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THESE
N° d'ordre.
présentée à
la Faculté des Sciences et Techniques
(CEMV)
en vue de l'obtention du grade de
Docteur de 3ème Cycle
en ENTOMOLOGIE MÉDICALE
par
DOSSOU-YOVO Joël
li
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1
Soutenue publiquement le 16 novembre 1988
1
j
Composition du Jury :
1
j
Président:
Monsieur A. AOUTI
Examinateurs:
Monsieur A. OFFOUMOU
Monsieur G. CHAUVET
1
,
MonsieurJ . P. EOUZAN
Monsieur R. CORDELLIER
1
,
,

SOMMAIRE
=================
Pages
AVANT-PROPOS : ...............................................................................•..•..
INTRODUCTION
GENERALE: .•..•.................•.......................••..•.........•.•••
PREMIERE PARTIE: NATURE ET IMPORTANCE DES DIFFERENTS TYPES
DE GITES PREIMAGINAUX DANS LES QUARTIERS.
DYNAMIQUE DES POPULATIONS LARVAIRES DANS
LES PUISARDS :.......................................................
5
1. RAPPELS
BIBLIOGRAPHIQLJES:.. .•...•..•...
.•.•........
6
1.1. Identité et répartition de Culex quinquefasciatus : ......•••......•...•
6
1.2. Pullulation de l'espèce :
8
1.3. Agressivité et rôle vecteur :
10
2. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE :
13
2.1. Présentation du milieu physique de la région de Bouaké : .•.•••.••
13
2.1.1. Une région située au centre de la Côte d'Ivoire: .•.......•....•
13
2.1.2. Une région reposant sur un plateau :
13
2.1.3. Une région à climat de transition:
13
2.1.4. Une végétation de savane humide :
15
2.1.5. Bouaké, une ville située sur une ligne de partage des eaux :
15
2.2. La v ille de Bouaké :
16
3. MATERIEL
ET METHODES :
18
3.1. Buts des expérimentations :
18
3.2. Méthodologie : ••••..•••••••.••.•..•••••••••••••••.•..•••••.••••••.•••.•••••••••••.••.•••••
19
3.2.1. Choix des secteurs • •.•••.•....••••..••.•..•..•.•••••••••.......••....••••..•...•
19
3.2.2. Dénombrement des gîtes :
21
3.2.3. Echantillonnage des populations larvaires: •••••.•.••...•••••.••.••.••.
23
3.2.4. Caractéristiques physiques et chimiques de l'eau des puisards:
28
3.2.5. Taille des imagos et sex-ratio :
29
4. RESULTATS:
4.1. Réparti tion et importance des di fférents types de gîtes permanents:
30
4.2. Présence de gîtes occasionnels :
32
4.3. Entomofaune des puisards :
32

Pages
4.4. Cycle d'occupation des puisards et dynamique des populations
larvaires : •••••...•••••.....••••.••••.•...••.•.••.••••••.••••••••.••••..•••••••.....••••••••
33
4.5. Caractéristiques physiques et chimiques de l'eau des puisards:
45
4.6. Taille des imagos et sex-ratio des populations: •••.••.•..•.•....•......
48
5. DISCUSSION :
55
5.1. Potentialités des quartiers en matière de gîtes larvaires à Culex.
quinquet escieius : .........•••..••••..•.•••.•.••.•..•.•.•••..•.•.•••••..••..••..••...•..•
55
5.2. Influence des caractéristiques physico-chimiques sur le peuplement
des gîtes et densité des populations:
57
5.3. Cycle d'occupation des puisards et cycle d'abondance larvaire
59
5.4. Influence de la nourriture disponible sur la taille des adultes
et le sex-ratio des populations :
61
6. CONCLUSION : •.•.. ...••... •••.•.•••.. .•.• .•... ..... .•...•.. .•••••.••......•••• .•. .•..... .•.. .••
64
DEUXIEME PARTIE: LUTTE ANTILARVAIRE PAR UTILISATION DE
BtAClf.f.US S1JltAE<ft.1C.US DANS LES PUISARDS
67
1. RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES :
68
1.1. Le problème de la résistance de C.quinquefasciatus aux insecticides:
68
1.2. La lutte biologique : .•.•....•...•••••.•••••••••••.•.••••••••••••...•••••••...•..••••.••
70
1.3. Bacillus spheezicus dans la lutte contre les vecteurs : •••••••••••••••.
70
1.3.1. Les bactéries entomopathogènes :
70
1.3.2. Microbiologie de B.sphae'l.icus :
71
1.3.3. Pathologie et mode d'action :
72
1.3.4. Spectre d'action :
74
1.3.5. Potentialité de développement d'une résistance: .•.•.••••.••......•
74
2. MATERIEL
ET METHODES :
••••••..•••••••..•••••••••••. •..•. .••.••
76
2.1. Efficacité au laboratoire des préparations à base de B.sphaeûcus :
76
2.1.1. Objectif : •...•....••••••..•••.••••.••..•.••.•.••••..•....•••.•••.•.•.•.....•.•••..•.•••..
76
2.1.2. Le titrage biologique :
76
2.1.2.1. Obtention des larves de C.quinquefasciatus : •••.•.•••••••••..••
76
2.1.2.2. Préparation des suspensions bactériennes : •••.••••••••••••••••••
77

Pages
2.1.2.3. Préparation de la nourriture larvaire utilisée pour les
tests :
77
2.1.2.4. Réalisation des tests :
77
2.1.2.5. Les échantillons testés •
77
2.1.2.6. Analyse des résultats :
78
2.2. Efficacité et rémanence de B.spnaeticus dans les gîtes larvaires
à C.quinquefasciatus :
78
2.2.1. Traitement des gîtes :
78
2.2.1.1. Choix des gîtes à traiter :
78
2.2.1.2. Les préparations testées :
79
2.2.1.3. Estimation des doses à utiliser :
79
2.2.1.4. Calcul des quantités de produit à utiliser: ••....•............
79
2.2.1.5. Traitement des puisards :
80
2.2.1.6. Méthode d'application des produits: ..•...............•.•.........
80
2.2.1.7. Efficacité des traitements et rémanence de l'effet
larvicide :
80
2.2.2. Evaluation bactériologique :
81
2.2.2.1. Ingestion des spores par les larves après le traitement:
81
2.2.2.2. Evolution
de la quantité de spores dans l'eau de surface:
81
2.2.2.3. Devenir des spores dans le substrat des puisards : •........•
81
2.2.2.4. Analyse des échantillons :
82
2.3. Impact de la faune non cible sur la rémanence de B.spnaet.icus dans
les puisards :
82
2.3.1. Intérêt de l'expérimentation :
82
2.3.2. La formulation testée :
83
2.3.3. Toxicité pour les larves de C.cinet.eus :
83
2.3.4. Choix des puisards - Traitement - Evaluation: ••.•.••.......•••..•.•
83
3. RESULTATS :
85
3.1. Efficacité au laboratoire :
85
3.1.1. Suspensibili té des poudres :
85
3.1.2. Efficacité des poudres:
85
3.2. Efficacité et rémanence dans les gîtes larvaires: ..........•...•........
91
3.2.1. Essai en eau polluée :
91
3.2.2. Ingestion des spores par les larves après le trai te ment : .•.....
91
3.2.3. Efficacité des traitements :
91
3.2.4. Rémanence de l'activité larvicide:
91
3.2.5. Les spores dans le substrat :
104

Pages
3.3. Impact de la faune non cible :
106
3.3.1. Sensibilité de C.cineus :
106
3.3.2. Efficacité des traitements :
106
3.3.3. Rémanence de l'effet larvicide:
106
4. DISCUSSION : .
...•
108
4.1. Efficacité au laboratoire :
108
4.2. Efficacité et rémanence dans les gîtes larvaires: ••..•......•....•••••
109
4.2.1. Pertinence des tests en eau polluée : ••....• .••..•. •.•..
109
4.2.2. Sédimentation des spores et rémanence de B.spnaez.icus ;
109
4.2.3. Variabilité de la rémanence :
111
4.2.4. Devenir des spores dans le substrat:
112
4.3. Impact de la faune non cible :
112
5. CONCLUSION :
114
CONCLUSION
GENERALE: .•........•..•.•.........••.....•...•...•....•..•..........•.....•....
116
ANNEXES :
122
BIBLIOGRAPHIE : .•. ....•.... •..
..•..••...•.••....
...•. ..•....•..•...•
124
INDEX DES SIGLES ET ABREVIATIONS
142
RESUME :
144

AVANT
PROPOS
==============================

II
Au terme de ce travail, je voudrais exprimer ma reconnaissance à tous
ceux dont le soutien, la compréhension et la collaboration à différents égards m'ont
permis de le mener à bien. Aussi, il m'est agréable d'adresser ici mes sincères remer-
ciements à :
- Monsieur Le Ministre de la Santé Publique de la République Populaire
du Bénin qui a bien voulu proposer mon intégration à l'Organisation de Coordination
et de Coopération pour la lutte contre les Grandes Endémies (OCCGE).
- Monsieur Le Président et Messieurs Les Ministres Membres du Conseil
d'Administration de l'OCCGE pour avoir bien voulu accepter mon intégration à l'Orga-
nisation.
- Monsieur Le Ministre de la Santé Publique et de la Population de la
République de Côte d'Ivoire, pour l'intérêt particulier qu'il porte aux travaux initiés
à l'Institut Pierre RICHET;
- Monsieur E. AKINOTCHO, Secrétaire Général de l 'OCCGE, auprès de qui
j'ai trouvé conseils, compréhension et soutien depuis mon intégration à l'Equipe des
Chercheurs de son Insti tution.
- Messieurs les Professeurs B. TOURE et J. DIOPO, respectivement Rec-
teur de l'Université Nationale d'Abidjan et Doyen de la Faculté des Sciences et Tech-
niques pour les facilités qu'ils m'ont toujours accordées.
- Monsieur le Professeur
A. AOUTI, Chef du Département de Biologie et
de Physiologie Animale, auprès de qui j'ai toujours trouvé conseils, soutien et facilités
depuis plusieurs années et qui me fait l'honneur de présider le Jury de cette Thèse.
- Monsieur G. CHAUVET, Directeur de recherches, Chef de l'Unité de Re-
cherches sur la lutte contre les vecteurs à l'ORSTOM, qui a accepté la Direction
Scientifique de ce travail et m'a dispensé, tout au long de la rédaction, les meilleurs
conseils et les commentaires les plus pertinents. Sa longue expérience dans le domaine
de la lutte antivectorielle m'a été très utile. Je lui en suis vivement reconnaissant.
- Monsieur
A. OFFOUMOU, Maître de Conférence au Département de
Biologie et de Physiologie Animale, qui a bien voulu accepter de siéger dans mon Jury
de Thèse.

III
- Monsieur J.P. EOUZAN, Directeur de Recherches ORSTOM, Directeur de
l'Institut Pierre RICHET, qui a suivi avec beaucoup d'intérêt la réalisation sur le ter-
rain de ce travail et auprès de qui j'ai toujours trouvé un soutien amical et des con-
seils scientifiques précieux.
- Monsieur R. CORDELLIER, Directeur de Recherches ORSTOM, Coordina-
teur des enseignements au CEMV, qui m'a fait profiter de sa grande expérience d'hom-
me de terrain et qui a bien voulu accepter de siéger dans mon Jury de Thèse.
- L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour son soutien financier,
nécessaire à la réalisation de ce travail.
- Monsieur B. DOBROKHOTOV, Secrétaire de l'Unité "Lutte Biologue"
OMS/TOR, pour son appui scientifique et moral au cours de la réalisation des travaux
de terrain.
- Monsieur J. BRENGUES, premier Directeur du CEMV et Chef du Dépar-
tement Santé de l'ORSTOM, pour le soutien permanent que j'ai trouvé auprès de lui
depuis le début de ma carrière de chercheur.
- Monsieur B. PHILIPPON, Chef du "Vect or Control Unity" (VCU) du
Programme OMS de Lutte contre l'Onchocercose en Afrique de l'Ouest, pour la con-
fiance et la compréhension que j'ai toujours trouvées auprès de lui.
- Monsieur D. QUILLEVERE, ancien Directeur de l'Institut Pierre RICHET,
pour ses conseils et ses encouragements constants.
- Monsieur P. GUILLET, OMS/OCP, pour ses conseils, sa disponibilité et
son amitié.
- Monsieur M. DAGNOGO, Directeur du CEMV, pour les facilités qu'il
m'a toujours accordées.
- Les Autorités Administratives et Politiques de la ville de Bouaké, sans
lesquelles ce travail n'aurait pu être mené à bien.
Je voudrais aussi témoigner ma reconnaissance et ma gratitude à ceux qui
ont participé de façon étroite, à la réalisation de ce travail.
- Monsieur J.M.C. DOANNIO, Entomologiste médical de l'OCCGE dont la
collaboration fut essentielle à la réalisation de ce travail. Ce travail est le résultat
de nos efforts communs.

IV
- Monsieur J. DUVAL, Ingénieur d'Etudes ORSTOM, pour son aide perma-
nente, sa rigueur dans l'organisation pratique des travaux et sa constante amitié.
- Monsieur L. NICOLAS, pour son aide précieuse, particulièrement dans
le domaine de la bactériologie.
- Monsieur F. OUEDRAOGO, qui a exécuté avec beaucoup d'amabilité
les figures et les cartes présentées dans cette Thèse.
- Messieurs V. SANOU, B. SANOU, B. KOUASSI, B. BAMBA, F. TRAORE,
S. DIALLO, I.K. PASCAL, S. OUEDRAOGO et A. CISSE, qui ont participé de façon
essentielle aux enquêtes sur le terrain et aux travaux de laboratoire.
- Monsieur N. DEMBELE, qui, avec amabilité a bien voulu assurer la
dacty lographie de cette Thèse.
Je ne saurais oublier tous les amis auprès de qui j'ai eu le plaisir de
travailler
- mes collègues Chercheurs de l'Institut Pierre RICHET : S. TRAORE,
S. DIARRASSOUBA, P.B. DIALLO, A.H. MEDA, C. LAVEISSIERE, J.M. HOUGA RD,
H. ESCAFFRE, J. LEMASSON et leurs épouses;
- mes collègues du CEMV : E. N'GORAN, Y. y API, B. NEKPENI, G. ZEZE,
et D. LOU TI.
A mes parents, en témoignage de mon affection et de ma gratitude.
A mon Epouse, auprès de qui j'ai trouvé compréhension, amour et ten-
dresse durant les moments difficiles. Qu'elle trouve dans ce travail, la récompense
de sa patience et de ses encouragements.
Enfin à Feu DIOMANDE Tiérnoko, ex-Directeur du CEMV dont je garderai
toujours le souvenir de sa haute valeur scientifique et de ses immenses qualités humai-
nes.

- 1 -
1. INTRODUCTION
GENERALE
---------------------------

- 2 -
Les régions tropicales sont des zones d'élection pour les affections trans-
mises par les insectes (PICQ, 1979). Sur les six maladies faisant l'objet du Programme
Spécial PNUD/Banque Mondiale/OMS, cinq sont transmises par des vecteurs. Il s'agit
du Paludisme, des Filarioses, des Schistosomoses, des Trypanosomoses et des Leishma-
nioses. Ces maladies parasitaires tropicales constituent un obstacle sérieux à l'éléva-
tion du niveau de santé dans les pays en développement. Si dans certains cas particu-
liers et dans certaines zones géographiques on a pu contrôler et diminuer la prévalence
de certaines de ces maladies, dans la plupart des cas, on a assisté à une stabilisation
"sournoise" des situations qui se transforme quelquefois
en une recrudescence très
sensible.
Dans les régions où elles sont endémiques, ces maladies restent parmi les
plus importantes car responsables d'une élévation très considérable des morbidités et
des mortalités. La plus largement répandue est le Paludisme. Pour cette seule maladie,
100 millions de cas sont recensés chaque année suivant l'Organisation Mondiale de la
Santé.
L'urbanisation trop rapide et incontrôlée dans la plupart des pays en déve-
loppement (GRATZ, 1973a) a entraîné l'installation des populations de façon anarchique
et dans des conditions hygiéniques précaires. HAMON et al. (1971) puis SUBRA (1973)
notent que le décalage existant entre l'approvisionnement en eau et l'organisation de
l'évacuation des eaux usées, a créé des gîtes péridomestiques très favorables à l' im-
plantation de Culex quinqueiesciei.us, un des vecteurs de la filariose de Bancroft en
Afrique Orientale et, à plus ou moins long terme en Afrique Occidentale. Pour cette
filariose, l'OMS évaluait en 1982 à 113 millions, le nombre de personnes vivant, en
zone à risque et à 25,6 millions le nombre de cas effectifs (in GRA TZ, 1985).
Dans de très nombreux villages et petites villes des pays pauvres où l'eau
courante est inexistante, l'eau ramenée des marigots lointains et l'eau de pluie sont
stockées dans des tonneaux et des jarres pendant plusieurs semaines. Ce mode de
stockage constitue pour Aedes aegypti, responsable de la fièvre jaune, des gîtes larvai-
res de prédilection.
La Trypanosomiase humaine constitue après le Paludisme, le plus grand
fléau sanitaire sur le continent africain. La seule façon
d'abaisser la prévalence de
cette maladie est la chimiothérapie et la lutte contre les vecteurs. On estime à 35
millions le nombre de personnes menacées, avec une dizaine de milliers de cas nou-
veaux chaque année.

- 3 -
En dépit des progrès considérables réalisés en matière de connaissance de
ces endémies et de leurs vecteurs, elles demeurent encore de redoutables problèmes
de santé publique dans les régions tropicales. L'absence d'infrastructures sanitaires
adéquates et suffisantes pose souvent des problèmes de diagnostic précoce et même
de diagnostic
tout court. Pour la plupart de ces endémies, il n'existe pas encore de
médicaments totalement efficaces. En outre, l'utilisation des médicaments, quand ils
existent, n'est pas toujours aisée; elle se trouve parfois compliquée par la nécessité
d'une surveillance médicale et la résistance des agents de la maladie aux substances
chimiques administrées.
Parmi les méthodes de lutte préconisées contre les maladies à vecteur, la
lutte anti-vectorielle occupe une place de choix. Elle constitue pour certaines,
à
l'état actuel des connaissances, la seule façon de diminuer leur prévalence. Aussi dans
1
les actions de santé publique, les pesticides constituent-ils des moyens indispensables.
i1
Ils sont utilisés dans la totalité des programmes de lutte contre les arthropodes vec-
teurs ou nuisibles à l'homme, aux animaux et aux plantes. En 1953, l'impact des insec-
1
i
ticides sur les poux vecteurs du typhus, les puces vectrices de la peste, les simulies
i
vectrices de l'onchocercose et les moustiques vecteurs de paludisme, des filarioses, de
J
la fièvre jaune et de l'encéphalite, a été si fort qu'on avait estimé à 5 millions, le
1
1
nombre de vies sauvées et à 100 millions les cas prévenus contre ces maladies (OMS,
~
f
1971).
1
!
Pendant de nombreuses années, d'importantes campagnes de pulvérisation de
r
pesticides chimiques ont ainsi permis de lutter avec efficacité contre les insectes d'in-
[
r
,
térêt médical et de limiter la propagation des infections transmises. Malheureusement,
1
,
cette méthode de lutte s'est heurtée à toute une série de problèmes nouveaux et diffi-
i
ciles, au premier rang desquels se trouve la résistance. Les insecticides organochlorés
qui furent très largement
ut ilisés jusqu'en 1960, ont vu leur intérêt décroître du fai t
de l'apparition de la résistance au DDT, à la dieldrine et au Iindane chez tous les
groupes d'insectes (ANONYME, 1970). Le phénomène s'étend depuis aux organophospho-
rés, aux carbamates et à bien
d'autres molécules insecticides. Près de 500 espèces
d'insectes sont ainsi devenues résistantes. Pour faire face à cette situation, on a aug-
menté les doses et les fréquences d'application. Cette pratique a entraîné à son tour,
non seulement l'augmentation de la résistance chez les espèces v isées mais également
l'élimination des espèces concurrentes et une contamination très importante du milieu.

- 4 -
L'arsenal de l'hygiéniste pour lutter contre les vecteurs se réduit donc con-
tinuellement bien que de nouvelles molécules à activités insecticides soient mises au
point. C'est pourquoi des efforts de plus en plus importants sont déployés en vue de
concevoir des molécules de remplacement n'exerçant leur action que sur les espèces
visées et ne posant pas de problèmes de résistance ou de pollution de l'environnement.
Au premier rang des méthodes susceptibles de répandre à ces impératifs
figure l'utilisation des insecticides d'origine biologique. Parmi ces derniers, les plus
efficaces et les plus prometteurs sont des larvicides à base de bactérie appartenant au
genre Bacillus (OMS, 1984). Ainsi la mise en évidence de la sensibilité de plusieurs
insectes d'intérêt médical à Bacillus i.huilnqiensis oet.-i st aelerisis
et à Bacillus splvee-
zicus a apporté un nouvel espoir dans la lutte cantre les espèces résistantes.
Le présent travail est une contribution à l'utilisation de B.sphaeûcus dans
la lutte cantre Culex quinquejescieius, moustique cosma tropical, vecteur potentiel en
Afrique de l'Ouest de la filariose de Bancroft. L'étude de l'écologie des stades larvai-
res de ce moustique a constitué la phase initiale des recherches. Elle a été dictée par
la nécessité de mieux connaître les gîtes préimaginaux afin d'appréhender au mieux
tous les facteurs pouvant influer sur l'efficacité de la bactérie.
La seconde partie de ce travail est une étude de faisabilité de la lutte con-
tre C.quinquefasciatus par l'utilisation de B.sphaeûcus. Elle a porté sur la sélection
des souches les plus toxiques, la détermination des formulations les plus adéquates et
a permis, grâce à des travaux de terrain d'appréhender les paramètres qui peuvent
influer sur l'efficacité de cette bactérie lors de son emploi dans les gîtes.
Toutes les expérimentations se sont déroulées à Bouaké, ville cosmopolite
située au centre de la Côte d'Ivoire (Afrique Occidentale).

- 5 -
PREMIERE
PARTIE
===================
NATURE ET IMPORTANCE DES DIFFERENTS TYPES
DE GITES
PREIMAGINAUX DANS LES
QUARTIERS.
DYNAMIQUE DES POPULATIONS
LARVAIRES DANS
LES
PUISARDS

- 6 -
1. RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES.
1.1. Identité et répartition de Culex qulnqueiesclebus;
Culex pipiens est un complexe d'espèces jumelles à l'intérieur duquel coexis-
tent deux types morphologiques connus sous les noms de C.pipiens pipiens et C.pipiens
f atigans ou C.quinquefesciei.us :
- C.p.pipiens semble être en Afrique une espèce relique, exophile et zoophi-
le sans intérêt médical; sa distribution est habituellement limitée aux régions de mon-
tagnes et plus rarement aux régions basses (in HAMON et el., 1967). Les populations
de C.p.pipiens rencontrées en Afrique seraient autogènes (RIOUX et ei., 1960).
- C.quinquefasciatus est caractérisé
par une très grande anthropophilie. Il
est largement répandu sur le continent africain et dans toutes les régions tropicales
et sub-tropicales du monde. Il a été rencontré dans le Sud des Etats Unis dans
la
Région néarctique et dans le Sud du Japon dans la Région paléarctique. L'altitude ne
semble pas être une limite à sa répartition puisqu'il a été récolté à 1680 mètres dans
le Sud du Pacifique (DOBROTWORSKY,
1967)
et à 2770 m en Inde (BHAT, 1975).
Les populations de C.quinquefasciatus sont en Afrique homodynames et anautogènes
(HAMON et al., loc.cit.), néanmoins une population possédant le caractère d'autogénèse
a été signalée à Thiès au Sénégal.
L'historique de l'implantation de C.quinquefasciatus sur le continent africain
est très difficile à faire car ce moustique était déjà abondant dans de nombreuses
localités au moment des
premières
prospections. Il est actuellement l'espèce culici-
dienne la plus communément récoltée sur tout le continent, quoique sa présence dans
le Nord de l'Afrique soit encore discutable (SUBRA, 1981). Il est largement répandu
dans la région éthiopienne, à Madagascar et dans les autres îles de l'Océan Indien
(BRUNHES, 1975; LAMBRECHT,
1971).
L'espèce se retrouve dans différents types
climatiques, de la forêt aux régions semi-désertiques.
En Afrique Occidentale, C.quinquefasciatus est un moustique essentiellement
limi té aux zones urbaines où les formes préimaginales se développent dans les eaux
polluées. Au début du siècle et avant la deuxième guerre mondiale, ce moustique
n'était connu que dans quelques villes dispersées le long de la côte; il ne représentait
alors qu'un pourcentage réduit des Cul icinés récoltés. Sa présence fut signalée en 1902
en Gambie, en 1905 à Conakry et en 1906 à Dakar (in HAMON et ei., loc. cii:.), En
1906, C.quinquefasciatus n'était pas encore cité parmi les moustiques de Bamako,

- 7 -
Kayes et Ségou au Mali (in HAMON et al.,
1967), alors
qu'actuellement il constitue
dans ces villes, l'espèce dominante. A Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), C.quinquefasciatus
était présent mais peu abondant lors des prospections de 1952-1953. Il constitue à pré-
sent, la seule espèce rencontrée dans cette ville. La situation est identique à Ouaga-
dougou et dans les autres villes du pays. En 1954, ce moustique était moins fréquent
à Abidjan que o1edes aegypti. Il est devenu depuis l'urbanisation spectaculaire de cette
agglomération l'espèce dominante. C'est aussi le cas à Bouaké depuis les traitements
insecticides de 1954. C,quinquefasciatus n'occupait avant cette date qu'un nombre
réduit de gîtes larvaires dans cette ville el: était moins fréquent que C.decens Theo-
bald, C.cine'l.ws Theobald et o1e.aegypti (BINSON et DCIUCET, 1956).
En Afrique centrale
et
équatoriale, la situation est comparable à celle qui
prévaut en Afrique occidentale. C.quinquefasciatus est quasiment présent dans toutes
les villes et constitue pratiquement la seule espèce rencontrée car-s les zones urbaines.
Exceptionnellement il a été rencontré dans certains grands villages du Cameroun
(SUBRA, 1975).
La situation en Afrique orientale est complètement différente. Contraire-
ment à ce qui se passe en Afrique occidentale et centrale, C.quinquefasciatus n'est
pas seulement urbain, il est aussi très répandu dans les zones rurales. C.quinquefascia-
tus est présent depuis longtemps dans toute l'île de Zanzibar et à Penila où il consti-
tue le moustique le plus fréquent (Mc CARTHY, 1930 in HAMON et al., loc.cit..), Il est
très abondant sur le continent, à Dar-ès-Salam et même dans les régions sèches du
centre du pays où la proximité de la nappe phréatique permet l'existence de gîtes per-
manents. Au Kenya, la situation en altitude de la ville de Nairobi l'épargne de la pré-
sence de ce moustique; par contre il est très abondant dans toutes les localités le long
de la côte même dans les zones rurales (HEISCH et al., 1959). A Djibouti, C.quinque-
fasciatus est présent dans toutes les zones habitées par l'homme (COURTOIS
et
MOUCHET, 1970).
Dans les îles de l'Océan Indien, C.quinquef esciei.us est fréquent tant en
zones urbaines que dans le milieu rural. A Madagascar, il est présent dans toute l'île
mais plus particul ièrement en milieu urbain (CHAUVET et RASOLONIAINA,
1966 et
1968). En milieu rural proprement di t, il semble encore peu abondant; toutefois dans de
nombreux villages, les situations favorisant son implantation sont en train de se créer
(SUBRA, loc.cii..), Il est solidement implanté dans l'île de la Réunion où ses larves ont
pu être récoltées dans les ruisseaux et rivières dans lesquels s'évacuent les eaux rési-
duelles des sucreries (HAMON, 1953a). Aux Comores, la présence de l'espèce s'étend
à toutes les zones habitées où sa pullulation est en relation étroite avec les rites

- 8 -
musulmans. Les réservoirs d'eau destinée aux ablutions et les eaux résiduelles y cons-
tituent les gîtes larvaires les plus importants (BRUNHES, 1975; SUBRA et HEBRARD,
1974).
1.2. Pullulation de l'espèce.
c..quinquefasciatus est un moustique urbain et cosmotropical dont les formes
préimaginales se développent dans les eaux polluées riches en matières organiques. Il
constitue par sa fréquence et l'abondance de
ses piqures une importante nuisance dans
les zones qu'il occupe. A Bamako, SUBRA et al. (1965) dénombrent plusieurs centaines
de piqûres par homme et par nuit. La situation est semblable dans toutes les villes
africaines au Sud du Sahara. Pourtant, dans le cas particulier de l'Afrique Occidentale,
ce moustique jadis n'était présent que dans un nombre très limité de localités. Après
la seconde guerre mondiale, le nombre d'endroits où il devint l'espèce dominante aug-
menta rapidement. Depuis, le phénomène s'est considérablement accéléré puisqu'il
n'existe aucune ville de la région éthiopienne où sa présence ne soit signalée. Sa dis-
sémination et sa pullulation sont aujourd'hui si importantes qu'on pourrait parler d'une
situation de siège. Pour HAMON et al. (1967), la multiplication récente de C..quinque-
[esclei.u s dans les localités où il était déjà établi et son implantation dans les villes
et zones rurales où il n'existait pas, sont deux aspects d'un seul et même phénomène
le développement économique.
Le développement économique s'est fait de façon très accélérée dans les
pays d'Afrique au Sud du Sahara ces quarante dernières années. Il a eu pour conséquen-
ce la création de nombreux pôles d'intérêt tels que les villes portuaires et les grands
centres de traite. Les petites localités d'avant la seconde guerre se sont rapidement
développées par l'afflux de ruraux attirés par les possibilités d'emplois. Des concentra-
tions importantes de populations se sont ainsi réalisées avec une grande diversité d'acti-
vités. Cette urbanisation s'est faite de façon incontrolée et très rapidement, les aména-
gements sanitaires déjà pauvres qui existaient se sont avérés insuffisants. L'évacuation
des déchets a été totalement ou partiellement abandonnée à l'initiative des populations
elles-mêmes, ce qui rapidement a entrainé une situation d'insalubrité lamentable favo-
rable à la création de sites multiples et variés propices au développement des mousti-
ques.
L'urbanisation va ainsi contribuer de diverses manières à l'implantation et
à la pullulation de c..quinquefasciatus dans différents milieux (SUBRA, 1975). Elle a
entrai né la création de gîtes préimaginaux extrêmement favorables par la mauvaise
évacuation des eaux usées et l'accumulation des déchets ménagers. Les gîtes ainsi

