UNIVERSITE DE DR.OIT
D'ECONOMIE ET DE SCIENCES SOCIALES
DE PARIS
(pARIS n - PANTHEON)
PROBLEMATIQUE SOCIo-ECONOMIQUE
ET
FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT :
LE CAS DE LA BAUl'E-VOLTA
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TBESE
P O U R L E -
DOCI'ORAT D'ETAT ES SCIENCES ECONOMIQUES
Pr6iaIth et SouteDue Publiquement
par M. TlIIadidia THIOMBIANO
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Préiident : M. L. BOURCIER de CARBON
Suffragants : MM. CIriitiaa LABR.OUSSE
Jacques AUSTRUY

"L'UNIVERSITE DE DROIT D'ECONGUE ET DE S::::IEN:ES SOCIALES DE PARIS
n'enterd donner aUOlne approbation ni imprc:bation aux <:.pinions émises
dans les thèses; ces opinions devront être considérées came propres
à leurs auteurs" .

-INTRODUCTION-
l - DE L' APEICU GECGRAPHIQUE El' HISTORIÇPE
Si tupe presque à l' intérie.Ir de la boocle du Niger, la Haute Volta,
f..\\TlVironnée en gn;n::1e partie par le bassin de la Vol ta supérieure, est
limitée au Nord-Est par la RépJblique du Niger, au Nord-OUest et au Nord
par la RépJblique du Mali, au Sud par les RépJbliques du Dahaney, du
Togo, du Ghana et de la COte d'Ivoire. C'est un pays continental sans
accès direct sur la mer.
La Haute-Volta s'éterd sur 820 km d'Est en Ouest, et sur 480 km
du Nord au Sm (le loog du méridien 00 de Greenwich passant près de la
localité de Dori) .
Le pays présente l'aspect d'un vaste plateau qui s'infléchit du
Nard-Est au SUd-Qlest par gradins paraboliques sensibl~llt parallèles
au cour du Nige r,Il est arrosé par quatre rivières d' importance inégale
la Canoéet la Volta Noire à l '01est, la Volta Rooge au Centre et la
Volta Blanche qui prend naissance dans la régioo de Ouahigouya.
En dehors de œs principaux cours d'eau, marigots ou 'rivières
prennent leur source en Haute-Volta 00 en arrosent (;p.rtaines parties san
y avoir lrors débalchés. Tels notamrrent la Sirba, la Topoa affluents .de
droi te du Niger.
A l'exception de la région située au NOm d'une ligne Djibo-Dari-
Téra, qui s'apparente à la zone saharienne, la Haute-Volta appartient
au point de vue climatique à la zone sou:1anienne.

Le clilPat est caractérisé par trois types
- type scudano-gui.néen qui couvre la presque totalité de l'CÀlest
ju~'à la région de Batié, Kempti, PO, Léa. LU.rrlioe pluvianétrique y
est supérieur à 1000 millirrêtres, éNec une seule saison des pluies allant
de juin à octobre.
- type sahélo-scudanien qui caractérise la plus grande partie du
pays.
- type sahélien CCJ\\l)renant toute la partie nord
CÀlahigooya, Dori,
Kaya.
Cet ensemble de type continental a un irrlice pluvianétrique moyen,
pre~e tcujours inférieur à 1000 rmn avec une catrte saison de pluies
(2 à 4 mois) .
Les caractéristiques du climat voltaïque se présentent de la façon
suivante :
- les températures sont sujettes à des variations sensibles, soit
entre le jcur et la nuit, soit entre les saiscns.
- les pluies, dont les maxima se situent en Août, sont accenpagnées
d'orages violents (tornades) au début et à la fin de l'hivernage.
Les chutes d'eau moyennes annuelles varienr du Sud au Nord entre un
mècre et 40 centirrêtres.
En ré51..IDlé, la Haute-Vol ta
possède un climat ensoleillé sec et chaud
éNec des variations de tenpérature sensibles.
L'alirrentation d'une très grande majorité des habitants est forction
de la moyenre et de la régularité des précipitalions atmosphériques.
Les points culminants de 300 à 500 Il'ètres environ se rencontrent à
l'CÀlest (Beho), vers le Mali la falaise abrupte, qui surplanbe le plateau
vers l'Est à des hauteurs variant entre 200 et 300 Il'ètres, au Sud-Est telle
que dans la régicn de Fada où l'altitude atteint égalerrent 300 rrètres.

Le plateau est parsané de collines, de pitons (pointe de montagne)
et d'entablemants (ensEfllble comOOc,,\\)
rocheux de faible altitude souver
dénudés par les eaux de pluie. iÂl point de vue géologique, le sol est
canposé de sable, au Nom, de latérite au centre et parfois de granit
dans le Ncrd-Est.
La Haute-Volta possède une végétation de forêts claires, uœ végé-
tation sèche et de savane "l1oisép. non épineuse -:lans la zone méridionale
enfin une savanearbustive épineuse dans la zone sahélienne.
Un certain nombre d'espèces d'arbres sont conservés par les agri-
culteurs dans les zones cutiivées, lorsque ces espèces dorment une pro-
duction canrrercialisable (karité) cu peuvent servir à l'allilentation lo-
cale (néré, baobah) ou encore lorsqu'elles contribuent à l'enrichissement
du sol en humus.
Les origines des PJissants empires autochtcrles qui se constituèrent
en Haute-Volta sont d::Jseures, mais senblent fort ancienne pJisque, selon
certaines traditions orales, elles remonteraient au XIe siècle.
Entourés de royaurres et d' anpires dont l'apogée fut bientOt suivie
d'un démeTbrenent prcgressif et d'une fin rapide, les trois empires de
OUgadcugcu, Ouahigouya et Fada N'gcurma ayant à leurs têtes leurs "nabas"
ou "baros" (chefs) respectifs se sont maintenus pendant neuf siècles sans
changeœnt notable.
La période d' installaticrl coloniale (française) avec le protectorat
sur l'empire de OUagadcuga.r en 1897 et le décret du 18 octobre 1904 crée
la colonie du Haut Sénégal et Niger dont sont détachées le 1er mars 1919
les régions constituant la colonie de la Haute-Volta. C'est en 1932 que
l e pays fut rrorcelé entre le Niger, le Mali et la COte d'Ivoire. Une loi
du 4 septanbre 1947 recoostitue le territoire de la Haute-Volta dans ses
limites en raison des inconvénients d 'ordre adrninistratif~politiqueet
éconanique, créés par ce délI'Ernbrernent.

La Haute Volta a acquis son indéperrlance en 1960. Elle canpte
aujourd'hui parmi les pays africains et malgache les plus peuplés,
avec une pcp.llation présente sur le territoire d'environ 6 mi llions
d'habitants en 1974. I.e taux d'aœroisserrent dérrographique est presque
de 2 %. La densité de pq:ulation du pays est très variable selon les
régions, les extrênes étant de 3 h/krn2 dans le cercle de Dari, 4,6 h/km2
dans celui de Fada et de 36,5 au km2 dans le cercle de Kotrloogou. Dans
certaines régions Mossi, elle atteint 80 h/krn2. La densité rroyenne est
de 19 h/krn2.
D'une manière générale, on esti.rœ qu'il existe en Haute-Volta près
de 160 ethnies.
La situation démographique, jointe à une pauvreté des sols voltaïques
et au mé::Hocre développerrent éconanique,est à l'origine d'inportants dé-
placements de population. En effet, deplis longtemps, la Haute-Volta ali-
rrente en ma.ir.-d'oeuvre les pays mieux armés éconaniquement cernrre la Côte
d'Ivoire et la Ghana notamnent. Cette émigration est mal connue; les
chiffres officiels font état de 500 000 personnes à l'étranger, temporaires
ou défini tifs.
II - DE CUELÇUES INDICATEURS
La popllation active s'élevait à plus de 2.700.000 personnes environ
(1)
en 1974.
I.e taux des salaires horaires sont respectiverrent de 47 Francs, pour
le 5MIG et 32,50 francs pour le SMAG (salaire minimum agricole garanti) .
Avec maintenant plus de 5,5 millions d'habitants inégalerrent répartis
sur l'enserrble du territoire, la partie centrale surpeuplée, le Sud en
grarrle partie dépeuplé à cause de l'insalubrité, un régi.rœ des pluies vio-
lentes à effet érosif, le man:}Ue de déba..1chés sur la mer à laquelle ne la
relie aucune voie navigable, la Haute-Volta est handicapée et son éo::manie
est encore essentiellement rurale (95 % de la pcp.llationl .
(l)
"la R~lique de Haute-Volta".

Du point de vue situation économique, on sait qu'elle est
selon les normes de l'ONU classée comme l'un des pays les plus
pauvres du llPnde (avec 70 dollars par tête d'habitant). Comme la
plupart des pays Africains, l'activité principale des populations
daœure encore l'agriculture qui représentait en 1972 près de 30 %
de la V.A. glooale (1). L'enserble des activités primaires assurent
en grarrle partie les rroyens de subsistance du pays. En 1972, sa con-
tribution à la P.I.B. était est.i.rrée à 76,7 %. (1).
Avec des rroyens de prcrluction très rudirœntaires et de type
ancestral (daba, coupe-coupe), ajoutés à une exploitation familiale
et minifundiaire, le paysan voltaïque arrame difficilenent ses rroyens
de subsistances à la terre. Il s'ensuit une faiblesse des revenus
agricoles estimés à 10.800 Francs à l'hectare.
Ces miffres situent le pays derrière les autres Etats Africains
et rnalgame si l'on s'en tient à des critères de structures tels que
le taux de rronétarisation de l'économie (Haute-Volta: 57 %, Côte
d' Ivoire : 88 %), ou la part du secteur traditionnel dans l'économie
(Haute-Volta : 77 %, R.C.A. : 59 %)
(2).
Malgré la création d'Organisrres Régionaux de Développerœnt (ORD)
la situation éconanique ne s'est guère améliorée puisque le pays con-
naît la famine depuis 1970 et le cheptel qui constituait une des
prin-
cipales richesses du territoire a été à llPitié détruit.
Cette situation qui ne cesse de s'aggraver avec les répercussions
de la crise du système rronétaire international peut-elle s'améliorer ?
Certes, l'on serbIe fonder les derniers espoirs sur les ressources
minières et en particulier sur le projet Tarrbao pour l'exploitation du
gisement de Manganèse et de ciJœnterie. Dans l' imnédiat, après la fer-
meture de la mine d'or de Poura, c'est le seul gisement qui aux dires
des experts offrent des perspectives d'avenir. Mais le coût du projet
a augmenté de 25 % depuis ces deux dernières années à cause de l'infla-
tion llPndiale.
(1) Ces miffres résultent de nos est.iJrations à défaut de données
plus récentes.
(2) Ces informations avancées in (Dossier d'information éa:manique
Mars 1973 et intitulé "Haute-Volta 1971-1972" ne sont pas de
sérieux indicateurs de canparaison de niveaux de structures.

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Alors peut-on fonder quelque
espoir dans le secteur irrlustriel ?
Là aussi, la situation n'est guère brillante puisqu'au lendemain
de l'irrlépendance ncminale de 1960, aUClIDe usine digne de ce nan n 1 ~ xi s t il i t
Cet état de fait ne va connaître pratiquerent auCIID dévelor;.panent jusqu'à
la mise en place du 1er plan cadre en 1967, qui a permis de canpter aujourd.' hui
dans le pays quelques unité industrielles
essentiellerent de substitution
et de transfonnation (Usines Bata) de pne\\.IIW.tiques, Volta textile, Grarrls
t-bulins etc ..• ).
Devant ce tableau aux perspectives sœbres et que la flambée des
prix (plus de 30 % par an au cours de l'année 1974 occasionnée par l'ex-
traversion de l' éconanie), ne contribue guère à améliorer, cœment ré-
pondre à l'attente des populations?
III - DE lA CCN:EPI'IŒI THEORICUE DE lA SCIENCE EO:NMICUE
Pour répondre pleinerent aux voeux des masses laborieuses par la
satisfaction de leurs besoins
immédiats: nourriture, logerent, emploi,
toute politique éconcrnique qui se veut rationnelle doit chercher à saisit
les soubassarents socio-éconcrniques qui se posent au pays.
C'est pourquoi, soucieux que le phénarène éconanique relève des
sociétés hllll'aines, nous entendons situer notre analyse dans une totalité
systématique, car au fond, l'éconcmie est polj tique, et non solitaire,
elle engage l'hcmre et toute la société. Elle est "poétique" car elle
est créatrice à la fois de prcrluits et de relations".
Autrarent dit, à la question: la science éconanique est elle de
rrâne nature que la physique ou la mathématique? nous répondons par la
négative, car J'" sci.ence éconcrnique qui place au centre de ses préoc-
cupations J.a lutte rOT'tr o
l~ r?.r~té, étudie l' homme dans ses rela-
tions avpc la nature physique,
le monde,
l'environnement réel, et
dans ses manifestations avec les autres hommes, c'est-à-dire dans
son univers social.
Dans toutes ces analyses, la science éconanique doit dareurer
strictarent scientifique, objective. Elle perd son caractère de science
et se pervertit lorsqu 1 elle se net au service d' intérêts égoïtes. Son
oojet étantl!e phénarène éconcrnique, elle doit aboutir à la fomulation
de lois, d' inter-relations.

Cette science éconanique est lme science "cœbattante et engagée:'
,1
Selon les propres tenœs du professeur
~urUoff,p.lle a unp"finaiit~" et
une "vex::ation transfonnatrice".
Dès lors, nous fOlvons résurrer que l' éconanie fOli tique est une
science humaine qui affronte les prcblèrœs de la rareté et qui pose
au centre de ses préoccupations, l'organisation rationnelle de la société
humaine.
C'est en définitive, toutes ces considérations qui nous ont con-
duit à fOser en termes de "Prcblématique socio-éconanique et de finance-
ment du développenent ... ", l'analyse de l'éconanie de la Haute-Volta.
IV -
DE LA DEM\\OCHE
Dans les trois parties qui nous permettront de suivre cette analyse,
nous réfOndrons :
- dans une pramere partie que la science éconanique est une science
"carrefour" et une science des choix des structures. Ce qui va nous arœner
à faire :
. des rappels historiques sur les origines des sociétés qui
constituent aujourd 'hui la Haute-Volta;
. des approches sociologiques et des awroches statistiques
et mathÉmatiques tenterons de quantifier certaines données.
- dans la deuxièrre partie que la science éconanique refOse sur des
rrcrles d'organisation et des mécanisnes de régulation. C'est r:ourquoi nous
dirons que la "Maîtrise Nationale du Développerrent" ne peut se concevoir
que sur la base de la connaissance conjointe des structures sociales ana-
lysées dans la première partie et des structures éconaniques que nous fOsons
dans cette seaJooe partie.
So11re toute, la Planification dareure le seul nvyen pour nous de
faire cette synthèse des structures socio-éconaniques. C'est à cette seule
coooition qu'elle peut atteindre son but ultilœ qui consiste en l'analyse
des canditions et de réalisation d'une "société progressive" dans l' ac-
croissarent du "mieux-être" de l'ensatble des masses.

- La troisièIœ partie fait la synthèse des deux dans la Iresure
où jusqu'à présent le Fhénarène rronétaire nous afPéU"aissait a::mœ une
variable neutre. Cette dernière partie va,après avoir rrontré les caté-
gories sociales
capables d'épargner, chercher les batteries susceptibles
de financer le développement et cela d'un double point de vue :
au niveau interne avec les instruments classiques;
au niveau international, avec la politique du "trade not
aid" .
Mais clans ce rf!Çl'arr au-delà des frontières
cemœ l'expriIre si
justerœnt le prcfesseur J. AUSI'RUY à propos des néoclassiques, l' écono-
miste doit retourner à l'essentiel en réexaminant la nature mêrre de sa
discipline. "Il camnence parlant de l'éconaniste1à s'apercevoir que
l'éconanie est à la fois une eulture, une technique et une prospective.
Il eœmence à carprerrlre que sa responsabilité consiste à cœbiner ces
trois aspects fondanentaux d'une manière qui rende son analyse signifi-
cative." (1)
Dans ce retour à l'essentiel, après avoir constaté que nous
n'avons rien
a'pportè'
le nouveau à la science éconanique, reconnaîtrons
nous que le sujet ne visait en aucun cas de tels cbjectifs. 5eulerent
tout en restant dans les frontières et en regardant au-delà des frontières,
nous essaierons dans les quelques pages qui vont suivre d'apporter notre
conception des prcblèrres qui se posent à 1 'heure actuelle à la Haute-Volta.
C'est dans cette perspective que nous tenterons de formuler, à
propos d'un prcblèIœ fondaIœI1tal, les interrogations éléIœntaires du
quoi, du cemœnt et du pourquoi, espérant au rroins susciter l'étonnerrent
qui praret la science, au sujet de :
PARTIE l
: L'APPRlXllE STRtX:'I'l.JRAL DE L'EX:UœIE VOLTAIQJE
PARI'IE II : rA MAITRISE NATlrnALE DU DE.VELOPPEMENT
PARTIE III : IE FINANCEMEN1' INI'ERNE ET EXTERNE DU DE.VELOPPEMENT.
(l) J. AUSTRUY
"Le scaOOale du dévelOHJ€!œIlt"
p.16

PARTIE
L' AP P Rn CHE S TRU CT URALE
DE
L' ECn Nn ~ l E
V n L TAI 0 UE
-=-=-=-=-

INTRODUCTION
Dans les sociétés africaines, la cœplexité des cultures et des
dialectiques culturelles est énorme. Les cadres rœntaux et les CCIllpOr-
tenents factuels sont en constante évolution, sinon rrêre en conflit
lesunes avec les autres. A la culture traditionnelle, se mêle la cul-
ture occidentale :irrp:>rtée après la conférence de Berlin 088S) et la
syrrbiose donne toujours des frontières rrouvantes.
Or, les activités économiques ne sont qu'un aspect de l'activité
des hœmes organisés en société. Partant, l'Economie en tant que science
n'est qu'une abstraction rnéthcdologique mais carrro1e et nécessaire de
cette réali té quotidienne.
Aussi, on ne peut cœprendre l'Economie qu 1 en replaçant les actes
éconaniques dans leur matrice culturelle. Le problèrre que nous abordons
reflète bien cette réalité. C'est pourquoi l'analyse de l'économie de
la Haute-Volta inpose un bref rappel historique.
La société voltaïque actuelle, n'est que le sous-prcduit ou du
rroins une étape du ronflit déjà ancien entre la culture africaine et
.
-,
les cultures occidentales et 'arabo-berbêre.
Le prc:blème est cœplexe et nous entreprenons dans ce travail
une recherche errpirique en vue d'une meilleure connaissance des faits et
partant, nous essayons de procéder à une interprétation de ces faits
afin d' ao:ruérir une connaissance des relations logiques entre le cern-
portanent de l'agent éconanique et le reste de la société qui l'affecte
le façonne ou le roooitionne.

