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qui nou~ on~ aidé pou~
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2
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PLAN D'ENSEMBLE
1
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INTRODUCTION
1
- Cadre physique et humain
Métnodologie et traditions orales.
PREMIEB,E PARTIE
Les anciens occupants et les migrations
des Buricimba ou Bernba
DEUXIEME PARTIE
Migrations des Buricimba dans le Nord-Gulma
et fondation des dynasties
TROISIEME PARTIE
Approche de la Sociétê du Nord-Gulma
CONCLUSION
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
~ARLE
DES MATIERES
TABLE
DES CARTES.
1
t
l
3
l
N T R 0 DUC T ION
De tous les pays de la boucle du Niger,
le pays
Gourmantché est le moins connu. Devant ce vide de la
connaissance historique,
la tentation est grande de vouloir
écrire toute l'histoire du Pays Gourmantché. Or i l est
vaste et son histoire, comme celle des pays voisins ,
compliquée.
c'est pourquoi, nous avons voulu nous limiter à une
aire géographique et politique restreinte : le Nord-Gourma.
Mais nous nous sommes rendu, rapidement compte , une fois
sur le terrain, qu'il était impossible de s'en tenir stric-
tement au Nord-Gourma. Car tout est lié, du moins à l'ori-
gine. Un survol du reste du Gourma
(anciens occupants,
origines des dynasties)
s'est avéré indispensable.
Le Nord-Gourma lui-même reste assez vaste pour une
thèse de 3eme cycle& Un seul royaume aurait suffit. Mais
notre but est de poser un cadre général, sorte d'intro-
duction à l'histoire du Gourma et surtout du Nord-Gourma.
Nous n'avons pas voulu non plus nous limiter à l'his-
toire évènementielle. La parenté, la religion, l'organisation
et l'administration de la Société nous semblent autant
importants. Cette partie paraîtra trop descriptive. Mais
1
l
ff
4
f
cela est nécessaire avant une théorisation et une étude
comparative, dans un travail ultérieur, avec d'autres
peuples. Des chapitres
(Artisanat et commerce, par exemple)
sembleront rédigés rapidement: les enquêtes n'ont pas
été orientées principalement dans ces domaines.
Le cadre physique et humain nous permettra
tout
d'abord de situer le Gourma et les peuples qui y habitent. (1)
1
1
lI)
Les termes gourmantché sont définis dans un lexique placé
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en annexe.
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Mahmoûd Kati, Tarikh el-Fettach
Traduction française par U. HOUDAS
et M. DELAFOSSE, Paris, i964, à la
fin du livre.
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- CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN DU GULMA
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CADRE PHYSIQUE
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Gourma, selon le "Tarik-el-Fettach", est un mot
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SonghaI qui signi~ie "rive-droite". Les SonghaI donnaient
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ce nom à tous les pays situés sur la rive droite du fleuve
, 1
Niger et Aoussa à ceux de la rive-gauche (1) . Cette appel-
f
lation s'applique aujourd'hui au pays Gourmantché et à la
région sahélienne entre Tombouctou et Gao
(2).
Le pays Gourmantché
(Gulmu ou Gulma)
qui s'étend princi-
paIement en Haute-Volta, partie orientale, correspondant au
département"de l'Est
(sous-préfecturesde Diapaga, Fada et
Bogandé), mord également sur le Nord-Togo (région de
Korbongo et Dapango), sur l'Ouest du Niger
(région de
Maka~ondi) et sur le Nord de la République Populaire du
Bénin (région de Natitingou). La partie voltaïque couvre
environ 50 000km2(3), soit 18% de la République VoltaIque.
On peut estimer grosso modo à 55 000 km2 la superficie de
l'ensemble du Pays Gourmantché.
(Voir carte NO 2)
(l)Mahmoud Kati, Tarik el-Fettach ou chronique du chercheur
à l'histoire des villes, des armées et principaux person-
nages du Tekrour. Traduction française de O.Houdas et
M. Delafosse Paris, 1964, p.53~Voir carte nOl.
(2)Sénéchal,J. Espace et mobilité rurale en milieu soudano-
sahélien: le changement dans l 'isolement (Gourma du Nord
Hte Volta)-Paris, 1973, p.l
(3) D'après les résultats provisoires, recensement de
décembre 1975 organisé par l'U.N.E.S.C.O. Dans la présente
étude i l est surtout question de cette partie du pays
Gourmantché.
LOCALISATION
DU PAYS
GOURMANTCHE
7
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CARTE N° 2
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S'étendant entre le 11° et le 13°30 de latitude nord,
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le pays Gourmantché appartient entièrement à la zone sou-
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f
danienne avec deux saisons: une saison sèche d'octobre
à mai
(8 ou 7 mois)
et une saison de pluies ou hivernage
de juin à septembre. On note d'importants écarts pluvio-
métriques du nord
(650mm à Kuala)
au Sud
(plus de 1000 mm
à Pama et Diapaga)
(1)
(Voir croquis ci-dessous)
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-: Pluies et températures mensuelles moyennes.
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A ce climat
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boisée au Sud, devient herbeuse au Nord : les ess~nces
typiquement soudaniennes
(karité, le néré, le caIlcédrat,
le tamarinier, le raisinier, etc •.• ) se raréfient cèdant
la place à des acacias et à des baobabs(2)
Le climat du Nord-Gulma est plus sec
(la saison sèche
dure un mois
environ de plus qu'au Sud) et plus capricieux
que celui des autres région du pays(3)
(1) Voir Sénéchal, J. op. Cit. pp.9.~9
Croquis tiré de Remy, G. Etude géographique du terroir d'un
village gourmantchê de Haute-Volta - Paris Mouton et Co
196L -
p. 15.
(2) Sénéchal J. Espacè et Mobilité, oP.cit, p.9
(3) Le Nord-Gulma qui fait l'objet de notre étude comprend
la sous-préfecture de Bogandé, les cantons de Bilanga,
Bilanyanga,Gayeli,Yamma et Tibga.
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CARTE N° 3
RELIEF
DU PAYS
GOURMANTCHE
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Le nombre de jours de pluie varie de 30 à 50 environ
et les totaux pluviomètriques
sont compris entre 800 et
600 mm (au dessous de 600 mm commence le Sahel).Ceci est
à peine suffisant pour les principales cultures : mais,
coton, arachide et sorgho. Il n'y aurait aucun problème
si les pluies étaient régulièrement réparties
(1).
Vaste pénéplaine sur granite taillée dans le massif
précambrien nigéro-voltaique, le relief du pays gourmantché
est d'une extrême
monotonie
(voir carte n03
), rompue
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de temps en temps par quelques dos de baleine et crevasses
latériques d'une hauteur relative de 20m. Seul un ensemble
de relief important au Sud-Est : la falaise du Gobnangu
(talus gréseux de 80 m de commanàement environ). Les col-
lines birrimiennes
de Niaba et Sula (Kuala), d'une alti-
tude de 437m (lOOm de commandement), sont le seul relief
important dans le Nord-Gulma
(2)
Le pays est arrosé par les affluents du Niger
(Faga,
Sirba, Gorbi, Tapoa)
et de la Pendjari
(Konpienga, Singou,
Doubodo)
drainant une plaine qui s'incline légèrement de
l'Ouest
(320m)à l'est (290m),
Dans le pays gourmantché on trouve essentiellement
deux grands types de sol : au centre et au nord, prédomi-
(1)
Sénéchal,J.
, Espace et Mobilité ... ,op.cit.,p,19
(2) Voir, ainsi que les paragraphes suivants, Sénéchal
Jacques, Espace et ... op.cit, pp.lO-15
1 1
nent des sols d'érosion à faciès ferrugineux, peu évolués,
médiocres et au sud des sols ferrugineux tropicaux lessivés
moins pauvres. Il existe cependant des sols plus riches:
vertisols
(sols argileux de couleur sombre), surtout dans
le sud, et sols bruns eutrophes dans le centre et le
,
Nord. Dans le Nord Gulma, les sols médiocres occupent
.1,
la quasi totalité du centre et de l'est. Au Sud-Est les
sols sont meilleurs.
Dans l'ensemble, nous avons un environnement géographi-
que peu clément, mais plus favorable aux cultures que le
plateau mossi dominé par des cuirasses latéritiques.
B)
CADRE HUMAIN
Le Gulma est habité par trois' peuples d'agriculteurs,
patrilinéaires et hiérarchisés : les Gulmanceba
(les plus
nombreux),
les Yanse et les Zaose. Il existe des minorités
(voir carte nO
4).
1- Les Gulmanceba
Les Gourmantché s'appellent bi Gulmanceba
(sing: Gulman-
ce ou Gulmancoo) (1). Gourmantché est une déformation colo-
niale de Gulmance. Ce dernier terme est songhai et signifie
habitants de la rive droite du fleuve
:
"Gourma-n'-ki~s,
gens du Gourma" (2) . C'était donc à l'origine un nom géné-
~
(1)
Gulmance dans le Sud Gulma et Gulmancoo dans le Nord
(2) URVOY,Y,Histoire des populations. du Soudan Central,
op. cit, p.24
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PEUPLES DU GULMA
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• LIMITES DES ETATS ACTUELS
LIMITE IlJ PAYS Ga.I~CHE
D'apr"
P. MERCIER Feuille NO~ G. BRASSEUR et G. lE MOAl Feuille. N°3 et 4
Cartographie
du
C. V. R. S.
1 3
rique, comme Haoussa, désignant un ensemble de populations
n'ayant de commun que le lieu géographique. Par la suite
ce terme a désigné plus précisément les Gulmanceba actuels,
issus du brassage entre buricimba
(conquérants)
et anciens
occupants.
Les Gulmanceba appellent leurs différents voisins
comme suit : Benmoaba
(les Moba : peuple du Nord-Togo)
Barba
(Bariba), Jarima
(Zarma), Fola ou Folmommu
(Peul)
Koarima
(Kurumba), Moasaa
(Mossi). Et les Haoussa, Jang-
biaru ou Malaa. Ils sont désignés sous les termes de
Gurmance par les Songhai et les Zarma. Grumankobe par les
Peul et Binba par les Mossi ..
Gulmu(ou Gulma)
est le nom donné au pays(l)- et mi
Gulmancema
(le Gourmantché)
est la langue. Les mission-
naires
(catholiques et protestants)
s'intéressent très
tôt à son étude dans le but de mieux faire passer "le
message de Dieu". Chaque communauté religieuse fixa ses
règles de transcriptions. L'étude des protestants a été
la plus sérieuse
(2). Citons, du côté catholique, l'impor-
tànt travail du Rd. Père Prost(3).
(1)
Gulmu dans le Sud et Gulma dans le Nord-Gulma.Nous
utiliserons le terme du Nord-Gulma qui est plus proche
de "Gourma".
(2)
D'après les conclusions de Coulibaly Bakary, professeur
de linguistique à l'Université de Ouagadougou, sollicité
en 1975 par la "sous commission Nationale pour le Gul-
mancema"
, chaque communauté religieuse voulait que ses
règles de transcriptions servent de base de départ pour
la fixation provisoire des règles de transcriptions.
(3)
PROST,A, Grammaire Gourmantché,Initiations et Etudes
Africaines, nO XXIII,
IFAN. Dakar, 1968,160p.
1 4
Depuis quelques années, des Universitaires s'intéres-
sent aussi au Gulmancema, classé par tous les auteurs
dans le groupe "VoltaIque". Manessy, dans "les langues
Gurma" (1) , classe le Gulmancema dans le sous-groupe
"Gurma" avec les Konkomba, le Migangam, le Dye, le
Moba
(2)
(Gurma B), de même que le Kasele et le Basari
(Gurma A). Le Gulmancema et le Moba sont proches.
Melle Eleanor Beckett a fait une étude générale de la
langue
(3) .11 reste néanmoins beaucoup à faire avant de
dégager des règles définitives de transcriptions. La
thèse de Melle Annie RIALLAND sur "les tons du Gulman-
ceba" sera d'un grand intérêt (4). D'après ses premières
conclusions le Gulmancema aurait trois tons.
(1) Manessy, G., les Langues Gurma in Bulletin de l'Ifan,
T XXXIII, série B, nO 1, 1971
(2)
Langues du Nord Togo. Les Moba sont à cheval sur la
Haute-Volta et le Togo.
(3)
Beckett, Eleanor, A Linguistic Analysis of Gurma,
Université of British Columbia, Vancouver, B.C.,Canada,
Thèse, 1974.
(4)
Elle prépare sa thèse à l'Université de Paris V.
1 5
Le Gulmancema a deux principaux dialectes: celui du
Sud et celui du Nord
(que nous utiliserons le plus ici).
Les Gulmanceba du Sud appellent Koarinma
(langue de Koa-
rima) (1)
le dialecte du Nord et ceux du Nord Numma
(langue
des Numba : habitants de Nungu)
celui du Sud. A l'inté-
rieur de chaque dialecte i l y a de légères variations :
1) entre la région de Nungu
(Fada)
et celle de Diapaga :
2) entre les cantons de Bilanga, Piala, Bogandé et ceux
de Thion et Koala.
La différence entre les deux dialectes est nette au
niveau phonétique
(entre autres, présence de voyelles
nasales dans le Nord qui sont absentes au Sud). Mais on
peut utiliser le même alphabet pour les deux dialectes
qui ont les mêmes phonèmes. Gulmancema du Nord et Gulman-
cerna du Sud présentent également de nombreuses divergences
tant du point de vue lexical que grammatical.
Il faut
entre autre souligner l'importance de deux tendances du
Gulmancema du Nord qui sont fortement responsables de la
distanciation entre les deux dialectes : la tendance à
l'élimination des préfixes de classe et une grande utili-
sation du processus de contraction introduisant des sons
Supplémentaires tels que les voyelles nasales mais qui
(1)
Koarima
(sing: Koarindi)
est le nom que les Gulmanceba
du Nord donnent aux Kurumba
(peuple de la région actuel-
le de Mengao et d'Aribindal Koarima est une corruption
de Kurumba. Cette même appellation donnée aux Gulmance-
ba du Nord par ceux du Sud s'expliquerait par le fait
que les permiers ont été en contact avec les Kurumba qui
parlent l"akurunfe".
1 6
n'ont pas le statut de
phonèmes
(l) •
Exemple de Contractions :
(2)
Gulmancema du Nord
Gulmancema du Sud
Traduction
...
ë
bg1
Il a attaché
Il a noué
...
fwàlT
fwàl:!n nï
dans la brousse
- N
0 gbe
o gbeni
Il a achevé
j'~
0
Wl.
o Junl
Tl mord
0
--
tat
o ta:ni
Il a rassemblé
....
tubE.
tuban ni
dans les oreilles
Les conditions qui ont permis cette évolution sont
sans doute le contact avec l'akurunfe, le more
(langue
de Mossi)
et l'isolement politique du reste de l'ensemble
gourmantché comme nous le verrons plus loin
(3).
Sur proposition de la sous-commission Nationale pour
le Gulmancema
(4), un décret a été pris fixant provisoi-
rement un "alphabet" et les "règles de transcriptions"
du Gulmancema. Elle est basée essentiellement sur le dia~
lecte du Sud et a déterminé huit classes nominales(voir
annexe
). Nous nous conformerons autant que possible
(1 et 2)
Communication d'Annie Rialland, Paris, Juillet
1977.
(3) On pourrait faire la même comparaison entre le more
de Ouagadougou et celui du Yatenga.
(4)
Créée ~n 1975.
17
à ce décret dans les transcriptions. Mais nous tiendrons
compte des deux dialectes. La transcription ne sera pas
rigoureuse.
2- Les Yanse et les Zaose
Les Yanse
(sing. Yanna)
occupent les cantons de
Comin-Yanga, Yondé et Sudugi.lls sont, par leur origine
(Mamprusi), leur langue et leurs coutumes, plus proches
des Mossi que des Gulmanceba. Cependant, ils ont toujours
fait partie, politiquement, de l'ensemble Gourmantché.
C'est pourquoi nous les incluons dans le Gulma.Leur pays
est le Yanga et leur langue le Yanna, du groupe rnole-dag-
bane. Le Yanga est encore très mal connu.
Nous n'avons presque pas d'informations sur les Zaose
(sing. Zaoga), appelés Grnara par les Gulmanceba. Il est
fort probable qu'ils soient comme l'écrit Guérin, issus
d'une symbQose de populations: Bousanse, Yanse, Gulmanceba
et Mossi
(1). Les Zaosé occupent dans le Gulma les régions
de Jabo et de Tibga.
3- Les Minorités
Les ~ossi et les Peul constituent les deux importantes
minorités. Les premiers, agriculteurs, sont venus du pays
Mossi et les seconds, éleveurs, du Torodi, du Liptako, du
(1)
GUERIN,R., Paris 1959, mémoire du Centre des Hautes
études Administratives sur l'Afrique et l'Asie Modernes
Les Zaocés.
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CARTE N° 5
CARTE DES DENSITES DU PAYS GOURMANTCHE
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CartoQrophie du
C . V. R . S.
19
Yaga et du Pays Mossi. Les autres minorités sont formées
par des Zarma, des Haoussa, etc .•• , essentiellement
commerçants.
L'ensemble du Gulma est peu peuplé: autour de
420.000 habitants
(1), soit 8 habitants au Km2. Cette
densité est insignifiante par rapport à celle des zones
surpeuplées du pays Mossi
(190 habitantsjkm2) (2). Il
faut cependant faire des nuances. Aux solitudes presques
absolues des forêts-galeries de la zone giboyeuse de
l'extrême
Sud-Est - où la maladie du sommeil et l'oncho-
cercose font encore des victimes -
s'opposent des régions
relativement peuplées: Comin-yanga (densité=15,9),
Bogande
(18,2) et Diabo
(44,3)
(3)-
(1)
Sénéchal, J., Espace et Mobilité rurale ••. op.cit.p.8
(2) et (3)
D'après les résulats provisoires du recensement
de décembre 1975, organisé par l'U.N.E.S.C.O.
- Voir carte N° 5
20
II - METHODOLOGIE ET TRADITIONS ORALES
Les sources arabes sont presque inexistantes
sur l'histoire des Gulmanceba, contrairement à celle des
Mossi. Les Tarikh (1) qui parlent d'expéditions d'Askia
dans le "Gourma" et
de la mort de l'Askia Ishaq à
Bilanga en 1592, ne donnent pas d'informations précises
sur les Gulmanceba.
Aucun explorateur n'a traversé le Gulma. Barth qui
passa en 1853 au Nord-Est du Gulma
( à Dori, Sebba et
Say) donne quelques informations politiques, mais sur-
tout des renseignements d'ordre commercial sur le Gulma.
Pendant la période coloniale i l y a eu quelques écrits
d'administrateurs. Le plus important est "l'Histoire du
~
.
pays Gourmantché de Davy qui essaie de retracer l'histoire
des principales dynasties (2) • Les missionnaires notamment
les catholiques, s'intéressèrent aussi à l'histoire des
Gulmanceba. La plus importante contribution est l'"histoire
(1)
Es- sadi, Tarikh es-soudan, traduit de l'arabe par O·
Houdas, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1964,415p.
Mahmoud Kati, Tarikh el-fettach, traduction française
de O.Houdas et de M. Delafosse, Adrien-Maisonneuve,
Paris,1964,363 p.
(2) DAVY,P., Histoire du Pays Gourmantché. Fada n'Gourma
1952,(Mémoire
du Centre des Hautes Etudes Administra-
tives sur l'Afrique et l'Asie Modernes. Paris ,1964).
21
du Pays Gourma traditions orales", de Chantoux
(1).
Celui-ci qui dit se baser sur les traditions orales -
ce qui est vrai -
donne rarement les noms de ses
informateurs. Il ne fait que reprendre, dans une large
mesure, Davy.
L'erreur principale de ces deux précurseurs - dont
la tentative d'écrire l'histoire du Gulma reste louable -
fut le manque d'esprit critique des sources orales(exemple:
durées de règnes de 44 ans, du moins au début, données
par Davy) et la surestimation du pouvoir du Nunbado(2)/
sans doute une projection du système Mossi. Des erreurs
de détails, que nous relèverons par la suite, sont égale-
ment à signaler.
Cartry fut le premier universitaire à s'intéresser aux
Gulmanceba sur lesquels i l a publié de nombreux articles(3).
Mais i l travaille surtout dans une perspective anthropo-
logique et non historique. Nous attend ons
avec intérêt
sa thèse sur les pratiques divinatoires en pays Gourmantché
(essentiellement dans le Gobnangu). Espérons qu'il publie-
ra un jour quelque chose sur l'histoire du Gobnangu sur
laquelle i l a une grande documentation~
(1) Chantoux, A., Histoire du Pays Gourma-Traditions orales
Fada N'Gourma, Ed~ions Ti Dogu,
(1966), 61p.
(2) Ba do (Chef) de Nungu
(3) Voir Bibliographie.
22
Les traditions orales sont la source principale de
l'histoire précoloniale des Gulmanceba, comme celle de
la plupart des peuples d'Afrique.
Malgré les difficultés de leur recueil et de leur
interprétation, i l n'est plus besoin d'affirmer, en
dépit des réserves injustifiées de certains auteurs comme
Henige
(1), que les traditions orales sont une source va-
lable si on les
soumet à une bonne critique historique
critique du document oral, comparaisons de plusieurs
traditions, •••
Comment avons-nous mené notre enquête ? Quels
types d'informateurs avons-nous rencontrés et quelle est
la qualité des informations recueillies? Comment avons
nous traité les données ?
A) DEROULEMENT DES ENQUETES
Nous avons enquêté dans le Nord-Gulma en 1975 et dans
·le Sud-Gulma en 1976. Nous avons repassé en 1976 dans
certains villages du Nord-Gulma afin d'éclaircir quelques
points après traduction des enregistrements de 1975.
1- Le Matériel
Nous nous sommes déplacé en vélo-moteur et les entre-
(1) Henige, David, P., The Chronolo1t of Oral Tradition
Quest for a chimera, Oxford, 19
.
23
tiens ont été enregistrés avec un magnétophone mini-
cassette. Un appareil photo nous a permis de prendre
quelques photos. Nous tenons à remercier beaucoup la
commission Nationale pour l'U.N.E.S.C.O. et le C.V.R.S.
(Centre voltaïque de recherche scientifique), qui nous
ont aidé matériellement. Notre merci va également à
toutes les personnes, paysans et fonctionnaires, qui
nous ont aidé matériellement et moralement. Sans leur
contribution cette thèse n'aurait jamais pu être écrite.
2- La Méthode
Ne pouvant pas couvrir tous les villages, nous avons
enquêté dans les villages historiques dont parlent les
traditions orales. Nos enquêtes ont été beaucoup plus
intensives à Kuala et à Con. Ailleurs, elles se sont
limitées aux Chef-lieux de Kuamba
(Canton) et
à
qll~lques
Kombala
(sous-cantons).
Avant de nous rendre dans les villages, nous demandons
à des fonctionnaires de la région des adresses de personnes
réputées conna1tre son histoire. Il est fréquent qu'on nous
donne,
lors d'un premier entretien, des adresses d'autres
historiens, à qui nous rendons visite à domicile .
.Mais généralement, pour un village donné, nous expli-
quons aux Chefs l'objet de notre venue. Il réunit des
24
connaisseurs de l'histoire du village et l'entretien
s'engage. Notre origine gourmantché a été un grand atout
pour gagner rapidement la confiance des informateurs.
D'une façon générale nous avons trouvé auprès de tous les
informateurs une très grande disponibilité.
Comme guide d'enquêtes, nous avons utilisé le question-
naire ci-dessous, inspiré de celui utilisé par Izard
pour son recueil de traditions historiques dans les vil-
lages du Yatenga.
/
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE 1
1- Fondation du Village
- Nom de la 6amille ~égnante. Quelle e4t 4a 4igni6ieation ?
Quel e4t l'inte~dit de tOU4 eeux qui po~tent ee nom et
pou~quoi ?
- V'où e4t venu le 6ondateu~ et pou~quoi a-t-il quitté
40n
aneien village? E4t-il venu 4eul ou avee une 6emme
et une 4uite ? A-t-il lai44é de4 pa~ent4 d'où il e4t venu
et quelle4 40nt 4e4 ~elation4 aetuelle4 avee eux ?
- Qui le 6ondateu~ a-t-i~ t~ouvé dan4 le nouvel emplaeement ?
- Où 4'e4t-il 6ixe p~emiè~ement ? Quel4 40nt le4 di66é~ent4
déplaQement4 e66eetué4 et 40U4 quel4 ehe64 ~e4peeti64 ?
-Quel4 40nt le4 village4 6ondé4 pa~ la 4uite pa~ le4
d~4eendant4 du 6ondateu~ ?
- Que 4igni6ie le nom du village 60ndé ?
- Quel4 village4 eommandai~nt la dyna4tie ~égnante avant
25
l'a~~~vée de~ eu~opéen~ ? Le~ commande-t-elle enco~e ?
- L~~te dyna~t~que de~ che6~ avec le~ d~66é~ente~ du~ée~
de ~ègne ~~ po~~~ble.
2 - Relat~on~ Exté~~eu~e~
Sou~ quel che6 la che66e~~e ~upé~~eu~e a dom~né le
v~llage ou le Kombal~ (~ou~-canton), et à quelle occa~~on ?
- Y-a-t-~l eu
de~ gue~~e~ avec le~ d~ema (commandement~
l~m~t~ophe~ ? Ra~~on~ de ce~ gue~~e~ et ~ou~ quel~ che6~
elle~ ont eu l~eu ?
3- O~gan~~a!~on Pol~t~que et Adm~n~~t~at~ve
a)I~~~q~~~~~~q~_~q~~~~{~~~_~~~_~~~6~_
- Comment ~e 6a~~a~t la nom~nat~on d'un che6 avant la
colon~~at~on ? Y-ava~t-~l une alte~nance ent~e deux ou
- In~~gne~ de la che66e~~e.
- Le~ act~v~té~ du che6, ~appo~t ent~e lu~ et ~e~ ~ujet~.
b)
Quel~ éta~en~ le~ d~v~~~on~ adm~n~~t~at~ve~ du Kombal~
ou du Kuamba avant l'a~~~vée de~ blanc~ ?
Nom de 6am~lle de chaque d~gn~ta~~e et ~on ~nte~d~t.
d'Où v~ent-~l ? Et ~ou~ quel che6 ? Comment chacun d'eux
e~t-~l nommé et quelle e~t ~a 6onct~on ?
- Le tambedo : Che6 de la Cavale~~e.
- Le tadano : Che6 de la Gue~~e.
26
- le Tindambedo : Che6 de la tenne
- Le Bendbedo
Che6 Gniot
- Le moiliga, le Soguno ...
- Quel~ étaient le~
di66énent~ quantien~ ? Qui le~
habitaient ?
- Y-avait-il de~ ehe6~ de quantien~ ? Comment étaient-il~
nommé~ ?
- La ville était-elle entounée d'un 60ntin ? ou d'une haie?
Sou~ quel ehe6 le 60ntin ou la haie a-t-il été eon~tnuit ?
4- La Soeiété
- Le~ Bunieimba : membne~ d~~ 6amille~ négnante~.
- Le~ ]üma : Sujet~ - Rappont~ entne eux et le~ ehe6~ ?
- Le~ jituana : E~elave~. V'où pnovenaient-il~ ? Rappont~
entne maZtne~ et e~elave~ ?
- Le~ ea~te~ ?
b) Ongani~ation ~oeiale
--------------------
- Le Viegu (unité d'habitation et pan exten~ion ~egment de
lignage);
- le buolu (le lignage)
- nôle du ehe6 de diegu
- Ge~tion de~ bien~ -éehange~ d'en6ant~ - l'hénitage
27
Ap~è~ la mo~t d'un Qhe6 : an~maux, e~Qlave~, 6emme~ ?
. Ap~è~ la mo~t d'une quelQonque pe~~onne (homme ou
6emme) qu~ hé~~te de ~e~ b~en~ ?
- Pol~t~que mat~~mon~ale.
- Relat~on de pa~enté a l'~nté~~eu~ du d~~gu (tableau du
~y~tème de pa~enté).
- C~Qat~~Qe~ 6aQ~ale~
- C~~QonQ~~~on e~ eXQ~~~on.
- le ma~~age p~oQédu~e ut~l~~ée - la polygam~e et le
~ôle de la p~em~è~e 6emme.
- Le~ 6ête~ Qoutum~è~e~.
5 - Le~ aQt~v~té~ de la ~oQ~été
-
La Qultu~e et le8 d~66é~ent~ out~l~,la Qha~~e, la pêQhe ....
- le Qomme~Qe : la monna~e, le~ ~oute~, le~ a~t~Qle~
(~el-tabaQ-kola-pagne~,... )
- le p~llage
- le~ mét~e~~
la Qo~donne~~e
6- La ~el~g~on et quelqùe~ Q~oyanQe~
-
La ~el~g~on t~ad~t~onnelle :
.Lei autel~ (bulo, t~ngband~, j~ngl~... )
.Le~ gén~e~ (pol~, Q~Q~~ga ... )
-
Le 9anl~ (~é~nQa~nat~on)
- le Qabl~ (de~t~n)
28
- ~el~g~on~ ~mpo~tée~:
. Cathol~c~~me
. P~ote~tant~~me,
1 - Le~ objet~ a~chéolog~que~
hache~ de 6oud~e, pote~~e...
8 - La pé~~ode colon~ale
- Image du commandant ?
- L'adm~n~~t~at~on - le~ ~nte~méd~a~~e~ : ~nte~p~ète~,
ga~de~-ce~cle, le~ che6~, le~ goum~e~~ ...
- ~ecouv~ement de~ ~mpôt~,
- T~avaux 6o~cé~ ...
Ce que~t~onna~~e n'e~t
qu'un gu~de. Tout dépend de l'~n
6o~mateu~ qu~ ~aconte l~b~ement.No~ lu~ po~on~ de~ que~~~on~
~u~ le~ po~nt~ ob~cu~~ et ~u~ le~ oubl~~. L'ent~et~en
e~t 6a~t ent~è~ement en Gou~mancema et en~eg~~t~é. Van~
quelque~ v~llage~~ cependant~ nou~ nou~ ~omme~ contenté
de p~end~e ~eulement de~ note~. Ve ~a~e~ en~eg~~t~ement~,
avec de~ 6onct~onna~~e~,ont été 6a~t~ en 6~ança~~.
--~~---------------------------
29
B) LES INFORMATEURS ET LE TRAITEMENT DES INFORMATIONS
1- Les Informateurs
La qualitê des informations dêpend·
de plusieurs
données:
la façon de les recueillir,
la personnalité
et le statut social de l'informateur,
•... , comme l'a
bien montré Vansina
(1).
Nous avons rencontré des informateurs de toutes les
catêgories sociales et de tous les âges. S'il est gênéra-
lement admis que les dêpositaires de traditions orales
sont les anciens, i l n'en reste pas moins que de jeunes
informateurs connaissent parfois mieux les traditions.
c'est pourquoi on dit souvent qu'"il n'y a pas d'ancien
sauf celui qui a une bonne oreille "(celui qui êcoute ce
que disent les anciens et mêmorise
).
a)
Les baantiaru
("griots")
Person a remarquê avec raison que "la tradition orale
est avant tout, êvènementionnelle et êdifiante" (2) • En
effet, les paantiaru, dêtenteurs privilègiês des traditions
historiques, racontent l'histoire évènementielle magnifiée
des familles rêgnantes.
Baantiaru signifie littêralement: ceux qui baanta
(1) Vansina,Jan, De la tradition orale. Essai de Mêthode
Historique, Annales, sêrie-noa -sciences humaines n036
1961.
(2) Person, Yves, tradition orale et chronologie, cahiers
d'êtudes
Africain~, VII, 11-13(1962) ,462-76.
30
(racontent). c'est un nom général. Au Nord-Gulma les
Baantiaru les plus connus sont les baamu(ceux qui ra-
content) - d'où vient le nom général - et les lornrnu.
Les baamu ou benda joue du bendili (1) grande
• ."!-
calebasse recouverte d'une peau.
~"..~Cire sur laquelle
es baamu tape
avec
peau ~~~~~~~les p1aumes des mains
calebasse
\\~anière de peau
servant à porter
en bandoulière
BENDILI
l'instr:ument.
(1) Barli à Nungu et bendere en moss~·
,.
'i
~.
31
Selon la légende l'ancêtre des baamu
(sing. baanga)
serait descendu du ciel avec Jaba lompo. Il est possible
que les buricimba soient venus avec leur clan. Chaque
famille régnante a une famille de baamu qui lui est
attachée et dépositaire de ses traditions historiques.
Le bendbedo
(chef des benda)est la seule charge liée
~ un buolu. Elle est hériditaire
(de niciamo en niciamo)-
Il est le chef de tous les baantiaru. Ce mode de succession
est nécessaire pour une bonne transmission des traditions
Les enfants sont instruits par leurs parents dès leur jeune
âge. Ils les accompagnent dans les cérémonies et écoutent
tout ce qu'ils disent. ~~s enfants dotés de bonne mémoire
se forment rapidement et peuvent
exceller dans cet art
mieux que leurs parents. Les moins doués ne portent que
le nom de Baanga, sans véritables connaissances : des
nyoagisi censés développer la mémoire, sont utilisés. La
transmission des listes doit être rigoureuse car le
baantiagu est censé être puni par le bedo dont le nom est
sauté. Par ailleurs les .descendants de ce dernier peuvent
le menacer.
Les lommu
(sing. longa)
jouent du longa
(tambour d'ai~el
le)
32
Le Longa n'a pas de buobu(il n'y a pas de famille
spéciale de lommu). N'importe quel "roturier" peut appren-
dre à jouer du longa. Puis à la demande d'un bedo, se
mettre à son service. La charge de lonbedo
(chef des lommu)
n'est donc pas hérédi~aire.
Les baantiaru, récitent, lors des fêtes coutumières, les
listes dynastiques des familles régnantes. Ils sont,
surtout les benda)très familiers - comme dans plusieurs
sociétés africaines -
avec les betieba et plaisantent
avec eux. Les benda (instruments)
sont aussi des autels
oü des sacrifices sont faits. Un buricino doit éviter la
malédiction d'un bendili qui sans aucun doute, dans la
mentalité, lui serait fatale.
Les baantiaru jouent les louanges des betieba et des
berijaba. Les oreilles avisées comprennent ce qu'ils disent.
Il y a en général
un répétiteur
(tuatuanga) qui traduit
d'un ton chantant ce que joue.le bendili ou le longa. Ils
peuvent réciter les listes dynastiques sans frapper des
instruments. Un baantiagu peut chanter à toute occasion les
louanges d'une personne(buricino ou jiimo); flattée et
(1)
Lunga en mossi
33
honorée, elle lui fait quelques cadeaux
(argent, boubou,
pagne ... )
; ce faisant elle prouve sa générosité, chose
importante.
Les baantiaru jouaient un rôle capital pendant les
expéditions. Ils stimulaient les guerriers en chantant
leurs louanges, rappelant les hauts faits d'armes de
leurs ancêtres. De nombreuses traditions rapportent des
cas oü des guerriers, encouragés, défièrent des dangers.
Notons que les baantiaru n'étaient pas abattus par l'en-
nemi.
Il Y a des joueurs de taros-tams
(gangaana). Il existe
quelquefois d~gangaana sacrés comme le balibagini gangaali
de Kuala
(l), avec lequel des messages étaient envoyés.
L'importance des baantiaru était fonction de celle de
la famille
à laquelle
il's étaient attachés, certains vi-
vaient uniquement de leurs connaissances. Leur situation
s'est dégradée depuis la conquête coloniale, parallèlement
à celle des batieba.Leurs flatteries mordent de moins en
moins. Nombreux sont ceux qui
n'exercent plus et d'autres
ont diversifié
leurs activités
(culture, commerce .•. ).
(l)
Bali~agini gangaali : le gangaali de Balibagini.
fondateur du premier royaume
de Kuala
(Liptako).
34
Les baantiaru sont des spécialistes des listes des
betieba qui sont récitées de façon mécanique depuis des
générations. Mais la plupart des baantiaru sont d'une
grande ignorance lorsqu'on leur demande des détails. La
filiation même des chefs devient problématique. Il faut
alors faire appel à des baantiaru très expérimentés ou
à des anciens. Les baantiaru ménagent toujours dans leurs
récits, la famille détentrice du bali.
b)
Les Talmu (sujets)
Les talmu, qui n'ont pas d'engagements vis-à-vis des
familles régnantes, à moins d'une éventuelle parenté~
sont de très bons informateurs. Les meilleure informateurs
que nous avons rencontrés sont issus de ce milieu. Les
talmu sont sans parti pris lorsqu'on a des entretiens
avec eux individuellement. Ils racontent ce qu'ils ont
entendu sans ménager qui que se soit.
c)
Les Buricimba
Les Buricimba sont les moins bons informateurs. Chacun
essaie d'arranger l'histoire en faveur de son diegu. Les
actes obscurs de leurs ancêtres sont volontairement cachés,
par contre, ils disent aisément tout des autres dieru.
E n faisant le tour des différents dieru on arrive à
35
avoir d'int~ressantes informations sur l'ensemble de la
famille régnante et à éliminer, par confrontation, les
informations volontairement travesties.
d)
La conception de l'histoire
La conception de l'histoire des Gulmanceba est axée sur l'his-
toire des familles dirigeantes. Les informateurs donnent
d'abord, et spontanément, des récits de l'histoire des
Buricimba, vue comme l'histoire"nationale; Cette histoire
~nationale~dont les baantiaru sont les gardiens attitrés.
Il existe cependant
une conscience historique au
niveau du lignage et du clan. Pendant la saison sèche
(période creuse), les soirs)après le repas, devant la
case du
diedano
(chef du diegu)
ou devant le jingli,
les anciens, lors d'interminables causeries, rappellent
parfois l'origine de leur lignage et les faits historiques
auxquels furent mêlés certains de leurs ancêtres. Les
jeunes attentifs et ayant une bonne mémoire retiennent
des informations afin de les transmettrent à leur.tour
aux autres générations. Les grands secrets familiaux sont
transmis de père en fils.
Les chercheurs ont du mal à percer cette micro-histoire
nécessaire pour la reconstruction de l'histoire générale
du peuple - histoire qui ne doit pas être seulement celle
36
des familles régnantes. L'idéal est de pouvoir faire
des enquêtes systématiques, famille par famille, afin
de dresser le maximum de généalogies complètes,
jusqu'à
un certain niveau. De telles enquêtes, qui nécessitent
obligatoirement des travaux d'équipes, apporteraient sans
aucun doute des informations de haute qualité. Il est
évidemment bon que les chercheurs possèdent la langue du
peuple sur l'histoire duquel ils enquêtent, afin de
comprendre les allusions faites par les informateurs
et les forcer à expliciter leurs pensées, par d'autres
questions, sans pour autant les influencer.
Dire comme Henige
(1), que les traditions recueillies
dans un temps antérieur sont plus justes que celles recueil-
lies après, n'est certainement pas vrai.
Concernant le
Gulma par exemple, les premiers qui
s'intéressèrent à son histoire, Molex, Maubert, Davy,
Chantoux . . . ( voir bibliographie)
ont rapporté "des choses
justes - Mais i l y a aussi de nombreuses erreurs dans
leurs écrits.
La véracité de l'information recueillies est fonction
du chercheur, de l'informateur et des conditions dans
lesquelles les informations ont été recueillies. Les in-
formations que nous avons recueillies contiennent certai-
nement des erreurs qui, nous en sommes sar, seront un
jour relevées par d'autres chercheurs.
(1)
PERSON, Yves,
IILa chimère se dèfend " ln Cahiers d'Etudes
Africaines,
19,6- pp.b1.62 - V.-XVI=40S-408, p. 407
37
2- Le traitement des données
Nous avons recueilli beaucoup de matériaux historiques
et sociologiques. Nous avons traduit intégralement tous
les enregistrements faits dans le Nord-Gulma ; faute de
temps nous n'avons
pu
qu'écouter et traduire certaines
parties des enregistrements faits dans le Sud-Gulma
(1).
Puis nous avons dressé des fiches par thèmes : division
du territoire,
la terre, le chef) l'intronisation coutu-
mière ...
Le traitement des données des traditions orales est
délicat. Aussi nous avons: essayé, autant que possible,
d'être prudent et critique à l'égard des informations
qui nous ont été données. Pour que le lecteur se fasse
une idée des traditions qui sont discutées, nous avons jugé
utile lorsqu'il s'agit d'un problème historique important,
de donner des récits même si certains sont particulièrement
longs, et de comparer
autant que possible les traditions
recueillies dans différentes régions.
3 - Le Problème chronologique
La chronologie est un problème épineux et très difficile
â résoudre en tradition orale. Les baantiaru et les
anciens connaissent généralement la liste des betieba
(batieba). L'éternel problème se pose de savoir si une
liste recueillie est complète ou non. Les listes manifes-
(1) une c02ie a été faite de tous les enregistrements et
déposee aue.V.R.S.
36
tement incomplètesjet les informateurs le disent, sont
celles des dynasties tombées en désuétude
: We, Cabondu
(Karimamma).
.Dans les dynasties importantes les listes
sont bien conservées. Sans nier toute possibilité d'oubli
des noms, la plupart des listes recueillies nous semblent
complètes.
Il est en tout cas très difficile, pour un baantiagu ou
un ancien, de faire un oubli volontaire~ Si la tradition
le permet oui : par exemple les betieba qui sont morts
pendant la retraite de sept jours ou les betieba, mais
rarement, dont les ~cesseurs, pour une raison d'honneur, ont
interdit aux baantiar~ de citer leur nom sur la liste.
c'est le cas de Dandanli, successeur de Yenrlabri, qui
régna pendant 9 ans à Nungu, mais dont le nom n'est pas
cité sur la liste, parce qu'il s'est pendu à la suite d'une
guerre contre son cousin et opposant Yembrima. Celui-ci
ordonna aux baantiaru de ne pas citer le nom de Dandanli,
à cause de sa mauvaise mort
(1). Ces noms volontairement
oubliés - peu nombreux- sont facilement donnés par des
informateurs.
S'il est relativement facile pour les informateurs de
citer des listes, i l leur est en revanche très difficile
(1) Frédéric Tankpano, Nam~no le 28 avril 1976
39
de donner la filiation de chaque chef. Ils connaissent
généralement le nom de sa mère mais pas toujours celui
de son père
(1). On arrive donc rarement â remonter
jusqu'au fondateur de la dynastie avec la filiation des
chefs.
Le problème devient particulièrement compliqué du fait
que les traditions tendent â oublier les noms des pères
des chefs qui n'ont pas régné parce que cela ne fait pas
bien. Les informateurs rattachent volontiers un tel chef
(dont le père n'a pas régné)
à un autre
(son père classi-
ficatoire)
ou â son prédécesseur, un chef étant, selon la
coutume, considéré comme le père de son successeur. La
conséquence est l'allongement excessif des listes généalogiques
Seules des enquêtes patientes et minutieuses permet-
tront de dresser des généalogies complètes.
(1)
Dans la pensée des Gulmanceba, tout ce qui arrive
â Ego
(en bien comme en mal)
dépend pour une grande
part de sa mère.
40
- PREMIERE PARTIE -
LES ANCIENS OCCUPANTS
ET LES MIGRATIONS
DES BURICIMBA OU BEMBA
Chapitre l
LES ANCIENS OCCUPANTS
Chapitre II
LA LEGENDE DE JABA LOMPO ET LA
FONDATION DES DYNASTIES DE SA LIGNEE
Chapitre III
LES AUTRES DYNASTIES
Chapitre IV
RELATIONS GULMANCEBA - PEUPLES VOISINS
ET ESSAI DE DATATION DE L'ARRIVEE DES
BURICIMBA DANS LE GULMA
Chapitre V
ESQUISSE DE L'ORGANISATION POLITIQUE
ET ADMINISTRATIVE DE NUNGU
Chapitre VI
LA CONQUETE DU GULMA
~,
Avant l'arrivée des Buricimba
(Bemba),
le Gulma
était occupé par plusieurs peuples peu ou pas organisés.
Venus probablement de la rive gauche du Fleuve Niger,
les
Buricimba ou Bemba dominèrent le pays, généralement de
façon pacifique et organisèrent des royaumes
(diema)
indé-
pendants les uns des autres. Le Nunbado
(bado de Nungu)
était le primus inter pares.
Le Gulma fut sans doute une zone de grand
brassage de populations. Il est difficile dans l'état ac-
tuel des enquêtes de se faire une idée exacte des popula-
tions qui habitaient le Gulma avant l'arrivée des familles
régnantes actuelles. Nous ne donnons ici qu'un très bref
aperçu.
Les informations recueillies nous permettent
de dire que les familles portant les noms Tindano
(pl.
Tindamba : propriétaires de la terre), Woba, Tankpano
(pl.
Taaba), Nasuri
(pl. Gmaamba)(lkt Natama étaient les princi-
paux groupes de populations qui occupaient la majeure partie
(1) On dit aussi Bi Nasuœ.
du pays. Des Dogon sont signalés à l'extrême nord et des
descendants de Kurumba y vivent encore.
l
- Dans le Nord-Gulma
A - Les Dogon
Les Dogon
(Kumbetieba en Gulmancema)
auraient
occupé, dans un temps fort reculé, une partie du Nord-Gulma -
Tampalyenga Tindano, le seul informateur à nous parler d'eux,
leur attribue la grosse poterie
(grandes jarres enfouies
jusqu'au bord sous terre)
qu'on trouve dans tout le Nord-
Gulma. Il Y aurait encore quelques-uns de leurs descendants
dans le village de Yalogo
(Tougouri~'~: /
" Le~ Kumbet~eb~ oeeup~~en~ tout le ~~e l~e d~em~
de Ku~l~). Le~ Kumbet~eb~ ~e t~ouven~ ~e~uellemen~ ~u
L~pt~ko Il}. Le~ Mo~~~ ~e~ ~ppellent K~lb~~~ (K~b~~~). Il Y
~ eneo~e leu~ buo{u à Y~logo " (2)
(1)
Ils ne s'y trouvent plus
(2)
Tampalyenga Tindano,
Sula
le I l mars 1975
43
Cette information nous a été donnée par hasard.
Nous n'avons pas posé ailleurs de questions sur les Dogon.
Mais il n'est pas impossible que les Dogon dont parlent les
traditions du Liptako se soient étendus jusque dans la région
de Kuala.
"The 6~~~z ~ule~~ 06 Lipzako we~e the Vogon, who ~uled
the land 60~ ~1 yea~6. Then Qame the Ku~umba, who Qhu~ed out
Pagon and ~uled 6a~ 81 yea~6 ..... "(l)
"Prês de Gargaboulé (village dépendant de Mengao) ,
i l Y a un puits situé dans la brousse - son entrée est petite,
mais i l est large à l'intérieur - on entend dans ce puits le
bruit d'une riviêre. Ce puits a été creusé par les Dogon
qui habitaient la région de Mengao avant l'arrivée des
Kurumba. Ces Dogon sont partis devant les nouveaux arrivants.
Mais avant leur départ,
ils ont comblé le
puits. Depuis, il
a été toujours impossible aux Kurumba d'enlever les pierres.
Pour pouvoir les enlever, il faudrait tuer quelqu'un.
"Tous les ans, se présente à Mengao un Dogon
de Dinongra (village près de Yoro).
Il arrive au commencement
de l'hivernage
(en juin). L'Ayo ou le Kessou doivent lui
(1)
Irwin, Joseph, op. cit. citant son informateur Maamuudu
Brahima, p. 76
remettre un poulet très noir, du dolo, de l'eau de mil,
de l'eau pure et un bouc noir. Le Dogon emmène tout ceci
dans la brousse, a un endroit proche de Toulfé
(a droite
de la piste de Mangao a Toulfé). La, i l sacrifie sur un
fétiche appelé Yobo. L'endroit même s'appelle Yoba. Les
Kurumba n'ont jamais vu ce fétiche. L'Ayo accompagné par
le Kessou ou le Falao sacrifie un bouc en haut d'une colline.
Il apporte également de la farine de mil, mais pas de dolo
ni d'eau, car i l trouve sur la colline de l'eau et des cana-
ris. Après ce sacrifice, l'Ayo rentre. Le Dogon passe de
nouveau a Mengao où i l reçoit un boeuf et de l'argent offerts
par toute la population. Le sacrifice du Dogon est fait en
faveur des semailles."
(1)
Staude pense qu'il s'agit peut-être d'un trans-
fert. Nous pensons que, si ce n'est pas le cas, les Dogon -
pour agir de la sorte
(en propriétaires de la terre)
-
auraient alors probablement occupé la région avant les Kurumba.
Les Kumbetieba n'ont plus de descendants dans
le Gulma.
(1)
Staude, W.
"La légende royale des Kurumba", Journal de
la Société des africanistes
31
(2), 1961 = 209 - 259 -
pp. 258 -
259
45
CARTE t!o
6
ANCIENS OCCUPANTS
~RINCIPAUX GROUPES
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Village
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1
J
.. Site ancien
...... L1gne de contact entre Woba et Tindamba
dans le Nord Gulma
Sens de migration des Tindamba
~ens de migration des Kurumba
46
B - Les Tindamba et les Woba
.Toutes les traditions recueillies dans le Nord-
Gulma rapportent que les Tindamba et les Woba ont précédé
les Buricimba. La tendance est d'assimiler Tindamba et
Woba. En fait, il s'agit de deux groupes différents dont
la ligne de contact serait Piala - Liptugu.
Les Woba viennent du Sud-Gulma (nous en parle-
rons plus loin) et les Tindamba, d'origine nyonyose, du
pays mossi actuel
(Boulsa)
(voir carte nO
6
).
Provenance de quelques familles Tindambaet Woba
r - - - - - - - - - - - - - - - - - - - r - - - - - - - - - - - - - - - - - - - , - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
:
Villages
l
Tindamba
l
Woba
1
1
1
1
1
L-------------------
1
-------------------
r · · 1 ------------------- 1
·1
1
1
1 Viennent du vil-
:
1
Bilanga
1
1
1
1
1
lIage de Kokuogu
1
1
1
1
1
:
:
l
(Gayeli)
l
~-------------------~-------------------~-------------------~
1
1
1
1
1
1
Viennent du vil-
1
1
1 Nalongu (Piala)
:1
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l
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1
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1
1
l
l Viennent du village l
l
1
Siesini (Con)
1
1
1
:
lde Ziaku (Boulsa)
:
:
1
1
1
1
1
1
1
1
~-------------------~-------------------~-------------------~
Bisigani (vil-
Originaires de Bisiga
lage disparu)
(Korsimoro)
1
Naabingu
l
-
Originaires
1
Sierigu
de Boala
:
1
Gongorugu
(B
1 )
1
L
L
ou
.
sa
1
~
~
47
C - Les Kurumba
Les Gulmanceba du Sud-Gulma désignent ceux du
Nord par le terme Koarima
(sing. Koarindi). Ces derniers
utilisent à leur tour ce terme pour désigner les Kurumba.
Koarima est une déformation du mot Kurumba.
Pourquoi l'utilisation de ce terme pour
désigner les Gulmanceba du Nord? Est-ce parce qu'ils sont
d'origine Kurumba ? Non. L'hypothèse vraisemblable est
qu'ils ont probablement conquis un pays anciennement occupé,
sinon totalement du moins dans sa partie la plus septentrio-
nale, par des Kurumba qu'ils ont refoulés plus au Nord.
Les traditions recueillies â Kuala attestent
l'occupation ancienne de la région par des Kurumba. La
dynastie régnante de Kuala serait partie régner sur ce qui
allait devenir plus tard le Liptako à la demande de Kurumba
installés à Wulo
(à 30 km à l'ouest de Dori). Selon un de
nos informateurs, des Kurumba étaient également installés
à Jebdungu, site situé à 16 km environ de Kuala actuel, à
Tanpanga
(à la km à l'Est)
et à Tankuori
(la km au Nord-
Ouest)
(1).
(1)
Tindano Tiagipo, Toku le 5 mai 1975 - Cet ancien peuple-
ment est à différencier des Kurumba qui y immigrèrent
dans une période récente pour cause de famine.
48
Lorsque les Gulmanceba furent chassés par les
Peul du Liptako en 1816/1817, des Kurumba les suivirent et
vinrent s'installer à Koarimadeni près du nouveau Kuala.
Il y a quatre familles principales Kurumba
(1)
:
1. La famille qui porte le nom Hagila, venue
de Wulo,est la plus attachée à la dynastie
de Kuala. Elle a supplanté la famille des
Tindamba (partie du Sud avec la famille
régnante)
pour les nominations. Elle joue
un rôle important pendant la nomination.
2. Le diegu du koarimbedo
(chef des Koarima)
du nom Hiiba est venu du Niger.
3. Les Kurumba portant le nom Sawodogo vien-
nent de Burum (dans le pays mossi) •
4. Les Dambinamba (sing. Dambina) viennent de
Dapalle
(région d'Aribinda).
(1)
Hagila Hunlori, Jelku le 23 mars 1975
49
Les Koarima sont réputés pour leur magie. Dans
le temps, ils célébraient des fêtes à l'occasion desquelles
ils parlaient le koarimma
(l'Akurunfe). De nos jours, quel-
ques anciens seulement comprennent l'Akurunfe.
Ils ont été
peu à peu assimilés aux Gulmanceba tout en gardant leurs
coutumes.
II - Dans le Sud
A ~ Les Tankamba
(1)
Les Tankamba ont probablement occupé le Sud-Est
du Gulma, tout le long de la falaise du Gobnangu
(2). On trouve
encore dans la falaise de vieilles constructions de maisons
en banco appelées par la population a tankandiena
(litt.
maisons des Tankamba)
et des greniers.
Les grands buli
(butana), au pied de la falaise/
appartiennent aux Tankamba qui reviennent y faire encore des
sacrifices de chiens.
Il existe aussi une variété de mil
appelé "mil des Tankamba"
(3).
(1)
Peuple du Nord-Benin
(2)
Mercier note qu'une partie des Tankamba viendrait des
régions situées à l'Ouest de l'Atakora. Les Somba,
Traditions, changement, histoire, p. Y7.
(3)
Communication de Michel Cartry, Paris, le 20/9/1977
5U
Les traditions ne font pas état de rapports
entre Gulmanceba et Tankarnba. Ces derniers ont peut-être
quitté la falaise avant l'arrivée des premiers.
B - Les Berba
(l)
Les Berba ont occupé aussi une partie du Sud-
Gulma, dans la région de Maajoari où existent encore deux
villages berba.
C - Les Tindarnba et les Woba
Les traditions du Sud-Gulma s'accordent, comme
celle du Nord, sur l'antériorité des Tindarnba et des Woba
par rapport aux Buricirnba. Le fait qu'ils soient générale-
ment fossoyeurs et jouent un rôle important dans les cérémo-
nies de nomination des betieba est significatif à cet égard.
Par ailleurs
les Tindarnba/et à une moindre
échelle les Woba, sont réputés pour leur magie et sont en
général les détenteurs des grands autels. Cette communion
avec la terre est le propre des anciens occupants.
(1)
Peuple du Nord-Benin
51
Le terme tindano est souvent utilisé comme un
terme générique désignant les anciens occupants qui ne for-
ment pas non plus un groupe monolithique. Nous pensons que
les Tindamba ou Tingbana (sing. Tingbangu : l i t t . peau de
la terre)
ont précédé les Woba dans le Sud-Gulma.
La famille Tindano de Tindangu
(village du
Gobnangu, au pied de la falaise)
est la gardienne, depuis
le Nunbado Yencirima, d'un bulo auquel tout Nunbado nou-
vellement nommé vient sacrifier une victime. Elle dit'
"-être sortie de la falaise" et
être "petit frère" de la famille
Nyula de Yirni
(à quelques kilomètres au sud
(1). Cette
information est confirmée à Yirni. Les ancêtres fondateurs
des deux familles sont de même mère
(du nom de Gmelarugu)
mais pas de même père
(2).
Il est probable que la famille
Nyula dont l'ancêtre est Tebiri, soit plus ancienne malgré
le rôle religieux important des Tindarnba. En effet, c'est
le bedo de Tindangu qui fait les consultations et les
sacrifices pour que la saison soit bonne. Dans le temps,
il
était le premier à semer (3).
Il détermine la date de la
fête du dilemba
(fête des prémisses entre fin janvier -
fin
février)
après consultations des tambipwaba(4).
(1) Midili Tingbangu, Tindangu le 20 avril 1976
(2)
Hahari Tankpano, baantiagu, Yirni le 20 avril 1976
(3)
et (4) Communication de Michel Cartry, Paris,
20/9/1977 -
Nomsde ses informateurs
: Benjoa Tingbangu, Binlimpo Tingbangu;
Umboianu
Il
& Lona
Il
52
Les Woba sont très nombreux dans le Gulma
du Sud au Nord jusqu'à la ligne Piala - Liptugu, ligne de
contact avec les nyonyose venus du pays mossi actuel. Ils
ont des buoli
(clans)
variés. En voici quelques-uns
:
· Bi Bulba
A Koankoana
· Bi Bulmomba
· Bi Namumba
· Bi Bonciadiba
· Bi Natelbq
· Bi Calyimba
· Bi Nayalba
· Bi Gbanjaliba
· Bi Sarkuaba
· Bi Guamba
· Bi Sugiliba
· Bi Jambulba
· Bi Tacamba (1 )
Yebinani, ancêtre de la famille régnante de
Kancaari
(les Bulmomba)
serait·un Mossi originaire de
Koupéla
(2). Il aurait alors probablement pris le nom Woba
des habitants qu'il y trouva.
Les Guamba, les plus nombreux, selon notre
informateur Banguma Waali, auraient eu comme grand centre
le village de Duori
(à côté de Macakoali)
nom également
de leur bulo (3).
(1) Woba Grégoire
(du buolu. des Bulmomba ), enseignant -
Kparcaga le 23 avril 1976
(2)
Nous n'abordons pas ici l'historique de cette famille.
Notons que les Bulmomba ne sont pas très nombreux.
(3)
Banguma Waali, griot, Macakoali le 8 avril 1976.
53
La zone de fort peuplement de Woba se situe de
la falai-se de l ' Atakora à Gayeli, comme le montre la carte )~I~ 6.
Les Woba sont peut-être à rapprocher des Waba
du Nord-Benin, parlant une langue apparentée à celle des
Mossi, cités par tous les auteurs comme une des anciennes
populations. Lombard écrit que les Natimba et surtout les
Waba
(appelés parfois Yoabu)
ont occupé tout l'Ouest du
Borgou : cercle de Kouandé, subdivision de Bembéréké et
la partie occidentale du cercle de Nikki
(1). Le village
de Buro, lieu de pélerinage pour le chef de terre de
Nikki, est le centre d'influence Waba
(2).
Des études approfondies sur les Woba de Haute-
Volta permettraient de faire d'importantes comparaisons
(3) ..
D'autres buoli s'apparentent aux Tindamba et
aux Woba : les Jandugba
(nom : Waali), surtout dans la
région de Jakpaga o~ ils jouent les rôle des Tindamba, les
Gbenyieba
(nom : Jabli) et les Kparimba
(nom : Togiyieni)
nombreux à Jakpangui
les Natama habitent les régions de
Fada et de Tibga.
(1)
et (2)
Lombard Jacques, structures de type féodal,
op. cit. p. 71 et 76
(3) Mercier étend le peuplement des Waba du Nord-Benin
jusqu'à la vallée de la Mékrou et pense qU'il est
relativement récent
(à l'arrivée des premiers Bariba).
Les Somba, op. cit. p. 97
D - Les Taaba
(nom : Tankpano)
et les
Nasuba
(nom : Nasuri)
Les Taaba et les Nasuba étaient les buoli
qui régnaient sur la région à l'arrivée des Buricimba (Bemba).
Toutes les versions recueillies
(dont nous parlerons plus
loin)
s'accordent sur le fait que Jaba Lompo les y trouva.
Le titre du bali de Namuno est significatif à
cet égard: Suabado (litt. le bedo qu'on y a trouvé)
- Cartry
remarque que les Woba et les Taaba, qui pratiquent l'excision,
sont les plus anciens clans du Gobnangu (1).
CONCLUSION
Des enquêtes ·systématiques auprès des familles
des anciens occupants sont indispensables avant de poser
de solides hypothèses.
(.1)
Michel Cartry, Communication orale, le 28/9/1977
Il estprobabl~, qu'avant l'arrivee des Buricimba,
le Gulma était habité dans sa majeure partie, par des
populations de langue gourma. Celles-ci imposerent leur
langue aux nouveaux arrivants, qui ~es dominèrent pOlitique-
ment. L'hypothëse de Manessy sur un idionne ancestral,
"gourma commun", aux Gurmll.·.A, et Gurma B {voir croquis ci-
dessous}
est significatif à cet égard. {J}
1GOURMA COMMUN ? 1
GURMA
A
Basani
Gounnantché r-nba
Manessy place la scission du Gurma B, avant le
Xlllème siècle et l'aire d'occupation de la fraction B.
{gourmantché-moba}
en pays gourmantché; la dialectalisation du
"gourma commun,' s ' i l a existé,
est placé plus loin dans le
temps.
Ils s'appuie sur le fait que dans la croyance de
certains groupes gurma du Nord-Togo d'après O.Kahler,
les
âmes des morts se rendraient au Bingo {region de Nungu}, pays
de leurs ancêtres
{2}.
{l} Tableau tire de Manessy, G. Op. Cit.p. l27.
{2} Manessy, G.
I l '
Les Langues Gurma in Hullet1n de l'I.F.A.N.
T.XXXIII,
série B. N° l , 1971.
S6
- CHA P I T R E
1 1 -
L A
L E G END E
D E
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A B A
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FON D A T ION
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-----------------------------
D E
S A
L l G NEE
-----------------------
57
Les traditions recueillies, une exceptée, don-
ne nt une origine mythique à Jaba Lompo, ancêtre des Bernba
(Buricirnba). Cette légende, déjà signalée par Davy
(1952)
et Chantoux
(1966)
tranche avec les traditions d'origine
mossi sur lesquelles nous reviendrons plus loin.
Les informations peuvent se regrouper autour
de trois thèmes principaux :
1. Jaba Devin
2. Origine céleste de Jaba Lompo
3. Origine bornouane de Jaba Lompo
Nous donnons ci-dessous quelques versions
correspondant à chacun de ces thèmes.
A - JABA DEVIN
"Un de.I.> vie.ux (1) m'a. pa.Jtfé d'un Ja.ba atte.int de.
cécité e.t qui pJta.tiquait fa divination à f'aide. de. cafe.bal.>l.>e.1.>
(fe. Yuafi) qu'if I.>e.couait. Ce.t ancêtJte. de. Kujuabongu,au I.>ud
de. Pamma, de.vinait tout ce. qu'if affait I.>e. pal.>l.>e.Jt.
(1) Frédéric Janga Tankpano, Namuno,
28 avril 1976 -
Il s'agit d'un des deux frères qui sont ses informateurs,
Lenli Dajoari qui vit encore à Fada et
son grand-frère
Janja Dajoari
(aveugle)
qui est maintenant mort.
58
La popula~ion de Kujuabongu é~ai~ 6~appée de 6a-
mine.
Ii avai~ un ehevai g~i~ qu'il 6allu~
vend~e a6in de
pou~voi~ aux be~oin~ de ~a 6amille. Mai~ il ne pouvai~ le
vend~e ~an~ eon~ul~e~ ~on Yuali. V'ap~è~ la eonelu~ion de ~on
Yuali le eheval devai~ é~~e vendu à la p~emiè~e pe~~onne ~en
eont~ée ~u~ le ehemin. Ii eha~gea ~on 6ii~ Lompo de le vend~e.
Lompo ~eneon~~a un homme qui ~evenai~ de la b~ou~~e po~~an~
une bo~~e de paille. Ce~te bo~~e de paille devin~ le p~ix du
eheval eomme l'avai~ voulu Jaba.
Pa~ une nui~ 6~oide, Jaba alluma du 6eu avee une
poignée de la bo~~e de paille e~ ~e~~ouva mi~aeuleu~emen~ la
vue. A pa~~i~ de ee~~e da~e, il o~donna a ~ou~ aZné (nieiamo
ehe6J de ~a de~eendanee de do~mi~ dan~ une ea~e en ehaume e~
jamai~ dan~ une ea~e en baneo.
Ii invi~a le~ in6i~me~ pou~ 6é~e~ ~a gué~i~on.
Ce~ de~nie~~ 6u~en~ égalemen~ gué~i~ mi~aeuleu~emen~. Jaba 6u~
alo~~ p~oelamé ehe6.
Ii é~ai~ eon~ul~é avan~ ~ou~e ae~ion e~
p~évoyai~ ~ou~ a l'aide de ~e~ ealeba~~e~. A ~a mo~~, ~on 6il~
Lompo, en ~ouveni~ de ~e~ bien6ai~~,
6u~ ~eeonnu eomme le ~age
de la ~égion. Ii p~i~ le nom eompo~é Jaba Lompo .(le Lompo de
JabaJ)
Jaba le pè~e e~'Lompo le 6il~".
B - ORIGINE CELESTE DE JABA LOMPO
1. "Lompo e..6t de..6c.e.ndu du c.-ie.l ave.c. .6a 6e.mme. 0
Gmaampwa.
Il t~ouva a .6a de..6c.e.nte. Suabado
(11 a.6.6-i.6, de. même.
que. Vapo~-iga
(du buolu de..6 Na.6ubal
(21.
Il t~ouva c.e..6 de.ux
bat-ie.ba. Il e..6t de..6c.e.ndu a Juabongu.
o Gmaampwa délaya le. .6ala (31, pu-i.6 e.n donna a
bo-i~e. a Suabado e.t a Vapo~-iga. Ap~è.6 avo-i~ bu -il.6 v-in~e.nt
~e.me.~c.-ie.~ (C'e..6t a-in.6-i que. Jaba Lompo le..6 dom-inal" (41.
2. 'Lompo e..6t de..6c.e.ndu a Sangbantangu ave.c. .6a
6e.mme. 0 Gmaampwa e.t .6on Nac.e.mo
(.6e.~v-ite.u~l.
On y t~ouve. e.nc.o~e.
le..6 t~ac.e..6.
Il a t~ouvé Vapo~-iga tout hab-illé de. ~ouge. e.t c.él-i-
bata-i~e.. Il 6-it un .6ala (o66~ande.l. Vapo~-iga, appe.lé pa~
o Gmaampwa v-int bo-i~e. le. .6ala e.t p~e.nd~e. égale.me.nt le. pa~-inangu
(v-iande. de. .6ac.~-i6-ic.e.I.
C'e..6t pou~quo-i Nunbado de.v-int be.do de.
Vapo~-iga"
(51.
3. "Jaba Lompo e..6t de..6c.e.ndu .6u~ un ~oc.he.~ qu-i
n'éta-it pa.6 e.nc.o~e. .601-id-i6-ié. Il t~ouva Vapo~-iga a.6.6-i.6.
Il
(Jaba Lompo)
po.6a la c.ale.ba.6.6e. du .6ala. Vapo~-iga .6e. le.va, ma~
c.ha jU.6qu'a Lompo e.t but le. .6ala. Ve.pu-i.6 c.e.tte. date. Vapo~-iga ne.
bo-it plu.6 de. .6ala.
(1)
Titre du bali de Namuno
(chefferie de Namuno)
(2) Titre du bali de Bungu
(3)
Farine de mil délayée dans l'eau avec de la pulpe de p~n de
singê~dÙ miel et du lait qu'on offre aux ancêtres. C'est la
déformation du mot haoussa saala. Chaque vendredi le Nunbado
fait un sala.
(4)
Tindarnbedo de Tansalga, 6 avril 1976
(5)
Gabedo TANKPANO (Griot), 'Macakoali, le 6 avril 1976.
60
Toute~ le~ t~aee~ ~'y t~ouvent eneo~e.
Il
IVapo-
~iga) lui donna une plaee. C'e~t lui (Vapo~iga) qui eommandait
eet end~oit. T~oi~ an~ ap~è~ il (Jaba Lompo) le domina" (1).
1. "Lompo de~eendit d Nungu (~~gion de Nungu)
~u~ le ~oehe~ avee ~a 6emme, ~on ehien, ~e~ g~iot~ (benda)
et le~ nadintieba (le~ Gmaambal" (2).
5. "Lompo e~t de~eendu ~u~ le ~oehe~ (tangu). On
y t~ouve eneo~e le~ t~aee~ de~ ~abot~ de ~on eheval, le~ t~a-·
ee~ de~ genoux de ~a 6emme qu~ ~'e~t agenouill~e pcu~ po~e~
la ealeba~~e de ~ala
"
(3l.
6.
"Jaba Lompo Ci Bi Bemba Voguni "Jaba Lompo e~t
de~ eendu dan~ le pay~ de~ Bemba" 141.
c - ORIGINE BORNOUANE DES BEMBA
1. "V' ap~è~ lui l~on in6o~mateu~) (5) Jaba Lompo
e~t o~iginai~e du Bo~nou et du buolu de~ Jaabaabala (?). Ce~
de~nie~~ p~atiquaient la ~eligion mu~ulmane. Il y avait une
loi qui 6~appait toute pe~~onne qui eommettait un adultè~e,
~u~tout d l'~ga~d d'un p~oehe pa~ent. Jaba Lompol~p~i~ de la
jeune 6emme de ~on pè~e,eommit l'adultè~e.
Il devait alo~~ êt~e
~ae~i6i~ devant la eou~ de ~on pè~e,un vend~edi, ap~è~ la lee-
tu~e de ve~~et~ du Co~an.
L'en6antlJaba Lompo) ~'habilla d'un
(1)
Teidano Onaja, Fada le 6 août 1975
(2)
Tibandiba Baanga, griot, Wobdiaga le Il mai 1975
(3) Version très connue dans tout le nord-qulma
(4)
FrédéricTANKPANO,
Namuno 28 Avril 197b.
(5)
TANKOANO Frédéric, de la famille des bara
(griots)
de Fada •
. Enseignant qui tient cette information de Ahadi Onaja vieux
qui vivait à Fada.
61
g~and boubou, eouv~it ju~qu'aux ~abot~ ~on eheva{ d'un eapa-
~a~on. Pui~ p~it ~u~ ~on eheva{ une 6emme ; i{ n'e~t pa~ p~é
ei~é ~'i{ ~'agit de {a 6emme avee {aque{{e i{ avait eommi~
{'adu{tè~e. Avant que {e~ ma~about~ ~éuni~ pou~ {a eé~émonie
ne 6ini~~ent de ~éeite~ {e~ ve~~et~ du Co~an, {e eheva{ de
1
Jaba Lompo ~e ~ou{eva du ~o{ et di~pa~ut dan~ {e eie{. E66~ayé~,!
{e~ ma~about~ ~'ée~iè~ent : a{{ah ! a{{ah ! Jaba Lompo de~
eendit à Sangbantangu où i{ t~ouva un pe~~onnage tout habi{{é
en ~ouge et dont {a 6emme, du buo{u de~ Na~uba INa~u~iJ était
pa~e~~eu~e. E~e ne ~e dépéeha pa~ pou~ ~eeevoi~ {'ét~ange~
et {a 6emme de Jaba Lompo, du buo{u de~ Gmaamba (Komba~i ou
NadingaJ p~épa~a avant e{{e {e ~a{a.
Jaba Lompo eut peu~ du pe~~onnage habi{{é en
~ouge, mai~ ~a 6emme {e ~éeon6o~ta :
"N'aie pa~ peu~. Je vai~ {ui donne~ à boi~e ton
~a{a et ain~i i{ ~e~a ob{igé de veni~ t'en ~eme~eie~".
E66eetivement ap~è~ avoi~ bu {e ~a{a {e pe~~on
nage vint ~'agenoui{{e~ devant Jaba Lompo et dit:
"Je te ~eme~eie de ton ~a{a, qu'i{ ~oit exaueé
pa~ {e~ aneét~e~ . Néanmoin~ tu e~ venu me t~ouve~.
Je dé~ap
p~ouve {a eonduite de ma 6emme ea~ j'au~ai pu deveni~ ton ~ado.
Mai~ eomme je ~ui~ venu me p~o~te~ne~ devant toi je ~eeonnai~
ton auto~ité. Nou~ ne pouvon~ êt~e maintenant que 6~è~e~. Je
ne dépend~ai pa~ de toi et ne eommande~ai qu'à mon vi{{age. Tu
ne dépend~a~ pa~ non p{u~ de moi.
C'e~t de {à que vient {e te~me de Suabado ({e bado qu'on y a
t~ouvé 1".
62
2. "Nou~ entendon~ di~e que le Nunbado
(ancit~e
du NunbadoJ
était un pale6~enie~ du Bow~unubedo
(che6 du Bo~nou).
Le cheval dont il ~'occupait ~'appelait Tamonlaani. Le pale-
6~enie~ eng~o~~a une 6emme du Bow~unubedo.
Il p~it peu~ et ~e
demanda en vain ce qu'il 6allait 6ai~e. Le cheval hennit a la
tombée de la nuit. Il (le pale6~enie~) demanda ce que Tamonlaani
avait dit.
Il (le cheval) ~épondit : "~i l'en6ant de l'homme
était ~econnai~~ant j'allai~ lui 6ai~e du bien". Le pale6~enie~
~épondit en di~ant de lui 6ai~e du bien et qu'il ne lui ~end~ait
pa~ pa~ le mal. Le cheval dit alo~~ de le ~elle~ quand la nuit
~e~ait tout a 6ait tombée. Le pale6~enie~ lui obéit et monta
~u~ le cheval. Il~ ~o~ti~ent et le cheval cou~ut ju~que dan~
la b~ou~~e. Pui~ il lui dit de de~cend~e et de le de~~elle~.
Il le 6it. Il~ vi~ent un 6eu a côté d'eux. Le cheval dit au
pale6~enie~ d'alle~ ~'a~~eoi~ aup~è~ du 6eu. Il alla ~'a~~eoi~.
Il lui dit de mett~e du boi~.
Il ~e p~odui~it un g~and 6eu.
Il lui dit en~uite de monte~ ~u~ lui et le pale6~enie~ obéit.
Le cheval ~'envola dan~ le ciel. Pui~ il~ a~~ivè~ent a un en-
d~oit et le cheval lui dit de ~ega~de~ a ~a gauche. Il vit de~
mai~on~. Il~ étaient ain~i a~~ivé~ chez Vieu. Vieu leu~ demanda
ce qui le~ amenait. Il~ ~acontè~ent leu~ mé~aventu~e. Vieu
~épondit qu'il allait lui (au pale6~enie~) "donne~ la ~oute".
Et que "la te~~e oa il de~cend~ait lui appa~tiend~ait". Il
(Vieu) lui donna 10 6emme~, 10 baJtibaamba ("~eJtviteu~~"J et
10 cancantieba
("con~eille~~"J, 10 chevaux, 10 pale6~enie~~,
10 maaba
16o~ge~on~J
... Vieu dit que c'e~t lui Jaba et lui
donna de~ yuomu (caleba~~e6 de divination) et 60n natanu, 0
ba~unatanu [pJtince66e jouant le ~ôle de ~eine a NunguJ qu'on
63
nomme enea~e.
Il IJaba) monta à eheval avee ~a 6uite et il~
de6eendi~ent a Sangbantangu lau Sankpantangu). C'e~t pau~quai
le Sankpantangu e~t appelé Lampaa Veni lehez Lampa) ... Il
IJaba) t~auva Vapa~iga a~~i~ avee ~a 6emme. Il 6it un ~ala
et tua un baeu6. Pui~ la 6emme de Jaba dit d'appele~ l'homme
a~~i~ a6in qu'il vienne bai~e le ~ala. Jaba ~épandit qu'il~
étaient venu~ le t~auve~ et que e'e~t lui en ean~équenee qui
était le nikpela ll'aneien). Sa 6emme ~épliqua que ~'il [l'hom-
me a~~i~)
venait bai~e le ~ala, Jaba p~end~ait le nikpelu
16anetian de nikpela). Vapa~iga et ~a 6emme vin~ent bai~e le
~ala et devin~ent de~ ~ujet~. Il~ IJaba et ~a ~uite) eantinu-
è~ent et allè~ent ~'in~talle~ a U Juabangu.
Il
IJaba)
eammanda
toute la ~égian ... "
3.
fe~~ian ~appa~tée pa~ Raphall Lampa, en6eignant,
eité pa~ M. Chantaux 11)
"Raphall Lampa appa~te quelque~ a~9ument~ ~é~ieux
a la t~aditian de~ gen~ venant de l'E~t. Vaiei ~an texte:
"Ce~te~ la légende de Yennega 6ut et ~e~te indé-
niable. Le~ eh~aniqueu~~ a9~émentent eette légende de t~adi
üan~ laeale~ qui la eamplètentet 6ant ~emante~ a Viaba Lompo
la 6andatian de l'Etat gau~mantehé. Mai~ il n'en demeu~e pa~
main~ vkai que le~ 6amille~ aetuellement ~égnante~ au Gau~ma
viennent du Ba~nau.
(1) Chantoux, op.cit. pp.
5-8
M. Raphaël Lompo, enseignant est de la famille régnante
de Lobgu
(dans le Gobnangu)
64
Lompo pou~ ~'établi~ ou ~'inco~po~e~ à ce~ de~nie~~ pa~ ma~ia
ge et adopte~ leu~~ nom~ de 6amille. En deho~~ de~ t~ait~
~aciaux commun~ aux Bé~ibé~i~ et aux Gou~mantché~, de ce~taine~
coutume~ que je n'ai pa~ ~encont~ée~ chez le~ Vje~ma~ et le~
Haou~~a~, peuple~ inte~po~é~ ent~e le~ Bé~ibé~i~ et nou~.
Le~ population~ de la ~égion du Tchad-Oue~t ~ont
appelée~
"~o~" - le te~me haou~.6a e~t "bé~ibé~i".
T~oi~ 6ait~ dé6end~ont ce que j'avance.
Ve mon ~éjou~ aux abo~d~ du Bo~nou (Boune, Macina,
Gou~e, Maine, N' Guigmi, Kanama, GU,eidan et N' Gou~ou),
j'ai eu
la ~ati~6action d'ét~e appelé Bé~ibé~i et d'entend~e cette
légende que déjà mon g~and-pè~e me ~acontait : en ce temp~ le
Bo~nou était 6o~mé de deux t~è~ pui~~ante~ p~ovince~ qui ne
ce~~aient de ~e 6ai~e la gue~~e. Ap~è~ plu~ieu~~ con6lit~ aux
6o~tune~ dive~~e~, et la~ d'une gue~~e 6~at~icide, le~ deux
mona~que~ 6ini~ent pa~ ~'entend~e pou~ leu~ plu~ g~and inté~ét.
L'amitié de~ pè~e~ ne pouvait pa~ lai~~e~ le~ 6il~ indi66é~ent~.
C'e~t ain~i qu'ap~è~ un an de t~anquillité et de bon voi~inage,
.ee~ deux p~ince~ ~e p~omi~ent vi~ite ~écip~oque., Le che6 de la
p~ovince du Sud ~endit, le p~emie~, vi~ite a ~on voi~in. Sa
~éception ~e~te légendai~e dan~ le Bo~nou. L'ho~pitalité noi~e
qui n' e~t pa~ un vain mot, atte.ignit là ~on inten~ité ~up~ê.me.
65
Il pa~aZt que le~ t~oi~ mille ehevaux qui t~an~po~taient ~a
~uite Il' élite de l'a~mée de ~on pè~e ea~ on e~aignait un
piège) eu~ent la dia~~hée, tant il~ ou~ent go~gé~ de mil, de
ma~~ o~ai~ et bu~ent de lait. Quant aux homme~, ee out un
déoilé inte~minable de met~ de toute natu~e, et de méehoui~,
ea~ le pè~e du p~inee qui ~eeevait, mit tout ~on bien a la
di~po~ition de ~on oil~ pou~ ~auve~ ~on honneu~. Pendant"toute
une ~emaine la noee ~e pou~~uivit, pui~ ee out le ~etou~,
un ~etou~ pompeux eha~gé de p~é~ent~ de toute natu~e. Un an
du~ant, le~ g~iot~ exagé~è~ent le~ la~ge~~e~ de ee p~inee, au
point de mett~e au déoi eelui qui avait été ~eçu. En6in ee
de~nie~ ~e déeida a ~end~e l'ho~pitalité. Mai~ héla~, ~on pè~e,
non moin~ ~iehe que eelui de la p~ovinee du No~d, était d'une
ava~iee ~o~dide. Il ne mit pa~ a la di~po~ition de ~on oil~
de quoi ~auvega~de~ leu~ dignité et leu~ honneu~ eommun~.
Le~ ehevaux n'eu~ent que de la paille. Quant aux homme~, un
~eul ~epa~ jou~natie~ leu~ out ~e~vi, mai~ leu~ ~to~ei~me leu~
pe~mit de vaine~e la oaim pendant t~oi~ jou~~. Van~ la nuit
du quat~ième jou~, il~ déeampè~ent ~an~ t~ompette~. Ce dépa~t
p~éeipité pa~ la oaim eut dan~ la p~ovinee une g~ave eon~é
quenee : le p~nee voulut ~e ~upp~ime~. Se~ ami~ lui eon~eil
lè~ent plutôt de oui~· devant u.ne telle honte. Lui, le~ t~oi~
mille eavalie~~ qui l'avaient jadi~ aeeompagné ain~i que leu~~
ami~, quittè~ent le Bo~nou et p~i~ent la ~oute de l'Oue~t.
T~ave~~ant le pay~ haou~~a, t~op p~oehe du Bo~nou, il~ vin~ent
au Gou~ma où il~ ~'établi~ent.
Van~ la ve~~ion ~acontée pa~ mon g~and-pè~e,
la
honte de n'avoi~ pu ~'éleve~ a la hauteu~ de ~on voi~in, ~eve
nait a l'ancêt~e de~ Bé~ibé~i~ ~e~té~ dan~ le Bo~nou, ce qui
e~t cont~ai~e a la ~éalité, ca~ pou~quoi 6ui~, pou~quoi quitte~
le ~ol natal ~i on y vit heu~eux, ~an~ la moind~e cont~ainte
mo~ale.
2° - Le~ cadeaux t~aditionnel~
-------------------------
Une dizaine d'année~ envi~on ~e pa~~a ain~i ~an~
que le~ deux che6~ ami~, devenu~ ~e~pectivement che6~ du Bo~nou
et du Gou~ma pui~~ent communique~.
Ce 6ut le che6 du Gou~ma
qui le p~emie~ tenta de ~enoue~ le~ ~elation~.
Il p~épa~a
un cadeau de g~ande valeu~, il le con6ia a ~on gue~~ie~ le
plu~ illu~t~e tant pa~ ~e~ qualité~ manoeuv~è~e~ que pa~ ~on
pouvoi~, a6in qu'il le po~~a ~on ami ~oi du Bo~nou. Celui-ci
~épondit a ~on ~alut pa~ l'envoi d'un cadeau de valeu~ identi-
que. Ain~i ~'établit la coutume de~ cadeaux. Chaque année, a
une époque déte~minée, l'un de~ che6~ p~épa~ait un cadeau et
le ~emettait a un gue~~ie~ ~éputé qui le t~an~po~tait chez
~on ami. S'il était menacé en ~oute pa~ une t~oupe de b~igand~
ou pa~ de~ gue~~ie~~, il n'avait qu'a décla~e~ qu'il était
po~teu~ d'un cadeau pou~ le ~oi du Bo~nou ou de Fada et on
le lai~~ait pa~~e~. A~~ivé, même a minuit, l'envoyé devait
6ai~e ~éveille~ le che6 et lui ~emett~e le cadeau. La coutume
impo~ait au cheri le maintien dan~ ~e~ te~~e~ du nouvel a~~ivé
1
et ~on ma~iage dan~ la même nuit. Un cadeau de valeu~ identique
était au~~itôt p~épa~é et un aut~e gue~~ie~ p~enait le chemin
Lnve~~e. Oè~ ~on a~~ivé, lui au~~i devait êt~e ~eçu, ma~ié et
67
ma~ntenu. A~n~~ ex~~te-t-~l dan~ le Bo~nou de~ Gou~mantché~
et dan~ le Gdu~ma de~ Bé~~bé~~~ qu~ ont pe~du l'u~age de leu~
langue nat~onale pou~ ne plu~ pa~le~ que celle du m~l~eu dan~
lequel ~l~ ~é~~dent. Cet échange de cadeaux ~e pou~~u~t ju~
qu'au m~l~eu du XVII ème ~~ècle, a66~~me mon g~and-pè~e.
Le
de~n~e~ Bé~~bé~~ qu~ t~an~po~ta le~ de~n~e~~ p~é~ent~ au ~o~
du Gou~ma ~e~a~t l'ancêt~e de Mme Bon~6ace COMBARY. Se~
de~cendant~ ~ont enco~e actuellement con~~dé~é~ à Fada comme
de~ Bé~~bé~~~ pu~ ~ang ...
3° -
!~t~~~~~t~~~_~~~~~~~~_~~~_~~~~_~~_~~~~~~
~~_~~e~~~~~~_~~_~~~~~~_~~_~~~~t·
Vepu~~ mon jeune âge, j'entenda~~ mon g~and-pè~e
~ecommande~ à ~e~ en6ant~ de ne pa~ ent~ep~end~e de~ voyage~
du côté de l'E~t, de ne même pa~ dé6~~che~ de~ te~~a~n~ ~~tué~
ve~~ ce po~nt d'ho~~zon. Ma cu~~o~~té me pou~~a un jou~ à lu~
demande~ le~ ~a~~on~ pou~ le~quelle~ ~l donna~t de telle~
~ecommandat~on~ à mon pè~e et à ~e~ 6~è~e~.
"Mon jeune Boul~~~ound~, c'e~t b~en, me ~épond~t-~l.
Ma~~ tu e~
t~op jeune pou~ comp~end~e, ~ache ~eulement que
nou~ venon~ de l'E~t et'que not~e bonheu~ ne ~e t~ouve po~nt
ve~~ cecôte.-là".
Plu~ ta~d, quand ~l me ~aconta l'h~~to~~e de
l'exode, je ~u~ que la ~eule ~a~~on plau~~ble de cette ~nte~
d~ct~on éta~t la ~u~vante : le voyage ve~~ l'O~~ent le~ ~app~o
che~a~t du Bo~nou, ~la ~~~que~a~ent de ~e ~emémo~e~ cette honte
66
devant laquelle ~t~ ava~ent ôU~ ; Qan en dehon~ de la honte
de n'avo~n pu ~'éleven au nang de ~on vo~~~n pn~nQe, aUQun
autne ôa~t dé~hononant n'a pu êtne tnan~m~~ ~o~t au Bonnou
~o~t dan~ le Gqunma. Cette ~ntend~Qt~on devant un Qa~ de
ôonQe majeune ~e tnan~ôonma peu a peu en Qoutume qu~ banna
déô~n~tivement la noute de l'E~t a tou~ l~~ no~~ gounmantQhé~.
Le~ monanque~ deva~ent-~l~ empêQhen ven~ l'On~ent l'~nô~ltna
t~on de~ Vjenma~ dan~ leun~ tenne~, le~ anmée~ éta~ent Qon-
du~te~ pan de~ homme~ dévoué~ a leun Qau~e. L'ennem~ neôoulé,
~l~ deva~ent le pou!tJ.lu~vne ju~qu'au ôleuve N~gen qu'~l~ ne
deva~ent jama~~ tnaven~en en quête de nap~ne~. No~ Qheô~
Au 14 ju~llet 1945, quand le gouvenneun Toby Qonvoqua le noi
S~mandan~ a N~amey, Qe denn~en lu~ népond~t que la Qoutume
lu~ ~ntend~~a~t la vue du ôleuve. Ma~~ pa~~ant outne, la 60nQe
p~mant le dno~t, notne monanque ôut Qontna~nt de tnaven~en
le ôleuve N~gen. Le~ Qon~équenQe~ ne deva~ent pa~ ~e ôa~ne
attendne. Se nendant au pala~~, un do~gt du no~ ôut pni~ dan~
la pont~ène qu~ l'êQna~a. La Qon~êquenQe la plu~ gnave de Qette
dé~obé~~~anQe e~t la ~u~vante : e~t-Qe une Qo~nQ~denQe ? Ma~~
une Qo~nQidenQe ôâQheu~e ; toujoun~ e~t-~l que, peu de temp~
apnè~ ~on netoun de Qe voyage ven~ l'E~t, le no~ S~mandan~
ôut aQQu~é de ~aQn~ô~Qe humain, de~titué et inQanQéné.
Hamt~ouni, qu~ le nemplaç.a,IVIOLAl
lui au~~i la Qoutume en ne-
t
pnenant le Qhemin de l'E~t.
Il tnouva la mont peu de temp~
apnè~, entennant aveQ lu~ poun toujoun~ le QOUnonnement de~
Roi~ du Gd.unma:
(L'admini~tnation a neQommenQ~ a nommen de~ Qheô~ a Nungu en
1913) .
69
D -
INTERPRETATION DES TRADITIONS
La tradition
(A)
nous apprend que-Jaba-et Lompo
sont des personnes distinctes, Jaba Lompo étant un nom
composé.
Elle nous apprend aussi que Jaba était un
aveugle et un devin. C'est grâce à ses divinations qu'il
fut fait bado
(1). Nous pouvons interpréter cette tradi-
tion en disant que Jaba a peut-être imposé son autorité à
la population de sa région à la suite de l'accomplissement
d'un acte extraordinaire et fonda ainsi une dynastie.
Les traditions
(B)
nous disent que Jaba, ou
Lompo ou Jaba Lompo, est descendu du ciel à Sangbantangu
(ou Lompootangu) ou à Kujuabongu
(2)
et y trouva Daporiga
et Suabado qu'il domina. La question se pose alors de savoir
si c'est Jaba ou Lompo qui est descendu du ciel. Logiquement,
i l doit s'agir de Jaba puisque
(A)
fait de lui le fondateur
de la dynastie de Kujuabongu. On pourrait interpréter les
traditions BI - B2 - B3 - B4 et BS en disant que les buoli
(clans) de Suabado, les Taaba
(nom Tankpano)
et celui de
Daporiga, les Nasuba
(nom Nasuri) ont précédé Jaba qui
les domina après.
(1)
Il existe encore de nos jours dans le SUd-Gulma des devins
appelés Jaba et qui prati~uent la divination à l'aide des
calebasses.
(2) Nous identifierons plus loin ces lieux.
70
Par ailleurs, B6 dit que Jaba Lompo est descendu
dans le pays des Bemba. Les Bemba sont-ils différents des
Taaba et Nasuba ? Qui sont ces Bemba qui donnèrent leur nom
au pays ?En effet, Barth qui passa près du pays gourmanchté
en 1853 parle du Territoire des Bemba et Binger
(1892)
du
"Gourma ou territoire des Bimba
(nom des indigènes du Gourma)
(1)~
Les Dagomba et les Mossi désignent le pays des
Gulmanceba par le terme Bingu. Les Gulmanceba, même s'ils
rie l'utilisent de nos jours que rarement, savent que le
mot Bengu ou Bendogu désigne le pays des Bemba. Les Bemba
(ou Buricimba)
sont les membres des familles régnantes
actuelles qui se disent descendre de Jaba Lompo. A l'inté-
rieur même de ces Bemba i l y a une famille particulière,
habitant le village de Kpenciagu
(à 18 km au sud de Fada) ,
qui est connue être plus d'origine Beroba que les autres.
Elle porte cependant le nom Combiano
(nom de la famille
régnante de Fada)
et dit descendre aussi de Jaba Lompo.
Il Y a lieu alors de se poser la question de savoir s ' i l
n'y a pas deux sortes de Bemba : une première catégorie
formée par les descendants de Jaba et une autre par ceux
d'un autre ancêtre d'origine étrangère, mais ayant eu des
relations avec les premiers et ayant adopté leur langue.
(1)
Binger, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong
et le Mossi, Paris, Hachette 1892, p. 482
71
Le personnage dont parlent les versions
(C),
Jaba, ou Lompo, ou encore Jaba Lompo, parti du Bornou,
pourrait donc être une autre personne que Jaba dont fait
mention la version (A). Elle pourrait être Lompo dont
(A)
fait le fils de Jaba ou une autre personne dont nous igno-
rons encore le nom. Dans l'état actuel des connaissances,
nous prenons Lompo comme la personne d'origine étrangère. Lompo
aurait usurpé par la torce le pouvoir des mains des Bemba
(descendants de Jaba)
ou
par alliance matrimoniale
(ce qui
est plus probable). Par la suite, ses ~escendants furent
assimilés aux Bemba pour former les Bemba- ou Buricimba
actuels. Il est significatif que les traditions accordent
un rôle d~terminant à la ferome de Jaba Lompo qui lui
permit de.dominer les anciens occupants. Le nom composé Jaba
Lompo serait donc un rattachement de la part de LOm;O à Jaba
fondateur de la dynastie des Bemba avant son arrivée.
Le mythe de l'origine céleste peut être un
mythe de prestige ayant joué un rôle idéologique.
Dans
l'état actuel des enquêtes, i l est difficile de faire
une distinction nette entre Bemba descendants de Jaba
et Bemba descendants du Lompo. Mais nous pensons que
les grandes dynasties actuelles descendent de Lompo,
comme le disent les traditions. Aussi, lorsque nous ne
le préciserons pas, le terme Bemba (ou Buricimba) désignera
ces dernières dynasties.
72
Est-ce que Lompo, qui n'est certainement pas
arrivé seul dans "le pays des Bemba" - mais probablement
à la tête d'un groupe - est bien venu du Bornou, comme
le disent les versions (C). Si oui, à quelle époque?
Le buolu (peuple) des Jaabaabala dont parle
(Cl) est inconnu dans la région du Bornou. Les Béribéri
dont fait mention (C3) est le nom en langue haoussa, des
Kanouri, un des peuples du Bornou, qui se répandit vers
l'ouest et entra en contact avec les haoussa (1).
La version (Cl) précise que l'ancêtre qui
est parti du Bornou était un "fils du bado" de Bornou et
(C2) qu'il était un palefrenier du chef du Bornou.
Raphaël Lompo essaie dans
(C3)
de justifier
son hypothèse des~Béribéri émigrésijdont descendent les
familles régnantes du Gulma. Il remarque d'abord des res-
'nguistiques et culturelles (se basant sur son
l1
semblances
pays béribéri) entre Gulmanceba
expérience personnelle du
.
'
faciales par exemple). Puis donnent
et Béribéri (Clcatr1Ces
arguments :
trois autres
.....
Histoire du Niger,
Rivières, Edmond, Paris .1965, p. 51
(1 )
Sere ,de
B rger-Levrault,
Edit10ns
e
74
1 - L'exode des Buricimba (Bemba)
s'est produit
à
la suite d'une humiliation -
Selon les versions
(Cl)
et (C2)jnon seulement
le chef du groupe qui partit du Bornou échappa à une humi-
liation mais aussi à la mort. Il est probable qu'il est
parti à la suite de circonstances peu honorables.
2 - Les cadeaux traditionnels que les rois
(les betieba de Nungu) du Gulma et du
Bornou échangeaient entre eux
et
qui
cessèrent, au XVllème siècle, selon les informations
de son grand-père. Nous n'avons pas d'informations explicites
là-dessus. Il Y a deux Kombala ("ministres") à la cour du
Nunbado appartenant à deux familles de Manli, venues du
Bornou à des époques différentes. La première famille, celle
de Madaali
(titre de cette chefferie de cour)
est venue sous
le règne de Tancari
(12ème Nunbado) .
Voilà ce que dit le Madâali actuel
(1)
(1) Madaali Manli Yentema, Nungu 20/6/1976 -
Madaali = titre de ce bali de cour.
75
"Mon Yaja lancithe} e~t venu ~ou~ Tancahi. 0 Vano
Ile nikpelo(aln~ de~ "mini~the~"}le vit et le ph~~enta au
Nunbado Tancahi.
Il le 6it entheh dan~ une mai~on et lui
demanda de l'aid~pah ~a magieidan~ une guehhe (0 tobul.
Mon Yaja (un Moahi : mahabout) phit le Hahikudani (Cohan),
en enleva une 6euille et la hemit au Nunbado.
Le lendemain
il pahtit a la guehhe et 6ut vainqueuh.
En h~compen~e,
il lui donna de~ jeune~ 6emme~
et de~ chevaux et le phia de he~teh d~6initivement.
Nou~ ~omme~ du BOWhunu. Le~ vhai~ habitant~
du
Bowhunu, Kahinceeba (1) •
........................... ..................... .......... ..
Loh~qu' un Nunbado e~t nomm~, Madaali hama~~e un
peu de ~able qu'il po~e devant lui a6in qu'il ~ (~alueh
en gui~e de ~oumi~~ion) Ma~ (comme heph~~entant du BOhnou),
pahce que c'e~t ~on Yaja (a~cêthel Tancahi qui a dit de ~
Bowhunubedo. Il l'a 6ait pahce qu'il ~tait content d'avoih
~t~ vainqueuh dan~ une guehhe ghâce à l'aide de nothe (~on)
Yaja".
(1)
Dans l'état actuel des enquêtes, nous ne savons pas quel
peuple du Bornou désigne ce mot.
73
1. La raison de départ du groupe béribéri
une humiliation
2. Les cadeaux traditionnels'~ue des rois du
Gulma et du Bornou échanqeaient entre eux
3. Interdiction formelle faite aux rois du
Gulma de reprendre le chemin de l'Est.
L'argument linguistique n'est pas soutenable.
Le Béri-Béri est une langue
kanuri,
et le Gulmanceba
une langue voltaïque.
En revanche, les resse~hlances des scarifi-
cations faciales des Béri-Béri et des Gulmanceba sont réel-
les (voir croquis ci-dessous)
(1).
\\lU1
JlIJJ
Hl!
UI\\h
\\\\1\\\\1
Scarifications
Scarifications
faciales
faciales
des Béri - Béri
des Combiani
(famille régnante
de Nungu)
(1)
Informateur: Mamane Koba, nigérien de mère béri-béri,
Paris, le 14/12/1977 - Les scarifications
faciales données sont celles des groupes
Béri-Béri, Manga et Kanurl.
4
--
9 •.l0.11.ou 12 ••
1111
1111
9
III' 1111
1111
1111
Ilii 1111
111111
1IIIIIIIIi
11111111
11/1
\\III
Lompo
Comb1anu (Macakoali)
unaja
Lankondi
(Panuna) .
(Bilanga)
76
Tankpano nous dit que l'ancêtre de la famille
de r~daali était un commerçant vendeur de natron, qui se pré-
senta à Tancari comme l'envoyé du Bowrunubedo et lui en donna
pour ses chevaux. Tancari le reconnut comme tel et le ~
(salutation en guise de soumission)
et à travers lui Bowrunubedo.
Puis i l le retint comme représentant de Bowrunubedo auprès
de lui.
"Pe~~onne ne m'a dit qu'il y avait de~ lehange~
d'envoyé~ ent~e le~ batieba de Nungu et le~ ~oi~ du Bo~nou.
On m'a dit qu'il y avait un eomme~çant de Bo~nou qui venait
ehaque annle et ~'agenouileait devant Tanea~i en di~ant que
Bow~unubedo l'avait envoyé pou~ le ~alue~.
Il lui ~emettait un mo~eeau de nat~on (1) pou~ nou~~i~ ~e~ ehe-
vaux. Alo~~ il a 6ini pa~ le ga~de~ et lui donna la eha~ge
de Madaali" (2).
Madaali est le deuxième Kornbali
("Ministre")~
après 0 Dano, en importance.
Il seconde ce dernier lors de
la nomination de Kornbala. Ce sont eux qui leur portent les
habits du bali
(boubou, bonnet, chaussures) que leur remet
!
le Nunb4do.
Il remplace 0 Dano en cas d'absence et a le plus
i
1
vaste diema
(huit villages)
parmi les KOrnbala ("Ministres")
ayant un diema (commandement)
(3).
(1)
Selon Frédéric Tankpano le Madaali se rend à la ceremonie
du vendredi
(chaque vendredi i l y a un sala fait par le
Nunbado)
avec un morceau de natron dans-ra-poche.
(2)
Janja Frédéric Tankpano -
Namuno 28 avril 1976
(3)
Certains Kornbala du Nunbado avaient des villages où le
bado pouvait les envoyer en cas de besoin.
77
Une autre famille de Manli est venue sous le
règne de Yendabri
(milieu du XVlllème
siècle)
= version du
Gomore actuel diedano de ce diegu
"Not~e ancit~e e~t un Jangbiagu (haou~~a) venu
du Bow~unu.
C'était un g~and Moa~i
(ma~about)
qui app~it
l'exi~tence d'un aut~e g~and ma~about au Mali et voulut lui
~end~e vi~ite. Il était accompagné de ~on petit 6~è~e et de ~a
6ille. A ~on pa~~age dan~ le village de Nayu~i, Yendab~i 6ut
ave~ti de la p~é~ence de ce ma~about a la ~cience éclai~ée.
Il lui demanda de l'aide~ (pa~ ~a magie), a lutte~ cont~e
le~ Tomba (Tyoko~~i).
Not~e ancit~e l'aida et Yendab~i le~
cha~~a. Pui~ il ~etint dé6initivement le ma~about et lui donna
comme cha~ge de p~e~ a ~on intention. Le tit~e de la cha~ge
e~t Gomo~e pa~ce que Yendab~i envoya le ma~about habite~ dan~
le village d'un p~nce de Jakpangu du nom de Gongu. On l'appela
alo~~ le Moa~i (ma~about) de chez Gongu. Ce qui donna pa~
cont~action Gomo~e" (1).
Tankpano donne à peu près la même version et ajoute
que c'est cet ancêtre de Gomore qui aurait planté les 333 "pi-
quets magiques" autour de Nungu et posé au Nord le Jingli de
Yendabri
(un autel):
(1) Manli Idrissa Yentema, Gomore
(nommé en 1958) actuel de
la cour du Nunbado. Gomore est le titre de son bali.
Nous y reviendrons plus loin.
7B
"Le6 eon6ultation6 de6 tampwaba {pendant la
gue~~e eont~e le6 Tyoko66i
lavaient eonelu qu'il y au~ait un
ét~ange~ de pa66age ne voyageant que la nuit. Et que e'e6t
g~âee à l'aide de ee de~nie~ que Yendab~i pou~~a vaine~e le6
Tomba.
Il donna l'o~d~e à 6e6 6ujet6 dan6 tout 60n te~~itoi~e
de 6u~veille~ le6 ~oute6 et de eondui~e eet ét~ange~ p~ovi
dentiel à ~a cou~. Il 6ut ~epé~é, alo~~ qu'il pa66ait au No~d
de Nungu et eonduit à la eou~. Yendab~i lui demanda de 6ai~e
du "ma~aboutage" a6in de l'aide~ à batt~e le6 Tomba {Tyokoa~il
et de veille~ 6U~ ~on te~~itoi~e.