- 9 -
créés par l'homme dans les villes constituent de loin les plus importants et dépendent
essentiellement de lui pour leur maintien. Les plus répandus sont les fosses septiques
et surtout les puisards destinés à collecter les eaux de toilette. Les caniveaux et les
gouttières destinés à l'écoulement de l'eau sont fréquemment obstrués par les déchets;
les multitudes de récipients abandonnés, les carcasses de voiture
et les pneux qui
s'accumulent en nombre de plus en plus important dans les villes se remplissent d'eau
pendant la saison des pluies et constituent durant cette période de l'année des gîtes
très productifs. C.quinquefasciatus, peu exigeant en ce qui concerne ses gîtes larvaires,
va trouver dans cet environnement, les conditions favorables à son implantation et à
sa pullulation.
Pourtant, pour de nombreux auteurs, il semble peu vraisemblable que l'urba-
nisation à elle seule soit la cause principale de la pullulation de C.quinquefasciatus.
Dans une ville comme Bobo-Dioulasso, la présence de ce moustique était encore peu
marquée il y a quelques décennies bien qu'à cette époque déjà, elle connaissait une
certaine urbanisation (SUBRA, 1975). Les gîtes larvaires occupés aujourd'hui par C.quin-
quej esciei.us existaient mais étaient colonisés par d'autres espèces. Les espèces telles
que C.tigûpes Grandpré,
C.nebulosus Theobald, C.decens Theobald et C.cine'l.eus Theo-
bald entraient en concurrence avec C.quinquefasciatus puisqu'à l'instar
de cette der-
nière, elles supportent les milieux pollués. La rupture de cet équilibre naturel en faveur
de C.quinquefasciatus date de la période qui a suivi les grandes campagnes de lutte
anti-paludique dans la majorité des zones urbaines d'Afrique.
Les bons résultats obtenus avec les insecticides ont conduit à leur utilisa-
tion intensive. Malheureusement, C.quinquefasciatus peu sensible à ces composés a
très rapidement développé une forte résistance. Sa fréquence n'a été que peu affectée
par les traitements. des habitations (SMITH, 1961) et sa grande tolérance pour certains
insecticides comme le DDT, lui a assuré un avantage sur ses concurrents (SERVICE,
1963). On a ainsi assisté à l'élimination de toutes les espèces concurrentes dans les
différents sites larvaires (MATTINGLY, 1962).
Les campagnes insecticides ont donc eu pour conséquence la sélection d'es-
pèces résistantes dont c.qinquefasciatus qui s'est retrouvé seul dans les gîtes urbains.
Cette situation a amené HAMON et al. (1967) à écrire qu"'en Afrique C.quinquefascia-
tus s'est développé sous la protection des insecticides". Les observations faites dans
les zones pilotes de lutte antipaludique dans la région de Bobo-Dioulasso confirment
très bien cette vue. En effet, C.quinquefasciatus n'a pas pu se maintenir dans les villages
qu'il avait occupés lors des traitements insecticides après l'arrêt de ces derniers
(HPMON et el., loc. cli..),

- 10 -
La seconde conséquence de l'utilisation des insecticides et notamment de
ceux à action rémanente, est l'abandon de la lutte physique contre la prolifération des
gîtes larvaires dans les zones urbaines. On se rappelle encore des amendes qu'infli-
geaient les agents des Services d'Hygiène pour insalubrité. Malheureusement la consé-
quence de cet arrêt a été la multiplication croissante des sites propices au développe-
ment des larves de C.quinquefasciatus.
Un facteur non moins important et toujours lié au développement économi-
que, est l'introduction d'une certaine amélioration dans le mode de vie des populations.
SUBRA (1973) avai t constaté que dans les quartiers populaires de Bobo-Dioulasso, les
habitants étaient faiblement agressés alors que le taux des piqûres était important dans
le quartier résidentiel où la consommation élevée de l'eau et l'existence de puisards
assuraient aux moustiques des gîtes larvaires permanents. L'introduction d'eau courante
dans tous les quartiers de la ville a entraîné un mode de vie plus moderne mais a con-
tribué à la pullulation de l'espèce.
Le niveau de vie plus élevé dans les villes se manifeste aussi par l'utilisa-
tion par les individus d'un nombre de plus en plus élevé de produits de toilette renfer-
mant des détergents dont la présence dans les puisards est défavorable à l'installation
des espèces concurrentes telle que C.cine'l.eus (SUBRA et DRANSFIELD, 1984). Ceci
expliquerait partiellement tout au moins, la récente expansion du développement de ce
moustique dans les agglomérations où il n'y a jamais eu de pulvérisations d'insecticides,
et où il reste encore sensible aux organochlorés (SUBRA, loc. cii..),
1.3. Agressivité et rôle vecteur.
Quelques heures après leur émergence, les adultes de C.quinquefasciatus
prennent leur envol. Ils effectuent généralement des déplacements de faible ampli tude
(SUBRA, 1972a). L'accouplement se passe entre 24 et 48 heures ou même plus tard
(YASUNO et HARINASUTA, 1967; SEBASTIEN et MEILLON, 1967). Les femelles fécon-
dées vont alors prendre des repas de sang à un rythme régulier sur l'homme ou sur des
animaux pour assurer la maturation de leurs oeufs. Ce moustique possède une anthropo-
philie très marquée et constitue pour les citadins une nuisance très importante bien
que les investigations sur ses préférences alimentaires aient parfois montré des résul-
tats contradictoires. Ainsi à Dakar, MATHIS (1935) avait décit C.quinquefasciatus com-
me étant très ornithophile alors que la majorité des auteurs lui reconnaissent une forte
anthropophilie en différents points du continent (THOMAS, 1956; SUBRA, 1970; HEISCH
et ei., 1959; WHITE, 1971). Toutefois, C.quinquefasciatus est attiré par différents types


È
- 11 -
1
l
1
d'appâts (LEE et ei., 1954) et le taux d'anthropophilie dépend de l'endroit où les femel-
les ont été capturées. SUBRA (1970) signale ainsi que 98% des femelles capturées à
1
l'intérieur des cases à Bobo-Dioulasso se sont nourries sur homme mais que ce taux
tombe à 73% pour celles capturées à l'extérieur avec 20% d'ornithophilie.
1
Ce moustique constitue en toute circonstance, la source principale de nuisan-
1
~
ce pour l'homme dans toutes les localités où il s'est implanté. Les observations ont
f
montré qu'il peut piquer à l'intérieur ou à l'extérieur et que certains individus peuvent
à la fois piquer à l'intérieur comme à l'extérieur (SUBRA, 1981). En Asie du Sud-Est,
C.quinquefasciatus serait endophage (SASA et al•• 1965) alors qu'à Rangoon il est de
tendance exophage (MEILLON et SEBASTIAN, 1967). En Afrique, la tendance endophagi-
que de C.qulnquefasciatus a été signalée aussi bien à l'Est (BRUNHES, 1975; SMITH,
1961; VAN SOMEREN et FURLONG, 1964) qu'à l'Ouest (SUBRA, 1972b).
Les femelles
piquent essentiellement la nuit sans préférence pour une région particulière du corps
f~
1
(SELF et aL .• 1969). Leur agressivité est maximale après minuit avec un pic entre 1
1
i
heure et 2 heures du matin (BRUNHES, Loc. cli..; SUBRA, Loc. cli..), Toutefois, à
la Réu-
l'
f
nion, HAMON (1956) observe que le plus grand nombre de piqûres a lieu dans la premiè-
t
i
i
re partie de la nuit. Les variations saisonnières des densités sont étroitement liées à la
1
distribution de la pluviométrie. L'espèce abonde en général au cours des saisons de
1
,,~
pluies au moment où la majorité des gîtes regorgent de larves et dans la période qui
1
suit les dernières précipitations (SUBRA, 1973; HAMON, 1963; SERVICE, 1963; CHINERY, i!
1969).
Dans la nature, C.qulnquefasciatus joue un rôle majeur dans la transmission
de la filariose de Bancroft et un rôle moins important en tant que vecteur de certaines
1
I-
maladies virales. Des études ont montré qu'une souche de W.banc'l.ofti n'est transmissi-
ble que par les vecteurs locaux et est partiellement incompatible avec les vecteurs des
It
autres régions (ROSEN, 1955 et WHARTON, 1960 ln HAMON et al•• 1967). Il semble
1
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que ce soit actuellement le cas en Afrique de l'Ouest et du Centre où ce moustique
~
i:
,
passe pour être mauvais vecteur faute d'adaptation de la souche rurale de la filaire,
~
généralement transmise par les Anophèles (BRENGUES, 1975). Des recherches visant à
démontrer son implication dans la transmission de la maladie n'ont pu aboutir (SUBRA,
i
1
1973; BRENGUES, Loc. clb.),
Toutefois, différentes observations de laboratoire ont mon-
~
~
î
1;
tré que les filaires pouvaient atteindre chez le moustique des formes infectantes (SU-
1
BRA, 1965; OGUMBA, 1971) mais à des taux d'infestation très bas.
!!
La réceptivité du moustique à W.banc'l.ofti serait sous le contrôle de plusieurs
facteurs génétiques (ZIELKE et KUHLOW, 1977). BRENGUES (Loc. cli..) trouve une diffé-
1
1
rence d'intensité d'infestation entre souches différenciables par incompatibilité cyto-
1~
plasmique. Ces différentes causes peuvent expliquer le retardement de la création des

1
- 12-
1
foyers dus à c..quinquefasciatus en Afrique de l'Ouest mais ne peuvent probablement
pas empêcher leur appari tion car, on reconnaît à ce moustique une grande faculté
d'adaptation (HAMON et el., 1967).
La situation actuelle en Afrique de l'Ouest est donc susceptible d'évoluer à
cause d'une part, de la grande anthropophilie de l'espèce, de son abondance, de
sa
longévité et de son cycle d'agressivité qui constituent des facteurs favorables et d'autre
part, du contact de plus en plus fréquent entre le moustique et la filaire. En effet, des
nombres de plus en plus importants de ruraux se déplacent vers les grandes aggloméra-
tions, drainés par la possibilité d'y trouver un emploi et donc inévitablement introdui-
sent des porteurs de filaires dans les zones où pullule c..quinquefasciatus.
La pullulation de ce moustique constitue donc un risque réel car elle peut
étendre la transmission de la filariose de Bancroft à toutes les grandes agglomérations
au Sud du Sahara, créant ainsi sur tout le continent une situation comparable à celle
qui existe actuellement en Afrique de l'Est (SUBRA, 1981).

- 13 -
2. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETLDE.
2.1. Présentation du milieu physique de la région de Bouaké.
2.1.1. Une région située au Centre de la Côte d'Ivoire (carte 1).
La région de Bouaké appartient au Département du Centre, lequel se con-
fond avec le pays baoulé, un monde de savane au contact de la forêt dense. Le chef lieu
du Département est la ville de Bouaké (70 44' N - 5° 40' W). Cette ville, la plus
importante après Abidjan, s'implante juste à mi-chemin sur. les principaux axes
de
communication (voie ferrée et routes) reliant le Sud au Nord du pays.
2.1.2. Une région reposant sur un plateau.
C'est à l'Ouest de la Côte d'Ivoire que de véritables massifs montagneux
s'érigent pour surplomber le reste du terri taire. A partir de la frontière septentriona-
le, on passe des régions de plateaux développés en glacis successifs à celles des plai-
nes à l'approche de la côte maritime (ROUGERIE, 1982).
Les isohypses caractéristiques des plateaux sur lesquels repose la région de
Bouaké varient de 250 à 400 mètres, précisément de 320 à 360 m au niveau de la
ville de Bouaké. Des reliefs individuels apparaissent cependant par endroits, le plus
typique étant la "chaîne baoulé". Cette chaîne s'étire sur un axe Nord - Est/Sud -
Ouest juste à l'Est de Bouaké. Elle prend de ce fait la région du Centre en écharpe.
Le paysage géomorphologique actuel de l'ensemble du pays résulte de l'éro-
sion d'un relief initial mis en place depuis l'orogénèse éburnéenne, il y a 2030 à
1830 millions d'années.
Les roches cristallines (qranitofdes) constitutives des plateaux de la région,
donnent en surface des sols argilo-sableux souvent ferralitisés (AVENARD et aL.
1971).
I
2.1.3. Une région li climat de transition (carte 1).
Toute la Côte d'Ivoire est sous l'influence du FIT (Front Inter Tropical),
La moitié méridionale connaît une succession de quatre saisons dans l'année dont
2 pluvieuses et 2 sèches. Le climat y est du type équatorial. Sur la moitié Nord,
seules une longue saison humide et une longue saison sèche se succèdent. Le climat
y est du type tropical.

- 14 -
BURKINA-FASO
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Carte 1
La Côte d'Ivoire: climat et végétation
(dl après ELDIN, 1971).
l
2 saisons
II
2 ou 4
saisons
m
4
saisons
ID] : Forêt
Secteur préforestier
Savanes sub-soudaniennes

- 15 -
La transition entre les 2 climats a lieu au centre du pays faisant apparaître
d'une année à l'autre 4 ou 2 saisons.
Les moyennes annuelles de précipitations au niveau de la région de Bouaké
établies sur 30ans par PELTRE (1971) oscillent entre 1000 et 1400 mm. Les minima
annuels sont observés de Novembre à Février. Dès le mois de Mars, les hauteurs d'eau
mensuelles montent jusqu'au maximum en Juillet et AoOt. Depuis 1981, on n'observe
plus une installation effective de la courte saison sèche en Juin, du moins dans la ville
de Bouaké. Le climat devient purement tropical.
Depuis les 6 dernières années, les températures moyennes mensuelles varient
de 230 C à 280 C.
Le minimum et le maximum absolus atteignent respectivement 19°
C et 340 C.
Décembre est le mois le plus froid de l'année, Février et Mai en sont les
plus chauds.
2.1.4. Une végétation de savane humide.
Deux paysages végétaux se partagent le terri toire
ivoirien. Au Sud s'étend
une forêt dense hygrophile ou mésophile. Elle est relayée au Centre et au Nord respec-
tivement par des savanes et des forêts claires.
Les savanes du Centre sont humides et pénètrent au coeur de la forêt méso-
phile par une échancrure dit "V baoulé". La végétation est composée de hautes herbes
dominées par l 'herbe à éléphant ('J enlceium put.put.eum), Les arbres poussent isolément
et le rhonier (Botassus eihisplum) est le ligneux caractéristique de ces savanes. Autour
de Bouaké, des galeries forestières mettant en évidence les tracés sinueux des cours
d'eau.
On note çà et là des îlots forestiers survivances de la forêt primaire.
2.1.5. Bouaké, une ville située sur une ligne de partage des eaux.
Nombre de petites rivières prennent naissance autour ou dans la ville de
Bouaké. Les unes s'orientent vers le N'Zi au Nord et les autres rejoignent le Kan au
Sud. Le N'Zi et le Kan sont tous deux des affluents du Bandama.

- 16 -
L'écoulement des eaux cesse dès l\\lovembre-Décembre en débu t de sai son
sèche. Il ne reste que de petites mares isolées dans certains lits. L'écoulement reprend
avec les premières pluies importantes en Avril-Mai. Les grandes ri vières tels que le
N'Zi et le Kan ne tarissent cependant pas.
Ainsi, toute l'année ils alimentent le Ban-
dama qui, avec la Comoé, le Sassandra et le Cavally, constituent les bassins
fluviaux
les plus importants de la Côte d'Ivoire.
2.2. La ville de bouaké (carte 2).
Bouaké, de part sa situation, est un carrefour entre les di fférents axes rou-
tiers Nord-Sud et une étape importante pour les voyag-eurs allant vers les pays voisins.
C'est une ville qui draine un vaste arrière pays (le pays Baoulé, les régions du Centre-
Ouest et du Nord) et dans une certaine mesure, certaines catégories de populations des
pays limitrophes. Selon le dernier recensement (1984), la ville
compte
plus
de
600.000 habi tants,
Le paysage urbain de Bouaké est un paysage de contraste, tout comme les
autres grandes villes du pays, où se côtoient di fférents types de quartiers :
- le quartier commercial et administratif autour duquel gravitent tous les
autres et qui regroupe les plus grands magasins, les banques et les différents services
publiques. Avec le marché central contigu, ils constituent le pôle d'attraction le plus
important de la ville;
- les quartiers résidentiels qui se caractérisent par un habitat essentielle-
ment horizontal et très varié. A l'exception des nouveaux quartiers situés en périphé-
rie de la ville, la plupart sont à dominance ethnique. Les Baoulés autochtones se
retrouvent dans les quartiers Sud; les malinkés originaires du Nord du pays ou des pays
limitrophes se sont installés dans les quartiers Nord. Entre les quartiers résidentiels,
les différences tiennent à la fois de la forme de l'habitat et des infrastructures de
voirie.
La ville de Bouaké, à cause du nombre et de l'importance des services
administratifs qui s'y sont établies, constitue une véritable Capitale régionale. Plus de
200 établissements d'enseignements secondaires, primaires et spécialisés sont installés
dans la ville. Elle constitue en outre, la seule ville de l'intérieur du pays à posséder
une véritable zone industrielle. D'importantes unités textiles et agro-alimentaires y sont
en effet installées dont certaines depuis plus de 50 ans.

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- 18 -
3. MATERIEL
ET METHODES.
3.1. Buts des expérimentations.
Dans les villes africaines, la constitution d'un quartier prend habituellement
en compte un certain nombre de considérations dont les plus importantes sont : la pro-
venance géographique, l'ethnie, la religion et les activités des individus. Les différents
secteurs des villes se constituaient ainsi de façon plus ou moins homogène avec des
gens de niveau de vie comparable qui ont conservé leurs habitudes d'origine. Les quar-
tiers qui ont été créés de cette manière ont la plupart du temps un caractère populeux
et
se
caractérisent par une occupation anarchique du milieu et un encombrement
humain très important. A une époque plus récente, on a assisté à l' appari tian dans les
grandes localités, de quartiers d'un type nouveau, singulièrement appelés quartiers rési-
dentiels. Ces derniers sont différents des premiers d'une part, par leur aspect et leur
tracé rigoureux et d'autre part, par le niveau de vie des gens plus élevé que dans les
quartiers populeux.
Les quartiers
populeux sont souvent localisés dans les zones bass.es des vil-
les (A TT A, 1975) et sont caractérisés par une absence prononcée d'infrastructures sani-
taires pouvant assurer aux populations qui y habitent des conditions d'hygiène décentes
(GRATZ, 1985). En toutes saisons, les eaux usées stagnent dans l'environnement immé-
diat des habitations; ainsi diverses collections d'eau s'y constituent de façon temporai-
re ou permanente, faisant de ces quartiers des zones d'élection pour le développement
des moustiques (SUBRA, 1975). Quant aux quartiers résidentiels, ils sont la plupart du
temps construits sur des sites plus accueillants (ATTA, loc.cit.). Ils connaissent non seule-
ment un aménagement de l'espace conduit de manière plus rationnelle mais en outre,
ils bénéficient habituellement d'un système d'adduction d'eau et régulièrement on y
procède à l'élimination des déchets individuels ou collectifs. Chaque quartier de la ville
présente donc un type d'anthropisme qui lui est propre d'où GILLET et GILOT (1983),
retiennent que les villes constituent une mosalque de secteurs écologiques qui peuvent
avoir chacune leurs potentialités culicidogènes.
Les adultes de C.quinquefasciatus se dispersant faiblement en milieu urbain,
les densités de leurs populations dans un secteur donné
de la ville sont très influencées par la
production larvaire des gîtes locaux (SUBRA, 1972b). Les formes préirnaqinales de ce mousti-
que sont capables de coloniser des biotopes très variés dont l'installation,
la
nature
et
l'abondance dépendent
très étroitement des
activités humaines.
C'est dire que, d'un
quartier à l'autre d'une même ville, une différence plus ou moins grande peut apparaî-
tre dans les potentialités offertes par chacun de ses quartiers au développement des

- 19 -
stades préimaginaux de C.quinquefasciatus. Le but du présent travail est justement de
comparer les potentialités d'hébergement qu'offrent deux quartiers de la ville de Boua-
ké aux formes préimaginales de C.quinquefasciatus et une étude de la dynamique des
populations dans les puisards, gîtes très fréquents en milieu urbain.
3.2. Méthodologie
3.2.1. Choix des secteurs.
Le quartier Sokoura, représentatif des quartiers
populeux
de la ville et
Air France II pour les quartiers résidentiels ont été retenus pour cette étude.
- Le guartier Sokoura (carte 3) :
Sokoura est un quartier de type
populeux. Il est adjacent au Centre Com-
mercial sur son côté Est, et s'inserre approximativement entre les axes routiers Boua-
ké - M'Bahiakro et Bouaké - Katiola. La partie nord de ce quartier se trouve dans
une
zone basse caractérisée par la présence de nombreux bas-fonds et petits ruisseaux
temporaires le long desquels se sont établies des zones de cul tures maraîchères. Sokou-
ra correspond au type de quartier à dominance ethnique. Les dioulas musulmans consti-
tuent en effet la plus grande partie de la population. Deux axes principaux le long
desquels se sont installés de nombreux commerçants (petites boutiques, vendeuses de
divers aliments) donnent accès au quartier.
Sokoura est caractérisé par sa structure serrée et ses habitations de types
très variés : maisons construites en dur, en semi-dur et en bois de récupération. La
cour ou concession est l'unité spatiale d'habitation;
elle occupe une surface variant
2.
entre 150 et 250 m
On distingue des concessions ouvertes et des concessions fer-
mées. Les premières s'organisent sur trois côtés en forme de U et les secondes sont
constituées de 2 bandes de logements construites de part et d'autre de la cour, les
deux autres côtés étant généralement occupés par les toilettes et les cuisines. Dans
ce dernier cas, la communication avec l'extérieur se fai t par une porte unique donnant
directement sur la rue. La chambre simple ou "entrer-coucher" ou la chambre double
généralement appelée "chambre-salon" constitue dans ce quartier l'unité de logement.
Plusieurs familles se retrouvent ainsi dans la cour centrale pour leurs activités ména-
gères d'où le nom de "cour-commune" donné à ce genre d'habitations.
La caractéristique principale du quartier Sokoura reste sa forte densi té
d'habitats. Une très forte concentration humaine accompagne cette situation. Il est en
effet très fréquent de dénombrer plus d'une cinquantaine de personnes par concession.

- 20 -
Carte 3 : Le quartier Sokoura (Bouaké).

- 21 -
L'état lamentable des rues du quartier ne permet pas aux véhicules assu-
rant le ramassage des ordures ménagères de se rendre à tous les endroits, d'où la
présence de très nombreuses immondices en plusieurs points.
- Le quartier Air France II (carte 4).
Ce quartier est situé à l'entrée de la ville, à
l'Est
de l'axe routier qui
mène à Abidjan. Il est distant d'environ 3 km de Sokoura et entièrement bâti sur une
zone élevée comme la plupart des quartiers résidentiels de la ville. Ceci explique le
drainage rapide de l'eau après les pluies et l'absence de bas-fonds à l'intérieur du
quartier.
Deux axes routiers bitumés donnent accès à Air France II. C'est une cité
bien aérée, caractérisée par ses rues bien larges et ses carrefours à angles droi ts, Le
quartier est monotone à cause de ses habitations toutes bâties dans le même style
architectural. L'unité de base de l'habitat est constituée par la villa dont les dimen-
sions peuvent être 2 à 4 fois plus importantes que celles des concessions qu'on rencon-
tre à Sokoura. Ce type d'habi tation
est caractérisé par son stYle archi tectural moderne
et son organisation interne. Toutes les commodités se retrouvent à l'intérieur d'Un bâti-
ment principal généralement entouré d'un jardin. La villa dispose habituellement d'une
clôture qui s'ouvre par un portail assez large pour laisser passer une voiture. Par oppo-
sition à Sokoura, le quartier connaît une faible densité de l'habitat; il est en effet
parsemé d'îlots non bâtis généralement occupés par des champs de mars ou de manioc.
Comme on peut le prévoir, les habitants d'Air France II ont un niveau de vie
nettement plus élevé que ceux de Sokoura. Leur souci de maintenir leur milieu de vie
propre fait que chaque habitation dispose d'une poubelle destinée à recevoir les déchets
ménagers. L'accès facile aux différents points du quartier rend très aisé le ramassage
des ordures par les véhicules spécialisés. Les habitants du quartier Air France II béné-
ficient ainsi, contrairement à ceux de Sokoura, d'un
environnement propre.
3.2.2. Dénombrement des gîtes.
C.quinquefasciatus étant une espèce très ubiquiste, ses formes préimaginales
peuvent être rencontrées dans des biotopes très variés : puisards, fosses septiques, la-
trines, flaques d'eaux résiduelles, rigoles, caniveaux, égouts, pneus, carcasses de voitu-
res et différents récipients abandonnés. Mais comme cela a été rapporté par de nom-
breux auteurs (GRATZ, 1973a; BINSON et DOUCET, 1956; DOBY et MOUCHET, 1957;

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Ir 1-' rance II (Bouaké).

- 23 -
SUBRA, 1973), les puisards, les fosses septiques et les latrines consti tuent de loin, en
milieu tropical, les principaux gîtes permanents propices en toute saison au développe-
ment des larves de ce moustique. Aussi dans le présent travail, nous sommes nous inté-
ressés particulièrement à leur importance et à leur répartition dans les quartiers Sokou-
ra et Air France II.
Compte tenu de la taille considérable des deux quartiers, lors d'une enquête
préliminaire, nous avons procédé au choix dans chacun des quartiers, des secteurs de-
vant être couverts par notre étude. Les lirni tes géographiques de ces secteurs ayant
été
définies,
il
nous
est
possible de faire des prospections systématiques. Ces der-
nières pour chaque quartier, ont consisté à compter le nombre de concessions ou de
villas, à rechercher et à dénombrer les puisards, les fosses septiques et les latrines.
Comme le recommande MELLO (1967) dans de pareilles situations, le repérage a été
fait soit diirectement, soit après interrogation des habitants, afin de réduire les risques
d'omission. En effet, l'amoncellement d'objets dont ils sont parfois recouverts rend
pratiquement impossible le repérage de certains puisards. Les zones ainsi prospectées
couvrent respectivement une superficie d'environ 45 hectares à Sokoura et 50 hectares
à Air France II.
3.2.3. Echantillonnage des populations larvaires.
Il existe à Bouaké, comme nous avons pu
le constater au cours de nos
prospections, différents types de gîtes propices au développement des larves de C.quin-
quef esciei.us, Mais les puisards constituent non seulement les plus importants du point
de vue quantité mais également les plus productifs. Dans ces types de gîtes, tout com-
me
l'a
noté
SUBRA (loc.cit i
propos des puisards de Bobo-Dioulasso, nous avons sou-
à
vent rencontré différentes espèces de Culex en cohabitation avec C.quinquefasciatus.
Nous avons donc pu suivre dans les deux secteurs concernés par notre étude, le cycle
annuel d'occupation des puisards par les différentes espèces présentes et la dynamique
de leurs populations respectives.
Toutes les formes préimaginales occupant un gîte donné ne pouvant être
démonbrées, on a généralement recours à la mesure de la densi té relative. Cette mé-
thode permet, en prélevant une fraction de la population, d'obtenir un échantillon
représentatif de l'ensemble de la population étudiée. A cet effet diverses méthodes ont
été utilisées par les auteurs pour l'échantillonnage des populations préimaginales de
moustiques. Elles consistent toutes, en des prélèvements normalisés à l'aide d'un filet
ou d'un récipient. Ces différentes méthodes ont été utilisées pour l'évaluation de l'ef-
ficacité des traitements insecticides, la comparaison des peuplements des gîtes larvai-
res et le suivi des populations. Mais pour BAGSTER-WILSON et MSANGI (1955),
de
telles éthodes doivent être utilisées avec précaution lorsqu'elles s'appliquent à des gîtes
où les densités sont faibles.

- 24 -
Pour étudier les populations de C.quinquefasciatus dans les puisards de
Bobo-Dioulasso, SUBRA (1971a) a utilisé la méthode dite des coups de louche et ne
s'est intéressé qu'à la fraction nymphale des populations. Pour notre part, nous avons
effectué dans les puisards prospectés, des prélèvement d'eau de surface à l'aide d'une
louche de 250 ml de contenance. Un total de 4 coups de louche est effectué par pui-
sard à raison de 3 sur le pourtour et 1 au centre. Les prélèvements successi fs sont
séparés par quelques minutes d'intervalle. L'eau ramenée est vidée dans une bouteille
plastique numérotée de 1,5 litre de contenance et transportée jusqu'au laboratoire. Le
but du travail étant spéci fiquement l'étude des densités des populations larvaires, dans
nos prélèvements nous nous sommes donc intéressés uniquement à cette fraction de la
population. Néanmoins les nymphes rencontrées étaient mises de côte pour une étude
biornétrique des imagos qui en émergeraient et le sex-ratio des populations. Une fois
au laboratoire, les larves sont triées par espèces selon la morphologie de la tête et des
Sème et 9ème segments (figures 1 à 6).
Nous n'avons pris en compte que les stades
âgés
(stades III et IV).
Cette démarche a été dictée par 2 considérations
- Premièrement, la différentiation des espèces présentes est plus aisée et
surtout plus sûre quand les larves sont grosses.
- Deuxièmement, SUBRA (loc.cit.) dans une étude au laboratoire a montré que
les fractions âgées des populations préimaginales de C.quinquefasciatus émettent des
substances toxiques pour les stades jeunes, ce qui entraine une réduction importante
de ces derniers. En nous intéressant aux stades âgés, nous touchons ainsi la population
larvaire dont les chances de se nymphoser et donc de donner plus tard des adultes sont
les plus grandes.
Pour la réalisation de notre travail, nous avons choisi parmi les puisards
recensés dans les deux quartiers, ceux qui sont d'accès facile. Nous avons informé les
propriétaires de chaque puisard sur les raisons de notre visite afin qu'aucun traitement
insecticide ou vidange n'intervienne au cours de la période d'observation.
Malgré ces
précautions, nous avons eu à déplorer à Sokoura, des cas où les puisards ont été vidés
et remplis de charbon de bois pulvérisé. Dans le quartier Sokoura, 10 puisards ont
néanmoins pu être suivis sans perturbation pendant toute l'expérimentation. La dispari-
té de structure (forme, dimension, dégré d'obstruction) ne nous a pas permis d'avoir à
Sokoura des puisards homogènes au plan de leur physionomie générale. Dans le quartier
Air France II par contre, les 7 puisards qui ont été suivis étaient presque semblables.