En effet, contrairerœnt au tout que fonnait l'éconanie camu.mautalre
du passé, à l'ép::que cont.enp::>raine.,l'éconanie de ce qui constitue aujourd'hui
la Haute-Volta ne peut se concevoir ccmœ un ensarble intégré et IlDnolytique.
L'éconanie du pays présente deux systèrres :
1 - Une éconanie nrrale ou villageoise, semi.-statique,
2 - Une éconanie urbaine extravertie.
Cette dic:hotanie marque les signes rranifestes de ce qu'on qualifie
depuis déjà longtanps de "sous-d.évelOI:perœnt". Mais l'état de saus-d.évelap-
panent n'est pas C011œ certains le préterrlent une série de traits discrets
quantifiables. C'est une condition
historique, "le résultat de longues année~
voire de siècles de rapports spécifiques que les pays ainsi ncmnés ont entre-
tenu et entretiennent encore avec les pays "développés". (1). Au cours de
l'histoire, i l s'est tissé entre pays capitalistes et pays à m::rle de prcrluc-
tion sinple un réseau de relations éconaniques dont les rranifestations ont en-
trainé un déséquilibre des sociétés africaines : destruction de l'agriculture
traditionnelle,pertes de ressources humaines et mat~ielles. Il en résulte
désormais une opposition entre milieu coutumier et milieu urbain découlant,
ccmœ le dit P. M;)ussa "d'une autre loi
d'airé! n" ,"une spoliation progressivE
des nations pauvres, qui vendent des matières premières dans des condi tions
de plus en plus désastreuses" (2). Cette cpposition va
se traduire par l'éviè
d'une éconanie daninée et désarticulée.
1) LES MANIFESTATIONS 0 'ù'NE ECŒJCNIE DE&\\RTlCULEE
La présentation de l'éconanie peut se rarœner à l'analyse des deux
principaux secteurs :
- le secteur à m::rle de production sinple,
- le secteur à éconanie urbaine extravertie.
C'est un style de vie et de rapport entre les différentes campo-
santes de ce secteur. C'est une éconanie d' autcrconsœmation mais aussi
d'échange sirrple. Le processus de prcrluction est relativanent court et n' en-
traîne pas SO\\Nent une II1l1tittrle d'intermédiaires.
(l) R. STAVEMiAGEN
"Les classes sociales dans les sociétés agraires"
Ed. Anthropos - Paris
(2)P. MXJSS/\\
"Les Nations Prolétaires".

Le prcducteur en l' occurence le paysan, n'entretient de relations que
souvent avec son milieu. Le plus souvent/replié sur lui rrêrre,tous.spps
besoins étaient satisfaits sur place. Actuellement, plusieurs types de
relations se sont établies avec le secam secteur.
. relations ccmœrciales notarrlrent p ar le biais des cultures
de rente et l'achat de prcduits finis .
. relation de main d'oeuvre. Ce secteur déverse son trop plein
dans le secam.
relation de parenté enfin. Le contact entre le milieu urbain
et villageois se situe au niveau des relations fanùliales. Les parents
envoient des produits à la fanùlle installée en ville et inversement.
Cette dernière envoie des produits finis et de l'argent.
Les liens sont certains. Cepemant, l'éconanie urbaine présente des
as~cts beaucoup plus canplexes.
Elle est le résultat de l'implantation du capitalisme en
Haute-Volta. En tant que telle, elle apparait dans sa totalité came
une éconanie de traite sous l'influence directe des maisons cemrerciales
d'iITport-export et de quelques sociétés irrlustrielles.
- Les Sociétés iroustrielles
. Dans leur majorité elles transfonnent une partie de la
matière première sur place: c'est le cas de la Société des Huiles et
Savon de la Haute-Volta dirigée par la Carpagnie imustrielle pour le
Textile et le Coton (CITEe).
. D' autres transfonnent des produits semis-finis
IVOIJ::i
(Industries Voltaïque du Cycle) etc.
A côté de ces sociétés viennent se cx:mpléter les maisons
eœmerciales dont les origines rarontent à la corquête coloniale.

- Les maisons de cc::mrerce
La. plupart d'entre elles sont spécialisées dans l' inport - expert.
Panni les plus connues
la Société Cœrnerciale et Industrielle de la
COte Africaine (CICA), la Peyrissac, la Compagnie Française pour le déve
lq::perœnt textile (CFUI') dont le rôle principal est soit d' i.rrporter des
produits finis peur les reverrlre sur le marché local, soit d'acheter des
matières premières (coton, arachide) pour l' exp::>rtatioo. Ce sont ces f inœs
qui se:rvent de "carrroie"
de transmission entre les pays industrialisés
et les pays agricoles. Elles donnent et façonnent le choix du consœmateur
urbain notëmœnt par les effets de dém:nstration : films, publicité de taIte
sorte, méthodes d'enseignement. Ainsi, les liens entre les deux secteurs
ne sont pas des rapports de canpléœntarité. Cela d'autant plus que cette
éconanie urbaine daninée sera essentiellement dépendante de l'extérieur.
2 - L' EVIDEN::E D' UNE ECCIilCMIE DCMINEE
Une dailile danination va caractériser l'éccnanie voltaïque
- au niveau interne
- au niveau externe
Le m:x1e de productioo de l' éconanie urbaine calqué sur le rrcde de
production capitaliste, va E!11j?êcher au paysan de vivre déœrment et
d'embrayer sur la vie Iroderne. En effet, les surplus de pra:1uctiœ sont
accaparés par les acheteurs, le plus soovent la ba,rrgeoisie locale et les
maisons de traite. Devant une telle sitllation, le paysan qui doit faire
face aux irrpOts et charges diverses, se troove dans l' i.Irpcss ibi lité de
palVoir dégager des réserves rronétaires suffisantes qui lui ~mettent de
m:x1erniser son agriculture. Cela d'autant plus que l' œ a il faire il des
pra:1ucteurs non organisés et non avertis. Aussi, il s'agit d'une productior
atomistique dooc, aucun
producteur ne peut ma:1ifier le coors du marché cor
trairement aux acheteurs. Cette situation va s'aggraver notammE
avec l'existence d'une économie urbaine totalement tournée ver!
l'extérieur.

15.
Cette liaison se fait par l'intennérliaire de la boJ.rgeoisie
politioo1Jureaucratique nais égalerrent par la présence sur le sol
national de fimes transnaticnales qui viennent investir principa-
lement dans tout un secteur. Les rroyens financiers que ces inves-
tissements nécessitent, et la teclmique que ces installaticns derra.rrlent
le plus sotNent, vont entra1ner à se tcurner vers l'extérieur qui ne
cherche que de telles occasions p<llr accumuler des profits substan; tels.
ou bien l'éconanie urbaine cœp.Jsée d'une minorité de la pcpJ.-
lation trianphe, dans ce cas, elle renverse totalement les structures
traditionnelle existantes, ou les confime dans un rôle marginal. Dès
lors, elle pcurra calquer son développement sur le m:::x:le occidental. Nc:us
aurons de ce fait un !.lot de prospérité au milieu d'un grand désert
de pauvreté car, i l lui sera difficile de ne pas laisser à la péri-
phérie une grande partie de la pq:ulation. OU, conscient que le déve-
lopperœnt tel qu' i l se présente à l'époque ccnt:erq:oraine, doit être
l'œuvre des masses püp..llaires, dans ce cas il faudra chercher les
voies et moyens d'en arriver. Cela ne veut pas dire peur autant ignorer
le contexte international dans lequel on se trc:uve. Dès lors·se posera
le conteTRl de l' éoonanie nationale, son dynami5m2 et son impulsion.
La réalisation de tels objectifs demande une véritable mobilisation
des populations dans le sens de leurs intérêts propres et sur la base
d'ure éoonanie indéperrlante et interdéperrlante.
Quoi qu'il en soit, toute réponse ne peut être donnée que sc:us la dc:uble
approche suivante :
- l'approche dé!no-éconanique
- l'analyse structurale du syst.èm::! éoonanique actuel du pays.

S Q US - PAR T 1 E 1
L'APPROCHE DEMO-ECONOMIDUE
A priori on peut Se poser le peurquoi d'une telle distiœtion
de"démo-éconanique". Scrrrre toute, l'activité éconanique peut elle
être dissociée de l'hcrrrre et inversement existe t-il d 'hcmre nomal
qui 1":' ait d' activité éconanique? On ne peut le penser, cependant des
analyses théoriques et beaucrnp rrâne. 1 ont toujeurs essayé de relayer
au secom plan cette existence de l'l'01l11e qui conditionne l'existence
de l'éconanie carme instrunent de lutte contre la rareté. C'est dans
ce contexte que l'argunent du professeur BARroLI quand i l souligne
que
la Science éconanique ne rqérite son nan de science que "si l'expérience
éconanique dégage peu Fi peu
un savoir capable de contrôler le projet
créateur de l' harnœ, de lui fixer des liInites, de l' invi ter à des
obser-
vations rigoureuses et à un raisonnement assidu et d'inventer pour cela
des méthcrles" (1), est très juste. C'est dans ce cadre que se situe l'ap-
proche dont le rot est de faire ressortir le rôle fondarrental de l'enserrble
de la püp<.1lation verE une éconanie progressive et auto-entretenue, au servie
de tous les agents éconaniques. Aussi, dans le cërlre de la Haute-Volta, pays
reconnu carme un des plus peuplés de l'Afrique O:::cidentale-francophone
et dont la main d'oeuvre est très appréciée rxur Son courage à l'extérieur,
cela s'avère indispensable. Déjà, ce qu'on appelait les "tirailleurs séné-
galais"recrutés pour les guerres colcniales étaient constitués en
grarde partie de Voltaïques. La mise en valeur des pays voisins tels que
la COte-ù' Ivoire et le Ghana, considérés cœrre naturellement plus riches'
est le travail de cette main d'oeuvre, à l'épcque, enrolés par force
peur les besoins de la cause. La Régie Abidjan Niger (WIN), chemin de fer
construit poJr l'écoulement des matières premières de l'intérieur
jusqu'au port d'Abidjan, téroigne de l'ardeur au travail de cette pcpùla-
tion.
( 1) H. BARrOU
"Emploi et Industrialisaticn"

17.
Accorder dans un tel contexte, une attention particulière au
rôle de la pqJUlatioo dans le processus de dévelcppement éconanique
trOJVe tcute sa justificatioo.
Par
ai Heurs, le problèrre de l'équilibre entre ressources
et enploi-populatioo ayant tcujoors retenu l'attentioo de l'humanité,
il n'est pas inutile non plus d'examiner les faits dans un danaine
bien précis. Car, la famine qui a secoué les régions du Sahel ces
dernières années, nécessite qu'on se pose un œrtain nanbre de ques tioos .
1) Est-ce qu' aujourd 'hui, les lois de la nature sont vaincues ?
2) Q.Ielles est la véritable richesse? si l'home en est la
principale,
3) CCfIlœnt la Haute-Volta avec ces 6 millims d'habitants ou ces
12 milli01S de bras peut vaincre la pauvreté?
En d'autres ternes, CCfIlœnt opérer un développement où tcut le
l1lJnde PJisse participer et où tcut le monde peut bénéficier des fruits
de son travail?
Mais, ccmre le souligne le professeur Bourcier De G3rJ:x:n, parler
de d~elcpperœnt c'est autant parler de progrès social que de croissance
éconanique.
La canpréhensioo du degré de sous-d.évelopperœnt actuel du pays
demande qu '00 replace le problÈme dans sa cootextllre historique,
"parce que l'éconanie des homes dans la force et la plénitude de
cette expression, loin de paIvoir invcquer une longue et sOre trérlitioo,
en est à ses premiers essais décisifs, l'une des tâches de l'éconaniste
est de reprerrlre à la base son observatim et sm analyse. S'il ne s' as-
treint pas à cette Ume, qu'elles qu'en soient les diffiœltés pratiques,
i l se cC!1darme à ccntimer à interprêter un monde qu'il connaIt mal avec
des concepts élaborés dans une problématique occidentale qui a toojoors
subordooné les besoins fC!1délœI1taux de l'hcmre aux "exigences" de
l'éconanie et qui n'a jarn3.is réellement retenu CXllm:! hlypothèse de
travail la cOJVerture
prioritaire de ces besoins". (1)
(l) G. Blardooe :"Dynamisrr-e"l d€roographiques
et dynamisrres des
canpor~ts".

A cet égard, on distinguera d'une part, cament les nutations sociales
se sont faites dans le pays au cours des différentes phases historiques
et d'autre part, on essaiera de voir le rôle du facteur démographique
dans le processus du dévelcpperœnt.

CHAPITRE
l
STRATIFICATICNS ET CIlISSES SOCIAIES
Les différentes couches sociales qui existent actuellerœnt en
Haute-Volta ccmtle l'existence du pays en lui-mêIœ résulte d'un long
processus historique. On ne peut ccrrprendre la société voltaïque telle
qu 1 elle appara!t au j 00rd 'hui qu 1 à travers une analyse de type historico-
fonctionnelle.
On peut retenir à la lumière de tout ce qui a été dit à ce sujet
trois périodes :
1) Les sociétés communautaires ou pré-colonialesj
2) L'ère coloniale 00 l'antagonisne des culturesj
3) La période : 1960-1974
SOCTICN l
LES SOCIETES PRE-eOl.aUAIES
Avant la pénétration coloniale, plusieurs rég.illes politiques
existaient dans l'actuelle Haute-Volta.
- Au Nord, au Centre et à l'Est de puissants errpires et royaurres
à l'organisation sociale bien structurée se partageaient le territoire.
Ce sdJt les Empires Mossis du Yatenga (üuahigouya), du Moro-Naba
(Q1agérloogou) , de Tenkodogo, de l'autre cOté en bcrdure du Niger, c'est
les Royaumes du Gourma (Nungu).
- A 1 'Q1est et au Sm, selon les historiens, 1 'organisatim était
de type "anarchico-dém:>cratique", basée sur la tribJ..

- Ainsi, d'un cXltéJdes régin'eS dont la hiérarchie fécrlale
est bien charpentée et de l'autre, des structures fluctuantes.
Selœ ce que rapport"!!"'+-, la tradition orale ainsi que les
réd ts des anciens, l'organisation des Empires et Royaurres était
sanblable à toutes les llOnarchies du morrie; D!pereur (Naha), Roi
(Tidarpo), Ccur, ministres etc ..•.
A cOté de cette hiérarchie à caractère fécrlal et lignagEll
se trouve juxtaposée une sorte de divisiœ du travail, ceci de
façon hém.ditaire. Cette division montre que ce n'est plus la
société primitive où les hcmnes travaillent en camun, acearplis-
sent le rrêIœ genre de travail, Ol vivent de cueillettes. En effet,
l'amélioration pr~essive des instnurents de productiœ sera la
résultante de cette division d'abord)naturelle du travail, selœ le
sexe et l'age, ensuiteJcoIÙUira à la divisiœ sociale de ce travail.
Ce qui fera apparaître l'échange, la propriété privée et les fortunes.
C'est cette dernière fome, qui nOlS intéresse car, c'est une division
de type fonctiormelle.
Elle penœt égalaœnt de voir le dévelq:panent des forces pro-
dueti.ves. ainsi que les ra~rts de prcrluctiœ qui vont s'établir à
chaque étape historique.
Dans ce l:yJ!e de société, on distinguera deux classes dont les
rOles sant bien distincts. D'un côté, la royauté et la noblesse et à
l'opposé la paysannerie.
PARAGRAPHE l
LA ROYAUIE ET LA NOBIESSE:
essai sur le Gourma
Cantrairerœnt à ce qui se passait en Eur~, cette noblesse jOle
un rOle moins Îlll'Ortant dans les sociétés africaines notalTtent dans
les royaumes gœnnantchés.
C'est autOlr de la fëlllille royale que se constitue cette noblesse
qui ne possède œperriant pas la terre ce::mre c'est le cas ailleurs.
Néarrnoins, elle a tOlte possibilité de pOlVoir se livrer au pillage
de récoltes des paysans. Auprès du Roi,
elle Joue le rOle de censeillers,
participe aux expéditions guerrières, elle est aussi gardienne des tra-
ditions.

D'une manière générale, elle a le po..1voir politique, administratif
et spiri tuel.
Une distinction très importante avec la noolesse occidentale, est
qu'elle ne tient pas les moyens de prcductioo. C'est une co..Iche oisive
car, la terre appartient à celui qui la cultive et les instrurents de
travail relèvent du chef de famille. Se.ule parr d':!s besoins de sécurité
et parr la protection du royaurre, le Roi est considéré came le chef des
terres ou, dans certain cas délègue son pa.rvoir.
Cette structure sociale ne ,oGsr;de pas un I"'_ode de pronuction fée
de:n .:m.ière systématique car, W1 des élérrents fondarentaux de la féc:dali té,
l'awrcpriatioo de la terre par le Roi n' existe pas. Cette hiérarchie à
caractère féc:dal .r...epos ai t sur .1 a large bas e - Que cons ti tuai t la
pays·anneric.
PARAGRAPHE II - rA PAYSANNERIE
le paysan devait ooéissance au Roi et à toute la noblesse. Dù point
de vue politique, i l n' avai t pratiquerrent aucun droit. NéarlTlOins i l jaJis-
sait de préro:Jatives supérieures à ce qu'oo a awelé les "castes" doot
la fonctioo principale aussi était la culture.
1) les cultivateurs
La cellule familiale, ainsi que les quelques outils (houe, hache,
co..Ipe-coupe etc ... ), constituent la base des forces prcductives.
les principales cultures : mil, haricot, sorgho, mars perrrettent
à la famille de se noorrir. La chasse et les battues venaient canpléter
les aliments du paysan.
Bien que la terre lui appartienne, du fai t de la protectioo qu'il
reçoit du Roi, le paysan doit deux sortes de rentes
- La rente-travail, qui coosiste à aller participer à certains
travaux organisés par le chef : coostructioo de cases, guerres etc ...

- La rente en nature; elle ne remplaçait pas la rente-travail,
mais au centraire la c01lplétait. Le paysan était tenu de livrer après
les récoltes au Roi, au chef s'il était dans un village, une certaine
quantité de sa récolte de mil, soit du bétail al de la volaille ru nêne
quelquefois une jeune fille. Cette rente en nature nécessitait de la part
du paysan de dégager des surplus agricoles. A cela il faut ajruter les ra
JXlrts marchan±> qui se dévelcppeilt par la suite avec les fabricants de
rroyens de productien; en llêœ tertps 1se dévelcppe aussi le traitemmt
des matières premières agricoles par le cultivateur cu par sa femre. Tout
cela demande au paysan un travail supplémentaire s'il :veut dégager des
surpra::iuits pour le cœmerce.
Mais, le contact <Nec d'autres civilisations ootarment par les
guerres, va perzœttre le perfectionnarent des instruments de productien
et l' appari tion d'une n01.Nelle couche sociale, c' est-à-dire les artisans,
qui seront qualifiés de "caste".
Or, la caste, n'est rien d'autre qu'une autre forme de stratifi-
cation sociale qui serait plus rigide. Ainsi, œlui qui na1t forgeron,
à toute chanœ de rocurir forgeron. Ce phÉ!1011ène a existé partcut dans
l'antiquité, CCITllœ une régIe générale et il rentre cœme une loi naturel
de la division du travail social. Parmi cette division fonctionnelle de
la société, en peut retenir :
2) - les forgerons
H~s fabuleux dent le manienent du fer et l'art de tirer du
métal en partant de certaines roches, leur cenféraient un grand prestigE
Ils travaillent en équipe familiale dans des ateliers sarrnaires. Une
partie de leur production, est vendue al échangée cœtre d'autres biens
tarxiis que l'autre partie sert à équiper l'année royale.
Ils produisent essentiellerœnt des houes, couteaux, coupe-coupe,
sagaies, faucilles pour le marché local; lances et fusils paIr la ncillE
de Cror et pour le Roi.