Il planta 333 piquet6 magi-
que6 autou~ de Nungu et p06a Yendab~i Jingli" {1}
~
!;
(1) Tankpano Frédéric, 28 avril 1976.
\\
\\\\
78
"Le~ con~ultation~
de~ tampwaba (pendant la
gueILILe contlLe le~ Tyoflo.6.6i
) avaient conclu qu'il y aUILait un
étILangeIL de pa~~age ne voyageant que la nuit. Et que c'e~t
gILâce a l'aide de ce deILnieIL que YendabILi poulLlLa vaincILe le~
Tomba.
Il donna l'oILdILe a ~e~ ~ujet~ dan~ tout ~on teILILitoilLe
de ~uILveilleIL le~ ILoute~ et de conduilLe cet étILangeIL pILovi-
dentiel a ~a ~ouIL. Il 6ut ILepéILé, alolL~ qu'il pa~~ait au NOILd
de Nungu et conduit a la coulL. YendabILi lui demanda de 6aiILe
du "maILaboutage" a6in de l'aideIL a battILe le~ Tomba (TyofloA~i)
et de vei.e.leIL ~UIL ~on teILILitoilLe.
Il planta 333 piquet,6 magi-
que~ autoulL de Nungu et po~a YendabILi Jingli" (1)
(1)
Tankpano Frédéric,
28 avril 1976.
79
Le rôle de Gomore consiste à faire le dua
(prière à l'intention du Nunbado)
après le sala du ven-
dredi. Avant la période coloniale, Gomore avait droit de
grâce. Il pouvait ainsi sauver un condamné à mort en
demandant au Nunbado de le libérer. Le Nunbado, respec-
tant le contrat signé entre l'ancêtre de Gomore et Yen-
dabri, doit accepter la demande de Gomore.
Les Manli qui se disent venir du Bornou, se
disent également d'origine haoussa. Bien que des royaumes
haoussa aient été tributaires. des sul tans du Ibrnou (l), leur
origine haoussa est à prendre avec réserve.
3 - L'argument de l'interdiction formelle faite
aux rois du Gulma de reprendre le chemin de
l'Est
Nous n'avons pas eu, dans les traditions que
nous avons recueillies, confirmation de cette interdiction
qui serait une conséquence- selon Raphaël Lompo - des rai-
sons de l'émigration des descendants des Buricimba
.Nous
, ,
(1) Sere de Rivières, P. 105 et Ki-Zerbojp. 155
BD
ne saurions nous prononcer pour l'instant. Il est cependant
entendu que les arguments avancés
(incident du doigt et
destitution de Simandari, la mort de Hamicuuri après un
voyage au Niger)
sont loin d'être convaincants.
4 -
Hypothèses ?
Nous pensons, après l'analyse des différentes
traditions, que l'origine Bornouane des ancêtres des Buri-
cimba est sérieuse et à approfondir. Mais de quelle région
du Bornou sont-ils partis et à quelle époque ? Il est trop
tôt pour répondre à cette question. Peut-être que le chef
du groupe qui quitta le Bornou était de l'entourage du Sul-
tan
(Mai)
du Kanem Bornou ou d'un chef de province. La
version
(Cl) signale que le peuple d'origine de l'ancêtre
pratiquait l'Islam. Or, nous savons que l'Islam fut intro-
duit au Kanem dès le règne de Oume
(1085-1097)
(1). Le
fait que Tancari se soit prosterné devant l'ancêtre des
Manli -
qui s'est dit envoyé du chef du Bornou - et que
cet acte se répète de nos jours
lors de l'intronisation
(1) Ki-Zerbo Joseph, Histoire de l'Afrique, p. 155
81
coutumière du Nunbado,
laisse penser qu'il y avait peut-
être des références historiques de relations entre les
deux rois.
Boubou Harnma, qui cite le "Tab-Kiraht
(source
orale)
écrit :
"Ve~~ la 6in du XIVlme ~ilele (1400),une que~elle
~elata au ~ujet de la ehe6ne~ie ent~e le~ 6amille~ ~égnante~
du Bo~nou, au moment Où Malam Mou~~a int~odu~~it l'I~lam
'daM ~ 0 n patj~.
"A la ~uite de ee di66é~end t~oi~ g~oupe~
10 -
le p~emie~ g~oupe alla au Baoutehi. Au temp~ d'Ou~man
Van Fodio, le ehen de ee g~oupe était "Yaeoub" qui on6~t
~e~ ~e~viee~ au Cheik peul.
20 - le deuxilme g~oupe ~ou~ la eonduite de "Bougani" émig~a
au patj~ Tehinga où il vint ~e nixe~ à Weiza-Goungou qui
exi~tait déjà depui~ deux ~ilele~, e'e~t-à-di~e, depui~
1200.
3 0
-
le t~oi~ilme g~oupe pa~~a dan~ le Gou~ma et alla ~'in~tal
le~ dan~ la ~égion de Fada" (1).
(1) Boubou Hamma, Enquête sur les Fondements et la Génèse de
..
l'Unité Africaine, Présence africaine, Paris 1966, pp.215-21~
Cette information de Boubou Hamma est à prendre avec réserve.1
~,'
82
Si l'origine bornouane des Buricimba ne peut
pas être affirmée, nous pouvons cependant, de tout ce qui
précède, poser l'hypothèse sûre suivante: Les Buricimba,
probablement en groupes organisés et armées, sont venus de
la rive gauche du fleuve Niger. Cette hypothèse est quelque
peu confirmée par l'existence de sites archéologiques que
les traditions orales attribuent aux Gulmanceba :
"La ~lgion cornp~i~e ent~e la ~ive gauche du
Vallol Maw~i et la ~ive d~oite du Vallol Bo~~o e~t pa~~emle
de ~ite~ a~chlologique~ que le~ t~adition~ o~ale~ lient
~ouvent aux mig~ation~ Bou~~a, Gou~mantchl, Mo~~i et draut~e~
po pulatio n~ de~ cendue~ plu~ au Sud" (1 J •
. Toujours selon Gado
le Zarmaganda
et surtout
l'Anzourou étaient occupés par des Gourmantché avant les
Songhay et les Zarma tandis que le Zamatarey l'était par les
Mossi du Diamaré.
(2).
(1) et (2)
Boubé Gado, le Zarmatarey, pages 29 et 89
83
L'itinéraire suivi jusqu'au Gulma reste encore
inconnu. De leur point de départ, les Buricimba s'instal-
lèrent sur la rive gauche du Niger. Nous pensons qu'ils
ne traversèrent le fleuve) aux, environs de Say/qu'après
le départ des Mossi bu à la même époque) qui occupaient
le Zarmatarey, et donc plus proche§du fleuve. Apportant
un modèle d'organisation structuré, ils dominèrent, sur
la rive droite, des populations autochtones peu ou pas
organisées.
Le peuple actuel des Gulmanceba est issu du
mélange entre les anciens Gulmanceba (autochtones)
et les
nouveaux Gulmanceba
(Buricimba ou Bemba). Ces derniers
adoptèrent sans doute la langue des autochtones.
5 - Kujuabongu et l'apparition des premières
dynasties
La région de Sangbantangu (Lompotangu), à 60
.
,
km environ au Sud-Est de l'actuel Nungu,
fut probablement
une étape. De là, ils se déplacèrent à Kujuabongu (à 30
km au Sud de Pamma actuel).
Nous avons visité l'ancien
site où existent encore d'importantes ruines. C'était la
capitale du royaume du même nom (Kujuabongu : ~itt. la
Montagne Noire)
(1).
.....
(1)
Peut-être parce que le site n'est pas loin d'une colline
C'est à partir de Kujuabongu (dont nous parle-
rons plus loin) que se produisit la dispersion des Buri-
cimba et la fondation des différentes dynasties. Avant de
mourir, Lompo avait voulu que son troisième fils, Tidarpo,
lui succède. Mais c'est Minkanja, son fils aîné, qui lui
succéda avec la complicité de sa mère et persécuta ses
frères. Il creva les yeux à Kingma; le fils de ce dernier,
Mintuaba, alla s'installer à Napani (1) et fonda la dynas-
tie de Jafuali (litt. homme de la brousse)
(2). Davy fait
de Kingma, qu'il orthographie Kilrouan, nommé également
Payabargou, le fils utérin de Kombari, la femme de Jaba
Lompo (3).
Tidarpo, autre frère de Minkanja, ·s'exila
avec sa soeur aînée dans la région de Tambariga, avec la-
quelle il eut trois enfants incestueux : Bilanga, ancêtre
des fondateurs des dynasties du Nord-Gulma (4), Bandaro,
fondateur de la dynastie de Tambariga et le fondateur de
la dynastie de Kojondi (village situé à environ 32 km de
Fada) dont nous ignorons le nom (5).
(1) Napani est un ancien site au nord-est de Pamma.
Les informateurs ignorent son emplacement exact.
(2) Jafuali est le titre du bali. Le nom de la famille
est Onaja (Buffle).
(3) Davy, op. cit. p. 74. Nous n'avons pas eu d'informa-
tion à ce sujet.
(4) Nous y reviendrons par la suite.
(5) Tankpano Frédéric Janja, 29/4/1976 - Information
confirmée à Tambariga par Yarga Koadima, Lombedo,
Tambariga le 22/3/1976
85
A la mort de Minkanja, Tidarpo revint lui
succéder. Les enfants de Minkanja (ou Minkanyua), ayant
peur d'être persécutés à
leur tour, s'enfuirent et allè-
rent fonder la dynastie de Maajoari dont le titre du bali
est Naaga. La version la plus connue et rapportée par Davy
est que le fondateur de cette dynastie, fils aîné de Lompo,
aurait été écarté du pouvoir parce qu'il avait des cheveux
roux (1). Nous pensons que l'information de Tankpano est
plus probable. A la mort de Tidarpo, Untani lui succéda.
A Untani succéda son fils Banyiroba et à ce dernier son
fils Labidiebo.Banyiroba eut par ailleurs un fils naturel,
Bilko, fondateur du royaume de Jabonga (Boopodeni ou Maca-
koali)
(2). Danguma Waali (bendili) et Gabedo Tankpano font
de Bilko le fils de Lompo (3), peut-être pour ne pas dire
qu'il était fils naturel.
La parenté des dynasties dont les ancêtres des-
cendent de Jaba Lompo s'établit comme suit:
. . .. .
(1) Davy, op. cit. p. 41
(2) Davy donne la même version
(3) Macakoali, 26/4/1976
86
Jaba
Lompo
1
K' ,
1
Minlanja
Tma
Tidarpo
Ses Jfants
Mintuaba
fondent la
dynastie
Untani
Bi~anga
Bandaro
Fondateur
dynastie de
de Parnrna
.1
Quasi-tota-
. Dynas-
de la
Maajoari
-
Banyi-
lité des d~
tie de
dynastie
roba
nasties du
K-GUlma Tarnba- de Kojondi
riga
Labidiebo
Bilko
dynastie
dynastie
. de Kujua- de Jabonga
bongu et
(Macakoali)
de Nungu
Voir également listes suivantes .
•. _'-"'_ _.("""""',........c,""'-"" ;~!>.>iIi'"""·,-"-""".~>'~-~i~~,~~~;""""""""",~,,~,,,,,,,,,""",h;.;r"·--"'.h\\-'
""-~._••,..,_,..__ ,""..,...."'--,:'U.__...,-.....,•.';u;""'c~-....~,·.. ~~" -~;.........-.,"'."''''';,.. ;.P."..:..'""=...""""'~,.,.;......;" ....·"""''"'..'''~..~· _ "·.-""""""',i"l,..,."'..,o,~"~;~~'''''"'' ..'C;'"',,• ...:;..""..........'~.""ko.~,,', "'...._/""A""~"I· ...."•
Liste donnee par Oavy 1I9~21 et reprise par Chantoux-Tî9641.
J
1
Lilt. donne. par Ja"ja Tankpano 1 OUagadougou le 12/11/77
1
Il ya dea erreurs de filiation concernant le (10),122) et 1.
Cette lilte semble ju~~e et nous la prenons comme liste dffinitiv~
(23). Mais le nombre de batirba eat le m!me que celui des listea
II et III.
Liste III
Liate 1
2e-yeliama
29-Yentangu
2e 1Yenmiama
2~JYentangu
.
1
11973-1975)
untroniae le JOIlIai 1975
26-S1~rndari
27 Hamieuuri
26 JSimandari
27iHamleuuri
1
11I9II-1952)
(1952-1962)
24 Yen ugrl
25 sanea1di
24.~entugri
25\\IBaneandl
1
tq jours
_II892-I9II)
20~eneabri
2I-Yempaabu
23-Ye~kOari
1
l3ans
14an11
12 na
20 Yencabri
21 yemrabU
22 Yaabinpàrigu
23
Ie.~enhamm.
I9.Ye eirima
22.Yaablnp.rigu
L
1
.
Yf!!llocer1
.
~ans
I7~u I2ans
29 ou rO ana
. . --
1
~
.
17 •Barhamma
18 Ylinllamma 19 Yen:1r
'
LlIte dynaltique de tlungu 'tlbl1e d' apr" lei informationl d.
16. Yerbt'iJu
,
1
1 Teidamo Onljl 16AoQt 19751.11 ya une erreur lur la' filiation
I5.Yendabrl Vainqueur. ~es Tyokoaai
n ~
du III) qui est frêre du (10) et non aon fils
1
vint s'installer 3 Nungu
1
•
I4.Lhongi
16 Yei1br1Jnl
1
1
IJ.Taneari
arrivfe
des Tyokos.i
15 YerClllbri
LUTE II
1
11 quitta Jtujuabongu
1
I2.Jtambambi
14 L190rqi
II.Bo~gri
ICKbrl
1 .
28.Yel'lJllilllllll
29.Yentangu
Jtampariboaqri
l
o Tal-car1
19(3-1975
lnÜoniaf le JO mai 1975
1
1
26.S1mandari
27.Hamlc:uuri
9.NJSma
I2 ~i
I9JtI-1952
195j!-1962
8 'JUku11lll1 .
?
9 Nnma
m cr1
n ~~gri
24. Yttugri
25.Banl:aOOi - I892-19II
•
1
••
"'-------"r-------::l
_
1
7 •'1'ortuoriba
9 f:111l!l
6.LaPidiedO
8
.
5.Banyldoba
20'Yineabri
2I.Yemt-abu
ïi:Yenkoari
4.Unlani
7
1 tuor1be
1
1
3. Ti tarpo
6 î1dêado
2•10 mpo
111. Yenhllllllll8
19. Yeneirlma
22. Yaablnparigu
.
L
5 j'Yiroba
1
1
1
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4 Uj'tani
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3T~
1
1
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I4.~i80ngi
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12.Jambambi
IIc:agr1
~amp.riboagri
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1
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7.Tont\\lorlba
6.~abldiedo
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Li.te. dyna.tlque. de Bllanga,Bllanyanga, Con
et de Piala.
J8. Yerl!lOn<JU fils de J'i r~ ::e;:r~~~
1950
J7.YentugTl fl1s de 36 19J2-19~9
J6.Kuplendlerl fils de 35 1901-1932
ye
CJllla
35. Ymtandl fils de 31 a:rrlvêe des
41.Wurlblarl
.42.Hamlcuurl
5.
lta
blancs 45ans (1856-1901)
24 jours (1970
1(J970)
34. Yencaarl,Sans
33.Y~~ari,7ans
(~un}~nl) 40.Ban ikuba
J9.Hampandl
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LES
A U T RES
D Y N A S T lES
9 1
Il existe aussi dans le Gulma des dynasties qui
ne descendent pas de Jaba Lompo. Les dynasties d'origine
Haoussa et Berba ont été fondées après l'arrivée des
Buricimba. Nous manquons encore d'informations suffisantes
sur les dynasties d'origine Mamprusi. Elles semblent avoir
été fondées en même temps ou après les premières dynas-
ties des Buricimba : Maajoari, Nungu et Pamma.
l
-
La dynastie de Jakpangu
,
! ,: . (
i ,
1
j'
La dynastie de Jakpangu est yariga i • de la dynas-
tie du Nunbado. Sous Untani
(3ème bado de Kujuabongu), Piiro
(ou Pirosagha), chasseur berba venu du Bargu
(nom en Gulman'"
cerna du pays des bariba et des berba)
(1), eut avec
0 Barina-
tanu
(reine)
Sundoopo un enfant nommé Noaba
(litt. je les
vois), fondateur de la dynastie de Jakpangu (2). Noaba
lutta contre des Tindamba et créa le diema de Jakpangu.
Jakpangu fut â travers toute son histoire l'al-
lié fidèle de Bilanga et l'adversaire irréductible de Nungu.
(1)
et (2)
La plupart des versions s'accordent sur ce point
Tankpano Frédéric,
29/4/1976. Bukari Naaba, Jakpangu,
5/3/1976. Davy op. cit. p. 84. Angelier Marcel, Essai
de Monographie d'un canton gourmantché : le canton de
Diapangu, Fada N'Gourma, 1959, p.
6 - Certaines versions
parlent de Bariba. Nous pensons qu'il s'agit 'plutôt d'un
Berba, les Bariba étant arrivés après l'événement.
92
Le nom de la famille régnante est Idani et le
bedo de Jakpangu est salué sous le nom Hilo.
Nous n'avons pas pu, faute de temps et de moyens,
recueillir la liste dynastique de Jakpangu.
II - Les dynasties du Gobnangu et de Jabo
A - La dynastie du Gobnangu
Biyala, chasseur haoussa venu probablement du
Gobir
(1)
épousa une fille d'un bado de Tindangu (village
du Gobnangu). Son petit-fils Kuatume usurpa le pouvoir et
fonda la dynastie des Maali
(de m'maa :
je t'ai plaqué le
bali)
(2). Selon Davy, Kuatume serait un Bariba de Gob-
nangu emmené comme esclave dans la région de Kano
(royaume
haoussa)
qui arriva à revenir dans son village natal,
Tindangu. Puis alla demander - en lui apportant des cadeaux -
à"Untani
(3ème bado de Kujuabongu)
(3) protection pour son
village.
(1)
Communication de Michel Cartry qui a beaucoup enquêté
dans la région; Paris, 20/9/1977. Tout ce qui concerne
le Gobnangu nous a été communiqué par Cartry.
(2)
Parole du Nunbado qui l ' a investi du bali. Maali est
le titre du Bali du Gobnangu.
----
(3)
Les versions recueillies au Gobnangu ne disent pas
sous quel bado de Kujuabongu Biyala est venu.
93
Après Tincanli
(21ème bado) , la dynastie se
scinda en deux : la branche de Tansalga dont le premier
hado fut Lambakandiegu ou Lamkandiegu (22ème bado)
et
celle de Tangbaga-Yuabli
(1). A la mort de Ampanli
(27ème)
la branche Tangbaga-Yuabli se divisa à son tour et donna
les sous-branches de Tangbaga et de Yuabli.
Avant la conquête coloniale, le bali alter-
nait entre les trois villages : Tansalga, Tangbaga et
Yuabli. L 1 administration coloniale, pour des raisons
·pratiques, fixa arbitrairement le chef-lieu de canton à
Tangbaga.
LISTE DES BETIEBA DU GOBNANGU
Les noms sont cités par ordre de décès. Les
betieba actuels ne sont pas numérotés.
1 • Kuatume
8. o Dan Wombo
1.5. Moanicuado
2. Cabriyani
9. Antuado
16. Juari Nyam
-bo
3. Joogo
10. Tayarigu
17. Kina
4. Saldo
I l . Mudili
18. Baahama
5. Naario
12. Mabugu
19. Tanianu
6. o Dan Jabo
13. Minsuama
20. Guntengun
-gu
7. Yenpagali
14. Panfibugu
21. Tincanli
. ....
(1)
Le bado de Tansalga est salué sous le nom de Jabo et ceux
de Tangbaga et Yuabli sous celui de Do. Le donda de la
famille régnante est Yonli. Ils forment le clan des Bumba.
94
TANSALGA
TANGBAGA
TANGBAGA
YUABLI
et YUABLI
22. Lambakandiegu
23. Uratanli
ou Lamkandiegu
24. Yentugri
25. Nyisuacuari
28
Yembuado
26. Yencabri
31
Yentagima
27. Arnp"g,nli
r-
I
33
Baalisongi
29. Lakali
30
Yabiparigu
34
Tansalga
35
Yentema
32. Yennianli
36
Hamicuuli
39
Yempabu
37. Yuabli
38
Yenkoari
40
Yemblima
Arrivée des Euro-
.
.
43. Yenharima
46
Yenmiama
péens
1895
45. Yendabri
55. Kupendieri
41
Labidiebo
47
Baahamma
Yentugri
42
Yendieli
51
Untani
44. o Dan Luari
52
Hamijaari
48. Yenkpari
53
Yensoama
49. Tontuoriba
5·6
Wuraboagri
50. Hampanli
Bancandi
54
Wuraboagri
Cartry, après analyse critique de différentes
généalogies recueillies, place provisoirement la fondation
de cette dynastie dans la deuxième moitié du XVllème siè-
cle.
L'histoire du Gobnangu fut marquée par d'inces-
santes luttes d'influences entre les trois branches. La ré-
gion vécut sous la suzeraineté lointaine du Nunbado.
95
B - La dynastie de Jabo
Taripo, fondateur de la dynastie de Jabo, est
or1g1naire du Gobnangu
(branche de T ansalgaj d'où i l par-
t i t à la suite de querelles de succession sous Lambakan-
diegu ou Lamkandiegu (22ème Maali)
(1). Selon Bancandi
Yonl~, Taripo qu'il appelle Unliepo, serait resté à Nungu
après avoir été candidat malchanceux. Lors d'un sacrifice,
loin de la capitale, un N unbado
(l'informateur ne précise
pas lequel)
se rappela, sur le chemin du retour, avoir
oublié son couteau sur les lieux. Unliepo alla le récu-
pérer, bravan.t des pillards. Pour le récompenser, le Nunbado
lui donna une suite nombreuse et lui dit d'aller commander
à Jabo
(2), pris sur Jakpangu et où i l trouva des Gmara
(Zoore) qu'il domina (3).
Il donna au village fondé le nom de Jabo, nom
sous lequel est salué le bado de Tansalga. Le bado de Jabo
est salué sous le nom de Tobgo
(boa en Zooré)
(4).
(1 )
Cartry Michel, Paris, 20/9/1977
"'-
(2)
Bancandi Yonlij bado, Tansalga,"16/4/1976
- -
,
(3) Yahayia Tugrna, Jabo, mercredi 3/3/1976
(4) De nos jours, il existe encore deux boas sacrés dans
la cour du bedo.
Le diema de Jabo est un lieu de mélange de 'Gulmanceba, de
Bissa et de Mossi.
Jabo vécut sous la suzeraineté de
Nungu.
La liste dynastique recueillie est la même que celle de
Davy (p. 88)
sauf que ce dernier intervertit l'ordre de
Kankari
(4ème) et Yembila (Sème).
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..
..
96
LISTE DYNASTIQUE DE JABO OONNEE PAR YAHAYIA' TUGUMA,
VIEUX DE
J A.BO
3 MARS 1976
1. Taripo
10. Yenbuado frère de
(9)
2. Nanpatarima frère de Taripo
Il.
Songisieri frère de Yen-
cabri
(?)
3. Wulugu fils de Nanpatarima
12. Hamicuuri frère de Songi-
4. Kankari fils de
(3)
sieri
13. Hampandi fils de
(12)
5. Yembila fils de Kankari
14. Yentagma frère de Hampandi
6. Toguru frère de
(5)
1890 - 1912
7. Paniyabri fils de
(6)
15. Yuabli fils de
(14)
1912 -
25/3/1918
8. Donpigilim frère de Pani-
16. Labidiebo fils de
(14)
yabri
3}/5/1918 -
avril 1931
9. Yencabri frère de Donpi-
gilim
17. Yembiari fils de
(14)
3/5/1931 -
15/1/1959
18. Yamyolugu fils de
(17)
5 septembre 1960
III - La dynastie de Boarugu (Kparciaga)
Le Fondateur de la dynastie de Kparciaga est
orl.gl.naire du Yanga (comin-YangaJ-. Daata vint à Taagu (à
30 km environ au sud de Nungu)
et eut avec une princesse
(ou la femme préférée du bado) un fils qui fut nommé Yan-
jua (homme du Yanga)
(1) et à qui la famille Taaba donna son
donda
(Tankpano)
(2). Cet enfant s'étant révélé un grand
guerrier, le bado de Taagu le donna comme palefrenier au
(1)
Yanjua devint le titre du bali que porte tout bado de
Boarugu.
(2) C'est pourquoi les Taaba de Kparciaga
(famille régnant~
de Boarugu) se disent différents des autres Taaba.
97
bado de Kujuabongu qui l'envoya "rétablir l'ordre" dans le
Gobnangu. Après avoir accompli sa mission, i l se tailla un
diema et refusa de repartir à Kujuàbongu. L'expression
"l'intrépide Yanjua est parti à l'est
(nord-est)
pour ras-
sembler les gens du Gobnangu et n'est plus revenu" est bien
connue à Pamma et à Nungu (1).
Daata s'installa à Fanwarigu. Puis ses succes-
seurs se déplacèrent à Nyimintuoga, Danjuaga, Diela, Koori,
Najimondi et Kparciaga
(2). Le diema de Yanjua est appelé
~gu écrit Bizougou en français. Les versions recueillies
ne disent pas sous quel bado de Kujuabongu fut fondée la
dynastie.
Davy, qui reconnaît avoir peu d'informations
sur Boarugu, place sa fondation sous Untani
(3ème bado de
Kuj uabongu)
(3).
Boarugu, comme le Gobnangu, vécut sous le loin-
tain contrôle du Nunbado.
.....
(1) Tankpano Frédéric -
29/4/1976 - La tradition recueillie
à Kparciaga donne ia même origine à la dynastie. Luona
Tankpano, Benbedo de Kparciaga -
15/4/1976.
(2)
Luona Tankpano, op. cit. 15/4/1976
(3) Davy, op. cit. p. 101
98
LISTE DYNASTIQUE DE BOARUGU
( 1 )
1 . Daata venu de
régna à.
21. Yenduri fils de
(19)
régna à
Comin-Yanga Fanwarigu
Danjuaga
2. Baabwa
"
"
22. Yenkpaari Il
de
(17)
"
3. Jafumbo
"
"
23. Hamicuuri "
de
(20)
régna à
Diela
4. Naasoagini "
"..
24. Midiri ou Midri
régna à
5. Suobaabu
"
fils de
(19 ) Danjuaga
6. Muriwagri
"
"
..
25. Yentugri fils de (19)
7. Faringa
"
"
26. Wuratandi "
de
(19 )
Il
8. Yankpana
"
"
27. Yentema
fils de
(20)
"
9. Dobinla fils de
(8)
"
28. Yencabri fils de
(20)
"
10. Yabikparigu fils
29. Baalisongi "
de
(26) régna à
de (8)
"
Najiboandi
I l . Kaawarigu fils de
(8)
..
30~ Yens embu fils de (26)
régna à Nyimintuoga
31. Yenmiama fils de
(23) régna à
12. Yari fils de (9)
"
"
Diela
13. Diedu fil s de (11) "
"
32. Yernpaabu fils de (23) régna à
Kuuri
14. Wari fils de (12) Il
"
33. Yenkoari fils de
(25) régna à
15. Luari fils de (14)"
"
Najiboandi
34. Baahama fils de (23)
régna à
16. Yentagma fils de
Kparicaga
(14) "
"
..
35. Yembrima fils de (25)
17. Cari fils de (15 ) " "
36. Yenhamma fils de (28)
"
18. Yenkuri fils de
37. Hanpanli fils de (33)
"
(13) régna à Danjuaga
38. Untaani fils de
(36)
"
19. Soari fils de (15) "
"
39. Kupienderi " de (36)
"
20. Yembuaro fils de
(16) "
"
(1) Liste donnée par Luona Tankpano, benbado de Kparcaga, 15/4/1976
99
IV - Les dynasties yansé: Comin-Yanga, Sudugi,
KaIIlseongo, Dogtenga et Yutenga
(Yonne)
La rapidité de notre enquête dans le Yanga et la
barrière de la langue ne nous ont pas permis de réunir assez
d'informations. Les traditions recueillies permettent cepen-
dant de donner quelques indications sur des dynasties.
La dynastie de Dogtenga
(dans Comin-Yanga) semble
jouer un rôle d'intermédiaire entre le Nunbado et les dynasties
yansé. Parexempl~ c'est le naba de Dogtenga qui accompagne
les candidats à Nungu. Des enquêtes ultérieures aideront à
élucider le rôle de ce naba que le Nunbado considère comme
sa femme.
Selon Davy le fondateur de la dynastie de Yonne
serait un chasseur Boussanse venu sous Banyiroba
(Sème bado
de Kujuabongu). En récompense du don d'un hippopotame qu'il
lui avait fait,
Banyiroba lui donna le commandement de Yonne
oü vivaient des mossi
(1). D'après nos informateurs, Yonne
(Yutenga)
(2)
n'a pris une grande importance que pendant la
période coloniale.
(1) Davy, op. cit. p. 96
(2)
Yutenga est un quartier de Yonne
10U
Nous n'avons pu établir une liste dynastique
de Yonne.
Concernant Comin-Yanga et Sudugi, Davy rapporte
qu'une femme de Tidarpo (2ème bado de Kujuabongu), chassée du
foyer conjugal serait partie se marier vers l'Ouest avec un
homme venu de Garnbaga. De leur union
naquirent les fonda-
teurs de dynasties de Comin-Yanga
(par l'aîné) et de Sudugi
(par le cadet)
(1).
Ecoutons nos informateurs :
- "Le~ Gulma.nc.eba. ~ 0 nt pa.lr.t.i.~ dema.ndelr. la. c.he 66vu.e
à Ga.mba.ga..
Pu.i.~ le~ Ya.nna. ~ont pa.lr.t.i.~ à Nungu dema.ndelr. la. c.he66e-
Ir..i.e. Leulr. ~oeUIr. (de~ Ya.nna.) ~'e~t ma.lr..i.ée a.ux Gulma.nc.eba. et a. eu
de~ en6a.nt~.
Il~ ~ont venu~ tou~ de Ga.mba.ga. et le~ Gulma.nc.eba.
~ont pa.lr.t.i.~ ~'in~ta.llelr. là-ba.~"
(2).
- "Le~ Gulma.nc.eba. et le~ Ya.n~e ~ont venu~ de Ga.mba.ga..
Le binna.ba. a. dema.ndé l'a.utolr.i~a.tion de nommelr. tou~ le~ na.ba. du
Ya.nga. ta.nd.i.~ que c.elui de Sa.nga. ~e 6elr.a.it nommelr. pa.1r. Ga.mba.ga.. C'e~t
poulr.quoi le~ Ya.nna.a.ba. ~ont ma..i.ntena.nt nommé~ pa.1r. Nungu.
lI)
Davy, op. cit. p.94.
(~) Kalifu Sebgo, op. cit. Kamseogo, 13.3.76. L'assistance
a désapprouvé cette information .
.
101
Com~Yl.-YaYl.ga (
Laam~~gu), Kam~eogo et Sudug~
(NabaYl.gu) ~OYl.t tou~ pa~eYl.t~ , de~ 6~è~e~ : Sudug~ t'aZYl.é,
Kam~eogo et Com~n-Yanga te cadet" (1).
Il est possible que les fondateurs des trois
dynasties ci-dessus mentionnées aient des liens de parenté
entre eux et avec lea Gulmanc.ba~ Des enquêtes plus prêci-
ses permettront d'élucider ce problème. Il est intéressant
de remarquer que les trois naba sont salués sous le nom de
faam (litt. faux, mensonge en gülmancema) •
Les Yanna du Yanga, bien qu'ayant toujours été
sous la domination des Gulmanceba sont beaucoup plus proches,
par leurs coutumes et leur langue, des Dagomba et des Mossi.
Selon les traditions historiques de Dourtenga
et de Sanga, les ancêtres des Yansé descendent du chef de
Gambaga en ligne masculine
(~, contrairement à ceux des
Mossi
(3).
-. -- ...
(1) . Ljbende pobere, Napaade, Sudugi, ~5/3/197b.
(2)
Kawada Junzo, Genèse et Evolution du système politique
des Mossi méridionaux
(Haute Volta). Paris 1971, p. 132
(3)
Kawada, op. cit. p. 133. Nous y reviendrons plus loin.
102
LISTES DYNASTIQUES
SUDUGI
KAMSEONGO
COMIN-YANGA
1. Salama (Pubere ou
1. Koom Kore
(2)
Nous n'avons
Pobere)
(1)
pu traduire
2. Emde fils de Ware
(?)
2. Yabre
la liste chan-
3. Gaogo
3. ~aare
tée pour rai-
4. Yensirnbu fils de
(1)
4. Guinnaba
son de langue.
5. Sigiri fils de Noya-
5. SebgQ
Davy donne 23
nyo~ogo fi~s de ?
noms depuis
6. Kindi fils de
(3) ,
6~ Ponre
Tarwina, fon-
7. Tampuure fils de
(4)
7: Kudugu
dateur de la
8. Tungu fils de
(5)
8~ Kore
dynastie.
9. Zore fils de
(6)
9~ Zuweogo
1889-1906
10.Pussiga fils de
(7)
10. ~alipeliyinde
1906-1909
Il. Yernblima fils de
Il. Yuuga
Sabiliba Ped'Habga
1909-1921
12. Yenbuado Pubere
12. Songo
fils de
(8)
1922-1923
13. Irgu Pubere fils de
13. Wobgo quitta le vil-
(9)
1923-1938
lage de Fedegin à
côté de Yonne et vint
s'installer à Kamseongo
14. Bulga-Toyaba Pubere
14. Wanbila
fils de JoO-- go' :-( 7) .
1938-42.
15. Belemgnubla
15. Labictiebo Ped'Habga
fils de (15)
16. Yernbila
16. Zomwobgo ped'Habga
fils de
(15)
17. Zunri 1966-1973
10 décembre 1959
18. Tanga 1973
(1) Liste donnée par des vieux de Sudugi le 14/3/1976. Pubere
est le nom de famille du fondateur de la dynastie. Le 11ème)
Ped'Habga/est un usurpateur.
(2)
Kalifu Sebgo, et Wintiba Kore, Kamseongo,
le 13/3/1976
CARTE N° 7
ORIGINE DES DYNASTIES
103
•
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Moojuorl
TonbOflgo
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• 1 /
~ Kujuobongu
/
LEGENDE
•
20
40
.0
Residence du Nunbado
•
,
Village
•• Site ancien
---=il' Buricimba
- - - 7 Chefferie d'origine Mamprusi
••• -..po Chefferie d'origine haoussa
~ Chefferie d'origine berba
104
CONCLUSION
Ce bref aperçu sur la formation de dynasties
fait tomber l'idée d'un Gulma monolithique. Mais i l reste
encore beaucoup à faire avant l'établissement de généalogies
cohérentes de toutes les dynasties.
Malgré leurs origines différentes, nous verrons
dans le chapitre V que la dynastie de Nungu avait une pré-
séance sur les autres.
•
105
CHAI'ITRE IV
-=-=-=-=-=-
RELATIONS GULMANCEBA -
PEUPLES VOISINS ET ESSAI DE DATA-
-=-=--=--=-=-~-=-=-~-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
TIaN DE L'ARRIVEE DES BURICDŒA .. DANS LE GULMA
-=._=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-===-~.
=-=-=-=-=-=-=
l
- RAPPORTS AVEC LE SONGHAI ET LE ZA:g!,tA -
Le fait que la langue secrète des initiés
(circoncis)
soit le Songhai prouve sans doute qu'il y a eu des contacts en-
tre Gulmanceba et Songhai. Mais les informations données par
le Tarikh-el-Pettach et le Tarikh-Es-Soudan sur le "Gourma" ne
nous permettent pas de discuter
ni Ae poser des hypothèses comme
Izard l'a fait ~ propos des Royaumes Mossi.
Le Tarikh-el-Pettach et le Tarikh-Es-Soudan mention-
nent plusieurs expéditions contre les "infidèles du Gourma". Le
Gourma étant très vaste
(la rive droite), la localisation de
ces expéditions est hasardeuse'. Les Gulmanceba qui vivaient en
b6rdure du fleuve Niger furent probablement les victimes. Le
seul nom de localité identifiable pour l'instant, est Bilanga.
'1
Après sa déposition en 1592, As~ia Ishaq fut accompa-
gné par des troupes jusqu'à Târa
(?)
(1). De là i l s'enfuit dans
(1)
Urvoy se demande avec raison de quel Tara i l s'agit. Il exis-
te en effet un Tara ~ 40 Kms au Nord de Téra et un autre
près de Gaya
Urvoy, y, Histoire des Populations du Soudan
Central, op.cit. p.40.
106
le "Gourma" accompagné seulement de personnes de son entourage.
Les "païens du Gourma" de Tonfina
(?)
, qu'il avait combattus
l'année précédente,
le tuèrent, ainsi que toute sa suite
(1).
Le Tarikh-el-Fettach précise que l'Asbia Ishâq "atteignit la
ville de Bilanga" oü i l fut massacré
(2). Les traditions re-
cueillies à Bilanga ne donnent aucune information à ce sujet.
Il est cependant probable qu'il s'agit du roya~me de Bilanga.
Bilanga désigne à la fois la capitale et le royaume. Nous ver-
rons plus loin comment i l fut fondé par un petit-fils de Lompo
entre 1510 et 1570. La capitale elle-même a été transférée à
plusieurs endroits. La première capitale fut We et la dernière
le village actuel de Bilanga.
Les migrations Zarma
(deuxième moitié du XIVème siè-
cIe - début XVllème siècle)
(3)
repoussèrent progressivement
les Gulmanceba des bords du fleuve Niger.
(1)
Es Saadi, Tarikh-es-Soudan traduit de l'arabe par O-Houdas,
Adrien-Maisonneuve, Paris 1964, pp.230-231.
(2) Tarikh-el-Fettach, op.cit. p.276.
(3)
Boubé Gado, Le Zarmatarey, op.cit. p.88.
107
CARTE N° 8
EXTENSION
DU· GU LMA VERS 1750
.Jemsuaru
• Con
B
d" •
•
ongan lm
.Bilanga
Yamma
.Macakoali
•
•Tlbga
·Jakpangu
Kparcaga.
.Tansalga
.Tangbaga
·Yuabll
.Maajoari
• Tanbariga
.Pamma
.Sudugi
.Kuju~bongu
M AM PUR
5 1
BORGU
o
20
40
60
eOKm
,
108
II - LE
DIEMA DE KUJUABONGU -
RELATIONS AVEC LES MAMPRUSI
ET LES MOSSI -
Le Diema de Kujuabongu, bien que difficile à délimi-
ter, s'étendait vers le milieu du XVlllème siècle sur le Nord-
Togo et l'extrême Nord du Bénin. La guerre contre les Tyokossi
fut à l'origine du transfert de la capitale à Nungu. Des rela-
tions avec les ancêtres des Marnprusi et les Mossi sont attes-
tées par les traditions.
A)
- LE RESSORT TERRITORIAL DU DIEMA DE KUJUABONGU -
Les informations recueillies ne permettent pas de
faire,
pour l'instant, une distinction entre le Diema de Kuju-
abongu et celui de Pamma. Le site de Kujuabongu se trouve ac-
tuellement dans le Diema de Pamma. On peut cependant affirmer-
les traditions sont formelles - que Jafuali était indépendant
du bado de Kujuabongu. Celui-ci avait un diema qui était sous
son autorité directe, tandis qu'il exerçait un lointain contrô-
le sur le Gobnangu, Jakpangu, Jabo, les dynasties Yansé
(dont
nous parlerons plus loin)
et sur des commandements du Nord-Togo
(jusqu'à Dapango)
et du Nord-Benin
(Djougou).
(voir carte N° 7 ) •
1)
- Expansion au Nord-Togo -
Des études montrent un important mouvement de popula-
tions du Gulma vers le Nord-Togo. Ces populations que les au-
teurs appellent "Gourma" auraient envahi en deux phases le
109
Nord-Togo.
Les premières invasions, celles des Natchaba ou Natcha-
tou, sont venus à l'Est de Borgouban
(affluent de l'Oti) ."Ces
immigrants s'installèrent dans les cantons de Borgou, Tchanaga
et.Mogou"
. Les Natchaba sont fort différents des "vrais gourma"
de la seconde invasion. Cette dernière, venue à l'Ouest du Bor-
gouben, soumit les Moba. Ces "Gourma" fondèrent de puissantes
principautés dont la plus importante fut celle de Kantindi
(1).
Selon les auteurs cités, les "Gourma" partirent de Fada N'Gour-
ma à la suite de luttes politiques. Ils seraient plutôt venus
de la région de Pamma.
Des traditions rapportées par Davy signalent une ex-
pansion des Gulmance~a au Sud (au Nord-Togo et au Nord-Benin)
sous le règne de Banyidoba
(Sème Bado)
(2). Son successeur, le
grand guerrier Labidiedo, conduisit des expéditions au Nord-
Togo
(3). La dynastie de Korbongu est du Buolu de Daporiga
(les
Nasuba). A la nomination d'un Nunbado, ce buolu construisait le
cuuli
(anti~chambre) du diegu du Nunbado (4).
Selon les traditions de Parnma, le fondateur de Kan-
tindi est parti de cette dernière localité où on montre encore
(1) Froelich, J.C. P.Alexandre et R. Cornevin , les populations
du Nord-Togo, PUF,
1963, p.183.
(2)
Davy, p. op.cit. p.12.
(3) TANKPANO Janja Frédéric, op.cit.
28 avril 1976.
(4) Kombari Baayanga, Nungu 28 février 1974.
11 0
ses diegbana
(ancien emplacement de ses dieru). Kantindi était
dans le temps sous l'autorité de Jafuali qui nommait ses chefs.
(1). Selon Cornevin, qui se base sur les traditions de Kantindi,
son fondateur est venu de Koup~la (pays Mossi en Haute-Volta)
(2). Dans ce cas, Pamma a sûrement été une étape; vers le mi-
lieu du XVlllème siècle Kantindi était pratiquement indépendant.
Nous manquons d'informations sur les Moba,de langue
et de culture "Gourma")et l'une des anciennes populations du
Nord-Togo. Ils occupent l'extrême sud de l'a·rrondissement de
Pamma
(Haute-Volta)
et la partie Ouest du Nord-Togo. Il est pro-
bable que les Moba sont partis également du pays Gourmantché,
·comme le suppose Manessy
(3).
2)
- Expansion au Nord-Bénin -
Paul Mercier note la présence de Gulmanceba dans le
Nord-Benin soit comme premiers occupants, soit comme immigrants
tardifs, soit enfin comme fondateu~de dynastie (4). Mais il
remarque aussi qu'on ne sait pas s ' i l s'agit de Gulmanceba
"proprement dits, ou d'éléments en train de devenir Gourmant-
ché"
(5).
(1)
Onaja~ Panpanja, Ciamo, Pamma, 16.3.1976.
(2) M. Cornevin R., Dynasties Tyokossi de Sansanne-Mango. Tradi-
tion et chronologie, Annales de l'Ecole de Lettres,Tl, 1972,
p.20.
(3) Manessy g. Les Langues Gurma in Bulletin de l'I.F.A.N., t.
XXXIII,
ser1e B. nOl 1971 p.230.
(4)
et (5) Mercier, Paul, op.cit. p.102 et p.103.
111
Lombard, qui rapporte les traditions d'Illo, écrit
qu'à l'arrivée des Wasangari conquérants y vivaient les Tienga,
sans chefs, dispersés auprès d'éléments Gourmantché qui fuirent
à l'arrivée des conquérants
(1).
La migration gourmantché fournissant "une indication
géographique et non une préférence ethnique"
(2)
i l est proba-
ble que les "Gourmantché anciens occupants" sont d'anciennes po-
pulations qui auraient occupé le Sud-Est du Gulma et les "Gour-
mantché fondateurs de dynasties ll des Buricimba immigrés, notam-
ment au moment où la
dynastie
de Nunga était encore installée
à Kujuabongu. Ainsi un Gulmance fut à l'origine de la dynastie
de Tyilixa
(Djou~ou) (3).
Les traditions de Nungu confirment cette information.
Fils d'un bado de la dynastie de- Nungu, i l tissait, contraire-
ment à la coutume (4)
et chassait. C'est à l'occasion de la
chasse qu'il se rendit à Djougou, dont les habitants, qui igno-
raient le tissage, le retinrent comme bado
(5).
Selon les traditions rapportées par Cornevin, un tis-
serand Gourmantché vint s'installer à Djougou et se maria à une
fille de la famille royale. De leur union naquit un fils, Abou-
(1)
Lombard Jacques, op.cit. p.74
(2) Mercier Paul, op.cit. p.l03.
(3) Person Yves,
La dynastie de Tyilixa
(Djougou) dans le Passé
de l'Afrique Noire et de Madagascar, Mélanges offerts à
Hubert Deschamps
(extrait), Série Etudes,Tome 7.p.206.
(4)
Le tissage est considéré comme une activité pour Talmu(sujet)
(5) Combiano, Yenmiama, Nunbado, Nungu 22 février 1974, l'infor-
mateur affirme que sa navette fut conservée comme autel.
112
dou. A la mort du Roi/Ile Fétiche"
(consulté à cette occasion)
désigna un étranger comme son successeur. Le jeune Aboudou fut
proposé. Mais i l eut peur et s'enfuit. Il fut cependant ramené;
on lui mit les fers,
et i l devint ainsi roi
(1). Selon d'autres
traditions, le tisserand Gourmantché, du nom d'Adjoukouma, a
guéri la fille Gnon du chef de Sasirou, atteinte d'une plaie
incurable, et l'épousa. Ils eurent trois enfants: Kourougou
(1er roi), Niota et Petoni
(2). La dynastie de Nungu, du moins
lorsqu'elle était à Kujuabongu a probablement exercé une certai-
ne suzeraineté sur Djougou.
B)
- RELATIONS AVEC LES MAMPRUSI ET LES MOSSI -
L'étude de la vie intérieure du diema de Kujuabongu,
dominée par de luttes intestines, ne sera pas abordée dans la
présente étude. Ses relations extérieures furent marquées par
ses rapports avec les Mamprusi et les Mossi et la lutte contre
les Tyokossi.
Le Nunbado Simadari rapporte qu'une fille de Jaba
Lompo est partie à Gambaga et fut à l'origine des dynasties
Mossi
(3) . Tankpano Janja fait état des relations entre les Ba-
tieba de Kujuabongu et ceux de Nalerigu
(1)
et (2) Cornevin, R. Histoire du Dahomey, Berger-Levrault,
Paris, 1962, p.191 et 192.
(3) Davy, p. op.cit. p.9.
11 3
"Il tj a. e.u de.1.l lte.la.:U.oYlI.l
e.Yltlte. le. ba.do de. Kujua.boYlgu
e.t le. che.6 de. Na.le.ltigu. Ja.ba. Lompo a. dOYlYlé ~a. 6ille. a.u che.6 de.
Na.le.ltigu dOYlt il éta.it l'a.mi.
Le. pèlte. de. Ye.YlYle.ga., a.Ylcêtlte. de.1.l
MOl.ll.li Yla.quit de. ce.tte. UYlioYl. C'e.l.ltpoultquoi le.1.l MOl.ll.li a.ppe.lle.Ylt
le.1.l Gulma.Ylce.ba. le.ultl.l glta.Yldl.l-pa.lte.Yltl.l
(Ya.a.ba.).
Loltl.lque. la. dtjYla.I.l-
tie. éta.it a Kujua.boYlgu, il tj a.va.it UYle. coutume. d'écha.Ylge.1.l a.ve.c
Na.le.ltigu : qua.Yld Uyl ba.do de. Kujua.boYlgu moulta.it, I.lOyl che.va.l e.t
Uyl pa.le.6lte.Ylie.1t éta.ie.Ylt e.mme.Ylél.l a.u che.6 de. Na.le.ltigu, comme. hélti-
ta.ge. de. I.lOyl glta.Yld-pèlte. e.t qua.Yld Uyl che.6 de. Na.le.ltigu moulta.it, Oyl
a.me.Yla.it de.1.l ul.lte.Yll.lile.1.l de. cuil.liYle. a.u ba.do de. Kujua.boYlgu, comme.
héltita.ge. de. I.la. ta.Ylte."
(1).
Molex écrit que le roi de Gambaga vint saluer en gran-
de pompe,
le bado
Untani
(2).
Du côté des Mamprusi, Nanumba et Dagomba, des rela-
tions avec les Gulmanceba sont attestées. Kpogonumbo, fils du
"Chasseur rouge" Tohajiye, vint à Biun
(probablement Bengu)
en
•
pays gourmantché. Le "Chef de terre" du village lui donna une
de ses filles.
Il tua son beau-père afin de commander au villa-
ge. Le souverain du pays gourmantché Daramani, après une guerre
sans succès contre Kpogonurnbo, finit par lui donner également
une de ses filles. De leur union naquit Gbewa
(ancêtre commun
des Mamprusi,
Nanumba, et Dagomba) qui quitta Biun pour le
pays
(1)
Tankpano Janja op.cit.
28 avril 1976.
(2) Molex, J.
(Monographie du Gourma)
Fada N'Gourma,Juin 1898.
31. p.
p.7.
J
11~
Kusasé. Les cinq fils de la première femme restèrent en pays
gourmantché où mourut leur père
(1).
Nous pensons, comme Izard
(2)
que les ancêtres des
Mamprusi
ont traversé le sud-estd~. Gulma, si on admet que le
Biun des traditions mamprusi est le Bengu ou Bendogu des Gulma~-
ceba. Ils y trouvèrent
les "anciens Gulmanceba"/des des-
cendants de Jaba) et non les Buricimba des dynasties actuelles.
Les traditions recueillies ne donnent ni de nom d'ancêtre de
Mamprusi, ni d'informations sur des dynasties d'origine mampru-
si ou proto-Mamprusi - comme on s'y attendrait
-
les cinq fils de
la première femme de Kpogonumbo étant restés dans le Gulma. Da-
ramani n'est cité dans aucune liste dynastique recueillie. Es-
pérons que d'autres traditions apporteront de nouvelles infor-
mations.
Les relations ancêtres mamprusi-gulmanceba furent
sans doute à l'origine de l'assimilation du Gulma au pays Mossi
faite par certains auteurs coloniaux, notamment Delafosse et
de notables mossi, tel Yamba Tiendrébéogo. Il faut cependant y
ajouter des raisons politiques liées au choix de Ouagadougou
comme capitale de Haute-Volta.
En effet les traditions mossi septentrionales font
de Jaba Lompo un oncle maternel de Naba Wedraogo
(donc
(1)
Izard, Michel op.cit. Tome l, p.120
(2)
Izard, M. Op.cit. T.I. pp.
108-109.
11 5
d'origine mamprusi ou proto-mamprusi)
et les traditions centra-
les et méridionales un fils de Naba Wedraogo (donc d'origine
nakomsé)
(1). Selon les traditions Yansé, Jaba Lompo serait un
fils d'un chef de Gambaga.
(Cf. Tableau ci-dessous)
(2).
Chef de Gambaga
1
1
1
ainé
second
cadet
Koara
Lompo
Tarwena
V
\\li
--r
Sanga
Fada N'Gourma
Dourtenga
Izard écrit à juste titre que les traditions mossi
centrales et méridionales ont joué un rôle déterminant dans
l'assimilation du Gulma au pays mossi
(3). Nous donnons ci-
dessous certaines versions
Version de Delafosse M. Haut-Sénégal et Niger, Paris, Larose,
1912, T.3. pp. 307-309.
Nédéga --- Chef de Gambaga
~
Yennega
(ou Poko) - - Riâlé
(ou Riâré)
fils d'un chef malinké
--r-
Ouidiraogo
1
1
1
Zoungrana
Raoua
Diaba /Jara/
reçut le
(Nord)
(Est)
commandement
de l'ouest.
(1)
Izard Michel, op.cit. T.I. pp. 122-123
(2) Kawada Junzo, op.cit. p.133.
N.B. Les généalogies de Tamakloe,de Blair et Duncan-Johns-
tone et de Rattray ne mentionnent pas Jaba Lompo. Casanova
Francis, Problème d'histoire des Gourmantché,mémoire de maî-
trise, Paris, l,
1974, p.49-51 et 53.
(3)
Izard Michel, T.I. op.cit. p.123.
11 6
Version de Tauxier ,
L. Nouvelles notes sur le Mossi et le
I
Gourounsi, Larose , Paris, 1924, p.8.
Yennega
Riale
1;;---.
Widiraogo
Wedaogo
f7
~
Zungrana
Yuganemdo
--=t=----tl
Oubri
Oubrogo
Yampango
(Diaba?)
~
~
Ouagadougou
Tenkodogo
Fada N'Gourma
Version de Dim Delobsom
L'empire du Mogho-Naba 1932. pp.2-3.
Roi de Gambaga
.1
Yennega
Ryalle
1
Ouedraogo
Pourketa
,r-------+---------.,
1. Diaba Lompo
2.Raoua
3. Zoungrana
~
~
Fada N'Gourma
Ouahigouya
(resta à Tenkodogo)
(royaume de
Zend~ma)
11 7
Delafosse et Dim Delobsom donnent â peu près la même
version. Tauxier fait de Yampango
(Diaba)
petit fils de Wedrao-
go.
Yamba Tiendrebeogo, reprenant les versions de Dela-
fosse et de Dim Delobsom, écrit que les"trois grands royaumes ac-
tuels
(Ouagadougou, Ouahigouya, Fada N'Gourma)
sont issus de
trois frères,
enfants de naba Ouedraogo, l'ancêtre mythique" (1) .
Il remarque cependant plus loin que la fraternité avec "la dy-
nastie de Bingo
(Fada "N'Gourma)", qui serait issue en ligne mas-
culine des "chefs de Gambagka"
(c'est la version
de Kawada)
n'est que théorique.
Les versions mossi centrales et méridionales seraient
probablement une déformation de la version du Yanga. Populari-
sées par les premiers écrits sur le mossi, elles ont été repri-
ses par certains fonctionnaires gulmanceba
(puisque c'est écrit
dans les manuels d'histoire). Chantoux, bien que rapportant par
ailleurs d'autres versions sur l'origine des Gulmanceba, reprend
â son compte celle de Delafosse et de Dim Delobsom (2).
Il est indéniable qu'il y a eu des relations entre
les Gulmanceba et les ancêtres des Mamprusi et des Mossi, pro-
(1)
Tiendrebeogo Yamba, Histoire et coutumes royales des Mossi
de Ouagadougou. Rédaction et annotations de R. Pageard-
Ouagadougou, chez le Larhallé Naba, p.83.
(2) Chantoux A.
Histoire du pays Gourma - Traditions orales
Fada - N'Gourma Ti Dogu (1966) p.57.
.. l
1 1 B
bablement par des échanges matrimoniaux. Il est cependant faux,
dans l'état actuel des enquêtes dans le Gulma de donner aux Bu-
ricimba
(Bemba) une origine mamprusi
(ou proto-mamprusi) ou na-
komsé. La coutume remarquée par Crozat serait peut-être une ré-
~ique des échanges entre les batieba de Kujuabongu et les chefs
de Nalerigudont nous avons parlé plus haut. Les femmes,
les
chevaux et les captifs des mogho-naba défunts
étaient envoyés
au Nunbado
(1). Les relations entre Mamprusi, Dagomba et Gulman-
ceba se sont poursuivies tout au long de leur histoire. Selon
certains informateurs le chef de Gambaga fut à l'origine de
l'attaque Tyokossi contre le Gulma (nous y reviendrons dans les
rapports Gulmanceba-Tyokossi).
CONCLUSION
-=-=-=-=-=
Les rapports Gulmanceba-Mamprusi et Mossi ne nous per-
mettent pas de dater la fondation de dynasties de Buricimba.
Selon Izard les Proto -Mossi traversèrent le fleuve Niger et crè-
èrent Diamaré III,à l'Ouest de Say, dans la première moitié du
Xlllème siècle;
"au plus tard vers 1250"
(2); la fin de l'his-
toire des "Mossi de la bouche du Niger" ou "Mossi Septentrio-
naux" est placé vers 1575
(3).
(1) Crozat, rapport du docteur Crozat sur sa mission au Mossi;
J.O. de la République Française: 5-9 oct.1891.
(2)
Izard - T.I. p.108.
(3 ) Izard - T. I. p. 113.
11 9
Izard situe par ailleurs la fondation du royaume de
Ouagadougou par Naba Wubri en 1495 et la fondation du Yatenga
en 1540
(1).
Levtzion situe Na Ghewa
(ancêtre des Mamprusi, Dagom-
ba, Nanumba et Mossi) dans l'estimation générationnelle 1380 -
1420
(2).
Les traditions recueillies dans la région de Jakpaga
..ga-et Botu ne font pas allusion aux proto-mossi de Diamaré III.
Celles recueillies dans le diema de Kuala ne parlent pas non
plus d'une traversée de la région par les proto-mossi vers le
Nord. Il est donc probable que les dynasties Gourmantché
soient
fondées après le passage des Proto-Mossi dans ces régions. Seu-
les l'archéologie et peut-être des enquêtes dans le Yaga, le
Liptako
et
à Aribinda pourraient confirmer ou infirmer l'hy-
l'
pothèse sur les "Mossi de la bouche du Niger" formuleepar Izard.
Le fait que les traditions Yanse fassent de Jaba Lompo un fils
d'un "chef de Gambaga" et des traditions mossi un fils de
Oué-
draogo peut chronologiquement avoir peut-être les significations
suivantes:
(1)
Izard - T.I. p.l00.
(2)
Levtzion.N., Chronology from Genealogical evidence, the
Volta Basin, dans le cadre de "African History Seminar",
de l'Université de Londres,
1965, exemplaire dactylographié
communiqué par Michel Izard.
120
1
1)
- Les Proto-Mamprusi ont traversé le Gulma avant l'arrivée
des Buricimba.
2)
- Les premières dynasties de Buricimba sont contemporaines
des dynasties nakomséfondées par des gens de la généra-
tion de Zungrana dont le fils naba Wubri fonda le royaume
de Ouagadougou en 1495, selon Izard.
III -
RAPPORTS AVEC LES TYOKOSSI -
Les traditions rapportent que la dynastie de Nungu
~utta contre bi Tomba (litt. Les Tomba) qui chassèrent ses re-
'présentants de Kujuabongu. Qui sont ces Tomba? Sont-ils les
Temba du Nord-Togo
(1)
ou les Batomba ("les hommes")
(mot qui
se rapproche de bi Tomba), nom que se donnent les bariba (2)?
Il ne peut s'agir de ces derniers dont le nom, bariba, est bien
connu des Gulmanceba. La comparaison que nous allons faire des
traditions du Gulma et des écrits sur le Nord-Togo permet d'af-
f irmer avec certitude que les Tomba sont les Tyokossi.
Selon Tankpano Janja,
le chef de Nalerigu ,tç~g:.~L
fut à l'origine de l'attaque des tyokossi :
(1)
Froelich J.C. P. Alexandre et R. Cornevin qui ont eu con-
naissance des traditions rapportées par Davy, se posent la
même question. Les populations du Nord-Togo, op.cit. p.13.
(2)
Lombard Jacques, Structures de type féodal, op.cit. p.43.
121
"Lo~~que le~ habitant~
de Nale~igu vi~ent que Kujua-
bongu était a66aibli, il~ tentè~ent de le domine~. Ce 6ut la
c.au~e de la gue~~e c.ont~e le~ Tomba" (Il.
Or les mercenaires Anoufon (d'origine mandé)
- connus
sous le nom Tyokossi - pris par le chef Gondja, Marna Yagba pour
aller combattre les Songhaï qui menaçaient la région Voltaïque,
furent appelés par le chef de Gambaga afin qu'ils combattent
le chef de Kantindi "qui venait le menacer sur son propre ter-
ritoire (2)". Kantind~ étant (à cette époque)
sous la lointaine
dépendance de Jafuali
(Pamma), l'information de Tankpano est
·en partie conf irmée .
La date d'arrivée des Tyokossi dans le Nord-Togo est
encore discutée. La chronique Gondja
(citée par M. Levtzion)
la
place en 1751
(3)
tandis que Cornevin, après une confrontation
1
des ecrits et des traditions de Kantindi, la rapproche liA l'ex-
trême fin du XVlllèmesiècle ou au début du XIXème siècle(4) ".
Les traditions des Gulmancebaplacent l'arrivée des
Tyokossi sous le règne de Tancari
(13è bado). Chassé de sa ca-
pitale, i l alla s'installer A Nasobri
(25 km au sud de Nungu).
(1)
Tankpano, Janja,
28 avril 1976
(2) Froelich, J.C. Cameroun Togo, Paris, Berger-Levrault, 1956,
p.180
(3) et (4) Cornevin, Dynasties . . . op.cit. p.17 et p.21.
t-·',I
122
A sa mort, Lisongi lui succéda et poursuivit la guerre. Mais
i l mourut quelques années après. Yendabri, son successeur, s'ins-
talla à Nungu et parvint à vaincre définitivement les Tyokossi
qu'il repousse très loin dans le Nord-Togo.
Nous pensons qu'après leur victoire sur Kantindi,
les
mercenaires "armés de fusils et de lances" furent sollicités
par des diema
- peut-être à plusieurs reprises -
contre d'au-
tres. Une tradition rapportée par Davy et confirmée à Parnrna af-
firme que Simadari
(8è bado de Parnrna)
demanda l'appui des Tyo-
kossi pour lutter contre le bado de Kujuabongu
(1).
Des Mossi participèrent à la guerre. A la demande de
Gobondinni
(futur Yembrima), qui avait pour maitresse une prin-
cesse de Bou1sa,
les Mossi de Bou1sa, Koupé1a et même de Tenko-
dogo aidèrent Yendabri à vaincre ·les Tyokossi
(2).
Mo1ex signa1e.éga1ement le r01e de Simadari et celui
des Mossi.
Inquiet de l'influence de Tyokossi, Yendabri réunit
les batieba de Parnrna, Macakoa1i, de Boarugu
(Kparcaga)
et de Botu,
et marcha contre le Mango.
Il pille les environs et fit le siège
de la ville.
"Le chef de Mango, Kokouan, Aouanou(?), résiste
énergiquement aux gourmas, mais se sentant faillir,
i l gagne à
sa cause par d'alléchantes promesses, Sinader
(Simadari), chef
de Parna". Ce dernier retourna les batieba contre Yendabri. Réfu-
(1) Les Tyokossi intrcduisirent les armes à feu au Gu1ma.
(2)
Davy, p. Op.cit. p.74. ONAJA Panpanja, Ciamo. op.cit.mars
1976.
123
gié à Ugaru
(à côté de Macakoali)
i l demanda l'appui de son ami
,
le "chef de Koupela naba-Toukouli". Dans la bataille, qui eut
lieu près de Ugaru, Simadari et Kokoua Aouanou
(?)
périrent(l) .
c'est probablement le roi de Sansanné-Mango mort à Macakoali,
dont parle Diana Rey-Hulman
(2). Le "Naba Toukouli" ne serait-il
pas Naba Tougouri, 18è Naba de Boulsa, dont le successeur aurait
régné de 1778 à 1818 ? La confusion serait possible, Koupéla
étant sous la souveraineté du Boulsa-Naba. Yendabri, vainqueur
des Tyokossi et premier Bado à s'installer à Nungu, est situé-
comme nous le verrons plus loin, dans la génération: 1722-1752.
Ce qui est proche de la date proposée par Levtzion.
Selon Froelich, Nungu payait encore tribut aux Tyo-
kossi en 1905
(3). Les traditions des Gulmanceba ne confirment
pas cette information. Par contre elles font état des relations
suivies entre Macakoali et Sansa~né-Mango. Un roi de Sansanné-
mango mourut à Macakoali. Comme dédommagement de la mort du roi
sur son diema,le bado de Macakoali envoya des femmes. Et depuis,
tous les ans,
jusqu'au début de la colonisation, ce don fut re-
nouvelé, accompagné de chevaux
(4). Les traditions recueillies
à Macakoali ne rapportent pas cette coutume. Mais elles confir-
ment qu'un certain Aweni - peut-être une déformation de FEME -
titre des rois de Sansanné-Mango - est venu de la capitale des
(1) Molex, op.cit. pp.10 -
Il.
(2)
Rey-Hulman, Diana, Les Bilinguismes littéraires, significa-
tion sociale de :a littérature orale chez les Tyokossi,
thèse de Doctorat de 3ème cycle 1977, p.133. Elle écrit
"Matsokola".
(3)
Izard,M. T.2. op.cit. p.233.
(4) Diana Rey-Hulman, op.cit. p.133.
124
Tyokossi avec Yenkoari
(26è bado) qui y avait séjourné (5). Awe-
ni est encore cité dans la liste chantée des batieba de Macakoa-
li, comme Kofeldu
(Kofelsi), bado de We, également mort
à
Macakoali. Tout ceci confirmerait la tradition rapportée par
Molex : le Nu~ado Yembrima, successeur de Yendabri, chassa un
bado
de Macakoali qui se réfugia
à Sansanné-Mango
(2). Tontuo-
riba
(39è bado l887-l896) chassé par les français en 1897, se ré-
fugia aussi à Sansanné-Mango où i l mourut.
Diana Rey-Hulman qui écrit chef "bapo" - déformation
de boopo , titre du bali de Macakoàli -
croit à tort qu'il fut chassé
par les Allemands. Le chef de Mango, Natchaba, envoya des femmes
à Macakoali, en compensation "de l'homme mort sur son territoi-
re"
(3).
Les relations entre Sansanné-Mango et les batieba du
Gulma furent variées. Aux rapports amicaux avec Macakoali s'op-
pose la rivalité avec Nungu.
(l) Waali, Danguma, et Tankpano, Gabado, Macakoali,
6.4.1976.
(2) Molex, op.cit. p.ll.
(3)
Rey-Hulman, Diana, op.cit. p.134.
125
CONCLUSION
-=-=-=-=-=
Les riches relations entre Gulmanceba et Tyokossi
ne permettent cependant pas de comparaison chronologique préci-
se. "Le chef de Mango, Kokouan Aouanou" dont parle Molex n'est
pas pour l'instant identifiable.
Nous pouvons tout au plus situer les règnes de Tan-
cari, Lisongi et de Yendabri, batieba de la dynastie de Nungu
qui eurent à lutter contre les Tyokossi sous le règne de Berna
Bonsafon, fondateur de la dynastie de Mango, que Levtzion place
dans l'estimation générationnelle 1740-1780.
IV - RAPPORTS AVEC LES PEUL -
Les rapports Gulmanceba-Peul furent tendus. Les Gul-
manceba furent chassés du Yaga et du Liptako qu'ils dominaient
au début du XIXème siècle
(1810/1811)
(1). Les Peul du Torodi(2)
firent de nombreuses razzias dans les dierna de Gulmanceba limi-
trophes. Le Gwandu exerça aussi une pression sur la région de
Botu
(3). Boubou Hamma parle d'un voyage d'''Abdoulaye Dan Fodio"
(1) Nous y reviendrons plus loin.
(2) Le Torodi a été fondé au XVè siècle par un clan Torobe venu
du Liptako conduit par Dello et Say vers 1800 par Alfa Moha-
med Diobo, marabout originaire du Massina.Séré de Rivières
op.cit. p.91.
(3) Ousmane dan Fodio
(1757-1817)
après avoir fondé son immense
empire dans le Soudan Central,le scinda en deux. A son fils
Mohammed Bello il donna le commandement de l'Est et celui
de 1·' Ouest à son frère Abdallah. Ce dernier installé à Gwan-
du, ne contrôlait plus à partir de 1850 que la région qui en-
tourait sa capitale.Ki-Zerbo,Joseph.Histoire de l'Afrique
Noire, D'Hier à Demain, p.364.
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127
roi du Gwandou, èn 1211 de l'année musulmane
Il visita IIChambalgou Il
(Sanbalgu)
(près de Botu), Fada N' Gouma
et Tangaï
(village entre Fada et Koupéla). Les traditions re-
cueillies ne confirment pas cette information. Ce voyage pacifi-
que du Roi du Gwandu
peut,
néanmoins avoir eu lieu.
Dans l'ensemble le Gulma, malgré les nombreuses expé-
di tions des Peul, résista à l ' hégémonie Peul.la corrparaison des listes
. d'Emirs
avec
des listes dynastiques de diema de Gulmanceba permet de da-
ter dans la deuxième partie certains evènements du XIXè siècle;
notamment les guerres Gulmanceba-Peul, mais ne permet pas de
~emonter avec certitude au-delà.
v - DATE INDICATIVE DE L'ARRIVEE DES BURICIMBA DANS LE GULMA -
Peut-on proposer une date d'arrivée des Buricimba
dans le Gulma ? Cela ne peut-être qu'à titre indicatif. Les rap-
ports Gulmanceba-Peuples voisins ne nous permettant pas de com-
paraisons précises, nous nous baserons sur les listes dynasti-
ques qui nous semblent sûres = celles de Nungu, Con et de Kuala.
La durée moyenne de génération est de 30 ans
(voir listes ci-
contre) •
La liste dynastique de Nungu (Liste I) donne XX géné-
rations
(ou XIX)
et place Lompo dans l'estimation générationnel-
le 1362-1392 ou 13~2-1422. La liste de Con (liste II) donne XVII
(ou XVI)
générations et Lompo est situé dans l'estimation géné-
rationnelle 1450-1480 ou 1480-1510."La liste de Kuala
(liste III)
!
128
donne XVI
(ou XV) générations et place Lompo dans l'estimation
générationnelle 1477-1507 ou 1507-1537. En prenant les dates
extrêmes, nous pouvons placer l'arrivée de
Lompo entre 1362
•
et 1537, c'est-à-dire du milieu du XIVè siècle au milieu du XVIè
siècle.
En faisant une somme des dates données par les trois
listes, dates de début de génération et dates de fin de généra-
tion de Lompo}, nous obtenons les moyennes suivantes
1} -
1362 + 1392 + 1450 + 1480 + 1477 + 1507 = 144J62 soit 1446
6
2}
-
1392 + 1422 + 1480 + 1510 + 1507 + 1537
1474,6 soit 1475
6
Nous plaçons de façon conjecturale, l'arrivée des Bu-
ricimba dans le Gulma entre 1446 et 1475, en gros au XVè siècle.
Faisons un autre calcul avec les durées de règne données par
Tankpano pour Nungu = 18~ Yenhanma = 9 ans; 19~Yencinma (17 ou
12 ans,
14,5 en prenant la moyenne);
2Z e Yaabinpariju
(29 ou 30
ans,
29,5 en prenant la moyenne);
20 e Yencabri
(3 ans);
21~Yem-
paa1ui
(4 ans);
23~ Yenkoui (12 ans). En laissant de côté Yen-
tugi qui n'a régné que 13 jours en 1892, nous avons au total 6
batieba qui régnèrent pendant 72 ans,
soit une moyenne de durée
de règne de : 72/6 = 12 ans.
De Lompe (2°)
à Yenkoar.i(23°)
mort en 1892, il Y a
eu au total 22 patieba. La date indicative d'accès au pouvoir
de Lompo se situerait donc en =
1892 -
(12 x 22)
= 1892 -
264
= 1628.
L'écart entre cette date et celle obtenue par esti-
mation des générations
(XVO siècle) est énorme. Il y a lieu de
penser que les régnes des premiers batieha furent longs.
VI - LE DIEMA DE NUNGU 'ET L'AUTORITE DU NUNBADO
ROYAUME OU ROYAUMES DE GULMANCEBA ?
1) - LA NOTION DE DIEMA -
Diema signifie littéralement "commandement". Le mot
vient du verbe 0 die
(il commande). Le même verbe est utilisé
dans le sens de posséder = gma ya die han ka ne, "à
qui appar-
tient cet animal". Celui qui die quelque chose a autorité sur
elle.
Diema est un terme relationnel lié à la notion de
territoire. On parle du diema
d'un bado
(bedo), quelle que soit
sa puissance. Le diema
du chef supérieur
(Kuamba dans le Nord-
Gulma)
est composé de plusieurs diema de chefs inférieurs
(Kom-
bala). On a ainsi des diema et des sous-diema :
'.f
13U
,
.
;d.
(. ," ,.
Territoire
Autorité PIiJiJd:f!a:e
dierna
~~==:±:==» Chef supér ieur = Kuamba
diema diema
diema (t(==~=~> Kornbala (sing-Kombali)
\\...
J
v
chacun de ces dierna
peut être considéré
comme un sous-diema
Des rivières et collines sont "les bornes" qui per-
mèttent la délimitation des diema . Chaque bado
(bedo)
connaît
bien les limites de son diema.
2)
- LE DIEMA DE NUNGU ET L'AUTORITE DU NUNBADO -
Comme nous l'avons signalé plus haut, c'est Yendabri/
vainqueur des Tyokossi qui établit sa capitale à Nungu.
Il y
trouva Bantagrna, bado du clan des Natarnaarnba, qui lui laissa
la place et alla s'installer à Bugi
(10 km à l'est de Nungu).
Il Y avait eu déjà des rela~ions entre la dynastie du Nunbado
et les habitants de cette localité. Molex écrit que Untani "fils
de Lelidiabo, fille du chef de Nungu"
fit plusieurs séjours à
Nungu oü i l faisait ses sacrifices et oü ses "vassaux" "Yanga,
Bizougou", venaient lui rendre leurs hommages et lui porter leurs
présents"
(1). Tankpano Janja rapporte de son côté que les
(1) Molex, op.cit. p.7.
131
LE GULMA A LA VEILLE DE LA CONQU~TE COLONIALE (1895)
CARTE N° 9
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132
Natamaamba demandèrent auparavant l'aide de Kujuabongu pour bat-
tre Jakpangu avec lequel ils étaient en guerre
(1). Kujuabongu
a probablement exercé une lointaine suzeraineté sur cette région.
Nungu viendrait de 0 nu
"il sent". Plus tard les
haoussa
(commerçants)
lui donnèrent le nom Bojo dont parle Barth
(2)
et de "Fada N' Gourma" qui signifie
"le palais ou la rési-
dence royale du Gourma"
(3). Cette explication est reprise par
Delafosse,
"Fada N' Gourma" c'est-A-dire dans la langue haoussa,
"capitale du Gourma" (4). Selon Angelier, Fada signifie "péage"
en houassa
(5). L'orthographe
exacte donnée par Boubé Gado s'é-
crit Fadan Gourma
(6). Il veut dire Grand-Centre ou capitale du
Gulma. Ceci montrè l'importance des relations des Gulmanceba
avec le pays houassa.
Le Nunbado exerçait son· autorité directe sur Nungu
(voir carte nO
'q ). D'Où son nom Nunbado (le bado de Nungu) •
Il exerçait également une lointaine domination sur les diema des
batieba
qui n'étaient pas de la lignée de Lompo. Les dynasties
qui en étaient issues le considéraient simplement comme le Nik-
pelo
(l'aîné)
de la lignée.
(1) Tankpano, Janja, op.cit. 28 avril 1976.
(2) et (3)
Barth Heinrich, Travels and Discoveries in North and
Central Africa, being a Journal of an expedition, T.3.pp.
184 et 185.
(4) Delafosse, Haut-Sénégal et Niger. p.311.
(5) Angelier, Marcel. Essai de monographie d'un canton gourmant-
ché : le canton de Diapangou;
1958, Fada N'Gourma, le 29
avril 1958.
(6)
Boube Gado,
le Zarmatarey, Mémoire de maîtrise, Université
Paris, VIII.
133
La parenté qui liait les Buricimba se manifestait dans
des comportements. Naaga
(bado de Maajoari)
était considéré en
principe comme le nikpelo de tous les Buricimba, étant issu de
la branche aînée. Il n'était pas nommé par le Nunbado et ne se
décoiffait pas devant lui. Lorsqu'ils se rencontraient ils s'as-
seyaient .ensemble sur la même peau. En réalité Naaga était nik-
pelo de droit mais c'était le Nunbado,
le plus puissant et re-
connu comme successeur de Jaba Lompo, qui l'était de fait.
Jafuali
(bado' de Pamma)
suivait dans la hiérarchie (1) .
Il considère le Nunbado
comme son égal et non son supérieur. Ja-
fuali n'était pas nommé par le Nunbado
et ne se décoiffait pas
non plus devant lui. Ils s'asseyaient également, en cas de ren-
contre, sur la même peau. Le Nunbado
et Jafuali se désignent ré-
ciproquement sous le terme n'natanu
(mon frère ou mon parent) •
Leurs rapports furent souvent des rapports de rivalité, voire
d'inimitié.
Bilanbedo
(bedo de Bilanga)
et tous les betieba du
Nord-Gulma qui descendent de Lompo sont appelés n'yaabila "mes
petits-fils" par le Nunbado. Il n'est pas impossible que les
batieda de Kujuabongu aient exercé au début une certaine autori-
té sur Bilanbedo. Des traditions du Nord-Gulma rapportent que
"Balemba', avant de mourir, ordonna à ses enfants d'aller deman-
der les insignes du bali à Nungu
(Kujuabongu)". L'autorité des
(1)
Le Gaani de Jafuali est Wombo.
',i
134
batieba de Kujuabongu fut plutôt théorique que réelle. Elle s'es-
tompa rapidement. La longue distance y aida sans doute. Bilanga
est situé à environ 230 km du site de Kujuabongu et Kuala, le
bali le plus septentrional, à environ
320 km. La coupure entre
le Nord-Gulma et le Sud-Gulma fut nette, même après l'installa-
tion de la dynastie du Nunbado à Nungu
(l). A la veille de la
conquête coloniale,
le Nunbado ne nommait aucun bedo du Nord-
Gulma. Mais tous les betieba de la région se décoiffent devant
lui
(2). De nombreuses guerres émaillent les relations entre Bi-
langa et Nungu.
Boopo
(bado de Macakoali)
était considéré par le Nunba~ ,
do comme son palefrenier. Et lorsqu'il venait à la cour du Nun-
bado, i l s'acquittait symboliquement de cette tâche avant de ve-
nir le saluer
(3). Le Nunbado ne nommait pas Boopo, mais celui-
ci se décoiffait devant lui. De nombreuses guerres jalonnent
également les relations entre Nungu et Macakoali.
Au point de vue de la division territoriale,
le Gulma
se présentait de la façon suivante à la veille de la conquête
coloniale
(l89S)
1 - Le diema de Nungu : sur lequel s'exerçait l'autorité directe
du Nunbado
(voir carte nO 9
) .
(l)
Elle est comparable à celle qui existait entre les royaumes
mossi de Ouagadougou et du Yatenga.
(2) Tous les batieba du Nord-Gulma peuvent être salués sous le
nom Lompo.
(3)
Fils légitime de Banyidoba, i l servit de palefrenier à son
père avant d'être envoyé commander à Jabonga
(Macakoali).
Il ramassait d'abord du crotin de cheval avec son boubou.
, i
13~
2 - Les diema indépendants du Nunbado : Maajoari, Pamma, Tarnbari-
ga et les diema du nord: Bilanga, Piala, Bongandini, Con et
Kuala, Macakoali et Namuno
(diema
villageois)
détenu par
les descendants de Suabado
(le chef qu'on y a trouvé)
en
raison du pacte conclu entre leur ancêtre et Jaba Lompo.
3 - Les diema
autonomes :
a)
- Jakpangu
qui tout en reconnaissant la suzeraineté du
Nunbado, a toujours été en guerre avec Nungu. Le bado
de Jakpangu était considéré comme un des grands Tadarnba
(chefs de guerre)
du Nunbado.
b)
- KparcagatYanjua
(?ado de Kparcaga)
était considéré aus-
si comme un grand Tadano du Nunbado
(1).
c)
- Le Gobnangu de Maali.
d)
- Jabo
e)
- Les diema Yanse
Komin-Yanga
(Laamigu), Sudugi
(Nabangu), Kamséongo,
Yonde
(Yutenga).
Les traditions de toutes ces localités affirment que
leurs.chefs ont toujours été nommés par le Nunbado.
"Ils ache-
taient le bali
à Nungu". Sans ignorer le r~nforcement du pouvoir
du Nunbado pendant la période coloniale, nous pensons que son
lointain contrôle sur les diema
yanse était réel.
(1) Luona Tankpano, Benbado de Kparcaga, 5 avril 1976. Yanjua
était également considéré comme palefrenier du Nunbado et
s'acquittait symboliquement de cette tâche avant de venir
saluer.
136
f)
- Les diema villageois : situés tous dans le Gobnangu
(diema de Maali). Villages où règnent des descendants
de Jaba Lompo : Madaaga et Logbu
(descendants de Yen-
dabri)
Lampankpeli
(et Lampansiga), Nagare et Saboari-
ga
(descendants de Niima), Bojaga
(descendants de Tu-
kulmu).
( l ) .
- Villages où règnent d'autres dynasties
: Kocari
(ou
Dagudeni) où règne une famille de Gmaamba; Diabondi
(diema
de Segbado : titre de ce bali)
où règne une
famille du nom de Tankpano.
Les premiers villages dépendaient directement du Nun-
bado qui nommait leurs batieba et non de Maali
(titre du bali_
du Gobnangu) d'une autre origine, bien qu'étant sur son terri-
toire. Nous ne savons pas encore pourquoi les deux derniers vil-
lages relevaient directement du Nunbado.
Il est intéressant de remarquer que l'autorité du Nun-
bado est fonction de l'existence de liens de parenté ou non avec
les dynasties du Gulma. Les premières dynasties de Buricimba,
Maajoari, Nungu et Pamma - de la même génération -
sont traitées
sur le même pied d'égalité, bien que le Nunbado soit considéré
comme le nikpelo • Les dynasties de Buricimba, crées par les
petits-fils de Jaba Lompo, viennent ensuite dans la hiérarchie.
Ces dernières sont cependant indépendantes de Nungu. Elles recon-
naissent néanmoins en la dynastie de Nungu, l'aînée de toutes
les dynasties issues de Jaba Lompo.
(1) Communication de Michel Cartry, Paris, le 24.10.1977.
137
Remarquons l'existence, dans la hiérarchie des batie-
ba, de deux pouvoirs: l'un est lié à la puissance effective
d'un bado~tendue de son territoire, population nombreuse de
son diema .~.}et l'autre à la primogéniture.
Pour les Buricimba l'autorité du Nunbado est d'ordre
moral. Les autres dynasties reconnaissent une autorité politique
au Nunbado. D'une façon générale les dynasties issues de Jaba
Lompo sont considérées comme supérieures aux autres. Ainsi les
diema villageois du Gobnangu, détenus par des dynasties de Bemba
(Buricimba)
sont sous l'autorité du Nunbado au même titre que
Maali, sur le territoire duquel ils s'y trouvent.
3)
- Royaume ou Royaumes des Gulmahceba? Etat ou Nation ?
Le terme dynastie
(buricindieg~ = litt. Maison des
Buricimba)
s'applique bien aux familles régnantes. Le terme chef-
ferie peut être utilisé pour désigner le commandement ou diema
d'un bado. Mais le terme royaume s'applique mieux aux diema dont
nous avons parlé ci-dessus -
le diema
est sous l'autorité in-
contestée du bado, qui détient tous les pouvoirs.
Il n'y avait donc pas de royaume de Gulmanceba, mais
des royaumes de Gulmanceba. Les diema
indépendants étaient des
royaumes indépendants les uns des autres. Les diema autonomes
étaient des royaumes sous le lointain contrôle du Nunbado. L'en-
semble des royaumes formaient une sorte de confédération dans
136
laquelle le Nunbado était le primus inter pares.II manque une
centralisation à lléchelle de llensemble du Gulma.
Nous réservons
la discussion de la notion d1Etat
dans un travail ultérieur; concernant celle de Nation, nous
pouvons dire que chacun des trois peuples qui habitent le Gulma
constitue une Nation.
Les rapports entre les royaumes et les batieba du Gul-
ma décrits ci-dessus, bien que dégradés,
se poursuivent encore
de nos jours. L1administration coloniale a renforcé llautorité
du Nunbado en faisant de lui le"chef supérieur du Gulma",
"le
Roi du Gulma". C1est pourquoi i l prétend quelquefois maintenant
qu1il nommait tous les batieba du Gulma. Et essaie de le faire
passer dans les faits.
(1).
Tous les auteurs coloniaux ont surestimé le pouvoir
du Nunbado. Davy énumère avec minutie les "redevances" que pay-
aient les batieba
du Gulma au Nunbado. Or ce dernier ne rece-
vait que des cadeaux non obligatoires de la part de batieba .
(1) Ainsi pour llintronisation coutumière de Boopo, en 1976,
il envoya une délégation. Alors que Boopo, comme les autres
batieba des diema indépendants dont nous venons de parler,
se nommait dans son diema et informait simplement le Nunbado
de son avènement au bali ).
139
A aucun moment de leur histoire les royaumes des Gul-
manceba ne formèrent un front uni contre un envahisseur étranger,
comme ce fut le cas pour les Bariba lors de la guerre d'Illorin
en 1831. La guerre contre les Tyokossi ne concerna que le Sud-
Gulma.
Les royaumes des Gulmanceba se sentaient néanmoins unis
par un sentiment de fraternité et par la culture. Ils préservè-
rent leur indépendance vis-à-vis des royaumes et empires qui se
formèrent dans la boucle du'Niger.
A la veille de la conquête coloniale, à la suite d'une
querelle
de succession à Nungu,
le Gulma était profondément di-
visé. Ce qui facilita la conquête française:
1895-1897.
< /
140
Liste donnée par Janja
Tankpano
2~8~~~~===-
2~9.Yentangu
,,
2'7. Harnicuuri
.
2'S. Bancandi
..
~ --
..... _- ....... _....
~_
~o.Yencabri
2I.Yernpaab-~u------23.Yenkoari
~~.j-~'~.~-~-~-~-~-~-~~~~~'
~~_._:enha~,:- ~ ~~ - ~ ~=~~-~~=~~J~
.
~_~2. Yaabinparigu
17.Baaharnrna
,,
16.Yernbrirna
If
IS.Yendabri
1:
14.Lisongi
f,
13.Tancari
f
12.Kambarnbi
r~II.Boagri
;--Karnpariboagri:>~O.Gori
:-_-_--_--------------
c
a _ _ :
9 :-Niima
11
?
8. Tukulm]]
~.Niima
If - - - - - - - - - - - - - - .'
7. Tontuoriba
1:
6. Labidiedo
1:
S. Banyidoba
E
4. Untani
~3. Tidarpo
ft2. Lompo
_ _ r r r _
_
r r _ _ _
_
_ _ ~
_
_
l. Jaba
_______ : Transmission du pouvoir politique
---------~------------:Filiation
141
CHAPITRE
V
-=-=-=-=-=-
ESQUISSE DE L'ORGANISATION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE
DE NUNGU
l
-
CHOIX ET INTRONISATION DU NUNBADO -
Il n'y a pas de rigidité dans les règles successorales.
La succession ne semble pas avoir été de père en fils aîné comme'
l'ont écrit Davy et Chantoux. Nous avons vu plus haut que Lompo
lui-même ne voulait pas que son premier fils, Minkanja,.lui suc-
cédât, mais son troisième fils, Tidarpo. Nous savons aussi qu'a-
près la mort d'Untani
(Sè)
une querelle de succession s'ensuivit.
Les deux premiers fils furent écartés par le troisième, Banyiro-
ba.
(Voir liste ci-contre).
Tout barijo qui se sentait capable, pouvait faire acte
de candidature
au bali, pouvoir politique, que nous tente~ons
de définir dans la troisième partie.
En principe, dit notre informateur
(1),
la désignation
du Nunbado se faisait par un "collège électoral" de quatre,Komba-
la : 1. Teidano qui assurait l'intérim;
2. Odano;
3. Diebado et
4. Tambado. 0 Borinatanu et les Tambipwa»a jouaient également
un grand rôle.
(1)
Notre principal informateur est Janja Tankpano,Nous précise-
rons à éhaque fois qu'il s'agira d'un autre informateur.
142
A)
- Les Membres du"Collège
Electoral" et choix du candidat-
1 • Teidano
(Toidano)
L'ancêtre de Toidano est un fils d'un bado de Pamma.
Untani,
3è bado de Kujuabongu le demanda auprès de lui
(1). Avant
de mourir i l le chargea de faire respecter sa volonté : que son
troisième fils, Banyiroba,lui succède. Conformément à ce voeu,
les deux premiers fils furent écartés du bali • Depuis cette da-
te un membre de la famille de ce fils de Jafuali, nommé Toidano
(déformation: Teidano)
assure l'intérim pendant la vacance du
pouvoir
(2). Il garde le diegu du bado défunt pendant sept jours,
afin qu'aucun candidat ne s'y introduise. Au bout de ces sept
jours, un successeur devait être nommé.
C'est un Kombali très important. Sa voix est détermi-
nante au sein du "collège électoral". A la cour, i l a son hangar
situé en face de celui du Nunbado. Quand i l vient i l se décoiffe
devant le bado et part s'asseoir sous son hangar.
Toidano ou Taidano signifie "chef de guerre". L'ancê-
tre qui commença ce kombali fut un grand guerrier. Le Toidano
(1)
Le Toidano actuel a confirmé que le Kombali commença effec-
tivement sous Untani.
(2)
Il Y a aussi une effigie du bado défunt, nommé Ku Sulungu,
qui vient s'emparer des habits du défunt et s'installe dans
le diegu. Pendant la vacance du pouvoir i l représente le
bado,défunt et est salué comme tel. Une fois qu'un nouveau
bado est nommé, Ku Sulungu s'empare de toutes les affaires
surtout habits)
du défunt et disparaît. Communication de
Cartry. Paris, 1977.Ses informateurs sont Ganohanla Onaja
et Sibo Paalo.
'
143
porte le nom Onaja et est descendant de Jaba Lompo. Il dirige
un quartier du même nom.
2 • Odankarma ou Odano .
Cette charge fut créée par Tukulmu, bado bien connu
pour sa méchanceté. Entre autre, i l faisait exécuter ses enfants
qui ne lui ressemblaient pas et leurs mères. Une de ses femmes
qui accoucha
en dehors du badiegu, abandonna l'enfant et s'en-
fuit. Ce dernier fut récupéré par un vieux sage qui décida de
mettre fin aux actes insensés de Tukulmu. Il prit soin un jour
de rassembler devant la cour, avant la parution du bado, des
poules avec leurs· couvées, des juments avec leurs poulains, des
vaches avec leurs veaux, des moutons avec leurs agneaux, des
chèvres avec leurs cabris •.. Puis i l lui dit de remarquer la
différence de pelage entre les vaphes et leurs veaux,
les mou-
tons
et leurs agneaux . . . Tukulmu reconnut son erreur et mit fin
à ses actes. Il se serait écrié: 0 Kaarin po ya lin bia,"il a
enlevé pour moi ce qui est mal". C'est de là que viendrait le
titre du Kombali : Odan-Karma. Il demanda en effet au vieux sage
de rester dans le cancanli et,par sa fonctionJde continuer à lui
épargner du mal
(des mauvais esprits).
L'actuel Odankarma donne la même version, quoique peu
développée :
" Un vend~ed~,
j'a~ (monaneêt~e)
6a~t ~a~~embte~ de~
poutet~ avee teu~~ eouvée~, de~ vaehe~ avee teu~~ veaux, de~
mouton~ aveQ leu~~ agneaux, de~ Qhèv~e~ aveQ leu~~ Qab~~~.
Et
quand
~l (le bado) e~t ~o~t~, je le~ lu~ a~ mont~~. Et je lu~
a~ d~t de ne plu~ tue~ ~ e~ en6ant~. N' Kaa~o 0 po ye," j' a~ enle-
vl ain~i pou~ lui (Qe qui e~t mauvai~ )". Je ~ui~ une pe~~onne
de Sugulu (pa~don). C'e~t mon t~ava~l a la QOU~ (1)".
Avant de mourir le vieux sage, proposa à sa succession,
l'enfant qu'il avait recueilli et élevé, fils de Tukulmu, mais
dont celui-ci ne savait rien. On cacha également à l'enfant son
origine. On lui attribua le nom Paalo au lieu de Combianu. Il
fut néanmoins considéré, en raison de son origine
(connue par
les autres Kombala)
et de l'importance de sa charge/comme le
Nikpelo (aîné)
de tous les Kombala; une sorte de "premier Minis-
tre" .
Sa fonction à la cour
consiste à réveiller le bado ,
le saluer le premier, et à toucher ses habits avant qu'il ne
s'habille, dans le but d'écarter tout mauvais esprit. Il peut
demander également la grâce des personnes condamnées.
3 • Diebado .
Nous avons vu plus haut qu'à la mort de Lompo, Tidarpo
fut exilé à Tambariga avec sa soeur, après la prise de pouvoir
par son frère Minkanja. Celui-ci fut tué par son autre frère King-
ma, auquel i l avait crevé les yeux. Ne pouvant régner, Kingma
(l) Odano Paalo Yentema, Nungu le 18 juin 1976.
envoya un forgeron à la recherche de Tidarpo. Il emporta, comme
preuve, ses habits et son bracelet d'enfance. Jouant de la flû-
te et chantant, Minkanja
ye, 0
Bendogu ya . . . " Minkanja n'est
plus, le Bendogu est vide
(il y a vacance du pouvoir) ", i l finit
par retrouver Tidarpo et le ramena.
En récompense Tidarpo le
nomma diebado,
"celui qui commande le bado". Sa fonction, dans
le cancanli, consiste à balayer le cancanli. La famille déten-
tri ce de ce bali
porte le nom Naba
(1).
4 . Tambado ou Tambedo .
Nous ignorons encore quel Nunbado créa le Kombali de
Tambado. La famille détentrice de cette charge est venue du Gob-
nangu et porte le nom Yonli
(2). Il était le chef de la cavale-
rie (3).
Toïdano et Odankarma sont de la même descendance que
le Nunbado Diebado et Tambedo
ni en
sont pas.
J
5 • Le choix du candidat .
c'est ce "collège électoral" qui se réunissait et éli-
sait le Nunbado. On consultait auparavant les Tambipwaba pour
savoir parmi les Qerijaba c&ndidats au bali, notamment les fils
(1)
Diebado correspond au Samand-Naba de la cour du Mogho-Naba.
(2) Yentagma Yonli, Tambado, Nungu, le 18.6.1977.
(3)
Le Tambado correspond au Tansoba ou Tapsoba des cours des
naba mossi.
146
du bado défunt, celui dont le règne était de bon augure, ce der-
nier était choisi
(1). Les rapports de forces en présence entre
les différents
dieru
influaient sur la décision du "collège
électoral", de même que la conduite du Nunbado défunt ou de cer-
tains barijaba. Ceux-ci préparaient à l'avance leur terrain en
faisant de nombreux cadeaux
aux membres du "collège électoral".
Généralement avant de mourir, du moins
autrefois, un bado pou-
vait essàyer, par sa conduite à l'égard des membres "du collège
électoral", d'influencer celui-ci en faveur d'un de ses fils
(2) •.
Certains batieba (Yendabri)
désignèrent leur successeur; mais
leur choix était rarement respecté~
Il arrivait quelquefois qu'un barijo très influent s'im-
posât de force au collège électoral. Ce fut le cas de Karnpadiboa-
gli qui tua son neveuJfils du bado défunt Gori, et se fit procla-
mer bado
(3).
Malgré tout cela, le rôle des membres du "collège élec-
toral" était très important, notamment celui du Teidano. Ce der-
(1)
Le Mogho-Naba était élu par un "collège électoral" composé
comme suit : le Widi-Naba
(chef des chevaux et sorte de Pre-
mier-Ministre); le Gounga-Naba
(Ministre à compétence mili-
taire), le Tansoba
(chef de la guerre); le Larlhé-Naba
(ayant
des attributions militaires et chargé des sépultures royales)
le Baloum-Naba (surintendant du palais et gardien du Tibo) ,
le Kamsaogho-Naba
(eunuque chargé du harem). Ki-Zerbo, Joseph
Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Hatier Paris
1972 p.256.
(2) Les enfants de batieba
connus pour leur méchanceté étaient
souvent écartés du bali.
(3) Chantoux, Alphonse. op.cit.p:21.
147
nier
était chargé de la surveillance de la grande porte d'en-
trée du diegu du bado défunt. Car pendant la vacance du bali,
si un barijo candidat àu bali, arrivait à entrer par subterfuge
ou de force dans le diegu du défunt, i l était obligatoirement
reconnu comme son successeur. Dans tous les cas la décision du
•
"collège électoral" était déterminante. Les exemples des choix
de Yaabinparigu
et de Bancandi sont éloquents à cet égard. A-
près la mort de Yempaabu, Taja, fils de Yembrima, fut d'abord
choisi
par les Kombala comme bado. Deux jours après le début
de son intronisation, ils changèrent d'avis - peut-être après
d'autres consultations de Tambipwaba -
et voulurent le remplacer
par Yaabinparigu. Un stratagème fut alors monté pour lui faire
quitter sa maison d'intronisation. On fit un grand tapage
la nuit: coups de tams-tams, cris
A Taja qui s'enquit de ce qui se passait
i l fut répon-
du que Nungu venait d'être envahi par des ennemis. Les Kombala
le convainquirent de sa malchance et le malheureux s'enfuit de
sa maison de retraite. Le vieux'Yaabinparigu fut intronisé à sa
place.
En 1892, après la mort de Yenkoari, Bancandi fut choisi
par le "collège électoral" écartant ainsi son frère aîné Yentu-
gri qui avait eu des démêlés avec le Teidano d'alors. Il ne s'in-
clina pas mais alla demander aide à Jakpangu et à Bilanga afin
de renverser son petit-frère.
1 4B
La conséquence fut une guerre fratricide atroce qui
persistait encore à la conquête française et la favorisa
(1).
B)
- L'intronisation coutumière -
1 • Le candidat choisi était averti discrètement. La
veille du jour où débutait l'intronisation coutumière, i l se fait
accompagner par ses intimes, aux environs de minuit, chez le
Teidano. Ce dernier le reçoit sous son nom de barijo. Il s'as-
seoit dans la cour. Le Teidano, après quelques instants de si-
lence,
le raccompagne et lorsqu'il franchit le cuuli, i l lui dit
de ne plus "remettre les pieds" dans son diegu. Et à partir de
ce jqur et pendant tout son règne, le bado ne-mettra
plus ja-
mais le pied, chez le - Teidano
(2).
Suivant une coutume dont nous ignorons encore l'origi-
ne, tout prétendant qui entrait dans le cuuli de Teidano, de-
vait être choisi d'office comme successeur du bado défunt
(3).
2 . De chez Teidano i l se rend chez 0
Barinatano
(princesse jouant le rôle de reine)
(4). Là on lui fait "boire"
des buli après qu'il ait juré de ne pas être cruel pendant son
règne:
"Si je deviens tyrannique, que ces buli me tuent. Mais
(1)
Nous y reviendrons par la suite.
(2) Nous n'avons pas encore obtenu d'explication concernant
cette coutume.
(3) Teidano, Nungu le 6 août 1975.
(4)
Nous y reviendrons.
149
si un de mes sujets essaye de me déshonorer, que ces buli le
tuent". Après ce serment on lui met un boubou, un pantalon et
un bonnet, cousus dans vingt-et une bandes de cotonnade .
3 . De chez a Barinatanu il se rend, toujours à cheval,
dans le diegu du bado défunt. Avant d'y pénétrer i l donne des
cadeaux
(argent, femme .•. ) à Teidano, chargé de la garde de la
porte. Il se rend dans la maison de la première femme du bado
défunt, celle qui doit préparer le sala pour le premier sacrifice.
Il fait un sacrifice de boeuf.
4 • Après le sacrifice, le postulant se rend dans une
.
famille, dont l'informateur a oublié le nom, gardienne du brace-
let du géant Untani. Ce bracelet de Untani est tellement grand
que nul ne peut le porter de nos jours. On le lui montre pour
lui dire de suivre l'exemple de Untani qui, malgré sa grande tail-
le et sa force légendaire, fut un bado pacifique et bon.
5 . Ensuite i l se rend dans une famille de forgerons.
Il s'asseoit sur l'enclume, après un coup de marteau frappé par
le forgeron symboliquement; c'est pour renforcer son pouvoir et
probablement pour l'inviter à endurer tous les "coups"
(vexations)
de ses sujets.
6 . Après cette "stabilisation de son pouvoir" i l se
rend dans une famille de Combianu, écartée depuis longtemps du
bali. Là on fait un pronostic sur son règne. Il choisit,
les yeux
bandés sa "tabatière " - tabciiga - un sachet dans un tas de
sachets contenant respectivement du sable, des flèches, des
lances, du gros mil, du petit mil ••. S'il a tendance à choisir
un sachet d'armes, on l'en empêche. Mais on le laisse faire à
la troisième reprise. Son choix est interprété: s ' i l choisit
les lances cela signifie qu'il y aura guerre pendant son règne.
S'il choisit le sachet de gros mil, on dit qu'il y aura de l'a-
bondance sous son règne;
le gros mil produira beaucoup. Et ain-
si de suite . . .
7 • Après le choix de sa "tabatière" au cours de la
même nuit, le postulant se rend maintenant dans la maison de re-
traite, le Kuogidieli
. Elle est choisie auparavant après con-
sultations des tambipwaba. La retraite dure sept jours. On lui
fait "manger" force nyoagisi et on lui donne une éducation
(com-
ment faire un sacrifice? On lui apprend la liste des batieba,
etc •.. ) :
"C'e6t la mal40n dan4 laquelle on m'app~end la ll4te
de tOU4 le6 batleba et le4 nom4'de leu~ mè~e. C'e4t là qu'on me
donne tOU6 le4 eon4ell4 eonee~nant l'exe~elee de ma nouvelle
6onetlon de Nunbado"
(1).
La retraite prend fin le 7è jour et le bado apparaît
pour la première fois en public. C'est le jour du Tanpugu. Les
différents groupes sociaux et les Kombala viennent le saluer en
signe de soumission, et lui souhaiter bonne chance. Le nouveau
(1)
Yentangu Combianu, Nungu le 15 janvier 1976.
. . . .-.':C
-
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1S l
Nunbado commence son règne à partir de ce jour
(1). Il est ga-
rant de l'intégrité du territoire et de l'application des insti-
tutions du diema.
Il administre son diema avec l'aide de ses Kom-
bala.
Itinéraire suivi par Yentangu qui a fini son
intronisation le 30 mai 1975 -
"J'aJ.. JLe..pJLJ...6 l'J..;tJ..néJLaJ..JLe.. que.. l'élu (le.. bado e...6t élu
maJ..nte..nant paJL la populatJ..on de.. la vJ..lle.. de.. Fada) doJ..t 6aJ..JLe..
1 • Che..z le.. Te..J..dano.
C'e...6t luJ.. quJ.. choJ...6J..t le.. bado. En ca.6 de..
vacance.. du KombalJ.., un me..mbJLe.. de.. la 6amJ..lle.. déte..ntJLJ..ce.. pe..ut
.6e.. chaJLge..JL du choJ..x.