- 25 -
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Vue d'ensemble d'une larve de Culicinae.
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r:.lId.'II"'; Il ~ t1if'lha.: !IIY : sa .... 1.1I1II,·cnlr.du:
: 11i1lDlt8L
Vue dorsale d'une tête et vue latérale des Bè et 9è segments d'une
Figure Il
larve de Culicinae (d'après HOPKINS, 195Z).

- 26 -
Figure III : Culu quinquefa.datu. : tête - 8è et 9è segments
(d'après HOPKINS, 1952).
Figure IV : Culu dneuus : Tête • 8è et 9è segments
(d'après HOPKINS, 1952).

- 27 -
Figure VI : CU/lU tlgtipu : Tête - 8è et 9è segments
(d'après HOPKINS, 1952'.
Figure V : Cu/e" aeccnJ : Tête - 8è et 9è segments
(d'après HOPKINS, 1952'.

-
- - - - - - - - -
- 28 -
Quel que soit le quartier, toutes les observations faites pendant nos expéri-
mentations ont été consignées sur une fiche à raison d'une fiche par puisard. Chaque
fiche (cf. Annexe 1) porte le numéro
du puisard, sa localisation (à l'intérieur ou à
l'extérieur des concessions), ses caractéristiques principales (diamètre ou longueur et
largeur, profondeur, hauteur d'eau) ou secondaires (puisard à intérieur cimenté ou non,
fluctuation du niveau d'eau), les dates de prélèvements et les résultats de l'analyse
des échantillons.
3.2.4. Caractéristiques physiques et chimiques de l'eau des puisards.
De nombreux facteurs déterminent les chances de surv ie d'une espèce anima-
le dans son milieu (EL TON, 1962, p. 32 et suivantes; DAJOZ, 1970, p. 21 et suivan-
tes). Dans le cas particulier des formes préimaginales des moustiques, les paramètres
physico-chimiques du gîte où elles sont amenées à se développer, constituent les fac-
teurs
déterminants pour leur survie et peuvent même influencer plus tard le comporte-
ment des imagos; GABINAUD et al. (1985) ont d'ailleurs démontré que le degré de mam-
mophilie de C.pipiens dans le Sud de la France est en correlation avec le pH et la
teneur en azote ammoniacal de l'eau du gîte où les larves se sont développées. Au
Cameroun DOBY et MOUCHET (1957) ont constaté que la composition chimique
de
l'eau détermine la répartition des larves des di fférentes espèces de moustiques dans
les divers types de gîtes.
Dans le présent travail, les paramètres mesurés dans l'eau des puisards sont:
la tempéra ture, le pH, l'oxygène dissous, les chlorures, les composés azotés, les phos-
phates, le sodium, le potassium et le magnésium.
La température de l'eau, l'oxygène et le pH ont été mesurés sur place,
directement dans l'eau des gîtes au moyen d'appareils portatifs PONSELLE (Versailles).
Quant aux facteurs chimiques, ils ont été analysés au laboratoire spécialisé
du Centre ORS TOM d'Adiopodoumé (Côte d'Ivoire). Les prélèvements d'eau destinés à
ces analyses, après filtration sur un tamis à maille de 200 u pour la retention des
grosses particules, sont immédiatement placés dans une glacière puis transférés dans un
réfrigéra teur dès leur arrivée au laboratoire d'analyse. Pour chaque facteur analysé, le
principe utilisé est rapidement exposé ci-dessous:
- Cl :
Les chlorures ont été dosés par la méthode de Mohr après précipi tation des
sels chlorés par une solution ti trée de ni trate d'argent en présence de chromate de
potassium.

- - - - - - - - - - - -
-
-
- 29 -
- Azote nitrigue :
Réduction des nitrates par le sulfate d'hydrazine puis obtention d'une colo-
ration azoique rouge avec le mélange acide sulfanilique-naphtylamine (réactif de
Cr iess),
- Azote ammoniacal
Après défécation au mélange CO} Na
- Na oH et
décantation, dosage cclo-
2
rimétrique par formation du bleu d'Indo-phénol en présence d'hypochlorite de sodium
en milieu alcalin (réaction de Berthelot),
- Na et K :
Dosage par photométrie d'émission en flamme acétylène-air.
Dosage par photométrie d'absorption atomique en flamme acétylène-air.
L'estimation de la quantité de matière en suspension permet d'évaluer le
degré de pollution physique de l'eau. Elle a été réalisée dans notre laboratoire à partir
d'échantillons d'eau préalablement débarrassés des particules de taille supérieure à 200
u non digestibles pour les larves (DADD, 1971). Selon le degré visuel de pollution, 500
ml d'eau ou plus sont filtrés sur un filtre de verre whatman
CF jC (porosité 1,2 u)
préalablement séché et pesé. Après séchage en étuve à 1200 C, le filtre est à nouveau
pesé. La différence entre les deux valeurs observées correspond au poids de la matière
en suspension. La mesure de ce facteur donne des indications sur la quantité de nourri-
ture disponible dans les puisards.
3.2.5. Taille des imagos et sex-ratio,
Les conditions dans lesquelles les formes préimaginales des insectes et plus
particulièrement des moustiques ont évolué sont déterminantes sur certaines caracté-
ristiques des imagos. L'influence de la température et de la nourriture sur la taille et
le poids des adul tes de C.negûpaLpus Theobald 1901, a été démontrée par NA YAR
(1968). SUBRA (1973) a pour sa part montré que non seulement le surpeuplement dans
les gîtes larvaires de C.quinquefasdatus entraine un déséquilibre du sex-ratio, mais il
serai t également l'une des causes de la baisse des densités de femelles durant la sai-
son sèche.

- 30 -
Pour notre part, nous avons essayé de mettre en évidence une influence des
conditions physico-chimiques de l'eau des puisards et de la densité larvaire sur les
populations imaginales issues des gîtes des quartiers qui ont fait l'ob jet de notre étude.
Nous avons retenu comme critère de comparaison des différentes populations, la lon-
gueur des ailes
et le se x-ratio. A cet effet, des nymphes ont été récoltées 2 jours
par quinzaine du 20 Novembre 1986 au 15 Février 1987 puis du 15 Juillet au 30 Août
1987 dans les puisards concernés.
Les nymphes sont ramenées à l'insectarium et disposées par lot de 30 dans
des gobelets plastiques contenant 125 ml d'eau provenant du réseau de distribution
urbain. Les gobelets sont ensuite placés dans des cages de 30 cm de côté jusqu'à
l'émergence de tous les adultes. Les adultes sont nourris au jus sucré jusqu'au moment
des tris. La température de l'insectarium est maintenue constante (30° C) grâce à un
système de thermostat. La mesure de la longueur des ailes
n'a concerné que les femel-
les. Pour chaque femelle, une aile est montée entre lame et lamelle dans une solution
de P. V.A. (Alcool Polyvinylique). Les mesures ont été faites à la loupe ZEISS 47-50-52
9901 munie d'un micromètre. Elles ont été prises de l'extrémité de l'aile au point de
séparation aile-alula. La précision obtenue est de
0,5
mm au grossissement 16.
4. RESULTATS.
4.1. Répartition et importance
des différents types de gîtes permanents.
Le tableau 1 résume les observations faites dans les 2 quartiers. La densité
de l'habitat est de 7 à l'hectare dans le quartier Air France II alors qu'elle s'élève à
22 à Sokoura, soi t 3 fois plus importante que dans la première.
A Air France II, aucune latrine n'a été rencontrée. Les gîtes permanents
susceptibles d'héberger les formes préimaginales de C.quinquefasciatus sont constitués
par les puisards et les fosses septiques. Chaque villa dispose au moins d'un puisard et
d'une fosse septique. La densité des puisards y est de 8 à l 'hectare. Celle des fosses
septiques est de 7. Le nombre de gîtes potentiels permanents est ainsi de 15 à l'hec-
tare dans ce quartier. Certes les puisards sont accessibles aux femelles gravides de
moustiques, mais ce n'est pas le cas de la plupart des fosses septiques. Ces dernières
sont en effet généralement scellées et surmontées d'un tuyau d'évacuation des odeurs
de 5 cm environ de diamètre. Ce tuyau est dressé verticalement sur 2 à 3 mètres de
hauteur. Le diamètre réduit du tuyau et la hauteur à laquelle se situe l'orifice d'éva-
cuation des odeurs, ne semblent pas permettre l'accès des fosses aux moustiques.

Tableau 1
Densité de l'habitat et importance des différents types de biotopes susceptibles
de servir de g1tes permanents aux formes préimaginales de CuLex quinquefasciatus
dans 2 quartiers de la ville de Bouaké.
--------------- --------------- ----------- ------------------ ----------- ------------------
--------------- --------------- ----------- ------------------ ----------- ------------------
Nombre
Nombre de
Nombre
de
Nombre de
Densité de
Quartiers
gites permanents
d'habitations
puisards
fosses septiques
latrines
à l'hectare
Air France Il
357
378
357
a
15
7*
8
7
\\w.j
.......
Sokoura
964
543
153
347
24
22
12
4
8
--------------- --------------- ----------- ------------------ ----------- ------------------
* : Densité à l'hectare.

- 32 -
Les gîtes effectivement disponibles dans le quartier semblent donc être essentiellement
constitués par les puisards. La totalité de ceux-ci et des fosses septiques rencontrés
sont construits à l'intérieur des villas. Les puisards sont toujours cimentés à l'intérieur
et leurs dimensions sont généralement de 2 à 3 mètres de long sur 1,5 de large pour
une profondeur de 2 mètres environ.
La situation à Sokoura est très différente. Si les trois types de gîtes sont
rencontrés dans ce quartier, les puisards avec une densité de 12 à l'hectare en cons-
tituent la grande majorité. Viennent ensuite les latrines, 8 à l'hectare et les fosses
septiques 4 à l'hectare. Le nombre de gîtes potentiels permanents où peuvent être
récoltées des larves de C.quinquefasciatus est donc de 24 à l'hectare. Dans ce quartier,
tous les gîtes répérés sont aisément accessibles aux moustiques, parce que toujours très
mal protégés. Contrairement aux latrines qui sont généralement aménagées dans
un
coin... de-Ta cours, la grande majorité des puisards de Sokoura sont creusés à l'extérieur
des habitations.
La plupart des puisards comme des latrines sont des trous aux formes
variées, directement creusés dans le sol et dont l'intérieur est rarement cimenté.
Le
trop plein d'eau des puisards s'évacue fréquemment dans les rues créant ainsi
des
flaques d'eau polluée autour des habitations.
4.2. Présence de gîtes occasionnels.
Il a été constaté, lors des prospections menées dans le quartier Sokoura, la
présence de sites capables de servir de gîtes saisonniers aux larves de C.quinquefascia-
tus. Ces gîtes, nombreux et de nature très variée, sont dispersés dans le quartier et de
ce fait, difficiles à dénombrer. Il s'agit:
- de gîtes artificiels constitués par les flaques d'eau usée d'origine ménagè-
re autour des habi tations;
- de caniveaux à ciel ouvert à eau stagnante ou à faible courant riches en
matières organiques d'origine ménagère;
- de récipients métalliques de diverses tailles et formes
pneux et carcas-
ses de voitures;
- de mares, marécages localisés dans les zones dépressionnaires du quartier.
4.3. Entomofaune des puisards.
Les larves de 4 espèces de Culex et d'un psychodidae ont été récoltées
dans les puisards.

- 33 -
- c..quinquef escleius,
Elle consti tue l'espèce la plus abondamment représentée dans les puisards
de la ville. Cette situation semble relativement récente car lors des prospections de
BINSON et DOUCET en 1956, elle n'était présente que dans 11 à 26% des gîtes posi-
ti fs selon les quartiers.
- c.. (LutziaJ tigtipes, Grandpre et Charmoy, 1900.
C'est une espèce zoophile bien représentée dans la région éthiopienne. Elle a été
rencontrée en Côte d'Ivoire aussi bien en zone de forêt (DOUCET et el., 1960) que
dans les villes (BINSON et DOUCET, 1956). Les larves sont préda trices de celles des
autres espèces présentes dans les mêmes gîtes. Nous l'avons rencontrée dans un nombre
très limité de puisards dans le quartier Sokoura en cohabitation avec C..ciner.eus
et
c..quïnquefasciatus. Elle n'a été récoltée dans aucun
puisard du quartier Air France II.
- C..ciner.eus, Theobald 1901.
Presque aussi commune que c..quinquefasciatus avec qui elle partage les
gîtes larvaires à certaines périodes de l'année; cette espèce semble se confiner dans
les puisards fortement pollués des quartiers populaires de Bouaké. Elle constituai t, il
y a quelques décennies, l'espèce la plus abondante des puisards de la ville (BII\\JSON et
DOUCET,
lac. cii:»), C..ciner.eus est ornithophile donc sans intérêt médical.
- C..decens, Theobald 1901.
Cidecens constitue un groupe d'espèces jumelles. Elle a été signalée en
1956 par BINSON et DOUCET, comme étant une espèce abondamment représentée dans
les puisards de Bouaké. Nous l'avons rencontrée dans les puisards des 2 quartiers en
densités très faibles et cohabitant avec Csoulnquei esclecus et Cvcinereus,
- l'sqchodldee,
Ce sont des insectes diptères dont les adultes sont habi tuellement rencontrés
dans les endroits sombres à proximité des habitats larvaires généralement constitués
par les puisards, les fosses septiques et les latrines. Ils ne présentent aucun intérêt
médical pour l'homme.
4.4. Cycle d'occupation des puisards et dynamique des populations larvaires.
- Les puisards de Sokoura.
Les 4 espèces de moustiques ont été rencontrées dans les puisards de ce
quartier. Csdecens et C..tigtipes n'ont été récoltées que rarement et principalement au

- 34 -
cours des saisons de pluies. Par contre c..quinquefasciatus et C..cine'l.eus constituent
les espèces les plus abondamment récoltées. Ces 2 dernières espèces se succèdent ou
cohabi tent dans les puisards selon le rythme des saisons. L'occupation des gîtes par
l'une ou l'autre ou par les 2 à la fois semble très intimement lié à la pluviométrie.
On note ainsi (figure 7) dans le puisard N° 1 que l' appari tion de C..cine'l.eus
s'est faite très rapidement en Février 1986 avec des densités très importantes dès les
premières pluies après que c..quinquefasciatus eut occupé le gîte toute la saison sèche
précédente. Les 2 espèces ont cohabité dans le gîte durant une courte période après
laquelle c..quinquefasciatus a totalement disparu laissant
la place aux larves de C..ci-
ne'l.eus. Les densités de cette dernière espèce au milieu de la saison des pluies, sont
très élevées. Elles connaissent, tout comme ce fut le cas des populations de C..quinque-
[escieius, des fluctuations d'amplitudes très importantes. Au début du mois d'Octobre
1986, C..cine'l.eus disparaît du puisard dès l'arrêt des pluies après une brève période de
cohabi tation avec c..quinquefasciatus qui, à nouveau, occupe le gîte. Les larves
de
C..cine'l.eus ne seront rencontrées à nouveau dans ce puisard qu'au mois de Mars 1987
à l'arrivée des premières pluies de l'année.
Le puisard N° 2 (figure 8) connaît le même cycle d'occupation par les 2
espèces bien qu'on note un certain décalage dans l'apparition de C..cine'l.eus par rapport
au puisard N° 1.
La taille des différentes populations de c..quinquefasciatus
et
de
C..cine'l.eus
et les fluctuations qu'elles connaissent sont comparables à celles observées
au niveau du puisard N° 1.
Ces observatons, communes aux puisards que nous avons suivis dans le quar-
tier Sokoura (figures 9, 10, 11), nous permettent de définir pour les 2 espèces, un cy-
cle annuel d'occupation qui peut être divisé en 4 phases et dont le profil épouse celui
de la pluviométrie (figure 12).
- La première phase est constituée par la période durant laquelle, seules
les larves de c..quinquefasciatus occupent les puisards du quartier. Cette période cor-
respond à la saison sèche.
- La seconde est celle au cours de laquelle les larves de c..quinquefasciatus
et de C..cine'l.eus cohabitent dans les puisards. Cette situation se produit au début de
la saison des pluies; sa durée est plus ou moins brève mais reste liée à la fréquence
des premières pluies de la saison.
C..cine'l.eus au cours de cette période devient très
rapidement l'espèce la plus abondante dans le gîte.

Nombre moyen de
larves par prél~emenl
300
_
Culex cinereys
--0--
210
Culex
QuinQuerascialu~
260
2.0
220
200
11
"'"
\\Jl
160
1.0
120
100
80
60
.0
20
s
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J
F
M
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M
J
J
A
s
o
N
o
J
F
M
A
M
J
191~
1987
1986
Figure 7 : Dynamique des populations
larvaires st udes
) et 4 de Culex quinouej esciei us el de Culex cine le us dans un
puisard de la ville de Bouaké (puisurd NU 1 - quartier Sokour a) de Septembre 1985 à Juillet 1987.

Nombre
mo,'cn de
IaNn pa- pr;lèvcmcnt
.
100
_
Culcx cincrcu$
---0-
Culex quingucfcscictus
280
260
2~0
220
200
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D : .J
F
M
A
M
.J
198~
1966
1967
Figure 8 : Dynamique des populations larvaires
st udes
J et 4 de Cule x quinquef ascl et u s et de Cule» cineteus dans un
puisard de la ville de Bouaké (puisur d N° 2 - quartier Sokoura) de Sept cmbre 1985
Juin 1987.
à

Nombre
moye~ de
larves par prelevement
300i
- - Culex
cinereus
- 0 - - Culex
quinquefasciatus
280
260
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19&6
1
1987
Figure 9 : Dynamique des populations larvaires
stades
..\\ el 4 de Culex quinouej esciecus et de Culex cinet.eu s dan un
puisard de la ville de Bouaké (puisard NU 3 - quar t ier Sokour a) de Septernure 198> à Juin 19t:l7.

Nombre
moyen de
la-ws pŒ' p"';lèvemenl
300'
280
- - - - Culexe cirier-eus
--0--
Culexe quinquefascialus
260
2<&0
220
200
180
VJ
CD
1<&0
120
100
80
60
<&0
20
M
A
M
J
J
A
5
o
N
o
J
F
M
A
M
J
J
1986
1987
Figure 10: Uymunique des popul at tuns Iurvair es
st ades
3 et 4 de CuieJ< quinquej asciubas el de Cule x cill,!t~U.s
dans un puisard de la ville de I::louaké (puisard N° 6 - quartier Sokoura) de Mars 1986 à Juin 19U7 •

Nombre motco de
larves pol' p";l;"'ement
2.0
- - - -
Culex
cinereus
----0---
Culex ~uin~uefascigtu~
220
200
180
160
~o
120
\\,..j
\\D
100
ao
60
.0
20
5
0
o
J
F
M
A
M
J
J
A
5
o
N
o
J
F
M
A
M
J
19a~
1986
1987
Figure 11 : Dynamique des populations larvaires
st ades
3 el 4 de Culi2)( quinquej asci at.us et de Cule x cini2ti2us dans un
puisard de la ville de Bouaké (puisard NU 1 - quart i er Sokour a) de Sept ernür e 19115 à Mai 1987.

Hauteur de pluie (mm)
1
1~0
140
1:S0
120
1
100
1
110
90
+:-
o
80
J
L-
70
60
~O
40
n-
, I
1'-
:SO
20
'i;
II
10
f
li
r1
~
' -
5
a
N
o
..J
F
M
A
M
..J
..J
A
s
a
N
o
..J
F
M
A
M
..J
..J
A
s
a
198~
1986
1987
Figure 12 : Hauteur de pluie
hetxromaoatre sur 1;.; ville de Bouuké de Septembre 19U) à Sept.erubre 19U7.

- 41 -
- La troisième phase correspond à la situation où C.ciner.eus se retrouve
seule dans les puisards du quartier. Cette situation se produit au milieu de la saison
quand les pluies se sont complètement installées.
- La dernière correspond à nouveau à une situation de cohabitation des 2
espèces. Elle se produit à la fin de la saison des pluies lorsque ces dernières devien-
nent de plus en plus espacées.
Si ce cycle annuel d'occupation des puisards par les 2 espèces a été
en
général observé dans les gîtes anciens du quartier, des observations différentes ont pu
être faites dans un puisard nouvellement creusé et dont les populations larvaires ont
été aussitôt suivies (figure 13). Dès sa mise en eau en Mars 1986 au début de la saison
des pluies, on a noté l'implantation immédiate d'une très forte population larvaire de
C.quinquefasciatus alors qu'à cette période, la plupart des puisards du quartier étaient
déjà abondamment peuplés par C.ciner.eus. Cette population larvaire de C.quinquefascia-
tus s'est maintenue dans le gîte tout le long de la saison des pluies et durant la saison
sèche qui a suivi. D'importantes fluctuations de densités y sont notées mais les quanti-
tés de larves qui y sont récoltées par prélèvement restent à tout moment très élevées.
Les larves de C.ciner.eus ne sont apparues dans ce puisard qu'au début de la saison des
pluies suivante c'est-à-dire en Mars 1987.
- Les puisards de Air France II.
Tous les puisards de ce quartier concernés par notre étude ont été mis en
observation dès Septembre 1985. Les échantillonnages hebdomadaires se sont arrêtés
en Septembre 1986 mais les puisards ont continué à recevoir des visites de contrôle.
Durant la période d'observation et après, aucune larve de C.ciner.eus ou de C.tigtipes
n'a été récoltée dans les gîtes de ce quartier. Ils ont été occupés tout le long de l'an-
née par des populations larvaires de C.quinquefasciatus avec cependant quelques appa-
ritions, en très faibles densités, de Csdecens pendant la saison des pluies.
Nous référant aux figures 14 et 15, il apparaît que les cycles annuels d'abon-
dance des larves sont comparables pour les puisards 4 et 5. On note des fluctuations
importantes des densités d'un prélèvement à l'autre mais leurs amplitudes sont moins
marquées que celles observées dans les puisards de Sokoura. L'influence de la pluvio-
métrie semble peu marquée; il est à noter cependant que les densités les plus élevées
ont été observées durant la saison des pluies. Elles sont certes nettement moins impor-
tantes que celles des puisards de Sokoura mais les puisards restent toutefois positifs en
toutes saisons.

- 42 -
\\
300
- - 0 - -
Culex
cinereu 5
\\
280
--0-- Culex
quinqueFasciatus
1
260
..
.
plus de 220
\\
240
1
220
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
M
..J
A
5
o
N
o
F
M
A
M
J
A
1986
1987
Figure 13: Dynamique des populations larvaires stades 3 et 4 de Culex quinquei esciei.us et de
Cule x clnet.eus dans un puisard de ville de Bouaké (puisard N° 8 - quartier Sokoura)
de Mais 1986 à Juillet 1987.

- 43 -
Nombr~ mC1f~n de
larv~s par p";l~ement
~ Culex guinguefascialus
140
. 120
100
80
60
40
20
5
o
N
o
J
F
M
A
M
J
J
A
5
N
o
198~
1986
Figure 14: Dynamique des populations larvaires stades 3 et 4 de Culex qulnquej esciet.us
dans un puisard de la ville de Bouaké (puisard N° 4 - quartier Air France II)
de Septembre 1985 à Novembre 1986.

- 44 -
Nombre moyen de
fo ........es
par
pr;';"'ement
- - 0 - - Culex quinguefosciotus
140
120
100
80
6
40
20
5
a
N
o
J
F
M
A
M
J
J
A
5
a
N
o
1985
1986
Figure 15: Dynamique des populations larvaires stades 3 et 4 de CuLex quinqueiesciei.us
dans un puisard de la ville de Bouaké (puisard N° 5 - quartier Air France m-· __
de Septembre 1985 à Novembre 1986.

- 45 -
4.5. Caractéristiques physico-chimiques de l'eau des puisards.
La température.
La température de l'eau des puisards est d'environ 25 ~ 10 C le matin. Les
fluctuations journalières sont liées à la situation des puisards. Les températures les
plus élevées ont été enregistrées en fin d'après-midi : 29 .::. 10 C dans les puisards
mal protégés et exposés aux rayons solaires; 27 + 10 C dans ceux recouverts d'une
dalle.
Le pH.
Les pH enregistrés dans les puisards varient entre 7,3 et 8,5. La valeur du
pH semble caractéristique de chaque puisard. Les fluctuations sont très faibles. Les pH
les plus élevés ont été enregistrés dans les puisards du quartier Air France II.
L'oxygène dissous.
Les eaux de puisards ne renferment presque pas d'oxygène
0,0 à 0,2 mg/le
Les facteurs chimiques.
Les résultats des analyses (tableaux 2.1 et 3.1) montrent que les eaux de
puisards quelles que soient leur provenance et la période de leur prélèvement sont
fortement réductrices. Les taux de cations sont toujours supérieurs à ceux des anions.
La teneur des différents facteurs varie de façon très importante d'un puisard à un au-
tre et dans le temps pour un même puisard (tableaux 2.2. et 3.2.).
- L'azote ammoniacal constitue le facteur dont la teneur est la plus élevée
dans tous les puisards. Les valeurs les plus faibles ont été observées dans les gîtes de
Air France II 00 à 42 mg/O. Dans ceux de Sokoura, ces valeurs s'échelonnent entre
144 et 568 mg/le
- Les eaux de puisards renferment des quantités relativement importantes
de chlorures, de sodium et de potassium. La teneur en chlorures varie entre 22 et 460
mg/l; celle en sodium s'échelonne
entre
30 et 380 mg/l et le potassium entre 16 et
212 mg/le
- La teneur en phosphate et celle en magnésium varient respectivement de
2,2 à 77 mg/l et de 1,84 à 30,24 mg/le
- Pour ces différents composés minéraux, les valeurs les plus faibles ont été
observées dans les puisards du quartier Air France II.

- 46 -
Tableau 2
Composition chimique des eaux de puisards prélevées durant la
saison sèche (Novembre - Décembre 1986). Les puisards 1, 2, 3
6 et 7 sont
du quartier Sokoura. Les puisards 4 et 5 sont du
quartier Air France II.
------------------- ------- ------- ------- ------- ------- ------- -------
------------------- ------- ------- ------- ------- ------- ------- -------
Puisard

Facteurs
1
2
3
4
5
6
7
chimiques
analysés
Chlorures
420
104
290
24
30
220
400
Phosphates
62,0
21,0
41,0
2,20
4,30
43,0
47,0
Sodium
330
120
224
34
32
160
350
Potassium
212
40
102,0
16
16
76
90
Magnésium
18,11
2,84
8,82
1,89
1,94
3,99
9,35
Azote nitrique
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Azote ammoniacal
544
152
328
30
42
292
384
~------------------ ------- ------- ------- ------- ------- ------- -------
Tableau 2.1. : Teneur des différents facteurs chimiques exprimée en mg/le
------------------- ------- ------- ------- ------- ------- ------- -------
------------------- ------- ------- ------- ------- ------- ------- -------
Cl-
11,76
2,91
8,12
0,67
0,84
6,16
11,20
3-
P0
1,92
0,65
1,27
0,07
0,13
1,33
1,46
4
+
Na
14,52
5,28
9,86
1,50
1,41
7,04
15,40
K+
5,51
1,04
2,65
0,42
0,42
1,98
2,34
2+
Mg
1,45
0,23
0,71
0,15
0,16
0,32
0,75
------------------- ------- ------- ------- ------- ------- ------- -------
Tableau 2.2. : Teneur des différents ions en m Eg/l.

- 47 -
Tableau 3
Composition chimique des eaux de puisards prélevées durant la
saison des pluies (Mai - Juin 1986). Les puisards 1 , 2 et 3
sont du quartier Sokoura. Les puisards 4 et 5 sont du quartier
Air France II.
-------------------- --------- --------- --------- --------- ---------
-------------------- --------- --------- --------- --------- ---------
Puisard

Facteurs
1
2
3
4
5
chimiques
analysés
Chlorures
460
107
420
26
22
Phosphates
58,0
18,0
77
3,30
2,65
Sodium
380
118
340
38
30
Potassium
108
46
204
22
18
Magnésium
10,5
3,36
30,24
2,10
2,10
Azote nitrique
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
Azote ammoniacal
400
144
568
32
26
-------------------- --------- --------- --------- --------- ---------
Tableau 3.1. : Teneur des différents facteurs chimiques exprimée en mg/l.
-------------------- --------- --------- --------- --------- ---------
-------------------- --------- --------- --------- --------- ---------
-
Cl
12,88
30
11,76
0,73
0,62
3-
P0
1,80
0,56
2,39
0,10
0,08
4
Na+
16,72
5,19
14,96
1,67
1,32
K+
2,81
1,20
5,30
0,57
0,47
2+
Mg
0,84
0,27
2,42
0,17
0,17
-------------------- --------- --------- --------- --------- ---------
Tableau 3.2. : Teneur des différents ions exprimée en m Eg/l.