3) - les potiers
C'est une activité qui n'était pas ncn plus à la portre de tal t le
rronde car, exigeait une certaine habileté et un certain art décoratif.
Ceperrlant, contrairerrent à la fon::tion de (orgerons, qui eST. exclusiverrent
réservée aux hCJTtres, la poterie est une activité mixte • Dans le Royaurre
du Gow:ma, en particulier celui de Nungu, trot un village (Ountadéni) était
sp§cialisé dans ce genre de pro:luction. Des poteries de tcute sorte, aussi
bien pour l'usage courant que pour la décoration] sont fournies à la p0-
pulation en échange d' autres prcdui ts al de cauris qui servent de rronnaie.
On tralvait des canaries poor l'eau, des marmites pour la cuisiœ ainsi
que des jarres peur le dolo (bière de mil) .
Les moyens de production prOlTiennent pratiquement de la terre.
Quant aux rapports de production, ils sont de type serni-fécdal où tri-
bJ.taire dans la mesure ou un tribut est damé au Roi, alors que la nobles-
se de Ceur a toute possibilité de se procurer gratuiterrent ccmre dans les
autres métiers ce doot elle a besoin.
4) - Les tisserands
Le processus de production est nettanent plus 1009 que dans les
:nétiers précédents. En effet, pour travailler, le tisseran:l a besoin que
- le coton soit cultivé et récolté par le paysan,
- que la ferme de ce dernier le file,
- au 3ème stade, le tisserarrl avec les fils qu' il achète auprès
du paysan, sort des bariles que l'on peut qualifier de produits semi-fini'?
Les ban::1es en tant que telles, ne peuvent être véritablement utilisées
qu'après avoir été transformées en pagnes, boobo..ts, euIVertures.
Il semble que cette activité de tisserand, était en grande partie
détenue par des musulJTlans venus du Nigêria. Ils pro:luisaient pour leurs
usages persame~,le marché local,mais
aussi se rerrlaient de royaurre
en royaune parr éCQ.ller leuo cotcnnade~l.

5) - La bc:ucnerie et l'élevage
S'il est loisible à quiconque d'abattre une bête surtcut
les jours de grandes festivités, le travail d'égorger et verrlre revenait
cepemant à certaines familles.
Très puissants et =aintS, les bOlchers mt des rapports aussi
bien avec les peulhs qui leurs fournissent .'.e bétail qu'avec la noblesse.
En effet, leur représentant (Kooadali), siège à la Coor royale canrœ
conseiller et de ce fait il jooe un rôle de premier plan.
La prcx1uction est essentiellerrent rrarcnande et pour une clientèle
particulièrement réduite et bien connue. Plus tard, à l'épcque coloniale,
ils amèneront les boeufs en COte d'Or qu'ils verrlront.
Dr origine étrangère, leur rOle consiste à garder les boeufs.
Ils ont comme la plupart des étrangers, réussi à s'insérer dans le royaume
et rrêJœ à siéger à la Cour royale (leur représer.t.ant : Fol 'baro). Le
plus souvent, ils ont besoin de mil qu'ils échangent contre leurs poulets
ou leur lait.
6) - Autres activités
D'autres activi tés, exercées occasionnellement, venaient satisfaire
les besoins de la camunauté et IœUbler le terrps du paysan et de sa
famille. Parmi elles, on t.reuve :
- la varmerie pour les nattes et les corbeilles,
la maçonnerie qui n bt pas une spécialité car, pendant la saison
morte, chaque famille recmst:Ir!Uit ou répare ses cases avec le plus
souvent l'aide des voisins.
1

Au COJrs de cette éJ?CXIUe, la base des rapports de prcduction
de la société pré-coloniale tout au rroins dans le Royat.llœ du Nungu,
était la prcpriété familiale de la terre et le pouvoir terrporel et
politique qui plaçait le Roi au-,jessus de toos7exigeait en contre-
partie le pùierœnt d'un tribut. D'ailleurs, l'appelation en Gourmantché
du Roi traduit bien cette singularité. En effet, "0 baro", signifie
retrancner d'où en quelque sorte celui qui est retranché de la cœrnunauté
poor veiller sur les autres.
want à la loi éconŒÙque fondamentale, exclusiverrent)la société
réside dans la prcductioo d'un
surprcdui t pour l'échange de troc ainsi
que peur la satisfactioo des besoins de la noblesse de r:our.
La Il'OI1l1aie n'était pas ignorée bien que le système de troc prédani-
nait. Longterrps les caUris ont servi de dénaninateur cœrnun aux échanges.
Il est encore possible de voir sur certains petits marchés -1e. campaone à
l'heure actuelle, où coexistent dAUX types de monnaie
:
l~ monnai
métallique et les cauris
(village de Banfora) .
Certes, ce qui caractérisait aussi ces sociétés, c'est quùelles ne
vivaient pas en vase clos. En dehors des expéditions mi litaires où l'oc-
casion était donnée aux griots, véritables chroniqueurs à la mérroire
prcdigieuse, de raconter, cnanter, les prouesses de leur souverain;
il Y avait aussi à l'intérieur d'un rrême peuple des échanges connerciaux
et cela s' étendait aux royaumes voisins.
Cette situation sera totalerœnt boulversée au lendemain de la Conférenc(
Coloniale de Berlin (15 novembre 1884,26 Février 1885) sur le partage
colonial de l'Afrique. Mais, bien avant cela, des rapports ccmœrciaux
existcient déjà entre le Continent et l'Eurq:Je. A cet égard les Hollandais,
Danois, Suédois et Portwjais, avaient, avant cette conférence, installé
des canptoirs camerciaux pour la
traite des "négres" en échange de
que lques pacoti lles .

En Eurcpe, à cette épcque, c'est l'apogée du capitalisrre et les
pays les plus prestigieux en dehors de l' Angleterre sont la Prusse et
la France. Ces pays ont besoin de débouchés peur l' écoulerrent de leurs
prOduits et, c'est dans cet esprit qu'il faut cœprendre la C01férence
de Berlin dont le rot est un partage équitable du C01tlnent Africain
peur une rœillarre exploitation. C'est ainsi que les différents Empires
situés au milieu de la bœcle du Niger, feront l'ciJjet de rivalités.
D'abord Binger en 1885 peur le cœpte de la France, pénètre dans le Yatenga:
Une année plus tard, Ferguss01, venu du Ghana tente de C01clure un traité
d'annepon au profit de l' Angleterrej tandis que les tentatives prussiennes
de pénétrer dans le Royaume du Grunna par le Tcgo échruent.
Finalerœnt, la corquête définitive sera narguée par la rencontre
le 23 février 1897 de deux missions françaises, celle de Vrulet--ehanoine
prur l'ElTpire du M:>ssi et ce lle du Capitaine Baud peur les Royaurres du Grurna.
Dès lors, il se prcduisi t un choc entre deux cultures et la résistance
des peuples à l'occupation sera vaine.
On peut dès ce narent s'interroger sur la manière dont vont s' qJérer
les mutations des nouvelles sociétés.
SECI'IΠII : lA PERIOOE COLONIAlE : 1895-1960
Prur les uns, il s'agissait d' une mission "civilisatrice", pour d'autres
les intentions ne sruffraient d'aucun dœte. Afin de lever tœte anùJiguïté,
laissons à Jdm Stuart MILL, l'un des plus célèbres EC01anistes Anglais de sœ
terrps de préciser le rôle des colonies. En effet, il dira : "On peut affirrœr
dans l'état actuel du rocnde, que la fondatirn des colonies est la rœilleure
affaire dans laquelle 01 p..1isse engager les capitaux d'un vieil et riche
pays" (1). Il n'y a pas d'équivcque possible, tellerœnt les intentirns sont
claires.
Après la crise des grandes canpagnies camerciales qui ont remplacé les
CarpéKJTlÏ.es de charte· , ainsi que le calflit de possess:bon, i l fallait dooner
un nOJveau départ, qui devait favoriser l'expansirn ~ciale et la libre
nav.igatirn des p..1issanees eurq>éennes. La C01férence de Berlin donna un nou-
veau sœffle à cette politique en rrêlœ tenl>S qu'elle élargissait les danaines
d'exploitaticn (agria.l1ture, mines).
(l) J. sruARI' MILL ci té par G.Ngango in 'Les investissanents d'origine
extérieure en Afrique Noire Francc:phcne : Statut et incidence.

27.
Cette pénétration coloniale en force)et l'établissement de ses
structures coloniàles et administratives vont déclencher certains
processus de changerrents sociaux qui seront la base de la désintégration
des structures autochtcnes, aux rapports de production siJ"1['les et non
rrercantile. s .
Parmi ces processus de changarent, on peut distinguer cinq prin-
cipaux :
1) - L' intrcduction d'une économe monétaire
On peut affirmer que cela a été une des bases fortes du sytèTe
capitalis.l:€
français pour son irrplantation dans le pays. Ainsi, l'éco-
nomie monétaire a précipité la désagrégation des civilisations au milieu
de la balcle du Niger. Elle a permis d'insérer l' éconanie d'échange sÏJIl:lle
dans la sphère capitaliste en rrêne terrqJs qu'elle libérait la rœin d' ceuvre
agricole et irrposait les cultures de rente. On enceurage SalS la Pestauration,
la naissance des grandes culb.1res industrielles tels que le coton et l'indigo
à Saint LDuis du Sénégal.
Pour mieux intrcduire la monnaie, on oblige les "indigènes" à payer
l'inpôt SalS forme de monnaie métallique. Au cœrs de la mêrre péricde, est
institué le travail forcé et salarié.
Enfin, l'établissement de comptoirs commerciaux tels, la Société
Canrœrciale pour l'Afrique de l'Ouest (SCOA), la Canpagnie Française de
l'Afrique CX:cidentale (CFAO), va développer les échanges camerciaux
monétaires.
Dès lors, il apparaîtra déjà
Le fait de pouvoir vendre ses Olltures et acheter des produits
manufacturés, marque le début d'une hiérarchisation entre différents paysans.
Quoique ceperrlant, la distirction reste encore sœrnaire, car dans la plupart
des cas, le travail forcé
occupait l'activité de la pq;ulation et les prix
payés au producteur de culb.1res de rente sont tellarent dérisoires que le
narbre de paysans qui s'intéressent à ces cultures est peu élevé.

L'installation de maisons cCIllrerciales, danarrle une main d' œuVI
locale peur les taches secondaires. Il se forrre dès ce noœnt petit à petit
des manœuvres et, quelques chauffeurs par la suite pa.1r ceux qui savent
lire. Le travail salarié ne se fait pas essentiellerrent au lieu de rési-
dence mais, le plus souvent dans les grarrls centres et parfois hors du pays.
Ceci va entra!ner un déplacement de pq>ulatiens.
2) - Les migrations des travailleurs et l'excd.e rural
Le travail forcé, l'appawrissanent des masses paysannes, les
exigences de l'éconanie monétaire vont entrafner des déplaœrrents de
pcpulations vers les grands centres du pays ainsi
que vers les pays
côtiers tels que le Ghana et la Côte d' Ivoire.
Ils quittent ces paysans, leur lieu de résiden::e sans espoir de
retcur car, ils doivent aller travailler loin de chez eux, dans les plan-
tations, les mines, les centres industriels, 0.1 tout siJrplement tracer
des rootes, creuser des chemins de fer, s'ils ne sont pas pris ccmre
"tirailleurs" .
Parmi ceux qui reviendrent, on peut dire qu'ils formeront un rronde
à part, car, les que lques économes que certains ont pu faire, leurs
penœttront de se payer soit un vélo, soi t d'autres produits iJrportés.
Certains rrêrres, travailleront définitivement dans les manufactures existantE
tandis que d'autres fuiront totalement le village pour échapper à l'en-
rôlement.
3) - L'industrialisation
Dans le cas de la Haute-Volta, en ne peut pas parler à prcprerrent
1
di t d'industrialisation car, le rôle prin::ipal qui lui est assigné, est
1
d'être "un réservoir de main-d' œuvre" ., peur les besoins de la métropole.
j
Il est pœsible de dégager de toote façoo à partir de la Conférenœ de
Brazzaville (1944-1945), l'installation de quelques fabriques à compter
du "premier plan F .I.D.E.5.". Elles seront à la base de la naissance
d'un prolétariat urbain, mais cornœ le sooligne Pierre Naville "l' indus tri a
lisatioo locale n'a jamais sérieusement été entreprise car elle aurait
cenduit à une véritable augrrentation des salaires et des droits des
J
travaille..xrs africains" (1)

Les rroyens de prcxlliction sont détenus par les entreprises manu-
facturière
et ccnrnerciales et, le paysan palr faire face à ses
"dJligations" est dJligé de vendre sa force de travaiL
Les raI=POrts de proouction se mOOifient, correspondant à un
dévelc:pP2ITeflt des forces proouctives imp..l1sées de l'extérieur.
Pour mieux asseoir cette hégénonie, l'implantation d'un certain
nombre de structures telle que l'école devient une impérieuse nécessité
qui doit créer les conditions nécessaires
au capital financier et can-
rrercial.
4) - L'école
L'installation de l'école répond à un dOJble objectif :
- la possibilité de pouvoir arracher définitiveœnt aux "indigènes"
toute idée de maintien de leur prc:pre culture;
- l'occasion de palvair rentrer en contact plus facilement avec les
autochtones.
A propos de l'école, Monsieur Gorse écrit que "L'école de l' é~e
coloniale foormssai t des cadres subalternes et moyens du secteur tertiaire
elle était bien adcptée à ce genre de débouché. Il Y avait contradiction
à VOl loir développer l'éconanie en généralisant ce type de forr;ation.
Le résultat actuel n'a rien d'étonnant; dispensant un savoir abstrait et non
un savoir faire, l'école déto..rrne de la vie active beauceup plus qu'elle
n'y prépare. L'enseignaœnt importé de France ne diffuse par les valeurs
liées au travail prcxllictif, mais presque exclusivement des connaissances
générales" RlutOt des CO!1n;l.issances de la culture française". Il dévelc:ppe
des aspirations qui orientent les élèves vers des débcuchés qui n'exigent
pas de formation spéciale et dont l'euverture est seularent liée au diplOTE
l'aChninistration et l'armée.
1
Or jusqu'à présent, l'effort d'érlaptation du mooêle franç:ùs s'est
pratiquement limité à faire disparaître les ancrnalies évidentes. Il ne s'esl
pourtant pas attaqué à l'essentiel :"la ronception rrêne de l'école, corps
étranger dans le milieu et facteur de déracinerœnt" (1)
Dans le ITêre cérlre, un autre dira que "l'exportation de notre
Q.llture, c'est l'exportaticn de notre marché".

30.
Il est évident que cette fonnation engendrera de nouvelles
catégories sociales qui ne seront plus liées à la terre. Panni ces
catégories on trOlvera :
Ils sont le scus-prcx:1uit de la colcnisation. Façonnée par
elle, à son inage et pour ses besoins prcpres, ils serviront d' agents
de liaison entre les représentants coloniaux et les masses pop..1laires.
Du fait qu 1 ils tcuchent une rérrunération fixe, leur base éconanique est
netterrent plus solide que celle des autres catégories notarment des
paysans.
Beaucoup seront avec les chefs coutumiers qui avaient résisté à
la pénétration coloniale, les alliés oojectifs de l'administration.
b) - Les arx:iens canbattants
les gardes et gendannes
----------------------~------------------------
J
- les anciens canbattants
Recrutés pwr les guerres coloniales, de retour dans lEUr village
ils œ tarderont pas à constituer une ncuvelle strate et à introduire
certaines méthodes et fo:rrres de cultures en même terrps qu 1 i Is racontent
leurs exploits et ceux de leurs mai tres en Indochine, en Algérie.
Le fait qu'ils perçoivent une indemnité fixe, les dispense de
cultiver la terre en nêne tenps que certains profitent pa.1r élargir leur
base éconanique en faisant du cœrrerce. Mais d'autres 8"Tont trps tôt
ruinés nar l'alcool l?endant crlle la majorité d'entre eux mourrOJ
sans avoir eu ~ profiter du fruit de leurs efforts.
Ainsi, avant 1923 plus de 3.210 Fersonœs étaient incorporées dans
l'année française (2). Ce nanbre va s' aceru1tre surtcut entre 1933 et 1945
pour atteindre sensiblexœnt 25.000 personœs (3).
(1) M. Gorse
'RapPOrt sur la cocpération entre le France et les
Pays en voie de dévelcppement".
(2) c.L tableau nO 1 : l'émigration organisée
(3)
idem

TABLEAU 1: DE L'EHIGRATIŒJ ORGANISEE
1923 - 1960
.
Départ organisé par :
Avant
1924-
1933-
1940-
1946-
1951-
1956-
1923
1932
1939
1945
1950
1955
1960
Armée
3.210
7.310
8.040
5.400
2.800
15.550
1.460
Administration
430
1.010
1.950
4.770
2.110
300
170
Service de la main
50
50
330
800
900
1.960
2.760
d'oeuvz::e
Patron, intermédiaire,
180
690
1.050
2.550
2.160
3.540
3.770
amis,
Propres rroyens
890
3.610
5.090
7.060
13.240
28.320
43.240
non déclaré
-
-
-
50
50
50
-
Ensemble
4.760
12.670
16.460
20.630
21.260
35.720
51.400
PROPORrIœS POOR CENT
1
Année
67,4
37,7
48,9
26,2
13,2
.J,.J
2,9
Administration
9,0
8,0
II ,8
23,2
10,0
0,8
0,3
Service de la main-
1,1
0,4
2,0
3,9
4,2
5,5
5,4
d'oeuvre
Patron, intermédiaire,
3,8
5,4
6,4
12,4
10,2
9,9
7,3
amis
Propres rroyens
18,7
28,5
30,9
34,3
62,4
79,4
84,1
- -
Ensanble
100
100
100
100
100
100
100
Source INSEE.
Service de la Statistique et de
la Mécanographie : Enquête démo~raphique par
sondage en R.H.V. 1960-1961
: Les émigrations.

