UNIVERSITE DE PARIS 01
PANTHEON-SORBONNE
(ARTS PLASTIQUES)
....
FONCTIONS ET ESTHETIQUE
DES MASQUES MOSSI
DE HAUTE VOLTA
-1:
.~.....
'.'~'. "
.~" .
~.i'.•~.! .
f'"..
PAR: SAWADOGO Rayanémalgré Benjamin
THESE de Doctorat de Ille cycle
dirigée par Jean Laude
ANNEE 1979

A tous ceux qui m'ont ouvert la voie de
la rechercha
sur les valeurs culturelles ct" l'Afrique et en
particulier sur celles de la I~UTL-VOLTA
Messieurs
DIM DELOBSOM
HOUIS MauriCE:
IZARD Michel
LAUDE Jean
LE MOAL Guy
PAUDRAT Jean Louis
ZAHA:.l DuInlnique . . .
Recevez ma profonde reCOnrl,llS'3,1:.Cé et a
",_.articular
thank you".

AVA.V.T -
PROPOS
=-=-=-=-=-:=-=-
bUD~OMI\\,
(1)
J'aurais aimé jcrire cette thêse en moré ct c:~
français pour que tu puisses en profiter~ ~a conna'ssance
.n
transcription du moré est fort lilllitée. Au fur et
mesure,
cette!
transcription scrait au point,
il se pourrait que ('c soit toi
qui fasses
la traduction.
Tu as sans doute au cours Je ta vie assist~
à une
sortie de masques connus ,;ous le nom dc \\~ANDO (WanSo au singulier
Tu n'as hélas pu contempler aussi longtemps que tu l'aurais sou-
haité ces forIT,es bizarres,
cax le cercle des spectateurs était
vite èispersé à coups de fouets.
Aujourd'hui tu te po;es la question:
Pourquoi les
Wando ne sortent-ils pas souvent? P\\)urquoi le commerce des
têtes
de Wando est-il florissant? Tu te poses de multiples questions
qui n' auron t peu t-ê tre pas de réponse.
Je suis aussi cur ieux 'Jue
toi,
curieux dans
le sens que ces êtresillystérieux, plus près Je
nous,
nous sont aussi inexplicables que le déroulement de la vie
humaine.
Bea~coup d'étrangers nous posent des questions sur cette
partie de la vie des Mossi et nous avons honte de ne pouvoir
leur répondre,
faute d'informations.
Notre curiosité est un be-
soin de savoir pour mieux comprendre et défendre une des manifJs-
tations religieuses et chorégraphiques de
la Famille des Wandc.
La seconde raison de notre curiosité intellectuelle est qu'en
parcourant les
livres d'ethnologie et de sociologie ou de l'his-
toire des arts africains,
une faible n~ntion est faite sur les
masques Mossi.
\\1)
Budu :
famille -
noma
: bon .
Nom donné à
un enfant, qui
signifie qu'il faut que nOlls soyons
tous unis dans la fa;'lill'J.

Pour nous,
i l s'agit d'une atteinte ~ notre amour-
propre, et de l~, découle notre réaction vis-~-vis de l'occident
qui,
une fois encore dénigre ceux qui,
jadis,
l'ont aidé à com-
b:-·,·tre son ennemi.
Les vaillants guerr if''::"s mossi, ces braves
.'
/,
tirailleurs sénégalais réduits ~ une main-d'oeuvre bon marché
sont encore victimes d'un dénigrement total en ce qui concerne
leur mode de vie et de pensée.
..
Il se pourrait que ce désintéressement de l'occident
vis-~-vis de l'art mossi vienne du fait que la société des Wando
est très difficile ~ pénétrer.
Il se pourrait aussi que les
masques aient un quelconque intérêt au point de vue esthétique
ou commercial
Néanmoins, beaucoup d'Européens se sont intéressés à
cette partie du monde qu'on dit être l'une des terres les plus
pauvres du Monde. Certains ont contribué énormément à l'établis-
sement d'une parfaite connaissance de la Haute-Volta. Ainsi pour
ne citer que deux d'entre eux,
les travaux de MessieunGuy LEMOAL
et Michel IZARD sont d'un intérêt capital.
Mon ignorance dans
la connaissance des manifestations
coutumières des Mossi m'a incité à faire des enquêtes sur les
masques mossi.
Le résultat quoique minime apporte une notion
élémentaire ~ l'interprétat~on,
~ la compréhension des masques
Wando. Mon travail n'est qu'une seconde approche,
la première
traitait de "L'Actualisation des masques mossi".
(2)
Je me suis rendu compte au cours de mes enquêtes
auprès des mossi, que bonnombre d'entre eux n'avaient qu'une
vague notion sur les masques.
Les membres des familles Wando se
sont montrés méfiants au début, puis peu à peu, ont accepté
le dialogue mais en se gardant de livrer leur secret: méfiants
(2)
Mémoj!e d~maîtrise Octobre 1976 - PARIS l

car ils ont été victimes de plusieurs série~ de voD, méfiants
vis-à-vis de notre génération,
~ cause de nutre manque d'intérêt
pour les coutumes, puisque notre nouvelle pensée occidentale
n'acco~de qu'une infime partie au respect dû aux vieillards et
accorde davantage d'égards aux valeurs matérielles et moins
aux valeurs spirituelles.
Une école occidentale qui s\\o.uvre est pour notre
génération une porte qui se ferme sur les valeurs traditionnelles.
La colonisation ct contribué, au début, au DENIGREMENT total de
nos modes de vie et de pensée~. L'Islam et le Christianisme n'ont
pu ébranler ce système pré-établi. Nous assistons aujourd'hui à
une conciliation des tendances.
Le Moaga qui embrasse la reliYlon
catholique ou musulmane ne néglige pas ses sacrifices d'antan.
Il en est de même au Moaga occidentalisé qui au moindre incident
dans la vie consulte les devins et fait des DOSE. (T)
Malgré notre nouvelle culture,
il arrive que nous
ayons des "remords", ou bien souvent, des complexes d'infériorité.
Le premier instinct qui nous pousse est ce scntimcnc de vengeance;
aller en guerre contre cette culture occidentale qui nOLIS a
transformés en singes.
Nous prêchons l'authenticitL,
le retour
aux sources. Mais aurions-nous le courage de nous c1sseoir pendant
des heures à écouter les sages? Aurions-nous la p~tience d'at-
tendre un jour, voire des semaines et des mois pour qu'on nous
livre des secrets? Saurions-nous boire cette mixtule
(2) qui
paraît dégoCtante ? Nous asseoir et froisser le:; plIS du pantalon!
Cette chemise est trop cintrée et les boutons risqu~nt de sauter ! ~
Une semaine passée au village nous montre les bienf lits de l'occi-I
dentalisation.
Personnellement,
je ne suis pas'ontre le rejet total
de la culture importée, cette dernière a des valeurs qui ne
(1) DOSE:
sacrifices - DOA au singulier
(2)
sang de poules,
autres gris-gris et racines.

doivent pas être ignorées.
C'est a notre génératio .. de savoir
.i,
prendre les bons côtés des deux cultures et rejeter ceux qUl
nuiraient a notre épanouissement. Pour ne pas être des déracinés
nous de.~ns prendre des leçons auprès de nos _:nés.
Qu'ils nous
dictent les coutumes pour qu'un jour nous puissions défendre nos
valeurs traditionnelles devant les étrangers.
Parmi les manifestations cultùrelles du Mogho,
le
culte du Wango occupe une place de choix.
Ni l'Isl~m, ni le
Christianisme,
ni la colonisation n'ont pu ébranler cette mani-
festation religieuse.
Telle qu'elle était avant l'arrivée des
Mossi,
elle demeure immuable dans ses fondements et ses pratiques
a l'heure oü j'écris ces lignes.
Cette présente étude n'est qu'une tentative de com-
prendre une partie de la vie religieuse et clilturelle au Mogho.
Budnoma,
tu relèveras des erreurs ou des
lacunes,
je te prie de
m'en excuser.
Ce travail doit être c:)mmun et si tu possèdes des
informations sur les Wando,
je serau heureux de les apprenc.re.
WEND NA SONGDO
Que Dieu nous aide.
o

PLA N
:-=-=-=
Sujet
FONCTIONS ET ESTHETIQUE DES MASQUES MOSSI DE HAUTE-YOLTA
..
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
INTERPRETATION SOCIOLOGIQUE DES MASQUES MOSSI
- Remarque
Wango, Gurwango, Ninda, Youri, Bumbega, Karence,
Zazaigo
Sikou, Sikoaba, Sikoalle, Sigirnsi, et
L
Siguindaam.
l
- LES COUTUMES
(ROGEM-MIKI)
ET RAPPORTS SOCIAUX
a)
Le BARIou buisson sacré de Tengsobdogo ;
b)
Le MOUINI ou tombeaux sacrés ;
c) Rapports sociaux avec les forgerons et les tisserands
-
Wando-Saba
(les Sukobsê et les forgerons)
d)
Les Wando-Tisserands
(Soulsé)
;
e)
La teinture
;
II - FONCTIONS ET USAGES DES MASQUES WANDO
A- INTRODUCTION -
Fabrication et sacralisation du Waongo
1) Fabrication du masque ;
2) Sacralisation du Waongo
B- FUNERAILLES -
KOURE
1) Choix du tombeau
-
Le Yaogbulga ;
-
Le Sampogyaogo
-
Le Zugbe Lagfo Yaogo.

2)
Enterrement ou Mumbu ou Sologre
3)
Le "RAtNOLBO"
4) VOOYA de Samtaba
C- LES SORTIES
1)
Les "LIU LI-WANDO"
..
2)
Chasse au monstre
III - MASQUE MOSSI ET POUVOIR
1) Croyance et pouvoir du masque
2)
Pouvoir-fécondité-Vie
- Masque ou symbole de la Mort
3)
Le langage des masques
4) PANGA et le WANGO ;
a)
Les Pangdamba
(gens de guerre)
;
b)
origine mythologique du pouvoir au Mogho.
5) Pouvoir suprême
a)
Wennam ;
b)
Wango intermédiaire.
6)
Espace Mossi et espace rituel
a)
L'habitat traditionnel;
b)
plan d'une habitation
c)
L'espace rituel.
CONCLUSION
CHAPITRE DEUXIEME
ETUDE MORPHOLOGIQUE DU MASQUE
INTRODUCTION

l
-
LES MASQUES ZOO~ORPHES
A- LOCALISATION
B- ETUDES MORPHOLOGIOUES DE QUELQUES I-lASQUES ZOOMORPIlES
1) Wang-Silga ou masque épervier
2)
Weenaba ou masque-lion i
3)
Wang-Wamba ou masque-singe
..
4)
Wang-Yanka ou masque-gazelle
5)
Wang-Rulgu ou masque-calao ;
6)
Widpeulgo ou masque antilope-cheval.
c- REPRESENTATION ANTHROPOMORPHIQUE
1) Mba-Lounda
2)
Le Libga ;
3)
Le Naba-Yarnba.
II -
LES MASQUES A TIGES
A- LES GUHWANDO DE LA REGION DE BOULSA
1)
Le Gurwando ;
2)
Le Gurwando de la région de Boulsa
3)
Le Gurwando.
B- LES ZUWOGDO DE BOUSSOU,~
KORISMORO
111- LES MASQUES A LAMES
A- LES KARENS ES
1)
Kurunga i
2)
Le Karenga
3)
Le Karenga de Kaya ;

-1 C'
4)
Le Kareng-Néda
a)
La tête ;
b)
le corps «
cl
la partie anthropomorphe.
B- LES MASQUES A LAMES COMPOSEES
..
1)
Le Wango du Salmentenga «
2)
Le Wango à cinq branches «
3)
Le Wang-Needa.
C- LES MASQUES A LAMES ZAZAIGO
D- LES MASQUES A ~~ES
LE VOURI
CONCLUSION
CHAPITRE TROISIEME
APPROCHE ETHNO-ESTHETIQUE DES MASQUES MOSSI
INTRODUCTION
l -
LE CADRE DE VIE
A- L'HABILLEMENT
B- LES DANSES MOSSI
al
La Wennega i
bl
le Waongo
cl
La Warba.
-
Kigbtobo
C- LA NOTION DU BEAU

1)
Le terme qui signifie " Beau"
NERE
a)
adjectif
b)
aClverbe •
2)
Les signes et formes
a)
Les cauris
..
b)
le cercle
c)
la croix.
3)
Les couleurs
II -
L'ESTHETIQUE DES MASQUES
A- LES SIGNES DANS LES RECITS HISTORIQUES
B- LES SIGNES DANS LA DIVINATION
C- LA BEAUTE FONCTIONNELLE DU 11ASQUE
1) Mémoire d'une société
2)
Spirituel
3) Masque et art décoratif.
D- DE LA BEAUTE DES MASQUES
1) La société contemporaine
2)
La vision occidentale.
III -
VALEUR MARCHANDE DES MASQUES
A- L'AUTHENTICITE DES MASQUES
B- LES EXPOSITIONS INTERNATIONALES
C- LE CO~~ERCE DES MASQUES EN HAUTE-VOLTA
1) Les vols de masques
2)
conséquences
:

malédictions ;
repli et méfiance vis-à-vis des chercheurs.
CONCLUSION GENERALE
- Place des masques Mossi dans la Société Voltaïque
et dans l'histoire de l'Art de l'Afrique Occidentale
-
Solutions à
l'épanouissement de la culture et de
l'Art en Haute-Volta.
ANNEXE
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INTRODUCTION
=-=-=-=-=-=-
L'homme a toujours essayé d'exprimer par écrit,
par la voix, par le geste ce qu'il ressent.
L'art est l'acti-
vité par laquelle l'homme exprime sa puissance. Musulmans ou
Chrétiens dans les villes,
les Mossi, peùple agriculteur,
restent attachés dans leurs milieux ruraux, à des
traditions
animistes qui constituent le moteur essentiel d'un art du
Masque ou WANGO, plus que la statuaire.
Pourquoi étudier spécialement l'art du Wango da~s
la Société Mossi? Le choix du sujet relève des investigations,
des recherches d'une compréhension de l'art dit -des Mossi-.
Ce peuple de l'Afrique de l'Ouest, au passé glorieux, est re-
légué dans les oubliettes.
Les Mossi se sont-ils contentés de
conquérir des terres à l'intérieur de la vaste pénéplaine vol-
taique ? Ont-ils laissé un passé culturel comme leurs voisins
les DOGONS,
les Bv~BA, les KURUMBA,
les GURUNSI, etc . . .
?
Des ethnologues et sociologues se sonL intéressés
à cette partie du continent africain et je rends hommage â
cous
ceux qui, par des moyens photographiques ou des rl'cit~ont permis
de livrer au monde la lumière sur les Mossi,
je pense aux témoi-
gnages des précurseurs tels que Léo FROBENIUS, Dominique ZAHAN,
Maurice HOUIS, Dim DELOBSOM, Michel IZARD,
les Missionnaires
et à tous ceux qui continueront d'étudier la Société Mossi.
Toutes ces personnes ont accordé une faible part
à
l'étude sur l'art des Mossi dans leurs écrits.
Il me sera
très audacieux de faire une étude complète sur l'urt Mossi.
Aussi me suis-je contenté d'axer mes recherches s,rr une partie

de l'art de ces agriculteurs
le WANGO (masque).
Ce choix trouve sa justification dans quelques
domaines:
les masques connaissent un essor sur le marché d'art
mondial d'où l'intérêt de chercher leur valeur artistique puis
marchande.
Le masque est aussi dans cette société Mossi {en
fait,
le masque appartient plutôt à la société Ninyonsé et
non à celle des conquérants)
une sorte de religion. Ses rite~
,
tenus secrets/suscitent une curiosité intellectuelle chez le
chercheur.
En troisiême position, pourquoi ne pas tenter une
étude sur une partie des valeurs culturelles de la Haute-Volta
qui est encore inexplorée?
Une étude préliminaire sous forme de mémoire
d'étude de maîtrise a été consacrée à ~'actualisation des mas-
ques Mossi de Haute-Volta~(Mémoire de Maîtrise -PARIS 1- OCLobre
76). Cette première investigation a permis de classer les mas-
ques Mossi en trois catégories correspondant à trois régions
à savoir : le centre Ouagadougou,
le Yatenga au Nord-Est et
Raya au Nord. A ces trois régions s'associent trois styles:
Les masques zoomorphes,
les masques anthropomorphes, et les
masques dits abstraits. Ces catégories de masques tirent leurs
influences des ethnies voisines :
les Bwaba,
les Dogon, les
Rurumba,
les Gurunsi.
Le présent écrit n'est qu'un approfondissement et
un pas de plus dans le domaine traité qui est difficile à ex-
plorer.
Il comporte deux volumes:
l'un théorique,
l'autre
iconographique.
L'approche s'est montrée difficile dans la
mesure où les populations auprès desquelles se sont effectuées
les enquêtes
ont manifesté leur méfiance dês l'instant où le
problème des masques a été abordé.
Il faut préciser aussi que
ces populations ont été victimes des vols de masques, et que,

de plus, elles gardent jalousement cette croyance au masque
qui fait leur force.
La plunart de mes enquêtes, enregistrées sur handes
magnétiques ou faites sous for-me de causeries avec prises de
notes, ont été menées dans la région de Ouagadougou, celles de
Boussé et Salmentenga
(Raya). Cette dernière région fut inté-
ressante par l'écho favorable que j'ai reçu auprès de la fa-
mille Niniosé de Rorismoro et par sa particularité de renfermer
les spécimeœdes masques VoltaïquEs.
Au cours des recherches, i l a été parfois ardu
de discerner le vrai du faux.
Il a fallu poser les mêmes ques-
tions à plusieurs reprises et à des jours différents, aux mêmes
personnes et à des personnes différentes, puis confronter les
réponses, analyser les résultats pour obtenir une substance
viable. Dans l'investigation de la tradition des masques, i l
est prématuré de généraliser des faits car dans une même région,
des masques similaires par leurs formes plastiques peuvent
présenter des fonctions différentes.
Il faut donc faire preuve
de prudence et de patience. Tout chercheur a ses méthodes de
travail.
La seule méthode, ~lémentaire, consiste à acquérir
la confiance de la population en témoignant de sa bonne foi.
Néanmoins, dans le domaine des études de masques,
i l existe beaucoup d'énigmes sur lesquelles le chercheur se
heurte comme devant une porte hermétique, avec la rage et la
détermination ferme de déceler le mystère du WANGO.
Il reste
perplexe comme devant la projection d'un feuilleton captivant
qui ne révélerait le dénouement qu'à l'épisode suivant.
Masques Mossi, qui êtes-vous? Voulez-vous nous
enseigner qu' i l faut savoir "écouter" les choses inanimées ?
regarder autour de nous et essayer de comprendre le déroulement
du monde ?

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CHAPITRE PRE~IER
=-=-=-=-=-=-=-:-
INTERPRETATION SOCIOLOGIQUE
DES MASQUES MOSSI
Cette étude est faite grâce aux enquêtes effectuées,
pour la plupart, dans la région de SALMENTENGA. Cette région a
l'intérêt particulier de renfermer les spécimens de maslues des
Mossi.
Le terme "masque" a plusieurs appellations selon
les régions,
les familles détentrices de masques.
WANGO est le terme général pour désigner à
la foi;
le
masque entier,
la tête du masque et les membres des familles
prenant part au culte.
GURWANGO désigne aussi le masque dans la région de
BOULSA, de KORISMORO, de TEMA. Dans la région de Korismoro,
ZUWOKO est le masque spécifique qui a une longue planche cylin-
drique,
LIBGA est une espèce de masque plus petit que le précé-
dent, et, dit-on, plus rapicte.
Le NINDA est un nom du masque.
NINDA veut dire un
être mystérieux.
Le WANGO n'est-il pas un être étrange?

1
·13
Le VOURI est l'appellation donnée all masque à
lames
appartenant à
la famille des forgerons de la réyion de
KIRIGTENGA-S&~TABA.
BUMBEGA,
littéralement BUMBU {chose,
BEGA
(méchant)
est le nom que l'on donne au masque qui excelle dans la distri-
bution des coups de fouet.
A Gaoua,
l'un des qu lrtiers de KAYA,
le masque ne sort que la nuit.
..
Les KARANCE sont les masques à lames de la région du
YATENGA.
Les ZAZAIGO sont des masques funér. ires du YATENGA.
SIK~U ou SIKU est le rite ou le "f, tiche" spécifique
au SIKOABA.
SIKOABA représente ceux qui prenne It partau culte
des WANDO.
SIKOALLE, c'est la pratique des SI~OABA ou SUKOMSE,
selon les régions.
SIGIMSI
ini tiés au SIKU
SIGUINDÂAM est la grande fête de~ SIKOBSE ou SIKOABAJ
Dans le présent chapitre,
il y a lieu d'étudier les
coutumes de la famille des WANDO qui érigent leur système social
le rapport avec les ethnies voisines, leur cosmogonie et leur
cosmologie.
Leur mode de vie reflète-t-il leur production de
masques? Nous tenterons de répondre à cette question par l'étude;
morphologique dans le second chapitre. Quelle est la situation
de cette forme de civilisation dans les Arts Africains ? le

troisième chapitre sera une approche ETHNO-ESTHETIQUE des
masques du MOGHO.
l -
LES COUTUMES ET RAPPORTS SOCIAUX
NAISSANCE D'UN VILLAGE
TENG-SOBDÔGO
(terre noire des
Nyonnyosé)
A Guilougou, sous-préfecture de ZINIARE,
vivait la
grande famille des Nyonnyosé. Après la mà~t du tengsoba, le
cadet lutta pour que la place de tengsoba soit de nouveau
occupée au village.
Devant son échec,
il prit la fuite,
emmenant
sa famille,
vers Korismoro,
et en dérobant deux "fétiches"
importants. Arrivé â Korismoro,
il demanda au chef de Ouedsé
un lieu pour construire.
Il planta les "fétiches"
Je protection,
l'un â l'est
(BARI) et l'autre â l'ouest (MOUINI), qui lui
servirent de couverture. C'est ainsi que Tengsobdogo vit le jour
dans le village de Ouedsé.
Il est situé â cinq cents mètres
du coeur de la ville de Korismoro, et forme un quartier très
peuplé au centre duquel se dresse un moulin traditionnel
-Négougou- où les femmes viennent y moudre le mil.
Le quartier est commandé par le chef de Ouedsé, et
dirigé par le Tengsoba. Ses coutUJnes lui sont propres, et cha-
cun des chefs environnants respecte particulièrement le tengsoba
de ce quartier limité â
l'ouest par les quartiers de Koukin et
Mouini, A l'est par la rivière Nagroudoga,
Bari, au nord par
Ouedsé, et au sud par Toéguin. Son influence est si grande
que le tengsoba reçoit en chaque fin d'année des signatures de
protectorat des chefs voisins.
On y célèbre deux fêtes coutumières :
le TANGANA et
le KITOSSC et les habitants ont reçu le nom de -sadaba
(sor'~iers)

ROG~~-MIKI COUTUMES
"Rogem-mik ki basgo", c'est ce que nous avons trou-
vé après notre naissance. C'est perpétrer les modes de vie que
nous ont laissés nos ancêtres. Au Mogho,
il y a des périodes
qui ,loivent marquer une renaissance dans la vie des Mossi. Le
cycle annuel est composé de deux saisons
la saison pluvieuse
et la saison sèche. La première marque, ~i l'on peut dire,
la
,.
fin d'une longue et pénible étape, les greniers de mil sont
presque vides,
il faut renouveler le stock. On pratique donc des
sacrifices pour que la terre soit propice. Les génies et les
ancêtres apporteront leur concours dans le mnrissement d<:s se-
menc,~s. C'est pour cette raison qu'ils doivent être les premiers
bénéficiaires. La coutume exige que cet égard se matérialise
envers les bienfaiteurs par une cérém"nie, après les récoltes.
Il existe au Mogho plusieurs coutumes, nous ne men-
tionnerons que celles qui concernent les Waondo.
a)
Le BARIou buisson sacré de TENGSOBDOGO
(OUEDSE)
Le Bari est un buisson rectangulaire,
long d'environ
quatre vingt dix à cent vingt mètres. Une large ouverture est
prévue pour le passage jusqu'au lieu sacré. Ce buisson est à
deux cents mètres de la maison du Tengsoba.
Les bois de ce bos-
quet ne doivent pas être employés pour les usages domestlques.
"Le Bari" est la protection du Tengsobdogo et du chef de
Boussouma. Au moment de la célébration du Bari, le chef de
Boussouma doit remettre six poulets et un Ram Yuré
(can,Hi de
dolo -bière de mil-) pour les sacrifices. Quant au chef de
Ouedsé,
il doit apporter le zom-kom (farine de mil délayée à
l'edu),et du sido
(miel).
Le sacrifice a lieu à la saison des
pluies, quand il y a de la verdure. Tôt le matin,
le Tengsoba

.!
-:-
....
'l~
LE MOUINI
TOMBEAUX SACRES
PHOTO DE L'AUTEUR

crie trois fois "wa y né kom"
(apportez de l'eau).
Le kouk-
Naba et le Kougpel-Naba, chefs des quartiers respectifs de
Koukin et de Koupéla -toinaba- apportent le zom-kom.
Le Tengsoba
rentre dans la maison et ressort avec des poulets, généralement
au nombre de quatre : une No-sablaga
(poule noire), une No-
zinga
(poule rouge), une No-pelga
(poule blanche)
et une No-
bengré
(poule noire et blanche).
Le zom-kom et les quatre poules
seront immolés au Bari.
..
c'est vers neuf heures du matin que tout le monde se
met en route pour le Bari. Au seuil du buisson, chacun s'arrête.
Seuls le Tengsoba et deux a!nés iront jusqu'au lieu sacré.
La
suite du cortège s'abrite sous un arbre et attend la fin des
Todo
(devoirs).
Les trois personnes au milieu de la place sacrée
en forme circulaire évoquent les souhaits de l'année en cours.
Ils demandent la santé,
la prospérité et des enfants, ainsi que
la protection du Bari. Après avoir immolé les quatre poules et
versé le zom-kom et le ram,
ils reviennent à
la maison pour les
salutations coutumières. Pour le sacrifice au Bari, le Tengsoba
s'habille en complet noir.
Il se rase la tête en y laissant
au centre un bouquet de cheveux -guienfo- en Moré.
c'est dans la nuit que les habitants seront autorisés
à manger pour la première fois des récoltes de la saison, à
savoir le mil,
la sauce aux feuilles de haricot Bengzindo.
Ils
auront aussi l'autorisation d'entourer leurs concessions avec
les Pi-palsé ou séko.
La tombée de la nuit verra aussi des réjouissances
populaires.
Les femmes fonneront un groupe pour danser le
"Kigla"
(danse gracieuse des femmes),
et les hommes dépenseront
leur énergie dans l, ·No.lrba. C'est la grande fête du nouvel an.
Le sacrifice du Bari est appelé aussi Tangana.

b)
MOUINI ou Tombeaux sacrés
Le dernier culte au Mouini date du 15 Décembre 1977.
C'est l'hommage voué à tous ceux qui reposent au Mouini.
Ils
~ont situés à l'Ouest du quartier de Tengsobdogo, et au milieu
du 'village de Ouedsé.
Le culte a lieu tous les ans au mois de
Décembre.
Il est à noter que le Mouini a la forme d'un cercle dont
une partie est réservée aux enterrements des vieux et des viell-
les du quartier. A partir de Juin,
le Te~gsoba se méfiera de
toute nourriture, c'est-à-dire qu'il ne mangera pas les mets de
l'année en cours.
Il a une écuelle pour recevoir sa nourriture.
Il se gardera de se laver et de se coiffer.
(1)
C'est lorsque les autres chefs coutumiers ont fait
leur Kitosé que le Tengsoba de la famille Sawadogo fixe le jour
tant attendu de tout le monde.
A la veille du sacrifice du Mouini,
le Tengsoba se
rend aux tombeaux sacrés pour préparer la place oü doivent se
dérouler les todo.
De retour au Yiri
(maison)
i l demande à la
pugkièma (ainée de ses femmes -première femme-)
d'enlever le
mil de la saison.
Le mil récolté au mois d'Octobre ou Novembre,
appelé Ki est sorti des greniers par les femmes qui le battent.
Le Kazui
(petit mil)
servira à préparer le 5agbo au lieu sacré.
Les femmes doivent encore écraser le Kai au néré
(meule tra-
ditionnelle)
pour les préparations du Ram
(dola = bière de mil).
C'est la joie des fellll\\es et des petites filles ..:;ui
se livrent pleinement à cette tâche. Les jeunes filles qui ne
sont pas issues de la famille du Wango préparent les autres
mets
:
les Samsa
(beignets),
les MaSd
(galettes) de Benga
(haricot).
Les jeunes filles d'une vingtaine d'années vont a
la récolte du Sida
(miel).
Les adolescents sont chargés d'attraper les poulets
(I)
Sa première fl:mme
(la pugkièma)
suit strictement ce que fait:
son mari.
i
~

-.. : .f
w
1.
..
MOUINI
LIEU MEME DES TOMBEAUX SACRES
PHOTO DE L'AUTEUR.
MOUINI - TOMBEAUX SACRES :
LE BOrS QUI
SERT A LA PREPARATION DE LA PATE DE MIL
(Sl\\GBO)
POUR LES Tono (SACRIFICES).
PHOTO DE L'AUTEUR.

errant dans la cour. Toutes ces diverses choses serviront au
sacrifice du Mouini.
Le Vendredi soir est consacré aux sacrifices. C'est
vers 23 h 30 mn que la coionne dirigée par le Tengsoba se met e~
route pour le Mouini. Un silence glacial règne. Tout est calme
~ cette heure de la nuit et la nature semble communier ~ cette
atmosphère.
..
A minuit commencent les todo. A la tête des sacrifi-
cateurs se trouve le Tengsoba, puis viennent les a!nés et les
femmes.
Les étrangers,
les neveux,
les nièces et les femmes
enceintes ne doivent pas prendre part au culte.
A ladite place sacrée se dresse une grande termitière
semblable ~ un Sugr-dogo
(maison circulaire coiffée d'un toit
conique), elle est haute d'environ cinq mètres. Autour de cet
autel sont déposés quatre gourdins qui, d'après les aînés,
servent ~ corriger les curieux.
Il est en effet interdit de re-
garder ~ l'intérieur de la grande termitière sous peine de deve-
nir aveugle ou fou.
"Hommage ~ toi cher Mouini, que tu sois toujours
notre couverture, surtout par ta douceur,
ta bienveillance pour
notre quartier Tengsobdogo, oui toi, qui revendiques tes droits
en Décembre, nous te les apportons cette année". Ce sont les
paroles prononcées au cours du sacrifice du Mouini.
On offre aux ancêtres le Sagbo,
le Sido,
le Ram,
le
Zom-Kom, le 5ili
(sésame).
On immole les poulets. On prépare le
Sagbo sur les tombes et on le laisse sur place puis tout le
monde s'éloigne ~ une distance de deux cents mètres, accompagné
du Tengsoba, pour une durée de trente minutes.
Les Kinkirsi

prennent leur part et les gens mangent le reste.
Les os des
poulets ne doivent pas être croqués. Aprês avoir communié au
sacrifice du Mouini, chacun regagne le Yiri
(maison).
Il Y a bier longtemps le sacrifice au Mouini devait
réunir tous les enfants de Tengsobdogo;
ils étaient tous avertis
de la date par télépathie
(1). Ceux qui n'avaient pas pu être
présents le jour du Mouini devaient quelques jours aprês venir
s'excuser de leur absence.
-
Toute personne souhaite â sa mort être enterrée au
Mouini. Se reposer auprês des ancêtres est le plus profond
désir de tante Pendo qui approche les cent ans aujourd'hui.
Nous pouvons nous demander si ces coutumes persis-
teront. Pour les vieux,
il est incontestable qu'une absence de
l'accomplissement de ces coutumes entraînera un malheur dans
la famille.
Mais si nous voyons la mentalité et le comportement
de la nouvelle génération,
la tendance est â l'abandon des
traditions, bien que les vieux ne cessent de nous répéter l'im-
portance de ces coutumes et les conséquences qu'elles entraî-
neront;
les ancêtres se vengeront de ce manque d'égard vis-à-
vis d'eux.
Ils frapperaient de stérilité les membres de la fa-
mille.
Le Bari et le Mouini sont bien gardés des villages
de Ouedsé, Korismoro et Raya. L'administration en place pré-
serve ces croyances. Dans bien des coins de la Haute-Volta,
des terrains sont laissés pour les cultes, généralement ces
places étant situées un peu â
l'écart des villages.
Est-ce
une façon de concilier les administrés ? Ou, des forces émanant
de ces lieux ont-elles contraint les Bulldozers à contourner
(1) Dans une calebasse pleine d'eau, on répand une poudre
"magique". Quelques instants aprês,
le visage de la personne
désirée apparaît,
signe que l'on peut entrer en communication
i
avec elle.
Celle-ci peut aussi apparaître dans un songe, si l'o~
a répété plusieurs fois qu'elle doit venir, avant de s'endormir.:

ces endroits sacrés 7 D'après certains villageois, les con-
ducteurs des engins de démolition ont été sujets à certains
maléfices. Des mystères demeurent autour de ces tombeaux sa-
crés. Croire ou nier l'existence de certains pouvoirs magiques
est l'affaire de tout un chacun. Cr dicton occidental illustre
bien le comportement de certaines personnes "Autant savoir
douter est agréable". Violer certains lieux pour percer les
mystères peut apporter des conséquences malheureuses; i l est
préférable d'épargner sa vie en laissan~ces lieux intacts.
Le sacrifice au Bari
(buisson sacré)
montre l'im-
portance qu'ont les Kinkirsi dans le déroulement du monde. Ces
Kinkirsi sont supérieurs
aux humains, c'est pourquoi ils
doivent être les premiers à goOter aux nouveaux produits de la
saison. Puis, plus près de nous,
les ancêtres qui reposent au
Mouini.
Il y a donc une hiérarchie pré-établie dans le dérou-
lement de la société Mossi.
Et toute violation ou détérioration
du système établi entraîne des sanctions.
Il y a donc des
KISGU
(interdits) que tout membre de la société doit respecter.
L'ancêtre totémique des Sawadogo de Tengsobdogo est
le WANGO.
Il est l'origine du groupe car c'est lui qui a permis
l'extension des membres en apportant la fécondité.
L'origine
de l'adoption du masque est le manque d'enfant.
Le ROGEM
(fécondité)
est la base de fondement de toute société. C'est par
l'enfant que l'on transmet la descendance, et par là même
l'enfant devient l'ancêtre du groupe.
Le Wango est aussi le
protecteur du groupe et bienfaiteur des membres des SIKUBSE;
il "envoie des oracles et même s'il est dangeureux pour les
autres,
il connait et épargne ses enfants
(les sikubse).
Freud
ajoute que le Totem se transmet héréditairement, aussi bien
en ligne paternelle que maternelle
(1)".
(1)
"Totem et Tabou" -
Freud

TANTE PENDO
.UNE DES RARES BIBLIOTHEQUES DE
KORISMORO TANGPORIN
PHOTO DE L'AUTEUR.

En effet,
l'origine du masque ou des masques de
Tengsobdogo est Guioongou
(1).
Le Wa:1go et tous les cultes sont
transmis de père en fils,
c'est-~-dire de Tengsoba ~ Tengsoba,
et cette transmission se fait toujours dans la même famille.
Le
Wango a apporté la naissance dans la famille Sawadogo, et en
reconnaissance de ce bienfait,
"on a donné des noms A notre
grand-père, Yaba Sikou, puis Sikbila, et ainsi de suite", nous
raconte notre tante Pendo
(la Pugba Pendo).
L'autre totem des Wando est le Mouini. Dans "hommage
A toi, cher Mouini, ••• Tu es notre couverture", le Tengsoba
s'adresse aux ancêtres qui lui confèrent le bien-être et la pro-
tection.
En retour,
les membres de la famille des Wando lui
doivent le respect, une défense contre toute violation des tom-
bes. Ce Mouini étant la demeure des ancêtres est un lieu sacré.
Il peut être le tabou dans la mesure où i l n'est pas accessible
~ tout le monde.
Il est dangeraux pour les impurs. C'est ainsi
que les interdits qui frappent le Tengsoba lui confèrent aussi
le rôle de tabou.
Il est le seul ~ pouvoir dialoguer avec les
ancêtres grâce aux pouvoirs qu'il a acquis en devenant Tengsoba.
Le Tengsoba a plusieurs règles ~ respecter après sa
nomination qui a lieu quatre vingt dix jours après le décès de
son prédécesseur.
La nomination s'effectue dans un autre village
que celui où i l réside, situé ~ trois kilomètres en allant vers
Raya. Ce village appelé TANGPORIN se dresse derrière la colline.
C'est l~ que vit le Tengsobkiema -l'alné des Tengsobdemba-, Les
vieux de Ouedsé vont par trois fois solliciter la nomination
d'un nouveau Tengsoba. Au bout de la troisième fois,
le Tengsob-
kiema leur donne son accord et leur fixe la date de la nomination,
Tous ceux qui prétendent à la succession du Tengsoba préparent
la bière de mil.
Le conseil électoral formé des vieux se réunit
devant la maison nommée Kims rogo
(Maison des Mânes).
(1) Village situé dans la circonscription de ZINIARE
(à 37
kilomètres de OUAGADOUGOU),

De retour du Mouini,
tous les vieux du village se
réunissent devant la maison du défunt.
On sacrifie une Noziny~
(poule rouge). Aprês l'avoir tuée par des paroles prononcées cn
S,'KI.4
Se~Jteu (le sang jaillit du cou de la poule au cours des impréca-
tions,
sans aucune utilisation du couteau), celle-ci, dans sa
lutte contre la mort, va se poser sur l'élu. Aussitôt,
la peau
de bête que portait le prêcédent Tengsoba vient magiquement
s'accrocher à l'épaule du nouveau.
On lui. rase la tête, on le
lave, il prend la place du défunt, et se donne trois surnoms,
~
~lj
dont l'un est Zoag Yagda Boulougou Poussa Ta1'.a Beogo. A p,lrtir
de ce jour,
il ne doit ni se laver ni se coiffer.
Il évitera de
manger des produits de la nouvelle récolte avant le Bari.
Les autres interdits qui frappent les membres des
Wando sont
.f/Ku.
~ ~ ~ parler uniquement le ffi:liffi durant les cérémonies
;C;~ cûr ~ ~ pas prendre le masque comme objet de jeu i
;f/~ ? 'J?t se laisscnJguider par les forces maq igues, oublier
ainsi son identité;
;te.. ~Î./~ - porter obligatoirement l'habit sacré avant certaines
cérémonies ;
A

uJ
r
5//{«
~
.....
0<:.-< U
E~ - pénétr~n~dans le ~o ~~ gardaflt ~e~tefe~6 Œe faire
le "Salamalec"
.
~
,
-e", ~ enleveI:\\tchaussures et bonnet avant d'entrer dans le
Suko ;
~ N O<-O-i./tJM..i. lM pas tomber avec le Wango, ceci SI adresse au porteur
du masque,
sinon il mourra dans la semain~ qui suit;
~ 11<1.1
-
ne pas parler en moré élU Wango, mais en &ttk-o.
Il ré-
pondra en siffl~nt.
Les
interdits fra~pent aussi les spectateurs.
En aucun
cas, on ne doit dévoiler
l'identité du porteur, et porter les
chaussures et le bonnet, même si l'on est de ce village.
Il est
"1' '~c.

interdit de pénétrer dans le Sikou qui est le lieu de repos où
s'habillent les masques, de porter une chéchia rouge.
La photo-
graphie est purement prohibée, car le fait de fixer l'image du
Gurwango équivaut à capter son âme.
Le reporter ,~st considéré
comme un assassin.
Le culte du Wango, étant une religion, est uniquement
réservé à ses membres. Une tierce personne peut demander son
adh6sion au groupe, elle est alors appelée SUKORADGO
(1)
(SPKORADSE au pluriel). Elle aura les mêmes obligations que
celles des Wando.
Toute personne peut demander l'intervention des
Wando dans certaines circonstances telles que la fécondité,
la
pluie ou chasser un monstre.
Procédé magique ou superstition?
Nous tenterons de le définir lorsque nous aborderons le domaine
du pouvoir du masque et celui de l'autorité des Naba ou ~anemsé.
Il est actuelle!~nt difficile de distinguer l(!s mem-
bres de la société des Wan"Q et les Mossi.
Les premiers n'ont
pas de caractéristiques p .• : ticuliêres.
Ils ont le même langage
et les mêmes modes de vie que les Mossi. Ces anciennes populations
ont été intégrées totale~ent par les conquérants. Au début, elles
ne pratiquaient pas la circoncision, elles avaient pour nom
"Moaga", qui signifie incin:oncis.
Le terme "Moaga" peut avoir
pour origine les conquérants venus de Gambaga où l'Islam avait
une solide implantation. Toute cette fraction de population vol-
taique appelée communément :'lossi vi t au voisinage des quartiers
des Nioniosé. MalS les membres de Wango se réclam(,nt Nioniosé
(ce qui est juste) et Wangu. Autrefois,
un Wango (tait forcément
Ninioga, mais un Ninioga n'était pas forcément un Wango.
Vivant
parmi les Mossi,
ils ont des coutumes qui diff,:;rer.t peu des
nôtres.
Ils offrent dU Bari et au Mouini les chos~s qui se man-
gent et se boivent: viande,
céréales,
fruits,
Rail, etc . . .
(1)
SUKO = secte - RADGA = marchand, de RA = achecer.