- 48 -
Le degré de pollution.
Comme nous l'avons indiqué dans le paragraphe 3.2.4., nous n'avons tenu
compte, pour l'expression du niveau de la pollution, que des particules en suspension
dont la taille est inférieure à 200 u • Ces particules peuvent être ingérées par les
larves et leur quantité dans l'eau d'un puisard donne des indications sur la nourriture
disponible dans le gîte.
Les valeurs observées et présentées dans les tableaux 4 et 5 montrent que
les eaux des puisards de Air France II sont très faiblement polluées (moins de 30 rnq/I
de matières en suspension) alors que celles du quartier- Sokoura sont fortement chargées
(jusqu'à 500 mg/l de matières en suspension). Dans ces derniers, les fluctuations
sont
très importantes d'un prélèvement à l'autre, mais le niveau de pollution reste à tout
moment très élevé.
4.6. Taille des imagos et sex-ratio des populations.
Les diagrammes de fréquence établis à partir des mesures des ailes des
femelles indiquent que dans les puisards de Sokoura, les populations de C.quinquefascia-
tus issues de nymphes récoltées au cours de la saison sèche sont très distinctes de cel-
les dont les formes préimaginales ont cohabité avec celles de C.cine'leus en début de
saison des pluies. Cette différence déjà apparente sur les figures 16 et 17 établis pour
les puisards 1 et 2 est confirmée par des écarts réduits très significatifs (respective-
ment égaux à 22,4 et 14,7). Les femelles de saison sèche sont donc de tailles plus
importantes.
Les sex-ratio calculés
pour les 2 périodes et présentés dans les
tableaux
6 et 7 indiquent un état d'équilibre des populations durant la saison sèche dans
les
puisards 1 et 2 (écarts réduits égaux à 1,1 et 1,23;
0,60 et 0,78) alors qu'on note un
excédent de mâles pendant la période de cohabitation des 2 espèces.
Dans le puisard N° 4 situé dans le quartier Air France Il, les populations
de saison sèche sont identiques à celles de la saison des pluies comme le montre la
figure 18 (écart réduit non significatif, e. r, = 0,684). Les calculs des sex-ratio présen-
tés dans le tableau 8 indiquent un déséquilibre permanent mais peu important en faveur
des mâles.

,
- 49 -
t!
[
Tableau 4
Fluctuation
du degré de pollution de l'eau des puisards
1
au cours de la saison des pluies (Mai - Juin 1986) :
évaluation sur 5 semaines.
1
!
f
--------------------------- ------- ------- -------
--------------------------- ------- ------- ------- --------- ---------
--------- ---------
1
Puisard

1
2
3
4
5
~
1
Air
Air
Prélèvement

Sokoura Sokoura Sokoura France II France II
1
189
*
248,7
165
30,5
27,4
1
2
123,7
118
97
23,2
25,8
3
97,3
107
85,5
24,7
42,5
4
180,3
-
189
20,4
31,2
5
147
96,8
118
27,3
22,3
=======================--:- ------- -======-=======-~========-=========
* : mg/l de matières en suspension dans l'eau.
Tableau 5
Fluctuation
du degré de pollution de l'eau des puisards
au cours de la saison sèche (Novembre - Décembre 1986) :
évaluation sur 5 semaines.
--------------------------- ------- ------- ------- --------- ---------
--------------------------- ------- ------- ------- --------- ---------
Puisard

1
2
3
4
5
Air
Air
Prélèvement

Sokoura Sokoura Sokoura France II France II
1
54,7*
145,2
130
22,7
28,5
2
218,6
187,7
212,7
18,5
20,4
3
132,2
135
95,7
24,7
23,8
4
243,5
252
167,3
20,8
23
5
429,5
287
115,4
30,7
27,4
--------------------------- ------=-=======-=======-=========-=========
* : mg/l de matières en suspension dans l'eau.

-
')0 -
Nombre de femelles
80
70
60
40
30
20
10
L...ongueur de
+---..--+--+--+--+----r--.-.-....--.--+-""'T""---.---r~~-~4_-
1 ai le
(mm)
Fighure 16
Etude biométrique des ailes des imagos femelles de Culex
quinquetesci ei.us issues du puisard N° 1 à différentes saisons
de l'année.
Individus
récolt;s durant 'le saison des pluies
Individus
r;coltés durant la saison sèche

- 51 -
Nombre de,Femelles
50
40
30
20
10
+----........-!---.-~-"T""" _ __.___.____.__1___!___!____r_~____.___l_t:::::;~--- l;0ngueur de
1aile (mm)
Figure 17 : Etude biométrique des ailes des imagos femelles de Culex quinquej esciei.us
issues du puisard N° 2 à di fférentes saisons de l'année.
,
,
Individus recoltes dlr.anI la saison des pluies
Individus
récolt;s durant la saison s;che

- 52 -
Tableau 6
Sex-ratio des populations de C.quinquefasciatus issues du
puisard N° 1 (quartier Sokoura) à différentes saisons.
-------------------
------------------- -------------- -------------- ------- ------------
-------------- -------------- ------- ------------
Périodes
Mâles
Femelles
Total
e.r.
Saison
Avril
1324
974
2298
7,31
des
57,61*
42,39
S
pluies
Mai
579
1986
384
963
6,55
61,12
39,68
S
Saison
Novembre
893
847
1740
1,10
51,32
48,68
NS
sèche
1986
Décembre
1102
1045
2147
1,23
51,33
48,67
NS
-~------.----------
-------------- -------------- ------- ------------
* : ?~
e.r.
écart réduit.
S
Significatif.
NS
Non significatif.
Tableau 7
Sex-ratio des populations de C.quinquefasciatus issues du
puisard N° 2 (quartier Sokoura) à différentes saisons.
------------------- -------------- -------------- ------- ------------
------------------- -------------- -------------- ------- ------------
Périodes
Mâles
Femelles
Total
e.r.
Saison
Juillet
495
325
820
5,93
des
60,36*
39,14
S
pluies
Août
937
679
1616
6,43
1986
57,98
42,02
S
Saison
Novembre
719
744
1463
0,60
49,14
50,86
I\\JS
sèche
1986
Décembre
647
619
1266
0,785
51,10
48,90
NS
-------- ---------- -------------- --------------- ------- ------------
---------------- --
-----------
e.r.
écart réduit.
S
Significatif.
NS
Non significatif.

- 53 -
Nombre femelles
sa
40
30
20
10
I~ngueur de
1aile
(mm)
Figure 18
Etude biométrique des ailes des imagos femelles de Culex
quinquefasciatus issues du puisard N° 4 à différentes saisons
de l'année.
...
...
Individus recoltes durant
la saison des pluies
...
...
~
Individus
r-ecoltes durant
la saison seche.

- 54 -
Tableau 8
Sex-ration des populations de C.quinquefasciatus issues
du puisard N° 4 (quartier Air France II) à différentes
saisons.
------------------- -------------- ============== ------- ------------
------------------- --------------
------- ------------
Périodes
Mâles
Femelles
Total
e.r.
Saison
Mars
304
230
534
3,21
56,90*
43,07
S
des
Avril
449
371
820
2,758
pluies
54,80
45,20
S
1986
Mai
287
206
493
3,64
51,20
41,80
S
Saison
Novembre
543
347
890
6,66
61,00
39,00
S
sèche
1986
Décembre
572
486
1058
2,64
54,06
45,93
S
-------- ---------- -------------- -------------- ------- ------------
-- -------------------- ----------
* : ~o
e.r. : écart réduit.
S
Significatif.

- 55 -
5. DISCUSSION.
5.1. Potentialités des quartiers en matière de gîtes larvaires à C.quinquefasciatus.
Le quartier Sokoura, à cause du nombre très important des gîtes potentiels
qu'il offre aux formes préimaginales de C.quinquefasciatus~ présente une potentialité
de production de ce moustique nettement plus grande que Air France II. Dans ce der-
nier quartier, les puisards semblent constituer l'essentiel des gîtes potentiels perma-
nents, alors qu'à Sokoura, puisards, fosses septiques et latrines sont susceptibles d'hé-
berger les larves du moustique. Bien qu'une recherche systématique n'ai pas été entre-
prise dans les 2 derniers types de gîtes, l'eau qu'ils renferment peut attirer les femel-
les gravides de C.quinquefasciatus comme cela fut signalé par IKESHOJI (1966).
Les
prélèvements ponctuels réalisés dans certaines latrines du quartier en pleine saison des
pluies, ont montré la présence de larves de C.quinquefasciatus alors qu'elles étaient
quasiment absentes à cette époque dans les puisards avoisinants. A Bobo-Dioulasso,
SUBRA (1981) a montré que ce genre de gîte joue un rôle significatif dans la pullula-
tion de l'espèce à la fin de la saison sèche. En Guinée, C.quinquefasciatus a été ren-
contrée dans les fosses septiques (TOUMANOFF
et ei., 1956), ainsi qu'à Accra où
elles constituent des gîtes permanents très productifs (CHII\\IERY, 1970). Il serai t donc
très important de déterminer de façon précise l'implication de ces gîtes dans la proli-
fération de C.quinquefasciatus à Bouaké.
En plus des 3 types de gîtes cités plus haut, on a pu noter dans Sokoura, la
présence d'un nombre très important de gîtes de natures diverses capables de consti-
tuer pour C.quinquefasciatus des sites très favorables pour le développement de
ses
larves. Le réseau de caniveaux qui
parcourt
le quartier et qui devrait
assurer
l'écoulement des eaux de pluies,
sert
de
dépotoir
d'ordures aux ménagères et
se
trouve
ainsi
en
permanence obstrué.
Ce réseau est en plus régulièrement alimenté
en eaux usées qui stagnent et partant constituent des sites où les conditions sont
excellentes pour le développement des larves. Cette situation transforme ces caniveaux,
en dehors des saisons de pluies qui constituent en général la période où ces genres de
gîtes sont productifs (SUBRA, 1971a) en gîtes disponibles à tout moment de l'année.
Le trop plein des puisards s'évacue régulièrement dans les rues et crèe des flaques
d'eau très polluée autour des habitations. Ces types de gîtes sont également très pro-
pices au développement des larves de C.quinquefasciatus (SUBRA, 1981). Il en est de
même des nombreux récipients de récupération de natures très variées abandonnés
négligemment autour des habitations dans le quartier. Par ailleurs les innombrables

- 56 -
pneus et carcasses de voitures issus de l'activité des mécaniciens du quartier sont éga-
lement capables de receler de l'eau riche en matières organiques et constituent ainsi
pendant la saison des pluies, des gîtes possibles pour C.quiflquefasciatus.
A ces différents types de gîtes artificiels, il faut en outre ajouter les mares
et les ruisseaux alimentés tout le long de l'année par les eaux usées provenant de la
zone industrielle et dont certaines très riches en matières organiques en décomposition,
peuvent favoriser un développement intense de C.quiflquefasciatus (COLLESS, 1957).
Il existe donc entre les quartiers Air France II et Sokoura, habités par des
populations déjà différentes par leur niveau de vie, une situation de contraste qui per-
met de dire que
dans
la
ville
de
Bouaké,
les
.différents
quartiers, compte
tenu de certaines particularités, constituent des secteurs écologiques ayant chacun
,·leur,s. propres potentialités en matière d'installation de C.quiflquefasciatus. Plusieurs
causes sont à l'origine de cette situation :
La première réside dans la nature même des sites où s'implantent les
quartiers et qui fait qu'un quartier peut être plus prédisposé qu'un autre pour l'exis-
tence de certains types de gîtes. C'est le cas par exemple de Sokoura où on rencontre
des gîtes naturels alors que Air France II, de par sa localisation, n'habite pas ces
types de sites naturels susceptibles d'héberger ce moustique.
- La deuxième cause est la densité de l'habitation. En effet une densité
importante de l'habitat implique obligatoirement un nombre plus grand de puisards, de
fosses septiques et de latrines, donc un nombre plus important de gîtes permanents à
la disposition de C.quiflquefasciatus (cf. tableau 1).
- La
troisième
cause
est
le
mauvais comportement
des
habi-
tants des quartiers populaires qui favorisent la multiplication dans leur environnement
des gîtes artificiels propices à la prolifération des moustiques. En outre, les gîtes per-
manents que sont les puisards, les fosses septiques et les latrines, sont très mal pro-
tégés et C.quiflquefasciatus peut trouver à tout moment, les conditions favorables pour
le développement de ses larves. Ce comportement est rarement observé dans les quar-
tiers résidentiels. Comme on serait tenté de la croire, cette différence de comporte-
ment n'est pas liée au niveau de vie des gens mais plutôt à un manque d'informations
sani taires. Les réponses que nous avons obtenues de certaines interrogations confirment
que très peu de gens dans le quartier Sokoura font un lien entre les flaques d'eaux
résiduelles qui pullulent en permanence autour de leurs habitations et la prolifération
des moustiques. Une éducation sanitaire bien menée devrait donc contribuer à diminuer
de façon considérable la prolifération de certains types de gîtes et partant à réduire
la densité des adultes.

- 57 -
5.2. Influence des caractéristiques physico-chimiques sur le peuplement des gîtes
et la densité des populations.
Le suivi des populations larvaires du genre Culex. dans les puisards de Sokou-
ra et de Air France II pendant une période suffisamment longue montre que C.cineteus
est un moustique qui se confine à Bouaké dans les gîtes des quartiers populaires où ses
formes préimaginales trouvent certainement les conditions favorables à leur développe-
ment. Des expériences de laboratoire ont montré que les larves de cette espèce peu-
vent se développer et se transformer en nymphes dans l'eau des gîtes de Air France II,
à condition d'y ajouter un supplément de nourriture (25 à 50 mg de levure de boulan-
ger par litre d'eau). L'absence des larves de C.cineteus dans les puisards de ce quar-
tier ne peut donc être directement liée à un quelconque effet d'inhibition sur leur
développement qui serait dû aux facteurs chimiques contenus dans l'eau. Il semble plu-
" tôt que' ces puisards n'exercent aucun effet attractif sur les femelles gravides, puisque
les pontes de ce moustique n'y ont jamais été rencontrées. Le choix d'un gîte donné
par une femelle de moustique pour déposer ses pontes, résulte en effet de la conjonc-
tion de facteurs très variés liés à la fois à l'espèce et aux caractéristiques du gîte
(SLIBRA, 1971 b), La présence de formes préimaginales d'une espèce dans une collection
d'eau peut avoir un effet attractif sur les femelles de cette espèce comme l'ont dé-
montré SOMAN et RLiEBEN (1970) pour rAe.aegypti. Le phénomène serait dû à un fac-
teur chimique dont l'action est spéci fique sur les femelles de l'espèce concernée.
MURPHEY et BURBUTIS (1967) ont montré que certaines substances protéiques conte-
nues dans l'infusion de paille ont un pouvoir attractif sur les femelles gravides
de
C.salinaws
Coquillet
1904.
Le
pouvoir
attractif
des esters organiques a égale-
ment été rapporté; l'étude de l'influence de ces substances a été réalisée par PERRY
et FAY (1967) qui ont montré que leur effet était plus marqué à l'état de solution
qu'à l'état vapeur. La structure même d'un gîte peut déterminer une femelle gravide
dans son choix (MEILLON et el., 1966; SUBRA,' loc.clt..), 'Màis parmi les facteurs les plus
déterminants figure la disponibilité dans le gîte de la quantité de nourriture nécessaire
au développement complet des formes préimaginales de l'espèce (SUBRA, loc.cit..), Dans
le cas des puisards de Air France II, il semble que le degré de pollution très faible de
l'eau d'une part, qui entraîne une quantité de nourriture limitée dans le gîte, et d'autre
part le taux très bas d'ammoniac
soient les causes de cette absence d'attractivité sur
C.cineteus. En effet, cette espèce a une tendance très marquée à coloniser les gîtes
à degré de pollution très élevé (SUBRA, 1973) contrairement à C.quinquefasciatus qui
peut en l'absence de ses gîtes préférentiels, coloniser dans l'environnement humain des
milieux faiblement pollués.

- 58 -
Les larves de C.quinquefasciatus s'accommodent très bien des eaux des gîtes
des 2 quartiers. Le degré de pollution atteignant parfois des niveaux très élevés (jus-
qu'à 500 mg/l de matières en suspension) et le taux élevé d'ammoniac dans les pui-
sards de Sokoura (150 à 560 rnq/I) ne semblent pas influer sur C.quinquefasciatus qui
entretient dans ces gîtes des densités larvaires très élevées. En effet, selon SUBRA
(1971a) un degré de pollution trop élevé peut constituer un facteur limitant des popu-
lations préimaginales de C,quinquefasciatus. Cela peut être aussi le cas quand la te-
neur en ammoniac et en sels d'ammonium est élevée (IKESHOJI, 1966). Il a été signa-
lé aussi par les auteurs que la taille des populations larvaires dans les gîtes est en
étroite relation avec la quantité de nourriture disponible. Un déficit en matières nutri-
tives conduit à une production très réduite de nymphes comme cela a été observé par
SUBRA (1973) dans un puisard à Bobo-Dioulasso où la production quotidienne de nym-
phes n'a jamais dépassé une vingtaine alors que 35.000 larves stade 1 pouvaient y être
dénombrées. A Air France II, la quantité limitée de matières organiques dans l'eau des
puisards 00 mg/l en moyenne) semble imposer une auto-régulation des populations lar-
vaires. Le nombre de larves âgées récoltées par prélèvement (figures 8 et 9) n'a jamais
atteint
ceux
qu'on observe à Sokoura (figure 7), malgré des populations larvaires jeu-
nes souvent très importantes. La concurrence qui s'établit dans ces gîtes pour le
parta-
ge de la nourriture disponible contribuerait à l'élimination d'une partie très importante
des populations jeunes moins compétitives. Ce phénomène est d'ailleurs bien connu dans
le règne animal.
C.tig'l.ipes n'a été rencontrée que dans les puisards de Sokoura. Son absence
des gîtes de Air France ne signifie pas obligatoirement que cette espèce ne puisse pas
se développer dans les eaux des puisards de ce quartier puisqu'ils abritent des nombres
suffisants de larves de C.quinquefasciatus pouvant lui servir de proies. A Sokoura où
elle a été récoltée en cohabitation avec C.cine'l.eus et C.quinquefasciatus, ses densités
sont très faibles (1 à 3 larves par prélèvement). L'abondance de nourri ture disponible
dans les gîtes n'a apparemment pas entraîné une augmentation correspondante des larves
de l'espèce. Cette constatation avait déjà été faite par IKESHOJI (loc.cit.) à Rangoon où
en dépit des énormes densités de larves de C.quinquefasciatus. les populations
de
C. [Lui.zie} fuse anus Wiederwam 1820, demeurent à un niveau très bas.
Contrairement aux observations faites à Bouaké par BINSON et DOUCET en
1956, C.decens est une espèce peu abondante dans les puisards. Elle n'est rencontrée
que durant les saisons des pluies. Il semble que ce moustique depuis son éviction des
gîtes larvaires lors des campagnes insecticides, n'ait jamais pu remonter ses densités
malgré l'absence de pression de sélection.

- 59 -
5.3. Cycle d'occupation des puisards et cycle d'abondance larvaire.
Les travaux de BINSON et DOUCET
(1956) sur les gîtes larvaires de
C.quinquefasciatus dans la ville de Bouaké avaient montré que ce moustique n'occupait
à l'époque que 11 à 26% des gîtes positifs. Selon les quartiers il était moins fréquent
que C.decens et C.cine'l.eus. Lors des enquêtes de 1963 rapportées par HAMON et al.
(1967), C.quinquefasciatus constituait déjà le principal Culiciné trouvé dans la ville.
Cette situation aurait fait suite aux pulvérisations insecticides des années 1958-1960.
Aujourd'hui encore, et en l'absence de toute pression insecticide, C.quinquefasciatus
constitue l'espèce la plus abondante dans tous les puisards de la ville. Elle constitue
tout le long de l'année, 100% de la faune culidienne des puisards des quartiers rési-
dentiels. Le faible niveau de pollution de l'eau des gîtes de ces quartiers le met à
l'abri des espèces concurrentes notamment C.cine'l.eus qui préfère les gîtes plus pollués
des quartiers populaires.
Dans les quartiers populaires, la situation varie selon le profil de la pluvio-
métrie.
C.quinquefasciatus occupe sans partage les puisards de ces quartiers tout le
long de la saison sèche. Pendant cette période de l'année, ces types de gîtes semblent
consti tuer les gîtes préférentiels de l'espèce; des densités larvaires très importantes
peuvent y être rencontrées. A l'arrivée des pluies, C.quinquefasciatus est très rapide-
ment remplacé
par C.cine'l.eus.
C.quinquefasciatus semble en ce moment là se replier
sur d'autres sites plus favorables, parmi lesquels les puisards des quartiers résidentiels,
où les densités deviennent alors plus importantes.
L'apparition de Cscineieus et sa disparition des puisards de Sokoura semble
être un phénomène saisonnier sans que l'hypothèse d'une concurrence inter-spécifique
ne puisse être envisageable. En effet, C.quinquefasciatus redevient dès l'arrêt des
pluies et aussi rapidement qu'elle avait disparu, l'espèce dominante puis unique comme
l'ont montré nos observations dans les puisards 1 à 5 (cf. figures 1 à 5). Cela semble
être aussi le point de vue de SUBRA (1971a) qui a fait les mêmes observations dans
les puisards de Bobo-Dioulasso. Cet auteur a constaté en effet que les plus fortes den-
sités larvaires de C.quinquefasciatus sont enregistrées au cours de la saison sèche dans
ce type de gîte mais que l'espèce y est faiblement représentée durant la saison des
pluies, période pendant laquelle elle est remplacée par C.cine'l.eus.
A la suite de cet auteur, nous avons constaté que les populations larvaires
de C.quinquefasciatus passent par une série de maximums et de minimums plus ou
moins réguliers. Les amplitudes de ces variations de densités sont plus importantes
dans les puisards de Sokoura que dans ceux de Air France II qui hébergent des popula-
tions de taille moyenne. Pour expliquer ces phénomènes SUBRA (Loc.cit.) a émis 3 hypo-
thèses :

- 60 -
1°/ Une périodicité dans le rythme des pontes des femelles gravides qui
entraînerait une variation dans le temps des densités larvaires. L'auteur a pu mettre
en évidence, grâce à des observations de terrain, une variabilité dans le nombre des
pontes journalièrement déposées. Il a pu aussi observer au laboratoire une variabili té
dans les courbes de densités. Mais il admet que ces observations ne peuvent expliquer
l'amplitude des variations de densités dans les puisards. C'est aussi notre point de vue.
2°/ Une nourriture insuffisante monopolisée par les larves âgées plus compé-
ti tives, d'où une mortalité importante chez les jeunes de la nouvelle génération. Si
cette hypothèse semble s'appliquer aux puisards dans lesquels la quantité de nourriture
disponible est limitée, elle peut difficilement expliquer le phénomène lorsqu'il s'agit
des puisards très riches en matières organiques comme ceux de Sokoura.
3°/ Un effet toxique des substances émises par les larves âgées ou les nym-
phes qui entraînerait la mort d'une fraction importante de la population jeune. ROU-
BAUD et TOUMANOFF (1930)
ont observé au laboratoire que les larves âgées de
C..pipiens émettaient des déchets toxiques dont l'influence sur les populations jeunes est
très marquée. Le même phénomène a été signalé par IKESHOJI et MULLA (1970) chez
c..quinquefasciatus.
Ces toxines se localiseraient dans les exsuvies larvaires et seraient
émises aussi lors de la nymphose; leur effet serait d'une durée très limités (SUBRA,
1971a).
PICHON et GAYRAL (1970) ont observé pour leur part, dans les gîtes larvai-
res d'cll:e.aegypti
des variations de densités qu'ils ont lié à un processus neurophysiologi-
l
que mentionné par WADA (1965).
Dans le cas des puisards de Bouaké, il est difficile, dans la mesure où au-
cune expérimentation n'a été faite dans ce sens, de retenir l'une ou l'autre de ces
hypothèses. Il est néanmoins possible de penser à l'intervention conjuguée de ces diffé-
rentes influences avec des particularités propres à chaque gîte pouvant entraîner la
prépondérance de l'une ou l'autre influence. Dans le cas des puisards de Sokoura où la
nourriture paraît abondante, l'hypothèse de la prédominance de l'influence des déchets
toxiques semble plus plausible compte tenu des densités très importantes de larves
âgées qu'on rencontre dans ces gîtes. Dans le cas des puisards du quartier Air France
II le phénomène semble être sous la dépendance d'une conjonction de toutes les influen-
ces; néanmoins, il semble que l'influence du facteur nourriture soit assez importante.
La quantité très limitée de la nourriture entraînerait une concurrence intraspécifique
très importante qui défavorise les stades jeunes. Ces derniers ne disposeront de nourri-
ture suffisante que lorsque les stades âgés
se
seront transformés
en nymphes.

- 61 -
Cette situation peut créer un cycle d'alternance de populations de jeunes larves bien
nourries au sein de laquelle la mortalité serait réduite et de populations mal nourries
et donc marquées par une importante mortalité. La conséquence serait une alternance
de densités larvaires élevées et basses. Néanmoins des études s'avèrent encore néces-
saires pour expliquer de manière plus précise le phénomène.
5.4. Influence de la nourriture disponible sur la taille des adultes et le sex-ratio
des populations.
Au niveau du.gîte, la quantité de nourriture détermine la taille des popula-
tions larvaires. Le phénomène a déjà été évoqué au cours du chapitre précédent. Une
compétition peut également s'établir entre les différentes espèces présentes dans un
gîte pour l'attribution d'une nourriture identique. Dans ce cas l'espèce la plus compéti-
tive peut avoir un effet inhibiteur sur le développement des autres espèces (PETERS
et al., 1969; WILTON, 1968; MOORE et FISHER,
1969).
Au niveau de l'individu, la nourriture influe sur la taille et la vitesse de
développement. ROUBAULD et TREILLARD (1934) ont démontré que les larves d'An.
mecullpenni Meigen 18 18, se développent plus rapidement et atteignent une taille plus
grande lorsqu'elles ont reçu une nourriture riche. NAYAR (1968) a montré pour sa part
que certaines caractéristiques des adultes de C.neg'l.ipalpus Theobald 1901, dépendent de
la quantité de nourriture fournie aux larves.
SUBRA (1971 a) a montré au laboratoire grâce à la mesure de la longueur
des ailes, que la taille des imagos de C quinquefasciatus varie en fonction de la quanti-
té de nourriture qui leur a été fournie au cours de leur phase larvaire. Une nourriture
larvaire excédentaire donne des adultes de grande taille alors qu'avec une nourriture
insuffisante, les adultes sont de petite taille. L'utilisation de la longueur des ailes
comme paramètre permettant d'apprécier la quantité de nourriture dans les puisards
est donc une méthode fiable.
Nous pouvons ainsi affirmer que durant la saison sèche, les eaux des pui-
sards de Sokoura renferment une quantité abondante de nourriture.
longueur moyenne
des ailes des imagos issus des puisards 1 et 2 sont respectivement 3.31 + 0.063 mm
et 3.32 ~ 0.07 mm durant cette période. Au début de la saison des pluies, durant la
période de cohabitation avec les larves de C.cine'l.eus, celles de C.quinquefasciatus sem-
blent se nourrir moins bien que les populations de saison sèche. Les longueurs moyennes
de leurs ailes passent pour les 2 puisards de 3.31 mm à 2.99 mm et de 3.32 mm à
2.77 mm soit respectivement une différence de 0,32 mm et 0.57 mm.
La
seconde

- 62 -
moyenne est comparable à celle qu'on observe dans les puisards de Air France II où
les larves ne disposent que d'une quantité relativement faible de nourriture. Les deux
populations de saison sèche et de saison des pluies ayant apparemment eu à leur dis-
position les mêmes quantités de nourriture, la différence observée entre les tailles des
imagos serait sans doute en relation avec la présence des larves de C.cineuws dans
les gîtes. Deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer le phénomène :
10/ Les larves de C.cine'l.eus se montreraient plus compétitives que celles
de C.quinquefasciatus et accapareraient une partie importante de la nourriture. Les
larves de C.quinquefasciatus durant cette période de cohabitation, accuseraient donc
un déficit dans leur alimentation d'où des imagos de taille réduite. Mais cette compé-
tition interspécifique pour la nourriture peut, à elle seule, très difficilement justifier
la petite taille de C.quinquefasciatus puisqu'il semble apparemment que la nourriture
soit largement disponible dans les gîtes.
2°/ L'influence d'une substance particulière émise par C.cine'l.eus dans le
milieu qui aurait un effet inhibiteur sur le développement de ses concurrents. Le phé-
nomène a déjà été observé par PETERS et al. (1969) lorsqu'ils ont élev é l'ensemble
des larves de C.pipiens et d'a'l:e.aegypti.
L'effet serait d'autant plus marqué que la
population de l'espèce dominante est plus élevée. Bien que nous ne l'ayons pas véri-
fiée, l'hypothèse de l'émission d'une ou plusieurs substances inhibitrices par C.cine'l.eus
pourrait être sérieusement envisagée. Il est même probable que ces substances entraî-
nent une mortalité importante au sein des populations larvaires de C.quinquefasciatus.
La rapidité avec laquelle ces dernières disparaissent des puisards lorsque C.cine'l.eus
s'installe, milite en effet en faveur de l'existence de telles substances qui rendraient
.
le milieu très défavorable à cette espèce.
L'une ou l'autre hypothèse ne peut néanmoins être exclusivement retenue
pour expliquer le phénomène. Il semble qu'il soit le résultat de plusieurs influences qui
restent encore à élucider.
L'influence de la présence des larves de C.cine'l.eus dans les puisards de
Sokoura au début de la saison des pluies se traduit aussi par un excédent de mâles
au sein de la population imaginale de C.quinquefasciatus.
De tels déséquilibres inter-
viennent généralement lorsque les conditions du milieu deviennent défavorables à
l'espèce et plus particulièrement lorsque la nourriture est insuffisante (LE BERRE, 1966;
SUBRA, 1971a). Ce déficit en femelles serait, tout comme la petite taille des imagos,
la conséquence des phénomènes que nous avons évoqués plus haut. Les larves
mâles
moins exigeantes que les femelles se développeraient donc plus facilement dans les
conditions de cohabitation avec Cscineceus,

- 63 -
Dans les puisards de Air France II où la quantité de matières en suspension
dans l'eau est réduite, on note de façon assez nette, l'influence de ce déficit sur la
taille des adultes. Ceux-ci sont moins grands que ceux récoltés dans les puisards de
Sokoura durant la saison sèche. Les tailles sont comparables à celles des indi vius récol-
tés dans les puisards de Sokoura durant la période où C.quinquefasciatus cohabite avec
C.cineteus donc au cours de la période défavorable. Le défici t en nourri ture se tradui t
aussi par un excédent permanent d'individus mâles dans la population.