2 • Che..z 0
BaJLJ..natanu.
3 . Van.6 la 6amJ..lle.. de...6 6oJLge..JLon.6.
ApJLè.6 ma .60JLtJ..e.. de.. ce.. dJ..e..gu,
de...6 COUp.6 de.. 6u.6J..l ont été tJ..JLé.6
4 • PuJ...6 je.. .6uJ...6 JLe..ve..nu che..z moJ.. où on m'a donné l'e..au blanche..
e..t je.. me.. .6uJ...6 JLe..ndu, accompagné paJL une.. 6oule.., dan.6 le.. KuogJ..-
dJ..e..lJ.." (2).
Il a fait les trois premières étapes, accompagné par
quelques intimes, aux environs de 2 h. du matin.
(1)
Pour être considéré comme bado i l est indispensable de faire
la retraite de sept jours.
(2)
Yentangu, Combianu, Nungu,
le 15 janvier 1976.
152
Il a sauté trois étapes : le diegu du bado défunt, la
famille gardienne du bracelet de Untani et la famille où le pos-
tulant devait choisir sa tabatière. Remarquons qu'il est revenu
chez lui, ancienne habitation de son père Hamicuuri qui fut Nun-
bado. Il ne pouvait se rendre dans le diegu du Nunbado défunt,
Yenmiama, à cause de querelles familiales. Ce sont deux branches
rivales et ennemies depuis 1892. Les étapes concernant le brace-
let de Untani et la tabatière ne s'imposaient plus.
Les membres des branches les plus proches du bali ont
le plus de chance d'être choisis en se portant candidat. Ceux
des autres restent à Nungu et se confondent à la longue avec les
talmu, ou s'en vont tenter leur chance ailleurs. C'est ainsi que
furent créées dans le Godnangu les dynasties d'origine Bemba.
Remarquons l'absence du. rôle des tindamba (propriétai-
res de la terre)
dans la nomination. Il n'y a pas de dualité pou-
voir politique
(détenu par le bado)
et pouvoir religieux
(détenu
par le tindano ) comme en pays mossi. Nous verrons dans la troi-
sième partie de quel type de pouvoir i l s'agit.
C)
- Les insignes du Bali -
Les insignes du bali sont un bonnet, un boubou, un pan-
talon, une paire de chaussures, un coussin, un gbebiga et des
peaux.
1 ~ 3
1 . Le bonnet, le boubou et le pantalon sont fournis
par le postulant. Selon le Nunbado actuel,
le bonnet est cousu
par une famille particulière à laquelle le postulant fournit
le nécessaire
fils et bandes
(1). Il est rasé,
le 7è jour au
matin, par un membre d'une famille Combianu qui lui met le bonnet.
2 . Le coussin était également fourni par le postulant.
Il est sacré et le Nunbado
peut faire juger sur lui.
"Le eou~~in e~t exaetement eomme un Co~an. Un bado
peut fiai~e ju~e~ de~ ~u~peet~ ~u~ le eou~~in eomme on le fiait
~u~ le Co~an. Le eoupable ne doit pa~ touehe~ le eou~~in (~ou~
peine d'it~e puni)" (2) .
.3 . Legbebiga est fabriqué par le postulant. Le gbe-
biga, sceptre du Nunbado est un objet magnifiquement forgé.
Il comporte différentes parties composées respecti-
vement d'argent, de cuivre jaune et de cuivre rouge. A l'origine
le Nunbado avait un bâton à trois fourches
(gmaru). A la suite
d'une querelle de succession, un fils de Tukulmu s'enfuit avec
à Bojaga (Gobnangu)
(3).
4 . Les peaux - Le Nunbado s'asseoit sur plusieurs
peaux
peaux de lions, de panthères et de tous les animaux sa-
(1)
Nous ignorons le nom de la famille. Le bonnet est teint à
l'indigo. Pendant la période coloniale, la chéchia fut éga-
lement utilisée comme symbole du pouvoir.
(2)
Yentangu Combianu, Nungu 15 janvier 1976.
(3) Communication de Michel Cartry, Paris le 24.10. 1977.
crifiés à la cour
(environ un par an). Toutes ces peaux sont po-
sées sur une natte
(1). Il est évident qu'il y a une élimination
de peaux au fur et à mesure, la charge devenant très lourde pour
le serviteur chargé de les sortir et de les rentrer.
5 • Les Kpanpiiga
(dix lances). Il existe dix lances
(Kpanpiiga)
sacrées,
"enveloppées dans une peau de boeuf blanc"
(2) .et gardées à la cour. C'est le seul autel sauvé de Kujuabongu
par la famille régnante dans sa fuite devant les Tyokossi
(3).
Ces lances sont sorties à l'occasion de la nomination d'un Kom-
bali
(" ministre Il ou " c hef de province "). Ce dernier, pour être
reconnu comme bado, doit prendre ces dix lances et danser avec
un moment
(4).
0)
- 0 Barinatanu -
Nous avons vu plus haut que Tidarpo, exilé à Tambariga,
eut des enfants incestueux avec sa soeur. Ceux-ci sont à l'ori-
gine des dynasties de Bilanga, Tambariga et Kojondi. Il fut dé-
cidé, au retour de Tidarpo, que la soeur aînée du Nunbado ne se
marierait plus et jouerait le rôle de reine sous le titre 0 Bari-
natanu: l i t t . soeur du bado. La soeur de Untani eut des relations
avec un chasseur Berba, desquelles naquit Noaba, fondateur de la
(1) Yentangu Combianu, Nungu, 15 janvier 1977.
(2) Yentangu Combianu,
6 août 1975.
(3) Janja Tankpano, Namuno,
29 avril 1975.
(4) Yentangu Combianu, Nungu 6 août 1975.
155
dynastie de Jakpangu. Pour mettre fin à de tels incidents, i l
fut décidé que 0 Barinatanu serait dorénavant une femme stérile,
soeur du bado ou femme du buolu.
La nomination d'un Barinatanu n'est pas chose aisée.
Il faut d'abord trouver une princesse stérile. Et arriver à la
convaincre d'être nommée. Elle refuse généralement, afin de ne
pas dévoiler publiquement son état de femme stérile. Elle est
saisie et nommée souvent de force. 0
Barinatanu fait une re-
traite de sept jours et choisit un prénom - devise
Elle s'ha-
bille comme un bado, avec un bonnet, un boubou et un pantalon.
Son sceptre est un bâton noir et elle est entourée d'une cour
qui est une réplique de celle du Nunbado.
Au point de vue politique et administratif, 0 Barinata-
nu dirige son quartier qui porte ,le même nom. Elle élève dans
son diegu des jeunes filles que lui confie le Nunbado : filles
de barijaba, filles qu'on lui a données ou filles à propos des-
quelles i l y a un litige. D'aucuns disent aussi qu'elle nommait
le bado de Tambariga. Nous n'avons pas eu confirmation de cette
information dans cette dernière localité. Il est possible qu'en
souvenir de la soeur de Tidarpo, dont la tombe est conservée dans
une maison et sert d'autel à Tambariga
(1), le Barinatanu garde
de liens privilégiés avec la dynastie de Tambariga.
(1)
On nous a montré cette maison.
- - - - - - - - - - - - -
o Barinatanu et le Nunbado se voient officiellement
~ chaque Gani (fête annuelle) . A cette occasion le "petit frère")
le Nunbado, se rend chez la "Grande soeur", 0 Barinatanu, oü a
lieu une cérémonie de souhaits. Une femme nommée Ponyoa joue le
même rôle dans le Gobnangu. Elle est également stérile, porte
des habits d'homme et a sa cour
(1). 0 Barinatanu est comparable
~la très influente Gnon Kogi, l'aînée des "princesses" de Nikki.
La fonction essentielle de la Gnon Kogi,
"l'aînée qui détient les
rasoirs", était, à chaque Gani, de raser et de "baptiserH'les en-
fants wasangari en leur-donnant un nom princier
(2). Le Barina-
tanu est comparable également à la Mageram, au Bornou, investie
de fonctions politiques
(3).
II - LES KOMBALA DU NUNBADO ET L'ADI1INISTRATION DU DIEMA DE
NUNGU -
Les cancantieba,
"les gens du cancanli" composent la
cour du Nunbado. Le cancanli est le seuil du diegu du bado, c'est
l~ que se trouve son hangar. Cancantieba est un nom générique
regroupant les Baribaamba et les Kombala. Les Baribaamba sont
les serviteurs, leur nomination ne nécessite pas une retraite
coutumière. Les Kombala ne sont pas des serviteurs. Ils aident
le Nunbado à gouverner le diema. Ce sont des "Ministres ", sorte
(1) Communication de Michel Cartry, Paris 1977. Nous n'avons
pas eu connaissance de l'existence de telles femmes dans les
autres cancanna.
(2)
et
(3)
Lombard Jacques, Structures de type ... op.cit. p.282
et p.92. Un Napaga ou Napoko, princesse influente, est signa-
lée dans certa1nes cours de Naba mossi.
1-57
de "fonctionnaires" choisis dans la même famille et nommés à
vie. Lors de leur nomination ils font une retraite de sept jours
qui fait d'eux des batiebai on les distingue des ~atieba des
sous- dlema
1
appelés aussi Kombala, en spécifiant : Cancankom-
bala,
"les Kombala du cancanli"
(les chefferies de la cour) .
Les cancantieba, des plus importants à ceux qui n'ont
qu'une tâche subalterne, sont très nombreux. Le Nunbado actuel
nous en a énuméré 34 en 1975. Mais i l n'en avait nommé que 14.
Nous ne parlerons ici que des plus importants
.
A)
- Origines des différents Kombala -
1 . Charges dont les familles détentrices sont du
buolu du Nunbado .
a
• Toidano voir I.A.1.
b
Odankarma ou Odano. voir I.A.2.
c • Tadanbenjo.
Ce Kombali fut créé par Lisongi~ selon la famille dé-
tentrice de la charge, par Dandanli selon Tankpano Janja. Ce der-
nier rapporte, qu'après la mort de Yendabri, une querelle de suc-
cession s'ensuivit entré son fils Yembrima et son cousin Dandan-
li. Celui-ci prit un membre de la famille de Maajoari_ la famil-
le aînée - comme arbitre. Il fut considéré comme le bennikpelo
1SB
(l'ainêe des bemba)
(1).
Le Tadano actuel rapporte que son ancêtre est venu
de Maajoari pour saluer le bado Lisongi
(prédécesseur de Yenda-
bri) qui le retint et lui donna le tadandu (2). Notons que même
si son ancêtre est venu sous Dandanli, comme l'affirme Tankpano,
i l ne peut pas le dire, car i l est interdit de prononcer le nom
de Dandanli à la cour.
La fonction de Tadanbenjo consistait à nettoyer cha-
que vendredi, l'endroit oü on pose la calebasse de sala. En
temps de guerre il avait
aussi des attributions militaires. Il
pouvait également demander grâce pour un condamné.
d • 0 Pariciamo . '
Ce kombali fut créé par Tancari4 La famille détentrice
de la charge porte le nom Combianu
(nom de la famille régnante)
et se dit originaire du Yanga
(Kamséongo)
(3).
o Pariciamo(litt. Grand sacrificateur) se charge de
faire les sacrifices aux différents autels pour le bado. Celui-
ci peut l'envoyer, très loin, faire un sacrifice à son intention.
A la présence du bado, après les voeux de ce dernier, 0
Pariciamo
(1) Dandanli chassa Yembrima qui alla se réfugier à Sudugi. Neuf
ans après il revint à la charge, battit Dandanli et extermina
presque toute sa famille. Dandanli se pendit. La pendaison
étant considérée comme une mauvaise mort, son nom n'est pas
cité sur la liste.
(2) CombianU Tadanbenjo, Nungu,
le 18.1.1976.
(3) OPariciamoCombianu,
18 juin 1976. Enquête à poursuivre.
159
se charge d'égorger la victime, acte que ne doit pas voir le
bado
car depuis sa nomination i l ne doit plus ni faire couler
ni voir couler du sang
(1).
2 • Charges dont les détenteurs sont d'autres Buoli -
a . 0 Kuaro ou Kuardali .
o Kuaro (litt. celui qui vend (la viande». C'est le
chef des bouchers et l'un des premiers Komb~La. Selon notre
informateur, ce kombali aurait été créé par Jaba Lompo lui-même.
(2). 0 Kuaro est choisi dans la même famille, du buolu
des Na-
suba (sing Nasuri)
(3). Deux autres familles de bouchers/Tandam-
ba et Togiyeni/sont venus après.
La fonction du Kuaro, dans le cancanli, consiste à dé-
pecer les animaux sacrifiés. Tout boucher qui abat un animal
doit remettre un morceau spécial pour le bado au Kuardali. Ce-
lui-ci est chargé de le porter à la Cour
(4) .
•
(1) Dans les cours mossi c'est un Tengsoba qui s'oçcupe de cette
tâche.
(2)
Nous n'avons pas enquêté auprès de la famille détentrice
du Kombali.
(3)
Le buolu de Daporiga, dominé par Jaba Lompo.
(4) Le Kwardali correspond à la.cour du Mogho-Naba
au Nern-do-
Naba,
"Chef de la viande" chargé de la surveillance de l'a-
battage et du dépeçage des animaux.
Yamba Tiendrebeogo, Histoire ... op.cit. p.100.
160
b . Diebado . voir T.A.3.
c
. Jabnabaro .
Kombali crée sous le règne de Untani et confié à une
famille du nom Dajoari qui ne descend pas de Jaba Lompo. L'an-
cêtre à qui fut confié cette charge
aurait été un bouffon à
l'origine. A la cour,
lorsque le bado parlait, i l répétait in-
lassablement
bi- jab noia baro,
"les hommes regardent le chef"
(les hommes comptent sur le chef). Ce qui donna par contraction
Jabnabaro. Untani lui confia la garde de ses femmes
(1).
d . Tadano .
Le Kombali de Tadano
(tadandu)a été créé par Tancari.
Il est choisi dans une famille Yonli, appelée Tadanbungu. Il
avait des attributions militaires. Tadano : litt. propriétaire
de la guerre, chef de la guerre. C'était également le bourreau.
Armé d'un gourdin, i l assommait les condamnés à mort. Ces der-
niers étaient auparavant gardés dans une famille du nom Koadima,
appelée
Tandanfolgu
(litt. Tadandu des Peul) ,·la famille
Koadima étant musulmane à l'origine, et l'islam étant considére
comme religion des Peul.
Le Tadano était chargé aussi du meurtre rituel des batieba
agoni~ts par strangulation avec un cordon.
(l)
Jabnabaro correspond à la ·é·our du Mogho-Naba, ou Kamsaogho-
Naba, le chef eunuque qui a la direction "du gynécée du
Mogho-Naba" .
15 1
Le bado , détenteur du bali, devait être en tout
temps en bonne santé. Lorsqu'il était malade et ne pouvait pas
sortir dans son cancanli, on disait qu'il avait des occupations
mais jamais qu'il était malade. Quand on voyait qu'il agonisait
on appelait le bourreau qui venait lui donner le coup de grâce.
Son corps subissait d'autres mauvais traitements.
La mort du bado était tenue dans le olus grand secret.
- -
~
Tout devait se passer dans la nuit. Le corps est mis dans une
peau de boeuf et transporté, sur un âne, au cimetière
(1). La
tombe est creusé rapidement et le corps précipité dans le trou.
Celui-ci est refermé jusqu'au ras du sol. Et pour toute marque
de l'emplacement de la tombe, trois pierres y sont posées. La
tombe d'un bado doit passer inaperçue. Des membres de la famil-
le des Kujiiba
(litt. Gardiens des morts), du nom Tandamba, gar-
dent la tombe pendant sept jours.
Il n'y a pas de funérailles pour le bado
(2). Les cé-
rémonies d'intronisation de son successeur sont considérées com-
me ses funérailles.
Tout ce traitement, hors du commun, serait dans la
pensée des Gulmanceba, une sorte d'expiation de la part du bado.
Le meurtre rituel est peut-être une façon de refuser la mort
du bali •
(1) Les batieba étaient entertés.autour de la tombe de Yendabri,
premier bado à s'installer à Nungu.
(2) Ceci est valable pour tout le Gulma.
152
e
. Tadaribiga.
Petit Tadano
(1).
Ce Kombali fut créé par Yenkoari. C'est une famille
Nasuri
(venue de Bungu)
qui détient cette charge. Il s'occupait
de la guerre. Mais veillait particulièrement pendant les expé-
ditions, sur les femmes du bado et sur le bado lui-même.
f
. 0 Noino .
Le Kombali 0 Noino fut créé par Kambanbi
(2). La fa-
mille détentrice de cette charge est venue de Kparcaga.
Il avait
une fonction militaire. Il était chargé, avec ses hommes d'atta-
quer le premier l'armée ennemie. S'il n'arrivait pas à la battre
i l revenait rendre compte au bado. Et une nouvelle offensive
était lancée. C'est de là qu'il tire son gaani, nom sous lequel
i l est salué, Tuogo
(rencontre).
C'est sa famille qui construisait le hangar du bado
(0 bariciagu)
et un cuuga
(une antichambre).
g . Tambado ou Tambedo . Voir I.A.4.
,h . Les Baantiaru .
Voir introduction.
(1) Toute personne qui lors d'une guerre s'était montré très
brave pouvait mériter le titre de butobdano
(le chef du tobu)
C'est-à-dire qu'il a été chef de la guerre dans cette expé-
dition.
(2) 0 Noino Tankpano, Nungu,
le 18.1.1976.
153
. Les Bara (sing.Barli)
Le Barli est un des plus anciens Kombala. Les tradi-
tions du Nord-Gulma disent que l'ancêtre des Benda
(Bara à Nun-
gu)
serait descendu du ciel avec Jaba Lompo. Selon Tankpano Jan-
ja de la famille des Bara, leur ancêtre serait un des frères de
Suabado (ancêtre du bado de Namuno, trouvé sur place par Jaba
Lompo). C'est Jaba Lompo lui-même qui aurait créé ce Kombali.
Le Barli est le Nikpelo des baantiaru.
Son instrument, une calebasse évidée et recouverte
d'une peau, est considéré comme le premier coussin du bado. Il
doit être à côté du bado dans sa maison d'intronisation. Chaque
jeudi soir, le Barli joue à la cour la liste des batieba. Le
Barli a le privilège de citer, le premier,
le vendredi
(jour de
cérémonie)
avec son instrument, tous les noms des batieba. Puis
'les autres reprennent:
" Le Barli joue, Bayanga reprend en par-
lant. Le Barli recommence. Et ensuite le Longa joue de son ins-
trument"
(1).
• Bayanga .
Bayanga suit le Barli, dans la hiérarchie des baantiaru.
Ce Kombali, détenu par une famille Kombari, fut créé par Untani.
Bayanga reprend, en criant fort,
ce que joue le Barli
(2).
(1)
Le Barli correspond au Bennaba dans les royaumes mossi.
(2) A Nungu on l'appelle communément "le crieur public".
• Le Longa
(pl. Lommu)
Ce Kombali est détenu par une famille Woba. La charge
fut créé par Yendabri.
Il joue du longa, tambour d'aisselle. Le
Longa correspond au Lunaba dans le pays mossi.
• Gangali .
(Joueur de tarn-tam).
Le Kombali de Gangali est détenu par une famille Komba-
ri. Nous manquons d'information sur son rôle.'
• Le Koruguciarno ou Goje .
C'est le violoniste attaché à la cour. Il joue et s'ac-
compagne lui-même.
Il cite la liste des batieba . Les Goje sont
très influents dans le Gobnangu.
3 • Charges dont les familles détentrices furent à
l'origine musulmanes.
a
• Jongili .
La charge de Jongili fut créée par Untani. Nous .igno-
rons encore le nom de la famille détentrice de ce Kombali et la
signification de Jongili. C'est le chef des Peul.
Il était char-
gé de récupérer les animaux que ces derniers fournissaient pour
les sacrifices.
,f
155
b
. Madaali . voir
Chapitre II. D.
c • Sarbongu ou Baba Sarbongu .
Le Kombali de Sarbongu fut créé par Yendabri. La famil-
le détentrice de cette charge porte le nom Tani. Marabout venu
du haoussa, l'ancêtre de la famille Tani fut prié par Yendabri
(qui lui donna sa fille)
d'y rester et de l'aider
(par sa magie)
à gouverner son diema
(1). Il devint le représentant de tous
les musulmans auprès du bado. Tous ces musulmans} d'origine di-
verse,
sont appelés sous le nom générique Bi Malba
(les Malba) .
"Les Gulmanceba appellent Bi Malba tous ceux qui prient
(adeptes
de la religion musulmane)"
(2).
Les deux prinœipales familles portent respectivement
les noms Traore et Dahany. Elles sont d'origine Mandé. Musulmans
à l'origine et commerçants. Certains ont abandonné leur reli-
gion et se sont convertis à celle des Gulmanceba. Le Nunbado Ton-
tuoriba est né d'une fille de la famille Traore. Ce qui favori-
sa sans doute l'installation des Malba
(3).
Les Malba habitent le camp Malba dirigé par Baba Sar-
bongu. C'est la famille de Sarbongu qui aurait accueilli. et pré-
senté l'ancêtre de la famille de l'Imam au Nunbado. La fonction
(1)
Gomore Manly Idrissa Yentema, Nungu le 20 juin 1976.
(2)
Sarbongu, Yempaahu, Nungu,
le 19.6.1976.
(3)
Les Malba sont à rapprocher des Yarsé.
166
de l'Imam, qui porte le nom Traore, consiste à faire le dua
(prière)
à l'intention du bado,
à la cérémonie du vendredi.
La famille de Sarbongu était spécialiste de la circon-
cision. La pratique. de la circoncision, au sein de la famille
régnante, aurait été introduite par Tontuoriba. Celui-ci, qui
n'a pas été circoncis, ordonna à ses successeurs de se fairecir-
concire. Les barisiaba
(princesses)
ne pratiquent pas ll exc ision.
d • Gomore . Voir Chapitre II • D.
e
• O. Jaando .
o Jaando correspond au Sogno des cancanna des betieba
du Nord-Gulma. Il joue le rôle d'intermédiaire entre le bado et
ceux qui viennent lui parler. Il répète les paroles du ~aux
intéressés et vice-versa. Car le chef ne doit pas sl a dresser di-
rectement à un sujet. 0 Jaando joue donc un rôle important au
moment où le bado rend justice.' La famille détentrice de cette
charge porte le nom Traore.
B) - La Division et l'administration du Diema -
Le diema
de Nungu était administrativement réparti
entre des Kombala. Faute d'avoir le commandement exact de chacun
d'eux, nous donnons ci-dessous un exemple:
167
KOMBALI
Diema : villages
MADAALI
Bugi - Namungu - Kpencangu - Maadeni -
Sandikpenga - Kojondi - Maudeni -
Sietugu -
TADAMBIGA
Cicideni - Kpandili -. Kantambari -
Kpentuangu - Fayiegu - Bungu - Nacaboani·
)
ODANO
Kogmaarugu - Kogmangu
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Chaque Kombali était le lien entre le Nunbado et les
villages de son commandement. Certains Kombala, comme Tambedo
ou Tambado, 0
Pariciamo, Gomore, Sarbongu, n'avaient pas de
diema.
C)
- Conclusion -
Remarquons d'abord l'existence de deux types de bala:
le bali d'un bado ayant un diema et le bali de cour
(celui des
Kombala) .
Ce qui frappe dans l'analyse, c'est la très grande
structuration. Il Y a une grande division des tâches. C'est
un gouvernement.
L'origine des différents Kombala est intéressante à
analyser. Les deux charges les plus importantes sont détenues
par des familles du même buolu que le Nunbado : Toïdano et Oda-
no. Le premier est de la dynastie de Pamma. Or des traditions
1 6 a
rapportent qu'il y a toujours eu, du moins quand la dynastie de
Nungu était à Kujuabongu, une rivalité entre les deux dynasties
soeurs. Chacune voula~t sans doute jouer le rôle de leader. Il
est fort possible que la nomination d'un membre de la famille
de Jafuali comme intérimaire fut un moyen d'empêcher la branche
de Pamma de prétendre au bali de Kujuabongu
(et plus tard à celui
de Nungu). L'intérim qu'il assure étant à la fois un partage
symbolique et une exclusion du pouvoir.
Les circonstances dans lesquelles le fils de Tukulmu
devint Odano et le changement de son nom (Paalo au lieu de Com-
bianu)
ont permis de mettre fin à une éventuelle prétention de
c;ette famille au bali de Nungu. Tadanbenjo, du buolu de la famil-
le régnante de Ma~joari, écartée depuis longtemps du pouvoir, ne
peut prétendre aucunement au bali de Nungu.
Bien que nous ne puissions rien dire, faute de rensei-
gnements précis, sur la famille de 0 Pariciamo qui porte le nom
Combianu
et sur d'autres Kombala dont nous ne connaissons pas en-
core les fonctions précises, on peut conclure que les familles
des Kombala ne constituaient pas une menace pour le bali, donc
pour la famille régnante. Toute famille de Buricimba qui prenait
une charge dans le cancanli était écartée du bali de Nungu.
Les Kombala dont les familles détentrices n'étaient
pas des Buricimba présentaient encore moins de danger pour la
famille régnante. C'est dans ces buoli que les nominations ·ont
été nombreuses : attributions militaires
,
(0 Noino, Tadano, Taban-
159
biga •.• );musiciens chargés de glorifier les Buricimba
(les baan-
tiaru: Barli, Longa ••• ). Enfin les Kombala, dont les familles
détentrices furent à l'origine musulmanes, ne présentaient pas
non plus de menace pour la famille régnante. Considérés comme
des étrangers,
les membres de ces familles ne pouvaient pas pré-
tendre au bali de Nungu comme le dit Gomore~
"Mime ~'il ne ~e~te qu'une 6emme pou~ p~end~e le pou-
voi~ a Nungu, nou~ nou~ n'avon~ pa~ d~oit au bali" (11
La stabilité des charges au sein des familles est très
frappante.
Il y avait bien entendu des luttes à l'intérieur d'une
même famille pour- la nomination. Ce sont de véritables dynasties.
Il y a là une différence notable, nous le verrons plus loin,
avec le Nord-Gulma où les charges, à l'exception de celles de
Bendbedo, de Mabedo
(chef des forgerons)
et de Tindambedo, n'é-
taient pas monopolisées par des familles.
Les cancanna de la plupart des batieba sont une répli-
que du cancanli du Nunbado, mais à l'organisation moins élaborée.
Les cancanna ne jouant plus leur rôle effectif depuis
la conquête coloniale, leur organisation s'est dégradée.
(1)
Gomore, Idrissa Yentema. Nungu 20 juin 1976.
170
CHAPITRE VI
-
LA CONQUETE DU GULMA
l
-
La situation à Nungu
A la mort de Yenkoari
(I883-1892), le "collège électo-
raI" désigna comme suces seur Bancandi. Son grand-frère Yentugri
se fit proclamer aussi bedo par ses partisans et demanda
l'appui de Jakpangu et de Bilanga afin de battre son adversaire.
Une grande bataille eut lieu à Nungu en 1892. Les
partisans de Yentugri furent d'abord vainqueurs et chassèrent
ceux de Bancandi. Mais une offensive inattendue du grand guer-
rier Garja de Macakoali
(parent maternel de Bancandi)
fit chan-
ger la victoire de camp. Yentugri est tué et décapité. Cepen-
dant ses partisans ne désarmèrent pas.
Bancandi dut quitter
Nungu, pour des raisons encore peu claires, et alla s'installer
à Jabo
(I). Puis i l fit appel au naba Wopgo de Boulsa. Malgré
l'aide de ce dernier i l ne put vaincre Jakpangu.
II -
Situation dans la boucle du Niger aux environs
de 1895.
Pendant que le Gulma était noyé dans une guerre fratri-
cide, les puissances colonialistes s'acharnaient sur les der-
nières dépouilles du Continent africain.
Le traité Franco-Anglais du 5 août 1890 avait délimité
les zones d'influence des deux puissances suivant la ligne de
(I) Selon Tankpano, Frédéric, il aurait quitté Nungu sur recormundations
de taIT'bip..;al;?a. Les Français le trouvèrent à Jalx:>.
171
Say (sur le Niger)
à Barroua
(sur le Lac Tchad). La France au
nord et l'Angleterre au sud (1) • En Afrique de l'Ouest,
les
territoires de la boucle du Niger étaient particulièrement vi-
sés. Ces contrées non encore conquises furent l'objet d'une con-
voitise entre les puissances colonisatrices, chacune cherchant
à s'assurer leur possession par des traités. C'était le
scramble.
Le Gulma suscita la concurrence entre les Français,
les Anglais et les Allemands.
L'Allemagne, basée dans le Togoland, opère par des
militaires et tente d'ouvrir une fenêtre sur le fleuve Niger.
L'Angleterre,
implantée en Gold-Coast convoite le pays mossi
supposé très peuplé. Elle s'appuie également sur la Royal
Niger Company pour devancer la France sur le Niger. Cette der-
,
nière, depuis la pénible victoire de Dodds sur Behanzin (I892)/
fait la loi au Dahomey. L'un de ses objectifs est de faire la
jonction entre cette colonie et celle du Soudan. Elle ~git par
des civils et des militaires 'sous les ordres du Gouverneur
Ballot installé à Porto-Novo.
Telle était la situation quand une mission dans
l'hinterland du Dahomey fut confiée au Commandant Decoeur de
l'Infanterie de Marine.
(1)
Brunschwig, Henri, le partage de l'Afrique Noire, Paris, I97I P. 90
1 72
III -
Mission Decoeur et traité de Protectorat avec
le Nunbado Bancandi
(20 janvier 1895)
Un décret présidentiel du 22 juin 1894 crea la oolonie du
Dahomey et Dépendances. Son administration supérieure est conf iée à
un gouvernement "chargé en outre de l'éxercice du patronat de
la République sur les territoires de l'intérieur compris dans
la zone d'influence fr.ançaise".(I).
En Juillet 1894 Victor Ballot reçoit comme instruction
de Delcassé
(ministre des colonies) de "devancer par tous les
moyens les Anglais et les Allemands dans le Borgou et le Gourm'a"
(2). Binger,
ancien explorateur est sollicité pour un plan
d'ensemble ~ un devis des dépenses. Les objectifs définitifs
fixés aux missions qui vont opérer dans la boucle du Niger sont
d'une part mettre en communication le Dahomey avec le Niger et
le Soudan,
et d'autre part joindre cette même colonie à celle
de Côte d'Ivoire.
Le Commandant Decoeur devait aux termes de son ordre
de mission se tenir au-dessus du 10 0 parallèle, ~viter les
territoires du Dagomba et ceux' de' la zone neutre
(3)
anglo-alle-
mande de Yèndi. De là i l se dirigerait sur le Garnbaga et le
Gourounsi avant de rejoindre la Côte d'Ivoire, par la Volta Noire.
(1)
Décret présidentiel du 22
juin 1894 portant réorganisation
de Colonie du Dahomey et Dépendances. Archives Nationales. Sec-
tion Outre Mer. Paris -
Dahomey VII. Dossier I.
(2) Maubert, J.T. Monoqraphie du Cercle de Fada N'Gourma - Fada
N'Gourma,
1909, non paginé.
(3) Le protocole Franco-Allemand du 24 décembre 1885 fixa la
fontière séparant la colonie allemande du Togo et les possessions
françaises du Pahomey : une commission mixte prit le méridien
de l'Ile de Bayol jusqu'au 9 0 de latitude nord comne limite
Il s'agit de la zone neutre délimitéepar l'accord anglo-Allemand
de 1886. Voir Boniface I. Obichere, West African states ,and
Europen E~Dansion, London, 197r, P.' )6 et 38
173
Il partit de Porto-Novo le L6 aoUt 18Y4 à la tête
d'une escorte forte de 150 tirail~eurs et 200 porteurs. Le
lieutenant de l'infanterie de Marine Baud, le Docteur
Danjoux,
le· secrétaire Molex et trois officiers le secon-
daient. La troupe parcourut tout le Nord du Dahomey,
passant des traités. Elle se scinda en deux le 31 décembre.
A Baud i l fut confié la mission de remonter vers Say. Decoeur
obliqua à l'Ouest et marcha sur Sansanne-Mango où i l arriva le
6 janvier 1895. De là i l remonta vers le nord et rencontra le
lieutenant Allemand De Karnap
(12 janvier), partant dans la
même direction à la récolte de traités.
Une véritable course contre la nontre s'engagea entre
les deux hommes. Von Karnap,
favorisé par son escorte réduite,
devança Decoeur àp~ma où i l signa un traité de protectorat avec
t';
,
le chef le 14 janvier. Informé que le chef Bahama n'etait qu un
Il
vassal du roi du Gourma,
i l poursuivit sa route à la recherche
de ce dernier. Von Karnap prit la direction de Macakoali qu'il
supposait être la capitale du Gulma. Le chef se trouvait à
Nando
(1).
Il l'y rejoignit et signa un traité de protectorat
avec Tontuoriba,
hostile à Bancandi, Nllillado.
Le Commandant Decoeur arriva quelques heures après
et fut informé du traité qui prenait possession de Pamma au
nom de l'Empereur d'Allemagne.
Il en signa lln à son tour.
Le
chef déclara n'avoir approuvé aucun traité et dépendre du roi
du Gourmai
Puis i l fit comme sont concurrent.
Decoeur gagna rapidement Nungu et de là Jabo où i l
trouva un bado au pouvoir contesté comme Naba Boulli à l'arrivée
de Vowctau Yatenga en 1896
(2). L'accord fut facile.
L'un
1) Village de la sous-province de Kantchari.
2)
Ki-Zerbo, Joseph,
la pénétration française dans les pays de
la Haute-Volta
(Mémoire de Diplôme, non daté~_• • •
1 7 ~
voulait raffermir son autorité et l'autre, puissant de ses armes
à feu, cherchait un "papier". C'était une bonne aubaine pour
le Nunbado : un "papier" contre un trône!
n'est-ce pas ses
nombreux sacrifices qui ont fait venir les Français? Sans se
douter que c'était un "papier aliénateur", i l signa le 20 Janvier
1895 un traité qui plaça son royaume" sous le protectorat exclu-
sif de la France". Le Nunbado déclaraunuls et non avenus" les
traités,conventions et arrangements faits ou à fàire par les.
chefs des provinces et s'engagea à ne ratifier que ceux qui au-
ront été conclus au nom du gouvernement Français.
Contrairement à ce que fera Voulet, Decoeur,
pressé
par sa mission,
ne put porter un secours immédiat à Bancandi,
mais il lui promit un soutien ultérieur. Puis i l prit la direc-
tion de l'Est.
(Say).
Il passa à Macakoali où Von Karnap avait arboré le
pavillon impérial allemand sur la maison du chef. Fort du traité avec le
'~unbado (considéré comme le roi 'de tout le Gulrna)
Decoeur rédigea une protestation qu'il remit au lieutenant alle-
mande
Puis rejoignit, le
27 janvier, Baud qui venait de traiter
avec Bobl
(23 janvier) et Say
(25 janvier
( I) •
La jonction entre le Niger et le Dahomey était faite.
La mission regagna la côte le 4 février par le Dendi et la
vallée du Niger.
Pendant que Decoeur parcourait la zone d'influence
~rançaise son ordre de rappel, demandé avec insistance par Ballot/
(I)
à Botu on lui apprit que les troupes de Madani
(Fils d'Ama-
dou de Ségou P.t Ali Bori venaient d'évacuer la vill~.
1 75
arriva
(1). Le commandement de la troupe.. est donné au Lieutenant
Baud qui devait poursuivre le second objectif initialement
prescrit aux missions.
Parti de Carnotville
(2)
le 26 mars 1895,
i l suivit
l'itinéraire qui lui était assigné
(3), traitant avec les auto-
rités des contrées traversées. Baud arriva le 24 avril à Oua,
talonnant Fergusson qui venait de traiter à sa façon. Ap~ès
avoir été bien reçu par le roi, Fergusson lui fit des cadeaux
dans lesquels il glissa un "papier"
(traité d'amitié et de
commerce qui stipulait en outre que le chef s'engageait à ne
pas traiter avec une autre puissance.) (4). Le roi s'indigna
après la traduction. On rédigea rapidement une lettre de protes-
tation qui fut signée en même temps qu'un traité de protectorat
avec la France.
Le 7 mai i l arriva à Bouna. La liaison entre le Daho-
mey et la Côte-d'Ivoire était faite.
Il restait celle du Daho-
mey et du Soudan.
IV - Alliance Baud -
Bancandi contre les adversaires du
Nu'nbado
C'est au même Baud, secondé par Vermeersch, qu'est
\\\\
laissé l'honneur" de tenir l'engagement de Decoeur et de la
France en "pacifiant" le pays gourmantché.
(l')
Le gouverneur· Ballot se plaignait de la lenteur avec laquel-
le Decoeur opérait depuis qu'il fut chargé d'une mission dans
l'hinterland du Dahomey.
ri} Ville du Nord-Dahomey
(3)
Baud reçut comme instruction : de "rejoindre le Colonel
Monteil à Kong, en contournant le Togoland, la Colonie anglaise
de la Côte de l'or, ainsi que·le territoire neutre de yendi et
de Salaga". Lettre de Ballot au Ministre des Colonies
(20/12/1894
Archive~ de France Section Outre-Mer Dahomey III.Dossier 4 d
(4) La véracité de ~ette information ~st à vérif~er dans les
archives anglaises._
176
Le 26 novembre 1896 une nouvelle mission dans le
Nord-Dahomey lui était confiée.
Son but était de fermer aux
Anglais les points d'accès sur la boucle du Niger en installant
des postes sur la route Bafilo,Pillma , Fada, Ouagadougou, (1).
Les traités ne suffisaient pas.
Il fallait l'occupation effecti-
ve (2).
C'est dans ce cadre que Baud revint au Gulma en Février
1897. Un pos~e de quinze hommes fut installé à son passage à
Pamma.
Il trouva le Nunbado toujours installé à Jabo et lui
offrit ses services intéressés :
"moyen d'effacer le souvenir
de Namoungou et de nous établir solidement dans le pays"(3).
Les deux armées fusionnèrent. Celle de Bancandi com-
prenait deux cents cavaliers et trois cents fantassins. L'escor-
te de Baud avait été réduite à 50 tirailleurs et 50 porteurs.
~ukuna (Jakpangu), principal foyer de résistance fut attaqué.
Le village, réputé imprenable, était entouré par une épaisse
haie d'épineux de 100 à 200 mètres de large
(4). Après trois heu-
res de combat acharné, Tukuna est enlevée et brûlée. Il y eut
plusieurs morts comme le reconnait Baud lui-même:
"Enfin, vers la heures, pas:mal de morts
jonchaient les busissons,
les flèches étaient moins drues •••• "(5)
(1)
Lettre du Gouverneur Ballot à Baud
(4/12/1896). Archives du
C.V.R.S.
(2) Ballot disait
en 1895 : limon avis est que tous ces papiers ••••
sont ridicules et de p.rre fantaisie. L'occupation effective devrait seule
constituer des droits de suzeraineté d'un pays". Ballot à ministre des colo-
nies (17-2-1895). Archives Nationales.S.O.M. Dahomey III dossier 4 a
P) Lettre de Baud au Gouverneur (17/2/1897) A.N.F. S.O.M. Darorrey IV. dossier
5. Lors de son passage en 1895 à Nam...ungu (village du Nungu), Decoeur avait
abattu d'un coup de fusil, après une altercation, Gal:fa, 'gram guerrier et
prrtisan J, Bancanc1i..
.
~) Lettre de Baud au Gouverneur du Dahomey et Dépendances (17/2/
1897) A.N.F. - S.O.M. Dahomey IV. Dossier 5. Dans aucun de ses
rapports il ne mentionnera le nombre de morts,
sans doute pour
cacher ces atrocités.
rI:; \\ 1..4:;,""", .... 6 F .:; .... onl"'o· rfl1n (<1. \\
177
D'autres villages connaitront le même sort
(1). Le
chef de Balga
(autre foyer de résistance)
pris est passé par
les armes
(2). Ceux de Tukuna et de Tibga s'enfuirent à Bilanga.
Voulet et Chanoine
("pacificateurs du Mossi")
qui
opéraient en ce moment dans la région de Koupéla et Tenkodogo,
crurent que les deux blancs du Gulma étaient Allemands. Voulet,
dans une lettre, protesta contre la violation de la "chasse-gar-
dée" de la France et s'indigna des atrocités c~mmises.(3)Cepen
dant, après un échange de courrier,
i l marcha vers "Cette autre
France représentée pourtant par deux hommes là-bas, vers l'Orient~
La rencontre des deux missions eut lieu le 6 février
à Tibga. La jonction du Dahomey et du Soudan était faite. On
passa la revue pour montrer au roi la puissance de la France
"dont les soldats débouchent à la fois du couchant et du Sud".
Voulet accepta d'accompagner Baud à Bilanga avec près
de 7000 hommes
(4). Devant le déferlement de cette marée humai-
ne,
le village fut évacué. On brOla "4 ou 5 villages" sans
prendre Le chef de Tukuna et ses alLiés. La mission Voulet repar-
t i t le 23 février pour Ouagadougou. Un chef fidèLe à Bançandi
1) "Le 7 nous brfilons Tibga puis les villages suivants" Vermee-
rsch (capitaine d'infanterie de Marine)
Histoire de la conquête
du Gourma Majoari
(Gourma),
le 29 mai 1897, Archives du Haut
Sénégal-Niger I.G.
178.
(Dakar)
2) Même référence que
(1)
3) Nous savons les atrocités que le même Voulet commit par
la suite.
4) Lettre de Baud au Gouverneur de Dah:Jrœy et Dépendances 23/3/I897)A.N.F.
-S.O.M. D..Ù10rrcy rv dossier 5
17a
fut installé et la coalition revint sur ses pas, longeant la
frontière du pays Mossi et"brûlant tout" sur son passage. Après
avoir fêté la rupture du jeûne
(fête musulmane)
et la victoire
de Bancandi, les"Alliés" partirent vers l'Est.L'année se divisa
en deux.
Le commandant Vermersch, accompagné du roi, marcha
sur Macakoali où les Allemands venaient d'installer un poste de
deux hommes. Le chef, TontuGriba dit Adama
(hostile à Bancandi);
prit la fuite et s'exila à Sansanne-Mango où il mourut. Sur
l'ordre du roi,
les hommes du poste allemand sont renvoyés et
Adama remplacé par un chef dévoué. Enfin un poste de six homme~
est créé.
Pendant ce temps, Baud volait à Pamma où un autre
poste allemand avait été installé.
rl fut "reçu avec la plus
grande courtoisie par le lieute"nant Thierry", commandant du
détachement allemand de Sansanne-Mango, qui s'y trouvait. Ce
dernier protesta contre les prétentions de la France sur Maca-
koali et Pamma, mis sous le protectorat de l'Allemagne par les
traités de Von Karnap
(r895). On discuta longuement sur la ques-
"
.
~
,,-
.'
"
tion de l'allégeance de ces deux provlnces
au rOl du Gourma.
Puis on demanda au chef Baahamma de trancher. Après une hésita-
tion,
il reconnut l'autorité de Bancandi.
Thierry évacua le village après avoir obtenu la signa-
ture d'une convention. Celle-ci stipulait qu'à la suite de la
179
déclaration du chef de Pamma,
et en attendant la décision des
gouvernements intéressés,
"les parties contractantes s'abstien-
dront de toute action politique sur les territoires contestés
(Pamma, et Macakoali"). Le poste Français (30 hcmnes)
fut mainte-
nu tandis qu'un poste allemand est établi à Ouagara (?) (I) 'village
gourmantché sur la route de Sansanne~ango.
Baud créa un autre poste à Jabiga
(au Sud de Pamma)
avant de retourner à Fada.
Le rapport politique du gouverneur
du Dahomey et
Dépendances
(3 janvier I898)
fait état de la révolte de "
plusieurs villages" contre les Français après le départ des
Allemands. Le chef
Baahamma s'exila au Nord-Togo,
à la suite
de ces évènements
(2). Il ne revint à Pamma qu'en r9rS,
après
l'évacuation deSansanne-Mango par les Allemands.
Finalement la convention Franco-Allemande du 23 juillet
r897 mit fin aux prétentions de l'Allemagne en lui laisssant
en contre partie Sansanne-Mango et la rive droite du Mono. Des
incidents se produiront jusqu'à la signature d'un protocole
d'accord
(28 Septembre I9I2)
qui délimita la frontière entre le
Togoland et le Haut Sénégal et Niger.
Pendant qu'il opérait, Baud envoya des émissaires aux
chefs pour les engager à "venir faire acte de soumission au roi".
On remit solennellement le pavillon Français à quelques chefs
réunis qui "jurèrent fidélité à la France"(3).
La conquête était ainsi terminée. Le commandant Destena-
ves qui "débarquait" de France avec le Gourma dans ses objectifs
arrivai
~-\\ trop tard.
I)
Nous n'~ns pas pu identifier ce village.
2) A.N.F . .Microfilms des àrchives de D<1kar,
2GI
3)"~~.~ ~~~ r~ ~5_;_-h~ ~~~ r;_~~ ~ .:_: ~_ .~~~?p~~_C~l~'t~.=-A~._N~._F_._-_S_.0_,M_._Ar_c_h_i_v_c_s_d_u_H_Ll_u_t__-----'
1B0
- DEUXIEME PARTIE -
MIGRATIONS DE BURICIMBA
DANS LE NORD - GULMA
ET FONDATION DE DYNASTIES
Chapitre l
FONDATION DES PREMIERES DYNASTIES
Chapitre II
LES DYNASTIES DE MOPIENGA,
KUALA,
NIABA ·ET DE SURUNGU
Chapitre III
LES DYNASTIES DE BASIERI, LIPTUGU
ET DE BONSIEGA
·Chapitre IV
LES DYNASTIES DE JIPIENGA,KPIIDENI,
TUABA, SORIGA ET DE NINDONGU
Chapitre V
LES DYNASTIES DE BALGA ET DE YUPANGU
Chapitre VI
LES DYNASTIES DE PIALA, BILANGA,
BONGANDINI ET DE CON
Chapitre VII
LES AUTRES DYNASTIES
-----000-----
1 B1
CARTE I~
10
0
LE NORD GULMA A LA VEILLE DE LA CaNQUETE COLONIALE
~-
m
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51
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18 2
Partis du Sud-Gulma
(région de Pamma) entre 1510
et 1570, des Buricimba se fixèrent à We. De là, à la suite de
querelles de succession, ils essaimèrent dans le Nord-Gulma.
La "Conquête" se fit généralement de façon pacifique. Les
Buricindieru (dynastie~) de Liptugu et de Kuala imposèrent
leur d0mination aux Peul
dans le Yaga et le Liptako actuels.
Leurs représentants furent chassés en 1809/1810 et replièrent
au Sud.
Vers 1750, i l Y avait dans le Nord-Gulma, des royau-
mes et une multitude de petites royautés indépendants les uns
des autres. A la veille de la conquête coloniale
(1895), une
intégration s'était produite et on dénombrait
(voir carte nOJO).
1. deux grands royaumes: Bilanga et Kuala, sortes
de confédérations où le Kuamba
(chef supérieur)
était le "primus inter pares".
2. trois royaQmes moins vastes
Piala, Bongandini
et Con.
3. deux diema'villageois
Surungu et Karimma.
Les rapports entre diema des Gulmanceba et les royau-
mes mossi de
Boulsa et Boussouma furent ceractérisés par de nom-
breuses guerres, essentiellement de pillage.
Il en fut de même des
relations des diema avec les Emirats du Liptako et du Yaga .
.....
1B3
- CHA P I T R E l
FON D A T ION
DES
PRE MIE RES
D Y N A S T l E S
184
I - NOIMA, ANCETRE DES BURICIMBA
----------------------------
DU NORD - GULMA
Nous avons vu plus haut que la branche du Nord,
de la lignée de Jaba Lompo, est issue d'un inceste. Les
versions recueillies à Bilanga et à Nungu
(Fada)
reconnaissent
toutes l'origine incestueuse de l'ancêtre fondateur des dynas-
ties du Nord-Gulma. Par contre, si la version de Nungu situe
l'événement sous Tidarpo
(2ème chef de Kujuabongu), celle de
Bilanga ne donne aucune précision. Le problème devient com-
plexe quand on confronte :ces dernières versions aux listes
dynastiques.
Les différentes listes dynastiques recueilllies
donnent toutes
1B5
Liste commune à toutes les dynasties gui se réclament
de LOMPO.
1 •
LOIYIPO
2.
SINSINJANGA
3. KUGUBA
4. KOGIRI
5. BABEDO
6.
NOIMA
Liste commune aux listes chantées de BILANGA, PIALA,
BONGANDI NI, CON.
1 • LOr~pO
2.
SINSINJANGA
3. KUGUBA
4.
KOGIRI
5.
BABEDO
6.
NOIMA
7. BI PAN Gr'lE
8.
LERIYEMA
9. HUMUTUGLINI
10. NANCI
11. KANSUGO
12. HAGRU
13. LAADU
14.
BALEVIBA
15.
GMAHAMO
FILIATION DE NOIHA
L'ANCETRE .DES BUR 1CIHBA DU NORD-GULHA
Versions des baant1aru
(~;Tingbandi Lankorxl1
@FrMêr1C Tankoano (NIIngu).
I.œpo
Sucœss10rFValable pour toutes
~
les dynasties se rattachant ~ Noima
Fil1at1al des betieba
.
1
1
Kuguba
~)
'Ji)
r- - - ' - - - )
1
•
I)-(llnUIXJUll Bodo
1) Diapa, Ia!p>
00
I)D1apa Ia!p>
1No:tnBï-:"-o= JC.og1ri
Tidarpo
=
0
(Diata ürpo
2) Sinsinjarga
:
exil il
:
2)-Sinsinjarga
r - - - - - - _1- .,
• r - - -
- - - r--- - -1
l'Est. A son 'Babedo
fils ainé de ~
3)~
6.4~lbj1r
2)S1.ÏIsinjansa 3)~o.~1ri
retour 11
Bilanga
3) -y....g'...l1:.a hlnkondi
"
,
,
s'installa à
4)-YDgiri
.
"
Sundinpo diedaro
r-::-:---'-'- - ,
l
'
•1
Hugarunni
5)-5~oo
16) tbiïî8j
5) BabeI:1o
1 6)Noimal
5)Babe-
(Bilanga)
(6)-:9l1:~
exil il
exil à
do
T'.....'q.. in ~·e.:lgu tand1
l'est
l'Est
( G)Tadano Jianu (Bilanga)
(l!)Liste des griots de We
K=u 1'fdJ'.aanu yie
.....~-
Il eut ))) tcnnets
les griots carmenœnt la liste
dlef de ~gu (Kujuabongu)
rCJSes -Jatcn~ son
,
dynastique par NoiJra
,
p~~~er fils n'a pas
.-------
"I!"G!".g"'"le bali parce
,
:
l'-l.-N-oiJra-'1
qui aurait vécu
qu'il était Jaronta-
li
=
o
.,
il. We
b..:.asa (W i.rmi té au
1
pioc) •
Bilanga
(le fondateur de
Bilanga)
iS.Ù1anU Nadatll
{E:riIrlano T1agijo
@;Qlantoux
1er = 1er chef de
Œ:'~
Nungu (Ia.ljoalxlngu)
2è
chef:
de Nungu
I-IJ;I'IX>
3è
chef:
de Nungu
r - - - - --Î- - - , "
Diaba
I.œpo
1J:r.1:o
:
2lsinsiÎljanga 3)KÜgubaO-4)lbj1ri
Bagre
r- 1 - - - , .., - - - -,
: .
{
chassé dans
captif de
1
l
,
KapabU\\O = Gayeri Beda
une querelle
Sinsinjanga
BalE!!lba
1er fils
2êfils
3èfils
(Gay!'!ri)
Baabuoga
de succession
:
Madjoari
Tidarpo
Boagre.
ou
:
par Kuguba
:
Babedo
Jab::>nga
alla s' insta
i
we (près de
1Noiffiï -- - - -"0 = Ko:Jiri
11er il
Gayeri)
Exil il l'Est,
: captif du
Jindifuaa (Bilanga)
il. Diori (?)
: 3è' chef
0 ~'
,
,
-
1
Ietour de Noirna.
Babedo
.
oima
= 70fanres 5)Bab<:!do
A et B : donnée, l'une ou l'autre par les griots du Nord-<;Ubra
il était mainte-
(retour de
~n- exil il.
hêrit~
C - Jianu Nadenu = Tand1biaga (Pilanga) le 18 Mai 1975
nant le petit fH;
Noima)
nee
l'Est.se de Babedo
o - Tiagijo Tindaro = OJagadougou le 9 Avril 1975
aîné de la lignée
par
lI'élria il
dont cer-
E - Tingbarrli Lankondi : Jipienga le 16 Mai 1975
cle Nungu, mais re-
Ba-
son re-
taines
F - Frédéric Tankpano
fusa d'aller pren-
he-
tour
étaient
G - Tadano Jianu (Bilanga)
<ire le bonnet en
do
1
•
en grossesse
H - Baantiaru (griots) de we et de Gayeri
disant que leur
:
1
1 - Davy
Yaja (sur les =n-
~ 1
J - Chantoux
seils d'un marabout)1ui avait dit
'!butes les
de ne pas rester il. Nungu.I1 alla
Banyia
autres chefferies
s'installer il. Jobondi (proche de
du Nord
~
Jipienga. actuel)où il trouva des
Tin~ba. qui cultivaient. Lui et
CD
les Buricir.tJa y vécurent de pllla-
en
'Je
1B7
(1)
- U Nungunbedo
Jaba
Jaba Lompo
(2)
-
Sinsinjanga - Sinsinjanpanga - Sinsinjankperiga
fils aîné de Lompo
(3)
- Kuguba Lankondi
1er fils ou frère de Sinsinjanga
(4)
-
Kogiri - Janjanbedo Kogiri
(5)
- Babedo fils de Kogiri
(6)
-/Noima 1
fils de Kuguba
(Voir l.isteJ ci-contre)
Toutes les versions recueillies font de Noima l'an-
cêtre des Buricindieru du Nord. Les divergences surgissent quant
à la filiation de cet ancêtre et à la façon dont s'est faite la
séparation d'avec la branche-mère de Kujuabongu
(Nungu).
Noima serait petit-fils direct de Jaba Lompo selon les
versions
(B),
(D),
(E)
ou son arrière petit-fils selon la version
(A);
la version
(C)
le situe à la 6ème génération.
Les griots ne disent pas, dans les listes chantées,
le nom du père de Noima mais celui de sa mère, Nabanga
(1).
Il est difficile de prendre fermement position pour l'une ou
l'autre des versions. La conclusion que nous pouvons en tirer
est que Noima est un Yaabuga
(ou Yaabili : petit-fils ou arrière
petit-fils sans précision)
d'un bedo de Kujuabongu.
(1) Les griots donnent généralement le nom de la mère du bedo
mais pas forcément celui du père.
166
Conunent et quand la séparation d'avec la branche-
mère s'est-elle produite? Le père ou le grand-père de Noima
aurait été chassé de Nungu
(Kujuabongu) dans une querelle de
succession et serait allé s'installer à Jindifu~a
(dans la ré-
gion de Gayeli) (D). Il serait parti sur les conseils d'un mara-
bout qui aurait prédit à son père un bon destin au Nord-Est: et
s'installa donc à Gayeli à la demande des chasseurs qui y habi-
taient
(C).
Les versions
(F) et
(G)
recueillies à Nungu et à
Bilanga font du fondateur des dynasties du Nord un enfant inces-
tueux. La version (F)
parle d'un prince
(fils de Nunbado) et
d'une princesse
(sa soeur)
sans précision. Pour la version de
Nungu, l'inceste aurait été commis par Tipardo
(2ème bedo de
Kujuabongu)
et sa soeur, pendant leur exil à Tambariga.
Afin d'oublier cet enfant incestueux, camouflé sous
le nom de Bilanga (litt. enfant étranger), i l fut envoyé comman-
der au Nord sous le titre de Sundinpo Diedano
(le Niciamo de la
maison de l'oubli).
Ces dernières versions confirment la filiation de
Noima donnée par les précédentes : i l serait petit-fils ou
arrière petit-fils de Jaba Lompo.
189
Le fait que le Nunbado considère les chefs du Nord-
Gulma comme ses Yabila
(petit-fils est significatif à cet égard.)
Une remarque s'impose cependant: Ego désigne
également l'enfant
de sa fille par le terme n'yaabuga
(n'yaabili).
Autrement dit, même si l'ancêtre des dynasties du
Nord était issu du Nunbado, uniquement par la mère, ce dernier
pourrait l'appeler n'yaabuga
(mon petit-fils). Ceci permet donc
de poser l'hypothèse suivante: l'ancêtre des dynasties du Nord
pourrait être issu d'un mariage eritre une fille du bedo de
Kujuabongu et un étranger; l'enfant né d'une telle union pourrait
avoir été considéré comme un Yaabuga et un étranger (Bilanga)
par rapport au lignage paternel de sa mère. Nous n'avon3 recueilli
aucune version dans ce sens. Alors que, partout où une telle
situation s'est présentée, à Jakpangu et à Jakpaga par exemple,
les informateurs ne l'ont pas caché. L'hypothèse posée ci-dessus
n'est donc pas soutenable.
1
Les versions recueillies au Nord Gulma s'accordent
toutes sur un épisode de la vie de Noima. Son père mourut alors
qu'il était en bas âge. Un de ses esclaves, nommé Kogiri, et
marié à sa soeur ou à sa fille
(soeur ou tante de Noima) usurpa
le pouvoir.
19D
Afin d'assurer la succession à son fils Babedo,
Kogiri décida de tuer le petit Noima, héritier légitime.
Alerté par sa soeur ou sa tante et par son neveu ou cousin
Babedo, Noima s'enfuit à l'Est
(dapwoli), à Diori
(?)
(1) où
i l devint potier.
C'est pourquoi, dans ses louanges, il est d i t :
Jangiri Yognabedo
(Jangiri chef potier). Aujourd'hui encore,
des potiers et potières l'invoquent pour faire de belles pote-
ries.
A l~ mort de Kogiri, son fils Babedo lui succéda.
Il fit rechercher et ramener son neveu ou cousin Noima qui lui
succéda et régna comme 6ème bedo
Aucune version n'a donné la signification du mot
Noima. Or, le 8ème bedo de la liste dynastique de Nungu s'ap-
pelle Niima. Peut-on rapprocher ces deux noms? On est tenté de le
faire.
Dans les louanges de Niima de Nungu, on dit : tukpin
yengu talin kuanu
("une seule plante de haricot s'est étendue
sur tout le champ ..• ").
Il aurait eu une grande progéniture. On retrouve
presque la même phrase dans les louanges de Noima : "tukpin
yengu tandi kuanu kpa kaanU vie
("une seule plante de haricot
.....
(1)
-
D'après Jianu Nademu, op. c~t. :, C'est le sen" à donner
un nom de lieu. Les autres disent outil partit à l'Est
(daowoli)
sans précision.
-
L '
191
s'est étendue sur tout le champ, i l n' y a pas d' endroi t
pour
cultiver") .
Les griots disent, par la même occasio~ qu'il
"mit au monde 333 bonnets rouges"
(333 enfants qui sont deve-
nus betieba ). On reconnaît. donc à Niima comme à Noima une
grande progéniture.
Par ailleurs,
la version
(C)
rapporte que Noima, à
son retour d'exil,
fut appelé par ceux de Nungu
(Kuiuabongu)
pour une succession car i l était le petit-fils aîné de toute
la descendance de Jaba Lompo. Noima refusa cette offre en rap-
pelant la prédiction du marabout.
Il n'est pas impossible que
Noima,
issu de la branche aînée de Kujuabongu selon la version
(F),
puisqu'il est 1er fils de Tidarpo, mais fils illégitime)
ait été sollicité
(après les querelles entre les enfants de
Untani,
5ème bedo de Kujuabongu
(1).
Les informations que nous avons ne nous permettent
pas d'ass~miler Noima à Niima, d'autant plus que les chants de
louanges peuvent être exportés. Il faut poursuivre les enquê-
tes sur les deux betieba.
n) - Tankpano Janja, op. cit. 28/4/1976.
192
Davy, dans son Histoire du Pays Gourmantché
(l952),
ne parle pas de Noima mais de "Bagre",
fils de Jaba Lompo,
comme ancêtre des dynasties du Nord
(1). C'est sans doute un
nom déformé.
Chantoux, dans son Histoire du Pays Gourma
(1966),
fait de "Noama"
(Noima)
le fils de "Bagre",qui est pour lui
le même personnage que Babedo, et petit-fils de Jaba Lompo.
Or, comme nous venons de le voir, Babedo
(fils du c~ptif Kogiri)
est neveu ou cousin de Noima
(J)~
En conclusion, nous pouvons affirmer avec certitude
que la quasi-totalité des dynasties du Nord-Gulma sont de la
lignée de Jaba Lompo. L'ancêtre de ces dynasties a peut-être
été écarté du pouvoir pour une raison morale ou physique
incompatible avec la fonction de bedo, ou simplement à la suite
d'une querelle de succession.
Cet enfant étranger
(Bilanga) est probablement Sinsin-
janga, 2ème bedo des listes du Nord, nom dont la déformation
a donné Jaajanna, nom de salutation du bedo de Bilanga. Nous
le rattachons à Tidarpo
(2ème bedo de Kujuabongu)
comme le
font les traditions de Nungu. Les listes tambourinées le rat-
tachent directement à Lompoi
peut-être pour voiler l'épisode
de l'inceste
(1).
(1)
Les listes tambourinées de Macakoali rattachent également
directement à Lompo, Bilko, fils illégitime de Banyidoba
et fondateur de la dynastie.
.
193
LISTE DE BETIEBA DE WE
l
II
1. NOlMA
liste incomplè-
(1. NOlMA qui vécut à WE
2. KOFELISA
te ; l'~rdre de (2. (?) KOFELISA
succeSSlon n'este
3. YENJENDI
pas sûr
(3. (?) lJDAN JARA
4. YENCUURI
(4.(?)
UDAN SONGA
5. YENTAGlMA
(5. (?)
TIINAANLA
6. YEMBRlMA
6.YENJENDI
7. YENBUADO
arrivée des blancs
7.YENCUURI
8. BAALISONGI
8.YENTAGMA
9. BAAHAHMA
9.YEMBRlMA
10. YENTEMA
IO.YENBUADO
II. 'YENHAMMA
II.BAALISONGI
12. YENHARlMA
12.BAAHAMA
13.YENTEMA
14.YENHAMMA
IS.YENHARlMA
1 - Liste chantée
(des baantiaru)
II -
Soguno de Gayeli
par le Lonbedo de Gayeli
Koagiri Ouoba
Yencabri Woba Foljo
Gayeli le 25 Juin 1975
Gayeli le 25 Juin 1975
les deux listes sont incomplètes
194
II - WE, PREMIERE CAPITALE DU ROYAUME
--------------------------------
DU BILANGA
We, actuellement paisible village de quelques
dieru, situé à environ 70 km de Nungu
(Fada)
et à environ
10 km de Gayeli, est reconnu par la quasi-totalité des
dynasties du Nord-Gulma comme l'ancien site d'occupation
de leurs ancêtres~
C'était un grand centre, d'après les traditions
recueillies dans l'actuel We situé à quelques 2 km à l'Ouest
de l'ancien site. Son importance est confirmée par le vaste
périmètre du fortin qui entourait uniquement le quartier du
bado:
+ 2 500 m (l).
Webedo
(chef de We)
a comme donda Lompo et le titre
du Bali est Noima.
Il ne se décoiffe pas devant les autres
betieba du Nord, Cabonbedo excepté
(étant considéré comme leur
niciamo}.
Dans ce bali tombé en désuétude,
(2), les tradi-
tions se sont mal conservées. La liste ci-contre est une liste
(l) - Les autres quartiers se trouvaient tout autour du quar-
tier du bedo
(2)
- Webedo ne commandait plus qu'à son village à la veille
de la conquête coloniale.
195
tronquée.
Le bedo dont on a gardé le plus grand souvenir
est Kufelisa,qui serait fils de Noima.
Sous son règne, We connut son apo~ée et fut la
première capitale du royaume de Bilanga dont nous parlerons
plus loin.
Kufelisa, chef guerrier,victorieux dans toutes
ses campagnes, décida de porter la guerre à Jabonga
(Macakoali).
Cette bataille est racontée de façon légendaire pour justi-
fier l'origine de la décadence de We.
A l'approche de l'armée de Kufelisa, le vieux bedo
de J?bo~ga prit peur. Il réunit un conseil de notables et leur
proposa une capitulation. Un jeune prince, futur Yuandunba,
objecta que s ' i l était chef il résisterait. Le vieux bedo le
désigna alors cornrne son successeur et mourut. Le jeune bedo
organisa la défense de Jabonga.
La bataille fit rage et tourna à l'avantage des
assiégés. Bientôt, les deux betieba, tous deux magiciens, en
vinrent à un combat singulier et disparurent en se pourchas-
sant tour à tour. Traversant monts et marées, i l échouèrent,
exténués de fatigue, à un endroit. Couchés et agonisant, ils
se regardaient quand arriva le serviteur du bedo de Jabonga.
196
Kufelisa se sentit humilié, aucun de ses serviteurs
n'ayant suivi ses traces, lui, le puissant et renommé chef de
We.
Il demanda à être enterré de la même façon que son homolo-
gue de Jabonga, puis maudit We avant de mourir.
Actuellement, presque aucune des listes dynastiques
chantées du Nord ne cite le nom de Kufelisa qui fut pourtant
le bedo le plus renommé de We. Par contre, i l est cité dans la
liste dynastique de Jabonga où i l est enterré. C'est, semble-t-
il, à partir de cette date que commença le déclin de We.
L'e~seignement que nous pouvons tirer de cette
légende et de ce qui précède est le suivant :
We a été le premier point d'occupation des gu~man
cerna venus de Kujuabongu vers le Nord. Après avoir connu son
apogée sous le règne de Kufelisa, We déclina par suite dè
guerres extérieures et de querelles de familles qui entraînè-
rent des migrations de populations encore plus au Nord.
We est commandé actuellement par Gayeli, à son
tour commandé par Bilanga.
. . . ..
197
III
LE BALI DE CABONDU -
Cabonbedo
(bedo de Cabondu dans le canton actuel
de Gayeli) dit descendre de Kuguba
(3ème bedo du Nord). Son
dondili est Tambiga et le titre du bali Kuguba.
A Karimamma
(où réside Cabonbedo), exceptée la
reconnaissance de Kuguba comme ancêtre, les autres souvenirs
sont vagues.
Le bedo, notre informateur, donna une liste dynas-
tique tronquée
(1) ':
- Baalisongi
- Baahamma
• Dispersion avec Tijandi
(?)
(2~ il n'y eut
plus de nomination jusqu'à Yempaabu
- Yempaabu
- Yencirira fils de Libaru fils de Kuatari
- Yenhinni fils de Kanjasi fils de Kualabina
Kupiendieri, alla s'installer à Basieri
- Labidiero fils de Tiaba fils de Libaru fils de
Kuatari
(1)
Labidiero Tambiga, bedo de Karimamma
(28/6/1975)
(2) Un envahisseur
19B
Cabonbedo ne se décoiffe devant aucun chef du Nord,
bien qu'il ne commande qu'à son village -
parce qu'il est
considéré comme le niciarno
(l'aîné)
de tous les eetieba du
Nord.
Son dondili est paradoxalement Tambiga alors que
Kuguba est le seul bedo dont les louanges contiennent le terme
Lankondi
(nom de famille actuellement répandu au Nord) •
Le village de Cabondu~ comme Surungu, était demeuré
indépendant. C'est sous le
bedo Yencirima
(pendant la période
coloniale) que Gayeli commanda à Cabondu. Actuellement, le choix
du futur bedo est fait par le bedo de Gayeli mais c'est Surun-
jakperi (diema de Kuala)
qui remet le bonnet, le boubou et le
pantalon au nouveau bedo
(1).
La dynastie de Cabondu est probablement la première
à se détacher de la branche-mère du Nord-Gulma.
(1) Woba Foljo Yencabri, Lonbedo.
op. cit. Gayeli 25/6/1975
199
IV
LA DYNASTIE DE GAYELI
La tradition recueillie auprès du lonbedo de Gayeli(l)
sur l'ancêtre fondateur du bali de Gayeli est vague. Il ne
dit rien de plus que ce qui est généralement connu : Piala,
Bilanga et Gayeli sont parents. C'est Babedo qui fonda la
dynastie.
Gayeli est le nom d'un bulo
(autel) appartenant
aux Tindarnba
(du nom Gayeligu). Les anciens sites d'occupation
sont chronologiquement : Dosiegu (où vécut Babedo lui-même)
puis Tanpanga, tous près du site actuel de Gayeli, enfin le
site actuel où i l y avait un tuugu
(bosquet). Ce qui permet-
tait à la population de s'y réfugier rapidement en cas d'atta-
ques.
Toutes les traditions recueillies ailleurs, dans le
Nord-Gulma, font de Kogiri, père de Babedo
(2) - dont ne dit
mot la tradition de Gayeli - un captif du père ou du grand-
père de Noima. Il a épousé la soeur ou la tante de ce dernier
et de leur union naquit Babedo, descendant ainsi de Lompo par
la mère. Ce qui expliquerait que Gayelibedo ait comme dondili
Lompo et comme nom de salutation également Lompo.
(~ Kogiri usurpa le pouvoir à la mort de Kuguba.
(-1)
Woba Foljo Yencabi, Lonbed. Op. cit.Sajili. 25/6/1975.
200
La liste dynastique comporte 36 noms) Kogiri
inclus.Davy
(1952), puis Chantoux (1966)
font de Kogiri,
fondateur de Gayeli, le fils de Balemba. Ce qui est faux
puisque Noima, père de Balemba, a succédé à Babedo, fils
de Kogiri.
Liste des betieba de Gayeli par Yencabri WOBA Foljo
Gayeli le 25 juin 1975
LOMPO
19. Béro BIGNIKUNNI, 10 ans
1
SINSINJANGA
20. TUGINADOFURI, 7 ans
KuhuBA
21. WURIBENDI ou WURBENDI, 5 ans
l_',- - . - ; . . . - - - ,
22. NAMUNYENDO, 43 ans
1. KOGIRI
(1) _
Fille de KUGUBA
23. YENBUADO, 7 ans
2. BABEDO, fils de KOGIRI
24. LISONGI, 4 ans
31 ans de règne
25. YENTEMA, 3 ans
3. LOBITENGA,
15 ans de règne
26. YENCABRI, 12 ans
4. MUNDINI, 1 an
27. YENSONGU, moins d'l an
5. KAMPURIBA,
2 ans
28. WURATANDI, 9 ans
6. NATOABA ou NAATOABA,
29. BAAHAMMA, 10 ans
13 ans
(2)
30. SONGISIERI, 9 ans
7. BANHARI, 8 ans
31. YENTAGMA, arrivée des
8. BANDIA, 7 ans
Européens, 36 ans
9. BAMIKANYERI, 5 ans
32. YEMPAABU, 9 ans
10. BIPAMME,
4 ans
33. RAMICUURI,
15 ans
Il. KANHASI,
17 ans
34. WABIRI, 10 ans
12. ODAN JARA,
13 ans
35. RAMPANDI, 15 ans
13. MOMBA, 14 ans
36. YEMBRIMA, règne
14. JANKONDU, 17 ans
depuis 1948
15. ODAN GIFUGA, 8 ans
16. KANBIA,
3 ans
17. ODAN DARIHUAGI ou
DARIHUAGA,
6 ans
18. TUAGONDI,
Il ans
(1)
Nom ajoutè par nous. Le griot l'a omis: probablement à cause
ce son statut de captif. Les durées de règnes sont sujettes
à caution.
(2) La liste est chantée. C'est une hésitation sur la traduction.
201
La fondation de ce ~ pourrait remonter vers
1550 si l'on tient compte des durées de règne données par
le griot, entre 1540 et 1600 par estimation des durées de
générations
(l).
Gayeli dépendait du Bilanga. Son ~ est
encore nommé coutumièrement par celui de Bilanga (2).
.....
(1) Le fondateur de ce bali est de la génération du père
de Noima, Kuguba
(voir liste page 1.,~Ç) .
(2) Voir plus loin~
202
- CHA P I T R E
11-
LES
D Y N A S T l E S
D E
M 0 PIE N G A
K U A L A
N I A B A
SURUNGU
213
qui seraient difficilement respectés par les Buricimba (1).
Huit rois se succédèrent à Kuala avant l'insurrec-
tion peul. Les traditions peul rapportées par Delmcnd don-
nent le même nombre.
(J)
La même séparation existait entre Niaba
(occupé par les
Buricimba) et Bisigani
(occupé par les Tindamba) à environ
l km à l'est du premier.
l
- LES BURICINDIERU DE MOPIENGA
203
ET DE KUALA
Toutes les traditions reconnues dans ces localités
reconnaissent un lien de parenté entre les ancêtres fondateurs
des bala de Mopienga et de Kuala.
A. La dynastie et le diema
(commandement)
de Mopienga
--------------------------------------------------
..
Les traditions recueillies à Mopienga
(1)
font de
Gmabau, le fils de Kufelisa, fils de Noima.Davy fait de Gmabau,
,
qu i l orth ograph · "
1e
·
M01 amba d
If
ou,
Ie f '1 l s d
e
T '
ancar1
(1 3 'eme b e d0
de Nungu). Aucune tradition recueillie ne confirme cette infor-
. mation (2).
Gmabau serait parti vers le Nord, à la recherche
d'un diema ou chassé dans une querelle de succession, avec ses
partisans, dont certains de ses frères. L'un d'entre eux
(dont le
nom est oublié)
alla s'installer à Namunturu
(dans le Yaga
actuel)
(3)
tandis que Gmabau,
le grand frère,
et un autre
petit frère,
Jaa, venaient s'installer le premier à Mopienga
et le deuxième à 2 km environ au Nord-Ouest de Mopienga.
(1)
Duori Joseph, baantiagu - Mopienga, le 15/6/1975
(2) Davy, op. cit., page 69
(3) Le village Namuntugu
(Namunturu au Yaga)
existe encore et est
l'un des plus anciens villages du Yaga. Le nom est gulmancema
et signifie "buisson d'hyènes". Le fondateur serait Balle, ~
mancoo venu on ne sait d'où, avant la chefferie peul, qui y règne
actuellement. Communication de Daniëlle Kintz du 26/11/1975
(Paris)
Enquête de 1972.
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@ Chef-lieu du Kuamba
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• Chef-lieu de Kombali
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oVillage
-e-Village dépendant directement
de Kuala
_Limite du Kuamba
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•••• L imi te de Komba 1 i
TUABA = Nom de Kombali
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205
On y trouve encore le diebuoli de Jaa
(ancien
emplacement de sa concession) (1) .
Mopienga signifie "herbe sèche", herbe blanche".
Namuntugu, Yedondili de la famille régnante, signifie "buisson
d'hyènes" et le nom de salutation du bedo est Lompo.
La fondation du village de Mopienga, par compa-
raison avec l'histoire de Kuala, se placerait entre 1657 et
1687 ou entre 1687 et 1717, Jaa étant le frère ou le fils de
Gmabau.
Le diema
(commandement)
de Mopienga s'étendit à
Dabesma, Maduori, Balemba, Dayedeni, villages fondés par des
membres de la famille régnante et à Budongu, Konbonsi, Kogi-
dakobu et Batiboogu,
fondés par d'autres familles
(2). Les
raisons de la domination du nouveau Kuala sur ce diema nous
restent obscures. cette suprématie aurait eu lieu sous le bedo
Gmahinni de Mopienga qui fut le premier à
"acheter le bali"
(à être nommé)
à Kuala, après une guerre victorieuse d'un bedo
de Kuala
(3).
Mopienga soutint une autre guerre contre le bedo
Tontuoriba de Bilanga sous les betieba Lansongi
(Mopienga)
et
Yembuado
(Kuala).
.....
(1) Nous avons personnellement visité cet ancien site d'occupation
(2) Voir Carte nO /11. .
(3)
Namuntugu Yenhindi bedo, et Duori Joseph, baantiagu -
Mopienga le 15/6/19~
206
Cet événement est confirmé à Bilanga. Mais les raisons
ne sont pas les mêmes des deux côtés. La tradition recueillie
à Mopienga rapporte que c'était une tentative de domination
de la part de Bilanga. Ce que réfute la tradition de cette dernière
localité
(1)
: ce n'était pas une véritable guerre; Tontuoriba,
chassé dans une querelle de succession, s'était réfugié à
Mopienga
(réputé pour son nyoagu). Il Y vécut avant de repar-
tir accéder
au trône à Bilanga.
Après plusieurs années de règne,
i l repartit à Mopienga afin de rechercher l'un de ses frères qui
y était resté. Ce dernier refusa. Une querelle s'engagea alors
entre les deux frères. L'adversaire de Tontuoriba, aidé par les
habitants de Mopienga, eut le dessus et le bedo de Bilanga y
trouva la mort. D'autres enquêtes permettront sans doute
.
.
d'éclaircir davantage ces faits.
La guerre, dont les traditions gardèrent un grand
souvenir fut celle conduite par Alburi
(ALI BORI)
(2)
sous le
chef Wuriciagu. Le village fut brûlé et 70
(?) personnes saisies.
Mais une ~nergique contre-attaque des villages de Maduori et de
Budongu,
libérèrent les prisonniers à l'exception de 3
(?). Ce
fut la dernière guerre avant la conquête coloniale.
j.1
Lankondi, Hamicuuri, bedo de Bilanga -
23/6/1975.
Namuntugu, yenhindi, op. cit. 15/6/1975. Il s'agit de
ALI BORI : Roi du Diolof, chassé par les français en
1890, il alla offrir ses forces à Ahmadou - Cheikhou,
fils d'El Hadj - Omar
(1797 - 1862), installé à ~ioro.
Après de durs combats, ils furent chassés et s'enfui-
rent vers Sokoto en passant par Dori et Say, au Nord
et au Nord-Est du Gulma
1
(URVOY, Y, Histoire des Populations du Soudan Central,
pp. 110 -
117).
207
B - La dynastie de Kuala et la domination des Gulmanceba
----------------------------------------------------
sur le Liptako - Le premier royaume
de Kuala
C'est Jaa, comme nous venons de le dire plus haut,
qui est l'ancêtre des Jagbira de Kuala.
Les traditions de Kuala font de lui le fils de
Gmabau et celles de Mopienga son frère.
Il est probable que
ces dernières donnent la bonne version, Jaa n'étant pas cité
dans la liste de Mopienga.
Les enfants de Jaa
(ou Jaa lui-même)
(1), à la
recherche d'un diema,partirent plus au Nord et s'installèrent
d'abord à Tampanga, puis à Poka où ils entrèrent en contact
avec des Kurumba installés à Jebidungu
(site à 3 km environ
au Nord du village actuel de GbanJa dans le canton de Kuala).
Balibagini, fondateur du premier royaume de Kuala
(à l'endroit qui devint le Liptako au début du XIXème siècle),
naquit de l'union d'une fille Kurumba et du bedo Foarimo.
(1)
Selon Jagbuga Naabingujoet Jagbuga Noibuga, 1/5/1975,
c'est Jaa lui-même qui vint s'installer à Tanpanga.
20B
L'histoire de cette partie de la boucle du Niger,
qui s'appellera plus tard le Liptako, est mal connue avant
l'arrivée des Gulmanceba.
Selon Danielle Kintz, les Peul.
du Liptako attri-
buent traditionnellement 80 ans à la durée d'occupation de
chaque population, Kurumba et Gulmanceba avant celle des
Peul
(1).
Irwin, citant un de ses informateurs, Maamuudu
Brahima, écrit :
"The 6i~~t ~ule~~ 06 Liptako we~e the Vogon,
"who ~uled the land 60~ 81 yea~~ - Then, came the
"Ku~umba, who cha~ed out the Vogon and ~uled 60~
"81 yea~~. Then, the gu~mance came. They too ~uled
"60~ 81 yea~~. Then we 6ulbe 60ut the Jihad and ~u~
"Led 60~ 81 yea~~ until the white conque~ed u~". (2)
Izard note que le Liptako fut dominé sllccessi-
vemènt
par- les Kurumba,
les Songhaï, les Kurumba
(à nouveau)
et par les Gulmanceba avant la fondation de l'Emirat du Liptako
au début du XIXème siècle.Le Djelgodji était également peuplé
de Kurumba
(3). La domination Songhaï eut lieu sous l'Empire
de Gao. Le-Tarikh Es-Soudan parle en effet en
956
(30/1/1549 -
20/1/1550) de l'influent Arbinda-Farma Bokar, fils d'une fille
(1) Communication de Danielle Kintz, Paris, Novembre 1975/
(2)
Irwin, Joseph, An Emirate of the Niger Bend - A political
History of Liptako in the nineteenth century - Thèse de
3ème cycle, 1973, p. 76.
(3)
Izard, Introduction à l'Histoire des Royaumes Mossi,
Tl - P. 13-14.
20S
de l'Askia, El Hadj-Mohammed
(1). Les Kurumba auraient proba-
blement recouvré leur indépendance après la chute de l'Empire
de Gao
(1591)
avant de tomber, longtemps après, sous la domi-
nation des Gulmanceba (fin XVllème - début XVlllème siècle).
La domination des Gulmanceba, d'après les traditions,
s'est faite de façon pacifique. Elles s'accordent toutes sur ce
point. Balibagini
(11ème bedo de la liste chantée de Kuala),
fils de Foarimo et d'une femme Kurumba, fut demandé par les
Kurumba comme bedo (Balibagini était donc leur yariga) •
Les Kurumba vinrent de Wulo
(village situé à 30 km à
l'ouest de Dori "actuel), alors que Foarimo régnait à Poka
(à 10
km à l'est de Kuala actuel).
Selon une tradition recueillie auprès de Tindano
Tiagijo (2), les Kurumba demandèrent un bedo à deux reprises
ceux de Tanpanga demandèrent Jaa à son père Gmabau régnant à
Mopienga; Balibagini fut demandé après à son tour.
Le contact avec les deux populations
(Kurumba -
Gulmanceba)
a été progressif. Nous avons vu plus haut que toute
la région actuelle de Kuala était occupée par des Kurumba .
... ..
(1)
Tarikh Es-Soudan, Traduction de O-Houdas, Adrien Maison-
neuve, Paris 1964, p. 162
(2)
Tindano, Tiagijo, Ouagadougou, 9 avril 1975
21Ü
A la mort de Udan Jari,
(6ème bedo de la liste
chantée) Balibagini, nommé bedo, transfé~ra la capitale à
Kuala, à côté du village kurumba de Wulo. Ainsi,commença la
domination des Gulmanceba sur cette partie de la boucle du
Niger.
Nous pensons, comme Delmond, que la domination n'a
été pacifique qu'au début (1). Il Y a eu par la suite des
guerres entre les deux populations.
Les Gulmanceba, aidés peut-être par certains Kurumba, repous-
sèrent la majorité jusqu'aux environs d'Aribinda. L'interdiction
faite de parler Gulmanceba dans un village d'Aribinda est signi-
ficative à cet égard. Si on en croit l'explication qui en est
donnée :
des Kurumba furent chassés par des Gulmanceba jusqu'au pied
d'une colline
(dans ledit village) et ne furent sauvés que par
la chute d'un bloc de la collïne qui écrasa tous leurs ennemis.
Depuis cette date, quiconque parle Gulmancema
(même s ' i l n'est
pas Gulmancoo)
à cet endroit risque de mourir
(2).
(1) Delmondl, P.
"Dans la boucle du Niger
- Dori ville peul ll ,
IFAN, n
23.oakar, 1953
(2) Hagila Hunlori, op. cit.
juillet 1973.
211
On peut donc conclure qu'il y eut peut-être des
guerres entre'Gulmanceba et Kururnba
(dans ce village)
qui
tournèrent à l'avantage des derniers.
A quelle époque fut créé ce premier royaume de
Kuala
et quel fut son ressort territorial? Il est très dif-
ficile de le préciser. C'est Ba1ibaqini~ grand guerrier, qui
en fut le conqu~rant et l'organisateur. Selon Tindado,." Il
étendit son commandement jusqu'à Darigo1i"
(Dargol)
(l).
La légende dit qu'après avoir vaincu tous les diema,
le très puissant Ba1ibagini alla faire le siège de Nungu
(ana-
chronisme :
i l s'agissait alors de Kuajuabongu).
Une ma1èdic-
tion du Yaga
(grand-père : le bedo de Kuajuabongu) déchaîna
une terrible êpidemie qui tua presque tous ses chevaux. Ba1i-
bagini fut contraint de rebrousser chemin.
(2).
Nous n'avons recueilli une telle tradition qu'à
Kuala. C'est probablement une façon de dire que Balibagini fut
puissant,
car,
si c'était vrai, nous aurions pu en trouver
confirmation dans les diema du Sud
(Bongandini, Pia1a, Bilanga)
que devait traverser le héros avant d'atteindre son but.
(1) et (2)
Tindano, Tiagijo, Ouagadougou,
le 9/4/1975
1
212
Une autre version rapporte que les "Kurumba
le
(Balibagini)
remplirent à.e
nyoagisi et lui donnèrent tout le
diema jusqu'à l'eau"
(1). cette eau n'était autre que le
fleuve Niger.
Nous pensons que ce diema aux frontières mouvantes
s'étendait effectivement au début à l'est jusqu'au fleuve
Niger; et faisait limite avec le royaume des Gulmanceba de
Jemsuaru au sud-est
(actuel Yaga), au nord avec celui d'Ari-
binda, au sud avec les dierna de Niaba et de Yarga.
Delmond qui rapporte les traditions peul de Dori,
pense également qu'à l'origine le royaume de Kuala s'étendait
,
de Tera jusqu'à Aribinda
(2).
Les traditions n'ont gardé aucun souvenir de l'orga-
nisation politique de ce royaume. On sait seulement que la
capitale était Kuala, ville des Gulmancebaà côté de Wulo,
ville des Kurumba et capitale religieuse.
(3) La même sépara-
tion se retrouve entre le nouveau Kuala et Koarimadeni
(habité
par des Gulmenceba d'origine Kurumba),
à 1 Km environ au Sud-
Est de l'actuel
Kuala. Elle s'explique, à notre avis, par le
fait que les Kururnba avaient des nyoagisi aux mUltiples interdits
(1)
Hagila Hunlori, descendant des Kururnba, Jelku 23/3/1975
(2)
Delmond, P., op. cit. PP 25-26
(3) v?ulo est actùellement occupé ,par . des Bella et l ' ancien site
de Kuala par des champs. Communication de Damielle Kintz;
Ouagadougou 6/12/1975 . .
213
qui seraient difficilement respectés par les Buricimba (1).
Huit rois se succédèrent à Kuala avant l'insurrec-
tion peul. Les traditions peul rapportées par Delmond don-
nent le même nombre.
(1)
La même séparation existait entre Niaba (occupé par les
Buricimba) et Bisigani
(occupé par les Tindamba) à environ
1 km à l'est du premier.
Liste A
I.GMI\\nI\\U
2.DI\\I\\NIA
3.BANIlUGINI
4. Ml\\l\\IIANI
21 4
5.KPEBlLA
6. UDANLOARIBA
7.UDANJAA
8.Ml\\l\\JO
9.FOARlHO
IO.UDANKOI
II. UDAN JARl
~;';";;';::':':::;~ffihDTMi,,--__.........I2.BALIGAGINI fils de FOARIMO
e
'OARlMO
,- __ ~ l __ .~
.,..
,'
.. _~,, __,
GHAYiOOKA
4.ALFA
IS.XORO
I6.PAAMBA
I7.YO'!tlRIMl\\
YEN~~DO-(;A~111Rl123..YENS~~;(~;G1BA)
3!..LANSON'd";:OAKISÏ)- Ïe-. BAALIÈoNG-r-.19 :YËN~ÂARÏ -20.YËNtABRI 21.KALItKUHA 22.
~24~NTUG:::
(BEEJIE~I)
:
2;~YE;KUAGU--2~.YEN~YENCIRi~
~
r - -
l
_ . . ,
29;.!éBIDIEBO
(HUNHA!'!BIRI)
JO. YENKPAARI
31 ~MPAÀBU:::::::::=-
Liste B
I.GHABAU
2.UDAN JM
3.MMJO
4.FOARIHO
S.UDAN XOI
6.UDAN JARl
7.BALIBAGINI
~~~~~~~~-~ fl1& de FOARIMO
1
L
,
T" -
-
-
-
-
-
-
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_ _ -
- - _
1
t
,
•
l
,
1
t
(GHAYlOOI$AN)
9.ALFA
10. KORO
II.PJl:AMPA
12.YEMB!lIHA
.
(20\\
,.,'
r:- -- ïi'L~.i~)-~-~iï~r~);:-:::=-::-~(~I~5~)==~;;:~(~I~:6-;):----~~~nT.i'iin.~~~
"'~"iS>1---' ,=- ~---,R1;:;::::-c:::~-=
I9~
cette llste fltmlne (2)(3)(4)(5) et (6) de la 11ste A
Liste 'c
IX
1657-1687
YW-I7I7
VII
1717-1'747
VI
P47-I7]7
V
IV
III
II
1
~~~'.!.I_'::.2.· ùJ'n's ,]e5 lnfNlTl.lt\\ons de TJl\\GtJO TlN[\\'INJ
• • Cr.L1 .:IU f'!.. t p""rc- di,? lUin J341
b • ~,l1.AJ,u C"~;,t. {T~["e ~ Ul.'n Jd.4
21 ~
Liste donnée par les
Liste donnée par les
traditions des
traditions peul de Dori
Gulinanceba de Kuala
rapportées
par
Delmond
°
°
1 - Balibagini fils de Foarimo
1 - Gueligal-Farraa
(1704 ?-1712 ?) 1
2 - Baadindiye fils de Foarimo
2 - Belbagal-Farma (1712 ?-1722)
1
3 - Alfa fils de Balibagini
3 - Oumtambiri
(1722-1734)
1
4 - Koro fils de Balibagirii
4 - Koro Belbaga (1734-1748)
1
~
5 - Paamba fils de Balibagini
5 - Alfa Koro
(1748-1763)
6 - Yembrima fils de Balibagini
6 - Famba ~1763-17el)
7 - Baalisongi fils de Alfa
7 - Moussougou Alfa
(1781-1801)
8 - Yencaari fils de Alfa)
8 - Diari
Alfa
(1801-1810)
)
(1 )
9 0- Yencabri fils de Alfa)
sous le règne duquel se
place l'insurrection des
peul.
En comparant les deux listes, nous identifions aisé-
ment certains noms : Farma = Foarimo, Belbagal = Balibagini,
[
Koro, Alfa, Famba = Paampa. Les autres peuvent être des noms
r
. "r
de prince des rois.
!
La différence notable entre les deux listes porte
sur l'ordre de succession et la filiation des rois; mais le
fait qu'elles comportent le même nombre de rois
(8)
avant
l'insurrection est le plus important.
(1) Certaines traditions inversent ces deux noms. Mais c'est
sous l'un d'eux, le 8ème, qu'eut lieu le soulèvement peul.
216
Les betieba renommés après Balibagini furent Alfa
(3ème)
dont la maison
(Alfa diefu)
n'a plus fourni, depuis
longtemps, de bedo, et Paarnba dont la maison détient actuelle-
ment le bali.
(Voir liste dynastique de Kuala ci-contre).
Les Gulmanceba régnaient sur cette région depuis trois
générations quand eut lieu le soulèvement peul sous le 8ème bedo.
Il existait probablement avant l'arrivée des Gulman-
ceba, comme le remarque Irwin
(1), quelques groupements nomades
peul - attirés par les bons pâturages et le sol salé Ce la
région actuelle du Liptako - Le Tarikh Es-Soudan rap90rte que
Sonni Ali trouva la mort en 1492-1493 en revenant d'une expédi-
tion dans le "Gourrna" contre les Zeghrâni et les Foulâni,
emporté par un torrent appelé Koni
(2).
Wendou, reconnu être le plus ancien village de
l'Emirat du Liptako
(3), fut fondé par une famille peul Torobe
originaire du Fouta-Toro (Sénégal)
(4).
L'ordre d'arrivée· des peul semble avoir été chrono-
logiquement le suivant : 'les Torobe
(venus du Fouta-Toro), les
Wakambe
(venus de la région comprise entre Douanza et Bandiagara),
(1)
Irwin, Joseph, op. cit. P. 78
(2) Tarikh Es-Soudan, op. cit. P. 116
(3)
Irwin J., op. ci t. P. 79
(4)
Irwin rapporbeque Iisa Hanafi, Jooro, chef du village de
Wendou lui a di t(en 1971) que la village "had stood for
774 years"
(que le village fut fondé i l y a 774 ans -
Irwin, op. cit. P. 79
21 7
les Silloube (originaires du Mali). Ces clans étaient ins-
tallés dans la région plus de quatre vingts ans avant l'arri-
vée des Ferobe, venant du Macina (1). Delmond situe l'arrivée
des Ferobe vers l'an 1707 (2). Les traditions recueillies par
i
- !
Irwin reconnaissent toutes Birmani Sala Pathe comme le chef
des Ferobe, qui les conduisit au Liptako.
Irwin rapporte qu'il y avait douze villages peul
situés tous, Diobbou excepté, dans un rayon de 15 km autour
de Dori. Après confrontation des traditions locales, il pense
qu'il Y avait peut-être plus de villages (3). Koria, cité comme
village peul, était plutôt de Gulmanceba. Il est resté connu
dans les traditions de 'Kuala parce que Namuno (fils d'Alfa),
grand guerrier, y vécut (4). Il est très difficile de faire
une distinction entre villages peul et villagesde Gulmanceba
de l'époque: certains vil~ages peul n'étaient sans doute que
de simples camps à proximité des villages des Gulmanceba. Irwin-
estime
la population peul de l'époque à quelques milliers
d'habitants, la population des Gulmanceba n'était pas beau-
coup plus élevée (5).
(l)
Hanuna Diabate, enseignant, Royaume Peulh du Liptako,
. ,
Histoire du Liptako résumée, s.d. exemplaire dactylographle
communiqué par Marcel Poussi
(C.V.R.S. Ouagadougou)
(2) Delmond, op. cit. P. 26
(3)
Irwin, PP. 81-82 - Il cite Selbo, Wendou, Torodi et Kampiti
(Bilesaba ?), Lerbou, N'Diomga, Dani, Diobbou, Koria, Bou-
doungel, Bouloye, Banga et Mammassio, et peut-être aussi
Dori et Bebere Talata
(4)
Irwin lui-même écrit que les Gulmanceba laissèrent leurs noms
à des lieux comme Kampiti, Katchari, Koria, Pempendiangou
et Tobidioga, P. 78
(5)
Irwin, op. cit. P. 82
21 a
Que disent les traditions de Kuala sur l'immigration
peul au Liptako ? Ecoutons deux informateurs
QVepui~ Baiibagini, on ieu~ (a eeux de
Kuaia) a dit de ne pa~ iai~~e~ ie~ peui ~'y in~tae
ie~ (p~édietionl. Tout peui qui était p~i~ était
ehât~é. Quand Paamba devint ehe6, ~i déeia~a n'avoi~
pa~ peu~ de~ peui et ie~ admit ~u~ ~on te~~itoi~e.
Un peui vint d'abo~d, a qui on eonbia ia ga~de du
t~oupeau de boeu6~ da t~ône, 6~uit de~ p~iiage~ et
~ou~ee de~ d~66é~ent~ ~ae~iniee~. Le p~emie~ peui
aiia ehe~ehe~ un ~eeond. A ia iongue, ie~ peui de-
vin~ent nomb~eux et eontinuè~ent a ga~de~ ie t~ou
peau (Réeit de i'In~u~~eet~on pe~i)" (1].
"C'étaient de~ Guimaneeba (dan~ ie Liptako).
Le~ peui, au nomb~e de 13, vin~ent de Kona~i (Maeina),
~ou~ ie ~ègne de Baiibagini et iui demandè~ent ia
piaee .... Baiibagini o~donna a ~on eapti6 Kpebiduani
et a ~on p~em~e~ 6ii~ Ko~o de ieu~ ind~que~ un empia-
eement. On ieu~ mont~a Weeno (Wendou). Six d'ent~e
eux demandè~ent a eontinue~ ieu~ ~oute et aiiè~ent
~'in.6taiie~ a Yio..,6oba (Yaga)" (2).
De l'ensemble de ce qui précède, on peut tirer les
conclusions suivantes concernant le peuplement peul :
1)
-
Il Y avait probablement des groupements peul
avant la domination des Gulmanceba sur le Liptako, puisqu'on en
parlait avant et dès l'arrivée de Balibagini, mais sans orga-
nisation politique.
.....
(1) Tindano Tiagijo, Ouagadougou, le 9/4/1975
(2)
Bilangijo Baabuogu - Jelku le 26/9/1972
/ )
21 9
1
22D
2)
- L'immigration peul dans le Liptako, comme la
plupart des immigrations de population, ne s'est pas faite
de façon massive et s'est poursuivie sous la domination des
,.
Gulmanceba.
3)
-
L'arrivée des Ferobe, qui jouèrent un rôle
important dans l'insurrection peul, a peut-être eu lieu sous
Balibagini - même s ' i l est vrai que ce groupe était conduit
par Birmali -
Sala - Pate.
La comparaison des généalogies
respectives
(voir tableau
,. ,·_("c,'\\fn'..
)
montre que ce dernier
et Balibagini sont de la même génération :
1747~1777, selon
notre estimation de durée de génération de 30 ans. La généra-
tion de l'insurrection peul est celle de 1807-1837; la date
connue de l'insurrection elle-même étant 1809-1810. Cette esti-
mation place la fondation dU premier royaume de Kuala, entre
1747 et 1777. L'année 1~09-1810 peut-être considérée comme la
date de la première grande victoire peul et de la mort de
Yencaari
(8ème). Yenhamma
(16ème)
est probablement mort en
187~, son successeur Yenkuogu étant mort en 1917, après 39 ans
de règne. De 1810 à 1878 -
68 ans -
il Y a eu sept betieba ,
soit une moyenne de durée de règne de 9, 7 ans ou 10 ans en
arrondissant. Du fondateur du royaume à l'année 1878, il Y a eu
seize betieba . Le début de règne de Halibagin~, fondateur du
royaume,
se placerait donc en 1878 -
(10.X 16 ) = 1718.
Nous placons donc en tenant compte des deux hypothèses,
la fondation du premier royaume de Kuala entre 1718 et 1747.
Le soulèvement peul fut la cause du déclin de ce
premier royaume de Kuala.
Il eut pour conséquence la fondation
de l'Emirat de Liptako.
,': ,
221
C - Le Soulèvement peul = le djihad
Du côté peul, comme de celui des
Gulmanceba, les
traditions sont relativement fournies à ce sujet. Les causes
de la guerre peul-Gulmanceba sont politiques et religieuses.
Le peuple était pressuré par l'aristocratie des
Gulmanceba. Non pas que les peul payaient ùn tribut régulier
(1)
~ '. Mais parce que le bedo étant propriétaire éminent de toute
chose de son diema, les sujets lui faisaient des cadeaux et les
berijaba vivaient de pillage et
de rapines aux dépens des
peul éleveurs ~ rapt d'animaux, réclamation de lait •••
Au début, les peul, peu nombreux et surtout pas ou
peu organisés, durent se soumettre à la loi de l'aristocratie
~
des Gulmanceba et être littéralement exploités. Les traditions
peul et des Gulmanceba attestent ce fait.
Versions peul
"Sou~ la domination gou~mantch~, le~ Peulh
6uJtent maltJtaité..6 et 0 blig é.~
à
payeJt de louJtde~
dZme~. Aucun peulh n'avait le dJtoit de pO.6~é.de~ un
(1)
Irwin le remarque
Irwin, op. cit. P. 82
22t:
cheval, et mime ~i ~a jument mettait ba~ un pou-
lain, celui-ci ~evenait de d~oit au che6 90u~man
tché de Koala, ancienne capitale 90u~mantché ~u~ la
~oute de GO~9adji a 30 km de Vo~i envi~on."
"La te~~eu~ ~ou~ laquelle vécu~ent le~ Peulh
~ou~ le ~è9ne Gou~mantché nut pou~ eux l'occa~ion
d'accumule~ de~ ~ancune~ condui~ant a la vengeance" (1)
"A l'époque de la djihad, le ~oi de~ gou~
mantché était Jaa~l Pamba. C'était la coutume au
Liptako quand un peul
mou~a~t que tou~ ~~ b~n~,
~au6 une vache~ deviennent la p~op~iété du ~oi de~
Gou~mantché"
12).
Version des Gu1manceba
"Quand la jument d'un peul
mettait ba~
un poulain, le~ gulmanceba le p~enaient. Ve mime
que leu~~ belle~ nemme~. Le~ peul
a la longue ~e
6âchè~ent et allè~ent demande~ aide au Ma~about de
Jagu~u ISokoto)" 13).
Ce sont ces exactions qui entrainèrent la réaction
peul 1 Les traditions s'accordent également quelque peu sur
la cause immédiate de la guerre.
(1)
Hamma Diabate, op. cit. P. 1
(2)
Irwin, op. cit. P. 82-83 -
Il cite Ahdurramaani Ali
Diobbou,
1/1/1972 - Aucune tradition recueillie à Kuala
ne fait état de cela.
(3)
Bi1angijo Baabuogu, Sinturadeni, le 11/3/1975 -
Le vil-
lage de Jaguru, dont nous parlerons plus loin,
fut fondé
après le Ji1ad.
Il s'agit de Sokoto.
223
Versions peul
"A l'lpoque de la djihad, le ~oi gou~
mantehl ltait Jaa~i Pamba. C'lt~it la coutume au
Liptako, quand un Peul mou~ait, que tou~ ~e~ bien~,
~aun une vache, deviennent la p~op~ilte du ~oi de~
gou~mantehl.
Un jou~, quand un peul mou~ut à Selbo,
Jaa~i Pamba envoya ~e~ homme~ ehe~ehe~ ~e~ bien~ et
le~ ~appo~te~ à Koala. Mai~ quand le~ gou~mantehe
a~~ivè~ent à Selbo, la namille ~e6u~a. Le~ gou~man
che ~el1t~è.~el1tà Koala ave~ti~ leu~ chen. Le ~oi
envoya à Selbo de~ homme~ à quat~e ~e~~i~e~, il~
e~~uyè~ent quat~e ~enu~. Ennin, il envoya ~on nil~
Umadu Jaa~i ... "
"Quand il a~~Iva a Selbo, Il t~ouva de~ peul
pa~mI le~quel~ une nemme qui e:ta.d en t/uU.n de :tJc.~e
une vache. Un chien d'un go~antehé,
alla boI~e dan~
la ealeba~~e de lait. La 6emme le n~appa. Alo~~ le
gou~mantehé la pou~~uIvit. Un jeune peul eou~ut ap~è~
le~ Bou~mantehé et en tua un d'un coup de lance.
