UNIVEHSITE DES
SCI:XNC~~S SUC.Lc\\LLS DE Glü;NODLL
U.E.R.
de
PSYCHOLOGIE
et
des
SC:C~NCES de l'i;r;UCATION
APFHOCHE
SYSTj~;lv1IC{UE DES LALll.DIES I·ü~l{TALi.:S
--~----~'~'
dans
l'UNIVEHS
SOCIAL e tt-IJ)rClfLl)G:Jj(\\'\\JÉ-i\\.~\\,:v~n:;:i>A 1~'J.11",",~1'? :
CONS!::!L Ar-~,r",A!i'l t:.:
i
U
;'1\\H.L.'I.:'Ii-\\.... b l_
POUR l'ENSr:IGNEM[NT SUPE~lEUR 1
C. A. M. E. S. -- OU/>,cADOUGOU .
- \\ Arrivée Q-8· ~\\OUol,']~~~'"
.
. Enregistre sous n '# {) ·t ·2 ·n.g .
:
_ .
_. _ ....-..~_~;;..._-,;:;;;;;;;,.~....,;.....;;.:;;.:i-;.;:_.- -
TI-ŒSE
de
DOCTORAT de TRUISIEr-:d~ CYCi_i:
l1PSYCHOLOGIE CLINIQUEl1
soutenue
le
27 JUIN 1980
par
ICJ\\BH~
Koudougou
Jury
-
honsieur hILLET Louis,
Président,
Profes;;eur à
l 'Universi té
des
Science:;
sociales
de Grenoble 1
-
Monsieur DOnON Roland,
Professeur il
l'Universit~ de PARIS V,
-
Monsieur SOW Ibrahima,
~rofesseur ~ l'Université de PARIS V
et
de
.m';NNj~;; II.
.'
REM E R e l E MEN T S
En terminant
ce
travail
je pense
au
Professeur Louis MILLET qui,
par ses
hautes qualités humaines et
intellectuelles
In'a aidci,
conseillé et dirigé
trois ans durant.
Sa simplicité,
sa tolérance et son ouverture
d'esprit sur toutes les questions
scientifiques
et
culturelles forcent
l'admiration et
m'ont été infiniment pr6cieuses.
Qu'il veuille accepter les
simples rell:erciel~;ents
de son élève.
.,'
. "
......
A V 12; R T l
S S E l'i E N T
Il convient d'inïormer le lecteur sur la manière
dont
les r6f~rences bibliographiqu~s ont ~t6 faites
dans
le
texte.
Dans le
souci d' évi ter de
surchêcrger inutilement
le travail,
nous n'avons rapporté en g~néral que les
titres des
ouvrage~, l~urs auteurs,
les Revues
ainsi
que les
pages d'où les citations sont
tirées.
Les
précisions
complètes
sont données à
la fin,
dans
la Bibliographie.
. ..
~ ,
Ensuite,
l'étude
théorique de
l'apport
individuel
de chaque auteur au modèle
systéI:iique a
condui t
à
rép~ ter certains l ivre s ou art ic l es fondamentaux. '5~
Dans ce cas,
nous observons
la présentation suivanté
auteur,
ibide:i:,
page.
Enfin les
cas clinique s
sys téma t iquell'en t
ou
partiellement analysés ne
sont pas inventés.
~ "'!-.
"
Cependant,
toutes les réf~rences biographiques susc~p-
tibles de favoriser une identification quelconque ~~t
été volontairement modifiées.
;i-..··
.:~:~
~
'~.'y~,~;,
....:'.:..:.'.~""
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1
1 . T R 0 DUC T ION -
§§§§~Çf~~Ç;§§§§§§§§§§§§§~ç§§§§§§§
' . .i·
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.
' ..
\\
~.; '.,
·-2
pen s é- e
0 n t
di 'v i s é
les
s p (: c i ;:t lié: tes
ct C 5
sei e n ces
hw': a i n C~ s
e t ' soc i a l. es.
I l s
s e s ~, 11 toI' P ose s
c }l Cl. q 1) e
f' 0 i 5
q 11 ' i l s ' Cl. gis sai t
de
l'articulc,t,jon de
l'individu
dans
la
soci('t,~, de l'inné
et de
l ' a c qui s,
d p
b i 0 l Cl g i Clue
et
cti!
cul tu r e l .
Ce
sont
l ' orc-anic i sme
C' t
l ' eny ironnei!wn téd i 5':e
l'innéisn:e
et
ainsj
qne
l~{tiopatlloc'enèse ;;e5 élffec~ions 1i''2ntales,
très
ces ciernières
~~nn"e:'3
L'orcanicisrc
J'oE'tulc
Je
sUl'}'o:'t
s'n 'tic;nc.,
h:'rér:îitaire
On a
à ce
sU,:ct,
cite':-
L'\\
schizophrénie,
1;:"
cl(~biljt(:
n~ent;:lle,
la 'psychose
n:ani;::co-c1<'-pressi ve,
etc •••
'L'environnementulisli1e,
{;
la
lUt,ière de
l'ethnolocie,
cie
( ! •'.'~' )
lC::"E:n,
E:te . . )
aff'irii!c
que
Je
critère'
dc'ter,>in::,nt
<:11
r:;é·tièr8
d'étiolùCié:
est
l'environncrncn1
social,
culturel,
fai"iliéll
et
1:'&I!',e
physique,
l'environnel1lr:nt
ételnt
ccnstituc?
p"r
Ja
(;~'na;,:i~pe di3.lecti,:ue
rée l , o n inv C' 11 t e
U TI
y i ru s
s r, cio.l,
r i.e i S
C,]I
;~ e s o. :i. t
p é~ S
qu e Il E'
5 Ub stan c ,C
t 0 x i CJ 1..1 E-
5 C J-c j. Z 0 ï cl i r,U (
i l s c c r b te •
.: ~ ..
- )
"Cne
tr;:isièF~C rosi tion interrnécliaire est venue souligner
l'inadÉ'quation (le
cette
dichotomie,
en
évoquant
le
l'rir.iat
du
c a r i t a l
g'6n,-',tique
et
b:ol0L:'irltle,
qui
no
pouvait
s ' a c t u a l i s e r
qu'avec
l'apport
nécessaire
d l l
("ilieu
culturel.
Ce
r'ernier
imprime
un
certaine
direction
~, l'expression de la fonction
organique.
rOUI'
les
tenants
rle
cetie
position,
i l
n'y a
pas
d'é.'.ntaconis'~·c entre 1'envircnne:ni: ct le b~o1ogique, I:ais
po s s i b i l i i: é s
d' (~1" an 0 u i s se" ;.,; nt.
E 1 Œ
d e n cr:~!.: r 0 U x
l' u i J1 .( s.
J 1'1 :r '. 1..1' ); c: "'.s l '~ 1 r
1 c Sir i 0 cI ~,' 1 '-' S
( ' '{T' i sté -
t012i:
prif'onnicr
p::r
Si:!
i::c!j'i'::re
<Je
poser
Je
[ITc:b1è;::e
de
l'existence.
(ln
G
n:g1ié,c'.;)
des
clegT"s
divers
la
q.<cificité
des
1.'I'och:ctioJls
psychi,-:ucs
et
~ccja1cs.
Cc,s
coura,·! 5
{ti.:ient
~t~.lSS~L sl:u,,-tendus peer le mê:r118 r,:odèle
de
J'onsr':e
l Yt ~ Cj u e
de
l éJ
d (:. c 0 J~ T 0 s i t ion ::< r t i f ici e I l e
ou
in te i l cet U e J 1 e •
Cn uti1ise
de~.jx vc.rÏ<·bJ es, dOl~L des cl1aînes c2ilsales linéaires
e::'1:' 1 i ql; en,'
l Eo S
r (,; J ;, t ion s
~,~ ,:n','
causc:::
corrcsl·ond
L.:L
e f f e t .
Ainsi
en
e s t - i l
de
1;:-,
th("orie
:î're;:clier:lle
qui
accorde
L,
1 '11ist(,)1"e
dt;
S1.~j(;'i: le
l'acte;)r
essentiel
de
10.
scuffrance
l i " u
s i
d <:l n s
l ' e li f Cl E ce,
une
c C J; t l', , in t e
Tl 1 a v ét i t
Tl El si,;. po s é
le
re:î'oule:,,\\c.nt
de
cL' si.rs
nen
r';2.J.i:=.ablcs.
Pour
l ' orC;-.cnicisme
léè
souffré~nce r entEl~e
él
"jl,lclquc
cJlG~e L voir é;vec une affection
un dysfonctionnc:, cnt
du
1;', ( t ct b 0 1 i s;: e
b i 0 chi 1:, i Cl u 0 •
Tous
1éS
lllodoJes
individualisent
1~' s()uffra~lce !!Icni:ale.
- 4
Un autre
point
commun est
lé) cl(>'arche
culpabilisante
pour l'un c'est
la SGci~t{, pour l'autre le biolOGique.
c ' est ai n s i cl :~ e 1 a p 5 Ychi a trie in fan t i l e a v ceSpit z
Vinnicott,
1-1.
Klein,
etc ••
désiGne
le
mi:t]"]r:ue
d'amour nl2.ternel
ou
paternel
ou les
deux à
la
feis
comr1ie d(:·terl'~inant étiologique
de
l'affection mentale.
Le
p~ssé est alors consid~r~ com~e
élément
fondall'ental
structurant du
svjet
et
l'analyse
récurrente
CO:dme procédure
théTar)cutique
aplJuy6e
p2r l ' inter-
pré ta t ion.
l J
r e s sor t
p ~r c l 11 ~ c'- Ci 1.1 F: r. t
q U 1'"
ces
1 0 cl e s
d' 2. T' pro che
s'accordent pour concev<:ir la m::ladie
FcntaJe
co: !~,e ','n p)l(~nO-
mè ne
in cl i v i due l e t
in t r Cl p s y Cil :i r;u ':' •
La con5équonce
c'est
qu'ils
r/c>isent
l~' l',!alit'
p8tho-
l n
logique ;\\ des
d~·tern;ination2 lmidi'::::nsionneJ J es ct ne r:en!:c.:ttent
pas
de
cerner
tous
les
facteul's
~ui ~2 contournent.
ilLe
schéma 11l,:'caniste
d'enchaîlF'lent~: causals isolêlblc:s ct
le
trai t cmen t
di cha t omi (:11 c s ' étai en t
t:1ün t r i s ·jn S L1 f l i sa!; t s
pour
tenir
COj~;pte des probl('!('s th'oriques,
en
p2Œticulier
dans
les
sciences
bio-soc:ic:.l.c<'.,
ct
des
probl(.; ..-:es
pr~:.ti'T..1CS,
posés par
la
technologie 11;0c1ernc".
(La
théorie
G:én.-'·rale
des
systè~: es, B:'::RTAI,A?\\fTY , p. le)
1-1ais,
t Cl Tl t
que
ces Eco l e E.
ct c
p e 11 s ri: e
r est aie n t
p ris 0 nn i ère 5
de
leurs
mod~les lin6aires,
c C' ~1 S .l S t <:Ul t ':,
au
l'pou~~quoil/ ,
à
J'histoire
dos
d.~ten·in&nt;', jl r,'y LJ."\\·"ait
aucune
possi b i l i té de
recaùr;"g-e,
donc
de
change,' ent.
;:1:; es
mentale
PQr fOCS
origines,
sc·n histc,irc,
sen pour'luoi
fal:tz,s-
matique
et
sen
"tiolo:'=;'i8 bjc,JoCicjllC
Ol;
c,ocic:lc:.
Ccci nous
montre
que mênie
sur le
pla"
syr.,bolique,
l;,n
chan'::,cn:unt
r1e
niv~au ou un recadrage est n(::cessaiTe si l ' on y(,~ut (',ff'iner les
méthodes
d' arproche
et
l'ro['.resscr d~;ns 12. conn2.issc:nce.
Ici
i l
s'agit d'un
rec~drage 6pist~mologique.
-- .5
Cet
él~ment recadreur est venu des autres sciences,
la physique et
la biologie particuli~re~ent. La psychiatrie
et
la psychologie
clinique ne
sont
pas
imperœ~ables au
d~veloppement des autres sciences qui les environnent et les
bousculent
et dont
elles
doivent
emprunter des
mod~les.
Ainsi,
la psychanalyse
s'est beaucoup
inspir~e des mod~les
physiques hydro
et
thermodynamiques
la psychologie du
mod~le biologique de l'int~gration de JACKSON (1ge si~cle)
les notions
rie
forces
da'es
~es canaux de
comlT:unication de
ll:.
LEI-;IN trouvent
leur oric;ine aussi délns
la physique,
etc ••
Aujourd'hui,
les
thr"üries
de
l'inform:::tion,
de
L=,
COI~l"l)
nication,
de
l'a.tt;~\\c]J(:,:"ent, de l'~tholocie, 18. cyberné:ticl'Je,
d'avoir un reg:::,rc1 210uveélU
E,ur
lé'- :::éd.::::.die l!:entale.
Ces dif:fc'-
rentes
rec]H.'rc]le.s
de :" ource 5
cbverses
élabo:"ent
et
enrichissent
des
out i l s
in tell c c tue 1 s
Cl 1.1 i r e n den t
c 0 mpte des
f 0 n de::, ',; n t s
et des ni0canisr:1C:S
cie
la vie
811
société.
Elles montrent
que
l ' ê t r e hU1l1ain
est 1,1n
être bio-psycho-social
et que
J' inter-
subjectivité et
les
interactions
sont
permanentes.
Là,
nous
rencontrons
le
sujet
dans
son 1J:ili(,~u, son {,cosystème,
son
)
espace
pcoloE,'iq1.Je,
contrôlant et contrôlé,
agissant
et agi
et
tel
que
ce
dernier est vécu
et perçu dans
les dif:f?rents
param~tres en interaction.
Dans
cette
perspective,
J'ieux que
J' indivicluülit,é
in~:élisissable et 1::étélphYEique, l'intersubjectivité sans
support,
la
to~aliti, la Gestalt en quelque sorte, prob16-
microsociété
:fal<iliélle
en tant
que Totalit~, interaction
et produit
6mergent
se maintenant
(homéosfase)
et 6voluant
(chanc:e:-:;ênt)
qUEsticl'lne
le
lieu de
la pothologie.
D'o~ l'hypoth~se de départ
la psyrihopatholQgie
africaine a
fond~ son approche sur li mode de raf~onnement
de
la psychiatrie classique.
Or,
l'exp~rience din{que
d~montre largement le d~calage de ce mod~le par ~~pport au
tnode
de
fonctionnement
psychologique de
l'Africain,
qui
-en harmonie
avec
les
structures
anthrop61ogiques ~et étholo-
giques
spécifiques- ~volue sur un mode groupaI d ':appel
permanent
de
l'autre pour
confirmer son
identit~.'Ce fait
in:pose un
recadré:ge
~pist€-mologique quivalorise"'la
cornplexitl~ des intéractions, de la cOfln,unication èiic;itale
et
anaJ.o[,:l.(;:lC,
des
statuts
et
des
rôles,
ainsi
que des
mythes
d6j~ ln, que la modernjt{ ne manquera pas de conforter.
L' épistér.:ologie
syst~miquc, eX[Tession coh, rente de l'ense;ble
de
la Tl!&oric
Générale
des
Systi'l1res,
de
12- Théorie "l,e
12.
Con~;~unjc;:ltjcn, des concepts c;,-bern"!'tic,ues,
ré~:'ond à cette
n6cessit(
clinique.
I l
s'aeira moins
de
tester
la validit( de
l'~ypothèse
,
.
t '
,
-
sye t-emlque
emprun ee
a
la
c~bern6tique et ~ la t~éorie de
la conrlliunication,
que de
luj
donner une
justifica-'tion et
un fonder'iC'nt
anthropologique universe'l.
Ce
t r ; v a i l questionnera
. -
la v~'rité de
la
souffrance
1i'C'~1LLle au moyen d'un'-'modèle
étranger ~\\ la psychologie d~ns les p~emiers jour~jde sen
élaboration.
Y':'appuyant
sur un
trLlvail
cliniQue
que
j ' a i
cffec tue
d3n s
un hôpital }Js;'chi2 trique
africain ,-les
é lér,~en t 5
concrets
d'analyse qui
seront
pn{'sentés
autoriseront
la
.,.~
définition des
lieux d'~mercence de la pathologie ,T'our
une
fi;eille~lre th~rapeutic]ue, par co4sÉquent pour "une meilleure
int~gration.
..:.r":
':i.".'":
Un
telle hypoth~se est d'autant plus plausib!e que
les
réflexions
lacaniennes
e't
plus
rcccemnient
les
trai~~ux de
.,
D.
ANI:Ij:U,
:R.
KAES';et
RUF:fIUT ('clairent
la nc.lturé-de
la
' . ' ' : ' ; ' . ,
c·
.
- ,
.:';"~
relLl. tian entre -r~~~:t~~Pre rSYChiqli"ê~~in'êi~\\ricluel~:~IT'-ordre
symbolique.
.--.-:-"
.
- 7
L'état de
ces
recherches
perl!'ettent
d'affirmer que
la
psyché
opère
comme une
projection fantasli1atique
homolocique
avec
l'espace
et
le
temps
ir'iaginair's.
Le
discours
verbal
ou infraverbal
renvoie
au
mRntal
et ne
peut
être
sans
support.
C'est
dire
p""r conS('~qilent que
les
structures
primaire s
on t u n e
proprié t é
dynai::ique
et
pl<ls tique
qui
les
rend façonnables
par l ' ordre
sccioloCi(~uc et réciproquC';;<nt
par le
capital
pulsionnel.
Or,
c'est
le di~',cc,urs, Sy",tèlT(o- de
r:croles
et
d'actions,
le
symptôr,1r:-I<,role
ql1i
r/v("18
18.
f",rtL'l"bC':tioE
de
ces derniers.
Le mental
est
donc
le
lieu de
]"
expr,'ssion de
1 ~',
_ ' _ l
mais
n'en
est
pas
la vérit{.
Lieu de
traduction
siGnifiante
de
la douleur,
i l ne
~-,'~'t p:;s être 50n ;<:.'01'r02 ant{c6dent
invar i ab l e
c: t i n con ct i t i 011 n el.
::r: 1
f 2 1: t
c :; ,~ r c >: e r
c e
c1 e r nie r
ailleurs
quC'
dans
le
lil8nT21
c:b5()lu.
Cet
~~i11el:r"'"
c' es ~
le
lieu même du discours,el'où i l
procède
et
oil
i l
est
produit.
La véri té
de
la maladie
l"cntale,
cor::J,:e
le
rr;'vèle
la re18tion
entre
les
instances
ps)'chiques
et
le
sociolocique,
12 parole,
analysée
p~.r Lacan, doi t
se
chercher d",;os
le
registre
du
symbolique,
de
l'im~ginaire ct dans
leur articulation dialec-
tique.
Me
plaç8nt dans
cette
optique,
le
sujet
est
saisi dans
le rappo,-t
::',
l ' a l ter-ego
glüd (~
P':T
l C! r-ra[;TC', t i":l.1 C de
la
communication.
I l ne
j'el 1 t
sc
dr;finir cr.1C
d:l:'~s le systc,'r"8
complexe des
~ctions et ~cs rfactions, des ajustE~cnts et
des
r~ajuste~cnts compen~atoircs de l'embrouillamini
interactiollnel.
I l
est
pc-nsé
dans
l~n
l'cr::ntexte",
un l'c~dre"
où 1 e s
é l É' ,;; e n t sne s 011 t
CCCi U ' i l s
s 011 t
q li e
p ;-:.1' ra p p 0 r t a u x
autres
insaisissable
en de!:.ors
du nexus
total
f:iais
dii'fé-
rencié
et
identifiablr:'.
I l
E',=t
dans
vn
SYé,tèlf-8 necessaire,'ent
interactionnel.
-
~~~~~.;;~~,~~:~.
- 8
Et
là,
l'hypothèse
systémique
pour l'Afrique,
démontre
sa pertinence dans
ce
Cl'ntexte à
sGciabili té
intense.
Le
s~stème dans lequel on est n~cessairement engagé nous qualifie
d'embl~e de source et de destinataire d'inforG2tions. Dans
ce
cadre
"tout comportement
en prE'sence d'autrui a
valeur de
messace
en ce
sens
quiil
d~finit et modifie le rapport entre les
personnes".
(F'. \\','ATZLAIHC1\\
1& r(alitf de
la réalit6,
p.
10).
Tout
co!q!Orte;"cnt dit
quelqllE:
chose
et
d'une
certaine
façon.
Be2ucoul) de
ph/noi;1ènEs
~tendances, d/sirs .• ) se laissent
dire
et
lire
r~r une esp~ce de
l' langage
silencieux 1/,
de
( "' T
].J ' l J
l '"
' ; .
co ,;
, 1 0 f ' )
, ' , .
' .
l''. __ " ,
c,
G~n,en.,,~on cuc .. __ "',.
qui
façom;G
lé!, rsyc],É-.
J),:"ns
cette
situation
"on ne,
prjut :rQ~
ne
pClE
ccm: uniqucr"
et
l'él.1iÉ-
nation Iiicntéde ne
pE'ut
Ql:E'
trouv,,'r
son
oricine
dans
ce
processus
conlr-lexc
c1'(c];<:.tnc,8s
et
de
cGm:"unjcaiion.
L'objet
de
l~ion tré:,'c:il n'esi, pas de d":I"ontrer, car
dér:'IOntrer c'est
être n:'cessaircL;ent
PC.rtiSéU1 d'un modèle
scient ifiqu'
ct on t
on
est
c c,nvaincu de
l ' irrÉ:fu tabi l i té
i l devient herm~tique. Ce n'es 1
pas
mon ambition
i l n'y a
de
science
que
du
r:~utable et de l'insuffisant. Je veux
plutôt montrer,
CL"-r montrer dans
le
cha ..,p
scientifique,
c'est
instaurer un discours
quc::stionn",nt
le
connu,
j ' a l l a i s dire
en dialog'ue
entre 1..:n modèle,
les
2cut'r,~s et los fai ts
en
tant
qu'objets
h
ccnnaitre.
Les
trois
termes
se
nourlissent
mutuellem,nt
et
se
ce'ntredisent
en mê,,;(>
ten;ps.
}'iontrer c'est
donc
~tre h l'(coute des faits. En ce qui me concerne,
je veux
simplemnt m,ntrer que
le modèle
systémique
s'accorde
mieux
que
le mod~le analytique avec le mode de
structuration
anthropologique
de
la
personne 8i'ricéd,ne.
.. 9
Je nJe ~onderai
essentiellement sur l'unive~s id~ologique
et imaginaire de la
soci~t~ Mossi en particulier, et
de
l'Afriquc:, Traditionnelle en g(~n,'ral, pour justifier
cette ctffirmation.
I l s'agira non de découvrïr"la v~rité
absolue,
mais
l'erreur ~pist~mologique qui sous-tend la
ô,,:r,;arc]le clinique en Afrique.
Pour ce
faire,
Ilia
rr':flexion se divisera en trois grandes
parties.
La premi~re essaiera de situer l'approche syst{mique
dans
Je
contexte de
l'~volution historique de la psychiatrie
pt d~ l'irfluence de celle-ci par les sciences humaines et
sociales:
psychanalyse,
psycholoGie,
sociologie,
linguistique,
etc •••
Elle montrera en m~me temps la corresp.ndance entre
J cs
I1to(]ples qui
ont
jctlonné la psychiatrie et les modali tés
t]ra~5jstance. C'est
ne démarche
critique qui rend le
rec'lclr;,ce érdstémolot;;'ique n~èe55aire en psychopathclogie
clinique af~icaine.
Si la
th~orie systémique se fcnrle sur l'intensité des
interactions inéluct3.bles
et circulaires dans
les grcupes
natuI"els,
elle doit
s'accorder dans son application avec
des modes de
"persunnation",
d'intégration et de socialisation
caractérisés par la complexité des
rep~res identificatoires.
Cette hypothèse ne peut trouver sa cre' d i bi,li t~sc ien t ifique
adéquate que dans
la
mesure o~ les mat€riaux
anthropologiques
rév~lent des indicateurs appuyant le mode de lectu~e systé-
miql1C.
Plusieurs voies permettent d'entrevoir ces indjcateurs
j'~i choisi celle de la pathologie comme lieu ou
pro~ond et authentique de la réalit( humaine. Un matériel
de ~uatorze cas cliniques syst~matiques donnera une base
clillique concrète de ma démarche ~pistém~l~gique pour
l ' élc.bcrnt.ion d'un programme de
th<!rapie famiiiale' .en pSYCJlo-
1)3 tJlologie
africaine.
::-'-
-
10
Enfin la troisièu8
pE,rtie
s' appuYê:nt
sur l'analyse
clinique
et
la m?thodologie
qui
l ' a servie,
aura pour
obj e t
\\~la recherche de c l,nc epts op" rEl ti onne l s
pour une
pratique
psychologique
clinique.
Elle
s'efforcera de
montrer que
les
mod~les batesoniens de
"schismogen~5e"
et de
"différenciation"
qui
ont
un fondefTlent
ethnologique
ouvrent
trois
perspectives
première,
c'est
qu'ils
autorisent une
analyse
criti~ue de l'ethnopsychologie qui
saisit
les
~léments sociolociques de l'aEression-Gs~rcel]erie~
~ ~ ,&'AFR/'-~'i/~
anthropophagie,
marabouts,
etc •• )
dans
leulé~;l;.e'c-t-------bfl>~~~ et
superficiel.
La cteuxièr:c
c'est qu 1 i l s
lais::/en{c~tr~C?±:r~,des
:f-" (~t11
! .,1
modèles
analogup.f':
h
cel.lX cl' où i l s
rrocèderr\\~ ori.r.i-n,.&lle,:,c:ht
~ :: \\
LJ
" - .
/
..,..J j
c'est-à-dire C]lez les
Iatmul
(NouvellC-GUinrEe"j~La
tF~:;itiÈr;,e
~ U'~,
,-"
..,
\\ \\ /
0 . /
c'est qu'ils
sont des
outils
ccnccrtuels
Or'~"~tr~e~m:.\\e'~.",f/·
~y"""
pour les
cliniciens
en clehors
ciu
cr'.do
traditionnel
et
adapt~s au contexte africain
<,1
ces
t i t r e s
i l s
cunstituult
un moyen de
lecture
psycho-sociale
et d'action
th~ra~eutique
sur les m/canisr,-es
cOl1iï,;unicationnels
qui
cimentent
18 vie
interactionnelle des
eTouj:,es l1:,turcls
comme
la
fal'"illc.
"
PHD1IJ:;RE PARTIE
A
L A
R E CHE TI CHE
ct
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----------------------------------------------------
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A F R I e AIN E
BREF APERCU HISTORIQUE BT ELE!'iJ:;NTS
CONCE]-'TUELS DU }iODELE
SYSTE};IQUE
-
12
n Peu d'objets
en médecine sont aussi
féconds
que
la folie,
en points de
contacts nombreux,
en rapprochements
nécessaires
entre
cette science,
la
phiJosophie morale
et
l'histoire de
11 entenden:ent humain
i l Y en a
.
bien moins
encore
sur lesquels i l y ait
autant de préjugés ù rectifier et
d'erreurs à détruire
l'aliénation
de l'entendement est en général
regardée
comme le produit d'une lésion
organique du cerveau et par conséquent,
comme incurable,
ce qui dans un tr~s
grand nombre de
cas est contraire aux
observations.
"
PHILIPPE
P I N E L
Trcité médico-philosophique
sur l~aliénation mentale -
An IX de
la République
(1798)
- 13
C h a p i t r e l
A PROPOS DES MODELES EN PSYCHIATRIE
La psychiatrie a
connu de grandes
transformations
depuis les
temps bibliques
jusqu'~ nos jours.
Son évolution est ponctuée par le développement des autres
sciences,
surtout humaines t qui discutent le même objet
qu'elle
et qui l'influencent.
Ces dernières
lui proposent
de nouveaux modèles.
Ainsi,
en est-il de
la théorie de la
conlmunication,
de la théorie générale des
systèmes
(BertalanffY)t
de la cybernttique
(N. Wiener)
,
de
l'anthropologie
(~. Bateson) , de l'éthologie, etc.
Il nous faut
situer le modèle systémique dans
le contexte
du mouvement gén~ral de la psychiatrie et de la psychopatho-
logie clinique pour en justifier l'emploi.
L'histoire de la psychiatrie est en même temps celle
des concepts,
des doctrines et des modc'les de représenta-
tions explicatives qui la sous-tendent
elle est aussi
celle des institutions et de l'organisation,
de
l'assis-
tance
;
et celle de ~image des malades mentaux ou de la
folie dans
la société.
Ces différents aspects del'histoire
s'imbriquent les uns dans
les autres,
de telle
sorte que
cette séparation est arbitraire et intellectuelle.
C'est
donc pour la commodité de l'exposé que la distinction est
faite.
- 14
A
LES CONCEPTS
------------------
------------------
On a
développé pendant des
siècles,
un point de vue
démonologique surla folie
c'est ce qu'on a
appelé ,la
phase descriptive.
La Bible p&rle de possession de mauvais
esprits.
L'interprétation profane,
quant à
elle, du phénomène
pathologique,
était fondée
sur des rapports
sociologiques
de l'agression et d'un mode archaïque
les sorciers, ~es
forces
occultes du mal,
etc •••
Aujourd'hui,
cette vision est abandonnée au profit de
modèles que
le cartésianisme et
les connaissances biologiques
et physiques ont favorisés.
Le plus répandu est le modèle biologique.
La psy6hiatrie,
discipline médicale,
se doit de s'occuper de son objet comme
d'une tuberculose.
Il a
marqué de façon indélébile la
psychiatrie en mettant
l'accent sur le support neurologique,
organique et biochimique des
troubles mentaux.
La peurologie
et la psychiatrie sont
intégrées à
cette période.
C'est la phase
organiciste.
H.
EY condense bien l'~dée
organiciste par cette phrase
"Je cherche à définir dans le cadre généra1~de la
pathologie cérébrale,
deux sciences
connexes mais
différentes entre elles comme leur objet
1
~aneu~
rologie,
science des désintégrations
instrumentales
et la psychiatrie,
science des dissolutions supérieures
et globales."
(Neurologie et psychiatrie,
p.
13)
Pour lui,
la maladie mentale est une pathologie fonctionnelle,
une
"décapitation de l'architectonie fonctionnelle"
comme·
i l le dit.
Ainsi,
s'expliquent,
selon cette doctrinef les disio-
ciations schizophréniques,
les
délires
de
persécu_t{ort.''',. - _
~-
~~~~~~~
paranoïaques,
les psychoses maniac 0 -d épre s s ive s-~~-:è-i·~.:-~::-~.. ·:
.." .
. : ....
.- .. ".'
......
~
..
"
'-- ..
, .
- 15
Elles auraient une source instrumentale,
organique.
"Je ne prétends pas qu'il n'y a
pas d'autonomie pathologique
des psychoses. Pour moi,
i l y a des processus cérébraux
qui,
selon qu'ils atteignent telle ou telle région du
cerveau produisent ou des troubles neurologiques,
ou des
troubles psychotiques"
(Neurologie et psychiatrie,
H. EY ,
p.
14)
On peut donc dire avec AJUR1AGUERRA,
que le 1ge siècle
jusqu'aux années 1940 est marqué par une conception organo-
dynamiste de la psychiatrie.
Bon nombre d'auteurs se sont
attelés à nous montrer que
le trouble psychiatrique est
d'abord une désintégration des structures corticales
qui
sous-tendent les activités mentales.
C'est un courant
localisationniste et atomiste.
Ainsi pour GALL,
les circonvolutions sont les
sièges des
instincts,
des sentiments,
des penchants,
des .talents, des
qualités intellectuelles et affectives générales.
Pour MOREAU DE TOURS,
"Au point de vue des
conditions anatomo-pathologiques,
la folie ne diffère en rien des maladies ordinaires."
(Neurologie et psychiatrie
,
p. 16)
L'organi.cisme avait donc identifié chaque manifestation
psychique avec un lien organique;
i l analysait les éléments
de la vie mentale effet par effet,
fonction par fonction.
Mais,
comme le-montre WALLON,
les faits allaient lui donner
tort.
Car :
"les conséquences d'une l~sion ne se r?solvent pas dans
une simple soustraction fonctionnelle.
Elles
traduisent
une réaction conforme aux possib~lités laissées intactes
ou lib'rées .par la lésion. Elles sont le comportement
compatible avec les
changement~ de
la situation interne".
("L'évoluti~n psychologique de l~enfant", p. 26)
.~.. "-
L'auteur souligne par la même occa~ion la compléxité de
~e domaine inccimpatibie avec ce'~~~~ctionnisme aux organes.
,.
..
..
,
~
~%~~:~~ë"é;~t l",f~~:"ê~~'W'"â)-ement ~:~~iffe~~XfiD que relève AJUR1AGUERA
~~da~s "~eurol~~ie et psychiatrie,~;.·20)
,.
-i'.'
cet auteur troUve Une grande d.ifÎér~nce entre les symptômes
.••.<.:
- 16
neurologiques
permettant la localisation des lésions
cérébrales et
les syndromes psychiques
en rapport avec
les mêmes lésions. Tandis que
les réactions d'ordre
neurologique
sont précises,
le trouble psychique r~ac
tionnel à
la lésion de
telle
ou telle région est toujours
global et ne manifeste une certaine couleur locaJe que par
la prédominance de certains caractères en rapport du reste
avec la fonction neurologique de
la région lésée.
Le point de vue de R.D.
LAING est encore plus tranchant.
Pour lui,
aucune des assertions des
organo-dynamistes n'a
été prouvée par aucune autopsie d'un schrizophrène mort
permettant de corroborer leur thèse.
"Aucune découverte anatomique d'ordre pathologique n'a été
faite post mortem.
Aucun changemetit dans
la structure
organique au cours de la
"maladie"
n'a été observé •.•
Aucun trai te' ent n'a été générale;:·ent reconnu étant valable,
sauf peut-~tre les relations interpersonnelles ••• "
(lLAING
"L'équilibre mental,
la folie
et
la famille,
p. 14)
On peut affirmer que,
mises à
part certaines affections
bien connues
(les
troubles
instrumentaux comme les aphasies),
le trouble du comportement n'a pas de support organique
pathologique identifiable.
Le rapport dela neurologie et
de la psychiatrie évolue sous
l'influence de ces recherches.
TH. RIBOT (1839-1916)
,
bien que
philosophe de formation,
met
la psychologie à
l'Ecole des
faits
pathologiques.
Il s ouha i t e que la psychologi e soi t . s épacée de
la métaphys ique
sans se confondre avec
la médecine
et la physiologie,
en
mettant
l'accent sur la primauté de la vie affective.
Cette orientation théorique et méthodologique a
guidé
Janet,
Dumas et Wallon en France:
une formation philoso-
phique et médicale,
et un accent porté sur la méthode
expérimentale et
l'observation.
(CL.
BERNARD)
... 17
Parallèlement,
la psychanalyse prenait de l'importance.
Certes,
Janet et Charcot avaient déjà développé l'idée que
les
traumatismes affectifs importants pouvaient engendrer
des
troubles.
Mais
les~tudes de Freud et de Breuer sur l'hystérie allaient
confirmer une psychologie appelée
"psychologie dynamique"
c'est-à-dire l'ensemble organisé des
tendances,
des motivations
inconscientes et des pulsions déterminant les activit~s men-
tales individuelles.
La psychanalyse introdllit un autre modèle
théorique et
thérapeuti(Jue.
C'est
la deuxième phase de
l'~volution
psychiatrique
et -comme le dit F.
CLOUTIER -
:
"La psychanalyse a
enrichi la psychiatrie et
toute
psychiatrie qui n'en tiendrait pas
compte serait
nettement dépassée"
("La santé mentale"
,
p;
67)
C'est alors que
les stades du d6veloppement infantile
prennent de
l'importance dans les considérations ~tiologiques,
compréhensives,
explicatives et th6rapeutiques.
C'est
l'orientation psychog~n~tiste de la psychiatrie. La psychiatrie
infantile,
aid~e par la psychanalyse des enfants
(A.
FREUD,
Mélanie KLEIN,
WINNICOTT)
se d~veloppe à partir des pathologies -relationnell~s.
R.
SPITZ élabore des
tJléories expliquant les désordres psy-
chotiques,
l'autisme infantile de Mahler à
la suite des
rejets primaires et des perturbations relationnelles mater-
nelles
sollicitude excessive
; hostilité d6guis~e ou non
qui
engendre l'ecz~ma infantile;
les sautes d'~umeur ,
etc ••
I l en d6gage deux entités
cliniques bien distinctes appelées
"maladies des
carences affectives
chez
le nourrisson"
la carence affective partielle entraîne
"la dépression
anac l i tique"
et lacar.enc e ·;i<t.:o tale "l' ho spi,t'al>~sinë"•
- 18
L'ambiance scientifique soutenue par la psychanalyse et
la psychiatrie infantile
(A.
FREUD, }1. KLEIN,
SPITZ,
WINNICOTT,
BOWLBY)
des
~thologistes
(HARLOW,
LORENZ,
TINBERGEN)
,
et des
psychologues
(ZAZZO,
WALLON,
BRUNET,
LESINE,
MONTESSORI)
,
a
favoris~ la construction d'un
modèle d'approche des maladies mentales.
Ce modèle
s'est
~difi~ dans le sillage des relations
duelles
où le
personnaGe dominant
€tait
la mère.
C'est la
dyade que Spitz a
appel~
"foule à
deux".
Le paramètre de
ce modèle
e~t l'amour,
source de
la sant~ mentale. La mère
~tait la plus concern~e et on n'y intégrait ni la totalit~
familiale/mIes
concepts d'interaction,
d'autorégulation et
encore moins
le concept d'équifinalit~. La sant~ mentale
future d~pend de la qualit~ et de la quantit6 de l'attache-
ment de
la mère àl'ébard de
l'enfant.
Cette
idée a donné
naissance à
la notion de
"mère schizophrénog?'ne",
pour qualifier un type d'attachelnent pathologique parce que
symbiotique.
Par la suite,
on a
fait
intervenir le père.
Le modèle restait
le même
et la relation devenait
triadique.
Ce courant se résume de
la manière suivante
"si
je suis un névros~ ou psychotique,
c'est la faute
à mes parents"
ou
"si
je suis névrosé
ou psychotique,
c'est
la faute
;\\ la société."
Bien qu'ayant fait
progresser la
psychiatrie et
la psychopa-
thologie,
ce mode d'approche était fondé
sur une épistémo-
logie qui limitait son efficacité.
Il faut attendre
les années
50-59 , avec D. DON JACKSON,
pour qu'on commence à
considérer la totalité du
cadre fami-
l i a l . Les modèles s'affinent et des progrès
sur le plan
théorique et pratique sont réalisés et encouragent la recherche
~.,.i;\\i~,~,de nouveaux outils conceptuels. Ainsi, nous avons successivement
~"';"~~r·'!r·"
.;
une phase descriptive moyen-âgeuse,
une phase organo-dynamiste
et une phase psychodynamique.
- 19
Elles se fondent
sur une
épistémologie en vigueur,
qui est
celle de la causalité
linéaire et
progressive de
la
scienc~
classique et qui ne
trouve
son sens
et
son efficacit~
explicative et
thérapeutique que dans
la méthode
interpr~-.
tative.
Cette évolution questionnait
en perii·.anence la médi-
calisation de
la psychiatrie.
Cette derni~re devjent obje{
de réflexion pluridisciplinaire
la sociolgoie,
l'anthro-
pologie,
etc •••
Pour F.
CLOUTIj~R, ancien res]'on~a"'Jle à l'OjliS,
cette phase
peut
&tre qualifi~e de
"phase dynamique"
en ce qu'elle
annonce de par ses pr~ isses,
la phase sociale.
"La psychologie individuelle
s'élargit
jusqu'à la psycho-
logie de groupe.
On pense de plus
en plus
en termes de
structures sociologiques
et de dynamiques collectives.
On s' int~resee pour 18. première fois d'une manière
systémé'.tiquE
aux facteurs
du milieu".
("La sanU; mentale"
PUF,
p.
67)
La socioth6rapie revalorise
la Gestalt- théorie de
KOEHIER,
par le biais de
la Totalité syst~mique. Consid~~~s
COl1'lne des uni tés
organisées,
des
"Gestalten",
des
formes ..
le s
compcrt eli:en t s
d é}!enden t
de
la situa tion.
Tou t
changement
de l'un des éléments de
la situation modifie cette derni~~e
et la transforme en une autre
situation.
On s'int{resse ~e
plus en plus à
la
totalité
individuelle dans
son écologie.
Ainsi,
GOLDSTEIN
et LOTl'lAR estiment qu'en neuropsychiatrie
(aphasie,
d{mences
s~niles, etc .• ) l'organisme agit toujou~s
com;ne un tout.
"L'aphasique
n'est
pas
seulementun homme·
dont
le langage est modifié,
"homme modifié"
dans son ensemble"
(cité
par AJURIAGUERRA
,
ouvrage déj~;
cité,
p.
34)
Ce courant introduit une nouvelle dim:.psion,
celle de la~'-,:'::
..b.:..q.~~;tt
-- -ro~."=-:-"i::-~
totalité,mêllle
si la
notion d'intéraction n'est pas
clai~~~ent
•
4
~
. .
spécifiée.
Le comportell:cnt est moins libre et plus assuj:;:~·ti
à une situation,
un contexte,
un cadre.
-
20
La psychiatrie,
naguère individualisante et culpabili-
sante,
entre dans une phase totalisante.
Elle est favorisée
:.'.
. .,',:
en cela par des
sciences connexes
la théorie g6n~rale des systèmes
(BERTALANFFY),
la
cybernétir,ue
(WIENER),
la théorie de
la communication en
Anthropologie
(BATESON,
L.T. HALL,
etc •• )
et l'~thologie.
LAING utilise
la philosophie existentialiste pour
élaborer une
thÉorie de l'identité dans
la relation.
"Comment démontrer la signification humaine gén{rale de leur
état
(des patients)
si les mots dont
on use sont sp~cifi
quement conçus pour isoler et circonscrire la signification
de la vie d'un pctient en en faisant une entité clinique
particulière"
(LAING
,
Le moi divisé
,
p. 16)
C'est aussi dans ce cadre que BATESON et' l'Ecole de
PALO ALTO
avec J.
HALEY,
DON D.
JACKSON
,
\\'riE~~1' puis p. II'.ATZLA1'.'ICK
f,--<V\\~
@... %.'
etc
utilise la théorie de
J!~'\\·C~Cé{t\\.on , la pragmatique
~r:: 1 CA) ~-;:,\\\\
de la communication humaine.
~.;... !"--.:..,2Ji1 ~
~\\l
~ C:
• '-"'- -
: '!i
La nécessité de
JE. relation
(d'~s±r de se-conifirmer) pJonge
~~ .~-
"
/
. ..'
~~\\ ....
'"
•
i
le s
être s d ans la situa tion par'â.,~~xa-l.e---d,~\\~)/ impos si bili té
'l.• .2r-:T)e/::' S\\.\\\\lZ
de ne pas communiquer.
Ceci permet'-a=Ba-teson de construire
sa théorie
du "double bind " (double lien, double blocage)
." .,'
pour caractériser un type d'in~action intrafamiliale
' .
!
pouvant
justifier le diagnostic de
schizophrénie. Nous
nous étendrons plus
longuement sur cette
th~orie plus tard.
·C
Dès ~aintenant, on peut affir~er que la
"ratification" et
la nconfirm~tion" de soi par soi et par autrui
(LAING,
soi
et les autes)
est a
la santé mentale
ce que la confusion
et la corruption du processus relationnel
sont à
la crise
d'idendité
(angoisse,
culpabilité)
-
BATESON).
Ce
système
syst~mique survient COmme une sorte de
sui te logique à·~J}l' évolution de la psychiatrie en général.
.,
Il participe ~ la psychiatrie et de la psychopathologie
.
.
.
~~..
..
.,
sociales.
Sans avoir l'ambition d'apporter des réponses
à
toutes les qu~stions étiologiques comme descriptives
-
21
et thérapeutiques
i l permet un mode d'approche original,
radical et efficace des ph~nom~nes normaux et pathologiques.
Divergeant des
théories linéaires des
chatnes
causales
univoques et unidirectionnelles,
i l embrasse
la pathologie
dans
le contexte des interactions interindividuelles.
Là,
le
jeu incessant de' séquences
comportementales rend
mieux compte du processus
complexe que
tout autre modèle.
C'est pourquoi,
considérant la complexité du
"nexus inter-
personnel"
(Laing)
en Afrique,
nous
émettons
l'hypothèse
qu'un tel modèle est plus adéquat qu'ailleurs peut-@tre.
Adéquat aussi bien comme outil explicatif que
da:is
l',,~gir
th '
t '
Du 111ême coup,
nous contribl]erOnS
à lui donner
erapeu>Jque.
un contenu universel.
Notre intention n'est pas de faire
l'histoire exhaustive
de la psychiatrie et de la psychopathologie
clinique à la
Michel FOUCAULT;
elle est de situer le mod~le systémique,
la théorie de la pragmatique de
la communication
,
en parti-
culier dans la mouvance gén6rale de
la psychiatrie.
Ce qui,
en retour,
l'{cJaire plus
et élargit
sa portée
théorique,
historique et anthropologique.
Le définir dans
l'histoire en relation avec
les autres
modèles permet de le circonscrire et de mettre en relief
les
insuffisances théoriques et pratiques des modèles
linéaires.
!!'
22
B
INSTITUTIONS ET }iODES THERAPEUTIQUES
==========================================
L'assistance psychiatrique reflète
l'évolution doctrinale
et conceptuelle. Les
institutions apparaissent dans cet ordre
d'idées
comme des
témoins des différentes
conceptions succes-
sives.
Elles
constituent une référence permettant de mesurer
les progrès accomplis
et ce qui reste à
faire.
Toutefois, nous
serons breÎ
sur ce point,
attendu que le
précédent éclaire celui-ci.
La perspective
théorique et la
persp0ctive pratique sont
intimement corrélatives.
A la conception dénm~gique correspondaient les mesures
d'exclusion et de bannissement de
la communauté
ceci
équivalai t
à lU1e mort
sociale et aux exorcismes.
Ce qui
arriva aux empestés et aux lépreux frappa les
fous
la
censure sociale.
La camisole de
force
évoque une époque o~ ce qu'on a appe14
le traitement moral par la pitié e~ l'humanisme signifiait
l'impuissance devant la folie,
celle-ci mIme qui
"punit par les désordres de l'esprit,
les désordres du coeur".
(}i. FOUCAULT, Histoire de la Folie, P.!.t4)
Souvenons-nous sur ce même
plan des internements abusifs
du I7e siècle
I/IOOe de la population parisienne s'est
trouvé enfermé à
cette date selon Foucault;
de laN'ef des
fous
qui
transportait ces gens dans les
fleuves de la Rhénanie.
"Privilège absolu de la folie
elle règne
sur tout ce qu'il
,.
y a
de mauvais
en l'homme". (ibidem~ p.
38)
Et même si l'humaniste Erasme n'adhère pas
à cette vision de
la folie
cette dernière est,
à
cette époque,
l'expression
d'un rapport imaginaire de
l'homme àvec lui-même. La folie
étai t
faute
et défaut.
\\,-
.,,,.:r
-
2)
La thérapeutique s'identifiait à
ce moment aux inter-
nements.
Pour PINEL,
c'~tait déjà une mesure de
"d~livrance".
Il n'est pas de notre ressort de discuter des
fonctions morales,
sociales et économiques des internements.
Ces derniers expri-
ment on ne peut plus clairement les consid~rations dichoto-
miques entre raisons et déraisons,
individu et société,
le
mal et le bien,
ordre et désordre qui
les
sous-tendent.
"L'ordre n'y affronte plus
librell,ent
le d~sordre, la raison
ne tente plus de se frayer d'elle-même
son chewin parmi
tout ce qui peut l'esquiver,
on tente de la refuser."
(L'histoire de
la folie,
IO/IS,
p.SI)
Ces conceptions dichotomiques,
mystiques
et monadiques vont
guider la psychiatrie
jusqu'au Ige siècle.
Aujourd'hui,
avec
les
idées modernes,
la psychiatrie revêt
un autre masque
sans pour autant couper épistémologiquement
avec la folie moyen-figeuse
:
ce masque porte sur J'organisation
spatiale des lieux th~rapeutiques et du tr8itement.
Cependant,
l'allure médiévale des
internements s'estompe au
profit de considérations plus
sociales et moins contraignantes.
Ce n'est plus essentiellelr,ent
"l'adh~sion imaginaire à soi"
(ERASME)
qu'on interroge
;
mais
~galement le
"symbolique"
d'où la folie procède.
L'hospitalisation devient quelquefois une mesure d'exception
à
l'hôpital Fann de Dakar,
elle ne dépasse pas en principe
trois mois.
On propose desmod~les d'~ccueil et de prévention.
Au S~négal, il y a l e projet DL4.~jI-l
(disposi t i f i tinércmt
d'assistance aux malades mentaux),
qui est sous
l'égide de
l '
m1S
;
ce modère est analogue à
la psychiatrie de secteur
le travail d'équipe est à
classer dans
cette vision. Avec le
courant psychog~n~}iste, la prévention devient même possible.
"
'~·"",~···(:=-..@'2!.rc~":f::-~~~~~
- 24
La psychiatrie n'est plus exclusivement réservée aux
médecins,
du moins
telle qu'elle a
évolué en Afrique avec
l'ethnopsychiatrie ou psychiatrie transculturelle.
Elle devient multidisciplinaire et objet de discussion
technique sur l'adéquation de certaines mesures
thérapeutiques
comme les psychotropes,
les internements,
la camisole de force,
la sysmothérapie,
etc •• Elle se questionne et s'humanise.
L'antipsychiatrie, avec COOPER,
LAING,
BASAGLIA,
etc
.•
émerge.
De nouvelles conceptions bouleversent
les
institutions et
le traitement.
La psychiatrie infantile,
la psychologie
génétique,
la psychanalyse,
la psychaitrie
transculturelle,
l'anthropologie psychanalyti~ue
(G. ROHEI~[) ouvrent de
nouvelles perspectives en mati~J'e psychopathologique et de
l'hygiène mentale.
Les
traitements évoluent parall~lement aux courants
doctrinaux.
Au stade organo-dynamique correspondent
la naissance
et
le d~veloppen18nt des traitements physiques et chimiothéra-
piques
la sysmothérapie,
l'
iQsulinothérapie,
puis les
psychotropes. A l'étape de
l'évolution marquée par la psycho-
logie dynanlique correspond le d~veloppement des psychothérapies
de soutien ou de
type analytique
la notion de
sociothérapie
apparatt.
Cependant,
ces modes de
thérapie s'autolimitent.
Ainsi,
la sysmothérapie et
la chimiothérapie devaient
confirmer l'hypoth~se organiciste des
troubles du comportement.
Si ces derniers provenaient d'une
lésion,
d'une dissolution
globale ou d'un dysfonctionnement biochimique ou génétique,
les
substances chimi~ues savamment étudiées devraient modifier
favorablement
les
structures de base et rétablir l'ordre.
La chimiothérapie devait
s'imposer en tant que preuve de la
vérité étiologique et diagnostique
:
tel état nosographique
tels psychotropes.
Il n'en a rien été. La pharmacothérapie,
bien qu'ayant apporté un progr~s thérapeutique en son temps,
devenait illusoire.
Elle a apporté à
la psychiatrie en matière
d'apaisement de l'angoisse dans
les cas aigus,
mais i l fallait
aller plus
loin,
-
25
La problématique primaire ou secondaire de
l'étiologie
organique res~~_~nti~re
sans qu'on puisse s'interroger
, . ~ ~
......~:-.
radicalemen:t -'sur "la na ture de la question.
Pour les uns,
ce sont
le s
dis so lu t ions organ iriue s
qui engendrent la maladie
mentale;
pour les autres,
le facteur psychologique étant
fondamental,
ce n'e~t que secondairement que la souffrance
mentale entra1ne des désorganisations anatomo-physiologiques.
LAING n'ééarte pas cette hypothèse.
,
R.ZAZZO illustre ce point de vue dans
"les débilités mentales".
Il en est de m~me de DUBOIS, dans
"Neurologie et psychiatrie",
pour qui le
caract~re sp4cifique de la priorité des troubles
psychologiques peut
créer secondairement des désordres fonction-
nels.
En tous le s
cas,
tant qu'on n' opèrt"xa p1.S un
"re cadrage"
épistémologique en s'éloignant de
ce mode de raisonnement
causal et
linéaire,
l'efficacité thérapeutique restera limit€e.
Malgré
la vertu thcirapeuti0ue de
la parole,
le
"talking cure"
ou "chimney sweeping"
(FREUD,
Cinq leçons
sur la psychanalyse,"
p.
II),
on dut constater ses limites
indi~ théorique,
simplification des phénomènes pathologiques
les psycho-
thérapies qui s'en inspirent ne
sont pas
indiquées pour
toutes
les entités pathologiques
comme les psychoses aigues.
Leur universalité se heurte à
la dimension anthropologique
et différentielle des rapports humains.
Basées sur des relations
duelles
et l'interprétation,
elles ne satisfont pas à
la
complexité des structures anthropologiques africaines,
qui
ne manquent pas de se projeter dans
le psychisme. L'important
se 3itue sur le plan épistémologique:
la linéarité,
la
procédure par accusation et
la recherche de la cause dans
le passé
traumatisant de l'individu constituent le fondement
théorique,
pratique et méthodologique de la psychopathologie
clinique traditionnelle.
- 26
Depuis quelques années,
l'universalisme du mode de
fonctionnen:ent
psychique a
été remis
en cause.
MC et ED
ORTIQUSS
,(l'Oedipe africain),
en sont les
pionniers.
La relation duelle,
structure de
la thérapie analytique,
se voit élargir.
On introduit dans
la situation thérapeutique,
des
éléments affectivement significatifs pour le sujet et
des dimensions
nouvelles dans
l'appréhension:
la communication.
Le lieu thérapeutique
se d~place de la relation duelle,
du
face à
face,
créé artificiellement par le
transfert,
vers
le contexte anthropologique d'abord,
puis
familial
ensuite.
Au lieu de
l'analyse historiciste,
longue
et
interminable,
on considère principalement le hic et nunc et
la totalité
du système. La
"contextualisation" devient le mattre-mot
des nouvelles
orientations
thérapeutiques.
On s'intéresse
davantage aux intéractions
intra et interfamiliales qu'au
sujet isolé dans
"l'attachement imaginaire" à
lui-m@me.
La séquence de
comportement devient avec
les
études
éhtolo-
giques et anthropologiques
(BATESCN et
~.T. HALL), un
représentant
linguistique de type analogique.
L'existence
du langage infra-verbal a
confirmé l'hypothèse d'un genre
de communication pragmatique
tout aussi efficace et signi-
ficatif que le
tangage verbal
et ,Jrticulé
:
K.
LOREN:l,
TINBERGEN,
ARDREY
,
HALL,
etc .•
Le langage si lenc ieux ou le
langage proxémique v('n t
servir
de modèle de
compr~hension dans la pathologie.
G.
BATESON est l'un des pionni~rs de l'utilisation
de
la pragmatique de
la communication en psychiatrie.
Ses études
sur les contacts culturels ont permis à l'auteur
de
"Vers une ?cologie de
l'esprit",
d'élaborer le concept
de
"schismogenèse"
(qui sera défini plus
loin au chap.
III)
pour
qual{fierdeux types de relations dans
les
syst~mes vivants. Avec lui,
la communication déborde la syntaxe et
la sémiotique. Le
comportement devient un message qui provoque un comportement-
réponse.
-
27
Ce n'est
plus
la monade individuelle ni
la dyade mais
....•••. ~•.... _
~.J.'"~ les~~int2ractions dans un système mental total historique
~~~"""~"",,-":'·fp~-,"':'~~~~"'<ll~(-'j';""~'~""_o:.:.':i~!,,.
donn~ comme la famille qui deviennent l'objet de l'action
psychologique.
Ce sont elles qui d~finissent le champ
psychologique
par le
type de conanunica tion qui y est
élabor~ et maintenu,~n harmonie avec la th~orie syst~mique
la pratique
concerne la totalit~ syst~mique. Le symptBme
devient
signifi~atif d'un mode relationnel et le malade
un'l'patient d~~signéj~ une victime du système pour perp~tuer
l'hom~ostasie familiale.
Ces
consid~rations ont permis à BATESON d'~laborer la
th~orie du
"double-bind"
,
él~'ment paradoxal corrupteur de
la communication,
et qui a
valeur diagnostique de
la schi-
zophr~nie. Le principe thérapeutique de cette relation para-
doxale qui
"coince"
le sujet,
est un contre-paradoxe que
P.
WATZLAWICK d~finit
en ces
termes
"Du point de vUe structurel,
une double
contrainte
thérapeutique
est l'image en miroir d'une double
contrainte pathogène."
(Une
logi"~ue de la communication, p. 2115)
L'importance de
ce point requiert un exemple.
Je citerai un exemple clinique de mesures
thérapeutiques
que
j ' a i relevé au cours d'une
consultation au pavillon
des
enfants,
appel~ Keur Walei, pavillon dans lequel les
Ortigues
travaillaient.
Cet
exemple n'est pas l'illustration d'une injonction
contre-paradoxale
i l veut montrer avec clarté l'ineffi-
cacité de
la proc~dure clinique basée sur le bon sens sur
certaines formes de pathologie.
La population infantile
en consultation à Keur Xalei,
est h(t~rog~ne du point de
vue des
symptômes pr~sentés: on y rencontre les problèmes
scolaires,
les
insomnies,
les caractériels,
etc .•
mais
les ~nurétiques sont
Les
plus nombreux,
et c'en est un que
je vais présenter.
- 28
\\.-.~ ..
. ~::. , '.
'.
..:.. '.~ .
... ".-
~....
«.
•
•
''l",!
~:>i"
~
•
'.1<
' . ~.~. '.;.'
Zeinab6u CISSE est une fille de 14 ans
elle est
~~irectellrd'Ecole,
..
-qui l!amène' en cunsultation.
L ~
.~ t~racont~'~wr~i ne
"l~sine" pas avec les grands moyens
..'-;. ..~ .~
.
~.:
:
\\....(
<
,
de' coer.ci,tion,· pour qu'elle r~ussisse à l'~cole, en vain •
-;
:"
. "Je l ' a i battue", dit-il.
N6us apPr.enons que les parents ne se sont
jamais mariés
et que'leur:fi~le Zeinabou, a ~t~ élevée par sa tante.
1.,_
Elle ne. voit presque plus
jamais sa mère,
qu'elle a
quitt~e
depuis l'Age de deux ans.
• Depuis
lors,
dit le père,
elle n'a cessé de faire
pipi
au:,.lit·;'J'·ai tout f a i t :
frappé,
puni,
ccnsulté des
.~
-. .
,
guerisseurs,
employe les
trucs les plus astucieux en vain
mais curieusement depuis qu'elle a
su que
j'avais rendez-vous
avec vous,
~lle a cessé de .faire pipi ••
'E~ tout cas, c'est intol~rable pour elle et pour nous
ses petits frères et soeurs se moquent d'elle
et moi
je
n'y vais pas de main forte,
mais h~las
••• "
La fille,
ramass~e et blottie sur sa chaise, paratt
timide et timorée
; elle est bloquée et les mots
sortent
avec froideur mais non sans effort de sa bouche
son
petit corps ch~tif met en relief son squelette osseux qui
ne laisse entrevoir aucun trait féminin.
Et quand le
M~decin-Psychiatre , le DOcteur F •• lui demanda de raconter
ce qui se passait la nuit,
elle ne put que répondre d'une
voix à peine audible
"je ne me rends pas compte que
j'urine
la nuit."
Là-dessus,
le M~decin proposa trois mesures th~rapeutiques,
mesures qui font l'objet de ma critique.
En g~néral~, ce sont les m~mes que l'on propose à tous les
~nur~tiques.z
1/ d'abord les conseils :
s'abstenir de boire après le coucher du soleil
(18 h env.)
"-
.
2/: s'efforcer d'aller uriner avant de se rendre au lit
JI une ordonnance médicale est prescrite et remise au p2re
"les médicaments qui doivent être achetés permettent à
Zeinabou,
explique-t-elle, de se rpveiller q\\land elle
commence à
uriner la n u i t ;
ils l'empêchent de c1orJ:,ir
trop p;:'ofonn'!"''/P '. t . Il
-
29
Après ces conseils
et
prescriptions m8dic~ux, un rendez-vous
a
été pris dans deux mois.
Je n'ai plus
revu Zeinabou purce que
je n'6tais
p~~ tous les
jours à
Keur Xalei et
les
rendez-vpus ne
sont
jamais respec-
tés -encore une question d'utilisation différentielle
anthropologique du
temps-.
Voilà un cas qui est manifestement un produit·émergent
du système
int~ractionnel du nexus familial qu'une analyse
concrète aurait mis en évidence.
Faute de
l'avoir fait,
on propose des mesures
th6rapeutiques'
qui,
dans
la logique du bon sens,
sont appréciables.
Car,
quand on s'abstient de boire et
si on s'efforce d'uriner
avant de
se coucher,
i l n'y a plus de raison d'uriner la
nuit dans
son l i t .
C'est oublier cependant que ce comportem2nt échappe à
la
volonté et à
son contrôle,
autrement son problèi.e serait
résolu.
En outre,
i l est aussi certain ql'e
la famille
a
essayé ces
mêmes mesures,
n~ais les résultats sont restés décevants,
et même
que
la pédagogie du bâtun el de
la carotte n'a rien
donné.
Ce ne sont pas
les
conseils de bon sens
qui viendront
à
bout de
ce symptôme,encore moins
la médication chimique.
Au contraire,
ils
cimentent
la persistance
du problème.
I l faut
donc changer.
La stratégie
thérapeutique systémique procède autrement
elle est un défi au bon sens en ce qu'elle prescrit
le
symptôme,
en se fondant
sur l'idée que ce qui a
rendu fou
est utile à
la guérison.
Cette prescription coince'le sujet
dans un paradoxe
"vous me demandez de guérir en restant
malade".
L'effet
pragmatique d'une
telle injonction centre-paradoxale
le rive à une
conduite
intenable,
soumise elle aussi au paradoxe:
l'impossibilité du non-agir,
de la passivité: qu'il obéisse
à
l'injonction ou pas,
i l agit sur le symptôme au lieu de
le laisser agir
sur lui
i l le maftrise.
- JO
P.
WATZLA\\{ICK montre que pour beaucoup de
symptômes,
les
tics,
l~nurésie (non organique), les insomnies, etc ••
ce sont
les
solutions de bon sens,
les appréhensionsi
la
peur obsessionnelle de
commettre des
erreurs,
les
comporte-
ments d'évitement qui fraient un chemin au sympt5me contre
lequel ils prétendent lutter.
Ce genre de
comportement conduit ~ opposer le bon sens
au non sens,
uri couple de
contraires qui,
dans
la pratique,
maintiennent
le
statu-quo ou le changement du type 1.
Dans
ces
conditions,
le problème thérapeutique pour
un insomniaque sera de
savoir comment l'empêcher de vouloir
s'endormir et non,
comme le voudrait le bon sens,
comment
le faire
dormir
?
Pour l'~nur~tique, i l s'agira d'élaborer une injonction
qui
induira un agir tel qu'il an:plifie le
comporte/ll(~nt
énurétique dans
son contenu verbal.
La question clinique
serait la suivante
"comment empêcher Zeinabou de vouloir cesser d'uriner la. nuit
?"
On pourra alors multiplier le nombre de
fois
0u'elle mouille
son l i t
la nuit
et
lui
enjoindre de
le
faire.
C'est un tel
paradoxe traduit dans
l'action,
qui vient ~ bout du symptôme.
C'est la même que.::tion ~l laquelle essaient rie r8j)ondre
primordialement
les
"A.A." aux Etats-Unis
.(Alcooliques anonymes
Le comportement
th~rapeutique de l'alcoolique qui a donné lieu
à
la théorie de
la
"cybernétique du soi"
chez G.
BATESCN
suggère cette étape capitale et nécessaire:
s'abandonner
à
l'alcool,
"toucher le fond".
Les
"A.A."
expliquent qu'il y a
peu de chances de venir
en aide à
un alcoolique qui n'a pas encore
touch~ le fond.
Les
exemples sont multiples,
qui montrent qu'on ne peut
venir à
bout d'un comportement,
produit d'une communication
paradoxale,
que par une communication contre-paradoxale,
prescrire le
sympt5me qui coince le
"malade désigné"
par
une
situation telle qu'il doit agir son sympt5me.
Il
l'évite
ou le provoque;
mais
i l
le fait à volonté.
C'est un processus
d'apprentissagerdu symptôme qui
trouve son support d'efficacité
de
la ï!:a.îtrise
- 31
pratique dans un agir délibéré.
Ce modèle
exige en théorie
et en pratique une rupture
épistélnol~g~que aussi radicale
, . -....): ...,"!. ••
que
l'abandon de
la conception d~monologique de la folie.
C'est ce à quoi
je m'emploie dans
le
travail présent.
La théorie de
la communication s'est nourrie du
développe~ent des disciplines nouvelles,
comme
la cybern~tique
(W. WIENER)
l~ Théorie générale des Syst~mes
(L.V. BERTAIANFV
E Il e
est
la rés u l t an t e d' 1.1 n e d,'; 11"' arc h e
in tell e c tue Il e
telle que celle dont nous venons de parler.
La maladie
mentale n'est
plus un attribut,
une propriét~ individuelle
i l n'y a
plus de
" sc hizocoque"
elle est une fonction
de relation paradoxale et
le contre-paradoxe par l'agir
devient
son pendant
thérapeutique'
En Afrique,
o~ la vie en groupe est une donn~e capitale et
permanente,
ce modèle paratt mieux indiqué
en tout cas,
six mois de
travail clinique dans un h8pital psychiatrique
africain
justifient cette assertion.
Je le montrerai dans
la deuxième partie, ~ l'aide de 14 cas
cliniques. Hais avant d'en arriver là,
essayons de voir
comment' la psychiatrie y a
évolué.
-
)2
C h a p i t r
e
II
PSYCHIATRIe AFRICAINE
PSYCHIATRIE INTEGREE
Les
structures anthropologiques en Afrique
,
dont
nous parlerons
plus amplement dans
la deuxi~me partie,
autorisent plus
qu'ailleurs
l'utilisation du mod~le
de
la communication en psychiatrie et en psychopathologie
clinique africaines.
Pour le montrer,
i l est nécessaire de
tirer les enseignements
de
la pratique pour chercher un mod~le d'intervention
thérapeutique efficace et mieux adaptée.
D'où une certaine
démarche rétrospective.
Il n'est
toutefois pas facile
de
faire
l'histoire
de
la psychiatrie en Afrique.
Les
raisons
sont multiples
diversit~ des pays et des ethnies
; manque de docul~ents
écrits
ceux qui sont cités pè~r les différents auteurs sont
pratiquement
introuvables;
on n'a que des documents de
seconde main.
Une autre difficulté
est celle relative a
une ambiguité
de quelle histoire s ' a g i t - i l ?
De celle de
la psychiatrie
traditionnelle,
avec ses concepts,
son mode de repr~sentation et d'intervention th~rape'ltique ?
Ou celle de
la psychiatrie occidentale venue dans
le sillage
de
la colonisation ?
La complexité de
la question nous entrainerait loin.
Notre
projet est moins ambitieux.
Il vise
tout
simplement,
et de
façon limitée,
à
situer la pratique psychiatrique africaine
en relation avec
l'~volution des pensées et des institutions
évoquées au chapitre précédent.
Ceci permettra de mieux cerner
l'adéquation du mod~le de la communication en Afriqu9.
- ))
,.,'.
, _.
-."
.
A
LES CONCEPTS
==================
L'histoire de
la psychiatri~ en Afrique est-aussi-celle
de la colonisation.
Les concepts vurient selon qu~ l'on considère l'ère pr~colo
niale,
l'ère coloniale ou post-coloniale.
1
LA PSYCHIATRIS TRADITIONNELLE
C'est celle qui est propre aux cultures africaines.
Elle est a~nsi nom~~e parce qu'elle r~pond sp~cifiquement
à un type d'organisation africain et"qui s'ex~rime par des
.
\\
thérapeutiques
conformes aux systèmes de repr~sentation du
monde et des cosmogonies locales.
Elle est aujourd'hui large~ent influencée par une psychiatrie
venue d'autres
civilisations. Ma~gr~ la tendance à la fusion
des deux civilisations,
le domaine de la m~decine tradi-
tionnelle rj'siste aliX forces de travestissement.
C'est ainsi que
la tradition orale a
su garder des concepts
anciens dans
les mémoires collectives. Le système imaginaire
(mythes,
rites,
etc .• )
et
les associations le révèlent.
Ce qui atteste le plus
ce fait,
c'est la fr~quence élev~e
de malades actuellement chez les guérisseurs,indépendamment
des origines sociales et religieuses.
Il faut
rappeler que
plus de 80 %des malades hospitalisés
ont déjà consulté des gu~risseurs
(marabout,
sorcier) avant
de rencontrer un Il:édec in.
Le concept fondamental de la psychiatrie traditionnelle
est l'anthropophagie ~ sorcellerie.
Elle a
ses mod~les et ses procédure~ propres. Elle s.'oPPQse
à
la psychiatrie moderne en ce qu'elle intègre l'imaginaire
et des fantasmes
explicatifs occultes inaccessibles à l'esprit
cartésien.
-
)4
La maladie mentale est une agression,
soit de
la part des
hommes,
soit des esprits.
Elle est
l'expression d'un d~sordre
intérieur provoqué par des
"intentions mauvaises".
Dans
son livre
"Psychiatrie dynamique africaine",
1.
SOW met en lumière
le mécanisme psychosociologigue de
cette agression.
L'agression hum~ine est op~ratoire sur deux plans;
1/ directement:
c'est
la sorcellerie anthropophagique ou
"witchcraft".
L'attaque est alors
orale et
le but est la .
destruction de
l'autre.
2/ indirectement
l'agresse::r se fai t
aider d'un intermédiaire
dont
le statut social est plus qu'équivoque:
c'est
le magicien ou sorcier
ou le marabout,
personnage transfuge et ambigu de
la religion
musulmane.
Cette attaque vise
l'affaiblisser:.ent des
activit~s psychiques de l'individu.
Le mal,
p:::tr les
esprits,
est
essentiellen~ent
religieux:
soit ani:;üste,
la religion
authentique,
soit les
religions
import es
comme l'Islam,
mais anciennes.
C'est
l~ transgression de
la loi,
en parti-
culier de celle des anc@tres,
qui est ~
l'origine du d:sordre psychique.
La notion de conflit extra et intrafamilial est centrale
en psychopathologie clinique africaine.
La d~nlarche tradi-
tionnelle interdit
la proc":dure par accusation,
l'établisser::ent
d'une faute
individuelle entraînant la culpabilité existentielle
de
la mélancolie.
Les
représentations assignent au désordre
mental une ortgine ext~rieure à l'individu;
elles favorisent
un partage collectif de
la f~ute dans
le
système mental
familial.
La thérapeu ti·::-;ue ne vi s e
pas es s en t ie lleir:en t
le malade qui
n'est qu'une victime ou plus exactement
"patient d6signé",
mais
la totalité groupale dans
l'intéraction dynamique des
éléments différenciés.
- 35
'..
Par ce travail psycho-sociologique,
le
système symbolique
introd);l:~~~~une ç:l,i'~:~~ë~;:i;p+;~:....,~.g;~,gamentale qui est la situation
imaginaire et du mêm.e coup établi t
un lien dynamique,
structurel et isomorphique entre
l'ordre
collectif et l'ordre
individuel.
La démarche
théràpeutique ici est sociale.
La notion de
coneensus développée par LEVI-STRAUSS dans
"Anthropologie
,
structurale",
est un concept clef.
Il se r2alise en plusieurs
temps
~
l'accord du malade,
de
tout le groupe affectif
auquel' i l appartient et enfin du guérisseur.
Ces étapes
temporo-spatiales montrent
l'importance du
temps
dans les
th~rapies africaines.
"L'absence d'échéance et la place acquise de
l'individu
dans
la soci,:,té qui lui est corollaire induiraient un temps
infini par opposition au temps métrique
occidental."
(Roseline BLOCHET ,
th~se de troisi~m8 cycle, Paris VII, 1975)
L'individu est prisonnier du
tam; s
et de
s'.'n irnn'anence
dans
la totalité sociale et universelle.
A ce
titre,
le
consensus rend compte du degr'
de
d~sordre et de son origine
sociale.
Le malade n'en est que
le
b~I;:oin ou Ll victime.
Les rituels auront une fonction d'int'gration en modifiant
le vécu relationnel dans
le groupe.
Les él(:~ments ou actes pouvant donner l'illl'sion d'lIne
individualisation de la maladie sont intégrés dans les
processus sociaux de la ritualisation.
Cette psychiatrie,
malgré l'utilisation de potions de plantes hallucinogènes
et la place accordée au corps,
n'e~t pas biologique mais
simplement humaine.
C'est en tant que phénomène humain que
la souffrance mentale est cernée.
Elle diffère de
la psychiatrie
occidentale en ce qu'elle place l ' ,ndividualit~ au secund
plan. Les concepts et
les procédures psycho-dynamiques ont
eu tendance à
les rapprocher l'une de
l'autre,
mais ils se
t
h
t '
,
l
Il
.
Il
son
eur es a
a
carapace collective de la personne africaine.
-
)6
Ce t
aspe c t
fai t
e cran aux proc c-~dure s qui,
par dé fini t ion,
la nient.
Plus
loin,
nous montre~ons que les concepts
systémiques n'étaient
d~jà pas étrnngers à la psychiatrie
africaine
traditionnelle.
Eien au contraire,
ils
en
constituent le
fondement.
2
LA RENCONTRE DE DEUX PSYCHIATRIES
Cette rencontre
e.'3t aussi celle de deux civilisations
et son histoire celle de
la colonisation.
La domination de
l'une par l'autre a
favorisé
l'intégration
et la d~valorisation de la premi~re au profit de la seconde.
C'est ainsi que
la psychiatrie
traditionnelle s'est
trouv6e
en position complémentaire devant
l'occidentale.
Cette dernière a
essayé d'imposer sa Lvision du monde,
ses
modes de
traitement,
guid~e en cela par les préjugés th~oriques.
Ces a-prioris
th80ri~lues portent Si:r le Noir en gén,:ral
son incapaci té
à
cons truire l'ne
soci[;té historique,
dynamique
et à
lui donner une direction consciente.
Ils
sp~cllient sur
les
"d is po s i t ions bi ologiq ues dcSfai llan tes du Noir ll •
Hegel,
dans
son
lICours
sur la philosophie de
l'histoire ll ,
nie l'historicité du ccntinent afridain. L'Afrique n'aurait
pas de mouvement historiq~e en elle.
"Ce que nous
entendons
précis?ment par l'Afrique est a-historiquE
l'esprit non-développé,
encore enveloppé dans des
conditions
de naturel et qui doit être présenté
ici seuler.:ent comme au
seuil de
l'histoire du monde".
(cité par H.
COLLOMB
,
in Histoire de
la psychiatrie en Afrique,
p.
1 2 3)
- 37
La
A
meme
id~e est d(velopp~e p~r SPENCER, COUPLAND (1928)
et P. GAXOTTE
(1957)
" Ces peuples n'ont
rien donnci ~ l'humanit~ ; et il faut
bien que
quelque
chose en eux les en ait
empêch~. Ils
n'ont
rien produit,
ni Euclide,
ni Aristote,
ni Galil~e,
ni Lavoisier,
ni
Pasteur.
Leurs
~pop~es n'ont ~t~ chantRes
par aucun I-Io:,,·ère."
(in Revue de
Paris,
1957
,
p.
12)
C'est dans
cette ambiance id~ologique que la psychiatrie
occidentale fait
son entr0e en Afrique.
SIle n'avait donc rien
à
tirer de
la psychiatrie
traditionnelle,
puisqu'elle est
l'oeuvre d'une
soci;~t~
"plongée dans
la barbarie"
(COUPLAND,192E
Les m~decins venaient avec un savoir mcidical bien ~labor~
et
sup~rieur à celui qu'ils trouvaient sur place. Or,
ce
savoir,
en ce
temps,
était
le modèle médical biologique dont
nous avons parl~ au chapitre prcicéctent. Ces données expliquent
le fait
que
la psychiatrie africaine soit
intimement liée
à la psychiatrie occidentale.
Dès
lors,
elle a
~volué parall~Jewent ~ cette dernière.
Les
recherches,
l'assitance psychiatrique
refl~taient les
options
et
l'orientation conce~tuelle dominantes à
l'époque,
et elles se doublaient d'une ambiguit~.
Cette ambiguité
est relative à
la presence
insistante
et
inconsciente du cordon ombilical culturel.
L'image coloniale
de cette m"~decine ~tai t
là.·pour rendre
leur mission équivoque.
La m~decine devait-elle servir les populations,
ou aider le
colonisateur à
mieux connaître pour mieux dominer?
Une rapide revue des
~crits ~ cette époque nous ~claire
quelque peu sur cette ambivalence:
Aubin,
Planques,
Gallais,
Cahothers,
etc .••
-
38
H.AUBIN,
faisant
le bilan en19J8 à Alger,
,ie la pratique
_,_. psychia trique ep Afrique depui~-".)..~. douzième congrès des
: -q.~~
~<-
..:;:.i~r-
,~,~......(f~"~~''''7 •
Aliénistes à Tunis en 1912, n'a souligné que des carences en
matière d'assistance psychiatrique
;
et i l c ncluait son
rapport en ces termes
"Cette oeuvre vivante et f~conde, dont la n~gligence ferait
courir les risques les plus graves à
l'action colonisatrice,
contribuera efficacement ~ la conservation,
l'accroissement,
l'amélioration qualitative physique et psychique des popu-
lations
indigènes,
facteurs au premier chef,
de prospérité
et de progrès social bien compris."
(cité par H. COLLOf.lB
,
in "Histoire de la psychiatrie en
Afrique N6ire francophone,
p.98)
Le
courant organiciste s'exporte en Afrique avec
l'évolu-
tionnisme sociologique qui aura la sociobiologie pour corollaire,
Voici ce qu'écrit CL.
LSVI STRAUSS à
ce sujet
" La civilisation occidentale appara!t comlne
l'expression la
plus avancée de l'6volution des sociétés humaines et les
groupes primitifs comme des survivances d'étapes ant(:rieures
dont la classification logique fournirô. du même coup,
l'ot'clce
d'apparition dans
le temps."
(Anthropolie structurale,
p.
96)
La psychiatrie africaine,
telle qu'elle a
évolué,
ne
peut se comprendre en dehors des diff~renciations entre
"races humaines inférieures et races humaines
suprrieures".
(SPENCER:
"Ta morale évolutionniste).
Elles ont coloré les recherches en psychologie et en psycho-
pathologie africaines.
Ainsi,
pour GALLOIS et PLANQUES,
le cerveau du Noir
est un organe aussi perfectionné que celui des
Blancs,
mais
tout
se passe comme s ' i l n'en utilisait que certaines parties.
Ils sont en cela comparables à
l'enfant,
au débile mental,
aux
êtres frustres
que
l'on observe dans les sociétés civilisées.
- 39
Ils
pr~tendent avoir trouv~ un fondement physiologique à
leur assertion par le
trac~ de l'EEG ; ils y découvrent
un trac~ indiquant une immaturit~ neuronique,
les rythmes
th~ta et delta et une hypersynchronisution.
Le Noir est donc psychologiquer;-ent
imnE1.ture.
Pour G.A.
HSUX,
si le Blanc a
d(velopp6 une
conscience-
action et une conscience-perception,
le Noir n'a développé
que des
pulsions
instinctives.
L'organicisme,
courant dominant en psychiatrie occi-
dentale
jusqu'aux ann~es 1960, l'6tait par voie de consé-
quence en Afrique
colonisée. Les
~tudes psychologiques en
étaient égale~ent entach~es. Elles
tiraient des
conclusions
biologisantes
a
partir des philosophies
évolutionnistes
spenceriennes.
C'est ainsj. que
les
thèses de
LEVY-BRUHL marq~ent
les
tendances
objectivistes des
tests de personnalité et d'intelligence.
Ceci est vrai
pour les
traval:X entrepris pour l'adaptation
du Rorschadh et du TAT (On:bredane,
Le Blanc,
F.
Barb~, etc .• )
en AfriClu.
On 1 i t
p:: r
ci,
p::t r
1 à
que
"le Noir ost
enclin aux bes~)ins
physiques,
nutritifs,
sexuels;
qu'il est
~'Jl!otif, impulsif,
agressif,
etc.'"
Ils
parlent des Noirs
en
termes
totalisants
et globaux,
comme
d'une espèce de n~buleuse inindividualisable.
On pourrait r~sumer leurs conclusions de la façon suivante
la mentalité noire est llne mentalité
primitive,
prélogique,
engourdie,
qui rappelle celle des
enfants
et
celle des
animaux évolués.
Dans
ces conditions,
la psychiatrie africaine se confond
avec celle du colonisateur.
Cela signifie qu'il
fallait
éloigner les
"déviants"
de
la soci6t~ ; que le mal est
incurable
;
que la souffrance mentale a
quelque chose à voir
avec une
lésion anatomo-physiologique
que
le délire,
le
-
Ito
comportement bizarre,
l'agressivit~ ou la passivit~ stuporale
ont un support
cortical.
En conséquence de cela,
i l suffit
d'y introduire une
substance chimique ou électrique
(les
psychotropRs et
la sysmothérapie)
pour r~tablir l'ordre
antérieur.
Les
institutions et
les
nodalit~s thérapeutiqu8s
ont
6volu~ paral~~len!ent aux courants doctrinaux de l'Occident.
Il en est de même de
l'organisation spatiale qui
se devait
de r4pondre aux' exigences m6dicales des
psychotropes.
La psychiatrie africaine fut
intégT~:e dans le mouve;:~ent
gén~ral de la psychiatrie et de la psychopathologie clinique
occidentale,
dont elle n'a fait
que copier les mod~les et
le mode de raisonnement linéaire.
On ne s'~tonnera donc pas qu'une transposition m~canique
de mod~les issus dans un contexte culturel différent de
celui oG ils
s'appliquent apporte plus de questions que
de
réponses.
L'efficacité
th~rapeutique , du fait de
cette inadaptation,
fut
lin:itc"'e.
Le chapitre
suivant montrera
les points d'achoppement de cette évolution.
-
41
B
LES
INSTITUTIONS
,
LE TRAITE~.I NT ET L'ASSISTANCE
======================================================
PSYCHIATRIQUE
=============
Exceptés Hadagascar et
le Sénégal,
i l n'y avait pas,
jusqu'~ une date r~cente, d'infrastructure hospitali~re
psychiatrique dans
les pays
francophones.
Seules
certaines
catégories sociales bénc;ficiaient des
soins
psychiatriques
et devaient
Atre
envoy~es dans les mitropoles
les militaires
et certains repr6sentants de l'administration métropolitaine.
Les
rares
structures d'accueil existantes
sont de véritables
pavillons d'incarcération.
C'étaient des
asiles
à
l'allure
médiévale.
En 1956,
on 8n rencontre au Sén6gal
(100 lits), en
Haute-Volta en 1958
(80 lits)
,
au Cameroun
(6l~ lits)
en Côte d'Ivoile
(300 lits environ)
,
au Niger,
en 1959
(110 lits).
Ce,.,
chiffres,
qui ne
concernent que
l'AOF démontrent une
assistance psychiatrique presque absente.
Le
personnel
spécialisé fait
défaut parce qu'il fallait
parer aux grandes
endémies,
plutôt que de s'occuper d'un domaine
qu'une structure
traditionnelle
résorbait
tant bien que mal.
Le personnel
était européen
Atlbin en 1930 ; Collomb en 1959.
Une autre diff~culté est celle relative à
la culture.
Il n'y avait pas d'empathie culturelle suffisante pour
aborder ces probl~mes cul turellerJient entachés.
On observai t
et écoutait avec un soubassement orga~o-dynamiste européen
ce qui sortait des
entrailles de
l'anthropologie africaine.
:_ 42
Dans ces conditions,
le mode de traitement:dè~~iti
.•:
. ~': "1' -:...: .
~:;
refléter· les conceptions de base.' La chimiothér~p~~~:~t~~'".~_'~'""'~
sismothérapie étaient
les
seules
thérapeutiques '··~f\\fis'ibles;•
.'
.-:
,:.,..
':
Ainsi,
J.L.
RENAUl,D,
médecin psychiatre à
(Haute-Volta),
écrit
·..J!'_·i·_~
..,
'."
~':
;::h ~~~:.,
f:"
"L'absence de personnel en nombre suffisant interdii:urie
approche psychoth~rapique du malade, le mode d~ ~èi~t~on
qu'implique l'incarc~ration, entre soignants et io{~n~s,
rendait ridicule et dérisoire toute
tentative de psyclio-
thérapie de groupes,
s ' i l n' y a pas quelque espoir', de'l'voir
les condi tions de vie changer radicalement.
Au~si ,"la';:~
thérapeutique quotidienne consiste-telle actuellëm~nt~à
endcrmir le malade avec du largactil du midi a~ lehdeMain
ma t in,
en a t tendan t
que la syrnpt vrna tologi e s e
sottr;cii~sipée. Il
( Psye hop a t h 0 log i e africaine ,
Vol • IX n 0 l
,
19 7 J;: ;'~~;~J j )
~- ~:
t-
••l..
Cet aveu illustre on ne peut plus clairement1i~ situation
thérapeutique insti tutionnelle dans nos pays.
Là ~r~:tiq~e
psychiatrique est rest~e calquée sur celle de l~ Métro~ole.
Il Y ayait non pas adaptation de mod~les, mais simple expor-
tation mécanique du mod~le biologique à cette époqu:~
j'.ialgré l'apport des
travaux de l ' ethnopsychiatrie, de
l'anthropologie psychanalytique
(G.
ROHEIM)
la, pénétration
des mod~les psycho-dynamiques dans les psychiatries de la
Hétropole
malgré l'importance retentissante des travaux
de SPITZ sur les carences affectives,
la psychiatrie africaine
est restée insensible au courant anti-psychiatrique et,aux
forces
idéologiques et scientifiques qui ont contribué.~
l'assouplissement de
la pratique psychiatrique en Occi1ent.
La chimiothérapie et la sismothérapie, bien qu' inéffic~;ces,
restent les seuls modes de traitement. Les
exigence~ s6ciales
de la vie moderne favorisent
l'éclosion de malades mentaux
dans
les centres urbains.
-
4)
lO
,.
ç
.~ .
- .
~;!.
~~
.:k:.!~
., •
...,::
..--
.. ,
..i'
~
P'~~t alors que des strat~gies th~rapeutiques plus souples
.~:'l} ':'s~~nè créées, poussées en cela par 1'0:-:5.
~-;~~:W;~~~_···
;~- .~ ;',:.
;1
k t '
r
.~;~;.
"La psychiatrie africaine, suivant l'évolution gtSnérale de
..''''-
;: l,ê:;l psychiatrie,
se
libère de
l ' emprise m~dicale biologique
'.'
poùr se
si tuer dans
les
sciences
hur~aines."
(~. COLLOMB , Histoire de la psychiatrie, en Afrique, p. 100)
; Avec
cette' orientation à dimension humaine,
la lecture
de la symptomatologie
intègre
les
signifiants
culturels.
-~-
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- 44
· ~.;:-~ i:~~ .. :.; ;~ ~.
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CU~~JRALISTE
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.c::=:.j Les. sc ienc es huma irie s enrac inen t la psychia trie dans le
~-:. ?>::~~>r;t '~r '~)+;;"/
;, .-i
cuJtur·~J;~;-J~.dans l'unive:r:s,. imaginaire et symbolique
(les
:'.;, ' .. 3"':ic'" ....~~;.,::-,,~..
.
.~ .,
my.·th.~s~/.i~.~ .. croyances):·en intégrant l'aspect différentiel de
...:~- .:i:..... ~~:::;'" ..~..:~:.,- :.
~ .
la~pér~orinalité. On applique alors avec prudence les modèles
im~'blt~~:L,":"La psychia trf~ t~aditionnelle devient un champ
~L.~
~.
.-~ "', .... _.
,
"
• •
prèv{,l·.~g{~.; et enrichis~int,de la recherche ethnopsychiatrique •
..~;; -'~
. "
On.:a~·8;i)te,"traitements et espaces aux structures sociales et
me~\\aies."La psychia trï.'è africaine devient llne psychia trie
soci~le~~L'intégration"desmod~les psycho-dynamiques et de
la ~héorie anthropologique entraine la naissance de ce qu'on
pourrait appeler
"l'Ecole de Fann"
,
avec H.
COLLO::B.
'On peut alors
dire que
la psychiatrie
s'acculture par
asiimilation de
modèle~ locaux
les praticiens,
mêmes
européens,
questionnent
leur ethnocentT'is~ne.
Cet'te démarche
identificatoire
par empathie à
une autre
, _ . '
~"'-
cu:i:t~r~nécessite un bquleverse,·ent de ses propres racines
cu~tureJ;le5. Une opérat~on mentale de suicide culturel est
.-'"
,i,.
',.."
,
un.:.p~éaiabie. Il s'agi t d'un remue-ménage in t éri eur d'un
sy.~~t~;·~îd~.~:pensée inté:iiorisé à travers les divers courants
". ~:. ::.~:'. ;'~. ", . ,.- .
..'
"
de·;.pensee,.:psychiatrique et
l'idéologie occidentale de
la
P~~~~~~~~!~?ire• Ce reg,ard int érieur ne pouvait s'empêcher de
pa:~..5~:r:p'ar;,.la voie analyt ique. quo i donc de pl us normal que
la~~~t{h~h~lyse soit à i~ pointe de ce courant en donnant
~:'< ~~0~ '.":<~-t··~:·?:S~ .
.:!~'f.~"
~
na..~~~s~,p.cé~~'~ l ' e thnopsyc,hia trie et à
l'an thropologie psycha-
nq-l':;"~:i~\\ief:? Ces dernièr'~s devaiént favoriser l'identification
.'
,
' .
~.J.-
'
"t
'1
~
"
.. ',
...
~
---
,"
- 45
à l'autre ~ans confusion qui prciserve l'int~grit~ des
diff~rences interindividuelles et culturelles.
C'est ainsi que PARIN et l-rORGENTHALER adoptent la
m~thodologie roheimienne et analysent les Dogons au riali.
Ils
tirent des
conclusions de leurs travaux dans un livre
intitul~
"Les Blancs pensent trop".
C'est au S~n~gal que ce courant, en ce qui concerne les
pays francophones,
s'est montr~ le plus dynamique et le
plus élabor~, sous-tendu par une psychiatrie permissive et
ouverte.
H.
Collomb,
qui en est l'artisan et le pionnier,
publie
ses r~flexions dans plusieurs revues dont celle de la
Société de Psychopathologie et d'Hygiène ~lentale de Dakar
"Psychopathologie africaine".
Des
témoignages divers selon leur orientation sont
publiés:
M.C.
et Ed.
Ortiques
(l'oedipe africain),
N.
Le Guerinel
(in Fantasme et formation,
1973)
, L.V. Thomas
(in Psychopathologie africaine,
in Phantasme et
formation 1973,
Bulletin de
l'IFAN 1959, etc •• )
,
Daniel Storper-Perez
(la folie colonisée),
et la liste est longue.
Depuis quelques
temps,
la formation de médecins-psychiatres
africains a permis à
ces derniers de livrer leur réflexion
sur la pathologie africaine.
1. SOW est un représentant de
ce courant de reprise de
la pathologie par le Noir lui-m@me.
Il est connu pour ses deux publications
"Psychiatrie dynamique
africaine",
et
"la folie
en Afrique Noire".
Actuellement,
l'objectif vis~ par les recherches est
une meilleure connaissance de la culture d'où procède la
maladie mentale,
pour mieux ~couter un discours apparemment
sans signification.
Il ne s'agit pas de transcrire mécanique-
ment la parole désordonnée dans un autre code linguistique,
mais de lui donner un sens dans
le contexte anthropologique
africain.
-
46
La relation devient le vecteur de
la thérapeutique.
C'est
dans ce cadre que des
institution~ thérapeutiques adaptées ;,~~~~~
aux traditions
locales
ont été créées
ce sont
les "pinths",'
les villages psychiatriques,
au Sénégal et au Nigéria,
la psychopalabre au Congo,
etc ••
Malgré cet
effort,
l'efficacité thérapeutique déjà non négli-
geable de ces
institutions est réduite.
Il faut
en rechercher
les raisons dans
les
caractéristiques épistémologiques mêmes'
de cette démarche.
Les mod~les psychodynamiques ont fait
leur apparition
en Afrique avec
les
psychanalystes et
les psychologues
venus dans
les
institutions psychiatriques africaines pour y
travailler ou dans un but de recherche
com~e Parin et
Horgenthaler au Halichez chez les Dogons.
Conformément à
la théorie freudienne,
ces
chercheurs et
praticiens ont eu une approche individuelle des
comportelnents
pathologiques et normaux.
Elle consiste à
isoler un sujet
dit malade,
et à
créer une situation appelée
"transfert".
Le sujet doit alors
revivre en se souvenant et avec une
charge émotive,
les
év~nements traumatique~ sanâ lesquels
la souffrance actuelle n'aurait pus
lieu.
A un type de
comportement pathologique correspond un seul év~nement
traumatique.
Sur cette base,
la d~marche thfrapeutique
consiste à
rendre
conscient ce qui est
inconscient,
par la
rétrospective historique.
Nous avons, "dans notre Mémoire de D.E.A.,
indiqué que
l'importance du vécu groupaI en Afrique rendait une telle
approche
inadéquate. Elle consid~re la morbidité comme
résultant des forces
intrapsychiques
le ça,
le ~!oi et le
Surmoi.
Le symptôme appara1t
comr.:e un compromis coûteux
entre le désir et
les
interdits sociaux.
Or,
la
"prévalence
du symbolisme familial"
(Ortit;ues)
relè'gue
le conflit
intraindividuel au second plan.
Ici le conflit est plus
social
que psychologique et
l'hyperpsychologisation des faits
observés par la procédure analytique est une erreur
" ... " :~ .;-
- 4.7
. ~.~ ;".~ '-..'
~:,:.~::~',_,>.r:t,~
____.,,-:~\\-~:I t '. -:. -. - '
_,:: _.- .-:' "
'Ô:
~::~.,~,.' ~~~·_'•.~.:·~:s~-~·
j~~ ~
,;...., ....-::
"\\.
".
•... J;
,.~
.;,,~.',:~.".' ~S~
,.ct..' ,-,;...; ,
""-. :;:-Y-7;;
•
••.:.:".~.;:.:~.·.'~~.•,.,·,··
r'~' '~·~~'~~~~~~fi~~~!~~~:
" .' ~7 ~~.
:~":'>~:ff~~:~Ftémolo~Jquei;~~è~~;: so uffrance mentale est une violence
'.{_IiE~~'!Ig.~,~~,.~"i!',~~~.~~ un sy~tè"me.•< L~,"~.~ltur~l..et.le" ps.x~ .. ,'Hf"';-f'
'~;':;:.-::;- èhéjl'ogique'.; sonfi:"toujours mêlés ; celui-ci renvoie à celui-là
:'. ,').·~t";~vice-versa d~~n~"un perpétuel jeu de miroir. Ces jeux sont
.,,~··i,,·-:;_~,_,,":·,__
~.:
:~:... -:<~ '.
.i
J: ,.c·c;:-".:';,',revélés pa:ç le1{'psychothérapies et constituent le champ
• • ;,~ ~<' . . . . .' ; '
'ps'y,c:hologique p.rivl)égié des
interactions
qui ne
manquent
;':'·'-;iRa:~'~.de trahir l:s~:~antasmes et autres matériaux inconscients.
"
< ~?ette idée' renc;'bntre celle de G • BATESON, quand il dit que
.........
"
. '.'
"les modèl~s d~la;société comme entité majeure peuvent
,
_~ar apprenti5s~g~ ,être introject~s ou conceptualisés par
~ ._~~~~e~ individus'4tii~en font partie."
~: ,~ft(v~'rs une:~colo.gf~-tde l'esprit, p.77)
't,
il,"
"':?-
~.
~~.
-
L'appfoche?~~~rapeutique psychodynamique traditionnelle
a' a~porté beaUC~?~~~{'dans l'amélioration et l ' humanisation
:; des;'services
; -mà:'~~~:des facteurs fondamentaux limitent son
efficacité'danic~ contexte.
-.'~ .
. ~I-
, -
'- ..
-
_ {,
2
LES FACTEURS DES
DIFFICULTES D'APPROCHE
Les raisons de
c~~ta inefficacit~ sont nombreuses
on
peut. citer l'o~~tacle linguistique
,surtout pour les Européens
travaillant
su~ place
la personnalit~ globale qui intensifie
l~~épenda;ce vis-à-vis du thérapeute, ce qui rend le transfert
:"', ma.s,sif et
j,nexploitable.
La conséquence
est qu'on s'achemine
:,:::- '" . ~
.- --.
'. .
.'".
...
; :;> yers., une analys'é"fnterminable.
rIais
l'essentiel de cette
:)i'~~~}ficaci!~ ti~n~-au mod~le épistémologique caract~risé par
.. ~=-. -'
.
'"Ce- que D.
COOPER appelle
la rationalité
analytique.
....
-'
-
48
"'. pr.opr.e~..t~Y*,if<t~~~~.p.ce~
phyqiqu~s,., elle négligeque:c:,.npus sommes
dans un::'~d6ni:a."'ine humain, et que, dans cette perspective, il
,
.
faut un.Ei' sc'î,ence des personnes,
celle qui aborde non la per_
personn~ ~~'ii;~e entité arbitraire, mais la relation, le rapport
mutuel qui.~6nstitue le champ des transactions.
L'inter-
SUbjectiviif:devient l'objet du psychologue clinicien car
seule l~ac{ion ~t l'intéraction humaines et leurs prod~its
sociaux.' sont· intelligibles et compréhensibles.
Ce mode
~..
d'approche~~'inscrit
dans un domaine o~ i l s'applique
scientifiqU~ment. La schizophrénie et
toute autre souffrance
mentale; de~ient non une souffrance ou une propriété indivi-
......"".-
duelle,:mais;~':~ "une situation de crise microsociale ll (COOPER)
,..... -_.,
Dans les conditions o~ les statuts des éléments d'une situation
sont ontologiques,
elle diffère de l'objet purement physique •
. ".:-:':
Nous sommes~dans une r6alité humaine caractérisée par son
fonctionnement mental et la totalisation.
Au lieu de considérer
la personne finie,
on la saisit en situation et en évolution
et on s'efforce de comprendre le tableau symptomatologique
"-
.~
en intégrant' ce qui s'est passé et ce qui se passe entre le
\\'patient désigné"et ceux avec qui i l est en relation.
Ce modèle doit être de règle dans les sociétés africaines
de par leur complexité.
Complexité interactionnelle qui n'a
pas laissé Îa psyché indifférente au systèlT:e environnementiel
conditionnant.
Car
Ille mythe du groupe op~re dans la psyché
individuelle' comme une projection fantasmatique,
qui a même
structure e~ même organisation que lui. Il y a correspondance
terme à
terme. et,
en quelque sorte,
indistim:tion, de telle
façon que l~ mythe joue à l'&gard du fantasme individuel
une fonctiori:' 'écran qui en masque l'origine. Au point de vue
de l ' économi,:e. libidinale du sujet,
celè. lui permet de ne
pas int~rior~ser l'agressivité mais de la projeter à l'exté-
rieur dél.ns l:es représentations persécutives ll •
(Le Guérine17,.··· fan tasme et formation,
p.
147)
, '~".
~
- -
..:
":.-
-.:" 1.~.:"·
,i;'.;;;.~~.
:':"
,:~~: Le fonctionnement collectif de la psychè structurée
r=P"~~,~~:t.K~~~i~e'~YITJ\\~\\~Î':i~'~;-'rami i i al~' ~~ ,·'tt"l';;;"i;"~'~""'~;id'~ ~~~--'p~'; kj .,"
>
"
" :Or-(igues
(Oedique africain),
et cons t i tue un de s
fac teurs
"
",,);-e~âant la technique psychanalytique difficile à utiliser
.'
;·t~·."
en:~!frique. Le cas du traducteur dont Ortigues parle à la
P;. "59 de "l' Oedipe africain" , est éloquent à ce sujet •
....... -
NouS avons eu nous-même une expérience à
l'hôpital Fann.
}l~s'agissait d'un policier Agé d'une trentaine d'années
et'qui avait un déficit de mémoire partielle de chiffre.
~-
I l ~ffirmait qu'il ne pouvait pas retenir les numéros
d'{mmatriculation des
voitures,
même pas celui de son frère.
Apr~s avoir cherché conseil chez l'infirmier de notre service,
-il~e persuada ~ue son problème était psychologique •
. --
C'.st ainsi qu'il a
cherché à
me voir,
parce que -dit-il-
"le~ médecins donnent des médicaments qui sont en même temps
des drogues
or
je suis du service de lutte contre les
stupéfiants
je ne veux pas de comprimés."
A la question de
savoir pourquoi i l vient consulter
maintenant,
i l rcipondit qu'il avait un examen professionnel
or dans cet examen i l y a
des articles du droit pénal à
apprendre par coeur.
Et comme i l a des problèmes de mémoire •••
Après un entretien court,
je lui ai fixé un rendez-vous. Or
la date du rendez-vous
précéd~it le jour o~ il devait subir
un pré-test en vue de
l'examen.
Le
jour du rendez-vous fixé,
je l ' a i attendu en vain.
Il s'est
trouvé qu'il s'est
trompé
sur'les deux dates.
Ainsi,
i l a
raté le pré-test,
i l n'est
don,ct pas autorisé à
composer.
Cep~ndant, j'ai pris l'engagement de continuer la psychothérapie
.... .:...
- '.
pou~ l'aider à améliorer sa mémoire. Mais j'étais sur le point
,"
. J.- .
de partir de
l'hôpital,
je l ' a i donc confié à une autre
psych-ologue d'un autre service.
Ils décident de se voir
.~.,~
~é~lièrement. }1ais, dès le premier rendez-vous, la psychologue
pri~e par des obligations familiales importantes, a été empêchée
...."'....
'>.'.
- 50
..' .....
J
et n'a pas pu non plus s'excuser.
C'est alors qu'il me
...•.J.••
~~:V~~~rènc on-fra,l"d'a:'ni~'\\1~'~c-~~~u10 irs dE;<'i;;;'i-:';~ïiIii;ue ~ .... ~t .~~" eÎ~'c{a\\'~"":~'
"je croi~ que
je vais
laisser tomber."
~
On ne le revit plus
jamais.
Ce malheureux cas
soulève beaucoup de questions.
Qu'est-
ce qui se passa~t dans sa tête?
~
Que venait-il r~e11ement chercher?
Quant à nous,
th~rapeutes, la d~marche était là, déjà pos~e
i l a
des
soucis; i l ne doit pas se sentir bien dans sa famille;
i l a
eu un traumatisme psychologique dans
son passé" etc ••
On est' même venu à
se demander si ce n'était pas la peur de
r~ussir qui s'exprimait de cette façon.
Pour ce faire,
i l faut
l'aider à
extérioriser ses problèmes actuels et passés.
Seul ce
travail psychologique de rem~moration ~motionne11e
des
faits
et désirs
frappés d'interdiction par la censure
morale engendrera la guérison.
Cette strat~gie th~rapeutique
était guidée par le fait
que le problème mnésique était
devenu une propriété individuelle;
c'est comme si l'individu
souffrait d'une grippe
ici d'un "mnécoque".
Notre
tergiversation,
matérialisée par nos doutes et
nos rendez-vous manqu~s, nous a démystifiés. Lui qui, au
départ,
venait
chercher une solution chez ceux qui sont
chargés par l'Etat d'en donner,
fut
d~çu. Il a dû se rendre
compte que nous n'avions
pas
le pouvoir qu'il pr~tendait.
Nous n'avions pas
la solution magique du problème,
ce n'~tait
qu'une illusion. Le pouvoir fantasmé qu'il avait pour le
psychologue s'est démystifié face au r~el.
Cet échec n'était pas évitable,
tant que nous restions
enfermés dans
la tour d'ivoire de
l'épist~mologie analytique.
Un changement de modèle de pensée et d'intervention ~tait
nécessaire pour voir à
quel mode interactionnel correspondait
ce sympteme puisque les facteurs
organiques étaient éliminés
:
le
tracé de l'EEG ne
révèlait rien de pathologique.
- 5.1
...... :'-' , ..
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~, •. ' J.
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~:,'~~_ =?-~' i::'f~j{:~t~~t;:
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~
....
~;: c; .-: ::. ; ...:~~'~:;.~~.:'.~~~~~{~~?-: ..~
.::~1~·~
La spéculation que nous
avons:fà:i:tE apr~s',noü~;,~''-,a>en f'.o.:ï1 c é encore
,-,o-'~'~1;;;{'-~i,,·~~"t;r;':~~~"?ri~6'ii~~èt·"'~~~"f~~t~
--:"Ç--
;-n:on', ~ c; è~t.~~~~FiiCt>"'p~t~~~~
motivé réellement,
etc..
"-',
'
,~ «::~ ~;(~:--::f;:;~-.
Les théorie s
psychodynamiques de
la causali;t,é' .:~et: la,:, 'procédure ,
par accusation nous
empêcha de
cher~h-er '~ ê~;~~r~-nd;;:~'" les
~_ .. ~-
':.
,:"':'~. '-,:~~ ::...'
.' !1,i[{~
relations d'intériorités qui existent entre indivia~s.
':
<:. ""
• :'
,", ,f, ~.
Au lieu du nexus
de
personnes,
l ' iritersubjéctivi té,'~4'ans la
.
~
. 't:
.
:
~:';~;_
situation en évolution qui devait
être
l'objet et 'i!i cible
des
psychologues que nous
étions,
nous n'avons
qu'une
personne
sans médiation.
L'intêrêt de
cette digression est de nous~permettreYde voir
.
. . '
~~'r
.. .;.....
~.;y!:.
que nous
sommes avec
la chimiothéra~iè dans i~-mêm~\\~egistre
"
·r,..-
:
. , . . .~
, :·~.. t
de la rationalité analytique;
celui del'ind,ividua);isation
du phénomène pathologique.
Le produit Pharmaceutiqti~ accuse
. .
.
_' .... ': :
:,..;:" .:1,>
un mal
localisé qu'il
est
censé guérir.
C'est~:.l'app:Foche
.- ~- ','
~...." . ;::.
-
. -0r.;:.
médicale.
I l s ' agit d'une
maladie
et
les
symptèmes"~t les
-
,
signes observés
sur une personne
son't
objectivables':,;et
?-~::'.
de
ce fait
sont
abstraits
de l'environnement humain~ Ils
induiront un diagnostic
et un traitement. Mais quan~ les
malades
eux-m6mes.disent
:
" s ' i l n'y a
que les médicaments
à prendre,
laissez-moi repartir à
la maison"l_ i..
nous restons
aveugl~3 par la proc~dure analytique individuelle.
Que
ce soit
les
th~~apeutiques ~himiques ou psychologiques,
un individu est
visé.
I l est
traité hors
contexte-'~ Or, on sait
que
le malade
en Afrique
est un lieu',
un carrefour,'d'e rencon-
tres
et d'expériences
complexes qui
engagenta~ pre~ier chef,
le groupe.
Dans
la société,
i l n'est pas d'ihdivid'~s en
dehors de
son statut
et de
son rôle.'-bien d'ifihis:-.
I11 n'y a
r'~~' -.:" ';' -
::.::.~~~:
,-
pas d' iden t i té
personnelle
en dehors de ce" c·omplexe~,_:.relationnel
.
',';
-~.'
:.if:
et
symbolique.
Les
comportements"
m~me bizàrres, s"ont intégrés',
dans
l'ensemble
synthétique de
la
réalité- dia:iectiq~'e des
~.'
. '.
signifiants
collectifs.
La souffran~e- mentiiIEi\\::~l," a d~ sens
> ~. ...
:r
-,',~~7 '~-
-:',l-i~~_
que dans
le contexte d'o~ i l proc~d~i~com~~ni;i~vr~time est-
. ~ ~ ..~.
,~ .. ~.
",;"._ è·...
. :::~..
elle cons idérée dans
s on milieu ? E'st-il': ri:c'hê': 1.- Co;;'men t
voi t-''':
i l les autres
et
comment réagit-il :a:ü cont~'~t~'?'-I~~~ nous ne
sommes pas dans
un mod~le individualisant, '-atomisant: et culpa-'
bilisant.
- 52
' •.:". ''''~T." Dans:o"cesv's ocï:étés"t""-la" démarche- de' -D';--' COOPER'
était déjà
là
:
on cherche à
"comprendre ce que le sujet fait
avec ce,qu'on lui fait,
ce
qu'il fait de
Ce dont il est fait".
(Psychiatrie et anti-psychiatrie,
p.26)
Comment un~telle contextualisation de la maladie mentale
peut-elle cadrer avec le modèle linéaire et de la cause à
effet de la psychologie analytique traditionnelle?
La relation thérapeutique duelle devait donc se remettre
en cause. Elle n'était pas conforme aux structures thérapeutique~
traditionnelles,
celles dont la société s'est dotée histo-
riquement.
Cette interrogation s'est matérialisée dans
certains pays,
comme au Sénégal avec H.
COLLOMB par l'insti-
tution de v~ritables
"communautés th~rapeutiques".
Le
"village thérapeutique" en est la forr.;e
la plus achevée.
En Casamance, au Sénégal, des guérisseurs marabouts avec
l'appui des pouvoirs publics,
ont constru{t des villages pour
soign~r les malades. On y compte actuelle~ent 50 à 60 malades
qui y sont hébergés avec leurs familles.
Dans les
institutions psychiatriques officielles des modèles
traditionnels sont intégrés
ainsi en est-il du "pinth"
ou arbre à palabre,
espèce de réunions publiques auxquelles
participent malades
,
membres de leurs familles
et personnel
soignant.
Dans ces réunions où chaque malade parle comme i l
veut et à qui i l désire,
on révèle des modèles de communi-
cation pouvant avoir une valeur diagnostique.
Au cours des confrontations,
l'accompagnant,
le repré-
sentant de la famille
et le malade identifié manifestent un
type de rapport
schismogénétique complémentaire dans la
plupart des cas.
"Ma mère me prend encore pour un enfant
1"
"je dois lui
demander la permission chaque fois que
je veux sortir", etc
-
53
-;..:",
't;;~.. :.d? ~~~~;j!*~i:;"::; ,
.'
~,~,',',',~~,'.;:',:.'.~_~,-,~,.~,'':_,', '.~.~,:_,::::""._,'::.:,:-~""',.'""",~,;',,.~.'[,.~.~_~:~,,-.~,',·.- ~~;~;.: ~~;~~':>
_
:";
••·,,',',i:;:_
~;~,i~:;,- ~'~-;.. ·~~1t;:;·t~·i~~~i~· ~,.,~ ~...-,"
. ;";'~-",'
'H:;'?f!:.:~~;-'
·<-:1::·~·~.t\\~:~~;' - ,--; .r.:~/'.-
'. ,.. ~~
Du côté des
parents ces phrasesf'sont:-cn'iorinc:üe. c()urante
_ ~~~~~~~~~:~~~._.j[~~:~t .:_~~~1i~~:'~Jk:~'~~..~..--~::~,::~-_~;r~ _ . .
''';h "~:"~'.-r,-';';'''''~'''''b,"Ttî''dei s . m;~i6bé,ir''';" 'Jè", sl;f·i~~t"'dn~ii!Èi·i'fe)'~;j~!za.'ii.~t'o:u~t~:Cal t: pour-ë.,~
toi,
etc •• "
~~~ ',', ~>~~ T-%~':C~~::~-F(~:"~;r
L'existence de
ces
structu':i'esëst d:'un:"gr'and i'ntérêt.
3'.·;:F-·~. "..~""~
.:·"~~:~i~~.l7·~..'~,,·.~ . ':"~'. . .~
Les parents présents
peuveIlt fourriir,~ssez',4'iJ1formati()ns
_
_._,":~> ' .~~.~_._<
~..;_.r_.~~,-.~~;·d~~~·.
: ~.'
,".:
sur les malades,
leurs
comporte,ments'.a:~la' ~'aisèn ; ils
:
'-:.
.#
~:~
'::~~<I-~.
peuvent préciser l'anamn~s~, corif~~~~~;6u irifirmer telle
";
•• -. ,:, ~.:
.~.
r-
ou telle
partie du délire .'On peut/é'ga~lëment observer la
na ture de
la re la tion qui ;égi if: l~st dè,~x prota~onis tes dans
.:
.'.
liinstitution.
Les
cas
clü.1ique's' que nous
commenterons
plus
tard,
laissent voir q~' il,.~st. p~'~'s~'bl~ d' ëxploi ter
:, ~
_~ .
:'::
,':'l':'.,
:
ces réunions
et
la pr~sen6~ dei·fa~i~~~s. Le cas Bomou
.•..
' \\
- " "
.
{
par exemple,
met
en lumière. un mécanisme commurlicationnel
qui perpétue le
jeu de
l 'h<?,méostasf:ëfamiliale où personne
!,,::~ -:"
..::." --;...
n'est vainqueur ou
vaincu.
Pour la famille
de
Bomou;~6e d~~nie~ est "trop fort
et viole
les
femmes"
;_"n'ous voulons, que vous
(les m~decins)
vous diminuiez
sa forcel'._"Donnez-moi une femme
alors
!"
réplique Bomou. _"Oui,
répond l 'oncl~,.' si tu guéris nous te
;.
donnerons une
femme".~'Maii, répond aomou, si vous ne me
donnez
pas une
femme,
je ne peux pas guérir".
Nanifestement,
cette
famille n'a pas
l ' a i r de s'arrSter
de
tourner autour de
ses r~gles rigides.
Des
exemples de
cette nature
sont
légion.
~'ai pu voir
les manifestations
de
ce qu'ori pou~ra~t appeler avec LASEQUE
et FALREZ "la folie
communiquée".
Pendant que
le malade
s'améliorait,
l'accompagnarit co~ménça1t sa décompensation.
...
-
·t.
.~''::'
~
Le soir,
les rôles
se
renvêrsai'~~t~;{,C'·:est le premier malade
~
1.,.
,.-~ ..:f.~-.;_,-,:.;~
ayant motivé
l ' hospi talisa tion.'",qui<' 'b~'d'ônne à. 1 ' accompagnant
Des
phénom~nes de ce, genre- qur manifestent plus la réalité
- :-;~:.-.
:;'"
. ";;"', '-~ ~"
.
rela tionnelle que
la mona<i~:" déc2nn~cté'e:,devrp.ient pouss er les
- .'4.~
.::. ,.
,-
~r.,:
.~
.
. -
thérapeutes
à questionner, ~;~ mqd~i'~iré'pist-ém~logique même qui
~~~:~_
,,~;
,'6''fJ.
,,:~,_
l
"':••
,;
guide leur analyse.
-.". '-~
;
~
_....
j.'
•
Ainsi,
au cours d'une r~union institutionnelle,
le Docteur A.
_,.,-',",--'.:"- ·i;-"';"";·-·':"oY"rela'tff:·'le~'·cas
du' pompier: qui ressemble: ~trangement'·aux- s~ances> ",:~
de th~rapies familiales.
Le patient avec qui
les
entretiens
avaient
lieu de
façon continue,
parlait de ses parents, de
ses oncles,
les accusant de ne
pas tenir compte de ses désirs
et de sa volont~. Ce flot verbal ne peut,
en l'~tat actuel
des
choses en psychiatrie,
retenir l'attention de quelqu'un
sauf pour l'int~grer dans le d~lire. Délire qui par d~finition,
est non sens,
insignificatif puisqu'il est hors du sillon.
Le Docteur A.
,
que
je connais bien pour avoir discut~ avec
lui,
et qui questionne perp~tuellement son statut de médecin
psychiatre,
eut
l'id~e de ne pas rejeter le "d~lire".
Il fit
convoquer les parents du malade,
et
ensemble ils
tentè-
rent de comprendre la situation. Les discussions furent
très
violentes et r~vèlèrent que le discours que tenaient les uns
et les autres
en a-part~, d~formait la réalité. La confron-
tation sous l'autorit~ épist~mologique du médecin a permis
aux protagonistes de
lI v ider
chacun son sac"
et du même coup
de définir la ~elation. Chaque protagoniste ayant ave6 une
rare violence proclamé son idée du système,
les
tensions
interpersonnelles de par la clarification se sont apaisées.
On n'entendait plus que
"je ne savais pas que
tu croyaiè que
j ' étais comme cela
;
c olnmen t
voulai s-tu que
je sache que tu
désirais réellement c e l a ;
en fait
j'avais menti,
etc •• • 11
Le Docteur A.
raconte que quelques
jours après,
le malade
est rentré dans
sa famille.
On ne le reverra plus.
Cette deuxième digression est riche d'enseignements.
Les structures hospitalières et
les règlements de Fann -
Dakar
permettent l'utilisation spontan~e du modèle de la communi-
cation. Ne faisant pas
l'essentiel de la stratégie thérapeu-
tique,
ses effets sont usurpés par l'administration simultanée
des psychotropes. Hais
i l mon tre surtout que ceux qui sont
diagnostiqués malades mentaux sont victime d'exigences contra-
dictoires.
-
55
Le tableau symptomatologique dans ce c~s, représente ce que
fait' la: famille-:; e t ' le . pat ient-vict iiriè"contribùe' ali''';maint ien" '"
d'un mode de vie dont
i l paie les
frais.
Ce mode de vie obéit
à une logique de la relation qui est malade et les symptômes
trouvent leur origine dans la maladie de cette logique.
Le problème n'est donc pas dans
le
"malade"
i l est dans
le réseau d'interactions interpersonnelles.
"En somme,
la folie n'est pas
"dans" une personne, mais dans
un système de relations auquel le futur
!'malade" participe".
(D.
COOPER,
Psychiatrie et antipsychiatrie, p.
49)
Dans la clinique o~ j'étais, une seule séance ~ laquelle
participent malades,
parents etéléments affectivement impor-
tants de la famille,
a
fourni plus d'éléments de compréhension
que des mois de psychothérapie individuelle. La relation
prenait le pas sur les discours.
Le non-dit s'éclairait et
aidait à définir la nature de la relation.
Cette technique
n'est possible que dans un autre cadre épistémologique et non
dans celui de la recherche des fantasmes ~ travers le
transfert
dans une relation duell~.
-
56
J
LA NECESSITE DU CHANGE~lENT
.
.
~ ~'.r' .;, ..3 ~~i,.<:;i-:
--------------------------------
.\\.~.:t. ,;. ., <"~'':'~. ,;,,~. .
• •
.f'~ ••:~~~ '.c-
c".
...
:
• • ' .
' . -
.~-
. ,
-:
Pourtant,
les réalités anthropologiques
préexistent
à
ce mode d'approche.
Elles sont un terrain vivant des
inter-relations et des
comportements compensatoires qui
évoquent
le mode comptables
"tu fais
ceci, ~e fais
cela
tu es ceci,
je deviens cela".
Si donc,
les
interactions
sysmétriques et complémentaires
constituent le champ
de la connaissance,
pourquoi y-a-t-il
un obstacle ~ l'approche systémique? Il faut dire que cet
obstacle est d'ordre épistémologique. La structure des
entretiens cliniques est fondée
sur la recherche des causes
et des déterminants
individuels.
Ces causes peuvent être
recherchées dans les
profondeurs des
forces
psychiques dominées
par l'inconscient ou dans
la société,
les
carences affectives
par exemple.
Là-dessus,
i l faut
souligner,
et malgré les
théories
des
carences affectives de SPITZ,
que
l'amour obsédant
peut
conduire à
la mis~re. L'amour peut para1tre comme une
violence de d6négation de la personnalité dans son fonction-
nement autonome.
En outre,
la notion de
cause dans le domaine
des
sciences humaines
est problématique. On parle plutôt de
processus
causal,
d'analyse de concepts fondamentaux d'une
science et non plus de
la nature du monde.
Au lieu de
conjecturer sur la nature ou la cause des
évènements,
i l nous
suffit de les
connaître
tels qu'ils
fonctionnent
ici et
maintenant pour être efficace. Un évène;:ent A engendre un
év~nement B. Pou~ notre confort intellectuel, il est utile
de le savoir.
~lais aurai t-on pu modifier A ? Est-ce que
dans
l ' é t a t actuel de B,
la connaissance de A modifie celui-là?
Dans
le domaine des
sciences humaines,
psychologiques en
particulier,
de
telles
conjectures
obscurcissent davantage
l'objet déjà noir de la psyché.
-
57
néces's~irEH~~'~'{ cet évènement. Bien au contraire, ce mode
:~:". ,.
1~~1
de ~;;Üs~ontie'ni""èÏl~t causaliste rigidifie les modes de relations.
~
''-:1.'.
Les
èonfessip~s, les concessions et les associations en
...•
-
psychothérap'ies,
soustraites de leur contexte interactionnel,
,.::. ,.
n'ébraIl1e'nt nuPlement
le
jeu infantile et dangereux de l'hybris.
Elles ont un feed-back positif amplifiant
l'erreur et
maintenant du fait
de 1 'homéostasie "
un système explosif.
San~ une coupure épistémologique, nous continuerons à
concevoir le
trouble du comportement comme émanant d'un
<l' ..
évènemen~ hiitorique A et comme une qualité individuelle.
Ce mod~le fai~ preuve d'indigence théorique en réduisant
~
un phénom~ne aussi complexe à des
sujets et à
des ~tres
énergétiques.
Ce réductionnisme,
en harmonie avec les
théories
atomisantes du siècle dernier,
isole le phénomène pathologique
de son contexte.
Comment
comprendre le mécanisme par lequel
on entre dans la sphère de
la souffrance,
si on ne
s'interroge
pas sur le système qu'il
sert.
Par l'interm~diaire de R. CARNAP
("l es fondements
philosophiques de
la physique),
on sait que certains
Il
physiciens disaient que
la science ne devrait
jamais demander
"pourquoi"
,
mais
comment."
,
p.
19.
C'est la voie que doit suivre
la psychologie clinique,
au
lieu de spéculer sur les
traumatismes
infantiles que le sujet
porte comme une
cicatrice immuable et ne participant pas de
toute la dynamique personnologique et contextuelle.
~Les quelqu~s digressions cliniques et les cas que j'ana-
lyserai plus loin m'autorisent à
dire
les
choses de façon
/
nouvelle"
si tant est que
leur complexite est admise.
-
58
,~ '-. '!..,:,. ~ .
{~Jr.:.~~~~~ :~~:'.:
~~
'~t;~~:~'r:~ '" "
,:~
Cette complexit~ fait d'autan?'~oln~ de doute que ;'arithro '-
'.
".
" ,
.,;., ....~- ,,-",..~ ,"o":---poTogi"e" africaine" façonne uné·~~~~4-ci'ùfè""-·groupale'·'·dà:iÙ~~f':i&;'téta
t··
~
psychologique,
rendant
l ' appr~:;~.~~"-' syst'~mique des p~:us'.a~équats.
Aussi,
cette observation de P:')i:\\-.TZLA\\~ICK m'est d' ypegrande
importance dans
l'orientation"de mon ~ravail
,-
.:,.
"Plus un système social est complexe, "plus complexé sera aussi
l'interaction et plus grande sera la 'difficulté dans ce
système pour arriver ~ une solution.~
(P. WATZLAWICK
,
Psychologie scolaire; nO 27-28,
p.24)
. .
.
Le complexe sera valid~ par l'iriterac~ion qui,
elle-m~me,
.
'
,
trouve son sens dans
la contextûalisa{ion des
trouble~
-
'
comportementaux.
Cette contextüa:lis"\\tf.:on oblige à
int~grer
"
la totalité et les éléments di~:ti~cts\\~n in t_~,ract ion depuis le
"traumatisn:e de la naissance" :-~(e'~ RA~K), jusqu'à la dialec-
tique des personnes autonomes .~t,:adùlt:es en passant pa;'
l'unité biologique mère/enfant~et,la connaissance de soi
par soi et par autrui.
(WALLON; 'R~ ftAZZO)
,~'-
En guise de conclusion partielle Sur cette partie,
je dirai que l'6tude de l'évolution des idées, des concepts
et de l'image de la folie
rév~le un certain progrès r~alisé
dans les tentatives de compréhension et de
thérapie de la
folie.
De la conception démonologique nous
en sommes maintenarlt
à une conception plus
sociale en passant par
"l'adh~sion
imaginaire à
soi" érasmien et karitien.