33
Les ani.maux offerts en sacrifice étaient à la fois consommés par
les ancêtres,
les Kinkirsi et les sacrificateurs. Seuls,
les
végétaux étaient réservés au Bari et au Mouini sans partage.
c)
Rapports '
çiaux avec les forgerons et les tisser ands
Sur le vaste plateau central voltaïque,
l'agriculture
est l'activité principale.
La saison des pluies s'étend de Mai
à Septembre, parfois Octobre.
La saison s~che est la plus longue.
C'est à cette période longue et chaude que les Mossi se livrent
aux diverses activités telles que la vannerie,
le commerce,
le
tissage,
la ferronnerie,
la chasse et la pêche.
La ferronnerie
est réservée uniquement aux forgerons BAMOGHO (sauveurs du
monde).
Les forgerons qui constituent l'une des plus vieillès
ethnies de l'Afrique sont à la base de l'agriculture, et de la
renommée guerrière des Mossi.
Le tissage est la seconde activité.
Au déLut,
il était le monopole des SOULSE
(araignée). Actuelle-
ment,
tout mossi peut s'exercer, s ' i l le désire, à cette activi-
té. Ceux qui ont parcouru le pays Mossi ont remarqué dans les
villages traversés, des ateliers de tissage, un peu partout.
Généralement,
tous les tisserands se réunissent sous le même
arbre. Cette coutume n'ernp8che pé\\S d'avoir son métier à l'in-
térieur du Zaka
(cour).
Bien que n'étant pas réservé à
une classe
à part,
seuls les hommes ont le droit de tisser,
les femmes se
contentent de filer le coton.
L'activité complémentaire du
tissage
(SUNDO)
est la teinture.
Elle constitue avec la cordon-
nerie l'industrie de l'habillement.
Les Wando,
les Saba et les Sulsé exercent les mêmes
activités,
telles que l'agriculture,
le commerce, l'élevage, . . .
-Wando-Saba
(les Sukobsé et les forgerons)
_._---_.-
Indispensables à
la société Mossi en tant que fabri-

cants des outils agricoles et des armes, les forgerons appelés
judicieusement ~~OOGO, ou sauveurs de l'humanité, dans la
société mossi du Yatenga ou de Boussouma (Tandaga et Sidogo),
constituent avec leurs épouses potières un groupe endogame.
Ils
jouent souvent un rôle spécial au sein de la société mossi.
Ils
arbitrent les différends,
ils enterrent les morts, ce sont les
LAGDBA, et déterrent "la hache de la foudre".
Ils confèrent la
fécondité comme dans la
région de Bouss?uma. Le Sa-Naba
(chef
des forgerons)
jouit d'un certain privilège vis-à-vis du chef
suprime mossi. Dans tous les cas, dans la région de Bous~Oljma ou
de Saba
(Ouagadougou)
et de Barsalogo,
le travail du fer est
strictement limité aux hommes.
Les forgerons ne travaillen t que le fer,
étant donné
que le travail des métaux non-ferreux pratiqué en Haute-Volt"
qui consiste principalement en fonte à la cire perdue, exige
un équipement spécial, et que les procédés techniques et commer-
ciaux sont assez différents de ceux de la forge du fer.
Les
forgerons possèdent des secrets de l'extraction du minerai de
fer,
mais aujourd'hui,
ils utilisent comme matière première les
ferrailles des articles de fabrication industrielle, notamment
les carcasses d'automobiles et les rails de chemins de fer
appelés dans la déformation locale TARWANGO (Tarwensé au pluriel)
Les outils qu'ils fabriquent SOllt destinés A leurs
propres métiers, mais aussi aux sculpteurs de bois, aux cordon-
niers.
Leur utilisation diffère en prédominance d'après deux
sortes d'instruments:
-
l'outil à couper:
tous les types de houes,
le
couteau,
le rasoir
(Barg~), la hache
(Laré),
l'herminette,
le
racloir,
la scie peul pour couper la calebasse;
-
l'outil à percer
la pioche,
le perçoir,
l'aLguille :

35"
à coudre,
le harpon,
les pointes de flèches,
les lances et
les clous.
Ils représentent les deux éléments de base du milieu
rural.
Il faut souligner au passage que le fer à cheval n'exis-
tait pas chez les Mossi, malgré l'importance de la cavalerie.
Ces outils jouent un role important dans le domaine
magique,
ils peuv~nt apporter la fécondité dans une famille, et
les enfants issus de cette demande auprès des forgerons se
reconnaissent par le nom qu'ils portent: Sabyamba
(esclave des
forgerons).
Kudgu, Kudaogo,
Kudpoko sont des enfants obtenus
grâce aux sacrifices faits sur les forges
(Kudgu).
Quant à leurs rapports avec les Wando,
les SABA fa-
briquent la hache du Tengsoba,
la hachette de quinze centimètres
environ accrochée au Wango, qui, dit-on, sert à
tuer les sorciers.
Ils sculptent à la demande des SUKOBSE, des masques-Wando.
Il
arriv(, que par manque d'enfant, on fasse appel à eux comme nous
l'avons noté plus haut.
Les Wando ont aussi le pouvoir de donner la fécondité
à une femme stérile.
L'histoire qui suit nous montre que des
forgerons peuvent porter le masque, on peut les appeler dans ce
cas Tandaga ou Sidogo, de SA-WANGO.
La famille des forgerons de Tandaga manquait d'enfants
et menaçait de disparaltrp. faute de descendance. Elle alla donc
demander l'intervention des Wando de Tengsobdogo. Leur prière
fut exaucée. Comme marque de reconnaissance, elle dut adopter le
culte du masque.
Les masques de Tandaga, de Tanwoko,
et de Sidogo de la
régioJl de Boussouma portent le Wando à tige qui a la forme phal-

Jo
lique, et qui rappelle la fécondité.
Ils ont lei mêm~s rites
que ceux de Tengsobdogo.
Ils ne sortent que lorsqu'il y a des
funérailles pour accomplir leur Todo.
Ils ont ainsi, avec les
Sukoradsé, aggrandi la famille des Masques-Wando de la région
de Boussouma et de Korismoro.
Lors de telles manifestations dans
l'un de ces villages,
ils peuvent sortir communément.
Les trois
villages cités plus haut reconnaissent le droit d'aînesse aux
masques de Teng,;·,bdogo.
d)
Wando-Tisserands (SOULSE)
Le nom "ethnique" des tisserands est SOULGA, qui
signifie en moré "araignée". L'analogie ne néce, site pas de
commentaire.
Leur lien
avc'c les masques vient l,e leur origine.
Natifs de Guilougou comme
Les Sawadogo de Tengsobdogo,
ils
ont suivi dans leur migration vers le Nord,
le chef de Boussouma,
et se sont instô.llés à WEGNYA tout pr~s de BOUSSOUHla. Leur ori-
gine premi~re qui relève de la mythologie est, COflU\\\\e les Wanch,
la vollte célest<.'.
Ils descendaient du ciel par une étoffe et
regagnaient leuL' demeure une fots
le travail fini en enroulant
l'étoffe. Des curieux les ont surpris alors qu'ils regagnaient
le ciel, et auraient coupé l'étoffe.
Ils sont rest~s alors sur
terre et ont continué leur tissage.
Mais ce groupe de tisserands
n'est pas aussi fermé que celui des Wando.
Leur activité n'est
pas d'ordre religieux,
tous ceux qui veulent apprendre à
tisser
peuvent le faire.
Néanmoins, dans le village de Wegnya, des coutumes
sont encore respectées. Quelques r~gles sont bien observée:;,
et tout le monde doit les connaître.
Le SUNDMOMBO
(préparation du Sundo)
a lieu ~uand
un nouveau chef de Boussouma arrive au trône.]
vurie donc

suivant la longévité du chef. On fait des sacrifices et on pré-
pare le Sagbo et du Ram. Chacun se réunit, excepté les étrangers,
les neveux,
les femmes enceintes, pour boire et manger. Celui
qui est malhonnête doit s'abstenir de manger.
Celui qui tisse pour un client doit tout restituer.
Quand vous tissez, vous ne devez pas laisser longtemps la trame
écartée de peur qu'une mouche ne la traverse. C'est un signe de
malheur. Il en est de même si la mouche est prise dans la trame
si une femme portait la cotonnade une fois tissée, elle risque-
rait de devenir stérile.
Il est interdit d'imiter le bruit du métier "fi-fi"
quand on est incirconcis. La sanction consiste à ligoter le
contrevenant comme un lapin, d'oo. l'expression SOAMBDAGUNDGA,
"il est déposé à la place de la pierre qui servait à tendre les
fils".
Le soir venu,
la maman du fautif apporte le zom-kom et
des arachides.
Le tisserand, après avoir bu le zom-kom, met de
la farine dans l'anus de l'enfant pour que les poules viennent
picorer. Une fois l'arachide grillée et mangée, on le délivre.
De même, un enfant ne doit jamais jouer avec le KÜUKOURGA. S'il
vient à le faire,
il fau~ briser le Koukourga sur sa tête. Cette
pratique a provoqué des accidents, le koukourga était plus dur
que la tête de l'enfant. Actuellement,
la sanction consiste à
remplir le koukourJ,i de poussière et à
f~'apper légèrement c-;ur la
tête de l'enfant,
sinon il aura les joues enflées.
SI 1<06 SE
Les Sukobsés, à la période de la saison sèche,
tis-
sent des bandes de coton, ce travail contribue financièrement
à payer les impôts.
Nulle part en Haute-Volta,
la vannerie n'est l'apanage
exclusif d'un groupe social spécial. Elle n'est pas non plus un

travail réservé a un sexe. Cependant, ce sont toujours les fem-
mes qui fabriquent les paniers de paille destinés a l'usage do-
mestique. A kossodo, près de Ouagadougou,
les horlU11es fabriquent
les plats de vannerie -LEP MIDU" ou les corbeilles avec la pallIe
de DUm·tA.
Les chapeaux sont confectionnés aussi :)ien par les
hommes que par les petits garçons.
Le travail dt
vannerie se
mêle plus ou moins a la vie quotidienne. Elle a ~ontribué à la
renommée de certains villages SAPONE, a cinquante kilomètres de
Ouagadougou.
L'échantillonnage est vaste.
Nous rencontrons des
(:gouttoirs
(ZEEDGA mossi), des cages pour attraper le poisson a
la main dans le marigot
(SOGRE mossi),
les cages a volailles
(WERENGA)
destinées a proU:ger les poussins
(PINPIRGA mocsi)
ou
a transporter la volaille. On y compte aussi des nattes, des
éventails
(FIKA), etc ..• Différentes techniques sont utilisée3
dans la vannerie
(1).
e)
La teinture
Les c,)uleurs artificielles employées traditionnelle-
ment dans la vannerie moss! sont le rouge et le noir.
Le rouge
s'obtient partout avec une espèce de mil
(SORGHUM CAUDATUM var.
coloraus graminae), dont la tige et les feuilles rouges sont
pilées, puic; trempées dans l'eau.
Le noir est obtenu, d<.llls la
plupart des cas, en laissant la paille trell~er dans la boue
pendant des jours. Ce procédé est utilisé pour teindre l'habit
du masque.
On peut aussi utiliser les feuilles d'un arbuste
appelé NOPOGSIIGA, en moré,
(Chrozophora brocciana-euphorbiaceae).
On les cuit durant une demi-heure a peu près avec la paille à
teindre, avant de mettre celle-ci dans la boue pendant une semaine
Les Peuls de Djibo procèdent d!fférerrunent.
Ils trem-
(1)
cf. KAWADA JUNZO
"Technologie voltaïque" -
septembre 1975
pages 36-43

pent la paille à teindre dans un liquide préparé avec le NGA~UE
(Acacia-Nilotica-Mimosaceae) pilé, puis ils la mettent dans la
boue.
La vannerie mossi est un domaine artisanal très riche,
agrémenté de particularités région '~es. Ceux qui la pratiquent
savent exploiter, d'une manière admirable et ingénieuse,
les
plantes locales en appliquant des techniques appropriées.
En guise de conclusion sur ces rappdrts sociaux et
ces activités,
je citerai l'opinion de Mr KAWADA JUNZO
(p.
47)
"La valeur du Traditionnel,
déjà soulignée quant à l'héritage
spirituel, doit être aussi prise en considération lorsqu'il
s'agit du patrimoine technique. Avant de dénigrer catégoriquement
la technologie traditionnelle comme un obstacle du développement,
a-t-on fait suffisamment d'efforts pour voir de près ce qu'elle
est exactement et quels sont ses éléments positifs et négatifs,
et s'ils sont négatifs, pourquoi ?"
L'exécution de ces Techniques ne peut être réalisée
que dans de bonne$conditions morales et physiques. L'homme est
en contact avec la matière. C'est par elle qu'il manifeste son
désir,
ses angoisses.
Il faut donc être en harmonie avec les
objets qui nous entourent.
Il nous arrive qu'en voulant tailler
une pièce, nous nous coupions avec le couteau dont nous nous
servions.
Il se peut que ce soit une réacti.on de l'objet vls-à-
vis de nous.
Il faut donc une communion entre l'objet, l'inter-
médiaire et nous.
IL faut que le Moaga crée une ambiance qui
lui assure le bon déroulement des opérations. Avant d'entre-
prendre quelque chose d'important,
le Moaga implore la bénédic-
tion divine par l'intermédiaire des ancêtres. Dans la vie du
Moaga,
la mort est le plus grand des malheurs.
Les maladies sont
les premiers contacts avec la mort.
Les disettes sont aussi les

étapes de la mort.
Il faut donc trouver un moyen pour conjurer
ces sorts, et, pour cela, plusieurs chemins sont possibles au
Moaga.
Le premier geste est la consultation du devin-diseur-de-
choses-cachées, puis viennent les divers sacrifices à faire.
L'accomplissement de certains rites nécessitent divers éléments
rituels corwe dans toute L~ligion. Au Mogho, ce sont le TenkouS~:,
ou le Tibo,
les victimes,
le Zom-Kom, et le sacrificateur-prêtre.
Le culte du Waongo aux morts est purement réservé aux seuls
SUKOBSE.
II -
FONCTIONS ET USAGES
A- INTRODUCTION
Au Mogho, dans la plupart des cas,
la création de
l'objet destiné à
l'usage individuel ou collectif a une fonction
précise. Mais cette fonction peut être différente de l'objectif
premier. L'objet utilisé peut avoir une double fonction.
La
calebasse est utilisée comme récipient.
Les Sukobsé de Koudougou
s'en servent lors du Ponko comme casque.
La décoration de certains
objets n'enlève pas à ceux-là mêmes leur usage, mais peut y
ajouter des significations particl11ières. Une fois décorés,
ils
indiquent l'emplacement de tel ou tel notable du Naba
(fonction
deuxième).
Il convient de distinguer les objets utilitaires,
indispensables à la vie matérielle et spirituelle, et les objets
créés 1éléments décoratifs) pour le plaisir des yeux. Les divers
outils agric~les et habillements sont indispensables tandis que
les colliers et les pendentifs ne sont que des parures destinées
aux jours de fêtes.
C'est dans la première catégorie que nous
retrouvons la double fonction.
Les objets de tous les jours t,eu-
vent avoir dans certains domaines deux fonctions différentes
:
l'habit est fait pour se couvrir du froid et des
piqQres d'insectes
(fonction première et matérielle)

la même couverture protègera le mort contre le
froid
(deuxième fonction sptrituelle).
Il Y a la fonction "visible", compréhensible pour
tout le monde, et la fonction spirituelle ou invisible. La hache,
destinée ~ abattre les arbres, sert ~ tuer les sorciers invisi-
bles pour les Wa.ndo.
Nous pouvons penser que tout est double
et fonctionne "doublement".
Le masque dont l'utilisation n'est pas courante
comme les objets usuels quotidiens, ne se fabrique pas par n'im-
porte quelle société, pour n' i.mporte quel usage.
Les Mossi ont
trouvé une expression qui correspond au masque
Ya pelen yikr
Bumbu
(litt.
c'est-émotion-chose), il est donc une chose qui
émeut, qui fait peur. Son apparition évoque automatiquement un
malheur. Sa fabrication intervient ~ la suite d'un malheur qui
s'est abattu sur une famille, et, sur le conseil du devin, on
procède ~ son adoption par sa fabrication.
On se demande qui a eu l'idée de "prescrire cette
ordonnance". L'histoire de l'origine mythologique des masques
nous apporte des explications.
Nous tenterons de donner une
interprétation sur l'utilisation du Wa6ngo. Les Wa'ndo, d'après
la légende, viendraient du ciel. Tout malheur viendrait de l~­
haut, oü trônerait Wennam
(Dieu). Pour atteindre Dieu, il faut
une échelle, et l'on rappellera que les Wando ont la possibilité
de monter haut et de rencontrer Dieu, donc ils nous permettent
de communiquer avec Lui. La seule solution est de s'adresser ~
eux.
Ils sont seuls détenteurs de ces pouvoirs, ces braves
Nyoniosé ! Nous avons vu que l'étoffe que ramenaient les
Nyoniosé-Wando a été coupée par un chasseur
(1).
Il faut donc
recréer une atmosphère en transposant avec les moyens du bord.
(1) Origine mythologique du Masque -
Boulsa - Denis OUEDRAOGO
le 10 Août 1976. Les premiers masques descendraient du ciel par
une étoffe pour jouer "aux dames".
Un chasseur les a surpris
et a coupé l'étoffe par laquelle ils voulaient regagner le ciel.

1
~.
On utilise le bois pour faire une échelle.
Le masque à lames
serait un symbole de l'échelle qui permet d'atteindre Dieu.
Les
masques à lames seraient les premiers masques au Mogho. Puis
viendraient, dans la logique,
les masques à tiges en forme de
phallus, pour perpétrer la génération.
Les masques zoomorphes
seraient alors les derniers de la série.
L'adoption du masque serait une solution ou un moyen
de demander la grâce de Dieu.
Les premiers masques ont été tail-
lés et précieusement conservés, mais il arrive que les masques
soient détruits par une calamité.
Il faut procéder au remplace-
ment.
Pour cela,
il faut de nouveau consulter le devin. Si un
masque n'arrive plus à produire l'effet qu'on lui demande,
il
est remplacé. Dans ce cas,
le masque n'est jamais détruit.
Il
reste toujours dans l'enceinte sacrée.
La seule destruction est
son absence totale dans le culte.
Le plus ancien des masques de Tengsobdogo vient de
Guilougou.
Il existe une famille possédant le masque.
Le cadet
a émigré vers Korismoro,
mais, dans sa nouvelle région,
il s'est
trouvé dépourvu de fécondité.
Il est allé subtiliser le masque
de la famille Guilougou, et depuis ce jour, i l a eu de nombreux
descendants.
Le fait de voler un masque n'enlève pas à ce dernier
son pouvoir,
si le vol a été commis par un des membres de la
famille et utilisé dans un but précis, avec des rites et des
règles pré-établis. Mais,
i l est arrivé un malheur à cette fa-
mille de Tengsobdogo.
La tante Pendo qui est âgée aujourd'hui
de quatre_vingt dix ans environ, raconte qu'à l'époque, vers 1904,
alors qu'elle avait quinze ou seize ans,
et n'était pas encore
mariée, un devin prédit l'incendie de Tengsobdogo o~ se ~ouvent
les masques de la famille,
et la mort d'une personn""
L'incendie
eut lieu le jour du marché de Korismoro, qui s'appelait autre-
fois GOUDRY, détruisant les masques,
excepté le plus ancien.
Il

a fallu remplacer les masques détruits par le feu.
Et tante
Pendo d'expliquer qu'un masque ne brOIe pas,
sauf si les usagers
ont failli aux bonne~rêgles.•.
La prescription du devin ne suffit pas pour la fa-
brication du masque.
Il arr~ve que ce SOlt le Tengsoba des mas-
ques qui donne la per~ission de l'adoption du Waongo. Les forge-
rons de Tandaga ont sollicité les masques de Tengsobdogo à cause
du manque de fécondité chez eux.
Ils ont ,adopté le masque
phallique qu'ils ont sculpté à l'image de celui de Tengsobdogo,
car il n'était pas question de leur donner le masque des Sawadogo.
C'est au contact des anciens masques que le nouveau acquiert
ses puissances.
Les nouveaux masques de Tandaga, de TANWOKO, de
SIDOGO de la région de Boussouma ont apporté alnsi la fécondité
dans leurs familles respectives. De cette nouvelle alliance,
les
nouveaux membres assurent l'éternel culte du Waongo.
1)
Fabrication du Masque
Le masque se compose de deux parties essentielles
la tête représentant ordinairement celle d'un animal, et le
BINDU
(sorte de longue soutane faite avec l'écorce d'un arbuste
appelé BERINGA, que l'on garde longtemps dans l'eau pour la
noircir, ou de fibres de baobab).
Il avait, à côté de lui, nous
apprend la tradition,
un TOABGA
(sorte de hache magique) et le
TIBO (objet sacré,
fétiche).
Pour faciliter la tâche du porteur,
le bois composant
le masque est d'essence légère.
Le choix du bois est important
"Wa~ng pa yalm n tukd tang yé"
(le masque n'est pas bête pour
porter un karité),
nous dit la tradition dans les jeux entre
belles-familles.
Le Tanga
(karité)
est lourd, on utilise son bois
pour la taille des sièges ou des mortiers ou pilons.
Les mêmes

RAKlilA
(belles-familles)
ajoutent que les masques sont faits de
bois de voaka ou kapotier.
Le bois choisi et coupé est ramené au village à
l'insu de tout le monde.
Il servira pendant un certain temps
de siège ou d8 cheval aux enfants.
Le jour convenu, pour la
taille du masque,
le bois est porté dans un bosquet -KANGRE-,
le forgeron ou l'artiste procède à
la faction du masque.
Il
est tenu de respecter le goOt des usagers,
souvent la copie ne
varie pas beaucoup du modèle.
Après des sacrifices destinés à apaiser les génies
du bois, et les ancêtres,
l'artiste procède au dégrossissement
des traits, puis s'arrête. Seuls les membres des Waondo peuvent
assister au travail de l'artiste et de temps en temps, ils
l'encouragent en disant "sid wenda"
(ça ressemble). Si le tra-
vail est fait par un membre de la famille des Waondo,
il n'y a
pas de récompense importante. 5i par contre,
l'artiste est un
étranger, on doit lui donner une femme et durant le temps de
travail,
il est hébergé et nourri par les Sukobsé.
Avant l'arrivée des NA5ARDAMBA
(européens),
la déco-
ration du masque se faisait après avoir fixé le costume.
La
tête sculptée restait dans le kangré loin des regards curieux.
Une fois
la soutane tressée et fixée,
on amenait le masque dans 1
KIM5ROGO,
il demeurait là jusqu'au jour de son apparition en
public.
La teinture de l'habit est d'origine végétale,
l'habit est noir. On obtient le noir en faisant séjourner l'é-
corce du BITO dans la boue, mais pour qu'il soit plus noir, on
utilise aussi les feuilles d'un arbuste appelé NOPOGSIIGA en
moré
(Chrozophora brocciana euphorbiaceael, on met les écorces

sur l'habit durant une demi-heure.
Quant à
la tête du masque, elle est peinte en rouge
et blanc.
Le rouge est obtenu en écrasant finement de la laté-
rite.
Il est rare que l'on utilise du sang de poulet.
Le Blanc
se fait avec le GORE
l~aolin -
terre blanche). Les masques ~(.lnt
peints ou repeints avant les cérémonies. La peinture est réser-
vée aux membres de la famille des Wando qui ajoutent les signes.
L'artiste étranger, avant l'arrivée des Européens, ne pouvait
décorer le masque. Maintenant, on peint les masques avec des
couleurs d'importation. Celles-ci ont la qualité de garder
longtemps leur fraîcheur et leur brillance.
En ce cas,
les
masques sont peints avant la fixation du costume.
2) Sacralisation
La sacralisation intervient lorsque le masque est
prêt à être porté. Avant son introduction dans le Rimsrogho,
on procède à un sacrifice pour qu'il puisse être agréé par Dieu
et par les ancêtres. On le met en contact avec le plus ancien
des masques,
ce qui lui conférera le pouvoir magique. Nous avons
dit plus haut que c'est à
la suite d'un incendie que le masque
peut être fabriqué
: sa sortie correspond à un événement de
grande importance, généralement sa première sortie correspond
au ROURE d'un membre de la famille,
ou lorsque le porteur tombe
avec le masque.
Il faut donc rechercher l'origine de cette dé-
faillance.
Le devin est consulté.
L'origine peut provenir de
la famille
(oubli d'un sacrifice par exemple) ou du porteur.
B -
FU:-JFRAILLES -
~E 1<Ü~E
La mort ! comme le soleil naît le matin et disparaît
le soir,
la vie de l'homme comm·::,nce à sa naissance, c'est le

matin, à l'âge mûr il est midi,
et s'éteint le soir comme le
soleil à la fin de s~ course laissant derrière lui des traces
de son passage.
Et la vie continue pour les descendants.
Quand les [;cssi se quittent le soir,
ils se disel!t :
"Wend na kond beogo"
(que Dieu nous donne demain).
Il ne s'agit
pas d'être mossi pour avoir peur de la mort.
On s'entoure de toutes
choses pour s'en préserver,
mais tôt ou tard,
elle est là, et
profitant de notre sommeil, elle nous emporte.
Puisqu'elle est inévitable,
i l faut assurer notre
survivance. Seuls les descendants peuvent assurer cette péren-
nité.
On est consolé de quitter la Terre en laissant ,ierrière
soi des KAMBA
(1), des YAGSE
(2)
et des YAGHEN TOUBRA GIEODO. (3)
Avoir de belles funérailles est le rêve de tout Moaga.
Les funérailles interviennent plusieurs mois après le décès,
et
donnent lieu à des réjouissances. Cela parait paradox31 que
l'on se réjouisse,
mais cette joie s'explique car le défunt
est enfin arrivé au séjour des morts,
i l est heureux de retrouver
ses ancêtres.
Les funérailles marquent aussi la fin du deuil ; si
le défunt avait plusieurs femmes,
elles peuvent se remarier
après la célébration du kouré.
A la mort d'une personne âgée et membre de la famille
du Wando, on procède ainsi
:
le défunt est gardé un jour entier
dans la chambre mortuaire pour permettre à tous les KOUBISI de
se réunir.
On envoie des messagers pour prévenir ceux qui sont
(1)
enfants
(2) petits-fils
(3)
arrière petits-fils.

loin.
Pendant ce temps, on creuse la tombe. C'est le Wandc suivi
des creuseurs de tombes qui va choisir l'emptacement de la tombe.
Généralement, i l y a un cimetière oü reposent déj~ les ancêtres.
Dans certains villages,
les vieillards sont enterrés dans un
coin de leur cour. Quant aux BAGBA de Tangasgo,
leua morts sont
enterrés devant le Tibo.
Il existe au Mogho plusieurs formes d~
tombeaux.
1) Choix du tombeau
Le YAOGBULGA
(tombeau en forme de puits)
Il est réservé à tous ceux qui sont morts de mort na-
turelle
(vieillards ou jeunes gens).
Le SAMPOGYAOGO (tombeau de forme circulaire)
Il est réservé à tous ceux qui sont morts des suites
d'une blessure, d'un coup de foudre, d'une morsure de serpent,
ou noyés •..
Le ZUGBE LAGFO YAOGO
(zugbe lagfo = tête est argent)
Ce genre de tombeau se trouve dans la région des
Salmentenga. Au fond du puits, on creuse de part et d'autre deux
galeries souterraines,
l'une servant de tombe aux femmes et
l'autre aux hommes. On raconte que ZUGBELAGFO, surnom donné à ce
mystérieux personnage creuseur de cette catégorie de tombe,
creusait sa "marchandise" la nuit. On ne voyait pas la terre re-
tirée des trous, c'est une fois le travail fini qu'il allait
rendre visite au Naba du village et lui proposait sa "marchandise"i
Il ajoutait toujours un franc
(lagfo)
au prix, même si on lui
donnait du bétail, i l réclamerait encore cent boeufs plus un
lagfo, d'oü son surnom de ZUGBELAGFO.

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Nul ne sait d'où il vient et comment il est mort.
Le TIBSOBA est enterré dans le zugbelagfo. A Yaogo, dans la
région de FORGUI
(vingt kilomètres de KAYA),
on ne couche pas
le défunt au fond de la tombe. Son crâne est suspendu au moyen
d'un crochet relié ~ une chaine. Cette chaîne est fixée au bord
du puits.
Le défunt se décompose ainsi et au prochain défunt,
on détache le crâne du précé<!ent qui tombe au fond du puits et
on accroche le suivant.
(1)
Le Wango frappe au moyen de sa planche l'emplacement
de la tombe, mais en forme de croix. La croix est le symbole qui
permet d'éloigner tout mauvais génie et de rendre la terre légère
au défunt.
Le Wango revient ~ la maison.
2)
Enterrement ou MUMBU ou SOLOGRE
On sort le défunt de la chambre mortuaire et on le
dépose devant l'entrée de la maison.
Les Koubisi sortent, on
procède alors
aux KABGO
(consécration, exhibition et promesses)
et à certains sacrifices.
Ces sacrifices consistent à
l'immolation de plusieurs
dizaines de poules et d'environ dix moutons. Ces animaux sont
d'abord offerts aux mânes du défunt ou de la défunte.
Ils sont
égorgés et jetés à
terre pour que la population puisse s'en ré-
galer. Puis brandissant des bâtons et des lances et poussant de
grands cris stridents, quelques gaillards s'emparent du corps du
défunt ou de la défunte enveloppé dans une simple natte,
les
pieds sortant même de la natte.
Ensuite ils partent au pas de
course, suivis des gens en délire,
tantôt tenant le cadavre ~
bout de bras,
tantôt le déposant à terre,
courant à droite,
courant à gauche, revenant ~ la maison du défunt et repartant au
(1)
La position du crâne signifie que durant son vivant,
il
étai t
en cornmuni'~ation avec l'au-delà.

galop,
tandis que le pauvre cadavre ballotte lamentablement en
haut de leurs bras et leur envoie des giffles avec le~ pieds
qui sortent de la natte.
On m'a laissé entendre que c'est le
défunt ou la défunte qui dictait la conduite des porteurs.
1<1.161.51
Le Walngo devance le cortège des K~~si.i, il s'accrou-
pit non loin du tombeau. Après dix ou quinze minutes de cette
macabre cérémonie, on dépose enfin le défunt,
après avoir fait
trois fois
le tour du tombeau, si c'est ~n homme, et quatre ~ois
le tour pour une femme.
Le Wa~ngo arrive et fait trois ou quatre
fois le tour de la tombe selon le sexe du cadavre et "disparaît".
Le Lagda
(croque-mort) pénètre dans la tombe.
Les nattes sont
enlevées et le corps lui est remis. Puis les Koubisi jettent
quelques cauris
(monnaie) dans la tombe. Ces cauris serviront au
défunt pour qu'il s'acquitte des droits de passage au séjour des
morts. Mais le croque-mort remplira sa poche de ce pécule !
De part et d'autre, on pousse des cris stridents en
guise d'adieu au défunt.
Les hommes ferment l'ouverture, puis
recouvrent la tombe de terre.
Pendant ce temps, des femmes frappent sur des cale-
basses en chantant et un homme armé d'un fusil préhistorique
assourdit l'assemblée par des détonations formidables. L'indigène
procède ainsi
: il bourre le milieu du fusil de poudre, puis de
chiffon~. Armé d'une pierre à feu,
il produit une étincelle en
frottant sur le bord du fusil.
La poudre éclate alors en pro-
duisant un bruit infernal. Pour agir de cette façon,
il n'est
pas nécessaire d'épauler le fusil,
il suffit de le tenir à la
main, à la hauteur de la ceinture.
Après l'enterrement,
les gens reviennent à la maison.
Le Wa'ngo sort et va accomplir les Todo. C'est après les sacrifi-
ces que les vieux et les ~abi~i se réunissent pour choisir le
1< '" ~I!; l'

jour du NUSP EKRE
(lavemen t des ma ins). 5' ils ne peu vell t
le
faire sur place,
ils conviennent d'un jour où ils pourront se
réunir pour fixer la date du Nuspekré.
3) RANVOLBO
Deux jours avant le Nuspekré,
ils commencent la pré-
paration du Ram. A ROGLA DARE
(jour de la préparation du Ram),
le masque sort avec un joueur de GANGAONGO
(tambour) pour faire
des "excuses"
(Kabsogo).
Le Gangaong-weeda (le joueur de tambour)
relate avec son instrument l'arbre généalogique de toute la
famille,
cite tous les TENKOUGA auxquels on offre des sacrifices.
Il ajoute que c'est le rogem-miki
(les coutumes) qu'ils vont
appliquer.
Ils demandent â Wennam (Dieu)
et aux 5AMBDAMBA (an-
cêtres) de superviser le déroulement des rites.
Ils exhortent
tous ceux qui, de près ou de loin,
veulent empêcher leur "rogem-
miki"
de faire attention â ce que les malfaiteurs qui sont parmi
les spectateurs s'en retournent sous la bienveillance de Dieu.
Ceux qui, malgré cette mise en garde, désirent toujours faire du
mal, qu'ils soient entièrement responsables de tout ce qui
pourra leur arriver. C'est le joueur de tambour qui prononce
.r//(U
toutes ces paroles en s-E>UlWU.
Le Wa/Jngo et le joueur de tambour
vont devant la concession du défunt
(Kuma zaké), et le Gagaong-
wéeda raconte ce qu'a été le défunt et tout ce qu'on doit faire
pour lui.
5i le défunt a des enfants, on choisit parmi eux ce-
lui qui doit s'occuper des "affaires" de la personne décédée.
!<-Lc"<'-(
Chez les Mossi,
le ~~~~~ a lieu quarante ou cinquante
jours après l'ent~rrement quand les koubisi disposent des moyens
pour le célébrer. M.lis la fréquence des célébrations de funé-
railles se retrouve après les récoltes
(vers le mois de Décembre-
Janvier) •
Trois jours avant le kfuré,
tous les k.ubisi se

réunissent.
On apporte le KAY
(mil germé)
destiné ~ la prépara-
tion du RA~1.
/< LI J. 1''j
"KeMèd:g fâ nyakda kay né wamdé, ya kay kong kongd
ktUnd ram"
"Chaque enfant du défunt enlève une calebasse de mil
germé, et c'est ce mil qui servira ~ préparer la
biêre du défunt".
"Kura daré b yisda ram,
ne pesgo la noaga.
Waonga
yita mé kabs kimsâ,
tenkouga la sambdambâ.
Rêsâ
loghe, noreza nyeta me tib na to guesa sê kongb râmâ:'
"Le jour des funérailles,
on sort la bière de mil, on
amène un mouton et une poule.
Le masque sort et ex-
horte les esprits,
les totems et les ancêtres.
Après
cela,
l'inte~prète dit qu'ils vont rendre visite à
tous ceux qui ont préparé la bière en j'honneur du
défunt" •
Le Wa.ngo assiste à
toutes ces visites, c'est ce que
l'on appelle le RANVOLBO
(litt. bière avaler).
Dans chaque maison
le Noreza
(1)
déclare
:
"ad râmâ a zagl sê kis teb kôn a sâmba zagla wala a
pugdba a zagla"
"voici la bière qu'un tel offre à son père un tel, ou
à
sa tante une telle".
"Wa~ngâ sâ yi, rdm yur8 n pugda".
En quittant chdque maison visitée, on l'accompagne ave
.
( l )
'-
lnterprete.

,3
un canarl de bière".
"Windtu'jo sâ zenkô eb yeta mé tib yis râmâ tib na
yisa kurâ".
"A midi,
ils disent de faire sortir la biêre car ils
vont sortir les funêrailles".
c'est la célébration des funérailles.
Le PEOGHO
(panier)
con-
tenant les effets personnels du défunt est exhibé en public par
les femmes.
On danse au son du KOLIMDI
(dans une grande marmite
remplie d'eau,
une calebasse est renversée et c'est sur cette
calebasse que les femmes frappent).
Les femmes et les Pugtâpâ
(jeunes filles et femmes is-
sues de la famille)
sortent les jarres de Ram et les vident dans
de grandes marmites. Si le village possède plusieurs masques,
ils
sortent tous et c'est l'aîné des masques
(Waongkasma)
qui choisit
sa part de dola.
Le twnbour joue et appelle les masques en ces
termes :
"Kubisâ ne yagsé bawa kom tib pus nébâ"
"Les enfants et les petits-enfants du défunt ont cher-
chê de l'eau pour remercier les convives;"
(L'eau ici prend la signification de la biêre de mil).
C'est alors que le NASA YAMBA
(chef des masques)
choi-
sit sa part puis viennent les autres masques par ordre hiérarchi-
que.
Dans le village de OUEDSE
(Korismoro),
c'est le masque le
plus vieux qui choisit, ensuite viennent les masques ZUWOKO
(longue tête). Ce masque est porté par un ancien d'où son côté
très sacré.
Le port de ce mdsque comporte des risques, car la

simple maladresse ou oubli dans l'accomplissement des rites a
pour châtiment la mort.
Avant le partage du dolo tous les masques sont accrou-
pis et ce1.-i qui parle mieux le SOUKO leur adres~~ la parole en
ces termes dont je retranscris ici sa correspondance en moré
"Mane sugri la i
yiki, da sâmé i sur yé,
tond kété
bonsda Wendé ta zagl sê kiwâ,
ya nying bala n ki, a
twé lebgê wa tond tengé wâ".
"Soyez cléments et levez-vous. Ne soyez pas tristes.
Nous demandons toujours à Dieu qu'un tel étant mort
par le corps puisse un jour revenir parmi nous";
WIlN6/(A'/'I1/
Le \\-;'akaslftà ou le NABA YAMBA se lève,
fait trois fois
le tour des Râ rogdo
(marmites pleines de bière)
et s'accroupit.
Il se lève et au quatrième tour choisit une marmite de dolo ou
deux canaris de bière.
Les autres masques se lèvent et choisis_
sent la même marmite.
Il arrive que des masques d'un autre village viennent
aux funérailles. Par exemple si les masques de Tengsobdogo vont
à Sidogo ou Zamsé,
ils perdent leur droit d'aînesse.
Le Naba Yamba
(qui peut avoir quatre faces zuta nasé, ou avoir les traits du
vautour YIBROGO)
prend la tête du cortège suivi d'un gurwa1ngo ou
d'un Libga et le Ninda de Tengsobdogo clôture la marche.
Quand les masques sortent,
il y a deux façons de jouer
le tambour :
-
il y a l e KENDE
(marche)
qui est plus rapide. Cette
musique s'identifie au tourbillon,
le masque tourbillonne pendant
une demi-heure et va s'accroupir.
Les autres en font autant.

-
Le ZALGA
(simple). C'est au cours de cette musique
que les masques regagnent leur ponko
(lieu où se reposent les
masques).
Le Naba Yamba ressort et transporte le Râ yuuré
(jarre
de bière).
On ne consomme pas cette bière, elle est réservée
pour la phase finale du Kuré. Après ce RAVOLBO qui a lieu le
matin vers la heures, on assiste l~ soir à la sortie du KUPEOGO
(panier du Kure). Cette partie des rites est réservée aux femmes.
Les danses des Waondo n'auront lieu qu'après le KUPEOGY1SGU.
Le Waongo, d'après DIMDELOBSOM, danse au son d'un
tam-tam spécial accompagné de chants et d'éloges en langage se-
cret, sa danse n'a rien de particulier: ce sont des mouvements
plus ou moins frénétiques comme la plupart des danses indigènes.
Les danses sont réservées aux jeunes membres des Waondo
tandis
que l'accomplissement des rites était réservé aux anciens.
Le KURY1SGU ou sortie des funérailles signifie la levée
du deuil. On sort le canari de dolo avec une NO SABLAGA ou NO
ZlNGA
(poule noire ou rouge)
pour faire des sacrifices. C'est
après ces sacrifices que les masques prennent congé. Autrefois
on sacrifiait un chien noir,
il est actuellement remplacé par
une chèvre noire ou une poule noire.
4) VOUYA DE SAMTABA
Dans la région de SAMTABA où prédomine le type de
masque appelé VOURl
(VOUYA au pluriel),
les masques ont cette
particularité d'être plus sévères que les autres.
Leur spécia-
lité est la bastonnade des spectateurs et entre eux. A Samtaba
qui se trouve sur la route de Kongoussi à
32 kms de KAYA,
les
quartiers se partagent le rogem-miki des VOUYA : TANMIGA, KARONGO,
TIBTENGA, MOZINTENGA,
BaKIN. Chaque quartier possède un masque,

mais i l faut noter que les masques-VOUYA de la région de S~1TABA
et de KIRIGTENGA appartiennent ~ des Forgerons. C'est l'ancêtre
KINDA (forgeron) qui a fondé KINDIGROGO
(Kinda nom de l'ancêtre-
Rogo maison et famille)
à la suite d'un évènement dont nous igno-
. ,
r
rons les causes. Ce~ masques de forgerons ne sortent que lors des
funérailles d'une personne âgée appartenant à KINDIGROGO. Les mas-
ques sont gardés dans le KIMSROGO
(maison des mânes.). Les six
masques ne sortent que lorsque le KARENNABA
(chef de KARONGO) re-
joint ses ancêtres.
L'origine
(NYANGHRE)
est la mort
(KUM) entraînant ainsi
le KURE
(rite qui accompagne le défunt au séjour des morts). Ces
funérailles nécessitent beaucoup d'argent pour faire face aux dé-
penses, c'est un jour de fête où les participants sont à la charge
des Kubisi. Comme les funérailles sont obligatoires
(sinon le dé-
funt pourra se venger en appelant à
côté de lui certains membres
de sa famille),
les Kubisi doivent s'acquitter correctement de
leurs obligations en récompensant financièrement les joueurs de
Benda (tam-tam dont la composition est faite d'une grande cale-
basse sur laquelle on pratique une ouverture circulaire et où
l'on tend une peau).
Les Kubisi donnent des cauris
(anciennes monnaies)
aux
joueurs de Benda. Auparavant ils s'entendent avec les masques
pour qU'ils sortent quand ils entendront les bruits d'une bagarre
que les Kubisi auraient provoquée volontairement, car dans la
sagesse Mossi "quand on n'a pas d'argent,
il faut faire semblant
d'être fou".
Les Kubisi sèment la discorde et les Tambourinaires
craignant la cassure de leurs Benda, s'enfuient en laissant toute
la monnaie qu'on leur avait donnée.
L'autre particularité des VOUYA consiste à se frapper
mutuellement jusqu'à épuisement.
Les jeunes se frappent entre eux
et les vieux entre eux. C'est lorsqu'ils sont couchés sur le dos

que les PUGTAPA
(fill,.~s ou femmes issues de la famille) marquent
sur leur poitrine une croix à la cendre.
Ils se relèvent et recom-
mencent à se donner d~s coups de fouet. Dans certaines régions
ce sont les jeunes gens qui mettent à terre le masque. Le père
Lec' ~rcq dans une lettre adressée à sa f~;lle en 1931 relate:
" . , . un énergumène portant un masque gigantesque entre
en scène en poussant des cris féroces;
une douzaine de jeunes
gens le suivent,
le torse nu. Ces jeunes gens se mettent en cercle
et à un signal donné ils commencent à se frapper mutuellement de
toutes leurs forces. Après une bonne minute de combat, des hommes
se précipitent sur les lutteurs,
les séparent et tentent de les
jeter à
terre;
Ils les mettent à
terre et les maintiennent
fortement jusqu'à ce qu'un vieillard ~ne verser sur la poitrine
du jeune homme quelques gouttes d'eau, pour signifier que le feu
qui dévore son coeur est désormais éteint.
Pendant ces combats,
le grand énergumène masqué frappait
à coups redoublés sur la case du défunt avec un énorme gourdin;
et tandis que,
la lutte finie,
les combattants étaient maintenus
à
terre,
lui ~ussi ~0 jetait à terre et faisait le mort pendant
une minute, puis il se relevait en rècommençant à gesticuler et
à crier". (.)
Quant aux TODü
(devoirs),
ils se font la nuit. On choi-
sit de préférence les nuits sans clair de lune,
car parmi les
spectateurs,
il y a des sorciers qui peuvent faire du mal.
L'autre raison est que les sacrifices sont destinés aux morts,
parmi ces morts certains désirent se venger, et de ce fait,
par
clair de lune,
ils peuvent distinguer des personnes vulnérables
et les tuer.
Les sacrificateurs ne risquent rien car ils sont
dotés de pouvoirs qui les immunisent contre les puissances malé-
fiques.
La nuit noire évito les risques de ce genre. Pendant ce
"
• L 1;"77"<&".1
/9
S,,; F.-9HN<:'c
1"))1
lu.

.J,
temps/
le défunt est déposé devant le KL~SROGO (maison des mânes)
-
(à l'intérieur quand le défunt est chef de famille ZAKSOBA oU
une femme originaire de la famill~ morte à l'êtranger). c'est
après les TODO qu'on procède à l'enterrement.
C -
SORTIES
I)
LES LIULI-WANDO
Le MOGHO, vaste plateau central dont la principale ac-
tivité est l'agriculture, voit à
l'approche de la saison des pluies
plusieurs manifestations rituelles.
Partout, on fait des sacrifi-
ces: des sacrifices à la terre, pour qu'elle soit féconder aux
génies des champs, pour qu'ils protègent les semences, et surtout
à WENN&~ pour d'abondantes pluies. Tandis que les chrétiens et les
musulmans prient en invoquant les bonnes grâces de Dieu dans les
sourates et versets, ou les omélies,
le LIULI-WANGO sort pour at-
tirer les bonne grâces divines.
Il se distingues des autres par
son habillement qui ne couvre pas entièrement le corps, il laisse
apparaître les bras et les pieds.
Il est suivi d'un joueur de
PENDEGA
(instrument fait de tiges de mil) qui joue et chante en
Moré.
Ils s'arrêtent devant chaque marchand ou marchande. Le
liuli-wango danse lorsqu'il reçoit un cadeau. Ce masque ne frappe
pas,
il est suivi par les enfants et les curieux qui peuvent con-
templer à volonté ce waongo, à condition de ne pas le toucher et
surtout de ne pas essayer d'arracher les fibres qui constituent
son habit. En un mot," LIULI-WANGO ya wai1ng ning sê bonsda ragê"
(Le liuli-waJmgo est le masque qui mendie au marché).
Dans la région de T~!A-BOKIN, les Karense
(Karanga au
singulier)
sortent pour mendier à la période où le maïs est mûr.
I l arrive que les récoltes soient mauvaises, ce qui est
fréquent dans cette zone sahélif_,nne, causant la famine, provoquant
des maladies et la mort.
C'est alors que les \\\\'ando / les Vouya, les

Karense sortent et font le tour des villages pour conjurer le
,
sort.
Ils donnent des coups de gourdins à l'entrée de chaque
-.
concession; Ceci a pour but d'éloigner le mal,
ils poussent en
même temps des cris perçants mêlés à des sifflements lugubres
tout en mimant la chasse ~u malheur.
2) CHASSE AU MONSTRE
A KANKANDE,
à 15 kms de KAYA,
le masque sort lorsque
dans une famille,
vient au monde un BUMBANDE
(chose ou être
étrange). L'enfant qui vient au monde avec des malformations est
considéré comme un monstre; se classent dans la même catégorie
les enfants à qrosse tête et dont la naissance coïncide avec des
-
.
séries de malheurs ou de décès.
Il faut l'éliminer. Nous avons
vu avec DIMDELOBSOM, dans le chapitre de la vie conjugale que
"pour que la femme soit délivrée,
il est absolument nécessaire
qu'elle confesse le nom de son complice
(lorsque l'enfant est
adultérin), en présence de témoins. En ce cas~ si le mari l'exige
et il l'exige toujours,
le nouveau-né est tué par l'épouse adul-
tère après l'accouchement.
Le procédé employé est le suivant:
Quelques jeunes mères
tordent purement et simplement le cou du
nouveau-né, d'autres mettent l'enfant dans une
jarre remplie
d'eau tiède.
Il finit par boire de l'eau à satiété et meurt as-
phyxié".
(I)
Dans le cas du monstre,
c'est la société qui l'exige
pour le bien de cette même société. La mère, qu'elle soit con-
sentente ou pas, doit obéir aux règles de la communauté. Dans
ce cas précis,
l'enfant-monstre n'est pas tué par la mère, mais
ull' N7.jO
par une force surnaturelle.
Il revient au HaF4"'~ d'accomplir
cette tâche. Après l'élimination du monstre,
la mère du "monstre'
doit se laver et boire une mixture magique dont nous ignorons la
composition. Ce breuvage a pour but d'éloigner les vengeances
du monstre et une éventuelle réincarnation de ce dernier dans la
famille.
(I)
Dl~1 DELOBSQ't : "Empire du !1ogho Naba" Edit. Domat-Montchresti
page 184 -
Anné,_
1932

Grâce à
la nouvelle administration coloniale, ces
moeurs cruelles ont été rayées,
et si elles se pratiquent encore
de nos
jours, c'est à l'insu de tout le monde.
La nouvelle force administrative s'e~~ employée à des
tâches moins nobles avec la complicité des missionnaires.
Elle
a obligé les mossi à changer de mentalité:
tout ce qu'ils ont
fait jusqu'à la colonisation n'a été que sauvage et bestial.
La
"vraie ~ri té" vient des NA5ARDAMBA.
" Br(llez vos fétiches,
aban-
donnez vos moeurs sinon vous serez les victimes de l'enfer"
furent les slogans des nouveaux maîtres.
Il faut reconnaître que
l'école cOloniale et le christianisme ont été salutaires dans
bien des domaines,
mais quant à la croyance qui est le fondement
de la société mossi,
elle a été la cible des étrangers. Tout ce
qui représentait la valeur religieuse et culturelle des mossi
allait devenir un spectacle folklorique avec l'avènement des
NA5ARDAMBA.
Le 14 juillet, fête nationale française à partir de
1789, remplaça les diverses fêtes
locales. De 1896 à 1960,
le
Mogho employa toutes ses forces à cette fête du 14 juillet. Tous
les villages,
toutes les provinces devaient se réunir,
apportant
leurs richesses culturelles dans les centres administratifs pour
la gloire de la France.
Les Wando,
le Warba devaient se produire
en public pour le plaisir du colon. Ce qui était hier,
un signe
de mort est devenu par la suite un amusement pour le public.
Les complices du colon furent le Mogho Naba et ses di-
vers Naha de provinces.
Ils représentaient la nouvelle puissance
sur place.
La nouvelle jeune administration de 1960 négligea le
pouvoir traditionnel des chefs. Ces derniers, mécontents se sont
repliés dans leurs provinces avec leurs sujets
(danseurs de Warba
ou porteurs de masques).
Le 5 Août et le II Décembre
(respecti-
vement proclamation de l'indépendance et de la République)
sont
des fêtes à discours et des défilés militaires.