Alo~~ le~ gou~mantehé quittè~ent Selbo" (1).
"L'annaI~e couvait donc depuI~ quelque temp~
déjà quand éclata le eonnlit, Via~i Alna étant ~oi de~
gou~mantehé et B~ahIma BI Saydou, djao~o de Wendou et
pat~ia~ehe de~ peul ·du LIptako. Pat~Ia~ehe e~t le mot,
ea~ chen de Wendou depuI~ 52 an~ déjà, Il avait atteint
un âge ~e~peetable.
"Un Incident mit le neu aux poud~e~. La
t~adItIon ~appo~te qu'un de~ nIl~ du ~oi VIa~I !Yen-
eaa~il ltant allé à Selbo avec deux ehIen~, ceux-ci
bu~ent à même une ealeba~~e de lait appa~tenant à un
peul et qui ~epo~aIt ~u~ le ~ol. Le peul en 6It de~
~ep~oehe~ au gou~mal1tehé et, au eou~~ de la di~eu~
~ion qui ~'en~uivIt, le tua de ~a lance (1810). Le
tambou~ de gue~~e de~ gou~mantehé ~etentIt au~~Itôt
a Wendou ... " (2).
(~) Irwin, op. cit. P. 82-83
(2) Delmond, op. cit. P.
29-30
224
"Un joun du moi~ de janvien 1810, l'lpou6e
de Yanaldou M'Bodeni, du nom de Bingui Youmou~~a,
a660mma à Selbo le ehien du ehe6 gounmantehê de ee
village panee que ee dennien avait bu ~on lait. La
pauvne 6emme 6ut maltnaitée pan le6 gounmantehé
poun avoin tué leun ehien".
"Ne' pouvant ,~upponteJL le6 aete6 méehant~
de~ dominant~ gounma~, Yan~ldou M'Bodeni, alla
monten ~un ~on eheval qu'il avait pni~ 6oi~
de
eaehen aux gounmantehê. Il6'an.ma
de ~e~ lanee6
et tua tnoi~ gounmantehé. Le6 autne6 peul
de Selbo
6'indign~nent devant l'aete inju6te de~ gounmantehé,
6'anm~nent à leun toun et aginent li l'exemple de
Yana~ou M'Bodeni et tou~ le~ gounmantehê de Selbo
6unent ma~~aenê~ " (11
Versions-des Gulmanceba
"Le pnemien 6il6 de Yeneaani tuait de6 géni6-
6e6 poun 60n ehien. Il ~e quenella avee un peul. La
gue\\ne pantit de là. Le peul 6ut tué. Le~ peul
allènent demanden li un ma~about de leu~ donne~ du
nyoa~u.
Il6 pu~ent ain~i eha~~e~ le~ Gulmaneeba qui
~e d~~pe~~è~ent" 12).
" ... Quand Ouma~ou voulut tue~ une géni~6e
(au puit6), le6 peul
le 6~appè~ent, ain~i que 6e6
eapti6~ et le6 cha~~è~ent ju~qu'au village" (3).
"SOU6 Yeneaa~i, ~on chien mangeait de~
géni~~e6 et il eou~ait le6 6emme~ de 6e6 ~ujet~. Il
tua la ~eule géni~~e d'un peul. Il~ 6i~ent appel
aux Su~iga ITouaneg} pou~ le6 eha~~e~" 14}.
(1) Hamma Diabate,:p~.
cit. P. 2
(2) Bilangijo Baabuogu, Jelku, 26/9/1972
(3) Tindano Tiagijo, Ouagadougou, 9/4/1975
(4) Songijari Baanga, Pocienga, 10/3/1975 - L'informateur se
rappelle que les peul
firent appel à d'autres personnes,
mais confond sûrement les peul
de Sokoto avec les Touareg.
22s
"Quand Yencaa~l acc~da au t~5ne, ~on
6ll~ Ouma~ou out un boakpaando rcha~~eu~ avec
chlen~). Mal~ ll:tua~t le~ an~maux de~ peul
au
lieu d'anlmaux ~auvage~. C'~talt un en6ant pou~~i".
Q. "Ne ~ai~-tu pa~ ~ou~ quel cheo peul ?"
R. "Sou~ le pl~e d'Amadou 1~~a, nomm~
So~y". Il)
La confrontation de ces traditions permet
de conclure que c'est Ournarou,
fils de Yencaari
(2) qui fournit
le prétexte aux peul
de se révolter, en commettant une exac-
tion contre un ou une peul. Même si la troisième version des
Gulmanceba l'attribue à Yencaari lui-même et la troisième
version peul au bedo des Gulmanceba de Selbo. L'incident a
probablement eu lieu à Selbo, comme le rapportent les traditions
peul du Liptako. Ournarou fut tué
(3)
ou humilié.
La révolte peul fut une révolte populaire contre les abus
de l'aristocratie des Gulmanceba. La situation était mûre et
(1) Liyandipo Tindano, Jaguru, 18/3/1975 - Le nom donné
est juste. Mais Sory était un grand-père classifica-
teur d'Amadou Issa.
(2)
La liste dynastique chantée de Kuala précise
"Yencaari
père de Oumarou •.. "
(3) Contrairement à ce que dit la première version des
Gulmanceba.
226
i l suffisait d'une goutte d'eau pour faire déborder le vase; le
rapport numérique Gulmanceba /
Peul a joué un rôle important.
L'immigration s'étant poursuivie sous l'occupation Gulmanceba,
les Peul étaient certainement devenus nombreux à la veille du
djihad.
La région autour de Dori était "saturée" de Peul. Ce
qui explique sans doute l'acte audacieux du peul qui tua le
prince Oumarou.
Cette révolte populaire a été par la suite récupérée par
le clan Ferobe,
sans doute le plus prestigieux des clans à cause
de son origine; i l venait du Macina bien connu.
Il fallait
. néanmoins à ce clan; qui prit la tête du parti peul, un moyen de
légitimer son pouvoir et surtout de mobiliser les Peul contre
les Gulmanceba. L'appel fait à Ousman /
Dan Fodio répondit à
ces besoins en permettant la proclamation du djihad.
Versions peul
nAin~i, en oetob~e 7809, le.petit-6il~
de Bi~mani Sala Pathé, nommé Bou~eima Sa~dou Viam-
dicko, alo~~ che6 du village de Wendou, envoya une
délégation compo~ée de~ To~obé~, Wakambé~ et Fé~obé~
à Sokoto,
aup~è~du Cheick Ou~mane Van Fodio. Cette
dé~égation avait pou~ mi~~ion d'obteni~ ~e~ p~ië~e~
et le~ béné.diction~ du "WaLi.", le g~and ma~a.bout
227
de Soko~o, pou~ la l~bè~a~~on to~ale de~ Peul
du joug Gou~man~ché. La
m~~~~on du L~ptako à
Sokoto 6ut l'objet d'une ho~p~~al~tl pa~t~cul~t~e
et elle ~eçu~ du che~ck Ou~mane Van Fod~o un d~apeau
~n pap~e~ po~tant de~ ph~a~e6 t~~le~ du Co~an. Ce
d~apeau ~e~a le 6ymbole du ~ègne peulh dan~ le
L~ptako" ! 7) •
"Le6 Fulbe lta~ent ~ou~ la lo~ Gou~man
tchl" quand ~l6 dlc~dè~ent de combatt~e leu~6 ~O~6
et d'ltabl~~ leu~ p~op~e ltat. Hamma Seydo~ le
6~è~e aZnl de B~ah~ma Seydou, alla 6eul à Sokoto
che~che~ un ltenda~d aup~è~ du Seku Baa Bello
(U~man·dan Fody~o}. Il
~e.v~nt a.u L~p.tako.
B~ah~ma Seydou voula~t dlcla~e~ aU~6~tôt la gue~~e
aux Gou~mantchl ma~~ Hamma Seydou mou~ut pendant
l'annle qu~ 6u~v~t ~on ~etou~ de Sokoto" (2).
Versions des Gulmanceba
"Le~ peul
allè~ent chez un ma~about
nomml Sekujo
!Che~ck} à Va~~gol~ !Va~gol) et lu~
demandè~ent de le6 a~de~ pou~ cha6~e~ le~ Gou~
mantchl et ~'empa~e~ de leu~~ ~~che6~e~
(boeu6~ ... ).
Il leu~ donna du nyoagu qu'~l 6alla~t mett~e dan~
le v~llage de~ Gulmanceba avant d'attaque~" (3).
"Ceux de Kuala ~ont pa~t~6 ju~qu'au L~p
tako, jU6qu'à
Ayo~o. C'e~t le ma~about Baabello
(le pè~e de Bello: OU6man!Van Fod~o) qu~ le~
cha~~a"
t 4} •
(1)
Hamma Diabate, op. cit. P. 1
(2)
Irwin, op. cit. P. 82
(3)
Liyandipo Tindano, Jaguru,
18/3/1975 - Un autre informateur
Hagila Hunloli de Jelku,
nous dit que les peul
allèrent
demander aide au marabout Seku Baabello de Sokoto -
7/1973
(4)
Jianu, Nademu, op. cit. 18/5/1975
228
Toutes les versions - les versions peul sont plus
précises - s'accordent sur l'envoi d'une délégation peul à
Sokoto. Le Sekujo (Cheick) de Darigo1i (Dargo1) de la première
version des Gu1manceba n'est peu~être que le Cheick Ousmane Dan
Fodio de Sokoto (1757 /
l8l7). Ce qui est pratiquement sûr
pour "Baabe11o"
(père de Bello en peu1)- C'est bien Ousmane
Dan Fodio qui remit l'étendard à la délégation peul en 1809/
1810 (l). Saint musulman, il lança le djihad de 1804 à 1810
et fonda un immense empire dans le Soudan central; son fils
Mohammed Bello lui succéda (lB17/l837). Cet étendard opéra
magiquement sur l'esprit des peul, les transformant en fanati-
ques de la cause de Dieu. Il leur donna une raison supp1émen-
taire de 1ivr~r une guerre sans merci contre les oppressseurs
et "païens" Gu1manceba. Le soulèvement des peul du Liptako est
à placer dans le cadre général des hégémonies peul au XIXème
siècle.
Les difficultés qui existaient à l'intérieur de la
famille régnante, comme le signalent les traditions de Kuala,
facilitèrent aussi la tâche des peul.
(l) Tous les auteurs s'accordent sur cette date, de même
que les écrits de marabouts. L'étendard est encore
conservé par la famille régnante du Liptako.
229
"Yencaa~i ne ~'entendlt pa~ non plu~
avec le~ Ku~umba, qui enlevè~ent le~ kpaana
(piquet~-nyoagi~il dudogu (village). Et le~ peul
le~ (le~ Gulmancebal le~ cha~~è~ent... " (7l
"Lo~~ d'une vacance du t~5ne IVondiba)
(g~and Vondibal dit a ~on petit 6~è~e (petit Vondi-
ba) qu'il donne~ait le bali à Yencaa~i (lo~~ d'une
vacance de la mai~on, c'étaient le~ Ku~umba qui
nommaient le bedo). Le petit 6~è~e ~'y oppo~a en
di~ant que Yencaa~i convoitait ~a 6emme. Le g~and
6~è~e ~épondit que, malg~é tout, il donne~ait le
bali a Yencaa~i, et le lui donna. Le petit 6~è~e,
mecontent, enleva le~ k~aana du village. Le~ peul
cha~~è~ent le~ Gulmance an (2).
"Le~ betieba avaient l'habitude de tue~
de temp~ en temp~ ~ept boeu6~, un pou~ chacun de~
g~oupe~
~uivant~ : le~ Koa~ima, le~ Tindamba, le~
Be~ijaba fp~ince~), le~ Be~i~iaba lp~ince~~e~-,)
le~ Benya~iba, et un natonduoodi (tau~eau) pou~
eux-mëme~ (il manque le de~t,[natai~edu 1ème).
"Quand Yencaa~i accéda au t~ône., 'il
n'~go~gea dé~o~mai~ de~ boeun~ que pou~ ~a p~op~e
6amille. Son 6il~ Uma~u êgo~geait une géni~~e de
quat~e an~ et t~oi~ b~u6~ pou~ bediegu (la mai~on
du bedol. San~ en donne~ a pe~~onne.
"Le~ peul
mécontent~ de l'égo~gement
de~ gêni~~e~, le~ p~oduct~lce~, vi~~ent ~'en plaind~e
aux Gulmanceba. 'Ceux _-ci leu~ dit d' alle~ vdi~
Uma~u ca~
~l~ ne bêné6iciaient pa~ de la'viande. !3J
(1) Liyandipo Tindano, Jaguru,
18/3/1975
(2)
Hunloli Hagila, Jelku,
23/3/1975
(3) Tindano Tiagijo, Ouagadougou, 9/4/1975
230
Il Y avait des tensions au sein de la famille
régnante à la veille du djihad. D'abord des difficultés
de succession. D'aucuns disent
(1)
qu'après la mort de
Baalisongi, Yencabri fut nommé. Mais, pour des raisons que
nous ignorons encore, i l fut chassé et remplacé par son
frère Yencaari. Le premier quitta
(avant ou après le djihad ?)
le Liptako et vint mourir à Baani
(village situé à environ
15 km au sud de Kuala actuel).
Nous pensons, par ailleurs, que les membres du
diegu d'Alfa qui détenaient le bali durent commettre des
exactions, non seulement sur les sujets, mais également
sur les Buricirnba; ce qui rompit la solidarité au sein de
la famille régnante.
Il n'est donc pas impossible que les membres des
autres d~ aient considéré l'incident de Selbo comme un
règlement de compte entre les peul
et les membres du diegu
d'Alfa. Ce n'est que lorsqu'ils se rendirent compte, après
quelques succès peul, que la révolte menaçait toute l'aristo-
cratie qu'ils réagirent. Mais c'était tard. La lutte fut cepen-
dant dure et longue.
(1) Comme Jagbuga Naabingujo, Kuala, 26/3/1975
231
Traditions peul
" ... On e~oit pouvoi~ eonelu~e que la gue~~e
6ut alimentée pa~ une la~ge gamme de di66é~enee~ ~e
~en6o~çant natu~ellement ent~e le~ deux g~oupe~.
Pa~mi d'aut~e~ eho~e~, eela devait eomp~end~e le~ di6-
6é~enee~ d'ethnie~, de ~eligion et d'aetivité~ t~adi
tionnelle~ et le gen~e de ten~ion qui ~e développe
~i ~ouvent ent~e dominé~ et dominant~. ~ eela ~'ajou
tait l'exemple que le~ peul
du Liptako voyaient
dan~ le~ aetion~ de~ aut~e~ peul
de la ~égion de
Sokoto ...
"Le~ peul
du Liptako ~e ~a~~e.mblèJl.ent pou~ li-
v~e~ bataille aux Gou~mantehé, dan~ le lit ~ee du
yag~e,
non loin de l'inte~~eetion aetuelle de~ ~oute~
de Vo~i, N'Viomga et Go~gadji. Le~ Gou~mantehé 6u~ent
battu~ a plate eoutu~e et ~'en6ui~ent en ma~~e du
pay~.
Pa~ la ~uite, on ~e battit eneo~e : ee 6u~ent
de~ opé~ation~ de nettoyage qui eu~ent lieu loin du
eent~e de la zone habitée pa~ le~ peul.
"
Le~ Gou~mantehé étaient eneo~e tout
p~è~ lo~~qu'il~ ~'en6ui~ent du Liptako du No~d.
Ap~è~
la bataille du Yag~e, il~ ~'in~tallè~ent d'abo~d dan~
ee qui devint en~uite le Liptako du ~ud.
Leu~ ehe6
habitait ~oit Babi~ka, a envi~on 30 km au ~ud de Vo~i,
~elon Velmond. ~oit Bani,
10 km plu~ loin, ~elon no~
in6o~mate.u~~ et au~~i Abbatueei et Bouve~ol·(l J Le~
Gou~mantehé et le~ Peul ~e battaient de temp~ a
aut~e, et ve~~ la 6in du ~ègne de B~aahima Seydou,
le~ Gou~mantehë ~e déplaeè~ent 6inalement a
nouveau ve~~ le ~ud et quittè~ent le Lipta~o pou~
de bon. Un ne ~ait pa~ elai~ement pou~quoi le~
Gou~mantehe pa~ti~ent dé6initivement. Peut-ët~e pa~
manque d'eau.
.Veux de~ in6o~mateu~~ a66i~mè~ent
(1) Abbatucci a écrit en 1897 et Bouverd:en 1904
232
qu'un mag~c~en ingen~eux 6ab~iqua de~ g~i~-g~i~
qu'un peul int~odui~it ~ub~epticement dan~ l~ puit~
de Bani.
Le~ g~i~-g~i~ a~~échè~ent le~ puit~ et le~
Gou~mantché 6u~ent obligé~ de pa~ti~" (1].
"Quand Jaa~i Pamba connut ce~ cho~e~ (~évol
te de~ peul
de SelboJ, il envoya un g~oupe d'homme~
à Selbo pou~ puni~ le6 gen~. Le~ gen~ de Selbo
étaient p~êt~ à ~e batt~e. Ceux de Vo~i vin~ent au~~i.
Le~ peul
~u~ent que le~ Gou~mantché a~~ivaient quand
il~ entendi~ent la cloche attachée au cou Id' un de leu~
chevaux.
Le~ peul
attaquè~ent le~ Gou~mantché et
le~ tuè~ent
tou~ ~au6 celui qui montait ce cheval
et
~etou~na à Koala. Ceci ~e pa~~a un vend~edi.
Le~
peul
et le~ Gou~mant ché 6i~ent de~ p~épa~ati6~ pou~
le vend~edi ~uivant. Quand le~ Gou~mantché lai~~è~ent
Koala, il~ allè~ent campe~ pou~ la nuit à Vangade.
Hammidou Hamma Kii~imu Maana, le che6 de~ Adaabe de
Viobbou le~ avait ~uivi~. Il avait quato~ze cavalie~~
en tout. Tandi~ que l'a~mée gou~mantché do~mait à
Vangade, il alla à Vani et b~ûla le~ mai~on~ de~ Gou~
mantché qui y vivaient.
"Le jou~ ~uivant, vend~edi, la bataille ent~e
Gou~mantché et Peul eu
lieu à Vo~i. Le~ Gou~mantché
6u~ent battu~ et ~len6ui~ent au ~ud dan~ le Gou~ma.
Il~ pa~~è~ent pa~ Pempemdiangu et Jaa~i Pamba tomba
de ~on cheval et ~e ble~~a. Le~ Gou~mantché le p~i
~ent avec eux ju~qu'à Bani; il mou~ut là de ~e~ ble~
~u~e~. Aucun ne ~e~ta au Liptako et le~ peul
b~û
lè~ent toute~ leu~~ mai~on~. I l y a maintenant 162
an~ que le~ Gou~mantché ~e ~ont en6ui~ au Gou~mauI2J.
(1)
Irwin, Un article dactylographié qui paraîtra
prochainement dans "Recherches VoltaIques" et
intitulé "Chronique du Liptako au XIXème siècle"
(2)
Irwin, op. cit. citant Abdurramaani Ali, Diobbou,
1/1/1972
... ("
233
Traditions des Gulmanceba
"
Quand Uma~u voulut tue~ une g~ni~~e,
le~ peul
le 6~appè~ent ain~i que ~e~ eapti6~ et
le~ eha~~è~ent ju~qu'au village de~ Gulmaneeba.
La population m~eontente de la 6amille de Yeneaa~i
ne ~~agit pa~. Le~ peul
eha~~è~ent le~ Gulmaneeba
tout en le~ tuant. Le bedo Yeneaa~i 6ut tu~ a Kalo
(LiptLLOO Baani Kalo)
{Qua.~tie~ de BaaniJ. Le~ Gul-
maneeba ~e d~~pe~~è~ent. Leu~ nieiamo, Kalinkuma,
p~it le~ be~ipwooba (litt.
6emme~ du bedo] et ~e
di~igea a Niaba ..... " (1)
- -
"Le~ Peul
6i~ent du nfoagu avee le pain de
~inge (6~uit du baobab), ~elone~ ~eeommandation~
du Ma~about.
Il~ pnépa~è~ent un liquide qu'il~ mi~ent.
dan~ 65 eana~i~ et on le ve~~a dan~ tou~ te~ puit~
de~ Gulmaneeba. Vix ou t~eize jou~~ ap~è~, le~ peul
déela~è~ent la gue~~e aux Gulmaneeba " (2J.
La victoire peul ne fut pas facile. Les peul
essuyè-
rent sans doute quelques revers. Contrairement à ce qu'écrit
!
l
Delmond
(3), les Gulmanceba, habitués au pillage, disposaient d'une!~
cavalerie. Dans les louanges de Balibagini, fondateur du premier
1
i
royaume des Gulmanceba de Kuala, les baantiaru disent tanciami
bedo Balibagini
("Balibagini, chef de nombreux chevaux") i
pour
signifier sans doute qu'en cas de guerre, i l pouvait aligner des
cavaliers.
(1)
Tindano Tiagijo, Ouagadougou, 9/4/1975
(2)
Bilangijo Baabuogu, Sinturadeni, 11/3/1975
(3)
Delmond, op. cit. PP. 29-30
23~
Les Gulmanceba ne furent peut-être définitivement
vaincus que dans les environs de 1817, ou plus tard
(1).
Le plus grand engagement, qui tourna à l'avantage
des peul, eut lieu comme le disent les traditions peul "dans le
l i t sec du Yagre"
(2). Les Gulmanceba se replièrent au sud dans
les villages de Gulmanceba de Babirka
(30 km au sud de Dori)
et
de Bani
(40 km au sud de Dori).
Yencaari mourut probablement
en 1810 à Bani, dans un engagement contre les peul.
En conclusion, nous pouvons dire que le soulèvement
des peul
du Liptako, comme celui des peul
du Yaga
(dont nous
parlerons plus loin), ne peut se comprendre que placé dans le
cadre générai de l~slam conquérant du XIXème siècle.
Le changement du rapport numérique Gulmanceba/Peul
et l'exploitation des peul par l'aristocratie gourmantché ont
été aussi un facteur de mobilisation pour les peul. La guerre
fut difficile mais, après quelques revers, les peul triomphè-
rent définitivement des Gulmanceba.
....
(1) Delmond, P. 30, remarque qu'à la fin du règne de Brahima BI
Seydou (1817); Koria était encore entre les mains des Gulman-
ceba. Des traditions de Kuala affirment effectivement que le
grand prince guerrier Namuno, fils d'Alfa, vivait encore à
Koria après la fondation du nouveau Kuala
(entre 1810 et 1818).
C'est plus tard qu'il fut vaincu par les peul.
(2) Mare de Dori
235
D - LE DEUXIEME ROYAUME DE KUALA -
. ----------------------------
Nous manquons d'informations claires sur la période
qui suit immédiatement la mort de Yencaari. Les hypothèses qu'on
peut formuler sont les suivantes : après la mort de Yencaari,
i l y eut une période de confusion et de flottement au sein de la
famille régnante. Des tensions se manifestèrent probablement au
sujet de la tactique à adopter vis-à-vis des peul. Certains déci-
dèrent de rester dans les villages qu'ils détenaient encore
(tels que Babiriga, Baani, Koria), tandis que d'autres
(essentiellement les membres du diegu de Paamba, au début)
préférèrent (sur les conseils de quelques géomanciens ou sur
l'analyse du rapport des forces)
se replier beaucoup plus au sud,
sous la conduite de Kalinkum~, fils de Paamba. Ce dernier groupe
passa à Niaba, continua à Kpiideni, puis à Con, avant de
remonter sur Niaba où le bedo
Tambiana lui donna l'emplacement
du village actuel de Kuala. Par la suite, les éléments dispersés
apprenant qu'un nouveau Kuala était fondé,
y accoururent et
la nouvelle capitale prit bientôt de l'importance.
Dans une querelle de succession à Niaba,
le bedo
de Kuala, probablement Yenbuado, appuya Yencabri qui l'emporta
sur son concurrent. Depuis cette date,
le bedo de Kuala
exerça un certain contrôle sur Niaba
(1). Les nouveaux venus
utilisèrent la même tactique pour prendre une prépondérance
sur les diema de Kpiideni, de Tuaba et de Liptugu. Ils fondèrent
ainsi le deuxième royaume de Kuala dans le~uel le bedo
de
Kuala était le primus inter pares
(2).
Kalinkuma
(cité comme le successeur direct de Yen-
caari) est officiellement reconnu comme fondateur du nouveau
Kuala. Sa tombe est encore très bien conservée et on y fait des
sacrifices. -
En appliquant la durée moyenne de règne de 10 ans,
nous pouvons placer la fondation du nouveau Kuala entre 1810
(première grande victoire des peul)
et 1818
(date indicative
d'accession au trône de Yenbuado, successeur de Kalinkuma).
.....
(1)
Nous y reviendrons
(2) Voir carte n04i
.C'est de
ce nouveau Kuala qu'il s'agira
par la suite.
237
Les groupes de Gulmanceba restés au Liptako continuè-
rent la guerre, sous la conduite de grandsguerriers, contre les
~eul et exercèrent une influence sur le nouveau Kuala. Nous
savons que le guerrier célèbre, Namuno, installé à Koria et
poursuivant la lutte contre les Peul-, pesait d'un grand poids
à Kuala. C'est ainsi qu'après la mort de Kalinkuma, i l voulut
imposer son candidat Naaro, fils de Yembrima, qui habitait éga-
lement au Liptako.
Il ne put exécuter son projet, Naaro ayant
été tué en cours de route
(alors qu'il rejoignait la nouvelle
capitale), selon certains, ou Namuno lui-même ayant été chassé
ou- tué par les Peul selon d'autres
(1)
- Yenbuado devint alors
bedo. Ce qui explique le choix de son "nom devise"
: Yenbuado
o pia nando, le "bien-aimé de Dieu n'a pas d'égal".
Nous pouvons affirmer avec certitude que Namuno mena
.le combat d'arrière-garde contre les ~eul. Sa défaite, qu'on peut
placer aux environs de 1817/1818, peut être considérée comme la
date de la victoire définitive des Beul sur les Gulmanceba et
de la disparition du premier royaume de Kuala.
Sous le fondateur Kalinkuma, le diema de nouveau
Kuala s'étendait sur quelques villages
(2). Les betieba de Kuala,
(1) Les traditions du Liptako, rapportées par Delmond, confirment
que Koria a été très tard entre les mains des Gulmanceba.
(2) Voir carte nO 1..--1.
238
usant de leur force militaire (leur cavalerie s'était
aguerrie dans l'épreuve contre les Peul), imposèrent leur
contrôle aux diema de Niaba, Kpiideni, Tuaba, Mopienga et
. de Yarga,
en s'ilnmisçant dans des querelles de successions
(1).
Le bedo Yenbuado
(2ème du nouveau Kuala)
aurait
brûlé
Con et Bongandini
(2). Nous n'avons pas eu confirmation
de ces guerres dans ces dernières localités. Il n'est cependant
pas impossible que Kuala ait participé à la guerre entre Tuaba
et Con dont nous parlerons plus loin. A Kuala, une tradition popu-
laire dit que Yenhamma brûla Con pour se venger du bedo de cette
localité qui refusa de rendre à Kalinkuma les beripwoba (femmes
du bedo) que ce dernier lui avait confiées alors qu'il était
encore à la recherche d'un lieu où s'installer.
Le nouveau royaume de Kuala vécut en relative paix
avec les royaumes mossi limitrophes, Boulsa et Tougouri. Chéron
écrit "Yeamma
(Yehamma), chef de Kuala, qui avait maille à partir
avec la Naba de Kouizemse, fit appel au 21ème Naba de Boula,
Naba "Soudougou ou Kougangouende"
(1855/186 1 )". Le Naba de Koui-
zemse fut chassé de son territoire
(3).
Aucune des traditions
(1) Nous y reviendrons en détails.
(2) Tiagijo Tindano, Ouagadougou, 9/4/1975 - D'autres versions
placent la guerre contre Con sous bedo Yenhamma.
(3) CHERON G., Contribution à l'Histoire du Mossi - P. 654
..----------
-~~-------------------------_
239
recueillies à Kuala ne parle de cette guerre. D'autre part,
nous n'avons pa pu identifier un village appelé Kouizemsé,
d'ailleurs à consonnance mossi. C'était peut-être un nom que
i i
1
les moose donnaient à un village de Gulmanceba. Lequel?
Nous n'en savons rien pour l'instant. Par contre une tradition
rapportée par Naabingujo Jagbuga parle de Naba-Wobgo,
25ème
Naba de Boulsa
(I). Lorque Kiba, futur Naba Wobgo, encore
prince, s'évada de la cour,de Bousourna et entreprit un périple
au nord-est de Boulsa -
à la recherche de recettes magiques
qui lui permettraient d'accéder au trône -
i l passa à Kuala.
Yenharnma, qui régnait à l'époque,
lui donna la permission de
s'installer à Wobdiaga, non loin de Boulsa et lui indiqua son
ami marabout de Jaguru
(au nord-est de Kuala), réputé pour
sa magie
(2). Le "chef peul de'Kuala" battu par le Ouidi de
Boulsa après avoir pillé des villages dont parle 'A.S.B.
(3)
n'est autre qu'Arnadu Issa du Liptako que mentionne Chéron (4).
.....
(1) Naabingujo Jagbuga, Kuala 1/5/1975
(2)
L'A.S.B.
(Association des Scolaires de Boulsa), dans l"His-
toire de Bouls~; rapporte, P. 20, que Boukare (Kiba) passa
effectivement à
"Djegouri"
(Jaguru).
(3)
L'A.S.B. op. cit. P. 22
(4)
Chéron G., op. cit. PP.
658-659
240
Les razzias du lointain Boussouma sont plus connues.
Les souvenirs de la guerre de Naba Ligidi en 1881, à l'insti-
gation de Amadu
Iisa, émir du Liptako - qui nourrissait une
grande haine à l'égard de Yenkuagu
(1878 ? /
1917) bedo de Kuala -
sont encore vifs dans l'esprit des informateurs.
c'est bien Amadu
Iisa qui mena, du côté peul, la
campagne contre Kuala, mais en qualité de régent. Seku Saalu
(1860/1861 -
1886/1887)
étant devenu aveugle vers 1866, à par-
t i r de cette date, Amadu Iisa fut émir de fait avant de l'être
de droit à la mort de Saalu en 1887.
Comme le remarque Irwin, les causes des guerres
qu'Amadu Iisa mena contre Kuala, ne sont pas claires. Les
traditions recueillies à Kuala ne donnent pas non plus d'expli-
cations convaincantes. La plus connue est que Amadu Iisa nour-
rissait une grande haine contre Yenkuagu pour la raison sui-
vante
tous deux, alors qu'ils étaient encore princes, auraient
signé un pacte
(1)
aux termes duquel le premier à accéder au
pouvoir aiderait l'autre
(comment ?)
à accéder également au pou-
voir. Yenkuagu qui devint bedo en 1878 -(?)
ne tint pas parole.
D'où la fureur d'Amadu Iisa qui voulut se venger, après son
accession au pouvoir (1886/1887)
en organisant en vain une
....
(1) Le terme en Gulmanceba est juogu (confidence)
série de campagnes contre Kuala
(I). Or, Amadu Iisa n'avait
pas lieu,
semble-t-il, de s'inquiéter puisqu'il était régent
vers 1866 et n'avait apparemment pas besoin d'aide pour
devenir émir
"Naba Ligidi e~t venu ~ou~ Yenkuagu. C'e~t
Amadu Ii~a qui a 6ait appel a lui~ Yenkuagu et Amadu
Ii~a avaient 6ait de~ aeeo~d~ ~ee~et~ pou~ le bali
alo~~ qu'il~ étaient p~inee~. Quand Yenkuagu devInt
bedo, il ~e6u~a de ~empli~ ~e~ engagement~.
"Lo~~que Amadu Ii~a app~it eela, il ~a~tit
aehete~" Naba Ligidi. Naba Ligidi envoya un 6ou~~eau
a Yenkuagu. Ce qui voulait di~e : "un 6ou~~eau, ~'il
n'a pa~ de eouteau, ne eoupe pa~". Il eon~eillait a
Yenkuàgu de ~'en6ui~ a6in qu'il vienne b~ûle~ le
village. Ce qui 6ut 6ait.
"Amadu Ii~a ~evint eneo~e ap~~~ avee une
t~oupe. Mai~ 6ut vaincu. Pui~ ~e p~épa~a une nouvelle
6oi~ mai~ 6ut tué a di~tanee, a N'Bammige, pa~ un
~oo.9u envoyé pa~ Yenkuagu.
Il n'y eut plu~ de gue~~e"(2
Naba Ligidi
(1966/1890-)de Boussouma, sollicité par
Amadu Iisa, avait également un motif : des cavaliers de Kuala,
traversant le royaume de Boulsa, avaient razzié des troupeaux
dans la région de Pibaoré (3).
(l)Ainsi que l'a bien vu Chéron, P. 667, et contrairement à ce
qu'a cru Izard, op. cit. T , P. 250
2
(2) Liyandipo, Tindano, Jaguru, 18/3/1975
(3) Chéron, P. 677, Izard, T
- P. 250
2
La nombreuse armée marcha sur Kuala en 1881. Plu-
sieurs villages furent brûlés sur sa route
(Wobdiaga, Tuabre,
Dakiri, Sula,
... ) avant l'arrivée à Kuala, entouré d'un rempart
en banco muni de meurtrières.
Les traditions les plus répandues, dont une est
citée ci-dessus, rapportent que Naba Ligidi envoya un four-
reau de couteau au bedo de Kuala. Après une consultation des
notables, on en conc.lut que c'était une invitation à faire le
vide afin que le village soit simplement brûlé.
Est-ce après une démarche du bedo de Kuala que
cet événement se plaça? On n'en sait rien. Toujours est-il
qu'une défense conséquente ne fut pas organisée contrairement
à ce qu'écrit Chéron
(1).
Yenkuagu s'enfuit à Yarga, à 25 km environ au sud-
est de Kuala. les autres villages n'opposèrent pas non plus de
résistance. La règle générale fut la fuite et le refuge dans
les lieuxmaccessibles :
bosquets, collines. L'armée brûla
K~ala mais ne poursuivit pas le bedo fugitif - sur le refus
peut-être de Naba Ligidi. Ce fut plutôt une campagne de pillage
qu'une véritable guerre. Amadu Iisa, qui aurait voulu qu'on
s'emparât de son ennemi, repartit déçu.
(1) Chéron - PP. 677-678
, ,
243
Chéron rapporte que le successeur de Naba Ligidi,
Naba Kom, vint razzier le village de Boumbouyende
(1). Il s'agit
probablement de ~nyenga, situé à 30 km environ au sud-ouest de
Kuala. Aucune tradition recueillie à Kuala ne fait allusion à
cette razzia. Mais ce n'est pas chose impossible, les razzias
se faisaient mutuellement entre commandements.
Ces expéditions des naba de Boussouma dans le dierna
de Kuala ne donnèrent lieu à aucun "lointain contrôle des chefs
rnossi" sur ce dierna, contrairement à ce qu'écrit Izard
(2).
Amadu Iisa, après la campagne de Naba Ligidi, pour-
suivit une guerre implacable mais vaine contre Kuala. En 1886/
1887, alors qu'il conduisait encore une attaque, l'Emir fut
abandonné en cours de route, pour des raisons difficiles à
élucider, par ses partisans. Humilié, i l refusa de rentrer
à Dori et resta à M'Bamga où i l mourut en 1890
(3).
Contrairement à ce que dit De1mond
(4), Amadu Iisa
n'obligea pas les betieba de Kuala à lui payer tribut.
(1) Chéron - op. cit. P. 682
(2)
Izard - op. cit. T2 -
P.
250
(3) Chéron - op. cit. P. 682
(4)
De1mond - op. cit. P. 35
244
Kuala eut êgalement à lutter contre Moodibbo Jaguru
(le Marabout de Jaguru) venu du Liptako. C'est le bedo Yenhamma
qui lui aurait donné l'emplacement. Jaguru, actuellement
habité par des Gulmanceba est situé à environ 25 Kms au Nord-
Est de Kuala. Moodibbo Jaguru devint par la suite tellement
puissant
(par son nyoagu), à tel point/que ses hommes allaient
razzier et le Liptako et Kuala,
selon des traditions de
Gulmanceba, plusieurs attaques conjugées d'Emirs du Liptako
et de betieba de Kuala semblent avoir échoué
(1), avant la
défaite du marabout magicien sous les coups de Amadu Iiga en
1876-1877
(2)
(1)
Tindano Tiagijo, Toku, 5/5/1975
(2)
Irwin Joseph, dans un article dactylographié, qui
paraitra prochainement dans l'Recherches voltaIques"
Le mot Kuala'viendrait du mot peul Kooli dési-
gnant un·arbre appelé yelinbu
(pl. yelinsi)
en Gulmancema
(mitragyna inermis).
Les Gulmanceba se seraient installés
au Liptako dans un endroit à fort peuplement de yelinsi
(1).
D'autres informateurs, comme Naabingujo et Noibuga(2)
disent que Kuala est du Gulmancema. Lorsque le bedo de
Niaba fit indiquer l'emplacement actuel à Kalinkuma, celui-ci
s'écria: nee n'baa kua a la
"c'est là que je vais entrer
voir", dont la contraction donna Kuala. Cette dernière explica-
tion nous semble être du type d'explication après coup. La pre-
mière est plus probable.
Le nouveau Kuala est appelé aussi Duori
(litt. de
l'autre côté de la rivière ou sur l'autre rive)
à cause du site
du village. Ce nom a été probablement donné par les habitants
de Niaba situé sur la rive opposée.
Dori
(peut-être déformation de Duori)
(future capi-
tale du Liptako), situé sur un site comparable à celui du nou-
veau Kuala est probablement un terme du Gulmancema, comme le
signale Delmond (3). Liptako
mêm~ d'après certains, serait un
mot du Gulmancema
(4).
.....
(I) Tindano Tiagijo, Toku, 5/5/1975
(2)
Nabinjugo Jagbuga et Noibuga Jagbuga, 1/5/1975
(3 )
De lmondt - op. ci t ., P . I8
1
(4) Chantoux "Aux origines du Liptako", Tidogu, XXI (1964), PP.
9-10, cité par Irwin, op. cit. P. 76. Nassuru Liman, Dori,
21/12/1971, cité par Irwin, op. cit. P. 109. Nous n'avons pas
demandé la signification de ce mot à nos informateurs. Une
autre version, rapportée par Ki-Zerbo, P.
254, et Irwin, P. 76
dit que Liptako signifie en peul Libor tako,
"qu'on ne peut
..1... _
........._
_
_
_
_
_
Il
246
II
- LES
D Y N A S T l E S
D E
NIA B A
&
D E
SUR U N G U
A - LA DYNASTIE DE NIABA -
Le Buricindiegu de Niaba est un des plus anciens
de la partie septentrionale du Nord-Gulma. Des traditions
contradictoires sur son origine ont été recueillies.
Une première tradition fait de Dijemba, ancêtre
fondateur de la dynastie, le fils de Gmabau, donc frère de
Jaa, l'ancêtre fondateur de la dynastie de Kuala. Davy donne
ia même version, mais i l commet une erreur en prenant "Bandia-
rhéri"
(Banjangi)
pour le fondateur de la dynastie
(1).
Jaa serait parti de Mopienga avec son grand frère
Dijemba.' Arrivés dans le site actuel de Dijemba, le grand
frère se déclara fatigué et refusa de poursuivre. Il y
resta, fonda le village de son nom et la
dynastie de Niaba,
tandis que son petit frère partit s'installer plus au nord,
dans le village de Tanpanga.
.....
(1)
Davy, op. cit. P. 69
247
Dijemba viendrait de la contraction de la phrase
"tiJemba"
"nous sommes fatigués".
Explication qui semble
être une explication après coup. Dans ce cas, Dijemba serait
donc un surnom.
De ce village, les descendants de l'ancêtre fonda-
teur se seraient déplacés successivement à Buankuanu et à Ko~
mondi,
4 km et 8 km environ au nord. Puis, l'un d'eux, Ban-
jangi, laissant son petit frère Nyoagu à Komondi, alla s'ins-
taller à Niaba qui devint le grand centre.
Il y trouva une
famille de Tindamba dont l'ancêtre Kelo ou Kujagu
(ce dernier
nom est celui donné par la famille même)
serait venu de Nungu.
C'est à cette famille qu'appartenait la collineSinjoo
(à côté de Niaba)
et le Kulu
(souterrain qui partait des colli-
nes de Niaba pour aboutir à Baciangu (nom de la partie la plus
profonde de la faga),
soit une longueur de 5 km environ).
Nous avons vu l'entrée de ce trou qui, aux dires des
informateurs, est maintenant presque bouché. Dans le temps,
chaque année
(la période de l'année n'a pas été précisée), les
tindamba entraient dans le Kulu et en ressortaient au bout d'une
semaine selon certains, ou seulement d'un jour (selon la famille
même)
à Baciangu
(1).
(1)
Tindano Mindicba, Toku,
23/3/1975
2~8
A leur sortie, ils prédisaient tout ce qui allait
se passer dans l'année. Des sacrifices étaient f
'
al ts sur l e
4~
--/=;-. .' .
r
Kulu par la même famille. Elle continue à lui sacrifier encore
chaque année une chèvre; elle ne le fait plus sur le kulu même,
mais dans sa direction. Les mêmes Tindrlmba sacrifiaient cha-
que année à SinjoQ un boeuf fourni par le bedo de Niaba, et
celui de Kuala à partir de la domination de Kuala sur Niaba.
Une deuxième tradition fait venir la famille régnante
de Niaba de Maljenga
(?), dans la région de Nungu
(1). Il est
donc probable que cette dernière ne descende pas de Gmabau.
Selon un de nos informateurs, les deux branches qui
régnaient alternativement sur Niaba, Niaba Yaaba
(ceux de Niaba)
et Komondi Yaaba
(ceux de Komondi)
seraient d'origines diffé-
rentes. La dernière branche, apparentée avec certitude à celle
de Kuala, aurait usurpé à un moment donné le pouvoir et imposé
par la suite un partage du pouvoir entre les deux familles
(2).
Tout cela est encore peu clair, mais cette dernière hypothèse
semble vraisemblable.
(1) Tindano Konjo, Toku, 14/3/1975
(2)
Tindano Tiagijo, Ouagadougou,
9/4/1975
249
Une autre tradition donne une origine mossi au
Buricindiegu de Niaba, sans précision. Elle se base sur le
i :' L t
1
~ qu'il y a l e terme mossi Panga (force) dans les louanges
des Madiemu. Panga fut un prince de Niaba selon les uns, un
bedo selon les autres. Toutes les traditions reconnaissent
qu'il est le fils d'une princesse de Tougouri marié à Banjagi,
fondateur de Niaba.
Des enquêtes dans ce royaume mossi, ainsi que dans
celui de Boulsa, permettront d'éclaircir pas mal de points
obscurs de l'histoire de Niaba.
Il est certain que cette vieille dynastie est
entrée très tôt en contact avec les nyonyose de la région de
Boulsa et les familles régnantes mossi de Boulsa et de Tougouri.
c'est sans doute pour cette raison que des informateurs lui
donnent une origine mossi
(1).
Chéron note que c'est pour mettre fin aux razzias
des " gens de Nebba"
(déformation de NiabaZ) que les " ny insi
de Boulsa
(actuellement quartier de Bonam)Il firent appel à
Naba Oubri qui leur donna son fils Namende,
fondateur du
royaume de Boulsa
(2). L'historique de cette dernière localité
fait par l'Association des Scolaires de Boulsa
(A.S.B.)
en 1971
(1)
C'est également pour la même raison que quelques informa-
teurs disent que les Jagbira
(Kuala), restés longtemps en
contacts avec les Peul seraient peul .
.
(2) Chéron G., Contributions à l'Histoire du Mossi, op. cit.
PP.
641-642
..
i
250
rapporte que des cavaliers Gulmanceba attaquèrent Naba Namende
avec la complicité de sa femme Rimalguedo, d'origine gourmantché.
Victorieux, i l laissa la vie sauve à Rimalguedo, mais interdit
à sa progéniture de prétendre au trône de Boulsa. Son fils,
qu'elle voulait voir succéder à son père, fut envoyé à Zambanga
(village de Boulsa)
(1). Nedgnassa, successeur de Namende,
vainquit définitivement les Gulmanceba
(2).
Une brève enquête en février 1975, nous fit rencon-
trer des gens, habitants de Bonam, qui se disent originaires
de Nebba. Leurs ancêtres auraient été chassés à la suite d'une
guerre à propos d'un marigot
(3).
A Niaba, les traditions parlent d'une guerre entre
la famille régnante et les Tindamba de Bisigani à 1 km environ
à
l'ouest de Niaba-Kaabo, à qui le bedo Banjangi donna sa fille,
serait venu de Bolla
(Boulsa)
ou de Bisiga
(Korsimoro)
(4).
La famille régnante craignait d'être dominée par ses
yarimu
(descendants d'une fille Madiega)
de Bisigani et fit
appel aux gens de Boulsa (sans précision). Ces derniers vinrent
(1) et
(2)
- A.S.B., op. cita PP. 14-15 et P. 17
(3)
Probablement la Faga qui passe à 5 km à l'est du village
de Niaba
(4)
Bisigani était le nom de leur bulo, statue de dimension
humaine. C'est la deuxième famille de Tindamba qui précéda
les Madiemu à Niaba.
251
et tuèrent 70
(?)
hommes de Bisigani et 50 (?)
hommes de
Niaba, dont les habitants, émus par une si grande tuerie,
voulurent l'arrêter (1).
La confrontation des traditions ainsi recueillies
dans les deux régions nous permet de poser deux questions
:
1 - Est-ce que les Gulmanceba qui allaient piller
les nioniose de Bonam et contre lesquels se
battit Namende venaient de Niaba ? En d'autres ter-
me~ est-ce que le Nebba dont parlent les tradi-
tions de Boulsa est le Niaba actuel ?
2
Est-ce que les gens de Bonam qui se disent ori-
ginaires de Nebba viennent effectivement de
Niaba ?
I l est encore trop tôt pour répondre à la première
question. I l faudrait une enquête approfondie dans la région
de Boulsa, notamment dans la famille des descendants du fils de
Namende écarté du pouvoir après la guerre contre les Gulmanceba.
(1) Pobindo Dayuagu, Tindanguni, 8/3/1975
Liste dynastique de NIABA
1. GMABAU
2. DIJEMBA
3. TUMB
4. MINGAANA
5. YAANGU
6. BAATILLE
7. DUNGUNOIBA
8. DINGA
9. MINDRlMANI
la. BANBAANLA
II. BANJANGI
(branche de Niaba)
12~ NY9AGU (branche de Komondi)
:
50 ans de règne
1
1
1
- - - - - - - - - - - _ 2 2 . 3 . . 3.~~l},1Hl1.-MMA
25.YENTEMA
26.BMLISONGI
-_."
l 'ans\\de règne
,
.
-.;}i-
7 • YEJs~;G~ " - - -
~~JCUURI
+1963 f/29ans
964-1974
•
1
;
~
Liste établie d'après les informations
de BANGA Tugijie, bendbedo de Niaba et
29
de vieux.
f'.)
CJ1
l ' . )
253
Dans les diema actuels limitrophes de Boulsa
(Piala, Bilanga,
Con) on ne parle point d'anciens affrontements avec Boulsa,
mais de guerres récentes qui ont eu lieu dans les décennies
qui précédèrent la conquête coloniale. La guerre dont parlent
les traditions de Niaba aurait eu lieu sous le règn~ de Banjangi
ou de son successeur
(1), soit entre 1747 - 1777, par comparai-
son avec la dynastie de Kuala
(2), et la fondation àe la dynas-
tie entre 1657 et 1687, alors que la fondation du royaume mossi
de Boulsa, selon Izard, se placerait vers 1517/1518
(3). Notons
que, pour que des membres de la famille régnante de Niaba ail-
lent demander secours à ceux de Boulsa, i l faut qu'il y ait déjà
des liens antérieurs, peut-être de relations matrimoniales avec
les nioniose
de Bonam ou avec la famille régnante mossi de
Boulsa.
L'écart considérable des deux dates et les listes
dynastiques de Niaba
(29 betieba~4~t Boulsa (26 Naba) ne nous
permettent pas de poser d'hypothèses dans l'état actuel des
connaissances.
Concernant la deuxième question, i l n'est pas impos-
sible que des habitants de Niaba, à la suite de querelles de
(1)
Il est fort possible qu'elle ait eu lieu avant; mais que la
tradition la place sous Bangangi, bedo le plus renommé de Niaba.
(2)
Par comparaison des listes de betieba, nous avons établi que
Banjangi et Balibagini
(de Kuala)
sont de la même génération
comme le disent les traditions.
D)
L:ard, T2 - P. 233
(4) ,Voir liste ci-contre.
25~
succession, aient rejoint des parents à Boulsa
Ou bien
qu'à la suite de la guerre dont parlent abondamment les
traditions de Niaba, notamment la famille des Tindamba qui en
fut la grande victime, bon nombre de gens furent emmenés en
captivité. Ces derniers rapportent que leur ancêtre aurait
été emmenf1en captivité à Boulsa. Il en revint en se trans-
formant en épervier alors qu'on voulait lui faire manger son
interdit. D'où son nom Kaabo
(épervier)
(1) •
Niab~, situé au pied de collines, aurait été un
grand centre. Noùs ne savons pas grand chose sur la vie de
cette dynastie ~ombée' sous l'influence du nouveau Kuala.
Elle aurait commandé la rive droite de la Faga. Jùsqu'à où ?
On n'en sait rien. A la veille de la conquête coloniale le
diema de Niaba s'étendait aux villages de Dijemba, Duagin~, Sula
(qui fut un grand centre commercial) Tankuoori, Baamasugu
fondés par des Madiemu et aux villages de Gongorugu, Tindangunni
Banbrigbabini, Kuriga fondés par d'autres familles. Le village
de Toku fut fondé pendant la période coloniale par un prince
de Niaba
(2). Ce dierna ne semble pas avoir eu de grands rapports
(1) ~indano, Polindo, Tindanguni le 8.3.1975.
(2) Voir carte nO~1 -
255
avec le premier royaume de Kuala. Certains informateurs
parlent cependant d'une guerre entre le bedo Bondugu
(Niaba)
-
de la branche de Komondi -
et le bedo Baalisongi
(Kuala), avec
la complicité de la branche rivale. Elle eut lieu à Niaba
quelques années avant l'insurrection peul et le premier y trouva
la mort
(1). Lorsque les Gulmenceba furent chassés du Liptako,
Kalinkuma
(fondateur du nouveau Kuala) vint demander un
emplacement au bedo Tambiama de Niaba
(2).
C'est sous le bedo Yencabri
(Niaba)
- de la branche
de Komondi - que le nouveau Kuala domina Niaba, en appuyant
ce dernier contre son rival.
Il fut le premier bedo de Niaba
à être nommé par celui de Kuala
(3). La domination de Kuala sur
Niaba a probablement eu lieu sous Yenbuado de Kuala, successeur
de Kalinkuma
(fondateur du village)/Yencabri de Niaba étant le
successeur de Tambiana à qui Kalinkuma demanda l'emplacement.
Soit entre 1818 et 1820 (4).
(1) Madiega Puka, Nanyoagu, 4/5/1975
(2) Une parenté à plaisanterie existe entre Madiemu et Jagbira:
selon Naabingugo Jagbuga, elle viendrait du 'fait que ceux
de Niaba ont vendu 7.0
(?)
personnes des Jagbira pendant leur
fuite du Liptako, mais ces derniers dominèrent ensuite.
(3) Madiega Tilaliko et Madiega Puka, Nanyoagu -
4/5/1975
(4)
1818 est la date indicative d'accession· au pouvoir de
Yenbuado et 1820 celle de sa mort, la durée moyenne de règne
calculée plus haut étant de 10 ans.
...
256
Avant,
le bali alternait en principe entre les deux
branches. Les betieba de la branche de ceux de Niaba
(Niaba
Yaaba) vivaient dans le village de Niaba et ceux de la branche
de Komondi
(Komondi Yaaba)
a Komond! (aujourd'hui disparu)
et à Nanyoagu à partir de Yencabri. Mais, le bedo était appelé
Niaba bedo
(bedo de Niaba)
et régnait sur tout le diema. En
fait,
i l semble que quand " la maison devenait libre"
(vacance
du bali)
, plusieurs princes se portaient candidats et celui
qui arrivait à s'imposer, au besoin par la force, devenait bedo.
En comparant ~es listes dynastiques de Kuala et de
Niaba, nous constatons que Banjangi est de la même génération
que Balibagini. Le village de Niaba aurait été fondé à la même
époque que le Kuala du Liptako, et la dynastie,
si Dijemba est
un frère de Jaa, entre 1657 et·1687.
Aucun informateur n'a pu donner une signification
convaincante du mot Niaba. Selon un, i l viendrait de la phrase
suivante qu'aurait prononcéele fondateur
n'· ko da baa nia nee,
"je vais me fixer temporairement ici".
. .
257
La famille régnante a comme yedondili Madiega.
Mot tiré d'une longue phrase où l'on entend le nom de Banjangi
(fondateur de Niaba)
(1) et de Panga son fils. Madiega vien-
drait de la contraction de Maaba Diega "petit diegu de forge-
rons". Un ancêtre des Madiemu, pour lutter contre une grande
mortalité infantile dans sa famille, aurait envoyé sa femme
accoucher, sur les conseils d'un géomancien, dans une famille
de forgerons. Ce faisant,
l'enfant survécut et, en souvenir de
cet épisode, i l fut appelé Madiega
(2).
Un autre informateur nous dit que ce mot serait une
déformation de Mindiega "moi installé provisoirement"
(3).
Le bedo de Niaba est salué sous le nom de Lompo.
.....
(1)
BanJangi est ie plus souvent utilisé pour Juariponga Yaaba
(2) Un locuteur gulmancoo pourrait comprendre par Madiega :
ma aiega "construis un petit diegu".
(3)
Daburgu, Daburjo, Niaba, 8/5/1975
258
B - LE JAKPERI DE SURUNGU -
Le yelondili de l'une des familles régnantes de
Surungu est Nadinga. Elle fait venir son ancêtre Ciribankani
de Niaba où i l aurait essayé de s'emparer du bali.
L'informateur, le Jakperi
{l}
lui-même, fait venir
les Nadimmu {singe Nadinga} de Boajaga
{Macakoali}. Il rattache
néanmoins la liste dynastique de sa famille à Gmabau. Ce qui
est manifestement faux puisque la grande famille des Groaanba·
clan de la femme
{o Grnaanpwa} de Jaba Lompo - est bien connue
dans tout le Gulma {2}. Les gmaadieru {Maison des Gmaamba} du
nord selon le même informateur sont Surungu et Kuri
{Piala}.
Aucune version recueillie à Niaba ne fait allusion
à la famille Nadinga de Surungu. Par contre, on reconnaît qu'à
la suite de guerres intestines i l y a eu des Madiemu qui, à la
faveur de liens de parentés, partirent dans les dierrla de Bongan-
dini et de Bilanga où on retrouve leurs descendants portant le
même nom ou simplement celui de Niaba.
{l} Voir l'explication de ce terme plus loin.
{2}
Nadinga et Kombari sont de la même origine.
Ils ne se
décoiffaient pas devant les descendants de Jaba Lompo'
étant considérés comme leurs femmes.
259
Venu sous le règne du bedo Kulomba de la famille
des Kpajaaba
(ou Kpajatieba), Ciribankani êpousa une fille de ce
dernier et de leur union naquit Gmiidi
(ou Gmiiri)
(1). Ses des-
cendants donnèrent à leur niciamo le titre de Sulungu Jakperi
(litt.
: le vieux de Surungu)
à dêfaut du bali détenu par les
Pkajaaba. Les deux familles coexistèrent de la façon suivante
jusqu'à l'arrivée des européens: en cas de vancance du pouvoir
dans l'un
des deux dieru cités ci-dessus, le diegu intéressé
allait "l'acheter" chez l'autre avec 3 000 cauris, un mouton et un
coq blanc
(2).
Couturnièrement, c'êtait un bali indépendant qui
reconnaît nêanrnoins avoir été à la fin du XIXème siècle sous
l'influence des Emirs du Yaga. Aucun d'eux n'a cependant nommé
ni un Jakperi ni un bedo de Surungu. Ces derniers ne commandaient
que leur seul village. Actuellement,
son diema s'est étendu
avec la création de nouveaux villages
(voir carte N°1J
). C'est
seulement depuis la période coloniale que le bedo de Kuala
commença à nommer coutumièrement le Jakperi et le bedo
de Surungu",," Au dêbut des recensements et des divisions admi-
(1)
Kpajaari Yencabri, Surungubedo, maintenant bedo de Bonsiega
(2)
Selon le Jakperi actuel,
leur famille aurait fini par dominer
celle des Kpajaaba à la suite d'une guerre dont la raison n'a
pas été donnêe mais pourrait être une tentative d'usurpation
du pouvoir Rar les Nadirnmu.,Ces derniers auraient tué à cette
occasion 7 ~)Kpajaaba.
260
nistratives, Surungubedo Baalisongi et Surunjakperi Cianwuoro,
après hésitation, rattachèrent Surungu au diema de Kuala plu-
tôt qu'au Yaga peul
(1). Surungujakperi Hamicuuri et Surungubedo
Yentema furent les premiers à être nommés par Kuala.
Nous n'avons pu établir une liste dynastique défi-
nitive des Surungujakperà.
( singe Surungujakperi)
La parenté entre les dynasties de Mopienga, Niaba et
de Kuala est la suivante :
Noima
Noima
KUfJlisa
ou
KUfelisa
1
Gmabau
fondateur de la dynastie
de Mopienga
1
1
l
D!;iemba
Jaa
Gmabau
Dijemba
Jaa
(Dynastie
(Dynastie
de Niaba)
de Kuala)
(1) Ce rattachement a eu lieu sous Yenkuagu de Kuala
(1878-1917)j
précisément sous la régence de Jasibo, captif d'origine, le
bedo étant trop vieux.
261
YEDONDA ET KUANA
de familles régnantes
r-----------,-----------j-----------r-----------,------------r
1
1
Diema
1 MOPIENGA
KUALA
1
NIABA
SURUNGU
1
1
1
1
___________ 1
- - - - -
1
_
1
1
1
1
1
1
Yedondili
1 MAMUNTUGU
JAGBUGA
1
MADIEGA
NAD INGA
1
1
1
1
1
1
~-----------~-----------+-----------~-----------~------------
1
1
1
Kuali
La chèvre
Ciluomo
:
La tour-
(interdit
?
(un insecte
"de type
(~uabo).
et un
:
terelle
totémique)
oiseau)
:
1
1
1
~-----------~-----------~-----------~-----------~------------
1
1
1
III
!III HI III III III III III 1I11llJl l/J1 JlIIIJllI '"
(~~~~;~)s :~mou!:! 1::1 ~: Jlfum ~:Il: Ill:ou~ lm: mi
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Lesce des Namuntugu, des Jaghira et des Nadimmu
262
CHA P I T R E
I I I
LES·
D y N A S T l E S
·D E
BAS 1ER l
L l
P T U G U
&
D E
BON S I E G A
263
Les familles régnantes de Basieri
(l'aînée), Lip-
tugu et Bonsiega (la cadette)
se disent issues de Noima et
proches parenœsentre elles. La même version a été recueil-
lie dans les trois localités, mais i l est probable que Noima
ne soit qu'un ancêtre classificatoire.
Le bedo de Bonsiega se décoiffe devant le bedo de
Liptugu et tous deux se décoiffent
devant le bedo de Basieri.
l
- Le Buricindiegu de Basieri -
Le bikpeli de la famille de Basieri serait 3anfango
(1) ou Jankondu
(2). Selon cette dernière source, Jankondu
venant de Kurugu
(village de Gayeli)
s'installa à Bonsiega
(dans le canton actuel de Kuala) où i l n'aurait trouvé per-
sonne. Les membres de la famille tireraient leur yedondili
Bonsiegu de ce site d'occupation. Il viendrait de bombongu
(torrent, marigot)
et signifierait grand Bombongu.
(1) Version recueillie à Surungu et à Gayeli -
Banfango est le titre donné à tout bedo de Basieri.
Il est donc probable que cette version soit la bonne.
(2)
Bonsiegu Jagundo, Basieri, 27/6/1975
264
Liste tronquée de batieba de Basieri
(I)
,
1. Jankonaù
fils de Noima
(?)
.i1
2 5 l
d'
• a l]mOn 1.
3. Yenbt~o__ ••~_~.Yentéma
,
j
5, Labidiedo•••~ I~;:ns
7lJarincaari
~ 1
(régna 33ans)
8.Yentagima = bedo
actuel. C'est un Yariga~
sa mère est la soeur
de Jarincaari -
son
nom de fa~~lle est
Jianu.
Il a été nommé
bedo parce que le fils
unique de Jarincaari
était parti depuis long-
temps à Kumasi
(G:hana),
Ce fils,
notre informa-
teur, est maintenant de
retour.
(I) Jagundo Bonsiegu, berijo (fils de Jarincaari), Basieri le
27/6/1975. D'après lui ce sont les noms cit6s pendant les sacri-
fices.
Leur nombre correspond à celui des tombes connues de
betieba.
26~
A la suite d'une guerre avec des Peul, les
habitants quittèrent ce lieu et vinrent à Basieri -sous
le règne de Salinmondi, où ils trouvèrent un Tindano du
nom de Monni dont on ignore l'origine et dont la descen-
dance est maintenant éteinte. Ce dernier leur donna un
appui magique salutaire contre les ennemis conduits par
un certain Jalajo Buro
(Gueladio ?) et armés de fusils
(1).
Basieri viendrait de baali : plaine et siegu : grand, soit
"grande plaine ll (2) •
Nous n'avons pu obtenir qu'une liste dynastique
tronquée
(8 noms depuis Jankondu et 9 depuis Noima)
(voir liste
ci-contre.,),
avec néanmoins la volonté de la rattacher à
Noima.
Nous pensons que J~nkondu est le bedo le plus
ancien dont le nom est connu. Ne se souvenant plus de ses
prédécesseurs, mais sachant par les traditions que la famille
descend de Noima, on a vite fait de Jankondu le propre fils
de ce dernier et l'ancêtre qui aurait quitté le sud. Il est
certain
(par comparaison avec les listes de Liptugu) qu'il
y a eu d'autres betieba entre Noima et Jankondu. La liste
donne six générations depuis le deuxième et cinq depuis
Salinmondi.
(1)
Il s'agit probablement de Mohammed Gueladio ou de l'un
de ses fils.
Peul venu du Macina au milieu du XIXème
siècle,
il fonda Ouro-Gueladio dans le Torodi.
(2) C'est effectivement ~ne grande plaine très fertile.
266
Coutumièrement, c'était un bali indépendant.
Ce n'est que sous le règne de Labidiebo, pendant la période
coloniale, que Gayeli commanda à Basieri.Il fut le premier
bedo à être nommé par celui de cette localité.
La carte nO4. 1.
montre le diema actuel du bedo
de Basieri
Basieri, Gmarijabari, Nyifoama.
II - Le Buricindiegu de Liptugu -
Les ~ulmanceba de la dynastie de Liptugu, partis
de la région de Bilanga-Gayeli, après un bref séjour dans
la région actuelle de Liptugu, allèrent fonder le royaume
de Jemsuaru
(région actuelle du Yaga)
avant d'en être chas-
sés par les ~eul. Se repliant vers le sud, ils créèrent le
diema actuel de Liptugu.
A - Le royaume des Gulmanceba de Jemsuaru
(Yaga)
Le bikpeli fondateur de la dynastie de Liptugu
est Foba.
Il serait un fils de Noima et sa mère se nommait
Lamiturugu
(1). Venu de Bilanga
(probablement de la région et
(1) Sogri, Hampandi, bedo de Liptugu, Liptugu,. 17/6/1975.
~67
pas de Bilanga même), à la recherche d'un diema, i l s'ins-
talla à Kpenciagu, à 7 km environ de l'actuel Liptugu.
Son fils Turugu alla fonder le royaume de Jem-
suaru. Ce mot viendrait de la contraction de Jiema,
"nourriture"·,
et 0 su "il a trouvé", soit "nourriture trouvée".
Ce royaume, qui a peut-être été sous l'influence
de celui du premier royaume de Kuala, est géographiquement
difficile à préciser. Ecoutons notre informateur :
"c ' e.6 t no u.6 qui c.ommandio n.6 tout le
yag a. Nou.6 avio n.6 de.6 limite.6 avec.
· le bedo de ToJtodi
- -
· le bedo de TeJta
- -
· le bedo de.6 Bella - VoJti n'était
pa.6 enc.oJte aJtJtivé
· le bedo de Bongandini
- -
· le bedo de Bilanga
- -
· le bedo de Galjeli
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
268
"c'e..bt 110 U-6 qui c.ommandion-6
1 . GiJ.,ongu
(1 )
14 . Maye.JLi
2 . Sin-6 a.tga
1 5.
Sa.tihan
3.
Tank.aJLigu
16 .
NamuntuuJLU
4.
Hi.tiaga
11. ViogiJLi
5. Vambil1.duoJLi
1 8 . Sampiogu
6.
Gongongu
19.
Komondi
1. Ve.nga
20. Tak.aJLigu
8.
Yaàma
2 1 .
Kank.an6uogu
9.
Kog ye.nga
22. Taak.a
10. Tabitami
23.
Liptugu
11 .
Tank.pe.JLu
24.
Bo n-6ie.ga
·12.
Tanc.aabongu
25.
SUJLunguIl
13.
Kpan-6i
Grâce à la précieuse communication de Danielle
Kintz
(2), nous avons pu identifier certains villages exis-
tant encore au Yaga où nous n'avons pas pu faire d'enquêtes
(1)
La n~mérotation n'a aucune importance
(2) Danielle Kintz,
communication du 12/11/1975
259
(l) Gisongu
ancien village de Gulmanceba,
mais actuellement chefferie
peul
(2)
Sisarga
l'un des plus anciens villages
du Yaga créé avant l'arrivée
des Peul
( 6) Gongongu
ancien village de Gulmanceba,
mais peul actuellement
(7) Denga
village peul de nos jours, mais
ancien village de Gulmanceba
(8)
Yaama
encore village de Gulmanceba
fondé avant la fonda t.ion de
l'Emirat du Yaga
(informateur : Wintieba Paru Yimpari
enquête de 1972)
(l0) Takatami
qui est probablement Tabitami,
village de Gulmanceba, son
fondateur Tindano dépendait du
bedo de Gulmanceba de Diibondi
(Jemsuaru ?)
(Sarnna Pullo, chef, 1972)
(11)
Tampetu
qui est sans doute Tarnkperu
(Potiemo Kapsiba, chef, 1972)
270
(12)
Tancaabongu
l'un des plus anciens villages
du Yaga connu sous le nom de
Dioro, chef-lieu qui groupait
Tampetu, Kpansi, Takatami. La
famille régnante se dit venir de
Gayeli.
(Timihai Durpo, chef, 1972)
(13)
Kpansi
village de Gulmancebai le pre-
mier occupant s'appelait Tindano
(Mintaba Mardio, chef, 1972)
(14) Mayeri
(15)
Salihan
à
rapprocher de Solna : le nom
est du Gulmancema, un de ses
quartiers était occupé par des
Gulmanceba qui quittèrent au
temps de Hamma Bunti
(fondateur
de l'Emirat).
(Amadu Hama, dit Belle, 1972)
(16)
Nmunturu
à rapprocher de Namuntugu : le
nom est du Gulmancema. Le premier
occupant, Balle, un gulmancoo,
serait arrivé au temps du règne
des Gulmanceba.
(Hamma Abdoulaye,
1972)
......
271
(18)
Sampiago
le nom est du Gulmancema -
la chefferie actuelle est yarse.
(Hammadi Bukari)
(21)
Kankanfuogu
le nom est du Gulmancema
(Sambo Tilga, 1972)
Le village de Liptugu est le Liptugu actuel. Les
familles régnantes de Bonsiega et de Surungu déclarent n'avoir
jamais été sous la domination de Liptugu. La première ayant
des liens de parenté avec celle de Liptugu, i l n'est pas
impossible qu'il y ait eu des rapports entre les deux, mais plu-
tôt de fraternité que de domination.
D'autres recherches permettraient peut-être de
retrouver les sites des villages non identifiés. Les limites
de ce royaume sont difficiles à préciser dans l'état actuel
des enquêtes. Sa capitale était Jemsuaru. Douze betieba y
régnèrent avant que les Gulmanceba soient chassés par les
Peul à la même époque que ceux du Liptako.
272
B - L'insurrection peul et le repli des Gulmanceba au sud -
Contrairement au Liptako, i l semble qu'il n'y
avait pas de groupements peul dans cette rêgiori avant l'arri-
vêe des Gulmanceba
(1). Les versions des Gulmanceba et peul
s'accordent sur ce point. HaIl~a Bunti, de la famille Torobe,
qui prit la tête de l'insurrection
et chassa les Gulmanceba,
serait venu d'un village du Niger. Mais, à moins qu'Hamma Bunti
ne soit arrivé avec un groupe important, nous pensons qu'il y
avait des groupements peul avant l'arrivée de ce dernier.
Hamma Bunti n'a fait que faire ce que fit Brahima au Liptako,
en récupérant une révolte populaire due aux abus de l'aristo-
cratie des Gulmanceba. En dêclarant le djihad, i l a légitimê
son autorité et trouvé un moyen de mobilisation des Peul.
Les récits de la guerre, racontês par des tradi-
tions des Gulmanceba et peul, recueillis dans des localitês
distantes de 60 km, prêsentent une ,analogie satisfaisante.
Ecoutons nos informateurs
1
.....
(1) Les travaux de Danielle Kintz sur le Liptako
et le Yaga nous éclaireront sur ce point.
273
Version peul
"Hamma Bun.ti e.-6,t ve.n.u de. MaHn.-6uJtu
tNige.Jtl
[1'in6oJtmate.uJt ne. -6ait pa-6 pouJtquoi il
e.-6t paJtti de. ldl.
Son 6JtèJte. -6e.Jtait paJtti ve.Jt-6 ToJtodi.
Le. paY-6 était pe.uplé de. Gulmanee.ba,
Hamma eha-6-6a le.-6 Gulmanee.ba.
Il -6 'était in-6tallé
à. Si-6aJtiga.
Le.-6 ge.n-6 du Liptako étaie.nt paJtti-6 à.
Sokoto ehe.z le. ehe.6, Amadou Bunti paJttit à. -6on
touJt. A -6on Jte.touJt, il Jtéunit tOU-6 le.-6 Pe.ul pouJt
eha-6-6e.Jt le.-6 Gulmanee.ba qui paJttiJte.nt ve.Jt-6 Coalla,
plu-6 loin que. Coalla.
Bun.ti 6ait la eue.ille.tte. de.-6 6e.uille.-6
de. baobab qu'il éehange. eontJte. le. -6on de. mil pouJt
-6e.-6. vaehe.-6. Quand il ve.nait, le.-6 Gulmanee.ba lui
de.mandaie.nt -6i le.-6 6e.uille.-6 n'avaie.nt pa-6 e.neoJte.
pou-6-6é
il di-6ait non, pa-6 e.neoJte..
Se.e.ni e.-6t -6on vJtai nom : diminuti6 de.
nommé Bunti paJt le.-6 Gulmanee.ba.
Il -6'e.nte.ndait bie.n ave.e le.-6 Gulman-
ee.ba e.t e'e.-6t le. ehe.6 de.-6 Gulmanee.ba qui l'auto-
JtiJ..tt à. Jte.-6te.Jt.
Quand il Jte.vlnt de. Sokoto, il de.vint le.
ehe.6 de.-6 eJtoyant-6 : "Lamiido Juulbe.".
Hammadi Lokka, vieux de Sebba,
enquête 1972
(Communication de Danielle Kintz, 1975)
274
Version des Gulmanceba
1/ Yalta,
uV!. peul de. Ta!l.odi,
6ut c.ha.6.6 é
et vint à J€ITJ1,~ua!l.u .6au.6 le. !l.ègne. de Vaabaia!l.i.
Il
e.xpliqua .6a mé.6ave.ntu!l.e. e.n di.6ant qu'il était un
p!l.inc.e. de. TO!l.adi, mai.6 qu'~l avait été c.ha.6.6é.
Le. c.he.6 l'ac.c.e.pta c.he.z lui e.n di.6ant que.
pe.!l..6anne. de. Ta!l.adi ne. .6'y ha.6a!l.de.!l.ait.
Il c.ultivait
pau!l. le. be.da e.t 6ai.6a~t d'aut!l.e..6 t!l.avaux. A la tombée.
de. c.haque. .6 ai.6 0 n pluvie.u.~ e., il allait c.he.!l.c.he.!l. de..6
6e.uille..6 de. baabab e.t 6ut ain.6i .6U!l.nommé Bunti,
Taka!l.ubunti (je.une. 6e.uille. de. baabab), Ama!l.U Bunti.
Il y véc.ut 16 an.6.
Vaabaia!l.i lui donna une. 6e.mme. e.t le. c.ha!l.-
ge.a de. la ga!l.de. de. .6e..6 bae.u6.6.
Le. be.da lui dit d'alle.!l.
.6'in.6talle.!l. ave.c. d'aut!l.e..6 pe.ul dan.6 un e.nd!l.oit
appe.lé Tambondl.
Le..6 pe.ul de.vin!l.e.nt de. plu.6 e.n plu.6
nomb!l.e.ux.
- ap!l.è.6 Vaaboia!l.i
Tiintondi de.vint
be.do,
- ap!l.è.6 TIi~tandi,
c.'e..6t une. 6e.mme. nommée.
KO!l.iga qui lui .6uc.c.éda. C'était une.
"amazone." qui avait
· 70 c.hie.n.6
· 70 c.he.vaux
· 70 e..6c.lave..6
(Nac.e.mba)
Sa lanc.e. atte.ignait toujOU!l..6 .6on but.
Elle. pillait pa!l.tout
. c.haque. jOU!l. aux puit.6, e.lle. .6'e.mpa-
!l.ait de. tou.6 le..6 paulain.6 de..6 pe.ul
. .6e..6 c.hie.n.6 mange.aie.nt de..6 viande.6 de.
9 éni.6.6 e..6 •
275
"Tout c.e.c.i méc.onte.nta.. .te.-6 pe.u.t.
Le.-6
be.~ijaba étaie.nt éga.te.me.nt méc.on~e.nt-6, .te. ba.ti
étant monopo.ti-6é pa~ .ta 6emme..
----
C'e.-6t à c.e.tte. époque. que. .te.-6 pe.u.t de.
Lugutuoo
(LiptakoJ a.t.t~~e.nt c.he.z Se.ku Babe..t.to, à
Sokoto où i.t-6 e.u~e.nt .te. nyoagu qui pe.~mit .te.u~
vic.toi~e. -6u~ .te.-6 Gu.tmanc.e.ba.
Le.-6 e.nfiant-6 d'Ama~u Bunti a.t.tè~e.nt
de.mande.~ c.on-6e.i.t aux pe.u.t du Liptako qui .te.u~
indiquè~e.nt Seku Babe..t.to. I.t-6 pa~ti~e.nt a.to~-6 à
Sokoto.
Le. Se.ku .te.u~ donna une. e.au qu'i.t 6a.t.tait
me.tt~e. dan-6 .te.-6 puit-6 de.-6 Gulmanc.e.ba avant de.
déc..ta~e.~ .ta gue.~~e.. Le.-6 pe.u.t -6uivi~e.nt .te.-6 ~e.c.om
mandation-6 de. Se.ku Babe..t.to.
I.t-6 6i~e.nt -6avoi~ à c.haque. be.~ijo
qu'i.t-6 vou.taie.nt tue.~ .ta fie.mme. (Ko~igaJ
a61n que.
c.e. de.~nie.~ .ta ~e.mp.tac.e.. Le.-6be.~ijaba ac.c.e.ptè~e.nt
e.t hébe.~gè~e.nt c.hac.un un g~oupe. de. 200 pe.u.t qui
de.vaie.nt 6ai~e. .t'a-6-6aut du be.die.gu e.t .tui donne.~
.te. pouvoi~.
Le. jou~ indiqué, de. bonne. he.u~e., .te.-6
pe.u.t c.omme.nc.è~e.nt à b~a.te.~ .te.-6 mai-6on-6 e.t donnè-
~e.nt .t'a.te.~te. géné~a.te..
Chaque. be.~ijo qui vou.tait -6o~ti~ fiut
a-6-6a-6-6iné
pa~.te. g~oupe. qui "de.vait .t'aide.~" à
p~e.nd~e. .te. pouvoi~.
Le.-6 Gu.tmanc.e.ba 6u~e.nt c.ha-6-6é-6.
Ko~iga tuée., i.t-6 montè~e.nt -6U~ .ta c.o.t.tine. (?) e.t
.ta gue.~~e. -6e. pou~-6uivit.
Kpe.~i,
un Tindano de. Liptugu vint à
.te.u~ ~e.-6c.ou-6-6e.. Sa 6.tèc.he. tuait -6e.pt pe.u.t à .ta
60i-6 avant de. touc.he.~ te.~~e..
Mai-6 un pe.u.t -6e. c.ac.ha
e.t .t'atte.ignit au 6~ont d'une. 6.tèc.he., i.t a~~ac.ha
.ta 6.tèc.he., e.t voyant que. .ta ~é~i-6~4nc.e. de.-6 Gu.tman-
c.e.b~ -6e.~ait vaine., p~àpO-6a à Ye.nhindi de. ve.n~~
av~c. .tui à Liptugu. C'e.-6t ain-6; qu'i.t-6 vin~e.nt à
Liptugu, a.toft-6 un Tuugu [bo~~u~tJ.
Ye.nhindi de.vint be.do.
Ve-6 gue.~~e-6 c.ont~e. .te.-6 pe.u.t -6e. pou~-6ui
vi~e.l1t ave.c. -6 uc.c.è-6" •.•
(1 1
(1)
Sogli Hampandi, bcd~ de Liptugu {JemsuaruJ
17/6/1975
Ll.t. dYTI•• t~qu. d. J!XSUA~O (LIPrOGU!
Ll.t. d•• t.lr. da TACA , eae-unleatlon d. D.nl.ll. KINTZ , '.1'1' '/111
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1. pa7. 't.lt peupl' d•
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1972
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17 . t II Juin 1'75
R._dl LOKM et aon h ' ..e "'lnloo LOKM de
S.lon Danl.ll• •I~, 1•• da ..' , . d. r'9n.. lont
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d•••u•• Il 7 a .a 'q.l
nt de. 'e.. lt. d. ~r.-
bout••
N
.......,
en
271
c'est donc sous Koriga
(11ème pedo de la liste
qu'éclata la guerre entre Gulmanceba et peul. Les premiers
furent définitivement chassés sous le règne de Yenhindi en
1811, d'après les durées de règne données à Liptugu
(voir
liste '""." .'.)
Celles des Emirs de Yaga placent la fondation de
l'Emirat par Hamma Bunti en 1812
(1). Nous pouvons dire sans
risque d'erreur que les Gulmanceba furent chassés en 1811/1812.
Ils revinrent à leur point de départ. Yenhindi est consid€ré
comme le premier bedo du nonveau Jemsuaru
(Liptugu) habité
par des Tindamba.
De nos jours encore, les listes tambourinées
disent Jemsuaruoedo
(bedo de Jemsuaru)
et non Liptugubedo
(bedo
de Liptugu), comme on le dit couramment. Jemsuaru est un qua
de Liptugu, celui de la famille régnante. Le bedo de Liptugu
est salué sous le nom de Lompo.
Liptugu proviendrait de la contraction de Lugu et
de tuugu
(buisson), soit "b~isson de Lugu". Ce dernier aurait
été un génie tué par Kperi.
(1)
Communication de Danielle Kintz, voir liste
278
Le yedondili de la famille régnante est Sogri
(ou
Sogli), sorte de panier avec lequel on pêche des poissons.
La liste dynastique comporte 26
noms depuis Noima et 13 depuis
Yenhindi. Contrairement à ce qu'écrit Jabri Joseph, cité par
Jacques Sénéchal, la famille régnante de Liptugu est d'ori-
gine gourmantché et non d'origine peul
(1).
Concluons en proposant une date de fondation du
royaume de Jemsuaru
(Yaga), sur la base de la durée de règne
moyenne avant la conquête coloniale. Les européens sont arri-
vés sous Yenharima
(20ème de la liste)
qui accéda au trône
en 1863.
De Yenhindi
(14), chassé par les peul en 1811 à
Tikpba
(l~ème), prédécesseur de Yenharima, nous avons, Yenhindi
compris, 6 betieba pour une durée de 52 ans. Soit 8,6 ans de
durée moyenne de règne par bedo.
La fondation du royaume se situerait vers 1863 -
(8,6 x 18) = 1863 - 154,8 = 1708,
2 : vers 1708 en simplifiant
ou 1708 + la (la = marge d'erreur)~
peut-être avant le premier
Kuala.
(1)
Sénéchal Jacques - Espace et Mobilité Rurale, op. cit. P. 87
279
Le diema du nouveau Jemsuaru était limité co~~e
o
~
,
l'indique la carte n
~~ ~
,
à la veille de la conquête
coloniale.
La désignation du nouveau bedo se faisait par une
bataille rangée entre les candidats des différents dieru.
Le vainqueur devenait bedo
(1). Liptugu tomba vers 1863
sous l'influence de Kuala pendant le règne de Yenharima
(1863-1909) C'est ce dernier qui, dans une querelle de succes-
sion, fit appel au chef Yenhamma de Kuala. Tikuba, cousin
de Yenharima, qui s'était emparé du pouvoir fut détrôné et
presque indépendant. Le renforcement de la domination de
Kuala date de la période coloniale.
(1)
Il est actuellement nommé coutumièrement par le bedo
de Kuala.
280
III - Le Buricindiegu de Surungu
(Bonsiega)
-
Le bikpelide la famille régnante actuelle de
,J.-
Bonsiega est Kuatbisi. Il serait frère cadet des bikpela
fondateurs des dynasties de Basieri et de Liptugu.
Parti aussi à la recherche d'un diema, i l passa
successivement dans la région de Cabondu, à Basieri, à
Kpenciagu où régnait son grand frère Foba et enfin échoua à
Koku
(pas loin de Surungu actuel)
où i l demanda une place au
Tindambedo de cette localité.
(1)
Ce dernier, du nom de Gmaara,
-
installé d'un côté du tuugu
(bosquet)
i~diqua l'autre côté, plus
bas, au nouveau venu.
Il alla alors s'installer à un endroit
appelé Fuoga qui prit par la suite le nom de Sunrungu
(ou Sulungu)
venant du mot Suri
(reculer)
(pour aller plus bas)
prononcé par le Tindambedo en indiquant le lieu à Kutabisi.
(1)
Son buolu n'existe plus dans la région. La terre et
les autels leur appartenaient.
2B1
La dynastie des Kpajaaba fut ainsi fondée. Les
Nadimmu arrivèrent après. Les deux familles coexistèrent plus
ou moins pacifiquement jusqu'à la conquête coloniale.
C'est sous la période coloniale que Surungubedo
Baalisongi quitta Surungu et alla s'installer à Bonsiega
(ancien site habité par la dynastie de Basieri), d'abord
en guise de hameau de culture
(Kuadabigu)
(1), puis comme
village.
Ce bali était indépendant. C'est à partir du
rattachement de Surungu à Kuala que le bedo de cette dernière
localité commença à nommer coutumièrement le bedo de Surungu •
Yentema et Yencabri
(l'actuel bedo)
furent les premiers à
être nommés par Kuala.
Le yedondili de la famille régnante est Kpajaari.
Nous n'avons pu recueillir la liste des ~etieba de Surungu.
(1) Un kuadabigu est un hameau de culture habité uniquement
pendant la saison pluvieuse.
28L
La parenté entre ces trois dynasties s'établit
comme suit
Noima
1
Foba
Kutabisi
Banfango
Fondateur de la
Fondateur de la
Fondateur de la
Dynastie de
Dynastie de
Dynastie de Surungu
Liptugu
Surungu
(Bonsiega)
- Yedonda, Kuana et Ce des familles régnantes -
,-------------------------------~-------------------suRÜNGÜ----
diema
BASIERI
LIPTUGU
yedondili
1
BONSIEGU
:
SOGLI
(BONSIEGA)
1
1
KPAJAARI
--------------,---------------
,
-------------- --------------
Kuali
- yebugu =
vautour
(pl. Kuana)
vrai inter
-dit
- dulo =
kaIaO
- l'âne: pas
un interdit
total
:
- le chien
:
- le bois de
:
<:!aabu ~(arbre)
1
:
- le bois de :
1
1
saambu
1
:
:
(arbré-)
:
:---------------i-----------·----t-ïtï-------ûr--t--llC-----1U---
: S c a r i f i c a - :
: ...,.,.._ / ' "= : == ......... ,==
rrr
r
1
t .
1
t
} , . -
-
1
n-
:
fa~~~~es
1
:
Il
JII: 1
'1
1t
1
J
1
l
1
!
_
283
Nous pensons que la parenté entre les bala de
Basieri, Liptugu et Surungu
(Bonsiega)
est réelle. Mais i l
est pratiquement impossible d'établir avec une certaine
exactitude le lien de parenté qui les unit. On peut'poser
l'hypothèse d'un père
(ba) ou d'un grand-père
(~ikpeli)
commun aux fondateurs de ces dynasties. Jianu Nademu affirme
qu'ils sont des enfants de Noima, de même mère.
(1)
. Nous
pensons qu'on ne peut pas l'affirmer, Noima pouvant être
simplement un père ou un grand-père classificatoire, le
vrai n'ayant pas régné.
Nous ·pouvons cependant dire que la séparation de
cette branche s'est faite très tôt, comme celle de Mopienga,
après Noima, puisqu'on ne cite aucun nom de ces ancêtres
fondateurs dans la liste commune à Piala, Bilanga, Bongandini
et Con.
(1)
Jianu Nademu, Tandibiaga, 18/5/1975
CHA P I T R E l V
LES
D Y N A S T l E S
D E
J
l P I E N G A
K P l I DEN l
-
TUA B A
SOR l G A
E T
D E
NIN DON G U
285
Toutes les traditions recueillies font de Driyema
(Drilema)
l'ancêtre fondateur du bali de Jipienga, un fils
de Noima. Driyema est le 8ème bedo de la liste commune du
nord
(voir liste-L. ).
La branche de Jipienga sIest divisée par la suite
et a donné naissance aux sous-branches de
Kpiideni, Tuaba,
Soriga et Nindongu
(1).
Les traditions recueillies dans les trois premières
localités font effectivement des fondateurs de ces dynasties
des fils de Driyema. Jianu Nademu fait dIeux des enfants,
de même mère, de Noima
(2). Contrairement aux autres tradi-
tions.
Il est probable que Driyema soit leur vrai père ou
leur père classificatoire. Sinon, comment expliquer cette
descendance commune
par rapport aux autres dynasties ?
Driyema slinstalla à Sabra
(près de Jipienga)
après
avoir quitté la résidence de son père, probablement à la
recherche dlun diema. Driyema étant cité dans la liste de
Bilanga, on peut penser qulil y a régné comme bedo de
Bilanga. Ses descendants ayant été éliminés du trône, par
(1)
Lankondi Tingbandi, de Jipienga, rattache également les
bala de Balga, Ugaruni et Yupangu à Driyema. A Balga, on
~ous a rien dit à ce propos. Humutuguni, ancêtre fon-
dateur de
ce B&ricindiegu est un fils de Noima.
(2) Jianu, Tandibiaga, 18/5/1975
.~
287
la suite, ils seraient partis dans la région de Jipienga.
De là, ils ont essaimé et créé les dynasties ci-dessus
mentionnées :
Noima
Driyeba ou Driyema
ou Leriyema
Fondateur de la
Dynastie
de Jipienga
- - - - - - - - r - - I - - - - r - - - - - l
Kpiinu
Tuaba
Gmabuanla
?
(Dynastie
(Dynastie
(Dynastie
(Dynastie
de
de
de
de
. Kpiideni)
Tuaba)
Soriga)
Nindongu)
Les listes dynastiques recueillies à Jipienga, à
Kpiideni et à Tuaba, donnent :
Jipienga
(20 betieba)
-. Kpiideni
(18 betieba)
Tuaba
(19 betieba)
( l )
(1)
Voir liste
lo','-C"f<t-"r'
-
..
La comparaison des listes de Kpiideni et de Tuaba
avec celle de Kuala permet de placer Driyema dans la géné-
ration de 1687 - 1717 et les fondateurs dans celle de 1717 -
1747. Noima est placé dans la génération 1657 - 1687.
l
- La Dynastie de Jipienga -
Cette dynastie tomba/dans des circonstances qui ne
sont pas très claires pour nous, sous le contrôle de Bilanga.
A la veille de la conquête colonial~ Jipier~edo commandait
seulement au grand centre de Jipienga. Son diema actuel
s'étend également aux villages de Bungu, Pamdiega et Hateri,
fondés pendant la période coloniale.
Jipienga signifier~it "mil blanc", di pienga. Le
yedondili de la famille régnante est Lankondi. Le bedo de
Jipienga est salué sous le nom de Lompo.
1
1
289
II - La Dynastie de Kpiideni -
Kpiinu,
fondateur de la dynastie actuelle de Manni,
serait parti de Jipienga
(1). Probablement à la suite d'une
querelle de succession.
Il échoua dans le site actuel de
Burgu (13 km au sud de Manni). Il Y créa le village de
Kpiideni,
"chez Kpiinu", nom qui désigna également son diema.
Ses successeurs se déplacèrent successivement à
Kpesini, non loin de Burgu (Kutera,
2ème bedo} Bantuankpera
(bedo Kudiagu Bandiganni)
à 5 km au nord-est de Manni, Pin-
gonguine
(bedo Pampamma)
à
2 km au nord-est de Manni,
et enfin le bedo Yencabri vint s'installer à Manni,
l'le bon".
C'est en soutenant Yensongu
(14ème bedo)
contre
Yenharima
(13ème bedo), dans une querelle de succession que
le bedo de Kuala Yenhamma fit tomber Kpiideni sous son in-
fluence. Yensongu aurait été le premier bedo de Kpiideni 3
être nommé par Kuala.
....
(1)
Soguno de Manni, Manni, 12/5/1975
290
Excepté cette querelle de succession, Kpiideni
semble avoir eu peu de guerres avec ses voisins.
Il parti-
cipa à l'attaque contre Liptugu dirigée par bedo Yenhamma.
,
~
La carte nO /j.-j
montre le diema de Kpiideni avant
la période coloniale. Les villages de Buliyendi, Bungunatimsa
•
et Burgu furent rattachés directement à Kuala pendant la
période coloniale.
/
1
/
VILLAGES /
/
/
Villages créés pendant
Anciens villages
(1)
la"période coloniale
Burgu
kombali
Gbangani
Manni
capitale
Bungu Folugu
Natimsa
kombali
Gmargu
Buliyendi : kombali
Bonugmona
Dakiri : kambali
Naabingu : kombali
Lipaka : kombali
Lampiadi
kombali
Pugijari ?
Tambifoagu ?
(l) Ce sont des merilires de la famille réqnante qui détiennent
le bali à Burgu, Buliyendi, Natimsa, Manni, Naabingu,
Lipaka, Lampiari.
291
III - La Dynastie de Tuaba -
Tuaba, le fondateur du village de Tuaba, serait
un frère de Kpiinu, fondateur de Kpiideni. Ils quittèrent
ensemble Jipienga, pour la même ràison, avec Gmabuanla, au-
tre frère
(1).
Tandis que Kpiinu s'installait à Kpiinudeni
(ou
Kpiideni)
et se "taillait" uti diema, son petit frère Tuaba
-
allait s'installer à 10 km au sud-ouest de Manni et y fonda
le village de Tuabdeni "chez Tuaba"
(Tuabre)
dont il fit
la capitale de son diema.
Le bedo actuel du village de Tuabre, Yarga Yendabri,
nous dit que Tuaba n'est pas le fondateur du village, mais
un grand-père à lui, Yariga
(petit-fils par la mère)
du bedo de
Kpiideni, Kutera
- né d'une de ses filles avec Dambri - un
~
Yarga
(Yarsé) venu de Celle
(royaume mossi de Boussouma). Tuaba
l'y rejoignit 8 ans après, mais comme i l était Buricino,
le village prit le nom Tuabdeni,
" chez Tuaba ", puis
(l)
Tibandiba Banga, griot, Wobdiaga, 11/5/1975
292
par déformation Tuabre.Nous pensons que cette information
est vraisemblable.
A la mort de Tuaba,
son fils Darenda transféra
la capitale à Wobdiaga
(7 km environ à l'ouestl. Sous le
Sème bedo (Sudugu), Nakuri devint la deuxième capitale,
la branche qui y habitait ayant eu le bali. A partir de
cette date,
le bali alterna entre les deux branches et
les deux capitales; le bedo est appelé Tu~bedo, "chef de
Tuaba", quelle que soit sa résidence. Tuaba, nom de l'an-
cêtre fondateur, désigna également le diema.
- Wobdiaga, Bombonyenga, Maliyoma, Kamisi,
Komona, Nakuri, Liigu, fondés par des membres
de la famille régnante,
et
- Tuabre, Lanyabri, Wabari, Tambiri, fondés
par d'autres familles venues généralement après.
Les Kombala
(sing. Kombali)
étaient: Bombonyenga,
Maliyoma, Tuàbre -
Liigu l'est devenu pendant la période
coloniale.
. •...
(1) Tous fondés avant la conquête coloniale.
293
Il Y avait ici, comme à Kpiinudeni, deux résidences
- Wobdiaga "marché d'éléphants", en langue mossi
et
-
Nakuri "troupeau de boeufs".
Les deux branches régnaient alternativement.
Ce diema eut une vie beaucoup plus agitée que celui
de Kpiideni en raison de sa position frontière avec Con et
avec les royaumes mossi de Boulsa et de Tougouri.
Une guerre aux causes encore obscures éclata entre
Korenyienu et le bedo Baalisongi de Con, dans laquelle le
premier trouva la mort. Son successeur Naridundi; qui voulut
le venger,
fut également tué.
Bilenna vengera ses prédécesseurs en surprenant les
habitants de Con le jour de leur fête
(Cibisi). Il les
battit, pilla le village et ramena à Wobdiaga un riche butin,
ainsi qu'une pierre du Jingli de Con sur laquelle se fai-
saient les sacrifices. C'est à partir de cette date que
Wobdiaga fêta aussi le Cibisi.
294
Baalisongi
(Con), mécontent,
alla demander une aide
au Boulsa-Naba de l'époque, contre Bilenna. Ce dernier
s'enfuit à Bilanga et ne revint que l'année suivante. Wobdiaga
fut pillé et brûlé.
Après la mort de Jarincaari, une querelle de succes-
sion sl ensu ivit. Les berijaba soutenaient Yenkpaari et les
habitants de Kuala, arrivés sous le règne de Korenyienu, Yen-
cabri. Ce dernier fut chassé et alla se refugier à Nindongu
(Bongandini).
Il revint 11 ann ée suivante engager une bataille
contre son rival mais y trouva la mort.
C'est probablement à partir de cette immixtion dans
les affaires intérieures de Tuaba que ce diema tomba sous
11influence de Kuala. Yentandi fut le premier à être nommé
par Kuala.
Yentema mourut dans une guerre contre un Boulsa
Naba.
Sous son successeur Baalisongi, Naba-Ligidi attaqua
Kuala en 1881.
Le yedondili des deux familles régnantes de
Kpiideni et de Tuaba est Burgu, mot dont la signification
ne nous a pas été donnée.
~ -----~-------_._.--'--------------
29~
CHA P I T R E
V
LES
D Y N A S T l E S
D E
BAL G A
E T
D E
y U PAN G U
295
A - Le Buricindiegu de Balga -
Les traditions de Balga font de Cariko, fondateur
de la dynastie, fils de Humutuguni
(9ème de la liste commune).
Il aurait été chassé à la suite d'une querelle de succession
par son petit frère ou son grand frère.
D'après la liste,
il est possible que ce soit Nanci ou Kansugo,
les successeurs
immédiats de Humutuguni.
Cariko, dont la mère était de la famille Namono de
Balga, y rejoignit sa famille maternelle et commanda par
la suite à cette région.
La liste dynastique de Balga comporte 30 betieba
depuis Humutuguni et 35 depuis Lompo
(voir liste ci-après)
297
Noima ~ femm:a::n~ad:a:~~~: (l)
1. Humutuguni
2. Cariko
3. Gmehindi
4. Kogbari
(?)
5. Taripo
6. Baaligu
(?)
7. Piaama
8. Kpaana
9. Boagri
10. Booni
(?)
Il. Hunluomma
12. Barigiyuuni
13. Gnekpega
14. Banguori
15. Hunkuarini
16. Bandieeri
17. Wuribeeni
18. Jaawurugu
19. Yemhindi
20.
Yenbuado
21 . Yenharima
(1)
Liste jouée p'ar le lonqa Gmanja Naaba et chantée
:9é\\r le benèili Yenyaba Namono.
Balga 18/2/1976
-
l?)
Hésitations dans la traduction.
298
22. Yentagima
23. Yenhamma
24. Hampaani
25. Labidiebo
26. Yernbrima
27. Lansongi
,
28. Yempaabu
29. Yencabri
30. Yensongu.
nommé en 1970/1971
Balgibedo est considéré comme l'aîné du bedo de
Bilanga, mais i l est nommé par ce dernier. Son yedondili
est Lankondi et i l est salué sous le nom Lompo.
Le diema de Balga, qui ne s'est pas modifié avec
la colonisation~ s'étendait aux villages de : Tikpoo (un
Kombali), 0 Bungu, Balbuori, Tindongu, Doorugu
(Kornbali),
Kpenduori, Conbuari et Mosobriga étaient plutôt des quartiers.
Balga participa aux guerres menées par Bilanga.
299
B - Le Buricindiegu de Yupangu -
Après Driyema, les personnalités marquantes de la
liste commune Bilanga, Piala, Bongandini, et Con sont Laadu
(13ème bedo)
et Balemba
(14ème).
Laadu serait fils de Noima. Dans la liste tambourinée,
on d i t : yupanbedo laadu,
"Laadu bedo de Yupangu". Il est
probable qu'il ait régné sur Bilanga avec sa résidence à
Yupangu. Sa descendance s'y trouve encore. Nous n'avons malheu-
reusement pas pu faire d'enquête dans cette localité. Il n'est
pas impossible non plus qu'il ait régné à Bilanga, puis ses
descendants, écartés du pouvoir,
seraient partis à Yupangu,
comme ce fut le cas du fondateur du buricindiegu
de Balga
(I).
(1)
Les listes tambourinées disent également balgibedo
Humutuguni,
"Humutuguni bedo de Balga".
- - - - - - - - - - - -
---"--~
......
CHA P I T R E
V l
LES
B U R I C I N D I E R U
D E
PIA L A
B l LAN G A
BON GAN D l N l
E T
D E
CON
301
l
- La fondation des différentes dynasties -
Balemba, pu Namuno~ 14ème bedo, est unanimement
reconnu comme l'ancêtre commun des fondateurs de Piala,
•
Bilanga, Bongandini et Con.
Les listes tambourinées font de Balemba soit le
fils de Noima, soit celui de Laadu. Nous pensons qu'il est
probablement le fils du premier, la descendance de Laadu se
trouvant à Yupangu. Certaines listes tambourinées font de
Balemba son fils, peut-être parce qu'on a coutume de faire
d'un bedo le fils de son prédécesseur.
Balemba serait le père de Dogu
(fondateur de Piala),
Kantindi
(fondateur de Bilanga), Bantia (fondateur de Bongan-
dini)
et Gmarba
(fondateur de Con)
A - Piala et Bilanga -
Balemba, venu de la région de Gayeli, aurait
échoué à Nalongu
(à côté de Piala)
chez des Tindamba origi-
naires de Higa, village proche de Boulsa
(1).
(1) D'après Laali TindanoWoba, Tindambedode Piala, de la
même famille que les Tindamba de Nalongu "(Piala -
15/6/1976)
- - - - -----_._--_._-----~-_.,~--_._-_.
.. _
_ , - _ . _ - _...-~.,-_. "*..~..~"-"-' .....- ..•_~..._ ' - . - - - - - - - _ . _ - - - - - -
30L
Il épousa Gabini, une fille du diegu des Tindamba.
De leur union
naquit Dogu et Kantindi
(1).
Momba, une autre de ses femmes, eut comme enfant
Bantia. D'autres unions lui donnèrent également des enfants
dont Gmarba.
Avant de mourir, Balemba dit à ses enfants d'aller
demander le bali à Nungu (Kujuabongu) (2).
L'aîné, Dogu,
envoya son petit frère Kantindi à Nungu
(Kujuabongu)
lui
prendre des habits de bedo
(1 bonnet et 1 boubou). Sur la
route du retour, il fut sollicité par les Tindamba de Candugu
(village qui était proche de l'actuel Bilanga) d'y rester
et de devenir leur bedo.
Une guerre faillit alors éclater entre les deux
frères. Leur mère l'évite en maudissant, dans le présent et
dans le futur,
celui qui ose~ait attaquer son frère.
Il n'y
eut donc jamais de guerre entre les deux diema.
(1)
Les listes tambourinées disent clairement que Gabini est
la mère de Dogu et de Kantindi. Certains informateurs
doutent qu'ils soient du même père.
(2)
Le même Laali Tindano dit que Balemba mourut et fut
enterré à Nalongu.
303
Dogu se déplaça de Nalongu à Piala. N'ayant pas
reçu les habits de bali
(usurpés par Kantindi),
i l mourut
sans avoir été bedo
(1). Après une vaine tentative de son
fils Nunfamma de se faire nommer bedo de Bilanga, après la
mort de son oncle Kantindi, i l finit par fonder la dynastie
de Nalongu
(piala).
(2).
Nalongu viendrait de
lon~ (puisette,) qui était
accrochée en permanence près d'un puits, à l'usage du public.
Les avis sont partagés quant à la signification
de Piala. La version courante dit que Piala viendrait
du mot
mossi ~elga (bande). Un tisserand mossi aurait été trouvé à
cet endroit.
Il vendait des bandes dont le Dom par déforma-
tion aurait donné Piala
(3).