- les gen:lar"m=s, les gardes
Véritables forces de repression, ils sont les alliés in:::orx:1itionnels
du pcuvoir local. Ils terrorissent sans pitié non seularent par leur
unifonre, mais égalerrent dans les actes.
Avec les chefs locaux, ils seront chargés d' aSSl.lm::!r "l'?rdre" et
de collecter les inpôts auprès des paysans. Il n'y a pas de doute, leur niv,
de vie et leur gcût pour les prooui ts importés sont rœnifestes. Par conséqu
en dépit des salaires dérisoires gu 'ils perçoivent, leur possibilité de
pcuvoir réprirrer et la place qu 1 ils occupent dans la hiérarchie adninistrat
leur perrœttent de recevoir des cadeaux auprès de la pcp.l1ation et de pcuvo
rompre avec la terre.
5)
- La petite bourgeoisie cœmerçante
A la faveur des maisens ccmœrciales, certains deviendront des
revemeurs de produits irrportés. OU, tout sinplerrent serviront d' in-
termédiaires entre les maisans de traite et la CéllTpagne. En rrêne tenps
les vendeurs de cola, spécialisés dans les voyages lointains pour ranener
avec eux des noix de colas de la Côte d'Ivoire vont essayer de consolider
péniblement leur i:osi lion.
A cette épcque, il n'est guère possible de parler d'un sous-prolé-
tariat car, les principales villes, Ouagadougcu et Bobo-Dic:ulasso contrai-
remcnt à Dakar ont l'aspect de gros bo..rrgs administratifs.
La couche la plus nanbreuse encore derreure la paysannerie dont les
conditims de vie deviennent de plus en plus pénibles car, le progrès
de la prcduction marchande, et l'extension des rapports rronétaires, la
destruction de la petite prcduction artisanale vont de pair avec le mainti,
factice de survivances tributaires et l' ÏlIl'lantation de méthodes de tra-
vail forcé.
Certes, si le paysan dispose en:::ore de ses moyens de prcducticn
telle gue la terre dans le pays Gourmantché, il faut dire gu' en lui a pris
l'essentiel c'est à dire ses enfants les plus valides. Egalerrer.t, le dével
parent des rapports capitalistes, la rente en argent par l'inpôt en espèce
Vont hâter la ruine des
masses paysannes.

33.
c'est dans un tel contexte gue les catégories les plus informées
avec le sOJ.tien des rrasses pcpulaires vont tenter de récupérer leurs
droits à la faveur d'un cmtexte international sérieuserrent trOlblé
par la guerre de 1914-1918 et celle de 1939-1945 de même que la crise
écrnanique de 1929.
SECTION III - LA PERIODE 1960-1974
Après avoir participé au tricnphe de la lutte crntre le fascisrre,
les peuples sous dcminatim coloniale vont engager de pù.issantes luttes
peur leur libération. Cela d'autant plus que l' Irrlochine est en proie
aux flamnes, l'URSS triœphe du tsarisrre et la Chine se libère du Japon.
Tcus ces faits conjugués vent arrener les masses pcp.11aires SOJ.S la
directirn de parties politiques tel que le Rassemblement Dérroeratique
Africain (R. D.A.), canposé essentiellement de hauts fonctionnaires de la
période coloniale,
ainsi que des Organisations syndicales notarrrnent l'Union
Générale des Travailleurs d'Afrique Noire,
(UGETAN) et certains intellectuels
patriotes à réclamer l' irrlépendance.
Finalement ces luttes vont aboutir à l'indépendance formelle de la
Haute-Volta disloquée en 1932 et recontituée en 1947, le 5 Août 1960.
Les nouvelles couches dirigeantes, carposées essentiellerrent de
hauts fonctionnaires, d'intellectuels vont héri ter théoriquer:ent du pc:uvoir
poli tique et éconanique; et, les miettes qui leur seront jetées, suffiront
à réprirrer sans pitié le peuple qui, hier était debout peur
les SOl tenir
dans la lutte pour la libération.
C'est aussi le début de ncuvelles formations sociales à l'image
de la métropole qui vierrlront se supperposer aux anciennes structures
existantes. Petit à petit, la stratification de type clanique, le système
de "caste" se frndront dans uœ nOJ.velle lutte, qui est celle du droit
au produit de son travail.
1) - La paysannerie
CCIlllTE rn a eu à le sOJ.ligœr au début, le problème de la terre ne
s'est jamais posé dans la région du GOlrma et la pénétration coloniale
n'a pas rroiifié de façon systématique le droit de prcpriété.

I.e droit à la terre est de type lignager, félllilial et
individuel. Ce qui permet à chaque famille al à chaque irrlividu
de posséder un lcpin de terre à fonœ minifundiaire.
Mais, du fait du dévelcpperœnt de l'éconcmi.e IT01étaire et
de l'extension des cultures de rente en nêœ ten'ps que la pcpulati01
s'accroit, i l se dégage des différenciations quelquefois au niveau
de la paysannerie, cela selO1 les régions.
Le dévelcppenent de cette catégorie est récente. Elle a
pris corps surtrut dans la région de Banforah, où des paysans se sent
vus retirer leurs bonnes terres fertiles p01r la culture de la canne
à sucre. Certains, ceux qui n'avaient pas les mayens d'aller s'installer
ailleurs ont été arrené à vendre leur force de travail à la l10Jvelle
usine à raison de 32,50 F. CFA de l'heure (1).
Ici, les rapports de prcductions sont de types capitalistes.
Ils quittent leur village perrlant l'hivernage parr se faire
enbaucher dans les chanps de cultivateurs relativerrent plus aisés. Dans
la région de Fada N'Gcurma, cela est très fréquent. Ils sont nour:-!-s,
logés et reçoivent une rérrunération de l'ordre de 1.500 F. s'ils sont
au rrois, ru une scmre forfaitaire de 300 à 500 F. selon la surface cul-
tivée.
C'est en l'occurence le paysan de Hamdé qui se définit par
rapp:lrt au marché international et aux maiscns de carrreree (CFUI', ClTEC).
C'est aussi le mara!cher de la Société Voltaïque peur les cultures
agricoles et mara!chères (So.ro:.:JIM) , qui cultive des haricots verts.
(1) Bulletin rœnsuel de l'U.S.T.V. "Bas salaires-hausse des prix".

35.
Bien que leurs prcduits soient sOJvent sœs-payés du fait de
leur inorganisation, ils reçoivent des revenus qui dépassent très
largerœnt ceux de la plupart des autres paysans, et parfois
rrêrre
de certains errployés de b..1reau. Mais leurs noyens de prcductien vien-
n:mt peur ceux qui sent en coopérative
al en association des O.R.D.
D'ailleurs pour la circonstance, la Ban:Iue Internationale des Voltas,
avait alvert une sucarrsale hebdanadaire à Halndé afin de collecter
les fOlds provenant de la vente du coton.
Outrf'. ces paysans à culture de rente, on trouve à l'Est du
pays, les cultivateurs-éleveurs, qui sont en liaison avec les marchés
exténeurs notarrunent le Ghana où ils vendent leur bétail. Les boeufs
sont gardés par les peulh- s.
Dans l'ensEmble, la majorité de la paysannerie est restée au stade
des cultures vivrières avec néanmoins des surplus vendus. Ils sont pauvres
oes paysans et accablés par les ~ts, ils joignent difficile:rent la pé-
ricde
des récoltes. Ils se définissent d 'W1e part par rapport à l'éconanie
villageoise, mais, d'autre part· par rapport au capitalisrre industriel
qui a besoin de leur force de travail. Cette COc1che représente au filoins
94 % de la popllation.
2) - Les alvriers
c'est le résultat de la mobilité sociale, qui s'est cp:Crté2 :":e?-üs la
deuxièrre péricde, car, ces ouvriers viennent tous de la paysannerie.
Leur caractéristique~. , est la vente de leur force de travail dans les
nalvelles irdustries qui se sent installées dep.üs 1960 dans le pays.
Au cours des premier et deuxièm:! plans, leur ncrrbre a pratiquement
doublé. (Voltex, ~, SC6UHV). Ils sont aussi le résultat de l' inatJapta-
tion d'un sytèn'e d'enseignanent, qui les atq:lêche désormais de Valloir
retrnrner à la terre.
Ils ne possèdent aucun moyen de production, qui est la prcpriété
privée des entreprises. C'est là, la base fendëlIl'el1tale de l' éccnanie
narchande capitaliste. Actuellement, ces alvriers sont au moins au nœbre
de 20.000 centre 6.a 'U en 1961.

3) - La petite bourgeoisie
Elle est très disparate
et diffuse dans le contexte actuel. On peut
distinguer depuis les artisans urbains en passant par les fonctionnaires
jusqu 1 aux petits canœrçants.
Ils ont le mérite d'être installés f(:Ur leur CClTpte
- les artisans
Dans ce dc:mllne, on trouve surtout les artisans urbains,
car les ruraux, ruinés par la concurrence du secteur moderne sont en
voie
de disparition (forgerons, tisserands etc ... ). Néanrroins il faut
souligner qu'une- nouvelle couche d'artisans ruraux est en formation
avec la création du Centre de Formation Professionnelle Rapide des Artisans
Ruraux du Service de OUagadougou Q. l' initiative de la SATEX:.
A côté, il y a les artisans urbains qui sont véritablement dans
le secteur secondaire. A
leur intention, est créé le centre de Formation
Féminine Artisanal et le Centre de Formation Professionnelle Autrichien.
Parmi eux, on trouve des menuis~ers, des tailleurs, des tôliers dont la
formation leur penœt d' irniter les objets importés. Ceci leur procure
de substantiels revelli'U5 quelquefois. Ils se cœplètent ruisque certains
jouent également le rôle de cœmerçants.
- les petits commerçants
c'est une
couche sociale extrêrreIœnt importante dans le pays,
ruisqu'elle représente au moins
1% de la popJlation active. Dans cette
catégorie, viennent se fondre:
marchands ambulants de prcduits inportés,
étalagistes, verdeurs de cola, bouchers etc. Ils n'ont plus rien de
a:mnun avec les marcharxls de cotonnnades ou les colporteurs de la période
pré-coloniale. En effet, pc1ùI' beaucoup, ils sont directerent insérés
dans le circuit rronétaire, bien que se répartissant partout dans le
pays. Hais, ils sont aussi différents de ceux qui sont dans les bureaux
car ces derniers ont plutôt des revenus fixes.

37.
Ils sont la sécrétion de l'enseignaœnt occidental, hérité
de la péricde précédente. On les retrouve essentiellaœnt dans l'Adminis-
tration pléthorique et le privé-, aux mains des cc:rrpagnies cannerciales
étrangères.
Ils représentent au lOOins 0,3 % des actifs. Bien que rencontrant
de sérieuses difficultés, ils luttent lXlur maintenir leur niveau de vie.
Certains, surtout ceux des villes, découragés, sanbrent très rapidaœnt
dans l'alcoolisme.
4) - Les "lOOnoprix bigas".
Cœme leur non l'indique, ce sont les "enfants de IOOnoprix", vé-
ritables rejetés de l'école, ils sont déracinés et les inadaptés des
deux sociérés actuelles. En effet, ils ne peuvent ni retourner à la
terre, ni trouver du travail dans les villes. La seule lXlssibilité qui
leur reste est de se spécialiser dans les vols notamment à la devanture
des grarrls magasins tel que le M::moprix d' antan. D' autres sont le sous-
produit de l'école coranique tandis que la majorité vient de l'école
dite rooderne.
Ils sont les épaves de cette lutte entre deux cultures. Les revenus
sont presque inexistants et la vie se mène heure par heure. Leur rôle
éconanique est totalement diffus. Seuls les plus chanceux, ceux qui
ont un parent focntionnaire survivent aux intenpéries de cette nouvelle
société.
Malgré la différence des rroyens et méthcdes de prcduction, il est
possible de retrouver des caractéristiques carmunes à ces quatre
pre-
mières classes :
- elles constituent la majorité des forces productives. C'est
dans une certaine rresure le rooteur mêrre lXlur le développarent éconanique
du pays:
-
elles sont contraintes de s'insérer tant bien que mal dans
l'éconanie roonétaire : culture de rente, vente de la force de travail,

- elles ont des conditions de vie extrêTanent difficiles
bas
revenus, sous alimentation, maladies endémiques;
- le pouvoir politique et le contrôle de l'appareil éa:manique
leur échappent totalaœnt au profit des caIches su.p§rieures.
5) - La bourgeoisie politico-bureaucratique
Elle est carposée de hauts fonctionnaires de l'épcx:[Ue antérieure,
qui ont peur certains, lutté pour l' ind~pendance du pays.
On trouve
égalenent des intellectuels sortis dernièraœnt des diverses Universités
et de Grandes Ecoles. C'est une classe numériquenent faible. Nous la
qualifions de politique, parce que c' est elle qui contrôle l'appareil
d' Etat et tout le système éconanique, en même terrps qu t elle détient
le pouvoir politique.
- bureaucratique, car c'est des bureaux que toutes les décisions
sont prises.
Elle dispose d' une base éconanique solide car les hauts revenus
qu'elle reçoit lui permettent de s'associer aux compagnies étrangères
pcur prendre des actions dans quelques sociétés. Outre cela, elle em-
bauche des ouvriers agricoles pour les vergers ou pcur les cultures
de rente.
Au cours de ces dernières années, la couche supérieure de l'armée
est venue se joindre à cette catégorie de notables.
De par sa fOI1l1ation, sa base éconanique, 811e est encline à
la
conscmmation de luxe (produits importés), et à la course aux villas.
En liaison avec la bourgeoisie carpradore, elle garanti t les
in-
térets. des capitaux internationaux car, les miettes qu'elle reçoit suffi
sent à mener
un train de vie relativaœnt confortable.
6) - la balrgeoisie CCIlflradore
Carposée d'autochtones, elle sert d' inteDllédiaire
entre les
rronop::>les étrangers et le marché local de prcduits importés et de
matièresrremières exportées. C'est sur elle aussi que s'appuient
les politico-bureaucratiques pour acheter leur clientèle à la cam-
pagne et à la ville.

39.
De part sa nature notamment, son association avec les capitaux
étrangers dont elle n'est que la gérante (cas de la Société Afrique de
Pneumatique), elle ne peut pas jouer le rnêrre rôle d'impulsion au
dévelc:ppement que la bourgeoisie européenne du 18èrne et 19èrne siècle.
Tout lui vient de l'extérieur depuis la matière prEmière quelquefois
jusqu'aux capitaux; en d'autres tennes, elle est une "agence vénale"
pure et sinple des sociétés llUlltinationales. Flle
participe donc à
la fuite des capitaux.
Les intérêts de classes qu'elle défend l'oblige à.s'associer
à la bourgeoisie politico-administrative pour avoir sa caution
politique afin qu'elle garantisse la stabilité politique et élabore des
codes d' investissenents très libéraux. Elle garde des liens égalerrent
avec la chefferie traditionnelle décadente qui lui donne une certaine
audience auprès des masses populaires pour l'achat de matières premières
à rreilleurs prix.
7) - Les vestiges de la chefferie traditionnelle
Alors qu'elle tendait à disparaître progressivement deplis 1960,
au ceurs de ces dernières années, leur polNoir a été rétabli. On sait
le rôle qu'elle a eu à jouer au cour~ de la période écoulée. Cette
tactique a été reprise par la deuxième République, qui constatait que
l'autorité de l'Etat se dégradait et que les ~:p5ts ne rentrai2n:: Dh:s.
Certains chefs sont devenus soit des politiciens ou tout simplanent des
spéculateurs fonciers.
Ces trois dernières couches ont également des points communs
- la possession de certains moyens de production;
- les hauts revenus;
- la consœmation ostentatoire;
- la liaison avec les rronqx:>les étrangers.
Ainsi par cette catégorisation nous entendons dégager la
place que chaque personne occupe,dans le processus de produc-
tion sociale, les rapports de production,au rôle qu'elle joue
dans l'organisation du travail et en conséquence,à l'origine

'* 0 •
et à la quantité de ses revenus.
Mais' ces notions sont encore diffuses et quelquefois la distir
tion systématique des différents groupes dans la hiérarchie sc
ciale ou dans le circuit de production n'est pas aussi éviden1
que dans le cas des pays industrialisés.
Nous entendons par stratifications sociales comme le défir
Stavenhagen "le processus par lequel des individus, des famil:
ou des groupes sociaux sont rangés hiérarchiquement sur une
échelle, les uns sur les échelons supérieurs,
les autres sur
échelons inférieurs. Tandis que la notion de classe serait" dE
vastes groupes d'hommes qui se distinguent par la place qu'il~
occupent dans un système
historiquement défini de production
sociale, par leur rapport
(la plupart du temps fixés et consa-
crés par les lois)
vis-à-vis des moyens de production, par leI
rôle dans l'organisation sociale du travail donc par leur modE
d'obtention et l'importance de la part de richesses sociales
dont ils disposent".
Enfin la couche sociale se caractérise par sa composition
hétérogène dont les divers membres ont en principe comme poin1
~
commun,
l'identité du mode de vie. Contrairement à la classe,
1
elle n'a pas d'intérêts économiqués spécifiques.
C'est clair et net,
les formations sociales actuelles en
Haute-Volta sont le résultat de la dialectique culturelle en-
tre deux civilisations.
La mutation de la civilisation au milieu de la boucle d~
Niger a été interrompue et son cours a été modifié. C'est la
raison pour laquelle de sérieuses difficultés s'opposent pour
le développement. Ne pas tenir compte de ce fait ou vouloir
le nier revient à passer toujours à côté des véritables pro-
blèmes qui doivent être résolus pour qu'un développement
puisse
se faire.
Il se dégage en effet de cette analyse historico-fonc-
tionnelle, que le développement. des forces productives actuel
ainsi que des rapports de production,impulsé.
de l'extér1eur,
ferme des tares congénitales sérieuses. Car,cette transformat
économique laisse la grande majorité de la population végéter
dans la pauvreté et l'ignorance. Alors, se pose le rôle du fa
teur démographique dans le développement.

40 bis
TABLEAU II
ATTI'IUDE DU CHEF DE FAMILLE AL' EGARD
DE L'EXPORI'ATICN DE LA MAIN D'OEUVRE
CHEF DE FAMILLE
TOTAL
Approuvé
indifférent
désapprolNé
1923 et avant
35,3
2,1
62,6
100
1924 - 1932
34,4
4,2
61,4
100
1933 - 1939
34,6
7,1
58,3
100
1940 - 1945
31,9
6,4
61,7
100
1946 - 1950
40,0
5,3
46,7
100
1951 - 1955
61,2
3,9
34,9
100
1956 - 1960
68,1
3,7
28,2
100
- -
- - -
- -
Ensenble
52,3
4,7
43,0
100
Source
Enquête dérro]raphique par sondage en République de Haute-Volta
1960 - 1961 : Les émigrations.
;:.