RAvant l'Indépendance, nous raconte un ancien,
le
, .
commandant de cercle de KAYA, envoyait des camions chercher les
masques de Tema-Bakin et les danseurs de Warba de TAGALA. Ceux
qui ne répondaient pas à l'appel étaient sévêrement réprimés par
les gardes du commandant et les chefs destitués.
Les masques de
mes ancêtres qui étaient réservés aux funérailles devaient se
produire à Kaya par la force du NASARA.
Les masques de KUlr1A,
dans la région de Tema-Bakin furent contraints de se produire en
public à l'occasion du 14 juillet. Néanmoins cette force coloniale
trouva dans certains villages, une résistance. Ces villages em-
ployèrent des pouvoirs magiques pour échapper à cette contrainte.
Ces villageois se rendaient invisibles à l'approche du blanc.
Les
masques de Korismoro et le Bumbéga de Gaoua
(quartier de Kaya)
ne furent jamais parmi les manifestations du 14 juillet".
III - MASQUE MOSSI ET POUVOIR
1) CROYANCE ET POUVOIR DU MASQUE
Le Moaga croit à l'existence d'un être supérieur,
maître du monde visible et invisible qu'il appelle WENNAM (litt.
Wende = monde, Nam = chefferie). Ce Wennam est DIEU qui a créé
le ciel,
la terre et tout ce qui existe.
Si le Moaga attribue souvent ses malheurs aux mauvais
sorts de ses ennemis,
il reconnaît aussi que rien ne peut se faire
sans le consentement de WENNAM, dont il ne cesse de prononcer le
nom au cours de sa vie et lors des sacrifices.
Les BAGBA (diseurs
de choses
cachées),
les SEUYA
(sorciers)
reconnaissent sa puis-
sance et l'invoquent bien souvent.
Les Mossi croient qu'une per-
sonne décédée rejoint ses aïeux pour vivre éternellement avec eux.
Mais la route de l'Eternité est épineuse.

" et le royaume de Dieu est si éloigné de la terre qu'ils don-
nen~ à. leurs morts des cauris pour payer le passeport là. 011 ils
rencontreront des difficultés,
la facilité du voyage étant su-
bordonnée aux bonnes ou mauvaises actions du défunt."
(I) -
Les Kubisi doivent assurer le voyage du défunt e~ ~élébrant les
funérailles
(Kure). Au décès,
le NYINGA
(corps visible) devient
inerte,
le SIGA ou T~ULE (âme) qui quitte le corps ~ la suite
d'une grande souffrance, Une maladie, peut prendre l'aspect d'une
forme humaine.
Il peut être aperçu par la personne elle-même ou
par d'autres. Les vieux et les vieilles arrivent ~ prédire leur
fin et font leurs dernières recommandations
(testaments).
ï Li L ,:;
Le SIGA ou le TOULE,
lorsqu'il abandonne le corps ne
g~ne en rien au fonctionnement régulier de l'organisme humain.
C'est lorsqu'il s'absente longtemps qu'il peut être cause de
mort. Le rêve n'est qu'un vagabondage du Siga ou du Toulé et
réintègre le corps au matin.
Quant au KIMA
(de ki = mourir),
il est une sorte de
silhouette de la personne qui va mourir et n'est visible qu'~
certains initiés.
"J'ai été rendre visite ~ mon grand-père avant sa
mort.
Il était couché sur une natte, nous raconte Hamidou.
(2)
-
Après le départ des visiteurs,
je lui ai posé des questions sur
sa maladie
(il s'est redressé,
alors qu'auparavant il ne pou-
vait le faire)
et il m'a dit tout simplement que ce n'était pas
pour aujourd'hui mais il partira au KAMAN WAKATO
(période 011
le maIs peut être cueilli)."
I) Cf. 0.0. page I99.
"L' V-\\PIRE DU :-\\OGHO NABA"
Edition Domat-~ontchrestien.
2)
Enquête effectuée à Kaya auprès d'Hamidou
(qui est griot).

"Comment le savez-vous Grand-père ?" Il me désigna
un arbre
(sorte de Tengkougri)
"c'est comme, dit-il, des gens
qui se rencontrent dans l'obscurité
(faisant allusion aux
NINIOSE),
les étrangers viendront m'enterrer,
il y aura aussi
un homrnc, ;alide qui m'accompagnera".
"Ce sont r's NINIOSE qui se
rencontrent et savent ce qu'ils vont faire".
Il mourut au mois
d'aont et un mois ~~us ~drd, le Tengsoba l'accompagnait.
Le grand-père était un NINIOGA et avait vu son KI~A.
.-
"Le SIGA se distingue du KIM par le fait que ce der-
nier fait parti du nombre des morts:
sa tête est rasée, il porte
de la cendre en forme de croix ou d'un X sur le front,
ou a les
pieds macu lés de sang".
(1)
...
Après la mort,
le KlMA va rester quelques temps à côté
de la maison avant de rejoindre ses ancêtres A Pilimpikou
(vil-
lage retiré de la circonscription de Koudougou). Sur la montagne,
une grotte est en effet considérée comme le lieu sacré où se don-
..
nent rendez-vous les KIMSE de tous les mossi morts.
Ces défunts peuvent se réincarner.
Ils reviennent au
monde pour "reprendre au sein d'une autre femme ou de leur pré-
cédente mère la forme hwnaine".
Cette réincarnation se fait de
façon patrilinéaire lorsqu'il s'agit d'un garçon. On dira alors
qu'il ressemble à son grand-père
(YABA ou ancêtre)
défunt,
-l'enfant ne doit pas ressembler A son père dans ce cas-,
lors-
que le grand-père est vivant, on se garde de faire la ressemblan-
ce.
Si le nouveau-né est une fille,
la réincarnation est matri-
linéaire.
Elle ressemblerait alors à sa grand-mère.
L'enfant
devient l'ancêtre de la famille,
c'est par lui que la pérennité
est assurée.
Dans la société traditionnelle,
les nouveaux-nés sont
(1)
Cf.
DIM DELOBSO~.f -"L'Empire du ~k''.Jho Naba" page 201

considérés conune des guerriers envoyés par Dieu pour visiter les
horrunes.
Ils peuvent parler et dire ce qu'ils sont et ce q u ' i l s . ' ;
veulent par l'intermédiaire des devins.
Ils sont des créatures
de Dieu, sources de toute vie par référence aux forces cosmiques
dont ils sont l'incarnation, et par référence aux ancêtres dont
ils sont la continuation.
Les enfants viennent des ancêtres.
La première question que l'on se pose est celle de savoir:
"Qui sont-ils ?". On cherche à les identifier. On consulte les
devins pour déceler la vraie personnalité des nouveaux-nés.
Avoir une grande postérité n'est-il pas le rêve de
tout Moaga qui, avant de quitter la terre partirait avec moins
de regret que s ' i l ne laissait pas d'enfants? Tous les moyens
sont utilisés pour avoir un enfant: consultation des devins,
accomplissement de sacrifices.
Les enfants continueront les
Rogem-Miki, observeront les interdits, et ainsi la famille n'aura
pas de fin.
2)
POUVOIR -
FECONDITE = VIE
Le rôle des Wando est d'assurer la continuité de la
vie, maintenir cette association mort-naissance - naissance-mort.
Le Wango dans la description mythologique de DIM DELOBSOM
(1)
est un être mystérieux, mi-animal, mi-esprit.
"Il aurait été
trouvé un jour tout seul dans une plaine,
ceux qui le virent
s'enfuirent.
Les villageois allèrent à
la conquête de l'animal.
Ils l'encadrèrent et les vieux lui ayant apporté un coq se
mirent à l'interroger:
"Si on l'emmenait à
la maison, ne nuirait-
il pas aux habitants ?"
On égorg~la poule qui, dit-on, ne fut pas
agréée. Les vieux s'en retournèrent au village et ramenèrent un
coq blanc
(NOKAPELGA),
un bouc
(BOEGA)
et un chien
(BAGA), et
s'adressant au Waongo,
ils dirent:
"PEUT-ETRE,
tout à l'heure nous étions-no~ trompés,
(1) DIM DELOBSOM -
"L'Empire du Mogho Naba" pa(]'.~ 235

peut-être désires-tu un animal en plus du coq que nous t'avons
offert tout à l'heure? Si en devenant notre hôte tu peux nous
apporter le BONHEUR, nous donner la SANTE,
et des ENFANTS,
accepte les offrandes que voici
!n On égorgea le coq et le bouc;
on abattit le chien. Cette fois,
les sacrifices turent acceptés.
Le WANGO, en échange de son adoption par les humains,
et par la suite, par les familles,
confère la SANTE,
le BONHEUR
et les ENFANTS,
LAFI, SUNOGO, KAMBA.
Il est le garant de la fa-
mille des WAONDO. Quant aux sacrifices qu'on lui fait,
ils sont
toujours les mêmes:
le chien noir, ou faute de chien noir,
le
boega
(bouc) noir, est le mets de choix du WAONGO. Cela suppose
que les premiers adopteurs de masques sont les NINIOSE et les
SAABA
(forgerons). Au MOGHO,
seules ces deux familles mangent le
chien,
les "vrais" MOSSI n'apprécient pas cette chair.
Le but premier du WAONGO, d'après le récit de DIM
DELOBSOM, est d'assurer le bonheur en diminuant les calamités
naturelles,
tout en attirant sur la famille des grâces divines.
Son rôle s'arrête-t-il là ? DIM DELOBSOM poursuit et dit qu'on
le prit
et l'enferma dans un lieu sQr. Mais, de quelle utilité
pouvait-il donc leur être? Personne n'en savait rien. C'était
quelque chose d'inconnu et partout redoutable.
/CtI,(1!
Un jour, on était allé faire le ~E (funérailles d'un
vieillard), et l'on revenait. C'était des danseurs de WARBA.
Tout en chantant, on s'approcha de la case habitée par le WAONGO
qui sortit aussitôt.
Les danseurs terrorisés s'enfuirent. Seul
un chanteur eut du courage et resta.
Il continua donc d'entonner
ses chants et le WAINGO le suivit jusqu'à la demeure du défunt
oC il se mit à danser.
On conclut que le WAONGO était "chose de funérailles".

Depuis, au décès d'un vieillard ou d'une vieille femme de la
famille NIONIOSE ou SOUKOABA, on fait venir le WAONGO.
Il ne
danse pas, en effet, pour les jeunes gens décédés.
MASQUE OU SYMBOLE DE LA M0HT
Dans la définition que les MOSSI donnent du WAONGO,
le masque est PELEN YIKRE BUMBU
(est esp~it-chose). C'est quel-
que chose d'effrayant, de redoutable. Qu'il soit quelque "chose
de funérailles" n'a rien de surprenant, car la naissance, enten-
dons par là la vie et la mort
vont de paire.
Le WA'NGO apporte la fécondité dans la famille en at-
tirant la bénédiction de WENNAM
(Dieu).
La mort,
même si elle
fait l'objet de commentaires, à savoir que les maladies ou les
SEUYA tuent,
appartient à WENNAM, qui est le seul Martre de la
Vie.
"MOS YELBUND YETA ME TI WEND SAN PA KU NED PA KUD YEn
"SI DIEU NE TUE PAS, AUCUN HUMAIN NE PEUT TUER".
"YA WEND KON'f ROGEM YA WEND KUDE - WENDE KONTE,
WENDE
DEGHDE" .
"C'EST DIEU QUI DONNE LA FECONDITE, C'EST DIEU QUI
ENLEVE
(RETIRE)
LA VIE".
Le WA~NGO n'est pas que l'intermédiaire, le canal par
lequel les humains peuvent communiquer avec les esprits.
Etant
mi-animal, mi-esprit,
il est à la fois matériel
(périssable)
et
spirituel
(éternel).
Il est matériel car il est visible et pal-
pable par les humains, on peut expliquer cet aspect matériel.

Quant dUX pouvoirs magiques qu'il détient,
ils sont
invisibles, spirituels et d'autant plus redoutables.
L'être hu-
main est à la fois matériel:
le corps, et spirituel:
les
"âmes".
Avant la naissance,
la personne humaine est d'abord
esprit. WEND
(Dieu)
oblige les KINKIRSI
(Esprits)
à se transfor-
mer en o~uf humain dans la transmission du sperme au moment de
l'éjaculation.
La réunion du NINGA
(corps)
et du SIGA-KlMA
forme l'être humain, et à sa mort,
les trois éléments se séparent.
Le rôle du WA~NGO est d'implorer Dieu pour qu'il transforme le
sperme en oeuf humain. Seul le WAINGO peut le faire car il possède
des forces qui permettent de rendre la communication possible.
Il intervient donc pour apporter la fécondité. Et au
décès d'une personne âgée
(ce qu'on appelle une belle mort =
mourir vieux), le WA'NGO accompagne le défunt auprès des esprits
d'oU il est issu. Son rôle,
accompli entre les humains et les
esprits,
lui donne ce côté sacré et respectueux.
Il accomplit ce rôle lorsque la personne meurt âgée
car le WAONGO n'accompagne par les jeunes gens,
leur mort étant
prématurée.
Le culte du WA'NGO n'a pas varié depuis son apparition
aux humains,
il garde toujours les mêmes rites et observe tou-
jours les mêmes KISGU
(INTERDITS).
3) LE LANGAGE DES MASQUES
Par la suite,
le WA'NGO, moyen par lequel l'homme com-
munique avec Dieu, étendit ses pouvoirs.
On voit en lui la solu-
tion de tous les maux: mort, disette, etc ...

11ais considéré comme sacré,
le WA,lNGO ou plutôt le
5> OU.J
"s.oUlEOU"
est une sorte de religion possédant des secrets qu'il
ne paraît pas bon de faire connaître à tout le monde, aussi in-
>11< li
venta-t-on un langage spécial
(SGUKOU),
seul compris des initiés,
dans certaines région.
Il est une déformation de la langue ~oré.
Le SANKANDE,
dans une certaine mesure peut se comparer
à
la fc)rme grammaticale latine,
la place des mots est inversée.
WA
TID
KIENG
RAGA
-----~
RA
TID
WANG
KIENGA
1
2
3
4
KIE
TID
WANG
GARA
NUGU
------* GUNU
12
2 1
ZUGU
-----~
GUZU
12
2 1
c'est lorsque la phrase est longue qu'il faut souvent
décomposer les noms et les associer aux autres mots pour que la
sonorité soit proche de l'intonation de la phrase dans l'ordre
normal. Dans WA TID KENG RAGA, en français
" Allons au marché",
cela donne "mallons au arché".
YEL WA RAWA
devient en sankandé
Wl\\f,i'iA REY"
(salu t homme !).
ZAK BE LAFI ?
LAK
BE ZAFI
(comment va la famille 7)

TOND ~A ME N NA PUSYA
WAND TON ME PU NASYA
(Nous sonunes venus 'IOUS saluer)
WAKIRE
KHiARE
(cinq francs)
PIGNY
NYGPI
(penny- = monnaie anglaise)
POGSADA
SAGPODA
(jeune fille).
PUG1IY,'\\UGi'_
NYANGPUHGA
(vieille felTùne).
NIKIEM1\\
KIE:NHlA
(vieillard) .
REGHI NOAG N KON l
S~~D~\\BA
NOAGH REG l
P~~SAMB KONTBA
(prene~
cette poule pour la
donner à vos ancêtres).
NA vŒND PA NYUD YE LA PAGA
NYUNA walD PAD YE PA LhGA
POKO NYUDA ME
KOPO NYU ME DA
(Dieu ne boit pas mais sa feITme
POKO boit).
YA TOND RCGEM MIKI
TON YAND HIGIr1 ROYA
(ce sont nos coutumes).
Parfois,
un prÉ,fixe est ajou té pour Gàrder le rythme
KC8STA
TP.CS!'~O
(3CC)
(sil"'.p':'e)
KOESTA LA PISNU
(350)
devient : TABSKO NUSPI LASI

En imitant le bruit des tampours
on le traduit en
sankandé en ces termes
:
- TANG REO REO KOPUGNYEBLI en môré cette phrase devient
- RENG TAO TAO TO NYEB KOMPUGLI ce qui veut dire en français
"dépêches-toi pour aller coucher avec les filles".
En suko,
les sonorités ressemblent au môré,
il y a
des termes qui sont dérivés du môré, mais ils sont rares.
SUKO
MORE
FRANCAIS
KERE
SUGRI
PARDON
KOM
NYU
BOIS
(de boire)
RILGA
BIGA
ENFANT
FULBUGA
BOKO, VONRE
TROU
DANNE
NEMDO
VIANDE
LOGHO
ZUGU
TETE
DAND
RAOHGO
BOIS,
fouet
FARGA
PANBE
FRAPPE
LOAKA
PAGHA
FEMME
KAIGA
SUGHA
COUTEAU
LEGGA
NENGA
FACE
MENEGO
YAMB
VOTRE
BARE!-l.BA
NABA
CHEF
KADENGA
RAM
BIERE DE MIL
JULIBGA
NOAGA
POULE
JULIB-KAOKO
NORAOGO
COQ
MWINI SIKI DILGA
GURE
NOIX DE COLA
Certains disent que le suko est le NYNYORE
(langue des
Nynyose -
ceux qui auraient précédé les mossi).
Le Sankande consist·

à
inverser l'ordre des mots et peut s'appliquer
à
n'importe
quelle langue,
ainsi le Suko peut être parlé en sankandé.
KERE NE ~ULI en suko
(pardon avec Dieu) devient en sankande
MUR NE KELE
LOGHO
(tête) devient GOLHO
K~~ KADENGA
(bois la biêre de mil)
devient
KAM KWEMDENGA.
Quand le masque sort en sifflant, il va saluer d'abord
le plus vieux du village, ce dernier lui parle en suko et lui fait
des êloges.
Que Dieu te donne la santé
ZOND ANRM KON ZOMD MURLIN
Celui qui a peur de la honte
n'a pas peur de mourir.
Le masque, pour approuver
ces paroles, baisse le cimier
et touche l'épaule de l'interlocuteur. Ce dernier continue:
l MUR YONGDENGUIN l
BOA BILA
-
votre main droite est belle
l MUR GOAGUIN l
BOA BILA
-
votre main gauche est belle
l TILOGO BOA PIRE KARONGO
-
votre danse est admirable
l TABOROGO l
BOA BILA
- votre devant est beau
l POALIN l
BOA BILA
-
votre dos est beau
l
KANzONGUIN l
BOA BILA
-
votre tout est parfait
MUR K E M
- que Dieu te donne la santé

Le masque baisse la tête et touche l'épaule du vieil-
lard en sifflant. Le Wa_ngo se lève et donne des coups de fouets
à celui qui vient de lui faire des éloges; c'est un signe de salu-
tation. La personne sous les coups de fouets ajoute
KERE KERE
pardon pardon ou pitié pitié
KER NE MULI
pardon au nom de Dieu
KER NE TANKOUBA
pardon au nom des ancêtres
KER NE BAREMBA
pardon au nom des tengsobendamba
Il cesse de frapper et passe au suivant. On peut
demander, voire ordonner, au masque de frapper quelqu'un d'autre,
.
on dit alors
(toujours en s.kU)
KaN MA DANDE
frappe.le
Il est interdit de frapper le masque, sauf dans la
région de Sambtaba où les VOUYA se frappent entre eux.
Il arrive
parfois que l'on reconnaisse son copain sous le masque
(ceci n'est
valable qu'au sein de la famille des Wando). On peut lui rappeler
les liens qui vou,; unissent, ce dernier vous fera remise de quel-
ques coups de fouets.
KERE l
BOA KUDLA
pardon tu es mon grand frère
KERE l
BOA N DITI TAMNI
pardon tu es mon copain
.s, kd
Mais comme je ne parle pas ~ "M MENG VAGS KIWANG
LELE" pl.a seule chose à apprendre est à sortir au moment opportun.
(1)
ou Télégo.

c' es t MENOGQ WENDA WENDA l
LQUAMBA SULE ou M DAB SQNGS l WAL..'1A
l MENOGO LENGUI.
Je suis venu vous rendre hommage.
Ceci n'empêche pas les coups de fouets.
Vous avez deux
solutions :
la fuite ou vous prenez votre mal en patience.
Cette
dernière solution vous donnera la sympathie des masques.
Mais
dites toujours ~ chaque coup de fouet KERE KERE, KER NE MULI.
C'est dans la région de GUERE vers Téma que les familles
de masque parlent le Sankandé. En dehors de la période des funé-
railles et de Todo,
la seule langue demeure le moré.
Il est in-
\\ "'of
terdit de parler le S~ en dehors des cultes.
Nous avons vu que le Sankand~ est dérivé du moré. Cer-
S, /Ç,1.l
tains termes en Suko nous permettent de voir l'influence récipro-
que qu'ont les deux langues.
Le Moré et le Suko, dans:
l
PAOLIN l
BOA BILA
l PORE BE NERE
PAQLIN et PORE
(PORIN)
ont presque les mêmes sonorités.
Il en est
de même pour TABOROGO et TAORIN, TANKOUBA et TANKOUGA qui montrent
la minime déformation,
le ~ en Suko devenant ~ en Moré.
Nous pour-
rions multiplier les exemples. Un linguiste pourrait nous expli-
quer longuement ces dérivés.
Le NYNYORE, disen~
les anciens, serait la langue des
NYNYOSE.
Ils auraient gardé le Nynyoré comme langue secrète Suko
dans leurs réunions.
Ce qui nous permet de dire que les Waondo
utilisant le Suko lors de leurs réunions sont antérieurs à ceux
qui parlent le Sankandé, dérivé du Moré
(langue des envahisseurs).

Emploi du sifflet magique
Le porteur du masque communique avec ses interlocuteurs
au moyen d'un sifflet. Celui-ci était fait avec l'os d'un Peulh
parce que ce ~_.:nier étai t curieux et bavard vis-à-v' ," des
coutumes des masques. De nos jours, seul le plus ancien dans
le panthéon des masques utilise ce sifflet fabriqué avec l'os
d'un Peulh. Tout porteur doit obligatoirement posséder deux ou
trois sifflets.
A l'heure actuelle,
ils sont fabriqués avec des mor-
ceaux de bois du buisson sacré.
Le bois est fendu en deux parties
reliées entre elles par une fibre ou un élastique qui bouche en
même temps la fente. Un coup de souffle et le son résonne.
Il nous a semblé intéressant de dresser un tableau
des différentes langues qui perlTltèttra d'établir une vue d' en-
semble des langues secrètes des masques,
leur correspondance en
Moré et en Français, et de faire des rapprochements avec la
langue Moré prédominante.
. .. / ...

r..J
MORE
-
KERE NE MULI
SUGRI NE WENDE
MULlŒM
WEND NA KO FLAFI
MUR YONGDENGUIN l
BOA BILA
l NUG RITGO BE NERE
l MUR GOAGUIN l
BOA BILA
l NUG GOABG BE NERE
l TILOGO l
BOA PIRE KARONGO
l
SAOG BE NERE
l TABOROGO l
BOA BILA
l TAOR BE NERE
l PAOLIN l
BOA BILA
l
POR BE NERE
KWEM KADENGA
NYU RAHA
KOM MA DANDE
WE YA-PABA
JULIB -
KAOKO
NO RAOGO
MWINI SIKI DILGA
GURE

SANKANDE
FRANCAIS
SUGR WEND NE
Pardon
(Pitié) au nom de Dieu
LANDA WENF KOFI
Que Dieu te donne la Santé
BIRITGO NE BERE
Votre main droite est admirable
l
GOANUB NE BERE
Votre main gauche est admirable
l
NAOG BE SERE
Votre danse est belle
l
NAOGR BE TERE
Votre devant est beau
l
NER BE PORE
Votre dos est beau
RAN YUMA
Bois le dolo
(bière de mil)
YAWE -
BAPA
Frappe-le
RA NAOGO
Coq
REGU
Cola
(noix)

4) PANGA ET LE WANGO
Les '1'ENGBISE "fils de la Terre" ou les TENGDA.'1BA
"Gens de la Terre" sont les autochtones qui, par la Force
(PANGA)
des guerriers Mossi, auraient adopté la langue des conquérants
"PANGDAMBA"
(gens de force). Mogho Naba, roi des Mossi et même
"Roi du monde" était un monarque de droit divin, dont il était
interdit de prononcer le nom et le titre .. Les sujets disaient
qu'ils allaient chez "la Force" et non chez le roi.
Les deux grands groupes constituent le Peuple Mossi,
mais chaque groupe garde ses caractères particuliers. Au sein
du premier groupe, constitué par les autochtones,
i l faut distin-
guer les TENGSOBANANAMSE
(NANAMSE est le plurid de NAABA), qui
sont les chefs et les prêtres.
"L'opposition autochtones/
conquérants peut être réduite, sous multiples précautions, à une
opposition prêtres
(de la terre)/chefs
(des hommes). Cette oppo-
sition duelle n'est posée comme telle que par les Mossi".
(1)
En marge de ces deux groupes,
les forgerons SAABA
constituent une identité indépendante.
La population Mossi comprend d'un côté les NAKOMBSE,
ou descendants des NABA, et les TALSE. Des premiers émane le pou-
voir central et directionnel,
le second groupe fournit,
d'après
Monsieur IZARD,
les NAYIRDEMBA "gens de la maison du Chef"
(dignitaires de la cour royale),
et les TASOBANAMBA "maîtres de
la guerre", parmi ces TASOBANAMBA,
il y en a d'origine captive.
a)
Les PANGDAMBA (gens de guerre)
Ils ont le commandement des villag<~s, assurent la sé-
curité au sein de la population,
ils sont en un mot les repré-
(1) Michel IZARD.

sentants des deux pouvoirs et ne doivent pas se rencontrer.
Le Yatenga Naba ne doit pas rencontrer celui de
BUGRE :
le chef du monde
(humain) des vivants et monde naturel
et le Chef du monde
(humain) des morts ne doivent pas se rencon-
trer.
La Mort vient toujours à bout de la vie.
Dans la ville de Kaya,
il existe un quartier appelé
YAOGHIN
(tombeau). Dans ce quartier,
il y a un cimetière où
reposent sept des Naba de Sanémentenga ou Salmentenga. Ce cime-
tière est connu sous le nom de Naba KOU TOU YAOGHO, et l'histoire
qui suit nous montre l'origine de l'interdit qui frappe le Naba
de voir le chef des tombes.
Naba Halidou est le dernier des chefs de Yaoghin, il
nous raconte comment sa famille a eu le titre de Yaogh-naba.
"Mon arrière grand-père est venu de Kankoubré, de la
région de Tenkodogo, i l était à la recherche de son cadet qui
était parti avec ses femmes à la suite d'un manque de nam
(chef-
ferie).
Son arrivée à Ouagadougou coïncida avec celle des gens
de Tifou.
(village situé à
trois kilomètres de Kaya).
Ces derniers
étaient venus demander au Mogho Naba un de ses fils pour gouver-
ner le pays des Silmisi
(Peuls). MQn ancêtre suivit le cortège
jusqu'à LOUMBlLA où ils ne purent passer à cause de l'eau provo-
quée par les Nynyosé de ce village. On envoya un messager préve-
nir le Mogho-Naba, qui,
Sllr
le champ envoya un ambassadeur dire
aux détenteurs de tim qu'il ne pensait pas que les gens de
Loumbila empêcheraient son fils d'aller chercher de l'or
(sanem)
à Sanemmentenga
(pays de l'Ot).
Les Nyonyosé de Loumbila arri-
vèrent au bord de Id rivière et coupèrent l'eau avec un couteau.
Le cortège franchit la rivière et atteignit Kaya".
Mon ancêtre demeura auprès de Naba SAND80NDO.
La

"tj
soeur du chef,
touchée par le courage et la droiture de mon
Yaaba
(1)
l'épousa.
Ils eurent beaucoup d'enfants qui, d'après
la tradition, revenaient au chef. Un jour, on apprit que son
frère
~det était à Pissila (village situé â ~rente kilomètres
de Kaya).
Le Naba Sandbondo envoya donc le chercher et l'installa
à
ITAORE
(un des quartiers de Kaya).
Le village s'agrandit.
Les Naba se succédèrent,
après le premier Naba Sandbondo, montèrent au trône les Naba
ZEDGA,
le Naba SIBGA,
le Naha GANRE, PAZONDE, SAMBLO, YOAGHA,
PATAODE, NAPEGDBA, SALGA.
c'est après l'avènement de Naba SALGA que ceux de
Boussouma
(couvrir de poussière)
firent savoir au Mogho-Naba
qu'ils souhaiteraient désormais que la prise de chefferie se
fit à Sebba car les gens de Sanmentenga les recouvraient de
poussière avec leurs chevaux chaque fois qu'ils allaient à
Ouagadougou pour le NA-REGHRE
(prise de chefferie -
il s'agit de
la remise du bonnet par le Mogho-Naba au nouveau chef).
Le douzième Naba,
le Naba MAMZI,
refusa d'aller à
Sebba et se proclilma. chef par la force.
Ce qui mit en colère
l'Empereur des Mossi qui, pour punir le renégat envoya le frère
de ce dernier à Sebba se faire nommer chef.
Le Naba YANGNA fut
le treizième chef, suivi des Naba WUHGA, WOBGO,
WULG et le Naha
KOBGA dont la prise de nam coïncida avec la saison des pluies.
Les Nakomsé s'étaient accroupis pour rendre hommage au Naba de
Sebba, parmi eux figuraitp soeur du chef qui avait ses règles
menstruelles.
Les traces de sang demeurèrent sur la boue. On
prit cela pour du tim.
Il leur fut interdit de remettre les
pieds à Sebba.
La prise de nam se ferait désormais à Boussouma.
Les Naba qui prirent leur nam à Boussouma furent les Naba KOUTOU,
YEMDE, SONRE, SANAM,
KOULGA I,SAWADOGO. Puis vinrent les Naba
KOULGA II et l'actuel Naba KARFO.
(1)
dJ.cêtre.

Quand Naha KOUTüU, dix-neuvième Naha de
Saneamentenga prit le pouvoir,
il déplaça son ·palais à WENTENGA.
Mon grand-père dit au Naha :"Nous étions des Nakornsé, nous avons
suivi votre grand-père jusqu'ici. Ce lieu a vu l'avènement de
plusieurs Nar._. Aujourd'hui vous voulez changer de ~uartier et
laisser des ruines? Que Dieu fasse qu'à partir de maintenant,
aucun Naba vivant foule le sol de l'ancien quartier royal.
Ceux
qui y v·iendront seront morts."
Tout Naha défunt peut revenir à Yaoghin. A l'époque,
les gardiens des tombes étaient les gens de KASSIRI. Comme mon
grand-père était un neveu de Kassiri, on lui confia une partie à
garder.
En ce temps-là,
les chefs de tombes jouissaient d'un cer-
tain privilège.
Il y a l e YAOGHNA KASENGA
(aîné des (:hefs)
et
le YAOGHNA BILA (cadet).
Il est dit qu'aucun Naba de Kaya ne doit ni voir le
doyen de Yaoghin, ni fouler le sol du quartier Yaoghin, sinon il
mourra.
Question: Qu'adviendrait-il si un Naba par mégarde foulait le
sol de Yaoghin ou rencontrait le doyen? Avez-vous des exemples
pour illustrer ces interdits?
(1)
Naba HALIDOU
: "Ce que j'ai vu ! Il Y a environ une trentaine
d'années,
la résidence du commandant de Kaya a brûlé. Nous avons
été parmi ceux qui ont aidé à éteindre l'incendie. Le Naba
Sawadogo sella son cheval et parcourut les quartiers pour demander
de l'aide.
Quand soudain,
il foula le sol de Yaoghin.
I~onie du
sort? Il n'avait pas de Soghne
(page) pour le guider ce jour-là.
Sommetin que tu as connu se leva et attrapa les brides du cheval
et s'adressa au chef en ces termes:
"Pa tog ye"
(vous n'auriez
pas dû, vous n'auriez pas dû).
Le Naba Sawadogo s'excusa:
"KABRE,
KABRE"
(pardon, pardon).
Il était trop tard.
Le Naba continua sun
appel au secours Quelques mois plus tard,
le Naba KOULGA II le

Z !
rempl~ça sur le trône.
Le second fait remonte avant le lotissement de Kaya en
1956. Nous avions des démêlés avec le NYANGHRE Naba Karim, celui
qui règne toujours
(chef du quartier de Nyanghre). C'était au
sujet d'un terrain situé ~ proxiJ'li té aes tombes.
Le Naba KOULGA II
envoya le KAY Naba RABANEGA pour nous réconcilier.
Le Yaoghna
Kasenga me dit de prendre un TITOAGA
(pioche), qu'~l n'est pas
d'accord,
il fallait limiter le terrain. A la saison des pluies,
le Nyanghre Naba s'obstina ~ planter son tabac sur le terrain
litigieux. Fou de rage,
le Yaoghna Kasenga décida d'aller voir
personnellement le Naba KOULGA II.
Quelqu'un se dépêcha d'aller
avertir le Naba que si jamais il voyait le Yaoghnaba,
ses jours
étaient comptés.
Le Naba décida d'aller à Barsalogho et fit seller
son cheval.
En voulant sortir,
il nous rencontra à
la porte de
la concession de ton père, Gueswendé.
Du haut de son cheval, il
nous d i t :
"retournez chez vous, nous règlerons ce problème à
mon retour de Barsalogho"
(~ quarante et un kilomètres de Kaya).
La maladie l'emporta peu de temps après son séjour à Barsalogho.
J'ùi exploité le terrain pendant cinq ans.
Son fils,
l'actuel Naba KARFO, se garde de rencontrer le Yaogh Naba et
surtout de fouler le sol du quartier".
Cette histoire,
racontée par le Yaogh Nabila HALIDOU
a un double intérêt. Tout d'abord,
le narrateur, grâce à des
dessins, arrive â nous citer tous les Naba par ordre chronologi-
que.
Il tient cela de son grand-père depuis des années.
Le se-
cond point est que le récit nous apporte des faits qui ont été
la conséquence d'un oubli des traditions.
Le monde des vivants
ne peut rencontrer celui des morts que lorsqu'il est sur le
point de passer de l'autre côté. Les gardiens des tombes sont
dotés de pouvoirs qui leur permettent de dialoguer avec les
morts sans risque.
Ils gardent dans leur maison les
"KIM LAA5E"

de tous les chefs défunts
(kim de mort -
laase = écuelles ou
l'on fait des sacrifices). Tous les ans,
le Naba confie les sa-
crifices à ses ancêtres au Yaoghnaba. Le Naba ne devant en aucun
cas voir les sacrifices, est tenu r
l'écart . . . sinon ses an-
cêtres risquent de l'"appeler". Le culte de la mort relève du
spirituel et est plus fort que le PANGO
(force matprielle).
Les pouvoirs spirituels et matériels se côtoient,
se complètent et s'entraident.
Les PANGDAMBA ont besoin des pou-
voirs magiques pour se préserver des dangers de tout genre.
b)
ORIGINE MYTHOLOGIQUE DU POUVOIR au MOGHO
Nous avons vu plus haut que les Naba actuels ve-
naient de Gambaga et avaient asservi tous les autochtones, sauf
les Dogon et les Kouroumba qui se sont installés au Nord du pays.
Dans la société pré-Mossi,
il existaLt des chefs coutumiers.
Il
y avait des chefs de villages et des chefs religieux.
L'origine
du partage du pouvoir, ou l'organisation de la société ne nous
est connue que par la légende que nous rapporte Dimdelobsom :
"Dieu créa quatre frères.
Ils vivaient désoeuvrés et sans souci
du lendemain. Dieu fabriqua quatre couffins,
i l appela les quatre
frères et leur d i t :
"le sort de chacun dépendra de la part qu'il
choisira".
L'alné choisit le couffin le plus lourd,
le second
imita l'ainé,
le troisième choisit le plus volumineux et le der-
nier prit le plus petit qui restait. Sous la recommandation de
Dieu,
ils partirent à la découverte du monde et chacun devait
bâtir sa maison sur une plaine.
c'est ~lors que s'opérèrent les miracles suivants
le forgeron
(sayan)
se trouva en présence d'une modeste famille~
du fer en abondance et d'une enclume.
Il se mit au travail et
découvrit la pioche
(Wanka)
et la hache
(taré)
nécessaires à la

culture des champs.
Le Peuhl
(silmiga),
le deuxième frère,
se tr'Juva
au milieu de nombreux troupeaux de boeufs, et de vaches.
Il com-
prit qu'il était le maître de tous les êtres qui l'entouraient.
Le Yarga trouva des ânes, des charges de sel, des
charges de kolas et autres articles de trafic. C'était lui le
commerçan t.
Le Naba
(le puiné)
se trouva dans une splendide
maison entouré de centaines de courtisans, de chevaux et de pale-
freniers.
Il se reconnut le mctltre incontesté de ce peuple entier.
C'était lui le chef.
Mais ces quatre frères ne pouvaient rester ainsi
sans nouvelles l'un de l'autre.
L'alné se mit en route,
ayant
eu soin au préalable de se munir de quelques outils de sa fabri-
cation.
Il retrouva son frère peuhl.
Ils se mirent en route,
le
forgeron avec sc~ WANKSE
(daba),
le Peuhl avec quelques boeufs.
Ils trouvèrent le troisième.
Ils se mirent donc tous les trois
en route suivis de nombreuses autres personnes.
Le Yarga chargea
un ~ne de sel dans le but d'en vendre une partie aux gens qu'il
rencontrait et de donner le reste à son jeune frère.
Ils éprouvèrent de sérieuses difficultés à s'af-
franchir du protocole sévère de la cour,
furent repoussés par
les "sogonés", bousculés par des palefreniers, et durent attendre
des heures entières que Sa ~lajesté le Naba daignât enfin leur
donner audience comme au plus humble de ses sujets. Des roulements
de tambours annoncèrent enfin la sortie du potent~t..•
La jalousie
naquit des trois ainé~. Devaient-ils s'abd~sser jusqu'à imiter
les sujets de lel1"c
frère
?

Le forgeron s'assit ~ terre mais il n'imita pas
le salut mossi :
il se contenta de frapper le sol avec son
" zanré .,
: le Peuhl plus fier s'accroupit,
tendit le bras
droit en avant,
ferma le poing puis prononça légèrement ces
paroles:
" lJ\\FIBE RAOUA GANG''',LAFI "
(litt. bonjour homme,
est-ce que tu te portes bien ?)
Il avait gardé son bonnet sur la tête mais avait abandonné ses
"NEODA"
(chaussures)
~ la porte d 'entrée ~ la fois par peur et
par respect.
Le Yarga s'assit ~ terre, ploya un peu les jambes
s'inclina lécèrement cl frotta doucement les deux mains l'une
contre l'autre.
Il avait laissé ses "NEODA" en entrant mais
avait conservé son bonnet.
Ils décidèrent de regagner leurs villages respec-
tifs. En cours de route ils tinrent conseil et prirent le parti
de s'installer sur le territoire du Naba.
Ils s'assureraient
ainsi sa prot~ction.
Et la légende de conclure que c'est la raison pour
laquelle le Peuhl et le Yarga ont conservé leur esprit d'indé-
pendance. Quant au forgeron,
demeuré plus pauvre,
il se plie à
certaines règles coutumières communes ~ tous les Mossi, sans
jamais quitter son atelier de travail pour saluer le Naba lors-
qu'il passe i
il se contente de frapper son" zanré " contre
l'enclume,
comme autrefois il frappa le sol en guise de salu-
tation.
DEUX CLASS ES
-
LES NAN&~SE,
dont l'ancêtre totémique est le che-
val
(Ouedraogo)
viennent du Sud du royaume des Dagornba au Ghana.
Les chefs de province sont les descendants de NABA OUED~\\OGO.

îS
-
LES TALSE forment les autres couches de la
Société.
En marge de cette classification, nous avons les
YOUMBA ou griots. Parmi eux, nous distinguons
:
-
Les joueurs de BENDRE
(BENDA au pluriel)
-
Le BENDARE est formé d'une grande calebasse vidée et sur la-
quelle est tendue une pe~u. Les Benda sont chez les Mossi les
pièces fondamentales des orchestres de griots au service des
NABAS.
Les LOUMSE sont les joueurs du LOUNGA
(tam-tam
d'aisselle)
qui est fait d'un cylindre en bois évidé et tendu
de deux peaux à ses extrémités: celles-ci étant reliées par
des tendeurs. Une pression plus ou moins forte de l'avant-bras
entraîne un changement de hauteur du son lorsque l'une d'elles
est percutée avec un petit marteau en bois.
Leur nom classique
est KONBAMTENGA.
Cette appellation veut dire que le griot n'a-
dresse jamais ses louanges à
la montagne, excepté le chef.
Les RUDSI
(RUDGA au singl\\lierl
sont les joueurs
de RUDGA qui est un genre de violon.
Les aveugles constituent
principalement les virtuoses du RUDGA.
Cette classe n'est pas
aussi fermée que les deux premières, qui transmettent leur sa-
voir de père en fils.
Tout jeune aveugle peut se faire faire un
RUDGA.
Outre la définition légendaire que DIM DEL08S0M a
donnée dans son livre,
les forgerons ou SAABA sont parmi les pre-
miers habitants du plateau Mussi.
Ils descendraient des TELLEM
comme les KURUMBA.

Les forgerons se regroupent autour du KUDGU
(Forge).
Dans certaines régions de la Haute - Volta, particulièrement
celle du YATENGA,
les forgerons ne doivent en aucun cas contrac-
ter un mariage avec une fille Mossi : préjugé racial qui a pour
origine le fait qu'après la mort,
le corps du forgeron défunt se
décomposerait comme une chair au contact du feu.
Le résultat de
cette croyance signifie qu'il a fait un pacte avec le diable.
Après ce pacte,
les forgerons détiennent le secret de l'extrac-
tion du minera:. de fer, qu'ils transforment avec le feu
(BUGUM).
Quel honneur pour un mossi d'avoir le corps lavé,
revêtu de ses plus beaux vêtements
(FUTU)
et d'avoir le crâne
ras',
après la mort, pour qu'il rejoigne PILIMPIKOU
(1)
Cette cérémonie ne peut avoir lieu avec un forgeron,
car lorsqu'il meurt, son corps est brûlant comme le fer qu'il
chauffait de son vivant. De ce fait,
on ne peut lui laver le
corps, celui-ci appartient au diable.
La fille ou le jeune hOHune mossi qui épouserait un
forgeron ou une "forgeronne" se verrait dans la mÊ!me situation,
après sa mort.
Le secret de l'extraction du fer est gardé jalou-
sement entre eux.
Il paraîtrait que l'extraction du minerai se
fait le corps nu. Aucun profane ne doit y assister, ni être vu.
Le châtiment est dur
: la mort.
Les Mossi seraient-ils rancuniers du secret jalou-
sement gardé par les forgerons?
Il faut reconnaître que leur
hostilité se traduit par des plaisanteries plutôt amères
"NYED BUGUM"
(derrière en feu),
"BUGUM NEDA"
(llorrune de feu).
(1) Sér1e de collines
située entre BOUSSE et YAKO. C'est le
séjour des âmes des Mossi.

