur les sociétés.
LE GABON ET LIO.P.E.P.
Le Gabon, à la fois producteur et exportateur de
pétrole, ne pouvait rester indifférent aux avantages qui pou-
vaient découler de l'action ainsi menée par 1 IO.P.E.P .. Il
tente alors un rapprochement avec les pays arabes grands pro-
ducteurs de pétrole.
En avril 1973, il établit les relations diploma-
tiques avec T' Eqyp t e en septembre de la même année, le Prési-
dent Bongo sly rend en visite officielle, tout comme il visi-
t e cl a Lybi e.
:L 1 sig ne deux accords avec 1a Lybi e : un portant .,
sur la coopération culturelle, et l t a ut r e sur la coopération
économique. Le 29 octobre 1973, il suspend les relations di-
plomatiques avec Israël. Le Président Bongo préfère prendre
des iistances avec ce dernier pays, pour ne pas êt~eegêné dans
(1)- Pour plus amples détails, voir B. ABOGHE. op. cit.
201.
dans son action de rapprochement avec les pays arabes. Aucun
moyen n'est négligé par le Président Bongo et l'année 1973 voit
la conversion de ce dernier à l'Islam, l'identité de la reli-
gion avec la plupart des pays producteurs jouera peut-être
en sa faveur. Finalement, les efforts du Président Bongo por-
tent leurs fruits:
le Gabon est- admis à l'O.P.E.P. en 1973,
d'abord en tant que membre associé, puis, en tant que ~embre
à
par t en t i ère. Le 'G a bon ad 0 pte l a pol i t i que pé t r 0 l i ère de ..
l 'Organisation, dans la mesure 00 elle est conforme à l~ pro-
tection et à la défense de ses intérêts économiques qui décou-
lent de la présence dans son sol de . norab r e us e s rra t i
r e s pre-
è
mi ère set les e nsei gnemen t s tir é s des 0 n a ppar te na nce à l 1 0 . P.
E.P. qui ont inspiré au Président gabonais ·l'idée de préconi-
ser une organisation similaire pour la commercialisation de
l'uranium. t~alheureusement, son appel jusqu'ici de eeur e
sans
écho.
A ce niveau.de l'analyse, il convient de nous ré-
s ume r et de préci ser notre pensée sur 11 i nfl uence des él ëme nt s
que nous venons de décrire dans la coopération franco-gabo-
naise. La définition d'une nouvelle politique extérieure par
le Président Bongo nous semble êtf'e;.::un"facteur d'influence"
dans l 'évolution des rapports franco-gabonais, dans la mesure
00 cette nouvelle politique extérieure étant fondée sur l'ou-
verture la plus large possible aux pays du monde, quelle que
soit leur idéologie, elle est incompatible avec les dispositions
contenues dans les accords de coopération en matière de politi-
que étrangère de 1960. C'est au regard de cette situation qu'il
faut interpréter la disparition dans les accords df. 13 fé-
vrier 1974 de la référence inscrite dans le préambule de l'ac-
cord de 1960, reconnaissant l'identité de sources en matière
de politique extérieure ainsi que la consultation préalable
prévue à l'article 4 du texte ancien.
Le même raisonnement peut encore être retenu
pour
expliquer l'élimination des hydrocarbures dans la liste des
202.
Il r,î a t i ère s
pre mi ère s d' i nt ér ê t
s Pé c i a 1Il, con c e r na nt l' ac cor d
1
~pécifique i~tervenu entre le Gabon et la France en février
1974. Là encore, l'appartenance du Gabon à l'O.P.E.P. était in-
compatible avec les dispositions de l'accord sur les matières
premières et produits stratégiques de 1960.
Quant au troisième élément-,
le révision des accords
franco-a-ricains, son influence va plutôt dans le sens de 1 le~
xemple, de l'effet d'entraînement qu'il a pu avoir dans le dé-
marrage du processus de la révision des accords franco-gabonais.
En 1972, lorsque les autres pays africains entament le proces-
sus de la révision des accords - en dehors de Madagascar - qui
arrivent à concilier le maintien d'excellentes relations avec
la France, et l'obtention de certaines concessions, incitent
le Gabon à négocier la révision des accords à son tour.
Au terme de l'analyse - aspect politique - de l'é-
volution récente des relations franco-gabonaises, nous jugeons
utile de dire quelques mots sur T'aspect économique.
L'ASPECT ECONOMIQUE DE L'EVOLUTION DE LA COOPERATION FRANCO-
GABONAISE
Cet aspett,peut être dégagé~ nous semble-t-il à par-
tir de deux éléments:
- les échanges commerciaux entre la France et le Gabon
- La nouvelle politique économique du Gabon.
A. - LES ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE LA FRANCE ET LE GABON
On peut constater que la récente évolution de la
coopération franco-gabonaise, notamment dans le domaine écono-
mique par la révision des accords économiques, n'a en rien affec~
té les échanges commerciaux entre les deux pays. La France reste
le premier fournisseur du Gabon et son principal client. Comme
203~
le montrent les résultats du commerce extérieur en 1975. sur
ùne soixantaine de pays fournisseurs. la France arrive en tête.
soit 327.304 tonnes. représentant 63.795 millions de francs
de marchandises. Sur un total de 201
milliards 921 millions
de F CFA d'exportation. la part de la France est de 74.038
millions. les U.S.A.
: 35 millions.
Les relations commerciales entre les deux pays se
r
portent donc bien. malgré la récente évolution des rapports
franco-gabonais. Mais l'incidence économique dans ces nouveaux
rapports, pourrait peut-être apparaître à partir de l'analyse
de la nouvelle politique économique du Gabon.
En effet, le modèle économique adopté par le Gabon
dans les années qui ont suivi son accession à l'indépendance
était. celui du libéralisme économique dirigé et planifié.
Ce régime économique permet
le libre jeu des initiatives indi-
viduelles dans le cadre de la planification adoptée par le gou-
vernement ; tout en- réservant une place importante aux intérêts
étrangers. Les maigres résultats de ce modèle économique sur le
développement du pays, ont améné les dirigeants gabonais à
prendre une série de mesures pour permettre à l'Etat de mieux
contrôler l'activité des sociétés installées au Gabon.
c'est
ainsi que. par ordonnance n° 42/72 du 10 janvier 1972. le Pré-
sident Bongo a décidé que toutes les sociétéssqui s'installent
au Gabon, doivent céder gratuitement à 1 'Etat!au moment de
leur constitution. et lors de toute augmentation ultérieure
de capital, une part fixée à 10 % du capital en compensation
diavantages divers qu'elle retirent de leurs activités au
Gabon. Les effets attendus de cette ordonnance. sont ceux d'une
collaboration étroite entre l'Etat et le secteur privé dans
le processus de développement. Toutefois. le faible potentiel
humain du pays et la participation insignifiante des Gabonais
aux activités industrielles limitent considérablement la por-
tée des décisions prises. Le président de la République sou-
cieux de ce problème a pris l'ordonnance 27/75 du 11 avril
204.
1975 selon laquelle toute société de capitaux légalement cons-
tituée et exerçant ses activités en République Gabonaise doit
offrir à titre onéreux aux nationaux, soit lors de la constitu~
tion, soit lors de toute augmentation du capital, un pourcen-
tage d'actions fixé par le Conseil et égal au moins à 10 % du
capital social initial ou de l'augmentation pu capital prévu.
Ces actions sont réservées en priorité aux employés de la so-
ciété.
Ces mesures non plus n~ont pàssdonaé les résultats
escomptés dans le sens d'une plus grande maîtrise du dévelop-
pement du secteur industriel par l'Etat. Le gouvernement a donc
été amené à infléchir sa politique de libéralisme dirigé et pla-
nifié et, le 12 mars 1976, le Président de la République dé-
finissait dans ~e discours la nouvelle politique économique
adoptée par lui et dénommée "Progressisme démocratique et con-
certé" en ces termes : " pa r progressisme démocratique et concerté
nous 'entendons dans un cadre démocratique et de concertation
permane~te promouv~ir le progrès économique et social du peuple,
par une participation sans cesse accrue de l'Etat et des na-
tionaux dans la gestion des unités de production et dans le
partage des fruits de leurs activités". Nous avons eu l'occa-
sion de présenter les principes de cette nouvelle politique
économique dans notre introduction. Ici, nous reviendrons
sur deux aspects - qui nous semblents importants - de cette po-
litique, qui, par leur nouveauté, méritent une attention par-
ticulière. La participation de l IEtat et des Nationaux dans la
gestion des unités de production; les relations de l'Etat-
avec les sociétés pétrolières considérées à partir de la loi
pétrolière de décembre 1974.
B. - LA PARTICIPATION DE LIETAT ET DES NATIONAUX DANS LA GESTION
DES UNITES DE PRODUCTION: LES SOCIETES D'ECONOMIE MIXTE
La définition par le Président Bongo du "Progres-
sisme démocratique et concerté Il a été accompagnée de certaines
205.
mesures.
D'abord, une ordonnance présidentielle du 6 février
1976 portant
modification de l 'ordonnance n° 41/72 du 10 juin
1970 qui institue la cession gratuite à l'Etat de 10 % du capi-
tal. Cette ordonnance en fait, ~tend le champ d'application de
l'ordonnance de 1972 aux sociétés anciennes. Aux termes de cet-
te ordonnance, la cession gratuite à l'Etat de 10 % de leur
capital par toutes les sociétés ex~rçant une activité au Gabon,
·tJ
entraîne de plein droit la présence d'un représentant
de l'Etat
au sein du Conseil d'Administration desdites sociétés. Par
ailleurs, les sociétés déjà installées doivent engager dans
un délai de quatre vingt dix jours, des négociations en vue
d'aboutir au régime institué par l'ordonnance de 1972 sous pei-
ne d'une amende égale à 10 % du capital social.
Ensuite, le création d'une commission nationale
de marchés qui a pour mission de négocier avec les groupes
étrangers tous les marchés réquérant en engagèment financier
de l' Eta t e t ~ e f,·, et t r e un ter me à l a pol i t i que de Il pre s s e - ci -
tron" (formule du Président Bongo) de:ocertaines entreprises.
Toutes ces mesures, n'ont pas manqué de porter
leurs fruits comme en témoignent les statistiques concernant
le développement des sociétés à participation financière p~
blique. Ces sociétés d'économie mixte présentent deux aspects.
·f
Elles sont à participation soit minoritaire~ soit majoritaire
de l'Etat.
Pour l'étude chiffré de la participation de l'Etat,
nous avons jugé utile de lui consacrer une rubrique en annexe
( 1) .
Pour terminer cette rubrique économique,faisons-
(1) - N.B. Cf. Participation de l'Etat dans les entreprises. An-
Annexe.
206.
en une esquisse. des relations de l IEtat avec les sociétés pé-
trolières.
- Les relations de l 'Etat avec les sociétés pétrolières
Les relations entre l IEtat et les sociétés pétro-
lières installées au Gabon. étaient jusque-là régies par le
code ~inier établi en 1962.
Mais les préoccupations économiques essentielles
issues des mutations intervenues dans le monde. notamment en ce
ce qui concerne le pétrole et l'association récente du Gabon
à l'O.P.E.P. ont ame né l'Assemblée Nationale à voter en décem-
bre 1972. la "nouv e l l e loi p t r o l
r e " qui. désormais. régit les
ë
é
ë
les activités de recherche et d1exploitation pétrolières.
Cette no~velle loi présente deux caractéristiques
essentielles:
Pour la premlere fois. la léi ne se contente pas de faire
allusion àu principe de propriété de l'Etat sur ses ressour-
ces naturelles. Non seulement Ge principe est clairement op-
primé. mais. encore la nouvelle loi consacre-t-elle l t ac c r oi s
sement du rôle de llEtat qui. "d u simple rentier. accède aux
fonctions de participant. voire de d i r t qe a nt ". L'idée ayant
guidé le législateur gabonais, est que 1I1 a politique mise
en oeuvre fasse du pétrole une activité intégrée à part en-
tière et devant produire ses effets dans tous les secteurs
de l t co nom t e na t i ona l e ",
ê
- La deuxième caractéristique de la nouvelle loi pétrolière.
conséquence de la première. réside dans la notion de gaboni~
sation de l'économie. laquelle engendre au plan juridique
et financier des contraintes jusque-là inexistantes.
- Sur le plan juridique. il s'agit d'une condition
207.
essentielle d'établissement: les sociétés opérant sur le
territoire
gabonais doivent désormais y avoir leur siège so-
c i al.
- Sur le plan financier, on trouve l'application
dans le secteur pétrolier de l'ordonnance 41/72 du 20 juin
1972. (cf. infra). DAns le cas des sociétés pétrolières et
minières la pa r t i c i.pa t i on de l'Etat au capital a été portée
à
25 %.
La nouvelle loi pétrolière institue un reglme qui
aggrave les redevances fiscales dues par les sociétés pétro-
lières à l'Etat. En effet, s el on
l'article 2 de cette loi,
les sociétés détentrices de titres miniers pour hydrocarbures
liquides et gazeux ainsi que les entreprises qui leur sont
associées, sont assujetties pour leurs activités de recherche
et d'exploitation des 1fii'sements d'hydrocarbures sur le terri-
toire de la République gabonaise au paiement des bonus, rede-
vances, impôts, droits et taxes ct-après énumérées.
- Redevance minière proportionnelle - taux compris entre 12 %
et 16,67 % de la valeur champ des hydrocarbures liquides et
entre 5 % et 9 % des hydrocarbures gazeux.
Droits miniers fixes, perçus lors de l'institution
du renouvellement ou de la mutation du permis / 10.000 à
100.000 ~ CFA pour le permis de recherche, 30 à la millions
de F CFA pour le permis d'exploitation et 40.000 à 25 millions
de F CFA pour la concession.
Comme pour la rubrique précédente nous renvoyons
le lecteur en annexe pour l'étude énumérée des différentes
dispositions relatives, aux relations de l'Etat, avec ces
sociétés pétrolières.
208.
Que pouvons-nous retenir de l'analyse que nous
venons de mener? Il est évident que les nouvelles données de
la politique économique gabonaise, vont dans le sens dune
plus grande participation de l'Etat gabonais et de ses res-
sorti ssants à l' acti vi té économi que, du pays, même s i l e co-
de des investissements gabonais reste ouvert très favorable-
ment aux étrangers. Ce qui peut se comprendre dans la mesure
où le Gabon ne peut encore se passer des capitaux étrangers,
pour les besoins de son développement économique. Toutefois,
l'on peut prévoir, en raison des nouvelles or~éntations de la
politique économique, une atténuation de la situation de mo-
nopole dont jouissent de nombreuses sociétés installées au
Gabon, notamment les sociétés pétrolières et qui sont dans
leur grande majorité, de nationalité française.
L'aspect économique de l'évolution de la coopéra-
tion franco-gabonaise, rejoint ainsi l'aspect politique de
celle-ci dans la mesure où comme celui-ci, il traduit une at~~
ténuation de la dépendance totale à l'égard de la France.
Nul ne peut nier que les négociations qui ont conduit aux nou-
veaux accords de coopération, sur ce qui était à l'origine une
adaptation des accords de coopération, devenue ensuite un
aménagement et enfin, une révision, se sont cependant révélées
plus ardues qu'on aurait pu s'y attendre.
Selon les a ut 0 rit É s f'r a nç ais e s : (1), l' é vol ut ion
du ma r c hé mon dia l des mat i ère s pre L; i ère sai nsi que 1a plu s
srande ~ndépendance financière du Gabon, enfin, le so~ci de
ne pas paraître se situer en retrait par rapport à
-
d'autres
pays francophones, expliquent les difficultés rencontrées.
En conclusion, l'accord franco-gabonais du 12
février 1974, dont le préambule rappelle les liens d'amitié
(1) - Cf. Rapport sur la convention relative au concours en
personnel apporté par la République française à la République
Gabonaise, Note du Sénat n° 15 p.
5.
209.
et de solidarité qui unissent les deux pays, marque le souci
du gouvernement gabonais d'affirmer sa souveraineté tout en
consenvant les avantages de la coopération technique, que la
France, continue à ~ui assurer. De son côté, le gouvernement
f~anGais a estimé que les concessions - par la force des cho-
ses - faites dans cet accord, ne portent pas atteinte à l'ac-
tion de coopératiori qu'elle entend poursuivre ~etlne restreint
pas non plus les garanties offertes au personnel qu'il envoie
au Gabon.
210.
DEUXIEME PARTIE
FRANCE - GABON JUSQU'EN 1967
211.
tHAPITRE 1. - LA TENTATIVE DU PUTSCH OU L'AROUTISSEMENT DU
--------------------------------------------
MACAISE POLITIQUE
Les fréquentes dissolutions de l'Assemblée natio-
nale, l'emprisonnement des étudiants, et l'attitude du Prési-
,
dent Léon MBA vis-à-vis de J.H. Aubame sont les faits mar-
quants qui précèdent la crise de février 1964.
Dès cet instant les deux adversaires politiques
sont pratiquement inconciliables, et leur but respectif ne
peut être atteint que par une victoire totale. Le coup d'Etat
militaire permet-il de l'entrevoir, pour l'un ou pour l'autre
dans un avenir proche? La suite des évènements le dira. L'an-
née 1964 marque cependant la fin d'une cohabitation houleuse
entre une majorité vigoureuse et une opposition hésitante, et
le divorce est trè~ brutal et tragique pour qu'on entre di-
rectement dans le vif du sujet sans expliquer au préalable les
causes et les circonstances qui l'amènent. Dans ce flou poli~
tique~ nous étudierons successivement les circonstances géné-
rales c'est-à-dire, l'état du malaise, proprement parlé et
les circonstances particulières qui servent elles, de détona-
teur à la crise.
1. - LES CIRCONSTANCES GENERALES
A. - LA CONTESTATION DES ETUDIANTS GABONAIS EN FRANCE
Réunis au sein de l'Association générale des étu-
diants gabonais en France (A.G.E.G.), qui est une section
territoriale de la Fédération des étudiants d'Afrique Noire
(F.E.A.N.F.), les étudiants gabonais ont qualifié le gouver-
nement d'union nationale de "façade". Ils estimaient qu'elle
n'avait pas changé la nature du régime. En
effet,
leurscriti-
212.
tiques s'adressaient aussi bien au chef de l'Etat qu'au lea-
der de l'opposition. Dans les prises de position de l'A.G.E.G.,
dlaucuns crurent à un conflit de générations, or, en fait, leur
leur attitude correspondait au moins pa r t t e l l eme nt g une cer-
taine
vague de mécontentement dans une
fraction non négli-
geable de la masse populaire; face au durcissement du régi-
me. Le Président Léon MBA le comprit d'ailleurs si bien pour
stigmatiser le 28 juillet 1961 à Mouila : "Nous saurons mater
une révolution: si besoin en
est
nous mettrons les agita-
teurs en prison ou nous les exilerons". Il fit en même temps
allusion "aux mensonges, aux bobards et à une certaine -propa-
gandeétrangère" (1). Deux mois plus tard, il adressa une mi-
se en garde encore plus vigoureuse à "ceux qui lancent de
faux bruits et qui sapent
l'union nationale ( ... ) étudiants
qui répandent des tracts au Gabon; je ne les tuerai pas
physiquement, mais, moralement" (2). La réaction des étudiants
~e se fit pas attendre, le 2 novembre 1961, ils ripostèrent
par une longue "lettre ouverte à M. Léon MBA, Président de
la République Gabô"naise "dans laquelle, ils sien prenaient
violemment au régime et au chef de llEtat : " ... Vos électeurs
nlont pas oublié les brimades, les amendes et les arrestations
arbitraires qui ont frappé ceux qui se déclarent opposé~ à
l'union" ; l'élu que vous êtes, nie au Peuple Gabonais le
droit de s'occuper de politique sous prétexte q~e vous avez
été choisi pour cela. L'inimité radicale, la haine à mort
contre tout ce qui pense, contre toute critique ce sont là
des symptômes graves. Notre peuple lutte pour que le Gabon
moderne cesse de se construire à coup de reines de beauté et
de "mercédès" de ministres ignorants et de conseillers tech-
niques incapables". Cette lettre prenait a s s i
û
à partie les
"colons inconvertis", des IIgroupuscules de parvenus africains"
et de "l'oligarchie financière t nt e r ne t i o na l e " comme piliers
-----------------------
(1) - Cf. A.F.P. Sp. Q.M. N° 4526 du 29 juillet 1961.
(2) - Cf. A.F.P. Sp. O.M. N° 4550 du 31 octobre 1961.
213.
du reglme. Une telle dénonciation violente ne pouvait rester
impunie. Deux des dirigeants de l'A.G.E.G. - Bernard ONDO
NZE et NDONG OBIANG furent arrêtés à la cité universitaire de
Paris et conduits au Bourget lIillico presto et manu militari ll •
C'était le début du durcissement du régime.
B. - DES ACCUSATIONS ET DES VERDICTS ORIGINAUX
Certains jugements des tribunaux, auxquels il
avait été demandé, dès 1959, de ne pas ~s'embarrasser d'au-
cun formalisme subtile~ illustrèrent cette application de fa-
çon, significative. Ce qu i étonnait en effet, c'est qu'on ait
eu tendance à minimiser d'abord ~e défit, jusqu'au point de
le rendre insignifiant, avant de frapper l'inculpé d'une lour-
de peine et parfois même infâmante. Le cas mémorable de M.
Gaubert OBIANG pouvait témoigner de cette disproportion entre
les peines et les délits commis. Accusé en décembre 1963 de
tentative de complot contre la sûreté de l'Etat, il fut pré-
senté par la presse officielle comme un farfelu en màl d'ex-
hibition. Cet
ex-militaire que
l'on avait surnommé plaisamment
Ille Général Ga ube r t " pour avoir défilé devant le groupe- des
ancients combattants lors d'une cérémonie officielle en 1960,
était en somme une figure pittoresque d~ Libreville ... don-
quichottesque d'allure et de propos, bien qu'il
ne soit jamais
d~cidé â livrer des batailles, même contre des moulins ...
Il
allait entraîner dans ses songes creux et dans le châtiment,
un quarteron de comparses, certains "a us s i farfelus que lui,
d'autres à qui leur état de chômeurs volontaires laissait des
loisirs à occuper ... 11 (1). L'armement de ces malheureux, s ou-
ligne-t-on, Il se limitait à des bouteilles vi de s " et ils
tenaient leurs réunions presque au grand jour, lIà l'ombre
des Ba dam i e r s " et de "sr os Bo uqu e t " (2). M: Gaub~r~ OBIANG
fut malgré tout frappé d'indignité nationale pour une pério-
de de 20 ans et assigné à résidence dans une localité de l'in-
térieur du pays. Les comparses se virent infliger la même pei-
(1) - Cf. Bull. Quotidien d'Agence Gabonaise d'Information
du 27 décembre 1963.
(2) - Deux débits de boissons bien connus à Libreville.
214.
ne, mais, pour une période allant de 1 à 10 ans. Cette sé-
vérité du jugement, expliquait le même quotidien, avait
pour but de "rassurer les habitants et d'écarter ces tru-
blions qui, bien qu'inoffensifs sur le plan politique, au-
raient pu se transformer en une véritable association de
malfaiteurs ... ",0.. vrai dire,
le "Général Gaubert"
était
plus inoffensif sur le plan social que sur le plan politi-
que. En
effet, il faisait connaître, à sa manière, la dé-
ception d'une partie de la population à l'égard de ce ré-
gime dont il avait été pourtant l'un des plus bruyants par-
tisans. On doit aussi croire que sa révolte (si
~ant est
qu'il en eut une) était partiellement motivée
pour prendre
par t,lu i au s si, à 1a "c urée ré pub1 i ca i ne", co mm e den 0 m-
breux
membres de la clientèle éclairée" des premières
heures.
Sans doute, une large fraction du peuple res-
t a i tv e l l.e fidèle. au "vieux", mais, celui-ci, aurait-il
surestimé sa puissance en essayant de se débarrasser, de
façon quelque peu cavalière, de M.J. H. AUBAME et de toute
opposition parlementaire? L'étude qui suit, nous montre
comment il atteint ce but.
C. - LE DURCISSEMENT DU REGIME ET LA MISE rN TOUCHE DE M.J.
H. AUBAME
La constitution de 1961 et l'union nationale,
suspendent pour deux ans, le duel fratricide qui oppose
M. M. MBA et AUBAME. Ce répit semble donner des pleins pou-
voirs à M. Léon MBA qui refuse cependant qu'on le traite
de dictateur, car, le 21 décembre 1961, d'un air indigné,
il précise: "on reproche au Gabon de vivre sous un régi-
me de dictature. En fait, tout ce que nous voulons, ce
sont des lois suffisamment rigides pour punir les démago-
ges, les trublions, les indisciplinés, car, nous voulons
215.
conserver le Gabon tel qu'il nous a été légué par la France"(l).
Mais, en 1963, comme en 1960, les vues politiques
de M.M. MBA et AUBAME en matière d'institutions sont fondamen-
talement opposées pour qu'un accord définitif entre eux soit
possible. Il faudrait que l'un des deux acceptât de s'effa-
cer de la scène politique au bénéfice de l'autre. Or, ils
sont, l'un et l'autre convaincus de l t exa c t t t ude de leur pro-
pre point de vue et pensent avoir
les moyens de leur ambi-
tion.
Dès lors, pourquoi feraient-ils le jeu de l'autre?
Il est évident que
l'Union
nationale ne pouvait apporter une
solution définitive à cette situation que dans la mesure où
elle dépassait le stade d'un accord électoral
pour entrer
dans les faits. Elle devait, pour réussir, être le moyen d'une
autre politique et non une fin en soi. Il n'en ù rien été
et l'opération se .trouve pour cette raison, condamnée à l'é-
bhec.
Les motivations réelles de l'entreprise de 1961,
tout comme celles qui président à son arrêt, tiennent au ren-
forcement du pouvoir personnel du Président Léon Mba. Il est
possible, que le chef de l'Etat ait cru réellement que ces
deux années de collaboration avaient démobilisé l'opposition
et qu'ensuite, il n'avait plus voulu reculer. Par ailleurs,
les institutions étant en place, la nécessité de cohésion
gouvernementale, ne se faisait plus aussi fortement sentir
que deux années auparavant. D'autre part, M. Léon Mba ne
voulait pas que l'opposition retrouvât l'initiative du jeu
politique et, en se séparant des ministres U.D.S.G., il pri-
vait cette formation
de l'avantage certain qu'elle aurait
(1) - Cf. NTUTUME (J.F.), op. cit. P. 206.
216.
retiré d'une décision circonstanciée de mettre fin à sa parti-
cipation au gouvernement. Le 19 février 1963 en effets à l'ex-
ception de F. Meye, tous les ministres U.D.S.G. sont démis de
leur fonction et le Président Léon MBA désigne deux nouveaux
membres du gouvernement. MM. L.M. Ntutume et Nze Ndong, tous
deux B.D.G .. Ainsi, l'équipe ministérielle n'était-elle plus
formée que des adhérents de ce parti, pendant que l es députés
de la liste un i que d Un i on' nationale continuaient à siéger à
j
t
l'Assemblée.
La manoeuvre de M. Léon MBA est d'autant plus ha-
bile qu'elle est complétée par la récupération d'une personna-
lité de l'opposition M. Meye, qui
se désolidarise de ses com-
pagnons de lutte et accepte de conserver son portefeuille mi-
nistériel. Le chef de l'Etat tente d'atténuer la portée de
cet événement en présentant ce remaniement ministériel comme
une mesure technique, à l'image des deux qui l'ont précédé
depuis 1961, et non comme un geste d'hostilité à l'égard de
ses partenaires.
D'ailleurs, le 25 février, paraIt un décret nom-
mant J.H. Aubame Président de la Cour Suprême. En même temps,
le Président Léon MBA proclame que la majorité peut et doit
gouverner seule, car, dit-il, il n'y apas d'opposition réelle
à sa politique dansle pays". L'~nion nationale n'a pas à être
construite, elle existe en fait" (1). C'est affirmer que
l'U.D.S.G. ne représente rien. Dans ce contexte, la mesure de
clémence prise le 9 février 1963 à l'occasion de la commémo-
ration des traités franèo-gabonais de 1839 à en faveur des
personnalités du B.D.G. arrêtées le 17 novembre 1960, revêt
une signification particulière. Certes, l'opinion est invitée
(1) - Thème fréquemment repris par le chef de l'Etat au cours
des mois suivants ex. La 14 février 1964, III 'Effort gabonais"
reproduit un discours du président dans lequel, il déclare;
conscient de cet essor, d'un esprit national et de l'avènement
d'une unanimité désireuse de paix interne et de stabilité, j'a-
vais procéd~ '1~/2/1963)au remaniement du gouvernement de coa-
lit ion qui
d ata, t
lui au s s ide 1961 e n 01 e s é par a nt des pers 0 n-
nalités ayant appartenu à l'opposition et en constituant une
équipe homogène, apte à travailler dans l'ordre et la concorde".
217.
à Y voir la confirmation des propos du Président et la con-
s éc rat ion de l ' uni t é na t ion ale. t~ ais pou r c eux qui -p e nsen t
que M. Goon dj 0 ut a va i t été sac r i fié e nt rel e B. D. G. et l' U.
D.S.G., entre MM. MBA et AUBAME, sa réhabilitation semble
annoncer la rupture entre ces deux leaders, et les retrou-
vailles du chef de l'Etat et du fondateur du B.D.G., ancien
président de l'Assemblée nationale de surcroît, préluder à
un nouvel affrontement des deux grands partis. La nomination
1
.
de M.J.H. Aubame au poste mirifique de Président de la Cour
Surpême, après la désintégration du gouvernement d'union na-
ti0~ale, ne pouvait pas non plus cacher les luttes partisa-
nes et personnelles qui
sourdaient de nouveau dans le pays,
après deux ans de "trève politique".
Le chef de fil de l'U.D.S.G. redevenait ipso facto,
et
virtuellement le grand rival d'auparavant. En le nom-
mant président de la Cour suprême, la Président Léon Mba en-
tendait sans doute lui assigner le rôle d'un fonctionnaire po-
litiquement lié a u régime, et dont il pouvait disposer à
sa guise, comme l'indique le statut des membres de cette ins-
titution. Mais, M. Aubame restait malgré tout député et il
pouvait de ce fait, le cas échéant se prévaloir de la protec-
tion que confère l'immunité parlementaire. C'est en tenant
compte de cette possibilité que le chef de l'Etat prête une
oreille attentive aux suggestions et même aux exigences
de
/certains élus du B.D.G .. Au cours du 2e congrès de leur par-
ti tenu en août
à Libreville, ceux-ci avaient "demandé impé-
rativement la démission de l'Assemblée nationale, de M. J.H.
Aubame, président de la Cour Suprême qui est à la fois dépu-
té, alors que la loi déclare incompatible
ces deux fonctions
et celle du Secrétaire Général d'un parti politique" (1).
C'est au cours de ce même congrès que M. Léon Mba dira: "
Le B.D.G. entend être le parti de la nation, le parti de tous
les hommes et de toutes les femmes du Gabon ... S'il est vrai
que le B.D.G. doit assurer et perpétuer l'unité nationale, il
(1) - Cf. A.F.P. Sp. Q.M. des 25 et 26 août 1963.
218.
n'est pas moins vrai que cette unité nationale serait pré-
caire si elle ne reposait pas sur la réhabilitation des mas-
ses rurales, des masses laborieuses, des femmes, des fai-
bles ... "(1).
Pour déjouer la stratégie de ses adversaires, M.
Aubame adresse le 9 janvier 1964, une lettre de démission -
de la Cour Suprême - au Président de la République. Mais,
celui-ci aurait sans doute estimé que cette lettre arrivât
plus tard, car, en effet, il avait
déjà lancé un appel à
1 "Mssemblée nationale pour relever un cas d'incom~3tibilité
parlementaire dans la situation de M. Aubame. Ce vote des
députés surprit par la faible majorité qui sien dégagea,
alors qu'arithmétiquement parlant, le chef de l'Etat pouvait
compter sur 1 lallégeance de 70 % au moins des élus du 12 fé-
vrier 1961. C'est donc avec raison que certains observateurs
curieux crurent que cette "major.ité mitigée" était l'expres-
sion d'une trahison, ou au mieux d'un manque momentané de
fidélité au régime et à son chef.
Que M. Aubame dût se démettre ou non, il eût paru
plus conforme tant à la
lettre qu
l'esprit de la consti-
t
â
tution que la ~hambre constitutionnelle de la Cour suprême
fût s e u1e hab i 1 i t é e
e xami ne r , 1e pro b1ème de 1
â
( \\
1 i nco mpa-
tibilité éventuelle dans sa situation. Llintervention de
l'Assemblée nationale ne pouvait être admise que s'il avait
été question de lever l'immunité parlementaire comme en dis-
pose l'article 28 de la constitution. Or, M. Aubame n'était
ni poursuivi, ni sous le coup d'aucune inculpation. D'ail-
leurs, résolvant d'avance le problème de l'incompatibilité
entre son mandat de député et sa fonction de président de
la Cour suprême, il avait manifesté de la façon la plus ex-
pl icite qui fût, sa volonté de se démettre
de celle-ci pour
conserver celui-là.
(1) - Président Léon MBA. Discours d'aventure du 2e congrès
du B.D.G., Libreville 20.08.1963, in A.r.p. SP. O.M. 23 août
1963.
.
219.
La sàisie de~l 'Assemblée nationale par le Président
de la République semblait donc accréditer l'idée selon laquelle,
il entendait désarmer III 'éternel r i va l " en le privant de son
mandat électif et, par voie de conséquence, de son immunité
parlementaire. Le caractère restreint de la Chambre
c ons t i t u-
:
tionnelle oQ.M. Aubame pouvait bénéficier de .certaines sympa-
thies, ne lui aurait pas inspiré une entière confiance pour
le succès de son entreprise. Au reste, si cetteCha:-;~!:>re lJOU-
vait apprécier le cas de I t t ncomp a t i bt l t t
par contre,
ê
,
elle n'aurait pas été fondée dans les limites strictes du
droit à lever automatiquement l'immunité parlementaire avant
que l'intéressé eût exprimé son choix. Il y avait aussi du
moins, ta~t que M. Aubame n'était pas inculpé, une inadéqua-
tion entre les intentions du chef de l'Etat et les procédures
juridiques disponibles pour les mettre à exécution. En répon-
dant à l'appel qui lui avait été lancé, l'Assemblée nationa-
le devait donc vider la constitution. Pour que cette entorse
passât inaperçue du grand public, il eût fallu qu'elle le fît
r api demen t par l'e x pre s s ion d' un vot e mass if. Ce nef ut ': pas
le cas, elle allait le payer de son existence quelques temps
après.
Déjà, les élections municipales (1) pour lesquel-
les la campagne est ouverte le 9 septembre; permettrent une
(1) - Semaine africaine n° 575 du 8 septembre 1963. de Mar-
chés Tropicaux et Méditérranéens n° 929 du 31. août 1963.
220.
approche du climat politique après la rupture de l'union na-
tionale et la parade du B.O.G., si en fin de compte leurs
résultats confirment la puissance de ce parti, si le fait que
dans cinq communes sur six des listes uniques sollicitent les
suffrages des citoyens donnant ainsi l limage d'une opinion
unanime qui ne peut se reconnaître dans plusieurs partis, el-
les révèlent aussi, la fragilité des affirmations de la majo-
rité. La constitution des listes uniques rencontre des diffi-
cultés à Port-Gentil, à Lambaréné où le scrutin est reporté
du 22 septembre au 20 octobre en raison des vices de procédure
da~s l'inscription et le dépôt des
listes. A Dyem, dans le
fief de l'opposition, deux listes s'affrontent et malgré des
manoeuvres douteuses qui entraînent 1 'annulation des résul-
tats, la majorité est tenue en échec et le ministre des Af-
faires Etrangères qui conduisait la liste, est démis de ses
fonctions, le 1er octobre pour s'être compromis dans cette
affaire. Force est de constater que l'unanimité autour de M. Léon
MBA et la représentativité du B.O.G. ne sont donc encore que des
slogans de propagande et non un fait acquis.Toutes ces manoeuvres
mettent en
vi dence
la froi de détermi na ti on du chef de l'Etat et de
ê
l~.majorité d'éliminer l'opposition quelle que soit sa force et les moyens à
mettre en oeuvre; mais, aussi le sens des responsabilités du chef dans
E'
cette opposition qui ne songe pas un instant à se dérober
au combat pour conserver honneurs et privilèges. Elle est aus-
si, car c'est l'occasion - "il faut le souligner - de la mani-
festation d'une certaine maturité politique de la part des
élus gabonais. En effet, malgré l'autorité du chef de l'Etat,
son influence, et la force de son parti au pouvoir, l'Assem-
blée marque sa désapprobation à l 'entreprise du B.O.G. pour
subjuguer le Peuple gabonais, en repoussant le projet de loi
du gouvernement. Oe nouveau, au moment de la discussion du
221.
'"
budget, 1 'Assemb1eeose affronter le gouvernement, montrant
par là que la première fois, elle n'a pas agi de façon irré-
fléchie, mais que l'attitude des députés leur a été dictée
par la conscience qu'ils ont des dangers contenus dans l'é-
volution en cours (1).
Mais, la réaction de l'Assemblée vient trop tard,
d'autant plus qu'elle nlose aller jusqu'à se solidariser de
l'·U.O.S.G .. Le combat est pour trop inégal entre une assem-
blée livrée à elle-même et un gouvernement tenu d'une main
ferme par le "chef de l'Etat et conseillé par des cqe nt s tech-
niques français expérimentés" (2). Les députés rétifs entrent
finalement dans
les rangs. A l'exaltation, succèdè la pas-
sivité et l'Assemblée, passant de la rébellion à la résigna-
tion, accorde au chef de l'Etat, en vertu de l'article 42
de la constitution, l'autorisation de légiférer par ordonnan-
ces pendant l t t nt e r s a t s on parlementaire (3).
Dans cette situation, M. Aubame semble avoir été
pris de court par les événements. C'est l'U.D.S.G. nui, lo-
giquement, aurait dû prendre l'initiative de la rupture. En
acceptant 1 'union nationale, elle avait fortifié sa posi-
tion en montrant que l'on ne pouvait rien faire au Gabon sans
elle; dans la mesure où l'union déçoit l'opposition, il lui
revenait de la dénoncer. Que 1 IU.O.S.G. subisse de bout en
bout une situation créée, infléchie, exploitée par le B.D.G.
est le signe de son extrême générosité, ou,
du moins de son
imputssance , et inversement, la preuve de l'habilité manoeuvrière
et de la combativité de son adversaire.
II. - LES CIRCONSTANCES PARTICUCIERES
Las rapports. tendus entre 1e gouvernement et 1 1As-
semblée devaient entraîner la dissolution de cette dernière.
---------------------
(1) - Cf. Semaine africaine, 5 janvier 1964 et Effort gabonais
27 décembre 1963.
(2) - PION (H) - op. c. p. 180
(3) ~ Semaine Africaine, 5 janvier 1964.
222.
Pourtant, à la session ordinaire de décembre 1963, le vice-
président P.M. Yembit rendait encore un hommage à cette as-
semblée "po ur L' a ppl t c a t f o n dont elle a fait preuve durant
ses délibérations ... (1). Après le fameux vote de tels sa-
tisfécits n1étaient plus dl'! mise du moins, de la part du Prési-
dent Léon MBA, l ui vmême , qui
ne s'embarrassa plus de formules
pour s'adresser aux députés. La réaction à la demande de ceux-
c i de voir leurs "pr ëhe nde s ? , augmentées, témoignait de
son nouvel état d "e s pr i t
à leur égard:
II V OU S demandez une
amélioration de votre situation, mais les services que vous
rendez à la population ne justifient une telle mesure ll (2).
En
réalité, le chef de l'Etat tirait les conclusions qui lui
paraissaient si-imposer devant le "t i ëd e l oya l t sm e " exprimé
par ces parlementaires. Il poursuit en effet: "Au.io ur d t hui ,
il est évident que l'Assemblée nationale de 1961 ne corres-
pond plus qu'à une situation dépassée, aussi bien pour ce qui
concerne la tâche qui lui était impartie. En e t f e t vTe s dé-
putés élus en 1961, sous la bannière
de l'Union nationale ve-
naient d'oublier q~'ils ne devaient assumer IIqu'une législa-
ture de gestion d'administration, en manifestant constamment
une Toyautë"
indéfectible à l t qa r d du gouvernement (3).
ë
C'est-à-dire en définitiv~ et conformément à l'esprit de la
constitution qui Is avaient adoptée
à l'unanimité, à l'égard du
Président de la République.
Par décret du 18 janvier 1964 (4) le Président
Léon Mba convoqua l'Assemblée Nationale en session extraor-
dinaire sans avoir précisé toutefois l'ordre
du "jour, ain-
si que le stipule l'article 34 de la constitution. Trois jours
plus tard un autre décret abrogeait le premier (5). Mais, dans
(1) - A.F.P. Sp. O.M. du 21 décembre 1963.
(2) - B.A.N. n° 307 du 2 janvier 1964.
(3) - B.A.N. N) 307 du 2 janvier 1964
(4) - Décret n° 19/P.R. du 18 janvier 1964. J.O. du 1.2.1964.
(5) - Décret n° 38/PR du 21 janvier 1964 in J.O. 1.2.1964.
223.
la même journée du 21 janvier un troisième décret dissolvait
l'Assemblée et prévoyait que les élections législatives de-
vaient avoir lieu dans les 20 jours suivants.
La réaction de l'opposition ne se fit pas atten-
dre ; elle s'empressa de faire connaître sa décision de ne
pas participer à la prochaine consultation. §e rappelant sans
doute les conditions dans lesquelles elle avait pris part aux
élections, des conseillers, des collectivités du 19 juin 1960,
elle avait estimé ne pouvoir bénéficier d'aucune chance/0 'ai1-
1eu r s,le sc rut i n de 1i ste uni que nié ta i t pas r e pud i é
pa r
1e
décret portant di s s o l ut t on de l'Assemblée et organisant
des élections. S'il devait s'~gir d'une nouvelle liste d'union
nationale, il était prévisible que le chef de l'Etat et
le B.O.G. ne pouvaient plus accepter la collaboration appa-
rente et équivoque des membres les plus influents de 1 'oppo-
sition légale. Celle-ci n1entendait donc pas ava1i·ser la pro-
cédure utilisée par une participation quelconque aux élections.
En optant pour
l'a·bstention, elle pouvait prolonger de la
sorte le malaise politique quels qu'eussent été les résultats
sortis des urnes. Devant cette atmosphère tendue, "nul ne
prêta beaucoup d'intérêt au message du nûuve1 an où les of-
ficiers gabonais assuraient le Président de leur loyalisme ...
Nous saurons tirer les leçons de ce qui èst arrivé jadis et
de ce qui se passe ailleurs, proclamait. l'adresse lue à la
radio· par le capitaine Tea1e, directeur du cabinet militaire
du Président Léon MBA. Ce1à ne se passera pas au Gabon où il
n'existe pas de soldats perdus" (1). Inquiets devant cette si-
tuation, certains hommes entreprenants, constituèrent un
comité de vigilance "franco-gabonais qui, dès le 2 février
1964, envoya une lettre au général de Gaulle ainsi qu'au
Chef de l'Etat Vo1taïque{2J=ette lettre demandait au Général
de Gaulle, "d'user de son influence pour faire sortir du Ga-
bon M. Léon MBA et ses
ministres incapables et illettrés, à
l'exception de M. GustaVe Angui1é, ainsi que tous les agents
de l'assistance technique française, servant dans la police,
----------------------------
(1) R.F.E.P.A. Juillet 1973 p. 44.
(2) Le P~ésident,Ma~riceYa~éogo de Haut~ Volta fut à cette époque Président
en exerClce de 1 Unlon afrlcaine et malgache (U.A.M.) en cette qualité, il
reçut une copie de la lettre.
224.
gendarmerie, ou l'armée gabonaise. Il semble qu r i l n'y a pas
eu de réponse à cette lettre.
La campagne électorale s'ouvrit le 13 février 1964
dans un climat de lourde incertitude. Par un stratagème des-
tiné à réduire l'influence de leurs adversaires dans la fu-
ture assemblée, les dirigeants ramenèrent de 60 à 47 le nom-
bre de ses membres~ Parmi les sortants, vingt seulement osè-
rent déposer leur candidature. Pandant ce temps, l'adminis-
tration engageait l'épreuve de force contre les fonctionnai-
r e s coupables de sympathie pour l'opposition, et
chassait
1es
Pri nc i pau x sus pe c t s de 1eu r poste (1).
1 La
rad ion a t i 0-
,
na1e conseilla même aux militants du B.D.G. d'arborer leurs
insignes pour se distinguer de leurs adversaires ou des in-
différents" (2).
L'emprisonnement des étudiants, arrêtés à Paris, et
et la sévérité de certains jugements des tribunaux, tendaient
à
enrayer toute opposition extra-parlementaire. La dissolu-
tion de l'Assemblée quant à elle, visait à rendre le Parle-
ment plus monolithique, docile et à y assurer à l'avenir une
fidélité aveugle au pouvoir exécutif. Toutes ces mesures n'ont
pas été de nature à faire disparaître le malaise. Si celui-ci
n~en constituait pas clairement un signe avant-coureur, c'est
du moins dans sa fièvre que devait éclater la crise du 18 fé-
vrier 1964 que nous allons étudier.
III. - LA TENTATIVE DU PUTSCH MILITAIRE DU 18 FEVRIER 1964
Dans les casernes, cependant, quelques jeunes of-
ficiers ne regardèrent pas ces disputes d'un oeil neutre. La
brutalité des politiciens ne leur enseignait guère à respec-
ter la constitution. En effet comme le soulignait le général
(1) - Cf. R.F.E.P.A. op. cit. p.45
( 2) - Idem
225.
Mobutu en juillet 1964, "l'armée ne doit peut être pas faire
de politique, mais, la politique en Afrique, au moins, dépend
toujours de l'armée" (1).
Quelques heures avant le déclenchement de l'opé-
ration "l'actif directeur du cabinet de M. Léon MBA'
M. Al-
bert Bernard Bongo (2), averti d'une effervescence anormale
chez les militaires, avait alerté son chef, mais, nul
n'avait
voulu prendre ses avertissements au sérieux" (3). Effective-
ment, il s'y passait quelque
chose et les officiers gabonais
ne voulaient rien laisser au hasard. "Ils neutralisaient les
officiers f r a nç ai s commandant la gendarmerie
et les membres de
l'Etat major des forces armées
gabonaises. Ces ho~mes qu'ils
avaient entraînés avec eux ne semblaient pas comprendre exac-
tement ce qui se passait" (4). C'était le coup d'Etat.
Dans'la nuit du 17 au 18 février,un comité révolu-
tionnaire dirigé par le lieutenant Mombo et le lieutenant de
commando Essone, s.'empara avec 150 hommes du Président Léon
MBA, de M. Louis BIGMAN Président de l'Assemblée nationale
et de plusieurs ministres aux environs de cinq heures du ma-
tin.
Dans la matinée du 18 février, les auditeurs de
la Radio-Gabon habitués à leur dose de muse et de "réveil
matinal" " ne comprennent
rien, les récepteurs restent muets.
A 9 H 2~, commence la diffusion d'un programme de musique
militaire. A 10 heures la radio parle et le speaker annonce
"Radio-Libreville" et non plus radio-Gabon". Au nom des mi-
litaires, le lieutenant Daniel MBENE s'adresse au peuple en
ces termes
: "l'armée a décidé de mettre un terme à un ré-
gime policier ... à une situation qui risquait de devenir in-
(1) - Cf. Jeune Afrique n° 191 6 juillet 1964 p. 19
(2) - A. Bernard (OMAR) BONGO est l'actuel président de la
République Gabonaise.
(3) - Cf. R.F.C.P.A. op. p. 45
(4) - Cf. Le Monde 21 février 1964
226.
contrôlable ... II • Il annonce la dissolution du gouvernement,
l'arrestation du Président Léon MBA et de ses "a c ol y t e s ".
L'armée demande à l t as s t s t a nc e technique française de ne pas
s'immiscer dans les affaires intérieures du Gabon. Le commu-
niqué annonce la formation d'un gouvernement révolutionnaire
sous vingt quatre heures. A Il beures, exécution de l'hymne
national la "<Co nc or de "- un communiqué est lu en français, .
puis en langues Myéné, Obamba et Fang, après cette diffusion,
le Président déCU; lit le texte (1) par lequel le comité ré-
volutionnaire lui enjoint de démissionner et qu'il a signé.
D1i.."e voie étouffée, il dira:
Ille jour J est a r r i v
les
ê
,
injustices ont passé la mesure, ce peuple est patient, mais,
sa patience a des limites ... il est arrivé à bout ... (2).
Les auteurs du coup d'Etat se présentent donc en défenseurs
des libertés et des-intérêts de la Nation. Ils affirment avoir
pris les de van t s d' une ém eut e pop ulai r e et a v0 i r l' 0 pin ion
publique avec eux. IIDe fait, ni les forces armées, ni dans la
police, ni dans le peuple, un mouvement ne s'est dessiné pour
défendre le Président Léon MBA II (3). Qui sont ces militaires
auteurs du Putsch? Les lieutenants Essone et Ondo Edou sont
tous les deux des anciens sous-officiers de l'armé de la Com-
munauté. Ils ont été formés à une tradition de discipline.
Le second a reçu un complément de formation à l'école de
Coëtquidan et à Saint Maixant, il vient d'épouser une jeune
française de Poitiers. Le lieutenant MBENE est un frais émou-
lu de Coëtquidan aussi, quant au lieutenant MOMBO
qui est
le premier officier gabonais, il a manifesté une certaine
indépendance à l'égard du pouvoir civil, refusant un poste
lien brousse ll ,
puis, se mariant sans autorisation à une marti-
niquaise, ce qui lui a valu d'être sanctionné. Mais, il a
bien vite renoué
avec une carrière prometteuse, devenant
attaché de cabinet auprès du ministre de la Défense Nationale.
Tl) -
NB. Nous nous contentons ici de quelques passages, de
ce texte. L~ totalit~ dudlt texte est quasi introuvable. In
Ntutume J.F. op. Cil. p. 84.
(2)
- Cf.
Jeune Afrique n° 172. 24 février 1964 p. 15. "ûa bo n
Paris sort ses paras ll •
(3) - PION (H.) op. cit. p. 184.
227.
Il serait donc malaisé d'attribuer leur geste à une ambition ef-
/
f re i n ée v Dv a t l l e ur s , ayant parfaitement mené et réussi
leur coup
de main contre les chefs civils, pourquoi auraient-ils choisi de
s'effacer-devant d'autres civils,
alors que rien ne les y con-
,
traignait comme ils le font dans les heures qui suivent le suc-
cès de leur opération? Il est donc juste à cet égard de recon-
naître leur bonne foi quand ils justifient leur acte dans les
termes où ils l 'ont fait et de reconnaître une certaine générosité
à leur comportement, tout comme leur dignité et leur sens de
responsabilité, en n'ayant tiré aucun coup de feu, et en gardant
le Président Léon MBA sain et sauf. Il n'est pas dans notre in-
tention d'être leur avocat, mais, notre but d'historien est d'ex-
pli qut: l' les f ait s , car, c 0 mm e les 0 u l i gnef 0 r t bi e n ~1. Sy LLA,
"l'histoire en tant que science, consiste à expliquer et··.à com-
prendre non à légitimer, ni à dénoncer. Prendre une position
politique pratique est une chose, analyser scientifiquement les
structures, les doctr-ines des partis, en est une autre" (1).
On peut tout de·même remarquer et apprecl~r leur désin-
téressement dans la conduite strictement politique des affaires
du pays, puisque, quelques heures après, ils s'effacent devant
les politiques. A 19 heures 05, le même jour, le Lieutenant
MBENE, après avoir félicité la population pour son calme, con-
sidéré comme le signe de son approhation du Putsch, puis, re-
nouvelé les promesses de sauvegarde des biens et des personnes
de toute origine, et mis en garde contre une éventuelle inter-
vention étrangère - ce qui était vérifié par la suite - Destinée
à rétablir l e gouvernement destitué, donne lecture de la compo-
sition du gouvernement provisoire et du comité révolutionnaire.
- composition du comité révolutionnaire
Président
Lieutenant Jacques MOMBO
Membres
Lie u te na nt s Val ère ESS0 II.J Let Dan i e l 1\\1 BElU
sous
(1)
- SYLLA (L). Tribalisme et Parti unique en Afrique noire
(~squiss~ d'une théorie générale de l'intégra-
tlon.natlonale). Thèse 3è cycle sociologie. Ecole
pratlque des hautes études. Paris 1976
228.
lieutenant ONOO EOOU, adjudants MOUSSAVOU et
ANOTHO.
- Gouvernement provisoire
Président
Jean Hilaire AUBAME.
Membres
M.M. Paul Gondjout Emile KASSA, Gaston BOUKA,
Jean Marc EKOH, Emmanuel MBENE, Philippe NOONG,
docteur Eloy CHAMBRIER, Philippe MAURY (ce der-
nier venait d'acquérir une certaine célébrité
par sa participation au film "la cag~" aux cô-
t~s de Maria VLAOY) et Eugène AMOGO.
Le gouvernement provisoire est placé sous la présidence de
M.J.H. AUBAME et composé uniquement de personnalités politi-
ques civiles, tandis que le comitié révolutionnaire est consti-
tué en totalité de militaires officiers et sous officiers, et
présidé par le lieutenant, MOMBO. On peut constater ~ue les mi-
litaires après avoir"abattu le régime de Léon MBA, entendent
se cantonner dans la défense de la paix aux frontières et au
maintien de l'ordre à l'intérieur du pays et laissent le champ
libre aux politiques. J.H. AUBAME est entouré de quelques com-
pagnons de lutte de toujours, mais, aussi de représentants de
la jeune élite gabonaise comme le docteur CHAMBRIER, Emile KASSA,
et MBENE Emmanuel.
Mais le fait le plus marquant est sans doute la présence
de M. Gondjout parmi les membres du gouvernement que preside
M. AUBAME. Fondateur du B.O.G. compagnon de vieille date de M.
Léon MBAd ans l' a r è ne pol i t i que, il br 0 ui l l e avec lui en 196 1 ma i s ,
réconciliés depuis peu!sa participation au gouvernement provi-
soire a dû conduire bien des Gabonais à se poser des questions.
L'évenement ne peut être réduit à une simple péripétie du duel
B.O.G. - U.O.S.G., il apparaît davantage comme une coalition
contre le pouvoir d'un homnej co nt r e un "régime policier", selon
les termes du communiqué des militaires, et, ajoutons, au délà
229.
de toute coloration ethnique comme beaucoup se plaisent à
le penser. A 19H30, le président du gouvernement provisoire
s'adresse à la nation: IIC'est sur vos
appels angoissés et
répetés et pour éviter à notre cher Gabon une révolte géné-
rale et ses conséquences que nos militaires et nos gendarmes
viennent de libérer le pays du régime qui le conduisait fata-
lement au désespoir ...
Nous allons prendre immédiatement d'importantes décisions
pour rétablir la jouissance de toutes vos libertés et vous
laver des humiliations qui vous ont été infligées pendant des
années par le régime qui vient de disparai~re dans la pire
num i l i a t t o n j L) . Il remercia les militaires et les ge_ndarmes
v
~ pour leur intervention sans effusion de sang, renouvela l'ap-
pel
au calme et la garantie ne sauvegarde des intérêts des
ressortissants étrangers et l'affirmation que les engagements
internationaux, contractés avec l'ancien régime seront res-
pectés. Il fit aussi.état des craintes des conjurés au sujet
d'une intervention étrangère possible, sans nommer aucun pays
mais invita la population à se montrer vigilante.
Si l'état de slege est proclamé, le couvre-feu établi
et les attroupements interdits, par contre, la population est
invitée à rester à l'écoute de la radio et à se tenir prête
à
toute éventualité.
Le lendemain, 19 Févier dès 6H10 du matin, la radio dif-
fuse un appel au peuple émanant du gouvernement provisoire qui,
après avoir félicité la population pour la preuve de II maturité
po l i t i que " et de "c our a qe " qu'elle donne, rappelle qu t i l est
chargé de II pr e ndr e toute disposition susceptible de doter le
pays dl-institutions démocratiques conclut
limais, si par
hasard, une provocation extérieure venait
à
se mêler de nos
affaires internes, votre droit est de défendre la Patrie quoi-
(1) Cf. Ntutume (J.F.) op. cit. p. 222156 soldats cf. p. 218.
230.
qu'il arrive. Vers 6H15, une adresse en langue Myène est
diffusée, dont, voici la traduction partielle Il ••• L'ar-
mée française veut attaquer l'armée gabonaise, le gouver-
nement révolutionnaire décide que tous les Gabonais et toutes
les Gabonaises se rencontrent, que celui qui possède un fusil
sorte sur la route, que celui qui possède une matchette-ou une
hache sorte également pour former des troupes sur la route(l).
Une heure et demie plus tard, un bref appel: IIDe toute
façon, retenez ceci, la population est invitée à renforcer
l'armée gabonaise (2) qui va être certainement attaquée par
l'armée française. Ensuite, la radio se tait.
En fait, dans le courant de la nuit du 19 au 20 Février
des troupes françaises ont été acheminées par avion, sur Li-
breville. Aucune disposition n'ayant été prise par les autorités
révolutionnaires pour rendre impraticable la piste de l'aéro-
drome. Ces forces venues de Brazzaville et de Bouar en R.C.A.
sous le commandement du général KERGARAVA~ se sont posées sans
difficultés sur le sol gabonais. IICette police tombée du ciel
n'a pas eu à accomplir un long parcours ll (3).
Il serait intéressant de savoir pourquoi le gouvernement
provisoire et le comité révolutionnaire n'avaient pas pris au
sérieux l'éventualité d'ùne intervention française qu'ils pré-
voyaient d'ailleurs. Dans le même ordre d'idées, on est en
droit de se demander
si l'armée gabonaise, était bien équipée
à
cette époque, car, l'appel lancé au peuple pour aider cette
dernière révèle une insuffisance de matériel adéquat, de muni-
tions et voire d'hommes bien entraînés. Force estdereconnaitre
aussi que cette armée n'était constituée que de 400 hommes en-
viron.
------------~-------------------
(1) P'i on
(H) op. cit. p. 186
(2) cf. Annexe pour tout ce qui
Concerne armée avant le Putsh
(3) Jeune Afrique n° 172, 24 Février 1964 p. 5
231.
Que pouvaient donc faire ces derniers sous équipés t et
de surcroît entraînés par des coopérants militaires français?
Pourquoi a-t-il fallu attendre les troupes aéroportées de
Brazzaville
et de Bouar, alors qu'il y avait sur place a
Libreville 156 soldats français en garnison permanente? Quand
bien même dans le cadre d'un allègement du dispositif mili-
taire français au sud du Sahara, les "t r ou pe s de l'ancienne
métropole av~ient complètement évacué le Gabon ... En A.E.F.
seuls avaient été conservés, le point d'appui de Fort-Lamy
au Tchad~et les antennes de Brazzaville au Congo et de Bouar
en R.C.A. II (1). Au t a nt de questions auxquelles il nous est
difficile de répondre t étant donné le caractère II s é c r e t ll
des informa ti ons mi 1i ta ires. Les po lémo 1ogues s 1 y penche-
ront peut-être un jour.
L'analyse que nous venons de conduire nous montre que le
coup d'Etat
de 1964 était une affaire strictement interne au
Gabon et que seuls les militaires reconnaissaient avoir eu
1 'initiative comme ils le réaffirmaient quelques mois plus
tard au procès de LAMBARENE. Aussi M.J.H. AUBAME t qu'on soup-
çonne de sympathie pour les Américains nia été sollicité qui
après coup.
Les militaires et les
civils
réaffirment a plusieurs re-
,
prises t leur souci du maintien de 1 'ordre t du re?pect des
accords t et de la sauvegarde des biens des étrangers. En même
tempst ils lancent un appel au peuple contre l'éventualité
de 11 intervention française.
Vu les circonstances et les évènements le calme surtout,
qui règne a Libreville t comment expliquer 1 'intervention des
troupes françaises. Les Français du Gabon sont-ils en danger?
Leurs intérêts sont-ils menacés. Admettons que le président
(1) BIARNES(P). L'Afrique aux Africains t Armand COLIN 1980
p.
348
232.
ait été assassiné dès les premleres heures du putsh, les
troupes françaises auraient-elles volé au secours de qui
et pour installer qui, au trône? A toutes ces questions,
nous essaierons d'y repondre en analysant les faits et les
réactions que suscite de par le monde, l'intervention fran-
çaise dont l'aboutissement politique et juridique est le
"procès" de LAMBARENE. Clest le but même de notre deuxième
chapitre.
233.
LA POLITIQUE DE DE GAULLE-MBA
L'INTERVENTION FRANCAISE ET SES SUITES
L'amitié franco-gabonaise est une vieille histoire que les
leaders des deux pays aiment réaffirmér quand l'occasion s'y
prête.
Le général de Gaulle en donne le ton le 22 Mars 1961 quand
il reçoit le Président Léon MBA à l'Elysée en ces termes. "Mon-
sieur le Président, en votre personne, la France salue un chef
d'Etat qu'elle est particulièrement heureuse d'accueillir, car
vous avez toujours été et vous êtes quelqu'un qui touche son
coeur et son esprit, partisan efficace des progrès des hommes
et champion déterminé.de l'amitié franco-gabonaise ... Je lève
mon verre en l 'honneur de Monsieur le Président de la République
Gabonaise en l'honneur du Gabon, ami très cher et fidèle de la
France" (1).
Le Président Léon MBA, quant à lui considère purement et
simplement la France comme sa seconde patrie (il y inclut tous
les Gabonais) (2). Ce passage de l 'hebdomadaire Jeune Afrique(3),
reflète bien ce que Léon. MBA était 'et pens ai t da l e France. "C'est
dans cette France, qu'il s'éteintle 28 Novembre 1967 ... A cette
France qui s'est présentée à lui tout au long de sa vie, sous
les visages divers, à laquelle il est resté j~squ'au dernier
souffle, fidèle et reconnaissant. Un bref rappel historique
révèle que dans cette France les administrateurs coloniaux l 'ont
(1) De Gaulle (Ch) Discours et messages. "Avec le Renouveau" 1958-
1962 Plon, 1962 p. 285/86
(2) cf. B. Weinstein, in Revue Genève Afrique 1967 : Léon MBA, the
idéologie of dépendance.
(3) cf Jeune Afrique n° 361 du 10 Décembre 1967 p. 22.
234.
d'abord combattu, puis exilé. C'est grâce aux représentants
de cette France qu'il s'est hissé au pouvoir, grâce à des sol-
dats français, toujours présents sur le sol de son pays, que
son pouvoir, menacé en 1964 a été sauvé de justesse. Clest aussi
grâce à d'éminents médecins français qu'il a retardé son ren-
dez-vous avec la mort. Enfin, est-il besoin de rappeler que
l'indépendance de son pays s'est imposée à lui? car, il n'y
songeait pas, non pas 'par trahison, lui qui souhaitait voir
le Gabon devenir un département français à part entière (1).
Parlant de l'indépendance, on peut dire que le Gabon fait par-
tie de lices autres Afriques" qui sont allées à 11 indépendance
par la volonté du colonisateur. C'est une indépendance octroyée.
Ces Afriques là ont des économies extraverties, des cultures
souvent plaquées, des types de développement qui n'ont rien
à voir avec les besoins réels de leurs populations, des régimes
politiques qui, souvent sous couvert de démocratie, sont en
fait des dictatures militaires ou de partis uniques
des régimes
qui ne tiennent en pl~ce que parce que le colonisateur le veut
bien (2). Nous n'entrons pas dans les détails et les liens per-
sonnels entre De Gaulle et MBA, l'intervention française de
1964, ou tout simplement de Gaulle au secours de MBA, prouvent
que ces liens existaient.
1. L'INTERVENTION FRANCAISE ET SON APPRECIATION DE PAR LE MONDE
Malgré llagitation politique que connaît le Gabon depuis
quelques mois, l'intervention française pose le problème des
rapports entre les deux pays et, chemin faisant, entre les di-
rigeants de ces Etats.Il aurait été interessant de sonder l 'opi-
nion publique des deux pays pour apprécier le jugement que les
deux peupl~5 ont pu porter sur les événements de 1964. Cet élé-
ment des "forces profondes" nous fait cruellement défaut.
Notre tâche n'est pas aisée non plus, si nous prenons iso-
(1) NB. Pour les détails, cf. notre introduction générale
"La
ma rche à l' indépendance.
(2) cf. Afrique Nouvelle. n° 1596, 6/12 Février 1980.
235.
lément les deux leaders quand bien même ils incarneraient une
certaine conception politique qui n'est pas forcément partagée
par la majorité de leur peuple respectif. Même si, a priori,
ils doivent tenir compte de ces forces collectives qui consti-
tuent III 'infrastructure des relations internationales, car entre
ces forces et cet individu qu'est l 'homme d'Etat responsable,
il est évident que les contacts existent. L'homme d'Etat subit
l'exercice des forces 'collectives sous l'effet des pressions
mu l t it pl es ... Il (1).
La plus grandp difficulté en histoire des relations in-
ternationales est aussi et en premier lieu la personnalité
d'homme d'Etat et comme le souligne à propos M. DUROSELLE
"c ha qu e
cas est singulier,
et tout homme est complexe et
amb i qü " (2).
Nous ne nous lancerons pas dans l'étude compliquée des
principales typologies de la personnalité ll aussi nous fermons
là notre parenthèse. Pour repondre que le général de Gaulle est
à la fois nationaliste et impérialiste; et que MBA est peut-
être aussi nationaliste mais subordonné aux directives de Paris.
~Si ses méthodes autoritaires lui valaient bien des critiques
dans les milieux politiques, elles donnaient confiance aux in-
vestisseurs étrangers qui consideraient volontiers le Gabon com-
me terre sûre d'autant que les Européens y jouissent d'un trai-
tement particul ièrement amical Il (3).
Est-il besoin de rappeler que le président Léon MBA passe
pour l'un des dirigeants de l'Afrique noire francophone les plus
•
attachés à la France? A partir de ce fait acquis comment pour-
rait-on s'imaginer que la France le laisse tomber? Toujours
est-il et clest le plus important, que dans la nuit du 18 au
(1) Renouvin (P) Duroselle (JB.) Introduction à l 'histoire des
relations internationales Paris, (Armand COLIN), 1964, P. 400.
(2) Idem p. 282
(3)
Le Monde 19 Février ]964 p.
7
236.
19 Février, les troupes françaises, aéroportées sautèrent sur
Libreville, et slajoutèrent aux 156 militaires français per-
manents (1) comme le note le Monde du 20 Février: "Jusau'au
coup d'Etat, les effectifs français stationnés au Gabon ne dé-
passaient pas cent cinquante hommes" (2).
Des combats sanglants eurent lieu dont le plus meurtrier
fut celui du camp gAR~KA, où un jeune français, Serge ARMAND
19 ans trouva la mort. La victime était arrivée fin Août 1963
a la compagnie autonome des parachutistes d'infanterie de marine
basée a Brazzaville (3).
A 8H05, Radio Libreville tombe aux mains de llarmée fran-
çaise et annonce: "Gabonais, Gabonaises tout rentre da ns l'or-
dre, le seul gouvernement légal est le gouvernement du président
Léon MBA dont la démission a été éxtorquée par la force. Les
éléments rebelles des troupes sont maintenant hors d'état de
nuire, restez calmes,.et dans vos maisons, le couvre-feu est
décrété a Libreville a partir de maintenant ... A 9 heures le
commandant PALARD, chef d'Etat major de l'armée gabonaise invite
les rebelles a se rendre, il dit: "La révolution est matée,
la gendarmerie est avec nous. Il est inutile de continuer la
résistance. Déposez les armes, et rendez-vous aux forces armées
gabonaises.
Il ne vous sera fait aucun mal, il sera tenu compte
de votre conduite et de votre comportement" (4).
Dès que les rebelles eurent compris que les troupes fran-
çaises furent derrière le gouvernement "légal" ils entamèrent
les pourparlers avec l lambassadeur de France et les autorités
militaires françaises pour tenter de négocier la remise en li-
berté du président Léon MBA qu'ils détenaient sain et sauf (5)
-------------------------
(1) cf. J.F. NTUTUME op.
cit. p. 223.
(2) Le Monde 20 Février 1964
(3) Le Monde 20 Février 1964
(4) Le Monde 20 Février 1964
NB. sur les évènements de 1964, le
Monde est le seul journal qui a donné une information continue
(5) Idem
237.
Mais on ignore les termes de l t a c co r d . A 17 heures, un com-
muniqué radiodiffusé annonce la fin des combats. Il a donc
fallu plus de 9 heures aux troupes françaises pour venir à
baut de la résistance militaire gabonaise. La révolution qui
avait triomphé sans effusion de sang, sans un coup de feu, suc-
combe dans un affrontement inégal. Le bilan varie selon les
sources de 1 à 2 morts chez les Français, et de 25 à 27 morts
chez les Gabonais, dont le jeune lieutenant ONDO EDOU fusillé
sans défense (1).
Le 20 Février, Léon MBA fut remis aux Français après un
aller-retour sur LAMBARENE. Certains g~bonais eussent-ils été
indifférents en matière po1itique,voici qu'on les forçait à
y voir clair.
IILeur chef était ramené dans les fourgons des
forces françaises. ces -forces qui venaient de tirer sur l'ar-
mée gabonaise, tuant
des dizaines d'hommes ll
(2).
Aussitôt réinsta]lé au trône, Léon MBA rend un hommage
aux combattants français. Dans une allocution improvisée sur
les antennes de la radio Gabon. Allocution à travers laquelle
perce une colère mal contenue, il parle en termes violents
des membres
du gouvernement provisoire et annonce qu'ils seraient
châtiés: IIJe n'aurai envers eux ni
pitié, ni
pardon, affirme-
t-il. Après un long hommage à ceux qui ont défendu ou soutenu
sa cause, il assure que les élections auront lieu à la date
prévue (3). On ajoute en l'occurence que si le chef de l'Etat
du Gabon était, prisonnier des insurgés, son lI e nt our a ge et ses
amis ont réclamé le soutien de 1aFrance o ll • La France en tout
cas, continue de considérer M. Léon MBA comme le chef du seul
gouvernement légal de Libreville et l'on estime que la déc1a-
ratiol1 qu'il a dû faire mardi sous la pression IIdu comité
~-------------------
(1) Il .p~raitrait que ce dernier, déjà invalide était déprouvu
de munltlons quand les soldats français se présentèrent devant
lui. Au lieu d'être fait prisonnier, il fut abattu froidement à
bout portant.
NB. L'ùn des acteurs des évènements de 1964, nous a dit qu'il
y a eu au moins 60 Français morts.
(2) J.A. n° 196 Septembre 1964 p. 32.
(3) Idem
i
J
238.
ré vol 1.1 t i 0 ri nair e ne l ' e ngag e pas Il (l). Par i s pre c l s e é gal emen t
que son intervention est le résultat de la demande expresse
transmise par l'ambassadeur gabonais à Paris, du Vice prési-
dent YEMBIT qui aVnit agi légalement en qualité de chef de
l i Et a t par intérim en l'absence de M. Léon MBA empêché, 'on
ve~t bien le croire. Mais derrière ce juridisme peu convain-
quant, se cache la volonté de rassurer d'autres régimes mo-
dérés amis, qu t t nqu i t e n.t vl e.sv c oups d'Etat qui commencent à
è
déferler sur l'Afrique et, surtout le désir de conserver dans
la mouvance française, un pays dont on cannait parfaitement
les prodigieuses richesses forestières et minières. Comp t e
tenu de l'évolution du Congo voisin, la France commençait à
se répentir de n'avoir pas volé au secours de l'Abbé Fulbert
YOULOU l'année pr c de nt e (2). Au reste, derri ère les slogans
ë
é
révolutionnaires des jeunes putschistes gabonais~certains cro-
yaient percer aussi les intrigues américaines, non moins dan-
gereuses pour les intérêts français estimaient-ils que la sub-
,
version socialiste. N?us y reviendrons plus loin.
Il nous est permis en tout cas de remarquer que 17 ans
après IIfévrier 1964, les forces de dissuasion françaises- can-
tonnées au camp Charles de Gaulle - a proximité de l'aéroport
IILéon MBA II veillent toujours sur Libreville et ll sans pouvoir
dire, dans quel sens aurait finalement évolué le Gabon, si à
Paris, on n'avait pas décidé alors de sauver Léon MBA II (3).
Il semble aussi vérifié que la France, par l'intermédiaire
de son ambassadeur à Libreville, M. CAUSSERAN, un socialiste
aux vues étroites - le banquier forestier, Roland BRU, de-hauts fonc-
ti onnai res sans .s crupules , voul urent profi ~~ de- l' apparente torpeur du
pay~ pou~ provoquer brutalement un affrontement violent (4).
Leve ndr ed i 21 f é vrie r, M. • Léa n MBAl a nc e un a ppel
a u peu pl e
gabonais en ces termes: Ille drame que nous venons de vivre, est
(1) Le Monde: 20 février 1964 op. cit.
(2) p. Biarnes op.
cit.p. 348
(3) idem
(4) Jeune Afrique n° 172, 24 Février 1964 p. 5
239.
le renversement de l'ordre établi par ceux-là même qui sont
var t~adition chargés de le défendre. C'est un enchaînement
de violence et un humiliant spectacle de désordre en Afrique ll (1)
Après avoir annoncé la création d'une commission d'enquête
chargée de recueillir tous les éléments d'information sur la
II r é vo l t e
militaire, il affirme que II c e r t a i ne s personnalités
connues, voire estimées, qui avaient participé au soulèvement
ne seraient pas inquiètées avant la conclusion de l'enquête of-
ficielle ll •
Les réactions à l'intervention française ne se firent pas
attendre elles émanèrent en premier lieu, de "G a bo na i s à l'étran-
qe r ? ,
Par Gabonai s de l'étranger, nous entendons parl el" de 11 As-
sociation générale des étudiants gabonais en France: A.G.E.G.
dont M. NTUTUME dit
que "Fa ce au pouvoir, cette organisation
est restée apparemment le seul bastion de la contestation per-
manente surtout après.la formation d'un gouvernement d'union
nationale en 1961 - et, également de la réaction de M. Germain
MBA (2).
Pour la clarté de l'exposé, nous verrons en premier lieu,
les réactions au coup
d'Etat. Puis, nous parlerons du problème
posé par l'intervention française. Ensuite, nous analyserons les
prolongements du putsch manqué, à travers les élections légis-
latives d'avril 1964, et enfin, nous termiherfrns~ar-le procès
de Lamberéné.
A -
ANALYSE DES REACTIONS AU COUP D'ETAT
L'Association générale des étudiants du Gabon en France
(A.G.E.G.) par l'intermédiaire de leur comité exécutif, publie
(1) cf. H. Pion
op. cit. p.
190
NB.
les mêmes termes ont été reproduits in le Monde du 24 février
1964
(2)
MBA (G) jeune intellectuel gabonais, parent à Léon MBA qui démissionne de
son poste de secrétaire général adjoint de l'U.A.M. pour protester contre l'in-
vention française au Gabon. Il est le chef de fil de l 'opposition au régime
de Léon MBA
parmi les intellectuels expatriés.
240.
un communiqué condamnant l'intervention française en ces termes
"L1exécution de cette décision, dont le caractère inqualifiable
en dépit d'arguties juridiques, nlest pas à dire, a entraîné la
solution que l 'ûn s~it. La servitude et l 'humiliation à nouveau
d'un peuplef
le massacre de dizaines de patriotes ... conscients
de ce que la révolution répondait aux aspirations de la population
muselée, face à cet acte de banditisme international, dans le deuil
de leurs frères, les étudiants gabonais en France, réunis en as-
semblée extraodinaire à Paris. " ... Elèvent une protestation très
énergique à l'endroit du gouvernement français ... II •
La condamnation de la F.E.A.N.F. (1) va dans le même
sens. Quant à l'attitude de M. MBA Germain, elle est déterminante,
ce dernier est d'ailleurs critiqué par le président YAMEOGO de
Haute-Volta, écoutons ft.
MBft. : "En ce jour, des dizaines de mes
compatriotes sont tombés, victimes de balles françaises, alors
que notre révolution s'était déroulée dans le calme et n'était
dirigée ni contre la France ni contre les intérêts français au
Gabon. Le peuple français, l'opinion africaine et l'opinion mon-
diale, mesureront à sa juste valeur la lourde responsabilité que
le général de Gaulle et avec lui la France, viennent de prendre
devant l'histoire ...
La restauration de Léon MBA et de son
qu
ë
i pe
d'incapables par les parachusti~tes f~~n~~is> ntpmpêche~a ras la
chute .d'un r qi me hum il t ant r-e j e t
par tout ]e~pe-upl9: qa ho na t s ".
é
ë
,·11· dë-no nce e n même·tempsla "c.o.Ll us to n cd.mi:ne1-1-e .eC':"anti-afri-
t
caine entre l'U.A.M. et la Fr a nce " (2). Dans le Monde du 23 Février
il fait une autre déclaration titrée: II nous continuons le com-
bat ll (3).
La presse française elle-même était divisée sur l'atti-
tude à adopter face à l'intervention française au Gabon. Le com-
muniaué du Bureau Politique du P.C.F en date du 20 février 1964(4).
(1) communiqué de la F.E.A.N.F. voir Annexe
(2) cf le Monde 20 février 1964
(3) Voir Annexe
(4) cf "t ' Humanité Il du 20 févr i er 1964
241.
remarquait que "cette intervention directe dans les affaires inté-
/rieures d'un pays proclamé indépendant et/la remise en place d'un
gouvernement détesté par le peuple gabonais éclairent le vrai vi-
sage de la coopération gaulliste. Elle vise avant tout à pour-
suivre sous des formes nouvelles, l'exploitation colonialiste des
peuples africains ... L'exploitation des richesses du Gabon (1)
par les grandes banques d'affaires, notamment la Banque de Paris
et des Pays-Bas, la Banque de l'Union parisienne, la Banque Roths-
child.Les immenses profits qu'en tirent les hommes des trusts au
détriment des intérêts nationaux du Gabon expliquent la décision
du pouvoir des monopoles. Le Bureau politique demande
le retrait
immédiat des troupes françaises ... Il assure le peuple gabonais
et celui des autres pays d'Afrique de l'entière solidarité de la
classe ouvrière française, dans leur lutte contre le néo-colonia-
lisme et pour une réelfe indépendance". L'"Express"parla aussi des
intérêts pr t vës . Le "Sud-Ouest" stigmatise que ,"après le processus
du "désengagement", voici que la France semble amorcer le proces-
sus du " réengagement" .. C'est une évolution paradoxale, surtout lors-
qu'elle s'exerce au profit d'un gouvernement dont l'assise popu-
laire prête à discussion. Il termine en s'interrogeant si la "coo-
pération peut-être personnalisée? Est-ce avec le Gabon ou avec M.