Cependant,
i l Y a
lieu d'aller plus
loin,
en tirant les
leçons des visions passées.
Ceft~'démarche nouS amène à voir
.~..
.. {-
~
qu'il y a eu confusion entre l'origine~ d'un phénomène et
son sens,
sa genèse e.t sa réali'{é~actÙelle en ~volution, les
faits et les
lois explicatives"~-:,.)
.•
,
-
-
59
'L:·..'.·:,,:~.
r=~~~ {",
l ,
-.':~::é:::;~:',~
i.;f{~~r:··
.}.
"Le'ê'Vfai t s ne cons t i tuen t
pas de s
explica tions ,à moins, de
p;V~9ir être reliés à d'autres faits par l'entremise d'au
",' m~.!~!fJ1"une;"loi"
que celle-ci soit expliei te ou implici teo.;n!:,..~ ,"-_',
(R:::~lRNAP, les fonderr:ents philosophiques dOe la physique, p.lS)
\\ ..:- ...... ~:....
:'>pne
"chose"
(BATESON) diverge de sa forme archaïque
:'~-' -
qu~nd; bien même cette dernière rtgresse. Or la confusion entre
\\:
," ....
-
l'é~~opathogenèse et les affections conduit à émettre
1 'h'y'p~()thèse d'u;' traurnatisme unique com;:e variable incondi-
tionh~lle de la souffrance actuelle d'un individu. Aujour-
d'h~~~ il est permis de mettre en question, avec le dévelop-
pem~~p de la pragmatique de la communication et de la cyber-
.....
-:-~
~
nétiq~e, ces conceptions élémentaristes de la causalité
". :"-,,,,,~......
linéai~e,
simplifiée et progressive.
~~:~:~~{ ....
"N~ ~lus, jamais étudier un comportement pathologique ou
nor~al en dehors du contexte o~ il se produit "
, -:. ~
est devenu le mot d'ordre de la psychopathologie clinique.
Du ~oup,
la définition Lagachienne de la psychologie clinique
(étude approfondie de l'individu total en situation et en
évolution)
se trouve validée.
Qu'il me soit permis de ~eprendre l'idée de D. JACKSON
pour mieux r~sumer et situer l'évolution psychiatrique et
se~~
perspectives,
telle que
je le souhaite
"Hist6riquement,
le rôle d'un traumatisme psychogène dans
l'étiologie se déplace des
'idées primitives de
Freud
con~ernant l'existence d'un seul évènen,ent traumatique vers
le concept de
traumatisme répétitif. L'étape suivante serait
d~~hercher non pas qui est responsable, mais comment se noue
une>situation.
La phase ultérieure consistera peut-être à
éttrclier la schizophrénie comme une maladie familiale
faisant
in~e~venir un cycle complexe hôte-porteur-receveur qui connote
inf'fniment plus de choses que l'expression
"mère schizophrène" •
..- :.:
(ci~'~\\par 'O/ATZLAWICK, in "une logique de la communication,p.128)
La :il~iorie Générale des Systèmes, la Cybernétique et la phéno-
""•
.,;
7'
méngi;9gie exis t entielle Lainguienne nous in troduisen t
déjà dans
"cei~~ phase ultérieur". Le chapitre qui suit se propose de
re~dt~'compte le plus synthétiquement possible des fondements
thé oi·:i. que s d e I ' épi sté mol 0 g i e no uv e LIe que con.3 t i t li e 1 a
thé 0 rie
de la'communication.
-
60
. .
'.-1
"0-
C h a p i t r
e
III
VERS UNE NOUVELLE EPISTEHOLOGIE
LA THEORIE SYSTEHIQUE
" A perte de vue,
autour de nous,
l'univers
tient par son ensemble.
Et i l n'y a qu'une manière r~ellement
possible de
le consid~rer.
C'est de
le prendre- comme un bloc,
tout entier."
-
Pierre T E l L H À R D
de
CHA R D l
N
Le ph~nom~ne humain,
Seuil, 1955,
p.
J2
: ~:
- 61
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"J.;'''~ :,::'.
.~>~.;:.r.i.;~·::_.~..
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:5~,:·:i.~';~·:·
J'l';~nsemble d,es';pioblèmes ayant tr~f1itf~;, la comrnunica tion,
"ci,,}. contrôle et'~( la Mécanique Statf's;ti.:que, aussi bien dans
(_'1~~ machine que:'~c.fi~:Z>l,I être' humain'~~~r?( ,
(:C;be"rnétiqUe' e}<;9'~'i~,té", N. \\nENÉRt~~~ p. 501)
-,.~
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1 ' "
~ERTA.LANFFY,;' déùl~i,,:T~~,':'~nnée~ 1930 d~~!~~~: avait théorisé
sur les similftud'és':: structurelles oUs='Js'omorphiques dans
des~,d~maine~~:~"'~~~t~Ai~~:u~i .~ivers. -,~~trrinciPes et ces
:i,sorciorphismes,rEfp:o.:~fênf,sur, le t'ai t"q'[.g:.ries entités sont
~.!~-.
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ci~s>systèmes':;~:'c '''e1:;t~à:::'dire des ensé'ril151'ês dl éléments en
{nt~e;:action"~l~~~~t~~~;~~';~;'~c"les autre~~;~~~rt,
:~:,"'" ,
,; -:'rr~~f:~2';';;'J'
. ':~~~~1:
."
G.
BATE~O~~::t~~~~!jw'ikNER, BERTALANFFy7 ne sont pas des
t'igur.es
forti.lit'~'·~('k~·'l:'histoirede l~~r~:~ie:ilce. COLme nous
.':'- ~.. ' ~ '," .. ~ .. :
~'::;L.;: ~
l "avons montré àuCpremier chapi tre, i:is expriment une
,
.
.,'
, .
.~ :.~~:~c ' ~.
-'
,;]7-/,.r·:
serie. de questiop,n'ements des princip~s~'logique5 et struc-
iurels de
la science classique.
Ce qui suit montre en
quoi leur mode d'approche revêt
lm caractère révolutionnaire
dans
la connaissance.
;
,
·l· ,..,;;.
"1
. . . . .
-,'. t:.~ .
:-\\.
,"
•,;::5;:..:.:••~
_
....'~~:~'!L~~~.
" ' < !.
.~ ";:, ~
'- .>~.,
.
': .~ '--.
- 62
L'OBJET TOTAL
' .."" .••: ....'.1:,"• . -•.,: .
==========~~===~=~~=========================
, .
.~.' ,
'Avant
le del:lxièm~i?rihclpe dè la thermodynamique,
la
physique présen t"~i t '{i~~dr'e' comme la donnée première de
1 ' univers
phys iq~e e t'·;'b{o-an t;hropos oc ial. Le dé t err:1inisme
.
. ." -.;,..'..
'.
unidirectionnel
àrdonnai t
l'enchevêtrerrlent des
élÉments
et
des
évènements.
Hege]r?~ voyai t le désordre et le hasard
qu'à la surface 'des
ch'6~es'•
. ,
'';''
~
.
,~,~~
':<. {~r~t~·~.
~.:
.
~
~;:,::.'::':" .....
~~;~~~
,;"j:~_::~;;~..~~
.
;..1
•
"La Vraie Réalité',
se)~6n "E}'.' HORIN 'à cette époque, est Orè're
physique,
où toute
chose obéit aux lois
de
la nature.
Ordre biologiqu~', o':&'~tout' indivi4u obéi t
à
la Loi de
l'Espèce,
Ordre
social,
o~:, to,ti~,~~!iumain obéit à la Loi de la Ci té."
~:
:~~;~'~7-%1::,
(S.
MORIN,
la Na~ur~~i!la:Nature
p.
J4)
-.",
.
;,;-
L'Ordre
étai t
Rô'ï.
-,,:"
..:.;...
La découve:rte du:'deuxième principe au 1ge siècle,
fai t
éclater l'Ordre
immuable universel.
Elle
introduisit
l'idée
de
la dégradation de
l'énergie,
de
l'ordre
et
de
l'organi-
sation. Elle bouleverse'. les
idées et
les habitudes
de
pensée,
aussi bien dans
le domaine
physique que dans
la
sphère bio-
psycho-anthroposociale. Aucun secteur de
la
connaissance
n'est
épargné
et -comme le dit
N.
Wl~N~R- :
.~,.-~.
" '.;~·l
"le monde
tout
entier~~béit à la deuxième loi de la thermo-
dynamique
l'ordre 'diminue,
le désordre
augmente".
(Cybernétique
et~:soci,~:~h,' p., 94)
Rappel,ons que
cEi!!te ,1~p'~~~immanente aux systèmes clos mesure la
croissance de
la';:désoF~~rii~ation par opposition èt l'information
-.
'.' .~
qui,
elle,
mesur,E> 1 'o,f-,~~,~i3ation. Elle désigne la tendance
s ta ti~tique de la: na ~:1..l:'i~e;; au dés ordre. En phys ique, on di t
que dans
tout
s;'s:tèlI/e;:':;~~"6l~,'r'entropie s'accroît.
-:'~r ~~.';:::~l~~'
:t:~·:··
-
6)
L'ordre originel probl~matis~-, questionn~, introduit
et intègre,--l' id~e, de·· probabili t~,l; de· hasard. et- diinteractions'f"
entre
les composants d'un système.
Ce n'est plus l'ordre et
le diterminisme
simplistes
,
mais la complexit~ des relations
qui constitue
la vertu de l'organisation vivante.
Mais le D~sordre Universel n'est pas absolu,
intemporel;
i l
s'ordonne,
s'organise et se structure secondairement,
suivant
l'exemple des
tourbillons de B~nard : des flux calorifiques
dans des
conditions exp~rimentales de fluctuation et d'insta-
bilit~, de désordre peuvent se transformer spontan~ment en
"structure" ou forme
organis~e.
Ceci permet d'avancer que le d~sordre n'est pas l'apanage
de la nature
l'ordre immuable non plus.
Il faut,
nous dit
E. ;\\lONIN :
mconcevoir que
la relation ordre-d~sordre estàla fois une
(du point de vue de
l'origine)
et compl~mentaire
tout ce
qui est physique,
des atomes aux astres,
des bact~ries aux
humains,
a besoin du d~sordre, pour s'organiser;
tout ce
qui est organisé ou organisateur,
travaille dans et par
ses
transformations,
aussi pour le désordre."
(la Nature de
la Nature,
p.
80)
La réalit~ est donc complexe et devient
""
merne plurielle.
Elle est dans
la Communication et
la c one evoir c Oi"me une
pntité unique et monadique est une illusion.
Elle ne peut
être r~duite ni à
l'ordre ni au désordre ni en ses
éléments
d~compo~~s. Autrement dit, le r~ductionnisme de la science
classique atomisante a
ignoré une qualité
essentielle de
l'objet
la qualit~ ~mergente, la totalité,
la qualit~
d'unité dans
la diversité,
l'~quifinalité.
-
64
D~s lors, nous sommes dans le domaine syst~mique.
Le, proce ssus ,1in~ai:re de la, sci ence" c ~a,~~_iqu~ _s.'.aPr>~_iqu.e,.. ,
.
~ ....-
~
.....~.
-,
-
.
.
- , -
.
-,
-
.
-
, ~.
. .
. .
~ peu de domaines car la r~alit~ c'est la complexit~ et
le
"simple,Ie
simplifi~." (BACHELARD)
Même s ' i l est
vrai qu'unefaible variation de
causes produit un faible
changement d'effets dans un intervalle de
temps
suffi-
samment bref,
les r~sultats ~ long terme de deux causes
presque identiques peuvent diverger avec le temps
;
cette
divergence peut
atteindre des degr~s appr~ciables. (N. WIENER)
Cette idée est d'importance énorme car elle exige la
construction d'une nouvelle épist~mologie.
Cette épistémologie pose le principe de
la contrainte
de la totalité
et des
interactions qui deviennent
les idées
centrales de
la physique moderne.
" L'un est devenu relatif par rapport ~ l'autre· Il ne peut
être df~'fini s eulem(;n t
de façon in trins èque.
I l a bes 0 in,
pour 6merger,
de son environnem~nt et de son observateur."
(E.
MORIN,
la Nature de
la Natul'e
,
p.
146)
La décomposition des
éléments d'un objet-système ne permet
pas de
comprendre la cbhésion de
ce dernier.
La molécule
d'eau
(H2 0)
décom~osée en hydrog~ne et en oxtg~ne, ne rend
plus compte des
propriétés de
ce
liquide.
C'est de l'inter-
action que sllrgit
la réalité. Au lieu des objets,
des
essences,
des
substances,
des unit~s simples, des agrégats
nOus avons des
systèmes,
de l'organisation des unités
caractérisées par leur corr,plexi t~. Avec l'épistémologie
systémique,
l'interaction et l'organisation modifient les
anciennes conceptions relatives à
la causalit~, au rapport
entre les éléments
le
jeu des
interactions et la qualité
émergente deviennent l'objet privilégié de
la connaissance.
-
65
B
LA NOTION DE SYSTE?-Œ A TRAVERS L'CNITE DES
DIFFERENTES APPROCHES SYSTEMIQUES
===========================================
E.
?·[ORIN nous
invite à
concevoir l 'homme comme un
concept
trinitaire individu-société-espèce,
dont an ne
peut réduire ou subordonner un terme à un autre.
C'est dire
qu'il est nécessaire d'articuler la sphère biologique à
la
sphère anthroposociale.
Cette entreprise n'est possible que
si elle se fonde
sur les notions d'ordre,
de
désordre,
et
d'organisation en suivant
l'axe central de l'interaction
définissant le système.
Pour mieux cerner l'importance de
ces
concepts,
i l nous
faut
partir du point de vue des
pionni~rs en la matière.
I L . VON BERTAL'\\NFFY : LA THEORIE G~-;;NERATE DES SYSTE;·1ES (TGS)
La complexit6 est reine dans beaucoup de domaines,
parti-
culi~rement dans le registre symbolique. Cette id6e est
préc isée chez E.
1';ORIN
:
"La vie est un système de systèmes de systèmes,
non seulement
parce que l'organisme est un
système d'organes qui sont des
systèmes de molécules qui sont des systèn!es d'atomes,
r.!ais
aussi parce que
l'être vivant est un système
individuel qui
participe à un système de reproduction,
que l'un et l'autre
participent à
un éco-systènle,
lequel participe à
la biosphère."
(La Nature de
la Nature,
p.
99)
- 66
Cette architecture de systèmes,
ce polysystémisme qui carac-
térise
la nature permet de questionner la scientificité de
,..i
. • "
~
i,~.-,-:::·;:i..~,·t~"Î:'._.'~'_~'
-'~~.o- ••-l'.-:o,~.".,-~~;,-.,·. ~.~.' '-
'-':'':
-'.- - "
::'."
..... '--:--.'
-'.~. . .' ,
. '>-."' .,.--:-~.. _...
":" "-- :...; _:
".
".-
.
-~.
".
'!~'1
la procédure analytique dans plusieurs domaines et l'adéquation
des
cloisonnements de diverses disciplines de
la science.
C'est de ce questionnen~nt fondamental qu'est née
la
Théorie Générale des
systèmes.
L.
VON BERTALANFFY développe ses idées dans un ouvrage
i n t i t u l é : Théorie Générale des Systèmes
(197J). Cette
théorie repose
sur le
fait
que la physique a
jusqu'~ présent,
développé la théorie des
complexes inorganisés,
selon la
loi du hasard et des probabilités,
le deuxième principe de
la thermodynamique,
l'ent~ie. Alors que le problème fonda-
mental qui devrait se poser est celui d'une
théorie générale
de
l'organisation,
des
complexes organisés
organisation,
totalité,
directivité,
différenciation,
etc ••
Si les
entités sont des
systèmes,
des
complexes organi-
sés,
ellesproblématisent la méthodologie analytique freudienne,
la rationali té cartésienne et le dualisIT.e . .
.
1
~
Car pour l'auteur de
la TGS,
l'application de
la procédure
analytique dépend de deux conditions
la première,
c'est
que
les
interactions
entre les
"parties"
soient inexistantes
ou assez
faibles.
Cette condition permet d'isoler les
parties
logiquement et math6matiquement et de
les r6unir ~ volonté
la deuxième condition,
c'est que les relations qui décrivent
le comportement des parties soient
linéaires
on aura alors
la condition de
sommativitéjet l'équation qui décrit le compor-
tement de l'ensemble a
la m~me forme que celle qui décrit le
comportement des parties.
A la lilnite,
on pourrait superposer
les
processus partiels pour obtenir le processus
total.
Or,
remarque B~rtalanffy ,
"ces conditions ne sont pas remplies par ces ~tres que l'on
appelle systèmes c'est-à-dire formés de parties en
"interactions".
"
- 67
Ces Atres
systémiques sont
soumis à l'idée que
le tout
esto- plus;_ que
lél.-- somme; des
parties •. ~Ils- se,c:aractér.isent pa:r'
les notions de
totalité,
de croissance,
de différenciation,
d'ordre hiérarchique,
de domination,
de commande,
de compé-
tition,
etc ••
Elles
sont caractéristiques de
l'organisation
que
ce
soit de
l'être vivant ou d'une
société.
Cette
théo~ie questionne l'objet et la méthodologie de
la connaissance:
de
l'objet religieusement ordonné,
nous
sommes passés à
l'objet atomisé pour parvenir au système,
à l'objet organisé.
L'explication n'est plus dans la nature
et
l'essence des
éléments
constitutifs mais dans
la nature
de leur organisation,
de leur structure organisationnelle,
systémique.
Par système,
l'auteur entend
"un complexe d'éléments en interaction les uns avec les autres
et avec l'environnement."
Et i l définit
l'interaction comme
"des éléments P liés
par des
relations R en sorte que le
comportement d'un élément
p
dans R diff~re de son
comportement dans une autre relation R'.
S'il se comporte
de
la même manière dans R et dans R',
i l n'y a
pas d'inter-
action et les
éléments se condl_'isent
indépendamment par
rapport aux relations
R et R'."
(BERTALANFFY,
la Théorie Gén~rale des systèmes, p. 53)
C'est l'intèraction entre
les
él~ments qui fait que le tout
est différent des parties et rend la totalité organisée
plus riche
que
leur somme.
Ces
comportements
se retrouvent dans beaucoup de domaines.
I l y a des similitudes structurelles ou isomorphisme
ou
correspondance entre des entités différentes.
La th~orie
générale des
systèmes a
pour but de formuler les principes
valables
pour tout système et d'en tirer des
conséquences.
- 68
r-<.:,'
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~__'':; ·"f'· •
-·r' ....... -.~~~~~:y~G ..._' J •• r:~w~w~~~1'I&mJ},i>.~.,...-?"__ --""-.'~ ..'" .
.
",~~'f~_~_""d
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•• ,
. " ' .
,-
. •
,
'~,' ··f·
,:.'{~ l'interiictioÎi.'.d'ynamique et la totali té. La TGS nous met en
:;t ga~de ~"o~tr~> 1e"s attitudes réductionnistes et atomistes
en., nous~.:inV::itantjà considérer dans un tout à la fois les
...- -
" ' -."
parties.~t
~eti~'~nteractions
réciproques.
Il y a donc une
contrainte de la.Totalitf. Ceci est valable aussi bien pour
les
sci~nces d~la matière que pour les sciences sociales et
humaines. Et l'approche systémique en psychologie,
en psycho-
pathologie et en' psychiatrie nous paraît intéressante en ce
qu'elle. éclàiye davantage notre propos.
Cette orientation
se résume c-hez, ..E. rlORIN quand i l affirme que
:
"Toute connalssance,
même la plus physique,
subit une déter-
mination sociologique. Du coup,
la réalité anthroposociale
~e projett~;~t[~'inscrit au coeur-m~me de la science
phys iqli e • n :.:
...~
(La Nature de la Nature
,
p.
Il)
-
1 ~
La TGS appliquée à
la psychologie,
telle qu'elle est
théorisée p~;: BERTAIANFFY nous parait trop importante pour
pouvoir ~tre éludée dans ce travail.
Jusqu'à pr~sent, et après la psychologie introspectionniste
la psychologie a manifest~ un SOllCi d'objectivité et s'est
attelée à
connaître l'homme à
travers
le schéma S.R.
C'est la psychologie associationniste avec THCRNDIKE et
."!
le behayiorisme dont SKINNER est un représentant.
L'homme
est con~idéré comme un robot, une machine, un organisme.
Cettec:o~ception a été la base de l'élaboration d'une
théorie .causale;:de la psychologie normale et pathologique.
". .
. -'~,
L'organisme hu~ain est considéré comme un agrégat d'unités
.
.
anatomo~phy~iol?giques dirigé
par les
centres nerveux et
se manif~stanf:~ar des réflexes, des sensations, des mouve-
ments c6ndi'~i~~'ri'~ables par l'environnement intérieur et exté-
~
~-' .,"" , ,.:.... ~,.;. , '
rieur, p~ysig~a;et social. Selon cette vision,
les comporte-
ments d~évite~e~~' de la dou leur et la r6duction maximale des
tension~ so~{'ie~ tendances principales qui caractérisent
l'être vivant.
69
'. /"" <:
'"
" ~~:
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'";.: 0:... ~'r::!;.'i .. ~.'. -;-_ .:~::~c"'.:~.:~.~~~"
.:rF~~~!l~~~'ft:· . CO,
Des modèles
pédagogiques ,~~Yédù.G?Lt}f~~:,~~t,'<th'érétp.eutiq1.:1es:,
'~";~"
se~
",;'-'-'C, ,i"·',"
sont· inspirés
de
cesFi:;p~OP~~~,t~$it~~~t?~~~~O~~~~qU~s.i.~J'~~.Po~t~~,
faire des
enfants,
des
adultes~:_'ment'aTe~$"h}'"--s'àj~J~:et adaptés
~~'7'
'':
.~ .."':',;;~-;:.. ~.:..~~:",.t.~:'.,;.r. '';'' ""','.
-:. ;"',
',.
"
ou les changer.
Pour ce faire ,.?,la' J,.{iné;;g·~n,é~af~ étai t de
":~;:~'
.',.
~,-:i.. (~. --:i~~::; f~~~i;~-;:.·"~.--~f:;,~~ ~~.
.
minimiser les
facteurs
de répress.io:ri.:~ste,5::;tins
..tïrù!'t~s
infantiles,
de réduire les
exigences
scoll~~~~,i'~:Jt:tA~~~~:;~:~"'~,~<~~"~syst~~atis:er
le refoulement
coerci t i f du pl~isii<'sexUe,l}, _et~< /.
X:T ..
:._" ':.~: :<t.". r·..i·;-:· ~:,~"~~i~~r~i« .:. ~",:" :,;~
"
>
c0,~d;~;t~·~·~:?i~1t
Or la connaissance actuel:le
ce qui'
.
C~\\'
1"" ~'~~~{.~~'~ ..... ::.:.'~. ,~\\.:-";.... _...".:.:~ ~ ..:,~""
....
contourne
la vie et
les
compori:temerit~~~dé!..n,~':'~J;:~s·l~systèmes
~.•
.
.
-
,.-
-
\\~
~.-
._~'
~
démontre que de
tels
énoncés
1:flii- les'~~'cé~dï ti'bri:~,:d-'une
mentali té
saine doiven t
être ritè~~~~J~t:~:~{~r~~~~Î~~ionsdes
.
:;. ,,~.
~'. /t::~": . ~'t-"'~:- -_~-~ ". :-....,.~
:~ '~--"--'
recherches en éthologie sont c'1.pita~~~_à:;:·cet:"é~ard.
BOHLBY J.
et
H.F.
HARJ-OW,
tots deuxde~: 1958~":'sûr la base
.;.
'-.
:'-~.~'.,"'-~.'., . .-;._~,
,:.--:'-
~;,':.
d'observations minutieuses
,
d;l'analyse, éFJtique'-',' de la
: '.
~ " .
..; .... .:- : ":-.
"
. '.. ..' ".
. '
théorie psychanalytique et SUI\\toUt, <!"èxpériJ11entations,
ont fait
des découvertes
impor<tant.es SUlè' l.'origine de
l'attachement.
,
, ,".
_.
.
.,,-
L'idée de BOWLBY a
d'abord ete une analyse critique de
la littérature psychanalytique sur la dépendance émotionnelle
et la théorie de
l'~tayage par la nourriture (la "milk-fed
theory")
comme moteur de la so~iabilité. Sa conclusion
s'apparente à
celle des
éthologistes sur la question.
fL.\\.RLOW découvre,
à pi:trtir d'expériences pratiquées sur des
enfants de singes rhésus,
que )'attachement,
forme
élémentaire
,
"
et polymorphe de
la sociabilit~, n'est pas le ~ésultat d'un
appren t i s sage
,
mai s I ' expre s s1 on di un b'e s 0 il1. pri'maire se
>• • •
concrétisant par la médiation d~ mécani~~es 'in~~s: Les ébser-
'1..:.
,.
:..... ~ ,".
.,~
~. " ~. '.
vat i ons
de K.
LORENZ et de EIBEL-EIimSFELDTvon't, dans le même
~
'.
'
. .
-' ~
.
sens.
Cette conception bouleve'~se'~,è~s'dbnn~e;~ ~-~ ce qui :'
regarde les
conditions
éducat~ves de-, 'la- santé merltale déve-,
,
' , - '
loppées par le behaviorisme,
l?assocïatiànnismé~e,.t le
~
..
~
'.-:;
,~:.'" :
-;
. ..::.':\\.~.
~
"learning social". Un autre
schéma:'d'~, psychQlogiè'normale
et pathologique est proposée. ~;>;,
,i~t;à':·}:~:::.' 'J(:-::
'~.
:CP,'"
,~' 'f. ;;
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'·',::f]<~~:.::,.L:'aboi{d~.·systémique,de
la personnalité
renforce cette
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r~~~~~,~~ll\\i~~~~h~_?~~~~~~h~U~~~?st
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plu s
un agI' ri ga t
cl e
ce 11 ul e s
..
....
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')'~:<""
;/fes ,'ph~nomènës. psychologiques comme des r(~é1ctions mécaniques
,. :.~;:.
',:,jHriJ: d"~:~~~'èong~l'~~érats statiques mais respec tive:q"nt comme
~:~:?'·f;',.:·~es,:~t~tème'{ et des ent i té s en int erac t ions dynamique s; on
;.>'~~::0:
~~<~.t~s tf~-uve '::~hez des personnali t és qui ne sont ce qu'elles
""~"J~:~ .
. ;".:n..-
~~.
~;ont~èi ce qu'elles paraissent que dans l'intersubjectivité.
J ~.c :~..:..
~
r~ ·i.,
"'%: .'
;': .~~-:::~
'nQuoi~Ûe puïsse être la personnalité, elle a des propriétés
. . '.
.:'d'un': systè'~ell •
:.~'..'.'
-' :'!.
•
.'
.
,
"
: '., ~'"
...... :- .
'-~.. -
(G. ALLPORT" cité par Bertalanffy, p. 213)
.' ,'., 7:!~:~:.
"~
. '.
~.
........
. ~~~(...
'1~'--;';~:, -
J\\~ part)~.r de cette défini tion fondamentale de la person-
--~"~:.:-~
.--;0:'
" -:iF ,-~
-
....
'~"nali té.;"Jcomrrï~.,un ordre dynamique de part ie set de proc es sus
':"~. -
eh in~~racfion mutuelle, Betalanffy dégage un certain nombre
..... 0'.-'":,
: ....
·{•.lr ~
de
c'piicepts'~;'relatifs à la psychologie normale, à la psycho-
."'-:.... 1'-.1.
.-- .
.
- .
--
~athol~gie ~t
-~~ .":..
à
la psyc~iatrie.
"
.,....
Les
troubles du comporte~ient sont définis non comme des
propriétés {ndividuelles,
non comme des
effets
des
trauma-
.
_o.
_"\\
tisme~ infantiles actualis6s mais cor~me un d6r~glement du
système.
L'organisme n'est
plus
ce
spectre-ri~ceptacle de
l'associationnisme mais
un système
intrinsèqu81ilE:,nt actif.
"
Le stimulus ne
cause
pas un processus dans
un systÈ:me
par ailleurs
inerte
;
i l ne
fai t
que :;odifi8r les
processus
dans'un système actif autonome. Il
(Bert~~anffY
c~ système actif qu'est l'organisme se caractérise par
la spontané.'i té
et
l'autonomie.
Le
fonctionner:ent
cérébral
.'. ; ~
.
~~~tè~ti ce fait
(cf.
les
activatellrs dans
la chaIne
cérébrale).
Le
schéma f~ndamental S-R
basé
sur la réduction des
tensions,
.' :
le cond'itionnement
par des
stir;iUli
et
l'établissement d'un
... '
~ -
. ~":'
..~. "~-
,equlilpre n~.reco~vre qu'une partie infime du comportement
"
':-::: ~~f:'
'hhma~~;~r
... .
"
.~ .'=:'
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'.- .~.:-.: .'
?'~ :.:~- ~
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71
-z -,._;~
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, , .
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.
."":,. -.~ ~
î;';.
~~. <:~~{::,~t~, ..~
:~} ;· ..·,~;.:r·:;;,::>Toüt serpasse au contraire, comme si l'organisme vivant
~,~~c.r9~~i!Jedéséquilihr~ e,t les,. "tc.(\\"ions
:---i ""
,.:.';: . · ..·:r;.::,;·..L:i';;:~··;~:grâce
a~' tine ac t i vi t é s oon t ané e
~:1r51'j~:, ";
"
.~: ;~; -~~.~~'~·::..'·~,~r":.;'i;..~ BOI,l<:nombre d' activi tés hUGlaines, les comportements
r:{(
::~1;'; .-.: ~~:~~;:',~:;.; .i.:~:'~.'"
,
~ !~•.'
a
•
)#;
';'~c"~ë "r;,.:;-.~.ep:l s.t emophlllque s, les jeux, les ac t i vi tés é c onomic:ue s,
·~',·-.·.::~::~?:i:\\i:~_.déf'e~ses, la religion, l'agression et tant d'autres,
·,::t
.{!:".c:: s é:: laiss en t
lir~ au-delà d'une simple réduction de tensions
-~.
~-:.
sans
laq~elle la paix intérieure et la vie sont compromises.
'.
. L e s
exp~riences portant sur les privations sensorielles,
'.~:.'~.
..1es prisons
et
les névroses de
retraite
en sont une preuve.
.'11 '·;·:::~··,~···J'ir:~acti:vfté autonome e.st la forn~e la plus primitive du
:;~-::'::·... ·'c~rriportement •• Et l'altération de la. spontanéité est un
;~'. . " symbole d'affection mentale."
. :î:.
"'Z) (~.~r tal~aIiffY, p. 215)
-'::~ - -;:;/":Ce'tte théorisation fai t re s sort ir le s pro prié t és des sys tèmes
ayànt de~ caractéristiques mentales()que
je développerai plus
loin
l'équifinalité,
l'auto-r~gulation, la totalité.
Ces
propriétés
sont rendues
compte par des
sous-foncepts
que
sont
l'homéostase,
la différenciation,
la centralisation,
etx ••
L'homéostase
est
un terme
emprunté à
la physiologie
générale avec 'v.
Cl_?'J'~roN pour qualifier l'équilibre du milieu
intérieur de
tout
être vivant.
Dans
le domaine des
systèmes
organisés,
l'homéostase
repose
sur
le principe de
rétroaction
'.,
··~~~~orégulatrice. Les séquences comportementales en intéraction
',' -:
~l~~ une~:avec les autres engendrent un ~tat stable caracté-
~r~~tique ou la recherche d'un but basé sur la circularité
• t.
~
et"'.'<Ies ïné'canismes d'informa tions
en feed-back sur les
écarts
.. -....;
.....'.-.
.' ....
:,~:'l'étaf'à maintenir ou de l'état à atteindre. L'homéostase
:>~c:.hd~'signe.. le complexe d'autorégulation d'un système stable
. , .
. ":"-
{~~ii.t!1~~ori~~ement constitué.
" ...
_,,";,1.
_
:.:-:r'.. <~";:
-:-': .
":,
.,'
- 72
La différenciation se comprend aisément dans le schéma
.... ~.~.' ,·,.>.psychogénétique du développement., C'est le passage d 'une.-_",
condition générale et homogène à une condition plus
spéciale,
;]feLi.Hi(lHgll~ Qt,J~~g.èfte à une condition plus spéciale,
individuelle et hétérogène. Ainsi,
la relation mère-enfant
se caractérise successivement comme une unité biologique,
une symbiose,
la conscience de soi,
le détachement,
l'indi-
viduation,
l'identification,
etc ••• La vie n'existe que dans
la différence.
"si
je diffère de
toi,
loin de te léser,
je t'augmente".
ces propos sont de Saint-Exupéry,
rapportés par A.
JACQUARD
qui ajoute
"la richesse est dans
la différence
Beaucoup plus profond,
plus fondamental est
le besoin d'être unique,
pour
"être"
vraiment."
(Eloge de la différence,
p.
206)
L'individu se développe en se différenciant,
en devenant
unique.
Le garçon Iatmul appartient à
l~ culture générale
iatmul,
à l'éthos
ou tonalité affective commune; mais i l
se diff6rencie dans
ses conduites de la
jeune fille
pnrce
qu'ils appartiennent à des normes culturelles établies
différenciées en relation comp14mentaire.
Ils s'indivi-
dualisent selon ce clivage int~riorisé. Les deux ~thos
élabor~s selon le sexe édifient des types psychologiques
préférés, différenciables et identifiables.
Ils sont
séparables dans
les limites de ces deux éthos.
De même
dans chaque éthos les
individus diffèrent
les uns des autres
aussi bien sur le plan du mode personnel d'intégration,
de
socialisation que sur le plan biologique.
-
73
~'.
.. .,}
~:' ~t~. ';" ; .. "
':...~"::' '''~.-=;o::~:
'.~:.~~:§:~
,
';'%?':).,:_.
La centralisation designe le mécanisn:e d'intégration
··~~':.~!h!~~;:'-,
,
.
.
,:,.i~Lp~r'2gressive des representations psychiques prl.mal.res dans
~......;.;, ....~ .._""
.~ ~:":'::~.;::~~~;-:-.;;;.-........,.':~.•~. '_', :_ ,_...
~ .:,..._._.. \\"". ~''''''.~ ...:.
.~_.'.' l,
,.'!.~. ~
.4;
.',,·':~des fonctions supérieures organiques et sociales. Ce concept
>~~;~i'de à mieux comprendre la notion de Régression. Pour
.
' . ;
".f'
·;:tB~rtalanffy, il n'es t pas jus t e de dire que la psychos e
f\\!::'~t' une régression à des formes comportementales infantiles
el anciennes. Elle est une "dé-différenciation", une
'!"dé-centralisation".
Ces
concepts pathogéniques mettent
en évidence le
c-a:rac t ère svrnbo lioue de l ' homme.
Ce dernier vi t
es s en t iellemen t
. .
,
"t ;
'dans un monde de syœboles,
qui constitue la dimension déter-
~minante de son syst~me behavioral. Le symbolisme, marqué
pa~ sa capacité de créer et de conserver, garantit son
,projet de différenciation d'avec les animaux inférieurs.
:,C~la implique que les troubles de comportement, le désordre
~."
~ental illustrent une
perturbation des
fonctions
symboliques
perte de la structure associationnelle
rupture des limites
(D.
COOPER parle de l'hémorragie de l'intériorité)
perturbation de la parole et de la pens2e.
"La culture,
nous dit
Bertal.anffy,
est un important facteur
psycho-hygiénique."
(Bertalanffy,
p.
~2J)
i l SI ensui t
que
le cri tère de
lZl d'2sarticula tion 1;'entaJe
est la dé-symbolisation.
Il apparaît d'apr~s ce développement que la pathologie
mentale est un phénom~ne essentiellement humain, du fait de
l'importance du symbolisme.
Elle est une perturbation des
fonctions
systémiques
car le sYlT!ptôme~ n'a de réalité en
,.'soL que dans
la relation avec ce qu'il symbolise,
les inter-
:ac~ions. C' es t donc les concept s sys t émi'1ue s qui renclen t
.
,
~avantage compte de ces manifestations en apparence insensées,
.',', ~ _..
'sauvages et désintégrées.
.::<.
- ._......
>;;
.:i~,,~~~;t~>~"~à~~;;
_:;or;, -.;-:~.:;;:-~' j?:~:'.~
.-. ;.,.!
~. ':~~.~;;~:i.<t~~~
La réplique psychothérapilJ,ue se si tuera dans
l'évocation
~~~#i~~~~'-;""ode~;cpo:te.ntialités,créativeset .dyna;miques,
plus. adéquates
" '. ;o,,\\~::,;~ ""~"
que les
"fouilles interminables du passé ll ,
seront la vision
. •~;" _
l .
~,'
..'_.'
.... ~ .......
.. ~~, ..... : ',-', ~.
des
conflits de
communications présents,
les
tentatives
d'ensemble de réintégration et d'orientation vers des buts
et le futur.
La psychothérapie est une anticipation symbo-
'-... ..' -.
lique.
Ce qui vientd'être dit
trouve sa pleine signification
••••#-
théorique
et clinique dans un fait
observable
l'individu
.. '>('
n'est pas une monade
i l est un être bio-psycho-social
i l est un système actif qui fonctionne
dans un éco-système,
une micro-société faniliale
en interaction
et
son organisme
<..
se caractérise p~r une autono~lie et une spontanéité fonction-
nelles relatives.
Ces
conce~ts seront utiles dans l'abord de domaines de
recherches et d'applications divers.
La biolog~
a été
leur po in t
de dé part
et
l es science s hun;aine s,
part iculièrerf;i::n t
la ps~chologie, les a mis au service de la compréhension du
processus psychopathologique et des mesures
thérapeutiques
(G.
BATESCN,
J.
HALEY,
~L.\\.CKSO~, P. h'ATZLA;{ICK , S. PAl.AZZOLI,
etc).
Ils
ont
été également d'une grande utilité pour la
construction et
l'~laboration des machines automatisées,
dont l'~tude a
donné naissance à
une
science nouvelle
appelée
Cybern~tique. Cette dernière s'intègre dans le mode
d'approche
s:sténJic~ue général
i l est par cons~quent nécessaire
d'en parler à
ce niveau de
la discussion.
-'"l'"'
, ' . 0 1 : , '
'~ .
-
75
J~'" '~'.~
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~:~. ~ :"'~'~~ ~~.:.~~::" ~~.
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~ .:;~t ::.~~;~: ~~~~~~: ", ;r~'~~ ;- :: :\\. .'~.-... - _o. -
.._-
~~~f~~~~F'!!~~~~:;;~IJ:"
2
DE LA CYBERNETIQUE :
- 1
'/:~"" - -'~é~ - -: '7" - -.-::;?,-- - "':.-,-:;::-.-::,.."':' - -:.-: -.- -:::-:::.:-~""~~fi~~_
'~~~~rtlrÊr~ff~~jr~'lr'".
La cyberné tique
renforce; l ~ ide'~:, d·e'f~plj1Il1~Jl.i,Sat~Ql}r~.t,~~:.<
.:. . ..,..-,~', ,',:'. ~ .. ~~:;~:'''r>·,'.: "j : '::i1~';p~ ;:~?~.1- :})&~, ';;;':~"'~::'~~'~;~' :
de la dynamique
in terac t i onn~ll~.·.; et":.circUla>ir!'f da'ni;3" lés;:~} .
systèmes.
Elle
se présente comm~;c;<r .. ' . ~::-~ .~'. ·Ir~··.::{~:;~:~:~:·f?·:~5;'~..:::,.
," "
-;...,
". ,,: ~~t "
'"~-,:l~~'o :'.~ -
"
1 ; . , _
• •~:p"
- ·:~;f."..~<
. ~'-~/" ~
- ...., ...
"la théorie de s
systèmes contrôlés'" sur la' commimi2a t·~~i}<. '.:,
(. transfert d'information.),
système -
E;Î1virO'nnèment, e.{:;;';~ :",'-',>
interne au
sys tème et
sur le con trôl:e~: (ret:rà9-c~ion).. dè;~' .::.f{
la fonction du sys tèrne
en ce qui Conc.erne:·l ' env{ronném~n t ."
_~.
~ ,_~'~';'~'".
~
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' ; .
•
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4 . >:;:'
~::~~;';_~,::~~;:~:":, .~;~.
(Eertalanffy,
p.
20)
-,- • -~.-• • :
•
':..;~.;~~~~-t::':'~ :., ;:.
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~·.r· _
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.f';..!"~"~:
•
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1
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•
-..."
. r,'.',"
.
"'"
,: ..,.~.:~~ ~ ..:;-.::-.
-
"
,
Son principe,
C ' est
la communication' n~cessaire eqt~e:'
..
,
"'~~'
..
,
.}; ..•.......
les ~l~ments d'un
. systeme
les
echang~s et. ;La retroac~10n.
,"
, " ,
: .'~-.
-. . .<,.~ -':"
'.- ~
;
- ' , . - :
.~-~~'::<.,
A l'instar de
J.V. üEXKULL, N. W'IENER ,souligné... I' iinport-àhce
.
.:\\
' .
.'-;;
' : . "
.~ .!''':;
...
-'
~~ ·.,·,.t;~·.-:." . ..
".
des
échanges
en ces
termes
~.; .
"vivre efficacement,
c'est vivre, avec une. information adéquate.
Ainsi,
la communication et
la r~gulation concernent l'essence>
de
la vie de
l'homme
en même
temps qu'elles concernent sa
vie en sociét~
"
(N.
WIENER,
Cybernftique et
soci6té,
p.
47)
Les communications
constituent le ciment de la c.h~sion~.
de
l'édifice
social.
L'échange des
messages
est donc la.pr6occupation .,: .:.. "
. ;
....:..,...
essentielle de
lé'. cybernétique.
A'la notion. de. commun:!-~ation,
' "
elle associe
celle de
régulation évoquant le. concept d "inter:",
•
•
>.
~~:' :
action.
. " .. ', ..~-
>~~~~S'~~~"4 .'~
,
";
- ~
.-' ~- ~.'
.
,. ~
•.
. .,"
,r4'
~.~
~",.'.' ;.~.,,-.'~~ ::':-.:.,'
~' ,.
...... ":''t~ :'.:::.~
,---~..
.
"Quand je communique avec une. a~tre personne·,i.je'. Iu'i. trànsmets:
un message,
et quand cette persorï:n~' c'omIriùniq0.'é. à" son tour;.
:
avec moi,
elle me
retourne un. ~essag~' d.e-".mêine 'natùre~q\\ii"
': .ô,;
contient des renseignements-accessibles.d'~b6rdà:elt~~é~.nori
à
moi
quand
je con tr~le le~s., ac'.t{o~s:- ·~t~~.~ ::'_aLltr~:'-:p~r:~rin~,, >:~:.~'
je lui communique un mes sag~~~ e t t):ié"ri;.qtIi~·'~::C.~i .mi:! s sàge"~,~9±.t" "" .. :~,;:i~~::
de nature impéra t ive,
la t echiîi'queF de~~ 'corrüritlliiëa tion~. rie~:;rdiff~r~':;:;i:
pas de ce Il e de la transmis siori~;d~":4n~:·fà.ft·..i~~:)~ij,s,6\\1 t~~ ~ .':~'i:..:~'j i" . :r::'~i...~
veux que mon contrôle
soit effièaë'é:( jè'!~'do'tstmr'inf"ormër~:"de'f';l~f/
tous Messages
émanant de lapersonrÏe;' capable:; de' m' ~vei-'tir
: ...-.-;.~,
que l'ordre
est
compris et qu'il·'~J\\t·é'.exéèùté.n...
<.:,,::";-
".:,,'
-\\..
/ '
.
( N
1 •
"I~N~"R
~ • 1
t- l
' •
. . . .
. 1
.-.1.l.
L.I.~
Cybern6tique
et sociét~ , p. 43)
76
.'
.'., -~.
':
.~',
..
-::: ..~~;,:.
;' .{~ .. :
·::l,t·,c.
~.~- l'~
Cette longue citation de l'aut'~ur permet d~.~~l'~Ji~:iJ::~'}
cerner l'objet de là' CYbernétiqU~:Y~~~~~~~ê~~*~~~~~~t~~
le système d'f.3changes entre individüs et le fondement"",,.::
informatioIUlel de la vie sociale. Elle va encore··'..pi~~-:·t~in
et c'est là qu'elle noue les princ:~~s de la CYb~'~ri~i·i.~te,
' : .
science de la commande et de la co~m~.mication che~('i 'a:;;1.ma{
").
et dans
les machines,
avec
les phénomènes sociau~;~~.~~-~-
.., .~.-
psychologiques, avec la Théorie G~n~rale des sys~ème~ et
la pragma tique de la c ommunica tion,
qui sera définie-. p'lus
,,',
~
loin. Le comportement a valeur communicative quiaff~'c{~
,':."
autrui et qui modifie celui de l'~~~tteur
par l~~f}~i:~
.'
feed-back ré troac tif.
Ce t te valeur'~~mmunicat i va' ;~:~i;'{f~lémen't;:
fondai;ental de la relation et sert de baromètreà'~·ia:'c~rifir
mat ion néc es saire de soi par au trui- e t
réciproql..{e'~~rit .. '
f- " .
,.-
.~ .~. ··i-.;;"
~._.~-:.:' .•"
L'idée de la cybern~tique est'lmportante ert'6~~~d'~11e .~
utilise le message, ~'information comme élément d~~i~~~nnais~~
sance des systèmes aux
Il carac téris tique s
men tale·s'~~. ~(ç. •. BATESON
'.'
Nous sommes n~cessairement engagés. dans une relatio"n: avéc
l'entourage et
les éléments qui le.composent et dans laquelle
la vie se Inanifeste par une lutte pour le contrôle' de la
relation. Le moyen symbolique de cet exercice est le message
~mis à autrui qui, en retour, m'affectera par l'entremise
rétroactive de ce qu'il aura r~pondu. Cette dynamiqu~ est
assurée par des unités communicationnelles que sont les
informations. Ces dernières signifiant pour Wiener
- , ' . '
,"
"le contenu de ce qui est échangé avec le monde ~xté~ie~r
'c
à mesure que nous nous y adaptons
et que nous luf.·appliquons·:
les résultats de notre adaptation.,n-;
,i/;,
:,.
:.:'~
~.' .,. _,
~ ..: .;
~~.Lr:."
(ibidem,
p. L~6)
,.. -
- 77
, '.
"':;'
. ,
... . -.:'J::.
Or,
la condition essentielle pour une bonne sant~
~.~..... :' ..>'1' ......
est d'émettre
et de percevoir réellerricnt des infor-
"'.':iii~~~4f~~~=en tal e
, : .. ' mations adéquates qui
confirment ou ratifient le soi pour
autrui et le
soi pour soi.
Ce
"réeller;~ent" renvoie par
~·.analogie à la notion d'authenticit~ chez FAREZ -
BUUTCNIER
dans
son cours
sur la psychologie clinique.
Pour cet auteur,
un cas est dit
vrai quand l'intérêt qu'il a
suscit~ est
valable
quand i l nous
touche et quand l'expérience clinique
nous donne l'impression d'une certaine v~rit~ cie la conscience
examinée,
d'une certaine sinc~rité du discours et de la
relation.
Cette vérit~ expérientielle et phénoménologique
condamne l'indifférence
elle nous
engage.
L'authenticité
en psychologie clinique,
pense Mme Farez -
Boutonier,
est
"cette sorte de rencontre avec le v~cu qui nous frappe,
qui
fait que nous nous
rendons compte que nous sommes là en
présence d'une
sorte de réel et non pas d'un tissu de conven-
tions plus ou moins artificielles."
(Extrait du cours de Mme FAREZ-ECUTONI8R
p.
20)
La perception exacte de cette aLlthenticité dans
la
relation est une garantie pour la ratification telle qu'elle
est définie p<.tr T ~\\ING.
Ces deux con.cepts renforcent l ' iclenti té
et l'autonomie de chacun dans
la relation et rendent la
communication vraie et harmonieuse.
Nous verrons plus
loin
avec DATESON,
que si ce mode d'engagem~nt de personnalit~s
ratifiées dans
la relation est vicié et corrompu par le
"double-bind",
modète du dysfonctionne'~;('nt de la communication,
i l s'ensuit un type de pathologie appelé
"schizophrénie".
"Ainsi la communication et laregulation concernent l'essence
de la vie de
l'homme en m~me temps qu'elles concernent sa
vie en société."
(N. WIENER , ibidem
- 78
Si donc,
ceci est vrai,
i l est vital de lutter contre'
1,
~
~,-
toute entrave à
la pragmatique de
la.. communication.
' ..... _
.
'-'~i:~~~~~~-..:;~~~~~~~~~~~~~
La cybernétique nous permet de nous attacher au probleme de
.
la régulation des communications inte~personnel1e~ •, elle·,
révèle aussi,
apr~s la deuxi~·e loi d~ !a thermodynamique,
un danger:
la perte des
informationa dont
l'entropie est.
la formule math~matique concentr~e. Les messages que nous·-
émettons
en direction des autres sont sujets à des pertur-~
bations,
à des ambiguités,
à. des dilemmes, • Or,
c'est de .
l'intégrité des
canaux de communication et de l'authenticité
de la relation que dépend le bien-être.
C'est pourquoi,
comme
un sursaut,
une pulsion prir:)aire
, nous luttons perpétuel1.e-
ment contre la tendance de
la nZlt'.lre à détériorer ·1 '·-ordre et
le compréhensible.
On peut donc dire que
l'insti~ct de
mort est à. l'entropie ce que
l'instinct de vie est à
l'infor-
mation. Le pre;;1ier mesure
la d:5sorganisation,
et le second
l'organisation.
Le développeri:r:nt suivi jusqu'ici nous permet d'esquisser
une définition du
système
un ensemble d'éléments en intérac-
tian les uns avec
les
:::~lltres et avec
l'environnement.
Elle dégage deux aspects
principaux:
l'interaction autoré-
gulatrice et
l'unit~ globale c~nstituée par les interactions
mêmes.
Celendant,
i l
serait plus complet d'ajouter à ces
deux caractéristiques une
troisième
l'idée d'organisation.
Sai.1S sure en donnai t
dé j il. une défini t ion complète
le système es
"une totalité organisée,
faite d'éléments solidaires ne pouvant
être d~finis que les uns par rapport aux autres en fonction
de leur place dans
cette totalité."
(cité par E.
:-'lCRIN,
ouvrage déjà cité,
p.
102)
L'auteur r~sume cette d6finition en ces termes
"une unité globale organisée d'inter-relations entre éléments,
actions
ou individus".
- 79
Ces défini tions appellent 21 op{~rer un changer<ent dans
le raisonnement
scientifique.
Elles fournissent
un bagage
conceptuel dont
l'application en sciences humaines et
sociales nous
rapproche plus de
la r~alit~ en d6finissant
bien l'objet de préoccupation de
la psychologie qu'est
la
relation.
C'est donc un change~ent de mode de pensèr et
d'appréhender qu'exigent
les
concepts
tels que
la Totalité,
l'interaction,
organisation,
homéostase,
autorégulation,etc.
Nous allons voir ~ présent dans quelle mesure G. Bateson
a
contribu~ à cette exigence th60rique et pratique.
J
G.
BATESON
DE 1.A SCHIS[.IOGENESE A LA THEORli::' nu
"DOUBLE 13IND"
N.
i{IEN:'~R forgea le terme de cybernétique pour rendre
c 0 ln pte d' i III e t h é 0 rie,
c e I l e cl u con t r ô l e e t
cl e
l a c 0 r.1f:mn i -
cation dans
les
syst::'r,;es vivants
(humains
et ani82H-'x)
et m~caniques.
La TGS
avec Bertalanffy,
en étudiant les
similitudes isomorphiques des différents domaines scienti-
fiques brise les
frontières
artificieller:;'~'nt entretenues
entre eux.
Ces deux disciplines
ont construit un idifice
conceptuel qui participe d1une nouvelle épisténlologie qu'on
pourrait appeler épistémologie systémique. G.
BATESON, un
des
pionniers de cet
édifice,
est ccnnu pour ses
travaux
en anthropologie
(Nouvelle-Guin6e),
chez les animaux,
l'alcoolisme et
la dynamique familiale de
la schizophrénie.
BO'
., ........
, "
-.>
"'1'".
l~
"
~.~~~~:{rl::?
:~ f.. ;:',\\'
,'". ", . ", '" ....
':. ;:; "':~ttf~;:., '" "",c', ~"
;:~:;:~::~."-'":".,,
:·,,·'~s1;i:r;_..r"if.p'·r~R methodologique, l'auteur de
"vers
une
_$~i~~~iéc<?J.~~g~::~ ,::~:f~~~;P~i'ét~!-- ,,~;prop';os.eff~~ne
',.w_
démarche
théorique
en
,<-,-~'
,
. ·'~~anth;'opo·1'6g.i'ëc!'(:fui ressemble à celle de Descartes ("discours
'.;, .::',
."',
.. ,', '-,
C', ",',' . ',.'4'
:, ~.
de la m.éÙi6'cle "}'
.~
'.
., - :;:;~$\\~/;'\\>r
,.
,.~:;:';.: . "",', " ,
",
~~ "il èst géri~~~l~ment imprudent d'élaborer des syst~mes
"
conceptuel,S' avant que
les
problèmes qu'ils
sont
censés
.:"
,',
élucider "n' atept été clairement fOF.,ulés."
"
.'
- .
.- '.~'<,... :-..
. ~
(G.
BATES.ÇN;· ,V~ers une écologie de l'esprît, p. 77)
'--'Autrement' d ' i t , ' i l recommande qu'on soit à
l'Ec<Jle des
faits
pour g~ra~ti~:i~ validité des catégories explicatives.
'En deu~ièlJ;'ê: T-!'è'S, il critique ce qu'il appelle la "fausse
.
.F ..~... ' ". '1,'0_" .r
prén1is~e".~>~'(l'ii~}ente de classer: les traits culturels sous
des
~a~égg~~r~s':'-~u rubriques isolées
religions,
,"cono!!1ie,
".,
" ; " .
etc.~ Autrement' dit,
la subdivision de
la
culture d'un peuple
: en t~aits/8.~:"~iri~titutions sépares est une démarche épistémo-
".. ~. -
..... ":.
'logiquèr::e~t "inaèléqua te •
. ..
~
..
",
. "Nous devoni attendre
que
chaque
t r a i t d'une
clllture qu'on
examine n~"soit pas simplement 4conomique,
religieux ou
structurei, "mais qu'il participe de
tous
ces attributs,
suivant
le point de vue
sous
lequel nous
le
regL'..rdons."
(
BATESON,
ibidem,
p.
79)
Ici apparaît
la
théorie batesonienne
d'une po.rt,
c'est le mode d'approche du réel qui
est
6vequ6
les
enti L~.3
abstraites représentent mal
le monde.
D'autre
part,
les
parties ne peuvent
être
comprises que dans
le
syst~me complet
et non da façon
lin~aire, uniforme et iso16e. Dans le
"métalOgue~,~'q~;est ce que l'instinct ?", Bateson met en
évidence ,là:: 'dis cordance en tre nos mode s
de
rai s onneiilen t
ac tue 1
,'.~ . ~ .' ,.
et la ~éàLf.~é·"qu'ils sont censés éclairer. Nous utilisons eles
, ." ..',
princi~es, expli~atifs pour en expliquer d'autres et nous
aboutiss~~:J.:à ~:~e espèce de tautologie pratiquer;,c nt inex-
:.'.:,..-':'
, tricable
, .~
:'
,:,' ..
_ 81··
l'
",;'~ ',-"
. .(
~ li ;~~
Ii explii~te bien cette idée,
en reprenant cette
phrase
la fin du l1Dourgeois Gentilhomr::e l1
......
1 •
.:;
Pourquoi l'opium f a i t - i l dormir
7"
d'emanden t:':: le s méde c ins au candidat au doctorat
et ce der~ier de r~pondre
' , '
.: :
"~- Cela'~ient,' savants docteurs, de ce qu'il contient un
prinè.ipe dormi t i f . "
,':
I l n'explique rien du tout et
la
"boîte noire"
qu'est
~'opium e~t de plus en plus noire. Cela revient à expliquer
•
~
J
l'agressiHn par l'instinct d'agression.
COOllî-.ent peut-on
expli~ue~'un ph~nomène, un comportement par son dérivé 7
On ne peut pas réduire un hom:re dit schizophrène à la
schizophr~nie. Elle est toujours relative à ••• , fonction de
Autremen~*dit, ce n'est pas une propriété. Nous avons utilisé
jusqu'ici~des principes explicatifs
pour en expliquer d'autres
nous avons divisé,
subdivisé,
dichotomisé en bien et mal.
Mais ces~tres qu'on appelle systèmes ne se sont pas laiss~s
réduire à
ces
catégories.
I l fa~t donc chancer de mode de
raisonnement car
,
cornme
le dirai tH.
C.\\.RXAP,
in
"FcJnder,~ents
philosophiques de
la physique"
"la nature ne viole
jamais
les lois ~,n
o
Dans la pe r:; ~JE. c t ive du changei:i'.'n t
,
nous devons
cerner
la relation des
choses reliées et non des
êtres en soi.
Ce
modèle dé.·raisonne::'ent nous
place dans une autre
sphÈ.'re
épistémologique. Là,
au lieu de
considérer
"l'opium" et
lè
"drop'ué"
ou
"l'alcoolii:;ue et
la
bouteille"
sr~parément,
,
D .
relions-les.
C'est dans
l'interaction de deux éléments
cbntraint~ par la relation dans un système que constitue cette
même inte:r'action,
qu'il fal!t
chercher à
comprendre le
sujet.
C'est par· la 'èybernétique du soi"
que la compréhension,
llexplicaiion et l'intervention thérapeutique sont
possibles •
.....,
.,;
82
Il est n~cessaire de s'interroger sur les processus ~ociau~,
les
interactions et de ne pus
"confondre mécanique'';;.ent
la'~ '.'. _,; ..'
•
.
~~:i}T. ,':..
:~ fïr~:~~~
carte et
le territoire",
la pensée abstraite. et
la nature,-
les
lois et
la réalité.
l.a psychose n'est
pas une
substance
isolable ~ l'intérieur de l'organisme. Elle est l'ei~ression~
d'une relation
elle n'est pas un attribut,
une qUéqité
individuelle mais une fonction dll
systèii:e.
Fort de
ces principes,
Bateson étudie
les m,'canismes'des
contacts culturels
les relations qu'entretiennent entre
eux des
individus d'origine culturelle diff8rente
les
modèles de comporte;.. t'~nts
différenciés
les modes de contacts,'
de domination,
d'intégration de gens de
systèfiles ou de groupes
différents
etc ••
L'anthropologue de
la culture Balinaire
et Iatmul en Nouvelle-Guinée élabore un concept pour rendre
compte àe
tous
ces phénomènes
"la schismogenèse".
La schismogen~se défini t
les possibili tés de différen-,
ciations des groupes
ou des
individus
entre eux.
Ell~ s'appli-
que aux proc e s sus de d ifférenc ia. t ion,
de s
norme s
du comporte-
ment individuel ~ la suite d'interactions
cumulatives entre
inclividus.(La cérémonie du Naven-,
p.
189)
La théorie de
l'alcoolisl;,e d2velopp:'e par l'auteur,
permet
de mieux cerner ce concept.
Qu'on nous autorise une digression
de
ce côté
La fierté
ou "hybris"
chez
Bateson et
S.
PALAZZOLI,
désigne un comportement d'arrogance caractéristique de
la
nature hurnaine.
C'est un concept élaboré pour désign"er une
schismogenèse symétrirlue se Iranifestant par une prétention
de réussir un
jour à vaincre l'autre
quel qu'en soit
le
prix. Chez l'alcoolique,
la fierté
repose
sur la sitùation
de
l'imaginaire
lacanien
- 83
10
"je peux ne p~lS boire."
Cette a t t i tude qui va échouer nécessaireri8nt
condui t
à
~,?~;""",,- ~.r-.iiii~~"\\YJij;''''"j" r'~t"B'g-{r:ff f's'"àn c e d u ~l 0 i •
20 S'il réussit
~ ne pas boire, il devient outre-cuidant.
Dans
tous
les cas,
l'alcooli'lue
opère p<:lr rapport à
1;:1-
bouteille une diff~renciation progressive sym~trique qui
l'amène à vouloir lever le défi.
C'est
juste:rent cette
compulsion à
recr~er le d~favorable qui est le probl~me.
La première ~tape danc du changement, puisqu'il s'agit de
changer un comportelnent,
est l'expérience de
l'échec.
C'est
la res tric tion qui es t, suic iclaire.
La di f[érenc ia t ion do i t
être
complémentaire
l'alcoolique doit
se
laisser vaincre par la
bouteille;
i l doit
toucher le
fond.
Il Y a donc deux catégories de différenciation selon
le mode de la relation:
la différenciation symétrique
et
la différenciation complémentaire
• Tout
échange de
communication est symétrique ou complémentaire,
selon qu'il
se fonde
sur l'égalité
ou la différence.
Ces outils sont
utiles dans
l'analyse des
reLltions
internationales,
du
désarmement,
de
l'acculturation et
les
interactions intra
et interfamiliales,
c'est-à-dire dans
tous
les systèmes à
"caractéristiques mentales".
Autremont dit,
ils
s'appli-
quen t
à ~ ; ,
"tout système fondé d'évènements et d'objets
qui dispose
d'une complexité de
circuits causaux et d'une
énergie
relationnelle adéquate."
(Bateson,
ibidem
,
p.
231)
C'est à la suite de
ces
tr~vaux qu'il émit l'hypothèse
du
"double-bind" pour caractériser des habitudes communi-
cationnelles familiales
particulièrell1ent contradictoires
et paradoxales qui
conduisent à
la psychose.
- 84
_
l''f~
~:.
~-:~
Le
"double-lien"
traduit un.:'enchevê-trementd' injonctions
~"_
-;:1.- ,..
! -,,~' •
paradoxales qui placent la
intenabJe. Une
situation de
ou "double-
contré.'linte"
ns'cessite
six éléments
1°
deux ou plusieurs personnes dont une. nommée
"vfctime"
ou patient d6signé
2°
l'exp(~rience de cette situatio'n n'est jamais seule corr:"e
dans
les
traumatisl'1es
intrapsy'chiques vus par la psycha-
nalyse
elle doit
~tre redondante, répétée de:façon
à
constituer un schème,
une structur~ propre et spécifique
du
"nexus"
JO
un genre de c oniliîuni ca t ion part; i cul ie:: à, plu,s ieuTs ni veaux
dont le premier est une injo~ction négative primaire
"},le fais Das
telle
ou telle chose,
ou
je te<Opuriirai"
~
~,
cette punition consistant hab~tuelle~ent à menacer d'un
retrait d'amour ou par la ha~ne. C'e~t la c~mm~nication
',:
digitale,
verbaJe.
4°
Le second niveau de
communic~tion est une irijonction dite
secondaire,
qui entre en conflit avec la première et
possède une
structure d'abstraction plus élevée;
elle
est renfor~ée par des punitions ou des signaux menaçant
la survie de
l'enfant.
~lle est plus difficile à décrire
que l'injonction négative primaire pour deux raisons
-la première,
c'est qu'elle est g~néralement communiqu6e
à
l'enfant par des moyens infraverbaux
;
l'attitude,
la
voix,
le geste et
tout acte chargé de
sens peut être
utilisé pO.r ce mocle de comlf:unication plus abstrait.
-la deuxiènle,
c'est qu'elle bontrarie souvent la primaire.
La verbalisation éclaire la situation doublement contrai-
gnante dans
laquelle l'enfant est coincé
"je t'ordonne d'être libre"-
après ~ui avoi~ dit dans
l'injonction négative primaire:
"ne fais
pas telle ou
telle chose,
sinon je
te punirai"
,
le père peut dire
maintenant
"ne prends pas,c~ci pour une punition"
ou
" ne
te plie pas à
mes
interdictions"
ou
"ne doute pas
.
"
.
de mon amour" etc •• Autant ~~~injonctions contradictoires
et floues
auxquelles
s'ajoutent des
ordres divergents
des parents.
85
50
Un troisièn,e niveau interdit'au;~s.ujet de sor;tir::__dlf système.
I l est interdi t
de
fa·ire desv~.~ioJtih:~p,ta:d.-r~s#pc~ie;~\\;t:~~f':dire
de métacommuniquer sur l ' incong'~~Jté des deu~- n;i'~eaux
et
.. 1
l~
ne doit
p2.S
non plus abandonner le
terrain '~
Le
sujet
est en fait
" co incé"., I l '~/ui est impossible d' élvoir
une
position complé~entaire, c'est-à-dire se· soumettre,
.
-'. .
.'
obéir 8. l'injonction puisqu 1 ell~,...est confuse. };ais i l ne
peut
pas non plus
adopter une p6s'i tion symét;iqtle- pour
,1......
.
..:
•
la m~me raison et de toute façon pour les m~~es_~~ns~quence3
6 0
Dans
cette
série de disqualificatj..ons,
observée dans
les
univers
structur~s en sch~mes,d&doubles-lie~s,\\~sujet
adoptera une
position de d6fense
~t d'alarme doht- le
degré d'absurdité
et d'incompréhe~sibilité sera~aracté
ristique de
ccmportelilents pathologiques allant de
la
névrose
Q la psychose.
Ces
comportenlcnts
familiaux de nature communicationnelle,
consti tuent
la
trane hw,12ine de
la transaction pathologique.
Un sujet
quiJdepuis
l'enfance,
subit de
façon redondante
un tel
engrenage
interactionnel ali6nant,
ne peut
s'en sortir
~
-':,
indemne d'esprit.
Ce mode
d'6ducation basé
sur des
mod~les
répétitifs
de
communication doublement contraignante est
structuré de
la mani~re suivante
:
on donne à
une personne
"vitalenent"
engagée clans un syst~me,à entendre un ordre et
en même
ten:ps
on lui
fai t
comprendre à
un autre ni veau qu'il
lui est
interdit de
le
faire
ou de
le penser
;
on lui enjoint
de
faire
une
autre
chose implicite
i~compatible avec~l'ordre
i n i t i a l .
Et
puisqu'il
lui est
interdit de
sortir du système
chaque protagonis te
lie doublement
l.' àutre,
de
t~11e_. sorte
" ..
qu'il n' y
a
jarr;ais ni vaincu ni vainq~eur. On di t
q~e "la
situation est
'intenable"
"doublement contraign!3-nte"",
mystificatrice
et disqualificatrice~
" >
·~'
-"--1'
Nous
citerons deux exemples pour illustrer ce modèle
l'un des
exemples
le plus
couramment utilis~ pour définir
le
"double blocage"
est celui de
la mère qui dit à son
J~~\\' f~1~' .. enf:J.nt
"je
t'ai;~~e" mais
son ton,
son attitude et ses actes
...:.. ".: ....--
::~ '~:: ~. ':~~.;.~;.~
disqualifient
l'assortion initiale verbale,
en signifiant
~~~~~;~~. ~( .Ii~~~~~
le contT':\\.ire.
De deux
choses
l'une
ou l'enfant ne considère
ff~~?~'.~,~~;~;.~ .
~; .J .~~ ~)!~:' .
il' f' ~~ < :"Î':_: .'
que
le premier niveau et dans
ce
cas
i l rencontrera la colère
71'-;. ~ ;-t~~
de la mère
ou i l r~agit en harmonie avec la communication
'\\~:' f' 'lfi~~'
~ ... ;- ..::" .;':~-'. ~.•:.
analogique et
i l subira les m~mes senti_Dents de colère.
·~.;.·r:~ .
~,
I l se demandera alors
si ses sens
fonctionnent bien ou non.
~~ .,;~'
' - ' : -<:~:':.
;-'-' .. ';=.~:
Cette question ne peut m~nquer de porter atteinte à
sa
"s(3curité ontologique"
(Laing)
et
le résultat est la psychose
ou autres
troubles du comportement.
-..~~~;~!
t~ S'
'.'
Le deuxième
exemple est emprunté à R.D.
LAING,
dans
"Soi et
les autres"
p.
18J : une mère rend visite El son
fils
qui vient de
se remettre d'un accès psychoti,:ue.
Comme
i l s'approche d'elle
a- e'.le
ouvre
les bras
pour qu'il
l'embrasse et/ou
b- pour l'embrasser.
c- comme
i l
se
rapproche,
elle se raidit
et
se fige.
d- i l s'arrête,
ind·~cis.
e- elle dit
"tu ne veux pas embrasser ta marnant
?"
Et comme i l ne bouge pas, hésitant
encore
f -
elle dit
Il mai s,
mon ch '.;-r i,
tu ne do i s p a s
a v 0 i r
peu r
ct e
tes
sentiments."
Ces deux protagonistes sont dans
l'impossibilité de se dire
clairement leur sentiment
l'un envers
l'autre.
La mère ne
peut pas
avouer à son fils
qu'elle aimerait qu'il ~vite de
l'embrasser. Le fils l'a certainement senti, rf:ais personne
n'en parle.
La relation ou la communication a
~té brouill~e
$
.):-.=--- .. ,
'?.....
.'
par un non-dit,
un agir.
Cette espèce de
"langage silencieux"
, .
simultané se r~sume de la mani~re suivante, selon LAING
•~~:--
t · .~_
"','
~ "-7';-
"Ne El' embrasse
pas,
sinon
je te punirai",
et si
"tu ne le
.~:?' ~..~~::.:';~;o.~
'~~~.~~~~:-~~:(~~~::
fais
pas,
je
te punirai".
Dans
le "mé talogue"
"pourquoi les
• .,.-- ('-~'.'
......~J •••
~;.:_.J~j.:~:
Français"
,
Bateson illustre la relation disjonctive de ces
:.(_:.-<'"~-
.....:.
87
deux modes de communication en ces
termès ~:;;
~.;?
, ' .
"'"\\~;;s"';'~~~~~~~\\f#r~~~~~'-
"il y
a
des gens qui
sourient pour te dlre"'qu'ils ne sont pas
en colère,
alors qu'en fait
ils
le sont •. Î'~~·
(Bateson,
i b i d ,
p.
J2)
Le caractère pathog~nique de ce mode de .co~mùnication a ~t~
testé en psychopathologie et en psychiatri~ clinique.
Le chapitre suivant nous
montrera le~ cdndition~
th~oriques et cliniques de syst~matisation.de ce mode
d'approche.
C h a p i t r
e
LA THl:-~ORIE DE LA PRAGèiATIQUE
:~)E L\\
SON APFLICAT:iON
If Au
commence8e.n t
et la. n2cessité
-Selvini
"
Para.doxe et c~ntre~paradôxe , p. 26
Jus qu'à pré sen t,
j 2
r;~ e sui s él t tac h é à dis cu ter un e
nouvelle épist~mologie, les conceIJts qu'elle met en oeuvre
et les chélngements qu'elle exige
l'épistémologie: systé-
".'
mique.
Il nous paraît m6thodologic;uel1~ent adéquaf de. nous
intéresser au domaine appliqué pour éclairer cêtte>orien-
tation nouvelle.
No~'s nous intéresserons parti'~'u{i~Çe~ent
dans ce chapi tre,
à deux modes d' aDproch~' compl'61I1;~kt~iies
~~::::::h:te::s;:::~:~~~u:v::~~E::::u::::::~:~:'~~~îr~c::e
:'.~':: ·-:;~~·>.::5~ .;...."
de Palo Alto.
~,~~~t\\~;';;
~',
;);
~
-
89
A
[{.D.
LAING
=============================================
L'auteur du
"j'roi divisé"
et de
"soi et
les autres",
se pose
la question fondamentale de savoir comment comprendre
la folie.
Pour lui,
le
point de vue de
la clinique classique
est étroit et ne perm'et f'as de
cor;1pren,ëlre la signification
hW11aine des
troubles
comporter:;:.;ntaux.
La psychiatrie et la
psychopathologie clini0ue
ont divelo_pé ce qu'il appelle
"un"~ théorie scl1izoïde".
Elle fait
éclater l'hom;r:e dit
malade
elle
l'écartèle,le disperse,
le découd.
Co;~r'ent, avec un tel langage, de telles représentations,
unir ce qu'on a
déjà éparpillé
édifier ce qu'on a déjà
détruit? Car
"la manière
initiale selon laquelle nous voyons une chose
diS termine
tous nos
rapports ul térieurs avec
elle."
(L\\:::?'TG
,
"le moi divisé"
p.
18)
Dans ces
conditions,
COQment
traduire la signification
humaine des
comporte~ents, si
les
mots pour les dire,
sont conçus pour isoler et
emprisonner une
personne clans
un carcan sans
lien avec une autre personne?
La philosophie a ',1ssi a partlcipr? ?J. cette entreprise. Ecoutons
Hee;81,
à
18
sui te de
Kant,
à ce sl\\jet
"clans la folie,
le sujet reste attaché à une particularité
de son sentiment de
s o i ,
sans réussir à
l'élaborer et à
la ma:t-triser pour l'insérer dans
l'ensemble des
contenus
particuliers de sensations,
de représentations,
de désir,
d'inclination,
etc . . "
(cité par G.
SWAIN ,
ln Libre
l
, p. 184),
Le patient n'est qu'une monade hétérogène.
- 90
.- ."
• -r--
- .
-;;:'
..-
• <' •
. " . .
Après avoir posé
l ' insuffisance cOI~lpr,Shensive de la
.
psychopathologie clinique
classique,
LAING poursuit
.
.
• ,~~=-:;~"
"Commen t
parler de riani ère adt6qua te de s
rappo r t s
exi s tant
entre nous
(moi et vous)
en termes d'interaction de deux
systèmes mentaux?"
( i b i d ,
p.
17)
I l faut
adopter le
concept d'une
"totalitci unique"
prenant
l'individu concrètenent dans
son r.:onde,
son être-
dans-le-monde.
" S i n 0 u sne p Cl. r ton s
p él S
d LI con cep t
cl e l ' ho fT; i:î e
en rel a t ion a v e c
d'autres homl:ies dans
LIn monde et si nous ne comprenons pas
que
l'homme n'existe pas
en dehors de son mende,
pas plus
que
son monde ne peut
exister en dellors de
lui,
nous serons
condamnés à
entreprendre notre
(tude des
schizoides et des
schizophrènes avec un décalage verbal et conceptuel corres-
pondant à
'l'éclatement'
de
la totalité de
l'être-dans-le
monde du schizoide".
(LAING,
ibid,
p.
18)
Il faut
donc considérer non le sujet en soi,
mais les
personnes dans
un syst~me de pers'nnes ou
"nexus"
là nous
comprendrons
les mani"res
p::'.r lesquelles
chëlcun affecte
l'expérience d'autrui.
Si nous rl"': vou.'.ons
pé'.S
fetire de la
glace en faisant
houillir rIe
l'e<:èLl,
i l ccnvicnt de
trouver
un autre fondement
pour la science.
LAI~G propose ce qu'il
appelle
"science des
personnes",
dont
la pierre angulaire
méthodologique
serai t
la "phénoEiénologie existentielle".
Cette opti~ue existentialiste veut reconstruire la totalité
et non disperser
elLe veut restituer le
sujet dans
la
r;~anière qu'il a d ' être-dans-son-monde, dans son système.
"La tâche de la phénoménologi8 existentielle est
justement
de formuler ce
qu'est
le monele de
l'autre
et
sa manière
d'y être."
(LAING
,
Le moi divisé
p.
2J)
- 91
Dans
"soi et
les autres lt ,
l'auteur donne lin exemple illustratif
qui considère le nexus de personnes dans
lequel évolue
l'individu
soient
P.
-Pierre- et O.
-Paul-
l'identité de soi pour soi de Pierre
o -") P son ide n t i t é
pour Paul.
quand
(p~p) 1 (O-)p)
i l Y a
disjonction de
jugement et i l s'ensuit des
senti~ents de culpabilité, de
désespo_ir et d'angoisse.
l'lais
considéré isolément,
l'angoisse
de Pierre serait
incompr~hensible , voire absurde.
Cette vision repose
sur la constatation que la relation
est
toujours
là
nous
sommes d'emblée p_Longés dans une
myriade de mes sages
en in teraction.
Recevoir des
inforEla tions
est l'ne nécessi té vi tale pour tout
être vivant.
Ces
inform:::l_ tions
situent
le sujet dans
des attributions,
des
statuts et des
raIes
lui assignent
une
identité pour soi et pour autrui.
Cette identité qui authentifie,
d(coule de
la nécessité absolue
de
confirmer ou d'être
confirmé dans
le
systène d'interactions.
Conquérir une certaine
place dans
le monde de
l'autre,
est une condition essentielle d'exister et la pathologie
mentale est cette existence problématisée.
"La vie de
l 'homr,~e avec l ' homme a
une base cl0l:ble et unic:ue
le désir qu'a
tout hon:n:e d'être
confirmé par les horrrr:es pour
ce qu'il est,
même pour ce qu'il peut devenir;
et la capacité
innée
en l'hr:JIT1iTI8 de
c::n:firmer ses
semblables de cette f;lanibre."
(Soi et
les autres~
').
120)
Ceci relève de
l'ordre empirique et
les expiriences de
privations sensorielles le vérifient.
On. mesure assez mal
la souffrance qu'a dû
créer le vide de
la confusion des
langues à
la Tour de Babel.
Chez l'enfant
on constate
la
même angoisse,
d~s lors qu'on cnnfond langage d'adulte et
langage d'enfant.
Ce qui angoisse,
ce n'est ni la haine,
ni la ccntrainte mais
l'absurdité de
l'indiff~rence. La
confirmation marque d'un sceau la présence de
J_'individu
dans
son monde.
-
92
En l'absence de cette ratification,
la confusion des
lanG"uüs
qui en d6coule nous
place dans une
situation 5chizog~nique.
Dans
la partie
consacr~e ~ p. WATZ~AWICK, nous ~voquerons
les
sch~mes comportementaux caract~ristiques de ces situations.
On peut seule"~Rnt dire d' or8S et d(~jà qve la pseudo-confir-
mation,
la pseudo-mutualit~, la r~action tangentielle,
l'indiff~rence sont des situations qui conduisent à des
~tats pathologic;uement graves,
tout
comme
le
couple
confirmation-infirmation.
C'est aussi
le double-lien
batesopien
ou la situation fausse
ou intenable de Laing.
1{.
JA~lES cit~ par l'auteur
expri~e bien la tragédie crôée
par les situations
intenables,
où les
identités ne sont ni
confirmées ni
infirmées.
...
"L'on ne saurait inventer de chati~cnt plus infernal, mei,:e
si pareille chose était matérielle~ent possible,
que d'~tre
lâché dans
la soci6t~ et d'y rester compl~tement inaperçu
de
tous ses
,
11
r!1emores.
(Soi et
les autres,
p.
121)
Il Y a un engagement personnel dans
la relation et une
nécessi té de
la définir.
Elle ':lst
sain'~ quand chacl~n vui t
en l'autre plus
ou moins
celui que
ce rlernier esti~e Stre,
et vice versa.
C'est
là un contexte de bonne sant~ mentale.
J .p.
S:\\~TRE, dans "Huis clos",
tradLi t
le désarroi des
individus placés dans un s)-st~me interactionnel où i l est
pratiquement impossible de
se d,:finir,
de savoir qui on est,
où on est et avec qui on est.
Il s'ensuit une corruption
des
in t erac tians
e t c onfus ion de s
iden t i tés. LAIr-iG nomme
une
telle si tua tion embrouillée,
"contexte
.
1
collusolre" ou
"l'enfer
c'est
les autres"
(,J.P. SARTRE).
~ci ce n'est plus
lIje reconnais
l'autre IJour ce qu'il
estime
et
i l ne reconnaît
pour ce qU8
j'estime Stre."
l'lais
"je ne reconnais pas ce qu'il esti;c:e
être dans
son
expérience avec moi
e t
vic e - ver s a p our !_, au t r e • "
93
... r_.
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'.
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-
.....
.--
~.
i~
mlkk~~··
.';'"~'',;'.;:-' .. ' ..,.".,,- :.; . ~'-.. '::?-.;..- "::~.-
Cette
situation s'oppose
~ la notion'
"d.'amour accompii"
selon
F'RO~i·i ,
l ' in"tégr'i té de. J.:'i~divici\\Ialit~
et dont
"le paradoxe
réside
e~ce~~~'_'d~~~ '~'tres devIennerit
•
, ' . : . , >
0-' _ . _ :
.~.' ,r
. '
. _ :
.. :
'
un et cependant
restent
deux."
.......
(E.
FROMi
l ' a r t d'aimer
p.
38)
",
:.'"
Cette vision
dans
la
théorie
de
la pragmatique
de la communicatiorl" tel lé
. ~".
~
qu'elle est définie
par l'Ecole ,de
Paolo, Alt,O: en: particuli~r
~.
~:"
p.
1,oiATZLA\\HCK.
- :'-', .
.
r
....
'1
.. ,'
....
1,_,
-"'!.
~..:.
"
.
'~
,
,
'. -
-.
~
... :-';...
......"
- 94
~ ~ "'tt
" :>~=-";;"l
'::',;j§
B
LA PRAG}[ATIQUE DE LA COÎ'll-;UNICATION
========================================
'~~\\~~Il'<'
.~r
j;f.-.
p.
WATZI,AWICK
ET
L'!COLE DE FALO ALTO
.':~=======================================
Les d~veloppements sur la communication nous sont connus
par les
ouvrages de
F.
WATZIAWICK et ses
collaborateurs de
Palo Alt6~' Leurs r~flexions sont relatives à un domaine
sp~cifique.~: de la coml,;unication hU::laine
son aspect prag-
>-~~
matique.
Si WATZLAWICK s'int~resse à
la syntaxe et à la
,
t .
s eman l'lue"
i l veut
surtout
.:::
"intégrer"aux actes qui relèvent du cornportenlent
individuel
l8s
sienes qui
sont de
l'ordre de
la co~munication et qui
sont inh~~ents aux contextes o~ se produit cette cornmuni-
cation.".'~
(Une logiqûe de
la con~munication, p.16)
La pragmatique de
la communication est devenue un
terrain autonome de recherche et
le
"contexte",
à
l'instar
des
a p pro che s
s ys té!;, i ('Lu es,
8 s t
de venu
1 e mCl î t r e 1:10 t .
Cet t e
th~orie n'entend pas tricher avec les th~ories classiques
de
la psychologie d~rivées de la m~canique classique.
Elle opère une
coupure
épist&rnologiclue avec e 'les.
;,:lle 58
propose de poser le
cuncept de RéaJ.it~ d'dne autre manière.
Il nous faut voir en ouoi
consiste
cette COUDure
.
.
él.~Jistémo-
logique dans un prer;':ier temps
; nous discuterons dans un
deuxième
temps des propri~t~s fonda~entales de la pragmatique
de
la communication.
,"-.
:~ ··t~
.~ '..;"
-
.- ....
-
95
Pour WATZLAWICK,
la communication est une condition
sine-qua-non. de
la vie humaine et de
l'ordre
social.
Par communication,
i l désigne l'aspect pragmatique,
les
effets des
comportements
les
uns
sur
les autres,
le
jeu comportemental dans un système.
Le
petit de
l'hom,·e
se
trouve engagé dans
ce
jeu.
La
théorie de
l'attachement
portait déjà en germe
cette idée.
La vraie humanité
réside dans
cette dimension communi-
cationnelle.
Si donc,
nous
sommes d'emblée dans
un
"nexus"
(LAING),
le
comportement ne peut qu'être fonction de ce
dernier
et
les manifestations des
uns
et des autres dans
ce système constituent
le véhicule de
l'information et
l'expression de
la communication.
Il est donc
inadéquat de
vouloir comprendre un acte indépendamment du contexte d'o~
i l procède.
"un phénomène demeure
incon~préhensible tai1t CLue le chan;p
d'observa t i on n'e s t
pas
suffisamr.:en t
L_Lrge pour qu' ys,) i t
inclus
le
contexte dans
lequel ledit phénomène
se produit.
Ne pas
pouvoir saisir la co;:'plexi té des
relél. tions
entre un
fait
et
le cadre dans
lequel
i l s'insère,
e~un ore-anisme
et
sen n:ilieu,
fait
que
l'observateur bute sur quelque
chose de
'mystérieux'
et
se
trouve conduit ;}l attrihuer
à
l'objet de
son étude des propriétés que peut-être i l ne
possède pas."
(Vne logioue rte
la communication,
La cohérence de la logique systémique r~side dans le
fait
qu'elle refuse de
considérer isolément
les phénomènes.
S'intéresser aux relations qui existent
entre
les différentes
parties d'un système en incluant
les
effets dll comportement
étudié sur autrui,
Jes
réactions d'autrui à
ce comportement
et
tout le contexte (~e ce
jeu) ouvre de nouveaux horizons pour
la compréhension de
la maladie mentale.
- 96
Nous
so~mes ici dans un champ de réflexion et d'action dont
l'objet est de nature
psychosociale,
ce qui diff~re de la
proc~dure psychodynamique
traditionnelle.
Le
travail
th~rapeutique psychanalytique a valeur inter-
pr~tative. Elle induit n~cessaire~ent la subjectivit~, celle
de
l'analyste et celle du patient.
La di~8nsion subjectiviste
de la pri s e en c omp t e des
fan tasr;'e s
indi vidue Isou groupaux
diachroniques ou synchroniques
favorise
l'extrapolation.
L'indivirtu n'est
pas affront6 au r~el et à sa conduite
pr~sente dans
l'interaction.
Il s'ensuit que
l'essai de
lectllre du mat~riau que l'autre
d~verse dans le
transfert
est
soumis à
beaucoup de r6sistances,
de
transformations et de modifications
qui
traduisent une
d~fense contre l'av~nemcnt de la v~rit~ de la part du sujet
mais
égalel11p.nt ,le 1'analyste.
T__ 'une
des
procé~d'--lres lui carac-
t6rise la d~marche psychanalytique est l'inf~rence
c'est-
à-dire le :l:ode cle relisonne:.ent
car:_èctéristique d'un Il'odèle
scientifique explicatif qui
conduit d'un ensemble de pr~misses
à
une conclusion dont
la certitude est
(cale à
celle des
prémisses.
Le d,,=,ter;'linisi'-e
j)-ychi,::ue inconscient
est un
maillon important dans
ce schéma.
Or,
la cGnscicnce subjective est
caract6ris6e par sa
fluidité,
son hemorragie
perp,)tuelle.
Cette
ouverture,
cette
plasticité s'accorde mal avec
la d~nlarche par inf;rence et
à
l'~coute nécessaire de l'alltre. L'authenticit~ dans la
relation clini~ue,. cette rencontre du v~cu qui
touche.et
engage,
selon les
termes de ~:adame FAREZ-BCUTnNIER,
peut être
faus sée p r1.r ce que G.
Bat e s on appe Ile
"le s
orgi es in terpr~":'
tatives".
-
97
C'est pourquoi
le
questionner::<'~nt que l'épistémologie
systémique 'impose aux modèles psychodynamiques
est
justifié.
RUYim dé c lare
à
jus t e
t i t l' e 1:j1_1'
"un
'observateur'
ne
peut
observer ,qu'un
'objet'
là Oll i l
Y a
en r~alité une conscience subjective.
On ne
peut,
par
d~finition, observer tlne conscionce. On ne peut que deviner
une conscience ou y participer."
(La gnose de
Princeton,
Fayard
p.
:34)
L'approche systémique,
en se situant sur le
terrain psycho-
social des
interactions et du discours
total donne
les moyens
théoriques et
pratiques d'esquiver ces difficultés.
Dans cette
optique,
"tout cor.lporter'i1o,nt,
et
pas
seulement
le discours,
est
communication,
et
toute communication affecte le comportep .."nt."
Le postulat
théorique
est que
la relation,
les
processus
interactionnels deviennent
l'objet
et
le moyen de
la connais-
sance et non l'artifice de
la Glonade.
L'homme
est alors une
conscience de fonctions,
de rela tians qui
I~radui tune
exi::::;ence
d' identi té par une
5'2rie
redondante de
confirma tions
r(;ciproques
Il Y a
donc d'uno
pért une
inéluctabilité relo,tionnelle
sémantique.
D'autre part,
cette co:·:nlllnication s'efféctue
d'abord dans
un c~dre, un s ys t èn:e nwn tal,
la fzulJi Il e.
Ce
contexte a
sa propre histoire. La famille
"
se structure progressive;;:('~nt dans le temps à
travers des
essais,
des
transactions
et des rétroactions
correctives.
Elle expérimente ce qui est permis
ou non,
dans
la relQtion.
Elle devient ainsi une unit9 systémique originale rtgie raI'
des règles particulières propres à ce s}-stème."
(Selvini PALAZZOLI et
coll.
Paradoxes
et
contre-paradoxes,p.12
La famille
est donc dotie d'une histoire qui lui
est propre
et constitue un système.
-
98
A ce
ti tre,
el Je
est
sour-;-,ise aux cri tère de
la
théorie
de
la TGS et de~la cybernétique. Ainsi,
elle est caractér.isée
par deux
tenciances .::Lpp3.rer.:r-~ent contradictoires
la tendance
homéostatique
.'t
la ten~ance au cl;an~ement et elle ne peut
@tre comprise par les
simples propri~t~s des élénients qui
la composent mais par la qualité émergente.
En cela,
elle
obéit à
la th~orie russelienne des
type~ logiques, selon
laquelle
i l y a
discontinuité
entre une classe et ses membres.
La classe ne
pellt @tre membre d'elle-m~me et un des membres
ne peut représenter
la classe parce que
celle-ci est d'un
niveau d'abstraction plus élevé ou diff4rent de celui de
ses
éléments.
De
ce qui
pr~c~de
i l est
possible a
ce niveau de
l'analyse,
de d~gager les propriétés fondamentales des
systèmes ayant des caractéristiques
" men tales ll
1°
la Totalité
i l faut
remarquer que certains
syst~mistes
parlent de
"totalisation ll
ou
"totalisant ll
pour
exprimer le
CLlr:~,c t ère dynan:ique du s ys t ~~:::e.
On la d,f fini t
en relation avec une
caractéristi~ue fonda~entale des
systèmes
organisés
qui
est que
le
tout
est plus ou moins
que
la somn:e de
ses
él;~ments
i l ne peut
se r~duire a
aucun d'eux r!e p~r son oricinalité et sa complexité. Il
est un
tout
coh~rent. Ici, l'interaction est centrale, et
elle
est non-so:;;!ilative.
La r~~odification d'un des élér·c;nts
engendre
la nature des
relations
entre
cos derniers et
avec
le système.
Le système
total possède une autre
propriété qui n'est observable que de
l'ext6rieur par un
observateur adoptant ce qu'on appelle
Ilposition haute ll
(Hatzlawick)
ou
Ilposition épistémologique".
(Selvini Palozzoli).
2°
L'auto-régulation
cette notion recouvre
l'homéostasie
et
le
changem~nt. L'avènement de la cybern~tique a favoris~
le glisse~ent conceptuel de l'énergie à l'information.
- 99
En introduisant
la r~troaction ou
"feed-back"
elle a
rendu possible cette opération épistémologique.
Ce
concept par un
jeu de flux
et de reflux relatio;~ne\\les
'in~)uts' et les
'outputs',
f;as
clans un schéma
linéaire !TI ais
de
cau s .i 1 i t é c i r cul air e.
L' é v è n a i;', n t
A
engendre E,
qui
cngenrtre C
qui
informe A de
l'~tat
final qui ;:odifie par amplification ou par dü:iinution
de
l'écart à. la déviance.
Cet ::e vision permet de
comprendre
qu'une
inforl;'a t ion sur un e ffe t
s i e 11 e
es t
c onv8nablemen t
renvoyée ~ l'émetteur,
lui assurera stabilité et adaptatiori
à. une modi fica tian de
son ,:1il i eu.
Ce n~ouvement
perme t
de
réduire la perte d'information,
source de conflit,
J'incompréhension et d'erreurs.
Les rétroactions
peuvent
~tre positives ou n~gative9
les rétroactions négatives réduisent
l'écart ~ la déviationj
elles annulent la ten,Jance au changeii:ent
elles
jouent
une rôle de maintien de
l'~quilibre, des relations stables.
Les rétroactions
positives amplifient
l'~cart ~ la déviation
e 11 e s i n t r 0 ct u i sen t
le cha n2' e ni e nt.
L' ho rn é ost a sie est aux
rétroactions négatives dans un s~ystème
ce que
la trans-
formation et
le chan[·;en'ent
sont aux r~,'troactions positives.
:Jans
les
fan~il Los il
t:;.':-~nsaction
~c:üzophréniquC's
a"alysée)3
par l'Ecole cle Palo :Uto et I~le ;··;ilan avec S.
PALAZZOLI
nous verrons que
10.
str '.:cture particulière r(~side dans 18.
résistance a
la rétroaction ~'ositive c'est-~-dire au
changeii;ent au profit de sa
trétroaction nt)t:ative c'est-il-
dire
la répf-:tition de
la rnê!ile
CtlOSe
la rigidité.
L'éguifinalité
ce concept vient rompre avec
les concep-
tians historicistes et d?terministes de
la psychologie
tradi tionnelle com;;:e celle de Bergere t,
que
j ' (~voquerai
dans
la troisième
partie.
Les
lignes de
clivage de la
personnalité ne
sont pas
immuables. La personnalité en
~
tant que système
telle que
la définissent
B~talanffy et
Allport,
est sa propre
source de modification.
-
100
Non pas que
le
syst~me est une tabula rasa du point de vue
de son histoire,
mais qu'i~ poss~de des
caract~ristiques
intrins~que5 autonomes qui luiconfèrent une certaine
spontan~it4. Ces ~aract~ristinues processuelJes lui per-
mettent d'&tre ind~pendant des conditions initiales de
sa croissance.
Le d~terminis~e tel qu'il est d~fini en
physique
par CARNAP R.
ne
s'applique pas à
notre domaine.
C'est
la structure qui est d~terminante. Lesp~ram~tres
propres au systèriie
l'emportent sur
les
conditions initiales.
Le principe de
J' équifinali t~ est d' iE,portance capi tale
et peut-être plus que
Jes deux concepts préc~dent;s, i l
renforce le
caract~re révolutionnaire de l'approche systé-
mique.
Grâce à lui,
on peut remettre en cause cette id4e
qui guidait nos recherches
et nos pratiques
en psycho-
pa thologie
clinique
c onnai s san t
un év~ne[]'entA,
on peu t
savoir la ou les
loi(s)
qui y
ont
présidé
et
prévoir ce
qui adviendra.
la causalité relationnelle
ici est multi-
dire c t ionne Ile,
mul t i ternpore Ile,
mul t idin;ens ionnelle,
multifactorielle.
L'évène"ent
la décompensation psycho-
tique
par exer,ple,
es t
effet
et cause,
~?lén;ent stabili-
sateur d'un système homéo.3tatique.
Elle
est
sY~lptomatiCJ.ue
d'un mode de cor;;.munication vicié structurelle!;:ent qui,
par sa rép~tition et sa rizidit~, a
enfant4
ce comportement
pour sa propre survie.
Ce
qu'il faut
considérer,
c'est
le foncticnne';ent actuel,
le hic et nunc du syst~me qui s'organise
les schèmes
et
diro;ensions
comportementaux organisationnels actuels.
"i'rême sans
stimulus
externe,
l'organisme n'est
pas un syst~me
passif,
mais un système
intrinsèquement actif •••
L'activité
au ton 0 me est
l a
for me
p r i mit ive duc 0 mpo rte ai 8 n t lt •
(Bertalanffy
,
ibid,
p.
21J - 214)
-
101
~ :' .
;_>j"
_r, ..... ~ ,.:':..
......... ~. ~ - ...
'
"
,..
~
'... .
~.; . .
\\'
~
:r .
Les
systèmes
ouverts
comli:e
la famille
ont un deg-ré
ter.:porel
~~#".
de stabilité et peuvent p~rvenir à un état
temporelleœent
'.,. - -.-
indépendant des
conditions causales et déterminés uniquement
par les param~tres du
syst~me. N. WIENER indique m~me,
\\ .
;'...
qu'~ longue échéance,
les
effets de
causes
identiques peuvent
diverger.
Méthodologiquer'ent,
la pragmatique ~ la communication est
soumise allX mêmes critères de
lecture oue
l'approche
systémique en g8n0ral.
lion commence p;lr observer le
système donné
en action et on
tente ensuite de définir les règles qui
président à son
,':;. .
fonc t ionnerr,en t Il •
(1va tzl.:ndck P.
Une
logique de
la communication,
p.
)4)
Elle est
la même que
celle de Bertalanffy
prendre le monde
c olnr.:e on l e t rouve
exa;:~incr les divers .systèmes qu Ion y
rencontre
(zoologiques,
physiolo~iques, biologiques, psycho-
logiques,
etc .. )
on établit des
~noncés sur les r~gulntions
qu'on y
découvre.
Théoriquement,
la fonction mathémati"ue
devient
le modèle clef.
L'être,
]~ discours, la morhiditci
ou le
"silence des
orgCl.ncs"
( P
.
•
J. Tl T ~. 7 f .' )
;_·.8n.0
..' .'.' __ .~J:- J.';
.:; 0 n t
t 0 u j C, li r s
f 0 net ion d e I e II r s
rel::;. t ion s I e s
L~ n s
a v e c
1 e S
:J,11 t r e s e t
a v e c
le
système qualitative:' ent
sup 'rieur
qu 1 ils
fornlent.
On ne
dit plus
'cette chose est rouge
ou ronde'
en assign~nt \\
cette dernière un attribut,
mais
'cette chose est plus
ou
moins ronde ou rouge que .. '
La deuxième proposition établit
une relation entre deux choses,
et_leur système.
Le contexte
est
la matrice du signifié.
La schizophrénie,
la toxicomanie,
les
troubles divers du comportement ne
sont plus des entit~s
indépendantes
et
individue~les, mais des fonctions isomor-
phiques,
des processus
interactionnels du système o~ vit celui
qui en est le
sig'ne d'alarme.
C'est une épistérr,ologic nouvelle
qui pose la question fondamentaleœent
existentielle de la vie
..;=. ,
..
"au commencem~nt citait la relation et la n6cessité de la définir
(Selvini PALAZZOLI
p.
26)
'-.
-
102
Elle
impli~ue aussi de nouvelles
exigantes
en psychologie.
Com~ent cerner et cOGprendre l'Esprit
(pas
l'Ss~rit hegelien)
mais
la psyché
cette
'boîte
noire'
pensante
et aGissante?
La psycho 1 ogi e
et
la ps ~,-chia t ri e
clinique
t en tai en t
petr
inf~rence à
partir des
associations
de
retrouver
les
méca
nismes
intrinsèques
de
ln vie
I.:entale.
Elles
n'ont
p~s r~ussi;
en
témo igne
la mul t i tude
d' opini ons
~l ce t
eca.rd.
La vis i on
s ys témique
se
propos e
de
cons idérer l ' hO";[lCe,
non
en soi
par
l'iœagination et
l ' i n t u i t i o n kantienne,
et
dans
l'absolu,
mais
dans
sa fonction
par et dans
le
syst~me plus va.ste dont il
fait
partie.
SIle
se
braque
sur
les
rel'tions
inputs-outputs,
leur modification,
les
strat~gies et les tactiques des uns
à
l'égard des
autres.
Le
troui,le n'est
plus
le
r'!sultat
d'un
confli t
intraps)'chi,[ue,
mais
l'expression d'une
re18.tion
cOlJrompue.
C8 nouveau :node de
raisonneent
ne
Laisse
[<:::lS
de
côté
l'inconscient,
le
rôle
du
passéetla probl~lIlatique c'::Hlsale.
I l
les
intègre dans
son approche
psycholo6ique
à
l'aide d'une
dimension nouvelle.
Ce
('~ui importe, c'est l'expérience que
l e s II jet
:( a
ct e
Y e t
'V i C 8 - \\.r ers a
cl él Il. S
l <:1
C 0 :1': 1") l 8 :x i t (~
~~t e l 8 U r
interaction et
du r.ic
ct
n:.~nc. Chaci'u,
en vr~rtu ll.e
J'a.uto-
régula.tian et
de
l'équifin:-Llité
qui
les
c:.lractc.;risent,
en
/;ant
I;\\-~e S:.st8,':e,
et
du
systèmE:
total,
r(~a:::'it en .f',~'nction
de
son histoire.
Dans
Lé:
syst~'I':e fa':li.li;:tl,
chac:;,'.le ;1f.:'ll;bre
entre avec
son passe
qui
trouve
son originélli té
individuelle
dans
la
sp::cificité des
fa;-'illes
diverses.
i'iais
i l est
prati-
queri;en t
p; r i llcux
voire
i;~;possible, de savoir pour'luoi telle
personne agit de
telle
et
pas
de
telle
autre
façon
,
de
discerner
les
mobiles
inc.nscients,
si
ce
n'est
par
sp~culation
m~taphysique et aventureuse.
L'exp?rinece d'autrui
est
inac-
cessible
parce
que
d'entr~e de jeu llint~riorit~ nous fait
obstacle.
l.a
connc~issance fondée SL'T ! 'inférence inductive,
par
les
associations
est hasardeuse
et
réduit
les
perspectives
pratiques.
-
10)
,~. f
.,' ';-
sations
sans
fins
.~
~:
.'
"c'est par ce que
tù es, passif que
je suis h<Jrgneuse"
":Non!
c'est:le contraire
je suis passif parce que tu es
ha.rgneus e • "
,
" "
(Une logique' de, la coÎnrilUnication",'p.
-
1
\\
;J "~ )
,
,
Toutes ces' con_sti~uctions r8posent sur une logique,
la
logique de la pragrn~~i4ue de la c~mmunication qui a
ses lois,
ses principes
ets~s 'j~gles d'application.
Nous nous proposons
~
.'~~
d'en exposer lei' axiomes ou les propri~t~s fonda~entales
rnaïn tenan t •
-;..
.',~. :
",
.'':-'
'. ':'
-
104
C
L:C:S
FRINCIFBS
DE "LA
THEORIE
DE
LA CO;,;i'n:.JNICJ-\\TION
=====================================================
SELON
W~TZLAWICK p.
====================
Nous nous
r~f~rons aux ~crits de WATZLA~ICK et collabo-
ra t eurs,
ains i
qu'à ceux de, G.
BATESON.
Nous
serons bre f
parce qu'il s'agit cle résumer le plus
succinctement possible
les
points
fondamentaux
constituant
l'architectonie de
la
théorie de
la comrrunication.
L'auteur ~labore cinq propriét~s
qui
structurent
la vie
reiationnelle
Ce
sont
1°
On ne
peut
pas ne pas
coml'uniquer
2°
Toute communication comporte cleux aspects
le
contenu et
la relation,
tels
que
le
second englobe
le premier et par
suite,
est une
m0tacommunication.
JO
la nature d'une
reléltion est
fonction de
la ponctuation
des
séquences de
communication entre
les
partenaires.
l~o
Les
êtres hll!,:;:üns
utilisent deux mor:les de
communication
le digi tal
et
l ' analogi,'ue.
5°
Tout
éché,nge de
con:i,'unication est
sym,5tricll.':';
ou cO!:iplémen-
taire,
selon qu'il
se
fonde
sur l'6galit~ ou la diff6rence.
Le
c oncle, pt
é tho logique de l'a t t,:,chen~en t
voue
l ' ê tre vivant
à
la relation.
I l
lui manque
le
concept d'interaction,
d'~quifinalit~, de totalit~ et de relation paradoxale.
Les
th~oricien5 de ce comporte~ent fonda~entale~ent primaire
voient en lui à
l ' i n s t a r de
l'orientation de
la psychiatrie
infantile,
la condition essentielle de
la
sant~ mentale du
futur adulte.
Le manque d'amour l'let
en cause sa réalisation
attendue
et
entr'Olîne
ce que R.
SPITZ appelle
"dépression
anac ~i t iClue"
et
-
105
Ce premier axiome a
une Ü:lportarlce fondar.;entale dans
la pragmatique de
la communication.
I l peut se formuler
de
la rnani~re suivante
" l e
c 0 mpo rte ;:J ,:~ n t
n' a
pas c; e
con t rai r e Il
" 0 n
ne peu t
p Cl sne Fas a v 0 i r
cl e
c 0 r:-: po rte fi] ~; n t Il •
Or les recherches
en ~thologie ont ~c13ir~ ce point.
D'une part,
les
diff~rentes postures du corps,
les odeltrs,
l'organisation
spatiale,
prox~mi~ue sont alttant d'cil~ments comportementaux.
D'autre part,
ces mômes
comporte~ents nous placent toujours
dans
le registre de
l'imaginaire
lacanien et introduisent
la question du sens.
L'~tre vivant se comporte en permanence
en ce qu'il
~met, reçoit et modifie les informations. Dans
la
"foule à
deux"
(SPITZ), nous sommes en interaction et
nos mouvements
ont valeur de messages
• On ne peut donc pas
ne pas
cOl:n:uniquer et
l'interaction caractérise cette série
de messages échangés.
Tou t e
c ommuni ca t ion suppos e
un engagen;en t
pers onne 1. On
y
adopte quatre attitudes de modes analogiques
a- on pe,xt accei,tor L~t r(~JG_tiorl fin.r des
sourires,
des
salu-
tations,
des
conduites d'apaiser':ent,
etc .•
b-
on peut
la refuser en faisant
la mOlle,
le désir de quitter;
la situation est discordante
c- on peut
annuler la c oi::r'il_'.ni ca t i on par une
inj one tion verbal e
du ty"pe
I1 su is-je
le gardien de mon frère
7 11
d- on peut
enfin l'esquiver par un symptôme
so:nr;leil,
maladie b~nigne, folie,
etc •••
Cet axiome représente bien la situation coinc~e du
schizophrène
"je comrr.unique malgré rr.oi,
que faire
?
Où aller
7"
I l s'engage malgré
lui.
-
106
2
T.ES
DFTX\\SFECTS
DE
LA CC~'>u)TIC:·\\TION
LE:
CCNTE0iu :2T
LA RELATION
WATZL\\'..iICK et
ses
collaborateurs
établissent
une analogie
entre
le
lùngage
des
machines,
et
la
corn: unication hu:~:aine.
Dans
le
prend.er
cas,
on nor11r;~e
'1 indices ,f les infonc'ations
qu'on dernZlnde
aux 111;J.chines
l' classr:r
des
données
économic;ues
p:~lr eX8::~ple"
{-la i s
l ' in t l' 0 duc t ion cl e
cet t e
i Tl for mCl t ion ne
s '=: rEt 0 P '.? L' t 'J ire
qU'Qprès
l'envoi
de
ce
qu'on nom'::e
" o r d r e " : 11à classer".
Le
langa,'~:e llu,;iain s(~ si.tue SLlr le mêr;ce plan. Le "contenu"
et
la "relation" sont
à
la
cOli.l11unication hur:iaine
ce
que
"l'indice '/ et
l '
" ordre l'
sont
aux langages
m~caniques.
Le
contenu d"si~ne ce ,pi est communiqué
c'est
le messaé;e
expiicite,
tel
qu'il
est
forn:ulé
p;:\\.r
le
langage articulé.
La rel3.ti.on excril1le
la
manière
do,lt
on doit
entendre
et
comprendre
le
message.
Elle
signifie
le
d~sir d'un des
partenaires
de
carùctGriser la nature
de
leur relation
tel
qu'il
le
SOUh::li te.
C'est
cette
eXi,érience
ql.ü
la place
~
un niv~au supfrieur d'abstraction
la relation est
une
inform:::. t i on
s ur
une
inforrl1a t i on
c ' es t
une
Il!~ ta-informa t ion,
une 1n(:;ta-coE1!::unication.
Cette
op, ration
"méta"
est difficile
~ réaliser pour lino personne i~pliqu~e dans un s~ st~me.
compte de
l'hist·::;·ire d'l'TU';
f i l l e
d.e
17 ans, qui pr2sentait
de s
sympt â::::·; s
s chiz ophr{niclU(; S
s on dé .'. ire
por tai t
sur
une
balle de
tennis
qui
6tait
servie,
frapp6e,
renvoyoo
pctr deux
joueurs
l'un 2l l'autre
seuler'·l':,n t
dél.ns
le
ou t de
vaincre.
-
107
"L'analY~8 dl! S)'stGf'18 de rel-,tion intrEl.fai~:ili"l.le 8t de la.
nature des
alliances
St.
~-.: 0 n t r é (1. L~ e Jan e
(.lésignée'f
,
reIJr·~:s8l.ï.te cette b~tlle. L8 p0re (le la fi;?;re
et
la. mère
du pÈ,re vivaient
clans
13. mê,:',e
maison que
le
couple.
Le
père
et
sa m~re se sont
ligu~s contre la mère
et
son p,~re
dou:·les
mixtes.
Ils
ne
~)c;uv,".i9nt corF-:-;unir~upr
que
par
l'interm~dia.ire de Jane. Ce mode corrompu de la re-
lation a
atteint
dramatiquerr:!':,nt
la
C~jnscicnce du plus
faible
sous
la
forme
des
sympt8mes
schizophr~niqu8s.
Elle,ne
pouvait
pas
voir
le
lien
existant
entre
son
d~lire et cette situation. Il fallait un observateur
car
comment
peut-on
"attendre d'une balle
de
t':,nnis
qu'elle
sache
qll'elle
est
un~: balle de tennis
?"
(T<. • n. l,\\ING
1'01.
l' 0 l i t i ( ~ LI e
cl e
l a
f a ru i 11 e
p.
JO)
-
108
-:. ",
>~ .:.:: ,;
• ':
t , · "
:'~,:i •
;'- - ...
...:-:~.,.:.
.
.
.......... .
~.'
~.
~
..'- ,. f"
\\.:.. ...
;,~
:
~~~~l~~~..~~Q;TAL 2T L' .\\..NALOGIQUE , LES DEUX l'iODES DE COMl'·iUNICATIO·;
.;
'~:.:'1:~.
~.:,;~'__ ~_;-.:..-:..:~
_
Là aussi,
grâce
~l laTGS ct ~. la cybernétique, l' analoe-ie
et
i'is~om9rphis;r.e stnictul'els (~ntre les divers objets de
la c onnai ssanc eperr....:' t t en t
de
mieux
comprendre
la comnunica t i on
humaine'.
Le
fonctionncr:lcnt
des
systèl~:;~s ortho et parasympa-
',\\0<
thiques' est
i lJ. us t ra t i f à
cet
égard.
Les
inform~tions quecffiL~-là
véhiculent
sont
sp~:cifiqu'~s, icliosyncratiques, ciistinctes
..
et dis~riminatoires. Le
SNe orthosympathique fonctionne
suivant
le mod~:.-.digital
cor;~;;J:: certaiw,:s mè·~chines.
I l
en est at:.tre,;,:·nt
du
système nerveu:.;: végétatif ou
parasympathique.
Là,
les
informations
sont
approximatives,
diffuses,
iconiiues
et
syncr8tiques.
I l
fonctionne
suivant
le mode
analogique.
Dans
la
corn;;;un:!.cation hum:l.ine,
le digital
rel)résente
le
langage verbal.
Gn SB
~ert ~e mots pour désigner les
choses,
même
si
18:"
lin::::llistes
démontrent
que
ce
processus
est arbitraire.
POllrBat":son,
" i 1 n' y
a
rie n
ct c
'qu i n qui ra rr::; e '
clans
le nombre
cinq
i l n'y
a
rien de
'tabu, ii~O Y'ii;8'
clans
le
mot
table
"
(cit~ par Watzlawick, ibid, p. 59)
I l en est autrement
du
l;_lngage analogir;ue.
I l Y a
bien quelque
chose de
"chosiforme".
L'ict~e exprim~e par les mots dans le
digital-est
i c i mim~e, T'epr~sent~e et ressentie dans
la
joie,
la tristesse
ou
l'indiff~rence
L'analogique
rel~\\e du
langage. non verbal
i l
englobe
le "langage
silencieux ll
et
la ~prox~mie" de i.T.
HALL
ainsi
que
les
mouve~ents kines-
th~'siques, corporels, postl.lr:H~:X ,,c:tc ••
-
109
La communication digitale
et analogique ne diff~rent
pas
seulement du point de vue de
leur mode
mais aussi et
surtout du point de V1~:r:' de
lc!~T ch.:::rce affective
et
inÎori-.~a-
tior:nelle.
El1.2s
ont un r2..I-'port ,~,V8C 1"'''' aspects " con tenu"
et
l'relation"
le
contenu es t
vé:iiculé p3.r le diei tal et
la
relation par l'analogique.
Elles,sont donc d'un niveau de
/
complexite diff6rent.
La cosmunication digitale est pr6cise,
logique,
binaire,
complexe,
souple
et abstraite,
fonctionnant
suivant
le
"oui-non",
"tout ou rien".
Il
en est Clutreï.~ent
de l'analogique,
qui,
elle,
inclut
la relation.
Elle
est
discrète et ne
laisse
transpi:craître que des
informations
positives.
Sa logique
syntaxique est r~duite
comment
traduire analogiquen:en t
"si ••
alors"
ou
"soit ••
soit".
~loins discriminante,
elle ne peut
pas v~hiculer des
complexes,
abstraits
et cGnditionnels.
Elle ne peut
"'+-
pas
e"re
entendue,
lue et
cOiOlprise universelle82nt.
Les recherches
anthropologique des
rel.::Lticn5,
effectuées p;;,.r Bateson,
! • •
Irall,
.\\rdrey,
etc
ont
clarifi~ cet aspect diff~rentiel des
techniques
corporelles
et de l'utilisation de
l'espace.
C'est ainsi 0.. 1'8
le
rjre n'est
p~'.s
t0 1i.jours expression de
joie
p ,~. s p I u 5
Cl '[ 2
1. e s
l :_'r :.:r:~ S
exp r :: s s ion cl e ri 0 u l e J.1. r
!1\\ 0 r cl. _~ e •
Les
re10.tions
intercu1.ture-les sont a:-::bigues,
disjonctiv,js
lors de
la deuxi~r;18 guerre mondiale sur
;.es
cor:'pürte:: 8nts sexuels
entre soldats
am~ricains et filles anglaises, d~montrent
fort
bien cette
constation.
L' ambic,ui té analoeic~1l2 renvoie
au ~ode de fonctionne;~ent des processus primaires de la psyché.
Le ça et
l'incunscient n'obéissent pas à
la logique,
ils
ne connaissent pas de
contradictions.
Le message analogique
n'est pas asse~torique, encore moins apodictique.
Enfin,
ces de1;x modes
sont
spécifiques 2. J.' espèce hu;naine.
Les autres
espèces utilisent presqu'exclusivement l'analogique.
110
Leur étude
est
intéressante
p8rce que
leur manifestation
simultanée dans
la relation introduit des distorsions qui
peuvent avoir v2'.leur de dia:~;nostic. Lor3qu' ils nGsont pas
en harmonie,
i l
s'?tablit des
interactions paradoxales
qui
corrompent
la relo.tion qui devient-: indidinissable.
Cette
corruption est
possible en vertu de
leurs
propriétés diffé-
renciées.
La digitale
possède une
logique
syntaxique capable
de définir c lairerr:en ~
la rela tion n:élis
elle rTlanque de seman-
tique appropri~e à
la relation.
L'analogique
possède une
sémantique appropri~e à la relation,
en cela elle englobe
la cligi tale til2ds non une
syntaxe capable de difinir sans
équivoque
la nature de
la relation.
Or,
c'est
là un fait
existentiel fondaJllental
i l est absolument n{·cessaire de
présenter aux personnes importantes de notre vie une définitibn
de
la relation;
une définition de
soi pour s o i ;
une définition
de
soi pour autrui;
une d~finition de la dialectique des
expériences de
la relation.
Dans
le dOr1~aine cles
troui)les
psychiatriques,
ceci est d'une importance capitale clans
la stratégie
thérapeutique,
compréhensive et ~pisté~ologiçue.
4
DE LA SCHI9·:CGE;·'ES:C
I~TERACTION SY~ETRI0GE
Co~me nous l'avons déjà soulign~, le concept de schis-
mogenèse
trouve
son origine dans
l'anthropologie avec Bateson.
Elle présente un aspect sy,-,·,/triql.le et un aspect complénentaire.
La schismogenèse désigne
le
processus de différenciation cumu-
lativedes
interactions
individuelles.
-
111
,
Les
interactions
SYl7!8tr1.qI18s
01'
cornpl':-~io'er:taires sent
fondées
l'une
SL!r
l'c~galité, l'autre sur la différence.
Dans
un8
interaction
sy-rn/tric:~;e, il y a cor,-,pétition en
miro il' en tr8
deux pe ra onne s
qui
a e
pl;:1.c en t
sur
le
même
plan
d'~galit~. L' interaction com~l~ffientaire se caract~rise par
deux
positions
différer.tes
que
prennent
deux protagonistes.
~ln occupe une position appe16e premi~re, sup~rieure ou
haute.
Selvini
Palazzcli
l'appelle
"position épistémologique ll
Celui qui
occupe
ce
s t a t u t ,
détient
le
pouvoir.
l.'autre
est
en position basse,
caractérise
la
rele.tion de
l1'clrtF;;;aires
'Li1and ces
derniers
en t l' e t i e nn e nt
1 e
m,~ ni e
t y P e
de
c 0 mpar t ;; ;l:: nt
l ' 1.1 n
à
l ' ~ g Cl l' d
de
l'autre.
Ils
sont
en rivalité
et
c ' e s t ,
selon Palazzoli,
l'hybris
qui
pOtlsse
les
deux partenaires
à
cette
exaspciration.
Dans
l'interaction complér.centClire,
i l
Y a
lin dOiO'iné
et un
dominant,
un donneur
et
un receveur.
Nous
possc?dons
donc,
grâce
~. l' ai.::procllc s;:~ té;;'Ïque, de~lx
modèles
per:1:ettant
de
cerner
le
rnode
et
10. n~,-tur8 de
la
corruption de
la
con",:unicati,)n.
Corruption qui
s'effectue
par
la. rigidité
(le
l'hor::éostase
ou
l'escalade de.l'hybris,
la relation mystificatrice
ou disqualificatrice.
le désir
de
l'identitl6
al_lc~llel on etocutit conduit natureller'ent à
l'angnisse
existentielle de
né1.ture
ps")-chotique.
-
112
.
.,~
'-"._:~-:;'-... :.: .:,..-
_.',';.-; '~'.~-.~'
li.. ,. -':.-
•
5
LA PCNCTL\\.TIC); DES :::Eq:,F:i'.;C ,S
DE CCYUNICATION
..,,"
'.
_.~... ~..
.~~
~~·:-~~i
DEFI)iIT l, A ~J \\ l'tiRE DE L':, TIEL\\TION
-":: --::::.: ;..,....., -
.
~
..
.
_.
~:.
,
L'observation des
interactions,
des
messages qu'é'changent
entre
eux des
individus
fait
apparaitre
une
chaine de
i~actions
circulaires.
L'activité de
A agit
sur TI
la r~action de B
affecte A qui ajuste
en cons{quence dé
l'information r~ç~~.
I l y
a
là. une
série
sans
fin dont,
21,
la
longue,
i l est diffi-
"
c ile de
savoir qui a
ini t ié
le :nouveil,en t •
Certaines
personnes
impliqu6es
dans
de
telles
interactions
ont
tendance
à ponctuer leurs
relations
par accusation
r~ciproque et arbitraire.
"Ton comportement
est
la
cause de ma réaction",
"-C'est
faux
c'est
toi
qui me
pousse
à
etc.
"
Nous
avons
toujours
tendance
~ attribuer aux autres la
cause de nos
clifficul tés
cor;:porte:::entales.
I l
faut
admettre
que
l'angoisse
slJscit~e par la cGlpabilité d'un tel 6tat
p s y c h 0 lOb' i que
cl tac cu s é e s t
::1 LI S si::' 0 ,,' t 8 I l e
qu e
TI' i rr. po rte
que l
autre
traumati~me. Cette
tendance
est
pourtant
soutenue par
un processus
i:,ental aprelé
0goce:1trique.
Son principe est
qu t i l
n'y a
qu'une
seule r:aliTé
et
c'est
la n6tre.
I l
conduit à
réifier
l
autre.
"',ai
seul
poss(;de une
int:'riorité
rôagissant
a u x
s t i mu ~ a t ion s
ex t / rie ure s.
Les
a lè t r e s n ' ~ n t
Cl und e
l'extériorité
leur
c::;nscie:-:.ceintérieure
est nulle."
Pour 1,'iatzla'.-:ick,
c'est
une
"illusion périlleuse".
I l n'y a
pas
qu'une
seule
r ( a l i t é ,
la communication la rend pluriel~e.
J.V. UEXHULL
dans
"~iondes anilTl2..ux et l'londe hUf:Jain",
nous
en fai tune l)onne
d~i~cons ,:ra t i on dans le domaine de la
perception
un
jardin ne
peut pas
avoir
la même
réalite __
pour
tous.
-
11)
"En fait
ce
qui
existe,
ce
n~) sont que différentes versions
de
celle-ci dGnt
certaines
peuvent
@tre
contradictoires,
e t
Cl11 i
son t
t out e s
ct e s
e f f e t s
d e I Cl.
c C [Tl;:0 uni c a t ion,
non 1 e
reflet
de vérités
objectives
et
i-ternelles. '1
( -
, - ' t '
,
'_. a r e Cl '. l
(.)
Ci. e
la
n ' a l i t é
;'[a t 7: l'l·..:ick
p.
Sa.voir cela. ';H;rr.let de
.f~'.ire l'effort
de
c',;:"prendre
la
nature
de
la
relation
en
~vitant rie la ponctuer arbitr2ire-
:.:snt.
LI exp,irie:lce ele
l'autre de
la
relation
s'intègre aussi
dans
l' .·;change
ries
\\-,··essaces.
Chacun de
ces
cinq principes
de
la
pragl;~ati'~iUE": de
la
conlnunicatlon
poss~de un pendant pathologique et th~rapeutiqu
Au lieu de les
tudier dans
ce
chapitre,
nous
r-ensons
les
c l a r i f i el'
en
les
c onfron tan t
aux
cas
c liniqu(J s
que
nous
aurons
à
commenter dans
la partie
suivante.
I l nous
suffit
pour
l ' i n s t a n t
de
souligner
l'i~portance et la coh~rence de
l a t h ._; 0 l' i e
cl e
l a c 0 Il' !il t: Tl i c a t l 0 n •
L'ir,1possibilité
de
ne
pas
c0I11':uniquer
posç~ la problé-
matique
interI)erSonnelle,
intr::ractionnelle
et
praf';niatiqu8
dans
lGur véritctble
dir:te:lsicn.
Cet axio!:.e,
on n::
p'::ut
pJ.us
fonda!::nn t a l.
peri~1et (~e
cO!}Jrendre
l'aspect
"r81~Ltion" et
la mise
en branle
de
to~tes les catégories relatives à la
, .-
C or;,muni c Cl t ion
le
contel·èU d,t discours,
fla
~c.'.
tttl'C
cie
10..
relation,
J 'a8["lCct
10Di"ue
et
syntaxique,
c'est-Z1.-clir2
le
digital
ct l'aspect verbal
s~~'antique, l'analogique. Les
ponctuations
arbi tre::i:r'es
des
séqyenc8s
reL.osent
s'_cr l'iril}Jos-
sibilit~ d'acc~der ~ l'exp~rience de l'alltre de la relation,
et
sur l e p r i n c i p e
c las s i q II e
Cl1..1 ' i l
f é:l 11 t
:> un e
c a us e
\\
t out
e f f et.
Alors
que,
et
c'est
Watzlawick qui
le d i t ,
"ce n'est
pas
des l'choses",
n~é"Lis des fonctions qui ccnstituent
l'essence de
nos
perceptions
et des
fonctions,
nous
l'avons
vu
,
ne
sont
pas
des
ë,T2.ndeurs
isol;es,
mO.:ls
des
signes
l)our
exprimer
une
combinaisons,
une
infini té
de
si tU8.tions
possibles du !il ê ~;l e
c~:. ra c ter e • "
( i b i d8 m,
p.
22)
-
114
Considérer le
comporte:ent nO.i:'!:,al ou pathologi(iUe
COll'" e
variable
le rend plus accessible et pius maniable que comme
r~sultat de forces intrapsychiques et qui ne peut ~tre
discerné
c.lue par infère:lce induc:tive.
Notre
hypothèse pose qu'un tel dèvelopre:-,ent
théorique
devrait
trouver une
justification plus net~e rlans
les
zones
géographi(lUeS
et
sccial~s 0.11i conna-iss8T\\t une crise
d'identité
cemme celles de
l'Afrique Noire Traditiol~nelle.
1
Le probl~me est donc de Qonner une base clinique et m~thodo-
logique au recadrage
scienfifique qu'elle nicessite.
La deuxième partie s'appuiera sur le corpus th~orique
éLlbor8
d:lns
let premi:~1re partie Four mettre en relief l'adéquation
de
l'épistémologie systémique dans
le contexte socio-historique
africain.