Selon Laali, les Tindamba, trois frères,
seraient
venus de Higa
(Boulsa)
: .Kunkuri,
1·' a!.né, Piala, son peti t
frère, et un troisième dont i l n'a pas donné le nom.
(1)
Il n'est pas cité dans la liste dynastiq~e de Bilanga,
mais dans celle de Piala
(2) Bien que son père Dogu soit le premier cité, Nunfarnrna
est considéré
comme le vrai fondateur de Piala
(3) Cette version est également rapportée par Davy et
Chan toux.
30~
Le premier s'installa ~ Nalongu, le second ~
Piala et le troisième à Koarinjaka. On peut en conclure
que Piala donna probablement son nom au village qu'il fonda.
Cette dernière version nous semble la plus vrai-
semblable, la première s'apparentant davantage aux versions
d'explications après coup. De toutes façons,
elles ne sont
pas contradictoires. Le mossi, dont parle la première version,
peut être Piala, qualifié de mossi - mais·en fait nioniose
d'origine
parce que venant d'un pays qui tomba sous domina-
tion mossi.
B - Bongandini et Con
(Thion)
Bantia et Gmarba,
les autres enfants de Balemba,
partis encore plus au nord ~ la recherche de diema, auraient
fondé,
le premier : Bongandini, et le deuxième
Con.
Ils sont tous· deux cités dans la liste des betieba
de Bilanga.
30~
La succession se faisant de niciamo en niciamo
à cette époque
(1), i l n'est pas impossible qu'ils aient été
reconnus à leur tour, respectivement comne betieba de Bilanga
tout en résidant à leurs lieux respectifs.
Il est possible aussi que Bantia et Gmarba, rejoi-
gnant leur grand frère Kantindi devenu bedo, puissent avoir
vécu et régné à Bilanga, puis par la suite, leurs enfants
étant écartés du pouvoir, à la suite de querelles de succes-
sion, seraient partis plus au nord à la recherche de diema.
Une
tradition, rapportée par Davy, fait de Gmarba
le fils de Bantia
(2). Nous n'avons pu avoir confirmation
de cela ni dans les traditions recueillies à Bongandini ni
dans celles de Con. Elles font d'eux simplement des frères.
A son arrivée à l'endroit qui allait devenir le
futur Bongandini, Bantia aurait d i t : n'ba gandi nee kua
Il je
vais choisir ici pour m' établir ll ,
ce qui donna par contrac-
tion Bangandini.
Il est possible que cette explication soit une
explication après coup. Cependant, on reconnaît nettement
gandi,
II c hoisir ll
dans Bongandini.
(1)
Nous expliquerons cela à la suite
(2)
Davy, op. cit.p~67- Laali Tindano ùe Piala donne la même
tradition
306
Bantia y trouva des Nyinjeritieba
(leur yedondili
est Nawagiba). Ses descendants se déplacèrent par la suite
et fondèrent un nouveau Bongandini, non loin du premier à
côté de Tanbusgu, village du Tindambedo Toiari à qui. la
terre fut demandée.
L'origine
des Timbamba est ignorée. L'ancien
village s'appela Bongandini Buori
(ancien Bongandini). Les
fondateurs du nouveau Bongandini étant des Buric~ba, l'appel-
lation Bongandini supplanta peu à peu celle de Tanbusgu, mot
qui dériverait de Tambigu
(sable).
Gmarba, lui, s'installa à Siesini, à côté dffi Tindamba
venus de Ziaku
(Boulsa)
et fondateurs du village
(1). Siesini
signifie "à l'endroit de Siesi".
Les successeurs de Gmarba se déplacèrent successi-
vement à Bangani et à Con
(2). Ce dernier nom viendrait de n'co,
"je suis venu". C'est ce qu'aurait dit Gmarba après avoir
rejoint son grand frère Bongandini, qui l'avait précédé dans
la région. Cette explication semble être une explication
après coup. Con est également le nom d'un tingbandi du village.
(1)
Batirnoialipo Tindano - Lundi 26/5/1975 à Siesini
. . . • .
(2) Voir la liste dynastique de Con
307
~ toutes les dynasties du nord, la parenté qui
lie celles de Piala, Bilanga, Bangandini~t Con est la plus
sOre. Le fait que les listes tambourinées qualifient
encore de nos jours les betieba de Bongandini et de Con, de
betieba de Bilanga
(Bilanbedo) est significatif à cet égard.
Les dynasties de Bilanga et de Con semblent encore
plus proches l'une de l'autre par certaines coutumes. Par
exemple, les familles régnantes ne pratiquent.pas la circonci-
sion.
Il est très difficile d'enquêter sur ce point,
le non circoncis
(Janfolugu)
étant considéré comme un
enfant n'ayant pas encore atteint l'âge de raison. Les
circoncis étaient soumis à de rudes épreuves. On nous a
laissé entendre à Con que les Buricimba -
les forts de la
société -
n'ont pas voulu de ces traitements faits sans
distinction de statut social.
Ces familles ont été les dernières à partir de
l'ancien site d'occupation. Nous pensons qu'après la déca-
dence de We,
la nouvelle èapitale de Bilanga fut Kiguogunni,
à l'est de Bilanga actuel. Régnèrent successivement sur le
diema :
308
Bipangme
Leriyema
Humo
Nanci
Kansugo
Hagru
Laadu
Balemba
Gmahamo
Après ce dernier, des querelles de succession écla-
tèrent et la branche de Bilanga qui s'imposa, transporta la
capitale à Bilanga actuel. Les autres durent aller chercher
fortune ailleurs et c'est ainsi que furent créés Piala, Bongan-
di ni et Con.
Noima
1
1
1
?
Laadu
1
Balemba
1
1
1
Dogu
B
It'
an la
Gmarba
(Dynastie
(Dynastie
(Dynastie
(Dynastie
de Pia la)
de Bilanga)
de Bongandini)
de Con)
Ll.~e. dynas~lque. de Bl1anqa,Bl1anranga, Con
e~ de Pla1a.
38.YeI'I!lal9U fils <!e 3~ r~ :~~~
1950
37.YentugTl fils de 36 t9J2-t9~9
36.~lendlerl flls de 35 t~t-19)2
5.ye] ta '1ft'8
35.Ymtardl fils de 31 arrh~ des
41.Wurlblarl
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blancs 45ans 0856-1901)
24 Jours
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I7lBanyaMll
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15.1mterd1
I4.Banpurdl
1
1
1
t3.HaMrlga
12.PJ:]:;1
12.Baa.l~
II.~
l
IOltbrl
II.
IO.l':anylerl
9.Q'rmœ
9:D:lgU
9.Bantla
9.l':ant1ndl
brancne de o:::n
Branche de Piala
!!ranche de ~~..,..
tbr",·çlx: de al1 angn'
,,~-_~
8. Bal1Tb!
BalE!!bl
Informateurs P1ala
7.~. L-
M:r..1tgDa Varga, Lonbcdo, avec J1nqrl Haro.
6. "b
Tuatuang~J
lJTl3
ou
1':)
Piala Xl Jui1\\ 1975 et 26/6/1976
5.~
~ . D.!yel1 Naaba • 1DnOOh de Bllanga
1
23 jui1\\ 1975 ET 24 juin 1976
4.Slnslnjanga
w
Bllanyanga·
~ u Taaburu, Bilanyanqa
3.Tl~
o
le 23 juin 1976
2.r.aJ,
CD
\\:Q!l.. !lantilml et. arclms - El1ttctlm de 1975
I.Jabls
~""~~~~"'-"'<""""""""""=--"""">,,"",----~,,,,._-:-.,-_ _
,.. ,,-,'........,.~=-'.,',~'="",., ...-.,..,..."';.. '~.....··.,~:·,'''"~".,...'''''',,,_,_ ......('~,e_''''''' ....,...__._.
37U
Les différentes listes dynastiques donnent
(1)
Bilanga
34 betieba
17 betieba + 5 générations
Piala
30 betieba
Con
17 betieba
10 générations
Une liste dynastique définitive de Bongandini n'a
tr
pu être établie.
f!~'~
La liste généalogique de la dynastie de Con permet
1
1
de situer Noima dans la génération 1570/1600 ou dans celle
~fr
de 1600/1630. La séparation des quatre branches et la fondation
f
des diema se situeraient entre 1660 et 1690 ( voir liste ;~i~rnftref
/,'(,)- t
...
1
Le yelondili commun à toutes ces dynasties est
Lankondi. Yedonda et Ce
des familles régnantes
(voir 3ème
partie chapitre).
On salue les betieba de Bilanga et de Piala
du nom de Jaanjanga
(2)
et ceux de Bongandini et Con du nom
de Lampa.
Les différents diema furent indépendants les uns des
autres.
(l)
Voir liste
ci-contre.
(2) Jaanjanga viendrait de Sinsinjanga
(2ème ~ de la
liste corrunune du nord). C'est un titre donné à tout bedo
indépendant. Les betieba de Bilanga et de Piala peuvent
être également salués du nom de Lampa.
311
II
Les différents Diema
A - Piala
Les betieba de Piala commandèrent aux Kombala
suivants
- ~abesma, Tangini, Korongu, Guori, Diabatu,
fondés par des membres de la famille régnante,
- Kuri, Kongini, Kalinbaagu, Dimboari, Cabru,
fondés par d'autres familles, et
- aux villages dépendants directement du chef-lieu
du diema : Nalongu, Tugudaaru, Congopandi,
Congokperi, Congo-Lampiari, Juari.
Le diema de Piala n'a connu aucune modification pen-
dant la période coloniale.
312
Les razzias mutuelles entre les commandements
de Piala et du royaume mossi voisin de Boulsa furent nom-
breuses. La seule guerre dont parlent les traditions de
Piala fut celle menée par Naba Wobgo
(1876-1922). Les rai-
sons de cette guerre restent encore obscures. Le Naba de
Boulsa serait venu simplement dans le but de piller (1)
et
elle aurait eu lieu trois ans après le massacre de Çipooli
(1891/1892), soit en 1894/1895
(2).
Pialabedo Yentandi
(1956/1901) était très âgé et
c'est son fils,
le futur Labidiedo, qui enferma la population
dans le kpiagu et organisa la défense.
Lorsque l'armée mossi fut proche de Piala, le vieux
bedo, réputé pour son nyoagu, aurait déclenché une pluie tor-
rentielle en pleine saison sèche. Les chevaux des cavaliers
ennemis s'embourbèrent et l'expédition tourna court.
L'A.S.B., qui rapporte les traditions de Boulsa,
reconnaît ces faits mais les localise à Nungu au lieu de Piala.
Le diema de Piala, indépendant de tout autre, n'était
pas dans la zone d'influence de Boulsa comme le pense Chéron,
repris par Izard (3).
(1)
Lombedo de Piala, Motaqba Yarga,
29/6/1975
(2) Laali Tindano Woba~imdambedo de Piala, Piala, 25/6/1976
(3) Chéron, op. cit. P.
659 -
Izard op. cit. P.
238
313
B - Bilanga et Bilanyanga
Le diema de Bilanga était l'un des plus vastes et
son bedo l'un des plus puissants, sinon le plus puissant
du Gulma à la veille de la conquête coloniale.
Il s'étendait
aux Kombala suivants
(1)
:
1 -
Yupangu, Bosongri, Balga, Jipienga, Tuobu,
Kogdu, Benwurugu, Buoru, Ogaruni, Nyoiariga,
Jankulungu, Sikuantu, fondés par des gens
apparentés à la famille régnante du Bilanga,
2 - Nanyuangu, Dioola, Balamanu, Tankperu, Soo,
Batibuoogu, Diela, Tatari, Diarndiara, fondés
par d'autres familles,
3 - BiJanga exerçait également un contrôle sur
Gayeli, Tibga et Yamma. Ces trois derniers diema
1,
furent retirés de Bilanga et érigés en cantons
f
indépendants pendant la période coloniale.
1
f
(1) Voir carte n o~ .:.. (' .-
3 14
L'histoire de Bilanga fut émaillée de nombreuses
guerres tant à l'intérieur du Gulma qu'à l'extérieur.
A l'intérieHr, Bilanga eut surtout affaire à
Nungu. La guerre la plus connue fut celle qui eut lieu sous
le;betieba Tontuoriba
(Bilanga) et Yencabri
(Nungu). Le
premier; mécontent des razzias que faisaient
les gens de Nungusur son territoire
(à Balga et à Tibga),
organisa une expédition sur Nungu. Victorieux,Tontuoriba
brûla le cuuli de Nunbado, puis pilla Nungu tout en épargnant
les vies humaines
(1).
Dans la querelle de succession à Nungu, en 1892,
Yaaparigu
(1887/1919)
prit parti, comme Jakpangu,
pour Yentugri contre Bancandi~ Lorsque ce dernier renversa
la situation en 1897, grâce à l'appui du Lieutenant Baud, i l
se vengea en 'brûlant Bilanga.
Bilanga fit également de nombreuses incursions de
pillage à l'extérieur du Gulma dans le Yaga et le pays mossi
(Boulsa) et soutint des guerres conduites par les dirigeants
de ces régions.
(1)
Tadano Jianu - Bilanga, 23/6/1975. Cette version est
confirmée à Nungu.
31~
Sambombu mourut dans une guerre au Yaga. pendant
le règne de Yaamparigu
(1887/1919), une attaque peul sous la
direction d'un certain Paate
(?)
fut repoussée (1) .
Après la mort de Labidiebo, une querelle de succes-
sion éclata entre Yempaabu
(branche aînée)
et Harninari
(bran-
che cadette).
Le premier fit appel à son parent Naba Wobgo de
Boulsa
(1876/1922). Chéron note que Yimpoko
(Yempaabu) est
neveu de Naba Wobgo
(2).
La tradition recueillie à Bilanyanga rapporte:
qu'ils seraient tous deux descendants, .par leurs mères, du
bedo de Kuaankuka
(Boulsa). Cette parenté remonterait au bedo
;nandanbugudu
(17ème)
qui épousa une fille du bedo de Kuaankuka
et eut d'elle des enfants
(3). De plus amples informations
du côté mossi permettraient une comparaison sérieuse.
. ....
(1)
Tadano ~ianu, Bilanga, 23/6/1975 -
(2) Chéron, op. cit. p .. 659
(3) Le père de Naba Wobgo serait né d'une autre fille du
même chef. Mahamudu Taaburu, Bilanyanga, 23/6/1976
31fi
La querelle tourna à l'avantage de Yempaabu et
Haminari fut tué. Yendabri lui succéda et continua la guerre
contre la branche aînée : Yempaabu est chassé de Bilanga,
mais réussit à retourner temporairement la situation. Yendabri
trouva la mort dans des circonstances tragiques
(1).
Yaaparigu
(1887/1919) qui lui succéda, battit
définitivement la branche adverse malgré l'appui de Boulsa.
Yempaabu, chassé, alla fonder un autre Bilanga (Bilanyanga)
à 12 km à l'ouest du premier, refusant de se soumettre à
Yaaparigu. Il commanda ainsi à un diema indépendant formé
du seul village, et une nouvelle dynastie dont i l fut le
premier bedo.
Le village s'appela Bilanyanga parce qu'il y avait
déjà à cet endroit des Yanse, venus de Comin-Yanga sous le
règne de Kanyieri. Au premier nom de Yanga Yempaabu ajouta
Bilanga. Ce qui donna le nom composé Bilanga-Yanga et par
contraction Bilanyanga.
L'administration coloniale reconnut Bilanyanga,
d'abord comme village indépendant, puis comme canton indépen-
dant.
Il est encore considéré comme tel dans la sous-préfec-
ture de Fada N'Gourma.
(1) Ce sont les habitants de Bilanga même qui l'auraient tué.
Est-ce à la suite de tensions à l'intérieur de la branche
cadette ?
j 11
Le bedo de Bilanyanga commande actuellement au
village de Bilanyanga
(fondé avant la conquête coloniale)
et Sagru (ou Sagdu), Kpakparisi, Ponyaakani
(fondés pendant
la période coloniale).
Bilanga ne tomba jamais sous la suzeraineté de
Boulsa, comme l'écrit Chéron repris par Izard
(1). L'inter-
vention de Boulsa, pour appuyer son parent, est favorisée
par la règle successorale dans le Gulma, comme nous le ver-
rons plus loin.
C -
BongandinL
Les successeurs de Bantia étendirent leur diema
sur les sous-diema suivants :
1 - Tieri, Konbonsini, Jongifiriga, Tilaaba,
fondés par des membres de la famille régnante
de Bondangini,
2 - Nindongu, Corigu, Liwura, Soriga, Komoasi,
Kosudugu, Cerigini, fondés par d'autres familles,
3 - Autres villages
(voir carte nOl
(2)
(1) Chéron, op. cit. P.
659 -
Izard, op. citi P. 238····
(2)
Nous n'avons pas eu d'information concernant ces villages.
31 6
Les traditions recueillies ne rapportent pas
d'importantes guerres entre Bongandini et d'autres comman-
dements. Les. razzias qui étaient de règle furent nombreuses
de la part des Peul et des Mossi de Boulsa et de Boussouma.
Des expéditions, parties de Bongandini, firent également
des razzias dans ces régions. Chéron parle d'une "razzia de
boeufs opérée sur le territoire de Boussouma par des gens de
Ouenkouare
(Yenkpari), chef de Bogandé"
(1)
et d'une guerre
de Naba Wobgo de Boulsa
(1876/1922)
contre "Begidi, chef de
Bogand~", qui avait probablement pillé Darogo (Boulsa). Nous
n'avons pu identifier ce dernier, et il n'est fait aucune
allusion à cette guerre à Bongandini. Mais ce n'est
pas chose impossible. Ce n'était certainement pas une
guerre pour s~umettre le bedo de Bongandini qui voulait se
libérer de la tutelle de Boulsa, comme le pense Chéron, cité
par Izard
(2). Bongandini est resté indépendant tant vis-à-vis
des autres diema du Gulma que vis-à-vis d'autres commandements.
Les Français arrivèrent sous le règne de Yembrima
(+ 1897). Hampandi
(1899/1923)· fils de Labidiebo, alors prince
(1) Chéron, op. cit. P.
678 et 658
(2)
Izard, op. cit. P.
237
31 9
Beribondi, demanda en 1897 l'aide de Bancandi et de la colonne
Baud pour détrôner son oncle Yembrima qui fut tué. Les tensions
familiales étant trop vives, i l préféra faire nommer Yentema
(1895/1899)
et ne régna qu'après ce dernier.
D - Con
Gmarba et ses successeurs étendirent leur diema
aux villages suivants
l
- villages fondés par des membres de la famille
régnante : Juoro, Lelkuom, Naawiaga, Cipooli,
Monluori, Kulibila, Baalamba, Bangani, Diaka,
Gmarani, Folgunni, Hariga, Baanuogu, Dimkrura,
2 - villages fondés par d'autres familles:
Bosongri, Nyindi, Tamwiela, Folibongunni,
Yarigunni
(ou Bogmisi), Naranga, Wanboi,
Doayaana, Siekunsi.
Les Kombala de Con sont
Juoro, Cipooli, Monluori,
Lalgini, Kulibila et Jaka.
320
Le diema de Con, non modifié par l'administration
coloniale, était le plus petit des Kuamba
(diema indépendant)
du nord-Gulma.
Sa vie fut marquée sans doute par de nombreuses
razzias sur le territoire de son voisin Tuaba et en pays
mossi.
Les événements "les plus marquants de son histoire
furent la guerre avec Tuaba et celle avec Boulaa. La première
eut lieu sous les betieba Lansongi
(Con)
et Korenyienu
(Tuaba).
Le premier, dans des circonstances peu claires, aurait tué
lâchement Korenyienu qu'il avait invité. Ce fut l'occasion
de plusi.eurs guerres entre les deux diema. Après quelques
"revers de Tuaba, ce dernier sous le règne de Bilenna arriva
à battre Con.
L'intervention de Boulsa dans une querelle de
succession
(1891/1892)
fut dramatique. Après la mort de
Yembrima, une querelle pour le bali s'engagea entre ses cou-
sins Yensombu et Baahamma.
,
Dans un premier temps, Yensombu semble avoir eu
le dessus et devint bedo. Mais Baahamma (d'une branche cadette)
321
refusa de se soumettre, se proclama aussi bedo et fit appel
à Naba Wobgo de Boulsa.
Il vint avec une nombreuse troupe.
Yemsombu,
jugeant que le kpiagu qui entourait Con n'offrait
pas une protection suffisante, emmena ses partisans dans
un grand bosquet à Cipooli
(Il
km environ à l'est de Con).
Le village fut assiégé pendant deux jours et la ba-
taille fit rage des deux côtés. A la fin du deuxième jour,
Naba Wobgo était sur le point de se retirer, le bosquet
étant imprenable, quand arriva son Kombere, le Naba de
Kupela, avec un renfort de 300 personnes
(?). Celui-ci pro-
posa qu'on mette, la nuit, des tiges de mil tout autour du
bosquet et d'y mettre le feu au petit jour. Ce qui fut fait.
Sept cents (?)
personnes y périrent
(1). Le massacre fut
tel -
la branche rivale fut presque exterminée - que son
auteur, Baahamma
(1891/1892 -
1905)
aurait regretté son
acte.
Yensombu trouva la mort dans la bataille. Des
rescapés furent emmenés en captivité et d'autres s'enfui-
rent dans les diema de Gulmanceba proches. C'est ainsi que
le futur Hamicuuri, neveu de Baahamma, rejoignit sa famille
maternelle à Banicidi, à 7 km au nord-est de Bongandini.
Il
y vécut jusqu'à la conquête coloniale tandis que Baahamma
régnait sans partage à Con.
(1)
Daycli Lankondi,
92 ans,.Con,
23/5/1975.
Il vécut
ces événements.
322
Après la mise en place de l'administration colo-
niale, Hamicuuri -
sans doute avec l'appui du bedo de
Bongandini -
se porta candidat au bali de Con et fut nommé
en 1905 comme successeur de Baaharr@a.
Les partisans de l'autre branche manif~s~èrent
leur hostilité à l'égard du nouveau bedo lors de l'introni-
sation coutumière. Lo'administration informée, un opposant
fut tué d'un coup
de fusil par le garde de cercle qui ve-
nait l'arrêter
(1), les autres emmenés et emprisonnés à
Nungu.
La guerre de Cipooli a laissé un lourd héritage
d'inimitié entre les deux principales branches,
le diegu
de Kacugru et celui de Mahamma, loin encore d'être liquidé.
(1)
Dayeli Lankondi, op. cit.
23/5/1975
323
324
CHA PIT R E
V I I
LES
AUTRES
D Y N A S T l E S
325
l
- La Dynastie de Yamma -
Le village de Yarnma aurait été fondé par un
haoussa du nom de Noaba, sous le règne du bedo Sambombu
de Bilanga
l
-
la version courante dit qu'il y serait venu
vendre du sel
(ya~na). Ce qui donna le nom
du village;
2 -
la version ci-dessous ne dit pas s ' i l vendait
du sel, mais donne en revanche une explication
du nom Noaba
"Eux
(~eux de Yamma) ~ont de~ ~thangeh~.
Le bedo de Bo~onghi (vi~~age de Bi~anga) ~tait a~~i~
Qua~e~ ~thangeh~ ahhivèhent dan~ ~on vi~~age et
a~~èhent ~ampen à un endhoit. Ce~ ~thangeh~ n'en-
voyèhent peh~onne auphè~ du bedo et ~e dehnieh
attendit en vain pendant ~ep~uh~. I~ envoya
a~oh~ un me~~ageh auphè~ du bedo Sambombu de Bi~anga
(~on ~up~h-i.euhJ.e.',,[n6ohmeh Qu"I'ra eu de~ éthangen~
dont i~ ignonait ~a phovenan~e et que ~e~ ~thange~~
et ~ui ,~e ~e.9a,'tdaic.nt h~~iphoQuemc.nt" (wan mo fwa
noa b"[ ~amba,
bi camba ma kaa noa wan). Ce Qui dontu
No a Ga:
"j e :e: c.~ v 0 L~ " (1 1 •
(1) Tadano Jianu, Bilanga, 24/6/1976
Liste de Davy l
Listesdynastiquesde Yamma
I I I
I.Noaba
2I.Odangdiallo
I.Noaba Lompo
2.Bannala
22.0uroutiari
2.8oangli
3.Yemmani
23.Yemboado
3.Haabilani
4.Ballanhanle
~4. YandoUl;i
4. 9.uglinamba
5. Caeari
_ = 6, Yembuado-~
,
\\
5.Tioguiri LoS Yemparl
.-'
r - -
-
-
-
-
-.c-=
-,.
\\
.
,/
npa .
"
,
6.Piambo
26.Ampandi
8t:Xen~gaëfl~..Y~~àu-li 9. Harnandi
II..L-i-seailgi
IO.yembrima
12.Yentemma-9_YeRha-
7 • Ye~iendu
27. Yembirma
15ans
2Jans
13ans
15ans
33ans
33ans
PPans
8.Tohenni
28.Tifadinanliali
/
/
.~
9.Barinlemma 9 y
t
/
//
L
•
en ernma
IO.Ouabamni30.Yehamrna
/
/
II.Bekounni3I.Yiammiama
/
/ /
12.Labahali
1896-1897
'
-- - - - - , - - - - - - - -
-,
J . . . ,
,
13. Mayenni 32. Ami tiouri
17 Mossinke dit
14 ~ n~i~ma _ ~1 _15!Harr.tiC':Bl!ri_____
I~ Baa:hamma
14.Nongani
1897-1924
a l d l e o o l
27ans
/
18ans
15.0uribeni33.Nayabre Bahamma
18
s
1
/
16.Soabilenla 1924-1942
17.Labidamma
1
1
34.Mossinke
(
/
18.Modonaganuna 1942-1960
1
19.?ongueri3S.Yentiabri
./
/
20.Habilani36.Youabli 1971
Yencabli
I9JYuabli
Sans
élu le 23 Juin 1971
II
I.Noaba
II.Lisoangi
2.Soangli
12.Yentemma
3.HaabilaniI3.Yenhamma
4.Suglinnamba
Jnfonnateur
Nasuri Yempaabu,
secrétaire de canton 26 Juin 1971, Communication
14.Yenmiama
dé Bernard Lompo, du village de Yamma
S.WuricaariIS.Hamicuuri
6.Yembuado 16.Baahamma
ILes listes II
et III donnent les mêmes noms de batieba les noms de lai'
7.Yenduli
17.Labidiedo
liste l
= 1,19 et suivants sont identifiables sur les autres listes. 1
8.YenkpaaliI8.Yencabri
9.Ha~pandi 19.Yuabli
IO.Yembrima
W
ID f Qpra te ur
Kanpaar i Woba
(g_9,D...9~?JjJ
N
m
Yamma : 28 Février 1976
327
Toutes les versions recueillies s'accordent sur le
fait que le fondateur de cette dynastie est d'origine étran-
gère. Les circonstances dans lesquelles i l domina les Gul-
manceba trouvés sur place nous restent encore obscures.
Selon Davy, qui fait de Noaba un Djerma et non un Haoussa,
i l aurait épousé une fille d'un bedo de Bilanga
(1).
c'est probablement une alliance matrimoniale avec
le diegu
de Bilanga qui permit à Noaba de s'imposer dans la
région de Yamma et de prendre le nom Lompo.
Le diema slétendit aux villages de Bonga, Kulijoaga,
Naatongu, Konduogu, Nayuri, Toogu, Gbegri, Cancanka
(voir
carte n 0/.-' 0
). Avant la conquête coloniale, Yamma était
un Kombali de Bilanga.
La liste des betieba depuis Noaba donne 19 noms.
Davy en donne 34 jusqu'à Mossinke
(l 7 ème)
(voir liste .. ,..•. ,,'.. ) .
Il est possible que des noms soient oubliés et qu'il y ait
eu un rattachement direct de Soangli à Noaba, car les noms
donnés par Davy coincident avec les autres listes à partir
de Soangli.
{l} Davy, op. cit. P. 55
328
L'enquêteur de 1971 signale d'autres noms de betieba
qui auraient régné à Yamma.Notre informateur nous a assuré
ne pas connaître· non plus les noms de tous les betieba.
Les noms oubliés peuvent être ceux de princes
influents cités dans la liste dynastique ,comme
à Bongandini '.
ou ceux de la dynastie qui régnait avant l'arrivée de Noaba.
Une enquête ultérieure permettra d'éclaircir ce point. Si
Noaba est arrivé sous le bedo Sambombu de Bilanga, comme
nous dit Jianu Tadano, la liste des 19 betieba
(3 betieba +
4 générations)
semble le placer effectivement sous le règne
de celui-ci.
II -
La Dynastie de Tibga -
La dynastie de Tibga
aurait été fondée par
Namayeba Natama, venu de Bugi
(10 km à l'est de Nungu)
à
la suite d'une querelle de succession. Il s'installa aupa-
ravant à Janga
(1). A sa mort, son fils Balwolo lui succéda
et d'autres enfants fondèrent les villages suivants: Kalku,
Karijoani, Moori, Gbiantenga, Moaka, Nasobru, Bogrini, Jekura
et Sua tu.
(1)
Suanfandi Thiombiano, Tibga,
29/2/1976
329
Liste dynastique de TIBGA
l
II
I.NAMANYEBA
1. (NAMANYEBA)
2.BALWOLO
2.BALI OUABO
3.UDAN POARINGU
3.LALLE MANGA
4.LALI MANGA
4.KOUKANDI
5.BALISONGA
5.BALISONGUI
6.YENKOARI
6.YENCOARE
7.HAMICUURI
7.AMITOURY
8.PIIBONDI
8.PISI BOUDI
9.KANLUORI
9.KINDI NIOBOGOL
1895-1933
1895-1933
IO.JELINJONGA
IO.DJIGUINYONGAOU YEMBILA
1933-1940
1933-1940
II.YENHAMMA
II.DIOULE dit YENHAMMA
1940-1955
1940
12.YENKOLINGA
12. (YENKOLINGA)
1955
1940
Informateur :
Suanfandi Thiombiano
Liste donnée par Davy, P.
61
1977
Les noms entre
(
) ont été
ajoutés par nous.
Les noms de la liste II sont facilement identifiables,
exceptés
Koukandi
(N° 4)
qui est probablement Udan Poaringu, et qui est
inversé avec Lalle Manga.
330
Nous ignorons dans quelles circonstances Bilanga
domina ce diema'qui s'étendit à d'autres villages comme
l'indique la carte nO ,.J- ,)
.
Il est probable que Namanyema
ait demandé la terre au bedo de Bilanga. La liste dynastique
recueillie
(12 betieba)
(1) montre que la fondation de cette
chefferie est récente.
Tibga a toujours été sous la domination de Bilanga
dont i l épousa les guerres. Ses betieba sont encore nommés
coutumièrement par ceux de Bilanga.
(1) Voir liste
-- ~ -
331
- CONCLUSION -
La conquête du Nord-Gulma par les Buricimba s'est
faite dans la majeure partie des cas - selon les traditions -
à la demande des anciens occupants et s'est traduite souvent
par un mariage : Balemba, ancêtre des fondateurs des dynasties
de Piala, Bilanga, Bongandini et Con, épousa Gabini, fille des
tindamba de Nalongu
(Piala)
. La mère de Baligagini, fon-
dateur du premier royaume de Kuala
(dans le Liptako actuel)
était d'origine Kurumba.
La stratégie des mariages destinés à renforcer les
liens entre anciens et nouveaux occupants s'est pratiquée
presque partout où la situation.s'est présentée: entre Nakomsé
et Nyonyosé en pays mossi, entre Wasangari et anciens occu-
pants dans le Borgou,
... L'importance coutumière des anciens
occupants apparaîtra dans le rôle qu'ils jouaient-et jouent
encore - dans les rites d'intronisation coutumière.
La façon dont le peuplement des Buricimba s'est
fait
illustre le caractère familial du pouvoir politique
(chaque membre pouvant le revendiquer)
qui a pour conséquences
d'incessantes luttes entre branches. Ces querelles de succession,
332
(facteur d'instabilité de la société) que nous analyserons
plus loin, furent le moteur principal de l'histoire du peu-
plement des Buricimba dans le Nord-Gulma.
(1)
(1) Ceci est comparable au processus de formation des
royaumes nakomsé étudié par Izard.
1
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1
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333
OR IG 1NE DES DYNASTI ES DU NOfID-GUlJ1l\\
CARTE N° 12
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Village
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Site ancien
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o1
If'
2.0
3.0
10km
• ~
inconnue, mais liée
aux buricimba
par
les ferrunes •
• ooo~ Chefferie d'origine
Dj~ma ou haoussa
- . - • _.-"}' Chefferie d'anciens
occ,-"pants.
334
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\\.
\\
\\\\
...........................
.........
\\\\\\
334
- TROISIEME PARTIE -
APPROCHE DE LA SOCIETE
DU
NORD - GULMA
Chapitre l
- LE SYSTEME DE PARENTE ET L'HABITAT
Chapitre II - ORGANISATION LIGNAGERE DE LA PRODUCTION
ET DE LA CONSOMMATION - L'ARTISANAT ET
LE COMMERCE -
Chapitre III - MAGIE ET RELIGION REGULATEURS DE LA SOCIETE.
Chapitre IV -
LES FONDEMENTS DU POUVOIR POLITIQUE. DIVISION
ET ADMINISTRATION DES DIEMA.
Chapitre V -
IDEOLOGIE ET CATEGORIES SOCIO-eLANIQUES
LIGNAGES DOMINANTS- /
LIGNAGES DOMINES.
335
Dans cette troisième partie, nous essayerons de
faire une approche de la société précoloniale des Gulmanceba.
La transformation de la société, consécutive à la conquête et
à la colonisation coloniale, n'a pas totalement bouleversé
les structures sociales.
La parenté, la magie et la religion
restent
une réalité. Les structures de l'organisation de la chefferie
traditionelle, bien que profondément entamé$par l'évolution,
restent encore visibles. En conséquence, nous partirons souvent
du présent pour remonter dans le temps.
La société précoloniale des Gulmanceba était -
et le reste encore -
une société lignagère et segmentaire.
Le système de parenté
d'une part, la religion et la magie,
d'autre part,
étaient les bases fondamentales de la société.
La société précoloniale était une société inégalitaire, essen-
tiellement au niveau des statuts. Les biens matériels, par la
clientèle que créent les dons, pouvaient être un moyen d'élé-
vation de statut social pour un individu.
Cette anprochedes structures sociales, économi-
ques et politiques de la société, ne s'applique qu'au Nord-
Gulma
(Diema de Bilanga, Piala, Bongandini, Con et Kuala), même
si, sur de nombreux points, elle peut être étendue à l'ensemble
des Gulmanceba.
-----=000=-----
336
- CHA P I T R E l -
L E
s y STE M E
D E
PAR E N T E
E T
LI
HAB l T A T
337
La filiation des Gulmanceba est patrilinéaire.
L'individu est d'abord perçu comme appartenant à un lignage
donné. Son statut en découle. Les catégories sociales se dis-
tinguent essentiellement par la naissance. L'habitat et la
production s'organisent sur la base des lignages.
l
- LE SYSTEME DE PARENTE -
La parenté
(kpiili)
est une notion extrêmement
importante dans la société des Gulmanceba, comme dans toutes
les sociétés traditionnelles africaines.
Les vieux et les
vieilles trouvent encore un grand plaisir à détailler à leurs
fils ou petits-fils tel lien de parenté qui les unit à untel,
même si
cela
remonte à plusieurs générations. La parenté est
importante parce qu'elle est la base de l'organisation sociale.
La situation qu'on occupe au sein de la Société en dépend. La
naissance fonde le droit.
Dans les familles régnantes, la parenté est très
recherchée. Elle est créatrice d'alliances dont les berijaba
(princes)
se servent constamment dans les luttes pour la conquête
du bali.
' .. ~---,,~-
(m'babila)
r-
(m'badiegU);:-}
l r-
(n'nikpelimba)
n'bi~peli
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(n'yariba)
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1
v
n
n'yaabiliemba= n'yaabiliemba
(~ino_ n'v~~hil,~\\
TERMES DE PARENTE
(EGO MASCULIN)
Chaque terme est un terme de référence du singulier ou du
pluriel. Le n'ou ml est le signe du possessif et veut dire
mon ou mes -
CJ.)
CJ.)
CD
1
TABLEAU l
1
(n 'nikpclimb."l)
(
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(n'yariba)
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(n'badiegu)
(n'nadiegu)
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- 0
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m'ba
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m'bira
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.
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1Af:1
n'ya;biliemba
(n 'yaabi lie)
w
w
TE~~ES DE PARENTE
EGO - FEMININ
TABLEAU II
CD
34U
A - Les Termes de Parenté -
Le badiegu
(diegu du père)
d'Ego désigne sa
famille paternelle, et son nadiegu sa famille maternelle
(suivre avec les tableaux
et
) .
Ego, qu'il soit masculin ou féminin, utilise
le terme n'yaja
(mon grand-père)
pour désigner tout homme
(Jo)
de la génération de son ~; et n'nikpeli
(ma grand'
mère)
pour désigner toute femme située dans la même génération
que son nikpeli.
Il emploie ~ba (mon père) et m'pwOli (ma
tante paternelle)
pour désigner tout homme et toute femme
situé dans la génération de son ba
(père)
et de son p~oli (1).
Dans ce cas, les hommes sont des pères classi-
ficatoires et les femmes des tantes paternelles classifica-
toires.
Il utilise n'yaro et n'na pour désigner les
hommes et les femmes, de son nadieg~, de même génération que
sa mère. Le terme n'yaro est employé par Ego pour désigner
d'abord l'oncle maternel.
Il peut désigner également tout
homme se trouvant dans la même position que l'oncle maternel.
Dans ce cas, c'est un oncle maternel classificatoire.
(1) m'pwoli désigne la tante paternelle réelle. Mais ce
terme peut s'appliquer aussi à toute femme qui se trouve
dans la même position.
341
Pour désigner les hommes et les femmes de sa généra-
tion, dans son badiegu, comme dans son nadiegu, Ego, qu'il soit
masculin ou féminin, utilise les termes n'kpelo
(mon grand-
frère ou ma grande-soeur) et n'walo
(mon petit frère ou ma
petite soeur)
(1).
Enfin, Ego utilise le terme n'buga pour désigner
toute personne de la même génération que son fils et n'yaabuga,
celle de la génération de son petit-fils. Mais, d'une façon
spécifique, Ego masculin désignera l'enfant de sa soeur par
le te!rme n' yariga. C'est la seule différence notable entre Ego
masculin et Ego féminin
(2).
Ego masculin ou féminin peut utiliser, s ' i l le
désire,
les termes n'ba et n'na comme terme d'adresse
(excepté
le cas où Ego est aîné(e). Mais i l peut également utiliser
leur nom individuel. Ego peut aussi utiliser un terme descrip-
tif
(pareKemple m'ba walo
(le petit frère de mon père)
ou m'ba
kpelo
(le grand frère de mon père»
pour désigner toute per-
sonne.
(1)
n'kpelo signifie littéralement "mon plus âgé" et
n'walà
"mon plus jeune"
(2)
Selon Cartry Michel dans le Gobnangu, Ego féminin appelle
les enfants de son frère m'pwabila
(sing. m'pwabili). Ce qui
est également une différence avec Ego masculin.
"Clans,
lignages et groupements familiaux chez les Gourmantché de
la région de Diapaga" -
L'honune - V- 1966, cahier 2, tirage
à part, Mouton et co, p.
56
34~
Le terme n'natanu, qui ne figure pas sur les tableaux,
est aussi un terme de parenté. N'natanu signifie littéralement
"mon fr~re ou ma soeur de même m~re". Il semblerait que le
terme n'natanu désignait initialement des germains. Il a ensuite
été· généralisé pour désigner frère, soeur ou simplement parent.
Son opposé est m'batanu qui n'est pratiquement
pas employé. On lui substitue le terme n'babuga
(l~nfant de
mon p~re) pour désigner tout membre de son badiegu. M'babila
(les enfants de mon p~re) désigne ainsi les agnats
(descen-
dants par le mâle d'une même famille). On dira que les agnats
sont dans un rapport de babiru. Babiru sous-entend la frater-
nité, la rivalité et franchement l'inimitié
C'est surtout dans
ce dernier sens qu'il est employé (1).
Ego peut utiliser le terme n'yariba
(sing n'yaro)
ou n'naamba
(mes m~res) pour désigner ses parents maternels.
La famille maternelle peut être désignée sous le nom n'yadiegu
(le diegu de mon yaro)
ou simplement n'yarigu. Le terme n'yaro
désigne d'abord le fr~re germain de la m~re d'Ego. Puis, par
extension, tout homme se trouvant dans la même position. En
dehors des
ffiembres de cette génération, ce terme désignera,
d'une façon générale, la famille maternelle d'Ego. Mais ce
dernier utilisera plutôt n' yadiegu ou n' yarigu. ~'nikpelirnba
est le terme quiutilisera Ego pour d~signer globalement tous les
membres des familles des granàs'mères paternelle ou maternelle.
(1)
Surtout dans les Buricindieru
(familles régnantes)
343
Selon Cartry, le système de parenté des Gulmanceba
serait de type Omaha~16'est-à-dire que tlFeSrPe et FeFrMe reçoi-
vent des noms différents et sont toutes deux distinguées termi-
nologiquement des soeurs et des cousines parallèles, cependant
que FeSrPe est appelée du
même terme que FeSr, et FeFrMe du même
terme que SrMeii (2)
B -
Relations particulières -
-relations d'évitement -
---------------------
Il Y a parenté à plaisanterie (~iirtdi) entre Ego,
masculin ou féminin, et toute personne qu'il nomme n'colo
(mon mari)
et m'pwa
(ma femme), excepté son propre colo et
son propre ~.
Le même type de relati.on existe entre lui et ses
cousins croisés patrilatéraux et matrilatéraux. C'est-à-dire
(l)
Cartry, M., 'Clans, lignages et groupements familiaux chez
les Gourmantché de la région de Diapaga" - L'Homme, V6 -
1966 - Cahier 2
(2)
Panoff, M., et Perrin, M., Dictionnaire de l'Ethnologie,
Payot, Paris, 1973, p. 199 : Fe = fille, Sr = Soeur,
Pe = Père, Fr = frère, Me = mère.
344
entre Jobuga
(pl. Jabbila)
enfant(s)
d'un
(des)
homme(s)
et
pwobuga (pwobibila)
enfant(s)
d'une
(des)
femme(s).
Il Y a également une parenté à plaisanterie entre
Ego et son petit-fils. Par contre,
i l y a des relations d'évi-
tement avec toute personne désignée par le terme n'cuaro.
Ego fera usage de technonymie pour dénommer ces individus.
Il Y a également ciindi entre Ego et la femme de
son yaro
(1). Le ciindi entre personnes se manifeste par des
relations d'une très grande familiarité.
2 - Autres relations -
Ego, masculin ou féminin,
a des relations privi-
légiées avec son yaro.
Il se conduit en enfant gâté dans son
yarigu, saisissant poulets et moutons comme bon lui semble. Il
ne faut évidemment pas exagérer. En tout cas,
son oncle mater-
nel fait tout pour le satisfaire.
Certains yarimu de familles régnantes,
les grandes
personnalités, pouvaient contredire le chef à la cour. Dans
la pensée des Gulmanceba, c'est grave pour un diegu d'ëtre
maudit par un yariga
(pl. yarimu)
(1)
Il existe également ciindi entre buoli
(clans).
345
Lorsque Ego est aîné{e), i l y a des relations
d'évitement entre lui et ses parents. Ces derniers ne l'appel-
lent jamais par son prénom, mais usent de technonymie
(enfant
d'untel
bugine
(enfant) . . . ). Les fils et filles aînés
étaient élevés par l'oncle paternel. Ce dernier les traitait
mieux que ses propres enfants et ne les appelait pas non plus
par leur nom individuel.
Pourquoi un traitement si dur de la mère, et surtout
du père, pour leur première fille et surtout leur premier
f i l s ? En réalité, cette attitude n'est qu'apparente. Ils les
aiment autant sinon plus, que leurs autres enfants. Mais, aux
yeux de la société, ils doivent feindre de ne pas les aimer,
de s'en désintéresser totalement, et vice versa. Seuls, ils
s'entretiennent volontiers, et le père, avant de mourir,
confie généralement ses secrets à ses premiers enfants, s'ils
se sont montrés obéissants à son égard.
Par contre, le benjamin est traité comme un enfant
gâté. Commen~ expliquer une telle attitude? N'est-ce pas
la manifestation d'une éventuelle rivalité, le fils aîné
étant le successeur et l'héritier légitime de son père?
! - - -.. . . -
LI G:;t,GE ~jAX 1MAL
~
BANJANCI
LIGNAGE A L'INTERIEUR D'UNE BRANCHE MADIEGA DE NIABA tKUALA)
------------------------------------------------------------
B.·..SDIYO'1BO • ~
PANCA
JABRI
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NIYENDIPA
SAMAr.nE
OIGONCA
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BUMOANA
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MADIEJO
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MISCIEBA
~NAGE
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1
MINIMAL EFFECTIF
1
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1
LIGNAGE MAXIMAL
\\ TABLEAU IV r
1
ASUNA = niciamo
Il détient le buro
du lignage
BURO
HARIJlMA
c
6
A
A
C
YERICIEBA
YONKONDINA
ASUNA
SIENDI
CUAMBA
KOAGBA
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SIEPWO
HUNKPIAGRI
BANDAAMBE
JINGRI
DAAGANDIBA
JUOiOPWO
W
LIGNAGE MINIMAL
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......
EFFECTIF
LIGNAGES A L'INTERIEUR DE LA FAMILLE KOMONDI i~,
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'"''' _._,_0_""'1<'0
q", ';·-'P-'--',""'C"--- '~,.._~_"_<.__"'I'A"<;'~;-"";~"'_.,.·~A',-->..,p,_<r,,"'"'_::~;_·:-h.., ....._~_~~,."_'..·'i~~_"'·>""',..,;_"'·:·,.."~·,,-"',.<"c~,,.,.,.,""' "~._,,__.'""''"'-,'',.,.,,.~''''''',.,''., -:,.,_..,.-.:-.~.!".," ....'V"""';"":'''''"'l''.''''''_,..'":'''.,...,<'.,.''''~,,,.:'". '." \\,'" _~"r_' ""',"",' ",.,'__ v~"... ""',;"",__-,_""""_~""'O';.:-._......,.•"'.•.•.,,_' ,. """", ...•' ~_ ~':_~,:.'_ ,.,~ _.~·,'''~'_·~"'''''''.,....?''',.~?_'.-_'''...'''V......''''_T,......,..,........,"7'''''.'''~ .~""_----,,.,.,._> .."'-"'~;.~""',,.,w"'''''-'''.- ',.~"!":"'~" ...." •..•.,."" ._..,._.."':.,y,.,.-·~~._ ..~"'~_~~~.'_'.,..,.''''4.'."'~,..'''- __,*,.·...-
348
Ego doit respect et obéissance à tous ceux qui
sont d'une génération supérieure et à ses aîné(es). Tandis
que ses cadets et cadettes lui doivent le même respect et la
même obéissance.
C -
Lignages et clans -
Le diegu (pl. dieru) signifie maison, groupe de
.
1
maisons et descendance. C'est un ter~e relat10nnel que nous
utiliserons dans les définitions du lignage et du clan.
Nous définissons la famille nucléaire comme un
'groupe composé de deux époux et de leurs enfants"
(1)
et la
famille polygyne comme un "groupe composé de deux ou plus
de deux familles nucléaires liées par un mariageplural ll
(2).
La famille nucléaire ou la famille polygyne
(3)
est basée sur le lignage minimal. Le lignage minimal ne
devient effectif qu'à la mort du propre père du chef de
ménage. On pourra alors parler du diegu de x
(le décédé)
(voir tableaux
...-;-
et
.-
(1)
et (2)
Panoff, M., et Perrin, M., Dictionnaire de
l'Ethnologie - op. cit. p. 196
(3)
Nous empruntons les terminologies à Michel Cartry -
Cartry, M., Clans - op. cit. pp.
63,
64,
65
Le lignage maximal est un ensemble de plusieurs
dieru pouvant faire remonter leur généalogie jusqu'à l'ancê-
tre commun
(voir tableaux
!TI
et
77
..:.--
) .
~ ~
Les membres "s'enterrent mutuellement"
(piinti
yaba)
(1). L'autorité du niciamo
( le plus âgé dans la branche
aînée) est reconnue. Mais elle n'est que nominale. Il n'y a
pas de sacrifice commun autour d'un bulo
(notion que nous
définirons plus loin).
L'ancêtre d'un lignage maximal peut remonter jus-
qu'à quatre ou cinq générations dans les familles de talmu.
Au-delà, dans les familles régnantes et dans certaines famil-
les de tindamba
(propriétaire de la terre); dans le premier
cas, il Y a transmission du pouvoir politique et dans le
second du pouvoir du nyoagu.
Les membres du lignage maximal sont divisés dans
plusieurs dieru et dispersés dans divers villages. Une certaine
solidarité les unit.
(1)
L'enterrement et les funérailles sont très importants dans
la société des Gulmartceba. La dépouille mortelle appartient
à
tout le lignage maximal. Les liens de parenté se manifes-
tentnettement à cette occasion. Des groupes déterminés en
fonction des liens de parenté avec le défunt ou la défunte
fournissent des habits
(boubous ou pagnes)
et de l'argent
(165/220 FCFA). Ses fils
(réels et classificatoire~ fourni-
ront par exemple un boubou et un lignage apparenté un pagne
avec une certaine somme d'argent.
I-~~---
~~~--
TABLEAU V
1
TENSIONS ET UNIONS A T,'INTERIEUR D'UN LIGNAGE IDEAL
OU LES MEMBRES ONT ETE OU SUNT MONOGAMES
+
n
..J-
c.aJ
CJ"l
Cl
351
Il existe un lignage intermédiaire ou lignage
mineur entre le lignage nucléaire et le lignage maximal. Il
est dirigé par un niciamo dont l'autorité est effective. Le
lien religieux est fort.
Par exemple, un bulo
(autel)
commun
est détenu par le niciamo. Le lignage mineur réunit les des-
cendants d'un ancêtre situé à deux ou trois générations
(cf
tableaux
-'
Jlj
e t ·
-~ ). Ses membres peuvent être dispersés
dans différents villages mais ils résident généralement dans
le même village, du moins avant la période coloniale. Une
solidarité
agissante les unit.
Les lignages ci-dessus définis constituent des
corporate groups
(1); c'est-à-dire que les segments de lignages
agiss.ent "en corps"
(voir tableau
A l'intérieur de ces lignages,
le mariage entre
membres est interdit et considéré comme incestueux. C'est le
terme relationnel diegu qui désigne chacun de ces lignages.
Le clan regroupe plusieurs lignages maximaux se
réclamant d'un ancêtre commun' dont le nom peut être oublié.
La liste généalogique ne peut plus être établie. Les membres
(1)
Tel que le définit l'anthropologie britannique.
Voir Balandier, G., Anthropologie politique -
P.U.F. pp.
62,
63
,., r: ri
.J.JL
d'un même clan ont généralement même yedondili
(nom de
louanges
(1), un ou plusieurs interdits de type totémique
(kwali)
conununs et les mêmes ce
(scarifications faciales).
Des sous-clans existent à l'intérieur des grands clans,
constitués par des gens se réclamant d'ancêtres intermédiai-
res. Le clan n'est pas un groupe uni.
Il est désigné par le
terme buolu ou boli
(2)
(qui signifie descendance et espèce
dans le sens général)
(3). Conune diegu, c'est un terme rela-
tionnel. On parlera du buolu de Yencirima
(bedo de Kuala)
par opposition au buolu d'Alfa
(autre bedo); du buolu des
Jagbira
(sing. Jagbuga)
par opposition au buolu des Madiemu
(sing. Madiega)
(4); enfin, du buolu des Gulmanceba par
opposition au buolu des Moasa
(Moose = Mossi) .
L'individu appartient au diegu de son père, mais
a des liens fondamentaux avec celui de sa mère.
(1)
Donda ~ Nungu, Tuomi, dan~ le Gobnangu et dans certains
diema du Nord-Gulma. Chaque sous-clan peut avoir son
Yedondili. Des étrangers, pour des raisons historiques,
peuvent adopter un yedondili.
(2)
On parle parfois de fuuli
(litt. trace)
(3)
Comme l'a bien noté Cartry. Clans ..• , op. cit. p.
59
(4)
Yedonda
353
- LIGNAGES ET CLANS -
1
l
,
Auto-
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1
1
___________________________ -------1----- '
1
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1
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Lignage
Famille
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1
les
1 les
1
+
nucléaire
Imêmes lmêmesl
minimal
1
1
1
1
---------- ----------------- ------- ----- I-~---I-----
2 à 3 généra-
1
1
1
1
Lignage
tions
les
1 les
1
-
1 _
1
Ancêtre commun
+
meme s rrneme s 1
+
mineur
connu
1
1
1
1
1
1
---------- ----------------- ------- ----- ~---- 1-----
1
1
4 à 5 généra-
1
1
Lignage
tions
les
: les
:
Ancêtre corrunun
maximal
Imêmes :mêmes 1
connu
1
1
J
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 1
1
L
1
_
1
1
1
1
Au-delà de 5
lpeu-
peu-
générations
,
Clan
:vent
:Vent
...
Ancêtre corrunun
Iva-
lVa-
~l
(peut être
lrier
lrier
-c
oublié ;'
1
1
1
1
1
1
--------------------------------------------------------
+
=
fort
=
faible
ltJ
=
inexistant
t = limite théorique de l'emploi de diegu ou buolu
t
=
emploi privilégié de diegu ou buolu
/'!ABLE-AU- VI
7
Balibagini
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Alfa D'i"JU
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1
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1
Salgu
Kura
Wuribendi
Bonduogu
Beejiei'idiegu ~enJciodiegu'
YerL~iegu
YenciriIrdiegu
Wabua
· - - - - - - - - v
Jagbira (sing. Jagbuga)
Les différents Dieru des Ja..gbira de Kuala
l Alpha t: diegu
Kura
: ~edondili
-?-: descendance
Col)
(JI
~
"""""",...
.._... , ,__
_~..,..>~,~",.."",.c~
P"_
355
D - Exemples
l
- Exemple nO 1
les Jagbira de Kuala
(cf tableau
VL_
Les descendants d'Alfa constituent Alfadiegu
(la Maison d'Alfa)
(1). Leur Yedondili est Kura, Wuribendi ou
Bonduogu tandis que celui des membres du diegu de Yencirima est
Wabua. Les descenèants de Namuno
(prince guerrier très renommé),
de la génération de Yenbuado)ont Salgu comme yedondili et ceux
de Gmiidi
(autre prince), Dibangi. Toutes ces branches ont été
éliminées depuis' longtemps du bali. Le nom Wabua est significa-
tif a cet égard. Il est tiré d'une longue phrase qui commence
ainsi: Wa bua ki nan kan ba ... "celui qui veut (le~) mais
n'aura pas
(le bali)
... ".
Les membres des branches qui fournissent encore des
betieba ne portent pas de noms spécifiques. Pendant la période
coloniale Jagbuga
(enfant de Jaa)
a été donné comme nom géné-
raI de famille à tous les descendants de Jaa
(2).
leur inter-
dit de type totémique
(Kwali)
comTIun est la chèvre. Il n'est
cependant pas impossible que chaque diegu ait en plus un ou
d'autres interdits de type totémique
(3).
(1) Alfadiegu est immense. Presque tous les Jagbira actuels et
des membres d'autres buoli, apparti.ennent à cette maison soit
par leur père, soit par leur mère. Mais la branche a été éœr-
tée du pouvoir depuis longtemps
(2)
Néanmoins, les noms précités spnt parfois utilisés.Mais ~
tendance est de prendre le nom général Jagbuga qui se substi-
tue peu à peu à tous les autres yedÔnda.
(3)
Nous n'avons pas demandé de précisions à ce sujet.
'+--_..../
l
~~
SA.r1BOMBU
YEMBUADO
----:-------------/------- - -- _.- 1
!
1
__
,
.
1
Yü~CABRI
TONTUORIBA
LISONGI
BAHAMMA
LABIDIEDO 1 i,~~ONGII
1~~~K9~J{Il
IYEMÈîflMAI
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YENSONGU
~
BAAHAMMA
YENUBANI
PIALll1AAMA
1
1
1
1
t
1
1
1
-
BOAGRI
JANNA
·HAMICUURI
1
i,
1
1
HAHICUURI
1
YENTUGRI
YENCABRI
bedo actuel
- - - . .
,.,.' \\ \\ .... - - - - - - - - - ----------~~
v
i
Habi tants
1
Habitants de Bilanga
,YENTAGHA
de
i bedo ac tue l
Bilanl-:periga
(4kI:J de
.
1
1
,
Bilanga)
,
j
---- .--+------.------------- ~...(_...
Descendent tous de Sfu~BOMBU
~ONGïDIE~;
~iW.IMADiEGU
/
1
( YENKàAiUD!ECÛ ;\\-YEMBldiDÙGU' !\\KACUGRlID IEGU 1
H~BITANTS DE BILANGA ET DE BILANKPERIGA
LES DIFFERENTS DIERU DES LANKONDI DE CON
CA
U'
Cf)
357
2 -
Exemple nO 2
les Lankondi
(pl.
Lankoana).
L'exemple
cès Lankoana est três intéressant.
Nous sommes en effet en présence ici d'un buolu gigantesque.
Toutes les familles régnantes des diema de Piala, Bilanga,
Bongandini et Con, descendent du même ancêtre, Balemba, et
portent le yedondili Lankondi. Les significations de
œ nom
qui nous ont été données sont les suivantes :
. Lankondi viendrait de la ki-nan koani "rit en
combattant". Un ancêtre Lankondi aurait eu des dents si lon-
gues que même au plus fort des combats i l paraissait rire
(1) .
• Lankondi viendrait de laani-kond.t
(litt. plane à
la bagarre). Ciest-à-dire "plane" à la recherche de la bagarre
ou de la guerre. Un des ancêtres des Lankoana aurait été un
bagarreur, un guerrier toujours à la recherche de querelle
ou de guerre
(2).
La même explication a été donnée par le
bedo actuel de Bongandini, Lankondi Yenbuado. Au lieu de laani
(plane),
i l utilise bi da lengita leni di kondi ya Hils sont
encore en train de courir à la guerre"
(3).
(1)
et (2)
Lankondi Fidèle,
de Jipienga
(Bilanga)
enseignant,
Ouagadougou 1975.
(3)
Lankondi, Yenbuado, bedo de Bongandini, Bongandini le 28
juin 1975.
Les autres informateurs nous ont assuré ne pas connaî-
tre la signification du mot. En cette matière, i l y a beaucoup
d"explication apr~s coup. Ce qu'on a appelé des noms de famille
penœnt la période coloniale sont en général des qualificatifs
pris dans les louanges d'un buolu. Il niest donc pas étonnant
qu'ayant oublié le contexte dans lequel tel ou tel qualificatif
a été dit - d'autant plus qu'on se souciait peu du sens - on
essaie
èe donner une explication. Il faut par conséquent
être prudent sur les significations des noms de familles et de
villages.
Les versions sur la signification de Lankondi, bien
qu'apparentées au type d/explication après coup, contiennent
sans doute une certaine vérité dans laquelle le mot
kondi
(bagarre, guerre)
est parfaitement identifiable. Historique-
ment, on entend la première fois ce mot dans les louanges du
troisième bedo
du Nord, Kuguba, ancêtre de la branche de
Cabondu (Karimamma) dans lesquelles il est dit "Kuguba Lankondi ii •
Liactuel bedo de Piala, ancien interprète, nous dit que
Lankondi était utilisé pour désigner les membres qui détenaient
le bali : ba y1e l i siiga "ceux qui sont au milieu
(d u bali) i; ,
par opposition aux TanpaITIDU
(sing. Tanpanga) désignant les mem-
bres des branches écartées du pouvoir depuis longtemps
: ba foagi
leni bali ki ni Kuli nan te yemm~, "ceux qui sont loin du bali
mais avec lesquels vous êtes la même chose". Mais, ajoute-t-il,
tout Buricimbuga peut se dire Lankondi
(1).
(1)
Lankondi, Yensongu, bcdo de Piala, Piala, 26/6/1976
~S9
Toujours d'après Yensongu de Piala, c'est Noiaga,
fils du bedo Yaaparigu de Bilanga, qui fut le premier élève
du Nord-Gulma à se donner comme nom de famille Lankondi vers
1910. Auparavant, tout membre de la famille régnante de Bilanga
avait comme tuorni
(yedondili)
Cancaatiero et tout membre de
celle de Piala Tampantiero. C'est depuis cette date qu'il y
a eu une généralisation dé Lankondi par les élèves dans les
Buricindieru de Piala, Bilanga, Bongandini et Con
(l).
L'origine "de Tanpanga
(ou Tanpantiero)
et de Cancaa-
tiero semble liée à des sit"es géographiques, comme bien d'au-
tres noms. Un ancêtre de la famille de Piala se serait ins-
tallé à Tanpanga
(litt. rocher neuf),
lieu situé à l'ouest
et non loin de"l'actuel Piala. Les habitants de ce lièu furent
appelés des tanpammu
(sing : tanpanga ou tanpantiero). Cet
ancten site a été transformé en cimetière royal. Aujourd'hui
encore, seuls les chefs et les grands berijaba y sont enterrés.
De nombreux villages portent le nom de Tanpanga dans le Nord-
Gulma.
Il en est de même de nombreuses familles. Une enquête
systématique au niveau de tous ces villages et des familles
intéressées nous éclairera davantage sur la signification de
ce mot.
(1)
Lankondi, Yensongu, bedo de Piala, Piala,
26/6/1976
360
Cancaatiero
(pl. Cancaatieba ou Cancaa)
viendrait
de Cancaa
(cailloux, galets). Un des ancêtres de la famille
de Bilanga se serait installé dans un lieu caillouteux. Les
habitants furent appelés les cancaatieba
(litt. ceux des
cancaa), ou simplement cancaa
(1).
Les Buricimba de Bongandini et de Con déclarent ne
pas avoir de nom spécifique.
Chaque sous-buolu a ses propres Ce
(scarifications
faciales)
et ses Kwana, parfois les mêmes, comme à Piala et
Bongandini
(voir tableau ci-dessous), ou d'autres attributs.
(1)
On pourrait citer les Jimommu
(sing. Jimonga) de Jipienga,
les Kpenyemmu
(sing. Kpenyenga) de Balga. Ces derniers se
seraient installés dans un endroit où i l n'y avait qu'un
seul kpenu
(rivière).
d'où Kpenyenga
(litt. seule
rivière).
361
Kwana et Ce des Buricin ëJieru
de Piala, Bilanga, Bongandini, Con
·,
r
1
1
, PIALA
BILANGA
BONGANDINI
Ll).NKPNDI
1
1
1----------- ----------- ----------- -----------
1
Tuomi
:Tanpantiero Cancaatiero
,
(nom de
: Tanpanga
pl. Cancaa
Lankondi
Lankondi
,
famille)
,Ipl •Tanparnmu
1
1
1
~<
-.L.___ LANKOND l
,
,
-----------,-----------~-----------r-----------~------ -----
,
,
1
1
,
l
,
1
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Nyabo
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1
Nyabo
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1
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Kuali
1
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l(crocodile) :
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:
1
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,
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l
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1.1.mOl
m re
:
1
Jiimo
père: buri- I
•
1
C1.nOI
--,,
------------------------------------.-------------------------1
362
Bilanga excepté, les scarifications sont une combi-
naison d'un motif de trois traits
(1fJ
). La différence porte
sur la façon dont l'arrangement est fait.
Les motifs
l
'
et "'''',,''' dépendent de la fantaisie du scarificateur, généra-
lement une vieille femme. Les Ce sont faits quelques jours
après la naissance de l'enfant, sur les joues
(voir croquis
ci-dessous). Les Ce jouent un rôle de distinction entre clans
et entre dominants et dominés.
{;\\
~ IIÇf
vu de côté
0>
vu de côté
vu de côté
vu de face
vue de face
vu de face
vu de face
Piala, Bilanga, Bongandini et Con constituent
des sous-buoli du buolu Lankondi. Les mariages entre les
membres de cet immense buolu sont autor isés. Il en est de même·
à liintérieur des lignages maximaux de chaque sous-buolu.
Par contre, ils sont interdits au niveau des lignages mineurs
et minimaux.
363
A Bilanga, les Lankoana de Bilankperiga et de
Bilanga (à 4 km du premier village) descendants de Sambombu,
ne se marient pas entre eux: "un cancaa n'épouse pas une
cancaa"
(1).
,
Par contre,
ils peuvent épouser leurs kpepwona
(veuves)
respectives. A Con, les membres de Lansongidiegu,
1
. if
Yenkoari diegu ou Yembrimdiegu, Kacugrudiegu, Mahammadiegu
f
ou Hamicuuridiegu, sont tous files enfants du même pantalon"
(ils descendent tous de Yenbuado).
Ils se marient mainte-
nant entre eux mais "avant" ce n'était pas autorisé.
Par contre, les alliances matrimoniales avec les Lankoana
des autres villages, descendants de branches qui ont été
écartées du pouvoir depuis longtemps, sont permises.A
Bongandini, selon le· bedo actuel,
if i l
n' y a pas d' inter-
f:·
diction de mariage entre les enfants d'un grand frère et
ceux d'un petit frère"
(2). Ainsi, les descendants de
Yembrima et de Labidiedo
(de même père), à la quatrième
génération en remontant, peuvent se marier entre eux.
"Ce qui est interdit, c'est d'épouser bolipwo
(une femme
du boli
(buolu);;. C'est-à-dire la fiancée ou la femme
'I::Uvorcée ii d'un homme diun lignage parent.
(1) Lankondi, Yukpabri, Bilanga le 24/6/1976
(2)
Comprendre frères classificatoires
~ Kuala, l'interdiction est encore moins stricte.
Les mariages entre membres des différents dieru sont permis,
même les plus proches. Ciest ainsi que ceux des dieru respec-
tifs de Beejieri et de Yenkuagu, enfants de Yenbuado, peuvent
se marier entre eux. Cette pratique remonte dans le temps où
l'exemple de Yenhamma est donné. Ce dernier était fils de
Jafuuru (fils de Paamba)
et de Tiampo
(fille du diegu d'Alfa).
Alors que Alfa et Paamba étaient frères, enfants de Baliba-
gini.
Il faut peut-être voir là liinfluence peul pendant la
domination de
œtte branche sur le Liptako
(1).
La formation des buoli et sous-buoli est une loi de
liévolution des lignages. Mais i l y a, au niveau des familles
régnantes, une volonté de la branche qui détient le pouvoir
de se singulariser par rapport aux autres branches, quielle
tend à écarter de plus en plus du bali afin de le monopoli-
ser à son seul profit. Des noms qualificatifs comme Kura,
Salgu (à Kuala)
leur sont attribués. Cette volonté de se
démarquer des autres branches se remarque également à Nungu
où la famille détentrice du bali porte le nom Combian~
(Thiombiano)
au lieu de Lompo
(2).
(1) Les Peul pratiquent le mariage préférentiel entre cousins
croisés.
(2)
On constate également que la famille détentrice du nam
du royaume de Ouagadougou est Congo au lieu de Ouedrùogo.
36~
Les exemples ci-dessus pris dans des familles
régnantes sont valables pour les familles des talmu où on
ne remonte guère très loin dans les listes généalogiques.
Dans les premières, les tensions entre lignages sont plus
fortes.
Ces tensions, nées de querelles de successions et
entretenues par elles font que, pour ne pas compliquer le
problème des alliances, les branches rivales ou ennemies
interdisent les mariages entre leurs membres. Dans les
familles de talmu
les mariages sont en principe autorisés
lorsque les liens de parenté entre les intéressés ne peu-
vent plus être clairement établis.
Les liens matrimoniaux jouaient un rôle impor-
tant dans la société des Gulmanceba. Ils étaient recherchés
dans un but politique par les betieba et les berijaba. De
tels liens étaient nécessaires dans les querelles de succes-
sion
(voir chapitre~ de la 3ème partie
). Certaines rela-
tions permettaient, comme nous le verrons plus loin, une
promotion de statut aux talmu.
Il Y avait,
aux dires des informateurs, trois
formes de mariage dans le Nord-Gulma :
356
1)
Le mariage par don
(pwopaa1u)
2)
Le mariage
(pwotaali)
par consentement mutuel
après fiançailles
(concomma)
3) Le mariage par enlèvement
(pwocoli)
La première forme est plus répandue dans le Sud-
Gulma que dans le Nord-Gulma. Le mariage par don était en
effet peu pratiqué dans le Nord-Gulma. A Kuala, Con, Bongan-
dini et Piala des filles étaient données seulement à des
betieba et à des grands berijaba; ces derniers pouvaient en
faire leurs femmes ou les donner à d'autres personnes.
Par contre, à Bilanga, le don de filles était
couramment pratiqué
(1). Prenons un exemple : X pouvait donner
une fille Y (sa propre fille ou une fille qu'on lui a donnée)
à
z. La première fille de Z et Y était mise à la disposition de
X qui pouvait l'offrir à Z', et ainsi de suite
(2). X se
créait alors de nombreux liens, importants politiquement,
surtout pour les betieba et les berijaba, qui se font une
clientèle.
Le mariage par ".consentement mutuel li était la
forme prédominante de mariage
(3).
(1)
Cette forme de mariage est peu pratiquée de nos jours
(2)
Cette pratique est comparable à celle de la pusiure en
pays mossi
(3)
Il est encore pratiqué de nos jours, avec une plus grande
liberté des jeunes
357
Lorsqu'un jeune homme rencontrait une fille quiil
aimait (1), i l avertissait ses parents. Le niciamo du diegu
entreprenait des démarches auprès du niciamo du diegu de la
fille.
Si cette dernière, après liinterrogation,était consen-
tante
(2),
les fiançailles étaient nouées. Le concomma et le
pwotaali étaient dans le temps, disent les vieux, une affaiTe
qui se traitait entre les parents des jeunes intéressés.
Nous ne pouvons décrire ici les différentes étapes
des fiançailles qui comportaient des prestations de travaux,
des cadeaux et un paabu (litt.
: don)
(Hdot").
La date de mariage était fixée sur consultations
des tampwa1a qui indiquaient également les autels auxquels
i l fallait faire des sacrifices pour la prospérité du nouveau
foyer. La jeune fille était conduite, avec grande cérémonie,
dans le diegu de son mari. Le mariage liait non seulement
deux personnes, mais aussi deux dieru qui pouvaient, à li oc -
cas ion se prêter mutuellement assistance.
Le mariage par enlèvement était quelquefois pra-
tiqué par des betieba et des berijaba
(rarement par des talmu).
Il consistait à saisir de force une fille pour en faire sa
(1)
Une fille pouvait également lui être indiquée par un des
parents
(2) Lorsque les niciKnma tombaient d'accord, de nombreuses
pressions faisaient que la jeune fille acceptait de gré ou
de force.
368
femme. Les démarches étaient engagées après auprès des
beaux-parents et finissaient généralement par aboutir.
Les filles se mariaient jeunes. Par contre, les
hommes, les informateurs sont formels là-dessus,
se mariaient
très tard. C'est pourquoi nous pensons que liestimation de
la durée moyenne de générations de 30 ans est raisonnable.
Cette durée étant la différence d'âge entre Ego masculin et
son premier fils.
II - LiHABITAT -
L'habitat des Gulmanceba était un habitat groupé.
Ce type d'habitat s'expliquait" par la sécurité, donc par la
nécessité de réagir collectivement,
rapidement et efficace-
ment contre une éventuelle attaque. Pour la même raison,
tous
les grands centres du Nord-Gulma étaient fortifiés.Le terme
!
,
maison désignera "case" et le mot diegu uma-iso-n.!'. Le lignage
ou la descendance sera désigné quelquefois par Maison.
369
A -
Organisation du diegu
Le diegu
(iiconcession")
est sous l ' autori té d'un
diedano
(propriétaire ou maître du diegu). Ce dernier est le
niciamo de la branche aînée de la génération la plus ancienne.
Il n'est pas n0cessairement le plus âgé. Si le niciamo légi-
time est en bas âge,
les pouvoirs effectifs sont attribués au
niciamo de la branche suivante
(en primogéniture) .
1 - Organisation d'un diegu
Le. diegu est un ensemble de maisons de=:.d-Uigu"
pouvant regrouper tout un lignage mineur, donc un nombre
considérable de roaisons(l) . Il est difficile de nos jours de
se faire une idée três exacte de ces dieru, un éclatement
de lihabitat ayant suivi la période coloniale. Ce mouvement
de pulvérisation a été différent suivant les régions. On
constate quiil a été de moins en moins fort en direction du
Sud.
(1)
Sénéchal note en 1971 dans la reglon étudiée des
dieru de 1 à 30 maisons. Et une moyenne dienviron
4 maisons - Sénéchal, J., Espace et Mobilité rurale. Op.
Op. cit. p. 73. Une vieille femme de Sula (village de
Kuala)
nous a parlé avec plaisir de sa famille pater-
nelle qui,
nous dit-elle, était la plus gigantesque
du village. On pouvait y dénombrer 70 jeunes hommes
mariés ou en âge de l'être. Et ceci à une période rela-
tivement récente encore
(entre 1920 et 1940). Actuelle-
ment, le grand dicgu. de naguère siest divisé en une
poussière de dieru de dimensions modestes. De nombreux
membres ont émigré dans d'autres villages.
REPARTITION DES MAISONS A L'INTERIEUR D'UN DIEGU DE BILANGA.
".,.
, /
-
,-
-
/'
-...... .....
/
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"
LIGNAGE
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ORIGINE CAPTIVE
38
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LES ETRANGERS AU LIGNAGE
33. JINGRI
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20e BERIBuGA
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·POCAANO
210 te
41
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27eNATAHA
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G JINGRI
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G HAKIJIMA
l dontlepèreest
,
1
1
,~u~ ·un yariga dudiegu.
8
HAMMA
IlANDIBlI
G
40 0 fe
G JINGRI
\\
\\
~
LAARIBA
YULUKA
c;)
•
maison du diedano ..
elle était autrefois
aU centre du d1egu •
•
maison d'un homme.
o maison d'une femme.
~!i .
w
.......
Cl
371
Sénéchal note des moyennes de trois maisons par
diegu pour la région de Liptugu, et à l'Est du diema de
Bongandinii 3 à 4 à Manni et à Coni et 4 à 5 maisons à
Kosudugu
(à l'ouest de Bongandini)
(1). En revanche,
le
voyageur est encore frappé par les dimensions imposantes
des dieru dans les diema de Piala et de Bilanga. Le schéma
et- ,~.<t..; montre un diegu éclaté. Il a perdu, aux dires du
bedo de Bilanga, issu du diegu,et diun autre informateur,
la moitié de ses habitants. Il compte népnmoins encore 42
maisons
(2).
Liorganisation de l'intérieur d'un diegu se
faisait de deux façons. Au Sud, régions de Bongandini,
Piala, Bilanga, la maison du diedano se situait au milieu
et était entourée par les autres maisons. Les niciamba des
lignages mineurs et minimaux disposant leurs maisons du fond
à la porte par ordre de primogéniture. Les maisons formaient
ainsi un arc de cercle ou une ellipse, celles des membres
d'un même lignage mineur étaient regroupées. Les maisons
des jeunes se trouvaient vers le centre du giegu
) . Une telle disposition n' es't évidemment
valable et intéressante qu'avec un nombre assez important de
maisons. Ce qui était le cas avant la période coloniale.
(1)
Sénéchal, J. Espace et Mobilité rurale, op. cit. pp. 86-87
1
J
1
(2)
Sénéchal note une moyenne de 8 maisons par Q~ dans la
1
région de Piala et dans le sud du Canton de Bongandini.
!
372
Avec le démembrement des gros qieru, les diedamba ont leur
maison au fond du diegu, généralement face à la grande
porte. Au Nord
(Kuala, Con), on ne connaît que cette derniêre
disposition
(1). Notons qu'il n'y a pas diexemple absolu de
distribution des gens dans le diegu.
L'ensemble des maisons est entouré d'une tapade
de seccos
( les cannes de mil sont également utilisées)
(2).
Cette tapa de appelée ciardi entoure complètement les maisons,
contrairement au Sud-Gulma où les segments de mur et de
seccos joignent les maisons les unes aux autres; ces der-
nières faisant ainsi partie de la clôture. Le ciardi s'ouvre
à l'ouest, sans cuuli comme dans le sud
(3). Chaque lignage
entretient le segment de tapade qui court derrière ses mai-
sons.
(1)
Sénéchal en fait une bonne description. Espace et Mobi-
lité rurale, op. cit. p.
74
(2)
Une tapade est une clôture
(3) Le cuuli
(antichambre), très répandu dans le Gulma merl-
dional,
servant de maison à causerie et d'"hôtel" pour
les ét~ange:s, est inconnu dans le Nord-Gulma, excepté
dans l'extreme Sud (Gayeli, Yamma et Tibga) . Seuls les
dieru de betieba disposent de cuuli.
373
Au Sud, dans la région de Piala et Bilanga,
les
hommes ont leur propre maison,
tandis qu'au Nord
(régions
de Bongandini, Con et Kuala),
l'homme partage la ou les
maisons de sa ou ses femmes.
Siil est polygyne, i l dépose
généralement ses effets personnels dans la maison de sa
femme préférée, mais pas exclusivement comme l'affirme
Sénéchal
(1). Le mari rend successivement visite à
ses femmes. Celle qui prépare le saabu (2), wa yie mahdini
"celle qui est dans la ration ii est l'élue de la nuit.
Dayeli est le nom donné à l'espace délimité,
c'est-à-dire à la cour. Le dayeli est divisé, mais sans
matérialisation par des seccos ou des murettes comme dans
le Sud-Gulma. La répartition des maisons reflète les liens
de parenté entre les habitants. Chaque lignage mineur et
minimal dispose diun espace individualisé correspondant au
seuil des maisons de son groupe
(voir croquis
.JAU milieu du
diegu se trouve un foyer central
(fantori) ,chaque ménage a
son ou ses foyer(s)
matérialisé(s)
par trois pierres pour
caler les marmites. Les foyers sont orientés en direction des
maisons des ménages propriétaires. Le foyer central
épouse
ainsi la disposition des maisons. La cendre accumulée peut
atteindre des proportions énormes selon liimportance des
dieru. Ce sont ces tas qui sont les plus visibles
(de par la
(l)
Sénéchal, Jacques, Espace et Mobilité rurale, op. cit.
p.
74
(2)
Pâte de farine de mil
374
couleur de la terre)
sur les anciens sites. Dans les gros
dieru, il peut y avoir plusieurs foyers correspondant aux
lignages mineurs ou minimaux. Dans le dayeli se trouvent
également : des greniers
(sogla) dressés à côté des cases
de leurs propriétaires; des meules
(naan~, sing. naali);
des poulaillers
(kaalola) i
des bergeries
(yanlola) ides
écuries
(tanlola, sing. tanloli). Des hangars,
jana (sing.
jand~) sont construits à côté de maisons de vieilles fem-
mes. Cfest sous ces derniers que les femmes,
filant leur
coton, passent le temps en saison sèche.
2 - Construction d'une maison
La maison, unité de base de l'habita~ a une forme
circulaire. Elle est construite en paille
(doublée de mur inté-
rieur)
(au Nord) ou en banco
(dans le Sud) .
La construction d'une maison nécessite un effort
individuel de la part du bénéficiaire, mais surtout un effort
de la communauté, les travaux étant faits presque exclusive-
ment
d'une façon collective. Prenons liexemple de la cons-
truction diune maison dans le Nord. Si Jingli veut construire
37~
dans l'année une nouvelle maison,
i l doit Si y prendre très
tôt. Dès après les récoltes,
i l commence à faucher la paille
du
(moanyuaruJ (1)
avec laquelle i l fi tissera"
(lu)
des ciara
(seccos)
et des moapiana
(paille tressée), sorte de ciardi
moins élaboré.
Il peut se faire aider dans sa tâche par des
amis ou des beaux-fils, s ' i l en a. Une fois ce premier tra-
vail terminé, Jingli lance une invitation,
surtout aux jeunes
hommes pour la coupe de jeunes et longues branches d'arbres,
appelées sugudoi
(sing. sugudobu). Les branches du siebu
(anoyeissus Leiocarpus)
sont prisées comme sugudoi, son bois
étant dur et résistant aux termites. Des dadonna
(sing.
dadondi)
(iibois pour ajouter ii )
-
de jeunes branches de
Yelimbu (mitradyna inermis), sont également coupées.Après
cela, Jingli lance une deuxième invitation pour la coupe de
goari
(sing. goaribu)
(terminalia avicennioides), une liane,
qui après qu'on l ' a i t fait macérer dans l'eau servira à
attacher les seccos.
Enfin, Jingli lance une troisième et dernière
invitation pour la construction même de la maison. Le jour
venu, les hommes se rassemblent de bonne heure à l'endroit.
Un cercle est tracé à l'aide d'une corde tournant autour d'un
(1) Andropogon goyanus
/
376
axe
(bâton)
tenu ou planté. Le diamètre est compris entre
trois et cinq m~tres (1). Les Sugudoi sont plantés dans des
trous creusés sur la circonférence et espacés de 20 à 30 cm.
On prend soin de laisser la porte d'une largeur d'environ
50 cm. Les sugudoi -
les plus courts prolongés par des da-
donna - sont ensuite recourbés et réunis au sommet, et soli-
dement attachés sur un anneau circulaire soutenu par un
poteau central. Ce "squelette il ovoïde est recouvert à
l'extérieur de seccos attachés aux sugudoi à l'aide des
goari, formant ainsi un mur. Le toi.t, conique et à forte
pente, est fait de plusieurs couches de moapiana déroulées
au sommet de l'ovoïde. Le vide est comblé avec des bottes
de cuku (paille:
loudetia togoensis)
avant d'attacher
l'extrémité.
La construction d'une maison peut se faire en
un seul jour ou en deux étapes. La première (en un jour)
est
consacrée à l'ovoïde, la 2ème
(en un jour également)
à la
pose des seccos et à la confection du toit. Les deux éta-
pes peuvent être éloignées dans le temps.
Il est conseillé
de laisser les premières pluies battre le i1squelette".
(1)
Sénéchal, Jacques,
Espace, op. cit. p. 70
377
Ces dernières, qui mettent fin aux grands maux de la saison
sêche, en éteignant les foyers des épidémies meurtriêres, sont
censées apporter également le bonheur aux éventuels occupants
(1) •
Ces deux étapes terminées, la maison est extérieu-
rement prête et le travail des hommes terminé. La troisiême
étape, celle de l'aménagement intérieur de la maison, est
laissée au soin des femmes.
Pojandi, la femme de Jingli,
lancera une invitation aux femmes du diegu ou du village
pour les koala
(sing. koali). Le koali est un mur d'une
hauteur d'un mètre 50~élevé de bas en haut contre les sec-
cos. Ce revêtement mural, qui recouvre les sugudoi, est fait
à base diun mélange de banco et d'autres éléments. Le résul-
tat est un mur lisse et résistant qui protège contre lihu-
midité de liextérieur et les reptiles de toutes sortes. Ce
mur est souvent orné de beaux dessins décoratifs dans les
maisons de vieilles;
le sol est bien damé et lisse. Pojandi
élève ensuite, avec l'aide de vieilles fen~es expérimentées,
une murette
(gondi) divisant la maison en deux: li~a(de-
vant),
la.partie du fond sert de i'chambre à coucher" au
couple et burinyabuni
(â la porte)
sert de Hsalon~, puis
de chambre à coucher aux enfants
(Cf croquisl :"·;'i 1
(1)
Selon les anciens, la mortalité était faible en saison
pluvieuse.
Ils disent iiqu'on n'arrachait pas l'herbe
fraîche pour enterrer un mort
(pour creuser une tombe) li,
pour signifier qu'il y avait peu de morts pendant cette
saison.
378
Sur le gondi, des réceptacles pour calebasses
ou autres objets domestiques sont aménagés. Pojandi dispose
dans sa maison des canaris
(cuana) ,un ou plusieurs bwabwana
(sing. bwabwali), greniers en banco servant de fourre-tout.
Des Kuluna
(gourdes)
et nyoagisi peuvent être suspendus
un peu partout.
Dans la iichambre à coucher ii ,
le foyer est allumé
contre le gondi.
Sur le sol et vers le mur, est posée la
couchette du couple, un l i t
(haligiaga
(ou autre lit)
ou
une natte
(cuogu). Le haligiaga est fait de roseaux de
baalantigu
(àrbre
cambretum micranthum)
attachés entre eux
avec des lanières de boeuf, de chèvre ou de mouton
(voir
croquis ci-dessous). Il Y avait une autre sorte de l i t fait
de petites fourches de bois, hautes de 50 cm, plantées dans
le sol en forme de rectangle, et sur lesquelles étaient
posées des barres transversales
(1). Le cuogu est fabriqué
à base diajoncs, kakara
(cyperus species)
(2).
Dans le iisalonii, il n'y a pas d'aménagement spécial.
Chez les vieilles, des binbinna, de part et d'autre de la
porte, petites surélévations en terre battue servent de
(1)
C'est le l i t habituel des Peul
(2)
Une autre sorte de natte, pinga,
importée du Niger
est de nos jours également utilisée.
379
si~ges
(1). Les enfants se couchent sur les nattes ou sur
barre transversale
des peaux.
~
.
J
_JI FUJ),
-- --- --fH- -
--- -~
uali
-~- 1-- -- ---4- ~t
\\
~-Q:;:==::::;rf1foye r
bwabwali
I
l-
~gondi
,......~1Oinbina
~ l~*
fourche plantée
cians le sol.
(sing. binbindi)
Intérieur dlun diegu
Haligiaga
autre l i t
Liouverture du burinyab~, assez basse, de 80 cm
à 1 m,
a une forme d'arche et est consolidée par un buri-
nyagondi
(le gondi du burinyabu) artistiquement fait.
La
porte est fermée à l'extérieur par un burinyacuogu
(le
cuogu du burinyabu) maintenu par deux piquets, des buri-
nyagunda
(sing. burinyagundili).
Bur inyagoncii ..~~: banco
burinyacuo
(1) Ces sièges peuvent exister aussi à l'extérieur,
contre les burinyagunda.
38U
Lientrée de la porte est surélevée par un buri-
nyakoari
(sorte de petite diguette), d'un niveau supérieur
à celui de la cour, qui empêche l'eau de pluie d'entrer
dans la maison.
La durée d'une maison est plus ou moins longue
selon qu'elle est construite sur un endroit où il y a des
termites ou non. La durée moyenne est de trois ou quatre
ans. Certaines maisons durent plus de cinq ans, mais au
prix d'innombrables réparations
(surtout du toit) .
L'architecture de la maison est une synthèse des
cultures des Gulmanceba, des Mossi et des Peul. Les maisons
des Mossi de la zone limi trophe ont, à quelques exceptions
près, la même architecture.
La construction en banco - pratique courante
dans le Sud-Gulma -
semble avoir été ignorée dans la majeure
partie du Nord-Gulma
(1). Elle ne se pratiquait qu'à li ex-
trême sud du Gulma septentrional
(Gayeli, Yamma, Tibga)
et
l'architecture ne différait en rien de celle du Gulma méri-
dional.
Les maisons sont construites avec des chevrons
enchevêtrés. Le toit, construit à part, est posé ensuite
sur le mur. Cette technique est ancienne car des traces de
(l) ou abandonnée à
cause de la grande mobili té de l ' habi tat;
car des traces de constructions en banco sont visibles
sur d'anciens sites d'occupation. Li u tilisation du banco
est maintenant fréquente.
381
constructions en banco sont remarquées sur des anciens
sites comme We
(Bilanga). Mais, nous pensons que la tech-
nique de construction en paille doublée de mur est peut-
§tre antérieure. C'est ce qui explique sans doute l'inter-
diction faite aux betieba d'habiter des maisons en banco.
Leur habitation est entièrement en paille.
B - Le dogu
(village)
et les kpiaru et brini
(fortifications)
-
l
- Le diegu
(village)
Liensemble des dieru constitue un village, dogue
Plusieurs lignages de différents buoli habitent le dogue
Un village est rarement constitué p~ les membres diun seul
lignage.
Les capitales des diema étaient de gros centres,
si l'on en juge par la dimension des enceintes'~aru
(sing. kpiagu)
et brini
(sing. brinu)
: Kuala - 1740 m),
We
(+ ~e 2 500 m), Bongandini
(1130 m), Bilanga
(700 m),
Con
(1 240 m), Piala
(+ de 610 m)
(1).
(1)
Les fortifications nientouraient qu'une partie des
villages.
382
QUELQUES VILLAGES AVEC LEURS DIFFERENTS QUARTIERS
If
VILLAGES
QUARTIERS
HABITANTS
Bediegu
Bedo et Berijaba
BILANGA
Tadano
Tadano
Folbonguni
Folbonniba
Bediegu
)étaient
Buricimba
(le bedo)
PIALA
Diekperini)tous dans
Buricimba
Folbonguni)le brinu
Folbonniba
Bediegu
Bedo et Buricirnba
BONGANDINI
Folbonguni
Folbonniba
Berijabdeni
Berijaba
Bediegu
Bedo
Nacembdeni
Nacemba
CON.
Berijabdeni
Buricimba
Bendadeni
Baantiaru
Folbonguni
Folbonniba
Bediegu
Bedo
Siigani
Berijaba
Baabiriga
Berijaba
(branche
Diepanduni
Berijaba
éloignée
KUALA
du bari)
Folbonguni
Folbonniba
Balamanu
Kurumba
Tindambideni
Tindamba
Koarimadeni
Kurumba
Jemsoiaru
(Bedo et berijaba au
pouvoir)
Tambedo
Tambedo
Tadano
Tadano
LIPTUGU
Folbonguni
Folbonguni
Dambindi
Talmu
Kperodeni
Tindamba
Bendadeni
Baantiaru
naku
des talmu
Joariponga
Bedo et berijaba
NIAI3A
Nankoasiguni
Talmu
Yariguni
Talmu
Bisigani
Tindamba
-----+-----~I
Bediegu
Bedo
1
manipuori
Buricimba écartés
MANNI
du pouvoir
1
Yentcmideni
Buricimba
1
Yarguni
Yarmu et tindamba
1
!
---'---------------
383
Kuala,
jusqu'a une période récente
(1937-1940),
nous dit-on,
était une ville importante. Les seccos des
." '."
,
..
ma~s-0fls se touchaient presque. A telle enseigne que deux
cavaliers ne pouvaient pas se croiser sur la même route. Un
étranger qui s'éloignait quelque peu de la diegu de son
hôte se perdait très facilement.
Ciest un village déca-
dent que découvre de nos jours l'étranger. La population
a émigré au Nord-Est et créé d'autres villages.
Comment s'organisaient ces gros centres villa-
geois ? Le village était divisé en saga
(hiensana au sud) .
Saga (sing. sagili)
signifient côtés.
Ils furent appelés
quartiers par l'Administration coloniale.
Ils ont gardé leur nom et les plus caractéris-
tiques de la période précoloniale étaient
(1)
Bediegu
quartier ou habite le bedo,
situé au milieu du dogu
(diegu
d ubedo)
384
Berijabdeni
quartier des berijaba
(princes).
(chez les
Berijaba)
qui peut se subdiviser suivant
ou
les lignages
Siigani
(au
milieu)
Folibonguni
quartier des folboana
(peul noirs)
au service du bedo
Nacemdeni
quartier des nacemba
(captifs)
(chez les
Nacemba)
Tadanodeni
quartier du Tadano
(chef de
(ou Tadano)
guerre)
Tambedodeni
quartier du Tambedo
(chef de
la cavalerie)
Tindambadeni
quartier des Tindamba
Nankoasiguni
quartier des Nankoasiba
(bouchers)
\\
~
•
. . 1 . . .
1
... -.- .. ..... ~-- ....... J
_ ..... -
(/
Na9,inyabu
1;
FOL IBO N GUNI
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2
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ou
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P.
.
~ougrinan/a.bu
, /
, /
SIIGANI
/
/
/
P. 3.
/
P.8.
Pokaginyabu
{\\ TINDAMBIDENI
OBediekperUgu
(emplacement de
l'ancienne concession
des betieba
\\ \\.
vl
a --,..-
Concession
---'
J
E
"-
"- ..........
des griots
'\\
-...
\\
'".......
\\
BAABIRIGA
\\\\
aanini
p7.
Naginyab
\\
KOARIMADE
\\
\\
t-
\\
.---1 'CDiepanduni
\\~
Pli
baabiriga
~(
p.6.Naginyabu
naginyabu
P.s.
DIEPANDUNI
endicteni-naqinvabu
r
La fa'ga
w
CD
C../"l
s
-
!'lur du brinu
(environ 1740 m)
__ --Limite de quartiers.
':" 1 ! ( ri il; . / -
l
' :,'
!
FORTIFICATION ET QUARTIERS DE KUALA
1
"
","\\,"_'"<C".'".~~ •..,.,,,~, ?.....,.".,....''"''''"'"....,.,.•. ..,.".._-~,~. ~.-.,._O""~".~"""'d,......"'"-.,.."""',.~.=.._..".~~.~•...,"'.";'~.,._,~.'b,;"";, ",_".:".",,,,,,
385
On note également dans certains centres tels
que Niaba et Manni
(Kpiideni)
l'existence d'un quartier
nommé Yariguni où habitaient des Yarimu
(sing. Yarga)
(des Yarse) .
Il n'existait nulle part de quartier musulman.
La conversion de quelques Gulmanceba à la foi islamique
est un fait relativement récent et ne date guère d'avant
la période coloniale .
. Exemples de Kuala
(voir croquis ~~'. L,',4:.)
1 - Siigani
Ciétait le quartier de la famille du bedo
et des familles pouvant encore prétendre au bali.Il était
subdivisé comme s u i t :
a)
Bediegu
(diegu du ~). L'emplacement était fixe et
chaque nouveau bedo devait s'y installer. Liactuel bedo,
Yempaabu, nommé en 1941, changea liemplacement d'une
cinquantaine de mètres sur la recommandation des géornan-
ciens. (1)
.....
(1)
Son prédé œsseur venai t
ct 1 être déposé et exilé
à Tahoua
(Niger)
387
2 -
Baabiriga -
Quartier habité par des Buricimba
(Jagbira)
mais dont la branche a été êliminée depuis longtemps de la
chefferie. Un de leurs ancêtres, sollicité pour le bali,
aurait préféré la vie libre de prince
(eerijali)
à celle
de bedo
(dans la vie privée notamment). Depuis cette date,
la branche
(bien qu'aînée)
ne prétend plus au bali. En
compensation à la mort d'un kombali,
kualabedo
(bedo de
Kuala) remet à leur niciamo
(chef du quartier)
un boubou
et soixante cinq francs. Dans leurs louanges, i l est dit
qu'ils iirefusèrent un boeuf entier
(le bali avec de grands
avan~ages malgré les contraintes) et prirent un cuissot
(le berijali);;
(1).
3 - Folibonguni -
"
J I .
.
Quartier des peul noirs
(folbonniba ou fol-
bontieba). Ciétaient dianciens captifs peul qui fuirent
les durs traitements de leurs maîtres pour se réfugier chez
les betieba et restèrent à leur service. Folibonguni était
dirigé par un des leurs, choisi par le bedo.
Ils construi-
saient et construisent enCore l'habitation et le jandi du
bedo.
(1)
Jagbuga Noibuga, Kuala, 1/5/1975
388
4 - Diepanduni habité par des Jagbira. Leur
ancêtre est Sure, fils du chef Paamba
(1). La branche a
été éliminée i l y a longtemps du ~ali. Le quartier
siappelle Diepanduni
(litt.
à l'endroit des nouvelles
maisons)
parce que le fondateur vint aprês liinstallation
des autres quartiers.
Il était situé en dehors du brinu
et dirigé par le niciamo de la branche. Une famille de
forgerons y habitait également.
5 - Tindambadeni
(litt. chez les Tindamba)
Les Tindamba sont venus du Sud avec les
Buricimba.
Ils sioccupaient des sacrifices aux différents
autels
(buli et tingban~) du village
ainsi que de
l'enterrement des morts. Le Tindambedo
(chef des Tindamba)
était le niciamo de la famille.
6 - Naanini ou Balamanu
Naanini signifie hors du Naku de la fortifi-
cation. Ce quartier a été fondé par Jayuri,
un Kurumba
venu de Fuuga
(Liptako). Ciétaient ses descendants qui y
habitaient.
Il était dirigé aussi par un niciamo
(2).
(1)
Jagbuga Noibuga,
Kuala,
1/5/1975
(2)
Jagbuga Jaluaga, buricino d'Alfadiegu,
Kuala,
1/7/1976
3as
7 - Koarimadeni
ilchez les Koarima ii
(Kurumba)
C'est grâce à eux, comme nous l'avons vu plus
haut, que Balibagini fonda le premier royaume de Kuala
(au
Liptako). Eux étaient installés à Wulo
(a côté de l'ancien
Kuala et à 30 km de Dori).
Ils nommaient les betieba
(en
leur mettant le turban)
et défendaientJpar leurs nyoagi~~
le royaume contre tout malheur. Lorsque les Gulmanceba
furent chassés par les Peul en 1816/1817, les Kurumba les
suivirent et s'installêrent à Kuala actuel; puis continuè-
rent à
jouer leur rôle
(1).
Ils construisirent en outre le
cuuli et lihabitation de la première femme du bedo. Le
quartier était dirigé par un Koarinbeào
(chef des Koarima),
niciamo de la famille détentrice dukoarinbali
(2).
Le Tadano
(chef de guerre)
et le Tambedo
(chef
de la cavalerie), les Maaba et les Dunamba, n'avaient pas
de quartiers spéciaux.
Ils se trouvaient dans celui des
berijaba. Cela se comprend dans la mesure où le Tambedo
était considéré comme leur bedo.
Les baantiaru ne formaient pas non plus un quar-
tier spécial mais étaient à côté du Bedi~~.
(1)
Il siagit de la famille Kurumba Hajila,
la plus ancienne-
ment liée à la famille régnante et la plus réputée pour
son nyo ag~~
(2)
Ils s'acquittent encore de leur tâche.
390
Remarquons que la position des quartiers reflé-
tait le statut social de leurs habitants: les berijaba,
détenteurs du bali, bien protégés, étaient au milieu du
village et proches du bediegu~ les Buricirnha éloignés du
bali et en voie de devenir talmu, un peu â l'écart~ les
folboana et les tindarnba servaient de rempart aux atta-
ques peul; â l'extérieur du brinu, des Buricimba en voie
de devenir talmu, et des f~rgerons~ notons que les forge-
rons producteurs des armes, n'étaient pas attaqués. Les
Koarima comptaient sur leurs nyoagisi.
2 -
Pourquoi l'habitat était-il groupé et comment
expliquer l'apparition des fortifications?
Comme ~'a bien remarqué Sénéchal
(1) ~'habitat qui
était groupé noa pas été stab~e. Mais les grands centres, â
la position stratégique,êtaient relativement stables. Par
exemple, les doi de Kuala, Niaba, Con, Liptugu, Sula,
Wohdiaga, Surungu n'ont pas bougé d'emp~acement depuis leur
fondation~ ceux de Bongandini, Piala, Bilanga, Yamma, Tibga,
Gayeli n'ont changé d'emplacement, que dans un rayon de deux
(1)
Sénéchal, J. op. cit. p. 82
/ . ,< ,,' 1., () if
391
à cinq kilomètres.
L.'habitat regroupé et son instabilité peu-
vent siexpliquer par l'insécurité,
une des composantes de
la vie dans le Gulma. D'abord la nature:
Barth, à son
passage dans la région d'Aribinda
(60 km plus au Nord en
latitude que Kuma)
en 1853, rencontra de nombreux trou-
peaux de buffles et observa des traces d'éléphants sur le
sol
(1). Les vieux évoquent encore volontiers le souvenir
d'animaux dévorés par des fauves et les exploits des chas-
ses à l'éléphant au moyen de flèches et de lances empoison-
nées.
De nos jours, les lions sont devenus rares mais
les hyènes dévorent encore de temps en temps chèvres et
moutons. A Gayeli, on rencontre quelques éléphants; mais
c'est surtout le Sud du Gulma qui est demeuré giboyeux;
les
réserves du W
et de l'Arly s'y trouvent.
A cette hostilité de la nature,
i l faut ajouter
les risques de guerre et de pillage.
Il y avait une écono-
mie de pillage. Des tanpwantieba
(pillards)/princes d'au-
tres diema ou des étrangers,
pillaient des villages et
des régions; à liintérieur même d'un dic~a les Buricimba
ne se privaient pas de faire des rapines.(2). Les étrangers
(l)
Barth,
Henri - ~~ya<;L~:?__~_t décou_y-~rtes
da~~. __h'Afr~3ue
S(~Et_en!..ri(~)1l(l]c
et Cs;ntrz:l1e 12(~nè.hlnt les années 1849 à
185~,
Paris, Bruxelles,
1861 -
'1'3
p.
286
(2)
Les GuJ.manceba partaient piller également en pays mossi
ct peul. Nous y reviendrons par la suite.
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~ Incursions de Gulmanceba
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30
40
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393
étaient des Peul et des Mossi,
le Nord - Gulma faisant
frontière avec les royaumes mossi de Boulsa et de Tougouri,
et les Emirats peul du Liptako et du Yaga .
Afin de se
défendre efficacement, les villages se construisaient
en des points stratégiques: à côté d'un bosquet et diun
point dieau
(comme à Con où existe encore une partie du
bosquet) ou d'une colline
(comme à Niaba-Kuala). Les
villageois Si y retiraient lorsqu'ils ne pouvaient repous-
ser les pillards.
Par la suite, la population apprit à fortifier
les villages.- Tous les grands centres du Nord-Gulma étaient
fortifiés.
Bon nombre de ceux du Sud-Gulma liétaient égale-
ment. La technique de fortification date .de lo~gtemps.
We
(fondé entre 1570 et 1630
.),
ancien site d'occupation
d'où partirent les familles régnantes du Nord-Gulma, était
déjà entouré d'une enceinte en banco et en blocs de laté-
rite, de plus de 2 500 m de circonférence. Mais la·fortifi-
cation se généralisa à partir de la fin du XVIIIème et au
début du XIXême, période correspondant à la poussée peul
et à liintensification du pillage.
Izard remarque au Yatenga
la constitution de villages guerriers frontaliers
U).
(1)
Conununication de Michel Izard, Paris 1977 -
Le pays ~0ssi ignore les fortifications.
Voir carte N° 13
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1
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1DIEPANDUNI \\
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NACEMBIDENI
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tuugu
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1
LE KPIAGU DE CON: ENVIRON 1240 M\\
--1'
395
La fortification dans les villages 'princiers ij Wasangari
(Bariba)
est également notée par Lombard
(1).