MBA
que la France coopère? (2)
. La "dépêche du Midi" va plus
loin en disant que: "depuis la dislocation de la communautés il
subsiste entre la France et les Etats africains, ou plutôt, entre
,
le général de Gaulle et leurs dirigeants s un lien personnel et d'al-
légence s mais s il est de plus en plus fragile. C'est tout ce qui
reste d'une aspiration dépassée et d'une légende ... Il est trop
tard pour revenir en arrière et nous versons notre argent à des
potentats provisoires qui ne nous en savent aucun gré parcequ'on
ne peut jamais leur en donner assez pour qu'ils soient en mesure
d'imposer une"autorité artificielle" (3). Quant à Libération, il
parle de régime pourri et corrompu ... du bon Léon MBA s le troisi-
ème de ces roitelets dictatoriaux et dérisoires que la Vè Répu-
blique entretient à grands frais (4). Mais la Nation ne voit pas
(1) "1 es grandes richesses que
recè lent l e sol et le sous-sol
gabonais, notamment le manganèse,
1
uranium, le pétrole etc. ... "
(2) "Sud-Dues t " e r t t c t e de M. F-ierre SAINDERICHIN 20 février 1964.
( 3) Lad épê che du ~'i di, art i c1e de r~. J 0 sep h BAR SALON, 20 f é vrie r 196f
(4) Libérations article de Robert Paul LAUTIN, 19 février 1964.
242.
les
choses sous le même angle que ses confrères susmentionnés.
Elle titre: " une action justifiée"; et remarque que: " po ur
llopposition, le gouvernement légitime du Gabon, parcequ'il en-
tretient de bonnes relations avec la France, est évidemment sus-
pe ct, al 0 r s que que l que s sol da t s don ton nec 0 nna î t ni les 0 bje c tif s:
ni les inspirateurs, à supposer qu'ils en aient eu, recueillent des
symp a t ht e s v et sont pr-omus au rang de " révolutionnaires conscients" ..
ceux qui, crient dlailleurs les plus forts,
... sont ceux qui con-
sidèrent qu'une décolonisation nia réussi que quand elle a conduit
la natlon devenue indépendante, à se jeter dans les bras de Moscou.
Cette action, devrait pousser les dirigeants africains comme d'ail-
leurs les opposants, à rechercher, avant toute chose un soutien
populaire, dans leur politique ou dans leur entreprise .•. L'action
française au Gabon, renforce la stabilité politique en Afrique et
favorise l'évolution des peuples de ce continent vers des modes de
gouvernement correspondant à leur besoins". (1). Les quelques jour-
naux français que nou~ venons de citer, montrent que llinterven-
tion française au Gabon est diversement appréciée. Mais, que pense
la presse internationale, et la presse africaine par laquelle, nous
terminerons notre tour de presse? "Le Financial Times titre "1 e s
gaullistes africains" .. Ll
note
aue "ma nifestement, le général nia
. pas 0 U blié ses Il i eux a 1"11 é s diA f r i que, qui, en 1958, ré p0 ndi r en t
hautement "o ui" à ses propositions dlune communauté française d'A-
frique ... Mais une atmosphère malsaine de "fin de règne" règne
dans cette région. Les gaullistes africains nlont pas la finesse
de touche du maître". Quant au "Times" il souligne que le "Bloc
français" est impopulaire auprès des plus chauds zelateurs de
l·unité africaine, tels que le président NKRUMAH et le président
SEKOU TOURE. Il conclut que ... quels que soient les effets, pour
le moment de l lintervention française au Gabon, le dernier mot
nia probablement pas été dit à ce suj e t ? ,
L'Agence TASS (Moscou) titre: "Une mesure policière".
"L'envoi des troupes françaises au Gabon ne peut être considéré
comme une mesure policière entreprise non pas, pour la sauvegarde
de la légalité mais, pour la défense de
certains intérêts, ceux
(1) La Nation article de M. Georges BROUSSINE 20 février 1964
243.
des monopoles français et autres qui exploitent les richesses
naturelles du Gabon et qui continuent à voir l'indépendance des
pays africains, sous l'angle de leurs intérêts". La Gazette de
Lausanne parle elle dl " un coup de main lourd de conséquences".
"Jusqu'à présent, encore qulelle savait le faire discrètement,
la France passait pour ne pas intervenir dans les affaires inté-
rieures des pays africains. Le coup de main militaire dé Libreville
lui fait perdre cette réputation et sera lourd de conséquences
non seulement à Conakry, à Bamako ou à Alger, mais, même hors
d'Afrlque, 00 l Ion applaudissait à une nouvelle manière francaise
d'envisager les rapports avec le "tiers monde".
Le New-York Herald tribune par exemple, a rendu hommage au
général de Gaulle " pour la rapidité avec laquelle il a agi".
Des réactions africaines, c'est la presse algérienne qui
. donne le ton par "le Pe upl e " (organe gouvernemental), sous le
t i t r e de: Il ma u'vais s e r vic e Il ; C e j 0 ur na l é cri t
: Il cet te foi s ,
c'est clair et net. Bien sûr on a cherché à Paris à camoufler la
manoeuvre sous le paravent d'un certain "accord de coopération"
datant de 1960, mais, pour le monde entier, l'intervention fran-
çaise au Gabon, constitue manifestement une ingérence directe
dans les affaires gabonaises, ce qu'elle est effectivement .•. "
Quant à Alger Républicain (pro-communiste), il attire l'attention
sur le fait que "l 'inquiétant ce n'est pas que cette intervention
,
militaire, véritable réedition moderne de la politique de laca-
nonn ière,ait été faite en vertu dlaccords passés entre les gou-
vernements français et gabonais. Llimportant ce n'est pas de sa-
voir sile coup de l'Etat militaire qui a destitué Léon MBA a
violé la "légalité" encore qu'il s'agisse d'analyser de plus près les,
bases démocratiques ou non sur lesquelles repose cette "légalité".
L'important ce nlest pas de savoir qui de Léon MBA ou de son rival
Jean Hilaire AUBAME est le plus " pr o" ou le plus "a nti" ceci ou
cela ... Llimportant, et le déplorable en cette affaire, est de
constater qulil existe encore des Etats en Afrique, et ils ne sont
244.
pas les moins nonbreux
où 1 'armée française a conservé le
t
droit d'intervenir
même militairement et sans que personne le
t
lui dema nde , pour rétablir l t or dr e , et en "'~rité pour maintenir
ou placer au pouvoir les hommes jugés les plus aptes a défendre
et à préserver les intérêts des monopoles français ll.
Ces remarques de la presse a1gérienne
nous amènent a
t
traiter des principales réactions dans les pays d'Afrique noire
francophone.
Le coup
d'Etat fut jugé a une large majorité en Afrique
noire comme unellaffaire t nt r t e ur e ". Seule l'intervention fran-
ë
çaise suscite des réactions et des commentaires. Les uns-se fon-
dèrent soit sur sa "Tê qi t i mi t
soit sur la nature des accords
é
"
passés avec la France
les autres slinterrogèrent sur son oppor-
t
tunité ou encore sur la stratégie
qu'el-
t
à moyen ou à long terme t
le impliquait de la part des autorités de Paris. Il y a lieu de
distinguer les prises de positions dès personnalités officielles
et celles de la presse.
1. L'ATTITUDE DES PERSONNALITES OFFICIELLES
L1intervention française au Gabon
fait ressortir une fois
t
e nco r e , le clivage entre Etats africains "ê vo l ut t o nn t s t e s " et
Etats africains "r vo l ut i o nnt s t e s " (1). Il semble qu'elle ait
é
aussi t avant la guerre du Nigéria le premier grand problème devant
lequel les Etats dits d'Afrique modérée nlont pas adopté une atti-
tude commune non équivoque.
Quelques chefs d'Etat cependant
slétaient empressés de
t
faire connaître leur satisfaction de voir la France sauver les
autorités légales du Gabon. Ce fut le cas du président M. YAMEOGO
IIJ'approuve la décision du Gouvernement français. En rétab1is-
---------------------------
(1) cf L'Année Afr;caine
1964
Ed. Pédone
p. 219
t
t
t
245.
sant la IIlégalité ll au Gabon, la France a respecté ses engagements
vis-à-vis de ce pays et personne nia rien à d r e " (1) .De MADA-
î
GASCAR, le président TSIRANANA
approuva aussi l'action française
M. David DACKO, président de la République Centrafricaine, se
limita à adresser ses félicitations à la France en ajoutant:
IIl e s leaders africains en place ... ont quand même droit à un
certain respect, et il: est assez humiliant que les chefs d'Etat
soient ainsi exposés à des coups d'Etat, assassinats ou humilia-
tions pub l q ue s " (2). Mais si M. Houphouët-Boigny resta curieu-
î
sement silencieux, Léon MBA étant son grand ami ,son ~;lence
pouvait être considéré comme une désapprobation de l'action fran-
çaise, son ministre des Affaires Etrangères, M. Camille AllAll,
ne s'embarassa pas en exprimant son espoir de voir l'inbervention
française "a me ne r les ap pr e nt s sorciers, quels qu'ils soient, à
î
réfl échir avant de se lancer dans une ave nt ur e " (3). Cependant,
certains silences tels ceux des autorités du Sénégal et de la
Mauritanie ont pu êtr~ considérés comme l'expression d'une II ne utra-
l t t
D'autres, en raison des critiques de la presse dt te o f f t-
ë
" .
r
cielle du pays, ont été regardés comme la manifestation d'une dé-
sapprobation : ce fut, notamment le cas des autorités camerou-
naises, selon les spécialistes du "Ce nt r e d'Etudes d'Afrique noire
de Bo r de a ux " (C.E.A.N.).
En tenant certes compte des prises de position hostiles à
l'tn-tervention comme celle du président malien MDDIBD
KEITA, qui
parla des "ma r l onne t t es qu'on entend imposer à l t Ar r t q ue " (4)
les chercheurs du C.E.A.N. ont dressé le tableau sui-
vant
les principales réactions officielles de l'Afrique Noire
francophone aux év~nements de Libreville de 1964.
(1) Révolution Africaine n° 57 du 27 février 1964 et France Eurafri-
que, avril 1964
(2) cf le Monde 20 février 1964
(3) France-Eurafrique 10 avril 1964, et Abidjan Matin, 20 février
1964.
" .
(4)
cf Croissance des Jeunes Nations, numéro d'avril 1964 et Révo-
lution Africaine n° 57 du 27 février 1964.
246.
Eta ts
Approbation
Silence ou
Désapprobation
Neutralité
CAMEROUN
X
CONGO-BRAZZA
X
CONGO-KINSHASA
X
COTE D'IVOIRE
X
r
DAHO MEY
X
GUINEE
X
HAUTE-VOLTA
X
MADAGASCAR
-- X
.
MALI
X
MAURITANIE
X
--
NIGER
X
-
R.C.A.
X
SENE GAL
X
TCHAD
X
TOGO
X •
7
3
5
Source: "L 'Année Africaine" 1964, e d , A. Padone 1966
p. 220 (Les réactions du BURUNDI et du RUANDA nlont pas été enre-
gistrées).
2. L'OPINION DE LA PRESSE
A l'exception d'IlAbidjan Matin" qui trouva normal que
l'armée française rétablisse la légalité au Gabon en la personne
du président Léon MBA (1) t o ut e-v l a presse de l'Afrique Noire fran-
(1) Abidjan-Matin du 20 février 1964.
247.
cophone fut unanime à condamner cette intervention (1). Pour
les uns, il s'agissait d'un mauvais service rendu au Gabon et à
l'Afrique en général pour d'autres de l'incompatibilité entre les
accords militaires et la pleine jouissance de la souveraineté
d'autres enfin s'en prirent soit à la peur du socialisme et à la
défense des intérêts matériels, soit à la carence et au danger
permanents qui seraient le propre des institutions africaines.
- Un mauvais service rendu
Ce fut notamme~t l'opinion émise par la Voix du peuple
de Cotonou qui titre: "Une intervention regrettable". "C'est une
lâcheté de la part de tout Etat africain de faire appel à l'an-
cienne puissance Golonisatrice pour intervenir dans un conflit
interne ... 11. La France vient de rétablir MBA dans ses fonctions
de président, mais son prestige a baissé aux yeux du monde.entier".
Cependant, le ministre ~ahoméen des affaires étrangères a déclaré
qu'il "s'abstiendrait de dire quoique ce soit qui puisse être in-
terprêté comme des paroles désobligeantes vis-à-vis du Gabon, qui
est un Etat frère, ou vis-à-vis de la France, qui est une amie, de
vieille da t e ". Il a néanmoins tenu à réaffirmer que son pays était
fermement attaché à la politique de non-immixtion dans les affaires
intérieures d'autrui
(2). Ce fut aussi l'opinion du "Ceur r i e r d'A-
frique" de Kinshasa: "La France, en précipitant ainsi son inter-
vention, a perdu la face tout en rendant le plus, mauvais service
et à son protégé qui passera pour un"valet à la solde des étran-
gers", et au prestige français qui subit un coup en Afrique" (3).
(1) N.B. To ute s, l-e s. a ut re s e t t.a t i ons de la p-resse africaine qui ne
seront pas référencées ont été relevées dans
: IICroissance des Jeu-
nes Nations n° d'avril 1964 qui a reproduit les principales réac-
tions de cette presse africaine.
(2) Le Monde 21 février 1964
(3) Sur le plan africain plus élargi, ce fut également la position
du West Africain Pilot de Lagos qui condamna formellement l'initia-
tive tout en se déclarant hostile à toute forme de violence. L'IIEs-
s ab ahv de Tunisie du 20 Février 1964 de son côté reprit que tll'in-
tervention des force~ françaises, constitue de son côté une entorse
à la souveraineté de ce pays a f r t ca i n? •
248.
- La dénonciation des alliances militaires
Elles furent très critiquées par divers organes de
presse. Le "Patriote" de Cotonou demanda au gouvernement de M.
APITHY de reconsidérer sa position quant à la présence française
au Dahomey.,"L'Etoile du Congo Il de Kinshasa estima que la ques-
tion devait être discutée au sein de l'O.U.A. Les accords mili-
taires, écrit-il ont été peut-être signés à l'époque où les diri-
geants et les populations gabonaises avaient une autre vue sur
les redlités du monde noir. La France devait, avant d!entreprendre
une action militaire, sonder d'abord les intentions du nouveau
gouvernement vis-à-vis des institutions légales".
Tels furent les thèmes des journaux qui accusèrent la
France d'avoir volé au secours de ses intérêts au Gabon. Ces thèmes
seront examinés de plus près au chapitre suivant, au sujet des mo-
ti va ti ons de l'i nterventi on.
- Les risques du Parti unique
Les analyses les plus profondes se portèrent au niveau
des institutions et de leur fonctionnement. "Une semblable inter-
vention est-elle possible ailleurs? s'interrogea M. Simon KIBA
de "1'Afrique Nouvelle", et il répondi
à sa propre question "si
les chefs d'Etat le veulent, bien, cela n'arrivera plus.
Il suffirait que les syndicats soient suffisamment li-
bres, et que les travailleurs aient suffisamment confiance en eux
pour qu'en cas de coup dur, les travailleurs des capitales disent
non aux comploteurs •.. '". 1l y a certai nement des choses à assou-
plir et d'autres à durcir~(l). M. Simon KIBA rejoignait là M. BECHIR
BEN YAHMED de "Jeune Afrique" qui tira une conclusion générale de
l'affaire particulière du Gabon: "1'Afrique commence à payer
cher la carence de ses institutions. Nous avons dit et répété sans
(1)
L'Afrique Nouvelle du 28 Février au 5 Mars 1964.
249.
nous lasser que des reglmes dans lesquels la loi s'identifie à la
volonté des dirigeants, et & elle seule, ne laissent place qu'aux
coups d'Etat et aux complots. On serait fondé à conclure de la
leçon du Gabon qu'elle pose des limites très rigoureuses à la
notion d'indépendance en Afrique. Nous préférons y voir, quant à
nous un signe de la précarité de la loi dans nos pays africains
où trop souvent, la 10.i c'est d'abord un homme" (1).
B- LE PROBLEME POSE PAR L'INTERVENTION
A la questio~ posée par M. F~f~, député communiste
de savoir lien vertu de quels textes le gouvernement français est
intervenu au Gabon, il lui fut répondu que c'était en application
des accords de défense signés en 1960 entre les deuxpays(2).
C1est aussi en application de conventions semblables que les sol-
dats français étaient déjà intervenus dans certains autres pays
africains.
Enef f et, à 1a sui te duC 0 nsei 1 des min i s t r e s du 26 f vrie,
é
et devant les journalistes qui lui posèrent des questions, M.
Alain PEYREFITTE, précisa que des troupes fran~aises eurent à
intervenir à Brazzaville en 1960, à la demande des autorités 10-
cal es, 10 r s des mas s a cr e s de Pot 0- Pot 0 (3), pro v0q u spa r des
ê
heurts ethniques entre MBOCHI et LARI, au Cameroun en 1961, à la
demande du président AHIDJO, pour réprimer les violences des
(1) Jeune Afrique du 21 février 1964. (La notion de la souveraineté
1imitée" fut particulièrement évoquée.... par "1 'Effort Camerounais",sou
la plume de M. Ph. AYANGA qui fit savoir que "1a jeunesse africaine
siest aperçue que la collaboration avec les anciennes puissances co-
loniales ne pouvait se concevoir que comme une domination pure et
simp1e ... " cf. "1 'Effort camerounais" n° 430
(2)
cf. Ln t e r a f r I q ue presse n° 332 du 3 avril 1964 p. 1
( 3) La Il1us' pop u1eus e des a gg10m rat ion sin di gè nes de l' an cie nnec a p:
é
tale de l'A.E.F.
250.
ImiJ,Quisards" de l'U.P.C.(1), au Tchad et en Mauritanie pour ré-
~ ta bI ; r l' 0 rd r e , a uNi ge r 0 ù l 1 i nter ven t ion sel i mit a à une ra pide
démonstration de présence lors de la mutinerie déclenchée par le
capitaine DIALLO. Au contraire, l'intervention n!eut pas lieu
au moment où fut assassiné le président togolais Sylvanius OLYMPIO,
le 13 février 1963, pas plus que lors des chutes respectives de
l'Abbé YOULOU à Brazz~ville et de Hubert MAGA au Dahomey. Cette
"passivité" fut expliquée par le ministre français. On n'était
pas allé "a u secours du président OLYMPIa.. d'abord parcefue l'as-
sassir.:t était consommé, ensuite parce que le Togo nlavai t pas.encorp.
passé d'accords de-défense avec la France" (2). Dans le cas de
,
Y0 ULOU, l' i nter ven t ion nie ut pas lie u "p arc e qui. i l ne lia vait pas
sollicitée plus tôt ... '", De même, pendant l'~viction de M. MAGA,
"puisque, dans une première phase, le chef de l'Etat renonçait à
-snn poste pour accepter un portefeuille ministériel et qu'ensuite
dans la phase finale, il
ne pouvait plus faire jouer les accords
de défense, n'étant plus président de la République". Le souci
du ministre de rendre"claire la thèse officielle était donc évi-
dent. Il essayait de sortir du cas particulier du Gabon, qui en-
flamait encore les esprits, pour situer llapplication des accords
sur un plan plus général.
Il fallait aussi indiquer que la procédure prévue par
les textes avait été respectée. Le porte-parole du Quai d'Orsay
avait eu-le soin de le faire, sept jours plus tôt, dans sa décla-
ration du 19 février en ces termes:
Il
• • •
les évenements mettent
en cause ses responsabilités telles qu'elles résultent des ac-
cords passés avec le Gabon, le Gouvernement français avait l'obli-
gation de prêter aide et assistance au Gouvernement légal de la
République gabonaise. Il lia fait sur la demande présentée par la
voie diplomatique".
(3). Dans cette même déclaration, le port e-
par 0 l e du Qua i d 1 0 r say jus tif; ait l' i nt e r ven t ; 0 n par l e car a c t ère
(1)"Union des Populations du Cameroun" dont les leaders les plus
connus ont été Ruben UM- NYOBE (mort au maquis) et le docteur Félix
MOUNIE mort à Genève dans des conditions mystérieuses.
(2) Le Monde 28 février 1964
(3) cf. Le Monde du 21 février 1964
251.
"subversif
du mouvement" qui nia été à aucun moment soutenu par
la population, "il s'agissait, selon lui, dune mutinerie".
La suite nous montrera que l t a qi t a t t o n politique et les
résultats des élections législatives qui ont lieu après, auraient
anéanti, au moins partiellement, ces réserves trop tôt formulées
Cela aide à mieux apprécier les fondements de l'explication offi-
cielle.Mais, cette argumentation qui, en évoquant des précédents,
s'appuyait de façon positive ou a contrario sur la généralité de
l t a p pl i c a t i on des accords, ne résiste pas totalement ii l'analyse
juridique. Il ne slagit pas, en effet, de situations semblables.
Les actions antérieurement entreprises par la France, constituaient
une simple opération de police renforcée, voulue et demandée
par les autorités locales demeurées bien en place. Ce ~ut aussi le
caractère des interventions anglaises, en 1963 dans certains pays
de l'Afrique orientale. Par contre, dans le cas du Gabon, on
në t ai t en présence d'une "mutinerie" ou dans la phase insurrec-
tionnelle du mouvement quand les soldats français furent parachutés.
Le processus de bouleversement politique était arrivé à son terme.
On pouvait dans une certaine mesure, parler de la réussite d'une
révolution car, après tout, la condition factuelle irrécusable de
cette réussite revolutionnaire est le changement radical dans le
Gouvernement de l 'Etat.Il estvraiqu'onp~utse fonder logiquement
sur cet te' doc t t~ ; ne pou rad met t r e .que 1 'e f f e t ma dif; ca té fA" 0 U ab r 0 -
gatoire de la révolution atteint aussi, du moins, partiellement,
des accords qui auraient vocation, le cas échéant, dlinfléchir
dans un sens ou dans llautre, le déroulement de la situation in-
térieure du pays.
Participant de façon potentielle, il est vrai, à l'or-
dre politique interne de celui-ci, ils doivent être soumis au
même traitement que la loi suprême de l'Etat qui est la consti-
tution. Ils devraient au mieux être suspendus un moment en cas
de succès révolutionnaire. En tout état de cause, il serait bien
difficile de dégager une "opinio juris" selon laquelle les situa-
tions intérieures d'un Etat, peuvent être modifiées par un autte
252.
Etat, même si celui-ci entend se prévaloir d'accords passés.
Sinon il faudrait alors privilégier, pour certaines jeunes na-
tions, la notion de la "So uve r a i ne t
l i mt t e ". Or, même si les
ê
ë
réalités économiques et certains liens financiers lui donnent
quelque
consistance, elle para'trait pour le moins,a~errante
aux yeux du juriste et de l'homme politique. A la vérité, c'est
une autre notion, celle de "défense intérteure" incluse-
dans tous
les accords militaires, qui devrait pouvoir être mise en ques-
tion et élucidée. Les accords existant, l'intervention pourrait
parfaitement se concevoir sur la base de la "d f e ns e intérieure"
ê
dan s deux cas
pré ci s : e n pre mie r lie u, dan s l a pha sei nsur r e c -
tionnelle d'un mouvement et quand les autorités légales sont en-
core bien en place, et en second lieu, quand les insurgés sont de
toute évidence à la solde d'un tiers
Etat belliciste, domina-
teur ou expansioniste. Dans ce dernier cas lalldéfense intérieure"
peut être assimilée à lallaéfense extérieure ll, dont parlent aussi
les textes.
Cela dit, le respect de la procédure. en cas d''inter-
vention, devrait être des plus rigoureux. On doit cependant se
rendre compte, à ce sujet, que la personnalité gabonaise qui
avait fait appel n'a pas été nommément
désignée dans les décla-
rations ni du porte-parole du Quai d'Orsay, ni du ministre de
l'information. On a vaguement parlé de "demande présentée par voie
d i pl oma t i qu e ". Y aurait-il eu un risque de révéler l'identité de
celui qui, de par ses fonctions gouvernementales, avait.. il le devoir'
de demander l'application des accords dûment signés? Certaines
rumeurs ont pu faire croire que c'est M. Paul-Marie YEMBIT, alors
vice-président du Gouvernement, qui avait lancé l'appel. L'opposi-
tion a protesté aussitôt en laissant entendre que, M. YEMBIT se
trouvait à l'intérieur du pays au moment des événements. Elle
n'a cependant pas prouvé qu'il était de ce fait, dans l'impos-
sibilité matérielle de communiquer avec le
représentant
de la
France au Gabon qui lui, pouvait entrer en contact avec Paris.
Quoiqu'il en soit, les indications données sur la procédure suivie,
paraissent minces et peu satisfaites.
253.
Il est malaisé de démêler le vrai du faux dans le tis-
sus d'informations souvent contradictoires qui circulent au cours
de cette période. Mais, si l~on admet la version officielle des
faits, on peut remarquer que le caractère constitutionnel rle la
démarche de M. YEMBIT, en admettant qu'elle ait eu lieu, n'est
pas solidement étahlie. En effet, 1e Vice-président fonde son
droit sur l 'article 9 de la constitution qui prévoit que les
fonctions du président' de la République seront provisoirement exer-
cées par le Vice-président du gouvernement en cas d'intérim ou
d'empêchement temporaire._
'Finalement, la constitution
ne lui donnait pas d'autre
possibilité que
de proclamer l'état de siège ou l'état d t a l e r t e
tëir.t;'.cle -c:18'). Il est d'ailleurs remarquable que dans la jüsti-
fication qulil donne de l'appel aux forces françaises, il ne
précise pas comme le .veut l'usage, les articles de
const i tut i on qui
f 0 n·d e nt
l a l é gal i t é des a déc i s ion .
Sans doute, on est en droit de considérer comme super-
flue, la recherche d'un fondement légal à une décision destinée
à
faire échec à une entreprise illégale. Certes, se sont les au-
torités gabonaises et françaises qui ont manifesté ce souci, et
force est de constater qu'elles nlont pas su être convaincantes.
Cela nous fait aussi remarquer, une fois de plus que si le gou-
vernement français a voulu justifier, l'intervention de ses trou-
pes au Gabon, c'est probablement moins pour expliquer leur envoi
au Gabon, que pour donner a postériori la raison de leur non-in-
tervention dans les autres pays francophones d'Afrique noire où
des cou ps diE ta t
a vaie nt e u lie u a upar a van t , 111 a l gré l' e xi ste nce
avec ceux-ci d'accords comparables à ceux conclus entre Libreville
et Paris. La déclaration officielle du gouvernement français sur
l'intervention de ces troupes au Gabon, du 26 février, est orientée
dans ce sens. C'est aussi la volonté de couper court aux hypothèses
échafaudées à travers la presse, et cela ne fait aucun doute.
254.
Nombreux sont les observateurs à avoir noté la diffé-
rence de comportement des autorités de Paris à l'égard des con-
vulsions politiques qui ont agité p1usieur5 anciennes colonies.
D'aucuns y voient la preuve irréfutable de l'existence des in-
térêts français, particulièrement importants au Gabon. D'autres
ont émis 1 'hypothèse qu'en intervenant au Gabon, la France sau-
vait l'ensemble de sa politique africaine.
Que la France, soit intervenue pour respecter les ac-
cords passés avec le Gabon, que le général de Gaulle ait voulu
mettre un terme à la contagion des coups d'Etat en Afrique fran-
cophone dans ce qu'il jugeait être l'intérêt de ces pays, ou
qu'il ait voulu rassurer les chefs des Etats africains amis et
clients de la France quels qu'aient été les motifs, il est in-
contestable que la France a joué dans la circonstance un rôle
peu conforme à 1 limage qu'elle aime à donner elle-même. Cepen-
dant, ni le moment, ni plus tard, les positions acquises de la
France dans le tiers-monde et plus précisément en Afrique n'ont
souffert de cette ingérence dans les affaires intérieures d'un
Etat indépendant. Ceux des gouverne~ents africains qui l'ont con-
damnée ne sont pas allés au-delà d'une condamnation de principe
d'autres l'ont clairement approuvée, d'autres enfin, se sont
abstenus de faire des commentaires (comme le Sénégal par exemple)
les chancelleries des grandes puissances et 1 \\O.N.U. ont fait
de même. Llhypothèse"d1une collusion entre les rebelles et le gou-
vernement des Etats-Unis d'Amérique a été avancée. Quoique le
gouvernement de Washington l'ait formellement dementie, néan-
moins, cette hypothèse siest vue accroder quelque crédit au Gabon
même. C'est ainsi que, le 8 mars 1964, vers 21 heures 30, des
coups de feu sont tirés contre l'ambassade des Etats-Unis à
Libreville (1). L'affaire nia pas été éclaircie alors et en l!ab-
sence d'autres manifestations, on doit être prudent, cepen-
dant, cet attentat, vu les circonstances, paraît devoir être mis
en relation avec la prétendue participation américaine à la ré-
volution manquée. Notons aussi que dans 1 'hypothèse où le coup
(1) cf. Bulletin Agence Gabonaise d!Information 10 mars 1964.
255.
de force contre le régime de M. Léon MBA aurait été effectivement
préparé avec une ou plusieurs complicités étrangères et que le
gouvernement français en aurait
eu connaissance à temps, sa dé-
cision d'intervenir, militairement en faveur du régime franco-
phile menacé ne s'entourerait plus d'aucun mystère. La presse
étrangère pas plus que les gouvernements, n'a exploité les éV~
nements du Gabon à des fins politiques.
C. LA CONCEPTION GAULLIENNE DE LA POLITIQUE AFRICAINE
En effet, en essayant de dégager la synthèse'des nuances,
on peut se permettre de retenir deux grandes t~ndances.rIl y a,
d'une part, ceux qui ont situé les motivations de l'intervention
au niveau de la stratégie politique mondiale du général de Gaulle.
Il y a d'autre part, ceux qui ont cru trouver les mobiles de
cette action dans le faisceau d'intérêts, matériels que la France
~evait défendre au Gabon d'une façon urgente.
Il est vrai que la décolonisation de l'Afrique noire,
selon certains observateurs, ne pouvait signifier son abandon
par l'ex-métropole. Et si la communauté rénovée est devenue en
fait une institution morte, la France n'entendait voir - et sous
aucune forme - son influe~ce récusée ou supplantée par une autre
puissance dans cette partie du monde. Au demeurant, elle lui reste
fort liée par la communauté de langue et même d'esprit, disent
certains, et aussi par de vigoureux liens économiques et finan-
ciers. C'est à partir de ces observations qu'on a pu parler du
"Grand dessein du g~néral de Gaulle". Ce projet politique à
l'échelle planétaire résiderait, essentiellement dans la volonté
de"l'homme du 18 Juin" de susciter l'émergence d'un troisième bloc
entre les deux hégémonies mondiales que constituent l'U.R.S.S.et
les U.S.A. Pour atteindre ce but, il
lui faudrait placer le Tiers
Monde, au niveau de la "Haute Pol itique", dans la mouvance fran-
çaise. Rien n'était plus approprié, pour y parvenir, que de s'as-
surer, au préalable une indéfectible fidélité de la part de
l'Afrique noire francophone. Celle-ci commençait néimoins à ac-
cuser des symptômes d'une dégradation certaine. Sa vie politique
256.
paraissait de plus en plus rythmée par une cascade de mutineries
et de coups d'Etat à ne plus finir. L'intervention française
au Gabon aurait constitué de la sorte un avertissement sévère
à tous
les "ap pr e nt i s s o r c t e r s " de ces différents pays et, in-
directement, aux puissances étrangères comme l 'U.R.S.S., les
U.S.A et la CHINE. L'activité de cette dernière devenait d1ail-
leurs très préoccupante, à la suite d'une tournée très remarquée
du Pre mie r min i s t r e c h'i n0 i s dan s . ce r t a -j nsEt a t s a f r i c a i ns. Il La
Chine sert à tout, à condition d'en sortir. Et cela semble si
vrai que, pour ma part, je jurerais que le coup de semonce
du
Général de Gaulle ne s'adressait pas seulement aux pollticiens
et militaires africains en veine de putsch; mais aussi, par-dessus
leurs petites têtes, très discrètement, à la grosse tête chinoise
si interessée pa r ces agitations.
IIC'était l t o pi ni on d'aspects
de Fr-a nce ". (1) IICarrefour li ernboitait
le pas en se demandant si
Ille coup de frein de Libreville suffira à arrêter l'agitation
révolutionnaire attisée par la tonnée africaine de Chou-En-Laï (2).
Telle paraissait être .aussi la conviction de la "Na t i o n Française
qui ~arla de l'excellente situation révolutionnaire (en Afrique)
célébrée par Chou-En-Laï, et indiquait que la "France ne souhaitE:'
pas malgré tout que cette situation continue à faire des progès ll
(3) Bien qu'une certaine rumeur fit d'autre part état de contacts
américains avec les unsurgés (4) les journaux "neutres" et ceux
de gauche, en général fondèrent leur conviction sur la stratégie
du génral de Gaulle en se limitant au seul champ africain. Si le
gouvernement français a décidé ce coup de poker que constitue dans
le monde d'aujourd'hui une expédition militaire, fût-elle limitée,
c1est visiblement pour donner sur un terrain relativement propice,
un coup d'arrêt à uni processus de désintégration de l'ensemble
francophone d'Afrique qui pouvait atteindre tôt ou tard des pays
plus importants, telle la Côte d'Ivoire" "Ce fut de cette façon
que s'exprima "le Monde ll (5). On peut encore citer, dans ce sens
lep 0 i nt de vue de" Fra nce - 0 bse r vat eu r ". Ena gis san tau Ga bon, l e
(1)
"Aspect de la Fr a n c e " du i7 février 1964
(2)
"Ea r r e f o u r " 26
février 1964.
(3)
IILa Nation Fr a nç a t s e " 26 février 1964.
(4) N.B. Le Président Léon MBA lui-même écarta pareille assertion.
(5)
Le "No n d e " 21 février 1964
257.
général de Gaulle a voulu donner un coup de semonce. Il existe
au Tchad, au Niger, en Haute-Volta, en Côte d'Ivoire, au Sénégal,
des oppositions beaucoup plus sérieuses, beaucoup mieux assises
que l'opposition gabonaise ... Les Gouvernements "y sont fré-
quemment plus durs que ne l'était celui du vieux Léon MBA". C'est
à ces gouvernements que De Gaulle a voulu porter secours. Néan-
moins, selon la plupart des commentateurs, il ne fallait pas trop
se perdre en conjonctu~e : ils estimaient simplement que l'inter-
vention française était motivée par la défense des intérêts fran-
çais au Gabon. ___
En conclusion sur l vana l y s e du coup d'Etat, not.ons, que
l'abondance des réactions et des prises de pos i t i on s ou l t qne l'im-
i
portance qu'a revêtue cette intervention française au Gabon. En-
visagée peut-être par ses auteurs comme une simple opération de
"police renforcée", elle est devenue une donnée dont il faut tenir
compte, désormais, dans l'appréciation des situation. politiques
des pays francophones .d'Afr~que noire, ainsi que dans leurs rap-
ports avec l'ex-métropole. Mais, cette abondance de réactions
témoigne également de l limpossibilité à donner une explication
monistique (1) de l'action française au Gabon. En faisant encore
ressortir les doutes qui
nlont pas été dissipés au sujet de la
réalité de l'appel, on peut dire, sans crainte d'erreur, que
l'explication de cette opération relève autant de la stratégie
politique de l 'Elysée que de la défense des intérêts français au
Gabon.
Cela dit, la vie publique du pays devait se dérouler
un moment sur les traces du putsch manqué avant que nlapparais-
sent les tentatives de recherche d'un nouveau consensus pDlitique.
(1) Au sujet de ce qu'il appelle la "tentation monistique", J.P.
MEYNAUD écrit: "isoler un facteur et en faire l'élément .central
sinon exclusif, dlune explication totale: c'est là un mOde
d'ana-
lyse qui a toujours eu des adeptes ... Il est fort douteux que lion
puisse réduire à un seulifacteur causal un ensemble aussi complexe .. :
cf. MEYNAUD (J.P). "Introduction à .la Science Politique", A. COLIN, .
2è ed. Paris, 1961. p. 52
258.
D. DES ELECTIONS LEGISLATIVES AU PROCES DE LAMBARENE
La restauration de Léon MBA par les Français, laisse
1
des traces dans le coeur des Gabonais et marque de ce fait, qu'on
le veuille ou non, une date historique pour les générations pré-
sentes et à venir. Le pays connaîtra d1ailleurs, quelques moments
d'agitation politique et une fièvre électorale intense, avant la
liquidation de la cris~, dont le procès de Lambaréné est l'acte
final.
1. L'AGITATION DES MASSES POPULAIRES ET LES ELECTIONS LEGISLATIVES
---------------. -----------------------------------------------
En effet, plus d'un observateur a remarqué le malaise
qui persiste au Gabon après le putsch. IILa tornade n'aurait donc
pas dissipé les nuages ll comme le remarque la Croissance des Jeu-
nes Na t i ons " en Avril 1964 (1). Dès le 23 février 1964, les "pr-o
MBA II s'attroupèrent aux abords du palais présidentiel, en signe
de sympathie pour leur chef rétabli dans ses foncti~ns (2). Cette
réaction provoquera une violente contre-manifestation dès le dé-
but du mois de mars car, lI e nvi r on 500 travailleurs et lycéens
auxquels se joignirent bientôt un millier de personnes, défilèrent
en réclamant "J a fin de la dictature Il (3). L1agitation, plus
violente, reprend le 2 mars au cri, hostile de "L on MBA Prési-
ê
dent des Français [II Certes, ces manifestants n'ont pas oublié
le sang versé et l'aliénation de l'indépendance nationale à T' an-
cienne métropole.
(4)
Les lycéens de Libreville se mirent en grève (5) et, à
Ndendé, on mentionne la mort d'un élève, et un peu plus tard,
celle d'un gendarme originaire du Nord, auquel la population locale
(1) cf.
"Cr-o i s s a nce des Jeunes Na t i ons ? , avril 1964
(2) cf NTUTUME (J .F) op. cit. p. 246
(3) cf. "Cr-o i s s a nce des Jeunes Na t t ons " n° d'avril 1964.
(4) cf PION (H) op. cit. p. 200
(5) N.B. Les établissements scolaires seront fermés pendant plus de
15 jours et les élèves, renvoyés dans leur foyer respectif,pour une
reprise des cours après les élections.
259.
aurait reproché d'avoir participé à la IIrepressionll gouverne-
m~rrt a 1'e dan s l e ce nt r e. Le 7 J ui n liA ge nceG a bon ais e d' I nfor-
mation (A.G.I), signala des mouvements revendicatifs des salaires,
des grèves affectèrent de nombreuses entreprises et la quasi tota-
lité des maisons de commerce. Un calme relatif ne fut rétabli sur
le plan social, qu'au prix de substantielles augmentations de
salaires. (1)
On peut toutefois remarquer que la persistance d'une agi-
tation hostile au gouvernement étend l'ombre de l'incertitude sur
l'issue des élections, quand bien même M. MINTSA, déclare: "pour
la première fois depuis son indépendance, et peut être au_?sl_".~
la dernière fois (2), des élections vraiment qémocratiques allaient
avoir lieu au Ga bon". Avant de revenir sur ces élections, il est
permis de faire un constat qui s'impose d'ailleurs. Il convient
de noter que les manifestations du début du mo~~s de mars que
nous venons d'évoquer plus haut, contre le gouvernement légal
restauré, coïncident a.vec la nouvelle de l'arrestation et de la
déportation de M. AUBAME à Sette-Cama selon les uns, à Dom-les-
Bam"selon d'autres. Bien qu'il ait perdu la partie, le leader de
lIU.D.S.G. reçoit le témoignage d'un soutien populaire qui a fait
défaut à M. Léon MBA le 18 février M. AUBAME est en fait, la con-
jonction de tous les mécontentements, et cela, son vieil adver-
saire ne le lui pardonnera pas. Le 5 mars, un communiqué officiel
reconnaît la persitance d'une agitation hostile au gouvernement
malgré les mesures prises et lps appels au calme des personnalités
politiques variées, dont M. GONDJOUT compromis dans le coup d'Etat
ainsi que des autorités religieuses du pays. Loin de s'apaiser
llagitation s'étend, le 27 mars, les incidents similaires se pro-
duisent mettant en cause, personnellement, dans son fief électo-
ral, le vice-président YEMBIT officiellement responsable de l'in-
tervention des troupes françaises et de la restauration de M. Léon
MBA. Le 28 mars, un décret frappe trois Gabonais d'indignité
(1) cf. Bulletin de lIA.G.!. du 4 mai 1964
(2) Souligné par nous M. MINTSA était alors, Amb a s s a de ur du
Gabon en France.
F
--
260.
nationale et les assigne à résidence en brousse en raison d'ac-
tivités "de nature à troubler l'ordre public" (1) Il ne faut
pas non plus perdre de vue que dès le 28 février. M. Léon MBA
avait changé de ton et d'attitude. car. le premier mars. il
n'était plus question d'un châtiment présidentiel pour les conjurés
qui seront jugés (2). On a conclu parfois que. c'était là la con-
séquence de la prise de conscience de la réalité de l lo~position'
Peut-on sérieusement imaginer que le président Léon MBA s'est abusé
et croya i t encore le 28 févri er. être l'objet dl une confi ance
unanime? Plus vraisemblablement. il siest convaincu de la mala-
dresse de ses réactions au lendemain des événements et de la
nécessité d'un jeu plus habile. 1111 est d'autre, part. très cré-
dible que les autorités françaises ont poussé le leader gabonais
dans la voie de la modération. Le gouvernement de Paris a sans
doute vu dans les élections. le moyen de sauver les apparences" (3)
Soit. elles confirmeront
la popularité de Léon MBA. et la "vo x populi
enterinera l'intervention française. soit elles consacreront
l'effondrement de son autorité. et en présidant au changement
de l'équipe gouvernementale. la France apparaîtra non comme la
protectrice d'un homme. mais celle de la légalité, sans rien
perdre de ses positions dans le pays. A propos des troupes fran-
çaises d'ailleurs, M. Léon MBA déclare que "1 e ur présence per-
mettra
également aux prochaines électiOns de se dérouler sans
ui
désordre dans un climat pacifique, c'est-à-dire dans la l"iberté
( 4 )
Il est évident que M. Léon MBA adopte deux attitudes:
l'une est qu'il ne veut pas affronter personnellement la con-
sultation électorale, l'autre est que les hommes compromis dans
le putsch sont empêchés de faire acte de candidature aux prochaines
élections.
En se plaçant sur le terrain de la défense des institu-
tiorrs et de l'Etat, Léon MBA se met à l'abri des remous politiques
(1) Bulletin A_G.!. 1/4/1964. décret n° q9/PR.
du 28/03/64
(2) Bulletin A.G.!.
1/3/1964
(3) cf.
PION (H) op. cit. p. 191
(4) cf. Le Monde 17 mars 1964
261.
mais, s'interdit, toute participation à la lutte électorale.
Pourtant, à quelques jours des élections, le chef de l'Etat
s'adresse à la Nation (1).
Il rend compte de la tournée qu'il
vient de faire dans l'intérieur du pays où il assure avoir trouvé
partout "un accueil chaleureux et sympathique", et a tiré la
conclusion que "les politiciens ambitieux qui, avec quelques
militaires ont pensé soulever l'ensemble du
pays avec des
par ole s ha i ne use s , s e 's 0 nt 10 urd emen t t rompé s" Pui s , i 1 a b0 r de
le problème des élections, tout en envisageant un éventuel désac-
cord entre les deux pouvoirs (Assemblée et gouvernement), dans ce
cas, il confirme q~'il ne demissionnerait pas, mais dissoudrait
liA s semblé e. Il con c 1 ut. .. "J e - sui s pers uadé que 1e Gab or
de
demain, libéré des ambitieux qui ont voulu prendre le pouloir
dans l'illégalité, trouvera sa voie derrière moi, dans le calme
et la dignité". On voit par là que la volonté populaire n'est
souveraine que dans la mesure où elle sert le chef de l'Etat.
Après les brèves hésitations qui ont suivi sa restauration, Léon
MBA n'a pas infléchi sa politique d'avant le putsch, pour tenir
compte de la leçon des événements.
Le mode de scrutin pour les élections qui allaient âvoir
lieu, était la liste majoritaire à un tour, dans chacune des 9 ré-
gions du pays. Le Président Léon MBA qui s'était toujours fait
él ire député de l'Estuaire en même temps que chef de l'Etat, avait
décidé de ne pas se présenter. L'opposition, quant à elle, allait
/à la bataille en ordre
di spers
en l'absence de ses grands lea-
ë
,
ders.
Il y eut ainsi une multitude de listes électorales et de
,
min,scules partis, dont l'influence et les ambitions se limitaient
à
une seule région, et parfois même à un seul centre. Au total
31 listes, dont voici le nombre par région.
(1) cf. Bulletin A.G.!. 8 avril 1964.
262.
TABLEAU N° 14.
Liste des rartis aux élections législatives
de 1964.
Régions
Nombre
Estuaire
2
Haut-Ogoué
2
Moyen-Ogoué
6
Ngounié
:
2
Nyanga
4
Ogoué Ivindo
3
Ogoué Lolo
2
Ogoué Maritime
4
Wo1eu-Ntem
6
Total
31
En réalité, ~1 n'y avait en présence que trois for-
mations sérieusement organisées :
le B.D.G. parti gouvernemental
- La Défense de la Démocratie ou 0.0., dirigée par M. J.F
OTANDAULT, syndicaliste et ancien député B.D.G. de 1957 à 1961.
- La Défense des Institutions Démocratiques ou 0.1.0., diri-
gée par M. Emile ISSEMBE.
, Il est intéressant de voir que tous les sigles des grou-
pements de l'opposition témoignaient plus d'un souci de défense
.:. q.ue de cons t ruc t t on-f l ) . On remarque aussi, la disparition de
(1) En plus de la 0.0. et de la 0.1.0., il y avait entre autres
D.l.G. = Défense des Intérêts Gabonais
D.I.M.O. = Défense des Intérêts du Moyen-Ogoué.
D.I.R.N. = Défense des Intérêts Régionaux et nationaux (Wo1eu-Ntem)
E.P.O. = Evolution et Progrès de 1'Oqoué (Indéoendants, liste région~le)
P.I.M.O. = Progrès des_ Inté~êts.du MOy'en-Ogoué .
. U.P.D.I.O.M. = Union Populaire pour la Défense des Intérêts de 1'Ogoué Maritime
U.P.A. = Union progessiste A1togouéenne (du Haut-Ogoué)
U.R. = Union Régionale.
263.
lIU.O.S.G. On entendait soit défendre
la démocratie que lion jugeait con-
fisquée par le régime, soit défendre les intérêts locaux ou régio-
naux. A l'exception de deux principales listes de l'opposition (la
0.0. et la O. LO.) dont les
Ippellations avaient un sens plus
abstrait, un seul groupement politique entendait associer la
défense de ces intérêts régionaux à celle des intérêts nationaux
C'était la O.I.R.N.
qui présentait ses candidats dans le Woleu-
Ntem. La contestation du régime se prolongeait donc, pour une
fraction de la population, dans le cadre légal des
élections ..
Après dor.ç une campagne riche en suspens, le B.O.G.
remp0 r t a 31 s'i ège s sur les 4 7 qui i l Y a vait à pou r v0 i r. 1l a vait
obtenu 54 % des voix exprimées (1). La 0.1.0. obtint 12 sleges
avec 24 % des voix et la 0.0. 4 avec 6. 159 voix obtenues dans
la seule circonscription où elle avait présenté des candidats.
Au total, l'opposition au régime obtenait 16 sièges pour 46 % des
voix exprimées.
Il faut aussi noter que le B.O.G. n t a va i t pas pré-
senté de candidats dan~ les régions qui
lui avaient toujours mani-
festé une hostilité persistante telles celles du Moyen-Ogoué,
de l 'Ogoué Maritime et du Woleu-Ntem. On doit, d'autre part, préciser
qulil ne remporta que de justesse la totalité des sièges dans cer-
taines circonscriptions, et cela, grâce au scrutin de liste, majori-
taire à un tour. Ce fut notamment le cas dans l'Estuaire, la Ngounié
et la Nyanga. Ainsi, en dépit de sa victoire globale dans la pre-
mt.ë'r
de.ces -t r o i s
régions, le parti gouvernemental n'eut pas une
è
avance
de 1.000 voix sur la O.LO. son unique adversaire; mais, il
se vit tout de même attribuer les 7 sièges qulil y avait à pourvoir.
Dans cette même région, il fut particulièrement battu à Libreville
en n'obtenant que 7.658 voix contre 10.257 pour la 0.1.0. Son suc-
cès fut néanmoins, très net dans le Haut-Ogoué, l '09oué~vindo, et
l'Ogoué Lolo.
Il est i nt r e s s a nt de remarquer, du poin~ de vue de
ë
(1) Voir tableau suivant, et le Bulletin d'Afrique Noire (B.A.N.)
du 22 Avril 1964, n° 332. p. 6.533 et 6.544.
264.
la sociologie politique, que ces dernières régions sont les plus
reculées dans l'intérieur du pays et se trouvent à l'abri de l'in-
fluence des plus grandes communes. Par ailleurs, 1 'homme politique
pourrait s'interroger sur quels critères la répartition des sièges
par région fut opérée. En effet, la Ngounié, avec 122.000 habitants
s'était vue attribuer 9 sièges celle du Woleu-Ntem 8 sièges avec
121.000 habitants, l'Estuaire avec 73.000 habitants 7 sièges. La
différence entre les deux premières régions est de 1 siège pour
1.000 habitants, entre la seconde et la troisième, elle est de 1
siège pour 48.000 habitants. car, avec ses 48.000 habitants, Ja
région de là Nyanga par exemple, s'était précisement vue attribuer
4 sièges. Si l'on remarque que, dans ce décompte ce sont les régions,
hostiles au régime (tel le Woleu-Ntem) qui furent désanvatagées, on
pourrait croire à une application déguisée du IIgarry-manderli. Au
demeurant, la répartition régionale des sièges fut réalisée par
les autorités en place. Les résutats des élections faisaient donc
ressortir la division du pays en deux camps nettement dif-f-,renciés.
En réalité, 1 'oppositi~n s'en trouva regaillardie, et elle pouvait,
dès lors se prévaloir d'un droit de parole dans les limites de la
légalité. Les "Lê qi t t mi s t e s :' , tout en écartant l'éventualité d'une
épreuve de force, ne pouvaient de leur côté tolérer un tel clivage
pendant plus longtemps. La conjonction des intérêts pourrait expli-
quer celles des voeux que les nouveaux députés des deux camps de-
vùient fûrmer. En effet, le 6 Juin 1964, la Nouvelle Assemblée se
réunissait en séance plénière pour examiner une motion déposée par
le parti de l'opposition "Dê f e ns e de la ûémo c r a t i e ". Celui-ci de-
mandait lI une amnistie en faveur des militaires, des gendarmes et
des civils impliqués dans les év~nements du 18 et du 19 février
précédent, ainsi que la libération des condamnés politiques et
des internés a dm i ni s t r a t t f s ".
Cette motion était précédée d'un préambule qui soulignait
IIl a nécessité d'une réconciliation pour inspirer la confiance et
attirer les capitaux étrangers indispensables
au développement du
pay s " (1).
(1) cf. A.F.P. spécial O.M. n° 5394 des 7 et 8 Juin 1964
265.
TABL EAU VI 1. RES LI LTAT S 0ESEL ECT ION S LEGISLAT 1VESOU 12 AVR1L 1964
Régions
Listes
Voix
Siège
Estuaire
B. 0 . G.
2"0. 753
7
O. 1 .0
19.826
Haut-Ogoué
B.O.G.
22.175
4
U. P. A.
1.758
-
Moyen Ogoué
O.I.D.
8.476
4
U. R.
.
3.450
P.I.M.O.
2.165
O.I.M.O.
1. 494
O.I.G.
1.457
,
Nqcu nié
B. 0 . G.
29.964
9
V. P. M.
20.238
.
Nyanga
B. 0 . G.
8.794
4
Indép. (rég.)
6.929
Ogoué Ivindo
B. 0 . G.
16.017
4
O.I.O.
6.526
Ogoué-Lolo
B. 0 . G.
15.760
4
E.P.O.
8.260
Ogoué-
o. 0 .
6.159
4
r~aritime
O.I.O.
5.030
U.P.O.I.O.M.
4.599
Woleu-Ntem
O.I.O.
34.861
8
O.I.R.R.
6.076
Indép.(rég.)
2.920
Total pour les O. I. O.
I-13.463 (54 %)
31
3 grandes for- O.I.R.R.
- 7'+.719' (24 %)
12
1
tions politi-
Indép.
(rég.)
6.159 (13 %)
4
ques
1
1
Source
B.A.N. na 332 du 22 avril 1964. p. 6.533 et 6.534.
266.
Ce nef ut pas san s sur pris e que l' 0 n vit i mm é dia t e men t a pr è s les
députés du parti gouvernemental B.D.G., présenter à leur tour
une motion dont les termes reflétaient, sinon la lettre, du moins,
"'-l'esprit du préambule de la précédente) Ils émettaient, en effet
le voeu, que IIde larges mesures de clémence puissent être envisagées
en faveur des citoyens gabonais impliqués dans les événements de
février et dans les événements antérieurs (1). A la reprise de la
séance, l'Assemblée vota par acclamations la motion du parti majo-
ritaire ; mais l'on y avait ajouté, préalablement, une disposi-
tion qui envisageait IILa possibilité d'une libération des detenus
politiques et la réintégration des élèves qui avaient
été expulsés de leurs établissements du fait des manifestations
hostiles au pouvoir rétabli à Libreville.
liEn d'autres temps, on eût
sans doute cru à la réedition, quatre mois après l'échec du coup
d'Etat, de la trahison p~rlementaire. Le Président Léon MBA avait
sûrement compris qu'un nouveau climat politique devait être né
au Gabon. Le Jury de Lambaréné confirme-t-il ou non ce but? c'est
ce que nous essayons d~ montrer dans les lignes qui suivent ..
LE PROCES DE LAMBARENE
Remis entre les mains de la justice le sort des conjurés
était-il exempt de tOIJt soupçon de la part dullgouvernement l qa l ".
ë
En effet, on pouvait s'attendre à ce que M. Léon MBA s'abstienne
de formuler quelque opinion que ce soit sur les événements de février
et leurs auteurs, de façon à ne pas fausser, entraver ou orienter
l'instruction de l'affaire.
Au contraire, le 29 février, au cours d'une conférence de
presse, il se déclare convaincu que les civils du gouvernement pro-
(1) cf. Journal des débats, 1ère Séance Plénière du 6 juin 1964
Assemblée Nationale, et A.F.P. Sp. O.M. n° 5394 des 7 et 8 Juin 1964.
267.
vi.s ot.r e étaient informés et partie
prenante dans le complot des
militaires, lesquels auraient été rapidement débordés par leurs
partenaires politiciens (1). Le 15 mars, dans une interview ac-
cordée au correspondant d'une agence de presse, le Premier minis-
tre répond aux questions d'un envoyé d'Associated Press (2). C'est
en sa qualité de Premier ministre et non du chef de l'Etat que
M. Léon MBA se prête à cette interview. Il est aisé de remarquer
que ce subterfuge ne change rien au problème de la réserve que
nous soulevons. Aussi, le 15 mars, il anticipe sur les conclusions
de la commission d'enquête et
fait état de sa conviction que les
étudia;.~s gabonais expatriés pour poursuivre leurs étu~es ont par-
ticip~ à l'organisation du complot contre l'Etat, ainsi que de
sympathies communistes chez les conjurés. Au passage, l'opinion
publique est également prévenue à l'égard des étudiants gabonais
expatriés, à l'origine de quelques tracts violemment hostiles au
régime. En même temps, le chef de l'Etat suggère l'absence d'en-
tente franche et loyale entre les rebelles civils et militaires,
ceux-ci, dit-il, ayant été joués par ce~x-1à. Outre, c'est peut-
être une manoeuvre pour provoquer des révélations de la part des
personnalités mises en cause, c'est, de toute évidence, une entre-
prise de récupération de l'armée. Enfin, et le contraire en aurait
été étonnant, Léon MBA refuse de considérer que le putsch était
dirigé contre sa personne et son régime. il s'est agi d'un "c om-
plot contre l t Et a t " déc1are-t-il. Nous sommes loin de l'attitude
de réserve qui nous semble devoir s'imposer en de telles circons-
tances au premier magistrat de la nation. Le climat pré-électoral
ne peut ~ lui tout seul expliquer pareil comportement et il est permis
d'être inquiet pour la suite des événements. S'achemine-t-on vers
un procès en bonne et due forme, ou vers une parodie de justice
destinée à masquer un règlement de comptes?
Le 23 mars, la commission d'enquête prononce la première
inculpation. M. AUBAME, accusé d'atteinte à la Sûreté de l'Etat,
est placé sous mandat de dépôt. En fait, le prévenu était
.(1) cf. Bulletin A.G.I. 24 février 1964
(2) cf. Bulletin A.G.r. 10 ma r s 1964
268.
incarcéré depuis le début du mois. Les auteurs du putsch, eux
) ne sont inculpés que le 31 mars~La machination est en route
les militaires sont considérés comme de simples exécutants pt,
préjugeant de l'issue du procès, on fait du Leader de 1 IU.D.S.G.
l'âme pensante du complot. Au total, la commission d'enquête pro-
nonce 26 inculpations, a l'encontre de 16 militaires et-10 civils
qui
sont déférés devant la Cour de Sûreté de l'Etat constituée
le 27 février 1964 (1)~ Le gouvernement décide que la cour tiendra
ses assises a Lambaréné à l7âf.'.tir du. 26 AoQL Po u.e quo t Lambaréné?
Est-c.e a cause de sa renommée mondiale de l'hopita1
Schweitzer, ou
parceque le président Léon MBA y a été conduit le 19 fevrier par
voie terrestre, dans une Land-Roover escortée par quatre militaires?
peut-être. Mais, c'est sûrement parceque Lambaréné a plus de 200
kilomètres de Libreville, est bâtie dans une île qu'aucun pont
ne relie aux rives de l'Ogoué (2). Les conditions naturelles sont
donc favorables pour assurer l'ordre et décourager d'éventuelles
entreprises en faveur des accusés. De plus la région du Moyen Ogoué (
dont Lambaréné est le .chef-1 i e u , est décretée en état de garde
a vue, pendant toute la durée du procès. D'importantes forces
de police y exercent la plus stricte des surveillances. Le procès
est public mais la salle étant très petite, (salle de classe du
collège moderne) l'accès est réservé aux porteurs d'une carte d'en-
trée. Il n'en est délivré qu'une par famille d'accusé et aux seuls
journalistes accrédités au Gabon au 30 juin 1964. Cette fois encore,
le comportement du gouvernement dément l'assurance tranquille qu'il
affiche.
Il prétend avoir derrière lui, et avec lui, la nation
gabonaise toute entière, mais entoure ce procès d'un luxe exception-I1
ne1 de précautions.
IILa date elle-même n'a pas été arrêtée au
hasard. Elle coïncide, avec la fin de la grande saison sèche, c'est-
a-dire
une époque de l'année où les travaux de préparation des par-
(1) Effort Gabonais, 28 février 1964, composition de la Cour de
Sûreté de 1 ' Etat : Prés i dent : M. Léon AUGER , Con se i 11 e r a 1a cour
suprême Juges titulaires MM. MINTSA André, BEKALE Ignace, RUIPIERI
Cyp~ien et le capitaine BoULINGUILE Juges suppléants: MM. OWft.NGA
LOU1S, ENGONE Jean,
EMANE Jean, Jour~s
Polycarpe, YEBE Gabriel.
Commissaire du gouvernement: M. ISSEMBE Aristide
Il
Adjoint: M. YOUSSOUF André
Il
Greffier: M. AUGUILE Robert
(2) NB. Les ponts y ont été cohstruits depuis 1974 et permettent
l'accès facile
269.
celles à cultiver, la p ch e i de la c a r pe ") , l'entretien des
ê
v
cas e s , des pis tes, des p0 nt set c ..., m0 bi 1 i sen t 1a pop u1a t ion
rurale~ (1) Il est intéressant, voire, important de retenir que
parmis les Gabonais, M. AUGER, ancien étudiant en droit et con-
seiller à la Cour Suprême, était le seul juriste de formation
dans ce jury, et que le commissaire du gouvernement, M. Aristide
ISSEMBE est le frère de M.E. ISSEMBE, qui fut le grand adver-
saire de M. J.H AUBAME pendant les élections législatives de
1946. (2) Auparavant, une commission d'enquête, présidée par
M. CHANGO, magistrat, avait interrogé 200 personnes et prononcé
27 inculpations.
b) LE PROCES
Sans explication officielle, il débute le 25 Août, son
ouverture ayant été avancée de 24 heures. Les militaires sont
entendus les premiers, procédure logique, compte tenu du dérou-
lement des év€nement~ de février. Aucun d'entre eux ne met en
cause les civils du gouvernement
provisoire.
"La déception du
chef de l'Etat, dont-on a rapporté les propos ci-dessous dût
être qr a nde " (3). Le lieutenant MaMBO déclare avoir agi par
~ ambition personnelle~ Il considérait en effet avoir été brimé
"dans sa carrière privée du poste qu'il pensait mériter" (4)
Le lieutenant MBENE (5) dit qu'il avait voulu II r é or -
ganiser l'armée gabonaise dans un sens qui lui semblait plus
rationnel u • Le lieutenant ESSONE exprima à peu près les mêmes
sentiments. Il reconnut toutefois avoir dans l'armée une situa-
tion privilégiée. L'adjudant MOUSSAVOU reconnut qu'il avait agi
soit par discipline militaire pure et respect de l'obéissance
due à ses chefs, soit par le désir de collaborer à une réforme
(1) cf. PION (H) op. cit. p. 214
~2) cf NTUTUME (J.F.) op. cit. p. 255
(3)PION (H) J.C.
op. cit. p. 215
(4)cf. France-Eurafrique n° 155, août 1964. p. 37-39
(5) Il déclare aussi que le 18 février 1964, a constitué l'acte de libération
nationale le plus légitime accompli depuis l'indépendance gabonaise. Aussi,
quelque soit notre sentence, je ne regrette rien. Je préfère 'la mort que de
vivre sous le régime actuel dans lequel le pouvoir personnel revêt la forme
la plus autoritaire qui soit cf. mêmes références.
270.
de l'armée gabonaise (1). Le 3è jour, ce fut l'audience des
c i vil s 0 Ù ~1. AU BA ME fit une l 0 ngue déc l a rat ion. l l nia etc 0 n-
firma sa non-participation au coup d'Etat.
Il développa lon-
guement une thèse suivant laquelle, il avait tenté le maximum
pour trouver une solution politique à la crise ouverte par le
coup de force des militaires.
Il fit état des contacts répétés
qu'il prit au cours des journées du 18 et 19, tant avec les
militaires, qu'avec l~s différent~ambassades étrangères installées
au Gabon. Ayant reconnu avoir constitué un gouvernement provisoire
il insista sur le fait que cela slétait déroulé dans les formes
institutionnelles et après la "démission volontaire de
M. Léon
MBA". Ceci lui attira une violente réplique du président AUGER
qui lui fit remarquer que la s o i v-d i s ante démission
du président
Léon MBA lui avait été arrachée par la force et qu'elle n'avait
par conséquent aucune valeur. M. AUBAME se lança ensuite dans une
violente diatribe contre la France, condamnant l'intervention des
forces françaises et qualifia d'''ambigus'' les accords d~ défense
franco-gabonais.
Ecou~ons le : "les enfants du Gabon, n'oublie-
ront jamais que poùr des raisons inavouables, une poignée de
Français a détruit en un jour une amitié tissée en 125 ans préférant
l'amitié d'un homme à celle d'un peuple ... Cette intervention est
une immixtion intolérable dans les affaires intérieures du Gabon,
une agression caractérisée ... " (2) Il regretta, d'autre part,
Tes pro~os ..~njurieux tenus à son endroit p~r le commissaire du
gouvernement M. Aristide ISSEMBE, qui porta le motif de l'incul-
pation, non pas sur l'organisation volontaire d'un gouvernement
provisoire illégal à la suite d'un putsch militaire" comme l'avait
retenu la commission d t e nquê t e , mais sur "l'organisation et la
direction d'un mouvement insurrectionnel. M. AUBAME mit ensuite
en cause l'ambassadeur de France M. CAUSSERAN
déclarant que
c'était par lui qu'il avait été mis au courant du putsch qui se
préparait et que ce fut à la demande de l'ambassadeur qu'il alla
(1) Le Monde n° 6-101 du·2.7-Ao-ût 1964.
(2) cf. A.F.P. sp. OMo n° 5471 du 8 septembre 1964
271.
s'entretenir avec les membres de la rebellion. Cette II r é vé l a t i on ll
devait d'ailleurs provoquer une mise au point de l'ambassadeur
de France, précisant que l'appel téléphonique de l'ambassadeur
avait été motivé simplement par une "d ema nde d t t nf o rmat t on
(1)
ï
Quant a MM. EKOH et Gondjout. ils allèguèrent qu'ils
avaient apporté leur concours à la constitution du gouverne-
ment provisoire IIparce'qu'ils avaient cru que c'était la un moyen
pour eux de sauver le pays de 1I1'anarchie ll • Mais, ce système
de défense est mis a mal quand, au cours de l'audiance suivante
deux des accusés révèlèrent avoir été au courant de ce qui se
tramait, avant le 17 février (2), par l'officier ONDO EDOU. Cet
aveu ne pouvait manquer de constituter une brêche dans l~~: lignes
de l a défense. "On éta i t en droi t a lors de se demander comment
un conjuré d'importance mineure tel que Philippe MAURY avait
put être au courant de ce qui se préparait, alors que des person-
nages beaucoup plus importants et connus depuis longtemps pour
leur hostilité au pouvpir établi, prétendaient l'avoir ignoré".
(3)
"C'est à partir de la Sème audiance, le 31 août que l'on procéda
à
l'audition des témoins. On entendait notamment un certain
nombre de militaires,puis M. Albert BONGO, directeur du Cabinet
du président de la République, M. Georges RAWINI, ministre de
l'Information, M. Jean ENGONE, ministre des Finances, M. Eugène
AMOGHO ministre des travaux publics, qui firent des récits très
circonstanciés des événements.(4)
Finallement au fil des audiences, malgré les précau-
tions dont les autorités ont entouré la préparation,
celui-ci
n'évolua pas dans le senssouhaité. C'est sans doute la raison
pour laquelle au cour des audiences suivantes, on délaisse l'es-
sentiel. "La Cour paraît moins soucieuse de fonder l'accusation
(1) cf. France-Eurafrique op. cit. p. 38
(2) NB.
Il s'agit des déclarations de M. OKOUMBA et de MAURY
cf. Bulletin A.G. I., 29 août 1964 et France-Eurafrique op. cit.
p.
39
,.-' ( 3) Cf. Fra nce - Eu ra f r i que 0 p . c i t. p. 3 9 .
(4) idem.
272.
que de semer la discorde parmi les accusés en appelant des témoi-
gnages sans liens directs avec le procès, mais, susceptibles de
dresser les inculpés les uns contre les autres sans doute, pour
les conduire A se discréditer et peut-être A faire des révéla-
tions accablantes" (1) Au cours de la Sème audience, le Commis-
saire du Gouvernement déclara qu'A la fin de 1 Jannée 1961, .M.
AU BA ME a 10 r s min i s t r e a,u, rai t dit de van t ce r t a i ne s pers 0 nnes" qu' i 1
fallait maintenir M.
GONDJOUT
en prison ou le s up pr tme r :' les té-
moins cités sont l'épouse et un fils du chef de l'Etat (2). On
peut tout simplement remarquer que la tenue du procès en patit
sans que la justice y
gagna(3).
Le réquisitoire du Commissaire du gouvernement fut
très sévère pour M. AUBAME auquel il reprocha
d'avoir été au
courant.de la préparation -du putsch et de n t av o i r rien fait, pour
T~ empê che r . Ils e déc 1a ra con vai ncuq U 1 i 1 a vait a t te ndu f é br i -
lement le résultat du coup d'Etat pour former ensuite son gou-
vernement. Il affirma .en outre que l'accusé avait organisé avant
le putsch des réunions
subversives.
Enfin, il stigmatisa l'atti-
tude anti-française de M. AUBAME
alors qu'il était parmi toutes
les personnes présentes, le dernier A avoir été en fonction dans
l'administration française. Le commissaire du gouvernement demanda
alors A la cour, la peine de mort ou les travaux forcés A per-
pétuité contre M. AUBAME, ainsi que contre Daniel MBENE, MOMBO,
Jean ESSONE, Pierre EYEGHE et Paul OKOUMBA (4).
"Le commissaire du Gouvernement sien remet A la sagesse
du tribunal pour deux sous-officiers et M. GONDJOUT
qui semble
avoir été constamment mystifié par le mauvais génie quia été
M. AUBAME, auquel tous ceux qui sont
présents
t c i aujourd'hui
parmi les civils Joivent d'être emprisonnés".
Mais, M. PION (5) souligne que la comédie se term,~
le véritable objet du procès de Lambaréné - l'élimination de
(1) cf. Bulletin A.G.I. 3 'septembre 1964
~2) cf. Le Monde n° 6T10 des 6/7 septembre 1964
(3) N.B.
Il existe un compte rendu du proces, mais, son accès
n'est pas facile.
(4) Le Monde n° 6111 du 8 septembre 1964
( 5 ) PION
(H) OD.C i t.
D.
212.
273.
M. AUBAME - n'est plus dissimu1ée". Les principaux accusés re-
vendiquent une dernière fois, dans la dignité la responsabilité
de leurs actes et condamnent l t a t t i t ude de la France (1).
M. EKOH dira: "Un seul désir nous animait tous,
celui d'assurer dans les circonstances graves que nous vivions
la continuité de l'Etat dans sa pleine souveraineté, et stigma-
tise la "violation injurieuse du Gabon par l t a r-më e française".
Les lieutenants MBENE et ESSONE qui ont eu le cou-
rage d'assumer la r~sponsabi1ité de leurs actes et se sont re-
fusés a troquer les motifs honorables qui étaient les 1eurs~'
même s'ils se sont trompés, contre l'aveu
d'une ambition égoïste
qui leur eut va1u.1a clémence de leurs juges, sont condamnés
chacun a 20 ans de travaux forcés. La même peine frappe M. EYEGHE
P. Claver. Quant a M. AUBAME, il est condamné a la ans de travaux
,
forcés et a
la ans d'interdiction de séjour.
Il avait été pré-
senté comme 1e"mauvais. génie"des autres accusés, il est défini-
tivement éliminé de la scène politique. MaMBO siest vu infligé
5 ans de prison avec sursis, et dix acquittements furent prononcés
Les condamnés tentent en vain un recours contre la validité de
la Cour de sûreté de l t E'ta t . La constitution a prévu T' e xt a-
tence d'une Haute Cour de Justice composée de membres élus par
1 'Assemb1ée nationale en son sein (Titre VIII art. 62) et non
d'une cour de sûreté de l t E'ta t désignée par le chef de 1 lEtat.
Ils sont déboutés le 21 septembre.
"Le chef de 1 1Etat a atteint
son but. Il triomphe enfin de son vieil adversaire M. AUBAME
quoiqu~ la participation de celui-ci a la préparation du putsch
niait pas été prouvée. Les peines qui frappent les officiers
égarés dans le complot sont de nature a modérer les élans de leurs
pai rs . De même, 1a sen te nce qui ace a b1e M. EYEGHE, dis pro por t ion née
aux charges retenues contre lui, fait penser a une mise en garde
(1) Le Monde n° 6112 9 septembre 1964.
274.
adressée aux hauts serviteurs de l'Etat. En ne prononçant pas
des condamnations a mort, on a évité de faire des martyrs et
les sentences modérées dont bénéficient les acteurs du second
plan ou ceux qui ont accepté de confesser leur erreur ou encore
d'avoir été mus par l'intérêt personnel, permettent au gouver-
nement de proclamer que le verdict a été modéré,voire que les
juges ont fait preuve d'une grande mansuétude, et d'éviter que
l'armée et les grands torps de l'Etat soient irréconciliables
rlvec le régime" (1)
Le procès de Lambaréné met le point final à la crise
dont les événements de 1964 marquent le paroxysme mais aussi
a près de vingt années d'histoire gabonaise au cours de laquelle
se forgea le Gabon d'aujourd'hui. Le Président Léon MBA y songe
sans doute quand, pour des motifs politiques évidents, il déclare
a la radio: "Une page malheureuse de notre histoire est tournée,
Gabonais, Gabonaises, tournons nous résolument vers l 'av~nir,
pourque notre pays da ns l' indépendance, las tab il i té, l a
pros-
périté la concorde continue ~on chemin vers un avenir toujours
meilleur" (2)
(1) PION (H) op. cit. p. 214
(2) cf. Le Monde n° 6114,11 septembre 1964
275.
CHAPITRE III. - LA SITUATION DE 1967
A. La succession de Léon MBA
-------------------------
La situation en 1967 est marquée par la mort du Prési-
dent Léon MBA et son remplacement par Albert Bernard BONGO. Mais,
le processus de succession commence au lendemain du putsch de
février 1964 car, comme le remarque fort bien P. BIARNES, "à peine
réinstallé au pouvcir qulil fallait déjà songer à sa succession".
(1) En effet, dans les mi l t eu x dirigeants français, on t qn or e t t
pas, même si le principal intéressé n'en savait rien encor~,
qu'il était atteint d'un mal incurable (2). Aussi, les mi~ieux
officiels de Paris savaient qu'il fallait aller très vite, mais,
discrètement pour éviter des troubles en cas de mort subite du
Président Léon MBA. Le remplacement de l'ambassadeur CAUSSERAN
par M. DELAUNAY à la tête de la représentation diplomatique fran-
çaise à Libreville était un indice. (ce dernier s'illustrera
quatorze ans plus tard dans le vote des français du Gabon aux
élections législatives de 1978), car, "très lié au Secrétaire
Général de l'Elysée pour les affaires africaines et malgaches, il
joua, pendant toute cette période un rôle de conseiller discret
mais, avi~é d'une importance capitale. Responsable sur place de
la sécurité du régime, il ne manquait pas de moyens, à travers
plusieurs centaines de conseillers techniques, civils et mili-
taires, placés à tous les postes clés PQur influencer de façon
décisive sur le cours des événements ... Très vite, il décida
de st-imuler et de soutenir les ambitions de l'un des plus jeunes
collaborateurs du Chef
de l'Etat, son directeur de cabinet
depuis octobre 1962 ... Il représentait l'avenir mais garantis-
sait néanmoins que les orientations essentielles de la politique
( 1) BlA RNES' (P) op. ci t. p. 354
(2) ibid.
276.
gabonaise en matière économique, seraient le moment venu,
sauvegardées. Bref, il était le renouveau dans la continuité ll ( 1 )
La succession ainsi préparée et les combinaisons secrètes qui
s'en suivent, ajoutées à la mort imminente et certaine du Pré-
sident Léon MBA, amènent plus d'un observateur à soupçonner une
fois encore, mieux, à accuser la France d'avoir favorisé l'ascen-
sion de BONGO qui, dès cet instant devint irrésistible et as-
surée.
En effet, en septembre 1965, ce dernier faisait son
entrée au gouvernement en qualité de ministre délégué a la Pré-
sidence, chargé de la Défense et de la Coordination, devenant
pratiquement le chef du gouvernement. En août 1966, il y ajoute
l'Information, afin d'éviter toute surprise ultérieure du côté
des medias qui a11aient c être appelés comme on le verra plus loin
à jouer un rôle important dans les mécanismes qui furent alors
imaginés pour légaliser la succession. Le 14 novembre 1366, par
un message radioté1évi~é, enregistré dans sa chambre de 1 'hôpi-
tal Claude-Bernard à Paris, le chef de l'Etat faisait officiel-
lement savoir à ses compatriotes, qu'il souhaitait que M. BONGO
soit son-successeur
en cas de décès ou d'empêchement et qU'à
cette fin, il venait de le nommer Vice-Président de la République
(à la place de M.P.M. YEMBIT) tout en lui conservant ses attri-
butions antérieures, auxquelles, il ajoutait même la charge du
Plan et du Développement. Il est vrai qu'organiser la succession
du vivant du IIfondateur ll , permet au dauphin de bénéficier de la
légitimité, personnelle du "Pè r e de l t In d ëpe nd a nc e ". Le scénario
a été dépeint, pa r M. Léopold SEDAR SENGHOR.
"Qu a nd je sentirai
que le Sénégal est engagé dans la bonne voie, libre de ses mala-
dies infantiles, je me retirerai. Mais, avant, je ferai campa-
gne pour mon s uc ce s s e ur ". (2)
277.
Le 17 février 1967 (1) l'Assemblée nationale du Gabon
adoptait une révision constitutionnelle. Désormais, un Vice-
Président de République devait être élu au suffrage universel
direct en même temps que le chef de l'Etat. L'article 8 de la
constitution de 1961 prévoyait l'existence d'un ou plusieurs Vice-
Présidents du gouvernement. Ceux-ci, nommés par le Président,
responsables devant lui, exerçaient en son nom, des pouvoirs dé-
légués.
Il s'agissait tout au plus de ministres de rang su-
périeur.Le nouveau Vice-Président pouvait toujours exercer par
délégation, certaines attributions du chef de l'Etat (art. 6
alinéa 6) mais, surtout, il avait le droit de remplacer le Pré-
sident en cas d'empêchement définitif ou temporaire. IL jouit
dans ce cas, des prérogatives du rang et des pouvoirs du chef
de l'Etat (art.6, alinéa 5). Plus particulièrement, la constitu-
tion
envisageait deux hypothèses de remplacement du Président
de la République.
- L'article 9 organisajt la procédure en cas d'empêchement dé-
finitif II s i mpl e ll, c'est-à-dire, celui constaté par la Cour
Suprême. saisie par le Vice-Président, lui-même mandaté par le
conseil des ministres. Cette solution correspondait à la si-
tuation classique 00 décès et maladies rendent impossible l'exer-
cice des fonctions présidentielles. Dans cette situation, le
Vice-Président remplace le Président et son mandat e~pfre à la
date 00 aurait normalement pris fin le mandat prési-dentiel.
- L'article 10 traitait d'une situation plus complexe. En cas
de démission du Président de la république, après expira-
tion de la troisième année du mandat, les élections devaient
avoir lieu dans les vingt cinq jours si au contraire, la démis-
sion intervenait avant la fin de la troisième année, le Vice-
(1) cf. Loi 1/67, 17 février 1967, J.O. Gabon 1-3-1967 p. 61
278.