- 64 -
6. CONCLUSION.
La présente étude vient, à la suite de l'enquête de 1963, confirmer l'implan-
tation très importante de Culex qulnquejesciei.us dans les gîtes de la ville de Bouaké.
Cependant à l'intérieur même de cette ville, les différents quartiers offrent des possi-
bilités différentes d'installation aux formes préimaginales de l'espèce. Dans les quar-
tiers populaires, les gîtes larvaires sont nombreux et variés: puisards, latrines, fosses
septiques, caniveaux obstrués, flaques d'eau résiduelle, divers récipients de récupéra-
tions et mares polluées alimentées par les eaux usées de la zone industrielle, sont
susceptibles d'héberger les larves à différentes périodes de l'année. Dans les quartiers
résidentiels par contre, l'essentiel des gîtes à c..quinquefasciatus est consti tué par les
puisards.
L'abondance des gîtes larvaires permanents (puisards, latrines, fosses septi-
ques) dans les quartiers populaires de Bouaké est principalement due à la densité éle-
vée de l'habitat dans ces quartiers. Dans le quartier Sokoura qui nous a servi de réfé-
rence, la densité de l'habitat à l'hectare est 3 fois plus importante que dans le quar-
tier résidentiel Air France II.
Il a été noté que l'abondance de certains gîtes artificiels tels que les fla-
ques d'eau polluée dans les quartiers populaires
est
liée
à un comportement négatif
des ménagères de ces quartiers, comportement qui tend à créer autour des habitations
des gîtes accessoires disponibles à toute période de l'année. Dans les quartiers résiden-
tiels, le souci de maintenir le milieu salubre est constant.
Il a été également constaté au cours de l'étude que la localisation de cer-
tains quartiers populaires de la ville en zone basse favorise la présence de gîtes natu-
rels susceptibles d'être uitilisés par c..quinquefasciatus.
Ce n'est pas le cas des quar-
tiers résidentiels de la ville qui sont construits sur des hauteurs.
L'étude du peuplement des puisards a montré que c..quinquefasciatus est une
espèce présente dans les puisards des quartiers populaires et dans ceux des quartiers
résidentiels.
C..cineteus, sa concurrente, n'a par contre été rencontrée que dans les
puisards des quartiers populaires; c'est le cas également de c..tûgûpes.
C..decens a
été rencontrée dans les puisards des 2 types de quartiers.
La réparti tian de ces di fférentes espèces dans les puisards est très influen-
cée par les caractéristiques physico-chimiques de ces derniers. Les facteurs détermi-
nants semblent être le degré de pollution de l'eau et le taux d'ammoniac qu'elle ren-
ferme. Il faut tout particulièrement noter la présence exclusive de C..cineteus dans les

- 65 -
puisards des quartiers populaires de la ville , liée à leur pollution très élevée et au taux
important d'ammoniac. En effet, les puisards dans les quartiers résidentiels sont peu
pollués; l'eau qu'ils renferment est claire et le taux d'ammoniac est très faible en
comparaison de celui observé dans les puisards des quartiers populaires.
L'étude de la dynamique de populations des différentes espèces a montré
que c..quinquef escieius est une espèce très abondante dans les puisards des quartiers
populaires mais n'y est présente qu'au cours de la saison sèche, au début et à la fin
de la saison des pluies. Pendant la saison des pluies, elle y est remplacée par d'impor-
tantes populations de C..cine'l.eus.
Mais l'installation de cette dernière dans les puisards
semble être plus un phénomène saisonnier que spécifiquement lié à une concurrence
interspéci fique. En effet, C..cine'l.eus disparaît peu après l'arrêt des pluies et C..quinque-
fasciatus occupe à nouveau la totalité des puisards. Csdecens et c..tigûpes sont en
revanche, deux espèces dont la présence est, en toutes saisons, peu marquée dans les
puisards où elles sont rencontrées.
Dans les quartiers résidentiels, les caractéristiques physico-chimiques de
l'eau des puisards mettent c..quinquefasciatus à l'abri de toute concurrence. L'espèce
occupe tout le long de l'année les puisards. Les densités larvaires les plus importantes
sont observées au cours de la saison des pluies mais sont moins élevées que celles de
la saison sèche dans les puisards des quartiers populaires.
Nous avons pu mettre en évidence que la quantité de nourriture disponible
dans les puisards au cours de la phase larvaire, influe sur la taille des imagos et le
sex-ratio des populations. Ainsi les femelles de saison sèche issues des puisards du
quartier Sokoura dans lesquels la nourriture est abondante sont de taille plus grande
que celles issues au cours de la même période des puisards de Air France II qui ren-
ferment des eaux claires, pauvres en nourriture. Par contre, les femelles du quartier
Sokoura dont les formes larvaires ont cohabité avec celles de C..cine'l.eus en début de
saison des pluies, ont une taille comparable à celles issues des puisards du quartier
Air France II, et ceci malgré la présence dans les puisards de Sokoura d'une quantité de
nourriture équivalente à celle enregistrée dans ces mêmes gîtes au cours de la saison
sèche.
Il semble donc que le phénomène soit en relation avec la présence de C..cine-
zaus,
Deux hypothèses tentent d'expliquer ces différences:
- les larves de C..cine'l.eus seraient plus compétitives que celles de C..quin-
quefasciatus et accapareraient la plus grande partie de la nourriture disponible. Les
larves de c..quinquefasciatus accuseraient donc un déficit dans leur alimentation et
donneraient de ce fai t des imagos de peti tes tailles;

- 66 -
- les larves de C.cinel.eus émettraient des substances qui inhiberaient le
développement de leurs concurrentes, ce qui justifierait donc la taille réduite des ima-
gos issus des larves de C.quinquefasciatus qui ont cohabité avec elles.
Nos observations indiquent qu'aucune de ces hypothèses ne peut à elle seule
expliquer le phénomène; ce dernier étant probablement le résultat de plusieurs influen-
ces.
L'influence de la cohabitation des larves de C.quinquefasciatus avec celles
de C.cinel.eus en début de saison des pluies se traduit aussi par un excédent d'indivi-
dus mâles au sein des populations imaginales de C.quinquefasciatus au cours de cette
période. Ce déficit en femelles serait, tout comme leur petite taille, la conséquence
des influences que nous avons évoquées plus haut. Les larves mâles de C.quinquefas-
ciei.us semblent se développer plus facilement dans les conditions de cohabitation avec
C.cinel.eus.
Le déficit en nourriture dans les puisards du quartier Air France II influe
non seulement sur la taille des imagos mais également sur le sex-ratio. On note en
effet un excédent permanent de mâles au sein des populations adultes issues de ces
puisards.
Compte tenu du fait que C.quinquefasciatus est, en milieu urbain, un mous-
tique qui se disperse très faiblement, ses densités imaginales dans un secteur donné
dépendent très étroitement de la production locale des gîtes larvaires. Il est donc pro-
bable que le taux de nuisance soit nettement plus élevé dans les quartiers populaires
de la ville que dans les quartiers résidentiels. La raison première en est le nombre
très important de gîtes larvaires susceptibles d'être utilisés par cette espèce dans les
quartiers populaires. En outre, les caractéristiques physico-chimiques des gîtes dans ces
derniers favorisent l'implantation d'impressionnantes densités larvaires. De plus,
le
sex-ratio des populations imaginales indique que ces gîtes devraient produire plus de
femelles qu'ailleurs; reste néanmoins à confirmer cette hypothèse par des captures
d'adultes dans les différents quartiers de la ville.
Une contribution importante de la présente étude à une meilleure connais-
sance de la bio-écologie de C.quinquefasciatus à Bouaké est l'établissement du cycle
d'occupation des puisards des différents quartiers par cette espèce. La lutte antilarvai-
re étant le principal moyen de réduire la densité des adultes de C.quinquefasciatus
(CHAUVET et RASOLONIANA,
1968;
SUBRA, 1973), la connaissance de ce cycle
constitue, dans le cadre de la mise en place d'une stratégie de lutte contre ce mous-
tique, une contribution de premier intérêt.

- 67 -
DEUXIEME
PARTIE
===================
LUTTE ANTILARVAIRE PAR UTILISATION DE BtA.CJf.f.US S11ltA.E~1c..US
DANS LES PUISARDS.

- 68 -
1. RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES.
1.1. Le problème de la résistance de Culex quinquefasciatus aux insecticides.
C.quinquefasciatus comme nous l'avons évoqué dans la première partie de
ce travail est un moustique dont la nuisance est certaine (voire proche de l'intoléra-
ble) dans toutes les grandes agglomérations. En outre, en Afrique de l'Est, il assure
la transmission de la filariose de Bancoft. En Afrique de l'Ouest, son 'rôle vecteur n'a
pas été confirmé. Mais, avec les migrations de plus en plus importantes de ruraux
vers les grandes villes où ce moustique est très abondant, il faut s'attendre à une évo-
lution de la situation.
Le
contrôle
de
cette
espèce
s'impose
donc
comme une
urgence.
Malheureusement, la lutte contre C.quinquefasciatus a, dès le début, posé
de sérieux problèmes. L'une des premières méthodes utilisées contre les moustiques
fut l'emploi des huiles minérales. Mais dans le cas particulier de C.quinquefasciatus,
leur emploi, bien qu'ayant donné parfois des résultats satisfaisants, ne fut jamais géné-
ralisé (in SUBRA, 1981).
La découverte du DDT par MULLER en 1933 va marquer le début d'une
véritable lutte chimique contre les insectes. Dans les années succédant à la deuxième
guerre, entre 1950 et 1960, les composés organochlorés furent largement utilisés con-
tre les moustiques
surtout le continent africain. Ainsi à Brazzaville, DDT et HCH
furent utilisés de 1951 à 1957, puis en alternance avec la Dieldrine en 1957 (ADAM
et SOUWEINE, 1962). Dans certaines circonstances, des combinaisons avec des huiles
ont rendu plus performante
l'utilisation du DDT (MENU et KILAMA, 1972).
Mais quelques années après l'emploi intensif du DDT, l'on constata en Suède
que les mouches domestiques n'étaient plus tuées par ce produit. Ainsi apparu, le pre-
mier phénomène de la résistance, phénomène qui fut défini par un Comité d'Experts
de l'OMS en 1957 comme étant "l'apparition dans une souche d'insectes de la faculté
de tolérer des doses de substances toxiques qui exerceraient un effet léthal sur la
majorité des individus composant une population normale de la même espèce".
Le premier cas de résistance aux organochlorés chez C.quinquefasciatus
fut mis en évidence à l'Ile de la Réunion par HAMON
(1953b). Par la suite, le phéno-
mène fut signalé en de nombreux endroits du continent. En Afrique de l'Ouest dès
1958 (Mali: 1961; Côte d'Ivoire: 1966), en Afrique de l'Est en 1959 et à Madagascar

- 69 -
à partir de 1961 (CHAUVET, 1962; CHAUVET et RASOLONIAlNA, 1965; BROWN et
PAL, 1973). La résistance à cette famille d'insecticides semble dès lors générale et
t
commune à la presque totalité des souches africaines de C.quinquefasciatus (MOUCHET
1
et el., 1972).
!
Heureusement, l'apparition des composés organophosphorés en 1960 permit
d'abandonner l'utilisation des organochlorés et particulièrement le DDT dont l'inconvé-
nient majeur est de persister dans l'ensemble de l'écosystème et de contaminer tou-
tes les chaines alimentaires. Ces composés, surtout utilisés comme larvicides, ont don-
né de très bons résultats contre C.quinquefasciatus (GRAHAM et el., 1972) et à un
coût très intéressant (GRA TZ, 1973b). Le Chlorpyri fos et le Téméphos furent avanta-
geusement utilisés à Bobo-Dioulasso (SUBRA et el., 1969) et à Dar-Es-Salam (BANG
et el., 1975). A Mayotte et aux Comores, l'utilisation du Téméphos dans les gîtes lar-
vaires a considérablement réduit la population adulte de C.quinquefasciatus
(in
SU-
BRA,
1973). Dans certains pays (notamment le Mali : SUBRA et el., 1970), les orga-
nophosphorés furent utilisés comme adulticides.
Mais, bien que cette famille d'insecticides soit encore parmi les seules qui
peuvent encore produire de bons résultats (in SUBRA, 1981), de nombreux cas de tolé-
rance et même de résistance confirmée ont été signalés. Ainsi dès 1960, MOUCHET
et al.
observèrent une résistance au Malathion à Douala. Une régression de cette
résistance fut signalée en 1963 à l'arrêt des traitements mais le niveau de sensibilité
des populations est resté bas. Une résistance au Malathion fut également observée en
Sierra Leone (in HAMON et MOUCHET, 1967). A Madagascar, une multirésistance au
Malathion, Fenthion et au Propoxur (Carbarnate) fut mise en évidence chez les adultes
de C.quinquefasciatus (CHAUVET et el., 1971).
La résistance de C.quinquefasciatus aux organophosphorés fut également
signalée sur d'autres continents: à Tarwan (MICHELL et CHEN, 1974) et aux USA
(APPERSON et GEORGHIOU, 1974).
Le problème de la résistance de C.quinquefasciatus aux insecticides n'est
donc pas récent. Il hypothèque depuis plusieurs décennies tous les programmes de lutte
contre cette espèce. De nouvelles familles d'insecticides telles que les analogues
d'hormones de croissance, très prometteurs au début, provoquent déjà des résistances
avant même leur utilisation à grande échelle (MOUCHET et QUIROGA, 1976). La pro-
duction d'insecticides chimiques s'est donc considérablement ralentie d'une part à cau-
se de ce problème de résistance et d'autre part à cause de leur coût de production
très onéreux.

- 70 -
Devant cette situation, et pour permettre la continuation des opérations
de lutte, le Programme Spécial OMS/TOR pour la Recherche et la Formation concer-
nant les Maladies Tropicales, s'est résolument tourné vers le développement de métho-
des de lutte biologique notamment l'emploi d'insecticides biologiques. Cette nouvelle
forme de lutte contre les vecteurs a déjà permis, grâce à l'utilisation d'une bactérie
(BacilLus thuünqlensts H-14), de continuer avec beaucoup de succès les opérations de
lutte contre les espèces résistantes du complexe Simulium demnosum, vectrices de
l'Onchocercose en Afrique de l'Ouest.
1.2. La lutte biologique.
La lutte biologique telle qu'elle a été définie par un Comité d'Experts
OMS est "l'utilisation directe ou indirecte des ennemis naturels de l'espèce nuisible
POUF,' augmenter, sa, mortalité". De nombreux ennemis d'insectes vecteurs (poissons,
insectes, protozoaires, nématodes, virus, bactéries, champignons) existent en effet
dans la nature et
jouent un rôle important dans la régulation des populations natu-
relles.
Pour certains auteurs, la lutte biologique comporte également l'utilisation
des composés régulateurs de croissance qui interviennent dans la physiologie des insec-
tes.
Cependant, dans le cas des bactéries entomopathogènes telles que B.thuûn-
qlensis, B.sphaeûcus et autres, qui agissent par l'intermédiaire des toxines qu'elles
élaborent, leur mode d'action est comparable à celui des insecticides conventionnels.
Dès lors on devrait les nommer:" insecticides d'origine biologique".
1.3. Becillus spheeücus dans la lutte contre les vecteurs.
1.3.1. Les bactéries entomopathogènes.
Le genre BacilLus comprend un nombre très important d'espèces microbien-
nes dont la caractéristique commune est de produire une endospore à la fin de leur
croissance végétative. La pathogénécité de certaines d'entre elles a été mise en évi-
dence contre plusieurs espèces d'insectes.
Ainsi, Becillus Lawae White, B.ce'l.eus Frankland
et
Frankland, B.aLllei
Cheshire
et
Cheshire, B.thuûngiensis Berliner, B.Lentimo'l.bus Dutky, B.sphaeûcus Nei-
de, B.popUlia Dutky et B.moûtai Aizana
et
Fujiyoshi se sont révélées toxiques pour
de nombreux insectes nuisibles en agriculture et en Santé Publique. Certains de ces

- 71 -
microorganismes peuvent tuer en envahissant les tissus hôtes, provoquant ainsi une
septicémie : c'est le cas de B.lawae, B.lentlmotbus et B.popillia.
Les autres possèdent
une forte activité insecticide par toxémie et constituent de ce fait un poison stomacal.
On retrouve dans cette catégorie, toutes les espèces potentiellement utilisables pour la
lutte contre les insectes vecteurs.
1.3.2. Microbiologie de Bispheeücus,
B.sphaeticus est une bactérie aérobie largement répandue qui se retrouve
dans le sol et les milieux aquatiques. Elle est sporulante et présente une activité lar-
vicide vis-à-vis de plusieurs espèces de moustiques. Près de 186 différentes souches
ont été isolées de part le monde mais nombre d'entre elles ne sont hélas pas toxiques
pour les insectes. Toutes les souches toxiques ont été isolées chez des insectes morts
(KR YCH et el., 1980; YOUSTEN et el., 1980). On connaît actuellement plus de 50
souches toxiques pour les larves de moustiques dont certaines appartiennent à la varié-
[usij ocmis,
Les techniques de sérotypage par détermination de l'antigène H
par
agglutination flagellaire et la sensibilité aux bactériophages ont permis de les classi-
fier (DAVIDSON, 1984).
Les spores de B.sphaeticus peuvent se développer sur divers milieux synthé-
tiques. Les acides aminés sont leurs sources optimales de carbone et d'azote (LACEY,
1984). L'addition de vitamine au milieu de culture est indispensable à la croissance et
2
2
les ions Ca + et Mn + pour la sporulation (SINGER et el., 1966; MYERS et YOUSTEN,
1978).
B.sphaeticus est hautement aérobie. La sporulation et la production de la toxi-
ne sont liées à ce paramètre (GIBBS, 1983). Mais la sporulation peut être inhibée en
présence de l'oxygène pure (YOUSTEN et el., 1984). Cette bactérie se multiplie aisé-
ment à des températures comprises entre 25 et 40° C, mais la sporulation et la pro-
duction de toxine chez la
souche 1593 peut être compromise par des températures
supérieures à 35° C
(LACEY, lac. cli.,'),
Des milieux présentant des conditions opti-
males de culture ont été proposés par SINGER (1981), KALFON et al. (1983)
et
YOUSTEN et al. (Loc. cli..),
Sur un milieu de culture adéquat ou dans l'intestin des larves après inges-
tion, les spores de B.sphaeticus germent très rapidement. La production de la toxine a
lieu au cours de la sporulation (MYERS et el., 1979; YOUSTEN et DAVIDSON, 1982).
Les spores de B.sphaeticus possèdent une densité supérieure à celle de
l'eau. Ceci est la cause de leur sédimentation hors de la zone d'alimentation des lar-
ves de moustiques et leur accumulation dans le substrat (DAVIDSON et ei., 1984;
MULLA et el., 1984a).

- 72 -
B.sphaeticus est résistante à plusieurs familles d'antibiotiques incluant le
Chloramphénicol et la Streptomycine (BURKE et DONALD, 1983). Cette propriété peut
être exploitée pour son isolement et l'élimination des autres germes pouvant perturber
les cultures sur milieux synthétiques (MULLA et el., 1984a).
Les spores de B.sphaeticus, comme la plupart des bactéries, possèdent la
propriété de supporter de longues périodes de dessication, de froid ou de température
supérieure à 800 C.
BOURGOUIN et de BARJAC (1980) et MULLIGAN et al. (1980) ont consta-
té que l'exposition au soleil des suspensions aqueuses de spores de B.sphaeticus les
rend non viables. Ce phénomène serait dû à l'action d'un composant de la lumière so-
laire (DAVIDSON et SAVASTONA, 1984 in LACEY, 1984). Toutefois l'activité insecti-
cide.ne. serait. pas altérée après plusieurs heures d'exposition aux ultra-violets (BURKE
et el., 1983).
1.3.3. Pathologie et mode d'action.
B.sphaeticus présente une forte activité larvicide par toxémie. Selon les
souches, la toxine résiderai t dans les cellules végétatives (DAVIDSON, 1981) ou dans
les spores (TINELLI et BOURGOUIN, 1982). La toxine serait produite chez certaines
souches durant la sporulation (MYERS et el.,
1979;
YOUSTEN et DAVIDSON, 1982)
et
s'accumulerait
dans
les
inclusions
parasporales (PAYNE et DAVIDSOI\\J, 1984
in DAVIDSON, 1984). C'est le cas de la souche 2297
isolée en 1979 à Ceylan; elle 2.
la particularité de former au cours de la sporulation des inclusions cristallines qui se
localisent entre les 2 feuillets de l'exosporium (planche 1). Les souches 2362 et 1593
présentent peu ou pas d'inclusions.
Les spores de B.sphaeticus sont ingérées par les larves en même temps que
de nombreuses particules alimentaires. Les inclusions sont rapidement dissoutes dans
l'intestin de la larve et la toxine se trouve libérée (DAVIDSON et MY ERS, 1981;
YOUSTEN et DAVIDSON, loc.cli.u BARJAC et
CHARLES, 1983). La multiplication du
bacille n'est pas nécessaire à la pathogénicité (DAVIDSON et al.,1975). Après l'inges-
tion d'une forte quantité de spores, les symptomes de l'intoxication sont décelables
très tôt au microscope électronique et la mort peut survenir au bout de quelques heu-
res (DAVIDSON, 1984). Mais la mort de la larve intoxiquée ne survient qu'au bout de
48 heures quand la quantité de spores ingérées est réduite (DAVIDSON, 1981).

- 73 -
~. \\:~,~.~~: '.'
~r
.... ~.
1
~::-.
Planche 1
Spores de Bacillus sphaericus vues au microscope flectroni-
que avant et aprfs le traitement d'un qlte naturel & Cule:
pipUna.

~~_!
les spores de la souche 2362 prollevdes d'un qlte
aprfs 28 jours du traitement, sont dl!pourvues
d'inclusion toxique.
ex • exosporium 1 inc~ • inclusion non cristalline
!. • spore 1 !. : tuniques.
~ • les spores (tl!main) de la souche 2362 contiennent
une inclusion toxique.
ex : exosporium 1 !. • inclusion cristalline toxique
!. 1 tuniques.
L'lIchelle est donnl!e par un trait dont la lonqueur reprl!-
sente 0,5 \\J.III.
x Cette inclusion D'est pas cristallisl!e d'aprfs ~ et al. (1984).

- 74 -
Les spores ingérées germent dans l'intestin de la larve intoxiquée, se multi-
plient végétativement et produisent une nouvelle génération de spores. Ce phénomène
de recyclage de B.sphaericus a été mis en évidence par de nombreux auteurs tant au
laboratoire que sur le terrain (Des ROCHERS et GARCIA, 1984; HER TLEIN et ei.,
1979; CHARLES et NICOLAS, 1986; NICOLAS et el., 1987). La capacité de se recycler
dans les cadavres des larves constitue une source potenti alle d'infestation pour d'autres
larves dans le gîte (Des ROCHERS et GARCIA, loc.cit.). Mais il a été récemment mon-
tré que ces spores de 2ème génération n'interviennent pas dans la rémanence de l'acti-
vité larvicide dans les gîtes traités, car les larves mortes tombent rapidement au fond
c'es-à-dire hors de la sphère d'alimentation des larves vivante (NICOLAS et el., loc.
cit.).
1.3.4. Spectre d'action.
L'activité toxique de B.sphaericus vis-à-vis des moustiques varie selon les
genres. De nombreuses espèces de Culex sont très sensibles à cette bactérie (MULLI-
GAN et el., 1978; SINEGRE et el., 1980). La sensibilité des Anophèles varie d'une
espèce à l'autre : An. quedilmeculeius Say est peu sensible à B.sphaericus alors que
An.stephensi
Liston et An.albimanus
y sont très sensible (BOURGOUIN et de BARJAC,
1980; DAGNOGO et COZ, 1982; LACEY et SINGER, 1982). B.sphaericus semble n'offrir
aucune perspective
d'emploi contre les Aedes (SINEGRE et ei., loc. cii..),
Le spectre d'activité très restreint de B.sphaericus limite son utilisation au
contrôle d'un nombre très faible de moustiques. Par contre il présente l'avantage d'être
inoffensif pour les organismes non cibles. Son inocuité a été démontrée vis-à-vis des
abeilles, de la faune associée aux larves de moustiques dans leurs gites, aux lézards et
aux mammifères (HUDSON, 1981; DAVIDSON et el., 1977; MULLA et el., 1984b;
de
BARJAC et el., 1979).
1.3.5. Potentialité de développement d'une résistance.
Une étude menée sur les potentialités de développement de la résistance au
Bacillus Lhuilriqierisis H-14 au sein de deux populations naturelles de C.quinquefasciatus
à l'Université de Californie a abouti à deux conclusions:
- premièrement, les mécanismes connus qui peuvent conférer la résistance
aux insecticides conventionnels ne peuvent contribuer à la mise en place d'une résis-
tance croisée au B.thuringiensis H-14, ni augmenter le niveau de sensibilité à cette
bactérie;

- 75 -
- Deuxièmement, aucun mécanisme ne semble exister au sein des popula-
tions étudiées pouvant conférer une tolérance au B.thutingiensis H-14.
Les insectes sensibles aux toxines d'origine bactérienne ne semblent donc
pas pouvoir développer une résistance contre ces bactéries.

- 76 -
2. MATERIEL ET METHODES.
2.1. Efficacité au laboratoire des préparations à base de B.sphaer..icus.
2.1.1. Objectif.
Dans le but de sélectionner les souches les plus toxiques de B.sphaeticus
pour une future utilisation opérationnelle, plusieurs Laboratoires dont celui de l'Institut
Pierre RICHET, collaborent avec le Programme Spécial OMS pour la Recherche et la
Formation concernant les Maladies Tropicales (Programme OMS/TOR) à l'évaluation des
préparations à base de diverses souches de cette bactérie.
Le travail consiste en un titrage biologique d'échantillons de poudres primai-
res et de formulations de B.sphaeticus sur la souche locale de C.quinquefasciatus.
L'utilisation de cette souche locale du moustique, que nous dénommons "souche Bouaké",
présente un avantage particulier car elle permet de disposer d'un matériel biologique
inépuisable et de pouvoir comparer les résultats de laboratoire à ceux qui seront obte-
nus sur le terrain.
2.1.2. Le titrage biologique.
Le protocole d'essai
utilisé pour le titrage biologique des préparations de
B.sphaeticus est dérivé de la méthode qui fut développée par l'OMS pour l'évaluation
d'une autre bactérie entomopathogène, le B.thutingiensis H-14. La méthode a été modi-
fiée et adaptée à B.sphaeticus en tenant compte du délai d'expression de la toxine de
cette dernière plus long que celui de B.thutingiet1sis H-14.
L'adaptation porte sur une lecture du test après 48 heures et 72 heures de
contact et l'utilisation de larves stade III jeune de C.quinquefasciatus. L'utilisation de
ce stade larvaire évite d'avoir un grand nombre de nymphose au cours des tests mais
impose de nourrir les larves.
2.1.2.1. Obtention des larves de C.quinquefasciatus.
Les larves de C.quinquefasciatus utilisées au cours des tests proviennent de
pontes récoltées dans des puisards jamais traités avec un insecticide. Les pontes rame-
nées à l'insectarium sont réparties dans des bacs aluminium de 1,5 litre
de contenan-
ce. 2 pontes sont placées par bac dans 500 ml d'eau distillée addionnée de blédine à
200 mg/l.
Les bacs sont disposés dans des étuves à l'intérieur desquelles la tempéra-
ture est maintenue à 30° C par un système de thermostat. Les larves issues des pon-
tes arri vent au stade III jeune au bout de 48 heures.

- 77 -
2.1.2.2. Préparation des suspensions bactériennes.
La suspension mère est obtenue à partir de 50 mg de poudre primaire com-
plétés à 500 ml avec de l'eau distillée dans une fiole jaugée. L'ensemble est agitée
en présence de billes de verre, à l'aide d'un agitateur magnétique jusqu'à homogénéisa-
tion complète. Cette suspension bactérienne est conservée au réfrigérateur jusqu'au mo-
ment du test.
2.1.2.3. Préparation de la nourriture larvaire utilisée pour les tests.
La quantité de nourriture étant un facteur susceptible d'influer sur les résul-
tats, des essais préliminaires ont été réalisés et ont montré que dans les tests réalisés
à 15 mg/l de levure de boulanger, la mortalité larvaire n'excède pas 20% chez les
témoins après 72 heures. L'excès de nourriture entraîne en effet la prolifération de
bacteries dans le milieu. Elles sont responsables d'une mortalité importante.
150 mg de levure sèche de boulanger sont broyés dans quelques ml d'eau
distillée dans un mixer type "Moulinex". Ce broyat est ensuite versé dans un bidon
plastique et complété à 10 litres.
2.1.2.4. Réalisation des tests.
Les tests sont réalisés dans des gobelets plastiques de 150 ml de contenan-
ce. Pour chaque échantillon, une gamme de 5 à 6 concentrations est testée avec 4
repliques par concentration. Les concentrations utilisées sont obtenues par dilution de
2 en 2 de la suspension mère ramenée à 0,1 mg/la
Les dilutions successives sont fai-
tes avec la préparation de levure de boulanger à 15 mg/la
Un lot de 25 larves est mis en contact avec 125 ml de dilution dans chaque
gobelet.
Les tests sont réalisés dans une salle à la température de 25° C.
2.1.2.5. Les échantillons testés.
Le titrage biologique des échantillons est réalisé en comparaison avec des
poudres de référence qui nous ont été fournies par l 'Insti tut Pasteur de Paris (Labora-
toire de Lutte Biologique II, Professeur de BARJAC). Ce sont :
7
- RB 80 souche
1593 renfermant 3,7 x 10
spores par mg.
Son titre bio-
logique est arbitrairement fixé à 1000 unités internationales par mg.