Il Y avait
deux sortes de fortification dans le Nord-Gulma : le kp~agu
ou naku et le brinu.
Kpiagu
(pl. kpiaru)
vient de kpaa
(planter). Des
branches d'épineux sont'plantées, en guise de haie, autour
des champs domestiques
(tapaga), les protégeant des animaux.·
On dit aussi naku (pl. naguru) qui vient .de nagi
(entourer
d'une haie). Le kpiagu et le nagu désignent la même réalité
le premier terme est plus usité dans le Sud et le second
dans le Nord
(diema de Kuala).
La technique consistait donc à planter une haie
vive constituée, entre autres, de namagsi
(sing. namagbu:
sclerocarya birrea : un arbre)
dont quelques-uns indiquent
encore les tracés d'anciens kpiaru et de tuugu
(bosquet).
Une partie de la haie pouvait être simplement un tuugu
comme à Con
(2). Réfugiés à l'intérieur du kpiagu, les
assiégés faisaient pleuvoir sur les envahisseurs lances
et flêches empoisonnées par les trous de la haie. Ce
systême de défense s'avéra vite vulnérable. Il suffisait
de mettre le feu à la haie et c'était la catastrophe. La
plupart des kpiaru furent ainsi brûlés. L'exemple le plus
(1)
Lombard, J. Structures de type Il féodal ii en Afrique
Noire - op. cit. p. 345
(2) Voir croquis
ci-contre:
FORTIFICATIONS
-;;;-=-=-=-=-=-=
:EMA
VILLAGES
NATORE DE LA FORTIFICATION
DIMENSIONS
Kuala
Brinu construit sous Yenkuagu
environ 1740 m avec 8 portes
les quartiers Naanini.
Diepanduni et Koarimadeni
étaient en dehors.
Sula
Blocs de latérite et de granite reliant
les flancs de collines.
Yariga
Kpiagu d'abord, puis Brinu ensuite.
Mopienga
Brinu, seul le village de Balemba était
~ l'intérieur du brinu. Les habitants des
autres villages venaient s'y réfugier lors
des guerres. Il y avait des puits ~ l'in-
térieur.
Liptugu
Brinu
i
Wobdiaga
Kpiagu
Manni
Bongandini
Brinu entouré d'un tuugu
(bosquet)
environ 1130 m avec 3 portes.
Liwura
KPi~gu
Komonga
Corugu
Wabuari
•
;ANDINI Kosugudu
•
Cerigini
•
Tieri
•
Nundongu
•
Con
Kpiagu • Les quartiers Diepanduni, Paspanga,
1240 m environ dont 790 m
Kpiapiega, 000 siués respectivement ~ 2km,
de ~. Il Y avait 3 portes
3 km,
2km et 6km étaient hors du Kpiagu •
.A
Piala
Kpiagu, puis Brinu construit sous
environ 610 m.
Yentandi.
-----
Guori
Kpiagu de namagsi
(arbre).
Bilanga
Brinu : Il ne renfermait pas tous les
700 m environ avec
quartiers.
4 portes.
Kiguoguni
Brinu
(ancien site)
Sikuantu
Kpiagu
Jipienga
.
Kpiagu,
les quartiers
,Naanini,Sierideni,
et Puulongu étaient s~fués hors du Kpiagu •
Balga
Kpiagu
Tibga
Kpiagu
~GA
Yamma
Brinu. Les quartiers suivants étaient situés
en dehors du brinu. - Tadandeni,
- Tambaro-deni
- Sogunodeni
- Tankperu
- Li Yaali
Gayeli
Naku
(Kpiagu)
We
Brinu qui n'entourait que les habitations des environ 2500 m avec 10
(ancien si te)
BerIJaba et probablement celles des griots.
portes.
397
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398
récent et le plus dramatique fut celui de Cipooli en 1891/
1892. Dans une querelle de succession, Baaharruna fit appel
au Boulsa Naba Wobgo contre son rival Lisongi.Naba Wobgo
vint avec une importante t~oupe. La population de Con,
jugeant insuffisante la protection du kp~agu, alla se réfu-
gier dans un grand tuugu à Cipooli, village situé à environ
10 km au Nord-Est de Con. Le feu fut mis au bosquet et des
centaines de personnes périrent.
Une nouvelle technique fut alors élaborée : celle
.de la fortification construite avec des parpaings de banco,
le brinu. Il remplaça dans certains cas la haie vive
(comme
à Kuala)
(1)
et la renforça dans d'autres
(comme à Bongan-
dini
(2), ce qui explique l'assimilation souvent faite dans
l'appellation, du kpiagu et du brinu. Le brinu avait un
dispositif 6e crénaux. A Kuala, des canaris troués
(dugula,
sing. dUlU~u) étaient placés dans le mur formant ainsi des
meurtr ières .
Le kpio ou le brinu n'entourait jamais le village
entier: mais toujours les quartiers du bedo
(bediegu)
et des
princes
(bcrijaba) .Ceux du Tadano
(chef de la guerre), comme
à Ji.pienqa
(Bilanga)
et des tindamba, nyogidamba, étaient
quelquefois situés en dehors de la fortification. Le quar-
tier Naanini
(litt. extérieur du Naku)
qui existe encore
(1) Voir t~blcau ci-contre
(2) Voir croquis
ci-contre
399
dans presque tous les grands centres, était typique de ces
quartiers extérieurs. Les populations de ces derniers et
des villages environnants non fortifiés se réfugiaient à
l'intérieur de la fortification en cas de guerre. Le grain
était conservé dans des bwabwana et l'alimentation en eau
était assurée, les villages étant situés à proximité de
points d'eau
(rivières, puits). Notons que les siêges niétaient
pas longs.
- CONCLUSION -
L'organisation de l'habitat est le reflet du sys-
tème de parenté.
Elle montre l'importance des lignages qui,
comme nous verrons dans liorganisation de la production et de
la consommation, et à travers toute cette étude, est réelle
dans tous les domaines.
La construction sommaire des maisons est adaptée
•
à la mobilité de l'habitat. Le développement des fortifica-
tions est la conséquence des guerres de pillage, générali-
sées surtout au XIXème siècle.
400
- CHA P I T R E l l -
o R GAN l S A T ION
L l G N AGE R E
DEL A
PRO DUC T ION
E T
DEL A
CON SOM MAT ION
LI
ART l SAN A T
E T
L E e 0 MME R C E
401
Le système foncier précolonial se caractérisait
par la propriété collective lignagère sur les terres. Leur
exploitation et la consommation des produits se faisaient
de façon communautaire. Le mil était la principale produc-
tion, l'autorité des anciens,
détenteurs privilégiés des
connaissances historiques et représentants des ancêtres,
s'exerçait dans tous les domaines.
l
- LE REGIME FONCIER
A - La terre et son exploitation -
1 - Le droit de la propriété sur la terre
Tinga est la terre en Gulmancema. Elle appar-
tenait en principe au bedo, ainsi que tout ce qu'elle
portait, y compris les hommes
(1). Ciétait un droit émi-
nent car nous verrons que les pouvoirs du bedo étaient
limités.
(1)
U bedo ya die ki tinga,
len 0
tisi,
len 0 muaru :
"la terre appartient au chef avec ses arbres, avec
ses herbes u
402
En réalité, la terre appartenait aux lignages.
La propriété était déterminée par l'occupation ancienne
du sol. L'ensemble des terres d'un lignage comprenait toutes
les terres dont ses membres, dans le temps,
avaient été les
premiers occupants. Ce "patrimoine foncier"
lignager était
géré par le niciamo.
C'était une propriété collective.
Soulignons que les femmes ne pouvaient, en principe, pré-
tendre à des terres. La délimitation des champs et jachê-
res se faisait et se fait encore avec des touffes d'herbes,
des arbustes,
des arbres, des pierres et des bas-fonds. Les
anciens des lignages reconnaissaient ces "bornes".
L'agrandissement des lignages nécessitait l'aug-
mentation du ffpatrimoine foncier". De nouvelles terres
étaient alors prises sur la brousse environnante simplement
par un premier défrichement. Cette pratique se poursuit
dans les villages disposant encore de brousse
(1). Dans ceux
qui n'en ont plus, des habitants émigrent, soit tempo-
rairement, soit définitivement, à la recherche de nouvelles
terres cultivables.
(1) Comme le montre liétude de Sénéchal sur Koordiongu
Espace et Mobilité, op. cit. p. 164 et suivantes
403
2 - Le droit d'exploitation d'une terre
Le droit d'exploitation d'une terre et la jouis-
sance de son usufruit étaient accordés à tout membre de la
société. N'importe qui pouvait et peut encore demander à
exploiter la jachêre
(le Kwowuogu) d'un autre habitant de
son village, sans distinction de lignages. Le droit sur la
terre n'était pas un droit privatif. Celui qui n'envisa-
geait pas d'exploiter sa jachère dans l'immédiat était
tenu de la céder à qui venait l'en solliciter
(1).
Le.bénéficiaire était tenu, de son côté, de
remettre la terre à son propriétaire dès que celui-ci la lui
demandait, étant entendu qu'un délai d'un an au moins était
considéré comme nécessaire pour chercher ailleurs un autre
terrain.
3 - Conflits fonciers et intervention du bedo
Il Y avait peu de conflits au sujet de la terre.
A tel point qu'il est passé dans la mentalité des Gulmanceba
qu'une dispute à propos d'une terre porte malheur
(2).
(1)
Il était encore moins toléré de refuser une terre à quel-
qu'un qui voulait y implanter son diegu.
(2)
Si 2 personnes se querellent pour une terre, dit-on,
l'une d'entre elles mourra.
404
Liabondance des terres en était l'explication. Exemple
si Cabrimani n'obtenait pas une jachêre de Jingli, i l
pouvait être satisfait par Jatiaga.
Il ne faut pas croire
que le droit foncier informel était rigoureusement respecté.
Il Y avait toujours des gens, comme dans toute société, qui
de par leur situation sociale ou leur caractêre, le,vio-
laient.
Un véritable problême foncier commence à Se poser
dans les zones à forte densité. Problême qui appelle l'éla-
boration d'un droit foncier dont ne dispose pas encore la
Haute Volta
(1). C'est le droit coutumier, de plus en plus
difficile à appliquer, qui régit toujours la terre dans les
campagnes.
Exemple du village de Bambrigbabini
(à 2 km de
Kuala) .
Bambrigbabini se traduit par "qu'ils
(les étran-
gers)
déposent leur conduite d'enfants gâtés
(avant d'y
entrer)". Sa population
(150 habitants)
est composée essen-
tiellement de deux familles
: Komondi et Madiega. Ciest
(1)
La situation est critique dans les «zones de
colonisation mossi", singulièrement au Nord-Ouest
(pays bwa, samo et dagara), où des bagarres éclatent
quelquefois entre les deux communautés.
405
l'ancêtre de la première, venant de Niaba
(5 km à l'Ouest),
qui fonda la village sous Kualabedo Yenhamma
(1). La famille
Madiega arriva après, également de Niaba, et devint maî-
tresse du village parce qu'issue du Buricindiegu de Niaba.
Puis les familles Jitanga, Jagbuga, Nadinga, Maano et
Sinyandi arrivèrent successivement. Les Jagbira émigrèrent
par la suite à Toku
(5 km au Nord)
et les Maaba
(forgerons)
au Nord du village de Kuala.
Les terres se partagent actuellement en prin-
cipe entre les familles Komondi et Madiega. En fait,
les
autres familles se considèrent maintenant comme les pro-
priétaires des terres qui leur ont été concédées à leur
arrivée par les deux premières. Néanmoins, la plus grande
partie et les meilleures terres sont monopolisées par ces
dernières. Par ailleurs, avec la croissance de la popula-
tion et la division des exploitations, les terres sont
devenues insuffisantes. De jeunes ménages émigrent au Nord
de Kuala où des terres cultivables sont encore disponibles.
Les jachères sont de moins en moins prêtées et les conflits
de plus en plus fréquents au moment des semailles
(même à
l'intérieur des lignages respectifs).
(l)
Initialement famille de Sogimba
(" conseillers") des
betieba de Niaba, elle fut adoptée par ceux de Kuala
après leur victoire sur les premiers. Cette famille
Komondi exerce encore la fonction
de conseillère au-
près de Kualabedo.
406
Lorsque des
conflits fonciers surgissaient
au sein de la communauté
(à propos d'une terre et surtout
de la délimitation des propriétés respectives), ce qui
était rare,
les anciens des différents lignages essayaient
de les résoudre à l'amiable.
Si la tentative échouait,
l'affaire é t a t alors portée aux différents étages de la
hiérarchie politique.
Un tel appel donnait une occasion d'inter-
vention au bedo pour deux raisons:
la première est qu'il
,
J'
était le propriétaire éminent de la terre,
la secondé~que
la justice était une importante source de revenu. Chaque
justiciable lui faisait le plus de cadeaux possible afin
•
qu'il tranchât en sa faveur.
Les betieba intervenaient parfois quarld
des étrangers
(Gulmanceba d'un autre'diema,
Mossi ou Peul)
voulaient s'installer dans leur diema.
Cette installation
pouvant entraîner des conséquences politiques. Mais, dans
la morale des Gulmanceba, comme dans d'autres sociétés
traditionnelles africaines,
l'étranger étai't un'e richesse,
comme le dit l'adage:Caano te Baali ya
iil'étranger est un
gain", bu Caano te pugundi ya "l'étranger est une augmenta-
tion".
Il fallait donc l'accueillir.
407
4 - Conclusion
Le droit sur la terre dans le Nord-Gulma fait
apparaître l'importance des lignages et des anciens, d'une
part, et d'autre part le rôle réduit des Tindamba. Ceci
est contraire à ce qui est observé dans le pays mossi oü
les Tengsobademba
(chefs de terre)
jouent un rôle déter-
minant dans l'attribution des terres.
Ici, les "proprié-
taires de la terre" n'interviennent, et pas toujours, que
pour solliciter les autels. Le bado non plus n'a pas une
grande autorité.
Il n'intervient, et rarement, qu'en cas
de litige à propos d'une terre pour exercer son droit
d'ancien de tous les lignages habitant son diema.
Le régime foncier dans le Nord-Gulma montre, comme
chez la plupart des peuples d'Afrique, une notion collec-
tive de la propriété, contrairement à la notion individua-
liste de propriété en Occident. Chez ces peuples, tout
appartient au lignage ou au village. L'individu n'a rien
mais possède tout. Ainsi, on entend souvent, à propos de
la propriété de telle ou telle chose, la phrase suivante
tinbi ya die, lie 1 est à nous;;.
408
B - Organisation de l'espace et exploitation -
----------------------------------------
1 - Organisation de l'espace et du travail
Dans le temps, les membres de tout un lignage
mineur cultivaient dans le même kwanu
(champ)
(1)
sous la
direction du niciamo. Mais si le lignage mineur était
important,
i l pouvait exister plusieurs exploitations
sous les directions respectives des niciamba des segments
.de lignage. On a assisté, depuis la période coloniale et
l'introduction de l'économie monétaire, à une scission des
grosses exploitations communautaires en plusieurs petites,
même au niveau des lignages minimaux.
Cette organisation s'expliquait en partie par
le souci de la sécurité. Celui qui s'isolait siexposait
aux dangers signalés précédemment à propos de l'habitat.
Le champ autour du diegu siappelle tapagiri ou
noku
(naku, pl. tapaga).
Il est fumé par des balayures de
dieru et de déchets d'animaux
(boeufs, moutons, ch~vres... ).
(1)
Il s'agit du champ de mil quand ce n'est pas précisé.
409
Ciest là que le maïs est cultivé. Tapagiri
(pépinière de
tabac), ainsi appelé parce qu'on y plante du tabac en
association avec le maïs. La croissance des lignages
entraînait la division
du
tapagiri suivant les unités
d'exploitation existant dans le diegu. Chacune recevait
le segment de ciardi
courant derrière ses maisons, son
dapwoli
(derrière ses maisons)
(1). Le seuil du diegu
était· réservé au' rlieèano 'conune l'indique le croquis ci-
dessous.
noku
iardi du diegu
West
espace vide
STADE l
STADE II
(2)
(3)
et
(4)
appartiennent aux lignages ou segments de
lignages habitant le diegu
(1)
appartenait spécialement au diedano.
Nous pensons que
cette attribution s'expliquait d'abord par le fait que
le die~ano était le chef du diegu et, à ce titre, i l
conunandait la porte et le seuil, qui sont symboliques.
(1)
Dans le Sud-Gulma la notion de dapwoli est en correspon-
dance étroite avec lioccupation du sol.
4 1U
Mais aussi parce que
(singulièrement au Sud)
le ~iedano
était au milieu du d~egu, donc quelquefois sa propre
famille n'avait pas de segment de ciardi.
Les tapaga
étaient cultivés en un jour par les segments de
lignage.
Ils aidaient le diedano à cultiver le sien.
Les champs de coton étaient également commu-
nautaires par unité d'exploitation. Le coton était sou-
vent semé en association avec le mais, dans le tapagiri.
Enfin les femmes, du moins les vieilles, avaient des champs
d'arachide et de petits pois, à côté des champs de mil.
Les principaux outils utilisés étaient le
cocoka, petite houe servant à creuser les trous pour semer
et le kuuli
(daba)
utilisé pour le sarclage- (voir croquis
ci-dessous). Les lignages étaient propriétaires de leurs
moyens de production, comme de leurs terres.
cocoka
kuuli
411
Cet outillage, adapté à un sol léger et plus
ou moins aride, a probablement peu évolué dans le temps.
La taille des exploitations et la productivité dépendaient
essentiellement du nombre de bras. D'où l'importance de la
progéniture
. Dans liensemble, les tailles des exploita-
tions étaient modestes. On ne songeait guère à la capita-
lisation. Selon plusieurs informateurs,
la pluviométrie
était plus régulière.
En saison pluvieuse, tout le monde cultivait,
Buricimba aussi bien que talmu
(sujets), femmes et enfants
aussi bien q~'hommes.
2 - La production
Le petit mil
(diye)
et le sorgho
(gros mil)
(dimonga : l i t t . mil rouge)
constituaient la production
essentielle. La culture du premier précèda sans doute
celle du second. Elle est encore reconnue comme la plante
nourricière par exoellence. Sa farine est utilisée pour
la préparation du yonkaali
(farine de mil délayée avec
du lait), destinée aux sacrifices et aux libations.
412
C'est la même farine qui est presqu'exclusivement utilisée
dans la préparation des nyoagisi. Cependant, la culture du
sorgho date également de longtemps puisque nous savons que
ciest avec cette céréale qu'on préparait le daama
(bière de
mil: dolo)
lors des fêtes annuelles et à l'occasion de
l'intronisation coutumière des betieba
(1).
Diaprès les
enquêtes de Sénéchal dans le village de Komboasi
(village
de Bongandini), la culture du sorgho semble s'être généra-
lisée pendant la période coloniale en réponse aux réquisi-
tions opérées par l~administration, les rendements étant
supérieurs à ceux du petit mil
(2).
Le mil
(di ) était engrangé en épis dans un ou
plusieurs greniers en paille
(sogula, singe Solugu)
à côté
des dieru respectifs, ou bien battu et le grain mis dans des
greniers
(bwabwana)
situés à l'intérieur des dieru et des
maisons. C'était beaucoup plus sûr. Le mil servait essen-
tiellement à la préparation ,du saabu
(pâte de farine de
mil) .
(1)
le daama niétait préparé au Nord-Gulma qu'à l'occasion
des cérémonies spéciales, contrairement au Sud- Gulma
où abondaient des cabarets.
(2)
Sénéchal, J. op. cit. p.
237
413
La deuxième production importante était le maïs
(kokori) mais ce n'était qu'une culture d'appoint qui ser-
vait au moment de la soudure. Plante plus hâtive que le mil,
le maïs est mûr fin juillet - début août, et peut ainsi
(par consommation du maïs frais)
pallier l'insuffisance
éventuelle du mil en attendant le nouveau mil
(septembre -
octobre). Une fois les nouveaux épis de mil coupés, le maïs
récolté n'est plus consommé, mais conservé en tas de 100
épis
(suspendus à des arbres ou simplement mis dans des
greniers)
attendant la période de soudure de la prochaine
année
(juin -
juillet), avant la nouvelle récolte de maïs.
Lorsque la récolte de maïs était mauvaise, i l y
avait une disette si la précédente récolte de mil n'avait
pas été bonne. Le maïs jouait donc un rôle important
dans l'alimentation .. Nous ne nous expliquons pas pourquoi
la société n'a pas envisagé l'intensification de la culture
de cette céréale
(par exemp~e des exploitations de la taille
des champs de mil au lieu de ne faire d'elle quiune culture
annexe). Est-ce parce que cette plante est beaucoup plus
sensible aux aléas climatiques ou parce que sa transforma-
tion en saabu est beaucoup plus difficile pour les femmes
(le mais étant plus difficile à piler que le mil)
?
~ 14
Le gombo
(maani)
et le sésame
(~) étaient
surtout cultivés en association avec l'arachide. Le gombo
(culture de femmes)
pouvait être également cultivé en asso-
ciation
avec le maïs et le sésame avec le mil. Ils entrent
dans la composition de la sauce
(kpindu) de même que les
feuilles de baobab
(takaru)
et bien d'autres ingrédients.
Le coton servait à la confection d'habits, les haricots
(tuuna)
- cultivés en association avec le mil -
liarachide
et le pois de terre
(1)
étaient essentiellement cultivés
pour la consommation locale. C'est avec le développement
des marchés et l'introduction de
l'économie monétaire
que ces dernières cultures devinrent des cultures de ~nte.
Comme nous l'avons signalé dans la description
de l'habitat, une place non négligeable était réservée
aux animaux. Il était honteux de ne pas posséder de la
volaille dans la cour. Les hommes, les femmes et les en-
fants avaient respectivement leurs animaux. ~laiG le
niciamo en était le propriétaire éminent.
(1)
100 grammes de pois de terre fournissent 365 calories _
Sénéchal, op. cit. p.
4 1~
Les produits de l'élevage étaient peu utilisés
pour l'alimentation. Les bovins
(noi),
signe de richesse
pour leurs possesseurs, étaient souvent confiés à la garde
des peul qui, en échange, bénéfi ciaient du lait (1).
Ils
n'étaient vendus que pour des raisons majeures: famine,
mariage ... Les ovins
(pei)
et les caprins
(guabi)
gardés par les enfants, étaient davantage vendus. La
~
volaille servait essentiellement à des dons et aux
sacrifices.
Ils n'étaient égorgés pour la consommation ordi-
naire que lors des fêtes ou pour faire honneur à un hôte.
Il semble qu'il n'y avait pas d'élevage sys-
tématique de chevaux dans le Nord-Gulma. Le cheval, asso-
cié au buricino, servait surtout pour la guerre.
Nous pouvons dire que toutes ces productions
étaient consommées d'une façon communautaire par la
famille sous la gestion directe ou indirecte du diedano.
En tout cas, pour la culture principale, celle du mil.
(1)
Les Gulmanceba qui possédaient de gros troupeaux les
faisaient garder par leurs enfants. Cette pratique
est maintenant généralisée, même pour ceux qui n'ont
que quelques bêtes.
41ü
Les femmes des segments de lignage d'un diegu
ôtaient du grenier/périodiquement
(tous les 2, 3 jours),
la quantité de mil nécessaire à la ration de chacun. Si,
pour une raison quelconque, un segment de lignage épuisait
ses réserves, i l s'approvisionnait chez les autres. Si
c'était tout le lignage qui manquait de mil, i l appartenait
au diedano de l'approvisionner. Ce dernier mobilisait,
si
besoin était, tout le capital
(animaux, bandes de coton-
nadep, pagnes ... ) pour l'achat de vivres dans les contrées
o~ la pénurie niexistait pas.
Le saabu, très nourrissant, était la nourri-
ture de base
(1). Les repas étaient pris de la façon sui-
vante
(2)
1 - En saison sèche
a - Le petit déjeûner consistait en
- reste du saabu de la veille
(sakpeli,
l i t t .
vieux saqbu) ou yencagini
(3), mil écrasé
(1)
100 grammes de sorgho fournissent environ 348 calories
Sénéchal, J. op. cit. p.
233
(2)
Cela n'a pas beaucoup varié
(3)
Terminologie de Kuala
417
(le plus souvent le petit mil) délayé dans
de l'eau de tamarin ou du lait, ou
du yoma : pâte de mil cuite quion délaye dans
de l'eau de tamarin, avec du miel ou du lait.
Les bonnes épouses soignaient leurs époux en
leur faisant régulièrement du yoma.
Ce petit déjeûner était pris en famille res-
treinte, chaque femme pensant à ses enfants, mais aussi
à ceux d'autrui. La morale sociale voulait que quiconque
mange invitât les autres:
flqui mange seul, mourra seul"
dit un proverbe. Donc, tout homme qui buvait son yoma
(son yencagini)
invitait ceux dont les maisons étaient
proches de la (des)
sienne(s). De telle sorte qu'il était
rare dans un diegu qu'une personne mangeât seulement
avec ses propres enfants.
b - Le repas de midi et le repas du soir consistaient en
un plat résistant de saabu. Les femmes des différents
segments de lignage préparaient et rassemblaient les
plats chez le diedano. C'est là que les temmes et les
enfants
(garçons)
se retrouvaient et mangeaient
(1).
(1) Diaprês certains informateurs, si le diedano était
très vieux, on mettait son plat à part. Dans ce cas,
le rassemblement des hommes avait lieu chez celui
qui le suivait dans la hiérachie du lignage.
4 1B
Les absents s ï adressaient à leur retour, 'à leur (s)
femme (s)
ou à leur mère. Les femmes se regroupaient de leur côté
(avec les filles)
en fonction des segments de lignage ou
de la proximité des maisons. Toutes les femmes d'un diegu
ne mangeaient pas ensemble à cause des relations dïévitement
entre les brus et leurs belles-mères, réelles et classifica-
toires. Le repas du soir se prenait de la même façon, mais
le regroupement des hommes se faisait chez le diedano et
souvent au lieu du Jingli
(cercle de pierres posé dans la
cour)
où les causeries se poursuivaient après le repas,
tard dans la nuit.
2 - En saison pluvieuse
En saison pluvieuse, compte tenu des travaux
agricoles,
le petit déjeûner et le repas de midi étaient
pris par unité d'exploitation. Le repas du soir était pris
en commun
(1).
Conclusion
Le lignage se retrouve partout dans la
production et la consommation. Même siil y a plusieurs
exploitations dans un diegu,
la production appartient en
(1) Depuis la conquête coloniale, l'individualisme brise
de plus en plus ce mode de consommation.
419
principe à tout le lignage. La consommation se fait égale-
ment dans le cadre du lignage. La société préconoloniale des
Gulmanceba était une société solidaire.
Liautorité des niciamba est surtout une auto-
rité morale.
Ils la tiennent de leur position sociale
(aînés)
qui leur permet de contrôler toutes les activités des dieru
resDectifs .
.II - L'ARTISANAT ET LE COMMERCE
Les activités d'artisanat,
(forge~teinturerie,
tissage, poterie)
étaient essentiellement exercées par
des Jiima. leurs produits alimentaient surtout le commerce
local. Par les routes du commerce international arrivaient
du sel du Nord, des noix de kola de côtes et du tissu.
ft
Les transactions se faisaient essentiellement avec des cauris.
!
•!,
Il ne s'agit que d'un bref aperçu sur l'artisanat et le
!
!
commerce.
1
420
A - L'artisanat -
l
-
La forge
La forge était une activité importante. Elle
était la seule héréditaire. Les maaba
(forgerons)
se disent
généralement venir du pays mossi
(du pays mossi actuel)
"Le..6 vtta,Ü nottge.tton.6 .6ont dayamba,
ottiginaitte..6 de.·
Boala (v~tlage. nyonY0.6é à eô~é de. Boul.6a). Tou.6 le..6 Vayamba
v~e.nne.nt du mO.6.6i (1).
"Que..6.t.ion : Y-a-~-Lt dC!;.6 maaba A..ei '1
Répon.6e. " oui, mai.6 tout maano vie.nt du pay.6 m0.6.6i"(21
Les maaba sont probablement d'origine nyonyosé ou
ninisi. Leur yedondil! est généralement Maano ou Dayamba au
sud-ouest (Piala et Tibga).
Il Y a également des forgerons Woba.
Le fait qu'on fasse descendre leur ancêtre du ciel prouve peut-
être leur antériorité
" Le..6 maaba 0nt un buolu \\ aetiv~té ne.tte.di.taitte.).
l t.6
.60nt de..6ee.ndu.6 du eie.l tandi.6 que. le..6 t~ndamba de. Wabaft~ (Tuaba)
é.taie.nt déja là.
Il.6 e.n.te.nditte.nt Wf; bttui~ dvtJtiètte. t.e.u,'!. die.gu :
e'etaie.n~ le..6 maaba qui de..6ee.ndaie.nt de. te.mp.6 en temp.6 du eie.l
ct l'aide. d'une. bande. de. eotonnade. Kogye.tti,
6it..6 de Batayamba
(T~ndano), pttopo.6a ct .6on p~tte de. .6e. eaehett e.t de eoupett la bande.
(1) Tameedo Damiba
(6/ ans), Piala 2~ Juin 1~75.
(2)
Lankondi Yembuacto, Bongandi 22 ~ai 1975.
421
avec laquelle ~lh lleh 6ongenonh) nemonta~ent. Ce qu~ 6u~ 6ait,
. ~a bande coupée nepan~~t au ciel la~hhant leh maaba hun tenne.
C'eh~ a~nh~ qu'~lh y nChtènen~. V'autneh maaba
v~nnent apnèh[J).
Tous ~es outils
\\fléches,
~ances, dabas, brace~ets,
couteaux .••• ) étaient fabriqués en fer, extrait de la latérite
de forte teneur, obtenu de la façon suivante:
" lLh ,l6ongenonhl al~a~ent danh deh collineh chenchen
deh b~OCh de Latén~te, apneh deh hacn~6~ceh appnopn~éh,
(poun
obten~n beaucoup de 6cnl, e~ on met~ai~ huccehh~vement danh un
buaga
(haut 60unneau ) :
- une couche de chanbon (kuanal
:
- une couche de b~OCh de ~aten~~e
- une couche de chanbon.
PU~h on chau66a~t jUhqu'à ce que le 6en 60nde et on
obtena~t un b~oc qu'on cahha~t poun 6abn~quen d~66é~en~h objeth"12)
Les tas de scories
(gmara)
laissés par l'extraction du
fer sont très abondants dans le Nord-Gulma. Des puits creusés
dans de la latérite, à 5km à l'Est de Jipienga, appelés tandiena
(l'maison de pierres")
ont peut-être servi à enlever des blocs
afin d'en extraire du fer.
(1) Tibandiba Banga, Wobdiaga le li mai 1975.
(2) Tandiali Maano, Vendredi 2 mai 1~75.
422
Les forgerons,
sans être craints ou haïs comme dans
d'autres sociétés jouissaient ct'un statut élevé. (1)
Ils vivaient
de leur forge en vendant les produits fabriqués ou en les
troquant contre des bottes de mil. Un maano , parce que
pourvoyeur en armes,
n'étai~ jamais, semble-t-il, abattu en
guerre :
"Quand i~4 (~e4 6o~ge~on4) pa~ta~en~ en gue~~e avec
le ma~~eau (tuotuoga) ou Le4 pince4 Iba~i) on ne le4 tuai~
pa4 ; pa~ce que ce 4on~ eux qui 6ab~iqua~ent le4 a~me4" (2)
"On ne tua~t pa4 un 6o~ge~on dan4 une gue~~e. Au
plU4 6o~t d'une bataille, le 6o~ge~on b~andi44a~t 40n ma~teau
et pe~4onne ne L'a~taqua~t. II é~ai~ con4idé~ë comme une 6emme,
pa~ce qu'i~ 6ou~n~44ait Le4 a~me4. ve m~me on ne tue pa4 la
6emme qui vou4 6a~t a mange~, de mime on ne doi~ pa4 le
(1)
Il n'y a pas de castes en pays gourmantché.
(2)
Sogri Hampandi, bedo de Liptugu,
18 Juin 1975.
(3) .Lankondi Yembuado, Op. Cit.
22 Mai I975.
423
Ce qui explique sans doute que des quartiers
de forgerons étaient situés souvent à l'extérieur des
kpiaru et brini.
Les mabediba
(chefs des maaba)
four-
nissaient des outils aux betieba. Ils ne se décoiffaient
pas devant eux. Lorsqu'un bedo mourait, nous dit-on à Kuala,
le mabedo (enclume) était
enlevé et n'était replacé qu'
après l'enterrement (1) .. Est-ce une comparaison sym-
bolique entre le bedo et l'enclume
(le fer dur, fort)?
Il Y avait des bijoutiers
(nyoarimu
sing.
nyoariga). Tout Jiimo pouvait exercer cette activité s ' i l
le désirait. Ce sont les niogse
(nyoaka) du pays mossi.
2 - Le tissage
Le tissage
(kpaluli)
(2)
était pratiqué par-
tout dans le Gulma
avec du fil de coton et un petit métier.
Les bandes de
cotonnades obtenues, de quelques centimètres
de large, servaient à confectionner des boubous
(lia ta) ,
des pantalons
(kpataana), des pagnes
(kparaa) ....
Les
bandes étaient également des objets de commerce.
(1) Tandiari Maano, vendredi 2 mai 1975
(2) Tisserands : Kpaluba au Nord et luura au Sud
3 - La teinturerie
La teinturerie, parallèlement au tissage, était
aussi répandue. Des boubous et surtout les pagnes
(portés
par les femmes)
étaient teints
(1). Dans les anciens sites,
les emplacements des puits d'indigo à cause de leur couleur
blanc-cendre, sont bien visibles. Elle était pratiquée
essentiellement par les Yarmu
(yarsé)
et les Marinsi
(maransé)
(2).
Les premiers commerçants d'origine mandé et
musulmans
(à l'origine)
vinrent sans doute du pays mossi
dans le Nord-Gulma. C'est le Mogho-Naba Koudoumie
(6ème)
qui aurait favorisé leur installation à Ouagadougou,
Boussouma, Boulsa et Tenkodogo
(3). Les premiers Yarsé
furent les Kuanda
(4). Les Maransé se seraient installés
dans la région de Boulsa sous le règne de Naba Piqa
(1718-
1818), chassés du Djelgodji par une famine. Originaires de
Tombouctou, ils s'installèrent auparavant dans la région
de Hombori
(5).
(1)
5 000 cauris
(5 F)
par pagne. Sans doute au début de
la période coloniale. Jaluaga Jagbuga, Kuala 2/5/1975
(2)
Yarga Yendabri
(yarsé d'origine), bedo de Tuabre, 11/5/1975
L'informateur dit que les marinsi
(sing. Maringa)
étaient
des mossi sans doute parce qu'ils vinrent du pays mossi,
notamment de Boulsa.
(3)
et (4)
Yamba Tiendrabeogo, op. cit. p. 17 et 18
(5) Izard Michel,
Introduction, T2, p. 234
42S
Le forage d'un puits d'indigo était une longue
entreprise qui pouvait durer une année
(1). L'indigo était
obtenu à partir des feuilles d'une plante appelée siema.
La teinturerie traditionnelle, concurrencée
par la teinturerie moderne
(dans les villes)
et l'industrie
du textile, est de nos jours en voie de disparition.
4 - La poterie
La poterie était pourvoyeuse d'ustensiles de
cuisine
canaris, pots
Elle était pratiquée par des
femmes à Kuala et à Con, et par des hommes et des femmes
à Bongandini, Piala et Bilanga. Les potiers
(maara)
utili-
saient l'argile
(yoagu). Les produits de la poterie sont
encore les plus utilisés dans les campagnes
(2).
5 -.La cordonnerie
La cordonnerie était également répandue. Elle
fabriquait essentiellement des harnachements de chevaux :
selles, sacs . . . . .
(1)
Jaluaga Jagbuga,
2/5/1975 - Nous ne pouvons pas
décrire ici les techniques
(2)
Des marmites en fonte sont utilisées depuis quelque temps.
426
Le procédé de tannage était le suivant
1.
La peau était enfouie dans de la cendre
afin d'enlever les poils,
" '
2. Puis
dans de la fiente de poulet afin
de la blanchir,
3. Enfin, dans une solution de kara, fruits
du konbonga
(acacia adansonii)
pour
l'assouplir (l).
Leurs couleurs principales
(rouge et noir)
étaient
obtenues de la façon suivante :
1.
couleur rouge: les feuilles d'une espèce de
mil à épis rouges, mises dans de l'eau conte-
nant du natron
(kawa). L'eau devenait rouge.
2. couleur noire: des scories mises dans l'eau
de tamarin
(2), ce qui donnait une solution
noire.
(1)
et (2)
Yombo Tindano, 2 mai 1975
427
Conclusion
L'artisanat était essentiellement tourné vers
la satisfaction des besoins de la société. Bien que l'aris-
tocratie répugnât
à exercer des activités d'artisanat, les
Jiima qui les pratiquaient n'étaient pas méprisés comme
dans certains peuples d'Afrique.
Il n'y avait pas de castes
dans la société précoloniale des Gulmanceba.
B - Le commerce
l
- Les marchés
daamu
(sing. diaga)
Tous les grands centres avaient leur marché.
Il Y avait deux types de marchés
:
1° - Le yaali : petit marché qui se tenait
chaque jour et où se vendait essentielle-
ment de la nourriture.
42a
2° - Le marché
(diaga) qui se tenait tous les
trois jours et qui attirait des commer-
çants d'une région et des étrangers. Le
marché,
lieu de rencontre,
jouait une
grande fonction sociale.
2 -
Objets et routes de commerce
L'artisanat dont nous avons parlé plus haut et
les produits de l'agriculture fournissaient la plupart des
produits du commerce local. Le sel, les noix de kola,
les
tissus faisaient l'objet du commerce international. Le sel,
importé du Nord
(région de Dori, Gao et Tombouctou), était
commercé par les yarmu
(1). Les commerçants se déplaçaient,
pour raison de sécurité, en groupes:
"r..e.~ (..e.e..6 ya!llllul aLta'<'e.n:t ac.he.:te.Jt ..e.e. ~e...e. à Guagu
( N 0 Jt d l
((; a 0 ) ( 2 J. En c. e. .t e. mp~ Li Ij av aLt d e. ~ c. 0 u pe. uJt ~ d e.
Jtou:te.~
(~an jabal. Que.~que.6o'<'~ no:tJte. anc.ê:tJte. ~e.~ e.ndoJtma.<.:t
(ave.c. du nyoagul
e..t pa~~a'<':t ou '<'nve.Jt~a'<'~
[paJt .<.~..e.u~'<'OYi)..e.e. ~e.n.6
de. -ta maJtc.he.
[3) . . .
r..e..6 e.mpoJt~a'<'e.n:t ae..6 pagne..6 ~e.'<'n:t~ pouJt
éc.h.ang e.Jt c.o n~Jte. -te. .6 e...e. (4) "
Cl) Les Yarmu jouaient un raIe campar~ble à celui des Yarsé
en pays mossi.
(2) Les ânes étaient utilisés comme animaux de bât.
Il est
probable que les Yarmu s'arrêtaient seulement à Dori où
ils s'approvisionnaient en sel venu du nord
(Région de Gao) .
(3) Par la puissance de son (nyogu)
les traces des sabots des
ânes étaient inversées. Les coupeurs de routes prenaient
alors la direction opposée de celle des commerçants.
(4)
Yarga Yendabri,
Il Mai 1975.
:ARTE N° 14
ROUTES
COM rv1 ERCIALES
Selon Badh (853)
Pissila
- - - ---
Vers Mané
Koupél~
,
1'~
Tenkod~o
\\
\\ \\
\\
\\t
\\
\\ \\ 1
Routes des caravanes
~
selon Barth
.----- Itinéra ire de Barth.
o
20
40
60
80
100Km
Vers Sa/aga
~._---LI_ - - ' -
. - - , I l - _ . L '_---l.'
Sansané~ Mango
CO,lOIl'Oplll.
tl ..
CVRS
_-_
--_.--.---._-----_
- --_._-
....
...
..
-'_.'._'~""'-,--
--".....--_ .. _- -----_.._----_.----_._----_..
__ ... - .. -•... "
-'....... -_....~~.'- _----.~---~--
"Le~ eommençan~~
alla~en~ ehenehen le ~eL a Tombunu
(Tomboue~ou) et a Gaugu (Gao). Le ~eL ~e vendai~ avee de~
eoqu~lle~ (kon~uoniJ ou avee de~ moneeaux de ealeba~~e a
'lu eauni~ la me~une " (J).
Les noix de kola
(guori)
provenaient des côtes.
Les Gbiangbiaru
(haoussa)
co~~erçaient de tout : noix de kola,
tissus, colliers •.•
Les autorités politiques veillaient à la sécu-
ri té des corrunerçants
: chaque bedo les faisait souvent escor-
ter jusqu'à la limite de son diema afin de les protéger
contre d'éventuels pillards et coupeurs de route, (2). En
contrepartie, on prélevait une partie de leurs marchandises
en guise de taxe.
La carte de Barth
(3)
donne des indications sur
plusieurs routes commerciales au milieu du XIXème siècle
dans le Gulma
(voir carte).Binger
n'a fait que reprendre
Barth
(4). La carte économique àes pays français du Niger
Tambedo Damiba, Piala,
29 Juin 1975. L'estimation en cauris
doit dater du début de la période coloniale.
Lankondé Yembuado,
Bongandini,
22/5/1975
Grand explorateur allemand, Heinrich Barth, passa en 1853
à proximité du Gulma :
Say, Sebba, Dori. Voir carte N° 14.
(4 )
Voir ca~te du Hout Niger au Golfe de Guinée Ea~_~ays Ge
!'_~.!1S et l_.e tvloss i levée et dressée par L. G. Binger (de
1887 à 1889).
ROUTES
COrvlfviERCJALES
Rapport
de 1905
. 431
CARTE N° 15
Dari
Boulso
o
l \\ \\
GomboQO
Vers
Kouondé
Sonsonne-MonQo
- e - - - - - - - = h
o
20
40
80
120~m
COTE
1
1
1
1
Cerlegraphle CV".
- - - - , " - - - - -
432
de 1900 (1)
donne une seule route traversant le Gulma :
Say - Fada - Tenkodogo - Gambaga -
Yendi - Salaga. S'agit-
il d'un manque d'information du voyageur passé rapidement
au Nord-Est du Gulma ? ou s'agit-il d'un ralentissement des
activités commerciales lié aux premières années de la
conquête coloniale? En 1905, le résident de Fada donnait
huit principales routes commerciales
(voir carte nO~~
).
Les caravanes vendaient aux habitants surtout
de la kola, des tissus étrangers et achetaient des produits
de l'élevage
(bovins, ovins, caprins, volaille)
(2).
Les transactions se faisaient surtout en cauris
(3), mais des bandes et des pagnes étaient aussi utilisés
dans des trocs. Plus tard les thalers de Marie-Thérèse
furent introduits par des colporteurs haoussa et djerma
(4).
(1) Carte dressée. d'après les renseignements reçueillis par
Binger et Baillaud et publié dans le Bulletin de la
Société de Géographie en 1900. Emile baillaud, chargé
en 1898 par le Ministre des Colonies d'une enquête sur
les possibilités économiques au Soudan, étudie entre
autres les relations commerciales entre les peuples du
Soudan.
Il publie en 1902 un ouvrage intitulé
"Sur
les routes du Soudan".
(2)
Rapport général 1905, C.V.R.S. Ouagadougou
(3) C'est à partir de 1908 que l'impôt du cercle de Fada fut
entièrement payé en numéraire. Le rapport annuel de 1926
signale encore l'utilisation de cauris dans le conunerce.
(4)
Notes sur les coutumes du Gourma. Juin
1909, p. 37,
archives Fada.
43~
Conclusion
L'économie du Nord-Gulma était essentiellement
une économie de subsistance. Le Gulma était cependant ouvert
sur le monde extérieur par le commerce international ouest-
africain. Mais i l n'a pas connu un commerce florissant à
cause peut-être des conditions géographiques
(marais,
forêts,
galeries ... ) qui en rendaient l'accès très difficile, mais
aussi en raison de la mentalité des Gulmanceba,_peu commer-
çants
(l).
Le commerce était tenu par les Yarmu
(yarsé)
(dans le Nord-Gulma)
et les Malba
(dans le Sud-Gulma) d'ori-
gine mandé. Les haoussa parcouraient également le Gulma.
(1)
L'invention de l'impôt par l'Administration française
changera quelque peu cette mentalité.
434
CHA P I T R E
III
MAG l E
E T
RELIGION
•
REG U LAT E URS
DE
LA
SOC lET E
435
Dans la société des Gulmanceba_, comme dans la
plupart des sociétés traditionnelles africaines, la
magie et la religion jouaient un rôle fondamental de
régulation et d'explication. Les Gulmanceba étaient
renommés pour leur magie aux yeux de leurs voisins.
Les Gulmanceba croyaient en un Dieu unique, qu'ils
sollicitaient pour tel ou tel besoin) par l'intermé-
diaire de leurs autels et des ancêtres. Dieu est le
maître de tout et tout acte est expliqué en dernier
ressort comme sa volonté.
Pourtant c'est un Dieu ab-
sent.
Le nyoagu,
les autels et le tama
(géomancie)
imprégnaient toute l'activité humaine. La distinc-
tion entre la magie et la religion n'est pas aisée
à faire. Nous traiterons en conséquence nos matériaux
sans nous inquiéter s ' i l s'agit de magie ou de reli-
gion. Les prochains travaux de Cartry nous éclairerons
probablement là-dessus.
l
- Dieu,
le monde réel et le monde irréel
l'homme et les bondu
1) Dieu le monde réel et le monde irréel.
Pour les Gulmanceça,
le créateur de l'univers
436
(~~_~u~~ ou ~~~~ya) est Yienu (Dieu). Comment ? Nous
ne saurions le dire n'ayant pas recueilli de mythes de
création. Il est probable qu'il n'existe pas de mythe
de création comme dans la cosmogonie des Dogon.
Yienu est un être transcendant. Le mal et le bien
procèdent de lui. Les sollicitations de l'homme sont
~ccept~es ou non, par ses ancêtres et par Dieu, en
fonction de l'équilibre du moment.
Ce Dieu omniprésent, est à la fois ignoré, absent.·
Aucun culte spécial ne lui est rendu.
Dans la conception des Gulmanceba de l'univers,
nous pouvons distinguer
deux types de sociétés : le
monde réel
(visible), celui de l'homme
(niba)et un
monde irréel
(invisible), celui des morts
(les ancètres)
(bikperimba ou xajaamba), d'une part, et les génies
(bondu) d'autre part. Une fine paroi, souvent comparée
à une toile d'araignée
(diandiagu)
sépare ces deux
mondes qui coexistent dans l'espace et dans le temps.
Une interaction constante existe entre eux : les an-
cêtres, et, à une moindre échelle, les bondu inter-
viennent et influent sur les actions des hommes et vice-
versa. Les ancêtres communient intimement avec les
vivants, avec lesquels ils forment ce que nous appelle-
rons la société "bidimensionnelle"
(réelle et irréelle)
dans laquelle vit l'homme. Ils participent à l'organisa-
tion de la société visible où ils se réincarnent.
.......
437
Ainsi cha~ue homme est une "réincarnation" d'un (e)
ascendant
(e), son;Janli.Lorsqu'une femme est enceinte,
un ou plusieurs géomanciens déterminent quel
(le)
ascendant
(e)
s'est réincarné
(e)
en son sein. Un
(e)
ascendant
(e)
peut se réincarner indifféremment en
garçon ou fille, et plusieurs fois, aussi longtemps
que les géomanciens le reconnaîtront. Ils ne remontent
guère au-delà de quatre générations. X peut avoir le
même ~anli H que son frère ou sa soeur Y, ou son on-
cle paternel Z.
Un ascendant ne peut se réincarner ni dans la
descendance de sa fille
(dont les enfants appartien-
nent à un autre lignage), ni dans sa famille maternelle.
En revanche, il peut se réincarner dans les descendan-
ces, autre que la sienne, dans son lignage paternel.
X peut se réincarner comme fils
(filles)
petit fils
(ou petite fille)
de son propre fils ou de celui
de son cousin croisé. Une ascendante ne peut se réin-
carner ni dans la descendance de sa fille, ni dans
ses familles paternelle et maternelle. Elle ne peut
donc le faire que dans la descendance de son fils.
Y peut se réincarner seulement comme fils(filles),
petits fils
(petites filles) . . . de son fils. Une
femme, même partiellement adoptée
(puisqu'elle peut
se réincarner dans la descendance de son fils)
n'est
jamais considéré comme membre à part entière du
lignage de son mari. On peut donner à un enfant,
dont le janli est une ascendante, les interdits de
type totémique et le yedondili de cette dernière
(qui peut être d'un clan étranger et donc avoir un
yedondili différent de celui de son mari). Cet en-
fant pourra à son tour transmettre ces interdits et
ce nom à sa descendance. Ainsi naissent les diffé-
renciations des interdits de type totémique et des
noms, à l'intérieur du même clan, qui sont à l'origine
des sous-clans et des clanS.
Il est très difficile de traduire le mot llanli.
Dans les phrases 0 ~an gma ya "Quel est son :}anli ou
qui a-t-il préparé" et 0 Dan bee, "qu'a-t-il préparé",
~ signifie "il a préparé". Il y a là une idée de
préparation.
Dans ~anli il y a-également l'idée de ressem-
blance
(non pas seulement physique)
(1), mais aussi
de caractère. L'enfant qui naît est censé posséder un
ou plusieurs traits de caractères de son~anli. C'est
pourquoi on lui donnera quelquefois les mêmestnt8r-
dits de
type totémique. Pour la société et le géoman-
cien, i l s'agit de rechercher l'ascendant (e)
qui a le
(l)
Il peut arr iver qu'un enfant ait des ressenlblances
physiques avec son janli.
439
plus de ressemblance avec l'enfant qui va naître.
Il faut voir là une connaissance empirique de la loi
de l'héridité.
Le ganli est censé agir conune un protecteur,
comme un parrain à l'égard de son filleul.
Ce dernierj
sur recommandation des géomanciens,
sollicite son
ganli par des sacrifices.
Les Gulmanceba croient aussi en une notion, le
cabli, comparable au destin~ Cette notion complexe,
difficile à saisir, est en quelque sorte le Vecteur
directeur que Dieu a donné à la vie de chaque homme.
Il l'a fait par l'intermédiaire des parents et d'Ego.
On parle ainsi dU napwomaricabli
(le cabli de la mère
procréatrice)
et du bajamaricabli
(le cabli du père
procréateur)
d'une personne.
Il est plus question du
napwomaricabli car dans la philosophie des Gulmanceba
le bien
(bali, richesse, nombreuse progéniture.)
ou
le mal
(échec, pauvreté
" . )
qui arrive à Ego, dépend
essentiellement de la chance ou malchance du pwomari-
cabli de sa mère. C'est pourquoi le baantiagu dit en
chantant les louanges d'un bedo : a na cabli ya puna
"c'est le cabli de ta mère qui t'a donné
(le ~)" (1)
(1)
Il Y a des ressembl~nces avec le Gobnangu. Mais
on parle plus du nayen~iali lié au cabli. Cartry,
le lien à la mère et la notion de destin individuel
chez les gourmantché, Ç.Q1lpqu,c.s__.in.tgXgù_tJ:--9J]'p.ux dJl
ç . N • R • S • ,n 0 544, pp '255,,28:
4~U
de
Ce vecteur directeur vie peut être dans un sens négatif
ou positif. Si X réussi~ bien dans la vie, on dit que
son cabli est bon
(0 cabli mani), ou fort
(0 cabli pa) .
par contre
celui qui échoue a un mauvais cabli
(0 cabld ki mani) .
Les géomanciens parlent quelquefois du cabli
comme d'une chose cachée ou liée à des animaux. Ils
disent par exemple que le cabli de X est dans l'eauou
en brousse, ou encore caché. Si X veut faire du mal
à Y,
son ennemi, i l pourrait sacrifier au cabli de
ce dernier l'animal qui lui est lié
(tortue, poisson,
oiseau ... ) en lui souhai~ant malheur. X arrive alors
à changer le sens positif du vecteur vie de Y, ne
serait-ce que pour un certain temps, qui se trouve
ainsi comme sans protection, plus vulnérable. X en
profite jusqu'à ce que Y s'en rende compte et fasse un
sacrifice pour contrer cette action. X et Y peuvent
agir sur leur propre destinée, comme celle d'autrui,
par des nyoagisi et dei sacrifices
(invocations aux
autels et aux ancêtres). Tout celà dans le cadre de
la loi de l'équilibre que nous tenterons de définir
plus loin.
2- L'homme et la mort
L'homme
(nulo)
est composé de corps
(gbanu)
441
visible, et d'un double
(naano), invisible. On peut
faire du mal au corps en s'attaquant à son double.
Les sorciers
(palba et suani)
tuent les gens en man-
geant leurs naami. Nous ne savons si, après la mort
d'un homme, c'est son naano ou autre chose qui rejoint
les ancêtres.
La mort est rarement considérée
comme naturelle.
Un ennemi en est à l'origine
(les parents du défunt
le
s auront par les divins), ou i l s'agit d'une puni-
tion des ancêtres et de Dieu. En dernière analyse,
c'est toujours l'oeuvre de Dieu
"~nu tuond~", le
travail de Dieu. C'est Dieu qui a voulu qu'il meurt
naturellement ou non.
La mort instantanée. est considérée comme une
mauvaise mort = mourir sur le coup en tombant d'un
arbre, mourir par pendaison, être foudroyé ou noyé, ...
De tels morts sont enterrés le même jour comme les
enfants et les adolescents. Leur corps n'est pas ame-
né dans le
diegu~ Les autres morts étaient enterrés
soit le 2e, 3e, 4e jour ... , le 7e jour pour les per-
sonnes importantes. Le cadavre est mis dans le trou le
1er ou le 2eme jour après la mort. La fermeture de la
tombe qui est en fait l'enterrement
(piima : enterre-
ment)
peut avoir lieu le même jour ou un autre jour.
Les personnes qui ont-vécu conformément à la mo-
442
raIe sociale et qui ont eu des funérailles normales
(1)
rejoignent les ancêtres ; les autres non. Les
rites d'enterrement et de funérailles, que nous ne
pouvons pas décrire ici, montrent que le mort est
le contraire du vivant, même s ' i l participe par la
suite à l'organisation de la société. Les manières
de faire du vivant sont renversées et sont celles
du mort. Les pieds du mort deviennent la tête, le
cadavre est sorti de la maison, les pieds dev~nt.
le corps d'un mort(excepté celui d'un enfant) ne
sort jamais par la porte habituelle du diegu : une
ouverture est faite dans la tapade pour l'occasion.
Le corps est porté par deux personnes sur un bran-
card, les pieds en avant.
Après l'enterrement, le mort devient tankpiilo
(parent de la terre)
(2), i l semble entamer un voyage
qui va le conduire, chez les
ancêtres. Dans les
cérémonies d'enterrement, des parents et amis du dé-
funt donnent de l'argent
(IF,
2F,
5FCFA .• ) .(3)
au
mort, par l'intermédiaire des fossoyeurs, en disant
ga ki ban nyon yienu deni nyima "prends et va boire
(1)
Il est indispensable que les funérailles soient
faites régulièrement pour que le mort puisse re-
joindre ses ancêtres.
(2) Est-ce parce que le corps se transformera en pous-
sière ?
(3)
Les fossoyeurs sont reconnus être en relation avec
les morts.
443
l'eau de chez Dieu". Le fossoyeur le plus proche
du cadavre reprend : gma~miana ki JFn ga ki ban
nyon yienu deni nyi!m;\\ "un tel te dit de prendre et
d'aller boire l'eau de chez Dieu". Nous ignorons
si cet argent est laissé dans la tombe.
Il est
pro~able que les fossoyeurs en prennent une bonne
partie. Dans tous les cas le mort est censé s'en
servir pour acheter la fameuse eau de l'au-delà.
Est-ce une sorte d'épreuve que doit passer le
tankpiilo ? On ne peut pas répondre à cette ques-
tion puisque wa geri
guarLki yiee "personne
n'est parti
(mort)
et revenu
(ressuscité)~ .
On pourrait opposer la notion yienu deni
(chez Dieu)
à celle de yienu deni mu
(le feu de
chez Dieu). (1). Le mort qui a bien vécu sur terre
rejoint ses ancêtres à l'endroit de la vérité, Y!
moamoani kaanu
(2)."chez Dieu"
et "chez les ancêtres"
(bikperimba kani ou yajaambi kani)semblent être un
seul et même lieu, celui qui a transgressé les règles
de la société est condamné au feu de Chez Dieu.
3 - Les génies
les bondu.
Les bondu
(sing. bombu)
sont des habitants du
(2)
jurant au nom d'un mort, on dit "que c'est lui
qui est à l'endroit de la vérité" wan ya yie i
moamoani kaanu"
(1) Mais il n'est pas impossible que la notion de
Yicnu deni mu soit un emprunt
à
la religion
musu~mane
444
monde invisible. Bombu signifie littéralement quelque
chose. Terme vague qui désigne généralement des cho-
ses imprécises: qu'on ne veut pas préciser pour le
moment, n'cua ki bwa bombu a kani "je suis venu te
demander quelque chose"
(l'interlocuteur précisera
par la suite ce qu'il veut), ou qu'on ne peut pas
préciser, bonbu yie tibun ne "il y a quelque chose
(génie) dans cet arbre". On dit de quelqu'un qui
est très doué qu'il est un bombu : par exemple celui
qui excelle dans le nyoagu ou dans l'art de la géo-
mancie ...
Les bondu seraient organisés comme la société
visible. Offensés, ils peuvent se venger. Par exemple
quand une personne construit ;son diegu
, -sur leur
route ou dans leur diegu . rIs
réagiraient en provo-
quant la mort de plusieurs membres de la famille in-
truse. Jusqu'à ce qu'elle se doute de quelque chose
et vide les lieux. D'oü l'importance des consultations
pour le choix du lieu à construire. Exceptés de tels
incidents, communauté réelle et communauté irréelle
peuvent vivre en bonne intelligence.
Il existe aussi des génies individuels, invisi-
bles également, dont les plus connus sont le ciciliga
(pl. cicilimu)
le poli
(pl. pola)
le jiigu
(pl.jiidu).
44J
Ils peuvent, s'ils le désirent, se rendre visibles
aux yeux humains.
Le cicil~ga serait un être de brousse, de forme
humaine, petit et fin.
Bon ou méchant selon les cir-
constances. Il est réputé pour sa magie. Avant la pé-
riode coloniale, un cicilig~, semble-t-il, liait fa-
cilement amitié avec un nulo et lui donnait du nyoagu.
Il pouvait devenir même un protecteur de sa famille
(l).
On entend dire quelquefois d'un grand nyogidaano
que c'est un "ciciliga qui lui a donné
(le pouvoir)"
Mais un mauvais ciciliga pouvait maudir à
jamais un
nulo.
Le poli serait également un être de la brousse,
de forme humaine, petit et trapu. Ses pieds seraient
renversés. Le poli fait plus de mal que de bien. Il
arrivait cependant qu'il liât amitié avec une person-
ne.
Le jiigu : i l pourrait s'agir d'une déformation
du mot arabe djin signifiant génie. Ce serait un colos-
se qui habite des arbres, souvent de vieux tamariniers.
Son origine ~erait la suivante : de jeunes gens, morts
(l) De telles amitiés sont devenus très rares. La
colonis~tion a également ébranlé le monde in-
visible.
dans la force de l'âge, sans être mariés, se trans-
forment en jiidu et hantent des femmes
dans le but
d'en faire leur femme. Nous avons maintes fois vu de
telles femmes possédées
(1).
Outre ces bondu très connus, nous pouvons
dire que toute créature extraordinaire
(grande col-
line, grand marigot, grand arbre ••• ) pourrait être
habité par un bombu qui en aurait fait son diegu
(sa maison). De tels bondu ne sont nuisibles que
lorsqu'on les rencontre sous leur forme humaine
(ou
métamorphosée)
ou lorsqu'on s'attaque à leur demeure
(arbre par exemple). Dans ce cas, ils la défendront
avec âpreté. S'il est plus fort que l'homme, et i l
l'est généralement, i l provoque sa mort.
Tous ces bondu sont craints par les ~
parce qu"ils sont plus forts qu'eux en magie.
Il
paraît néanmoins que le? bondu ont aussi peur des
niba.Dans la pensée des Qulménceb~, on pourrait peut-
être interprêter ces bondu comme des morts qui n'ont
pu se rendre chez les ancêtres.
(t)
Une telle femme devient de temps en temps subi-
tement"folle~ pleurant et courant vers la brousse
comme à la poursuite de quelqu'un
(le Jiigu). Il
faut plusieurs hommes pour l'arrêter
(tellement
elle devient forte)
et des nyoagisi contre jiigu
pour la calmer. Si la sc~ne a eu lieu le matin,
elle ne reprend totalement ses esprits que dans
la soirée.
447
I I - LE NYOAGU ET LA MAGIE
Le nyoagu et la magie sont liés et jouaient un
rôle important dans la société des Gulmanceba. Nous
entendons par magie aussi bien la magie bénéfique que
la magie maléfique.
1) Le nyoagu
définition et préparation
a)
Définitio~ : nyoagu est un nom général, lit-
téralement nous ne savons pas sa signification. Le
nyoagu est un produit à base d'éléments matériels
(parties d'animaux, de végétaux, de roches ... ) ou
de parole, destiné à agir sur l'homme et sur ses ac-
tions.
b) La préparation d'un nyoagu
(1). Si X con-
nait la recette d'un nyoagu, pour le préparer i l
doit rassembler tous ses éléments
constitutifs sui-
vant un code précis. X enlèvera, comme un des élé-
ments du nyoagu, par exemple la racine de tel arbre,
suivant un certain rituel. La veille du jour indiqué
(2), i l entourera l'arbre visé d'un cercle de cendre(3).
(1)
En Grulmancema on dit"enlever"
(nyani)
un nyoagu.
Ce qui Inontre l'action de rassemblement d'éléments.
(2)
Le jour est toujours important
(3)
Il semble que c'est afin d'éviter qu'un génie, aver-
ti de l'intention de X, ne vienne prendre la force
qui est contenue dans l'élément. Nous n'avons pas
obtenu d'explication claire à ce propos.
Le lendemain matin, de bonne heure, sans avoir adres-
sev la parole à personne, X
prélève l'élément après
des paroles incantatoires, voeux exprimés pour qu'une
des propriétés de l'arbre se transmette dans la ra-
cine qu'il enlèvera
(1). Généralement X ne doit pas
coucher avec une femme la nuit précédente ou plusieurs
nuits à l'avance
(2).
Ces éléments matériels sont déterminés en
grande partie suivant la loi de similarité : "le
semblable produit le semblable"
(3)
et le principe
de la magie sympathique
: "le même engendre le même"
(~).
Les. vieux disent nyoagu te aannanna ya "le
nyoagu est des ressemblances". Un bâton brisé de
force,
lancé contre un arbre par exemple, entrerait
dans la composition d'un nyoagu pour tuer; un tel
nyoagu est censé briser la vie d'une personne, comme
le bâton a été brisé. Un nyoagu pour la prospérité
(1) Ce sont les mêmes paroles qui sont dites la veille,
au moment de l'encerclement de l'arbre par de la
cendre.
(2)
Le rapport sexuel avant l'enlèvement ou la consom-
mation d'un nyoagu est considéré comme impropre et
censé rendre inopérant le EYoagu. Il ne nous appar-
tient pas de discuter du problème de l'abstinence
sexuelle dans ce cadre.
(3)et(4)
Notions introduites par Frazer et discutées
de manière critique par Hubert et Maussdans "Es-
quisse d'une théorie générale de la magie/~ extrait
de ~~!:lnée sociologique, 1902-1903, et publ ié dans
Sociologie et Anthropologie, PUF, bibliothèque de
Sociologie contemporaine, Paris 1960.
449
(dépasser les autres en bien)
pourrait avoir comme
élément une partie d'un arbre situé au sommet d'une
colline ; X demandera dans les paroles incantatoires
de dominer les autres personnes comme l'arbre en
question domine les autres arbres. Dans la composi-
tion d'un nyoagu pour la chance
(Xumanil
l i t t .
~onne tête) il y aura du sel ou du miel.
Une fois que X a fini de rassembler les éléments
(qui peuvent être nombreux et variés)
de son nyoagu,
i l les mélange et les réduit en poudre qui sera mise
dans un sachet/dans une corne d'animal ou dans une
gourde. Ce stock, qui n'attend maintenant que l'usage,
est accroché à l'intérieur ou à l'extérieur de la
maison, dans une maison spéciale
(1)
ou dans un creux
d'arbre en brousse
(s'il s'agit d'un mauvais nyoagu).
Pour certains nyoagisi)(il faut sacrifier sur le sachet
ou l'objet contenant la poudre
_ tel poulet ou ani-
mal. X peut également conserver les éléments du nyoagu
à l'état nature. Dans ce cas on donne au nyoagu le
nom de Duagu et les éléments sont alors destinés à
être bouillis ou mis si~plement dans de l'eau afin
que leur décoction serve de bain. La plupart des pro-
duits de pharmacopée sont préparés sous cette forme.
Il Y a des nY0<1gisi qui sont uniquement à base
(1)
Les nyoagidamb0. "détenteurs de ~z?agisi"ont pres-
que toujours une maison spéciale pour leurs nyoagisi
~5ü
de nyamaama.Nyamaama vient de nyabu
(bouche)et
maama
(parole)
(1). Le nyamaama consiste en des pa-
roles incantatoires, sorte de versets appris par
coeur. Pour que le nyamaama soit opératoire, il
faut que le verset soit récité sans faute.
Le nyamaa-
ma peut soit agir directement, soit transmettre un
certain pouvoir à un objet
(fil , objets forgés
bagues, bracelets . . . . ). Le nyatongu "bouche amère"
entre dans cette catégorie de nyoagisi. C'est un
pouvoir qu'on acquiert en mangeant un nyoagu du
même nom nyabu
(bouche). Ce nyoagu donnerait à son
détenteur le pouvoir de la parole. Tout ce qu'il vou-
drait, en bien ou en mal, se réaliserait par le seul
fait de le dire. De tels nyoagisi étaient mangés par
des gens, avant la période coloniale, dans le but de
punir ceux qui les offen5eraient. Les vieux nous
disent que ce serait folie de manger actuellement de
tels nyoagisi, car ils ne sont pluS ni obéis, ni
respectés. Or il suffirait que le détenteur se fâche
et souhaite malheur à celui qui l'a offensé pour que
celà lui arrive. Et comme il est difficile, voire
impossible, de retirer ce qui est dit, on risquerait
de faire du mal même à ses propres parents.
Nous n'exagérons pas en disant que dans la men-
talité des gulm~~~~ tout a ou peut avoir un nyoagu :
[l)Nyamaama signifie aussi, dans le langage courant,
rapportage de nouvelles.
•
réussite, chance,pêche, culture, études, maladies,
pluie, tuer et même ressusciter pour un bout de temps (1) .
Il
.
Y il en gros deux catégories de nyoagisi
.
1 ) Les
nyoagisi pour faire le bien et 2)
les nyoagis i pour
faire le mal.
Comme nous pouvons le constater, la prépara-
tion des nyoagisi nécessite une grande connaissance des
plantes. En conséquence, les anciens qui possèdent de
telles connaissances sont les détenteurs privilégiés des
nyoagisi
(les nyoagidamba)
qu'ils ont hérité5d'autres
vieux. Les jeunes, s ' i l veulent en hériter à leur tour,
doivent obéir aux vieux et se conduire de façon exem-
plaire. Les anciens ne montrent des recettes qu'à de
tels enfants. Il ne suffit pas qu'un nyoagidano X mon-
tre à Y la recette d'un nyoagu.
Pour que le nyoagu soit
opératoire, lorsque Y le fabriquera à son tour,
i l faut
que X
ajoute: mini ya puna "c'est moi qui t'ai donné".
cette phrase est indispensable. Le prix de la licence
est la bonne conduite.
(1)
Les vieux racontent que dans le temps,
lorsqu'un
membre
d'une famille mourrait très loin
(au cours
d'un voyage par exemple)
alors qu'il était indis-
pensable de l'enterrer dans son village, certains
fossoyeurs étaient en mesure de le ressusciter et
de le faire marcher jusqu'à destination. Le corps
ainsi réanimé reste
un cadavre et n'accomplit
que des gestes mécaniques
(marche)
sans pouvoir
parler.
2)
Utilisation d'un nyoagu
Au niveau de l'utilisation on distingue les
nyoagisi absorbables et ceux qui ne le sont pas
(1).
Chaque nyoagu a son mode d'emploi. Un nyoagu
absor-
bable doit l'être en mettant la poudre:
al-Dans une bouillie ou dans du saabu préparé
avec de la farine de telle espèce de mil
(le petit Mil généralement). S'il s'agit de
saabu, ce sera avec une sauce précise
(de
gombo généralement)
et avec le bois d'un arbre
précis
(néré, karité ... )
- Dans du lait,
- Du miel, dans la viande . . . .
b)- Tel jour, une fois, deux ou plusieurs fois
c)- En demandant ce que le nyoaqu est censé apporter.
Les nyaogisi non absorbables sont utilisés comme
amulettes ou autres objets portatifs
(bracelets, bagues ... )
(2 )
a)
en cousant des amulettes : avec la peau de tel
animal
(mouton, boeuf, lion,hyène ..• ) avec la
tête, la dent ou la corne de tel animal ... Tout
est bien entendu symbolique.
b)
en utilisant la poudre dans une incision d'une
partie du corps ou en se lavant dans une décoc-
tion.
(1)
En aulmancema on utilise les termes kuri
(préparer)
et Jié-rïnu.ngcr) un ~yoagu
(2)
Entendre qu'on peut porter sur soi.
4 c; ~}
.. ,)
c)- en mettant des bijoux
(bagues, bracelets . . . )
dans une décoction ou dans de l'eau mélangée
avec la poudre propice censée leur transmettre
des pouvoirs magiques.
c'est ainsi que l'on voit des gens avec les bonnets
et les boubous bardés d'amulettes de toutes sortes. Les
nyoagiciami
(très grands nyoagisi)
sont généralement des
deba
(sing. debili). Debili connote l'idée d'arrangement
avec effets à long terme. De tels nyoagisi. sont des buli
(notion que nous tenterons de définir par la suite)
solli-
cités par des sacrifices. Les deba sont généralement faits
au nom d'une famille ou d'un village.
3)
- Effets d'un nyoagu
Les effets d'un nyoagu peuvent se manifester irnmédia-
tement , à court ou à long terme, selon sa nature et son
efficacité.
Lesganru peuvent avoir un effet rapide,
surtout
lorsqu'il s'agit de maladies d'enfants. C'est la branche
spécialisée dans la pharmacopée.
Il faudrait pouvoir re-
cueillir des recettes auprès des pharmaciens et médecins
traditionnels.
Il Y en a qui,
à la vue des S:'P1DtÔIT1eS d'une
maladie, la caractérise rapidement et propose un Duagu.
Nombreux sont les vieux qui ont des médicaments contre
les morsures de serpents aussi efficaces que les sérums·. (1)
-
(1)
C'est encourageant que le Conseil Africain et Malgache
pour l'Enseignement Supérieur
(C.A,M.E.5.)
ait commencé
à réunir des colloques sur
la pharma coP:; e tradi tlonnellc
depuis 1974.
Un nyoagu absorbé est censé donner les effets es-
comptés. Mais ce n'est pas toujours le cas. Il faut que
le nyoagu "accepte"
(gali 0
tuo)
comme on dit en gulman-
~. Il faut que X qui a absorbé le nyoagu ait de la
chance. Et celà peut dépendre de plusie~rs facteurs
:
a)
Il faut que celui qui le lui a donné, l'ait
fait de bon coeur, de tout son coeur. Car lors
du mode d'emploi,
les références du gyoagu
.
sont citées
nom de celui qui le lui a donné,
et éventuellement le nom de celui de qui ce der-
nier le détient. Si X a affaire à un membre d'une
famille réputée pour son nyoagu, il aura plusieurs
noms à citer
b)
Le nyoagu doit être vivant
(0 fuo~ Car au bout
d'un certain temps, certaines poudres perdent
leur pouvoir. On dit que le nyoagu est mort
(0 kpe).
Le nyoagudaano doit renouveler dans ce
cas
son stock. Les poudres noires se conserve-
raient, d'après les informateurs, plus longtemps
que les autres
c)
Le mode d'emploi doit être respecté
d)
Il faut que X soit réceptif. QuPil y ait une
compatibilité entre son corps et le nyoagu.
Il
y a des gens qui sont très réceptifs, d'autres
le sont moins ou pas. Les nyoagisi réussissent
455
aux premiers
c'est-à- dire que ce qu'ils ont
..
demandé serait plus ou moins accepté. Les seconds
ont peu de chance.
Il existe des gens à qui le
nyoagu ne réussit pas du tout. Lorsque ces der-
niers touchent un nyoagu, i l deviendrait,
selon
l'expression "du charbon", sans aucun pouvoir.
Ce serait semble-t-il, une question de flux
sanguin. D'un autre côté, i l est difficile de
faire du mal à de telles personnes avec du nyoagu
puisqu'il suffit de le toucher ou que leur ombre
passe dessus pour le "tuer" et lui enlever son
pouvoir maléfique
e)
Respecter l'interdit lié au ,nyoagu (1). Les déten-
teurs d'objets portatifs ont fréquemment des in-
terdits
: ne pas avoir de rapport sexuel ou ne pas
satisfaire ses beoins naturels avec tel bracelets,
telles bagues magiques
o
• •
Lorsque un nyoagu "mangé" acce~te, "s'il a répondu"
(0 tuo)
il fera partie de l'organisme de X et agira
con-
formément au pouvoir, à la force qu'il doit transmettre:
(1) Les détenteurs de ~oagisi ont des interdits liés aux
nyoagisi.
a)
Un nyoagu contre un ennemi immuniserait en
quelque sorte X contre les attaques ennemies,
agissant comme un vaccin préventif.
b)
Un nyoagu pour la réussite
(d'une quelconque
activité)
stimulerait X pour son travail ou
augmenterait sa capacité de compréhension
(si
c'est un travail intellectuel), ou encore lui
donnerait une grande chance : si X est commer-
çant par exemple, son commerce serait floris-
sant.
c)
Un nyoagu agit dans le temps : un nyoagu contre
un ennemi "mangé" par X pourrait le protéger un
jour, un mois, un an, plusieurs années ou toute
sa
vie, selon la puissance, la force du nyoagu
et selon la puissance de ses ennemis
(dans la
conception des Gulmanceba i l est rare de ne pas
avoir d'ennemi)
(1). Nous touchons là à deux
notions importantes dans la pensée des Gulman- .
ceba,
la puissance,
la force et l'équilibre.
La notion de puissance, de force
(paalu)est liée
à la possibilité pour quelqu'un de faire tel ou
tel acte contrairement à telle autre personne
:
les berijaba "forts" par rapport aux jiirna "fai-
bles" en fonction de leur statut social
; possi-
bilité d'agir par des moyens occultes dont on est
(1)
C'est pourquoi i l est recommandé de manger à plusieurs
reprises les mêmes nyoaqisi surtout ~nti-ennemis.
le seul détenteur ou dont les détenteurs sont
peu nombreux.
La notion d'équilibre est liée à celle de force.
les individus et leurs actes sont pensés en ter-
mes de forces.
La balance est en équilibre si les
forces en jeu sont de même intensité. Elle s'in-
cline en faveur du plus fort dans le cas contrai-
re. Si X est plus puissant que son ennemi, i l
déjouerait toutes les maneouvres maléfiques. Tout
ce qui fait l'être
(son destin et ses actes, en
bien ou en mal)
et l'intervention des ancêtres et
de Dieu concourent à la réalisation de l'équili-
bre ou du déséquilibre de la balance des forces de
la vie.
Un
nyoagu P?urrait agir dans le temps en faveur
d'une lignée. Si un grand-p~re ou arrière grand-
père y
"a mangé" un nyoagu pour sa prospérité,
la réussite dans la vie
(nombreux enfants, riches-
se .•. ), ce nyoagu continuerait à agir, comme à
retardement, favorablement à sa progéniture. Un
puissant nyoagu contre les sorciers, absorbé par
Y, pourrait protéger ses enfants qui naîtraient
plus tard.
d)
Un nyoagu pourrait agir dans l'espace
si X a
un nyatongu ou un autre nyoagu,
i l peut tuer
Z à distance. Un grand faiseur de pluies peut
faire pleuvoir dans une autre région que la
sienne.
Les objets portatifs sont censés agir confor-
mément à leur pouvoir mais à condition qu'ils
soient portés soit comme pendentifs soit cousus
dans un vêtement
(boubou,
pantalon . . . ).
Concernant la véracité des effets du nyoagu en
général,
les anciens aiment à.dire
:
"que celui qui dit
que
le nyoagu n'est pas vrai
(nyoagu ki te moani)qu'il
plonge la main dans un pot de lèpre,"Wan tuuni 0
nuu kpa-
ari bobirini" (l) .
Les anciens disent également qu'avant la période
coloniale les "nyoagisi" parlaient pour signifier qu'ils
étaient très puissants. Les nombreux interdits liés aux
nyoagisi et les conditions de leur préparation et d'ab-
sorption font que leur réalisation n'est plus socialement
possible. Mais leurs éléments existent toujours dans la
nature.
(1)
Il existe un nyoagu capable de donner la lèpre à une
personne.
Il agit rapidement. Donner la lèpre à quel-
qu'un,
comme l'a remarqué Ghislain,
c'est une possibi-
lité de devenir riche en prenant le bien qui lui était
destiné. Ghislain,
Tropiques enchantés.
Paris Ligel
1951,
381 p., pp.288-289.
4)
Importance des nyo~idamba dans la Société
La question qui vient à l'esprit, après tout ce
qui a été dit, est de savoir si les détenteurs des
nyoagisi
(les nyoagidamba)
retireraient des avantages
économiques de leurs connaissances. En fait,
assez peu;
chaque nyoagu avait une taxe fixe
(0 suuli)depuis deux
ou plusieurs générations: un poulet, trois cauris, une
chèvre, un mouton ... Un !lyoagidano ne devait
pas exiger
plus que cette taxe d'usage de celui qui venait le sol-
liciter pour tel ou tel nyoagu. S'il la dépassait, le
nyoagu risquait de ne pas agir efficacement. On dit
souvent qu'un nyoagidano ne doit pas vivre de son nyoagu
(du prix de son nyoagu),
sinon il le dévalorisait, sans
doute parce que attiré par l'intérêt, il ne respecterait
plus les codes d" "enlèvement" de ses nyoagisi.
Ce n'était pas la richesse qui était importante pour
un nyoagidano, mais la possibilité de prouver sa puissance,
d'être
capable de faire telle ou telle chose dans certai-
nes occasions. Cependant, ~u l'importance des nyoagisi, les
anciens comme détenteurs privilègiés,
jouaient - et jouent
encore - un rôle essentiel dans la société traditionnelle-
On croyait qu'un ancien de par son âge, avait du nyoagu,
même si en réalité ce n'était pas le cas, aussi était-
il respecté. Les nyoagidamba, grands spécialistes du
nyoagu étaient connus et craints des betieba qui avaient
souvent recours à eux. Leur statut s'en trouvait élevé.
•
L'action des nyoagidamba était limitée par la
philosophie selon laquelle le bien engendre le bien
et le mal engendre le mal ; le bien est toujours récom-
pensé et le mal toujours puni; le mal et le bien s'équi-
librent. Si un nyoagidano fait du mal
(tue par exemple
quelqu'un),
il serait puni tôt ou tard par un malheur
dans sa famille
(1). C'est donc prendre une lourde
responsabilité que de faire du mal. Même si c'est indi-
rectement
(en fournissant un poison à quelqu'un). Un
nyoagidano ne donne un mauvais nyoagu qu'après mûre
réflexion et une sérieuse étude des mobiles et du carac-
tère du demandeur. A ce sujet les anciens aiment raconter
l'anecdote suivante
un jeune homme alla demander un
jour du nyoagu à un ancien pour tuer son ennemi. Afin de
le tester, ce dsrnier lui remis un poison en lui enjoi-
gnant de l'essayer sur un crapaud avant de revenir prendre
celui destiné à son ennemi. Le jeune ho~~e, au lieu d'es-
sayer sur un seul crapaud, comme le vieux le lui a pres-
crit, essaya sur plusieurs qui moururent. Le vieux refusa
alors de lui donner l'autre poison en disant qu"il ne
tuerait pas seulement son ennemi, mais également d'autres
personnes.
De nos jours, les nyoagisi font l'objet d'un grand
commerce avec un regain d'intérêt chez les fonctionnaires
(1) Le malheur peut ne pas avoir lieu de son vivant, mais
se manifester dans sa prog6niture.
4 fi 1
et de façon générale chez les citadins. Dans les campa-
gnes des nyoagidamba réputés vivent uniquement de leurs
nyoagisi, recevant des cl~ents de toutes les classes
sociales : fonctionnaires
(les plus nombreux), ouvriers
et paysans. De hauts fonctionnaires sont souvent leurs
amis. De prétendus nyoagidamba, leurs sacs bourrés de
poudre, débarquent fréquemment ~an~ les grands centres
dans l'intention de vendre;parfois chers, leurs nyoagisi.
De tels "nyoagidamba" chez lesquels une clientêle variée
défile à longueur de journée, prétendent trouver solu-
tion à tout problème, alors qu'ils remplissent une bonne
partie de leurs sachets de charbon en guise de nyoagisi.
Au bout de deux ou trois semaines, ils repartent tranquil-
lement dans leur lointaine campagne, leurs porte-monnaie
bourrés. Les routes de ce commerce florissant sont les
mêmes que celles de l'exode rural et de l'immigration
dans les pays voisins
(essentiellement Côte d'Ivoire,
Niger , Ghana).
Avant de clore ce paragraphe sur le nyoagu et la
magie disons un mot du poison et des sorciers
5)
Le poison et les sorciers
a)
Le Poison
C'est le terme lobru qui signifie poison
(1) -
,
(1) Lobru est utilisé surtout pour les flèches empoison-
nées utilisées par des chasseurs.
Mais on parle généralement de nyoagu
(qui peut être
bon ou mauvais). Les poisons seraient préparés à base
de plantes vénéneuses. Pour que la victime soit attein-
te il faut qu'elle absorbe le poison dans un aliment
(sauce de saabu, kola, lait, eau farineuse ... ) ou dans
une boisson
(eau, dolo, ... ) donc généralement avec la
complicité d'une tierce personne. Si la victime a un
contre-poison efficace, elle vomit le poison sur le
coup. Sinon, et si
personne n'était eh mesure de la
secourir immédiatement, afin qu'elle le vomisse ou
le
"tue".
(rendre inefficace le poison avalé), c'en
serait fini pour elle
(1). Il existe d'autres mauvais
gris-gris qui ne tuent pas par absorption, mais par
le simple fait de marcher dessus, même enterrés. Ils
font enfler le pied qui, pourrissant, provoque la mort
de la victime, si un contre-poison efficace n'était pas
trouvé. Certaines personnes puissantes détecteraient
soit
par le toucher soit par la vue, les aliments
contenant des poisons. Ils existerait è'autres procédés
pour tuer une personne à distance. Dans ce cas la déten-
tion d'un vêtement de l'individu visé ou d'un élément
de son corps
(cheveux, ongle,
... ) pourrait toujours
être déterminant. Un grand nyoagidano pourrait envoyer
(1) La simple odeur de certains poisons très forts
rendrait malade.
463
un serpent mordre une personne
(1)
ou la foudre la
frapper. Tout dépend de la puissance de la"cible" qui
pourrait neutraliser.ou non les actions de son ennemi.
b)
Les sorciers
On dit souvent de tout grand nyoagidano, très
méchant, qu'il est un sorcier. C'est-à-dire qu'il tue
ou est capable de tuer. Le vrai sorcier est tout autre.
Deux termes désignent deux types de sorciers : le palo
. et le suano
(2). Tous acquér, raient leur pouvoir malé-
fique, qui est de tuer, en "mangeant" un nyoagu appro-
prié. Nous ignorons la signification littérale de palo.
Par contre suano connote l'idée de piler, d'écraser. (3).
(1) Un des éléments pour réussir ce coup serait le
suivant : enfermer le serpent vivant dans une gour-
de où aurait été mis auparavant un morceau d'un
vêtement de l'ennemi visé. Le serpent ainsi en-
fermé mord_rait x fois le morceau de tissu à l'odeur
duquel i l s'habituerait. Une fois relâché, il pourrait/
guidé par cette dernière, être conduit jusqu'à l'enne-
mi qu'il mordrait. Ce n'est là qu'un élément.
(2) Ces deux termes sont quelquefois utilisés indifférem-
ment. Mais dans le sens de tueur.
(3) 0 suo di veut dire elle pile des épis de mil afin
de séparer la paille du grain.
464
Le palo aurait la possibilité de voir et de s'em-
parer du double d'une personne
(le naano), puis de la
"manger"
(1). Il accomplirait ses sinistres oeuvres la
nuit, perché
(son double)
ou non sur un arbre, se sai-
sissant des doubles faibles de personnes qui se promè-
neraient par là
(2). Le palo est reconnu comme tel par
l'intermédiaire de certaines de leurs victimes qui se
débattent dans leur maladie en disant : "un tel laisse-
moi, ne me tues pas .... ", comme si le palo était effec-
tivement en train de l'étrangler. En criant son nom,
la
victime arriverait quelquefois à se sauver, le sorcier
lâchant ainsi sa proie.
Le suano se manifeste par un signal lumineux cli-
gnotant dans les airs. Le feu s'éteint une fois perché
sur un arbre
(3). Nous ignorons par quel procédé il
abat ses victimes
(4)
Une vieille ou un vieux qui n'au-
rait pas eu d'enfants et qui,
pour des raisons diverses
vit seul
(e), est souvent accusé
(e)
d'être palo
suano.
(I) Le mot manger
(Jie)
n'a pas le même sens que dans
manger du saabu-cJie saabu), mais celui de tuer dans.
l'intention de s'approprier la force de la victime. On
dit fréquemment des betieba très 'agés, ou de tout bedo t'l,,_
lorsq~' ils se sentent menacés, ils "mangent" des person-"
nes, c'est-à-dire qu'ils provoquent magiquement leur
mort afin de bénéficier des années de vie qui leur res-
taient. Ce serait une sorte de substitution.
(2)
Les doubles
(naami) sont censés avoir une indépendance
à certains moments par rapport au corps. Ainsi pendant
le so~neil le ~aano d'une personne pourrait aller se
promener.
(3 )
Nous avons vu à plusieurs reprises de tels signaux lu-
mineux.
(4 )
Ils sont surtout nombreux au Niger.
Ils le sont moins
dans le nord-Gulrna où les palba
sont plus connus.
465
Les personnes qui se livrent à ces pratiques
de sorcellerie y trouveraient ,semble-t-il, un certain
avantage. Elle leur attirerait la prospérité : baali
(animaux ... ). Ceci s'explique dans la pensée des
Gulmanceba. On ne fait du bien à soi-même ou à une autre
personne qu'en le prenant chez autrui. Le palo en prend
chez ses victimes.
Le palo engendre des palba. Cette héridité se
fait souvent par le canal d'une femme
(une mère ou une
grand-mère)
(1). A deux ou trQis générations les descen-
dants d'une telle femme sont considérés comme oalba.
+
C~es~derniers ont du mal, et pour cause, à trouver des
conjoints dans leur village, ainsi que dans ceux environ-
nants. Ces malheureux sont obligés d'aller loin, où leur
secret est ignoré. Dans un village où les membres d'une
famille sont soupçonnés être des palba
(2), toute la po-
pulation villageoise et environnante est au courant.Cà
se raconte secrètement.
Ils sont tacitement admis dans
la société, vu la complexité des relations de parenté
(3).
Mais tous les membres des autres familles se munissent de
force nyoagisi contre palba.
(1)
Les sorCleres sont plus nombreuses et réputées plus
dangereuses que les sorciers.
(2) Engulmancema pour dire, quand on n'en est pas certain
ou par euphémisme, que quelqu'un est palo, on dit bi
nyuoso
(litt. on le critique). Celà veut dire qu'ir-
est suspect.
(3)
Un palo peut l'être par sa mère alors que son père
est indemne de tout soupçon.
.,...
es·
....
y
466
Lorsqu'un palo devenait très meurtrier, i l était
en fin de compte, à l'occasion de la mort d'une nouvel-
le victime, chassé du village, fouetté avec la branche
d'un Kongobri
(épineux). Il allait s'installer avec ses
descendants, loin, à l'écart de tout village, banni de
la communauté villageoise. Ou bien i l partait très loin
dans un autre village où on ne connaitrait pas les raisons
de son départ jusqu'à ce que sa pratique le découvre.
De nos jours, on chuchote encore que telle vieille
ou que les membres de telle famille sont des palba. Des
tensions naissent parfois à l'occasion de la mort d'une
personne soupçonnée d'avoir été tuée par un palo. Cepen-
dant la sanction traditionnelle n'est plus appliquée dans
ses termes
(1). Par ailleurs,
les tribunaux coutumiers
ne peuvent pas juger de tel cas. Dans les coins les plus
reculés on se munit de nyoagisi contre les palba et
dans les grands centres, le problème est de moins en
moins posé.
III - Les autels : culte aux ancêtres et à Dieu
Après cette tentative d'explication de la notion
de nyoagu, qui nous éclairera par la suite, nous pouvons
à présent aborder le problème des sacrifices et celui du
culte des ancêtres et de Dieu.
(1)
Si la tension devient très vive,
l'accusé ou les accu-
sés peuvent être amenés à quitter leur village et
aller s'installer à l'écart, ou dans un autre vill~ge.
Les Gulmanceba ont des autels sur lesquels ils
font des sacrifices afin d'obtenir telle ou telle faveur.
Ces autels sont à l'origine, excepté le jingli et le
ciciliga, de grands nyoagisi. Les ancêtres, dont un a
été à l'origine, sont associés à ces autels. Ces derniers,
opérant magiquement par l'intermédiaire ou non des ancê-
tres,
sont censés, sur offrande d'une victime appropriée,
accorder des faveurs. Nous employons autels dans le sens
de support sacrificieL. Les différents autels sont:
le jingli, le ciciliga, le tingbandi et le bulo. Ces
notions sont tellement complexes que ce n'est là qu'
une tentative d'explication,
loin d'être complète.
A. ·Présentation et origine des différents autels
l
-
Le Jinrrli et les Cicila
(ou cicilimu)
Le jingli et les cicila posent problème. On ne
peut pas vraiment les classer dans la catégorie des buli.
Le jingli semble être d'origine musulmane et les cicila
liés au jumeaux.
Le jingli se présente sous forme de cercle de
· 46 B
pierres
(quartz, granite)
placé dans la cour
(à droite ou
à
gauche de la grande porte d'entrée
(1)
(voir croquis
ci-dessous) .
o 00
Pierres
o
0>
o o 0
JU:Lgli •
-
On distingue
:
1)
badeni jingli
(le jingli de chez le père)
2)
nadeni jingli
(le jingli de chez la mère) (2)
3)
ba ha deni jingli
(le jingli de chez le père du père)
ou bikpelimba jingli
(le jingli des grands-parents)
4) na na deni jingli
le jingli de chez la mère de la
mère)
5) on dit yaja jingli ou bikpelimba jingli lorsque c'est
éloigné dans le temps. Les sacrifices au bajingli,
bikpelimba jingli ou au yaja jingli sont faits sur
le même jingli.
Ego fait les sacrifices aux différents jinga, du
côté maternel, en direction de leur lieu
(village du
père de la mère ou de la mère de la mère)
ou en s'y
rendant. Un géomancien peut lui conseiller de poser son
(1)
i l est situé à l'extérieur chez les chefs et chez
certains grands princes.
(2)
On dit aussi bajinqli ou najingli
469
nanedi jingli à côté de la case
(1)
Le jingli est d'abord perçu comme lié à un lignage
paternel. Le jingli de chez la mère n'est en fait que le
jingli de son lignage paternel
(2). Le jingli appartient à un
lignage rroyen ou mineur et le niciamo en est le détenteur et
le sacrificateur. Si le lignage est très grandJavec plu-
sieurs dieru le niciamo de chaque segment de lignage pose
- - 1
un jingli. Le jingli commun se divise alors en plusieurs
unités.
Les choses deviennent plus compliquées quand
on cherche l'origine du jingli. D'abord, comment est-il
posé ?
La pose d'un jingli se fait sur le conseil d'un
géomancien et sans cérémonie particulière. Au cours d'une
consultation)pour cause de mortalité infantile par exemple,
i l peut recommander à Ego de poser un Jingli. Ce dernier
cherche des pierres
(4,6,7 ou plus)
et en pose en cercle
puis y fait le sacrifice recommandé.
(1)
Nous ignorons, faute d'avoir demandé l'information
si le jingli est posé à côté de la case de la mère
d'Ego, au cas où ~lle est encore vivante.
(2)
Les jinga du Nord-Gulma correspondraient aux jinga
posés au milieu de la cour dans le Gobnangu et appe-
lés tinkpipwajinqa
(sing. tin~.EJ.~aji.flgili). Cartry,
M. Notes sur les signes .. op.cit. p.
285.
L'origine même du jingli est difficile à connaître.
Certains pensent que le jingli est d'origine musulmane et
lié à une mère. Les raisons qui appuient cette thèse sont
1) Les musulmans font en guise de lieu de prière
un cercle de pierres.
2)
Il est possible qu'une aïeule, ayant perdu plu-
sieurs enfants en bas âge, soit partie accoucher,
sur conseils d'un géomancien chez un musulman.
L'enfant ayant survécu, son père prend une pier-
re du cercle de pierres du musulman
(la pa~tie
pouvant symboliquement valoir le tout)
et en
forme un à son tour, dans son diegu pour y faire
des sacrifices à
l'intention de l'enfant(l)
Puis il Y a eu une institutionalisation.
(2)
L'origine du jaama (tabaski)
à C.on montre également
l'importance symbolique de la partie et appuie cette
hypothèse de l'origine musulmane du jingli. Le bedo Bilenna
(1)
De nos jours encore en campagne certains enfants
doivent naître dans le jingli.Un abri est aménagé
pour l'occasion. Selon une matronne de Bongandini,
lorsque les consultations ont déterminé que l'enfant
doit naître dans un jingli, alors que la Mère vient
accoucher à l a maternité,
les accompagnatrices de la
femme amènent une pierre du jingl~ qu'elles posent
sous ses pieds, sur la table d'accouchement.
(2)
Réflexion de Bandiba nialy, fils ainé du bedo défunt.
enregistrement fait à Dabesma le 26.6.197-6---
~71
de Wobdiaga a attaqué Con , le jour de son jaama. Vic-
torieux,
i l en ramena une pierre du jingli sur lequel
se faisaient des sacrifices le jour de la fête et en
posa une chez lui. C'est à partir de cette date que le
jaama fut célébré par les betieba de Wobdiaga. Le
chef de Con avait fait la même chose dans une guerre
contre Nungu
(probablement comme allié de Bilanga)
(1)-
Il n'est donc pas impossible que le jingli soit
un emprunt. Nous remarquons qu'au Nord-Gulma, ce sont les
yarmu
(musulmans à l'origine)
qui sont réputés avoir de
grands jinga. Au contact avec les non-musulmans, certains
qui ont abandonné leur religion ont transformé leur ancien
lieu de pri~re en un lieu de sacrifices
(2).
Les sacrifices sur les Jinga sont faits
:
1) A l'occasion des fêtes annuelles: citonga,
dapamma ... afin de demander prospérité et
santé pour la famille
. . .
2)
Sur consultation, lorsqu'un malheur menace la
famille.
Le géomancien détermine la volaille ou
l'animal à sacrifier.
(1)
Nous n'avons pas pu élucider les circonstances de cette
guerre
(2) ~artry remarque que les Gulmanceba du Gobnangu disent
'qu'ils se sont inspirés des mosquées rudiMentaires des
marba"
{dorigine mandé, assimilés mais ayant conservé
la religion musulmane). Pour la pose du jinqli on fait
appel à un spécialiste d'une famille Marba. Cartry,M,
Colloques int. pp.
261 et 265
3)
à la demande d'un membre de la famille. Le sa-
crificateur
(le niciamo)
ne doit pas refuser
d'officier.
Par l'intermédiaire du jingli, les ancêtres accep-
tent ou non l'offrande des officiants. La formule généra-
lement prononcée est la suivante : bikpelimba len bi jingli
(ancêtres et leur jingli -
souvent les noms connus sont
cités), nin fi ki ga
(levez-vou et prenez)
(l'offrande
d'un tel=nom de l'officiant et de l'animal offert), puis
motif .•.
473
Les cicila sont représentés par des canaris per-
cês et renversés appelês dugula
(voir croquis ci-dessous).
Ces dugula sont posés derrière la case de la mère d'Ego
(si elle vit) ou derrière sa propre case, le cas contrai-
re.
Sang et plumes des
/
pictimes.
A~//
/ / /
0~~/~~,
Morceaux de canari.
vu de côté.
vu de dessus
dugula
= matérialisation des cicila.
On parle toujours de cicila
(pl)et non de ciciliga
(sing.)
et une distinction est faite entre nadeni cicila
(les cicila de chez la mère)
et badeni cicila
(les cicila
de chez le père). La pose des cicila se fait comme celle
du jingli, sur recommandation d'un géomancien. Une fois
les cicila posés, ils peuvent être sollicités pour tout,
conformément aux prescriptions de tanpwaba
(géomancien).
Selon les informateurs de Cartry, le ciciliga
vient de cili "commencer". Cette notion peut, selon lui,
être traduite approximativement par l'expression "petit
/1
être commençant. Le ciciliga serait donc "l'homme dès
son premier commencement"
( l) -
(1) Cartry, M. Le lien à la mère .. pp.255-256
En ce qui concerne le Nord-Gulma, cette interpré-
tation n'est pas satisfaisante
(1). Les informations re-
cueillies sur cette notion sont insuffisantes pour nous
permettre d'en proposer une explication. Nous pensons que
les cicila sont liés à une femme et aux jumeaux appelés
également cicila
(ou pola)
(2)
. Ils sont réputés être
dotés d'une double vue et considérés comme des génies.
c'est pourquoi des cérémonies spéciales sont faites à
l'occasion de leur naissance. Mais en même temps cette
naissance est considérée comme une chance exceptionnelle.
(deux enfants à la fois, c'est un baali).
N 1 est-ce pas
pour évoquer cette chance, cette puissance procréatrice
d'une mère ou d 1 une aïeule que fut créé l'autel-cicila .
On comprendrait alors pourquoi les cicila sont liés à
une femme
.
Par ailleurs les cicila n 1 auraient-ils par un
lien avec les cicila de la brousse
(génies)
? Des sacri-
fices à ces petits êtres sont souvent faits sur recomman
dation d'un tanpwalo. Ego représente alors le ciciliga
(1)
Il ressort que les notions aSSOClees aux cicila sont
différentes dans les deux régions.
(2)
C 1 est ce que pense Tanbedo Damiba
(67 ans)
de Piala
"c'est (les cicila)
quand i l y a des jumeaux. On pose
des dugula derrière la case . Lescicila de la maison
sont comme çà
(ainsi)". Piala, dimanche 29 juin 1975.
sous forme de statuette à la tête fendue
(1)
qu'il
garde dans sa case.
Le tingbandi
(pl.tingbana)
et le ~ (pl. ~)
sont des autels liés aux ancêtres. Ce sont de grands nyoa-
gisi à l'origine. ~ est quelquefois employé comme ter-
me générique désignant aussi bien le tingbandi que le'
bulo proprement dit.
Les buli sont très
nombreux et variés dans le
Gulma : buli individuels, familiaux et villageois.
rIs
agissent dans le temps et l'espace. Indépendamment de
leurs créateurs.
a)
le tingbandi
Tous nos informateurs sont d'accord sur l'origine
des tingbana. Ce sont des grands et anciens nyoagisi faits
par des tindamba, (propriétaires de la terre)
réputés forts
dans les nyoagisi. Ceci s'est passé dans un temps fort
reculé, avant ou pendant la 'création d'un village. Voyons
comment sont nés les tingbana.
_ Un Tindano qui, de ~on temp~, ~ po~~édé beau~oup
de nyoagi~i
~'enli~e à un end~oit à la 6in de ~e~ jou~~.
Une pie~~e indi~ative e~t po~ée, Cette tombe, déte~tée
pa~ un tanpwalo devient un autel ~u~ lequel de~ ~a~~i6i~e6 ~ont
6ait~,
un
tingbandi.
(1)
Les jumeaux sont aoiffês de cette façon: une large
raie est tracée sur la tête d'avant en arrière.
476
Ce dernier est censé protéger le village situé ou
qui se créerait à proximité. Les sacrifices faits sur la
pierre sont en· réalité adressés au Tindano et au pouvoir
de son nyoagu.
-
Un Tindano, à la demande du 6ondateu~ d'un village
peut en p~enant une pie~~e ou de~ pie~~e~ ~onde~[tanku~a
~ing. tanku~idil lui (leu~1 donne~ un pouvoi~, ~oit en le~
baignant dan~ une mixtu~e de plante~ app~op~iée, ~oit
pa~ le nyamaama. Ce tanku~idi ou ce~ tanku~a ente~~é(~1
.à un end~oit donné
(~ou~ un g~and a~b~e ou ~ou~ un ~oche~1
e~t (~ontl cen~é (~J p~otége~ le village. Le~ ~ac~i6ice~
~ont ad~e~~é~ à la pui~~ance de ce~ objet~.
Le mot tingbandi (litt. peau de te~~el viend~ait
peut-êt~e de l'enli~ement de Tindamba et de l'ente~~ement
de~ objet~ magique~.
-- Un bulo pui~~ant (nou~ en pa~le~on~ pa~ la ~uite)
qui a décimé la 6amille détent~ice devient un tingbandi(1J.
Ce sont les tanpwa1a qui détectent les tingbana,
situés toujours à l'extérieur des villages (à l'est, Ouest
Nord ou Sud). Un village peut avoir plusieurs tingbana.
Il Y a encore de nos jours un processus de formation de
tombes-tingbana. Les enlisements de grands nyoagidamba ne
se font plus
("les hommes sont devenus moins puissants , " )
•
1
(1)
Yencabri ~']oba, Lonbedo : "le tingbandi est un bulo qui
a décimé une maison. Personne n'est son propriétaire
et tout le monde est son propriétaire". Gayeli le25.6.75
477
mais des sacrifices sont faits sur les tombes de grandes
personnalités
(nyoagidamba ou grands betieba). Les
tombes actuelles de Dijari et Fo'arimo (Poka-Kuala) J
de Foba (Liptugu)
.•.. pourraient devenir à la longue
des tingbana.