~résident devenait de plein droit Président de la République
pour la durée du mandat à courir. Cette distinction pouvait
être surprenante si l'on avait à l'esprit que cette procé-
dure visait en fait à organiser du vivant de M. Léon MBA, sa
succession. "Atteint d'un mal incurable, le Président gabonais
souhaitait garantir la stabilité du régime en mettant en avant
M. BONGO" (1). Ce choix de M. BONGO
par M. MBA, slil paraît
spontané pour certains, il ne l'est pas pour Léon MBA, qui,
d'après M. ASSO, réleve d'une attitude vengeresse que MBA aurait
gardé vis-à-vis des Fang comme lui. Ecoutons M. ASSO (2)
: "On
pourrait se demander pourquoi le Président gabonais a choisi
un Batéké pour lui succeder. Il nous a été donné de rencontrer
plusieurs personnes au faîte de la situation politique gabo-
naise. Les expl ications qui dominent sernblent confirmer l'exis-
tence de motivations tribalistes. M. MBA n'aurait pas pardonné
aux Fang d'avoir préféré lors du congrès Pahouin de 1947, le
candidat AUBAME. Avoi~ choisi un Batéké et non un Fang cor-
respondrait donc à une riposte ultime. Mais, paradoxalement,
cee h0 i x est ~ l us en ace 0 rd a ve c l a pro ph t i e d' uni té na t ion ale
ê
car cela invite les Fang à se considérer comme gabonais et non
pas maîtres du Gabon. Pour être plus juste, il faut souligner
que M. BONGO, depuis son accession au pouvoir, a cru devoir
conserver, dans tous ses ministères M. Léon MEBIAME, collabora-
te ur de M. MBA, Fan g e t sec 0 nd pers 0 nnage de l ' Et a t ~' .
Il est possible que l'argumentation de M. ASSO ait
quelques fondements dans la conception politique telle que
l'imaginent les autorités françaises face à la succession de
M. MBA. Pour ces dernières, M. BONGO peut être présenté comme
un homme nouveau exempt de tout soupçon tribaliste et consorts.
(1) cf. ASSO (B) op. cit. p. 162
(2) ASSO (B)
ibid.
p. 182
279.
Force est aussi de remarquer que la nomination de l'am-
bassadeur DELAUNAY, à Libreville, est une garantie, car,
M. Léon MBA hospitalité
à Paris n'a peut-être plus la force
morale ou physique de s'opposer au choix de Paris, choix,
peut-être qui lui a été imposé, vu les év~nements de 1964.
QUOiqu'il en soit, la succession est assurée, et sauf cas de
force majeure, M. BONGO sera bien le deuxième président de
la République gabonaise.
Il serait intéressant d'ouvrir une parenthèse sur le
t r i ba l i sme et ses avatars.
Il est vrai qu'en Afrique nc i r e
Ille tribalisme est la bête noire des dirigeants, sans cesse
menaçante, et le parti unique, la formule magique et sacrée
qui i les tin ter dit à t 0 ut a ppre nt i sor cie r de pro non ce r Il (1).
Il est vrai aussi que le tribalisme, apparaît comme une vieille
histoire complexe et compliquée qu'on aborde souvent de façon
artificielle et complaisante. Il y a un paradoxe issu de la
rencontre de deux civilisations (2) l'une, techniquement avancée
l'autre dite IIsous7développéell, crée des situations traumati-
santes pour la dernière et pose les problèmes d'un type nouveau.
Comment passer de la tribu à la nation? en un mot, quelles sont
les conditions préalables au développement politique. Voilà le
drame politique souvent sous-estimé par rapport au drame écono-
mique qui agite à l 'heure actuelle notre continent. L'état des
relations inter-ethniques représente le baromètre politique de
la plupart des jeunes Etats africains. Cela pose donc le problème
des rapports ou des relations entre divers groupes traditionnels
et modernes. La stabilité et l'instabilité politiques en dépen-
dent comme la pluie et le beau temps dépendent des variations
atmosphériques. Dans la tradition gabonaise, les tribus autrefois
étaient des groupes homogènes, elles formaient une force, avaient
leurs rites, leurs croyances etc ... Mais, elles n'empêchaient pas
aux tribus rivales de vivre, ni d-évoluer.
(1) cf. Lanciné Sylla, op. cit. p. 94.
(2) NB. Une étude intéressante a été faite entre la rencontre de
deux civilisations cf. J. ABOUGHE OBAME, Acculturation et sous
développement au Gabon thèse 3è cycle de Sociologie Paris VII 1975.
280.
Le problème aujourd'hui nlest plus le même. La
scoiarisation, l'éducation ont permis des contacts et les fron-
tières en sont franchies. Au Gabon, on peut oser affirmer que
la cohabitation inter-tribale est pacifique, mais l'impérialisme
mise sur ce II mot li IItribalisme li pour déclencher des crises so-
ciales aux risques imprévisibles. Il faut également fai~e remarquer
au passage que compte tenu de l'éducation et de l'évolution des
structures de l'enseignement dans notre pays, tous les jeunes ga-
bonais vont librement à l'école, et la chance est donnée à tout
le monde. Clest à partir de là que se pose le problème de don,
d'intelligence, opp.osés à l'tg.norance et aux limites intellec-
tuelles. A quj la faute si certaines ethnies ne possèdent pas
des lIintellectuels ll (médecins, professeurs, ingénieurs, adminis-
trateurs, etc ... ) ? Et pourtant, l 'école est ouverte à tous. Au
problème tribal Fang évoqué plus haut (page278
) et qu'on attri-
bue à Léon MBA, nous constatons que ce sont les autorités fran-
çaises qui ont donné aux Fang l 'idée de supéricté et d~ dcmina-
t ion rel a t ive s sur l es. autres ethnies , ou peuples du Gabon. A
1' ·-1nver se· , par cette même a t t i t ude, ils ont l ai s s é c roi r e aux
lI a utres li qu'ils étaient inférieurs aux Fang et que maintenant,
avec BONGO (Batéké)
, au pouvoir, il fallait rattraper le temps
perdu, occuper des postes importants mirifiques, même si la
compétenèe ne s'y prête pas. (1) Clest le sentiment de f r us tra-
tion que gardent certaines ethnies aujourd'hui par rapport aux
autres. C'est pourquoi aussi, certain~s âmes susceptibles ne
regardent jamais la vérité en face. Elles se cantonnent dans une
vengeance injustifiée.
Ces quelques remarques bloquent à l'évidence les
rouages et l'évolution d'un petit pays comme le Gabon, car,
d'aucuns préfèrent nommer à un poste, un ami, un parent ou une
(1) NB. Le phénomène du favoritisme est très flagrant dans notre
pays. Il procède du régionalisme et du tribalisme. Politique de parent;
et de petits copains.
281.
personne du même clan, de la même tribu, de la même ethnie
qui n'ont ni aptitudes, ni références pour assurer ce poste
que de voir ce poste occupé par quelqu'un d'une autre ethnie,
d'une autre région, en un mot, quelqu'un de compétent de conscien-
cieux et de sérieux.
Ce sentiment de rivalité est entretenu. par la men-
talité
occidentale d'~goisme et d'individualisme outranciers.
Il faut diviser pour régner. C'est sGrement de ces comportements
que naîtra le tribalisme, car, on lui donne les moyens de s'ex-
primer, a travers les inj~stice~ flagrantes. Nous fermons cette
parenthèse qui nous amènerait trop loin en disant qu'on ne peut
pas lutter contre un
mal qut n'existe pas. Nous sommes tout
a fait d'accord qu'on prévoit un mal, mais, ne parlons pas de
lutte contre le tribali~me, car, en fait, qui en est atteint au
Gabon? les Fang? les Batéké? les Nyénés, Bapounous, etc ... ?
non, personne ne veut être tribaliste
au Gabon, mais la vision
occidentale et ses di~erses attitudes de division, d'excitation
poussent les Gabonais a réagir sans discernement.
Reprenant notre analyse, nous remarquons en fait
que hormis quelques initiés, personne ne mesura exactement la
signification et l'importance de cette réforme, rendue néces-
saire par la maladie du Président Léon MBA. Grâce a elle, son
collaborateur disposait cependant des moyens constitutionnels
d'assurer une transition, toujours délicate en politique. (1)
Il ne restait plus qu'a organiser des élections an-
ticipées (2) ce qui fut fait le 19 mars. Léon MBA qui n'avait
fait campagne que par la voie des ondes, s'adressait une seule et
unique fois a ses compatriotes en ces termes:
"j 'ai cru devoir,
avant la clôture de la campagne électorale, prendre la parole
(1) cf. Revue française d'Etudes politiques africaines n° 90 juin
1973 p. 48
(2) NB. Elu en 1961 pour 7 ans, le mandat du Président Léon MBA
expirait en 1968.
282.
et vous rappeler en deux mots, ce que nous voulons faire:
assurer la stabilité, assurer la continuité" (1).
Il recueille
avec son successeur
99,90 %, tandis que les 47 candidats du
B.D.G. qui s'étaient présentés en même temps à la députation,
étaient élus avec un pourcentage de voix tout aussi indiscu-
table, aucune liste concurrente n'ayant eu l'audace de Sl9Pposer
à eux.
Mais~ seuls 2.042 él~ct~urs, soit 0,58 % des inscrits se dé-
robèrent
à
l'obligation de voter (2).
Pris au dépoürvu, MM. Germain MBA et MBA-NDONG, ar-
rachèrent alors à sc~ obscurité, le Conseil National~ de la Révo-
lution (C.N.R.) pour exiger "conformément à la constitution et
à la coutume gabonaise, des élections démocratiques libres et
régulières". Commet d'autres mouvements r vo l ut i on na t r e s , le
è
C.N.R. espérait alors trouver en Algérie des subsides, un asile
et une protection; mais le mouvement n'eut pas grand écho au
Gabon.
Aussi, afin de ne pas obliger M. MBA à revenir au
Gabon pour la circonstance, l'Assemblée ajouta le 24 mars 1967,
un alinéa à l'article Il. Exceptionnellement,le serment à la
Constitution, pouvait être reçu par le Bureau de l'Assemblée.
Cette cérémonie eut lieu à l'Ambassade du Gabon à Paris le 18
avril où, M. MBA, réelu Président de la République, prêta son
serment constitutionnel. Désormais, M. BONGO, Vice-Président
de droit, M. Georges DAMAS, Président de l'Assemblée nationale
et quelques députés assistaient à la cérémonie. Ainsi, le Pré-
sident Léon MBA était assuré que dès sa mort, le Gabon Exécutif
et Législatif en harmonie, devait connaître une"stabilité poli-
tique" de sept ans. "Léon MBA, pouvait mourir tranquille, ce qui
fut fait le 28 novembre 1967. Mais, la revue Europe-France outre-
mer (3) remarque "qu'une certaine presse, plus avide de rumeurs
(l)cf. Hommage à M.L. MBA, plaquette ministère de l'Information
Libreville. Ed. Bory, Monaco, 1968,p. 59.
(2) Année politique africaine, 1967 : Inscrits: 348.942, Nuls:313
votants
: 346.900
abstentions : 2042
Liste B.D.G., 346.587 voix
(3) cf. n° 454 novembre 1967. p. 9
283.
que d'informations contrôlées, a laissé plané un mystère autour
de la mort du vieux leader gabonais.Le geste du général de Gaulle
ve~ant le lendemain 29 novembre s'incliner devant la dépouille
les 5ignatures des cinq médecins et le manque total de raisons
ont montré l'inconsistance de ces r ume ur s !". Il est vrai que la
version officielle, du moins, la date du 28 novembre a été con-
testée par les adeptes de la secte Bwiti dont Léon MBA faisait
partie. Les initiés à ce culte avaient annoncé la mort du Prési-
dent Léon MBA au moins un mois auparavant. Cette information orale
nous a été confirmée, y compris certains membres de la famille qui
nous onL demandé de bien vouloir garder leur anonymat~ Ils affir-
ment tous que Léon MBA n'est pas mort le 28 novembre, mais, ils
refusent de nous donner,~ne date exacte ou approximative. Nous
comprenons leur délicate position devant la version officielle
et les risques que cela peut leur causer.
Il semblerait aussi, que dans ce flot d'informutions
orales, repétons-le, au mois de novembre 1967, la fille du dé-
funt Président, actuellement Secrétaire d'Etat aux Affaires so-
ciales (1) se serait vue refuser d'embarquer pour Paris, à bord
d'un avion,où elle devait rendre visite à son père hospitalisé
dans la capitale française. La même interdiction frappait éga-
lement sa propre épouse Pauline,qui, des mois précédant la mort
de son mari, n'avait pas été autorisée à le
voir. Enfin, le nom
d'une certaine Madame, Agnès GORGNES, ancienne secrétaire parti-
culière de Léon MBA, a été avancée.
Il semblerait que c'est cette
dernière qui détiendrait la vérité, d'origine française, elle
habite actuellement Paris, mais, là aussi, personne n'a voulu nous
donner ses coo~données. Tout ceti ne nous a pas permis de véri-
fier le vrai du faux dans cette affaire,
pÏre, le sécret médical
qui prend plus de 100 ans pour être divulgué, ne nous permet pas
d10btenir des médecins qui ont soigné Léon MBA, de nous donner
(1)
Il s'agit de Mme NYARE NKOGHE, née Agnès MBA
284.
une autre information, contraire à la date du 28 novembre. La
date de la mort du Président Léon MBA demeure toujours un mys-
tère en dépit de la version officielle. Pour ce qui nous con-
cerne, nous nous tiend~ons à la date officielle, mais, nous
étions obligés pour les besoins de l'information de notre travail
de donner ces diverses informations que nous avions recueillies
de part et d'autre. Quoiqu'il en soit, le 28 novembre, le Prési-
dent Léon MBA était bel' et bien mort. On peut néanmoins soup-
çonner les autorités françaises comme nous l'avions déjà sou-
ligné plus haut et s'il est vérifié que le Président Léon MBA
n'est pas mo r t le 28 novembre (1), d'avoir retardé l'annonce
officielle de sa mort (Léon MBA) pour s'assurer de la passivité
de l'opinion publique gabonaise, en préparant minutieusement la
mise en place de~la nouvelle équipe du Président BONGO" dont les
bases populaires n'étaient pas encore évidents.
En effet, durant des mois précédents, en prenant
soin d'aller consulter .régulièrement "cel ui qui, dans son lit
d'hôpital était encore, nominalement au moins son patron,M. BONGO
avait commencé à s'entourer d'une équipe nouvelle. A la faveur
de remaniements ministériels successifs, il avait écarté plu-
sieurs vieux fidèles du Président en train de disparaître, qui
se consolaient mal de voir la succession de celui-ci leur échapper.
Il confie l'Ambassade du Gabon à Paris à Georges RAWIRI, où ago-
nisait Léon MBA." (2) Il est aussi important de remarquer que "dès
février 1967, le Président HOUPHOUET-BOIGNY de Côte d'Ivoire, fa_
vorisa un mouvement de reconciliation nationale entre M. BONGO
e ti l e s opposants en exil dont principalement M. Germain MBA" (3)
Les observateurs avisés pouvaient se douter de quelque chose, car
M. MBA Germain n'avait jamais accepter de afaloguer-avec les auto-
rités de Libreville, du vivant de Léon MBA, et moins encore de
(1) Le Journal Minute donne le 24 novembre comme date officielle
de la mort de Léon MBA. in minute, n° 297 du 7 au 13 décembre 1967
p. 2
cf.Annexe.
(2) BIARNE5 (P) op. cit. p. 356
(3) cf. Revue française d'études politiques africaines n° 90, p. 40.
285.
les rencontrer. Etait-il de ceux qui savaient secrètement que
les jours du "v i e ux" étaient comptés?sans doute. Est-ce pour
cela qu'il avait accepter les rendez-vous d'Abidjan? peut-être.
Mais, toujours est-il que quand le "Gabon matin"(l)
écrit le 30 novembre 1967 : "le Président Léon MBA n'est plus,
mais le Gabon demeure et le Gabon continue ... ", la nouvelle
n'est pas une surprise pour certains. Les obsèques ont lieu a
Libreville le 4 décembre, le Peuple gabonais lui .rend un dernier
hommage. La délégation française aux cérémonies funéraires est
composée de MM: Louis JOXE, ministre de la Justice, représentant
personnel du général de Ga~lle. Yvon BOURGES, secrétaire d'Etat
aux Affaires Etrangères, chargé de la coopération. Jacques FOCCART,
secrétaire général a la Présidence de la République pour les
Affaires africaines et malgaches.
En résumant en quelques lignes, l 'homme et son temps,
le journaliste Paulin J.oachim remarque: "ce que lion retiendra
ae Léon MBA, aussi, de ce pays où le tribalisme ne dort que d'un
oeil, c'est que le vieux", aura été un modèle de père au coeur
innombrable.
Il n'a jamais attaché aucune importance a l'ethnie.
Il se contentait de mobiliser des valeurs autour de lui, pour
le service du pays; d'où qu'elles viennent" (2).
Ainsi donc, la mort de Léon MBA marque un tournant
décisif dans l 'histoire du Gabon, car, dès le 13 décembre c'est-
a-dire 9 jours après les obsèques de Léon MBA, le nouveau Pré-
sident, BONGO modifie l'article constitutionnel qui. lui avait permis
de se hisser au pouvoir sans trop de difficultés. En effet, la
loi du 13 décembre 1967 (3) apporte des modifications. Il n'existe
(1) Agence gabonaise d'information (Quotidien) cf. Europe-France
outre-mer n° 454 novembre 1967 p. 60'
(2) cf. Le Gabon après Léon MBA de Paulin Joachim in Europe-France-
Outre-mer n° 454 novembre 1967 p. 61
(3) Loi n° 21/67 du 13 décembre 1967 J.O. du 15 janvier 1968.
286.
plus de Vice-Président de la République, mais un Vice-Président
du Gouvernement nommé par le Président et responsable devant lui.
D'autre part, en cas d'empêchement temporaire de ce dernier, il
le remplace sans pour autant disposer du pouvoir référendaire
(article 16) et du droit de dissolution, article (17). Et en
cas d'empêchement définitif du nouveau Président les" élections doivent
"avo i r lieu au plus tard da~s les trois mois qui suivent la constata-
tion de la vacance par la Cour Suprême. Cette nouvelle modifi-
cation ramènerait en fait à la situation constitutionnelle d'avant
le décès du Président Léon MBA.
Aussi, pour certains, la réforme du 17 février 1967
avait en réalité été inspirée, plus par des raisons politiques
que par des motifs proprement juridiques, lien raison notam-
ment des ennuis de santé du Président Léon MBA, qui, désirait
que sa succession ne donne pas lieu à des difficultés ll (1). Pour
marquer enfin, cette transition entre les deux hommes, 1 'hebdoma-
daire Jeune Afrique écr-ira : II cl e s t une lourde succession qU'à
trente et un ans, M. Albert BONGO recueille des mains d'un vieil
homme. Il sera plus facile d'oublier que Léon MBA a été appelé à
assurer les responsabilités du pouvoir, bien longtemps après avoir
dépassé l'âge mûr, à un moment où il ne rêvait pas de l'indé-
pendance de son pays et ne s'y préparait guère. En revanche,
l'histoire sera plus attentive aux actes de M. BONGO ... 11 (2)
(1) cf. Chronique constitutionnelle,R.J.P.D. L.G.D.J. Tome XXI, 1967
p.
329 à 332.
(2) Jeune Afrique n° 325 2 avril 1967 p. 28.
287.
CHAPITRE IV.
- ~~Qb~IIQ~_Q~_b~_~QbIIIg~~_~~~~IQ~~II~bb~_~I_b~_Ç~~~IIQ~~Q~_~~~II
~~IÇ~~
- b~~~Qb~IIQ~_~~I~~_êQ~~Q_~I_Q~_~~~bb~
BONGO ET POMPIDOU
-----------------
BONGO ET GISCARD D'ESTAING
---~----------------------
Nous abordons dans ce quatrième chapitre une ère nou-
velle des relations frAnco-gabonaises. L'explication est simple
dans la mesure 00 le Gabon commence un nouveau septennat" sous la
houlette de son nouveau Président Albert Bernard BONGO. Du côté
français, il n'y a pas de changement car, en 1967, le général de
Gaulle est encore au pouvoir. Beaucoup d'observateurs avisés peu-
vent slinterroger sur les rapports qui vont régir les deux pays,
continuité ou changement? D'ores et déjà, on peut affirmer qu'il
y aura continuité dans "l e fond, mais, dans la forme, quelques re-
touches seront nécessaires, pour des raisons politiques et écono-
miques, et que pour l'essentiel, le fondement des accords de coo-
pération signés le 17 aoDt 1960 sera respecté, du moins, jusq~len
1974 date de leur réaménagement sous le septennat du Président
Valery Giscard d'Estaing.
(1)
Mais, avant d'en venir aux nouveaux rapports entre le
Gabon et son ancienne métropole, analysons de plus près, la poli-
tique interne du Gabon, à travers la conception présidentiaJiste
du pouvoir, mieux, par la création du parti unique institutiona1isé.
A. Justification du Pami unique
comme un modèle de la démocratie
propre à l' Afri que
De la définition du Parti unique en Afrique, il est
aisé de comprendre son impact sur les masses. Tous les présidents
(1) NB. pour les accords de 1967; cf. 3è chapitre de la première
partie.
288.
africains qui instaurent le parti unique, pensent que ce dernier
est" la seule voie vers l'union nationale et vers le développement
économique et social de leur pays. En effet, on ne le repétera
jamais assez que l'Afrique a reçu en héritage cette tradition
d'unanimité à tel
point que dans une assemblée africaine, c'est
une espèce de sentiment de frustration, si la totalité de l'assem-
blée n'a pas pris la décision unanimement.
C'est pourquoi, la participation électorale en faveur
du parti et de son leader nia de portée politique significative que
lorsqu'elle atteint les proportions
les plus élevées avoisinant
1es 100 %. C' est ce qu'a f fi r me M.
SEKOU TOU RE qu'" i 1 n' y ~a au cu n
homme en Guinée qui ne subisse les déèisions du parti, aucun hom-
me ne peut être soustrait à l'action directe ou indirecte, du parti
national" (1) le parti est le peuple organisé ... " En conséquence
le terme de partie-nation se~ble tout à féit correspondre à cette
situation. Il est, pour le leader africain, 1 'instrument privi-
légié de l'unité nationale. "Si Descartes disait pour prouver l'exis-
tence de l'homme: "je pense donc je suis", chaque Gabonais, pro-
clame le Président BONGO, pourra dire du P.D.G.
"je milite, donc
je suis qa bona i s " (2). "J'ajouterai que le parti unique, affirme
le Président AHIDJO que nous avons institué est l'expression po-
litique de nos tendances communautâires. Même à l'échelon national,
notre civilisation est une civilisation de famille".
Il serait (3)
interessant d'âilleurs de voir la différence qui existe entre la
démocratie africaine(parti unique) et la démocratie occidentale
(multipartisme). En effet, le parti politique en Afrique, n'a pas
la même acception de la démocratie qu'en Europe. La démocratie eu-
ropéenne pose l'équation selon laquelle, il n'est de vie démocrati-
que que par le multipartisme (Europe occidentale); mais, les lea-
ders africains rappellent volontièrs que la démocratie européenne
ne saurait être plaquée sur llAfrique. "La véritable démocratie
(1) Sékou Touré, in Bernard ASSO op. cit.
p. 130
(2)Président Bongo: Clôture du 1er Congès P.D.G. sptembre 1970, in
Recueil discours 1970, 1971, Editions Bory, Monaco, 1972. p. 20.
(3) Déclaration faite lors du conseil national de l'U.N.C. le 5 novembre
1967, in Ahidjo par lui-même, Ed. Bory, p. 74. Cette phrase a été
textuellement reprise par M. Bongo in Dialogue et participation, Ed.
Bory, Monaco, 1972 p. 51.
289.
pour nous, c'est la démocratie sociale qui s'exprime non pas
par les querelles de partis, mais, par l'adhésion des masses
po pu l a i r e s " (1).
C'est donc, refuser au nom de l'unanimité le gouverne-
ment de la majorité. "L' a ut or i t
politique qu'elle se situe au
ê
sommet ou à la base de l'Etat, ne peut s'exercer chez nous au
nom d'une simple majorité, c'est-à-dire, contre une minorité
il lui faut l'unanimité, c'est-à-dire, l'adhésion, des na s s e s t z )
v
Dès lors, le but de l'opération électorale est d'éliminer l'op-
position de l'enceinte parlementaire et d'assurer l'émergence
d'un parti do~inant. Quitte ensuite, ou parfois parallèlement
à intégrer les partis éliminés au sein du parti dominant. Ces
différentes procédures ont conduit l'Afrique à un monolithéisme
politique et partant, la structure de l 'homme d'Etat africain,
complexé. Il
est à la fois, le monolhite, le monarque, le
démocrate, le chef incontesté, le prophète militaire, le vision-
naire politique etc .... bien que, pour sa part, M.L.V. Thomas
estime que la notion de dualité qui n'est jamais absente de la
culture africaine, n'est pas reniée dans le phénomène du parti
unique. "Le parti unique n'est que synthèse dialectique et donc
dual i ste, du pou vair et de l '0 Ppas i t ion Il (3) E.n remont an tau x
or-:tgin-es de la démocratie nous remarquons que la société grecque
a dégagé les règles de la démocraties majoritaire, ce qui suppo-
sait l'existence d'une conscience politique (polis), ou nationale
assez forte pour que la minorité se pliat~au choix de la majorité. 1
L'Europe, en développant le modèle de la démocratie représenta-
tive,a conse~vé le principe majoritaire.Mais, dans les pays du
Tiers-Monde en général, ce principe est exclu. En Afrique noire,
il est intéressant de constater que les désaccords sont moins
des oppositions idéologiques que le reflet d'appartenances eth-
niques ou des liens personnels différents. Dans ce cas, les diri-
(1) M. Tamboux, président Assemblée Nationale R.C.A. discours du
26 octobre 1962, in Bulletin quotidien d'Outre-mer, A.F.P., Paris
27 octobre 1967. cf. déclaration de M.H. Boigny :II;'-lous ne voulons
pas que la démocratie soitune source de clivage de luttes au cours
desquelles la meilleure part de nos énergies serait gaspillée. Nous voulons pour~
suivre en paix et dans l'union le travail de la construction nat i ona l e" in jour-
nal Fraternité, 12 fevrier 1960.
(2) cf. organe du parti du peuple mauritanien, 3 août 1966, cité par B. Asso op.
cit. p. 141
(3) L.V. Thomas: le Socialisme et l'Afrique,tome 1 p. 121 Paris Seuil 1966.
290.
geants préfèrent au multipartisme générateur d'opposition, le
système du parti dominant, sinon unique, générateur de dicta-
ture, d'autoritarisme et de favoritisme gênants.
Bien sûr, la difficulté est de taille, car, entre le
tribalisme et le nationalisme, il y a une différence de dégré
d'intégration. Car, la tribu est réalité, la nation, un projet.
Pour assurer le passage du IIjus sanguinis ll au IIjus solis ll , il
faut transformer la communauté primitive en société nationale.
C'est ce qui, détermine l'action du chef de l'Etat dans la con-
sécration de la légitimité de l'Etat. Et, pour justifier son
action politique, le chef de l'Etat' africain se pr s e nt e comme
é
le prophète des unités nationales, il personnalise ainsi le
droit international africain.
Ainsi, ce qu'on appelle communément tribalisme demeure
un facteur de tension compte tenu du modèle politique-choi~i.
Tout dépend donc, des. rapports qui existent entre Ille ce nt r e ,
et la p r i ph r i e " entre le chef de l'Etat et le secteur moderne
é
é
d'une part, l'ethnie du Président et les ethnies périphériques
d'autre part.
Il est ainsi vérifié que le concept de nation en
Afrique représente moins une communauté linguistique et culturelle
que l a notion ve r t i c èl e . Le chef de l'Etat ne peut que condam-
ner avec violence le tribalisme. Le moindre reflexe tribaliste
est un crime anti-parti et anti-national qu'il faut immédiate-
ment démasquer et châtier avec la dernière rigueur. Un tel com-
portement nécessite une explication que nous donne le Président
BONGO: IIL'habileté dans le commandement consiste à faire décou-
vrir à chacun ce qu'on voudrait lui faire pratiquer ... il faut,
savoir vendre l'envie de faire quelque chose, il faut suggérer
habilement et en outre, être toujours disponible pour expliquer
quoique ce soit ... c'est créer la convergence, c'est faire épouser
pour diffuser une véritable éducation civique, qui réaffirme
l'unité de la nation, je ne voyais qu'une solution, créer un
291.
parti unique ll (1). L'explication du Président Bongo, semble
abondante sur l'accessoire et sybilli ne
sur l'essentiel.
En fait, le parti unique porte en lui une contra-
diction certaine (enracinement) dans la tradition, et paral-
lèlement rejet de celle-ci. Il sera donc présenté par le chef
d'Etat africain comme la condition d'une intégration dans une
nouvelle
cohérence souhaitée (Etat- nation) .Aussi, l'appari-
tion d'un parti unique ou dominant pose immanquablement le
problème des rapports entre le parti et les organes d'Etat
entre le parti et le chef de l'Etat. Par conséquent la puissance
politique du chef de l'Etat dépendra de la nature des liens'
qui seront noués entre le parti et le prophète f 0 nda te ur .. En
<
effet, à la base de toute communauté primitive, on retrouve
toujours les liens de sang, bien sûr tous les membres du groupe
ne se connaissent pas, mais, ils se reconnaissent~,La société
africaine est ainsi faite de la coexistance de communallt~s plus
ou moins complexes, (~lans, lignage, village, confréries).
En revanche. la société nationale réunit un certain
nombre d'individus qui vivent les uns à côté des autres. mais
nlayant entre eux, aucun lien réel. L'homme existe pour lui et
non pour le groupe. Les références sont verticales. L'Etat
la nation. le champ économique. l'appareil politique ont un
sens vertical. sens horizontal. c'est-à-dire plus étendu. Dans
la société primitive. l'Africain adhère au système social.
Cette adhésion est un élément vital de contrainte imposé au
Gom de cet être abstrait. La nation ou le peuple. La loi géné-
rale et impersonnelle remplace la coutume car. le pouvoir poli-
tique serait incapable d'agir sur la société par on ne sait quelle
création de coutumes neuves. Il agit par la loi. A cet égard.
deux types dlaction sont possibles, soit choisir le brassage
systématique des ethnies. soit chercher un compromis entre
nationalisme ethnique et nationalisme territorial. par une sorte
(1) cf. Bongo: Dialogue et participation. op. cit. p. 37
J
292.
IId'arithmétique ethnique afin d'élargir l'assise des insti-
tutions étatiques.
En fait, dans les deux cas, on ne peut que constater la
o
personnalisation de la politique suivie.
Il est évident que les
émissions exaltent les choix politiques du régime. La lutte con-
tre le tribalisme et parfois, l'adulation, du 1eader. Evidemment,
en ce qui concerne la'liberté-participation, l'Afrique, con-
naissait toute une tradition de la vie politique. La tradition
de la palabre, demeure pour tous les Africains, un exemple de
démocratie authentique. Mais, la véritable caractéristique des
démocraties parlementaires européennes est la liberté d'oppo-
sition, comme nous l'avions souligné plus haut. Or, le problème
chaque fois soulevé devant un chef d'Etat en Afrique, provoque
à coup sûr son agacement. M.
Diori Hamani, énervé repondra à
cette question lichez nous, voyez-vous, nous n'aimons pas la
pa gai l l e Il (1). De van t ce ris que les l e a der s a f r i ca i ns o_n t pré f é r é
le parti dominant, f oj-mu l e que M. Senghor trouve la me i l l e ur e " (2)
Par conséquent, le chef d'Etat africain souhaite par
le principe d'unanimité et un certain monisme institutionnel
garantir l'unité nationale,on peut parler à cet effet de l'una-
nisme nationalitaire, car l'unanimité participe à la fois des
deux concepts. Dans la société traditionnelle, l 'unanisme pos-
sède une vocation sociale certaine, dans le présent, il sert
les exigences de la construction nationale, les options choisies
par l'homme d'action. Mais, il convient ici de parler de nationa-
lisme au sens d'une solidarité globale au dessus du niveau des
tribus. Cette solidarité n'étant plus l'ethnie et pas encore la
nation. Elle ordonne les différents groupes humains dans un
appareil politico administratif, quasi étatique, garant de la
cohésion nationale. (3)
(1) cf. Diori Hamani, in croissance des jeunes nations, juin 1962
p.
14
(2) cf. L.S. Senghor in théouie et pratique du socialisme séné-
galais, séminaire des cadres, Dakar 1962.
(3) NB. C'est le but recherché par tous les chefs d'Etat, d'où
l a lutte
con t rel e tri bal i s me, c 0 mm e jas tif i c a t ion de leu r a c t ion
politique.
293.
Le choix n'est pas contradictoire avec l'idée de dé-
veloppement communautaire et il apparait
favorable a l'émer-
gence d'une société unanime, dont le chef serait le guide in-
contesté. Mais, cette attitude des chefs d'Etats africains cache
une certaine peur de se voir désavouer par le peuple, s'ils osaient
instaurer une démocratie a lleuropéenne. Certains ne mettraient
pas deux ans au pouvoir. Il est ainsi aisé de remarquer la con-
tradiction flagrante dans le comportement du chef d'Etat afri-
cain entre son choix, le parti unique, qui en fait est proche
du modèle communi9te (du point de vue de la pratique), qu'il
dénonce, et son mode de vie, qui est proche du capitalisme, dans
l-e que l,
i 1re con nait un· m0 dè l e de pro s pé rit é é con 0 mi que, tan dis
que, dans l'autre, c'est le modèle parfait de contrôle du pou-
voir politique. Il veut du capitalisme, mais en refusant le
libéralisme politique ;-et de l'autre côté, il veut du modèle
communiste (parti unique) toùt en rejetant les carences écono-
miques que ce modèle comporte. Ainsi donc, le chef d'Et~t afri-
cain se trouve coïncé .entre deux systèmes politiques et écono-
m;-q4es......·Mais, pour jouer le jeu, le Président Bongo aime répéter
" ni a gauche, (communisme), ni a droite (capitalisme) toujours
de l'avant". Avouons que cette attitude est embarassante et gênante
pour qui veut situer le chef d'Etat gabonais.
A travers l lanalyse que nous venons de conduire, on
est en droit de se demander si le chef d'Etat africain symbolise
l'existence d'une nation, ou tout simplement d'une caste? Dans
le même
ordre d'idée, il est important d'être fixé sur quel
genre d'appareil règent les chefs d'Etats africains. S'agit-il
d'un Etat de contrainte,ou d'une protonation ? nous éviterons
de revenir sur la notion de nation qui, en Afrique n'est qu'en
état de gestation. Comme le professeur P. ZIEGLER (1) nous con-
sidérons que l'appareil de containte est celui mis en place par
l'impérialisme dans l'actuelle
apogée de son développement, il
abolit toute négociation entre différents
groupes. Ce qui reVient
(1) P. Ziegler Main basse sur l'Afrique, Seuil, 1978.
294.
à dire que
la société hétérogène est abolie. Cet appareil n'a
qu'un but, celui de briser l'identité spécifique des autochtones,
étouffer par la t~rture toute vélleité de revendication et as-
surer aux sociétés multinationales, bancaires, industrielles et
minières qui l'ont mis en place, l'exploitation la plus ration-
nelle du pays et du peuple. L'appareil est administré nnn pas
par une oligarchie autochtone
ou une classe politique indigène si
·minoritaire soit-elle" mais, par des mercenaires indigène-s, formés,
instruits,programmés par le capital financier multinational.
Quant à la proto-nation, elle n'a rien à voir avec
une nation authentique, non plus avec un appareil de contrainte
tel qu'il est représenté par l'appareil repressif dans certains
pays du Tiers-Monde. La protonation est une société homogène,
le pouvoir politique fait l 'objet des~luttes, de négoèiations,
de transactions permanents, le Gabon a connu cette situation
j[Jsqu'en 1964.
La
protonation opère au niveau de la conscience col-
lective, une sorte de consensus contratuel. Elle possède de ce
fait, une identité collective. Ceci est à différencier d'ailleurs
de la conscience nationale, qui est autre chose. Car, en soit,
elle ne porte pas le germe d'une conscience alternative, rom-
pant avec le système, de violence, du capital financier, mul-
tinational, car, en réalité la conscience protonationale comporte
une forte tendance à l'imitation, à la reproduction des habitudes
de consommation des schémas de pensées allogènes. Mais, quoique
intégrée dans le système impérialiste mondial, consentant à l'ex-
ploitation financière et économique dont il est l'objet, les
dirigeants de la protonation cherchent à se définir dans le tissu
impérialiste d'une ..façon particulière. Les théories les plus trou-
bles,
- tel le centralisme démocratique et concerté du P.O.G. - les
plus confuses, fournissent les outils symboliques destinés à
l t l a bor a t t on de cette auto-représentation (1).
Il semble évident
ë
(1) NB. La protonation produit des idéologies les plus divers elles
vQ nt de] a. thé 0 rie f as c i na nt e de] a . né gl" i tu de deS e ri -g h0 r, a u dis-
cours lamentable de M&butu··slJr i:~auUTentïcftéou de Bokassa sur
l'empire.
295.
que la protonation est le produit d'une conjoncture particulière
du devenir de l'impérialisme. Elle est, elle-même engendrée par
cette réorientation, par ce déploiement, ce réequilibrage du
système apparu, au sortir de la deuxième guerre mondiale. L'im-
périalisme décide d'opérer un transfert formel de pouvoir aux
cl asses autochtones, qu' il a lui -même créées et.qu' i l conti nue
de dominer par la violence sourde.
Le système compliqué de traités de "défense mutuelle",
garantit la permanence des régimes mis en place lors des indépen-
dances Je 1960. Aussi, faut-il
le repéter qu t a uj our d t hu i , en
Afrique, la forme de société la plus répandue ~st la protonation
Elle n'est malheureusement pas une étape sur le chemin de la cons-
truction nationale. Elle n'est pas non plus, une formation sociale
sin generis, elle est une pure création de l'impérialisme. Cette
mai n mis e est ad mir ab lem en t cam 0 ufl é e ~ Un go uv e r ne men t "i ndép en -
dant" règne formellement, sur le territoire "national" un Etat
"autochtone" (police, a rrn e
l qi s l a t i on du travail etc ... ) étouffe
ê
v t
ê
toute vélléité de révolte ou de revendication, contre la spoliation.
Une bourgeoise locale, étroitement associée aux organes de spolia-
tion, vit des miettes de l'exploitation impérialiste du pays et
administre l'Etat. Surtout, cette bourgeoisie locale produit un
discours "nationaliste", un discours "d'indépendance", de "démo-
cratie", revendi cateur et même, "r vo l utionnai re", qui, s' il ne
é
tire jamais en conséquence, agit comme un écran.
Il trompe à la fois'
l'opinion mondiale (adversaire non négligeable de l'impérialisme)
et le peuple asservi lui-même. Derrière cet écran,le capital
financier multinational organise son système de pillage. On est
en droit de se poser la question : quel~~,est la nouvelle classe
dirigeante de la protonation ? Est-ce la bourgeoisie nationale?
Elle n'existe pratiquement pas en Afrique. Est-ce la bourgeoisie
compradore ? Elle tend à disparaître. Les sociétés multinationales
prennent en main, directement par l'envoi sur place d'ingénieurs,
d'administrateurs etc ... les secteurs industriels miniers agricoles
intensifs qu'elles contrôlent déjà financièrement. Une bourgeoi-
sie d'Etat naît, c'est elle la véritable classe dirigeante de la
296.
protonation. Cette bourgeoisie d'Etat prélève la "plus
value d'Etat". Elle procède à une consommation somptuaire.
Les importations du payS s'orientent selon ses habitudes de
consommation, et non selon les besoins réels du pays (1).
L'analyse que nous venons de conduire montre géné-
ra l ement le chemi nement qui, en Afri que, condui t l es chefs
t
d'Etats à institutionnaliser le parti unique et, partant, à
renforcer leur autorité à la tête du pays, puisque la consti-
tution et le parti leur en donnent le moyens.
Voyons maintenant comment le parti politique do-
minant sous Léon MBA (B.D.G.) devient unique et institution-
nalisé sous BONGO. Le second, assurant la continuité de
l'autre tout en lui donnant un caractère plus pragmatique,
basé sur la trilogie "Dialogue, Tolérance, Paix ll (2) et abou-
tissant sur la "Rê nova t.i on!", pour mieux marquer une
r e nou-
è
velle dans la. présidentialisation du régime politique_ga-
bonais.
8.
EVOLUTION DE LA POLITIQUE PRESIDENTIELLE
CREATION DU
PARTI UNIQUE.
L'accession au pouvoir du Président Bongo en 1967,
s'opère par une manoeuvre institutionnelle identique à celle
de son prédécesseur. M. Bongo est d'abord présenté comme le
successeur légitime du défunt Léon MBA. L'auteur, rejetera
plus tard dans ses écrits. cette hypothèse comme pure allé-
gation gratuite. Il cunsidère qu'il a été élu par le Peuple
gabonais. D'ailleurs, pour se démarquer de la ligne de con-
duite de son prédecesseur, il dénonce l'arbitraire et l'au-
(1) cf. T Mende: de l'aide à la recolonisation : les leçons
d'un échec. Le Seuil 197!.
NB. René Dumont fait une étude très intéressante, sur ce phé-
nomè ne deconsommailon et de besoins réels des pays in : Re-
marques africaines, Re.vue Bimensuelle,- n° 491, du 15 septembre
1976, p. 40
(2) C'est la dévise rlu parti démocratique" gabonais.
297.
toritarisme de ce dernier, il tend la main aux étudiants,
ainsi qu'à l'ensemble des opposants au régime de Léon MBA.
Par le procès de son prédecesseur, et par les mesures prises,
le Président Bongo entend libéraliser le régime de manière
à reconcilier le citoyen avec l'Etat. Mais, il entend éga-
lement utiliser les moyens que lui offrent les institutions
étatiques. Aussi, dote-t-il la Nation d'un Parlement consti-
tué par les élus i~sus d'une liste d'union nationale unique,
mais, appartenant à toutes les ethnies suivant la loi de
l 'équilibre ethno-région~l. Tl en est de même affirme-t-il
aussi bien pour la composition du gouvernement que pu~rle
cabinet présidentiel (1). Si son prédécesseur passa..iLpaur
1e Il Père deI a Pat rie Il, 1e Pré s ide nt Bon go, s e ve üt_ 1e
II r é no va t e ur ll;
le réalisateur de la Nation.gabonaise. Et,
d'entrée de jeu, comme Léon MBA, M. Bongo prône l'uni té na-
tionale, attaque le tribalisme, le régionalisme, etc ...
En effet, le thème de l'union nationale, visant pars 0 n
objet la menace, d'une résurgence du tribalisme au Gabon,
est souvent usé par les leaders politiques gabonais, voire
africains en général ,une fois qu'ils sont hissés au pouvoir.
Il serait intéressant de voir comment MM. MBA et BONGO,
justifient pblitiquement et sociologiquement la nécessité voire,!
l'urgence de la réalisation de l'union
ou de la réconci-
liation nationale. Mais, dans un cas, comme dans l'autre, le
thème de l'unité nationale vise la reconnaissance d'un pou-
voir et d'une politique qui se veulent personnels.
1. L'union nationale chez le Président Léon M8A
Au lendemain de l'indépendance, le Gabon avec ses
trois formations politiques (B.O.G. - U.O.S.G. - P.U.N.G.A)
était une exceFtion rare en Afrique noire francophone.
(1) cf. A. B. Bongo, gouverner 1e Gabon, Ed. Bory, Monaco
1970,p. 23.
298.
Pour le Président Léon MBA au pouvoir, une excep-
tion fondée sur le multipartisme constituait une source d'in-
sécurité politique personnelle et d'instabilité pour l'Etat
Gabonais, nouvellement crée. L'exsitence de plusieurs partis
couvait selon lui, les rivalités tribales latentes, compte
tenu de l'appartenance géopolitique des leaders de ces dif-
férents partis. D'où la nécessité de promouvoir l'idée d'union
nationale. Celle-ci, doit être basée sur un parti unique,
ayant un nom, une idéologie, un programme de réformes poli-
tiques et économiques qui en feraient la cristalisation de
toutes les tendances politiques refletées par ce qui oppo-
sait ces différents partis.
Le vote de la deuxième constitution gabonaise (21/
2/1961) fondé-sur la personnalisation de son régime, per-
mettait juridiquement a M. Léon MBA de parve'nir a son idée
d'union nationale. L'argument politique est le risque de voir
la scène politiqu~ gabonaise se transformer en zones d'influence:
régionales et ethniques. D'où la nécessité de IIdestribaliser ll
la vie politique nationale de manière a présenter aux citoyens
gabonais, une seule figure politique, au pouvoir, polyethni-
que et
pré-nationale.
Sur le plan de la moralité
politique,
les leaders de l'opposition sont présentés colorés d'ins-
tincts et de comportements tribaux. Un procès est fait a
M. J.H. Aubame (Leader- de l'U.D.S.G.) de devoir sa popula-
rité a la fidélité de son ethnie (Fang, pourtant comme Léon
MBA). Au Punga de P. Sousatte, il est reproché d'entretenir
en son sein, une tendance fortement géocentrique, basée sur
l'affirmation de la puissance démographique du sud, d'où
risque manifeste de régionalisation et de tr.ibalissation de
la vie politique du pays.
En fait, l'argument sociologique se fonde sur
deux postulats ou principes
- 1." l'E ta t a r e cou r s a l 1 i dé e d 1 une Il uni 0 n na t ion ale Il
comme a un moyen et a un instrument en vue de la cristallisa-
299.
tion des structures politiques nationales. Ce qUl lmpose le
refus du pluripartisme et l'adoption du monopartisme.
2. Le rejet de la notion de lutte de classes qui,
autoriserait l'existence de l'opposition légale des politi-
ques, et qu'on remplace par celle de la lutte des pays exploi-
tés contre les pays exploiteurs. Distinction qui fait mieux
a~paraître la nécessité et l'urgence d'une volonté pOlitique
unique, exprimée, par la recherche de l'union nationale, ca-
nalisée et assurée par le parti unique.
Sur le plan économique, la politique nationale, ten-
dait à promouvoir une stratification de la société gabonaise
vers la formation d'une bourgeoisie africaine qui aurait été
l'oeuvre du parti unique. 0'00 la formation autour du chef
de l'Etat et par le chef de l'Etat, d'une caste de hauts fonc-
tionnaires, jouissant des faveurs et des privilèges du pou-
voir et qui vilipendaient les de nier-s- publics en misant sur
la dicture de l'indifférence des masses. Quant aux conditions
de production de cette pensée politique, elles peuvent se
résumer ainsi.
- Sur le plan constitutionnel, le vote de la deuxi-
ème constitution gabonaise
,permettait au leader du B.D.G.
,
d'éliminer
les sources et le':' vecteurs de malaise qui pou-
l
vaient exister entre le parti au pouvoir et sa soumission à
l'esprit et à la lettre de la première constitution du 21
janvier 1961. Le Président Léon MBA concevait l'union nationale
comme un transvasement des membres des partis de l'opposition
à son
propre parti.
300.
Sur le plan de l 'opinion publique, le Président
s'accommodait mal aux critiques de l '''é1ite intellectuelle",
plutôt tournée vers l'opposition ~t composée notamment des
étudiants gabonais en France et dans le monde. Du côté des
masses, l'enthousiasme soulevé par l'accession à l'indé-
pendance baissait, faute des libertés, civiques, d'une jus-
tice élémentaire en faveur d'une certaine égalité sociale.
Le régime apparut ~ussi comme manifestement corromp~. Corrup-
tion dont on ne peut exclure la partic~patio~ de 1a colonie
française au Gabon (exploitants forestiers et hommes d'affaires,
conseillers et assistants techniques, personnalités officielles).
Face à une telle situation, l'attitude des armées des Etats,
africains, obéit à une même logique. Ce fut le putsch de
février 1964, qui précipitait aussi une évolution qui, à
long terme, d~Yr~if aboutir à une crise.
Avec la Rénovation du P,résident BONGO, le problème
reste le m€me,sur
le plan de la problématique globale. Ce qui
a changé, ce sont les acteurs et les circonstances de leur
entrée sur la scène politique, sans doute aussi les méthodes
la mise en s c ne , l'origine des causes et l'enchaînement des
è
événements.
Selon M. Bongo, à la faveur des é~énements de 1964,
les Gabonais étaient divisés de nouveau sur les bases ethno-
tribales. De ce fait, 1 'unité nationale paraissait menacée.
Et
c'est pour enrayer ces divisions tribales et pour "de-
tribaliser" la vie politique nationale qu'il a conçu une
politique de "Rénovation nationale". En effet, dès sa prise
de pouvoir, le Président Bongo se trouve devant une alterna-
tive de choix politique.
301.
a) Ou bien, il devait suivre la voie tracée par son
prédécesseur ce qui, d'après l'auteur est la solution la plus
facile. Mais, il la recuse parce qu'elle avait réussi à ins-
taurer à la Présidence de la République Gabonaise un conser-
vatisme désuet très largement hérité de la période coloniale"(l)
Le Président n'est pas à son avis "le substitut d~ gouver-
neur-vdu territoire" (2), mais un chef de l'Etat, chargé de la
vie politique et é~onomique de son pays.
b) Ou bien, alors il choississait compte tenu de la
volonté de rénovation économique et sociale (volonté de chan-
gement) du pays, la voie opposée au libéralisme écomique (3).
Pourtant, cette possibilité fut écartée. Elle s'inspirait. de~
théories socialistes. Si, ces dernières offrent un idéal géné-
reux à l 'homme, la brutalité de leur expérimentation
nIa
conduit .j us qu i
présent, selon l'auteur, qu
des résultats
â
t ë
décevants (4). La premi ère qua l-i té.. de l' homme, c ' es t de demeurer,
Il réa lis te",
etc 1 e. s t peu t - ê t r e cet e s py' i t der é a lis me qui a
guidé l'auteur dans la recherche d'une troisième voie de la
reconciliation nationale, la voie de la participation nationale
~ la vie politique et économique du pays. C'est-à-dire,
l'ouverture du dialogue, la voie de la paix, "dans l'unité
et la concorde".
L'idée de réconciliation nationale, par sa visée
politique, poursuit les mêmes objectifs que sous le rp.gime
Léon MBA. Selon M. Bongo, l'Etat réalise la volonté de la
nation qui est la volonté consciente d'unité et assure la
permanence. Le citoyen n'est donc pas défini devant l'Etat
(1) ~Iauteur, in Dialogue et Participation op. cit. p. 14
(2) Idem
(2) NB. Pour l t a ut eur , cette voie politique rep r s e nt e un ré-
ê
gime policier, fondé sur des institutions des normes de tra-
vail obligatoires, sur la limitation des accroissements de
salaires,sans investissements privés ... " r e mplir les prisons
et vider les garde-manger"
(4) idem,p. 15
302.
par son appartenance à un groupe particulier (entendons
ethnotribal). mais, par l'ensemble des droits et de devoirs
qu i font tous l es ci toyens
qa ux , D'où monopa rt i s me , ma i s .
é
sur des bases rénovées. L'argument politique de la réconci-
liation nationale, repose donc sur une double argumentation.
1. - Menace de résurgence du tribalisme au Gabon, à la suite
des dissentiments ;nés, au sein de la population, du dénoue-
ment tragique de 1964 et accentués par la politique du IIVieux ll.
2. - L'affirmation d'un sentiment national visant ~ la pour-
suite et à la cristallisation d'une lI uni t é véritablelldes
Gabonais.
L'argument sociologique reprend l'affirmation de
l'inexistence des classes sociales à intérêts opposés au
Gabon. La notion de lutte de classes se substitue à la lutte
contre le sous-développement qui est l'unique lutte
pol iti-
que des peuples africains.
Le multipartisme, en dépit d'une certaine recher-
che de la démocratie selon l'auteur qui en son temps, l'ani-
mait, doit être rejeté parce qu'il s'est avéré comme
source
de querelles de personnes et comme une cause de stagnation
économique. Le Gabon étant, un petit pays ne peut se permettre
le 1I1 uxe ll des divisions tribales et régionales. Dans ce rejet
global, le B.O.G. du Président Léon MBA est également impliqué
à
cause ~u laisser-aller qui s'y était développé au moment
où il représentait la majorité "l.ê oni s t e " du pouvoir. D'où
la nécessité de la création du P.D.G. dont la volonté politi-
que de son leader, en fait un puissant facteur d'unité et de
démocratie ll II contrairement aux anciens partis dont chacun re-
cherchait le pouvoir pour les siens ll (1)
(1) cf. A.B. Bongo "ü i a l oque et Pa r t t c i pa t i o n" op. c i t . p. 13.
303.
Sur le plan économique, seule l ·union nationale peut
mobiliser toutes les forces de la nation le bien-être de tous
par le travail. Ce qui implique l'unicité de la volonté poli-
tique; celle-ci ne peut-être atteinte que grâce à uni parti
unique, ayant un nom et surto~t un programme véritable de réno-
vation économique et sociale, faite de la participation natio-
nale, dans toutes les sphèr~s de la vie économique-et sociale
du pays.
Plus habile dans son énonciation économique et
sociale, mais solide dans son énoncé politique et ~ociolo
gique, le discours du Président Bongo, par rapport à celui de
s on vp r de ce s s eur , apparaît dans un prerrier temps comme l'ex-
ê
pression
çl'une volonté de changement. D'où l i nt i tu l
de "
t
é
politique de
Rénovationll.Malheureusenent l'analyse de ses différentes parties
laisse apparaftre des failles dans la pensée économique, sociale
e t pol i t i que duc he f de l ' Et a t , qui f 0 nt d0 uter' dus é rie ux
des convictions que l t au t e ur y affirme. D'où la nécessité de
s'interroger, sur les conditions qui ont imposé la création
du discours de la Rénovation" (1).
Il est évident que ~es deux manières d'accéder au
pouvoir
MBA et BONGO - peuvE:nt expliquer les raisons de
l'instabilité politique et font mieux comprendre le fonction-
nement crs institutions de l'Etat. Un système politique, à
l'intérieur duquel, ceux qui détiennent le pouvoir savent
qu'ils le doivent à la force et non à la faveur de leurs
idées et de leur programme politiques, finit par revêtir un
caractère d'illégitimité. Aussi, apparaît-il aisé de constater
(1) NB. Une é~ude intéressante a été faite dessus par M. NZE
EKEKANG.f:
. : La Rénovation (analyse du contenu des idées
politiques du Président A.B. Bongo) Mémoire D.E.S. Sciences
politiques - Université de Pari~ 1 Panthéon 1973.
304.
et d'admettre que l'absence d'un système politique, défini
p-ar r e ppo r t à sa légitimité institutionnelle non seulement
au t 0 ris e lac 0 nce nt rat ion par un" homm e - 0 rg a ne" (1) des
pouvoirs, l'autoritarisme caractérisé par un système
monopartisme - comme le souligne à propos M. Ndong Obiang (2)
et par le culte de la personnalité du leader,mais, encore,
semble justifier son originalité par le fait de l'exi-stence
d'un tel régime. La justification de la concentration des
pouvoirs de l'Etat aux mains d'un seul homme imbu d'autori-
tarisme est donnée par le recours à la tradition ancestrale.
Le ~résident Léon MBA parlait d'une autorité fondée sur l'ôn-
tique sagesse des nations.
Ici, le terme de nation s'assi-
mile-aux différents peuples du Gabon dont la communauté des
moeurs et des vues,en concurrence, se passe de démonstration.
Le Président Bongo évoque quant à lui, la technique ances-
trale de l'autorité.
Les deux hommes évoquent un même phénomène qui est
la transposition sur le Gabon d'aujourd'hui -"nation dotée
des institutions d'un Etat moderne - absence de différen-
ciation fonctionnelle qu'ont connue les sociétés tradition-
nelles de nos ancêtres. En d'autres termes, il s'agirait de
réinstaurer au Gabon un pouvoir tel que le définit le profes-
seur Ziegler dans lE' "pouvoir africain ll (3) qui n'admet guère
de subdivision en pouvoir religieux, pouvoir politique, pou-
voir symbolique, pouvoir économique, pouvoir spirituel
etc ...
Ce pouvoir doit simplement être. Peut-on concilier les exi-
gences
de la technique ancestrale avec celles de la démo-
cratie d'un Etat moderne ou de la lutte contre toutes les
manifestations du sous-développement? La question semble
proposer une réponse qui apparaît, comme un épiphénomène. Ce
qui évite siw.plement d'y répondre.
(1) NB. L'Expression est de M. Nze Ekekang Thimothée op. cit.
(2) cf. J. Ndong Obiang : l'O.U.A. et la lutte pour l'indépen-
dance, thèse
en sciences politiques Paris, Sorbonne 1979.
p.
109
--
(3) J. Ziegler: Le Pouvoir africain Ed. Seuil Paris 1971.
305.
Le Président de la République incarne les morts,
le culte des ancêtres et à travers eux Dieu.~Deus ex machina-d
il
sait tout, il comprend tout. Il doit par conséquent s'oc-
cuper de tout et tout dicter en vue de l'exécution. Il est en
terme religieux le t out t' put s s an t , l'éternel
(pouvoir) et le
prince de la pa i x ? , La justification de l'autoritarisme est
ainsi fournie 'omme celle de la manipulation des institutions
avec la mise en sc~ne qui s'en suit dans la mesure cio est
exclue toute idée de polyarchie ou de pouvoir partagé. Il
délègue ses pouvoirs à ses apôtres (ministres). Le reccurs
à l'évocation des ancêtres chez Léon MBA comme chez Bongo,
permet de rendre crédible l'idée que le pouvoir exercé par
les chefs d'Etat est non seulement fondé sur une assise popu-
laire ou traditionnelle, mais, surtout perçu comme issu de
la tradition ancestrale, qui plus est, la rénovation doit
son authenticité nationale à cette raison que le Président
Bongo ne prétend pas asseoir son pouvoir politique, énoncé
par lA discours of f t c i e l sur le passé. Ceci l'amenerait à
l'instaurer dans le contexte de sa propre ethnie Batéké. Ce
qui, non seulement détruirait la stature nationale du II ré-
nova t e ur " mais, aussi, pourrait·éveiller les instincts tri-
baux et ethniques que la pglitique de IIRénovation ll cherche
justement à éliminer.
Et c'est ici qu'apparaît la premlere contradiction
socio-politique de la "r-ë nova t t on
vue sous l'angle des
v
,
institutions comme un lan~age qui procède de l'authenticité
le refus du passé - Léon MBA y compris - et l'acceptàtion
d'une technique autoritariste, issu~ du même passé. L'autori-
tarisme ancestral extrait de son cadre situationnel ne se~ble
sOrement pas la meilleure leçon que le citoyen gabonais peut
retenir dans un but éducatif de l 'histoire de ses propres
traditions. En outre, les idées politiques .du "r-ê no va t e ur " et
de sa "r no va t i on
s e veulent "mo de r ne s
ë
v
i
?
•
C'est-à-dire ins-
pirées dans la pensée occidentale. C'est donc par préférence
306.
à cette dernière pensée que
l'auteur envisage la construc-
tion de la "Nation Gabonaise". C'est grâce à cette pensée
occidentale qu~ le Président Bongo, peut se targuer aujourd'
hui d'être le précepteur du peuple gabonais, y compris tous
les vieux qui en font partie. Au nom d'une tradition d'au-
torité multifonctionnelle, qu'évoque le professeur Ziegler
les hommes d'Etats absorbent toute la vie s0cio-économique
et politique du Pays sans chercher ni à arriver à prouver
un seul instant que le pouvoir ancestral fût sans limites.
La conce nt r a t i on des pouvoirs et l'usage de la force ou de
la violence qui en sont l t o r i qi ne çc pe rme t t e nt de constater
que le vrai problème que tente de résoudre l'auteur de la
Rénovation comme en son temps le Président Léon MBA consiste
précisément à conquérir une assise "traditionnelle" ou popu-
laire en faveur du pouvoir' en place ou "r amas s
selon
ë
v
,
l'expression du Président Mobutu du Za;re.
L'élimination de tout recours à une solution ins-
titutionnelle des différends politiques rend obligatoire la
manifestation de la force du pouvoir, ou plus exactement de
celui qui
le détient. Il f a ut que cette force soit perçue
par tous. La réalité de son pouvoir - perc@ptibilité et
palpabilité de la violence - impose à l 'homme la volonté
omniprésente de tout faire en tous temps et en tous lieux.
Lorsque le Président Léon MBA fut rétabli au pou-
voir en février 1964, après l'échec du putsch qui venait de
le renverser, il dut diriger en personne les expéditions
PUnftives à travers Libreville (1). C'est cette même volonté
d'extérioriser la force trouvée qui guidera son comportement.
Il en est de même du goût de sévir qui prend de temps à autre
le Président Bongo, emprisonnement des ministres d'Etat,
tel M. Jean-Marc EKO et du
prélatCamille NZIBOE pour une
affaire fondée sur une querelle de famille mi-policière;
(1) cf. Le Monde, 3 avril 1964
307.
emprisonnement des étudiants gabonai~ de l'université de
lTh.,evi11e - qui porte son nom - et de quelques autres
é t udia nt s f rai che men t r e nt rés de Fra nce, y co mpY'i s 1e Mait r e
Agondjo, pour tentative de coup d~Etat ... amendement du
code penal en mirs 1981 pour punir ceux qui oseraient criti-
quer le gouvernement, distribuer les tracts etc ...
La volonté exprimée par cette escalade et l'exhibition de la
violence et de la force, procède de ce sounait, tout en
réalisant que tous craignent l'autorité étatique, a cause
du danger qU'il représente pour un chacun. Cette volonté d'ins-
pi, t:!-r. 1a c r ri i nte, vie ntelle - mê me de 1a peu r den e v0 i r 1e
pou v0 i r 0 u l' a ut 0 Y' i té duc he f de l ' Et a t ê t rel i mit é par quo i
ou qui que ce soit. Clest la seule manière de le fonder. Et
c'est ce cortège de craintes qui permet de donner un échange
neuf a la signification de l'institutionnalisation du parti
unique. C'est aus~i dans ce sens qu'il faut comprendre le rôle
par exemple de l'Assemblée dite "n a t t on a l e ", qui, en fait
est acquise a la cause du leader du parti unique, pour la simple
raison que les députés sont présentés par le parti. De ce
fait, il est difficile d'i~aginer un conflit opposant l'Assem-
blée au parti et surtout que depuis 1979, le parti est de-
venu l'organe suprême de l'Etat r e l è qa nt
l'Assemblée au
simple rôle d~ IItïait d'unionll ayant a charge de propager
et dle~p1iquer aux populations gabonaises, la politique na-
tion~le-,:. conçue par le chef de l'Etat définie par le parti
unique (du chef de l'Etat, et mise en oeuvre par le gouver-
nement du Président de la République, qui est en mêrre t~mps
chef du gouvernement, Secrétaire général fondateur, Grand
Camarade du Parti unique cémocratique.
Il serait juste de constater que cette confusion
et cette concentration de~ pouvoirs, favorisent indubitable-
ment 1a convergence de l' ensemb 1e des prob 1èmes vers 1e
bureau politique. Or, la présence du Président de la République
au sein du bureau) pèsera, immanquablement sur la solution de
tous les prob1èmes.A cet égard, une déclaration de M. Philippe
YACE, Président de l'Asselllb1ée nationale Ivoirienne, semble fon- r
damenta1e.
Il
Gouvernement, Assemblée, parti, poursuivent maintenant le mê-
me et unique but.
308
C~est pourquoi, vous trouverez ct la tête des corps représenta-
tifs un Leader, H. Boigny, à la tête du parti, un prési-
dent H. Boigny, à la tête de l t Et a t , un chef, H. Bo i qny " (1).
L'attitude décr.ite ci-dessus se vÉrifie dans tous
les pays à parti unique.
Avant de terminer cette analyse sur l'évolution
de la politique présidentielle, et compte tenu du "c ont e xt e
situationnel ll du citoyen à l'intérieur de ces institutions
il convient de dire quelques mots sur la justice et la Fonc-
tion Pub1ique. Est-il besoin d'insister et d'affirmer qu'en
toute évidence ces deux corps constitués n'échappent pas à la
logique du système dégagé jusqu'ici. Si l'on peut pre 'ver
à
l laide des cas tangibles la politisation des tribun~ux
et de l'activité judiciaire dans son ensemble. Les magistrats
en exercice étant d'office, membres du parti et devant, par
conséquent rendre -leur "Ju s t t ce soumise à la discrétion du
Président de la Rê pub l i que :", ,il paraît logique d'~dmettre
que l e che f de l ' Et a tex e y-cee n pers 0 nne l a f 0 net ion j uri -
dictionnelle, ce qui est la fin de la justice en tant que corps
constitué de l'Etat et pouvoir autonome.
On aboutirait par ailleurs aux mêmes conclu-
sions en ce qui concerne la Fonction Publique ou l'admi-
nistration centrale. La mise en place de la structure du
parti (sections administratives), le fonctionnement paral-
lèle des deux structures superposées ou juxtaposées en pré-
sence. La structure administrative normale et celle du parti,
(1)
In Journal Fraternité Matin, 26 février 1960, cf. B. Asso
op. cit. p. 136.
309 .
..
et l'impact qui e n résulte, tout cela amène a restaurer
l'injonction directe du politique, donc, du leader au
pouvoir, sur l'administratif et le judiciaire. Et c'est
là, une contingence susceptible de créditer l 'hypot~èse
de la disparition de la Fonction Publique en tant que corps
d'Etat dont les membres jouiraient d'un statut juridiqve
ferme; En effet, si l'autorité et la ~esponsabilité de la
Fonction Publique sont assumées habituellement ~ar un corps
de ministres et devraient relever de sa compétence exclusive
toutefois, la juxtaposition dps structures du parti dans les
servicEs administratifs et le double fonctionnement des organes
qui en résulte finissent par semer la confusion entre le
personnel politique "monopartisan" et les a ut or i t s adminis-
ë
tratives légitimes. Confusion qui peut aboutir, par effet
d'entraînement, à un conflit de compétence, qui poserait ainsi
le problème de la nature même et de la distinction des pou-
voirs en présence. Aussi, en vue d'éliminer de telles con-
tradictions, ou du n tel blocage, inter-institutionnel, le
Fondateur, secrétaire général du P.D.G., a a do pt
une atti-
é
tude spécifique, comportant, un certain nombre de mesures.
1. D'abord, on évite, d'avoir recours aux textes
officiels en vigueur à ce sujet, a partir desquels, e~ en
statuant sur lesquels, on devrait inéluctablement arriver
à distinguer la "p o l t tt que " de IIl'administratifll pour se
fonder sur la notion ou Je dégré du "m i l t t a nt i sme ". Comment
le manifester? Par oes cotisations retenues à la source
(par les services du ministère des Finances) sur les salaires
des fonctionnaires, sans leur cons~ntement préalable, puisqu'ilsf
1
sont tous considérés d'office comme ayant adhéré au parti
de par lëur intégration à la Fonction Publique. D'où l'obli-
ga t ion de ver s e r LJ nec 0 t i s at-16 n. L' a ppâ t qu' e xe r ces url a
vocation politique de tous les hauts fonctionnaires se faire
attribuer un poste important dans l'appareil idéologique
d'Etat - le parti - permet également de caractériser le dégré
310.
de p.iété.du militant. Toujours est-il que le
militantisme,
notion, ne pouvant avoir qu'un contenu vague et imprécis -
dans le cadre gabonais tiers-mondiste de la Rénovation -
permet au chef de l'Etat de détenir seul
la possibilité d'en
décider.
2.
Ensuite, comme cette double structure organique
parti et administration publique - évolue parallèlement sans
pouvoir jamais se joindre. Les intérêts du citoyen peuvent
parfois apparaître comme contradictoires des intérêts natio-
naux qu'incarne le leader; la disparition du statut de ci-
toyen - remplacé p2r celui de militant, devient alors
l'unique solution au problème ainsi posé. En effet quelle
qU( soit l'évolution parallèle décrite ci-dessus, le fonction-
nement du Bureau politique du parti unique comme cerveau
pensant du pays tout entier, de par le poids et la structure
de son personnel, ne permet pas toujours au leader politique
au pouvoir d'avoi~ des relations et des contacts directs sur
tous les co r ps de l'Etat de manière à exercer sur eux un im-
pact direct. Le Général Mobutu, Président du Zaïre, s'aper-
cevant de cette difficulté, semble selon, Ndong Obiang (1)
avoir résolu la question, de la façon la plus radicale en
rassemblant par une fusion en un seul organe le Gouvernement
et la direction de son parti unique.
Dans l'esprit de la Rér:ovation et duP.D.G., la
structure de l'Etat apparaît plutôt comme un ensemble d'ins-
truments dont dispose le Président Bongo, en vue d'exercer
le pouvoir qu'il détient et en vue de lui conférer la colo-
ration de tout Etat moderne.
Ne pourrait-on pas conclure alors que dans le Gabcn
II rénové ll ,
le citoyen gabonais a disparu en se retranchant
derrière l'abandon de son propre destin entre les mains du
IIRénovateur ll ? Puisque, cl'taque Gabonais, dans une sorte d'ému-
lation nationale au nom de l'égalité de tous et sous l'arbi-
(1)
Ndong Ob i a nq op. cit. p.
101.
311.
t r a qe de. l'auteur de la "Rénovation", doit s'évertuer à
con qué r i r, pui s à mé rit e r sap lac eau sei n de cet te" Nat ion -
Gabonaise", dont le Président Bongo assure la permanence
et symbolise l'expression, n.a i s qui ne s'exprime elle-même
que pour citer et réciter l'auteur, lorsque le chef de
l'Etat veut bien le lui concéder. On peut répondre à notre
avis à la question posée ci-dessus, par l'affirmative. En
e f f et, las a uve ga rd e de cet es prit de l (1 Il Ré nova t ion ". exp l i -
querait mieux ainsi, si besoin était d'en fournir la preuve,
la dureté de s lois qui l'encadrent. Lois édictées Par le
" nu ûs gabonais" énoncé par le détenteur du pouvoir de la
f or ce , par opposition à " e ux " , à ces au t re s , qui, animés
d'une ambition sans scrupules, "aigris" et "troublions"
veulent au nom de la citoyenneté saper l'ordre établ i et
saboter l t oe uvr e nat i oua l e entreprise par le chef de l'Etat
leprésident Léon MBA en son temps, justifiait, la ré~ression
incarnée par son régime par l'existence "d'éléments subver-
tifs" et exposait sa pensée en ces termes: " ... c'est com-
me quand on a un membre gangrené: qu'est-ce qu'on fait?
Le docteur prend le bistouri et il coupe le membre qui impute
dut 0 y tau cor' ps ... Il La Il ga ngr ne
è
Il
s y mbol i se, Il eux ", les
citoyens dont les opinions ou les actes ne participeraient
pas de l'union nationale, signifiant en l'occurrence l'unité
des vues:qu'exige la survie du gouvernement et de son pou-
voir. Mais une telle unité de vues, pour être réali~able
demeure tributaire de la furce et Je l'effacement du citoyen.
C'est ce que veulent montrer les textes qui, pris dès avant
l ' i ndép end a ri ce et au cou y' s dus e pte nnat- du Il vie ux ", r e s te nt
encore en vigueur aujourd'hui au Gabon sous la Rénovation du
Président Bungo.
Il est donc évident qLe le sentiment de réconcilia-
tion nationale qui habitait Léon MBA, se retrouve chez A.B.
Bongo. Mais, en Afrique, la réconciliation entre le~ ethnies
figure au programme de tous les chefs d'Etats.
312.
TROISIEME
PARTIE
FRANCE
-
GABON DE 1967 A NOS JOURS
313.
CHAPITRE 1.
U\\ FRANCE ET L IIIELDORADO II GABONAIS
Le Gabon de Paul du Cha i l lu , _ le naturaliste
améri-
cain qui, de 1855 ê 1859 Y chassa le gori11e, et ce1uî de
Pierre Savorgnan de Brazza, l'explorateur qui donna à la
France un empire africain, subsistent auj o ur d t hu t , à l'état
de souvenir. La République Gabonaise d'Albert Schw~itzer
organiste, philosophe et médecin, Ille grand docteur b1anc ll
de Lambaréné, et celle de Léon MBA, le II père de la patrie ll
ne sont déjà plus. Aujourd'hui, il n'existe qu'un Gabon
dont le troisième âge dE son histoire a commencé en 1967 avec
l'accession au pouvoir du Président Bongo.
Cette triptype de 1 'histoire gabonaise correspond
e nef f e t à l' a t t i t ude que 1uion t rés ervée les a ut 0 rit é s
françaises à travers 1 'histoire. Il n'est pas vain de rap-
~e1er qUE le Gabon a été une colonie délaissée par la France
car, noyé, dans l'ensemble équatorial, il n'offrait pas un
grand intérêt. Il était d'accès difficile, en l'absence des
voies de communication qui interdisaient l'exploitation im-
médiate de ses ressour.ces forestières et minières,. dont
la présence était ~eC0nnue entre les deux guerres ~ondiales
car, en ce qui concerne le pétrole, on subordorait sa présence
depuis 1926
(1). Mais, aucune recherche sérieuse ne fut en-
treprise en vue de la confirmer et ce futen 1956 seulement
qu'on découvrit à OZOURI, le premier gisement appréciable.
On comprend que d a ns ces conditions, la France et l'Europe
ne se soient pas tellement inquiétées de la situation d'un
pays dont l'intérêt stratégique ou économique ne paraissait
pas évident; ceci, au niveau des Etats. Par contre, les
---------------------
(1) cf. Marchés tropicaux et MQditerranéens n° 1646 année
1977 op. cit.
314.
milieux du négoce dont les calculs et l'analyse partaient
de bases différentes se sont bien gardés de négliger ce
territoire vierge dans lequel ils pouvaient échanger contre
les denrées précieuses des marchandises que leur qualité
médiocre ne permettait pas d'écoul~r dans les pays dévelop-
pés.
Il ne s'agissait plus à propr~ment parler de trocs,
mais de méthodes commerciales qui s'y étaipnt substituées
et n'en différaient guère. Elles permettaient à quelques
Gabonais de voir ou de manipuler quelques espèces monétaires,
rarement de les conserver. Le trafic était fructueux puis-
que les grandes société~ implantaient partout, com~toirs,
magasins et centres de collecte. Dans cette exploitation
intensive, Anglais, Français, Hollandais, Allemands, se
cotoyaient et se concurrençaient au milieu d'un climat
d'indifférence générale que le Gabon par ses propres moyens
était incapable de modifier et que le désintér€t
de l'Europe
et du monde extérieur, tendait à favoriser.
Aujourd'hui, lice pays ignoré des économistes lors
de son accession à l'indépendance en 1960, apparait comme
une des réussites les plus exemplaires du libéralisme plani-
fié en Afr i que " (1).
Autour de ce pay s oublié de la "c o l o-
ni a l e :", et reconnu aujourd'hui comme "E'l do r a do
pay s béni
v
v v
des Die ux Il, ce r ta i ns exp e r t s dé non ce nt l'e mpris e ex ce c; s i \\! e
de grands groupes étrange~s et l'exploitation irrationnelle
des ressources naturelles, estimant que le modèle gabonais,
trouvera rapidement ses limites. Plus nombreux sont ceux qui
mettent l'accent sur le développement récent et les capacités
financières du pays, pour affirmer que son véritable décol-
lage n'est pas loin d'être atteint et qu'un second souffle
est assuré.
pour mieux
apprécier' ce phénomène de "üab on eldo-
r a do
il est
r e s s a n
?
,
t nt
t
de cerner l'évolution de la coopé-
ê
ration franco-gabonaise, sous le double aspect des liens
(1) cf. Marchés Nouveaux, fÉ'vrier 1977. p. 6.
315.
d'amitié à travers les chefs d'Etats des deux pays, et de
la "présence françôise ll au Gabon et des Gabonai~ en France.
LES LIENS D'AMITIE A TRAVERS LES CHEFS D'ETATS FRANCAIS ET
G.ABONAIS
Les liens d'amitié tissés entre~les Présidents
français (De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing) et ga-
bon ais (t~ ba e t Ben go), 0 nt t 0 uj 0 urs p ris l e des sus .s url e s
rapports entre les deux peuples. Mieux, ils ont toujours
pesé de tout leur poids sur les relations franco-gabonaises,
d'hier et d'aujourd'hui. A cet égard, la formule de "l'ami-
tié des hommes au pouvoir", n'est pas exagérée - sans pour
autant nier celle des deux peuples qui pourtant, reste aussi
à démontrer.
Car, à notre avis, si les Gabonais connaissent
la France, les Français, eux, ignorent presque tout du Gabon.
pire, certains so~t incapables de le situer sur la carte géo-
graphique de l'Afrique. Cela ne-relève pas forcément de
l'ignorance, mais peut-ètre un manque d'information
et
d'explications de la part des autorités françaises, qui ne
parlent du Gabon qU'à titre de ses richesses. C'est ainsi
même que beaucoup de Français connaissent mieux Lambaréné
à cause de 1 'hôpit~l
Schweitzer, que Libreville la capitale
qui, pourtant, a une signification historique, car, fondée en
:1~4~; est antérieure à l'arrivée du decteur Schweitzer sur
les bords de l'Ogcué en 1913.
Vraiment le Gabon, comme la plupart des autres
anciennes colonies est mal connu des Français. Fermons ici
notre parenthèse et voyons à présent la conception gabonaise
des rapports avec la France à travers ses présidents. Ensuite,
nous cernp-rons du côté français,
(conception ~aullienne et
giscardienne) l'amitié séculaire entre les deux pays à travers
les liens historiques, politiques-e~ économiques.
316.
A. CONCEPTION GABO~AISE
DES RAPPORTS AVEC LA FRANCE, A TRAVERS
SES PRESIDENTS MBA ET BONGO
Le défunt président Léon MBA pensait que l'atti-
tude humanitaire des premiers français installés au Gabon
avait lié a jamais l '~miti~ entre les deux pEuples. Aussi,
selon une légende fang que raconte Léon MBA (1) Dieu ordonna
aux fang d'émigrer: vers l'ouest, a la recherche de l'homme
blanc, dont la ressemblance avec l'écume de la Iller est connue
(selon MBA). Ces hommes blancs seraient très riches, et selon
la légende, seraient les aînés des G~bonàis. Lps Français
dont-il s'agit seraient revenus au Gabon a la rencontre de
leurs petits frères gabonais perdus pendant quelques temps
dans la forêt. Ceci expliquerait en partie l'émigration des
fang vers la tôte, ainsi que la pén~tration française au Gabon.
au siècle dernier (2). L'explication de Léon MBA est plus pro-
fonde quand il affirme que le~ Gabonais n'avaient pas été
conquis parce que."la tutelle exercée par I a France, était
le résultat des accûrds librement établis avec elle en 1839.