Pourtant les forgerons sont la clé du fondement de
la Société Mossi. Par les Daba
(houes)
les couteaux,
les lances
qu'ils fabriquent,
ils assurent le bien-être des cultivateurs
moss i.
"La forge est une force" écrit le R.P.
NICOLAS,
"elle connaît toutes les actions de l'homme.
Elle connaît celui
qui l'offense.
La forge est la plus forte des forces".
En effet,
s ' i l n'y avait pas de couteau, on ne pourrait pas sacrifier. C'est
la forge qui fait vivre. l'homme. C'est par elle aussi que l'on
peut obtenir des enfants,
car elle est l'autel sur lequel sont
présentées les offrandes pour obtenir la fécondité.
Les enfants
nés à
la suite de ces offrandes se prénomment: IWUôAOOO ou
I~ LI,:} -40 Go
K_UDPOKO
(1) ou Sfu~BYfu~BA, etc ...
Le~PANGDAMBA (gens du pouvoir) ont besoin des for-
gerons pour leurs guerriers.
Les WANDO pour la fabrication de
leurs masques.
A tous les niveaux, ils sont indispensables à la
bonne marche de la Société.
5) POUVOIR SUPREME
a)
WENNfu"1
- - -
Tous les habitants du MOGHO croient en une seule
force supérieure, Supérieure au MOGHONABA. C'est WENNAM
(Dieu)
qui possède à
la fois la force,
la bonté, domine les puissances
visibles et invisibles.
Le MOA~ sait qu'il a été le dernier à
être créé.
Le vautour est chauve parce qu'il a servi à
trans-
porter la glaise pour que Dieu façonne
l'homme. Ce n'est pas
dans la préoccupation du MOAC.l1'A de savoir que la femme est sor-
tie de la côte de l'homme ou est un dérivé de l'atome. Pour lui,
il y a Dieu WENNAM et les êtres intermédiaires,
les NA\\ŒND YIR
(1)
HOUIS MAURICE -

KINKIRSI
(les bons génies)
et les KINKIR BESE
(les mauvais gé-
nies). Tout ce qui l'entoure et constitue son univers a une âme.
Qu'est-ce que l'Islam et le Christianisme ont ap-
porté au MOAG'" ? L'un affirme qU'Allah est Dieu, que Mahomet est
son prophète.
L'autre enseigne que le Christ est le fils de Dieu,
mort sur la croix pour la rémission des péchés. Tous les deux
enseignent la voie qui mène à l'Unique Dieu.
Pour atteindre Dieu,
i l y a la prière.
Les rites se
traduisent par les sacrifices, et pour la sacrification,
il faut
des prêtres. Au MOGHO,
les TENGSOBENDAMBA sont ce que représen-
tent les Imans et les prêtres des deux religions.
Les amulettes des Mossi se transforment en talisman
ou en chapelets ou croix suivant les croyances à l'Islam ou ,lU
Christianisme.
Les Saints
auxquels les chrétiens demandent d' in-
tercéder auprès de Dieu ont les mêmes rôles que nos ancêtres qui
reposent à PILIMPIKOU.
TABLEAU COMPARATIF
de~rr-:ligions
au MOGHO
Animisme Mossi
Islam
Christianisme
WENNAM
ALLAH
DIEU YAHWE
Nawend yir kinkirsi
MALEK
anges
(bons génies)
Kinkir Bese
SITAN
Satan
(mauvais génies)

Animisme Mossi
Islam
Christianisme
SAMOAMBA (ancêtres)
Saints
Sain ts-Patrons
TENGS OBEr'~ l\\MBA
Imans etc •.•
Le Clergé
(prêtres)
HOMMES
HOMMES
HOMMES
(fidèles)
Bagre -
Wango
(Suko)
Itô lam -
Lahilah
Ca thol ique -
Wahabi
Protestant
Dans les trois religions, ce sont les ordres hié-
rarchiques des représentants de la parole de Dieu qui diffèrent
les uns des autres,
suivant le culte et l'importance accordés à
chacun.
La pratique du culte nécessite un port vestimen-
taire spécial. Dans certaines contrées d'Afrique,
les prêtres
de la religion traditionnelle portent des peaux de bêtes, ou
des fibres faites d'écorces de baobab
(WANDO). Dans l'Eglise
Catholique, on y reconnaîtra l'aube et la chasuble.
Les Imans
ou les Hel Adj africains adoptent la gandoura et les costumes
de pélerins symbolisent aussi leur place dans l'Islam.
b)
'~NGO intermédiaire
Le Masque,
objet du culte du WANDO,
secret, se dis-
tingue par le camouflage et l'impénétrabilité totale de l'indi-
vidu, extérieur au groupe.
Le costume est fait de fibres de l'é-
corce de baobab.
Le ':Jaobab est l'arbre millénaire de la Savane,
qui a vu "la naissance du monde et verra sa fin".
Le baobab est
l'abri du KINKIRSI puissant.
Il représente l'arbre le plus ha~t

de la savane.
La légende le qualifie "d'arbre dont les raCl:lC~S
s'engouffrent dans l'abîme terrestre et dont les branches Ju som-
met caressent la voûte céleste." Le vêtemen t qui recouvre
! c'
por-
teur doit traîner à terre pour symbollser les racines.
Le
;,~mmet
Ju masque s'~olise la planète et est matérialisé par une [;gc
qui domine la tête du WANGO.
L'homme est lié à la terre
(produit agricole)
,_,t au
ciel
(pluie),
La vie de l 'horrune que représente le masque COl'iporte
trois étapes
-
quallJ le masque est debout et en mouvement,
il
symbolise la VIE.
Lcl
traînée ct", 13, !'ull(, :iymbolise les racines, en-
terrées, celles-ci symbolisent la MORT
-
la tige ou planche représente l'au-delà, Die.
Il est difficile de reconnaître le type d'animal
que représente le masque,
car le mystère sur le déroulement du
monde reste iITqJénétJable. On croit reconnaître alors que nous ne
reconnaissons rien.
Nous croyons voir et nous ne voyons rien.
Nous voulons expliquer l'inexplicable,
saisir l'insaisissable.
L'Univers,
le cosmos,
la tête du WANGO recèlent des secrets que
le profane ne peut comprendre.
Nous ne pouvons pas être au
GURUNSI et savoir ce qui se passe au MOGHO. Celui qui est à
l'extérieur ne peut pas savoir ce qui se passe dans la maison.
Le mystère du WANGO se veut plus étrange, plus cap-
tivant.
Le mystère de l'arbre ne peut s'expliquer par le fdit
que nous ne vüyons pas la sève qui y coule.
Celui qui est bien
couvert est moins vulnérable que celui qui laisse apparaître ses
pieds ou ses main~.

.91
Pour que le sacrifice réussisse, pour obtenir le par-
don,
il faut avouer ses fautes.
Pour recevoir un don, i l faLt
avoir les mains propres. C'est pour cela que le ?orteur du mas-
que doit observer certaines règles.
Dans certaines sociétés, il
èoit endosc~r l'habit sacré avant la robe. Parfois, le porteur
est nu comme un nouveau-né. Débarrassé des vêtements quotidiens,
il peut entrer dans la sphère de la communication avec Dieu.
Nu,
il est libre de ses mouvements, et supporte peut-être mieux
la chaleur.
6)
ESPACE ~OSSI ET ESPACE RITUEL
al
L'habitat traditionnel
Le Mogho signifie l'Univers,
en dehors du Mogho,
il
n'y aurait que des micros 11nivers dont les habitants seraient
des ETRANGERS pour les Mossi.
Chaque univers aurait son soleil,
ses astres, et ses
phénomènes. Le Moaga représente le monde comme une demi-sphère,
comme le "caméléon du ciel"
(arc-en-ciel)
à cause de ses couleur~
Comme chez les Dogons,
les astres seraient composés
d'étoiles accrochées aux parois de la sphère. Au début de la
création de l'univers, la voQte céleste était à la portée de la
main.
Les mamans pouvaient décrocher les étoiles pour les donner
à
leurs enfants. Cette voûte serait aussi composée de chajr,
les
habitants pouvaient se nourrir en coupant le morceau de vJande
qu'ils désiraient. C'est à la suite d'une maladresse commlse par
un aveugle
(qui aurait coupé le coeur de la voûte)
que le ciel
se serait envolé.
Le soleil serait une boule de feu
(FITLA =: lampE')
qui
se déplacerait de l'Est
IYangal
à
l'Ouest
(Goabga).
Il poursui-
vrait sa route sous la terre jusqu'à YANGA où il réapparaîtrait

le jour entraînant dans sa course sa femme la lune KIUGU.
L'éclipse lunaire serait le résultat d'une dispute entre le
soleil et la lune et symboliserait la fin du règne de Naba.
L'habitat traditionnel connu ~
's le nom de "case"
..
serait la replique de l'univers.
Le SUGR-DOGO (sugri=toit - dogo=maison), maison
circulaire cQLffée d'un toit conique faif de paille, se cons-
truit après la consultation d'un devin. Après le choix et le
sacrifice d'une volaille par le Tengsoba,
le Moaga aidé des
membres de sa famille ou des amis commence la construction du
Sugr-dogo.
On creuse le sol et on retire la terre du trou,
puis on la pétrie pour faire des boules de mortier. On trace
sur le terrain une circonférence à l'aide d'une corde attachée
à un piquet central.
Les fondations sont aménagées dans le sol
dans une profondeur de a m 20 environ. On y jette le mortier et
on commence l'édification du mur qui a toujours la forme circu-
laire. On laisse s~cher le mortier avant de se remettre au tra-
vail et la construction se poursuit jusqu'à son achèvement, elle
peut atteindre l m 6S ~nviron. Le Sugr-dogo est d'abord bati
sans ouverture, on pratique une porte basse en forme d'ogive
lorsque les murs sont achevés.
On pratique aussi quelques petits trous avec le
manche d'un daba. Ce sont, avec la porte basse,
les seules ou-
vertures et c'est par c~s minuscules ouvertures que le Moaga
tirait des flèches en cas de guerre. Avant de poser la toiture,
les murs sont recouverts de cendre mouillée. Cette pratique as-
sure la santé des nouveaux habitants.
La toiture est conique
elle se compose de perches "

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fortement attachées au sommet par des lianes. Sur ces perche.
on place des nattes rigides appelées "zarsé" retenues par de,
fibres et au-dessus de la paille tressée.
Il faut une vingta,~e
de personnes pour poser le toit.
Le crépissage est réservé a. ,;,
femmes qui ramassent en effet une terre spéciale,
le "boalg~'
qu'elles mélangent avec de la bouse de vache ou du crottin L
cheval ;
elles enduisent les murs avec cela.
Elles étendenc
ensuite du ferrugineux "zinka" sur le sol, répandent dessu,
"1
peu d'eau et dament à l'aide de morceaux ~e bois appelés
"silpama" i
l'opération est terminée.
Dans la maison des honunes, on ne trouve pour toU!

bilier qu'une natte ou un séco, ou une peau de vache "nagga( nga",
le carquois,
le casse-tête, des flèches,
l'arc, un grand cOGceau
l'zangoégo'' et une lance. Des petit~ sacs de gris-gris et autces
amulettes pendent au mur.
Le "pilgou"
(sorte de corbeille ovale,
faite de paille)
sert a enfermer les habits.
D'un bout a l'autre de la maison des femmes, on trouve
des petits morceaux de bois piqués au mur et destinés a recevoir
les calebasses,
les L~NSE (écuelles), les LAiSE (cuvettes en
su;;;;'
terre),
les SfU'PI
(louches).
Au fond de la maison, des mottes
de terre sèche, creusées au milieu reçoivent les YUIYA
(vases),
le D_UGDO (marmites)
sel~ant ~ la fois de malles pour les habits
et de greniers pour les produ.Lts vivriers venant des champs par-
ticuliers de la fenune.
b)
PLAN D'UNE HABITATION
A l'entrée de chaque concession les maisons qui se
trouvent a gauche sont celles des fenunes, celles du maître de la
maison sont situées à dro~te. A l'extérieur une ou deux paillo-
tes dans le genre de celle que nous avons déj~ décrite, servent
de chambres à coucher aux "DAKarPA"
(jeunes gens du sexe mas-
culin).
Le ZAKS03A
(chef de la maison)
habite tout seul.

Il ne peut, du reste,
en être autrement puisqu'il appelle ses
femmes à tour de rôle. Quant aux femmes,
elles cohabitent avec
leurs enfants en bas âge ou avec les fiancéesde leur mari en
attendant que ces dernières aient aussi leur propre chambre.
La maison d'un Naba se distinguait autrefois de
celles de ses sujets par le nombre considérable de Sugr-doto dont
elle se composait et aussi par la présence sur le faite des cases
d'oeufs d'autruche vides.
Le Mogho,
espace territorial, serait en forme cir-
culaire, Ouagadougou serait le centre, comme le piquet central
qui sert au tracé circonférenciel de l'habitat traditionnel.
Les
gris-gris et les amulettes destinés à
la protection individuelle
et familiale contre tout maléfice auraient le même but que la
voGte céleste.
Le pays mossi s'inscrit dans un cercle dont
Ouagadougou serait le point de rayonnement.
Il serait formé par
les cercles de Roudougou,
Ouahigouya, Raya, Tenkodogo, symbolisant
ainsi la réplique de l'univers cosmique.
c)
L'ESPACE RITUEL
Le masque, dans la société traditionnelle évoluait
dans un cercle initialement t~acé. De nos jours, le simple bruit
du tambour
invitant les spectateurs à se réunir,
indique en même
temps l'espace à former pour l'accomplissement du rite.
L'espace
rituel est formé d'emblée par la population elle-même.
Le masque, symbole du désir de communication avec
l'au-delà, évolue dans un univers semblable à l'habitat tradi-
tionnel, i l s'agit de reconstituer le même environnement qui
existait au début de la création du monde. Ce monde merveilleux
marqué par l'abondance,
le manque de souffrance, et le bien-être
devait être mimé, sollicité par les hommes par l'intermédiaire

du Waongo.
Tout sacrifice, tout rite, doit s'ine';rire dans le
même espace et dans la même ambiance. Avant de sacrifier, le
Timgsoba tra~
une croix
(qui s'inscrit dans un cer 'e)
et se
place au milieu pour immoler la victime.
Le Waongo avec sa planche signe l'emplacement de
la tombe en se tournant vers les quatre polnts cardinaux,
(TAORE
Nord -
PORE : Sud -
YANGA : Est -
GOABGA : Ouest), rap-
pelant ainsi le cercle,
symbole parfai t
de l'univers.
La forme rectangulaire ou carrée n'existait que
dans l'habitat des Naba. En effet, cette forme de construction
souvent avec terrasse, était copiée sur le style Djennéen.
L'univers visible
(maisons, champs, greniers ..• )
entretiendra avec l'univers invisible
(Wennam,
les ancêtres,
les
Kinkirsi, ••• ) des liens grâce à la divination et à l'action
du Waongo.
Le Moagla aU ~ !'I!ra la grâce de l'invisible en es-
sayant de reconstituer la même ambiance et le même environnement
qui existait avant le retrait de la voûte céleste.
L'Univers du Wa~ngo se situe à deux niveaux
le niveau cosmique,
lors des incantations ;
le niveau terrestre lors des évolutions chorégra-
phiques.
Le masque domine, dicte et gouverne.
C'est un état
dans un état. La supériorité du pouvoir du masque vient de sa
situation spirituelle.
L'autorité du masque est directe et s'ex-

.erce sans intermédiaire.
Elle peut tuer sur place ou à distance.
Pourtant,
le;
deux pouvoirs ont le même terrain d'~ tion.
Le
chef de la hiérarchie Mossi est le Mogho Naha.
Le souffle de la
croyance au Wango est le masque.
La dynastie des Mogho Naha a trouvé sur place une
structure bien solide basée sur le respect des ancêtres. Les
nouveaux conqu6rants, pour mieux contrôler les vaincus,
instal-
lèrent des chefs au niveau de chaque province, de chaque canton
et de chaque village, en se gardant toutefois de criser le lien
religieux des autochtones.
Le Mogho Naba est le représentant suprême
(il est
l'envoyé de Dieu)
et le gardien des traditions
(divin).
Il s'iden-
tifie au soleil. "WINTOG SAN PUKDI BI LIK ZOE BAO ZIIGA" - Quand
le soleil se pointe, que l'obscurité cherche un refuqe. Ce qui
veut dire que le Mogho Naba
sort,
il rayonne co:nme
le soleil
et domine en maître.
Il est plus fort que ses ennemis. Drapé de
son mantclau rou~e brodé d'or,
le Mogho Naba représente au Mogho
ce que le roi Louis XIV était pour la France.
Il est. imposant,
il représente la Puissance "ZIIRE",
la force "PANGA",
il a le droit de vie et de mort sur ses sUJets,
"TONGHO". Aucun homme ne doit porter le même nom que le souverain
et même son nom. Nul ne doit opposer sa puissance au Waongo.
Ces deux puissances sur place redou ten t celle de
Wennarn qui de temps en terr'ps envoi e. des avertissemen ts par des
signes cosmiques.
L'éclipse lunaire a une signification au Mogho,
les
indigènes croient, en effet, que c'est un chat qui veut dévorer
le soleil et s ' i l réussit, un gr~nd chef doit mourir
aussi
au moment de l'éclipse,
crient-ils tous de toutes leurs forces

pour chasser le chat. et naturellement ils y réussissent tou-
jours.
"La dernière éclipse du jeudi-saint de 1931, les pères
de Ouagadougou ont été surpris de vn';'r le Mogho Naba en personne
venir se réfugier à l'église durant tout le temps qu'a duré
l'éclipse. Et le père Leclercq d'ajœ"er une pointe d'ironie;
'il n'est pas habitué à faire de telles dévotions ln.
(1)
Quand c'est une éclipse de soleil,
l'explication est
toute autre. Ce sont la lune et le soleil qui se sont rencontrés
pour se disputer, et con@e le soleil est le plus fort,
les Mossi
prennent la défense du plus faible et crient pour que le soleil
lâche la lune et la laisse partir,
sinon une fois de plus, un
grand chef périra.
Ils vont de par les chemins en criant, tapant sur
des plats en chantant "NYU VOL KIUGU BASA TA LOGUE" -
"Le chat
a avalé la lune,
laisse-la partir".
Les autres signes de pouvoirs magiques sont détenus
par les SEUYA ou SONBA
(au pluriel). Mais ces derniers voient
leurs puissances élimin~es par celles du Waongo qui n'hésite
pas à utiliser son "Laré"
(hache~te magique pour tuer les sor-
ciers) .
Croire ou ne pas croire à la puissance magique des
t
WAONDO ! Quelques témoignages de quelques personnes du pays
Mossi illustrent bien la persistance de ces croyances magiques
au Mogho.
Le premiec témoignage "st:. de l'ex-président Yfu'1EO~HO
Maurice.
"Dans le village de Gounguin, une douzaine de mes g~rdes
s'étaient partagés une chèvre volée
à
une fennlle qui vint publi-
quement les accuser.
Ils lui ont ri au nez. Alors prenant cha-
(1)
Père LECLERCQ : "Lettres il Sd famille" Coll particulière de
la famille LECLERCQ à HEM près de LILLE.

cun à témoin, elle tapa du pied devant l'entrée de la case de
ses vc~eurs en appelant la foudre sur leurs "êtes. L'orage est
arrivé quelques jours plus tard.
L'un des premiers éclairs
tomba sur l'habitation de ceux qui avaient mangé la chèvre,
les
tuant
JS,
n'épargnant mystérieusement qu'u!~ :!nfant au milieu
de l'incendie. Appelez cela une coïncidence si vous voulez,
il y a tout de même des circonstances qu'on n'explique pas ... "
Ce témoignage a été tiré du nO
28 de BALAFON,
revue
touristique éditée par AIR AFRIQUE, sous le titre de"KOUDOUGOU
A LA DECOUVERTE DU.SUKOMSE" par Pierre Macaigne.
Le second récit a été recueilli auprès du Frère
Jean-Baptiste BONKOUNGOU, de la congrégation des Frères de la
Sainte Famille de Ouagadougou, professeur de la langue Moré
à l'Université de Ouagadougou,
le 8 Janvier 1978.
Le Frère Bonkoungou raconte, qu'à l'âge de quinze
SIKo~se
ans,
i l a vu lors de la fête de SUKOBSE
(SIGIMDAAM)
à Pilimpiku,
dans la région de Yako, deux Wang Moensé
(masques rouges)
se
frapper et se toucher avec èf~:; tisons, mais leurs habits ne brû-
laient pas.
Je lui ai demandé :
"Vous qui êtes catéchiste, que
pensez-vous de la pratique du masque"? -
et i l m'a répondu:
"Le culte du Wa"ngo est une croyance qui commence par la racine
(Nyangrin)
la famille.
C'est l'origine de la mort.
La mort
entraîne les funérailles pour apaiser l'âme du défunt. La reli-
gion catholique que nous avon,; embrassée vient des blancs. Ces
derniers croient que le Wa,ngo est une superstition.
La croyance
des Noirs avant l'Islam et le Catholicisme son\\: des religions
étrangères.
Il y a des choses qui ne s'expll.ljuent pas".
(1)
(1)
catéchiste Ouédraogo André de Samtaba.
(âgé de 35 ans).

-100
En effet,
i l y a des choses qui ne s'expliquent pas.
J'ai été témoin d'un f, :.t récent. C'était le 18 Décembre 1977.
J'étais invité à des funérailles à Tandaga
(village de masques
situé à trois kilomètres de Boussouma et bâti au flanc d'une
colline). Mon guide qui est de la famille des Wando de TengsoL_Jgo
m'avait prévenu que nous recevrions des coups de fouets mais que
les traces disparaîtraient le lendemain.
En quittant les lieux
après les fUné~ailles, j'avais des boursouflures sur le dos.
Le
lendemain,
je constatais leur disparition.
Le fait étonnant dont
je ne me suis pas encore remis est la disparition du masque au
milieu de la clairière. Etait-ce un tour de passe-passe? Avait-
i l vraiment disparu avec des moyens magiques?
La pratique du Wango n'est nullement une idolâtrie
dans la pensée .J2 ceux qui lui
vouent un culte. La réponse est
que c'est Dieu qui a donné le pouvoir au masque pour l'aider
dans les difficultés d'ici-bas. Car rien de ce qui existe ne peut
être sans la volonté ou la permission de Dieu.
Pour les Mossi,
il existe un univers visible et pal-
pable. sur lequel nous avons prise directement,
et que nous pou-
vons transformer. Mais cet univers est doublé d'un autre monde
invisible. Dans ce dernier,
les jeux semblent se dérouler en
même temps que l'homme agit sur le monde visible.
L'intervention
.t
de l'univers invisible peut influer sur la "trajectoire action-
nelle de l'univers visible
(1). Au-dessus de tout cela trône
Dieu tout-puissant qui surveille d'un oeil attentif ce qui se
passe sur ce monde".
"Les peuples dominés par la Terreur superstitieuse
que leur inspirent les esprits des morts,
rechercheront des
prescriptions d' apaisemen t".
(2)
(1)
"Faut-il brGler les Fétiches"? Dossier de l'Afrique Nouvelle
II au 17 Juin 1975 par l'Abbé Jean-Baptiste TEGBAO - Rencontre -
bulletin c!,~s tJrêtres et religieux en Côte-d'Ivoire.
(2)
Freud -
"Totem et Tabou"
- page 50.

Les Nynyonsé ne manqueront pas une occasion d'avouer
directement l'angoisse qu '·ilS épro:Jent devant les esprits des
morts.
La peur de la mort est partout présente. Celui qui éter-
nue pendant que l'on parle de la mort doit être appelé sinon la
mort l'emportera. Cet appel a pour u~t de rappeler l'individu
(ayant éternué)
à
la vie.
Le langage secret utilisé au cours des cérémonies
contrairement à ce que l'on dit -que tout membre de la famille
sait parler Suko dès ]~
. naissance- est enseigné aux enfants
dès leur tendre âge. C'est à quinze ans que les adolescents sont
initiés au culte du masque. On leur enseigne l'histoire,
l'ori-
gine des masques.
les interdits et tout ce -qui entoure ce rite
(les secrets).
Les sanctions ont pour but de maintenir la cohé-
sion du groupe.
Il se constitue un cercle très fermé.
L'adhésion
à
la famille des masques peut être achetée
(SUKORADSE).
Le nou-
veau membre accepte les règles du groupe.
La puissance de ce
culte vient de ses côtés hermétiques et mystiques.
Ce groupe va produire des objets de culte qui ré-
pondront aux besoins de cette pratique.
La morphologie des mas-
ques est le reflet de leur asph'dtion. Elle
est la mémoire de
cette société.
Les signes ne sont décodés que par les initiés.
o

)

-io3
CHAPITRE DEUXIEME
=-=-=-=-=-=-=-.-=
ETUDE MORPHOLOGIQUE DU MASQUE
INTRODUCTION
Il existe trois grands groupes de masques Mossi
correspondant ~ une répartition géographique.
- Les masques zoomorphes auraient pour centre
Ouagadougou, avec les cantons de YAKO, BOUSSE, KOUDOUGOU ;
- Les masques ~ lames, le YATENGA, GOURCY, TIOU,TITAO
et les masques ~ tige3 dans la région de Salmentenga (Kaya,
Boulsa, Korismoro).
Ces trois groupes de masques seraient influencés, cha-
cun, par les BWA, pour les masques zoomorphes. ·Les masques ~ lames
du Yatenga ont des traits communs avec les masques du Dogon, du
Kurumba et du Tellem, tandis que les masques à tiges, ~ cause de
leur forme phallique seraient d'influence gourmanché.
l
- LES MASQUES ZOOMORPHES
A - LOCALISATION
La prédominance de ces types de masques représentant
les animaux est située dans la région de Ouagadougou. On les re-

trouve aussi dans la région de Manga, Yako, à Korismoro. Ces
masques sont souvent de petites dimensions, ~e dépassant guère
les cir''-fuante centimètres de hauteur.
La plus grande partie de
ces masques se porte sur la tête.
Ils représentent un type d'animal et leur appellation
est une association de deux composants WANG
(de WANGO)
et le
nom de l'animal représenté.
Nous aurons donc
-
WANG-SILGA
masque-épervier
- WANG-WA.'iBA
masque-singe
-
WANG-NOAGA
masque-poule
-
WANG-PESGO
masque-mouton
-
WANG-RULGU
masque-calao
-
WANG-YANKA
masque-gazelle
-
WANG-KATRE
masque-hyène
-
WIDPEULGO
masque-antilope-cheval
- WEENABA
masque-lion
Dans la région de Korismoro,
le masque représentant
le vautour est appelé LIBGA.
Le sens de cette représentation animale signifie que
l'animal possède des forces surnaturelles que l'homme doit ex-
ploiter. Dans la mythologie du Mogho,
il n'existe pas de commllni-
cation directe avec Wennam
(Dieu suprême).
L'homme doit passer
par des intermédiaires tels que les génies rour diffuser son
message.
L'animal représenté possède des qualités morales et
physiques qui peuvent aider l'homme à communiquer avec Dieu.

~.-l,
WANG-SILGA
(masque épervier)
signifie la rapidité et la
ruse pour enlever les poussins. Etant en haut, il peut surveil-
ler le moindre mouvement de tC".lt ce qui se passe sur terre. C'est
pour cette raison qu'il a l'oeil vif et perçant.
WANG-WAMBA -
le singe est l'âme de l'être humain parmi les
animaux.
Il imite l'homme dans ses mouvements, Il représente le
monde des malins et celui des méchants
(allusion aux singes qui
saccagent les récoltes).
WANG-NOAGA représente tout ce qui est maternel. La poule
couve ses oeufs, élève ses poussins pour en faire des poules ou
co~ Ce masque représente tout ce qui a
trait â la femme.
WANG-PESGO (masque-mouton)
symbolise l'idiotie et la bêtise
humaine. C'est le monde qui n'a pas de sens.
LIBGA {masque-vautour} dévore tout sur son passage.
Il est
le symbole de la mort. Lâ oü il y a un vautour, i l y a un mort.
Il est l'origine de la création de l'homme. Dans la légende mossi
relatant la création du monde par Wennam, Dieu aurait chargé le
vautour de transporter de la glaise pour façonner l'homme. C'est
depuis ce jour que le vautour est chauve.
WEENABA
(masque-lion)
c'est le roi de la brousse. Ce qui
se passe chez les animaux se retrouve chez les humains. Le chef
est puissant, vaillant, clément comme le lion. C'est le monde de
ceux qui gouvernent les NANAMSE. Le sexe fort.
WANG-KATRE
(masque hyène). L 'hyène est l'animal stupidt'
et glouton. Ce masque exprime le monde qui profite aujourd'hui
sans penser au lendemain.

WlD-PEULGO
(masque antilope-cheval)
est l'animal royal.
C'est l'emblème du roi du Yatenga. Il exprime l'êlégance,
la ma-
jesté et la nob]~~se.
WANG-RULGU
(- lsque calao)
:
Le calao est un oiseau -oir, au
long cou qui adore avaler les crapauds. Dans l'adage mossi, on dit
que si le calao a avalé la mère, chaque fois que tu verras un ani-
mal noir, tu auras des frissons dans le dos, et tu te sauveras.
C'est le monde noir, louche, le monde des'malfaiteurs.
B -
ETUDES MORPHOLOGIQUES DE QUELQUES MASQUE ZOOMORPHES
I) WANG-SILGA ou masque épervier (récente facture)
région de OUagadougou - haut.
48 cm, rouge et blanc-
Ce masque est composé de deux grandes parties,
le
corps composé de la robe en fibres de baobab, WANG YINGA, et la
tête taillée dans un seul bloc de bois, WANG ZUGU.
Le corps est formé par cette robe noire en fibres de
baobab
et renferme le porteur de masque. Cet habit est confec-
tionné en une seule pièce. La partie supérieure tressée sert à fi-
xer la tête en bois. Le devant de la robe correspond A l'nrien-
tation faciale du masque.
On pratique deux ouvertures pour les
yeux car le masque sculpté ne couvre pas entièrement la tête du
porteur,
i l vient se poser comme un casque sur le chef du porteur.
Cette robe couvre entièrement le corps du danseur et doit traîner
au moins quarante centimètres derrière lui comme une robe de
mariée.
Les éléments rentrant dans la composition de la partie
inférieure sont d'une part le fouet dont le bout est formé de deux
branches, et d'autre part le TOABGO, ou la petite hachette magi-
que servant A tuer les sorciers A distance.
La partie supérieure
(tête)
est composée de trois

WANG - SILGA - RECENTE FACTURE -
RAYA
(SALMENTENGA)
PHOTO DE L'AUTEUR.

---108·
LE
MASQUE
SORTANT
DU
SAC

LA
ROBE
DU
MASQUE

--
,
If
,
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.."
"'" ..
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....')Il-;
' ..... '
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,
J
~
1--"
_i'. .'
....
LE
MASQUE
COOCHE

-110
WANG SILGA -
~asque Epervier -
récente facture
OUAGADOUGOU et environs
-
hauteur 48 Cm
Musée de OUAGADOUGOU
(planche Il
WEENABA (Boungninga) - Masque lion - récente facture
hauteur 57 cm -
OUAGADOUGOU et environs
Musée de OUAGADOUGOU
fig.
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,
(

parties ou de trois se~ffients. Le crane est creusé dans une
demi-sphère, le bec émerge de ce crâne, et au sommet de ce
dernier,
~es ailes, en forme de T renversé, épousent la forme
du crâne jusqu'au bec. Deux petits trous sont creusés de part
et d'autrr du bec.
La base du crâne qui est en même temps le corps de
l'animal est entourée d'une décoration circulaire composée de
rayures ou de hachures rouges sur un fon~ blanc.
Deux triangles en rouge ayant pour base les deux pa-
rallèles formées par les yeux se rejoignent par leur sommet
juste à la ligne centrale formée par le canal des ailes déployées,
tandis que la base du bec est en rouge et le bout du bec en blanc.
Ce souci de composer le masque de cette façon avec le
corps du masque s'explique dans le désir de concilier les deux
mondes,
le monde de ceux qui volent
(haut)
et le monde de ceux
qui marchent (terre). Les ailes déployées marqueraient le mouve-
ment de l'oiseau dans le ciel à la recherche d'une proie. Toute
la décoration est centrée vers l'avant du masque, ceci pour mon-
trer l'importance du regard.
L'épervier attrape grâce à sa vue
perçante. Ce masque peut donc aider l'homme à percevoir le gibier
à distance et pouvoir l'atteindre en un temps record.
Cette représentation veut symboliser l'essentiel, à
savoir le bec, la tête qui est le spectacle de tout,
les ailes.
Associé à
la musique,
le masque trouve son ambiance
pour entrer dans la sphère de l'action qui est celle de la chasse.
2)
WEENABA ou masque-lion
(facture récente)
hauteur : 57 cm -
couleurs
: rouge et blanc.
Ce masque vient de la région de Ouagadougou et de

ses environs. Ce masque est exposé au Musée de Ouagadougou. La
tête est taillée en une seule piê~~. Le museau, le cr~e et le
cou constituent les trois parties de cette composition. Le cou
serait le prolongement de la robe qui habille le porteur. Le
corps de l'animal s'identifie à ce.
i
du danseur. La partie es-
sentielle qui nous intéresse est celle de la tête sculptée. C'est
elle qui nous indique la nature de l'animal et le message qu'elle
veut diffuser.
La partie supérieure du museau supporte le nez de
l'animal, en forme de prisme triangulaire, de part et d'autre se
trouvent deux formes en relief servant d'yeux.
Des dents retien-
nent la partie supérieure à la partie inférieure. Deux oreilles
en ovales sont accolées de part et d'autre du crâne. La base du
cou est semée de trous servant à fixer la robe.
La décoration est faite de triangles et de hachures
peintes en rouge, les intervalles sont en caolin.
La partie su-
périeure et les oreilles sont en rouge.
La crinière également.
Des clous relient la partie inférieure à la supérieure du museau
évoquant ainsi les crocs de l'animal.
Sculpture réaliste et stylisée, elle symbolise l'at-
titude de l'animal en action, le museau ouvert,
les yeux exorbi-
tés,
les oreilles largement ouvertes, et le corps trapu,
s~nbole
de la puissance, de la force,
de la domination totale.
Ce masque est d'influence bwaba et gurunsi.
Il sert
à mimer les scènes de la vie,
surtout celles de la chasse.
Plus
tard, nous retrouverons cette expression plastique dans les mani-
festations folkloriques du dodo. (1)
3)
WANG-WAMBA ou masque singe - haut.
42 cm -
rouge
blanc et noir - Musée de Ouagadougou.
(1)
Le Dodo est une imitation carnavalesque des masques.
Il est
une manifestation de jeunes gens qui mendient devant chaque
maison. La représentation n'est pas gratuite.
Les danseurs se
produisent moyennant une somme d'argent.
(Mémoire de Maîtrise)
(p.
86).

.,113 ° 0
P.lanrh~ II
fig.
nO
3
o.
tr~'s
;:j~C.Le'l
(hauteur
42 cm)
OUAGADOUGOU et envi~ons
(Musée de OUAGADOUGOU)

Ce masque zoomorphe est une production de la région
de OUAGADOUGOU et de ses alentours
Il est difficile de préciser
l'époque de sa fabrication. D'aprês le Directeur du Musée, i l est
d'une facture ancienne.
De prime abord ce masque représentant le singe a des
traits anthropomorphes. La concavité du visage traduit la face
morphologique du singe. Tout est composé de formes en croissants
lunaires: le crâne, le cimier, la face.
Deux petites oreilles
ovales sont fixées de part et d'autre du crâne. Au bout du nez
triangulaire, deux petites ouvertures triangulaires lui servent
d'yeux.
Les petits trous ronds à
la base du crâne servent
à relier la robe à la tête du masque. Quant à la décoration som-
maire, elle est faite de triangles et de hachures pyrogravées en
rouge et blanc.
Le cimier avance en pointe et épouse la for:ne de
la face.
Une échelle parcourt les deux côtés latéraux du nez
symbolisant ainsi les cicatrices du personnage.
Le seul é li"ment
qui peut nous conduire à déterminer le sexe de l'animal e~t le
cimier. En effet, les femmes Mossi ont une coiffure en forme de
cimier. Seules les femmes portent des scarifications sur les deux
joues.
La même scarification en forme de rail entoure le visage.
Le singe est l'animal totémique de certaines famil-
les.
La guenon symbolise la femme ; elle est sensée apporter la
fécondité aux femmes de la famille.
La face en croissant lunaire
évoque le sexe de la femme. C'est aussi le symbole de son cycle
menstruel.
En Moré, en parlant de la venue des règles de la femme
on dit "qu'elle a tombé la lune"
(A WIYA KIUGU).
Ce masque est porté pour attirer les faveurs de

WENNAM sur la famille, on demande à l'animal totémique d'inter-
venir auprès d- Wennam pour apporter la f~condité dan" la famille.
Il est l'animal qui morp~ogiquement est le plus
p roche de l ' hon.
4)
WANG YANKA ou masque de gazelle
Les types de masques symbolisent le même animal, ~
savoir la gazelle.
Ils vont traduire l'évolution de la représen-
tation animale dans la composition des masques.
Les deux premiers masques
(nOs l
et 2), en bois,
sont d'une fabrication ancienne, et de la même région,
toujours
OUAGADOUGOU. Ces spécimens sont entreposés au Musée de OUAGA.
dans la localité de YAKO.
Les deux têtes sont pourvues de deux
longues cornes, d'un museau proéminent ou plutôt d'un bec; deux
yeux cylindriques spnt au-dessus du museau pour le nO ~ et de
part et d'autre du museau pour le second. On note l'absence des
deux oreilles sur la tête nO 2. Par contre, au sommet du crâne,
un oiseau stylisé se penche.
Il a une tête ronde, un cou cylin-
drique et le corps en forme de losange.
La différence des deux têtes réside aussi dans la
sculpture des cornes.
Les cornes de la première tête partent du
sommet du crâne,
tandis que celles de la seconde prennent source
à proximité de la jonction du museau et des yeux.
La crinière prononcée de la seconde tête indique le
sexe masculin de ce dernier.
Les décorations en spirale des cornes accentuent le
réalisme de ces dernières.
Le bout des cornes est en rouge,
le
blanc et le rouge se juxtaposent pour marquer le contraste ; ces

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de
L,:JAGA.J:
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hauteur
:
51 cm
couleurs :
rouge,
noir et blanc.
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'
m,::; qJ e
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_
~HJr\\Gr-.::!I}GrJ': et environs
(~usée de 8uagndoJgou 1 •
hauteur
48 cm.
1

Planche IV
nO 3 - WANG-YANKA - masque gazelle - récente facture
hau teur :
60 cm
OUAGADOUGOU et environs
(Musée de Ouagadougou)

Planche V
nO
4 -
WANG-YANKA -
masque gazelle - hauteur
57 cm
récente facture -
région de YAKO
(Musée de Ouagadougou).

différentes surfaces colorées sont dél~\\itées par des traits
pyrogravés.
Les siqnes décoratifs sont toujours les triangle~;,
les hachures et le demi-cercle.
La trois'
~e tête d'une facture récente s'insc T
dans
un rectangle. Les trois segments forment un T. Le museau et les
cornes sont sur la même droite, tandis que le cr~ne taillé per-
pendiculairement se prolonge avec la robe en fibres de baobab.
De la composition de cette tête émanent deux formes.
Les cornes se veulent réalistes, elles sont sculptées en spi-
rale et sont beaucoup plus proches du modèle.
Le museau, le
crâne et les oreilles sont d'une exécution sommaire. Deux formes
ovales peintes évoquent les yeux.
Le museau entrouvert s'inscrit dans un prisme rectan-
gulaire. Seule la partie supérieure est décorée de triangles.
La tête nO
4 d'une hauteur de 57 cm est de couleurs
rouge et blanche, d'une composition élégante et stylisée.
Le
crâne forme une demi-sphère,
le museau est conique, deux cornes
en forme d'arc s'inscrivent en V~ Deux oreilles à base triangu-
laire et terminées en pointe.
Le tout dans une sculpture faite
de lignes droites et de courbes.
Les surfaces décoratives sont
le sommet du crâne, la base et les bouts des cornes, le lobe des
yeux,
la base circulaire du crane parsemée de trous qui servent
à maintenir la robe,
la partie supérieure du museau avec ses lo-
sanges. Cette décoration en rouge est sommaire et géométrique.
Une alliance de rouge et de blanc est une composition équilibrée
avec une décoration parfaite. Cette tête fait penser aux masques
BAMBARA du Mali.
De la représentation zoomorphique de la gazelle avec
un souci de décoration, nous assistons à une évolution de l'é-

liiIIi1itiI
~
puration de la forme du masque. Un agencement fait de courbes
et de droites ~voque cette élégance, la douceur et la noblesse
de la gazelle.
5)
LE \\._ ..~G-RULGU ou masque calao - hauteur 40 ...m
couleurs : rouge et blanc - Musée de Ouagadougou.
Nous retrouvons plusieurs représentations du calao
surtout dans la région de OUagadougou et ses environs.
Les pre-
mières représentations sont une alliance d'oiseau et de mam-
mifère. Ce masque porte des cornes. Seul le bec effilé surmonté
d'un appendice corné évoque le calao. Le n° l
est muni de deux
petites oreilles et les yeux sont des ouvertures carrées.
La
crête est en forme de cLmier. Cette représentation est anté-
rieure à celle de la photo nO l
qui est composée de trois seg-
ments :
-
le bec avec son appendice corné ;
-
la forme sphérique du crâne ;
-
les ailes déployées sur ce crâne.
Cette dernière représentation se rapproche de celle
de l'épervier décrite plus haut.
Le calao est un oiseau mystique dans les contes Mossi.
Le calao est un oiseau destructeur de serpents et
d'insectes nuisibles.
Il tient une place importante dans les cro-
yances et les rites des populations animistes.
En pays Sénoufo,
i l est le délégué de Dieu Créateur et le symbole de la Fécondité.
Dans la région soudanaise, il constitue un déguise-
ment subtil aux chausseurs pour s"approcher du gibier: un bec de

Plunche VI
.•.-- 1.
-
~.. _~-'
----...,.
WANG-RULGU -
masque calao, ancien -
OUAGADOUGOU et environs - Musée de OUAGADOUGOU
...
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
WANG-RULGU -
masque calao, ancien -
haut.
40 cm
OUAGADOUGOU et environs -
Musée de OUAGADOUGOU

Pla.nche VII
WANG-RULGU - masques calao -
rêcentes factures

:.
MASQUE
CALAO
KAYA
PHOTO DE L'AUTEUR

calao fixé sur la tête, le chasseur avance à quatre pattes en
contrefaisant "
démarche de l'oiseau et trompe la m~~iance des
troupeaux de gazelles ou d'antilopes.
6) LE W'»PEULGO ou masque antilope-cheval, tl
ancien
en bois, de la région de OUagadougou (conservé au
, ,i,
Musée de OUagadougou).
La première représentation est très ancienne. Nous
retrouvons les trois parties de cette sculpture
le museau en
forme de bec, les cornes en arc, la tête et les oreilles# le
tout décoré de rouge et de blanc, limité par la pyrogravure.
Le museau est ouvert à la base et fermé au sommet.
Il s'inscrit dans un cône. Sa base est décorée d'anneaux paral-
lèles. Puis d'une succession de triangles. Dans le sens de la
longueur du museau, deux rangées de triangles.
- crâne : deux oreilles en ogive sont accolées aux
cornes. La crête ou la crinière se prolonge avec le museau sépa-
~\\
rant ainsi les deux yeux cylindriques. Trois rangées de trois
traits issues des oreilles se prolongent jusqu'à la base du
~
~
crâne. Dans leurs intervalles, deux rangées de triangles pyro-
~
gravés.
J
î
- Deux cornes en forme d'arc partent des oreilles.
~
»
Elles sont en mauvais état. Leurs bases sont décorées de rayures
S.:.
parallèles : et faisant suite à ces hachures, des rangées de tri- ~w
angles sêparêes par un trait mêdiant.
r
La seconde tête qui est d'une fabrication récente
l
s'inspire beaucoup plus de l'ancienne tête. La forme du crâne,
l'allure des cornes, la taille de la bouche, l'expression des
yeux, la forme allongée des oreilles ont des liens indiscutables
avec le modèle. Quant à la décoration, elle est faite d'applats
:

~ 1 :: l' f: ULG~ -
: ',ï 5"'...J e
'1 .... t : lO;J I~ - ': ", ': V 1 l,
Planclie VIII
(Mus/~e rie iJ'J')9·ïrlO :;:)'J~.
',n OP CU LGO - ma S::l'.:l e an t i.lope-chevel
récente
fac.td ... -
Ouagadougou
(Musée de Ouagadougoy)

1
1
~r
de couleurs rouge et blanche. Le museau reprend les mêmes déco-
l..tions,
les cornes aussi.
Cette sculpture garde un coté très stylisé. En effet .
i i Y a moins de rondeurs.
L'artiste joue ~vec des surfaces planes.
Le wrDPEULGO est l'animal royal.
Il est l'emblême
de l'Empire du YATENGA.
Les masques zoomorphes que nous venons de décrire
~
ont des traits incontestables avec ceux des BWA. Les Mossis
~
s'inspirent de leurs voisins les BWA et les GOURONSI : les trois
t
photos extraites de la Revue "MASKS OF BLACK AFRICA" de Ladislas
S
SEGY témoignent de l'influence directe des BWA sur les masques
i
;
zoomorphes du MOGHO.
La structure est la même ;
la seule variante
~
~
est la décoration.
~
~~
Ces masques zoomorphes sont portés lors des festi-
,,
vités agricoles
:
les différents stades de la saison, en cornmen-
,
çant par le défrichage,
les semailles et les récoltes. Ces céré-
!:
1.:
monies ont pour but de sacraliser la Terre pour la rendre fertile, ~
attirer la bonne grâce divine pour le mQrissement des épis et
~
éloigner tout fléau qui pourrait nuire à la récolte. C'est une
~
r'
louange aux propriétaires de la Terre qui sont les ancêtres.
\\
~
Chez les BWA, la fertilité du sol peut être assurée t
par l'existence pacifique des ancêtres qui sont morts et enterrés. N
Le but de ces rites est de procurer cette assurance.
~
»
~;
Les LIULI-WANDO ou masques zoomorphes appartiennent ~~
à une famille.
Ils sont des masques totémiques. Dans ces genres
f,
de masques il y a un pacte entre l'animal et la famille gardienne ~tt<
'c'-