'-t 1 •
CHAPITRE II
LE ROLE DU FACl'EUR DEMX;RAPHIÇUE DANS LE DEVEWPPEMENl'
mmooocrION
Le développement implique des changanents quantitatifs mais aussi
qualitatifs. Came le souligne
F. Perroux, i l est consœmateur "parti-
Ollièrarent avide de techniciens et d'organisateurs"
(1).
Le progrès social et la croissance éconanique sont int:i.roerœnt liés.
f.ft.ais i l faut reconnaître que les débats sur les problèmes d6Tügraphiques
sont pratiquEment aussi anciens que les doctrines éconaniques. Ainsi,
dans la République de Platon, la population doit rester stationnaire
Aristote tout en rejetant le camn.misme de Platon n'en approuve pas
rroms la limitation du nonbre d'enfants, car dit-il "la pauvreté engendre
les séditions et les ertmes" (2). Les rrercantilistes croient quant à
eux'>( à la vertu" de la FCpulation, en e::f'ê't peur eli.'::" il n'est force, ni
richesse que d 'hcmnes" (3). une telle idée résulte de la croyance à une
sorte de pompe à richesses illimitées. C'est surtout avec l'éconanie
classique que le postulat de la prolifération de l'espèce humaine dans le
long terrre aura une grande place face à la limite des capacités de subsis-
tance. Successivemant Richard Cantillon, Turgot seront hantés par ce pro-
blème, mais le plus célèbre sera Malthus (1766-1834) qui, devant les"bas-
fonds de la misère" l'amène à soutenir que la pop-llation crot t de façon
géanétrique alors que les subsistances ont une progression arithnétique.
(1) F. PERROUX : "l' éconanie des jeunes nations".
(2) Cité par Alfred Sauvy "Cwissance Zéro".
(3) idan
\\

42.
Dans le texte qui soulèvera au 19ème siècle
l'animosité exploisive
de beaucoup de penseurs est l'apologue du"Banquet de la Nature", dans
lequel il écrit que : "Un hœrne qui est né dans l.U1 rronde déjà possédé,
s'il ne lui est pas possible d'obtenir de ses parents des subsistances
qu 1 il peut justanent leur denander, et si la Société n'a nul besoin
de son travail, n'a aucun droit de réclarrer la rroindre part de la nourriture,
et, en réalité, il est de trop. Au grand ban:}uet de la noorriture, il n'y a
point de couvert vacant parr lui; elle lui ordonne de s'en aller, et
elle ne tardera pas elle-rrêre à rœttre son ordre à exécution, s'il ne
peut rea:xrrir à la CŒlpëlssion de quelques convives du ban:}uet. Si ceux-ci
se serrent pour lui faire place, d 1autres intrus se présentent aussitôt
réclament les mêrres faveurs. La nouvelle qu'il Y a des aliments parr tous
ceux qui arrivent, remplit la salle de nombreux postulants. L'ordre et
l' hanronie du festin sont troublés j l'abondance qui régnait précédernnent
se change en disette et la joie des convives est anéantie par lE
spectaule
de la misère et de la pénurie qui sévissent dans toutes les parties de
la salle et par les clameurs iJnrortl.U1es de ceux qui sont, à juste titre
furieux de ne pas trouver les alirœnts qu'on leur avait fait espérer". (1)
Les réactions à de tels propos sont si violentes contre cet égoïsme
de classe de Malthus, que dans les prochaines éditions, il supprirœra
l'apologue. En effet, Proudhon ironise "il n'y a qu'l.U1 seul hœrne de trop
sur la terre, c'est M. Malthus".
(2).
Al' époque conteflllOraine, le dilemne est taujoors posé. Peut-il
en être autrenent ? Certainement pas car se SDn. t les contradictions
mêrres de la Société qui l' imDosent.
Actuellement~ d'après les soorces statistiques citées par le savant
Soviétique K.M. Malin, la surface totale de la planète non comprise
les terres antaIztiques serait de 13,60 milliards d 'hectares et 1,45
milliard de terres seulement sont cultivées. (3). Les forêts,déserts
occupent 4,25 milliards d' hectares. selon lui, i l est possible
d'accroître la superficie des terres cultivées dans le rronde rroyennant
des dépenses en capital et obtenir des rendernents 4 à 5 fois plus
élevés avec des techniques plus perfectionnées. Dans le même ordre d'idée
le professeur BaJrcier de Garbon estirœ qu'à long terme le prcblème
des ressources alirœntaires peut être résolu, cependant la variable la plus
critique est le temps".
(4)
(1) Malthus cité par Alfred Sauvy "Croissance Zéro".
(2) A. Sauvy "Croissance Zéro".
(3) K.M.
Malin "Foid resources of the earth" cité par BaJrcier de
Carron in "Elélœnts de darographie éconcrnique ".
(4) Bourcier de Carbon "Elélœnts de Dérrographie Ec-onanique" coors de
, ,

-u .
Ainsi, il serait possible de l'avis du savant soviétique de
nourrir 65 à 130 milliards de personnes.
Devant de telles révélations, n'est-on pas tenté
de reprendre
les arguments de Michel Chevalier sur le problème général de la
pop..1lation qui, en 1838 estimait que le globe pouvait abriter 12 millial
d'hcmnesEn effet,il dira "s'il y a pour la civilisation un péril à
redouter, ce n'est donc pas la famine .... La cause du mal est bien plus
dans les exigences de nos cervelles et de nos nerfs que da n 5 ce I l e 5 de
notre estanac. La population paraît surabondante seuleœnt parce
que à certains rranents, à cause de l'imprévoyance sociale, à cause
de la vicieuse organisation de l'industrie, à cause de l' :ÎlTI[:erfection
des règles qui gouvernent les relations internationales, un rrorne
silence succède dans les ateliers à une activité démesurée et que les
bras se trouvent sans emploi sans qL1I~en ait été préparé peur subvenir à la
faim et à la soif du travailleur pendant la durée de ces· déplorables entr'
actes" .
En d'autres termes, c'est l'égoIsme des peuples qui serait à
l'origine de nos maux. "C'est poursuit-il, en substituant au paupérisme
un bient-être pennanent et régulier, fondé sur le travail que l'on
verra s'évanouir toos les inconvénients attribués à la pop..1lation par
beaucoup d' éconc:rni stes" (l).
Avant de pouvoir
lui donner raison ou tort, il convient de voir
cœment se présente la situation dérrographique en Haute-Volta (Section 1),
dans une deuxième section nous pourrons poser le problème de
l'éducation
et ~es conséquences avant de voir cœment on peut intégrer la variable
dérrographique dans le circuit éconanique dans une (section 3) et dans
une deuxième section le phéncmène migratoire.
SFX:TlOO I L ' ANALYSE DEMX;RAPHI<)JE
La surface de la Haute-Volta carme celle de tous les pays, n'est
pas une donnée haoogène, elle est plus ou rroins accidentée, certains
endroits sont propices à la proouction agricole:
tandis que d'autres
sont favorables aux échanges. Les pop..1lations sont dispersées carme
c'est le cas dans la région du Ga.rrma (7,5 h.jkm2), ou concentrées c'est
l'exemple du Plateau Hossi (81lh.jkm2).
(1) Michel Chevalier cité par Baùrcier de Carbon in "El~ts de
n~r;'lT""hiCl ;;l'""Y'"'lnrTn; """,(""111 .

L'espace territorial est oovert aux nouverœnts humains en
rrêrre terrps que les nouverœnts de biens et de capitaux.
La population deneure l'élémEtit puissant et nécessaire de
toute demande croissante et de toot
développerrent. selon la caupo-
sition de cette population plus d 'hcmœs que de ferm"es, de jemes
que de vieux, le développaœnt s'en ressentira.
D'une manière générale comment se présente les structures
déIJ"o3raphiques en Haute-Volta.
PARAGRAPHE l
- PRESENrATION
Les instruments de Iresure qui peuvent être retenus ici, seront
essentiellement de trois ordres- L'élément d'accroissenent'naturel
de la population deneure les entrées par naissance. De mâne l'état
de fécondité des femmes constitue un indicateur important. Enfin, la
nortalité canplète les grarrls titres du tableau démographique.
1) - La natalité
Selon l'enquête démographique de 1960-61, le taux de natalité
est de' 50 0/00 (1), avec un intervalle de confiance de 95 %.
Il faut
dire que les statistiques dans les "pays agricoles" sont rares et ce
phérx:rœne se fait sentir davantage encore en Ha~te-Volta, en parti-
culier sur le plan démographique. Tootes les évaluations qui sont
faites à l'heure actuelle sont basées sur cette enquête de 1960-1961.
(1) secrétariat d'Etat à la coopération et INSEE :
"Enquêtes démographiques par somage en Haute-Volta".

Par ailleurs le taux de f6ninitê peur 100 hcmnes serait
de 101 avec toujoors \\ID intervalle de confiance ç1e9S%i ce
taux est variable selon les ZCXles. C'est ainsi que paJr les
zones rurales, il est de 101,3 contre 106 dans les
centres
urbains. I l est évident qu'il faut tenir OCIlpte des erreurs
camdses œ des défaillancés de métvire.
De la Jl'ère manière on note un écart dans le taux brUt
de natalité entre zones rurales 49,55 % et les centres urbains
.50,15 %. Cette différence s'explique par les corxlitions
d'hygiène, les possibilités de solns Axi!'ltant plus à la ville
qu'il la campagne.
1
2) - La fêcon:Utié des femœs
1
L'échantillon observé par l'enquête concerne les fatrnes
de 15 il 49 ans. A l'êpoque,le taux de fécondité retenu était de
193,2 0/00. En tenant c:cIlpte que depJis ces treize dernières
années la médecine a eu quelques effets FOsitifs, on peut
.
estimer le taux corrigé aujourd'hui à 210%°.
1
La desceOOance rroyenne par femœ
est de l'ordre de 6,05
enfants. Ce taux se situe pratiquE!'œIlt au niveau africain
qui est de 6,5 enfantE' Q.lant au taux btut de reproduction,
c'est il dire le nanbre nuYen de filles que mettront au IlOooe
les fatme5 ayant vêal jusqu'il la période de procréation,
il est de (6,05 x 0,49) = 2,96. En effet, on estime qu'il Y
a 49 filles sur 100 naissances. Ce taux obs&vé est inférieur
il la moyenne des enfants qui est de 6,05 : 2 = 3,02.
1
l.

46.
3) - La Irortalité
Le taux rroyen de llOrtalité est de 32 0/00. A ce niveau ,
contrairement aux autres pays, le taux de llOrtalité des filles
est plus élevé
(32,1 %) contre 31,9 %) pour les garçons.
Mais dans les centrf's urbains c' est l '·F!ffet j '1verse oui Sf' produi
soit 27,2 % pour les hommes contre 20,6 % pour les femmes.
L'explication qui peut être donnée, c'est qu'en ville les hommes
sont beaucoup plus nanbreux, mais aussi ils sont plus exposés
aux accidents de travail et de circulation. Les femœs dans
les centres urbains sont soit dans les bureaux 00 toot sirrplaœnt
font du commerce quand elles ne sont pas totalement au foyer.
D'une rranière générale carment se présente la structure par
âge et par sexe de la population à l'heure actuelle.
P.',-PAGPi\\PHE II
LA. STRUCTl'RE P.'\\R .;;GE E'I' PiO.R SEXE
Depuis l'enqu ête de 1960-1961, aucune autre étude n'a été
faite sur la population. C'est pourquoi à partir de ces données
on va tenter de faire des projections pour la période
actuelle.
Avec le tableau suivant, nous allons considérer que la structure
par âge et par sexe dep.lisl est daœurée constante. Si on retient
également un taux de croissance dém::Jgraphique de l'ordre de 2 %
contrairanent au taux arrêté qui était de 1,83 % lors de l'en-
quête précédente, la population en 1974 serait :

47.
Soit No = la population à la date 0
Jv = taux de croissance dfuographique
t
= la périme
Nt
= pJpUlation à la date t
Nous pouvons donc écrire que la population en 1974
est selon la formule suivante de :
Nt
= No (lt<l.)t soit 10gNt = log (l+dv)
CH f
on sait ql!l 'en 1960 la population No = 4.317.770, si on
retient ~ = 0,02 et t = 14 c'est à dire la période
1960-1974,
Nt = 4.317.770 (1,02) 14 ou si nous linéarisons
l'équation on a
logNt = log 4.317.770 + 14 log 1,02

48.
STRUCI'URE DE LA POPUIATIŒl PAR AGE ET PAR SEXE EN 1960
Groupes
d'âge
Clùffres absolus
en
Années
hœmes
femnes
TCYl'AL
hœmes
femes
TCYl'AL
rroins d' 1
91.423
89.568
180.991
212
208
420
1 - 4
297.938
282.022
579.960
691
654
1.345
5 - 9
355.161
309.273
664.434
824
718
1.542
10 - 14
214.172
162.262
376.434
497
376
873
15 - 19
178.961
158.917
337.878
415
369
784
20 - 24
147.186
210.418
357.604
342
488
830
25 - 29
16~.015
208.976
372.991
380
485
80S
30 - 34
121.397
160.131
281.528
282
371
653
35 - 39
134.613
161.112
295.725
312
374
686
40 - 44
94.012
103.997
198.009
218
241
459
45 - 49
98.167
104.045
202.212
228
241
469
50 - 54
64.975
58.792
123.767
151
136
287
55 - 59
56.740
53.990
110.730
132
125
257
60 - 64
41.515
39.845
81.360
96
93
189
65 - 69
38.563
31.246
69.809
89
73
162
70 et plus
47.080
37.268
84.338
96
83
179
f·145.918 2.171.852
.317.770
4.965
5.035
10.000

A partir de ce tableau des chiffres absolus, si on
retient ces hypothèses de départ à savoir :
- constance des structures,
- taux de natalité de 2 %
Nous po uvons calculer les fréquences de chaque classe
d'âge et par sexe. On obtient le tableau suivant que nous
présentons sous fonne matricielle d'ordre 16-2.
01,1
QJ.,2
Q2t-
Q~
93,l
9V
S4f
Q't2
~:v-
S5,2
B6f
66,2
97)1
el,2
Il R \\\\
::
a8f
68,2
", '2.
69)-
99,2
910,1
EIlO ,2
811 ,1
911,2
912,1
912,2
~13,1
613,2
014,1
914,2
015,1
015,2
IU6,1
916,2

50.
Or, on avait rosé que la p::>pulation en 1974, pc:uvait
se cala.l1er de la façon suivante
• log Nt = log 4.317.770 + 14 log 1,02 = 6;916463527
ce qui donnait aussi que (1,02) 14 = 1,319478762
I l ressort que
Nt = 4.317.770 x 1,319478762 = 5.697.206
Par ailleurs on peut chercher le raprort que représente
chaque sexe dans la [OPulation (No).
ho
HCl1lTles = -
= 2.145.918
4.317.770 = 0,497
No
fa
2.171.852
Farmes
=
0,503
4.317.770
=
No
Ceci nrus permet de calculer la prorortion d 'hanrres (ht)
et de feumes (ft) en 1974 :
ho
fa
ht = Nt x -
et ft = NT x -
No
No
ht = 5.697.206 x 0,497 = 2.831.511
ft = 5.687.206 x 0,503 = 2.865.695

51 •
On obtient un vecteur ligne de cette fome
v = (ht,ft)
Nous réduisons ce vecteur V en vecteur colonne V'
que nous rendons ensuite soos forme matricielle par diagonali-
sation.
V' =
[ : : ]
La diagonalisation de V1 nous donne
o
ft
En nous tenant à la stabilité des structures, il noos
est PJssible de calculer les fréquences ou coefficients a ...
1)
Appelons les différentes tranches d' âge àes hœrues
les h .. et les groupes d'âges féminins les f ..
(avec i
1)
1)
allant de 1 à 16 , et j variant àe 1 à
2).
On peut PJser que
f
et
a i2 = ~t

Nous d:>tenons une matrice de fonnat 16,2 qui s'écrit
0,0426
0,'412
0,1388
0,1298
0,1655
0,1424
0,0998
0,0747
0,0833
0,0731
0,0688
0,0968
0,0764
0,0962
\\\\ A 1\\
=
0,0565
0,0737
0,0627
0,0741
0,0438
0,0478
0,0457
0,0479
0,0306
0,0270
0,0264
0,0248
0,0193
0,0183
0,0179
0,0143
0,0219
0,0171

A partir de ces deux matrices on aura que
Nt = Il A Il
x Il B Il
0,0426
0,0412
120622
120361
0,1388
0,1298
393014
371967
0,1655
0,1424
468615
408075
0,09'8
Di 0141
./.,BUt4
<,,//jotl
0,0833
0,0731
235865
209482
0,0688
0,0968
194942
277399
2.831.511
0
0,0764
0,0962
216327
275680
0,0565
0,0737
1-
- 159980
211201
N
0,0627
0,0741
0
2.865.695
177536
212348
1:: :=
0,0438
0,0478
124020
136980
0,0457
0,0479
129400
137267
0,0306
0,0270
86512
77374
0,0264
0,0248
74752
71069
0,0193
0,0183
54648
52442
0,0179
0,0143
50684
40980
0,0219
0,0171
62010
49003
Finalerrent on obtient le tableau de la page suivante.

54.
TABIEAIJ
IV
STRUCI'URE DE lA POPUlATlOO PAR l(;E ET PAR SEXE EN 1974
DES CENTRES SECCNDAIRES SEIΠNOS ESTrnATICNS
Grœpes d' âge
en
hcmres
fsmes
TOrAL
années
rroins d ' l
120.622
120.361
240.983
1 - 4
393.014
371.967
764.981
5 - 9
468.615
408.075
876.690
1
10 - 14
282.584
214.067
496.651
1
1
15 - 19
1
235.865
209.482
445.347
i
1
1
20 - 24
194.942
277.399
472.341
25 - 29
216.327
275.680
492.007
30 - 3~
159.980
211.201
371.18 '
35 - 39
177.536
212.348
389.884
40 - 44
124.020
136.980
261.000
45 - 49
129.400
137.267
266.667
50 - 54
86.512
77.374
163.886
55 - 59
74.752
71.069
146.821
60 - 64
54.648
52.442
107.090
65 - 69
50.684
40.980
91.664
70 - plus
62.010
49.003
111.013
TüI'AL
2 ;831.511
2.865.695
5.697.206

Remarques
Au regard dil tableau ci-dessus, plusieurs observations s'. impo se n t
1) - La-population voltaïque est composée essentiellement
de jeunes sur tout entre l'âge de 1 à 9 ans; aussi, i l se dégage que de
moins un an à 24 ans, il y a 3296793 jeunes soit 58% de la popu-
lation totale: des centres secondaires exceptés Où.agadougou et Bobo-
Dioulasso qui sont les deux plus grandes villes du pays.
2) - De façon générale, il y a plus de femmes que d'hommes
bien qu'à la naissance on constate l'effet inverse. Cette supériorité
numérique des farmes se situe surtout entre 20 et 49 ans
C'est aussi
la périme de fécondité.
3) - Si nous considérons que la population urbaine des deux
grandes villes c'est à dire Ouagadougou et Bobo-Dioulasso
représente
4% de la population des centres secorrlaires, on
~1
arrive à une population totale de 5.925.094 habitants en 1974
1
soit
',nrd'?snité rroyenne de txès de 22 h./1.....C'2.
Ces estimations ne nous éloignent pas tellenent des autres
estimations puisque le "Plan O1inquennaJ. ,de Développement
Econanique et Social 1972-1976" trouve pour 1974 une popùlation
théorique de 5.772.000 hdbitants. Par ailleurs, concernant les
deux grandes villes, on estimait qu'en 1971 la population était
de 206.000 habitants (1). Il ressort de nos calculs qu'en 1974
donc)trois ans plus tard une population de 227.788 habitants pour
les deux villes.
(1) Réplblique de Haute-Volta : "Plan
Quinquennal de Développe-
ment Econanique et Social 1972-1976".