Mais, les difficultés ren~ontrées par Brazza et ses compagnons
lors de ces différents voyages, l 'hostilité des Fang OSSYEBA
et des Apfourou sur le cours de l 'Ogoué, constituent une
con t r e vé rit
a ux a,"fi r mat ;.0 ns de Lé0 n ~1 BA, dan s l a mes ure
ë
,
où ses "peuples de la brousse", pour reprendre l'expression
consacrée, ignoraient tout des traités et accords signés par
les rois Mpongwè dont l'influence ne dépas~~it guère les
limites actuelles de la région de Libreville et de l'embou-
chure de l'Estuaire du Gabon.
On perfoit mieux que la mythologie que raconte
Léon MBA est teintée d'une histoire du Cab o n rna l expliquée.
ç
(1) cf. Revue Genève-Afrique: Léon MBA : the ideology of de-
pendance 1967 p. 47 a 64. par Brian Weinstein
(2) NB. pour les détails sur lé! Pénétt"ation f r a nç e i s s au Gabon
cf. M Nsole Biteghe : La Presse bordelaise et la pénétration
française au Congo et au Gahon. 1875-1895. Mémoire rle Maîtrise
Histoire, Le Mans 1978.
317.
Cette légende est d'ailleurs suspecte sur la po-
sition de la France au Gabon, car, en effet, ce rôle tuté-
laire de frère aîné, est confirmé par l'idéologie de la dé-
pendance qui!'
l'anime
à l'égard
de
1a
France,
il est sOr que seuls les Français peuvent sortir le Gabon
de sa dépendance. Partant de cette attitude, il nie en bloc
que le Gabon n'est pas indépendant. De telles assertions sont
graves lorsqu'on s~it qu 1e1les ~manent du chef de l'Etat.
Il ajoute: IIQue lES Français aident le Gabon à être indépen-
dant, et ils aideront l'Afrique à atteindre ses buts de pro-
grès ... 1p Gabon sera riche à cause rles Français, ils sont
en grande partie le ~oteur ~E notre économie et le pilier
de notre future r i ch e s s e :". Tout comme, il affirme que la ci-
vilisation française est la plus haute forme de civilisation
dans le monde et tous les pays, tous les peuples peuvent y par-
venir, s'ils le désirent.
A notre
av i s , et au regard de l'attitude de Léon
M3A, non seulement il s'agit d1une idéologie de dépendance
mais', aussi d'une forme d a s s
t
t mi l a t t on et d1irnitation
des
moeurs françai~es, dans la mesure où l'auteur insiste sur
1e fa; t ql' e 1e Il Ga bon d0 i t ê t r e i mb i bé de c i vil i s a t ion f r a n -
çaise que les écoles d6ivent être modé1ées sur le système
français et les programmes d'une école à Libreville doivent
être identiques à ceux d'une école à Paris ... les Gabonais
doivent s'habiller comme les Fr a nç a i s " (1).
En fait, l'attitude de Léon MBA est conforme à
sp.s idées. Est-il besoin dp rappeler que ce dernier avait
envisagé un moment faire du Gëbon un département français
à part entière, et que l t I ndè pe nda nce de son pays n'a été
pour lui qu'un fait de circonstances, contre son gré?
Cet attachement à la Franre et au général de Gëu11e, MBA
l'a gardé jusqu'à sa mort. En somme, il n'a jamais trahi
(1) cf. L. MBA i d o l oq t e of dependance op.
cit. p. 55
ê
NB. Dans son recueil des Discours op. cit. Léon
MEA rrontre
bien ce lien d'acculturation q~e doit guider tous les Gabo-
nais: vis-à-vis de la culture française.
318.
ses convictions politiques et son attitude à l'égard
de la m~re patrie.
Après MBa, Bongo a suivi la même politique à
l'égard de la France, et le fait de la dépendance persiste
quand bien même le nouveau président tEnte de diversifier
ses relations en secouant tant bien que mal, la tutelle
fançaise. Est-il besoin de rappe1~r qu'il a effectué sa
première visite officielle en France dès son accession à
la magistrature suprême? A fortiori quand on lui demande
de se définir par rapport à la France, il dit: " ... Je suis
toujours heureux de le répeter, nos rapports ave c vl a France
se situent au-delà des rapports de coopération et au-delà
même de simples rapports d'amitié. Nos rapports sont plutôt
de~ rapports de fraternité.
Les Gabonais ont, au fond deux
patries, le Gabon et la France. Ils se sentent chez eux à
Paris et ils désirent que les Français se sentent aussi
chez. eux à Libreville .... " (1).
Comme Léon MBA, Bongo insiste sur la culture,
l'amitié, et le mode de vie, proches entre les Gabonais et
1es França i s.
Il emprunte ce pas sage à Léon MBA : "Vos pères
(Français) nous avaient colonisés, il vous appartient main-
tenant de nous aider à prendre une place décente dans le
concert des nations, à faire notre "place au soleil", c'est
un devoir pour vous et vous ne devez pas vous y dérober" (2).
Ainsi, la communauté des vues, la fraternité entre
les deux pe~p1es, seront toujours à 1 'honneur dans les ren-
contres entre les chefs d'Etat des deux pays.
(1) A.B.
Bongo: Gouverner le Gabon, éditions Paul Bory, Monaco
p.
72.
(2)
Ibid
p. 73.
319.
Nous venons de voir la conception gabonaise (1)
des rapports avec la France, à présent essayons d'analyser
~e la même manière, et cette fois, du côté français les liens
entre les deux pays. On nous excusera de nous appuyer sur
l'époque gaullienne, pour des raisons simples, qui tiennent
du fait que "l 'homme du 18 juin, ou de Brazzaville" est
celui qui a le plus marqué les lifns entre les deux pays.
L·évolution politique de l'Afrique noire s'est faite avec
lui, de l'Union française, à la communauté.
A partir de ce raisonnement, nous pensons qu'il
est difficile de situer le défunt Président Pompidou, par
sa brièveté. (1969-1974) et par la continuation de la poli··
tique africaine, qu'avait instauré son prédécesseur. Il nia
pas eu le temps d'en modifier les grandes lignes. Quant à
la Présidence de Valéry Giscard d'Estaing, nous n'en par-
lerons que pour son septennat pendant lequel, les affaires
africaines ont eu .une place importante dans sa politique.
B. LA CONCEPTION FRANCAISE DES RAPPORTS AVEC LE GABON,A
- - - -
TRAVERS SES PRESIDENTS SUCCESSIFS (DE GAULLE, POMPIDOU
GISCARD)
La politique gaullienne à l'égard du Gabon n'était
pas un maillon, détaché de la chaine africaine.; elle en
constituait. un él~ment de cet ensemble (2). C'est dire que
de Gaulle avait pour l'ensemble de l'Afrique francophone,
une vue globale évidemment avec des prises de positions ponc-
tuelles. face à une situation immédiate. Même, l'intervention
française au Gabon en 1964 s t t ns c r i va t t dans ivbe dr oi t fil
de
la stratégie africaine et ~ondialiste de la conception gaul~
lienne des rapports entre la France et ses anciennes colonies
bien sOr. avec une attention toute particulière pour le Gabon
riche en matières premières. Faire le cheminement des rapports
(1) NB. Dfns les discours des deux présidents gabor~is, les
mêmes thèmes reviennent. quant à l 'attit~de ~ adopter vis-à-vis
de la France. Nous ne voyons donc pas l'intérêt d'y mettre
plus de texte au risque de nous répeter.
(2) Les indépendances en série de 1960. en sont une justifica-
tion NB. G. de Boschère ~arle de distribution des priY in : L'autopsie de
la décolonisation
Albin ft·; ch» , ~aris 1969.
320.
entre de Gaulle et 1 'Afrique~ ne peut que contribuer à
éclairer ceux qui, à tort ou à raison, ont
"
critique
ou
soutenu "l'homrr.e du 18 juin". En effet, c t e s t sur le con-
tinent noir que"l'appe1 du 18 juin" rencontra les premiers
échos importants, notamment avec,le ra1iement du territoire
du Tchad dont lE Guyannais Félix
Eboué était alors gouver-
neur. L'échec de Dakar, les combats de Libreville (entre
gaullistes et pétainnistes) ont été éclipsés par les heureux
dénouements de Fort-Lamy et de Douala. Ces deux dernières
villes constituèrent des plaques tournantes d'un dispositif
stratégique dont le choix politique allait permettre la re-
conquête de la métropole occupée par les armées du IIIème
Reich.
Clest grâce au coton du Tchad et d'Oubangui-chari
au caoutchouc du Congo et du Gabon, aux arachides de l'Ouest
africain que la pénurie des matières premières dont souf-
fraient les a l l i ëes f ut en partie soulagée. ('est grâce à
l'appui des troupes noires levées un peu partout à travers
les fédérations d'A.O.F. et d'A.E.F., en pays Mossi en Haute-
Volta et en pays Sahara au Tchad notamment que les colonnes
du général LECLERC purent apporter une utile contribution à
la victoire finale des alliées. C'est à Bathurst en Gambie
à Freetown en Sierra Léone
à
Lagos et à Kano au Nigéria que
transitèrent après s'être regroupés en Afrique noire fran-
çaise, les éléments qui allaient être engagés sur les multiples
champs de bataille de la deuxième guerre mondiale. Et les
premières batailles auxquelles participèrent les détachements
issus de L'Emp i r e f r a nç a i s ont nom: Kub-Kub en Ethiopie,
Marsa Matrouk ou El Alamein en Lybie.
Dès 1o r s , on comprend que dans ses "Mémoi res de
guer-re", Charles de Gaulle n'ait mesuré la place, ni aux
responsables politiques, ni aux populations d'Afrique noire.
(1)
{l~·Ch. de Gau l l » ~~émoires de Gue r r e . "Av~c le Renouveau", Plon
1962.
321.
Considéré par ceux qui, depuis 1960, ét~ient
devenus ses collègues afri~ains comme 1 'homme qui avait
fait entrpr sans heurts le cortinent noir d~ns 1 'histoire
contemporaine - en lui épargant les guerres coloniales qui
ravagèrent l'Indochine et l'Algérie - Charles de Gaulle
eut qarde ,
de son côté de ne jamais oub1 ier la dette person-
nelle de reconnaissance qu'il avait contractée depuis 1940,
à
l'égard des Africains francophones. Les visites officielles
des chefs d'Etats africains en France, conservèrent toujours
de 1960 à 1969, un caractère de solennit~ particulière en
même temps qu'un tispect amical. Dans cps occasions, le géné-
ral de Gaulle ne ménagea pas les éloges à "ses compagnons"
à dessein distingués
parmi d'autres partenaires interna-
tionaux et avec lesquels il note lui-même dans le premier
tOllle de ses "Mémoires d'Espoir" qu'il eut près de deux
cents entretiens.
De Léon .MBA, entre autres, il dira: "Modè1e de
fidélité dans son attachement à la France et de dévouement
au Gabon qu li1 aura vu, avant de mourir, émerger d'une acca-
blante misère et marcher vers la prospérité".
Sur le plan de la coopération, de Gaulle faisait
fi du courant d'opinion Cartiériste, prompt à dénoncer le
coût de certaines réceptions à 1 'E1ysée, méprisant ceux
qui tentèrent d'exploiter contre les peuples d'Afrique,
certaines manifestations d'instabilité ou qui firent campagne
contre la coopération, qu'ils tentèrent abosivement d'assi-
miler à une théorie politique de prestige.
(1)
En effet, R. Cartier (2) écrit"
Attention, la
France dilapide son argent ... La règle est la même pour tous
(1) Vcir ~ ce propos: Philippe de Craenne : de Gaulle et l'Afri
que no i r-e , un lien charnel. Colloque de Bo r de au x 19-20 Octobre
1979.12 pages dactylographiées.
(2) R. Cartier, in Paris Match, 29 février 1964 p.
18
322.
les pays sous-développés, ils ont tout à acheter et rien
à
ve nd r e-,. .:--en-~de-hcrl""Sd'es--llrocrui'ts alimentaires et des
matières
premières de peu de valeur". La presse de droite ne se priva
pas non plus. de brocarder les " r ois nègres" venant quemander
les crédits en France (1). Le Crapouillot nous offr-e un-
échantillon paticulièrement représentatif de cet~e littéra-
ture, il écrit: Le Zambèze passe avant la Corrèze, obser-
vant les paysans français, mais les rois nègres, hilares,
continuent à découvrir les dents blanches sur le perron
de l'Elysée (2). Des livres tel
"1 e s milliards qui s t e nvo l e nt
d'EGouard Bonncfous publié en 1963 (3) vont dans le même sens.
L'auteur y tiènt les p r o pos de ce type: "1 e s Francais sou-
haiteraient que cessent d'être dilapidés, dans les p~ys aux-
quels
nous avons accordé
l'indépendance, des res-
sources financières qui font défaut à la métropole et dont
l'absence risque d'engendrer de profonds désordres
Et
encore, la France est dans beaucoup de domaine un pays sous-
développé ... Ain~i, notre politique, d'àideiau dévelop-
pement doit être repensée, la France ne peut poursuivre un
effort excessif comme au temps de L' Eup f r e , de l'union fran-
çai s e o u de lac o mmu na uté. Apr ès lad é colon i s a t ion, cet
effort a perdu sa raison d'ftre (4)
Mais, de Gaulle pense que la France ne perd pas
s6n temps, ni son argent, en dé~eloppant sa présence outre-
mer. Clest le thème de l'intérêt qui justifie aussi la pré-
sence de la France en Afrique. L'intérêt est ~xprimé sous
des formes concretes dont l'enjeu varie selon les périodes.
Pendant la guerre, l'Afrique noire procure ~ la France des
ressources immédiates, matières premières et soldats, ainsi
(1) le Cap~uillot, hiv€r--L9.67/68,
le petit de Gaulle illustré
-p , 78.
(2}Ibid
( 3) -r. Go nnef (0 U'S -: Le s mi Tl i a rè s s' env c.1en t . Sc ui ~ 1963. p. 7
( 4) E.
aL' n nef 0 u s
Ibid . . p. 234
323 .
. -r:» que
l' as s i 5 e s y mbol i que d ' un pou v0 i r l é gi t i me , sur de s te r r es
où flotte le drapeau tricolnre. Après la guerre, l'intérêt
est é t roi t e men t lié a u ma i 11 t i e n d u r a ng de l a Fra nc e dan s l e
r~onde comme grande puissance. "Unie aux territoire;d'outre-mer
qu'elle a ouverts, à la civilisation, la France est une grande
puissance. Sans ces territoires, elle risquerait de ne l'être
plus (1). C'est au nom de ce même intérêt à vrai dire, moins
nettement defini, q~'il justifie la décolonisation dans les
débuts de la Vème République. "C'est un fait, dira-t-il la
décolonisation est notre intérêt et par conséquent notre
politique" (2)
... d'
abord, c'est ainsi que nous gardons avec
ces pays là des liens extrêmement étro~ts au point de vue
culturel, au point de vue politique, au point de vue écono-
mique puisqu'ils sont un grand débouché de nos exportations
et puis, enfin, du point de vue de notre standing international,
car, il est bon qu'un pays comme la France ait des amis, et
des amis qui soient des amis particuliers ... Par conséquent,
cet argent que nou~ donnons pour l'aide aUfpays sous-développés
nlest pas de l'argent perdu à aucun point de vue, c'est un
bon placement~ (3).
Sur l'attitûde du Général de Gaulle à l t qa r d de
è
l'Afrique, il faut retenir deux éléments successifs: la
décolonisation et la coopération,qui ont été les deux volets
de l'action menée par de Gaulle spécialement en Afrique (4).
Au regard de l'étude que nous venons de conduire
que peut-on retenir de la politique africaine de de Gaulle?
Nous ne pensons pas nous tromper en disant, qu'en dépit de
ces conceptions mondialistes, de Gaulle estimait nécessaire
que la France continuât de demeurer fidèle à une profonde
------------------------
(1) Ch. Je Gaulle, déclaration à la Presse, le 27 août 1946,
in Mabileau, colloque de Bordeaux op. cit. p. 7.
(2) idem p. 7 conférence de Presse, Paris, 1er avril 1961.
(3) Ch. de Gaulle entretien télévisé, Paris 14 décembre 1965
in Mabileau op. cit. p. 8
(4) NB. pour plus de détails voir: Ed. Jouve, la politique afri-
caine du général de Gaulle dans le système politique français.
Colloque de Bordeaux op. cit.
324.
vocation africaine; et que la clé de voûte de sa politique
dans le Tiers-Monde se situait en Afrique sud-saharienne
parce que le Président de la Communauté considérait que clest
par son action,par sa présence sur le continent noir que la
France conservait une chance de continuer à faire figure de
grande puissance.
De Gaulle demeura obstinément fidèle au continent
qui ne l'avait jamais trahi. Les affaires africaines relévèrent cons-
tamment de 1958 à 1969 de sa seule compétence, et conséquence
logique, des rapports personnels qu'il entretenait avec
chacun des présidents africains, constituèrent un domaine
réservé auquel eut accès, seul avec lui, M. Jacques Foccart,
secrétaire général à la présidence. Des services de ce dernier
de Gaulle écrira dans le "Renouveau ", qu'ils constituèrent
l'instr.ument de travail, l'organisme de liaison avec le gou-
vernement, le centre de correspondance que j'ai besoin d'avoir
a up r è s d e moi".
(1).
C'est pour ces raisons multiples que M. Decraenne
écrivait en 1969
(2)
: I!Si"veuve" fut la France après la mort
du général de Gaulle, "orphelins" furent beaucoup d'Africains".
La réaction de leu~ dirigeants fut d'ailleurs à peu près
unanime à l lannonce de la mort de Charles de Gaulle. Presque
tous étaient présents ~ Paris (Le Président Bongo avait dû
être opéré d'urgence d'une péritonite).
Ils se r~Jlir~nt:
dans
un train spécial qui, de la gare de l lEst allait les emmener
recueillis, émus à Bar sur Aube, d'où ils gagnèrent par la
route le petit village de haute Marne où s'éteignit l'homme
d'Etat français.
A Co l ombey
les de ux Eg lis es, pou r eux se ul s, les
grilles de la boissière devaient s'ouvrir. Dans ces circons-
tances, chacun pleura le disparu à sa façon
"du discret"
(1) cf Mabileau : prix de sang et de fidelité op. cit. p.6
(2) cf Philippe Decraenne, colloque de Bordeaux op. cit. p.
1
325.
mauritanien Mocktar Ould-Daddah, au démonstratif" centrafri-
cain Jean Bedel Bokassa, dont le point culminant du spectacle
insolite se situa au moment 00 le centrafricain, immobilisé
courbé de douleur sur sa canne, éclata en sanglots à l t om-
bre du clocher de l'égl ise.
(1)
Ces anecdotes et ce spectacle démontrent de façon
éclatante le
caractère
spécifique
du lien charnel qui en
trente ans s'était établi entre de Gaulle et l'Afrique noire.
Peut-on dire que le Président Giscard dlEstaing jouit de la
même estime que de Gaulle, nous ne le pensons pas, pour des
raisons évoquées plus haut, à savoir qu'au départ, et surtout
après les indépendances, llhomme du 18 juin avait une dette
personnelle envers ces Africains tombés aux champ de batille
pou r l a Fra nce. 0 n n-e peu t non plu s a f f i r mer que lia c tue l
chef de l 'Etat français suit à la lettre la politique héritée
de son prédecesseur, dont Pompidou nia servi que de transition
entre les deux con~eptions. Quand bien même Giscard pour-
suit l loeuvre de la Vème République, sur le plan institu-
tionnel et non sur le plan pratique - interventions trop
répetées de l'armée française sur le sol africain,la différence
avec de Gaulle est que Giscard accorde moins d'importance
au" ma gis t ère" et au cr é dit m0 ra l de l a Fra ncee n Af ri que , i l
est plutôt orienté vers les intérêts économiques et plus pré-
cisément au Gabon (2). Car, contrairement au général de Gaulle
qui estimait que l 'apparition de nouveaux interlocuteurs écono-
miques en Afrique, ne portait pas sérieusement atteinte aux
intérêts, Giscard, sien méfie (3) c1est pourquoi il mène une
politique stratégique immédiate pour la Sauvegarde des inté-
rêts français, car le marché africain reste le seul, débouché
où les marchandises françaises ont encore du crédit. En effet,
en occident, la concurrence des Etats-Unis d'Amérique et celle
(1)
Pour les détails de cette cér~monie, voir Ph. Decraenne
op. cit. P. 2
(2) Son frère Philippe Giscard d'Estaing est président de Thom-
son C.S.F. au Gabon notamment à Libreville. Il a remplacé en
1980, un certain M.
Gérard Cauvin, démissionnaire. Cf. Marchés
tropicaux et Méditerranéens n° 1787 8 février 1980
(3) NB. Les opérations "Barracuda" en Afrique sous la présidence de Giscard
l p mnntrf'r. t .
326.
du Japon sont très vives. Dans ce contexte po1itico-écono-
mique, le Gabon reste un marché propice.
Cela
r e j oi nt Vü peu la politique française du
siècle dernier, avant la guerre contre la Prusse.; elle
était axée sur l'écoulement de ses marchandises vers l'outre-mer
où les débouchés étaient énormes. M~is, aujourd'hui, à la
concurrence économique des autres grandes puissances, s'ajoute
le danger de 1 'hégémonisme soviétique en Afrique, danger qui
en1everait à la France son marché africain, d'où les inter-
ventions frança~ses au Zaire (Kolwezi), au Tchad, en Mauri-
tan i e, e n R. C. A. pou r con.i ure r l' i n'f i 1t rat ion s 0 vi t i q
ê
LIe
et ses satellites présumés ou potentiels (Cuba et Lybie).
Giscard fait feu, de toute part, pour sauver ce
qui
reste de précieux d'où renfo~cement de la présence
française au Gabon, changement de l'ambassadeur de France au
Gabon, et nomination du dernier en poste- Delaunay
comme
P.D.G. de la Comi1og, d'où aussi, soutien à certains régimes
corrompus dont les scandales éclatent en série. En un mot
politique d'intervention systématique. On peut penser à un
vent de panique qui souffle à 1 'E1ysée et le manque de coor-
dination entre les différents ministères français relatif
à
la politique africaine. Le passage du Nouvel observateur
que voici résume en quelques mots la situation politique
africaine de la France. Les bavures de la politique africaine?
lice n'est pas nous ll , s'écrie le Quay d'Orsay, IINous non p1us ll ,
renchérit la "Dè f'e ns e ? • Alors qui? La réponse sous entendue,
c'est l'E1ysée qui en est responsable (1). Quant à Jeune
Afrique, il titre: Centrafrique, capitale Par.is, ou Dacko
la gaffe. Le journal résume en fait, la situation dans ce
pays, de la chute de Bokassa à l'arrivée de Dacko (2).
Cela dit la politique française n'a jamais connu
(1)
cf. Le Nouvel Observateur 22 octobre 1979 p. 48
(2) cf. Jeune Afrique, 7 novembre 1979 'p. 5
327.
autant de difficutés en Afrique que sous le reglme du Prési-
dent Valéry Giscard d'Estaing et ce, en un laps de temps et
pour un seul septennat.
Mais, pour mieux apprecler le rôle de la France
"gendarme" en Afrique, selon l'expression consacrée, il nous
a paru opportun de consacrer tout un chapitre relatif à la col-
laboration étroite ~ntre le Gabon et la France. D'où le titre
de : Conséquences politiques en Afrique, suite logique des liens
entre les présidents des deux pays.
328.
CHAIHTRE II. - LES CONSEQUENCES POLITIQUES EN AFRIQUE
--------------------------------------
' r
Par conséquences politiques en Afrique, nous en-
tendons, la collaboration entre la France et le Gabon, face
à certains évenements. A cet effet, nous
avions choisi trois
parmi tant d'autres, parce qu'ils ont lié intimement les deux
parties.
Par ordre chronologique, le problème Biafrais,
la question frontalière entre la Guinée équatoriale et le
Gabon, enfin l'entrevue de Franceville qui a préludé à la
chute de l'empereur Bokassa 1er.
Certes, .au passage, nous signalêrons d'autres évé-
nements de moindre importance, et qui, pour nous, n'ont pas
eu une grande portée sur les relations franco-gabonaises.
Comment en est-on arrivé là et pourquoi?
Il
est vrai que lorsque le Président Bongo, arrive
au pouvoir en 1967, son image de chef d:Etat n'est pas con-
sidérable, bien que son ascension ait été IIfûlgurante li sur
le plan strictement gabonais. Ainsi, avec le souci d'asseoir
un nouveau régime, (le sien), il devra se tourner vers des
nations amies, notamment la France et la Côte d'Ivoire, dont
le Président, F. Houphouët Boigny, influencera la réconci-
liation entre le Président Bongo et certains anciens oppo-
sants au régime, précisément Germain MBA. C'est grâce à ce
concours extérieur si précieux, que le nouveau Président ga-
bonais
se définira par rapport aux problèmes africains de l'heure
dont le plus immédiat sera celui de la ~uerre civile du Nigéria.
329.
En effet, à la lumière des informations et de l'ana-
lyse que nous menons, il ressort déjà que le Président Bongo -
sortira de sa réserve initiale - se déterminera par rapport
à la France et à la Côte d'Ivoire. Bongo reconnaît le Biafra
le 8 mai 1968 comme Etat indépendant, donc, cinq mois seu-
lement après son arrivée au pouvoir. Le Monde constate d'ail-
leurs "qu'en tout cas, les seuls
Etats africains francophones
qui aient reconnu le gouvernement separatiste du Biafra sont
le Gabon, et la Côte d'Ivoire, Etats dont les dirigeants s'op-
posèrent au maintien les uns de l'ancienne fédération de
l'A.O.F., les autres de l'A.E.F." (1).
Clest aussi dans la recherche d'une assise popu-
larre et d'une stature internationale qu'il semblerait que
Bongo ·contesté en t~nt que chef d'Etat dans son propre pays -
puisqu'il nia pas été élu - ait besoin du soutien aussi bien
du Secrétaire général aux Affaires africaines et malgaches
de l 'Elysée que du .Prêsident Houphou~t-Boigny ... ce dernier
d'ailleurs a tenu à lui apporter sa caution en arrivant à
Libreville au lendemain de l 'investure du nouveau chef de
l'Etat, afin de lui donner encore plus de force à cette con-
firmation de la légitimité du chef d'Etat gabonais, le Pré-
sident ivoirien s'était fait accompagner par le chefs d'Etat
du Niger (Diori Hamani), du Togo (Eyadema) et du Dahomey (Soglo)1I
(2). Certes, le Président Bcngo avait immédiatement exprimé sa
reconnaissance au leader ivoirien en déclarant: "Monsieur
le Président du R.D.A, vous savez que vous êtes désormais notre
s e ul doyen et notre seul guide"(3). Plus l o i n , il concluait:
"Je vous réaffirme solennellement que le Gabon veut demeurer
dans la ligne que son créateur, M. MBA lui avait tracée avant
de mourir" (4). La manque d'assise populaire sus-mentionnée,
est confi rmë par l'article de l'Express, daté du 10/12/67,
(1) Le Monde, 1er novembre 1968
(2) J. Batmanian : La politique africaine de 13 Côte d'Ivoire
de son accession à l'indépendance, à la fin de la guerre civile
du Nigéria, thèse 3è cycle, Paris 1.
1973 T.
II. p. 347.
(3) cf. Gabon Matin 5 novembre 1967.
(4) A.F.P. 25/4/1968.
330.
dans lequel, il est fait état de l'envoi par le Président
ivoirien de 200 à 300 mercenaires au Gabon. L'ambassadeur
du Gabon à Abidjan portait un démenti à cette information
et expliquait la légitimité de la succession au Gabon (1).
L'on peut constater que le démenti de son excellence l'am-
bassadeur, n'a pas été f mmë di a t.c. po.urqu o i a-t-il attendu
près de cinq mois pour se prononcer? Tout ceci n'a pas
empêcher le Préside~t Bongo d'être reçu un mois plus tard
à Abidjan,
avec un faste particulier.
Fermcns ici cette parenthèse pour remarquer que
le Présiaent Bongo, n'était pas favorable à la reconnaissance
du Biafra au départ.
Après avoir rencontré à Libreville et en Suisse
le Président ivoirien, le lendemain, de retour sur Paris,
Bongo, déclare à sa sortie de l'Elysée à propos de la situa-
tion du Biafra qu' ."il faut être prudent, il faut attendre
il est encore trop tôt pour en parler" (2). Et il ajoute avec
une extrême franchise que"beaucoup de pays afr~cains devront
,
se réferer à la p~ise de position publique que vient de prendre
M.F. Houphouët-Boigny" (3) Une semaine plus tard, après les
nouveaux entretiens avec M.M. Foccart et Houphouët-Boigny, le
Président Bongo abandonne toute prudence et déclare: "Nous ne
,
pouvons pas continuer a assister passivement au génocide qui
a lieu actuellement
au Nigéria ... c'est une utopie que le
Nigéria avec 50 millions d'habitants,puisse subsister sous sa
forme habituelle. Il faudra que le gouvernement fédéral
accorde
la souvera i neté aux 14 provi nces qu' i l entend créer" (4)
(1) A.F.P. 25/4/1968
(2) A.F.P. 26/4/1968
P) Idem.
(4) A.F.P. 3/5/1968.
331.
Sans porter de jugement sur MM. Foccart et Hou-
ph0 uë t - B0 i gny, nous con s t a ton s cu rie use ln en t que l a vol te
face du Président Bongo semble liée aux entretiens qu'il vient
d'avoir avec ses deux interlocuteurs "c o ns e i l l e r s :' . En tout
ras, cette prise de position, peut être considérée comme
personnelle, dans la mesure, où le gouvernement gabonais
n'a pas été saisi par son chef, il enterinera par la suite
cet te déc i s ion, c e'q ui est t r ès cri t i qua b l e d' ail leu r s. Avou ons
qu'au nom du peuple gabonais et de son gouvernement, le
Président Bongo se proclame ouvertement partisan, non seule-
ment du Biafra, mais de la partition générale et totale du
Ni gé ria. Pou r que l qui un qui veut a s seo i r son r g i-m e â l
rie ur
é
1 i nt ê
de son pays et q~i n'est au pouvoir que depuis quelques mois,
l'attitude du Président Ronac est assez ri~quée, voire au-
dacieuse. A la limite, elle est peu conforme â la non ingé-
rence dans les affaires intérieures d'un Etat.
Est-elle dictée par des convictions personnelles,
nous n'en doutons pas, mais, nous pensons aussi â une démarche
vivement conseillé en coulisse par l 'Elysée et par le Prési-
dent Houphouët-Boigny. Car, en relations internationales, les
..
\\\\
négociations secrètes sont aussi importantes que les tables
rondes officielles.
Au cour de ce séjour parisien qui permet au Prési-
dent Bongo de se définir par rapport à la guerre du Bi(lfra
se produit un incident qui contraste avec la bonne humeur du
Président Bongo. Son escale â Paris (de retour de Suisse) était
lié à la signature d'une convention sur le barrage hydroélec-
trique de Kinguélé (Gabon).
Il
pensait que tout était en ordre
pour la signature, mais à son grand étonnement, le secrétaire
général de l'Elysé p
lui apprend que les documents ne sont pas
tout à f a i t au point et qu'il
faudr-(Jtt-attendre un pr6chain
voyage â Paris pour signer la convention. De plus, Monsieur
Yvon Bourges, Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, chargé
de la coopération, se trouvait en province.
332.
Le Président Bongo, entra dans une colère terrible
allant jusqu'à menacer de rentrer au Gabon dans la nuit si
les documents n'étaient pas signés le lendemain matin. Devant
cette réaction, le Secrétaire général pour les Affaires afri-
caines et malgaches - M. Foccart - dut remuer terre et ciel
pour informer Monsieur Bourges. Ce dernier rentra à Paris
dans la nuit et le lendemain matin, à l'ambassade
du Gabon
la convention sur Kinguélé était signée (1). L'incident diplo-
matique fut donc évité et la colère du Président Bongo calmée.
Pour les besoins de l'information, il es~ amusant
de noter qu'en 1953, ~ l'âge de 18 ans, Bongo rentre aux P.T.T.
de Brazzaville alors, capitale administrative de l 'A.E.F. Là,
Bongo, est furmé par un inspecteur des postes, vieux militant
de la S.F.I?O. Bongo adhère aux jeunesses socialistes, il
manifeste pour l'indépendance et est même ~astonné sur les
ordres du haut commissaire de l'époque Yvon Bourges. "Bongo
gardera toujours une vieille rancune envers Yvon Bourges" (2)
Nous n'oserons pas dire que le Président Bongo,
ait voulu prendre sa revanche sur Yvon Bourges, mais, incons-
ciemment, les faits et les circonstances montrent qu'elle a eu
lieu, même si les protagonistes eux-mêmes n'y songeaient plus,
le hasard fait bien des choses.
Que peut-on conc l uve sur l'affaire du Biafra?
ces anecdotes resituent bien, le Président Bongo dès son arri-
vée au pouvoir. La préservation des liens étroits avec la
France est sauvegardée. L'attitude du leader gabonais à l'égard
du conflit biafrais est conforme aux accords de coopération
franco-gabonais en matière de politique étr~ngère - concerta-
tion et consultation - La France, se réserva~t de prendre une
(1) cf. (J) OVONO ESSONO : Le Président Bongo, coédition multi-
press Gabon et Paul Bory S.A.
NB. ce livre n'est pas paginé tout comme il n'est pas daté. Il
est illustré de quelques photos, suivis de quelques commentaires
historico-politiques.
(2) cf Le Matin de Paris 1er mars
1980 "Le Gabon diamant de
l'empire".
333.
position précise et c1aire à l'égard du drame biafrais, -
au nom de la non-ingérence dans les affaires intérieures
d'un Etat -,mais, a contrario, conseillant le président
gabonais d'agir en leur nom (France-Gabon), tout comme le
prouvera l laide française au biafra qui transitera par
Libreville et A.bidjan.
Le Biafr~ servira de prélude aux combinaisons franco-
gabonaises pour les affaires africaines tant officielles qu'ocul-
tes.
Après le Biafra, le conflit frontalier entre la
Guinée équatoriale et le Gabon, illustre bien, les liens sécu-
laires franco-gabonais
. De 1885 à 1894, le problème fron-
talier entre le Gabon et la Guinée avait constitué pour leurs
anciennes puissances colonisatrices, un casse-tête permanent
qui avait abouti à la convention franco-espagnole du 17 janvier
1900. Le dit conflit, en fait s'inscrivait dans les rivalités
européennes en Afrique de 1870 à 1920. La deuxième convention
du 27 juin 1900 entre la France et l'Espagne, semble régler les
frontières entre leurs deux protégés, jusqu'à leur accession
à
l'indépendance. Tout semblait donc normal et rien n'indiquait
dans le comportement des uns et des autres, une remise en cause
des frontières héritées de l'ancienne puissance coloniale.
De surcroît, la charte de l'O.U.A. qui a instauré pour
les Etats membres le principe de l'ati possedetis, leur inter-
dit toute remise en cause de leurs frontières.
C'est autour de l'interprétation du text~ insti-
tuant les frontières communes que tourna le litige. A la
mission de délimitation de 1901 (1) M. Bonrel de Mezières,
(1)
cf. Arch ives rue Oudinot. Paris 7ème Dossier VI. Affaires diplomatiques
Espagne. Les rivalités européennes 1870. 1920.
NB.
Un carton contient un résumé as~ez clair de tout le probl~me frontalier
qui oppose l'Espagne à la France. Il est possible de pouvoir confronter le
résumé aux nombreux rapports et à l'abondante
correspondance échangée entre
l'administration française du Gabon et les gouverneurs de Fernando Po d'une
part part et celui d'Elobey d'autre part.
334.
chef de la section française notait dans son rapport, les
difficultés constatées sur le terrain quant â l'application du
tracé des lignes limites, définies par la convention de déli-
mitation. Il considérait que ces lignes défavorisaient la
partie française en
incluant
dans les eaux de la colonie
.--
espagnole certaines îles du Rio Muni dont on considérait qu'elles
appartiendraient â la colonie française (1). En effet, dans
la baie de Cor:isco,' â l'entrée du Rio Muni, existent de
nouveaux ilôts éparpillés autour de corisco et d'Elobey
mais ces ilôts étant inhabités, et ne présentant aucun intérêt
immédiat pour les deux puissances, on oublia tout simplement
de fixer leur'sort â l'instar de Corisco et d'Elobey,visés
par la convention de 1900. La précision apportée par la con-
vention de Paris pour ces dernières îles est d'autant plus
significative qu'elles sont si'tuées dans les eaux territoriales
de la colonie française. La neutralité pour les autres îles
de la baie était donc de rigueur, si bien qu'un incident
faillit éclater â nouveau entre l'Espagne et la France en
terre africaine- lorsque cette dernière (la France) entre-
prit en 1955 d'installer une balise sur l'une d'elles; Mbanie.
Sur protestation de l'Espagne, la France dut suspendre ses
travaux. La tournure du problème prit d'autres proportions
quelques années plus tard, notamment en 1973.
Il est évident que la charte de l'O.U.A. n'est
valable que pour les frontières terrestres qui mettent direc-
tement en contact deux Etats limitrophes. Tel n'est pas le
cas des limites maritimes lorsqu'elles prennent la direction
du grand large. D'où la tendance de la plupart des Etats du
Tiers-Monde et depuis peu, de toutes les puissances ayant une
(1) NB. pour des détails cf.
(B) Mabenga
: Le conflit après
l'indépendance du Gabon et de la Guinée équatoriale. Mémoire
I.H.E.I. Paris 1978.
335.
façade maritime à étendre leur souveraineté sur des surfaces
d'eau plus considérables. Le Gabon nia pas été en reste sur
ce plan. Largement ouvert sur l'Atlantique, le Gabon possède
près de 800 km de côte .. Coup sur coup, la limite des eaux
territoriales gabonaises initialement fixée à une distance
de 12 miles, est portée en 1970 à 25 miles, puis, par or-
donnance du 5/1/72, elles passent à 30 miles marins, à par-
tir de la laisse d~ la plus basse mer (1). Quelques mois
plus tard, par ordonnance n° 58-72 du 16 juillet 1972, la
limite des eaux passe de 30 miles à 100 miles marins soit,
pl us du triple de 1972. Mais comment interprêter l "a t t i t ude
des autorités gabonaises? En effet, le Président Bongo.
ayant appris que le sondages pétroliers étaient en cours
autour de l lîle corisco, au large de la frontière nord du
Gabon, décide aussitôt de revendiquer quelques uns de ces
îlots appartenant a la Guinée équatoriale, à laquelle, un
riche madrilène M. Corisco les avaient offertes (2). La lé-
gitimité de la démarche du Président Bongo ne semble pas
évidente, elle serait plutôt complice des intérêts pétroliers
français au Gabon. Est-il besoin de rappèler que le Gabon
ne contrôle que 25 % de son pétrole, que le P.O.G. d'Elf
Gabon, ~1onsieur Portal est un ami "personnel" du Président
Bongo. N'était-il pas au courant des découvertes de pétrole dans
cette région de corisco ? Nous pensons que le plan avait été
mûrement orchestré de la part des autorités gabonaises, de
connivence avec les pétroliers français, et que les ordon-
nances, qui, de 1970 à 1973 modifiai~nt les eau~ gabonaises,
du moins leur extension, nlont fait qulavaliser les inten-
ti6ns des autorités précitées, une sorte de replique a la
protestation espagnole de 1955.
(1) cf. J.O. de la République Gabonaise, 15 janvier 1972.
(2)
B. Mabenga op. cit. p. 78
336.
L'attitude du Président Bongo, pour sincère qu'elle
puisse être, sous-entend une collaboration, et un espoir des
pétvoliers français qui ont des visées sur le pétrole de corisco.
Notre remarque ne relève pas du subjectivisme, mais, plutôt
d'une réalité que les autorités gabonaises et les pétroliers
français n'aiw.ent pas voir évoquer. Fermons ici la parenthèse
pour rappeler que relatif à ce II co nflit ll ,
le Président Bongo
fit quelques discours enflammés
00
il était question des
droits
imprescriptibles - et parfaitement improuvables-
il décida de la mobilisation pour " récuper la terre des an-
c é t re s ". L'occasion fut offerte au Président Bongo, de revêtir
sa tenue "Lë opa r d " et déclarant qu'il ne la quitterait
"qu t a pr s la victoire t ot a l e
ë
?
•
(1). Bongo s'y rendit à bord
du Yatch Joséphine du nom de son épouse. Dieu merci, les
"f r r e s de l'U.D.E.A.C.
(les présidents du Cameroun, de la
è
R.C.A., du Tchad et du Congo) s'entremirent et apaisèrent la
fièvre expansionniste du gabonais; la guerre n'eut pas
lieu
et il n'y eut pas de victoire totale par les armes, mais
seulement sur le plan diplomatique.
Cette procédure est conforme à la pratique afri-
caine du règlement des conflits,' l'intervention des chefs
d'Etat, des "s a qe s " tend à devenir la règle. Ce qui ajoute encore
un caractère "f amt l t a l
"f r a t e r ne l " de ces techniques de
v
,
règlement, c'est la réunion sans difficulté des chefs d'Etat
en litige. Dans cet état d'esprit le conflit ne peut-être
qu'un simple malentendu. On peut se demander néanmoins si
les conflits reposent sur des causes impersonnelles ou s~ils
proviennent plutôt de querelles entre chefs d'Etat- représen-
tant des intérêts impérialistes différents - En effet, com-
ment ne pas s'étonner de la réconciliation spectaculaire de la
Guinée avec le Sénégal ou celle de M. Sékou Touré avec Hou-
phouët Boigny. En 1972, le leader
guinéen proclame: IILa
Guinée
a décide de nouveaux liens avec le Sénégal, afin de
(1)
cf. Le Crapouillot n° 29 av r i l 1974 p.
32
337.
c0 mbat t rel a mai n dan s l a mai n l e colon i a lis me pe r t ugai s " . ~1 .
Senghor de répondre: "L'Afrique doit disposer d'hommes clair-
voyants et lucides aussi bien que d'hommes décidé~" (1)
Ainsi, à travers l'analyse de cet aspect particulier,
de la recherche de l'unité africaine, l'étude de la notion
de conflit inter-africain confirme que pour l'instant, le
conflit n'a pas de ~rofondeur nationale, et, partant inter-
nationale. Tout au plus, acquiert-il une dimension interét~
tique. Ce qui semble consolider la remarque désbusée de M.S.
Touré: "Quant ~ nous, rien ne nous empêche de créer un
Etat continèntal africain, si ce n1est les égoïsmes person-
nels, la déloyauté politique et une insuffisante élévation
de la conscience africaine. Si nous avions la volonté ferme
de fàire de l'Afrique un Etat continental~ nous pourrions
le réaliser immédiatement" (2)
De surc~oit,
cette phrase invite à penser que le
seul obstacle à l'unité africaine, c'est la mésentente entre
chefs d'Etat.
Cette conclusion nous emmène au troisième volet
de notre analyse: L'affaire Bokassa.
L'affaire Bokassa dont le dénouement siest achevé
sur l laéroport d'Evreux a connu son prélude au Gabon et plus
précisément à Franceville; lors de la rencontre du 1er août
1979, en t r e ~H2. .10 ur nia c , con sei l 1er à l' Ely sée pou r les Af -
faires africaines et malgaches, le Président Bongo du Gabon
et l'Empereur Bokassa premier du Centrafrique. A Franceville,
(1) (J) Vigues : La réconciliation S. Touré/Senghor in
Africasia, 7, 26 juin 1972
(2) cf. (A) S. Touré in (B) As s o , op. c i t ; p. 107
338.
il était question de demander à Bokassa qu'il constituât
un conseil de régence et qu'il
vTnt vivre en France. En somme,
on lui enjoignait de quitter le pouvoir; ordre de l 'Elysée (1).
Il est intéressant de voir pourquoi on i nt ine à Gokassa l'ordre de
quitter le pouvoir? est-ce pour l'histoire du massacre des
enfants, ou pour ses rapports avec l 'ancienne puissance co-
loniale ? A la lumière de la situation et des év~nements con-
nus, l'Empereur Bokassa devenait un allié très gênant et trop
voyant. Mais, contre toute attente, la rencontre de Franceville
tourne mal, la scène est pathétique
car, Bokassa, mécontent
de Id procédure lève sa canne et cr.ie à Journiac: "je ne
suis pas Ould Daddah, qui faisait anti- chambre pendant une heure
pour voir votre ancien patron Foccart, je suis un chef d'Etat
souverain. Puis, il ajouta ... Vous ne me traiterez pas comme
vous avez traité morr regretté parent Tombalbaye ll (2).
La discussion qui
s'envenima
s'est elle terminée
comme le dira plus tard 30kassa ("je lui ai mis la tête au
carré ll ) par un véritable pugilat au cours duquel Journiac au-
rait reçu un coup de canne sur la tête et perdu ses lunettes.
Le Président Bongo s'interposa lien tout cas, Bokassa a com-
mis là un crime de lèse-majesté
qu'il
parachèvera le lende-
main en raccrochant le téléphone au nez de Giscard lui-même
ajoutant ainsi, T' t ns ul t e au c r i rne " (3)
Le Président Bongo dans une interview au Matin de
Paris (4), relatif à ce problème, dira: "Boka s s a nous l'avions
ç
prévenu. Nous l 'avions rencontré ici avec René Journiac au
mois d'août à Fr-a nc e vi l l e IIJe lui ai dit que tu es pris au
piège, que vas tu faire?1I Il m'a répondu qu'il n'était pas
le seul chef d'Etatcàfr.icain à tuer les enfants. René Journiac
(1) cf. Neuvel
Obeservateur, 22 octobre 1979.
B. cf Jussi J~une Afrique 25 octobre 1979.
(2) cf. Nouvel obeservateur 22 octobre 1979 p. 48
(3) idem
(4) Le Matin de Paris. 18 mars 1980.
339.
a' insisté:
"nous avons déjà pris des mesures, lui a-t-il
dit, vous pouvez venir en France ... " Bokassa s'est mis en
colère et a menacé de renverser les alliances. Er effet, le
voyage de Tripoli en Lybie a eu pour conséquences le renver-
sement de ces "alliances" dont parlait Bokassa, il confirme
en même temps, son entêtement à s'accrocher au pouvoir coûte
que coûte, enfin, il permet aux autorités françaises d'opérer
leur coup d'Etat. L~ Président Bongo, connaissait, peut être
jusqu'aux moindres détails car, il ajoute plus loin: "j'ai
alors senti que c'était fin;
pour lui
mais, je vous as-
sure, que son successeur le Président Dacko n'est pas arrive
à Bangui en provenance de Libreville.
Il est venu de Paris,
dans un avion français. J'étais moi~même à Paris, je partais
pour les Etats-Unis, je l'ai vu là~bas(l).
Est-ce par pure coïncidence que le Président
Bongo rencontre M. Dacko à Paris? nous n'en savons rien,
mais, il est quand .même curieux de rendre cette rencontre
exempte de tout soupçon de complicité quand on connait la
suite des év€nements.
En tout cas, même si le Président Bongo
i gn0 rai t l 1 i mm i ne nce de lac hut e de B0 kas sa, ~1. 0a c k0, lui,
attendait avec impatience, son embarquement pour Bangui dans
un avion français qui n'attendait que l'ordre de l'Elysée.
Avouons que le départ de Bokassa pour Tripoli
l'a trahi, tout,
comme il a soulagé les autorités françaises, en évitant à ces
dernières, une déconvenue. Le coup d'Etat fut donc un succès
technique. Mais l'affaire a dérapé et çà, les autorités
françaises ne l'avaient pas prévu. L'épisode de l'Empereur
bloqué en bout de piste à l'aéroport d'Evreux dans son avion
a beaucoup gêné l'Elysée.
"Cette diplomatie d'aéroport sombre
dans le ridicule, elle tourne au fiasco politique lorsqu'ar-
rive un terrible retour de bâton: l'affaire des diamants de
la couronne" (2).
(1) Le Matin de Paris, 18 mars 1980
(2) cf. Le nouvel obeservateur op. cit. p. 48
340.
L'affaire Bokassa montre parfaitement que les
relations entre MM. Journiac et Giscard d'Estaing étaient
comme autrefois celles de Foccart et du génral de Gaulle.
Le digne héritier de Jacques Foccart était celui qui pou-
vait dire de n'importe quel homme politique africain, il
est bien, ou, II c ' e s t un dingue, nous aurons de ennuis avec
l ui ". Une anecdote revèle d'ailleurs qu'au
lendemain du
coup d'Etat non prévu par l'Eljlsée qui amena Bokassa au
pouvoir, de Gaulle demanda à Foccart : "Oue l est donc ce
con que nous avons là-bas comme ambassadeur ll ? (1).
Cec~ prouve qu'une fois sur deux, les changements
intervenus à la tête des Etats africains, sont téléguidés
depuis Paris, du moins en ce qui concerne les pays franco-
phones. Dans le même ordre d'idées, cette collaboration
étroite, entre la France et Je Gabon gène beaucoup d'obser-
vateurs. La France agit donc en Afrique par Gabon interposé
pour ce genre d'affaire. Nous citerons pour mémoire l'affaire
Claustre dans laquelle le Gabon a servi de médiateur entre
les rebelles toubou et les autorités françaises; ou l'affaire
Simon Malley où le Gabon a été accusé d'avoir demandé l'ex-
clusion de ce journaliste
tout comme le Zaïre et le Maroc,
ou l'affaire du coup d'Etat manqué au Bénin en 1977 où le Gabon
semble avoir agi de connivence avec les mercenaires français
notamment Bob Dénard etc ... Ces différentes affaires, les
prises de positions du Président Bongo, contre la menace ly-
bienne au Tchad, contre le communisme par Cuba et Moscou
interposés, donnent matière à reflexion sur les initiatives
personnelles ou demandées, voire conseillées au Président
gabonais. Malheureusement, ces différentes affaires, amènent
beaucoup d t obs e r va t e ur s à traiter le Gabon, du moins son
président, comme le "val et "
du née-colonialisme français
en Afrique. Cette situation met le Gabon en porte à faux
(1) cf. Le Nouvel Observateur op. cit. p. 49
341.
vis-à-vis des autres reglmes africains, mais paradoxalement
elle lui assure les soins particuliers que la France porte
à son régime. Mieux, et, comme si ce "parapluie français" ne
suffisait plus à protéger le régime de Libreville, les "me r-
cenaires" marocains qui constituent l'essentiel de la garde
présidentielle actuelle, ont été appelés en renfort, et tout
dernièrement pour appuyer le domaine de la sécurité, le
Président Giscard ~ dépêché à son ami Bongo, un spécialiste
des problèmes de sécurité en la personne de l'ambassadeur
Maurice Robert (1) sur demande du Président gabonais semble-
t-i \\. Si cela est vrai, le Président Bongo serait donc à son
deuxième coup d'essai car, un jour, iJ avait prétendu -
apparemment sans humour - que c'est sur son instigation que
M. Giscard d'Estaing avait nommé en août 1976, ministre de la
coopération M. Robert Galley qui, lors d'un passage précédent
à Libreville comme ministre de l'équipement pour y étudier
un projet de collaboration avec la France avait su attirer
l'attention et la ~ympathie du Président gabonais. (2).
Il est banal de constater, qu'entre présidents
amis,
on se rend des services.
A propos d'ailleurs de l'ambassadeur Robert et de
son prédécesseur, l'Africasia continue: "En quelques semaines,
le Président Bongo a réussi à placer à deux postes straté-
giques deux de ses plus fidèles amis français, Maurice Delau-
nay ambassadeur de 1965 à 1972, puis de 1975 à la fin 1979
est désormais président de la compagnie des mines d'uranium
de Franceville (Comuf), un consortium qui réunit les sociétés
françaises et dans lequel
l'Etat gabonais dispose d'u~~ partici-
pation de 25 %
(1) cf. Africasia n° 204 du 7 au 20 janvier 1980 p. 10
(2) cf. Le Monde 19 d cemb r e 1979 p. 13
é
342.
et le colonel Maurice Robert, officier du service de docu-
mentation
extérieure et de contre espionnage français
(S.O.E.C.E.) puis, responsable des services de sécurité
à Elf-Aquitaine (qui contrôle notamment Elf-Gabon) vient
d'être nommé ambassadeur de France à Libreville.
(1). Ce
dernier explique d'ailleurs le sens de sa nomination en
ces termes :·Je suis là pour essayer de modérer
les démons-
trations affectives' du Président Bongo envers la France"
(2) Si lion en
croit un conseiller des Affaires étrangères
à Paris, le chef de l'Etat gabonais s'est réservé l'avan-
tage d'avoir en permanence à ses côtés avec MM. Delaunay
et Robert, à Libreville, deux conseillers très spéciaux
voire deux "premiers ministres blancs" sur lesquels le Quai d'Or-
say a bien peu de prise pour l'instant. (3) Outre d'avoir été nommé par Paris
- -sur les amtcahes tnsi s tances-du .Prës i deIlLBongo-{ce -dern ierne·l e reconnait
-f)a-s} ces-<1ett*,h{)mmes-·ontlin~·pointC'omrnun."
Ils ont été des proches
collaborateurs de Jacques Foccart, le fameux chef des "bar-
b0 uze-s Il gau l lis tes. e n Af r i que qui a 0 c c uPé de 1960 à 1974, l e
poste de Secrétaire général des Affaires africaines et malga-
. ches à la Présidence de la République française. Selon certains
milieux diplomatiques à Paris (4), le recyclage civil de ces
retraités des services français de renseignement aurait pour
but de rassurer Omar Bongo. "Le chef de l'Etat gabonais
semble craindre aujourd'hui pour la survie même de son propre
régime, notamment depuis l'élimination
par Paris lui-même de
l'Empereur Bokassa à laquelle il a assisté - devenu plus en-
combrant qu'utile à la cause de la puissance de tutelle. Le
Président Bongo, tout en récusant qu'il a pu insisté auprès
de l'Elysée à nommer M. Robert à Librevi lle, ajoute cependant
que "lui, il était au S.O.E.C.E., mais vous croyez que le
K.G.B. ou la C.I.A. ne sont pas représentés ici? ... ce que
(1) Africasia n° 204 op. cit. p. 10
(2) Le Monde 19 décembre 1979
(3)
idem cf. quotidien de Paris 2/08/1981 Le canard enchaîné 29/0
1981
(4) Africasia
op. cité. p.
Il
343.
les autres font en cachette, vous
(Français), vous les faites
ouvertement. Mais tous les ambassadeurs, même les miens sont
des espions autorisés on a exagéré cette a f f a i r e ;" (1)
On constate d'ailleurs que le Président Bongo, commence à
se plaindre de la presse française très critique à son égard
ces derniers temps; en disant:
IIEt ces mêmes français qui
parlent, si demain,' je décidais de nationaliser la Comilog
la Comuf, Elf Gabon, que feront-ils? Ils vont commencer à
braquer les mitraillettes sur moi pour m'abattre; si c i e s t
parce que je suis généreux à l'égard de la France que lion
s'en prend à moi, alors je vais devenir méchant car, cela ne
peut plus continuer ainsi
(2). En fait, l'agacement du Pré-
sident Bongo vient du fait que les journaux
français sont au
courant de'pas mal dlaffaires le concernant. Il faudrait
plus de quatre pages pour les énumérer toutes les unes les
autres. Aussi, nous en avons pris certaines, tirées du pas-
sage que le
journaliste Elie Ramaro résume dans l'Africasia
(3). En qualifiant Libreville de relais de Paris, il dit tout
haut, ce que d'autres pensent tout bas. Nous préférons repro-
duire l t a r t i c l e dans son ensemble: "c o ns c i e nt qu t i l a beau-
coup joué avec le feu, en facilitant le regroupement au
Gabon des personnages louches comme les mercenaires Gilbert
Bourgeaud (Alias Bob Denard) et Assomption, ancien chef de la garde
présidentielle, et en permettant que son pays serve de base
arrière à des opérations de destabilisation sur le continent
africain, Omar Bongo souhaite s'entourer d'éléments plus sûrs,
qui ont une bonne connaissance des problèmes de sécurité et
l'habitude de l'action clandestine. Le régime du Président
Bongo, aura cependant du mal à faire
oublier
sa responsabilité
dans une série de grandes affaires qui ~~t mis l IAfrique à
feu et à sang depuis une quinzaine d'années et déssiné de
~--------------------------
(1) Le Matin de Paris, mars 198Qp.18
(2) Bingo n° 326 Mars 1980 p. 17
(3) Africasia, op. cit. pp. 10-11
NB. voir les détails, dans les pages suivantes.
-
. ._ - - - - ~
344.
lui, l'image d'un simple relais de l'impérialisme français
en Afrique, de l'ouest et du centre. Qu'il suffise de rap-
peler la sécession du Biafra, dans laquelle les agents, fran-
ç ais t r a vail l a nt de pui s Lib r e vi 11 e 0 nt été i mpli qués dire c-
tement, ou le "Fr-o nt de libération de l'enclave du Cab t nde "
(FLEC) dans lequel se sont illustrés la compagnie Elf-Gabon
et le mercenaire fnançais Jean Kay. Malgré les dénégations
du Gabon, la responsabilité, de ce pays a également été mise
en évidence - et de quelle manière - a propos du débarquement
de lIIercenaires à Cotonou en 1977 ... L'opération av:it été
mon té e par, l e colon e l l3 0 ur 9eau d, a ve c l ' a p pui dire c t du Mar 0 c
et la complicité de la France dont les services secrets avaient
utilisé à plusieurs reprises les compétences de Bourge~ud
Dénard en matière de recrutement de mercenaires. Ce dernier
qui avait été "p rê t
quelques mois en 1975 par Omar Bongo au
ê
"
gouvernement Comoréen d'alors pour l'aider a assurer le con-
trôle de l'île d'Anjouan, a réussi en mai 1978 un débarquement
par la voie maritime à Morini aux Comores. L'opération a abouti
au renversement du régime progressiste d'Ali Soilih et à la
restauration du pouvoir féodal d'Ahmed Abdallah, en même temps
qu'il donnait l'occasion à un mercenaire français - fait unique
dans l 'histoire contemporaine de l'Afrique - de diriger pen-
dant cinq mois ce petit archipel de l'océan indien. Pour ter-
miner cette énumération des faits, l'article conclut en ces
termes ... Mais, ce regroupement autour du chef de l'Etat ga-
bonais de quelques uns des meilleurs agents du IIroyaume de
l t omb r e " dirigé naguère par Foccart, n'est pas forcément pour le
régime du Président Bongo une assurance tous risques ... 11
Au regard de ce passage et a la lumière des informa-
tions qu'il
apporte, l'image du Gabon hospitalier tant'vantée
par les uns est confirmée, mais, dans un sens négatif. Car,
si l'hospitalité signifie abriter les mercenaires et fomenter
des coups bas contre les autres; elle perd forcément son
contenu humanitaire. Il est évident que ces affaires dru "r o-
yaume de l t omb r-e " pour reprendre l'expression consacrée, rendent
345.
le Gabon suspect aux yeux d'autres Etats africains (1).
Cette collaboration étroite franco -gabonaise dans les affaires
même les plus louches, a fait des victimes. Pour les besoins
de l'information, nous citerons les deux accidents d'avion,
l'un en février 1977 dont on a pu retrouvé ni T'appareil,
ni les malheureuses victimes, parmi lesquelles, le lieutenant
colonel Jean-Marie Djoué-Dabany chef d'Etat Major des para-
chutistes gabonais et quelques français qui l'accompagnaient (2)
L'autre accident s'est produit à Ngaoundéré au
Cameroun où s'est écrasé l'avion pe r s onne l du Président
Bongo, piloté par son cousin, le colonel Alphonse Layigui
et qui revenait du Tchad, chercher M. Journiac qui y était
en mission. Là aussi, Français et GaBonais ont trouvé la
mort (3)
On constate en effet que ces deux catastrophes sur-
viennent au moment où les combinaisons franco-gabonaises
sont suspectées et dénoncées par la presse occidentale,
le dernier événement en date est l'affaire du massacre d'Au-
riol dans lequel, M. Debizet, Conseiller (Français) du
(1)
NB. On sait qu·un différend a opposé le Président Bongo
à Mathieu Kérékou du Bénin, au sujet de la tentative du Putsch
au Bénin en 1977, tentative dans laquelle la France, le Maroc
et le Gabon ont été impliqués cf. Jeune Afrique, février 1976.
(2) ~B. M~is 1 'autre ~ersion des faits (non officielle) est que
.
le dlt aVlon effectualt un transfert de fonds,environ 60 millions
de. francs CF~ de Libre~i1le à Franceville. Les occupants se se-
ra t e nt :mpa~es de ~a dlte,~omme et as~assi~é l'officier gabonais
Il paraltr~lt_a~ss~ que_ 1 epave
du dlt aVl0n, (un hélicoptère
/ Puma) au r a t t ete s i qna l e à Sao-Tomé ..
ë
(3)
NB. Là au moins, l'épave de l'avion et les dépouilTes mortel-
les ont été retrouvées et inhumées.
346.
Président Bongo est inculpé (1).
Ainsi donc, les trois faits que nous venons d'ana-
lyser - à savoir le problème biafrais, le conflit fronta-
lier, Guinée-Gabon, et l'affaire Bokassa - montrent que les
relations franco-gabonaises bénéficient d'une certaine har-
monie sur le plan ~iplomatique, du moins en ce qui concerne
les conséquences de leur action politique concomittente en
Afrique. L'on peut se poser la question, combien de temps
duv a r a cette ha rmo ni e ? Notamment si elle vise à pr ovoq ue r ,
voire - destabiliser d'autres régimes africains. Le Gabon
peut-il jouir de sa "stabilité" politique interne, s i l
t
continue de porter les coups aux autres? C'est aussi à ce
niveau également que se pose la non-consultation préalable
des Parlements français et gabonais. Nlont-ils pas leur mot
à dire avant de telles initiatives qui engagent in facto
la
responsabilité de leur Etat respectif? Leur rôle est-il ré-
dui t à la simple fnformation, qui d'ailleurs leur est fournie.
après coup? A la lumière des év€nements
sus-menti6nnés, nous
trouvons la procédure anti-démocratique, dans la mesure 00
les peuples français et gabonais sont complètement ignorés
dans des opérations du "royaume de l'ombre", ces derniers,
se retrouvant ainsi devant le fait accompli.
(1) NB. pour les détails cf. Libération, la AoQt 1981, le
quotidien de Paris 3 aoOt 1981, le Canard enchaTné, 29 juillet
Africasia 15 aoOt etc ...
347.
CHAPITRE III.
PRESENCE FRANCAISE AU GABON ET GABONAIS EN FRANCE
LES DISPOSITIONS DE LA CONVENTION ET LA SITUATION DES COOPERANTS
FRANCAIS.
!
D'une ~anière générale, les dispositions de l'accord
général de 1974 ne comportent pas d'innovations majeures par
rapport à la convention relative au concours en
personnel qui
régissait depuis 1959, la coopération technique franco-gabo-
naise. Les dispositions du protocole annexe relatif au person-
nel enseignant, modifient quant à elles, des dispositions qui
avaient été incorporées, en 1959, à la convention culturelle
franco-gabonaise, en reprena~t d'ailleurs assez fidèlement les
solutions retenues par la
plupart des nouvelles conventions
d'assistance technique conclues entre la France et ses parte-
naires africains.
Dans l'ensemble, les dispositions de la convention
déterminent de façon assez classique le statut juridique et
matériel des coopérants français au Gabon.
A. LE STATUT JURIDIQUE DES COOPERANTS
Le recrutement des coopérants procède d'une concer-
tation entre les deux Gouvernements, qui établissent d'un
commun accord chaque année la liste des emplois à pourvoir.
Le Gouvernement français soumet au Gouvernement gabonais des
propositions de candidatures comportant le curriculum vitae
348.
et les références des candidats. Le Gouvernement gabonais
dispose alors de deux mois - au lieu d'un mois sous l'empire
de la précédente convention - pour agréer ou refuser ces
propositions. La mise à disposition est prononcée pour deux
ans et elle est renouvelable une fois, ce qui réduit à qua-
tre ans - au lieu de cinq - la durée maximale des missions
de coopération au 'Gabon. Au cas particulier des enseignants,
cette durée peut aux termes de l'article III du protocole
annexe, être portée à six années scolaires ou universitaires
consécutives.
La convention ne preclse pas - comme il est d'usage
que le congé annuel est inclus dans la durée de mise à dis-
position, mais il n'apparaît pas que l'absence de cette pré-
cision doive susciter dans la prattque, le moindre problème.
L'article V, alinéa 2 reprenant les termes du texte de 1959,
prévoit que "to ut e mutation" des coopérants doit faire l'objet
d'une consultation entre le Gouvernement gabonais ~t la mis-
sion française d'aide et de coopération. L'article XII prévoit
en outre la consultation de l'agent si "exceptionnellement"
une "modification d t e f f e c t a t on pour nécessité de service"
î
était prononcée par le Gouvernement gabonais, la mission fran-
çaise d'aide et de coopération étant tenue informée de la déci-
sion des autorités gabonaises. Cette procédure de consultation'
devrait permettre à résoudre à l'amiable les problèmes qui
peuvent toujours naître à l'occasion des mutations des coopé-
rants. A défaut d'accord, il pourrait être mis fin à la mis-
sion, de l'intéressé, la prise en charge des frais de retour
étant alors déterminée
d'un commun accord entre le gouvernement
de la République gabonaise et l'Am6assade de France (art. VIII) ~
Il est prévu que la fin de la mise à disposition du coopérant
peut intervenir avant son terme normal, soit à la demande de
l'un ou l'autre des deux gouvernements soit à l'initiative de
349.
l'intéressé (art.VIII), soit enfin pour raison de santé exi-
geant son rapatriement (art. IX). La fin de mise à disposition
exige un préavis de deux mois, et non plus trois comme le pré-
voyait la convention de 1959, sauf en cas d'urgence et sur
décision motivée du gouvernement demandant le rappel de 1 1agent
(art. VIII).
Ils so~t définis au titre Il de la convention, inti-
tulé "des obligations réciproques des gouvernements et des
fonctionnaires", et dont les dispositions s'inspirent très
largement de celles du titre correspondant de la convention
précédemment en vigueur. ·L'artic1e X prévoit que les personnels,
mis à la disposition de la République gabonaise, sont soumis
à l'autorité de ce gouvernement et q u t î l s doivent se
conformer
à ses
règlements et directives. Ils sont tenus aux obligations
de réserve et de discrétion professionnelle d'usage. Le Gouver-
nement gaoonais transmet à la représentation française au
Gabon "s uivant la périodicité fixée par la règ1ementation de
la République française" les notes et appréciations sur la
manière de serOir des coopérants. En cas de faute profession-
nelle de ces derniers, c'est au Gouvernement français qu'il
appartient, au vu d'un rapport établi par les autorités gabo-
naises, de décider de la suite à doubler à d'éventuelles deman-
des de sanctions.
Enfi n , comme il es t norma 1 ,les coopérants ne peuvent
sauf cas exceptionnel et avec l'accord des deux gouvernements
exercer aucune activité lucrative (art. XI) et les deux gou-
vernements doivent être tenus informés des activités profes-
sionnelles éventuelles de leurs conjoints. Au terme de l'ar-
ticle X les agents de l'assistance technique dans l'exercice
350.
de leurs fonctions se voient garantir "aide et protection"
de la part du Gouvernement gabonais, selon une formule qui
figurait déjà dans le texte de 1959 et qui semble - ainsi
que le relève l'exposé des motifs du projet de loi - avoir
été appliquée de façon extensive par les autorités gabonaises.
Enfin, il convient de noter que le protocole annexe, précise
les obligations de, service des enseignants qui doivent se
conformer à la reg1émentation gabonaise. Selon le Ministère
de la Coopération, la durée de service et de congés qui leur
es; imposêe ne devrait pas poser aux eRseignants f r z nç a t s de
problèmes pratiques particuliers. Il est en outre prévu que
,
tout changement de ces règlements devra être communiqué au
Gouvernement français et ne pourra être appliqué sans son
consentement au personnel en cours de contrat (art. III du
Protocole annexe).
B.- LA SITUATION MATERIELLE DES COOPERANTS
Aux termes de l'article 14 de la convention et de
son Protocole d'application, le gouvernement gabonais apporte
à la rémunération mensuelle des coopérants, une contribution
forfaitaire de 50.000 FCFA (1000 FF). Cette rémunération se
compose du traitement contractuel, affecté de deux indexations.
L'index de majoration, destiné à compenser les sujétions inhé-
rentes à l'éloignement et aux conditions de vie dans le pays
considéré, est, pour le Gabon, de 1,68. Le coefficient de
correction, qui tient compte du coût de la vie, est pour le
Gabon de 2,43 depuis le 1er Janvier 1975. Le coût de la vie
est en effet assez élevé au Gabon, une grande partie de l'ap-
provisionnement étant ac~émfné par avion. Le Gouvernement
351.
gabonais assume en outre les frais, afférents au logement
et l'ameublement des coopérants, qui leur sont assurés en
nature.
L'article X fait bénéficier les coopérants des tra-
ditionnelles franchises d'~mportation de leurs effets person-
nels. Aux termes de l'article XVI
, et l'annexe I relative
à son app1icatiun,
ils sont assujettis à la fiscalité directe
gabonaise, assise sur la rémunération contractuelle abordée
de l'indemnité d'éloignement, déduction faite des versements
de sécurité sociale et de retraite, ainsi que d'un abattement
de 40 % prévu par la législation fiscale du Gabon.
En ce qui concerne la couverture sociale, compte
te nu de 1a 1é gis 1e-tion f ra nç ais e en mat i ère des écu rit é s 0 -
cia1e, les coopérants et les membres de leur famille rési-
dant au Gabon ne peuvent bénéficier que des prestations
médicales prévues par le régime de la sécurité sociale des
fonctionnaires gabonais
(art. XVI) qui comporte notamment
la gratuité de 1 'hospitalisation. Il leur est par ailleurs
possible d'adhérer à la mutuelle familiale de France et d'outre-
mer, ce qui leur assure le remboursement intégral des frais
de produits pharmaceutiques.
B. LA PRESENCE FRANCAISE AU GABON, DE 1S60 A 1981
Après le secteur financier, l'assistance technique
en personnel est le domaine où la France déploie un effort
particulier dans le cadre de la coopération avec les pays
afri cai ns ,
Aujourd'hui, comme hier, la présence d'un important
personnel d'assistance technique et le vaste réseau de rela-
tions personnelles que celle-ci engendre, forment la véritable
courroie de transmission de la politique africaine de la France
352.
IIGlobalement, il est indéniable que les effectifs des coopé-
rants français détachés qu sud du Sahara demeurent stables.
Evalués à près de 10.100 en 1960, le personnel relevant du
seul
ministèrede la coopération (à l'exclusion donc de celui
géré par d'autres départements ministériels ou divers orga-
nismes publics ou parapublics), s'élève actuellement à 110.000
agents. (1)
Dans le même temps, ses propositions ont plus que doublé
au ~abon, elles atteignent 728 au 30 décembre 1980 ; pour le
compte du ministère de la coopération, mais au total la colonie fran-
çaise représenterait 21.000 personnes en 1979, selon les chiffres
du ministère
de la coopération, et "I l s sort environ 40.000
qui donnent à ce pays l'allure d'une province française, fût-
elle sous les t r op t que s " (2). Il est vrai que cette présence
française à Libreville notamment est spectaculaire. Dans l'ad-
ministration, la police, la garde présidentielle, l'armée, la
banque et les société d'Etat, jusque dans les conseillers du
Président Bongo on trouve des Français. Nous reviendrons sur
ce prob l ème de l' e nt 0 ura ge du Prés i dent Bon go (3) . Pou r l e
moment, contentons nous de l'analyse de la coopération entre
les deux pays.
Sur le plan qualitatif, comme pour d'autres pays, la
coopération "d e substitution qui consistait à pallier le
manque de personnel local par du personnel français
à fait place à
une coopération de formation ou de conseil,
le coopérant devant former des cadres locaux qui occupent
eux-mêmes des emplois fonctionnels dans le secteur socio-
éducatif et dans l'économie. Ce rôle, suppose des coopérants
(1) cf. Le Monde jeudi 20 décembre 1979 p.
7
(2) cf. Le matin de Paris 19 mars, article de Christian Caspe-
ran , intitulé. Le Gabon: le di'amant de l'Empire. La querelle
franco- gabonaise
(3) cf. p. 353 du texte
353.
den ive a u é lev
Ile s t vrai que pou r sep rot é ge r con t re
les
ë
,
abus de toutes sortes, les Etats d'Afrique francophone ont entre-
pris une vaste réorganisation de leurs administrations. Mais
l'insuffisance de techniciens nationaux les a conduits à faire
appel à des conseillers français.
Dans le cadre du Gabon, le ministère de la coopération
a donc, sur demande (du GaBon) ou sur proposition (de la France)
détaché des spécialistes de toute nature. Un ingenleur agro-
nome pour le mf~istère de l 'A~riculture,deux ou trois finan-
ci er s pou r cel uide lié con 0 mie, und ire c te ur de l a pré vis ion
pour le plan, deux ou trois conseillers personnels pour la
Présidence, etc .~. Une véritable niéarchie parallèle est aussi
mise en place dans les structures des pouvoirs gabonais. Son
dégré dléfficacité est bien entendu variable selon les pays.
Au Gabon, où ils sont très nombreux pourtant, les conseillers
nlont pas pu empêcher la
débauche d'investissement de 1977 et
1978 qui a conduit le pays au bord de la banqueroute~ Nous
reviendrons sur les détails de cette situation dans le chapitre i
réservé au "GaBon eldorado de l'Afri'que centrale" (3è partie
de la thèse, chapitre II). Nous observons cependant que la
siutation se redresse petit i
pettt et qu1un inspecteur des
finances français appartenant à la caisse centrale de coopératiol
économique (C.C.C.E.), vient une fois par mois surveiller le
bon déroulement du " pl a n de stabiltsation" mis au point par
d'autres experts français" (1)
Sur le plan sectoriel, les coopérants, d'abord nombreux
dans l'administration (101 en 1960), et l'enseignement primaire
( 70 ), j 0 U en t un r ô 1e mo~ ns i mp0 r tan t dan s ces dom ai nes 0 ù leu r
relais a été pris par des cadres locaux (34 dans l'administra-
tion en 1974 et 30 dans l lenseignement primaire). Leur présence
(1) cf. Le Monde, mercredi 19 décembre 1979. P. 12 a r t i c l e de
Patrice Claude sur la coopération en question. Une lichasse
gardée" ?
354.
dans l'infrastructure, secteur clé au stade actuel du dévelop-
pement gabonais. (114 en 1972 et 93 encore en 1974 pour T' t n-
frastructure et 65 pour le secteur sanitaire). Enfin, leur rôle
dans l'enseignement technique et secondaire (223 en 1972 et 214
en 1975) et surtout dans l'enseignement supérieur, 77 en 1975
contre 9 en 1972, siest affirmé alors qu'en 1960, aucun coo-
pérant n'exerçait dans ses enseignements.
A côté de ces coopérants relevant directement du minis-
tère de la coopération, il faut citer: Les pe r s om.e l s des
institutions et organismes d'intervention sous tutelle tels
que la C.C.C.E., l'Agence pour la sécurité de la navigation
aérienne (ASECNA), le Bureau central d'Etudes pour les Equi-
pemen t s d' 0 ut r e - me r (B. C. E. 0 . M.) l lof f 1 ce f r a nç ais de co0 pé-
ration pour les chemins de fer et les matériels d'équipement
(O.F.E.R.O.M.) et les organîsmes de recherche, tels que
l'ORSTOM et le Centre Technique forestier tropical (C.T.F.T.).
Les associations telles que les "vo l ont a i r es du Pr oqr-ès "
(41 personnes) en 1974. Les établissements d'enseignement
privés (150 à 200 personnes) et enfin, la mission militaire
(125 agents)
; mais, les effectifs du détachement militaire (1)
au Gabon s'élèvant à 380 officiers, sous officiers et hommes
de troupes (2). On peut estimer que ce nombre a augmenté
depuis les événements du Centrafrique en 1979 et du Tchad
en 1980 .
.~llf _Î
Contrairement à l'idée reçue selon laquelle l'assistance
technique en personnel fournie par la France serait II gr at ui t e li
il convient de préciser que le Gabon participe et dans des
propositions grandissantes aux charges financières de cette
forme d'aide. L'Etat gabonais verse un forfaitaire non négli-
geable.
(1)
NB. pour l'essentiel de ces chiffres cf. Europe-France-
outre-mer,mai 1976, et Marchés topicaux et Méditerranéens spécia'
Gabon 1977. Nous donnerons les chiffres récents et leurs sources
au fur et à mesure de l'analyse.
(2) cf. Assemblée Nationale française rapport n° 1966, relatif
au concours en personnel apporté par la République française à
la République gabonaise, p. 8. signés le 12 février 1974 à
Pa ri s .
355.
Pour certains agents, affectés à des établissements
publics ou à des sociétés d'économie mixte cette somme est
multipliée par 2,3,4,5 ou 6. L'instauration du système dit
de globalisation, auquel sont désormais soumis la Côte d'Ivoire
le Gabon,
le Sénégal et Madagascar, a entraîné un accroissement
considérable de ces charges financières. Dorénavant, la parti-
cipation de la France au coût des coopérants détachés dans
ces quatres pays est plafonnée. Tout besoin en assistance
technique dépassant ce seuil financier est pris en charge
par" ces Et a t s sur 1e urs pro pre s r e s sou r ces. Il Les d~ jJe nses
au titre de l'assistance technique directe se sont élevées, à
114,9 MF en 1978 et 128,5 MF en 1979. La part gabonaise qui
est régulièrement versée par les autorités nattonales repré-
sente donc plus de 50 % du t o t a l " (1).
Ainsi, les salaires des quelques quatre mille cinq cents
(4500) coopérants français exerçant en Côte d'Ivoire sont payés
à concurrence de 85 % par l'Etat ivoirien (2). A la contri-
bution salariale, il faut ajouter les frais non moins élevés
qu'entraînent l'attribution d'un logement et d'un mobilier à
chaque assistant technique, ainsi que les âiverses exonérations
fiscales dont il bénéficie durant son séjour. Sur ce point,
la politique française tranche avec la pratique d'autres
Etats fournisseurs d'aide en personnel, qui n'exigent pas des
Etats africains, une contrepartie financière.