1
de ce masque. Qu'il s'agisse du lion, de l'antilope, du calao,
etc •..
l'animal est A l'origine de la famille.
1
Il Y a un mythe expliquant l'origine de la famille
t
qui se greffe autour de r
t animal.
Dans la sculpture zoomorphe il y a toujours un
fond anthropomorphe pour marquer cette alliance du monde animal
1
r-
et celui des humains.
Ce mythe se retrouve chez les peuples voisins des
Mossis tels que les BWABA et les GURUNSI : L'exemple de la fa-
mille BAZIE. L'ancêtre BAZIE avait quitté son village A la suite
d'une calamité naturelle. La sécheresse et la famine sévissaient
dans son village. BAZIE partitA la recherche d'une terre fertile. "
Chemin faisant i l rencontre un animal qui lui sera salutaire :
l'Antilope. Celle-ci dans son attitude lui semble familiale et
semble l'inviter A le suivre. Traversant monts et vaux BAZIE
remarque de loin un marigot avec de l'eau
(Volta Noire). Entre
le marigot et la colline s'étend un terrain fertile et l'antilope
disparaît mystérieusement.
L'ancêtre a une indication surnaturelle. Il offre
des sacrifices à la colline et s'installe. L'antilope devient
grâce A ce récit un animal protégé. Grâce A lui la famille BAZIE
a pu survivre et continuer la génération. Lors de la fête des
masques on offrira des sacrifices A la Terre, A la Riviêre et A
la Brousse. A chaque autel correspond Antilope
(Brousse), Serpent
(Terre), et Crocodile
(Rivière).
(1)
-
C -
REPRESENTATION ANTHROPOMORPHIQUE
1.
1
La représentation anthropomorphique
(représentation
,
(1) M. VOLTZ -
Introduction au langage des masques Voltaiques dans~
les annales de l'Université de OUAGADOUGOU. CLU N° ~~

1
.-tu
humaine) est rare au niveau de OUAGADOUGOU, mais on rencontre un
masque appelé MBA LOUND~ personnage mythique de la ré9ion de
BOUSSE. Malheureusemenl nous n'avons pas eu d'explications satis-
faisantes concernant ce masque.
La représentation humaine n'est souvent qu'un per-
sonnage complémentaire sur le masque.
Il MBA LOUNDA _ masque récent de la région de BOUSSE
haut.
46 cm -
rouge et blanc - Musée de OUAGADOUGOU
M'BA signifie "mon père", c'est le titre qu'on donne
à un personnage agé en guise de respect.
La représentation ancienne nous offre la tête d'un
personnage munie d'une coiffure en forme d'ailes déployées au som-
met du crâne.
Il a un visage convexe, une bouche proéminente,
deux petites oreilles et deux petits yeux cylindriques. Le nez se
prolonge sur le crâne et se divise en raie et forme ainsi la
coiffe du personnage.
La récente facture de M' BA LOUNDA de BOUSSE est munie
de deux
cornes d'antilope, un chevron médiant en dents de scie
suggère le nez,
la bouche et la barbe. Les yeux sont indiqués par
deux trous de chaque côté de la crête.
Au-dessus des oreilles
nous remarquons deux petites boules munies d'orifices qui symbo-
lisent aussi les yeux du personnage mythique.
Un autre masque de la région de YAKO illustre le
même personnage. Ce masque est récent étant donné la fraîcheur
de la décoration et de sa structure beaucoup plus géométrique.
Comme la première tête,
i l est muni d'une crête en
forme d'aile;
le front avance, deux yeux cylindriques.
Les oreille

l
P anche;X
~ c. " ,~; : ~:,::' 1,; &.6. '" '1..:,,1 '3 i::: - ha u t è U 1." : .; G cm
( .. ...J':i:c::
I~~ '.J:J ,-J.).;;,) d
i~'~l';
LCU~JDA -
~.:;sque pl1rSonn3ge
n 0 2
myt'1ique.
Clncien
-
hauteur~42 cm
O~AGA~OUGOU
et env~ron
('1usée
de
OUAGADOUGOU)

.--1 3° \\
Planche X
r~ 'B,'\\ LOUNOA - pc: s:,nn:l]'
mythiqlJe
n0 3
r <: C F' n te
f;3 c tUA ca. -
Yli " a
(~"usée de 8uagi3do l lgou)
..
1

Planche XI
r(...;~nt.~ f.:lctttAt.. -
~JUSSE
(Mus·~e ~e OU333dougo~)

parfaitement rondes constituent la tête. Une barbe bien taillée.
L'ensemble est décoré de rayures. La barbe est faite de hachures.
Un trait obJlque parcourt les joues, et pour cernel, le visage
deux traits parallêles partent du front pour aboutir à la barbe.
La décoration
'u segment au-dessus de la tête est f;'te de deux
rangées de triangles en rouge donnant naissance à une autre forme
de dessins en losanges peints en blanc.
L'origine de ce personnage reste imperceptible.
Viendrait-il de la brousse ou du ciel? La premiêre et la troi-
siême photos montrent qu'il y a une alliance entre l'homme et
tout ce qui vole, ou tout ce qui vient du ciel. Ce personnage
serait-il descendu du ciel pour vivre au milieu des humains?
Le second masque recêle plus de mystêre. Ce mystêre
est accentué par la présence de deux petits "phares" situés
au milieu du crâne.
Il est un "animal-personnage-génie". Des
deux orifices d'oU émanent les canaux de communication avec l'au-
delà nous font penser à la représentation de Moïse tenant le
décalogue dans l'Ancien Testament.
M'BA LOUNDA peut être interprêté comme le symbole de
la symbiose entre les humains -
les animaux et les ancêtres.
2}
LE LIBGA
Il est un masque de la région de BOUSSOUMA-KORISMORO.
Il m'a été impossible de la photographier mais j'ai pu le fixer
dans ma mémoire. Ce masque est três simple, la tête est ronde,
au-dessus de celle-ci se dressent des cornes de petites dimen-
sions, quarante centimêtres environ.
Les yeux sont deux trous
ronds entourés chacun d'un carré rouge.
Le col de la robe est
rouge,
tandis que le reste est noir.

pL:nche XII
L E
LIB G A (KORISMORO-TENGSODOGO - OUEDSE)
f


1
.,".i
Le LIBGA est le ~etit mas~ue de la famille SAWADOGO
de TENGSOBDOGO
(Korismoro)
e'
dit-on le ~lus rapide. Son arrivée
A TENGSOBDOGO ne date pas de si longtemps.
Il est le dernier
venu du Panthéon des Masques de Korismoro. Son importance n'est
pas tellement grande car il e
destiné A la protection des
jumeaux.
Il est leur "couverture". Avant son arrivée, les jumeaux "
,~­
ne vivaient pas longtemps. Après diverses consultations, on fit
appel au LIBGA. En Juin 1958, ce type de ,masque est adopté par
la volonté du Tengsoba.
3) LE NABA YAMBA
Il est l'ancêtre des masques de la région de
KORISMORO BOUSSOUMA.
Il est le chef des masques et n'apparaît
qu'A une occasion exceptionnelle, c'est-A-dire A celle des funé-
railles d'un Tengsoba. Le NABA YAMBA a quatre faces comme la
tête de Janus. J'ai entendu dire qu'il pouvait prendre les traits
d'un vautour et lorsqu'il apparaît en public, nul ne sait où i l
se dirige. Les quatre tourbillons qui l'accompagnent sont provo-
qués par les NYNYONSE. Celui qui a été frappé d'un tourbillon
en meurt.
Le NABA YAMBA est aussi le masque des chefs de la fa-
mille des WANDO. Chaque famille aurait ainsi son NABA YAMBA.
On
rencontre le NABA Yk~BA dans les villages de SALAGUI, de TANLOUKA,
de GALVARE et de TANSEGA. Le NABA YAMBA ne doit pas aller à
l'étranger.
Il délègue plutôt les masques de second rang.
Les formes de masques tirées de la nature sont prêtes
A l'animation.
Le masque n'est qu'un instrument de métamorphose,
appliqué sur la face où les énergies instructives se coulent,
prennent la forme et le pouvoir.
Elles sont une protection sur
la réalité d'un être supérieur qui illumine le déroulement zoo-
logique des situations humaines.
II -
LES MASQUES A TIGES

Les masques ~ tiges sont localisés dans la région de
PELA
(Fada Ngou~a), et dans celle de Salmentenga (KAVA, BOULSA,
KORISMORO). Ce~te région est voisine de celle de GOU~~.
(
Ils
. t appelés ZUWOKO ou LIBGA à KORISMOFBOUSSOUMA
i'
et GUR-WANGO dans la région de BOULSA.
Ils se distinguent des masques à lames que nous étudie-'
ront plus loin par leur structure longue et cylindrique. La face
est beaucoup plus importante et convexe.
Ils sont dépourvus de
cornes, et d'oreilles.
Ils ne sont ni zoomorphes ni anthropomor-
phes. Nous découvrirons leurs particularités en étudiant quel-
ques photographies de spécimens, ainsi que des croquis relevés
à Korismoro.
Qu'ils s'appellent Gur-wango ou Zuwoko, ils ont un
trait commun, cr est la longue robe noire faite de Viudu, qui
doit trainer au moins jusqu'à cinquante centimètres derrière le
porteur.
Ils sont aussi les masques des jeunes.
D'aspect général, le masque à tiges se présente ainsi
-
le corps qui est composé de la robe qu'a revêtu le
porteur en-dessous :
-
le leggua (la face)
:
-
le loggo
(tête).
Sur la tête pendent deux cordes au bout desquelles
est attaché un tim (gris-gris)
composé des intestins d'un
Moraogo
(Mo de Moaga -
raogo : sexe masculin)
qui forment le
ZOUMBRI. Autrefois, ce tim était composé des entrailles d'un
Moaga, puis d'un Peul à cause des propos malveillants tenus par
le SILMIGA.
Le sommet du loggo est en forme de champignon. L'en-
semble prend l'allure d'un phallus.

planc~e XIII
%~ WOI<<)
Très ancien masque de
TENGSOBDOGO-KORISMORO
ou LEG-BARAMA
(masque à face
longue) .

Planche XIV
TENGSOBDOGD-KORISMORO
(OUEDSE)

.~3~ .
ZUWOKO
MASQUE
PHALLIQUE
LA
SEULE
PHOTO
REUSSIE
PfiOTO
DE
L'AUTEUR
1

Planche >.:'1
~asque en action de danse
funèbre.
KORI5MORO-OUED5E
ou

Le porteur tient à sa droite un Dandé
(fouet)
et
à sa gauche un Kaigua
(couteau).
A -
LES GURWANDO de la REGION DE BOULSA
Le terme "Gurwando" est composé du mot Gur -de
Gourmanché ou Gurunsi- et du terme WANDO. Cela s'explique par
l'influence Gurunsi et Gourma exercée sur les masques du Mogho.
La premiêre influence semble plausible à cause de la situation
géographique de la ville de Boulsa qui fait frontiêre avec
l'empire Gourmantché. On retrouve les mêmes types de masques à
PELA (village proche de Fada).
":(
1) Le Gurwando
(Photo nO 1)
: masque en bois, polychrome ~[
avec coiffure et costume en raphia.
Ici,
la reproduction du masque est incomplête. Il
manque la tige plantée au sommet du crâne. Cette tige atteint
parfois un mêtre cinquante de hauteur. Elle est cylindrique et
habillée d'une couverture faite de fibres d'écorces de baobab.
Quant au visage,
il est taillé dans un tronc d'arbre.
Ce demi-tronc est creusé dans sa partie qui couvre la tête du
porteur et lui confêre un visage convexe.
La partie supérieure
qui reçoit la tige est en forme de capuchon.
Elle est peinte en
rouge, et représente le front.
La partie inférieure peinte éga-
lement en rouge représente le menton. Le chevron médian qui des-
cend de la coiffe à la limite du menton forme le nez. C'est à
travers les deux ouvertures latérales et rectangulaires que le
porteur peut se guider. Elles correspondent exactement aux yeux
du danseur.
Les petits trous en bas du rebord de la coiffe ser-
vent à maintenir la coiffure de fibres d'écorces de baobab, ou
de berencé.
A Boulsa, Denis
(1) m'a fait savoir que le Gurwango
(1)
Denis, bien que catholique, appartient à la société secrète
des masques.
Il en est l'animateur principal.

Planche XVI
nO 1:--
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ancien
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...

à la structure abstraite a pour origine Boulsa. Tibin (un des
qu~~tiers de Boulsa) est le premier lieu 0~ les génies sont
descendus du ciel par une étoffe. Ces mystérieux personnages
jouaient au WARE
(sorte de jeu de dames). Un chasseur les a
sur~_~s, et pendant que les Wando voulaier·
regagner le ciel,
i l coupa l'étoffe, et l'un d'eux resta sur terre. Pour savoir
s ' i l pouvait vivre parmi les humains, on le soumit à
l'épreuve.
On lui donna une jeune fille comme épous~. Cette jeune femme,
avec la complicité des gens du village, voulut lui arracher la
parole. Pour préparer le Saghba
(pâte de farine de mil accom-
pagnée d'une sauce), elle mit deux pierres afin de constituer
le foyer sur lequel elle poserait la marmite. Cette dernière
culbuta à plusieurs reprises.
L'être mystérieux lui conseilla
de poser trois pierres en triangle, après un éclat de rire. Ainsi
i l lui serait plus facile de poser sa marmite. De cette union
entre le mystérieux personnage et la jeune fille naquirent les
descendants du Wango.
Tous ceux qui sont descendus du ciel peu-
vent participer au culte du Wango. C'est pourquoi les Nyonyosé
peuvent assister aux rites secrets du masque.
Que le sommet du masque ait une forme phallique
dressée vers le ciel, que le visage abstrait
(mystère)
ait l'ap-
parence d'un visage humain,
le but du Wango est de relier ce
qui vient du ciel à ce qui vit sur terre.
L'acte sexuel à la
suite duquel résulte la vie passe par des mystères inéluctables.
Il est générateur de vie comme la vie est complément de la mort.
Le masque sert de barque de passage entre le séjour des vivants
et celui des morts, entre le séjour des morts et celui des vi-
vants, par la réincarnation des ancêtres dans les enfants qui
vont naître dans la famille.
Cette image rappelle la mythologie
égyptienne par cette idée que le défunt est porté horizontale-
ment par deux personnes qui courent, se balancent et repartent
en courant comme pour signifier le mouvement de la barque sur
les flots,
la proue symbolisant la tête,
la poupe, les pieds.

.,"
2)
LE GURWANGO de la r~qion de Boulsa (photo nO 2)
hauteur : 2~8 cm (totalit~)
hauteur du masque : 81 cm
c'est un grar
masque polychrome en bois, avec coif
fure et costume en raphia.
Il a une place de choix dans le
Panth~on mossi et n'est exhib~ qu'un fois par an pour c~lébrer
le nouvel an.
Nous avons un aperçu par la photo nO 2, d'une tête
de masque avec sa coiffure.
Le visage est de composition rec-
tangulaire,
les yeux sont compos~s de quatre ouvertures rectan-
gulaires
(sexe féminin).
Le chevron médian est une succession de
petits triangles.
Il est peint en rouge et blanc.
3) LE GURWANGO
(photo nO 3)
De bois, polychrome avec dominance de rouge, c'est
le plus curieux des masques de la région de Boulsa. Malheureu-
sement, je n'ai pas pu obtenir de renseignements concernant ce
singulier masque. Arrondie à la base,
triangulaire à son sommet
qui supporte la structure, deux trous circulaires en guise
d'yeux et un demi-cercle accol~ au milieu du visage, voilà la
composition géométrique de ce gur-wango qui est antérieur aux
deux précédents. J'espère que des enquêtes futures apporteront
plus de précisions sur ce masque.
B -
LES ZUWOGDO de BOUSSOUMA-KORISMORO
Zuwoko est le nom donné aux masques à
tiges à cause
de la taille de la tête -zu : du mot zugu qui signifie tête en
Moré, et woko qui veut dire long.
ZUWOGDO est le pluriel de
ZUWOKO.

Planche XVII
C;LJ t( -WAN&jj -
aç,Te?
(,noG,i ~h
nO
2
!3QlU L SA
(Nus~e
de
n uaJa .)

,
". (.. ',

Planche XVI1I
GUR-~~~Gù tr~s ancien
~o
3
:::..:..----..:::.-
r~gion
de
!30UL3A
(Husée de
QUAGA~a'JGOu)
.- ~_N~ -""-""""r-'- - .. _ .

Planche XVIII bis
GUR-WA~GD SAJLGA tr~s ~~cien
r'~gion de l:JOULSA
( Mus f~ e d e :J' i AGA8 ] 1 l GJ U )

Ces masques s'apparentent à leurs cousins de Boulsa.
Leurs visages sont moi~s importants que ceux des Gurwando de
Boulsa. De forme trap~zoidale, le sommet est plus large que la
base. Deux ouvertures rectangulaires verticales forment les
yeux.
Il n'existe pas
segments médians comme sur les masql
-1
''"1
à lames et le Gurwando de Boulsa.
~i~I~1
~~i
~t
On indique souvent à la peinture rouge ce segment
~f
fI
médian. La variation est due aux divers dessins. Sur un masque
~!
à tiges de la région de Zigua, le visage est orné de cette
1\\
façon : au-dessus des trous rectangulaires, on trouve deux autres 1
r., ,
ouvertures similaires mais de petites dimensions. Elles sont en- ~t
tourées de peinture rouge. Deux bandes rouges forment le nez
~I
et la bouche.
Le visage est peint en blanc. Les yeux sont entou- ~l
.1
rés d'un rectangle rouge, des traits en rouge relient les deux
~!
;' !
ouvertures.
*,;
,':
.
~, .;
,
i:1
liN
L'origine de ce masque est GUI~GfU (village natal
de SAWADOGO, à quarante kilomètres de OUagadougou). L'ancêtre
des SAWADOGO est allé voler le Burnbu (masque). Cette famille
est originaire de Ouedsé
(Korismoro). Le masque apporta la
fécondité
(rogem).
Il y eut Sikou, puis Sikbila (1).
La tante
,.Il
"j
f
Pendo affirme qu'il n'y aura plus de fécondité si l'on abandonne,
la pratique du Siku
(Wango) dans la famille.
III - LES MASQUES A LAMES
Les masques à lames sont les masques les plus connus.
Ils sont utilisés par les populations suivantes : les DOGONS,
les MOSSI,
les BWABA, les BAGA de Guinée et les GURUNSI.
Les masques à lames sont localisés dans la partie
Nord-Ouest de la Haute-Volta. C'est l'ancien Empire du YATENGA.
(1) nom donné aux enfants obtenus grâce au sacrifice fait au
masque.

Cette rêgion s'étend jusqu'! la falaise de BANDIAGARA (Mali),
,toyant ainsi les DOGONS.
Les masques Mossi établis au Sud des DOGONS se car ac-
t(
.sent par leur visage stylisé, ovale,
·lanc sans bouche et
par deux trous triangulaires à la place des yeux. Une nervure
centrale en guise de nez, des cornes étroites et des oreilles
d'animaux. La superstructure correspond ~ une haute lame, lisse
ou à entailles. Ils sont très hauts et peuvent atteindre deux
mètres.
Ces masques sont connus sous le nom de KARANGA au
singulier et KARENSE au pluriel.
Un autre type de masque à lame connu dans la région
de KAYA (SALMENTENGA) est le VOURI.
Il existe aussi des masques à lame
à plusieurs
branches dans la région de Kaya comme en témoigne la photo nO 5.
A) LES KARENSE
1) KURUNGA
C'est un masque très ancien de la région de OUAHIGOUYA
(YATENGA), d'une hauteur de 1,20 m, rouge et blanc. Il est zoo-
morphe et comporte trois parties dans sa description
- Le corps composé de la robe en fibres de baobab :
La tête zoomorphe représente un animal à la gueule
ouverte. Elle est munie de deux cornes et de deux yeux ronds.
Nous notons l'absence des oreilles.
La superstructure
: une planche décorée de quatre
sêries de triangles faits de noir et de rouge.


P lëlnci"le XIX
~URUNGA
très
anc~en
OUAHIGJlIYA
(Yatengal
nO l
)
". ~....--,~_.1 Mu s s.e de O~A~D.J~Qll ...

Ce masque est très rare.
Il est le seul à avoir une
if
tête figurative.
Il pourrait être l'ùn des premiers KARENSE de la
~;1.,
région de OUAHIGOUYA.
""
f'<,~:
~ '
2) LE KARANGA
(photo nO
2)
: masque en bois
~; )
"". ,
",
Col.
partiëuli~
SCHMITTER (Chantilly)
iI,"1
~.l
"i
Ce masque est très grand. Il peut atteindre les deux''';
mètres.
Il est alors appelé KATENKARENGA qui veut dire plus grand
'.1,.,
que le KARANGA. Outre la robe en VruDU ce. masque se décompose en
deux segments :
-
La tête est ovale, la face convexe- Deux trous
triangulaires séparés par une arête médiane lui servent d'yeux.
La tête est dépourvue d'oreilles. Les cornes en forme d'arc sont
grandes.
-
La planche située derrière les cornes se divise
elle aussi en trois parties
:
• La partie inférieure qui est pleine et décorée en
damier est appelée le pied.
• Le corps est ajouré et découpé à claire-voie, dé-
coré de triangles blancs, rouges et noirs.
• La tête est composée de deux triangles s'emboîtant
par leur somme t.
Les cornes recourbées marquent le sexe du masque qui
est ici du sexe féminin.
Le masque le plus intéressant à étudier est celui de
la collection SCHMITTER - Chantilly. Ce masque est resté intact

Planche XX
KARANGA -
MASQUE
MOSSI
POLYCHROME-
COLLECTION
SCHMITTER -
CHANTILLY -

dans sa forme et ses décorations.
Ce masque est de la province de YATENGA. C'est un
masque totémique polychrome, appelé KARANGA. Le visage représente
la tête de l'antilope Koba
(qu~ est le symbole de la reine mère).
Il est surmonté d'un grand totem à
trous symétriques.
Il a un
mètre quatre-vingt de haut.
-
La tête est zoomorphe et possède deux cornes
droites.
-
La face est concave, parcourue par un chevron mé-
dian. Deux trous circulaires cernés de noir indiquent les yeux.
La superstructure est composée de trois segments :
le pied qui est cylindrique,
le corps et la tête qui sont un tri-
angle renversé sur le sommet.
-
Le pied relie la tête à la planche qui est le corps
du totem.
- Ce corps est divisé en deux parties dont la partie
inférieure est la plus grande. Cette partie inférieure est composé~
de dix triangles ajourés se répartissant en cinq de chaque côté.
Elle est composée aussi de deux demi-cercles ou croissants lunai-
res.
Leurs correspondants sont des surfaces pleines entourées de
traits blancs sur un fond noir.
Les parties rondes sont parcourues
de picots ronds et blancs •
• La base est composée de triangles noirs contre deux
triangles blancs, formant ainsi quatre triangles symbolisant les
quatre points cardinaux .
• Le sommet est composé de deux traits horizontaux
noirs et d'un trait horizontal rouge sur lesquels sont assis trois

triangles noirs et trois triangles rouges. puis viennent en-
suite deux trair- horizontaux noirs suivis d'un trait horizontal
rouge sur lesquels s'appuient trois triangles rou~es ~t deux
triangles noirs. Ce fragment constitue aussi la base de la seconde
partie du corps.
~tte derniêre est composée de six tri -'lgles
ajourés se divisant en trois de chaque côté.
Leurs correspondants
ayant les mêmes dispositions sont faits de surfaces pleines. Ils
sont cernés de traits noirs.
Les deux croissants lunaires et le
chevron médian sont ornés de picots alternatifs,
un rouge et un
blanc sur un fond noir.
Ensuite viennent deux traits horizontaux
noirs sur lesquels reposent trois triangles noirs et trois tri-
angles rouges, puis deux traits noirs horizontaux et deux traits
rouges horizontaux également reçoivent trois triangles rouges et
trois triangles noirs.
Le sommet est composé de trois triangles
noirs et de deux triangles rouges ayant pour base trois traits
horizontaux noirs. Ces triangles sont coiffés de deux traits rou-
ges et de deux traits noirs.
Ce masque totémique symbolise le chemin qui existe
entre la terre et le ciel oü se trouve WENNAM. Pour atteindre le
ciel i l faut passer par plusieurs étapes. Le chemin droit symbo-
lisé par les traits verticaux est parsemé de trous
(les picots).
Le chemin brisé est le plus long.
Il est coupé par des triangles
rouges et noirs. Les noirs symbolisent le séjour des ancêtres.
Les rouges sont le séjour des génies. De la base composée de qua-
tre triangles qui représentent l'Univers terrestre, on peut at-
teindre la lune en franchissant avec difficulté les embûches du
chemin.
Il faudrait payer les droits de passage en arrivant au
séjour des morts et des génies. Une nouvelle étape commence avec
les mêmes péripéties.
Les difficultés semblent plus grandes en
s'approchant du séjour divin symbolisé par le triangle du sommet.
Le triangle ou le chiffre trois
(3)
trouvent leur
correspondance dans la trinité Terre -
Homme -
Ciel ou la Nature,

rJI~
r,1
f
les humains et Dieu.
Le cylindre représentant le pied indique le passage
,
de la tête
(tête zoomorphe)
réceptacle avec la nature comme le
f
r
t,
puits joint l'eau A l'être qui la puise. C'est par la cête que
1
(
,.
l'on peut comprendre le déroulement du monde.
Les signes et symboles utilisés peuvent être lus de
cette façon :
-
le tracé brisé signifie que le chemin est difficile.
-
La couleur noire est l'action des sorciers, tandis
que le rouge signifie le danger du chemin. Quant A la couleur
blanche, elle est la voie qu'il faut suivre pour arriver au
Bonheur.
Les figures utilisées sont faites de tracés figuratifs
et géométriques qui sont rythmés par les couleurs judicieusement
utilisées.
3)
LE KARENGA DE RAYA
(photo nO 3)- Musée de OUAGADOUGOU
De la région de Kaya
(5almentenga),
il mesure 2 mètres
de hauteur, est blanc et noir.
Il se distingue des RAREN5E du
Yatenga par son visage convexe. Les cornes sont dans le même
prolongement que le chevron médian en dents de scie, i l dépasse
la forme ovale du crâne.
La lame est petite et se termine par
une fourche en forme de V. Le pied de la superstructure au-
dessus de la tête est cylindrique. Le corps est fait de deux
paires de triangles ajourés. La base est plus importante que la
partie supérieure.
Les triangles ayant les mêmes significations
que le masque précédent composent l'essentiel de la décoration.
La forme recourbée des cornes indique que le masque est femelle.

Planche XXI
~>..,.
\\.
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1
'a ~-r' ~
l,rI'!
.._~
',1
KARANGA -
récente facture
KAYA et environs
(Musée de OUAGADOUGOU)

)'
, .
Ce masque vient de la région de TEMA.
4)
LE KARENG-NEDA
(photo n 0 4) -
hauteur 166 cm
couleurs: noir, rouge et blanc.
Ce masque est très ancien.
Il a été trouve dans la
;
région de OUAHIGOUYA (YATENGA).
Il est d'un style différent des
autres masques à lames. A la place de la lame nous avons une autre ,l'.
structure composée d'un trapèze dont le sommet supporte un demi-
.
ovale. Une statuette de femme aux seins pointus se dresse sur
la ligne médiane. Ce KARENG-NEDA est composé de trois segments
-
une tête zoomorphe matérialisée par les cornes
-
un corps constitué de huit éléments
-
une statue anthropomorphe
a)
La tête
La face concave est de forme rectangulaire. Derrière
elle une structure circulaire constitue la partie qui reçoit la
tête du porteur. Ce masque est dépourvu d'yeux.
Les quatres cer-
cles autour de la bouche en relief en forme de losange symbolisent
les yeux.
Le contour de la face est fait de triangles qui s'inter-
calent par leur couleur noire et blanche. Une structure issue de
la bouche et de forme triangulaire soutient les cornes d'antilope
dont les bouts sont recourbés vers l'avant.
b)
Le corps
L'élément se situant au-dessus de la tête et der-
rière les cornes est composé d'un losange dont la médiane se pro-
longe avec celle du demi-ovale.
Sur ce segment médian se repose
l'élément anthropomorphe.

Planche XXII
Kif'" AN S- ne:. r:. i) A - t S 3 r, cie ~
OUAHIGOUYA (Ya tenga)
(~us(e de rung~dou~ou)o
.),
t l
',-J-;'"!f
<o.;"
'fi ,~'
'\\,
..
.'
! ..
, -
) 0 , .
.
.
'? ":,~~ ~'~.-.'

c)
La partie anthropomorphe
La statuette représente une femme nue au corps long.
Les membres supérieurs sont démesurés. Sur un long cou repose une
petite tê~c munie de deux petites oreilles circ~~~ires, d'une bou-
che, d'un nez triangulaire et de deux petits yeux.
La figuration
du sexe et la coiffure en cimier accentuent la féminité de la sta-
tuette. Ce KARENG-NEDA est porté pour l'ob~ention de la fécondité
dans la famille détentrice de ce masque. Les éléments pairs
(quatre
yeux -
deux triangles - deux croissants lunaires ) indiquent la na-
ture féminine du masque.
Ce masque
apporte aussi la fécondité à la terre
(fer-
t i l i té). La composition ··du masque recèle les trois éléments indis-
pensablesà la vie sur terre. La nature est matérialisée par la par-
tie zoomorphe
(c'est la brousse).
Le MONGHO (l'Univers) est symbo-
lisé par les deux triangles formant le losange constituant ainsi
les quatre points cardinaux.
Le croissant lunaire indique la pé-
riode propice pour la fécondité humaine et la fertilité du sol.
B) LES MASQUES A LAMES COMPOSEES : Masque de danse, polychrome
rouge, extrêmement ancien et important. Hauteur: 89 cm
1) LE WANGO DU SALMENTENGA
(photo n Q 5)
Ce masque est appelé LIULI-WANGO car i l mendie au
marché. Ce masque peut être qualifié d'abstrait.
Il nous est dif-
ficile d'indiquer avec précision la nature de l'animal qu'il in-
carne. Ce WANCO est dépourvu de cornes et d'oreilles. Un chevron
suggère le nez, et deux petits trous ronds indiquent les :l'eux.
La caractéristique principale de ce masque réside dans la struc-
ture plane de la lame avec la face du masque. En effet le visage
et la superstructure se situent sur le même plan. La partie rece-
vant la tête du porteur se situe en arrière plan.

Planche XXIII
nO
5
WANGO -
très
ancien
KAYA et 'enviroN
(r-1ssée
de
Ouagado'.:goul
";'.:\\
,
\\
1:
~
\\
\\'
~
,.
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1
~
,
1
~
\\
l l~:
1
.J
'\\
j
-)
1

La lame est composée de trois branches dont la par-
tie central~ est plus large. Au milieu de cette la-e médiane on
aperçoit une ouverture circulaire. Cette ouvertur~ sert de lien
entre les deux branches latérales. Les renseignements concernant
l'origine et "explication mythologique de ce Wango
ont demeu-
rés vagues.
Il est dit que ce Wango est un moyen pour attirer la
pluie avant les semailles, et pour remercier les génies bienfai-
teurs avant les récoltes.
Les trois branches ont une significa-
tion particulière. C'est toujours la Trinité-Nature-humains-
divinités-. La planche centrale est la plus importante. Elle
est le pôle central de la nature et des humains. Elle accorde le
bien-être A la nature par la pluie, la santé aux humains.
2) WANGO A cinq branches, haut de 99 cm, est une produc-
tion de la région de Kaya.
Le nez est aplati, de larges ouvertu-
res circulaires servent d'yeux.
La superstructure est reliée au
crane par le sommet, qui forme deux parties distinctes : la
tête et la lame. Ce masque couvre entièrement la tête du porteur,
les yeux correspondent aux larges ouvertures circulaires tail-
lées dans le masque.
Le bras médian se divise A son sommet en trois bran-
ches dont celle du milieu est la plus imposante.
Il a les mêmes
fonctions que le précédent et accentue l'importance de la sym-
biose Nature-Dieu et les Humains. Sur terre,
i l y a la nature,
les humains et les forces cosmiques. Au séjour des morts, il y
a Dieu au centre, les ancêtres et l'ambiance qui constitue l'a-
grément au séjour des morts.
(photo nO 6)
3) WANG-NEEDA
(photo nO 7)
fait partie de ces derniers
Wango.
Il est surmonté d'une statuette humaine. De fabrication
ancienne,
i l se rencontre dans la région de Kaya.
Il a un visage
convexe bien arrondi, deux ouvertures en forme d'yeux.
On note
l'absence du nez. Par contre,
la tête est munie de deux cornes

' - - - - - - - - - -
Planche XXIV
t"ANG-tJEEDA
-
M.:Js~ue :Isse,,: .l:"lCÙ~:")
et
environ
e
Ol.'ASA)OI.JG8~J)
--.~~
. .
-
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. .
':II\\'!(;:J t. rès a'1 r. i. e"'l
v II, '1 1\\ e~
p.,\\V; ro~~
~SQUE POLYCHROME - hauteur
76 cm

droites.
Derrière ces cornes, une statuette à la tête énorme,
les seins 1'.- oéminen ts,
les bras très courts, les
,:unbes sorten t
du crâne du Wango d'oü l'absence de pieds.
Le sexe de la femme
est indiqué. Ce masque a pour rôle d'apporter la fécondité à la
famille. Cet~~ fécondité ne peut être assurée que ~_r l'accouple-
ment de l'homme
(masque mâle à cause de la forme des cornes qui
est droite)
et de la femme
(au sexe et aux seins proéminents).
Nous notons dans l'association zoo-anthropomorphe un
désir manifeste de ce bien-être matériel et surtout la retrans-
mission de la vie par la descendance qui assure l'éternité.
Il
y a toujours une présence de la femme dans les masques WANG-NEEDA.
Contrairement à ce que pensent èertains chercheurs,
la présence
de la femme dans les masques n'est pas due au complexe Oedipien,
à savoir un refoulement vers l'inconscient qui resurgit par la
manifestation artistique.
Et i l est clair et certain que la femme
est la seule à concevoir et à assurer la survie de la famille.
Le rôle de l'homme est important, certes, mais le reste se passe
dans le corps de la femme. Dans la société traditionnelle,
la
stérilité vient toujours de la femme
(souvent à tort 1). On im-
plore Dieu de donner la fécondité à la femme.
La place de la
femme dans la société est três importante.
Tout ce qui ressort du
sexe féminin est l'origine de la vie. C'est aussi par la femme
que naissent les enfants. La Terre donne de la nourriture.
L'ac-
tion du sexe masculin est réduite au minimum.
C -
LES MASQUES A LAMES ZAZAIGO
Tandis que le masque à
lames KARENSE est terminé au
sommet par un triangle renversé,
le masque ZAZAIGO dont l'influ-
ence Kurumba est indiscutable est surmonté d'une planche ajourée
au sommet, en forme de triangle.
La tête est beaucoup plus plate
et manque de profondeur.
Les zazaïgo appartiennent à la fois aux
mossi et aux kurumba du Nord de la Haute-Volta.

Le Zazaigo nO l
(cimier de danse)
est un masque funé-
raire et ancien.
Nous y découvrons trois parties :
La première espèce a la structure d'un Karanga,
la
différence résid~ dans la facture de la tête. Elle est
~ctan­
gulaire et plate, légèrement convexe. Elle possède un chevron
médian dentelé, des ouvertures carrées pour les yeux.
On note
l'absence des oreilles. Les cornes sont droites et situées A
l'extrémité du crâne dans le même prolongement que les cOtés de
la face.
La superstructure est composée de trois parties
le pied qui est un triangle plat et effilé ;
-
le corps en deux parties distinctes et ajourées en
leur milieu ;
la tête en forme d'une tête de chouette.
Sa composition géométrique est la suivante : après le
pied, nous avons une demi-lune suivie d'un triangle puis un
croissant lunaire puis un triangle. Ensuite viennent un triangle
et le croissant lunaire formés par la courbure des cornes de la
t ê t e :
trois triangles, puis les trois croissants lunaires, et
enfin trois rectangles ajourés dans les deux parties.
Quant A la décoration, elle est faite d'une volée de
taches noires et blanches sur la photo.
Les cornes sont peintes
de traits blancs et noirs.
Le Zazaigo qui est un masque funéraire se porte comme
les Karensé.
Les mains et les pieds du porteur sont visibles.
Le Zazaigo nO
2 est une sorte de cimier différent du
premier.
Il ne couvre pas la face du porteur mais coiffe son
crâne.

..-\\ .4-,
Planche XXV
~A~ATGJ
ci~ier
de
d~n5es
fig.
flJnérj)i.re~. 3ncien
.~~~~'{ A (Yp te:~:Fl)

Planche XXVl
fig. n°
2
ZAZAIGO,
cimier de danses funéraires
masque ancien de KONGOUSSI
(YATENGA)
Hauteur du bois
20 cm
Hauteur totale
69 cm
(Musée de OUAGADOUGOU)

Planche XXVII
fig.~
ZAZAIGO ,-cimier de danses funéraires
ancien de KONGOUSSI
(YATENGA) et environs.
Musée de OUAGADOUGOU
.l
,.
1J,1.
. _ -
.....
. \\ "
- '.'
.,'
'":

, . "
; .
J"
Masque polychrome en bois,
raphia et coquillages,
utilisé dans des ballets à
l'occasion de funérailles.
Hauteur du bois
20 cm
Hauteur totale
74 cm

planche XXVII bis
n 0 4
ZAZA1GO.
ci~ier de danSBs
funérairp.s,
ancien
OUAHIGOUYA
(Yate~ga)
(~usée de OuagadOJgau)
1

Il e~t maintenu par des liens que l'on noue sous le menton. Le
porteur peut s'aider des mains pour le maintenir lors des danses
occasionnées par les funêrailles.
Ce masque est d'apparence zoomorphe. Deux parties
essentielles sont A distinguer.
La tête et le couvre-nuque faits
de cordes tressées noires et ornés de cauris
(coquillages qui
servaient de monnaies.
Ils servent aussi pour la divination,
symbolisent le sexe féminin -
ils ont une puissance magique).
La tête ou le cimier est composée de trois éléments
dont la plus importante est celle représentant la tête de l'anti-
lope qui indique la nature du masque. Les trois éléments du ci-
mier indiquent le sexe du Wango, masculin, symbole de la force.
La décoration est faite de triangles
(trois triangles
noirs et trois autres en blanc).
Ils symboliseraient selon cer-
tains chercheurs le sexe de l'homme.
La seconde photo de cimier de danses funéraires est
une association d'éléments zoomorphes et anthropomorphes.
La parti,
qui sert de coiffe A la tête est faite de fils tressés et assem-
blés. Elle reçoit au somme~ le cimier.
Celui-ci est formé d'une planche rectangulaire qui
sert de base A la tête stylisée de l'antilope et la tête humaine.
On remarque la différence de taille de l'animal par rapport à
l'être humain. En effet, le défunt est couvert par l'animal qui
assure son pélerinage au séjour des morts. Le Zazaigo est ancien
et il est dépourvu de décorations.
D -
LES MASQUES A ~~ES -
LE VOURI : Masque en bois,
rouge, polychrome, de la région de Kaya.
Haut.
2,20 m
Ce masque A lames .ort souvent la nuit. Les photogra-

Planche XXV!II

phies de ces masques sont rares. Nous devons ce dessin à une
copie fai'··, à l'intention d'un Père Blanc. Le VOtlt"i appartient
aux forgerons.
J:.d face du Vouri est polygonale et con".-;;:xe.
Deux rec-
tangles obstruês verticalement lui servent d'yeux.
Il est dé-
pourvu de nez. Un bec de perroquet lui sert de bouche.
La tête
n'est pas munie de cornes.
La superstructure est faite d'une longue planche dont
les deux côtês sont une succession de triangles rouges et blancs.
Un cercle coiffe le sommet de la superstructure, i l lui est relié
par une structure cylindrique. La robe couvre entièrement le
porteur, elle est faite de Viudu-Berensé.
Le porteur tient à sa droite un fouet et dans sa main
gauche une massue et un couteau. Ce masque est porté par les
adultes. Ce n'est pas le cas des Karensé qui sont portés par de
jeunes adolescents.
On est frappé par les ressemblances entre les masques
KURUMBA (Fulsé Nyonyosé), les DOGON,
les BOBO-FING, les BWA,
les
GURUNSI. Le mythe d'origine des quarante-quatre nations sorties
du Mandé,
justifierait peut-être ces ressemblances. Madame
DIETERLEN, dans son article intitulé "Mythe et organisation
sociale au Soudan" précise que ces ethnies vivaient vraisembla-
blement sur un substrat
(I) métaphysique commun. Cette justifi-
cation est confirmée grâce à
l'enquête effectuée par Madame
LAUVERJON GARCIU Marthe auprès des familles de pêcheurs sur le
fleuve de Kayes.
(I) substrat : couche inférieure sur laquelle repose une couche
récente, autrement dit, ce qui sert de fondement,
de prin-
cipe.