- 78 -
8
5PH 84 souche 2362 renfermant 1,35 x 10
spores par mg et titrant en
comparaison avec RB 80, 1500 Ul/mg.
Les poudres primaires testées proviennent de trois laboratoires
Dulmage
(USA), Université MaduraY (Inde), Abbott (USA).
Ce sont :
- B5 1593 Dulmage.
- B5 2297 Dulmage.
- B5 2362 Dulmage.
- B5 1592 Inde.
- B5 2297 Inde.
- B5 2362 Inde.
- ABG 6184 souche 2362 - Abbott.
2.1.2.6. Analyse des résultats.
Au bout de 48 heures puis de 72 heures, les larves mortes sont dénombrées
et enregistrées sur une fiche établie à cet effet et dont un modèle est présenté en
Annexe 4.
Les concentrations léthales 50 (CL 50) et les concentrations léthales 95
(CL 95) sont calculées pour chaque échantillon sur ordinateur à l'aide d'un programme
d'analyse-probit (FINNEY, 1971) avec un intervalle de confiance de 95%. Le titre bio-
logique de chaque échantillon est obtenu par la méthode suivante:
Titre de la référence x CL 50 48 h (72 h) de la référence
CL 50 48 h (72 h) échantillon
2.2. Efficacité et rémanence de B.sphae'tÏcus dans les gîtes larvaires à
c..quinquefescleius:
2.2.1. Traitement
des gîtes.
2.2.1.1. Choix des gîtes à traiter.
Parmi les di fférents gîtes larvaires possibles de c..quinquefasciatus existant
à Bouaké, ce sont les puisards qu i ont été retenus pour l' évalua tion sur le terra in des
préparation de B.sphaeticus.
Ils constituent en effet dans cette ville,
des
gîtes
d'élection pour les formes préimaginales de ce moustique (cf. tableau 1).

- 79 -
Deux types de puisards ont été sélectionnés :
- des puisards à eau claire du quartier résidentiel Air France II, dont la
charge en matières en suspension est généralement comprise entre 20 et 30 mg/li
- des puisards pollués du quartier populaire Sokoura, très riches en matières
en suspension (100 à 500 mg/l).
Tous les puisards retenus sont facilement accessibles. Leurs propriétaires
respecti fs ont été informés du but de nos visites afin qu'aucun traitement parallèle ou
vidange n'intervienne au cours de l'étude.
Tous les puisards ont été numérotés et une fiche portant leurs différentes
caractéristiques a été établie pour chacun deux.
2.2.1.2. Les préparations testées.
Pour cette évaluation sur le terrain, seules les poudres primaires 1593 Dulma-
ge, 2297 Dulmage et 2362 Dulmage ont été retenues. Ces poudres ayant été obtenues
selon le même procédé de déshydratation, l'influence éventuelle du mode de prépara-
tion sur les résul tats est ainsi écartée
2.2.1.3. Estimation des doses à utiliser.
Dans ce but, des essais en eau polluée prélevée dans un puisard et filtrée
sur un tamis à maille de 200 u ont été réalisés au laboratoire. La quantité de matiè-
res en suspension dans cette eau est de 120 mg/le
Le protocole d'essai est le même que celui du titrage biologique à la diffé-
rence que l'eau distillée est remplacée par l'eau de puisard et qu'aucun apport de
nourriture artificielle n'est fait.
2.2.1.4. Calcul des quantités de produits à utiliser.
Pour des raisons de commodité et compte tenu du fait que les larves vivent
et se nourrissent essentiellement dans les couches superficielles de l'eau des puisards,
nous avons choisi de calculer les quantités de produits en fonction de la surface à
traiter et non du volume d'eau.
Les doses ont été choisies en tenant compte essentiellement de la CL 95
et du ti tre biologique des poudres.

- 80 -
2.2.1.5. Traitement
des puisards.
L'expérimentation s'est déroulée au cours de la saison sèche de l\\lovembre
1985 à Février 1986. Au cours de cette période de l'année, la presque totalité des
puisards de la v ille de Bouaké sont peuplés d'abondantes populations larvaires de C.quin-
quel esciei.us,
Deux séries de traitements ont été réalisées :
- la première avec les poudres 2362, 2297 et 1593;
La seconde, uniquement avec la poudre 2362, a été entreprise 7 jours
après la fin de la rémanence des premiers traitements.
· La. poudre 2362 ayant présenté lors des essais au laboratoire la meil-
leure efficacité, les essais ont été réalisés avec cette poudre à la fois dans des pui-
sards à eau claire et dans des puisards fortement pollués. Dans les premiers (puisards
2
I, II et III), le traitement a été effectué à la dose de 0,3 g/m • Les seconds (puisards
2
IV, V et VI) ont été traités à 3 g/m
soit une dose 10 fois supérieure à la précédente.
• La poudre 2297 a été utilisée dans 3 puisards fortement pollués
2
(puisards VII, VIII et IX). La dose de traitement est de 4 g/m •
• La poudre 1593 a été aussi utilisée dans 3 puisards fortement pollués
2
(puisards X, XI et XII), mais à 5 g/m •
Les puisards I, II, III, IV, V et VI ont été à nouveau utilisés lors du
deuxième traitement réalisé avec la poudre 2362. Le puisard XIII, a servi de témoin
pour les puisards fortement pollués de Sokoura et le puisard XIV pour ceux de Air
France II.
2.2.1.6. Méthode
d'application des produits.
Les traitements ont été effectués manuellement le matin à partir de 8 heu-
res, à l'aide d'une bouteille plastique de 1,5 litre
de contenance. La quantité
néces-
saire de produit pour le traitement de chaque puisard est prélevée d'une solution mère
à 10 g/l de poudre primaire et complétée à 1,5 litre.
Le contenu de la bouteille est
déversé le plus près possible de la surface de l'eau à traiter afin de s'assurer une bon-
ne réparti tion
du produi t.
2.2.1.7. Efficacité des traitements et rémanence de l'effet larvicide.
La densité larvaire de chaque puisard est évaluée le jour du traitement,
juste avant l'épandage du produit, par la méthode des coups de louche.

- 81 -
L'efficacité des produits est évaluée dans chaque puisard traité 24 heures
puis 48 heures après par échantillonnage des populations préimaginales. La rémanence
est suivie une fois par semaine jusqu'à la réapparition des larves stades III/IV. La réap-
parition de ces stades marque la fin de l'activité larvicide.
Parallèlement aux suivies entomologiques dans les puisards, des prélèvements
d'eau de surface sont réalisés une fois par semaine pour des tests au laboratoire sur
larves de C.quinquefasciatus stade III jeune afin de confirmer les observations de ter-
rain.
2.2.2. Evaluation bactériologique.
2.2.2.1. Ingestion des spores par les larves après le traitement.
Pour évaluer la quantité de spores de B.sphaeûcus ingérée par les larves,
des larves stade III sont prélevées 30 mn après le traitement dans les puisards 1 et
IV. Dans chacun de ces prélèvements, des lots de 20 larves sont consti tués et placés
dans une cupule en porcelaine désinfectée à l'alcool 95°.
Les larves sont ensuite rapidement plongées dans des cupules contenant de
l'alcool 70° puis rincées 2 fois à l'eau distillée stérile. Elles sont ensuite mises dans
des tubes de verre stériles et broyées dans 0,1 ml d'eau distillée stérile par larve en
présence de billes de verre. Après cette opération, les tubes sont conservés au congé-
lateur à-20° C jusqu'à la numération des spores.
Toutes les manipulations sont faites dans un laboratoire fermé, en atmosphè-
re stérile sous la flamme d'un bec BUI\\JSEI\\J.
2.2.2.2. Evolution de la quantité de spores dans l'eau de surface.
Dans le but de suivre la sédimentation des spores, des prélèvements de 20
ml d'eau de surface sont effectués dans des pilluliers quelques minutes après les trai-
tements puis chaque semaine au moment des échantillonnages. Chaque pillulier est
étiqueté puis conservé au congélateur à-20° C.
2.2.2.3. Devenir des spores dans le substrat des puisards.
Pour cet objectif, le puisard IV a été entièrement vidé de l'eau qu'il renfer-
me 6 mois environ après les traitements.
Des carottes de 3 cm de diamètre sur 10 cm de longueur sont réalisées
grâce à des tubes en plastique dur enfoncés dans le substrat.

- 82 -
Au laboratoire, le substrat ramené est solidifié dans les tubes par congéla-
tion. Des tranches successives de 1 cm d'épaisseur sont ensuite préparées et placées
dans des pulluliers numérotés qui sont conservés à
-
200 C jusqu'à leur analyse.
La toxicité des spores présentes dans les prélèvements est évaluée sur des
larves stade III de C.quinquefasciatus.
2.2.2.4. Analyse des échantillons.
Les différents échantillons à analyser sont décongélés pendant 15 mn envi-
ron à la température ambiante.
4 à 6 dilutions au dixième faisant chacune un volume
total d'un millilitre sont réalisées pour chaque échantillon dans des tubes de verre
stériles sous la flamme d'un bec BUNSEN.
Les tubes sont ensuite chauffés au bain-marie à 80° C pendant 12 mn pour
éliminer toutes les formes végétatives de microorganismes
présents dans les échantil-
lons.
La numération des spores est faite par étalement d'aliquots de 0,1 ml de
chaque dilution en boîte de pétri sur milieu MBS (KALFON et el., 1983) à 100 mg/l
de sulfate de Streptomycine. Après une incubation de 48 heures à 30 - 320 C, les
colonies de B.sphae'l.Îcus sont identi fiées morphologiquement au microscope à G x 400
et dénombrées. Le nombre de colonies correspond au nombre de spores présentes dans
la dilution. Le nombre de spores est ramené au millilitre d'échantillon.
2.3. Impact de C.ciner.eus sur la rémanence de B.sphaeucus dans les puisards.
2.3.1. Intérêt de l'expérimentation.
Les observations présentées dans la première partie du présent travail ont
montré que dans les puisards, gîtes très favorables à C.quinquefasciatus à Bouaké, la
faune non cible est constituée par les larves de C.decens, C.tigz.ipes et C.cine'l.eus.
Les premières espèces sont faiblement représentées dans les gîtes. Par contre, les lar-
ves de C.cine'l.eus sont rencontrées à de très fortes densités, seules ou en cohabitation
avec celles de C.quinquefasciatus dans les gîtes pollués des quartiers populeux
de
la
ville. Elles sont quasiment absentes des gîtes à eau claire des quartiers résidentiels.
Les adultes de ce moustique sont ornithophiles et de ce fait ne constituent aucun ris-
que pour l'homme.

- 83 -
Devant l'étendue des phénomènes de résistance des insectes aux insecticides,
1'ëventuali té de l'utilisation de la compéti tion interspéci fique pour le contrôle des vec-
teurs avait été évoquée par GILLES en 1962. SUBRA et DRANSFIELD (1984) avaient
suggéré de favoriser l'implantation de C.cine1.eus dans les gîtes rencontrés au Kenya
pour réduire la population de C.quinquefasciatus. Dans le même ordre d'idée, NICOLAS
et DOSSOU-YOVO (1987) avaient eux aussi évoqué l'utilisation de cette espèce pour
lutter contre C.quinquefasciatus dans les puisards de Bouaké.
La protection des larves de C.cine1.eus lors des traitements larvicides avec
B.sphae<.icus est donc indispensable. Nous avons dans un premier temps testé la sensibi-
lité de cette espèce à B.sphaeûcus afin de déterminer les doses optimales utilisables
dans les puisards, qui tout en éliminant les larves de C.quinquefasciatus épargneraient
celles de C.cine<.eus. Dans un second temps, compte tenu du nombre important de pui-
sardscolonisés par C.cine1.eus et des densités très élevées qu'on y observe, nous avons
jugé indispensable d'évaluer l'impact de sa présence sur le succuès des traitements et
la rémanence de l'effet larvicide des formulations à base de B.sphaeûcus.
2.3.2. La formulation testée.
Les traitements ont été réalisés avec un concentré liquide de B.sphaeûcus
souche 2362 dénommé BSP 2 produit par la firme Solvay. Cette formulation renferme
10
2
2 x 10
spores/g et a été utilisée à la dose de 5 g/m
dans tous les puisards traités.
2.3.3. Toxicité pour les larves de C.ciner.eus.
Elle a été évaluée selon la même méthode que celle qui a été utilisée pour
les titrages biologiques sur c'quinquefasciatus. Les tests ont été réalisés avec des lar-
ves stade III de C.cine1.eus issues de pontes prélevées dans les puisards. Pendant les
tests, les larves ont été nourries avec une suspension de levure de boulanger à 50 mg/le
2.3.4. Choix des puisards - Traitement - Evaluation.
Di fférents types de puisards ont été retenus pour cette expérimentation
- puisards colonisés exclusi vement par des larves de C.quinquefasciatus
(puisards A, B et C);
- puisards colonisés exclusivement par des larves de C.ciner..eus (puisards)
D, E et F);
puisards occupés par les 2 espèces à des densités assez comparables
(puisards G, H et O.

- 84 -
La charge en matières en suspension dans tous les puisards était comprise
entre 200 et 400 mg par litre d'eau au moment des traitements.
La densité des larves dans chaque puisard a été déterminée avant le traite-
ment (tableau 15). Les traitements ont été faits manuellement à l'aide d'une bouteille
plastique renfermant la quantité nécessaire de produit ramenée à 1,5 litre.
L'efficacité des traitements et la rémanence ont été évaluées 48 heures
après les épandages puis une fois par semaine jusqu'à la recolonisation des puisards
par des larves stades III/IV de c..quinquefasciatus. L'eau de surface des différents pui-
sards a été prélevée une fois par semaine pour des tests de toxicité sur larves
de
c..quinquefasciatus au laboratoire.

- 85 -
3. RESULTATS.
3.1. Efficacité au laboratoire.
3.1.1. Suspensibilité des poudres.
Les poudres primaires produites par le Dr. DULMAGE et celle
de la Fir-
me ABBOTT ont été aisées à mettre en suspension à la concentration à laquelles les
solutions mères ont été préparées.
Aucun dépôt particulaire n'a été observé après
plusieurs semaines de conservations.
En revanche une heure au moins d'agitation a été nécessaire pour obtenir
des suspensions homogènes avec les poudres élaborées par l'Université Madurai en
Inde. Ces poudres donnent en suspension des particules de tailles très variées qui sédi-
mentent dès l'arrët- de l'agitation.
3.1.2. Efficacité des poudres.
Les résultats du triple essai
sur chaque échantillon sont résumés dans le
tableau 9 et détaillés dans les tableaux 10, 11 et 12.
Les poudres primaires à base de la souche 1593 ont donné les résultats
suivants
- BS 1593 Dulmage :
CL 50 48 heures = 0.0041 mg/le
CL 95 48 heures
= 0.05 mg/le
• Ti tre biologique = 517.
- BS 1593 India :
CL 50 48 heures = 0.00164 mg/l.
CL 95
48 heures = 0.0099 mg/le
Titre biologique = 1293.
Sur la base de la comparaison des CL 50, la poudre BS 1593 India est deux
fois plus toxique que la poudre BS 1593 Dulmage.
Les résultats suivants ont été enregistrés avec les poudres primaires élabo-
rés avec la souche 2362:

- 86 -
Tableau 9
Valeurs caractéristiques et titre biologique de 9 échantillons
de Bacillus spnaeticus sur larves de Culex quinquefasciatus
souche "Bouaké".
=============== --------- --------- --------- --------- ---------
--------- --------- --------- --------- ---------
CL 50
CL 50
CL 95
CL 95
Références
Titre
48 heures 72 heures 48 heures 72 heures
RB 80
0,212*
0,074
2,17
0,58
(1000)**
(souche 1593)
SPH 84
0,150
0,067
1,01
0,369
1500
(souche 2362
1593 Dulmage
0,41
0,22
5,6
2,43
517
2297 Dulmage
0,174
0,054
1,28
0,724
1218
2362 Dulmage
0,139
0,047
1,00
0,3
1619
ABG 6184
0,152
0,045
1,24
0,182
1490
1593 India
0,164
0,060
0,99
0,348
1293
2297 India
3,12
2,02
22,52
20,35
68
2362 India
68,3
20,06
513,6
125,00
3
--------------- --------- --------- --------- --------- ---------
-2
/
*
10
mg 1.
**
Titre biologique.
( )
Référence de base

Tableau 10 : Titrage biologique de 4 échantillons de Bacillus sphaeticus (BS 2362 Dulmagc, BS 2297 Dulmage, RB 80, SPH 84)
sur Culex quinquefasciatus souche "Bouaké". Résultats détaillés du triple essai.
::::::=:::======= ===================================================
=========== ===================~===============================
BS 2362 Dulmage
RB
80
Essai
N° 2
Essai
N° 2
Essai
N° 3
Moyenne
Essai
N° 1
Essai
N° 2
Essai
N° 3
Moyenne
*
CL 50
0,119
0,139
0,16
0,139
*
CL 50
0,183
0,270
0,183
0,212
**
4B heures
0,104/0,136
D,111/0,174
0,109/0,131
48 heures
**
D,135/0,247
0,203/0,360
0,141/0,238
CL 95
0,72
1,028
1,274
1,00
CL 95
2,778
2,296
1,427
2,167
48 heures
(NS)
(5)
(5)
48 heures
(5)
(5)
(5)
CL 50
0,034
0,043
D,064
0,047
CL 50
0,099
0·,079
0,044
0,074
72 heures
0,031/0,038
0,D38/0,04B
0,064/0,089
72 heures
0,D83/0,119
0,060/0,104
0,034/0,057
CL 95
D,073
0,188
0,641
0,3
CL 95
1,079
0,451
0,206
0,579
72 heures
(NS)
(NS)
(5)
72 heures
(NS)
(5)
(5)
==~=======~ --~====------ ==~---------- ---------~===-=========
~======~... --
~==== .......... =---- ... ------------- ... ============-=========
=======:;=== ===================================================
===========+=============================::::::====================
BS 2297 Dulmage
SPH
84
CP
. Essai
N° 1
Essai
N° 2
Essai
N° 3
Moyenne
Essai
N° 1
Essai
NU 2
Essai
N° 3 1 Moyenne
-J
CL 50
*
0,123
0,199
0,2
0,174
CL 50
0,16 *
0,121
0,17
0,150
48 heures
**
0,087/0,174
0,11B/0,334
0,159/0,258
48 heures
**
0;14/0,19
0,105/0,139
0,15/0,2
CL 95
0,963
1,9
1,0
1,28
CL 95
1,12
0,91
1,02
1 ;01
48 heures
(5)
(5)
(5)
48 heures
(NS)
(NS)
(NS)
CL 50
0,056
0,057
0,051
0,054
CL 50
0,0508
0,061
0,09
0,067
72 heures
0,043/0.072
0,035/0,093
0,042/0,061
72 heures
D,045/0,055
0,049/0,076
0,061/0,132
CL 95
0,535
1,066
0,571
0,724
CL 95
0,31
0,461
0,337
0,369
72 heures
(5)
(5)
72 heures
(5)
(5)
(5)
=---------- ------------- ------------- ------------- ---------
===========~=============~=============±=============~= = - - - - - - -
*
:
2
10-
mg/l.
**
: Intervalle de confiance.
2
(5)
: X significatif au seuil de ~%.
2
(NS) : X non significatif au seuil de 5%.

Tableau 11
Titrage biologique de 4 échantillons de Bàcillu~ ~phàeticus (BS 2362 lndia, BS 2297 lndi~, BS 1593 lndia, ABC 61B4)
sur Culex quinquefàsciàtu~ souche "Bouakéé. Résultats détaillés du triple essai.
::========= ===================================================
===========+===================~======================
= = = = = = = = =
BS 2362 lndia
BS 1593 l,dia
Essai
N° 1
Essai
N° 2
Esai
N° 3
Moyenne
Essai
N° 1
Essai
N° 2 1 Essai
N° 3 1 Moyenne
*
CL 50
60,9
44
100
68,3
CL 50
0,120*
0,127
0,246
0,164
**
**
48 heures
44/B4,3
39/51
72/140
48 heures
0,10/0,16
0,097/0,165
0,217/0,279
CL 95
332,8
339
869
513,6
CL 95
0,78
0,887
1,312
0,993
48 heures
(5)
(NS)
(5)
48 heures
(5)
(5)
(NS)
CL 50
19,2
23
18
20,06
CL 50
0,038
0,035
0,109
0,060
72 heures
13,4/27,4
18130
15/21
72 heures
0,027/0,053
0,027/0,045
0,096/0,123
CL 95
142,2
88
147
125,73
CL 95
0,169
O,33B
0,538
0,34B
72 heures
(5)
(5)
(NS)
72 heures
(5)
(N5)
(NS)
==========- ------------- ------------- ------------- ----====-
=====================================================~
= = = = = = = = =
=========== ===================================================
=========== ===================================================
BS 2297 India
ABC 6184 (souche non précisée)
Essai
N° 1
Essai
N° 2
Essai
N° 3
Moyenne
Essai
N° 1
Essai
N° 2
Essai
N° 3
Moyenne
CD
CD
CL 50
1,8
2,88
4,7
3,12
CL 50
0,13
0,154
0,174
0,152
48 heures
1,56/2,08
2,32/3,57
4,0/5,5
48 heures
0,12/0,16
0,115/0,206
0,139/0,219
CL 95
11,42
16,16
40
22,52
CL 95
0,71
1,84
1,17
1,24
48 heures
(NS)
(5)
(NS)
48 heL:res
(N5)
(5)
(5)
CL 50
0,259
1,93
9,9
4,02
CL 50
0,037
0,053
0,047
0,045
72 heures
0,118/0,570
1,5612,39
B,3/11,8
72 heures
0,026/0,052
0,041/0,068
0,042/0,054
CL 95
4,164
9,3
53,6
22,35
CL 95
0,19
0,369
0,16
0,lB2
72 heures
(5)
(5)
(NS)
72 heures
(5)
(5)
(N5)
===========-=====~=======----=--------- ------------- ---====~=
----------- ------------- ------------- ------------- ---------
*
:
2
10-
mg/l.
**
: Intervalle de confiance.
2
(5)
: X significatif au seuil de 5%.
(NS) : X2 non significatif au seuil de 5%.

- 89 -
Tableau 12
Titrage biologique d'un échantillon de Bacillus spheetlcus
(BS 1593 Dulmage) sur Culex
quinquefasciatus souche "Bouaké".
=========== =====================================================
BS 1593 Dulmage
Essai
N° 1
Essai
N° 2
Essai
N° 3
Moyenne
CL 50
0,229
0,61
0,391
0,41
48 heures
0,192/0,269
0,49/0,75
0,37/0,412
CL 95
2,26
9,22
5,32
5,6
48 heures
(NS)
(NS)
(S)
CL 50
0,11
0,33
0,28
0,24
72 heures
0,071/0,171
0,23/0,47
0,19/0,37
CL 95
0,973
3,91
2,4
2,43
72 heures
(S)
(S)
(S)
----------- ------------- ------------- ------------- -----------
*
2
10-
mg/le
**
Intervalle de confiance.
2
(S)
X significatif au seuil de 5%.
2
(NS)
X non significatif au seuil de 5%.

- 90 -
- B5 2362 Dulmage :
· CL 50 48 heures = 0.00139 mg/l.
· CL 95
48 heures = 0.01 mg/I.
· Titre biologique = 1619.
- ABG 6184 :
• CL 50 48 heures = 0.00152 mg/l.
· CL 95
48 heures = 0.0124 mg/l.
· Ti tre biologique = 1490.
- B5 2362 India
· CL 50 48 heures = 0.68 mg/l.
· CL 95
48 heures = 5.13 mg/I.
• Titre biologique = 3.
Les poudres B5 2362 Dulmage et ABG 6184 sont comparables.
En revanche
la poudre 2362 India est 500 fois moins toxique que les deux précédentes.
Les poudres primaires à base de la souche 2297 ont donné les résultats sui-
vants
B5 2297 Dulmage :
• CL 50 48 heures = 0.00174 mg/l.
• CL 95 48 heures = 0.0128 rnq/I,
• Titre biologique = 1218.
- B5 2297 India :
• CL 50 48 heures = 0.0312 mg/l.
· CL 95 48 heures = 0.225 mg/l.
• Titre biologique = 68.
La comparaison des CL 50 de ces deux précédentes poudres montre que la
première est 19 fois plus toxique que la seconde.

- 91 -
3.2. Efficacité et rémanence dans les gîtes larvaires.
3.2.1. Essai
en eau polluée.
Les résultats sont présentés dans le tableau 13.
La différence avec ceux
précédemment obtenus en eau distillée est traduite par le rapport CL eau polluée/CL
eau distillée.
La CL 50 48 heures de la poudre 2362 passe de 0.0014 mg/I en eau distil-
lée à 0.013 mg/l en eau de puisard. La CL 95 passe de 0.01 à 0.18 mg/le On note
ainsi un facteur égal à 9 entre les CL 50 et à 18 entre les CL 95. La différence
entre les résultats avec la poudre 2297 est moins marquée: le rapport est de 5,5 en-
tre les CL 50 et de 3,4 entre les CL 95.
3.2.2. Ingestion des spores par les larves après le traitement.
Le nombre de spores ingérées par les larves, 30 mn après le trai tement du
2.
puisard 1 est en moyenne de 3,8 x 10
Le nombre de spores dans l'eau de surface
5
est de 1,7 x 10
par millilitre.
Dans le puisard IV, plus pollué que le précédent, nous avons observé
en
2
5
moyenne 4,3 x 10
spores par larve et 7,2 x 10
spores par millilitre d'eau de sur-
face.
3.2.3. Efficacité des traitements.
A toutes les doses utilisées et pour toutes les poudres utilisées, une morta-
lité de plus de 95% a été observée 24 heures après les traitements dans tous les pui-
sards. Un tapis de larves mortes de tous stades était visible à la surface des puisards.
De nombreuses nymphes ont
toutefois été observées dans les prélèvements.
48 heures après les traitements, aucune larve vivante, à l'exception de cel-
les de stade 1 nouvellement éclos et qui ne sont pas encore intoxiquées, n'est visible
dans les puisards. La grande majorité des cadavres de larves est déjà tombée dans le
fond. Dans les puisards témoins, la mortalité larvaire est inférieure à 5%.
3.2.4. Rémanence de l'activité larvicide.
Les figures 13 à 20 présentent respectivement l'évolution du nombre de spo-
res de B. spheetlcus dans l'eau de surface des puisards I, II, IV, V, VII, VIII, XI et XII
et l'évolution des populations larvaires après le traitement. Le tableau 14 donne
les
résultats des essais réalisés avec l'eau de surface des puisards ci-dessus cités.

- 92 -
Tableau 13
Résultats des bioessais réalisés au laboratoire sur larves
stade
III de Culex quinquefasciatus en eau polluée de pui-
sard
en comparaison avec ceux obtenus en eau distillée.
================= --------------- ------------- ------------------
--------------- ------------- ------------------
CL
eau
polluée
Références
Eau distillée
Eau polluée
CL eau distillée
CL 50
0,139*
1 ,3
9,4
BS 2362
CL 95
1,00
18,00
18
CL 50
0,174
0,87
5,5
BS 2297
CL 95
1,28
4,4
3,4
----------------- --------------- ------------- ------------------
-2
/
* : 10
mg 1.

- 93 -
Tableau 14
Résultats des bioessais réalisés au laboratoire sur larves
stade
I II de C.ulex quinquejescleius avec l'eau de sur face
des puisards traités au Bacillus spheezicus ; (les puisards I
2
2
et II ont été traités à 0,3 g/m ; les puisards IV et V à 3 g/m ) .
------------------------
----- ----- -----
------------------------ ----- ----- ----- ----- -----
----- -----
Puisard

l
II
IV
V
VII
VIII
X
XI
Jours après
traitements
~O
100*
100
100
100
100
100
100
100
J2
100
100
100
100
100
100
100
100
J12
100
100
100
100
100
100
100
100
J19
100
100
100
100
100
100
100
100
J26
100
100
100
89
52
63
100
100
J33
100
100
68
72
37
26
47
100
J40
100
100
52
70
21
63
J47
66
84
41
36
51
------------------------ ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- -----
* : Pourcentage de mortalité larvaire.

- 94 -
Résultats afférents au premier traitement.
- Souche 2362•
. Puisards l, II et III (figures 19 et 20): l'eau de ces puisards était
relativement claire au moment de l'épandage. Le nombre de spores dans l'eau de sur-
5
face après le traitement varie entre 1,7 et 3,6 x 10
par ml. Les figures 19 et
20
montrent que la sédimentation des spores se fait très lentement. Le nombre de spores
2
à la surface de l'eau, 47 jours après le traitement, est de 10
par ml pour le puisard
2
1 et de 2 x 10
pour le puisard II.
L'activité larvicide a persisté au delà du 40ème jour dans le pui-
sard I. Des larves stade
III ont été récoltées dans ce puisard à J47 mais en nombre
très faible bien qu'une forte population de larves stade 1
ait été observée à J40. La
fin de la rémanence est confirmée par les essais de laboratoire qui montrent qu'à J47,
l'eau de surface de ce puisard n'entratne plus que 66% de mortalité parmi les larves
stade
III testées.
Par contre, dans le puisard II, à la fin des observations à J47, au-
cune larve stade III n'a été récoltée; une toxicité totale de l'eau de surface a été
constatée au laboratoire.
Les prélèvements à J40 dans le puisard III étaient toujours négatifs
malgré une densité élevée de larves stade I.
Les premières larves stade
III
y ont
été récoltées à J47 .
• Puisards IV, V et VI (figures 21 et 22) : le nombre de spores à la
5
surface de ces puisards après le traitement est compris
entre 6,2 et 7,7 x 10
par
ml.
Bien qu'on observe des remises en suspension des spores dans le pui-
2
sard IV entre J12 et J19 (figure 21), leur nombre n'y est plus que de 10
par ml à
J33. Dans le puisard V, à J47, l'eau de surface renfermait déjà moins de 30 spores/ml.
La sédimentation des spores s'est donc faite de façon très accélérée dans ces 2 pui-
sards.
A J33, la présence de larves
stade III marque
ma fin de la réma-
nence dans le puisard IV.
La toxicité de l'eau de surface se trouve à 68% à cette
date.
La rémanence peut y être estimée à 30 jours environ.