La situation est ainsi pour le moins paradoxale: le
coût global pour l'Etat afri'cain d'un coopérant français,
dépasse toujours et de loin, dans la fonction publique locale,
le traitement d'un administrateur civil ou d'un magistrat en
cours de carrière, a fortiori celui d'un enseignant du second
dégré ou d'un assistant technique par un fonctionnaire autoch-
tone,ne se traduit
que très rarement par une charge budgétaire
supplémentaire, devrait inciter les partenaires français et
(1)
cf. Ministère de la coopération, note sur les rapports de
coopération franco-gabonais, septembre 1980. p. 2
(2) Le Monde jeudi 20 décembre 1979. p. 7.
356.
africains d'une africanisation totale de la fonction publique.
Par ailleurs, les trop grandes disparités constatées entre
les traitements (presque toujours quatre à cinq fois supérieurs)
des agents français et des homologues nationaux, ne contribuent
pas à assainir le climat de relations personnelles et donnent
parfois naissance chez les fonctionnaires locaux, à des réa-
tions xénophobes. Le personnel français se voit parfois accusé
à
tort ou à raison de former une administration de décision.
Il
.-aut également noter que certatns responsables ~fricains,
ont souvent recours à la solution de facilité qui consiste
à maintenir des
coopérants français (dont on peut éventuellement
se débarasser) dans des postes de responsabilité plutôt que
d'y voir y accéder des nationaux.
Aussi, la poursuite d'une assistance quasi gestionnaire
et le nombre anormalement élevé des postes de responsabilité
encore occupés par des coopérants français, traduisent l'échec
de ce qu'il est convenu d'appeler la coopération de formation
des nationaux. Cette tendance générale à la substitution qu'
"-
avait dénoncé des 1971 le rapport Gorse, reflète une fois de
plus, l'empirisme de la politique française de coopération
et surtout, hypothèque lourdement
l'efficacité d'une forme
d'aide qui mobilise plus de la moitié du total de l 'aide publiqu~
bilatérale de la France.
Alors que la finalité de toute assistance technique en
personnel est d'assurer la relève rapide par des cadres
nationaux, elle Re semble guère en mesure d'y parvenir à moyen
terme. On ne peut que s'étonner des propos de certains chefs
d'Etat africains confèrant à la présence d'un personnel fran-
çais un caractère quasi intangible. N'a-t-on pas ainsi prêté
au chef de l'Etat sénégalais l'thtentton de maintenir "quo t q u i l
v
ar r t ve "; un cerain quota (25 %)de coopérants français, dans
l'enseignement supérieur?
357.
Enseignement Supérieur - Gabon
Tableau récapitulatif Etablissement du ~iveau des Agents
en poste au 1er novembre 1980.
Admin -j s t ~. a t ion
2.A.A.C.
(5 agents)
2.S.A.U.
1 Licence + diplôme administration
Bi b ~ ~ othèque
1 diplôme de l IE.B.A D.
(1 agent)
,
Faculté Droit et Sciences
2 professeurs agreges du "M.U."
Economiques (14 agents)
3 r~.A.titulaires.
5 docteurs d'Etat (dont 1 maître
des reouêtes au conseil d'Etat.
1. D.E.A.
3. n. E. S .
Centre Universitaire des
3 M.C. agrégés du 111~.U."
Sciences de la Santé
1 C.T.P. titulaire
(9 agents)
2 docteurs medecine + C.E.S.
1 Ass. chef clinique
2 B.T.S. -techniciens de
Faculté des sciences
1 pro f e s s e u r t i t ulai r e d u Il r~ . U• Il
(17 agents)
6 M.A.
titulaires.
2 docteurs d'Etat (dont I.A.E.)
7 docteurs de 3è cycle (dont 1 doc·
teur médecine)
1 D. E. S .
Faculté des lettres
1 professeur titulaire du "M.U."
(22 agents)
1 t1.A. Titulaire
1 A.N.A. titulaire
6 agrégés (dont 1 docteur d'Etat)
8 docteurs 3è cycle (dont 2 certi-
fiés et 1 ingérnieur)
2 ingénieurs (dont 1 C.N.R.S.)
358.
Faculté des lettre5 (suite)
1 certifié
1 D.E.S.
1 professeur de l' E. P. du secon-
daire.
Ecole Normale Supérieure
6 docteuïs de 3è cycle (dont
1 P.E.G.)
(11 agents)
1 D. E. N.
1 agrégé du secondaire
2 certifiés
1 A.E. docteur d'Etat
Accords universitaires en cours
Un seul accord a été financé en 1979/80 entr~
l'Université de Nancy II et l'Université de Libreville. Spé-
cialité : droit sciences économiques: missions d'enseignement
accueil d'enseignement (121.534 F). La reconduction de cet ac-
cord a été démandée pour 1980/81 (72.292 F).
Nouvelles demandes
Université de Reims. Université de Libreville.
Spécialité: Histoire. Convention d'équivalence (application
de l'article 13 de l'arrêté du 16 janvier 1976 (1). Echanges
d'enseignements et de charcheurs (pas de budget).
- Université de Lille II. Université de Libreville
spécialité
droit, sciences économiques. enseignement accueil d'étudiants,
prospection d'assistants techniques (pas de budget).
- Université Aix-Marseille II. Université de Libreville, spé-
cialité sciences exactes: enseign2ment. recherche. (pas de
budget) .
- Université de Bordeaux 1. Université de Libreville. Spécia-
lité: sicencps exactes. sciences Juridiques, économiq~es et
de gestion. Enseignement, recherche, accueil d'enseignants.
359.
Devant le peu de variété des spécialités ouvertes
par ces accords, il paraît opportun de faire remarquer l'avan-
tage qu'ils retireraient d1une meilleure définition des priorités
à développer dans ces accords ainsi que d'une plus grande diver-
sification des spécialités. A cela, il faut y ajouter les
missions: 6 missions de courte durée ont été réalisées en
1980 par le Ministère des Universités,dont une mission de
moyenne durée par le département de la coopération. Enfin,
pour clôturer cette rubrique sur l'Enseignement supérieur,
signalons toutefois qu t i l existe deuxpostes
dlllAssistants
a s s oc i s " dont l'un à 1 11 .N.S.A de Toulouse et l
é
t a ut r e
à
Aix-Marseille en histoire.
Enseignement Technique et Formation Professionnelle.
Une mission formation-emploi siest rendue au Gabon
en 1980, pour examiner les problèmes qui se posent dans le
secteur de la form~tion technique et professionnelle et d'une
meillèure utilisation de l 'assistance technique française.
Au moment où nous rédigeons cette thpse le minis-
tère de la Coopération nia pas été en mesure de nous fournir
le rapport des experts sur ce problème, car, il ne le possédait
pas à l louverture des travaux de la commission Mixte franco-
gabonaise des 5 et 6 février 1981 à Paris. Sans anticiper sur
les résultats on peut d'ores et déjà préciser qulune attention
particulière a été portée sur les points suivants:
- Qualification et utilisation des 70 assistants technique
français (A.T.F.) sur poste et
9 A.T.F. à l t Ln s t i t ut national des sciences et gestion (I.N.S.G.):
3 A.T.F. à l'Ecole normale supérieure de l'enseignement technique
(E.N.S.E.T.)
2 A.T.F. à l 'Ecole nationale d'Admini~tration (ENA)
7 A.T.F. àllEcole des Eaux et Forêts de Cap-Estérias (E.E.F.)
- Pou r l "l ns t i tut deTe c hn0 l cg; e appli quée -e t de Pl ~ nif i c a t ion
360.
pour les pays membres de l'UDEAC, le projet a fait l'objet
d'une lettre personnelle du Président Bongo à Monsieur Galley,
une réponse d'attente a été faite (1).
63 A.T.F. au Lycée Technique Omar Bon~o, établissement de
3.000 élèves.
9 A.T.F. pour l'Ecole de Techniciens de Fougamou.
Même si cela ne concerne pas le domaine de l t e n-
seignement, signalons au passage que dans le cadre sportif
i l s e mb1er ait que de pui. s plu sie urs a nnée s , lac 00 p rat ion
ë
franco-gabonaise dans le domaine de la Jeunesse et des Sports
se trouvait réduite du fait, sans doute, de la personnalité
du ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Jean Boniface
Assele, à une assistance aux clubs ou équipes dont le ministre
se préoccupait personnellement. La nomination récente d'un
nouveau ministre moins personnellement
lié au sport, et sa
récente visite à P~ris, ont constitué le point de départ d'une
coopération beaucoup plus large.
Voyons
à
présent le problème de la scolarisation
des enfants français au Gabon, qui constitue aussi, un des
maillons de la coopération culturelle entre les deux pays.
Bien que les dispositions de l'article 15 de la
(1) cf. ~1inistère de la coopération, note sur l'enseignement
technique et formation professionnelle. Commission mixte franco-
gabonaise. 5 et 6 février 1981.
(2) cf Ministère de la coopération, direction de la coopération
culturelle et technique note sur la scolarisation des enfants
français au Gabon.
361.
de la convention de coopération culturelle de 1959 prévoient
que les ressortissants de deux Etats pourront ouvrir sur le
territoire de l 'autre de~ établissements d'enseignement privés
le Gouvernement gabonais s'est refusé
jusqu'à présent à autori-
ser l'ouverture d'établissements d'enseignement ne recevant
que de petits Français, ou des sections françaises des établis-
sements gabonais. Il semble, en effet, que le Gabon craigne
de voir se réduire 'à l vexc s , au bénéfice d'établissement fran-
ë
çais, le nombre de coopérants enseignant dans les établissements
gabonais recevant des Français.
Clest dans ce cadre que les
modalités
de scolari-
sation des enfants ·fi~ançais·-é1.u Gab-Gn=,..:o-nt· été définies par la
Convention signée à Libreville le 4 janvier 1978, et ce,
pour appaiser les craintes de part et d'autre. Cette conven-
tion prévoit la constitution d'un conseil d'administration
d'écoles mixtes. Par ailleurs, la mission Laïque Française
et le Ministère ga~onais de l'Education ont signé une con-
vention le 1er mars 1979. Dans le cadre de celle-ci: le M.L.F.
se voit confier la gestion aaministrative et. le contrôle pé-
dagogique du personnel enseignant des écoles privées mixtes
et, éventuellement, le recrutement d'enseignants pour les
écoles publiques mixtes.
b) Structures d'accueil
--------------------
Au niveau de l 'enseign~ment primaire, les élèves
français fréquentent 12 écoles mixtes franco-gabonaises (10
sont publiques, 2 sont privées: celles de la société des
ciments du Gabon et de la Société
Eurotrag).
Dans le secondaire, les élèves français sont sco-
larisés dans 10 établissements gabonais (7 sont publics et 3
relèvent de l'enseignement privé catholique)
Comment se fait la
répartition dans le primaire et
le seçondaire.
362.
- Enseignement primaire
Enfants français inscrits.
Nous n'avons pas pu avoir les chiffres par an
depuis 1960, pour
apprécier leur évolution. Seule l'année 1974 nous donne le
chiffre de 1600, contre 1598 pour l'année scolaire 1979/80
et 1765 pour l'année 1980/81, soit une progression de 10,45 %.
A titre de compar~i'son, dans ces douze écoles, le nombre d'en-
fants gabonais est passé de 1620 -1979/80) à 1761, soit une
progression de 8,70 % pendant la même période.
Dans la répar-
tition des effectifs, les Français viennent en tête avec 45,63 %
les Gabonais 45,52 % et l~ reste des étrangers 8,84 %. Cette
répartition n1est évidemment pas uniforme. Elle varie dans des
proportions r.onsidérables tantôt l 'éffectif gabonais étant deux
fois plus important que l'effectif français
(Ecole publique
mixte AKEBE II ) tantôt ces rapports étant exact~ment inversés
(Ecole publique mixte de Franceville).
Dans le privé, les droits de scolarité s'élèvent
à
2500FF par élève et par année scolaire.
- Les enseignants
Les 132 instituteurs en poste dans le primaire sont
tous français, 75 % d'entre eux sont titulaires. Ces origines
de recrutement sont diverses, dont le Ministère de la coopé-
ration: 49, La Mission Laïque française:
Il, contrats locaux
72.
- La Direction
Tous les établissements du primaire sont dirigés
par des enseignants français désignés par les autorités ga-
bonaises. Quant à l'encadrement pédagogique, il est assuré
par un I.D.E.N. français actuellement, M. Jacquin est le chef
du Service des Ecoles mixtes à la Direction de l'Enseignement
,,
~
363.
du premier dégré, assisté de deux conseillers pédagogiques.
- Enseignement secondaire
En 1974, les effectifs étaient de 500,en 1980 ils
s'élÈvent à 1270 élèves. Le lycée national Léon MBA accueil-
le
a lui seul 423p de ces élèves. Par ailleurs, 38 % des
effectifs français fréquentent les trois établissements privés
catholiques de Libreville et de Port-Gentil. Il est prévu que
cett~ année (1981) la répartition.des élèves sera quelque peu
modifiée par la décision des autorités rrabonaises d'affecter
de nombreux français au Lycée de l'Estuaire. (1)
Quant aux droits de la scolarité, il n'en existe
pas dans les établissements publics. Dans les établissements
privés ce droit est de 3900FF pour le premier cycle et de 4450FF
pour le second cycle, par élève et par année scolaire.
Dans les moyens mis en oeuvre par le Ministère de la
coopération il y a une prise en charge de 49 assistants tech-
niques (primaire) dont une subvention de 109.898 FF pour l'exer-
cice 1980 (subvention de fonctionnement) et 110.000 FF sont ins-
crits pour l'exercice 1981. Notre analyse sur l'Enseignement
en général, s'achève sur la scolarisation des enfants fran-
çais au Gabon.
En effet, il nous reste les domaines culturel.
médical et militaire à traiter, pour avoir une vue globale
de l'assistance technique française au Gabon.
- Affaires culturelles
Les effectifs d'assistance technique du Bureau de la
Presse et des Publications sont à ce jour les suivants:
(1) NB. L'affectation d'office d'élèves français au Lycée de 1 lEs
tuaire, a causé une certaine émotion et a été source de craintes
Mais ces craintes ont tôt été dissipées. cf. Ministère de la
Coopération, note sur la scolarisation" des enfants français au
Gabon op. cit. p. 3
364.
5 postes pourvus :
1 Conseiller technique au Minist~re~de l'Information.
1 V.S.N. faisant office de secrétaire de rédaction au journal
l"UNION"
1 journaliste au journal "UNION"
1 dessinateur de bandes dessinées au journal, du Ministère de
l 'Educat~on Nationale.
1
1 photo-compositeur, à l'atelier d'imprimerie de ce même Ministèl"'e
(candidat sur le depart en Février 1981)
1 poste vacant d'attaché de presse à la Présidence de la Répu-
blique.
Il est prévu une augmentation d'effectif dans ce
domaine, avec l'exploitation de la station Radio Africa n° 1
de Moyabi dans le Sud-Est du pays.
Pour mémoire (Bureau du cinéma) la fourniture des
actualités gabonaises a été suspendue (depuis le 15 décembre
1978), en raison dû non paiement par les Gabonais de leur
quote-part et de l'accumulation de leurs dettes (1) à l'égard
du C.A.I. malgré les très nombreuses relances et interventions
du C.A.I. et du Ministère de la coopération.
(2)
(1) Aü 1er janvier 1981, la dette s'elevait à 106.215,61 FF.
(2) cf. Note pour la Commission Mixte franco-gabonaise.
Bureau
cinéma.
365.
- Assistance technique: personnel de Santé
A ce titre, 119 postes d'assistance technique sont
ouverts depuis 1978. En voici la r~partition
Médecins
Lib rev il l e . . . . . . . . . . . . . . .
32
Port-Gent i l . . . . . . . . . . . . . .
6
Fran cev il le. . . . . . . . . . . . . . .
3
Au t r es l 0 cal i té s
28
69
Pharmaciens
Libreville
..
3
Port-Ge nti l
.
1
Fran ce vil le
.
2
Autres localités
,
.
2
8
Dentistes
Lib re vil le
.
2
Autres localités
.
1
3
Administrateurs de'
Santé publique
Lib rev il le
.
7
Port-Ge nt il
.
1
Franceville
.
1
9
Paramédicaux
Lib re vil le
.
27
Po rt-Ge nti l
.
1
Franceville
.
2
30
Sur ces 119 emplois, Il sont actuellement (1981) pour-
vus.
Il est à noter que ces emplois comprennent 39 postes dont
la création à titre de la globalisation, siest échelonnée entre
1978 et 1980. Dans le secteur de l t a c t i on sociale, 28 postes
sont ouverts et 8 pourvus. Par ailleurs, il a été crée un cen-
tre médico-social en 1979, dans l'enceinte de l t Amb a s s ade de
France; nous manquons malheureusement d'informations à ce pro-
pos.
366.
- Assistance technique militaire.
La présence militaire française au Gabon, est un
sujet tabou et nul-l-e information
ne fi 1tre à ce sujet. Tout
comme les militaires français du camp Charles de Gaulle (à
Libreville) sont très méfiants même de leurs compatriotes au
Gabon. Les quelques informations verbales - les documents
à ce sujet
sont très secrets - que nous
possédons du ministère
de la coopération à Paris, nous situent l'effectif entre 600
et 1200. Informations assez vagues d'ailleurs qui nous est
impussible de vérifier. Nous savons pertinemment que depuis
1964 (coup d'Etat de Libreville), le nombre des militaires
français au Ge.bon nia cessé d'augmenter pour des raisons di-
verses dont les plus connues sont: la sécurité du régime de
Libreville et par ricochet, la protection des intérêts fran-
çais. Ensuite, et dans le même ordre d'idée. La perennité de
1a for ce de dis sua s ion con t rel e dan ge r corn 111 uni ste Ils 0 vie t 0 -
cubain ll, compte tenu de la perméabilité des frontières sud-
est, nord et nord-ouest du Gabon.
L'analyse sur ce point faite par le quotidien Ille
Matin de Pa r t s t l ) nous renseigne sur l'atmosphère qui règne
v
à Libreville entre les diverses tendances de l'assistance mi-
litaire au Gabon.
Lellcamp de Gaulle ll abrite deux compagnies tournantes
du 6è BI-MA (Bataillon d'infanterie de marine). On sait entre
0#
autre qu'il est super équipe et entraîné, situé à proximité
de l'aéroport international Léon MBA, il y veille, jour et
nuit. Il a été renforcé -en décembre, janvier 1980, par deux
transhall et trois jaguar, et par les appareils jusque-là sta-
tionnés au Tchad (2)
(1) ·cf.
"Le r~atin de Pa r i s "
La querelle franco-française 19
mars 1980.
(2) Ibid
367.
Clest que, pour la France, la stabilité du Gabon en Afrique
ce nt ra l e est e s sen t i el le. Q-u a ntau m0 de-- der e cru te men t,on
sait qu'il e$t pour l 'essentiel, effectué~dans le cadre du
Ministère de la coopération. Mais, on embauche aussi des
Français sous contrat gab0nais. !l semblerait
que le colonel
Oyabi, proche du Président Bongo serait à l 'origine dp ce
mode de recrutement. Oyabi a fait des stages à la Sécurité
militaire en France~ 00 il a gardé des amitiés. Toujours est-
il que ces Français servent dans l 'armée,la garde présiden-
tielle (sorte de garde prétorienne forte d'avion 1200 hommes
avec son aviation et ses blindés). Certaines personnes appellent
a i ns i
"mercenaires" les militaires français qu i servent ainsi
sous contrat gabonais. Ce qui afait dire à un Français de
Libreville qul"un coup d'Etat est i r r a l i s e bl e t l ) .
ë
v
Nous connaissons certains noms de ces militaires{~)
tels le lieutenant colonel Marion et le colonel de Bettencourt.
Dans la police par .exemple, nul
n'ginore au Gabon le nom de
Con an, "1 1 h0 mme des e nquê fe s de m0 r a lit é a ux é tu dia nt set a ux
prof€sseurs,.
"suspects de sympathies communistes"oO tout
simplement "révolutionnaires", selon le (as. Dans ce contexte,
/
il y a donc, deux camps
de sécurité" à Libreville. L'un,
constitué par ces gens du colonel Oyabi, (Sécurité militaire),
l lautre formé par le S.O.E.C.E. qui était naguère
tout-puissant
dans les milieux français de Librevillé, mais, qui, aujourd'
hui connait une certaine opposition interne, constituée par
les gaullistes, anciens des réseaux Foccart, qui reprochent
à Valérie Giscard d'Estaing
sa politique d'intervention en
Afrique. En troisième lieu, il y aurait les anciens de l 'OAS
contre ceux du SAC.
Toutes ces intrigues, que l Ion ne peut que soupçonner
sont difficiles à dénoncer. Feu M. René Journiac
et le
nouvel ambassadeur de France, Maurice Robert, ancien officier
(1)
cf. Le Matin de Paris 19 marc; 1980. p. 10.
(2) - Un Certain MARTIN contrôle toutes les lignes télérhoniaues
au Gabon. Son P.C. se trouve à la 'to nt e o ns Sa i nt e .
368.
du S.D.E.G.E. ont tout fait pour brouiller les pistes dans
cette querelle qui est un peu celle des anciens et des mo-
dernes et dont le prolongement local oppose des conservateurs
aux réformistes. Ces intrigues ont provoqué l'explusion en
décembre 19!9 de deux militaires français sous contrat ga-
bonais : le lieutenant colonel Grouvel
(ancien officier de
la sécurité militaire) et le commandant Meulnotte ; tous deux
accusés d'avoir pr a't i qué , un "interrogatoire très poussé"
qui entraîna la mort d'un ressortissant togolais.
De cette situation~ nous retenons deux choses. L'une
est que le Gabon dépasse largement le quota des coopérants
que lui envoie le ministèr.e de la coopération, et le seuil
aussi atteint par la présence française est devenu intolérable
(21 à 40.000 selon les sources). L'autre est l'intérêt que
représente le pays dans la stratégie giscardienne au Gabon
et qui se trouve en difficulté
face aux anciens gaullistes
en témoigne la vistte officielle du Président Bongo à Paris
en octobre 1980, où le maire de Paris Jacques Chirac, a in-
sisté pour que le Président gabonais
lui rende aussi visite
du moins qu'ils se rencontrent. Ainsi donc, dans la coopéra-
tion franco-gabonaise. Giscardiens et gaullistes se livrent
un duel fraticide.
Fermons ici la parenthèse, pour analyser en dernier,
lieu J'aide française ail Gabon.
369.
c. ~ LIAIDE FRANCAISE AU GABON
- Sa base juridigue
L'aide française au Gabon entre dans le cadre des dis-
positions contenues dans les accords de coopération entre le
Gabon et la France, conclus le 17 août 1960. Cette aide trouve
en effet son fondement juridique dans les accords de coopération
Compte tenu des insuffisances
du développement du Gabon, l'aide
française se manifeste sous différentes formes dont les plus
importantes sont les opérations d'investissement sur F.A.C. ou
d'autres crédits de l'Etat français, l'assistance technique en
personnel, la participation a l'aide multilatérale, (F.E.D. no~
tamment) et les prêts de la caisse centrale de coopération éco-
nomique.
A. LES OPERATIONS D'INVESTISSEMENTS SUR F.A.C.
Le Fonds d'Aide et de Coopération (F.A.C.) est le
rouage essentiel du mécanisme financier de la coopération
franco-africaine, il est mis à la disposition du ministre de
la cooperation aussi bien pour le financement des investisse-
ments que pour l'assistance technique. Pour ce qui intéresse
le Gabon, les opérations d'investissement effectuées, sur
F.A.C. ont été nombreuses et -multiformes, comme en témoigne le
tableau et chiffres suivants
- Aide accordée au titre des investissements F.A.C.
Années
Millions de Francs
1959
13 744 349
1960
20 573 565
1961
25 159 760
1962
22 366 000
1963
21 858 571
1964
12 992 666
1965
17 548 085
TOTAL
134 242 997
370.
TABLEAU,WVIIl.Répartition des crédits cumulés depuis l'origine
du F.A.C.
Années
1959-71
1972
1973
1959-73
1
f'1illions
de Francs
210,6
17
15 ,7
243 ,3
Les chiffres de ces deux tableaux peuvent faire ap-
paraître une baisse du montant des crédits accordés par la F.A.C.
d'une année à l lautre, notamment dans le tableau l, à partir de
1962~ avec une chute en 1964 due vraisemblablement au coup d'Etat
III i lit air e.
~1 ais, pris dan s leu r 9lob a lit é dan s l e t a bl eau 1l,
ils
dénntent une progression des crédits sur F.A.C.
: 243,3 millions
dè francs pour la période 1959-1975 contre 2106 rour la période
F.A.C. au Gabon. A cet effet, les tableaux IV et V donnent des
indications assez intéressantes pour la période 1976-1980. Ncus
nlavons malheureusement pas de chiffres pour les années 1974-1975.
En 1971, les services de la statistique gabonaise
ont établi des tableaux ventilant l 'assistance financière reçue
par le Gabon à la fois par pays et orqanismes pour la période al-
lant de 1966 à 1970.
Tableau récapitulatif des aides financières reçues
TABL EAU V1II bis'. par l e Ga bon jus qui en 1972
Pays
Montant en millions de francs
1.
France (Fac, C. C. C. E{COFACE
.
7.436,60
2 .
U.S.A..
(US AID)
371.000,00
3 .
R.F.A.
421,00
4.
CHINE' NATIONALISTE
22,50
371.
b) projet financés par pays (1). De ces deux tableaux, il en
ressort que la France arrive en tête des aides bilatérales
réçues par le Gabon avec 7.436,60 milliards de franc~ CFA; dis-
tançant ainsi largement les autres aides bilatérales provenant
pour l'essentiel de l'Allemagne fédérale, des Etats-Unis, et
la Chine nationaliste, dont le total n'atteint pas le milliard,
de francs (Tableau II). Dans le même temps la France arrive encore
en tête pour chaque rubrique de projets financés (Tableau V).
En ce qui concerne les concours du F.A.C. propre-
ment di t , l'examen du t a bl eau 3 montre l'effort de l a France en
f a ve ur du -dé ve 10 PPe me rr?; de- la- Ré-p-t:J.b:J"..~~ ga bon ais e. Aunc uns e c -
0
teur de l'économie gabonaise ne se trouve délaissé dans cet effort
Le tableau VI permet de suivre année par année la répartition
des dotations F.A.C. par grand secteur d'utilisation depuis 1964.
le tableau VII nous montre qu'il
n'y a pas eu de dotations .p our
les études en 1971. On peut ainsi
remarquer sur ce tableau la
priorité accordée aux atudes de recherches géologiques venant,
après celles des études routières. Ce tableau VIII donne les
règlements effectués au cours de la période allant de 1967 à 1971.
L'évolution des crédits du F.A.C. peut être suivie
d'année en année par l'examen de la répartition des crédits cumu-
lés depuis l 'origine du F.A.C.
; on observe ainsi que: le total
des crédits accordés par le F.A.C. durant la période 1959-1971,
était de 210,6 millions de francs, il est passé en 1973 à 243,3
millions de francs pour la période 1959-1973 avec un total par an
de 17 millions en 1972 et de 15,7 millions en 1973, dont, 12 mil-
lions affectés au barrage de Poubara et 2,6 millions aux télécom-
munications. En 1974, les crédits F.A.C. ouverts au titre des opé-
rations d'investissement cnt totalisé 249,4 millions de francs
de 1959 à 1974, soit 6,1 millions de plus en 1974, dont 4;9 mil-
lions ont été consacrés à diverses études d'infrastructures. En
1975, l'aide du F.A.C. aux investissements atteignait le chiffre
(1) NB. cf. tableau ci-contre
372.
de 308 millions pour la période de 1959-1975, soit une augmenta-
tion de 58,6 millions.
Résumons toutes ces données chiffrées sur ce ta-
bleau.
Années
1959-71
1959-73
1959-74
1959-75
1
Millions
de francs
210,6
243,3
249,4
.
~~
Au vu de s, projets financés par le F .A.C. on aperçoit
mieux son rôle vital dans 1 'économi~ gabonaise. Par exemple, depuis
six ans, les opérations fi.narr·cée-s~!1ar_-le. F .A.~. ont concerné en
1972, la station terrienne de télécommunications par satellite
(240 millions), la route Wagny-Lastourville (267 millions) et l'ecole
de gendarmerie (226 millions). En 1973, un prêt de (600 millions)
pour le barrage de Poubara et l'extension du central téléphonique
de Libreville (129 millions)
; en 1974, le plan direction du port
d'Owendo (140 millions). En 1975, la participation au tronçon
Owendo-Boué du transgabonais (2.650 millions) et les projets télé-
visuels (245 millions). En 1976, la deuxi~me tranche de partici-
pation au transgabonais (850 millions).
La F.A.C. ne constitue pas
le seul organisme financier octroyant des prêts au Gabon, la caisse
centrale de coopération économique
intervient également dans ce sens.
II. La Caisse centrale de coopération économique
L'affectation des ressources de la C.C.C.E. est
fonction des perspectives particulières a chaque économie ainsi que
du niveau et des conditions de l'endettement de chaque pays. Les
prêts de la C.C.C.E. s'effectuant dans le cadre du"1er ou du deu-
xième guichet". Le premier a pour mission d'apporter une aide fi-
.nancière sous la forme de crédits a faible intérêt a long terme.
Dans le cadre du premier guichet, le Gabon a reçu de la part de la
C. C. C. E. :
373.
Années
1966-69
1970-76
1976
1977
1
Millions
de francs
145 ,4
366 i3
104,4
160,00
La récapitulation des pr~t~ de la caisse centrale
pour la période quinquenale 1969-1973 s'établit comme suit en mil-
lions dp
francs et par secteur.
Equi pemeni .pub.l Lc _••. ~ •.. ~_ ..•'
.
62 ,3
Energie
.
53 ,5
Secte ur ru ra l
.
1 ,4
Mines
54,00
Industries
.
2 ,4
Logements
.
27 ,
Total 1969-1973
.
210,4
Par ces chiffres, on peut remarquer que trois sec-
teurs sont particulièrement concernés par les prêts de la C.C.C.E.
le secteur équipements publics avec un total de 62,3, les mines avec
54 millions et l lenergie 53,5. L'examen des projets financés par
la C.C.C.E., depuis 1972, confirme la préé~inence de ces secteurs.
En 1972, les principales opérations de la C.C.C.E. ont concerné la
production et la distribution d'énergie pour (510 millions) ; l'aéro-
gare de Libreville (200 millions) l'adduction d'eau 180 millions).
L'energie pendant l'année 1972 arrive en tête avec 510 millions.
En 1973, c'est encore 1 'energie électrique avec 900 millions contre
700 millions pour les extensions de la Comilog, 322 millions pour
l 'Hôtel Dialogue et 600 millions pour le programme immobilier. En
1974, la C.C.C.E.
a financé divers projets industriels (770 mil-
lions), 1 'O.P.T. (400 millions) la S.E.E.G.
(390 millions) et les
programmes
immobiliers
de la S.G.A.E.I. (357 millions). En 1976,
3l4.
la formation professionnelle à la S.E.E.G.
(500 millions) la
participation à l'augmentation du capital de la B.G.D. (100 mil-
lions).
En 1977, la S.E.E.G.
(300 millions) pour d'ad~
duction d'eau à Port-Gentil, 500 millions pour un centre de
formation). Si les prêts du premier guichet apportent une aide
financière sous la fo~me de crédits à faible intérêt à long ter-
me, l'activité du deuxième guichet par contre destinée à permettre
aux Etats. d'accéder au marché financier dans de bonnes condi-
tions, c'est-à-dire avec des délais de remboursements suffi-
sants en fonction de quelques grands projets. Les prêts du
deuxième guichet ont ainsi un rôle complémentaire par rapport
à
ceux du premier guichet.
Ce n'est que depuis 1975 que la C.C.C.E. a ouvert
un deuxième guichet et dans le cadre du deuxième guichet 5 mil-
liards de f r a nc s CFA -o nt été accordés au Gabon pour le finan-
cement du barrage de Tchimbélé en 1976 et 130 millions de francs
en 1977 pour le financement des usines à clinkers et de bro-
yage à Ntoum et à Franceville.
A la lecture de ces chiffres, il apparaît nette-
ment que l'aide consentie par 1;:1. C.C.C.E. au Gabon, est une
aide importante qui a dépassé les 28 milliards en 10 ans, dont
13 milliards de 1970 à 1975.
Dans le domaine financier, la COFACE est le dernier
organisme français qui apporte une aide appréciable au Gabon en
garantissant ses créances. A la mi mai 1976, la COFACE garan-
tissait les créances gabonaises d'environ 4 milliards de francs.
Ainsi donc s'achève notre étude sur la "p r s e nce fran-
ê
çaise ll au Gabon. On voudra bien nous excuser certaines lacunes sur
le plan exhaustif, cela est dû au manque de certains éléments
d'information, et ce n'est pas par faute de n'avoir pas essayé
mais tout simplement du fait de la documentation dont nous avons
pu disposer, au prix de maintes difficultés.
375.
Prôné de longue date par des responsables français,
dont le chef de l'Etat lui-même, le changement radical de la
politique menée par la France en matière d'assistance technique
présente un caractère d'urgence. Le vrai problème, ne se situe
plus aujourd'hui au niveau des effectifs, mais, à celui du
choix des hommes et de leur utilisation. Une analyse très
poussée de la "coopération" nous menerait 'hors de notre champ
d'investigation aussi, nous, fermons ici la parenthèse sur la
coopération franco-africaine en général pour nous resituer stric-
tei,,~nt sur les relations franco-gabonaises, mieux c ur l'assis-
tance technique chiffrée.
Commençons par l'enseignement qui
absorbe'plus de la
moitié des coopérants envoyés au Gabon. Le tableau ci dessous,
montre cette prépondérance des enseignements ; sur les autres
secteurs.
.
Tableau Ix~volution du nombre des coopérants français au Gabon
depuis 1960 (1)
Années
Coopérants techniques
Enseignants
Total
1960
. . . . . . . . . . . . . . . ?
. . . . . . . . . . . ?
345
1961
242
66
308
1962
231
83
314
1963
219
118
337
1964
224
158
382
1965
254
174
428
1966
263
194
457
1967
271
231
502
(1) Sources
r'~inistères Affaires étrangères et coopération
service documentation
376.
TABLEAU N° IX bis
Années
Coopérants techniques
Enseignants
Total
1972
· . . . . . . . . . . . . . . . ?
· . . . . . . . . . ?
529
1973
· . . . . . . . . . . . . . . . ?
· . . . . . . . . . ?
577
1974
310
250
580
1975
· . . . . . . . . . . . . . . • ?
· . . . . . . . . . ?
551
1976
240
317
557
1977
294
423
717
1978
304
405
709
,
1979
278
425
703
1980
283
445
728
377.
Assistance technique, enseignement supérieur
Sur 89 postes ouverts, 79 postes ont été pourvus en
Décembre 1980. La répartition de ces postes par établissement,
discipline et grade est donnée dans les tableaux ci-dessous.
Tableau récapitulatif par établissement (1) Année 1980/1981
au 1er/12J1980
Ministère de la
coopération
Etablissement
1
ED.
M.U.
-
1
1
ouverts 1
pourvus
non 1 pourvus
1
1
1
Administration
Rectorat
-
-
5
5
-
Bibliothèque
-
-
2
1
1
bibliothècaire
Faculté de droit
et sciences éco-
nomiques
-
-
16
14
2
M.C.SC.Eco (Econo-
métrie)
A. SC. Eco.
1
1
Centre universi-
taire des scien-
ces de la santé
-
-
I l
9
2
M.C.A.Anatopatho
M.C.A. Hlemato
Faculté des
sciences
-
-
19
17
2
M.A. mathématique
H. A. informatique
1
1
Faculté des
1
1
1
1
lettres
-
-
23
1
22
1
1 M. A.
Géographie
1
1
1
1
1
1
Ecole Normale
1
1
1
1
supérieure
-
-
13
1
I l
2
1 M. A.
histoire de
1
1
1
1
l t op t i qu e
1
_________ L ________
1 A.
mathématique
================= ======= p======= ---------~-------- =====F==================
TOTAL (uni,:
1
1
1
1
verstté)
-
89
1
79
10
1
-
1
1
===========================================================================
(1) Source
Ministère de la coopération, Direction de la coopération
Culturelle et technique. Enseignement supérieur :Etat:GABON
378-.379.
Tableau X - DOTATIONS DU F.A.C. POUR LES ETUDES
1965
1966
1967
1968 . 1969
1970
1971 Ensemble
nquêtes statistiques ...
-
!
-
-
nquêtes Sch. Socio .....
-
-
-
entre d'accueil recher.· .
-
-
-
tudes
ethnologiques . .. . .. ..
-
-
-
artographie .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 10,2
60,0
1 ,8
54,0
-
-
126,0
rganisations adminis-
.r a t i ve s
:
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
-
-
-
-
-
-
tructures rurales .. .. .. .. ..
25,0
-
-
-
-
25,0
tudes pêches .. .. .. .. .. .. .. .. ....
-
-
-
-
-
tudes commercialisa-
,ions .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
-
-
-
-
-
,
.ache r che s géologiques ..
35,~0
78,5
23 ; 5
37,0
-
-
174,0
1
'édologie .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
-
-
-
-
-
-
:tudes Port d'Owendo ....
-
-
-
-
-
-
.tude urbanisme .........
34,0
13,0
-
-
-
47,0
:tu de s industrielles ....
-
-
-
-
-
-
.tud e s projets IICellulo-
;e ll .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
. -
-
-
13 ,0
-
13 ,0
.t.ude Hydro->électrique ...
Iyd ro log i e .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
20,0
-
-
-
-
20,0
:tude construction ......
-
-
-
-
-
-
~tude télécommunication
4,5
-
22,4
-
-
-
26,9
:tudes routières .......
75 ,0
-
42,0 115 ,0
-
-
232,0
:tudes agricoles .. .. .. .. .. ..
-
-
-
-
81 ,3
-
81,3
TOTAL .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
14,7 249,0
15 ,7 119,5 152,0 94,3
-
745,2
380.
Tableau X1.- DOTATIONS ET PAIEMENTS DU FAC depuis l'origine
jusqu'en 1971 (Service de la Statistique gabonaise)
En millions de
18 conventionsclo-'21 conventions en
Ensemble au
Fr sC. F. A.
tu rée s au 31. 12. 71 cours au 31. 12. 71
31.12.1971.
Dotation
Paiement Dotation Paiement
Datation
Paiement
- - - - - - - - - + - - - - - - - + - - - - - 1 - - - - - 1 - - - - - + - - - - - + - - - - - - ;
Information
129.375
119.434
129.375
119.434
::tudes générales
91.704
91.268
91.704
91.268
'rod.agricole ani
nation rurale
575.050
564 .. 256
225.530
223.020
800.580
787.276
::levage
94.000
93.992
94.000
93.992
: a r ê t pis c i c ul1u r e
351.400
350.234
54.000
50.804
405.400
401.438
\\dduction d'eau
1
130.000
129.940
167.000
161.000
297.000
290.940
r.p. routes et
,
icn ts
1.484.900 .478.929
772.000
771.666 2.256.900 2.250.797
\\éronautique
296.100
293.455
-
296.100
293.455
'arts
10.000
9.984
25.000
17.000
35.000
26.984
::tudes projets
industriels
122.800
132.800
13.000
13.000
145.800
145.800
~nergie électri.
137.500
137.474 1300.000
900.000 1.437.500 1.037.474
félécommunication
75.400
74.488
198.000
187.517
272.500
262.005
::quiptSanitaires
et sociaux
164.800
163.192
44.000
42.802
208.800
205.994
-
. t s l .
:qUlp
co alres
et universitaire
566.700
563.061
294.440
282.391
861.140
845.472
-
. t S
t i f
:.qUlp
par 1
4.000
4.000
4.000
4.000
Jrbanisme-habitO
799.687
778.254
82.000
81. 999
881.687
860~253
~ines-géologie
166.500
165.191
194.825
191.000
361.325
356.191
::'ormation tech.
travail
25.000
24.992
47.700
40.199
72.700
65.191
Total-gestion de
_ibreville ..... 5.104.6415.055.530 S546.870 3.082.034 8.651.511 8.137.564
381.
Tableau XII.
1964
1965
1'966
1967
1968
1969
1970
1971
Total
tudes générales
154,9
10,2
,95,0
98,3
54,0 152,0
-
-
564,0
nseignement
-
-
-
-
-
-
-
75,50
74,0
roduction
51 ,3
23,8 161,8
26,6 117 ,5
34,0
94,3
-
509,0
at.Aéronautique
-
-
-
-
-
-
-
335,2
335,0
..-
nfrastructure
-
584,5 229,0 414,0 117,0 1085(,~ 180,0 ~00,6~ 3 009,0
kinçte lle
suip. Soc. et
rbain
269,8
210,7 114,7 318,4
17,0
38,0 301,0
-
1 269,0
nformations
-
-
15,0
4,4 125,0
-
247,5
-
391,0
,
476,0
829,2 615,5 861 ,7 430,5 1309,( 822,8 310,3
6 155 ,0
.
(1) Y compris les crédits directement gérés par le Gouvernement Français
(2) dont 900 millions de frs.
pour le barrage de Kinguélé
382.
Tableau .X·II,LPAIEMENTS FAC 1967-1968-1969-1970 (Opérations
d'investissements gérées à Libreville sur toutes
conventions)
(en millions de FCFA)
SEC T E URS
196ï
1968
1969
1970
1971
Information
'
.
2,3
1,9
36,9
247,5
118,7
Etude s généra les
.
46,4
54,2
48,9
-
839,3
Pro duc t ion Ag r i col e e tAn ir,-Ia t ion
Ru ra l e
91,4
28,0
8,8
81,3
136,8
Elevage
-
.
Production Forestière et Pisciculture.
12,3
2,5
24,9
8,7
Routes - Ponts
. 128,2 381,1
342,3
413 ,8
Aérona ut i que
. . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
415,7
Ports
.
Etudes Projets industrialisations
.
35,0
78,5
13,0
13,0
Energie électrique
.
(1)
Tél écommuni cati ons . . . . . . • . . . . . . . . . . . . .
7,0
26,4
3,8
180,0
158,9
Equipemènt Sanitaire
. 15,0
15,0
2,0
4,0
14,7
Equipement Scolaire et Formation
. 18,5
69,4
99,7
301,7
35,8
Equipement Sportif
.
Urbanisme - Habitat
. 20,0
9,3
6,1
-
15,0
Mi nes
.
3,7
-
23,5
-----1--------
TOTAL
·376,1 666,3
577,1
1463,51778,2
383.
LES GABONAIS EN FRANCE
Slil est facile de classer les Gabonais en France
en deux rubriques - étudiants, stagiaires, et fonctionnaires
détachés auprès d'organismes
internationaux ou sociétés - la
tache nlest pas aisée pour estimer leur importance numérique.
Curieusement, c'est le nombre exact des Etudiants qui nous fait
défaut. Ce phénomène,' relève dun manque de s r i s ux du Service
é
culturel de l'Ambassade du Gabon à Paris, dans le classement
de ses dossiers.
(1) A cela, il faut ajouter que les fragments
d t i nt or-ma t i o ns qui nous ont été fournies, ne c once r na n t que les
étudiants boursiers. On peut se poser la question suivante:
Et les autres étudiants, notamment, les non-boursiers, quel est
leur statut? La réponse est simple. Ce sont des laissés-pour
compte,des morts-civils, qui ne bénéficient plus de rien. Pire
quand ces derniers tombent malades, ils doivent se débrouiller
tous seuls, même slils sont mariés à unD gabonaise comme eux et
qui de surcroît est stagiaire donc régie pour lp. consulat, ils
nlont pas droit à Tlhospitalisation ni au remboursement des frais
médicaux. Clest dire les difficultés que connaisse~t les étu-
diants gabonais en France, et cela est valable pour les res-
sortissants des autres pays africains francophones. Quant à
l lévolution numérique des étudiants, les chiffres à retenir sont
ceux de 1959 à 1967 et de 1971 à 1981 (2).
Nous constatons que l t a nnë e 1976-1977 a battu le
record dans la suppression des bourses aux
tu di a nt s gabonais
ê
en France. Elle co;ncide avec le Ministère Assélé 1976/1979.
(l)N~. nous avons pu obtenir lp.s chiffres de 1959 à 1967 ... et
de 1971 à 1981. La fourchette 1968-1971 nlexiste pas soit 3 ans
de vide dans les dossiers.
(2) cf. Tableau ci-contre.
384.
Un autre facteur non négligeable doit être retenu, à savoir,
l'ouverture
de l'Université nationale du gabon à Libreville en
1970 diminue le nombre d'étudiants à l'étranger, notamment en
France. Néanmoins, le gros du contingent
d'étudiants gabonais
à
l 'extérieur se trouve en France. En dehors des étudiants, il
y a des stagiaires fonctionnaires, c'est-à-dire ayant leur sa-
laire. Le cas le plus connu est celui des stagiaires du Ministère
dp l'Information (Radiodiffusion, Télévision gabonaise) dont les
grands centres d'accueil sont par ordre d'importance (1), Bordeaux
Lille, Paris et Strasbourg. Leur total n'excède pas 20. Quant
aux fonctionnaires gabonais travaillant en France, ils ne dépas-
sent pas la centaine comme le montrent ces chiffres.
- Am bas s ade du Gabon
47
Ga bon ais
- Air-Gabo-n
6
- Société Nationale des
Bo i s du Ga bon
. . .
2
- Une s co
. . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2
- Commerce extérieur
antenne de Paris
2
Total
59
En faisant le total des étudiants boursiers, plus
les fonctionnaires,nous arrivons à un total de 734 Gabonais re-
cencés en France, au premier mars 1981. Grosso-modo, on peut
avancer le chiffre de 800 à 900 Gabonais en France, en tenant
compte des non-boursiers, des stagiaires, et des travailleurs
émigrés éventuels.
Comme pour les autres ressortissants africains, les
étudiants gabonais se heurtent au problème de pré-inscription
dans les universités françaises depuis 1976. Les quelq~es chiffres
(1) NB. Nous entendons ~ar importance, le nombre de stagiaires
envoyés par centre.
385.
que. nous possédons, nous
renseignent sur l-a rigueur de la procédure
des a ut 0 rit é s f r a-n ç a i se s ,pr e non s c 0 mm e e xe mp1e l ' a nnée 198a.
- nombre de dossiers envoyés à la mission de coopéra-
tion : 300.
- nombre de dossiers visés par le service culturel
(1)
62.
- nombre de dossiers acceptés par la commission natio-
nale: 24
Compte tenu de ces chiffres, et après consultation
du ministère de la coopération, 100 imprimés de pré-in~cription
ont été adressés à la mission pour la campagne 1981.
Enfin, il faut souligner les rlifficultés d'inscrip-
tion des étudiants gabonais en France, tant en raison des problèmes
d'équivalences des diplômes qu'en raison de la date tardive d'ém-
mission des décisions. de bourses. Le service culturel de l'am-
bassade du Gabon ~ Paris et (l'OCAU), l'office de coopération
et d'accueil universitaire se trouvent le plus souvent en dif-
ficultés pour accomplir efficacement leur tache, du fait des dé-
lais de clôture des inscriptions dans les universités (fran-
çaises), surtout aux premier
et second cycles. Il faut aussi
relever la désinvoltur~ et le peu de sérieux des autorités ga-
bonaises, quant au versement et au paiement réguliers des dites
bourses. En 1976, le retard avait atteint le record (3 mois)
de paiement. Ajouter à cela, les suppressions arbitraires de cer-
taines bourses, même
quand l'étudiant fourni un dossier univer-
sitaire fort satisfaisant. On se justifie comme on peut, et l'on
avance l'argument de fin de cycle, que le Gabon n'a pas besoin
de "docteur" (2) sous entendu, avec une maîtrise on est bon pour
(1) NB.
Il s'agit du service culturel de l'Ambassade de France au
Gabon.
(2)
NB. Cela suppose que le Gabon a plutôt besoin de cadres moyens
que de cadres supérieurs cf. lettre ouverte
au miniStre Asselé, op.c i t ,
Annexe cela suppose également un manque de planification et de coordination
entre les différents ministères.
386.
aller travailler. Il est temps que les autorités gabonaises
se sentent responsables de leurs étudiants expatriés pour que
ces derniers puissent travailler dans de bonnes conditions mo-
rales et matérielles, dans l'intérêt supérieur du Gabon. Malheu~
reusement, ces étudiants, (une fois leurs études terminées) ren-
trés au pays, doivent attendre six ~o'ns'mois, voire plus, pour
toucher leur premier salaire, compte tenu du mauvais fonctionne-
ment de l'administraiion. Il arrive même que certains dossiers
se perdent et que les intéressés soient obligés d'en reconsti-
tuer d'autres.
TABLEAU N° XIV. - Gabonais à llétranger
Esneignement supérieur (1964)
387.
ETABLISSE~1ENTS
Etats
Hommes
Femmes
To ta 1
Ra ppel en sei 9nemen t s uP. il liét r an ge r
101
3
104
Enseignements spécialisés de Niveau
secondaire
Institut technique de pratique PARIS
France .. ,
2
2
Agronomique de Wakombo
,
.
R.C.A . . . .
17
17
Des beaux arts
.
Belgique ..
1
1
Ecole de commerce de Grenoble et
Paris
.
France
2
2
Technique supérieurs Ampère I.C.A.M.
2
2
Technique du bâtiment et des r:p.
Vincennes
.
1
1
Tech ni que du boi s
.
2
2
Chimie (privée) Paris
.
3
3
Dessin technique Paris
.
1
1
C.N.E.A.T. Paris
.
1
1
De secrétariat
.
Canada
22
22
Enseignement ménager
.
France
4
4
Coupe et cou ture
.
2
2
Santé publique (puéricultrice -aide
. puéricultrice- aide anesthésiste -
monitrice - infœrmière - etc)
.
14
14
Commerce
.
U.S.A .....
1
1
Total .....
30
45
75
LYCEES ET COLLEGES
Lycées classiques et modernes
.
France
3
1
4
Techni q ue
.
1
1
dlAgriculture
.
8
8
Technique hôtelier de Nice
.
1
1
Collèges techniques
..
3
18
21
Total
16
19
35
Total BOURSIERS HORS DU GABON
147
67
214
388._ 389.
TABLEAU XV
ON BOURSIERS
L'évaluation du nombre d'étudiants non boursiers poursuivant leurs
tudes hors du Gabon est très difficile 50 sont connus, il est vraisembla-
le qu'une centaine de jeunes gens fréquentent divers établissements.
épartition des étudiants suivant l'origine
e la bourse allouée
Boursiers de la République Gabonaise
137 )
- du fonds d'aide et coopération (France)
23 )
216 bourc;iers
- d'a utres Eta ts
-
.
56
)
épartition géographique des boursiers
Fra nce. . . . . . . . . . . . . . . . . . .-. . . . . . . . . .
149 )
Belgique
.
7 )
Espagne
.
2 )
Allemagne
.
2 )
Suisse
.
1 )
216 boursiers
U.S.A.
1 )
Canada
.
22 )
Sénégal
.
13 )
R.C.A
.
17 )
Tchad
.
2 )
. B.
Source, ~'inistère de l'éducation nationale - Statistiques de l'en-
seignement au GABON 1964.
TABLEAU XVI
390.
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET ETUDIANTS HORS DU GABON
Enseignement supérieur
Etablissement
Institut gabonais d'études juridiques
Classes
capacité en droit -première année
-deuxième année
Elèves
1ère année - 111 inscrits
2ème année -
13 inscrits
BOUR?IERS A L'ETRANGER
Etablissements
Etats
Hommes
Femmes
Tota l
Enseignement supérieur: facultés
cul té de droi t
France .•
13
13
Sénéga 1 ..
3
3
Lettres
_,
France ..
I l
I l
Médeci ne
Fra nce ..
13
13
Belgique
6
6
Sénéga 1 •.
2
2
Allemagne
1
1
Espagne ..
2
2
Sciences
France ..
15
2
17
Sénégal ..
6
6
Sciences économiques
Sénégal ..
2
2
Suisse ..
1
1
Catholique de théologie
.
France ..
2
2
Tota 1. ...
77
2
79
Enseignement supérieur. instituts
stitut d'études politiques de Paris ...
France ...
1
1
des sciences sociales du travail
Paris
.
1
1
privé des hautes études de droit
ru ra l - Pari s
.
1
1
Total
3
3
391.
Ta Il l eau n°· XV III
Evolution de l'enseignement supérieur hors du Gabon-depuis
1959
1959
1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
ICUL TES de droit
12
16
19
13
19
19
26
21
27
. Sc. Econ.
ide c i ne
7
12
12
18
15
28
26
16
24
:iences
10
:
12
15
15
23
18
35
34
-t t res
2
12
5
9
10
I l
14
19
21
ia rma c i e
1
1
2
6
6
6
3
4
5
'a ndes écoles et as-
5
8
6
-
-
22
50
58
47
..•
milées
.
rs t i tu t s
3
1
7
1
19
5
7
6
8
'éparation aux gran-
~s
écoles
-
-
-
-
-
6
9
5
10
.chn i q ue moyen et
-o f es s i cnne l
3
3
7
-
29
62
78
105
167
,STOM
-
1
-
-
-
-
-
-
-
.d i c a l et para-médi-
,l , social
11
I l .
8
5
I l
14
5
15
32
o l oq i e
-
1
-
3
2
2
. ë
1
1
-
TOTAL . ,. . . . .. . . . . .
54
66
78
70
126
198
237
285
375
additif:
1971 · .. . . .. .. . .
600
1976 · . . . . . . . 1 404
1977 · . . .. . .. .. . 1 056
1978 .. .. .. .. .. .. .. . 1 129
1979 .. .. .. .. .. .. .. .
732
1980 .. .. .. .. .. .. .. .
662
1981 .. .. .. .. .. .. .. .
675
N.B. Tableau n019 : source: Ministère éducation nationale, service C1Vl-
que. Bureau du plan 1950/1967 - Libreville juillet
1967.
N.B. additif 1971 - Ministère Ed Nationale
"
1976 ... 1981 - Conseil Culturel ambassade du Gabon â Paris
- ~ - : - : - : - : - : - : -
392.
TABLEAU N°
XVII.
Année 1958-1959
Etablissements
Etats
Hommes
Femmes
Total
Enseignement supérieur :grandes
écoles
co le de san té na va le
.
France ..
3
3
Pharmacie de Caen et de Reims
.
2
1
3
•
r
dentalre de Strasbourg
.
1
1
Nationale supérieure d'éducation
physique
.
1
1
Normale didpprentissage E.N.N.A.
Paris
.
1
1
Spéciale des travaux publics et
du bâtiment - Paris
.
1
1
Supérieure de commerce de Toulou-
se et du Havre
-
.
2
2
Nationale supérieure d'Agronomie
Montpellier
.
1
1
Nationale des industries agrico-
les et alimentaires du trésor
.
1
1
des dou a nes
.
4
4
Pratique des hautes études
.
1
1
Privée des hautes études sociales
1
1
d'Ingénieurs des travaux publics
Allemagn~
1
1
Total ..
21
1
22
TOTAL ENSEIGNEMENT SUPERIEUR A L'ETRANGER ..
101
3
104
393.
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Jusqu'en 1960, date de la création de llInstitut
des Etudes Juridiques préparant à la capacité en droit l'en-
seignement supérieur n'était possible qu'hors du Gabon. En
1962 cet établissement comptait 47 élèves en 1ère année et
5 en seconde.
Les effectifs hors du Gabon donnés dans le
tableau ci-dessous, montrent la diversité des études suivies
,
par les étudiants dans l'enseignement supérieur français et
étranger.
Ll s t a qi t uniquement des élèves boursiers.
Il y a
i
lieu d'ajouter les "{n d pe ndan t s " et les fonctionnaires sta-
è
giaires.
394.
CONCLUSION GENERALE
Qulil nous soit permis, au terme de cette étude, de
donner une appréciation sur les relations franco-gabonaises.
Peut-on, à la lumière de l t a na l y s e que nous venons de mener
affirmer ou infirmer comme certains que le Gabon est la lichasse
gardée" de la France?
Llobjet même de cette conclusion nous permettra dly
répon~~e clairement une fois pour toutes. Certes, la r.oopération
entre deux pays est établie sur la base de la réciprocité des
,
intérêts, clest une évidence. La coopération entre la France et
les Etats africains et malgaches, revêt un caractère particulier
du fait des liens séculaires de vie commune; ce fait est plus
ou moins connu de tout le monde. Toutefois, au niveau de l an a-
v
lyse certaines hypothèses peuvent être avancées.
L1application des accords de coopération leur contenu
quasi identique entre la France et chacun de ces pays africains
ont révèlé que cette coopération était. plu~ ou moins intense selon
les pays. Les raisons fondamentales de cette explication se situent
à deux niveaux.
1. Le rôle du leader politique ou de l léquipe du
moment. Ce rôle du leader nousisemble être un élément très appré-
~iable pouvant peser sur la nature des liens de coopération entre
la France et ses partenaires africains pris globalement ou iso-
lément.
En prenant le cas strictement du Gabon, notre ana-
lyse a montré que son'premier président - Léon MBA était un
pro-français, il avait une admiration et une vénération de la
France et du Général de Gaulle en particulier. Cette attitude
l lavait poussée à rechercher pour le Gabon, le rapprochement le
plus poussé possible vers la France, une fois les liens institu-
395.
tionnels de la "coloniaie" rompus. Les accords de coopération
en sont une illustration. Sous la direction de Léon MBA, le Gabon
occupait
le peloton de tête des pays qui, avec l'indépendance et
les accords de coopératiog étaient restés les plus liés à la
France. Pour mémoire, rappelons qu'à cet égard, le Gabon a con-
clu avec la France, des accords de participation à la commu-
nauté des accords de Défense, des ,accords de coopér.ation en matière
de politique étrangèreJ}ré.va.yant J-'harmonisa-tioY)-d-es politiques
des deux pays dans ce dernier domaine et enfin d~s accords parti-
culiers.
Tout ceci constjtue les bases juridiques de la dépen-
dance du "Gabon indépendant" envers la France, bases établies
à la demande des autorités françaises toutes contentes de cette
aubaine.
Est-il besoin d'ajouter que si l'attitude envers la
France du leader politique a un impact sur la coopération entre
la France et son pays, les mecanismes de " pr otection" mis e!1
place par la France pour préserver ses intérêts notamment dans la
zone franc, jouent un rôle de freins dans les vélléités de cer-
tains leaders "progressistes" de se délier de la France. Par con-
séquent le rôle du leader politique est un facteur qui se trouve
en interaction avec la politique africaine de la France pour
déterminer la nature de la coopération.
2. La richesse du pays - La richesse minière et fores-
tière d'un pays nous semble être le deuxième élément pouvant
intervenir
dans la nature de la coopération entre la France et
ses anciennes colonies. Nous ne pensons pas être le premier
à affirmer que la coopération sert les intérêts de la France.
L'aide française aux pays francophones d'Afrique le montre; et
l'observation empirique ne le dément pas ..
En effet, ce sont les pays qui regorgent de matières
pr em t e r e s , comme le Gabon "eldorado de l'Afrique centrale"; le
Niger, la Côte d'Ivoire etc .. qui bénéficient de la plus grosse
396.
partie de l'aide française en Afrique et qui dit
aide française dit contre parties consenties par les
bénéficiaires de l'aide. Celle-ci est loin d'être désin-
téressée, et simplement "humanitaire". Il est banal de
remarquer à ce propos que la France ait pris le soin d'in-
clure dans les accords de coopération, des accords dans le
domaine des matières premières dénommées judicieusement
matières stratégiques. Les dispositions contenues dans ces
accords, assurent à la France le monopole de l'uranium et
des hydrocarb~res dont le pétrole dans le cas du Gabon qui
~~us intéresse ici.
,
Au regard de ces deux éléments, à savoir l'attitude
favorable à l'égard de la France du premier leader gabonais
et la présence dans le sous sol gabonais des richesses
minières, il n'est pas abusif, nous semb1e-t-i1 de donner
au Gabon le qualificatif de lichasse gardée" de la France.
Toutefois, avec la récente évolution de la coopération
f r a nco - gab 0 nais e·, qui va dan s 1e sen s d 1 une Il plu s gr and e i n-
dépendance Il à l'égard de la France, par l'ouverture au reste
du monde et par la courageuse entreprise de mettre les ri-
chesses naturelles dont dispose le Gabon, au service du dé-
veloppement du pays. Certes, les liens de dépendance subsis-
tent et ceci est perceptible par la démarche du Président
Bongo qui n'ose pas aller trop loin. En même temps, qu'il
pratique une politique d'ouverture tous azimuts, il conso-
lide ses liens avec la France. Celle-ci est la principale
dispensatrice de capitaux, on ne peut brusquement se délier
d'elle, sans que cela soit suivi d'effet. L'exemple de la
Guinée est connu.
Les impératifs du développement commandent donc la
modération. On veut tout de même espérer en comptant sur
le
facteur temps que l'évolution amorcée poursuivra son
cours
dans le même sens à l'avenir.
397.
Mais, le vrai problème réside dans le fait que le
Gabon est un pays assisté, et tant que les accords de coopé-
ration en ~atière de défense et de politique étrangère ne
seront pas révisés, dans le sens qui permettrait au Gabon
de jouir pleinement de son indépendance interne et externe,
le pays demeurera toujours une II pr ovi nce pétrolière et une
lichasse gardée" de la France. Il est aussi un fait remarquable
qui peut guider 1 "a t t i tu de de la France envers le Gabon. Pour
aussi banal qu'il puisse paraître, il a son importance.
Siest-on déjà posé la question pourquoi le Gabon vient tout
ju::e après la France dans 1 'Alphabet français? Les gram-
mairiens devront s'y pencher tôt ou tard, car, même dans un
bon ménage, il y a des moments de perturbation où tout peut-
être rémis en cause entre les deux conjoints. Clest pas notre
souhait, mais, nous- voulons que
la coopération franco-
gabonaise se situe au niveau des deux peuples, rapports entre
Etats au lie~ d'être, 1 'affaire des dirigeants, mieux des
rapports d·'amitié,·ou "d t an t s pe r s onne l s ".
398.
INDEX
DES
ANNEXES
Pages
- Les différentes étapes des frontières gabonaises .....
- Les premiers traités franco-gabonais entre 1839 et 1860.
- Présentation de l'armée gabonaise avant le Putsch de1964.
- Après l'intervention
f r a nç a t s e au Babon , ~lr Germain MBA :
Il
Nous continuerons 1e c omb a t "
.
Bi og ra ph i e de Léon MBA
.
Biographie de --J.H. AUBAME
.
- P0 s't t ion de l ' LI . D. S . G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Programme lI.D.S.G
.
- Etat numérique des effectifs de la coopération française.
- Tableau récapitulatif des crédits accordés par le comité
directeur du Fonds d'aide et de coopération à la Républi-
que du Ga bo n (e n Fran c s frança i s)
.
- Gabon: Programme F·.A.C.
1980
.
- Constitution Gabonaise titre II du Président de la Répu-
blique et du Gouvernement. Il articles
.
- Texte du tract diffusé sous la signature du Prince
Birinda et ayant fait l'objet d'un débat à l'Assemblée
/
législative du Gabon, le 28 octobre
1950
.
- Lallvoix de la Révolution ll , Allocution du Premier ~1inistre,
du gouvernement provisoire, Radio-Gabon 18 février 1964
19h30
.
- Pr em ier-s propos des membres du gouvernement restauré.
Décla-
rat ion de P. ~'1. YE~/13 1T -( Rad i 0 - Ga b0 n, 19 f é v rie r 1964
21h20)
.
- Communiqué de la F.E.A.N.F. au sujet des événements du
Gabon
.
- Appel au calme
.
- Déclaration et motions de IIl'association générale des
étu di an ts gabona i s en Fran ce
.
399.
- Profession de foi du groupe Défense des Institutions
démocratiques
.
- La mort était au frais IIsecret d'Etat ll ••••••••••••••••
- Encore 1es pa ra s au Ga bon
.
- Un bo n gars au Ga bon
.
- Exemple d'intoxication psychologique au bénéfice du parti
au pouvoir, en 1964. Tract recueilli, le 29 Mars 1964 ...
- Le contrecoup d~ l'intervention armée française au Gabon.
:
- La diversité de l'inspiration et de la forme
.
- Remerciements aux électeurs (liste 0.1.0.) tract recueilli
le?I) avril 1964
.
- Lettre du Mouvement Révolutionnaire Gabonais au Général
.
de Gaulle
.
_ Participation de l'Etat aux sociétés
.
- Allocution de M.V.Giscard d'Estaing Président de la Répu-
blique, à son arrivée à l'aéroport de Libreville, 5 août
1976
.
- Allocution de V.G. d'Estaing, cité 12 Mars, 5 août 1976.
- Convention entre le' Gouvernement de la République gabonaise
d'une part, et l'office de coopération et d'accueil univer-
s i ta ire d'au tre part
.
- Gabon, un démenti qui se dément ou la mise au point de
Geoges RA~JIRI
.
- Ordonnance n° 451/70/PR reprimant l'utilisation abusive
du nom de Chef de l'Etat.
.
-France-Gabon Communiqué commun, publié, au terme de la
visite du Président Valery Giscard d'Estaing~
.
- A.G.E.G. Lettre au Président Léon MBA, le 1er septembre
1966
.
Tract AGEG. 2 novembre 1973
.
A propos de la présence de la FEANF et de l'AGEG à la IIRéu-
ni on" organisée par Bongo le 20 Mai à l'Ambassade du Gabon
et note de protestation lue par le Comité exécutif Paris.
400.
- De l'AGEG aux représentants du pouvoir fantoche lors de
la mascarade de réception organisée par Bongo â l'Ambassade
du Gabon à Pari s
1 e 20 ma i 1973
.
- Circulaire du Président Bongo, sur le port de la Barbe
26-8-1971~
.
- Circulaire du Président Bongo, relative à la délivrance
des vis a s 21 -9 - 19 71
.
401.
ANNEXE 1.
LES DIFFERENTES ETAPES DES FRONTIERES GABONAISES
EXTRAITS DES TEXTES DE HANOTEAUX ET MARTINEAU. HISTOIRE DES
DES COLONIES FRANCAISES T.VI. PLON 1891.
Les frontières entre la Guinée Equatoriale et le Gabon sont
fixées par la conventJon franco-espagnole du 27 février 1900.
Cette convention règle en même temps les frontières entre la
Mauritanie et le Rio de Oro, reconnait les droit de l'Espagne
sur 1p territoire compris entre le Cameroun allemand et le
10 Nord, et entr.e la côte et le 9 0 Est, du méridien de Paris.
La France se fait reconnaitre un droit de préférence en cas de
cession. In Hanoteaux et Martineau op. cit. p.
536.
- Le tr.aité du 24 décembre 1885 fixe la limite entre les zones
d'influence allemande et française ~u rio C~mpo (fleuve N'tem)
puis à partir de la rencontre de ce fleuve avec le meridien
10 0 E. l e l 0 ng du pa r'a l l è lep a s s an t par cep 0 i nt jus qu' à 150 E.
l'Espagne n'est pas consultée. -In Hanoteaux et Martineau p.426.
- Traité du 4 novembre
1911. En compensation de 11 acceptation par
l'Allemagne du protectorat français sur le Maroc, la Françe
cède à celle-ci 275.000 Km2 en A.E.F. En ce qui concerne le
Gabon, le Cameroun allemand s'~grandit du Woleu~Nte~
et des
territoires lui donnant accès à la côte au Sud du Rio Muni c'est
à
dire, approximativement, les territoires situés au Nord d'une
ligne joignant le confluent Djouah-Ivindo à la baie de la Mondah.
- 14 mars 1916: Accord franco-anglais sur le Cameroun qui vient
d'être conquis. Le Gabon recouvre les territoires cédés en 1911.
In Hanoteaux et Martineau op. c i t . p. 562.
402.
- Les frontières entre le Gabon et le Moyen Congo à l 'origine
épousaient la ligne de partage des eaux entre le bassin de
l'Ogooué et celui du Congo et entre les bassins de la Nyanga
et du Kouilou. Par la suite, le Gabon fut amputé des territoi-
res compris entre le N'Gongo Bapounou, affluent de la N'Gounié
le cours supérieur de celle-ci en amont de ce confluent et le
cours supérieur de la Nyanga. Il fut même privé quelque temps
du cours supérieur de, l'Ogooué, la frontière suivant le cours
du Lékoni, affluent de la rive droite de l 'Ogooué. Franceville
se trouvait alors rattachée au Moyen Congo.
403.
ANNEXE II.
LES PREMIERS TRAITES FRANCO-GABONAIS ENTRE 1839 ET 1860
TEXTE DU TRAITE DE 1839:TEXTE PARTIEL DANS HANOTEAUX ET MAR
MARTINEAU, OP. CIT. P. 372& NOTES PEDAGOGIQUES I.P.N. LIBREVILLE
Au village et dans la case du Roi Denis, rive gauche du Gabon,
, convention passée entre le Roi -Denis en présence
des Princes-
_ /
Petit-Denis, fils du Roi et Rolinga d'une part, le lieutenant
de vaisseau Boi.iët, capitaine de la IIMalouine ll et M. Broquant
capita;ne au long cours délégué de la Chambre de Comm~rce de
Bordeaux de l t au t r e part.
art.1. Le Roi Denis s'engage à céder à perpétuité à la France
deux lieues de terrain, en partant de la pointe SANDY, se
dirigeant vers le village du Roi et dans toute la longueur
de la rive gauche, moyennant les marchandises de traité ci-
dessus nommées
- 20 pleces d'étoffes assorties
- 10 fusils à un coup
- 2 sacs de tabac
- 1
baril d'eau de vie
- 10 chapeaux blancs
art.2. La France élevera toutes les batisses, fortifications
et maisons qu'elle jugera convenable.
art.3. Le sus-dit Roi s'engage à une alliance offensive et
défensive àvec la France qui, d'un autre côté, lui garantit
sa protection.
art.4. La présente convention, une fois ratifiée par la France,
la prise de possession ~ourra avoir lieu immêdiatment. Fait
le 9 février 1839.
404.
Traité de 1842
Un établissement sur la rive droit de 1 1estuaire paraissait
préférable à la rive gauche basse marécageuse et insalubre.
Bouët prend prétexte du pillage en 1837 de deux bageaux fran-
çais- La IIJeune Amé1ie ll de Bordeaux et le IIJeune Frédérick ll
de Nantes- par des hommes du village de Kringer, pour réclamer
réparation et faire sentir sa puissance aux chefs de la rive
droite.
Un traité est signé avec le Roi Dénis, à bord du IINisus ll le
18 mars 1842. Texte
voir Hanoteaux et Martineau op. cité
372 in Pion. op. cité p. 16.
art.1. La souveraineté du territoire du Roi-Louis, situé entre
le village du Roi G1ass:et celui du Roi Quaben est concédée
pleine et entière au Roi des Français.
Les français auront donc seuls le droit d'y aborder leur
pavillon et le Roi Louis se range dorénavant sous la protection
et 1a souvera i neté de. 1a France.
art.2. Le Roi Louis cède de plus en toute propriété aux
français le terrain de l'ancien village de son père pour y
élever telle bStisse ou fortification qu'il leur plaira et
s'ils changent d'idées plus tard, il s'entendra avec eux pour
un autre emplacement favorable comme le point A par exemple.
art.3. Tous les bStiments des autres nations pourront venir
mouiller à l'ancre devant le village.
art.4. En cas de naufrage, le tiers des objets sauvés sera
concédé aux sauveteurs.
art.5. Le Roi Louis ne stipule aucune condition de cadeaux
d'échange et s'en rapporte tout à fait à la générosité du
gouvernement français.
40S.
HISTOIRE DE LA FONDATION DE LIBREVILLE
C'est en 1846 qu'un navire négrier avec équipe brésilien,
1 'ILIZIA est capturé au large de Loango. Le navire transpor-
tait 4S0 esclaves qu'il a pu débarquer et seulement 2S0 pu-
rent être rassemblés par leurs IIlibérateurs ll • L'Administrôtinn
ne sait ou'en faire.
En décembre 1846, 1 'Amiral ~ONTAGNIES
de LARQUE prescrit de les établir au Gabon où on les utili-
sera pour les besoins'de l'administration. Les choses traî-
nent et c'est finalement 27 hommes de 13 à 24 ans et 23 femmes
de 18 à 22 ans ainsi que deux enfants de 1 àn qui sont aché-
minés au Gabon.
Le 17 octobre 1849 les couples sont installés après qu'on les
fait marier par le conseil d'administration et Mgr Bessieux.
On leur fait él ire un maire "auqu e l nous avons donné un cha-
peau orné de galons, uh ceinturon et un sabre".
Chaque captif reçoit lI un terrain carré agant 20 m de côté et
une case carrée de 4 m de côté construite aux frais de l'Etat
pour chacun dieux" (a.rchives municipales, Libreville, Juillet
18S0) in Pion op. cit. p.
17.
406.
ANNEXE
III.
PRESENTATION DE L'ARMEE GABONAISE AVANT LE COUP D'ETAT
Avant le coup d'Etat de 1964, par fierté nationale, les
autorités gabonaises parlaient d'une tradition auxiliaire.
Mais historiquement il serait inexact de parler d'une longue
tradition miliaire du, peuple gabonais. Cependant, reconnais-
sons à certains groupes ethniques d'avoir manifesté dans leurs
vagues migrations, de réelles qualités guerrières. Il est
êv i de r.L que les Gabonais qui étaient dans l'armée f r a r.ça t s e ,
pendant la colonisation étaient des II s oldats français ll et non
pas de "s o l da t s qabo na t s". A cet égard, il est vain
de parler
c
de IItradition militairp" sans armée nationale, qui, pour le
Gabon n'existe qu'en 1960. Néanmoins, on peut signaler quel-
que~ faits
historiques ou de bravoure d2 ceïtains gabonais
à
travers les aventures militaires de la rrance. C'est ainsi
que lallcompagni p des volontaires Gabonais ll s'illustra, en
1895, dans la compagnie du Dahomey en sauvant in extremis le
corps expéditionnaire français menacé d'une attaque nocturne.
Pendant la première guerre mondiale, un II régiment indigène du
Gabon ll d'environ 2000 hommes se fit particulièrement remarquer,
dans le Sud-Cameroun occupé par les Allemands. Le caporal
Léom Mabina et
l'adjudent Jérôme Onanga y portèrent très haut
le fanion de la colonie par leur dévouement héroïque. Enfin,
au cours de la dernière guerre mondiale, plusieurs gabonais
combattirent dans les rangs de la France-libre, et plus tard
dans la guerre en Indochine (1). Le plus connu de tous est le
capitaine Charles NTCHORERE, tombé au front de la Somme en
1940. Ces quelques rappels historiques peuvent provoquer des
manifestations d'une fierté légitime chez la jeune armée
(1)- N.B. Nos deux oncles Michel NDONG et Gabriel RIE ASSAME
y combattirent.
407.
gabonaise, mais, ils ne peuvent constituer ~ar contre un
maillon d'une prétendue tradition militaire.
L'armée gabonaise aujourd'hui est issue du décret-loi du
6 décembre 1960, date à laquelle le Gabon siest doté de ses
"f or c e s a rmê e s " (F.A.G.), qui sont l'une des manifestations
e
de sa IIsouveraineté nationale ll • Ces forces armées étaient
constituées par une gendarmerie nationale qui en faisait
II pa rtie intégrante ll , ?es forces terrestres, d'une aviation
et d'une marine. En fait, l'aviation se limitait en 1963,
du point de vue du matériel, à un avion de transport et à
trois appareils de reconnaissance. La marine, de son côté,
ne comptait qu'un"vieux bâtiment de guerre, Ille Bouët-Willau-
mez ll donné par la France: La gendarmerie était formée d'une
section autonome se trouvant à Moanda dans le Sud-Est du pays
et de deux groupes, l'un à Libreville, et l'autre à Port-Gen-
til. Elle comptait un total de 34 brigades et de pelotons mo-
biles. Les forces terrestres se composaient d'une compagnie
de commandement, de deux compagnies de combat, d'une compa~
gnie dlinstruction, &'une rame de transport et d'un détache-
ment, d'auxiliaires féminines (1). Le chiffre exact des effec-
tifs nia jamais été communiqué. Les informations parues dans
IIInter-Afrique, presse au lendemain du coup d'Etat, ont fait
état les unes de 400 hommes, les autres de 700 (2). Par contre
les indications de l'Agence O.P.I; nous semblent plus sérieu-
ses (3).
Forces
armées uniquement
600 hommes
hendarmerie
600 hommes
Police
900 hommes.
(1)- N.B. Le service militaire n'est pas obligatoire au Gabon.
En dehors de l'engagement volontaire pour ce qui veulent y
faire une carrière, ou se contantant (avant le coup d'Etat) de
donner une formation militaire aux élèves des classes de 1ère
et de terminale pendant une partie de leurs vacances.
(2)- Inter-Afrique Presse, sté Afrique Information, Paris,N°
332 du 3 avril 1964, p.
14.
(3)- Agence U.P.I. tableau des forces armées dans les pays
d'Afrique noire francophone. Cf. le Monde 21 février 1964 .p.3.
408.
Cela donne un total de 2000 hommes environ, Police comprise
ou 1200 hommes, police non comprise.
Puisse la déclaration d'allégeance de l'armée gabonaise une
réponse au message du nouvel
(1964) nous guider sur la loyau-
té de l'armée à l'égard de son chef (1). Ou doit-on croire
que cette déclaration d'alléqeance émanait uniquement des
deux officiers supérieurs gabonais qui faisaient partie de
l'Etat-major, en même'temps qu'ils étaient garde-corps du
Président Léon MBA ? La question semble pertinente car, quel-
ques jours après cette II pr ofession de foi ll, d'autres chefs
de l'armée n'ont pas partagé cette attitude en déclenchant
le IIpronunciamentoll du 18 février.
(1)- Cf. texte: IICirconstances particulières avant le coup
d'Etat.
409.
ANNEXE IV.
APRES L'INTERVENTION FRANCAISE AU GABON, M. GERMAIN MBA
IINous continuerons le combatll(l)
Il
En restaurant par les armes, le r eq t me de MBA et de ses
incapables, de Gaulle n'a fait que reculer une issue fatale,
car a ceux qui s'interrogent sur les II risques de rebc~disse
ment ll, nous disons: IIl a dernière manche n'est pas jouée ll.
"On nous objectera, peut-être, qu'avant l'initiative de De
Gaul le, i l yeu t Il l'a ppe l a ux Ang lai s Il l a nc é par r~. L. NYe r ré,
ê
Oboté et Kenyatta. Mais aucune mesure n'est commune aux deux
situations. Au Kenya, au Tanganyka et en Ouganda, il s'agissait
d'une mutinerie, des soldats qui revendiquaient l'africanisa-
tion des cadres. Bien mieux M.M. Nyeréré, Obote, Kenyatta
restent d'authentiques héros des indépendances de leurs pays.