L'examen systématique de quatorze cas cliniques
.
,..
servira de
test
indicateL:r des
concepts
étudiGS
Jusqu lCl.
Les points qui
suivent repr6sentent
la partie
centrale de
:~;a reÎlc:{io:i..
Ils
constituer~t des exc.:·;-i[lles de co~~portel,:~.:nts
fan;iliaux observés dans
l'univers
C ' .
•
élJ..rlcaln.
0-0-0-0-0
0-0
o
"r'-
-
-<
" ...
DEUXIE~'L8 PARTIE
-
L e s
FON D E
~IL~ N T S e L l
N l
QUE S
ct e
-----------------------------------------------------
1
1
H Y POT H E S E -
ct e
s
PAT H 0 G ~ N 2 S
-
116
C h a p i t l' e
l
"1.0.. OLl 5'~ sont ôT'igés f2.!' ille ~t
::.!'
n~tion, ou ~gli5e et ~arti
s'~lèva1'Gnt 3ussi hBpital et
tl16â tre . ft
"TJ
" .
l'; a v i 'C:
0 f
Il i I l ire 5 t
Î a lT1 i l Y
"Plus
cl=tirC'i1~(",:.t visible est la
déi::en,-tc:'ilce
e:,t1'(3
un ,:~ysÎ;::nction
n;:Ei"nt
du vécu
subjectif et
sa
loc2J,i",ation ,1,-.1,;':3
le
SY:3,t~;;;;e
interF'~1'sonnel, plus
i l
est
plausible d'envisager une
ilîcer'....'8t1ticIl
S~"'-5tl~·I;_i~~:..··L~C."
3
L
\\.
C II
TechniclU'èS
cie
bas:::
8rl
th ,: r el 1" i e
.",.... \\
.....
fa~:'il iq le
p.
).::. .'
"D,:;1,ns
ce
ii:onde,
i l
est
rare
cnie
l'on
s'en
t i r e
par un
si,:;ple
"ou O:;"8Il-
ou bien".
Les
sentiP'ents,
les
faç on s
dl 2gir
c o;;:portéèn t
t2n t
de
nU8.IlCOS
(liverses
c1'l' i l
Y a
de
diff~reIlts degrés entre un nez
aquilin
et
un nez
CCc::U5."
-GO~;THE-
Les
souffr::cnces
du
je~,me ~'[erth'ô'r,
p.
68
-
117
:.'
A
DISCUSSION PREALABlE
-o.~;j';';'t! -::-;!~~""; 4-"
==========================
Notre méthode
r~sulte de l'histoire de la formulation
du sujet
-même.
Elle est
le
travCl.il cJinique-mêrr;e qui nous
a
~t~ soumis dans une
institution
hospitali~re
africaine.
La pre;ilière
é~ape iIiéthodologiql.i": est d'ordre intellectuel.
Elle d?b8uche sur les notions de
diff~rence et du
"polymor-
phisme génétique"
(J.
RUFFIE) qui exigent une démarche anti-
ethnocentrique.
Partant donc du polycentrisme en matière de
connaissance
transculturelle,
elle doit
s'appuyer sur les
résultats de
la gén~ti~ue des pop~lations dont ceux de RUFFIE
et A.
JACQUARD sont des plus connus.
"Ce n'est pas
entre
les f';rc·upes,
;;:3o:LS
entre
les
indiviclus
que nous
constatons
la plus grande diversité".
(A.
JACQUARD,
l'éloge de
la différence
Seuil,
p.
108)
Ceci condamne
l'idie qui veut
r~ctuire les faits psychiques
et
sociaux à
la biologie.
L'uniformité de
fonctionncsent
et des
mcicanismes
d'information camouflait
l'h,:térogén~ité des g~nes. Et les
progrès de
la génétir:[l..l(~ des populations a
perï,is d'avancer
cette idée fantastique
et
fondan'entale
"
la réalisation du présent dépend de
la moyenne mais
les
promesses de
l'avenir dépendent de
la variance".
(ibidem,
p.
133)
L'idée de
la différence ne se
li~ite ~~s seulement à
la constitution biologique,
à
la formalisation phénotypique,
par le génétype.
-
118
Elle débouche sur
les
productions
sociales.
L'homr.Je est
producteur et utilisateur de symboles
"c'est un anir.1al s'ymbolique"
dit
p.
F:~_.AISSE.
>ais
c'est un al1ir!ml s-;,-mbolit..lue
impêtrfait.
En
tant Clue
t",l,
i l re cherche cons ti.1Ell;:8 nt un 6qui libre par une
triple aclap-
tation,
selon ~VFFIE
adaptation biologique,
adaptation par
le processus
secondaire int6gr~ dans le couple
adap-
tation psychologique
favori5~e par la premibre.
C'est
ce dernier
type d'adaptation qui manifeste davantage
la diversité inter-populationneJ.le.
La méthodologie d'ordre
intellectuel et
conceptuel se fonde
~llr elle,
pour poser le
polycentrisme
com~e él~ment premier de cowpr6hension des
divers CToupes hLlI~~ains dans
leurs pro.:~uctions sociales
spécifiques~ Car aux conditions d'existence variées corres-
pondent des modes de vie
individualisables.
D'oG une différen-
ciation des
productions
symboliques,
imaginaires
et structu-
relIes dessociétés humaines.
En cons~quenc8, les moi~les
p sye h 0 l 0 ;;)_ ::~ u e s u t i lis é s
pou r
r end r e
c 0 mpte d
s
t r C LI b les
tQ~~ 11
ost vrai que
"les m:::tlaclies illentalcs ne
sGnt
des affection"
bien
définies,
mais
des d6vi~tions des norm·::: s
l oc aIe s
de la
santé r.18ntale."
(L. V.
TIIO~;AS, in Psychopa tholoe:;ie ","fricaine, sociolo,s'ie et
Psychiatrie
vo 1.
l
nO
J
Cette revendicaticn de
la sp~cificit6 sous~tend l'idée
de
la méthodologie
compr~hensive qu'un fait psychique ou
social n'a de
sens qu'à l'intérieur ~ la sociét~ o~ i l est
produit,
entretenu et remanié.
Il s'ensuit que
les données
méthodologiques,
th~oriques et thérapeutiques doivent ~tre
posées du point de vue des
soci~t~s qui les produisent
c'est-à-dire du point de vue de
leurs
structures anthropolo-
giques propres.
-
119
C'est
le
principe premier d'une
clinique qui
se veut compré-
hensive.
Notre
m~moire de D.E.A. a été enti~rement consacré
à
cette discussion m~thodologique.
Y-lais
rechercher les
fond,:;;:". nts a.nthropologiques
com8e
base
d'une
psychopatholoGie africaine ne
contredit pas
l'épistémologie
systémique.
T").
, .
ulell au con~ralre. l 1 P e :::r:i 8 t
de
situer la morbidité dans
son contexte,
celui de
l'univers
idciologique,
sociologique
et
imaginaire africain.
C'est
cette
contextualisation qui
cl~rifie et formule
les
facteurs
mythiclues
ou réels
qui
cGntournent
la l:ialadie [l'entale.
Le
principe méthodologique
syst, mique
exi:::;·e un recc.drace
tra"ui t
bien dans
" 1 e s
m'~ t a l 0 s·u es"
de
mên:e que
1 r imprirr;eur
s ' i l veut
impril!ler clans une
nouvelle lLlnc;ue dei t
Chélll&;er de
cliché,
de mêr:1e
"si nous
voulons
avoir des
pensées
o,i::;inales
et dire des
choses nouvelles,
nous
devons
briser toutes nos
id~es
preconçues
et
en b:.:::.ttre
les ;;~orceaux.!1
(G.
DATESCN
,
vers
une
Gcologi r"
de
l ' e s r r i t
p.
77)
Les
id~es préconçues en psychologie clinique africaine
son t
nom br e u :3 e s
a t
Ll f f e c ,; e 11 t
n f, ,'.!,. a t ive; en t
1 a. pra t i Ct u e •
Elles
sont
relatives
~ la notion de ~ersonne africaine,
;\\ l'organisation socié1.le,
etc ••.
Feut-être
cela
e9t·~il clet au. felit qu'on interroge moins
1 e s
ex e l1l pl 8 s e t
les
c '.:J u tu,;; es,
12. vi:::
con cr è t e
que
les
mod~les préfabriqu6s.
120
B
UN ETAT !)' E5FR,IT Ci:Î.ITIQUE
...'":~' ..
"Il faut découvrir "J' erreur,
et non la v 8 r i t é. ,,}:
j
".
SUA RES
cité par E. MORIN,
La méthode,
p~jJOl
•
-
_• . -'0.
:-~ ..:"'::".
,-
L'approc!:J,e':systéinique né in'est pas venue fbrtuite,-ent
mais elle n'a pas ~t~~~labor~e ,essayée et,testé~" syst~
matique!1JJnt.
Elle était connue et le voyage de P.·\\vATZTAiHCK
dans l ' ).. caclémie de Grénoble m'asensibilisê clavân'tage ét
cette vision.
'.- ,
....,./
Or,
i l n'est pas possible à un Africain de rester
insensible Cll~a!'.d 0:1 lui parle de cet
"ordre premier de
réalité!!
(l.\\CV..r) 'lU 1 est la famille
"ce
transmetteur de
culture et
ce creuset de la personnalité"
(Fred H. SAi'iDDR et collabor;èT,eurs,
in
"Tecl1nicl1-':os de base en thêraliie fa~::iliale , p. 53)
La falTille
en Afrique Tradi tionnelle surtout,
est l'éléuent
structurant essentiel et déterminant du syst~me comporte-
mental,
des échanges,
des productions,
de biens matériels
et religieux. Elle est plus qu'un lieu affectifd~norma
lisation et de socialisation ; elle fonde la soèi~té
elle est
la société même en ce qu'elle se laisse' traverser
par les
indicateurs ~6ci2ux extérieures sans rési~tance.
- _:. ~":
-
121
C'est pourquoi nous avions
émis
l'hypothèse que
le niveau
"élevé de
r:'~sp-~~{;'groupal dans l' ;it8.t psychologique rend
l'approche systémique .plus indiquée
que
la procédure
analytique.
De m~me, on nc peut pas rester insensible aux conclusions
de J.C.
CAROTH~RS (in Psychologie normale et pHthologique dll
Noir)et de
l'Ecole d'Alger dirigée
par H.
AUBIN.
Nous
en avons
fait
allusion ~u Chapitre II de la Fremière Fartie.
On trouve encore parmi
les manuels
psychiatriques
rec ommandés aux é tudian t s
en l'léde cine
celui de A.
penOT.
~
Dans ce dernief,
deux articles doivent retenir l'attention
"f'sychopatholo~ie des Noirs" , p. 410 , 411) et llPrimitivisme"
(p.
466 - 467): -in Manuel alphabétique rie psychiatrie
A.
POROT-
,
qui sont signés par H.
AUBIN
On y
l i t par
exemple
" •••
sensations et mouvements
r~sument le plus clair de l~ur
existence
et éonditionnent 1:-o~tr comporte,','nt impulsif,
explosif et chaotiqw::.
Leur idéation faite
surtout d'images
concrètes à peine r8J.i~es p'J.r de fragiles
liens
logi;u:;s,
se dissocie
facilenlent
et facilite
la production d'illu-
sions
et d'hallucina.tions ..
etc ..
Citons
la frç~quence
des
~tats de fureur d'allure 6plleptoIde avec réactions
extrêmement dangereuses,
etc . . . "
A l'opposé de cette Ecole de pensé~, i l y a
celle de
Fann (Dakar)
avec H.
COLLC:<B.
Elle se dresse
contre
la
premi~re mais elle court le risque du paternalisme. Ecoutons
par exemple R.
LEUCKX faire
le bilan de
ses activit~s cliniques
à Fann :
"c'est ainsi qu'après avoir vécu pendant
trois ans au milieu
des fous
et avoir fait des
centaines de
consultations
d'Africains,
nous n'avons
jamais retrouvé
le
tableau cél~bre
des"états de fureur" ;
mais au ccntré;.ire nous avons
été
frappé de la douceur de nos malades
et en
tout cas de
l'efficacité de la méthode de réassuranrle,
comme de
la b~tise
de
la méthode 'de contention."
(Th~se en Médecine à l'Université de Dakar, 1973,p.9)
h~t~ro~agressives étaient rares.
elles d~coulaient d'activit~s
non pour tester ou prouv~r
fiuoi que
ce soi t,
mais: pO'-:T
,'"
observer. ;':o~,~en nous a
été donné de nlener un t~avail :~~: ...
I(
clinique qui a
suscité plus de questions que d~:~ répon·~~s.::~
Et c'est le matériel de ce
tr:-l.vail 'l'li clmsti Üi~:l.'·~si~fur:~
;1 ~
; '.
~ -,.5:
~.:;.-
...(.
:',""'.
'--'
1":.:\\ .
:.:~_
de
la présente étude.
~~-..
.!~ •
.....;.
~:-.
'.;,.
.; ..
. :',":
..
~
:.
. '
.- .
~. '.
-~'.
,".
... .-,[
'... '::.~.
-
124
==================================
Comite
je
l ' a i
signal é
plus h~,u t,
l ' hypo thè s (;
sys témique
est
apparue
au cours
des
activitfs
cliniques.
Je n'avais
pas
au d~part un mat~riel th60riquG ~ prouver ou à
tester.
Je n'ai donc
pas
fait
d'observations
5yst~matiQues,
méthodiques
et standardis~es, en fonction d'une id6e
quelconque
que
je me
serais
fait
de
la maladie
mentale.
Le
seul
outil dont
je disposais
était
théorique
et
s'appli-
quait
à
la psychologie
clini~ue, telle qu'elle est définie
par LAGACHE
IIj~nvisager 1;;-, cc)nd'_lit8 dares sa perSf"2ctive l)ropre,
re1'::v':;r
aussi
fidèlei,"2nt
q'~'~ i-'ossible les r:;ani8res d'être et de
r ( 01 g i r
cl 1 Lm
ê t r e
h U!TI a in c 0 :1 cre t
e t c 017;
lot
a u x
~'r:L.3 e s a v e C
un e
s i t u 21.. t ion,
c Yi e r che r i e n
ES t ab l i r I e
sen s,
Let
S t r 1: c t LI r e
et
la gen~se, d~celer les
conflits
qui
la motivent
et
les
dé,narches
qui
tendent
à rÉs;)udre
ces
c()nflits,
tel
est
en r:~su;;-;8 le pcogra.-"r:H::! de
la
psychologie
clinique. Il
(L'unité
de
12_ psychologie,
PUF
,
p.
]:2)
C'est
cette définition qui
est
le
f'onden:
nt
thiorique
et
p(d2gogiqu8
de
ma
forr:!~,_tion clinique. Elle est sou::o-
tendue
.r~~r l,:_,tilisation de ,;:;~tl,-odes biograplliqw:;s -
cliniques
qui
i~rOLlvent leur sourC8 et l"'·,cr ins;:-iration dail5 18. psycho-
logie
des
profondeurs,
la ~sychanalyse en quelque
sorte.
- 125
...
.
:/: ~ .
-,
. . ... -.:. .
~;
~; .:I~:{t;;~~:~~~~/~:~
.'
.
..':'.,,~:.
~'.~";-:?.(;;ii:.:~~{~-~.r;;::··~"
,"
~:;:
,.~~g~;~i,~~::fii{i·:
<:.~~:
C'est
fort
de',~:C~. bagage~nte~.'~;ectuel qfè~l~~:f~~~ti~·~i~ ,>3:~:
rendu d~ns un hôpi t.al afr~cain, ,p~~r exercer··~;~~%~::~ft~.~~\\.':'
,..,t~::
La procedure
porte sur' l ' etablissement d'une rela.'ti:6n due11e :'>
et une
peute,
1\\;on travail
clinique ne péut :'p~s
..
.
'
"
.'\\
pour objectif l'analyse' du
trarisfex;;t qui
se cree:'e't'''qui
existe n~cessairement entre d~ux personnes •.
.;J'ai adopté
une
strat~Gie de ps~chodiagnostic ~linicien • ,p ':~s t' 'donc
.;: .
une
form8
d'tEtretien structuré,
r~fléchi et préparé qui
me guidait.
Cette méthode
clinique consiste à
établir des
corr~lations entre~ertains élément~ d'informations:en vue
d'un
diagnostic psychiatrique ou d'un profil psychologique.
EJle
integre
toutes
les données
fonctionnelles
ou. organiques,
les
résultats
des
tests de
personnalité et d'~~~elligence et
':.
,'..--
,,...
;:.'
les
données
psychologi4ues
et 'soci~logiques. C~s~~l~ments
structurés
se
rendent
intelligible~"'pour permé~ttr~ un'e
'
.
• ~ -.~ .- t--
. ' . _
1
~
!~
intervention th~rapeutique. La s trÛcture 'ho~pi'tal~;èfe"
. '
•
-
...... , .... ~.
" . <
-
fait
que
le
ps)'chodiagnostic ':kst 'p.~,s~tinéau meiit"e~c)--nIt,_De'plus ;>'
nous
avons
à
faire"'ie ·plus
sotv~n~:'\\~~ des caè ~~:L:~':~~~:~~~t~7pe' .~~
paroxystique
cris è
de
fureu'f '-p~ychos e ma~i~~"o::':'dip;'~ ssive,"
,.".:.. , . . ...:.:.;.
:',
-:i:.:~~_":.:~_ :~.;~:.:::~·L' .."
bouffÉ- (; s
clé l i ran t e s'~ psycho s e:puerperal e ,etc .~.~:'o :=f:~'::~~::
~.~!' .'
-.~:,~... ~ ~~.:}~,... :: ~..~:': .
'.
.
,..;:
L'approche psychothérapique iridiYiduelle
est don~~~~sque
. -
• • •~'..
~
~
• • • ~«'.
impossible avec
le matériel q~'~ no~s- avons.,
~~T:';~:'.'·:~~;::~-E'::,i'
La
ligT1C de
conduite
clinique::,:générale
ou' ·~'.l"~~sprit
clinique",
selon D.' LAGACHE,cons~~}a,it à étab.i.\\~::-'t_~~~.
'.","~~~
facteurs
étiologiques de
type·.organique
et ,èeu:iè·~·~,é:.':t,ype~
'<;:;:';;;:-,
.~: ..
. ' .~
..~
. ;..'C:.: ~~:.~~;~ .~: ....._._ ~ _~.
• % • T-
envircnnel;Jontal,
l!ifamille
par, :exè,mple
; 'à~ré<iê':V;Ët:f;(':tes-
,,}f~~~!.'
.~_~."
:~_.. '-<:·.it~.
. ". .~-t. _:::~;±:~!~~k~~;~.~~.",
."f
•
•
.f: ~,': _},:~)-;i:.~;:
fa c t eu r s
e thn i que s .ôu ':50 cio l ogî qûi{s:~:sUsc e ptîbllé~~xa:;,')'Ji"'fit l ûenc e~F@',:
quelque
dont
i l
d'affection,
de
un diagnostic
et
-
125
Dans
ce schél;~él c!néral,
on cloi t
souli::'J1or Ja notion
de stratégie
th:rapeut"iql.l';.
Le prer"ier ;:lete :\\ faire })our
IJ s cac aj pus est d'apaiser l'angoisse })i'.r l' ar::éliora tion
~c l'::bi=:ce env>ronn.nte et par lcs psychotrop.s.
Le ~euxi~~e consiste \\
éli~iner tout ce qui pourrait relever
de
l'organique par dl'S
exan'ens
COrT\\I)ll;mentaires porta:l.t sur
!
certaines constantes physiologiques
l'EEG,
l'azot~mie,
la glycémie,
la radio du crâne
(f2.ce et profitl)
le mi, etc
Ces
eX2'.fLens
on t
pour bu t
de
s'as surer qu' i l n' y a
pas de
déterIninant organique l[Danifeste
ou une
infection comn!8 la
syphilis,
par exemple.
C'est
le cas de dire que
durant mon s6jour ~ Fann,
mis
a
part deux cas de
troubles de
cor:porten;(}nt consécutifs
~l. des traUlflatismes crâniens, il ne m'a pas été donné de
rencontr~r de
cas franchement
et manifestement
organiques.
J'avais,
à
cette fin d'ailleurs,
établi une
fiche pour relever
l~s incidences biologiques quantitatives dans la morbidité.
;<ai s
j ' y ai renoncé à
cause de l ' inu t i l i t é de
la d'~n)arche.
Un seul cas cependant nous a
ét~ signalé et l'EEG concluait
à une imr.1aturité cérébrale
de
l"hémis::hère
droit.
plais ceci
n'avait
rien à voir avec
les
troub18s qu'il présentait.
A par t i r du rnOE~el1.t
où la phas e aigue est plus ou moins
résorb~e ; que l'étiologie organique est écartée, en m@me
temps que
la médication des
psychotropes
se poursuivait,
certains malades
étaient invit~s à s'entretenir avoc le
psychologtie. L'objectif était de mieux comprendre le m~lade,
de déterminer ses d~sirs, ses tendances ct ses d~fenses.
Les
informations
~ussi bien sur sa personnalit6 que sur
l'entourage familial
foht
l'objet d'une attention importante.
La plupart des malades dans
leur d:lire mettaient
en cause
des personnages
importants dans
leur vie
affective.
-
126
Ils
critiquaient les uns,
affectionnant
les autres,
et
restant apparemment indifférents à
certains autres.
Nous
\\
pouvons dans
ces
cas demander à
l'Assistante Sociale de
...
,
faire des
enqu@tes ou nous rendre nous -me:r:c a
domicile,
pour mieux éclairer la situa.tion.
Il faut
rappeler que
c'est
sous
l ' autori té de IL
COLLŒ·\\R
que
ces
enqu~tes ont été institutionnalisées
les étudiants
de preii;ière et deuxième ann6e de :"é::lecinp.
dans
le cadre de
l'enseignement de
la Psychologie médicale
sont astreints
à
ce travail d'enqu~tes et de visites dans
les familles
sous la direction d'un médecin. On en citablit
les relations
préférenti·e·l~re~, les difficultés d'intégration que les
mal a ct e s
r e Il con t r e nt; la q Ut:' S t i 0 TI d u r e jet
e t
les r Cl. i son 5
des rechutes sont discut~es avec la famille.
Nous verrons
dans
la partie clinique comment se
structurent le mat6riel
d'enqu~te et les éléments d'informations recherchées.
127
..
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2
QUELQUES ASPECTS SPECIFIQUES'DE ';LA PSYCHOPATHOLOGIE
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CLINIQUE EN AFRIQUE
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...
~' '.".~...f. ...
' . .
. f"
","
•
Ne disposant au départ que d'un ~avoir tr~sthé~tique
sur la liGne
qu'il
convient de
suiyre Bur 'la nosographie,
psychiatrique
et
le maniement des matériaux phàntasmatiques,
j ' a i é té amené a
rpoc éder par essaïs ' e t
erreurs
;
uri tâtonnement
~l la rec:':1erche d'une voie adéquate en quelque,
sorte.
D'abord,
le
probl~me de la demande en thérapie
l'hospitalisation et
les
indications
ont
été plus
ou moins
subtilement
imposées.
I l n'est pas
r~re de voir des ma~ades
arrivés
da;lS
le
service,
mains
et )ambes
totalement liées.
l'jême
cette p,'riode aigüe" passée,
l ' é t a t confusionnel causé
: •. '">".i·;,
soit pélr des
psychotropes
incisifs, :so'it par des
électrochocs
.~:~c;::.f:ï.
.
-
.
problérna tise
toujours
la demande.
~e;s'.~malaèles veulent:s:~rtir
i l s ne demandent
pas à
être soignés .J;r:~ ",sontdaps uri·e.::~ituation
.
'T~:-·.-
-~
,-
. "
_
. . , '
_
d'angoisse
intense
et de délire:qui :~:ç-~;;d': i'mpossible'~:~t~~te
.
ap·proche
psycho thérapique.
La quest.i-~,Il~.,~~ '.la <:i~ni~nd;-: ~'; -~ose
même après
l'apaisement de
l'anioisi~~~:"'~'
".,.' .'
...~'
--,'
'.
:
.~ ~7' ~'~'~..
.~-, ~.'
. :~':~i~~' ::.: .?
.-J
. "
.-
Le
personnel
soignant
se me't d'1"-c-b-;i·d' sti~ :~ia; s t:ra té,gie
I~,'r
•
•
&.... ~:':.,.\\_","""';'.':
-
128
On peut
toujours conjecturer en disant que
la souffrance
qu'il manifeste,
ses
s)~ptames sont en soi une demande.
Il C' est
un cri au se c (Jurs"
,aimai t
à répé t er j\\;adame L. TRIP~~T
psychanalyste à
Fann.
Lais
on peut aussi y voir une réélctu-
alisation des dispositions
primaires infantiles favorisée
par la régression et qui
interdit
tout
projet autonome dans
l'espace -
ter:!ps
circonscrit par cet état.
Dans
ce cas,
on
demande l'OUi
lui.1e psychologue
ou le thérapeute se
trouve
embarrassé et i l s'ensuit une distorsion du travail clinique.
l.'angoisse du
jeune clinicien dans un cadre anthropologique
différent de son lieu de formation
est un él?ment non
négligeable dans
la relation th(rapeutique duclle.
Elle
sc manifeOite par des questions
n:ultiples,
des accusations
e t a u t 0 - a c cu 5 a t i 011 S
:-,
t. e li ct a n c e d r:S l~' r e s s :L y e s
Cjl.1C·
faire
?
pén' quoi COiT:l1lenCer ? où irai-je ayec lui
?
l'ourrai-je supporter
ses bizarreries
?
et c .•
Le deuxibme point i~portaDt dans la méthodelogie et
qui d~bouche sur la th?orie est la présence d'un troisi~~e
personnage en vue de la traduction
La multitude des
ethnies
en Afrique fai t
qu 1 on ne peut pas
les
con:prendre
toutes.
La
question du langage est spc::'cifique à
] 'Afrique,
en ce qu'eIle
se pose aussi bicn pour les Européens cliniciens (lue
pour les
Africains. L'obligation de faire
intervenir un interpr~te dans
une psycllothûrapie indivieJuelle induit de nouvelles disYJositions
dans
la production et
la saisie du mat~riau phantasmatique.
Kous
savons h la suite de Watzla~ick, que
les
traductions
posent de
sérieux probl~~es de confusions.
Ces
confusions
sent
encore i1lanife ste s
en ps ychopa thologi e clinique
..r:"
•
a Ji rl calne •
p
129
j·i.C.
et
ED.
('RTIQULS
(Oedipe
ai'ricain)
ont
fo.it
l'exp~ri8nce de ces difficult6s au S~n6cal. Dans leur livre
( p •
5S- 59 ), il::: rel a t en t lin cas i Il U 5 t ra tif [l c e su jet. Il
s'agit d'une
f i l l e
de
dix ans,
Yaye,
venue
i:l la
consultation
pour trouble
de
co:r.port el,cn ts irrÉ guli ers
sur 18
plan
scolaire
et à
la maison avec
ses parents.
Nous
prenons
un
extrait de
leur entretien
L'enfant qui
é t a i t
seule avec
le
th~rapeute était fig~e,
contract6e,
parlant
tr~s peu. On fit alors venir l'interpr~te
(une
jeune
f i l l e
élussi).
C'e:::t
alors
que
"Yaye
r;·;.raît
r.:ani-
festeJ:cnt
soul2.g~·e de la Yoir arriver. L'interi,rètc; s'assied
~ côt~ d'elle,
lui
caresse
le bras,
le
dos,
lui
prond
la main.
Pré cisant
;\\
l 1 interprète
les
lir;'i tes
de
ses
in terventions,
je
den~ande 8. Yaye s'il lui arrive rie rêver. Elle se penche
aussitôt vers
l'interpr~te pour lui murmurer quelques mots
que
cellL-ci ne
tradui t
pas
et
l'entretien
s'engaGe:
cn 11'010f
entre elles.
J'interviens
pour
savoir ce
qui
se
d i t .
L'inter-
prète me
répond
étonnée
" J ' a i
dit
e x a c t e I~': C n t
c e
Cl u e
vou s
m'avez d i t ,
la mê"e
chose,
r:1ais
Yaye nc veut
p::.,s
r{}londre
"elle a
honte"
de
raconter cc
à quoi elle r0vC'
et
je
lui
explique
qu'elle ne
doit
pas
avoir honte
avec
vous
qu'elle
est
là pour tout dire."
En
fa i t ,
l ' in ter p l' è t e
8. 'v;ü t
COI j, 1:: e n t 6:
l a
que 5 t ion e t
séni:onné
lé,
f i l l e t t e
pour
obtenir de
bc.:nnes
nil',onscs
selon
elle,
et nun
"des l1istGires
de
l,etites
gosses".
Plus
loin,
Ortiques
soulignera que
~~, interprète avec la cOfilplici té de
la pati~nte, l'ont exclu complètement.
Et
l ' a c t e
qui
sera
relat~ illustre on ne peut plus explicite~cnt les confusions
et
la distorsion du r.';o.t(Tiel pllantasiliP..tique
qu' irnplirluC
le
troisième
personnage
.. 130
"Je
sens
nue
Yave a
des
choses
i l
me
dire
et
que
l'interprète
les
prend à
so~ compte
Je
me
sens
absolument
exclu
et,
avant
mê;:-'e
que
j ' a i e
le
temps
d'intervenir,
l ' interprète
s a i s i t
Yaye
par un
bras
et
l'entraine
dans
le
couloir.
Devant
mes
protestations
interloqu~es, l'interprète me
ré}Jond p~remptoirer::(~nt
"Laisse,
elle
a
des
choses
à me dire. 11
Ce
cas
pose
moins
un problè!' e
lingui s tique
qu' l~n ensemble
de
questions
relotives
aux
comporter:cnts
anthropolor;iques.
La
traduction n'est
qu'un
pr?texte
qui
permet
de
sonder
"la c,imension
cacht'e"
des
comporte;:: J1ts
dans
un
contexte
ethnologique.
On retiendra
"la
honte"
,'Iles histoires
de
gosses",
etc •.
Ces
condui tes
v{hiculent
de"
sigllifi;::'.nts qui
écha:;Jpent
au
clinicien c}l;i ne
possède
que
son
savcir sans
racine
ethnoloG'i(.;ue.
J ' a i
nJoi-::ê::e
eu 1'OCci"-sion de
rciéi 1 iser
les
dif'ficul tÉs
relation
th{rapeutique
duelle.
J I ( t a i s
en
entr8tien de
psychothérapie
de
soutien
avec Alioune
~;'BGW , nO 6~J5 P,
garçon de
25 ans, hospitalisé J)our épisode dC:;lirunt au cours
de
son service militaire.
I l
comprend
2 peine le fr21nçais et
son accompagnant
se
charge
de
la
traduction.
Cet
interm~diaire
n' ét2.i t
pas
douÉ non plllS.
Je
sento.is
que
la
traduction ~tai t
vic i é e dan s u n sen s
c a r~ me
d 8.1~ s I ' au t r e.
I l s ' en
est
sui v i
une
confusion qui
rendit
l'entretien
impossible.
Cette
situ2tion fâcheuse
sur
le
plan
th{rapique
me rappelle
l'interprète de
l ' h i s t o i r e
de
\\·:atzla'·.'ick,
au
temps de
l'empire
Austro-hongrois,
qui
par son inCGnuit6 a
évitt
l'af'frontement
entre
les Autrichiens
et
l~s Alb21n21is.
La conclusion
cliniqüe
qu'on peut
t i r e r est
qu'une
corn'unication e~brouillée, conf'use
et
hors
ccntexte
est non
s e li le,,' C' n t
t h/:r (} peu t j q l.' e
Cl 1) e J qu e foi s
mais
elle
nous
a~ène'
à interroGer no tre
dér:arche
th {ori que
e t
prat iq1.l8
par un effet
..
de
feed-back.
Car
.,",,::i!iL '''-'
-
131
,
,
, "
,'.~.
... . ':","":
·t·~-;;:~..
"une m~iileure compréhension de 18. comr:mnica tion non seulement
nous doriri~ ',.sur les problèmes humains un point de vue nouveau,
mais
enç~érë 'nous oblfge à questionner notre façon tradi tion-
nelled~le~ traiter."
'
,
'
,
( P. HATZ;LA'U CK
,
La réa 1 i t é d e I a
réa 1 i té,
p.
2 J )
..': ~).~:!.: r ~ .~~~
·::/;~~t·: ~ ~ ~..~.
Erii'in :-et
surtout,
les
difficul tés
pratiques
et
théoriques
"
i~' :. .'
f:
-~
que
soul~ve ,~a structure psychoth~rapique elle-m~me, question-
nent a~e6';ettinence,1' épis tr,éologie qui sous-tend la clinique
1
analytique
e~ individuelle
;
ceci
en relation avec
les
struc-
. .
,
tures anthropologiques
qui régissent
la
folie,
les
personnes
et
l'organisation sociale qui,
elles
relèvent
du registre
groupal et
fo'nctionnent
con:me
tel dé,ns
la psyché.
Pour 'l'alter J.
SCHRA~J
"l'indicqtion d'une
psychanal)Ee
se
d~compose en trois facteurs:
le
trouble psychique
ou psychosomatique
du
p2tient,
son
aptitude à 4n travail analytique
et
l'attitude
spontanée du
thérap.eute
~t du patient. 11
(Frécis:"~~ ~ps.ychologie cliniClue
p.
51)
:-.'-
.
.
,..~.~- '':7:': :,.... ,~:'
.~:,
En outre.;,~poùr la psychanalyse,
la maladie
ment<lle,
le
symptôme
.: ~~':' - ,:,.:. j(
1.
'
est de~~6me~riature que
le r~ve. La r~gression p2r le clivage
. ; ';
~;.- ~
.
et
la di:f:f~rencié:'.tion des ins t anc es psychique ses t
leur
,
-.~...:~~~::::~ ..~~.: }:'
; -
,
dcnominateur;".commun. :La procr:·dure
psychanalytique est une
.~~-:.....:;~<:".', ~.,... t.
'"
procédJr~~:~*~gressive~:gui se réalise }:'ar le biais de la parole
...,--:;".~.,'~ _--'-:'"":1".
_
du lT!ala'dK~~"2onditio:ri~d'~couterce dernier sl,ffisa:'Hnent lonc;-
..... L ....
'
temps
;~~~ci;afin de 'c~mprendre ce qu'il cstseul ~ pouvuir
dire
sa'hs_po~r autant en sa'voir les motiv&tions profondes.
""",.
'
Elle es.t.~la:;restauration dans le champ de la conscience
par un ,',t·i~vai'l psychique d'abréaction les éléii,ellts traur;>a-
·~~t~ "~~;~.~ :.... ~~, .t.~ ,
':j:.t
tiques r~foulEs •
;,-
..t~z-<:~.... r ... • ''-c.
i ::~.:>
.'ç~.::~:,.~;:.... ',; .f.;'
~
, J
,~:",~~ :Z:- - ._-!~.
Léi~:;:,:?:=ï:, tu::ttion th6~.apeut ic:ue psychanal yt ique ou analogue
, --....:.~}-~:~:J:...~:-;;..
\\
indui t-~l:(!ie-,,;:jlttitude e't une exicence pers0nnelle fondarr;entale
~";".;..r~t...r:'~...7
'··r.';''"'.
'1:.
/c"~~~~~~~i:inv,œ.~t~~~-!~~~~ti·en t,'!!~"!,!ne.~'plus ·grande in té rio ri s at i 0 TI'~, -, .O.,..c"._,,-
,
·t".~·-..i
•
1 ••
, "
,
• ~ :- '.
'.
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-:. .-;"
:--: ..Y\\·· •.r·';/personnellè ·.'pJ;us···'·c:oh'·sèi·ehte ·de 'sa
propre vie,
à une intério-
\\~~~~·tJ~i~:ri~.~t.'~on.}p\\y}.;~·~ir:~~~.;.'~,,:·:At::~:.:: .'::" ,:r
::.)':::fj,.,{JI.l "C"
et ED '::::ORTiQuÉs:'"'~ibidem
': .. '
13)
'~~}~f~.~~:~ra~~~f~l,i~~~i±i~Jij:fu{;i:oriau phantasmatique qui
_::;::f~t:J-;;~~ t "'s oumis\\-,~ .::~~\\ ~,.~nte':r.pr~·ta-ti'on'-7,:';Or~,; cet t e ex i genc e de la
.~."~.-.::>~~~~..:~: '''=: ~: ~. "-...
~.~ ':~~" '- - -\\. -.':;'"'""J .:.~.,. ..~ .....: ......' .:;..~.
~""
,-~"'~.,,:
, J';::·::~)~l?'itl.ia tion \\4e,' ;psY:.~,h.6'~:h~r~·p:ie::;indi
yJduell e ne peu t
être a t teinte
.,":~~::'..;~'::::;'~."J.. '.~, ... : .'
. ~~+~~.: :'~'::: ..~.:: :';(. ---: ':'. -"-"\\~:i "\\ - :::.. ~ '.: 3.; 1
.. .'
c:":-;.:. (~n ,Afrique ;pour. '9-,es,_:rais ons an thrppologique 5 qui 5 eron t
,- ~ : ~ .:....... \\,~:
"" ~
:"' .. -.: •_. " ", . ~ ;!.":." ...... ~.. ..x....,:.!~~ . ~l" '.. :'-"
~.
"
',"
.,.
>:·t~ '"'évpèjuées pH.1s"loin-: .::Ca.:':plupartdes cliniciens ayant exerce
':'>'-~n"A'ÎriqU~:'-jS~:q'~-;à:'~;é~e~t':~s'ont' ~~anir,es à le reconnaître.
','
PARIN et NORGENTHALER (Les Blancs pensent
trop)
:.: ..:
'
..~
..
'
/ ont 'eu' du ·mal à·,·soustraire- :lessuJets qu t i15 analysaient
:de ..leur support ~sociologique. Au cours des entretienE, ils
. .
.
'."~
~'ont· cons ta té -: ce tte ~ncapacité à prendre en charge se 5 propre 5
- IJJ
.',.
v '
Ce qui est constant,
incontestable et qui
strub~~~e:'::
le rapport
transférentiel,
c'est l'aspect groupaI
;:;"l-e':',-:';:~~
_
".:..... -",
. .
"
sentiment d'ext~riorité. L'univers traditionnel op~~e ~ans
la psyché,
le sujet pensant
agissant et
intégrant·.~comme
une projection phant<lsmatique qui
a
même structure ~u'e' lui.
Dans
la relation duelle,
le poids des
él~ments extérieurs' :
est
tel qu'il
se produit une h6morragie
subjective per~a~~dte
'!:l
comme pour signifier un cri d'alarme,
un appel pour Jtitter
contre l'individualisation culpabilisante.
L'exigence
personnelle doit s'accorder avec celle de
l'ext~rieur, de
la loi ancestraJe.
II
Y a
COJ~H',;e en étholc.;:", une sorte de
llPragung",
qui
imprime
de~; sC)1or;,es objectnux dans la psyché.
A cause de cette dé~endance, le secret est inconvenant;
L'intimité et
le pour
~oi est r(prim{. Ils c~dent le pas au
partage.
"Si le transfert s'accentuait,
et si l'analyste
obtenait un
nouvel
investissement,
l'analysé rappelait
ses amis. Les
introjections revenaient aux second plan,
et le besoin de
la réa l i t é,
d e I a
sn c i été
s e
Îé3 i sai t
sen t i r . "
(NORGEKTHALER et collaborateurs,
"Les Blancs pensen~~f~op~.,~. ~O
D'o~ l'importance des acting out, c'est-~-dire des détour~;
nements des affects
par un agir sur un objet réel oU,imaginaire.
1.
SOW
propose qu'on
'1:'..
"~ ..
"transforme l'affection mentale en structure de
communication.
L'efficacité des
technir}ues
thtrapeutirlues
tra.ditionnelles··
tient au consensus
collectif,
qui
consid~re la maladie comme
une atteinte de l'être spirituel par intrusion
d,u.n agent
pathog~ne et voit, dans le pouvoir du guérisseur et dans,
la cohésion du groupe,
le moyen d'échapper na cha6s(·~_ •.:·:·'!1 ,:,,':.~-t.
(Structures anthropologiques de
la folie
en Afrique~N·~:i.re·.·;p.~·:42)
·i~~ùL;·· ,~;0ép
Cet auteur exclut corn!>:e ceux qui
l'ont précédé,
le}T,g·~.~}~_..X~~;·
....,>..'~:;"+2-~ -"f -
t~~·':': ./ô: .....
individualiste et l'aventure de
l'approche
th6rapetJ.:,~J:giie'~:'.~~:~.,":.
duelle.
Pour nous référer toujours
aux autori tés d~ii~~;~i~::~~~~·:ç'
.:"'
-i!
:.,-:.'.:'"..:.~_
.....
...,. "."...domaine .'. clinique africain,
revenons aux ORTIQUES.•
_ •. :~ w
".
•
:~j"'"
.
-
1 J,4
~~:~~C:::~~;~:~i;~~~;~>DtB"~
/;';::~~is,
1
~"'-'··v
:Ces" deux auteù:r.a· sont catégoriques
le milieu tradi-
<,~rtt~i~~t{i~1~i."~~:ose ~t-\\fi~pose une évolution collective favorisant
':~~::~~:~:;;::~,;".~~to:~'~':>'"" .-:.:~.c~.. .
:!_ '4,~_~••-~;.
:;::::'-la~:~S6umission
les::":"~")Tstémi5 tes diront une schismogenèse
::;:~~{~~'~'i~~m'e:nt:k~re baséé{sur la soumission du moins âgé au plus
~::~:;~Z_.j,:::,{...~>~.:. ',:..~""
~(."'-<.~',
j
~ -~,""f: ;z';
,t~a,g~,~~~,:.Il·,y-'~ repressl.Qn du désir qui ne i'avorise pas la
:r.>,.:.:;....~>-~..~:.... :~ j•.•:~ "-~>'.: ~ -
.'; -", .=.'..~:~.
~:,f.;è:ohésÏ'o-Î1;gr'oupale ..·7'.Iifséré dans une telle interaction, les
T ~~l ~;~.:._'_:.~ ... :..;_~ • :.; .....: _.". "-.~•• '
. ' :~,:~~
~;'..'beso·iI-i.s ·~u ·.p~re t '.dé '>ia mère, de l'one let la survie de la
:':'::..~,~~!~,~au'~é':-~assent ,a:~:ant la satisfaction du désir individuel •
• ~ '" ••'
.'
..1' ," ,.. ' .
,~ti:r.a .l~ ~Qe logique'de l'intégration et de la différenciation
' } ' . .
.Jo
>':différente de
la logi,que
individuelle.
La subjectivi té
est
,~ .'
(',en hémorragie perma.n,l:)n te •
~~e fait d'@tre seul entra!ne une volatilisation de l'~tre
:et perte de
sentiment d'existence.
Sans
le
CO!1trôle
et
la
co~~irmation de l'au~re, nous risquons à chaque instant de
nous 'écouler en flux d' ini'orI;:~.tions non codées ou décodées
:'''et::n::o~,s'.,bh~'i--'chDRS p,a:/ tous les moyens a nous sentir codés,
".:';,". ~~. :-.: ~~ '....
'.:--
."~' -
;
~'~~'.,
'::r:econnus:.'quelque par:t ou dans
quelque
chose. If
~,'~.~(:A,i;DiA';:~":i~:,:,psychoP';:fhologie' afri caine , vo 1. XIII , nO J, 1977,
... ;. . ":7"".- .:-.";':~' . _ -
: ... :~ ~-
;"-~-' .. ,
ir~I~&1),~;:~~; ;~~~.
_'-:":~>\\:'::~a 'pro'cédure 'aI!alytique qui individualise par l'exigence
,::;~~:~:~~:~~t:J:~'~~~~~'in~é.f~~~isation culpabilise la personne qui n'a
;;:jje}r.~père.,gl)e less~,ructures sociologiques verticales et
f~~i{t~~é~t~:{~~,;~::En~~:{~~n de cet appel sans cesse au symbolique
~~~~~?;:,~&;:~~;e6.~t~é son~~,~C1e de
"personnation"
(RACALIER),
i l
,>{au't:",quèstihnner la :,5,tructure de
la thérapeutique d uelle et
'.•,
-"1:""': :~-~.... ~.
.-.,
• '.:.. ••
,' ...~.
::;'i1J~ptstein61'6gie psyci;::ügÉ:nÉ'tique qui la sous-tend. Ce question-
~~;.~:::i:'Ë~"·.. ~.:~~~;:...~..";:;.J..; :~:.
.. : "~'·.:.:~~i~~
~~,~;~rrt~ii:t:..:ê's~t/~iicorè ~a.r}-;ifeste et nécessaire quand il s'agit
lIIi1l.Jilltll!lt!:::?;~i(:::::i::c:: ::::::n:eV::::s:::np::pre
-"-'-:'~:-~ ...
surtout quandelle~porte,sur-.
le patrimoine.
135
-. '-:;~~:-i::.:; ... <.
~ ;"~4.'
..
- - ;." - •
, "","~ .. ,
••••.,:..
••'.-;.~.<."••-,•.••.••_~.••:.:••.••( ••~.c::::~..•'...','.' ......
':J~~;:':"-.q-'o~,::~.
"': _ :J'--
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.f;.t.~--J-;;"'J;~~~ . i~: ~.
::'~~~~~~j,:~..' ,:.t~<. ~~;;}Î~~f.~.:~.f.·,i.;.~.;.~..;.•..:..".5.,.<:
Z.'._t.~.,".~.;~.:~._:·:'.~.:_--,~."'.~:.~.:.'.'.'.,~,.~~_,:.~~.~:-_,:_:.',,:,:.':~:~
·r·~~:;:.-~,
En travail clinique,
si vous de man d e,
.. ..,".'.•.] ..
:.:}.. :::. ','
"combien d'enfants
avez-vous
?"
~.:;:~~._ ~ -
:. ·~:.:.,~~~~~~fF'-
vous
risquez de ne
pas
obtenir de
reponse-'.
Car
le 'chiit~·e··::~~;~·
.~ ~_. .--,
.
.
.:->;:;-1 :.~-:- ---~ .
.
est une
donnée
finie,
ct
i l
serai t
considéré ·comme· :ün;è:rime:·.
que
de vouloir
lin~iter la progéni ture :hi:i~\\PIUs, l~' ':qu;~tt-i:~~~'~;
~
.,~=::~:~:'..;,~.~,:.
.
.' ~"~:
'h?~~~:':\\'~~~l' ....::.
neur peut
être
soupçonne
de
mauvaises }ïii~.entions -'~ ·1 ':i.I}lag'e:4·:.:·
des
s orc iers.
Or,
13 ps ycho thérapie
i~.~{~~dueIle r~~d }ï:"~"<~........
..J,,' ;".
.
mode de
c ommuni ca t i on par que st i onn8m~n·t::inévi table'. Ô"~~'i:':>:'.- 0
.
.'~ .
'.
.
.
a
été
confirmÉ-
chez
les Dogons,
[zcr MORGENTHALER et
coll • .:
..~..'./ .. ': .
"si
l'on contraignait
~es analys~s a ~'affirmer grâce A des
questions
qu'on leur
posait,
des
formes
de d6fenses
entraient
alors en
jeu avec
une
facilité
frappante
et
troublaient les
progrès
de
l'analyse."
ét cc·ll.
i bidelï:
p.
404)
En ce qui
me
concerne,
je vais
citer un exemple que
' . "
'••'
~ t
m'inspire mon propre
travail
clinique ~ Fann
.,., ..
.- .
Juli en est un Doc teur en Le t tre E,.
I l
.~.~;~ _ diagnos tiqué.;:.
délirant
paranoïde.
Pour un intellectue1, o:a:yant
fai t
se:;s'"''''
études
en Franc e,
on aurai t
pu
pcns er .~'q~ i,':ii 'aurai t ':un"~~):~'~:' ;:~<.'.
sentiment positif, sinon au moins
tolé;~iht\\'~our·:cet;;~·p~ij~-:~:~~re.
,._.......
~
".
Nous
avions
tendance
~l émettre l'hypothèse que ceux qu:(':.~._'~ ':.
... "~-'~ ','
.
. .
.':-:.:: .:-...._~~~ -:,~,,,
s'éloignent de
la
tradition,
les
inte17i~C"tl.iels pa~.'exemp1e~;,c.-:
{i~~~
~~_".~~~.;::.~.~.~.~;.'."~".~'.~._~.'.'."'."_;:_.:.'
p ouv aie 11. t
su pp 0 rte r I e s
p s y c hot 11 é r api
1 yt i que, s:.
..
... .•
..-....
mon expérience m'a montré
le
contrairê'~';,,~':"':':-<~~.":
"'
~.
Pour Julien,
i l s'agisEait Ge
recueill,ii'. i~.:implement' d~~~~,<~:){::.:..:
.
. --':
: . . , ' .~.
:.-""\\...'
inîorm2t tions
sur
le s
Évènei!:en ts
qui
ont .:,entouré 'sa .décon;pe~~_ .'
.~;';
p
.'.~
:
.:~'"
. , . : : .
.~
sation
:
son voyage
en
France
s on ~n~è·r.tion au.pa)rs j;...:'p1;.1i:s :.:
.
-....... - ."..-: ~'-.
_.
.,;:,
"~~~ :i.:.~ /:;!'1:-;~'~-'~:
s'interroger sur son délire
car
II acc'usai t
l a ' France-:"'j.} ;:.;. ...;.'
~~~:~_ ..'.~.:.:-
. . '; .~_
.z.:,i"~·~./7~::7_.~.~
"
ct' avoir envoyé le dieu du Toco l ' êi3'pXê:>nner
;""l~'iemp\\fl"'s'q~~r
et méiÏnten~r ~on pays dans ,l' icnoran~~:~.~~;;... " . : .':~.~: ?I~~~~1~H':'
Une
telle demarche ne
pOUVélJ.t
pélS
se P!:u~.s;.~r·-de que.sJio.n.Ij~_rrîent..~
'':},~"!:~;:'~_<.:':... '
~-~..:j:.... . ~2.....:~..=:/?.!;:;:::~ :;.',: -'.
Jul i en ,
après
que lqu E' s
1~1inu tes ct' en tr~F.~ËfB:;me ..t_axai t~;~S!~~:~:;·~~.:S~'U;:>'
_~-':'';;;'''';;;:--i<:.:'''''.
.-
.-.~ -~
.......;...--:..
.~~t:~
.,,-~-;; •.
"curieux"
et .de
me
"mêler de
ce qui"
-.-"
..e.gêJ:'....q~~··, -
.'''.'''=-'
~. ·~~'~~~·~~~~:L:>=',:-.,. -
. .
.> ':~:c~~:;"~
~:..~~~11··~,;,:~·~~.
. .: ~~~ ;.':
.....:::.~:.;1-....--:J~'::.,. ~.~'.
'
.':,.~. "Z";,,_,:
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;:~:·~tf ~r~~?~::~:'
~-
..,,~: .....:...~
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1)6
.. :--" .~ " .
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":!".
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I.:~
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.:'l:'L·~'t ,.:,~ omme j'insi~:tal~, il se levait et déclarait tout de go
~~ .:......'t..~ ..~ '.
~ .~~
'.
'} ~:'::~
.
/,,;~;:;?PU1sque nous avons"fait le tour de la question,
je vous
,
",,< remercie".
• ~.-:r4 ,'=;- •.~ •.~
.:A" partir de
ce ,~oment, i l n'étai t
plus
possible
de
faire
quoi
que
ce
soi~: Cë~i n'est pas dû à une maladie bien
'J' .
c:d~f.inie dans la,'n9~~~graphie, D;ais à une structure de psrson-
',; ':~aii té bien connJ~.J. Rt-iBAIK-ZI:I';PLENI, dans une thèse
intitulée
"l'enfant Wolàff de deux à
cinq ans",
soutenue
à Paris en 1975, a
longuellJ(,:n t
évoqué
cet as pec t
en l ' i n té-
gra~t dans les artefacts m~thodologiques.
Si dc'nc,
le questiOnl1'2l;:E:Pt,
l ' interrog2toire rév':::ille
des
affects anti-sociRux par l'intention supposée
ai:ressive
du questionneur,
l'anamn~se r{pond d'tlne conception fonda-
mentale du
ter.:ps.
En Afrique Tr2.di tionncllc,
la mESr::oire
individuelle
et
jeune ne
saisit
pis
le
ter:!}-"s
elle n'a
pas
la légitimiié:~erestituer le passé, parce qu'elle n'a
~ ,
pas
l'autorisationd'enbTam::.er
l'ontolog-ie du
statut
,.de ,puîné
interd'i,t'l~, connaissance
seule
la verticali t~
.......
.-"'\\-
,"
..",'de l'aînesse as;-so,ci'ée à
l'horizontalité cie
la dynan,ique
:int~ractionnell/'-a~'~~résentl'autorise
la détient
<2t
la
:
.
~
. : -
.
. .
'profère.
...
Le
tero:ps
et' ,l':'.hi s toire
ont
la meme
structure
que
le
la yerticali té.
La méll~oire
collective
est·d~ base différenciatrice de la mémoire indi-
viduelle.
Elle s'jm~ose dans l'{ternité et dans l'ordre
~nthropo-social~~.Àlors que le temps occidental est miné
, •• 1", -:. .. ~. _
~ •
•••• ~
'_'
:.. <p'ar le désir de', dépasser,
de disséquer,
la
discontinuité
et
"',~:(~ta ,mesure, l' Afr~cain, lui, se carac b!~ri 5 e par la complétude
::,;:fde 'l'un'ité éVèn~~~:ntielle, la réversibilité (exemple, la
'~;~~'5~:~<~~arna t ion) ,:k~\\~~~i ni, l e colle c tif •
0"._
.r
'7,.--'"
"..
~.--
":;.-
.;..
~
;.~ .~:. :;i:-?~_- ."t
~.-~;i~~ __ . ~
",r . :"'~'.'
~':..
. ",
..- ".~-'"
- ":<~.;.~~. .;:è."''':';:
....~--~~t,:~~~• .~-~~~.
i~tf:~,,<' - '.
lj~-:
1~1.i,~~·'·~.-·:~' "
'i±~{~;11f:~:
".:::;",-5:.>-'-"'- "":;"-'"f.~"., •.,
-
. !
..~.
".
Oo,.} Ir
_
- 1.37
"J'appelleraiE
le temps occicler,tal
temps durée
ou
tem.ps
compt~, en ce qu'il renvoie ~ la s~quence, à la finitude,
et à
la hâte .••
J'appellerais
le
tel'!ps africain,
temps
infini ou
temps ~vènemf'nt, en ce qu.!-il renvoie d'une part
à
l'~ternit~
(l'absence de dur~e qui implique un d6but
et une fin),d'autre
part à
l'~vènement, en ce que celui-ci
intervient coml1ôe temps fort
reEtructurant dans
cette intem-
poralit~."
(R.
BLOCHET ,
Th~se de Troisi~me Cycle, Paris
1975 , p., 36)
Les
statuts,
les rôles et position stables
induisent
moins un temps m~trique qu'un temps infini. Ces aspects sont
confirm~s en clinique
H. GDLLOYB , ORTIQU1S,
PAHIN,
VORGENTI-L\\L;~R
etc .. Une anamn~Ee est diffi6ile à dessiner.
Les
évèneli18nls
sont vécus
comi:-,e un tout clos
sans support
ni ant{rieur ni postérieur.
~<is 8. pô.rt ceux (lui vivent déd1S
l.~s zones urbaines E·t qui J1étis2ent dans les maternités,
la
date de nuissunce
s'6tablit avec des
,,~ peu pr8s"
"aux
environs de
tel ou tel évèner'rent".
A
cette difficulté
s'ajoute
une labilité des
lieux affectifs et des
liens g6niteurs
c'est l'~doption. Il y a des
enfants de douze ans
et plus
qui
ignorent qui sent leurs parents g~niteurs. Cette mobi-
lité CEt
tellement élevée qu'il serait quelquefois aventureux
de
chercher à déter~iner la fa~ille qui a
le plus marqut le
sujet sur le plan affectif et cognitif.
Int~grons en plus
le nombre extraordinaire de divorces et la complexit~ des
mariages
endogal1:iques
et nous
comprendrons
la prfcarit~ de
la technique d'aEsociation des
évènements fournis
par les
patientE africains
en thérapie duelle.
Car
"L'an:nésie infantile est m~trquée chez les Afric;::~ins ; et de
fai t,
lorsqt:e
l'on cLerche à
mobiliser les
scuvenirs d' en-
fance
des adul tes,
les rér,onscs sont presque inexistantes."
( ,..2\\.. c
t
nD
•
e L .
C'T)TTnl""~S
'...:.\\.
....... '';:r.,. :1...,
,
i biden;,
p.
42)
De
son côté,
N.
L~ GUERIKEL soulève deux aspects impor-
tants
d'une part,
l'agresEivit~ est .:très rarement exprimée
à
l'égard du thérapeute,
et d'autre part la relation de dépen-
dance qui n'a rien ~ voir avec la symbiose des premiers mois,
est très profonde,
persistante et difficile à dépasser.
- 138
--: -~~~:': ~~. :- ..~, ~ ,'~
,: (7
. ·i;f~~i~·:~::·:~~·~~~"~
~~M!li'~~::~'~e~jJé.r~~~~~~
J
c
et
Ali 5 um H' BOl{
Gouba SAID.
qui':ri~"çe~saient dè',d~lÙàp.d~r des rendez-vous et même de
.~' '~\\".;~'.. ~ .: -,'"
~ .
.r :.l.:g.v;.t:~::.:; ~~t~ ....
vouloir: veni'r à domic1~le:~'Gouba a
continué le
contact
épist~iai~e.,:mê~e 'a'~'~:~;:;,;;:s~', sortie. HORGENTHALER et collab.
", ..: ~~::--'I;' ,"
....'
-
.... ~·:7::-~-::~~..i. E'" '.~ "
racontent ',une
s.éance:,;ia.};an'alyse avec Yalamou ct son frère Igre •
." "
-:
..;
- . I!~:'~r.l.::·.~~::·~·:.:;>
On seren<i "compte qi;ie,':.&Ya).. àmou,
le petit frère,
est bloqué
. ','
.
-', .....
. ..-'"
~. ",:,,: ~}%~1.;'~·;' .:~"",:' -< :"
par la presence.du~g~and ~
et ne
fait
que
répéter ce que
ce'" d'~rnier '-r'~con~e1~~':ç:~;~'~~,'.èn son absence q1,l' il p~rle le
•
".
~'"'"••~. "2.1 '7' ••
•
plus --"librement ." Dans,:la' 'relation thérapeu tique,
l ' ancê tre ,
la loi 'se manifeste·;{,t,"~ol~re If' transfert en rendant le
patient dépendant du:'thérapeute •
.Dneconstatation clinique encore
importante est
le
décalage de compréhe~si'on'que l'on Cl du m::llc:de et de la n::', ture
des
interactions intrafamiliales.
Les
entretien5
que nous 8vons
pu avoir ont permis ~~émettre l'hypothèse que le délire est
:
.
. .
_.. :..... f~.'_~~~~ . ,
..
un signif,iant préc:iéiix-.,pour la compréhension de
la phantas-
'- .~'. >
matique ,groupale fàmilialè.
Nous
convoquions
les pé'Œents ou
-
."
. •.
- ,". -'.
. . .
. ~~:~:"~".~~.!-.;••._~..:
.
lesél'éments ·jugést~po,rtants de la dyna:l:ique fEtilliliale et
l a 'confrc:mt~tti<?n .t~·~n..~i~~':~Îamille-malade-thérapeutes' avÉ'rai t
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•• <.:_~-~ ":-'. -. :.:,... ":".
"
i::;.tz:~::t;:-:~=;~-.l···_I.
.
riche.;(:J:',.enseignement,:'~;'~;{:in.'îque. Nous sommes arrivé à la même
con~i~~~'~~,:n qh'~ies:':~R~iQu~s. La relation du patient avec les
.
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;;~":_::~\\~;;;::.r~~_A~~;"";:~'
psych6)ogû~.es~~p~u t cf~_ë'f':"'{:IËfS ten si ons irrévcrs i bl e s dans la
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alo;.;~:~iÜ~"::h~b~~~·-~'~vi'6'~~!'f~:·~~ressiona ce mor,;cnt quo considerer
de nleilleurs résul tEtts.
. . . . . i- ..,:,",.4:' \\~
. -: • ",
"'Tous, ces élémeÎlt~:,::}n;;à~ènent a ru' interroger sur le savoir
.
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.......
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cons\\i~t,~~.,.clini·que,~,?,~~~~:;.::.,;Ij.imai t. Je possédais au dr'part un
.
' .. ',. ".
. ' .... ,..•. ~ ' .
.;':'::.j""~~':';:'~~.,...-:;~-;:--~
schéma ,::théorique 'cliriH:Ü:i.>e~~,;basé sur l ' établi s s ei',8n t
ct e
t 0US
:. ~:~. -:: ;:~~:.~~. :.::~:~:. ;.~~~ .. :~.. ~ -~~"''"~if?~j~it".~~·.~·:,~~
les ...Îacteurs;.>isuscep~t:iJ);r:'€,s~:;d' avoir une incidence quelconoue
•.'~-.~~ 0.--: "'~' .:i< -..~~. l." ,~.
~' ~:;;:;:~~~~~;.~~~'.-""
'.1
....
,j.
sut_;;la:',p:o~f.t:r?-ri:ce'·aq,~hgg,J.. ,~:: A cette fin, la relation due11e
.~.> ;;;-~:-oi{~~: ..· . ;.:'-"," ....: ..... :~ .~....
: ...:·;:~-~~:l:'-.:·~ii::·::·~-S
é i;i:l_i::~..~·';l·à:~-;~~'eù~ .•e 'qu~,,~j~;~~~'ô~nËii s s ai s.
Ce pendan t,
les pro bl ème s
.................. ""'"_..
.,
~
.,..-.,..-,
'- - ~._-.--...
':~c~~:,~~>~p~~~~~~1~~~~~~~;~1~~·;:
,~rt>:;l~~n t e~p~ète )~~e t -théori ques (d i ffi-
, ' cult e;":A,·l:.rlt~,rl.:9~l.se;,"~j"~;;,-~,çulpabl.ll.s er l ' a,'lamnè se infan ti le
- --,
-:::: .,:~: ......
-..."' -;""-"""'~
-:: -:-; =:.
• -:-: -g:::.. ::..-=--;;;~...~ :~...;--
i~pC;~~r.fah.t"ê.~,::;~e:tc>'::·.')'tft(~~t'iff}:,-;~'b,ligé à proc éder au t re li1 en t •
r\\~1~f%:t~;"*'~g;~î~
: .... "".;±:,,:'
.•• ,':: .....:-:'''.'•..• :•••,: 0"...
_
... ;,- ........:-.:::..__;=.::Y·.:._
13Y
le verrons plus loin,
c'est la socialisation
et non la réintégration de
son souvenir dans
élimine le mal.
et de
topiQue
. .~ ..~,.
-~'~~i ';f -
~,
.~.
......;~, ~ ..
._.~--
...... -
-.-:.' ,,,,: .
.............-.
.. ,
,,' ';:';; ;- -,- ~
-
140
+~,'.,:",_ ',LA TENTATION D' F1\\E AFTIWCJŒ QFJd\\TITATIVE
"
; ,
.: -.-
• - ~',
1 " -
.Au cours du
travail
cliniclue,
nous avons
pris
connaiss2.nce
d'un:: questionnaire
qUE'
le
Frofesséur H.
COl :,0:<3 a
utilisé
dans une
recherche
en
collaboration avec
les
autorit~s
hosp~tali~res de 1a Havane
(Cl'BA).
Ce
questionnaire
soulev~it des th~mes auxquels je pensais d6j~
~n~a ~orcellerie, les relatiGns intrafamiliales, la labilit6
. ' .
-,',
..J-.' _
~.
g~~g~aphique et sociale, les problèmes psycho-affectifs des
.-;'.
":
':
.;
adopti'ons,
les
divorces
fort
nombreux,
etc ••
- -:".:.
'_. - ."""
,-..-.'
, l : - .. ,.;- 'V'
_
·~;r.~~~YE~ai donc e'~v~~,Yé de m'inspirer de ce matériel, pour
e~~,itablir un autre ,qui
lui
est
proche,
mais qui
int~grerait
à~~. ~6rinées que soui~ve mon propre travail. Je suis donc
~-•..,.. t=::;.;...-.-:i:. ," •• -
.
. -
.~.
-
,p·~~f.ti·,.,d 'un travail/empirique avec un espri t ouvert, et
:;~~~.-:;:: _..
.:
' . ..
r"
:i·~'.ëx:p~riencem'a,
..c,ontraint
Ft
construire un canevas.
:~_"~~~:i:~'~-",.~-'~
':~'.
-~..:~~:':- ..
"
:\\~:~~."::::.'])~ms un premier
temps,
ce
canevas
étai t
destiné 2. une
~~th~dologie quantitative clinioue
c'est-à-dire
statistique
,.
.:~. _; • _ :'.:.
•
•
.L
d'e~";!qG'~stions posée,S. ::ais la pré-enquê,tc, mes entretiens
~;tr~}6'~ifS et non-d'{~~ectifs avec les malades et leur famille,
':.
"i-:
I!~~:e1:: :::i:tt:::::e:::~:i~~::S l::n;i~:~s~é~::O::d:;::
.~'
"'ç;,~~:pr:çml er ob) e ct i'f.i~_
.~,
:-,..~~~~L
",;~.;~
'~.~~~~.' .;- -,;:-~ -
.:l.~~~~~"
..
_.--
-- .....-•.- ~~_...~
~y: :}ll;l;7;~;ic.::<i~;:~,~
•
v.::~"'! .1 ~
• ~'''"<:'';1.:
~I:~.;·
·~:~~t~:~i~~· ,
-~.~~'~:-t-~~:~~i---· ,
-
141
J'ai
compris
tout de
suite que
je dégagerais des banalités
on sait que 80 %des feG~es malades ont eu un mariage forcé,
que les divorces sont légion,
que
les enfants
sont élevés
depuis
leur jeune âge par des
personnes diverses,
que
le
fait de ne pas
~tre ~levé par ses parents est banal, courant,
quotidien,
sociologique.
Ces éléments poussent à
interroger
m~me le sens de l'amour et de l'affection parentale comme
condition essentielle de
la santé mentale
J'ai abouti à
cette hypothèse que
l'amour,
l ' a ttacher.-,cnt ont aussi un
contenu anthropologique quand aux déploie~ents de leurs
fac tours
empre in te,
c :)n tac:t;,
importan cede la cha leur comme
'activité
symboli~ue
etc.
En outre,
cette méthodoloc;ie
ne m'aurait pas
fait avancer dans ma recherche,
parce qu'elle
n'ap~ortait pas d'informations nouvelles.
En effet,
les
th~œes de contraintes sent intécr~s dans
le mode de vie
éducationnel et relationnel en Afric:ue Tr2..di-
tionnelle.
Ce qui frappe,
c'est al.'
contre,ire lei 1 r
2.bseFce
qui apparaît alors
corUT'e une
indication pathologique.
Ce qui
est à
l'inverse de l'Occident.
Ici
le problème de la contrainte,
de l'éducation autoritaire et des abandons ne peuvent pas
~tre à eux seuls des paramètres crédibles dans la panoplie
des déterminants de la souffrance mentale.
Bien au contraire,
ils sont essentiels dans
les valeurs éducationnelles.
L'attacheŒent,
tel qu'il est conçu ici
en Occident,
qui exige
l'Amour sans qu'on pui s s e
définir se s
li;;,i te s
bén('fique s
pour l'enfant
est mal considéré dans l'éducation en
Afri'~!ue
"11 contribue c~
.élever des
enfants gâtés, Il di t-on.
Dans
ces conditions,
faire une étude quantitative
sta.tistiC}ue 5llr ces questi()ns,
m'ô
paru illusoire sur le
plan de
l'int8rêt théorique. Elle aurait eu une
coloration
scientifique
;
mais le posi t i visme ,p~ychql~gique.,a se s.limi t!3!3 ,.
.
-
. .
---_.
~- ...-
.~~
........ - .........
surtout en clinique.
-
142
;.,
>f
''':'f\\'; -:::.' :.;: -~: .
~t·k; -::~~ .. ;'~"'J..'.~ ••
"
Cette ~remi~re id~e m~thodologique aurait eu du mal ~ int~grer
un fait
fondaDental
~ l'heure actuelle
le mythe familial
- '..:-
qui,
au nom de
la
"famille élargie"
de
la solidarité
'~'~:'".
.
"
:i':: ,-
nous prés~nte un monde de Panglos5
alors que
la réalité
~ ,(..;.;.......
.
.. -,. .
~
~ ...... -r
des
interactions intrafamiliales est diff?rente.
Ce mythe
s'exprime de
la manière suivante
"Nous derneurC'ns une
farülle
modèle,
comme dans
l ' anc:; en temps.
To ut
lem 0 n d e r pst e
en 5 e Il~ b l e e t
s' ai me b i e TI • "
(Selvini PALAZZOLI et
collab.
Paradoxes
et contre-paradoxes,
p.
81)
C'est
le paradig~e mythique qui guette la famille
en Afrique
et si nous ajoutcns
les m{canisl"::es héLéostasiques
de résistances au changen'ent,
la m/thodologie quantitatiye
nous aurai t
c ondui t
;\\ de s
rc' pons es uniforrre s,
homogène s,
mai s
décalées de
la réalité.
Un autre point
indicateur qui n:'incitait a
redéfinir
le matériel de
la recherclle,
portait
sur les rechutes et les
..
,.
défenses inadaptées.
Elles m'ont pen::is de
poser que
10s
~", .
schizophrènes et autr,;s ne
sont pas
fntale;::ent
candidats CJ.ux
..
. ,
rechutes. Tout d~pend de la d6finition ou non du chanp
.-
, .
..; -'
_.h."
interactionnel du lieu pathologique.
sev, par exemple, est
.~, -
un malade qu'on soicne
à
titre externe. Ancien ~tudiant en
~.'.J,.
_ ' -
socioldgie,
i l
fait
quelquesfois des pouss~es d~lirantes
'~f':' ..
aigües,~ il trétvaille peu r.~ais boi t beaucoup avec le peu
""" - ~.
~'~:.....
d'argent que
lui donnent ses parents
et
se soucie peu du
·C; ._
mariage.
~tude m'a montr~ qu'aucune tentative d'approche
.'
familiale n'a été faite,
alors que l'entretien clinique
laissait apparaître ilies
~lél!;ents reli.itionnels indicateurs
·de modèles corm,unicationne15 aliénants.
.~ .~-
--
~f"~':::.~
.":
'<;-':~:~~'
ri}:;- -
~~._ ~ ;.":'-":~t ":.:.:
:~~,; ~ -~ .(:::::~:
Pour ce
f<~ire, nous avons fait
convoquer la famille
i~~f~f(:~;'~"' _ avec le malade. De cette confrontCJ.tion, il est apparu que
.:'~:..'
,:..:
~.~ ~ ... -,.
:;;;~~:;.;~~=~c;:·- __,~
la
souffrance
s1-1bjectivc de So", était corrélative du sys tèn,e
~~i~~SOnrièlintrafamilial."-
,~~:.;':f
_ .,.. :'~:~.~..~
~'l~~-~f~:;:ji;';
..~~:!..~~.~.~~:.:::.~;~;;~;~'.:':-
..•.:-
-
-~ ~.
. -'
--
-::~...~~.- ,~ .~~;..
,..
..... "
",,"
.
Les
modèles
de
com!;1unication renvoient
aux
concepts
définis
dans
la premi~re partie et que nous retrouverons ~ travers
les
comportements
far.iiliaux,
dont
je rendrai
compte au.·;;";~f2:,~~
chapitre
suivant.
lIsse
caractérisent
par une
absence
totale':::~;;:,:,
~ r>~ .
de
confirmations mutuelles;
la disqualification des messages i..}7.>;
:!" -:-;~' .,
est
la règle.
La mère dira
"-Ibrahim a
toujours
été un enfant
t~tu
pour nos
ordres,
etc.
"
Ibrahim reprendra
-
"Vous avez beaucoup
fai t
pour n,' y
c en traindre. "
Lt
la grand mère
"
en n e
sa. 1..1 r a
j éU J'a i s
q Ld
cl e
vou s
ct e t1:X
dit
l c·~ v é r i t é • "
Cette non-ce-rlcruence
et
les
disql1alifj.cations
r(cirToques
des ;':essagcs
ont
ét(~ éc;alemcni: observ(':es cl"lez un autre "malade":
Doudou Diop.
Fils
d'un
2.!lcien combattant
de
la
guerre
39-~5
et douanier de
profession,
Doudou profite
de
notre
présence
pour se
situer p~r rapport
A
son
identit~ pour autrui
dans
..
'
-~.,
la
fanülle.
La confrontation a
éclairé mieux
le
système
que
.,>;;,
des mois
d'observation
clinique
individuelle.
A un moment de
la discussion,
le
père
dira
"
Docteur,
j ' a i plusieurs
enfants,
mais
ce
f i l s
je
l ' a i
aimé
et
je ne
cherch:::is
qU.e
sa r€ussi
te.
Et
même
quand i l ne
me
.- '-
donnai t
pas un seul
sou de
son salaire,
je
continuais de
:.~t:'::
l'aimer. "
:..;,~.,".
"~"_:7~,':':1
Fetite pause
-
les
regards
s'entrecroisent
et
le
f i l s
con t friù'ë'
.-' '."'-
'.-.:'(:t>-t
Doudou
"
};ais
Fapa,
je n'ai
jal;:ais dit
que
tu ne m'aimes
pas'
je
pense
que
tUIle
r,"ie
cOlq'')re"ds
pas
souvent."
·<~:t1;':.:
On
observe,
tout
le
long de
l'entretien,
qu'une
affin"i·'2. t ion
de
l'un est
irnm6diatement
contredite ou nuanc&e
par l'8.utre.
Ce ~ode de relation disqualificatoire
permet de
comprendre
les
modes
de
décompensation des
sujets
astreints
à
le
sans
le
cOr!1n'enter ou le quitter.
144
,'.
if"
~!~01-": \\ ..... ,' ,~ , ....... -;- -
• ~•. ," .' .<'.,L. . ~.~. ::;:••
,,,.!,·:"~~1f;:~~~:~'":f.~~f~L~:.;';)f.~·~;:' .t:~{:~~t~iL:,.:.;~··~:·.~<',
réalité.
thy~~~Ê~~;;'~~it~iâf:s~'~~1:1~;t:::
En
ni l ' é
délirants
(Doudou)
ne
peuvent ~ê.tre Urie,):fabiil.,~'e,;':'1iit;rihsJ~que
.
-.'
/,'" '~"' .. '- ~ ._.",.-: .... ;:
':','::.; .~.~ : .. :.
. ......
.:;.
à
l'individu ou à
une
enti t"é :nosol5raphi'que: ..d'éterrid..née': :1ls
sont une :fonction de
la nature'de ' l a s i..tuatiori'~6ii'évo·lu~
un
li..
..
' .
, - " .
•
:.~:~;~:~ ••:-:~
.~_;
._~/;;.~~~)'-,,-
_>:;~.!... ", _
_~'.~ _;~'.
.
nexus de
personnes.
• •
_<0,
~~~~~i':~:. .
~~~~ ~~~;:"-:;:/#:;__ ~.., ..,. .. -.::
t
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.
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".~~:. :it~.~~:.S.'
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....... '. -,'
~"
#"".- ••••
" .
""
__
. ~.
'I••"":.· ...., :,'
l
L'~tude clinique et les enq~êtes·psych-sociales(montrent
que
l'isolerrent dans
l'institutioI1. d·,.~·ri~è.~a:rt,:~·,ie~s:p;ise:s en
charge duelles
d'inspiration analytique et
lemoaèle 'concep-
tuel des
d~terminants du désord;~,'m~ntil de ~'a~~r~, èont
un obstacle ~ la d~marche compréhens~~e
Le dispositi:f que
j ' a i 61abor~ a
r~v61~ que l'odre .exp&rientiel redondant de
la vie
communicationnelle
intra:familiale pathogénique:
est
antérieur ;1
13,
pre:;:ière décompensation.
Ces
systèmes
étaient
d&j~ daJ1S une situation collusoire et discon:firmatrice ,dont
la sYI.ptumatolocie n'est que
l'expressi6n voyante.~
"
,;
Ces
observations clé::;ontrentl' insuffisance ·de. 'la
dé:;:cŒche
quantitative.
Les modèle's'de' "communic:~i'-tioi1 révé"lld·s
par la pratique
peut avoir sur les
s tructuresa.:rjthro'po:1ogïques·"e't '.,Ies:. compor-
terr;ents
qu'elles
sous-tendent m(orit ~~~~èl.ui~,à~:~'~·~~de~
au tremen t
en dé:fini s sant ,d' àbofd les, rp~'ra'mèt"re'~~;'duil~u
pa thologiC]ue
le mode de
c'C;mm~'~ieat~~~"i~t~:r'?~f,',:t~,tr'a,-<
:familial
et
en déterminant
le's' moyen~.: d,é", l'es:Eernèr~
"
~;;-.
.....
~
,
, f
-....!
~....
. .......
,
.. .r,
"; .
2
LE QU:CSTIONNAIRE FTWPREt·iENT DIT
Il est intitulé
"Enquête psycho-sociologique sur la
stabili té et l'image des relé,tions
intraîamiliales telles
qu'elles sont perçues par les malades hospitalisés."
Par cette îon.ulation,
j'entendais &voir une vi~,ion
phénoménologique du vécu îa;::ilial
et de
la dyna,;-:ique
interactionnelle des
lieux pathologiques.
EIJe a
été
ar'pliquée principalerncn-;
aux n:aladesdc..:
seryice cians
lequel
nous étions pendant
six mois de
stage.
Les
malhdes
6taicnt
déjà à. une phase avanc~e, de la th~rapeutique sous
neuroleptiques as'sociées 8.UX entretiens psychoth(~rapiques
de
soutien. Voilà comment
le questionnaire
se présente
avant cie continuer la discussion m~thodologique qu'il
soulève.
- 146
-.-
"
KOM
PRENüi'l( s)
AGE
DIAGNOSTIC FOSE
ETHNIE
CELIBATAIRB
hAnIE (e)
Nombre d'épouses
Nombre de
coépouses
Nombre de mariages
Nombre de divorces
J<ODA~~ITE DU hARIAGE
Votre conjoint
(e)
a
-
t
-
i l
(elle)
été
choisi librement
.
' ( )
,
lmpose
e
ou propose
(e)
p:::..r la fcuilille
Autres
raisons
Le mariage a
-
t
-
i l été
"
Accepté
Toléré
' ' ;
..:,;;. ... -
<
-,
..c'
~ .:~ ~"'-.
Refusé
:.. .... - .....1.-.,.,
.... '.::.."
,
'
•
'.
t
:. ;.
Le mariage a
-
t
-
i l été
célébré
traditionnellement
?
Oui
Non
_. - -.. .
-- ~ ~
Le ou la conjoint
( e )
est-il
(elle)
un(e)
parent(e-)-1,'
Oui
" <
" "
,~. -' -. ..;
:r-:on
:~
" l ~
.~,~,:
~~i~i~~;1?~~~~
r'
~~,~1Z !:. '. :"
,";!'!'
....'
_ ~ _.n
.~:
- 147
FRA_TRIE
ET
Ï'lILIEU FAl<ILIAL
D'ORIGINE
Ete8-vous fils
(fille) unique?
Oui
-
Non
Sinon,
combien de frères
et soeurs avez-vous
?
Votre rang dans
la fratrie
?
-
cOi~Tlète
-
de même sexe
Pensez-vous avoir ~t~ aim6(e)
?
-
moinsque
les autres
?
-
pareille-ent
-
mieux que
les autres
?
-
beaucoup
-
peu
pas du tout
STABILITE DU vILIEU FA~;ILIAL
Etes-vous
OrpheJin(e)
de père
A quelle d?_te
?
-
Orphelin de mère
?
A quelle date
?
Vos
parents sont-ils separés
O\\J divorcés?
! '
Vos parents sont-ils remariés
?
:-.
-.
_~.:t.._~~?'
-
"''--,.;.'
-
148
STABILITE DE L'EDUCATION DU SUJET
,
"
Avez-vous ete
'
eduque ( )
e
par
:
les parents
ensemble
la mère seule
le père
seul
-
par un membre de
la lignée
paternelle
-
par un membre de
la lignée
maternelle
-
par un marabout
-
abandonné(e)
?
Pensez-vous avoir
élevé
(e)
-
avec
trop de
s6v~rité
-
normaJGr,~cnt
"comme i l ICl.ut"
"gâté"
(e)
STABIl.ITE DE LA RESIDENCE
Où habitez-vous
-
dans
la fa8ille
paternelle
dans
la famille
maternelle
chez les beaux-parents
Avez-vous
jamais changé de
domicile
ville
-
pays
Si vous
en aviez la possibilité,
recommenceriez-vous
~ vivre dans votre famille paternelle
-
si oui,
à
quelles
conditions?
149
'. ~~/"
.<.:t.:;~':i-: ~\\''-
.~...~-
,:. ~-:i,}·.·,
-
. ,
~
....
",:"'
L'ORGANISATION F ..'\\};ILIAL:E ;~:<:
'.' , ~
. .. "."'"~'
' .. '.~ .......
cle
personnes vivent
Estimez-vous votre famille
..... :'
Norr,breuse
}ioyenne
Peti te
, ..
autres appréciations
FDKCTION D'~UTORITE
Qui dirige la ra~il1e ?
le père
',cla mère
les deux
~utres pe~sonnes
.,
Comment
jugez-vous cette fpnction' 'av.~c "cet.te personne 1·'
:jus te
• '. ~,~ "-!" .
L'éducation
se
{"
•.::-~~~';!'---' :_-~::''<'~-:;:'''''
... ':'-~.'
::.
',.
"'0
.. ~.-:- ,:'_'~
' - 0 .
-
~. '~es châtiments corporels
'des
aes int~rdi~ii6ris de tout genre
. ':~':~ -;:. . '..
-' ,au tre 5 .,' "::~ :i:.~-_ ..-r~_ .~~"- .~,'
:"'~
' - '
.....
• ..
".',.
. :
/
l
,:.....
-..'"
7.••~·
' - ' . '
''-
": :·:"t
. . ~ '..
..'..:..:;:--:.
~.. '.\\.:
,.;,'
~~~~tf'~
--:7.:- .
'!:"r..:~_.
.--.,,'
:..~~"'-:-'
-
150
RESPOKSA BILITE D1J
SU,JET DANS LA
f'A!<ILLE
Avez-vous une responsabilité quelconque dans
la famille
?
économique
' , ' : ..
-
traditionnelle
-
autre
Com,;.ent
estimez-vous
10. cho.rc;e
?
lourde
-
c'est votre devoir
NATU~E DES TIELATIO~S
Dans le milieu fa~ilial d'origine
(dans
l'enfance)
-
des relations normales
ou entente
conflits
avec
le p~re
conflits avec
la m~re
-
conflits entre
le
p~re
et la mère
conflits entre
co-épouses
Aujourd'hui,
avec un peu de recul,
pensez-vous
que
ces relations
ont eu une
incidence quelconque
sur
votre souffrance actuelle
-
Oui
si oui,
,~ quel niveau
?
'.
Dans le milieu fa~i1ia1 fond~ par le sujet
(actuellement)
?
'relations normales
ou
entente
confJ.it avec le
(la)
conjoint(e)
- conflit avec les enfants
,
conflit avec les parents
.
paterneJ.s
- confJ.it 2VCC la belle fa:;ii1J.e
151
.' ~
~ ... ~".;,. :',. :.
. .
:~
.
,
.~t·f.':~-~:ki.··~h~~·~.;~~. "~~~~~~0~~~0'~~~~~~;
. p~i..,·~~ ~·.~··~4;··:·i~q~ .,:.:...~:.:,~~~~. ~_·:':;:'·:_~~i.:~~!r
PhénO::~::~:::U:U:Ul~:::e;:~:l::~ :~o::e::rd~~tIt~~~1~1f.~~~
in t erac t i onne I l e
de s
lieux pa thol ogique s.
Pour ,.ce-taire "-,'p~;~;::-:<:t:;' ,-
-
'. ."-
:' -: ~
deux voies
s'offraient
~ nous
--,.:~.~~:
~
'~ ~,,···'~'7~ :
'J,
:
:
• •
:... ..- -
:
~."
;, ~.:.""".
' . :
1/ le questionnaire
dont
je viens
de donner les;,:lA~i1.~s:~.:j_~;:~:~i~(;g;:~';~,
générales,
îerr.,é
et
ouvert
daT1s
par la voie de
la pathologi~
le
le
lieu pathologique.
:
2/ l'accompagnant comme représentant sicnificatif d~ ce i~e~··' :
d'où proc èàe
ce] ui
qu ' i l accompagne
;
dans- ,ce 'cas' nous y "
pénétrons
P::-Œ
18..
porte
de
la
" n =Jrr:aJ i té".
J ' a i choisi de
n'exclure aucune
de
ces
deux méthodes.
I.e
cadre
r:l2,r,S
1r::c;nel
j(~ t.r::·v;:,ilJ c~j s
(:~t aV3is émis mon hypothèse
sy~tén:iClue Ji] , inci tai t
'-,
L~, prudence.
Cor,;; e
nous
le verrons
dans
leur é1.l_,plication,
ceE-
deux vuies
Ollt
ccnforté ma démar'che
et
ont
ouvert une vcie nouvelle
de
l'approche
clinique 'en'
Afrique.
..
. .' .'.
Pour la
comI1:ocli té
de
l'exposé,
je
parlerai:.maintenant, ':~,_ :<;::
. ..
-""
'"
.-.~"'
.. '" .
..
du canevas
élaboré
à
ce
sujet.
La
partie de
l';ac-::co~pp.gn:'an{'»:,:·:~,:'
. . . ,
.-:-
..... :>
.'
sera rGSerVé8
et
discutée
dans
le
chapitre
reiatif,C'au
;~o'
.
' - " . '
.......
',"
Travail Clinique à
Fann,
avec deux
cas
à
l ' appu:i"'~q{ii 's~6nt',f~"::\\
.'
.
. '
. '
' . -
des
sujet
objets de
prGoccupation cJinique.
,- ,
- "".. '
Dans
18~' cJelD': m&tl1Odes, 1c's 1in:ite~ de notre,.ca_pac:it~.-:
d'intervention
et
de
la
fiabilité
de notre
ma:'té;ie'lno~s:':- ,-
(in FESTINGER et Iv~TZ ,
p.
1.,81).
• . . •
l ' " . ; ~:. -~-.. :' '.
- 152
"
..~'.
:",
.." '..
_._. -.:
...
~ ,~ ~..?j..'.;~.: :.:.','~''''''~'
~,:~~ '-~:E~·,·~:·:~'-:f·.~~,·7~ ..~?:\\\\~;~~,~..~~,.r;,
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.>:', .;~':~.L.~:::~~:;j\\~~;:~l:...t:. ·:.···:.:à:.~~:~}: .:~.;; .::~:::2i{.jc;f:;!::h~.'~.;::i:t ,,~~~·~'l~~::
::: ~.:~;
Ce.ci ~~u ~:S~(ji!:e. ,qu "âpr;e s~ ,ll.al?and~n'de,:1.'.app';,oche -;quan t i ta ti ve ,
"
:"
.-. ~- .--'"
~'~~1,~'~:-":;>"_:'·,: ':',
.
\\ ' ~<)~,..~.. '::~. _···~:--;-L~·:·):~·.:~~--:·:.~.~·:-r~ ~·.:---.~~i:, ~~~.-\\:~,~:.
:':'-:-"
j'ai cll'er~h:é ~à. :travers"';'le s: d6~ sie~s'" ,les,' S~gnif,i'cat ions
s ys't émi qu'~~:::d~s '~ym~ t
->.'
ô ~e s '. à' :p~r't'ii-" ':d~ ~ î;nd i c a t eu~~ S c ompo rte-
. .
.~,'
. .
., .:'
..
me'ntaux. et :lir:!guis't'iq:~~s qui ,1é.~r.· sont ·rêl.:iés. :f-1ais j'ai
.. J:.
,,~~._,,:",,_._" .......~.
,,-":"~~,::.:j_""'''~
..
:...,~~_~.. _ ...~.'.~..<... __ ..
',.~J:::..
....:.
uti~isé ,aussi- des.:d9.'ssiers 'qtii';'n' ~I1; :comportaient pas
ceci
:
~' • "
. '
. -:~'.'.~.
:
._ ".
/- ,"1(:;.'. ~~
_.:-~•...~;-...~.,' '-',_:' {.,~,:.·,u" " ... :";'..~"
.
",
d'une: part,~,potir";cri tiquer ':'1 a ~pre ~'en tation :psychia trique
habl tu~lle~~~êt'. d:~ aui"iè·~',;.~"~;t··p'~'u;'~~i'~:lus~r,e~"le bi;n londé de
. '.~."
~'. ~~.:.'? .-:'. ~:.' .;- ".
.. ".
J
"'_,
..::
l ' approche~"systém'ïciù'ê':,'à:partirâ~~eux qu'~ se laissent lire
par. les in~er~ctipns intiafamiliales~'
Le canevas,
comme
on s'en apèrçoit,
est bas~ sur
neuf th~mes principaux.
La modalit~ du mariage
Il nous a
semblé important d'avoir le
sentiment de
C0.t;X
r,ld
sont mariés par rapport à
l'~nstitution du Olari~ge traditionnel.
En Afrique,
e'tpart~c~îi~:r:emerÏf;cians' )es.s'ystèmes patrilin{aires
la femme signe ~ne alliance ~rii~e deux lignages et non entre
..
.!.
deux personnes.···A.vec la
"mo9-enl.ité" '.,'les ·tendances
ir:divi-
du'alis tès'~:çlû' dé,sil;'. '.n~i~:seri.t,:':,e1; ·;·l,k s 'j eune s': se ::choi sis s en t
in~~~e-~d~m~~'~~ :~dusYst~'~e '~<-gérori'i~~'r;t"iq~e •...:Ce~i<nous permettait
.
. '
•
" ,
•
. •
,"
' .
..
•
-
•
l
'
-
" ,
de voir l~ 'd'egré ct "f~hésion :psy:hplogiql,le',·a. certaines valeurs
,
.
. ' " . .
<.:.. '
.
.
..;' ..' .:.
" . -
......
~ ': .' .. .
. . '
etrangeres,de mesurer)eur~incidence s~r·la structuration
t;a'di ti~~~e'lle d~ :'l~ '~:P·~'J."s~nn'a:·lité .• ·:Ce :-t:~èù)e p~r.:n:e t en ou tre
. '. .~ ' .. _-r . .' .
"
.:~.::
.~'
"
. .~ :.':"
-=.::.
..~:. 'r"',
'
~ _.:..,:
. .,-~~,:.
~
"
d' i_nter':togeï;'., 'le ni vea~"et':'la ~'natl,lr~ Ode ,1' i.n terp~,é ta tion,
de
toléranceei d~'r~j~i~~u désir .d'~utoho~ie de la part de la
.
, ' . ;
, ~:'
.~
."- , . ~
famille
•,. ~n retour: l~ mode aer~~~t{on,' ~t~la situation dans
',r'
le. ~,Y~.tème ~eraient'eciairés •. '0
.-'"
-.......,
_., ..
,,~=:..
.. - '-. •
',;'
-::~·':7.. - ":~,
~•. r'~~"
....
.' "
.'
.... ':r'
;.,
. '-.: . ~.:;
.:. :-!.: _~
..,.'. " .
_.
.,
~~'''.'"..'
' '"~: .' ~~~~~. :~....:~t_~~.
.;.. '~:l
-
Fr'atriè"ét milieu :fâmilial ,d'ori'gihe''-:; j:;'.
-:/~>
:: ..~:
:1::
.~:
/'" .~ .... _. '~.':'.
.!._ ;
::
.
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~
~:.
.~' ~;':
o ' ••
•
. '
•
• • • ; - '
. . . .
' ' ' ; : , - : ,
·::~a-.' polyga'mïe est re·pandueen.'Afrique ;'tradi t10iin811 e, et les
-'~~?"..' ;L ...... ~·'.·~.:·: ... :-·'"~·;·.
• .~_:: ...~:-...-
'.~
.-::
:.::'~;::.;~_:, .:=.......;-.,.~:r;:"I;'..:"
>-'''':'
eri:tânts'j)ar~,voie de:~ë'qnséquenêê·.:sorit-.·nonib:r"éux~{i5 à 20 en
'. -~,
..
- 15J
:c...
,-- ., .. ~.~,,{.~
. ',:'
. .
--
~.. ..,
':~'~:'~~.:.:." .:-. ,", '/ .,' ' :''':....~.~
....> ..:..:.~".. :.:~~~.:'~":'.. : ,..~~:.;.~
• •
J
'.
' .
I l nous
a
semblé
impo:\\:rtarit de
pOUV01r évaluer'·"la manière dont
les
malades
ont
perçu :..leur vécu
~~::'~o~~~';ri:~-"~~{'i;'~ se représentent
-
-
.
"
, ' "
dans
l'espace affecitif conflictue~_st~~ctur~parles affects
de
compétition;
de
Jalousie,
del~tte .fanta~matique pour la
~
" : .
conquête
de
posi ti<;>n-et de pouvoir .9-aris l'ééhiquier du
système
fao':ilial
; "dans lequel
sy'stèmecoépouses,
enfants,
~
"~..'
~)01
..,
• -
•
' _ '
pères
et Lois
ancestrales
sont
les.acteurs.
Stabilit~ du milieu familial
La mortaJité
en Afrique
frappe les
erifants,
mais
également
les
adult8sde 35-50 ans au mOffient o~ ils accèdent 16gitimement
à
la
sacesse,
au pouvoir et ~
l'autorité
légués
p~r les
grancJ'parents.
l.es,orphelins
:58
mère
et/oude
pèl'e
sont
nOinbrE:UX.
Or
le:
statut d'orphelin fait
graviter O-utour de
lui
des
sentiii.cnts
pour le moins
ambivalents.
Chez
le:s
?<o5si,
on
Jes
appelle
des
"Kiibsé".
Ils
inspirent de
18.
pitié
et
les b~n6ficcs secondaires cons6cutifs ~ un tel
statut ne
sont
pas n{cli~eablc5 ;
mais
en même
temps,
i l s
inspirent
de
la
craint,e,
de
12 11I8fiance
sinon de
la
:.haine
C8.r
i l s
s(ont
accusés
quelque? foi s
d' être .;cC:upabl es
cl e
l·~··,,~'o"r.t.~.de·leurs pa.ren t s :
ce
sont des
"Eonb -winsé".
La
sé~à'~ati'o'n peut être CZtusÉ-e
- .
a\\lssi
par l~s divo~ce~ et les remariag~s après
les d?cès
"
.'
~
.:.:~;
-.
d ' un de s
con j 0 in t s ; I l
s' in st ct ure' ':~."lof Si " ";un e '. in s ta b i lit é
-~ ~ ... '-
. ~ .'
-':
psychologique pa.r la 'mul t i p l i ca ti():n<~e.s;'.fi:gure s
paren tales
...:
...
"~~ ~-
-
et
symboli~ues identi~icat~ires. Cetie-muititude de personnes
et de
rep~res le plus souvent ?trangers, et.pas toujours
>
'
accueillants,
,H0enuise
la
sécurit.'é: ontologique
et
a.ngoisse
-". '
l'individu
en l'exposant au .r,lOind~:~~~t.:r:~ss.:}jais elle r::esure
surtcut
l 'hor:;':ostasie
et 'la
tenjan:~e'''à.':la t~'a"nsformEltion que
consti tuent
Li
croi'ssanc~ des 81é~~il.C;:ts·'~~ :'sy,~stème, la dispa-
rition
et
la venue ..:d'enfants adop.t_~~;:·_ou, c~n,~..us.
- :: --: ".-
.'
-"-~~~i~'~
,,' ',~;: ,.::;. :'t.' ",: '.
.. ;.:?:
~~~
-~'-'
y
-~:>::~..:.:;l''''~' ~J.'" .
:",: _:iv -.;;. !:.,=~~~::,. :.- '"-~',.·_1;~~~. :
, ~',~. ::l""~
-"--; ~ ::- .~" ,:.. '·;i· i ,
~{~:~ :.:.~ "~~ (;I~~_;;:'" -~ i~:--~~~~'"'
1{~~?~~~~~~'~~''';' :rF·
• ~ '""~':. •
'~..:z.
y
• •';1-
;~!f": -~:- ~;.
.;~?
~. -....: .
...
:.,
- . '
-
154
Stabilité de
l'éduce,tion du su,iet
Ce
thème nous a
été
suggéré par une étude de Suzanne LALLELAND
sur les }jossi
"Li n e f a rr: i Il c
jo; 0 s si!! •
Elle montre clairement que
l'éducation telle qu'elle apparait
dans
les recherches
ethnoloGiques ne
corresp?nd pas à
la
réalité.
Car on l ' a
toujours pr?sent6e comme
"bonne,
permissive
l'enfan(;
satisfait à la demande,
etc •• "
Par des
intervie\\,s directs,
s. LALLEL4.ND r'~'vèle des sentiments
d'amour mais
égalelTII:nt ô'hostilité ou de
jalousie dans
l'éco-
nomie des relations
inter-coépouses,
entre
les enfants;
des
rejets manifestes.
Stabilit& de
la rcisirience
Fous voudrions
n~cttre (:']) évi:lence l' attacl;ei1~(;nt du 5ujet '-,
l a t r 8. ci. i t i 011
sur l e p 1 ans p Cl t i cl l ,
ter; po rel,
c' est - È~ - d ire
"Vertical
ct
5,y;,boli(lUE:'.
L' i te;:, portant
:"ur
,,-,.
question onVcl-te
pcr~ct de saisir ses projets, ses dCsirs ct ce qu'il aimerait
vcir niodifier.
Cc
thèr::e englobe en
plus
le
ph011o!'8ne de
l'émicration qui petIt
atre
intprpr~té comme un processus
anticipateur de
"dé-syiT;bol isation".
La
tr:"d1splantation par
"l'acculturation formelle"
(F. B-",::,TIDE) et les voyag~:s cr<.::'ent
probablen:.:nt un sentiment de culpabilité base
SLlr 10. dette
due au systèl",e d'où on procède.
-
1.' organi~éltion fa!!:ilialc
Avec la vie mode~ne, naissent des
contraintes rie nature diverse)
l'urbanisation
se verticalise
et l'espace
sociolo[;'ir;ue et
p5ychologique se désinvestit du mysticisme
tradjtionnel.
L'espace devient un
objet sans
support religieux dans
les
villes
i l devient profane. Du m@me
coup,
les relations
inter-humaines se modifient et
on assiste ~ des face-à-face
père-mère-enfants
ce qui
~tait diff~rent dans le village
car là une zone
trampon symbolique
servait de relais.
Dans ce cas,
savoir la taille du milieu affectif dans
lequel
le sujet s'insère permet de
comprendre
les m?canismes
exp~
rientiels auxquels
i l
s'identifie et par lesquels
i l
se
confirme e t c onfirric le s
ou tre s
dZ\\l1 s I e sys t ème.
L' exen;ple
des
Casanti
r(:la té
par C',_1 •
1-'_,\\1 J'..ZZOI..I
et
collab.
(in
Paraàoxc.'3
j - ' .
..; ( : )
ç. c
r
-i 1 J
~.
1 ..
i- T";' i- ~ -r
:
r: rl 1-
- 155
_.;-. ~ .;'
" ; '
.. "~,,.-..,. ".
-: ';':-~)~:~"~~i~i' ~
Fonction d'autorit~
::~~.~~1:}'f.' -
A ]; n e c e r t ai n e
é ]J 0 c~U c ,
on Ci
cru que
de
i"η~·dti·c~~
. "
.i#:..
p."
o.
:'
•
tian
engcndréd t
des
troubles
psychiatriques
et ··on prônai t.,' "~::"
o.lors
l'éduco.+ion rJ·:'n:,issiye.
Aujourd'hui,
on commence à"~è",'
d~sillusionner. ~e plus, en Arrique, ie sysi~~e'de
.
':
-
lig~ai~~'
. . :-'
' . '
patrilinéaire
investit
le
p~re et le ~ils arn~·de l'aut6~~~~
~,,: .~. '~.'-:-
ancestrale.
La diEtorsion de
cette r~gle entraîne des troubles
de comportelnents qu'on
pourra
expliquer par la'confusion~des
rôles
qu'elle
encendre.
Le
cas
de
Sydi
et
d'Al~ha, discut~· ~
au chapitre des
acco!!'P:::;s!1ant~', illustrera cette observation.
A
1 'heure
2.ctuell e
en Afric;ue,
avec
la
pti'nétration de
l ' {~cono;,'ie (1e I.. :ro],é,
l c>c
r':"
o":sabili tés,
l'orientation des
cC;J1duites
f2yiliL.tlE::"·
(::t.
j : . r
~':jc:ocllet, l'autorité, se dé.placent
ct
se
concentrent
sur des
.;' J ,':8pts
non cë:utionnés
tradition-
nellel;)(:nt.
Un
conllit naîtr;:1
llLcessairei;;entent're deux
pouvoirs
celui
(~e l' are'ent, des moyens matéri.els accumu~és
quj
se veut
réaliste,
effic;:lec
et
pragmatique '';;il modifie'·'
le mod 8 de
C01.-:8rc 8
entre
le s
différentes
s tra t i f i c a tions.: . <
sociales
et
individuelles
et
celui de
la
tradition qui~::·.
trouve
sa source dC·.ns
la
cOll,,·crvation du
savoir séculaire'
et
~,acré et qui autorise et :investit de la loi ..ancestrale/.::··
les
statuts,
les
rôles
et
les
positions.
Cette
contradi~i~~~
, ,~;.:-.,
--:..
entraîne une
nouvelle
cartocrc:.phie des relations
et des '0<-;: -.::.
tensjons
implicites.
tibles.
On
a
rei, .. r',ué
Qllc;
sL,tistiqueJ:'c'nt,
l e s aînés
repré-
sentent une
proportion
ii~·,port'::jlte des' malades ho.spitalisé.s.
1
.. .'.
.
,-;_. ~
,
A ce
sujet,
ncus
;:lttejF~OnS les conclu-sions d'un.e étude que,";"
~.. :",1 ::!,-:.:r",,-
mène une
Interne,
r<a daiile Al 1.\\15, à 'fa.nn
".: -'-;-' ...,.-.-
(Dak~Çf::
••? ., .... :'. ;1~ 1 -
..
"la maladie
dll
-;"
~.''::' ~,-
5 ta tl.~ t
èe
l'aîné".
..~'. 2 =-~. -:- ~ c:
• _ - _ .~r.:~~"~,} ~~ ~=
En effet,
pl
~lJ ~
1.1
t·
S, t 2 l: il t
ci e
.i.' aîné,
c',~ est lê...•~..:.~.','.::.y.....:;..
__.,
tème·~~·;~1tt'~-i-.
.
. .~.._~.--= .J*.";;," - -
cratique
et du droit
légi tir.,iste
qui
est
acdus\\~....
~,•. ,~ji.#~tË1; : "
~.
..... "':-~ --
-----:-''''-,--.-.. ~':'-- ...
",.'
,.
." ,'1"";-" '.::--";;'-'-
c.,.,;"'t,~,.,._~. ",",~~~,~eii;ii
.~~~~~'}_J':
.....
-.:...::;r:' ,
- 156
Nature
des
relations
Nous
assistons
i
une
redi5tribution des
cartes
l'homéostasie
socia1e
ou
1Ij,:og-mik"
chez
le
l'o~si, ren:Corcéc pn.r les struc-
tures
imaginaires
se
laisse
corrompre
par des
éléments
extérieurs.
La
soolarisation,
r:ar exel'iple,
induit des
conduites
Œal
tolér~es par la tradition. Les cas Guy et Alassane KANE
illustrent
cet
aspect.
I l
y
a
ce
que
le
Professeur Babacar DIOP
appelle
"la notior;
du
pélrt8;'2:e".
Lu
sc'ciété
africEline
int''?gre
des
catégories
sociales qui
strucrurent
sa
coh~sion
le
pDrtage,
la solidarité,
la vif:
coml':unautaire.
Or,
l ' i n t e l J i -
g e nt s i a,
1 El
pet i t e b 0 ur [; coi s i €
Tl C
pei, t
p;:, 5
re 5 p e c ter
ces
valcu2s.
Elle
slindividuc,lise,
If,é,j.S
en même
tei;cpS
13
résistance
Q
ce
phénop·:ène
est
encore
profonde
et
puissai:te.
I l
s'ensui t
un
dilc;:me
q~ü cr(e s,':;'- ~ e res-ioctre de l ' ir:ié'c,;:::.n.:::.ire ct dt:
SY1:lboli~ue t.ne situ"ti.on d'inte_llobilitr'::. Ta culpé>,bilité ('ui
en r4sulte
est
~ la mesure de l'(tau dans lequel se place
un
désirant
psychologique
qui ne
se
r~alise qu~ par des
compromis
mal
adaptés.
C'est
fort
de
ces
r~flexions suscitées par ma propre
expérience
clinique
que
j ' a i élaboré
ce
canevas
ù plusiéurs
thèmes,
pour guider
les
entretiens
psycllologi(;ues.
Nous
allons voir ~ présent
la portée
réelle
et
les
liffiites
ci ' un e t e I l e
dé i: El l' C Ji e,
Èt
t l'av (1 r s
sa
(",lise
~ l ' É:prE:uve aVE;C
la réali té
cJini'lue lïospi tnlière
~, Fann. (DaLar)
157
..
.~
:;' .~~
,~~,:;" .'
.,
:
. ':t-\\f':>:, A::~:;':~~:~::
..
.
,
E L E S
STRUCTURES DES ENTRÈTIENSI,(l:.r,-;c,·
<
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~., ..
, .. ~.
1
LE SCHEMA GENERAL
,,
cT' ai
prpcisé précédemment que tous
lé's' 'malades en
principe ont un accompagnant. L'acc6mpagnant est un membre
in~]u~nt de
la famille
qui a des rel~ti6ns affectives
avec
le n:alade,
qui accepte de rester à 1 'hôpi tal avec lui
tout le te~ps de son hospitalisation. Nous y reviendrons
au
CllélVî tre Trois
pour compléter le disposi t i f méthodologique.
Les entretiens ne sont pas systématisés, ni avec les
un~, ni avec les autres. Ils s' effe,ctuent:en fonction de
l'opyortunité de la situation et de~l'état .psychologique
du
malade. ,Nais
tous
les cas que
j ' a i ~u relever sont une
s~~th~se des entretiens
soit: ali~rn~tive0ent, soit ~imul-·
•. ,.., .•
-
·r • .
tanément, avec
les malades seuls,
les Îar;;i'lles seules,
...:
. ,".
les ~amilles avec les malades,
'.,."-' .
." "
-
l ' accolïlpagnant
seu'l ou avec le malade,
Jes visites dans les familles,
j ' a i ~t€ rarement s~ul
en général,';es entretiens se font
le médecin et le psychologue stagi~ire . (PS)
.. '
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.~.;". - '
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• ~ ._..;:
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En pl~s des ent~etienst je pr6fi~ài~:~~~s activités
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...' '",-' :~u ~
C onmunau ta}.res
pour raffiner mE;s l.1:YP,otJ:?:~~i~·:~:,~· aUs 5i-:bien: sur
le pro~il ~5ychologique que' le mod~'Ldé~frii~it{bnCïnt~afarnil{!~le:
C ' est
le p'1.n th, : les repas en c ~mm~n;':l~:s· ";~~;~~~~'e s:de ~~'thé ,'- -~;\\-
les
j eux --dg,· rô;l"e'S?;~"]ffi~,i"P~~ih tur'é'i~*i~,i~~~tri~~i~ri~~:~fi'~~
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158
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pr~par~, à part le canevas Cont je viens de pafi~~ au
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paragraphe
pr~c~dent. Ils
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le
}:Jetient
déJ.f1S
le
ccntcxte
circonscrit
par :~~~~:~~:e :la,~i~. ~~;~~,~'
l i a l e .
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~
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..
"
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"
Co .1'1: ,; P.
J. e
\\;'; 0 n t r e r 0 n t
.~ est r c i ~'. C Cc 5 Ci - a rT ès, . C. e 't te' :fa ç 0n ..
de
proc?'der Cl. pf~n:':is
d' obs"rver
lit
(;iveJsit~ des 'comportement,s:
des
fan:illcs,
selon
.1.cs
C
L!cltic'':.'c
,-:t
l('~: structures des
; ]
entretiens.
Lais
i l
y
éJ
:
1 ('; 1~ t r c tic: n
sous
l'autorit~
des
deux
co-th~rapeutes, avec la cUlf'rontation entre les
àifférents
ri;el'!bres
de
L".
:;'.;, i l ] c,
~'L'i t
cl 1 élutant
plus
riche
que
nous
intégrions
1('
1 «irc
ei.C'
co;,' ';nication
digital
comme
l'analocic:lle
ou
le
ft.cuTc,tif.
es
nuances,
les
intonations,
les
demandes
d ' a r r ê t ,
les
1!:8JlélCeS
('tnient
l'lus
significàtives~:.:>::"·
que
l'expression dif..'.'i tél,le.
!' ~1.1]le\\}reusf:~I:ent,
i l
n' est
pas
facile
de
rendre compte
de
tout
cp] <cl
p':.r
('cri t .
"
::.....
',r
r.::
~" ..~.'- .
2
Trois
cas
clini~u('s
l'our
i l l u s t r a t i o n .
" '
.-: . -.:
'.'
• .!
:,:
'.;:
••
"
....: . ~; ~
Je
propose
trui.s
rO ll }-
" clé1irer les ,'s.tructurés
/' 1 /;. (.'.
des
entretiens
et
les
~i': t s
1'.~ Ja.--' ,.1 é:jî t s
ou
rÉ'f~~entiels qui
,.- ':".
contribuent
à différencier les
COl<:I"''L1l1ication et. "le
.~" <
, ~...-
.
:, ..... -.
degré
de
compréllensiLilit:
(lu
CéL~ •
1-
(1·:.1.)
L'entretien
a
l i e 11
L",-: tôt
avec
mere
sc"lc,
et
tcntôt
l"lame
FAYE est un CCrçO!1
de
pas resté
l'1:colo
f'ra n \\~' ;:3. i s e
depuis
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a~n{0s.
.:'.
,- .159
.~ :.
.~-. . . ~
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,of.: .
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~'•.!:'
~~ -~ ~"
~
.:f·~ :~.·st:)~~ë~dii{t': p~\\r'sa mere ''pour délire mégalomaniaco-mystique
.. 1,q~·i<i~ii:.:,~,~rise:r:"(.-,~ne
entrée progressive dans
la schizophrénie.
,
, " - - .
,Nous :< o. SYLLA
~édecin noir et moi, le Psychologue
oS t.agiairè), :,' 'convoquons
,~~ malade et sa mère dans le bureau.
,
.
Le malade ,fume be,aucoup. ,Ce qui
suit
est un court extrait de
. ,. . ~. '". , - '
.
-
- ..:
r
l'entretieriavec Marne
et 'sa m~re.
, .
P.S.
. '."'.
Quel est
le motif de votre vi:=;ite
?"
La mere,
au lieu de
nous
répondre
verb~Jement, s'exprime
gestuellement
et en cachette.
}~J,lc incliê~ue de
la lrê-,in la
t&te
pour nous
signifier que
c'est
de
la folie
et
comme
ell a
su qui le P~S. ne comprend
pas
Wolof,
elle ajoute
verbalement et
à voix basse
"c'est:
tête",
accoJ::l)dG;:i.1(~ (l'un
sourire .franchement
s2rdoni~ue. ~enda'lt ce
tc;,ps,
le ~alade
délirait:
M.F.
:" ~ Je suis le docteur de Dieu
Je
suis
là pour
guérir ,'vos
fous . . .
etc"
A
ces mots ,
.:r.
la mere
l ' i n terrorJlpi t
t 0 talemen t
É:touffée de
rire.
",
ô .
~ ...:;:!.._}~< ~'" ~ '.~;:l.' ~,'
..
"
:, ~
.
Here: :" -TUùû~·.
fou-au-ou"
.' ."
Marne
s~~taif 'brusque~entBt nous interpelle, pendant que la
.,-. .. ..
'.~. --
mere r:l..àit"'toujours
en répétant
le délire
de
son f i l s .
,
,
'.
....
' . "
"
/ \\" -
H. F.- ~ ~ ':Vo~s'~'voye~z
regardez
c 001;' en t
elle est
c'est
""élIe c.;qùir'm~a rendu comme ça."
,
,
Tres
t~uc~~e, et interloqu~e, elle qui feignait de ne pas
;.
\\ '
;
~édouter·~.Y; , coupa net son rire et d'un ton grave elle
répliq~a',: '::' "
•.....
.~.
: '-.' .~ -" ~ .;.: :.,"':.-. ~
:::" -.
...
\\ }lere ,,::<", ,.'Name, 'c'est à moi que tu dis ça
Que n'ai-je
."
,',
;pk.s"ffiit pour'.:tô'i,
surtout
depuis
la mort de
ton
"p~re ; '-tout cèque tel voul2.is, je te l'ai donné;
"
'.
,'L~n revanche hi 'ne rn 1obéis presque jar:eais, surtout
"<",-:·~S':~~ .~:
,,':.. ' , '
, ' c ' "
.
ce s ~dérni cr 5
temps
aI ors
que
tu as
tout
pour
"~~~+~~;~'~s,,s,~;~i~~
.. ,eti"*
,;~::~' ~:,,~";~ri~f~~i;"~l~~;
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,.·;-,,":.~-~j~~fF~~~:·ç;:~;E;:~?:i.~?~",
A ces mots,
Lar.1e
se
laissa prendre,
et
ses
la:r:més~:::"c..oJnmeri:ç·~ië.ntf:/'
.
~ i: :"~.''':''G.: l.';...:.•:..~:....,~_ ~-. ~_:' :::.,,_" '.'>-'-:O:~
à couler.
Cc
cor.Torter.,ent voulant
signifier 'le·:~tOrt;\\\\éi·o·n·êJ.'~:-:':.~~"(;Y-
.
.
..
-
... :~- ....~
' ' - . ' ' ~
~
~.:
," ... '
"
.
reddition.
C'est une
attitude
figurative
autodiscfualif'ianfe.,
La r;;ère
saisit
l'occasion pour enfcncer les
clous,",vu que<
,
', .. t. ~.
Lame
se
sentai t
manifester;)l~'nt culpabilisé.
- ,-~~~~;;"';",;r;:~~;:<~;,:: _,
, -', ;':
Vous
les
enfants
de
la nouvelle
gC:nérati'~~:'~:,~~~~~;~~",~·~;;,
n'ave~ aucun respect pour vos
parents
~tles,ages~~
Vous
etes
incrats ••• "
"
,.,' "
T'.S.
"
:Ne
rensez-vous
pas
que
l'';ar;',e
dit
ce
qu' i;1.pense
réellGlî;(o:nt
sans
pour autant
vouloir vousoffen'ser ?p
Elle reprend avec viVûci té,
COI~];::e pour dire et nousr.eprocher
de
prendre parti pour l'ar~e.
);
l'1ère
"Vous
aussi,
vous
croyez à
ce
qu'il
d i t ? Mais ••
l'jane,
,'isiblel"':nt
embarrassé,
se
leva
se
tourna vers nous
quelques
secondes,
et
sortit du bureau sous
le regard apparem-
,,,ent désintéressé de
tous
et
reGagna
sa chambre.
C'est 'alors
que
sa mère
qui
est
restée,
essaie
de
nous
acquérir à ,sa
cause comme
si nous
l'avions
accus~e.
101ère
"_VO'uS
savez,
docteurs,
J,lame fr,ent
j'ai,tout::falt
pour lui,
mais
i l
se
promène
avec de niauvais'camârades:
i l s
fument
le
Yamba
(yamba = chanvre ind~en) ' ; e t .
moi,
je vous
dis,
le mal
c'est
ça ••
oui,"le'~chanvre ';
ça
fai t
tourl1er
la
tête. Il
. ~.: ~
··':7:·~.' "-: ~~.
_. . ..,.~-
Un long silence
s ' i n s t a l l a . Et elle
reprend,
en +~~~...:.~,~~~,~.
une astuce
par l ' {vocation du symbolisme
traditionnel :ci'e's "
.'.1
repères d'identification
les EAB,
c'est-~-dire:les;~spr{t~
."
:..'
.'.
ancestr:,ux.
. :.~ :J~.
:"'>.~ :.-..- .....
",
<"
' : \\ • •
J.ière
Il
Vous
savez èocteurs,
l':arne
et
son père~';~ê'f,é;t "ta"o.. :·,·.·...
même
choé'e.
Son père
était
têtu aussi,·.;j ~ib:ag:a:r·~eu,r.·:~.:.·.~.i-.<
si:::::!:~::::~:::~:::~:::t:::~~:::::ii1llilli!!!i~~~
Un long
deux ne dit
mot,
elle
continue.
~t~Qo~teurs, et les RAB, ça ne vous dit rien ?u
...•. .
-:~.'
/,' ~:..~ ~:' .
. '·.'L 'un de nous
"
Oui
mais
Qu'est-ce
que vous
en
pensez,
vous?
"
"
On m'a dit
que
vos
m~dicaments ne gu~rissent pas
bien
; j c vais
essayer du
cat~ des marabouts
Allah (Dieu)
seul
gu~rit ces trucs là
les
;maladies
de
la
t ê t e . "
Rous
remarquons
sa
tentative
de
nous
disqualifier en minimisant
la portée
th~rapeutique des m6clica~ents et en majorant celle
des
marabouts.
Nou~:3 sentc·ns la proyocaTicn,
i~·o.is nous ne
'cédons
pas.
Nous
restcn~ le ;"oin5 pc'dacoCiCjucs
et
le
rTicins
interventionnistes
possible.
Car
l 'hyper. inteTvsntionnis~'e
pourrait
signifier que
l'un des
protaconistes
est
pour ou
contre
e l l e .
Mais
une
telle
é'l t t i tude
nous
peri1'(:!ttai t
de
. mieux voiler l'angoisse de
notre
impuissél.!1ce
et
de notre
ignorance des
interactions
1al;:ilio.les.
,
,~.
....\\ ,'~"
'..'Cornmen taire
:',
Les
nombreux entretiens
que
nous
av en ,c::
eus
quotidienner.:ent
':,!,,'
~ontrent que 'le dire est une chose et la réalit~ en est une
autre
c'est dans
la
confrontation des
inter-subjectivit6s
.~~olorées par\\la f~ltas~utisation des positions des uns par
' " , : ,
• •
•
~ &
'j:'apport aux autres dans
une
situation
qui
représente
le
mode
'. ae··.·relatio'n natti're'i 1a'l,ilio.l (}1.10' nous comprenons mieux les
~~iffér~ntes ponctuations •
.,'
Ce bref "ex tra,i t
nous
a
r.lOn tré
le s
tentatives
subtiles
'~.:~:' .
,~',;,;pour faire 'de nous un allié pour Lieux attaquer l'autre
..~~,~~r~·tagoniàte/:p'end;:;,nt que Ear;e nous in t erpe lIa i t verbalement,
~-:,;,~~~:-::l,,~:o,r.nèreno{j:s;':l~nç~it det: clins d'oeil. Que devait sig'nifier
'.:: ;·Wo.tre
s:Ü~nc~''pour eux ? Ce ",ode de cor;;liiUllication figuratif
~"C'o~.~~:::~Z~~:I~:'a~::S:~a::::~e~e par sa
de
"-,,_. .
-
i;·~,~.(.,:
."
";·.~.;.~il.~.,~~_i.~.:;;~'~fi~~
_
_
:- -~.~ :•. Il'r." '. {~~,
.' ·:·f ''-';':'
~.
-
.~ .....
-
162
Le
remarquable
c' est
lé1. manière .::,vec
18.queJ.le
la t,1ère
arrive
2_ b_'_oquer douhlc!ien t
le
f i l s
au point
de
le
c c'n traindre
à
sortir de
IR
Bé1.l1e
"tu m'accuses
de
te
renclre
fou
alo~s
que
j ' a i
tout
rait
pour
toi
pour que
tu
J
•
fi
reUSSlSSC:S
•
Pour le
f i l s ,
un
tel
double
blocage
exacerbe
la
culpabilit6
et
le
sentir:lent
de
di'valuation,
sentiment
q u ' i l
pourré1.it
exprimer ainsi
"je
suis n1:l1heureux Èl
tort
je
devr.:'\\is
être heureux. li
Et
CO::I1::e
ce
genre
de
sent iments ne
se
clccrè t e
p2 s,
l' is sue
parait
aussi
incert.::ine
pour 13
santé
de
la victir;,e
d'un
tel
modèle
de
cor,il11Unication.
Sous
un regard anthrcpolo~iCue africain,
ce
~odèle
parait
encore
plus
destrllcteur.
Ici,
l'accusation est
toujours
port6e
contre
les
forces
SGcioloCiqucs
agressives
18s
sorciel~s, les I:~agicicns, les :;1éiT3bouts,
etc •••
Ceci
se
rait
pecr
le
trucllel:cnt
de
la projection
pcrstcutive
paranoïde
("!I:LIOT JACQUES
in
"Psychologie
sociale
Textes
fondamentaux
anglais,
ar:éricains,
A.
LEVY
) .
Dans
ces
conditions,
dire
du mal de
sa m~re est une
façon
de
l ' assir,:iler à
ces
forces
extérieures
du
mal.
La mère ne
peut
pas
le
tolérer,
pas
plus
que
n'il:-porte
qui
d'autre
de
la
famille.
Le
combat
~tait perdu d'avé1.nce. Le dcipart donc
est
sicnificatif à
cet
6tard.
D'ailleurs,
le
grand
frère
que nous
avons
pu
rencontrer,
et
qui
est venu
quelquef'üis
p?sscr la nui t
;),
l '11Ôpi tal,
a
rejet{
les
accu-
sations
de
~_ame en disant
"r.;aman
s ' e s t
occupée
toujours
de nous."
On ne
peut
péèS
s' attac:uer radicalenlent
R un système at.:quel
on appartient
on ne
peut
p35 non pJU5
métacom:::uniquer
sans
le
support
Gj)ist6molog-if;ue d'un
élément
ext(;rieur.
-
163
,..
' · t ·
..•• <i-.-:"'\\ • . • •
- .~.:';:
A··
-
I~·t:~i
-:~~.~;,~ _"':: .;~.
;.~! :,:.
1
'.
'
I l faut
si~~·~er··~~:;.à·là·~,:~~·ite··de.cetentretien, }~ame
•
·'J:~•.f·~:;1
.,;:.~:
: ,~.
. .-'..
-.. ,;~'
;' -".
-
a
fugué,- et depuis'· i l n",:est :plus re've'nu à
l ' hôpi tale
La mère
prétend '~u' elle i'~"aenv~y~ c'hei un marabout en province pour
le faire
soigner~,>'"
'"l
~
. ,
• ~ ,
..
....
'
.- "
~.~...
Le modèle du~1oUbi~bloca~~ que_montre cet extrait est
";':'.)"
'"
'.
"
celui qui régit
{e'~rrelation à la maison. En effet, les
attitudes de
la ~è~e'oritchoqué plus d'un observateur à
l'hôpital
son habillement,
ses
propos,
son indi~férence,
sa froideur ave c --Hame.
Elle parai t
guindé e
et
total ei'·(:'n t
altér~e par la vie moderne mal assimilée
que
l'on rencontre
dans
les
grandes villes africaines.
A cause de
la mort de
son m2ri,
elle a
mené
sa vie d'une
certaine
façon pour
nourrir la famille.
"Je me débrouille pour payer l ' é l i e c t r i c i t é
et
l'eau
courante
ainsi que
le
r i z ;
mon mari défunt
a
un fr~re qui fuit
ce
qu~il peut mais ·c.'est ~nsuffisant.II
Ce mode de vie mo~dain qu'elle a adopté a été conf'irrijf~ d8.ns
.,
.
le service.
Ellelç~~erchâi't à savoir si le thc:rapeute aV3i t
une vci ture,
s' i l ..:,~9uch~i t
beauç oup .d:' ar zen t,
etc ••
~~'~:~;;r~ ~~;; .,~. '. '~?" {" ~ ~-.
.
,,- -
.
Des
tentatives de.'sed.uc,tion .tres. habiles
qui
trahissent
son
.~~..::-:- J.' .". ~ ~".~.
,-
mode de vie
et
l~~at~re des rèlations qu'elle a avec ses
.: .....
enfants.
"';.".•..