Le sacrificateur est généralement le niciamo de
la famille fondatrice ou la première occupante du villa-
ge. Des sacrifices aux tingbana sont faits au moins une
fois l'an
(après la récolte)
pour leur demander de garder
les villages
en paix, leur éviter des épidémies. Il y
en a auxquels on s'adresse également avant les semailles,
afin que la saison soit bonne. Les sacrifices à ces puis-
sances se font souvent en leur direction
(Est, Ouest, Nord
Sud)
et rarement sur elles
(peut-être parce que leurs lieux
sont imprécis ou parce que ce sont de grandes puissances
qu'il ne faut pas approcher de près). L'animal-offrande
est fourni par le bedo de village ou acheté par tous les
villageois
(une cotisation est faite pour la circonstance) .
N'importe quel membre du village peut demander au sacrifi-
cateur d'y officier en sa faveur. Dans tous les cas c'est
à l a puissance du couple homme-nyoagu qu'on s'adresse:
Tingbandi ne nan fi ki ga
(offrande)
ki luoni t i do po la
bi,~tingbandi lève-toi prendre (offrande) et éviter du
mal à notre village:'
Un tingbandi peut se réincarner dans le sein de
fe~~es du village. De tels enfants portent le nom
tingbandi.
47e
b)
Le bulo
Le bulo a la même base que le tingbandi, c'est
un nyoagiciamu, un debili : pierres, objets en fer forgés
auxquels des nyoagidamba ont transmis une certaine puissan-
ce. Puissance qui est censée agir à la demande d'un offi-
ciant avec un sacrifice approprié.
Nous distinguerons trois sortes de buli
iridivi-
duels,
familiaux et grands buli.
_Les buli individuels :
X peut" prélever la terre de l'endroit d'un tingban-
di et la mettre dans un récipient
(pot de terre)
(1).
Une certaine force de tingbandi est censée se transmettre
à cette terre. X conservera le pot dans sa case et y fera
des sacrifices à l'intention de sa famille nucléaire.
Tout nyoagu-objet
(mis dans un récipient ou pas)
sur lequel sont faits des sacrifices peut être considéré
comme un bulo = objets en fer forgé,
pierres rondes,
calebasse, couteau ... Les vieux Betieba ont généralement
de tels nyoagisiqui sont des deba. Ces buli deviennent
des buli de famille après la mort de leurs détenteurs.
(1) Nous ne pouvons pas décrire,
faute de renseignements
précis, la façon dont le prélèvement est fait.
Les buli familiaux.
La présentation classique d'un bulo familial est
la suivante : un pot de terre recouvert de morceaux de
poterie (voir croqufuci-dessous). Il Y aurait,
semble-t-il
(1), à l'intérieur des objets en fer forgés ou des pierres
rondes
(tankura). Une épaisse couche de sang et de plumes
de victimes offrandes rendent presque invisibles les mor-
ceaux de poterie.
poterie
-r--~ fourche à trois dents
bulo familial
Le bulo peut être posé à l'intérieur ou à l'exté-
rieur du diegu, contre la palissade
(à cOté de la porte
d'entrée). Il est alors porté par un bâton fourchu. Le
bulo est le plus souvent gardé dans la e~=Pà~ la première
femme du niciamo. C'est ce dernier qui est
le sacrificateur
de toute la famille.
Un bulo appartient à un lignage mineur
(1)
Nous n'avons pas pu faire ùne vérification.
480
ou majeur
(1). Les sacrifices sont faits sur recommanda-
1
tions d'un tanEwalo pour la guerison d'un membre de la
famille, pour atteindre tel ou tel but. Le sacrificateur
invoque le bulo et les ancêtres:
"un tel
(nom de l'an-
Il
cêtre), un tel . . . levez-vous prendre avec votre bulo
_Les grands buli
Les grands buli
(buciami)
sont des buli plus
puissants que ceux dont nous venons de parler. Les familles
qui les détiennent sont à leur origine. Dans les diema de
Bongandini et de kuala les buli les plus renommés sont ceu~
de Nindongu,de yariga et de Koarimadeni(2). Leurs aspects
intérieurs et extérieurs sont difficiles à définir.
KoarJÏ.·madenibulo
(le ~ de l(oar imadeni)
(3),
le seul
que nous avons vu se présente sous la Lorme de grande poterie
(1)
Nous ne nous sommes pas renseignés sur la possibilité
de division d'un bulo. Celà est certain, comme l'a re-
marqué Cartry dans le Gobnangu. Il est possible qu'il en
soit ainsi dans le Nord Gulma.
(2)
Koarimadeni est le village des Kurumba, à lkm au Sud-
Est de Kuala.
Ils sont réputés pour leurs nyoagisi
(3)
Celui de Koarimadeni a été créé par la famille Dambina
probablement dès la fondation du village. Le bulo de
Yariga a été créé 'par une famille également d'origine
Kurumba. C'est cette même famille qui fonda le villa-
ge.
481
renversée. Il Y a sans doute à l'intérieur des objets
forgés ou des pierres.
Ces buli ont des gardiens spéciaux
(budamba, sing
budaano/propriétaire du bulo)
choisis parmi les membres
.de la famille-propriétaire. A Koarimadeni le budaano est
lë niciamo de la famille des budamba. Les buli ont leur
fête spéciale appelée buluoru
(litt. ouverture du bulo) (1)
Celle de Koarimadenibulo à laquelle nous avons assisté
une fois
(2), a lieu à l'approche des récoltes
(début
octobre). C'est une occasion pour ceux qui sont atteints
;
de maladies difficiles à guerir,
les femmes,
les hommes
qui mettent longtemps avant d'avoir des enfants ou dont
les enfants sont victimes d'une grande mortalité infantile,
de solliciter le bulo.
X peut également aller les solliciter les jours
ordinaires (3)
- Pour demander sa protection s ' i l se sent menacé
par un ou des ennemis.
Il y en a qui, dans ce
cadre, kuo bulo
(entre dans un bulo). X qui
"entre dans un bulo""boit le bulo~ C'est à dire
(1)
Nous ignorons pourquoi cette appellation.
(2)
Nous ne pouvons pas décrire ici le déroulement de la
fête.
(3) On leur demande généralement du bien. Seuls leurs déten-
teurs
(et leurs intimes)
peuvent s'adresser à eux pour
faire du mal.
/1 f' ,
~' ...
qu'on trempe un élément du bulo dans de l'eau
qu'il boit en demandant ce qu'il veut. Puis on
lui rase les cheveux. Et à partir de cette date
Il ne doit plus se raser pendant 3 ans. On dit
que X tugi yuru
(litt. porte des cheveux). A la
3eme année, il repart se faire raser chez le
bulo. Après quoi le bulo est censé le protéger
contre tout ennemi
(1).
X neut demander tout ce qu'il veut
(progéniture)-
Jmaaru, richesse, pouvoir ••• ) en promettant d'of-
frir une victime au bulo si son voeu est exaucé.
S'il obtient satisfaction, il doit repartir impé-
rativement tenir sa promesse. Sinon le bulo se
venge et reprend ce qu'il lui avait donné en lui
envoyant une série de malheurs.
Les enfants demandés à des buli portent le nom bulo
et sont des enfants très délicats
(par exemple qu'il ne
faut pas frapper, qu'il ne faut pas fâcher
.•. ,
l'enfant
étant un représentant vivant du bulo, sinon le bulo le
(s)
reprend en provocant sa
(leur) mort.
(1)
Nous n'avons jamais assisté à une telle ceremonie.
Par contre nous avons vu des gens qui tugi yuru.
Habituellement les hommes se rasent dès que les
cheveux commencent à être longs, soit au bout de
2 ou 3 mois. Les femmes "n'entrent pas" dans un bulo.
Les grands buli ont beaucoup d'interdits. C'est
pourquoi i l n'est pas très bien d'être liés à eux. Leurs
gardiens,les budamba, sont astreints à de nombreux inter-
dits alimentaires et à une règle stricte de conduite
ils ne doivent pas manger les produits des nouvelles ré-
coItes avant la fête du bulo. A une certaine date avant cette
dernière, ils doivent boire de la potasse diluée comme
eau (1), ils doivent observer une abstinence sexuelle .• ,
Et si le hulo
n'est pas satisfait de la conduite de
son gardien, il se manifeste en attirant des malheurs sur
sa famille, en rendant malade celui-ci ou en le tuant.
Il est quelquefois fait appel aux buli pour détec-
ter des voleurs, des meurtiers ..• Les suspects "boivent
le bulo" et le coupable
est censé tomber et mourir, par
la puissance du bulo. Les coupables qui veulent éviter une
telle révélation publique se dénoncent avant l'épreuve.
Essayons de nous résumer à la fin de cette tenta-
tive d'explication de la notion de tingbandi et de bulo.
Le tingbandi ou le bulo est un nyoagu, une puissance qui
peut être bénéfique ou maléfique suivant les sacrifices
faits. Cette puissance agit dans le temps et dans l'espace.
lors des sacrifices le sacrifiant s'adresse toujours, par
(1)
La potasse est obtenu par calcination de tiges de mil.
l'intermédiaire du sacrificateur, même si ce n'est pas
clairement énoncé, au couple créateur-nyoagu ou proprié-
taire-nyoagu. D'où la necessité de citer les noms des
ancêtres, propriétaires ou détenteurs du bulo dans le
temps. Par ailleurs on a l'impression, surtout en ce qui
concerne les tingbana et les grands buli, que cette puis-
sance, cette force dont l'homme est à l'origine n'est
plus maîtrisée par lui et qu'elle agit en dehors de son
créateur.
B - Les sacrifices
1) L'acte sacrificiel
Nyincabli
(litt. eau versée)
est le terme général
en Gulmancema signifiant sacr'ifice. Il vient de la contrac-
tion de nyima
(eau)
et de cabi
(verser). Il existe cepen-
dant une nuance entre le nyincabli stricto sensu et le
nyinniandi.
Dans le nyinniandi la victime-offrande n'est pas
immolée. Un nyiniandi sur un jingli ou un ~ consiste
pour le sacrificateur à verser de l'eau simple sur l'autel
et à promettre l'animal-offrande, payable après satisfac-
tion de l'officiant. En versant de l'eau le sacrificateur
dit
(Un -te.ll
c.o hi. baa m..ta
[mo,tin); I!afi 0
ban ba /zoo pali
J
manga wan ba wu [animai o66~andel ki ti pa.
"Un tei e6t venu pou~ demande~ ... 6'ii obtient 6ati6-
6ac.tion ii viend~a paye~ (animai p~omi6)".
Le
nyinniandi est donc une promesse. Promesse
qui devient une dette une fois que l'officiant obtient
satisfaction. Si la dette n'est pas payée, le bulo ou
le tingbandi agit en sens contraire pour d~truire ce
qu'il avait donné.
Dans le ~incabli la victime offrande est immolée.
Il est généralement une 2ème étape après le nyinniandi
Cependant, i l peut être recommandé immédiatement par le
géomancien compte tenu de la spécificité
du problème
qui lui a été soumis. Quelquefois les deux sont conjugués
X fait d'abord un nyincahli
(remerciements ou promesse)
et puis un nyinniandi
(promesse). Le nyincabli peut donc
être un paiement de dette ou une demande accompagnée d'un
cadeau destiné à le solliciter.
Déroulement du sacrifice
al Le 6ac.~i6ic.ateu~ ve~~e 6U~ i'autet de i'eau c.ontenue
dan6 une c.aieba66e non ~apiéc.ée en di6ant :
(Un tei) Ga wan waaii iani, ian ya 0 c.~ ien (animai qui
avait été p~omi61 Ri baa pa-ou-ki baa mia(6'ii 6'agit d'une
p~ome66 el.
" un tel a eu ce qu'il voulait, c'e~t pou~quoi il e~t
venu avec (animal-066~ande ~ui avait ltl p~omi~) pou~
paye~ ou pou~ demande~ (~'il ~'agit d'une p~ome~~e).
b) Il ve~~e en~uite en di~ant a peu p~è~ le~ même~ pa~o
le~ du Yonkaali : eau de 6a~ine non cuite dllayle avec
du lait ou de la pulpe de pain de ~inge.
cl Il 19o~ge l'animal-066~ande en p~ononçant a peu p~è~
le~ même~ pa~ole~. Le ~ang coule ~u~ l'autel pui~ il
p~llève quelque~ tou66e~ de plume~ r~'il ~'agit d'un
poulet) qu'il y dlpo~e.
d) L'animal-066~ande
e~t g~illé,
jamai~ cuit a l'eau(l)
e) Le ~ac~i6icateu~ p~élève de~ élément~ de ce~taine~
pa~tie~ de l'animal-066~ande (du bec, de~ patte~, de
d'un coq) qu'il dépo~e ~u~ l'autel (~an~ doute pa~ce que
le~ ancêt~e~ et l'autel doivent êt~e le~ p~emie~~ a goûte~
leu~ victime). Pui~ la viande g~illée, nyincabli
nongu,
(la viande du ~aeJU.6..<.ceJ 1 e~t pà.~tagée dan~ la 6amille.
Le bulo et les ancêtres sont censés manger la
victime, surtout le sang. On dit que tel bulo di
(mange)
tel animal pour signifier que c'est l'animal qu'on lui
sacrifie.
(1) L'animal-offrande est jeté lorsqu'il s'agit de sacri-
fices pour faire du mal et dans d'autres cas très rares.
Pour certains sacrifices la viande doit être entièrement
consommée au lieu du sacrifice, sans pénétrer dans le vil-
lage.
-
2)
Sacrifices, temps et espace
Les sacrifices sont faits généralement le jour.
Ceux qui sont destinés à faire du mal le sont la nuit.
Les sacrifices aux jinga, aux buli et aux tingbana sont
souvent faits la matinée
(entre 8h et lOh).
Dans un nyinniandi l'officiant X peut promettre
un animal pour quelques jours, un mois, un an, deux ans,
3 ans ... Si X est candidat au bali, il peut promettre
un animal payable s ' i l est élu. De même Y malade promet-
tra tel animal payable après guérison. Z, pour avoir des
enfants ou une grande prospérité, promettra un animal paya-
ble dans 2,
3 ou n ans. Le temps est fonction de ce que
demande l'officiant.
L'espace n'est pas un obstacle pour faire un
nyinniandi ou un nyiTIcabl'i. X, de son village, peut solli-
citer le jingli ou le bulo de sa famille maternelle, dans
un autre village, en faisant simplement le sacrifice en
direction de ce dernier. Y résidant à Ouagadougou, peut
solliciter le tingband~ de son village en faisant son
sacrifice sur une route en direction
dudi~ village
(Est,Ouest,Nord,Sud) ou même depuis son diegu.
-
A la limite Z pourrait,depuis un autre continentJs'adres-
ser à un bulo familial ou à un tingbandi de son village
en fa!sant un nyinniandi en direction de l'Afrique. Les
ancêtres et les autels sont censés entendre la demande
de l'officiant. La présence de ce dernier n'est pas
indispensable. Un parent de Z peut faire des sacrifices
à son intention.
3)
Les animaux sacrifiés
Les animaux sacrifiés sont divers et variés. Ils
sont déterminés par les géomanciens {1). Pour les
sacrifices nuisibles, toute espèce d'animal, domestique
ou de brousse,
jusqu'a~r,eptiles et aux insectes, peut
être utilisée
(2). Tout dépend des recommandations .du
géomancien.
(1)
Les poulets ont des noms spscifiques en fonction de
leur plumage ou d'autres caractéristiques physiques.
(2) En 1968 une bagarre éclata entre les habitants du
village de Bambrigbabini et ceux du village voisin
de Nanyoagu
(dans le Diema de Kuala). Ces derniers
sur consultations, trouvèrent très puissant le
tingbandi du premier village. Et voulurent soit dé-
tourner sa protection en leur faveur,
soit le solli-
citer pour autre chose par un sacrifice de margouil-
lat. Le nyogidano
(un étranger)
chargé de cette mis-
sion fut surpris et pourchassé jusqu'à Nanyoagu.
L'affaire fut portée devant Kualabedo(Le chef de
Kuala)·
.-
489
Il serait donc malaisé, sinon impossible du
moins pour le Nord, de vouloir classer dans un tableau
les animaux"sacrifiables"et ceux qui ne le sont pas
comme le fait Cartry pour le Gobnangu
(1). par contre,
comme i l le remarque
(2)) avec le temps un certain code
s'est fixé pour les animaux à sacrifier à certaines
puissances. C'est le cas des buli familiaux auxquels on
sacrifie des poulets rouges
(Kaamoani)
(3). C'est en
général l'animal qui convient à la puissance propitiée
et le premier que son créateur lui a offert. L'animal-
offrande agit comme un des éléments du nyoagu qu'est le
bulo ou le tingbandi.
Il est possible de s'accommoder
d'un animal
sacrificiel, faute de celui qui est prescrit.
Dans un cas extrême, si X n'a pas de kaamontapiiga
(poulet rouge à cinq doigts)
pour sacrifier un bulo, i l
peut attacher à chaque patte du kaamoano dont i l dis-
pose un morceau de brindille qui symbolisera le 5ème
doigt. Il est généralement possible, toujours dans la
même situation, d'offrir seulement des plumes du poulet
recommandé. C'est le geste qui compte
(4). Un des sacri-
fic~qui a permis à Kuala de vaincre Niaba a été fait
(1)
Carty, M. Le statut de l'animal dans le système sacri-
ficiel desGourmanché
(Hte Volta). 1ère partie, Systè-
mes de pensée en Afrique Noire, 2,1976, (Le sacrifice)
1)
141-175
(2)
Cartry, M,
statut de l'animal op.cit. p.154
(3) Voir tableau ci-dessous
(4)
Dans la société des gulmanceba, comme dans le~ autres
sociétés africaines, le geste compte plus souvent que
la valeur du don.
avec une tête de boeuf, faute d'un boeuf entier
(1)-
Dans certains cas les oeufs sont des substituts faute
de l'original, mais censé le valoir
(2). Ces oeufs
sont les substituts de poulets inexistants : kaapio
(poulet-mouton), kaalogari
(poulet avec selle), kaa-
yali
(poulet indifférencié) .
(1 Tiagijo J Tindano, Ouagadougou le 9 avr i 1 1975
(2) Un tanpwalo peut recommander à son client un oeuf,
image d'un poulet à sacrifier. Le sacrificateuy
généralement ici, le sacrifiant concasse l'oeuf~en
disant que c'est "tel poulet".
~ 91
Les différents autels et les animaux
qui leur sont sacrifiés
Autels
Animaux habituellement sacrifiés
Poulet
Pintade
(1)
Mouton
Jinga
Chèvre
boeuf
(par les chefs)
Offrandes collec-
Offrande indi-
tives périodiques~
viduelle:
tingbana·
-même animal
- Poulet
-mouton, chèvre ...
_ Pintade
- Oeufs . . .
Buli familiaux
Kaamoano
(poulet rouge)
Kaamoantapiiga
(Poulet rouge à
10 doigts)
Grands Buli
(2 )
Cicirimu
Poulets noirs, pintades noires(3)
(1) Les animaux mâles sont les plus sacrifiés. Selon
Cartry une exclusion frappe les animaux inaptes à
la procréation (mâle>castrés .. ) statut de ... , op.
cit, p.160. Nous n'avons pas demandé d'informations
à ce sujet.
(2) Nous ne disposons pas d'informations précises concer-
nant ces buli
(3) Ce sont des victimes noires qui conviennent à cette
puissance.
4)
Symbole des animaux et effets des sacrifices
Il est possible qu'il y ait un lien symbolique
entre les "caractéristiques" de l'animal et "les effets
que l'on désirerait produire"
(1). Nous n'avons pas
d'exemple précis à donner à ce sujet.
On remarque par ailleurs que la "victime sacrificiel-
le" est souvent proportionnelle à ce qu'on voudrait. Pour
X qui cherche le bali, les tanpwaba recommanderont de
promettre un mouton ou un boeuf à telle ou telle puis-
sance. Alors que le talga ne sacrifie généralement que
de la volaille.
Le sacrifice est censé jouer un rôle de catal1seur
en faveur du sacrifiant
par l'intermédiaire des ancêtres.
Il est un des éléments du nyoagu qu'est l'autel, bulo
ou tingbandi. Le bulo et les ancêtres peuvent refuser
l'offrande
(en n'exauçant pas le voeu)
qui leur a été
faite. Comme si le mets ne leur convenait pas en la
circonstance. C'est pourquoi le tanpwalo recommandera
toujours l'animal qui conviendrait le mieux. Si le
sacr~fice est accepté, le sacrifiant est censé avoir
satisfaction.
C - Les pratiques divinatoires
Les Gulmanceba étaient - et sont encore réputés -
pour leur magie et leurs pratiques divinatoires. Ces
("i)
Cartry, H., Statutde ... op.cit Pi
152
493
dernières consistent pour l'essentiel en tama
géomancie
(1).
Le-
~ (litt. poussière
(2) est un système de
tracé de figures et d'interprétation. Un de nos informa-
teurs à qui nous demandions l'origine du tama répondit;
"c.'e..6t Vie.u qui c.Jr.éa. le. ta.ma.. A l'oJr.igine., il If
.
a.va.it plu.6 de. 16 6iguJr.e..6
{gma.a.li, .6ing. gma.a.lo, litt.
étoile..6I. Un jouJr. Vie.u c.a.c.ha. un obje.t pui.6 .6011ic.ita. un
ta.npwa.lo puuJr. le. Jr.e.c.he.Jr.c.he.Jr., c.e. qu'il 6it .6a.n.6 pe.ine..
Vie.u inquie.t de. c.e.tte. gJr.a.nde.".6c.ie.nc.e." qu'il a.va.it donné
à l'homme.,
dêc.ida. d'a.boliJr. bon nombJr.e. d'êtoile..6 e.t il
n'e.n Jr.e..6ta. que. 16" {31.
Le tama est probablement d'origine arabe. Les
noms de certaines étoiles
(Ali, Anabu ... ) sont musulmans.
Mais comment expliquer son introduction dans une popula-
tion non musulmane entourée de voisins non musulmans ?
Nos informations ne nous permettent pas de répondre pour
l'instant à cette question (4)-
(1)
Il existe d'autres types de pratiques divinatoires
sur lesquels nous n'avons pas d'informations précises
(2) Bay~ali dans le sud-gulma.
(3)
Hagila Hunlori/Jelkù
juil. 1973
t4) Cartry qui prépare une thèse d'état sur les pratiques
divinatoires en pays gouwantché nous apportera sans
doute quelques lumières sur ce problème.
1- Description des gmaali et leurs symboles
Distinguons d'une part les signes ou figures appe-
lês gmaali, et les symboles qu'ils peuvent
représenter
et d'autre part les positions ou postes appelés dieru
(maisons) qu'ils peuvent occuper
a)
Les gmaali
Il Y a 16 gmaali au total, chacun
formé
de points
obtenus de la façon suivante : le tanpwalo
(litt. frap-
peur de sable)
(1)
trace au hasard sur du sable avec le
doigt, quatre lignes discontinues
(voir exemple ci-
dessous)
puis sur chaque ligne, i l élimine, du début
à la fin, un point (ou un trait)
sur deux jusqu'à ce
qu'il ne reste au bout que 2 ou 1 points; ces points
terminaux forment une étoile. Le tanpwalo reprend ce
procédé à 4 reprises et obtient au hasard quatre gmaali.
(1)
Parce que le tanpwalo trace les figures sur de la
poussière ou du sable étalé. Tambipwalo dans le
Sud-Gulma.
495
Obtention des quatres gmaali
Point éliminé
Point terminal
~
~
.,.
•
.- .- , •
...
.....
1
.
~ •
t-'l
•
..
,
,
, ....
'
•
~-
••
•
•
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"'":.)
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... .,. .. , ..
.,.
.
•
..
,. ••
c..
~
'\\
--.
,.
'&
~
• •
~
• •
1\\ .
. Sens de formation des points et d'élimination de points
,
•
•
,
,
- , • •
• •
••
,
•
...
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•
•
•
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=:!!:)
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•
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••
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~ •
•
•
.,
•
, •
•
•
•
, • , •
..
9
•
,
,
•
•
,
•
•
•
••
,
,
•
•
•
••
•
,
~ •
,
•
•
, • , •
•
•
•
•
,
•
•
, • , •
•
•
Tadiiga
(
•
est le gmaalo qui comporte le
••
• •
moins de points
(quatre)
et harijama
(
• •
)
celui qui
·.."
en comporte le plus
(huit) . Entre les deux,
les autres
gmaali comportent, avec des arrangements différents,
5,6 ou 7 points.
Le tanpwalo peut représenter les gmaali d'une façon
détaillée ou rapide. Dans ce dernier cas,
le plus fréquent,
les étoiles sont représentées par des barres et des points
(voir croquis ci-après).
496
REPRESENTATION
REPRESENTATION
NOMS DES GMAALI
DE'l'AILLEE
RAPIDE
••
tadiiga
•
1
•
• •
harijama
• •
• •
Il
·,,
•
dikala
• ••
11
,
• •
11
•
namara
• •
t 1
·,
ali
·,••
:1
• •
• •
1t
kammilieru
•
• •
III
•
Listes des étoiles
Noms des gmaali
signes
noms des gmaali
;ignes
0
•
(1)
dikala
• •
· i
(9 )
anabu
•
•
• •,
~
.1•
•
(2 )
ali
· ~ ,
• •
·
(10)
halimankusa
• •
•
• •
Il
· . .
,
•
•
1""
••
,
Il
(3 ) haliga
• •
(1l)
kamiliedu
,
·•• 1"1
• •
l,'
•
• •
•
(4 )
hantamL3i
~
o f
(12)
halisuna
•
•
•
.1
r
• •
•
•
(5 )
tadiiga
c
(13)
haajanjala
•
f
·
• •
•
1
• •
il
• ,
nasati
kaafo
•
(6 )
, •
,
1
(14 )
• ••
•
• •
1: \\
·
• •
1 1
• •
(7) namara
•
(15 )
haribiyaali
• •
• •
, ,
l'
•
1
Il
••
•
.,
•
1
• •
(8)
kaléka
•
•
, (16 ) harijama
"
•
•
,.
a
r
Il
•
"
497
b}
significations des symboles
(1)
Chaque gmaalo a plusieurs significations
(couleurs,
caractères, situation sociale ... ) comme l'indique le
tableau ci- après
:
(1) Haliga hunlori,
jelku, Juillet 1973
Signe
Significations partielles(l)
•
,
Dikala
personne qui cherche, qui est
inquiète . . .
ali
:,
personne qui est fort, chef ..
haliga
ri
personne qui a eu peur, qui
,
a peur
11
hantamisi
1
personne qui ignore
(quelque
chose) ...
tadiiga
personne qui n'est pas déci-
\\
dée, personne très large ...
nasati
,\\
personne de teint noir, qui
ignore quelque chose . . .
l ,
namara
personne fâchée . - -
(,
kaleka
personne inquiète,personne
\\1\\
qui est bavarde . . .
- - -
anabu
, \\
personne mécontente, person-
ne de teint clair . . .
,
-
halimankuusa
II
personne qui a la tête bais-
•
sée
(mécontente), le pied ...
kamiliedu
11
personne contente 1 - - -
n•
-
halisuna
, 1
personne mécontente 1 - -
-
haajanjala
Il
joie, -- -
kaafo
III
personne qui est mécontente,
personne qui refuse de parler.
1
l,
haribiyaali
personne contente, qui rit,---
l"
~-
harijama
Il
personne riche , - - -
(1) Les significations de deux signes peuvent paraître
les mêmes, mais elles ne sont jamais identiques.Il
y a toujours des nuances que nous ne pouvons pas
faire ressortir ici.
' f
•
499
2 - Les dieru
Les gmaali se déplacent dans un cadre fixe formé de
diéru, sorte d'échiquier sur lequel se déplacent les
dames au hasard, indépendamment du joueur:
II
l
GJGl~IQ
GlGJGJQ
IV
III
V
VI
j1
r-;-Il.·.
~tî
LES DIFFERENTS DIERU
~
n
Chaque Diegu est lié à une idée, une vie
un objet
(1)
:
1- diegu
de la vie, de tout ce qui vit
2. diegu
de toute vieille
3. diegu de la "grande créature"
(tagiciamma)
4 . diegu de tout vieux
(II): 1. diegu du jeune homme
2. diegu de la "petite cr!ature"
(tagiwiaga)
3. diegu de la jeune fille
~. diegu de la mort, des ancêtres
(III)
1. route de l'Ouest
2. chambre à coucher
3. la cour
(IV):
1. nouvelles
2. trou,
tombe
500
3. Est
(V)
1. Chez Dieu
(VI)
1. La main
2. L'interprétation
L'interprétation est fournie
par l'association
des idées représentées par les qmaali et les dieru .
.
-Exemple :
X a sa mère qui est malade. Il vient consul-
ter le tanpwalo Y. Ce dernier étale du sable. X, avec de
légers coups de'la main sur le sable étalé, dit ce qu'il
veut que la terre devine :'
1) ma mère
(il dit son nom) malade va mourir, que le
tinga
(terre)
le dise ...
; ou
2) ma mère
(il dit son nom)
ne mourra pas
que le tinga
le dise
; ou
3) Quel sacrifice faire pour qu'elle
(le nom de la mère)
guérisse ...
ou
4)"
••••••• ••••
501
y
enchaine et d i t :
"C'est ce que X a dit qui est
la vérité ... " et obtient au hasard quatre gmaali par le
procédé décrit ci-dessus. Supposons que ces derniers
soient,pour chercher une réponse à la question posée:
-.I,el
.'
A partir des quatre gmaali, i l reproduira seize suivant
les règles suivantes :
- horizontalement les points des parties des quatre
étoiles forment d'autres comme l'indique le schéma
.
• •
• •
•
•
.
~
•
••
•
• •
•
•
• •
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
••
•
•
•
• •
•
•
••
• •
- verticalement d'autres_~maali sont formés
suivant la
règle suivante :
• • •
donne
_
.
. ." ..
..." ..
exemple :
••
•
...
.-.
.....
•
•
- .. - ..
•
••
--... ..
.
-...
• •
••
....
..
~
~
~/
..••••••
y
reproduira successivement
----~> Formation de gmaali
- - - ~ Transfert de gmaali
(I),
(II),
(III), (IV)
sont
effacés au fur et à mesure par
le tanowalo, après interpréta-
tion.
a
50~
, 1
Supposons que dans le déplacement des gmaali
".
If
(namara)
prenne les positions suivantes :
II
l
,,
1 li l
l~ []] D
0 0 Ci]l, il
: . - - . L
4
)
2
l
4
)
2
l
IV
III
D DOIl l
V
t, l
IVI
1 Il :
III
_ - - - - 1
D
1
)
2
l
0
)
2
l
VI
l
Une interpré'ta tion possible est la suivante :
D
l
li• Personne fâchée, mécontente. Ce gmaalo représente
Il
la malade.
= diegu de toute vieille.
'ri,
représente la malade
1I
= diegu de la"petite créature"
2
1I
= diegu des morts = la malade est en relation avec les
4
ancêtres, les morts.
1II
= la malade est couchée dans sa maison, dans son lit
2
III)
= les habitants de la cour de la malade sont mécontents
IV
= la malade sera dans un trou, une tombe.
2
Conclusion: si la malade n'est pas déjà morte, elle a
1
plus une grande chance de mourir que de guerir.
La justesse de la conclusion tirée dépend de l'in-
terprétation faite. Le tanpwalo cherche solution à tout
problème: maladie, action à entreprendre,
. . . Le tama
imprègne toute la vie sociale et les tanpwala jouent un
grand rôle. Certains villages peuvent en avoir plusieurs.
L'expérience joue beaucoup dans l'interprétation du tama.
Un vieux tanpwalo
(tanpwakpeli)a une "jurisprudence" dont
ne dispose pas encore un jeune : "pour tel problème,
tel gmaalo avait pris telles positions. Et la conclusion
juste que j'avais tirée était la suivante". Il faut
cependant exclure toute application systématique, mécani-
que. Chaque cas est un cas spécifique avec des données
particulières. Des données peuvent
être semblables mais
rarement identiques.
Lorsqu'un tanpwalo cherche une solution à un problè-
me, de nombreuses informations lui sont données par le
tama : la pluie qui va tomber dans telle ou telle direction
(si c'est en saison pluvieuse), l'enfant qui va naître ou
mourir dans le village ou ailleurs, ce que verra son client
sur le chemin du retour ..• Il doit savoir trier dans
cette masse d'informations celles qui concernent le cas qu'-
i l examine. D'OÙ les possibilités d'erreurs. De nombreuses
informations du tama, si le tanpwalo les livre à son client
(1)
sont souvent d'une grande exactitude.
(1)
Il ne dit pas toujours les informations qu'il "lit"
sur le tama à son client. S'il "lit" que la mère de
X ne peut pas être sauvée,
le tanpwalo ne le lui dira
pas clairement
(à moins que ce soit son parent ou son
ami intime), mais préconisera une recette de sacrifices.
a
504
Dans tous les cas, on dit que c'est le tanpwalo qui
ne maîtrise pas le tama, qui interprête mal
(1). Car
le"tama ne ment jamais"
(tama ki pwa faami ye)quand ses
informations sont bien interprétées.
Pour plus de précision, X soumet les importants
problèmes
(graves maladies, candidature au bali, problèmes
-
de femmes
... ) à plusieurs tanpwaba. Lor~que trois au
moins donnent une même interprétation des informations
du tama concernant le p~oblème, X peut être sûr qu'elle
est bonne et prendra au sérieux les recommandations qui
lui sont faites.
Il Y a des jours où le tama bu
(juge,
prédit)
plus
que d'autres. Dans le Nord-gulma ce sont:
le lundi, le
jeudi et le vendredi. Un tampwalo sérieux doit interroger
au préalable le tama
(par un "Q,remier "cycle d' interpré-
tation")
afin de savoir s ' i l est disposé à bu. Sinon
i l ne devrait pas le consulter sous peine de ne dire que
des mensonges'
Le tama propose une recette pour la solution du
problème qui lui est posé : sacrifices pour la guérison
d'un malade
(en plus des médicaments), pour une bonne
réussite dans une activité . . .
(1)
On dit qu'il "ne voit pas" ou que son "tama ne voit pas",
•
505
X peut conulter pour un de ses parents Y, domicilié
dans un autre village, puis lui faire parvenir les quatre
premiers
gmaali inscrits sur un morceau de calabasse
(yiejanga). Dans le Sud-Gulma, principalement dans le
Gobnangu, les messages gravés sur les morceaux de cale-
basse sont une véritable écriture
(1)
détaillant les
sacrifices à faire.
3 -
Importance des tanpwaba dans la société
Vu l'importance que jouait le tama dans la société
précoloniale des Gulmanceba, on pourrait penser que les
tanpwaba en retiraient des avantages matériels et avaient
un statut social élevé. Il n'en
était rien. Certes, ils
étaient respectés à cause de leur savoir, mais les taxes
de consultations étaient minimes : une ou plusieurs noix
de kola, un poulet. Le don pouvait être plus subs~ntiel
(boubou, argent ••. ) s'ils étaient sollicités pour de
grands problèmes
(bali par exemple)
(2). Dans ce cas c'é-
taient plutôt des dons d'amitié. Montrer leur puissance,
leur connaissance était plus important pour les tanpwaba.
Le tama serait une "science maudite". Il est
-
communément admis q'un tanpwaciamo
(grand tanpwalo)était
toujours pauvre, et c'est ce qui était remarqué. Pour cette
(1) Cartry en fait une bonne étude dans "note sur les si-
gnes graphiques du géomancièn9ourmantché",
journal
de la société des africanistes.
33(2), 1963
:275-306
(2)
Les candidats s'entouraient et s'entourent encore d'un
état-major de tanpwala-
a
- a
5D6
raison bon nombre abandonnait le tama après une brève
expérience. Il était en fait pauvre parce qu'il ne pouvait
pas, avec ses nombreux clients, se consacrer entièrement
à la culture de ses champs ou à d'autres activités, alors
que les quelques dons qu'il en retirait ne pouvaient
aucunement le faire vivre.
De nos jours le tarna est devenu une importante
source de revenu. Des tanpwaba, connaissant à peine le
système d'interprétation, affluent dans les villes où ils
font fortune en exploitant une "clientèle nombreuse. Les
grands spécialistes sont recherchés comme correspondants
par des personnalités qui les font venir en ville pour
trouver des solutions à des problèmes. Quel sacrifice
faire ou quel nyoagu absorber afin d'accéder à tel ou tel
poste de direction, source de profit? Comment faire
pour ne pas quitter tel poste de direction après un détour-
nement des deniers publics ou une incapacité dûment
constatée?
Ces spécialistes repartent rapidement enrichis
dans leur lointaine brousse.
Conclusion
Rôle du nyoagu et de la religion dans la société
- .
507
Toute la société baigne dans le nyoagu. Nous verrons
dans le chapitre portant sur les fondements du pouvoir
politique, le rôle idéologique que jouent le nyoagu et la
religion. Dans la pensée des Gulmanceba, le nyoagu et la
religion, par les forces occultes qu'ils mettent en jeu,
réalisent un certain équilibre de la société.
Au niveau de l'action,
le nyoagu et la religion aliène
l'homme. Dans toutes ses actions i l les fait intervenir. L'homme
devient ainsi un prisonnier des autels et du nyoagu qui
limitent ses actes.L'homme veut dominer la nature par des
procédés magiqùes et occultes, irrationnels dans la plupart des
cas. Une étude rationnelle du nyoagu
(analyses des différents
éléments)
apporterait probablement une grande contribution à
la connaissance de l'homme, notamment en parapsychologie. Une
telle étude, qui ne sera pas facile,
entraînera la disparition
des nyoagisi et des autels sous leur forme mystèrieuse actuelle ..
Une libération des esprits s'ensuivrait.
La disparition des nyoagisi et des autels n'est pas
encore pour demain. Il faudra du temps. Le développement des
villes et l'exode rural, l'éclatement des structures familiales
consécutif à l'introduction de l'économie monétaire et à
la
conquête coloniale hâteront sans doute le processus.
&
s
506
- CHA P I T R E
IV-
LES FONDEMENTS DU POUVOIR POLITIQUE.
DIVISION ET ADMINISTRATION DES DIEMA
l i
509
Les chapitres ci-dessus
(la religion et le nyoagu)
permettront de mieux comprendre les fondements du pouvoir poli-
tique et son fonctionnement.
Le pouvoir politique était fondé sur la naissance. On
ne pouvait prétendre au bali que si on était issu de la famille
régnante. Cette condition remplie, le candidat devait être en me-
sure de lutter contre son rival par la force et le nyoagu afin de
s'imposer comme bedo. Les querelles de successions, ouvertes à
chaque vacance du pouvoi~entretenaient une instabilité permanen-
te et agissaient comme le moteur le plus puissant de l'histoire
des Gulmanceba.
L'intronisation coutumière, avec sa retraite de sept
jours, donnait au bedo un pouvoir charismatique.
Il Y avait une autonomie au niveau des Kombala,
le
Kuamba n'étant que le primus inter-pares. Dans l'administration,
le bedo, toile de fonds des institutions de la société, s'entou-
rait d'une cour composée de personnes généralement d'origine ser-
vile, façon d'écarter les membres de la famille régnante qui pou-
vait menacer dangereusement son pouvoir.
a
œ
51 0
l
- LES FONDEMENTS ET LA CONQUETE DU BALI
A - LA NOTION DE BALI
Le bali est une puissance, un pouvoir qu'une personne
reçoit après une intronisation régulière. Le bali donne à son dé-
tenteur, le bedo, un pouvoir politique et religieux. Mais il est
avant tout un pouvoir politique. A la notion de bali est associée
l'idée de commandement, donc de pouvoir de direction et de déci-
sion. Le bali appartient à une famille
(Jagbuga à Kuala, Lankondi
à Bilanga, Bongandini, Con et Piala). Le bedo n'en est que le dé-
tenteur temporaire et le représentant de la famille régnante.
Nous n'avons pas pu savoir la signification éthyrnologi-
que du mot bali.
Il correspond au nam mossii
le bali peut être
traduit par chefferie.
B - LA CaNQUETE DU BALI - REGLES SUCCESSORALES ET INSTABILITE
PERMANENTE :
1) Evolution de la notion de bali et règles successorales
Au commencement
(mi cirima)
disent les anciens, la suc-
cession était de niciamo en niciamo
(l~ plus ancien dans la bran-
che la plus ancienne (1). Ce n'était pas de véritables chefs
(1) Tous les informateurs s'accordent là-dessus.
li
511
mais plutôt des patriarches. Le niciamo,représentant des ancêtres;
était le gardien des biens matériels et moraux de tout le groupe -
comme dans les lignages - et règlait les différends qui surgis-
saient entre ses membres. La fonction était sans grands avantages
et la succession régulière
(de niciamo en niciamo)
et sans forma-
lité.
Nous pensons qu'avec le développement des groupes et leur
domination sur d'autres, le niciamo pris de plus. en plus d'importan-
ce. Les avantages devinrent substantiels
(cadeaux de son propre
groupe et des groupes dominés)
et le prestige attaché à ce statut
élevé. La fonction fut dès lors convoitée. Les branches cadettes
dont les membres étaient systématiquement écartés du niciandu (fonc-
tion de niciamo)
remirent en cause la règle successorale.
Les familles règnantes ~rouvèrent une solution en faisant
désormais alterner le niciandu entre les branches. C'est-à-dire
que le niciandu passait du niciamo d'une branche à celui d'une
autre. L'autorité de ce niciamo-bedo pouvait s'étendre sur toute
une région. On lui donnait le titre de Odano qui viendrait de
Ti daan wan "nous comptons sur tm .(,pour diriger la communauté ?)"
.
(1). Il gardait généralement son pf~nom de naissance et il n'y
avait pas de cérémonies d'intronisa~ion.
(1) Tindano DayelongaCancamongu; l~ 29 juin 1975.
&
as
512
Cette nouvelle règle successorale restait également
discriminatoire. En effet, les cadets, à moins d'avoir une lon-
gévité peu'commune, étaient écartés du poste de niciamo, alors
que le prestige et les avantages attachés à la fonction devenaient
de plus en plus appréciables. Une contestation des cadets, à l'in-
térieur des branches, aboutit à l'établissement d'une nouvelle rè-
gle successorale et à la transformation du niciandu en bali. Dé-
sormais une lutte devrait s'engager entre les candidats, à l'inté-
rieur des branches et surtout entre les branches, puis le vainqueur
s'imposerait comme bedo de la communauté par la force. Le bali
s'institutionnalisa avec des rites comme l'intronisation coutumière
et un mode de vie propre au bedo. Le nouveau bedo abandonna son pré-
nom de naissance pour un prénom - devise -
(Yembuado "Dieu l'a
aimé": Yembrima "Dieu l'a posé" ••• ) qui résumait les circonstan-
ces historiques dans lesquelles i l accéda au pouvoir. C'était
aussi un moyen de lancer un défi ou de mettre en garde ses concur-
rents d'hier et ses éventuels opposants de demain.
Il fut convenu
'que le bedo, quel que soit son âge, serait considéré comme le
niciamo de toute la famille régnante, donc le représentant des
ancêtres.
Malgré cette évolution du bali, i l faut souligner que
les buricimba sont sans doute venus avec un modèle d'organisation
qui leur a permis de dominer les anciens occupants.
-........
S1~
2) La conquête du bali à la veille de la conguête
coloniale
(1895)
Quand un bedo mourra~t on disait ki dieguyaani "le
diegu est devenu libre", pour signifier qu'il y avait vacance du
pouvoir.
(1) Tout berijo membre de la famille régnante dont un
ancêtre - aussi éloigné soit-il - a été bedo, pouvait prétendre à
la succession. CARTRY remarque,concernant certains villages du
\\\\
Gobnangu qu'on ne peut
postuler la charge que si son père a
régné; si ce dernier est mort avant d'avoir été chef, on est défi-
nitivement éliminé". Cette règle est inconnue au Nord-Gulma (2).
.
.. .. "
,,> .:
L"
, l ' "
Par contrelnous-avons noté plus haut que,les berijaba dont les
ancêtres ont régné loin dans le temps,
se~talmuisaient~ Ils leur
était donc impossible d'avoir les alliances nécessaires pour s'op-
poser aux prétendants dont les ancêtres ont régné dans un temps
relativement court, qui, grâce au bali, ont noué des relations
utiles et récentes. C'est un problème de clientèle qui rend possi-
ble l'accès au bali. Or les branches éloignées du bali perdent
leur clientèle. Le prétendant devait compter sur sa force, donc
sur ses alliances. Car une compétition s'engageait d'abord à l'in-
térieurdes dieru entre les prétendants, chacun cherchant à s'impo-
ser comme candidat unique de son diegu (c'est généralement le
niciamo de chaque diegu). Puis des tractations entre dieru avaient
(1) Généralement les betieba qui se succédaient dans une dynastie
habitaient le même diegu. Le nouveau bedo l'intégrait après
l'intronisation. Il est fort probable que dans un temps fort
reculé, le prétendant qui arrivait à pénétrer dans le diegu du
bedo défunt devenait bedo, si le rapport des forces le permet-
tait, comme c'était le cas à Nungu.
(2)
Il
Y a également une notable différence avec le Yatenga et
d'autres royaumes mossi où les nakomse, princes dont les pères
h'ont pas régné, sont définitivement écartés du pouvoir.
1
info~mateur : ~~U TAABÙRU t BlLANYANGA le 23 Juin 1976.l
,__ .
._.-1 BRANCHE AINEE 1~ - - - - - - - - - __ - - _ - --',
(17)~NDANBUGURU
KORO
Chassé par Dawaaru il
1
s'exile à Kpenduori (Belga)
1
(18) DAWAARU
1 BRANCHE CADETTE 1
1
Chassé par Sambombu il
1
alla chercher des'
alliés peul au Yaga.
1
Ces derniers l'ab~ndon
-- - - - - - -,
nèrent sur le chemin
1
de retour.
1
(19) SAMBOMBU
(22) YENHARIMA
'Chassa Dawaaru
(lI) YENSEMBU
chassa Tontuoriba.
!
YENSEMBU
Ce dernier revint
..---
Les enfants de (21) qui
après un long exil
avaien~utenu (22) par
et le tuaJ
peur de représailles
s'enfuirent chez des
1 BILANYANGA ,
~
parents à Bou1sa (Mossi)
1
1
(23) TONTUORIBA
1
- - 1
-
-
----
---
-
• -
_.
•
- -
-
- ,
~ssé par Yenharima
(24) LISONGI
(25) BAAHA}~
(26)LABIDIEDO
( 1) YEMPAABU
il s'exila pendant près
..----+
tua (27) et (28) avec l'aide de ses
de 26 ans à Moppienga (Kuala)
parents mossi de Bou1sa. Il est
avant de revenir règner
néanmoins chassé. Il alla fonder
Bilanyanga
1
- ' 1 - -
- -
- ' - -
- - 1
1
(~NARI-
(28) YENDABRI
(29) YAAPARIGU
tue par Yempabu
tué par Yempaabu
1887-]919
(2) YEMBUADO
~
CONQUETE COLONIALE EN 1897
(J1
~
.s:-
.... .MalfbrJ401.-fiilrÜ,1IIIIIII
4
515
lieu pour passer des alliances. En fin de compte deux prétendants,
les plus importants, restaient en lice. Les différents guerriers
et les membres de la société, les buricimba notamment, prenaient
position pour l'un ou l'autre des candidats en fonction des liens
de parenté ou d'amitié qui les unissaient à ce dernier. Une batail-
le s'engageait entre les deux parties et celle qui triomphait im-
posait son prétendant comme bedo. Ainsi, quand les baantiaru ci-
te nt les noms de betieba, ils disent souvent :
"un tel a pris la
maison, gbangu len kpaandi
"'(peau avec lance". C'est-à-dire grâce
à son bouclier et à sa lance
(1).
La succession était donc rarement de père en fils. Tout
dépendait du rapport de force. Un fils, bénéficiant des alliances
d'amitié de son père, pouvait lui succéder mais c'était rare
(2).
Elle se faisait de branche à branche ou à l'intérieur d'une même
branche, et de génération à génération. C'était en principe une
succession en Z (Mais i l y a quelquefois des entorses
(voir
tableau ci-contre.
Notons que ce n'était pas à toutes les successions que
des querelles s'engageaient. Dans la plupart des cas, une forte
personnalité s'imposait déjà avant la mort du bedo. Personne
n'osait alors s'opposer à elle, et pour cause! Il arrivait aussi
qu'avant de mourir un bedo désignât son successeur, choix qui
(1) Les boucliers étaient faits avec des peaux de boeuf.
(2)
Depuis Dandanbuguru (1kbedo de Bilanga)
jusqu'à nos jours,
soit 19 betieba au total, un seul
(Yencabri 20ème)
succéda à
son père. Sur la liste dynastique de Kuala, de Balibagini
(7ème bedo)
à nos jours, soit 20 betieba, aucun bedo ne succèda
à son père.
•
516
.~.
n'était pas toujours respecté. Ou encore un consensus général
pouvait se dégager sur un prétendant dont l'éventuel règne, se-
lon les prédictions des tanpwaba, était de bon augure.
Les prétendants vaincus se soumettaient ou allaient
chercher des alliés, quelquefois en dehors du territoire des
Gu1mancehA/dans le but de pouvoir renverser la situation en leur
faveur. Si cette solution échouait, ils pouvaient soit se sou-
mettre et attendre la prochaine vacance du pouvoir, soit ils par-
taient -
souvent chassés par les va~nqueurs - à la recherche d'un
diema
(commandement). Il est évident qu'avec ce système, des bran-
ches étaient définitivement éliminées du ba1i et leurs membres en-
traient dans une phase de "ta1muisation". La mise en place des
buricimba s'explique largement par ces querelles de successions,
moteur principal de leur histoire de peuplement. A la veille de
la conquête coloniale, tout l'espace disponible était occupé, tan-
dis que les querelles de succession se poursuivaient de plus belle.
Les vaincus se soumettaient ou e.ssayaient de se "tailler" quand
même un commandement dans le diema de la famille régnante. La fon-
dation de Bi1anyanga (à 10 km) de Bi1anga}
fut un exemple. Com-
ment cette expérience allait-elle se terminer sans la conquête
coloniale? Personne ne saurait le dire. On peut émettre l'hypo-
thèse que Bi1anyanga serait devenu un Komba1i de Bi1anga.
Exemple de luttes successorales
Bi1anga
. f
; ,
,
1
&
517
C - LE BEDO -
INTRONISATION COUTUMIERE
Le bedo, par le mythe dont on l'entourait, était un
homme surnaturel, tenant son pouvoir des ancêtres et de Dieu.
C'était par conséquent un personnage auquel il était interdit de
porter atteinte sous peine d'être puni par ces derniers.
1) Les insignes du pouvoir politique :
Les insignes apparents du pouvoir politique sont
le
bonnet, le bâton et la peau de mouton.
Le bonnet (filiga)
cousu dans une bande de cotonnade est
la plupart du temps bardé d'amulettes. Le bâton (gmedo
ou gmada
est une branche de bambou (inconnu dans la région) avec trois
fourches
(voir croquis ci-dessna), amené des cOtes par des vendeurs
de Kola
(1). A
Kuala, c'est un gros bâton
(sans fourches)
cousu
dans de la peau (le gbebongu) (2). Ces bâtons sont hériditaires de
bedo en bedo. Lorsqu'un bâton était trop vieux, i l était changé.
GMEDO
BGEBONGU
GBEBIGA
'(1)
Ils s'en servaient pour caler leur charge contre un tronc
d'arbres, afin de se reposer ou passer la nuit. Puis ils se
rec~argeaient sans ~iff~cultés.
(2)
Le Nunbado a un
gbebiga, objet magnifiquement forgé.
' j
•
51 8
Le troisième signe du bali était la peau de mouton,
pie gbangu. Les betieba s'asseyaient sur une peau de mouton et
avaient un coussin (l). La peau était généralement posée sur des
nattes. Des informateurs, pour dire qu'un bedo a succédé à son
prédécesseur, disent souvent qu'''il a levé sa peau", 0 fiino 0
gbangu.
2} Les fondements religieux du bali -
l'intronisation
coutumière :
Les fondements religieux du pouvoir politique, par le
biais de l'intronisation coutumière, sont très importants. Un pré-
tendant ne devient effectivement bedo qu'après une intronisation
régulière. Sinon i l n'est même pas cité sur la liste dynastique.
L'intronisation coutumière fait du bedo un bulo. Il en
tire son pouvoir charismatique. Elle consiste essentiellement en
une retraite de sept jours. Elle a certainement évolué dans le
temps, évolution que nous sommes dans l'incapacité de retracer.
Nous décrivons ici, les rites d'intronisation actuels qui n'ont
presque pas changés depuis la conquête coloniale. Ils sont pa-
reils pour un Kombali et un Kuamba, à ceci près que le premier
reçoit son bonnet du second. Les rites d'intronisation sont éga-
lement presque les mêmes - à quelques variantes près ~ pour les
diema de Kuala, Bongandini, Con et Piala. Nous prenons comme
exemple Kuala, tout en indiquant les nuances avec les autres diema.
i
(l)
Cette peau est utilisée rarement aujourd'hui. ils utilisent
1
des fauteuils ou des lits sur lesquels sont disposés des
1
couvertures.
1
/
51 9
Les rites d'intronisation sont avant tout une épreuve
de passage pour le postulant de l'état de berijo à celui de bedo,
de l'état d' homme simple, normal', à l'état d' homme supérieur in-
carnant tout le pays.
Suivons le déroulement d'une intronisation coutumière.
INTRONISATION COUTUMIERE V'UN BEVO VE KUALA
Récit de Naabingujo Jagbuga 6~l4 du bedo
et 4ec~étai~e de canton et de No~buga Jagbuga
du diegu d' Al6a '
Kuala le Ie~ Mai 1975
(1)
1°
-
Le choix 6a~t du candidat, la 6amille de' ~'inté~e44é ~a44emb~e
le néce44ai~e et déte~mine ~e jou~.
2° - Le jou~ venu, on p~end l'~nté~e44é 4U~ un Kaja'i (4o~te de
natte' depui4 40ft diegu.
Il e4t emmené 4U~ la tombe de
Kalinkuma (~e 6ondateu~ du village),
3° - Il e4t po~té pa~ de4 be~ijaba. Van4 le temp4 c'était ceux avec
~e4quel4 i~4avaient che~ché le bali qui le po~taient.
4 u
-
A ~'a~~ivée,
on ~'a44eoit 4U~ la tombe. On ~e dé4habi~le et
on le ~a4e. C'e4t une p~~nce44e be~i4alo qui le ~a4e ouun
e4clave 4e~on ~e4 con4ultation4.
su - La même pe~4onne qui l'a ~a4é lui met un boubou b~anc en bande4
de cotonnade, un pantalon et un bonnet. On le chau44e d'une
pai~e de 4andale4. On lui met un tu~ban et on entou~e 4a
bouche d'une bande pou~ l'empêche~ de pa~le~.
6° - On le ~ep~end 4U~ un kaja~i et on ~'emmène chez un Tindano ou
un capti6 ou chez une pe~4onne ayant un bon nom (l'actue~ a
6ait 4a ~et~aite chez Kampaadi : "pe~4onne ne 4e~a plu46o~t
que moi") 4uivant de4 con4ultation4.
7 P
-
I~ 6e~me ~e4 main4 (p~u~ mieux teni~ le paY4) il ~ecou~be le4
o~teil4 la6in de ~a44emble~ le4 gen4',
gu
_ Une 6oi4
en6e~mé dan4 la mai40n :
- ~l ne do~t pa4 : on c~ie 4U~ lui pou~ l'en empêche~ (a6in
Qu'il ne do~me pa4 et oublie ~e pay4'.
- il mange peu : t~oi4 bouchte4 matin et 4oi~. On tui 6a~t
boi~e (beaucoup de nyoagi4i)
(1)
Le4 in6o~mateu~4 4e ~é6è~ent e44entiellement a ~'int~oni4a
~ion du bedo actuel qui eut l~eu en 1941.
. r
520
9U -
Le 4ept~ème jou~,
dan~ la mat~née, on amène un chevat ~u~
lequel ~l monte e~ ~l ~'en va ~OU4 un baobab. Il 4'a~~eo~t
cont~e te t~onc, la 6ace tou~née ve~4 l't4t.
10 u -
Le4 caval~e~4
60nt ~~0~4 60~4 le tou~ du baobab. C'e4t le
début du tanpugu
11 w -La ve~lle t~0~4 ~a4 de 4able al~gnë4 40nt 6a~t4 en d~~ec~~on
de l'emplacement du bedo.
Le4 baat~a~u appellent 4ucce~4~vement le4 g~oupe~ qu~
v~ennent pug~ 14alue~). :
- le4 capt~64 v~ennent ~ a chaque ta4 de 4abte. Et
60nt ap~è4 la pol~ce, obl~geant te4 gen4 a b~en 4alue~,
- ap~è4 le4 capt~64,v~ennent le4 60~ge~on4 qu~
appo~tent·
· Une a~gu~lle = a6~n que le nouveau bedo "cou~e"
le paY4 pou~ qu'~l ne 4e "gâte" pa4-.--
· Une daba neuve ~ pou~ qu'on cult~ve et nou~~~~4e
ie4 gen4
(la populat~on).
· Un cocoku (40~te de daba) = pou~ 4eme~.
· Une 6auc~lle pou~ 6auche~ l'he~be.
- Le4 T~ndamba v~ennent a leu~ ~ou~,appo~tant
· Un couteau = pou~ le4 4ac~~6~ce4.
· Un cocoku pou~ c~eU4e~ le4 tombe4 e~ ente~~e~
ie4 mo~~4.
- Ap~è4 eux, v~ennent le4 Ya~mu , appo~tant
· Vu 4el, POU4 la 4auce.
· Vu p~men~ = 4ymbole pou~ d~~e au nouveau bedo
de 4avo~~ accepte~, dan4 l'exe~c~ce de 4e-4---
60nct~on4, chaque pe~40nne avec 4e4 dé6aut4.
(mécharyt ou bon).
Vu 40umbala
(une ép~ce a ba4e de g~a~ne4 de
né~éJ pou~ que ça ~éU~4~44e. Le~ Ya~4é ne 4e
déco~66ent pa4 et pa44ent ie4 deux p~em~e~4 ~a~.
- Ap~è~ eux v~ennent ie4 be~~jaba.
12 u - Chaque g~oupe qu~ v~en~ ~ demande au bedo ce qu'~l voud~a~t
pou~ l'aven~~. Le bedo lu~ ~ë.pol1d.
13°
Un con4ulte aupa~avant pou~ 4avo~~ 4'~l e4~ bon qu'~l
~é~ntèg~e l'anc~enne ma~40n - 4~non on iu~ con4t~u~t une
hab~tat~on neuve.
Ve ~etou~ du tanpugu, monté 4U~ 40n cheval, le4 capt~64 te
p~éé.ëdcn.t et lu~ ~e6u4cHt i'ent~ëe (c'e4t un jeu). Il 6aut qu'.{f.
leu~ donne de l'a~gent.
.-;~
521
Commentaire : suivre avec le texte :
(1°) Les parents du prétendant qui s'était imposé
(dans
le temps») du candidat qui est élu (aujourd' hui») prépare la céré-
monie. C'est une grande fête. Une grande quantité de dolo est
préparée.
(2°)
et
(3°) La retraite commence jeudi ou vendredi, et
dure une semaine. Dans les quatre Kuamba et les Kombal'a, l ' inté-
ressé s'asseoit sur la tombe d'un de ses prédécesseurs; des géo-
manciens lui indiquent celle qui lui porterait le plus de chance.
Il prend en quelque sorte ce dernier bedo comme tuteur. Dans cer-
taines régions on ne le porte que dans la deuxième phase
(voir 6).
(4°)
Dans les autres diéma, et dans la plupart des cas,
ce sont les tindamba (propriétaires de la terre)
qui rasent l'in-
téressé et
(5°)
Les mêmes personnes lui mettent les habits: l'ac-
coutrement (boubou, pantalon, bonnet et sandales)
est fourni par
les parents de l'intéressé s ' i l s'agit d'un Kuamba. Pour le Kombali
les habits sont fournis par le bedo supérieur hiérarchique. A
Kuala c'est la mise du turban
(finfingu)
- constitué d'une bande
de cotonnade -
par un Kurumba qui est importante. Nous pensons
que cette coutume a été empruntée aux Peul
pendant la domination
des Gulmanceba au Liptako
(1).
(1)
On met également un turban à l'Emir du Liptako lors de son
intronisation.
522
L'insigne du pouvoir
(le bonnet ou le turban)
est remis
par des tindamba
(Kururnba pour ce qui concerne Kuala), anciens
occupants. Sans doute pour sceller le pacte initial comme le dit
Lombard, mais aussi parce qu'ils sont détenteurs privilégiés des
nyoagisi qui donnent un gra.nd pouvoir et une grande chance au nou-
veau bedo, comme
nous l'avons l.TUjÜUS haut (1).
Notons, pour comparaison, que le corps d'un mort est
également lavé, rasé, puis on lui ferme la bouche d'un morceau de
pagne (généralement celui avec lequel i l se couvrait)
(2). Le pos-
tulant est considéré comme quelqu'un qui va mourir et renaître. Le
bedo est souvent comparé à un tankpiilo. Par ailleurs, le postu-
lant, sur consultations de géomanciens, choisit une fillette - une
parente (fille de sa soeur) ou non - qui devient sa femme sYrnboli-
que dans cette renaissance. On la rase et on lui met un foulard au
moment oü on met le bonnet au nouveau bedo. Elle repart chez elle
après le tanpugu,ou est élevée par le bedo jusqu'à sa maturité, et
i l lui donne avant son mariage des pagnes et des bijoux.
(6°) Dans tout le diema de Kuala et à Bongandini, le
postulant est transporté dans la maison de retraite par des berijaba
(babila : les enfants de son père). A Con i l y est transporté par
des folbontieba. A Piala i l monte sur un âne pour rejoindre la mai-
son de retraite et à Bilanga i l la rejoint à pied.
(1) A Kuala, le Kururnba qui met le turban donne un boubou et un
coq blanc à l'intéressé afin qu'il sacrifie au Jingli
"tout
ce qu'il demandera sera excaucé".
(2) Nous n'avons pas recueilli ailleurs une information sur la
fermeture de la bouche du postulant.
523
La maison de retraite est généralement choisie chez
un jiimo (tindano ou captif). Rarement chez un berijo, de peur
que ce dernier, par des moyens occultes, ne fasse du mal au pos-
tulant. Cette maison s'appelle kuogdieli (1). Nous ne savons pas
encore la signification exacte de ce mot. Il évoque l'idée de
quelqu'un qui est caché, qui s'initie. Le kuogdj.eli est choisi
sur consultations afin de déterminer la maison qui lui portera
le plus de chance.
(7 0)
Cet épisode n'existe pas d~ns les autres diema.
Même dans le diema de Kuala c'est la fermeture des mains qui est
fréquente .Elles restent fermées pendant toute la retraite. Est-ce
"afin de mieux tenir le pays ?" c'est peut-être un symbole. Mais
comme le remarque le bedo de Liptugu, les tindamba remettent des
nyoagisi au futur bedo qui doit les garder dans ses mains jusqu'à
la fin de la retraite (2) ~ Ces nyoagisi sont censés lui transmet-
trent une certaine force.
(8°) Le futur bedo s'enferme dans la maison avec des
personnes de confiance dont le Soguno qui joue le rôle principal.
Dans tous les diema, Con excepté, il dort effectivement peu. Mais
est-ce pour ne pas sYmboliquement "oublier le pays" ? C'est peut-
être effectivement pour lui dire qu'il doit désormais veiller jour
et nuit sur son diema. A Kuala quand il sommeille on le réveille
en criant (3).
(1) Elle est appelée gurndiegu à Kuala
(2) Sogri Hampandi, bedo de Liptugu, Liptugu le 17 juin 1975
(3) le bedo de Bongandini pense que le postulant dort peu, non
pas par interdiction "mais a cause de la joie, du bruit des
tams-tams et des chants", car c'est une grande fête. Lankondi
Yenbuado, Bongandini, le 22 mai 1975.
521,
Dans tous les diema le postulant mange peu : trois bou-
chêes de saabu
(midi èt soir)
et trois gorgées d'eau
(1)
• Nous
ignorons s ' i l y a là un symbole quelconque. Un informateur de
Bilanga nous d i t :
"c'est à cause du bali - c'est bon d'être bedo -
Mais la faim doit commencer par là.De même que la soif. A chaque
fois que tu es
(le bedo)
averti de l'arrivée d'étrangers, tu dois
leur faire donner de l'eau, tout en étant à l'intérieur
(2)
"
c'est probablement pour lui signifier qu'il doit savoir
dorénavant servir d'abord les au~r~s/même dans les circonstances
les 'plus difficiles.
Le postulant ne fait rien de lui-même : on
(essentiel-
lement le sogno)
lui donne à boire et à manger comme à un enfant.
Les tindamba lui font "boire" des grands buli
(3)
et on lui fait
"manger" force nyoagisi contre les ennemis, pour la chance .•. La
retraite est effectivement un combat car les ennemis -
les candi-
dats malheureux -
sont censés mettre tout en oeuvre pour tuer le
futur bedo afin d'ouvrir ainsi une nouvelle querelle de succes-
sions qui pourrait leur être éventuellement bénéfique. Pendant les
nuits on lui fait rendre visite "aux tingbana, aux collines aux
tombes .•.. "(4). L'absorption des nyoagisi, les visites et sacrifices
(1) Ce n'est pas strictement observé
(2) Lankondi Hamicuuri, bedo de Bilanga, Bilanga le 23 juin 1975
(3) A Piala et à Bilanga, s ' i l s'agit d'un Kombali, on lui fait
boire le bulo ancestral du bedo supérieur. Le bulo de Bilan~a
se trouve dans le village de Wuo. C'est un bulo ancestral qui
a été monopolisé par la branche de Bilanga. --repostulant. s~,.lave
avec son eau. Les Kombala la boive.
... ,'",..
(4)
50gli Hampandi bedo de Liptugu, Liptugu le 17 juin 1975
52~
sur les autels ont le même objectif : protéger le futur bedo
contre ses ennemis, lui assurer un bon règne, protection de tout
le pays •••• La transmission de toutes ces forces occultes font
du bedo un bulo
(autel) veillant sur tout le pays. D'Où la con-
sidération que les sujets lui portent.
Pendant cette retraite on apprend au futur bedo comment
se conduire dans sa nouvelle fonction. Nous n'avons pas eu d'in-
formations précises à ce sujet. Seul le bedo de We nous a appris,
qu'avant même de gagner la maison de retraite, les tindamba lui
posent des questions
\\
" E~t-ee qu'ap~e~ ta nomination tu ~au~a~ pa~donne~ ?
" E~t-ee que ~i un ~ujet t'o66en~e tu lui pa~donne~a~ ?
Il
tulle po~tu~antl ~épond~ ou~ a toute~ ee~ que~t~on~.
I~~
l~e~ tindamba) eoneluent en di~ant qu'au ea~ où
tu ne tiend~a~ pa~ d ta pa~ole, tu au~a~ dé~obéi
a te~ anelt~e~
"
(3).
(9°)
et
(10°)
Le septième jour a lieu la fin de la re-
traite. Les cérémonies de ce jour sont des gestes de reconnaissance
de l'autorité du futur bedo : c'est le tanpugu
(1). Du dolo est
préparé en grande quantité
(2).
(1) Les nouveaux betieba de certains Buricindieru
(comme Mopienga
et Tuaba)/pour des raisons historiques, font la retraite mais
ne font pas le tanpugu du septième jour avec cérémonies. On
vient simplement les saluer à domicile.
(2) A Bilanga notre informateur nous dit que les candidats mal~~
chanceux préparent également du.dolo.
.. .
526
La sortie du postulant ~'effectue le matin de la même
façon dans tous les diema. L'arbre sous lequel s'asseoit le fu-
tur bedo est déterminé par consultations. C'est souvent sous un
tamarinier ou un baobab (adansonia digitata) mais jamais sous un
êpineux qui
(avec ses épines)
n'apporterait que malheur. Le fu-
tur bedo s'asseoit face contre l'Est. A la fin du sixième jour,
le postulant avait déjà choisi un prénom -
devise qui remplacera
dêsormais son prénom de prince (1).
(11°) Après les trois tours des cavaliers, commence le
tanpugu proprement dit. Tanpugu vient de tama :
"poussière" et
~ : "se jeter la poussière par-dessus en si9ne de soumission".
Chaque groupe, appelé par les baantiaru vient devant
l'aspirant, puis se jette la poussière des trois tas
(refaits
après) •
L'ordre de passage des différents groupes est variable
selon les diema comme l'indique le tableau ci-dessous:
A
PIALA (2)
BILANGA (3)
BONGANDINI(4)
CON
(5)
KUALA (6)
_les cancantieba
-les parents
- les berijaba
-dayetieba
_captifs
de _les berijaba
maternels du
- Tindamba
-les frères -forgerons
nouveau bedo
je
du nouveau
-les Kombala
- -
- Yarmu
_tindamba
-les berijaba :.
bedo
diegu par diegu' -les autres
-
I-yarmu
- berijaba ";
diegu par
I-Ies
diegu
berijaba
(1)
Contrairement à,ce qui se fait dans le pays mossi, les personnes
qui portent l'ancien prénom du bedo ne l'abandonnent pas.
(2) Tanbedo Damiba, 29 juin 1975
(3) Lankandi Hamicuri, Bilanga le 23 juin 1975. Ce sont les parents
maternels du nouveau bedo qui commencent également ~ pugi,à
Nungu.
'
(4 )
Lankandi Yembuado,
22 mai 1975
(5) Cannyoagu Lankondi, 23 mai 1975
(6) Naabingujo Jagbuga et Noibuga Jagbuga, Kuala le 1er Mai 1975.
527
Les maaba, les tindamba et les yarmu ont un statut spé-
cial. A Bilanga il ne ~ pas. Dans les cas où ils ~ ils ne
se décoiffent pas généralement
(particulièrement les Yarmu d'ori-
gine mandé). Les Yarsé, musulmans à l'origine, se sont convertis
pour la plupart à la religion de~ Gulmanceba. Mais ils ont tou-
jours été considérés, dans une telle circonstance, comme musul-
mans, c'est pourquoi ils saluent le bedo sans se décoiffer.
Chaque groupe apporte un don
(argent, animaux)
au nou-
veau bedo qu'il dépose à l'endroit où'il a ~. Le bedo partage
ces dons _entre ses serviteurs.
(1)
Le tanpugu est très important. C'est la reconnaissance
officielle du nouveau bedo et de·son autorité par tous les groupes
sociaux. Toute personne qui le saluera dorénavant répètera rapide-
ment ce geste : i l se courbera, la tête vers le sol, ramassera un
peu de poussière qu'il jettera sur son front en disant:
"que
Dieu vous garde".
(12°)
Nous n'avons pas posé la question dans les autres
régions.
(13°)
Les salutations une fois terminées, le nouveau
bedo regagne la "maison de son père"
(2)
sur son cheval accompa-
gné par les baantiaru et la foule. Les festivités continuent tou-
te la journée et la nuit. Le nouveau bedo commence officiellement
son règne sur le diema. Même s ' i l mourrait le lendemain, i l serait
(1) A Balga, comme à Nungu, certaines personnes qui viennent sa~
luer le nouveau bedo donnent de l'argent à mettre dans la
poche. Il peut garder lui-même cet argent.
(2)
On dit d'un nouveau bedo qu'il. "a pris la maison de son père".
les betieba vivaient souvent dans le même diegu.
526
considéré comme bedo et cité dans la liste dynastique. Il semble
qu'il est cependant bon qu'il règne au moins trois ans,
jusqu'au
rasage de ses cheveux. Le nouveau bedo, à cause des nyoagisi qu'il
"a mangés" ou avec lesquels i l s'est lavé, ne doit se raser les
cheveux qu'au bout de trois ans.
Et à partir de cette date i l ne
se rasera plus jamais totalement. D'après le bedo actuel de
Bongandini, un bedo ne pouvait pas nommer un kombali avant d'avoir
régné trois ans, c'est-à-dire avant d'avoir rasé ses cheveux (1).
Le but essentiel de l'intronisation est d'entourer le
bedo d'un mythe. Mythe qui fait de lui une sorte de bulo, une
personne sacrée, quelqu'un hors du commun, se situant au-dessus
de toute la société sur laquelle i l règne.Il peut en principe
transcender toute règle de la société: c'est pourquoi les
Gulmanceba disent :bedo 0 pia kwali ye :
"un chef n'a pas d' inter-
dit".
Il devient une sorte de dieu dont la vie est intimement liée
à son pays.
3) La mort du bedo et la vacance du pouvoir politique
Autant les cérémonies d'intronisation sont fastueuses,
autant l'enterrement d'un bedo est expéditif. Suivons avec le
texte ci-dessous.
Texte - Annonce de la mort d'un bedo
(1) Yembuado Lankondi, l8 Juin 1976.
529
ANNONCE VE LA MORT ET ENTERREMENT V'UN BEVO PAR
BANGA TUGIJIE BENVBEVO VE NIABA (KUALA)
VUOGUYANA LE 12 MARS 1915
1° - queôtion
Comment ente~~e-t-on un bedo ?
"quand .te piquet du cheva.t ôe b~iôe", on appe.t.te
.te nagbibedo (che6 deô 6oôôoyeu~ô)
pou~ Niaba,
c'eôt .te 6agbibedo de Vuoguyana. On .tui dit que
.te che6 ô'eôt endo~mi. Avant, même ôi c'était .te
matin on n'annonçait paô .ta nouve.t.te. On atten-
dait que .te ôo.tei.t tombe. Le ôo.tei.t tombé, on
appe.t.te .te 6agbibedo.
Pou~quoi n'annonce-t-on paô .te matin .ta mo~t du
bedo ?
~éponôe
Comme Vieu a 6ait en ôo~te qu'i.t eôt p.tuô g~and,
ce n'eôt paô bien qu'on annonce ôa mo~t en p.tein
R,e
jou~.
Leô 6oôôoyeu~ô
ne doiventvdi~e
à pe~ôonne.
On c~euôe .ta tombe .ta nuit, qu'on te~mine aux en-
vi~onô deô chantô du coq ou à .t'aube. On appe.t.te
.teô baantia~u et on .te p~end. On .te ôou.tève et on
.te met danô .te t~ou ".teô baantia~u tapent enôemb.te
t~oiô coupô, puiô ceux qui ôont .tà ljieôi (c~i
d'humi.tiation).
Leô baantia~u tapent enco~e ; .teô
pe~ôonneô c~ient .ta même choôe, juôqu'à t~oiô 6oiô.
Puiô on .te jette (.te co~pô) danô .te t~ou. Ap~èô
on ent~e et on .te poôe bien. On met deô habitô.
Puiô on commence à p.teu~e~ danô .te diegu.
530
q ue~ t..i.o Yl
PouILquoi jette-t-oYl le eolLp~ du bedo ?
IL~pO Yl~ e
PaILee que le~ tiYldamba OYlt peuIL. Oyl eILoit que
eelui qui eYltILe IdaYl~ le tILOU), qu~ le tieYlt et
qui le eouehe ILi~que de moulLilL.
Oyl iYlteILpILète le~ po~itioYl~ pILi~e~.
Il y a de~
betieba qui ~'iYleliYleYlt, eeILtaiYl~ ~e eoueheYlt ~uIL
la maiYl et d'autILe~ ~'eYldo~~eYlt à la paILoi de la
tombe. C'e~t bieYl (le deILYlieIL ea~). Oyl dit que
le bali e~t eYleolLe ehez toi, daYl~ tOYl diegu (du
bedo dé6uYltl. Ceu" qui tombe.Ylt à plat veYltILe Oyl
dit que e'e~t mauvai~ : qu'il a appuyé ~Oyl diegu.
Oyl dit que ~a mai~oYl Yl'auILa pa~ ILapidemeYlt le bali.
PoulLquoi po~e-t-oYl Uyl eimu (~oILte de gILaYlde jaILILe)
~uIL la tombe d'uYl bedo ?
ILépo Yl~ e
C'e~t UYle que4tioYl de di4tiYletioYl. Comme il a été
di4tiYlgué paIL le bali. AiYl4i à 4a molLt aU4~i Oyl
le di4tiYlgue. Oyl peut po~elL UYle jaILILe (~aYl~iJ 4uIL
la tombe d'uYl gILaYld beILijo.
531
Commentaire : suivons avec le texte
(10) On ne dit jamais qu'un bedo est mort
(0 kpie)mais
que le "piquet de son cheval s'est brisé"
(0 tankpaali koali)
ou
qu'''il s'est endormi"
(0 guana). Toutes les informations recueil-
lies concordent l~-dessus (l~de même que sur l'explication ~ don-
ner ~ ce fait
distinguer la mort du bedo de celle du commun des
mortels qu'on annonce: 0 kpie,
"il est mort", ou waa yie, "il.
n'est pas"
(euphémisme). Nous pensons qu'il faut voir l~ la mani-
festation de la mentalité qui tend ~ rendre immortel le bedo, im-
possibilité de croire que lui qui a été aussi puissant, qui a
"régné
avec autorité" soit vaincu par la mort.
(2 0 )
Cette information est confirmée partout. On creuse
la tombe dans la plus grande discrétion. Seuls les proches parents,
notamment le premier fils du bedo défunt, sont immédiatement mis
au courant de sa mort et surveillent les opérations de l'enterre-
ment. La tombe était gênéralement creusée ~ l'intérieur même (2)
ou ~ proximité du diegu. C'était et ça reste encore une question
de sécurité (possibilité de la surveiller)
(3)
car un sacrifice
sur la tombe d'un ancêtre pourrait toujours être néfaste, surtout
dans une querelle de succession.
Le corps du mort subit des humiliations
(yeux creusés,
membres brisés) avant d'être précipité dans la tombe après les cris.
(1)
A Nungu on dit que le bedo "est monté sur son cheval
(est allé
en voyage)". Et en pays mossi on dit que "le feu s'est éteint".
(2) A Bilanga on creusait la tombe dans la case d'une des fe~~es du
bedo, qui était défaite après. Tadano Jiamu 25 juin 1976.
(3) A Piala i l y a un cimetière
(Tanpanga)
réservé aux betieba
.. ,',
5 :;~
Le fils ainé (bicienga) entre et le couche bien, puis la tombe
est refermée jusqu'au niveau du sol. Le bulimbugili annonce offi-
ciellement le décès
:les benda, les lommu et les gangaana (s'il y
en a) tapent ensemble de leurs instruments de musique, et le ré-
pètent trois fois. La population commence à pleurer après que le
bedo soit effectivement enterré.
Pourquoi tous ces mauvais traitements du cadavre? Il
semble qu'il faut voir là une sorte d'expiation
pour le bedo qui
a vécu "heureux sur terre"(l).
(3°) Notons ici que tout est interprété dans le Gulma.
(4°) Après l'enterrement proprement dit, il reste une
deuxième phase appelée kakuli (kuli) duooma (litt. l'élévation de
la tombe). Cette phase que nous appelons funérailles a lieu sept
jours ou plus après la première. On recherche dans la brousse un
cimu
(2) qu'on enlève avec cérémonie. Il est posé sur la tombe
avant de remonter entièrement la terre. L'extrémité du cimu reste
visible. On sacrifie sur la tombe le propre cheval du défunt,un
âne, des poulets et autres animaux (3). Après les différents sacri-
fices' ,on Yiesi trois fois
(4) et ce sont ces cris qui mettent fin
à l'enterrement et aux funérailles du bedo.
Durant la vacance du pouvoir c'est un berisalo (~e), un
Yariga (Con), un Tambedo (Gayeli, Kuala et Piala) ou un Tadano
(1) Le bedo a le statut supérieur dans la société
(2) Grande jarre dont on ne cannait pas très bien les fabricants
.
~
(3) A Con on nous dit qu'on y sacrifie toute espèce animale domesti-
que et quelques animaux de brousse. Lankondi Dayeli 23 mai 1975
(4) Naabigujo Jagbuga et Noibuga Jagbuga, Kuala le 1er mai 1975.
533
(Bilanyanga) qui assure l'intérim jusqu'à la nomination du nou-
veau bedo.
L'intérim du Yariga est un intérim à plaisanterie.
Il symbolise cependant la pérennité du pouvoir politique.
(1).
CONCLUSION
Le bedo tient son pouvoir de la coutume. Le bali est
indivisible. C'est le bedo qui détient le bali et pas un autre,
même s'il est censé L'exercer au nom de toute la famille règnante.
Il doit néanmoins tenir compte des rapports de forces entre les
différents dieru et consulter leurs leaders avant de prendre d'im-
portantes décisions, bien que sa politique soit de les écarter du
pouvoir par mesure de sécurité, comme nous le verrons plus loin,
en s'entourant de collaborateurs d'origine "talmuisés" et serviles
(les cancantieba), . Le pouvoir du bedo n'est limité que par la
coutume et ce que nous avons appelé l'éthique morale.
Remarquons, à la différence du pays mossi, qu'il n'y a
pas distinction entre un pouvoir politique (détenu par le naba)
et un pouvoir religieux (détenu par le tengsoba). Il n'y a pas
non plus une "double polarisation" du pouvoir comme en pays
bamiléké (au Cameroun) où le fo (chef) est le symbole de l'unité
nationale, le garant de l'ordre et l'intercesseur auprès des
ancêtres, tandis que le Kpwipu (le premier dignitaire) est chargé
de fonctions militaires et veille sur l'intégrité du territoire. (2).
-\\0-'- '"
( 1)
On ne remarque pas un "désordre. voulu", pendant un certain'~èrnps
après la mort d'un bedo comme c'est ,le cas en pays mossi.
(2 )
Voir Balandier, Georges"Anthropblogie Politique, op~cit. p.55.
•
Nous pouvons conclure en disant que le mode d'autorité
du bedo en pays gourmantché est à rapprocher du " patrimonialisme".
(l) •
(1)
Balandie~, Georges, Anthropologie Politique, op.cit. p.45.
535
II -
DIVISION ET ADMINISTRATION DES DIEMA
Le diema
(commandement)
comme nous l'avons dit plus
haut, est un terme relationnel. La cellule de base de la société
était le diegu et l'unité territoriale maximale le Kuamba comman-
dé par un bedo du même nom. Elle fut érigée en canton par l'admi-
nistration coloniale
(1). Le dogu
(village)
était l'unité territo-
riale minimale; elle était souvent dirigée par un ancien ayant
comme titre jakpegbiemu. Entre le Kuamba et le diegu existait le
Kombali commandé par un bedo du même nom.
Le dogu était administré par un niciamo. Le Kombali et
le Kuamba s'entouraient de collaborateurs
(cancantieba)
aux fonc-
tions plus ou moins précises, qui constituaient une cour et les
aidaient dans l'administration.
A -
DIVISION DU TERRITOIRE ET AUTORITES POLITIQUES
1) Le diegu
(famille)
l'autorité du niciamo
C'était le niciamo ou lediedano qui dirigeait le diegu.
Il était le lien entre les membres du diegu et les ancêtres dont
il détenait son pouvoir. Il faisait les sacrifices sur les autels,
règlait les différends entre les membres. Ces derniers lui devaient
respect et obéissance.
(1)
Le diema de Bilanga a été divisé en quatre cantons
Bilanga,
Gayeri, Yamma et Tibga.
536
L'idéologie était basée sur la peur des ancêtres et le
respect. Respect des anciens, de tout aîné (aîné de naissance
dans la famille restreinte ou aîné de lignage dans la famille élar-
gie)j les descendants d'un frère aîné étaient considérés comme
aînés - quel que soit leur âge - des descendants d'un frère cadet.
C'était la perpétuation de l'ordre premier)du commencement)"mi
cirima" .
Les niciamba étaient respectés parce qu'ils étaient les
détenteurs des autels et des nyoagisi. Ils monopolisaient les liens
entre familles, c'était ~ eux qu'appartenait par exemple, d'arran-
ger en dernier ressort les mariages.
Les niciamba administraient leurs dieru avec l'assistance
des autres anciens de leurs familles
(1). Ils les consultaient avant
de prendre des décisions importantes. Les femmes et les enfants
étaient exclus officiellement de toute consultation., cemme· nous_
·l'avons remarqué plus ·haut. Une femme dans son foyer, même si elle
avait de nombreux enfants, était considérée comme étrangère au
lignage. C'est pourquoi lorsqu'elle y mourait, on ne pouvait rien
décider avant l'arrivée de la délégation de sa famille paternelle
aussi loin soit-elle (2). Si elle s'immisçait dans les affaires
du clan marital, les membres de celui-ci pouvaient lui rappeler à
l'occasion qu'elle n'était pas des leurs. Néanmoins, les vieilles
(1) Etaient considérés comme anciens les personnes de la plus
vieille génération.
(2) Ceci est encore vrai de nos jours.
,. /
537
femmes qui avaient vécu longtemps dans leur foyer et avaient
acquis une grande expérience, c'est-à-dire qui connaissaient pas
mal de secrets de la famille étaient consultées avant l~~~dr~lc
certaines décisions
(1).
Les membres de la génération inférieure à celle des
anciens leur obéissaient sans broncher, dans l'attente d'exercer
un jour le même pouvoir. Ce n'était que par leur conduite exem-
plaire qu'ils pouvaient acquérir la confiance des anciens qui leur
livreraient les secrets de famille et de nyoagisi, source de res-
pect et de considération.
Le diegu (famille)
en excluant les jeunes - force vive
au niveau de la production et qui l'auraient été certainement au
niveau d~s idées - était beaucoup enclin au conservatisme, au main-
tien de l'ordre établi, celui des anciens.
Les pouvoirs apparemment étendus
(religieux, économiques,
politiques) des anciens étaient en réalité limités par l'éthique
morale. Ils agissaient suivant le code de la société, selon ses
institutions informelles. S'ils en sortaient, ils étaient censés
être punis par les ancêtres et Dieu.
2)
le Jakpegbiemu
Le dogu
(village) était dirigé par un jakpegbiemu (litt.
baton du vieux). Le jakpegbiemu était généralement le niciamo
(1)
Certaines vieilles femmes connaissent mieux que leur mari
les secrets familiaux de lignage de celui-ci.
536
de la famille fondatrice du village
(1). Il était d'office re-
connu par le village et par le bedo supérieur, sans cérémonie
particulière. Le successeur d'un niciamo défunt entrait simple-
ment dans la tombe - avant la fermeture -
et s'adressait à lui
en ces termes: n'ga n'dogu "j'ai pris mon village"
(2). Il n'était
pas un bedo, son pouvoir ne nécessitant pas une intronisation cou-
tumière.
Quel était son rôle ? Il veillait au bon fonctionnement
des institutions informelles du village : i l veillait à ce que les
autels protecteurs du village soient satisfaits
(des sacrifices)
afin que la protection soit effective; i l règlait, si possible,
à l'amiable les différends qui surgissaient entre familles et
était le lien entre son dogu et l'autorité politique supérieure.
Dans le diema de Kuala i l y avait quelques villages
autonomes fondés par des lignages de la famille règnante de Kuala.
Ils ne reconnaissaient, bien qu'étant sur les territoires de
Kombala, que l'autorité du Kuamba
(voir carte N°~1.. ).
Le pouvoir du jakpegbiemu, comme celui du chef de fa-
mille, était limité par la morale sociale. La fonction du
jakpegbiemu ne lui donnai~ pas d'avantages matériels. Son statut
se trouvait simplement relevé à cause du respect et du prestige
qu'inspirait la charge. Les villageois n'avaient pas d'obligations
(1) Pour des raisons historiques, il était possible qu'une famille
fondatrice d'un village soit dépossédée de ce pouvoir par une
famille arrivée après, mais jouissant d'un plus grand prestige.
(2) Lankondi Dayeli, Con le 23 mai 1975.
539
économiques à l'égard de leur jakpegbiemu en dehors de l'intérêt
collectif. Ils étaient en effet parfois tenus d'acheter collecti-
vement l'animal à sacrifier à tel ou tel autel. D'ailleurs un
poulet et même un mouton pouvait être saisi - dans l'intérêt pu-
blic - dans la cour de quelqu'un sans qu'il ne bronchât; lui-même
était capable de proposer l'animal recherché sans qu'on le lui
demandât. Il y a là une des valeurs essentielles, comme la solida-
rité, de la société précoloniale : le sacrifice pour la collecti-
vité. La collectivité passait avant l'individu. Il n'était cepen-
dant pas impossible que des villageois, aimant particulièrement
leur "doyen" décidassent de l'aider à cultiver une journée dans
son champ.
2)
Le Kombali
Le Kombali désigne à la fois un diema et le bedo de celui-
ci. Il est nommé par un bedo hiérarchique supérieur. C'est un ter-
me relationnel ~ un Kombali peut avoir à son tour un ou plusieurs
Kombala - Le terme Kombali désigne aussi quelquefois certains
cancantieba, comme le tadano
(chef de la guerre), le tambedo
(chef
de la cavalerie) qui sont nommés par un bedo.
Le Kombali est un bedo car i l est coutumièrement intro-
nisé
(retraite de sept jours). Nous ignorons encore la significa-
tion du terme.
Le diema d'un kombali pouvait être grand, comportant
plusieurs gros villages comme celui de Tibga,ou réduit à un village
unique comme celui de Balga (1). Une famille règnait sur le
kombali. A chaque vacance- du pouvoir une querelle de succession
s'engageait entre les prétendants,et le vainqueur s'imposait. Le
bedo supérieur entérinait l'état de fait en reconnaissant le nou-
veau bedo par l'envoi d'un bonnet, d'un boubou, d'un pantalon et
d'une paire de chaussures. En échange de cet accoutrement le pos-
tulant au poste de kombali "achetait" le bali au bedo supérieur.
A Con par exemple il lui remettait, selon son importance :1° un
cheval, un mouton et 3000 cauris;
2° un mouton, 3000 cauris.
Le Kombali était plus ou moins autonome vis-â-vis du
Kuamba. Il dirigeait son diema assisté d'une cour qui était - avec
moins de faste - la réplique de celle du Kuamba. Il organisait la
défense de son diema en cas d'attaque
(2), et rendait la justice,
source importante de revenu. Si une partie n'était pas satisfaite,
elle pouvait faire appel â l'autorité supérieure.
Les sujets du kombali lui faisaient de cadeaux non obli-
gatoires. Par exemple après les récoltes, chaque diedano lui envo-
yait 100 épis de mais et un panier de mil. Ils cultivaient égale-
ment son champ.
Le pouvoir du kombali était limité par la morale sociale.
Il était le représentant de son diema auprès du bedo supérieur qui
(I) Dans le diema de Bilanga, autres exemples : Bongandini = Tieri
et Nagiri, Con = Jaka et Cipooli; Kuala : Niaba et Yariga.
(2) S'il s'agissait d'une grande attaque i l faisait appel au
Kuamba.
541
LES DIFFLF,U1L DIU"'\\ 0[5 KU;II',BilM-,Oi\\
-: - : -: -: -: -: -: -: -: -:-
,
!KUI',~181~ =Royaume'
Km',BilL;'; : DyrJ5TIES ilUTOèJQI'ES
DYNASTIES INDEPEND~NTE
!
BIUNGA
Yupangu, Bosongri, B~l~a, Jipienga,
BI Li\\ NYIl NGA
Tuobu, Kogdu, Benwurugu, Buoru, Ogaruni,
Nyoariga, Jankulungu,
Sikuantu = dynas-
ties fondées p~r des membres de la
famille dirige~nte de Bilanga
Nanyuangu, Dioola, Balamanu, Tankperu,
500, Batibuogu, ~iela, Tatari, Diamdiara
Gayeli,
Tibga et Yamma : dynasties fon-
dées par d'autres familles.
1
PIALA
. ( 1 ) Dabe:;ma, Tangini, Korungu, Guori,
!
Diabatu : dynasties fondées par des
membres de la famille régante de Piala
Kuri,
Kongini,
Kalingaagu, Dimboari,
Cabru : dynasties fondées pEr d'autres
familles •.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _- - J -
_
.,.----------1
,
------_.
rorJGANDINI
! (1) Tieri, Konbonsini,
Jongifiriga,
Tilaaba : dynasties
1 '
fond~es par,des
membres de la famille régnante de
Bongandini
Nindongu, Corigu, Liwura, Soriga,
Komoasi, Kosudugu, Cerigini : dynasties
fondées par d'~utres f~milles.
,.(1) Juoro, Cipooli, ~onluori, Jakn
1
dynasties fondées par des membres de la
famille régnante de Con
Lalgini, Kulibila : dynasties fondées
par d,l~utres familles.
~----------------1
~KU:\\LA
Niaba, Kpiideni, Tuaba,
Yariga,
SURUNGU ET BIISIERI
1
~onienqa ét Liotugu :
dynasties parentes
.
à l'origine avec celle de Kuala
!
i
!===============~=============================================~=========================f
s'adressait à lui pour tout ce qui touchait à son territoire. Le
kombali faisait à son tour, épisodiquement, des cadeaux non obli-
gatoires au bedo supérieur (autre Kombali ou Kuamba) •
4) Le kuamba
Au-dessus du kombali se trouvai~ le kuamba ou jasinjanga
(1). Les deux termes désignent la même réalité. Kuamba signifie
littéralement "(je) rentre moi-même". C'est-à-dire qu'après s'être
imposé, pacifiquement ou de force à ses conèurrents, le candidat
au bali ne recevait pas son bonnet d'une autre autorité politique
comme c'était le cas pour le kombali. Jasinjanga serait, d'après
nos informateurs une déformation de Sinsinjanga, nom du deuxième
bedo de la liste commune du nord-Gulma. De nombreux betieba sont
salués sous le nom de leur ancêtre~ : (we : Noima; Cabondu : Kugu-
bai Nungu : Tidarpo). Notons que les betieba salués sous le titre
de Jasinjanga peuvent l'être également sous celui de Lompo (2).
Le diema du kuamba comportait plusieurs kombala. Certains
diema étaient très vastes (Bilanga et Kuala) et d'autres réduits
(Piala et surtout Con)
(voir carte N°,40
et tableau ci- c,;,,,,,-fre )
Le Kuamba (pl. Kuarnbaamba) avait un diema sur lequel son autorité
s'exerçait directement. Des villages, fondés dans des Kombala par
des membres de sa famille pouvaient également lui être directement
rattachés. A l'échelon de tout le diemail agissait comme un bedo
(1) Le premier terme est utilisé à Kuala, Bongandini et Con, et le
second à Bilanga et à Piala. ,
(2) Tout bedo du Nord-Gulma, Kuamba ou Kombali peut être saluê sous
le titre de Lompo.
DIVISION TERRITORIALE ET AUTORITE POLITIUUE
,- - - _.-
,
1--,
Kli ,il,ll/\\
OU
RO y {IUhE
KUilMBIl
1
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Knr·r·'L 1
1 Niveau II
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r-
:
K(lf'iB!\\L 1
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1 NICllIr'lO
1
-
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.r:-
,t.,
t..)
DIEMA = TERRITOIRE
AU TO fI !TE POLI TI ~U r
...._"lli:C
.-iil
" ,
•
èminent. C'était une sorte de confédération ou le Kuamba êtait
le primus inter pares. Nous pouvons appliquer le terme de
royaume au Kuamba
(voir carte N° 10
et tableau
ci-contre.
B - LE KUAMBA ET SON CANCANLI
(cour)
Même si en principe, comme nous
i'avons vu plus haut,
c'était une famille qui règnait sur le diema, le Kuamba n'étant
qu'un représentant, le pouvoir politique lui appartenait. Vivant
dans son diegu, le Kuarnba rendait justice et assurait la défense
du diema contre d'éventuels envahisseurs. Il était entouré de
cancantiêba (sing- cancantie.lo)d 'origine talga et servile qui
l'aidaient dans l'administration.
1) Le diegu du bedo
Le diegu du Kuamba, comme celui de tout bedo, se.remar-
quait,et se remarque encore,par sa grande dimension. Il y vit en-
touré de ses nombreuses femmes. L'accès du diegu est interdit à
sa mère et à son premier fils. Les raisons avancées sont que si
une telle mesure n'était pas prise, la mère du bedo pourrait un
jour contredire bruyamment son fils; ce qui n'était plus toléra-
ble. Concernant le premiei fils, ce serait pour éviter des inter-
férences dans les chances et les vecteurs-vie respectifs qui pour-
raient entraîner des conséquences fâcheuses. Le premier fils ne
pénètre dans le diegu que le jour de la mort de son père.
Le diegu du bedo avait deux portes : une grande
(le cuuli
- -
,
tourné généralement vers l'Ouest)
et une petite
(vers l'Est.) Cette
545
derni~re était réservée aux familiers.
Des oeufs d'autruche ~ixés sur le cuuli et la maison
de la premi~re femme, distingue le diegu du bedo des autres. A
l'intérieur une courette est réservée au bedo. Ce dernier se cou-
che dans une maison en chaume,
jamais dans une en banco
(1). Peut-
être parce que la construction des maisons en paille est antérieure
à celle en banco.
Le bedo passe la plupart de son temps dans sa maison et
sous son hangar
(jandi)
construit dans la cour extérieure. Son ac-
tivité essentielle est de rendre la justice~
Le bedo' doit veiller en principe sur le pays et lui évi-
, ,
ter tou,j;maux. Lorsque la pluviométrie, par exemple, n'est pas suf-
fisante i l est accusé d'empêcher la pluie de tomber par ses
nyoagisi
(2)
ou d'être malchanceux.
2)
Rapport du bedo avec ses sujets
Le bedo était considéré par ses sujets comme le niciamo
(l'ancien) de tout le diema. Et à ce titre i l était le gardien
des biens matériels et moraux de la grande famille que formaient
les habitants du diema. Leurs rapports étaient en principe des
rapports de père à fils. Pour parler d'un bedo, les sujets disaient
quelquefois t i camba "notre père"
.
(1) Ce n'est plus strictement respecté partout
(2)
Lorsque la vie du bedo était en danger, ses devins lui con-
seillaient d'''attraper la pluie" et abîmer, sinon toutes les
récoltes du moins celle du mais afin de déjouer le danger qui
·plane sur lui.
Le bedo ne travaillait pas. Son champ était cultivé
par ses sujets. Il recevait de nombreux cadeaux (mais, mil, ani-
maux •••. ), non obligatoires, de ses sujets directs et des Kom-
bala. Les razzias des berijaba étaient également une source de
revenus.
Loin de capitaliser, le bedo distribuait les cadeaux
qu'il recevait aux membres de la famille régnante et à ceux d'au-
tres familles. En principe les biens du bedo, de même qu'il était
considéré comme le bedo de "tout le monde", appartenaient à tous
les ·sujets. En réalité i l était le principal bénéficiaire de ces
avantages attachés au bali. La distribution des cadeaux lui per-
mettait de se faire une clientèle qui s'avèrait, à sa mort, utile
à son fils ou à un membre de son lignage dans une éventuelle que-
relIe de succession.
3) Le Cancanli
(cour)
Les cours
(cancanna, sing. cancandi)
des quatre Kuamba
avaient presque la même configuration. Les cancantieba
(litt. Les
gens du cancanli, de la cour du bedo) (1)) sont les gens qui sont au
service du bedo. Une différence est faite souvent entre cancantie-
ba et kombala. Le premier terme désigne les serviteurs ayant des
charges peu importantes ne conduisant pas à un bali et le deuxième
ceux dont la charge nécessitait une intronisation coutumière
(comme le tanbedo et le tadano) •
(1) On les appelle aussi des dayetieba
(ceux du dayeli
cour) •
au Sud le terme baribaamba est également utilisé.
)
a)
Les charges guerrières : Tambedo
(chef de la cava-
lerie)
et Tadano
(chef de la guerre) •
Les charges les plus importantes étaient celles du
Tarnbedo et du Tadano ; essentiellement des charges guerrières.
Ils n'étaient jamais de la famille régnante.
Le Tambedo
(litt.
: chef des chevaux)
n'était pas en
principe nommé dans une famille précise où la charge ne faisait
que se transmettre. Le bedo nommait un brave homme de son choix.
Cependant une famille réputée pour sa bravoure pouvait monopoli-
ser la charge et tenter de la fixer
(1).
La façon dont le Tarnbedo était nommé nous restent enco-
re obscure. A Piala on nous dit qu'il était nommé en brousse et
qu'on lui remettait un bonnet, un boubou, et un gmedc'
(trans-
missible à son successeur)
(2). A Kuala i l s'asseyait sur des
lances posées en croix, et c'était sur elles qu'on le transpor-
tait jusqu'à chez lui
(3). Le Tarnbedo était le chef des cavaliers,
c'est-à-dire des berijaba qui possédaient des chevaux. Il veillait
particulièrement sur la sécurité du bedo. Son rôle fut réduit,
pendant la période coloniale, à rassembler les cavaliers qui
accompagnaient le bedo au chef-lieu du cercle en cas de convoca-
tion. A Kuala et à Piala, le tambedo assurait l'intérim effec-
tif pendant la vacance du pouvoir.
(1)
la plupart des charges ont été fixées pendant la période
coloniale.
(2)
Damiba Tarnbedo, Piala,
29 juin 1975.
(3)
Naabingujo et Noibuga Jagbira, op.cit. 1. Mai 1975
548
Tadano (1) vient de bu toabu daano, "le propriétaire
de la guerre"j c'était un guerrier brave (jakpaando) qui était
nommé à cette charge. Il s'occupait de la guerre avec le Tambedo.
Pendant les expéditions il commandait les piétons (les fantassins)
et en cas de fuite il formait, avec ses hommes, l'arrière-garde
afin de protéger la retraite du bedo. Le Tadano jouait aussi le
rcSle de police
il était chargé des exécutions. Lorsqu'un sujet
commettait par exemple l'adultère avec une femme du bedo, le Tadano
se chargeait de le frapper à mort. Il est probable qu'il se char-
geait aussi dans le temps du meurtre rituel des betieba, comme
cela se faisait dans le Sud-Gulma. Nous n'avions obtenu aucune
information à ce sujet dans le Nord-Gulma.
A Bilanga et à Piala le Tadano avait la préséance sur
le Tambedo et était considéré comme le niciamo (chef) des cancan-
tieba. Sa fonction est tombée en désuétude pendant la période
coloniale.
Le Tambedo et le Tadano sont nommés à vie. A Piala et
à Bilanga ils sont salués, comme à Nungu,
sous les noms suivants
(2)
: Hajaali (Tambedo) et Parinyianu (Tadano).
TABLEAU DES DIFFERENTS TAMBECIBA ET TADAMBA
(voir page suivante)
(1) Tansoba dans les royaumes Mossi
(2) Nous ignorons la signification de ces noms.