"Les ancêtres de MORIERE (1)
étaient à l'origine des
chasseurs. A l~·'r arrivée près de Djenne
(oü i l y avait des cul-
tivateurs et des Bobo-Fing), ils s'installèrent et devinrent
des cultivateurs. Devenus nombreux, et en raison d'une famine,
ils
se séparèrent. C~ux qui se sont rendus dans la montagn_ sont deve-
nus des cultivateurs Dogon qui occupèrent les terres abandonnées
en partie par les Tellem. Les autres sont devenus les SOMONO
bateliers,
la famille des Moriéré est restée sur le fleuve comme
pêcheur Bozo, après avoir appris la technique de la forge.
Deve-
nue musulmane, elle abandonna les masques. Mais le masque antil)pe~
bélier est FARO, c'est-à-dire "le fleuve",
et toute sa vie dépend
de la bonne crue qui permettra une bonne inondation et des
terres laissées propres aux cultures, à la décrue".
Les Bozo de MOPTI vont jusqu'au Debo
(lac) oü les
familles ont leurs sanctuaires ancestraux car c'est de là que
viennent les poissons,
les oiseaux, les eaux fécondes et les
germes de la vie.
Ils ont des rapports particuliers avec leurs frères
Dogon et le fleuve. Les Dogon viennent demander l'eau aux Bozo.
"Les masques Karansé Fulsé-Lurum,
les masques KANAGAi
DOGON et les masques Bozo anciens, portaient tous la représenta-
tion symbolique des eaux primordiales et les mouvements annuels
des vents et des eaux fécondant les rives ensemencées". Compte-
tenu de la présence ancienne des Bobo-Fing, des premiers habi-
tants de Djenne
(Mali) qui étaient en contact avec les Noné des
Tellem, des Marka, des Bambara-Marka, des Bwa de San, des Bozo
(ancêtres des Dogons), des Peuls dans cette région privilégiée au
bord du Niger et du Bani, et non loin de la falaise,
et assurant
un contact avec les populations de langue voltaïque, comme les
Tellem et les Bwa, devait naître cette civilisation de masque de
(1)
Enquête de Marthe LAUVERJON auprès de MORIERE -
Notes et
documents voltaïques CVRS du 10 Octobre 1976 p.
68

·'113
l'Ouest Africain reposant sur une cosmogonie
(1) et de cosmologie
à peu pr~g sen1bla~le. La diff~rence réside dans l' adapt:::tion à
un milieu naturel particulier aménagé au cours de leurs dépla-
cements et adapté parfois à un nouveau genre de vie, de profes-
sion.
Les groupes déplacés se sont intégrés à d'autres
groupes.
Les forgerons sont venus des forêts du Sud, comme les
griots et ont leur rôle dans cette culture. Les forgerons sculp-
tent et gravent les masques,
les griots sont des agents de
diffusion de chants et de mythes.
Quant aux Tellem,
ils avaient élaboré une certaine
culture avant leur départ de la falaise. Restés dans la plaine
de Seno, au pied de la falaise,
ils ont vu arriver diverses po-
pulations avec lesquelles, malgré leur farouche désir de conser-
ver leurs caractères raciaux, ils ont eu des contacts. Des noms
de familles Tellem (à savoir KONFE, GANAME, PORGO)
se retrouvent
dans le Yatenga.
Il existe un mythe de descente du ciel des
KONFE dans une maison de fer pour constituer avec les Berba-
Nyonyosé autochtones un royaume.
Les Nyonyosé sont les maîtres
du vent venus pour la plupart des Monts Hombori, au Nord de la
Falaise de Bandiagara. Une civilisation, celle des Fulsé-Lurum
est née à Ouré, du contact d'un élément de population Tellem
avec un élément Nyonyoga. Et de même, du contact entre Dagomba
et Nyonyosé est né le royaume de Naba-Oubri,
le Royaume de
Oubritenga
(Ouagadougou).
Les masques à lames Karansé sortent pour les secondes
funérailles,
comme sortent aussi chez les Fulsé-Lurum du Nord de
Yatenga,
les masques antilopes.
La mort est considérée comme un désordre et les mas-
ques en participant dégagent l'âme de la pourriture du corps et
(1)
cosmogonie: doctrine mythologique ayant pour objet d'expli-
quer la formation de l'Univers.

la réintègrent dans le cosmos,
la voie lactée,
le grand fleuve
céleste.
La da~~e des masques, au cours des funéraillps relève
de la restauration après une souillure comme la fornication
avec une ànesse.
"L'ânesse était sacrifiée selon un rituel par-
ticulier. On lu~ .:ouvrait la tête d'une besace avant d
la dé-
capiter et on laissait le sang du sacrifice s'écouler sur le
Tellem-Buguri
(1). Le pantalon porté par le villageois, auteur
de l'acte, était enterré près de l'autel. Le désordre provoqué
par cet acte hors nature,
l'anxiété du coupable découvert, sem-
blent surmontés par un mécanisme de transfert sur le pantalon
souillé, enterré et sur l'ânesse souillée et exécutée. Le prêtre-
sacrificateur, en cette circonstance, agit comme qui dirait, en
thérapeute cosmique, social et individuel.
"Le coupable peut re-
gagner son village, y demeurer, mais, d'après la coutume,
lui
et toute sa descendance, garçons et filles, restent marqués par
l'acte commis".
(2)
Ils portent le nom infâme de YAGLEM-TISSE,
c'est-A-dire suspendus A l'arbre.
L'influence Fulsé-Lurum (Kurumba), Dogon et Kurunsi
sur les masques à lames Mossi est indiscutable. Quant aux mas-
ques zoomorphes,
ils tirent leur influence des Bwa. Les masques
Bwa portent des inscriptions et des signes zoomorphes, au recto
et au verso,
tels que des poissons, des cercles
(puits), des
serpents, etc .••
La forme des masques Bwaba épouse un schéma découpé
que l'on trouve aussi chez les Mossi.
-
0 -
(1) Tellem-Buguri
Autel de Tellem sur lequel on sacrifie les
ânesses.
(2) Marthe LAUVERJON C.
-
"Ordre public africain et sacrifice
d'ânesse".
- Publication CVRS Ouagadougou Oct.
1976 p.
64

CONCLUSION
z::-e:-= -=.-c:::_
Les masques ~ tiges reflètent donc l'aspiration et la
matérialisation d'une pensée propre aux famille utilisatrices
dans le but d'obtenir la satisfaction de leurs souhaits. Masques
zoomorphes
(masques totémiques) ou anthropomorphes
(lignage),
masques ~ lames ou ~ tiges
(lignage), ils sont la manifestation
culturelle d'un peuple. D'après LEVIS-STRAUSS "L'institution
des masques est liée ~ des rites agraires, funéraires et ini-
tiatiques.
Ils ont une fonction définie dans la société dans la-
quelle ils sont institués".
(I)
Dans la création des masques,
il y a d'abord la
fonction et la forme. Animaux totémiques, recélant des forces
magiques que l'homme peut capter en se métamorphosant en ani-
mal,
les masques zoomorphes ont été créés à la suite d'une cons-
tatation puis d'une réflexion et d'une prise de conscience dans
l'adoption de ces types de masques.
La multiplicité des formes qui circulent dans l'es-
p~ce explique la variété des masques où se mêlent des figures
humaines et des formes animales.
Le masque est destiné à capter la force vitale qui
s'échappe d'un être humain ou d'un animal au moment de la mort.
La procréation résulte d'un acte sexuel entre l'homme
et la femme
(entre le masculin et le féminin).
L'union des deux
composants donnera naissance à une forme de masque alliant des
(1)
"Anthropologie structurale" - C.
Levis Strauss Ed. Plon 1963

éléments masculins
(les chiffres impairs, formes droites, puis-
sance,
force)
aux éléments féminins
(chiffres pairs,
formes
courbées, faiblesse).
Le masque à tiges, de forme phallique
est l'expression symbolique de la fécondité.
Le masque est objet d'art susceptible de plusieurs
interprétations.
Le masque est signe plastico-visuel.
L'émetteur
est sa forme plastique, et le percepteur est la vue.
Il est
aussi un signe audio-verbal.
Il émet des signes codés
(gr~ce
à un sifflet qu'il porte à la bouche)
et audibles aux Sikobsé.
Le Sikou est la langue des masques.
La morphologie des masques dits Mossi représente
l'insertion de l'homme, entre ciel et terre, dans les symboles
de la société du Mogho.
Le masque, outre sa fonction religieuse, est destiné
au public, d'oü une recherche de beauté "Nerem". Dans quelle
mesure le masque reflète-t-il LA NOTION DU BEAU CHEZ LES MOSSI ?
- a -

LIUIl! -
WANDO
l
- AN'l'l-UtOPOMORPHES
YAKO
(M BA LOUNDA)
BOUSSE
(M BA LOUNDA)
OUAGAD00 GOU
(M BA LOUNDA)
KAYA
(WAN-NEDA)
II -
ZOOMORPHES
OUAGADOOGOU
(épervier,
lion, singe, calao, gazelle,
anLilope, cheval)
YAKO
"
idem
"
KORISMORO
(libga, vautour)
BOULSA
YATENGA
III -
ZOO-ANTHROPOMORPHES
KAYA
(WANG-NEDA)
OUAHIGOUYA
(KARENG NEDA)
KANKANDE et TITENGA --------~
Marché

MASQUES
l -
LAMES
(KARENGA - VOURI ZAZAiGC)
YATENGA
(KARENGA -
ZAZAIGO)
SAMTABA
(VOURI)
KARONGO
(VOURI)
FURA (VOU RI)
KAYA
(BUMBEGA)
NOAKA
(KARENGA)
TEMA
(KARENGA)
KIRTENGA
(VOURI)
TANMIUGOU
(VOURI)
RIGUlLA
(VOURI)
NAMS IGU l
(VOU RI)
SOUBEIGA
(TIBIN-VOURI)
II -
TIGES
(ZUWOKO -
GURWANGO MIUGU)
KORISMORO
(ZUWOKO)
TANWOKO
(ZUWOKO)
TANDAGA
(ZUWOKO)
BOULSA
(GURWANGO MIUGU)
S IDOGO
(ZUWOKO)
III - TROIS BRANCHES
KAYA et environs
(ZAZAIGO)

ESPECES
ANTILOPE
LION SINGE
BUFFLE
CALAO
HYENE
SILGA
-
LIGNAGE
NINIOSE
S A WA D 0 G 0
RITES
M A S Q U E S -D E- D A N S E
CULTE
A N C E T R E S
(MORT) -
TER R E
ECONOMIE
A G R l C U L T U R E
HISTOIRE
P R 0 T E C T l
0 N
= C A L A M l T E S
N A T U R E L L E S
ESPECES
VOURI
ZUWOKO
BUMBEGA
LIGNAGE
FORGERONS
NINIOSE
NINIOSE
RITES
M A S QUE S
S A C RES
CULTE
MORTS - ANCETRES - TERRE -
FECONDITE
HISTOIRE
FECONDITE
=
PROTECTION

Plan~he XXIX
~A ,i
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~ l_~ r; lJ ~ ~? A f ln/' r ù : ,,- e
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fJ;\\ Il l j

Planche XXX
MaSO'le KLM.IHIBA
Mus~e
de
l'Homme -
PARIS

Caractér istlq11P-s du m-
lue KURUMBA -
planche XXX
Masque en bois peint d'un décor rouge, blanc
et noir qui recouvre tout le visage et la
face postérieure des cornes d'antilope
qui
sont fixées par une planche divisée longitu-
dinalement et dont les deux parties se rejoi-
gnent à
l'extrémité.
La partie antérieure est
blanche.
Type de masque jusqu'alors inconnu.
Hauteur
l03 cm
Collection Paul Tl5HMAN.

Planche XXXI
~~ a 5 que KU f1 Ur'1B A
rl~5:e de
"Homme -
PARIS

car3.ctéristiques du masq;.le K'_'P.!JMBA - r
'nche XXXI
Sommet de coiffure en bois peint, utilisé lors
des funérailles d'un personnage important. La
base tronconique, munie d'une collerette à la-
melles de peau prolongée d'un long cou, rappelle
la figuration de l'antilope. La sculpture en
rayons qui entoure le cou symbolise la crinière.
hauteur: 123 cm
Collection Paul T1SHMAN

Ce masque Mossi rejoint dans
la rigueur de ses
lignes
les plus beaux masques Dogons.

CHAPITRE TROISIEME
c.-.c::~-'C-=-=-=-=-=-
APPROCHE ETHNO-ESTHETIQUE DES MASQUES MOSSI
INTRODUCT ION
On ne peut apprécier la valeur esthétique du masque
sans son environnement
(le Mogho),
l'ambiance
(circonstance), le
geste, la musique,
les spectateurs.
Le masque, en tant que sculpture,
la musique,
la danse
les situations sociales vécues et mimées
(mort, funérailles,
épidémies)
sont une projection sur la réalité, d'une Jumiêre qui
éclaire le déroulement zoologique des situations humaines.
Les masques, dits mossi, de par leurs structures et
leurs décorations se réfêrent à des aspects multiples de l'organi-
sation sociale des mossi et ils assurent aussi. la distinction de
l'espace ethnique.
Sur le plan esthétique, l'appartenance est fondée sur
des références purement symboliques, admises par la société à
partir d'une convention collective.
Il Y a lieu de tenter une étude ou un inventaire sur
ce qui entoure l'être humain, son espace vital, son habillement,
les éléments décoratifs et voir si nous retrouvons les mêmes

motifs sur les masques qui sont une empreinte de cette Société.
I)
LE CADRE DE VIE
A) L'HA~_LL~iENT
L'habillement élémentaire des Mossis est le cache-
sexe, BENDA, qui ne couvre même pas les fesses et
une couverture.
Le DANSIKA,
le DANDAOGO,
le KOIGLINGA sont des lon-
gues blouses à manches.
Parmi les pantalons KOURSI i l y a l e KOURLANDE qui
descend jusqu'aux chevilles. Le WALLE,
la culotte courte mi-
cuisses en blanc. Tandis que les culottes longues sont en bleu
foncé ou en KARFO
(fait de bandes de coton de petite largeur et
assez finement tissées).
Il y avait le ZANGOEGO
(grand couteau
haoussa), un MANYANFO
(bonnet), un ZANDE
(casse-tête en fer)
et un
LOGWAOGA (carquois et flèches). Ces éléments vestimentaires étaient
les accoutrements.
Aujourd'hui le Moaga porte les mêmes vêtements en ban-
des de coton du pays. Cependant dans les villes, on s'habille à
la manière des Soudanais et à l'Européenne.
L'habillement des NABAS était composé de
-
ZANGOEGO PELGA -
grand boubou
-
KARFO - grand boubou bleu foncé
-
NOUFA - grand boubou et pantalon tirant sur le gris
foncé
-
ZAG'BANKO -
habit de couleur

FutiL/
.(~t)YlJotA ,0
HA 1./(" 1'1 6j
Fu .. "II.." ~... /JII9 ZI'J 6 LO~'lJtr'"
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_
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_
.'

-
BAOUROU GANGA - couverture gris-clair.
Tous ces habits étaient apportés au Mogho par des
Haoussas
(ZANGOETO) qui allaient les acheter ~ Gk~a~~A, le point
de transaction.
Les bonnets MANFO étaient confectionnés par les habi-
tan ts de BERE.
Les riches bazins blancs ou indigotés remplacent de
plus en plus les habits d'autrefois. Ces étoffes sont transfor-
mées en blouses et FORKIA
(Sorte de longues blouses à larges
manches),
en boubous et en culottes.
Des coiffureSde velours grenat remplacent les bonnets
d'antan.
Les MARKATASSE et les MOUGO~ sortes de bottes rusti-
ques en cuir travaillé par les cordonniers Moss~ cèdent la place
aux souliers, aux bandes molletières.
Enfin un grand nombre se distinguent les jours fériés
par des costumes chamarrés en broderies d'or et d'argent produits
de l'industrie marocaine.
La femme du sujet moaga n'avait guère plus de trois
pagnes
-son habit de travail
-
un Fou-Sablaga(pagne indigotél pour les jours fé-
riés ou pour se rendre au marché.
- un troisième pagne blanc ou teint en bleu foncé à

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8 A.J.J li)
__... Fo~ ~~" ..e (i.~
( Pif (1, AI e Ua' A)

longues franges pour les jours de cérémonie.
Seules les ~~es des NABAS se payaient le luxe d'~
godé
(pagne d'origine haoussa et d'un prix élevé).
Comme parures, la Moaga ne connaissait que les bra-
celets en cuivre rouge ou jaune et le KINDIFOU
(perle d'un rouge
brillant) .
Les bracelets fabriqués avec une pierre spéciale
(mélange de gris et de blanc)
appelés MANEKAGSE
(MANEKAKA) n'é-
taient portés que par les YARBI
(jeunes Yarcé des deux sexes).
Ces bracelets venaient de la région de MOPTI
(Mali).
Les bracelets en argent n'appartenaient qu'aux per-
sonnes de marque.
A l'heure actuelle,
les femmes se parent d'habits de
toute~sortes (pagne du pays, bazin, wax, etc~ ••• )
B) LES DANSES MOSSI
Contrairement aux danses BISSA et GOURMANTCHE
(1)
qui ne sont que des manifestations exubérantes,
tantôt exercices
de souplesse,
tantôt caricatures des mouvements de la passion,
les
danses Mossi constituent des danses soumises à des règles précises.
Elles sont de trois sortes
-
Les danses dites sentimentales appelées WENNEGA
-
Les danses mi-guerrières, mi-religieuses,
le "WAONGO"
-
Les danses funéraires ou WARBA.
(I) Tenkodogo et Fada N'Gourma.


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~..:..::....~
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~-(....
-

_-1!l5
a)
La WENNEGA est une danse constituée par un mouve-
~ent de va et vient des reins qui s'exécute sur un rythme lent.
Différentes figures se dél.oulent mais toujours sur le même rythr.,~
et le même balancement des reins.
Elle s'exécute dans une réunion.
L' a:mallt ~t l' :WIante, cette
rnière étant vêtue dp. noir qlli est
la couleur de cérémonie, reçoivent leurs compagnons et compagnes.
Le Ram
(bière de mil)
circule,
la cola remplit les bouches,
les
musiciens accordent leurs KONDE
(guitares rustiques),
les batte-
ments de calebasses les accompagnent, les femmes chantent
MBA SIDA TALEM NERE
TALEM KAN KAIN, TALEMTI
PAGH KA ZAID KOULOGH WA MANDE
"Mon mari entretiens-moi bien,
Entretiens-moi dignement,
La femme vieillit vite comme le Gombo".
ou
F'
NIAN NERE YETTA PA NAN
LOGH LA
FOLA BIGA MA BE BA
F'KA YI WENIN NANA YE
"Tu admires cette fille,
Sa Beauté te séduit
Et tu ne veux pas la laisser partir !
Es-tu le père ou la mère de cet~enfant ?
Tu n'es pas le Dieu qui lia créée."
(1)
b)
Le WAONGO
(masque)
accompagné d'un cercle de jeunes
gens vêtus d'une mince bande de coton ornée de cauris et portant
(1)
Dim - Delobsom -
L'Empire du Mogho Naba
(page 234)
-
Edition Domat Montchrestien


J..
4
A

Danseurs de Warba . (cliché: C, V R.S . photo .- 5iene Rogel)


~"o
des sacoches, exécutant des mouvements de tête identiques ~ ceux
qu'effec~uent les chevaux de cirqur . danse au ~Qn d'un tarn-taro
spécial accompagné de chants en 511<0. Il exécute des mouvements
frénétiques,
tourbillonne et s'accroupit, ou mime les événements.
c)
LA WARBA
qui est une danse funéraire est exécutée
par les hommes. Nous devons cette description A Dim-Delobsom
"Les hommes sont vêtus de pagnes et de sortes de tricots enfilés,
teints en bleu 1 ils sont coiffés de casques confectionnés avec
des cauris; une longue frange alourdie de métal posée sur les
hanches, différencie ce costume des autres travestis. Cette frange
s'agite aux mouvements du corps. Au bout d'un moment elle tourne
'1
tellement vite que l'on dirait une toupie.
Les instruments de musique avec lesquels les musiciens
accompagnent cette danse sont des GANGANDO (longs tamboursl.
D'autre part ils s'accompagnent eux-mêmes avec de pe-
tits instruments de métal analogues aux castagnettes espagnoles.
La danse elle-même s'exécute en cercle sous la direc-
tion du WARB-NABA
(chef) de la WARBA dont le costume est plus ri-
che que celui des autres.
Tous les danseurs portent généralement sur la tête de
nombreux gris-gris
(queue de boeufs,
têtes d'oiseaux maculées du
sang des poulets sacrifiés).
5i les Mossi la dansent,
ils pensent que leur danse
est nécessaire pour permettre A l'âme du défunt de rejoindre celles
de ses ancêtres ; ils espèrent ainsi concilier les bonnes grâces
du Nouvel Esprit.
La WARBA prouve que les Mossi croient à l'immortalité de
l'âme.


V
4:..

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cp·' #u,'./,J A~.. ~
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~.,.,./.. IIW~ e. NOL ~.
JfJ/.r .'. ~ I~ j4.ol4r
IQ/ 'J'J6" LA- ~J,At..E ~ p~~


Il existe d'autres danses autour de ces trois danses
na&ionale~ Mos~l. Noto'
aIl
p3ssag-
le K:GUIB-TOBO
(Il
(dans2 ie
coups de fesses) qui est réservée exclusivement aux femmes et
jeunes filles.
Elle est plutôt un exercice physique.
Les femmes en cercle battent des mains tandis que des
cantatrices font entendre leurs voix mélodieuses.
La danse est
très rythmique. Deux danseuses sortent du groupe et se placent au
milieu du cercle. Elles vont et viennent, puis brusquement, à un
certain passage de la chanson, chacune d'elles tourne le dos à sa
compagne et leurs fesses se rencontrent et se frappent en cadence.
Il est à noter la danse de circoncision
(BAONGO) qui
est très acrobatique et est exécutée par les jeunes circoncis.
Ce que pensent les anciens de notre habillement et des
danses modernes :
Ils reprochent aux jeunes leur habillement excentrique,
i l n'est pas honorable disent-ils, qu'on voit la forme du sexe de
l'homme à travers son pantalon.
Il est mieux de dissimuler son
sexe dans les pantalons amples.
Quant à la danse ils condamnent celle qui consiste
"à rester collé face-à-face à sa partenaire". Cela éveille les
désirs que le pantalon trop serré ne peut cacher". N'est-ce pas
une honte ?
C) NOTION DU BEAU
Elle est purement relative et elle dépend du contexte
du lieu et de l'époque.
Nous avons vu que l'habillement traditionnel change
(I) Dim- Delobsom -
L'Empire du Mogho-Naba
(page 238) -
Edition Domat Montchrestien.

avec le temps.
Les costumes nationaux ont subi des modifications
avec le b::::E.ssage -os populati-'ns,
la civilisatio:i. occiè' 'tale qui
conquiert de plus en plus les pays colonisês.
Les cou_
ùrs ont changê i on adopte beaucoup oc
..lS
les
concepts occidentaux pour ressembler aux "civilisateurs". Le
moindre êcart est considéré comme rêtrograde.
Les scarifications sur les visages et sur le corps
laissent la place aux crêmes de fard.
I)
Le terme gui signifie Beau
NERE
NERE pluriel NEY~ ou NEBA
a)
- Adjectif,
Beau,
joli, bon, honnête
-
BI KANGA YA NERE
(cet enfant est joli)
-
FU NERE = bel habit
-
PUGHNERE
amante
b) Adverbe,
Bien
- A MANA NERE -
i l a bien agi
- A RATA MAM NE NERE -
i l me veut du Bien
-
BAO NE NERE -
vouloir faire du Bien A
-
BE NERE -
c'est bien
-
ZI BE NERE
salut de bienvenue à un chef.

- A NERE : sa beauté
Selon Rasma~é, un de mes cousins, la Beauté c'est
l'harmonie.
La beauté d'une femme ne réside pas seulement dans
la couleur de la peau,
lire ou noire; même quand les habi~,
ne sont pas jolis i l suffitque la belle femme les endosse pour que
tout devienne parfait. Parfois, on dit qu'une personne est belle
mais i l lui manque les habits.
Par contre quand une PUGHWENGA
(femme laide) quitte
ses habits, on dirait une termitière.
Le fait de faire tailler les dents signifie qu'on est
Mossi, et c'est pour "crâner" et prouver aussi qu'on est brave.
Et surtout pour ne pas avoir des dents semblables à celles des
chevaux.
Pour tailler les dents, on procède ainsi : celui qui
veut se faire tailler les dents se couche sur le dos,
le tailleur
prend un PESGA
(une sorte de burin), i l frappe doucement, de
temps en temps l'intéressé se lève pour cracher afin d'éviter
d'avaler des morceaux de dents. Puis on arrondit les dents pour
qu'elles ne soient pas trop pointues.
Il fallait choisir entre se faire tailler les dents ou
se faire faire des scarifications.
Les forgerons,
les Fulsé, les Dogon se faisaient un
trou entre les lèvres pour mettre une paille ou un anneau
(I).
Le NEREM est provoqué par un frisson, un déclic qui
vient de l'intérieur. On ne peut s'empêcher de regarder l'être
ou la chose qui provoque cette émotion~
(I) Cette pratique signifie qu'on ne veut pas communiquer. La pa-
role est génératrice de bien et de mal. Cette pratique peut
signifier aussi, surtout en milieu forgeron que l'on est en
deuil.
Propos recueillis auprès de Rasmané à KAYA, couturier au grand
marché.

Le fantastique peut être beau tel que le WANGO, qui
est T''SLEMYIKRE BUMBU -
'surpris
- peur). f:'.ément de la 'mort, r,q
ne peut s'empêcher d'aller le contempler.
Cette émotion se traé. __ t
dans les formes africaine,;;
par des signes et couleurs donnant naissance à une plastique nou-
velle.
2)
Les Signes et Formes
a)
Les cauris
Ils sont utilisés dans l ' a r t comme motifs décoratifs.
C'est ainsi qu'on les retrouve dans la vannerie,
la cordonnerie,
la confection de certains accoutrements de cérémonie.
-
Ils interviennent aussi comme objets de pratiques
occ~s. Pour la consultation d'un diseur de choses cachées BAGH
BOGDA.
Il faut se munir d'une somme de cinq cauris. Le devin usera
de ces mêmes coquillages dans ses essais de prédication.
IL trans-
mettra la volonté des dieux ou des ancêtres par la position d'un
certain nombre de cauris.
Il arrive qu'on les trouve déposés sur les fourmi-
lières ou dans les SOTISI
(carrefour); dans ce cas ils font partie
des objets de sacrifices.
-
Les cauris servaient de monnaie dans l'économie pros-
père des grands empires de l'Afrique de l'Ouest. Une étude très
intéressante a été consacrée à l'origine des cauris en Afrique
(1)
Les cauris utilisés en Afrique de l'Ouest sont des co-
quillages de l'espèce CYFRAEA ANNULUS et CYFRAEA MONETA.
Les pre-
(1)
Les Cauris du LOBI
( par M.K. SOMOA NURUKYOR.
) Notes et docu-
ments Voltaïques -
(10 Octobre 1976 -
Septembre 1977)
-
Pages 75 -
89.

miers proviennent des côtes Est de l'Afrique et de certaines
!lr ~ des envirn~s de 4ANZI~~_ Lp~ seconà~ ont pour n~igine les
îles Maldives.
Les populations du Corlgo et dl
,énin acceptèrent les
cauris introduits par les Portugais comme monnaie au début du
XVI ième Siècle.
Ils pénètrent en Afrique de l'Ouest par la route
de SIJILMASSA, traversent le SAHARA pour aboutir aux abords du
fleuve Niger.
Les cauris du Bénin seraient descendus par ce même
fleuve.
On trouve leur emploi au XIII ième Siècle dans la
ville de GHANA, au XIV ième Siècle ils gagnent l'Empire du Mali,
Tombouctou et Djenne, au XVI ième siècle le Pays Bambara.
Le mou-
vement s'amplifie par la suite avec les Hollandais, les Anglais
(Royal African Company),
les Français
(Compagnie des Indes Orien-
tales) qui déverseront force cauris en Afrique Occidentale;
La deuxième
route maritime part des !les Maldives,
passe par les côtes orientales de l'Afrique pour atteindre les
royaumes du Kongo et le Golfe de Guinée entre le Delta du Niger
et Accra.
L'arrivée des Européens sur les côtes des Indes inten-
sifie le trafic.
L'utilisation des cauris se généralisa par la suite
dans l'Afrique Occidentale. Les exceptions furent les territoires
actuels du Sénégal, de la Gambie, la Guinée Bissau,
la Sierra-
Léone, le Libéria,
une grande partie de la Guinée,
tout le Sud de
la Côte d'Ivoire.
Le pays Lobi est compris dans l'aire touchée.
Les Lobis
(peuples de cultivateurs, d'éleveurs et de
chasseurs), comme les DAGARA se donnent pour origine "ANCRA"
(ACCRA - Capitale de l'actuel GHANA).
Les Lobi auraient été en
contact avec les populations du Bénin 00. on mentionnait l'utilisa-

tion des cauris comme moyen d'échange. Les cQl~orteurs Bambara
.
.
.
seraient les -lgen r <; de l"1troduction "ries cauris au Mog!,n
Les
échanges commerciaux et les émigrations saisonnières ~ la recher-
che de l'impôt de capitation allaient peu ~ peu faire disparaître
ces cauris.
bl
Le cercle
Le cercle est la vision d'un monde parfait ~ il re-
Fésente l'Univers Terrestre qui est une demi-sphère ~insi que la
lune et le soleil.
Il représente l'habitat traditionnel qui est
la maison circulaire SUGRI - DOGO.
Toute manifestation nécessitant un regroupement se
fait en cercle. Les enfants se réunissent en cercle pour écouter
les contes. Les danses se font en cercle.
La forme ronde se retrouve sur les peintures faciales
faites au Kaolin.
Le cercle est la substance de base et tout gra-
vite autour de cette forme.
cl
La croix
La croix serait d'une influence éthiopienne, lors des
premières migrations qu'a connues l'Afrique. Cette tLèse n'a pas
trouvé d'écho auprès des personnes interrogées sur lê. significa-
tion de la croix.
En observant la vie de tous les jours, on remarque
que la croix a une importance dans la société Mossi.
-
En effet la croix est le symbole des quatre points
cardinaux YANGA -
TAORE - PORE -
GOABGA -
- Elle est le symbole magique qui marque l'éloignement

, "j
~-
des mauvais génies. C'est ainsi ~ulavant de creuser une tombe,
on ~arque t~ sol de croix.
-
La dolotiêre dessine la croix à la cendre sur sa
porte pourelQigner les rnauvaix esprits qui susci
:aient des
rixes dans sa maison.
-
On marque, à la cendre, une croix sur les néophy-
tes pour les éloigner de tout esprit maléfique. Celle-ci est appli-
quée sur leur poitrine, leur dos,
leurs oreilles,
leurs paumes
et leur front.
Lors des sacrifices on trace une croix et la victime
est immolée au milieu de cette croix. La croix est une puissance
sanctifiante.
La composition de la croix et du cercle forme l'Uni-
vers dans lequel nous vivons.
En reliant les quatre points, nous
obtenons un carré composé de quatre
triangles.
La lecture des signes est délicate dans la mesure où
chaque ethnie établit une codification qui lui est propre.
Les
trois éléments de base dans la décoration Mossi sont le cercle,
la croix (carré ou rectangle ou triangle)
et le trait
(hachures).
On trouve d'autres formes telles que l'ovale rappelant
celle du cauris.
La combinaison des signes donne une harmonie dans la

Le noir le plus noir
(indigo le plus foncé)
sur un pagne revien-
dr- plus cher. La co.ml)inaisor
GANG LA PErGA
(tissu fait de handes
noir et blanc)
sera joli. Avec un·peu de rouge,
ce pagne éclatera
de beauté.
Il est rare de rencontrer des mélanges de couleurs au
Mogho
la palette est constituée de couleurs vives et primaires.
Le bleu,
le jaune, le violet,
le vert sont des cou-
leurs d'importation, mais les Mossi ont su les utiliser pour la
décoration de certains objets usuels tels que les poufs
(NAGPOURE),
les harnachements des chevaux,
les bottes de cuir, les chapeaux,
les sacoches,
les =arquois, etc •••
LA SIGNIFICATION DES TROIS COULEURS
NATIONALES MOSSI
PELGA
limpidité
on sacrifie
s·obtient par
Blanc
deuil
une poule
calcination
linceul blanc
! blanche
d'os - Kaolin
revenant
fantôme
... / ...

plus jeune ~ge du futur chroniqueur. Ce dernier ou un vieillard
sent"')1t sa mémoire diminuée peut se retrou'~e.r grâce ~ un système
de signes qu'il aurait êtablis lui-même.
L'exemple nous vient de Naba Halidou, gardien des
tombes et des Kim-Laasê
(1) des Naba de Salmentenga.
,

n
/ ,1 '"
l'If 2 0111 l>r
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...
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2 ,
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œT
......
1ZJ
(1)
KIM-LAASE
(écuelle ou plat servant au sacrifice aux mânes
des défunts. Chaque dêfunt a son Laaga (sing. de Laasé).

II -
L'ESTHETIQUE DES MASQUES
(
;
Le masque reste de loin
le seul élément artistique
qui définit la société dans laquelle il est produit.
Il porte
en ' i l'histoire de cette même société, r -'ce aux signes et aux
couleurs qui symbolisent les événements passés.
Les autres
signes sont moins négligeables car ils représentent tout un sys-
tème de codification propre à l'individu ou à l'association qui
les utilise.
A -
LES SIGNES DANS LES RECITS HISTORIQUES
Les gardiens de cette trai~ion orale restent de loin
les griots
(YUMBA).
Les joueurs de BENDA et de LUMSE dans la
société traditionnelle Mossi constituent les témoins de l'histoire
du pays, d'une famille grâce à leur transmission de père en fils.
Les vieux sont aussi les gardiens de la tradition.
Eux aussi tiennent leur savoir de leur père qui ont été instruits
de leurs pères. De générations en générations, on remonte dans la
nuit des temps.
Cette tradition se transmet oralement et par un
enseignement répétitif.
Pour un vrai griot,
le premier coup de son instrument
déclenche un processus qui livre le déroulement chronologique des
événements et restitue intégralement le récit.
S'il arrive qu'il
manque une séquence dans le récit,
(perte de mémoire ou oubli),
le griot meurt dans le courant de l'année.
Il en est de même pour celui qui fait l'éloge des
masques en évoquant le passé des ancêtres. Un oubli entraîne les
mêmes conséquences.
L'apprentissage oral se fait progressivement dès le

SABLEGA
remède
Noir
tous les tissus
sont noirs
cons~stance
suie- charbon
mystérieux
sacrifice
indigo
séjour des
d'un bouc
écorce de
morts
ou d'une
nopogsiiga
peur -
angoisse
chèvre noire
MIUGU
puissance
rouge
(soleil)
énergie vitale
sang
sang des animal:. ~
qui anime le
offrande
latérite
cosmos
violence
écorces d'arbres
génie
dureté
et feuilles de
mort atroce
mil
(sorgho
(Ku miugu)
rouge) •
royauté
(le Mogho Naba
se drape d' un
manteau rouge).

composition
décorative des éléments f
la couleur vient ren~ Jr:::er
cc~te t.~;nonie.
3) Les Couleurs
Dans la société traditionnelle,
les couleurs de base
étaient celles qui étaient obtenues sur place et dans la nature.
Leur nombre ne dépasse guère trois :
-
Le Blanc était obtenu par la calcination d'os ou de
coquillages
(cauris) ou par le Kaolin
(Goré).
-
Le Rouge résulte du sang des poulets
(l'inconvé-
nient est qu'il noircit à la longue) ,de la latérite et d'écorces
de tiges de mil appelé MONEM. son nom scientifique est le SORGHUM
CAUDATUM
(Var. Coloraus Graminae). La tige et les feuilles rouges
sont pilées et trempées dans l'eau.
-
Le Noir est obtenu par la Suie ou le charbon de b~is
moulu, mélangé à un peu d'huile d'arachide ou du beurre de Karité.
Cette peinture est appliquée sur le bois,
les calebasses. Pour la
teinture on utilise les feuilles d'un arbuste appelé NOPOGSIIGA (]
Une autre couleur appréciée des Mossi est celle qui
s'approche de l'ocre jaune à laquelle on ajoute un peu de noir.
C'est l'habit du chasseur ou du Peul. Elle s'obtient par des mé-
langes d'écorces d'arbre et de boue.
Ces couleurs appliquées harmonieusement aux objets
ménagers et vestimentaires
(parures, carquois ••. ) rehaussent
leur beauté.
Le blanc le plus blanc sera beau pour un Moagha.
(1) Voir explication au premier chapitre, partie teinture.

Les vingt six dessins représentent les vingt six Naba de Kaya.
Les aessins nO 3
(SIBGA)
le si"'9a e~i.. une espèce d'antiL",p<2
nO 6 (PAZONDE) veut dire "ne se baisse pas" -
ce
dessin représente une personne courbée
nO 9
(PATAODE) défense de tirer sinon vous aurez des
conséquences malheureuses. L'animal est totémique
nOII
(SALGA) veut dire glissant;représente une per-
sonne,le trait sous les pieds signifie le terrain
glissan t.
n O I3
(NANGNA) veut dire briller, faire des éclairs
naIS
(WOAGA) signifie l'éléphant
nOI?
(KOABGA) signifie nombre 100 ou 500 F.
nOI8-26
(KARFO) habit noir
(riche et cher)
n 0 20
(YEMDE) hippopotame
n023-2S
(KOULGA l
et II) rivière
B - LES SIGNES DANS LA DIVINATION
Les mossi tiennent en grand honneur les devins qui
découvrent les choses
cachées. Dans la Société mossi,
ils ont
été appelés Baghbugdba. Dans l~ cas que nous allons voir il
s'agit du domaine de la magie naturelle. L'art résulte de l'ef-
fort de l'homme pour capter à son profit des forces naturelles
ou pour lutter contre l'inconnu plein de mystères qui l'environne.
Il s'agit de mêler habilement la religion à
l'art de la divina-
tion.
Il y a là des secrets de familles efficaces et précieux,
mais chez beaucoup,
les succès ne proviennent que de leur habileti
professionnelle.
On peut lire l'avenir en lançant au sol une dizaine
de cauris. Si la fente est tournée vers le ciel,
le présage est
mauvais. Dans le cas contraire, c'est bon signe. S'il y él nombre
égal avec la fente en bas et tournée vers le ciel,
la réponse

~ la question est affirmative.
\\.Juant à d'autres,
ils procèd""nt autrem('~lt. Ils éta-
lent sur le sol du sable fin et y dessinent des signes, puis
Ils répandent
la farine
(poudre divinatoire)
et ~ ~lques
morceaux de sagpaksé (1).
Ils ferment la porte et attendent
dehors.
Les souris ou la souris attirée
par la farine va laisser
des traces sur les dessins.
La divination consiète à lire les
traces et prescrire les remèdes. Tout dépend de ce que l'on de-
mande au BAGHA
(2).
"Si c'est quelqu'un qui part en voyage,
je vois que
la souris est passée sur le marigot, puis sur une poule. Je dis
si tu pars en voyage,
tu vas te noyer dans la rivière mais pour
écarter ce facheux accident,
il faut que tu tues un poulet et
que tu l'offres au fétiche du marigot. Si la souris est passée
sur un arbre,
un lion et un mouton,
je dis :
tu vas rencontrer
un lion pendant ton voyage, un lion qui cherchera à te dévorer,
mais tu verras un arbre,
tout près de toi et tu monteras vite
à son sommet; du reste,
avant de partir, offre-le au dieu de
la brousse, et n' oublie pas de m'en remettre la moitié ..• "
(3)
S'il arrive que la souris ne passe pas c'est que
"l'esprit" est mal disposé,
et le client doit revenir pour re-
commencer une nouvelle fois.
Les signes utilisés pour la divination sont les
suivants
(1) morceau de la pâte de farine séchée
(2)
devin
(3) Père M. PATERNOT "Lumière sur la Volta" - Missions Africaine~
r953 chez le devin Zungrana -
p.
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15
champ de petit
26
pioche
3
puits
mil
27
marteau
4
arbre
16
champ de cJros
28
grand canari
5
marigot
mil
il bière
6
calebasse
17
mouton
29
panier
7,8,9,10 : poules de
18
chèvre
30
mortier il
différentes couleurs 19 : boeuf
piler le mil
I I
tambour
20
champ de mais
31
lion
12
enclume
21
champ d'a~chides
32,33,34
grenier
13
hache
22
chien
pleins
23
serpent
35,36,37
greniel
24
sentier
vides.

C -
LA BEAUTE FONCTIONNELLE DU MASQUE

<
,< C
"Le: masque africain, écrit A. Malraux, n'~5t pas la
fixation d'une expression humaine, c'est une apparition. Le
sculpteur n'y gé~~rise pas un. f~ntôme qu'il ignore, ~ suscite
celui-ci par la géométrie, son masque agit moins dans la mesure
oQ il ressemble à l'homme que dans celle oQ il ne lui ressemble
pas ~
les masques animaux ne sont pas des animaux ;
le masque
antilope n'est pas une antilope, mais l'esprit-antilope, et c'est
son style qui le fait esprit".
(I)
Le masque à forme phallique ne prend pas ici le sens
de sexualité au sens tristement, si l'on peut dire, occidental du
terme. Certains voient dans la manifestation culturelle des noirs
une expression de sensualité.
Ils cherchent une explication oe-
dipienne. Gobineau disait en 1854 que "Le Nègre possède au plus
haut degré la faculté sensuelle sans laquelle i l n'y a pas d'art
possible".
(2)
Cette thèse est malheureusement défendue de nos jours.
Certains trouveront que tout est sexe, ils verront partout un
accouplement de formes de sexe masculin ou féminin. En un mot,
l'art nègre reflète l'obsession sexuelle de ses producteurs.
De telles pensées ou de telles conclusions ne seraient
que la projection extérieure d'un refoulement intérieur de celui
qui émet cette thèse. De telles personnes dépourvues d'une logi-
que et d'un manque d'intérêt dans l'explication de la significa-
tion des masques n'ont pas leur place dans l'enseignement des arts
dfricains. L'Art africain ne les intéresse que dans la mesure oü
i l a valeur marchande. Après tout "achetons en masse, pour les
sauver de la destruction, les produits de la civilisation des
sauvages et accumulons-les dans nos musées".
(3)
(I)
J.
LAUDE "Arts d'Afrique Noire" p.
254 Collection de pQche
(2)
J.
LAUDE
"
"
p.
32
~, L..'v~ tk t:.ch. "
(3)
J.
LAUDE "A.
Bastian"A.A.N
p?
3I
'ct ... If,

Nous verrons dans quelle mesure,
après les avoir
étudi€:s,
ceE ol::je::.: ;;Jeu'IC
: êtr p
qual . fiés à' artistique,,_
I) Mémoire d'une Société
"Le Présent actualise le Passé,
le Passé donne de la
réalité au Présent qu'il authentifie" (I).
Le masque est la mémoire
de la famille des Wando.
La sortie dans le présent a pour but de
rappeler l'histoire de la création du monde et de la famille qui
l'emploie. Le masque ne se produit que lorsqu'il y a un évènement
important. La mort est une chose qui est du passé, qui peut être
présente, et arriver demain. La mort, la vie,
la mort est une
trilogie. Avant la vie sur terre,
i l y avait une vie au sein de
la mère, puis la venue sur terre, pour continuer une autre vie
dans le séjour des morts. Le masque est le symbole qui nous rap-
pelle que nous ne sommes rien sur terre. Mais avant de passer
dans l'au-delà, l'homme doit créer ~ne surface artificielle qui
l'isole comme un cercle magique et y faire entrer matériellement
et symboliquement les éléments maitrisés de l'Univers extérieur.
Dans l'Univers du Moagha, i l est impossible à l'homme
de communiquer directement avec Dieu. La nature possêde des
forces cachées que l'homme peut utiliser. Cette communication
n'est rendue possible que par le masque. Sur le plan esthétique,
cette intêgration est fondée sur des références purement symboli-
ques comme le note LEROI-GOURHAN (2), ces références symboliques
sont admises par la Société à partir d'une convention rythmique
qui englobe les jours et les distances dans un réseau artificiel.
L'utilisation du masque peut capter les forces cosmiques
(réseau artificiel pour atteindre Dieu)
Le Dimanche est le jour des mânes et de la célébration
des funérailles
(Kouré).
Dans la lecture des signes des masques
(I)
A BASTIAN -
J. LAUDE A.A.N. - p.
42
(2)
"Le geste et la parole" - A. Leroi-Gourhan Ed. Albin Michel.

le chiffre 3 est réservé aux hommes ainsi que le triangle et les
éléments droit.,
tandis gl'e le chiffre 4. ou l~ éléants ayant
quatre côtés et même les courbes sont réservés aux femmes.
Le ,,'jour des morts est sous-Terre,
tand __ que Dieu
trônerait dans le Cosmos. La superstructure au-dessus du WANGO
est ce réseau de communication$entre les ancêtres et Dieu.
Les
humains sont les intermédiaires.
Ils sont les délégués des an-
cêtres sur Terre.
En ce qui concerne les masques zoomorphes,
leur adop-
tion résulte d'une réflexion en observant la nature;
les animaux
qui entourent l'homme ne travaillent pas la terre, ni ne tissent
et ils arrivent à survivre. Ils doivent posséder des qualités et
des pouvoirs "magiques" leur permettant d'affronter les difficul-
tés de la vie! En empruntant le visage animalier,
l'homme arri-
vera peut-être à résoudre certains problèmes. Et par son instinct
i l a été le sauveur et l'ancêtre du groupe,
il devient totem.
Les animaux eux-mêmes ne se transfounent-ils pas pour
se défendre? Le caméléon change bien de couleur.
Les masques zoomorphes sont l'incarnation même de la
danse de la vie par laquelle les hommes,
les animaux,
les dieux
(de l'eau, de la terre, des collines, etc ••• ) forment une ronde
invisible qui se déroule à la cadence de cette musique des Esprits
C'est par la musique,
le mystique,
l'instinct que le masque pé-
nètre dans l'Univers.
Le masque constitue une double porte fermée sur le
royaume de l'instinct et de l'inconscient et sur les éner9ies in-
visibles de l'Univers. Ce qui est en surface n'est que le reflet
de ses profondeurs.