.;....
Il "T'a i me
1 e s
a-t-elle
ccnfié.
Le
complexe p,?mmunicationne.l qui
régi t
l~: vie " la maison
ne
laièse pas
inditféren~. C'est un véritable poiscn. Il i~pose
une certaine manï~'re de":pe'rcevoir uné~réali t é :-;LÜ n ' est plus
celle de ·:tous.
Ei}~',~-ét--"e':t'ortu;ée p~:~r servir sa CEl.ll8'2. La
réali ~é ~st que 1-'~:~~Irie ,~~ :l.1~e· 'm~r~:~'-qui se~ fai t l'c,sser pour une
mère
." exemplaire·::.9ui,l ~·aime~'.. (:qui :~, s ' occupe de lui",
.'
' .. " ~ ",
--',
",ais· qui "refuse de:',:se .l~isser dire et: voir COrIilne elle est.
Elle
jou~'une faui~:;:;·\\~a';'rt·~ 'd'idéntité' qui brise la spontan~it~
::~::;~'::;::7~iit;~a~~irtè~ontexte ~africain
~~~~,~:r;'~';'4:" ' . '.J;'~~:'.)i ..
•
......... ~-t
.~:_::-:
• 4'~_'" "
-
-164
L'injonction implicite
lancée à
l'enfant
de ne
pas
oser
être
irrespectueux
à
son
égard
coince
ce dernier
entre
son
vrai désir d'être
ce
qu'il
pense
et
cette
obligation d'écouter
contr0 vents
et
m2rées
la ~jère,ïigurant la loi après
le
décès
du père.
La culpabilité
qui
rfsulte
de
cet
interdit
inviolable,
engendre
ce
c,ue nous
savons
du
délire de Ï';ame
l! illusioncl' être
or:mipotent
"dieu"
pour
"soigner
tous
J.es
n~alades du service".
Deux <:ll,tres aspects
qui
se
Eourrissent
de
ce
cas méritent
d ' &t r e
5 cul i C:n E::, :3
le
pre i i e r
c' est
cl" 'li n
r: e ". br e
i 11 f lu:: n t
et
de
ce
fait
particiI)e
des
tr:::Es2.ction:::-,
fa. ili8.le5.
et
les
rècJes
qu'il
(1'iC8
restent
=:.vcc
les
protaconistes
eu
lE:s
pionnjers.
"T
.'.e
rab"
du
1"(-')'e
i c i ,
est
5 ignifia.n t
paternel
rlont
J<al'~e est le repré:senté::l.t s}'n:bolique. l.e deuxièn:e
as pe c t
porte
sur
la
qu '-' s t i on du
bouc
él:li S saire.
Le
père
f'avoris €
la
mise
en oeuvre
des
mécanismes
de
projection des
aff'ects
agressifs.
"Il
est
comme
son père.",
d i t . e l l e .
r: t COl:, rn c sic e c i 11. '"~ su f fis ait J. as, e l j e 5 e ra mP11. e "
l'::t ('. t Il 0..1 i t 6 .
Cette fois,
la
projectior~ l"orte Sllr le chanvre
indien,
que
tous
les
adolescents
sont
censés
fu~cr. L'habilet~ avec laquelle
elle décline
toute
responsabilité
ôr-'.ns
J2.
lT;alaclie de !';aii'e
et
essaie
ùe
nous
acquérir ~l sa co,use:',
dcnne
12 1'1CSUre de
la manoeuvre
de
déni
qui
car2cb'rise
l ' éconor:ie
de
leur
rel8.tion
cor,plÉ'menta'ire.
C'est
ce que
"T.
I-LtUJ;Y appelle la
"déîense
cont.re
le
blÊcôl,e"
l'enfant J::ontre-t-il
des
symptômes
cela vientd'on ne
sait
o~
c'est
toujours
la
îaute
de
quel-
qu'un ou de
quelque
chose d'autre.
De
cette
munière
elle
échapr~ RU blâme.
- 165
2
-
Cas Mamadou DIAGI\\'E
C'est un cas d'entretien avec
le malade
seul,
puis
avec
la m~re seule.
O.
SYLLA
t·,édccin noir,
et moi
le
P.S.
sont
les
th~rapeutes.
. .
' î
r'i .1--, •
est un garçon de
28 ans
i l est ancien malade
du service et est diagnostiqué
schizophr~ne. Son discours
est décousu sans
aucune
strat~gie linguistique
i l présente
des
sensations kinesth~siques qui
trnversent
ses veines
et
de
l ' a i r qui
souffJc dCC.'·lS
son vent.re.
La dysIO'cmorp:hologie
est manifeste
li~é~l;.qUE' d'unitE'- corporelje et de cocrdinc~tion
des
0 r g :.-. l F. S •
'~Il ·V a
COFjr::~' C1e~
2.i-=·11.il~c5
C~i_~l lJ01J~:e~'lt
d'=L!'"lE
;-,-·(::;-1
'V81Jtr'c
et
(lU
sper:::Cl.tozoïc.ie da;lS Lion sanc:".
ai n· G - t - i I r ' ; :r {. t ;~ r,
l e
,c" i S éL e i ,;. p '2 r tu r b ab 1 e •
,.
T" .
•
' J
n' a
l,lus qu.e
Sêl
rn~re
son l'f:.'re est mort qUGènd
,
i l avait
12 - 13 ans . C est le seul ell ce l::o]';1cn t. C'• 1 'hôpital
S2c]~S acco:q;acnant
ce
qui) de notre
roint de vue) est
E',ic;ni-
ficatif I1IEÙS nous y
reviendrons.
C'est ar-rès
quatre
semailF's
de
soins aux neuroleptiques et une
série de
six électrochocs
que
nous
engageons l'entretien
dent nous
reproduisons un
extrait à un momGnt
00 il est possible de discuter.
J'< • D.
f r a l'T C'
e t
r e n t r e.
l I n ' a
p 2. S
été c c, n v 0 q li (è' •
Nous
croyions
(().
S'l'LiA et !I,oi)
qu'il venai t
c::-:core demander
un perr;:ission de
sortie,
comme
i l
le fait
d'habitude.
Il
n'en était rien;
i l venait
exposer des
problèmes
très
sérieux.
L'entretien allait durer près d'une heure,
de façon spontanée.
FS
"
Qu'est-ce qui
se
passe
LD ?
"
MD
"
Rien • .Jc. voudrais
parler."
Un silence
Puis
PS
"
A propos,
ta maman que nous avone
convoqu~e, n'est
toujours
pas venue."
166
" " f , ' ; -
demandons
Puis
i l
co m;-·en ce.
.-,
J<D
'-~
"
Je déteste ma mère.
Puis
i l
tire une grande bouffée.de cigarette.
Cette
phrase retient
évidemment notre attention.
"
Tu ne
nous
as
jamais dit
ça."
Le
m~12de n'e~t pas tr~s bavard d'habitude
0:1
plus nous
s~,-ions qu~ l'absence de la m~re et d'un accompagnant avec
;::':, eEt
charg(~e de sens. Sa mère fait du commerce au marché
de
5andaca
i l
était donc
intéres~ant de' savoir comment
i l vit
et interprète lui-m@me cette ~bsenrie de soutien.
', .. ~
-
,
.A.}:;rès
U]1
silence réfléchi ~J ç~lculé,1.ear cela se voyai t),
·7-~··-';)·· _._:;:..-~:-
-',
~J::
"
i l
C Ommejî ce
à répondre dans ,un-long ~ono~Qg~e pathétique
~ .;: .... . ~
. . . . .
.....: ';:."
, '
:F:C
fi
Oui,
c'est vrai
j e n '..eri-ai)jama'1s parlé. Après
la mort de mon père,
je. 'n' a:i"'-,pas \\r501,l1u que ma:\\mère
sc
remarie
;
je voulai~Lqu':el'lE1r:~ste à ,la maison
ct CJu' elle s'occupe de~mo'i ~'~zÉlle!}(rompaitd~ jà mon
père de
son vivant
;'j~~:le ·~s~~va:i"g::.~~·Après .fa mort
de
selui-ci,
je voulai~ 'savoir~sJ,: elle tenai t
à
moi.
l<ai s
très vite,
quelques, Joùrs' ,après
lamor't de
Illon
père,
elle c ommencéà fl'l.rter ".J en' aiOl'ai s pas ça ••
_
l
" , _
_ . :
.
' : :
",~: 'i.
.
rn:,',is
elle continuait.
~:.,~~; : ..0
....:r.. ·.i.
Un
jour,
alors que ·je 'reYe~~ii'~d-i~une promenade avec
- ~ '-
' ;
.,.,'... , '::',~:-'
les
copains,
elle m'a -annone.e. 'qü,"elle va se· marier
avec
l 'homme avec
lequè(;"E~Ü:e. :v':Ct":,jin ce ,!fIoment.
Cet homme,
je
le détes.~é,~.éa:i:;:,c',~e··~.;t:.-'avee.fû~ que
Tôla mère f l i r t a i t
du v·t:va:n·t/él~e.~:'rnoI:i~~-\\:père.;:~:::':;
COIT:J1'ent cela
se
fait-:·n::}~iJ.'f~~iie.;'i::~~~pouse."~:.~.
v~~~cd:;~;:~~~~:~~i~:~:o~~~er~~m~e,
Sa
et
on
~ "'TI tél i t qu'il _,é xpri mai t, S":fAêé?~:m"~ni>::1gtEi:s. sent i~;én't f, ~:,
y; ';(";~~lj~I" i,:~~t:;,~'i'
.." ••-....
•
. ' <....
•
•• ~.~ • ."
- 167
0 '
c_
Ses
larmes commençaient à
couler.
quand i l
eut
fini
de
pleurer,
i l s'essuya le visage,
path(tique
et pitoyable
se leva sans mot dire
et sortit.
Nous
rest~mes cois,
pendant quelques minutes,
sans nous pz:trler,
le !.;édecin et moi.
Sur le plan psychanalytique,
cette
conduite ssrait
considÉrée positivc,"ent,
coml::C un insight,
une prise de
conscience.
Il y
a
eu restauration dans
le
chafllp de la
conscience d'un v~cu traumatisant refoul~, on pourrait
ajouter,
sans
lequel
la maladie n'aurait pas
eu lieu.
C'est un bon signe de
cu6rison.
Cei,enclant
]\\:ous nous
quelle
serait 12 s i t u, ;~: t ion
!:" i
1 a
li: C," :c c
ci t:::è i t
pré s E' 11 i', e,
C ;:;T
no U s
s Cl vi O]l S
Clue c e n ' ? L,t i t
pas un ~,,:J.ire. I:t n0~; eni:rctjc~!.s élvec ",,::10
(1,,: LèTe) pêtr
1,,:
sui te
1. '.ont
ccnfirr:2.
Un ,,,utre
jOllr,
la n:Grc
lUi.
cLnvof;uÉ:e l);trce cp,le no\\.~s
vou 1. ion s
<:, c cor r:l e r
ij
s Co n
fil sun e l' ('l' 111 i s s i 0 li c1 e
sor t i t' ,
"
a fin cl e p nS p 2 r P. r
son ex é a t
d é fi:n i t j, f.
C' est un c; 11 c: bit u cl e
2,
Fann que de l'roctder ~linsi, a'va,Et lél sortie dffini tive.
Dans
le Dureal',
elle s'est montr""'c
très peu loquace,
et
nous nOUG
SOrTli"es lleurtés ~è une résistance
inSUrITlontable sur
la question du mariace.
Ce qui a
frapp~, c'est sa froideur,
son silence,
ses
esquives.
Apr~s les salutations habituelles
et
sans mêr:le der.-anc1er les nouvelles actuelles de son fils
elle nous
pose la question Suiv2Lte
I<ère
Est-ce que vous E' allez pêc~' r:1ettre Ip\\1 cc'urant ? l'
C'eEt
le
seul moyen e~ficace, sinon i l
faudrait
le
garder ici car & la maison i l m'emb@te et emb@te
aussi les autres.
( l
\\'
t "
"e couran.':
~
fann ces
questions
sont
courantes
les
accompagnants qui se font des
confidences
en sont venus
2. penser que
l'électrochoc est le meilleur remède.
'.'.'
'.~-
.. /.
Courant = ~lectrochoc)
,-
'r
168
question
. '.'~
.~, .
~ r-
'.'
....
'-"
~ ,
,-,
..
.>:: ~:..~.. :- :~...:.~::~.
•
_. -.;- - -' ..
r<ère
"-Doc teurs ',:._; j ' 9-i"·:toui; fai,( +.~J·\\~~i\\~par·~ouru des,'régi ons
en t i è re s,:' j'ai" 'vude s
màrab'ou t s ~:,poU:r J.iamaciou, :,en
vain;
j ' a i dépensé
toutc,e:que',j'ai.
Vous comprenez,
ce n'est 'pasde'la mécharice'té.'.·n
~
...
Cette attitude d'accusée qu'~lle prend est significative
de
~.('ur fLede
cie
com!iunication.
Nous
prenant pour des
juges,
elle
croit devoir se
justifier. Mais
tout cela faisait
partie
des d~fenses qu'elle a
érigées pour contrecarrer les sentiments
de ;")
~~1~r2~~' avoir mystifi~ le d~sir de ce deri1ier de ne
pas
la voir renlari~e, elle tente de la maintenir subtilement
dans
son
giron en faisant
semblant ,de
s'occuper de lui
..
'
" j ' a i tout fait
pour lui"
"le courant".
J'jais
elJe
se
trahit
en demandant .de le
"garder "
l'hôpital
p<.irce qu'il
l ' er.,bêtè".
En dehors: de;toüte
considération,'
morale,
le
cynisme '.de
la~.Mère est:~r~Y~ltant.>'jais surt9:ut-
son cyni 5 n,e
îai t
r'e'~ s ort.:Lr -le ~ eri~>·-~.~:i;a:;·::~ou-ffranc ëà;;" }1p~'-
~,
-
'.: "
pas
"le
pour saL'VET l ' équil~bre. du 's?;stèm~- .qui :s ':est ,consti tué
<-
depuis qu'elle a
commencé à
flirter-·av~~.i'homme avec qu:i-elle
~: ...
vit aujourd'hui.
. "t
.• ~
"
.
, _.
-
.-. ~
-,
._'
.i.
....
.
,-
:"
' .... :;
" l . .• r~v.~._ ~_'::":"'''';.'~'
....,.
..'
... -
. '
...
"
".;"4
Du côté des
therapèùte-s', "il~u~f<Jt.~'(-Judiq.ieux de':::tenter
',.
';', ~ -~ . . . ,."
." .~.~~~_.~ ~;.~~~ ..... : ·.-.~I:"
.~;~,
.:'
.~ . ''? ' .~"''":.:~7--
de
les
confronter dans '-:lne',même uriï:~i:!:;,tE?~poro';'spat-ia:l~:
•. "Nôus
~".'
......" . . ..
~.:;:..;. .:':".:'"':'~:'~=':-"'"::'~.'.' -:'. ~.;' ':
..:
.':J ......-::" F·
n' 2vans pc,s
osé _parce que 'ce - genre',élë --:iraVàTl:-.nenousA.t,il t
:;:t::~~~~e::ffi;~~::;~:;.~r~;~ç:~~~~~~i~,~~~~~lt~~J;~~lé
par le s
s truc tures ~-=-ài1thr.6pologiquifs'::'::.<ll,fë;P impl'ica-tioïi:.,;pè';;'';;.;
la famille s'est: a[ïét~~{iirfî~~i~~'~;:'~~ i1i.~~~.~.
'"
-;~..
..••• :,.... -.;;
. ',' ,.+.
:: ~...
'
: .•.
-
169
En tous
C&S,
cette d:'r.arche
fc'urnit
la meS1"r8
de
1'ir::portance
sociél.le
dans
la
compréhension des
comportci"ents
p:thologiclues.
r'ous
venons
de
présenter deux' observu-tions
qui
t~èntent,
au t an t
que
po 5 S i b le,
cl' i:, pli que l'
les
re 12 t ion s
far.: i l i a les
et
leur
inc idenc e
in t erac t i onne I l e.
Le
co,s
sv,i van t
se
prés en te
diffÉ:remment.
J-
Cas
Sangoné
DIf,
(S.D.)
et
médicale
'lui,
a
notre
avis,
r,'duit
con~;idéré,b1(.. nt
les
éléments
SCoCi'l.UX de
con:préllension.
Sa
lectul'l" ]:'erI1wt
de
rn e t t r e
e!"i
re lie f I ' j, n t ~. l' ê t
d e I ' i rr: pli Cé.l t ion
f>' i 1 i ale
dans
l ' observ,cJtion
CCH!'i e
dans
les
deux
cas
pr["c(~c1ents.
I l
soulève deux
questions
qui motivent
notre hypothèse
l'indigcnce de
la dé;,arche
2nalytique
et
01.1e11c,
ct
cel! e
du
modèle Il](~dica1 d' investi b 3.tion ct de r:re"5C'Jl~ tion
psychiél.triquc.
Là 3uss,i,
du fél.it
de
J2.
ncn-~::'stJ;-~,~'iSéttion
de
1& ni&thodo10gie systé~ique, l'analyse reste essentielle-
ment
méthodologique
et
~pist';'li!olociClue.
S.D.
est
un garçon
de
JO aRS
nO
6 S'; 9. I l e 5 t
an c i en
malade
de
l'étage droi t .
Le
pr(";;',ier É-pisocle
rC!~:ol,-tE: a
quatre
ans,
~l lu svite d'un "jomi" (r'e;,ccntre avec un L':::;,uv2.is
i l
ét2.i t
2.1ors
dans
un 1;,-lS
v,-rs
deux
heure s
du Ilie. t in
i l
vC:'2.i t
des
poussins
innon,b::,';:,',b1es.
A cette
période,
i l
avait
obtenu
sc·n diplôme
de
C.A.• F.
de
CGli!ptabi1i té
et
étai t
D
lé'!
recherche
de
tr~~'.'ail. La
première hospitalisation a
Fann s'en est
suivie.
Cette
fois-ci,
par une
logorrhée,
une
agi tation l,'sychomotrice
et
un dé1ire
importnnt
et
polymorphe.
-.. -
~Ses' propos sont incoh~rents, discordants et r~v~lent une
tentative de rationalisation intellectuelle. Le délire est
peu structur~, inorganisé et aucun thème ne s'en dégagE:,
i l Y a une notion de dissociation schizophr~niQue. On
apprend auss i
qu' i l a
fur:;.{- du
Yamba
(chanyre
indi en)
et qu'il fuyait
de la maison.
Sur le plan fan;ilial,
on notera que
sa soeur et son
fr~re ont ~t~ hospitalis~s aussi à Fann. C'est ce m&me frère
qui est son accompagnant.
Les infirmiers
l'appr~cient parce
qu'il travaille beaucoup pour le
service et aide
les autres
r.;alades.
Ses parei1ts
se
sont s~parés quand sa l'~ère êcVélit sa
grossesse.
Les examens somzti:.iqu':·s
S011t
n/g:,tifs
Diagnostic
fond d:isSGcL,ctif,
tr,:i tei ("nt
larcaetj 1
deux comprimés par
jour
]', 0 /~ inan
10(1
un comprirn~ le soir,
Halopéridol
un C c1niprimé
le soir
Une série de six ~]ectrochocs lui ont été administrés.
A la lecture ct 'une telle liche psycJ:iatrique,
on peut
s'interroger sur la nature des
informations qu'en voulait
faire passer.
Il est vrai qu'on ne pouvait pas
entrer·
facilement
en communication verbale avec
lui,
CClI' son
discou~s ~tait inaudible et incompréhensible sans Clucune
sui te logique et
Sê.U tan t
d'un tl, èl:,e ~. un élU tre a.ve c de
~; ·nombreux néolocis!nes.
Lais
en rev3.nche,
l ' in:plica tion
_.'
de
la famill~ ~tait possible. lendant toute son hospita-
lisation,
aucune personne
ni 18. I;-,ère rd
le père,
n'a
mis pied à 1·'h6pital.
Cette absence en soi
est une p~role,
;,;,; ~
~ .~.
~~~~~~;~'\\J.n--,,:,:l:a~gél:.t?':~~i;i;,~~lUi de 1 r indif'îérence et de l'abandon.
f'" . ,.~ ",
lh::'
',.....~. ,., .
~~-',~:"{:.,, 'y
•• ,_ <t;.
=..' ,
• ;.,.
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" " ; \\
~.~":.; ~ .,,'.'
'l.":- ••
-
171
-
.":.
'
~
. . . . . .
- . - : ; .
; : .
# .
. . . . . . .
>-....... ~ •• -
'.1
Et c'est de ce
côté
que la compréhension aurait pu être\\:{.,:· :i(~~:'
. ..;.) ::, - ~,..
;
possible.
:'. :,_. :_". .;
..... ~t~"'F'·'·;,,·
...
-.......- .
KOlis aurions
pu,
si nous 6tions en contact avec l a '
~
famille,
cerner le mode
trêonsactionnel qui régit
S.D. 'et
. '.
sa rn~re
lui et
son p~re
son père et
sa mère
;
et
~~-~.. ~: :
comment
l'ensemble r&agit
le s uns avec les autre s. 'Cet te:. -; ..
d~marche a été d'entrée de jeu. écartée
i l n'y a
même
pas
eu d'enquête de
l'Assistante Sociale.
Au lieu de cela,
nou~ nCU3 sommes emprisonné dans la
conjecture et
la problém?ti~ue Fsychologique posée par la
séparation précoce des
parents
et la présence de deux autres
malades E~e:ltaux c~élns l~: îa~i!ille. L'étiologie héréditaire
a
été avanc~e. C'est l'occasion de rappeler la d6finition
que BLEDU::R
(:c) donne de la schizophrénie en 1926 au congrès
de Genève.
"la s chiz ophrcinie est non 5 eu lement une en t i té clinique, ....":.
nlé\\is
ell
mên~8 tel~ipS ll11C 011ti tG anatomo-pathologique".
J
..
...
~~,
- .
(in P.
FEDIDA
le concept de
la violence,
p.
95)
..
'
..
Une démarche
thérapeutique gnidée par uhe vision selpblable
obstrue la compréhenE.iÎ on au lieu de
la favoriser.
Elle
:,""""'.':
,"
satisf8.it un certain confort intellectuel et
idéologique~·.<
'.
san oS
peur GlU té'.J1 t
ar:)ort cr ct e
solutions.
Dans
ce contextËi;:
on pourrait dire
S.D. est victime du sort divin;
on n'y
peut rien
on ne p8Ut pas
transform~r les gènes et la
... .
,
biochimie corvJ.c2...!.e,
etc ••
Elle
condamne d'avance par l~ ..
violence conceptuelle ~ laquelle s'ajoute la violence
. oc
initiale des
interactions qui minaient déjà l'existence •. "
Les neuroleptiques modifieront quelque peu la symptomat~~ogie~
mais la ncn
il'lI.Jlication des déterminants
es~entiels n'iric_i:te.
i l est venu 2, l'hôpital.
~
. , ! ' ,
•
-
1r-7.2
L'autre conjecture non moins violente aussi est de
nature psychanalysante.
Le Îonctionner"ent
et l'État psychique
actuel de S.D.
sont une r{pliqu8 en double de
la
s~paration
précoce des parents.
Quoi de plus logic,ue que des parents
séparés m8ttent au monde un cnfant qui
sc
dissocie
qui
se morcèle.
Il n'6tait pas d(sir~ et la vie extra-utérine
était essentiellel'~nt un deni de sa personnalité.
P.C.
RACAMIE2
dirait que
les éléments symboliques constitutifs à
sa
"pers on na t i on"
on t
fai t
dé fa 11 t.
\\'HNNICOTT évoquera un faux
self ou self clivé initiale~rnt. nEFG~nET utiliserait son
,;;odèle crLstalo[T2.p}\\i ue l'our dire
que
la
structure de S.D.
était déj:, psychoti(~1)(': <:?t c~u'il
2.
suffit d'un triJ.ui!'octisj;:e
~)our que les licnes de cli\\~ace pr,"structurc's cr2,qè,èent.
mois
les voies
cl '~."ne
interv,'·ntion
thÉrapeutiqul'': ne sont pas
la r g es.
r:arc on t r e, sin (> use Il vis" C- e onsIe Ir: 0,1 a cl e d Ct n s son
cadre naturel qu'est
la famille
les possibilit~s d'action
sont ouvertes.
Ln Afrique,
i l suffirait de définir,
apres
une
enquête sérieuse,
le
lieu affectif,
le
lieu d'attacbement
du patient
en g~n{ral c'est un travail de puzzle,
un labyrinthe a
cause de
la multiplicité des fieures
qui
sillonnent
] a
f3-,',i1J e.
Car le clélil'e,
le
cornporte:;lcnt bizarre fi
incompréhensible représente ce qui
est là.
Il suffit d'oser
de
la souffr;'tnce
E,' {'clairent.
C'eE:t dCL!1s
cette
opti(~ue que nOUE prése~;tons dans le
chapitre qui
suit des
cas cliniques.
Décrire COiî'f],ent une
personne
ou un nexus de p:rsonnes agit
ou agissent
en fonction
l (: 5
uns des z, 11 t. r i? S t
d p P ~1 S S e
en,', u Cl l i t f~ 1 ;01
con ;= i d l' rat ion des
mobiles d~c~ar~s
des
intentions
et la recherche des motivations
inconscientes
C'est un modèle ~pist~~ologique qui rend bien
compte des m~canismes patJlologiqucs des interactions spécifiques
à
chaque
systènle
en y définissant la position àe chacun àes
protagonistes
les
désirs
et 185 attC'nt,_s d'auto-confirrnation
clcs
uns
pc,r rapport nux i:utr':'s
t,: le
'!
",:.:- t (r c.
- 173
.: ~~.'.
".
'i~'
....
C h a p i t r
e
I I
'''-. ~-- ..
,~'
J\\
PROrOS DE Q1.TLQFES
CAS
CLINIQUES
ANCIEN ET NGUVEAU .LANGAGE
CLINIQUE SUR LES COLPORTEI-:ENTS FAl'iILI!~UX
"La schizophrénie court dans'
les îaiiilles,
mais n'observe
aucune
loi gél1étic~ue."
t
..~ l
N G -
L'équilibre mental,
la folie
et la faE1ille.
_....
!.'
"Ce ne
sont pas les mythes
,
(cigoE;nes,
choux)
qui sont',;'
gênants
pour l'enfant,
.
c'est la tromperie de l'~dulte
qui
SI2
donne l ' a i r de dire ':
vrai et bloque ainsi l'enfant
dans la suite de
ses incurs~ons
intellectuelles."
-
Laud
I < A N N O N I
"L'enL::nt,
sa
'maladie' ·ét ,les
autres"
, p.
35
.
. ,
~A.~~~~~
...,.' :..
"'.- ",
....
'. ~
- 174:
Le modèle
épistémologique
cJinicue
d'inspiration
analytique
pose
conme
stratégie
thérapeutique,
la r~miniscence
de s
évèneI:"?n t s
trauma t ic;ue s
refoules
r'~~r un travail psychique
èe
suppression de
la résistance.
Ce··tré:vail
qui
doit
être
&motionnelle~8nt investi et chronoloci~ue autant que possible,
abréaction,
conduit
~ la libération psychologique, catharsis,
~ l' é pan 0 u i s s e li; en t. Cep 0 ct e de p € n s cf. e ~; roc è d e p ëo.r é t i que t Ct:Z e
a t t r i b u t i f :
" i l
est
schizophrène".
En plus,
i l
court
le
risque
de
la ce-nfusion
entre
Jes
cst6cories
le
n:rc:mbre
d'une
:.e
ccnfli t
intT2psychi'}ue
entre
les
d6sirs
oppos(s
est
la
CRUEe
de
la
souffrance
actuelle.
Gn
CColî2'lit
intense
int(~ri(ur O"en est suivi et .le S),!",ptôriC Ql2C
pré 5 e n t e l e
su jet
est
l a s 0 lut ion de
con! rIT 0 " i s •
C'est donc
un mod~le indiviriuel
Cel'ltrr',
sur
J ('s
cuntradictions
irrci-
ductibles
du
sujet
avec
lui-n;ê::;e.
La
deuxiè!1!e
leçon des
"Cinrl le ç ons
s tU'
l Cl
psy chanal ys e"
d (Inn "', e
p:c,T
Freud
en 1904
aux U. S. A.
le
mon tre
c la ire!"'8n t
Or aujourd'hui
un nouveau modèle
ér'istémologique
clinique
s'emploie à
comprendre
la vie
norn,,,le
et
:;:;atholocique autren';ent
en partant
du
concept
central de
"fonction ll •
Après
avoir cons-
taté
que le
caractère
étiopathogénique
comporte
la
confusion
des
termes
de
catlcories
qualitativen8nt
diff~rentes, ce
mod~le ~tabJit le principe de diff~renciRtion et de discon-
tinuité
de
1813.::"s
r'cgistres
ct de
lellrs
nivGaux d'abstraction.
La
ccnno.issc::nce
de
l'être,
L~ ô'"tlb5ta:1CC, n' est plus l ' c,bjectif
principal,
Gais
les
interactions
entre
les
~tris. A cette
fin,
1<:
fonction
n:~~th(-matjquc~ devient :i 'outil conc'.èptuel
qui
aidera
à
r~pondre ~ ln nuestion
- 175
:~._-
.,~*~
~~~r .
Car,
pour comprendre
la vie d'une
personne,
~~.~~- .'
',f.
'
"il raut
connaitre
la
signification initiale de
sa place
dans
le
monde
oG i l a
grandi.
]e sentiment
qu'il a
de
sa place
se sera d~velopp6 p~rticuli~re~ent en fonction
de
la place qui
lui étura étJ
premièrement
assignée par
le nexus
originel d'autres porsonnes . . .
Tout
&tre
humain
(adulte
ou
enfant)
Cl.
sans doute besc:in d'avoir
cl e l ' i mpOl' tan ce,
c' e s - ;\\. - d ire cJ' () C cu p e r
u:t:i e
pl Cl c e
dé'. n 5
le monde
de
quelqu'un cl' c'.l.ltre."
(:0 •D. L),IXG
Soi
et
les
~utr8s
p.
17C)
C'est donc un Inoclèle qui lE'
r('ci'Jit
f'Lcs
le
conFlit d;:;,ns
C'est notre l1Yl,othèse rour
00 le
statut,
le
rôle,
la place
ou la position sont des
catéGorics-cJefs dal15
la
d~finition
de
soi d,ms
la relation.
On dé'dl.dt
ce que
l'cn est de
ce
que
l'on (\\oit.
Ici
la
l'J('nïturle de
l ' ê t r e
est un processus
d'investiture
ritu Ile.
L'actualisation de
sei,
l~ confi1'-
Il;8tion et
la
Qu:-~lificatj.on en dernière analyse,
l'identité
et
"la. sÉcurité
ontologic;ue"
se déduisent
des droits
et des
obligations
statutaires préalablement étabJis.
"Les [i'essa.:es
èe
l'action 5l,nt
ccdés
par le
Stéltut dont
on
est
investi."
(,__ • C'RIIQFI::S
in "Fr,,:;face de Gi ::iipe et
Job de
j,eyerFortes,
p.
9
Ce
fai t
an tl1ropo J oc j que
ju st ifie aFpl 811:(:n t
l'approche
..~ :'
systÉ;i':ique et r?d~1it le [;ocièle 2nalytic;ue individuel ~è
des
cas
pr6cis
cr~~s pur l'histoire de
!'l' ac cul tura t i on
forrrelle"
( r::-..
, .' '
(in
"La notion de personne en Afrique Noire")
~~~:;-
.",,:,
.~: T
- -
,;..';,~ >
- 176
}o
>
.,.
i . ....
>:'....,. ':. .-: /~ ~/i' ~ ~..~ >; '..".~'~~~ ~~~;' ,;.'~ 7·
. . .
."-~..
"":' ...... ~ .~~. ~:-':"·f·:;:.";>: ··..~.:1': .:. -',
."" ~;1.'~
-•
.. ,..~:-:·,..:t~~";:·.?<~. f'::~t;f:~~i;s~t:- :' '::;,':. .
Je pr:~sen'tj~J;'~f.;a~~,~:'c:a·s···cliniques2.1lant d2ns ce sens,
";" :_,:'": ..~ ::'~?~~~:l"
"~'. <:~.'-~~~:':~:'.:: ~~/f' . ~.. :~.,.
",
la plupe.rt'·poseIl t
plus.,;d~ .questions qu 1 ils a1:'portent de
4
réponses .r-·j~n-objec:t·if';.pri~cipal'est de montrer l'inadéquation
.. . .
-
.
de
l ' approche.,.in.:div.iduël1.e. et progressive
pZTce qu'elle
'. estJà mon.avi~;.··<et .en 'fonction de 'l' expèrience clinique et
des'- données ~~·.throb61~~iqu~s, cùlpabilisante d'une pElTt
et parce que aussi. ell~~~~~décal~ par rapport à un domaine
caractérisé paf l~ c6m~lexi~é des interactions, des statuts
des
raIes et .des ~~sitions. Comme le ~it lAING , il n'est pas
de ma conce~ti~n de trouver dans la famille glob2.1e,
l ' : t i o -
logie du trouble mental.
Ceci reviendr2it
~, consid6rer la
dyade ou la tryade
fondées
sur le
modèle
cll1aliste de
la
psychiatrie infan t i l e.
Ce t t e voie
0 ffrE'
l=·ei.t ci e
r:;oyens de
compréhension.
Car "si nous
observons lm. vécu et
un cor:Tor-
tement personnels libérés
des
interc,ctions
fa!ilié'.lcs,
ils
peuvent apparaître dénué!=, de
tout
sens dl:
poin t
de vue
social,
alors que ces m~mes phénom~nes, observ6s dans
leur
contexte familial
()r~ginel, acquièrent un s8ns."
(R.D.
LAING
'.
Préface de
liéquilibr0'
P ' ~1b;;},
l~ 1(: li '-:' et 12,
- .>,,'
: .
famille
Dans mon travail ~linique
mat8riel'm;ethqdOl?gique';
j~.constate que l'lus nous privilécions
les
entret'iens ~veê' la:-'faniiile, soit ~... clo!;ücil<:-,
soi t
d2J:E,
11 insti tut;io-i,~\\"~l~i'i~i:~~~i~desvont
empiri,q,ueà" ca~_~ct~re systémique révèle cette corr61atio2E.
Le
taux de "guér:i,s~:lD" '~'st_ propor~iom~el';'\\ lé.c
c:U::l~,:~ ti? de
llintensit~_~'~mpl~~~ti~~'de la famille d2.ns l~ strat~cie
thérapeutiqu~'i~-;;;ou~ m' ~Ii.· ~,onvai~cre, j'ai consul té les
.
.
- ' .
,'.:~~ ~::-
.:.... :",~~;.:~
-
-.
:~.:
.
",
dOSSlers et. ·cette constatation '; ,i5 1 est
ccnfirrTée daE5
la
....
"
~
.., "
-
. '.
- ' "
- ; .
':~-'t'
-.:-.~'-
,-:.
, ; ....',..
-~"~
manière de~..:l.~~ ,,-p:resente:r.. I.Ja r:i,.C1~èsse
du
c!t,ssier en
in fo1'-
.ma tions at;.·~~_n~~__:<5ur' le--:';ù::tia'~.~ qu~. -.sur 1(' s in t e ra c t ions
. · . . ; · i n t e r et::i:ntra':;iamiiiah~s':corrèle - a~7ec l',' hl t
ôu
]o!alaùe
'~i~ST_;.i.,g.ii_~.,.r.i.t-.~,'.'.~·~]~
"
,
. .
- .
-, ' ..- .:; ,:~{
':~> ,:' ~ .: '-~~;~ .~' _:',
. .:-~: ." "'.:
••
"1'
. . . . . .
. _ . -
~.u;..
~,:
~.
''';
.177
Je présenterai
les cas dans
l'ordre
croiss&nt de
l'implication familiale.
J'ai évalué cette implication en
déteTillinant les visites des parents,
les
entretiens avec
les thé·rapéutes
leur intérêt pour la maladie et la
"cuérison"
ou au moins h l'adaptation dans
la
vie active. Tous ces
crit~res apparattront dans l'ordre d~fini ci-dessus.
J'ai aussi constaté que
chaque
cas l.et
en relief un modèle
de cOnïll:unication particulier.
C'est pourquoi un titre
résumera le woclblp qui
caractérise chaque famille.
Je p]'6cise
que
les extraits pr~spnt~s ne sont pas de~ exenples de th~rapie
Ils
LI e t t e Je t
,
en re~ie:C
ané:i.lyses
clans 121 prei·:ipre partie.
- 178
..~ :
'.~-;~:J,
l
CAS '..: SALHA DIAKHA TE
(S.D.)
.,
-
.
Cette bbservation vient
critiquer un mode
de
pr~sentation
psychiatrique bas~e ~ur le mod~le m6dical
•
Elle
est
centrée
presqu'exclusivement.:sur la
malade
et
donne
peu
d'indications
sur
le
syst~me de relations intra~amiliales.
I l
devient
..
alors impos'sible de
s'appuyer sur des
repères
socj aux
fionr
comprendre
le
comportei:r.nt dit
péJ.tholoci(~ue. Tout devic:'nt
bizarre
et autorise
toute
conjecture diagnostique.
La
chronicisation en est
10 résultat.
JI
s'agit d'une
f i l l e
de
19 ans,
ci'ethnie ......'olof et
de
reli~ion musulmane. Elle est hos;i té;.] iséG 5-ur l~l. deir'ande
d li Doc t eu r
qui
l a s u :i, v:, d, t
?
t i t r (;
ex t cr n e
cl e pu i s I e
4. l • l 9 7 8
T'our
troubles
du
comportement.
Du po~nt de vue .clinique m{dical,
le
d(but
de
ce
que
la
,
'Jt::-
mère
éJ.ppelle
"la mal'aelie"
rei:,onte
È\\
quatre
ans.
C'est un
début
insidieux et
i:lI~'ogressif fijc-'.rqué par
-
une
soli~oquie
quand
la li:alI'an
l'interrogeai t
pour savoir
avec
qui'· ..elle ',parlo:lit,
elle
répondait
qu'elle
"s'entre-
.~'.
tenait
avec
le
grand
IT;,Œabout
Séricne
L'Baki
ne :r<édina",
"qui
lui.a d6clar~~on a;::cu:r"
" . ,
l..L
n: 'a
in vit (~ e
~, ne pas
dévoiler' le
secret;:ù
mes
peTents".
cl1aque fois
qu'on
lui
con~i2dt une cor:-:;,:ission
"Va r::'acheter 'des
t.or::ates"
,
elle
aJ l a i t
acheter des
bonbons
ou du 'pain'ou revené'lit
1;:1. r'r.ain
vine,
déclara~t
" j ' a i
oublié"
.
1 ..
..
.,
~
les
maux de
tête
orit
enrjcl1j
le
tableau
cJinique avec
l'apparit:f.qp dE:!
co~porte. r":t bi7élrre~. ; elle rEntrai t dans
··;·..·i:.:..."
'•.
le s
tô:'i:~mi~t~1?e:!:f:"~et"~"fi l i sai t le pot hygiénir:ue (espèce de
boîte)
p;y,,;~'boire'Y elle se c]uerelJait 2'.vec sa mère, 12'.
-- .. ~. ".
..
'
~."
battait,;;;;§.t~:la' ..reI).~ait. A cela s'ajoutaient les ~ugues,
•
.··:1:;.~D.'::·.. ,~·
,1"
'
jF
les rire"s ';'i'mmôt i v'e ~-.
'1,,-
.,
...'
... 179
C'est alors
qu'une
consult8tion C}lez un gu~risseur marabout
a
été déciàée,sans
résultat.
Son diagnostic
était qu'il
s'agissait d'un
"lIIéchant fiancé
rab".
EJle arrive dans
le
service
le
12.2.1979,
accompagnée
de
sa crand-m~re, vielle de 76 ans.
L~
eJle
pleure
souvent
sans
raison apparente,
puis
se
calme d'elle-m&me.
Elle
présente une bouljmie
inquiétante.
~:Slle reste indifférente
aux visite~ de
sa ~~re et rte
la
Granrl-w~re qu'eJle n'hésite
pas a
frapper.
Elle
t en t e s ouven t
de
fuguer.
hi 1 ir.lporte
que l
hom:::e
peu t
l ' inv:i t cr
(-lIe
ne
sait r'étE;
s'y opposer et
n'hrsite
pas
à pélsse:
ci
l'acte avec
llli.
S'ur le
l,lan
r~e .' '}listoirC' l'C"r:,,"nneJJ.e,
:="~) a
f~'it J.'/cole
effectue régulièreil'ent
ses
prières.
Daj·s
le
service,
rien
de
cela n'a ~t~ v~rifié. Selon le p~re
cor:lll!e;-lC8 depeis
l ' enfê,nce.
~~lle aurai t
alors
connu un é::.isone
de pleurs,
ne
cris,
de
d~lire et d'hallucinations
" j ' cti vu un
chi en à
cinq heure s
du ma. t in. "
Selon lem ê ::; e p 0' l' e,
c e t Ct bl eau c lin i Clue
est
le
ï: ê iî", e
qu'a
présenté
sa
t2\\n"ce
qui
a
été aussi
malade ::,entale.
~n septe~bre 1977, S.D. épouse un camarade de son père,
de
50 ans.
Cet homr.'8
se:5:'?,i t
au
courant
de
"sa maladie"
mais
aurait
d&claré
l'ai~er malgré tblJt. Le mariage a été
cé18brp avec
l'accord
total de
S.D • .
La f'ête
fut
grande.
I<ais depuis
S.D.
n'a pas rejoint
son r,ari
le
mariage
,
n'a pél S
été
eonso:<:r.:e.
Fuis,
"sa maladie"
s'est
en:pir( e
~ t81 po~nt que le mari~ge a ?t~ annul~.
:=-ur le
l'.lan
:['a'! i1ial
J." e 1) 0 r t Cl n s
-
n ("1 u s a 11 t 2. b l eau de
la constellation familiale
(voir page
suivante).
---;_._~~ '·_-'11;--;-t-- ~
,
j
!
180
Il.. .
DE SALl-1A
j
I l '1' ··.f
...._ .. _ .. _"'", .
'.
' __.. _-+..<-...!_+-+---L--!-_!--..,....L--4-.:...+--..:.l--:.::L--l-~-:-
1
1 I l
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1,'1
.-,.,-.-",~_._J_t+j~""""'i-!-+- J
l ~..;.....~~
__
l i i
--c./-...JI_~-+-
.,.. -"j~~'!_~+"";-';"'-----,..J...J
'--'--1
'
"[
i
,1
..
! ! 1
" - ' - j---tI~--+--+-'-l-t-+~-+-4--I
-- _~I_. --+---+--!--'4~H'-i--'--!--+-~I--I---!-o.!·'
j
i'
T r------i------+-....:--...;---;;-....,......
.~O_.--t----t--jr~c
femme
Troisième
,
1
.1
o
femme
l
i
+ ......
'-'y--...,------r---r--.....,.--.--....L--'-~....,,......:-
.....!--:-+--"--r--..__-__--_t_-~~~~_I j ère ct e Sa 1 ma
.
.~._,_;--.~- __.~_,I_ _+___j __1_ •. '
1
( ct eux i è me
f e rn li1 E
,_ ___ . ......:_! l i
1
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Î -:---+---1--i-c,-/.-----::1r----l
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j.' j' .iatis !-\\j' ~iln'6 l';i~ns' ans ans ans ans
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LEGENDE_~_...;,!.~
---- -. - _.,---.
.~
-_.~
~
,
J
-
181
SallT'a est
l'aînée
C.' l'ne
îai"il] e
èe
treize
enfa"lts.
Sa mère
est
la deuxième
épouse
de
son père .i':lle
est
la
cousine
ger::,aine
de
son Inari.
La première
cpouse
a
été
divorcée
et
elle Il'a pas
eu
d'enfants.
La
troisième
épouse
a
cinq enfants
et
s'entend Lien avec
la uÈ>re
de
Salr.la
Elles habitent
la m~me maison à Dakar (maison comme celles
qü' on rencon t re
à Dakar,
[lOdern es) •
Sur
les
ant?c~dents familiaux,
on note
que
la
soeur
de
six ans
de
Sal:112
est une
épileptique
soignée
actu8der;~cnt
~ Fann ; une tante paternelle a ôté- n.a1él::ie ml:;ntale
elle
est
ciÉcédée
r,aintenant.
La I:,Pl~C 'vient
rouo:;
100:-,
deu:·~ jCt'I'S voir ~é1lii:é: .... 1 ']lôpi tE;l
;'1 ais
e I l e
ne
ré, 5 0'.' e
ci é:, 21 i s
r lus ci e 1 5 2l J Ci rn 1 é1 V cee Il e •
Co'merçante
qu'elle
est au m2rch{
de
Sanda&a,
elle
en proîite
pour faire
du
commerce
de
v~tements ~ l'int~ricur de l'hôpital.
C'est
ce
qui
sei:ble
ICi
pr60ccuper
le
plus.
Les
examens
somatiques
de
Salma n'ont
rien
donné
en
dehors
d0
la
fatigue
à
l ' e f f o r t .
Enfin ne u s
arrivons
:'.
l ' é tape
t 3. nt
2. t t C' n due ,
vers
quo i
tend une
telle
présentation qui
n'est
pas neutre
de
tout
modèle
le diaGnostic.
Voilà com~ent i l se présente
LJ1
ré stlmé
1/ ambivalence,
abculie,
sourire discordant,
bizarrerie
(actes
absurdes,
choc[uants), ilnpéI:.€trabili
té
(violence)
dé tél.chc!:ien t
(fu{:;'ue s,
Inu t i sr,e )
ir::pul s i vi t é
verbal e •
Dans
le
domccine
a f f e c t i f :
Salma est
prssent€e
comme
"insensible aux
évènei"ents";
analgésie
morale
éclat
de
rire 5
im,,:ot i vé s
anomalie
de
sa vie
sexuelle.
2/ son jeune âge
JI d~but insidieux et procressif,
ll/
mauvai,c:e
évoll.'tion r..al iZT cf·
le
t r a i te;]'ent,
5/ absence d'hallucinations et de d~lires.
182
:~/' .:.::::':S\\~f.~~t~tr· :~~,:
1~:.'-r ...._~·;.~~ :';:;.:-~;;j-' .. ~~~::;> ~:> ..:.
.L"'~;'. :~.
' .
""
.:'" :
Conclusion
·....
-:~~0,;:~:;,~i
C'est un
syndrome dissociatiï chez
un
"1~{1f11i:t(
jeune;.'··~ict(.e'st·,:"üne'·,:; ..~~.,- -:- ~.~., .
·
.. '~- ~.~~-
: ... ,~;{-- ':::.. :~ ~ :.-':".-:
..~..-.:'
hébéphrénie
dominée
par un
comporter:;ent ,puéril :ave'c',,,uhe.:,.
;-'
"';.
~ . ,"
•
J.
insouciance:
totc:t1e
vis-~-vis de
la r é a l i t é .
. -,"'.
. '.:~
......' .
, "
Notre
intention
en
pr?sentant
ce
cas,
n'est
pas de
discuter
l e
diacnotic
rais
de
~(us appuyer dessus pour
poser
la
question
suivnnte
" Est - c e
C] u e
:-. Ii.
peu t
ê t r e
réd u i t e
à
ces
épi th è tes ,que
pr!C:tcndej1t
r!:v('or
le'c:
célt'~:::oric~s nosographiques du
Beaucoup de
dossiers
dé;.ouillés
~aissent intacte une
telle
question.
Or,
c ' e s t
de
sa
r(Fonse
ad~quate que dépend
une
benne-
th~ r~~f'eutique. Les inÏorr:1ations sur 'le's repèr.e~
ïa"oiliaux
ne
sont
p::~s intÉ'c;récs dans une stratégie :comp'ré-
hensivc
du
cas,
mais
pour arriver à une
car~'c~~'rïs~ti'OIi '
......
.~':,
:
diagnostique
' -
"
c'est une
hobéphrènc".
.
On peu t
lé.: Ci t in;21~, '~n t
S E
dei::~Lnder si le souc~' .d.e :~s·~\\~t~r:~sse·r':.·'·:
à
l Et
ï Q r:: i 1 J en:=,'
r 6 r 0 n d
pc, s
i.~ une angoisse, C~S~I:'~~t~;~.':.cï'ont
_~
~.
' .
ià~::·
- .1
culpabilit(
r(sulta~t de l'ir;:p1.Jissance des ;th~rapeutes
•
:...J'~
.
~'.
•
....
-',
devant
12, I;',aladie meJltc.:.le
e:= t
le
support. psych()1'6g'~q~e.'
On
seraj t
tenté-
de
dire
qUf.'
1 sl
ïarni I l e
i c i
é s t üÎ1<Ïi i bi'.:
..
_ . f · ' ·
.
~~
... ~·~·~~·~:;_:i ~-:; :....
-
-;
~
-. ", - .., -,
.
.....
~...
.'
"
.
_.
~.,.:~-'.~.~ .:" - .~~
.;:
~ "" ...
"
:en
tout
ét2t
de
c2use,
une
t e l l e !:démarëhë'.ci'ui"~est~cèl1e .:::.:'~'~
du modè l e
I~:S d i cal en F'5 ychia tri e, prÉ's en:te~ri.i~'-i~4/~~dc:~, ~ ~,;;§.:~:::.
'..l~~. :;'~>'.
;f~i-:' ;,:<.~,;~...:;:~;,,_-+"
~:~.~
," ~'- ":'"',
.
• p."
tl':éoriq1.'i'::;
ct
prL,ti(:~Je, en cc qu'elle obstrue·'tàüt~;P'9~s':ibilit·~:,:
~-
",
..
,
' l
.
T
.
ae
comprc',1enslC1n.
_Cl,
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l' ':.. 7 •• '
propose H.D.
LAING dans
ïamille".
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..,.'••
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~-.'~~~:~:,:~3
',';: ...'
~'. .,\\ -:,~. ~~1~~ -:~~~~~:~ ~b -'-
-
18)
, ,
;~~~)';'~~:i:~llk:';'sig~e"~ les li!T.i tes de l' efficaci té chin-:iothérapique et
:.:.*~~~{"·;l~>~,f~'· .... .,. :".v.,:' :~ ..,,-~
'i},":"~l,~':;'\\renf,orce"une
défense
déf2.itiste
chez
les
th,'rapeutes
la
~.
" . "
_
• -.0..1..
•
•
, _ . _
•
••
~~:'~:,-';:"-'-":'i~~t'~ti'ori':-~,accuser des p:Lrarr.ètres inaccessibles Èl la théra-
"
.~:~:
,
,
peutique
cor:1:'e
la
sociét6
entière
1<:,
fai';ille
globale
..
.~
.
,
;"'.
.. ,
'.,.
-,
C"
..
1. hereal te.
T'our
le
~,
n
cas
':-'.:-1.
le s
insinuations héréditaires
sont
évideiLt8s
eJlc
a
une
soeur
épileptique,
sa
tante
"
pat'ernèllë a
ét6
malade
mentale,
la
mortalité
est
élevée et
-.,'
. . '
'précoce dans
la
famille.
Or,
un autre
modèle
aurait
pu
nous
i c l a i r e r
en essayant
d'impliquer
la n~ture de
la
prncm2tiquo
de
la
communication
intrafamiliale.
1'(~r',-:'r8:=:
ne
r!!::lllc'u':,'n'C
que
chacun occupe dans
la
con~tel]ation fnnili21e
le
père
joue-t-il '\\Tai;ent
son }<'le
? I.e lilêcri2Ce raté,
lé:. liié:re
qui n'a de
sonci
'lue
~;('ll co,,'" erce ct CJni r'rof'ite (e l'hoSl,i-
., talisation de
sa
f i l l e
l ' ( ' l l r
Pl'o,=p(rer,
etc . .
S.D.
]:2.r
18
binis
de
1 .,
....... c_.
S}:"ptoma tologie,
ne
peut
p:::s
être
présentée
COrlT'e
ce
qui
a
étè
f2.i t
ex t r ,e i t e
des
i JI ter a c -
,tions t:amiliéllc~ ct encore moins
com;:,e
une victime de
l'héré-
, . d i t é .
Les,que~tiC'ns '.:uxqu(lles il eut fallu répondre sont
. "
..
,les
suivantes
(FleJ.s
mode03
de
com;::unication réGissent
ce
relations dans
la
fratrie
et
~vec le~ r~rents ? Enfin,
en
.~~ "
Séllr,a
85t-elle
trice d'un dysi'onctiolllH'; (nt
cl~:ns le rc[;is'( re ph;.:ntasP1e.ti'::::,ue
S.D.
reste
insaisissable.
:
'>''Et èe n'est
qui
lui
a
été
qù~ la d,' Lini t
et
la
g;u'~rira.
:·r '..
~~'-".
. ..:'
• "" ....
~i-
- " •• '
- 164
~!:O.',"
.-':,
";'"
;<,
2
Cas
~....
::'
..
.~
; ... '. . '
l
• 5..-
. ~'''': .: "
,
Cet t ü
0 ù s e l'V ~'. t ion,
1"8.1 cr (;
la
m(thode
m~dical~suivie,
r~'vèle 2. 10nzu'2 6-cl}('·<:·,.r,ce le 1'11('nomènc qu' il convient de
con5idÉ-rer dans
10 tll(~'ré~j'(:l:tiqll<:è
lé~
relation.
La
femme,
la
821ade
déEign':e,
étCC' pte
par
son comportement
de
p E!. Y e r
d e s c, n
cl é l ire
h~]lucjnatoire l'~guilibre statique
et
18.
cohésion
ÙU
SYSt2°i'iC
C'nféHJt-Ir;(:re-coutume.
Voici
le
r{s1.1ilIC'
cJ::njc,u('
c1'éc··rC's
le
DocL<:.ur T,A.
Re C11 1.1 t c
i J
v
é1
q U ::..c t r e
i', . 0::
5 ,
},
s,:itc
du
clécss
de
son père.
r e fu é::
è. e
:,",' al iL, i,: nt e r ,
-
h Cl I l u C i n ~:. t j 0 n ~é
2 II C' j t ive s ,
dénégation.
Légère
amÉ' l i or~' t i on après
'lu:;, i.re
r:;o i s
de
t r a i teL:811__t.:neuro-
,
lel'tique.
Sort
avec
une
c:rr;.onn~!11Ce (haltiol
+ largaètil + artanei
Nous
essayons
d ' a l J e r
plus
loin
pour
comprend~~ davantage.
l ' h i s t o i r e
de
Jé!
5,'rV(1"]ue
de
.t:.
r;:aladie
ct
les
évènements
qui
l ' 011 t
e 11 t (l U r (:. e.
1\\ (> u~·
d (. c (, 1.1'\\" r (. r1 s
qu e
l El
In e l ' e
en t l'et i en t
un
il:GOe
de
reléd:ion
(}i:o::"u:J.1ific'.',tc,ire
~!. l' égc.rd de sa fille.
Voili
in
extenso
le
d(rcu!c
nt
dGS
consultations
et
.~
'~'~'
~
des
entrE:tien5.
::':d.-'
~~';",
~ ..~~
--_.
de
2 5 CGl5,
C t
~~;'e~i'd'~~. ~'. ~.':
..-..... : -
enfal: t
cl e
J an 5
la
clellxi èn:e
fà:.~s'.:d~ns...C:
le
service
le
14.4.1978.
~~~~i~~~
-~':. :-r:.~~"'j-<'=."L"':,",
,·.~t::
"7
:::·-:5""'·~:
·~t:Y.~~:"-~i··~
":~ .~:, ;:; .~' '"""
. - '~" :: ";.
...;:. -. .
..
-~."
,
, ' .
~:_.,.~ ~.~
.~
·: •.A.......
••
, ; : : . / -
-::":'Elle ·:vi en t
ac c ompagné e
d e s a
r;;(=,re.
La
11 ma lacli e"
~~;·~'~'.·~:~.:(r;:~ :~.~.:.:::,". ..;:
a
de"Qute ..iJ,·Y"·a quatre
ans
avec
des
pleurs,
frayeurs,
\\.-. ~.
'. '.' ' .., '.~~ ", .,-".,
"
~~..
agr~s:si~{t.~ ~.is-à-vis de sa I:ère, fugues
elle
refuse
de
manger, ,présente des h2.11ucina tions
auditives.
P.D.
: :n;"~e ne
suis
pas malade;
je n ' a i
rien
je
pleure
pour
rien
je n'ai
p3S d'enfant."
La mère reste. silencieuse métis
elle nous
parle
p3r ctes
cestes
sortie de
langue,
sourire,
tout
ceJ Ct
pour
~ic;nifier que
"c'est la 'maladie
qui
la
f<:tit
dire
ça".
Ces
tr('s
courtes
interventïons
et
l'abond2.l1ce
de
].2.
cOimnuniCé,tioJ1 ë·(~é~tuel].e
nous
font
penser q u ' i l
y
a
li~u d'invcsticuer.
Ains i ,
nous
ar:p~enons t iJ':icle; c::; t
J ..c'
.
.
que
P.D. a eu un premler j]·:-.rlé'é:'é;,
clIc:'
a
ciivorcé.
PS
"_Qu'est..,ce qui
s 'est
p2~SS{~ ?"
Silence • .on n'aura d'aiJlel1r~; pas de r6ponse.
Puis
elle
:contïnué.
~.'
'.' " ..'-
"'f
•
r:ère ~:
";..··'.Apr'ès 'ce divorce,
c:l1(·;
est
te'J:;t,é-e
D;a] 2rJ.e
un
an a]',rè's.
"'Deux ans
après,
elle
s ' e s t
rC';:2riée
elJ.e
é\\
même
,
',eu un
garçon qui
a
1;:8intenétnt
J al1~ avec ~ e second
·'::.mari.
I l y
a
six ''-;(lis,
lé'c
maladie
a
recol'T!li;cncé après
..~.-:"..' ,"'Fa : mort de son père.
FS
'II-0'li';est le mari?
Elle vit
en
ce
IT:or;]f'nt
avec vous) si
·····:j'Îà·i· bien compris.
-La mère es quiv e la q li (' s t ion e t pré f ère l'Ct rIe rd' Clut r' e
chose"";;et':iT::en sera ainsi
durant
trois
rendez-vollS
de
suite.
Elle 'n"éy~~ueque les comport:.'; e:nts l'sychiatriC],u'c's de sa fille
~ _
..' ~<:. .....-' ":.,'.\\.
..~
et
les
effet~'des neuroleptiques prescrits par les Dl{decins
-','; .
.....
!
Vère;~:: ."~ ~Elle va assez bien n:c.intené:"lt
elle
s'occupe
des
" :;';' , -':-.~trava ux ménagers I~ ~1:~~; n'a l'Cl5
0ncnre
rejoint
son m~ri.
<" ..' :
i.~ ';'.',_.-~';:.,.:: ;/;.. ;-..... ,:.. ~
..
.
..
-; - '
- ... " ... '-:-
....
' , '
.
'~~~~;'~:""",~f':;:-~:'''''7''
~1t{\\/:::r*i;~:\\;~;r ~ n" • .'
. . '
'.co:;
:-;- ':-'.",.;.';,~_'::'''--':-:-.-
-;':
::: Jj :~~~_.~~: ·t~~-
;-~~_:r}1'i~~·....
....: -'-:. :-~t ~_ ~~.'."
-
186
No u s
r e rr<~.r c~ l' 0 n s
que
c' e ~ t
l :Ct f i I l e
qui
a
tendance
à
c l J c
ve u t
ré! (1 n ~j r (;
t cu j "u r s
l Ct
Tj l' e :1' i ère
car
l a
Hl e l' C
;:) cc 3.1) éè r e l a
Tl Ct l' (1 l e
(' t
P <:T l e
Elsa pla ce.
"n'a p~:s encore rejoint
son r'iari'"
reviE:'nt
Cl
cllaque
rende;(.-vous .
.
.c: t
. .
l '
COii:!:;e
a
rnere
i n t e r d i t
à
la
f i l l e
d'en
parler,
elle
se
contente d'évoquer
les
symptômes.
Là,
la mère
la
laisse
P.D.
"
Je
n'arrive
ras
21 dOrI!·ir
;
j ' a i
àes
frayeurs
j ' a i
la
s(~nsation bi,',arre d'une présence étrangère qui
veu t
l~:e kidnapper ; nlon corps est ~éfrile ••
l':':?re
Au
1ev(;r èe
12. llOlly(:J le
lunE~,
(,.C
le
ref'use
de
se
coucher,
et
de
re5ter
seule
dans
la
cllan',bre
elle
devient
émotive,
anxieuse."
L~: ct e 5 s 1.1 ~,
l e I 'c" d e c in
pre s c r:i t
l (,
t l' <:d te! r e 11 t
J1 ab i tu C' l
(1 c:: l' Cct C t l' f J. (' C"
. " ,
l'l ", l
e . .
r' 0
",.:
l
(' •.
cG
_.
"-, l' t r '1"
".·.1
\\..
t-;)
_,
ct
le
prochain
rendez-
vous
fu t
fixé
(L:ms
un
Il1I)is
(le
18.5.1979).
C'est ;\\
ce
renc1ez-yc,uS
que
j
.D.
d6cide
cc,ntre
toute
attente,
de
parler c8ntrc
le
gré de
sa
~bre. La question du
mal' i
est
;Oc u
c (' n t r e
d e
J 1 e l' t r e t i ~: n.
C0 Pl,' e
d 1 11 a 1:: i t li de,
l a
mère
comnence
par eX:iJoE(:'r
les
comportel>(-;nts
psychiatric;ues,
les
m~mes d'ailleurs.
ère
"
Elle
a
toujours
des
frayeurs
la nuit
e~le v(,it
nes
ChOSf,S
.11
CE;S
;;iOtS,
1 "
-- ~-,
sen Grand
{tonnen:ent
Tout
cela
est
dû
au
fé\\:i.t
qUf'
tu
refusr:;o,
r;,l,e
j ' :i.ntègre
le
fOY8r
c~nju&ul ...
Je
veux
rejoindre
mon mari •••
ChaqUE
fois
c;ue
ii'on
mari
viré'nt
,ne
rendre
visi te
à
la F:2ison,
tu 1:';('
caches
dans
13
clla;~.bre."
La
r"ère
tente
de
nier de
la
tl~te, !::éJis la filJe affirme
P.D.
Oui,
c' est
vrai
;
chaque
fois
que
mon
mari
vient .•~'._."',"","<-"'~
Je
t 1 entends
l u i dire
"elle n8
VCl
tc}ujours
v:s'-bT~~1;~
'.
-
.187
"
.'~~
~
' . ; , ' -
' : - "
P o
...-!..
,'.-;:'.~
~~." .••,:.
':~".'
:i;....":-:,;':;);",.;
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.:!".-.~.. (:...."."
.... ~
~~'~.~~:<:::..,:
"':~.~.
~'.
J
'.~~'"
J~~--;\\:~,,~t, ;~Tf':}"
.. i~\\:~~··<~..:i;;t1: :;.:·~c,~:··.
"
"·,,:r;'f:·,~,':.':·2";-~.<.,:''''· ;,>Elle,,;.:parle>cs'ans:t':regarder pers onne,
ni
nous ni
sa mere.
"~),.'.~"; ':~-);~~.'<""",~~~:~:,~'!",. ;'..
,.. ~: .~:.; '. J';"":.'~ :.<-f'~t. ~~. ~.~... .
..:- .
,', "~;'T:,~ ,::-" ·U:n-'.)long;~iHmce 's'en;: est suivi. Le mari apparaî t
c Oililiie
le
.
. . . ; .
.
.
'):"~J~ ",personnage c'entral qu~ structure la dynar,;ic;ue rej..c:iionnelle
du couple."Ma{s
les~iff6rentes esqui,vcs des entretiens
.-: ..~.
I?récédent~~ n","orifpasempêché P.D. d'en pz~rler. Et nous en
.p."!
. -
,
,
_ ..,. " "pr,ofi tons .poV; ,.essay~~ de débrou5sailler le terrain.
.:
, .
"
.'
P.s.
"
Depuis no~premi~res rencontres,
l'ombre du mari de
PD ,é taï t tou j ours
'pré sen te.
Es sayons d'en
p2.rler
franchement."
L'at~osph~re devient quelque peu grave •.
Puis
!'!~re
"
Concernant
le n'ari
je ne
suis
péèS
contre
mais
je souhaite
que
ED attende
encore un peu.
P.s.
-P.D.
elle
semble
... s euh::: i t er le c en tré'.ire • I!
H~re
:Voyez-vous,
docteurs,
ma f i l l e
nepourrait
pas
t r a va i I l e r c 0 rr: ri: e
ses
c 0 é pOli :~ es
,
e l le
s 1 Cl t t i r e rai t
les 'inimi tiés
et
la
jalou5ie de
ces
ci.ernières ••
Et puis
•••
c'est
tout
"
Elle ~'arr~te et P.D.
laisse
entrevoir un
l~cer sourire
-
';. >.
qui s~mbi~ évoquer le scepticis/!;c.
';...~:::.. ':.. -- -;'.:
.. ~
-:5.
.'
:th~raj:;eu~t"e·s.-::: " - Et la do t ?
N~re
àui ~ '.je :'voûs""voyais venir •• P. vous en a. cerb'tiner:ent
pa~l~._L~ ~b~tume, c'est la coutume
et
P.
n'y
~ha~?era--"'r~en1
s'écria
t
-
elle.
p.s.
-Pourquoi :!di,te'~'-yoUS cela ?
H~re
Le mari de ·P •. a
efîectiven,ent une
dette
l l .
n'a
pas pàyé,' tou'te
la dot
i l n' en 2~ 1.2.vé ('U' une pi::'.rtie ••
Tant.~u'il n'aura ~as versci toute la dot, il n'aura
pas:~a ~e~me~Tout~ la famille est d'acccrd avec moi
~urc~ 'point,'.;. car 'la dot ne revient pas 2:-c moi seule."
'.
. ..
""
,...
.~'-.
',,',--'
No~s'\\i'i'~'ons ,u~e."'iÉg~re
.
consternation d2:s
le visage de
l'.D
.~
",
,,', '.
,
...~: ',:' .:~ .:; :.
'. ....
.
-~; .-
,.~t" elle - n~ ;'.p~~t'~',prono.r(çer que 'ces mots avant la :fin de l' entretie
.. ".-'_ . .'
;X:~'::::~:'P.D. "~_'~ii::':~ 'a,un::omPlot contre moi •• Je '-'<:,ux n,on mari."
-:-é~~~E#~i~~1t~_.~~~~~~~~~~;:,~!_~i~~
·2~·~~~~:.f·::·-:;~
.~' .~:
'..~"
~-.~:: ~::',-~'--:;:.-:'- <.•.•:.-.:...;-:~._';
"
:I1B:ti,:~i~,- -;4~~~i,t~~ '~- ."'~~
~
'.~:< .",
." .~.
~.
.....,,'
-
t88
I l
faut
signaler qu'il
ne
s'agit
P&S
d'un délire
de
perscicution.
A cause de cela,
la
~alade avoue qu'elle ne
peut
plus
ùorr.iir
seule.
l'entretien avec
le
pre~ior ~~decin
traitant
a
fait
ressortir
l'ambivalence
qui
caract~rise
l'interaction qui
r6git
ce
couple
m~re-fille. La m~te semble
se
soucier mOùlS
de
la
santé de
sa f i l l e
que
de
la dot.
Toujours
e s t - i l
que
F.D.
réclame avec
insistance
le
retour
chez
son mari
ou alors
qu'on définisse
clàirel"ent
la situation
pour qu'elle
sache
a
quoi
s'en
tenir.
Tant
que
DGUS
nous
contentions
du
r.;cldÈ:'Je
fr/Ciica}
qui
consistait il
recueillir des
inforrrations
sur le
syr:'rtéJr::e
e t r i en
'11H:
sur
III i ,
b e <: u cou p d ' é l ( El e nt s
n 0 u s
(: ch cl j ,J.."' :." i c: 11 t .
Nous
pouvions
savoir q'l'elle hQllucin~it, qu'elle pr~sentait
une ]lu::("ur d6 1'ressiye, qu'elle Zlv:'.it des f'rc:ycurs
ct
socialen'ent
cryptoc;én6tique.
Tl
a
fallu
C]lcHJcer notre
él~isté-
mol 0 f2: i e,
no t l' e
n: a n i ~ l' e
cl e
v ù i l' pou r
Cl li ' en lin
s' (. c J a j r c· n t
la prob16matique
interactionnelle
de
la
soulf'rance
et
l'incidence
de
la
COlltUi"C
dc.ns
ce
cc-ul~le.
La
coutu;, e
ou
"Rog miiki"
chez
les
T':os~::L/ c~t un él'!;:"::'Jlt
essentiel au
i:iair::tien
de
l'ho::éostase
lar,iliale.
Elle
est
un
repère
dc'nt
une
analyse
psychopa tholoe;iquf-
clinique
ne
l'eut
se
passer.
Elle
a
un
caractère
systé: 'ique
dans
son rt,l·:;
rÉgulateur et
correcteur c:'ces
risques
d;-:
rurturc,
è8
cL'sin-
tÉgrntion
et
de
remise
en
c&use.
Ici,
le
cas
éÎe
"1-'
• •
_~
• J. J •
,
fonctionnels
la riot.
Celle-ci
permet
de
replacer l'interaction
du couple
et
des
interfÉrences
imaginaires
de
ln
loi
avant
le
di \\'orce
a'vec
le
rre;:'~ier n;::ri,
la I::ort
du
l'Gre
et
le
Temariag'8
qui
n' est
r;:: s e Il C (1 r e con s (1 [;1;!"?, cl a r] s leu r v é rit ah 1 e C é! 11 i ex te.
- 189
. .
.... . .
,.::;:;:. -
. " . ,
~.' ", -....
'.'
"":~;_-~:._... , _. ~
. :~i~"
.
:,,~:'<-":':::"':\\Q~é,l-nd la'mal'ade désignée pC:orle de
" con p l, 0 t ",
n 0 u s
;,"pensOns qu'il n[>s"agit,'p'ls d'un dÉlire
de
rersécution
"
comme nous
en renGon'trons. fréquer;'ent
en clinique africe,j_ne.
Le problèr:ie de
1;,., dot occupe une gro.nd<2 rlace dan.s 12_ relc;,tion
et
la m~re manoeuvre. pou~:ia cacher par des esquives ou en
..ad,optant
un l'1écanisme ,de défense
de banalisation et de
1\\,.
disqualif'ica tiori':'
-La COUtUP.18
c'est
la:càut'ume,
ct
P. n'y changera rien".
Cependant,
nous
étant assur{s
qu'il
existe
un point nOdal
caché mais vers
quoi
,converge~ient toutes ~cs tactiques
mystificatrices,
nous
nous
50;':::e5
(~Gnn6s pOUT objectif
de
le dé Cl"Yl)t er.
On sait
ClèF'
ce mariage nes~ra l'US
é.èl,tériné
tant
que
1;::,
dot
,
n'aur a
p ê': S
é: t é
entièren~ent versee. ~ais on sait aussi que
le mari n'est
pa~ prpmpt à payer CCtt8 ditte tant que
"sa femme"
avec
qui
i l a'cJcij:~ un enLlnt,
n'est
pas
guerie.
C'est là le vice~,ae 'l'étaudoublcLie;-t contre.,ic;"ant
ct dis-
.
~~. t
.
~.
quallficé,toire. "Ce mode de
cO:T:J:nmication de désir est
d'autant
pius
~c~~sant qu(il se place dans une schisGogon~se
complémentaire •.A, 'telie enseiGne
que
la I,,~,re p2rvient 2-
~.:
"cacher"
S2
fill~,à',chaque visite du rr::'ri. D&ns ce conte:;te
1
-,
~.
social,- COEll!lenf:il'e pas
comprendre
cette
phri1se
de
F.n,
" i l y a un
co~plpt contre moi,"
I l Y i:I
là des notions
p~Tticu:,ière::: de f).ystificc:"ti,on,
·de
"mari tal
.5chism"
(LIDZ et
co l 12b,); de
confu5ions
de
~6le~ ~t de statuts'~ui s6~t loin de carantir 12 sant~
, ' .
>.
:::mentà~:e. Dans un "cas :';que I1;OLJS E'xposercns plus loin
ceé notion~ son1
0nccre
plUE
claires,
La
'm~~~ a~~ara1t ço~~~ 4Q_p~rscnnaEc central obstructeur,
• ,,,<~*,~~~~ii&iâBl~ience d~-=J:~';~~at-~l~'~épanouissement de la fil i.e ,en
'~':'s~,.':';t~ig;i~lt d' êt;~".\\ia !:'~;idi~;1ll,e de la tr8di tion.
'". ~ _:~~~'-:i: ,,·..~i;
._.-~~~,~;~'/.;~ . ?; _?.
:.~~.
.i .:;,-
.•..
_;.~,~--:< ~_-:' ~:';-.",
" .' ' ...._:,.~•.~:-O::"".•~_-3~L,~f.~i'-.· ..A-..'~"_
.os..
~,'
4' . . .
~
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'-l ~"'\\'
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~ '..:
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_
~;7'
...:....-\\ -
.;~&~;~~§~;.~?4,,' '-:~1':i:~;":~
'':?:
J"
' ; ' : "
.'t. .:,.. ~
-
190
On
ren:arque
dans
l ' exp?rience
clinic;ue
ciue
les
"malades
dàsign{s"
apparaissent
coo':I1,e
des
ob,~ets d'tchange
et
de
n;gociations
dans
le
CO!,;J"erce
éiUC
Je::-
é'utres
él(;I;~e11ts
collah?l'étux
entretiennent
ayec
le:
îaL,ilJc
ou
c1211.
Le 5
béné î i c e s s e c cndaire s
vi C 1111er.. t
renf'crc cr
] C
SYE: t èc·n;e
dÉjà rigide.
Reli:~tiî:3 ~; 1<1 sympatJ-::ie,
:~~ certains dcns et
a v "'L Il. t ct ces,
l a s 0 Il i c i tu cl e,
i l s
Il OT tic i pen t
cl e l ' 11 0 li 1é ost a 5 i e
de
la
COI'lstcllation
Icu:iiliale.
le.
"E:alade
désigné"
lui-même
est
un maillon
signifiant
essentiel
de
"cette
réI'(~tition
de
la
même
chose"
dont
i l
est
censé
indiquer
Ip point
critique,
nodal
et
le
m(fnit
Ii:ais
l-;Il
'"
niCiiie
tei 'pE
i l
Je
renroree
i l s ' en né" u r r i t •
r.n. a sculji:,-ité' que la j ;,:re (1isr:: c1air('i'cnt e,'O (",l'elle
cloi t
faire
qu'elle
dei.iélnde.
,.\\
CJc>:iTc
cc"elles
n'en
cni
Je','éiJ,:'
c~i.~.cut?
ce
(lui
est
siGnificel t i f de
ce
['"ode
de
con-:cuni c:,' tion
crypticl1lC-è.
! ;ais
C' J J e n ' 0 b t i '~ TI cl r a
p ,:, s
5 El t i s ra c t i 011
[1
ceL t e l ' E' :; u ê: te,
sinon
le
jeu a].i(n8.nt
dC'c]l~le~>:;nt bloc:uant ct ôé:fO,au(;unoi1'isant.
"Je veux mon
mari"
s ' e s t - e l l e
~cri~e.
La m~re dira,
et
ses
gestes dont
l ' i r o n i e
sarcastique
n'~chappe à personne l'attestent
"':'Tu n' 2-uras
ton
p:2.ri
que
si
tu
renonces
Co,.
c1i:îc
au
public
(par
t.es hallucinations)
que
je ne
d~~ire p~ 5 ce
lii2.riage
san-sdot,
et
si
tu y
renonces
t"
seras
punie
de
rr ci t. e r; ô r c l' t r e p Il: S f j d (':, l e Cl1] e fi' () i a u ~; y E'. t 1:" (' cl e cl ct don c
Cl.
12,
C cu tun'B" •
la
pens(e,
l ' a c t i o n
et
l e s en t i: ";'} t
son t
b l 0 q u é. es.
tique
eOTlipl/li:eEtaire
dc{'niante.
-
191
. '.",
.".'..
"
":-"'1..
--------------------~---------
~
'.
'
.~.:
"','"
Le d~]ire de T.D. Bst illustratif de la situation de
d~pendance psycho-affe~tive,donc de relation comp16mentaire
qui caractérise l'~conomie de~ rèlations in..tra-familiales.
La disqualification qui s'en ~st suivie a renforc~ le malade
dans sen état de r~gression dont il ne P('ut sortir qu'en
simulant
grandeur et l'autonomie par un délire
maniaque.
Sur le plan c1inique
Il s'acit d'un
jeune homme de 24 ans
Thiès.
Il est hospitalisé le 2.12.1978
(pour Le,.
trnic;iè:"e
rechute)
pour
-
agitation psychomotrice,
délire f!légalomaniaque,
mystique et de !)( rs(~cu.tioj1.
Le délire
s'expri~e en bouffée
le malade rr{s0nt~ une
unit~ chancelante et ~tablit ,son cC1ntact .. sur un r.~oc1e
falsificateur et fabulateur.
On remaque aussi l'exîstence de relations p2 thologicl1.lE.'s
, "
entre le m~èlade et sà 'mère qui paraît très·:f,ossessive.
Evolution rél~',fdement"bonne sous neurolepti"ques et séances
, ~~. /.
~
d'entretiens.
.' '
Diagnoé:'tic
bo~ffée d~lirante ou entrée ri~ns la
. "
"
.
schizophrénie ,7
Tel,est le 'r~sum' clini~ti~ du-ca~ ·~i~~~nt6 par le
::;~
Docteur O.
SYLLA • . Je;'vais es~~~~r d~alle~t~lus loin que
:
~', .. "
ce diagnostic,
:poür'comprendrè~,le malade d~~ns la problé-
ma tique re 18 t i o1]J1~)).~é'·.!3-v~ c J~.;~,pa}·~~_'è~..: . :~::
<~~~;-~@1
;~.'·~:~~1~;;r>1~1.;}ii~~
.!_~-;
':'~'~1'i:- -:
.~> ~:'f:
-
192
Je
présente
trois
extraits
de
trois
entretiens
le
premier,
avec
le
malade,
le
p~re et le beau-fr~re
le
deuxi~me avec le ~~rc, la
mère
et
le mal~de
le
troisiè~e avec le beau-fr~re
et
l~ soeur,
Le
pren·'ier en tre tien a
é t.é dominé par le dé lire du
malade
;
un
d~lire mystique et m~galomaniaque qui nous aidera
par
la suite
"le
vrai
pouvoir a
cit&
parta~~ équitablcŒent CIJtre S~rigTIe
BaJ:~é'.bél (Gr,:nà Ehaliffa des Louric.1es, une secte religif:use
n:usull~,ane) et n:oi ; c'est moi qui à,:tiens les clefs du
f'2craclis
ct
cie
l'
I~nfer ;
et
c ' e s t
cr,:ce
è.. n,ci
(F'.(e
1es depx
f'in:,::
ch: ["onde
initi2.J..-::r·c:nt
prôvues n'ont
r'os
eu
l i e u ;
c'est
pC)l.:rquoi
l'h'cn:unit r0 a
intsrêt
Èl
,,;e
tenir
en hc!ute
con s j / r..~ r él t ion e t
à n c
1"1 ~ S
l",; c c c r t r a rie r , "
PenÔ:Hlt
qu':;l
délire,
le
~'2~r<? l'interrorlpt
"J.a i:'''i.ladie
est
dl:e
~~ la grossesse de 13 fille avec laqw:olle
Thierno
sortait
sa
paternité ne
fait
d'ailleurs
aucun doute,"
Ce
rrel,·ir:r
entretien n.-::
pouvai t
avoir (~ll' \\:n
célractère
psychiE'.iriclUe,
car
le
délire
é t a i t
trop abünàant,
I l
a
dC'lîc
été
r:ds
sous
neuroléptiques,
L'abondance,
le
th~:I':e et la
caract~ristique du dilire apparatt à travers cette lettre que
1(~ ll1é-,]ade lui-mê:,ie a
adressée· au
Docteur 0,
SYLLA:
"Je vous 6cris cette présente lettre afin de vous mettre
au courant de
I::es nouvelles
qui
sont
]K:.rfaitei:ent bonnes,
Dieu merci.
Four
l ' i n s t a n t ,
js veux ~U8 vous me ~onnez
600
COO
F
pour c:uC:~
j';::chètr:'
un
ccncélccte'-lr av:c
les
SCiC
ooe F ; c~_c'nnez ;'.: l:.~l J;~ère de l'argent et mon père.
Bl.~e f,
E i t o u t
PE:l~' ~ e,
élr,;r,\\ s
vous
!iie
donne z
SOO
OUO
F
par
n:ois
et une
voi turc
Renclul t
S blcênche. Il
L'hon:me
1 8
Vlus
in,portant
d~ülS ce Ii;onde"
Signé
Vieux Dia
Thi c~rno Diél
Avenue
Sé~icne Basba
TInES
-
19}
";
'_~"'~~.""
.- ".,..,~",',::,~:'~'
<A:,' ';':.' ,!: .....
'.
'">~ ~:o~::
~~~:~~1:~:.TÎ~,,·~~~;ti;}::~~:~i'
.} ,.",
" ,
~;~JI;i1i%i~::etti~~fJi11:é:~:d~:~::~:d::n~::~:ee:;an s.t
La m~re est'a~turitaire'~· elle a
de
la pr~sence et semble
;.~~ ~. "'.~~ . /: !.'
~'. ',"> .,
subjuguer ~o~pl~~~mept_~e p~re qui,
lui
est absent,
soumis,
:.,: falo·t.
Ils :i~b~.i\\~~~~· 's~pt '. ~'rifants
d~nt deux g'::rçons. La mère
,",\\,. occ~pe la '~o~i.t·i;n;.:hà.ti~t~'~' le. p~re la bas se. La r,:ere ac capare
~
"'~:.:.:.
-:,~,~'
' /
: ; : .
. :. . : . . . . . . .
: , '
: ' .
r .
f'
la.parole,.·,éçart·e, de~-la';imain les
tentatives
de
prise de
parole du P.è~·~"'~~,~.~e.:~.dern'i~er reste blotti
dans
son coin et
acquiesce à
fout ":c'e",que "sa femme
raconte.
C'est
elle qui
parle
de
l"éducatio~·:..; ~~u "·~iet.i de nous, c'est le
"je"
qui domine.
"Je i 'ai bien "éduqué;
Je
l ' a i aidé ::leaucour 0't
jP.
continue
à
la
:faire,. parce que Thierno est
fai bl Cil.
Nous rf'/::arquons
qu'il Y, a
beaucoup de
slll'erlc', tifs
E' t
1.me
compla i sance .du p~re qui,
du res te,
s' l~ cr~' se.
Tl
s' e~t~~~~~ ~aniÎesté quan:i TI-;iernc'
d'unetirade .~rt.>eftPbj?__"e· autosatisfaisante de la
• • • ~
, , '
f
.-
prit: lCt parole",éomine, s'i'l. la demandait clc"uis
l()ncte~ijp,_"
pour déclarer':':~:' -:~::' .'!'
,
.
~
..~ ..::;-
'"'-
"!,.
........~. ."
;'··î'. 'f. .
. . ~- :
"Lai s s e z-il1d'i:p'artJ'r)~ ":Thi ~ s
PQurq1..'O i
s':, ch::·.rno - t- on 5L:r [',0 i
·'et 'ril'empêché?:.f::.·t~6n:d'<av.:oir"mes"propres idées,
fi,es
aSI'ir<::ttions
?
'~oùrquoi~;~:;l}~;n~";;~:pas malade
laissez-moi partir !"
..~ lITn sil.e.~·~1C.~~~.~f~:r·;~~
bureau.;
les
àeux l'cŒC1üS
se
',lanc~rent
d'è s',:'coups"'a ':6eiÏl dont'· les
obs ervclt eurs
o,ue nous
'.'_
_:'...~~: ;:;""---.:' ;:: ': -,\\, ·~t . ,,.: - .:\\ 1
. étions devi·ri.fbns·?'le 'sens'·.· Quand ,l'a mère
essaya de parIer à
..-
...-:~ -
': :~~~_"')J}~:"~~; .~-~. ~/:-~'~:'~:"~\\::- *j;;,.,:".
nouveau,
le p'èl:"e'"ptit'jenfin extérioriser quelque
chose de
.
' . ' ....;." • .:. ~
;:. ·;:,.~r'. :... ~=
:
"-.'o.:;,.":".~',",,'.
::~.
lui~.même
. ,
r
,
"Il,.est
tem.ps-,'.qu',tm rentre."
L'entretien:~::s~;:~:;;:',êté/-ià'l=~,Nousavons sounai té seuler;;r::nt qu'ils
-,
' . '
~,,:. ' . -
•• :f}!J
...
- ' ,
"
:~
rev.(~nnent :;i5·~tir'.,hn·' ·ailt.r~·'; entretien. La mère repri t
.
~
,)_: .:t.cft~} ...:',;:.:'. '.:. '=;: i:. ~.':
A
• •
'.: "Ce' ri' est ·pàs:.~·i1.ou!s}qy.t.·"·:~:9mil1eS malades
;
c'est notre
f i l s .
ma:i:s
siv6us':~~~re:{i,r'pùTèz '~"~:':nous' fero:qs l' eÎÎort de v~nir."
-:~:~. ~ ~;~"':":;;~.".::~: .:~-_.'. ~!. :~..~:~.~~~. JO
' .
~._. ... -~/..... ~:-~:_.:
-
2~.~~i~·H~~~~~~fL
,..
~-:~~~:;'~..
"î...$"-'~:"_ ~
'
.'
" , .
~~~~~. '.--:~
~~. ,!-~,-,:.;..
~·r·~~-]<r.?' •• ;:- -=-~::r"~~~~·~~"·t~-;:~;.2~
".';.'
-
,194
Le
troisi~me entretien a permis de prendre du recul
pour mieux comprendre
car i l faut
avouer que
jusqu'~ pr~sent
nous n'avons
pas avanc~. Il a eu lieu avec le beau-fr~re et
la sosur.
Beau-frère
"
Thierno n'a
jamais
exist~ en rait
;
sa nère
l ' a
toujours gâté
tous
ses besoins
~taient
satisfaits.
On n'a
jamais
essay~ de le
contrarier.
En quelque
s o r t e ,
ses
d{sirs
étaient
les m&mes que
ceux de sa ~ere.
Soeur
C'est
exact;
on le couvait.
R~sultat, ça n'a pas
ma r ch 0: ~. l ' '_~ c c' l e
0 11.
~'a r Cc r ide; Cri. t v i ri e' cl e
l'Ecol'· ;:,U
C;
II
a:·,r.-:s
le
CL],
i l n'a 1"25 r"e;-:plci
n~é,is n:~ vuus
e;,
r,èèitcs 1-,;,'5
i'::l
:;!é.l~;2,n Jui donne
tcut
ce dont i l a
besoin.
Vous voyez,
ce n'est pc;s une
éducé~tion, ça
ri
Silence.
J'uis
eJle reprend
Soeur
-
De
toute
façon,
vüil~~ ce (Ju' il f'st ;-:èaintenc:u1t."
Une
lonGue
coupure s'ensuivit
l~;éèis le
silence cachE-
mal
l'hostilité'-
rcsselltie
r;'J.r tous
cc
l'égard de
la mère Cjui 12it
fiGure
d'accus~e.
rs
"
Est-ce qu'il arrive qUé Thierno !',aniîeste une
oppo-
sition à la mère ou au p~re ou bien ~ vous deux
?
Long rire des deux ensœ~bles, et la soeur prend la parole.
Soeur
Ke
parlons
pas de mon père
;
lui,
i l ne fait
que
regarder.
Le
probl::-~:e, c'est 1:,,;:, E'ere •• Tenez,
je vous
donne un exemple
Ge qui retient l'attention du beau-frère,
qui nous
La soour continue
Soeur
Vous
savez qu'il est chômeur en ce moment
et i l
est difficils
de
trouver un
emplG~. Eh
! bien,
mon
mari
lui a
trouv~ un emploi d'horticulteur; devinez
la ré ;'ons e de I<an:an
"c ' e 5 t
un emploi indigne de
mon fils
!" . . . Vous voyez
alors que Thierno n'a
que
le
CEP,
elle,
elle veut
que
son rils
soit
lY'inistre.
J'.;am~m résout: tout à sa place."
-
195
.. '.,
:~}!
':',' .
,
Devant
ces
discours,
les
neurolepti~ue~ (l~igartil,
-.
":_i",-
,
..~.
haloperidol)
eff2.cerc:nt
l'eut-être
les
s~mpt9me~'~'~-mais la
sc,u:ffrémce
persiste.
Le
5)'stè~~ qù' ils forri;:~nt '~1.oque
;-.
s'L,'Ltilement
tout
acte
qui
pourrait
signifier que Thierno
est I;:ature
ou autc;nonlc
"l'action ressort
de
I:loi,
pas
de
toi ll •
.-,"
Ce
; odèle
de
communication auquel
partièipE?~le père par sa
complicité
(pcndéré,
calme,
soumis)
a
pourtconséquence
-~~
de
dénier
le
ciroit
2U
ï i l s
d'accompli±" quoi-"que
ce
soit
qui
le
confin:lerétit.
I l ne
peut y
avoir de
manifestation
d'ic1 e::;tit{
en
dehors
du système dévorant qu'est
celui qu'ils
ont
contribué
i:~ ccn,;t,ruire tous. Or,pour exister, il ïaut
être
(:C(lut;~. /1 ce nivea.u,
la démarche
théra'pcutique
ps.r
injonction ses
r':odè~lcs ~:'-stémiques est inst.ructive.
c .
,_.'
l _".L1-,-Z:GCJLI
et
colL',b.
f'é'-r
le
biais
de
l'a[,ir,
du r i tuel
l'c' rvienn.en t
r:',<-J.i-r
et
à
expérimenter le
jeu
far. i l i a l
0.,,1
moyen
de
::esures
:i.Jljonctives.
(cf.
S.
PAIJcZZOLI
et
collab.
T::,rac1oxe
et
contrc-l;é:tr2.. doxes
,
p;67)
Thierno,
dons
son
désir d'autonomie,
cie pe~ser, de
.~\\ ...
sentir par lui-I',ême ,
d'aimer où de' h a t r e s f ' disqualiïié.
.
'
"
" #
,
la m~re devance
ses
sellti~ents et r~sout tout à sa place.
11.:..-
Si
l'on
considère
d'1.;Jl.e
rart
que TJliern_·o-,.a,.·:~:4 ans et
d'autre
part
que
dans
no~ sociétés africain'ès, le garçon
,
.
.t-
a
une
responsal)ilit~ anthropologique de mai~tieh de la Loi
a:-,cestralF:
et
cll'e
},;,:-:r
cC'Eséquent
i l doit
gr~ndir, on
cc-mr,rencl que
le;
sU;:.ur
s ' a l l i e au malade.
'~
.(
Ce
qui
est
1;;:t,l-,if r ste,
c ' e s t
que
lesclfèl;1e ,de
re1<"tion
cor;:pl!;;,8Etaire
qu 1 e;Jtreticnt
le 'ïils
aV,ec
l'f< Bière alliée
au
pere,
renforce
le
système • Tout
se
pa;ss~rcomme s'ils
vivent
te;]::;
de
ce
processus
disqualificatoi:l-e
:'. la mère
-:,''''',1<
en liîuintenél.nt
et
Cl]
renf'orç~ant_son statut ~iiistémologique de
donJina teur usurpé
statut
et de
sa mission
la Loi
~" .
• 1.........
.
.l-l:.
'. '
- r '. .
::,"- '..
.~ .-
. : ..
~.
- 196
-' \\ .
.....
,,:~;, .'
.... :
. ç ..:; ' .
-'.'
$i~ ..~.}~
~e;T·;/:i.l
se
conte:1te
d'une
cOI:lplicité
avec
la. [Ilore
et
aura cor,mie
~~ :{~i~~~_.
't
..
...::'ç:'-:::'·~·.):~;,'salaire
de
cette
d(~:;,ission une disqualification sociale
. ~:':':'-.<
...".....- ; ~
;~.
.;
'. 'enfin
le
f i l s ,
en Voyant
ce
cOi:,plexe hUL'<:cin
fondé
sur
le
,,'t.: <!
fantasme
c o l l e c t i f ;;;c~is L.1.11acieux r:I.e
], 'unité
2cf1JOUreuse
'."
"::J/~ ..
par un
d0~lire qui n'est que l'expression du désir du statu quo.
.. ,
=-:;' ~.: _o.
,:·-~7:;,.: .:_.
.:;' ... -...,~
La nature
et
le
thè",e
du délire
a
eux
seuls
en disent
ion~. L'n individu (i~.i'on (crLèsf~ subtile;"ent, 2i. qui on lait
· " T
' •."
~r0ire qu'il ne peut pr~tenctre ~ une quelconque vcirité de
'lui-!::ême,
finira
par
sr:
convo.incro
que
los
auteurs
de
cette
manoeuvre
sont
tout-puissants.
Le
d~Jire m~galomani~que met au
gr(:'n~l jour
extrêfile,
un
type
de
corr,;llnication
l'<:ltl10cc:(ni(;ue
intra-
falililiale.
La
pathoJ o;~;j e
identiri';e
renvoie
~\\ une ]'s!tholocie
à identifier,
cel:: c
cl;1
Syst;'lilC
interaction''lcl
fa!l'ilial.
des
th,'rG.pcutes
dE:
définir
1",
l'lé.ture
des
trLlnsaction~ C;11l
.','P,
'récissent
leur vj.c
.,
c ' e s t
notre
f i l s •• "
......
-·~~-~~t
-1.!'"·>.
.. :~
197
.
. -
-
:~ ........._~.-:-., -:-.,;-:."
Jj\\;l:;~}:~.:
..
Cas
(F. )
"
~:lï(\\ ...
'.~
;':".;": ;:0;',: -"
-..'!- :: ~-;:.~~.:;: .; ..
Le
cas
F.
que
c\\ I.l'unica tion
&tabi
r~~: '~~
l e t er:ps
vic'
intrafaniliaJc'
(~t
interfamilia!,e.
I l
a
des
propriétés~'~
.,'
.,.- ..:
J j
J2,
victinle
d'une
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L: ::,Jj~,Je discoE:i~lri:::::;rice. Son ci/lire
est un cri de
.rroi
~our sicni:icr son
statut
tancentiel
de
f i l s
de
I l
~',' a
jali.ais
existé
pour l u i -
JI. t
\\ . .
,
;;'
J
•
l1H
.I.e
('.(.1::37
proth6siste
dentaire,catholique,
j J
('st
1",<:,riÉ
et
]'o'""';";e
trois
enîants.
le
diagnostic
porté
]-}l';,omènes
hallucinatoires.
I l
é t a i t '
(~-. ~'J_S 196~: l)D..r Ips Docteurs A. puis D.
~'LU' le plan c1ini::ue
!l1';2:1z,.:ie"
d(~til;i-8 ;': Laolack le JI décc,,'bre 1964" verS minuit •
-i
. .
I l
coutait
la
rndjo.
,;u
noment
o~ les cens comm~hcaient à
,;Ie:,~-:'rasser, il a vu des personnes défiler, lui 'tendre"la
-...,'...... :
".
',-ne-I~loi ta va1isl'
ou
je:
te
tue".
" J ' a i
alors
perdu
c<"]:!:tissance
et
ce n'8:.:o1:
qu'à Dakar que
j ' a i reti'ouvé m,es
sens"',
Jl
ct
vu
le
Dr Ayc: t
qui
2.
j;rescri t
des
V"ychotropes ~ :Une rémissic
.". ~'. - ..::::: ;'~
, !
. "'.'
En
1~!7~j, i1 éi,oit dé'jà prothésiste dl?ntaire·:~:~'Ét'~'c':::est:'~.. ?,-).
_.
:.: ...: ::" ...:...", ~
.. ;~
~'-.": .:,'.' t, . J
,: erYi ce
qu 1 est
~;L!rV8:nue la cri se. Trétn sport é :~1-:;lâ. maïs o.n-; "~ .0,
iJ
'."st
venu vcir
apr("~: lE;~ Docteurs!J. et B.
N~~j:J~e1'le;;
.
rr!:'j ssion
jusqu
f>~;;-_'
1 en
1979.
..
__:e~ -::;!i~
"~~~~~4~
"~t*~rr-:;.:;!( ;;
.. ;~
--~'.~ i:~:.~·~.:.~(~~:~~!':··
":-f.~1~~~~)~?'~ ," ',,-.~,--!:
, .:. ::~-"":~--::~ '.~:. '.~
'-,
. '
198
Le 7.2.1979.
les halJucinations
survinrent
encore
i l voyait
des
perscnncs habill~es de blanc,
et
qui ~oulaient
le
tlu'r.
Cet
Él;isc.de
est
survenu eIlcore
au
service.
Son
patron ay~:nt r,rév(~nu sen f'rè,re,
i l
8.
étÉ'
rC:"li,,'.::né
che~: lui,
puis
conduit
en
consultation,
l'après-i:"idi.
I l
y
CL
une
amélioration
l'uis
le
16 f'/vrier, il a de:"andé une ncrmission
pour aller vo j r
s cn 1::2 tron
"afin,
d i t - i l ,
de
l ' a i d e r parce
qu'il avait
beaucoup de
travail".
Et
c ' e s t
là
~ncore au
service,
que
se
déc' enche
12, crise
n('uvcll(~,s hallucinations.
I l
revient
en consultation et
re-hosr:italisé.
~:ais F. n'a pas
d'accompagnant
ct nous
essayons
de
questionner
cette
absence
qui
est
un
indic8tcur.
"j."'. . ont fourni des infor:'ations qui
"
,
. ,
~
1101]S
ont
;:uro:r~} Sté
:',
fai ra
les
constatatjon~ du
èébut.
5 a
m'~'re
a
E:U
UEl:
pension digne
d'un officier qui
devait
lellr revenir
jusqu'~
l
. . i '
eu]"'
ITi';(JoJ:"'l:e.
,'; c· n ~
F i::~ .:: 1 e.
Du
13- mère
avec
son nOL~veau r:::ri, chez
leur grand-mère
ma terne11e
i l s n'ont
}'l1.l~:i j .. 'ais revu Jcur mère '~';E:r;uis 19:~7. :L.ui av;::it
alors
dix ans,
s:'n f'r(;re
sept
an 0:: •
Ils
apprendront
la mort
de
leur m~re en 1951.
Fendant
ce
temps,
Fid~le est a11~ ~ l'Ecole, aidé par
les
mio::sionnaircs.
Farvenu ~ @tre
sacristain,
i l habitait
chez
eux
et
y
est
l'est;
jusqu'en 1956.
En
1959, il rejoint
.;
Ziguinchor
ou
i l
prend
contact
avec
son p2ctron 8.ctuel qui
accepte
de
lui aEprendre
la proth~se dentaire., En 1964,
i l
est
embauch~ par ce dernier.
- 199
· .~/~....,;,
';:~~::' .".-1 :
..., .:"
·"'f:-;~-" ~~.. '
·~ ''':;~(, ~-.
•~ ~;~.::"~.,-'
~'t-. t ;:.~
C'est
à
partir de
ce moment
que
les' choses~~~\\~clair'Em't
'--;Y~~-':/·:~·:._·
.~. ~ .
pe t i t
à pe t i t.
Nous
apprenons que de 1'959 à. 19 6tf','~::;~Fidè"le
·~..;"':!i":-;'i::-··
>: ":"..'
tré..:.vailJait
[l~ais n'ptéèit ni lcgé, ni nourri et n'avait que
'.
"..
. " ;
J 000 F (60 F français) par mois. A la questiori:
;~ .
F.S.
"
-
Trcuvez-vous
cette
situation'normale ~'? "
~:;.. ~; "
.
B.F.
/c")'ant
perdu []'es
p~rents, il fallait 0.4e. ,:':,jesubisse
12
sor t • "
,. ,'.."
Fid~le arrive riifficilc 'nt aujou~d'hui ~ boucler les
fins
de
I),ois.
I t
iI
ne
Jout
p;..:.s
supporter
les
frais
des
ordonnances
[:~c' dico.:! eE:. Feus crûics ben de ccnvoquer le
po.troll. l"~our IV.i
(.'n
F~:.rJ.(;:::'. J1 C.CccI·,te de prendre en charge
l.e
trc',itc1:cnc;,
!.:é:is
refuse
cZ'l.:<2['oriquement
d'augr:ienter le
salaire.
d'~tablir que la mère de Fi:~le ~tait bonne chez les Souterre
que
12 patron actuol
~
r
c.e
, •
] e
f i l s
des
Sou t e r r e ;
que
les
le père de son
étai t
Couverneur
de
la
Casan'ance.
Mais .le
comble~t'est
~'::. '
q u ' i l a
été
crnfirL(~ r~ue le père de Fidèle ne If a jamais
recc,nnu
COI"r;,e
son
f i l s
•
Effectivement,
F.
por~e le nom
de
sa m~re. Son jeune fr~re, qui ne sioccupe rn6m~~lus de
lui
est
en r~a1it~ sen demi-fr~re. Quant à
sa~propre
~.:
_.,
.
femme,
avec
qui
i l
a
trois
snfants,
elle
est)el~~~aussi,
bonn c
che z
l'iadar,e
C.
,~ ..
Le
te;'ips
cl' expIai ter
ces
rerères
permettan~:'.~'..engager:·
une
thérapeutique
ad6quate
a
( t {
suffis~mment 16~i.~~s
'.
t·::.~
neurol,::-)ptj cU.es
é~ssociés é:UX rsychothérapies de sôutien.·
:
~,
r "
ont
I l '
,
l
a
ece
2.
5 yr':p t or:,:) t 0 l ogi c
ot
Fidèle
est
s o r t i 'avec
-..... :
~~:" .,'. :-:
une
injection de
piportil.
.., .
~ '!.-;"~':;':'~" ~~
.:.~."'~ -......: -:........
Ô~~~l:;·-;..:~:t·:.·::t-< ..·;h~~~'i~~~~~~, -
. "~'-:;_:::-"-.:..-:::"".--'
' -
'" --·:"":""'·.-~0:':T~:7"~'·-:;~·-
'~:"'ô"",;.;:~ ..;;, '~-:::"
-
, .r·,.......·· ',"' .'c'".
...~
~ • ~~
~ .;~ ~i,':-'
'~7;;'-:~~" '-(
-'::,:,"=,,":..,J"
~
:X~.':~~ ~.~ .
:~~~~
J~ip~
.,f;....-:: _"
..r:;;':":~.: ...._ .
-- .200
~. ;. S._· . :;'.'''. : ' .•
. ~~~~~;.::>f.i,~:~ ~~~~ :.:. 'f..:.<......~ -.
. -'-'-;':-- ... -:, .- - ~. ~ ~
",.~.,~~~(~~>:~/:~,~:~;::'~~<;", '\\~~',.
:" ,,~·:;;<'~:tle~tpns,;:de
c ôté
le.' ,:~~agnostic et cons iàérons la forme
d~)ia)~p~~'5~~t'ati~)n du ~aiade, la nature de la relation qui
e~'i:~,t~'i'~::~ii~~e B.F. et~;~:n;père, avec sa r')~re
les
Bellac
",
.
.
.., ~-~ .'...-".
r.
et
Fidèle
av'o~c ::1'. Sc.ute1're
son patron
~
.. ~
..... -
'
, ~
.-~
"\\
.' .
ac't?~:i., _-"~~',':, . '.
- ".-
:.. ;~ '..' ,.-.
' . ;..
·'.1"'"
.. ,:,
•
........ ;.~' .
...... .
~
'
.
. ~ .
:La ~;emi~re questio~ concerne la clinique médicale
proprement dite
de
l'évolution de
Fid~le. A suivre cette
façon de
présenter
le
malade,
on n8
peut
qu'aboutir ~ ce
diagnotic.
Mais
~u'est-ce à dire? Que c'est un phénomène
biologique,
myst~rieux et incompréhensible qui ne relèverait
que de
l'intra-ps)'ché
de
Fidèle
?
Dn l'eut,
~; L· sui te c',e
ce mode d'observation,
tel
qu~ nous
l'avons
f a i t ,
avoir
cette impression
:
('n ne voi t
que
?i0('lc
s cul
q'..1Ï
décc;c,!:,ense,
qui vient à
l'hôri téll,
sans
accO!:r.);::lc:na11t,
qui
j.'l'c·nd
ses
comprimés.
Par contre,
si
on consiri(,:re
un
cert?cin nOE:l!]'e
de
repères
t~mporels et sociaux
le
délire
h~llucinatuire
devient ,intelligible parçe
qu'il
se
l<:lissc
Jire
à
travers
un.:~on:t·exte~ 'C'est cLns·lè cha,1=' ps;'choJocic;u.:: de ce cc,ntexte
que -nous nous:. s i tuerons pour essayer de
c(,nJpren;ire.
'L"optïque
SFitzienri~est une C!pprcclle pOE.;,-iblc.
L';amoùr 'et,l',affEoction 9-0nt R.
Zazzo dit
que
l'enfant
s'en
, ' ,~..
nourr'it avant
et 1;d.CUX que d e ' éti t
n'Étaient
certaine!',(c:nt
pas' l'e·point
fort
dans
la famille
Be'lac.
Non dc'siré
ct non
rec onnu sociale men t
comme f i l s
~i part en t i ère de la mai s on,
i l a'~subi u'n mode de corr:munication d:'5crir.~j.l1atoire. L'ét2ct
' 1 . ' . '
de
.s'6)i:tfr.an~E!. actuelle ::sésulte cie tout 'L~n proces3us historique
..
re Je tan t.
Ce.p~nda':t , pe~t-on recréE:r une sitûZ',tion fa::iliale
. _.\\.
\\
- .
•
~" .• :_,,:. _'
,·.i
~
~.
\\ . . . .
't
~ ..
et :modifier le
point
cri'tic;ue "cors
Jeql1el
cr'nve]~~;'ent ces
•
..;. ~ .. ~
t
-
-
#~ •
":~
-.
,
"
' ••"'0";:,,-
,'"
-
201
Dans
un premier
temps,
ni
Fid~le ni san fr~re ne nous
ont
2VOU~ que F. n'a jarais ~t~ reconnu p&r le p~re. Anci~n
officier de
l ' _'''r,,~e française,
i l
n'a
pas
Clcnfirmé
ce lui
qui
est
censÉ
être
son l'rerrier
f i l s .
On
ir:.étgine
aisép-,ent
que
Fidplc n'a
p?.s
roll
le
privilèce
d'avoir "L'n "rô.i
St8tUt
(le
f i l s
dans
la
faFiIle.
Si
11011.
tié:nt
C01T!ptc
de
la
structure
p~.tri-
lin((ai~"G
on peut
c:ff'il'E,,:,r C:U 1 i l
n'existai t
cie
père
Cil.~e
pour
lui
cien12nètel-
li 0 Ü
est
ton VIT i
P è r é l' .
source
d'u,-(~ rrconn8.iss&r1ce
sociale
puis
personnell'?,.
-
.1.
:.
1._
1" l,'·,., re • I l
infjc1élit(,
le
, .
"'e
.J.,
t e Ji u C
11' i 1 i t a i r e.
S 011
e x i ste n c e
a
c r {- ~ 1.1 11 }' Cl j, 11. t
cl C
con" el' ceri c e
.:
1
~~
5 'e~' t
l1Cl-L!."J."'i
('Cl'lJ.iS
l ' cnfz:ncc
:,
1-
place
de
l ' "cffcction j)~':.J.'l:llti.clc, ont
Îai.t
de
lui
un 110[l"1e d(,sarin~
sa,îS
assuré',nce
qui
dcute
de
sa
"s,"curit,!,
ontoloc;icj1.:c".
e
moinrlre
choc
lé'
îi:lit
cJ,anceler
ct
le
CCI':j"orte:,cnt h8.1.1.ucin2.t;. ire
est .adapté
à
ce
ro<~c c:e
sGcialisation îcnd6
sur
le
mens once
et
la
tromperie
~ propos
de
soi.
On rerTiéJ.rque
aussi
que
FicJèle
dr-con 1pense
toujours,
excepté
1 e
J 1 ct é c € i,' i:o r e l ~ 6~:, Ct1.1 t r Ct v êl il, C J'! e j. son pat r on Cl c t l.1 el,
LO!1.sieur Sou terre
tJùjo1.1rs
GU
bL:reClu.
Ceci ne
peut
pas
être
erat.uit
et
SéU1S
s e li s.
Ln
e f f' et,
Bel18c
1;).
n:.:"l·':
cc
E3t(o l.;O;Ulfc' chez
les
Souterre.
La mè,re
disparait
et
c ' e s t
Fid~le qui lui succ~de chez les Sauterre
Oi1J1S
les
ccnditions
ilid:iC'U8['S
dans
l 'observ8tion,qui
sont
se~blables a~
statut
de
v~let.
"'!'
202
4
• • ~
Fid~le pas~e'~~
..... -.,
~.;
tii~ pr~sum~ au non fils pour le p~re
de
f i l s
biologi~ue d~~'·bPh.ne,~è"il devient lui-",ên,e valet p2.r
l'exploitation.
11- ~p;u~e une femme qui devient bonne ~gal
len'cnt.
COi~1;T:ent ,dans ces candi tians,
le
cri délirc,nt
"donne-moi
ta valise
ou
je
te
tue",
s e r a i t - i l exoo:mpt
et
vièC'.'
cie
sens
?
Fidèlen"~ pa's de "valise"
i l
n'a
jalc,ais
rien ros s édé
qui 'pulss e
lui rendre
ré e 1,
C]':i5 t:11 t
;
même
pas
sa pers onne,
sen corps.
I l
a
vÉ cu d"~ns une
con train te
interactionnelle bas~e sur le mod~lc tancentiel.
C()r'~ j dén( sous cet angle rhénol:;':nolüci(~ue, le cri de
l'i(:(·le devisnt
compréhensible.
C'est
l'e:-:~~res,,,ion mali3-c:rcitc
cl ';:n
syO"tènw
indéfinissable
qui
blo'-;uc
dou1 Ir ;'cnt.
Ce
n;odsle
(~11 1 ~~l "ntretj "nt av'?c le patron act1,,,J (:st 1:: r/l,étition
histoire
f a m i l i a l e .
A le;
C!l"(-stion
r . -::' .
"-TrOllvez-vous
cette
situation norm~.lc ?
(en par12cnt
(1 e
s on salaire).
Fidèle
rc:pond
F.B.
Ayant
~erdu mes parents
i l
f a l l a i t
qlle
je
subisse
le
sort."
Voil~t qui démontre qu'il n'est 1"::::s donnr'
un !",";cl,lbre
que:lconc,uc
de
défihir: la :"relation,
de
s a i s i r sa ni3-ture,
et
la qUétl i t{
/r:-"crgènte" qui
en r:' sul te.
r~u te de j'ciuvoir la
q'-..:8.1ifier ,
l '
inconfort "psycholûgiCJ.u'~; 5'Jsci té ra1' le. non-
con:filTw,tion éLyant" caractérisé
sa vie
infanti].e,
no
I}(?ut
oue:;
E,(
!·":.llif'(,ster par des
illusions
üt
des
}]Çtllucinéètions.
En r(a1it~, cette' vie irifantile ~tait enti~rnt et struc-
turéd!::;'
nt
:fElusse,. sin~n,·':hyp-ocrite. EI~'e ne disait V"ts son
'.
'.
' , : .
! ~'I
.
nom.
N'est-ce
Das
làurie:~orte d'hallucin~tion ? Et dans
....
._-
...... .
.
l ' inca>8ci te'
de
·c.on'~p~~ndre, il sIen T'e", t i3-U sort, n:eilleur
.
.-
;.
'.,.-:.
moyr,n c om,;T1J1i ca ti'~rinè!:i;çl~, ,nr:~:pas b ou 5 cuI e r
1 (' s
rè c: 1 (; s
èu
jeu.
-~1~~\\f~~~~* .!:~~~~
.... ~ "~-'-'
. .~
., .... --;-
.
~
-
203
La
s)~ptomatologie ici est signifiante d'une
collusion
é.t
la :fois
inter et
intrafar.iliale
à
l'int~rieur de la
famille
Be:ilac
P:::'T
la nc;n-reconnaj.s::;è,nce
biolo[irl1Je
qui
n'a
d'~~uivalent qu'un assassinat social de sa p0rsonnalit~
puis
aV8C
les
Souterrc,
p2r d(l(gation
les
Souterre
et
les
BeJlac
~tant amis,
i l s
~taient dans une situation de
cc,nfin,;ation ii-,utueJle
mais
pOT
l'intérmÉ'diaire des
pères.
La
rlisparition physi<1ue
d'un des
maillons,
a
s u f f i t
à
d~rlac er hori zon tal emen t
1.::,
reL-, t i on
con:pl,' ;:;en taire
c~i S c,ua-
liliLlnte
p~.r le c,"nal c:u trava.iJ
rl.:Ul'.'
l ' écononiie de
rela. tion
Be:llélc-Souterre.
f'i(:~le C~;',
une YictiJ.:E:
C' '11n
jeu verticctl
et
ln (lynali~icJl](-: TeJ
tionncllc
;::~ctuelle des
Bellac
et
è.es
SC1JterrG
-
204
:Ce :~as·-t~·m6igne ,de 'la situation indécidable cl 'une
~.. grande p~rt'i'~"de"~'a:"'Jeunesse actuelle, particulièrei::ent chez
. -::
. '
.~... ';'.. .>"~.. :..
.~.. ,.:-.'.".
."
.- .
.
les
inte'llectuels ,africains.
....
. '
':-.
.
- I l s':agit' d':un~situation, intenable,
d'une
double
contrainte
idéologique _qui', ~oince surIe plan comportclL,en tal
c'est
le
;~.
contexte de ,c"hoix néce:ssaire
,
mais
impossible
"l'illusion
du choixpossible" ,':,,(\\{ATZLAviICE)
entre
la l';oderni té
et
13
tradition,
l'hom~ostase sociale, le
l C l
c' f~~·t
la religion.
H.T.
est un
jeune homme dE:
:<'3 ~,n~;,
in,"titut(;',Jr rie
pro f e s s ion.
Ce
cas
s e r a
pré sen t r~
2' ,1Ï V z ~l i
cl (..:;~:
c', :;-J' :0:
l'axe clinique '-'et
l'axe regr(,up,':nt' lé:
stTllcture
f'a: i l i a l e ,
les relations
pr'éfére.ntielles
ct
L'"
r:'lj~_:i,;n en 'L,nt clue
.\\
révél~trice,,:,ct.e 'la ,cr~'se duchoi~~ il::1)ossible.
, Sur ·le'j:>la:n:-:èlirii.que:",
......
. ".'; ~~.' ..~. ','
:
Les
t-rouble qui'-' m'ot iV,ent' :la cc'nsulb:,tion r'?ï::ontent
a
lé\\.
,. .
,
.
"
. '..
..
ren t r é e s c ola ire. ,.Il:' ne' vOYé\\i t
ni 11.' er:. t enc;a i t
plus
ri en
i i ét~ite~'Cé~'~~,:'~,:;~:gitatio~. On note un autoj~;atisr,~e r;;cnt;ü
~
.~
•
- .
Q.
; .
•
et 'des halluciri'a~_i:~ns"psychosensoriellc:s: visuelles, auditives,
cen~s~hésiq~es>L~·~, aU:t~;"~tisrnes sc: I:~c\\llif('stC'r;t sur le r1.,n
idéo-mental.,'par une
tendance au
Il devinGL,en t Il
et au cuidClce
de la pensé~ ; .et sur '.le ,plan moteur il ob(-i t
c'
cies veix
co~tre sa volonté .'::'Tl> y 'a' ,uri' svndrOli,e r:I' influfc'!'lce. Au fil
'.
• ~
•
:,. •
1
.,
~ 1-
. -: '
.....
,,'
de.se:g.tretiens,
ol1""re,~.~:rque :un ra] entisE,e;:'i'nt de la IJensée,
,.":"7!"
:.;-.,."
: 'un niadding'~(e'tc••'~
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...
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.. 0 - . , -
' _••• :~~!:f.. -
...... , . . '.'
.' .- ~-' :.-..~:
.. ~-
- ......
''Ci- •
Quant
a
l'axe
social,
i l
apporait
que
les
troubles
remontent
~ plus loin.
i l n'en
pnrle
qu'en
l'absence
de
son ~~re. Lors d'un
entretien av~c le
Dr.
B.
Jean,
un
épi s 0 cl e
rEl T tic 1.1 l i f-' r
r e tiTI t,
J 1 ~, t ;" ' ;1 , t i ,-; 11 cè e s t h ,0:: r cc}l eut e s
r.-:8.1a d e
et
i l
finit
l ' C v i <? n d r Cl
plu s
L.
l ' e ri t r ct i, ,1 •
r~ 'un
stage
11 To u t
c e
(' u i
Fi' arr ive
c' s t
dû;:, ,
.~ .. :i l:
,.~ \\1 (:
je
II e s t ) i s
q il ' un
drO[;11é ,i ::'is
jlo'
E,R
suis
1':1 c1-oc, t,
c',~
ci i;:·iJi"!.-'::-,:rl t
J. C ,S
Ctl"'Cg~U(-.~ s. f1
s trl_' Ci-1..:rc
~:~ t _ L.·~-
TT
rr.
Jï • J
•
"
l'ion
père
est 1l1.'iS5:-':lt
S1'T
lé
pl"n
reJigieux dans
le
village,
J
ct).'3
i l
rE;t
libé:ritl."
I l
est
d'aiJlcFrs
prati('~u2;lt. Or le Coran interdit
l'alcool
et
10.
Secte Tidj::'cD':'
~.;. Jc.C]1.vllc
i l
;:"PPé'll'tir::nt
interdit
de
fumer.
L'1.'l·
C OI1 iT'(-'
. J
... '
t
ces
infrL:ctions.
Son
délire,
'
s' i l
fétut
appelET ceci
d/.} j re,
est
sit.::,ni:i."icé\\tif dE'
ces
contradictions.
H.T.
Il
La philosopllie
et léI 1~:Ctaj)hysiquE'; se sont imposées
~l moi à 18 r':, n t l' ee: c 5 C 0 J:.. ire. J e
su i S
:=; a li S I ' in fI u e n-
ce
con:binée
6e
:' Olléii cd
et
(:e
.JÉ'sus
Je
cherche at!tre
en r~·'&!T,e te;··;1.)S Ull 1) or; rll.15l~lr·z:.]1 c:::t l':ll ben c11rétien
nEtis
je àÉ'sobéis
ton je· urs
en
bFv8.nt
c'.lntre
le
Coran et
en
fU~~TIt contre
le
Chri~t.
1--'
en
11 •
J
2. i 1"") é •
C'est
lui
les
conflits
ne
IY"·'J1Cll..F ' n t
r'~s ,:1'C:ll::l,ctr2ître CClI' Douc1.ou T.,
,.....
l'accompagnant,
refuse
~Ju,:,lr'-,:(;is cie '::ui c" :~C!let~i:,'~",jj-·:t~~~~
.- 206
'~.~ ." .
"
Voici
son ·opinioÏY':
H.T.
" ,- I l a' .le' dro'it
de
refu~(:r ruipcruc c' e~t r,WH aîné
et 'qu' i't est 1 ::Œi0). !'élis en f1'êr;'c:
temps
cela file
:déplait;' C'est un pr01,lèn',e difficile
~!. n'·soudre.
,De
toute
façon,
c'est un cxcl?ll(~nt frère
c' es,t
ün modèle
;
mais
n:oi aussi
j2
suis un modèle,
car
.en t.ant: qu"·instituteur
je dois
donner
l'e~:emple
:à me:s 'éleve's. l<ais mon gre.nd frère,
Do-r.;.dou,
a
le
droit
d"aîne~:se.
Thérapeute:
Pourquoi
tu ne
parl~s PQS
souvent
?
H.T.
-
Je
suis
timide
Entrecoupé.par un ~llire. }uis
H.T.
Parfois,
je
s','i::::
réiisOllni'1b: e
':'1;
ar'prd'tic'ls
c' 12.
religion musulm?ne
puissue
c'e~t Ja
rclicion de
mon père et
que
j';:li
étr;'
élevé <.1insi.
;'ais
quelquefois<,-, aussi
j ' a i l'i;,:pre;:.sion d'0.vcir bafc.ué
1
la religiol1'catlloliclue
,
pourtanT
je n'ai pas
fr~que'nté de catholiques, Ô.C pl~ê:trcs.
L'accompagnant
qui
le:
fixcdt
"el'1.Jis
2.on
te;'T5
52.1'2.5
parler,
lui.coupa 'J'a p;:,role
sans
cc,nviction ct prononça
.
" . /
d'un ton'décourage,
ces fnots.
Doudou,
l'accompagnant
Je n'arrive
pas
a
d~finir mon
frère."
A propos
de
la fâiLillc
ct
de
le!. relicion,
l ' acoor::pagJlc"<nt
nous
fai t
savoir que
c'est une
gT2lndc
faFlille
rdusulnnne
stricte
sur les
principes
T"c: 19leux
~;t r Ol':,111X
"Èl
la maison,
oninterôit ,:1e boire
'c:t
de
îu;;er."
Sous
le regard :app'rcbatël.'.r ,;e I-tar,'ad,
l ' 2\\cccmpagne,nt nous
..
~
.
":
explique
les
principes
(lui
cuiden t
l ' É dllCel , t i on dans
la
.'
r
famille
r'; e
i'; es ure r I e
s c- 11. t i!'I e n t
de
culpabili t~ ,que, sus c:i, t e
l '
'L":'
de la l o i , : ~'.'-, ::-"-,':"~:";
.~"""'7·:é=c"-~
.~_.; ....:.~ .• -r... .., ~.-
_... _T.~- ~~ ~ ..:..
....:. ·~#~~t9~!~~
.lI .'.~.
-
207
Doudou l'accumpaGnant
11
-
On
tolère
les
études
~t l'6cole
française
i l y
a
d ' a u t r s
pcrsonnes
que
Hamad qui
ont même
fai t
de s
étude s
sur". rieL'r'? s.
J'lai s
on n'accepte
que
cei'X
qui
.".ont
C!(:U(~·s. J.ci,
jé
.·--"2,i
fél.it
':ue
des
ét;.,de.,:,
cor~~11iqu('s ,t j'en~;'i':;J'l' ,\\ rie::: "taJ.ibés" (petits,
éculiers
corani·. ues).
:uis
j ' 8.ur8.io.'
voulu faire des
é tud c s
c enlie I[,U.:2cl
~ ·cur 1:;' ouvrir ':' l,', nond e
;
10
fait
de
p2rtir
L~~ire riC's ,!t11des nI e::,.t ré·.S c:8,ncercux
on lJeut
so~otir f~e chez
soi
s:n~ qu 1 arrive
tout
ce
qui
arrive
i::, Eai,oac1 .••
J'eut-être
ce'a ne
lui
scrél.it P&S
arrj.v(~ Jl!i'.:'.S c'est n·if-;-ux pOUl' 11a'2:cl car il a un !]J·tier
i l e s t
é v e i J
ri'.
Si 11. a i
j C
IV;
l ' Ci i
r 8 S :c 8. i t, c' est p 2, r
rc~"pE:ct peUT L, f,"'.iillc!
veil:'"
j(~ n'8.i pas ùe ",étier.
Hail:ad,
lui,
'!cnJv!
de
l'arc'ent
l'our },('norer :-::es
pé'.rents
("è t
Il; n 11. t r e r
0, u ' i le::: t
b (: n
::' i l~:.
"
télblc da:ls
laque11c
~,-,
i'r':·1.'y(nt
de 110,.,1)]',l.:::
jCUl1'_S
dans
les
centres \\:rbains
(,t
r;:t.':I!'c
l'urou::\\:.
1.2
vi,
Il'o''l erne
l=sn;;'trc
concomittamment
la
tradition,
structurc'lll:!l>;nt
CCŒ
ctéris6e
pur
le
"toujours
e t r i ". n
Clu..::
t 0 u ci 0 urs
l a
El ê rn c
cIl 0 se"
0),1'05','
une
r(~siE',tance
~L cette
l '
..1:"
'. •
r:', 0 , 1 1.L J, C 2, 1~. l 011 •
Bec'ucoup cI' entr
J. ( 5
les
intelIcctucls noti'L,iicDt,
cLoi~:iss,~~,t l'un ou l'autre
De
cette
,'anière
i l s
o:rè~r('nt un Ch2ll1gei",,-'nt de niveau sup':risur
puisqu'ils
com;.unir:;ucnt
El,!'
18.
situZltiol1
,,'u deineUr2..nt
contraignante.