- 95 -
Nombre de spores par ml
d'eau de surface
(log)
10°
Nombre
moyen d!_ larves
\\
105
par
prelevement
250
101.
200
103
150
102
100
10
50
JI.7 Nombre de
Jours cpr-es trai tement
Figure 19: Evolution du nombre de spores de Bacillus sphnecicus 2362 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex quinquej esciet.us
au cours des 47 jours qui ont suivi le premier traitement du puisard I.
2
Dose de traitement 0,3 g/m •
~ Nombre de larves
--4--6-- Nombre de spores

- 96 -
Nombre de spores par ml
d'eau de surface
(log)
10°
Nombre
moyen de larves
~5
, ~
-pcr- prelewment
250
~Ot.
200
~3
150
102
100
50
Jo
J2
J1,7
Nombre de
Jours apres traitement
Figure 20: Evolution du nombre de spores de Bacillus spheeti cu s 2362 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex quinquefasciatus
au cours des 47 jours qui ont suivi le premier traitement du puisard II.
2
Dose de traitement
0,3 g/m
- - 0 - - 0 - - Nombre de larves
--Î:r--1Jr- Nombre de spores

- 97 -
Nombr-e de spores pal" ml
..
d eau de sur-Ieee
(log)
~O
Nombre
moyen de larves
.. -
par
pre\\even"lent
2~Ol
10
200
10
150
10
100
10
50
J 4 7 Nombre de
jours apres
traitement
Figure 21 : Evolution du nombre de spores de Bacillus sph eetl.cus 2362 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex oulnqueiesciei.us
au cours des 47 jours qui ont suivi le premier traitement du puisard IV.
2
Dose de traitement
3 g/m •
- - 0 - - 0 - - Nombre de
larves
--~ Nombre de spores

- 98 -
Nombre de spores par ml
~
d eau de surface (log)
106
Nombre
moyen de larves
,
~
par
prelevement
250
200
150
100
10
50
Jl.7 Nombre de
jours après traitement
Figure 22 : Evolution du nombre de spores de Bacillus splieezicus 2362 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex quinquefasciatus
au cours des 47 jours qui ont suivi le premier traitement du puisard V.
2
Dose de traitement
3 g/m •
- - 0 - - 0 - - Nombre de
larves
--A--A-- Nombre de spores

- 99 -
La rémanence dans le puisard V a été par contre dl au moins 40
jours.
Cependant les essais de toxicité au laboratoire montrent qu'à partir de J26,
l'eau de surface de ce puisard n'entraîne plus 100% de mortalité chez les larves.
La rémanence dans le puisard VI est du même ordre que celle obser-
vée dans le puisard précédent c'est-à-dire 40 jours environ.
- Souche 2297 •
• Puisards VII, VIII et IX (figures 23 et 24) : la pollution dans
ces
trois puisards est très élevée. Des objets de diverses natures flottaient à leur surface
au moment des traitements: bouts de bois et papier d'emballage
introduits par le
vent, boîtes de conserve vides et même des éléments de la carcasse d'une voiture. Les
densités larvaires y étaient très élevées: en moyenne 200 à 300 larves stades III/IV
par coup de louche.
Le nombre de spores dans l'eau de surface après leur traitement
5
est compris entre 4,6 et 7,3 x 10
par ml. La sédimentation des spores siest faite
relativement vite puisqu'à J26, leur nombre à la surface de ces puisards
était
déjà
inférieur à 200 par ml. Au laboratoire, les mortalités larvaires enregistrées à cette
date sont de 52% et 63%.
La recolonisation du puisard VII par le stade larvaire III a débuté
après le 26ème jour alors que dans le puisard VIII, elle a dû commencer
quelques
jours plus tôt.
La rémanence n'a pas excédé 21 jours dans le puisard IX.
- Souche 1593•
• Puisards X, XI et XII (figures 25 et 26) : ces puisards au moment
de leur trai tement étaient comparables aux 3 précédents au point de vue densi té lar-
vaire et degré de pollution.
La sédimentation des spores est assez rapide dans le puisard X :
moins de 100
spores à J33 et moins de 20 spores à J40 (figure 25). Dans le puisard
XI on observe une remise en suspension des spores à J33 mais la sédimentation
est
par la suite très accélérée: moins de 100 spores à J40 (figure 26).
La recolonisation de ces puisards s'est faite après le 26ème jour
pour l'un et le 33ème jour pour l'autre. Par contre dans le puisard XII, la réapparition
des larves stade III ne s'est pas faite avant le 47ème jour. La fin de la rémanence
dans les puisards X et XI est confirmée par les pourcentages de mortalité larvaire au
laboratoire (tableau 14).

- 100 -
Nombre de spores
pcr- ml
d"eau de sur-Ieee (log)
10°
Nombre
' -
moyen de larves
.. -
par
prelevement
250
200
150
100
50
Jt.o
Jt.7
Nombre de
Jours opr-es traitement
Figure 23: Evolution du nombre de spores de Bacillus spheezlcus 2297 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex quinouet esciei.us
au cours des 47 jours qui ont suivi le traitement du puisard VII.
2
Dose de traitement
4 g/m •
Nombre de larves
,--{)-------Q--
--À--fr-- Nombre de spores

- 101 -
Norrbre de spor~ par ml
d'eau de surface (log)
1)&
Nombre
rTlO/en de larves
par pr;lèvement
250
200
150
100
50
0+-----.--1---.----~--+:...--,--~-----,--....--
Jt..?
Nombre de
jours après traitement
Figure 24 : Evolution du nombre de spores de Becillus spheedcus 2297 dans l'eau de surface et
densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex quinquefasciatus au cours des 47 jours qui
2
ont suivi le traitement du puisard VIII. Dose de traitement
4 g/m
-----0----0----
Nombre de larves.
-l::r----lr--
Nombre de spores.

-102 -
Nombre de spores par ml
~
d eau de surface (log)
~b
Nombre
5
moyen de larves
10
,
~
.por- prelevement
250
101.
200
3
10
150
2
10
100
50
O+--.,....----L--.,....------r------.r----~--___r_---r__--_.__----
Jl.()
Jt.7 Nombre de jours
cpr-es
traitement
Figure 25 : Evolution du nombre de spores de BacUlus spheeilcus 1593 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de Culex quinquei escieius
au cours des 47 jours qui ont suivi le traitement du puisard X.
2
Dose de traitement
5 q/rn .
~ Nombre de larves
--A--A-- Nombre de spores

-105 -
Nombre de spores par ml
d'eau de
sur-Ieee (log)
10&
Nombre mo-
yen de
larves
, -
par prelevement
250
200
150
100
10
50
O+--....---..L.---.-----r---...,....----r----+-----,------,~----
Jo
Jt.7
Nombre de jours
cpr-es
traitement
Figure 26 : Evolution du nombre de spores de Bacillus spheeticus 1593 dans l'eau
de surface et densité larvaire (stades 3 et 4) de C.ulex qulnquej esciei.us
au cours des 47 jours qui ont suivi le traitement du puisard XI.
Z
Dose de traitement
5 g/rn .
~ Nombre de larves
--~ Nombre d~ spores

- 104 -
Résultats afférents au deuxième traitement.
Tout comme lors du premier traitement, nous n'avons trouvé aucune larve
vivante dans les prélèvements réalisés dans les puisards 48 heures après ce deuxième
traitement.
L'efficacité des traitements a donc été totale.
L'eau des puisards I, II et III était toujours très faiblement polluée et les
différentes densités larvaires comprises entre 50 et 75 larves stades III/IV par prélè-
vement.
Les premières larves stade III ont été récoltées dans le puisard 1 à
J35
montrant ainsi une rémanence de 5 semaines environ alors qu'elle avait été de près
de 7 semaines lors du premier traitement.
Dans le puisard II, la rémanence a été de moins de 40 jours.
Elle avait
été de plus de 47 jours auparavant.
C'est dans le puisard III que nous avons observé la rémanence la plus impor-
tante (7 semaines) au cours de ce deuxième traitement bien que des pontes et des lar-
ves stade 1 avaient été régulièrment observées dans ce gîte.
Comme à l'accoutumée, les puisards IV, V et VI étaient à un niveau
de
pollution très importante. Leurs densités en larves étaient aussi très élevée au moment
des traitements.
150 à 200 larves stades III/IV par prélèvement. Les rémanences des
traitements dans ces puisards ont été particulièrement intéressantes puisque les
der-
niërs stades larvaires de C.quinquefasciatus n'ont réapparu qu'entre le 42ème
et
le
47ème jour.
3.2.5. Les spores dans le substrat.
La figure 27 indique le nombre de spores par ml dans les tranches succes-
sives du substrat prélevé dans le puisard IV. Les nombres les plus élevés de spores ont
été trouvés dans les couches correspondant à 7 cm et à 4 cm de profondeur.
C'est
dans ces 2 couches que s'est
accumulée
la
majorité des spores
du
premier
et
du
7
6
deuxième traitements.
Elles renferment respectivement 2,3 x 10
et 7 x 10
spores
par ml de substrat.
10 ml de substrat de la couche correspondant
à 7 cm de profondeur com-
plétés à 600 ml avec de l'eau distillée à 15 mg/l de levure de boulanger, ont entraî-
né 100% de mortalité larvaire après 48 heures de contact.

- 105 -
cm de profondeur dans le substrat
1
0*
2
0
3
30
6
4
7.10
5
20
6
60
7
7
2.3 x 10
2
8
10
9
0
10
0
Figure 27
Quanti té de spores de Bacillus spheetlcue 2362 dans les couches
successives du substrat du puisard r après leur sédim entation.
* : Spores/ml de substrat.

- 106 -
3.3. Impact de la faune non cible.
3.3.1. Sensibilité de C. cinexeus,
A la concentration de 5 mg/l de BSP 2' une CL 50
48 heures n'a pu être
observée sur les larves de C.cinez.eus.
Cette dose correspond à 500 fois la CL 95
C.quinquef escieius,
3.3.2. Efficacité des traitements (tableau 15).
Le premier contrôle, 48 heures après les traitements, montre une élimina-
tion totale des populations larvaires de C.quinquefasciatus
dans
tous
les
puisards
qu'elles occupent seules.
Dans les puisards où les 2 espèces cohabitent, l'efficacité du traitemet a
été totale sur la fraction C.quinquefasciatus alors qu'aucune mortalité n'a été observée
parmi les larves de C.cinez.eus.
A l'exception d'un seul puisard (puisard H) où quelques larves mortes
ont
été récoltées, le traitement des gîtes colonisés exclusivement par C.cinez.eus n'a en-
traîné aucun effet.
3.3.3. Rémanence de l'effet larvicide.
La rémanence a été totale pendant 3 à 4 semaines dans les puisards A, B
et C. Durant cette période, des nacelles de ponte de C.quinquefasciatus et des larves
stade 1 étaient abondantes dans ces gîtes. Des pontes et des larves de C.cinez.eus ont
été récoltées dans les puisards A et C mais ces dernières ne s'y sont pas définitive-
ment installées.
Les tests de toxicité réalisés avec l'eau de surface du puisard D ont montré
que celle-ci n'est plus toxique pour les larves de C.quinquefasciatus 12 jours après le
traitement; le pourcentage de mortalité larvaire observé à cette date n'étant plus que
de 12%.
Des pontes et des larves de C.quinquefasciatus ont pu être observées par la
sui te dans les puisards D et F.
Dans les puisards G, H et 1 où cohabitaient les deux espèces, les larves sta-
de III de Cvqulnqueiescieius y sont réapparues entre la première et la deuxième semai-
ne après le traitement. On peut estimer à 10 jours maximum la rémanence dans ces
gîtes. L'eau de surface du puisard H n'a entraîné que 36% de mortali té à J12. Les
populations larvaires de C.quinquefasciatus étaient déjà revenues à leur niveau initial .à
J17. Pendant toute la période de la rémanence de l'effet larvicide sur C.quinquefascia-
tus, des larves de C.cinez.eus continuaient à être récol tées dans tous les gi tes.

Tableau 15 : Densité des larves stades III et IV de Culex quinquefasciatus et de Culex cineteus dans les
2).
puisards avant (JO) et après (J2) leur traitement avec Bacillus spnaeticus (5 g/m
==================== -------------
------------- ==============================================================
P U 1 5 A R D 5
Jours après
Espèces
traitement
A
B
C
D
E
F
G
H
1
0
330*
280
270
0
0
0
160
60
90
C.quinquefasciatus
o
2
0
0
0
0
0
0
0
0
0
-..J
0
0
0
0
300
360
230
200
120
120
C.cineteus
2
0
0
0
130
240
150
80
170
90
---------------~---- ~----~~--~~~~ ~~~~~~-~~~~~~-~~~~~~-~~~~~=-======-======-======-===== = - = = = = = =
* : Nombre moyen de larves par coup de louche.

- 108 -
4. DISCUSSION.
4.1. Efficacité au laboratoire.
Les résultats enregistrés au cours de l'évaluation au laboratoire des diffé-
rentes poudres primaires de B.sphaetlcus montrent que leurs caractéristiques physiques
et leur efficacité varient selon leur provenance.
Ainsi la facilité à mettre les poudres en suspension varie d'un laboratoire à
l'autre.
Cette remarque avait déjà été faite par d'autres auteurs, notamment HOU-
GARD et al. (1985) et SINGER (1982).
Ce dernier auteur a en outre constaté que les
poudres lyophylisées
se mettent plus facilement en suspension que celles obtenues par
la précipitation du milieu de culture.
Il semble donc, dans le cas de nos observations,
que la di fférence entre les méthodes de préparation des diverses poudres, soit à l'ori-
gine de leur comportement différent.
La toxicité des poudres primaires élaborées à partir de la même souche de
Bcspheeiicus a varié aussi de façon très remarquable d'un laboratoire à l'autre.
La
poudre primaire BS 2362 Dulmage est 500 fois plus toxique que la poudre BS 2362
India,
La poudre BS 2297 Dulmage présente également une toxicité 19 fois supérieure
à celle de la poudre BS 2297 India.
Cette différence d'efficacité entre poudres primaires de même souche mais
de provenance différente a été signalée par plusieurs auteurs (notamment HOUGARD
et ei.çloa.cii..; MULLA et al., 1984a).
Le milieu de culture jouerait selon
de BARJAC
et al. (1985) un rôle très important dans la toxicité de B.sphaetlcus.
Aussi, des
mi-
lieux synthétiques pour une sporulation idéale et une production optimale de toxine
ont-ils été proposés par SINGER (1981); KALFON et al. (1983)
et
YOUSTEN et al.
1984).
La toxicité d'une poudre primaire dépendrait aussi de son mode de prépara-
tion (MULLA et el., lac. cli..),
Les poudre lyophylisées seraient les plus toxiques (SIN-
GER, ioc .cli..; MULLA et al., lac. cit.).
Il a d'autre part été démontré que la formula-
tion des préparations diminue considérablement leur toxici té (HOUGARD, 1986).
La standardisation du protocole d'évaluation de la toxicité des souches de
B.sphaetlcus sur différentes espèces de mous! iques a permis de comparer les résultats
obtenus par les différents laboratoires impliqués dans l'évaluation de cette bactérie
entomopathogène.
On peut néanmoins se demander, dans le cas particulier de C.quin-
queiesci ei.us, si les différentes souches de ce moustique ne présentent pas des sensibi-
1ités propres,
responsables des disharmonies observées dans les résul tats
obtenus par
les évaluateurs ?

- 109 -
Il reste toutefois que sur la base des titres biologiques enregistrés, le pré-
parations les plus toxiques appartiennent à la souche 2362.
4.2. Efficacité et rémanence dans les gîtes larvaires.
4.2.1. Pertinence des tests en eau polluée.
Il existe une différence très nette entre les tests en eau distillée et ceux
réalisés en eau de puisard.
Les rapports observés varient selon les produits et selon
les concentrations.
Pour la poudre 2362, le rapport CL 95/CL 50 en eau distillée est égal à 7;
en eau de puisards il est de 14.
Le rapport CL 50 eau polluée/CL 50 eau distillée
est égal à 9,4; il est de 18 pour les CL 95.
Cette discordance entre les résultats est aussi observée avec la poudre 2297,
bien qu'à un degré moindre.
Lors des titrages biologiques, la poudre 2362 s'est montrée plus efficace
que la poudre 2297. C'est le contraire qui a été observé au cours des tests en eau
de puisards.
Au regard de ces différentes constatations, on peut dire qu'aucune relation
logique n'existe entre l'efficacité des produits en eau distillée et celle observée
en
eau polluée. Les tests en eau polluée au laboratoire ne peuvent donc donner des indi-
cations pouvant permettre de choisir les doses de traitement ni même de
prévoir
l'efficacité des produits sur le terrain. Ces tests intermédiaires semblent donc inutiles.
4.2.2. Sédimentation des spores et rémanence de B.sphaeucus.
Les comptages de spores associés au suivi
entomologique
sur
le
terrain
révèlent l'importance des caractéristiques physico-chimiques des puisards et plus parti-
culièrement celle du degré de pollution sur la rémanence des traitements réalisés avec
Bsspbeeilcus.
L'étude a montré que la sédimentation des spores se fait d'autant plus rapi-
dement que l'eau traitée est riche en matières en suspension.
Dans tous les puisards
à eau claire que nous avons traités, le nombre de spores en surface est au moins égal
à 100 par ml d'eau 47 jours après le traitement.
Dans les puisards plus pollués que
nous avons traités avec la même poudre primaire mais à une dose 10 fois plus impor-
tante, le nombre de spores en surface n'était plus que de 50 par ml après 47 jours.

- 110-
La sédimentation rapide des spores a été observée dans la totalité des pui-
sards à eau fortement polluée.
Toutefois le rythme de sédimentation varie d'un pui-
sard à l'autre et peut subir des influences liées à une dynamique propre à chacun
d'eux.
On a pu ainsi observer dans certains puisards une remise en suspension d'une
partie des spores en sédimentation.
Ce phénomène se manifeste par un accroissement
du nombre de spores en surface.
Des accélérations dans le rythme de sédimentation ont pu également être
observées et se mani festent par une diminution très importante du nombre des spores
entre deux prélèvements.
La sédimentation des spores de B.sphaeûcus est due à leur densité car elle
est plus élevée que celle de l'eau (DAVIDSOI\\J, 1984). La rapidité de leur
sédimenta-
tion
dans les eaux polluées serait probablement due au fait qu'elles s'agglutinent au-
tour des particules en suspension qui les entraînent dans leur chute vers le fond des
puisards.
La présente étude montre qu'il n'existe aucune relation directe entre la dose
utilisée pour un traitement donné et la rémanence de l'effet larvicide. La rémanence
est strictement liée au rythme de sédimentation des spores qui lui même est dépendant,
comme nous l'avons précédemment indiqué,
des conditions
physico-chimiques du gîte
traité. Nous avons pu observer une rémanence de près de 7 semaines dans les puisards
à eau claire alors qu'elle n'a été parfois dans le même temps que de 3 semaines dans
les puisards pollués traités à une dose 10 fois plus élevée.
Nos observations ne semblent pas être tout à fait en accord avec
celles
faites par HOUGARD et al. (1985) et MULLIGAN et al. (1980).
Ces auteurs ont en
effet trouvé que la rémanence des formulations de B.sphaeûcus dépend
essentielle-
ment de la concentration utilisée. Or quand on examine les différents travaux, on se
rend compte que HOUGARD et al. (loc. dt.) ont observé une rémanence de 16 jours
2
à 1 g/m
avec la souche 1593 alors que KARCH (1984) avait obtenu auparavant avec
2
cette même souche, une rémanence de 20 jours à 0,160 g/m • NICOLAS et al. (1987)
2
ont quant à eux observé une rémanence de 5 - 6 semaines à 10 g/m • MULLA et al.
(1984a) ont observé dans des étangs pauvres en matières organiques, une rémanence de
3 semaines avec un traitement à 220 g/ha. Nous pensons donc que l'absence de concor-
dance entre les résultats obtenus par les différents évaluateurs rend nos observations
particulièrement intéressantes.
Toutefois, la plupart des auteurs reconnaissent qu'il existe une
relation
inverse entre la rémanence de B.sphaeûcus et le degré de pollution de l'eau (MIAN
et MULLA ) 1983; MULLIGAI\\J et el., loc. cli:'),

- 111 -
HORNBY et al. (1981) et Des ROCHERS et GARCIA (1984) ont constaté
qu'un minimum de 100 spores/ml est nécessaire pour maintenir la toxicité de l'eau
des gîtes traités à 100%. Dans les puisards à eau claire que nous avons traités, l'effi-
cacité totale persiste jusqu'à 100 - 200 spores/ml. Par contre 300 à 500 spores/ml
sont indispensables pour maintenir totale la toxicité dans les puisards dont la pollution
est élevée. Une observation similaire a déjà été faite par MULLA et al.
(1984a)
Ces auteurs pensent qu'une quantité très élevée de matières nutritives dans l'eau peut
diminuer le niveau d'efficacité de la bactérie. Nous pensons que cela pourrait expliquer
qu'un nombre plus élevé de spores soit nécessaire dans les puisards très pollués pour
obtenir une élimination totale des larves. L'influence négative des particules en
sus-
pension dans l'eau a été aussi mise en évidence sur l'efficacité de B.thuûngiensis-H14,
utilisée dans la lutte contre les simulies (MULLA et el., 1982a; 1982b; RAMOSKA et
PACEY, 1979; DOSSOU-YOVO et ei., 1986).
La présence de larves stade I dans les puisards durant la période de réma-
nence des traitements est due à l'éclosion de nouvelles pontes et au fait que l'effet
de la toxine de B.sphaeûcus ne se soit pas encore exercé.
Il faut en effet 7 à 10
heures pour que les mani festations pathologiques dues à B.sphaeûcus se manifestent
(DAVIDSON, 1979).
En outre la présence de pontes indique que les puisards
restent
attractifs pour les femelles gravides de C.quinquefasciatus.
D'autre part il a été constaté que lorsque la toxicité de l'eau de surface
n'entraîne plus 100% de mortalité chez les larves testées au laboratoire, sur le ter-
rain, l'efficacité totale persiste encore durant quelques jours avant que n'apparaissent
les larves stades III/IV dans les puisards. Ce décalage entre la date où l'eau n'est plus
toxique à 100% au laboratoire et la recolonisation effective des
puisards est dû
au
fait que cette eau continue à être toxique pour les stades larvaires jeunes
présents
dans les puisards. Les stades jeunes sont en effet plus sensibles (MULLA et el., 1984b;
WRAIGHT et el., 1981) et une quantité de spores entraînant moins de 100% de morta-
lité au laboratoire sur des larves stade III peut être suffisante pour éliminer les stades
I/II présents dans les puisards.
4.2.3. Variabilité de la rémanence.
La réalisation de 2 traitements successifs en utilisant les mêmes puisards à
montré que pour une même dose, la rémanence peut varier d'un traitement à l'autre.
Cette variabilité est liée aux fluctuations du degré de pollution qui interviennent dans
les puisards.
La charge en matières en suspension dans un puisard donné peut en effet

- 112 -
subir des variations parfois très importantes d'un prélèvement à l'autre. Une diminution
ou une augmentation de la quantité de matières en suspension lors d'un traitement par
rapport à un précédent entraîne donc d'importantes modifications dans la persistance
de l'efficacité.
4.2.4. Devenir des spores dans le substrat.
La présente étude a montré qu'un nombre très important
de
spores
de
B.sphae'l.icus s'accumule dans le substrat des puisards après le traitement. Elle a égaIe-
ment montré que les spores restent viables 6 mois au moins après leur
sédimentation
et qu'elles
conserveraient leur toxicité vis-à-vis
des larves
de c..quinquefasdatus si
elles étaient accessibles.
Une grande partie des spores trouvées dans le substrat provient d'une part
de celles qui n'ont pas été ingérées par les larves et qui ont sédimenté et
d'autre
part, des spores de deuxième génération issues du recyclage des spores ingérées
par
les larves. En effet, des études de laboratoire et de terrain ont montré que les spores
de B.sphae'l.icus se recyclent dans les larves de c..quinquefasdatus et sont relâchées
dans l'environnement
après la décomposition des cadavres
(HERTLEIN et el., 1979;
Des ROCHERS et GARCIA, 1984; DAVIDSON et aL., 1984). A Bouaké, NICOLAS et el,
(1987) ont montré que B.sphae'l.icus souche 2362 se recycle au laboratoire et dans dif-
férents puisards de la ville.
Ces auteurs ont montré tout comme RAMOSKA et HOP-
KINKS (1981) et DAVIDSON et el, (1975, 1984) que chaque larve morte peut renfermer
6
jusqu'à 10
spores.
Pour YOUSTEN et el, (1984), le pH optimal de sporulation de B.sphae'l.icus
est voisin de 7.
Le pH du substrat étant comprise entre
7,5 et 8, les spores de cette
bactérie peuvent-elles alors se recycler dans ce
milieu?
Cela demeure un point
à
éclaircir. Reste néanmoins acquis que le recyclage n'a aucune incidence sur la rémanen-
ce puisqu'elle a lieu hors de la zone d'alimentation des larves (NICOLAS et el., Loc. cli..),
4.3. Impact de la faune non cible.
Les présents essais ont montré l'efficacité des traitements à la dose utilisée
sur les populations larvaires de c..quinquefasdatus dans tous les puisards où elles
sont,
soit la seule espèce présente, soit en cohabitation avec celles de Cictneeeus,
Ils ont en outre montré que les larves de C..dne'leus sont peu sensibles à la
toxine de B.sphae'l.icus et qu'elles peuvent éliminer très rapidement les spores de cette
bactérie apportées dans les gîtes lors des trai tements. En effet, alors qu'une rémanence

- 113 -
de 3 à 4 semaines est observée dans les puisards où C.quinquefasciatus est seule, la
rémanence dans ceux où elle cohabite avec C.cinel.eus nia été que d'une dizaine
de
jours. Dans les puisards occupés par cette dernière, toutes les spores de
B.sphael.icus
sont déjà éliminées au bout d'une semaine.
En éliminant les spores à la surface de l'eau des puisards traités, les larves
de C.cinel.eus réduisent donc considérablement la rémanence de l'effet larvicide qui peut
ainsi passer de plusieurs semaines à quelques jours.
La conséquence de ce phénomène,
sur le plan opérationnel, est l'augmentation de la fréquence des traitements durant
la
période de cohabitation de cette espèce avec C.quinquefasciatus dans les puisards.
Sur un autre plan, la survie des larves de C.cinel.eus après les traitements
peut avoir un impact psychologique négatif sur les populations. En effet, l'abondance
des larves de cette espèce dans les gîtes traités pourrait leur donner l'impression d'une
inefficaci té pouvant par conséquent entraîner une certaine perte d'intérêt pour les opé-
rations ultérieures.
Il est donc indispensable qu'une campagne d'information soit menée en direc-
tion des habi tants des quartiers populaires où les puisards, souvent très pollués hébergent
des larves de C.cinel.eus, afin d'éviter une perte de confiance.
Sur le plan écologique, le suivi des puisards après leur traitement a montré
que
- l'élimination des larves de C.quinquefasciatus des puisards qu'elle
occupe
n'entraîne pas systématiquement son remplacement dans ces gîtes par une espèce con-
currente (en l'occurrence C.cinel.eus). A la fin de la toxicité de l'eau, C.quinquefascia-
tus se réinstalle progressivement;
- l'élimination de la fraction larvaire de C.quinquefasciatus dans les puisards
qu'elle partage avec C.cinel.eus ne permet pas à priori à cette dernière de rester défi-
nitivement seule dans les gîtes.
Dès la disparition de la toxicité de l'eau, C.quinque-
fasciatus se réinstalle.
La concurrence entre les larves de C.quinquefasciatus et celles de C.cinel.eus
pour l'occupation des puisards ne peut donc, tout au moins en ce qui concerne ce type
de gîtes à Bouaké, être utilisée pour le contrôle de la première espèce. Les
puisards
d'où elles ont été éliminées restent attractifs pour les femelles gravides et les larves
peuvent à nouveau réoccuper les gîtes.

- 114 -
5. CONCLUSION.
La présente étude a permis d'évaluer les potentialités réelles d'utilisation
de B.sphaeticus pour le contrôle de c..quiquef escieius,
Au laboratoire, les tests de titrage biologique de poudres primaires à base
des souches 1593, 2297 et 2362 ont montré que la toxicité pour une souche donnée est
très influencée par le mode de préparation de la poudre.
Les poudres lyophylisées
se
sont montrées les plus toxiques. Toutefois, les comparaisons entre poudres obtenues
selon des procédés identiques ont montré que la souche 2362 présente la toxicité la
plus élevée pour les larves de c..quinquefasciatus.
Sur le terrain, les résultats acquis au cours des essais expérimentaux
ont
montré que la lutte contre c..quinquefasciatus par l'utilisation de Bsspheeilcus est possi-
ble.
Dans les différents types de puisards servant de gîtes larvaires à cette espèce de
moustique, toutes les poudres primaires évaluées s'y sont montrées très efficaces. A tou-
tes les doses utilisées, la mortalité larvaire totale s'observe 48 heures après les traite-
ments avec plus de 95% de mortalité à 24 heures. Les larves après leur mort, forment
un "tapis" qui tombe rapidement au fond des gîtes.
En ce qui concerne la rémanence de l'effet larvicide dans les puisards trai-
tés, la comparaison entre souches paraît difficile à établir. Toutefois, les résultats obte-
nus montrent que, quelle que soit la souche, il n'existe aucune relation directe entre la
dose d'application et la persistance de l'activité larvicide. Les rémanences les plus inté-
ressantes sont observées dans les puisards où le niveau de pollution de l'eau est faible.
En revanche, lorsque les puisards sont très pollués, la perte du pouvoir larvicide
est
relativement plus rapide. Nous avons ainsi observé une rémanence de 47 jours dans des
2
puisards à eau claire avec une dose de traitement de 0,3 g/m
avec une poudre primai-
re de la souche 2362. Cette même poudre n'a entraîné que 10 à 40 jours de rémanence
2
dans les puisards fortement pollués, à la dose pourtant dix fois plus élevée de 3 g/m •
La rémanence est donc liée à la nature du puisard traité et le facteur déterminant
est
la charge en matières en suspension dans l'eau.
La réalisation en aval du suivi entomologique des puisards d'analyses bacté-
riologiques
de
l'eau de surface
montre que la perte du pouvoir larvicide est due à la
sédimentation progressive des spores de B.sphaeticus qui quittent la sphère d'alimenta-
tion des larves de c..quinquefasciatus. En eau claire, la sédimentation se fait très lente-
ment.
Les spores restent alors en surface pendant plusieurs semaines assurant ainsi de
longues rémanences.
En revanche, dans les puisards fortement pollués, les spores sont
plus ou moins rapidement entraînées vers le fond par les particules organiques en suspen-
sion.
Toutefois, le rythme de sédimentation reste intimement lié à une dynamique pro-
pre à chaque puisard.