Le masque fonctionne ~ un très haut degré qui dépasse
l'hom~. Il y a be,ucoup d'énigmes, ~e signe
de déform,tions ou
de transpositions qui indiquent dans le symbolisme magique des
correspondances cachées.
(I~.
Les masques ne sont pas une reproduction de modèles
comme le pensait en 1898 André Michel dans la GRANDE ENCYCLOPEDIE
"Chez les Nègres, qui paraissent pourtant comme toutes les races
de l'Afrique Centrale et Méridionale fort arriérés pour tout ce
qui est affaire d'art, on trouve des idoles représentant des hom-
mes et reproduisant avec une grotesque fidélité les caractères de
la race nègre".
(2). Le propos d'André Malraux cité plus haut
réfute cette thèse.
Les masques possèdent une beauté fonctionnelle
qui abandonne l'objet. "Le masque antilope n'est pas une antilope .. '
La création ou la fabrication du masque est la matérialisation
d'une pensée profonde, c'est une métamorphose de la parole qui
est génératrice de vie.
La création figurative est l'élément principal;
les
formes fonctionnelles ne transparaissent qu'à travers l'enveloppe
figurative, décor d'inspiration végétale
(animaux)
ou anthropo-
morphique. La décoration humaine n'offre qu'une confirmation du
caractère constant de l'Ethnie Moaga à l'espace; les mêmes phé-
nomènes s'y déroulent dans la persistance des masques de la per-
sonnalité des Wando.
Ainsi la fonction du masque dans la société qui l'a
produit et sa forme se cc~énètrent.
Le masque, mémoire d'une société, est un art d'intel-
lectuels.
Les signes et les symboles utilisés ne sont compris que
par les initiés
(les membres de la famille des Wando). Le masque
est la figuration des événements mythiques.
Il découle d'un art
de signes, et est plastico-visuel. L'audio-verbal, qui est
(1) Des symboles qui dapassent l'entendement.
(2)
"Les Arts de l'Afrique Noire" -
J.
LAUDE -
coll.
Livre de Poche
p.
33

l'apanage des griots-conteurs, relève de la tradition orale et
~st accessitle ~ toutes les scc~étés.
2) Spirituel
. ' rtOllJ~
La pratique Wango est réservée aux s~ners5E qui sont
des NYNYOSE. Elle est une religion.
Le responsable de l'Univers
est Dieu qui fait les beaux et les mauvais jours du Moagha. Le
masque est produit pour répondre au besoin de l'homme pris d'~n­
goisse.
Il faut savoir si les masques refl\\jji~es objectifs ;
Portent-ils les marques religieuses ? Les Str~ell!!: de Koudougou, (I)
ou les WANDO, ont leurs prêtres pour les sacrifices.
On utilise
..
un langage particulier qui est le SIKU. Le port du masque dans
certaines cérémonies se fait nu. Le masque étant le canal par
lequel les membres passent pour dialoguer avec Dieu. Car i l a été
aussi révélé aux hommes par Dieu, pour ce but.
Il est la chose
qui vient du ciel YINGRI SAGH BUMBU.
Avant la cérémonie on sacrifie un chien noir sur la
tête du masque qui est déposé sur l'autel. Le chien est l'animal
qui voit la nuit, il est gardien de la maison et prévoit le mal-
heur.
On dit que les chiens se sauvent du domicile de leur maître
quand ils sentent la mort prochaine de celui-ci.
La couleur noire
du chien a de l'importance, car dit-on, on ne peut rien contre
tout ce qui est noir. Maintenant que les chiens complètement
noirs sont rares, on sacrifie des chèvres noires.
La forme du masque se veut mystique.
Il ne possède
qu'une tête et un corps. Dépourvu de membres, i l suscite la
crainte, le respect, en un mot, il évoque un mystère envoQtant.
Les signes
(triangles, etc .•. ) et les couleurs ont
une signification dans la cosmogonie et la cosmologie Mossi.
La
couleur noire est celle de la cérémonie.
Elle est aussi celle des
(I) Cf Mémoire de maîtrise - pages 49-56

remèdes.
Le rouge est la couleur des génies malfaiteurs qui
emp~çhenr. l~ bon ~,§rouleJl\\ent Ju monûe. QUa.ht au ù::'anc,
aCCc,flL-
4 _
pagne le défunt dans l'au-delà.
La beauté du masque réside dans la combinaison de ses
signes-symboles, de ses couleurs magiques et de la forme. Cette
composition d'éléments destinés d'abord au culte est aussi belle
pour ceux qui la manipulent que pour ceux qui la regardent.
Le
masque
est d'une beauté spirituelle qui se situe dans une zone
extra-humaine i
i l est la présence et le témoignage d'une volonté
divine.
C'est par lui que les SUK~E peuvent prier, attirer
les faveurs divines et capter les forces cosmiques. Que ce soient
les masques zoomorphes ou les masques de toute autre nature,
ils
sont exhibés en public.
Il y a donc une recherche esthétique. Ces
masques fonctionnent à deux niveaux : communication avec Dieu et
communication avec les spectateurs, ces derniers peuvent lui de-
mander service.
"Les noirs, écrit Marcel GRIAULE,
se comportent avec
une conscience à la fois esthétique et religieuse, religieuse vis-
à-vis des objets des sanctuaires, esthétique vis-à-vis du masque
en place publique.
Le masque, même dépouillé de sa cosmétique,
excite l'admiration des usagers."(I)
Le masque a son complément:
l'art décoratif.
Le
masque,
l'art décoratif,
les scarifications forment la trinité de
l'art Mossi.
La décoration sur les masques est une action magique,
les signes et les couleurs ont des caractères religieux.
3) Masque et art décoratif
Le souci des objets décorés est toujours demeuré au
(I)
"Art de l'Afrique Noire"- Marcel GRIAULE -
Edition du Chêne
I947 - page 27.

Mogho.
Les savates, le harnachement des chevaux, les greniers,
los chapeaux, les boubous formés de banQ~s de cotonnade ..• sont
tDujours décorés, soit de formes géomé~~1ques, soit de formes
figuratives.
Ces signes ornementaux sont le cercle, le triangle,
le '~sange, des traces de pattes de gaze'
1
ou d'hyène.
La forme
ovale,
les cauris, la croix. trouvent leur place dans la décora-
tion. Les couleurs sont sommaires, la gamme se limitant au rouge,
noir et blanc,
jusqu'à la colonisation. Elle s'est ensuite éten-
due au jaune, vert et bleu.
Le tatouage sur l'ensemble du corps, en scarifications,
se fait dès que l'enfant est en mesure de le supporter sans danger.
Généralement, i l est pratiqué au moyen d'une lame ou d'un couteau
chauffé et appliqué sur la face,
les joues, le menton, les tem-
pes, la nuque, et -ou- sur la poitrine, le ventre, etc •••
Les tatouages à portée sociale sont des signes d'appar-
tenance à un clan, à une race.
Ils .iéterminent les classes socia-
les ou différencient les races. Chez les Mossi, ils sont un signe
d'une citoyenneté à part entière, avec des devoirs et des droits
à la protection de l'Empereur. Les tatouages à valeur esthétique
se portent sur le visage
(scarifications), mais ils sont défendus
aux hommes nobles, sur la poitrine ou sur le ventre uniquement
chez les filles.
Les tatouages ventraux
ont aussi upe valeur religieuse.
Les jeunes filles qui ne se soumettent pas à ce tatouage local
seraient, dit-on, stériles.
~Scarifications et tatouages sont effectués par les
vieilles femmes qui les pratiquent au moyen d'une lame de fer forgé
pour inciser la peau du visage ou du ventre.
Sur le dos,
la poi-
trine et les membres, elles soulèvent la peau à l'aide d'une
épingle ou d'un hameçon, puis i.ncisent la chai.r avec une lame.

Elles oignent l'endroit incisé avec de la cendre de tige de mil
If
~t du charbon de boi.s, pen-'lant trois jnurs.
(1)
Ce que nous retro~vons sur les ustensiles et le corps
humain, s'applique aussi a~. ~asques.
Le Pêre Eugène MANGIN décrit dans son livre Consacré
aux coutumes des Mossi, la signification des tatouages. Selon lui,
les scarifications se font sans raison.
Le tatouage "National" se
compose essentiellement de trois raies de chaque coté de la fi-
gure parallèles, partant de la tempe et coupant la joue vertica-
lement jusqu'au menton, et d'une raie qui part du nez et tombe
perpendiculairement sur les trois premières, traversant ainsi la
joue horizontalement.
Parfois, i l n'y a que deux raies verticales, hachurées
dans le sens horizontal, comme une échelle: c'est la marque des
hommes libres et des fils de chef.
Les trois raies verticales peuvent être arrêtées en
leur milieu par trois raies horizontales et ensuite reprendre
leur course jusqu'au menton: c'est la marque des enfants nés
chez les Peuls.
Leurs a!nés sont morts et le devin a recommandé
à la maman d'aller enfanter chez les Peuls.
Les enfants sont tatoués à n'importe quel âge. Mais
c'est une coutume qui n'est pas obligatoire chez les Mossi, car
la scarification est parfois critère de beauté.
On ignore dans
quelle circonstance le tatouage a été introduit au Mogho.
(1)
"Approche de l'enfant
Ambroise ZAGRE
en milieu traditionnel voltaIque" -
cours universitaire
niveau DEUG -
année 76-77

Les BISA,
les SAMOS, les GOUR~NTCHE, les DAGARI, les
BOBO, lp.s YORUar du Nigeria,
les TCHADIENS pratiquent le tatouage,
d'oa plusieurs sortes de scarifications distinctes qU~ consti-
tuent la carte d'identité ethnique.
On retrouve les mêmes scarifications sur les poupées
Mossi et sur les masques.
Les scarifications ne sont qu'un signe
ornemental. Par contre, i l existe des scarifications préventives
contre certaines maladies. Pour le LIULA
(1), on pratique une
petite entaille sur la joue gauche et on applique un remêde contre
le mal.
Le corps et le masque sont une mémoire qui relie
l'homme au monde. L'homme nu est un homme naturel. C'est par les
signes appliqués sur le masque que ce dernier prend une valeur
spirituelle et historique.
On ne peut en outre apprécier la valeur du masque
sans son environnement, l'ambiance, le geste, la musique,
les
spectateurs.
Le masque, en tant que sculpture,
la musique, les si-
tuations sociales vécues et mimées sont une projection sur la
réalité.
Les formes de masques tirées de la nature sont prêtes
à l'animation.
D - DE LA BEAUTE DES MASQUES
1) La Société contemporaine
Les vieux sont les seuls gardiens et défenseurs de
l'Art Mossi. C'est grâce à eux que nous devons les quelques mas-
(1) Maladie des enfants.

ques de notre pa tr imo ine cu l ture 1.
Il faut noter le peu d'intérêt qu'ont les jeunes sur
les Arts Vol taIques.
T.es seuls visiteurs du Musée National de
Ouagadougou sont les etrangers.
Les études consacrées aux ~~_­
turnes voltaïques viennent des étrangers. Et quand ces derniêres
révèlent des choses qui leur sont inconnues,
ils sont indignés
et crient aux scandales.
Ils se sentent frustrés,
les mots qui
reviennent sont:
"c'est faux!
C'est un trucage 1 Cela ne se
passe pas ainsi
1" Ils ne feront rien pourtant pour mettre A jour
ces manifestations culturelles.
Les jeunes sont beaucoup attirés par les arts mar-
tiaux plutôt que par les arts plastiques
(grace au cinéma , et
au confort occidental~ Ceci est da en partie à l'éducation cal-
quée sur le système colonial et aux deux religions
(le Christia-
nisme et l'Islam). Elles ont joué un rôle, même sans le savoir,
sur le déracinement de l'individu. En embrassant l'une des re-
ligions on se hisse au rang supérieur.
Les autres sont des KIFA
(ou païens).
Le Moa~a qui a un peu d'instruction est considéré aux
y~des gens restés au village comme "blanc". On l'appelle d'ail-
leurs NASAR-SABLEGA
(un noir-blanc). Le rejet vient de lui-même
i l n'a plus la patience d'écouter les ancêtres, ni d'accorder
de l'importance au culte du WANGO qu'il considêre comme faisant
partie du folklore national.
Ne rencontre-t-on pas des gens qui changent complète-
ment d'accent après un bref séjour en Europe.
Certains ne lais-
sent-ils pas pousser leur barbe pour cacher leur identité eth-
nique qui se caractérise par les scarifications? Ne vont-ils
pas jusqu'A "blanchir" leur peau pour ressembler au blanc?

Ils n'ont plus leur place dans la sgçiêtê tradition-
nelle et ils ne peuvent pas non plus embrasser complètement la
civilisation Occidentale. Que faire?
La réaction primaire est ce que l'on appelle fausse-
ment le retour à l'authenticité. On prône le rejet total de la
civilisation des colonisateurs. On veut faire comme avant, refaire
vivre les religions traditionnelles. Mais hélas, ces dernières
ont des contraintes qui nous paraissent intenables et parfois
ont des pratiques "sauvages".
Nous avons appris à penser en blanc, nous agissons
en blanc.
Nos gants s'apparentent maintenant à ceux du blanc.
Le masque? On ne cannaIt pas. Après tout, c'est le
folklore du village. D'ailleurs il y a longtemps qu'ils n'appa-
raissent plus en public, et cela depuis l'Indépendance.
Il faut
aller en brousse pour les voir. D'ailleurs le temps fait défaut.
Cette façon d'agir vient des responsables qui malgré
leur slogan de développement économique et culturel, feraient
mieux de supprimer le mot culturel. Que font-ils pour la culture?
Quelle place accordent-ils à
l'artisanat? Parmi ces responsables,
qui a décoré sa maison d'objets africains? La culture est belle
dans les colloques oü des discours et des théories sont des mets
copieux.
L'environnement même est détruit et calqué sur la
mode occidentale. OUAGADOUGOU se veut une ville moderne, avec
ses magasins,
ses avenues, ses ambassades, ses restaurants et
cinémas. Tout est de conception européenne. N'a-t-on pas assisté
à
la destruction de l'ancienne gare de OUAGADOUGOU pour mettre
en place une bâtisse ultra moderne qui n'a aucune référence

culturelle en Haute-Volta (
La Haute-Volta n'a pas de musée
tine sa.:le ci· ~vil·o. :ent lll~tres earrés appart.enant d l' Hôtel de
l'Indépendance sert d'exposition.
Quant à la réserve .•• son sort
laisse à désirer.
Le manque de structure favorise l'éliminè~ion
(dans les sens que ce mot peut comporter) des objets.
JUlqu'à l'heure actuelle, aucune loi ne régit la con-
servation du patrimoine culturel Voltaïque. Les masques peuvent
sortir à l'extérieur de la Haute-Volta sans espoir peut-être de
retour.
Jean LAUDE écrit que "l'Africain noir a le goût de
son propre passé, i l éprouve aussi le besoin de s'y enraciner
afin de s'y ressaisir".
(1) Ce goDt du passé lui prend au moment
de ses cafards, ou lorsqu'il a été blessé dans son amour-propre.
Comme le passé se meurt avec la fin de la Tradition
Orale et le pillage des objets culturels,
i l lui sera plus tard
difficile d'avoir des références historiques concrètes.
Il lui
faudra se rendre en Europe ou en Amérique pour retrouver son
passé.
Il est urgent que l'on arrête le déracinement des
oeuvres africaines.
La faute vient des nationaux qui, avec la com-
plicité de certains européens dépourvus d'éthique, favorisent
l'expatriement des objets d'art. Mr MOCTAR M'BOW a lancé un appel
concernant le retour des oeuvres d'art dans leur pays d'origine.
Quels sont les collectionneurs privés ou les musées qui se des-
saisiront de ces objets pour les renvoyer dans leur pays ? Quel
est l'état africain qui pourrait racheter ces objets au prix
qu'ils coûtent actuellement?
La solution est de stopper le pillage des masques.
Si
(1)
"Les Arts de l'Afrique Noire"- J.
LAUDE - Coll.
de Poche.
P.
42
In "Art nègre"- A. ADANDE - Présence Africaine nOs 10-11
Paris 1950.

notre génération n'accorde aucune importance à ces objets, qu'on
les garde élU moins pour nos enfants ol1i ne se contenteront pas
de reproductions, de copies ou de phutos.
La p~atique du Wango se p~ ~~ge d'elle-même dans la
mesure où les vieux sont toujours en vie. Elle a résisté et ré-
siste encore contre vents et marées. La survivance est dans les
mains des jeunes membres du WANDO. Si malgré leur aspiration aux
cultures étrang~res ils préservent leur culte, nous pourrons con-
tinuer à les voir lors des funérailles. Déjà d~s la colonisation,
les européens ont tenté de faire exhiber les masques destinés au
culte lors des fêtes du 14 juillet.
Peut-ëtre qu'avec la jeunesse montante le culte du
WANGO sombrera dans l'oubli.
Il est inévitable qu"avec Je progrès
de l'enseignement moderne, de l'Islam et du Christianisme, cette
croyance s'éliminera. Déjà dans le milieu urbain certains igno-
rent le sens du masque.
Il est un élément de folklore national
pour certains.
Il est une pratique ou une appartenance à une secte
ou à une caste pour d'autres. Beaucoup le définissent enfin, com-
me objet d'art fabriqué à l'intention des touristes.
Il est aussi inconnu que la pratique du SUKOMSE de
KOUDOUGOU que bon nombre de Mossi ignorent. La civilisation occi-
dentale atteignant nos brousses, maintenant, balaie de plus en
plus cette croyance du Masque.
La secte est fermée et réservée
exclusivement aux membres issus de la lignée des NYNYOSE.
Les
adeptes étant peu nombreux,
et les héritiers fuyant vers la ville,
miroir de la civilisation occidentale, cette pratique est condam-
née à s'éclipser.
Outre la pratique du masque qui s'avère difficile à
préserver,
il existe aussi le côté artistique qui reste le seul
élément pouvant ëtre sauvé, grâce à l'effort des dirigeants et des

hommes conscients de la valeur et de la sauvegarde du patrimoine
cul tureL
Le but de faire connattre les masques Mossi ou ceux
appa r '~nant aux différî!l)tes ethnies de la II 'lte-Vol ta : les BWABA,
les LOBI,
..
~.~",.
les~e~mBA, s'est traduit par des expositions dans
divers pays. Une importante série de Masques Mossi fut exposée à
Bruxelles en I973 et à Bogota en I972.
De nombreux Musées possèdent quelques spécimens de
masques Mossi, sans compter les collectionneurs particuliers.
La tentative de faire connattre les masques Mossi
hors de nos frontières est une prise de conscience de la valeur
de notre patrimoine culturel. Ces brèves et timides sorties de
nos masques hissent notre art au rang des masques DOGON, BAMBARA,
SENOUFO, BOBO,
•••• , déjà fort connus et objets de nombreuses
études de certains ethnologues ou historiens occidentaux.
Dans la société d'aujourd'hui, la jeunesse Mossi a
pris conscience de la valeur esthétique du masque.
Laissant de
côté la valeur religieuse du ~GO, cette jeunesse a constitué
une autre forme de Masque.
Il s'agit du "DODO" ou "OODOGO"
(DODOODO). On a pu le remarquer
'à OUAGADOUGOU depuis plus de
vingt ans.
Le DODO
est une imitation du masque.
Il couvre la
tête du porteur comme les masques-heaumes,
i l est: taillé dans une
calebasse. On pratique deux ouvertures en guise d'yeux. Deux tiges
de bois recourbées forment les cornes d'un animal repré~entant le
KALENGA
(sorte d'antilope).
Souvent, pour représenter le lion, on
assemole deux calebasses.
La première sert à couvrir la tête du
porteur,
la seconde représente la face.
Sur cette dernière, on
taille deux ouvertures
triangulaires pour les yeux.
Les OODOODO

sont ensuite peints en noir et en blanc. Des formes géométriques
constituent la décoration principale. Pour représenter la cri-
nière ou le pelage d~ l'animal, on attache des franges de cisaI.
Le reste du corps du porteur est caché par une couverture qui en-
veloppe le dos et don~ les deux extrémités sont nouées autou'
du
cou.
Les deux autres extrémités sont passées entre les jambes,
ramenées et nouées à la taille. Les membres inférieurs et supé-
rieurs sont peints au calcaire ou à la chaux.
Le DODO traîne
derrière lui une corde au bout de laquelle est attachée une queue
de vache. Le DODO tient dans les mains deux boules de granit
qu'il entrechoque pour marquer le rythme de la danse.
Les spectacles ont lieu tous les ans,
lors du jeûne
musulman.
Nous ignorons d'ailleurs pour quelle raison ils ne sont
pas produits à une période autre que celle du car~me des musul-
mans.
Le DODO a-t-il un lien avec l'Islam 7 Il semble que non car
dans d'autres régions de la Haute-Volta il n'est pas usité. Dans
les pays limitrophes, à forte densité musulmane tels que le Mali
et le Niger,
les gens ignorent ce genre de spectacle.
Il se manifeste par un véritable carnaval nocturne
au clair de lune. L'ensemble chorégraphique est constitué d'un
groupe de chanteurs et de danseurs. Un soliste entonne,
tandis
que l'ensemble du choeur, formé des jeunes du quartier, constitue
en même temps les spectateurs. Tous se déplacent de porte en porte
Le soliste
Le choeur
EH
SALAMALEKOUM
AWA YE
(en arabe)
(traduction ignorée)
YlRA SOBA KABE LA ?
AWA YE
(Le propriétaire est-il sorti 7)
KABRE TID BONSE KON NORE
(.)
AWA YE
(Excusez-nous, nous mendions pour manger)

TI ïA LA NOLOERE KlUG LA
(.)
AWA YE
(Car c' rst le temps du carême)
NA WEND NA LOK y NONR LA
(.)
AWA YE
(Dieu vous accordera la fin du car,__ 1)
TA LI YA SAGH DA
(.)
AWA YE
(Traduction ignorée)
GOUDON GOUDOU DAME
(.)
AWA YE
(Traduction ignorée)
Si le propriétaire sort avec un cadeau, de l'argent
ou du coton,
le soliste change de mélodie,
la chanson devient
rythmée, accélérée: c'est l-appel des danseurs.
A NA BOLA DODOGO
(J'appelle le DODOGO)
Le choeur reprend
TAWITA •••••
TAWITA GUIRMA SAï
Il appelle successivement les danseurs,
le Kalenga
(antilope),
le Wamba
(singe),
le Wobgo
(éléphant),
le Bëeneyga
(lion),
le Wenafo
(buffle),
le Abga
(panthère).
Deux "gendarmes" viennent faire un salut militaire
(influence du colonialisme ?) puis,
au moyen d'une matraque,
ils
font reculer les spectateurs,
un vaste espace est vite constitué,
ce~aire permettra aisément l'exécution des danses.
Les 0000000 arrivent.
Les Kalense
(Ralenga au singu-
lier) dansent debouts. Ces derniers ne portent pas de couverture.

·'\\.j''t
Leur corps est décoré de formes géométriques à la chaux, ce qui
les rerd méconnaissables.
Ils ti~,nent deux bâtons et dansent en
s'appuyant sur ces bâtons, tandi~ que les autres animaux dansent
sur leurs quatre "pattes".
Le soliste entonne le chant de départ. Le groupe de
danseurs s'éloigne, cachés derrière des pagnes assemblés et tendus,
ils vont s'éclipser on ne sait o~, en attendant un nouvel appel.
Les 0000000 ont leur semblant d'interdits. Lors de
l'exécution des danses,
i l arrive qu'un gamin reconnaisse telle
ou telle personne, il est alors poursuivi et battu s ' i l prononce
le nom de cette dernière.
Il Y a 15 ans environ,
la fabrication des masques
0000000 se faisait dans un lieu caché, pour préserver l'intérêt.
Ceux qui verront les 0000000 le jour, ne voudront plus les voir
la nuit venue. Une autre raison est que lors du temps de carême
musulman, chaque quartier forme son groupe de 0000000. Une con-
currence sérieuse s'établit entre ces différents quartiers. Les
groupes concurrents essaient alors de se surpasser par la beauté
des masques-OOOOOüo. Lors des sorties, des rêglements de comptes
se produisent,
chaque groupe tente de briser les masques des ad-
versaires.
Oepuis ces derniêres années, nous assistons à une
évolution du OOOOGO tant sur le plan vestimentaire que sur le plan
chorégraphique. Les têtes des 0000000 sont taillées dans du bois
de kapotier ou de filao,
l'inspiration zoomorphique s'accroît, le
choix des danseurs et leurs évolutions sur scène sont étudiés.
Oe nos jours, nous avons l'occasion de les voir dans
certains quartiers mal éclairés de OUAGAOOUGOU. Monsieur TRIANDE
organise des festivals de 0000000 à la Maison du Peuple de

OUAGADOUGOU ~our tenter de sauver et d'encourager ces jeunes
productffilrs de nouve]
~s formes d, masques_ Cette pratique
beaucoup de succês au sein de la jeunesse mossi, 90 % des Jeunes
de nos brousses s'adonnent a cette manifestation folklorique.
Cette forme de la rêactualisation du masque est peut-
être une initiative de la jeunesse de OUBRITENGA
(ville de OUBRI,
fondateur de l'empire de OUAGADOUGOU,
les anciens continuent
d'appeler OUAGADOUGOU: OUBRITENGA). Le DODOGO rassemble les
jeunes de toutes croyances, animiste, catholique ou musulmane.
La durée correspond à la période du Ramadan. Les gains sont sou-
vent appréciables. Chacun a sa part à
la fin du carême. Après
avoir brûlê les têtes en calebasse
(comme le font les SUKOMSE à
la fin du PONKO)
les jeunes retournent a leurs occupations quo-
tidiennes.
Le lendemain de l'Indépendance Voltaïque a vu la
formation du C.A.L.A.H.V.
(Centre d'Activité Littéraire et Artis-
tique de Haute-Volta). Après quelques manifestations, ce cercle
est tombé dans l'oubli; son but était d'aider les artistes vol-
taïques à se définir et à
s'épanouir au contact du peuple voltaï-
que.
La fin des concours organisés par le C.A.J..A.H.V. se soldait
par de grands prix décernés aux meilleurs artistes qui s'étaient
manifestés par une création personnelle, la qualité de l'oeuvre
et excellaient dans la technique choisie.
Quelques rares personnalités voltaïques ont porté un
intérêt sur le C.A.L.A.H.V. ,Les membres du bureau qui travdil-
laient bénévolement, avaient beaucoup de mal à
trouver les fonds
nécessaires à ces manifestations.
La majorité des récompenses ve-
nait des ambassades accréditées en Haute-Volta.
Si après notre Indépendance, nous sommes toujours
sous le couvert des puissances occidentales, économiquement et

politiquement,
il Y a un domaine où nous pouvons acquérir notre
indépendance totale. C'est danr
le domaine culturel et artistique
que nous pouvons conserver notre identité. Des hommes tels que
les regrettés NAZI BONI et DIM DELOBSOM, -
Le Larlé NARA, TRIANDE
Toumani, OUEDRAOGO Joseph, GU IR'
Frédéric, et bien d'autres, ont
essayé par des écrits et des
témoignages oraux de faire connaître
nos traditions ancestrales aux voltaiques des villes et au monde
entier.
Dans le domaine artistique,
le regretté DERME SIBIRI,
fondeur du quartier NIOCSE
(OUAGADOUGOU)
a brisé les formes tra-
ditionnelles des personnages en cuivre.
Il s'inspira surtout de
la vie quotidienne et paysanne des Mossé. Ses recherches de nou-
velles formes plastiques lui valurent plusieurs médailles natio-
nales et de nombreux grands prix. En peinture, OUEDRAOGO Salam
de OUAHIGOUYA,
illettré, autodidacte en matière de peinture, se
hisse aujourd'hui au rang des meilleurs artistes voltaïques,
OUEDRAOGO Birigui Julien, artiste-peintre, participa à plusieurs
expositions en Europe.
Le septième art commence sa timide perçée avec deux
jeunes réalisateurs Djim KOLLA et TAOKO ••••
OUAGADOUGOU s'est vue attribuer le siège du cinéma
panafricain. Nous assistons a une éclosion de manifestations ar-
tistiques tant sur le plan inter-africain qu'au niveau national.
Après quelques balbutiements, nous espérons former un langage cul-
turel qui nous permettra de nous définir.
La connaissance des masques ne peut se faire que dans
la mesure où elle est perçue du public.
Le
~NGO dans la société
traditionnelle avait une conception religieuse.
Il n'est pas fa-
cile d'enseigner le culte du
WAONGO aux voltaiques d'aujourd'hui.

t3t
D'ailleurs, ce culte est secret et ne s'adresse pas ~ tout le
monde.
La survl. ne peut tWbuver de voie que ~3nS ~e
probl~mes
qui nous occupent actuellement. C'est dans les domaines culturel
et économique qu'il peut trouver sa place.
Les domaines qui touchent bea~coup plus le public
sont ceux du vêtement et de l'architecture. Car, au Mogho, les
greniers de mil édifiés en terre battue ou en argile étaient
pour la plupart ornés de motifs, soit anthropomorphiques ou zoo-
morphiques, et de dessins géométriques. Des lézards, des caimans,
des oiseaux ••• en relief, étaient accolés aux parois des greniers.
Bien souvent, et ceci est surtout valable en pays Gouronsi,
les
motifs étaient peints en blanc, en rouge et en noir.
Dans les cours des chefs, des motifs ornementaux par-
couraient les murs, l'estrade OÜ ils trônaient. Le hangar sous
lequel ils donnaient audience était soutenu par des poutres tail-
lées, ornées de motifs géométriques pyrogravés.
Les poutres dif-
féraient les unes des autres,
leur nombre correspondant ~ celui
des notables. Chaque dignitaire devait s'asseoir à côté de la
poutre qui lui était assignée.
Les ministres étaient placés à
proximité de la poutre centrale
(poutre du chef).
L'entrée du Kimsé-roogo
(maison des mânes)
était en-
cadrée par deux poutres en forme de Y. Sur l'un des poteaux
était posée une calebasse qui servait au culte. Le col des po-
teaux était sculpté.
Il faut aller dans les villages pour trouver ces
genres d'éléments décoratifs intégrés à l'architecture.
Dans la société voltaique contemporaine, comme partout
en Afrique, oü l'on prône l'authenticité,
le retour aux sources,

les gens se soucient peu de l'intégration des symboles ~fricain5
dans les décorations int( -ieures ou extérieures.
Ils ont plutôt
la fièvre du confo~t europée~. Il existe une ambigulté dans
l'homme voltalque et chez l'africain en général qui aspire a la
civilisation occidentale,
JUt en exhibant son désir de retourne
aux sources.
2)
La vision occidentale
-
La naissance de l'exotisme et connaissance des oeuvres
des colonies.
"Singulier destin que celui de "l'Art nègre"
!
(1)
Successivement, objet de curiosités, puis de dédain et de mépris,
bientôt document ethnographique, soudainement promue
(la sculp-
ture) par la volonté de quelques peintres modernes, A la dignité
de source d'inspiration, aujourd'hui enfin, négociée et recher-
chée par des amateurs de plus en plus nombreux •.• " ces lignes de
Jean LAUDE montre l'aspect tragique qu'ont connus les arts
d'Afrique Noire. De la découverte à la colonisation de l'Afrique,
de la fureur des Indépendances dans les années 60 à nos jours,
l'Afrique est une terre d'une civilisation "arriérée" pour ne pas
dire archaïque. MaLS chaque expédition menée en Afrique rapporte
toujours quelque chose de nouveau.
La date la plus ancienne re-
monte à 1470 et concerne la découverte des objets africains.
Charles le Téméraire signa un billet à un chevalier portugais
quand ce dernier lui apporta deux idoles en bois.
La Renaissance connut des produits et matières venus
d'Afrique.
L'intérêt est porté aux choses exotiques, on les
nomme d'ailleurs curioc;i tés d'Afrique. Ces curiosités étaient
des produits des sauvages qui traduisaient avec fidélité leurs
propres traits dans les sculptures.
(Il
"Les Arts de l'Afrique Noire" - J.
LAUDE - p. 9

L'opinion qu'on se fait des Africains n'a pas varié
depuj~ le XVe siècle. Les Noirs rappellent le péché originel.
Ils unt été réputés issus du mauvais fils ~3 ce Cham dont la
descendance fut maudite par le père injurié -"Maudit soit CHANAAN
Qu'il
i t l'esclave des esclaves de ses frê'~s 1"
"Au XVIe siècle,
les Nègres étaient situés à un stade
de l'humanité immédiatement postérieur à la chute. Ce ne fut
qu'en Juin 1537 que, dans une bulle pontificale, PAUL III conféra
aux habitants des contrées nouvellement découvertes la qualité
d'hommes véritables, à condition qurils fussent capables de pro-
fesser la foi catholique et de recevoir les sacrements",
(I)
Le Père Leclercq décrit une scène de funérailles en
I93I, en disant que "ces scènes sauvages montrent à quel degré
de civilisation en sont encore restés les indigènes de ce pays
et i l faudra encore bien des années pour que le Christianisme
vienne transformer leurs moeurs. C'est par la religion seule
qu'on arrivera à leur "donner de saines idées".
(2)
La colonisation et la religion avaient pour lourde
tâche de civiliser les sauvages. Malgré leurs efforts, ces sauva-
ges demeurent, car ils n'ont pas enrayé
leurs coutumes. L'une
veut renverser les coutumes pour installer le règne de Dieu, et
l'autre pour installer le règne de l'Europe.
Les deux tendent à
la destruction pure et simple de l'identité culturelle noire.
Quant à leur art, ce sont les mythes scientifiques
qui vont déterminer le jugement porté sur l'Afrique.
"Le progrès
technique est à l'origine du progrès moral, du développement des
"Beaux-Arts" et des "Belles lettres". Les civilisations non euro-
péennes sont classées selon leur indice de technicité".
Les non-
européens sont flattés d'apprendre que les coutumes barbares
(I)
Jean LAUDE -
p.
25 -
"Les Arts de l'Afrique Noire" Coll. Poche
(2)
Père Leclercq -"Lettres à ma famille" p.
48.

d'hier ont le qualificatif de civilisation.
On admet quand même
~e le~ feuples sit~és ~ ~n degr( inf~.ieur ~_ culture peuvent
~voir atteint un degré relativement élevé dans le domaine de
l'Art".
(1)
Ces oeuvres restent toutefois des objets curieux et
une passion pour ceux qui sont en mal d'exotisme et qui voudraient
investir dans le commerce des produits des sauvages. Peut-être
que ces oeuvre auront de la valeur un jour, avant tout, i l faut
les acheter en masse. La ruée vers les objets africains venait de
marquer son point de départ.
"Certaines missions comme celle de
Léo FROBENIUS ont raflé des milliers d'objets dans l'Afrique
Occidentale et au Congo, si bien que les industries indigènes
de plusieurs tribus en sont mortes ••• Dans ces pillages organisés
à coup d'argent -
ce n'était pas toujours le cas -
l'explorateur
n'a pas le temps et n'a pas l'idée d'étudier le fonctionnement
social qui conditionne les productions locales".
(2)
Il faut reconnaître la valeur de FROBLNIUS qui a
fourni des milliers d'objets à l'Europe. Ces objets ont pennis
l'étude des tribus. Son passage dans certaines r"gions a laissé
de mauvais souvenirs.
Il n'a pas hésité à emport~r des objets
qu'il n'avait pas achetés et a réussi à passer 1. frontière
togolaise sans être arrêté.
Arracher des objets de culte à des
sociétés,
j'appelle cela un meurtre social.
Ironle du sort, i l
y a une rue à Ouagadougou qui porte son nom ! Gluire aux pilleurs
Au XIXe siècle les arts de l'Afrique n'étaient pas
perceptibles ;
on les méprisait dans la mesure oü on ne les
comprenait pas. Les objets transportés en Europe n'étaient pas
accompagnés de docQ~ents_
(1)
Opinion de R. ANDREE en 1885 relevée par J.
LAUDE p.
JO
ln "Les Arts de l'Afrique Noire"
(2)
Idem -
p.
31

La découverte des objets africains par les artistes
allait donner naissance à une plastique nouvelle.
Les artistes
voient "'_d1S les objets africains un produit d ... ,lstinct et d'ex-
tase.
On parle "de lignes fortes et sensibles,
les tensions des
contours pt celles des épidermes, les rapports ~e masses équili-
brées, la richesse des volumes exprimaient le sens de l'oeuvre ..
.•••• "
(1)
-
On a beaucoup écrit et beaucoup discouru sur l'art
africain; on a jamais demandé aux africains ce qu'ils pensaient
de leur art.
La parole est toujours dans le camp des historiens,
des ethnologues, des sociologues et des marchands d'art.
Toutes ces descriptions sont une projection des ca-
naux occidentaux sur les produits africains.
L'Art Mossi est sans
mouvement. Mais i l y a une chose que l'on oublie souvent.
Le mas-
que,
la statuaire que les Européens ont dans leurs musées sont
incomplets.
Au masque,
il manque la robe et les accessoires;
à
la statuette i l manque les écuelles et objets rituels qui l'en-
tourent.
Peut-on apprécier la beauté du masque sans son environ-
nement, sans la musique, sans la danse
(mouvement)
? Il leur sera
impossible de comprendre les arts africains s'ils étudient une
partie d'un tout qui se veut indivisible.
La création est spontanée.
L'artiste n'étudie pas
la composition, la tension des lignes. L'important c'est ce que
cet objet va faire,
c'est ce à quoi i l est destiné.
Répond-il
au besoin ou à la vision qu'on lui donne.
Quand vous aurez com-
pris cela, vous pourrez enfin apprécier la beauté de cet art.
L'art
est influencé par l'environnement austère.
Dans un pays de séche-
resse et de famine on a qu'une vision austère qui se traduit par
les lignes droites. Dépouillez une personne de ses habits,
il vous
reste un être humain i
c'est l'essence
même de l'humain qui est
le plus important.
L'art africain n'est pas une copie parfaite de
la réalité comme le rapporte André SAL-MON :
(1) -
Jean LAUDE - page 35 -
"Les Arts de l'Afrique Noire"- Coll. Livre de Poche

"Le tailleur d'idole est le plus scrupuleux des
réalistes. Scrupuleux,
il croit "e devoir négliger aucun détail.
C'est a cause de cette vertueuse application, soutenue, sans
que l'imagination intervienne maladroitement, sans jamais d'in-
tention malicieuse
(a la gaulois
ou violemment sensuelle, que
les bois sculptés par les sauvages, et principalement ceux de
l'Afrique Occidentale, sont parfois surchargês de morceaux sca-
breux ••• "
(1)
-
L'art est la traduction plastique des sentiments.
La beauté de l'art africain peut venir de la com-
passion que les européens nous donnent:
"C'est beau parce que
cela vous ressemble".
Est art africain ce qui est difforme, gros-
sier, sale avec un amalgame de couleurs qui rappelle le sang des
offrandes.
Est beau pour l'Occidental,
l'exotisme qui lui donne
un moyen de rêver. Sont bea~aussi dans l'Art Africain,
les objets
ayant servi au culte et ayant une valeur marchande.
Le problème
de l'authenticité
(copies) a vu l'éclosion des experts en Arts
Africains et Océaniens. Des galeries s'installent,
la cote des
objets africains augmente .... Pour se rendre compte,
il faut aller
faire un tour à la Salle DROUOT a PARIS. Un réseau de commerce
d'objets africains est établi entre l'Afrique
(source) et l'Europe
ou les Amériques, grâce à la complicité de certains responsables
qui remplacent les authentiques par des copies.
III - VALEUR MARCHANDE DES MASQUES
A)
-
L'AUTHENTICITE DES MASquES
Henri KAMER, président de l'Association Internationale!
des experts d'Arts,
écrit" que le Prix des objets d'art en général
(1) - André SAL-MON -
Extrait de Feuilles d'Arts -
page 15
·'Art d'Afrique Noir~' - Revue trimestrielle N M P P - Hiver 197 2

et celui des objets d'Art Nègre en particulier,
~ncore mal établi
avant la guerre, monte depuis trente ans à une allure vertigineuse".
(1)
-
Il racor,te qu'ayant a..:heté .... : Tête FANG en I9G6 à 11<:-.000 ,"'F
soit 5 500 000 CFA, qui avalt été achetée avant la guerre à l
500 FF·
soit 75 000 CFA,
il a pu constater ~ue cette dernière vaut aujourd'
hui
(1974)
: 500 000 FF, soit 25 OOU 000 CFA.
En 1973 à
la Salle DROUOT a été vendu un masque BAOULE
de la Côte-d'Ivoire à 250 000 FF, soit 12 500 000 CFA.
En juillet 1974 a été vendu à Londres un Bronze du
Bénin à 2 500 000 FF,soit 125 000 000 CFA
(cent vingt-cinq mil-
lions de Francs CFA}
Cette hausse extraordinaire de l'Art Africain a en-
couragé de nombreux chercheurs qui dépensent des fortunes pour
ramener des pièces sur le marché des collectionneurs.
Il s'est
organisé une activité, celle de la fabrication et du commerce des
copies et des faux.
Pour l'Art Africain qui ne possède pas de sceau por-
tant la signature et la date de fabrication, ne peut pas rentrer
dans les critères ·J'authenticité des objets d'Arts.
L'authenticité des objets africains n'a aucun rapport
avec la date de création. Un objet authentique a pu être produit
hier ou dans l'avenir.
Il faut plutôt essayer d'analyser le styl~
et pour quelles raisons i l a été produit.
Tout d'abord i l faut savoir s ' i l a été produit par
n
africain appartenant à un village traditionnel et destiné à
l'usage
de sa tribu dans un but rituel
ou fonctionnel mais non lucratif.
- .
~
(1)
De l'authenticité des sculptures africaines.
Henrl KA:1ER
Revue Arts de l'Afrique Noire -
Hiver 1974 - N°
12 -p.
17

Les sculptu~es sont en bois, en pierre ou en ivoire,
ou er. all:~ge de
7onze, d'or ou dLa~gent.
Si un événement important (funérailles, épidémie,
sécheresse) survib... _ dans un village, des masques peuven _ Jtre
produits pour conjurer le mauvais sort. Et suivant leur rareté
et leur qualité artistique, ces objets auront une plus ou moins
grande valeur ethnographique et commerciale auprès des musées et
des collectionneurs. Les détenteurs ne s'en dessaisissent âOUS
aucun prétexte.
Ces masque sont ramenés sur le marché européen par
des africains qui les revendent très cher. Ces marchands vendent
des objets authentiques bien souvent de qualité médiocre, des
copies récentes et des faux.
H. KAMER classe les sculptures authentiques en trois
catégories principales
(1)
:
~ Les objets de première période qu'il appelle "Art
début" venant directement des traditions ancestrales. Ce sont des
créations pures et originales n'ayant subi aucune influence ex-
térieure.
-
Les objets de la période intermédiaire, travaillés
dans le style des précédents, mais ayant des apports étrangers à
l'ethnie.
- La troisième période concerne les objets dont le
style a des caractéristiques de décadence, certaines dues à une
grande influence étrangère. Les sexes sont moins apparents, sou-
vent cachés par des pagnes, à l'instigation des missionnaires.
Certaines statues ont même des sandales.
(1)
Henri KAMER in revue Arts de l'Afrique Noire
-
pages 21-22
"De l'authenticité des sculptures africaines" -
Hiver 1974

1
Quant aux Copies et aux Faux, ils sont fabriqués hors
d'Afriql1e.
Il . i s t e des ateliers spéciali&és en Frara, en Bel-
gique, en Allemagne et en Italie.
Ils sont facilement décelables
par les experts à cause du bois utilisé, des outi.ls employés et
des procédés de ,.tine. Le procédé de patine consiste
brUler
le bois, à l'enduire d'huile; recommencer l'opération plusieurs
fois et ensuite cirer l'objet. On peut s'en rendre compte en in-
troduisant une aiguille, ce qui dégage invariablement la cendre
si l'objet est faux.
Les faux fabriqués en Afrique sont destinés aux tou-
ristes.
Ils sont exécutés grossiêr$ment.
Il Y a des types de sculptures qui ne sont pas connus
en Europe.
Il y a trente ans,
les masques DOGON, MOSSI ou BOBO
n'étaient connus qu'infimement.
Il y avait des exemples ramenés
vers 1935 par Marcel GRIAULE et conservés au Musée de l'Homme et
ceux ramenés par LEM
et vendufà Héléna Rubinstein.
Les ethnologues ont d~ s'adapter à la nouvelle
situ-
ation, créée par l'extraordinaire afflux d'objets d'Art africain,
et ont révisé leur position. Jacqueline DELANGE,
Francine N'DIAYE,
Pierre MEAUZE, Jean LAUDE, en France ; en Belgique Albert MAESEN
et Paul TIMMERMANS
; en Suisse Elsie LENTZINGER ; Roy SIEBER et
Léon SIROTO aux
Etats-Unis.
B) -
LES EXPOSITIONS
INTERNATIONALES
Des échantillons de masques sont un peu éparpillés
dans le monde.
La plus grosse concentration se trouve aux Etats-
Unis: Les Musées et les collectionneurs particuliers. Les plus
grandes expositions auxquelles participent les masques Voltaïques
sont: L'Exposition de Bruxelles en 1973, patronnée par H.
KAMER.

Dans l'Exposition ARTE - AFRICANQ, dans la Biblioteca
"Luis ANGEL ARANGO" deI Banco de la Repüblica -
Bogotâ - Febrero
24 a Marzo 12 de 19'~, un hommage est fait à Léo Frobénius qui a
été le premier, A la fin du XIX iême Siêcle, A ouvrir les portes
de la connaissance an'~opologique de l'Afrique. Une premièY~ ex-
position des Arts Africains eut lieu en 1892 à LEIPZIG.
Dans la liste des objets exposés
f~O
REPRESENTATION
HAUTEUR
ORIGINE
PAYS
l
Cabeza
0,32 m
LOBI
Alto Volta
8
AntIlope
l,II m
KURUMBA
Alto Volta
14)
0,43 m
MOSSI
Alto Volta
15) Tocado
0,64 m
MOSSI
Alto Volta
16)
0,62 m
MOSSI
Alto Volta
18
Poste ancestral
1,02 m
MOSSI
Alto Volta
.,
29
Mascara
0,98 m
BOBO
Alto Volta
34
Telares de mano
0,62 m
MOSSI
Alto Volta
36
Peines
0,17 m
MOSSI
Alto Volta
i
45
Flautas
0,24 et
1
GURUNSI
Alto Volta
0,37 m
46
Flautas
1
0,24 et
.
BOBO
Alto Volta
0,37 m
,
SI
Mascara ceremonial
0,38 m
1
BOBOFING
Alto Volta
de fibra
79
Vestidos de conchas
1,80 m
SAMO
Alto Volta
"
80
Mascara
0,79 m
BOBOFING
Alto Volta
,
83
Mascara Gur-Wando
1,05 m
MOSSI-BOULSA
Alto Volta
1
84
Brazalete de reina
MOSSI
Alto Volta
Mossi
85
Ajorca
BOBO
Alto Volta
88
'"
Munecas de fertilidad
0,27 m
MOSSI
Alto Volta

'.
89
Munecas d_ fertilidad
0,22 m
KURUMBA
Alto Volta
90
Baston de ceremonias
0,43 m
GURUNSI
Alto Volta
religiosas
92
Poste ancestral
0,67 m
BOBO
/üto Volta
93
"
Mascara de circunci-
1,33 m
BOBO
Alto Volta
sion
~
94
Mascara
1,64 m
MOSSI
Alto Volta
96
Cabeza
0,52 m
LOBI
Alto Volta
105
Estatuilla de baile
0,34 m
BOBO
Alto Volta
fetiche
108
Cimera de danza
0,72 m
MOSSI
Alto Volta
109
Cimera de danza Wa-
0,83 m
MOSSI
Al to Volta
ruulga
Sur 110 objets exposés,
27 viennent de la Haute-Volta.
Ces timides tentatives d'expositions montrent le désir prJfond
de faire découvrir l'Art Voltaïque.
La Haute-Volta a partLcipé
aux festivals des Arts Nègres à Alger, à Dakar, à Lagos.