•
§ -
~-
.:n
- 7
1.1"1
DIEMA
CANCANTIEBA
YEDONDILI
ORIGINE
TAMBEDO
SIGNANDI
CON
TADANO
SAWADOGO
Nyonyose originair~du pays
mossi
(BOULSA)
TAMBEDO
LOANGBA
- Zaosé d'origine
(village de
SISA dans le diema même de
BILANGA
BILANGA)
-
TADANO
JIANU
- gulmanceba originaires de
BONGANDINI
TAMBEDO
DAMIBA
Mossi originaires de
OUAGADOUGOU
pIALA
TADANO
YARGA
Yarsé d'origine
TAMBEDO
MAANO
- sont venus de Mopienga et
et
forgerons â l"'origine
KUALA
DUNA
-
les DUNA sont originaires
TADANO
mêmes familles
de JOMNUOOGU
(TOUGOURI)
Origine de Tambediba et de Tadamba
N.B. exceptés les familles Jianu de Bilanga et Maano de Kuala, les autres
ne sont pas gulmanceba â l'origine.
550
b) Charge judiciaire : le Soguno
(1)
La charge du Soguno pouvait être considérée comme une
charge judiciaire. C'était le conseiller du bedo, surtout en ma-
tière de justice. On choisissait un vieux sage. Il était constam-
ment â côté du bedo et lorsqu'on soumettait un problème â celui-
ci, il demandait généralement conseil â c~ vieux qui puisait dans
la jurisprudence (ses souvenirs : tel ancêtre a agi de la sorte
dans tel cas). Dans un procès par exemple, les deux parties étaient
écoutées, puis le bedo demandait l'avis du Soguno avant de tran-
-
cher.
Le Soguno jouait également un rôle important pendant
l'intronisation coutumière. Il restait avec le postulant dans la
maison de retraite.
Cet important personnage qui avait une influence cer-
taine sur les décisions du bedo n'était pas non plus choisi dans
une famille précise et jamais dans le Buricindiegu régnant.
Soguno viendrait probablement de 0
soagina "il parle â
voix basse".
Il répétait au bedo les paroles de l'interlocuteur
-
de celui-ci.
c) Charges historiques
les Baantiaru (voir introduction).!
(1) Jaando â Nun·~.
551
d) Charges policières
Les charges policières
(essentiellement exécution des
condamnés pour cause d'adultère avec la femme du bedo ou pour
grave offense)
étaient confiées au Dapwolibedo
(bedo des captifs)
et au Tadano : dapwoli signifie derrière la maison ou le diegu.
Il est associé aux captifs dans les cours. Peut-être parce qu'ils
étaient les gardiens de la petite porte qui s'ouvraient sur l'Est
dans les dieru des betieba. C'était la porte des femmes et des
'"
familiers
(1) .Les captifs étaient les gardiens de la famille du
bedo et ses gardes du corps. Pour lui porter atteinte il fallait
d'abord les tuer.
e) Charge de sacrificateur
La charge religieuse était confiée au Tindarnbedo
(bedo
des Tindarnba). Un Tindarnbedo portait en bandoulière une peau de
mouton tannée et à l'épaule un cocoku (une petite houe: objet
nyoagu)
dont le manche était souvent cousu dans de la peau. Il
était toujours réputé pour ses nyoagisi et craint en conséquence.
Le Tindarnbedo était le niciamo de la famille des Tindarnba. Le
bedo ne faisait qu'entériner en lui remettant un bonnet, un cocoku
(symboliquement c'est pour creuser les tombes)
et un couteau
(~ pour égorger les victimes-offrandes). Il se chargeait de
l'enterrement des morts et des sacrifices aux différents autels.
Notons que les betieba préfèraient choisir des personnes très
intimes
(nacemo ou un tindano ayant un lien de parenté avec eux
(1) A Nungu, une femme du Nunbado qui sortait par la Grande Porte
était condamnée à mort.
.
. i
pour ses sacrifices personnels.
Nous avons remarqué plus haut
le rôle fondamental que
jouent les Tindamba dans l'intronisation coutumière.
f)
Charge représentative
Avec l'immigration peul de plus en plus importante au
XVlllème siècle dans la région, les betieba désignèrent un chef
peul (Folbedo). Généralement peul
(1), il représentait sa commu-
nauté auprès du bedo qui s'adressait à lui pour les problèmes con-
cernant les peul •
Il n'y avait pas d'imam comme à Nungu. La pénétration
de l'Islam dans le Nord Gulma est récente et ne date que de-la
période coloniale. Jusque là c'étaient les Peul
qui étaient as si-
milés aux musulmans. La religion musulmane est souvent appelée
encore "prière des Peul "
(foljaama).
g) Les serviteurs
Le bedo s'entoure d'un ou de plusieurs serviteurs appe-
lés Moalimu
(sing. Moaliga). Jeune adolescent, le Moaliga n'est
pas choisi dans une famille particulière. Il est d'origine talga
et choisi, en fonction de la vivacité de son esprit, généralement
lors de l'intronisation coutumière. Le Moaliga est assimilé à une
femme ou à un enfant et on lui met des bracelets
(2). Il est, avec
(1)
sauf à Bilanga où le chef peul, très vieux, porte le nom Lankandi
Il est fort possible qu'il soit d'origine servile.
,
(2)
Les informateurs disent Moaliga wan te nan pwa ya "Le moaliga est
comme une femme
(qu'on peut envoyer) il ou Moaliga wan te ni'ln btl.<Ji
yan le moaliga est comme un enfant". Les Moalim:l peuvent être
comparés aux Sogone des cours des naba mossi.
S~3
le Soguno ,les seuls qui peuvent pénêtrer à n'importe quelle heure
dans la maison du bedo, et même le réveiller.
Les nacemba dont nous parlerons plus loin sont aussi des
serviteurs.
CONCLUSION
De l'autorité du niciamo à celle du Kuamba, i l y a une
hiérarchie remarquable. Le Kuamba est au sommet de la pyramide
et détient en principe tous les pouvoirs. Le choix des
cancantieba
d'origine talga ou servile, est fait de façon
à écarter les membres de famille régnante, qui pourraient
menacer son pouvoir. L'instabilité des charges, contrairement
a Nungu où les Kombala sont héréditaires, permet au bedo de
choisir plus facilement ses cancantieba, comme i l le désire.
La division et l'administration des territoires se re-
flète.lrdans la division de la société en catégories socio-cla" iques
dont nous parlerons dans le chapitre suivant.
CHA P I T R E
V
IDEOLOGIE ET CATEGORIES SOCIO-CLANIQUES
LIGNAGES DOMINANTS/LIGNAGES DOMINES.
5.55
Comme nous l'avons dit plus haut, l'individu était dé-
terminé par son statut, son appartenance à tel ou tel clan. Son
prestige, la considération qu'on lui portait dans la société en
dépendait.
Dans la société du Nord Gulma on distinguait trois grou-
pes d'individus qu'on pourrait appeler des catégories sociales ou
catégories socio-claniques :
1 0 -
les Buricimba ou Bemba, les "nobles"
2 0 -
les Talmu ou Jiima, . "hommes libres"
3 0 -
les Jituara,
"captifs"
l
- LES BURICIMBA ou BEMBA
Comme nous l'avons déjà.dit plus haut, on appelle Buricimbai
(sing.
: Buricino)
les descendants de Jaba Lompo, donc tous les
membres des familles régnantes se réclamant de lui à tous les
niveaux: Kuamba et Kombali. On les appelle des Buricindieru ou
Bendieru (dieru des Bemba). Cette appellation, avec le temps, a
fini par désigner tout membre d'une famille régnante sans distinc-
tion d'origine.
1) Le statut social du Buricino
Tous les Buricimba sont en principe des Berijaba (sing.
Berijo). Ce terme viendrait de la contraction de bedo (chef) et
~ (homme), berijo (litt.
chef-homme). On pourrait le traduirè
\\ ,
par
(homme du bali) "homme de la chefferie" ou par bedo en ~uissance.lI'
1
5~6
Le prestige d'un buricino ou d'un berijo dépendait es-
sentiellement de celui de son Buricindiegu et du niveau de ratta-
chement de sa branche à la liste dynastique.
a) Exemple de Kuala :
Tout membre du clan Jagbuga peut être qualifié de berijo.
Mais les plus prestigieux sont ceux qui appartiennent au diegu dé-
tentrice du bali, yenhamdiegu, et à ceux l'ayant détenu dans un
temps peu reculé CBeejieridiegu
et yenkuodieg~ C'est seulement
par rapport aux autres clans que les membres des dieru écartés du
pouvoir depuis longtemps
(Alfadiegu, Yencirimdiegu)
peuvent avoir
souvent une relative importance. Ils auront quelquefois plus de
considération que les membres des Buricindieru des autres diema
Madiemu, Burgumba (sing.
Burgu), Namuntuuru (sing. Namuntuugu)
Soga (sing.
Sogli). Le terme buricino ou berijo devient alors re-
lationnel.
Les Buricimba des dieru écartés depuis longtemps ou dé-
finitivement du bali deviennent peu à peu des talmu, c'est le cas
à Kuala des membres du diegu d'Alfa et ceux du diegu de Bonga,
opposant malheureux de Yenhamma. Ce processus est valable pour
tout Buriciendiegu, Kuamba
(diema indépendant)
ou Kombali
(sous-
diema) .
1
S~l
i
STRATIFICATION VERTICALE A L'INTERIEUR DU BURICINDIEGU DE KUALA
"
Descendants des dieru de
.
Yenhamma et de Beejieri
buricimba statut l
ou
les plus proches du bali
berijaba
"
l
Descendants des dieru de
:
.
Yencirima et de Yenkuagu
buricimba
"
II ou
i
.
.,
éloignés du bali
berijaba
"
II
- -
ii
Descendants desdieru d'Alfa
buricimba
"
III ou
.!
•
et de Bonga définitivement
berijaba
"
III
;
, -
éloignés du bali
(buricimba fortement "talmuisés'
- -
~
hommes libres) .
STRATIFICATION VERTICALE DES BURICIMBA DANS LE DIEMA DE KUALA
.
j
Nature du bali
noms de
1
(le bali est lié
diema
famille au
Stratification
i,
à un territoire)
pluriel
Kuamba
Kuala
Jagbira
buricimba stat. l
berijaba
"
l
,
Kombala Statut l (l)
Niaba
Madiemu
,"
Mopienga
Namuntuuru
buricimba
"
II !1
Kpiinudeni
Burtu
berijaba
"
II !,\\
1
..
Tuaba
"
~1
Liptuugu
Soga
Bonsiega
Kpajaaba
Yarga
Dabondu
1
Kombala statut II (2)
buricimba
"
III
berijaba
"
III
(1)
L'ordre donné est celui dans lequel les Kombala saluaient, à
l'occasion des fêtes le bedo de Kuala. C'est, en même temps~'
un ordre de préséance. Les deux derniers sont classés en fonc-
tion des âges des betieba. C~tte stratification est plutôt
théorique que réelle.
(2)
Un Kombali peut avoir à son tour un Kombali ri comme . nous ··le verron
pluS loin.
5~B
b)
Exemple de Bongandini
(1)
STRATIFICATION VERTICALE DES BURICIMBA DANS LE DIEMA DE
BONGANDINI
L'ordre des Kombala est l'ordre de préséance correspon-
dant aux liens de parentés avec la famille de Bongandini. Les
Komoana
(sing. Komondi)
sont originaires de Jipienga
(Bilanga).
Nature du bali
Noms de famille
(le
bali est lié
diema
au pluriel
Stratification'
il un territoire)
.
Kuamba
Bongandini
Lankoanna
Buricimba l
,
•
Tieri
Lankoanna
Konbonsi
Lankoanna
Kombala statut l
Jongifiriga
Lankoanna
Buricimba II
i
!
Tilaaba
Lankoanna
Berijaba
II
j
Nindongu
Komondi
,
1
1
.
1 Kombala Statut. II
Buricimba III
Berijaba
III
1
L'avantage des Buricimba, du moins ceux qui n'étaient pas
fortement "roturisés" était d'être généralement il l'abri des exac-
tions des berijaba très proches du bali. Par ailleurs tout bedo
prend souvent parti, dans un jugement, pour un buricino avec le-
quel i l a des liens de parenté - même si ceux-ci étaient très
éloignés - contre un talga. Le verdict s'en ressentait.
...
(1)
Informateur
Lankondi, Yenbuado, bedo de Bongandini ·22 mai 1975.
Sf>9
1
1
2) Rôle et activités des Buricimba
le pillage et la
guerre
Les berijaba du Nord-Gulma ne semblent pas avoir eu une
activité exclusive. Bien que le fiegu
(pillage)
fût
leur activi-
té principale, ils cultivaient plus ou moins suivant les régions.
Les betieba eux-mêmes avaient des champs cultivés par les sujets.
c'est seulement à Liptugu qu'interdiction était faite à un bedo
d'avoir un champ.
Les berijaba "talmuisés"}ou en voie de l'être, culti-
vaient autant que les Jiima. Les Berijaba les plus proches du bali
faisaient essentiellement du pillage. Des informateurs répondent
fréquemment lorsqu'on leur demande de quoi vivaient les Berijaba
et les betieba : Kpiami yaaba di fiegu
"les gens d'avant
(les
berijaba) mangeaient le fiegu (vivaient du fiegu)"
(1)
a) Vocabulaire guerrier
,
Le vocabulaire _politique qui était fréquemment utilisé
dans le Nord-Gulma était le suivant : Janjamma, tobu, fiegu ou
tanpwani, tandarnba, tacendba,
jakpandiba, tanpwantieba.
Janjarnrna signifie guerre d'une façon générale -
ainsi
on dit janjamma yoo" au temps de la guerre".
Tobu a la même connotation que janjamma. Mais i l peut
être également employé dans le sens précis d'expédition, comme
dans la phrase (;) baani tobu co ou 0 muani tobu co,
"il a arrangé
un tobu et est venu".
Fiegu (ou tanpwani)
signifie prendre de force
(1)
voir pages suivantes l'analyse du fiegu.
5fiO
Tandamba (sing. Tandaano)
l i t t . propriétaires des che-
vaux
cavaliers.
Tacendba (sing. Tacendiri)
ou Tatindamba (sing.
Tatindaano. (Litt.
"pieds marcheurs"
: fantassins).
Jakpandiba (sing. Jakpando), l i t t .
"hommes bagareurs"
ou "hommes querelleurs"; ce sont les guerriers.
Tanpwantieba (sing. Tanpwantiero)
l i t t .
"frappeurs che-
vaux"
: ce sont les pillards. Notons la nécessité pour un pillard
d'être cavalier.
b)
L'armement
Les armes des Gulmanceba étaient fabriquées par des for-
gerons
(maaba). Les techniques de protection étaient à la mesure
du niveau de l'armement.
-
les armes offensives
l'arme principale des tandamba
était le kpaandi
(lance). Il n'est pas impossible que ce mot soit
dérivé de kpa
(tuer)
ou de kpandi
(querelle).
lame en fer três - - - - - f
pointue
bois - - - - - - - - - +
[~~--__-Kpaandi en-
tiêrement
lame en fer peu
en fer
pointue que le
cavalier peut
poser sur son pied-----+
en tenant la lance
de sa main gauche
KPAANA
561
Les tandamba pouvaient suspendre deux ou trois lances à
leur selle, sur les côtés des chevaux. Les plus expérimentés y
suspendaient également des luona
(carquois)
et des dabana
(arcs)-
Certains avaient aussi des jugsiemu [grands couteaux" (jugmu) ]
:
sabres
(1).
Les tacendba étaient essentiellement des archers. Les
.:
carquois bourrés
de flèches
(piemi)
empoisonnées et les arcs pen~
daient à leurs épaules. Un bruit métallique de deux anneaux-nyoagisi
(portés à la main), tapés l'un contre l'autre, accompagnait la
flèche lancée. Ce bruit, par la force qu'il mettait en oeuvre était
censé rendre la flèche très meurtrière. Elle pouvait ainsi abattre,
selon la puissance du nyoagu, plusieurs ennemis avant de toucher
terre.
....--pointe
métal-
lique
trou pour
1oE---bois
û---passer
le doigt
cendi·
Yuaaga porté au gros
piemi
porté à l'index
~oigt. L'intérieur
ou au majeur
est creux
Les tacendba ~ouvaient utiliser aussi des lances et des
gourdins (2).
(1) Jagbuga yempaabu, bedo de Kuala, 1.7.1976.
(2)
Songri Ciri, un des guerriers les plus renommés de Liptugu (Kuala)
n'employait jamais une lance. C'était avec un gourdin-nyogu qu'il
assommait les ennemis.Sogli
Hampandi bedo de Liptugu, 18 juin
1975.
-----
562
1
!
Il est difficile de dater la pénétration du fusil de
traite dans le Nord-Gulma. Elle s'est faite probablement a v a n t '
la conquête coloniale, mais le fusil ne fut pas utilisé dans les
guerres.
(1).
- Les armes défensives : Les tandamba se protégeaient
avec des gbandu (sing. gbangu : l i t t . peau)
de forme ronde ou
ovale, faitçde peau de boeuf. Un tas de sable était recouvert d'une
peau fraîche de boeuf
(2)
solidement clouée au sol par des piquets.
Elle prenait une forme incurvée en séchant. Des lanières de cuir
cousues tout autour renforçaient la bordure du bouclier. Puis, avec
un morceau de peau, on
faisait une poignée
(gbanmiali). Le
tandaano pouvait ainsi y passer la main et saisir le bord du
gbangu, ou le laisser pendre sur le côté. Il pouvait a~ssi le sus-
pendre à la selle. Les dimensions de ces gbandu étaient variables.
banmiari
gbangu vu
bordure
par derrière
~-----du
bouclier
(gbanqu)
Une tradition recueillieà
Kuala fait état de l'utilisa-
tion par certains tandamba, du beringidi
(pl. beringina). Il con-
sistait en un long pagne blanc en bandes de cotonnade, bien roulé,
(1)
c'est probablement par le contact avec les Tyokossique le fusil
pénétra dans le Sud-Gulma.
(2)
Le tadano actuel de Bilanga note que pour une question de résis-
tance,
"il fallait la peau d'un taureau de 9 ou 10 ans et non
de 3 à 5 ans l'
---
563
avec lequel les tandamba s'enroulaient avant la bataille, de la
poitrine à la hanche en guise de protection (1).
Nous n'avons pas obtenu d'informations précises sur la
protection du cheval qui était aussi important que le cavalier.
Un système de caparaçonnage le protégeait.
Les tacendba se défendaient aussi avec des gbandu~ Mais
certains de leurs gbandu étaient de dimension plus grande. Une
peau fraîche de boeuf était étirée et clouée au soleil. Une fois
sèche, un ou deux boucliers étaient découpés, larges et longs, en
forme de rectangle. Puis les poils étaient enlevés. La peau deve-
nait alors comme une "natte"
(2). Une poignée était faite avec
une lanière de peau.
~---------bord du gbangu
~
poignée
pour y
passer le bras.
Gbangu
(1) Naabingujo Jagbuga et Noibuga Jagbuga, op.cit. 1er Mai 1975.
Jagbuga Yempùbu, op.cit. 1975
(2)
Expression utilisée par Laali'Woba, op.cit. 25.6.1976.
.',i
56~
Tandamba et tacendba se protégeaient également par des
procédés magiques. Toute arme était plongée dans deSnyoagisi ou
était l'objet de quelques incantations, qui pour bien protéger
l'intéressé
(rendre les armes ennemies sans effet sur le bouclier •... )
qui pour porter des coups ,
sans merci aux ennemis;
(lance ou flèche capable d'atteindre d'un seul coup plusieurs vic-
times) - -
-
-). Ceux qui avaient la possibilité "mangeaient" du
nyoagu afin de se rendre "invulnérables", aux armes en fer.
Les
liara (boubous)
(1) et les Kpataana
(pantalons bouffants) étaient
bardés d'amulettes de toutes sortes.
Les chevaux n'étaient pas non plus négligés. Les grands
-..\\
II
guerriers faisaient manger à leurs chevaux des nyoagisi.
c)
le fiegu
(pillage)
Le fiegu et le tobu étaient liés. Les tanpwani avaienb
un but purement de fiegu : le tobu ~galement. Il est
vrai que certaines des guerres dont nous avons parlées plus haut
ont eu d'autres causes que le pillage. Mais ce qui stimulait les
combattants c'était le gain que procurait la guerre plus que la
nécessité de venger un affront. Pour augmenter les chances d'une
victoire i l suffisait qu'un bedo déclare
que chaque guerrier gar-
derait le butin saisi.
Les berijaba faisaient des rapines chez les jiima et
buricimba fortement "roturisés". Dans ce cas ils ne saisissaient
(1) Tuniques en bandes de cotonnade.
-
l
1
que de la volaille et du bétail, et non des personnes. Les
,
berijaba n'avaient cependant pas intérêt à exagérer leurs ra-J
, .
pinesi les jiima, source de revenu, pouvaient en effet fuir dans
un autre diema.
Les berijaba pillaient surtout dans les diema étrangers
(de gulmanceba, mossi, peul)
et se saisissaient de tout ce qui
leur tombait sous la main : bétail, hommes, femmes, enfants. Il
est difficile de se faire une idée exacte de la façon dont étaient
organisés ces tanpwani
(pillages). D'après les informations re-
cueillies nous pouvons distinguer:
1° - expéditions de pillage
organisées par des groupes de berijaba,
2° -
expéditions conduites
par des betieba, qui sont alors des expéditions de guerre
(tobu).
Les pillages et les guerres se faisaient essentiellement
en saison sèche, propice aux déplacements. La plupart des expédi-
tions étaient conduites par des berijaba.
Un ou plusieurs val eu-
reux guerriers organisaient autour d'eux, à l'occasion, une troupe
composée essentiellement de berijaba}tous cavaliers. Puis décidaient
d'aller piller tel ou tel village peul, mossi ou de Gulmanceba.
L'élément décisif ici était la surprise. La petite troupe saisis-
sait tout ce qu'elle pouvait: animaux
(surtout)
et personnes, puis
détalait rapidement avant que le village victime n'organisat leur
poursuite. Suivant la valeur des guerriers du village pillé, une
contre-expédition était organisée et lancée à la poursuite des
..
~
"
pillards. Ces derniers, dans leur retraite couvraient leur butin,
les meilleurs guerriers restant à l'arrière-garde, dans l'attente
1
566
!
d'une éventuelle contre-attaque. Si elle avait effectivement lieu,
un combat s'engageait entre les deux parties. Les pillards pour-
suivaient leur route lorsque le combat avait tourné à leur avan-
tage, et se partageaient le butin à leur retour. Dans le cas
contraire ils étaient mis en déroute et les assaillants récupé-
raient partie ou tout du butin.
De telles expéditions avaient toujours des incidences
diplomatiques et étaient causes de nombreuses guerres entrecom-
mandements.
d) Le Tobu
Les expéditions conduites par des betieba prenaient l'al-
lure de grandes guerres en territoires étrangers, soit pour venger
un affront, soit pour prouver sirnplementleur puissance. Tandamba et
tacendba y participaient. L'ennemi était généralement averti mais
pouvait aussi être surpris. Lorsque la ville attaquée ne pouvait
se défendre,
la population se réfugiait dans un bosquet. Les en-
vahisseurs pillaient le village qui était généralement brQlé.
Lorsque le centre attaqué était fortifié,
la population
se retirait à l'intérieur de la fortification et résistait. Les
assiégéants tentaient de le prendre d'assaut et les assiégés essa-
yaient de leur infliger de lourdes pertes à travers les meurtriôres
du kpiagu ou du brinu. Le siège pouvait durer quelques heures ou
quelques jours. En cas de victoire des assiégés, les ennemis se
contentaient seulement de piller ce qu'ils trouvaient en dehors
SE]
1
1
1
1
du village et repartaient. S'ils avaient subi
une sévère défaite,
les assiégés les poursuivaient et se saisissaient de ceux qu'ils
rattrapaient. En cas de dêfaite les assiégês se repliaient si
possible, dans un refuge inaccessible
(bosquet ou colline)
où on
avait pris soin d'êvacuer femmes, enfants et vieux (1). Les assié-
qeants pênétraient alors, pillaient le village et poursuivaient
les habitants jusqu'à leur lieu de refuge.
Tout le butin était amenê au bedo qui ne participait pas
directement aux batailles. Il campait à l'êcart, moyen de s'enfuir
rapidement en cas de défaite de l'expédition. L'armée êtait placée
sous la direction du Tambedo
(chef de la cavalerie), du Tadano
(chef de guerre)
et de valeureux guerriers.
Le bedo partageait au retour le butin entre les membres
de l'expêdition.
Dans de telles expéditions i l y avait quelquefois des
batailles rangées. Lorsque des ennemis êtaient annoncés, les
archers réputés allaient s'embusquer dans des bosquets
(ou un
autre point stratêgique) et tentaient de leur infliger de lourdes
pertes avant qu'ils n'atteignent le village
(si cette offensive
ne leur était pas fatale et ne les obligeait pas à rebrousser
chemin). Ce premier obstacle franchi,
les troupes ennemies se
portaient aux abords du village. Si elles étaient composées de
fantassins et de cavaliers, ce qui était fréquent,les assiégés
(1)
Tout dépendait bien entendu de la position stratégique du
village.
1
5511
1
!
1
alignaient en face les mêmes troupes et la bâtaille s'engageait
entre les deux armées. Les tacendba, commandés par le Tadano,
étaient les premiers engagés. Accroupis et se protégeant de leur
gbandu ils avançaient jusqu'à une certaine distance, puis déco-
chaient des f~èches. Les plus courageux arrivaient à la première
rangée ennemie, perçaient leurs adversaires de leurs flèches et
de leurs lances-ce qui aboutissait à un corps à corps sans merci-
et se retiraient immédiatement en contenant une contre-attaque.
La partie qui sentait ses fantassins défaillir dans ce premier
round engageait sa cavalerie à laquelle répondait celle du camp
adverse. La bataille se déroulait alors de la façon suivante :
Un cavalier sortait de son camp et fonçait dans le camp
adverse. A une certaine distance i l visait et envoyait sa lance
sur la cible choisie. Les forts s'avançaient jusqu'à la rangée
ennemie, et "piquaient"
(~) un ennemi ou son cheval sans abandon-
ner leur arme, puis ils détalaient tandis qu'un ennemi les pour-
chassait (voir croquis ci-dessous). Un cavalier expérimenté et
courageux, une fois poursuivi, pouvait se diriger sur un arbre et
en faisait le tour. La vitesse de son cheval aidant,
i l arrivait
à renverser la situation et se mettait à poursuivre celui qui le
poursuivait jusqu'à l'abattre (lui ou son cheval)
éventuellement.
( 1) •
(1)
Naabingujo Jagbuga et Noibuga Jagbuga, op.cit. 1er Mai 1975.
en
0::
en
UJ
.....
0::
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.....
-'
«
-'
>
«
«
>
u
«
u
---
--- --Q
~ARBRE
-.:, attaque d'un cavalier (Al)
__ ~ contre-attaque et poursuite d'un cavalier (BI)
Dans une telle technique de combat, la présence d'indi-
vidualitéS(jakpandiba : grands guerriers), encouragés par des
baantiagu, était importante.La mort d'un guerrier, sur lequel
comptait beaucoup son camp, pouvait être l'occasion d'une déban-
dade. Lorsque la victoire tournait à l'avantage des envahisseurs,
les attaqués se repliaient à l'intérieur du kpiagu ou du brinu,
s ' i l y en avait, et continuaient à résister. Par contre, s'ils
étaient vainqueurs
les ennemis étaient poursuivis très loin}tout
en faisant attention à une ruse éventuelle des adversaires.
En d6pit dG l~urs grandes fréquences,
les guerres 0taient
peu meurtrières. Certaines activités étaient consid~rées selon les
régions, comme indigne d'un buricino : la forge,
tissage,
l a · "
teinturerie, la poterie. Cela s'expliquait par le fait que dans
\\
57ü
1
1
la mentalité de la population un berijo devait vivre de sa force
(paalu) que lui conférait son statut social. Il devait être capa-
ble de vivre essentiellement de rapines et de pillages. Les
berijaba fortement "talmuisés" se résignaient à exercer ces acti-
vités.
3)
La ligne de conduite de berijaba
L'idéologie dominante,
celle des berijaDa tendait à faire
croire aux autres, Jiima et Jituara, que leur domination était dans
l'ordre des choses, naturelle. Qu'elle était une volonté divine
parce qu'ils étaierit du lignage dominaht.Ainsi les berijaba, même
les plus idiots, étaient considérés comme supérieurs. Il fallait
en conséquence les respecter en disant:
"c'est Dieu qui leur a
donné". Ils manifestent souvent leur supériorité en disant:
Jiimo te be :
"Quest-ce qu'un Jiimo?
(rien").
Le buricimbuga était pris inconsciemment comme modèle
par les membres des autres catégbries sociales. Le buricino devait
être honnête, franc et loyal. Il devait être énergique et autori-
taire, bon et méchant s ' i l le fallait.
Le buricino devait avoir de
grandes qualités. Avec l'évolution, le terme buricino, qui dési-
gnait à l'origine uniquement le berijo, a fini par désigner simple-
ment tout homme honnête.
Une des qualités majeures que devait
posséder un
berijo était d'être très large: partager tout ce qu'ilgagn~it
avec autrui. C'était une des valeurs essentielles de la société
571
1\\i
traditionnelle des gulmanceba. Le don était un moyen de créer des
liens qui s'avéraient très utiles lors des querelles de succession.
II - LES TALMU OU JllMA
La catégorie clanique qui venait dans l'échelle sociale
après les buricimba était celle des talmu ou jiima que nous pouvons
désigner sous le terme "d'hommes libres".
1) Caractérisation
Nous ne sommes pas parvenus à savoir la signification de
talga
(pl. talmu)
(1). Jiimo
(pl.
jiima)
utilisé dans la majeure
partie du Nord-Gulma signifie celui qui est fatigué. Est-ce fati-
gué par les rapines et les razzias ? Peut~être. Il faut interpré-
ter ce terme comme une notion de faiblesse par opposition à la
force qu'incarnent les buricimba. Jiimo désigne d'une façon géné-
raIe un sujet.
Les jiima était les membres des clans autres que ceux
des familles régnantes :
1° Les anciens occupants: Tindamba, Kurumba
2° Les étrangers autres que les buricimba : Yarmu, mossi,
peul, dje.r.ma, song haï.
3° Les criginaires d'autrps die~a.
Les étrangers e~
provenance d'autres diema, mêmé nobles dans leur pays d'origine,
étaient considérés comme des jiima. C'est pourquoi on dit souvent:
Jiimo 0 te toli la gali wa kaa yie 0 deni
"jiimo n'est pas autre
chose que celui qui n'est pas chez soi".
(1) ~orrcspond au talga (pl. taIse)
des mossi.
1
\\
57~
2)
R~le et Activité des Jiima
Les jiima étaient essentiellement des agriculteurs"et
indépendants économiquement des buricimba, mais pratiquaient éga-
lement l'élevage domestique.
Ils étaient à la merci des exactions
des berijaba et du pillage. Avec le développement de la technique
du pillage les berijaba prétendirent les protéger. En fait la
défense était collective. En cas d'attaque,jiima comme berijaba
étaient guerriers
(il n'y avait pas d'armée de métier)
. Il est
vrai que les plus grands guerriers se recrutaient parmi ces der-
niers, favorisés par leur statut social. Ayant la possibilité d'a-
voir des chevaux, les berijaba composaient la cavalerie tandis que
le jiima formait la troupe des fantassins.
Les jiima pouvaient pratiquer, s'ils le désiraient, des
activités comme le tissage,
la cordonnerie, la teinturerie, la
poterie, la forge.
Ils étaient considérés, avec leurs biens, comme
une propriété éminente du bedo et par voie de conséquence des
berijaba. Lorsque ces derniers leur demandaient quelque chose
(un poulet, une chèvre, un mouton, du mil ... ) ils étaient obligés
de leur donner satisfaction. Sinon ils s'exposaient à des condam-.
nations arbitraires en cas de procès et à des rapines intentionnées
(moyen de se venger pour le bedo ou les berijaba). Ceci s'accentua
pendant la période coloniale d'autant plus que le pouvoir des
betieba et des beriiaba fut renforcé.
Une tradition raconte que lors d'une famine, le bc(k, ".J-
Yenkpaari
(1920-1937)
de Kuala envoyait un de ses serviteurs avec
573
1
1
un sac et une somme de 200 Frs C.F.A. pour acheter du mil, chez
les jiima qui possédaient encore du grain. Comme i l s'y attendait
,
aucun d'eux n'accepta de prendre l'argent, mais en revanche rem-
plissait le sac de grain, en guise de don. Le même somme fut ainsi
maintes fois utilisée sans trouver preneur et rapporta une grande
quantité de mil.
3) Promotion de statut social
Une famille de jiima pouvait avoir une promotion de sta-
tut par ses relations ou ses alliances avec les membres de la fa-
mille régnante. Par déférence pour son ami ou son parent, bedo ou
berijo influent, elle était plus ou moins à l'a~i des exactions
des berijaba. Lorsqu'une famille de jiima fournissait la mère d'un
berijo influent, ou d'un bedo, ce dernier - en position de yariga -
protégeait, par son influence, sa famille maternelle. Les descen-
dants d'une princesse, les benyariba (sing. benyaro)
n'étaient pas
totalement assimilés à des jiima, car ils étaient "forts" d'un
côté
(celui de la mère).
Un benyaro, profitant des liens particuliers entre le
yariga et son yaro pouvait faire ce qu'il voulait à la cour. L'exem-
pIe fréquent que donnent, par exemple, les traditions de Kuala
est celui de Noig~ qui vécut à Bani
(a 15 km
environ au sud-es~
- _.
,
- ,
'
~ .,
..-,
• J-
.~ -
-
;",.; ....) ...l..\\,..JU ..... d i.........
.1.1.
è: ca l ....
.:i:.L l.~,
Noiga venait à la cour et
trouvait qu'un j}.im'2 était. maltralL(';'
i l pouvait le délivrer sans l'avis du bedo.
S'il s'agissait d'un
t:1
f
574
1
1
jugement, i l tranchait et son verdict ne pouvait pas être remis
1
en cause. Il disposait d'un véritable droit de veto. Tout dépen-
dait de la personnalité du benyaro. Bien peu acquerraient une
telle influence.
Disons en résumé que la possibilité d'élévation du sta-
tut d'une famille de jiima était fonction de l'étroitesse de ses
liens avec la famille détentrice du bali ou de la valeur person-
nelle de tel ou tel de ses membres.
4) La ligne de conduite des Talmu ou Jiima
L'idéologie des lignages dominants faisait de l'obéissan-
ce la vertu première des talmu ou jiima. De même elle parvenait à ~
les convaincre que tout ce qui était bien, beau, bon (cheval, bou-
bou •••• ) ne pouvait leur convenir mais était réservé aux buricimba.
Les jiima étaient bien forcés dans la plupart des cas de se résou-
dre à cette situation.
III - LES JITUARA : CAPTIFS
Les captifs de case existaient d'après les traditions,
d8puis fort longtemps dans le Gulma. Nous avons vu que l'ancêtre
fondateur des dynasties dll Nord-Gulma était oarti du sud avec
Kogiri, un captif de son pere. Les cd]Jt.ifs l<è 1:UL8;,L pas beau-
CCU;J
utilisés dans la production agricole COT;J;1H-) en !JdYS bariba
575
1)
Les jituara et donpworu
(1)
: captifs et captives
Les jituara étaient soit des captifs de guerre soit
des gens achetés. Les premiers étaient saisis lors des razzias
et des guerres; ils pouvaient être des gulmanceba, mais étaient
surtout d'autres peuples: mossi et peul. Les seconds étaient
achetés sur les places des marchés, certains, nous dit-on
à
.
Kuala, étaient le produit d'une taxe
(farugu)
de un captif sur
dix prélevé sur les "lots" en transit.
"
Des gens de Gayaari
(Gao ?)
(2)
partaient acheter
des gens au mossigu (pays mossi)
et au gorungu (pays gurunsi). S'ils
passaient ici et s'ils y dormaient on les taxait
(fari)
: sur dix
têtes on (le bedo)
prenait une tête. Celui
(les étrangers)
qui
avait dix têtes en donnait une, celui qui avait vingt en donnait
deux, celui qui avait trente en donnait troi~etc... ~"
(3).
Lorsqu'un noble d'une autre région de Gulmanceba était
fait prisonnier, i l pouvait être· racheté avec un cheval. Toute
personne aisée}buricino ou jiimo, avait la possibilité de possé-
der des captifs.
Jiituaadi
(pl.
jituara) connote l'idée de quelqu'un qui
est
i'deux fois
jiiIE2.11 Cl est-à-ctire
:Idcux fois fatigué".
Ce qui
corr~spondait un peu a son statut social.
(1)
Donpwogu (pl. Donpwc)ru)
est le féminin de jituarc1i
(f.'l.~ituara).
Par la suite nous emploierons le terme jituara pour d6si~ne~'
indifféren~ent captifs ou captives.
(2)
L'informateur dit "vers le nord" en direction de Gao, c'est
probablement dans la région de Dori
(3) Naabingujo Jagbuga, op.cit.
1er Mai 1975.
S76
2)
Les nacemba des betieba
De nos "jours nacemo
(pl. nacernba)
signifie "jeunes hom-
mes". A l'origine i l désignait "homme au service de quelqu'un".
C·' étai t
un sani kuali
(pl. sani kuana)) "personne qui a couru et
est entré (chez une autre personne)J~ C'était une personne qui, ne
pouvant se suffire à elle-même/allait se mettre au service de
quelqu'un de fortuné, dans l'intention d'avoir une promotion so-
ciale.
Les nacernba du bedo "les hommes du bedo" étaient un amal-
game de ces sani kuana et de captifs.
Les folboana étaient d'anciens captifs peul ou rimaibé
qui avaient fui les mauvais traitements de leurs maîtres pour venir
.-,...~ .
se mettre sous la protection des betieba gulmanceba.Leur quartier
s'appelait et s'appelle encore folbonguni.
Les nacemba qui sont venus se mettre sous protection des
betieba. Ils n'étaient pas des captifs à proprement parler.
Les captifs de guerre et les jituara achetés par des
betieba.
Les nacemba des betieba qui n'étaient pas tous d'origine
captive, étaient plus ou moins traités comme tels.
Ils étaient
toujours au s~rvice du beLle. rt:: t)"no1n t" •
- - - _...,,----
a) Au niveau domestiaue.
*
Le jituaadi ou le donpuogu appartenait â son d~anc (martre}
C'était un bien transmissible faisant partie de l'héritage et un
577
bien aliénable. Le maître pouvait le vendre en cas de famine
afin de pourvoir aux besoins de sa famille ou de l'écnanger contre
d'autres biens. Les jituara étaient essentiellement utilisés pour
des achats de chevaux et pour des dons amicaux.
En dehors de sa valeur marchande, le jituaadi était un
précieux capital humain productif. Ses descendants étaient jituaara
,
de naissance et appartenaient également au maître qui pouvait les
utiliser pour l'exploitation agricole. Les traditions de Kuala
donnent fréquemment comme exemple Noiga Dambina
(qui vécut à Bani
sous les betieba Yenhamma et Yenkuagu)
et Hammada Jagbuga, prince
qui vécut à Sula pendant la période coloniale; nous n'avons pas pu
savoir le nombre de leurs captifs. Ils ne cultivèrent jamais de
leur vie, leurs familles se nourissaient du travail des captifs
(jituara) .
Le jituaadi était l'homme à tout faire.
Les traditions
rapportent que lorsque certaines filles de bonne famille se ma-
riaient on mettait à leur disposition une donpwogu ou plusieurs
pour les travaux domestiques.
Les familles des jituara vivaient à proximité de la f?-
mille de leurs maItres. La propriété juridique des e~~~~t~
- s o i t un jitudadi
B et un dO['dOClU C apSlartc'1-'.,\\
"-,,
propriétaire A. Si B et C se mariaient leurs enfants ,'Cil
CdP-
tifs et appartenaient à A.
l
1
578
B
c
Jituaadi
Donpwogu
l
jituara appartenant ~ A.
-
soit un jituaadi B appartenant au propriétaire A et
un donpwogu C appartenant au propriétaire A'. Si B et C se ma-
riaient, leurs enfants étaient captifs et propriété de A' et non
de A.
B
E
A
C
E. A'
Jituaadi~
Donpwogi
1.
()
jituara (--
A'
Les informateurs expliquent cela en disant que le
jituaadi était comparable ~ un cheval qui fécondait une jument.
Le poulain revenait au propriétaire de cette dernière.
Bien qu'étant ~ l'entière disposition de leurs maitres,
les jituara et leur famille avait une très grande autonomie. Ils
avaient leur propre exploitation, faisaient de l'élevage . . . . Mais
les maîtres
étaient les propriétaires éminents de leur bien.
b) Au niveau des cancanna
(cours)
Dans les cours, les nacemba des betieba
(dont les plus
1
579
!
!,
nombreux étaient les folboana}
étaient chargés de la garde des
troupeaux des betieba. A Bongandini, à Con, à Piala et à Bilanga,
le bedo des nacemba s'appelaient napogbedo, le bedo du naookku
(troupeau). Les nacemba qui gagnaient la confiance du bedo, en-
traient au service de la cour et devenaient des dayetieba (servi-
teurs) .
Ils étaient les hommes à tout faire du bedo. Les basses
besognes réputées porter malheur étaient exécutées par eux : em-
poisonnements, exécutions, enterrements de mauvais nyoagisi ••.•
Car le mal se paie à court ou à long terme dans la pensée des
Gulmanceba. Afin de dévier quelque peu les malédictions, que pour-
raient entraîner de tels actes, les betieba les faisaient exécu-
ter par des captifs qui, de par leur origine, ne pouvaient pas
avoir de pire condition. Ils jouaient en quelque sorte le rôle de
police.
Les nacemba avaient aussi un rôle coutumier. Lors de
la nomination d'un nouveau bedo, ils portaient dans certaines ré-
gions le nouveau bedo assis sur une natte. Puis c'était un captif
qui devait tenir la bride de son cheval le jour du tanpugu. Les
folboana construisaient le_hangar du bedo.
4}
Rapports avec les autres catégories sociales :assi-
milation et promotion.
Il n'y avait aucune distinction particulière dans les
traitements entre les jituara et les autres membres de la société.
Par exemple, dans une famille, on savait qu'un tel était un
5BD
jituaadi. On se gardait cependant de le lui dire afin de ne pas
l'humilier, sauf en cas de querelle ou de mauvais agissements
d'un captif. Le jituaadi construisait sa concession il côté de
celle du maître, et sa famille était partie intégrante de la
grande famille de son daano. Il prenait généralement le yedondili
de ce dernier. Mais il pouvait, s ' i l le connaissait, garder son
nom d'origine.
La considération qu'on portait il unjituaadi dépendait
essentiellement du statut de son maître. Les dayetieba
(captifs
au service d'un bedo)
étaient craints, même par les berijaba. Ils
influaient, par leurs conseils, sur les décisions des betieba.
Certains, profitant de leur situation, n'hésitaient pas à vili-
pender les berijaba. Les traditions citent dans l'histoire de
Kuala, les exemples de kpebidoiani
(captif de Balibagini)
et de
Jasibo
(captif de Yenkuagu). Ce dernier devint
le représentant
de son maître, très âgé, auprès de l'administration coloniale et
commit de nombreuses exactions contre des berijaba. Après la mort
de Yenkuagu (1917)) son successeur Labidiedo remis Jasibo il sa
place.
La promotion d'une famille captive se faisait par. des
alliances avec des hommes libres et des buricimba. Il n'y avait
pas d'interdiction de mariage. entre les jituara et les autres mem-
bres de la société. Un Jituaadi pouvait m~me épouser une fille de
son maître et un naceno -
très estimé -
une princesse. Les en-
fants nés d'une telle union bénéficiaient
du statut de leur famille
,
581
maternelle et échappaient ainsi au statut de jituara. Inverse-
ment un maître
(homme libre, buricino ou même un bedo)
pouvait
épouser son donpwogu ou la donner en mariage ~ son fils, son pa-
rent ou ami. Les enfants issus d'un tel mariage devenaient des
hommes libres. Un prince né d'Une telle union pouvait même deve-
nir bedo.
Il Y avait peu de possibilité d'affranchissement pour
le jituaadi. Il restait captif toute sa vie,
jusque dans sa tombe.
Avant d'enterrer un jituaadi, dans la région de Kuala, un membre
de la famille maîtresse mettait symboliquement une corde au pied
du cadavre. Sans doute pour rappeler sa condition et lui dire
qu'il devrait se mettre au service des membres de la famille qui
étaient déjà dans l'au-delà.
Des traditions rapportent néanmoins des récits d'affran-
chissement de jituara par leur maître. Ces captifs auraient rendu .
des services inestimables ~ leur daano qui, en récompense, les li-
bérait de leur condition servile en faisant un lien symbolique
de sang : prélevant du sang de sa cùisse, le maître le mettait
dans celle de son captif, puis déclarait qu'il était libre.
Kulongu fut affranchi de la sorte par Jansuo, bedo de Niaba.
IV - DIVISION DE LA SOCIETE PAR AGE ET PAR SEXES
1) Division de la société par âges : niciamba
(anciens)
bila
(jeunes).
L'âge était important ét conférait un certain statut.
l
582
1
Un ancien, quelle
que soit sa catégorie sociale, était considé-
ré comme un sage plein d'expérience,
à qui les jeunes devaient
respect et obéissance.
Un jeune n'était considéré comme adulte qu'après les
rites de circoncision (bangu). Le bangu, que nous ne pouvons pas
décrire ici, était une dure épreuve
(physique et morale)
que l'on
faisait subir aux "initiés"
(bankommu). A la fin de cette épreuve
ils faisaient peau neuve physiquement
(ablation)
et moralement,
et devenaient alors adultes. Ces derniers étaient néanmoins con-
sidérés comme des inexpérimentés incapables de bien agir sans les
conseils des anci~ns.
Le janfolugu (non circoncis), punjuogu dans le Sud
Gulma,était considéré comme un bambin qui n'avait pas voix au cha-
.
pitre. Aujourd'hui
encore, dire à quelqu'un qu'il est ou qu'il
raisonne comme un janfolugu est une grave insulte.
2)
La division de la société par sexes
Les femmes étaient considérées, à tout point de vue,
comme inférieures aux hommes, même aux gamins. De nos jours
encore, dire qu'une femme vaut mieux qu'un homme ou qu'il raisonne
comme une femme est un grand affront.
Ceci s'explique peut-être en partie par le fait que la
société est patrilinéaire. L'héritage du nom et la perpétuation
du clan se font par les mâles. L'homme considère son fils comme
583
le "constructeur de son diegu" et sa fille conune la "construc-
trice du diegu d'autrui". Mourir sans héritier mâle est encore
considéré conune une malédiction, car une extinction du diegu
s'ensuivra.
Nombre d'honunes consultaient néanmoins leurs femmes
dans leur l i t , les vieilles l'étaient généralement. Certaines
princesses jouèrent un rôle important. Koariga
(liptugu) aurait
monopolisé le bali pendant 10ngtempSret Combuama
(Mopienga)
pen-
dant 7 ans. Odan Wunbumla de Bongandini écarta les autres bran-
ches du bali en faveur de son protégé et frère Yentugri.(l)
CONCLUSION
La société des Gulmanceba était essentiellement carac-
térisée,d'une part par une division entre buricimba et d'autre
part entre buricimba et talmu. Cette division était fondamentale-
ment basée sur les lignages. C'était une société inégalitaire mais
on ne peut pas parler de classes sociales mais de catégories so-
cio-claniques où on distinguait des lignages dominants et des
lignages dominés.
(1)
Son nom est cité sur la liste chantée.
LIGN/ICf:S
DOIYIIN'NTS ET
LIGNAGES
DO~IINES
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
RiL:\\TIONS
L IGf;i\\GES
IDEOLOGIE
ACTIV ITES
CONDUITE
~lAQIMJNI!LE5
.}J'Î\\
III
sont faits
pour com-
-
guerre = cavalerie
généreux
et
,
Ill...,
E
..., ...
mandr, i'
....
c 0
-
pillage
-
énergiques et auto-
....
....,
"''-
c
BURICH,8"\\
ritaires
....
III
"c'est Dieu qui leur
-
peu de culture
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honnêtes et l~yaux
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bons et sévères
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W
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......
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JIIl"iA
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-
guerre = fantassins
.......
III
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' -
CI:
"Hommes libres"
- agriculteurs
o
[ l . . . ,
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W
III
"'
~
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l\\l
c
0' ...
....E -
m rD
on
JI TUI\\RI'
" le jiimo n'est
forge,
teinturerie
obéissants
....
~ l'
... ...,
D
rien"
cordonnerie, pote-
1O ....
1
captifs ="dépendants"
co
\\V
ri.e, tissage
~ ...., 1
Cl
Cl
1
==============================================================================================================±===========
"
CJ1
CD
.&-
-~
lJl!I{X::'
sas
/
CON C LUS ION /
Ce travail est à bien des égards incomplets. De
nombreux points restent à éclaircir ou a approfondir.
Le problème de l'origine et de l'itinéraire suivi par
les Buricimba reste posé. Nous avons cependant essayé de
montrer qu'il n'est pas question de les assimiler aux
Mossi. Venus probablement de la rive gauche du fleuve
Niger avec un modèle d'organisation, les Buricimba ont
imposé leur domination à des populations peu ou pas orga-
nisées. Leu~ mise en place s'est faite généralement à la
suite de querelles de succession. L'approche de la socié-
té du Nord-Gulma est superficielle.
Notre ambition a été d'apporter une contribution
à l'histoire du Gulma. Cette histoire sera l'oeuvre d'une
équipe de chercheurs de plusieurs disciplines et de
plusieurs pays: historiens, sociologues, linguistes,
archéologues, . . . Des recherches dans le Bornou, au
Niger, au Nord-Benin et au Nord-Togo contribueront lar-
gement à la connaissance de l'histoire du Gulma.
Il faudrait donc dans le Gulma des monographies de
diema
(cantons). Ensuite au niveau régional une colla-
boration avec les chercheurs des autres pays.
SBfi
La priorité doit être accordée aux chercheurs afri-
cains pour des raisons d'efficacité. Un chercheur parlant
la langue du peuple sur lequel i l enquête est capable
de faire en un an le travail que fera un étranger, uti-
.lisant un interprête, en trois ou quatre ans. Un cher-
cheur africain, même s ' i l ne parle pas la langue du
peuple intéressé, est â même de mieux comprendre le
fonctionnement de la société qu'un européen, un
arnér icain, •..
Malheureusement, les chercheurs africains manquent
de moyens. Il faudrait que les financements d'organismes
culturels constituent des "fonds de recherches régionaux".
Ces fonds, gérés par un organisme de coordination des
Universitiés"ou des centres de recherches des pays concernés!
serviraient â financer ou â apporter une aide aux cher-
cheurs africains intéressés qui se rencontreraient pério-
diquement pour confronter les traditions recueillies.
Concernant le Gulma par exemple une aide serait apportée
aux 7
- Chercheurs voltaïques préparant des mémoires ou des
th~ses sur les Gulmanceba, sur les Peul du Liptako et du
Yaga,
- Chercheurs togolais préparant des mémoires ou des th~ses
sur le Nord-Togo,
- Chercheurs nigériens préparant des mémoires ou des
th~ses dans les régions du Torodi, de Say et de Téra.
587
- chercheurs Béninois préparant des mémoires et des
thèses dans le Nord-Benin
~
Le projet régional gourma", en cours, financé par
l'Agence de Coooération Culturelle et Technique et in-
téressant la Haute-Volta, le Niger, le Benin et le Togo
serait une bonne chose s ' i l ne péchait pas par sa
brièveté
(1 an).
En effet un tel programme régional devrait s'étendre
sur deux, trois ans, sinon plus -
suivant l'état d'avan-
cement des travaux de chaque chercheur - car i l ne faut
pas être pressé pour le recueil des traditions orales.
On ne dresse p~ la généalogie d'une famille, on n'établit
pas la liste dynastique d'une famille régnante, on n'é-
claircit pas les guerres et rivalités entre deux localités
aussi facilement qu'on l'imagine.
Les matériaux recueillis seront sans aucun doute
quantitativement et qualitativement très bons/ ce qui
est fondamental. La délicatesse de l'analyse des tradi-
tions orales nécessite
que
ces dernières soient recueil-
lies avec le maximum de soin. Or i l s'agit de constituer
les premiers matériaux de l'histoire
précoloniale des
peuples africains. Le problème n'est donc pas de recueil-
lir seulement des matériaux, mais de bons matériaux .
•
SBB
La responsabilité des chercheurs africains est grande.
Ils fautqu'ils acceptent de quitter leurs fauteuils
moelleux, leurs bons lits et la "vie-facile"des grandes vil-
,
les et de parcourir, en velo-moteur ou en voiture, les
routes rocailleuses de la brousse. Les chercheurs afri-
cains doivent déposer leur masque,
cesser leurs com-
1
portements de "blancs-noir$"
et s'intégrer au peuple
qui fait l'objet de leurs techerches. La reconstitution
du passé de l'Afrique Noir~ précoloniale est à ce prix.
Prix dérisoire pour tout afiricain conscient de l'impor-
tance de l ' Histoire comme Il levier fondamental".
',. >
589
ANNEXE',
590
1 - LEXIQUE.
SI NGULI ER
PLURIEL
SIGNIFICATION
BA
BAAMBA
PERE
BAANGA
BAAMMU
GRIOT
BAANTIAGU
BAANTIARU
t:>RIOT
BADIEGU
BADIERU
MAISON DU L;HEF
BADO
BATIEBA
CHEF:
BALI
BALA
CHEFFtR 1E
BANGU
CIRCONCISION
BANKON GA
~ANKOMMU
CIRCONCI~
BARIBAANLO
BARIBAAMBA
~ERvITEUR
DU CHEf
BARUI
BARA
GRluT JOUEUR
DU BAR LI
BAR 1J 0
BAR 1J ABA
p) NCE.~
BEDO
BETIEBA
CHEF
BENNULO
BEMBA
DESCENDANTS DE
JABA LOMPO
1SENBADO
~ENDBADO
CHEF GRIOT
BENDILI
BENDA
GRIOT JOEuR
Du BENDILI
Bt.RIJO
BtRIJABA
PRINCE~
BtRISALO
BERI51ABA
PRINCESSE
BET 1ELO
BH 1EBA
CHEF
BICIENGA
BICIENMU
PREMIER ENFANT
1:31 KPELI
BIKPELA
GRANu-PtRE
l:!RINU
BR 1NI
FORTIFICATlüN
BULO
BULl
AUTEL
BUOLU
BUOLI
LIGNAGE
BURICINO
BURICIMBA
DESCENDANT DE
JABA LUMPO
591
SINGULIER
PLURIEL
SIGNIFICATION
CABRI
CABAA
DESTIN
CANCANDI
L
CANCAN NA
COUR
CANCANL 1
CANCANDIELO
CANCANTIEBA
PERSONNES AU
SERVICE U'UN CHEF
CEBU
CE
SCARIFICATiONS
CIARDI
ClARA
SECCO
CICILIMU
CICILIGA
AUTEL
CICILA
C IIND 1
PARENTE A
PLAISANTERIE
CIRIMA
COMMENCEMENT
CUUL 1
~UUNA
ANTI-CHAMBRE
DAANO
DAMBA
PROPR 1ET A1RE
DAYELI
DAYELA
COUR
DAnT 1ELO
UAYET 1EBt-
J-'ERSONNES
AU
SERVICE D'UN BEDO
DIAGA
DAAMl}
MARCH E
ulANDIAGU
DIANDIARU
TOILE D'ARAIGNEE
DIEBUOLI
DIEBUONA
ANCiEN EMPLACEMENT
DE MAISONS
u 1ElJANO
DltDAMBA
CHEF DE
CONCtSSION~
DltGU
ulERU
MA 1SON
CONCESSION
LIGNAGE
DIEMA
COMMANDEMENl
DOGU
DUI
VILLAGE
DONDILI
DONDA
NOM DE FAMILLE
FI LI GA
FI LI MU
BUNNET
FOLJ AMMA
RELIGION
MUSULMANE
592
SINGULIER
PLUt-< 1EL
SIGNIFIl,;ATION
GANGAL 1
GANGAANA
TAM-TAM
GMAALO
GMAAL 1
ETOILE~
1
GULMA
GUURMA
GULMANCE
GULMANCOO
GULMANCEBA
GOURMANTL;HE
GULMANCEMA
LANGUE GOUt-<MANTCHE
GULMU
GOURMA
JAKPANDO
JAKPANDIBA
GUERRIER
JAKPEGBIEMU
JAKPEGBIEMI
CHEF DE VILLAGE
JANUI
JANA
HANGAR.15
J ANJ AMMA
GUERRE
JASINJANGA
TITRE DU CHEF U'UN
COMMANDEMENT
INDEPENDANT
J'JMO
J liMA
SUJ ET~
J
AUTEL
1 NGL 1
J INGA
J ITUARDI
J 1 TUARA
CAPTIF
JO
J A1::3 A
HOMME
KOMBAL 1
KOMBALA
NOM U'UN SOUS-
CHEF;
NUM Dt SON CuMMAN-
DEMENT;
MINISTR~ D'UN CHEF
KPIAGU
KPIARU
HAIE VIVE
KP IlL 1
PAR~NTE
KUAMBA
KUAMBAAMBA
NOr-1 D'UN CHEF
INDEPENDANT;
NOM DE SON COMMAN-
D~MENT = ROYAUME
KWAL 1
KWANA
INTERDIT DE
TYPE·'
f
.:,v'
~.-~'~'~'
-----.oç:
593
SINGULIER
PLURIEL
SIGNIFICATION
LONBEDO
CHEF GRIOT
LONGA
LOMMU
TAMBOUR J' AISSELLE
NOM lJU JOEUR
MAANO
MAABA
FORGERON
M'PWOLI
TANTE
NAKU (Noku)
NAGURU
HAIE VIVE
NULO
NIBA
PERSONNE,
1
NYOAGU
NYOAGISI
GRI::;-GRIS
NYOAGIDANO
,NYOAG 1DAMBA
DETENTEURS DE
NYOAGISI
N'YADIEGU lN'yarigu)
FAMILLE MATERNELLE
~'YARO
ONCLE MATERNEL
NYINCABLI
NYINCABA
SAl.,;RIFICE
9ANDUNA
LE MONDE
~ANL 1
REINCARNATION
!JEBU
::;ESAME
'LlAGU
NYOAGU
PAABU
DON
PAALU
FORCE
PALO
PALBA
SORCIER
PIEMU
PIEMI
FLECHE
PlO
PE l'
MOUTON
PINGA
PI NMU
NATTE
POL 1
t-'OLA
GENRE
PWA
PWOtJA
FEMME
SAAB.u
SAANA
PATE DE MILE
594
SINGULIER
PLURIEL
SIGNIFICATION
SALA
OFFRANDE AUX
ANCETRE CONSiSTANT
EN UNE FARINE DE MIL
DELAYEE AVEC DU LAIT'
DU MII:.L Ou DE LA
PULPE DI:. PAIN DE ~~,~
SEIGLE.
SOLUGU
SOGULA
GRI:.N1 I:.R
SUANO
SUANI
::iORcIEK
TALGA
TALMU
SUJET~
TAMA
TERRE, POuSSIERE
TAMBIPWOLO
TAMI::!IPWABA
GEOMANCIENS
TAMPWALO
1
TANDAANO
TANDAMBA
CAVALIEK$, PILLARDf
TANKURIDI
TANKURA
r'IERRE KONDE
TANPWANI
PILLAGES
TANPWANTIERO
TANPWANTIEBA
P1LLARD~
TANPuGU
SALuTATION EN
GUISE DE SOUMISSION
TINDANO
TINDAMBA
r'ROPRtETAIRE DE
LA TERRE
TINDAMBEDO
CHEF UES TINDAMBA
TINGA
TINMU
TEKRE
TINGBADI
TINGBANA
AUTEL
TOBU
GUERRE
TUUGU
TULIRU
BOSQUET
YAABUGA
YAA'r3ILA
PET 1TS-F 1LS
YAJ A
YAJAAMBA
GRAND-PERI:.
; ,
YARIGA
YARIMU
NOM DONNElPAK LES
MEMBRES DE SA
FAMILLE MATERNELLE
YEDONDILI
YEDONDA
NOM DE FAMILLE
,
595
l
PLU RIEL
SIGNIFICATION
SINGuLIER
DIEU
YIENU
GEOMANCIE
YUAL 1
{ BAYUALI
PRO·T}~T UE Uf.CJ:ŒT
""rr. rPT L'ALPHABeT
2 -
_*_*_"r_~T_-!!-_::"_{:-_
,
Article 1er.
~'alphabet suiv3nt est adopté pour la transcrintion
de 10 lon~e nationale GULIM~NCF.~1A
~, b, c, d, e, r, ~, ~b, h, i, j, k, kp, 1, m, n, ny, ~, ~,
0,
p, r, s, t, u, v, w, v.
Article 2. - Le valeur phon~tiC1ue des lettres de cet alph"lbet
~
, .
~
"
est 1n4iqu~e dans le tableau l pour les consonnes et semi-
consonnes, et dans le tllbleau II pour les voyelles.
.
. :
.•" . . .. ~ ..
:. .:
.
" .
Article ~~ - La lonrrueur des vovelles est indiqu~e par le redouble-
ment de la lettre correspondente;
ce redoublement ne comporte
qutunë sy11able.
Article 4. - Toutes les voyelles sont nasalis~es en nrésence d'une
"
nasale, mals celle-ci doIt être toujours articulée comnlètement.
Article ~. - La nesale svllabi"'ue es t transcrite par ."n" !et porte
directement le ton •
.
Article ?'. - Toute transcription orficielle de la lfln"'ue
GUln~ANC'P.MA devra se ('onformer
aux rèt!les ci-dessus.
Article 7. -
Les rè~les de l'orthogrAnhe feront l'objet d'une
décision de le, Cormnisl;lion Netionllle del'l Lemmes
VoltaIoues.
Article A. - Le pr&sent décret sere enre~istré et publié et
-communi~uê partout oa besoin sern.!.
a.
a
lB
tu BI! vu
595 BIS
an
daanl,
tnanl
croire, rassembler
b
bl banl
Ils savent
c
o ce tlmoadl
Il coupe l'herbe
d
o da
11 a acheté
e
Q
ye le?
où es t- 11?
ee
" eua bee po?
pourcuol est-Il venu?
r
Oru
11 s'es t levé
g
o ~o guani
i l es t retourné
p;b
o gbaa
11 est ÈJ. genoux
h
halebada
El
jamaIs (au nésa t If" )
1
bl fI
11s se lèvent
11
fUni,
tl1nl
re lever, c our Ir
j
Oj8, gljupa
l'homme, le couteau
(,
k
o kA
il est ass is
kp
o kpe
Il est mort
1"
a la
tu as vu
m
o mali
elle 8
accouché
n-
o nall
11 a avalé
onYl'lnl
11 est sorti
o ~all, 0 Uludi
il coud,
i l lave
/
.-l'Jm
oJ;Jlllaamo,
0
lJlTIani
le sinpe,
il mâche
o
o do, 0 doni
il monte,
il es t monté
00
o moo eua
lui aussi,
il n'est Pc.s
venu
p
o pan' lipanli
il a pny5 la dette
r
Robert, Harthe
o feri! gedi
i l est alla
s
osani
Il s'el1t sauvé
t
" tU ta
nous ne sommes nas
10 mêrr.e
.
u
o bul t
11a serle
uu
o bU'ldi
i l pleure
v
vin, T)::1'l id
w
o W3, wuoni
11 eflt petit,
v
, l' 1"\\1' . ,
~ •. ~ ~ "',.,
-
595 TER
TABLEAU
l
CONSONIŒS ET SEf1I-C(\\NSOmms
1
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1
~ ~~.~cales l_pal~.tale~él~i:'~~_ J~abio-,
Labiales
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TABLEAU
II
VOYELLES
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1
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i URES
Rétractées
Arrondies
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1
596
SOU R CES
E T
B l
B L l O G R A PHI E
===============================================
l
-
l N FOR MAT E URS
BAABUOGU
Bilangijo, Jelku, 26/9/1972 -
Lêgende sur le bali - Relations Mossi - Gourmantché -
Historique de Kuala - Historique de Niaba -
BAABUGGU
Bilangijo, Sinturadeni, 11/3/1975 -
Légende sur le bali - Relations Mossi - Gourmantché -
Historique de Kuala - Historique de Niaba -
BAANGA
Bendijari
(+ 40 ans), baantiagu
(bendili) Con, 23/5/75
Liste dynastique de Con. Il a
joué du bendili;
source :
ses parents paternels, des bendaa.
BAANGA
Ciara, longa de Kuala, Kuala, 1/7/1976 -
Liste dynastique de Kuala -
BAANGA
Jingri
(- 32 ans)
tuatuanga, Con,
23/5/1975
Liste dynastique de Con - Source : ses parents
paternels, des baantiaru.
BAANGA
Kanturini, bendili de Kuala, Sula, 10/3/1975
Liste dynastique de Kuala -
-
, .....
597
BAANGA
Kogirajo, bendili, Bongandini, 22/5/1975 -
Liste dynastique de Con.
Il a
joué le rôle
de tuatuanga.
BAANGA
Mayombo, bendili, Bungufolgu, 10/5/1975 -
Liste dynastique de Kpiideni.
BAANGA
Songijari, bendili de Kuala, Pocienga, 10/3/1975
Historique de Kuala - Historique de Niaba -
Activi tés de la société - "Banga Songijari fils
de Kanlenli, fils de Burijo fils de Rapua fils
de Yaana. C'est ce dernier qui quitta Kuala et
vint s'installer â Sula"- Source: son père.
BAANGA
Tibandiba, fils du Bendbedo, Wobdiaga, 11/5/1975 -
Historique de Kpiideni et de Tuaba - Organisation
et coutumes de la société. Il tient ce qu'il a
raconté de son père et de son grand-père.
BAANGA
Tibandiba, Tofoaru,
25/5/1975 -
Liste dynastique de Con - Liste dynastique de
Kpiideni.
BAANGA
Tugijie, Bendbedo de Niaba, Duoguyana, 12/3/1975 -
Historique de Niaba et de Kuala -
Organisation de
la société.
59B
BAANGA .
Yariga, bendili, Con, 29/6/1976 - Réponses à des
questions d'éclaircissement sur l'enregistrement
de 1975.
BONSIEGU
Jagundo, berijo, Basieri le 27/7/1975 -
Historique de la dynastie de Basieri -
Il tient
ce qu'il a dit de son père Jarincaari.
COMBIANU
Nadinja Grégoire, né en 1928, secrétaire de canton
(1954-1971), Nungu 31/5/1975, Diema de Nungu -
Quelques questions sur l'histoire de Nungu.
COMBIANU
Suanfandi, Tibga, 29/2/1976 - Historique de Tibga -
Organisation et coutumes de la société.
COMBIANU
Tadanbenjo, Nungu, 18/1/1976 - Historique de sa
famille et de la charge de Tadano.
COMBIANU
Yempaabu, Ciamo, Nungu, 18/6/1976 - Historique de
sa famille et de la charge de Ciamo.
COMBIANU
Yenmiama, Nunbado
(1973/1974), ancien interprète,
Nungu, 22/2/1974 - Diema du Nunbado - Relations
avec Djougou.
599
COMBIANU
Yentangu, né vers 1932, intronisé Nunbado le 30/5/
1975 - Nungu 6/8/1975 -
les Kombala, les diffé-
rentes phases de son intronisation coutumière.
COMBIANU
Yentangu, Nungu, 15/1/1976, commentaires des
photos prises lors de son intronisation coutumière.
DABONGU
Bedo, intérimaire et candidat au bali; Yarga,
14/6/1975 - Historique de Yarga - Organisation
de la société.
DABONGU
Jingiciandi, prince, Yarga, 14/6/1975 - Histori-
que de Yarga - Organisation de la société.
DABURGU
Daburjo, Niaba -
8/5/1975 - Historique de Niaba.
DABURGU
Jakperi, Niaba -
8/5/1975 - Historique de Niaba.
DABURGU
Yombo,
37 ans, Con -
23/5/1975 - Historique de Con
DAMIBA
Boureima Lima a.r i, du diegu du s iku,. Dabesma,
26/6/1975 ~ Origine du Siku.
DAMIBA
Tambedo,
67 ans, Piala, 29/6/1975 - Organisation
et coutumes de la société.
600
DAMBINA
Hammadu, d'origine Kururnba, Jelku - 8/6/1975 -
Mariage.
DAMOLGA
Jagundo, Gmarugu -
19/5/1975 - Historique du
village de Gmarugu.
DUNA
Carnbaambuga, né en 1928, de la famille de Tarn-
bedo de Kuala, instituteur - Affaire de Labi-
diebo et Affaire de Yenkpari - Nungu -
20/6/1976 -
DUORI
Joseph, baantiagu, Mopienga,
15/6/1975 - Histo-
rique de Mopienga - Organisation et activités de
la société.
DAYAMBA
Jagundo, Bilanyanga, 23/6/1976 - Historique de
Bilanyanga.
HAGILA
Hunloli, d'origine Kururnba, Jelku, 23/3/1975 -
Relations entre les Kurumba et le Buricindiegu de
Kuala - Les différents dieru des Kurumba de
Koarimadeni - Commerce
HAGILA
Hunlolii Jelku -
8/7/4976 - Mariage.
HAGILA
Noiaga, d'origine Kurumba, Jelku -
8/7/1976 -
Mariage -
601
HANRO
Jandi, Bilanga, 24/25/6/1976, administration
du diema.
HANRO
Jingli,
40 ans environ, baantiagu, Piala
29/6/1975 - Liste dynastique de Piala -
Il a
joué le rôle de tuatuanga.
HANRO
Janyuagu, prince Nagiri,
28/6/1976 - Diema de
Nagiri.
HANRO
Musa, prince, Nagiri,
28/6/1976 - Historique de
Nagiri - Organisation socio-politique de la
société gourmantché.
HANRO
Yencirima, bedo de Nagiri, Nagiri -
28/6/1976 -
Assistait ~ l'entretien
HANRO
Yulugiri, prince, Nagiri -
28/6/1976 - Histori-
que de Nagiri - Organisation socio-politique
de la société gourmantché.
IDANI
Lenlenli, Jakpangu -
5/3/1976 - Historique de
Jakpangu.
6O~·
IDANI
Tontuoriba, bedo, Jakpangu -
5/3/1976 -
assistait à l'entretien.
JABRI
Buari, vieil aveugle, Jakpanku -
5/2/1976 -
Historique de Nungu
(origine des gulmanceba)
-
Historique de Jakpangu.
JAGBUGA
Jaluaga, buricino du diegu d'Alfa, Kuala -
2/5/1975 - La teinturerie.
JAGBUGA
Jandi, prince, Kuala -
1/7/1976 - Mari~ge
entre les membres des différents dieru de
Kuala.
JAGBUGA
Hunsuguru, prince, Kuala -
1/7/1976 - Mariage
entre les membres des différents dieru de
Kuala.
JAGBUGA
Naabingujo, né en 1927, fils de bedo et secré-
taire de canton, Kuala -
1/5/1975 - Historique
de Kuala - Organisation et coutumes de la société.
JAGBUGA
Naabingujo, Kuala,
1/7/1976, 2/7/1976, 9/7/1976 -
Réponses à des questions d'éclaircissement sur
l'enregistrement de 1975 - Les cancantieba
----
- .. _
~--
603
JAGBUGA
Noibuga, prince de la Maison d'Alfa, Kuala -
1/5/1975 -
Historique de Kuala - Organisation et
coutumes de la société - Les cancantieba.
JAGBUGA
Yempaabu, bedo depuis le 1/12/1942, Kuala,
13/3/1975, Dierna de Kuala - Organisation et
administration -
Les Cancantieba - Guerres
avec d'autres diema.
JAGBUGA
Yernpaaku, Kuala, 1/7/1976 - Réponses à des
questions d'éclaircissement sur l'enregistre-
ment de 1975.
JIANU
Nadernu, Tandibiaga, 18/5/1975 - Mythe sur
l'origine des peuples et des métiers - Origine
des gulmanceba -
L'arrivée des blancs - Source
son beau-frêre Hatina qui vécut à Babiri
(en ce
qui concerne l'origine du monde)
-
Il tient ce
qu'il a dit sur l'arrivée des blancs d'un mara-
bout nommé Noraogo
(habitant de Saanfoliga),
venu du mossi et d'origine maringa
(maransé).
JIANU
Tadano, Bilanga, 23/6/1975 - Historique de
Bilanga, Piala, Bongandini, Con - Organisation
et coutumes de la société.
.....
EO~
JIANU
Tadano, Bilanga, 24/25/6/1976 - Mariage entre
les différents d~eru de Bilanga - Funérailles
d'un bedo - Les cancantieba.
KOADlMA
Yempaabu, Longa, Tambariga, 22/3/1976 - Listes
dynastiques de Pamma, Maajoari et de Nungu -
Il a joué le rôle de tuatuanga.
KOADlMA
Yarga, lonbado, Tambariga, 22/3/1976 - Listes
dynastiques de Pamma, Maajoari et de Nungu - Il
a joué du longa - Historique de Tambariga.
KOMBARI
Baayanga, + 1975, Nungu, 22/2/1974 - Historique
de Nungu (origine des gulmanceba) - Organisation
et administration du diema.
KOMBARI
Bedo, bendili, candidat à la charge de bendbedo -
Liste dynastique de We - Il a fait le tuatuanga -
Gayeli -
25/6/1975.
KORE
Wintiba, 84 ans, Kamséongo -
13/3/1976 - Histo-
rique de Kamseongo.
. ,.'
60S
KPAJARI
Yencabli, 44 ans, bedo, Bonsiega, 19/5/1975 -
Historique de Sulungu et de Bonsiega.
KULIJATI
Dakani, Jakpaga,
25/3/1976 - Historique de
Jakpaga.
LANKONDI
Cannyuagu, 60 ans, prince et ancien goumier,
Con, 23/5/1975 - Historique de Con.
LANKONDI
Cannyuagu, Con, 25/5/1975 - Organisation et
coutumes de la société.
LANKONDI
Dayeli, 92 ans, d'origine captive, Con,
23/5/1975 - Historique de Con.
LANKONDI
Dayeli, Con, 25/5/1975 - Organisation et cou-
tumes de la société.
LANKONDI
Dayeli, Con, 29/6/1976 - Réponses à des ques-
tions d'éclaircissement sur l'enregistrement
de 1975.
LANKONDI
Harnicuuli,bedo depuis 1970, ancien combattant,
Bilanga, 25/5/1975 - Assistait à l'entretien.
606
LANKONDI
Hamicuuli, Bilanga -
24/25/6/1976 -
Organisation et coutumes de la Soci~té -
LAN KONDl
Jabonga, 67 ans - prince et ancien goumier ,
Con, 23/5/1975 - Historique de Con.
~ONDI
Jabonga, Con, 25/5/1975 - Organisation et
coutumes de la soci~té.
LANKONDI
Jacilo, Nagiri,
28/6/1976 - Historique de
Nagiri.
LANKONDI
Jaluaga, 56 ans, prince, Con - 23/5/1975 -
Historique de Con.
LANKONDI
Jingli, baantiangu, Cancaamongu -
29/6/1975 -
Liste dynastique de Jipienga - Il a jou~ le
rôle de tuatuanga.
LAN KONDl
Jingli, fidèle, enseignant, originaire de
Jipienga, Ouagadougou, 1975 - Signification
du mot Lankondi.
LANKONDI
Sake, prince et ancien goumier, Con, 25/5/1975
Organisation ét coutumes de la société.
607
LANKONDI
Tingbandi, candidat au bali, Jipienga,
16/5/1975 - Légende sur l'origine des Lankoana -
Organisation et coutumes de la société.
LANKONDI
Yabinu, Nagiri, 28/5/1976 - Historique de Nagiri.
LANKONDI
Yembuado, bedo depuis le 14/9/1959 - Bongandini,
22/5/1975 - Historique de Bongandini -
Organisation et coutumes de la société.
LANKONDI
Yembuado, Bongandini,
28/6/1975 - Mariage entre
les différents die~u de Bongandini - Les kpiaru
et les brini.
LANKONDI
Yensongu, ancien interprète, bedo depuis le
1/1/1950, Piala, 29/6/1975 - Assistait à l'en-
tretien.
LANKONDI
Yensongu, Piala, 26/6/1975 - Mariage, orga-
nisation et coutumes de la société.
LANKONDI
Yensongu, bedo de Balga, Balga,
28/29/2/1976 -
Historique de Balga.
60a
LANKONDI
Yentagma, bedo depuis 1972, Con, 23/5/1975 -
Il assistait à l'entretien - Organisation et
coutumes de la société.
LANKONDI
Yentagma, Con, 29/6/1976 - Réponses à des ques-
tions d'éclaircissement sur l'enregistrement
de 1975.
LANKONDI
Yukpabiri, berijo, Bilanga, 23/6/1975 - Organi-
sation et coutumes de la société.
LANKONDI
Yukpabiri, Bilanga, 24/25/6/1976 - Mariage -
LOMPO
Yenharima, bedo, We, 26/6/1975 - Historique
de We.
LOMPO
Yuabli, bedo depuis 1971, Yamma,
28/2/1976 -
Organisation et administration du diema.
MAANO
Lonjari, longa, Bongandini, 22/5/1975 -
Liste dynastique de Bongandini. Il a
joué du
longa - Source : son père Tuaru.
MAANO
Tanjaali, maano, Kuala,
2/5/1975 - La forge.
609
MADIEGA
Bandiyombo, candidat au bali de Niaba, Niaba,
8/5/1975 - Signification du mot tambiama.
MADIEGA
Puka, prince, Nanyoagu., 4/5/1975 - Historique
de Niaua.
MADIEGA
Tilaliko, candidat au bali de Niaba, Nanyoagu,
4/5/1975 - Historique de Niaba.
MANLI
Idrissa Yentéma, Gomoali, Nungu, 20/6/1976 -
Historique de son dieguetde la charge de
Gomoali.
MANLI
Yentéma, Madaali, Nungu,
20/6/1976 -
Historique de son diegu et de sa charge.
NAABA
Bukari, Jakpangu, 5/3/1976 - Historique de
Jakpangu.
NAABA
Dayeli, Lonbedo, Bilanga, 23/6/d975 -
Historique de Bilanga, Piala, Bongandini, Con.
Organisation et coutumes de la société -
Liste dynastique de Bilanga -
Il a joué du longa.
610
NAABA
Dayeli, Lonbedo, Bilanga, 24/25/6/1976 -
Historique de Bilanga - Les différents dieru
de Bilanga.
NAABA
Gnanja, Longa, Balga 28/29/2/1976 - Histo-
rique de Balga - Liste dynastique de Balga -
Il a joué du longa.
NAD INGA
Dibila, frère germain du Jakpeli, Sulungu,
19/5/1975 - Historique de Sulungu.
NAD INGA
Sambombu, 76 ans, Jakpeli, Sulungu, 19/5/1975 -
Historique de Sulungu - Historique des Gulmanceba
du Nord-Gulma - Organisation et coutumes de la
société.
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NATAMA
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Il
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NOIALI
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ONAJA
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ONAJA
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société.
ONAJA
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PAALO
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Historique de Nungu.
POBERE
Lebende, Nappade, 15/3/1976 - Histo-
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SEBGO
Kalifu,
70 ans environ, Kamseongo, 13/3/1976 -
Historique de Kamseongo.
SOGLI
Hampandi, bedo depuis 1959, Liptuugu, 17/18/6/1975
Historique de Liptuugu - Organisation ~t admi-
nistration du diema - Coutumes de la société.
SOGUNO
de Manni, Manni,
12/5/1975 - Historique de
Manni - Cancantieba.
TAABUURU
Mahamudu, Bilanyanga, 23/6/1976 - Historique
de Bilanga et de Bilanyanga.
TAMBIGA
Labidiedo, bedo de Cabondu, Karimamma, 28/6/1975
Historique de la dynastie de Cabondu.
TANBUGU
Cenriyambu, Nagiri, 28/6/1976 - Historique de
son diegu.
613
TANBUGU
Musa, Nagiri,
28/6/1976 - Historique de son
diegu.
TAN!
Yempaabu, Saribongu, Nungu, 19/6/1976 -
Historique de son diegu et de sa charge.
TANKPANO
Gabado, Macakoali,
6/4/1976 - Historique
de Macakoali.
TANKPANO
Hahari, Baantiagu, Yirni,
20/4/1976 -
Historique de Yirni.
TANKPANO
Hajima, Gabado, Kpqrcaga, 15/4/1976 -
Historique de Kp~rcaga.
TANKPANO
Janja Frédéric, né vers 1937, de la famille
des bara de Nungu, enseignant, Namuno,
28/29/30/4/1976 - Principal informateur sur
l'origine des Buricimba et sur Nungu -
Historique des dynasties se réclamant de Jaba
Lompo - Historique d'autres dynasties -
Les Kombala de Nungu .•.
Ses informateurs sont : Onaja, Ahadi, connu
sous le nom de Gannohanla et qui vécut à Nungu.
DAJOARI Janja, aveugle; i l vécut également à
Nungui DAJOARI, Lenli, petit frère de Gannohanla,
61 4
habitant Nungu; COMBIANU, Gmanja, aveugle,
habitant de Jabiga
(Parnrna); KOMBARI,Baayanga
son oncle maternel, + 1975; TANKPANO Kpanja,
Barli, son père qui vécut à Nungu.
TANKPANO
Juari, Gangaali, Narnuno,
21/4/1976 -
Historique de Namuno.
TANKPANO
Luona, bendbado, Kparcaga, 15/4/1976 -
Historique de Kparcaga.
TANKPANO
Onoino, Nungu, 18/1/1976 - Historique
de son diegu et de sa charge.
TINDANO
Bomanna, Yarga, 14/6/1975 - Historique
de Yarga.
TINDANO
Dayelonga, Longa, Cancamongu
(Jipienga),
29/6/1975 - Historique du Jipienga -
Liste dynastique de Jipienga -
Il a
joué
du longa.
TINDANO
Jakpeli, Gmargu
(Piala), 19/5/1975 -
Historique de Gmargu - Origine et rôle
des Tindarnba de Piala.
615
TINDANO
Konjo, Toku, 14/3/1975 - Historique de Niaba.
TINDANO
Liyandipo, d'origine captive, Jagukpeli,
18/3/1975 - Historique de Kuala - Source
son père Dajo.
TINDANO
Mindieba, Toku, 22/3/1975 - Historique de
Niaba.
TINDANO
Mobandi, Toku, 22/3/1975 - Historique de
Niaba -
Source : son père Joari.
TINDANO
Nabindu, Nagiri, 28/6/1976 - Historique
de Nagiri.
TINDANO
Pobindo, femme, Tindanguni, 8/3/1975 -
Historique de Niaba.
TINDANO
Tanpalyenga,
67 ans, bedo, Sula, 10/3/1975 -
Historique de Sula.
TINDANO
Tiagijo, habitant de Toku, Ouagadougou, 9/4/1975 -
Historique des Buricindieru de Kuala, Piala,
Bilanga, Bongandini, Con, Gayeli, Niaba.
Rapports entre quelques betieba de Kuala et
fi 1 5
l'administration coloniale.
Il tient ce qu'il
a dit de son p~re.
TINDANO
Tiagijo, Toku,
5/5/1975 - Réponses à des ques-
tions d'éclaircissement sur l'enregistrement
du 9/4/1975.
TINDANO
\\'loba, Laali, Tindanbedo, 105 ans environ, Piala
25/6/1976 -
Historique de Piala - Organisation
et coutumes de la société.
TINGBANGU
Kanfirini, Tindangu,
20/4/1976 - Historique
de Tindangu.
TINGBANGU
Miidili, bedo, Tindangu, 20/4/1976 -
Historique
de Tindangu.
TINGBANGU
Tindanbedo, Tansalga, 16/4/1976 - Historique
de Tansalga - Légence de Jaba Lompo.
TINGBANGU
Yendieba, Tindangu, 20/4/1976 - Historique
de Tindangu.
TU GUMA
Yiahayia, Jabo,
4/3/1976 - Historique de Jabo.
61 7
TRAORE
Tambedo, Gaye1i,
25/5/1976 - Historique de
son diegu.
WAALI
Danguma, bendi1i, Macakoa1i, 6/4/1976 -
Historique d~ Macakoa1i - Organisation et
coutumes de la société.
WOBA
Kanpaari, Gangaa1i, Yamma, 28/2/1976 -
..
Historique de Yamma - Organisation de la
~
société.
WOBA
Koagiri, Soguno, We,
26/6/1975 -
Historique de We.
WOBA
Ti1ijo, bendili, Jakpaga,
25/3/1976 -
Historique de Jakpaga.
WOBA
Yencab1i, Lonbedo, Gaye1i,
25/6/1975 -
Historique de Bi1anga, Piala, Bongandini
et Con - Organisation et coutumes de la
société.
YARGA
Ja1uaga, Kuala, 1/7/1976 - Mariage.
t,
!
61 B
YARGA
Motagba, Lonbedo, environ 40 ans, Piala,
29/6/1975 - Historique de Piala, Bilanga,
Bongandini et Con - Organisation et coutumes
de la société - Liste dynastique de Piala.
YARGA
Motagba, pilfa, 26/6/1976 - Réponses à des
questions d'éclaircissement sur l'enregistre-
ment de 1975.
~i
yAii~
Yembrima, 67 ans, Sula, 10/3/1975 -
Historique de Sula.
YARGA
Yendabri, bedo, Tuabre, 11/5/1975 -
Historique de Tuabre, origine des Yarmu -
Commerce.
YONLI
Bancandi, bedo, Tansalga, 16/4/1976 -
Historique de T~nsalga.
YONLI
Marc, originaire de Tangbaga, enseignant,
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YONLI
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chez
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lonial" in Claude Meillassoux, L'évolution du Commerce
en Afrique de l'Ouest,Oxford University Press,1971,444p.
. ,..
1
'
':~.
--:'
. \\
jJ
1
63U
1
. ~
"
1
" .".'
.'
,
,
j
D M.
ilLe Royaume du Yatenga" in Creswell, Robert,
Elé-
ments d'Ethnologie, Paris, Armand Colin, 1975, T.I.
pp.
216 -
248.
29
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l'ancien Yatenga",
in
1eillassoux'
1975,
582 p.
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Genealogical Evidence - The
Volta Basin", dans le cadre de African History Seminar,
~pniverSityOf London, Fêvrier 1965, exemplaire dacty-
.1"{ograPhié 22 p. communiqué par Michel Izard.
31
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1909 non paginé, ms.
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34
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(4). Oct.Déc.1928 = 685-688.
35 • MAUNY R.
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Etudes Dahoméennes 4,
1950.
B31
ethnographiques sur le Gourma recueil-
•
lis en t907 par l'Administrateur des Colonies Maubert,
Chef du
N'Gourma et publiée par Henri
Menjaud
des Africanistes 2(1)
" 1932
!ation dans les traditions
des" Bétâmmar
Dahoméennes l, 1948 = 47-55.
38 • MERC+ER P. "Vocabulaire de quelques langues du Nord Dahomey",
';t>
~:~tudes Dahoméennes 2, 1949, 73 - 83.
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39
P.
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3-8 in Chazal
(R.P.), Dictionnaire Françdis-Gourma. 1951, 139 p.
(Etudes Dahoméennes) .
40 " ' sur les "Pila-Pila" et les "Taneka" , Etudes Dahoméen-','
',';;'.,
,
nes 3,1950.
41
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ques, Nelle série,
1963, Mémoire N°4, Centre IFAN~ORSTOM,
Ouagadougou, 132 p.
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Etudes Dahoméennes" 16 ,
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43
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d'Etudes Africaines 2 (3)
7,1962 = ~62-476.
44
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(Cercle de
DJOUGOU-DAHOMEY)", Bulletin de l'IFAN, T.XXIV,Série B.
N°s 3-4, 1962 - pp. 62~-632.
/
...
,. ....
~
"
;./
632
-~'.
"''r'~~
;l,
1
Haute-Vol,ta", Bulletin de l ' IFan,
N°s 1-2,
1~66 - pp. 485-492.
\\
46 • PERSaN Yves,
Review
.French Military Imperialism,
i
of
.,
XIII 3
( 1 972)
pp. 507 - 510 .
1
rinted in
Yves "Pou'
Religions·ifricaines",
Archives de
de reli ions",
36,1973,
~
91 -
101.
• •'-N, Yves, "Dauna et Danhome", Journal of African History,
~~, 4 (1974) pp. 547-561.
49 • PERSaN Yves "la dynastie de Tyilixa
(Djougou)
dans le
~ PASSE DE L'AFRIQUE NOIRE ET DE MADAGASCAR, Mélanges
,~ferts à Hubert DESCHAMPS (extrait) Série Etudes,
1
pp • 20 1- 2 1 0 .
sa • PERSaN Yves
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Africains. 1976 -61.62. XVI. p.405-408.
51 • PROST A. Grammaire Gourmantché, Initiations et Etudes
,
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IFAN-DAKAR,
1968, 160 p.
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pendant la période précoloniale in Meillassoux Claude,
l'esclavage en Afrique Précolonia1e, François Maspéro
Paris,
1975, 582 p.
•
/
633
1
. -.. '
Bulletin de l'Enseignement
1.
de l'Af~ique Occidentale française 6, 39, juillet
1918,
III
,,
..
54
M.
'\\J,.es
chez les Goùrmantchés
cercle de
dé l'~nseigneme~
n aise,
7,42~ fév.Mars
Journal de la
209-259.
56 •
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de Louro.um (Haute-Volta septentr:i.onal)", Anthropos,
~ 7 (3-6), 1962 = 757-778.
571'~mte von "Pays et populations de la frontière Nord-
Ouest du Togo
(traduit par le R.P. Neth, recueilli
par J.C. Froelich)", Etudes Dahoméennes 2, 1949=9-36.
r
l
63~
1
Pages
1
1
1
1
)
11
INTRODUCTION
3
GULMA
6
6
11
11
17
17
~" 3- Les Minorités
'f" .
c'•
::.
'If'
"
.~~ METHODOLOGIE ET TRADITIONS ORALES .
20
A) DEROUL~r1ENT DES ENQUETES
22
1- Le Matériel
, . 2- La Méthode
,".
LES INFORr1ATEURS ET LES TRAITEMENTS DES INFORr1ATIONS
' J
I- Les Informateurs
29
a)
Les Baantiaru
( Il gr iots " )
29
b) Les Talmu (sujets)
34
c)
Les Buricimba
34
\\.,
d)
La Conception de l'Histoire
35
'f
,-~
t
2- Le
traitement des données
37
3- Le problème Chronologique
37
.... t':"
1
,JI~J~~
535
-,,"
Pages
~ .. PREMIERE PARTIE,4i>11~., "
,",<,\\
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1
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. , , -
LES A.tltIEN~·~SCUPANTS ET LES MIGRATIONS
1
l
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DES-"BDRIMCIMBA OU .BEMBA
40
41
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41
42
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B - Les Tindamba et les Woba
46
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C
Les Kurumba
47
II - DANS LE SUD
49
.A -
Les Tankamba
49
B -
Les Berba
50
C - Les Tindamba et les Woba
50
0
- Les Taaba (nom : Tankpano)
54
et les Nasuba
(nom : Nasuri)
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636
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1
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II - LA LEGENn~DE'JABA LOMPO ET LA FONDATION
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DES
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56
57
A
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'e des Bemba
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o -
des traditions
69
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c~tII - LES AUTRES DYNASTIES
90
,
'. ,?f
l
- LA DYNASTIE DE JAKPANGU
91
II - LES DYNASTtES DU GOBNANGU ET DE JABO
92
A -
La dynastie du Gobnangu
B -
La dynastie de Jabo
III - LA DYNASTIE DE BOARUGU
(KPARCIAGA)
96
IV - LES DYNASTIES YANSE : COMIN-YANGA,
SUDUGI, KAMSEONGO, DOGTENGA ET YUTENGA
(YONNE)
99
104
CONCLUSION
1
1
637
1
Pages
1
i
,
,i'
~~~~~I~V - RELATIONS~U~N~,~ ~ PEUPLES~OISINS
.
~A~~ DE L'ARRIVEE'DES
105
l
-
SONGHAI ET LES ZARMA 105.. :'
/
II
RELATIONS
MOSSI
108
A - Le Ressort Territorial du diema
de Kujuabongu
1
Expansion au Nord~Togo
<
/
·1"···.·.····.
2 - Expansion au Nord-Benin
B - Relations avec les Mamprusi et
les Mossi
I I I - RAPPORTS AVEC LES TYOKOSSI
12'1'r-"
..
~
IV- RAPPORTS AVEC LES PEUL
125
.'
V - DATE INDICATIVE DE L'ARRIVEE DES
BURICIMBA DANS LE GULMA
127
'~
VI - LE DIEMA DE NUNGU ET L'AUTORITE DU
NUNBADO : ROYAUME OU ROYAUMES DES
GULMANCEBA ?
129
1
536
1
j
Pages
~
J
CHAPITRE
V
j
-----------
. . . . .
ET ADMINISTRATIVE
141
l
A) - Les Membres
électoral"
et choix du
142
Teidano
(Toëdano)
2
Odank~rma ou Odano
3
Diebado
4 . Tambado ou Tambedo
C)
- Les insignes du Bali -
D)
- 0 Barinatanu -
II -
LES KOMBALA DU NUNBADO ET L'ADMINISTRATION DU DIEMA
DE NUNGU -
A)
- Origines des différents Kombala -
1 . Charges dont les familles détentrices sont
du Buolu du Nunbado -
2
Charges dont les détenteurs sont d'autres Buoli
3
Charges dont les familles détentrices furent
à
l'origine musulmanes -
1
639
1
l
Pages
i
1
i
- La
du Diema .;.
166
.... ' ."
•
C}
- Conclusion -
167
1
\\"
, -~'
. y
•
"
l
LA
DATION A NUNGU -
.170
,:,~--"'"
.~"
II -
SITUATION DANS LA BOUCLE DU NIGER AUX ENVIRONS DE 1895 -
170
SION DECOUR ET TRAITE DE PROTECTORAT AVEC LE NUNBADO
BANCANDI
(20 janvier 1895)
-
IV -
ALLIANCE BAUD-BANCANDI CONTRE LES ADVERSAIRES DU NUNBADO - 175,'
640
PARTIE -
.·,~J.~t>:
,;,'
Pages
(~J
r.'i.:~,
>'.-
MIGRATIONS 4'1,E BURICIMBA
'.'
- GOLMA
ET
YNASTIES
180
<Ii
\\\\
.....,.\\':
...
[ j .
~
Chapi tré',t -. FONDATIO
DYNASTIES
183
- Noima,
des Buricimba du Nord-Gulma 184
- We, première capitale du royaume de Bilanga 194
III - Le Bali de Cabondu
197
.
.~.
,
'
·
IV
La dynastie de Gayeli
·t··'··.··,
',.'.
199
,.
~ ·.'C:
II - LES DYNASTIES DE MOPIENGA, KUALA, NIABA
"&0-';'--
ET DE SURUNGU
l
- Les Buricindieru de Mopienga et de
A - La dynastie et le diema
(commandement)
de Kuala
B - La dynastie de Kuala et la domination
des Gulmanceba sur le Liptako : le
premier royaume de Kuala
C - Le soulèvement Peul : le djihad et la
fondation de l'Emirat du Liptako
D -
Le deuxième royaume de Kuala
',.
'.'/"
1
641
...
" " 'i~1'~~ages
j
II - Les dynasties de Niaba et dé"} suii.l'n gu
24 6
Niaba
246
Jakpeli)
de Surungu2~
III -
IERI, LIPTUGU
\\ 262
,
'1 -
Le
Basieri
263
,I"I ... Le
Liptugu
266
.'J-.:.. .... '~, ,\\ '. L<-"i. "-
A
Le royaume des Gulmanceba de J&HSUilrH:
(Yaga)
B - L'insurrection peul et le repli
\\~~)
des Gulmanceba du Sud
··4Il
;~
l ' :
III - Le Buricindiegu de Surungu (Bonsiega)
280
j
LES DYNASTIES DE JIPIENGA, KPIIDENI, TUABA ,
284';
SORIGA ET DE NINDONGU
l
- La dynastie de Jipienga
288
II - La dynastie de KPIIDENI
289
,.~.'
III - La dynastie de TUABA
291
·'j;A.l.'"
.,' - -1.~.
.,,;t
Chapitre V - LES DYNASTIES DE BALGA ET DE YUPANGU
295
A
Le Buricindiegu de Balga
,295
B - Le Buricindiegu de Yupangu
299;~" '
, 1
V
...~
6~2
VI - LES BURICINDIERU DE PIALA,
-.....;..-....:....-
300
\\J
.....
l
-
différentes dyn~.ties 30r
301
"
B
Con
1
,
, 304
~
I I
311
A - Piala
311
B -Bilanga et Bilanyanga
313
C
Bongandini
•
317
'i/9!.
;~:~...->
D - Con
319
.""
VII - LES AUTRES DYNASTIES
~filIôI!~"';""-
324
,.;1
/,,~~
l - La dynastie de Yamma
325"
II - La dynastie de Tibga
328
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1
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1
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Pages
t
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368
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A
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"
diegu
"une maison
,B
et les k iaru et'\\'
brini
381
,I!<
,
le' ",,:
\\:',h'~rit:"'l - Le dogu (village)
2 - Pourquoi l'habitat était-il grqupé et
comment expliquer l'apparition des
fortifications?
a itre I I - ORGANISATION LIGNAGERE DE LA PRODUCTION ET DE
LA CONSOMMATION - L'ARTISANAT ET LE COMMERCE
l
- LE REGIME FONCIER
A -
La terre et son exploitation
l
- Le droit de la propriété sur la terre
2 - Le droit d'exploitation d'une terre
3 - Conflits fonciers et intervention
du bedo
4 - Conclusion
645
Pages
~')'
'lit
-v
408
..,.....
41'5
ARTISANAT ET
419
A
420
" ~"'A
i;:B, ':':\\Lè': cofutnerc e
< •.
~.
,
. '
•
427
'''i;'~f;:/,
'11-,'
6~6
Pages
LA
IHAPITRE III : MAGIE ET RELIGIO"'~
l.
l
..
~
SOCIETE.
..,.'
434
Q
Dieu,
les Bondu :
1)
- Dieu,
et le monde
2)
1Î~~h~·,.;",;/:'::'~.:,;":~~,, . .. . '.
r"'~'~~~NYOagU et la magie
•
447
1) - Le nyoagu : Définition et préparation'
.".:'.~t··
.. ,1
,
.. .'.'. .~
a)
Définition
, .:,
b) La préparation d'un Nyoagu
2)
- Utilisation d'un nyoagu
3)
Les effets d'un nyoagu
·:···,·
. .
1.·.
"
4)
-
importance des nyoagidamba dans la société
t···
5)
- Le poison et les sorciers
,t...
a) Le poison
b) Les sorciers
III - Les Autels : Culte aux ancêtres et à Dieu
466
A - Présentation et origine des différents autels
467
j.
1 - ~e Jingli et les Cicila
(ou cicilimu)
a)
le Jingli
b) Les cicila
ou cicilimu
2 - Le tinghandi et le bulo
a)
Le tinghandi
b) Le Bulo
•
',t
"
iol!f
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647
1
Pages
l1
les buli individuels
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L'
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espace
.,
" , ..,
3,g.~''Les animau}c sacrifiés
" "\\,.y-
·'~i~h/;:~.::>~:;':,:~:~:.',': ~,\\-:.- "
~lfd~:,,;,t - Symbole des animaux et effets des sacr~ices
C - Les pratiques divinatoires
,-
492
l
-
Description des gmaali et leurs symboles
a)
Les gmaali
b)
Significations des symboles
2- L'interprétation
'.,"
3 L'importance des tanpwaba dans la société
pré-coloniale
.
CONCLUSION
,-,'
Rôle de la magie et de la religion dans1a
Société.
508
!
(,:i'
646
".-',.
\\
\\
".'
(;.
chàpitre IV - LES FONDEMENTS DU POUVOIR POLI
508
ADMINISTRATION DES DIEMA
, .
l
-
du Bali '""
A
"\\,.>- ~ 510
tl
-
successotaies et
1\\10
te.
.
notion de bali eJ- régIes -'
'.
·;;t:·;{,rsuccesorales.
.01. :~
.'
Î5::;i" ';~.~ La conquête du bali à la veille de la
"
conquête colonial, (189~)
C - Le Bedo
=
intronisation coutum~r~~~
517
....
l
- Les insignes du pouvoir politique.~
2 - Les fondements religieux du baii =
i'intronisation coutum1êre.
3 - La mort du nedo et la vacance du pouvoir
pol1tique.
CONCLUSION
/
II - Division et administration des Diema
\\,5
-- -----_._._--
-_.-- -.
. _ ~ - - - - - _ . - -
A - Division du territoire..<:i:._~l;l..t:-<:>E!.!:~~~o#tiq~~~_535.
. --
*' .
1 -
Le diegu
(famille)
= L'autorité du nici~~
'.)
2 - Le Jakpegbiemu
,
J"
1
j
-te Kombaii
4 - Le Kuamba
B - Le Kuamba et son cancanli
(cour)
544
1 -
Le diegu
2 -
Rapport du bedo avec ses sujets
"~!'
650
''fj,••'''!
,,-..,
'
1
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4 - La ~igne de conduite d
1
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'tn - Les Jituara
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Les Jit
= captifs.t
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,
1
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3 - Stat:.ut
:.1
Ji~ara et des '.
Nacemb
i
'\\..,
\\
a -
~_~"r
1
,
'>h - au niveau des cancanna (cours)
:'4 - Rapports avec les autres catégories
sociales
=
IV .... ,Division de La société
•
assimiLation et promotion •
par ages et par 'sexes
58l)." t'r
/,fj,:
1. -
Division de La société par ages = niciamba
(anciens)
oila
(jeunes)
-
2 - La division de La société par sexes·
CONCLU~
585
ANNEXES
589
,
'
LEXIQUE
.,.,'
590
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
596
l -
LISTE DES INFORNATEURS
'1
".
59r'
11- BIBLIOGRAPHIE
6'l9
;.
.
0
A
Ouv~agcs généraux
B - Mémoires et Thôses de 3ême Cycle
C - Article~
TABLE DES MATIERES
634
TABLE DES CARTES
651
JO"
--"
" _,' ~~~:\\'d'~
. TABLE' :bES CAR'l'ES
,'".."~r'."~, '..'1~
, '
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•.,.,
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.~~.
CARTE N°
l
. '
LOCALlSATI
5' GOURMANTCHE