Kenyatta, on le sait, a combattu, durant des ennées, a vecu
dans les prisons anglaises pour voir son pays libre
Pellt-on
dire autant de Léon MBA ?
Il
LE; défi, de De Gaulle a l'Afrique tout entière ne saurait
rester sans réponse. ~oila pourquoi, nous continuerons le combat
jusqu'a la victoire finale pour l'édification d'un Gabon libre,
d'un Gabon africain pouvant apporter sa véritable contribution
a l 'êdific~tion de l'unité et de la dignité de notre continent;
nous continuerons le combat pour que l'Afrique sache qu'il ne
s'agissait pas d'une mutinerie des officiers, mais d'une action
révolutionnaire décidée même a braver, puisqu'il le faut, le
paternalisme de De Gaulle ll.
(1)- f.f. Le monde 29 février 1964.
N.B. Les passages ci-dessus ne constituant que la conclusion
du texte adressé au journal le Monde. Il nous a été impossible
d'en obtenir l'original.
410.
ANNEXE V.
BIOGRAPHIE DE LEON MBA
Slil est difficile de "reconstituer la biographie de Léon
MBA pour les premières années qui ont précédé sa vie politi-
que (1), il est pJus ,aisé de parler de l t homme public, depuis
la fin de la deuxième guerre mondiale, jusqu'à sa mort en
1967. M. BALANDIER nous donne une idée de cet homme, écoutonns-
le: " Il m'apparaît au premier regard sous les aspects habi-
tuels du commis :-"vêtements européens, gestes étudiés, langa-
ge apprêté. Une ~alvitie accusée, rare chez les Noirs, ren-
force cette impression en lui donnant une allure d'intel 1er
tuel pauvre et noble. Puis l'accablement et l'inquiétude qui
semblent le dominer, me frappent bientôt" (2).
Ne nous bornons pas à l'étude de M. NTUTUME (3). Mais disons
tout simplement que Léon MBA est né le 9 février 1902 à
Libreville, au village Ké~éllé (4). Septième fils de"Minko-
mi Edang Isidore et de Bendome Louise, il naît Fang de la
tribu Essokè. Ces précisions généalogiques ont leur importance
au Gabon.
Elles permettent de mieux situer l'individu par
rapport au même groupe
ethnique. M.N. Meteghe N'nah a fait
une intéressante étude là-dessus (5). Les biographies affir-
ment que son père cOnnu Savorgnan-de-Brazzaau Gab~n, auprès
(1)- PION (H). Op. cité p. 85
(2)- BALANDIER (G)Afrique ambigOe, coll. 10/18 pp.269 à 272.
(3)- NTUTU~~E (J.F.) Op.cit. p.52. L'auteur distingue trois
phases de l a vie ct e Léon ~1 EA "c e l l e qui cor r e s p0 nd à l' i nfat i -
gable opposant, celle qui a trait à son ascension et son
triomphe politique, et celle enfin, qui est relative à une
certaine solitude de la grandeur".
(4)- N.B: il paraîtrait que ce villa a disparu et que le nom
aurait été conservé par le quartier moderne bâti sur son empla-
cement, et c'est là que le "Père de la Patrie gabonaise a été
inhumé en 1967.
(5)- Voir METEGHE N'nah (N) op. cit.
411.
de qui, il servit comme coiffeur et que,
rendu â la vie civi-
le, il devint traitant pour le compte des sociétés privées
la C.C.A.F. et Personnaz et Gardin. Il est connu aussi que
le couple fut l'un des premiers ménages évolués de Libreville.
Sa mère Louise Bendome, originaire de Lambaréné, avait été
élevée par les soeurs de l'Immaculée conception de Castres
et exerçait au chef lieu du territoire, la profession de
couturière. D'un présédent
mariage, elle avait eu un fils,
Jean Obame qui fut l'un des premiers gabonais â recevoir la
prètise mais devait mourir en 1934. Le paradoxe avait voulu
que c: Jean Obame fut le père nourricier-de Jean Hilaire Aubame
qui devient plus tard l'adversaire politique de Léon MBA.
,
Dans ce cadre réligieux, il n'est pas très étonnant de voir
Léon MBA débuté ses études â l'institution catholique Sainte
Marie de Libreville en 1909, tenu par les Frères de Saint
Gabriel. Dans cet établissement! Léon MBA aura pour condisci-
ple Jean Hilaire Aubame, de loin son cadet. Monseigneur
Ra ponda Wa l ke r .q ui l ' a con nua s sur e qu' i l Y fut (Léon MBA)
1I1'un des meilleurs ê l ve s " (1).
è
Après ses études, il débute dans la vie active comme employé
â l'intendance militaire, il
servira aussi dans les douanes,
puis, comme interprète et commis expéditionnaire. IIS a carrière
politique commence avec sa nomination de chef de canton ll(2).
Dans ses fonctions, il donne satisfaction â ses supérieurs
et s'acquiert en même temps, une réelle notoriété auprès de
ses concitoyens. "Hai s , son militantisme en faveur de l'homme
Noir inquiète ses employeurs, d'autant plus que tirant les
conséquences du système colonial qui refuse aux Africains un
traitement égalitaire avec les Européens, il a choisi de se
battre pour la défense de l t Afr i c an t t
et avec les armes de
ê
(1)- Lettre adressée au chef de l'Etat gabonais, le 30 novembre
1904.
(2)- RESSIER (G) Op. cité p. 21.
412.
la tradition" (1). Clest vraisemblablement à cette époque
qu'il prend ses di~tances avec le christianisme, sans ja"-ais
rompre d'ailleurs totalement avec sa foi dlenfance, et devint
un adepte du Bwiti. Il semble qu li1 se soit fait beaucoup
d'ennemis, parmis les administrateurs. "En 1922, il est con-
damné à une amende pour un délit à qualification imprécise.
Au cours de la même année, il passe quinze jours en prison
où lion tente de l'empoisonner" (2). En 1930, à l'occasion
d'une affaire de"meurtre"ritue1, il est révoqué, jugé et
exilé en Oubangui-Chari. Les autorités coloniales ont avancé
1 'hyp:thêse d'actes de cannibalisme auxquels il aurait été
mêlé. Ces assertions n'ont jamais été confirmées ni vérifiées ...
Pendant son exil, le chef du département de la Ouaka-Kotto
en fait son adjoint, il est chargé personnellement de la sub-
division de Bambari. Situation surprenante et paradoxale qui
est le meilleur plaidoyer en faveur des compétences réelles
du futur leader gabonais.
A Libreville, il avait collaboré à plusieurs reprises, avec
la presse locale et publié des articles. Dans son exil, il
reprend la plume et publie en 1938, "un Es s e i
d e droit ecu tu-
t
mier Fang" (3). Ap r s la guerre, il regagne le Gabon où il
ë
participe aux travaux du "groupe d'études communistes" orga-
r.isés par quelques fonctionnaires enhardis par la partiëipa-
tian du Parti Communiste Françaçs au gouvernement. C'est à la
suite de 1 lexclusion du Parti Communiste et du durcissement
de l'attitude de l'administration coloniale à l'égard des in-
digênes que Léon MBA rompt avec l'administration européenne
établie au Gabon.
Il rentre dans le privé, notamment à la
compagnie John Ho1t, au sein de laquelle, il est successivement
(1)- PION (H) op. cit. p. 87.
(2)- RESSIER (G) Op. cit.
p. 21
(3)- In bulletin de la société de recherches congolaises
N° 25,
juin 1938.
413.
promu comptable, puis fondé de pouvoir. Il y restera jusqu'en
1957, date à laquelle son activité politique l'absorbera tota-
lement. Ayant pris ses distances avec l'administration fran-
çaise, il s'engage dans le combat politique. Le IICongrès
Fang de Mitzic ll lui donne l t oc c a s t on de faire une rentrée re-
marquée. Il faut d'ailleurs souligner que ce congrès a été
convoqué par les soins du gouverneur du Gabon, car les autori-
tés coloniales entendaient inaugurer une politique de large
contact avec tous les éléments de la population. IILes délégués
au Congrès par contre, manifestent leur opposition. Ils criti-
quent et contestent même le pouvoir colonial. Faisant fi des
directives et des voeux de celui-ci, ils proclament officiel-
lement Léon MBA Nzoë Fang ll ( l ) . Devenu un homme en vue, Léon
MBA tente l'aventure de la fondation d'un mouvement po1tique
le Comité mixte Franco-Gabonais. Epistolier public des anal-
phabètes de la ville, et conseiller juridique de nombreux
~laignants, Léon MBA se lance dans les élections législatives
de 1951 où il est battu par J.Hi1aire AUBAME. Néanmoins, sa
propagande électorale le présente déjà comme le chef prédes-
tiné du Gabon :IIQue11e que soit votre couleur, quelle que soit
votre race, ou t r i bu , qu e l l e que soit votre r e l i qi on ;"
v
dit-elle, vous devez voter pour Léon MBo, parc p que Léon MBA
est le chef gabonais qui, par son courage, sa largeur de vue
et ses idées généreuses, par des relations qu li1 a personnel-
lement maintenues depuis 1922 avec les divers groupes ethniques
du Gabon, est capable de forger l'Union de tous, Africains et
Métropolitains, dans l'ordre, pour péparer un Gabon prospère
à l'intérieur de l'Union Française (2).
Léom MBA se définit comme le rassembleur des gabonais, le
partisan de la poursuite d'une politique de collaboration avec
la France, conditionllsine qua-non Il de 1 lédification du Gabon
( 1 ) - NT UT LI ME (J. F .) 0 p.
ci t. p. 54
N.B.
: en Fang Nzoë Fang signifie Ille chef des Fzn q "
(2)- Cité in PION (H) op. cit. p. 88.
414.
moderne et riche qu'il promet à ses concitoyens. Cette
vocation, il la fonde sur ses qualités, sur une sorte de
charisme personnel qui fait de lui un chef. C'est malgré
tBut l'échec. Jean Hilaire AUBAME est réélu et le comité mixte
franco-gabonais déperit. Il est par contre élu à l'Assemblée
territoriale en 1952. Tirant les conséquences du déclin du
dt t com i t
v
ë
?
,
il rejoint la formation que Paul GONDJOUT vient
de créer, le Bloc Démocratique Gabonais et en entreprend la
conquête (1). Il est de nouveau condidat malheureux aux élec-
tions législatives de 1956 face à AUBAME, il est cependant
élu au mois de novembre de la même année, premier maire gabo-
nais à Libreville~- IIDès lors, commence, à la faveur de l'évo-
lution gériérale de l'Afrique Noire d'expression française, la
phase de son a s ce ns i on pol t t i qu e " (2).Vice-Président du Con-
seil de gouvernement-
il est désigné Premier ministre le 27
février 1959. Le remaniement de la constitution de 1961 l'ins-
talle à la Présidence de la République (3). IIMalgré ses ori-
gines fang, le fait qu'il ait longtemps travaillé en collabo-
ration avec les non fang au sein d'organisations comme le
Bwiti et le G.E.C. le fait accepter par les autres groupes
ethniques comme un politique impartial. Cependant, certains
fang, comme ceux du Woleu-Ntem ont craint qu'il ne se rappro-
che trop des OMYENE Il (4).
Disons que son élection de 1961, lui assure une concentration
de pouvoir entre ses
mains dans le cadre d'une présidentia-
lisme original. "B'i e nt t , l
ô
t i de n t t f i c a t i o n
de l'homme et de
l'Etat est rapidement chose f a i t e " (5)
On l'appelle tour à
(1)- TESSIER (G), op. cit. p. 2l.
(2)- TESSIER (G) idem.
(3)~ N.B. Il est candidat unique et élu le 12 février 1961
avec 93,6% de suffrages.
(4)- TESSIER (G) Op. cit p. 2l.
(5)- MOREAU (J), DUPUIS (G); GEORGES (J) parlant de la person-
nalisation du pouvoir au Ghana du temps de Nkrumah, sociolo-
gie politique, Ed. Cujas Paris 1966. p.
115.
415.
tour Ille vieux, le pa t r on". Il y a des disques qui chantent
ses louanges, son effigie est imprimée sur les timbres postes
et les pagnes. Léon MBA occupera le pose de Président de la
République de 1961 à 1967 avec l'interruption que l'on sait
en 1964.
Au niveau des organisations supranationales, on l'élit à
à
la tête de l 'Organisation Africaine et Malgache (O.A.M.)
le Il septembre 1961., M.G. RESSIER (1) dit que Léon MBA
Il a été l'homme de pailles des forestiers français comme
Roland BRU (2) ... l'establishment européen lu préférait J.H.
AUBAM~, un catholique d êv t et qau l l i s t e ". M.
PION ne parta-
ô
ge pas cet avis, voyons-en ce qu'il en dit: Il ... s t i l colla-
,
bore avec l'administration coloniale, c'est semble-t-il
davan ta ge pou r r end rel e j 0 ug colon i a l moi ns l ou rd
à
ses f r ère s
et étendre le champs ne ses connaissances personnelles, que
parce qu'il accepta d'entrer dans le système du colonisateur.
A la différence de plusieurs hommes de sa gênêration, il
s'accommode d'emplois subalternes et n'accédera jamais à des
postes d'encadrement"tant que le statut colonial ne sera pas
remis en question. Au total,
le leader du B.D.G. apparaît
doué d'une personnalité incontestablement riche, forte et
originale. Quand le peuple gabonais éprouvera le besoin de se
choisir un guide, il hésitera entre l'élu des premiers jours
Jean Hilaire AUBAME et le chef inspiré que s'efforce à paraître
Lêom MBA. Ce dernier l'emporter finalement et trouvera enfin,
un emploi à la mesure de son ambition et de ses talents ll(3).
Ainsi donc, nous est retracée, d'une façon assez détaillée,
la biographie de celui qui a été le
premier président de la
République Gabonaise.
(1)- TESSIER (G) Op. cit. p. 21
(2)- N.B. Ce Roland BRU a écrit dans la revue Union Française
et Parlementaire, n° 90 Janvier 1958 pp. 20-21 : crise poli-
tique au Gabon? Ou querelle de famille.
(3)- PION (H) Op. cit. P
89.
416.
ANNEXE VI.
BIOGRAPHIE DE J.H. AUBAME
Fang comme Léon MBA, de la tribu ESSINZICK, et de la
branche "MEKE" Jean Hilaire AUBAME a vu le jour le 10 décem-
bre 1912, sur la rive droite de l'Estuaire du Gabon, préci-
sément au lieu dit de Vinagô10e - rivière Remboué (Lemé en
Fang)- dont ses parents étaient originaires. Il se retrouve
très tôt orphé1in, à Ja mort de ses parents (1). Nous savons
que son défunt père s'appelait "EYEGUET" car) dans notre enfan-
ce, les gens parlaient de lui en terme d'AUBAME EYEGUET. Nous
nous ~~ppe1ons aussi très bien des chansons qui disaipnt
"Léon MBA a ne mi na l , AUBAME EYEGUET a ne ntarîa"en Fang,
cela signifie ; L~on MBA est un menteur, AUBAME EYEGUET est
un blanc".
Cette remarque tient compte du fait de leur lutte poli-
tique, et les fang,-certains du moins-prenaient AUBAME pour
celui qui portait l'espoir de leur tribu, voire du peuple
Fang, et de surcropit quelqu'un qui connaissait le "blanc"
du fait de siéger à l"Assem~lée Nationale française, et d'être
très longtemps fonctionnaire dans l'administration française.
Jean Hilaire AUBAME a fait ses études au séminaire de
Libreville. A la fin de celles-ci, il rentre dans l'adminis-
tration des douanes fédérale.
En 1935, il est affecté à Bangüi
en Oubangui Chari et en 1936, il esL affedté à la direction
des douanes à Brazzaville. La deuxième guerre mondiale 1 'y
trouve. C'est de Brazzaville qu'il
répond favorablement à
l'appel de Londresé du Général de Gaulle, malgré l'attitude
hostile des français pétainistes du Gabon.
(1)- N.B. Son père EYEGUET J. meurt en 1920, et sa mère
ESSUGUET Marie 'NT'AME) meurt en 1923. Il est repris par son
oncle maternel à"la mission catholique de DONGUILA, le 1er
janvier 1924.
417.
A ce propos, J.H. AUBAME fut appelé par le Général de
Gaulle de LARMINAT, représentant de la France libre, à lancer
un appel au Gabonais à la cause de la France libre. A propos,
il fut envoyé en mission au Gabon pour rallier les populations.
Ce qui fut fait, puisque la mission dura treize mois de 1940
à 1941. C'est au cours de cette mission que
Félix EBOUE en
visite à Libreville le rencontra.
De retour à Brazzaville, le Gouvernement général de
l'A.E.F. Félix EBOUE, s'entoure d'une équipe de fonctionnaires
africains dont le premier est J.H. AUB,l'.ME". On lui reconnaît
un certain sens du devoir, beaucoup de dynamisme et urie grande
droiture d t e s pr i t " (1). En 1943, il est intégré dans le cadre
des secrétariaits généraux de 1 I A. E. F . (cadres européens).
Après la libération de la France, la constitution fran-
çaise de 1945, prévoit la représentation des colonies d'Afri-
que noire au Parlement français; J.H.
AUBAME est sollicité
par ses compatriotes à se présenter à la députation, pour
l'Assemblée constituante. Mais, la circonscription électorale
réunissant le Gabon au Moyen-Congo, ne permet pas à J.H.
AUBAME d'être élu: faute du non désistement au sein du groupe
gabonais, face au bloc uni des congolais qui portent tous leurs
suffrages à J. Félix TCHIKAYA qui, finalement est élu député
du Gabon
et du Moyen-Congo.
En 1946, la circoncription
électorale étant scindée en
deux groupes distincts, le Gabon
et le Congo, J.H. AUBAME
l'emporte aux élections législatives du la novembre 194, sur
les six autres candidats gabonais. En effet, le combat politi-
que des premières heures, est celui de l'antagonisme ethnique
J_H. AUBAME s'oppose à ISSEMBE, soutenu par les Omyénè- Il
siègera sans discontinuer jusqu'en 1958 - a l'Assemblée
Nationale Française, pendant toute la durée de la IVème Répu-
blique en battant tous les autres candidats dont MM. Louis
BIGMAN en 1951 et Léon MBA en 1956.
(1)- Cf C. Akim-Abing. "Ce grand ou bl i
J.H. AUBAME, Jeune
â
"
Afrique, document hors commerce.
418.
Durant ses différents mandats, J.H. AUBAME assumera un
certain nombre de responsabilités telles: Vice-Président
de la commission des territoires d'Outre~Mer, Secrétaire
de la marine marchande, membre de la Haute Cour de Justice,
Président des députés indépendants d'Outre-Mer, membre de
la
première Assemblée Européenne à Strasbourg de 1957-1958.
Gaulliste des premières heures, J.H. AUBAME avait atten-
du les dispositions de la nouvelle constitution de 1958 pour
voter "Oui" au référendum. Les congrès de son parti U.D.S.G.
d'Oyem alla dans ce sens. Aussi J.H. AUBAME et ses collègues
ind~p~~dants O.M. décidèrent de tenir un congrès à Cot~nou
(ex Dahomey) aveç la participation des indépendants d'Outre-
mer, des socialistes, et une délégation du R.D.A. La réunion
de Cotonou opta pour une indépendance à terme. Il avait été
envisagé de tenir des Etats généraux en vue de donner une nou-
velle forme aux fédérations, par exemple: deux confédérations:
A.E.F. et A.O.F. c'est dans ce sens qu'il
(J.H. AUBAME) envoya
des lettres aux députés Jean Félix TCHIKAYA, Barthélemy BOGANDA,
au Vice-Président du Conseil du Gouvernement du Congo M. Jacques
OPANGO et au conseiller territorial du Tchad Ahmed OUAMALO.
Sur le plan politique, strictement gabonais, J.H.AUBAME
crée le 9 septembre 1947~ l'Union Démocïatique et Sociale
Gabonaise (U.D.S.G.); premier parti politique gabonais.
J.H.AUBA~E est secrétaire général, Léon MBA qui y adhère
après est secrétaire administratif et Michel SIMOST secrétaire
général adjoint. L'U.D.S.G. prend connaissance des dispositions
de la constitution française qui prévoit l'accession des T.O.M.
à
l'indépendance. Elle proclame au cours de son congrès tenu
à Oyem en Août
1958 que le Gabon s'érigera en Etat Républicain
indépendant uni à la France par les accords.
En dépit de son opposition à l'attitude autoritaire du
gouvernement de Léon MBA il s'entend avec Léon MBA pour procla-
mer llindépendance en 1960. Il participera aussi au gouverne-
ment d'Union-Nationale dans lequel il acceptera le poste de
ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération tout
419.
comme celui de Président de la Cour-Suprême poste qu'il aban-
donne le 15 janvier 1964 afin de conserver son mandat parle-
mentaire. Le retour aü pouvoir de Léon MBA après le coup
d'Etat de 1964 auquel J.H.AUBAME avait accepté la responsabi-
lité de former le gouvernement provisoire scelle la r~valité
entre les deux hommes. J.H.AUBAME est condamné au procès de
Lambaréné à 20 ans dont 10 de travaux forcés et 10 d'exil.
Il sortira de prison le 16 Août 1972 et vit actuellement en
France.
420.
ANNEXE VII
POSITION DE LIU.D.S.G. FACE AUX PROBLEMES DE L'INDEPENDANCE
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p9.:ldtUt: la cazapagne du r.",j.f6.ren.d,um, a~claratio::. salo.:. Laque l.l,e 1
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:;.i;.:;~'~)j,::'. car,'es poslt1.orr géogra:;:lhiqu.:J et sa3 réali tés. hUIJ3inss la- .séparent nettCliIant>' ~
'~/.:,:·.{:>das autras' torritoires' do l'A5E_.F~, C;9.~-G pou'rctuoi l'UNIOn Da:CCRl~'ITQUE ET <.-'
à~/i~:::.<:·SOC~. Cl\\BONA.IS~ dCl:lard9 ré::olm.ent l '.~u.t;9.~~_r.'.i,~ .9'!... .c~b.?~: l'~!_!~PEort à la. ,.....
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.;.::-t,~:~:.:;i..:. ,'. ~-:·~~·r;,;.- droits "f"orrlaDent9.ux aux:Ubertés' humaines ,(l1berte."corporcllsi,.-:';"· :..:.;.': ..-
Ut~:f.;:~"'{;.~",~::.;::~:'~-,~,·. '?-i~té :faoil1ala :~:libert"é de ~tmscienca).àl'iœllé~llité-~~la:: -'
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!f7~.,-:";J:~t';<r:~':'::'~~:;C.!:::'":"';;.:"":...:;::.~::'~'~...:.::?:.rs:~~;;<?~.~~,1{~~i~~
::~'~7::';::';"':'::' ~,'-' ~..!~~, .•.. J.a ,progreJIllIU3 qua.:nous.,presentans ici œ_:;)]:'6ten:r~pa.s~~.s,.9udrO:.toute.·T.
;p;.,5!<
t~;;f~:~œ:'di!ncuJ:.tês ..'ou· im.t1.~ueri.·001']$: nOtre' pays ~ un'régime .~ê#iti..t1r~\\~:';';;:';'~·'·():,sir,::/.;;~:():.:.',:
~~·Bt?:"~~, "\\ ::".>::':: '. - ..'.'.. ~/::,;--'/.'.: . '. .
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~/~1~~'â~;·:"\\'·T:1~ ... :.;.'.. Basé:' B'ur'_~t ,ur~~e .da' oertainos réfomas.· il.s'i;ttaqua '~urtout:':auxi~~~j~f~1
'~ff.pro.bleœs·.qu:t.antm~ent.1a:,dévoloppElOent .. de-~DOtra .·I:6Y3·.:.at;'l'~volut:ton·.de ses' habt~~:"\\~.·:,~
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~Ti~t:y~·~·.>: ''''':;'''' ..'" Réal1s~: tbut d'abord:-cos· réfomœ, ~~ ii,tmvàn. e~ ll~mt"on,:;·et:··:'·:
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Minist~re Justice
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Hinistère Travail ct de la S.S.
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Cadastre
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Ministère Plnn -
Stntibtiques
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Ministère TrnVllUX Publics
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T'o t a L
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Secteur Hors Quota
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UDE t. C- CIe!. - P.N U0
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C N S
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,l\\rl;~EXE
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TABLEAU RECAPITULATIf D[S CREDITS ACCORDES PAR LE COMITE DIRECTEUR DU FONDS D'AID~ ET DE COO?ERATION
o::t
A LA kEPUSLIQUE DU GABON
(en francs français)
PROJETS APPROUVES PAR LE COmTE OIREC'fEUR
INTITULE OES PROJETS
:-------------------------------------------------------------
1976
1977
'1978
1979
C~V~L:??E~~NT RURAL :
~~~ui techniqu~ au Ministère de l'Agriculture: étude dlun plan directeur
~ . (dGc. 83/CO/76)
.
1 344 000
?rojets vivriers et fruitiers (opération Lambaréné-Franceville) (déc. 6~/
CD/77)
:
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2 136 000
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Contri~ution corplémentaire du FAC aux études du programme national vivrier:
C~ Lè.~j~ré:né et Franceville (déc. 67/C0/79 du 21/12/78)
:
400 000
Unité pilote d'afforestation en eucalyptus dans le"Haut Ogooué (1ère tr.)
(cèc . 62/':-·D/79 du 21/12/78)
.
1 000 OC~
- DZ'/::LC?PE:::::IT INDUSTRIEL ET r~INIER :
Pro~~ection minière (1ère et 2ème tranches) (déc. 13/CO/78)........•.....
1 000 0000
:3'000 000
Ii;;-~.:,STP.UCTUqE :
Che~in ~e fer transgabcnais : tronçon Owendo-Booué (2ème tranche) (déc.
82/:::D/7S)
~ ...................•
17 000 000
Eta~lisse~ent d'un plan de transport (déc. 246/CO/76)
: .........•.
2 400 000
Etu~e d'un terminal minéralier au port d'Owendo (déc. 69/CO/79 du
21/12/7'6) ..........................................................•... ..
1 600 000
E:i$El::;:;E;,DH n FO?i,;j1TIOrl :
".
;ppui technique au Ministère de l'Agriculture: cellule de formaticn
(d'::c. 24/CD/76)
.
1 256 000·
Ecole de techniciens de chantiers de Fougamou : Préparation et appui péda-
S')giquc (déc. 201/CO/76)
.
. 1 900 000
For:.ation des techniciens et animateurs du service civique (lère. 2ème'et
3è~e trDnches) (déc. 202/CO/76. 184/CO/77 et 193/CO/78) ......•...........
1 300 000
1 430 000
686 850
!~stitut sy-jicai de coopération: opération je formation et de promotion
professionr.el1e (céc. 122/CO/76 et 17/CO/78)
.
1 000 000
1 000 000
~"
t~~ui a la cellule de formation du Ministère de l'Agriculture (dèc. 70/CO/
79 du 21/12/7<::)
:
.
1 127 cao
A~~ui au centre de formation et de perfectionnement professionnels de la
Scciété d'énergie et d'eau du Gabon (S.E.E.G.) (déc. 71/CO/79 du 21.12.78)
1 520 000
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t.cne;l r.t:LTlJR:LL:' ET INFO?t~ATI ON :
• A~pui au centre ~nternational d'ondes dêcamétriques de MOYABI (déC. 117/
~~/-~
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ciu 1~/~/7u)
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5 cao 000
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1 S30
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G A BON
Progra~e FAC 1980
( ••..·'lic~'"
.J._
.. ~
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.: . )
CV)
2.3.
II.NNEXE XI
~
C.D.
C.D.
:C.D. 28 :::ai 80:
INTITULE DES PROJE~S
?ra'v'isi cc s
11 janvier
a ,juillet : (cor.sultation
SO
80
à dc~icile)
.
___
! -
DSV;':!,G??::::S;:T FU?JI.1
~nit~ pilote ~'afforestati~~ an eucalyptus dans le Hnut-Ogoou'
1
(2e tr~nche) ; ~écision 46/C~/60
• F=oG~~~a vivrier national (2c tranche) : déci3ion 223/CD/SO ••••
1,64
I T
.... ,..".t:'~ l'D'''r.'''~,,·;n ~\\ml''''''p.lr.'L
E'1' HII"~L'R
..,
-
ln:lv_J;J~ i.'~.·._)~\\1
.1 ... , ..... "'~..~_ .... ~~
i-l
LLü.
· Prospaction ci~i~re (3e tranche)
décision 224/CDjeo ...........
2,58
~I
.
-
gF~--'.S'?RUCTTjRS
.
Cent8n;'ire de Fra~ceville (~~én3g8m~n+. rue Savorenan de BraZ7.8 et
c~~ari~~) : décision 150/CD/SO _•••••..•••.•••••••••••••••••••••
14
r"
-
8;,1;':'8
• Ecole d'infirmiers de Franceville (participation à la fourniture
cl 1 ~qüil,'2::Jents techniques) : décision 47 /CD/aO
••••••••••••.••••••
1 ,2
Travaux dla~é~age~ent et équipement du service de gynéco-obstétri-
que de l'hôpital de Franceville •••••••••••••••••••••••••••••••••
2
v - :::;s:n'~~:~~;'l' ET FC'P-{·;ATION
;~=6~3C0=~nt dG ~~lles de science êxpéri~entale et équipe~ènt~ pada-
Gogiq~es, scientifiques et techniques pour les 6tablissements se-
co~j~i~es gabonais : d~ci9ion 48/CD/BO .•..•••.•.••....•.••••.•••
:
1,71
r - AC':!:'IC'! CULTüRELL~ ET I?iFOR!·lATIO~r
~~p~i au centre Internntion~l d'ondes courtes de ~:oyabi
décision
'~9/CD/80
4,3
:
l;oè.ernisation <lu quotidien l'Union : décision 225!CD/BO
1,08
Appui à l'exploitation du centre de Moyabi : décision 226/CD/80'
·,.
10
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ANNEXE XII
~
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dent de la République à l'exclusion des pouvoirs prévus
par les articles 15, 16, 17 et 18 sont provisoirement
TITRE II
exercées par un collège composé du Premier Ministre,
du Président de l'Assemblée nationale et d'un membre
du Bureau politique du Parti Démocratique Gabonais
élu par ledit Bureau. Le collège des trois personnalités
prend ses décisions à l'unanimité; à défaut d'unani·
Du Président de la République
mité, les décisions sont prises à la majorité et dans ce
et d li Gouvernement
cas la voix du Premier Ministre et celle du représen-
tant du Bureau politique du Parti Démocratique Ga-
- - - - - - - - - - - - - - - - - - ---- - - -
bonais comptent chacune pour deux.
Article 9. -
En cas de vacance définitive de la Prési-
dence de la République, pour quelque cause que ce
Article 6. -
Le Président de la République est le Chef
soit, constatée par la Cour suprême saisie par le
de l'Etat, il incarne l'unité nationale, il veille au
Gouvernement ou par l'Assemblée nationale ou par le
respect de la Constitution, il assure le fonctionnement
Bureau politique du Parti Démocratique Gabonais. le
régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité
Président de la République est remplacé provisoire-
de l'Etat.
ment dans ses fonctions par le collège visé à l'article
Il est le garant de l'indépendance nationale, de
8
ci-dessus jusqu'à l'élection au suffrage universel
l'intégrité du territoire, du respect des accords et des
direct du nouveau Président de la République, laquelle
traités.
1·
doit intervenir, au plus tard, dans les deux mois de la
Il détermine et conduit la politique de la Nation.
constatation de la vacance.
Il est le détenteur exclusif du Pouvoir Exécutif.
Pendant la durée de l'empêchement temporaire ou
de la vacance de la Présidence de la République. le
Article 7. -
Le Président de la République est élu pour
Gouvernement tel qu'il était constitué ne peut être
sept ans au suffrage universel et direct. Il est rééligi-
modifié.
ble.
.
L'élection présidentielle a lieu obligatoirement la
Article la. -
Lors de son entrée en fonction, le Prési-
septième année du mandat du Président de la Répu-
dent de la République prête solennellement devant
blique
l'Assemblée nationale le serment suivant:
à une date fixée par décret, en Conseil des
ministres.
«Je jure de consacrer mes forces au bien du Peuple
Les élections ont lieu vingt jours vu moins et cin-
gabonais en vue d'augmenter son bien-être et le pré-
quante jours au plus avant l'expiration des pouvoirs
server de tout dommage. de respecter et de défendre
du Président en exercice,
la Constitution,
de
remplir
consciencieusemen.t
les
devoirs de ma charge et d'être juste en.vers tous. ,.
La loi fixe les modalités de l'élection, les conditions
d'éligibilité, de présentation des candidats, de dérou-
Article 11. -
Le Président de la République promulgue
lement du scrutin, de dépouillement et de proclama-
les lois dans les quinze jours qui suivent la transmis-
tion des résultats.
sion au Gouvernement de la loi définitivement votée.
La Cour suprême controle la régularité de ces opé..
Ce délai est réduit à cinq jours en cas d'urgence
déclarée par l'Assemblée nationale.
rations.
Article 8. -
En cas d'empêchement temporaire dûment
Le Président de la République peut, pendant le délai
constaté par la Cour suprême, les fonctions du Prési-
de promulgation, demander une deuxième lecture de
JI,:~!: EX EXIl l
432.
t..~~ du t ...clct diFfusé, sous La siq-",J-tur8 du Pl"'lrtce Bil'il1da ~t :t'f'ènt ";Ii t l'oh-
,jot d'un d(:bat il. l'A;:~;ernl)I';'c Uir;i:'I;'L.iv~ du rJ;j,CJon, ln ~8 octobr~ l~;CO.
" Le Prince Bir:ind:.l \\fOU~ p:.lrlc.
Lettre OUV0.rtc à 'lui de droi t ,
La première r éa c t i.on du premier so ndage a été une éc l a t.m t e v i c to i r-e pour
le GouvernCŒcnt. L' ,;~oncé o e uL du mot r f'ér-endum a donné une peur bleue.
é
Les édversaires du Gouvernement Léon M'Ba voulaient étouffer le gouvernement
en douce à l'in~u de l'opinion publique. Le fait que le gouvernement veut fai-
re appel au peuple pour le prendre a témoin a fait trahir le loup qui se ca-
ch~it sous la peau de l'agneau. Il faut absolu~ent un référendum du peuple ~or
tant Eur cette formule : L~on M'Ba, OUI ou NON.
Si OUI pour L~on M'Ba, il appartient dès lors à M. Léon M'Ba de prendre fer-
mement en main le gouvernail de l'Etat~ On ne veut pas de dictature quoiqu'il
ne s'agit nullement de dictaturd. Mais au fait, le Gnbon n'a-t-il p~s vraiment
be~oin d'un chef dynamique, surtout en ce moment,?
Parlons peu, parlon~ bien. Notre indépendance ne datant que du 17 août 1960,
depuis quand a-t-on une a s aemb Lé e souver-a i ne pour dicter des ordres au Gouver-
nement, y a-t-~~ j~mais eu une assemblée au Gabon? Non. Il n'y a eu jusqu'ici
que des députés po.r intérim,
nommés par d6cret du Gouvernement qui pour combler
le vide en a fai t des co nr.e i I Ler~; terri t.o r i.a ux , des d pu
s provisoires.
é
t é
Ad.ne t tons nême 'lU' i l y ait une assemblée ignore-t-on que le pouvoir est la seu-
le chose qui ne se donne pas mais qui se prend. Les députés ne voulaient pas
de Napolfon, Napoléon avait juste montré le bout de sa baionnette et les dépu-
tés ont sauté par la fenêtre. On peut se pas~er d'une assemblée, mais jamais
d'un gouvernement c'est-à-dire d'un chef. Nos pères avaient-ils basoin d'ur.e
assemblée pour rèG~er ?
Plus on tire sur la corde, plus elle se casse. On exagère trop sur une situa-
tion absolument fausse. Le Chef d'Etat actuel a tout le droit de remanier son
gouvern8ment comme il l'cntend.·Tous les a to ut.d sont e ntr-e ses ma i nc , Le peu-
ple du ~nbon est tout pour lui. Qui dit Gabon, dit Léon M'Ea, car en effet le
Cabon n'est qu'un agréGLlt dont Léon M'Ba est le pivot. Le Gabon est un pays
peuplé de pl usieurs tribus qui sont minées par le r-a c i arne , Léon K'Ba est le
seul qui les a mises ennemble pour former un bloc homogène. Moins lui, chaque
tribu se désagrèGerü pour reprendre ses instincts fratricides.
A-t-cn jamais idée dlappauvrir ~~on propre p~ys par des ambitions cupides so~s
pr tex t e de formules abracadabrantes. On 8. découvert tout récemment une mine
é
très riche de fer à Mekambo. On a proposé à une riche compagnie pour l'ex-
ploi ter. La cornpugn i e répond que Cl est la qua trième proposition de quatre pays
différents. Elle ne peut exploiter toutes les quatre, mais choisira celle du
pays où la politique est stable. Dans l'état des choses actuelles nlest-ce pas
priver le Gabon d'une immense Bource de richesse? Dieu sait que notre pays
en a besoin.
Peuple ju::;e t o i-enôme , on. ne vou l n i t pas te le dire, on voulait te le ca ch cr
parce que j usqu ' ici tu n'as P':-dJ un .jo ur-na I qui puisse te rapporter le dessous
des cho se s , Sache 6 G"oon que moins Léo n j,: 1 Ea tu es mo r t , Ton nom no fi~ul'cra
pl us sur la carte du monde canine un ota t. J' a dj ur-e ~j. Léon M'Ba de prendre des
mecur-e s pour RLl11';l~r le pay s , Qu'il r-crnn n i e so n ~ouvernement po ur- stabiliser
la poli-l;iquc. S'il cioClte encore
de l'estime ununin8 du peuple à son 6gard,
qu'il o~donne alors d~s aujourd'hui à SGS préfets, gendarmes ct polices de
procéd~~ au r~férendwn.
Je parle, je nu i s un des e e pr i, ts de ce P,lYS, un prince authentique et a u
no.n des ec p.ri 1.8 de no c aïeux je veux que le pays vive. On 11 boy co t té les sal-
les de conférenu8 pour que je ne puisse pas parler. ~nis on a oubli~ que jo
suis un écrivain et que je suis 'Og<ènga, qui agit il. l'état d t v e i I comr:e Z,
é
l'état (le SO::1rr.ü.il. Je n'~i r<.'~; b os.o i n do Vlrlu' pub Li quome n t , il me su:[;'it
ricnqu·..: (i(~ :;ou~'i'ler, je c e r a i
co.ap r io q u t o n 10 vcu i l Le ou non. Si on me tue
je ne l:''')è)l'::-ai ~n0, :r;Ll mo r t
t'c~mC~<l-·t-el18 la por t e Je l' au-sdo Là , n:~J 13 a t : e:1-
433.
tion .j c l'Cli d r;; Y'. n it, qu'api">:; 1;::1 i;'(l~·t, c l.a q ue ~~oouJe de mon ~~:H~,'s:a trctJ1é~:or'
merH en un {:t~nie h :r.i l ! c: t ô t e n Po L :\\ mi 110 b r.m ,
On Cl. [J~Ol)OSr) un I'o r.n.r l c ùe e:',~imc [l['lc,:lcrd,aiT"Ü, :~()i.-dl:":élnt p co vo n.i n t
du i',.lJ.Cl.
Peut-on j:lm:Jis o.i r Lor- n u nom d'un oi r t i
do n L !..(lW; l cn membros no co n t
~~Cl.S d'
acco r d , Une moi t l é
d i t oui,
L' au t r-e dit non. On veut pur-omon t
et a i mp.l cmc n t
assassiner' le B.D.G. de leurs p~02res mains.
En cone quence ,
en vertu de; quel
pu r t i
V:i-t-on errt a.ne r Le s
l ec t i ons ?
é
é
Au référendum dite::; tOU3 oui à Léon M'Ba.
Vive la Conmunauté De Gaulle,
Vive le Gabon, Vive Léon M'Ba."
ANNEXE XIV
434.
L3. "·...o i x dE' ln H,',;oillt'IC';I"
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rT7ricr 19();L-=-~_lQ..!..
"i-lcn chcr e co.n oa t r i o t.es c t e s t
en :II~ qunli·~·) '.le L'renier mio i e t r-e ,
Chef du
!~uvernement provisoire, que je m'adresse à vou~. G'e3t sur vos appels anGo~8
aarrta et r~p,?tés et pour évi ter à notre cher Gabon une r-é vo I te ,1'Cr..érale avec
toutes les conué quenco s qu' elles aur-a i e n t certainement e n t r-a né e a , que nos
î
miliiaires et noc ~endarmes vi~nnent de libéral' le pays d'un régime qui le
ccridu i aa i, t ce r ta i neraen t au dé sn s tre. Je r-e nrln hommage à leur erand IJatrio tis-
me et à leur sens élevé du Jevoir.
C'eat un agréable devoir pour moi de leur adresser solen~ellement ici au nom
du Gouvernement provisoire et au nOin du peuple gabonni3 tout entier, un vibr~nt
et fraternel remerciement.
Ce D~ernier contact que j'ai établi avclC vous sur les antennes de Radio-Gubon
sera t r s bref parce que nous avons à prendre immédiatement d'importantes d8-
è
cisions dont la pre:nière est de vous rétablir dans la pleine jouiss~nce de vos
libertés, toutes V03 libertés, et aussi de vous laver des humiliations '"lui
vous ont ét~ infligées
~andant des années par le régime qui disp~rart dans la
pire hu~iliation.
Je f.1is appel à la discipline et au calme du peuple gabonais afin de me
permettre de mettre en pl~ce le plu~ rapidement possible dans la légulit6, de
véri tables Lns t i tutions dé.uo cr-a t i que s ,
Nous proclJ~ons publiquement que les int§rêts des ressortLssants 6t~anC8~s de
toute nu t i ona l i té seront sauvegardés. Enfin to'..lS les enga.jernen t s in Le r na t i o naux
contractés par l'ancien régime seront s c r upu Le us emen t respectés.
En raison de certains bruits qui courent et qui men&ccnt notre pays, nous ap-
pelons toute la popul~tion à être vigilante. Nous sommes décidés de red~esGer
une si t'la tion qui dure depuis trop longtemps, nous pouvons compter sur vo us ,
la population ~abonaise et notamment la population de Libreville.
Vive la R2puhl~que"
Jean Hilaire AUBA~Œ
Appel a~ peunle, 19 février - 6 h 10.
"Gabo na i ne s , Ca.bono i o , puisque au début de cette deux i ème jour'n,Se de ré·ro-
lution, Vous ave? fait 1:1. preuve de votre ma t ur i té poli tique et de votre cou-
rage, soyez en félicités.
Le Guuvernement provisoire de la R0publique, fidêle à la mission qui lui
eGt confiée par le Comité de la R6volution, de prendre toute disposition sus-
ceptible de doter le pays d'institutions d0mocratiques, vouz demande de èemeu-
rel' vigilants, de faire face à vos responsabilités devant toute forme d'agres-
sion.
A l'int5rieur l'ordre rèzne partout depuis 24 heures.·r.12.is si p:.l.r hasard une
provocation extérieure venait se mêler de nos aff2.ires internes, votre droit
e3t de Jéfendre la Patrie et quoiqu'il arrive. L'arm~e est ~ vos côtés.
D'autre part aux mes~ages d'amical soutien reçus hier en fin d'apr5s-~idi
de cert'lins pays frères ou alliés, nous sommes heureux de répondre qu'aucun
concours ne SAra néglig~ pour repoussor lraGre3~eur éventuel.
Vive la R6volution rl~mocratique,
Vive lu Ré pub Li que ;!'
A:JH XE XV
435.
Prcmiors
rOllos cio~; membrc:) du :-Duvcrnoment rcu t.aur-é ,
D(;cl~l'aii.on du I.P'. Yerabi t , :'1 lO-'vd'Jon,
-~VfIer-r964 - 21h 20)
"Gabonais, Gabonaises, le V.P. du Gouvernement, ;.1. P .M.. Yembi t, vous pa r Le ;"
"Chers compatriotes,
Après deux jours de tr~uble8 la légalité est restaurée sur le territoire
de la République 6abonaise.
Vous savez les circonstances dans lesquelles une mutinerie a éclaté à Libre-
ville le 17 février. Les mutins se sont assurés do la personne du PrésiààBt
Léon ~1' Ba.
Devant une telle situation dont j'ai été prévenu à N'Dendé le 18 février au
soir, et en vertu des pouvoirs que la constitution me donne dans de pareilles
circonstances, j'ai fait appel au soutien des forces françaises pour le réta-
blissement de l'ordre et pour assurer le respect de la légalité.
Je vous remercle tous au nom du gouvernement de ne pas vous être associés au
mouvement de rébe11ion.
Chers compatriotes, je vous donne unA bonne nouvelle, le Président Léon tl'Ba
est attendu d'un moment à l'autre à Libraville où il prendra toutes les mesu-
res utiles.
Vive le Président L80n M'Ba!
Vive la République Gabonaise !"
Allocution de Léon M'Ba(Radio-Gabon, 20 février 1964 - 06h 15)
Gabonais, Gabonaises, le Pr~sident de la République,Léon ~l'Ba,vous parle.
"Gabonais, mes chers compatriotes, le 18 février a été à Libreville le
théltre, je dirai plutSt des manifestations apportées pa~ les membres de l'
opposition.
L'opposition je ne l'avais jamais abolie parce que j'estime que le Gilbon est
pays de démocratie. J'ai accordé toutes les concessions à ceux de l'opposition.
C'est ainsi que j'.l. Aubame est devenu Président de la (Jour suprême, que M. Gonà-
j~ut a été nommé Président du Conseil économique et social, que ~I. Ekoh qui
avait été renvoyé comme ministre a été placé à l'économie nationale. Enfin
je ne vous citerai pas le nom des prétendus .gouver-nemerrte provisoire du Gabon,
gouvernement des aigris, de ceux qui ont voulu faire du Gabon une terre d'his-
toire, une terre de corruption.
"
Je dois vous dire Que ce gouver nenen t a disparu, il a eu la durée d'une rose
l'espace d'un matin. Quant au Comité révolutionnaire, ce comité n'existe plus.
Les membres du comité sont aujourd'hui enfermés. Ils auront les uns et les
autres le châtiment qui doit leur être donné.
Je dois vous dire, mes chers amis, que le calme est revenu à Libreville
depuis ce matin, depuis le matin du 19. Vous voyez donc que les évànements
du 18 ont été éphémèr6s. ,Je vous demande d'apporter tout votre espoir au gou-
vernement légal, celui qui a été constitué par le peuple et pour le )euple,
c'est-à-dire celui qui provient des élections de 1961.
Tous les ministres sont ici à Libreville et moi qui vous parle je suis à
Li.br-evi Ll e et je V-Jus par-Le de Libreville. Vous pouvez donc me faire confiance.
La -gend,lI'mefie a pris le dessus et au morno n t où je vous parle il y a la paix
et la tranquilité à Libreville. Demain et aprèG-demain nous verrons ce qu'il
y a lieu de faire, mais je dois vous dire que ceux qui ont provoqué les évène-
ments de Libreville seront châtiés. Je n'aurai envers eux ni pitié, ni pardon.
Je dois vous le dire afin que lorsque la nouvelle parcourera le Gabon il n'y
ait pas de surprise.
Je dois vous dire ~ussi que ces il:cidents n'empêcheront pas les élections d'
avoir lieu le 23 février, comme cela était prévu. VOUG aurez donc à vous pré-
parer. Et j'ilwite lOG pr éf'o t o , les sous-préfets, les chefs de cantons, les
membres des collectivités localos, les mairies, j'invite tous à se mettre au
travail. J'invite les candid~ts à fuire leur propae~nde do fu?on que le 23
février il y ait un vote un.in i.ne , Afin que de l'extérieur on puisse dire le
G~bon eDt toujourG le Gabon, que le Gabon a toujours confiance en lui m&"~e
et quo 1;8 aLr~ri.:J qui ont pu se na ni t'o a t.e r no scrrt rien. Tl o ·sont des 7.l'~.rOS,
436.
jo r pe t c des Z(j"08, :~<..:cou~lé:")au n";1I1t r';:·alent 7,(;1'0.
é
j;1()f;
cho rc nn i n je vo un Lni e c c , .i« va i o voir la suite dcc f:vônements et je
VOUf.:
ti'Jnr1r:J.i /J.'1 co urun t , J':t 1.
b~!1U :(Ioi-:nêmo :-t ma n i, I'o c tAr rna ~rôsence ici de
J'ur;on quo vo un uOYC7. ca Lrne a ct 'lue lU3 no uve Ll e s que vous avez pu er. tendre
Doient di3~ip~es de votre eoprit.
ie tiens à rendre ici hommage, avant de quitter la radio, hommage à la
;Jendarmcric, hommage à tous ceux qui nous ont apporté leur concours pour jugu-
ler les incide~ts.
Je rends aussi hommége à ceux qui nous ont fait confiance et je demande qu'ils
continuent. Mes amis, mes chers compatriotes, soyez calmes et soyez fermes.
Je répète encore une fois, les mombres du gouvernement sont actuellement
enfermés. Deux Eont en fuite. M. Gondjout et ~l. Aubame sont en fuite mais nous
les rattraperons. Quant !l.QX autres ils sont enfermés et ils seront jugés. Ils
seront jugés comme 10 seront aussi les membres du Comité révolutionnaire.
Mais bien er.tendu N. Gondjout, M. Aubame sont en fuite. On ne comprend pas
que des chef:... de ce ':;8l1Te puissent être des poltrons. S'ils n'ont ;'::l.S réussi
dans leur mandat par-Le.uen tc i r-e , je ne vois pas comment ils pouvaient réussir
dans le Gouvernement du Gabon. Du reste le peuple leur avait retiré la confian-
ce et c'est pour cette raison qu'ils ont cru devoir s'adresser aux militaires
pour que les militaires viennent leur donner le coup de main. M~lheureu8cmant
comme il est toujours dit, l'homme propose et Dieu dispose. Ils vont à leur
perte, ce ne sera pas la faute du Gabon, ni de la faute de qui ~ue ce soit,
mais de leur propre faute. Voilà où mènent l'orgueil, la vanité.
Je rends aussi hommage aux officiers qui eux se sent tenus tranquilles,
eux ont eu confiance au gouvernement et n'ont pas pris parti pour ces révoltés.
Merci à ces officiers et courage.
Aurevoir mes amis et merci .de r.J'avoir écouté."
437.
ANNEXE XVI
COMMUNIQUE DE LA F.E.A.N.F. AU SUJET DES EVENE~ENTS DU GAB0N
"Le CorniH e x cu t i F de la li'.!';.A.:':.[".,
è
-
di.nonce cv c.c '.r.~h:~rTi·Jnce les assassinats perpétrés au Gabon par l'armée
coloniale fr~n9~isa;
- 8tic:no.ti:3G l'interve'ltion de 11 i.mpé r-Là.Li nme fr~l!1,?o.i3 au Gabo n ,
Par ce t t.e Ln t.e r-vcn t i o n l'iïlp,?ri.1.1i::>rne veut po r t e r
le coup r,1a.rrât aux Lu t t e s
po~ulaire3 er A:'rique;
- condamne l~ politiQue d'intimidation des peuples ~fric3ins pur l'inp~ri~
li5~e fr~nçais destinée à muintenir nu pouvoir ses créatures dont l'isolemen~
n'est ~lus à d~montrer.
Nous procln~ons hautement lue no~ peuples ~oro!1t leur histoire et r~jette
ront avec toujours plus d'orb.1.nico.tion tous ces oppresseurs. La s~abili:é
30uvernementale, le développement acc~15r6 de l'économie n~tionale, ne se fe-
ront 1):-' s à coup de dô c lnrn tians, d '::l ppe ls quo t i d i onc ,
de slo ~:ans .journcller.:cnt
d6f'lcntis pc r
Lee
f'ai t s ,
L' i n t.cr-vc-vt i on e x t.é r l eur-e ; :~:lis seront l'oeuvre des
PCUphlC a f'r-Lca i ns et 'de leur orco.'lL::.ltion
<l6mocr:. tique. 33ule L'i d .mocr-a t i e
~9~urc 10. 3t~hilité des réGimes.
Les Bturii.::nts de.na nden t
La rup'ture de tous Le s Li cne 0?gc.nique3 et Lns t i tutio~
nels a ve c les a ne i ennec pu i sr.ancc s co l.o n i a Lea ct les pUiSr32.nCCS im{)';".'i:::.J. i stes;
la liquidation ~e tJutes les bo.ses 0trQn~~ras ~ur ]e aol nation::ll;
la liqui~~
t i.on de s mo ao po Le s j
l ' orvra-ri sa tion d' Lnc t i tutions d:~':)ocro.tiques "-l.s:~ur:lnt le
con~rale par les mo.sses populaires de l'~dification n~tionale e~ lu pleine
aat i z f'a c t i o n de l curf: n c pi ra tians et de Lour-e intérêts 18:~itir:le8."
M~N EXE XV II
438.
A -
APpj';L DU PRESIDEN'[' GONDJOUT.
(A.G.I. 2 mars 1964)
.. [!;es
che r-s comn.i t r t ote s ,
c t e.i t
P:!.Ul Gondjollt qili vous p.i r-Le , 'lue vo ua
co~naissez bien. De~ ~v~nements ~r~ves se sont d~rou]03 depui3 dc'Jx ~emaines,
évènoncn t.s Qui o n t
mis le pays dc va-i t
un :';r:;ve péril. Certains d'entre nous,
dont moi-même, ont été contraints pTr' la force 3.rw5e de s i ége r
dans un ,::;ou-
vernement provisoire.
D'autrs part l'homme 001i tique que je suis ne po uva i, t
La i aae.r le pays :~oi t
entre les mains de militaires: révo"!.tés, soit à une faction d'hommes politiques
irrespon3ables.
Aujourd'hui dev~nt les circon~tances qui risquent de mener le p~ys i
une situ-
ation tr~s srave, m'associant à la d0claration du Pr~sident L80n M'Ba,
je vous
demande de vous unir aux autorités l6ei times,
de cesser toute man i f'e o t.a t i o n
et de r o pr-eridr-e vos a c t i vi tés hcb i tue Tl e s ,
\\fous pouvez me faire conri a nce v "
B
APPEL DE LJ2PI3COPAT GADmB.IS. (A.G.I. 2 mars 1964)
.. Appe I
de l ' 2pi;3copa t
cabono.is,
" L'~.:;lice ne peut en aucune mc.nt èr e u ppr-o uve r- les COU~JS de f'o r ce et 10.
violence. ElLe enseigne à
t o uu le r-e c pe c t
do
1 '.J.utori té ct 1:1 soum cc i o n 0.11
pouvo i r
é t ab l i
, Durant ces
v ènorne n t c r e gr-e t t ab l ec qui v i e nnen t
de se p2.sser
é
au Gabo~, l'Eglise n'~ pas cherché ~utre cho~e qu~ la concilio.tion et la r~
conciliation de tou~.
C'eGt e~ vertu de sa mission que l'0piscopat du Gabon lance un apgel à tou~
les ch.r Stiens et à tous les hommes de bonne volonté pour ces.:er toute
émeu t e
et toute manifestation hostile au gouvernement ét~bli, pour que pa~ des élec--
tions calmes et libres le pays puisGe retrouver l'unité et la paix.
J.J. Adam, arche'laque de Libreville;
F. N'Dong, évêque."
C - )..PPEL DE L'EGLISE ETrAN'}~LIQUE. (A.G.I. 6 mars 1964)
"Amis Gabonais J
l'Eglise évangélique fait sien 1.' appel au calme ne l'épis-
copat g~bonais. Sa mission étant de rappeler à tous les principes de justice,
àe liberté et de Gho.rité contenus dans l'Evangile.
Lez au to r-I tés de l'EGlise évangélique de Li b r e v i Ll e a va i en t adressé le 21 fé-
vrier conjointement avec les autorités catholiques, une lettre 3 M. le Prési-
dent ùe la République ~emandant l'organisation d'élections libres. Elles pren-
nent acte du f'a i t
que le Chef du Gouvernement s'est engagé dans cette vo i e IJ<:'•.r
le message à la Nation du 2) f'évr i er , Elles dem ..inde n t que tout soit mis en
oeuvre pour que 80 i t
recréé dans le pays un cl Lma t
de con r'Lunce et que so i t
f'avo r i c ie 10. r-é co nc i Li a t Lon de tous. Ce n'est que da n s le calme, et no n :7ar
la f'or ce et la violence que les chr-é t i e ne pourront 'lider
assurer 13. pa Lx
à
et 13 p,o~rès de tous.
Pasteur N'Dong j4v.:>.me."
D - MISE AU PUI~T D;~~) HS3~30R'rISSA.:J'rS DU \\WLEU-N 'TB~l.. (Effort gabo na Ls , 6 U13r~
1964)
" Les r e aao ...·tis:.>o.nts du :~01ell-:J'T·3m r-és i dc n t à Li bcc v i Ile ayant a ppr i.s des
accusation3 à leur endroit scIon
losqu~lle~ :
1°) Ils a ur-n i e n t
pris une ~art tros active dans les Lnc i.de n t s qui viennent
da se d,;rou1er dans La ca p i tu Le ;
2°) ~es 61~ves originaires du ~oleu-N'Tem seraient les meneu!'s dR3 m~nifes
tu t i.ons enr-e j i s t r
e o cbns les d i f t'é r on t.s
t a o l i s seme n t n aco l.a Lr-e c ;
é
é
)0) Plus de 2.000 pe rco rine s
L;.rmr~es co r-a Lo n t en mc r chc ':ur Ld b r evi l Le po ur-
dee t Ltucr- le Pr r i do n t L.3on i'l'Ba;
é
4°) Ils n uru i on t
pu ivé 103 s t o ckc de mach e t t.e c e x i c t.an tr- da ne
Lo o CI:~C:l:::ln:::
é
de le
~':\\cn pour lutter contre l"~r'n:'~e fr:l~c;:,ise;
DC'.I·' rt o n t
'~n('r;ique':;2nt to u t c c CC',; rd 16c:il t.i onc cu l crnn Loue e s ct (1'3m~~nJcnt ~
439.
leurs auteurs di les prouver par une confruntation publique;
Invitent tous lE'urs cOIl~é,.,èl"es a S'arder h!uJ" ca lme et- l aur s~ng-f'l'ojd, in-
vl.tent. ésalement t o us
les él~ves du Wolcu-N'Torn à: se tenir cor-r-cc t ce.e n t tant
n.uprù:1 r!o
Lo ur-r-
p:l.rontr;
'1\\1" rhn:>
1;[ r-uo ;"
440.
,.. ANNEXE XVIII
DécLaration et Motions ttQ"l l As so c i a t i o t1 g'.mél".:l 1~_C!f;1.~ étudiante ...s:'~_~I0.~~.~'en
F'r.anoe.
A -
Dé c ln r-a t t o n de FOLI'r.::-:u;.; G8NERAL~ à p1'O::,03 do l'intcrventbn :';:'2n.:a1::;0
au Gabon.
"Etudiant gabonais de Paris" 2f mar-c 1964.
"D~.. ns ]::1. nuit du 17 au IF. février 1964, une r~vo:l,tion p.i c i f i que ct :::<1n::;
e fI'us i on de sang,
diri:::ée pa r les cadr-es sn i ne ne 1 '2.rrn6e .J:J.hon.::.ise, -r5ponè'lnt
aux a c p i r c.. t i oric 1,' Ci times du Pe up l e r-rnve r ce le rée'i'lle impopulaire de ~.: '~a.
Le 19, les troupes ~.1.ullistes sous prétexte de r~t.::~lir la léGalité réinstal-
lent d~ns le san~ le èictateur K'Da.
Les rr: bons du coup d' ét.:: t - Qui est L00n ~,1 '3:1 ?
Pre~lIièr!!r.lcrt"t l 'hor.l:"c:
ancien chc f de ca nto n t,yrnn:-:ique, ::ncien d,~)porté pour
cr ime de droit cornrnun , vo i Là l'how'le qu'on veut nous 9r(~se:1ter corine
tnrrt le
é
plu~ c~pable, le plu~ s~rieux, le plus GOUCiCllX de l'intér~t national et du
bien-&"tre de ses co~p.:ltriotes.
Sa politioue : A~rôs nvoir abusé du vro~ramme p~0~res~:i2te du R.D.A. de 1946;
Après avol r u::::5 t..ve c ~:)rfidie de 10 d·-'r.12;:OCie 2upr:-:~ clec m::l2:oeë
et ~es jeunes, L500 ~'Ba r~us~it ~ous leo couleu~s du ~.D.~., section G~bonai
se du R.D.A., à se filire ~lire nu terme de la loi-ca~re, conseiller de l'Asse~
bl ée terri t.or-i.c Le et m:'ire rie Li br-e vi Ll e ,
AloI'2 (lcue son pa r t i
é-tai t minori tn i r e à cette o sr.erib l ôe -
3 f~0put~;s :~ur ,la -
le Couve r-neur- le nomme Vice":Présiè.ent du Conseil t'art de l'appui des Br-u et
autres magna t s de 10. haut e f'Lna nce , Il en proîi te pour corrompre les Il dépu-
t-?s in,lf:pendants; un choque de 500.000 1". C}'A soi t 1.000 .000 à' anciens rr:tnc~3
frnoçaiG.
En 1958, apr ès le -référendum, le "Pèr-e de l' ind?pend2!1Ce" se pr6::er. i.e comme
l'homme de la départer.lsntalisation et le champion de la pers~cution contre
tous ceux qui osaient parler de l'ind~p6ndance du Gabon.
En 1960, i l fait un coup d'état et e -'iprisonne les dé pu t és qui voulaient l' 8t-'J.-
blissement d'un r6gime d'illocrati1ue, et il établit une lis~e unique et org~ni
se des élections pr~fnbriquées.
Apr~s un semblant de for~ation d'un 30uvernement ~e co~~ition, il limoge tou~
les ministres non-B.D.G., accentue les arrestations dont celle du Secrr'\\tnire
générnl de son propre p2rti qu'il remplace aussitôt.
Il multjplie les destitutions de fonctionnaires,
les expulsions et les suppre~
cions de bourseo aux étudi~nts. Il s'entour d'une 8~uipe d'2dminiotrc.teurs
coloniaux, d'anciens m~mbres de la ~estapo, de l'O.A.S., conseilleŒ{ ré~ction
noires ]c.tent6s. Tout coln Gjout6 au népotisme, à l'incap2cité et à l~ ~oif
effrein~e du gain, à la d{lnpid~tion des fonds publics, à ln terreur et à la
corruption institutionnali38es, no peut qu'entraîner loinal~ioe poli.t;i~ue et
ao c i.a L (lU 1 une ce r t a i ne pr-e s ae s' achar-ne à ne pus r-e co nna î t r e , Un tel manège
conduit in~lucta~lement à une r~volution, ce que le peuple ~abonRis c r5alis~
par l'intermédiaire de son arm~e en renversant le r6cime M'Ba. Dans ces condi-
tions est-il s6rieux d'invoquer un pr6tendu r6tablio~ement de la l~;alit~ pour
justifier l'intervention au Gnbon èes anciens para8 d'Indochine et d'AlGérie.
Les véri. télbles r-aisonz de 111"1:cI"'8ntion fran!~nise:
Les r a i e.ons Lnn voué e s
ùe l'in:ervention françc.ise revêtent un caractère émine:nment égoïste, inhérent
.! au r6Gime
coloni21. Les milieux d'affaires frun;ais ont au Gabon de~ intérêts
l'économiques et s t r a t g i que s co ns idérp.bles.
é
Lfon M'~a n vendu a ce::: r.1090pole8 la qunsi totalité des rictesses du P~ys:
OKOll.'Ilr5,50CZllD.OOO F' r3.r an - pétrole, l.ooo.oooF pa r an - man.:pnèse, 150.000.000
de r-é e cr-vc - ur-an i ura, 25.000.000, dont la FI"L:nce il besoin pour la création lle
sn forc3 de frap~e.
Toutes ces r i checoe a co n t ox p lo i t ée a pa r- d t i.mpor tc n t e c sociétés telles que 10.
,!
441.
C:.O.j,i.I.L.ll.G.,
J"1 ~;.\\!.;.1.~".:~.'L
o t.c •••
a ve c
18
co n co ur-n
de ba n-jue s
t e ï.l cc
que la ~3"tn(;;..ie de:: P:,yô.-0[lR,Rotscnild,
Union IJ;lri:~ienne, •••
L'1.T1t rSr&t d,) cc.: ri cr.c c.re c ex p l Î 'i'lC l~lrge:ncnt 1.' int~':'rcnce des monopo les fi na n-.
c i e r-o 1'rn!I';;tl:: r(..)pI"~·:;e·It.~lnt~ no t.o i rce de ces so c i c t éc privées( ••• ) entend :n:dn-
tenir ;.:1 do:n l nc t i o n c ur ce c o nc i cnne e colonies 30UC le couvert d'agents incon-
dft Lonne l e t e l o '~ue j.j'B.J., EOi;pho'lët, 'I'e Lr-ana , SenGhor, ••• 0!'1 voit apparaître
par là. les raj~0!'13 politiques d'une telle interve~tion qui s'insère loeique-
ment da~~ le cadre d'un frein à la lih~ration des peuples opprimé~, après la
chute d'Olympio, Youlou et ~aga.
Le~ leçons : Apr~s cette analyse objective dec 6v0nements tragiques qui ont
ensanglanté le Gabon, les étudiants ~.:lbonuis réuni:::; en conrrrès extraordin~ire
les 26, 27 et 28 mars à Paris, s'inclinent devant l.:l mémoire des martyrs du
19 f'é vr i e r , f'Lé t r i r s e n t violemment 1.:1. lâcheté et l'atti tucJe anti-nationaliste
de e Pa I ar-d , 'I'e a l , Bo u l i.ngu ; et au t.r-es chiens r:lmp~nts de l' Lmpé r i a I i erne ,
Dénoncent avec ',ic;ue:Jr l'ingérence de la France dans la poli tique intérieure
de leur pays, exho r t cn t le peuple ,:;a {~onais à lutter par tous les moye ns pour
la libér~tion des patriotes honteusement emprisonnés et l'élimination défini-
tive du neo-cclonialisme et de,ses aGents, Léon M'3a et sa clique.
B - :·101'IOn SUR LA SI'l'UA'rrorr ESONCL,:Ir.~UE ET SOCH.LE DU GABON.
1°) Consid€ra~t que 70 %du revenu national annuel sont accapur~3 par une
minori té de ::--ivilé::iés : co nce i Ll er-u techniques
t r-ang e r s , mi ni.s t
é
c o s ,
dopu-
. tés, hauts-fonctionnaires,~~c••• soit 1/100 de la population gabonaise;
2°) Consièérant que 30 ~ de ces revenus sont laissés au reste de la popula-
tion;
3°) Considér.:lnt que cette injuste répartition se traduit concrètement par
un revenu annuel de 6.000 F.CFA pour le paysan et l'ouvrier contre 1.500.000
ou 2.000.000 pour le privilégié minoritaire;
4°) Considérant que depuis 1959, atteint dans le pouvoir d'achat et dévoré
par une ~nflation galopante de 23 %par an du fait de la détérioration de la
production agricole et industrielle laissées à elles-mêmes, de la non-ccmpens~
tion de la part des pouvoirs publics de la chute constante des cours mondiaux,
de la collusion de l'équipe dirigeante avec des monopoles étrangers au mépl'is
total des besoins les plus ~lémentaires des masses laborieuses;
5°) Considérant que cet état de chose engendre une paupérisation croissunte
absolue et relative de ces masses contre un enrichissement effreiné, injuste
et révoltan~ des minoritaires;
6°) COIlsidérant que à aucun moment de l'histoire, nulle part dans le monè.e,
l'amélioration de la situation sociale n'est le fait de la charité et du don
mais le résultat d'une lutte conRtante résolue et nécessairement doulolL~euse
des masses opprimées;
L'A.G.E.G. réunie en congr-ès ex t ruo r-d.i na Lr-e les 26, 27 et 28 mars 1964 :
1°) note le caract0re encore colonialiste de toute l'économie gabonaise et
l'exploitation du peuple p.J.r une minorité au service des monopoles;
2°)
s'explique le malaise social règnant au Gabon, malaise qui déjà se
traduisit par des journ~es consécutives de erève génfrale à Port-Gentil en oc-
tobre 1')63 et qui a c tue Ll e.aen t se tr.:J.dui t par de s mouvements violents de mG.sse
à Libreville et à travers tout le puys;
3 0) :;ol1damne la pol i ti que an t i-sé conomi que et an t i-30ci:11e du gouvernement
Léon M'jja;
4°) f'us t i gc l' ac tian né f'ac t e et r;j:lCtionnaire des p r-é t e nclua conue i Ll e r s
t.e chn l que s dont le rôle est de pe r pô t.r e r
l'expIai t;.::. tian des richesses du pays
et par-t.m t lu p~l'Jp0risé1.tion du peuple;
5°) rappellent aux m23se3 laborieuses que l'nm61ioration de leur sort dé-
pend d'ellcs-m5rne3, c'est-à-dire de leur lutte ferme et résolue;
6 0 )
I nv i t.cn t c e l Lca-eci, à s'unir et à s'ore:lniscr po ur f,d.re t r i omphe r leurs
juntes r-evend i cct l oria ;"
442.
C - :·:0Tcü:T S~H L/. 1-'Ui.,In'l!.iJ:~ U:·;:j M1SSJOjS Cfl.THOLIQlJES ~'r LJ:~ L'EGLISE
8','A.;!CELIQU2.
ns t
t l~l<:l
'~V::lll~;n8'1~'S1.ui S8
t
'léroul.§s à Libreville
s
" C o
d é
r - a n
l , ) : ;
. s o
n
d z
n
La nui. t du 17 a u IF3 [,5'11':-1el' 196'1 :J."I'Llcnt un cur:v::t;]l'e pur emen t poli tique
ot qu'ils ne mettaient pns en C~U8e ni la doctrine des E~li3es, ni lelITs
privil~ges au G~oon;
GonGidér~nt que les d~cl~r~tion~ radiodiffus~es de l'nrchev~ch~ et de
l'Eglise r é f'o r-mé e du Gabon ordonnant au pe up l e p'abon:lis de se eoume t t r e au
•
J
gouvernement 6t~b]i de L00n M'Ba, que les pressions, les sermons quotidiens
vi3ant à mettre l8s princi0es des éclises au service d'intérêts ~t::'aneers ~
leur mission, ùébor-dent larGement les tâches d'évangélisation imparties aux
Eglises;
Con~id6rant d'une part les pressions on ne peut plus complices des mission-
naires à soutenir ouve.r t emcn t Léon ;'1'~3a, d'autre pa r t l'indifférence révolt:a't-
te qui est aff'ich~e à l'écard des m~ssacres qui sont pecpétr6s par les t::,oupes
gaulli~tes au nom du tyran L&on M'Ba, homine de paille de la finance i~tern~~
tionale, l'Association G~n6rille des EtudLants Gabonais, r6unie en cong~ès ex-
traordinaire les 26, 27 et 28 mars, condamne la collusion cynique en tr-e l'
archev5ché du Gabon, certains membres de l'EGlise Evangélique et le gouverne-
ment fantoahe de Lcion M'Ba; fl&tri violemment la politique d'ob~curantisme des
missionnaires nu G~bon, politique foncièrement opposée au prOGrès des peuples,
et qui est le prolon~ement id60logique de l'impérialisme moribond;
stigmatise avec 1:1 dernière 3ner:;ie l'in.:;ë:rence cc.r-r. c t é r-Laée des mi e s i onna i r e s
dans les affaires politiques au Gabon et met en garde les Eglises contre la
répéti tion d "a c t os contraires à Leur-s intérêts pro pres et à l' 1n t:;rêt na t i o na l ;
lance nu peuple un vibr~nt appel a la viGilance et l'exhorte à lutter par toua
les moyens contre les m;Lnigances colonialistes de l'archevêché et de certaine
:r.entbres de l'Eglise Evangéliquë du Gabon." ,
MHlEXE XIX
443.
" Chers El~cteurs,
"
Vous Savez tous po ut-quo i
Lori
lc c t i o no q u l
d o va l en t
avoir l i eu
é
le 2} f8vricr ont ,':t,', l'epor-téie:o.:lu 12 avril. Ce r o no r t
e c t
la conaé qucnoe
inevi tab l e et lO,C;i'[ue riu cur cc u t
de t ou t
un peuple q u i
à travers la popub.--
ti.on de Li b r-ev i Ll e a voulu rn.mi f'e s t c r 8,1 r-épr oba t i on 2. l'él';<lrrl d t une politi-
que d'ahus,
d t i.n j uo t i cea ,
de prév;.i.:,icntion et de co r-i-up t i.o n ,
d'a~re8ti1tion2
et èc G6tcntions a~bitraires, d'intimidntion et de è61ftion, de r6vocation2
et rle licencie~2nts excossifs pour des motifs souvent futiles,
de d6tourne-
ment J2S deniers publics,
de d6penscs somptu-,ircs d'une petite minorité en
Lmmeub l e s et en voi tures d' un Luxe pr-éuomp tucux et pr-o vo carrt qui est un défi
et une insulte à la mi~0re du plue crand ûQmbve.
C'e:,t ce t t e po l i t i que du B.D.G. qui, à côté de très belles ct r;pcct::.r:)ul.:.=.i-
res r(S:'l i ,'a ti ons par a i l Le ur-s ,: e~ t
(levenue Lmpo pu l a i.r-e et i.nc up po r-t ab Lo que
doit cc ndamne r ii
j,Whlis votre vote 1:11 ]2 a vr i I
pr-o cha i n ,
si no uc voulons v i vr e
libres et heureux.
Il ne pe u t
en
t r o au t r-emo n t
car il
ê
S 'o..:;i t
pou.r nous d'un
choix Jélib6ré et cn p i. t3.1 entre notre liberté et l~ résicnG. tion c er-v i Le :1.Ll.:{
abus at I n j u., ci cec que nous 'venons Ge :::il~·no.ler.
Notre premier devoir, 31 nous eom~es invectiG de votre confiance, consis-
tera i
es=o.yer de ramener le cnIme dans les esprits, à apniser les dissensions,
~es re~sentiments ct 188 passions, ~ recréer cc climat de confiance récipro-
que,
de sécurité pour tous et d t am i t i
du n s
l e que I
nous vivions a van t
les
é
p6niblns et douloureux év~nements du 19 février et ~u'ent venue 98rturber
l'intervention d'une arm0e étran~~re qu'on ne peut qualifier sanu dtrision
d'armée de la Communaut.é ,
celle-ci
ta nt morte et
ente~:r,jée a ve c notre acces-
é
sion à l'ind~penrtance.
Le prOcri1,iwne '(~e ln liste D.LD. sc définit comme suit : ~rouc sommes ::'S'80-
lument pour une vér i t ao l.e dérno c r-a t t o qui respecte toutes les Li bc r-t s a t tach.î ar
é
à la peT30nne h~mnine;
-
pou r
l'o.mf:lioration et le
ve Lo p oeme n t
de l ' i rlfr3.stl'ucture :'.181'i8n'1e, rO~I
ô
é
ti0re,
scolcire et sanit3ire;
-
pour une p l cn i I'Lcu t i on IJ:j.rfai i.r~I:\\':·!1t
t.ud i ée ct ~d:'.~1t8c nu dOIl~;iÏ.!lC de l'éco-
é
non i e ,
du co c i al ,
de la cu n té et de l' ensci,:r:emen t;
-
pour 10. tranGform~tion des soci6t~B de prévoynnce en coop6rntives de rroduc-
tion et de consommation;
-
pour la revaloriBation de ln. Gitu-:ltion morale et l'1.:1térielle élu ~ersonnel de
l'û!lseignement et de la santé;
~ pour une politique hardie et audacieuse en faveur de la jeunesse, notre
mei l.l e ur- et pr éc l eux ca pi to.l;
-
pour le respect d'une nette s~po.rntion des nttributions des trois pouvoirs
ex~cutif, 16gislntif et judicinire;
- pour un réajustement des 3n13i~es compte tenu du coQt actuel de l~ vie et
de" b c s o i ns de l'individu et de 12. famille;
le t.ruva i Ll e ur manue I
u.'t':lnt dro i t-
au même ti t r e que l' intellectuel à une vie aussi décente e t
une co nc i côr-a t i.o n
aussi éso.le;
-
pour la libert6 du :y~dicalisme, cette 6coJe de discipline, de ~01ido.rit6
et de :ToGrès du moride du t r-a va i I do n t
nous faisans t.c us par t i .
Nou~ so~~es par contre irr~ducti~le~ent opposés à toute trans~re8sion ~es
lois, ~ toute ~liênotion arbitraire de liberté, ii tous abu3 ~e pouvoir, a
toute ,~:aborüsatjon et à un .enseiS'1ell1er'\\t pr i mai r-e 3.U r abu i s , à. tout CU'TIl'} de
ch:Jrce pr~sidentielle et ri 'un ma n dn t
pr.r-Lemcn La i r-e ou mun i c i pa L,
à la poli t:i-
aa t i o n du personnel do commandement o t
de service,
poLi t i ca t t on qu i
a réduit
le r-onr'emc n t
a n i n i s t r a t i f
d'au :-:IOi.:1S (lO;v de ce qu'il était
ô
flOUS
le rl\\:;-ime
de I ',rclf:rlr,e ,,-~J!:lin:'~trll,ti(Jn fril~l'j~ai.:3e, il. tout'] in-1,6:;riltion dans co n couc-o
da ne
ur ca dr-e a dm i n ir t r-ot i t' que l qu t i.I ..o i t nC i n d t
v i t cr- les abus du f'a vo r i.»
é
ti:;rTI8 et c u nr,:v)tisrne et 185 Lnj u.i t i ce e ([u'ellc cn t.r-a ne , à tout envoi de
î
444.
sta51ajres ou IO\\Jr::i.er~; :\\ l'cxtl;ri,;lJ[' :;[I.n:-: co noo ui-u pour' 1:... même r, I co n que
ci-dessus.
Nous vou~ ~V0n~ signalé au d~but rie cette 0rofe~sion de foi les abu~ et
les injustices dont s'ect rendu cO~D~ble le parti ~u rou~oir, il s'aGit de
savoir si nous y apportons notre adh6sion ou notre r1p~obation.
Si par votre vote du 12 avril vous approuvez la pol i tique du B. D. G. qui ne
tient nucun compte des lois, ni de lu dignité humaine, nous vous disons
votez po~r le B.D.G •.; zi au contraire vous le désnpprouvez comme en témoignent
toutes les manifestations publi~ucs lui ont lieu à Libreville et à l'intérieur
du pays, nous vous demandons de voter contre le B.D.G. en portant par votre
bulletin du 12 avril votre adhésion à la liste D.I.D. pour la sü.uvegarde
de
votre liberté ct de votre diGnité.