"l.l::.1
chir·n de
chasse
coura~.( <:l;l'è:-,s nn lie:,,·-]"',,:
qui
n ' é t a i t
visible:,{·nt.
r''':s
CO",i''-e
les
étl1tres.
Tl
ru"vi"',it
un
s",-ti::T
au 'Tiilic'_è ('e,,'
h;::utes
herb8s
S"'Cl1éS
([812,
saval-Je
CèuandJ
brusqllci:ent,
i l
Si"'
trouva
rjev<.nt
un
('i,-;br'nchen;; nt
18
sentier s ' e s t d:i.vis8
en V,
dont
le
lièvre
a
ell1prunt~ ,unE!', ". ~::_~
vcic.
i_e
chien qui ne
l ' aVQi t
p"s
vu
se
trt'uva
fort
cH:barrc.ssé'."
Le
risque
de
perdre
le
li~vre est rle
50 pour cent, m~is lui
n'en vou L'" i t
pas
prendre
dl'
t '-'U t
i l s (.
c luch<:t,
posa une
patte dans
un
",mbral,-che,r,cnt
c't unep::ttc'
d8.ns
l'2,11tre.
!Je
cette l~:c<'nle:~e, se dit-il,
je
l'aurai
sûr(O-I'-,'.nt.
en raconte
qu' i l
cl. t t ' l'1 ct
t 0 U j 0 il r s'.,
cet
(0 11 d r " i
t • "
~ 208
• ..;, ~ •
. '
0\\....
.·,,;.;j~t~~::;E Vo~i;à un t.:y~.::;.:d'~ choix auto-destructeur et 81.'to-disqua-
,- ... ;,·,.::)tii·fi~·abit.ir.· C'est· ~n. :faux choix qui conduit au cc·mportC::r,lent
.
.
.'~ ~::::' ::.... : : "'.
:: ..: ' . '
.::: -
~ -~'. .;...- .
:-.
. :::aosurde' et .bi~arrè·: C'est la si tu: tion d2.DS laquelle se
. ,::'"
,trouvent 'bon nombre :de
rna la de E.'
'1" '::
neu s
::,vcns
ronc on trf~ s
"à, Fann.
Le
pèrE.' de Hal'l1ad
prés' l'te
dec;x visaees
i l
c~t
. ,',lib~ralet rig~ure;'{{~.•· I.ibéral en acceptant cl' envcyer certains
'·enf.ant s
à
l ' EGolefrà'nçai s ('
rigoureux clans
la
rc l ib'i on
mahom~tanne. Mais ~~_r~alit6
cünn~issant le
fanatisme
"
religieux et
l~ statut de dicnit~ire rlu pèr'
son asp2ct
lib~ral est un leurre. Il
joue
les
fa1.1.sses
cé~rtes avec son
· f i l s .
I l
ti(·'nt
deux
dit:c('1.n~~ jncc1i'p::tibles
sur les
plans
digital, ·verbal,. ::e~,,. ,analogique,
Son r'o' ,~, e 8 s t
l (
Eui Vé'.J1 t
"fai~
ce
que
je dis,
n(\\E
ce que
je v"ur:1rz:is
qu':'
b.·'
fa::'scs."
'Ce genre
de
message
non-convrrcnnt
aboutit
à
ce
que
l'accompz<:'Tl.é:[c·t
,:j.t
,~e ::':n f::":T<;
"je ne
peux pas
le définir" • .
Lui/non plu~ ne
peut
pas
s~ d?finir,
sinon
le
j ' u d2ngereux
f i n i r a i t
"parfois,
je
suis
raisonnabJ e
(:t
:::f-Ta::.'tiens
1;:.;
:rcliG';ion
"musulmane,
puisque
c ' e s t
1<"'.
reJ.ic,io;l
dr:'
mc.n
r'È':rc
et
que
j ' a i
.., ét~~levépar luiai~si."
On devine
aisGl1lsnt
l':è~trc: bj.~~)"ch8 r~e l'~·tlterjL,tiyc. Et
'q'-;1and Ham.ad,
dans :'5'on (1é.-Lj}e,
ir;d:ryr.
(~~";ll
',-
.". ,- ~
.: "c'he rcl"e
. .J.
"l
......
e'" t re
bQ.·n_.
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mu"
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su l ,.
•. ; .-"
c.. ... r
_ ~
('
..;
L.
',r,'"
l., \\. i ;
,
('
J.
"
h
~ ..1.. 1'".... , . .;
U"""- .
'-.. ·n"
,
,
./
..~. ';~!l peut s~ rlernarider s ' i l n'=
revendique
pé~S le drci t
de
cité
~.
" .
. . ~...,
, ...
",pour l'h8reSle .dans 'le
sy,s'[ei:·e.
Cette
rev· n,iicélt.ion n,::
~era
jamais' s a t i s f a i t e puisqu'e
le
!1"
fc.:it
J·c'.5
p<'.rtic-
des
r~~s18s
du
jeu.
!'lai~ le drame' c'e~,t <:u'on n:- l,· lui rit pé".S. On 1re
'1 ais s e c :r:. 0 ii' e; . e s p é r ~:r p 2. r I e ] i b é p, j i S 11': e cI' un c ôté
; 11'<2, i 5
'i
.:,c'est
la
ricueur ·.~ou la poigr1'.' de l'autre qui SUP81'visc: tout •
•. "
. '
.
•
~
".~.' ~ ~t •. :'
. .Car,~on 'a -besoip. .d:~âr}gç~nt et l'
Fils
a:rparaît
com:":
1.,:
l!J8ssager,
':'l~è ,çherch~ur d:'.or. :en.:q1.lelr:~ue E crb' 1 ce,r:\\': '.Cc d~~:n ~ les labyrin the s
......"
' . { .
".
.
_..-"
~
,··,du:~rtIOndemoderIi.è.:~·M~i:s,
t e l un
sré'léologL18
tsnu
par
le
f i l
.",,:~~~~~~;~1.~~·è:ir~~d~m.6ri:d'~:~t~~ld:j,t:i,onncl , religieux, le fils devient
-ili~II~,rl:~tr'les deux civilisations clivées
".--: .. : ' -;>•.".r~__ -... \\;.: ~:~~_~.-:- ... .- r -.. _....... .•...
.......... _
.~-i;....~:. ::.;"'~~'
.- 2-09
C'est
~e C8 r~aJisme que d~coul~ le d~lir~ pour
désir
légitime
e n
soi,
r;éUS
disqualifiô
do.ns
l:t
A
l~
qu:stian de
~. , ;v 0 i r
s ' i l
au r ~è i t
:L8.ire des
études
pasi tive[~,eJ1t, mais
i l
nuance
-:7<-:. <.~.•
"l'eut-être
cela ne
1 ,,-;
...
~~
"
Ceci
traduit
U]10
1l,::::it.; ~ion [','n':.' ent~'.J,e ';ui
n-;ine
l ' i d e n t i t é
pcrscnnell"
Cé,r
les
ql:
,,;tion~: ._~·J,:,ci~,s<..èntes p.uivantes ne
,
r '.' l' 0 11 ,- e é;
lI(~ui
~l.ds-je ? ~u
lIe
ra~itjon ]·'OCC1.';,e
,
-
J.'ur espace
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Fair
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"
En réa"ité,
BanG,d
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cl};!':,
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situ::,tion cJ'indécida-
bilité-.
l
'
J, e
Cl
lire:
()li
Il:aLifeste
le
désir
l":citime
l!i<,ié:'.
trop bl'lJyctnt.
,'c
~,('beJ.ljolî ii"P05E'-ib.:i.e contre
le
système.
C'est
"1'av·21;ture
élilibici.'le"
(C.Ir.
EAI,{E)
au
cours
de
laquelle
le
sujet
pCJ"d
racines
et
r' p'2r':s
de
confirmation
tilutu' Ile
et
ri' idcntif'icéltion
S('LL'~e.
'1 .'~
~-•.
1
_
",_:t
•."'-,.:;:: ,~
• J~ -
"
"~-;'f:li~:~~
.
,:..
.
'
-
.2.H>
6
Cas
( .
J; . • "
.r...... )
11 0
667G p
Cr:'ttG
obs(~ry~,tion nc'us
l1icl ntre
I).n
c~,é.'
de
ponctuLl.tion
arbi tra ire
d e s ch&mas
c omport efllen tE;UX
les
un~ apparaissant
aux yeux
cie
ceux c;ui
les
pos nt
COl1îiïle
les
CLluse~ des Rutres.
I l
:=:. 1 en~,lli t
un
en~renaG(' cl:ns l'escalade. Ché1.ClU'~ d{cision
....
et
chaque
ju~>er,.8nt cians ce 1;1CJd.èle r0troa:<:;it nég:ativFmC:::J;l.t sur
j"•..
le
précÉ'dent,
J'enfo,'ce
Ir:'
suiv;.nt
et ren-'] 1<:.' ch;"ng-em;'nt
impo,"sible.
Ce~"endélr't, l'acuit0t la col,{sion de la Iic;ue
au
typ::-
de
s'ymptâme
pr(~sentJ
/~ • 13 • est un @,'cirçor: c'e
célibo.tairc
C:l"lf Cl nt. E,
..~ ~. '.
"
.'
,.
-;':-:j:~"7:~
..-:- ..
:1\\011S
présenterons
brïÈveJncnt
l'c.spect
cIinLuc
puis
nous
rc~roduirons les
cntretiens
~ue nous
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'~-: ~.:--.-.
J~ • ]~ •
et
t,'on
cousin
~..'t. ~ ;;;~
~.~;:/~. -.' ..
-..
avec
:,. :;;
co
de
possr
le
diaGno~tic de
perve i
.
"
Cel"encL:nl t,
i l
se
pre: s en te
cO!:T;e
un
~:'ujet CL"..ll,·:C
al.<
cz.ntélct
f::cil c.. ,
r~:od.s
s' aci te
qUé.nei
l
s
siens
parlent
lie
sc's
actes
i l ne
sr erlteJLd
})CtS
Gvec
L'cxaI:C'l1 n'Q
f2i.t
r·:s~'crtir ni dc:",ori',nt;·,tion te~"l'oro-~I'ati21c,
n i a t t i tue' e
h 8. I l u c i 11 é c:'"
n i
In 0 l' 0 t'
i 11 coli (, r en t.s.
DLt]] S
l ~l
familJ.e
on vi t
ensL'lI1ble
d2.ns
une granàe
concession nmis
cll.aque
ceL·uIe
i'onci:io;;n<:'
de
Î2l
Cdl
é".utonO[;;8.
~!f~.~:>I-:
1 ~ ",::
..... 211
Entretien av·c
le
111?]ar1e
, t
son
cousin
A.B.
est
venu
~ l'hôpital accompagn~ de son cousin. Pour
j~ bdoul Cl Y'
le dé:but de
li'
"
r] l é,ladi·
"
A.B.
"
J' a v c', i s
un
ln :'ll
cl e
co lé, l' r • "
Au
début,
cette
forr;'ulation
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jusqu'au s~ng, i l
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sal.'vaGe:~.ent avec
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f(;i'~meS, etc ..
"
Il
COl..lsin,
(aus"j.tôt)
-
Tu
r'o'l1"l"s
ell",
est
devenue
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El.·v UfI l '0'
CEl us C'
des
pl eu r s e t
d n s
S GU ci s
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t ',1
lui
ce.UEes. Il
.- 212
• • • p
J .
r:
~.
Sil~n~~; A~B. explique qu'il est revenu au pays, alors
.r~•. '
qu' i l-é-t ait (~ n Côte ct' Ivoire,
[l
CCl. U S ,~
de
l c~ nostalgie
pour le
Sénégal.
"
J'8.i
l'es;::rit
citadin,
les
;:'l1tr r s
sont
" s 8.uvages",
'(c'e~3t-~J.-dir:: ils ne c"nni'.iss'nt piJ.S la vie du
.·Blnnc)
;
t,us
les
j'unes
ont
quitt~ le vilJnge et
i l ne
rCé't:
plu~: (lU
\\,:oi
i l s
sent
p:::rtis
b
l ' a v e n t u r e ,
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rchcnt
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ct
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envoient
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}--:é.:T-'ént5
;
r.-:c;i
r~ClS
;
i l s
C0!1~t:;:t.1isl.?:11t des
rrl::lisons
I·t
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billet:c,
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i d ,u::,
J,'f'-
ff,(jlutj,on::,;
( i tes
ra(~i
cal es. qu' i l
pro po S (:'
r e 11 :f r- r cel' i
lei'! ,', 1.
:L l
e ~: t
:- e ~~ 11 cL, TI s I e
bL'-reau'en pr{s',~ce de
Grand
Frère
l!
(d'un
ten
solennel et cravel
Je suis venu
l'hôpi L:d,
ponT
éLider etL:
t r ,1 i te!. ':' le t
d' Alxl () u l ;Ci ;' S • '
A notre
sl'rrrise,
i l
C(:li':D':<::,]';ce
p: l'indic 110r le
type
de
S(:in5 q u ' i l
lé;ut
Cccl
ini.:·:rer :~~ _,·~ijdcuL\\"C'. Il f".it une
pre.scription :,/dic~:Lc.
Grand FrÈre
11
-
I l
fz\\\\,t
d,nn,-:!"
'.-'es
IIcE'.:i.m2.nt~:1I 2Q:::;E:eZ }yu,issants
IJOUl"
ll1i
cnu:d'r-
tcute
'Tel~:éité de 1=;~-~ssé:'Gc il
l ' a c t e
8t
élS
vic'lc'-'.ce
(n~ssi bj.n ~;, l'l1ôI~·itnl
Ci u ':'.
J::;
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J l
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'J:' .>:i"'~,.,:,
''':' ~~'.~~'~'..':. .
~:~:~t~-
::~~~~~ ~S~~~::·
:: ?..-f .."
-
21)
qui
s'efforce ~e:nous montrer qu'il
,
.
est
é..t -L1
5 ( r 1·: ux ,
élève;
la veix,
la
timbre
et
nous
interpelle.
KOU5
rCir,,::~rquoj1~· l'2.ir ~,pprobc,t':ur du cousin.
Il
\\'C1J.~, ';-o·ye:~~, cl.octeurs, _4..
d(:~s
son
jeun(~ âge
Ct
étJ .s,J.té-
j
i l a
grandi
avc:.·c
des ."cajoieries"
voil',
qu'il )~'hésite plus m2.in~enant ~1. agresse
['Il ys i(}u (~l,;(]) t
les gens
et à
essayer de
c cucher
"V,,'C
les
fel ;;.,es d'autrui
C' c:-:::. mots i:.bc1oulaye se rétracte comm·:: pour
lî i (.1'"
1·
Grand frère
c '.,n t inuc ) ••
;:' , <? 0' t
v ,- ~ i ,
'n t r e a u t r es,
niêl
propre
fe",me
(: t
(en indiquant
le
cousin qui
<:lc:;
iesco
l(:cèren:c:nt)
" i c 1
Ile cs
t'ont
conduit
en prison
n
"
Cl
mois
et
Flédnten;'.nt
ici
., Fann.
(]::~ tt.te l'·.llrnée vers A.B.). Fuis
Tl'
vi l\\ ~ (; é:
1 r· S
f e mm es.
..!-\\ • TI •
11
donc
j ' ;:'.i
un prolJlèr:'e
de
femme ••.
Si
c'est
ça,
t,-· llvc'z-n:(li
une
rCI',n:e
1
r
T"
.- .
Nous
n r
r'·:fuscns
p~:s
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te
trouver une
ft.m:;,,·,
n,ais
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\\.."
i l
Ji'lUt
(1:'8
tu
E,'U';'risscs
;
qui va
te
donner une
fe\\;;::e,
tL'
va s
1r''-lpper ~l mort
?
J ' o.V<:',i 5
même
c om .. enc é
de s
:po llrr<lr:: ,_ :C~-i
avc' c
un homme
pour
te
trouv'" r
U!îe
fer::.,:'
(~è'~',''':'::l b,l ?S
Tc-,it un mois, S<:lns violence
nai5
(1ué'.nr:1
tl~ 8::' ]~('C(lJ:i!' enc'-,
j ' a i laissé
tomber •••
Qui
v:-.
-,'.. :-::-, ~:;.-e
la
rC5j'onsabili té
de
te donner une
f'
E'
Ci' '
c' ~
:C i l ' e
l', OU}'
ctu e
t u t u c 's
?
Je
tr'
.':'0: :(~t:=,
un",
fer.::r:c
à
ta
sortie
si
t'u guéris. 11
J~ • B •
-
Dl2ccord,
j ' a i
c0mpris
docteurs,
je
ne
ferai
plus.
G.r.
-
I l .. i t
ça,
i l va ,recom!1:encer,
cl 0 c t eu l- 5 • 11
;..
~ 214
,j,'I:"entretie:n avec
la
tante
eut
lieu
le
7.J.1979.
,-"
""'\\
Sa 'pf.:é:occupé·tion rr-:jeint
ceJ2c
du reste
de
12
famille.
Son mot
d'ordre
est
le
même
quo
celuj
du gr nd
fr~re
largell1ent
2pprouv~' Pé,:
J
c'u:"in
(Co
ClVE'C
c~ui Abdoulé',ye vi t
"DocteurE,
cl irn i nue z I a
for c e
ct la Il pui 5. S é:TIC e" d'Abdc,ul.:J,ye
avec vos
'.m','dicair,cnts l1 •
Elle ,craint
qu'Abc1oul;:-~ye rc:fe.ss0; le5 mên:es m~f.=:its qui
expliquent
que
dan5
le
vill aG'':: 1
tout
l,
Illonde
ét
peur de
lui.
Elle
racon'~e 0.11' < plusieurs repris' s
Pour
ce
foire:,
j,l:3'
place
5t'r
l .. s
che\\:ins
~les ÎeT!wes
qui
allaient
puiser de
l ' ('au au
,,,,.,iCed:.
"une
fcir':
:U,
::::'t
i'~&;'C ::cllt j-lJ:"C'U':'
"'cr:i.":,cJ-,c"'
l'orc-;iJ'c
l~8
l'une
d'entre'
:,] l('~'
:!l'èC
<,,;;tJ"'"
:Cci :-,'
cc
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l<:s
dents
d'une
fr·"
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qui
c:'nt
(':t('~ arr:_,ch(~;c~,'
Sé.,~lS l=<rlc:;~ dll viol
d'une
f i l l e t t e
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c'eé::t
J8
nè."li;e
c',n,:'uito
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la 1;'éli,o;(l1
ClU
li'élrabo]}t
O'~l
i l
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c· n
t r~:.i te m, Jl t • "
,
QUé'.l1d /\\ bd ou ne
voyait
r c: s de f ef.Tne 5
. 1
, l ~. S en prené: i t
,
,
aux homn:c'5
c· t
c
est
cl ins i
elu
i.l
Et
(~- t';
sorti
de
18 l'rison
pour être
envoy,'·
i l
FunT!
pur
le
saus-r:r(fet
"18s
prisonnier:,;
n:
sUPl::ortaient
p<lS
sr s
sollicitat.ions
(·t
ses.activi t(s
• l]n~ ,'utre :f'ois i l ost aï_lé
jusqu'à s'amuser
à
év~ntrer avec un couteau la f~m~e de son cousin (son
accompagnant
actu,··l).
Cette
fen'!'!'::
portclit
une
grossesse
gemellaire
;
actupl~cmcnt
,
eJle
a
fui
en Côte d'Ivoire et
a
juré de
ne:
plus
rc'ntreriéüJt
qu'A_bclouli:1ye
v
ser8.it."
i l a -failli
(tré:J~c:l'ê:j' 1, Yl r • vi~ilJc f
l!F.:e
• ..L- ....
de
sa f i l i e
pc·ur
.1<-
,-jaler.
!\\ous
r('F:8J,~,,'0J1:=; CLè'Abdoul:J::-.?
n'hésite
1,,',5'
:f':c.:il'e
r-1'1".c-r
~;(,n c(usin '11·i l'accOi';I)é:'C'C:.
C'est .alc·rs
C',"il
SC'J-jt
(·t
r>"c.'é!,re
" Ce n' est
p 2'. S
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1'-. '"
f 0 u. te" .
.. -...:...::~~.~
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.'
"
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-
215
SOl!
L:ci '.encc
dé~ns 12 dynal!ii(~ue
inte~~~ctic;'}-:. IJ.c
intralarnilLlc
r.t ilJtra-clallic~lJ(-
'2t
le
CDS.
X(1U~o ;:/:',,(:ttcns de
discute:;.' El".
r:eu du
èiacnostic
parce
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nous
r" l1Süns qu'il]}' est r.Jc's l':1,J'2.nger dans s(=,s consé-
Ot'(·nc(·s
.c:~..~t,~r;;i':l):·~; :'""ur }'in~ic::i:i.(;.--, thôrL~,p·';utic:ue. Deux
C ",:
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3.tltres
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un
11.:'rci:'ô~,isme bien
p {, 1.1 r
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t {, l s
su ci .:' t s ,
les
autres
ne
de,ivcnt
pC'.s
pos.,c.i:'c'eJ."
ci.'intf'rêts
pror-'res,
etc."
Ce mode
de
d6~tnse est c~ract{ristiquc de l'&cûnomie
... 216
.. ~ , .
• • ,
•. l'. .
noratt
. .
~
ÉviÔJ l~t
vi.·len.ce,
viol,
tr::~ntative
1 .
.,
( t c ••
en pen~:lZènt,
l ' a u t r e .
C'est
le
sado~;:::',scchisi::
q1.:i
couycrne
SCi.
r l a t i o n
avec
son cousin i
l'h8pital.
I l
le
rRit
pleurer pour
déclarer
"cè n'est
P:1S
de f::C.
:Caute".
le
p
rv TS
s'_
n·:,urrit
du sado-i:<i sochi~-J:·.
5Ujc_t
d.c~::~s U.J1·~"
re~ation 5aètO-
masochic;ue
tl-',"'5
étroite. l!
nous dit
Bergeret.
C'est
ce
schéme
qu'I.D.
utilise
G.c:r's
son cc'mrrr;rce av"c
:ion
entourace.
Ceci
:'\\ l ' u t - ê t r e
ccntribué
;:"
reè'lforcer la d~cna-
mi que
in ter éc C t i. 0 n ne 1 1 <:
cl U
~, '.- st;:;!: et" l
e
qu' e l J ('
~; e cl (; S 5 in::' •
bien connU8
des
s ....:stén:i::.·t· s
IR ronctuation ~rbitrairc et
linéaire
des
sequences
ccmportET:entc,les.
Ici
la
"fernr;;e"
est le
chainon de
ce
sch~me
" J ' a i un
probli?F:e
(i,e
f, n,Le; ulors
t:~ouvez moi une:
fe:::: e
si vous
vouIez
CHh::
je guéri::so."
Et
le
reste
<lt',
ETC'Ul'E'
uJ,li~' soli0er;:ent répondra
Groupe
"oui,
r:::'.is
i l
:f'aut
c;u:
tu cuÉ-risses
c.l'0bcr<:1.
C'est un
sch6ma
rigiJe
sans
fin.
c'est
ln
ligue que
form~nt tous
des
ser-tim nts,
de
:r c ~ -s ,- Cl-~ t i ( Il
ct e
la C II ]. r 2. b i l i t é ch j e c h, y:
.~
excuses
"7> " - " - - 0 C
(,..I-1--...l
...~
....)
5 ,
l'.ais
i l
pose
'.;.
aussi
~violence qui,
~ son tour,
r&troacit
n~gativc;:rnt en renforçant
système
Et
tcllG
~u'on Fuiess qU2stionner 12 TI ture d'une
utique
s\\'stf~,:.i(lUG•
. ::,..-
...,..
" f " "
- 21.7
,:.'
" . '
..
• ~. 1
D.
BLOCH et collab.
posent.~~e
.. "~:.'~"-~'~'
"rleèl:':
élÉ''''el1t~ dsterminent la contre-indica:tiion '~'; l':un.'est
la
capacité
dF
thérapeut.e de
famille
à engager'les fam;illes
et
à
les
n:ain tenir en trai ten;ent.
Le deuxième
e st
le
consen-
tement du
système
familial
à vi~re les difficuités qui accom-
p2.cnel1t un
ch::lngcment."
.,
..
.
(in
l'Tecllnique
de
base
en
thérap'ie
familiale;:-'p~:~:'>38)
Cc s
c' cu~:
é l 6::en t s
rc j oignent
que lque
peu ceux relatifs
'..
12, l;syehothéral'ie
individuelle.
Lais
le
problème
fonda~
:l'(']~L:l1 e;:~t Je ell<';,',':"ement, la caraei té à l'accepter et les
CDJ15( (;UCIlCes
~ur .1e: systèlT:e lui-même en relation avec la
disp2ritjon du bouc
émissaire
que
constitue
le
sympt8me.
,.
Un
5 vs ,. i?' ,e
1) i 5 t 0 r i que:;; e n t
con s t i tué
é l ab 0 r e
en meme
te' ps
ses
(;/fenscs,
ses
r'esures
de
sécurité,
son "r",ur de
en
q;..1clque
!'Oorte.
Cet
ensemble
forme
des
",0(',;:11 j t~!S
cuotic:iennes
et
pragmat:i.:ues de vie
qui protègent
~~curisent et rassurent. C'est ~e cas en ce qui regarde la
rCl' i Il e l',o;'·ou.
.... ~.
"
La
stratÉ'gie de
ponctuation~rbitraire'etcirculaire
dans
laquelle
le
système
s'est
enfermé
a
att€int
Gn ~~at
dl'équilibre
te J.
qu'une
t en ta t i ve de modj,fica ti.?n p'araî t
iJ lusoire.
Cettel:;odificê~tion ou ce changémel'?-tsajutaire
"
conc,ist0rz:.:1,t.,
~,i on fait ~bstraction du caractère pervers
.:
-...
c~e ,'.b',] ou,
l'iECJ1.:er de r6soudre
let question de
là
" f e rn me il •
Lai. S
-'\\. bd ou
dl"parai s sant dans
la ré ~ion comme un meurtrier ,
un
t.el :rrojct TI 1 CJ,.", out ira
jamais.
•
_t"~
Ce
Cc'S
f'O!3e
Je
prciblème des
contre-indi~at~ohs en
".
-,
Peùt-être
cej,8.
~st-il dû"au 'c;aractère'
oe p0:!."vero:io!l ? Tc,ujour:.s est-il 'que. nous émelt~·n~.:l"hypoth~se
...._-.-:"'-.......
--
';'--..
. . -.'
-
.-. _.........~.-
,
. ._,-- _.". -_.....~
q u (;
cas s e r
un
é Cl u i l i):~J:!~<.a c q l,!;i:s."""g:e~ l 0 n.gu~~a~t~e~IiAè~ii;tii~c,on<:{u::t'n~~.'Ei. <:
~~l~~f' +~lti~~7I~:":~~f
,
Ene
cat"strophe.
_":G-.'
,,;:.;
- .
. : : \\
,
:.:.~~.~.;J\\
\\. ,',. ir~~ _-' .: ;.:~~ .
.- ''';'.
-
218
......:...
nous
f,osons
la question
5uiv~nte
cOfT,me
collab.
dans
ces
con<:~itions,
'}',"ne vaut-il
pas
i::ieux
laissE:r
;oc' en
ciller
clo2:in-clopdn
sur
un
chenün
S2èl1S
issue,
soli taire,
llne
1~cJ::'ille 60nt
cl1.acun
des
membres
éprouve
un
sentiment
d' insatisfc:.ction intense,
;,>
plutôt
que
de
clîoisir de
r:'?ttre
à nu les désaccords,
la
<,
douleur,
et
de
faire
que
lC:5
membres
de
la
far:':ille
s'en
aillent
chacun
de
leur côté,
isolés,
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leur avoir donné
la possibilité
réelle
d ' é t s b l i r des
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7
,..
Cas
SALL K'AHIL
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D.
Ce
c~s ser~ discuté ~vtour de deux points
UL-
~ véri t É: ch.1 d cl ire, 5 on a sr,e ct Cl'ypt ique et 5 on rapport
:.'! .. ,
avec
le
réel.
I c i ,
nous
prenons
le
ccntrepied de
l'id~e
de
E.
J\\T' AE1ELIN, dans ce don~é1ine
"'l,>o'
" l'ignorance de ]. a l Cl n Cu e c~ u mCl. 1 é1 ct e e S iJ e n c, ci cl e c i 11 e 1fi e n t ale , .:.
une
excellente
cOlidition d'Gbscrvacion"
( ci t (.
ré' r
in !lIa foJje
PtTF
}l.
6C:)
l'Clur nous,
1<:1
!llane'ue du
ké::1 1ade",
,'c'n
c1{lire
est
un
support
solide
e t
l.Hle
e::-:'ce."' lente
ccnciiticl;
(,c
c.C'nn2liS,~éince. Le
stntut ô.e
fonctionlL i r e
(souv;::non:ô-nclJs
de
Eal:ad
T.
autour de
lui
se
dessine~t des
luttüs
d'influence,
des
rapports
collusoires biaisés
T'al'
son èll,port
éconornic:ue.
I l
arparaît,
à
trélvers
ce
f'Tocessus,
COIliL!C
une
l!v:,.che
;:'.
l:\\it"
i l
n'est
reconnu
que
d2..ns
son
statut
réCC-'11io.ire.
. --~
SalI
Dré'hir:-:
(::: .n.)
est
un ho;:- e
,-1,e
'+3 ans
(1937)
."tr<>
marié,
père
de
trois
enfants
,,:ono[;'3.'l'e,
i n s t i tuteur,
i l
est
de
religion musulmane.
Nous
essaierons
rte
d~finir ].lir~C8 rie chacun des éléments
h3bi tant
J' esr:é:.ce
effect.if dÉ'li: i té
p~cr S.B. lui-r"êr'e. Lais,
a v 2. n t
d' en arr ive r
l i:C,
ex r: a S 0 il S
br i .:> ver' e n t
1. 1 a s p e c t
c ]. i il i que. '.",
S.B.
a
été
hos' italisé-
rour
tro,~b.les du cc-mporte;',cnt
avec
azitation,
locorrLÉe,
jd(~es C'E.'lirante c
etc .•
l,la
conôuit
i c i
r:',r
jc.lousie
l<:rcc
q u ' i l
{'lait t~t:-
cl1argé
par Dieu de
former
un nouveau
gouverne!C'ent
5~n~gala4:'swtë$,
-~
--..,?:~~~.-
.,:....- <\\
I l
parle de
Senghor,
d'Abdou
Diouf
c ' e s t
Dieu et non t;J
Senghor qui
.~2i:<
m'él
inve"ti
de
cette lis~'ion5e.
-2.20
i l
a
~t~ hospitalis~ deux fois
i l
dormait
trbs
peu,
r r i a i t
beaucoup
et d61irait
"des
gens,
lep.
voisin",.
veulent
fre
t.uer".
':'~'. Ce fnême dé'.ire de pers8cution se retrouve maintenant.
Sur
le
plan des
antc':cc'dents.
f2..liliaux
lU1C
SOCLlr
a
. ét~
trois
fois
[our d6Jire
de
persécution
J
2.I18.:f..'ianil,
etc
.Le
père
de
S0
vie
un pé.'U
~.:s. a un f'rère aîné qt1 i
8",1:
l"l'ofesseur
r~e fr8.n:~ais dan5 un
né ces 5 a i r e r en t
l a
Il:i' 0 1, l é In éL t iCi u C
~ hé ré ci i t El ire de c e cas. X0 U S y r 'cl V i 0\\1'1 d r 0 n s. j •0 url ' i 11 5 L:m t
>~voit S.B. a}~porte cor:;j';'c IlH:iière.
-..~;.;.
S.Ji.
vit
a,rec
sa
féf!:nle,
Fes
enf;Jnt~ et l1.nec:rê1.I1de farnille
<~:dont il est rcsron.c;able n:or<"len:ent ct finéîncièreme1'1t
sa
.\\I;lère,
ses
soeurs,
ses
neveux.
Les
sentiï;en{;s
de
SalI
vis-à-vis
de
sa
lérr.:,e
'''\\'
"eJJ.e
me
f a i t
croire
qu'elle
L i t
de
l ' a d u l t è r e ;
elle
sort
san s
C} u e
j c,"
.'3 a c 11 e
0 I~
e I l ce
v a ;
e I l e
f r é c; u e J1 t. C:' une
f o. l' i I l e
en
cachette
que
je
no
conn
i s
pas.
Je
me
dem2nde
pourqubi .•
J li S que
l à ,
p I l e n ' cl V <:. j t
IX.':"
Cil a r' j ~
cI, 11 5 l e
qua r t i e r
'0
Je
ne
sais
pas
dans
oucl
but
elle
fRit
ça.
Pour me
faire
mal?
··.. .>f Four aicuiser ma jal~usiE:? Si jc' E;ur-vciJ'lc Ii~a fei,e, ce n'est
/~é· pas p Cl r
j 3. l 0 u~:: i e,
l' : D j, S
~.. cau s'~ ci e l él rel i ~~. i (: n
i
l é~ r C' 1 i Gion
\\;,.,.~...
iJ1te~;.-(lit:J.'acl-l11tèr·e.
.
-:<'.J,-'
,Je
ICI
Sltr"'"c:ille
elle
Eort
le
5cir
Sl: a r 2'." (:- sIe r !cT:-, f· etc J J e cl i t
""Le" c, i ~ <, l .
b 0 ut i :~ u c che;;,
~,,;~'t' le l·;aure". '(d;:"ns le", ccrtres l:.rb"ins en Af'ri"'uc, les boutic~ues
. son~
o'LJv,~rtes _j.u~que tard d3.ns la nui t)
ene
:fois
je
suis
a I l e
v c: i r
d 2, ': s I e oS
d eux
b Ci li t j '::;v e 5
c' l e n ' { t :::: i t
T-:::\\ s
l 2..
Je
lui
fais ,coDTrencre
~u'elle n'étEtit pé~S Èt le. boutir;,ue. Je n'ai
..
-,
~,
.....
t .
,
pas
aemande
u
exp~lcalon parce qu
eJle
aurait
menti
de
toute
Îaç on. Il
.~;',.
~ 221
" Je
sai s
Cl 1.1 ' e 11 e
va dari s
cet t e
fan; i 11 e
que
j e
ne
-,-
connais
pEtS
;
l~';-:-Tce que quand une rille de
cette
famille
vient
chez
moi,
je
constate
que
ma
femme
s'absente
quelques
temps
apr~s. Et une fois,
j ' a i
envoy~ la chercher dans cette
ré.:.ncille,
et
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y
{,tait.
"J e
ne
c Otnj Tends
r i (~n é:l
ce
j.?U
alors
ql'e
tc.ut 'le
monde
dit
que
c'est
une
fer:!rne
sérieuse.
Ce
sont des
soupçons
qui
me
trGHblC'~,t l'e~cf'rit."
'-
"C'est llne
I-;"re
que.'
j',-_iF:-2
beaucoup
f·t
el 1_e
le
reconnaît
J'~~i T·GL1JC:·UJ~'S f:-.j.t
-tCllt
r;'".·;~.~l" ,~,0.t.isfc'ir-c: .._ '~~C5 t,c_'~li]1S
;
et
je
lui
0 :1? i s.
:: 11 r I ' a
cl i t
:..
l' Il.,;0: i ('tU' f;
r e fT i ~; es.
ais
e 11 e
ne ri,('
sOl.-'lini te
C,UCL:l1
rel_'of_
CLU
~;.:"ilJ
c~e
li:'_
i'ai1:illc
;
elle
ne
cherche
p;tS
2l
ce
que
JE: j:-of:ite de" :=-cv&ntacc.'3 de 12. ramille
i l
y
a
des
neveu:-: m:::,is
elle
ne
j:'ou~sc pas
ce",
ney<?ux à
m'aider
j
elle
voudraii:
que
,le l";~\\rta:::;e tç)è_.It
ce
que
j ' a i et
que
j(C
ne
l'rofi te
ri' c·.Hcun aVé'.:Jtz:.C'·.
T'C1urquoi
?
Je
ne sais
pas
je
constate.
'-cs
SO-2ur~: sont- d'accord L'\\yec elle.
" I l Y a
vinCt
personnes
qui
vivent
cie
!f:a
:~ol(le d'instituteur.
Donc
elle
devrai t
avoir r i t i é
cie
moi
j
j ' a i
deux neveux qui
son t
bours i e r~
;
IHl} S
n'c'.
mère
n' ae c ('pt C-,'
po- S
(11.1 e
j s
touche
RUX
bourses
Dans
1:;;
faJ~lillC', c' e~:t une solidari té qui
devrait
exister
Ce
que
je
const3.te
pour 1:18.
mère
"tout
pour
les
autres,
et
rien
pour n!oi."
De
toute
lCi.
faf"il 1 e
dElJlS
son
enser.eble
S.B. ('lit ceci
"Dans
ma
maison,
i l
E'Y a
p3S
de
r_-:~_:entE:nte, métis
je
sens
ql:.e
~a COE:;-"ur~2Lu7-É )~r
I~:'assccie IJ::-ls ~l sos E;I~cret8 ; je me
seJ;S
~calottf- j _ J'? sUi_'porte tOFt,
tOllt
tout
tnut.
"~-~ctuelle;;~:nt, __
l']lêpit3.J.,
je
l!,e
remetE'
p~rce que
j ' a i
le
caln1e.
Si
,-j' c~\\:'ai~,
ce
c2l1r~·e 3
l~-:. i~·;2.is 01:,
je n'aurais
pas
besoin de
venir
i c i .
"J'ai
l'impression
q u ' i l
-," a
UE
ca:; plot
cC-TItre
Ewi
ct8.ns
ma
fa;.-:ilI'é'. "
-.
.i~·'''~~~~~4~,~~~?;
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-2.2.2
""
"
~.'
~.~~!/ :.~:,l.:-:.:,f,.
.~._ ..~.
'i"
.'
,,;·/;~tl;::,parie.'~ alors de la grande famille africaine comme
'.,<::~
...:~'.....~•. ~ .-L' ' . .
.
. ;
_.~~
:a' Jir'~'~~ntea~~~ui couvre un mensonge
,
.
,.
... ..
... _.
:::.:....~;:
r·,::'Ô·:·"~".'~.
"
'1> .~(> : - "Pourquoi dis-tu ça ?
S.B.:'n~'Parce que quelquefois, quand je suis malade, toute
ia~~mille arrive de partout et ils disent tous qu'il
·:faut';m'emmener à
l'hôpital. Or,
c'est la famille qui
~rov~que la
"crise" en me g~nant.
Exemple: Une fois,
j'étais malade et je n'avais pas
d'argent
à
la maison;
j'ai envoyé auprès de mon
oncle lui en emprunter;
i l a refusé. Alors quand
i l vient et dit qu'il faut que
j'aille à l'hôpital
je me demande quelles sont ses raisons."
Commentaire
, La plus, grande partie du discours du malade a été
recueillie dans des périodesde rémission et au cours
d'éntr'etiens cfe psychothérapie de soutien,
en compagnie de
,son )accomp~gria~t. La phase aigüe avait déjà été résorbée
"J)ar·;;:ie~~>':n~hroiéptique5. Le patient étai t donc lucide. Nous
'en:~':;~n~ pi-oiité pour recueillir la position fantasmatique
.
.::...".;
-....: ,
'.~... - ....
,
,
qu'occupent le? autres elements de sa famille de
vingt
•
_." ~
1."
- . . . ':
. ' c'
' . :
,
personnes, ~t de la famille dans sa totalite dynamique dans
.
.
~,
"
son:propre e~p~ce personnel.
L~étit
de lucidité et de
.
d~tente ancré
"
~
~sychologique
.
dan~~l~ ~~~i~té autorise à interroger le délire lui-même,
; ..:.. :
son rapport~;~c le réel et les interactions intrafamiliales.
": "
Et é~e~t-1~ ~J~apparait un élément décisif dans la compré-
hen~~o~ d~ ·d.~l'ire du malade qui, selon nous, ne peut pas
"
· . d
.'\\;
êtr~.,-gtat~~:t<~~êar, comme l' adme t Lacan, l'imaginaire et le
/';
,~-':., R~e).';',~_s~.'t'ls.·,dàivent être pensés distinctelient , s'inter-
~1~4~~~'
"="F~l-~' ~~-,:. ._,~,',~,..~,,-:.,r=:,'~~,;.~,~:·
jf!{
~?/ .~-w~~
·tà; ·:ft.;:·:
~~.;;> ;-,'~,:~,;.',;.~,..
[,r.", ~~
~~.
..
}~~
-
223
Marx
,
dans "Dialectique de la Nature"
,
a
exprim~
la même idée
la pensée consciente reflète le mouvement
de l'univers
elle en est à
la fois
la partie et le reflet.
Le statut de fonctionnaire est cet ~lément décisif
"vingt personnes ~ivent de mon salaire",
~écrie le malade.
Mais ce poids social n'a pas de contrepartie. Le sujet concerné
le fait par devoir;
i l n'y a pas de gratitude;
pas de
plaisir
narcissique à
en attendre.
Nous sommes là dans une position anthropologique qui
traduit une contrainte. L'individu se trouve dans la logique
implacable du partage.
C'est la règle du
jeu que
l'évocation
de la seule recherche de satisfaction narcissique suffit
à transgresser.
Le schéma en soi "dé-narcissise"
(M. }~NNONI)
Ce processus engendre un manque au second degré
; une
"dé-propriation" qui mutile une partie du moi en lui inter-
disant de renforcer sa consistance à partir de l'appropriation
d'objets personnels. L'ensemble de l'espace imaginaire formé
par les désirs,
les fantasmes,
une coquille personnelle
"moique" bien délimitée
.s'effrite et
s'impersonnalise. Il se
laisse désinvestir par l'intersubjectivité et les éléments
sociologiques de la
"c~rapace collective". Il se laisse
"aspirer dans l'amoureuse soumission à
l'ingestion vorace
d'autrui"
(D.
COOPER,
Psychiatrie et antipsychiatrie,
p.
73)
Le statut n'est nullement le mérite d'une
~ompétence
personnelle
;
i l est ré~uit à son aspect purement fonction-
nel,
pécuniaire,
sur le plan social. Ici,
le discours
intrafamilial en témoigne: le malade est comme une "vache à
lait"
;
i l est un support de subsistance;
c'est un objet
à faire vivre.
Le support symbolique constitué par les
repères sociaux,
la responsabilité de
l'aînesse,
les sacrifices~
religieux,
la défense de la loi ancestrale, résiste à
se laisser assumer par lui,
imbu d'une
autre civilisation,
d'une autre vision du monde,
et d'une cosmogonie différente.
C'est une espèce de d~ni.
_ 224
Le sympt~me présenté ici est un cri pour dénoncer ce
contexte disqualificatoire de déni.
"Tout pour les autres,
et rien pour moi.
"dira- le malade
de Sa mère. Et i l ajoute:
"dans ma maison,
i l n'y a
pas de mésentente, mais
je sens
que la communaut~ ne m'associe pas à ses secrets
;
je me
sens écarté;
je supporte tout,
t o u t ,
tout
••• "
Or, une loi psychologique
dit qu'un sujet qui pose
un acte
jugé positif par lui a besoin d'être reconnu,
d'être confirmé. Cette reconnaissance a
pour but de confirmer
et d'authentifier une existence et c'est le désir de chacun
des partenaires. SalI Brahim lui,
se trouve au contraire
disconfirmé dans le complexe interactionnel familial
"dé-narcissant" par le modèle suivant
:
"Tu ne fais
que
ton devoir".
En plus
,
i l perd tout prestige et toute autorité sur ses
neveux et soeurs. Le symptôme qu'il présente est la parole
cryptique mais malheureuse de cette dis-confi~mation ;
dis-confirmation d'autant plus pathogène et intenable qu!un
homme de 43 ans
comme S.E. devr~it avoir la caution sociale
d'assumer les rôles ~t les prérogatives d'aîné.
La place qu'occupe sa femme
dans
le système tel que
S.B.
le perçoit et le vit est significative de ce complexe
collusoire que constitue cette famille de vingt personnes
qui l'oblige à situer toutes les séquences comportementales
dans un même plan d'interprétation. Vrai ou faux,
le schéma
interactionnel introduit par la conduite de
la femme est
apprécié comme participant de la visée de la totalité du
groupe. Selon sa perception,
tous visent à
"nier qui
je
désire être pour eux;
et ce que
jeu veux qu'ils soient pour
moi."
Car, dans cet embrouillamini interactionnel soumis
aux fantasmes
interprétatifs intersubjectifs,
ce sont les
attributs et les qualifications différentiels caractéris-
-
225
tiques de chaque acteur du système qui singularisent les
s~quences comportenlentales ponctu~es. Sa relation et son
engagement affectif participant à
cette dynamique avec
leur particularit~, la colorent d'un caractère sexuel
marqu~ par la propri~t~ exclusive de l'être aim~, la
jalousie. Les ~pisodes d~lirants de S.B. sont autant fonction
appropri~e ou produit ~mergent de la relation avec sa femme
que de l'ensemble. D~lire de jalousie ou pas, son discours
est une
tentative de recherche d'une r~ponse à une ques~ion
lue par les autres
:
"Quel est
le sens de votre nlessage 7"
Au lieu de
telles
consid~rations ph~nom~nologiques et
interactionnelles,
le modèle ~pist~mologique m~dical et
psychiatrique nous rive à
la recherche ~tiologique
;
ici
i l s'agirait de d~terminer la part de l'hérédité. On sait
effectivement que quatre personnes dont le père,
le frère,
une soeur et lui-même ont souffert de
troubles mentaux. Mais
on sait formellement aussi qu'il n'yen a
pas eu d'ant~c~
dents chez les grands-parents.
Quelle est donc l'origine
de ce gène mutant
7 Nous sommes enclins à
constater avec
D.
LAING que
" la schizophr~nie court dans les familles mais n'observe
aucune lo~ g~n~tique. n
et Maurice POROT d'ajouter
"l'enfant d'aujourd'hui sera le parent de demain. L'enfant
qui sera névros~ aujourd'hui sera parent névros~ de demain
c'est ainsi que
les n~vroses se perp~tuent de g~n~ration
en gén~ration, cercle vicieux de souffrances incalculables".
(L'enfant et
Jes relations familiales,
PUF ,
1954 , p. 60)
Ni l'hér~dit~, ni la biochimie n'~clairent ce cas. C'est le
nexus familial
pris dans son ~volution actuelle et tel qu'il
est v~cu par S.B. qui rend la pathologie intelligible.
_
226
Le d'lire,
"la langue du malade" comme dirait
E. KRAEPELIN,
n'est pas une aberration de la psych'
individuelle.
Il a un rapport symbolique
•
"Les signes par lesquels se manifeste la schizophr'nie,
compte-tenu de l'âge du sujet, du moment auquel i l
tombe malade et de
la position qu'il occupe à
l'int'rieur
de la famille,
renvoient ainsi à une s'miologie structu-
rale du syst~me familial."
(P. FEDIDA ,
le concept et
Ja violence,
p.lll)
-
227
8
Cas
ALASSANE KANE
(A.K.)
, nO 6400 p
L'éducation traditionnelle fondée sur le re~pect
des a~nés par les cadets est structurée selon le mode
de relation
schismogénétique
complémentaire.
Cela avait pour conséquence d'établir des positions qui
ne souffrent d'aucun bouleversement. L'ordre gérontocratique
justifie le droit traditionnel légitimiste.
Or,
lavie moderne conteste ces structures et oppose au
respect de la cohésion sociale, des désirs
et des
compétences individuels. Ce mouvement introduit le désordre,
la contingence,
l'imprévisible dans
les attributions et dans
la structure fantasmatique groupale. Le symbolisme, garant
de la santé mentale et sociale,est mis en cause à
travers
sa désarticulation.
C'est ce processus que le cas que
je présente essaie
d'illustrer.
Il sera complété par le cas suivant,
le cas
Guy Sine nO 9.
A.K. est un jeune homme de 28 ans, musulman de religinn
et infirmier de profession. Nous structurons son problème
à
travers six points:
la clinique,
le noeud du drame,
l'entretien avec la mère ou A.K.
selon sa mère
j
la mère
selon A.K.
; A.K.
s~lon la belle-mère.et efin A.K. selon
..
Nobila ,
sa femme.
A.K. est accompagné par son cousin.
Ils viennent
consulter pour
"fa'tigue, nervosité,
insomnie
, malaises
corporels et préoc~upations familiales."
:"~>":. -""':~:.; ':.
""-"ht·~':'.o.':;,,~~><1..
~~~:_J~:.".",,-::,,:-
,,-,.~N;~~:':':'{~·--I-:"'i~'~.
,,~..,.~ :6 :.:;, - ,~.",
,or
~~
••1>
.;~~ti:~."~~-{~;
- ·\\t.~;;.
~~
\\~.~~~,. ":::" ..'. ~,
.~.
... 228
A.K.
commence par nous parler du probl~me
~~·i~ .
l '
•\\>
.-:
vie.
.;;~~~~> -~ ';--~.
....';.l»';,:~..~·". . .
,
:~'"~~?iii~;: -;:~: .-'
"Elle venait tout fraichement d.e debarquer de laFrance~::où....:~..."
elle a passé sept ans aupr~s de son fr~re. Son nom e~t·"·
_i'
Nobila Saar ; elle me rendait visite à
la maison;
eI1~~
était tr~s gentille et respectait ma m~re
; mais elle' avait
des habitudes de petites Françaises
:
elle fumait ciga~ette -
sur cigarette ; elle a été une des premi~res dakaroises
. .
à se mettre en pantalon."
Ils ont marché ensemble jusqu'à la premi~re grossesse.
A.K. demande alors l'autorisation à
ses parents de l'épouser
ce qui fut refusé.
"D'ailleurs, ma m~re a nié une quelconque re~ponsabilit~ de
ma part dans cette grossesse. Elle est allée
jusqu'à convoquer
ma fiancée pour le lui dire et elle en a
profité pour
l'insulter."
Depuis cette grossesse,
les relations entre A.K. et
sa m~re qui n'étaient déjà pas bonnes, se sont détérioré~s.
Le bapt~me s'est passé tant bien que mal chez latian~~~~
A.K. réit~re sa requ~te aupr~s de ses parents
pour le :~
mariage,
mais en vain
• C'est finalement un bel-oncle qui
a accepté d'être interlocuteur aupr~s des beaux-parents~
pour que le mariage soit célébré.
''':.'.
A partir de ce moment,
la rupture avec sa mère était
consommée. A.K. dormait chez les beaux-parents qui l'ai~aient_
beaucoup et le comprenaient. }lais ces derniers allaie.nt':'
_o• •
montrer des signes de lassi tude.
Il fut m~me obligé de.l,~~{o.-r.t~ir\\:
.'
• ..:
··::.;f.... ~-r?:;"""_
~..;,;-
'.' .••...
"je passais la nuit à
la belle étoile sur la Corri.iche·;~.~ies'~'-:·;
places publiques...
mais le silence de ma m~re ;!;me .p~:~'à:i. (:::;~~,
dessus,
et
j ' a i décidé
de regagner la maison paterrieI'iê":~;.:~'~,,~·
Hai s I ' a tmosph~re étai t res t ée la même : ma m~re~'es t:>t'r~s~;.·~,x1:..
autoritaire,
exigente
; mon p~re, lui, est effcù;-~ et~i:~/~;:;~;:~:;:'
mariage bloquai:- ~t?uj ours nos relations.
';:':~;:'~~'1;':"
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229
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'. _. . .' '~~/~. ~.:iL:.. ,,4 _.• _ , .'; ," •
,"~: J'ai été presque contraint :Ae, ':~uitte~" çhez mo~. après deux
>mois pour aller habi te:r. av~c,:~a" femme -~ux HLM':; à deux
"':":'saas les deux familles';
màis ...."là aussi,
c'était comme
quelque chose nous reprochait •.':' On .est. -reparti après quelques
temps
••• Vous savez, 'la fam1l~e c'est 'quelque chose, hein !II
.,'
:5ur le plan professionnel{:rien ne marcha ft
;
la
',.
_., ."".\\
demande d'explications précéd~itles menaces de sanction.
'.
•
>•.
En plus i l pensait à sa ~amillè~ sa ~ère, son père.
.
.
C'est alors que Nobila rejoignit sa famille et· lui la sienne.
Elle attendait un deuxième enfant. Ils sont restés longtemps
s~parés sans se voir.
A.K. essaie d'expliquer le fait qu'il ait quitté la
belle-famille
:
" Mon beau-frère avait toujours des disputes avec ma femme
et moi
; chaque fois que
je venais du travail,
ma
îemme
était absente;
je demandais des explications ••
Un soir, mon beau-frère a appelé un marabout pour qu'il
nous vienne en aide et
j'ai catégoriquement reîusé.
Il en a profité pour me mettre dehors. Toute :cette vie
pleine de remous e t d ':inst'abi'li té affective et matérielle
explique mon état d~ 'fatigue"extrême, .,de nervosi té.
Dites-vous que
je ~poqvais:p~s~~r 24 heures s~ns dormir. 1I
.
. .......
~
-:
l;~ .:.
'.
t-. ~:;
-
.~,..;
Devant ·un p~o~lème ~us;i irtextricable qu'incompréhensible
..
. _:
". ':."~.. - ". --";:'
,"
nous décidâmes de convoquer ':'f:a'mère, personnage. central
dans la vie de A .K.
'Ell~ e~~~~~-';P;'Ofité' ~-ussi pour nous dire
..
. .
>....
~
ce qu'~lle pense de A.K.
C'est une femme assez grah"dè,'imposànte, àu regard îixe,
'~lle parle, -accapare :iaparo:i~··;·;:::--il.r·gumenteet c6nvie tout le
monde à partager ses':~ofritsj~"'~:,~~'-è~ l'aprenant. à témoin.
.
. '
.
_ .
.." '.::,_. -
..
);:-,~li:<'. ·.4::....~'''':;~ ':" "
........
' . .
--:.
:Elle parle de son' statut- de \\~.onn:e. m-~re,."de mère exemplaire
a:iorsqul contraste' a:·ye~·~A.i;~'~c;i~tpré~~~'té:comme'im fils raté
. _,,~ ï ;'m;' t.e:".i:;~:rii:nt"',;J'"~·e.HeJ" "'~A.g:,'.:~ voir mi 5
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~j:.~..;
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"
.' .;
Puis regardant Alassane droit dans les yeux, elle dit
" -
Je sais qu'il a présenté sa version des faits à sa manlere.
Mais
je dois attirer votre attention sur l'ingratitude de
ce fils qui a toujours fait fi de l'amour filial.
Son père et moi, nous nous so:,mes débrouillés pour qu'il
ait du travail et dès qu'il a
commencé à avoir une
certaine fonction économique,
i l s'est volontairement
retiré du cercle familial,
subjugué par ce prétendu amour
qu'il nourrissait pour cette fille qui venait d'arriver
de France. Hais
tout cela est le résultat des manoeuvres
de sa prétendue belle-famille qui l'a"marabouté~ l'a
rendu
"bête" (idiot)
pour l'éxploiter et le déposséder
de ses biens. La preuve est que,
au moment' du premier
baptême,
j'ai été obligée moi-même de débloquer une
cinquantaine de mille francs
(1 000 FF) pour pouvoir
faire face à la situation et permettre à mon fils de
lever le front.
(ce ton révèle son caractère autoritaire et le rôle
paternel qu'elle
joue à
la maison)
" -
Mais i l y a des procédures dans le mariage traditionnel
et ici elles n'ont pas été respectées.
Il n'était pas de
mon devoir de me rendre à
ce baptême mais les autres
parents s'y sont rendus. Alassane avait disparu et ne
venait à
la maison que quand i l était affamé ou sans
argent. Une fois
le besoin satisfait,
i l s'en retournait
dans l'autre famille
(la belle-famille) •
•••• S'il faut être précis,
je dirai que
je n'ai
jamais
accepté le comportement de ce type
(en désignant Alassane)
qui reniait sa caste car son père et moi nous sommes des
griots de pur sang et nous ne nous gênons pas
"
La force de conviction et l'éloquence du discours
confirme effectivement qu'il s'agit d'une famille de griots.
Elle parvient à capter notre attention de telle sorte que
bloqués, nous ne pouvons même plus poser de questions.
Elle exploite cette faiblesse de notre part, et utilise
sa verve pour nous avoir de son côté.
Puis elle continue
et A.K. reste silencieux mais agacé:
-
2,)1
" -
Alassane ne vient~à la maison maintenant que 4uand il a
des problèmes d'argent ou de santé.
Il sait que ma
maison,
c'est la sécurité et que
je suis toujours
dispos~e à l'accueillir. Mais seulement pour que j'accepte
ce mariage,
i l faudra qu'on convoque un grand conseil
des deux familles."
Durant toute cett~ tirade, Alassane que nous croyions
qu'il réagirait,
est resté silencieux. Excepté vers la fin
où i l commençait à s ' a g i t e r ,
se grattant la tête,
changeant
de position sur sa chaise,
se tenant la poitrine pour
déclarer :
" -
Je me sens mal en ce moment"
puis i l rejoignit sa chambre.
Cet entretien nous a permis de
situer A.K.
selon la mère,et cette dernière
dans la cons-
tellation familiale
dans
son ensemble. Elle manifeste
d'ailleurs une certaine ambivalence:
à la fois autoritaire,
exigente avec la tradition,
et hyperpossessive. Le père,
lui,
est effacé du nexus familial.
Sur le plan de l'évolution clinique proprement dite,
Alassane nous présente un tableau difficile à classer sur
le plan nosologique.
Il d~veloppe des idées de mort et
fait
souvent des simuÎations de suicide rocambolesque:
i l
aurait acheté un tube de nivaquines qu'il a
essayé d'ingur-
giter pour se suicider;
i l n'hésite pas à exhiber une lame de
rasoir et menace de s'égorger ou de se couper les veines.
Il consommerait même des barbituriques qu'il se procurerait
au marché noir de Colobane. Il simule le fatigué et le
mourant:
un jour, i l s'est laissé tomber d'une chaise pour
faire croire qu'il était en syncope. Quand on lui a demandé
.1
pourquoi i l fait ça,
i l r~pondit longuement
:
'.
"
Je veux en finir
, ~Ien ai assez de la vie. Depuis ma
naissance,
j'ai ~t~ un incompris;
je ne parviens pas
à dormir la nuitpa;rce que
je vais mourir sans revoir'
mes enfants qli1.~B"@'t souffrant·s. L'insomnie, :l:ès'--'"a:lg'i:ë'S"
cervicales,
les"t;r.o.ubles respiratoires et les douleurs
urétrales m'empoi~ônnent l'existence. La vie n'a plus'
de sens pour mo!~t~on amnésie~fait que je n'a~me plus
lire
••• Je veux'~ :Voir ma femme. Il
.:..-_.:.. ;,:~_ 'l: __"
~:!:~t"·.~~·~·~
-
232
Ce langage médical ne nous étonne pas puisqu'il est
infirmier; ce qui est vrai aussi,
c'est que A.K.
somatise
beaucoup. Nous constations en outre que A.K. ne parle
jamais
spontanément de son père. La question lui a
été posée lors
d'un entretien:
" -
Non père est tyrannisé par ma mère
,
i l est obligé
,
chaque
jour, de donner 1 000 F
(20 FF)
pour les repas,
et quand i l revient le soir ou à midi,
c'est pour
ingurgiter une bouillie de mil, ma mère étant à un
baptême ou autre cérémonie en compagnie d'une femme
extr~mement riche qui est la soeur de
Bady Niang
(un richard connu). Faites une enquête dans le voisinage
et vous serez fixés."
Effectivement,
la mère s'intéresse à
la politique
elle fait partie d'une association de griotes et d'une
amicale regroupant les Bambara de Dakar.
Elle est autoritaire,
impose sa loi dans la maison et dans le quartier. Ces
titres
ont certainement influencé son attitude vis-à-vis du mariage.
L~ père, lui, est calme, paisible, un peu falot sur les bords.
Ayant une vision assez claire de la vie intra-familiale
à
trav~rs la double projection de la mère et de A.K.
,
nous
avons essayé de dénouer le problème en impliquant la
belle-famille. Ainsi, nous pourrions aider A.K.
à voir plus
clair. Nous nous sommes rendus à domicile,
chez la belle-
famille en l'absence de A.K.
,
pour nous entretenir de la
question.
Il est apparu que A.K. avait une image de marque
différente,
selon qu'on s'adresait à
la belle-mère, au
beau-frère ou à Nobila Saar, sa femme.
La visite a eu lieu
le 24 novembre 1978.
Nous sommes accueillis par la belle-mère
(B.N.)
Thérapeutes
" -
Nous voudrions parler à Nobila Saar,
la
femme de A.K.
Est-ce qu'elle serait là 1"
" -
Non,
elle vient de sortir
•••
mais Alassane n'a
plus de femme dans cette maison;
ils sont divorcés."
....
2))
,...
- "'. -
".
~...~
-
' .
.~..
.:.
.,"
• • "'1'."" - .
. . - ' -
..
/ '
'
La famille est grande. Nobila saa~ ~i t avec s::'fm~~~~~~~':,:~,'
son père,
sa grand-mère
,
son grand frere et sa femme'''~:::i,,, '0'
:
.
::.-- .-" ,-. .
sa grande soeur et son mari et leur enfants
elle ~us~i '
vivait là avec A.K.
son Dlari et deux enfants.
~.
. ......
'.'.
La grand-mère est agacée par les quelques questions
qui
lui sont posées.
"
Pourquoi toutes ces questions
le mariage est
,.
cassé;
c'est fini."
,
Le ton mpn~çant commençait à nous faire perdre espoir
et à nous faire
comprendre que les
jeux sont établis et
qu'il serait difficile de modifier quoi que ce soit.
D'ailleurs,
la grande soeur de Nobila Saar
,
qui vient de
rentrer dans la conversation, allait renforcer cette opinion.
Grande Soeur:
" - Alassane, nous Il emmerde"; de
toutes 'les
façons,
i l ne pourra
jamais reprendre sa femme ';
i l est casse pied.
Thérapeutes
:
-
Est-ce que vous pouvez n~us dire ce qui
s'est passé à
propos dp mariage
?"
: '
Manifestement,
elles ne sont pas bavardes. Mais elles
reprennent la m~me chose que ce que nous savions déj~ par
A.K. et sa mère
; mais elles ajoutent
B. f.'l.
" -
Les parents d'Alassane n'ont
jamais voulu que
leur fils épouse Nobila ;
c'est à cause de la
naissance de l'enfant
;'et i l faut dire aussi qu'ils
s'aimaient;
et que le mariage a
eu lieu.
Ce mariage n'a duré qu'un an au cours duquel Alassane
ne fait que frapper sa femme
; c'est un garçon nerveux
et bavard. C'est Alassane qui a
gâté la carrière de
Nobila en lui collant des enfants sur le do~. ~près
le mariage,
i l voulait continuer à venir à
l~:fuaison
mais
le grand frère
de ~obila a refusé. Queiqcies
temps après,
on constate qu'elle.:est encore--:en",grossesse
et qui en est l ' auteuZ:i';;~,~~,.K.<-.~~~
. ~~.v:~
,.-,
' ... ~7:;.::~':
)1'
.~~.. .;.\\~.;:::~- .".:::.-
":,.c;
-
2J4
Mais i l ne s'occupait même pas d ' e l l e ; au baptême
(septième
jour) i l ne s'est même pas présenté pour
donner le nom à
l'enfant; ni ses parents.
La femme
passait toute la
journée à pleurer
••• Ecoutez,
"', <,
maintenant c'est f i n i ;
tout est fini entre eux,
surtout que ce n'étai~ qu'un mariage religieux,
prononcé à
la mosquée."
Pour finir,
la grande soeur essaie de comprendre A.K.
:
" -
Pour moi, dit-elle,
la cause de la maladie d'Alassnne,
~'est le fait qu'il aime sa f~mme et que ses parents
sont catégoriquement opposés dès le début."
Comme Nobila Saar elle-m~me était absente le jour de
la visite, une deuxième visite a été décidée. Et c'est au
cours de cette deuxième visite que nous recueillons
les
sentiments de la femme à
l'égard de A.K.
Ont participé à cet entretien, Nobila,
ses deux enfants,
la grand-mère et la mère. Nobila Saar,
sympathique,
prend
la parole.
Nobila Saar :
" -
J'attendais cette deuxième visite avec
impatience
••• Je faisais de la sténodactylo en France
et au
Sénégal,
mais mûs grossesses m'ont contrainte
à abandonner
•••
Contrairement à ce que disent
les gens, Alassane n'est
pas méchant
; i l est sincère et nous nous aimons
;
c'est la mère d'Alassane qui ne veut pas me supporter
c'est elle qui a
gâté notre vie, notre ménage; moi
aussi j'en souffre.
Elle coupe,
pour fumer
une cigarette.
Puis
N.S. Je peux vivre avec Alassane une vie pleine de succès
je l ' a i conseillé de chercher une chambre loin des
- - ; . - .
, o '
deux familles,
mais lui n'a pas voulu
(A.K. a raconté
que cette tentative a
échoué
;
ils ont même habité aux
HLM mais
ils éprouvaient un sentiment de culpabilité
de s'éloigner de
leurs familles respectives.)
..- .'
continue
-
la cause de la maladie d'Alassane
,
c'est
le fait que ma belle-mère
(la mère de A.K.) exige
qu'on se sépare brutalement.
~:~;/r'
/.'.;~~~
.~ ....
'Tt
- 235
Thérapeutes
:
" -
Et le beau-père ?
N.S.
_ Dans notre famille,
c'est ma mère qui porte le
pantalon;
on exécute tout ce qu'elle ordonne ••
Je voudrais venir à Fann pour voir Alassane, mais
j'ai peur de mes parents qu~ ne peuvent pas comprendre
ma situation;
je souffre."
Commentaire
Le projet anthropologique social étant essentiellement
l'intégration,
l'émergence de désirs et de fantasmes indi-
viduels est interprétée dans le registre menaçant de la
dislocation. Elle engendre ce que D. LAING pourrait appeler
"une implosion"
dans les ~ystèmes familiaux.
Ici, A.K. représente cet élément perturbateur en ce qu'il
est l~ signifiant
"démoniaque" de la psychologisation,
pierre angulaire de la
"modernité" en Afrique.
A ce titre,
i l fonctionne sur le modèle entropique et
torture le schème homéostasique de la tradition. Une petite
couche de la population porte et diffuse les germes psycho-
logiques de cette entropie, d'un certain désordre par des
comportements:
la consommation,
l'habitation,
le mariage.
Une autre catégorie résiste par tous les moyens à ce chan-
gement
;
elle défend les valeurs du système ancestral.
A.K.
fait partie de la première.
Il se voit être la cible
privilégiée des affects agressifs.
Il n'est pas rare cependant, de constater une ambivalence
de part et d'autre. La première,
"les modernes"
,
sous
l'emprise inconsciente de l'épistémologie rationaliste et
de la
"stat~fication du plaisir", hésite à couper le
cordon ombilical du passé, cie la tradition. La loi ance"strale
est rassurante etsécdrisante.
-
236
Tandis que les incertitudes des projections
"paradisiaques"
de l'avenir attirent mais angoissent.
Il s'ensuit une culpa-
bilit~ qui se traduit par des somatisations importantes chez
les intellectuels. Ces somatisations par introjection des
conflits r~sultant de l'incompatibilit~ des deux projets
prehnent une allure hystérique.
C'est ce qu'illustrent
le cas A.K.
,
mais aussi le cas nO 9 suivant. Toutes les deux
catégories sont à
la crois~e des chemins. Un choix fondamental
se pose,
mais i l s'agit d'un faux choix, ~un choix impossible.
Il l'est d'autant plus qu'un mythe bas~ sur les valeurs de
solidarit~, de l'amour du groupe s'est constitu~ dans la
psych~ collective. Il se décale de la rÉalité psychosociolo-
gique actuelle, au regard de la mouvance de la vie techno-
logique •. Ce mythe amplifie l'homéostasie sociale et le
système se rigidifie pour mieux se défendre.
Les cas que nous prÉsentons maintenant illustrent ce
dilemne auquel est soumis la sociét~ africaine. Il est plus
sensible chez les intellectuels avec qui la culpabilit~ de
la situation intenable s'avère plus
tenace.
L'~lément émergent du drame ~voque la structure de la
relation et la nature du problème à
travers
les prises de
posi:tion des quatre protagonistes
Alassane,
le patient
désigné,
sa mère,
Nobila Saar,
sa femme,
et la belle-mère.
Alassane et Nobila s'aiment mais
se trouvent confront~s
au refus desdeux belles-mères. Pour l ' u n e ,
la mère de Nobila,
Alassane est
"casse-pied";" a bris~ la carrière de sa
fille en lui collant des enfants sur le do~".
Pour l ' a u t r e ,
la mère de Alassane,
parce que Nobila est
devenue
"Blanche";
qui vient d'arriver de France
qui
fume et porte des pantalons."
-
2).7
Les deux mères entretiennent par l'intermédiaire de
la famille et de la tradition,
élément de défense symbolique
acceptable, une relation symétrique pour la même raison:
le respect de la loi ancestrale. Elles combattent pour la
même cause, mais avec des attentes et des motivations
opposées. Leur communication est viciée par le couple
"discours inaudible,
écoute impossible."
Ce modèle dissout
les illusions de résolution du problème
par la confrontation des deux systèmes constitués et aux
froLt~ères délimitables. Les visites à domicile nous en
avaient donné l'espoir. l'lais les voeux sont exprimés et
aussitôt disqualifiés.
Pour la mère de A.K.
,
la belle-
famille manoeuvre son fils
"pour le parasiter,
l'exploiter
et le déposséder de ses biens"
"ils l'ont marabouté pour
qu'il suive leurs désirs comme un mouton".
l'our la belle-famille, A.K. n'a rien,
puisqu'il ne peut
même pas
"célébrer le baptAme
;
i l frappe
sa femme."
Cet embrouillamini ne révèle qu'un modèle communicationnel
structuré par la position que chacun entend occuper dans
l'éco-système créé par le mariage:
l'image de soi-pour-
autrui est décalée de celle d'autrui-pour-soi.
La qualité émergente devient discordante;
elle se "bisocie".
Or,
la loi de la pragmatique de la communication pose
que dans la relation,
chacun respecte ou reconnaisse l'iden-
tité d'autrui dans le système. C'est ce respect des fantaisies
intersubjectives qui garantit l'harmonie par le moyen élevé
de méta-communiquer. La censure de ce processus est fréquente
dans les systèmes caractérisés par la disconfirmation et
les réactions tangentielles.
Ils dénient le droit d'Atre ce
qu'on pense pouvoir Atre dans la relation.
Pour s'en tirer,
i l faut avoir
"le coeur conscient"
(B.
BETTELHEH1)
en
outrepassant les règles tacitas et explicites du jeu.
0- 2.3-8
Les soci~t~s africaines par les compromissions qu'elles
contractent nécessairement avec d'autres civilations en
ce moment,d~nnent naissance à une série de blocages des
diff~rentes dimensions comportementales structur~es en
fonctions symboliques.
Le cas AK indique le processus par lequel l'image
de "Blanche" inhibe subtilement son projet sentimental.
"La culture est un i~portant facteur psycho-hygi~nique"
nous dit Bertalanffy (ibidem,
p. 223)
;
être perçue
comme
"Blanche" est anti-culturel
; c'est un facteur de
'~~-symbolisation" dans le syst~me tel qu'il est mythifi'
par la m~re. Elle referme un syst~me qui ne demande qu'à
s'ouvrir et ceci même au prix d'une d~compensation.
rrl y a là deux protagonistes dans deux familles
diff~rentes, qui par leurs accusation mutuelles, les
fausses questions de proc~dure, nourrissent une escalade
symétrique entre elles. Cependant, à la
lumi~re d'une
analyse circonspecte,
cette escalade symétrique au sommet
se double d'une structure relationnelle complémentaire
intrafamiliale. Et c'est cette derni~re qui est le probl~me
même à ~lucider.
Elle est la tradition même et n'entend souffrir d'aucun
changement: un fils ne désobéit
jamais à
ses parents. Car
d~sob~ir c'est désigner le syst~me comme coupable et faible
on trahit par procuration. Le syst~me ne péut l'admettre;
i l ne peut pas au nom de l'hybris qui l'anime,
se signifier
cause de la dislocation sociale. La seule solution c'est de
renforcer ses gardes,
ses défenses en rigidifiant les r~gles.
Mais nécessairement,
i l y aura des victimes qui sont ceux
qui trainent à
l'arri~re-garde du processus en feed-back.
- 239
A.K.
fait partie de ce cortège de personnes qui suivent et
subissent clopin-clopan la rigidification du système. Son
trouble est un compŒrtement-r~ponse adapt~ aux règles
établies.
Le salaire de la manifestation drue et crue de l'origi-
nalité radicale et du désir de se déterminer ontologiquement,
c'est les troubles de comportements et les maladies psycho-
somatiques. L'exp~rience consciente ou inconsciente de la
conscience individuelle est interprétée comme une violence.
La "maladie" devient rians ce genre de système une situation
interactionnelle à trois pieds en perp~tuel mouvement qui,
dans la complexité de leurs imbrications r~ciproques, interdit
toute
'approche lin~aire et individualiste. Cependant, si
les systémistes nous le pardonnaient, nous dirions avec
la grande-soeur de Nobila,
que
"la cause de la "maladie" de A.K.,c'est le fait que Alasiane
aime sa femme
et que
ses parents s'y opposent catégoriquement."
La r~alit~ causale qui,
ici,
ne part pas d'un point ou
d'un él~ment, mais est situationnelle,
~mergente, se trouve
dans une interaction doublement contraignante
:
on lui
interdit d'~pouser "une Blanche" mais on prèche en m~me
temps le possible si les proc~dures traditionnelles sont
respectées.
La mystification de la subjectivité d'Alassane
apparait clairement à
travers cette phrase de la mère
"son père et moi,
nous nous sommes d~brouillés pour qu'il
ait du travail et dès qu'il a commencé à
avoir une certaine
fonction économique,
i l ~est volontairement retir~ du cercle
familial,
subjugué par ce prétendu amour qu'il nourrissait
pour cette fille venue de France".
Puis elle tenlpère son
agressivité comme pour s'auto-disqualifier, annuler sa commu-
nication et_récupérer A.K.
"mais tout cela est le résultat
des manoeuvres de sa belle-famille ••• "
--240
Remarquons en'~~ssant que comme beaucoup de cas d~jà
discut~s, les p~re~-~ont absents de la comp~tition pour
.
dominer la situation-à laquelle se livrent les deux familles.
'c
Le p~re d'Alassane n'est pas venu une seule fois durant son
hospitalisation lui ~endre visite. Son attitude confirme
d'ailleurs le jugement de A.K. à son ~gard :
"falot sur les bor~i ; il est tyrannis~ par ma m~re".
Le p~re de Nobila est qualifi~ de la même mani~re par elle :
" dans notre famille,
c'est ma m~re qui porte le pantalon •• "
sous-entendu que le ~~re se soumet.
La symptomatologie est ici un cri pour signifier
une situation incongrue et intenable
• Le fils est le
sympt8me du syst~me qui se sent jug~ à travers lui.
Le blocage des projets sentimentaux _d~lassane n'a d'autres
buts que de le rappeler à
l'ordre et pour confirmer la
tradition. Le libre choix d'une partenaire,quelles que
>-
soient ses attributions,
est un projet d'autonomie et
d'aî:franchissement q'ui heurte le mythe de Il la maison
s~curisante et compr~hensivell d'une part; et d'autre part
d~mystifie son identit~ pour soi et pour autrui, dans la
relation traditionnelle.
Avant de continuer la discussion que suscite un tel
mode
je rela tion .conflictuelle et doublement en travante,
nous allons pr~sen~er un autre cas clinique qui ~largit
les analyses pr~c~d~ntes et pose d'autres aspects de
l'approche syst~mique•
.. '"".~,"
.J.
• • ;,_'
~: :~~~:-.:~~~~~~t.
• ~!:.'
..-, •. ~
~:r:~'~!~~
r';Jr:
.- 241
9
Cas
GUY SINE ( G.S.)
nO 6626 p .
Cette observation prolonge à bien des égards le précédent.
Sur le plan clinique leur symptomatologie
se ressemble
;
le fantasme de la mort apparaît comme un signifiant à déchiffrel
i l y a absence du père comme chez A.K. et forte présence
de la mère. Le diagnostic présumé était le même: une
névrose hystérique. Le noeud du drame,
le mariage inter-
•
racial,
le fait reelJfaisant problème est l'expression
significative de la relation schismogénétique ~omplémentaire
tradition -modernité. Le symptôme ouvre une brèche dans le
système familial mythifié par la cohésion dans la tradition.
Les interventions thérapeutiques ont
:eu pour but d'amplifier
cette tendance.
Guy Sine (G.S.)
est un étudiant,jde 24 ans de religion
musulmane. L'histoire "qui ,a précédé l'hospitalisation
est longue et complexe;
et i l serait inutile d'en rendre
compte ici. Aussi, allons nous nous contenter de relater les
sentiments et les positions des uns par rapport aux autres
dans la constellation familiale et à
travers le noeud du
drame,
le mariage inter-racial.
En effet, -G.S.poursuivait ses études dans un pays
européen
. ,~:,:::_-:_,,:). C'est là qu'il connut une jeune
Europé&nneavec qui i l eut même un enfant. Mais le problème
se compliqua quand G.S. se trouva devant un choix ]: la
promise qu'il ava~t .laissée au pays, qui l'attendait appuyée
par la mère;'-·et.)i.:t~~:d~'~~Iùia.C'estce choix nécessaire
•".,- :.c": . ::";, ..•-: . '. -,
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mais doublement impossible entre deux signifiants culturels
qui allait conduire ,G.S •.·à l'hôpital.
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.. 242
Il arrive à
l'hôpital dans un état comateux,
avec une
note médicale
:
-malade dans un état de coma,
-glycémie 0,20 g/l
,
-n'a bu ni mangé depuis six jours,
-a reçu 2,5 l
de SGI
(serum glucosé isotonique).
L'e:xar'I'"1 soma tique effec tué par le médecin du service
donne ceci
coma léger,
présence de plis cutanés
diminution des ROT (réflexes ostéo tendineux)
-
pas de signe de Babinsky.
Ce tableau médical sera enrichi dans
le service. G.S.
et son grand fr~re Mamadou, étaient déjà venus pour consulter.
Guy venait d'arriver d'un séjour en Europe.
Depuis son arrivée
(arrivée pour le moins singulière,
puis-
qu'il est venu sans bagages,
sans livres,
etc
•• ) Guy
s'était retranché dans un mutisme inhabituel;
avait
amoindri sa vie relationnelle et paraissait visiblement
anxieux,
jetant des regards à droite,à gauche comme s ' i l
.
se sentait espionné
, il parlait à peine auX copains qui
venaient lui rendre visite et aussitôt après leur départ,
disait à
son grand frère
, Namadou,
"de faire attention avec ces gens
car ils sont envoyés
par le P.S.
(Parti socialiste sénégalais)
pour m'espionner."
Sa négligeance vestimentaire et sa claustrophilie comlnençaient
à
inquiéter Mamadou.
Malgré tout,
i l écrivait quatre à
cinq lettres tous
les deux
jours à
sa copine d'Europe
qui venait d'accoucher.
Il n'arrivait pas à
l'oublier. Ace sujet, voici son sentiment
"mon séjour en --Europe
a
pu ~tre supportable grâce à elle.
On s'aimait mais bien des conflits étaient inévitables avec
la grande distance qui sépare nos deux cultures. C'est
pourquoi
j ' a i toujours voulu éviter qu'un accidRnt fâcheux
ne survienne.
-
243
Elle prenait régulièrement
ses pilules,
tout en me faisant-
part de son d~8ir d'avoir un enfant avec moi
; et le
jour
:~
où elle m'a annoncé qu'elle était en grossesse,
je
l ' a i
~
invitée à avorter, mais c'était parler à un mur. Auparavant
.~
elle avait tenu à ~e présenter à ses parents. J'avais toujours
résisté et la seule fois
où nous y sommes allés,
l'accueil
fut
somme toute correct, mais assez froid.
ries
craintes
étaient donc
justifiées. Mais
je m'acheminais vers la fin
de mon séjour
;
e~ il arrive des moments où,dans sa vie;
.
l'homme doit opter.
Pour moi,
ce choix était le suivant :-
rester en Europe
près de ma copine et de mon enfant ou
rentrer au Sénégal, mon pays
,
où ma place est aussi auprès
des miens, dans ma patrie
seulement avant mon départ,
promesse avait été faite de la faire venir au Sénégal."
De sa famille,
on sait que son pere était commerçant,
et avait trois femmes.
Sa mere était à
son deuxième mariage
avec lui. Elle l ' a quitté pour aller vivre avec ses propres
parents. Depuis lors,
l'image du père n'appara!t m&me plus
dans la constellation familiale
actuelle. Guy ne parle
jamais de lui. Sa mère s'est remariée pour la troisième
fois
et c'est avec elle que Guy vit. Elle est peu bavarde
mais a de la présence,
et semble dominer Guy au nom des
valeurs traditionnelles.
De Guy lui-même,
on sait qu'il a
fait d'excellentes
études au lycée comme à
l'université,
qu'il était populaire
dans le village;
qu'il est présenté comme un "gauchiste"'
..
.l,
i l s'attaquait aux institutions universitaires académiques,
et i l était parvenu à mettre sur pied un regroupement de
jeunes au sein d~un comité de rénovation de la ville
organise des cours de vacances et crée des centres sociaux
pour les ménagères.
, .
.,'.
Vint l'année 1977 où i l fallait se rendre à l'~tranger
pour terminer les études.
l.ais auparavant la mère lui avai~,
imposé une
jeune fille
stnégalaise en mariage. duy avait -.,.... -. _....~,; .
hésité mais a
finale~ent accepté avant son départ.
_ 2qq
Cependant, Guy avait commencé à s'habituer aux
produits toxiques
alcool, drogues douces,
comme le chanvre
ipdien. A l'étranger,
i l a
continué et cette fois avec des
drogues dures.
Il a manifesté des crises d'agitation. Ces
comportements négatifs ont été renforcés par le changement
de modalités de
travail,
la rencontre avec la fiancée étran-
gère et les difficultés d'adaptation dues aux différences
de culture. Tout cela allait ébranler G.S.
"En ce moment,
j'avais oublié ma fiancée sén(galaise,
à qui d'ailleurs
je n'adressais plus de lettres."
C'est ainsi que G.S.
est revenu au Sénégal, dans des
conditions inexpliquées
jusqu'à maintenant:
sans bagages,
sans effets,
sans pr~venir, etc ••• L'appauvrissement de
ses relations soci2les,
les bizarrerires de ses comporte-
ments les ont conduits,
lui et son fr~re Mamadou,
à venir
consulter à
l'hôpital.
Ils ont été reçus par nous deux,
le
m'decin et moi,
et c'est au cours de ce premier entretien
que nous 'avons recueilli ce qui est di t
ci-dessus.
- - ,
>
- ,
,
Un second rendez-vous avait été pris pour le mois suivant
mais ils ne sont pas venus.
On nous a dit par la suite qu'il
était en traitement traditionnel et que ça allait mieux.
Effectivement
Guy avait quitté Dakar pour rejoindre
.' " !
sa m~re. Et c'est là qu'a lieu le traite~ent traditionnel.
Guy ne porte aucun crédit à cc mode de
traitement.
"Je suis .rentré à
l'Lcole,
et tout
ça c'est du bla-bla".
Mais sa m~re y tenait. Elle consultait les guérisseurs à son
insu dans le but inavoué de le faire changer d'avis à propos
d~ la fiancée étrangère. C'est une esp~ce de manipulation
..
"
psychologique,
dont certains éléments du corps social tradi-
•.. .".'
tionnel sont capables. Ce travail se fait
par télépathie
.. ;~,... '.: -:. '-:....-i. ~:, .-si le.""s.u,fet est loin et vise à transformer les sentiments,
'-:-"'-'7~
-":-;'7'""""-~· :.-~'-'
l~s visjons et les conduites de quelqu'un en leur contraire.
,':J
C'est ce que la mère avait entrepris de faire.
D'ailleurs dès
son arrivée,la première phrase fut
la suivante:
"Iben t'attenrt ~ l'intérieur" (Iben est un grand marabout
que la mère a appelé pour faire ce travail dès qu'elle a
appris que Guy rentrait).
C'est ce mtme marabout qui le
suivra ~ l'hôpital.
A cause de ces manoeuvres psychologiques,
Guy avait
refusé de manger et de boire pour éviter qu'on mette des
produits traditionnels, des gris-gris pour le transformer.
Il se méfie en plus de ses
copains qui,
pour lui,
sont dans
le système et
jouent le
jeu de sa mère.
"Je refusais m@me d'uriner car les urines peuvent êtres
utiles aux marabouts pour me
transformer
et pour ne pas
uriner i l ne faut ni m~,nger ni boire".
C'est ce refus de n~anger et de boire qui l'ont conduit
dans l'état que nous avons décrit ci-dessus ~ l'hôpital.
Rappelons que le marabout était
l~ aussi
"dans le but,
disent-ils,
d'aider ~ soigner
Guy".
Au bout de quatre
jours de perfusion et de soins divers
~ Fann,
i l comn:ençait ~ aller mieux sur le plan somatique
mais ne parlait
ni ~ ses parents, ni au
personnel soignant.
Il s'exprimait uniquement sur le mode
analogique ou figuratif ou par écrit
:
voici un de ses écrits
"Peut-on considérer que l'intensité de la conscience est
difficile ~ co~prendre ? En effet,
les parallèles qui
existent entre les individus dans une société· sont basés
sur un phénomène conscienciel.
L'indi~idu vit dans la société en rapport avec d'autres;
ces autres sont en
rapport avec certains individus,
mais
la connaissance d'autrui reste un véritable labyrinthe.
Mais néanmoins autrui se construit dans les rapports de
socus ~ socus,
encore mieux dans
les relations
d'affection,
plus précisément d'amour.
"Les hommes de notre société moderne entrent en rapport aux
différents moments de
leur vie.
La société a
donc permis
aux individus de tisser des rel~tions ;
relations
tantôt
personnelles,
tantôt interpersonnelles. Ces parallèles
permettent aux hommes de se mieux comprendre.
Par exemple,
dans les reJations de socus à socus,
entre le postier et
destinataire d'une
lettre,
i l s'établit aussi entre eux
dES
rapPol'ts
coml~,('rciaux et .. "
-
246
Ce mode figuratif de communication (~crit et infra-
verbal) dura quelques
temps
jusqu'au jour où i l d~cida de
parler mais s~lectivement
i l ne parlait pas à n'importe
.
qUtdu service et encore moins dans n'importe quelle langue
ni en wolof,
la langue de sa fianc~e sén~galaise et de sa
mère, ni le français que nous comprenions tous.
Il parlait
uniquement dans la langue de Goethe,
celle de sa fiancée.
C'est la présence dans le service à
ce moment d'un malade
parlant allemand qui a débloqué la situation. Lui,interprétait
Ce matériel est riche de signifiants psychologiques,
sociaux et culturels.
Il nous laisse entrevoir la nature
des interactions telles que le vit Guy sans qu'il puisse
la d~finir. La mère qui tente de jouer le rôle d~ garante
intransigeante de la tradition, de l'homéostase sociale
et familiale,
tente de nier qu'un problème existe,
dont
la souffrance de son fils n'est qu'un sysmptôme. Et les
thérapeutes ajoutent à
cette confusion pathologique leur
stratégie thérapeutique maladroite en intervenant sur le
lieu pathologique à un mauvais niveau. Dans les deux cas,
c'est le système pathologique qui se renforce par feed-
back.
Nous allons rapporter deux entretiens,
l'un avec le
"malade"
,
l'autre avec son grand frère Mamadou,
qui situent
la capacité de mcitacommunicqucr à un niveau relativement
modeste. Guy commence par demander à
sortir en disant
" Je risque de devenir fou;
la vie à
l'hôpital est très
monotone et l'atmosphère bizarre."
Puis sur la vie interactionnelle,
i l nous livre son opinion
"}1on hostilité envers mes parents s'explique par le fait que
ce sont eux
(les miens)
qui m'ont fait
ce que
je suis devenu.
C'est eux maintenant qui me créent des difficultés. Quand
j ' a i des problèmes sentimentaux,
ils n'essaient pas de
comprendre
;
ils songent plus à
trouver une astuce pour me
court-circuiter. Actuellem(.nt,
tout le monde est informé
que je suis fiancé à
une étrangère, ma mère ne
trouve rien
- 247
de mieux à
faire qu'à se
louer les services d'un marabout
pour me laver le cerveau pour mettre la haine là où i l
n'y avait qu'amour.
D'où des poudres dans les oeufs, des
"safara"
(liquide obtenu à partir des
~criturcs saintes)
dans le café, dans les repas, etc •. On essaie de tout
résoudre à ma place des probl~mes qui ne regardent que moi.
C'est votre cas, docteurs
"
On voit la tentative de Guy de nous mettre dans le
m~me sac que sa m~re et les autres. Notre mani~re de nous
int~resser à la fianc~e ~trang~re , en cherchant à favoriser
sa venue au S~négal, a ~té interprét~e par Guy comme une
manoeuvre pour le disqualifier. De sa m~re, il dira:
"Elle m'étouffe sans que
je ne sache
;
elle-m~me,
elle ne
sait pas."
Ce sentiment que Guy a de sa m~re n'est pas iso~~.
L'entretien avec Mamadou,
le gr~nd fr~re a confirm~ cette
communication :
"Elle a
tout fait
pour m'imposer des filles à marier,
dit
}lamadou.
Question d'honneur,
vous savez. Elle a m6me accompagn? une
fille
chez moi. Mais contrairement à Guy,
je n'ai pas vécu
avec e l l e ;
elle n'a donc pas d'emprise sur moi •••
Je me
suis affirmé;
je me tiens à l'écart.
'Guy n'a pas compris
tr~s tBt et s'est laissé prendre au pi~ge."
C'est 1'1amadou qui va nous rév~ler l' identit~ de la fille
"C'est la fille de son neveu
;
son honneur est en jeu
et elle fera tout pour marier la fille à Guy;
d'ailleurs
d~s son retour, e!le a aussitBt commenc~ à consulter des
marabouts pour le faire changer de sentiment."
Les
jours passaient et malgré les entretiens et nos
mises en garde certainerrent maladroi tes à
l ' endroi t
de la
m~re, cette dernière renforçait son emprise sur Guy. Elle
parlait
tr~s peu, ne se contentant que de ces mots
" Je vous ~cou te •• vous s eu l s savez ce qul.i l f au t
faire
; •••
moi,
je vous suis
c'est vrai tcut ça ••
c'est effectiven:ent
un problème des temps modernes
•••
les
jeunes aspirent à
d'autres choses,
etc •• "
... 248
Mais quand elle sortait du bureau,
ces manoeuvres
de manipulation psychologique reprenaient de ~lus belle.
Un jour,
Guy,
en se réveillant,
trouva la fiancée sénégalaise
à
son chevet. Très déconcerté mais impuissant,
i l vint nous
rendre compte de cette manoeuvre pour conclure
"Ca me dépasse
"
C'est à
ce moment qu'un nouveau Guy va apparaître
ce n'est plus le "gauchiste" acceptant ou tolérant le
mariage inter-racial qui se présente devant nous. Nous
commençAmes à nous convaincre que
le
"malade" allait
céder devqnt le
systènle traditionnel et qu'il irait rejoindre
le camp de la mère pour
renforcer ce m~me système dont il
souffre du mode rigide de fonctionnement.
"Je commence à
croire,
docteurs:...
les marabouts sont
capables de faire des
trucs
;
ils peuvent
transformer mes
sentiments; d'ailleurs à
ma sortie
j ' i r a i les voir pour
qu'ils consolident ma santé •••
(il disqualifie toutes nos
activités thérapeutiques à
l'hôpital et les met à
l'actif
des marabouts
seuls ••
Tout se passe comme si nos médicaments
et nos psychothérapies de
soutien étaient nuls •• )
Je ne sais m~me pas comment
je suis revenu de l'étranger
ils ont consulté les marabouts
et autres magiciens pour
me faire venir
••
et voilà
•••
maintenant
je commence à
croire
à leurs
"histoires"
Commentaire
Nous parlerons de
la
thérapeutique dans son ensemble
dans la partie suivante
réservée au commentaire.
Il faut
rappeler que certains thèmes développés~en ce qui concerne
Alassane Kane se retrouvent ici.
-
:.~~~~~~~~*..:zi.~~·~ ~.
, ~;
, Apr~s avoir"pris connaissance des sentiments et
des m'anoeuv"res, de-s uns et des autres
,
,
nous nous trouvons devant deux camps alliés sur des bases
différentes":
les uns sur la tradi tion et la sauvegarde du
syst~me homéostasique ; les autres sur un éventuel compro~is
avec le monde moderne.
La première alliance regroupe, à des
degrés dive"'rs', ià.;m~re, la fiancée sénégalaise et le guéris-
seur ,; chacun aya~t un statut et un rôle bien défini dans
la lutte sournoise, qui va s'engager
• La mère représente la
figure parentaJe 'donc l'amour,
la compréhension affective et
l'autorité ancestrale,
en l'absence du père.
C'est
elle qui
supervise.
Le guérisseur est la figure socialement autorisée
du maintien et de la conservation du pouvoir et du savoir
mystique que lui'conf~re la tradition;
c'est un signifiant
rappelant Guy,
la brebis égarée,
à
l'ordre.
La fille est la perche qui,
pur son statut d'objet sexuel,
répond au syst~me pulsionnel de représentation posant la
nécessité de la conservation et de lâ reproduction.
Elle affaiblit les résistances en signifiant la préservation
nécessaire de la.l.ign?e pa:ternelle •
.
':"
"Ques tiond' honne\\l"r";, nous dit }iamad ou de la n:ère.
La deuxi~me alliance regroupe f-lamadou
, Guy et sa
fiancée blanche. ~H.arnadou a pu éviter le piège et s'est
affranchi de l'empris.e de la mère
"Je me
tiens à l'écart
d'elle".
Il entend garder 'sa l ï bert f
de choix,
et de c ornn:erce avec
le syst~me. Guy est "l' accul turé fOI'mel"
le
jeune révolu-
tionnaire,cultivé à l'occid~ntal en proie à des contra-
'ë; :
-,
dictions intérieures angoissantes.
L'étrangère est la
représentant~'manife~-te,mais très significative de l'esprit
•
• T". ~
-
_ .
.,;'.
-
. ! : ,-
'.
.. ....
",
de compromission)ie Guy,
avec la civilisation du "BÎanc" •
.... ..
~~:-:.'-;: ~~~.
~
' .
. . .'
M'
_
.J. >"-;'; ';".::2°·:-:.~. :." .:'.~:; ::.:'.'
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~~~~,~~~~~~~: -~~'
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.> ":'
'. l
. .' .:!:.
~
.. ~. " .
..~ ....
-
250
C'est donc à
travers
la position des uns et des autres
aussi bien àans la dynamique interactionnelle de la famille
que dans
le champ fantasmatique des repr~sentations inter-
subjectives que le symptôme -
parole de Guy peut ~tre entendu.
Le fait r~el ou noeud du drau.e que constitue la liaison de
l'Européenne avec Guy joue une
triple fonction démystifiante.
Au niveau de Guy,
i l r~vèle un pseudo-africanisme
l'attachement du "malade désigné" à
la loi ancestrale,
les
sacrifices n~cessaires pour la survie du groupe et des
val eurs serai en t
vus
c omr,ie un l Gurre.
Une
te Ile révÉ la tion
engendre de la culpabilité,
des sentiments de dette avec
l'angoisse d'avoir trahi pour corollaire.
Au niveau des parents
la liaison est un signe de
compromission inadmissible,de faiblesse,
d'~chec et de
trahison dont ils sont responsables. Mettre Guy à
l'Ecole
Française, du "Blanc"
,
n'est-ce pas avouer sa propre
faiblesse
impos~e par
la nécessit~ historique de négocier
avec l'Autre;
de prendre un peu de lui sans pour autant
en donner? Mais c'est un comportement qui veut signifier
pour lui -m~me, qu'il se singularise.
Il se referme dans
la coquille, loin du voyeuris:;;e permanent de
la société,
tel l'oeil de Cain. Ainsi p~rle l'inconscient qui ne
;
s'embarrasse pas de désirs ambivalents
sinun contradic-
toires
:
celui de la compromission
,vuire la rupture ou
la séparation d'avec
l'ancien système;
et celui du maintien,
de la cons erva t ion et de la t'erpé tua ti on de
la même cho se.
A ce niveau,
le
système est encore fonctionnel et evolutif.
Cependant,
cette an:bival ence fondan:entale dans
le
comportement social d~ns le cuntact intercivilisationnel
s'exprime dans le registre du non-dire.
de contact à
régler mais i l
est nié.
-
251
.:.~.
. .. ~'.~
'i~~iÇ'estJJ.·a ,stratégi:~ des ,"terribles simplifications".
>:'::EIÜ; ·~~t:t·+égie pa'~ la '~~gle du n je sais mais je me tais".
<'/A p'~~~ir'de ce moment, la deuxième dimension des systèmes
naturels~ ~'homéostase,. se rigidifie, perd sa plasticit~.
:,La fausse
image du système mine
son caractère
fonctionnel
...
.qui .garantit
la bonne santé de
ses membres.
I l se
couvre
fi.-.-
;" .~ ... ' "
,>~" ..... '
:alors ~'uri~multitude de psudos
:
pseudo-solidarité,
pseu~~-mut~alité; pseudo-protection, pseudo-ensemble, etc
La liaison inter-raciale trahit
ces
pseudos.
Elle menace
~le syst~me
elle le dénonce mais
maladroitement
par la
toxicomanie,
les manifestations hystériformes
et les
ten-
tationsde
la mort.
Mais
en fait,
elles
contribueront
à renforcer le système parce qu'on ne s'attaque jamais à
un système.
I l
est plus'armé que
l'individu et
i l se situe
à un niveau d'abstraction sup~rieur. Ce renforcement par
feed-back est
exprimé
par Guy lui-même
"Docteurs,
je
commence à
croire à
leurs
"histoires"
lui .qui avai t
ré'sisté depuis
longtemps.
'z:Le,:troisième.inive:~~ est au plan suprafan:ilial, supra-
'systémique, ·déLns )e;coeur-même de
l ' idéologie sociale:
"
les valeurs
traditionnelles
de
la solidarité,
de
la con-
. ,servati:on de
la
\\ignée" .•' de
la tribu
;
ainsi
la valorisation
J
des .comp·ortements de' reproduction et
les
éléments d'inté-
". -
:
•
_ .
,.:.
' .
·7
:':grati~n ,( ini t ia tian, renforcement des comport emen t s
sociaux)
"
4 • •
a
pour fonction de
c1am~r bien haut la cohésion sociale,
,
.
c'est "c'e que
j'appellerai
"Rogucm
miki"",
chez
les !-iossi.
"Le symptôme de Guy ne
~èmble pas participer de ce mouvement
,·'dte"rise"~ble de convergence vers la cohésion. Sa réussite
".
" . , ,':"'1
"
,
["
~~
scol·ai·f~_~·ièdétaChe nécessairement de la communauté villa-
")geoi~.~2~:t','familié~}e. S"e~ voyages Sénégal - Europe véhiculent
7}-:-". :
~.
. .' ... :";::....." -~~./.. .
.• ~
.:; ," .. ' .:
.' :;~
';.;un ·désir:· .. 'de brassàge cul turel
certain,
quoique non-di t
,
.. ....
~
' ":'" ;. ~-
.
.
..:~i:ce qUÎ:~de;toute façon,"':ne rassure pas la tradition. Et Comme
~~~~~~~~~~~r '~~~!,n~~~f~nt de lassitude, il contracte un lien
~::::;:d'.allià.üée entre ~les deux civilisations en se mariant à une
~·~1~~;~~.:::~· -;~~.:~~[:;>'i:J~...:~~~ J( ..
.;,~~-::..
~~::_:;-
r_
.. "';:i·,.J31aI\\cll~ -.
i~.:.\\.. :.: 'f
<
'~:~?f.'~:t;~.:t~I~'''~:;Y':'~h
.. t
-
.:.
-
2;2
Il ouvre,
par cet acte,
une brèche dans
le noyau compact-
du corps social
tissé par
"la répétition séculaire de la
m~me chose" ancestrale.
Aucun de tous ces niveaux ne laisse entrevoir le monde
paradisiaque de
Pangloss
tout au plus
on l'affirmait ou
on le promettait contre l'évidence. Et le symptôme est le
support significatif de tous ces fantasmes
"c'est eux qui m'ont rendu malade"
, dit - i l
et son grand-frère d'ajouter:
"Guy a vécu avec sa mère et n'
pas cOII!prl.S
t ô t ;
,il s'est
laissé prendre au piège
; d'o~ la difficulté de dire non."
Il ne peut ni
"c omprendre" pui squ ' é tan t
irr.pl iqué dans le
système, ni
"dire non"
,
autren;ent le
jeu suicidaire de
la disqualification des sentiments finirait.
Maisilya plus.
Le symptôme est significatif d'un manque de
parole
c'est une énigme à déchiffrer en réponse à
la
parole trompeuse et peu claire des
éléments du système
"acceptons -
n'acceptons pas".
Guy a
grandi dans un système oG le non-dit embar~asse
par son ambiguïté
la sou ffrance
qu'il présente est
l'expression éclatante du drame de cette ambiguïté qui
"coince"
,
qui défie et dénie les désirs.
Du m~me coup,
elle "dés-authentifie" et disconfirme la personnalité du
sujet dans l'interaction systémique.
Il faut donc aller plus
loin que
le noeud du drame qui n'est qu'un épiphénomène.
Car,
comme le dit Erikson
:
"le facteur
traumatisant
(ici
le mariage inter-raciai) tel
qu'il peut s'entrevoir dans une névrose, n'est
jamai~ un
évènement réel
en soi, mais ce qui en a
été dit ou t~ par
l'entourage".
: -
(Propos recueilli par M.
MANNONI,
in "l'enfant,
sa "maladie"
et
les autres"
p.
35)
-..'
,:;:..,:... ,,,
.. _.-d r
V
~.;
-;:.
.. - .
'. --- ;;
.'.-"
.
..,:. -
- '
- 253
Le ~ymptôme apparatt comme un texte hiéroglyphique qui
masque son message au non-initié;
c'est un discours dont
le sens lui reste cryptique. Il est la traduction sur le
corps d'un mod~le de communication qui mystifie comme le
cadeau des troi~ cravates de couleurs ,différentes de la
m~re à son enfant :
"j'aime m"épanouir dans la solitude èt
j'aime X •• ma fiancée"
Or le syst~me ne travaille pas dans ce sens
:
i l subit
"un lavage de cerveau"
(les marabouts ont pour mission de
changer ses sen,timents vis-à-vis de la
"Blanche" par des
gris-gris, des
"safaras")
en plus
"tous veulent rés6udre
mes probl~m~s à ma place".
Dans une telle situation dynamique de déni,
qui perpé:4rue
la relation complémentaire, Guy n'a de solution que de
poser par le
truchement des symptômes
(somatisatiops, refus
de s'alimenter jusqu'à la mort,
toxicomanie,
refus de parler,
étc ••• ) les questionssuivantes
:
quelle position j'occupe
dans la relation qu'ils ont avec
,moi? Que me veulent -
i l s ?
'; "Sur ,'i e plan thérapeuti que,
la recherche de
l a
cause
.
-~.
inconsciente enfouie dans les profondeursde l'amnésie
infantile peut être utile mais insuffisante. La souffrance
de ~Guy es~ une dénonciation de la tromperie d' un syst~me qui
"
sonne faux en dépit de son discours sécurisant. Dans ces
conditions,
la ,thfrapeutique doit partir de ce registre et
favoriser le désir de
changen,ent du sujet en utilisant le
~atériel pragmatique du système d'une part, et en définissant
le 'niveau' logique où i l est
judicieux d'intervenir.
Pour ce
'.,,~,
fa{r~ on utiliièra les deux modes de lapragmatique de la
communication;
le dire et/enon_dit
,
les mots et les actes-
paro'les.
"':;:
."o:.:.;.:,,~.;
• ~
~~~~~i~:- ~3:~~.
Dans le cas de Guy,llaction thérapeutique consistait
à l'aider à
comi;uniquer sur 11 illusion du choix possible
dans laquelle i l s'était enfermé
ou la fiancée
sénégalaise
ou la fiancée
étrangère. Nous avons préféré agir sur le lien
originel qui a
condui t
à ce trouble (le comportement en
faisant
venir la fiancée
étrangère avec qui i l avait déjà
un enfant.
Cette conduite est paradoxale parce que le bon
sens voulait qu'il se séparât de cette fille,
symbole de
l'autre civilisation avec laquelle ses parents refusent de
se réconcilier,
pour ~tre en harmonie avec le système
traditionnel.
De cette manière, nous amplifiions
le désordre
au lieu de le réduire.
Quand
je quittai l'hôpital Guy vivait
avec sa femme
et son enfant.
Je ne l ' a i plus revu mais les
informations sont optimistes pour son évolution.
Nous l'avons,
le ~·iédecin et moi,
soutenu subtilement,
sans
prendre ouvertement parti, dans sa
tentative d'ouvrir la
brèche.
- 255
'.'
". ,.r
,
~". _.
····~~1:·. ,;..:):- .:iI.
En guise de conclusion partielle, .j'attire l'·atteriti0rl.'~ç=t~i~:
•
,
}~.
'
~.,..
!.-" -.
.:""": "
-.......~".,'" ';;{,
sur le cadre méthodologiquedans';lequel ..ces·';observatiôÏls"
ont été fai tes.
COl me
Je l ' ai sig~alé ~'u' début de,'cette' pa;tfe;
_
"
. .
.
~.'
~t..
i l ne s'agissait pas au d~part et à priori de tester l'~ypo-
th~se
-
systémique
;
ceci aurait conduit ~ mettre sur pied un :
.
,
schéma d'investigation et d'intervention syst~mati~ues·.·
..
',". - }~-:
. .
débouchant sur des thérapies familiales. :Ha démar~'he s'est'>':
voulue moins ambitieuse. Les analrses que
je viens de présenter
sont une application possible des concepts systémiques que
j'ai développés dans la premi~re partie de cette réflexion).
Les extraits cliniques
discutés ne sont pas des exemples
de thérapie familiale,
mais plutôt de comportement familial
révélateur de modèles de communicationpathogéniques.
J'ai été conduit à cette observation et au choix
';épistémolo
gique que j ' a i dtfendu
jusque là par la réalité du travail
clinique à Fann
,
par l'évirlence de l'impl~cation du sY5t~me
naturel familial en tant que mod~le interactionnel dans
la pathologie mentale et par l'insuffisance pratique du
mod~le psychiatrique clinique individualiste et causal •
. '.
L'activité clinique ens e igneque" ..·; 'quand'i· ob~servatio~····: .
-
•
' • • _'.:".
~'..
"
: ~v
•
se limite au patient seul,
isolé du nexus de personnes qui
garantissent sa raison d'exister, le symptôme est.~
inintelligible
.; i l se perd dans l'extravaganced~ non-sens
et des bizarreries.
C'est pourtanti\\opti~uedumod~le ::~pi'~'~' ~':.:
.. , .
."
i
témologique classique. Un n.alade en pla'cement d'office-'
!l."-:,'
•...
s'était illustré par ses fabulations et son langage décousU' ".
et sophistiqué. Un jour i l lança une phrase qui me f i t .
réfléchir
;
ce
jour-là le Dr D. disp~ris~it un~our5 aux
~":
.-.
"..
z .....
, . '
-",
internes, quand il entendit frapper :à ).a:port~: ,',;;)~ pe~ne <:'.:~[~':~~~,~~~~.
eut-il le temps de répondre que la '~~;i:e .:~5'" o~vr,it>, Sans ':~ .'.;~,) -~.~;.,.;;~~:~.
crier gare et d'un air grave,
1 '.homme··~.dunom ;de·:.G~kou i/Î écfX~;:~:~"
'.:.
•
r
"Gakou a été téléscopé"
puis i l 50rtit.de,Xa.înêm~ manièrk:'1;'::';r~:~
:.'.-.~: "",
, .
.
,.:..
:~ ", .~.
qu'il était entré.
r:':::;';:::;:
''';: >; . ' : : : : : '
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~'.. .:.":"::: ::Z·;.!,·": ~'..2:: .~ /~':..'~;
'~~1?ii~Wi{~~~~~~t
'.;'t~<;/:,Sf?~f'lf~"{~I~~r~::;f~f
".,A:'~:~~~1~~~;~t.~;~~r:fl':~:;;;ff;~~
• : ) :
'
~,-.\\~~:~ ."~ ,J, .~!:~~</ -:. <:;::~.~ .f.'"' l, _.': 1..
;.. ,
' ; , : '
- 256
pour
les uns,
ce comportement confirme
le diagnostic
de schizophrène porté sur l u i :
délire,
discours décousu
sans ~tr~tégie linguistique
impossibilité de dire
"je",
d'o:Ù.dépersonnalisation,
etc •••
Nous sommes là devant un modèle m~dical qui interroge les
fai~s dans leurs aspects bruts et non le sens résultant de
-
.
~eurs liens interactionnels. Or cette phrase ne peut pas
' . '
~tre une simple sommation de mots
;
elle a un sens qui ne
peut se lire que dans
le contexte oG elle a
pris naissance.
La p~yché rend au symbolique ce qu'elle lui a emprunté.
Avec le modèle épistémologique systémique basé sur le mode
de communication actuel des situations oG évoluent les sujets;
nous aurions pu enquêter sur le lieu du
"téléscopage"
.. \\..
mais le "mode de raisonnement causaliste et
linéaire dont nous
étions imbus constituait un obstacle scientifique majeur.
,Par contre,
quand l'observation implique tout
Je système
familiale et malgré. l'absence d'utilisation consciente du
mod~le interactionnel, des mécanismes pathologiques de
communication apparaissent naturellement J,arce qu'ils font
partie.de la vie naturelle de
la famille.
A partir de ce
."
' .
moment, 'la découverte par la procédure analytique d'une
hypo~hét~que cause dans l'intra-psyché n'engendre pas
(nécessairement)
la guérison.
C'est le processus conscient
. ->
~
de ê'larification de la na ture de l'interaction des élÉments
du nexus entre eux qui am~liore. Une telle démarche d6cortique
le ~exte mythique qui obscurcit le sympt6me et fait découvrir
à
chacun la place qu'il y occupe. En général,
la dynamique
interactionnelle est mystifiante,
cryptique et se complait
.!. •
dan's le tfonctionnement honléostatique rigide des confusions
de ~tatuts et de r61es.
,
.. '.
"
TrQliver l'acte-pe:trole qui d~mystifie en favorisant Je
'~ha'ng~rrie~t du s y~ t~me qui sere fermai tes t la ré ponse thé ra-
~~'-~~~f'.·
~~ '.~_
~eu_~;~~u.~.• Les cas Alassane Kane et Guy Sine (no8 et 9) ont
montré ',que le synlptôme est un représentent en miroir du
:~ys'i~~~~;>;,
.
-f..
.~~~ :' •
: : - '
4
.....
- 257
Il est l'élément signifiant adapté à une espèce de mensonge
auquel se livrent les protagonistes du psychodrame familial.
Il est l'expression effrontée du non-dit et de
ce qui est
tu dans
la constitution historique du système interactionnel
inter et intrafamilial. Le cas Fidèle BeJlac
illustratif à
ce sujet
:
ce dernier est resté coincé dans
un système qui n'a
jamais reconnu son identité
ses
hallucinations
sont
symptomatiques de cette disconfirmation.
Bien que n'utilisant pas consciemment les thérapies
familiales,
les différents entretiens que nous avons eus,
les visi tes à
doniicile,
en favorisant
la conlpréhension,
justifient l'orientation systémique de mon
travail.
J'ai pu voir que,
passées
les périodes aigües qui nécessitent
les neuroleptiques,
le cadre
thérapeutique de
Fann
(les
pinths
;
les rep~s communautaires
le
système ct 1 é~ccompClgnant)
aide a délier des modes de communication totalement enchevê-
trés qui n'apparaissent que quand on pénètre dans le labyrinthe
familial.
Ce
travail avec
et dans la famille,
lieu symbolique
d'o~ procède la souffra~ce, a fait ressortir que l'amélio-
L:-- V,A, '-".IL:. (LA.,v.:...
ration de l'individu ~éeèd.e un changement significatif et
accepté par le
système.
Le soulagement de
la souffrance,
la catharsis
et l'implication de la totalité familiale
sont
fortement
correlatifs.
Ces conclusions
sont
significatives d'un contexte
anthropologique de la personnalité qui interdit
l'isolement
dans
les
thérapies
individuelles
ensuite
la stratégie
thérapeutique globale de Fann met à nu avec quelques réserves,
les modes
pathologiques de communications
intra-familiaux.
Troisièmement,
l'observation des
comportements
familiaux
montre que les
faits
réels,
les causes supposées même
dévoilées n'engendrent pas automatiquement
la guérison.
- .25,8
.
"
Il f&ut
leur faire
prendre un sens. Et ce sens
.nese~révèle
en général que dans
le
système interaction~el;h~;to~i~ue~~nt
.
..
.!
• ~ ',.
•
..
édifié d'où résulte le comportement symptôme.···.·
.. )....
Quatrièmement,
et c'est là qu'apparait le vrai sens de
l'analyse de ces dossiers
l'aspect méthodologique élaboré
à
travers des essais
et erreurs.
J'ai pu rendre compte des comportements famil~aux
grâce à
l'analyse th~rnatique des matériels de sé~nces de
psychothérapie de soutien et d'entretien avec les familles.
Les morlèles de
communication d~couverts par G. BATESON,
J. HALEY,
D.
DON JACKSUN
,
WATZLAWICK et collaborateurs
ont pu être observés
la disqualification,
les systèmes
de socialisation et d'apprentissage fondés
sur le double-~ien,
les relations
tangentielles,
les comportements pathologiques,
les somutisations
hystciriformes consécutifs à
l'illusion
du choix possible,
etc •..
Cepend2nt,
les faiblesses
ne manquent pas:
l'usage de proto-
coles cliniques presque
sténographiés de par leur objecti-
vation écarte faci_lement
les productions fantasmatiques,
élément de lecture appréciable que
le psychologue clinicien
ne peut ignorer.
Il en e~t de m&me du défaut d.'un canevas
solide et bien structuré à
caractère systémique autour
duquel ma recherche aurait da être organisée. Ce sont là
'.
"
les handicaps méthodologiques
~ui sont inhérents au fait
.
.
que
je suis en situation d'apprentissage de n6uveaumo'dèl~
d'approche.
Je les
con~idère comme heuristiques. Ils repré-
sentent une grille de
lecture de la réalité 'clinique afri-
caine telle que
je lfai observée dans un contexte thérapeutique
institutionnel et anthropologique.
Comme
je f;ai .~ign~1-é
",
plus haut,
le chapitre qui suit complète mon 4ispos.itir~'..~··.. _
méthodologique
éclaire à travers des structti:';e:~ ·t·r~d:i·t'i6-~~
......
nelles les concepts systémiques et leur confère.~:coritem.i
", ~
..
universeJ..
:-...,.-:.,;.~~:"; •. "':">~~:
_..:.._.&.l..
~_.
J . . . .
: . : . . .
~~~~~~~~~
··~~··::·~>:ji~:·~~'~~c~~:~:~~f~~i~:(:~~·:\\".
.~.~:·~..:~i':;Y~~:~~;~~~~·":·;i;;;:=i{-fi·,Û~::~~:.
~.' ~ ~ .~~.:~ ,:,.-:~., 7;' ~:r:),,::'~~ -::~ :~~-:.~.~_ : :~':;: ~-.:~- ::~~..
..
259
-..
c ~h api ·t r e
I I I
...." ~
LE ·TRAVAIL CLINI.QUE AU C.H.U.
DE FANN ET SA SIGNIFICATION
s y STE M l
QUE
"N'aurais-tu que
l:hocme
que rien ne
te manquerait".
Un Proverbe africain.
.~-
"Tout ne
se
sait pas.
Tout
'"
~.
ce qu'on sait,
c'est une partie
de
tout."
Pensée Peule.
"Nous retrouverons
cette idée
sur notre route
le réel est
non ce qui
se
laisse absorber
'~:.--
par le discours
logique,
mais
-·1
ce qui
lui
résiste."
'~:...,
E.
M 0 H l
N
:,-..:;:
La nature de
la Nature,
p. 110
'~~~f
- .....
·i"!~::·
. "
, '
~,
-
~~ï;~t
...'~...:- ~~~ : '
:~",t';f·
-J.:, ':~.:~~~..- ~ ..... ,
_. ~~.
,.-
_:~:~;;:~
-
2.60
Je me propose de discuter de certaines institutions-.
thérapeutiques de Fann,
que
je
juge audacieuses et originales
au regard de
l'assistance psychiatri~ue globale en Afrique
de l'Ouest francophone.
Elles complètent le disposi t i f méthodologique comn:e
je
l ' a i suggéré
au premier chapitre
de
la deuxième partie.
Nous nous int~resserons particulièreœent au système de
"Pinths"
(~olof) et au système d'accompagnant.
Là aussi, deux cas serviront de base de discussion lôlétho-
dologique et clinique. Grâce à
ces
institutions anthro-
pologiques, nous pénétrons le labyrinthe familial non plus
par la porte de
la pa thologie,
niais par celle de
la
"normalité".
.. :.::..;.
. ,....
" .
'~:J.." ••!,.i
-
261
A
LE SYSTEf-tE
"D'ACCOMPAGNANT"
==================================
. ---
La question se~a abord~e de deux points de vue
-
.
d'un point de vue institutionnel puis d'un point de vue
clinique
à
partir de deux cas.
1
"L' ACCO;';FAGNANT"
,
EN TANT QU'INSTITUTION
A ce niveau du travail,
i l est souhaitable d'avoir en
tête une représentation globale de la clinique psychiatrique
de Fann. Elle permettra de mieux appr~cier le rapport
qualitatif personnel ~oignant -
accompagnants et malades.
Le tableau ci-après a
~t~ relév~ en 1979, lors de notre
stage de six mois. I l peut avoir chang~ depuis lors.
• • '
~<
"
...
'.
:: ~ ,~ .
. ~. t"
: .'
,.,
-J.,
-
262
l\\rersonnel
,
et
malades
'~ ~'
V\\
':j .~
,....
""r;
Ker Xaleyi
{enfants)
TOTAL
5
10
12
12
1
92
L
-
26)
Ces chiffr~s ne sont
pas fixes.
Ils
sont variables
à
tous
les échelons
surtout chez les accompagnants.
Il y a
certains
malades qui sont dans
l'impossibilité
de
trouver un accompagnant
;
par contre i l y
en a
qui
en ont plus de deux qui dorment avec eux à
l'h5pital sur
de s
nat te s •
En tous
cas,
supposons que le rapport
formé
par les
personnes bien portantes et les malades exprime la
sollicitude dont bénéficient les malades
,
on a
154
92
= 1,7
On peut valablel;:ent
es timer qu' i L Y a deux personnes bien
portantes pour un malade.
Si on ajoute à
cette estimation un turnover élevé puisque
la durée moyenne d'hospitalisation ne d(:passe par
trois mois,
on peut dire que la qualité des
soins n'est
pas négligeable.
~1 ais là n' est pas no t r e pro po s.
Cet a b l eau in d i Cl u e
s eu l e nil:=: : 1 t
que nous
sOiTIr:~es loin d'une
institution asilaire
classique.
Les
portes de
Fann sont
largem0nt
ouvertes
h l'extérieur
de
telle sorte que
le malade reste intégré et accepté comme
membre de la co';munauté des
"s~tins".
A ce
titre,
i l reste
sous
la protection des anc@tres
t l emporte avec
lui dans
l'institution le
support
symbolique de
la
tolérance,
brisant
ainsi la frontière que
tend à
instaurer l'espace
institu-
tionnel
entre
le normal et le pathologique.
Dans ces conditions,comment s'étonner que les
institutions
anthropologiques y prennent place sans aucun artifice.
C'est
ainsi que
l'on peut
compter 100 personnes à
la réunion du
Pinth à
Fann,
du
temps du professeur Collomb.
Le système
d'accompagnant
s'est
imposé de la m~me manibre.
264
La notion d'accompagnant n'est ni nouvelle,
ni un
artifice
thérapeutique de normalisation des
comportements
dits
psychiatriques,
ni
sp~cifique à l'h5pital psychiatrique.
8n médecine génér~le, les malades sont accompagnés,par un
membre de
la famille.
Déj~ , le Docteur SCHWEITZER à
Lambéréné
(au Gabon)
,
à la demande des
familles,
admettait
un acoompagnant.
A la maternité,
la situation est encore
plus manifeste
la femme
est assistée d'un accompagndnt,,
comme au village,
durant
le
teElps qu'il
félut
à
l'h5pital.
Il y a
un support anthropologique à
la souffrance. Elle est
un objet sacré de ritualisation
dont
le groupe classique
se sert comme d'~n repas
totémique
pour partager et renforcer
la cohésion sociale.
~·.éL:.boliser la douleur dans les mornents
critiques
par des
cérémonies et
par une assistance morale,
est un fait vivant dans
l'anthropologie sociale africaine
traditionnelle.
L'extra-détermination de
la personnalité
interdit
la privatisation de la souffrance,
de
la maladie
et
cela est d'autant
plus vréti qu'il
s'ag'it de maladie mentale.
C'est ainsi qu'en
Casan·ance,
on rencon tre des villa:;es
psychia triques
tradi tionnels dirig,: s
par des guorisseurs.
Ce sont des
lieux thérapeutiques utIlisant
les
~léments
sociologiques de
propitiation et de
liquidation des pulsions
agressives.
Dans ces
institutions
traditionnelles,
la présence
de plusieurs membres de
la famille est un élément fondamental
des
soins. Ecoutons à
ce sujet
la justification d'un guérisseur
"il
(le malade)
n'a pas un sL:.tut de fou,
mais garde celui
de possédé;
c'est pour cela qu'il
sera constamment assisté.
Et
si parfois
i l ne gu~rit pas,
c'est que
la famille
l ' a
abandonné
qu'il
est
seul et que sa solitude l'exile dans
la folie".
(Propos
recueillis
par P.
GBIPKI
,
Thèse en ~:édecine 1978,
Dakar,
p.
1 J )
- 265
Si donc,
l'accompagnant est une donnée anthropologique
.c,onstante dans
.L'attitude afr:i,9~~!1~.'o,-yis-à-vis de la souf-
.~".,:--=
__ '••~~""C~~- -~:.••,.,;..=s.-
fran~e
,
son institutionnalisation en psychiatrie moderne
a
été problématique. L'institution psychiatrique est
le
lieu de
l'explosion de
la violence et de
la mise à nu de
l'impuissance humaine dev2.nt
la manifestation chaotique de
la psychose.
Ce
fait
fondamentalement humain,
s'est vu
renforcé
par l'exportEltion de modèles d'exclusion qui se
sont substitués aux mod~les d'intégration.
C'est la réflexion mense par l'équipe de
F'ann avec
H.
COLLO~:B sur les éléments et leslieux anthropologiques
d'une meilleure
thérapeutique qui a
conduit à,l'institu-
tionnalisation de
l'accompagnant à
l'instar des guérisseurs
et de l'assistance
traditionnelle à
la souffrance. Ainsi,
le système d'accompagnant
s'est imposé progressivem,::nt depuis
1968 et est devenu syst&matique depuis 1:)72. Aujourd'hui
l'accompagnant est devenu à
Fann une condit~on à remplir
pour être hospitalisé.
Dans
la rc~gion du Fleuve à ~!a tam (Sénégal) l' organi-
sation spatiale du nouvel hôpital prévoit une
p.Lace d'accor::-
pagnan t
pour chaque n:a lade.
A Bobo-Dioulas s 0
en Hau t e- Vo l ta
l'h5pital est
construit Sllr le m~me mod~le de village
psychiatrique.
Les 2utorit6s m6dicales
ont dona perçu
l'importance qualitative de
la présence d'un
tel
personnage
dans
l'institution psychiatrique.
Pour mieux cerner le contour
psychosociolagi';ue de
l'accompagnant
,
nous allons
essayer
de le définir à
travers
son statut,
son rôle et la figure
qu'il représente dans
l'institution.
- 266
Nous avons
d~jà signal~ que l'accompagnant est un
membre de
la famille,
choisi par elle pour rester assister
le malade à
l'hôpital.
C'est un repr~sentant significatif
de
la cellule affective du malade.
Pour mieux le comprendre
i l faudrait
partir de
son aspect
fonctionnel.
Nous nous appuierons
sur un travail consacr~ a
cet effet
par P. GBIKPI
sur
"l'accompagnant dacs
une
institution
psychiatri'1 ue ".