56.
Le problèrre le plus i.nlJortant est de savoir carment la
variable démographique va s'intégrer au sous-système éduca-
tif afin de perrrettre une participation et une plus grarrle
rentabilité de la popllation dans le circuit éconcrnique.
sœrION I I
LE ROLE DE L'EDOCATION
Par a T) h!3sant1 un éconaniste contffilFOra:i.Jill e plan quinquen-
nal écrit que "l'éducation et la fonnation à tous les niveaux
devaient précéder l'installation des machines ootils.En effet,
les structures les plus perfectionnées n'ont de sens que si elles
sont animées par des individus compétents, aussi l'obje t du
~linistère de l'Education Nationale est de recruter, de préparer
et de mettre à la disposition de la Nation, les personnes
nécessaires à son développenent éconanique et social:'
(1 )
:,ous exanunerons d'une pe"1.rt l'éducation dans la société
traditionnelle, d'autre part, le rôle de l'éducation pendant et
après la pério:le coloniale.
PARAGRAPHE l
L'EDUCATION DANS lA SOCIEiI'E AVFNr 1897
Nous avons vu qu'à l'époque précoloniale, l'état des
forces productives était rudimentaires en même temps que les
rapports de pro:luction, basés sur une organisation sociale
structurée, étaient tributaireS
0. j Rép..lblique de Haute-Volta : "Plan quinquennal de
Développanent Econanique et social 1972-1976".

Q.lant au rro:le de prcduction, il était de type familial
et lignager.
La famille en tant que cellule sociale, constitue la
base fondamentale dans laquelle s'épanouit l'enfant. C'est
là qu'il reçoit les preni.ers nx:1iments de l'éducation. Ainsi,
malgré le caractère patriarcal du systÈme, le rôle d' éduca-
teur revient à le ITère dans le jeune âge de l'enfant,
qu'il soit garçon ou fille. A partir de l'âge de
6 ans,
l'éducation du garçon revient au père, tandis que la ITère
s'occupe des filles. La société par delà la famille demeure
le monde dans lequel, se développe la personnalité de l'enfant,
où s'affirment son caractère et ses talents. Petits travaux
(commissions), jeux, joutes oratoires, initiation constituent
les éléments de base qui doivent parfaire à la formation
de l'enfant.
Dans un tel système éducat'bnnel, tout est en raH"X'rt
avec les activités -quotidiennes de la crnmunauté. Mêne
les contes, les récits traduisent bien les scènes de tellS les
jours. Dès l'âge de 6 ans ; l'enfant (filles ou garçon),
est un agent productif: petits travaux champêtres, garde des
animaux, activités ménagères p:Jur la fille, pennettent
à l'enfant de saisir les réalités concrètes de ce qu'il vit
toos les jours. La formation physique~a de pair avec la form:t-
tian intellectuelle p.lisque la lutte, l'initiation sont autant
de jeux physiques qui s'insèrent
dans la division de la société
en groupes d'âges, dans la formation de l'enfant à la sagesse
ainsi qu'à la maîtrise de la la.n;jUe.

55.
PARAGRAPHE II
L'EDOCATION DANS LA SCC:Œl'E ENl'RE 1897-1974
1) - La période 1897 - 1960
Nous avons déjà eu à rappeler dans quel contexte l'invasion coloniale
s'était faite.Aussi, nous avons souligné de la confrontation des deux
cultures, les mutations scx::iales qui se sont dégagées. Ici, nous allons
tenter de rœttre en relief, le rôle de l'éducation et partant de l'en-
seignerœnt à cette époque. Pour cela, laissons à Albert Sarraut, alors
Ministre des Colonies de donner ce qu'il entend par "mission civilisatrice"
i l dira à cet effet "Instruire les indigènes est assurément notre devoir ...
Mais ce devoir fondaIœntal s'accorde par surcroît avec nos intérêts
éconaniques, administratifs, militaires et politiques les plus évidents.
L'instruction, en effet, a d'al:x>rd pour résultat d'améliorer la valeur
de la production coloniale en multipliant, dans la foule de travailleurs
indigènes, la qualité des intelligences et le nombre des capacités
elle doit, en outre, parmi la nasse lal:x>rieuse, dégager et dresser
les élites des collal:x>rateurs qui, carme agents techniques, contrEmaîtres,
surveillants, anployés ou cc:mnis de direction, suppléeront à l'insuffisance
numérique des Européens et satisferont à la derrande croissante des
entreprises agricoles, industrielles ou commerciales de colonisation" (1).
Voilà qui ne laisse auCW1 doute quant au rôle véritable de ce type
d'éducation. Pour ce faire, tout sera mis en oeuvre pour détruire la
culture des peuples au milieu de la roucle du Niger. L'école aura ce
but. A ce propos, ~r Carde écrivait que "Le français doit être Ïll'pOsé
au plus grand nombre d'indigènes et servir de langue véhiculaire dans
toute l'étendue de l'Ouest Africain Français. Son étude est rendue
obligatoire pour les futurs chefs... Il n'est pas admissible après quarante
ans d'occupation, que tous les chefs sans exception, avec lesquels
nos relations de service sont journalières, ne puissent rentrer en
conversation avec nous." (2). Après l'indépendance cette idée prévaudra
et se systématisera.
(1) Albert sarraut : "La mise en valeur des colonies françaises" p 95
(2) Mr Carde cité par Jeune Volta in "Les problèlœs de l'enseignenent
en Haute-Volta"

2) - L'éducation de 1960 à nos jours
Dans son fonderœnt, ce type d'éducation derreure pratiquerrent
identique à ce qu'elle était au cours de la périme coloniale. On peut
faire la distinction à trois niveaux,particulièrerrent nous nous intéresserons
à l'enseignerrent qui est
un aspect de l ' éduca tian.
Il touche une très faible proportion des enfants scolarisables.
Si on se réfère aux effectifs cités par le Ministre de l'Education
Nationale et repris dans la Revue "Marchés Tropicaux", il ressort que
pour la rentrée scolaire 1974-1975, il Y avait :
700 écoles,
2.610 classes,
132.CXXl élèves dont 125.000 dans le public sur un nanbre
d'enfants scolarisables de 1.127.500.
A peine 12 enfants sur 100 vont à l'école. Ce qui ITBrque véritablerœnt
le caractère de classe d'un tel enseignement. Bien sûr, les autorités
estiment qu'il faut un budget de l'ordre de 480 à 300 millions de F.
alors qu'en "1973-1974, i l n'a été retenu que 22,182 millions soit
130 F. par élève et par an, alors qu'un cahier de 200 pages coûte 206 F.
en librairie".
La situation est claire, puisque, sur 100 élèves qui entrent en
première année du cycle primaire, seuls 21 garçons et 15 filles arrivent
en dernière année sans redoubler (1), soit 36 % de l'effectif. Pour
les parents aux revenus rrodestes, cette situation veut dire que leurs
enfants sont autanatiquerrent exclus de l'accès à l'éducation. En effet,
profitant du désir sincère des masses populaires de vouloir instruire
leurs enfants, la Ix>urgeoisie politico-administrative et canpradore,
saisit l'occasion pour pressurer les parents en créant des écoles partout
avec des prix d' inscriptiton exorbitants au niveau du secorx1aire.
(1) Secrétariat d'Etat à la Coopération "Haute-Volta 1971-72" ITBrS 1973.

60.
En 1972-73, ce type d'enseignement touchait 10.400 élèves
excepté
l'enseignement technique.
(1)
La croissance des effectifs s'est ralentie depuis 1968 bien que le
nanbre de bâcheliers soit passé de 67 en 1966 à 438 en 1972. (2) Au
nanbre des grands établissements, il faut dire qu'il existe trois lycées
dont deux classiques et un technique. Il faut ajouter l'Ecole Nourale
de OUagadougou. Dans le cas contraire, i l s'agit d'établissements privés
dont le "Collège de la Volta" serrble incontestablement le plus grand.
OUtre les deux principales villes qui abritent les plus grands établissements,
il existe des Collèges d'Enseignement général dans la plupart des centres
secondaires.
Came dans le priIl'aire, se pose le problèrre des rroyens, nais surtout
de l'orientation mêrre des élèves. En fait, si nous faisons le rapport
du priIl'aire avec celui du secondaire, on remrque que seuls 10 % de l'effectif
scolarisé arrivent au secondaire. Là aussi, seuls les détenteurs de hauts
revenus sont en mesure d'inscrire leurs enfants puisque des établissements
CCITWe le Collège de la Volta s'érige en véritable usurier en de~andant de
30.000 à 50.000 F. pour les inscriptions. Si l'on sait que la concentration
des revenus se situe au sein de cette mêrre couche, on comprend dès ce
m:ment, les enfants de qui. ne peuvent pas bénéficier de l'éducation.
Cette situation s'aggrave avec le problème de l'externat à partir de
la classe de 3e. Ainsi, on ouvre la porte seulerrent aux enfants ayant
des parents en ville ou pouvant louer des chambres.
La situation n'est guère meilleure dans l'éducation rurale et
au niveau de l'enseignement technique. S'agissant de l'enseignement technique,
jusqu'à ces dernières années, un Lycée Technique vétuste s'était beaucoup
plus spécialisé dans la fouration d'infirmiers, gardiens de la paix, gendarmes
et chOrneurs. Quant à l'éducation rurale, créée en 1961, son rôle se situe
beaucoup plus dans l'amélioration des cultures de rente
que dans le
développement des cultures vivrières.
(I)
Secrétariat d'Etat à la Coopération "Haute-Volta 1971-72" nars 1973
(2) idem

ô1 .
3)
- L'enseignement supérieur
Très tôt la plupart des Etats Africains se sont dotés d'un enseignement
supérieur.
En Haute-Volta, jusqu'en 1973, le plus grand nombre d'Etudiants
étaient envoyés à l'étranger. Le seul embryon d'enseignement supérieur qui
existait jusqu'alors formait des littéraires. Il n'y a rien d'étonnant quand
on sait que le seul Lycée Philippe Zinda Kaboré compte au moins sept séries
"A"
contre une à deux séries "C", une série "D" et une série "B"
et
que les trois quarts des ba· cheliers admis sont des littéraires. A ce propos,
le Plan Quinquennal écrit que "L'enseignement secondaire n'est pas assez
orienté vers les disciplines scientifiques ... ".
Au total, en 1970-71, le nombre d'étudiants dans l'enseignement supérieur
s'élevait à
1.020 (1).
Le coût d'un diplômé varie de 22.700 F pour un C.E.P.E à 850.000 F
pour un B.E.P.C. et 1.300.000 F pour un baccalauréat (2). Lorsqu'on sait
comment les revenus sont répartis, ce coût élevé limite nécessairement le
taux d'inscription, accroît le pourcentage de défection et abaisse les succès.
L'éducation est vidée totalement de tout son contenu; où tout au
moins elle ne servira plus directement la société dans son ensemble. Elle
s'insère
dans un contexte, qui correspond à un niveau de forces productives,
de mode de production et de rapports de production tout autre que ce qui
avait cours jusqu'! présent. Le mode de production et les r3pports de ~r~ducticn
tendront à être de type capitaliste
:favorisés par l'introduction de la
monnaie.
Pour son développement socio-économique, la Haute-Volta est obligée
de tenir compte de cette réalité, de ce dilemme dans lequel elle se trouve
placée. Elle ne peut ignorer cette pénétration coloniale désormais, tout
autant qu'elle doit reconnaître que chaque type d'éducation se meut dans un
j
ensemble culturel.
1
(1)
Haute-Volta : "Plan Quinquennal de Développement Economique et Social
\\
1972-1976" .
(2) Secrétariat d'Etat à la coopération "Haute-Volta 1971-72" - mars 1973.

62.
Ainsi, le système éducatif, fruit de l'histoire comme la culture,
"reflète à chaque moment, la réalité matérielle et spirituelle de la société,
face aux conflits qui les opposent à la nature et aux impératifs de la vie
en commun. De là vient que toute culture comporte des éléments essentiels
et secondaires, des forces et des faiblesses, des vertus et des défauts,
des aspects positifs et négatifs, des facteurs de progrès et de stagnation
ou de régression".
(1)
Nous voyons qu'il existe non seulement un lien entre l'éducation et
la population, mais aussi que ce lien existe avec le système économique.
Ce qui nous amène à nous interroger sur l'intégration de la variable démographique
dans le circuit économique.
SECTION III
L'INTEGRATION DE LA VARIABLE DEMOGRAPHIQUE DANS LE CIRCUIT
ECONOMIQUE
L'objectif est de rechercher quels sont les effets d'un accroissement
démographique sur un certain nombre de structures. Notons qu'à propos de
structures, F. Perroux écrit "La structure d'une unité économique est l'en-
semble des proportions et relations qui car3~térisent cette unité dans des
conditions et à un moment donnés: proportions - c'est-à-dire importance
relative des éléments qui composent l'unité économique examinée, relations
- c'est-à-dire rapports qui s'établissent entre les éléments qui constituent
une unité, d'une part, entré cette unité et d'autres unités économiques
d'autre part".
(2)
Les structures en question ici seront celles de la population active
au niveau de la production et du marché du travail.
(1)
A. CABRAL: "L'Arme de la théorie" - p :
(2) F. PERROUX: Cité par G. Blardone in "Relations production, population
active, productivité".

63.
PARAGRAPHE l
LA POPULATION ACTIVE ET LE NIVEAU D'EMPLOI
1) - Définition de la notion de population active
La population active d'un pays est l'ensemble des habitants de ce terri-
toire, aptes à concourir aux activités de production de biens et de services.
Le dynamisme de cette population sera fonction non seulement du sous-
système démographique, mais aussi du sous-système éducatif pour son rendement.
Auparavant, une analyse a été faite sur le système éducatif, et i l
se dégage que seule une petite portion des enfants en âge scolaire bénéficie
de l'enseignement. La conséquence est qu'une grande partie de la population
active va se trouver concentrée dans le secteur primaire. Dans un tel milieu,
la notion de plein emploi et de demande d'emploi demeurent des données
aléatoires.
2) - Structure de la population active
On va regrouper cette population dans deux grands secteurs, à savoir
le secteur de l'économie agricole et le secteur de
L'économie urbaine.
En l'absence de données jusqu'en 1974, nous retiendrons l'année 1972 comme
base de référence.
En 1960, la population active représentait 51,8 % de la population
totale. En 1972, elle ne représentait plus que 50 % (2). A cette date,
chaque actif a à sa charge un inactif, c'est-à-dire les enfants, les
vieillards et les malades. C'est surtout à travers une étude sectorielle
qu'il sera possible de voir la répartition.
(1)
Haute-Volta
PQDES 1972-1976 - op- et cité - p
(2)
idem

64.
De l'avis même du deuxième Plan, elle constitue "La force vive
du pays". En 1972, elle atteignait 2.491.000 personnes présentes (1) , et en
1974, elle représentait 2.571.000 soit 89 % de la population active totale.
(1)
L'agriculture, l'élevage et les travaux artisanaux constituent les principales
activités de cette population.
Bien utilisée, cette population pourrait produire davantage surtout
avec un minimum d'amélioration des forces productives.
L'effectif global des salariés au 1er janvier 1970 se montait
à 33.584, soit 12 % de la population active totale présente. Le secteur
comptait 19.680 travailleurs du public contre 13.904 salariés au secteur
privé et para-administratif. (2)
Il ressort, par ailleurs, que 64 % des salariés du privé ont moins
de 30 ans, ce qui marque véritablement la grande jeunesse de la population
même. Cette répartition se fait de la façon suivante entre les trois secteurs
et par qualification :
Tableau n° 5
Situation de l'emploi
Techniciens et
Ouvriers spé-
Catégories
Cadres
cadres moyens,
Personnel
cialisés, per-
Total
Secteurs
supérieurs
agents de
qualifié
sonnel non
personnel
maîtrise
quaI. manoeuvre
Primaire
37
164
995
1.156
2.352
Secondaire
68
196
858
4.857
5.979
Tertiaire
173
418
933
4.049
5.573
Total
278
778
2.786
10.062
13.904
Source
S. E.D.E.S 1970
(1) P.Q.D.E.S 1972-1976 -op et cité p
(2)
idem

Il se dégage trois remarques
:
.
le nombre important de personnel qualifié au niveau du secteur
primaire dont nous mettons en doute cette donnée statistique .
. le secteur secondaire apparaît le plus encadré, mais le personn,
qualifié est peu élevé. Cela explique le fait que le personnel de
Direction ; Les Ingénieurs et autres Cadres supérieurs sont en part
des étrangers.
r
le secteur tertiaire, bénéficie pratiquement des mêmes avantage
que le secondaire et comme lui,
il emploie essentiellement des simp
ouvriers et des manoeuvres.
- Au niveau de l'Administration,
si on exclut les travailleurs
journaliers sur les 15 063 employés restants,
on compte 2 965 mili-
taires et 12 098 civils dont 4 771 agents temporaires
(1).
Si nous considérons les hypothèses du Plan quinquennal quant à
l'évolution de l'emploi dans le privé et le public,
il ressort que
dans le 1er cas, entre 1971 et 1976, il Y aura 7 592 emplois supplé
mentaires soit un accroissement moyen annuel de 1 265 emplois. Si,
ailleurs, nous retenons qu'en 1971, avec l'ensemble du 1er Plan-Cad
que la réalisation finale a été de 45 % et en 1972 eu égard aux pro
blèmes internes causés par la famine et aux difficultés de financem
extérieur, nous estimons à
23 % la réalisation
(2).
Il en résulte p
les deux années que 860 emplois ont été créés.
Finalement, en 1972,
sans l'Administration, on a 15 606 salari
da~s le secteur moderne.
Par contre dans l'Administration compte te
de l'austérité budgétaire et des départs en retraite nous considé-
rons que le nombre de salariés est demeuré stationnaire soit 19 653
personnes. Dès lors, pour la période 1972, on peut estimer que le
nombre total théorique d'employés salariés était de 35 259, ce qui
permettra d'examiner l'effort de production qui a été fait.
(1)
-
Secretariat d'Etat aux Affaires Etrangères chargé de la
Coopération "Haute-Volta 1971-1972", dossier d'information
économique 1973.
(2)
- Cf.
"Bilan de réalisation Plan Quinquennal 1972".