C)
-
LE COMMERCE DES BASQUES EN HAUTE - VOLTA
1) Les vols de masques.
On assiste de plus
'plus au vol des masques par les
Nationaux pour les revendre aux marchands Dioula, Sénégalais ou
aux Européens. Certains marchands établis A OUAGADOUGOU envoienr
des indigènes voler ces masques dans le village.
Le prix du masque
ne dépasse pas les 300 F soit 15 000 CFA.
Ils seront vendus par
la suite A des sommes considérables comme le note plus haut RAMER.
Certaines personnes dépourvues d'éthique usent de leur influence
(elles occupent des postes importants et sont couvertes par une
autorité influente sur place) sur les voltalques fauchés ou à la
recherche de "quelque papier" pour dérober les masques.
c'est ainsi que les détenteurs de masques sont mé-
fiants ;
ils cachent maintenant leurs masques dans leurs maisons
et dans des sacs en sisal. Auparavant ces masques étaient 2ntre-
posés dans le buisson sacré ou dans une grotte si le village éta~t
A proximité d'une colline.
Le moyen utilisé est le remplacement de ces maJyues
authentiques par des copies effectuées par quelques artistes.
J'ai vu récemment dans un atelier de OUAGADOUGOU un sculpteur
.fabriquant une poupée mossi de la région de KAYA.
Je lui ai de-
mandé à qui elle était destinée. Au Musée, me répondit-il.
Pour faire sortir un masque de la Haute-Volta, il
suffit de demander un laisser-passer au directeur du Patrimoir'e
Culturel. Un laisser-passer qui est rarement refusé. Ainsi on peut
sortir légalement (aucune loi n'existe d'ailleurs concernant le
contrôle des sorties des objets d'art voltaïque) des objets de
valeur.
1
~l

Ainsi les masques de GA (20 kms de KAYA), de TENGSOB-
DOGO (KORISMORO), "le KANKANDE (I7 Juns de KA',(A), de BOU LS.I\\ , de
SAMBTABA et bien ~'autres villages de la Haute-Volta.
Que pe-'
~z-vous du vol de
masques?
Pour les habitants qui ont été victimes de vol cela
se traduit par une grande indignation, car disent-ils ces voleurs
détruisent notre Rogem - MIKI, notre croyance et les éléments qui
nous aident à la survie. Mais Dieu est grand. Ces personnes (vo-
leurs)
termineront mal.
(1)
Ils pensent aussi que les Blancs ont le moyen de faire
parler les masques.
Ils branchent "du courant électrique" sur le
masque, et ce dernier dévoile tous les secrets du groupe.
2) Conséquences.
On avait volé le masque de KANKANDE il Y a trois ans.
Les propriétaires ont attiré le malheur sur le voleur
en donnant
un délai de restitution pour une semaine
si jamais le masque ne
réintégrait pas KANKANDE.
Le voleur avait vendu le masque à un
Européen de OUAGADOUGOU qui n'a pas pu le garder à cause des en-
nuis que le masque lui attirait.
Il rechercha le vendeur et lui
restitua le masque en disant que le WANGO renfermait des sorti-
lèges. Le voleur prit la route de KANKANDE pour remettre le masque
au propriétaire. Mais le sort était déj~ jeté; le délai était dé-
passé et i l mourut dans la semaine.
On raconte qu'un étudiant qui faisait des recherches
sur les masques de son village fut maudit après avoir dérobé un
masque.
A KORISMORO, des voleurs s'emparèrent d'un LIBGA,
ils
(1) Cette réaction prouve que la tradition est encore vivante
dans le milieu rural.

le ramenèrent deux semaines plus tard. Mais le dernier masque
déror' il Y a un an (il n'était pas sacrali~) reste introuvable.
Celui de G~ n'a pas été retrouvé
le voleur a été
retrO\\
et est décédé quelques jours après.
A
S~~BTABA, en 1976, un masque a été subtilisé du
KIMS-ROGO o~ il était posé. Les recherches ont été vaines pour
retrouver le masque.
Un joli KOUKOUGRI - TOABGA a été volé et caché à pro- l
ximité d'une clairière (RASEMPUIGHIN). Quelqu'un a vu le voleur
et a averti le TENGSOBA. Le voleur a été sévèrement battu et mau-
dit.
Il en est mort.
"C'est pour cette raison que les gardiens de masques
se méfient des gens qui font des enquêtes. En 1977, des Blancs
sont arrivés à SAMBTABA ; ils voulaient voir les masques.
Le TENG~
SOBA a refusé; ils sont allés demander de l'aide au chef du vil-
lage. Ce dernier a dIt au TENGSOBA que ces Blancs voulaient sim-
plement voir les masques, ces européens faisaient le tour de la
Haute-Volta pour se renseigner. Cela serait dommage que nous leur!
refusions cette enquête.
Le TENGSOBA a fléchi et le masque est
sorti; il a évolué très loIn des visiteurs. Ces derniers ont
fait des photos et posé des yuestions sur l'origine des masques de
SAMBTABA".
On est frappé par l'accueil des populations auprès
desquelles on effectue des enquêtes.
Ils ont en mémoire l'époque
du Blanc o~ ils étaient contraints de se produire en public.
Le
vol des masques les rend méfiants.
Il se méfient aussi de l'uti-
lisation qu'on pourrait faire des masques, à savoir les faire par]
1er.

Ils sont beaucoup plus ~éfiants des noirs que des
b., .1CS. Car les noirs profilent :le leur trpa.rtenance ethnique,
de la confiance qu'on leur fait, pour voler les masques.
Il appartient au chercheur d'ê~~e patient, de ne pas
aborder dês les premiers instants les questions concernant les
masques. Sinon la porte se fermera tout de suite devant lui.
Il
faut en outre être large dans les dépenses.
Il faut payer a boire,
donner de la cola, et parfois quelques billets.
Il faut trouver
un jeune avec lequel on lierait amitié, ce dernier facilitera
notre adhésion au groupe.
Pour ma part, mon nom de famille SAWADOGO m'a beaucoup
aidé : SAWADOGO est le nom des NYNYQNSE. Je marquais déjà un
point. Mes enquêtes,
leur ai-je dit,
sont faites pour mieux con-
naItre les réponses et faire valoriser leur culte aux yeux des
Blancs qui croient que cela est une superstition. La patience
et l'intérêt pour la moindre futilité sont les règles d'or à
observer pour ceux qui veulent faire des enquêt~s. Pour l'Européen
apprendre quelques mots en Moré, en les restituant avec l'accent,
les amuserait et cela prouvercitvotre désir de fraterniser avec
eux.
-
0 -

CONCLUSION GENERALE
=-=-~-=-=-=-=-=-=-=
Religion ou superstition, le culte du WANGO représente
le moyen par lequel l'homme conjure le sort. Produit par une
société d'agriculteurs dans un milieu austère oü sévissent
sécheresses, famines, et grandes épidémies, la morphologie du
masque renferme tous les aspects du milieu ainsi que les fonctions
et usages auxquels i l est destiné.
Il est une alliance entre
l'homme, la nature et Dieu. Il est la mémoire d'une société, la
projection d'un passé culturel, voire du présent et du futur.
Que les cris d'appels lancés voici trente ans par
Monsieur ADANDE, et récemment par Monsieur MOCTAR M'BOW ne res-
tent pas vains 1 Il est urgent d'arrêter le déracinement des
oeuvres africaines. La faute incombe en premier lieu aux respon-
sables nationaux qui facilitent l'expatriement du passé culturel
africain. Peut-être ignorent-ils la valeur culturelle de ces
objets? Chaque homme, chaque peuple, chaque nation doit garder
les témoins de son passé.
Les collectionneurs ou les musées eu-
ropéens possédant des objets d'art africain ne s'en dessaisiront
jamais pour les restituer aux pays d'origine.
Les Etats africains
face à des problèmes économiques ne pourront jamais racheter leurs
objets culturels. La solution est de stopper le pillage de ces
objets.
Il est fondamental de contrôler les sorties et les
rentrées des objets d ' a r t ;
Il est nécessaire de sensibiliser la population sur la
valeur de Son Art, des façons suivantes :

~53
-
Enseigner llArt dans les écoles primaires, secondai-
res et u'_versitaires dans les pays en voie de
~veloppement i
-- Faire comprendre aux détenteurs de m?sques que les
recherches ont pour but de conserver et de perpétrer la valeur
culturelle des masques ;
-
Former des enseignants et du personnel d'encadrement:
- Créer des Musées Nationaux ;
- Créer un réseau d'échanges entre Musées Internatio-
naux ;
-
Former des associations d'artistes et de chercheurs
africains qui se réuniraient une fois l'an pour confronter leurs
oeuvres et leurs recherches i
voter une loi sur la conservation du patrimoine
culturel et artistique,
sur les dro.its d'auteur.
Si après notre indépendance, nous sommes toujours sous
le joug des puissances étrangères, i l existe au moins un domaine
oü nous pouvons acquérir notre indépendance totale. C'est dans
le domaine culturel et artistique qu'il nous est possible de con~
server notre identité.
Il est du ressort des écrivains, des chercheurs et des
artistes de prendre la parole pour s'exprimer. On a beaucoup
écrit et théorisé sur l'art africain! On n'a jamais demandé aux
africains ce qu'ils pensaient de leur art.
La parole est donnée
aux marchands d'art qui se chargent de définir sa beauté par

rapport à sa valeur marchande. Cette beauté peut venir de Id
compassion t-e les européens nous manlfestt.lt : De .st beau p~ce
que cela vous ressemble". Est art africain ce qui est difforme,
grossier, sa~ amalgame de couleurs qui rappellent le sang des
offrandes.
Les études du milieu et des conditions sociales en
Afrique et en particulier au Mogho aideront à la compréhension
et au respect de cette valeur culturelle des masques.
Ils sont le
reflet des préoccupations d'un peuple en lutte contre les calami-
tés naturelles.
Les masque du Mogho sont moins connus que ceux des
Dogons, des Bambara, des Sénoufo, des Bwaba, des Gurunsi, des
Baga, des Gouro, etc ••• Cela ne veut pas dire qu'ils soient dé-
nués de tout intérêt artistique et culturel ~ c'est parce qu'ils
sont difficiles à photographier et à étudier. Les masques mossi
peuvent être interprétés comme la synthèse des Arts de l'Afrique
Occidentale.
Ils empruntent à chaque ethnie environnante des as-
pects plastiqu~s et constituent un rfservoir de spécimens de
masques.
Il reste beaucoup à faire dans l'étude des masques
mossi, et nous notons le. manque d'intérêt des voltaïques pour
cet aspect culturel de l'ethnie la plus importante de la Haute-
Volta.
Faudrait-il détruire le culte du WANGO au profit de la ci-
vilisation moderne 1 Faudrait-il pour des raisons économiques se
dépouiller du patrimoine culturel et artistique d'un pays? Fau-
drait-il pour étudier la culture voltaïque que les habitants de
ce pays se rendent en Europe ou aux Etats-Unis pour contempler
dans les vitrines les objets d'art, témoins de leur passé?
-
0 -

..-t55'
B l
B LlO (
R A PHI E
=-:-=-=-=-=- -=-=-=-=-=-:
BAUDILLARD Jean.............
"Le système des objets"
Ga_llimard -
1968
BORDARIER P ••••••••••••••••••••
"Avec les Mossi de Haute-Volta"
I.F.A.N.
(DAKAR)
1949
BURAUD Georges ••••••••.••••••••
"Les Masques"
Club des Editeurs
DELAFOSSE Maurice ••.•.•••••••••
"L'Ame Nègre" - Paris - Payot
1922
"Civilisation négro-africaine"
Paris -
Librairie Stock
1925
DIM DELOBSOM •••••••.••••••••••
"Les Nioniosé de Goupana"
In Outre-Mer - Paris -
1929,
1930, 1ère année nO
4
2e année nO
l
"L'Empire du Mogho Naba -
coutume des mossi de Haute-Volta-
RMIC 31 1. LA. N.
DAKAR
DIOP Cheikh Anta •.•••••••••••.•
"Nations Nègres et Culture"
Paris -
Editions Africaines
1954
o ITTMER ...•.••.•••.•.•.•••••••.
"La chefferie sacrée du Gurunsi
de Haute-Volta-
(traduit de
l'Allemand)
1961
rr'
GABUS Jean •.•..••.••.•..•..••••
"Arts Nègres" -
1967
GRIAULE Marcel •.••.••••••.•••••
"Masques Dogon"
Paris -
Institut d'Ethnologie
1938
"Art de l'Afrique Noire"
Paris -
Editions du Ch~lll~ -
1947

'ILes symboles des Arts Africains"
-ésence Africaine
r'aris 1951
HAUMANT Jean Camille...........
"Les Lobi et leur coutume"
P
is - Presse Universitaire
de France -
1929
HOUIS M••••••••••••••••••••••••
"Les noms individuels chez les
Mossi".
FREUD..........................
"Totem et Tabou" Ed. Payot.
IZARD Michel •••••••••••••••••••
"Espace et temps rituels dans le
Yatênga" - Paris -
Ecole des
Hautes études en sciences sociales!
Centre d'études africaines,
6 p.
multigr.
1975
"Changements d'identité lignagère
dans le Yatênga".
Journal de la Société des
Africanistes -
1976
"Remarques sur le vocabulaire
politique mossi". Dans:
l'Homme XIII
(1-2)
1973a, 193-206
"La lance et les guenill~s".
Dans
: l'Homme XIII
(13) -
1973b,
139-149.
JAHN Janheinz •••••••••••••.••••
"Muntu,
l'homme africain et la
culture néo-africaine" -
Paris
Editions du Seuil -
1961
KAWADA Junzo...................
"Technologie Voltaïque" 1975
Musée National -
OUAGADOUGOU
KI-ZERBO Joseph................
"Histoire de l'Afrique Noire
d'hier à demain".
Librairie Hatier -
Paris 1972
LADISLAS Segy ••••••.•.••••.••..
"Masks of black Africa"
Dover publications -
1976
LAUDE Jean ••.••.•••••••••.•••••
"En Afrique Noire: Arts plastiques
et histoire".
In annales
:
"Economie, sociétés, civilisations'
Paris -
1959

"La Statuaire du pays Dogon
In revue d'Esthétique"
Paris -
1964 - Tome 17
"Esthétique et Système de
classification : la statuaire
africaine in Sciences de l'Art"
Paris -
1965 - nO 2
"Les Arts d'Afrique Noire"
Paris -
Livre de Poche -
1966
LECLERCQ Pierre.. •.••• •••••••
"Lettres à sa famille de 1929-1940"
Collection privée
LEIRIS Michel et
DELANGE Jacqueline •.•.•.•••••
~Afrique Noire.
La Création
plastique"
Paris - Gallimard - ~967
LEM F.H •.....•.••.•••.•••••••
"Sculpture soudanaise, Arts et
Métiers graphiques'" Paris 1948
LEROI-GOURHAN................
"Le geste et la parole"
Edition Albin Michel
LEUZINZER Elsy .•....•••••••.•
"-Afrique. L'art des peuples noirs"
Edition Albin Michel -
Paris
1962 - Collection "Arts dans le
Monde" .
LEVI-STRAUSS Claude •...•...••
"Anthropologie structurale" -
1958
~chapitre : "Arts") - Paris-Plon
MANGIN P •••••••••••••••••••••
"Us et coutumes mossi de Haute-
Volta" -
1914 -
OUEDRAOGO Joseph.. .• ..•• . .•• •
"Les funérailles en
pays Mossi"
,
I.F.A.N. -
1959
ITi
-
PAGEARD R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
"Civi}isation.Mossi et Egypte
ancienne" - p.
3201 I.F.A.N.
-
1962
PATERNOT Marcelo.............
"Lumière sur la Volta"
Association des mis:.ionnaict::s
d'Afrique Noire - Pdr~5 1953
PAULME Denise................
"Les sculptures de l' Afriqu'2 Noire"
PUF.
1956

RIVIERE Marcel ••••••••••••••••
"Les chefs-d'Oeuvre africains
dans les collections privées
françaises".
Editions PI:ILBI :375
SENGHOR Léopold Sédar .••••••••
"L'Esthétique négro-africaine In
Diogêne" - Paris 1956
SCHWEEGER-Hefel •••••••••••••••
"L"art Nioniosé" -
Journal de la
société des Africanistes -
vol.
XXXVI nO
21966
SKINNER E.P •.•••.•••.•••••••.•
"The Mossi of Upper-Volta"
Stanford -
1964
SOME Bernard .•••••••••••••••••
"Quelques composantes de la person-
ne humaine chez deux populations
de souche Dagomba : les Mossi et
les Dagara".
(p.
16-24)
TESI di Laurea •.•.••••••••••••
"L'Arte dell'alto volta"
Facolta'di lettere e filosofia
dell'universita'di Ro~a -
Istituto di ethnologia -
anno
accademico 1973-74
VOLTZ Michel ..••••••••••••••••
"Introduction au langage des mas-
ques voltaIques" dans les annales
de l'Université de OUAGADOUGOU
CLU nO
l
"Analyse ethnologique des masques
Bwaba" dans les annales de
l'Université de OUAGADOUGOU.
ZAHAN D••••..••••••••.••••••••
"Religion, spiritualité et pensée
africaine".
-
B.S. -
1970
"Pour une histoire des Mossi du
Yatenga~
KAMER Henr i •••••..•••...••••..
"HAUTE-VOLTA", Catalogue d' expo-
sitions à l'occasion de la quin-
zaine africaine- exposition
réalisée par SOBEPA avec le con-
cours de la commission des
communautés européennes et le
Crédit communal de Belgique -
Bruxelles, du 5 au 23 sept.
79
PARIS ••..•••.•.•.•••.•••••• ' ••
Musée de l'Homme -
1965-
Arts connus et arts méconnus de

l'Afrique Noire.
Collection Paul Pishman
Imprimerie de la Ruche.
PARIS_ •..• ~ •••••••• _••.•••••• _
Art dêcoratifs -
1964
Afrique : cent tribus, cent chefs-
d'Oeuvre.
Introduction de William Far~,
Berlin, Brüder Hertmann -
~J64
TRADITIONAL SCULPTURE FROM
UPPER-VOLTA•••••••••••••••••••
An exhibition of objects from
New-York - Museums and private
collections.
The African/American Institute
October 24, 1978 - March,
1979.

REVUES
Notes et documents voltaiques ~~ 5
-
Octobre 1971 - C.V.R.S. Ouagadougou
-
10 Octobre 1976 - Sept.
77 C.V.R.S. Ouagadougou
"L'habitation Mossi" -
L'habitat traditionnel voltaIque
Ministère du plan et des Travaux Publics
Direction de l'urbanisme e~ de l'habitat
collaboration avec Françoise Héritier IZARD.
Courrier de l'U.N.E.S.C.O.
- Juillet-AoOt 1961 ••••••••
L'art dans la vie de l'homme
- Mai 1969 .•••...••••••••••
Les arts et la vie
Les sculptures de l'Afrique Noire
Collection Oeil du connaisseur
BALAFON nO 28 : revue touristique éditée par AIR-AFRIQUE
- DOGON
- KOUDOUGOU A la découverte des SUKOMSE
Bienvenue en Haute-Volta
Editions Delroisse -
Octobre 72
Guides touristiques de l'Afrigue
Tome II par AIR AFRIQUE
-Côte d'Ivoire-Haute-Volt~-Bénin-Togo
Hatier Paris 1976
.
Journal de la société des Africanistes
Tome 47 fascicule 1 - Paris 1977
-"Le système politique des Mossi"
J. CAPRON et JM. KOHLER-
p.
115
Il
Faut-il brQler les fétiches"?
Dossier de l'Afrique Nouvelle
11-17 Janvier 1975 par l'Abbé Jean-Baptiste TEGBAO
Travaux de recherches du centre des recherches historigu~5 sur
les relations artistigllas entre les cultures
F'ascicule 1
- Carl EINSTEIN : Negerplastik
- Vladimir MATVEI-~ARKOV : Iskusstvo negrov
UER 04 - Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.

L'Observateur
(Journal quotidien Voltaïque d'Informations)
nO 1514. du L'mdi g Janvier 1979
:
"U.S.A.-HAUTE-VOLTA - nos
scult'tures à llew-York:'
- -

TABLE DES MATIERES
c-=-=-=-=-=-=-=-=-
FONCTIONS ET ESTHETIQUE DES MASQUES MOSSI DE HAUTE-VOLTA
CHAPITRE PREMIER
l
-
LES COUTUMES
(ROGEM-MIKI) et RAPPORTS SOCIAUX ••••••
20
II
-
FONCTIONS ET USAGES DES MASQUES WANDO
A- INTRODUCTION ••••••••••••••••••.••••••••.•.•••.•...
40
B- FUNERAILLES -
KOURE ••••••••••••••••••.•••..•.••••.
45
C- LES SORT lES
58
III - MASQUE MOSSI ET POUVOIR •.•••••••••••••••••••••.•••.
61
CHAPITRE DEUXIEMB
l
-
LES MASQUES ZOOMORPHES ..........................................................
I03
A- LOCALISATION
B- ETUDES MORPHOLOGIQUES DE QUELQUES MASQUES
ZOOMORP HES
..
I06
C- REPRESENTATION ANTHROPOMORPHIQUE
127
II
-
LES MASQUES A TIGES
A- LES GURWANDO DE LA REGION DE BOULSA .•••••.••••....
140
B- LES ZUWOGDO DE BOUSSOUMA KORISMORO ••••••.•.•••••••
143
III -
LES MASQUES A LAMES
A- LES KAREN5ES
148
B- LES MASQUES A LAMES COMPOSEES ••••••••••••••...•..•
158
C- LES MASQU ES A LAMES ZAZAIGO •••••••.••..•..•..••.•.
162
D- LES MASQUES A LAMES:
LE VOURI ••••.••....•......•.
168

CHAPITRE TROISIEME
l
-
LE CADRE DE VIE
A- L' HABILLEMENT •••••••••••••••.••.•••••••.•••.•.•... 187
B- lES DANSES MOSSI ••••••••••••••••••••• ,
••••.•••.. 193
C- LA NOTION DU BEAU ••••••••••••••••••..•.•••••••.... 203
II
-
L'ESTHETIQUE DES MASQUES
A- LES SIGNES DANS LES RECITS HISTORIQUES •••••••••••• 213
B- LES SIGNES DANS LA DIVINATION ••••••••••••••••••..• 215
C- LA BEAUTE FONCTIONNELLE DU MASQUE ••••••••••••••••• 218
D- DE LA BEAUTE DES MASQUES •••••••••••••••••.•..•••.. 226
III - VA~EUR MARCHANDE DES MASQUES
A- L'AUTHENTICITE DES MASQUES •••••••••••••••••....••• 242
B- LES EXPOSITIONS INTERNATIONALES •••••••••••••...•••• 245
C- LE COMMERCE DES MASQUES EN HAUTE-VOLTA .••.•...•••• 248
CONCWSION GENERALE •••••••••••••••••••••.••••••••.•.•.••• 252

A N N E X E
=-=-=-:=-:-=
CORPUS DES FIGURES ETUDIEES
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Il.·!

-
"
."
très
Matière
Lieux
TYPES DE MASQUES
ancien
ancien
récent
et
haut.
couleurs
utilisation
conservation
..
"
MASQUES ZOCMORPHES : LIULI WANDO
1)
WANG-SILGA : masque épervier
X
bois
48cm
OUAGADOUGOU
Musée
1
planche l
rouge
et
de
fig l
blanc
environs
OUAGADOUGOU
page IIO
.~-~.
2)
WEEN~~~ : masque lion
X
bois
57cm
Il
Il
planche l
'""ouge
fig 2
blanc
page IIO
1
<
'0''''
3)
IvANG-W~J.BA :
masque singe
X
bois
42cm
"
Il
planclie"Ir
rouge
fig 3
blanc
page 113
noir
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~.Y
-
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-
4)
WANG-YANKA : masque gazelle
Ir·asque n°
l -
planche III
X
bois
SIcm
"
"
page II6
rouge
blanc
rnascrue nO
2 -
planche III
X
bois
48cm
"
Il
pas·" II6
rouge
blanc
ma5'T~'~':~ nO
3 -
planche IV
X
bois
60cm
"
Il
paS'·
:17
mas",:
.; nO
4 -
planche
V
X
bois
57cm
YAKO et
Il
1
rouge
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blanc
1
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Très
Matière
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TYPES DE MASQUES
ancien ancien
rêcent
et
haut.
couleurs
utilisation
conservation
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-
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5 ) WANG-RULGU
masque calao
planche VI
masque n°
l
- pa'Je 121
X
bois
OUAGADOUGOU
Musée
rouge
et
de
blanc
environs
OUAGADOUGOU
..
masque nO
2 -
page 121
X
bois
40cm
"
!
planche VII
masques nOs 3 et 4
X

"
-6) WIDPEULGO : masque antilope
cheval
planche VIII
masque nO
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page 125
X
bois
"
"
rouge
blanc
..
masque nO
2 -
page 125
x
Il
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Ml.SQUES ANTHROPOMORPHES
1) MBA-LOUNDA
(mon père)
..
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planche IX
Il
X
bois
42cm
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'13;que nOI -
planche IX
X
bois
46cm
BOUSSE
Il
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blanc
et
rouge
environs
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planche XI
X
bois
"
Il
1
Jge 131
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asque n03 - planche X
très
bois
YAKO
Il
1
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130
rêcent
et
environs
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Ma tière
Lieux
Très
TYPES DE MASQUES
ancien
récent
et
haut.
ancien
couleur!
utilisation
cor servation
2)
LI,!GA
planche XII - page 133
X
bois
BOUSSOUMA
Musée
blanc
KORISMœ.O
de
rouge
OUEDSE"
OUAGADOUGOU
noir
"
3)
NABA-YAl1BA
"
MASQUES A TIGES
(ZUWOKO - L1BGP
1) ZUWOKO ou LEG BARh~
-
X
TENGSOBDOGO
"
planche XIV - page 136
KORISMORO
OUEDSE
2) ZUWOKO
planche XIV - page 137
"
"
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- - " - - '
1) LES GURIti'ANDO
1
masque n03 - planche XVIII
X
poly-
BOULSA
"
page 145
chrome
rouge
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masque nOl - planche XVI
X
bois
1+- l, 50na
BOULSA et
"
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page 141
poly-
PELA
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chrome
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bois
2,28m
BOULSA
"
1
..
144
poly-
chrome
rouge
blanc
..
.2
n04 - planche XVIII
X
BOULSA
"
-- page 146
1
·...ANGO SABLGA
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~ A LA"IES
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très
Matière
Lieux
TYPES DE MASQUES
ancien
récent
et
haut.
ancien
couleur~
utilisation
conservation
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a)
Masque KURUNGA nOI
zoomorphe
1
planche XIX -
page 149
X
bois
1,20m
OUAHIGOUYA
Musée
1
noir
(YATENGA)
de
rouge
OUAGADOUGOU
b)
KARANGA nO
2 -
zoomorphe
J. ..
rt 2m
YATENGA
coll.
part.
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planshe XX -
page 151
1.
.
CHANTILLY
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blanc
rouge
noir
1
c)
KARANGA nO
3
X
bois
2m
KAYA
Musée
planche XXI -
pôge 155
blanc
de
1
noir
OUAGADOUGOU
d)
KARENG-NEDA nO
4
X
bois
1,66m
OUAHIGOU '{A.
Il
planche' XXII ~ page 157
noir
rouge
blanc
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~ASQ~E?A LAMES COMPOSEES
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X
KAYA
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environs
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6
X
bois
99cm
Il
Il
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~e XXIV - page 161
1
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7
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76cm
Il
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" LAMES ZAZAIGO
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TYPES DE MASQUES
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ancien 1
couleur
utilisation
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ZAZAIGO n°
2
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69cm
KONGOUSSI
Musée
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de
OUAGADOUGOU
ZAZAIGO nO 3
-
planche XXVII
X
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74cm
"
"
page 166
poly-
chrome
ZAZAIGO n~
-
planche XXVII
X
OUAHIGOUYA
"
bis - page 167
1--
-
+
1
-
1
1
1--
1
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MASQUES A LA~ES - LE VOURI
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bois
2,20m
KA 'fA
poly-
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f i l
1
.
_ _
_

UNIVERSITE DE PARIS 01
P~~THEON-SORBONNE
(ARTS PLASTIQUES)
....
FONCTIONS ET ESTHETIQUE
DES MASQUES MOSSI
DE HAUTE VOLTA
,

PAR: SAWADOGO Rayan...aJcré Benjamin
THESE de Doctorat de me cyde
dirigée par Jean Laude
ANNEE 1979

DOCUMENTS PiOTOGRAPHIQUES
La prell.nU docullentation a i t i oonatltu~e llr'o. " la
pllototllequ. du Hu.e. Nation .. l
de Ou"sadougou, "ux pllotosraplliell
pri ••• dir.ot ••• nt aur l.a O'uYr'a .xpoa~e. (DODO .to .......••• )
Cert.inell pllo~ograplli.a proyt'nnant de livrall d'art.
Le ..ouve.an~ dea objetll d'art .trieain ea~ CORlltant
danll la 1I0nda. lIa aont "ouv.nt r •• plaoell ou enYOr~1I dan" d'autrea
par" pour d'II eXI'O"itlolla. P.rt0111,
laur départ conatitua un voraga
aan .. retour: 0 .. qui handicape le ehereh.aur qui,
ayant ." un pr'lIi.r
contact avec l'objet et revenant pour le riexlI.iner, a' r.trouv .. d.-
vant un Ilutre obj .. t ou IIi.plellent Sil oopie,
La problé.e des HUllé .. a du 'tiers Monde . é r i u l'attention
particulier. dell outorlt~s d'~tat et aUlllli d~1I nationaux, Le .IIoqu.
d',t.I'pao. pour e1(poa.r lell objets témOin'" de notre pnsse. condSIOne ces
derniara à d"'If,ur"r .U~t5 danll lell réservell Ilollbrea oû lea IIi tell lell
aident à périr,
VOUII .,'e"cuaeret de 1. quuH te de 1. rllproductioo qui "lit
t d u !!,r,o\\ce ,;, ln pllotocopl", J'lIuraill aiaé,
tau~ .. de 1I0;oen, VOull rail'''
ad.,1 ..er l'iUI':B.nce .. t
10 rich"lIs~ de" coul"u"lI de c .... tain" _aques
1I0llai de Hautll-Volt".
Ls lérena .. lIOUII coe,rt.. inell ph.otog ..aphi.r. rellte incollplète
:
la hauteur de l'objet,
.on lieu d .. f~bricstioo at s. pèriode .pproJti.~­
tiY., lion li~u de conlle"vlI.tion etc •.. , Ce n'flllt pail un oubli. j. ne
1'" ai paa ..etrouv~lI.. I\\a Ilont peut-Etr .. p!\\rtlll pour nll plull .. e ••ni
.

MASQlJtS ZOOMORPHCS - U'nIROPOMOaPlllS
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régina d. 8011 •••• l'eooS
Ànet.n. C......q". appe.rtanatt au Mu"•• d. 011.,.401180\\1 .•..•••

H'SA LOUIlDA. Ha,que d'un peraonn.:>ge ~ytl>ique de Bouné (Ouagadou-
gou) récente r .. cture. Husée de "uagadougou
8"S.

.AND_TANKA; _.qu. EU.• l h d. 1. . .~,ioo d. Ou.S.dousou.
r.etu ... rie.nt.
H.... h ... r ft? C••• Nolr - bbllc- roug", Colleet10n parHeulUra

Mae'!ue zoollorph.e repl"~eent... nt \\Ine antilope WAllG_NIANKA . Longueur
de la Ute 6\\1 C'M. K"uteur de la l~te 15 c.",.Hltute"r aur piecl 167 c ......
Mas,!"e de la région de Bo"e8'" Couleur:
rouge - blünc _ noir. Husée
de Ouag~dougou.

,
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i"IoQ-fAht.A - . . .q ... S.zene - r.ct .. r. rêc.nt". "oir _ bllln" -rOllse. H 60 c
O... sedout.:0ll et '''.lrOIl8. Ilu..'"
de Ousl'i'edougou.

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IAIIO_tANK'" . . . . .'1 ... ,.".11 •• anehn. R';&lOn d. O... «.doul5oU . t .n.. i.ron.
Coul.ur.: nolr.blane-rOIlIl •. Il.uteur }' c . . . MII.ê. d. OU.15•• oll&OIl.

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C; .... t .. dougo'" et
en'uroo.
Musé. cl. O
" ..do,,(o ... NOlr - bl ·nc r ... "" .
us•• ;:le LU.I';Idoul$o",

WIDPEULCO _ ro•• qua antllope-cll ..... l. Da r.ctura tri. anchllll' _ .....50
RiB:loll da L.,a {Ouaj!;'dousoul. Mu'''e da "'uaS.doutou.

WANG_NIAIlP(A, usqu. . ."sst d. '""ssé. L"nllu.lu· d. h
tlu 55 cas _ a""
ll11uUur dl la t'te 20 c.s. na"tlur avec les fibres 69 c.". Muse. de
Ouslladougo".Couleurs : no1r.rOUt;I_bl:;onc.

'ANG RUUlU -
""'lu~ e.ho, IIne;en; Iloi" pol)'ehrolle. flaut .. ur ~o ella
H"eée de O""p:.. do,,gou. M.aq". de O""l"ado"l!i0" al de se" en~iron".

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.....1',,- kl,;l.A"U. vr~" t .... ,.. - .. laD ''''lllli le LoO]". Lonrlle~r .. , ! ,tt ..
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rouge.
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WA"a SILUA _Haaquo iper.'.r. 'aeure rée.nte.-Bo'o - polyehro••. Ouaga-
<l.ougou .l ...... iron •. Hauteur ..8 c.... "ullée <I.e Oualladollllou.

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pollchrOll•.
l',.rollr•••• I.on«ua"r d. 1.• li le 57 c . . . M."que da h
ré!:ion d. Ollalta.
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Muaê. da Ollat_J, Il,-0''.

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(Koudou"ou). Lon'u ...... ,1 .. t"'~ <;lb " .... "a'.t,·u,. d .. 1. ~.~. dl
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anCien. Ilua~e de (,I",.,"io"rnu. '1 -, ~~ .. r"l-'int .i 1'0""ll.llion Jes r'~es.
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lt"'"hur '91i CIlS. ColhctlO<l 1': .. ~. d.
L"8,o; .. <l0"1':01l.

KARANGA. M... ~u .. • 0 ... 1. d.. Y.~.ng•• Bol"1 polych .. o..... ~~ ~ " h
Collection: Thou .. C.B.
"h. . lock



K;,RA/'!(JA _ .asque trè .. ancien de Ouahigo",.. (Ylltenga). ~ill.poltchr<).e.
Il ..,,,,. d. Ouagadougou.

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J.cturIO ,."ce.,tlt. K.,. lOt .... iro.. t
.Bof •• pohc'tro.c.
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O~'g.do..go .

KARA!+G~ • •••q.....0 •• 1 pol)chro•• -boh
~Oll&ctLop SCH~l?!ER - CHANt!LLY -

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L. rort dv . . .que lar~DS. dana 1. r.,1oD du tateoga. p~o~o du ~u.i.
de Oua6adOUlou.

KAIIANOA
M.... " .... "0"":\\ d. fatenlla a"raontl: d',," peraonnlge .... culin.
Bol. _ pollchro,"~. Collection J'I'I'fticlIU.re.

KARANGA. MIIlIll'"
1I01llli dll t .. ~ellg. lIur.ollté d'IOn p.nonlllll!:l1 r •• lnl".
I>ot •• Pol,.cllro••. Colhctlon ""rtÎcul1ér•.

L. VOUlit. Copte· llellt.lIr 100 C.e. Boi. pei.llt • .Il rOIl-~ .t b~.,.~. P7'o-
gr...é.

Il•• 'lU. kJilUIla4 Ci.ier d. <I.n ••1l runér"lr••. fluaé. d. L'1I0."_ r.ru
".J .1 l ....·....... ... 0;.-....

HAS",Ui: Antllo~ I.Uk/11l.o • T't• •nthropOflorph. H
~o"..erphe ... 111'llee
.nt'. l ' h o _ et l'lnl_1. !Iole et e .. tr. HIllullr 150e"" .n.1.ron.
Colleotion Jl'l'rlleIl11ère.


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r~n{r.. I1;"... U:o~t."r d~ bot • •'tl eq. "oute.... total .. 7" " ..Il.
"wail! de O.. a,adouCou.

ZAZAIGO, cimier de danse funéraire de Dakistenga (Yatenga). Bois, ra-
phia et coquillages. Hauteur du bois 20 cms. Hauteur totale
60 cms.
Ancien. Musée de Ouagadougou.

!
ZAZAIGO. Cimier de danse funéraire,
ancien,
reglon de Kongoussi
(Ya-
tenga).
Bois et raphia. Hauteur du bois 20 cms. Hauteur totale 69 cmD.
Musée de Ouagadougou.

V'
..:: ......,
c_
'J!'.
;'.
.\\
-\\ ,...... ~ ~..
ZAZAIGO - cimier de danses funéraires. Ancien
BOis-polychrome.
Ouahigouya (Yatenga) 180 cms environ. Musée de Ouagadougou.

MASQUES A TIGES
:-:-:-:-:-:-:-:

Blunc
Noir
" R "'A IG 1':lUGU.
:Jr:!..ad:
L .. coiîfure est
teinLc e.'1 !loir ·,;n ..=·'
( ...;
]
p~rtie infp.riéur~ d~ l, r0be.

CiUR \\~'"r'G t-1IUGH.
l.>è,t~ÜJ: La fi'lce est peint~ en ub,ne (k:101:ifl ";-~Od~'f)
Le~ y.i.Aux sont ct'r'l1l: de rO'.lge.

(ce petit s~c renferme
les intestins d'un Peul
ou n1un mossi)
fjUR ~:.ANG HIUGU.
Détai.l. Li). partie en
fibre de 5erengO\\ est teint.e el!
roui: e

·,
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. 1 .
"
.
,
.,
l,ias .ue à
tige rouge d.:'jJt:lé GUR \\ïANG t-;IUGU -
masque mo8si de Bouls3..
Bois.
Peinture en k301in
(blanc) el: en
terre roule.
J1~uteur de lE>.
tête 114 cms.
HAuteur totale 260 cms. Ce masque est cOllservé dans l'>a
forme enti~re. Mus~e de Ouagadougou.

GUR W~NGC tres rtncien de Boulsa . Dépouillé de sa robe et de sa
coiffure.
Bois.
Hauteur 154 cms.
MU8P.Q
de Ouagadougou

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j v . . .
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- " - - ' -
GUH liVANGO
(reste) asr;e7. an~ien de Boùlsa. Bois peint en c " e et bialle.
Hauteur 70 cms.
;~u3ée de Ouagadougou.

GURW;\\~:G SA13GLJ\\. Détail. }'nce en bla.nc (knolin ou e;oré) l'oci} <::5t
cerné de bleu.

OUR ~~NG 5hBGLA.
masque noir tr~5 ancien de la r6gion de Boulsn.
Bois -
raphia; Hauteur 80 cms. Musée de Ouasadougou

NOUVELLE FORME DE MASQUE : DODO
=:=:=:=:=:=:=:=:=:=:=:=:=:=:=:=

-I!-~'"-~~!!Jo::~..l.'w..,~tIIlJ"."'''''''.._....;CL:~~IIl?~J/
Ce DODO est âppel~ aussi KALENGA. La tête est en demi calebasse
la face en carton et les cornes en feuilles de Rôn~ier. Elle est
peinte en noir,
rouge et blanc. tnvergure 60 cm. Hauteur 80 cm
Collec tion ~Iusée de Ouagadougou. Le corps du porteur est tacheté
de couleur bl~nche (kaolin), il danse debout et tient dans ses
mains deux b1tons.

----
·~'\\ .
-
\\
..:..'.>-......_ _ .:-.-_-~---------
DODO. Représentation : animal inconnu. ~ête en demi calebasse,
face en ·carton. les cornes sont en feuilles de rônier. Couleurs:
noir-bl~nc-rouge. Envergure 110 cms. Hauteur 80 cros. Musée de
Ouagadougou.

Première tête en p3rtant de la gauche. DODO-lion. Tête en demi cale-
basse.Face en pl~e de fer. Tempes en .carton. Crinière en fibres syn-
th~tiques. Noir - rouge - blanc. Hauteur 52 cms. Musêe de OU3gadougou.

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DODO -antilore. Tête en demi calebasse. Barbe en cisai. Cornes ~~
feuilles de r6nier. Le" oreilles en matiêre~ plastique. Noir - y·ouge-
blanc. H3.uteur G5 r.rns • t· usée de OU8.Z~ldougou.

DODO - Tête d'antilope. Tête en demi ~ebas8e, face en carton,
cornes en feuille de rônier, crinière en fibres de cisaI. Cou-
leurs: noir - blanc - rouEe. Hauteur 101 cms. Musée ùe Ouagadou-
gou. La danse s'excécute debout à l'aide de deux bâtons.

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DODO - 'fête d'antilop . Tête en demi cilebasse, face ell <::nrtnn,
cornes en feuille
de rônicr,
crinière en
fibres de cis~l. Cou-
leurs: noir - blanc - rouf:e. Hauteur 101 cms. Husée ÙP. OIJ~I\\él.dou­
gou. La danse s'ex~~cuLe debout â l'aide de deux b5ton5.

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DODO -Tête de lion appel~ Wenaaba (chef de la brousse). La t&te
est en demi calebasse. La f'ce en plaque de fer. Les cornes pro-
viennent de celles d'un boeuf. La crinière est faite de fibre
de
cisaI. Couleurs: rouge Noir-blanc. Hauteur 50 cms. Mus~e de Oua-
gadougou. Le porteur évolue à II qua t!"e pattes", son r.orps est y'e-
couvert d'une ~toffe . Seuls 1~8 membres sup~rieurs et inf~rieu~s
sont nus et peints en kaolin (blanc).

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DODO. Face en plqque de fer.
L3 partie qui couvre ln t~te du
porteur est faite d'une demi c.ùebasse. Les trois br;)l)ches c;ui
illustrent les cornes sont faites de feuille~ de rôn~ier
Hauteur 67 cm. Couleur looir - blanc - rouze (collectjon Vusée
de Ouagadougou- Haute-Volta )

DODO. Tête et face en calebasse. Six cornes en feuilles de rô-
nier. Couleur: noir -
rouge- blanc. Hauteur 75 cms. HU6~2 de
Ouagadougou.

- - - - - -
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.-.•
Tête de DODO anthropomorphe surmonté d'un caïman. L~ partie
anthropomorphique est faite d'une demi calebasse pour la tête
et en plaque de fer~ouë la face. Quant 6 la partie zoomorphi-
que
(caïman), elle faite en carton et mesure 100cms, elle
st
pclhnte en noir sur un fOrîd blanc. Hauteur totale 50 cms. Collec-
tion Mus~e de OuagoJougo0.

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1
...
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J
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·
DODO -
tête de lion surmonté d1un naja (serpent).~Cale-
basse et feuilles de rênier. Couleurs : noir-blanc-rouge. ~auleur 90 cms
Musée de Ouagadouao~

Cette tête de Dodo rappelle~ les grands masques
pillon" bwaba. Muni.,'::; de quatre cornes,
son visage est fait.
en
carton et mesure 60 cms. Couleurs: noir et blanc. La "barbe" es t
en
fibre5de cisaI. Hauteur 98 cms. MUBée de Ouagadougou.

===~.....L-~_-=--
_
Dono. Tête de lion Weenaaba (chef de 10 brousse). Cette
tête est faite d'une demi calebasse. La crinière e3t en fibres de
cisaI. Couleur: noir-blanc. dauteur 35 cms. Musêe de Ouaeadougou.
Le corps du danseur est recouvert de tissus. Ses membres inférieurs
et supérieurs sont peints en kaolin.

Habit d'un danseur de ZAZAIGO mossi du Yatenga. Coton
bleu et blanc
ilauteur 50 cros. Husée de Ouagadougou.

STATUETTE MO::;S 1.
IITELE1'ŒOUGRI Il S ta tuelie-au tel de vi rgini tl- mossi
de Yatenga. J~dlS peinte en rouge, face pyrogravée. Hauteur 64 cms.
Musée de Ouagadougou.

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P:J r t "" c \\., 1"'
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Bos. Coll
tion ~U~&~
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llD.fadou[';ou.

l1,n.'·;emble de
flûtes Sllruo.:>i.
Bois
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t:ou.

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~--~.
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Grand Masque Gobo.
Bois et robe en raphia.
Hauteur 180 cm3.
de Ouagadougou.

~~~~
Masque AntiJope de la r~gion da Y~t@~a. Bois peint c~ rouec et bl~nc,
pyro~ravé. Hauteur 12~ cms. Vollection particulière.

p,,jJ~1, "
801·~
HOt~- WANGO. Réccn te [ae ture . Noi r- rouge- blanc. Ottttgadocrgou. lI~uteur
40 ems.
Collection p:~rticlllière.


GURUNSI •
-

.\\ 1
WON. Mas.ue de la jeune fille aux trois g~nies NUN~-~AVARA. Masque
gurunsj, de L~o. 80is - polychrome. Hauteur 164 cms. Mus~e de O~~ ndougou.

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- - -
Masque il lame DWABA. Bois - polychrome. Collection particuliè~e.

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