Si comme nOUG l'eDpérons tout se pusse dans la légalité et le respect de
la liberté de vote, sans contraintes ni menaces de représailles, comme on
nous l'a promis officiellement, no un ne doutons pas un seul instant du résul-
tat du sCrutlll du 12 avril proch&in.
Ma Ln t enan t la parole est à vous,chers
Le c t.e ur-a ayez confiance en nous comme
é
nous avons con ie nce en vous.
î
Libreville, 29 mars 1964.
Les candidats de la liste D.I.D:
Jérôme Aubame, instituteur;
Emile Issembe, doyen des administrateurs civils, conseiller ao~inistratif
au Ministère de la Santé publique et de la population;
Mlchel Simost, commerçant -.cé-rant de bouti~ue;
Adrien Adiahenot, employé de commerce;
Joseph Mouele, sous-bri&adier des douanes;
Otton Etouche, employé de commerce;
Jean-Pierre BekaLe , commer-çan t ;"
445.
ANNEXE XX
secrets
L» mort-
1
était
Depuis cinq jours
1
Le dossier de feu le
président
g a bon ais
n'avait pas attendu, lui,
sa mort
pour être en-
terré.
N'y
figurait-il
au frais
pas certain rapport éta-
blissant
qu'un
certain
M'Ba avait jadis vendu
de
la
chair
humaine
(celle
de
sa
grand-
.1
mère, qui plus est) sur
le
marché
dl'
Libre-
L Y a beaucoup à parier que
«
ville, aux affreux temps _
du colonialisme?
lorsqu'on apprendra
la mort
Un
homonyme,
trés
-
du
président gabonais, c'est
certainement.
qu'il aura quitté depuis un bon moment
N'empêche, quand de 1
Gaulle
s'est
officielle-
éette vallée de larmes »•••
ment incliné, le mardi
29, à
l'ambassade
du
MINUTE a gagné ce
trône
menacé
par
un
, Gabon, sur la dépouille
. pari fait il y a un an
putsch en 1964, le bon
mortelle
du
président,
(dans son numéro 232
Léon
avait
perdu
sa
1. celui-ci avait quitté de-
il
du 8 septembre 66).
popularité.
Mais
non
puis cinq jours déjà, ce
pas le soutien de l'Ely-
La
presse
mondiale
; j
bas monde.
sée soucieux de ne pas
n'en doute
pas : le
On espère qu'il n'en
laisser tomber dans des
~ sera
pas
de
même
décès
du
président
mains moins sûres les
: quand
il
s'agira
pour
gabonais
déclaré
à
1.000 tonnes d'uranium
i
Foccart
de
régler
la
.
Paris le 28 novembre
que
produit
annuelle-
sident à nous. Il y p"J
succession de nol"
est survenu le 24.
ment le Gabon.
a là
Et on laisse entendre
On
donna
donc,
à
de
quoi
sentir
passer
que cette tricherie sur
Paris, le temps, au vi,."
un
(grand)
frigo dans
la da te a été
faile en
président
Bon gode
le dos,
.
plein
accord
avec
les
s'installer solidement à
services
de
la
prési-
Libreville. Tout en met-
'''------
dence de la République.
tant
les
troupes
fran-
çaises
du
secteur
en
C'est-à-dire avec Foc-
état
d'alerte
pour
lui
cart,
l'Eminence
grise
prêter
éventuellement
de
l'Afrique noire ély-
main-forte (au nom de
séenne.
la
non-ingérence
dans
Pourquoi
un
tel dé-
les affaires des peuples,
lai? C'est qu'il
fallait
bien entendu).
e organiser :. la succes-
sion, au Gabon.
Depuis
l'intervention
des paras français pour
le
rétablir
sur
son.
SOURCE
Minute n° 297 du 7 au 13 décembre 1967.
446.
ANNEXE XXI
ID
lII.anute . . . . . .' . . . . . . .
Encore
les paras
au Gabon?
cOMMENTva M. LéonM'Ba?Aussi étrange que celci paraisse, dix Jour;;
I~
après l'admission ultra-secrète du président de la République gabonais \\
dans « un hôpital parisien inconnu» (1) aucun bulletin de santé préci j
n'a encore. été publié sur l'évolution de sa maladie.
1
Inutile
de
demander
des
nouvelles à l'ambassade ga-
BOUILLABAISSf
bonaise de Paris. On vous ré-
pondra que le président « suit
une
simple
cure
de
som-
S URTOUT n'allez pas croire
. qu'en refusant l'adhésion du
meil s ,
club 1. Démocratie nouvelle) de
Le sommeil, hélas, ne guérit
Marseille à la Fédération de la
gauche Gaston Defferre ait obéi
pas le terrible mal qui a frappé
il des
considérations
idéologi-
M. M'Ba au poun.on, Seulement
ques !
il peut servir à la fois à'alibi et
de délai pour « préparer la sui-
Les membres de ce club, des
te », Et Jacques Foccart, chargé
rigolos,
'Ilvaient
en
SOl somain
des affaires africaines à
l'Ely-
posé comme condition
de leur
sée, s'y emploie"
entrée la candidature de :\\'I:tta-
lori . aux
prochaines élections.
Il y a donc beaucoup à parier
Oui, Mata lon,
le député socia-
que lorsqu'on apprendra la mort
liste dissident, ~'er.nemi juré de
du président gabonais, c'est qu'il
Gastounet !
aura quitté depuis un bon mo-
ment déjà cette vallée de lar-
Du coup, Defferre a décidé Oe
mes.
présenter
dans
cette
circons-
cription un . ocialiste orthodoxe ...-
qui, en divisant les voix de la
gauche, aura des chances sérieu-
ses de faire élire l'U.N.R. Comiti,
En remerciement, les gaullis-
tes lui ficheront
la paix dans
son fief.
•
Gaston, tu es un
'!
exagéra-
,'teur:.!
~ _
.,
\\.-
-
447.
La bagarre
• Ou de Gaulle intervient; et,
C'est que, parait-il, la SUCC(S-
comme en
19l4,
il largue ses
sion
du
bon
Léon est tout ce
paras au - d;r.;sus de Libreville.
qu'il y a de coton et d'épineux.
l'lais cette fois ce sera 8 jours
Pour tout dire c'est un sujet qui
après avoir sommé les Ricains
mérite réflexion.
d'enlever leurs troupes du Viet-
D'un côté on trouve un dau-
nam,
phin
officiel,
Yembit,
bonne
Voilà qui lui donnerait bonne
grosse chose dévouée mais sans
mine à notre prêcheur de perles,
autorité, sans poigne, sans popu-
non?
larité qu'on voit mal déguisée
en chef d'Etat.
Et voilà qui explique pourquoi
De l'autre côté, un vrai lea-
les bulletins de santé du pauvre
der à
la tête politique solide,
président sont aussi rares.
vieux routier d'Assemblée Na-
tionale où il fut député de ten-
Celui de Triboulet
dance M.R.P. Hélas, Jean-Hil~i
re
Aubame est en
prison! Il
Ce
casse-tête gabonais a au
purge 10 ans de travaux forcés
moins pour effet de ravir l'inef-
pour avoir mené contre M'Ba
fable Triboulet.
le
putsch de
1964 qui échoua
Figurez-vous
que
10 r s
dw
à cause de l'intervention fran-
putsch de 1964, Triboulet (alors;
çaio~,
ministre
de
la
Coopération):
Au
milieu,
l'armée,
pleine ....-1
avait donné l'ordre à notre am-\\
d'ambitions imprévisibles.
bassadeur à Libreville M. Cous- i
C'est clair et vous avez com-
/
SHan de soutenir Aubame. Tan- \\
dis qu'au même instant Foccart
pris : tant que M'Ba sera en vie
1
ordonnait à Cousseran de voler
il Y aura l'espoir de retarder la
!
au secours de M'Ba!
bagarre pour la prise du pou-
i
voir.
Et
de
trouver le
temps
Le plus cocasse est qu'Auba-
; « d'arranger les choses en dou-
me suivait tout cela de très près.
\\ ce ~.
Du
bureau de
notre ambassa-
deur pour être précis !
1
\\
Ses paras
Aussi ne vous étonnez pas de
,,
voir Triboulet se pavaner main-
/
tenant en répétant que « si on
Car il faut bien dire que de- 1
- puis Djibouti, on commence à 1
l'avait écouté à l'époque on n'en "
serait pas là aujourd'hui :t.
,
en avoir assez, à l'Elysée volant, 1
-
Au fait : si de Gaulle, touché i
des secousses de l'ex-empire CO-l'
10ma1.
,
par l'argument, le nommait gou- !
verne ur de Djibouti?
1
Or, imaginez - ce qui ne de-
mande pas un gros effort -
que
ça barde au 'Gabon. Deux cas: '
(1)
A
l'hôpital Claude Bernafci,
pavHlon Feruand- Widal où fut soi-
•
Ou de Gaulle laisse courir;
gné
l'an
dernier
aux
frais
de
la
mais
il
n'ignore
pas
que
les
Sécurité ~ t Abbas.
Américains rôdent dans les pa- :
»>:
--...........
~
, rages, attirés par le
nanganèse
, et l'uranium dont le Gabon re-
'gorge. Et
le Guide détesterait
,sûrement qu'ils mettent la main
.sur toutes ces tannes choses.
1'l~1
SOURCE
MINUTE n° 232 du 8 au 14 septembre 1966, p.10.
ANNEXE XI
448.
(VOIR PAGE 8)
~~
~
1\\.(
AD"1 . tg f ~~'})f<t.
i
-------!
,
449.
ANNEXE XXII
,
Un bon ~1
gars au
Cabon
D'ASTIER' iVE
; 1
"SALUE" PAS
VEC un nom pareil, rien d'étonnant à ce que
A Francis Blanche ne comprenne rien aux pro- LA belle manchette que voilà! .,
Le mercredi 19 février, LI-
blèmes noirs: Tout de même, se! plaisanteries
bération titrait sur huit colon-
du genre « Gabon M'Ba-Nani~ ~ s?nt dépl~cé~s.
nes
à
la
une
; « Encore
un
roitelet
gaulliste
dégommé
en
Encore un qui n'a rien compris a 1 extraordinaire
Afrique.
Le
régime
corrompu
épopée qu'a représentée la reconquête de Libreville,
de M'Ba s'effondre au Gabon où
\\1
un comité révolutionnaire prend
en pleine ère de décolonisation !, ~n en est encore
le pouvoir. »
i
tout ému chez Foccard, notre genetal en chef dei
1
Le lendemain, 20 février, nou-
1
« barbouzes» hexagonales.
velle manchette sur huit colon-
1
nes
à
la
une
: «
Les
paras
-
Lequel
est,
paraH-i1,' ~n
1
français font régner l'ordre au
ami de toujours d'un certain
Un éclat malencontreux
Gabon.
C'est
de
Gaulle
lui-
Roland Bru qui a de grosses
même qui les
a envoyés pour
affaires au
Gabon et passe
Il était temps. Le Yembit ne
sauver son protégé Mba. $ Suit
pour être là-bas le ministre
s'apprêtait-il pas à reconnaitre
uri article indigné.
le
gouvernement
révolution-
occulte des Finances.
Las! Le week-end a dû inci-.
naire d't\\ubame? Mais on
lui
Vous imaginez donc la cons-
ter à la réflexion puisque mar-
annonce .de la part de Cousse-
ternation que provoquèrent en
di 25 février Emmanuel d'Astier,
ran,
notre
ambassadeur,
que
cet après-midi du 18 février les
directeur de Libération, a pris
les troupes françaises vont in-
dépêches
de
Librevil.le.,
Une
lui-même
la
peine de
publier
tervenir.
Revigoré,
Yembit
si-
bande de soudards, avines, na-
un éditorial pour approuver de
gne à deux mains un appel à
turellement, avait kidnappé
le
Gaulle.
la France.
président M'Ba, cet ami ~i corn-
.
Soulagement à l'Elysée! C'est
-
Quand, explique-t-il, dans
préhensif. Comble de lese-ma-
qu'on
n'avait
pas
attendu
la
un
Etat comme le
Gabon,
un
jesté : les émeutiers circulaient
nouvelle pour faire décoller les
lieutenant dans l'armée de qua-
à bord de sa Lincoln blanche et
renforts français
de
Dakar et
tre cents hommes prend le pou-
buvaient son champagne. Tout
de Brazzaville.
voir et emprisonne le président
semblait perdu.
L'affaire
a
failli
pourtant
de la République sans qu'il y ait
Allons!
Une citation à 1'01'-
mal tourner. Parfaitement
dé-
grand concours populaire, il ne
dre du cocotier s'impose pour
sintéressé,
le' capitaine
Balard
faut
pas
saluer
cela
aussitôt
cet obscur fonctionnaire
fran-
ne s'était-il pas fait bombarder
comme une juste révolution.
« commandant' en chef » par
. çais-~ secrétariat général du
Simp le coïncidence, bien sûr,
Yembit? Or, il prétendait très
gouvernement qui sut si
bien
si le « Baron rouge 1> a conservé
sérieusement prendre sous son
comprendre à distance la pen-
d'affectueux
contacts
avec
de
commandement les paras du co-
sée secrète de notre Foccard. Ce
Gaulle, dont il fut jadis le mi-
lonel Ker-Garavat.
bon
gars
se
ren.seigne... ap-
nistre de l'Intérieur et pour qui
Il
en
fallut,
des
palabres,
prend
que
le
VIce-president
il lu! arriv.e .encore d'effectuerJ
pour arriver à un accord. Fina-
Yembit se terre à quelque cm-
certaines miSSiOns.
_
lement, sur l'Insistance du Ba-
quante kilomètres de Librevill~.
lard, les troupes françaises at-
Il s'abouche avec un Gabonna is
~
taquèrent au mortier la caserne
sûr
le capitaine Balard; celui-
1
où
les
émeutiers
s'étaient
re-
ci dépêche au vice-président en
tranchés.
En
tirant
dans
la
(
déroute deux sous-officiers de
cour, pour faire du bruit.
gendarmerie
français
en
civil
SOURCE
~lINUTE n° 100
Pas de chance! Un éclat ma-
avec mission de lui secouer le
lencontreux
vint
tuer
net
un
pagne.
du
28
février 1964
chef rebelle qui 1 emplissait, pa-
raît-il, des fonctions très natu-
relles.
L'échauffourée
devenait
inévitable.
Vous
connaissez
la
suite
.I~NNEXE XXIII
------------
450.
&xgmplQS d' intoJ'l'eati'lln l'sycho~L9U4. 31.1 bQ.n~F100- du par~L.;l'!1oUV_(~~.E...L..f.'lJ.264.
A-rraot1'9CU9illL le 29 mar9 1961.
"r.1CJ:lbr08 do l'U.D.S.C., n t t o u t i on ! Il
" Nous aom.neo découverts, :10~ secrets sont 15v'Jilos. On nous a ppr-e n d qu'un
groupe d'aclairGurs du B.D.G. est ~ nos trousses et qU8 des consi.!.nes lui ont
été cionn6es pour nous Gurveil]er et nous 8pier, le jour et la nuit. Ce gro'J,?e
est d'une efficacité et d'une viGil~nce telle ~ue tJut le monde sait mninte-
nant ~I'au lieu de V.D.S.G. nous nIIons donner à nOG listes de c:lndidatures
aux prochaines élections d'autre3 intitulés. Qu'à Libreville notre liste s'in-
ti t.u l e r a "Union pour le défense des principes démocratiques". ':tue nous nous
sommes entendus avec Soucat t.e pour former des listes de candidatures communes
et que Sousatte 11 envoyé quelqu'un à Tchibanga dans ce but.
Que no~rc liste i
Libreville comporte entre autres noms, les noms de nos Qmis
Sima dit Simost, Issembe Emile, Muele, Ob~me Jérô~e et Adiahienot.
Que Sousatte qui se met avec nqua aujourd'hui avait souffert dans Gon coeur
et dan8 sa conscience du temps 'des anciennes assemblées parlementaires, d'un
acte impudique de notre camarade Aubame Jean Hilaire....
':.....)
D'apr~s ces électeurs du B.D.G. qui diffusent ce que nous rapportonG, Sousnt-
te av::tit finalement échoué à cette 6lection.
Leurs noye ns a.' Lnve s t i ga tion sont uér-i.euz,
et actuellement tout le Gr~bon, vo i r e
même certains autres pays, sait que les Améric~ins ont donné 40.000.000 de
F.CFA il Sousatte et Simost qui rE:mll1acent Aub.::lme pour pr6parer les élections
du 12 ~,vril prochain.
DI aucuns disent maintenant que Aubame et ses ca..w.ré.!.cles ont vendu le Gabon aux
Ar:l6ric::ins, favorisant le neo-colonial Leme et la sE\\,.:;-récation r-ac i a Le au Gabon,
( ••• ) de ce qu i
se passe actuellement aux U.S.A. Ils vo nt
jusClu'à è\\6cl::.rer
que 1er.; Américains veulent par le truchement d'Aubame et de ses cal!lc.rc.des in-
troduire au Gabon les méthodes qu'ils ont employées au Vietné.!.m et da~s Q'au-
. tres pc.y s 0.818. tiques où les een~ ont été ex t er-n i née et les Pays .3. 1.:1 merci
de l'influence américaine.
I l y a quelques jours, ce. doupe d'échireurs du B.D.G. ~'est réuni à Sïb:..:.ng
pour examiner des questlons d'ordre politique. Cert:lines è6cisions ont été
prises, entre autres les sui~antes :
- apr~s les élections chasser tous celcr qui se seront présentés sur des
listes de l'U.D.S.a.-p.U.N.G.A.;
-
ausa es i ner- Aubame et ses acolytes;
- charger les directeurs des sociétés, europ~ens et africains, rie surveil-
ler t ous les employés et de dénoncer ceux qui mi litent dans les r a ng s de l'
U.D.S.G.- P.U.N.G.A.
Chers Camarades uDScistes nous 80m~es foutus, méfions nous, car l'horizon se~
ble se noircir pour nous. Le Pr?sièent Léon M'Ba a encore 4 c.ns de mandat, les
d6cisions que son p:lrti envisage sont
dangereuses. Nos conciliabules sont
portés avec une rapidité inoute à ln connaiS~3.nce du B.D.G.Une Terreur s'annon-
ce.
Des ~anieestations en dehors des U.S.A. contre le racisme américain, nO'J8 font
du tort et mettent en C3.use nos relations avec les Américains. Nous sommes
cuits car les élèves ries écoles sur lesCluels nous comptions vont nous tuer,
nous solir, nous démolir; vous suvez combien ces jeunes sont C... ) sén6ration
contre le racisme.
Chezs amt.s , il a été de notre devoir de vous renseigner. QU3.nt à nous c'est
fini, notre pain n'est pas dans la politique ça sent trop mauvais."
B- Tract recueilli le 10 avriI19~.
"Ap~lel,"
!1j
"Lee mernbz-c s de la cellule cornmun i s t.e (le Libreville, forts de l "a ppuf de
nos cnrrarades dos lycées et collô~e~ et étudiilnts de France et de l'dtrancer,
1
1
a~Guré:: du co ut i on ,jc~ -'·li 't e r: il1tel18c~uelles et r,e~; masses Labo r i o uo e s grou-
1 .
"
pées a u sein de:: C2:'é:.nds pa r t i e co.nmun i c t e c mondiaux, pr-en.vn t leur plaine ron-
1
451.
ponu.i b l I j trj e t
:'éc:olu_~ pr. r to u.: iF:.' moyenn :'t at t e i nrir-e leur b ut : 1'1 nerJtl'i.:c-
tion du cc pi tn i i srne qu r en.je.rdr-e nt
l e co Lo n i t l i sme o cc i de n tc I et le daa po t i ome
af'r i ca i n , ont ar-r t.é Leur
po c i tion :'o.ce
ê
.:lUX
;:)lecti0n;, législatives du 12 avril
procll'lin.
Ap r èc co nta c to pris :t'18C les d i.r i goa nt a de l'U.D.S.'l. et Le a ca ridi du t s de
la liste D.I.D. de Libr~ville, ils
ont décidé de faire campa.Gne et de vote:-
pour le dit parti U.D.~.G. et ses listes affiliées dans l'ensemble du Gabon,
et La dite Ibte D.LD. de Li br e vLl Lc ,
Ils tienner.t à faire connaître à tous leurs symp~this'lnts que la li3~e D.I.D.
a e f'f'e c t i vemen t
inscri t da ns co n progr-amme de base 11 éLi mi na t Lon de toutes Le c
entreprises europ~enne8, bustion du capitalisme et le départ des Europ6ens,
auppô t s du colon i.a l Lcme";
c- Trust recueilli le Il avril 1964.(11 dénonce l!nction menée contre l'oppo-
sition)
"NOD sinistres ad ..rersaires du B.D.(}., maîtres des t énèbr-es ont,
dans la
nui t du 9 au 10 avril, déposé dans les r-uen de la vill e un tract à l' en t.ê t e
du D.I.D. Dans ce tr2ct, nos adversaires, car ils en ~ont bien les auteurs
recon~~is~ent que le gouvernement nous empêche de faire not~e pro~a3ande dans
des conditions normales de liberté. Ils rcconn2is~ent encore que l~ sécurité
de nos c3ndid~ts est à craindre, ils reconn~isser.t enfin que 16 ~roc3dé des
tracts nous ...'8:pu~:ne. Cela est vr a i , si vr a i, que depuis le débu t de la carapn-«
gni:J électorale, !lOUS avons toujours distribué nos écrits au grand jour.
C'est ainsi que notre profession de foi a été re:nise d3:J.3 tous les b~!,.~, hô-
tels et restaurants, et qu'au début de chaque cuuse r-Le , nous dist::Ibuons pu-
bliquemant nos informations. Tous ceux qui ont pu assiGter à nos conférences
reconn&îtront avec quelle franchise nous disons ce que nous pensons. Il est
donc inadmissible que les détracteurs bédéeistes viennent trouver à notre
place un point essentiel de notre politique que nous n'avons pas pu dire.
A Glass, comme à Lapeyrie, comme à Louis, nous n'avons pas caché notre désir
arrêté de coo pér-e r avec les Européens et avec la France en particulier. ~ro~s
entendons développer nos relations plus que centenaires avec la France e~ les
~TançaiG.
.
S'il es~ dans les intentions de l'auteur bédégiste du tract de remplacer les
Français et tous les autres Eur09'~ens par les Rucce s et les Chinois, qu 1 il
garde ses opinions intimes et qu'il les partage avec ses four~es amis.
S'il a d~n3 ses forces vives assez d'éléments pour r~mp13cer l'assi:·tance
t echu i que , no us ne voyom; pan pourquoi il ~arde Ges ami.s"êhinois qui sont
de J.'as~istance technique au même titre Que les aNxres Français •
.Uor8, pe t i t politicard, tu us szins doute voulu te livrer à des intrigues
auprès 0es Français en purticulier, et des Européens en général, tu as voulu
les s e as i.b i l i.ae r , f~lliG sache que ce monde là est plus averti que toi et qu'
il nous aurait dispensé de cette mise au point que nOU:3 somne s obligés de
faire à l'intention des esprits les moins avertis.
Sache, petit politicard, qu'à force de chercher à discréditer autrui on finit
par se discréditer soi-même.
Les Can d i da t s de 1:1 Li e t e D.LD. "
D - Un ar ooc t de l,~ C[l:'lD.:l.';ne de ::JOuti..cn a~puv8rncment
: )~xtrt~,i t cl 1 une "1 e t -
t ra
J
: e ~-"l't'"
12.0 •.', L
1
'
e
al.rCSé:ee :lU P " r
reSlI 8nt L'"on '~'B
.J..
1
<3..
( A• GI
31 mars 19')
b4
'•
"De Makokou : •.• je vouc a f'f't rme Que t.ous Le s rnun uLrna nn prient tou~ les vendre-
dis pour quo vous eoycz toujours i
1'1 tête de no tre pa trie G"abon~iDe••• le
co upab Le ser2. pu-ri s vèr-emen t
par Diou t.o ut-epu l.suan t car on ne pe ut être Pré-
é
sident ~ans la valont~ de notre vén~rable P~re ~ternel ••• Que Dieu tout-puis-
sant soit vo t.r-e bouc Li er- onvc r a vos ennemis, qu'il vous pro t ège toujours:
Amen. Il
.
.
. Ai~~! EX E XXI V
452.
Le CGn~~~CO~e dg l'i~tervention ar~je françatse au Gabon.
A - HOST UI'rE A LA FRAN GE.
Tract cecueilli le 21 mars 1964.
"Debout ! I!
conpa t.c to t es Cabo na i s , notre Patrie est en danger ,
Nou~ ne devons pas céder aux menaces du tyran M'Da,
Noue ne devons pas appr-ouver- Loc complots d'une po i c:;née de Français,
Nous ne devons p~s croire a~~ mensonges de la Hüdio-G~bon.
Léon M'Ba est un traître plutôt qu'un chef d'état. Il a vendu tout le peu-
ple gahonais pour l'o.mour de l'arGent au seul profit d'un exploitant fores-
tier Bru et de l'ambas::adeur f'ru nç a i s Cousseran.
L60n M'Ba a fait du peuple français nos ennemis; ils ont égoreé nos frè~es •
•
•
•
il
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
llII • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Chassons de ,notre sol les neo-conquisto.dor qui cherchent i1. nous imposer pc.r
la force le détestable Léon M'Ea.
Tous les peuples épris de paix et de justice sont avec nous. Nous ne saurons
échouer à notre entreprise, bien au contrClire. C'est un des devoirs nobles
que de défendre sa patrie.
L'interventi_il française dans nos affaires intérieures est une a~r~scion expres-
se et tr~s caractéris~e. Il n'y a pas d'accord possible entre les gens qui
choisissent un homme au lieu d'un peuple et nous. Il ne peut donc y avoir è'~c~
cord qu'entre le Gabon et la France, c'est-à-dire entre les deux peuples. Les
Français doivent un d0menti formel des accords de earo.ntie sic;nés entre eux
et Léon M'Ba.
Nous lutterons jusqu'à la victoire tmtale.
Vive le gouvernement provisoire,!
Vive la Révolution ! "
TI - HOSTILIT8 AUX MISSIONS.
Tract r-e cue i Lli. le- 6 a vr i.I 19b4.
"Le t t r e ou're:::-te il MonHfueur lebrasirient de 1.J. RépubLi que ;"
" De fil en [Üeuille nous découvrons les au t eur-s des trouhles au Gabon.
Aujourd'hui ce sont leG missionn~lrc~ catholiques surtout. aes 6ternels
pa-
ternalistes qui ont conduit le Congo ex-Belge élU chaos, ont pris pert au
coup d'êta t manqué du 18 f'évr i e r , No s antennes nous ont pe rmi s de dé ce Ler- leur
com ol Lc i t é ,
Actuellement, ces fourbes aC1uL:; à la cause des ambi tieux Lnua t i ab l e s co n t
entrain de retirer des banques de Libreville tous les fonds destin0s à l'en-
se i.gneuo nt pr i vé et nu d·jve 10 pperncn t de 1<1. r·)liGion ca thol ique pour I'Lnance r
des listes de candidL'Ltures de l'opposition aux élections atterldues.
On vo i t mal que les subventions accordées par le ,::\\,ouverne;nent aux missions
religisJses soient em91oy6es a des fins politiques pour combattre le m~me gou-
vernement. On 3linterro~e sur le hut de l'immixion relisieuse danz les affai-
reG int.jrieures de not!'e pays 'lui acco:rde pourtant aux dirigennts religieux
une f'avcur in,_}preci.1.ble: vo i trilres, arcent Li qu i de , etc •••
Vo i Là ba f'oué et foulé aux pieds la mission a:.;::;isnée aux prêtres par- Dieu. On
se dema.ide où va l' hum.i ni té si le:: '-l",ndc. t.a i r-es du créateur hypothèquent Leur
mission de pai:: pour ~'assurer une vie mat~rlRlle meil~eurc.
Si les re Li g i.o nc aban donne n t ma i n t en.m t leur mi s s ion r..e copule on t r e les être~j
humains ~u bén:fice de l~ corruption, de l'incohésion, de l'in~tabilité poli-
tique, coz-van t ainsicle tremplin ~tUX voraces ja:ni.lis aa t i cra i t s , Et bi en , M. le
Pr&sident, c'est signe que l'heure de lL'L naissance de l'Bmpire des renéG~ts
r-eLig i cux VLl b i e n tô t sonner. Ils Il 'ont pas de pl a ce au Gabon, les pr-ê t.r e c qu i
se ran-:;-ent du côté de s tueurs de l'Union nc t i.on.r Le , Ll c voue ue r-o n t d,:r:oflc,js
et dcvr in t l'C;;aC'lcr le ,1::" po.ys po u r [;e mettre au service des 1ï10UVC:-:l8nts ~,nti-
Louve ·nl:''''jl(~rltaU}:•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• " ••••••••••••
t.;M. les cur s ~'ai tes cc que vo uu vo u l e z ma i a no ur: '!CiTOnS apr'13 lOG 'Jlcct ion ..~,
é
, 453.
VOliS
ve rr oz, Vl1t1S l,):: CUf'Q.s, si
oleu t'l)l.I:s\\.t3.
Il''l', 1 1,'tI";1 ~l~l['l\\"
l.':: éU!.ctlons
nQUS mèneror1s unê c:unfYl:l1l~ ~[jnl.l"· "t re,li';io'1 c:ttIJoli'!'ie.
Le
com.nuru.cme est :J. nos po r t e o ,
lo n.: ::'01'OI1S rOUI' exterminer ll~:·. 1:1\\.1"( curés,
:l'Don.:; Pr-a nço Lc , nu i vrt. All~:trOe en p:'.:~s:~nt pa r- ;'.\\ihtr~o. qui est curé mJ.1cré lui.
Gabonais de demcin."
Note: Le djbut de ce tract J. ét~ olffus6 à lrr même époque sous la signature
"1'oeil en b i a i.c '",
.".NNEXE, xxv
-_ ... -------
454.
\\
A - LA DIV~RSrTe D~ L'LNSprR~7IoN.
Tract r-e cuo iLl I
Le 11} mars 1964 •
.. Les jeunes g'intr:rroC0nt."
.. Tout le monde consta.te (lue c1e;'lli~ un co r t.a i.n temp~ il n'y a pce s que p l uc
d l Lnf'o rmc t i o n n.i t i o nn l e , 'I'ou t 10 monde ca i t
que. 1:: mu n i f'e c ta t i on venant du
8'roupe dahoméen fut :l::.'ovoquôe pl:. l' •••
On a f~it p~rtir en v~cances les ~lèves des ét::J.bli8~ements cn leur disant q~c
c'était des V2.cc.:lces de raques anticip2es. On entend en cu':'se d'info::-tr..:.:tion
que 10 ville est celme, on voit des quartiers toI celui d'Akébé, en~eDclés par
les fo~ces de l'ordre.
Tout 18 monde eo r a i t houreux d'appr0ndre où en est 1[[ f'ameuae Commission d'en-
quête d.ans ses recherches, mais tout se pO-sse dans l'ombre.
Nous s~vons tous qu'il y a des expulsions qui se font et nous pensions que
c'~t::J.it le ~ouvernernent qui sienait l'arr~té d'expulsion, or nou~ apprenons
que cee per-oo nner son t convoquées pc r L' ambu c aa de de Fr-a nce , l,lieux encore,
cert.J.ins ~i::eux officiels fr:lnç~iE pr~tendent que les dtrungers Cie doivent
pa s faire de poli t i quc au Gabon, or tout le monde f:e:.it que M. Rru et des per-
sonna l i tés 6tra'l[;'è~es diriceaient 1:l poli tique 6'nbonaise. Que faut-il pencer
ma i.n t e nan t de l' Lnf'o rm.. tion objective?
Si les pouvo irs publ ics viennent il
méconnr.î tr e ou .J. violer les droits de l'homme, non co ul emerrt ils mc nquerrt aux
droits de leur charge, mais leurs dispositions sont dl5pourvues de toute valeur
juridirue(Vr. le litrre de .Jeun XXIII - La paix sur la terre - p.62 n? 61).
La vé r i té doit présider aux r-eLo t i ons entre les comraunn ut s pol i tiques. Cette
é
vé~ité b~nnit notamment toute trace de ré1.cisme, l'é5alité naturelle de toutes
les co~munaut6s. politiques, la co-di3nité humaine doit ~tre hors contexte.
Chacune a donc droit à l'exi~tence, au développement, à l~ pos=ession des
moyens néces3uires pour le r~aliser, a l~ responsabilité pr8mi~re de leur mi-
se en OeU\\Te(Vr. le livre de Jenn XXIII - l.:l. paix sur la ter~e - p.74
n086).
Tout individu a droit à la libert6 d'opinion et d'expression ce qui implique
le droit de ne pas ~tre inquiété pour ses opini~ns et celui de chercher, de
r-ecevo i r et de r-épe ndr-e , sans considération de frontières, les informations
et les idées paz- quelques moyens d'expression que ce soi t(V:::-. Dé cLa.r-a t i.on un i «
verselle des droits de l'homme, art. 19).
Voilà ce que nous sugeorons.
- Primo : Nous se rLonc heureux de voir tous les procrc:.m~Jles des d.i f'f'é r-en t s can-
didats des diverses positions du Gabon et pour cela nous vous citerons les
paroles suivantes :"11 ne Guffit pas quo les co~mun.:l.ut~s politiques dans la
poursui te de leurs intérêts se ,';ardent de causer du tort les unes o ux aut r e s ,
il leur faut mettre en commun leurs projets et leurs r-e s s.our ce s ~)our a t t.ei ndr e
les ob j e c t i.f's qui leur
ser-c i e nt autrement inaccessibles. Dans ce ea s tout ef'o i »
on 6vit0ra p~r d8S~US tout que ~e~ 2rr[lncemen~s avantac8ux pour tel ou tel
groupe rle cOffiffiunautôs politiq~es ne ce soldent pour d'autres par des dommages,
ma i s b i e n par de~ a van t.a je s positiù-;"(Vr. le livre de .Ic a n XXIII - Le. paix sur
la terre - p.78 n099).
- Secun!o : Nou~ pcn~o~:' qu'il doit y avoir quelque soit le vainqueur U:le nou-
velle u.i i té na t i ona l e cu to ur àes per sonne s ,
- Tercio: POUl" cela des élections v~aimcnt libres :::.jderaient à cet~e réconci-
liation nation~le. Car IQ volonté du Peuple est le fondement de l'autoritd
dea pouvo i r s pub l lCS. Cette volonté doits' exprimer par des élections honnê t e s
qui do i.vcnn nvo i n Li.cu pè r Lo dl queraen t au suf'f'r-ar-e uni vo r oe I égnl et nu vote
secret ou sui van t une procédure
qu i va l cn te a s aur-a nt ln liberté de vote (Vr.
é
la Décl~r~tion u~ivcrs811e des droit~ de l'homme, art. 21, par~~raphe 3).
Il 11Wt donc qu'il y ait dc c
Le c t i.o nc libros. Pour cela il faut qu
é
t ex i c te
la.
Li b er-té d'cx:'I'cGcion pn r ce 'lue le co r pe
Le c torn I ne peut pa a cho Le i r en t r e
é
deux ey a t èrnc s, ;.i 18s ci t.oye no n'ont ~)é:.~ le droi t do rno n t e r- cur- une uo r-ne au'
coin dunc rue pour di r e ce qu t i l » r(:ll:H~nt.\\I
Truct recueilli le 23 mars ly64.
MINEXE XXVI
455.
"Ho.nme s eo ur-dri et !lveuGle~3, I nc i-r.du l c s p.rr ox cc l Le nce , ouvrez vot: or-oi.Ll e s
ct vos y eux , Hlec t eur-a et électrices, les élections du 12 avril l~;(;tt ne sont
pas pr,!side~1ticlles, rna i.s plutôt l(~,'~Llatives. Helisez la. consti tution Gabo-
naise du 21 février 61. Le Président de la République est élu pour 7 ans. Il
peut disso~dre l'assemblée, COQme il peut la renouveler, ne vous faites donc
pas d'illusions.
Il n'est pas prouvé qu'un SU0dois puisse mentionner grand chose du Sénégal,
qu'un Congolais ~it une vue schématique de la Hollu~de, qu'un Italien inspi-
re beaucoup de réflexion au Gabon, qu'un Français situe sans coup férir le
Dahomey. Que chacun de ces Etats s'adresse à ses partenaires de l'autre conti-
nent dans des termes propres à fixer son image. Nous insistons, c'est impor-
tant, dans la mesure où nous sommes convaincus que c'est d'un intérêt pratique
certain.
On peut peut-être rappeler à la jeunesse gabonaise que commander n'est pas
un métier facile. A tous ceux qui ne possèdent pas une notion très claire du
commandement nous sommes obligés de leur faire lire quelques extraits des
écrits du feu Gouverneur général Félix Eaoué.
"Une erreur à éviter est de considérer les chefs coame des fonctionnaires. Le
Chef n'est pas un fonctionnaire, il est un aristocrate. Il bénéficie par là
même d'une grande liberté d'allure et n'est pas tenu par les r èg.l en.ent.s qui
s'imposent aux )f.;~ administratives. Il faut développer le sens de la res-
ponsabilité chez ceux à qui cette responsabilité incombe naturellernen~. Chefs,
notables, conseillers, obligés d'agir par eux-mêmes, associés sincèrement à
l'administration, connaîtront les difficultés du pouvoir et gagneront en di-
gnité comme en modestie au fure et à mesure qu'ils apercevront davantage
l'ingratitude du commandement d'un tuteur.
La première condition de cette réussite indispensable c'est de disposer d'
une population indigène non seulement saine, stable et paisible, mais qui crois-
se en nombre et progresse dans l'ordre matériel, intellectuel et moral jusqu'à
nous donner cette collaboration des cadres, cet attrait àes masses, sans lequel
la mise en valeur ne sera jam~is qu'un mot. Si nous n'obtenons pas cela nous
n'aurons plus le choix qu'entre l'impuissance absolue, c'est-à-dire la ruine,
et l'installation dans nos colonies d'une race étrangère qui se substituera
aux tribus nées xur du sol. La fierté nous interdit
le premier terme, la
conscience et l'intérêt élémentaire nous interdisent le second. C'est ai~si
et c'est ici notre grand devoirs au lieu de laisser se former à notre contact
une foule de prolétaires plus ou moins mal vêtus, parlant plus ou Œoins le
français. Nous ferons le bien en créant une élite et d'abord l'élite des chefs
et des notables, lesquels placés par nous devant leurs responsabilités person-
nelles du pouvoir progresser~nt avec l'usage des difficultés rencontrées et
s'accrocheront à l'ouvrage, gagneront leurs titres pour le pays et dans le
'pays ,
Cela ne vaut-il pas mieux qu'une rnuI ti tu de d' indi vi dus aigris a Ll arrt
chercher on ne sait où des mots d'ordre inadaptés.
Gabonais, Gabonaises, le Président Léon M'Ba en suivant l'exemple de feu
le Gouvorneur Eboué veut :
- 1°) Encourager la notion de solidarité dans le bien entre les nations, c'est-
à-dire combattre la guerre;
- 2°) Exciter l'émulation entre les Etats pour toute oeuvre vraiment bonne avec
désit de faire profiter chaque peuple de l'exp8rience heureuse des autres dans
la voie des pror;rès humani taites, c'est-à-dire détruire les me s qu i ns préjugés
et le froid égolGwe des races, les unes à l'égard des autres;
- 3°) Préconiser la recherche de8 moyens les plus propres à vaincre les obsta-
cles qui s'opposent au bien-être de l'humanité, c'est-à-dire faire avancer
toutes les idées pacifiques et humanitaires;
- 4°) I.e Président L80n M'Ba est le symbole d'un idéal qut implique non seule-
ment un allège:nen t cles souffrances gabonaises, mais sa pro po ce de les pr0ve-
nir. Un id~al dirig6 non vers l'all~Gomont dcs souffrance3 d'une seule race
mais vers l'éveil chez le peuple gabonais du sens de la responsabilité et du
456.
bIen-être de chaque individu. ~u' J()nc. parmI
t'l~LA9 pouvait.' prQnrlrc.la oharl)a
dû dil'1gt3r Le Gabon à
l'afl'rt\\rlt\\~n d-s. nOUV61lllX é.tA"t.9
av ao
l cu ru bOlllave.rse-
t
men te
vpo l Lt l quou e t
j u rl
l
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quce
!"'::',,ltl1nt d e
lu
co nu t i t u t i un du.l o c to b r-o
L~}·)': •••
Lal~oo:~ dono finir il J\\I.
10 \\'('u:J[dcnt 1.. MIBIl H1I ml nn l o n do 7 ario , Un verra Co
qu'il ya moyen de f:Jirc ensuita. Chars f'r èr-oa gabonais, nOUQ ne cona t ru i non.:
pus ~our 11no 6poque, mais pour tou~ les temps. Re8pect~nB tout au moins lC3
insti tutions de notre p3.ys, do rie la. cone t i tution e;abonaise du 21 f'évr-Le.r 1961.
Gabon d'abord. 1I
B - LA DIVERSITE Dè: LA FORJ.lE.
Parodies de prières.
Tract recueilli vers le 12 avril 1964.
"Seigneur tout puissant, moi f;l'Ba Léon fils de t.linko, tlavoue seigneur et
au peuple gabona i a , et tout haut, oue j 1 ai desséché moi-même et vendu ma fem-
me en plein m~rché en 1930, en même temps que mon âme. Ainsi soit-il.
Car depuis que j'ai battu Minko tout nu, je su~damné et le Gabon tout entier
mla depuis condamné.
Que votre volonté Seigneur et celle des Cabonais se fasse et de mon coloni~l
palais, coup àe pied au cul je passe tout droit en prison de Dom-les-Barn où
j 1 enferme S3.•• .: arrêt Lea par-t i sans dl Aubarne ,
Seigneur et peuple gabonai~, je suis indigne de vivre et ne peut désormais es-
pérer survivre qu'en me 3Lluvant en lâche loin du Gabon, déguisé comme j'ai
l'habitude en bouffon; ou alors dans un sursaut de courage en me suicidant si
le peuple opprimé et de rage débordant ne se décide pas avant à me tuer, car
quoique je fa3se désormais je serai enterré très bientôt, sinon par des révo-
lutionnaires emprisonnés, à moins quJun courageux ne se décide à mlempotsonnar.
Seigneur et peu]le gabonais, clest moi qui ait fait tirer sur les collégiens
de N'Dendé, r~cemment immolés par les balles traItresses de mon armée alors
que les pauvres innocents étaient désarmés.
Mea culpa, mea culpa, ~ea maxima culpa, peuple gabonais si vous avez du cran
tuez moi je vous le jure jlai mérité la mort cette foi~. Ainsi soit-il.
N'Ba lui-même. 1I
"Not r e vieux qui êtes au trône que votre nom soit celui de sa tan, que vo tr e
règne sien aille, que votre volonté s'estompe. Donnez-nous aujourd'hui même
votre trône, mais ne nous laissez pas les banques vides. Ainsi soi t-il'."
Tract recueilli ~près le 12 avril 1964. En forme de poème.
"Pleure au Gabon mon pays, pleure que tes larmes ne cessent pas de couler."
Un citoyen gabonais tout court, ni bédégiate, ni Didi.
IIPloure Don pays, pleure ton indépendance truquée, faussée, manquée;
PlcuIe mon pays, plo~e les beaux jours d'autrefois sous l'administration
de la marine française, sous Bouë t \\Hllaumetz et ses' successeurs, tu ne les
reverras plus.
Pleure mon pays, p.leùr e les heureuse s années du temps de Savorgnan de
Brazza.
Depuis il y a eu des abus, des exactions, des injustices, mais si peu que
rien cr. comparaison de ce qui se produit sous nos yeux depuis 4 années d'inde-
pendance.
Pleure mon pays, pleure devant ces grotesques personnages, ces corilles,
ces bons à appliquer 50 coups de bâton à de pauvres bougres, coupables de
nlavoirpas salué Pa pa ,.['Ba. Au Ca.acr-o un dans le temps, les ALl emands se
contentaient de 25, twenty five, P~pa M'Ba, lui, trouve que ce nlest pas suf-
fisant pour un grand chef comme lui.
Pleure mon pays, pLeur e encore une fois ta pauvre indépendanco iÜUS dure
que la colonisation étran.s-ore.t1
457.
RcmorciBr.1en t,j [lUX él cctuur'J( Lin te !J. I.D..J - 'Pru c t recueilli le 26 uvr t l 1964.
" Ré pub Li.quo gabonaise - Union-Travail-JuB tice."
Remerciements à tous les électeur~ étrangers et Gabonais,
Les candidats de la liste d'opposition de toutes les circonscriptions élec-
torales du Gabon remercient chaleureusement et fraternellerJent tous les élec-
teurs bédégistes et de l'opposition d'avoir bien voulu leur témoigner leur
confiance en votant massivement pour la liste blanche couleur de la pureté
d'intention et de sentiment qu'ils ont toujours técoigné aux légitimes aspi-
rations de la Nation.
Nous nous excusons auprès de tous nos lecteurs de ce re~ard à l'expression
de notre gratitude car nous nous attendions à ca que ceux du B.D.G. pour célé-
brer leur soi-disant victoire pavoisent, fassent exploser leur allégresse et
les pétards du feu d'artifice. Ile n'ont môme pas osé demander à U. Jean
B~p
tiste Adiwa de célébrer une messe d'action de grâce. Quel humiliant aveu d'une
cuisante défaite, les maires de toutes les communes du Gabon battus dans leur
propre co~~une et celui de Libteville par une majorité de 2713 voix. PartQut
ailleurs ils auraient donné leur démission et demandé aux électeurs de con-
firmer ou d'infirmer leur vote. Le Gabon est un pays d'exception et l'excep-
tion confirme la règle. Rien ne sera pourtant fait.
A Monbouët et 1 N'Kembo, le E.D.G. a été battu à plate couture. S'i~ a fallu
3 jours d'attente pour annoncer les résultats du vote de la commune et du dis-
trict de Libreville, c'est qu'il fallait coûte que coûte sauver la face en
trichant comme ailleurs sur les chiffreG. Tout cela est bien connu maintenant.
Au cours du scrutin les électeurs ont fait preuve d'un sens civique, d'une
moralité, d'une maturité politique aàmirables dont il faut leur rendre hommage,
car, malgré la corruption qui n'avait plus besoin de se cacher, malgré la me-
nace et la démagogie, malgré les fallacieuses promesses, malgré les arresta-
tions et les détentions, malgré toutes sor.tes d'entraves à la liberté de notre
propagande, ils ont su dire halte aux abus, aux injustices, aux arrestations
et aux détentions arbitraires, aux révocations et aux licenciements excessifs,
aux expulsions humiliantes et honteuses de collé:.borateurs et amis européens
dont le seul crime était d'avoir conseillé la modération.
Nous devons également rendre un hommage particulier et "affectueux à cette belle
jeunesse du Gabon qui n'a mbnagé ni son temps, ni sa peine et qui est l'artisan
d'une vi~toir8 dont personne ne doute sauf ceux qui déclarant t~availler pour
l'intérêt public, ne travaillent en fait que pour leur intérêt personnel. Il
faudra désormais compter avec cette jeu~esse, comme il faudra qu'on le veuille
ou non compter avec une o~position décidée à la soutenir dans sa légitime aspi-
ration à une place honorable dans la société et à empêcher le retour à des er-
reurs d'une politique qu'ont condamné à tout jamais le verdict du peuple, le
12 avril passé. L'opposition demande dans l'immédiat:
1)- D'être consultée à chaque formation et renouvellement du gouvernement;
2)- La libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politi-
ques~
3)- La révision de la constitution;
4)- La restauration d'un régime parlementaire;
5)- La réforme de l~ fonction publique;
6)- La d~mission du restant des ministres incapables de l'ancien gouverne-
ment à quel~ue po"te qu'ils fussent;
7)- L'affectation des seuls ad~ini3trateurs aux postes de préfets, secrétai-
res génêraux et sous-préfets, en vue d'un rendement administratif meilleur;
8)- Le renvoi de tous les fonctionnaires retraités actuellement maintenus
en service et de ceux de plus de 60 ans afin de faire place aux jeunes;
9)- Une politique audacieuse en faveur de la jeunesse;
10)- La non-participation
au vote de tous les étrangers.
Peuple gabonais, patience, coura~e et confiance, la victoire est à nous. Vos
élus ne vous tr~hirons pas. Vive le Gabon.
Les candLdat a de la liste D. IoD. de toutes les réeions du Gabon. Il
458.
ANNEXE
XXVIII
--------------
Lettre du Mouvement
Rêvoi utionnélire :;abonnis au :j0néral de Gaulle.
"3 mar-s 196) - Sections : N' Counié - l>loyen-ogooué - ~ioleu-N' Tern - Haut-ogooué
Ogooué-maritime - Estuaire - Nyanga "
Au général de Gaulle, Président de la République française à Paris.
Illon Général,
Après de longs mois d'attente le Peuple gahonais a cru en un moment donné
que le gouvernement français comprendrait les raisons fondamentales qui ont
déclenché l'insurrection armée du 18 févri~~ 64. Le peuple gabonais bien au
contraire assiste avec étonnement ât:lrëlllorceraent
du régime de [.1. Léon H'Ba
par l'envoi Iilassif de militaires français pour occuper le terri toire gabona i,s
et favoriser ainsi la politique insensée de M. Léon M'Ba.
Une fois de plus, le peuple gabonais s'élève pour protester énergiquement con-
tre cette attitude du gouvernement français qui accorde son soutien matériel
. et moral à !lI. Léon 1·1' Ba, un homme banni par son pays.
Une fois de :::-lus le r'louvement révolutionnaire gabonais affirme que sa Révolu-
tion n'est nullement diriE;Je contre la France, mais plutôt contre un homme
peu scrupuleux, impopulaire, qui pour s'imposer muselle tout un peuple par la
violence et l'assassinat.
Depuis quelques jours nous assistons indignés devant la multiplication
des actes de banditismo perpétrés par le régime de M. Léon M'Ba. Les jeunes
filles sont violentées dans le6 prisons et dans les villes par des mercenaires
de toute provenance.
De jour en jour le danger d'un soulèvement national prend des proportions
inquiétantes. M. Léon M'Ba prend sous son autorité, pour s'assurer le soutien
de sa triùu, procède à des nominations fantaisistes brisées SUl.' l'ethnie, tout
cela afin d'isoler toutes les.autres tribus. M. Léon M'Ba en agissant ainsi
a creusé sa propre tombe. Si par ce biais, M. Léon M'Ba pense rester à la
tête de la Nation gabonaise, il se trompe. La réalisation de ce projet va met-
tre le Gabon à sang et à feu.
Nous n'accepterons pas que soient assassinés ;.m. Aubame, Condjout, Amogho ,
Le Gabon n'est pas la terre d'une ethnie, mais de toutes les ethnies gabonai-
ses.
M. Léon M'Ba pense qu'une fois son pl~n réalisé il pourra c~asser tous les
Franç~is qui n'approuvent pas sa politique de chef de canton; ceux-là com-
battront à nos côtés.
A ce mécJntentement général ici s'ajoute le climat d'horreur laissé par l'in-
tervention française qui a abouti à l'assasninat délibéré de Gabonais. Nos
présomptions deviennent des réalités. Le Gouvernement fran~aiB met en exécu-
tion son plan de reconqu~te de l'Afrique et en part~culier la reconquate du
Gabon par les armes. La concentration des effectifs militaires français à
Mounana,au WolGu-N'Tem, à N'Dendé, justifie bien tout cela.
Avant de poser la question devant les assises de l'O.U.A. nous avons pensé
qu 1 une solution poli tique pourrait intervenir dans les pl us brefs délais.
Lec rcpréscat~nts ~ilitaires et politiquGS qu Peuple Gabonais, réunis en
leur assemblée générale à Kango dans les nuits dos 3, 4, 5 et 7 du mois de
mars 1965 a décidé de passer à l'action pour la conquête d3 l'indépendance
quand bien m&rne ~2i~ si cela nous contait des vies humaines.
Mais avant de mettre en exécution cette réso1lution, des mesures politiques
ont ôté envt dajée s et nous vous en rendons responsable, à savoir :
1)- le retr~it inconditionnel des troupes françaises du sol gabonais, COQ-
forrnémcnt au vote émis par les r e pr és entan't.e du Peuple gabonais 101':3 de sa
derni~ro session;
2)- La d0mission de K. L~on ~'Ba do la tSte du gouvernement et son exil on
France;
459.
3)- La libération de tOUD Leu ori ao nn i.e r c politiques et milit<:!.i:ces;
4)- Le è-É:SéŒ;;lement de s civils f'r-ança i.e et le r ap.ie I do:::.;
l éraerrt.s OAS
é
Brouillet - Conan - Kerebel - VallierJ
5)- L'organisation d'électian8 libres avee la participation des leaders
authentiques du pays: Gondjout - Aubame
Amogho et Yembit.
6)- modification de la constitution.
Telles sont les conditions à remplir pour un retour à la vie normale du
pays et le resserrement des liens d'amitié qui ont toujours existé entre nos
deux pays. Nous restons persuadés, mon général, que vous comprendrez l~
signification que revêt l'envoi de ce document à vous personnellement.
Nos intérêts étant communs, il n'y a pas lieu co~me l'a si bien dit un jour
Jean Hilaire Aubame, de sacrifier l'amitié de tout un peuple, pour préférer
l'amitié d'un seul homme.
Le. Comité exécutif du fuouvement Révolutionnaire Gabonais."
460.
ANNEXE XXIX
PARTICIPATION DE L'ETAT AUX SOCIETES
1.- LES SOCIETES A PARTICIPATION FINANCIERE PUBLIQUE
MINORITAIRES
Avec l'ordonnance de 1972, modifiée par celle du 6 février
1976 et ~ui institue une participation gratuite de l'Etat de
10%, 0~ peut
estimer qu'une société d'économie mixe ne l'est
qU'à partir d'une participation financière étatique minimum
de 20% (soit 10% à titre onéreux). Sur cette base, on compte
comme sociétés d'économie mixte au Gabon, parmi les plus
importantes.
a.- Dans le secteur bancaire
- Banque du Gabon et du Luxembourg au capital de 600 millions
de Frs CFA (intérêts ~abonais 30%)
- Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du
Gabon (B.I.C.I.G.) au capital de 1 .. 250 millions de Frs CFA,
avec 25% de participation de l'Etat; et 15% pour les privés
gabonais.
b.- Etablissements financiers
- Société Gabonaise de crédit bail
(SOGABAIL) au capital de
100 millions de Frs CFA avec 10% de participation de la
République Gabonaise, et 10,5 de privés gabonais.
- Société de participation et de développement au cpital de
500 millions de Frs CFA avec une participation de 30% d'inté-
rets gabonais.
461.
c.- Secteur industriel
1.- Industries alimentaires, boissQns~ tabacs
- Société Meunière et Avicole du Gabon (S.M.A.) au capital
de 364 millions de Frs CFA (République Gabonaise: 21,26%)
- Société Agricole de Port-Gentil
(AGRIPOG) au capital de
120 millions de Frs CFA: 38,25% République Gabonaise.
2.- Chimie, Bâtiment, Bois.
- Chimie Gabon au capital de 68 millions de Frs CFA (parti-
cipation gabonaise 45%).
- Société des ciments d'Owendo au capital de 220 millions·
de Fr~ CFA (participation gabonaise 20%, privés 8,7%).
- Compagnie
Forestière du Gabon (C.F.G.) au capital de
837.589.500 Frs CFA avec une participation gabonaise de 25%.
3.- Compagnies minières
- ELF-GABON, société des Pétroles d'Afrique Equatoriale,
dénommée depuis 1973 ELF-GABON : capital 15 millions de Frs
CFA avec 25% de participation gabon~ise.
- La Comilog (Compagnie Minière de 1 ·Ogooué) au capital de
7.855.540.000 Frs CFA (participation gabonaise 25%).
- La Comuf ( Compagnie des Mines d'Uranium de Franceville
au capital de 1.333.330.000 Fr5 CFA avec une participation
gabonaise de 25%.
- Société Italo-Gabonaise de Marbre (SIGAMA) au capital de
250 millions de Frs CFA avec une participation gabonaise
de 25%.
d.- Secteur commercial
Compagnie d'exploitation commerciale
Africaine. Société
Gabonaise de distribution (C.E.C.A.G.A.D.I.S.) au capital de
375 millions de Frs C.F.A. avec une participation gabonaise
de 25,51%. La Compagnie procède à ld vente en gros de marchan-
dises générale à Libreville, a Pert-Gentil et dans les princi-
paux centres du Gabon.
462.
La Librevilloise
de Magasins Libremag au capital de
200 millions de Frs CFA avec une participation gabonaise de
11% pour l'Etat et 11% privés.
e.- Secteur immobilier
La Gabonaise Immobilière (G.A.B.LM.) au capital de
125 millions de Frs CFA avec 20,6% de participation gabonaise.
II.- LES SOCIETES A PARTICIPATION FINANCIERE PUBLIQUE
MAJORITAIRE
Il convient d'abord de remarquer que généralement les
sociétés considéré~s comme des sociétés nationales ne sont en
réalité que des sociétés d'économie mixte à particjpation pu-
blique majoritaire. Ces participations étatiques majoritaires
sont relativement récentes et concernent les activités d'inté-
rêt général, exigeant une direction et une tutelle de l'entre-
prise privée.
En suivant les mêmes rubriques que pour la participation
minoritaire, on compte parmi les plus importantes:
a. - Secteur Bancaire
- Banque Gabonaise de Développement (B.G.D.) capital 4
milliards de Frs CFA avec une participation gabonaise de 64,4%
les autres actionnaires sont: le C.C.C.E. 13,3%, la C.D.C.
3,1%, la B.E.A.C.
17,3%, la B.F.C.E.
10.8%, la D.E.G. 9,1%
la Banque Gabonaise joue un rôle de promotteur dans le déve-
loppement économique du pays pour l'action de prêts et crédits
à faible
intérêt, par sa'prise de participation dans diverses
compagnies installées au Gabon.
b.- Etablissements financiers
- - -
Il n'existe pas de sociétés à participation publique
majoritaire dans ce secteur couvett par la B.G.D. (y supra).
463.
c.- Secteur industriel
- Société Gahonaise d'Armement et de Pêche Industriel
(G.A.P.I.) au capital de 30 millions de Frs CFA à participa-
tion gabonaise de 51%. Cette société créée depuis 1975 dans
le cadre de la
P.I.D. provision pour investissement diver-
sifié, entreprend une étude en vue de la création et de
1 'exploitation d'une flotte thonière au Gabon.
- Société Gabonaise d~ Piles Electriques (S.O.G.A.P.I.L.)
créée en 1974 dans le c~dre de la participation de la CGMILOG
à
la P.I.B. capital; 60 millions de Frs CFA avec une parti-
cip~tion gabonaise de 42%.
- Société Nationale de Bois du Gabon (S.N.B.e.) cette société
créée
en 1975 à l'exclusivité de la commercialisation des
bois en grumes et de toutes les essences exploitées au Gabon,
son capital est de 1 milliard de Fr CFA, la participation de
l'Etat Gabonais est de 51%.
- S.O.M.I.F.E.R. (Société des Mines de Fer de ~ékambo)
par un protocole d'accord signé le 10 juillet 1974 entre le
gouvernement Gabonai~ et la S.O.M.F.E.R., la participation de
l'Etat Gabonais au capital de cette société est passée de
56% à 60%. Son capital est de 1.500 millions de Frs CFA.
d.- Secteur commercial
- Société Gabonaise de Distribution (SOGADI), capital de
218.280.000 Frs CFA commerce général et import, participa-
tion gabonaise 51%.
- Société Nationale d'Acconage et de transit (S.N.A.T.) commen-
ça véritablement ses activités le 1er janvier 1976, son capi-
tal s'élève à 600 millions de Frs CFA dont 51% pour l'Etat
Gabonais, 24,5% pour la S.O.A.E.M.
(Société Ouest Africaine
d'Entreprises Maritimes) et 24,5% pour la S.O.C.O.P.A.O ..
Les principales activités de cette société sont l'acconage,
le transit aérien et maritime ainsi que le camionage. La
S.N.A.T. manipule annuellement 180.000 tonnes pour l'acconage,
464.
26.000 tonnes pour le transit maritime et 13.000 tonnes pour
le ~ransit aérien. Elle totalise un effectif de 850. employés
dont 500 pour les seules activités du port d'Owendo. Le
chiffre d'affaires de cette société à la fin de l'année 1975
s'élève à trois milliards de Frs CFA. L'intérêt de la S.N.A.T.
réside dans le fait que par ses activités, elle assure des
approvisionnements réguliers en marchandises de toutes sortes,
mettant ainsi un frein au problème de rupture de stocks qui
favorise la spéculation, et la hausse des prix dans le pays.
e.- Secteur immobilier
- Soc;~té de grands hôtels du Gabon ( Gao hôtels) capital
90 millions de Frs CFA participation gabonaise 70%. Société
Hôtel du Dialogue, capital 900 millions de Frs CFA partici-
pation gabonaise 50%.
- Société Nationale Immobilière (S.N.I.) Société d'Economie
mixte et d'intérêt national, cette société est née en 1976
de la fusion de la Société Gabonaise d'Aménagement et d'Equi-
pement Immobilier (S.G.A.E.I.) et l'Office National d'Habitat
(O.N.H.) Cet.te société au capital de 750 millions de Frs
CFA avec une participation gabonaise de 77,36% demeure au-
jourd'hui l'outil
privilégié du gouvernement pour L' e x cu t i on
ë
de sa politique d'habita social.
L'énumération des sociétés à participation financière
publique que nous venons d'étudier n'est pas exhaustive, il
est vrai, mais cette raison ne peut modifier notre conclusion
sur le développement des sociétés d'économie
mixte au Gabon.
En premier lieu, il
convient de remarquer que les
sociétés à participation financière publique (surtout mino-
ritaires) ne sont pas inconnues au Gabon avant 1972 année de
leur promotion par des mesures gouvernementales, toutefois,
leur développement, reste encore embryonnaire. Sur les quel-
ques 300 à 350 sociétés installées au Gabon en 1971 (1) on
(1)- Cf Industrie et Travaux d'Outre-mer sept. 1969.
465.
compte en gros 35 à 40 sociétés d'économie mixte, c'est-à-
dire seulement le dixième de l'ensemble. D'autre part, la
faiblesse numérique de ces sociétés et leur jeunesse, ne
p.e r rr, e t t e nt pas e ncor e cl e mesure r lie f f e t de ces der ni ère s
sur le développement économique, ce qui n'est pas le cas des
sociétés pétrolières depuis le réaménagement en 1973 de leurs
relations avec l'Etat.
REDEVANCES SUPERFICIAIRES
1.- Permis de recherches dans le domaine terrestre
150 Frs CFA. Le Km2 pour l a 1ère année
250
Il
Il
Il
pour l a 2e et l a 3e année
350
Il
Il
Il
pour la 4e et la 5e année
1500
Il
Il
Il
au delà de la 5e année.
Pour les recherches en mer, la redevance sup8rficiaire
est réduite de 4/5ème pour les permis de recherches au dessus
de 200m de profondeur d'eau, et elle est supprimée quand cette
profondeur atteint 1.000 mètres.
2.- Permis d'exploitation d'un taux fixe de 700 Frs CFA
par hectare, par an.
- Bons de signature de convention (à partir de 100.000 Frs CFA)
et bons de production (200 à 800 millions de Frs CFA).
- Impôts sur les bénéfices industriels et commerciaux
(73% du bénéfice imposable déterminée en fonction du prix
de vente arrêté par les pouvoirs publics.
- Droits d'enregistrement, de timbre, d'immatriculation et de
transcription foncière: 1%.
- Droits et taxes perçus par l'administration des douanes.
L'application des dispositions fisca12s de la 1I1 0i
pê t r o l t
r e " a rapporté à l'Etat gabonais d'importants revenus
è
depuis 1974. Aujourd'hui, le pétrole est considéré comme la
principale source de revenus de l'Etat et le moteur de l'économie
gabonaise. Toutefois, il convient d'ajouter que les dispositions
466.
fiscales de la loi pétrolière sont allégées par les disposi-
tions du code d'investissements au Gabon (1) et par les dis-
positions des conventions d1établissement conclues entre l'Etat
et chacune des sociétés. r.et allégement de la fiscalité répond
au besoin d'encourager les sociétés pétrolières dans leurs
décisions d'investissement.
Nous avons fait allusion au rôle moteur du pétrole dans
l'économie gabonaise.' Ce rôle moteur se dégage surtout de la'
P. 1 . D.
(P r a vis ion pou r 1nvest i s semen ts Dive r s i fié s) cr é é e par
la "loi pétrolière" ci-dessus examinée dans le cadre des
droits annexes (2).
LA NATURE DE LA P.I.D.
"La Provision pour Investissements Diversifiés" comme
son nom l'indique est une provision prélevée sur le compte
d1exploitation des sociétés pétrolières
son montant est
t
pla fan né à 10% duc hi.f f r e d' a f f air es de cha que soc i été con-
cerné~. Le montant versé est déductible de l lassiette de
l'impôt frappant les bénéfices industriels et commerciaux.
Cette provision versée à un fonds paritaire d'investissement
devient la propriété commune de l'Etat et de la société à rai-
son de 5,1% et de 49% respectivement
et doit être affectée
dans un délai de cinq ans à des investissements ou des enga-
gements financiers adaptés aux objectifs de l'économie gabo-
naise, mais la partie de la provision, non utilisée dans ce
délai est réintégrée dans les bénéfices de la société l'exer-
ce suivant. En raison de son caractère facultatif, la princi-
pale société pétrolière intéressée par li P.I .D. est ELF-GABON.
(1)- Cf. "Code des Investissements" La République Gabonaise.
Perspectives Euro-Africaines n° 15 p.95.
(2)- Il s'agit d'un certain nombre de droits institués par la
loi pétrolière au profit de l'Etat et applicables aux sociétés
pétrolières à différents stades de leur activité. Pour la
liste de ces droits, consulter B. ABOGHE, Bilan des réformes
fiscales applicables aux sociétés pétrolières établies au
Gabon. D.E.A. de droit, Université de Bordeaux 1. 1976-77
pp.36-39.
467.
Par le biais de la P.LD., ELF-GABON a fourni pour les années
1974 et 1975, une somme totale de près de 22 milliards de Frs
CFA. Parmi les principales réalisations dues ~ la P.I.D.,
plusieurs sociétés sont opérationnelles en totalité ou en
partie, telles que:
- Gabon Informatique créée en mai 1974 avec un capital de
330 millions de Frs CFA dont 33,19% pour ELF-GABON et 34,57%
pour la République Gaponaise.
- Société de Peinture et de Laque qui a mis en service une
usine de production de 1.500T par an de peinture en décembre
1975. ~e capital de la société est de 110 millions de Frs
CFA avec 21,83% de participation pour la République Gabonaise
et 15,30% pour ELF-GABON.
La compagnie ELF-GABON de raffinage, a construit une
seconde raffinerie à Port-Gentil
(COGER) son capital est
de 2,5 milliards de Frs CFA avec 30% de participation de la
République Gabonaise et 70% pour ELF-GABON.
- La société Sucrière du Haut-Ogooué (S.O.S.U.H.O.) doit cons-
truire à Kango une usine de fabrication de pâte à papier.
Son capital est de 5 milliards de Frs CFA. L'Etat participe
pour 32,5%, ELF et ERAP pour 52,6%/
Nous ne pouvons ici énumérer toutes les réalisations
dues à la P.LO., ce qu t i l est important de retenir, et qui
constitue l t i nt r-ê t de la P.LD., c
ë
t e s t
que comme le montrent
ces nombreuses réalisations qui lui sont due, elle a un effet
multiplicateur. D'autre part, en associant les sociétés pétro-
lières au développement économique du pays, elle permet une
intégration de ces sociétés qui perdent petit à petit leur
caractère "d 1 Etat dans 11 Etat".
L'examen de la loi "pétrolière" ci-dessus et celui des
ordonnances portant sur la participation financière publique
dans les sociétés installées au Gabon quelques pages aupara-
vant, visait à dégager les aspects économiques de l'évolution
de la coopération financière gabonaise.
PRESIDENŒ DE LA REPUBLIQU E
Service de Presse
468.
AN1HXE XXX
ALLùCUTION DE M.
VALLRY GISCARD D'ESTAING
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
A SON ARRIVEE A L'AEROPORT DE LIBREVILLE
Jeudi 5 Août 1976
Monsieur le Président,
La France est l'amie de ses amis,
la France est aussi l'amie
de ceux qui partagent son idéal de lite rté et de fraternité,
la France est
enfin l'amie de l'Afrique et ce sont les motifs pour Ie squc l s je suis
heureux de répondre à Libreville à votre invitation.
Depuis mon élection à la Présidence de la République Fr-ançai s s ,
nous avons eu
de nombreuses occasions de nors
rencontrer et vous rn-avez
même offert l'hospitalité à titre privé.
L'année dernière,
j'é'.vais indiqué que j'acceptais votre invitation
à effectuer dans votre pays une vi s itc officielle,
la voici.
Chaque lois que .l'or.. revient au Gabon,
on est frappé par la
rapidité de sa transformation e t par l'importance des réalisations que vous
accomplissez.
Conduire un jeune Etat ve r s son dé ve loppe rnent et vers son
épanouissement est une tŒchc pa r ti cu li èr-e rn ent lourde.
Vous vous y consa-
crez,
Monsieur le Pr-é s id en t,
avec le courage et l'activité que nous vous
connaissons et,
gr âc e à la déiirvoyance de vos.::llOix,
vous rencontrez le
succès.
Sous votre haute di re c tion,
12 Gabon a atteint une stabilité poli-
tique et un niveau de dé ve lopp e m ent
cono mi que que be au coup lui e nvi e n t.
é
La France a toujours apporté" son aide au Gabon indépendant.
Sachez qu'elle est décidée cl le faire aussi longtemps que vous le souhai-
terez dans le respect et dans 1festime réciproques.
Nos entretiens,
Monsieur le Président,
porteront sur les problèmes
du continent africain,
ch ez vous qui allez accueillir l'an prochain la réunion
plénière de l'O. U. A.
Il s porteront aussi sur les problèmes du dé ve loppe me.it
et de l 'organisation
co no rn ique
é
i no ndi a l e
et vous savez que nou s accu ei Ilon o
chez nous la coriîé r-enc e qui en dé::J.:.. t.
Ainsi,
je suis sOr que nos entretiens
seront profitables.
Monsieur le Pr-é s id euc.
en ar r i vant ,
.i 'apporte avec moi les voeu);
que le peuple français vous c xp r i m e ,
voeux de succès et de bonheur pour
vous.
voeux de paix et de pre/grès pour le peuple gabonais ami du peuple:
français.
Vive 12. République Gabona i se '
469.
Ce n'est pas une formule abstraite, car tous vos compa-
triotes voient grandir chaque année ce Gabon moderne que vous bâtissez
avec eux. Usant d'une persévérance inlassable, vous vous êtes attaché
à lui donner les moyens d'un développement économique continu et harmo-
nieux. Le Président BONGO est ainsi devenu
le sYmbole du progrès éco-
nomique et social du Gabon,et il n'y a pas,
je crois, de meilleure ima-
ge possible pour le Chef d'un jeune Etat du Tiers-Monde. Vous avez su
utiliser les importantes ressources tirées de l'exploitation des ri-
chesses naturelles de votre pays, pour le doter d'une infrastructure
indispensable dans le domaine des communications et créer de nouvelles
sources d'énergie en entreprenant l'équipement de vos fleuves. Vous
aurez ainsi permis l'accès à des richesses parfois recensées mais aussi
parfois ignorées, et la création d'industries qui renforceront la capa-
cité de l'économie gabonaise.
o
o
0
La stabilité de vos institutions, le libé~alisme éclairé
de votre politique vous ont acquis la confiance de la communauté économi-
que internationale. Ainsi vous êtes-vous assuré les concours extérieurs
qui vous étaient en effet nécessaires.
Votre pays comptera, dans un avenir relativement proche
parmi les nations industrielles. Ces matières premières, minérales ou
végétales, exportées jusqu'ici à l'état brut, vous allez pouvoir les
transformer progressivement sur place grâce à la mise en oeuvre d'unités
de valorisation dotées des équipements les plus modernes. Sans vouloir
entrer dans une trop longue énumération,jqu'il me suffise de citer les
raffineries de pétrole, les usines de produits chimiques, de ferro-alliage,
de concentration du minerai d'uranium, les fabriques de pâtes à papier .
.../ ...
470.
Cet effort cohérent de promotion économique auquel vous
savez que nous sommes toujours disposés à nous associer, donnera à l'éco-
nomie gabonaise une solidité qui l'affranchira en grande partie des fluc-
tuations désastreuses des cours du marché mondial des matières premières,
et assurera l'indépendance économique du Gabon tout en élevant-
le niveau
de vie de ses habitants.
Déjà, c'est peut-être l'effet de mon ancienne
formation,
je veux souligner ici deux résultats statistiques significatifs
le revenu par tête d'habitant vous place en tête des Etats africains. Et
cette année, pour la première fois,
les recettes budgétaires gabonaises
par habitant seront comparables et'peut-être même supérieures à celles de
la France. J'ajoute que votre budget, bien qu'ayant quadruplé en deux
ans, est établi en équilibre.
Je sais que soucieux d'un développement harmonieux, vous
avez également prévu une action vigoureuse dans le secteur agricole,
action pour laquelle notre aide vous est acquise. C'est une entreprise
qui est à la fois nécessaire et délicate dans un pays où les initiatives
minières et industrielles connaissent le succès que nous observons.
Certes, les diffic~ltés demeurent, et d'ailleurs quel est
le pays, qu'il soit à l'heure actuelle, industrialisé ou en développement
qui n'en rencontre dans la recherche
de son équilibre économique? Mais
vous avez montré, Monsieur le Président, que vous saviez prendre ces
problèmes à bras le corps
.Soyez persuadé que la coopération de la France
.
ne vous fera pas défaut. Car le Gouvernement français,
vous l'avez rappelé,
vient de décider la poursuite de notre effort d'aide au développement,
pour atteindre d'ici 1980 le niveau de 0,70 % du PIS (Produit intérieur
brut)
proposé par les instances internationales.
Cette coopération,
je l'ai dit à plusieurs reprises,
est aussi un acte d'affranchissement: contribuant à la définition par
les pays africains de solutions originales et librement choisies, elle
sert l'affirmation des indépendances nationales.
.../ ...
472.
Il nous apparaît enfin que l'Afrique, dans cette phase
décisive de son développement, doit bénéficier d'un nouvel effort conjugué
et cohérent des pays industriels. C'est à ce besoin que répond la propo-
sition, que j'ai faite, en mai dernier, à la conférence franco-africaine
de Paris, de créer un Fonds exceptionnel de pro~otion de l'Afrique dont
l'utilisation sera librement élabor~e par les pays bénéficiaires. J'en
ai entretenu récemment nos principaU~ partenaires, et je peux vous dire
que l'idée progresse.
Monsieur le Président, le troisième motif de la considéra-
tion dont bénéficie le Gabon tient au rôle qu'il est appelé à
jouer en
Afrique et à la conduite de sa politique internationale.
Sur ces questions, le Gabon et la France partagent une
même conception de l'avenir de la communauté internationale, fondée sur
l'indépendance pour les Etats et la liberté pour les hommes, comme sur la
solidarité entre les Etats et la fraternité entre les hommes.
Cette conception s'applique à l'Afrique. Rendue complète-
ment maîtresse d'elle-même par l'ftPplication nécessaire de la règle ma-
joritaire en Rhodésie, par l'accession de la Namibie à l'indépendance,
selon le calendrier fixé par les Nations Unies, par l'acheminement dans
la dignité et l'unité du Territoire Français des Afars et des Issas, vers
une indépendance qui pourra être effectiv» dès l'an p ro cha i.n
et par la
ç
condamnation de la politique d'apartheid, qui blesse l'homme noir et
l'homme blanc dans leur commune dignité,
l'Afrique pourra alors consacrer
toute entière, selon ses méthodes propres, à son immense tâche de déve-
loppement.
Pour celà, l'Afrique doit être laissée aux Africains. Le
continent, pacifique par excellence, doit être laissé à l'écart des luttes
hégémoniques mondiales, et doit éviter de se déchirer sur des querelles
idéologiques conçues dans les pays industrialisés, et qui ne décrivent pas
les réalités africaines. Oui, l'Afrique doit être laissée aux Africains,
à la seule exception des ccricou r s . ql; 'appelle son oeuvre de déve Lopperaent .
473.
Cet idéal, le Gabon et la France s'efforcent de le faire
prévaloir dans les assises internationales où votre pays, Monsieur le
Président, occupe aujourd'hui une place
de choix et notamment dans
l'Organisation de l'Unité Africaine, dont votre pays va accueillir les
délibérations, et dont vous assumerez vous-même la présidence.
o
o
0
Ainsi, les liens entre le Gabon et la France tissés par
le souvenir, resserrés aujourd'hui par une estime et une compréhension
réciproques, par une volonté loyale de coopération, trouvent-ils leur
véritable sens dans la lutte menée en commun pour le progrès et la promo-
tion de l ' homme •
Monsieur le Président, permett~L-moi de me réjouir hautement
de l'harmonie qui préside à nos relations, et qùi garantit leur avenir.
Cette visite en est l'illustration par les marques d'amitié que vous vou-
lez bien nous manifester, tant pour 11me GISCARD O'ESTAINT et moi-même,
que pour nos compatriotes qui m'accompagnent, ce qui me touche profondé-
ment. Jé veux à mon tour vous apporter solennellement le témoignage des
sentiments fraternels qui nous animent à l'égard de votre personne, comme
à l'égard du peuple gabonais que je salue dans son pays.
Je forme les voeux en l'honneur de Monsieur le Président
BONGO, de Madame BONGO, pour la prospérité et le bonheur au Gabon, et
pour l'amitié qui ne s'éteindra jamais entre le Gabon et la France.
:...-~
Vive le Gabon, vive la France.
474.
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
A!H~EXE XXXI
Service de Presse
ALLOCUTION DE M. VALERY GISCARD D'ESTAING
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
AU DINER 9FFERT PAR LE PRESIDENT BONGO
Cité du 12 Mars à Libreville
Jeudi 5 août 1976
Monsieur le"Président et Cher Ami, Madame,
Je veux d'abord vous remercier très vivement des propos
empreints d'une si chaleu~euse amitié dont vous avez bien voulu m'honorer
et avec moi, mon pays et mes compatriotes. Ce sont des paroles du coeur,
et c'est
pourquoi j'y suis infiniment sensible. Elles expriment des sen-
timents dont j'ai pu mesurer la profondeur et la sincérité dans l'accueil
si amical que vous-même et la population de Libreville m'avez réservé ainsi
que qu'à Madame Giscard d'Estaing.