66.
PARAGRAPHE II -
RELATIONS PRODUCTION,
POPULATION ACTIVE,
PRODUCTIVITE.
Bien, qu'à ce stade les données soient rares,
"En attendant
comme le souligne le Professeur S. Kuznets,
nous devons procéder à
l'aide des séries statistiques longues qui sont disponibles toutes
sommes, et sujettes à déformations qu'elles puissent être, en les
traitant comme des approximations et en les étudiant pour les ré-
sultats qu'elles peuvent fournir
. . . " (1)
1)
-
Définition
(2)
Si nous considérons le modèle suivant
y
= revenu
P = population totale
r
= revenu par tête
1 = productivité moyenne du travail
L = population active
on peut supposer que
:
y
= rP
y
= IL, en effet on peut écrire que
Produit intérieur brut = PIB =) y = PIB
x L
Population active
L
L
donc on a Y
PIB.
De façon générale,
L se définit comme étant l'offre de travail émanant de tous
ceux qui sont susceptibles de travailler,
. 1 serait le rapport entre le PIB global ou sectoriel à la
L globale ou sectorielle,
(1)
-
Cité par G. Blardone - op. cité
(2)
-
Les démonstrations du modèle sont tirées de op. et cité de
G. Blardone.

'.' 1
1
. le Pib global sera considéré cemne la valeur ajoutée des différents
secteurs,
. le taux d' activité t se définit carme étant le rapp:>rt entre
la population active (L) et la population totale (P).
L
t = -
P
A partir de ces éléments, nous pouvons définir deux types de
variables:
a) Variables de structure
----------------------
Canpte tenu de l'imprécision des estirrations, tant au point de
vue de la population que du point de vue de leur contribution dans le
tertiaire en particulier, les petits cœmerçants, on basera nos calculs
uniquerrent dans le secteur traditionnel et dans le secteur rrcderne.
- le taux d'activité générale est t = 50 % en 1972,
- le pourcentage de population active dans le secteur tradi tiormel
est
La
49 % de P
L
= 95 % de L
a
- le taux de population active dans le secteur rrcderne notanment
l'industrie, le bat.iment et les autres est de :
• Lm = 0,4 % de L (1)
(1) Population active secteur rrcderne : 15.606 (salariés de l'agriculture,
élevage, syviculture, divers services: restaurants, maisons) = 10.341

68.
- connaissant la population active théorique dans les deux
autres secteurs, soit 2.501.341 (1), il en ressort que la population
active du secteur tertiaire est de :
• Ls = L - (La + Lm) = 2.608.000 -
(2.491.000 + 10.341) = 106.659
Ces données nous rrontrent d'une part l'importance du. secteur
pri.m:üre (95 % L), rmis d'autre part aussi que le secteur rroderne en
l'occurence l'industrie est nal développée.
Parmi ces variables, nous en retiendrons essentiellement trois
- le coefficient de capital k qui se définit comme étant le rapport
entre la fornation brute de capital fixe (F.B.C.F) et la valeur ajoutée (V.A).
En 1970, il était de 1,9 tandis que
le
Second Plan l'estinait à 2.
Ainsi, pour un accroissement de la Valeur Ajoutée, il faut doubler les inves-
tissements .
- la prcxluctivité IIDyenne annuelle du tr3':ail l
est e~ 1972 de 29.879 ~
Pour Gilbert Blardonne, on peut considérer dès lors canne pays agricoles,
ceux dont la population active
dans l'indus.trie est inférieure à 12 %.
Or, la population active industrielle de la Haute-Volta, est de 0,4 %. Ce
qui donne véritablement le caractère villageois de cette économie basée
sur les activités agricoles et artisanales.
Quant au degré d' hc:rtogénéité sectorielle de L, on voit qu'il Y a une
forte concentration au niveau des activités prinaires et tertiaires. Par
ailleurs, la prcxluctivité dans le secteur rroderne est très élevé par rapport
aux deux autres secteurs à forte concentration de nain-d'oeuvre.
(1) Population rurale + Population rroderne = 2.491.000 - 10.341 = 2.501.341
en 1972.

69.
Ces quelques remarques préliminaires, nous penœttent de dégager
certains indicateurs de cœporterents.
2) - Les indicateurs de caTJ?Orterent
Si nous retenons la définition de F. Perroux qui caractérise la
croissance came étant l'augmentation soutenue durant tme ou plusieurs périodes
d'un indicateur de dimension (1), alors, nous pouvons chercher l'accroissement
de la Valeur Ajoutée globale ou sectorielle. Cette croissance sera le résultat
de la combinaison population active productivité soit :
y = lL
Le taux de croissance g de l'éconanie sera entre 1959 et 1972 suivant
le modèle ci-après de :
~ r:- _1
g =
~--;;-
avec
(O<::'n <13)
- -
d'où
n
(1)
Mn Ln
g =
-
1 =
-
1
!'b La
n
n
Ln
n
1
+
g =
- 1
- 1
+
- 1
La
1
)
(1) F. PerrouL.
"L'Econanie du XXe siècle"

70.
considérons que
\\r:-
~
v-;; -
=
et P =
1
1
considérons les deux premières relations et posons que
~ ~ taux de croissance de la productivité globale,
P = taux de croissance de L employée,
l'équation (2) devient
g =qP + q+ p = (~+ p)
l +
si
E- ..!L
- q+ P
g = (q + pl (1 + E) avec E.----'O
Or, estime Blardone, dans la majorité des cas,
q <
<
10 % = 0, 1 et P <0,1--.. t. = aa~ P
0,05
g:!q+P
y = 39.100 millions au prix de 1959
y =
83.902 millions en prix courants.

,
1

La prcductivité globale est de
= --=39;...:.•..:;..10"-'0;...:..-,-00,,-,0_ = 19.223
2.034.000
83.902.000
= 31. 709
2.608.000
on peut calculer g
13
83.902
g =
-
1 = 1,060 - 1 = 0,060
39.100
si nous posons que
13
32.709,5
~ =
- 1 = 0,039
19.223,2
13
2.608
p =
- 1 = 0,019
2.034
Or, nous savons que :
g = ~ + P = 0,039 + 0,019 = 0,058

72.
D'un point de we global, la croissance a été en valeur relative au
cours de la péricde d'enviroo 6 % par an. Mais, i l ronvient de se garder
d'un très grand ~tirnisœ quant â ce taux qui IlO.lS parait assez élevé. Mais,
aussi nous n'avons pas tenu 00lpte de l'inflation qui est assez élevée ccmœ
on le sait dans la plupart des pays périphériques surtout au cours de ces
dernières années.
3) - Au niveau sectoriel
VA
= 65.896 millions
13
LP13 = 2.491.000 personnes
VA
= 28.100 millions
O
Lpo = 2.020.000 personnes.
Ce qui nous penœt de calculer la prcx:luctivité M du secteur
M
= 28.100.000 = 13 911
65.896.000
op
2.020.000
.
et M13p = 2.491.000 = 26.453
13
13
26.453
2.491
q=
- - - - 1 = 0,050
et P =
2.020
- 1 = 0,016
13.911
65.896
9
=
- 1 = 0,067
P
28.100
~p + Pp = 0,050 + 0,016 = 0,067

73.
j
~ = 1.900 millions
Ls
= 6. 185 personnes
O
VA
= 7.487 millions
13
LS
= 6.300 personnes
13
1~r;;;:;
gm=
Vï:9Oô - 1 = D,Ill
La contribution de chaque facteur sera de
Man = 307.195
M
= 1.188.412
l3m
13
1.188.412
q=
- 1 = 0,110
307.195
p = D,Ill - 0,110 = D,DOl

c) - Dans le tertiaire
-----------------
SUpposons que le tertiaire représentait 10 % du Pib de 1959,
soit 3.910 millions. La croissance dans ce secteur sera de :
13
10.159
g =
- 1 = 7,6 %.
3.910
4) - Les effets d'entraînement
- Le taux de croissance g = 6 % durant la péricde 1959- 1972, ce
taux est en valeur naninale, c'est-à-dire que nous avons laissé pour le
moment les effets inflationistes de côté. De ce taux, la part de la productivité
représente 3,9 % tandis que la part revenant à l'accroissement de la population
active (L), n'est seulement que de 2 %.
• En retenant un taux de croissance dérrographique de l'ordre de
2 %, on arrive à un taux de croissance naninale par tête de 4 % par an.
Si, par ailleurs, nous considérons que le taux d'inflation rroyen de la
période a été de 6 %, nous constatons
que les conditions de vie de chaque
habitant se dégradent d'au rroins 2 % par an.
. L'examen secteur par secteur, avec toutes les réserves que
l'analyse et les calculs canportent, fait ressortir de façon générale que
la croissance sectorielle (g) est plus élevée que le taux de croissance
globale (g). Egalement, lorsqu'on CClTIpélre le secteur primaire et secondaire,
on voit que :
+ l'accroissement du secteur rn:xlerne est pratiquement le
double de celui du secteur agricole,

+ la contribution de la prcductivité dans le secteur
rroderne est nettement assez élevée (11 %) par rapport au secteur agricole
1
qui est de 5 %.
+ l'augroontation du nanbre de travailleurs dans les activités
rrodernes derœure faible, térroigne la haute technicité des industries qui
s'installent exigeant peu de rrain-d'oeuvre.
(contribution = 0,1 %).
- La canbinaison population active - prcductivité est un stimulant
dans la croissance éconanique. Mais, pour qu'il Y ait véritablement développener
il faut que les relations existantes entre l'homme et l'éconanie s'améliorent.
Tel qu' il se passe dans l'éconanie villageoise, tout accroisserrent de
la population correspond nécessairement à un agrandisserœnt du champ familial.
Dans ce milieu, ou l'esprit mercantile était pratiquerœnt absent, il existait
une étroite corrélation entre l'accroissement démographique et l'accroissement
de la prcduction agricole, abstraction faite des aléas clirratiques. A l'époque
contemporaine, cela ne suffit plus, surtout avec les progrès rapides de
la médecine qui permettent une amélioration sanitaire de l'unité de travail
humain. Par ailleurs, au fur et à mesure de l'accroissement démographique,
les quantités de terres cultivables se réduisent et le système de longues
jachères ne peut plus se pratiquer. Il se pose dès cet instant, la nécessité
de faire suivre l'amélioration de la prcductivité. Pour qu'il en soit ainsi,
au dynamisme démographique, doit répondre des canportements rationnels,
afin de stimuler le développenent. C'est là OÜ l'éducation répond correctement
à cette exigence par l'adaptation d'un enseignerœnt de masses répondant aux
besoins fondamentaux
. d'intégration des forces prcductives internes dans le processus
de développement,
. d'insertion de ces forces aux tâches de prcduction nationale,
. d'organisation efficace de ces forces productives,

· d'orientation de la majorité de la population vers la proouction
de biens et de services.
Sinon, nous tombons dans une"croissance sans développenent"dont
les caractéristiques sont :
· le gonfleœnt des revenus d'une minorité,
· la stagnation et le recul de la proouction agricole,
· la détérioration des conditions de pr<Xluction,
la révolte des travailleurs pour l'amélioration de leurs
conditions de vie,
· l'inflation galopante,
· le déficit extérieur et la dépendance du pays vis-à-vis des
capitaux étrangers,
· Outre mesure, la situation entraînera la fuite des populations
les plus dynamiques et les plus actives 'fUS ct 1 aut.:"es pays, tal1èis gue
dans les villes, la délinquance et les vols se multiplieront à cause du
nanbre de ruraux venus de la carrpagne en quête d'un arploi.
SECI'ION IV
LE PHENOMENE MIGRA'IDlRE sr LE proBI.E.r-lE DU REmUILIBRAGE
RFSSOUOCES-POPUIATlOO
L'émigration voltaique, parce-<JU'elle constitue l'un des phénanènes
sociaux les plus marquants de la Haute-Volta et de l'Afrique OCCidentale
en général, mérite une place particulière dans les études et les recherches
entreprise~à l'échelle de cette région. L'analyse détaillée de ce rrouvement
d'une ampleur peu commune, la détection de ses diverses implications, la
découverte de ses causes fondamentales constitueraient sans conteste un apport
appréciable à la recherche de voies et IlDyens pour le pays rrêne, mais également
pour les autres territoires de la région.

1:'; •
Notre sooci est d'aPFOrter une contribution, bien que ITOdeste, à la
solution d'un problèrre social et éconanique grave auquel le pays doit faire
face.
En replaçant le phénaœne migratoire par raPFOrt à l'ensemble de la
situation éconanique du pays, nous essaierons tout. à tour d'en décrire le
développement historique, d'en évaluer les causes et effets, sur les conséquenCE
éconaniques et de rechercher les solutions qui pennettraient d'aboutir à une
utilisation rationnelle de la force de travail, oeuvrant dès lors peur bâtir
une éconanie nationale indéperrlante.
PARAGRAPHE l
LE PHEOOMENE HISIDRIQUE
Longtenps, on a pu croire que l'Afrique Noire restait, resterait encore
à l'écart du flux migratoire de l'Amérique Latine. Certains, s' imag.:nnant
volontiers que, dans leur enserrble, ses habitants ont vécu, vivent toujours
à l 'heure du village ou de l'ethnie soigneusanent clos sur eux--mâœs. Or,
canne nous l'avons souligné plus loin, il existait avant la pénétration
coloniale, des courants d'échanges assez développés entre les diverses nationa-
lités africaines. En particulier, la propension des peuples au milieu de
la boucle du Niger à partir à la découverte ranonte -assez loin. Le processus
TIlême du ~uplerr_ent de la région,
et nctar.~ent la colonisation et ses diverses
forrres d'exploitation, ont agi de façon décisive pour éveiller chez "l'indigène'
cette tendance à émigrer (fuite des travaux forcés). Mai, depuis l'indépendance
d'autres facteurs sont entrés en jeu : le déséquilibre éconcrnique entre
secteurs, régions, pays, entre nations industrialisées et non industrialisées,
ainsi que la stagnation de l'éconanie voltalque, ont pour répondant, le !l'aintie:
du pays à l'état de "fournisseur de !l'ain-d 'oeuvre".
Le problèrre posé de cette !Panière, ne peut être appréherrlé qu'en
deux phases: de la colonisation à l'indépendance, de l'indépendance à nos
jours.

1 / •
Il) - De la colonisation à l'indéperrlance
J
L histoire de l'Afrique, carrre de la plupart des continents, m:>ntre
que les différents peuplements actuels sont le résultat de longues mutations.
Ainsi, les diverses nationalités résidant actuell~~t en Haute-Volta,
sont en grande majorité venues d'ailleurs, à la suite, d'une part, d'un
processus de glissement et, d'autre part, des guerres de conquête qui ont
eu peur effet, la constitution de grands empires tels que, ceux du Mossi
et du Gounru.
Mais, oarrre il s'en est dégagé pour les différentes stratifications
sociales, la colonisation, avec ses diverses formes d'exploitation, aura
contribué plus que n'importe quel autre facteur aux déplacements massifs
des voltaïques à l'étranger et dans les villes. Le travail forcé, le système
d'exploitation des grandes plantations de café et de cacao détenues par des
sociétés privées coloniales, les grands travaux d'infrastructure entrepris
(construction de route, de chemins de fer, de ports), par le colonisateur,
l'anbrigadenent forcé sous les drapeaux, principalement durant les deux
guerres rrcooiales, le systèrre de l'irrpôt forcé en Il'Onnaie métallique, les
rrctivations d'ordre éconanique enfin, ont entrainé une émigration massive
vers presque tous les pays de l'Afrique OCcidentale : Mali pour l'Office du
Niger, Sénégal pour l'année colol:iale, Côte de l'Or pour l'extraction miniè.re,
COte d'Ivoire pour les plantations et les ports.
Nous retiendrons seulement pour l'occasion, le llOuvement migratoire
en direction du Ghana et de la Côte d'Ivoire, e"
égard à leur ~leur.
-1) - L'émigration vers le Ghana
IRs 1919, les départs de voltaïques, particulièrement de ~bssis vers
la COte de l'Or, sont signalés par l'Administration française. Les causes
principales étaient la fuite pour échapper aux recrutements militaires
mais aussi à la famine de 1914. Un tel Il'Ouvement va s'accentuer du fait
de l'instauration par le décret du 22 octobre 1925 du travail forcé.

7B.
" ... les entreprises privées auront à peu près toute liberté IX'ur opérer
des prélèvanents de main-d'oeuvre en Afrique Noire" (1). Bien qu'il soit
impossible de donner des chiffres précis, notons cependant que, de sources
officielles britanniques évaluent en 1929, à plus de 60.000 le nombre de
voltaïques entrés en COte de l'Or en 1928 (2). En 1931, un autre document
britannique y dénanbre 287.483 imnigrés entre 1921 et 1931, sans qu'il soit
IX'ssible de déterminer la part d'émigrés voltaïques. Dans la seule année
de 1934, l'Administràtion britannique rapIX'rte que 34.400 voltaïques ont
pénétré au Ghana alors que ce territoire était en pleine crise éconanique.
Enfin, en 1937, le Consulat de France à Accra estime que le nanbre des
ressortissants des colonies françaises irmligrés dans ce pays se situe entre
80.000 et 100.000 personnes.
A la fin de la deuxième guerre rrondiale, on évaluait à 50.110 environ
le nanbre de ressortissants voltaïques installés en COte de l'Or.
(3)
~) - L'émigration vers la COte d'Ivoire
Alors que les rrouvements en direction de la COte de l'Or sont "volontaire~
(fuite IX'ur échapper aux travaux forcés), les déplacanents vers la COte
d'Ivoire vont revêtir un caractère contraignant. Petit à petit, ils prendront
le pas sur l'émigration vers la Côte de l'Or.
Traditionnellanent constitué en 1919 IX'ur servir de "réservoir de
main-d'oeuvre", la Haute-Volta est derr.eurée par excellence le chanp privilégié
de recrutanents forcés de main-d'oeuvre tant de la part de l'Administration
coloniale que de la part des compagnies privées détentrices de concessions
en COte d'Ivoire. En 1936, les exploi tations européennes dans ce pays
(1) Rayrrooo Deniel : "De la savane à la Ville" in collection "Tiers-r-Dnde
et Développement"
(2) A. Songre : "L'émigration massive des voltaïques
- Réalités et Effets"
(BIT)
(3) Enquête Dérrographique par sondage en République de Haute-Volta 1960-61
"Les Emigrations" - service de la Statistique et de la Mécanographie