L'accompagnant
joue un double
rôle
dans
sa relation avec
l'extérieur,
la famille
en particulier,
et dans
la vie
intra-hospit~lière avec le personnel soignant,
son malade et
les uccompagnants des autres malades.
I l est plus qu'un maillon;
i l est une figure
identifiable
du corps des bien-portants au service d'une
stratégie
th~rapeutique que l'on est en droit de
nommer sociothérapie.
Je montrerai
plus
loin
avec
les
cas cliniques Ourny et Ndaye
l a d i men s ion t h ~ r i:î peu t i <1 u e à car ;_~ c t ère s ys t ~ []; i <1 u c de cet t e
institution.
A l'hôpital
l'accornpagna!lt:
est vu sous de:.x angles
i l peril:et de
connaître
la n-=tture de
la relaticn du nnl.:tde
dans
son milieu familiaL,
son environnement a f f e c t i f ;
de
cette manière on ~vite (l'isoler l_e malade de sa cellule
affective prir.1aire.
Le deuxièn:e aspect c'est qu'il dcit
participer activement aux démarches
thérapeutiques de
type
chimioth~rapique ou psychothérapique dans l'institution.
Le
tableau ci-dessus montre
que
lapr~sence d'accompagnants
maintient un taux de
population dite
"saine"
relativQment
élev~ à l'hôpital: plus de 160 sur 92 malades environ.
Cette forte
présence n'est pas sans
effet
sur le plan des
m~canismes de guérison par des références et des identifi-
cations favorisant
la maturation psycho-affective.
L'accom-
pagnant
est un
"moi-id~al".
- 267
L'accompagnant autorise qu'on
pénètre
l'environnement
·s·MH;'o~a::~foect~i:f;;';du~·màlade. Il est un bon alibi et grâce à
lui,
ori a
pu décéler deux éléi;.2nts
importants qui contour-
nent la maladie:
d'abord que
la maladie
est
sY~lIptomatique
de conflits inter et
intrafamiliaux plus ou moins ouverts
comme le démontrent les cas nO
8 et
La souffrance est l'expression individualigée de
la maladie de
de la relation. Ensuite,
l'~tude des distLrsions des
interactions conduit à
écarter la notion de déterr:Jinisme
rigide
tel que le définit Laplace,que réslln:e
R.
C.'\\RNAP
"Etant donné un état instantané de
l'univers,
un homme
possédant à
la fois
la description exhaustive de cet
état et la connaissance de
toutes
les
lois
(je suppose,
dit l'auteur,
seulement
l'existence d'un
tel homme,
qui
bien sûr n'existe pas)
serait
cn mesure de
caLculer
n'importe quel évènement
passé
ou futur".
(R.
CARNAP,
les
fondements
philosophiques de
la physique,
p.212)
Par cette digression,
.je veux dire
simplement que le
malade ne
l'est pas du simple fait
de
ses
caractéristiques
passées ou présentes
r;:ais
une victime du système de con,mu-
nication tel qu'il fonctionne actuellement.
c
sys [èlre
aurait pu désigner un autre oe
ses ü-embrcs.
Cet t e dé l', arc h e
introduit le hasard,
la contingence et
le dLsordre dans
la
genèse de
la maladie rnenté.lle.
i:;t
ceci
est aussi vrai pour
les· autres
phénomènes naturels qui
nous
entourent et dont
l'origine fait
l'objet de
nos
interrogations épistémolo-
phi l ique s.
Pour J.
~[ONOD :
"la biosphère ne contient pas une classe
pr~visible d'objets
ou de phénomènes"
(le hasard et
lanécessité
,
p.
54)
Ce concept de contingence ql:i émerge de
la pratique clinique
dans"les familles
et révélé
par les accompag-nants
5 'accorde
mal avec le principe du dé teriilinisrne freudien
"en la rigueur duquel"
,
Freud "avait
la foi
la plus absolue".
- 268
"Je ne pouvais
p~s me figurer qu'une id~e surgissant sponta-
m~ment d~ns la conscierice d'un malade, surtout une id~e
éve i lIÉe par la concen t~ati'on .. de,nson<i,àtten tion?'i~~pûtl\\"être&~~'·::~~&'.-ii
tout à
fait
arbitraire et sans rapport avec la repr~sentation
oubliée que nous voulions retrouver."
(Cilnq leçons St:r la psychanalyse, p.
32)
Ce concept de déterminisme risque d'entrainer une
confusion infructueuse entre pr~dictibilité et contrainte.
Le sujet devient un réceptacle passif mall~able par les
conditions ext~rieur0s. Or, aujourd!hui, d'autres conc~pts
nés de
Id biologie moléculaire
,
de la TGS ,
de la cybern~-
~
tique et de
la théorie de l'information permett~nt de rendre
compte du mode de
fonctionnement des syst~mes vivants :
c'est les concepts d'équifinalit~, des interactions
inorphog~n~tiques autonomes qui posent le principe d'un
fonctionnement autonome":
Ecoutons ~. MONOD à ce sujet
'·La structure d'un @tre vivant résulte d'un processus totalement
diff~rent en ce qu'il ne doit presque rien à
l'action des
forces
ext~rieures, mais tout, de la forme g~n~rale jusqu'au
moindre détail,
a des
interactions
"morphogénétiques"
internes à
l'objet .lui-m~me".
(J. ~iONOl) ,
i b i d ,
p.
23)
Cette id~e valable en biologie, l'est aussi en pathologie
mentale.
L'approche de
la pathologie des interactions intra-
familiales a
CGnforté notre hypoth~se qu'il ne fallait pas
enfermer la souffrc,nce dans un complexe de causalités
unidimensionnelles.
L'accompagnant en nous conduisant dans
le lieu pathologique,
nous incite à nuancer
le déterminisme
des
traumatismes psychiques. Il révèle dans la confrontation
clinique un mode de distribution de la souffrance différent
du mode d~terministe physicaliste et rigide. L'accompagnant
est un r6vélateur.
- 269
Lat roi s i è r; 1e . f 0 net ion est
l ' 0 b l i g a t ion m0 raI e
fa i t e
à
la famille
de
participer à la
th~rapeutique. La famille
devient
responsable de
son malade.
far ce fait,
elle ~vite
de
transformer
l'hôpital
en d~potoir, et devient
.son
propre lieu théra.peutique par les
informations
rétroactives
~manant de la vie intra-institutionnelle. L'institution
occupant à
ce moment
la position haute
ou position épistémo-
logique
joue
le rôle d'éclaireur.
En effet,
les visites
à
domicile
provoquent un sursaut
interieur du système,
et
lui
fait
comprendr"
ql!'il n'y a
de
lieu thérapeutique que celui d'o~ procède le malade
lui-m~me
le
lieu affectif,
la cellule familiale.
Les
séances d'entretien dans
la famille
révèlent des mécanismes
de communication viciés
rcigis
p::Lr
le modèle suiva.nt
"je sais,
mais
je me
tais".
Ce mode de
communication fait
tourner le s'stème en rond.
Le faire
savoir,
accepter et partager par
tous,
sous
l'égide
d'un observateur,clarifie la nature rte
la relation; du
même
coup i l
favorise
une prise de
conscience de
la position
et de
la responsabilité de
chacun d:.,rlS
le
fonctionnei,;,nt
vicié du système.
Ce déclic
ou
insight amène les
protago-
nistes ~l métacomrnuniquer et :~, modifier leur vision du sys-
tème
et
leur manière de
le perpt?tuer.
L'accompagnant autorise
une cure du
terrain o~ retombera le sujet hospitalisé.
Il
prep-.J.re
une r;;eilleure
intégration sociale
en mettant à. nu
les
éléments du rejet
et de
l'intolérance.
_'accompagnant
est un agent
conducteur significatif.
Dans
le
service,l'accompagnantaide le malade dans
ses besoins quotidiens
prise de médican;ents,
propreté,
etc.
plais
son rôle va encore plus loin,
c::!.r son choix n'est
pas
un acte gratuit dans
la
fantasmatique
familiale.
Il y occupe
une position
importante et stratégique dans
les
relations
préférentiel1.es.
-
270
Selon les critères de
H.
~~CNTAGNI~R qui correspondent
d'ailleurs à
ceux qui r6sultent des études
faites
sur le
terrain,
l'accompagnQnt est un leader
i l
est
chaleureux,
tolérant, disponible,
ouvert mais
ferme,
actif et peu
agressif. A ce
titre,
et
considérant
l'importance du
respect de la hiérarchie dans
les
traditions africaines,
le mode de rel~:tion qu'il entretient avec
le malade et
vice-versa est
intéressant à
étudier.
Le mode interactionnel
observé à
l'hôpital est
la strllcture intcractionnel,e qui
régit
la vie
intrafamiliale.
Il est un représentant
en
miniature de
la dynanlique
relationnelle à
laquelle le
microcosme social s'est habitué.
Il est encore révélateur
parce qu'il transporte avec
lui comme un cordon ombilical,
ce qui sous-tend structuralement l'économie rel~tionnelle
du syst~me historiquement constitué. Tous ces aspects
seront illustrés dans
ce qui suit,
à
l'aide de delJx exemples
cliniques.
T.a relation malade -
accompagnant
~t le syst~me
~\\r
qu'il forme
~ l'hôpital renveie toujours à
lu dynami4ue
interactionnelle intrafamiliale.
-
271
2
L' ACCO,\\.PAGNANT
cor'~"S SUJ ET C: INltWS
'..n:~~~~;:~~~~~~~j,=~~~~~~~~~ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Au
chapitre
pr~c~dent
j ' a i
pr~sent6 des cas clini0ucs
qui mettent
en évidence
un système
intcractionnel vicié,
disqualificateur et
mystificateur à
l'6gard de
Ipurs
"malades
désignés".
l'la
démarche
ici
sera
inversée.
J'essaierai
cie
p.:~nétrer le système par l'inter;::édiaire
du corps
"sain"
qu'est
l'accompagnant.
Deux
Cé~S empruntés
au
travail
de
P. GDIKPI consacr6 à ce
thème
appuieront
ce qui en a
été
dit
jusqu'à présent,
Après
un bref résumé
du
"malélde",
nous
nous
étendrons
sur
l'accomp:'lgn;,nt
afin de
d0.gager
le
problème
qu'il
pose
par sa
iJrésence à
l'h5pital.
1- Cas
Oumy D,
accornpagn:lnt
de
;\\stou
iJ,
ASTOU
O.
est
une
jeune
fe;:lIno
de
28 ans
\\{olof;
musuln:<'.lne,
el Le
Dst
sans
profession,
n:i..lriÉ·e
et divorcée
elle a
un enLir; t.
Ll1e
tombe malade
en
1'.)77,
à
la s\\:i te
de
la mort
de
sa
belle-soeur.
~lle présentait alors un
symptôme dépressif aV(èC angoisse,
pleurs,
sentiments
de
détresse
cépr210es,
refus
alimentaire,
etc ••
Elle
présente,
el1
pLus,
des
hallucin'-l.tions
visuelles.
~iise
sous anti-dé~;resseurs, tranquillisants
et
vitamine
B,
elle
s o r t i t
le
JO
j u i l l e t .
C'est
elle
qu'accompagne
Oum y
O.
à
l'hôpital.
Oumya
30 ans. Secr(taire dactylo, c~libataire et mère de deux enfnnts.
Elle est
la soeur de
la malade.
Deux
épisodes
vont
conduire
Oumy deux fois
à
l'hôpital
la première
fois,
en
t~nt
qu'accompagnante,
la deuxième
fois
en
L:nt
que malade
accompagn~e par celle qu'elle avait accompagnée en lY77.
272
C'est la première, quand elle avait le statut d'accompa-
gnante,
qui a
permis d'~clair~r les d'terminants relationnels
deI a déc 0 mp~ ri~~t ion .1.51 ~~z#.#,;~~~;w';',f~~4:~'?~\\l"i;;i~~~~;.t.
En tant qu'acconlpagnante,
Oumy ~'est fait ~emarquer par
sa sollicitude A l'~gardd'A~tou : elle la s6ignait, la
baignait,
l'habillait et elle collaborait assez avec le
personnel.
Elle participe activement à
la vie du service et
aux activités communûutaires.
Cependant très vite,
Oumy allait déchanter:
elle
s'aperçut qu'elle était en grossesse. Elle avait eu des
reiations
sexuelles en cachette avec son premier amant
qui lui aurait promis
le mariage. C'est alors que l'enthou-
siasme se transforma en angoisse. L'appréhension s'empara
d'elle et nous assistions à une situation paradoxale
Astou s'am~liorait pendant qu'Oumy commençait une décom-
pensation légère. Astou qui était la préférée de la mère
se devait alors de soutenir son accompagnante, sa soeur et
être interprète auprès d'elle.
Il convient de définir à
travers l'histoire de la
grossesse,
la position de Oumy dans
le système telle qu'elle
apparaît dans les entretiens avec les parents du premier
séjour à
l'h8pital
elle avait alors
le statut d'accom-
pagnante
"c'est la plus sage;
elle s'entend bien avec Astou ; c'est
pourquoi on l ' a désignée pour accompagner sa soeur."
De cette même soeur üumy,
dira qu'elle
"est ma meil-Ieure al1lie dans la famille •• J'ai eu une enfance
sans problème".
Nous relatons maintenant l'histoire de Oumy.
-
273
C ' est
l a
vie
sen tir:: e n t ale ra con t é e
par 0 u ni y e Il e - IT' ê ni e
qui allait
révéler la position qu'elle occupe
dans
la cons-
tellation
fa;dliale • .\\
18 ans,
alors <l,u'elle
travaillait à
Soumbédioune,
elle a
rencontré un
jeune homme qui l ' a
courtisée.
Elle
l ' a prié de venir,à la maison
pour se
,, ,
~
faire
conna!tre des
parents et donner un caractère sérieux
.-
à
leur relation.
Son
fiancé a
accepté mais une
tante d'Oumy
l'accusa d'être
l'un vaurien,
un voyou qui aurait déjà rendu
bien des
filles
malheureuses dont
la sienne,
qu'il aurait
même
épousée
et délaissée."
Et quand
le
jeune homme
erlvoya un oncle demander officiellement
lamain d'Oumy,
le
père de
celle-ci refusa catégoriquement.
Oumy,
l'oreille
collée a
la porte,
entendait son père dire
"j~lle est déjà promise a un marabout, elle n'est pas libre"
et comme
l'oncle insistait
le père répliqua
"c'est moi
qui décide du mariage de ma fille,
et ce n'est
pas
la peine d'insister
elle est
promise."
Le lenrl.e.;:ain,
le fiancé
a
rompu.
Oum y n'a cessé de pleurer
pendant des
jours et des nuits,
refusant
souvent de manger.
j~t pour toute réponse,
le
père
lui dit
"si
tu veux mourir
pour un
homme,
libre :\\
toi."
Rappelons
en passant
que ce mode de
communication
rappelle étr;lngen:ent
celui de Guy et ~~e Alassane Kane
dont nous avons
disCllté
précédemment.
Le mécanisme disqua-
lificatoire est manifeste.
Il dénie à
Oumy
Le droite d'avoir
des
sentir.!cnts
en dehors de ceux définis
par le père.
~iais curieusement,
comme nous
le verrons
plus
loin,
Oumy
déclarera
"mon père est mon ami."
Toujours
est-il que Oumy a
été profondément
touchée par
ce
propos de
son père.
~lle décida quatre années durant,
de s'abstenir d'entretenir des
relations avec quelque
garçon que
ce
soit.
- 274
Cette solution nous rappelle le mod~le que WATZLAWICK
a p p e Il e
" ter r i ?~,~ii","~i~"TR!~~~~~ ~,!~~l~~'<~A~~C?,ygri~i~j;:;~#7A",y ~~~:f.t
un problème, à adopter des attitudes de dépa.-icement, alors
qu'il existe et exige une solution adéquate. La solution
adopt~e constitue le probl~me m~me puisqu'il ne tranche pas
et le renforce e~ le rendant plus crypt{que. C'est reporter
au lendemain ce qui pourrait être fait maintenant. Et c'est
ce qui se produisit. Le premier amant revint et renoua les
relations
;
ils se donnent rendez-vous régulièrement à un
hôtel à
l'insu des parents. Elle leur disait qu'elle allait
au cinéma avec une amie.
C'est alors que sa m~re, qui ~tait jusqu'alors hostile,
mais silencieuse~, se contentant des réprobations intempestives
du mari, allait rentrer dans la danse. Elle se mit à soupçonner
les sorties de sa f i l l e ;
lui demandant d'amener avec elle
Astou,
la malade qu'elle accompagnera par la suite à l'hapital.
Oum y se
trouvait obligée de mentir qu'elle n'avait pas assez
d'argent. Pendant ce temps,
son fiancé commençait à fréquenter
la maison. Le père se permit de surcro1t d'aller demander au
patron du
jeune homme d'intervenir auprès de ce
dernier afin
qu'il
"fiche la paix à sa fille".
~:ais Oumy était d~jà en grossesse. Elle dut subir les
,6
malversations des ~arents
elle fut même batonnée.Elle mit
au monde son premier enfant
;
le
jeune homme le reconnut
et finança même le baptême. A ce moment' seulement,
les
parents ~taient prêts à antériner le mariage, mais le fiancé
se rebiffa,
prétextant
"qu'il avait déjà quatre femmes,
alors que le Coran ne permet pas d'aller au-delà". Mais,
de l'avis d'Oumy
"c'est parce qu'il en avait marre des
positions de mes parents;
i l n'en avait que deux."
275
Dans cette situation,
Oumy apparaît cor.:\\I:e une personne
pour qui on décide
tout et qui n'a aucune autonomie à
revendiquer.
Il semble que
ce scit
ce mode qt:i
structure
la vie familiale.
Ce n'est donc
pas par hasard qu'on compte
quatre autres malades
mentaux dans
lamaison.
Il ne faut pas
chercher les raisons dans
l'hérédité.
Un tel
système inter-
actionnel ne
peut qu'enfanter des
malades,
des gens qui
se sentent mal dans
leur peau.
1-lai s
en
a t t endan t,
revenons à
Oum y etau s ys t ème qui
va la conduire au deuxi ème s é jour :\\ l ' hôpi t al.
Un second
évènement sentinlental allait encore servir de révélateur.
Un jour,
alors qu'elle voyageait,
elle a
rencontré
le
chauffeur nommé SD qui les conduisait
jadis à l'école.
Ils
nouent des
relations
et se rendent visite à
l'insu des
parents.
A Dakar,
ils
continuaient ~ se fréquenter jusque
dans leurs
far;!illes
respectives.
C'est il ce mOf1~ent qu'Astou
tombe malade et Oumy est désignée pour être :'On accornpagnante
à
l'hôpital.
SD l'apprenti
et vient
leur rendre visite dans
le service.
Il
supplie Oumy de passer la nuit avec lui d~ns
la chambre qu'elle partage avec
sa SO,Jur Astou que
les
neuroleptiques
ont rendue confuse.
OUr.iY finira
par céder,
"en fin de compte
j ' a i eu pitié de
lui,
telleli:ent i l me
suppliait ll •
Ce seul
rapport
entraînera la deuxième grossesse de Oumy qui
"ne croyait pas
qu'un seul rapport pouvait
entraîner une
grossesse. 1I
Le comble
c'est que SO a
refusé de
reconnaître sa
paternité et a
disparu.
Elle a donc accouché dans un
climat d'hostilité et d'incertitude.
N'ayant pas
pu tenir,
elle a
décompensé
sept
jours après Son accouchement
c'était une psychose puerpérale
ou IImeret",
c'est-à-dire
le sang de la
jeune accouchée est monté dans
la t~te
imméd~aternent après l'accouchement, selon l'interprétation
traditionnelle.
- 276
."
l
.
Commentaire
Si l'on extrait cette décompensation du contexte
micro-social o~ elle s'est produite,
toutes les sp~culations
explicatives sont permises. Ainsi,
pour H. EY
(in Manuel de Psychiatrie, p.
788) la psychose puerpirale
résulte d'une infection; pour BOURSON(in Contribution a
l'étude des psychoses puerpérales, Thèse en médecine,
Strasbourg,
1958 , p. 76) , la psychose puerpérale est
"le stigmate psychique de l'intoxi<:ation ou de l'infection"
La psychanalyse n'est pas absente de ce concert d'explica-
tions et d'interprétations. Ainsi,
~larie-Laure DURAND-CO[\\iIOT
pose l'hypothèse que la psychose puerpérale en Afrique est
une réactivation
"des émois inconscients refoulés non
seulement chez celle qui accouche,
mais aussi chez celui qui
ne peut qu'en rester spectateur, c'est-à-dire l'homme."
(Psychopathogoie africaine, vol XIII,
nO
J , 1977 , p. 277)
Plus loin et dans
la m~me analyse,
l'auteur explique que le
sang post-partum favorise par un travail de suggestion , de
ré,;liniscence,
des fantasmes originaires qui renvoient aux
processus psychotiques
:
"la représentation du sang féminin et en particulier du sang
de 'l'accouchement, a un pouvoir suggestif par lui-même et
déclenche des fantasmes prêts à
se grouper pour donner matière
à des Images Co~lectives dont la force et le pouvoir de
synthèse résident dans
leur source subjective".
(M.L DURAND-COMIOT ,
ibidem, p.
297)
Il est certain que toutes ces hypothèses et tentatives
d'explication contribuent à des des degrés divers, à approcher
l'objet de la psychose puerpérale. Mais le phénomène peut
s'éclairer aussi et surtout en partant de l'état dynamique
du hic et nunc du système interactionnel dans lequel le
sujet
se
trouve p1ongé.
- 277
Le chercheur qui s'obstine à
catégoriser dans un cadre
nosographique prédé terminé et à
comptabiliser les :~;.~2ur~I~?~
causaux des
comportem nts
pathologiques,les dépouille de
leur sens.
Pour ce
faire,
i l
est
important de
laisser Oumy se
situer elle-m@me par rapport à
ses
parents
et dans
la cons-
tellation familiale dans
son ensemble.
~tre à l'écoute du
discours
du nexus de personnes
formant
le
syst~me est
d'autant plus important qu'il s'agit de
crises brutales et
aigües comme
la psychose puerpérale et
les
bouffées délirantes.
C'est après
une sorte de
radiographie du mode de
communication
du syst~me que chacun des éléments perçoit la nature des
r~gles qui régissaient leur vie. Alors, apparaît la possibi-
lité de métacommuniquer.
De ses parents,
Oumy d~clare
"r-ion père est mon ami
et n:on confident;
aLors
qu'avec ma
mère ce sont
toujours
des mauvaises paroles
et des querelles
à n'en plus
finir.
Cependant,
tous
les deux nous
ont trop
serrées à
la maison.
Jusqu'à présent,
nous
lesfilles, nous
sommes
surveillée:;
et
nous
sortons rarem~nt rte
la maison.
L e t r a v ail é t ait ln a
s eu l e dis t ra c t ion.
l l
me
p e r n~ e t ta i t
de
m'échapper rte
ce
cadre étouffant
ct de
souffler en retrou-
vant mes
copines de
travail."
L'image ambiva~ente qu'elle a de Ses parents démontre
que ces derniers
tenant la maison avec
poigne,
ont observé
d'un oeil critique un d;.iveloppement quelconque d'une
personnalité autonome
et I:Jature.
Et ceci d'autant
qu'il
s'agit d'une
fille
qui,
selon la tradition,
est un personnage
condamné à
la soumission.
Le
sysmptônle d'Dumy est une reven-
dication d'inclépendance adaptée au fonctionnement hom~os-
tas ique et
l ' équi libre du s
s tème.
Le
tandem formé par
le
père et la m' re
qui portent
le manteau de
la tradition
se renforce
sur la base d'un projet disqualificatoire de
toute velleité d'initiative personnelle.
-
278
Au nom de la
"bonn,_~ éducation", ce
tandem rigide est
~,~.: ,,;:~~w.<"1~;;..,;,~~i"p~@t;,;~a' lédss'er Oum y mourir pourvu qu' e Ile ne se réalise
pas à
travers son ar.lOur pour ce t
homnJe
"si tu veux mourir pour un hom:r,e,
libre à
toi."
Dans un tel systèl:le,
l'indépendance,
réaliser un désir
est synonyme de
"maladie" qui entraîne après coup une
rigidification encore plus grande qu'auparavant des règles
du jeu systémique.
Un jour, alors qu'elle
travaillait encore,
Oumy qui
devait remettre
tout son salaire à sa man:an,
"a eu le culot
d'en prendre 10 000 F cfa (200 FF)".
Par la suite,la mère
lui a
fait
"une scène épouvantable",
~.la traitant d'ingr~te ~ l'égard de ses parents .qui se sont
-- . bien occupés d'elle:"tu es égoïste" •
.
Dans cette situation,
Oumy n'avait d'autre issue que
de s'écraser.
Depuis
lors,
en effet,
el.le n'a plus
jamais
osé soustraire quoi que ce soit de son salaire.
De cette ma~ière, l~ solution adoptée faisait
perpétuer
le système.
Obéir et sc sourr:ettre en pensant honnêtement sans
doute qu'il changerait,
le renforçait au contr~ire
dans
son fonctionnement
rigide.
La solution qu'elLe avait adoptée
et qui est aussi ceLle du bon s~ns, renforce
le mal
c'est
un aspect important du mal dLquel
le psychologue clinicien
doit faire face.
Tout geste q~i crierait haut l'hypocrisie du système
de
"bonne éducation" mis en place est
intolérable et serait
assimilé à
"l'ingratitude" et à
"l'égoïsme" parce qu'il
signifierait que
le sujet se rebelle, donc qu'il réclar;:e
son autonomie.
Du m~me
coup,
la nature de la rcl~tion serait
révélée.
Cela,
ni
le père falot
qu'il est en déléguant son
autorité à sa femme,
ni cette dernière elle-même, ni le
système dans son ensemble avec Oumy,
Astou et
les autres
ne l'accepteraient.
- 279
La brutalité de la décompensation se mesure au degré
d'indécidabilité et d'intenabilité psychologique dans
i~::;-~'1;~~7'::?S'
. ~~.
.". . . .
~'.• ~ -!k!!':-Ù ...•-~0",,: -, .,-..--;:.
lequel le système maintient Oumy renfermée. En tous les
cas elle n'est pas la seuleà crier la pathogénie de la
situation:
quatre autres
enfants sont déjà tombés malades
elle-même vient d'accompagner Astou sa soeur, à
l'h8pital
aujourd'hui c'est son tour de manifester tapageusement
l'iHlpossihle vie dans
cet étau. Hais le système survit
et ce n'est pas le cri de d~sespoir suivant qui le sauvera
"J'en ai marre de cette maison;
si
je pouvais me marier
et la quitter ~ou au moins
trouver du travail pour fuir
un peu cette atmosphère
! Nous semmes surveiJ.lées toujours
comme des gamines. Et ici,
à
l'hôpital, alors que
je suis
malade,
je ne peux même pas obtenir qu'on m'amène mon
enfant tous
les
jours. Ma mère s'y oppose."
Ce cas soulève deux problèmes
:
première·men t
le plan
théorique.
!_a souffrance d' Astou dont Oumy étai t
l ' accom-
pagnante, du
fait de la non-syst~matisation de la thérapie
familiale,
n'a pas mis à nu le mode des interactions,
particulière:.:ent pathologique. Il a
fallut un deuxième cri,
celui de l'accompagnante -
même,
pour trahir le pseudo
"tout le monde i l est bon,
tout le monde i l est gentil"
dans la maison
:
le mythe de la bonne éducation et de la
mutualité.
Ces rr:odèLes qui~ouvernent la famille disfonctionnelle
se laissent lire à
travers les lois ou les~hémas théoriques
de la pathologie et des désordres comportementaux décrits
,
par WATZLAWICK.
Le concept théorique du double-bind de
G. BATESON en est l'expression la plus élévée. Si un individu
est puni d'une perception exacte de lui-même et des autres
dans un système
(Oumy par exemple)
i l apprendra à douter
de ses capacités, de ses sens
;
i l passera de ce fait
tout
son temps à
se réajuster par rapport à une réalité qui n'en
est plus alors une. Il se rend incapable de questionner les
prémisses qui fondent
cette réalité et en conséquence,
-
280
i l adoptera une
dcifense
soit d'autoaccusation
(c'est moi
qui
suis
faible
ou mauvais).,
suit d'accusation sociale
(c'est
la société).
Dans
tous
es
cas,
i l
s'épuise par
ce mode de défense pennanent de projection dépressive.
Un tel
complexe comportemental considéré hors
contexte
reçoit un diagnostic selon le modèle
nosographique
classique de névrose
ou de
psychose.
En outre,
si d~ns une situation n~cessaire, on subit
de façon redondante un modèle de
relation
tel qu'on doit
toujours
changer ses
senti:, ents,
son
juge:i:ent malgré la
conviction qu'on en a,
en dépit de
leur justesse évidente
et pratique,
i l
s'ensuivra un sentiment de
culpabilité de
ne pas pouvoir sentir comme
l'autre.
La situ:Ltion "imaginaire"
(Lacan)
vacille
le miroir de
réflexion se brise
l'im.::lge
de soi devient floue
l'identité personnelle qui n'a
d'appui
sûr ct rassurant
que
la confirmation de
l'Autre,
s'écroule.
La disconfin:ation est
le modèle de
la "dés-
identification".
Ell.e
se fonde
sur le désir ou le refus
de
l'autre ou dll nexus
de me dire
s ' i l accepte que
je sois
tout
simplement.
Uumy s'est vue
imposer cette
"dés-identi-
fication"
par le systèli:e.
sIle ne pouvait qu'en manifester
les
conséquences chaotiques
c'est-à-rtire
la psychose,
stade suprême de
la
"désymbolisation"
(LY. BERTAI ANFFY
la Îhéorie Gf~·n€rClle des Systt;iies)
L'expérience clinique que
j ' a i eue à
Fann montre que
le sys t ème fa:i,i liaI ne v,: hi cul e
j amai s
un seul modèl e de
communication
les
simplifications
terribles se mêlent aux
comportements utopiques dans
les
formes
introjectives et
projectives
les
relations
tangentielles c8toient
les
modes de
com:llunication disquaLificatoire
etc ••• ~lais
les modèles
ne
sont pas
infinis
ils
sont
comptabilisables,
différenciables
et maniables au service de
la
thérapeutique.
-
281
Ce que
j ' a i pu voir d'une famille à
l'autre confirme la
~:;":·-"?,"'j:Y.'1};Ro(~positian:. de;. C •.- LEROY etc ollab.
"il existe un nombre
relativer;;ent rcduit de modèles de
relations possibles duns
les familles
et la distorsion
des
communications dans
le groupe familial
apparaît dejà
à
ce niveau."
(in Annales de psychothérapie,
nO
7-TL~
197J, p.J2)
Le deuxi~me problème soulev~ par ce cas est d'ordre
méthodologique. L'institutionnalisation de
l'accompagnement
a
permis de suivre le labyrinthe familial
et d'en définir
le mécanisme pathologique.
Elle soulève un problè~e métho
dologique et expérimental.
Méthodologique,
en ce qu'elle
est un canal innocent,
éclaireur averti,
par lequel le
corps soignant pénètre le bloc familial
sans cas e. Ce n'est
plus par la porte du m~lade, mais par celle du sujet dit
"sain" que le mode de
communication pathologique se fait
démasquer. C'est un avantage considérable en ce qu'il est
non-culpabilisant et donc
tolérable par le système qui
signifie son outrecuidance
en renforçant secondairelt:ent
la rigidité- des règl,;s
qui
le gouvernent.
Quant au plan expérimental,
le système d'~.ccompagnant
apporte un argument de
plus,
cette fois
anthropolcgique,
sur les modes pathologiques des schèmes comporter.lentaux
entendus comme comr::u:licéltion et la valeur
thérapeutique de
l'approche systémique en milieu dynarr:ique familial.
L'accompagnant est un élément signifiant qui donne une
dimension nouvelle de
l'ordre de l'unité humaine,
à
la
définition systémique du désordre mental
; désordre entendu
comme
"une ennième manoeuvre,
ni plus ni moins,
réalisée
par un membre du groupe,
manoeuvre dont l'effet pragmatique
est un renforcement ultérieur du
jeu".
(s. PALAZZOLI et collab.
Paradoxes et contre paradoxes,
p.
J8)
-
282
Le paradoxe,
c'est que le
"malade d~sign'", se pr~sente
comme l'acteur princ ipaj;:.q,:;>de...;cett'et' manoeuvre; sans''? t'in'~' f"; .;.,
et i l est charg' de crier bien haut ce message,
cette t'ois
superparadoxal et embrouill' :
"ce n'est pas que vous. devriez t'aire quelque chose de
dift'érent
; vous devrez être ceux que vous n'êtes pas
;
seulement ainsi vous pouvez m'aider à être celui que
je
ne suis pas
,
et celui que
je pourrais être si, vous,
vous ~tiez ceux que vous n'êtes pas."
(Serlvini PALAZZOLI et collab.
,
ibidem,
p.
39)
Seule une hypothèse th~orique de ce genre r!permet de
comprendre le tandem schismogèn'tique complémentaire qui
caract~rise la dynamique relationnelle père-mère: l'un
ayant démissionné de son raIe de pater devient
jaloux,
possessif et t'alot
;
l'autre s'empare des attributions
relatives auX gardiens des lois ancestrales, devient
autoritaire et compense ainsi la démission de son mari.
L'autoritarisme de l'une est une t'onction de la passivit~
et de l'effacement de l'autre. L'une a
besoin de l'autre
pour être ce qu'elle est et vice versa. Ils se nourrissent
l'un de l'autre. Cette relation complémentaire et le déni
disqualifiant qui la sous-tend se reporte sur la relation
avec les enfants.
La persistance de ce modèle engendre ce que nous avons
connu des ent'ants, et autorise ces questions de P. GBIKPI
"les deux ne t'ormeraient-ils pas un bloc~ pathogène
inséparable? Toucher à l'un serait détruire le bloc
(dans sa totalité) et l'autre".
(P. GBIKPI
, Thèse en médecine,
1978 , sur l'accompagnant, p.
-
28)
2- Cas Sidy S.
accompagnant de AlPHA S.
Il
s'agit d'un cas qui,
à
travers
l'accompagnant,
révèle
d~s comportements pathologiques consécutifs aux confusions
de statuts et de
rôles
intragénérationnels.
Cette confusion
est rendue possible grâce aux mutations
sociologiques que
subissent
les
sociétés africaines.
L'Ecole
est un élément
institutionnel de cette mutation.
J'ai montré précédemment,
cas
cliniques à
l'appui,
que l'occidentalisation qui conduit
les sociétés africaines
au syncrétisme culturel,
rive du même
coup ses membres à
un choix nécessaire mais
impossible.
Il
s'ensuit des dépla-
cements de valeurs en relation avec ùes
situations 50cio-
logiques qui
induisaient des
sentiments de culpabilité
relative à
la notion de partage,
notion essentielle en
psychologie sociale africaine.
Les
symptômes du
"malade"
et de son accompagnant
traduisent
ce processus de dénégation
de
l'ancien par le nouveau en manifestant
bruyamment la
culpabilité qui ne manque
pas d'émerger.
2l1e aura comme
corollaire l'angoisse,
le délire,
la libération incontrô-
lable de
l'agressivité,
etc •••
Alpha,
le malade,
a
2ü ans
i l est
peul,
muslliman,
élève et célibataire
Sidy est
le
petit frère
i l a
lb ans
et est aussi élève que Alpha.
Le malade était déjà suivi à
titre externe pour crises
épileptiformes,
idées de suicide,
vertige et céphalées.
Il est reçu en pleine
crise avec un syndrome dépressif
marque par de
la nervosité, acoompagnée d'idées ~allto
dépréciative
"Je ne sers plus à
rien
rien ne va plus dans
la société
;
la société est
corrompue
je vais devenir fou
;
on ne peut
pas me soigner,
etc •• "
!!IfS''!'f&f,'ff
,.'
l
Dans le service, i l fut mis sous anti-dépresseurs et
tran-
9-ui .;~J,;'~~~{~~~h~,JJ~~~~~~,r~}l,~~Pt.~?"1~~,,,~7.!:g~ekl"<7!.iP
lus t a rd pou r
rechuter un an après, avec le même syndrome avec une
th~matique différente. Alpha est désesp~ré car ses ~tudes
ne marchent plus. Il ne trouve qu'une seule solution
la
mort. Re-hospitalisé,
i l sera intégré dans un groupe de
psychoth~rapie. Il sera exéaté deux mois plus tard bien
rétabli.
Sidy,
son frère,
était son accompagnant durant les
deux hospitalisations. Calme et sooiable,
i l participait
à
la vie du service, même s ' i l parlait peu au
rrpinth rr •
Ce n'était qu'une personnalité en a,pparence sans problème
et rassurée. Car i l allait montrer par des signes de
défaillance sur sa
"sécurité ontologique". Il nous conduira
au moyen de ses somatisations, dans le systèn:e de position-
nement avec son frère
et sa famille.
A la deuxième hospitalisation et à dix jours de la
sortie d'Alpha,
Sidy commença à somatiser à son tour
i l se plaignait de céphalées, de douleurs diffuses dans
tout le corps, de manque de concentration à
l'École Olt
i l n'allait même plus et d'insomnies. Après
la sortie
d'Alpha,
5idy continuait à venir
~ l'hôpital pour le
tableau clinique présenté ci-dessus.
On remarquera une similitude dans la symptomatologie
présentée par l'un Alpha,
et par l'autre Sidy l'accompagnant.
Ce derniers parle peu de la famille,
sauf pour indiquer que
le tutetir d'Alpha à Kaolack avait fait
circuler une rumeur
désignant Alpha Comme un fou. Alpha en a
~t~ vexé
~t
depuis leurs relations sont dégradées.
5frre~··
- 285
Cependant,
i l reste pr~occup~ par leur situation
scolaire et c'est l'~l~ment qui éclairera la nature de
l'économie des positions de l'un par rapport a
l'autre
dans
le registre contraignant de la
tradition.
Voici
com~ent il présente le problème
"Depuis
toujours, Alpha a mieux travaillé que moi. J'.iais aux
compositions du premier trimestre
,
i l a
eu
une moyenne de
10, alors que
j ' a i eu une moyenne de
Il,5
• C'~tait la
première fois
et i l ne pouvait admettre que
je sois meilleur
que
lui
; déjà i l concevait difficilement que
je sois dans
la mAme classe que
lui.
Il pense qu'en tant qu'ainé,
c'est
lui qui doit donner l'exemple. Selon ses propres paroles
i l ne pouvait admettre qu'il a une moyenne de 10. C'est
peu après ses compositions qu'il a rechuté.
Le conseil de
classe a d'ailleurs décid~ qu'il redoublerait l'année
prochaine. t-lais
lui
. m'a di t
qu'il ne va pas 1 e faire."
Commentaire
Ce n'est pas le mauvais classement en soi
qui retient
l'attention;
mais
sa relation avec
les structures anthro-
pologiques rel~tives aIl statut d'ainé.
Ce que Alpha ne pRut
pas accepter c'est sa dévalorisation au profit d'un plus
jeune que
lui.
L'intériorisation des valeurs
traditionnelles
le place en situation inconfortable avec les structures et
les projets
individuels de
l'institution scolaire. La compé-
tence décroche par rapport à
l'âge et aux attributions
psycho-sociologiques qui lui sont assignables. Son projet
individuel culpabilise aussi bien l'ainé que le puîné.
Le premier parce qu'il acquiert le statut de
"vaurien",
d'incapable,
de démissionnaire.
Dans ce cadre,
le symptôme
sépressif ne surprend pas.
Il est la fonction ou la sémio-
logie du système en porte-à-faux.
Le deuxième,
parce qu'il apparaî t
c Offii1:e un di s s ide nt, un
"déviant" à
la limite.
Pour la stabilité sociale et le
fonctionnement homéostasique,
i l est un élément perturbateur.
- 286
,.
Dans ce cadre,
sa symptomatologie est une
tentative a~bi~
valente pour signifier à
la fois
l'anachronisme du s?I~lQl~i:3,;f,;,
g~rontocratique et la culpabilit~ que lui inspire sori:d~sir
de ch.:.nger.
L'accompagnant dans
sa souffrance,
pose des questions
auxquelles seule la r~férence aux structures symboliques,
,
.
peut répondre. A-t-il la l~gitimité d'égaler et même de-
dépasser son ainé
?
~a réponse à cette question ne manque-
pas de soulever celle du leurre. Le projet psychologique de
la r~ussite scolaire "statufie" le désir,
l'autonomie, et la
.....
compétence individuelle.
;e bout du chemin est-il aussi-
sécurisant
? Cette question
renvoie a
l'incertitude de
l'avenir et à
la stabilité du système établi
le leurre
est le fondement du choix.
la n~cessit~ de choisir décroche
par rapport à
l'impossibilité de choisir.
;e corps devient
le lieu privilégié des affects qui en découlent;
d'où les
somatisations,
les céphalées,
les manques de concentration •••
Dans le cas de Sidy,
comme le pr(cédent,
d'autres
modèles d'explication auraic'nt pu être utilïslSs
le modèle
oedipien par exemple,
dont on sait qu'en Afrique,
le conflit
vertical parricide se déplace sur le "mésocosmos"
horizontal
fratricide.
Or,
i l a l'inconvénient de
fixer
l'attention
sur le sujet dit
"môlacle". Le présent cas est une illustra-
tion d'un tel danger.
Nous avons
vu que c'est Alpha qui
était l'objet de la thérapie. Le modèle épistémologique
analytique et classique part du principe que
tout se passe
dans la psych~ du porteur des symptômes. C'est le compromis
qu'il fait au conflit auquel se
Livrent les instances psy~
chiques.
Appliqué à Alpha,
nous nous sommes aperçus que son
amélioration coincidait avec la d~compensation de Sidy. : .:.,
Doit-on interpréter ce phénomène en balançoire
,
comme
les manifestations d'.une
"folie communiquée"
?
(Lasèque et F~~
la folieà deux)
ç
il
L
\\,.Lï.JL(/\\
... 287
Toujours;":~s~":'::il que la similitude de la symptornatologie,
.
"".~';::
-
C,,'_ .~ lE!; mod~;r"$i",~~.i!,t~=~,,I,JlH~"nsa t io~~,g" l ' i n tr9duc t ion de
la dimens i on
~
""<
--~~~+_.
"
~
-
anthroporogiq~~ d~ la culpabilit~, le mode d'approche thcira-
peutique ap~i~qu~ à Alpha, nous renvoient à un
autre
modèle ~pist'é'~ologique. Ces repères montrent que c'est les
deux dan~ le~r dynamique relationnelle et encore plus,
toute la"iamiil~ dans son économie interactionnel Le, qu'il
faut
considérer~
Car les sentiments d'humiliation,
de culpabilité et
de d~pr~~ia~i6nsont communs aux deux. ün est en droit de
.
. ...
dépasser'le~6dèle oedipien
et le mod~le analytique en
tant que projet thérapeutique dans ce contexte anthropologique
.,.
pour s'interroger sur les structures interactionnelles
qui sous-tendent la rivalit~ horizontale intragénérationnelle.
En outre~.l~~choix d'un accompagnant dans un système donné
reste un act~~dont il faut
"décrypter" le sens qui
trahit
-~.,
le positionne~ent des uns et des autres dans la famille.
Il n'est pas un fait
gratuit. Très SGu:vent membre psycho-
affectivement influant du système,
sa retraite éloigne
tout oeil critique et diminue toute possibilité de m~ta
communiquer sur la nature des interactions.
De cette fa\\on,
la rigidité se renforce et les mécanismes pathogéniques de
communication
se perpétuent.
Le choix de
l'accompagnant est
une manoeuvre semblable à
celle qui a conduit
"le malade"
lui-même à l'hôpital:
perpétuer les règles qui ponctuent
les séquences comportementales dans le système.
C'est pourquoi la meilleure conclusion sur
"l'accornpa-
gnant"
es~ l~ question que pose GBIKPI
"l'accompagnant ne
vient-il à l~hôpital que pour le malade? N'apporte-til pas
, . ~ . ;,
en m~me temp~~son'propre problème et celui de sa relation au
malade 1"
(GBIKPI" ,
ibidem,
p.59)
Nous ajouterons que c'est une manoeuvre subtile dans la
. '
,". '_ ~"'l.
plupart cres": c'~s' pour éluder la nature pragmatL:[ue du lieu
."i.,
.;-
pathologique;~'où.i'accompagnant et le malade qu'il accom-
pagne procède~t~ Tout comme le malade désigné,
l'accompagnant
est un r~véla~eur psychosociologique pertinent du système
interactionnel inter et intrafamilia.:..
- 288
,
{-;::
B
LE
"PINTH"
===== === ===== ===:2~'"
Tout comme le système d'accompagnant,
le pinth est"
moins un artifice
thérapeutique qu'un essai d'adaptation'
{"
-
au symbolisme déjà là. Il n'est pas assimilable aux,
organisations de thérapie ou de vie communautaire pour
toxicomanes ou psychotiques dans les pays déyeloppés.
Ces organisations sont généralement considérées comme
des activités ergothérapiques et surtout ayant une finalité
normalisatrice
; elle ont pour but,de normaliser et da
socialiser des
comporteœents dits asociaux. Alors que le
pinth est une structure de nature anthropologique qui
s'est imposée de fait dans
l'institution psychiatrique en
raison de son caractère sociologiq~e. L'évol,ution de, la"
psychiatrie n'a fait que favoriser son insertion dans la,
panoplie des mesures thérapeutiques. Déjà err 1966,
N. LE GUERINEL écrivait qu'il fallait
"repenser la d~namique de groupe à partir des modèles afri-
cains tels que nous pouvons la saisir à
travers les pala-
bres,
les réunions autour du chef de village,
les activités
de groupe à caractère esthé~ique ou ludique."
(in Psychopathologie africaine, vol
• II
t
nOl
,
1966, p. 105)
C'est ainsi qu 9 un certain nombre d'activités communau-
taires furent nlises sur pied et qui rythment le travail
clinique de Fann
:
les repas préparés et pris en commun
comme le plat familial du village
;
les
séances de thé,
le théâtre spontané ou thé~tre fou ; le jeu de raIes, fIes
réunions de prise de médicaments
;
les accompagnants et
le pinth
,
etc ••
Avant de poursuivre
la discussion,
quelque. élé~ent~
·f.··.
. - , , ". • ,
de définitions brèves de ces structures thérapeuti.que's' s:o~t;
nécessaires.
..-.".
.',. ';;"} ... z-i.
.. :' --:"..
, .
- 289
'-.:.:
" .....
:. ~.. '.
Le:' théât"re fou.· est une espèce d'activité scénique
,~
.
~'
,
B:ù fi e s:~~~:Qj;4~'è~!\\~~; j 0:\\!~P:~~#"r.J.~~~~~mes e r a PRq'~lj;'~~~b'iJa sor c e Il e rie,
âu maraboutage",
aux' problèmes conjugaux ,
etc •••
et invi tEmt les
"m~lades"
à entrer dans
l~ jeu. Ils peuvent
~xprim~r ciinsi leur~ pr'ot~upations. C'est un lieu de
projectio~s fantasmatiques qui donnent des informations sur
les po~itions des uns et des autres dans l~institution et
dans leur famille.
1 ;.
La Réunion de prise de médicaments
: dans certains
services,
le personnel soignant,
les malades et leurs
~ccompagnants. se réunis~ent chaque matin pour discuter
publiquement des problèmes de la veille. On y
fait part
des rêves qu'o'n a faits,. des effets secondaires des f1IGdi-
.-
•
f'.
caments et le médeçin est tenu d'en tenir compte pour la
prescription prochaini ;
c'est au cours de cette r~union
que les malades prenment leurs médicaments
• Cette fa'fon
de procéder transforme le médicament en objet l~e partage.
Il n'est plus vécu comme un objet subversif,
culpabilisant
et étranger au corps et à la culture,
projeté sans support
mystique, hors du champ symbolique. Il est un lieu commun
de projection psychosociale et sert d'objet signifiant
pour les interactions intra-groupales, dans le service.
A ce titre,
le médicament participeJdu fait de sa groupati-
sation, de l'économie g~nérale de la communication inPra-
verbale. A Fann,
on part du principe que
"la chimiothérapie"
institutionnelle est le lieu de projections de toutes sortes
de fantasmes propres aux membres du personnel soignant de
l'équipe et aux malad~s eux-m~mes ; et doit faire l'objet
d'une attention particulière,
tout aussi constante que
celle que l'on porte à l'espace, à la nourriture ou à
la
sexualité par
'"~xemple"
(René COLLIGNON, OSOUF et O. SYLLA,
in Psychopathologie
africaiae
, vol XIII
, nOl
,
1977 , p~ 1071
.~.
,.!.
.~~A
-, ....-;"., ..
'>::. .li. ~ :c:' :?
.'(.
":.
:~ :..\\.... -...:... ::
~;;.: "'~:':,: .~
: ..•.
"Y;f-~:'.:
..--~ .. .. '.
De toutes
ces activi.tes~,de groupè"', le pinthë"st 1"e
,;,'
plus important. Il est n~~À~~}\\;~?iRt~W~;~~~~~a'€li~~~~~~1r§\\~~
_: ':~:.. ".:ç...:s:~~:.... '.' _.:" ':~~ ...- ~. ......
'~'
...~~......~:. -, :~.
l'un anthropologique,
le besoin commu~autaire, on d{t que
l'africain est es sen t i e llement c'ommunau taire.
·r ....
L'autre est né de la néce'ssitéd'.'adapt~r la psychiatrie.:
C,'
postcoloniale à la r~alit~symb~l~que~Soninstitutiona-;'
. {_....
' ; ,
,,'
' .
.
'.
lisation est
l'expression .'dela··i:-enèo~tre de deux savoirs'
occidental et
traditionnel'i de deux psychiatries,l'occiden-
tale et la traditionnelle~
• -
';0.: :,~• .
Le pin th est une rÉunion qui' a
lieu une fois. par semaine
"
dans
les diff'érentes divis:ion.cs de' Fami. IJ:, aune origlne.
traditionnelle
i l trouv~ sa r~cine naturelle dahsce qu'on
. .:'.-, . -, -
appelle arbre à palabre • .ç~' est un iieu' d'expression libre
qui réuni t
sur le plan tr~d{tion~er'; presque. tout le' village
et de faç on spon tané e
; c"rest" au~<s'i:'\\ln lie~' de, dé~'isiori5,
,
.<
d'~ducation et de diffusion du sav~ir.Il est présidé' selon
les r~gles gérontocratiques par le plus Sgé.
A Fann,
i l a
suffit d'ouvrir~ les portes de l'hôpital
de favoriser les contacts' et les échanges entre malades
et gens du dehors en aidant à la création d'un lieu de
rencontre,
pour que spontapément le pinth naisse et se
structure. A l'image de ce qui se passe dans le village
traditionnel
africain,
un lieu de palabre est né
; à
l'hôpital celui qui le préside s'appelle
"jaaraf", ce
qui signifie chef
;
celui-ci est généralement un ancien
malade.
Le pinth est donc une assemblée d'expression libre,
,f"
de
forma t ion et H-communica tian du savoir ancestral.
Cette manière de présenter le pinth a
seulement une'
portée informative et ethnologique. Elle présente'peu
d'intérêt pour notre réflexion. Car si le pinth e}t.:'~.'.,,L'
effectivemelt un cadre traditionnel desotitienet"de soli';':
dari té,
transposé dê,ns un~··insti tut:i~~;' offi~ié'l~e'::é~i.c;·r~~(: ,-
.
."
par la culture occ iden tale',
i l change dans
...; ~ .
.' ...~, :.
-
291
dans son économie structurale.
La composition organique,
le cadre
temporo-spatial,
les
thèmes,
les
locuteurs de
par leurs
statuts dans
le
service
bref,
la qualité
émergente du pinth de
Pann v6hicule
un type de discours
étranger à
sa forme
traditionnelle et anthropologique.
Il est différent et
i l
faut
l'envisager autrement.
On peut
le
présenter du point de
vue de
la dynamique
de groupe en partant de cette constatation de A.
DIA:
"Tout collectif humain se
trouve confronté à deux aspirations
contradictoires,
le
désir de liberté
et
le désir d'unité,
avec leurs corollaires,
l'égalité entre
tous
et le pouvoir
partagé."
(in Psychopathologie africainé
,
vol III
,
nOJ
,
1977
,
p.
J81)
Fann s'est trouvé ccnfronté à
une ambiguité dans
son rapport
avec l'extérieur en reL, tion avec
l'image de la folie.
Le pinth prône l'égalité entre malades,
personnel soignant
et accompagnants.
On a
supprim6 les
"pyjamas" des malades,
les blouses blanches
sont rares
on mange ensemble mais
l'arbre peut-il cacher
la for~t ?
Le pouvoir se
trouve
quelque part
et
son partaf;e reste limité par la raison
d'~tre m~me de l'institution:
soigner la folie.
L'égalité
et
"le m~me pour tous"
ne
trouvent
leur réali té (lU' au
niveau des fantasmes.
On peut
également
l'envisager du point de vue psychana-
lytique,
pr~cis!ment à partir de la fantasmatique de l'ora-
lité.
Le groupe est fonctionnel au niveau de la négociation
àes désirs individuels de réalisation personnelle,
d'authentification mutuelle et des d6sirs d'unité groupale.
-
292
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:'!;Ç;~~~~~'~~"~~
-"~'~~!',:"", .. ", nt"Cut;-gr(;tipe~.est une entj.té qui se constitue progressivement
et, qui' a',~es' propres fantasmes,
son idéologie ou idéal de
moi'et" soP:::·:surmoi. Au début,
les
fé1ntasi;les 1
les peurs et
".. .~~~:.:'~!: :"
-..
',les meca'n~is'niës de défense individuels sont prévalents
. .
... ..
. ","
: .. . -,~~.:.-:, -
le· groiIp~ë'ttènà à se dissocier, mais le fait de savoir que
d'autr'es~mëmbres ont vécu les mêmes expériences avec les
m~me; ~m~ti~n~ et réactions montrant pzr là que les m&mes
besoi~à·.:..ou: sentiments peuvent &tre partagés rapproche les
malades' dans 'le groupe."
( i b ide m,
p~' 1 J 9 )
. "
La fonction orale est
évidente tant au niveau du discours,
du ,parta~'~~'~e:s'}expériences comme
d'un rep;\\s
totémique qu'au
" .
t
niveau d~la ~an*asmatique sexuelle du toucher favorisée
..
par l~ pfoximit~ des corps. A la co~munion des expériences
individuell~s s'ajoute la fusion des corps pour exorciser
la douleuz;, ~e.venue commune.
Le su jet malheureux CJ.ui mo t ive
la r~union devient un objet de projection anloureuse orale.
C'est'dans cet 9rdre d'idée que l'on comprend la
dynamique du pinth.
C'est une espèce de réunion totémiC)ue
freudienne ob le donner et le recevoir sont prévalents.
Mais i l remplit d'autres
fonctions
qui renforcent ce qui
vient d'être dit concernant la symboliCJ.ue sexuelle.
Il est souvera:~n et les d.cisions sont prises sans
aucune pression du personnel soign8nt.
Cette souveraineté
leur confère une autorité qui permet d'influer sur les
discours des uns et des autres. C'est aussi un cadre forr:lel
qui permet, au: malade et au sys tèrne familial auquel i l
appartienti de~ s'exprimer. Il n'y a pas un seul pinth qui
," ·'r.
.-,
;',
n'ait vue une:.. confrontation entre le
"malade dâsigné",
; ' .
.:
.
son ~ccompagnant, la famille présente et le pinth en tant
quequalit~. ~mergente. Un exemple serait plus (loquent sur
ce sujet.:':~':- _..
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" ; '
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J'emprunt'èfc~'e:·~cas· à p~ GBIKPI, faute de pOllvoir rapporter
-
.. ·:...... :""G-.r~-:':!'; ..{":-·. ~.> ..:..J-...
. , , '
ceux que;.,;;JI;â'-:f';·'·mo1';;'mêm·ek...obser.v.és.: Anta/~e,s.t., la nlère de N' Deye
J ~'~':"~;t'~~~-=~5;:~~~~~~~~~~-
~."'l;o- -. A-~~~~~
BISSINE
~ ùrle: rfiiitad'é' chr'onique "devenue insuppor-table pour
:'. ~- .r ;-.:~~':;
- ....~ "1"~._
ce
.--"
. :
.•
. , .
tout"le moilde"dâps' la famille.
Voici, qu'elle d,'clare au
cours
~::. ',""
"~--.:.:.':
Cette:d~ci~~ation fut suivie d'une indignation unanime
......
""_
•
_
•••..,;;."< _ ·~t.
"
du pinth.\\i~>Chaqùe,meinbrede la réunion fut
in'vité;:c se
~.:'I,."
-
" j ..
-.. ~.~~.;."... ... :-.-
.
prononcer.', La mère fut
l'objet de condamnation et de
réprïmande's,:
. , ~
.- )"-:
"Une maladie:~~~~e",_'s'achèt'e,pas
-
après
tout
e~le reste
ta
,'.-'
" , .
"
.
fille
e~ tu dois l'aimer ••• "
Une
seule femme
essaya de comprendre Anta
voici
ce qu'" lIe
dit
"i'.lettez-vous,dit -elle en s'adresSdnt à
tout
.l'audic()ire,
à
la place de, cette femme qui a
tant
lutt~ et
turlt
souffert
pour la guérison de sa f i l l e .
Dans vos moments
cruciaux
de désespoir et de dépit,
ne vous viendrait-il
pas
l'id~e
tant
soit peu fugitive de voir disparaître votre
enfa1tt,
pour que cessent ses peines et
les vôtres?
C'est
ce ~ue
cette femme
a
essayé de vous
exprimer courageusement."
Là-dessus,~'le pinth est resté pour le moins sceptiuue
mais i l permit. ~ux-deux~~rotagonistes (la m~re et la fille)
.
. .
~
c.
\\ .
de s'exprim,er •. ta~,ë:~:>nfrontation fut violente, mais contrôl~e
par l'assemb'i'ée.'Ce.'tte situation se renouvela ~ plusi0urs
reprises,
touj:o~'_/s~~~s>1!6bservation du pinth. [_e r':sultat
de ces différents heurts, ne fut
pas négatif,
loin sien L,ut.
-
j
'.~.
~'"
.l~;;~!' "
' \\ ' - .
"...
Ils
ont
contrib~~ effi~ac~ment à clarifier lanature de la
~':. .. ~.-.~~
.~<f:_~~:
~-~.::
::' -
.
re la tion ,:',~~ch'âcUn:.ayant
pu métacommuniquer sur le
s ys t ème dans
:.:,.'I:';_~'
•
;,::"--,;.11'::
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' .
:":-
son ensein:t?l,E{ qui,-'dépasse~ l'espace à deux dimens ions qu'ils
,:,,\\1.,
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"
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Le pinth,
par la posi~ion ~Pi~t~~olOgi~ue qu'il o6cupait
en tant que quali té éJ1t,~rg-~!];j;-,,~!4i~t&.~'l~j.~~~,..a f'a,,;,voJ;;~~<>F~' ).a
mise à nu par les int~~es~~~~~~~'~;~';;~~~::~~dume~so~gi aliénant
qui couvrait leur relation.
C'es~ à p~rtir de ce moment
que N'Deye a pu accéd~r à un mode d'~x~stence, authentique
en tout cas diff~rent;~u préc~dent. A~jourd'hui, N'Deye
m~ne une vie raisonnable ~ eil~ ~'est ~~riée et entretient
de tr~s bonnes relations avec sa m~re~
Ce que MBissine et sà mère Anta n~ontpas pu dire dans
les entretiens de psychothérapie de soutien individuel,
a
trouvé
son expression dans ia-stru~t~re anthr'opologique
qu'est le pinth.
Du
même coup';:'on a.r~marqu~·, que les
somatisations des accompagnant~ont disparu. Tout se passe
comme si le pinth avai:t pour f9n~tion psychologique de
laisser mûrir la crise,du systènii, de fa contrôler avant de
l'exorciser.
Cette dyna,c;ique thérapeutique du
"pinth"
renvoie
"
aux techniques du psychodrame. Il n'est pas besoin de
,
r~ppeler l'histoire de cette thérapie de groupe créée par
Jac ob Lévy ~;On.ENO ; d'abord sous forme de théâ tre d' expre.3 sion
spontanée en 1922, puis la découverte de l'action thérapeutirlue
du jeu draE1atique aveC l'actrice Barbara:
celle-ci s'était
améliorée dans
son comportement social après avoir inter-
prété une sc~ne en 1923. Le comportement groupaI du "pinth"
s'apparente au psychodrame morénien pour lequel la thér~pie
s'effectue dans un processus de création personnelle, de
libération de soi par'un système d'identificqtion aux
éléments conflictuels~ou amoureux mi~ en sc~ne.
Technique faisant partie de l'arsenal thérapeutique de
la psychiatrie moderne,
le psychodramé se rapproche de
certaines cérémonies thérapeutiques, comme le'. N'Deep par
exemple
le pinthjau' Zaire
on pratique ce qb'on appelle
-
295
la "psychopalabre"
inspirée du conseil de
famille
tradi-
tionnel et de
la palabre africaine,
du
psychodrame et de
la psychanalyse
La dynamique groupale qu'un tel mode d'expression met
en oeuvre s'adapte mieux à
la personnalité africaine en ce
qui
regarde son mode particulier de personnation
:
force
intégrative,
recherche de
cohésion sociale;
prévalence
du symbolisme groupal
et
familial dans
la psyché,
etc ••
Outre cet aspect anthropologique de
la personne,
l'inlpor-
tance du
jeu corporel devra aider a
comprendre une
spéci-
ficité
de
la clinique africaine
les
somatisations sont
tr~s frciquentes et le
jeu dramatique qui mobilise
le corps
devrait
être bénéfique.
La mise en sc~ne des conflits vécus
ou imaginaires dans
l'espace mésocosmique permet égalem2nt
d'exorciser les affects anti-sociaux.
Ainsi,
un malade
qui
se
plaint de persécution pourra
jouer les
éléments
sociologiques de
l'agression
(sorciers,
marabouts,
etc ••• )·
,
on pourra introduire dans
le groupe un véritable chasseur
de
sorciers.
Le protagoniste sera scumis à des
co~portements
contre-paradoxaux qui rendront
c~duques son sentiment de
persécution.
C'est un bon contexte de
recadrage
conceptuel
et
émotionnel démystificateur.
Sc., t-
Ces avantages hnexi3~ants ou presque dans les th(rapies
analytiques duelles.
Dans
le psychodrame com~e dans
les
structures que
j ' a i évoquées plus haut,
on se
situe dans
le v~cu, dans
l'authenticité d'une rencontre expérientielle.
De tels
moyens
thérapeutiques
peuvent
être dével~ppés en
Afrique
le
terrain sociologique et
la structure psycho-
sociale de
la personnalité y sont
favorables.
La philosophie de
ce genre de
structure en Afrique comme
l'arbre à
palnbre par exemple,
parlde
l'observation qu'une
personne
seule
est plus encline à
l'erreur,
à
l'aventure
et à l'arbitraire qu'un groupe.
-
296
C'est pourquoi
i l est
conseill~ aux mal~des de ne pas person-
naliser leurs griefs,
leur agressivité ou leur
joie mais
de partager ces
états d'âme avec le groupe dans
la relation.
Car le groupe
restejmême à l'hôpitaL,le cadre
cultureL
n~cessaire au
maintien de
la sant~ mentale. C'est cette
même id~e qu'exprime O.
S: OCH quand i l déclare
"Un être
fonctionnant
seul,
fonctionne au dessous de
ses
moyens
ou fonctionne
mal."
(D.
BLOCH et collab.
, Techniques de base en th0rapie
familiale
J.P.
D2LARGE
1979
p.
jO)
Acceptées
ou rejetées,
les
prescriptions du groupe
pinth
trouvent
~cho quelque part. Toute attitl:de à l'égard
d'elles
est
interpr~tée et lue
elle participe de
la
pragmatique de
la communication figurative avec ses
incerti-
tudes.
Elle
interroge
et
clarifie ce qu'aucun des membres
ne
peut voir ni
faire
sous
l'autorité sociale
tacitement
admise par tous.
De
ce
point de vue,
le pinth en tant que
totalit~ ne saurait souffrir
de voir que
la position haute
est
contestée.
Il s'appuie sllr les repr~sentations que
constituent
les
fantasn:es
individuels,
1
lin~age de soi et
d'autrui,
l'intersubjecGivité et les interactions.
On peut affirmer que
le pinth est un microcosme de
collusion. On y
observe des marchandages du point de vue
des
identités interpersonnelles
"sois comme ça avec moi,
et
je serai comme ci avec
toi."
La qualité
thérapeuti~ue de l'assemblée appara!t à travers
sa capacit~ à gérer efficacement les différentes "prestations
mutuelles"
revondiqu~es petr les uns et les autres aux uns
et aux autres.
Le mode d'organisation,
le
cadre
temporo-
spatial,
son autorit~ socialement cautionnée autorisent
le pinth à
saisir et à
définir les
noeuds complexes des
comportements
significatifs de
la colluison.Ce processus
peut
être cerné à
trois niveaux.
-
297
Au niveau du groupe,
l ' asseliiblée d;:passe son propre
cadre d'autorit~ et de pouvoir comme pour se soumettre
à un surmoi qui
lui
est
symboliquement
5up~rieur par la
maturation et
l'616vation qualitative des
fantasmes
collec-
tifs.
Cette manoeuvre
permet d'intervenir au nom de
la loi
ancestrale
seule habilit~e à
juger
les consciences.
r.e deuxi~me niveau se déroule dans
le registre familial
en amenant chaque membre du syst~me à
se d:'couvrir et à
dénuder le
tissu souvent mensonger et disqualificatoire
nagu~re tu mais connu par tous.
Il n'es~ pas rare d'entendre
un p~re de famille sous l'approbation des autres, déclarer
au groupe,
par l'intermédiaire du
"jaaraf"
"nous ne savions
pas que
le mal résidait
là
nous croyions
tous bien faire
pour lui
(le malade)"
Le
troisi~me niveau s'adresse aux individus: malades,
accompagnants
ou non,
visiteurs et personnel
soignant par
dessus
la qualité émergente qu'est
l'assemblée.
Le
pinth
cor::me les autres cellules anthropologiques de vie cornmunau-
taire favorise
l'intégration des sujets
elles ·renforcent
leur cohésion propre en rendant
public
ce que
l'individu
présente comme privé ou personnel.Cet
élan d'auto-d~fense
de groupalisation communautarise les
noel:ds
interactionnels
critiques d'cG s'origine
la souffrance.
C'est
là son
travail
psycho-social de
thérnpie en ce qulil permet d'accéder
à
la nature de
la qualité
émergente pour les éléments
indi-
viduels et
le nexus qu'ils forrnent
c'est-i-dire le groupe.
De plus,
i l est déculpabilisant.
Or on se souvient que
l'un des
obstacles a
la thérapie
duelle ou individuelle
en Afrique est relatif à
la nécessité
de faire
jouer la notion de
faute
individuelle et de
culpa-
bilité qui,
dans
ce cadre ethnologique
est remplac~e
par celle de
"honte".
- 298
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."
.,>-_0,- \\,.
~'~~~~î~1,lfil~~P:~~~~'~J!>;li~'yer.21e cadre interactionnel de la vision mythifiée
; . " .
1
~. •
,
• • • _
•
~ _r 0_,0", .
·:.::---et mys'tificatrice donc
pathogène avant
de
favori.ser
la
···.')ibé!_a'~ion, l'épanouissement et l'autonomie individuelle.
-~Car 'l'ob~ectif est une bonne intégration qui doit se
.
.
."concjiier avec
l'individuation.
Le
système d'int~gration doit
· ~<-:-:s'opposer à la nébuleuse où la symbiose rendrait les éléments
indifférenciables
et au risque de
constituer un bouillon
de cultures de
modèles
interactionnels
pathogènes.
Le
pinth
. joue' dynamiquement
sur ces
tableaux.
Ce qui précède
laisse émerger l ' aspect
pragmatic~ue de
la communication.
On assiste à
des
jeux de
rôles,
des
'saynètes qui en di s en t
long sur les
fragmen t s
ré e ls
où
· ',;.' 'fantasmatiques de
l'existence.
Les
jeux scéni ,ues des doubles
-,',en miroir autorisent des
identifications
et
l'élucidation
"des relations
préférentielles par le
biais du
corps norD!:':l
fantasmé
ayant
le personnel
soignant
et
les
accompagnants
comme support objectif.
Le pinth est donc un lieu d' é:change
intensifi2
pclr
l'émulation collective des
langages
corporels,
des
d,dses
que rythment
les
tambours
et
les
tam-tam.
On peut
se
laisser
convaincre de cette dynamique
si on se représente
seulement
qu'un pin th peu t
compt er 80 p~lrt i c ipan t s.
Pour
,~e s mai é.lcles
"on se réunit
pour échanger,
partager et
communiquer".
Cette confession des
malades
eux-m@mes
confirme
l'idée
que le pinth est une
structure
autoris~e de décodage et
de codage en commun des
comportements,
du corps dans
son
_impl~cation au langage proxémique et de tout ce qui contourne
'.
:la vie, intrafar.;1liale.
., ~ .....•"::. ":
Dans
ces
réunions,
ce qui est
manifeste,
c'est
le
..
· :~<~syst~~e, les canaux et les modalitcis implicites ou dciclar6es
...::~?~~~::.. .
-~ ~., ' ~'
.~+;<'des·echanges d'information d'individu à individu
j
de
>f/ ...?/.:-:....- : ,";' - ~. ;".~- '.
';'.·..,~:.!.Iindividu
au groupe
et inverser..ent,
et de
fa.mille
à
famille.
- 299
Ces
informations
sont véhiculées
par des
signes qui sont
le véritable support de la communication.
Ils
subissent
le contr81e des
conventions sémantiques pr~alables entre
émetteurs
et
récepteurs
car,
"tout partage d'informations présuppose une convention
sémantique".
(P.
WATZLAWICK et collab.
,
Une
logique de
la co~munication,p.l
Ces
conventions ne s'appliquent pas
seulem~nt aux signes
verbaux,
aux symboles mais aux comporteiLcnts également.
Ces derniers vont
s'interférer dans
le système dynamique
de codage et de décodage des signes.
Car on ne peut pas
imaginer que
le comportement reste neutre sans charge
communicative dans un système structuré comme
le pinth.
Ainsi,
on a
vu des
"malades"
en <-;tat paroxystique se battre
parce que
l'un d'eux a
porté le doigt à
la bouche pour
signifier "silence". L'autre a
jugé qu'il devait
le dire
explicitement et
tout haut
et l ' a pris pour un mépris.
L'acte de
chuter quelqu'un est-il un m~pris ?
Ici,
le
flux des
informations
les fantasmes,
les
craintes,
les espoirs,
les désirs
et
les
positions que
les uns
souhaitent conquérir dans
la vie des al,tres donnent
lieu à un concert où les gestes acquièrent autant de
s~ns
que
les
mots articulés.
Ceci démontre,
s ' i l en 0tait besoin,
que
la communication dans
son aspect pragmatique est iné-
luctable
i l n'y a
pas de comportement contrDire et tout
comportement est communication.
Chaque pinth qui
se déroule est un lieu conventionnel
et formel mais
spontané et original dans
son apport
théra-
peutique.
Il
se structure en champdélimitable par une
espèce
de communauté psychique,
un "moi groupaI",
dynamiquement
inves t i de
la c omr!]uni ca ti on si l enc ieus e
et proxémiC]ue.
-
)00
.:~7.:-~ .'
':~-.,
'-~,
~@~"'.--:'
, ....'.
En cela,
i l sert
La
th,;'rapie
institutionnelle,
ind i vidt~il~;
et familiale.
De cette manière,
i l souscrit à
l'image :q1.:le .••...
chaque groupe et chaque famille
a de
lui- ..:ême dans
le ~~~.
~:~-:
système des prestations mutuelles
en les acceptant
telg·
:':,;..
qu'ils
se
dé fin i s sen t
Q
t r a\\' ers
leu r
hi s toi r e
e t
leu r~:
fantasmes
leurs pôles rel;,tionnels
et
leurs conflits.
en les différenciant du système compact
formé
par l'ass~m
blée
et
en usant de
la position cipistémologi~ue que les·
groupes
lui confèrent
pour agir et modifier en tout
out
partie
les modes d ~ interactions pa thologiques cl' olt pro.cèdent
':.'
les
"malades".
"Contact,
échange,
sécurisation et structuration,
c'es't en:
cela peut-~tre
(sans doute dirions-nous)
que
r~side la
dimension thérapeutique du pinth,
sans n~gliger l'effet
cathartique de
12" prise de
parole."
(A.
DIA,
in African Journal of Psychiatry,
1~76, l, e~ 150)
Il est donc
incontestable que ces
structures sont d'une
importance considérable pour l'observ~tion des interactions
Eais
le psychologue c'inicien,
notamment celui 'lui se place
en dehors du crl:dù de
l ' idéolog'ie
tradi tionnelle hen;;étique
doit
se doter d'un outil conceptuel op4rationnel plus effi-
cace. Ce sera l'objet de
la troisième pdrtie <[ui se chargera
de
tracer les
lignes générales d'une pratique systé::lique
dans
le contexte anthropologique africain.
L'analyse des
modèles de comporte:, ents
fa.;;iliaux que
je viens de L:Lire
dans
cette deuxième partie
jette un regard nouveau su~la
psychopathologie africaine.
Elle constitue une base concrète
crédible pour l'approche
systémique des
troubles psychiarriques
en Afrique.
C'eèt ce
à quoi
je vais m'atteler dans
la
troisième
partie,
en ~
';::
dégageant et
en définissant les
systèmes
et
les
sous-systèmes
sur lesquels devront
s'appuyer les
thérapies
familial~~•
.- ';'
l'nUIS lE>,)::'
F-\\RTIE
l '
n
L
e
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E L
~,l
N T
s
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1\\.
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",",
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n A : )
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T
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G ~~
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L L E
L'Exemple de
la SeCIETe
"::(J:-~S~" de HALITE-VCJLTA
f:
.
':.
~~
~ "
~. ,'"
~"'"
1I',i'!'. ~.~
' ....-
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!"T~""
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" _. . . .·.IF!tJ!i'WPum'",'
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...: -. :-:.'
. '
. '.Jo
.-'+:..~.
,
.".::
c h a p i~::,-ç r. e': .
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Les' fondementS. philo soplU'que s' de
la Phys iqùé ~,~~p". 29 ~:
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"Ce que
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d'autant plus excellent que
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Communication orale.
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s~ptomatique' du,' mode) s~écifiq~e de to~munic~tion de ce
système. La' ccinerétisél;tion d'un tel, projet épistémologique
.~'::.
'.- .:.
'
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en'Afrique,soul~ve~ d~u~ questions fondameritales.~
.......-
\\.
•
::1
. ; ! " -
La première.~co~cer_~e le rapport de l'abord systérr:ique
avec
les
concepts~psychanalytiques~Lemodèle que,je propose
ne-_~;~éte·J1.d' p~~'~~(-i~ ~a~~o-suffisance';'. il a d~s faiblesses
qu'~n pourra~om~ler en considérant les enseignements des
autres modèles.
Comme' dirait C.
SUARES,
" i l faut découvrir l'e'rreur,
et non la vérité".
(cité par E.
MORIN,
La Méthode,
p.
JOl)
L'approche systémique s'efforcera d'éviter la caricature.
La deuxième question concerne la délimitation des
territoires relationnels adéquats pour une pratique rie
thérapie familiale.
I l serait illusoire de penser que nous
pourrions nous contenter des notions que définissent
l'ethnopsychiatrie et·l'ethnopsychologie en ce qui regarde
,.'
"!"..
':
• •
l~.; "Famille élaigie~ e~ la tendance persécutive-des délires.
~ . !
•
Ces':.:notions 'n:e-"permetten't, pas', de par leur stratégie de
.. ..' ~--'
rais,onnement;. de-'s~is~r' les paramètres organisationnels et
com'municationneî~'des comportements
sur lesquels. porte
l'{ntervention_d~th'rapeute familial. Elles engagent trop
,
,
de· v~~iablesqui;emp~~h~nt la lecture systémique des
siiûa tio~s' ~a tho~"é'niqu'~,;'.· :_ .. , > ' ,,::
' .• '
-
...
.
"
~- '-
.'...
Pour ce
faire t
un ré-exa;~:en de la notion de
"système"
est nécessaire
on cherchera à isoler des
sous-systèmes
dont
le
territoire relationnel délimité garantit
l'appli-
cation des
concepts pragmatiques de
la communication.
Il
importe de
cernpr les
sous-systèmes dans
lesquels
les
individus
sont
impliqués durablei::ent
et de
se fixer
des buts
précis
et limités. C'est pourquoi une analyse
des
embo!teGents des différentes
structures anthropologiques
est
capitale.
Isoler les
sous-systèmes
territoriale~ent
délimités
en dehors de
la notion vague de
"fa;;:ille élargie"
pour être
cliniquer::ent opérationnel est
l'objectif de
cette Troisième
partie.
-
)05
A
DE
L'J';L\\.RGISS;_>,NT DU
CCNCCPT
DE
SClHS;,iOGENBSE ,',.
====================================================.~
1
LA seVRCE ETHNOLOGI,-{UE CHEZ
u~s IATl'-lUL
--------------------------------------------
Les
concepts que nous utilisons dans
l'analyse des
phénomènes pathologic:ues et des organisations sont
redevables d'une dé~arche ethnologique.
Ils
sont regroupés
autour d'un concept
central que le
spécialiste de la culture
Iatmul
(Nouvelle- Guinée)
(G.
BATESON)
nomme
schismogenèse.
Découverte en dehors de la sphère de
la culture occi-
dentale,
la schismogenèse est devenue aujourd'hui
un outil
conceptuel universel capitai susceptible de
rendre compte
de systèmes relationnels' dans différents domaines de la
vie sociale et affective.
Considérée comme une prémisse
majeure dans
la compréhension de
l'économie générale des
relations
inter ct
intr~',-5ystémique, elle se présente conw!e
"un processus de différenciation dans
les normes de comporte-
ment individuel résultant d'interélctions cumulatives entre
les individus".
(G.
BATESCN,
la Cér~monie du Naven, p.
18~)
Cette théorisation née d'un matériel ethnologique a
jeté un regard nouveau sur la pathogenèse.
L'observation des
incidences des systèmes
interactionnels familiaux en regard
de certains
types de maladies mentales
(schizophrénie,
anorexie mentale,
alcoolisn:e,
etc •• ) ou des
mécanismes
imaginaires ont rendu le concept de schismogenèse crédible.
-
)06
Sans vouloir faire une étude approfondie et
exhaustive
de l'oeuvre on peut
la r~sumer dans eses grandes lignes.
La m~thode est originale m~me si
l'auteur s'accorde avec
certains fonctionnalistes
de l'Scole Anthropologi~ue Anglaise
comme ~~LINOWSKI :
i l
la nom~e
"méthode éthologique".
"L'essence de
la mét:!ode,
dit-il,
est d'examiner d'abord
le système des
sentiments qui est normal pour cette culture
et,
après
l'avoir identifié, de le considérer comme un
facteur de formation des
institutions."
(ibidem,
p. 196)
La radiographie de
la culture
Iatmul faite
par l'auteur
est un véritable travail de puzzle, de patience
identi-
fication des
facteurs
économiques,
sociologiques de l'éthos
en les intégrant dans
le contexte total de la culture et de
la personnalité.
Ce
travail de puz~le de port~e méthodolo-
gique et
théorique considérable a
eu pour objectif de
relier structuralemRnt et éthologiquement la cérémonie du
Naven aux divers aspects de la culture.
Le m6ta-discours que
sont
les
"épilogues 1936 et 1958" sur cette dÔ'i:arche
,
a
donné naissance aux concepts que nous
ccnnaissons
et qui
constituent l'ossature
et
le r6sultat de
la pratique systé-
clique en pathologie mentale (t'-le nous adoptons dans cette thl0se.
Deux catégo~ies de reIe.tions différenciées de parenté
sont à
retenir dans
la célébration du Naven
:
le "Laua"
(enfant de
soeur)
et
le
"wau"
(frère de
: a mère).
Il est célébré par le wau dans
la mesure oG le laua pose un
acte ou exploit culturel unique de sa vie.
Ce qui caractirise
la relation de ces deux terr.ies de parenté,
c'est
la circu-
larité
chaque acte caractéristique et culturel de l'un
commande un acte correspondant de
l'autre.
Ce riernier étant
lui-même un rituel,
i l
se distingue par sa complexité dans
son agencen:ent vertical et horizontal, diachronique et
synchronique.
-
)07
...,~ ~,
Ce modèle
reLltionnel est observé dans
le cléroule\\~;ent
~.~~:'1:?i~,' même des cérémonies ri tualisées du Naven en réponse adaptative
"'r' à l'acte du Laua
c'est le
tr;:l.nsvestisme;
les hommes revêtent
.. ,-
les vête::lents de fei;\\i;18S
et
les
femi"es
ceux des homm.·;s.
La
di f f é r en c i a t i on se x u e Il e est net te !TI ais n' e xc lut p" s I ' am b i -
vaLence
comme le
suggère
B.
BF~TTELHEr:. Ce dernier \\lui fait
référence à
G.
BATESC:N dans
"les Blessures symboliques", met
en évidence
la fonction psychologique,sociale et affective
de
ce mode de comportement
structuré par l'ambivalence
psychologique des conduites.
Ne confondons p~s cependant
ambivalence et
schismogenèse.
Pour l'auteur,
ce dernier
concept concerne
les
comportements
individuels différencié~
qui
sont des unitris
liées dans un schème
logi\\lue
cohérent.
Les
é12ments
culturels,
les
éthos se catégorisént suivant
les
sexes,
la parenté et
les générations.
Les conduites sont donc
intégrées dans
la totalité
ce
sont des unités d'une struc-
ture culturelle.
La ~éthode d'intégration des él~ments dans
le tout
permet de poser l'hypothèse que
la culture normalise la
psychologie des
inciividus,
Elle modélise
les réactions
affectives
et modifie
l'organisation de
leurs
sentien:ents,
Pour les
Iatmul,
c'est
la fiprté qui est vantée,
colore
lU
les c é r é mon i e 5
d Il Naven (: U i,
en t 0 ur,
l cl r e n for cep;, r
1~3 grandes parades. D'o~ la notion d'identification.
BATESON voit dans le système de parenté Iatmul quatre iden-
tifications \\lu'il considère comme les
pr~misses majeures du
système
:
une identifica:ion entre père et
fils
une
identification entre un garçon et
le clan de sa mère
une identification entre
frère
et soeur
;
et une
identifi-
cation entre mari et
femme.
Cette méthode originale de
différ<;nciation des
fragments
comportenientaux identifiés
se réfère aux aspects
structuraux desschèmes de conduite.
-
)08
"
.;
"'~
-'. ..
:'-:_~ .. ~'.:.,~
.'.
lideux individus' s'ont identifiés quand l'un d'eux se comporte
habituell~ment· comme s'il avait accompli certains actes qui
:'oilt ~té en'ra:it accomplis par l'autre".
(La c~r~moriie'du Naven, p. 46)
,
'
"
'
Les proc~ssus de différenciation
et d'identification
le conduisent' à
l~ notion de normalisation culturelle des
comportements ind~viduels.
Ces fragments de conduite,
loin
de se cont~edire'c'se renforcent par des interactions rétro-
l,
actives cumulativ~s. Ils ob~issent au mod~le circulaire des
~~-
. ...;.
s~st~mes cybe~né~~ques.
Les cat~gories mentales indivi-
duelles et-les institutions s'entretiennent dans un jeu
" . ' - -
perpé~uel dia~~~~ique. Toutes les rel~tions entre Laua et Wau
sont ordonnables :'selon un sch~me logique qui permet de
, ,
d~finir la complexité du tissu interactionnel.Cette conception
diff~re de .celles'relatives aux causes premières et au
dualisme fondamental en ce qu'elle renvoie au fond culturel,
à
l'~thos d~fini
comme
"l'expression d'un système cultu-
rellement normalis~ d'organisation des instincts et des
émotions des individus"
(ibidem,
p;
128).
L'éthos est une espèce de qualité émerg-ente qui ressortit
à
la masse totale des
institutions.
Cependant,
cette qualité ~mergente, cette tonalit~
affective fondamentale n'est pas un tout
indifférenciable.
Si selon Bateson,
l'éthos Iatmul ne reconnaît pas de diffé-
renciation de rang ou de classe,
i l est dissemblable selon
qu'on s'adresse au sexe féminin et ~u sexe masculin.
Alors que les·hommes s'occupent des activit~s spéctaculaires,
violentes
i les femmes s'occupent des activités de routine
et né6essaires à
la subsistance imm:diate et à
l'éducation des
-
enfants. Ces conduites culturellement différenci~es et norma-
li~ée~cinduis~nt:~es types psychologiques que BATESON range
selon la typologie kretschmerienne.
• ~""%'WY9,=,:w·œ.z
-
)09
Les hommes
sont
schizomythes
les
fer::n:es
cyclothymes.
Ces
"types psychologiques préférés"
parce que
conformes
à
la culture,
ont
été
l'objet cl"
ne auto-ceitique épisté-
mologique de
la part de
l'au teur
lui -l::êr::e dans
l '
"Epi logue
1958" (in Vers une écologie de l'Esprit,
p.
168)
"Une des plus grandes
erreurs de
l'anthropologie
fut
la
tentative naive d'utiliser des
idées et des
étiquettes
psychiatriques afin d'expliquer les différences culturelles
en ce sens,
la p~rtie la plus faible de mon livre (la céré-
monie du Naven)
est
le chapitre
oG j'ess~ie de d~crire le
contraste éthologi,~ue dans les
tennes de
la
typolog'ie
kretschmérienne".
(ibide;;;,
p
168)
De
ce qui préc~de, i l suit qu'il existe deux éthos
différents
l'~~hos masculin et l'éthos féminin et chacun
ayant sa caractéristique culturellerr,ent norrr~alisée. Î'iais
ils
conduisent
tous à
un état stable
ou équilibre dynamique
(Epilogue 1)J6). Cette
stabilité est
fondée
sur deux processus
l'un accentuant
les différenciations donc
les
contrastes
éthologiques
et l'autre contrariant
perpétuellem2nt cette
tendance.
Deux concepts
fondamentaux
furent
dégagés de
la
culture Iatmul,
l'8C[uilibre dynar.:ique
ou état stable et le
change;"en t
la
tendance honléostasique et
la
tendance :J. la
transformation.
Ce
sont
ces
processus de
différenciations
qui
ont donné naissance au concept aujourd'hui fondamental
de
schismogen~se fondée sur deux éthos non pas h?rétiques
mais schismatiques.
C'est donc d'un mat~riel ethnologique
que résultent
les
concepts qui éclairent d'un
jour nouveau
les
syst~mes vivants caractérises par
la Totalité,
l'homéosta
et
la transformation ou changement.
Comme d'autres avant lui,
l'auteur aurait pu se servir
des mod~les psychanalytiques et de
l'anthropologie classique.
Mais
le risque de
la subjectivisation par l'interprétation
quifavorise la projection des
fantasmes
personnels du
chercheur est élevé.
Ce n'est pas
le matériel ethnologique
d'observation qu'il
faut
transformer pour le rendre conforme
au syst~me théorique de référence en minimisant la pertinence
de l'un et
en surévaluant
l'autre.
-
310
Ainsi que le déplore B.
BE:TTELHEI~i de la tendance de la
psychanalyse
"le syst~me se st~rilise de plus en plus au point de bloquer
notre compréhension au lieu de la faciliter"
(les blessures symboliques,
p.
72)
Une
telle.remarque de
la part d'un psychanalyste de
l'autorité de l'auteur de la "forteresse vide" permet de
lire avec un oeil critique les
travaux de G.
ROHEIM sur
l'anthropologie.
G.
BATESON lui-:-::ême
sur la base de son exp(~rience person-
nelle et à
la lumi~re de la méthode éthologique, nous met
en garde contre
"une orgie interprétative des symboles"
qui occulte la nature interactionnelle des processus entre
individus et groupp.s
différents.
Voici ce qu'il en pense
quand i l a
écarté l'épistémologie freudienne
"certains de
ceux qui
en ont rendu compte
,
ont regretté ce
fait
pour ma part,
je crLis que ceci fut.plutôt
en sa
faveur
car mon
"goût" et mon jugeri1ent psychiatriques
étaient à
cette époque
(1936) plutôt défectueux et
probablement, un contact plus large et plus suivi avec
les
idées freudiennes m'aurait a~ené à
la fois
à
une méprise
et à une application erronée de celles-ci".
(Vers une écologie de
l'Ssprit,
p.
167)
Je serai bref sur cet aspect historique parce que nous
en avons déjà discuté au Chapitre III de
la Pre~i~re partie.
Je me permets
à
présent d'évoquer la question du
"change~ent".
Car si le concept de
schismogen~se consacre la reconnaissance
de
la complexité des
syst~mes fonctionnels du fait de
l'imbrication et de l'introjection des
sch~mes acquis et de
l'interaction interp ersonnelle,
elle ouvre la discussion
sur le même registre du changement. La complexité de la
question est à
la mesure du niveau d'abstraction nécessité
par la discontinuité des phéno~~ncs en interactions.
-
J11
"Il résulte clairement que nous rlevons nous
attendre à
ce q u e .
les
propositions reLttives au cha.nger"ent
soient
touJou-!,~_~~.~,,:,._.:..
formulées dans un langage plus
a~~Jstrait d'un degré qùe'-"'f;"';i1-'~'L~'~.,~-
celui qui se montre
suffisant pour IR description de l i é t a t '
stable".
(Vers une
écologie de
l'esprit
p.
18J)
La cérémonie du Naven est donc une synthèse n:étllodologique
et
théorique considére'ble.
Ce
livre
indique
le
principe
fonc1al;,ental de
toute démarche scientifique qui veut éviter
d'obscurcir davantage
son objet avec des dispositifs
explicatifs.
Ce
principe es t
celui qui se donne
comine objet
de
connaissance ces Illêi.les disposi tifs explica tifs
c'est
l'attitude qui
interroge
la nature
-même de
l'explication.
En cela,
la méthode
6thologique
batesonienne s'appuie sur
une
épistémologie nouvelle fondée
sur un "métalogue" permanent
sur la connaissance.
Blle n'iso12
pas
les
faits
de
l'ensemble
e t
de
leu r s
ra pp 0 r t s
l
s
uns avec
les ;\\ U t r e s e t dé l i TH i t e
et définit
son objet d'étude comme étant principalement
la
façon dont
le chercheur met ensemble les
~14ments structurés.
Ce processus n'est
jamais
fini
et
i l n'est
pas
linéaire,
unidirectiGnnel.
Il y a
des
in~erf~rences rétroactives
naturel'es
de
telle
sorte que
la connaissance à un moment
"
se
transforme
en question pour le processus mental t1Ldéologique'
d'où elle résulte.
. :.,. ,~ )12
. :" .'~.":.' .
..;. -'.,~'.'; . -~, '".::.' -.
.;,: ", . '~':>,::::I\\~~;~;::~.~;:~tr :':'::1.~: .,
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2
UN ~iO:;E LE DE DIF PLRENCIATION CHEi~:'LÈS; r-lOssi(~ ~::/i:~;:
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.:
.-;..
. . .:.
~'.: .:
- .
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;. .
".'
.:" .-', .. ~' \\ ~
"~r> 1 •
Je
viens
de montrer que
les ~orice~t~ sjst~~iqli~~~~ont
aussi
justifiables de
l ' anthropoI·og:Le'. ':0;;
•
' s~"
.
l:';ori','c'ori~idère
,
•
".
"l
les donn~es Iatm~l et les ph~nomènes rel~ii6~n~i~ comme
.
..
,,~,
~
l'accultu!ation,
la crise du couple,
etc •••
on perçoit une
hOGologie de
fonctionnem<:nt.
~iais. l'extraordinaire" c'est
.'
,
l'analogie pouv"nt être établie, entre, la., signif'ication' de
cette cérémonie et celle qu' on ie~ro_uv~-):ians. d:'~'~t~:r~'{-,,~
-~. _.';"'
sociétés
:
par exemple,
les
f'un~railies'-:chez·le'si. H6'ss:i.: , . dans.
beaucoup de
séquences
ri tuel J.es ," pr~santent. les,' même~'. aspects
.
,. .
. ~
.....
.
.'.
que dans
la cérémonie du Naven
;
i l ,en estrd~è ~~me"d~: --
N'ctoep au Sénégal,
etc •.
Ajout~' à cela ie"f'a±-ç,qù,~'les'modes
..
"
,..,.
de différenfiation chez les Hossï>'sont- st~~ï'c'tt.~r~s;·~~f6~ le
sexe et
l'âge,
on comprendra que
j'utilise· le modèleschis-
"
,
mogénétique.
ra
schismogen~se est n~e de l'ethnologie, elle
sera enrichie par elle.
C'est le sens du travail: que
je
tente.
La discussion ne
sera pas
exhaustive
elle donnera
les granctes
lign2s permettant de
comprendre les raisons du
choix du modèle.
La
soci~té Mossi r~pond à une organisa~ionde type
patrilinéaire et patriarcale.
Comme
ch~'z les. Iatmul', les
· 0 .
.'
.
,
processus de diff~renciation s'articule~t'~~ivant·~tâgeet
le sexe.
Les
r~gles de parenté ~t d' alif_~~c~:.ex:og'~~.ique's
en tre 1 e s
clans
en son t
les
repr~sentan ts.
~ e_:
·i'~~ction~eis·:~
;_"0.
.
" .
•• 0
Les
syst~l"es de relations dans une unit~,~'soc~a:î'e:~"~l'a-':'f'amille
par e~emple, qui sera d~finie plus loin; s~ ~tr~cturerit
selon les
ligne s
de
cl i vage, mutuellemerît: inf'lue~çablè.s. Ils
.- ~ ." ~,".:..
cons t i tu en t
la charpcn te archi tec turalé,:;:'d~;:"::tnt"~fci-cti6'~s
:~;:
:?_~_ ~
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lntragroupales et se léll.ssent .lire;'a:tnaversdeux
espaces
sociologiques
et
culturels
:' i' ~s~l~~~~~,6';od6:~~iqUé
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»,::~~\\'_:~b,~~~,::':l~ur le respect diachronique ou vertical du droit
~~~,~iJ~i.&'ii~d1âîri~;~seou encore gérontocratie
et 11 espace mésocosmique
:~~~
__._ -
'Y:~
.!"~~~:-c·· .• ~"":-='-.-.o:." '~-:..' p'
' : :. . . _
..
."
.~;.
r:,',:,":~
:';'~:" '" ·-:·bas~.:·~ur les rel~ltions synchroniques ou horizontales des
. compagnons d'âge •
. . . . .
- , .
~~
j .
:.:.-
.,.
. . '-
; ".;,.
.....
Ces pôles
relationnels
sont
culturelleffient normalisés
et- s'int~grent dans un sch~me logique,
coh~rent et mathe-
matiquement
formalisable.
Dans
le preŒier espace,
on observe
un modèle schismogénique complémentaire
le plus âgé domine
le moins âgé qui doit
obéissance et soumission
le mod~le
~.'exprime en termes d'autorité / soumission.
"'1
~
-
: Dans ~e deuxième espace,
le modèle
est
syrr:étrique
les
individus de mêlr:e âge
sont
'igaux et doiventse
lancer des
défis en permanence.
Ces deux mod~]es, qui co-existent
seront l'objet de la discussion du chapitre suivant;
pour
~l'heure, contentons-nous d'évoquer l'analogue d'un mod~le
chez les \\0 S s i
ave c 1 e s t er~re s de paren té la ti' ul Laua-Hau.
I l existe chez
les 1'.:05si, deux teri::es de
parenté parti-
culièrement significatifs
en reg~rd rte ce qui sc passe chez
les Iatmul.
C'est
le
"yagLieng~l" et
le
!lyesb:::~lI. Le
" yes ba"
est 'le
fr~re de
la ~~re
(frère signifiant
l'ens8!.ble des
membres du clan oaternel
i l a
donc un sens plus
large et
conforme i
la notion de
famille
élargie en Afrique)
le
"yaguenga"
E2t
le fils
ou la fille de
la soeur
(soeur
signifiant l'ensemble des
filles
du clan paternel s'étant
mariées dans un autre village).
Ces deux catégories
entretiennent des
relations qui obéissent
à de s ''é tho s" di fféren t s.
,·eurs règle s
de
fonc t ionnemen t
~ettent en évidence un type de schismogenèse particulier.
Dans
leurs
consi~ération3 mutuelles, un comporte~ent
. .
~-
de l,fun appelle une réaction appropriée de l'autre.
. :.~"'.'"::"
-:'-·;_:::F,.. LE< ,··,!'Yaguenga" a un statut privilégié dans le village de
./;'~f:'{?:~,r:~'~~.~:::;~~e chez le "yesba" •
.......
.,..:. .."
','
- 31'*
I l e s t
0 b jet
ct e
b eau cou P des 0 11 ici tu cl e.
I l e s t
h ab i l i t é
.,;.:c- :.
à
faire de s
sac r i f i ce s
ou à
in t erveni r
dans
certains c onfl i t's'~~
an lui doit
ob~issance parce que, dit-on,
i l a
le feu vert
....
~ H... ...
de
l Ct cos ï:lO g 0 nie ct u vi 11 él g e.
I l e s t
sou t e Tl u
I) '...r
l e .5
dieux et
les
f~tiches locaux. Il occupe donc une position
haute dans
le
système.
Certaines c~r~monies,'.es funéraill'2s,~
la circoncision pdr exe;'ple,
exigent
la présence de c e t ' ·
~lément. Il exorcise la co10re des anc~tres quand la Loi
est
transgressée
et réduit
les
tensions
en tant
qu'arbitre
Dans
son propre village,
le
"yaguenga"
est
presq'Je
le
repré s en tan t
social en: ,n t
ad:r:i s
du clan ma terne 1.
Le
"yesban~ l\\li,~ doit obéissance et cOiT,plaisance.
Ce s
c ornport en~en t s
s.
tradui s en t
par de s
dons ct' animaux ou
de
produits vivriers,
etc ••
Devant
les
dieux,
la parole du
"yesba"
est moins appréciée que celles du
"yaguenga"
le
"yesba"
occupe
donc une
position basse.
Ces deux
terrr:es
sont dans une
relation schismogenique de
type
complémentaire.',
Le comportement autori taire de
l'un comfilélnde une
soumission
de
l'autre qui
a~plifie le premier.
Il rI: e
sem b l e
(~ l! 'li n' est PLI. s
po s s i b l e de
c 0 mpc- e rHl r e
lél
soci~té ~~ossi, ses rites,
les modes de différenciation si
la re 1;.', t ion
"yesba -
y::-tguenga"
est mal
comprise.
C'est
le point
nodal des autres
modèles
interactionnels qui
seront
éVOqU2S
par la s u i t e .
Le
"yaguenga"
en
tant que
descendant,
est
le
symbole de
la continuit~ du clan et
de
la loi ancestrale.
I l est
la figure visible
et
continuatrice
du système
patrilinéaire.
I l est
le repr~sentant diachroniqu~
et vertical qui
ponctue
le pouvoir gérontocratique
.
synchronique.
Ses
prérogatives r~pondent à
un niveau logiquèi
sup~rieur:
un
"yaguenga" de 7 ans
peut
se
porter m6diateur
devant
les dieux des
" ye s b a" c; e
\\) 0 ans.
:.. /.
0:"0,.:
-
315
Dans SOn pro pre
clan et
pZlr;i
les ~:,utres
"yaguensé"
(pluriel de
"yaguenga")
le
"y,,-èguenga"
perd sa position
~-
haute.
Le
sy.stè:-e de différenciations
se
réfère alors à
:r:~_ ~(-
j:~~.~~.-~
d'autres normes,
à
d'autres
éthos qui ne
sont
pas
ind~pen-
'. -''':;.
~~ ~~ ~~.
dants de
celui de ses
"yesba".
Les modèli:s
interactionnels
s'articulent autour du sexe et de
l'5ge.
Ils
se répercutent
dans
la masse
totale des
institutions qui,
à
leur tour,
rétro-
...., ..•
agissent
sur les
fonderr.ents
psychologiques
et relationnels
de son fonctionnement.
Deux homologies apparaissent:la pre!:Iière
est relative
à
la schismogenèse qui régissait
la mère du
"yaguenga"
dans
son village avec
ses
soeurs
et
ses
frères
avec celle
J-
':
observée dans
le village du mari.
Dans
son clun,
la mère
n'est qu'une
fille,
une
femme
elle est
soumise aux garçons,
à
ses
frères,
conforméménet à
l'0thos
patriarcal.
La patri-
;.
lin2arité
transpose
cette reLttion cornplémentaire d.,ns
la
microsociété nuritale.
Elle restera soumise aux homr:les en
g~n~ral, mais sa relation homosexuelle sera modifiée suiv2nt
une autre
ligne de
clivage,
l'fige.
Elle n'a donc p~s de
revendication de position haute ou basse à faire,
si ce
n'est dans
le
champ interactionnel homosexuel
synchronique.
L('
11 yaguenga"
devenu fils
ici perd aussi ses preroga-
tives de position haute dont
i l
jouit
chez
le
"yesba".
Il
sera sOll'::is aux plus
ft~;és en g<::'ncral. La relù.tion de
dépendance vis-à-vis de
la mère est
limitée dans
le
temps.
Il
s'affranchira de
ce mode de dépendance,
favorisé
en cela
par le patriarcat.
Il
occupera systé~atiquement une position
haute devant
les filles
et
les
femmes
une position basse
devant
les atnés et une position d'égalité av~c les compagnons
d'5ge.
Ces modèles
:-:ieront discutés au Chapitre
II.
Discns
setll1en,cnt que
leurs
complexités ne
laissent pa.s 1.)5 institution.
indifférentes.
D'où la deuxième homologie.
pc. . .z
. --,
- 316
ï'«~:Y.":·' !.- .
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~:~~~<.~~-~~ :~~~
mes sont un facteur de for" tion !'~iR~}~t,1t:~ilL~L
des
rituels
et
des
mythes.
I l
s'établit
q;~~o'r-l?-~un~:~nomoTo·gf~~~
."'..... \\ ..:....~..: :;.. .,';;'.{,.",.: ',,:.:.
;.... -,..
:~....... -~ ... ~ .-... ..,~.
de fonctionnement
entre
la psyché,
le
gr~~pal,.et;lemain~~eh~_.
des
interactions qui
se modifient
selon
i~/~~~~m~
~.
~.'...
. - circ~ia:~~~:'
~.
1~~
·~T· .• p..'~ - ,."'t'", ',.,
•
". ~l :'''''.
. ~ _ :;';
proposé par Bateson.
C'est un processus
de'.'modell.satl.on .~: .. =,.;:::-
'. , ....:'
,
' ..... \\.
. '
': .: . . "."
d'intégration c u l t u r e l l e .
La société ~los"~:i::':f~";o~ise les',;.'
.~'.. t.;2·~- -;.< .,
.' -
'..
rel·.ltions non compétitives
en maximisant:'Cd,~a,,~àrÙage,'I'espr~t,.-'
:r-.~,~"':-;.. ~
\\ .
. . . . " . _
de
solidarit6 et de
compl~ment3.rit~ que i!'i~prit de .domiriation,
d'individualité
et
de
symétrie.
La consid~:·~~·t·i'on.des diffé-'
..:: :-'", ~. '. . .- '. - (.
...
~.:'::-~:
:-.
~.::
. -,
~ ...
rents
ethos à
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:es
compor~~ments se.di~~e-
rencient
se
cumulent
et
se modifient
rnutJ~~ii~eril'est le :~eui
.~:;-~.:t'':' ..f":':
. ,."
_..
'p
- .
; . .
moyen de
comprendre
la dynamique de
Let
ste~bi'l:i·té·':·.et
du '
.
"';':'~'..
-:;.-.'
' " .
~:..
.
.~
changement chez
les ;'0 s s i
,
en vue d' un~~'~r:itiq~ec1inique:'
,. ... ' -
' .
-';
.
...
efficace.
'~.j~';:\\;:"
:;~
:~~~~~:<î';"i'>:';~'
.-. :O.'"
..,.~~~;--~ .....:-::.::.
..\\ ;
' ; ' -
.
Ce but
Pp.ut
être atteint
en uti.lisan't;i:;'d'àût'res 'modèîes
comme
la psychanalyse
c'est
ce à
quoi
s~est. e~ploy~
..~..;.. . '
.
ELLIOT JAQUsS,
avec
los m1,canismes de
prci)ections para-
noïdes
et dépressives
(in Textes
fondame.ntaux· de
Psychologie
;'.
.
sociale,)
J'essaierai d'en rendre
compte~pàr la suite au
chapitre
II.
On peut
égalC:Ii;(,nt utiliser l'.interprétation
des
symboles
sexuels
lu m~thode d'appro6he duali.te
de GtNEVICVB GRIAUL~ chez les
Dogons
est
aussi possible à
partir des mythes
des
origines de
l'esp~ce, de la cr~ation
par exemple.
I l
en est
de
r.JRme
de
Ll
recherche d'une logique
spécifique aux sociétés africaines
men~e·· par G. BALANDIER
(in Anthropo-Logiques)
Halgré
tout,
deux faiblesses
apparaît~ont~. Ces' modèles
ne
sont
pas
opérat.ire:;
;
ils
laissent
au:?~h~;~pe'ute, au'" ,
clinicien,
peu
de
possibilités
op,:rationÎ1'~'lles"E;nce qu'ils
ne
circonscrivent
pas
le
ch;,mp des
interactions dans
les~'>
petits
syst~mes ou ~sous-systèmes~, tels ~~e je les~ déc~iia~
au Chapitre I I .
-. ~ .
""'<.:".
-
317
,' ..
-: ~
;..~
: ".- - "~
_,
J
•
-~Y.~~~··~~ ~~:~:."'.
~~ -~~:t·~..~~;~~:~·,::,·
La deuxième raiblesse porte sur le
risque
élevé de ne pas
~liL cerner la dynamique psychosociale car on n'aurait pas
,.
.,' - .... -;,' --,;.
'.
défini
les mod;'les
essentiels des diff6ronciations
et des
interactions qu'ils
impliquent
en les
int6gr~nt dnns la
".?J!A;~n'
-,-;: ••- ~_.' :.~'"I~ ~-.
tonalité affective de
fond,
l'éthos.
Ce sont ces modèles
_ . .~; X· 'i~~~i~ .~.,
:' .-' ~~r;i· ,-i~.( ._::j
qui autorisent
la compréhension des
caractéristi~ucs mentales
.. .
::~:~~. "':.=.-:-. ~:••- :
dans
le cadre du complexe culturel.
C'est pourquoi
la dér:arche
~.:' -:~~-.'~~.
'~ :. : •.: .:
. t '
é thno logique est une exigence m'.~ thoclo logique
'fondatr.en tale.
....
La science et
la m{thode que
Bateson appelle
"Ecologie de
l'esprit ou écologie des
idées"
prend sa source en ethnologie.
..\\ mon avis,
le
s~cond détour ethnologique d~ns les sociétés
... ::'_V':
africaines aura un effet de rétroac~ion renforçatrice et
universelle •
. ,..-..
Si ,donc,
le mode d'approche
clinique devient
s ys témiquc,
cela implique l'utilisation de concepts développés dans ce
cadre
~pistémologique avec des modèles qui sont les siene
.. ...
'....
~~
.....
schismogenèse,
totalité,
équifinalité,
changement,
circu-
larité et leurs
pendants pathologiques
paradoxes,
disqua-
lifications,
disconfirmations,
etc •••
Cela doit-il exclure
les ~utres modèles
? l'eut-on envisager
l'abandon de
concepts,
fussent-ils
~inciaires, individualistes
et historicistes qui
ont fait
leurs preuves depuis ANNAO.
première nn lade hys té ri-:::ue
s <) ign ..":e
pèŒ
BRETJEH (1880-1882 à
Vienne)
? Y gagne-t-on en efficacit~ ? La connaissance en
Sciences hum3.in8s
ct
p:-.thologiques ne
serait- elle PéiS
r~duite ? Ce sont ces questions auxquel;es la suite du
travail
r~pondra sans pr~tention d'~puiser le probl~me •
.J • •
,"
. ,'.'
• • s.
-.
.'"
, .~~f~:.,~.~~.2~~~: .
~ - .: 1
--,.1-:-
:E~~'~~;~~T':
.- ':}" ~~<
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... . "'-.'
. ..
',. ~.
;:ii,~;~~:~!t~
~.:~:~t~:r-.~~;~:.~:~.
~. '. ··T~f:~1f~
.~~.', ,,: .'; .(:~;~ .. ~'t'
'c
" ' : ,:s: :.:
~l" " ",:: "'.: .;:
-~ ..
)18
__o!-
'.
B
RAPPORT ENTRE L::S CUIC2PTS
PSYCHANALYTIQUES
2'1' CONCEVrS
S YSTE.',IQULS
========================
l
BREF APERCU DES PROJL;TS TH~;ORIqUl';S l':'f L<ATI:U8S
DES
DEUX f.IODELES
Dans la première partie,
j'ai. expose
le point de vue
de la psychanalyse et celui de l'approche
systémique sur
la genèse de la pathologie mentale et la thérapie.
Je n'insisterai p a s .
L'objet de ce chapitre est de nous
aider à nous départir de
toute c,.cricature qui serait il:alheu-
reus e pour la recherche sc i 8n t i fique
et
l ' appro fondis s ei;:en t
des problèmes humains~ Il est d'ffirmer que l'approche
s y sté mi que ne peu t
pas
e t
ne do i t
pas se plO oS e r
con t r é,
les
théories qui l'on précédée sans
tomber clans
le récluctionnisi::e
autosuffisant et unitaire.
Aucune
théorie ne peut rendre
compte à
elle seule de la Uéalité Fathologique Absolue.
Elle ne fait que découper sen objet
;
celui-ci est fonction
de la manière dont i l est considéré par l'épistémologie
méthodologique qui la sous-tend.
Il nous faut donc apprécier chaque mod~ e à sa juste
valeur en partant. de l'esprit scientifi,-:ue de BACHELAfW
et de l'épistémologie génétique piagétienne.
Chaque mod~le
antérieur est un projet intégré pour l'aMenir.
Le mod ~le
scientifique le plus fructueux sera celui qui perçoit,
assimile et accommode pour intégrer enfin dans un autre projet.
..-
)19
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Ainsi,
le
n~sultat n'est~'as un aboutisse)nent 'Jnai~ une
-
. . . _ -
..-:..IZ.!_~~:.':.!'-2c.~
~.iJ:.-;!]l_-:.:L~' __ "": .il;:"~.L .'"":"'"....:~._:"':, ...~~~
que s t ion ré t r 0 a c t ive,
exp"-lli*'ca<'fiv e
e t
j u El t:F~~j}câ't":;i'vê'SpbU r
celle qui
l ' a précédée
; ;îi~'~st de ce i~i~t '~;~j~ctive
::: 'î
et adaptative
pOUl' la conn.?-issance ul t8rit.~re<~;~,!i,- niy a
pas de
temporalité
linéa{';:'~.
.' .'~'
Cette
inquiétude
est\\~uscitée par le:-rappârt. théorique
,
" ' .
et pratique qui existe
eritre la psychanalyse ~,ltapproche
psychodynamique
et
le mod~le systémique.
Il'es~vrai,que
la premi~re situe la prob1~matique p~thologiqu~ dans l'ordre
du conflit
intrapsychique':····ent~e les différente';'~instances'~
'~
-- : -
.
psychiques gouvernées
par:"les principes d\\!' plaisir et de
réalité
;
m~me si par ail{eu~s l'environne~en~·?o~ia1,
moral
et
phylogéné tique
<?'o.n tribue à
la
structu;ation topique
et
économique de
ces
insta.nces.
I l
est aus~i v~ai" que le
deuxi~me se place résolumé'nt dans une per'sp~cti'~~':'dynamique
des
interactions actuelles dans
un context 7 · dé'~imité par
une uni té
ternporo-spa tiale,
le hic
et nunè~' Lèurs,fondel:~ents
th~oriques sont diff~rents,
mais
pas
antagoni~tes. pour
s'en rendre
comp~e, nous considérerons bri~vem~nt quelques
modèles de
fcnctionneillent psychologi,:ues à
l ' é t a t normal
ou pathologique dans
une perspective
thér~peutique ou
simplement
explicative
.
l'histoire du
s u j e t ,
i'inconscient
et
le
transfert.
..
".
...
-~ ..::
,.
".'
J-.
''iN'
-
320
Le mod~le psvchanalvtigue
Pour la
th~orie psychanalytique, le symptôme est un
-1:,
'
r~sidu mnisique des tr~umatismes psychiques, exp~riences
'motives v~cues dans l'enfance. Ces traumatisnles ~motionnels
r~sultent de conflits des d~sirs incompatibles, de positions
contradictoirQs
intrapsychiques sous
la pression d'obstacles
moraux.
Le
symptôr;le apparaît comr:e la manifestatioll consé-
quente mais douleureuse de deux modes du fonctionneillent menta L
le principe du plaisir et
le principe de réalit~
"Nous voyons
qqe 18s hommes
tor.;bent. malades quand,
par suite
d'obstacles
extriricurs
ou d'llne adaptation insuffisdnte,
la
satisfaction de
leurs
besoins
érotiques
leur est refusee
dans
la réalit~."
(FREUD,
cinq leçons
sur la psychanalyse
p;
58)
Ce c i
c ondui t
na t ure I l emen t
au c L,nce pt de
re foulemen t
quant
à son rô l e dans
Lt
genè s e de s
sYinpt ôme s
névro tiques
et
psychotiques.
J.'ali~nation n6 v rotique à la r{alit~ dans
son expression extr~rne est assimilable alcrd~cGmpensations
pychotiquos.
Nous
retenons
de
ce processus
pathologique
la dinlension
sexuelle de
l,'morbidi té
son aspect conflictuel avec
la
r~a ,i té, le refoule'llen t C(;[l!me df6fense et le refuge dans la
maladie
comme solution de
compromis dans
le
conflit qui
oppose les pulsions primaires aux exigences morales.
L'ensemble des
traumatismes
é2otionnels
oppositionnels à
la
r~alisation des d2sirs sont donc la cause de la souffrance
actuelle •
. :.-:'
IfMW'---
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Il
y a!~'par' con.s,~queI?:}:: u.:r;i~",<f~.t_e,r~':i;nism~: :his tor,i:~qù~:.,,·
et màé s
ue:~,~.~,~.:-.~~,~,'~.;.~.~~.:~._,'m~
iq
...:,f.~,~,'~,.~.:'.~,;_,
. • . . ;;~:2.~';;iÇ,Ti~~ '.
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. ~ _....'...~ ~~;~':~: r.-~~.~,:~~:.._
-
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p
"les hystérlg.ues; nous dit Freud'~: ~.~uffrent qe' r~lI1ïniscence".
lib ici e"
P:,·~.':-,~,'.r.'.i,'5.'.) ,
,~' " , -,
",-,,,,-\\ ',~.. '.~_ :·~i.~;:
,';, -' ,~,~~~t~~: "~'~
.~ ..,
'.
~ri~~,p·L~-:.': ..:'" ...-=;~.~';:~';,~,~. ~~:'_:~~."~~'
" " . ~'. ::~~~,~~~~:~~~;~.~~~:.~~
La vie actue'lle, du sùjet est':, fixée:~F,~;~rattp.chée"·ài;·~son:,passé
.~'.-.'7"~
~~~.'
~ . ."'..
. .:>~ <.:::.-'.... '..!..: ·_:' __ T;'.,.,~
. .'.
'
.;
':~~~?'~;:'~I~-=!' ~
particulièrement auX:· évèneIT!ents:~trà:üma:tiques quL:~:{onf' donné
:.' _.~P:;
~" .." .r:..
...
.'~y. :~-:.~::'.'~ ... :;.~. ~':""',
'.
. . . . -'.' ....~:.!..7;~~';~'~7'-:~:~-:
nai s sanc eaux' syniptôme s.' Prisoririïè~'<de, s on his'to~il\\é:.'pérson-
.... , ' . . . . . ' .
'.
,
. .:
';';'.-.,'
~ ..•
~
,.
'_. "_'. :. "'f:
_.-.
nelle,
i l sacr1f1e le present-dori~ le deroulemertt·,et le
vécu est dé.t'erminé p;ir' l ' in té'r:(~ri~atlon des' éon:f1i t's:~
Sur 1 e plan-, thérapeu tique,
i i__:' s~:tfi t_ d'~: Plac~r : i~{~Jj"èt
. ~ -;'":'
:' .. ~
~
.. ·.'~.~~~:S:.\\.· ~-~'~.'.'.'~;'''-.;'"
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:-~:·::;:~~~:rr.:··-~-
dans une
situation telle qu'îl-.ô"së remémore en invé"st'issan t
-:::.::'.
.,.:.. ~. -~:.
·.-·z· .:.:V.,.:·,.':_._· _"'~'...
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.. - ·.-:<*"~.~·-·S·":.":--
affec t i verne'n't les souve'ni~ pcith'og~ne's' refoulés ~ :,''C~'t''t~~:/
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diachroniqu~ ; il Yra un~ clialn~~'~~uivre: les d~rrliers
trauma t i sr:le:~~':-d' abord;, ,'l~s~ P~~'~~~~f.:~'~t;ri'â~ite':; ::.
"::~~:~~:':"N~j,
.' ':'" -~...
-:
.~..:-..~ ~--:.:. - ".~;ff.tl?:~--;~ft-~4.~~~~,:·~":o;::"~·.:r:·~· .. :7... :
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--.
;f. ....:: :'--:-:~ .
Tout ce
travaiL;t~érape~ii~u~~~nsiste'à faîr~~é~erger
d'une
cel' ta1~e faço~/ af'f~cti'v~,~:,i~,-~6~tenu incons~~'~~i"dans
la conscience
• Ra~ener à i~ ~~~fa~~~de l~ consdie~~~ tout
ce qui en a
~té refoulé, en s'appuyant sur le transfert,
voi là 10.
tâche de
:L'analyste., Je ne,' vais pas faire' une étude
détaillée de cette question
;, ce n'est"pas l'objet de mon
travail.
['lais
je veux signaler que
l'inconscient, et son
contenu le refoulement, ainsi:::'que le transfert,
se ramènent
à
l'hist(ir~ et à la mémoire. L~r~~a~ion clinique ~st le
terrain privilégié de
leur manii~s·t.a,tion p<;tr, le truchement
~.:
."
. . '
.. ,'~ . :t
.
, .. -' .'
.
de
la
pulsion
CO"
de
répétitiO:è.::i1,:~t,..,~~~':Y'
·i' ..
_
.
.,~.;.::.,~~.~..,'<.'t.:~"~.. , \\,::;';_:-;,;:-,
'''''J
~--', '-,~:\\rt.~~':'·'5~::V;,'''<·-
L'épanouis s emen t· de la s~'xùi:tli~~;. infa)1til'e ·:'n! â::',pas
.:~,'
~. . .• ': ;:"'! ::',.:':' .'~.":" -::.; .;-.' :."
.
...~-:..
. .... '-=-.". ,",,":,' ;.~...~ ~'~".~,;:
dû avoir lie,u en ra'i'son_ de son;::"ihëompa t i b i l i té· avec'la
-
- +.:~: ";~~--::~': ... ~"'.:~
..
.~..,; .~"·~·.. ;··~--4-:.:-
réalité
et d"une angoisse interrle'•. Il' s'en est SUivi:' une
,~,
.~
~)·":!.'t.:".~~;.,r;'~~.'~;"
• •
.'
; 4,.'
.. ' <.'
..
. -.:- '.',-" .-:o".:':r·,-,
crise douloureuse e:t penible.'e.t;,un,: refoulement. ,,',", .,( ",ë
,
,
,:. .J
" .
'. -..
~ , -'f ':" '••..".';. .
'f"""
-
322
Dans la situation transf~renti~~le analytique
le patient
.-- ..~~;
restaure dans
la surface de
la 'ielation cJ.inique,
ces
circonstances
ind6sir~8s, insatisfaites de la pciriocte
infantile.
Ces
pendhants
et instincts devaiont
selon le
sujet fournir du plaisir.
Il les revit
en les projetant
sur l'analyste qui devient
le substitut
symbolique m~is
actuel des
parents.
Ce processus a
~t~ possible par une
tendance ou m~~e
une obsession qu'a le m;llade à
reproduire,
:\\ revivre
le
pass~ comme s'il faisait
partie du présen t.
Cet te
tenc1a"ce
s'accompagne de
la recherche du plaisir,
c'est-~-dire la
recherche du niveau d'excitation le plus
bas possible.
ilIa tendanc e à
la répc" t i t i on et.. la re cherche du plai s i r
semblent
s'unir ici d'une façon intime,
pour former un
tout dans
l~quel i l est diffic~le de discerner la p~rt
de
l'une et de
l'autre. 1I
(FREUD
,
~ssais de psychanalyse , p. 28)
Il apparaî t
tr:'s
cLairement que la 01: moire
et
L l
tendance
~ la reproduction du v6cu' infantile constituent l'axe par
lequel on peut
cOloiprendre le transfert
et
le projet ana-
lytique.
Au cours d'un transfert ana:ytique
Ille s u j e t ,
au moment
où i l ravive une
scène passée,
a
tendance à
la rejouer peu ou prou,
sans s'en rendre cumpta,
avec l'analyste ccmme partenaire".
(Ch.
BAUDOIN,
in Revue Française de Psychanalyse 1950,
nO 14
p.
15)
C'est certaine~ent cette tendance à reproduire que l'auteur
attribue à
la fonction mentale de la mémoire qui
ccnfère
au transfert son caractère spontané.
'Ct##'
.
,
)2)
•
j,,'
.. ' .,,-,
-
'.
~
.
!
-,
.
--
- -.-
~
"Le
transfert
est
l ' e f f e t d'un::,ensemble de déte~minànts
pe l' sonne 1 s
c onno tés
par ~~fu~;~~~~,2.~,~;;,}1.A:~:r;~~~~';"~J~~~
(D. LAGACHE in [1evue Franç~ise" dè.~Ps~Ychanalyse "19 5·~;·~,""rÎ.'o' :i6~p9':
Cette disposition au
transfert "était déjà affirmée:·p~r'.-.:,,·',·
Freud àep,üs
ses
études
sur l'hyst'érie
;
la psycha~~lyse,,'
ne
le
cn'oe
pas
i l
s' ~ tabl'i t
spontanément dans
toti:t;ès'"'ies'
:
•
1.
relations humaines
C 'es t·
le transfert
la téral ~ C~'~~nd~nt"
;
,
,
.'
nous
nous
occupons
principalement du transfert d'analyse:.;.
celui dans
lequel le
malade
Il dévers e
sur le
liléclec in un ,trop-plein d' exc i ta tionsa:ffec tueus es
souvent mêlées
d'hostilit~s, qui n'ont leur sourcE:l/ou'leur'"
raison d'&tre
dans
aucune;.expérience r é e l l e . " :
~~.
_
..
(Freud,
cinq leçons
sur la psychanalyse
,
p.
61)
.,.' V~.:''':
Les
repré sen tan t s
psychiques, le,s
fantasmes
primair~~.::c<;>nsti-
tuent
les
él~ments du tran;fert~ Ils, ne viennent p~~~spori~a~~
. , ..~::' ~
.
- - . .
;.
némAnt
i l
faut
les
éveiller en les, tournant au profit de
l'analyse.
C'est
en cel~ qu'ils participent des phériom~nes
de
réSistance,
de
d~formation et de déplacement devant ~tre
soumis à
l'interprétation.'Le
transfert est un élément
fondar::en tal de
l ' anaJ yse mais paradoxalement
i l doit
être
détruit.
On peilt rtire
sans
risque de
se
tromper que
le but
des
thérapies
analytiques
est de rendre
le
transfert nul et
superflu.
Après
ce
bref eXDosé ,. des commentaires sur, le proje~
~
théorique
et
cliniqu(~ analytique', sont nécessaires •. qes
co,-:;n;entaire.'
seront
.form2s par l'ensemble des
propo~·ition~
ayant
pour objet
la psychanalyse
~t son projet -m~~e :
c'est
un m6talangage.
l"ie
plaça~t'-dâns .cette opti:.que~,·méta~.:
,
.
. "
. ;' .'~
1 inguis tique
i l
me
s eï.Jble qu'il Y a
ùn déterminisme;
.'
.... ...
'
. .
individuel de
la pathogen~se ;
même ~i par aill~ur~cette
étiopathogen~se résulte d'un compromis douloureux erttr~
les
pulsions
et
les
exigences mor~les. I l me sembl~~,~ussi
.