- 115 -
La réalisation de deux traitements successi fs dans les mêmes puisards a mon-
tré que la rémanence, pour une dose donnée, peut varier d'un traitement à l'autre dans
un même puisard. Cette variation est due aux fluctuations du degré de pollution de
l'eau dans les gîtes. Une diminution ou une augmentation de la quantité de matières en
suspension lors d'une traitement par rapport à un précédent peut entraîner d'importantes
modifications dans la persistance de l'efficacité. La mise en évidence de ce phénomène
est intéressante, car son ignorance peut porter préjudice aux succès des campagnes.
Il
doit donc être pris en compte dans l'établissement des rythmes de traitements.
La composition faunistique des puisards traités avec les spores de B.sphaeti-
eus possède aussi une influence très marquée sur la rémanence. Les larves de C.cineteus,
espèce orni thophile donc sans intérêt médical, qui partagent les gîtes très pollués
des
quartiers populaires de la ville avec celles de C. qulnquejesciei.us durant la saison des
pluies, se sont montrées au laboratoire très peu sensibles à B.sphaetieus. Sur le terrain,
elles' sont capables d'éliminer en quelques jours une partie très importante des
spores
apportées lors des traitements. Cette situation, qu'on retrouve essentiellement dans les
puisards pollués, en conjonction avec le phénomène de sédimentation rapide, peut entraî-
ner une diminution très importante du nombre de spores disponibles dans la zone
d'ali-
mentation des larves de C. quinqueiesciei.us et réduire la rémanence à quelques jours.
La présence de cette espèce commensale peut donc faire perdre confiance, à tort, à
l'efficacité de B.sphaetieus dans les gîtes traités à certaines périodes de l'année.
Notre étude s'est également intéressé au devenir des spores après leur sédi-
mentation.
Les carottages dans le substrat d'un puisard traité ont montré que d'impor-
tantes quanti tés de spores s'y trouvent stockées.
Ces spores restent viables plus de 6
mois après leur sédimentation et conservent toute leur toxicité vis-à-vis des larves
de
C.quinquefasciatus. Elles ne peuvent malheureusement pas contribuer à la persistance de
l'effet larvicide dans les gîtes. Il serait donc très intéressant et économiquement renta-
ble de concevoir des formulations de spores de B. spheeticus qui pourraient demeurer
dans la sphère d'alimentation des larves grâce à une inclusion flottante et mangeable
par ce Iles-ci.
Sur le plan écologique, la présence régulière de pontes de C.quinquefasciatus
dans les puisards traités au B.sphaetieus montre que les gîtes restent attracti fs pour les
femelles gravides. Leur recolonisation se fait très rapidement dès que le nombre de spo-
res dans l'eau de surface tombe au dessous du seuil nécessaire au maintien d'un pouvoir
larvicide total. Il a pu être aussi constaté que l'élimination des larves de Csquinquef es-
ciatus des gîtes qu'elles occupent n'entraîne pas systématiquement leur occupation
par
une espèce concurrente, en l'occurrence Ci.cineceus. La compétition interspécifiqueentre
les 2 espèces ne peut donc être utilisée pour évincer C.quinquefasciatus
des puisards
urbains.

- 116 -
CONCLUSION
GENERALE
===========================================

- 117 -
Les résultats acquis au cours de cette étude contribuent à une meilleure
connaissance de la bioécologie larvaire de C.quinquefasciatus dans la ville de Bouaké
(Côte d'Ivoire) et permettent surtout d'envisager de lutte contre ce moustique par l'uli-
sation de B.spnaez.icus, bactérie entomopthogène à action toxémique, non toxique pour
les vertébrés.
De la première partie de notre travail, nous retiendrons qu'à Bouaké, une
différence très importante apparaît entre les potentialités offertes par chaque quartier
de la ville au développement des stades préimaginaux de C.quinquefasciatus.
Dans les quartiers populaires où la densité de l'habitat est généralement
élevée et la concentration humaine importante, les gîtes potentiels pouvant héberger les
larves du moustique sont nombreux et variés. Puisards, latrines et fosses septiques y
sont très abondants, mal protégés et constituent
des biotopes permanents très favora-
bles à l'installation des larves. A ces gîtes il faut ajouter différentes collections d'eau
qui stagnent de façon temporaire ou permanente autour des habitations et qui peuvent
contribuer à la pullulation de l'espèce.
Dans les quartiers résidentiels de la ville, les puisards constituent l'essentiel
des gîtes potentiels à C.quinquefasciatus et la plupart d'entre eux sont bien protégés.
La faune culicidienne des puisards de Bouaké est constituée de 4 espèces
C.quinquefasciatus, C.cineteus, C.tigtipes et C.decens.
La répartition de ces espèces
est très influencée par les caractéristiques physico-chimiques de l'eau des puisards. Le
degré de pollution et le taux d'ammoniac dans les gîtes en constituent les facteurs
déterminants. Toutefois, C.tig'C.ipes et C.decens sont 2 espèces dont la présence est très
peu marquée.
L'étude de la dynamique des populations sur une année a montré que les
puisards des quartiers populaires, à cause de l'abondance de la nourriture qu'ils renfer-
ment, constituent des gîtes à haute productivité de C.quinquefasciatus. Toutefois, ce
moustique n'y est présent que durant la saison sèche, au début et à la fin de la saison
des pluies.
C.cineteus est la seule espèce dans les puisards de ces quartiers pendant la
saison des pluies. Les 2 espèces utilisent donc alternativement ces gîtes selon la pluvio-
métrie. L'hypothèse d'une concurrence inter-spécifique n'a pas été retenue. L'installa-
tion de C.cineteus durant la saison des pluies semble être un phénomène saisonnier.

- 118 -
Les puisards des quartiers résidentiels, bien qu'hébergeant tout le long de
l'année des larves de C.quinquefasciatus, ont une productivité très faible due à un défi-
cit important en matières nutritives. Les densités les plus importantes y sont relevées
durant la saison des pluies. Pourtant il devrait y avoir à cette saison un déficit de ma-
tières nutritives par dilution.
Outre son influence sur la productivité des gîtes, la quantité de nourriture
disponible dans les puisards au cours de la phase larvaire influe sur la taille des adultes.
On a ainsi pu noter que les puisards riches en matières organiques des quartiers popu-
laires de la ville produisent des femelles de taille plus grande que celles issues des pui-
sards à eau claire des quartiers résidentiels. De plus, ils y émergent plus d'individus
femelles que de mâles. Dans les puisards peu pollués, on note en revanche, un excédent
permanent d'individus mâles au sein des populations. Aussi la pullulation de C.quinque-
[esciei.us devrait être moindre.
La densité des populations adultes de C.quinquefasciatus dans un secteur don-
né étant intimement liée à la production locale en larves, il est probable que le taux
de nuisance soit très élevé dans les quartiers populaires de la ville de Bouaké. Cette
situation est due au nombre important de gîtes disponibles, à leur forte productivité en
larves et en imagos femelles.
La seconde partie de notre travail a été consacrée aux possibilités d'utilisa-
tion de B.spnaetlcus dans les puisards de la ville pour le contrôle des larves de C.quin-
quej escletus,
Il en ressort que cette bactérie présente une très bonne efficacité dans
ces types de gîtes. L'élimination totale des larves survient au plus tard 48 heures après
les traitements. Toutefois, la persistance de l'efficacité n'est pas en relation directe
avec la quantité de produits appliqués. Pour une dose donnée, la rémanence varie d'un
puisard à l'autre et selon le niveau de pollution de l'eau traitée. Les rémanences les
plus longues sont obtenues dans les puisards à eau claire des quartiers résidentiels (jus-
2
qu'à 47 jours à une dose de 0,3 g/m ). La perte du pouvoir larvicide est relativement
rapide lorsque le puisard traité est très pollué : cas des gîtes des quartiers populaires
2
où la rémanence a varié entre 10 et 40 jours à une dose de 3 g/m •
La réalisation de 2 traitements successifs dans les puisards a permis
de
mettre en évidence une variabilité de la rémanence d'un traitement à l'autre. Ce phéno-
mène est lié aux fluctuations du degré de pollution des puisards et doit être pris en
compte lors de l'établissement des fréquences de traitements.

1
- 119 -
fi a été d'autre part montré que les larves de C.cine'l.eus qui cohabitent
avec celles de c.quinquefasciatus durant une partie de la saison des pluies, ne sont pas
sensibles à la toxine de B.sphaeûcus.
De plus, elles sont capables d'éliminer en quel-
ques jours toutes les spores à la surface de l'eau des puisards traités et donc de réduire
considérablement la rémanence.
La présente étude a également montré qu'un nombre important de spores de
B.sphaeûcus s'accumule dans le substrat des puisards après les traitements. Ces spores
restent viables plus de 6 mois après leur sédimentation. Bien que toxiques pour les lar-
ves de C.quinquefasciatus au laboratoire, sur le terrain elles ne peuvent plus avoir une
activité larvicide puisqu'elles sont inaccessibles. II apparaît donc que les recherches doi-
vent s'orienter vers la mise au point de formulations flottantes de B.sphaeûcus spécia-
lement destinées à une utilisation dans les gîtes de larves de moustiques. Ces genres
de formulations, tout en empêchant la sédimentation des spores, allongeraient de façon
très importante la rémanence des traitements.
Sur le plan écologique, il a été constaté que l'élimination des larves
de
C.quinquefasciatus des puisards n'entraîne pas systématiquement l'occupation de ces
derniers par une espèce concurrente, en l'occurrence C.cine'l.eus. La "compétition" entre
ces 2 espèces pour l'occupation des gîtes larvaires ne peut donc servir à réduire la pré-
sence de C.quinquefasciatus dans les puisards comme cela fut souvent évoqué par cer-
tains auteurs.
Quelle mesure prendre pour réduire la nuisance créée par C.quinquefasciat.us
à Bouaké ?
En matière de lutte anti-culicidienne en milieu urbain, la préférence a tou-
jours été donnée aux mesures antilarvaires. Dans le cas particulier de C.quinquefasciatus
les gîtes sont souvent concentrés et "cartographiables". Le premier acquis de notre étude
nous paraît donc être la localisation et la description des gîtes potentiels dans les diffé-
rents quartiers de la ville et surtout la mise en évidence du cycle d'occupation des pui-
sards, gîtes abondants et très productifs, par C.quinquefasciatus.
La connaissance de ce
cycle, lié à la pluviométrie annuelle, devrait permettre de mettre en place une stratégie
adéquate de lutte utilisable en fonction du type d'insecticide qui sera choisi.
Il serai t intéressant de prévoir des traitements intensi fs durant la saison sè-
che, période de l'année où les gîtes permanents (puisards, latrines et fosses septiques)
constituent les sources principales de production du moustique.
L'utilisation des formu-
lations de B.sphaeûcus paraît dans cette situation très avantageuses. Au début et à la
~
fin de la saison des pluies, Bsspbeeilcus pourra être également utilisé
mais à des fré-
1
quences soigneusement établies.
1
1
!
i

- 120 -
Dans les puisards des quartiers résidentiels où on ne trouve que des larves
de C.quinquefasciatus toute l'année, et dans lesquels les rémanences atteignent 40 - 47
jours, l'utilisation de B.sphaeticus devrait être particulièrement intéressante et peu oné-
2
reuse. Un cycle annuel de 12 traitements à une dose maximale de 1 g/m
d'une formu-
lation telle que le BSP 2 devrait réduire de façon considérable la nuisance dans ces sec-
teurs de la ville.
Les doses de traitements des puisards très pollués des quartiers populaires
2
devront être plus importantes. Des traitements entre 3 et 5 g/m
à la fréquence d'un
traitement par mois sont conseillés. Toutefois un traitement tous les 20 jours semble
nécessaire au milieu de la saison sèche.
2
Compte tenu de la taille assez réduite des puisards, 0,5 à 1,5 m
de surfa-
ce à traiter, l'utilisation de B.sphaeticus présenté sous forme de tablettes, rendrait les
traitements assez aisés, rapides et très pratiques. Ces tablettes, d'environ 5 cm de dia-
mètre seront simplement jetées dans les puisards et devront rapidement libérer la quan-
tité de spores nécessaire à l'élimination des larves de C.quinquefasciatus.
Elles devront
donc pouvoir flotter pendant le temps où elles libèrent les spores. Compte-tenu de l'ino-
cuité absolue de cette bactérie pour l'homme, les tablettes pourront être distribuées
dans chaque concession et les traitements seront réalisés par les habitants eux-mêmes.
Ce genre d'opération
nécessite
qu'auparavant
des campagnes d'information
et de
sensibilisation, et plus tard qu'une action permanente, soient menées en direction des
populations.
Pendant la saison des pluies, l'arrêt des traitements des puisards dans les
quartiers populaires pourra être envisagé sans grand risque puisque durant cette période,
la plupart d'entre eux sont occupés par Csclneieus, La multiplicité des gîtes sauvages
dans ces quartiers de la ville posera en revanche un problème non négligeable. Les
efforts devront donc être concentrés sur leur élimination et surtout sur la prévention
de leur multiplication. L'enfouissement des boîtes de conserve, des bouteilles cassées,
de vieux pneus et autres récipients, le désengorgement des caniveaux, devraient contri-
buer à baisser les densités des adultes pendant la saison des pluies.
Ces mesures requièrent évidemment, une intervention tant des collectivités
locales que des individus. La première démarche reste toutefois, la création d'un service
d'hygiène, ou sa redynamisation s'il existe déjà, au niveau de la municipalité de la ville.

- 121 -
Des campagnes d'information
et d'éducation sanitaire soutenues par les
Elus locaux en direction des populations par l'intermédiaire de différents supports média-
tiques (radio, télévision, panneaux, posters, etc•••• ) devraient les sensibiliser et les ame-
ner à modifier leurs habitudes. Une telle stratégie, si elle est bien menée, devrait cer-
tainement permettre de réduire la nuisance créée par C.quinquefasciatus à Bouaké à un
seuil tolérable.

- 1ZZ -
ANNEXES
===============

Annexe 1
Fiche individuelle de suivi des puisards.
Puisard N° :
Quartier
Localisation
Hauteur
sol/eau
Forme :
Hauteur
eau :
Dimensions
Couleur
Odeur :
--------------
-------------- ----------------------------------------------------------------
---------------------------------------------------------------- ======================================
Analyse d'eau
de surface
Date
Entomofaune
pH
O mg/l
M E 5* mg/l
2
N
"'"
* : Matières en suspension dans l'eau.

- 124 -
BIBLIOGRAPHIE
---------------------------

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- 142 -
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--------------------------------
- OCCGE
Organisation de Coordination et de Coopération pour la lutte contre
les Grandes Endémies.
- ClRSTOM
Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement
en Coopération.
- C E MV
Centre Universitaire de Formation en Entomologie Médicale et
Vétérinaire.
- 0 M S
Organisation Mondiale de la Santé.
- V C U
Vector Control Unity.
- DDT
Dichlorodiphényl-trichloroéthane
o
degré
minute
N
nord
w
ouest
- FIT
Front Inter Tropical
degré celcius
2
m
mètre carré
cf.
confer
u
micron
Cl
Chlore
C
Carbone
o
Oxygène
N
Azote
H
Hydrogène
Na
Sodium
K
Potassium
Mg
Magnésium
mm
millimètre
mg.l
milligramme par litre
P
Phosphore

- 143 -
mEq/l
milli equivalent par litre
01
10
Pourcentage
HCH
Hexachlorocyclohexane
Ca
Calcium
Mn
Manganèse
ml
millilitre
UI
Unité internationale
CL
Concentration léthale
h
heure
g
gramme
mn
minute
cm
centimètre
J
Jour

- 144 -
RESUME
=============


- 145 -
Le travail présenté ici est une contribution à la lutte contre C.quinquefas-
cieius, vecteur possible de la filariose de Bancroft en Afrique de l'Ouest et dans tous
les cas, principal moustique de nuisance, dans la ville de Bouaké (Côte d'Ivoire).
Il comprend 2 parties :
- Une première consacrée à l'étude de la bioécologie larvaire de ce mousti-
que dans 2 quartiers de la ville : Sokoura, représentati f des quartiers populaires et Air
France II, représentatif des quartiers résidentiels.
- Dans la seconde partie, nous avons évalué les possibilités d'utilisation
d'une bactérie entomopathogène, B.sphaeticus, dans le cadre d'une lutte antilarvaire
dans les puisards, gîtes essentiels et très productifs dans la ville.
Première Partie
Elle a porté, dans un premier volet, sur l'évaluation des potentialités des
différents quartiers de la ville en matière de gîtes larvaires à C.quinquefasciatus et dans
un second volet, sur une étude de la bioécologie des larves de ce moustique dans les
puisards.
Le dénombrement et la description des gîtes potentiels dans les 2 quartiers
retenus pour servir de référence a montré que les différents secteurs de la ville de
Bouaké possèdent des potentialités différentes en matière de gîtes larvaires.
Dans le quartier Sokoura, puisards, latrines et fosses septiques peuvent ser-
vir de gîtes larvaires permanents à c..quinquefasciatus alors que dans le quartier Air
France II, seuls quelques puisards sont accessibles à ce moustique. Le nombre de gîtes
permanents potentiels dans le premier est de 22 par hectare alors qu'il n'est que de 8
dans le second.
Dans le quartier Sokoura, on a noté de nombreux autres gîtes de natures
diverses, temporaires ou permanents résultant des activités des populations de ce quar-
tier.
Plusieurs causes semblent être à l'origine de cette différence entre quar-
tiers populaires et quartiers résidentiels de la ville:
- Les sites d'implantation des quartiers populaires dans les zones dépression-
naires les prédisposent à entretenir des gîtes naturels.

- 146 -
- La deuxième cause est la densité de l'habitat, plus importante dans les
quartiers populaires, ce qui entraîne la prolifération des puisards, des latrines et des fos-
ses septiques pour répondre aux bessoins des gens.
- La troisième cause est liée au comportement des habitants des quartiers
populaires qui favorisent la prolifération dans leur environnement immédiat, de nombreux
gîtes arti ficiels.
L'entomofaune des puisards qui constituent les gîtes les plus nombreux de la
ville, est constituée de 4 espèces de Culex: Culex qulnqueiescleius, Culex clnet.eus,
Culex decens, Culex tigtipes.
Leur réparti tion est très influencée par les caractéristi-
ques physico-chimiques de l'eau des puisards.
- Dans ceux des quartiers populaires, particulièrement riches en ammoniac
(144 à 568 mg par litre d'eau) et en matières organiques en suspension (100 à 500
mg par litre d'eau), on retrouve en abondance C.quinquefasciatus et C.cineteus. Bien
que présentes dans ces gîtes, C.decens et C.tigtipes y sont en nombre très réduit (1 à
3 larves par coup de louche).
- Le faible niveau de pollution de l'eau (20 à 30 mg/l de matières organi-
ques en suspension) et le taux bas en ammoniac (22 à 32 mg/!) des puisards des quar-
tiers résidentiels font de C.quinquefasciatus le seul Culicidae de ces gîtes.
L'échantillonnage hebdomadaire des puisards de Sokoura prendant une année
au moins a permis d'établir le cycle annuel d'occupation et d'abondance dans ces gîtes
de C.quinquefasciatus et de son principal concurrent C.cineteus, moustique ornithophile
sans intérêt médical. Ce cycle se décompose en 4 phases et épouse le profil de la plu-
viométrie annuelle.
- Durant la saison sèche, C.quinquefasciatus occupe seul les puisards.
Les
densités à cette pérode sont très élevées: 200 à 300 larves par coup de louche.
- Au dévut de la saison des pluies, les larves de C.cineteus partagent les
gîtes avec celles de C.quinquefasciatus.
- Au milieu de la saison des pluies, lorsque ces dernières sont régulières,
C.cineteus se retrouve seul dans les puisards.
- Vers la fin de la saison des pluies, les 2 espèces cohabi tent à nouveau
avant que C.quinquefasciatus n'occupe à nouveau seul les gîtes.

- 147 -
L'apparition et la disparition des larves de C.cifleteUS des puisards pollués
des quartiers populaires semblent être un phénomène saisonnier. L'hypothèse d'une con-
currence interspécifique n'a pas été retenue.
Dans les puisards des quartiers résidentiels, C.quiflquefasciatus est présent
tout le long de l'année, mais les densités larvaires sont modestes (10 à 40 larves par
coup de louche). Les densités les plus élevées sont observées durant la saison des pluies.
L'influence de la quantité de nourriture larvaire disponible dans les gîte sur
les populations adultes qui émergent à différentes saisons de l'année a été étudiée en
termes de sex-ratio et de grandeur des ailes des femelles.
Cette étude a montré qu'au cours de la saison sèche, dans les puisards des
quartiers populaires, le sex-ratio est en faveur des femelles. Par contre au cours de la
période de cohabitation des larves de C.quiflquefasciatus avec celles de C.cifleteus (dé-
but et fin de la saison des pluies), on note un excès de mâles dans les populations ima-
ginales. Les femelles qui émergent à cette période de l'année sont de taille plus petite
que celles qui émergent durant la saison sèche.
Deux hypothèses ont été évoquées pour expliquer ces phénomènes
- celle d'une plus grande compétitivité de C.cifleteus;
- celle de l'émission par cette espèce de substances qui inhiberaient
le
développement de ces concurrents.
Toutefois, il semble que les phénomènes soient plutôt le résultat de plusieurs
influences dont la nature exacte reste encore à déterminer.
Dans les puisards des quartiers résidentiels, le déficit en matières nutritives
se traduit par la production de femelles de petites tailles et d'un excédent permanent
de mâles dans les populations toute l'année.
Pour conclure, on pourrait prédire que la nuisance due à C.quiflquefasciatus
ne peut être que très. importante dans les quartiers populaires du fai t du nombre très
élevé des gîtes larvaires, de leur productivité importante et aussi de la production en
excès des femelles qui sont seules hématophages.

- 148 -
Deuxième Partie:
Face à la résistance de C.quinquefasciatus à de nombreuses familles d'insec-
ticides chimiques, la mise en évidence de la toxicité de B.sphaeticus pour les larves de
ce moustique a donné un nouvel espoir quant à la relance des opérations de lutte. Une
étude complète, basée à la fois sur l'évaluation de plusieurs souches et principalement
orientée vers des essais de terrain, en intégrant différents aspects de l'utilisation de
cette bactérie, a été menée dans les puisards de la ville de Bouaké.
Des tests de titrages biologiques ont été réalisés au laboratoire sur larves
jeunes de C.quinquefasciatus en vue de déterminer d'une part l'influence des différentes
méthodes de préparation sur l'efficacité des poudres primaires à base de B.sphaeticus et
d'autre part de comparer leur toxicité. Les résultats obtenus sur 7 poudres primaires
des souches 1593, 2297 et 2362 montrent que l'efficacité pour une souche donnée, varie
selon les laboratoires où elles ont été élaborées. En revanche, la comparaison des pou-
dres préparées selon le même procédé a montré la supériorité de la souche 2362.
Les essais expérimentaux de terrain contre les larves de C.quinquefasciatus
ont été menés dans différents types de puisards. B.sphaeticus s'y est montré très effica-
ce.
A toutes les doses utilisées et pour toutes les souches testées, une mortalité larvai-
re totale a été observée 48 heures après les traitements. En revanche la rémanence de
l'effet larvicide a varié selon les caractéristiques physico-chimiques de l'eau traitée. Les
résultats enregistrés montrent que, quelle que soit la souche utilisée, il n'existe aucune
relation directe entre la dose d'application et la rémanence. Les résultats les plus inté-
ressants ont été observés dans les puisards faiblement pollués des quartiers résidentiels
2
de la ville: 47 jours de rémanence à la dose de 0,3 g/m
avec une poudre primaire de
la souche 2362. Cette même poudre n'a donné que 16 à 40 jours de rémanence dans les
2
puisards fortement pollés des quartiers populaires à la dose de 3 g/m • La rémanence
est donc plus liée au facteur pollution qu'à la dose de traitement.
Parallèlement au suivi des populations larvaires, une étude complémentaire
basée sur des analyses bactériologiques, a été effectuée sur des prélèvements d'eau de
surface des puisards traités afin de suivre la sédimentation des spores de B.sphaeticus
dans di fférentes conditions et de comprendre le phénomène de rémanence. Le dénombre-
ment des spores par étalement des prélèvements d'eau sur milieu MBS (KALFDN et el.,
1983) a montré que :
- la perte du pouvoir larvicide est due à la sédimentation progressive des
spores qui quittent ainsi la sphère d'alimentation des larves de C.quinquefasciatus dans
les puisards;

- 149 -
- la sédimentation des spores se fait d'autant plus rapidement que l'eau
traitée est riche en matières organiques en suspension. Elle est plus lente en eau claire.
Le nombre de spores en surface reste alors élevé plusieurs semaines après le traitement,
assurant ainsi des rémanences très intéressants. L'efficacité totale persite dans ce cas
jusqu'à un nombre minimal de 100 à 200 spores par millilitre.
En revanche, dans les puisards très pollués, les spores sédimentent très rapi-
dement, entraînées par les nombreuses particules en suspension dans leur chute vers le
fond. Le nombre de spores en surface diminue alors très vite et la rémanence se trouve
ainsi plus brève. Dans ces types de puisards, il faut 300 à 500 spores par millilitre
d'eau de surface pour le contrôle totale des populations larvaires.
La réalisation de 2 traitements successifs dans les mêmes puisards en appli-
quant les mêmes doses a permis de constater que la rémanence pouvait varier d'un trai-
tement à l'autre pour une même dose. Cette variation de la rémanence est due aux
fluctuations de la charge en matières en suspension dans l'eau des puisards. Ce facteur
influançant la sédimentation des spores, la rémanence peut être profondément modifiée
lorsqu'il varie beaucoup.
Une étude du devenir des spores de B.sphaeticus dans le substrat des pui-
sards après leur sédimentation a aussi été initiée. Elle a montré que d'importantes quan-
tités de spores viables restent stockées dans le fond des gîtes traités. Ces spores, bien
que toujours toxiques pour les larves de C.quinquefasciatus au laboratoire, ne peuvent
contribuer à la persistance de l'effet larvicide dans les gîtes
puisqu'elles deviennent
inaccessibles.
La toxicité de B.sphaeticus sur les larves de C.cine'leus, principale concur-
rente de C.quinquefasciatus dans les puisards, a été testée. L'étude a montré que ce
moustique n'est pas sensible à la toxine de la bactérie. Dans les puisards, ses larves en
éliminant en quelques jours les spores apportées lors des traitements, réduisent de façon
considérable la rémanence et l'efficacité des traitements.
Nous avons également remarqué au cours de nos travaux que l'élimination
des larves de C.quinquefasciatus des puisards traités n'entraîne pas leur remplacement
dans les si tes par des espèces concurrentes. Les gîtes restent attracti fs et leur recoloni-
sation se fait dès que l'effet larvicide de B.sphaeticus a passé.

- 150 -
Dans notre conclusion générale, nous avons fait le point des acquis de ce
travail et des propositions de lutte contre C.quinquefasciatus dans le contexte écologi-
que de la ville de Bouaké. Nous avons proposé une stratégie d'utilisation du B.sphaeti-
eus qui tient compte des situations particulières qui sont rencontrées dans les différents
quartiers. La manipulation de cette bactérie ne constituant aucun danger pour les verté-
brés et en particulier pour J'homme, nous avons proposé, dans le cadre éventuel d'un
grand programme de lutte, que les populations soient associées aux opérations en traitant
elles-mêmes leurs puisards. La réussite qu'une telle ambition, comme nous l'avons signa-
lé, nécessite qu'une campagne d'information et de sensibilisation, et plus tard qu'une
action permanente, soient menées en direction des habitants de la ville. Il est évident
qu'un tel programme ne peut voir le jour sans une réelle volonté politique, l'intéresse-
ment des Elus locaux et le soutien permanent des différents organes d'informations.

- 150 -
Dans notre conclusion générale, nous avons fait le point des acquis de ce
travail et des propositions de lutte contre C.quinquefasciatus dans le contexte écologi-
que de la ville de Bouaké. Nous avons proposé une stratégie d'utilisation du B.sphaeti-
eus qui tient compte des situations particulières qui sont rencontrées dans les différents
quartiers. La manipulation de cette bactérie ne constituant aucun danger pour les verté-
brés et en particulier pour l'homme, nous avons proposé, dans le cadre éventuel d'un
grand programme de lutte, que les populations soient associées aux opérations en trai tant
elles-mêmes leurs puisards. La réussite qu'une telle ambition, comme nous l'avons signa-
lé, nécessite qu'une campagne d'information et de sensibilisation, et plus tard qu'une
action permanente, soient menées en direction des habitants de la ville. Il est évident
qu'untel programme ne peut voir le jour sans une réelle volonté politique, l'intéresse-
ment des Elus locaux et le soutien permanent des différents organes d'informations.

-150 -
Oans notre conclusion générale, nous avons fait le point des acquis de ce
travail et des propositions de lutte contre C.quinquefasciatus dans le contexte écologi-
que de la ville de Bouaké. Nous avons proposé une stratégie d'utilisation du B.sphaeti-
cu.s qui tient compte des situations particulières qui sont rencontrées dans les di fférents
quartiers. La manipulation de cette bactérie ne constituant aucun danger pour les verté-
brés et en particulier pour l'homme, nous avons proposé, dans le cadre éventuel d'un
grand programme de lutte, que les populations soient associées aux opérations en traitant
elles-mêmes leurs puisards. La réussite qu'une telle ambition, comme nous l'avons signa-
lé, nécessite qu'une campagne d'information et de sensibilisation, et plus tard qu'une
action permanente, soient menées en direction des habitants de la ville. Il est évident
qu'un tel programme ne peut voir le jour sans une réelle volonté politique, l'intéresse-
ment des Elus locaux et le soutien permanent des différents organes d'informations.