Cette amitié est un sentiment pleinement partagé. La France
et le Gabon ont vécu une histoire commune au cours de laquelle nos deux
peuples ont appris à se connaître et ont noué des relations dont je voudrais
dire, comme chacun le constate et comme vous l'avez exprimé vous-Qême,
qu'elles revêtent aujourd'hui un caractère hautement privilégié. Ainsi
dans l'esprit d'une familiarité,
façonnée au fil des années, mon pays
suit avec attention, intérêt et sympathie l'évolution et le développement
de la République du Gabon, dans le respect scrupuleux de son indépendance,
et de sa dignité.
. .. / ...
475.
Cette République Gabonaise est appelée à jouer un grand
rôle en Afrique en raison de la personnalité de son Pr~siècnt, de sa
situation et de ses ressources, et aussi de la claire perception qu'elle
a des intérêts authentiques de l'Afrique.
o
o
0
Voici plus de huit ans qu'accédant à la haute magistra-
t
ture, vous avez pris en main les destinées de votre pays. Qu'il me soit
permis de vous dire, Monsieur le Président, combien je suis frappé par
l'ampleur de l'0~uvre qui s'accomplit, sous votre direction, avec un
éclatant et visible succès. Si le Gabon est aujourd'hui un jeune Etat
vigoureux, plein d'activité et de promesses, i l le doit d'abord à vous-
même dont l'esprit politique, l'autorité naturelle et l'énergie lui ont
permis de surmonter les obstacles qui jalonnent le dur chemin de l'in-
dépendance.
Vous avez d'abord voulu forger la nation gabonaise et
lui donner foi dans son destin. Existe-t-il une tâche plus créatrice
que de fonder la spiritualité d'une jeune communauté nationale, de pé-
nétrer tous ses membres
de la communauté nationale, de pénétrer tous
ses membres de la fierté de lui appartenir, de les rassembler sans au-
cune distinction à son service de telle sorte que chacun puisse dire
"ce pays est le mien car je le bâtis de mes mains" et de traduire ainsi
dans la réalité concrète cette maxime politique :
"l'indépendance se
bâtit de ses propres mains".
.../ ...
476.
ANNEXE XXXII
.-_'_""-'
/ ' /
\\~)
C 0 N VEN T ION
o/~f"
-~ntre le Gouvernement de la République Gabonaise
O '~d7unc part, et l'Office de Coopération et d'Accueil
\\~ nivers i taire d ',autre part, il a été arrêté et
~
,
~
convenu ce qui suit
-
TITRE l
-
;;(j (~(î&r
GENERALITES
.~~
. '
.
",
A~TICLE 1
~IOffice der Coopération et d'Accueil Universitaire (69, Quai
d'Orsay -
75007 PARIS)
reçoit mandat du Gouvernement de la
République Gabonaise pour :
1 -
Assurer le pla~e~ent en France des étudiants .Gabonais dans
iès'établissè~enti d'enseignement et d~ formation confor-
mément à l'orientation indiquée. par le ·Gouver.nement de .l a
République Gabonaise.
.
.#.
2 - Suivre et .Eaciliter la scolarité des étudiants.
Soumettre toute nouvelle orientation des études proposée;
par les autorités universi~~ires et scolaires compétentes.
3 -
Rendre compte au Gouvernement de la République Gabonaise
des résultats scolaires obtenus par l~s 0tudiants.
4 - Organiser dans ~a mesure des moyens ~isponibles l;accueil en
France des étudiants boursiers Gabonais réunissant les condi-
tions définies à .l'article 2 du titre II et dont l:arrivée
aura été annonc6e télégraphiquement ( date et vol
) dans un
délai suffisant.
5 -
Effectuer les opérûtions financières relatives aux allocations
et prestations: définies au titre IV article 15 alinéas 1-2-3
et 4.
6 - Coordonner l'activité des organismes ayant pour objet l:aide
sous toutes ses formes aux étudiants.
"
'Ô
•
J'",,:.
•
.
o
• •
1 •••
-
TITRE II -
477.
PLACEMENT ET ETUDES
ARTICLE 2
,
L'Office de Coopération ct d'Accueil Universitaire est en applica-
tion de l'Article 1, premier alinéa, et en liaison avec l:Ambassadc
du Gabon en France en cas de ~ifficulté d'application de cet
article (dossier incomplet, arrivée tardive) chargé de l'affec-
tation de tous les étudiants boursiers du Gabon dans les établisse-
ments d 1enseignement et les disciplines indiqués par ~a décision
accordant l'allocation. Pour cette affeçtation,
priqrité est en
principe donnée aux Académies d2 Provinceo
.~ ARTICLE 3
Les arrêtés gabonais accordant,
modifiant ou supprimant les allo-
cations :ndiqueront l'orientation,
la fili~re et le niv~au à at-
teindreo Ils sont notifiés en quintuple exempl~ire à l/Officc de
Coopération ct d'Accueil Universitaire avant le début de liann~e
scolaireo
;Ç
ARTICLE 4
,
Le dossier scolaire et médical complet,
tel qU'il est décrit p~r
'les notes annuelles de rentrée, doit être déposé à l'Office en
même temps que lQ dcm~ndc d'~dmission.
.
Tant que ce dossier n'cst pas déposé,
l'Office n;est pas tenu
d'effectuer le placement.
ARTICLE 5
L'Office n:est pas chargé du placement des non boursierso
ARTICLE 6
Dans le cas où, en raison de l' inapti tude ou du comportement d ' u.i
étudiant boursier, son affectation dans un établissement d;ensei-·
gnement françQis n'est plus possible,
l'Office pourrait, en accord
avc.c
l'J\\m1vlss,lcit: du G,lbcH) -
.ic co r d
,'crit cornrnun Lqué d an s
lL.:~ rQl~iJ.-
. leurs d6lais -
susr~ndre sn bours~.
ARTICLE 7
Dans le c a s où un étudiant C)i1boni1is ne poursuivrait p o r
1L:ô> é,tucL.;;'
indiquées p~r la décision,
l'Office ne pourrait suspendr~ le
paiement de l;allocation que sur accord du Gouvernement Gabon~is
COl
de l'Ambassade du Gabon à Par is
accord écr i t
cornmun Lqu.i d a nr,
les meillc~rs délais.
000/
o o a
RTICLE 8
478.
L'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire, en accord avec
l'Ambassade du Gabon à Paris peut décider le transfert d'un éta-
blissement scolaire à un autre. Toute décision relative à une
orientation nouvelle est du seul ressort du Gouvern~ment de la
République Gabonaise.
RTICLE 9
En aucun cas l'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire
ne peut assurer le transport d'un étudiant Gabonais en pays étrèn··
ger, ni subvenir d'une manière quelconque à son entretie~ dans
ce pays.
•
~TICLE 10
La règlementation française propre aux établissements ct "errs c Lqnorac.nt;
est applicable aux étudiants gabonais sauf dérogation expresse c1~s
autorités ,~mpétenteso
RTICLE 11
~L'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire établit cha~u~
année scolaire, au deuxième trimestre, des statistiques indiq~~nt
la situation scdiaire exacte des étudiants boursiers dont il a f
assuré le placement. Ces statistiques sont communiquées au GOUVër··
némerit de la République Gabonaise ainsi qu'à son Ambassade à Pc::-.:',·
-
TITRE III -
DISPOSITIONS D'ORDRE SOCIAL
iRTICLE 12
L'Office a vocation pour assurer l'aide sociale aux étudiants
Gabonais et leur logement dans la mesure de ses possibilités.
Il est chargé, en liaison avec les organismes sociaux français,
de rechercher toutes solutions susceptibles d'améliorer les con~~
tians de vic des étudiants Gabondis.
,RTICLE 13
En ce qui concerne le contingent expresiément réscrv6 au G~tcr:
dans les cit6s universitaires,
les logements sont attri~~'-
• •
0 /
0 0 0
.
'r
479.
- à Paris sur avis d'une Commission siégeant à
l'Office au sein de
laquelle l'Ambassade de la République Gabonaise est représentée.
-
en Province par la commission du Centre Régional des Oeuvres
Universitaires, au sein de laquelle siège le délégué académique
de l'Office. L'Ambassade du Gabon sera tenue informée du nombre
des candidatures et des admissions.
TICLE: 14
L'Office pourra proposer toutes activit~s culturelles, éducatives
ou touristiques aux étudiants boursiers Gabonais.
- TITRE IV -
DISPOSITIONS D'ORDRE,~I.N.ANCIER.,
--- ..
•
rICLE: 15
Les opérations comptabilisées p~r l'Office de Coop6r~tion et
d'Accueil Universitaire partent limitativement; de la date du
débarquement en France du bénéficiaire jusqu'à la date de son
sapatriement ( fin d'études>,
sur:
1 -
les bourses d~s catégori~s B - C - D- E et de spécialisatian,
y compris l'allocation logement.
2 -
les frais de trousseau.
3 -
les allocations de Vacances.
4
les allocations familiales après visa de l'Ambassade.
En ce qui concerne les étudiants résidant en France auxquels
une bourse serait attribuée,
la prise en charge par l'Office a
lieu au premier jour du mois suivant la date de la décision.
'tCLE: 16
A compter du 1er Octobre de chaque année scolaire,
10 paiement
des bourses de l'ann~c précédente qui n'auront pas encore été
renouvelées au t ome t Lqucmcn t
sera recondui t
p a r
l ,'Off Lc o s auf o r dr. ~
contraire du Ministre de l'Education Nationale du Gabon.
lCLE: 17
Les frais de trousseau n0 sont payables à l'étudiant qu:au vu de
la décision portant attribution de lù bourse.
000/ .0.
480.
'IeLE -18
. ".
Le cumul de toute rémunération extérieure avec la bourse est
r-" ."
interdit. Il entra1nc la suspension automatique de la bourse par
l'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire. Par contre,
ce cumul est possible avec une aide scolaire ou sociale à condi-
tion que le total de l'aide et de la rémunération soit égal ou
inférieur à une bourse de catégorie Do
ICLE 19
Toute avance sur bourse ou allocation est interdite.
-.
ICLE 20
La suppression de la bourse, quelle qu'en soit la cause,
impliqua
la mise en route et le rapatriement de l'étudiant, dans le plus
bref délai. L'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire
fera conna1tre les ayant-droits à
l'Ambassade du Gabon qui ûssurera
la mise en route.
'•.1.
rCL} 21
'.
Le rapatriement, suivant la procédure prévue à llarticle 20, d'un
'. boursier Gabonais en cours de scolarité ne peut être accordé suri'
simple demande de l'intéressé, que si elle est assortie soit d'une
justification d'ordre scolaire, soit d'un certificat médical
'ICLE 22
Sur avis conforme du médecin, en cas de maladie très grave
(maladie mentale notamment) dûment constatée,
la suppression
de bourse et le rapatriement sont immédiatement décidés sur avis
de l'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire par
l'Ambassade du Gabon qui assure la mise cn route •
.
~ICLE 23
Toute décision de suspension ou suppression de bourse ou d1allo-
cation nc prend effet qU'à compter du premier J04r <lu mois auiv~n~
.; la ~ate de réception de la rl6cision à l'Offico,
lorsque cette
c. décision
est prise par le Gouvernement.
Toutefois, si la date de réception de cette décision est posté-
rieure au 10 du mois, cette décision nc pr-end effet qu'à compter
du premier jour du deuxième mois suivant cette date.
-'
•
• •
/
• •
Q
.. .....
481.
TICLE 24
~
Des voyages de vacances sont accordés aux étudiants boursiers
' i
pouvant justifier soit de trois années scolaires consécutives en
France,
soit de deux années avec un succès scolaire obtenu au
cours de ce délai.
La lIste, confidentielle, des bénéficiaires est établie par les
soins
de l'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire et
envoyée à l'Ambassade du Gabon en France qui décide et met en
route.
rICLE 25
Les familles peuvent prétendre au bénéfice du voyage de vacances
au mame titre que les boursiers (par famille i l faut entendre pà=~,
mère et leurs enfants).
t
rICLE 26
La gestion des étudiants de la République Gabonais~ oonne lieu
à un prélèvement effectué sur les ·fonds reçus par l'Off~cc d0
Coopération et d'Accueil Universitaire et égal à 5 % du montant
total des crédits affectés à
l'entretien de ces étudiants.
~ ..
. ~
....
rÎCLE 27
Les"moyens financiers nécessaires à
l'entretien dQS boursiers d~
la République Gabonaise seront mis à
la disposition de l'agent
comptable de l'Office de COQpération et d'Accueil Universitaire
par l'Ambassade du Gabon à Paris dans les conditions ci-apr~s :
-
montant nécessaire au règlement des allocations mensuelles aüx
étudiants, majoré de la prestation de service de l'Office de
Coopération et d'Accueil Universitaire,
le 15 de chaque mois.
L'Office fournira chaque mois un état des dépenses effcctu~0~
pour le compte de la République Gabonaise.
-
montant nécessaire au paiement des allocations et indemnités
de vacances, majoré de la prestation de service de
l;Offic~ de
Coopération et d'Accueil Universitaire,
avant
le 20 Juin.
-
TITRE V -
DISPOSITIONS DIVERSES
rICLE 28
L'action générale et les interventions particulières de 1 Offic~
relatives aux boursiers,
notamment le placement dans
les ûtabli~
ments,
n'entrainent aucun engagement financier de
l'Office sur
ses fonds propres.
't
•. ~
/
482.
TICLE 29
Pour l'Administration des étudiants Gabonais l'Office
les textes gabonais.
Les modifi~ations à cette ràglementation ~ont soumi~e3 _ l
~~l~
préalable de l'Office.
Pour toutes dispositions absentes dans la pr~sentc Co.\\ve~Li(··,
l'Office de Coop6ration et d'Accueil Universitaire devr2 3~ -0~._·
à l'avis de l'Ambassade du Gabon à Paris.
~
Fait à Paris,
le 11 OCTOBRE ~976
, le Gouvernement de
Pour l'Office <le: 1.:()('l1'·' li.; "
:épublique Gabonaise,
d'Accueil UnLve r s Lt a i r o ,
Unistre de l'Education
Le Directeur,
onale,
'~'
-- t lr\\,\\/,~~-'
'
~l ..1
.1
L
~l'
----
ç
!
can Boniface ASSELE.'
Jacques-Phi lippe: 'v' i:>,,:if'CL ",
Il est convenu que Monsieur le Mi ni st re de l' Edu cat i or: I" o' k', "
de la République Gabona i.se , Moriaie ur- Jean Borüfacc\\ ~-::: ::- ~
et Monsieur le Directeur de l'Cffiee Je Coopération .: . :';'., .r
Universitaire,
Monsieur .Ia cque av Phil ippe VSN1)RCU,~.t
chacun pour leur part et en original le texte de la prr.;;<.:'
vention
483.
J\\.NNEXE XXXIII
G 1~130N:
, i
UN DÉMENTi oui SE DÉMENT ou
. .
la mise au point de GEORGES. RAVIRI
t. journal "Le Monde", dans e.s éditioilsdu 18 Juin 1966, a publié une
mise au point de Georges RAWIRI, amba.sadeur de ~on MBA i
Parià, m1ae au point
rèlati~e à l'êchec d'une tentati~e de médiation de M. HOUPHOuIT-BOlaNT entre le
soi-disant président gabonais et l'opposition/véritable reprêsentant du Gabon.
Nous venons dénoncer ici les élucubrations de RAWIRI comme contrairee i la réa-
l
"
li té des faits ; faits très aptes à faire de Germain MBA un leader·
valable du
,?
Mouvement National 4e la Révolution Gabonaise.
Car en 1964, GerDai~ MBA démi~sionne 4e son poste de secrétaire général
adjoint de l'UAK (Union Africaine et ~lgache). Il entend par là prote.ter con-
tre, l'inter~ention armée de la Franc'1a~ Gabon, laquelle interventiaA' avait pour
but de rétablir Léon MBA destitué pa_~l.peuple SOUVERAIN.
DepuiS lore, la situation, a~f!ravant déplorable, n'~ fai~ qu'.~1rer.
t Et Léon NB! ne se sent plus en sécuri é dans le paya dont il est 1. prétendu
pr'e1dent. A preuve qu'il réside à l~ tranger plut~t qu'au Gabon. ODcomprend
mal le revirement imaginaire de Germa.n MBA qui a certainement plus d'intelli-
gence et de caractère que RAWIRI. Il .ait en effet que Léon MSA ne pourra ja-
mais lui pardonner son attitude ; il sait que Léon MBA a dêjà déployé tous les
moyens pour le capturer et le tuer à petit feu comme il le fait pour d'autres
, depuis son élevation au pouvoir et, plus particulièrement depuis deux ans •
• On peut 20mprendre encore morna q1i'une grande'personnalité internationale
comme M. HOUPHOUET-BOIGNY s'intéresse aux démarches d'un activiste ieolé qui
"ne parle qu'en son nom personnel". Pis encore, comment imaginer que le préei-
,dent'kabonais" (dont on connait l'orgueil et la jalousie) veuille se déconsi-
dérer au point de se mettre à un pied d'égalité avec un personnage dont la
consistance ne dépasserait guère celle de, la fum~e ? Comment imaginer, un seul
instant, qu'il puisse envoyer une délégation officielle qui le représente per-
sonnellement pour entamer des tractations ?
Quant aux dénégations de RA\\~RI relatives aux arrestations du Pasteur
NDONG-AMVAME, président des Eglises protestantes du Gabon, et de Mme Jean Hi-
'làire AUBAME, elles relèvent de la fantaisie; de plus, elles font éclater.
aux yeux du public informé la mauvaise foi totale gui est et gui a toujours ét~
l'arme da Léon XBA ~t de sa cligue.
En fait, 5~lon das rcnsei~na~cnts 3~rs ~~anant rngme de l'entour~~c i~
médiat du pr.~si'~:::nt Il,j3.bonais'', 1-1. ii~mh1-A;r;\\~~ a ~,:J arrStJ aV0C l'un J0
j : ]
"c c LLab cr-at eur a
'r'l;"';'1i.3,
1) p1.~':~',;,r H;;~7:::~, ::t ~~. Je',n-~f3.rc (0;:'::::1:.
"L~3 :~\\J.st'~Ui.- :-r:';i-:~7 3. ét~ li':J=:!'"~~- 1<' so i r
~~::-:'2 11-; SO~ a r ro a t n t ic n ,
terve~itioi1 du Co n s u I
.i e
Fr a nc e "
a Ll~j~:~fi~l,;. ~·r.
l:::C~.\\~- ..~~·rlA>St
lui, :l',-t. ;....~ r
_.
:~i6 en l:'·:;l,t·~ l'Z"c~'Ji:J'~~r~: rl:':~ tji-;[: r:'L"~J t o r d , ~,Jll:-; d~__;0""~1 Li b e r t
s~rr·:'1-:'-;-'':_.: ~
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484 .
. "".
Par ailleurs, Lé on MBÀ en veut ~ .m~r~· à,: M. Jean-Marc EKOH parce que ce
. dernier, en dépit de sa jeunesse, est" un opposionnel très marquant qui lui a
" toujours porte omb:rage'~ )\\ son .enc·ontre·, il n'est nu Ll.eme n t question "de pour-
" sui tes judiciaires".'
' .
.
Pour justiiier l'arrestation de ces trois personn~lités,. '~on MBA a al-
légué ilIa publication, par les Protestants, d'une nouvelle Bible'dont la lettre
de présentation a été signée par le Pasteur HUTTER et par M. EKOH. Au reste, ce
n'est pas la première ~ois que Léon MEA provoque un conflit à propoe d'un livre
sp6ci·fiquement religieux. Il'ya quelques mois, il s'était mis en furie parce
.qu.e l'Ev'que Catholique .NDONG François - qu'il aime comme le diable l'eau bénite
- a~ait eu l'inconscience de ,composer un li~re de prières pour ses ouailles,
. sana en demander préalablement l'autorisation a.u président '''gabonais''.
.
,
Pour se venger de cette outrecuidance, i l a, non seulement interd1t-la
diffusion du manuel, mais encore confisqué ce qui était déjà en 'circulation,
ains1 que les' caisses de ce livre gardées à la procure du diocèse. Pour ce faire,
d08 eoldata -
en tenue de combat - ont été envoyés à l'archevéché s'emparer hé-
rotqu.ment de ces caisses. Ils'les ont emmenées fièrement, sous escorte, à la.
gendarmerie. Là, elles ont été pl~cées dans une cellule gardée comme si elle
eût contenu un prisonnier. Cet acte symbolisait l'empriaonne~ent de Mgr.NDONG.
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Il faut croire que l'étoile de Léon MBA a déjà fai't son temps ; elle
d'cline pour s'éteindre définitivement. Un oracle proféré par lu1-m8me en té-
ilo:ltneavec éloquence. "Le 'sommet, de ma carrière politique, a-t-il déc lar6 le
31 mar~ ~964, ce sera l'arrestation de Mgr. NDONG •••
En ce qui concerne MmeAUBAME, le 20 février 19~elle avait eu le malheur
d'aller déjeuner chez l'une de ses parentes, en conpagnie de quelques amies.
Belle aubaine pour Léon MEA de dénoncer cette réunion " politique" et de sévir!
Lo 21 février 1966, toutes les personnec qui avaient participé à cette réunion
amicale ont été arrêtées dans la matinée. Sans doute,pour plus do stratégie,
Mme AUBAME n'a été saisie que dans ln soirée vers 17 h.30.
Comme il fallait s'y attendre, toutes ces femmas ont été parquées au com-
missariat central de police. Certaines, telle que ~me SIHOST, ont été cruelle-
ment battues par les tortionnaires de Léon MEA ••• Mee AUBAHE est restée en dé-
tention HUIT JOURS durant. Pendant ce temps, sos enfants dont bon nombre ont
moins de dix ans, sont rest6s tout seuls à la maison. A pr6scnt,elle jouit d'~ne
certaine liberté; il faut reconnartre nfanmoins qu'elle est très réduite. Il
lui est,en effet, strictement interdit de sortir des très étroites limites de
la ville de Libreville. Ses-plantations vivrières situées à VINGT ET TRENTE KI-
LOMETRES da Libreville forment son unique ressource actuell~. Peut-on 5tre plus
méchant à son égard 1 Ainsi,non content d'avoir réduit Jean Hilaire AUBA~Œ, son
adversaire politique, Léon MBA cherche encore à faire disparaîtra tous ceux qui
peuvent avoir avec lui quelque relation de par2nté, d'amiti6, de profession ...
Voilà les faits taIs qU'ils se présentent objectivement. On 5'int~~rs~~
dès lors sur la valeur des dires de R1~l'1lRI dans sa !:li s o au poLn t 6vt:"ll!S0 1.'. »: :'.... ;
de cet exposé. Il est clair qu'ils ne sont pou!' le moins qu'UN :=::::::I~~';T~_;
DEMENT.
-_. ,----.
Quant à l'appel qu'il lance aux patriotes pour l.~ur r:.~.~~,,~ '~ ... : :
derrière son pr-é s Lden t
il est vain
'UCUN G\\BO'I' rs
".")1"'-'
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IRRESPONS:.BLE ET UN CORRONPU INCONDITIONlffiL COMlŒ R.'.,·rI;\\I II::: r :·:J7
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L'IDEE D'J"PPROUVZR, ENCORE norns DE SOUT:::NIR L'ETRE DE::=l;;'~::·::'·":'T_
CERTAINS C:,P.IT:.LISTES ,'.VENTURIERS QU 1 SST wON l,ml,. CE ;:~P." Lr ~.~ ..r
TIQUE DE L'AUTRUCHE.
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485.
ANNEXE XXXIV
.:3LIQUE GABON.H ~E
Union-TraVail-JUstice~·~~~
-------
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.
PRESIDDl0E
LA REPUBLIQUE
-:
o R DON NA NeE NO 45/70/PR.
Reprimant l'utilisation abusive du nom
du Chef de l'Etat.
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE GABONAISE
(;HEF ID GOUVERNEL~NT
Vu la Constitution;
Vu la Loi n09/70 du 12 Juin 1970 autorisant le Ch ef
de l'Etat a légiférer par Ordonnances durant l'intersession
parlementaire;
Vu le Décret n0493/PR. du 1er Avril 1970 portant
composition du Gouvernement et le Décret le modifiant;
La Cour Suprême consultée;
Le Conseil des ~inistres entendu;
ORDONNE
•
~rticle Premier.- Quiconque aura, sous quelque forme que ce
soit, mis en cause le Chef de l'Etat, soit en vue d'obtenir
un avantage quelconQue ou un emploi, soit en vue d'exercer des
pressions ou un chantage vis à vis de tiers ou de légitimer
des actes criminels ou délictueux ou d'être
relaxé des
poursuites consecutives aux dits actes, sera puni d'un
emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de 250.000
à un Million de Francs.
Article Deux! La présente Ordonnance sera exécutée COillwe Loi
de~l'Etat et publiée suivant la ~rocédure d'urgence.
Par le Président de la République Libreville,le 26 Août 1970
Le Vice-Président du Gouverne-
ment Garde des Sceaux, Ministre
de la Justice,ïünistre de la
(é) Albert-Bernard B01WO.
Coordination
(é) Léon
~IEBIA.l,1E.
Pour copie certifiée Corif'orrao.."à--1-' orieinal
Le Chef de la Division des Affaires
U
,
Administratives et des Chancelleries
ZJhéJ.::cles E.12:KOUANGUE-ADIDET.
Administrateur
Civil,-
486.
RAC/FE. 16/11/70.-
..INISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
REPUBLIQUE GABONAISE
. & DE LA COCPERATION
Union-Travail-Justice
SECRETARIAT GN\\ERAL
)IVISION DES AFFAIRES AD1IINIS'rRATlVES/.:·· ,
& CPlÂ1\\TCELLERIES
.... :::Y
N0 00J/342
/LIAEC/DAAC.
-
SOIT - TRANSMIS -
à Toutes les Missions Diplomatiques de la
République Gabonaise.
Il
POUR
INFORI.i.ATION "
- Un exemplaire de l'Ordonnance n045/70/PR du 26/8/70
réprimant l'utilisation abusive du nom du Chef de l'Etat./-
Libreville,le 16 j~oVCl,lI1:.·" l~)'lO
.-
.,-- --
&. ••
.
~.~ ...---'
/
Athanase
BOU A N G A .-
Numéro 39 . 1976
Documents d'A ctualité Internationale
487.
FRANCE €ABO:J;).
ANNEXE XXXV
130. Communiqué commun publié au terme de la visite
du président Valéry Giscard d'Estaing
(Libreville, 7 août 1976)
(Source: Ministere des Affaires étrangères)
TEXTE OFFlClEL
A l'invitation du président de la République gabonaise et de Mme Omar
Bongo, le président de la République française et Mme Valéry Giscard d'Estaing
ont effectué au Gabon une visite officielle du 5 au 8 août 1976.
Ce séjour a constitué une manifestation particulièrement chaleureuse des
sentiments d'amitié sincères et profonds qui unissent les deux chefs d'Etat ainsi
que les peuples français et gabonais. Il a été, pour le président de la République
française, l'occasion de prendre contact avec les réalités vivantes de la Républi-
que gabonaise ct de visiter quelques-unes de ses réalisations économiques les
plus marquantes.
Les entretiens qu'ont eus le président Valéry Giscard d'Estaing et le prési-
dent El Hadj Omar Bongo se sont déroulés dans le climat de franchise, de con-
fiance et d'harmonie qui est celui des relations traditionnelles entre la France et
le Gabon Les deux chefs d'Etat ont tenu à souligner le caractère privilégié de
ces relations qUI s'inspirent d'une large compréhension et d'une étroite commu-
nauté d'esprit, dans le respect mutuel de la souveraineté des deux nations et de
leurs intérêts fondamentaux.
Au cours de leurs conversations les deux chefs d'Etat étaient entourés des
personnalités suivantes :
la partie française par : M. Jean de Lipkowski, ministre de la Coopération;
M Robert Galley, ministre de l'Equipement; M. Maurice Delaunay, ambassadeur,
haut-représentant de la République française;
,
la partie gabonaise par : M. Paul Okumba d'Okwatsegue, ministre des Affai-
res étrangères et de la Coopération; M. Jean-François Ntoutoume, ministre con-
seiller personnel du président de la République, chargé de la Coordination à la
présidence de la République des questions économiques et financières; M. Mar-
tin Bongo, ministre de l'Education nationale; M. Michel Anchouey, ministre dé-
légué à la présidence de la République, chargé du Plan, du Développement et de
l'Aménagement du territoire; M. Martin Rekangalt, secrétaire d'Etat auprès du
ministre d'Etat, chargé des Affaires étrangères et de la Coopération; M. Marcel
Sandoungout, ambassadeur de la République gabonaise en France.
Les deux chefs d'Etat ont procédé à un large échange de vues en ce qui
concerne tant les rapports bilatéraux que les problèmes régionaux et internatio-
naux.
Les deux chefs d'Etat se sont félicités de l'excellence des rapports de coo-
pération qui lient la France et le Gabon et ont réaffirmé leur intention de leur
donner des dimensions nouvelles.
)
488.
Ils ont examiné ensemble les moyens d'y parvenir et ont déterminé à cette
fin les concours que la France pourrait apporter directement ou indirectement
à l'exécution du plan de développement gabonais.
Le président de la République française a rendu hommage à la volonté
d'indépendance de la République gabonaise qui se traduit notamment par un
effort considérable de construction nationale et la maîtrise de ses richesses.
La France soutiendra cette action en prenant part en particulier à la pour-
suite des études techniques et économiques concernant le barrage du Grand
Poubara et le complexe de production de ferro-manganèse. Sur la base de ces
études, elle participera à la réalisation de cet aménagement hydro-électrique
et recherchera avec le Gabon les financements complémentaires nécessaires.
De la même façon, elle participera à la mise en œuvre du projet cimentier
de Ntoum.
La France participera substantiellement à l'exécution des projets gabonais
et plus spécialement: le plan de transport, la prospection minière, le program-
me national de projets vivriers, maraîchers et fruitiers, le .centre semencier,
l'unité de fabrication d'éléments de bétail et la création d'une cellule de contrô-
le de proj ets agricoles.
Elle prendra une part active à l'équipement et au fonctionnement de l'ins-
titut polytechnique de Franceville et de l'hôpital militaire de Libreville.
Elle consacrera des efforts importants à la formation des techniciens de
l'aviation civile et de la marine marchande et, à cet effet, elle facilitera l'accès
des candidats gabonais dans les écoles françaises, spécialisées.
Elle poursuivra également son effort dans le cadre de l'accord de globalisa-
~:;;,-~t>ot<.:!r:t-XL·tion qui vient d'être signé pour mettre à la disposition du Gabon les enseignants
-.....r\\~:::::!'l'!r-~
et les assistants techniques de haut niveau dont il pourrait avoir besoin.
.
,'.;...J- _...
.
--;,,=-=~...."'-
Dans le domaine international, les deux chefs d'Etat ont constaté avec sa-
tisfaction la convergence de leurs vues et la similitude des principes qui inspi-
rent et animent leur politique extérieure face aux grands problèmes mondiaux.
Ils ont marqué leur attachement aux principes fondamentaux de la Charte des
Nations Unies et réaffirmé leur confiance dans le dialogue et la tolérance com-
me moyens privilégiés de prévenir les tensions et de régler pacifiquement les
différends entre nations.
Ils ont exprimé le souhait que les problèmes du continent africain soient
résolus de préférence par les Afric .ins eux-mêmes, à l'exclusion de toute ingé-
rence extérieure, dans un esprit de concertation pacifique, de respect mutuel et
de solidarité.
Ils ont souligné que la décolonisation en Afrique australe devra être con-
duite à son terme. A cet égard, attachés au respect des Droits de l'homme et
des peuples, ils ont réaffirmé leur hostilité fondamentale à l'apartheid et à la
ségrégation raciale, et leur volonté de faire prévaloir en Afrique australe la né-
cessaire égalité des hommes pour le bien-être de toutes les communautés.
, .'
489.
Numéro ?Q - 1971j
Documents d'Actualité Internationale
Les deux chefs d'Etat ont, d'autre part, souligné l'importance que revêt la
coopération entre l'Europe et l'Afrique, et se sont félicités de l'heureuse conclu-
sion des accords de Lomé dont la mise en œuvre contribuera à renforcer l'équili-
bre et la stabilité économique du continent africain.
Dans cet esprit, ils se sont concertés sur la définition d'un nouvel ordre éco-
nomique international qui doit assurer aux pays producteurs une juste rémunéra-
tion pour leurs matières premières. Ils considèrent que les travaux de la Confé-
rence de Paris sur la coopération économique internationale s'inscrivent dans
cette perspective et expriment l'espoir que des solutions équitables seront trou-
vées en vue de garantir aux pays en développement les moyens d'une expansion
économique continue.
D'une manière plus générale, la France et le Gabon sont convaincus de la
nécessité pour les pays industrialisés de s'associer dans un effort d'une ampleur
exceptionnelle, mené selon des procédures et avec des moyens nouveaux, en fa-
veur du développement de l'Afrique en vue de consolider l'indépendance et la
sécurité de ses nations.
A cet égard, le président de la République gabonaise a tenu à marquer son
appréciation des initiatives prises par la France qui traduisent l'intérêt particulier
et permanent qu'attache le président Valéry Giscard d'Estaing au développement
de l'Afrique, aux problèmes du Tiers-Monde et à la promotion d'un nouvel or-
dre économique international La République gabonaise s'associe à ces efforts
qui tendent à instaurer dans le monde un climat de concertation et de coopéra-
tion pacifiques
Le président de la République française a été impressionné par les réalisa-
tions exceptionnelles dont peut se prévaloir la République gabonaise sous la hau-
te direction du président El Hadj Omar Bongo qui a définitivement assuré l'uni-
té et l'indépendance de la nation gabonaise et lui a ouvert les voies d'un dévelop-
pement économique continu et harmonieux. Il a rendu hommage à sa hauteur
de vue, à son réalisme mis au service de la paix et de lé! justice dans la commu-
nauté internationale et à son dévouement militant à la cause du Tiers-Monde et
de l'Afrique en particulier.
Le président de la République française et Mme Giscard d'Estaing ont enfm
témoigné leur gratitude au président de la République gabonaise et Mme Omar
Bongo pour la chaleur de l'accueil qui leur a été réservé et pour l'amitié attenti-
ve dont ils ont été entourés ainsi que les membres de leur délégation.
i
490.
A.G.E.G.
17, rue Claude Bernard
ANNEXE XXXVI
PARIS
~
Paris, le 1er septembre 1966
~
Monsieur le Président de la
RéDublique Gabonaise
Monsieur le Président,
Ayant pris connaissance du télégram~e n' 50548 I~fiché à la
Maison des Etudiants et stagiaires gabonais le 6 aoQt 1966, t~lé
gramme émanant de la Présidence de la République et dans lequel
il est demandé aux résidents d'~vacuer la Maison ~vant le 1er oc-
tobre prochain en raison de sa mise en vente, les étudiants gabo-
nais 1
aimeraient, avnnt de se résoudre à quoi que ce soit 1
1°_ qu'on leur ~onne les raisons qui ont incité à la vente de
la :.1aison
2°_ qu'il leur soit fourni une photocopie du titre de vente,
- estiment, quand bien m~me on leur prouverait le bien fondé des
raisons de cette mise en vente, qu'il ne saurait ~tre question
de quitter la ~aison avant le 6 novembre. un d&lai de trois mois
étant exigible en pareilles circonstances,
affirment leur attachenent à la formule résidence certainement
moins onéreuse que celle du logement dans divers appartements
ou studios,
- souhaitent que suite soit donnée à leur correspondance rp.lative
à la Maison du Gabon (lFur derniàre lettre à ce sujet Jtant de-
meurée sans réoonse),
- attirent votre attention sur le fait que toute mesure sociale
les concernant, prise sans ~ux et malgré eux, ne peut pas ~viter
de rev~tir un caract8re antisocial et répressif.
Nous vous orions d'agr6er, Monsieur le Président, nos
salutations distinguées.
Le C.E.
491.
ANNEXE XXXVII
/) )
J-~v'-~ta
A .G.E.G.
t / ~ ,~/ ~
17, rue Claud~ Bernard
PARIS
5e
\\1
\\<V
(\\:
'\\
Paris, le 1er seotembre 1966
~--~~~;.'''."''.._'-,.~~
à
j ~~~... ~;.. :.~ •....: ..~.i.··'{·.~·q.-.~b , Iv~nsieur le Consul Général
~ , '. . ~ ~ .• •. '.:! f·;' ... Rft. .'~
du Gabon
; .
\\
9, rue Franklin
L;·~~"..... ~~;·~~~~~;t;_.;"'d
PARIS
16e
Monsieur le Consul Général,
Veuillez trouver ci-joint un exemplaire de la
lettre que nous adressons par le même courrier à Monsieur
le Président de la Réoublique Gabonaise, au sujet de la
mise en vente de la Maison des Etudiants et stagiaires
gabonais.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur l~ Consul
Général, l'expression de nos sentiments distingués.
P.J.
l
492.
FEDERATION DES ETUDIANTS D'AFRIQUE
ASSOCIATION GENERALE
DES
NOIRE EN FRANCE (F.E.A.N.F.)
ETUDIANTS DU GABON (A.G.E.G.)
69,BOULEVARD PONIATOWSKI
20, RUE BERANGER
75003 PARIS.
75012 PARIS.
ANNEXE XXXVIII
-=-=-=-=-=-=-:-=-=
~_=_=-=~_=_=-e_
_ C 0 M MUN l QUE
C 0 M MUN -
_=_=_=_=_=_=_=_=_=_=_=_=-e_=_=_=_
HALTE A LA REPRESSION t NON A L'EMBRIGADEMEr~ DE LA JEUNESSE GABONAISE
DANS L' ARl·ŒE
NEO-COLONIALE •
. Il Y a un peu plus d'un an, au mois de juillet 1972 le pouvcir réac-
tionnaire, pro-impérialiste de: Bongo et ses maîtres procédaient à des ar- -
restations m~ssives d'étudiants et de travailleurs ( 40 environ) dont
NZOUBA, ONDO-NZE, AGONDJO, RENDJAMBE, BEKALE, ONDO,PATRICE, BOUSSOUGOU,
NONDA, ROPIVIfi, NDJOGA, AKELAGUELO etc ••• Ces derniers furent so~~ jugés
de manière expéditive et condamnés à de lourdes peines de prison, so~t je-
tés en prison, sans autre recours, pour y subir tortures et humiliations
de toutes sortes. Pour justifier le caractère inoui de cette repression ,
la clique Bongo a tenté à plusieurs reprises d'accréditer l'idée absurde
de "deux coups d'état FANG et MYENE ", puis celle plus absur-de encore d'un
"coup d'état communiste 1,.
Entretemps en septembre 1972, le pouvoir décidait que toute sortie
du térritoire gabonais ou attribution de bourse était subordonnée à une
" enquête" dite de "moralité "véritable manoeuvre d'intimidation et de
chantage politique.
Janvier 1973: le pouvoir légalise l'embrigadement des travailleurs
et des scolaires au sein du P "~'G et ses organisations. A la m6me période,
le " Service 1111itaire Obligatoire " est institué pour tous les gabonais
agés de 20 à30 ans.
En juin dernier, Bongo a essayé de mettre à exécution cette mesure.
Mais devant la réprobation générale des jeûnes et des étudiants, le pouvoir
recula momentanément. C'est ainsi que la mesure du "Service Militaire Obli-
gatoire" fut appliquée à tous les étudiants non organisés au Gabon et dans
d'autres pays, à l'exception de ceux de France qui avaient manifesté clai-
re~ent leur volonté de lutter pour l'abrogation de la mesure. C'est dans'
le cadre de cette application que quatre de nos camarades précédemment em-
prisonnés ont été incorporés de force pour une période indéterminée. D'au-
tre part des étudiants des écoles Normale, Forestière et d'Administration
ont été enrôlés pour une période de 3mois. A partir du mois d'AoUt la ré-
pression s'abattit de manière plus systématique en particulier sur les mi-
litants de l'A.G.E.G. en vacances au Gabon. Ainsi, plusieurs militants
de l'A.G.E.G. ont été convoqués au CEDOC filiale du SDECE français, pour'y
493.
subir des intérrogatoires conduits tambour battant par dea policiers français
dont les chefs de file sont: le célèbre CONAN ancien collaborateur de la GES-
TAPO, LASSALARIE spécialiste de la lutte anti-guérilla, "l'Adjudant ll MOUILLOU
chargé des techniques de tortures et TRAI1INI, "conseiller technique". Deux de
ces militants se sont vus inculpés de manière arbitraire et illégale d'attein-
te à la " sureté intérieure et extérieure de l'état" et Ild'appartenance à un
réseau communiste"~ Tout ccci parce qu'ilS ont été l'un et l'autre membres du
Comité Ex€cutif
de l'A.G.E.G. Tous deux ont été laissés en "liberté provisoi-
re Il mais aux dernières nouvelles l'un de ceux-ci, le camarade MOAPA-WALLA
est assigné à résidence à Libreville et ne peut par conséquent revenir en
France poursuivre ses études.
Ces dernires jours enfin par l'intermédiaire de son Ambassade et de
l'O.C.A.U.( Office de Coopération et d'Accueil Universitaire
qui gère les
bourses d'étud<;:;,J)le régime compte mettre à exécution la mesure du "Service
Militaire Obligatoire". Dans cette perspective des convocations ont été adres-
sées à plusieurs étudiants et stagiaires gabonais, leur enjoignant de se pré-
senter devant un prétendu" Conseil de Révision "siégant à l'Ambassade du Ga-
bon à Paris et dans d'autres villes de Province. Cette décision montre une
fois de plus la volonté manifeste du pouvoir aux abois de Bongo de ~useler
le mouvement démocratique de la jeungsse: estudiantine notamment, ainsi que
la tentative de concrétiser l'éternel rêve de Bongo et ses maîtres impérialis-
tes : liquider l'-Association Générale des Etudiants du Gabon ( A.G.E.G ) Sec-
tion
Térritoriale de la F.E.A.N.F. qui, luttant sur une juste orientation
anti-impérialiste a toujours su déjouer les @anoeuves liquidatrices du pou-
voir fantoche de Libreville et sauvegarder son indépendance organisationnelle
et politique. De ce fait l'A.G.E.G. reste la seule force anti-impérialiste
organisée qui échappe au contrôle du pouvoir. Nous ne le repcterons jamais
assez, dans ~es conditions actuellos du Gabon où l'Armée est une armée néo-
coloniale, le Service Nilitaire Obligatoire vise la mise au pas de la jeunes-
se gabonaise en général ct plus particuliè~ement sa partie scolarisée cela
compte tenu du rôle important que joue à l'heure actuelle cette jeunesse dans
la lutte anti-impérialiste du peuple gabonais. Par l'institution du "Service
~lilïtaire Obligatoire" le pouvoir fantoche de la clique Bongo veut ainsi obte-
nir de l'impérialisme français l'expulsion du térritoire français des mili-
tants " appelés" qui ayant rejeté cette mesure seraient considérés par lui
comme des "insoumis" et c omzie tels tombant sous le coup des " accords "néo-
coloniaux passés entre l'impérialisne français et ses v~lets àans le domaine
militaire. Par ailleurs, en organisant une véritable "chasse aux sorcières Il
contre les militants de l'A.G.E.G. rentr~s en vacances( interp~llations abusi-
ves, intérrogatoires interminables, chahtage de toutes sortes, filatures sys-
tématiques, conda~nations illégales etc), le pouvoir fantoche de la clique
j
494.
Bongo espère susciter ln peur, l'esprit de recul, le défaitisme et énousser
la conscience et la combativité des militants.
Cette hystérie représsive traduit le désarroi d'un pouvoir aux abois
qui, inquiet du développement impétueux des luttes populaires et de la parti-
cipation de la jeunesse gabonaise,l'A.G.E.G.notarnrnent, à ces luttes,cssaie de
se maintenir par tous les ~oyens. Mais l'impérialisme et ses valets se trom-
pent s'ils croient par cette représsion endiguer le mouvement patriotique ga-
bonais en général, étudiant en particulier. Car, quelqu'en soit la férocité
la représsion ne fera qu'accroitre la détermination du peuple gabonais et sa
jeunesse à poursuivre la lutte libératrice contre l'impérialisme internatio-
nal,français en particulieret ses valets gabonais.
,
Face à cette sitUation d'enscmliie, les étudiants africains mobilisés
et organisés au sein de la F.E.A.N.F. et de lIA.G.E.G. :
-Dénoncent résolument la dOLlination du Gabon p2~ l'impérialisme inter-
national, français notammen~.
-Stigmatisent la représsion hystérique qui s'abat sur le
peuple
gabonais depuis plus d'un an.
-~Aigent :-le rétablissement des libertés démocratiques
-la levée immédiate de la mesure d'assignation à résidence·
qui frappe le camarade MOAPA-WALLA ancien Sécrétaire Général de lIA.G.E.G.
-Rejettent catégoriquement le "SERVICE MILITAIRE OBLIGATOIRE "dans les
conditions actuelles du Gabon •.
-Proclament que le" Service Hilitaire Obligatoire "est une tentative
dlembrigadement de la jeunesse gabonaise.
-Appellent en conséquence tous les étudiants et stagiaires gabonais
à boycotter activement le prétendu "Conseil de Révision" itinérant; les invi-
tent à resserer davantage leurs rangs autour de laF.E.A.N.F. et de l'A.G.E.G.
et à élever leur esprit de sacrifice et d'initiative en combattant résolument
le carrierisme, le refornisme et le défaitisne
-Dénoncent solennellcDent les Accords néo-coloniaux en matière nilitai-
re.
-Appellent les organisations démocratiques de France à dénoncer la re-
préssion qui s'abat sur le peuple gabonais, à exiger la libération immédiate
et inconditionnelle des patriotes emprisonnés ( notamment NZOUBA,ONDO-NZE
AGONDJO
OKAWE, RENDJAMBE.ISSANI, BEKALE, ONDO Patrice,BOUSSOUGOU, NONDA,
ROPIVIA, NDJOGAi AKELAGUELO ••• ), et l'abrogation du décret instituant le
"Servicé Hilitaire Obligatoire "
Paris, le 2 novembre 1973.
Pour la F.E.l•• N.F.
Pour l'A.G.E.G.
LE COMITE EXECUTIF.
LE CONITE EXECUTIF.
495.
ANNEXE XXXIX
A. PROP03 DE LA Prt~SE.nCE D:S LA F3JJ:ü' 1:i:
DE L.' AGEG A LA "HSœ~ION" OhGA.T\\:ISEE p L~
Bm~GO LE 20 HAl A L,' AI·1BAS;;;;XDBDU G.i,B0N
A PA~IS.
LES FAITS
Les membres du Comité Exécutif avaient r,Jçu des convo-
cations individuelles les invita~t à l'ambassade d~menche 20 Mei
à 10 H "pour affaire les concernant" indi v.i d u e.l.'Lem.en t , 1-1ais pr·2S-
sentant une mascerade de retcption comme les fantoches ont l'h&-
bitude de faire,
(cf.
9 décembre 1972 et 20 janvie~ 1973) une
mobilisation relativement massive des militants AG~Gde paris
fut opérée,
aux quels s'étaient joints une délégation du Comi-
té Exécutif ..("éderal et certains militants des sections e o euae ,
Tout le monde se rendit à l'Ambassade à l'heure pr~vue,
où i l s' agissai t
e f f e c t L vement d'une "réception Il dus
t ud i ant a
é
et st&giaires gabonais.
Etaient, présents du côté du pouvoir fantoche
: Michel
ESSONGES ministre, MOUSSIROU Sé cr-é t a.Lz-e Général à La :pr'fsidence'-
Richard :r~GUE:1A, directeur d u: cabinet présidentiel, OWOr.D hGULlIL..
haut 'commissaire, MOUVAGL{A conse~ller
personnel du ?rfsident,
IBINGA sécrétaire géné:cal BU ministère de l'Education Nation[.le,
pierre FAiIJGUINOV~NY ambassadeur itinérant,
S.lliDOUNGOU1' amba.s a ad our-,
:CITRY conseiller culturel, Victor IvIBOJ.\\'GO commissaire de :police
chargé des voyages officiels etc •••
Albert BONGO président d~ la
"République"
"empêché" my a t âz-Leu s em en t
en dernière minute n' E pu
assister.
D'entrée SAHDOUNGOUT,
ambassadeur du GABON à ?2,riE prît
la parole pour dire que c'est dans le cadre du dialog~e institué
par BONGO que la "réception" était organisée,
afin de d i.e cut s r-
avec les étudiants des problèmes qui se posent à
chacun d'eux.
L'AGEG prît la paroJe pour d'abord rappeler que tous
les membres du Comité Exécutif avaient été convoqués individuel-
lement,
et ensui te pour s'informer si c'est en tant qu ,'AG-EG- que
le Comité aveit été invité?
A CEla 3~~DOm~GOUT répondit en disant qu'on était à
l'Arn'02.ssade en tant que "Gabonais",
en tant que "Co npatriote",
et qu'il n'y avait pas d'AG-EG, de FEMIJF' et autre~, lçs associa-
tions étaient "secondaires".
La F:E;J;LF et l'AG}:;G firent alors à p Lu sd e.rr-s reprisus
des mises au point,
soulignant que l ' AGEG était la .seuLe organi-
sation réprésentp-tiV8 des étudi~~ts et donc la seulù habilitée
à
formuler des revendications en leur nom et le fai 3E.Ilt ei'fecti-
v cmen t
;
que r-e f u s e r- de discuter avec elle des p r-o b Lèm e a maté::i.'iels
et moraux qui se posent aux étudiants,
c'était en Î[cit refuse1
de les résoudre.
~e voyant acculé, le pouvoir tente de trouver une
porte de "sortie" en s'engageant dans un "nationalisme" borné
et étroit, prétextanl:; qu'on était à l'Ambasse.de en territoire
496.
GabpniUS,
entre Gabonnis pour discuter de problèmes typiqueoent
Gabon,uG et que les membres du Comité Exécutif f éd r-a'l. en l'occu-
é
rence le président devait la salle, puisque étan;!; "étranger".
L'AGEG rétorqua en dénonçant les manoeuVres de division,
et en rappelaIt qu' elle fait partie intégrante de la FEANF,
qù ' cl-
le est solidaire des positions défendues par la FEM~F et les fœit
sionn&s. Elle souligna que si 19 FEM~F devait quitter la salle,
~lle s'en irait aussi; mais tcnt qu'elle était encore présente
à l'A~bassade,
i l n'était pas question que_l~ délég~tion du Co-
mité Exécutif féderal s'en aille.
Confus,
les autorités fantoches ce réfugièrent,
~près
un moment de cafouillage en lE;ur sein,
dans "l' illégali té" de
l'AGg]-
à
savoir que l ' AGEiG avait été "diesoute" et par conséquent
,
n'exi.3tait plus;
ce à
quoi nous répondions par la réaffirmation
de notre présence à lIA~bassade.
Nais devant l'obstin2tion du pouvoir de ne pas vouloir
d.i.e cut cz
ev e c l ' AGEG,
celle-ci décida avant de quitter les lieux
de liye une; ~ -?claration de protestation,
que vous trouverez '2'1.-
jointe.
Une contradic~ion apparut &lors au sein des valets ;
en effet certains étaient résolument opposés à la lecture, d1au-
tres ne sav~ent quoi dire ; finalement cprès un moment de cafouil-
lage, Victor IvlEONGO,
commisscire de po Lâ c e ,
eut raison des "minis-
tres" et des "amb ae aed eu r-e " et
"oz-dorin a " la lecture.
La dÉclaration de protestation reçut un tonnerre d'ap-
plaudissements de la part de l ' assistence,
et mi t
visi blemerü très
mal & l'aise lES représentants du pouvoir fantoches dont les vi-
e ag e e s'étaient allongés de honte,
et dont l ' errogance Ecvci t
é t
é
rabattue.
.
'i'OUE
Le a militants quittèrent alors la salle qui resta
prsque vide;
ce qui causa une désagréable surprise aux marionnet-
tes de Libreville,
car ils avaient to~jours d~~s l'esprit que l'AGEG
était co n s t.Lt u
d'une "poignée" de personnes.
é
Notre analyse
:
l
- Peur le pouvoir fantoche de Libreville,
ces receptions
viEent plusieurs buts:
-
Se donner une assise en milieu étudi~~t par la cor-
l uption
vu son impopularité grandissante eu pays.
-
Empêcher la cristallisation au niveau des ét~di2llts
en jouant sur Jes connaissances des ministrcs et autres sous fi-
fres du régime,
et détourner ainsi les étudiants de lIAGEG.
2 -
Per une mobilisation qu'on peut qualifier dl; moyen-
ne, nous avons montré aux autorités fantoches que l'AGEG n'est
p a s le "quarte=con de trublions basés à paris" dont i l s ne cessent
de parler dans leur chiffon de papier pour p en s emezrt baptisé "Le
497.
patriote Gabonais", mais bien plus,
qu l e].le est b i.e n orgÎlnisée
et disciplinée,
qu'elle est capeble de mobiliser dans ~~ temps
relativement court une bonne masse de militants.
3 - Les représ8ntnnts du re~irne, quanâ il se voient ~c
culés tentLnt de semer la confusion et la division;
c'est
ainsi qu'ils ont voulu tout ~'abord amener les étudients g2bo-
nais à
se détachE;r des au t r-e s
t ud i cnt a africains,
e t
plus pré-
é
cisément à isoler l'AGEG de la FSf~J?, et E;nsuite iSJler la FIll~
du r~ste de l'assistance.
C'est aussi pour Ccl~ qu'ils font courir le bruit
suivent lequel les étudiants gabonais se seraient f~t manipu-
ler p2.I' un "sénégalais" le sénégalais en question étant d2IU: leur
esprit le président de la F3ANF qui du reste est voltaïque.
Cette attitude chauvine et Eesolument anti-2friéaine,
au moment où BONGO se p r-ép ar-aâ, t
d'ailleurs à aller "clamer Sf:
bonne fois" à la confience de l'unité africaine à Aidis AbebE:,
montre b i.er; le vrai v i.e ag e de la "Rénovation" quant à
s a pc Lf, t i -
que "c.xt
r i.eur-e " n o t am.n...nt africaine.
é
Ceci étmlt l'AGEG n'a pas de leçons d'on ne sait trop
quel "nationalisme", à
recevoir d'un regime pro.-imp~ricliste
jusqu'à la moelle. Nous répétons que l'AGEG fait p~tie intégran-
te de la FE~~F, que les luttes menées par elle le sont aussi par
la FB~7 et inversement.
4 - Les contradictions au sein du pouvoir faltoche nous
sont apparùes au grand jCi"ù.r. La manière dont Victor MBŒ-JGO,llsimp-
le r:ommissaire de police" a cloué le bec 2.U "mi.ni e t z-e " Michel
ES8ŒmHE et à l ' " runbassadeur" Sl,l'JDOUNGOUT entre au t:...~c:s, montre
le c~actère polic~Gr du r~gime.
Le fait qu'il y
ait eu beaucoup de policiers en civile
qui jouaient aux "ouvriers" dans les environs de l ' ombassade,
démontre une fois de plus, la peur p~~ique dens laquelle se trou-
vent les l~quais de Libreville vu leur impopularité.
cela montre
aussi à
quel point Ls ur- conscience n'est pas tranquille.
.
5 - La clique au pouvoir Q montré clairement son dési~ de
ne pas vouloir s'occuper de la résolution des problèmes matériels
qui se posent aux étudiants,
en refusant de discuter avec l'AGEG.
Le pouvoir fantoche so..it que l'AG:=;G est une force,.
même s ' i l ne le dit pas,
une force qui lui fait peur.
Elle seule
est capable de lui arracher les principales revendications d e e
t udd an t s ,
En cpo e Lcn t
les
t udd en t s
individuellement, 18s valets
é
é
au pouvoir cspèr~nt 8réer la division ~u sein des étudiants et
498.
emp c her- un r8n:forcement des l:angs de l ' AGEG.
ê
Auy étudi::>nts qui se lcis::-cmt p r-e nda-e à
ce jeu, qu'il
sachent qu'ils n'obtiendront ri~n de cett0 m8nière (si cc ne sont
des mi ett es) mnlgrès les promesses du re!::ime, :pro.,1esses qui ne sont
d'ailleurs jcmeis tenues.
Le meilleure façon d'obtenir quelque chose est de reJoin-
dre ln lutte que mène notre orgqnisation aux c6tés du peuple ga-
boncls contre l ' Lmp r-i a.Ld em e et ses vE:..1ets g rbori é.i a ,
é
6 - L'AGEG r~ppelle sa position de principe à savoir ~À'el
le est la seule association représentative des étudiants et- défen-
dant e:flectivement leurs intérats ma~eriels ~t moraux,
en ce se~s
elle exige sa reconnaissance p~ le pouvoir néo colonial de Libre-
ville.
7 _ L' AGEG réitère ses exigences, à savoir l'achat d' u u e
maison des étudiants du GABON p2rtout où sera besoin et notamment
à
Paris.
Le renouvellement de toutes les bourses supprimées in-
juste.nent.
- La Frise en charge des soins médiaux des nûn boure-iers
par l'OCAU.
NOTB
DE
phOTbSTAT10N
lue per le Comité Exécù.tif de l'A.G.E~G. aux représen-
tants du pouvoir fantoche lors de la mascarade de récep-
tio~ org~~isée par BONGO à l'ambassade du Gabon à peris
·le 20 HaÏ- 1973.
~prèE plus de douze ans de soi-disent indépendance, les
exploiteurs étrangers consolident de plus e~ plus leur domir-ation
sur rio t r-e sol r: ational
En effet,
Eur le plan É:conomique,
le pé-
0
trole est le f(it des monopoles français ELF-spAFE et anglo saxons
SHELL, MOB1L -
GULF-OIL COMPANY OF GABON, etc.
L'urEnium demeure la propriété à 100% du monopole fran-
çais CQIl1UF.
Le m[nganèse co~titue à
ttre dar-s 18. main des trusts
françeis et américains,
ainsi que bien d'autres rich~sses. Quant
à
votre code d~6 investisse~€nts, le plup libéral du monde, i l n0
f2it que garantir un libre rapatrieme~t ~0S sup~rprofitG
réalisés
p~r le2 entrcpJises étrangèrE:s,
ce qui expliqUE: en partie le défi-
cit toujours c~oissan~ de votre balance d~s pciements. L'A.G.E.G.
a toujours pensé que,
s~ns indévondance éconoQique, l'indépend[lllcû
499.
d'un pays -
si indépcDdnnc~ i l y a - ne peut être que fictiv~.
Devent cette situation nous disons que l'exploitation
accrue des m~sses populaires du Gabon n'est que la r~ison fon-
damentele de la dégradation de plus en plus p ou s e e des conditions
é
de vie des masses (bas salaires, hausse des prix des prcduits
de prLmière nécessité, multiplication d'impôts qumd vous n~ rü-
tirez pas des cotisations pour votre parti unique réactionnaire
et votre fameu~ chemin de fer). Mcis quand le mécontentement
augmente, les solutions qu~ vous trouvez,
c'est l a r~pression
sauvage.
Depuis I964, le corps expéditionnaire f~anç2is qui oc-
cupe notre pays s'accroit sans cesse. Les serviceG fr~~çEis d'es-
pio~~2ge de C3DOC deviennent 19s véritables maîtr~s qUlt règner
l ' "ordre" qu arid l ' Elysé~ n'envoie pas des t.u eur-a ù gtzge e ;
Alors
que notre !"''""'ys manque de cadres,
votre gouvernement emprisonne
pê19-mêle professeurs,
4tudiants,
intellectu~ls et 2utres tr&-
veilleurs.
Toujours d an a votre o b j e c t i.f après ln. "mort civile",
la surpression du droit de grèvë:, les incorporctiùns des citoyens
dans votre parti~ vous tentez une nouvelle fois p,rr la force
d'embrigader le jeunesse gabonaise en créant des appendices du
p. l'D" • G.
et un servi ce mili tcirE:: 0 b.Li.g a t o i.r-e ,
Est-ce pour pré-
venir d'une autre agression d e 12. part de vos Il amis Il impéric.-
listes fr~çais ?
En m~me temps que 12. repression,
vous accentuez les
menoeuvres de division du peuple gabonais par une "tribclisc.tion"
de votre rcgime (comme en témoigne une déclaration d'un ministre
nous cltons:
1• . . _.~
__ •. '
.~_._.-,'
"rl faut que Franceville soit la deuxième ville du Gabon
après Libreville mais avant port-Gentil,
ou alors quand le pré-
sident justifie les arrestations de l'année dernière p2.X des
complots Fang et Myéné"), par des distributions d'arg~nt 2.UX élè-
ves et EoUX étudiants dans le but de les corrompre et de di viser
la j t:.'.lI1esse.
-
considérant que le Gabon demeure une ch ae ae gardée â e a
trusts impérialistes, français en perticulier (qui détie~~ent
97·,6% des capitaux dans le p t r-oLo brut, 75% dans le :i~affiné,
é
IOO% dcns le manganèse, le fer et l'uranium.
considérant que le chemin de fer tro.nsgabonais Owendo-
Belinga dont vous vous garge~isez tent, est destiné à l'évc.cua-
tien du fer pour mi~ux le livrer aux impérialistes,
considérant l'exploitation toujours accrue des mcss~s
pOPQLaires gabonaisss et la misère sociale croissante qui en
résulte,
salaires minables,
ch8mcge, mcnque de soins médicaux,
500.
d'hôpit2ux, d'écoles, mortalité infantile croiss~~n~e, lourds im-
pOts,
-
considérant que les nombreux décès d'étudi&~ts gabonais
sont ans essentiellement aux difficultés matérielles et à
votre
irres?onsabilité t
-
Considérant les difficultés rencontrées par les étudiants
gabonais pour se loger en cité universitaire et chez les psrticu-
liers,
-conEiâ~rBnt la poursulte de l'occupation militaire du Gabon
par les troupes fr&nçaises dans le but d'intimider les masses la-
borieuses et de prévenir tout soulèvement populaire,
-
Considérant la ouppreèsion de toutes les libertés démocra-
tiques Iondament&les par votre régime,
Considéranl; la "dissolution" de l'A. G. E. G.
et la décapi-
tation de l'O.~.E.G.,
Consi~~rant que de nombreux Gabonais sont mis en rési~~n
ce su~veillée ou détenus sans jugement et torturés en attendant
une mort possible,
-
considérant la tentative à'embrigade~ent du peuple gabu-
nais, la jeunesse en particulier,
L'Association Générale des studiants dn Gabon
-
d érrozic e la main œise de l ' impérialisr..1e Ln t ez-n a't c.on a.L, fran-
çais en ps.rticulier,
sur la vie poli tique,
é:conomique et socio··
cul turelJ_e de notre pays,
-
Condamne l'inféodation inconditionnelle de votre gouver-
nement éillti-national et anti-populaire aux intérêts des moriopoLe e
impérialiot~s,
fr&~çais en harticulier,
au détriment des intérêts
fondanentaux d~ peuple gabonais,
-
s'élève et condamne l ' arbitraire de votre Y'égime et ses
pratiques fascisantes,
-
exige lE retablissement des libertés àéIDocr~tiques dans
notre p ay e et la libératio:a inconditionnelle de nombreux prison-
nierç poli tifluE s dont
: Nzouba Guy, Ropi via, Akelag·.~elo, B':)ussou-
gou-Bounda, Norda, Ndjoga, Nzoghe Anselme, Ondo Mba Fat~icé, Ondo-
Nze,
Rendja~be Joseph, Bekale Bertrand, Nze-~guema, Agondjo-Okawe,etc.
-
vous mei
en garde contre tout ce qui peut arriver aux pri-
sonniers : mal~die, décès ou autre camouflage d'accidents,
-
exige le reconnaiss82ce de l'AGEG et le rétablissemeDt de
l'ONE~ dans tOlS ses droits,
-
stigmetjse vos maoeuvres de division et d'embribadement
du Feuple gabonsis? la jeunesse en parti~ulier,
- vous met e:!'l garde contre toutes vos mesures visa.r..t à
s'en
prendre au comité exéc~tiI et aux militants de notre orga~isation,
-
exige dl
votre gouvernement le rétablissement de toutes
les bourses et l'achat d'une maison d'étudiants du Gabon partout
où besoin sera.
riecevez, MO::1sieur le président, r-Iessieurs les membres
du Gouvernemen~, nos protestations patr~oti~les et anti-impéria-
listes.
paris, le 19 mai 1973.
pour l'A.G.E.G., le COMI~~ EXECUTIF
,- ,
~ ' .....
'. t )
,
~;
,-)~
r.
','
. ' , ~I
-:
1
"_
,
REPUBIIQJE GAOONAISE
- TRAVAIL - JUSTICE
~IDNf0E-DË-LA-RËPUBLIQUE
501.
ANNEXE XXXX
/ -
1Re U 1 AIR E
-=-=-=-=-=-=-=-
Le Président de la République
Chef du Gouvernement
à
Monsieur le Vice-Président du Gouvernemont
Messieurs les Ministres, Secrétairos d'Etat
et Hauts-Commissaires.-
OBJET
PORT DE LA BARBE.-
J'ai été amené à maintes raprisca à dire verbalement
à certains d'entre vous ce que je pensais du port de la
barbe.
Il me semble malheureusement que d'aucuns n'ont pas
cru bon devoir se conformer à mes instructions et continuent
d'arborer sinon des barbes fournies du moins des barbiches
discrètes, boucs, colliers ou autres accessoires similaires.
Je me do~s de leur rappeler ~uc seul le port de la
moustache est admis dans les services administratifs et qu'à
compter de ce jour je me réserve de prendre à l'encontre des
contrevenants, les sanctions ~ue j€
jugerai- utiles.
Vous voudrez bien insister auprès de vos services
eur l'importance qae j'attache au respect de la présente
circulaire, et m'en aCcuser réception./-
Libreville,le 26 / 8 / 71
ALBERT-BERNARD BON G O.
-
---'
Union - Travail - Ju~tice
-
502.
RRESloBHse ~E LA K~PUBLIQUE
(""')
-------
ANNEXE XXXXI
Ho
0 0 0 2 ~l /PR/CIO
------------
~
c 1 R CUL AIR S
=-=~=-=-=-=-=-=-=-=-==
r
f
/:> Messieurs les Chefs de Missions Diplomatiques
et Consulaires
Mensieur le nirec~eur Général de la SQreté ~a~ionalé
:-=-=-=-=-=-
Certains Chefs de ~issions délivrent encore des visas à
des ressortissants Qe la catégorie D san~ avoir consulté »réalable-
ment le pouvoir central.
Je vous rapyelle que conformément aux termes de ma circu-
laire nO I023/PR/NI/CAB/CA du 18 Juin 1966, la délivrance dê visaa
quelle qu'e
Goit la nature (visas de transit ou de séjour de n'im-
porte quella durée) n~ ~eut s'effectuep qu'après mon accord exclusif.
La consultation du pouvoir central faite sur demande du
requêrant et à ses frais par voie télégraphi~ue est donc oblisatoire
et les intéressés pour lesquels ees prescriptions n'auront pas été
observées devront ~trè refoulas à leur arrivée au Gabon.
Je vous demande de veiller à l~ stricte ~Rplication de ees
dispositions qui ne sauraient comporter aucune axception./-
Lib r e v i l Lei l e
21/9/1971
------- :.
-
.-...,
...... _.~ -- - --- --t .....
.
503.
,
le président Mba à I·~tysée
lors de sa visite officielle
en France en 1961.
)
E
-
504.
le lieutenant Daniel Mbené
là droite), explique les raisons
du coup d'état.
505.
Léon Mba.
Jean-Hilaire Aubame
j
506.
Le président Mba
entouré de gauche à droite
par Omar Bongo,
Madame Gorn et
Georges Rawiri.
r
--
507.
Un discours de M. Aubame.
député UDSG.
à l'Assemblée nationale
en 1960
~..
;,,:,.....• .,
..., '~'.'.'
J...r '-
J
....-•. -~
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00
r
~
~~
1
1
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- Le ~2le prédominant du parti unique institutionnel ~~ Gabon.
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- Coup d'Etat manqué au Gabon. Dans: Marchés tropicaux et
méditérranéens, n° 954, 22 février 1964 pp. 341.
- Réflexions à partir'des incidents entre Congo et Gabon;
dans: Communauté France~Eurafrique, n° 137 décembre 1962;
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- La République Gabonaise devient indépendante. Dans : Marchés
tropicaux et méditérranéens n° 767, 23 juillet 1960~
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522.
TABLE DE~ CRQQUIS~ TABLEAUX ET CA~rES
---~~-----~~~-~-~---~~-~~------------
1. CROQUIS ET CARTES
Pages
7
Croquis N° 1. - Carte climatique du Gabon
.
Croquis N° 2 Le Gabon les grands ensembles du relief
10
Croquis N° 3 - Diversité des populations
19
Croquis n° 4 - La mise en place des populations ........... 28
•,,;
Croquis n° 5 - Structure par sexe et par âge de la popula-
tion . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 39
,.
Croquis n° 6
Mobilité de la population
40
1.;
...
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
lL,
- TABLEAUX
Tableau n° 1 - Exportation~: Economie gabonaise à l 'aube de
l 1 i ndépe nda nce
51
2.. - Importations
52
3.- Les dirigeants du P.D.G...................
98
4.
Les dirigeants de lIU.D.S.G
97__
5 - Les réactions au coup d'Etat de 1964
240
6 - Liste ges partis aux élections législatives
de 1964
262
7 - Résultats des élections législatives du 12
avri l 1964
265
8 - Répartition des crédits cumulés depuis 1 1 0 -
rigine du F.A.C
369
9 - Evolution du nombre des coopérants fran-
çais au Gabon depuis 1960
,.
375
10 - Dotations F.A.C.
pour les études
377
I l - Dotations et paiements du F.C.A. depuis
l'origine jusqu'en 1971
379
12 - Sui te
380
13
Paiement F.A.C. 1967-1968-1969-1970
381
14 - Gabonais à l'étranger - Enseignement Supé-
rieur
. 386
15
Gabonais à l'étranger
Il
Il
. . . . . . . .. 387
16
Il
Il
1\\
Il
.. .. .. .. .. .. .. .. .
388
17
Il
Il
Il
a
. . .. .. .. .. .. .. ....
389
18
Il
Il
Il
Il
.. .. .. .. .. .. .. .. ..
390
i
)
j
523.
TABLE
DES MATIERES
Pages
INTRODUCTION GENERALE....................................
1
A. - CADRE PHySIQUE.....................................
1.
1. - Précipitations et hydrographie
5
2. - Le relief
6
B.
- LE DADRE HUMAIN •••••••.•••••.•.•.•.•......•.•..•.••.
Il
1.
-Rapport
entre milieux physique et cadre humain. 18
~. - Le sous-peuplement r origines et conséquenres ... 18
a. - Lad i spa rit ion des e ngag é s
,'"
20
b. - Les départs au-delà des frontières
-:...
21
c. - La famine des années 1920 et les perspectives à
venir
21
LES PRINCIPAUX GROUPES ETHNIQUES........................
27
A.
- LES FANG OU PAHOUIN . . • . . • • . • . . . . . . . . . • . . . . • . . . . . • . •
27
B.
- LES MP0 ~I G~J E 0 U GA BON AIS
.•••••..•..••••••..•..•••.•••
33
APERCU ECONOMIQUE A LA VEILLE DE LI INDEPENDANCE •••.•••••• 41
1.
- CONSIDERATIONS GENERALES:
EVOLUTION CONJONCTURELLE DE
1945 A 1960
41
II.
- ANALYSE CHIFFREE
47
PREMIERE PARTIE:
LES VOIES DE L'INDEPENDANCE ...••....•..
53
Ç~~~lI~~_!.
- L1UNION FRANCAISE. LA LOI CADRE ET LA CO~MU-
NAUTE • . . • . . . . • . . . . . • . . . . . . • . • . • . . . • . . . . . . • .
54
1.
- L1UNION FRANCAISE. SES PRINCIPES FONDAMENTAUX. SON
EVOLUTION..........................................
54
II.
- LA LOI CADRE OU LA VOLONTE DE CHANGEMENT POLITIQUE .. 61
a. - L1Assemblée Nationale
61
b. - Le Conseil de Gouvernement
-: .. 68
c . - Le Chef du terri toi re
68
524
Pages
III. - LA COMMUNAUTE OU LA MARCHE ALI INDEPENDANCE .....
70
- Les Gabonais et la Communauté
70
- La Première Constitution gabonaise
.
- Les rapports entre Assemblée et Gouvernement
- Le poids de la tradition
.
- L'ombre de l'Administration
.
A. - LE BLOC DEMOCRATIQUE GABONAIS
89
1° - Les structures
89
2° - Le programme
B. - L'UNION DEMOCRATIQUE ET SOCIALE
GABONAISE
84
CHAPITRE II. - EVOLUTION ET ADAPTATION ITEiNSES': L'APPREN-
,
TISSAGE DE L'INDEPENDANCE
98
A. - EVOLUTION ET ADAPTATION INTENSES
98
1.
- L'attitude de la majorité
98
2. - Accusation de l'opposition
104
3. - La lute des partis politiques
106
4. - Etat d'esprit et attitude ae la communauté fran-
ça i se au Gbbon
108
B. - L'1 APPRE NT I SSAGE 0EL' I ND EPEN DA NCE. . . . . . . . . . . . . . . .. 116
1.
- Comment réagit-on de ve nt
l'indépendance
116
- Les nouveaux objectifs de la politique gabonaise. 119
- Le programme du B.D.G.
- Les réactions de lIU.D.S.G.
- La constitution du 14 novembre 1960 ou le renforce-
ment du pouvoi r exécuti f
125
- La constitution du 21 février 1961 ou le triomphe du
présidentialisme gabonais et l'agonie de l'opposition
parl ementai re
134
- Portée et limite de l'Union Nationale
143
CHAPITRE III. - LES ACCORDS DE COOPERATION
147
1. - ACCORDS DIPLOMATIQUES DE 1960
148
2. - ASSISTANCE DIPLOMATIQUE FRANCAISE AU GABON
152
A. - L'AOCORD DE DEFENSE
152
B
- APPLICATION DES ACCORDS DE DEFENSE
· 155
1
/
525.
Pages
3. - L'ACCORD DE COOPERATION POUR LES MATIERES PREMIERES
El ~RôDUITS STRATEGIQUES CONSERNES
158
A. - LE DOMAINE ECONOMIQUE
160
B. - LE DOMAINE MONETAIRE
164
C. - LE DOMAINE CULTUREL
167
D. - DO~AINE TECHNIQUE.............................
170
E. - LA CONVENTION D'ETABLISSEMENT
172
F. - LES ACCORDS DE COOPERATION~EN
MATIERE JUûICIAIRE 173
II. - LA REVISION DES ACCORDS EN 1974
178
1. - ASPECT POLITIQUE
179
2. - LA CRISE DE LA COOPERATION FRANCO-AFRICAINE
190
DEUXIEME PARTIE: FRANCE - GABON JUSQU'EN 1967
210
CHAPITRE 1. - LA TENTATIVE DU PUTSCH OU L'ABOUTISSEMENT DU
MALAISE POLITIQUE
_
211
I.
- LES CIRCONSTANCES GENERALES
211
A. - LA CONTESTATION DES ETUDIANTS GABONAIS~EN FRANCE 211
B. - DES ACCUSATIONS ET DES VERDICTS ORIGINAUX
C. - LE DURCISSEMENT DU REGIME ET LA MISE EN TOUCHE
DE J.H. AUBAME
214
II. - LES CIRCONSTANCES~p.JlRTrCULIERES ..•.................. 221
III. - TENTATIVE DU PUTSCH DU 18 FEVRIER 1964
224
CHAPITRE II. - LA POLITIQUE DE DE GAULLE A MBA
233 Jo
L'INTERVENTION FRANCAISE ET SES SUITES
233
1. - L'INTERVENTION FRANCAISE ET SON APPRECIATION
t
l
DE PAH LE MONDE
.
234
f
1
A. - ANALYSE DES REACTIONS AU COUP D'ETAT ..........•. 239 J
1.
- L'attitude des personnalités officielles
244
2. - L'opinion de la presse
246
/
526
Pages
B. - LE PROBLEME POSE PAR L'INTERVENTION
.
L'A~BRECIATION DES DEUX PARTIES
~
249
C.
LA CONCEPTION GAULLIENNE DE LA POLITIQUE AFRICAI-
NE
255'_
D. - DES ELECTIONSLEGISLATIVES AU PROCES DE LAMBARENE. 258
1. - Agitation des masses populatres et les élections
législatives
258
2. - Le procès de Lambaréné
265
a. - Les préliminaires
266
b. - Le procès
269
CHAPITRE III. - LA SITUATION DE 1967. LA SUCCESSION DE LEON
MBA
275
CHAPITRE IV. - EVOLUTION DE LA POLITIQUE PRESIDENTIELLE
ET LA CREATION
DU PARTI UNIQUE
288
L'EVOLUTION ENTRE BONGO ET DE GAULE
BONGO ET POMPIDOU
BONGO ET Giscard D'ESTAING 288
A. - JUSTIFICATION DD PARTI UNIQUE COMME UN MODELE DE
LA DEMOCRATf[~PROPRE
A L'AFRIQUE
297
1. - L'Union Nationale chez le Président Léon MBA ....
2. - La Réconciliation nationale
avec le Président
BONGO
301
TROISIEr~E PARTI E
FRANCE - GABON DE 1967 A NOS JOURS ..... 314
CHAPITRE 1. - LA FRANCE ET L'ELDORADO GABONAIS
3111
~ A. - CONCEPTION GABONAISE DES RAPPORTS AVEC LA FRANCE
.
A TRAVERS SES PRESIDENTS MBA ET BONGO
317
~ B. - LA CONCEPTION FRANCAISE DES RAPPORTS AVEC LE GABON, A
TRAVERS SES PRESIDENTS SUCCESSIFS (DE GAULLE, POMPIDOU
ET GISCARD)
320
CHA PITRE Il. L
LES l' CON SE QUE NCES POL 1T1QUE SEN AFR1QUE
329
J
j
527.
CHAPITRE III. - PRESENCE FRANCAISE AU GABON ET GABONAIS
ET GABONAIS EN FRANCE
346
A. - LE STATUT JURIDIQUE DES COOPERANTS
350
B. - LA PRESENCE FRANCAISE AU GABON DE 1960 A 1981
.
C. - L'AIDE FRANCAISE AU GABON.........................
369
D. - LES GABONAIS EN,FRANCE
382
CONCLUSION GENERALE
394
1NDEX DES ANNEXES
398
BIBL[0GRAPHIE
508
TABLE DES CROQUIS, TABLEAUX ET CARTES
522
\\
TABLE DES MATIERES ............................ '~"*""' ". ,/
..
523
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