'.
,.f. ".~"
. .'
.p". :'i ,
de
la même mani ère que
ce t
édific'e., ~é~ place résolu~·~ri.t <. ,:.;":";;;.' '.
dans
le
registre de
la sexualité infantile,
de
~a' ~·~~herch;;>,?;:
-~'.~,
''':PeT
- 324
du plaisir COlllii!e
tendance principctle de
la psyché et piir
[.~:;:;~");:.,;:;..1S~~.-':~.4b~\\;,::
cons équen t
c omm A
dé t e rr.;ina t ion c aus::il e
es sen t i e 11 e.
Ln
troisième lieu,
ce
"r;;·italogue" perr.;et d'affirmer la linéarit·.:
de
l'approche
en ce qu'el
e
n'int~gre pus
la question
fonc]ai;:entale
et
gén(~tique du feed-back, de la chaîne de
modifications dos activités des
individus 18s unes
en
relation avec
les autres
i l n'y apparaît qu'un conflit
entre les
pulsions pri~aires d'une part,
et
les
exigences
morales
intériorisées de
l'autre.
Lnfin,
l'utilisacion
nécessaire du
transfert d'analyse,
en
tant qu'instrument
thérupeutique voue la relation clinique à
une
structura
duelle
les
interactions de
l ' i c i et maintenant
sont
évacuées.
Ce
sont
là des
remarques que
l'on peut diffici-
lement
éviter de
faire
quand on s'interroge sur le projet
théorique
et
thérapeutique de la psychanalyse.
Ce n'est
pas de
la caricature.
b- Le mod~le interactionnel
L' approche
sys té;::ique,
el.Le,
ne nie P;l s
la réali té
psychique des
concepts
psychanalytiques.
En
tout
état de
cause,
pour
a
part,
mon projet est
peu ambiti8ux pour
aborder
la question ~ fond.
C'est
lu prati~ue clinique
qui a
révélé
l'inadéquation de
la logique
psychanalytique
dans
les
sociétés africaines compte-tenu des raisons que
j ' a i évoquées
dans
les deux parties précédentes.
De plus,
i l
faut
tirer la
leçon que chaque approche découpe
sa réalité et
participe de
la connaissance générale de
la
Réalité.
Celle-là ne
saurait se confondre avec celle-ci
elles
appartiennent à
des
types 105iques différents
;
les
niveaux d'~bstraction sont
inconfondables. Comme dirait
h'ATZLA\\HCK
"la table n'a rien de
tabuliforme".
''i'-'iV·...-_··t:nJ'
-
)25
-,
, ( "
'.:
.~ .. ,
,
• ~ 1;
-
......
•
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.
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Cette dé~~i;~h~:e{ lé'rë'speé',( ~écessai~e~:~ufi~p~se
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l'épis t,~!.1>()}~.g~~èi~j;~~~x~,~~J:t~~Y~ifg~:e.~~~~.:.f,?:;~,P!~.s~~,~it:~.11X?~ê- , ..
_-."".'"."'~'. ~,~·~';."~;~·~ë'll:l~~WM*""'C"~~#'_~_'L"
. ~~~~iJd:~~""
l ' approche' sy:S't,emiqlié,:~:·LÊts·'pJ.'oÏiiiiersdes tliéo~rie"s... ·sYsté-
..
..
.,...~
-",
. '
.....:
. ~
.
"--"
miqu8s,
G.
BATESOr;è'e"n~, tê'te, accepteront cette idée:-du
./.',
. "
. ' ,-
Frofesseur L.:'~'l:~i~~!":,
""te:
':·.',~~·f~~'"·~~.?:;:~~-:~·'-',·:,
,'~.. ". ~
- "._.; ~ .~-:-
"Ce que
je v~~~~r-:{~~~:;~~ ~st d'autant plus excelle~~ que les
autres son~ ~qn,'s_i;:.:,_'(commuriicationorale)
,
"
'.' •., :;.
L ' auteur voulai',t' sQuligner par cet te formule que, le sys tème
explicatif proposé, n'es~ pas bon parce que le~ autres sont
" .~. ~
,,'.
- , '
. r .
.
'.' ,
"
mauvais;
mais' iJ" est' d'autant' plus satisfaisant qu'il
tien t
compte ~~:;~~{\\l'e'-'ée~":q~,i±" O~"~t:,.,pos i tif dans le~'autres •
~ ....,-_-::-;::" ~ .
-;..:.
~':' ~- .'::-
~-
'~
,
. -l : : . .
•
;.....
. . ' : ' - : - - "
.'
Il est vr~~C:ciuè, ies·'·optio~~.'épistémolOgiques ~ngendrent
...;:..
'...
r . ..:
~ - :
des distorsion~de mod~les et des caricatures •. Cependant,
la con tradic ti:~~':~;~:s ~di~f'ic~'s ,~,~ientifiques ~s~. ,Uri:.~~cte
~
.~
,~;-".::~'-' ..;.::. ....~.
"
":
_ ' .
"""",.~.
~ _'"
.
• . \\"r_,-
.
"
necessaire pour la 'constructuion d'autres plus' "appropries.
Ils
sont en soi des
"obstacles épistémologiques"
.voués
-
au qucstionneme~t permanent'.
Ainsi,
pour l'approche systémique,
le sympt5me,
et
contrairement à
la psychanalyse, n'est pas considéré d'un
point de vue individuel résultant de conflits intrapsychi-
ques,
i l
est le message d'un groupe ou d'un système naturel
i l est l'expression d'un mode de communication corrompu,
une homéostase rigide par exemple.
C'est la tentative pour
un système anti-~vqlutif pour retrouver son équilibre.
Prenons
l'exem~ie de SALL BRAHIM (cas clinique nO 1).
L'analyse que j ' a i faite révèle que ce
l'malade"
est littéra-
,
..
lement désorieri té par le 'sy~tèine' collusoire, dans' lequel il
.
,
, .
.'
.~,
. :
' . '
..
-- ~
;..\\
.,.... \\:' '. '. --
~st engagé. D~s lors que','lesystème n'autorisepaslla
clari fica tion :-;~::""il rela'tio~ et'-la' confirma ti'~~;h6gati ve
.
,
'
ou positive d~'~'identité des~ ~ns et des autres pour soi
et pour autrui~~i'épi~od~ déljrant' persister~:;
';'
' : '
~
.
'.'
.": -"
.
.~: ._~,".-,~ ~.-_": ~ -!: -1;: ~. 'l':;':' "
:: ....
-'
..
-
;;._
'.
..
..
.'" ~.~ ...,- '"
-.....
,
~.,.,_.-:':.I- .
... "
. ~~, .~~··-:~;~~i:::.~..~:;, '~',:'.
._', .:~-
..
-\\-
_.
'.... :: -..;
-
)26
La disconfirmation produit une
identit~ disqualifi~e ou
le sentiment de
l'être
c'est pourquoi SALL BRAHIM peut
s'écrier
"je ,::e s::.:ns écarté
,i'ai
l'impression qu'il
y
a
un co~plot contre moi dans ma fa~ille.
Il
C ' est l a
fa n; i Il e qui
pro v 0 que
l a " c ri s e Il
tant que moyen ne
lui aura Das
été donné
cIe m', tacoCi:i::t;niquer sur le complexe
in te rac t ionne l
lui-rr,ême,
18
s ys t ème se main tiendra
et
les
uns
et
les autres
se nourrissent de
cet état de
choses.
L'ensemble des ~anoeuvres visant au ré~ablissement de
l'équilibre a
un caractère verbal ou infraverbal. Chaque
comportemen t
es tune cOnlmunica tion qui provoque n6cessairc:"c:nt
un
comportement-r~ponse consistant en un autre comportemcnt-
communication
C'est
l'ensemble complexe de ces
transactions
communicationnelles
significatives
pour les
individus qui
constituent
les
règles du système et maintiennent son fonc-
tionn2lT1ent.
La rigidification de
l 'hOIl18ostase au détriment
du change~2nt est le
type mGme de
la transaction p~thologique.
Un des modèles de
com'unication ali{'nant et
source de
pathologie a
ét~ théoris~ pJr BATSSL~
Il caract8rise des habitu,les
cOITIï:unicationnelles fai::iliales
particulièrement contradictoires et paradoxales qui condui-
sent à
la psychose.
Ce
modèle a
f::l.it
l'objet d'une étude
approfondie d~ns la première partie de ce travail.
Rappelons que
la psychose qui r~sulte de ce mode de commu-
nication est d6finie
comme étant
" un conflit
interne de
classification"
(Selvini PALAZZOLI
,Paradoxe et contre-
paradoxe,
p.
16).
Elle est
la manifestation d'une confusion de niveaux de
communication.
Le patient désigné est placé dans une situation
nécessaire mais
intenable
et dans
laquelle i l est
tenaillé
par des messages
contradictoires au sujet desquels i l lui
e5t interdit de
faire des
con;mentaires,
de mctacommuniquer.
liiIli 1Mh"~·
327
":"-"
La d~compensation devient la saule issue pour s'adapte~~à
c e s y s t ème.
Les ym p t Ô m,~'~ pré sen t ~ est
"un
type de comport8n:ent qui fait
partie d'une séquence
d'actes
échang~s entre plusieurs personnes. Un symptôme
repr~sente l'~tiquette, la cristallisation d'une séquence
dans un certain contexte social".
.
(J. HALSY , Nouve~les strat~gies en th~rupie fanlilial~, p.26)
Citons un exemple
Consid~rons le cas de Marne FAYE d~jà analys~ dans la partie
r~serv~e à la m~thoùologie. Les entretiens que nous avons
eus avec
la mère et
le
"malade"
et ses frères
ainsi:
qu'une visite à domicile ont mis
en relief un fait
interac-
tionnel p;;:rticulièrernent aliénant. La mère qui a
perdu' son
mari déclare
"je me débrouille pour payer l'~lectricité et l'eàu courante
ainsi que le riz
;
mon mari défunt a
un frère qui fait ce
qu'il
peut mais c'est insuffisunt".
En clair,
elle veut dire qu'elle mène une vie mondaine
;et
sans scrupule,
cette femme de
J5 ans environ dira
" j , ., i ni e
1 e s
J(; une s
il v e c I e s
gr 0 S ses (;1 0 t 0 S " •
J~n même
temps
elle se
fai t
passer pour une
mère exemplaire
qui aime
ses enfants et les
oblige à
la percevoir et à
la
vivre comme
telle.
J' ai montr~ en quoi ce Iilode de commu-
nication trompeur et
corrompu est un viritable poison pour
l'~quilibre mental
i l culpabilise l'individu
" v italement"
engag~ dans un tel système pour qui, la rcialit~ est Rutre.
,
le délire mégalom<:lniaco-mystique de ~;a!:e renvoie à ce
contexte
mystificateur.
Si donc,
le
"patient d~signé" est dans une situation
r~actionnelle actuelle par rapport aux interactions intra-
fa,,;iliales
si le
symptô:;le est une réaction appropriée
à un type de communication observé
alors
i l ne rest~~lus
qu'à identifier la règle du
jeu et à
la changer.
-
)28
.....
C'est
la voie
tracée
par G.
BATESLN,
HALEY et
D.
JACKS(;N et
-- "" "poursuiv.:.f~"depuis
lors
par de nombreux psychoth(~rapeutes
comme
WATZLAI{ICK
,
S •
.t~.\\L\\i~~:OLI etc •• leur expérience a n:ontré
qu'il
f a l t a i t
chans"er
1'1
faJT:ille
pour changer
le
p-,tient
ct
le
symptôine,
son
traiter:!<-:nt
étant
considéré
en
ten"es
de
systèmes: sociaux dont
le
[~alade lui-rilêi:le est un élément.
Sur le
plan
th;rap~~utitl.lle, l'int~rêt fut po;."té sur le
champ des
reL:,<tions
interpersonnelles
on préféra le modèle
interactionnel
au modèle
psychanalytique
illtrapsychique.
Vépisté~ologie qui C0nsacre la coupure d'avec l'approche
freudienn~ ne considère désormais que les qualités systé-
miques des
sy:::ptâ:.es
et
les
conceptualise
en
L:rrr.es de
communication.
La
souffrance
r~vélant un processus,
i l
importe que
la
thérapie "porte
sur ce
processus-là.
Et
::!~tlgré la profusion
de méthodes
visant
ce
but,
on peut
dire
avec
Di.-nald A.
i3LOCH
e t c 0 I l ab.
que
Il l ' 0 b j e c t i f
qui un i t
t 0 u s I e s
th,,: ra peu tes
de
familles
est
le
suiv:nt
le
changement
(significatif
de
l ' e f f o r t
thi:ra,Jcutique)
doit
se
réaliser
iaas
le
systèi::e
familial"
(ibiclen:,
p.::!l)
Car
le
système
natllré~l (~!)Iest la famille est un fait néces-
saire au mc::.intien de
li)
santé mentale.
Changer le
système naturel dans
lequel
évolue
le
"patient désigné"
est
l'objectif fondamental des
thérapies
systémiques.
~our ce faire,
elles
considèrent
lA
point
nodal vers
quoi
donvergent
les
fonctions
essentielles
au
maintien de
l'homéostase
rigide
elles décryptent
les
faits
les
plus
signifiants
al:
lieu de
considérer
la
symptomatologie
finie
ou attribut
d'une
personne.
-
)29
S i l ' hi s toi r e
in tél' es sec e
r:~ 0 d e d' Cl pp roc he, c' est dan s
la mesure où elle est
celle-rr!êrne de la constitution du
syst~me et celle de ses 61~~cnts telle ~u'elle est int6gr6e
dans
la dynamique actuell~. C'est donc
une
observation directe
d~syst~mes naturels qui diff~re des entretiens dyadiqu0s et
duels.
Cette
consid6ration soci~le des ph6nom~nes pathologiques
a
conduit au développe~ent de
techniques d'interventions
pratiques par injonctions
paradoxales
susceptibles de modifier
le s
pa t terns
in t erac t i onne l s
du sys tème.
Donald A.
B I.OCH en
donne un8 définition explicite
"la thérapie de
famille
est une
thr,:rapie par l'action,
une
technique du faire,
du montrer,
du d i r e ;
une
th~rapie qui
agit
sur les
objets
primaires et sur les
symboles
primaires
par lesquels
les gens
ont
l'habitude de
s'exprimer;
c'est
une
thér'apie de
confrontation,
une
thérapie
qui
est axée
sur l'exploration directe des boucles de rétroaction des
systèmes;
une
thérapie
orientée vers une redistribution
des ~touts , une th~rapie d'exploration concr~te et de mise
21 l'épreuve d'autres modèL.:s interactionnels mieux adaptés".
(ibicle;,
p.
27)
Le
th:'Tèèpeute f3.:::ilial
utilise
les
paramètres interactionneLs
pathologiques à
des
fins
thérapeutiques
ce sont
les para-
doxes,
les
contradictions,
les
a~biguités, les disconfirma-
tions,
mystifications,
relations
tangentielLes,
etc ••
Le
principe
fondar:\\ental de
cette
thérapie repose sur
la loi dégagée des
interactions hWilaines que
pre r:' i ère :0: c: n t
les actionss
les plus
insensées sont celles quiprovoquont
spontanéii:ent le plus de ch"nger;;ent
cleuxièmerl1en t
les
solu-
tions
adoptées
pour surmonter les
troubles
constituent dans
beaucoup de
cas
le prol!l~me et l'a.;gravent
on ct i t
qu' e IL e s
ont une propriété ar,lplifiante ou feed-back positif.
- JJO
Cette
loi est
structur~e de la m8me façon que celle qui
a
structuré
le
processus
interactionnel ayant
conduit ~ la
décompensation
c 'e:::: t
une double
con t l':: in te.
j,a
techni'lue
th~rapeutinue est très pragmatinue
elle
e~t une
reponse
injonctive doublsment
contruignante à
une communication vitale
doublement
contraign~nte.
"D'un point de vue
strucLurel
la. doubl,~ contrainte
dl,.ra-
peutique est
l'image
en Il:iroir d'une
ciouble
contr"inte
pa thos'éne" •
lUne
logique de
la communication
I l
f.:.lut
souligner que cette
technique cl <:lU si une
source ethnologique
et
elle
renforce la coh~rence
pathog~nétique de la schismogenèse et les mesures théra-
peutiques à
prendre.
~n effet, c'est à partir de l'étude
des
processus
de diff~renciati.on de normes de comportemr·'nt
individuel cumulé des
Iabirul que
R\\.T"LSGN a
d':couvert
le
principe
thér::~peutiqLle de la double contrainte COI11I:le
réponse à
une autre.
En observant
la stratégie
th~rapeutique
chez
les
Iatnlul,
i l
a
remarqué que
ces processus qui abcutiss~n
a
l'établissement de
lItypc:s
psychologique::;
préférés"
sont
a
lu fois
6tiopathogénic:ues
et
th.·rapeutiquc:s.
"Dans les
derni(~res étapes de la schizoth';rpie,.La personna:ité
du p ;'1 i: ie nt
est
p 1.' 0 b a b 1 C' men t
fT', ut i 1 é e
cl e
IT1C"l ni ère
dé fin i t ive
;
la compréhension de
la schismogenèse qui a
mené à
sa rupture
(la personnalité
schizoide)
ne
serait donc dans
ce
cas
d'aucune utilité
th::-rapeutique".
(La cérémonie du Naven,
p.
194)
Les réactions
paradoxales des
individus dans des
situations
extr@mes
comme
les camps nazis
corroborentl'aspect
tl1érapeu-
tique de
ces
comportc~ents puradoxaux.
.;
- JJl
.,
.'
~.J'
.!-.',.'
. ";;.
~';".~~'-;
\\f;...";~·
..'2'tA\\··
,i;t
~.~~.~:'
~".~.
~.!~j
:..
.l..:""';C!
;"t;
..:.:
,s'::
B.
BETTELHEHl d~ns:η,"'i;'e coeur conscient" (P. 180)
~
~~j~&à#1:;1-~~~' .. 'v': .;~:
~S~,
/;~~~
-i.-:"""
,,,,,!',e:-.
racô-nteJë'tte histofir'e du't.::.polonais oui refusa d'enterrer
.~:..
,'.
des Juifs vivants.
~rieU~:les "s.s'-" renversl~rent la
"
situation
le
Polonais fut
jeté alors dans
le fossé et
:.;. ~ ·.T
;.:;'
" _.:;;~.~
,':,
l'ordre fut donné aux Juifs; de l'enterrer,
lui,
le rebelle.
.....
. ,')j
•.,'7:
Ces derniers qui cr(braierrt:;-~~avoir échappé au supplice,
jetèrent
.,
de la terre sur leu;:cod~~tnu dans le fossé. Lorsque tout
.'
t;
. '1'
.
If..""
le corps fut
caché excepté'~ la tête,
les
"S.S."
ordonnèrent
. ~~.;:.
d'arrêter et de
le d~terre~. Une fois dehors, Ips deux
:.
. :-.
Juifs furent
pr~cipiiés à~~ouveau et le Polonais devait les
l.~·"::::i-
1
enterrer. Espérant r~nouv~~er le coup inattendu précédent,
-.,:,-
i l remplit le fossé :'jusqu"~u bout. Quelle analyse peut-on
, ..';J
faire de ces gestes?
.)'
.~.
....-.'>;.,2-
-~:'"
,.
*.J..'
On sait que
l'llnivers''rconcentrationnaire des ~azis
\\.'
.:.;--.
.
:'~
.~.. ~
~. -.
était une véritable 'organi$ation de 10 régression.
Il trouvait
son efficacité répre'ssive en infantilisant
If~s "détenus"
en
luttant contre
l'irtdividualité
en fondant
les
individus
dans une massa amorphe et en éteignant la volonté individuelle
d'assumer personnellement sa vie et
SGn corps.
L'exc;::p1e
que
je viens d'évoquer montre que
l~, mutilation de l'unit~
de la personnalité ~conduit d'abord les deux Juifs
le
Polonais ensuite à renoncer aux valeurs qui étaient les leurs.
L'obéissance,
l'inhibition de
la r6sistance sont symptofi12..tit,ues
et l'expression la plus éle'vée de
cette :::utilation, cle cette
forme subtile mais mortelle de lapathologie mentale
elle
a
eu pour conséqucncè de sauver le
Polonais.
Le mal a aidé
,
.
à éviter le mal
i l comporte une proprif:ité salvatrice dès
lors qu'il possède urie
st~ucture paradoxale
s pan tan,:e et
.. '..
contiirire au bon sens. Le deuxième geste dt.
Polonais a
perdu
!)~" ,: de sa spontanéité; alors qu'il croyait qtle son acte d'obéis-
sance passive aurai t
le même e f fe t
qt,e celui cie s deux Jui f3 •
Les mesures
th~rapeutiques d~fient souvent la rationalité
,>.'
analytique.
,.~.~~~.
.~~""
:", ..
-
JJ2
Ce qui pré'cède
pen,et de
situer la stratét"';"ie systén,ique
dans son véritable contexte historique et épistémologique.
De cette manière,
on ~vite les ca~icatures dans les compa-
raisons
de modèl,-,s qui ont 10. même
objectif,
changer
,
r~JC1.1;c~ré
la différence de
leurs
techniques
et de
leurs champs d'action.
La rer71ise
en cause de
l'c:pistémologie psychodynamique
individuelle r(sulte d'une pratique clinique de personnes
connaissant elles-mêmes
cette
thÇ;orie
; œrt2.ines d'entre
elles sont analystes.
Les accuser,
comme on a
tendance à
,
le faire,
cl'ignorance
ou de dogmatis:~:e n:e puraït fv.cile
et pas
fondé.
L ' exp é rie ne e
c lin i ri U e
est
l e s eu l
cri t ère
de
jUg2i (:'nt.
C'est
ce
-,ue
je v:.~is essayer de montrer en
m'ar)puy~,nt sur l'exp.,'rience des pionniers: G. [3:\\1.'ES(:\\ ,
J.
HALEY,
P. WATZLAWICK
,
S.
PALAZZOLI
,
etc ••
J. I-L\\LEY
,
dans
son livre
"NoU"velles
strat6gies en
thérapie
familiale"
fait
état de
son propre itinéraire
clinique.
"Imbu de
l'idéologie
individualiste",
coriillie
i l
le dit,
i l
a
pens é que
"s i l ' on peu t
a'l:ener que l qu'un à
prendre
conscience de
ce qui
se
trouve derrière
son problème,
cela
le fera
changer".
(P. 15)
Son expérience
l'en a
dissuadé.
Bt
cette conviction a
persisté
depuis 1)50, date à
laquelle i l com~ençait à
travailer
avec BATESON et
D.
JACKSC~.
-
333
L'idée que
la caus e
liée a;:
symptône et rctmenée
à
la consc ience
étai t
l'unique
procédure
thérapeutique doniinai t
encore
" gr â ce à l a c 0 mpré he n s ion.
l;'l
le y é e ct u r e fou l e E, ,', nt,
la
reprise des
p.Loblèr;~es det"'uis leurs oriJ'ines genétiques,
la clarification de
la communication,
lu famille
allait
changer."
(ibidem,
p.
18)
i l a
da changer d'opinion.
Il
se rendait
conlpte au cGntraire
que
l'amélioration d'un patient
pris
individuellement en
thér ,pie
duelle
s'arcompacnait ct'aulres
troubles
dans
l~s
ménages.
La réserve
de
R-\\TES"N
trouve
sa source dans
les
réflexions
que
sus c i t en t
les
re che l'che s
che z
le s
la t;:~ul. N(jUS ve l'l'ons
que,
loin de
critiquer platement
la
thciorie
psychanalytique,
i l
l'intègre dans
sa conceptualisation.
Après avo il' rappe l é qU2
le s
é l ér;;en t s
de
la cérémonie
Naven ren~oient à
la symbolique
sexuel;e
le
trallestisse::.c·r:t,
L l
1,1 â ch 0 ire
duc l' () cod i l '2 a p ;)'2 l é 12
littéralement
en Iatr..ul
"porte du c_itoris"
et
qu'il
était
possible d'utiliser le
mod~lc freuetien pour rendre compte
de
la culture
Iatmul
et des
processus de différenciation
schismogénique
BATE3CN admet
qu~
"en dépit du
caractere
e:ilbrouille de
cette pensée
(la pens,'e
freudienne)
la psychanalyse derr.eure
l~ contribution majeure,
sinon la seule
contribution à
la compr,~hension de la famille."
(Vers une
icologie de
l'~sprit
p.
Y9)
S ' i l ne
l ' a pas
fait
c'est pour éviter ce qu'il appelle
Il une
orgie
interprétative des
symboles"
(ibidem p.
167)
qui aurait
occulté
les
problèmes
importants des
relations
interindividus
et groupales.
I l
faisait
déjà remarquer en
1936 que le modèle psychanalytique
"la conception diachroniqu
(cérémonie du Naven,
p.
194) pouvait gu~rir mais elle risque
d'a c c e n tue r
0 u
de
cr,:" 12 r d ' .. u t l' e s
s y s mp t ô fOI e s
che'
d' au t re s
personnes du
sY3tème.
JJ4
C'est pourquoi
i l propos2 qu'~u lieu d'utiliser systén:ati-
quem,,,n t
"la c onc e p t i on ct iachroniq ue"
l,; modèl e
indi vidue l
de
l '
"insight"
on se penche
sur ce q'..l'il a7appel'~
"traitel. (.:;nt
synchronique"
tenant
compte des interactions
actuelles du système.
Car
Ilil devrait être aussi possible
de conduire le
patient à
appr~hcnder ses r6actions à l'(garct
de son environnement
en
termes
synchroniques
i l comprendrait
et contr61erait ainsi
laschismogen~se qui s'effectue entre
lui et ses amis".
(la c6r6monic du Naven,
p.
194)
D'où l'élaboration de
la schisl"ogenèsc ccr.:me concept central
dans
la compr~hension de la ncivrose et de la psychose.
La modestie ~vec laquelle i l ~borde la question est
importante.
Et
ce n'est
pas
sans humour qu'il émet i'idée
qu'on pourrait
~lnborer une nouvelle psychanalyse en
suiv~lnt cette voie, celle de la schismogenèse (ibidem, 193G,
p.
194)
En effet,
l'ethnologie a
fourni
à
l'auteur des
matériaux
à
partir desquels i l
61abore des
concepts non-antinomiqu~s
avec
les hypothèses
ps:chanalytiques
ils portent sur la
sexuaLit~, le principe du plaisir, la
pulsion de mort,
la cOi::pulsion de r8p(~tilion. Je vais essayer briève':lent
d'éta'::llir cette analugie
th;~orique.
, 'étude de
la schis::.ogenèse
s)T,;~~trique et cor:pléi';',;:,ntaic'e
en pathologie des
relations rév~le des modèles de comporte-
ments clont les
concepts
psychanalytL:uc:s essaient de
rendre
c on~p te.
Prenons
l ' exe;:.pl e des [';lode s
rc~ la t ionnel s
as soc iés
aux zones
orogenes.
Les excitations érotiques
ou leur
recherche sont
limit~es par le phénomène de l'orgasme.
Il y a
un seuil d'excitation corporel
e au
terme duquel
une dGcharge
se
prcdui t.
l'iais
l ' orgasrce est un sommet
tel qu'il se veut sans
fin
i l
est
circulaire.
))5
!'.....-: " ..
. "';.,'"
Le désir de
parvenir ,L L,n :;el ét~~ cie ,;décharge orgasmique
est
un facteur
important dans
120::r.,e,l~ioIl.~qui...r,~git<t"':f_:.·:,,~:~.>:'
- .~~~~~F-~~.~
;:
" .
~
individus
ou
l,:'s
g-roupes
entre
eux.,:
.:~.
,
",
~
~
"S'il Y a
chez
l'ho~me quelque caracteristique fondam~ntale
qui
le
pousse au cCI:lbat
,
i l
se,mbl~,bien que Ce soit,,: cet,
espoir
d'une
d~charge de tensi6~~'au terme d'une e~cit~tion
totale".
..
(Vers
une
0cologi~ de l':~sprit, p. 123)
;.l' est -c e
pas
là une n:aniè re
rigol.lreuse d'exprimer le princ ipe
du plaisir de
Freud
?
A entendre
ce que
Freud
en 4it~ on ne peut qu'être
frapp~ par l'analogi~ des deux approches
i l dit
\\.~ .
"l',cppareil ps'chique aurait
une, tendance à
maintenir, à
un
étage aussi
bas
que
possible
ou'à un niveau
constant'la
quantité d'excitation qu'il
contient".
(Lssais
de
psychanalyse,
p.
9)
C'est
là une
tontribution
considérable à
l'explication d~s
modes
schisrnogéniqu::::-s
syrn
triCiu(]s qui
pourront
rendre
compte
lie,',;
ph~'nomènes de Guerre :par exemple. Les co;nbats fratricides
d'~lé~ents de la m&me·espèce dont parle l'~thologie
( l(
1 OD ';'",7
~:ibel-,:IOSSf'j~Li)T
. . .
L.
:\\.W'1'l,L;
,
etc
••• )
ilLustrent cet aspect
Il
en est
de
I;;êlï~e de la th"orie de l'alcoolisme de BAT~~S()N,
oU cybern:;tique
du S o i . ! a
"décharge orgasr.:ique"
peut ne
j arrais avo i r
lieu
;
rn,:Li s I ' es iJOir anime
l ' homme de
l ' obt enir
clans
ce
cadre
un échec
se
transforme
en défi
à
lever
::
l'escalade
est
la ccns6quence
logique d'une
sChismogez;èse.
C'est
encor'e une
caractéristique humaine,
l'homme ne désespère
ja'iiais d,:ns une
situa t ion
in teractionnelle de
ce
type'~
Prenons un uutre
exemple
le modèle
relationnel que,
S.
PALA/,ZGLI appelle
"hybris". ,::jès
fondements
théoriques:
sont
en continuité <,Lvec
le
précédent.
I l
traduit
l'attitüde
humaine
ou m~me animale en gén~ral devant l'échec, la'douieur,et
-
JJ6
BATESON nous apprend qu'en psychiatrie
on observe des
typ~"s~.d~ c ompor terr:en t s dont 1 a dynamique re lat i onnell e est
.~-~~~---.
une ~~troaction positive sur le malaise orginel
i l subit
un e:f{et de renforce;,ent et
peut même concluLe
jusqu'à. la
mor~ sans que le cercle ne s'arr@te de tourner. Tout se
passe comme si l'échec de
la solutiun ~~ tai t
un défi qui
doit. ~tre relevé.
"l'homme veut vérifier sa sensation de désagréable,
en en
cherchant une
expérience répétée
c'est peut @tre ce que
Freud appelait
pulsion de mort."
(Vers une écoloGie de
l'Esprit,
p.
244)
Dans
"la théorie de l'alcoolisme l1
l'auteur révèle
ce mécanisme et pose que
c'est la destruction de cette
tendance suicidaire du
jeu sans fin avec la bouteille qui
est le premier acte
thérapeutique.
N'est-ce pas là l'illustration sur un plan synchronique
"mésocosmique l1
(I.
SOW)
et actuel du couple pulsionnel
anal sadisme-masochisme
?
N'est-ce pas aussi
l'illustration
de
la tendance
fonclar:1Cntale
observée dans
le
transfert,celle
de
la compulsion de r~p.tition des expérionces pass6es
désagréables
?
Ne voulant pas d~border le cadre de ce travail,
j'écourterai C0 dSveloppemont
'es élcirncnts de réflexions
sus-cités montrent seulement que
l'approche schisw.ogénique
de la psychiatrie,
loin de rejeter la psychanalyse,
l'enrich~t,
Une étude poussée de
la
thsorie
et de la mc:thodologie
batesonienne en rapport avec la psychanalyse reste possible
et fructueuse.
Mais là n'est pas l'objet de notre travail.
Un autre point mérite qu'on s'y arrête
c'est le problèmE
de la démarche diachronique,
la cause,
le pourquoi. Rappelons
que ~cette procédure "repose sur l'idée que le patient doit
prendre conscience que
son état pr~sent est l'aboutissement
- )37
.:r:~1. ,.'. :;.,: ~T <, -
.,~_:~t;~i;';~t~ _
d'évènements à
caractère sexuel,
qui ~ri(:~4>:li:eu dans la
0:""-;;,,, '.:.::;'1,.;" i?-'-';~''i.-.,;::;'''".~
période infantile
ils ont été refou~i~4E)i!~~~ de leur
··:'l''''·~:1''·r~~··_
incompa tibili té avec l'éthos auquel app-é.:r"~teD:t le sujet •
.,~.\\
"~-'" .. '''''.'-'''
~ _ ;:."
,.
' : : ; _ ; ....
,M
:rt:;._~·.--
La réplique de p. \\ï-ATZLAIHCK me p~·r~b;. pertinente à
1.
•
"1:,;.:'t;!.... -<.-,
cet égard.
Plaçant la question du chan~~~'~_;;'!;:~-~omme préoccu-
pation des deux modèles,
i l se demande:;:f-i:~_~~J~:~y parvenir.
Il admet et affirme que l'histoire a
t6ujci~ri-une incidence
..••.•
1..,
-
-.
-
'.
, , '
sur le comportement présent.
Mais com~~ii~~k impossible
... :'..- .. \\ - f~:'~
d'avoir sur le plan pratique clinique, .M~ modification
des évènements passés supposés être la~:'àX~s~Jde l'état
présent,
le clinicien doit,
s ' i l a que~~Q~=~;'~:~~:>ir de changer
-'..~:?:"~y~: ~ .. ---: .....): ~
quelque chose,
interpréter le passé
t~l~qu~{L~:est vécu présen-
tement. C'est la signification causale.'d~{~~~,~~~ré, telle qu'el.le
.- ~. iJ~--j~ J
.~_.'.
est intégrée dans la dynamique actuelle; qùi:~'_importe pour le
..~ ". ~~;,:~::ri}:~t:-.
thé rapeu te sys t émis te.
,.::?..''/;F/;'Iif!;;7-f{~
'_
' · r
Est-il besoin de rappeler que
l'app"I'och"e'systélllique
n'exclut pas la considération de la dimension diachronique.
,
S.
PALAZZOLI
,
à
la suite de BATESON, HALEY, JACKSON}exprime
cet aspect en faisant -appel à
la notion ancienne d'appren-
tissage par essais- erreurs.
Ce modèle de comportement est
essentiel pour la compréhension de
la constitution des
unités systémiques naturelles comme la famille
et m~me
Uartificielles u comme les éC)uipes de
travail,
etc ••
"Chaque groupe na ture l , do t é cl' une hi s.toire connue s e s truc ture
progressivement dans
le temps ~ travers les essais, des tran-
sactions et des rétroactions
correctives~.
(S. PALAZZOLI , Paradoxe et contre-paradoxe,: p~ 12)
BATESON abonde dans
le même sens quand_j:l:'é~oque le processus
d e · .. .j-_
_ -
nécessaire de normalisation,/rnodelage de lapsychologie
individuelle en relation avec la culture~ -
~-
-
JJ8
L'important c'est l'angle sous
lequel on choisit de
voir la signification causale du passé.
L'approche systémique
le voit
sous
l'angle du
"ici et maintenclnt".
Le principe
d'8quifinalit6 que
j ' a i déjà défini en première partie,
cette
capacité du système à
s'auto-produire,
propriété étayée par
la clinique et
renforcée
par la biologie moléculaire
(J. ~IONOD , le hasard et la nécessité)
rend une
telle
démarche crédible.
Le point culminant en thérapie en tout
état de cause et
quel que soit le modèle,
consiste à donner un sens aux phéne-
mènes,
aux types d'interactions
déterminer la cause n'a
jamais été suffisant pour introduire un changement dans les
systèmes humains. Les
causes dans
le cadre humain sont souvent
en même
temps des effets d'autres phénomènes.
La causalité
est circulaire,
multiforme et multidirectionnelle.
Pour illustrer cette affirmation,
nous allons
rapporter
très
brièvement un cas emprunté à ri.H.
ERIKSON,
décrit par
!vi.
piA NNON l
(i n :IL' en fan t,
Il sam a 1 ad i e " e t
les CL u t r es,
p.
40 - L~ J )
Cet auteur rapporte
l'histoire d'une
thérdpie avec un enfant
nOIl;mé
Sam.
Après un certain nombre de séances,
1'1.
t:i~IKSO;,r
croit révéler la cause et en donne l'interprétation
la
cause de
la maladie se ram~nc aux angoisses qui entourent
la mort de la grand-mère et
la crainte pour Sam que cette
mort n'ait eu lieu par sa faute.
Le sophrolo6ue
par
l'intermédiaire de f.!ANNONI,
observe que la cause déclenchante
est débusquée mais
le
trouble persiste.
C'est alors qu'il
entreprend un travail
thérapeutique avec la mère,
puis
la
famille.
Il découvre que le symptôme de l'enfant renvoie
à
un symptôme que porte la mère.
Cette dernière
qui n'arrivait
pas à délier ses propres problèmes névrotiques,
culpabilisée
qu'elle était d'extérioriser l'effritement de
son identité
juive,
avait
chargé son fils de porter ces
complexes.
·3 '111''"7%'"'''11'''
,-
-
JJ9
.
,.~
'-~"''''', ','
.
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......~.-
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o:"t~f; ;.y".
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~ . - • •
• • '~:'
o
• •
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:;;'":
, .
"
'~~.
'..
"
~".
.
La figure
autoritaire
et
legitil1le\\,que representait la famille
i.,
......,:)i~~":'~~
"~'....:-.....
:~,
..
~'~_
-'~:,
00 • • •
•
. '
. '
le mi t
dans
une
si tua tion 4~~<iil~f~::.t~~f~!l&b.~~.a~.Ji~~t'e~;~ésumai
t
en une question vitale
:
d~nonce~f)';'â in~~è'qu ~se""mystifier.
"~
i:-';~.~···
. _. ,..
~.
'.
La première proposi tion su~pose q:U" il· ai t la possibili té de
' , ' ; .
. "
métacommuniquer et que
ce rri'étadi~:~~brs~\\soi t pa'rtagé par tou te
'~~..
.... :? '. ~.'"." ' :{ -; :, n
•
•
la famille
•
Ce qui n'a pas
été'::-}:..E7
cas:,et la mystification
~,
'::.:~l""
"
" ,
,'"
s'en es t
suivie.
Le
pe ti t
Sam est; reste aliene' dans son fantas-
:
'- .....
me.
ERIKSON tire
la conclusion qu~ ce n'est pas l'évènement
réel
en soi qui
est déterlllïnant,.-'ma·is. le rebondissement
de
la question impliquant
la
t~talifi familiale. ~ous sommes
donc dans
le
registre
du di:scour(·manifest~ dans 1 'interacti"~'n
::
..
;;-
~""
.
~ ..
' .
.;". ,-'
alter-ego,
ce qui n'exclut pas
l~s fantasmes inte~subjectifs.
-
Pour terminer sur cette non-antino~ie, je' me référerai
une
fois
de plus
à
J.
HALLY.
Pour:'.: lui,
I.e " symptame est un
'1
" ,
.
,,-
comportement
;
une cOITimunic"ation .analog~que ou ,"m~taphorique.
Il
établi t
alors
un parallèle en~re~ la démarche psychanalytique
et
les
thérapies
fall.iliales.
L'analyste~ dans le but de
changer et
en utilisant
La
technique des associations
libres,
tente d'amener
le
sujet à
faire
une analogi~ entre les
tl-aurnatislIles
p;:issés',
iiF/.is
toujours vivants
et la
situation
de
souffrance actuelle
l ' é t a t
pathologique actuel
est
une
traduction analogique des
évènements refoulés.
Le
th;ra-
peute
familial,
l u i ,
a
un~ vision différente; il établit
à
partir de
l'observation actuelle de
l'évolution du système
naturel auquel appartient
le sujet,
une analogie entre la
souffrance actuelle
et
la situati6n présente.
I l essaie de
.~ ,"
définir la nature de
l'imb~'icatio'i-i;~du symptôme dans l'éco-
,
.
logie dynamique du patient~ C'est-pourquoi i l fera venir
.~
.~ ;.
'.
:, "
~
toute
la famille
et
les
él~ment~~~~ plu~. affectivement
~.
~ ~;-'~' .
, -
.
.
significatifs.
Là aussi,
le modèlë: psychanalytique et le
,
~:.,..
;
.
'
modèle
systéi;;ique
se
retrouvent
sl.lr la inétaphore. 'et l'analogie
même
si
leurs
façons
de
l~s considérer·à'des fins théoriques
ou pratiques divergent.
. \\ .. ,<
,
J
,
-.
~~.:. ~' '.:
'.' . ';".~
'\\ ~. ~ ~
'
'"
~....,'
- .~,
r~
~.'
~
.....
:::--~
-
Jlto
Tous ces parallèles méritent d'être approfondis tw1.-v'v
~vite~ et 4es caricatures et la tendance à poser l'approche
systémique contre une autre.
Seule l'indication re12tive
au symptôme,
au contexte microsociaL
et à
l'anthropologie
est déterminante.
Quand nous disons que
l'approche psycha-
nalytique n'e~ pas adéquate en psychopathologie africaine,
nous ne la rejetons pas
nous nous
fondons
sur le type
de culture,
l'éthos et
le caractère des
individus.
Il n'y
a pas d'antinomie entre les deux approches
elles s'enri-
chissent mutuellement. l'iais,
considérant l'aspect complexe
des
sociétés
traditionnelles et le fonctionnem~nt des psych~s
individuelles,
l'épistémologie qui
respecte cette complexité
para{t la mieux indiquée.
L'analyse des
cas cliniques et de
et
la dynamique du changer..ent Ide
la stabili té nous
confortent
dans cette optique.
Mais cette option de nature épistémologique nouvelle
s'appuie sur
l'ancienne tout en exigeant un niveau d'abstrac-
tion supérieur. Elle doit éviter la sclérose qu'entraine
nécessairement l'auto-suffisance car
"seul l'insuffisant est productif"
(H. KLYSU<LI0:G , cité
par E. MORIN,
in Nature de la Nature,
p. 197)
C'est armé de cet esprit et de ce m0d~le que
je vais m'efforcer
dans ce qui suit de rendre compte des processus sociaux
dans lfquels
sontimpliquées les
interactions pathologiques.
Mon outil conceptuel et ma méthodologie (tiffèrent de ceux
utilisés habituellement par l'ethnologie,
la psychiatrie
africaine et l'ethnopsychologie basée sur la sorcellerie
anthropophagie.
-
)41
C h a p i t r e l l
LES CONCEPTS SYSTE~IIQUSS et les PROCESSUS PSYCHOFATHOLOGIQUES
AFRICAINS
Une
logi~ue schismogénique chez les
i'iOSSI -
"Il Y a
àeux manières de se
perdre
:
pélr s égréga t ion muree
dans
le particulier
,
ou p~r
dilution dans
l'
"universel".
C L SAI 11 E -
Lettre à
~iaurice THGREZ , 1956
llc\\insi la totalité active signifie
l'immanence et
la surdéterminatioI
du processus
total en et sur chaqL
processus particulier. Le bouclagE
est
par là m@me la constitution,
en permanence
renouvelée,
d'une
totalité systémique,
dont la
double et r0ciproque qualité emer-
gente est la production du tout
par le
tout
(générativité)
et
le
renforcement du tout par le tout
(régulation)."
-
E.
;-.j 0
i?
l
N -
La Nature de
la ~ature ,
p.
lE5
,~.:". -~~.-' ~~.~~
. ~"'~'
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~ ~K~. ~ ~. ~ ~
"
"
_
Les
travaux
jusque
~~~:~~9~~';c~és ~.; l:~ê' plt?~~~~~~:,j.~:~f~~~.)?~~~.
la p s ych 0 pa tho log i e
e n
A~~~E~~~è!~!?U'~':~~~i~!~Ji~f:;,;._ :~:~~::~.:~.~~~~~
que cl e,"-'
sorcier s
anthropophages~: ou au:~re ~ c~,teg;.or:~e,s;.. agFe.ssl.ves
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ou arnbi valen tes déc lenchant 'la" souffrance sûr":le,s
individus
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censés avoir transgresse l a l.of, ance~~tr~,le.-';Cé. m()de, d~.. pense~;~
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:.;.c- ' __"';'''.''''_.
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::: ~4. _~.'
·~'I:"'~f:;::~~'~-'-{\\:,:: ..
--' \\:, " . ' : '
' . .~ .~._ ""
a
héri té des
concepts
forgl3s·"depuis
H~~: SI?ENÇ~R~~:.J'~LE,YY-BR.uHL.':~:...
en passan t
par
les
ps y ch(Ü~~e~' et 1er
~
• •
•
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"
•••
p~ychti't;~'~~':'(
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. .
_
~_,
. " OrvlB~·EDANE,.
..
. . _
_ R
v
H.
AUBIN,
J. C.
CAl\\CTI-IISRS i;--ju'sq~-i.à l ' E~;ole e:t~6~';ycîlè'1~'gi~~e
. _..
'
.>--.:';'~.~':
de
Fann avec H.
CC'LLO;·l:J.
"'"
.. ~ ,.~...,,-
. ~."'
~~:~ ~~~:~;~~ ~'"
_."-- :,:.,:'~;::~ ..
Le
poin t
fai bIc,
eu' éga·rd~.à: lei nécess ïfé:, dë·~i 1-' efficaci té··:-
:.
• • . ".._-;
• '. ..:':_Ot
• ...
::.
~\\:::-:' _w,f. ~~i,. '.~.:: .'.;.
'
:.. '
thérp2utiquc,
de
ces
mod-e~: d'approche~ consj,;§tè;,àéne' pa~- '.
discerner
l'imaginaire et'1e:,réel
;
l'~' d~gr·~:·~d.~.{~b;ièat:Co~
"":
.
:,-~~~,,,,-~
_'7"",r1O;·~
~~,~ -~.
_.
de 5
proces sus
primaire s'tans la:'vie s'o'cialé"e-t'" :insti tutionnelle
~
.r ;1:::'~'.<" ;.~ ..,
Ils
n'ont
pas
su définir ·les différents nive_âuX:i_~l-ogiques des
fac teurs
de
participa tion·~es·'m·~canis·~es·~-ps';7~:~~;Irg~iqu~~~~Il' '.
y
a
un imaginaire
priiraire ql.le LACAN eXPliqti~:bieri'~. qui' prend-,
sa source dans
une
réalit'é>sy~boliqu-e déjà ·îi·';{.rriàis .il
~.
,
,',
' ..'
, . ; .
devient
lui aussi
une
source
générative de 'r~~lii~'qui se
nourrit à
la fois
de
l'imaginaire primaire ét des
conditions
mat6rielles d'existence.
I l
s'ensuit un autre niveau imaginaire
que dé cri t G .
:}C~~_\\.\\fD (lui es t
de
l'ordre de 5
s truc tures
anthropologi0ues,
des
mythes,
des
st6réotypes,
et~~ •• Ce second
niveau n'est
pas
moins
réel que
le premier.
Ils participent
tous de
la réalité
par
le biais des interactions
rétroactives.
:e deuxi~me point faible
est qu'ils n'ont pas, su intégrer
..
~~
-
ces
matériaux ethnologiques dans un projet théraI>eutique
adapté.
L'expérience de
Fann avec H.
COLLOt--IÎJ~:~"{f;~i'tpu" être' '
plus
fructueuse
(c' es t
déjà app~éciable),··siY~ii~~~.:':ri~: s"é'~ait ·',c
.
- ,.
, ' ; '
. '
pas
essentiellement
sinonexclusivement""insp.i;~~du modèle
.
,.
, . '
.-...' ..
psychanalytique duel.
L.' idée
constant,e de COLLONB se ramenai t
à
établir une analogie
entre
souffran~'e,. état pathologique',
-..
<
"
' . '
-
' . , '
et mode s
d' agre s s ions
exté'rieU:~~ à l' individti:;:~'t",;/~'ode ct '~gre~'si
.
."),0;>
• , . ", ':'~.
~;.~
'.':.::"',,:~ .''';'';j~;'~~.~~(", ";~" ~,~: .~:.,.~.,..
-
•._-:.: .. ~
ou agressivi té
orale
;
entre.sorcelle.r.ie-antliropopha'gïé·'-et, :,..~{~~';.;:
'"
•
5
~...:~
~ ~,
~i;'- :i~~{~~·t~~"':i~;-'·;;"~·-
".
.
~;:.'i:--;):-
relation duelle mere-enfant· originelle
'~"';;;:;:·.·"'1:,J~''';
·r,;,,;.::;, ..
.. ·
.. ::~~r.:.<:/;.~:. ~ ;.,'.
.'~'~-
" h
. '
I l
"postule une filiation ou un rapport entre
la relation duelle
et
le
syst~~e sorcellerie-anthropophagie commun à
toutes
les cultures africaines"
(in Actes du Colloque de :·lilan 1976
, collection 10/18 p. 349)
La strat~gie th~rapeutique a donc ~t~ la r~plique en miroir
de cette dualité.
Enfin,
les descritpions globalistes et homogén~isantes
n'ont pas
permis de d~finir les fondements qui gouvernent
la dynamique du changement et de
la statinue de la société.
On se contentait de relever une certaine philosophie africaine
fondée
sur la notion de
"Ferce,
de Vie et de
l'E:tre"
(TE~iPELS , L. V. THO:',AS , KAGAHS , etc •• ) sans re lever le s
éléments sociologiques
et culturels à
partir desquels
s'engagent
les processus de diff6renciation.
Ce sont
ces
lacunes que
je vais essayer de combler en
m'aidant du concept de
schismogenèse.
La société f·jO':isi
sera
mon exel::ple
mais
j'admettrai que mes conclusions seront
valables pour les autres
sociétés africair'.es,
en partant
de
l'idée de C.A.
IHUP qu'il
existe une unité
culturelle
en Afrique Noire.
A
===========================~~==============
..':" ':'"1,.
>
•
•
LA F'OH.Cji DE L\\. bOI:TRADITIONNELU': CU "n.ôguem ;,iki"
==
~.~~~=.:=
:= := =: ===: ==: ==: ===:
==.= ==========: =: ====== ==:= =: = =:= =: =: = =
Le
"Eôguem rniki"
en Î'io~é,' c'est la traditionnalité.
C'est la répétition sécula~r:edes~fondementsde la sociétES
.""
.
et des règles qui gouverneÇl~.~ les comportements
comporte-
.~;;.;.;,,: • .
-
'i""
monts
interpersonnels
sur r'é:: plan ho~izontal et vertical
comporter:1cn t
cogni t i f à
l ' ~~~ard de la nature
les rapports
du réel, des structures pr~'t~~'~s 'et d~ sacré
pra t i ..i u ,) s
religieuses
les rituels ~~1':~lé~ration et d'initiations, etc
En bref,
le
"rôguem miki"·;~<!.est;le Droit
c'est la source
....~~..--:-
,
du pouvoir,
de
l'~ducation.~~ de:la morale. Il constitue
-~~.
le ciment de la vie social~~~: de tout mouver:!ent. Il est
..':.'
l'institution id~ologique légitimatrice de la justice, des
éch:,nges
,
ùes
alliances
sèhtimlimtales exo-end0G'amiques.
Il n'est pas d'acte individuel ou social qui ne s'y réfère.
Le
"rôguelii miIti"
est essentiellement caractérisé par la
permanence,
la constance,
l~invariance, .sa fonction de
s~curisation et de protection et sa légitimation ancestrale.
Ces différents aspects'trouvent leur force dans
la
coloration religieuse
impoFtante. L'animisme structure tous
les gestes et les ancStres,fondateurs du clan en sont les
éléments signifiants du dis~ours. Or, comme dit le poète
~--
-
Birago Diop
:
"les morts n~': s,'ont plas morts":
ils sont
partout, dans l'eau,
dans
l~s arbres, dans l'enfant, etc ..
._,0-
•
Depuis
l'éternit~ ils rest~h~ iesmêmes.
- 345
~
,
::'.,
-~
.~~i·~
~,
'~~';
'j~
"."
>~;
'.,.-
,',
,
L :
Le ci~entZ~et:'igi~ux du
"rôguem miki"
constitue une base
: -. '
~"-~;;'"
,,'
~,5{;i~§f~~~Â~SOl~!;d~k~~~~.oh~~.ipt,};~~sq~.,~l~.t".~~~~Q;~ da~~, les espri ts ances traux
,.
.
et la force, qu:'~' l"asc~endance acquiert dans l'au-delà garan-
.
-~~.
-'
'.:,
tissent la', "S'écurité' ontologique"
des vivants.
Les
frag!:'J~nts
.:."
--
de-condui'te' sàht iégl,és et peuvent être formulés
en schèi: es
~-'i:'
logiques ctans:ke ~'adre de la Loi ancestrale. La tradition,
élément fondamintal de la stabilité sociale et des compor-
.:;-
ten:ents,
se ca.rac~érise par son invariance, sa force cohésive
et normalisa trfc e " et sa fonc tion protee tri cee t
ras suran te.
El.le est la prémisse 'majeure des conduites sociales et
indi-
'~':i"
-
.
viduelles. ElJ.:~: e!Ü analogique',,,,,,,"
de l
~ - :
t é thos
des la tmul •
Esp~ce de~ vie,o~:oml~un;' ~bstrait~'.-'des institutions et élérTH::nt
~.
'~;:
" : } ,
" 'Z
organisateur d~s tnstincts et des émotions des individus,
c'est ~ partir~d'elle que les mod~les interactionnels inter-
, '.,.'
individuels so~t intelligibles.
't.."..,:,
.' ~.
~i;~~
Une tellé. étude que BATESON appelle éthologiC[ue,
qui
est une tentative d'approche de la tonalité affective fon-
-
damen tale, a
t'endance, à ac c en tuer l ' aspec t
s ta tique en norr:l;::c-
lisant et en homogénéisant; ÈJ. l'inverse elle minimise les
facteurs de ch~ngement que portent les processus de ctiffé-
rencation. Il nous faut donc savoir si l'6thos ~iossi, l'cithos
africain,
estdifférenciable et selon quel mode oppositionnel.
Il s'agit de définir les conditions et les éléments psycho-
sociaux déterminants de la schismogen~se, modèlR structural
de la dynamiqt.fè et de la statique sociales.
N'ous éviterons
ainsi les conc~ptions globalisantes des Ecoles évolutionnistes
et de la psychologie primitive.
~
Le probl~~e est complexe , mais je choisis arbitraire-
ment de consid~rer deux logiques schismogéniques. Elles sont
relatives,
en ëe qui regarde la premi~re, au rapport inter-
sexuel et la d~uxi~me à la question du pouvoir.
Sur le plan
".JO••
-~. :..
cul turel globa~, ce s,ont des facteurs, de différencia tion et
{~~ --.'
de sUbdivisiori~~étholo:giques.
'.
'-
~::
'
-,,:
...
;11'
- )46
A l'intérieur de
chaque
catégorie
on observe des
ph~nomènes
g..
~;.--~-' ~.. "';" ,. ··d:'·ident;fJ.· c., .;.. . ons
qu i
.'1. ·~~~1~-:~~~-:':; .
traversent
les
frontières
des unit~s
.!..:.i""
.~.:..:.s.:.::::'~~
,,:::,-:--._........_
~._."
'-'- 1-, l
."
cat~goriel!8s
culturellement d~finies selon la consanguinit~
verticale
et
horizontale.
J ' a i
parlé dans
le
chapi tre
pré c éden t,
de s
deux
terr.:es
de parenté
lIyaguenga"
et
"yesba"
à
partir desquels
i l est
possible cle
~J: n,: trer la CL!l ture ~·:ossi. Il é tait apparu que
le facteur
iessentiel de
separation,
d'hétérogénéisation se
situe dans
123
différences
sexuelles.
Les
structures
sociales,
les
rituels,
la vie dans
la famille,
l'organisation architec-
turale,
défLnissent
des domaines
réservés
à
l'un ou à
l'autre
sexe.
La
lisne de démarcation est
nette.
Les
focctions
reL:ctives
aux rites
sacrificiels,
les
comportemen 5
jugés
conformes aux recommandations des
ancêtres,
par conséqu'2nt
responsables de
la sécurité du clan,
sont
as sumés
par 1 e s
hor::me s •
Ces derniers
détiennent
le
pouvoir
dan s I e c l Cli 1 e t
cl ans
les
s y s t è nie s p I u s
r est r c in t s
c 0 mme
la
famille.
Le::s
Cen:rï:es
sont
récluit,:~s éHl rt,l(~ cl'obéis~.,ance,
d'exécution
leu r 5
a ct i vit ssne les:;: e t te Tl t
pa s
e Il rel é'. t ion
a v e c I e s
cU 1C ê (; r es.
L: n
2. d age
:-: 0 5 :; i
cl i t
ClL~ e
"la femme
f~t
Le
gamin sont
t;quivalents"
du point d0
vue des
fonctions
de
noblesse
et de
cunservation
du patrimu,
classique.
~.a rel::ction fei':me-hom!~.e est clonc
assise
sur i!n ;::odèle
schisl:iogénique
cor.:plémentaire
protecteur
faible
a '.r t 0 r i t air e / s 0 un: i s
c'est
un mcdèle
analogique de
la relation
parents/enfants.
Cet te
ce la t i on c ompl 8D'cn taire
est
une
donr:é e
fonc:laiil<;n tal e
dans
nos
sociétés
traditionnelles
et sa connaissance
s'impose
à
tout
clinicien
c'est
elle qui
éclaire
les différentes
distorsions
communicationnelles
Les
confusions des
rôles
les déplac .. cnts des
statuts
culturellem'.~nt définis
les
paradoxes
!.:; 1: C • •
)47
..
.:
~;'f(Ui&
;-:-_;.:;.~ ::l'~---;·
....,
•
~~._.
~: ~::~
"f.
Ainsi observe-t-on clans
l'évolution différenti'el',lè': dès groupes
"
.. ~:~-~".·~t~~ '.:
familiaux,
des
"faliiillüs
mortes",
4.~s':Wn-9~~t~..Jfr~~~~...o!'-"parce
que
le s
rnodè 1 e s
in t crac t i onne l s
qui
l efrégis~:~~( .'dé'êrochen t
, ~\\"-:- ... ~ '. :~ .
par rapport aux attentes
ext0rL~ures et' interieUres.' Comme
-::, -; ._~. ::."-"
.,
~
' , .
~,..:,.· ....t·;": -'., -.'"z·
.'
certains
cas
cliniques
l'ont montré,_ d~.s peres;~..den,!issionnent
et ne
préfigurent plus
les
repères
anc;straux~~i~uels
."';-,", .-
s' iden t i fi en t
les
en.fan t s i l s devienn'en t
faîcrt;':~ effac é s
-,-"';-~.
:-.~~.\\'-
:.
(cf père de
Alass.:ne
Kane
et Guy S i n e ,
cas n.? f3;et 9)
Les
mères
qui
se voient
investir un rôle
patern::~i~"sont mal
'. -, :::j ~:
prépar~es. L'anarchie s'instaure dans le syst~~~~'~faute de
. - ...~ ..~ ".:
pouvoir pro po s er aux enfan t s
de s
po in t s' de
repè!rè-:~{ s~l ide s
.- ~:., -'~§?7
.
et culturellemcnt valorisés.
Les
frontières
entre;le~ sexes
..: .._~l.~.
et
les âges deviennent
poreuses;
les
êthos aritér'ieurement
~ ~~"
.. -.
~
différenciés
se
confonè,ent
et
l ' inclifférenciatidD;,-qui en
résulte
entraine
celle de
l'identité individuelle;
.'
".
- ,,~
.~
'.
. ".,
..... -.:.-
.....
J'-;-~' ~ :'_:-.~'
Dans
de
tels
groupes,une aiternative
se présente à
ceux
qui
y
sont
engagés de
façon vitale
ou l'ana~ch{~ e~t telle
que
les
modèles
comportementaux devienrient
'incontrôlables
",
dans
ce
cas
personne n'attend plus
rien de personne;
pas
de
confirmation mutue'llc'
;
pas de
coordonnées d'autoconfirmatior
Le
sy tèn~e s'emballe.
Ou
les 11l0rl.èles comportementaux sont
réduits
;iU
maximum.
L'espace de vie
pour un Moi
souple
se
comprime.
La li~litation des
conduites
engendre la routine
et les
confrontations
qui
n:sulteront de
l ' e f f o r t pour occup,::r
plus d'espace
pour être mieux qu'autrui produiront des délires,
des
hallucinations
etc ••
Les
individus engagés dans un tel
groupe naturel
s'alièneront.
Ils adopteront un repli défensif •
.:". . .-.~
,.
~ .~~~?- ..
Or,
un système
fonctionnel
dans· nos
sociii';-se nourrit
-
"
de
plusieurs
modèles d'interaction tout
en se,ré~érant à
la tonalité affective.Les
éléments
y
sont à
l"'a:is~:' ; les
rôles
et
les
statuts
sont définis
mais
seulement· dans un
cadre général de
référence
servant à
résoudre ~i~s~~etits
c o n f l i t s ;
ainsi
i l ne
se
rigidifie pas:'~ Ce cad:;e~t~uJ;turel
génç':'ral
obéi t
au cri tère de
la schismoge~èse ?'q~·~:·i~m~·ntaire•
.,.;}'-5~"~~~:;:
. ~'~:'"' .
-
J48
Lorsqu'un individu H pose un acte,
i l est a
priori
autoritaire vis-à-vis de l'individu F. H,
l'homm~s'attend
à
ce que F,
la femme,
réponde par une soumission. Si l'inter-
action est normalis'e selon l'ethos,
cette relation doit
être respect~e. F renforcera de par son comportement les
motifs et la
pérénit~ des r~f~rences de H qui s'efforcera
de maintenir cet ~quilibre. Dans un tel système patriarcal
la femme appartient symboliquement à
tout le clan et non
à
une personne.
L'alliance n'est pas duelle
;
elle est
syst~mique. Il en est de même pour le mari dont la possessivit~
plurielle est renforc~e par la polygamie. Dans les familles
traditionnelles,
la femme ne dit pas
"mon mari"
,
I!lais
"notre mari".
Ainsi,
quand un hOl!lme,
pas seulement le mari
"réel"
appelle une fe~me, pas seulement sa femme
"r~elle", il
attend uné r~ponse typique
"Tom mah"
(je suis prête
à
servir
envoyez-moi!)
Quand i l ~'agit d'un enfant, appel~ par un a!n~ ou un "père"
(oncle ou autre)
i l répondra
"Naa ba
1"
(Oui,
chef !)
Dans
la dynamique interactionnelle,
la conduite de l'un
répond à
l'attente de
l'autre. Elle combat
la variance;
~carte ce qui introduit le d~sordre dans le système : les
innovations,
les dissemblances,
les ~carts
comportementaux
ininterprétables,
etc ••
Le système est stable
les conduites qui ignorent
les règles amplifient
l'~cart entre les comportE'filents attendus
et la conduite r~elle ; la déviance est l'expression de cet
écart,
de cette variance
elle est le produit émergent d'un
schème comporte~ental progressif et cumulatif. H. deviendra
plus autoritaire,
les garçons du clan devront s'identifier
à
ce modèle
;
F se sourettra davantage
,
les filles devront
apprendre ce mode de comportement. C'est ainsi que le système
tient.
. . ::-~". '- .., -~~~
......
, ' . '
=
"1W"f?'
Définissons le modèle interactionnel régulé sur lequel
le ,groupe familiale'st :assis .comi:1e étant un r.lOdèle schismo-
"
..
~.
génique compljmeniaire~hor{zontaldont la symbolique sexuelle
constitue la ligne de 61ivage' essentielle. Nul ne peut
comprendre une famille ';-Mossi en tant que groupe naturel
s ' i l
'; n'intègre' pas l'éthos commun dans ces observéttions
e t à partir, duquel les àutre~: éthos se différencient et
auxquels appartiennent les deux sexes,
les puînes et
les aînGs.
Il existe un autre mode de différenciation qui suit
en parallèle celui ci-dessus évoqué:
c'est
la question
culturelle du pouvoir et de sa conqûête.
Le systèii:e de
pouvoir ici est fondé
sur des droits et des obligations
statutaires qui fonctionnent selon le mode de différenciation
hétérosexuelle ci-dessus décrite.
Ce que lIon doit est déduit
de ce que l'on e s t ;
et cet @tre,
qui n'est pas un état fixe,
se définit par son 'statut et le rôle qui
lui est assigné,
eux
m~mes trouvant 'leur signification dans l'espace_temps étho-
logiquement caractérisé.
L'identification de la place ou de la position que
l'on occupe se .laissestructu~er par la verticâlité hiérar-
chique,suivant l'âge. Nous sommes dans la sociét('· ;-',ossi com:1~e
dans la plupart dessociétés,traditionnelles africaines, dans
. un·.~ystème ,g~ro,nt?cratique ; ,et le pouvoir est le fait d'une
inve.stiture cérémonielle et eh même temps et surtout la
manifestation d'une reconnaiSSaJ1Ce sociale. Le point culturel
relatif au pouvoir obéit au critère de la schismogenèse
_..
-
com~lémentaireverticaie •. Le droit d'aînesse prime sur celui
du puîné qui ,reste soumis au premier.
':".
- Cependant,
i l ne faut pas voir dans
Ja
société }iohsi
.~
et 4ans' iéss~ciétés:·africaines en gÉnéral, deux modèles
'!!'~
- - ~
-.....
:".~~ ~ ..... ~.. ,~: ...'::-.",-.: -:_.:.. :~ ~,. ~~~~ "r->"':':'
"':-"': ..
~~~~~~~"~~~~~~~~!~~~~~~~~un
horizontal,
l'autre vertical.
';~ -<
," - . '~,~·t.
Ils ~ ne sontpàs'/:f'.ixès/:;j:fmperméables et ir::I!!uablc s. Il Y a un
:.' :/~.< ..·~~·mouv·ement.ci'j,~'~~·:icat~.i'o~\\~t ',d/~rticulation du vertical et de
'~7_\\' .. "
_.;: .~':~:":~~~:-. '~,/). ~.t:..,·
". ;..~.::;. -- ,-::: -;:.
;'.:-.,7 -' ~;.: .:.~;"? ~:'-:.'::. ~:-~ l~~'~' *-:i~:~ '." ::'':~' lJ~!l.. "
';.-"'::,
~::. ,:'.;. l' h~:ri~ontal t :~ d;u :,dié\\sJ{~?n~.q..:~è;:e t du s ynchroni qu e •
-~.
- ,- .,-~
7
•..•••~t?:.
.
, .::'
.~r....~:.:
"
. ..
~'
'..
- 350
Ce mouvement manife:c:te
et introduit des relütions d'égalité.
Un pren.ier mouvement re'nvoie à
un niveau fantasmatique
dont
les représentants
comportementaux dans
les
rituels
les mythes,
etc ••• donnent leur coloration imaginaire mais
réelle.
Il existe dans
les
cér~~onies funéraires Mossi une
séquence dans
laquelle ce désir d'égalité
est net.
La
"koupoaka" est la
fille ainée du défunt
elle porte les
vê-tements de
ce dernier et
s'en sert pour défier les hommes.
Elle devient invulnéarable et en profite
l'espace de
quelques
heures pour se d6fouler sur eux.
Le processus de
la prise du pouvoir est révélateur d'un
projet infantile mais
refoulé.
I l
est,
selon l .
SOW,
la
manifestation spécifique du cOI,-plexe d'Oedipe en Afrique
"il s'agit bien,
ici,
de 10. destruction de
la
"gravitas"
par la
"céléritas"
(psychiatrie dynamique africaine,
p.
227)
Il Y a
toujours désir de vaincre l'ainé pour accéder à son
statut.
Cette velleité ne pbUt trouver r~alisation que dans
un acte
"politique"
c'est un
"régicide" politique
i l
s'agit de renverser et de
changer le cours
socio-historique.
Le projet oedipien est paradoxal
l'anti-castration: le bl,t
visé est
la disparition de
l'ainé
ou
l'accession à sa place.
C'est le phénom~ne de la pr0férence parentale pour le plus
jeune.
Le deuxi~me mouvc.,'cnt ct' irnbricél tion qui a
tendance a
établir l'égalit:é
se Inanifeste sur trois
plans.
Le
premier,
c'est les différentes
str2tifications des
couches d'&ge.
Il s'instaure des relé, tiens ct' égali té entre can,arades dl âge
qui
chas s en t
enser:,bl c e t pa rtagen t
le s
nlême s
pro bl ~i;;e s
générationnels.
Généralement,
ils
ont été
initiés
la m~me
année et circoncis dé.<ns
le r:îême
"Kêûgo ll
(lilaison en paille
construite ~ l'ext6rieur du village en vue d'abriter les
néophytes circoncis).
3.51
Le deuxi èl:le plan est un f~, i t
cul ture l
ce
sont les
relations de plaisanterie appelés
"dakïrè".
Selon certains
terrr.es de relations bien définis dz:ns
la société }]ossi,
i l
s f établi t
des bouleversel>,ents qui mettent en échec les
processus de différenciation structurés
suivant
l'âge et le
sexe. Ex,orr:ple
entre
les
femmes de
l'oncle et son neveu
entre les fer!lmes du grand frère et
son peti t
frère
etc ••
Sur le plan verbal,
le
"dakïrè"
se manifeste par des attaqu8s
humoristiques,
de
l'ironie et
jusqu'au sarcaSGe.
Les relations
d'obligation,
d'obéissance et de déférence
consécutiv0s au
rang,
sexe
et âge
sont
abolies.
Ce mouve;, ent
est
ordonné
dans un espace
te~ps circonstancie et investi de
symboles
sexuels et mythiques.
Enfin,
i l existe des
identifications verticales et
croisées dans
les diffé~rent5 éthos qui minililisent les facteurs
de relation compl~ment3ire et hi~rarchisée. Ce sont des
identifications qui
figurent à
la fois
l'âge,
l'ainesse,
le statut de puin~ et le sexe. Elles intègrent en môme temps
le phantasme collectif de
la cons,:rva tion de
l'ethnie au
niveau bio-culturel.
La réincarnation et les identifications
aux
"pères"
sont à
prendre dans
ce sens. A travers
la réin-
carnation,
le descendant perp(~tu(' une figure qui se matérialise
par la Loi
c"est ]a figure ancesTrale.
L'enfant,
par
l'héritage des
principes
spirituels des ascendants,
établit
un lien biologique,
phylogén~tique et culturel qui f8it de
/
lui un maillon essentiel dans
le
complexe social. Element
indispen~able du phylum social et du développement de la
personnalité du groupe,
l'enfant réincarné acquiert un statut
valorisé. La positivit(~ des rel;;,ticns confirrnatrices (jui
l'entourent
se l i t
également en ce
qui regarde
le processus
d ' ide n t i f i c a t ion à
l a
Ir: ère
pz, l' l ' in ter méd i air e d u " y a gu en g a "
chez les 1<05si.
Corr.l11e
le note
"
tout se passe cornille
si
ces conduites
collectives visaient
à
secouer,
au niveau du psychisme profond,
la pan-structure
rigide des statuts,fonctions
et r81es
sociaux quotidiens".
(Psychiatrie dynamioue africaine,
p.
237)
mer'd"'3'iZ'ttt$fTFE
- 352
Ces mouvements d'imbrication,
de recherche imaginaire ou
r~elle de l'~galit~ obligent à parler de schismogenèse syncr~
tique entre certaines cat~gories. On pourrait ~voquer également
l'acquisition du sa~oir occidental qui modifie les phénomènes
relationnels impliqués dans
l'autorité.
Les processus de différenciation sont donc
très complexes
l'ethos fondamental
commun se subdivise entre les sexes et
entre les âges.
j'.ais ils ne sont cependant pas immuables et
hermétiques;
ils sont en perpétuel changement,
revitalisés
par les rituels
,les initiations et autres formes d'appren-
tissages. A l'int(rieur des systèmes ouv~rts, des é16ments
naissent,
grandissent et disparaissent
l'~volution est aussi
nécessaire que
la stabili t~. Le changef;'cnt et la stabili t~
tiennent à deux processus contradictoires:
d'un côté,
et
c'est,:manifeste pour celui qui ccnnaît la tonalit~ a:ffective
africaine,
nous avons des facteurs d'accentuation des
différences, soit sur un mode
fomplémentaire
soit sur un
mode symétrique:
c'est le cas de
la définition précise des
.
statuts et des rôles suiv&nt le sexe ou l ' â g e ;
de
l'autre
nous avons des facteurs qui d'opposition aux processus de
différenciation "qui co'nduisent le systèii:e vers un état
d' ~quilibre dynâiiïique stable.
Il reste que
la
tradition,
le
"rogem miki"
favorise
,
les forces d'intégration et de cohésion sociales. Les
observations cliniques
et ethnologiques ont largeffient abond~
dans ce sens. Ces forces d'intégration trouvent
leur origine
dans les processus priméiires individuels que
l'on retrouve
secondairement dans
les institutions et le mode de fonction-
nement social.
Les pulsions sont des facteurs de fornution
des institutions.
~dt T~·,i~:{=t.::;C'estr ceqùi res"Sort de notre propre observation sur
...
..~ .: .
le plan clinique qui laisse apparilitre un
jeu perpétuel entre
.~~:; ~.:~.' ~~.
l'individuel et
le C-r0upCll
;
le prin:aire et l'institutioimel •
• ~_ ..... r"r·:.
~
•
~.~
c:-
j .. ~.•:. :.- '.~
J5J
C'est ~e que également,
ELLIOT J;\\üUj~::;
(Psychologie sociale,
Textes fondamentaux anglais et américains)
essaie de rendre
compte.~ l'aide de deux modes de drfenses primaires
défenses contre
l'anxiété paranoide et d6fenses
contre
l'anxiété dépressive.
Pour être concis,
disons que
l'auteur définit la défense
contre.. l'anxiété pélranoide qu'il
emprunte à r·j.KLl:IN comr.'e
un mécanisme projectif qui peut se r~sumer de la mani~re
suivante: dans
le
conflit qui m'oppose à
l'autre,
je dois
être le premier à
tuer car mél vie d~pend de sa mort. Ce mode
de relation se
traduit en clinique africaine p~r la fréquence
élevée de délire de persécution.
Sur le plan social,
i l se
traduit,. par l'existence de
structures
scciologj(~ues aGressives.
Ce fait est un repr~sentant de pulsions primaires projet~es
la méfiance au
stade inf&ntile oral à
l'égard de
l'objet-
sein maternel faisant
défaut de
temps à
autre,
s'est projetée
sur les institutions
les acolorées
en a même
été un
factetir de formation.
Cela se traduit par l'existence de
sorcie~s-anthropophages, des magiciens qui vont
jouer au
niveau':phantasmatique
le rôle d'a[;resseur-agressé.
: En réa l i t é,
ces
é 1 é r;', e IL t s son t
des
su b s t i tut s
s ym bol i que s
d'aff'ec-:ts agressifs prin:z,ires
ils relèvent du registre
imagin:_âire.
Pour résorber cette angoisse
1", société a
in~;t<luré
des·str\\jctures
et des
rituels qui dci\\-ent servir d'exutoire
po~~_l~s violences éventuelles. Ils ont une fonction propi-
.
~
f
tiatoi:r:'e. En effet,
Denise L\\U]'-;L'
(les gens du riz)
,
'v.
V.-TURNER
(Tar.;bour d'affliction)
et A.
DOUTRr:LOUX
(l~bm~re des f6tiches) dans leurs recherclles ethnologiques
arriVé:n't à cette ccnclusion. La dra,,:atisation par le rituel,
.
..
'.
'
....:.,.~
dei cd~f'lits sociaux
joue un r81c de
propitiation pour la
c~~m.;:"l}~~uté et pour les individus en ce qu' eJ le fonctionne
d~§~t:..é;;:psychisme individuel et l'inconscient collectif
- ..~ .......-:-:.-;. -7 ::'!"
coinm~·.~~n exorciseur, un modérateur et un régulQtcur des
inte~~J~ion5 bl00uées et destructurantcs.
~"~~.~'~~Z:j;i'.~:::
.. - "',,::, -'.~",.: ~.~~.;
• J_
.
','- ':
..-'~...
.
..
~
- 354
Par son symbolisme basal et sa mis~ en scène des modèles de
communication qui gouvernent
les
systènJes
familiaux,
le rituel
est ~ la
soci~t~ traditionnelle et aux sujets ce que le
psychodranle est aux groupes en Occident.
La défense
contre
l'anxiété dépressive
suit
le
schéma
inverse.
Cette fois,
c'est
le
sujet qui
se préoccup~ d~
sauver l'objet aimé à
travers lequel i l
se
sent vivre,
au
point de
se sacrifier par amour de
cet objet.
Ici,
la m~re
est devenue
"bonne"
alors que dans
l'anxiété paranoïde
elle
étai t" mquvai se Il.
Dans
le cadre social qui est
le nôtre,
les institutions,
les groupes,
les
familles
et les modèles de différenciation
dans
leur dyn~l1:ic,llC intcractionnelle sont les substituts
symboliques de
la mère.
I.e
sujet en est d6pendanL.
La coh6sion
sociale est une
condition vitale pour lui. En somme,
l'identité
passe par la sociabilité,
les structures symboliques
le
sujet s'en nourrit comme du sein maternel.
Il
s'ensuit une
socialisation par identificaLion,
idéalisation des
forces
occultes et mal~fiques dont les sorciers-anthropophages.
La dépendance bio-psycho-sociale préfigure l ' a ttacher.lent.
La forme
sociale de
la
relation qui s'impose,
engendre des
séries d'identifications qui,
dans nos
sociétés de sollicitude
et de pr~sence soutenues, amènent ~ nier les affects agressifs
des structures
ext~rieures. L'autre est devenu "bon". La
cons~quence est le d6veloppem~nt de la vie com~unautaire
le groupe devient
le
"bon objet" auquel
on s'identifie
i l
a pour mission de protéger,
de
sécuriser et de
rassurer.
Ce mécani~me casse la logi~ue de la paranoïdie selon laquelle
ma vie dé, end de
la mort de
l'autre priiTIitivel::ent présumé
agresseur.
"" 355
De ce qui préc~de i l apparait clairement que :des
pulsions primaires psychotiques
(parano~des et d~pressives)
agissent au niveau des
faits
sociaux.
Il s'~tablit une com-
plicit~ inconsciente entre les individus en interaction
pour faire usage des structures et des
institutions. Ce
processus renforce en retour les sentiments d'appartenance,
d'association,
de coopération et de d~fenses internes contre
les conséquences de
la transgression des modèles de diff~
renciation ~tablis par l'éthos fondamental,
le
"rogem miki".
On peut établir èes
isornorphislilcs fonctionnels
et diff~ren
ciateurs entre les
insti~utions, les groupes, l'~thos et
les psychés individuelles.
Ce sont
là Ip.5
facteurs
psychologic,ues et institutionnels
de maintien de
la dynamic:ue et de la stabilit~. Ils participent
diverscment à
cet é~at et en tous les cas la coh~sion sociale
et la stabilité ont tendance à l'emporter d8ns nos soci~tés
africaines sur le chrlngcr;,ent. L'~quilibre dynamique auquel
on aboutit s'ajJpuie sur l'homéostase sociale et la minimisation
des facteurs
de
contraste
inter-ethos,
inter-groupaux et
inter-individuels.
Vu même coup,la force de
la tradition se
trouve valorisée et
,a normalisation psychologique renforcée.
Les conduites individuelles se doublent de deux processus
de groupalisation
l'hypopsychologifiation et la ,surcultu-
ration.
A cela s'ajoute le ph~nomène religieux;
on comprend
aisément alors pourquoi
l'invariance,
la statique, le
maintien,
la conservation des mêmes structures s~culaires
et la nécessité d'int6grer l'emporte sur le changement.
"La notion d'ordre étant au coeur de
toute religion e:t la
religion modelant
Jps
structures
famili~Jcs, cor~or~tives,
étatiques,
elle est le souci primordial de la soci~té
africaine
elle ir:rprègne profondément la cultur,e".
_. __ ',
(1.
SO\\\\'
les s truc tures anthropologique s de r~ff~1~i~~trl~:'
.... ...,
Afrique Noire
p.
I I I )
"~
, . . "
0;>-"
~ ;. :i _~-- :
~~c~ :i~~~i-:, ,'~'~, ..
..
:,; >:J?~:':"':
- 356
Ces d~veloppements sur les processus de diff~renciation
ont montr~ l'importance de
la force
de
la tradition en
tant que d~terfi1inant essentiel de 1;:, stabili té et de
l'hom~ostase sociale. Ils nous conduisent ~ ~mettre
l'hypoth~se que les sociétés africaines sont des syst~mes
à
" d ~ ter min a t ion t rad i t ion ne Il e "
( Il.
Hl j~ Sj,lA KN )
Ce type de société a
tendance & former des individus ayant
m@me
caract~re
que ses propres
structures
et motifs.
C'est
cette détermination caract~rologique ou typologique qui
fera
l'objet de
la discussion suivante.
Elle
sera int6&r6e,
comme élélilent de
lecture possible,
dans
le
processus
interactionnel de
la survenue de
la pathologie Inentale.
- ? l U Z ·
- 357
",B
- LES ELEL:...:NTS IKTLRACTIOKNLLS Dl] CHANGEI\\;:~NT
================================================
CHEZ LL5 HOSSI
==============
1
A PRopes DU CARACTERE SOCIAL
La discussion sur les processus de différenciation
et d'identification en rel~tion avec
leurs
fondements
ethologiques resp8ctifs dans
la société ~;ossi nous conduit
natu~elle~8nt à nous interroGer sur le car~ct~re de la
personnalité.
Une
telle d~marche peut p~raitre anachro-
nique à
un mOIi:(~nt où d 'une p;:~rt la g,:lH::tiCjue des populations
affirme et Illet
l'accent plus
sur les différences inter-
individuelles qu'inter populationnelles,
inter-groupales
. \\
ou inter-raciales
et d'autre part
la notion de personna-
lit~ de ~ase s'est vue éclipsée pur l'analyse des él~ments
,
cir~onstanciels
et
situationnels dans
lesquels
sont impli-
qu~s. ·des :indi vidus.
"Elle présente
cependant
l ' avantage de m:;rquer le
lien
entre lelf condui tes et
18
cul ture,
de
circonscrire ce
lien
dans'uncontexte naturel
observable etde nous défaire des
<
mod~les ~thnopsychologiques et philosophiques de SPENCER ,
'...
LEVY:BRUijL,
TLLPELS
(la philosorhie
Bantou)
,
de KAGALE
(l~.;phil~.soPhie Bantu - nm,'andaise de l' ttre) etc ••
De -pius, ·:1' t~tude des caractéristir.jllPs comr.lunes dans la
"
diversit~ interindividuelle débouche sur une pratiq0e
~_.__ .,_.~_._.. .:..;..;_.__ël;i~'iq~~::·familiale LJne telle étude est donc opératoire.
0
~~~~-",;~<;1j..lf~"'''~.~~~'qh:;~~~E:~~'''~~
.;~~~'4 r:
.. ~
- ·
- 358
( ..
Connaissant
l'ethos à
partir duquel
la différenciation
inter-individuelle est possible,
i l
est
facile
pour ie
thérapeute d'émettre des hypoth~ses sur les comporte~ents
normaux ou pathologiqlJes.
Il pourra discerner les commu-
nications brouillées,
les
ccnfusions de rôles,
les mod~les
mystificatoires,
etc ••
et
leur signification sociale~
J'a i
pa rI é d e I a
soc i été ~; 0 s s i e 11 t c: r ln es des 0 c i été
à
IIdéterrdnation traditionnelle ll •
Ce
concept est de
D.
RILS:',AN
qui
l ' a élaboré dans son ouvrage
IILa foule
solitaire ll pour désigner un type histcricjue de société
qui p r ê t e s 0 n car 8. c t ère ~J.
s [' s
me 1; ibr es.
Il
le définit de
la mani~re suivante
" La soc i été à
for t
1) 0 t e 1"; tiC' l
cl e
cre i s san ce é l ab 0 r e,
C]l e z
ses emembres les plus
typiques,
un caractère soci8.1 dont
la conformité est 3.Shur·~:'e pélr leur tendance il suivre la
tradition
je les appellerai les individus à détermination
traditionnelle
~radition directed) vivant dpns une société
basée sur la détermination traditionnelle."
(ibidem,
p.
2~))
J'en:prunte
ce concept pour caractériser le mode de
fonc t i onnemen t
ind i vidue l
1';0 s s i e n
c ünforrni t cS avec sa
société
Cependant
je fais
une réserve
sériGuse sur'le
.~ -
crit~re démographique du concept. Je pense que si la..
quantité est un facteur de modification,
elle n'est pas
déterminante.
Les
précédentes réflexions ont r.,is
l'accent sur la
force
intégratrice des
repères sociaux.
Je n'y revienàrai
plus.
Cette
tendance culturellernent
'i1odélisante conduit
à
un état d'ésprit,
i l
ne
élaboration de
ce qu'on appelle
"car3.ct~re social"
(D.
EIES!'iAN)
ou
IIstructure cara.é:té-
::0:..
rielle commune ll
(G.
BATESllN)
-:~- -
'.~. '.
{~
.,,,,~
-
J59
De plus,
ce qui précède nous a
révélé que
la structure
d'ense~ble de nos sociétés traditionnelles, de p8r le
caracfère oral de leurs civilisations,
du mode de
conservation
et de
transmission du savoir,
favorise
la vie
communautaire,
le groupe devenant,
grâce à
sa disponibilité et à
sa fonction
protectrice et sécurisante,
le
"bon objet"
auquel
on doit
s'identifie~. Ces identifications se traduisent
par une
ouverture personnelle vers
l'extérieur. La persunnaJit(
est en perpétuelle h~morragie intérieure. Elle se rend plus
réceptive au regard de
l'autre.
L'individu est p; r
les autres
Ips
structures symboliques diachroniCjues,
les ancêtres,
le
macrocosmos constituent son cordon ombilical,
le garant de
son iclen ti té par la réincarna tian.
Le s
s truc tu re s
s ynchronL,ue s
les caE,arades d' âge,
l ' el~ tourae;c
imm'·'ciio. t,
le J1l'~:socosmos
assurent dans
le contexte
ici et h:,inten;"nt
sa propre
survie.
La contrepétrtie de ce
syst(;:;;e de vie'de f u I e ,
c'est
l'abné-
gation,
l'altruisme,
la solidarité,
l'influence extérieure.
Ceci
permet d'avancer que
le
.ossi,
IT,ais
c'est aussi
va,lable pour les autres
ethnies,
n'e:::t pas
seulement "tra-
ditiorinellement
détermin0",
du fait
de
LI
forte
tendance
à
la stabilité, de la traclitiol1lEtlité,
du
"rogen:-miki"
i l est également
"extro déterminÉe"
(othE:r directed)
Je ne {prétends donc
pas,
comme chez D. Hli-i''-.ÀN,
que ces
deux types de détermination sociale corre~pondent à deux
sociétés historiquement étagées
et diff~rcnciées. Ils sont
fortern,nt
correlés
la déterminaTion
traditionnelle d,:veloppe
et ac~entue les tendances à la stabilité
à
la statique
pour ce faire,
la cohésion sociale
l'intégro.tion,
la
normalisation psychologiGue
sont
les moyens
que
la société
met en oeuvre pour pérenniser sa traditionnalité,
son
"roge~-miki". D'où la survalorisation des dimensions identi
ficatciires de
la personnalité dont
l'extro-détermination,
le
regar§ de
l'autre,l~ g,épendance en est le point d'appui
41!..;
.:iG: -.::f",",;,·
:t
psychq's 0 c i al •
. -.~
-
360
C'est donc la combinaison de ces deux concepts
qui rend
compte du caractère social ou de
sla structure caractérielle
commune des
individus vivant dans les
sociétés
traditionnelles
africaines.
Ce
sont des sujets
traditionnellen:ent et exté-
rieurement détermin~s. Un terme ~:os5i traduit bien ce caractère
social
on dit de
tel
sujet qu'il est
"big koudemdé".
(enfant de
la traditionnalité).
Ce caractère de personnalité
est une réplique à
la force
de la cohésion sociale fondée
sur le
"rogem miki" dont
la tendance dominante consiste il
accentuer l'homéostase
et les règles s(:culaires qui régissent
les
systèmes naturels aux dépens du chétngci;lent et de
la
rénovation.
Pr~cisons ou'il ne s'agit pas d'un c~ncept politique
synonyme de
"c ar;, ct ère con 5 ervéJ. teur"
qui} lui,
répond à
un projet humain conscient de
type de
société qui ne se
maintient que par des
lois
et des règles politico-adminis-
trativcs changeant selon le détenteur du pouvoir. 1'{otre
réflexion porte sur un système évolutif naturel dont l'expé-
rience a
montré qu'il r~sistait ~xtraordinairemAnt aux arti-
fices des décrets et des lois des cités modernes.
Il n'y a
qu'à se référer aux lois qui frappent
la féodalité
et la
polygamie pour s'apercevo:r que les considérations simplistes
des faits
sociaux échouent toujours
en pratique.
Kous parlons ici,
pour revenir & notre
sujet,de person-
nalité comme
fOJlction de mode de communication,
de
trans-
mission de savoir,
de
Loi ancestr:le et des lignes de clivage
relationnel.
L'intériorisation des
m;canismes
sociaux de
maintien et de renforcement de la statique sociale conduit
les individus vers des lieux de réactions communs.
Le car8ctère
social,
la structure caractérielle commune
se
saisit à
cette
lindte de l'individuel
et du social.
-
)61
"Le
caractère social est
cette partie du
"caractère" qui
est
commune ~ plusieurs groupes sociaux importants
et qui
est
le produit de
l'expérience de
ces groupes".
(ibidem p.
24)
Le modèle batesonien peut nous aider b ~clairer cette
discussion.
Consid~rons les normes de comporte~ent diffé-
renciées.
L' ethos des
femmes l-;ossi
renforce
celui des hommes
par des m(canismes
comp~titifs et d'imitations réciproques.
Les
travestissements observés dans
les
fun~railles et les
danses rituelles
traduisent
ce
f~it. L'étaGemen~ de compor-
tements
s'aplanit au profit de
l'imbrication.
Loin (je
minimiser l'hétérogénéité,
BATESON s'en sert pour définir
le caractère
comnlun.
Si on admet que
la différenciation des normes ~ partir
des
interactions cumulées est n~cessaire dans une société
organisée et
stable,
i l est aussi vrai qu'il n'existe p~s
de
type
6tllologique
spécifi~ue pur. Deux modèles se présentent
presque
toujours
l'extro/intro-d?terminé
autoritaire/
soumis,
etc •••
~lais cette bipolarité fonctionne de façon unitaire dans la
ps)'ché individuelle avec
la prédol!linance ci 'un aspect.
Ce sent
les
repères
culturellem8nt valorisés qui
colorent
cette dominance.
"Si
l'on a affaire à une différenciL:ltion stable au
séèin
d'une cOfllmunauté,
on peut attribuer un
caractère commun
à ses mer;:bres,
à
condition de
le décrire
en fonction des
motifs de
le' relCition prÉvalente pour toutes
les
sections
différencil:es de
la cOI:bunauté."
(R\\TLS(?\\
,
vers une ~cologie de l'esprit
L'h6térogénéité des
ethos,
des 110rr"é:S et des
individus ne
supprime pas tct<:l1erncnt
la rc"g-ul<;rité des
cé:.ractères
cn fonction
des modèles
interactionnels socialement
instaurés.
-
)62
I l suit pûr conséquent
que
les
systèmes
stables,
orga-
nisÉs ont
tendance a développer deux aspects
contradictoires
chez leurs melnbres
l ' originali té
et
le
car8.ctère
commun.
Ils composent et n~gocient aV0C les facteurs de contraste
et de rÉ,€;ularisation.
La particulari té des uns dans
l ' etllos
commun riside d~ns les modes ori~inaux d'intériDrisation,
d'internalisation par assimilation,
identification et accomo-
dation en fonction des ethos différenciés propres
(l'ethos
masculin par exemple)
et de
ses défenses personnelles.
I l reste que
le
processus nécessaire de
liaison et d'imbrica-
tion entrainant une
schismogenèse
s)·m~trique favorise
l'instauration de
structure caractérielle commune.
C'est
l'observation de
ces
processus dans
la société }jossi qui
nous autorise à
parler de
caract~re social dans
lequel
l'extro-déterminé
l'emporte
sur l'introdéterminé.
Je pense qu'il s'agit là de repères psychosociaux
indispensables dans
la perspective d'une pratique systémique.
Le
thérapeute familial
qui devra se
faire une
idée de la
normalité,
se
servira des modèles
interactionnels cul tu-
rellellll,nt normalisés pour définir une
stratégie
thérapeutique
basée sur le
changemc'l1 t
Ils
lui
offrent une vision de
la
configuration g~,'ol;iétrique du système,
leur sens et leurs
fonctions duns
la fantasmatique
interindividuelle.
Comme
nous
le verrons dans
ce qui
suit,
la méthode d'analyse
é thologi que en in t c:grélJl t
la no t i on de
s truc ture
cara c t érie I l c
commune,
éclaire mieux les processus pathologiques que
le
modèle ethnopsychologique
et psychiatrique
classique.
Itlïrtl'
mrf:WWWezzm=rt7"rœœÜ1PN
- 363
2
LE PROCESSUS INTERACTIONNEL DE LA PSYCHOPATHOLOGIE
AFRICAINE
L'exemple des ~lossi.
Le point de vue de
la psychanalyse a
été larger.;ent
~voqu~ dans ce travail ~ propos de la pathologie mentale.
Il en est de même du point de vue de ce que
j'appelle
ethnopsychologie. Mon propos n'est pas d'y revenir mais
~e ~'appuyer sur ces mod~les pour proposer une nouvelle
démarche pour la clinique africaine.
Il s'agit de f~ire une
analyse cri tique
de, l ' ethnopsychologie essentielle",ent
centr~e sur les modèles traditionnels d'interpr8tation brute
pour répondre ~ la question suivante
Con:meilt,
dans une
soci~té comme celle des Mossi, tOGbe-t-on malade?
Autrement dit,
qu'est-ce qui fait qu'b un moment un syst~me
en vient ~ désigner un des interactants comme
"malélde"?
a
-
Le point de vue psvchanalytique et ethnopsychologiq\\le
Le modèle p~ychanalytique essaie de r~pondre à la
question. Je n'ai pas la prétention d'évoquer la littérature
sur le processus pathogénétique. J'en ai longuement parl~.
On sait les études de G.
CANGUILHE;L sur le normal et
le
pathologique ~
le degré de
tolérance et d'adaptation au
milieu ainsi que la normativité créatrice et transformatrice
sont les critères d'appréciation en lé..l ma tière
i' hon!ogénéi té
des deux états n'exclut pas une certaine continuité entre eux.
Freud et Jung ont bien perçu que le v~cu pathologi. ue n'est
pas antinomique au vécu normal
ce nlest qu'une question
de degré et de mesure.
Le d~bat sur la question d{passe la psychologie et il n'est
pas pr~t de finir.
Cependant, nous nous attarderons quelque
peu sur le modèle structuraliste de J.
BERGERET pour intro-
duire l'objet de la discussion.
BERGERET,
après avoir critiqué les conceptions
classiques
sur les notions de
sympt6mes,
de défenses et de
la maladie,
se r~fère à
la notion de structure de personnalité pour
éclairer le processus pathogénique.
Il s'appuie d'emblée
sur la métaphore dll cristal dont
parle Freud dans ses
"Kouvelles conférences".
Selon cette m?taphore,
un bloc min~ral cristallis{ se brise
"lignes de clivage
li
son mocle d'élaboration préàlable.
Bergcret établi tune z,nalog'ie
avec
le mode de construction et de
structuration psycJliquc.
Pour le cas humain,
les lignos de
clivage,
les directions
et les
limites des
"cassures"
seraient
COl1~1:ituées en
fonction des
frustrations
infantiles,
des
tr~lUi:;~ltlS,:;CS et
des modes de d~fenses qui opposent le };oi aux pulsions primûires
du ça.
Cetb, dynamique de
l'Économie: r,sychiq'-,c
ilî;posc une
manière déterminée de
s'élaborer,
de s'organiser;
de
telle
sorte 4ue plus
tard,
le
"cristal"
le psychis~e ainsi
structuré,
f~,ce aux évènements traumatiques Jse brisera selon
les
ligne::s de forces
pré-établies dans
le
jeune âge.
" I l s e
" cri s t a Il i se"
t 0 u t
co:,: l,', e une 0 r p s
c 11 i ri: i C] u e c 0 mpIe xe,
tout comme un cristal minéral,
avec des lignes de clivage
originales et ne pouvant varier par la suite."
(J. BLRGERET , Psychologie pathologique, p. 129)
Ce modèle débouche
sur le
concejot du
"normi:jl et c:u pathologique'
.~" :],L',
dEM!WDJ"""êi!Rt5.
.vamm==WnW'f:W-Mif
-
)65
On peut d'apr~s ce qui pr(c~de, avoir une structure
psychotique,
sans être malade pour autant.
Bien au contraire,
seule une décompensation à
10 suite d'un choc,
d'un lâchage'
des modes précéclel111nent
bien alJ,én<:lgés des défenses psychotiques
engendre la souffrance
le
"cristal"
s'est brisé.
L'épisode morbide d6signe un état de désadaptation visible
par rapport à
la
structure propre et
profonde.
La lign6e
ou la structure à laquelle
le sujet appartient n'est pas
un critère pathologinue
c'est au contraire
son espace
aménagé dans
lequel
i l assure
son bien-ê~re avec des
défenses adaptées.
Ce modèle
structural
implique égLJ.ler,.ent le processus
pathogénique
i l
tente de
r~pondre ~ la question posle.
Le point de vue
interactionnel qui est
le mien dans
ce
travail
est différent.
Les chal>i tres
précédents
ont I,~arqué
aussi clairen:ent que
possible
Sélns
verser dans
la caricature,
la frontière
entre les
deux modèles
le bien
fondé de l'un
et de
l'autre.
Nous n'y
reviendrons plus.
Notre rcserve
sur ce modèle
s'applique aussi '-' la procé-
dure ethnopsychologique
telle uu'elle est professée par
les ethnologues,
les psychologues
et
les
psychiatres. Elle
doit être nuancée si
le clinicien veut
s'affrhnchir du
mysticisme des modèles
tradi tionn<:o'1s qu'il ne peut p<:',s
contrôler.
lrl:cisorLs brièvel~,cr:t .;.'Our ",(~::::oirc cc Qc:;t il
s'agit.
La phase de
l' ('volution
psycllia tri(~uc: que
j 1 2 j
uppelée
"phase culturaliste"
dans
la première partie
écJ2ire
cette
question.
Elle
s'est donné pour tâche
th~rapeutiqu~ de
par t i r dus y rI! b (d i s rn e
ex i s r 2'- n t
pOU r
{l ;:J. bol' e r
des
ril0 ci è l 0 S
thérapeutiquf"s
ct
théoriques.
:SIle a
donc
un
fcn'e: ~nt
ethnologique en ce qu 1 elle pr(ténd partir de
10 cul ture
et~~~$";~
~---"7"'"~"-:'.
des prutiques m~dicales traditionnelles.
eee"-ca4!'iWriPGf'2i7i"J"
-
)66
Les
concepts de base de
la psychiatrie
traditionnelle
ont
~t~ rappel~s au deuxi~Œe chapitre. Nou~ en donnons ici
un sch~ma g~n~ral ~ui permettra de pr~ciser mn pens~e
et de
poursuivre
la discussion.
Soulignons que j-I.
COLLO;,jB et
l'Ecole de
F'ann sont à
la pointe de
cette
ph2.se
culturaJiste.
Le
concept
fondamental
de
la psychiatrie
traditionnelle
est
la sorcellerie-anthropophagie.
Elle
int~gre l'imaginaire
et
les
fantasmes
explicatifs occultes inaccessibles au
rationnel.
La maladie mentale
est une agression soit de
la
part des hommes,
soit des
esprits.
L'lIE.:
est
l'expression
d'un désordre
int(rieur provoqu~
par des
"intentions mauv2.ises"
ou des
conduites
oppos~es aux r~gles sociales.
t ' a gr e s s ion h u L :, in e
est
0 p ,:, l' ;:\\ toi r e
5 ur
de Li x
pL" n s
1/ directei,ent;
c'est
la sorcellerie ou \\\\'itchcraft.
L'atL:que
est alors
oralo et
con,-ki t
Ù.
la psychose
5(;10n 1.
S(;1'.'
(in Psychiatrie è yn~'l~.i qu 0
afri caine)
2/ indirectement
l'agression ost l'ii_ciié.ltisée
le magicien
ou
S orc ier
ou l P. marabGu t
s ont
l (Cs
éléJ,en t s
symbo l i que s
de
ce mocle d'agression.
La névrose
en est
le ré~sult~,t.
],'agression par les
esprits est d'essence religieuse
(animiste
ou musulrn::.~ne). C'est la transgression de 13 J oi
ancestr;,le qui
est R l'origine du désordre
psychL,ue.
Le
conflit int.ra
et.
inter fal::ilial
est.
central en psychopatho-
logie africaine
le
s~'st~me de repr~sentations assigne ~ la
d~sarticulation mentaJ0 un8 orig~ne ext~riellre à l'individu
qui
en devient
une victime.
De
la même
façon que nous aVé,ns
éVûqué
les
insuffisances
de
l'approche psychanalytique
en clinique [:[ricaine,
i l me
par Cl î t
épi 5 t é mol 0 &7 i que 1'(..: n t.
j u ;:. t e
ct 1 CV 0 i l' un 0 e i l
cri t i (j u e
sur le mocl~le traditionnel
ceci au regard de
la prati~ue
clinique.
- 367
Une
te~le optique suggère deux voies
la premi~re soulignera
que
l'analyse ~thnologi~ue habituellement pr~s~rit~e est
m~canique , lin~aire, unidimensionnelle
i l
s '.âgira alors
de
situer le degr~ de rionformitci d'un tel modèl~, à la r~alit~
psychologique
de
l'agression
~ La deuxième voie. est une
obligation qui
s'impose au
thérapeute
le modèie
traditionnel
qu'analyse
;l'~thnopsychologie est entach~ de mysticisme et
i l 11' est
pas donn~ à
tout
le monde de
l ' i. ppliquer.
Si donc
..
le
thé rapeute
familial
ne veut pas
suivre
le
crëd 0
trild i t i onne l
de
la gu~rison, i l lui appartient de proposer un autre modèle
qUi,sans
tourner le dos au
sysmbolisme: rh.jèt
là, 'sero rJwniable
par lui.
C'est
le
sens de
ce
travail
que
de
cherch('r ù
délimiter un champ relationnel pertinent
pour une
pratique
sys témic!ue
en Afrique.
Ce
qui
sui t
n'est
qu'une
ébanche
qui
sera 2pprofondie dans
la pratique
clinique ult~ri8ure.
b
-
Un modèle pour le
thérapeute hors
du
crEdo
tr~rlitionnel
Le modèle interactionnel
Encore une
fois
l'on nous
reprochera de ne,.'p<'<s nous
contenter des modes'd'interprétation et
d'intervention
thôrapeu tique
t radi tionnels. ,JIlai 5
nou s
voul ons nou~ situer
sur le
terrain scientifique;
et cette attitudè'':::inlcrdit de
ne
considérer que dessystèmes de
reprGsentatiorts étab,.is
une
fois
pour toutes
et'qui,
de
surcr~it, sont ~raversés
de
toute part par l'imaginaire.
Les
choses
sont ;dcnc
très
";'
"
cor;:plexes.
Si
l'on considère ~'id~~logie tradjtionneiTe de la
.::~ c_~
psychopathologie africaiz:,e,
telle
qu'elJe
est
f8rrJ;ulèc
..'."
ci-dessus
et dont
l'Ecole de
Fann
est
18
pionn~ëre, l'on
se
trc·uve ::~~~~~~Ac;t~~~I}':'~,m.~~~~).~};"tlinéaire,s imPlj':':~*~' mécanique
et même
superficiel.',L"'erreur est d'abord
théo,i:~que ; elle
·11;:!".~
résulte de
la confu~ion:de~registres qui, bien~%~tendu, sont
."
:....
~
_
. _
.:':"=:'i~
à
l'écoute l'un de.l'au:~re~ mais doive;nt êl:re :,~~?sés
distinctement:
c'est
le registre
du ::éc]
ct d~-:) 'Imacin:ljre.
(' (' j ] C :. l' t s
P 8. r tic i pen t
à
des
cl e (' !
à
1<.'
.-
i '
'
...
)68
.. ,..'~~
La confusion a
consisté à
prendre
le
~~,~co~r~~qui
sous-tend
le
syrt~me de représen~ations cau~âles:~~ sympto-
matiques
pour ce qu'il
est
sans
autre
considJratiô~. Or,
le discours brut
concern~nt la sorcellerie et les~utres
corps
agressifs de
la
société exige une grilie de '4ecture
~...\\-
plus
raffinée.
Auj ourd 'hui,
,'~, 1 évo lu ti on des:C, cienc~~s hun:E~incs
permet de
rendre
compte de
certains modes
de' "compo~tements
1
_,......
l'l~
individuels
ou
collectifs.
La
confusion de
registres
est
aussi
une 'conf~sion de
lan~uge qui s'e~t nourrie de la supcr~icialité ethnocra-
phique dont
le
char;;p ci' intêrét
est
porté
sur le
sorcier
anthropophage.
La ps)"chiatric africaine
était réduite,
COli,me
l'on peut
le
lir(; dans
tcus
les
écrits
conce:r:'l1ant
cette derni~re, ~ ces
tendances
pcrs(cutives
"si
je
souffr(~, c'est :c. cause du sorcier,
du ·mûrabàut.,
etc."
Le
mal
est extérieur mais
i l n' eEt
localisé ',,:nulle' p:-!rt
en
réalité.
Ceci ~onduit à
penser qu'un
00n départ doit
~'appuyer
sur une
critique
pro:foncJe de
ce modèle
et
sur une .explication
des
Jï:écanismes
psycholog'iques d~,lî.s 1c;s institutio~ ct les
élélilents
sociologi'lucS
agressifs.
Grâce aux cleux mories
de d,'fenses
psych?tiques~_'p:'ranoïdes
et dépressives d{crits
p~r M.
ELEIN et
repris
par.··.L.
JACCW:S,
. ...
intégrés dans
le mécanisme
g{n6ral
des
deux ,~odes~e fonc-
tionnement mental
(J,rin,e,ire et
secondaire)
nous
sorr::~,es,à
même d'affirmer que
les
éléments cl' 8Lressiori'~'form~'!1t des
p.:odes
de
défenses
pri::~',ires syr::b:::lis<fs. Ils trouve'nt l:our
:r 0 n cl e i~: C n t t l' ;. s tôt cl :'Ln sI' e n fan ce. Ces ont Ci e s r e pT é sen ta!!. t s
. i'
l
.<';
se manifestent dans
les
institutions,
les
r{tuels~t autres
.. ,
.":7.i;- ~
raits
sociaux.
Le
CCL:j)Ortc:j,ent
intérpretatii"'traditionnel
est
symptomatique
.de
lz:. relation de
la
P.sY~9-,é e±Yes
..'
organisationsinstitu\\tionnelles.
-<;?-"'~~~i:
---:"·~·~:r.:rf
'-~""'!..,
:.. ~.~
.'._-. '\\:-~
:r.:
-
)69
L'interpr~tr_tion agressive et p8rs~cutive v~rifie ce
que
nous $vons
du
fonctionnement
isomorphique
de
la psych~
et
du social.
Ce
sont
essentielle~8n
des
reprE.sentants
du
reGistre
des
productions
inwgin;c;ires
pril~:;:ires qui
trouvent
leur siGnification d:lns
le, dé:;:arche
interprLtativc du
tl1(~ra
peute.
Ces
productions,
même
ayaJit
acquis
un carc.ct.:Ore
critique
et de distanciation
symbolique
et
épistén:ophilique,
ne
peuvent
pas définir,
COJOLe
tend à
le
faire
l ' o;colo
de
YaJ~n
(H.
Collomb et
collab.
l ' es s (: n t i p l
du
pro ces sus
P ci t 11 0 g é 11 i que.
Je
sc'utiens
p;;r conséquent
du
fait
de
l'implication
imaginaire
e~ des processus primaires dans
l'institutiona-
lisation et
le
mi:\\intien des
~léiiients socioloc;iqucs je
l'agression,
que
le
sorcier antllropophace
n'a pas
de
matéria-
l i t é
existentielle
c'es~ une hypostose
secondaire du
symbo-
l i q u p . 1 e
sorcier est
certes
lè n
point
de
con ver G: e n c e
d'affects
anti-sociaux
ai n s i
que
l ' est i I~: e l . S cn,'
" i l
s ' agirait
d 'un
syndror.~e ct' inf::ue;~ce, syndrOL]G d'action
extcirieure
exerc6e
~
distance
sur les
constituants de
la
Personne..
Elle
qualifie
et
spr cifie
une
ll!odali tÉ:
singulière
de
la relation
d'agressivité . . . "
( P s y chi a t r i e
d y n a LÜ Cl u e
a fI' i ca i ne,
p.
l !.j ~ )
Ce
conditionnel
quant
au mode
d'action
et~l~ singularité
d e I ' agI' e s s ion don t
pcc rIe
1.
S (.1\\'
m' en cou ra g e n t
dan s
l1l a
cri t i que ..
Pour ma
part,
je
pense
que
la
sorcel~erie -anthropo~11agie
appartient
au
registre
frdlt<:-1.Si"atique.
C'est
une
rcpliqu"
en
miroir des
pulsions
agressives
rciactivées
par une
vision
du monde
et une
cosli,ogonie
qui
en
favorisent
1:,;
résurGence.
L'importance
du
groupe
et
de
la vic
communautaire
en
Af'rio_ue
Traditionnelle
(cf notr,
d(~velopr,ement sur le "pinth"
d~ns la deuxième pnrtie
chapitre
III)
est
un
facteur de
facilitation
de
ffianifestations
des
pulsions
primaires dans
la vie
sociale.
-
370
Les études
faites
sur le comportement de l'individu
dans les groupes et dans
les foules
(BION, G. LE BUN, FREUD etc
étayent cette affirmation. G.
LE BON parle
"d'âme collective"
BIuN de
"mentalité groupale"
etc ••
Selon les auteurs,
les
conduites manqueraient de richesse
intellectuelle et i l s'ensuit une diminution de l'ésprit
critique et rationnel.
Les acquisitions
individuelles
s'amenuisent
l'autonomie et l'originalité de chaque
membre du groupe disparaissent.
Il s'ensuit un affaiblisse~ent
des
fonctions
psychologiques d'arbitrage. Les affects
d'agre,-"sion et ",rchaïques peuvent s'exprimer plus ou moins
l i breiilen t
le
c~pital pulSionnel incontr8lé et la r~gression
dans
les positions
prégénitales rab~issent le niveau des
cOl1lporter;;ents
cognitifs et
la mentalisatioD des
exig"ences
des pulsions de
plaisir.
C'est dans ce sens que
je vois
une
filiation analogique entre ces productions }.JrirliJires et
fantasmatinues,
les reprcisentants des affects anti-sociaux
et l'institutionnalisation de la sorcellerie-antllropophagie.
Ceci est d' autant
~lus soutenable que,
tout conii::e
i l
y
a
un
" p ::~ t i en t
dés i gn é",
i l Y a un sor cie l' d 6 s i gn é
i l
se vi t
lui-n~ê:ne comi~e une victime des forces extérieures
i l
est persûcuté.
On est
toujours sorcier par et pour les
autres parce
qu'on est,
selon le système,
censé agresser et
être agressé.
C'est pourquoi ce label 'renforce secondaire-
[Lent le
système qui 1I12..intient ce mode de
;d6signation.
Lors des cérémonies accu~atrices, le sorcier pr('SUr;H~: com:;,cnce
par nier mais 1"init par s'excuser parce qu'il aurait eu
effective~,nt des
I1intentions mauvaise~·" ,
un désir [le
destruction de
l'autre.
Fersonne cependant n' adn;et avoir
"dévoré"
l '
"âme" de quelqu'un.
D'un autre
côté,
on n'afi'inne
pas dans
l'<:~bsolu qu'on n'est pas sorcier. La loc;ique du
syst~me veut qu'il n'y ait pas de
"non-sorcier". La réalité
~
"
d.e la sorcellerie anthropophagie do.i,t,o{""être cherchée clans
~.'~-
~~~~~
une r6plique
imaginaire se manifesiantsur le terrain
sociologique,
champ privilégié des projections des faJltasmes
primaires.
-
371
P.our être plus concis,
di~ons que 12. réaj i té ries
éléme~ts'~gressifs est une réalité psychologique dérivcie de
l'imaginaire primaire.
Cette rÉalité s'origine dans
les
processus archaiques mAis
elle devient aussj
source génératrice
d'autres processus,
des pensées,
des fantasncs
; processus
qui ne sont pas moins réels que
l'observable et
le sensoriel
parce ,qu'ils se dotent de propriétés capables de modifier
ou d'influencer la chaine de~ rétroactions comportementales.
Ainsi,
la méfiance à
l'égard de certaines personnes
jugees
agressives ou
"dévoreuses" d'âme est un élément qui modifie
les réactions des gens
les uns à
l'~gard des autres.
A ce niveau de la r{alité,
le sorcier dans
son statut imagi-
naire partie ipe du char:;p s éman tique ponc tué po:::.r les c omport ement s
Une telle r0.flexion pern".t,
cc
notre avi~,
e L:lire
avancer la pratique clinique.
Car si nous devions l:OUS
limit~r aux descriptions supcrficiel~es de la causalité
extérieure présentée pal' l'ethnopsycholoc;ie,
nOllS nous
renfermerions dans une impasse
théorique et pratique.
Il suffirait alors de désigner la cause du mal,
le sorcier,
pourqu" i l soit exorcisé.
La réalité
est plus complexe
et ne.se limite
jar::ais à cette désicnc.;tion.
La confusion des
deux ordres de r(alité
ci-dessus
évoqu~~, conduit à des actes anti-sociaux déplorable~. Un
exemple
à
la sui te de la 1~10rt ou de la souffrance d'un
proche', on peut aller consul ter des devin,c,
des
cJ1L,rlatant
ou des marabouts pour déterr;;iner l ' é] ément qui
en est la
cause. ':Onsait que ces
figures
r:!ystiques
ont une démarche
par déf·ini tion ac cusa tric e,
t é l"~ pa thique et aléa t oire
mais surtout leur statut et
leurs
activités relèvent du
~- .-
symbolique et de l ' :Li1.uginaire
ce qL: i n ' èS t
pas L (u jours
compr~i;s~. et la tentation de confondre l'ordre de réalité
sens'ô'i1*ëj}:J::ê,
la- vérité logique avec
l'ordre des actes
symb~iiques est élevée.
372
Et comme
les
sEnti~ents de vengeance ne se satisfont pas
toujours de
la fantasmatisation et de
la mise
en sc~ne
,
,
symbolique des
causes presumees,
le r~el d~croche par
rapport à
l'imaginaire
et
l'anarchie r~sultant: de la
d~sarticulation des deux ordres de réalit~ entraîne des
com~ortem2nts de destruction concrets.
En effet,
la proc~dure des devins et autres éléments
favorisent
ce f~it. Quand on les
c~nsulte, lellrs descriptions
rest~nt peu pr~cises et vagues. Vivant dans un autre village
lointain,
leurs discours
tiennent ~ ces mots
"le sorcier ou
l'élément ayant
causé
la mort
ou
18
soufïrance
de votre
en1~ant, pélr exclI,ple,
est clair de
peau ou
foncé
i l est grand ou petit
c'est votre voisin,
etc .. "
ne venu
a u
v i Il a .; €,
l e
c (, n sul tan tEe ni (; t
;\\
SOU P ç 0 ;-, n e r
l c~ ~
personnes qui
corres))ondent élllX descriptions dl; cJ1;rlaté<n.
Mor~lit&, tout le monde est censé agresser tout l~ monde
le sorcier est un agres~eur-victime.
~Si donc,
le
sGrcier et
certain~ autres él~ments socio-
logiques de
l'agression re~èvent de la r~alité fantasmée,
et si le
thér;lpcute ne
peut pas
léS n:aniE.,r CO"1:;:e
éll:mcnts
totaux et suffisants de
la
th:rapie,
i l duit
chancel' d'optiqu~.
Car i l est hors
du circuit
et clU crecio
tr;::ditionnels.
Il n'a
pas
les mOYl':ns de
se
servir cie
ces
productions
psychosocio-
logiques.
Dans
cette
péèrspc;ctive,
nous
nous
tournons vers
le
modè}e
interactionn81,
da::s
la sphère des
int:_I'2.ctions 0t
des~:processus de diffé:cenciation cUi'1ulatives entl~e les
ethos ct
les groupes.
Ce rnoélÈ:·le,
sans
se pré;senter comr;ie
la panacée univ(;n=:ellc
cie
J j'-,
probJéiilatiliu,;' p;~thologic]ue
et
thérapeutique,
autorise
le
clinicien africain à
tenir
.un~,;dJ.scours mé tac l ini Gue
discours
qui
rend les
situations
'~""'~:'·2~:f~~.
4 .
et ':l:e-s perspectjves
in-Leractionnelles,
Je
ChE;i~:p c·:.ncrct des
cOffiIYç>rtL'Elcnts-CUI:liilUnications rég'ulés,
discernables,
dcfinis-
sati-l'ë s e t ci é l i1i: i ta bIc s .
-
37J
.~l.~se rend ~:efi'icace v"rce qu' aY<:Lnt délir"i té son chaii:p
... ,.:."
d'~ctio~";et son objectii'
c}1éincer ou moclii'ier les modèles
c
d~~co~'~~~icàtion dans le groupe naturel qu'est l'ordre de
~
j '
réalité primaire
familiz<1
CCir:;;;C
un
test de
E;u c-r i s on ct e
s'ouffrance d'un des
él'~I;1C:nts du sy::-tèine.
Dans
6et
ordre d'idées,
dans
les
soci~t~s traditionnelles
africaines.,.>thez
les
Lossi
en
tout
cas,
ce
n'est
pus
la
transgression des
r~gles, donc un acte de r6volte, qui est
l'élémen't 'essentic;1 (;,e
l'étiopathogenÈse.
BIle est un L1aillon,
sans doute
important
du
i'nit de
sa pertinence,
de
la
chaine
des
comportemL'nts dans
le
sy~:tèllie auto-réguL: • . 'élc:I;;ent
causal,
si
les
systèmistes nous
j:Je~mettc:nt ce langage,
est une perspective
celle de
12
d)ma~ique i'onctionnelle de
la désignat~on de
ln déviance.
Rappelons
qu~' c'est toujours la compr0hension de la
société Mossi qui
inspire ces
r(i'lexions.
Kous
sommes
ici
dan sune
ci vil i s a t ion
c r cd e,
sa;, s é e r i t ure.
De
c e
f a i t ,
les
règles
sont 'implici tes
et
souvent non
formulées.
l.a
conS'2r-
. vation/~':i~o';'ïna"intien et la transmission de ce savoir ne se
" ' -
.....,._',
font
pas ~~~s déperdition d'ini'ormations.
Ils
ont une
compo-
sante entroprique.
Les
règles
subissent
l'érosion du
temps
et lafai61~sse de la mémoire collective et individuelle.
-;-~,'
"'-'
v, ~.'
•
Elles deviennent
instables
et
aléatoir0s.
La
combinaison
.,'.
-,
),
d~ llinsta~ilité
informative
et de
l'ir:;plicite
renforce p3r
rétroa~tion'~es él~l1Jcnts de
"br~uillage" des règles et
rend la ··.trcan~gression probable. Tra,nsgresser est dcnc un
, ..
comporte~en.t .-j.')ossible et
implicitei;.ent
reconnu dans
le
,systèmeqûi~~'r('gule les int;erc~ctions.
~ ~.'~ .:, ~=::.:~ -.:::,
Leneuxièr.:e éirgur.lent
c' e'-. t
que
J a
transgression ne peut
- -::
.
; T-
pas
être inte-i-pré-tée
comii.e
un comportement de
révol te
inlli-
~- •
J'
r '
..
-:v:i,duellet'~qui se donne un sens s:'ngulier. Elle est une fonction
~1"è;'~~~~'~~~""'~~t.fedu fait de l' il;:portance des aléas.
_..:.~. .
~'... _.;;
_-t~;~~~:]~/~~,:~~~
.~:-',:)j~:-r::{.ti~·~~~;~~
• J
~,.
~~",
. #
-
_
• •
. . . . . .
....'"
_..
r'
...,
Elle est un comportemen~-r~pcnse qui ne .~~~ ~~~itimera, donc
...;'; ~:" ~ . .-
n'acquerra de valence n~gative ou positi~~~pour ~e sujet
~metteur que dans la totalité systemique,-'~"lac]ualit~ ~mergente
et non par rapport à un interactant isolé. La transgression
participe au même titre que les autres comportements à
l'ernbrouilla;-;üni communica tionnel (~ui r~gi t
le système.
Elle est une conduite attendue,
possible.
A l'appui de cette argumentation,
on peut se référer
à deux modes de
comportement psycho-sociaux face à
la trans-
gression. Le premier relevant de 13 collectivit~ entière
en tant que qualit~émergente r~sultant des interactions
iJlterindividuelles et interéthologiques. Le deuxième relevant
d'un mode de défense paradoxal qu'adopte le sujet et qui
n'aboutira jéiI1lais.
On observe un mouvement en deux temps dans le comporte-
ment sociz:.l.
Face à une conduite c~(ressive, enfreindre la
loi,
la collectivité adopte dans un premier temps le silence,
un
"non-vu-ni-entendu"
c'est ainsi qu'~n acte illégal
et répréhensible peut ~tre tu longtemps. C'est l'~largissemBnt
du chai:,p que prend ce comportement qui déclenche' le processus
interactionnel de la désignation,
de la déviance dans un
deuxiè,;,e ten:ps. La complici té du silence, autre expression
de la transgression probable,
est une d~fênse qui r~siste
Illal à
la propagation des ~léments informatifs par les
rUll~curs ou ,_Cl.' tre inadvertance indi 5 crè te.
Quand le comportement,
enfreincire la'Loi,
se gonfle
de sa p]'opri é t~ de diffus ion d'informa tions, il in trodui t
"
-du désoràre dans le système. Il s'ensuit ·une a~plification
de l'écart entre l'occurrence possible et ~ioccu~ence r6elle
l'espace qu' iJ
crée devient ininterpr,:'table dans -la g-rille
de l cc turc prévlf~~~t1$~~:#i:àP..i!f~~,;:~~~Ftan t s. ~f~~t~_4€.iiien~11}.om_~J;l t q,ue
le processus de désignation s'engage.Appuyon~~n9us sur un exeiTiple
...., ~...:.
-
375
Considérons
le
cas
clinique nO
8
nous
savons
que
la f i l l e ,
N.S • . ,ue A.1C.
désîre
épouser
est
Noire
de
peau.
A
première VUE',
on a
du mal
à
comprendre
l ' opposi tion des
deux
fa~illes p2rticulièrement de la propre m~re de A.K.
au mari<lge
"
i l
s ' e s t volontairement
retiré
du
cercle
familial,
dit-elle,
avec m6pris,
subjugué
lx,r ce
prétendu alTlour qu'il nourri t
pour cette f i l l e
qui vient
d'arriver de
France •••
i l Y a
des
procédures
dans
le
mariage
traditionnel
et
elles
n'ont
p~s été respectées
le
comporten,ent
de
ce
type
(en de s i gn~,n t
1 ~
\\
A.ù.)
sa
caste de
griot
etc. 1I
En dôpit
de
sa
couleur,
J\\.::3.
p~cr son cornporte",cnr,
introduit
un
2C&rt
avec
le~ attente~, âZ,l1S
le
cc.ntextc
tr;:,ciit:ionlH:l
c'est
l'a dér::esu::-c
(:e
cet
('cal't
et
lé,
:':pulsion
en
c;~ nséquencc
qu'il
suscite
qui
pcri:,ct de
comprendre
les
sorn;ltisations de
A .1\\ •
En elfet,
F.S.
IUEkit,
}Jort2it des
j',.ntalons
et
,~vait
adopté
l'accent
du
"Blanc ll
Ceci
a
ccntribué
i:l la cr(~:<ltion d'un esp;~!ce étrancer inconci-
liable
avec
l'espace anthropologique
traditionnel des
cornpor-
te,,:ents.
Les
interacta~lts ct le systèliie peuvent édors dire
",t on c ol1lport e!. en t
de
"Blanc"
que
tu as
ap):·ris
pendant
sept
ans
de
séjour en France
est
trop voyant
pour être
toléré".
Les
comportel:i,-'nts 11'~stériformes de A.h.
sont
significatifs
de
cette
répliclIlO'
~,ocL~le.
I l
Y a
donc
un
tei"p:::
de
latence
2U
cours
duquel,
la
collectivité adopte
une
position basse.
A l'agression
p~r la
transgression de
1:::
loi zncestrale,
elle
r<;~poncl p~~r un eOlllpor-
te:::c:nt
r i tualisé
ci' inhibi tion.
IL sUlfi t
que
l'informc;.tion
reL,tive
il ce
comporte::.,:nt
sc propc:,g'e
pour (Jjue
le processus
de
d6sig'nation
soit
déclenché
com: .. e
si
le
silence
était vécu
par tout
le
s).-stèmc
CO[;;::,(; un
sibJie àe
faiblesse.
- 376
.....
Le groulJc modifie son comportement et restaure sa s'upériori té~
.
. . .'
sa position haute. La conduite déviante n'appell~ donc pas
nécessaire;;12nt et in:rn{ dia tement· un comportement-réponse
hostile et une exclusion.
Pour l'exemple nO 8,
si N.S.
s'était vite réadaptée au contexte traditionnel,
l'attitude
de la mère de son .fiancé, maintenant malade,
serait modifiée.
Ce qui n'a pas été le
cas.
Le deuxièl!:e él<::ment qui appuie notre analyse est le mode
de dé.fense paradoxal qu'adopte le sujet. Si l'on conçoit que
la transgression est un acte individuel,
i l doit renvoyer
à un d~sir d'autonolnie et d'affranchissement personnels.
Un
tel projet d'individualisation est-il possible dans le type
de soci6t0 caract6risé de
"société à détermination tradi-
tionn(::lle"
et qui
" prL fère"
des
types
"traditionnellement
et extéTieurc::,ent d6terr:inés ? Le mode de
défense est un
deni de sociabilité.
j'ious aVOllS en e i'fe t
d 2cri t
les c ondi tians sociales
qui li:ili tent en fo.veur du type extra-déterminé
force du
"rogell:-mil<i ll ,
de 12. tradition et nécessité d'intégration.
sociale. ~a cohésion sociale rend la présence de "l'autre"
nécessaire,
vitale
pour la conformité au mode de vie groupaI.
Le sujet a besoin
"vitalement"
,de la sociabilité pour
exister.
La privation de ce point~xistenfiei ne le rend
pas autonome mnis introduit une dimension anomique. Mais si
l'autonoroie reste un projet, un d é s i r , i l ne le réalisera
que par le secours de
"l'autre". I l ne peut y parvenir seul
ct c'est l à l û paradoxe
les forces d'intégration et de
norl1lali 52 t i on psychol 0 gi,ue minimisent.l es différences •
Sen évcntuelJe autonomisation parl'acte,~~ransgresseur:j
l'enfeI'iiie dans une ":CJuble contrainte paradoxale. Comme dit
~~~~"~~'f~~~~~~~~é!.~4i,~~~7~~~~
"on ne ren,é(be P;;èO:;, r,lus à
sa solitude dans la foule de ses ,"'-"
'-.-
sell;blables Clue l ' 011 2;Clisesa soif en buvànt de l'eau "'de mer il •
-~.
. . -' •.:
( la Î 0 u 1 e
sul i ta ire 1'.
:n b) .
... ~;
~:
".
"."
."
- 377
Le
systènrc
se
renforce
et
adopte
un
comporte: ent
de
mise
en
garde.
Ce
qui
pr,:cède
pcrliret
d'affir;~ier que 12 d(;signation
:fait
partie des
règ'1es
implicites
du
systèi;:e
pé,r ce
cor:iporteLent
la
c0l1eciivité
si[;nifie qu'cjle
cl des
rès'les
c'est un dé:fi
au
changement.
C'est
un
recours
possible
pour
se
confirmer en
con:battant
J'anolnie.
la désignation
est un
moyen de
contrôle,
de
maiJltien de
l'hom~ostase et de correction
qui
renforce
par rÉ'troClction
le
systè;,;e.
"La
tré,di tion,
Cl e5t
léi
traà.i tion "
Ct
dit
la l:lère
cie
(Céi.S
nO
J). Les rèf!;les
modii'ier(nt
peëS
all
c,ntraire
lé.
saJ1ction
f;~:it :ficure
d'exeiple.
Ainsi,
lc~. l.~odèles interactionnels se pcrrJétuent
dans
les
i. êl;(':S
t8l'i:es et
les
, vec
l'les
maléldcs
dé~~i5nés" COi:; C co:,:plic0s.
Une
telle
analyse
permet
de
déi'inir,
d'observer et de
modifier
les
interaction~ ei
les
perspectiv:s
situationJlelles
dans
legCjue,les
i l
j'Jc:ut
ac1vt.::J1ir qu'un
ineiiviciu
" v italer:l'iït"
engagé
soit désigné névrctic.:ue,
p:oychotique
ou autre.
La
consi-
dé l'Li t ion cl e
l a r r èJ Cr.',.cl t i q 11 e
Ù (;
lél
C 0 liW: uni c iCl t ion
dan 5
les
soc i été 5
traditionnelles
Gst
plus
acccssiblr~ ail th. réipc:ute ci'e:;blée
hors
du
creon
tradi tionnel
L t
mys ticue
CJè1C
le
mode
int<::rpré-
t a t i f ,
linéairc"
et
super1~iciel de le; sorcellerie-anthropophagie.
]-;otre
perslicctive
tlJ(:'orique
et
clinic-ju0:
consistera à
miniL',i 2; cr le
co;::port, eL.!.]) r
ll en ireincJre
la
loi'i
pOUl'
nous
intéresser aux
1~!O,-:81e5 intC';racTiollnels de CGE:;.lUnic~jtion f'ondc'·s
sur l e p roc e s sus ceri i f' f ( r e 11 ci;·, t ion in t rée
e t
i J1 ter - e t 11 0 5 •
C'est
ce
processus
que
sorvent
12
SYi:;t-tô;~.e et lét désigiléd,ion.
C ' est
don c
lui
l a c i bIc duc h c. n g e !!, e n t
en
th C:T api e •
- 378
La
"r.laladie"
dans
mon
optique
en Afrique
est
un
pro ct u i t
é!Tl e r.; e TI t
de
l ' in ter a ct ion e t
P;;I s
se u le;.. c n t
le
résultat
mécanique d'une
agression
extCripure
et
télépathique.
de
surcruît
symbolique,
COmïi!e
If"
postulE::
l'Ecole
ethnopsy-
chologique de
F&nn.
C'est
p&r
la
rigidi.té
et
la résistance
au
changement
que nécessitent
l'~volution extérieure et
celle de
ses
membres
en croissance, ~'un cadre microsocial
arrive
à dénier les den:andes conscientes ou inconscientes
de
confirmations
mutuelles
les
cas
Guy Sine
et A. K.
sont
élo,uent
à
ce
sujet.
La
symptomatologie
de
ces deux
cas
(no
8 et
9)
manifeste
leu l' s
dés il' s
d' in t e l l Co: c t II e l s
d e s ' a f f r a Il c 11 i l'
d eL',
tut e I l e
totale
de
::a tro.ditionnalité. J'un en épousant une Blanche,
l'autre
une 3";oire Ii:;:;.is
(:ui
n'e5':t
en rô,alite
qu'un
"masque
blanc"
(F'rantz
Fanon).
Je
systèLe
ë,
une
dÉfense
de
dénégation
à
leur égard
"ne
croyez
pas
que ••
nous
acceptmns
etc.
"
alors
q u ' i l
f;,::Jt
comprendre
le
contraire.
Ce
dilenilr:e
engendre
des
questions
qui
i;iettent
en
Cé:use
l ' u n i t é
"moïque".
Le
cas
nO
J , T11ierno Dia, lui aussi, est telle~cnt empétré
dans une
d6pendance
psycho-affective déniante
et
un mode
de
COlill'lunication cl
contenu
telle;;+nt
dé.iirant
que
le
symptôme
q_ll ' i l
pl' f: sen te,
en
p Cl l' t e l e s t l' co ces
s t ru c tu r ale s •
Les
qua cL 0 l' Z C
cas
c lin i . :U C S
i 11 u s t r e n t
ces
:;, e 11. r e s
de
re l él t ion 5
cor l' o !Tl pue s
c! u i
ne
l 2 i s s e 11 t
ct e
cIl 0
x
d. e
m0 d è 1 e
c omporter:.en ta l
qu (0,
le
dé J i r e ,
l ' ha 11 uc ina t ion,
l'énurésie,
etc
Si
telle
est notre
11;2ni(-'1'e de
voir,
i l
ne
reste
plus
qu'à
définir
ce
caére
microsocial
restreint
ct
ncturel
dont
i l
faudra
ch<~nbcr les règ les de fane t ionneliien t. Le chapi tre .,-qui
~uit est un effort pour dÉ,iniiter un territoirp. relationnel
fiable
pour des
intcrvc:ntions
thcrapeutiqu,';s
de
type
familial
spEcifique
à
l'Afrique,
en
tenant
compte
de
l'applicati.;..g]l!~1t~~~
~~-:~:'-"",:;"~"'-~"-.~"'" :-'-_.
des
concepts
syst(~i:;iqu'2s en ·Occident d'une part, et des
'.~
1Il0dèles
stc:quentiels de
comporter;er::ts
que
j 1 ai
analysés
dans ~c-e'
travail
d'autre
part.
., .....
- 379
C h a p i t r
e
I I I
.;
-.:: ~.
DELHlITATION GLOBALE D'UN CHMiP PSYCl-jO-AFF:CCTIF PERTINE1\\~T
POUR UNE PRATIQUE DE THERAPIE FALILIALE
"Un des
problèn:es
les
plu~ intéressants
dans
la fo1'1".13. tion en thérapi e
î&.niliale
est de
s~voir comment persuader un
professionnel
formé
deluis des nnn{cs
dans les H6pituux psychiatriques,
ernpétré dans
le
cadre du diagnostic
t rad i t ion n el,
d' en\\' i s Cl t~ e r
un Co' pis 0 d e
d' aspect psychoti'~ur: cur;;:.:c un pl'oblè;::e
transitoire dans
les
rel~tions humaines.
-J.
li A J. E Y -
;:/Nouvelles stré:tt[.:',ies
en
thérapie faniiliale,
p.
24
"Le grand problème,
pour l'Afrique
moderne,
c'est
tout d'abord de reC0n-
naître elle-mê;;:e cette culture
tradi-
tionnelle
c'est
ensuite de
cr~er un l~ngage
intelligible
en vue
de n:ettre cette
culture à
la port~e de ceux qui
ont
rompu avec
les usages herm~tiques qui
. ~i
ont cours dans
les
centres
initiatiques.
D A -
~k!k~~'t~&iè~~~.#'r~'~;~~~;~~~~~~;tK~it:::N~~~~~~ t les va l (c:u r s cul turc11 es
.,
"
'; africaines
;"
UN:t~SCD
,
dossier docUI:,entaire,
.
~':
nO 4 ,
Par i s,
l 97 5
, p .
J 9
- 380
A l'étape actuelle de
ma réflexion
sur
la
recherche
clinique
en Afrique,
i l me
paraît
prématuré de
parler de
techniques
précises
pour une
th~rapie fan:iliale aV2nt d'~voir
d~fini le champ, le territcire ~elationnel ou l'ubjet exact
sur quoi
elle doit
s'exercer.
Les
obstacles
sont
fort
nombreux
et nous
essayons
dans
cette
Troisi~Œe partie de
préparer le
terrain en
jetant un regard
nouveau
sur
les
différenciations,
les
interaction~, le Ii:ysticisiile de lz,
sorcellerie-anthropophagie
et
sur lé,
statique
ct
la dyn2J.;iquc
des
sociétés
traditionnelles.
Le mod~le interélctionnel basé
sur
1<:\\
prdgl:;ati,~ue
de
la
cOlnlllunication étant
notre
perspective
thcorique
et le change-
llIent
12.I:iilial notre
objectif Y)l-atique
ct
c:i inic:ue,
i l
convi."nt
à présent de
resserrer daVQ;ltage
le
chai:'}) de
la
réflexion.
L'objet
principal du
propos
sera de d~]ier les
concepts
qui désignent
la notion vague
de
et de
les définir en fonction
de
la
consélnzuinité
et de
leur
impact
sur la psycholcgie des
indiYic:us.
Oost
de
cette :,élnière
que
le
champ pertinent
ou
lieu affectif apparaitra ~ travers
l'encagement qu 1 i l in:pose
à
ses
r"en,Dres
E.:t
les
intl, ractions
qu'il
1i';Ct en
oeuvre.
LI importance ,de
la
fai .. i l l e ,
cct
" orcire
prei, ier de
réalité"
(J. LACAN) ,dans la vic norr.~ale et rJé,tholcgique des
individus
et
sa propriété
fonctionnoLLe
de!:.~~is l' .~ge précoce
pour les
acquisitions
et
l'intégro.tion des
mÙl~èles de commu-
nicc:.tion ne
sont plu,,,;
~ déi::ontrer. C'est ce ~jue nous :.vons
fait
dans
les
deux prel1lières
pdrties de
cc
ti'ovail
sur la
partie
clinique.
Lè
proL)lèlie
actuollt'f;'ent
posé
est
la
concep-
tualisation de
la :f~l',ille afr-icair:e dans sa sp(~·ci.ficité.
A-T'-elle
une
force.o,~iscriJ'-,inc,tGire qui 1;, ciiffc'}'c-]';cic, d::111S
son
fonctionnement~,,'o(le l~
Ll .. i l l e
occideEtale
?
Si
ot4 ,le
modèle afriocairi dèS~th. rajJies fariliales aura des caracté-
ri~tiques différen~es
1!1L'.is
cc
sera des
peti tes
diff('~cnces
dans
une
grande
re'ssei"blance
avec
les
1110(:èl(;s
occident8.11x.
0'•
. I(~tude p'roposée da·i~E. ce
trc.\\',)il
esi
essenti'oj,c'I~ ne :::yr:c}L:o'oni .. u(
- J81
,o.
.~~'-r ..
A
._,
DE" LA -FAJ·iILLE .,AFRICAINE ou
~~:'i~~~'
~~ /-..~ .~...::~.
-----------------------------
---------~--~--------------~;
'·;:ç·f
.,' ,,-,:'
.
~::. ~
~ !..J.,' " '. :
La recherche d'un concept opératOire a
tré:1VerS
trois niveaux
====================================~=================
======
>~·1·~
de
relation
le
Il BC'lJuGUIl
et
le
IIZAAEA II
============================================================
La société l'iossi reste
toujours
notr,
point de
l<f':rence.
Dans
ce groupe ;ethnique,
trois
teri,c·s
cie
p.rent"
diffl'l'cn-
cie', bl es p3rti cipan t
à ct cs debrés di 've rs
la 5truct~ration de la conscience,
.
notion de
IIfarilille élargie ll
c'e.'ct
le
":: 0Gu em"
le
IIBoudou" ," et
le
"Z aak a " .
Ces
trois notions
tr;,c.iuisent
I l essentiel du système de' p;.:.renté ;,ossi
el.es
s'èJ':~boîL:ent
les unes'dans
les autres
en une
ori:..'anis;:·tiol1
cOl1ce,liricluc: et
l1iérarcl!-i'sable ;:~utour du terme af.fectiveLent central de
. :.;1
.:"
__. , '
;-.
IIZ aa ka"."'Des mo'dâlités relationnelle·s
sont
riüses
en pL:èce
pour tam~onner,~~-modifier l'homog6n{isation des implications
. '.::""
.' .".
psycho-a~fectiv~s ~elon
lequel
on situe
le
'''patien~f'tdésign~''<
..lr. '
'
-,:
'.
.".
"::
.
..
,
Le
. ,"Roguein", diffère du
terme
.
."
.
avons défini en parlani: de
l'ethos Lossi.
idors
qu\\:.'
le
"rcguem"
èst d'ordre biologique ,'r:ec0uvrant
l ' ascéndance,
'la ciesce~~ance :ètla lign"ée, le :.,:';!rofye::: miki'i 8:ot du
recistre;;-C-ult~re'l:; il, es;t la to·n·tt,ité é,if(,::ctiYC londél.!entale
et
les ~e·gie~>s:é·~,U:l.aires 'qui renf~rcent l'homéostase sociale •
.,..
"'
. . .
.~
Ils diffèr.ent.l 'un de
l'autre
#>
meme
s' i l s
n(~ SOlJt pas antinc-
'.';'"
'-.,-
;
"·F·.
.
•
•
: - : ' ' -
"'1.
"
~,
. '-.
,
.~.
':--:'.J.. .
:~ .~~ '.~:<:;~:~
~
~€:
..
'of: ,:i-~~..
~:~"! 'f.""=:~' ':::'..-4"~
~
:.::,~
:
~ "
".~~
~".
:r.. -
.~' .
B·
-
382
Le
"rocue","
regroupe
les
outres
catégories,
le
"bou,~:ou"
et
le
"zaal<::a".
I l
e5t
l'expression qui
qualifie
tout
lien
de
sung aussi
lointain
que
le
neveu
de
la gr2nd-m~re pater-
nelle
ou ma~ernelle
deux
individus
de
vil~ages diiférents
dont
les
mères sont
oriL:;in<.:;ires d'un !I\\;llle
villace
etc ••
Quand
on
sai t
que
le
s)'stèr.Je
de
mariage
est
exogar.,ique
on
mesure
le
champ
re12tionnel
que
représente
une
telle
notion.
Plus
proche
que
les
autres
de
la notion
de
"f'aniille
élargie",
i l
d~signe le lien de p rent0 le plus vaste ct le plus
ai'1'ective"lcnt
èdulcoré.
Sur le plan
clinic2ue,
i l
est
inopé-
r<:~tionnel p,~rce que:
le:;
",-cteurs
de
ce
grand
syst~me ne
sont
pas
vi tal Ci:!Ll1 t
t cnus
de
v ivre dans
un
e spa ce
reL'. t ionnel
d "Hl S
le que l
1 c
c (; n tex. t cI.!:": t li 0 Gé ni \\j u" des
a J) pre nt i s s ;.~ b' ': s
engencïrerc,it
les
e1"f'ets
o..ttendus.
I l
n'est
cependc,.Lt
l.'as
neutre
Q;.,liS
J cs
interactions
intenses
qui
sp~cifient les deux autre~ syst~mes. Au contrlire,
l'extro-déterr;;ination qui
qualifie
le
t~ pe psycholot;;'ic:ue
pré :['éré de
la
cu 1 ture
lui
0 uV r e
un T'ô l e
ci', c t ion f 2.V 0 r 3.b 1 e •
C'est donc
un
élÉ-i"oô-nt
él
:!.!]clurE:
Gans
le
gI'l-'upe naturel
quand
i l
s'aGira de
dÉ-:Cinir
;es
é1él1ients
ou
les
CSp2.CCS
interac-
tionncls
o:fî'ectifs
dans
1esque~i.s le
changE:L:cnt
doi t
s' eîÏectuer.
Le s
fal"i lle s
d' adopt i on
t rouven t
~l
tr::cvers
le
"rogucm"
leur
credo 18E,'itiJ;;e.
La
description d.e
::;uzanne
LA~__ LE!'Jd\\;D d'une
"1"ar;,i11e )\\;os5i ll
à
l\\ongûunsi
est
très
explicite
à
ce
sujet.
Le
"bouclou!l,
lui,
a
un
chal:p géographic,ue
et édfcctif
moins
l&lche
qUE'
le
"roB:uem".
C'est
l ' eSpctce
(:e
vie
de
la
consanf=,"UinitÉ:
et
de
r:-:rcr;té>
18. plus
sicnificative.
I l
s'appa-
relite
au
clan
en
ce
qu'il
est
d' "bord
et
é;urtou-L
l'ex}':ë'E'ssion
d'une
unité
anc':-str,.le.
::;ystèl"e plus vaste
que
l~
"Z2é'lka" ,
i l
est
}c'J
source
cle
rroj:'élgation,
cie
conseJ:"v:,tion
ct
de
trans-
n:ission
de
la Loi.
C'est
lui
qui
cJonne
,'n
sens
socié,l
aux
actes,
les
interprete,
les
corrige
et
les hé-Œl1ic'nise
avec
le
systè:,me
de
représentation
cos:T'ogonic!ue.
-
)8)
~:' ,......
'1-" . ~":-.-,,
Conf'orté "par---;':l; 1 idéologie reli~i-~use qui impose,te ,:t:'espect
de
Ce-qui-~t::t6~'jour~~éxi'sté:':~:;i~"t'~'a,~ition é'tl'~t la trac1i tion",
_ ' _. . ~~~--
..
.
.
. ï~.~~ .. ;~i~~
-
: ~ .'~ .
le
"boudou" ':acquiert" une .
"position épi s t érnologique"
l~. ~ALAZZOLI)~ Il est la plaqu~ tournante des ~écanisnies
de
la
cohésion - sociale et èes ,figures
ancestrales d' identi-
t'ication.
C'est\\-le garant
soçial:em~pt &utorisé ~t biologi-
.,.. ~/-'
..
que:':ent nééëssaire de 'l'hornéostase,
du
"roguem"miki"
que
nous
avons ~écrit au chapitre II de
cette
partie.
Corrélativement
,
i l n'est
pas
de
changement
qui
se
.l.a,:;.::e
en dehors de sasphère.
I l est
aUS5l
gardien de
Jet
ct yna:::ique , e t
tout
comportement
qui I.e t trai t
en caus (;
ce
processus homéostasique
est
suecc~tib~e de déclenchE~ la
lJiise
en branle du mécanisme pénal
de
lé1
c:ésignation.
héll:ë'
c é:l:.:;;;e nuus
le verrons
p.LUS
.Loin,
.Le
"ouudou"
possède
des
mesures
lcérèmonies,
rituels,
etc)
qui
permettent de
métacommuniquer.
Le
"boudou"
et
le
"zaé:~ka" entretiennent
une
schismogenèse
complémentaire.
Des
types
d'états
patll0-
.
.
~
.
log-iques névrotiques
ou même
psych~ti\\;ues appara,issent quétnd
i l
y
a
confus~on de :leurs champs rEi'sJ~-E:ctifs.'Cette "con:t'usion
peut
se
trad.:tiire -soit
par l~~:d:~:~ir ':'cJ.e l 'un de:::sl~lever au
niveciU de
it~ut~~ ; u~e ri~~iif~ s~engage et i~~sc~lade
installe
l~s.deux sy~tèmes ~'r'feur~ mer;1tJres dans une relation
schi Sntogén~,~ue·:~~:ymét,~ïqUe.'::~~~f; par, une anarchie dès prÉ~ro
gatives
qui?e'ngendren1 tille ":rü,pture~'ëles liens psychoai'fectifs
et
la
suppr~'ssi~n de~ possib,il~tés';oe r::,:' tacommuniquer. Ce hia tus
h y po s tas i e 'ë t
1 a
sou f f r an ce' e,~ ':1 ' i ne: i v i du;
1 e s i n ter a c t ion s
se
et
le
"boudoti" fonctionnemt' :~â.lors, anarcJliqueinent.:
,~~~,,:~--:,:_,:~:,;
~:.~~. :;- .:"'_.
- ' ~
-~ ~
~. ~~:.~:;1:-:'.>" ~
. . , ' " . . . 1 •
/;:~~i,.:;.rt.:,: ;
.
.
,
--?-·I.~.;'
..
>.-;.
.... "; •
Le
." ~ci:.â",ka'''~ es t~matérieïiéînent dL' i irni t ~i';p~r:vl:Iri:e concession
-':--". -··,1.r..··:
..'
,l~s __ '~père s 1:
. '.~..::
-r":
1;: o.r i s
" '~t c' • :',.
-~~j:~..
_ .- •. "".~
_'i' ;,~
..
....'
.....
. ~' .
. '~
.'"
-
)84
Dans
ce
système,
l'identité de
chacun
se
définit
en fonction
de
sa pJace
et
du niveau biologique.
Tous
ces
individus
sont
coiffés
par une
~utorité ancestrale que représente le plus
âg~, le grand-père en l'occurrence ou le père de famille,
r.laillon significati!' de
la cosmogonie
et du
"boudou".
C'est
le groupe
le
plus
restreint
de
toute
la famille
dans
son acception
l<'-~rge. Le
"zaaka"
est
l'espace de vie,
le
foyer
le
plus
significatif des
interactions.
I l
est
l'objet
pre~ier sur quoi
se
projettent
les
pulsions primaires
en cela
"le
zaaka"
est
l'élén,ent
structurant ùe
la
psych~
individuelle.
C'est
là que
l'~tiopathogen~se prend sa
signification sociale
et
pragJ:,atique.
:i,'étuclB".' de
lël };ragl;:2.i::LCl..lC (~e
la. cOdiiunication rÉ·vèle
que
les
1~~odèle5 COI~:portt"i:Lntaux pathologiques,
les
par,~do:;;es,
les
contradictions,
les
refus
àe
confin:,al.:ion
ou ùe
discon-
finilation,
les
relations
tangentielles
et
tant
cl' autres
fantasl1:es
ne
sont
ei'fic81ces
qUE;
si
les r, l elï,bres
t-ont nécessaire-
ment
engagés dans une
situation vité.tle.
L'investissell'ent
psychologique du
systènie
p2.r
les
individus
interagissant
le
rend unique
dans
ses
rè~les de fonctionnement et dans
sa constitution historique.
Ce
sont
ces
di~férences d'enga-
gei~ent vital des interactants qui caractérisent le
"boudou"
le
"rogueill"
et
le· "zaéd.;:a".
Alors
que
les
deux
prer::iers
[,TLtl1ds.
systèl.;es
mettent
en
scèlle des
modèles
interactionnels
distants
surtout
~ l'époque
de
la modernité
actuelle,
le
"zaa.ka"
se
carc:ct'_risc
par
leur intensité.
Il
est
l'architecture psycho-affective de
la dynamique
interactionnelle.
I l
est
le
ChWi.p pertinent
pour une
pratiqu8
thc'rapeutique
systéIllique.
La consistance
affective
et
l'intensité
de
la socialité qui
le
car~ct~risent
ne
S8
laissent
par Ininer ou diluer àans
l t allégeance psycho-
logique
des
relatïons
loint'liEes du
" ro f,'uem".
- )85
I l est,
de
plus,
dé1ir',i table,
dérinissable
et
spécifiable
dans
sa géogra~hie, dans
sa géométrie
re1ationnelle ~t dans
son histoire
al-·îective.
C'est
cette ciil.lcnsion
réaliste qui
réj-lcl
les
proces5us de ciif1'é:rÛl1ciatiol1 qui
af:foctent
les
rnodè le s
cl' in t er2.C tion que
nous
avons
d~' c ri 1:; 5 au chapitre II,
changeables,
n~anipulables en dehors dli
credo mystique
et
hermétique de
la culture
traditionnelle
(.
]-' , "1·') n,"
B'
\\ A •
U-\\..l'-l"::,- l L
_;J,_,
la
jeunesse
et
les valeurs
culturelles
a:fricaines,
LI~I:;SCO
clossier àocUi::entaire
,
nO 4, Paris, 1~75J
~roduit sp~cifique
unique
et
original
d'interactions
par tic u l. i è r ::: s e t ct' une
r (;: n C CHl t rel. ' in div i cl us
(, ive :c s,
le
"zaa1,;:a"
se l'en':;
FJlus
intelliGible,
il.
est
leo:
prociuit émergent
de
18. dynai.igue
intcractionnelle
corJstituée
par
l'ethos
et
le::;
COL, P 0 rte r . S l, t s i n div i. due l s.
Cet t c o r j. b i E cd i t é
est
jus t i-·
ciat)le de
la cilversité n,orpllopsychologiCjue
Inais
aussi et
surtout des
moc~èles d 'lnteractions spéci:fiques.
Le
"boudou ll
et
le
"ro,;·uen!"
trO;YVC1~t
J eur
support
psycho-social,
lc;~ é-lé-:'îeïlts de leu:;.- pcr,,:;:t;iC,îce ct de leur
change;::e:nt
ainsi
que
les
processus
cle
di:f:férC:J1ciation.en
leur sein d2.n~ le~ " orc l1étypes de l ' :LnCOrJ.,;ci.cnt collectif".
Ils
son t
do: lt i nés
I<: r
l e .s
:1" Cl n tas 1;, C S
rel a t i l' si,..
l a
~,il é ces s i t é
de
la
conservation de
J'csl~,èce et du clan.
Leurs
préoccupa-
tions
sont par cons{quel1t d'une
abstraction
logique
et d'une
considération è'urparteJJé.:Jlce
J1~ycholocique àif:férente du
Il z a il k ail.
Les
ci i r; je n 5 i 011 5
con; po r tél:: (: Jl t Cl les
in ci i v i cI u e I l e 5
et
collE:ctiv·:.s,
les
cE..:r-actè,rC5,
les
recherches de
sécurité,
de
confirr;;cltions r:-,utuellcs
sont
conGition118s
Pç,·.r un même
objectif
la vie du groupe.
Leur
sp~cifjcité rûside daLs la tendL:illCC contradic'toire
<.\\.
'l1or:'ogé1l0isatiol1 des
s
ntii,(:n';s d'élÉ:l;:ents
llétérogènes
,
-
dans
la
cellule
ic1~ologiqu8 de d~~ensc de la cor:~I"~~~~~~~~~
':""'.':.
.. )86
Le
"rogueiil-ndki"
déjà d2:f'ini
au
t i t r e
d'élément
stabilisateur,
est
la
superstructure
idéologir~ue et biologique qui garantit
la cohàrence
du
systèrile
et
la
résistance
au
chang'elilent.
C'est
en
soi
une
àirr;eJision dyna.r,;ique
qui
ir"pril1le
dans
la
psyché
individueJ.le des
modèles
communicationnels
d'une
certaine
valence.
" Zaa!-::a"
"boudou"
et
"ro~;uern" sont donc des
syst(:';mes
interactionnels
d'influence
et
cie
structuration
psychique.
I l s
sont
dif1'érenciables
et
hiêrarchisables
entre
eux
et
entretiennent cies
ranports
dÉfinis.
Ils
s' in:bri
uent
les
uns
tdans
les
autres
et
les
con0uites
et
les
discours
qu'on y
observe
sont
caractéristlque8
de
leurs
interactions
internes
et
externes.
Ils
:t'on,ent d'une
p:J.rt
une
org:anisation
concentrique
dont
i l
1'<:è11t
rrellc:re
le
r i sou e
ct e
d i :0, t :; n,cu e r
-
' , - - ,
les
for ces
ce 11 t r i :lu ces
é t
J es
f 0 :L' ces
CE: n t r i p~' tes
et
i l s
se laissent
traverser
j'Gr
les
mên:cs
modèles
de
différenciations
iritersexuels
et
intergén~rationnels.
c '
~l
donc
le
"zaaka"
possède une
c.lynalliique
psycho-socinl.::
,qui
lui
est
s P é c i f i que
e t
s i c e t t e
d yn a j'l' i que
est den é, tu r e
interactionnelle,
~l est
le
champ
ou
le
foyer
a f f e c t i f pertinent
d'où s'orig'ine
la
souffrance I,entale.
Ce
sont
les
I,odèles
interactionnels
qui
y
sévissent
qui
seront
l'objet
du
change:'cnt.
La spécificité
des
rno':]èles
qui
gouvernent
les
super-systèl!les
comme
lc~
"boudou"
et
le
"rÛbuei,,"
et qui
sont
inchant;'cclbles,
cont'ère
,:,
la
"[clliii I l e
zaaka"
une
ci.è"-i:en::ination
psycllo-
af"t'ective
appréciable
àans
la psycJlé
individuelle.
En ]n(:;i,e
temps
son r.iode
de
difïérenciation
ct
\\.;e
constitution !listo-
rique
lIes
mariab"es,
les
n,:~iSSé:U1CCS, ,es
règles
établies
par essais-erreurs,
etc .. )
lui
confère
une
:1,orce
àiscrilili-
nettement
que
les
interactions
sont
cles
félcteurs
gé-i10tiques
~FTg~~!-O~'~~~~$.iA~~~~tEuctura t i on PSYC]1 oarfec t i Vl, à a traver s 1 eurs mod èJ. e s
la sou:t"france
ne.: l_,eut
qu' cn
être
jJûr
consÉquent
le
pl'odui t
émergent.
lTenons
quelques
exerr,ples déjà
analysés
dans
la
'deuxième
partie de
ce
travail.
m"VeSfti.-zc;am
- J87
Dans
le
cas
c~ini~ue nO 6, nous avons vu que tout le
village,
ce
qu'on pourrait appeler
le
"boudou",
s'e~t
ligué
contre Abdou
l'iëme
ce r t ain s
é l érr.e;-) t s
du
" l ' 0 gu e Iîl "
s' y
sont
w::'lés
donnant des
conseils;
~linquiétant Ce la violence
du 'Ilialade"; proposan t
de s
1'eu1li,e S
COi;;l;;e
sol u t i on au
"lJroblèrne"
etc
Cependc,nt,
les
diïléren ts
entretiens nous
ral;,enaient
toujours
dans
un
cllamp interact;onnel
plus
intense
ou l'implication
psycho-aïfective
est
la plus
siGnificative
le
"zaaka"
le
loyer dans
lequel
i l vi t
derJui s
l'enfance
aV0:C
son
cousin
qui
e5t
son
ccccompaenant
actuel
;\\
l r I1bpi tal
ct
les
autres
grands
frères
ct
so(ô'urs.
Le
l.lodèle
rie
ponctuation des s:::hemes
est
spC;Cl:liquC'
d'un
eSlJélce
l;llls
restreint;
cjue
le
"roc;ueiE"
eT
le
"bcuèou".
Les
pluS
concernés
sont
Ci 1 abord.
Ce1..1~·: qUl
•
iiic;,:e
concession que
le
""18,1 aei e".
Cie s t e ,n:
CFIl
chc:rcJ,enT
les
SI..-lutlons
et
qUl
sen1.
les
i:,;:;.il.lo;l~' cssenticJs
cle
1&
communice,tion ayaln
structuré
l e
V0CU
cJ.u
r2.ticnt.
}'our
le
cas
De
Hbdou B.
la
demande
est
claire
"Docteur,
cii::,inuez
sa
force
avec des
j;;~dicc,r:enc,s, pour qU'lI
11 e
v l 0 l e
1:' lus
12 ,,;
fe ;" mes
~i tu [;uéris,
on
te
cluine
une
fen.me
etc.
"
C'e s t
cl Cl n c
la
l ' è g'l e
Cl u i
LU i ù e
le,,',
c (11111:' G rte J. !. nt s
cl (: s u n s e t
cle~; autl'es c12.ns
le
système
"zaclka"
et
qui
diffère
cie
celle
cl 1 autre~
sy~tèlr:es
qu'il
fQut
modifier.
L ' ex éi ;" C n
c1 u
c él. s
n ° _ c (; n cl. u i t
<..:~ C (. n s t a ter l e 1'1 ê :,: e pro ces sus
d'identification des
systo;.;es
emboîtés.
~ a mere de la. Iilalélde nous a
10JJ.(;'temps
caché
léS
!;;otifs de
son
jeu disqiJaJ ificatoire
qui
con",iste
i_l
sc"
servi}' cies
r~G18s traditionn811es du
"rogue;. miki "
pour dénier
le
c1roi t
a
la
Il 11, é: L ..: cl e"
à e
s C
:T: <:. rie r .
Ce
j e LI
apIon Gé
s a
fi I l e
c.'~ a 11 s
un dé-lire llalll,cinotoire
i"
contenu persf'clltif
Il i l
Y Cl un
CC' ni plo t
cu 11 t r <::
f1l ü i ",
d (; cl are - t - cIl e •
-
J88
La m~re refusait le mariage parce que la dot n'6tait ~as
totaleElent vers6e.
I l
Y a
là une
cornplici té cie
lé. fa;:.ille
Itbouàou lt
qui
renforce
L-_
si tuation d' intenabili té e.t'-'ns
laque:Lle
est
enfennl~e fenda DiaGne, la Itlilalacle lt •
e
systèr:e
qu'elles
forrncnt
à deux ne favorise
jJüS
la rï:étacommunication
et ne
confirme
pa s
5 on
ic.'en t l té
pour soi
et
pour au trui,
en
considérant
ses
scnti-!:ents d' an,our COmme
émanant d'elle.
La
mère
rigidif'ie
ce nexus
en
se ,~urant derriere
la
tractition-
nali té
elle
dira
ilIa
tradi tion,
c'est
la
trc"di tian et
Venda n'y chélngera rien ll •
Le
ci e gr':',
ci i f f é r e n t i e I d e s
i li: pli c a t ion s
a f f e c t ive S
ct e s
systèL;es déLns
la vic
des
sujets
E::st
rt:vélé
par
:La clinique.
Je vais
repr(:'senter sclléi::atiquC': Cjjt
Je niveau
d'er':boîte: L'nt
de
ses
trois
Systèi.CS
"ro{::ucn lt
IIboUclOU"
et
Itzac"lkali.
IIRoguern lt
ItBoudou lt
ItLaaka lt
p m
- J~9
....
,'
'-
. -
·Un.~el mode d'approche autorise a questionner les
~f;O~:~i;.
...:." ";:-'~~\\Yl?t ~ .;..-._
:._:
-
: -?;;";'.
. ,
..
. ';~"modeles·.;mystiques et inacessibles <:lU clinicien que véhicule
;".".
.-....
' .
j " "
, "
'\\';':".:j.iethnopSychologie
i l permet de
délii: i ter
les
frontières
~
.
-
.'~
psychoaffectives
ùe
la fali:il: e,
objet du
cl1angei),ent en terme
systémiq';le.
Si
l'on adlnet
Ilia dél!.arche,
basée
sur le processus
schismqgépique de différenciution,
de
situation des
})ersp~ctive
interactionnellE:s et des
élén](~nts interagissant chacun à son
niveau logique
et
statutaire,
l'adoption des
techniques de
.changement
élaborées
en
Occident àevient
possible.
Cependant
r.:our évi ter l'écueil
par
"ci j lution
dans
l ' uni-
(cf épigraphe du Ch.
II)
je prendrai
soin de définir
les
n:odali tés
spécifiquel::ent
africains d'apparition des
cornmuni-ations
patbolociques.
Cette orientation nouvel] e
éclairera
JeUT
siG'nific2tion
ethologique
et anthropolücique
s~,ns ver::: cr dans
gation murée
du
particulier"
~j.;,. Cl~SAIE.E , ibiciem).
'CorrélativellJent
les
processus cie
rJroc1uction ciu
dÉlire,
des hà~lùcinations et autres coniporte ,nts adaptés seront
"';9b.j~ctivables par: e tJH:Té'.l_·cule 1101'5 è'l creèo mystique
,traditionn~l.
Débarrassé de
la
tyranEie
sir-;pliste de
l'ethnops)'cho-
~logie~t ftu langage lin?aire qui structure le modèle psycha-
. ',nalytique,'la fan,ilJ.e
se
18.isse
cc,nceyoir
COIll:lle
un groupe
, ,-::.~.......
:...- - . •
:<-
natur~l délimité pû'r l'organisct'tioll concentrique ciu
"bouclou"
du'
"roguem Il
et (lU
"/_ aa ka".
}-roc.luit
é::er[:ent de
tous
ces
s~'stèmes dont le "zaaka" est le r·lu~· représentatif et le
'·'I~i~s.psycho-af:fectiv0ent s:icnificati:f, il pE:\\it se définir
';cà .;travers ,qua tre
él él:iE:ll t 5
.'
-~- - .
.
~
~.
~dri histciricité constitutive
sa
structure
int(~rGJ.ctiorlll(;lle
• • ~
, .'!\\
•
•
.0;'-:-:.'.
_ ....
",
-;-' .. :':" -;:1:.':-
".~ .
,et' 'sa ,double fonc t ion
l'j'](ll::éostaec
-
~ <
~ '. • ..... -" •
~
-et l a transformation.
'-'':
".
'~-". "-.'-"~'
'. _
_
_ ''''''',. -.' -
-. :,;::-- :.':,-~ -:;~'--" ~ - ...,. :...,.. --. -..".-.
~:~~):.~:J;~~>:~.~~:::;;:...~..:
..~: ...
-. ···.:~:~l' .>..~~ -; ? '.',": -" ~";' ..'
·''H''·W
-
390
La
falilille
africaine,
ceLLe
qui
rl:pond
2.
la
c;'éfini tion
du
champ pert inen t
pour une
thérapeu t i qUl-:
sys té;,; iqu e,
t out
coume
la
:fa:y:ilJ.e
occide;-"tale
est
un
sY8tèriie
viva;et,
llJ.sto-
rique,
Sr'
structurant
2. tra\\'(::;.-::;
les
rè'g'les
de
cO:.:::unicéltion
conforilJes
aux
modèles
interactioEnels
et
i'onctior:rlc:nt
COI':r.,C
un
étéJ.t
d':.quilibTG
toujours
p:;:ovisoire.
,-:n8
t e l l e
d·. :finition
s 'harmonise
avec
notre
objecti:f àe, disceri1cr
.e
cha:np
pertinent de
la
pathologie
et
du
lien aff'ectif
en vue d'un
projet anthropologique
de
thérapie
syst~~iquc en Afrique.
Dores
et
déj~, on peut dire que le modèle africain
des
tl1érapi0s
j'ariiiliales
aura des
caractéristiques
d i f ï é r e nt e s e n
r c ::,2. t ion a v e c
les
for ces
dis cr il,'! i n a toi r e s
d 8 S
interactions
j/,tl.-éilal'iJi::.d,E';o"
i:.a1,S
ce
sera. (l(-:~· petites
èi:f'fércJ'lces
c.~~,;:s un'~' Cl"-'.l10.e rcssc: .. blLtnce é:VCC
l é S
:,;O'_cc:;"CS
occident2..ux.
- 391
=============~=~===========~==========================
====
~========~==========================
l';otre
propre
eXjJc·rielîce
a
;;,ontrG
(jue
lé,
prise
en
c}large 11' ob8issai t
J,l<:tS
c'l
un
sclléma
m(,Utoclii;Uf."
et
sY:ô'tél1latiqu(;.
Les ma12des 6taient
2.
la
l'ois
sous
cllir,~i()th6rapie ~t
jouê_ient
ê,
1<":L
:fois
le
rôle
de
psychotJ1énlj,eute
et
de lii0decin
prcscrijJteuJ' (':'CJr·:,:();1né'.llcc~; et
c~e sismotllér;:,;:>ic.
en j:.'élSSC C;'Uil
SUi{>lant
<oc
l ' 2\\lt1"~
pOL2r une
psychotl}(~r~,:!.ic: (ct le:s entretiens
avec
les
1'amilles restent
sl)orao.iques
et
non
systématisés.
Bref,
i l ïii'a
semblé qu'une
In0t-hocie
faisait
clèi'dUt
et
que
l'en:piris!!,e
reï:,tif <:.tu
dia[;nostic,
ci.
L,
lecture
des
syn:ptônles
et
aux prescriptions
m<'llicc~lcs illustréult la puissance
li1écaniquc 11'lode1'11e
ainsi
que
les
fantas;iles
qui
les
entourent,
réduisent
consio.érablei8nt
l' efficacité
thérapeutique.
Pa ra J. 1 è lem e J1 t o n Ji' e s.- aie
p 2. S
cl e
t i r e l' 1 e s
l e ç "n s
cl c van t
les
conclusions
relativ8s
aux
tlléi'apies
duelles
et
(Je
s'interro-
ger sur les
éLEal yse s
c tlmepsycholog-iqu es
qui
o1'i cn t en t
la
socioth0rüpie.
1<00.5
avons
dé'jà discuté
cans
la
lJrei,;ière
et
dans
la deuxièi"e
rc,rtie
de
ce
travail,
des
obstacJes
sp~ci-
fiques
à
la psychologi0
clinique
duelle
en ~frique. Deux
réf1exions
sur
l ' a t t i t u d e
c::"iniql1e
retit:'nnent
l'att(ôntion.
L8
pre:~1ière souJi(:;ne le hiatus,
un
dé'calage
entre
l'0volution du
"malaôe
d~'sign0:Il
et
celle de
léL
ramille.
ComJ:,e
le
font
rer,arquer les
Crticu8s,
le
teJ:,ps
o:u diagnostic
dû
aux habitudes
médicales
psychiatriqu,:s
ain~i que
es
entretien,-'
de
psycl:otlJ,~rL'lpie duelle font
souv<.::nt
évoluer
]a suuffrance
alors
que
]e
corps
soit,'lJant
n'a
pas
éncore
une
vi s i 01.1
C L::. ire
s 11 r
l a d y Il a [, i q u (;;
fa;!; i l i Ci le.
-
392
..,
L"expérience
a
montré
que
cette
évolution
se
transforJ"e
en
véritabIe
"problèl1le"
'J. HALEY) pour la famille ou pour
:~~ _:
:..
..
,
. un autre
membre
de
la
fafiîille
par l'entrenJise
d'u;1
espace
p~~choloGiqueG.cnt investi qu'est la relhtion clinique duelle
e l l e
con t r i bue
",omen tanéL:en t
à
accroï tre
la
téns i on dans
le
groupe
familial.
Ceci
prouve
que
le
chancement
est
mal
accepté
quand
i l
porte
sur un
élément
isolé
du
Ey~tème.
Les
nombreux
cas
cl ini que s
que
no'"s
avons
di 5 cu tés,
cas
Sidy,
accoillpacnant
d'Alpha,
appuient
cette
reflexion.
Considérons
ce
cas
précis.
Sidy est
l'accor,pagnant
6' I~lpJ1a son grilnrl
frère.
en
con s ta t e
Cl li Co'
qu e l Cil\\ e s t e i,: S
<':ll:Œ è s
l ' ho spi ta l i s a 'G ion ct 1..1
"malade"
j. l
cou i' (0 n c e
i~<
S 1 ai', é l i 0 rel'.
Cep e Il. Ci éW t ,
e t
p i:l r a I l c -
ler"ent,
son
aCCOi",ip,,,g;r12nt
fT!2nii'este
un malaise
G·én~.rCtl
des
céphalées,
des è.e,ul(our::,
dii"i\\;::;es
Cdl;S
tU1.1t
Je
corps,
des
Br,e:t',
Sic.ly décompenSê.lit
8.
sen
tour,
c:t
lé::
S)ï.,ptoJ;atolocie
étai t
la mëLle
que
celle
naGuère
pl'É.'sentc';e
par
/dpjla,
celui
b~~ucoup d'autres, montre que l'accoi::pagnar,t n'est }Jas un
éî~r:lent neutre avec le
"n-;aJade"
q u ' i l
éCCOl!,pagne.
~on choix
"ne
se
faisant
pas
au hasard,
CO);Jl,',(;
je
l ' a i
expliCjûc' diJ.ns
la
,avec
le
"m~.lade" ct avec Je systènie i"w:ilial sur
e
clos •
.. ;" .;..
' ......
La
thé:L~apcutique ne Goi t cic'nCj·;é'.S cc.'ncerlier unicue
nt
le
: "rÎ1ÈtJacie désig'ne"
,,:ais
Tc'ut.e
l,! rr.::l':.. t.il'n.
i,e
!':~it P01.'T
". l ',è r' j, s t è
°
il;
1 0 ~':_ i G 0. 11 cd y t j CJ u e d. e
j' roc C:' cl e:!:
ci. 1..1 t n= j . c n t
p] .0 y °que
".-, '
tout
sc
passe
ccr,;;;:e
S i il.
y a n : : cc:ssi te J.-,our le
s)"stérr,e
ce
"!nalacle"
pour
~,urVlvre. Genc.ralc:.ent,
c'est
.:z......:-~
~"'.:.a~ .
Si c;y
i c i ,
q,u i
est
" s <lcrii'ié" •
.~
.:=~~f:
.' '
-'f
.; ':•.:" '
:...~':v:~
.-..,. .....
- ..~:~":..;; .
.;#-
~.
:::. l~'-'::"
-
)9)
La deuxièriJe :;:-eiJ.arque
purte
sur 1::, diiTére]èCe
entre
l'épistémoJogie
etl1novsychologique et
la pratique
clinique.
L'ethnopsychologie
r~duit la problélnatiQue étiologique du
troub' e
nicntai
Ct
une
extériorité·
agressi~·e des a1Tects anti-
sociaux dont
les
sorciers-anthropophages
~ont l~s source~.
De
cette
manière,
la
clj.nique
colore
185
syrnptôLies
avec
les
sentir.:ents de
persécution.
C'est
pourquoi
on adr:;ct
couramment
que
la psychiatrie
a~rica'ne est une psyclliatrie pers~cutive.
'La
pratique
clinique
portant
sur
18.
l;;aladie
en
tant
que
ph6nomène
social
statue
autrement
l'6pisode
d61irant
et
hallllcin2.toire,
rc:st un
prütll(;,·c
trL.n~·it ire cléll1S 1(--;:':· reléd;ions
hur:aincs.
Jc:lle
sjtue
L:t
problén:é.lti'.:u,-.'
étioloC,ique cl~'lns la
cJynéunique
interactionn.elle.
Les
(iifIn('rents
cas
cliniqLles
E' x a;: i 11 é s e n
ri (: 1..1:;~ i è; e
}j z:. r t i e
r L' v C} (C. ~1 t
10 s
L: 0 cl (' les
él e
Ainsi
l'analyse
de
"l'accompagnant ll
cornr':G
CilS
cllnl<l.:e,
Sidy par exe:.plc:,
montre
(!U':
la
confusion des
statuts
et
des
rôles
0ui
nlinimise
les
rel~tions diff(rencicies, ain~/puin~,
fille/garçon,
circoncis/non
circoncis
etc ••
produit des
troubles
psychiatriques
ces
troubles
sont
des
signes
structuraux de
crises
intrag~'nl':rationnclJes. Les cas nO 8 et 9
rÉ:vèlent
que
la d~sarticulation dén:e5ur~e de
la
stabiLité
des
lignes
de
clivage
g6rontocratiqu8
traélitionnel
par des
comporte; cnts
qui
trouventleur
origine cians
la 1:10derni té
(m~riages inter-raciaux, l'architecture individuelle etc •• )
inclui t
dies
d0sordres
p~~ychiques du L.i t de l'errance qu' e12e
i l n ' y
El
.P lus
cl e
l ' e l' è- r e s
ide n t i :1 j c a t (: ire S
5 0 l ide s •
L'aspect
étiopathos'énic!uc d'urL:
situation
collut'oil'C,
situation
dans
laquelle 1'(;1'S011)1(; nE:
sé<i_t
qui
est
qui
et
qui veut
quoi
et
qui
~~vo1'ise les tromperies et les hypocrisies est illustr6
par
Jes
cas nU
5
et
7
ainsi
l-lar:iad Ta_'l
nous
fait
pc,rt
Cie
son d{sarroi
-
394
--,..~ .
,~:iH •T. _-) -Parfois, je suis raisonnable et appartiens El la
'\\:>~;".
'religion musulmane
puisque
c'est
la religion de
,i;.~;~,
mon pl,re.
l'.ais
quelquefois
aussi
j ' a i
l'impression
,"",
, ....
.. >"'S
•
à'avoir bafoué
la religion
catholique
pourtElllt
je
.-,~' .
n'ai
pas
fr~qu~nté ~e catholiques.
·"t
. ; , " .
. ;:::.
L'accompagnant
qui
lixai t
depuis
longteliips
52,ns
parler,
l u i
coupa
la parole,
sans
conviction,
et
~rononça d'un ton
déconcerté
ces
mots
Doudou,
l ' <:tc c OI!lpagnaT; t
-Je n' arri ve
pas
L,
d
l i n i r ilion
frère.
L'etlmopsychologic
Gui :::et
l'accent
sur les
structures
;imaginaires àe
l'aeression ne
rel'ci I)é',S
conT,te
cie
ces I:leca-
. ,
,
ni smes' c oll1'"uni c El t i onll el s
a : lerlé'l11"CS.
Ce décalage
résulte àl!
:Lait
que
les
cliniciens
ref"usont
que 'la th(~orie t=:t
la prz;tique
5 ' c~coutent pour
se li;odi:C:i,er
~mutuellement par de~ e
fets
de
~eed-back. Roire projet
.,-'.
>montrerai t
que
l'éFic·tér:,ologie
etl-mopsyc110J ocique
cbt
supcr-
-. .
:{ficiëi:1e'et
li.::it une
analy'se
erronée
sur
le Héel
<:::t
l'll1~agi-
:;-'
~ ,
<:haire ainsi
que
sur
le
écanisme d'implication du
; ' - .
~:~logiq~,e dans ,c soci21 et l' insti tutionnel.
-.-,
:'Pour ma part,
je pense
que
l'ana:: yse
psychosocJ. a.; e
des
"
-.
.~.
~':;
.:~processus de
cli.ff~~renciz,tj,o!J et cl 1 i n t cS r,T z, t. j 0 11 SIri J.' P u J' El. n t
5 U r
';'1 'exp'~kJence c~inique
.t:.-.
Et
cond'.li t
"
18. cl,:fini tion de
J.' extro-
j.
:,~:déterm{nation COi,ue typo psycholo~iCJuc~ prtféré
cc
fait
:,jrive ,.tout
projet ci' é:utono::isation déiJ1S
un }l2H', do;·;e
l'auto-
':·:,:iiomie "~t l'inc:.C.eLdanco sont :f'ejlctiol1 du de~,ré' de socj.abili tG
?;"" __'
~~;);..4~!.' '.
..
::"forte~:9.u',elle
est
d(:L;'lt>
ce
sys'<:ù:e,
~<le ir.:plic;ue que pour
-.';
~s' affi.~;"chir il l Z~L.'.L E' aFpu;·-eI' sur J. 1 auLre. l_:n c: il1i(~ue, la
--'-'" :''1',-.
'''~:recherche' c.: e
. .
...
}
'-.
l'·' c;
J2.
relation
e
2ttoste
cette
...,- -,":-
~.~~.
·-'"r :q
.......,.':.
.... ' ....
- .395
De
plus,
l'obscrvLtion
clinique,
en :montrant quel.' eff~lorescence
, : . ",~,.,'
~ "t~;;:':
.....
.
1
cl' un
symptôr.1E: pOl~te ])::;1' un élément d' unsyst'ème aÏfec.te >souveht
douloureuseuent
ce
àernier a
l;:oüifïé ·:not;·~,~~·si~:n·~th~!~~iàt~<;~:
. .
"
et pratique.
C'est
ce
qlle
l cs
Crt igues éiéàuisen't de leur
propre
travail
clinique
en Afrique
,.:
"les quelques
cas psychiatriqu0s
étUdiés à
ce .jour permettent
ct 1 apercevoir
cO;ilment
certaines
tensions "intrafamiliales
indui.,:,elJt
et
nettcnt
en fOl-me
ilIa .maladi,e". t
comment 'se
désorganise
le
rÉ:sc2.u
ci.es
rê·lc:s
traditionnels à
l'égard,
cusons,
du
"1~ils bien
portcult Il
t
pour se
réorganiser
différei:'ï,;8nt
,:,
l ' enùroi t
d,l
:f'ils
"malade",'~
( l ' '-",
r 1 0_,
:::1 --:- -....
C " i '
î
\\..edlI..e
c.:.~l._.ccclL,
p.
-
r,
.)
.J,c;:,
Ces
concLls~LCj,-is clinic;1..:es
on ne peut plus
claires,'
ob~,ib(,,:t à interroc'er de 1:,é\\Lière critique l'épistémologie
psycLc.,nalytiquc
et
(,cs
;,:0,::81(.;:=-
linéaires
:
une nouvelle
elle vi~0ra ~ la fois une définition
autant
que pcssible de
l:c.
problél'latique
sociale de
la patho-
crcnèse
et
l'efficé:.cit{
tl>~ral:\\eutiquet l'une impliquant
l'autre.
Cette
eXiCeJ1Ce
qui
est
~'épi6entre de cettere6herche
5 e:ca
c: ';;Cèl.;:>:3( dans ses Crc'.;l,; es l i;;ne s. La pra tique cli!1iqùe
qu'elJe
ir,'pliquera sur
le
terraindonrÎ-er~"·~'~{~e!à.des-':r·éfiexi~~s
uJ té-l'ieures.
La
prssen te
tl1è30
n'est donc
que
le f'onâement
/
de
cette pratique.
.1'v.... ; -
Le
progrès
de
la ]) s y c 1, 0 log i (;
socicile jiortan t
sùr.:~le 5
. .
. -
.~ ,
.~.; >'
"
- ' ' ' ' • '-.'
. i
..""
d ' :i 11 t, e r a c '~ i G n
ct
de
cor.ll',unication entre
les niembres
ù 'un
sys t èi~ie na ture 1 c on,,",e l<:c fû\\ .. ille nous sera d' une extrême
ü,portant'e u t i l i t é
t1H~orio.ue et pratique.' :Ce sont de,s' ~oncepts
.-
.
.
" .
~~e psycl101o c: ie S oci:::.l c
(ScL.ismob'enèse,
interaction ", ';commu-
nicc.:.tion,
eTC • • )
qui
ont
j'crl,is de définir; le
principg..L
espace cl e vie ,
l ' é cc J. c; g-i e
ci u
p2Jt i en t ,
l enexus famil~:~~,~,~a~~'-::,'
un
c on tex~. e L,11 thropc.l oGi que
;
un 'vérl table. champ 'psyj~ho"§6~ci~i"<'
que no,~ savons
appe l é
lieu de
soc,iab:Lli té':int~nse -.,
... 396
: -:
!' '~):.
" c ' est un s y s t è fi: C soc i él] ;~, u t 0 - cor l~ e c tif dan s i e q u e,l ;"·'1e
-.,.
comporte;:ent
est dirigé,
réglé
et
structuré par 9.:esf
proces.c::us
internes
CiU
)"oyc-n desquels
les
membres:de ,:'1 a ,
i'ar:iille
se
fixent
Jes
LJJS
les
e:.utres des
limites" à·'l~èur
l ('
C n 11 C ;., t
e t
l a
vi ole 11. ce,
p. 105)
,~,
Une
telle
vision
p:oycho-sociale nous
conduit à
.,
cons idérer le
s )ï;:pt Ôi~e c o,;,·,e un contra t
entre 'des individus.
~'-
irnpliqués d2.ns
le
s-·.5tè:::(
int"Tactionnel,
"zaaka ll •
A. partir
de
ce mon:ent,
i l
r:c
reS~(8 1~lU5 (lU' à définir les. "termes de
ce
contrat"
et
son "ioc~(;lc éJi'in de le modifier.' L'9bjectif
cl 'une
telle
zt]:procLe:
esL
(:8
eJl;'-Ji~c:er les modes de communication
l)our
10sqèjel~; le r!'.(~: .. bl-é.· c.;;; :'.;ys-cè;i .. e
souffre.
La stratégie
,e
J're:ier
sera
c'e
C' ];-':i"érer
les modèles d'interactions
i'ai.ilialcs
pouvant
cc·nc::,irc un
individu engagé dans une
situation r;iicrosociale
y::t·, le .i en s o u f f r i r :
les
théoriciens
et
les pratic:iens
c·es
ti',
c'ri',s
fsystémistes
nous
enclonnent
quelques uns
le
,,,,,'b};
-b:i.J1ù,
les
confusions de
langue
et
de
rôles,
les
pscuclo-:.,ut':éclit,:s,
les phénomènes:.. d~ ".b'ro~illage's"
':-;
J;-~
ela,nt)
les
rappor,-5 hétéro~è ,',(uels,
les disconïirmations,
les
disqualii'ic&1.ions,
les
l-,,<ic..,tions
tangentielles',
etc .•.
Les
cas
cliniques
,'·;;~,JY~'i::" cians la ~euxième partie e'i: dont"
j e
vie n 5
ci' e Il
c. tera
sur le
rapport
qtii'existe entre
les
!~-,écunisrnss P~;) cj:oJ.o._ j','es qui gouvernent la vie 'de relation
o"t
les l.Jroccs~u~; i:ccs_·,.ct ~c<ne_~: en tant qu' élémel}-ts .de :Ten~
..
1orce, Q;11.
éc,t C18
l<c:,Cllit,;",ion C1;[:1S
la pathologie.
l,a,.part'i~"
critique
sur
"'-!·l.
défini
le
typede~;~lation .,....~
,.
l'one t ion]] ',: J le
ct
ue
qui
régit
l'indi~idu~1 ~t
.
L
J'iJ'lstltutionnel.
,
....
-\\.-
,"
'~~~'" ,;If; ~~~~;;;'~~"t~~~~~:
'~~
~ ..~. _:,. -;;-, . :'-::.~1·.'
..:~< '';, ~'. ~,'.'-;..~.:. . ,~.:;:;;,
.J:'_:'-.
-:;,-
:: .,-~ ..:~.
~~ll~:
.-.:.. ç:'
',.
. ~è,j."
. .~ ::t
:~
-
397
Une
telle
rc"'i'Jexion nous
c,utorise
;, nous d(~'lu.irG des
C',j:S1-
dérations
mystiques
ct
herr:<ticlUCS
et
~~ situer notre actioj:
sur un
terrall1
scie~tifiquc.
Le
troisiè;:.e
point devra clé.tern;incr
la
l'cn,;e de
COI1l;,;U-
nication qui
fait
qU2
le
trcuble
persiste
ct
COliiLont
la
sou1ïrance
ellc-rnêr;1e
cont:~ibue à maintenir l' hOi'léostasc
f'an:ilic<le
?
1.0. aussi,
':es
cas
clinioues
cclalrent ci'un
jeuJ'
ne u v e au
ceri è c an l s L. e
l'e1"florescence
ci'ul1
~;ymptë;.\\e allee',,:
de
rencontre2.- un è-:CCOIT:pZlè:,nant
qUl
C1ccGn:pense
penC12.ilL,
que
le
" ma l z<de Il
qu'il
accompaGne
s' é.-'.::,éliore.
J I di
ci Té'
CléS
eX0i:plcs
Ù
ce
sujet
ct
je n'y revienclrai
pll~S. ,'2.115
le
ct
des
in,-csti turc:s
st3.tutaire:s
qui
s' n:'ticulcnt
él,-;tour cies mo,es
., .
s ch i smocén i c:u c' s
que
J
<J.l
rellel;ient valorisées,
Cl
r e c 11 (; r c 11 e
e t
l n
p r Cl t i Clel C
C! i 11 i c; u c
le:
thl.'-rapsute
fn:iliél',
5 ' t t è l e r é l
Lè
déceler
les
concti tions
facilitatrices
préalables
en considérant
Jo
registre
intiivj-
durcl
de
la
!l cy berJhtique
de
soi"
(e.
R",Tj;S~S)
Iss
int.erilctions
intcrr,ersc.nneJ:!os.
CÜI15ieJé-ron:::
JCèS
CélS n"
ctJ
du.
cha}'i tre
:;: de
le:-tl)euxiè"e
pc;rtie
I l
(;::.: t i r : ~ y i t 8. t: l e
que
les
s c 11 è J:, C seo; il po j i.; e i" :,' n t 2.UX
c8rilct.0ristie~1.l'S è',-111 ~;ystèl;;e d ..."s lequel un individu est
mvzz
-
398
•• "
i"..J<' ' .
;i,~.
Ainsi,
Sangoné
Dia
lcas n°
J)
dont
les
parents
se
sont
~~par~i.
quand i l
était
encore
dans
le ventre
de
sa mère,
n'a J)a~~',;::i;'~~if):~}\\~
dû vivre
d2cllS
de s
c ondi t i ons
favc rabl es.
L'a t t i tude de
s~~'!~?~;:~1~
-~:..' :;; :<~.~ ~
piscion et de
i: ensonge
qu' ii>1plique
"ll11
enfant non à~siré"
-: ..
ou
"un
enfant
qui n'aurait
pas dû venir
en ce rilon:ent" , ";etc.~~~·;
a
une
incidence
certaine
sur le
foetus,
sur
le
futur
adulte~ ',::-.
et
Sur la relation qui
engagera
chacun des
acteurs
du syst~m~~:
Chez
1
'
ce
LaJ.aae,
l'absence de visites des
deux parents n ' e s t .
e I l e
p Ct s
r ~ v 6 lat r i c e
de
c e
fa i t
p ~~ i r~: i t i f ?
I l
en est
de lJ:êlîle
du
cas
n°
4 (BeL~ac Fidèle). J'ai fait
apparaitre dans
mon analyse
que
ce
"nla:'.ade" n' a
jamais
exi sté pour
l ui-mê::le.
Ja:;,ai s
l'cC Ol1nu
par
s on père,
i l
est
resté
aux y~ux
de
ce
dernier
CO];]PC
l'indicateur de
l ' infi-
cléli té inCl.ternel1e et
ljouv:-'.nt
ccmprol'iettre
par ce
:L.i t
sa
carrière nülitaire.
La reL:cé::ion clans
12
famille
n'e~t certain-
nel:wnt
p~'s restée indifférente. Les parents ont joué avec
de
fausses
cartes ci' identi té;
la
tromp',Tie
et
les
coups
inopinés
carac;tërisent un
tel
SYStèL;e: de
communication
l11en50n[;r-;r
tl on
t'aillle"
alors
qu' en
réalit~ il est rejeté.~:~
~.
-t.- • • '. ~ - ::c..:,:. .
Un
te l
mod ~~ le in teru c t ionne l
8.rbi traire
s truc ture
la psyché :-:.'y:..
'\\;.
"" .~"".~.
~ son image et le trouble psychiatrique n'en sera que l'indi~~
cateur trop voyant.
Belac F.
par ses hallucinations
signifie ;~>
. ,.. ....-
le refus
de
la v~rité qui lui a
été
opposé depuis
l'enfance~;;~
l,es
attributs
scciaux
~t personnels dans leur ~labora~~on
. '
,~
historiqu~ prennent une part
importan t co dans
la
c uns t i tution'~.:.
le maintien
et
l'~volution des processus interactionncls
patholOGiques.
Le
"llic
et
le nunc"
de
la perspective
: . .
>
com;:·,unj.ca t ionne Ile
corrompue
s é.'
trou,-e
quelquefoi s
investie~.\\~·
.'. :-- ~ '''.:. ~;·:"'t·
_:_~~
••" ;io .•
de Iî;od è les h l:ri tés,
transgénéra t ionne l s,
diachroni que s
ou ::'L~::':::'U
cOnJnuniqués,
synchronio,ues,
intergénérationnels.
Ajnsi,
la E:èrc de
Delac
F.
a
ôté bonne des Souterrc
Ces
derniers
et
les
Del,.c
,-taient
des
mort du
père
Belac,
le
f i l s
Belac
est
ne
sait q::el miro.clc,
valet des
f i l s
Souterre.
- 399
ce
f'ai t
s'ajoute
la non-reconnaissance
E:'t
j:;ar
:\\y, ie de
c()nst.:quc;nce une
dénégation
sociale.
Cerm:lent
dans
.'~': ~
~~~".;-;.
'ces
conditions,
s'empêcher de
50i;1brer oGns
l'uni 'vers
irrée l
'.,.
~es hallucinations (·;t (les il1terpl<,ti'~tions fH:rsl:culives
C0I111::0
;l'a fait Fid~le ?
Cette
ligne
géD~rale vise un objectif clinique bien
'précis
apl,rencire
~1. a<:lvuir rL.ponà.rc ClUX problèmes vi taux
.'
et
aux cli:i:'Ficultés
présC'ntés
pur des
suje:ts
ellgagÉ:s
G2j,S
,~0n syst~m0 bloqué.
~lle fait
l '
cODGmic
de
la procédure
,psycl':anc.lytique
et
du c"li;:1.Cnostic
psychiatrique
classinue •
. éE
consultéèti.on et
cCJnsté;.t~ ria.n::
Li.
:rat":"ciue
clinique
'1T ce
n'es'.:;
r·os
,
en
pre;,lC:l~ J.lLU,
PO'cll'
eC.;alrer un
passé:
inchan
eaDle
qu'on <'1. recuurs ,\\ ID
psycl10th(':rapie,
nais
parce
qu'on n'est
pas
s a t i s f a i t du présent
et
qu'on
désire
rendre
meilleur son a'venir."
:tLilton H.
~T;'J.l::::\\..,l\\ in l'l'l,:iace de cllange: ents, ['21'ac.loxcs et
Jo" •
7 )
. ,
I l
ne
s' â.l;ira }~",-:> de
recenser ùes
SYi:';ptô;:"
s
(ispara tes,
un
svndI'ome
01.1
un
~tat
. "problù"es"
ou c1e
"di:rl~icuJtC:slf
i11h~rellts
:.12 vie
rela-
:';~::,tion11cll(-_ ct é~!,J}-T'opri~s a'~'x l1iodè1c~" sch:ls!~og~'Eiqucs C,;d'élC-
C01.::"0
un
cc' .pOè 'C C'
11. 0 U S
ci ',~J f i 11 i s s (; n ~o
un ;:T 0 b Il:> ;:,e
c è J., '" (: U 11
t YP (;
c.è e
COi: ;1-' 0 T te .. lé' n t
qui
f'2:..iL>
rl;~__ l'ti(; c.l'L~l·}C séq1_le11ce ('élctc,s éC}<lZtrlt.~és r:::2.1tr'e
plusieu}.'~·
pcrsorLlc;s.
Dr.
;oYC1:ïitÔl"e
rc; l'ESel1 Le
l'étiquette,
12
cristalli:3éd:ion,
d'une
séquc:ncc
cL.ln:",
un
cel'tain
c •. ntexte
social."
' , ' "
·;.):U:ouveLLcs
strat:[.,iE:scn
tili'réij)ies
:;:'a,,,il ié.:le 5 ,
poo
27)
~~~~~'~~~*~:~~'
...
..ç,
~'••• ' -+
; " .
._..
S15"
-
400
Une
teL'e
s'::-ratégie,
résol.ument engagée dans
les
thérapies
far"iliales
inGgrera les difféz:'e}1ts 'ethos"
-'la .tonali té aff'ectiVe
fondan:entale
et
le
symbolisme structurel déjà là et ~l partir
desquels
s' cif'cc tuent
les modes de différenciation
comporte-
Iiientaux.
ccinsi
el~ est-il de la notion du corps en rapport
avec
la COliiL.unication analogique et digitale
et
l,:~; pièges
intcr;:,ctionnels
qu'ils
recèlent.
Les cas
Belac Fidèle et
Bomou
lcas nU
5 et 6) suggèrent les dangers caus6s par la
confusion de
lcdlgace.
J,U
cours
ct' l~Jl entretien avec le
"malade"
lCélS nU
5)
et
son cousin,
i l avance comme motif de son hospitalisation
" j ' a i un n,QI de
coeur".
Cette phrase nous
a
ind~i t en
crreu}'
l-c: ï_,(~~ecin (-;t moi).
Sans
chercher à
cOi:!prcndre
le
sens
r6cJ
de
ce
"cial", nous nous
sommes
lancés c:.L~ns les
in,,-esticu-,j c";;~
sOiTiatiques complémentaires.
Des
CXél,
cns
co~plé~,8nt~ir0s ont ~té demandés en neurologie
eles
trucés
é-lectro-c;'irdio,~yai;,;.es ont été demandés. C'est pal-ce que-: les
résul tats
sc
sc-;;t 8vérés négati1:'s
que nous avons
re:':.ardé
.
à ' une
:.lèVe,: 0,]
no ve l . e
le
symptôme
"ce mal de
coeur"
n'ét:ait P<.s un
"mal ordinaire"'-,:C'est en interrOGeant
la
signification ;,ntllropologique que pren.d le
'''coeur''
ici que
la
lun;i'~:r(; a
(~. t é raite: le coeur, dans le contex '~e africain,
recouvre
par éU1Etlogie sa fonction
:
vi tali,té,
vie
colère,
etc.
linGuiEtique
de
la
"comrr:unication proxémique"
cachée)
comme
'Diode de défense
spatiale.
Les
oscillations des positions,
des
statuts
ct des
rôles d::,n~
le
J1LXUS
opérationneJ
clinique que
j ' a i
déi'ini
conii18
centre
;::ur le
"zaaka" auront
un'caractère
indicateur
ct clLgnc.c"i.r::.
, l I e s
sont
les prodromes de
l ' é t a t
C!'l:J1
système
naturel non
j"onctiorinel.
~ti~~~~~:~-~~~41#'~~~~~~?~~~~
.,
..
.. .. '
./-
-
401
·:;., .
.;:r. .,
: ~".'-
Un groupe
ou un nexuS
fa~ilial est dit fonctionnel quand
,.'~.
_~;-y"
'~;,1es mocièles comnmnicé'.tionnels qùi le r (.' Ci," 5 en tau t 0 ris cc; nt
"-/+: <"~~que chacun des éJément~; interactants se d;fini~se et jette
":'
':'un regc.rd
pas
n(-:'ces~'2:;,irement cor~!plai52.nt, sur
es
çJ.ttelltcs
t
, . "
'_;."des
uns
et
des
::u-cres. I l €st
aJ.ors
It a èrè"
les
l~!o('~èles de
.:",;"j:.
;:"eonduitc ne
sont
pas
étoui':l'ants,
réduits
ou
lii~,i,;atiïs.
::'~esystè;:,e s' é~rme de L!L'SUres c:' ouvertu. e anti-riGides
"'"
"permetta~'lt d'enrichir et (i' ,-la1'[;i1' l'éventail c.es regles
;'modulatrices
des
scllÈ'mes.
I l
évi te
ainsi
de
E' ei-bal 1er
dans
'1.es
steréotypes
dont
se
nourrisse;lt
les
irythtos
qui
sclérosent
e t
b l 0 Clue n t
l a
ci. yn 0. ;-, i c; ü c.
l: n
s y 5 t è i:. e
if' c n c t i 0 Tm c,
5 C ct ete d c
p l a s t i c l t /
interc,ctlonn-::lJe
C'~ui (~ll!1;ine les élénicn"té' Ce ri[;i-
r é a l i t é
' 0 ' appreôntlSSc.cC
.entre
les
J.'.
La
pratique
Ge
cette
.-. o."
:~É!;a.ler'8nt sur les unitc;s structurelles institutionnaljsècs
'Les
cCJllfl'cncr2.t,iolJS
\\,U' on
y
observe
L:èvoriscr:t
la
n.étacoi':LU-
" . "
.J.
'Ilieation
Sl;}'
de5
"probl~;,lesll ou des
lèifi'icult8S"
qui
Gnt
;Ùn ear3.ct.~1'e hW:ié:.:'_n
tréü-..sitoire
et
qui
renyoicnt
au.:~ n:()(l~'lcs
,
• ,h, ~'
,
-~
,alors
de
prÉ-cncjuêtes
ct
c:' eJ1'luëte~., (",'c,rche E<·thodologique
de né,mure
psycho-soci a~ e
circül1sC:j~i-T(:
ce
c;'a:
-pertinellt
a:Z'fectif
ou
lieu
opératoire,
pour UlE'
illtC}'Vc~ntion
'fA
Si donc
cc
lieu
op: ratoi-re
qUl
",'
-coïncide
avec
le
lieu
r:::·,·tllolq;ic;ë", ,
voit.
ses
i:06èles
CC!l:li::U-
. ,-'.~'
:'I1icatiol1ncls
i01".ctjonn'.Jl, ,
s,ulc
g:':'.TC',Li.i C
J~o\\.n' un L·quilibre
~~t~r~~~;;';'?1:
_.
~_.<>
_.
!t.~~
"
'
-
402
..:.:.,.
."
logiques d'une pratique i;Ù inf. que en Afrique.
Les d~tails techniques p~~sentent peu d'intérêt GéJlS ce
".'
~~
cadre tant qu'ils n'aurorttp~s. ~t~ sanctionnés p2Y une
•
>-
-'~
pratique ~liniqué far;;ili~lê systÈ?matique sur le terrain.
~~ .~
Je me contente modestement" dè·\\.plaider pour un nouveau
•
~..,:.
>
cadre proc~duriel cliniqu~ plu~ efficace que les procédures
psychodynamiques. L' èpist~mologie SystéL;i(~u(~· est ce cadre
et ~on application m6thodique soul~vera des qU0stions ~ la
fois
th~oriques et pratiques dont une r~flexion ultirieure
rendra cùmpte. Déj"',
l'analyse des extraits cie
corrlpa2~tel'nts
familiaux africains
5tructur~s par les n;acièles cIe cOr1l1r;uni-
cation et d'apprentissage pathog~niques r~v~le qu~ l'UV€11ir
de la psychologie clinique africaine devra
s'encace~ dans
cette voie.
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-
c.
': -:.
·t.....
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CON C LUS ION
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.... - ~' ..
404
" .....
,i-• .
...
~
-
. -..
-.,,!;, -- •
l..';'è
folie
est
l'un des
phénomènes humains
les
plus
polymorphes
cilïi
GClléli-'lJ€
encore élU savoi; consti tué
médical
et
psycholccique.
l-es
tentatives
depuis;les
temps bibliques
pour la do~ptcr et relever le d~fi qu'eile nous lance rencon-
trent
}leu de
:'Oucc~s. Ll}e entretient.une.angoisse dépressive
chez
ccus
lui
prétendent
avoir le
courage
ou l'espoir de
~a cenl,r (;errJ.ère l'obstacle qu'est l'inconnaissable où
elle
sc
mure.
laDS
ces
conditions
toute
conclusion ne
piJr;,j t-c<i le
p;;.s
hCisardeuse
? Certes,
mais •••
Le:"
C:j.:l.f":,iCn.~· r;:oc!eles qu.i ont jalonné 1 'histoire de
l ' ~vQ.luL.i.ul1 i··"ychL, ,.riquE;,
jettent chacun à
sa
fa~:oll, (~uelques
rayons
cie
Ju;::ièr; délilS
cette
obscurité opaque.
Au
2(;e
siècle,
on y
voj.•: l
liS
cJé,ir
(iU' avant.
L' organogenèse et
ILl
l=sycho-
genèse
ou
J.'2..ssocic,tj.on des
deux s:>nt d'~n grand int.~ré;t LC
cet
l~t> J'l, • . :l=Ls
J(;cŒ
:;-o1'1'.:1e; ent
épistémologique
et
18uJ:'s
, . -.'
'.
appJ.ic:,."
iOll::"
; ·'::cal')j,'.;l:'(;S dal"s
des
espaces" anthropologiques
. ·r··
.
,.
di ::Cf'éreni~.
tuus
égards de
ceux d'o~ elles proc~del1t ont
....
~
S 1-,:2 c i fi C(l' C ,,;
c: C ! J.' 0 c~ U c t ion s fi S Yc ho soc i ale s "d e S dive J.' ses
soc l e t (. 'O.
CIe s t
l e s c 'J. S qui
E: S t
do nn é
a
ce
pré s e J1 t
t r a v a 11 •
La
Lc:;.tative d'une approche
systémique cies
trc·u1:Jlcs
fTlcntélU=';
C)'
"·~rrio.u(; est
le
rc:::ultat d'une double ·cons-c.ato.tion,
épisté;:.o·~.o&~i(oi.le et 2'cni);ropclo b ique.La relation <.:uelle e:n tant
.
.
1
'
t l '
.
" 1
t·
E~Truc'~ure
e
ClE:
,1E'raple an~ y
lque. et
to.l1t
que
',!.'( J)C];~.• ~':ll'~e
l: 'un J'odèle
essentieliement
indiviclu2' iS3.nt
Sc
llcuri c
! :.,
(i. ,,:]1 S :i. 011 an thropologi que di fîérer. t i él tric e
d2.n~:
1,~:
nor;.'cs
c~J1tu~'eJ.les diverses,. Lè's~systèri1es de l'ens(e
' . '
'~~~~~~~~A~~'-i;~~ ~h.;'
cette
eplsteI'!ologl-e-'·ne~-·sa·td"s·îont·pé.:s r.c la
COJ~Tlc:·:j.l(', ,'es c2té.:.;ories
anthropoÎogiqu'es
afri.caincs
qUl,
elles,
~Ojlt c~l'é:ctris~(:5 r,cLr l'hyp'ô'~ps~~hologisatiol1 L:t la
S"LIT'Cll1 1.• 1.: Ci ~ j (.Ji:.
- 405
L'objet
à
connuîi:Te
L't
J r outIl
G.e
connaissance
::~j~'pal~tiennent
par
cons~quent ~1 cle~t;, nivcc.ux lq:;iqucs différents. L'application
d'un ffiodèle
qui
sc
veut
lin6aire
et
individualiste dans
un
domaine
complexe
c::t total
él
e11train,~' une coni'usion c~e L:encage.
J, ' ine1fi cac i t é
conceptuelle
' . J
'
en
a
CCG
conséqucnce
clinique.
J,es
clinicicns,
CCï,':~'(; je l'ai r:'ontré,
sont
unani!!!es
cl
,ceconnaitrc
ce
fc,it.
:in:::i,
LC::GU-':THAL,~T:: et
collëluorateurs
élJrouvent des
difi~icul tGS c, créer les candi tions lù;cessaires
cJ 'un
tr;:,nsfe1't
itnalytic;i:c
il~è parlent cie j;ersonnaj i 1>',
11 ci i r i g é e
ex t è rie u l' e i!i C nt,
t r , ' Cl i t j O]l ne Ile: ,C) -, t"
p iU'
0 P pO,', i t ion
a
ll~uropéen qui,
lui,
est
"c: i ri Gé in t é ri cu l' e j, i e il t . "
se
déployer d:;,ns
l'univels
tr"c1itionncl
<li'ricain qui
opè're
dans
la psyché
inc:i'viriueJJe
COlin'ie
U11e
projection fanté\\Si::ê:tique
qui
a
même
structure
et
iiJÊlile
or[;'ani58.tion
que
lui.
1.
S 0",'.',
j:'s y c 11 i a t re
a l' r i ca in,
pro p 0 s e
cl e
d é ï i n i l ' lIa 1'i' e c t ion
Il,cntale
non
com;;le une
enti té
clinic]i.,e
Fiélj s
conl: e
une
structure
de
ccmmunic2ction;
avec
lui,
18, p::"ychopatholoc:ie
éd'ricaine
est
pens0e dans
le
cha:"p i:;ulticünf'lictuel
des
É'Jén!cnts
du
rnéso,
du macro
et
du r;:icro-cosi;;OS.
Le
et
:CD.
C;'(.fIC;u_-S
ont
pu vivre
,~u cours de leur::; acti-
vit,~s clinique."',
cettt.
espèce d'héLorrae;ie
subjcctive
]Jerma-
nente ve1'S
J 1 é~:t(~ri(ur
l'exiGence
personnelle doit
s'accorder
avec
celle du
grùupe
i l
Y Ci cor;:::o une
emprc'intc
qui
a
ii::prim{
des
schèmes
de
ï,~()t:i.vations olJjcctalc,s qui
r01",r:i.,tcnt
analytique.
-
~o6
1.• ;,:
" ) . "
'- ...
La ~iste des~~l{~~ciens qui rendent
co~pte des aspects
~!~:p~cifi~~'~s de l~~~Z~::~i~~c::iue africaine est longue. Ils sont
' r e l a t i f s '~au teli1p~f:,à i'anarnnèse, à
l ' armE:sie
infantile
~
~;.~
'.
, .
> •
--::-,.:.;...
r"
•. ,
'implacable,
etc. ':,'l.l "y a
une
exic;ence
GToupccle
1'oncla! .. entale
"1':10l
groupa]"
d'une
;
et
tant
d'autres
notions ':'pour
sigriifier.:1.e fj.ux
permanent
Ges
désirs
indivi-
, " '
'.
,:X~~>
~.' ':
:duels et~collectiÏ~ ·dans le
trans1ert •
.....,
'.''-.
Yace
à
ces
diffic'ui tés
ct' &PI.:roclJe de
rLC-lutrc
êtnthropolo-
gique mais
rèsul tarit ,de
l ' épistùiologie
qui
les
sous-tend 1
ce que
j'avpelle
l'Ecole de
?a?~11 avec 11.
C:"LLO;,13,
a
l roposé'
des
structures
so~iologiqucs traditionnelles pour répon6re
'au mode de
1onc"Cionnement pSYChlciue
corrcspond;:>.llt.
Jes
résultats
cliniques
sont
ccnsloèl'c\\blcs I.-,,,is
j! ai
E;ontré
e11
quoi
ce
s<;:llérna
é t a i t
insui~Ïisult~ L::
cl'}i;"ioth'ropic
~I.
outrance cet
lél.
sismothérapie
trahissent
l(;s
cOllceptions
organo-p'l3yc!!ogénét/ques
de
base.
}1édecin~psyclliatre'à Bobo-Dioulz,sso ~ljall,e--Voj ta) écrit
~"
..... ~.
:.:. ~.. , ;,": .., .
,"l',apsence de
persQnnel' en nombre
sui'1'isZlnt,
interdi t u n e
approche' psychothérapique
du
r.lal ad e •.
Aussi, "là tllèrapeutique quotidienne cl.nsi~:te-t-ellc actuc1.-
lèinent 'à: enciormirle malade ;;,'ec ciu 1.ZlrCLtctil du I:icli ém
'; lÉnidema'i~
ma1.;in:'en a:tt<:'nclé,;-d:
cJue
1a sYl::ptoiatoloGie
se
soit
" i:li'ssipée ~ Il
'."
,
. .-
~'.
. . .
;(il}"Psych.,'opatholog'ié africaine,
vol
~: , nU 1
197:5, p. 1.)5)
. .:,-.. ,"
,',
'1:.
Ces":poi-its
f'aibles
reL,tl1's
û.U
c"-Jntexte
~~nthrOpOjOb'l"ue
,sont
révélateurs
d'un décàlacc
entre
les
Soubélsscr:ents
:.théoriqJ~,s et la pratique qu'il~' scus-tCllLC:,it. J.e reC;i:::.tre
:èie '~ta ra:tiOll8.1 i t é~:~I1al:yt i qUE: 8 t (~e l' hypeq:.sycho l oC;it:;:; t i on
'-'.
. .
.. '. ',- -. .
-..~ '. ~
- ' , .
ind,iVidu'~~liSal1te:~~Y,cÙlpabilisa:,'t(;a C'Elpë'c!lé de situer le
:ph~nomènë, 'p;}UJolc'g~que 'dans lE: chani}) des L1te:;"ctctioilb
" ,
iritrafarililiales.
i)ï;épis-fémolpC,ic
de
base
le
cOJicev",nt
clans
sourds
~~,~'~~0f~$~;:~~~';~96n~~i~?~: int r a~~t%:~]it0,~~e~' les c 1iniciens sont l'estés
... .•..
,cà l,eurs,proprcs c6nstatations •
"
:::'-.
'
.....' ! . <
.,• .
.....':..~_.
", ,.•0;-' ~'
_.-.
-'.·-·r;, .
~.'_~~t i~ .
-: ·\\~t;~~·
'~'7:~ ~.). ,>~
,
,.:;
":,~'..
.~.~t~i~:'"
"'.
"
-..-
;':C et .::-ll.
UrtTIGu:~S parlent de
Ilpr8valence du
symbolisme
et
font
l'observation suivante
" 112 S
cas
p s y c 11 i é'~ t r i C \\1 e s
é tu ct j. é s
p Ce r nJ C t -i; en t
d' 2. P e r c 12 \\" 0 i l'
comment
les
teE~ions intra.lc.llliliales incluisent et ii:cttent
en forme
"la maladie"
,
COlul':ent
se
à(sorcanise
le
réseau
des
rôles
tr~,ditionJ1els 2. l',~gë:Œd du
" f i l s bien portu1t"
pour
se
réorganiser diff~rem~ eni:
~ l'endroit du
llfils
malade 11.
"
(l'Oedipe africain,
p.
52)
Ualgr6
ces
constatations,
le
refus
de
reconsidérer les
lrI':::.:.iE'
Lotifs
cle
C2
décslacc
3.
per.c:ist6.
La
justi:f'iCc:tiCl1 du
cliniques.
I l s
se
~ont en:i.~err~iis dans la procédure psycho-
interpr~tz:.tive, a te11dance a confon,-re JI origine (i 'un IJ1j('non~0nc:
el;
son
sens,
sa
cenese
et
sa r(~alit8 en
évo~_ution, les :CcLits
et
les
lois
explicatives.
~'obst2lcJ.e I~iajeur est al'paru com;:lE:
étLlilt
cie
né.:ture
fondc.:u.. entalciO'cEt
Gj:'ist81;;olugique.
D'oG mon hypoth~se de
trav~il
la
psychopatholocie
e:.fricaj ne
a
lon6é'
son
approche
sur le
mode
de
raisonnei .ent
de
la p,=,yc}üatrie
classique
largement d(~!':ontré l'inadéqu<:.:.tion et
le décalace
de
ce
modèle
avec
le
r.iode
de
f'onctionnc::.O:J:t
psychique
de
l 'Afric~ùn
qui,
en
conformit6 avec
les
strustures
anthropoloci~ues et
etholociques
E'pE'cifiques,
évolUE:
~:ur un lLode gT()UJ)é.~J, ci' api;8J
p c' rJ~: a Tl en t
Cl e l ' au t r e
r: 0 u r C:.' n:; .i J'i . E: 1.' S 011 i cl en t i t ('. Ce f" i t
il; ,~J 0 S e un r e c ë.. cl r 8. g C
(j-' i ~, t l', r: :0 le,,",' i (~ u c
q 11 i
v 2: l 0 r i s C'
l ~:
COI: :pIe X i t é
des
intel-ac cions,
ce la c(lun1unicE',tioll, des statuts et des
rôles
ainsi
qu<:
des
rxythes
que
1& j~-,odernité ne i:léè11quera pI"S
Cl ' i 11 S t Clure r .
1.' épi sb" ln 0 l (; Gi 12
S y ~, t 81:: i q L1 C,
(. x Ti r e s s i 011
co] l L' r e n t e
tLéorie
de
la prQ;;!!1;:;tiq1..lc
de
12
COI;]rnunic2.tiOll
ct
(:es
conce}'ts
cybernétiques,
répond
~ cette n~cessité clinique.
- 408
' ..
L' approche:
sy~témÏ;que en son"fonden,ent hi 5 torique
condamne
,
avec
1 '-av~n~'::!ent âù d~'l-lxièrriê principe de la
.
,
. - -
~,
. "
thermo-dynamique, ,l'ordre immuable' universel pour in tro-
.
~
.
. . . .
-.
duire
et
intégrer ,1:' idée de dégradation de
l'énergie,
du
hasard.
Mais
1 'uni vers ,dés ordonn~ s'ordonne p2.rad oxal en,en t,
s'organise en évoluant vers ,un éOtat d"équilibre
dynaid,qlle
et
toujours
provisü'ire. A~ réductio~~l.s~è;'de~~ sciences classiques,
l'approche systémique
substitue la comp1eiité interactionnel1e
observable dans un sysième.
Les maîtres mots deviE::nnent interactions,
tc,talit(~
équifina1ité,
auto-régulation.
La découverte
peT
C.
B,\\Tj~SCiF,
du concept central de
scl1ismogenèse
chez les
IatFlul
(1'.:ou\\'e1:'e-
Guinée)
pose
les fondations
pour l ' application cJc~ c:Jl1ce~_:t:=,
ncuveaux en psycho10gi e.
J
'
orienta t ion de
la r e cl, (l'ch e
."'ur
les
familles
de
sc~izophr~nes se systématise avec
."
i····
J. WEAKLAND et D. JACKSCN et donneranais~ance ~ la t]]6orie
du
"doub1e-bind" et de
l'homéostase familiale.
l~c..', l,réltique
a
donné des résu1ta:ts' inattendus ;et a :justific' 1;.]
COUPUJ'Eè
ci' avec
les modèles :tradi tionne1s .. ct' appr.oches
psyc]lOihC::Tü, iqucs.
A partir de
ce mo~ent, là
~'il1a1aéll.e ment<..:.J.c" Il, serél
.~ -,-' ,
plus
considérée comme un état o u l e r'ésu1tc~t d'un coni'lit
intrapsychique mais
remplissant ~ne fo'nction G:;l;;:: une pe:;,~s). CC-::J.VE
microsocia1e.
CI e'st
le ;prociui t
éIT!l3rge:nt ct ,'un
enc:,cvetrer:c:nt
d'injonctions paradox~lcs qui,
Il,coincent''
" l e
;:;ê·J.dde"
C12.ns
une
situation ,in'tenab1è.
Ces
injonctions
se J:laniïestellt par
une
série de disqualifi-ca tions doublement :con traignantes
dont
l'absurdité'et
l'incomp~'hensibi1it':n'ontd'égale que
la psychose.
Le
symptôme devient une réaction actuelle
petr
rapport
".
".
.
, "
à
la famille
et
le changement ,du patient passe par celui des
_
' e '
" ... ~:..t'"
..-"_
;.~_.:
'~ ... , .
~.,'
modes É,in,ter_~C-ët~d?-Wl~~,,;~~~j~,9.1J.i ré,g4;~~t~p~t~'>;~~~JJi~~~tème dans 1eque l
,
~
~.
'-... ..
.",~ ~'I ',',
~,.:,.
i l
se
trouve engage necessairemerit-et~~~nvitalement"et qui
•
, . . " . : ; 1 .
~
conditionnent avec redo'ndanceson :;ideniJ té:'.
-:r:-
:.~.
,:.,;~jf:
-, I:'~":-~';-:' ",
;}.:
~
':
_.
...: ~~~; i
0,'."'"
"', ~'~.-'
.~
.~,'
'if'
La technique
thérapeutique,
co~me je lai définie, est une
injonction doublem~nt contraignante à une situation qui
l'est ~galement. ljn centre-paradoxe est oppos~ à un paradoxe
qui place tout
le
systè~e dans un conflit logique tel qu'il
ne peut que prendre conscience de
la nature de
la communication
en vigueur.
La révf:lation par l'injonction contre-paradoxale
de
l'absurdit~ du système autorise la m~tacommunication.
Man hypothèse
clinique repose
sur ces développements
th~oriques : considérer dèsorn;ais le comporter;:ent
"norme' 1
ou pathologique" comme variable,
fonction ou produit émergent
d'un grnupe naturel
en interaction le rend plus
intelligible
et plus maniable que comme résultat
lin~aire de forces
intrapsychiques.
la complexité des relations
soit de
sang,
soit simplement de culture,
dans nos sociétés traditionnelles
africaines devrait constituer une base
justificatrice de
ce
modè~e. A partir de ces données th~oriques, la seconde ~tape
fut de savoir comment
et sur quelles bases
on peut opérer
ce recadrage épistémologique que nécessitent les insuffisances
de
l'approche psycho-dynamique traditionnelle et de
l'ethno-
psychologie? La question m{thodologlque est d'importance.
Je me suis rendu sur le terrain,
en Afrique,
dans un
h5pital africain pour observer.
J'ai CllOisi
l'h5pital psychia-
trique de Fann
(Dakar)
en raison des expériences
originales
qui y sont mises en oeuvre p2r le regretté
Professeur H.
CüLLOMB.
Le travail
clinique,
essentiellemo],t de psychothérapie de
soutien et de visites dans
les familles,
que
j ' a i pu mener
a
suscité plus de questions que de réponses enee qui regarde
ma formation de
clinicien et l'épistémologie qui
la sous-tend.
Comme dirait J.
HALEY:
"j'étais imbu de l'idéologie individualiste"
mais
les
faits
cliniques,
les exemples et les coutumes ne
sc
laissaientpas
lire et cerner par elle.
.. 410
Dans mes actiyités cliniques
je me suis
confronté en
permanence au
6ymptôme non comme une réalité individuelle,
non plus
comme un ~tat résultant seulenent de conflits
intrapsychiques
ou dtagression anthropophagique,
mais comme
\\
une fonction appropriée aux regles de fonctionnement d'un
groupe historiquement
structuré.
] es
év~nements recélaient
des significations qui renvoyaient à des modèles décrits
et expérimentés
par G.
BATESON, 1VEAKLAND,
J.
HALEY,
D. JACKSON,
S.
PALAZZOLI
,etc •••
Jtai observé des bouleversenents dans
Ies
familles
quand un "malade" s'anéliorait,
des
"accompagnants" qui
décompensaient pendant que
leurs
"malades" guérissaient.
Tout
sc passait
comme
si
la décompensation était une nécessité
vitale pour compenser éventuellement le vide que
créerait
la disparition de
la symptomatologie de celui qui avait
été
envoyé à
lthôpital.
La
"gu~rison" est vécue comme un
évènement anxiogène par le
système.
Ce
jeu comporten:cntal paradoxal
m t a
ccndui t
à affiner
mon questionnement et ma méthode dtinvestigation en vue de
mieulX. ·:erner les facteurs
étiologiques de
l;c, souffrance.
Est-elle un compromis
individuel et intrapsychique cornille le
prane la psychanalys~ et les autres modèles organogénétiques
et psychogénétiques?
ou est-elle une fonction,
un produit
émergent, diagnostic de la pragmatique de la communication
redondante qui
sévit dans
le système? Dès
lors,
une remise
en cau~oe de nature épistô;r;ologique du savoir constitué
analytique et qui m' animê,it
s'avéra inévi table au regard
des faits
cliniques.
La m6thode
qui m'a permis de r~pondre b cette question
fondan'en ta l e
é'S t
tri pl e.
La prer.i ère dé î.iarche me:- thod 01 ogique
a
consisté à
utiliser le système
dt
"accompagnant" insiitué
à
Fann par H.
CCU c.I<B.
Il
est un moyen au t ori san t
à péné trer
dans quelques
familles
pC',r la porte de la
"normalité".
-
411
On y observe leur mani~~e d'~voluer, de se confirmer ou de
se disconfirmer,
de
se qualifier ou de se disqualifier mutuel-
lement.
Je ne prendrai
qu'un eeul exemple,
celui d' ~lassane
Kane
(cas nO 8)
La visite que nous avons effectu~e dans la belle-famille
d'Alassane a
permis d'observer les difÎ~rents niveaux de .
communication et des relations préf~rentielles. Elle a révélé
que l'identité des uns pour ~es autres n'allait pas de soi,
pour tous
dans
le complexe interactionnel
ainsi la grande
soeur de Nobila Saar,
la fianc~e ct'Alassane, a une vision
positive de leur relation
la grand'mère alli~e à la mère,
est franchem2nt hostile
l'erÎace'.ent moral du beau-père
rivalise avec celui du propre p~re de A.K.
i l en est de
même des
senti ments de
la m~re de ce dernier et de celle de
sa fianc~e. La consid&rat~on de toute cette dynamique laisse
apparaitre que A.K.
n'est pas le m&me pour son beau-père,
pour sa belle-m~re, pour sa belle-soeur et pour sa pr0pre
mère.
Ce qui r6sulte de
cet embrouillamini de schèmes
comportementaux et de perceptions mutuelles,
c'est l'impos-
sibilité pour A.K.
et
sa femme d'exister par leurs sentiments
d'amour l'un pour l'autre.
Le corps de
l'un du couple a
~~~
chaEgé de porter haut
ce ~essage sous Îorme de
somatisations
hyst~riformes.
Le deuxième point de
la méthodologie est relatif à un
canevas.
Je l ' a i ~laboré en int~grant les mod~les interac-
tionnels possibles dans
les far;;illes
traditionnelJes et
leurs thèmes id~ologiques. Ce guide d'itude clinique et
d'enqu&tes psycho-sociales a pern;is de c'~nstater que l'isolement
d&ns l'institlltion d'une part,
et les prises en charge duelle
d'inspiration analytique et
le moàè"e conceptuel des déter-
minants du d~sordre mental de l'autre, sont des obstacles
à une démarche
compr6hensive.
Il r?vèle que
la pathog~nie' .
de l'ordre exp~rientiel de la vie intrafamiliale pr6cède~ ~
la décompensation.
-
412
Le "patient" se trouvait d~jà plong~ daris une situation
collusoire et disconfirmatrif~ dont la~ymptomatologie n'~tait
plus qu'une expression manifeste.
Le tro:iS.ème niveau de la méthodologie est une
approche
supra-linguistique. Elle consiste à
fai're une analyse de
contenu des dossiers des "malades" ~tab:lis soit par moi-r.1ême
soit par d'autres ety,avec qui
j'en ai~iscut~. C'est pr~cis~
ment la m~thode d'analyse par catégories thématiques. J'ai
cherch~ à d~gager à travers ces dossier~, les significations
s/st~miques des sympt5mes
,:à partir des indicateurs comporte-
mentaux et linguistiques qui leur s~nt ~eliés. Quatorze cas
cliniques ont ~té ainsi dépouillés
trpis cas pour illustrer
les structures d'entretien, neuf pour une analyse
systéll~atique
et deux pour les
"accompagnants 't • . es 'Observations sDnt des
extraits de comportement familial dont A'~tude systématique
révèle des modèles de communication corrompus.
~.
Les différents niveaux du procéd~,:malgré les limites
de ma capacité d'interyention
,et de la.:,fiabilitES du canevas,
donnent une base d'appui à
~hypothèse.~Jes cas ont été probarits,
riches d'enseignement en tant que révél~teurs de nlod~les de
communication pathologiques 'cet m'autorisent a douter de cette
idée bleuerienne sur la shci~ophr~nie s~lon loquelle
"elle est non seulement une entit~ clinique mais en même temps
une entité anatomo-pathologique".
(in P. FEDIDA ,
concept et v{plence,
p.:9S)
En m~~e 'temps,- ils me condui~ent ~ pense~r que l e rno d"e
c.'
-
ethnopsychologique basé sur 4'extériori~~ agressive anthro-
-,.
pophagique etdéculpabilisarit~ est supefficiel.
~>~
","
.::;.-
-
41)
. " .!.~-
Ces cas
cli~iques, au contraire, démontrent que chaque
nexus familial m'~t~:en':' oeuvre des modè.'les interactionnels
spécifiques domin'a:~ts. Ainsi, la disconfirmation est impor-
tante chez Belac Fidèle
(no 4),
alors que SalI Brahim (cas nO 7)
est littéralement '~n~hevêtré dans un système collusoire dans
lequel i l n' arrive'pas"'savoir qui détient, le pouvoir dans
le système et qUi',~~~,i't obéir.
Chez Penda Diagn~ (ca',S nO 2), la relation complérr,entaire déniante
'.'
est nettement disqua1.ificatoire
les cas Alassane Kane et
::,
Guy Sine
(no 8 et'9)ïllustrent bien
"l'illusion du choix
possible"
;
ils sont empêtrés dans un dilemme qui n'
a
dl égal
que le
"double - bind" bat e s oni en.
C~laque fami Ile
développe donc un modèle de communication pathogène dominant
qulil maintient de façon redondante qui
structure le mode
d'apprentissage et de socialisation des enfants.
L'analyse laiss~ apparaitre incontestablement que quand
l'observation se limite au patient seul,
selon l'entretien
psychiatrique de diagnostic classique,
isolé du nexus de
personnes qui garant~ssent sa raison d'exister,
le symptôme
reste incompréh~nsibi~ ; il se perd dans l'extravagance
du non-sens et des bizarreries que les
"orgies interprétatives"
ne suffisent pas à:expliquer ni à résorber.
Far cuntre,
quand
elle implique suffisamment
tout le système familial
et malgré
l 'absence dlutil'isât~on systématique et consciente des
~
. . " ;
techniques des
thérapies familiales,
elle
laisse apparaîtrE;
des interactions disqualificatoires,
collusoires,
tangentielles,
mystifiantes etc·,f'aè.teurs dynarr.iques et observables ayant un
.,
caractère diagnostic':pour le symptôme.
: -.~ ')"~.~;
",: _....~. -""~:ci
~.
?~
'::.1: - ::.,
Cependant, ~~~~hamp d'applic~tion et de théorisaTion de
...~~~ ~.û '." ...,
.~.
,
~
' \\ , c."
' .
ces L,odèles que rev~lent le:::: Ci.S clini(Jue3 analysés n'émerge
pas ave c évidenc~ .s'i :c'~ne recherch e séri eus en' est pas menée •
...... -••';;,........... -:':::'i;';'/<
D'une part à caui:k~~à~,s différences de mode de
"personnation"
';:..r:~"~~~~!:,,-.z:~?
":.:
(R..4CALIL:R)
et de'i·tâ'l.Ïtre à
cause de l'intensité sociale et
~ -
. "~
.
des niveaux de
structurelles.
el
Dans
les sociétés africaines traditionnelles l'actualisation
de soi,
la confirmation et
la qualification sont des messages
d'action pragmatique et sont codés par le statut dont on est
investi.
Cette diff~rince de socialisation d'avec les sociétés
occidentales modernes
implique qu'on se dote d'un outil concep-
tuel opérationnel en harmonie av~c les catégories anthropolo-
giques africaines. Un tel projet permettrait de rendre CDmpte
de la dynamiqtie psychosociale africaine qui
échappe à l'épis-
témologie psychanalytique et ethnopsychologique fondée
sur
la ps ychol ogie
primi t ive de H.
S:Vi~:t\\'CER ,
LEVY BEUHL,
J. C. CAROTHl
Ce'PLAND
,AUBIN H.
c'est l'objet de
la troisiè;;!e partie.
}l'appuyant toujours
sur la soci~té Mossi,
je me suis
efforcé d'une part de montrer quele modè:e interactionnel
est le mieux indiqué pour rendre compte du processus patho-
génique,
et d'autre part,
de définir un champ psycho-social
opérationnel pour une pratique systémique de
type familial.
J'ai abouti à
la conclusion que,
contrairement aux
th~scs cthnopsychologiques de l'Ecole de Fann sur la sorcellerie
anthropophagie,
ce n'est pas la transgression de
la Loi en soi
qui est la cause de
la
"maladie";
mais
1& propriété fonction-
nelle de
la désignation de
la déviance.
Cette idée s'appuie
sur les phénomènes comportementaux et idéologiques de la
stabilité et du
changement en interaction permanente dans
un système donné.
Ainsi,
i l est apparu que chez les !'iossi,
le
"roguem-miki"
l'ethos commun,
la tonalité affective fondamentale
traversée
en toutes parts
par l'idéologie religieuse,
est
la fondation
solide de la stabilité.
Il garantit
le système gérontocratique
et le respect des statuts et des rôles.
Son pendant relation-
nel est la schismogenèse compl~mentaire diachronique et
synchronique
l'aîné et le sexe masculin occupant la "position
haute"
et le puîné et le
sexe féi!:inin la "position basse".
EPS
-
415
<, J'ai égaleL:ent explicité les modes sur lesquels les
fa~teurs d'homogénéisation répriment ceux de la dirférence
pour favoriser
l'avènement d'un système schismogénique symé-
trique s}'-achronique
:
au niveau phantasrnatique d'abord que
je,:"situe sur le plan du désir oedipien.
L'on sait,
après les
travaux des ORTIGUES,
que la réalisation du projet oedipien
en5Afrique recouvre une originalité paradoxale. Elle s'ins-
cri~t , comme le dit l. SOk, dans un11acte politique""consistant
à renverser et à cl1anger inconsciemment le cours socio-histo-
rique des attributions des pouvoirs.
On cherche plus
ou moins
consciemment la disparition de l'ainé.
Puis au niveau du réel
par l'égalité des âges,
la communauté participative
sp~cifique
à
certains rituels comme
la circoncision,
les systèmes de
plaisanterie ou
"dakïre" etc •••
L'équilibre dynamique 'constaté s'appuie sur l'homéostase
soë~ale et la minimisation des racteurs de contraste inter-
indlviduels. La force d'intégration sociale et la survalori-
:",
sation des dimensions
identificatoires
m'ont conduit Q parler
de ja société Mossi Comffie d'une
"société à détermination
tniditionnelle"
empruntant ce terfile à
D.
RlE~~1AN ; et par
voi~ de conséquence le type psychologique préféré correspon-
dan't serai t
"l'extro-déterminé".
< La mise en branle de toute cette dynamique complexe et
t·:
les?séquences comportementales qu'elles
impliquent autorisent
une: définition systémique de la psychopathologie africaine
r '
qui:cadre avec mon hypothèse. Les cas cliniques basés sur
"
les;types de comportements familiaux,
systématique~ent analysés
et ~ur lesq1...1els
je me
suis appuyé dans
la troisièr:le
partie,
ontjmontré cette adéquation;
et le mode d'approche par le
prodessus de différenciation dans
les normes de comportement
individuel à tra.vers la recherche de
territoire psycho-
aff~~tif ou de sous-sy~tème significatif et pertinent pour
~;-'f
une~hhérapie de type
fami 1 ial ren force
le s
pré SUPPOli é s
thé~riques de départ.
(
,~,;;'.
_ lu6
Dans mon optique ,', en Afrique la souffrance est un produi t
~mergent del'inte~action, et pas s~ulementle r~sultat
m~canique d'une agress'ion extérieure et t~l~pathique de la
sorcellerie anthropo~hagie comme lésuggère l'Ecole de Fann
m~me si par ailleurs cette dernière peut ~tre consid~r~e comme
,"
un mode de communication.
J'ai montré que ces él~ments
sociologiques de l'agression
r~po~dent à des projections
imaginaires qui ne sont pas ~trangères aux m~canismes primaires
des relationsobjectales. A ce titre~ ils participent de la
R~alité psycho-sociale à un niveau secondaire. Tandis qu'on
observe que la rigidifica~ion étouffante et la résistance au
changelnent, même au prix de la mort,
qui s'imposent à un
système conduisent celui-ci à d~nier les demandes conscientes
ou inconscientes de confirmations mutuelles de ses membres.
Si telle est l'épistémologie ad~quate, il reste ,à
d~finir un cadre op~ratoire pour une pratique syst~mique.
Partant toujours de lasoci~té Jllossi,
j 'ai relevé,
grâce
au proc~dé d'analyse par diffé~enciation des él~ments en
interaction,
trois niveaux de la reiution de la consangui-
nit~ qui d~signent habituellement le terme de "famille élargie"
<
Je trouve cette notion imprécise, v~gue et peu op~rationnelle
pour une activit~ clinique efficave~ Ces trois niveaux de la
relation sont
le
"roguem"
le"'boudou" et le
"zaaka".
- -,'
Ce sont les coordonn~es spatio-culturelles diff~renciables
et ~tageab1es en ce qu'elles partic~~ent diversement b la
genèse et à
la struct~ration de la conscience et de l'identité
,
-
personnologique. La d~finition de ces trois cat~gories a
port~
,mon intér~t davantage sur le ,: "zaaka" que les deux
autres.
Le
"zaaka" est, ~elon mon ana~yse, l'espace de vie le
plus restreint,
le plus intense et ,le plus significatif des
interactions. Il est l'objet premie{ de
la pulsion d'attache-
:'
-
;.- ·~~:;,:;i·. ~~ =~;-~~~~~"'~~:~. :~~-~. ' ; L . ~:.~
:,.':~
ment qui,
en" tant quee~ncept de sci~iabilité, est aussi
syst~r;lique
i l évolue 'en tant que~\\dre ~coClogique des inter-
.?~
actants,
suivant les ~~quences comp6rtementales multivari~es,
mul tiformes,
mul ti(:i01ensionnelles et ethologiquel1.ent scellées.
En cela,
i l est
le noyau le plus essentiel dans
la structu-
ration de
la psyché individuelle. Lieu architectural de la
sociabilité intense et de
la dynamique psycho-affective,
le
"zaaka" apparait
comme lechamp pertinent pour une pratique
th~rapeutique syst~mique. Les types de conduites inter-
individuelles qu'il met en oeuvre en conformité avec les
exigences des autres cat~gories de la stabilité et du change-
ment sont des
facteurs,
dans leur évolution redondante,
de
décompensation appropriée.
Un tel mode d'approche est un outil
conceptuel opérùtionnel
et adéquat autorisant valable:H:nt les intellectuels qui se
situent en dehors du credo
traditionnel,
mystique et hermé-
tique
(les sorciers,
marabouts,
guérisseurs)
~ mener des
activit~s cliniques efficaces. Ces mêr.ies concepts les libèrent
de
la tyrannie s1IDpliste des
thèses
ethnopsychologiques
bas~es sur la sorcellerie anthropophagie.
De cette manière,
j ' a i cru pouvoir donner au projet
systémique des
th~rapies familiales, un contenu et une exigence
épistémologique qui d~passent les frontières
occidentales en
évitant l'universalisme nébuleux et le particularisme muré.
La faruille africaine,
objet anthropologique de
l'observation
clinique telle que nous
l'avons délimitée dans
le texte sur
le plan diachronique et synchronique,
géométrique et culturel,
interactionnel
et individuel,
le
"zaaka"
répond aux conditions
théoriques d'une
.approche systémique.
Le mat6riel clinique
concret analysé dans
ce travail
ouvre les
portes d'une
efficaci té pra tique
en ce qu'il révèle clairen:en t
les indi-
cateurs de modèles communicationnels particulièrement aliénants.
Tout comme 1(1 famille
en occident,
le
"zaaka" est désormais
le foyer op~ratoire dans lequel la clinique psychopathologique
africaine trouvera sa pleine rationalité,
surtout à un moment
.j,~<~
o~ nos sociétés sont bousculées par les tempêtes de la modernité.
=-
-
418
Au
terme de ce
travail,
l'écoute des
faits
cliniques
conduit à admettre que' l'approche systémique est le mieux
indiqué en psychopathologie africaine. l'lais
loin de moi
l'idée de présenter ce modèle comme
la
panacée théorique
et pratique qui
releverait
totalement le défi de la
"Maladie }lentale" sous
toutes
ses
formes
et
toutes ses
manifestations.
La conduite épistémophilique ne saurait retenir deux
attitudes
l'une sur le
connu autosuffisant
l'outrecuidance:
l'autre sur l'impossibilité de
savoir.
l'ion point de vue est
que l'~pistémologic systémique est un
3yst~rne ouvert aux
autres modèles de connaissance.
Les
tendances unitaires
et
globalistes la
scléroseraient
et deyenue
simple pro:iuit
d'Ecole,
elle
s'enfermerait et perdrait toute
la richesse
qu'elle a
su puiser dans
l'ethnologie.
En tout
état de cause
j ' a i
cru tenir
compte de cette réflexion fort
pertinente
de G.
BACHELARD
"la co~naissance du réel est une lumière qui projette toujours
quelque part des ombres •• Accèder à
la science,
c'est spiri-
tuellement rajeunir,
c'est accepter une mutation brusque qui
doit contredire un passé."
(La formation de l'esprit scientifique,
p.
13 et 14)
C'est le lieu de dire,
puisque ma réflexion
est
essen-
tiellement épistémologique,
que la science procède de deux
manières
elle peut chercher,
à
l'intérieur d ' u n cadre
conceptuel déjà là
,
à
découvrir les faits
nouveaux qui
r~pondent aux vieilles questions.C'est un désir rie changement
e t
è' évol u t ion mai s
c 0 ml fi e di rai t
P.
Il; AT ZLAII' T CK ,
i l s ' agi t
d'un changer.:en t 1.
_ -
i l reste
cadré dans
le
systèn:e de références dans
lequel i l est raisonn?
et agi
,
L'invariance est
le propre
d'une
telle démarche.
-
419
Les phénomènes psychologiques et psychopathologiques pensés
en termes de
système résistent à
ce type de changement. Si
j'avais suivi cette première voie,
je n'aurais eu q u ' à
avaliser les
thèses déjà abondantes de
l'organogenèse et
de la psycho ou sociogen~se sur le processus pathologique.
La première partie portant sur l'étude historique des concepts
fondamentaux qui
ont
jalonné l'évolution psychiatrique a montré
qu'une telle méthode m!aurait conduit dans
l'impasse. Les
faits
cliniques
ont souvent défié les systèmes
théoriques.
Elle aurait bloqué ma compréhension au lieu de
la faciliter.
Je changen!cnt
s'est avér~ nécessaire car le critère d'une
démarche scientifique,
fructueuse et
enrichissante réside
dans
sa capacité à
favoriser des modifications constantes,
des
"mutations brusques"
comme dirait G.
BACHELARD.
D'où la deuxième manière.
Elle cGnsiste à 'prendre en
considération l'évolution des concepts et des modes d'approche
anciens pour opérer un changen"ent qualitatif supérieur. Les
vieilles questions sont vues sous un angle qualitativci.;ent
nouveau. Une
telle ccnduite épist~mophilique examine de
façon critique
les postuluts fondamentaux anciens
sur lesquels
elle creuse les fondations de nouveaux postulats. Comme dirait
P.
v,TATZLAHICK,
i l s'agit d'un
changel1!ent
2..
-
Il est l'expression d'une constatation,
celle de
la
discontinuité entre deux catégories de niveau logique distinct,
le membre et
la classe.
C'est un mode
op~rat(ire appelé
métachangement
ou métadiscours.
Ce recadrage épistémologi~ue systémique, de par les
possibilités pratiques qu'il favorise,
trouve
son importance
cliniclue en Afrique,
où le manque de personnel de
santé mentale
rend stérile
la discussion à
laquelle se
livrent psychologues
c linic iens et médec ins -p~~ychiatre s sur le champ pa thol ogique •
o"j'~
-
_
420
La considération de la complexité des phénomènes relationnels
humains et la propriété fonctionnelle des
comportenrents en
général et pathologiques en particulier,
m'amène à
prendre
pour mienne cette boutade
d'AJURIAGUERRA J.,
paphrasant
Clérnenceau
:
"5i la guerre est une chose
trop sérieuse pour la laisser entre
les mains des militair,:5,
je crois que la vie est une chose
trop sérieuse pour la laisser SEULELENT (souligné par moi)
aux mains dés psychiatres."
(in Psychologie nO 100 , mai 1978 ,
p.
26)
N'est-ce pas la même exigence que pose avec évidence H. COLLOLB
quand i l déclare
"La psychia tri e a.fri c El ine,
sui van t
l ' évo lut i on g(~nérale àe
la psychiatrie,
se
libère de
l'ertlprise médicale biologique
pou r
5 e
s i tue r
dan s I e 5
e cie n ces h u!!~ a i n es. 11
(in African Journal of Psychiatry,
vol l,
nO
2,
octobre 1975)
Cela étant souligné,
l'épistémologie systémique se cardera
de fermer le champ de
1& recherche
Au contraire,
la collaboration entre psychologues cliniciens
et médecins-psychiatres qu'elle favorise
et
les modèles
comportementaux d'analyse qui lui
sont propres aideront a
délimiter un objet psychosocial opérationnel pour une
approche clinique efficace dans
le contexte anthropologique
africain. Je considère dans cette perspective,
que
j ' a i
effectué une réflexion introductive aux mutations qu'impose
l'évolution de
la psychiatrie
en Afrique.
Le
contexte
d'intensité groupale et d'homéostasie
fai!:iliale
prépondérante
indique au psycholocue clinicien qu'il doit
se
libérer
des modèles conceptuels de condamnation ouverte et de
culpabilisation individuelle
ou collective.
-
q,21
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INTRODUCTION
l
PREl'UERE PARTIE
A LA RECHERCHl~
[" une EPISTDiOLOGIE
9
CLINIQUE ADEQUATE E\\ PSYCHOPATHOLO-
GIE AFRICAINE :
bref aperçu historique et éléments
conceptuels du mod~le systémique
Chapitre l
A PROPOS DES l'lODLLES El\\' FSYCHIATIUE
1J
A -
Les cc·ncepts
14
B -
Institutions et modes
th6rapeutiques
22
Chapitre II
PSYCHIATRIE AFRICAINE,
PSYCHIATRIE
ItnEGREE
j2
A -
Les concepts
JJ
l
-
La psychiatrie traditionnelle
JJ
2 -
La rencontre de deux psychia-
tries
J6
B -
Institutions,th{rapeutiques et
assistance psychiatrique
41
e - La phase culturaliste
4~
l
-
L'état de la recherche clinique
44
2 -
l.es facteurs des difficultés
d'approche psychanalytique
47
J -
la nécessité du changement
56
Chapitre III
A -
De l'objet élémentaire à
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l'objet total
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La notion de sys tèmeà.trâvers
B -
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l'unité des di ÎÎeren tes approcJ1eli; ·.::r:>:·.~;;·~;:·
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s ys t é n~ i que s
1
L.V.
BERTALLANFFY
LA T.G.S •. >.65'
2
De la cybernétique :
N. WEINER
1'5
J
G.
B~T=SON
de la schismo-
7.9
genèse 8 la théorie du
"doubJe-bind"
Chapitre IV
!.A TH.LGRIE DE LA PRAGt-tATIQUE DE LA
88
COLMlJNICATION ET SON APPLICATION
A -
L'Optique existentielle
RD .LAING89
B -
La pragma tique de la. communica ti6n.·.,.:~4-.... ;'"
P. \\"ATZLA\\\\'ICKet 'l'Ecole de
;2
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Paolo Alto
.
C -
Les principes de la. théorie' de la
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communication
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"
II
Pages
DEUXIEHE P.\\RTIE
LES FONDEj:~:NTS CLINIC:UES DE
115
L'HY1-'OTHESE
Chapitre l
LA QUESTION l-iETHODOLOGIQLJE
116
A -
Discussion préalable
117
B -
LJn état d'esprit critique
120
C -
De l'empirisme à
l'hypoth~se
124
1 -
La forme du travail
clinique
124
2 -
Quelques aspects
sp~cifiques
127
de
la psychopathologie clinique
en Afrique
D -
Nécessité d'un canevas
140
1 -
La tentation d'une approche
140
quantitative
2 -
Le questionnaire proprement dit
145
E -
Les structures des entretiens
157
1 -
Le schéma g~néral
157
2 -
Trois cas cliniques pour
158
illustration
1/ cns Marne Faye
158
21 cas ~îamadou Diagne
165
JI cas Sangoné Dia
169
I I I
Pages
Chapitre II
AKALYSE SYSTE~~TIQUE
DE QUELQUES CAS
173
CLIKIQUES
: ANCIEK ET NOUVLAU LANGAGE
CLINIOUE
(à propos de 9 cas)
1/ Cas Salma Diakhaté
178
2/ Cas Penda Diagne
184
3/ Cas Thierno Dia
191
4/ Cas Fidèle Bellac
197
5/ Cas
Hamad Tall
204
6/ Cas Abdoulaye Bomou
210
7/ Cas SalI Brahim
219
8/ Cas Alassane Kane
227
9/ Cas Guy Sine
2 1n
Chalü
LE TRAVAIL CLIKI'.'UE AC C.H.U. Dl~ FANN
,
tre III
259
ET SA SIG1\\'IFICATION SYSTE;<IQUE
I1\\'STITUTIUNS ET C:\\S CLINI'<UES
A -
Le système
'd'accompagnant"
261
1 -
IIL'accompagnant" en tant
261
qu'institution
2 -
Quand 1I1'accompagnant" devient
271
un cas psychiatrique
(2 cas pour illustration)
1/ Cas Oumy,
acco~pagnante de
271
Astou
2/ Cas Sidy S.
,accompagnant
283
de Alpha S.
B -
Le
"penc ll
ou
"pinth ll
288
IV
Pages
TROISIE1'lE PARTIE
LES ELUlENTS D' UN FROGRA~-:1'lE
JOl
POUR UNE APPROCHE SYSTE;<IQUE DE
TYPE FAMILIAL EN AFRIQUE NOIRE
TRADITICmi'ŒL _E
:
L' exempl e de
la soci~t~ MOSSI (Haute-Volta)
Chapitre l
REFLEXIONS PRELEI-iINAIRES
J02
A - De l'61argissement du concept de
J05
schismogenèse
l
-
La source ethnologique
:
chez
J05
les Iatmul
(Nouvelle-Guin~e)
2
-
Une analogie de mod~le de
J12
différenciation chez
les ~jossi
B -
Rapport avec
les
concepts psychana-
J18
lytiques
l
-
Bref aperçu des
projets
th40riques
)18
et
pratiquRs des
deux modèles
a- Le modèle
psychanalytique
J20
b-
le
modèle
interactiO?1nel
J24
2 -
La non-antinomie entre
les deux
3J2
modèles
Chapitre
II
CHANGEI<ENT ET STABILITE DM\\S LES PROCESSUS J41
rSYCHOPATHOLOGIQUES AFRICAINS
:
Une
logique schismogénique chez les l'iossi
A -
L'~Jément fondamental de la stabilit~: J44
La force de
la Loi
traditionnelle ou
"Rôguem-r.:iki"
B -
Les
~l~ments interactionnels du
357
changements
l
-
A propos
du caractère
social
357
2 -
Le
processus
interactionnel de
J6J
la psychopathologie africaine
:
l'exe~ple des Mossi
a-
le point de vue
psychanalytique J6J
et ethnopsychologique
b- Un modèle
pour le
th~rapeute
J67
hors du credo
traditionnel
le ~o~èle interactionnel
c'
v
l-age 5
Chapitre III
DELH;ITATION GLOBAlE D' UN CHA~lP
379
PERTINENT POUR UNE PRATIQUE
THERAf'EUTIQUE EN AFRIQUE
A -
De
la familJe
en Afrique ou la
J8l
recherche d'un concept opératoire
B -
Considération générale pour une
391
pratique systémique
:
la notion
de stratégie thérapeutique.
C(:NCLUSION
GENERALE
<'JO]
BIBLIOGRAPHIE
421
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7'
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