79.
cœptaient environ 20. 000 travailleurs voltaïques, dont 50 % recrutés par
force, et les autres dits recrutenents "libres". En tout état de cause, cœme
le souligne Ambroise Songré,"leurs conditions étaient les mênes, celles du
semi-esc lavage" (1). Cela se traduira lorsque le travail forcé sera aboli,
tout au rroins théoriquement par une désertion IMssive des travailleurs des
chantiers et des plantations. Parq~lèlement, le nombre de travailleurs dits
"libres" s'accroît régulièrement, du fait de l'affux de soi
disant "volontaires"
contrai:".'::s ?'li l 'T'.êministration et la cr;efferie a1.:.:'§e objeçti'le du ?Qu'/oir
l=al à se rendre dans ce pays.
C'est surtout durant la seconde guerre rrondiale, rapp:Jrte AmJ:;roise
Songré, que le recrutauent p:Jur l'année vas s'intensifier (2).
.;mnées
Recrutés
"Vclontaires"
1940
6.228
3.021
1941
14.897
24.668
1942
36.300
70.860
1943
55.000
- - -
, 1') -.:
~
A la ~ époque est entreprise la colonisation des terres de l'Office
du Nige.:-, au Soudan (actuel ~1ali). A ce prcp:Js, Jea!1 Suret Canale donne
les informations suivantes : "La missicn Béline de 1919 à 1922 n'envisageait
pas rroins que la transplantation de 1,5 million de ~bssis à l'Office du Niger.
En 1937, on parlait d'en implanter 800.000. A la veille de la seconde guerre
rrondiale, des recrutements répétés n'avaient pennis d'en installer que 8.000 (3).
(1) Ambroise Songré
"L'émigration
IMssive des voltaïques
Réalités et
effets" - BIT
(2) Ambroise Songré
article paru et déjà cité
(3) J. Suret Canale
cité par Ambroise Songré

une telle situation va engendrer de profooos mécontenterœnts et, à
ce proFOs, une lettre datée du 24 avril 1940, et adressée par le Gouverneur
de la COte d'Ivoire à son supér ieur de Dakar, fait" allusion au mécontenterrent
suscité non seulement par les impôts excessifs qui ont pesé autrefois sur
la FOpulation voltaïque, mais aux recrutffiler1ts militaires intensifs effectués
en1917-1918, et à la culture obligatoire du coton, qui va jusqu'à provoquer
une disette en 1931-1932" (1). L'attitude des chefs de famille à l'égard de
l ' e:·;por ':3tian de la rrain-d' oeuvre en téc"TOigne de ce mécontentement (61, 7 '0
des chefs de famille désapprouvent l'exp:xtation)
(2). Auparavant, une lettre
du 2 aoJt 1932, relative à la division du pays, et adressée au Gouverneur
Général dans laquelle le Gouverneur de la Haute-Volta fait état du sentime.l1t
qui "dŒline dans la FOpulation indigène du M.::lssi, sentiment dont il y aura
lieu de tenir compte dans l'avenir et qui est fondé sur cette idée que le
MJssi est un peuple destiné à travailler au profit des autres sans eSFOir
de bénéfice proche au palpable" (3). "Sentiment qui se nourrit d'une double
appréhension, poursuit la lettre, à l'impopularité du chemin de fer
de Côte
d'Ivoire, effectué FOur le plus grand profit d' autres peuples, s'ajoute
"l'appréhension que, une fois rattachée à la Côte d'Ivoire, la FOPUlation
MJssi sera mise à contribution FOur le travail dans les exploitations
forestières, encore plus impopulaire que le travail du chemin de fer".
:..,' li1J1.2,"
l::l .. 6 "vOlt la suppression errecuve du travail forcé. Ce qtU
va pravc:quer, dans un premier tenps, la désertion des chantiers de Côte
d'Ivoire. En effet, dans une note du Gouverneur en date de Septembre de la
ITlÊroe année,
il fait savoir à son supérieur qu'aucun volontaire ne s'est
présenté, et que 275 rranoeuvres ont été réquisitionnés. Dès lors, les mouvement
migratoires vont se modifier profondément et prendront un caractère individuel
et SfOntané. Mais, les effectifs ne couvraient nullement les besoins de main-
d'oeuvre des sociétés de plantations, c'est FOurquai, en 1951, le syndicat
(1) Arch. CI., Dép. Mo. - dossier 21 et 22 - lettre en date du 10 juin 1941,
cité par R. Deniel in "De la savane à la Brousse"
(2) Cf. Tableau II : Attitude du chef de famille à l'égard de l'exportation
de la main-d'oeuvre (enquête démographique 1960-61 : Les émigrations)
(3) Arch. CI-XIII-49/360 - cité par R. Deniel - op. cité

81 .
Interprofessionnel pour l'AcheminEment de la Main-d'oeuvre (S. LA.M.C) ,
sera créé sous la direction de R. Desclercs. Cet organisme, subventionné
par le budget territorial, se charge de recruter en Haute-Volta des manoeuvres
destinés aux plantations.
Il ressort des rapports statistiques annuels, publiés par le Ministère
du Travail de la Haute-Volta, que le SIAM) a recruté et acheminé en Côte
d'Ivoire:
Années
Effectifs moyens
1952
39.000
1953/1959
20.000
(1)
Dès 1960, les activités du SIAMO seront interdites, et le 9 mars 1960,
W1e Convention est signée à Booo-Dioulasso entre la Côte d'Ivoire et la
Haute-Volta prévoyant l'acheminement de la main-d'oeuvre. Certes, par rapport
aux méthodes du SIAMO, il y a quelques garanties mais, depuis lors qu'en
est-il ?
1,) - De l'indépendance à nos jours
Depuü; l'indéperrlance, l'émigration voltaïque ne s'est pas forrlamentalanent
modifiée par rapport à l'histo~re récente. Seules, les raisons économiques
ont pris le pas sur les autres motifs d'émigration. En dehors d 'W1e infime
minorité de commerçants et d'intellectuels éparpillés à travers les autres
Etats Africains : Niger, M:lli, et récemnent au Gabon, la majo,.( té cœme par
le passé continue de se diriger vers le Ghana et la Côte d'Ivoire.
(1) Les 20.000 personnes représentent W1e moyenne annuelle

82.
En l'absence d'accords de ma.in-d' oeuvre entre les deux pays,
ainsi que de contrôle sérieux aux frontières, il est quasi difficile d'avancer
des chiffres. Le Ghana absorbe non seulement les migrants voltaïques faisant
partie des populations voisines, ma.is aussi des M:lssis. Par rapPJrt à la Côte
d'Ivoire, le rrouvanent est beaucoup rroins accentué, non seulement à cause
des disparités de zones m::métaires, ma.is surtout à cause du chemein de fer
qui joue en faveur de la Côte d'Ivoire.
Au recensement de 1960, les personnes nées à l'étranger représentaient
8 % de la PJPUlation ghanaéenne. Ainsi, sur 6.730.000 habitants, 538.000
personnes seraient d'origine étrangère. Parmi celles-ci, on comptait 194.500
voltaïqJes, soit 36 % de ces personnes.
(1)
Depuis lors, d'autres rrouvements se sont effectués et certains migrants
se sont installés définitivement. Ils travaillent soit dans les mines ou dans
les plantations, s'ils ne sont pas gardiens.
L'absence d'un véritable contrôle migratoire et la défectuosité
des techniques de quantification constituent des obstacles très sérieux quant
à l'évaluation statistique du phénanène. Quoi qu'il advienne, il est indéniable
que ce pays absorbe l'essentiel des migrants voltaïques. Plusieurs raisons
expliquent ce fait :
a - les effets de dérronstration quant aux "miracles ivoiriens",
b - le phénarène historique,
c - la stagnation éconanique de la Haute-Volta,
(1) Ambroise SOngré
doc. déjà cité

83.
d - la relative fertilité du sol ivoirien pour les cultures,
e - l'existence de la voie ferrée (R.A.N).
En effet, la Convention bilatérale du 9 mars 1960, dite Convention
relative aux conditions d'engagement et d'emploi des travailleurs voltaïques
en Côte d'Ivoire, traduit cette volonté des autorités lcx::ales à ne pas vouloir
freiner cet excd.e par un développement éconanique approprié. Selon cette
Convention, les migrants dont le contrat, renouvelable est établi pour six
rrois, voient garantis théoriquement, leur salaire, leur logement, et leur
nourriture, et l'Etat Voltaïque reçoit en retour des redevances des autorités
ivoiriennes. Redevances très modiques qui doivent couvrir les frais entraînés
par l'hébergement, l'entretien, les visites médicales et la vaccination des
"volontaires" dans les centres de nain-d' oeuvre. Cette Convention n'a jarrais
été correctement appliquée, car, non seulement les redevances n'ont jarrais
été versées, nais les rrouvements sont pratiquement incontrôlables.
Néanrroins, nalgré le caractère incertain du nanbre de travailleurs
voltaïques qui partent vers ce pays, on peut dresser les chiffres suivants
(I)
Années
Effectifs
1962
2.117
1968
5.783
1970
5.409
1971
4.747
Il faut souligner qu'il s'agit là de données enregistrées par le Service
de la Main-d'oeuvre, et CJUi sont très loin du chiffre effectif. D'ailleurs,
l'enquête déoographique de 1960-61, dressait le tableau suivant : (2)
(1) A. Songré : document déjà cité (B.I.T)
(2) voir page suivante

84.
Tableau nO 6
Enquête 1960-61 : Personnes absentes de leur domicile
(en pourcentage de la population)
Haute-Volta
Etranger
Résidence
Total
inconnue
Hœmes
5,4
6,2
0,2
Il ,8
Ferrmes
5,0
0,9
0,2
6,1
Total
10,4
7,1
0,4
17 ,9
Il faut souligner que cette enquête ne ccncerne par les deux principaux
centres urbains, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Cœme le fait ressortir le tableau, les déplacements internes et
externes de population représentent respectivement 10,4 et 7,1 % de P.
Si ces taux se sont maintenus, pour P = 5.697.206 en 1974, et si nous
considérons que les 0,4 % de résidence incoill1ue traduise~t le fait d'éléne~ts
égalerrent à l'étranger, i l se dégage que la migration à l'étranger que nous
appelons m sera :
e
m = 5.697.206 x 7,5 % = 427.290
e
tarrlis que les déplacements internes (m.) se rrontent
1.
m. = 5.697.206XII = 626.693
1.
Dans le tableau 7, les absents sont classés d' après la durée de leur
absence. Les absences de un rrois sont surtout les plus élevées en particulier
au niveau des ferrmes, alors que celles de 6/11 rrois, traduisent des effets
saisonniers, liés au caractère des cultures qui occupent le paysan de mai à
octobre.

85.
Tableau n° 7
Enquête 1960/61 : Personnes absentes de leur domicile
selon la durée de l'absence
(en pourcentage)
~ 1IIDis 1/5IIDis 6/11=iSI 1an 2/3 ans 4ans
Sexe
et plus
Hœmes
23,3
26,7
6,7
14,3
22,0
7,0
Ferrrnes
40,2
23,7
6,1
10,4
15,4
4,2
Enfin, i l apparaît selon le tableau 8 que les céliba.taires se déplacent
plus, et pour une durée plus longue, viennent ensuite les divorcés. C'est
surtout les polygames qui se déplacent peu, confi.~ffi'lI)t 1 'hypothèse suivant
laquelle IIDinS les charges de famille sont importantes, plus la propension
au déplacement est grande.

86.
Tableau nO 8
Personnes agées de plus de 14 ans absentes de leur danicile
par situation matrirroniale
(en pourcentage)
Sexe
Hœrnes
F61Illes
Situation
Total
Depuis +
Total
Depuis +
matrirroniale
de 6 rrois
6 rrois
Célibataires
~9,8
18,3
6,4
2,8
Veufs
6,6
2,9
6,3
2,1
Divorcés
17,2
7,3
2,7
0,7
Mariés
9,5
3,5
4,1
1,3
.rronogames
11,3
4,3
-
-
. polygames
5,8
1,9
-
-
Ensemble
16,4
8,6
5,9
1,9
Des travaux plus récents que l'enquête, et rapportés .par
A. Songré estimaient qu 1 en 1965, les voltaïques étaient au nanbre
de 300.000 (1).
(165.000 en milieu rural, le reste en milieu
urbain). Cette estimation concernait
uniquanent les migrants
qui avaient au rroins cinq ans de résidence. Ce qui pennet à
Songré d'évaluer le nanbre de la colonie voltaïque en Côte
d'Ivoire en 1965 à 500. 000 personnes, au minimum.
Finalarent, il est possible d' estimer que le flux actuel
des migrations saisonnières se situe entre 150.000 et 200.000
personnes par an. On peut par conséquent s'interroger sur les
véritables causes et les effets de cette émigration.
( 1) A. Songré
doc. paru et cité.

87.
PARAGRAPHE II
CAUSES El' EFFEl'S DE L'EMIGRATION
Deux causes peuvent caractériser l'ampleur de l'émigration
actuelle :
- le confinement du pays à la périphérie du développrent
d'une part,
- d'autre part, le sentiment général selon lequel l'émigration
est un mal nécessaire à l' heure actuelle et serait un facteur
positif de croissance économique sur le plan national et inter-régional.
1) - La stagnation de l'économie
Considéré(
~omme territoire non viable, le pays fut démantelé
en 1932 au profit de la Côte d'Ivoire, du Soudan (actuel Mali) et
du Niger, puis reconstitué en 1947 sous l'influence des diverses
pressions. C'est le type même du pays de l'intérieur qui n'a connu
aucune mise en valeur coloniale, par contre
riche en hœmes, la
Haute-Volta a fourni aux économies primaires des régions côtières
une bonne partie de leur _main-d'oeuvre et, il l'armée coloniale
l'essentiel de ses "tirailleurs" : En fait, i l est étonnant que la
main-d'oeuvre voltaïque soit hautement appréciée à l'extérieur
et que par contre leur pays soit arriéré. Résumant le résultat de
ses enquêtes, oeniel écrit à propos des MJssis que "leur m:x1estie -
leur ponctualité, leur ardeur. leur maniabilité sont vantées - ce
gui explique l'image largernent positive qu'ont de cette main-
d'oeuvre patrons et cadres" (1)
(1)
-
~. Deniel op déjà cité

Si la force de travail du MJssi a largerrent contribué à ce qu'il
est convenu d'appeler "le miracle ivoirien", la Haute-Volta,
elle, connaît le prix par la marginalisation de son économie de
subsistance et la satellisation de son économie urbaine.
2) - L'économie villageoise
L'économie voltaïque se caractérise par sa faible intégration
dans les circuits rrondiaux. Selon le Bilan établi pour l'année
1972, la PIB serait de 88.594 millions de F. dont 74 %, soit 65.896
millions provenaient de l'économie villageoise: agriculture
(24.947), élevage (9.472). Malgré la création des Organismes
Régionaux de Développanent et l'encadrerrent de certains paysans, la
prcxiuctivité reste limitée dans le t611pS et dans l'espace, car
le pays manque péricxiiquanent de denrées de première nécessité.
Entre 1954 et 1972, la part de la Valeur Ajoutée des activités
traditionnelles est passée de 84,8 % à 79 % de la Valeur Ajoutée
qlobale. Ceci rrontre le prcx)rès peu s2nsible et la quasi-stagnation
de l'économie.
3)
- Le secteur industriel
En 1964, la V.A. dans l'industrie était de 3.135 millions
de F., soit 5,3 % de la V.A. totale. Le Bâtiment et les T.P.
représentaient 3,2 % tandis que l'ensanble de l'industrie se
rrontai t à 422 millions soit 1,3 %.
Or, le secteur tertiaire contribue pour 10,4 % de la V.A.
avec le cœmerce qui intervient pour 3,3 %. Pour 1972, le secteur
industriel ne rentrait que pour 8,96 % de l' ensanble de la V.A.
alors que les services interviennent pour 12 %.

89.
Ainsi, la brièveté du cycle cultural qui réduit la population
paysanne au sous-emploi durant sept à huit mois de l'année,
le défaut d'encadrement moderne et efficace de cette population,
tout cela rend le travail agricole peu productif et par conséquent
peu rémunérateur aussi. D'OÙ, une faible prcgression de la
production du sectAur traditionnel et partant, la stagnation
du revenu par tête d'habitant estimé à 13.227 F. dans le secteur
rural (1).
Il s'en suit que la croissance du niveau de vie dans les
cèmpagnes étant pratiquement nulle sinon en régression, cœpte
tenu de l'effet de stagflation, une part relative de la population
active se trouve contrainte d'émigrer à la recherche d'une
activité plus rémunératrice.
Quant à l'éconanie urbaine, extravertie, sa part dans
la PI3 est très faible. Aussi, la plupart des industries qùi
s'installent n' anploient qu'une main-d 'oeuvre peu importante
du fait de la haute technicité des moyens de production. L'évolution
de l'emploi salarié au cours de la dernière décennie a été très
faible.
(1) Pro = 4.982.000
V.A. = 65.896
V.A.
13.227 F. en 1972
Pr.

90.
Tableau nO 9
Répartition des Emplois salariés
(1)
(2)
1961
1972
%
Secteur privé
12.517
15.606
9
Secteur public
14.900
19.653
13
Total
27.417
35.259
22
Soit entre 1961 et début 1972, une croissance rroyenne de
2,2 % pratiquement au même niveau que le taux de croissance
dérrographique. Ce phénomène est d'autant plus préoccupant que
le taux d' érœrgence de la jX)pulation jeune accédant à l'âge
de travailler (entre 20 et 24 ans) est très élevé (3).
znfin, l'accroissement des effectifs salariés aux trois
niveauxlprimaire, secondaire, et supérieur, accentue le malaise,
car la création d'emplois est loin de correSjX)ndre au "débit"
des établissements d'enseignement. A cet égard, parlant de l'ajustement
de la formation et de l'emploi, après avoir fait une distinction
entre la formation sanctionnée par un dipH'ine et spécifiquement
adopté à l'exercice d'une profession, le P.Q.D.E.S écrit qu'il
y a presque confusion de la part des élèves, des parents et
des enseignants eux-mêmes entre ces deux types de formation ••• ",
(1) "Les données actuelles de l'éconanie voltaïque" OCEAO n° 89
décEmbre 1961
(2) Nos estimations
(3) Cf. tableau n° 4
Structure de la Population par âge et par
c:~vc> pn lq74 rlns r"nrr"s llrhi'!ins sprnnnrlirps.

91 •
de façon magistrale, le Plan p::>ursuit en ces termes
"une seconde
confusion s'y ajoute: celle qui consiste à croire que la formation
s'aCXfUiert par le simple fait d'écouter pendant des heures,
des rrois, ou des années un enseignant, et à se souvenir de ce
qu 1 il a dit p::>ur tenir un errploi". C' est très éloquent, mais
malheureusement, l'enseignement actuel persiste dans cette voie
et à quoi bon faire un diagnostic du malade si on ne veut pas
lui donner les rroyens de se guérir. Les rédacteurs de ce Plan
concluent que cette conception de mandarinat, dont le seul but
est d'être doté d'un p::>ste budgétaire, c'est une "société i.rmPbile
dira-t-il qui se confine dans ses privilèges de castes ... ".
On carprend, dès lors le chânage aigu d'un si grarrl nanbre
de jeunes ayant reçu une instruction à tous les niveaux. Pour
échapper à cette situation, les jeunes vont vers les villes
où le plus souvent déçus par le manque de travail, ils viennent
grossir les rangs des rronoprü:-bigas (1), ou tout simplement certains
préfèrent prendre le chemin traditionnel de la Côte d' Ivoire
ou du Ghana. Ce qui remet en cause le contenu de l' enseignerent
et le système scolaire lui-même, tout en provoquant sur le plan
national une grave crise sociale et économique.
PARAGRAPHE III
LES EFFEl'S EX:DNCMIQUFS El' SCX::IAUX DE L'EMIGRATION
Ainsi, la végétation du sec~l1r traditionnel ajoutée au
blocage de l'économie urbaine extavertie sans toutefois sous
estimer les facteurs psychologiques tels que les effets de démonstration
(1) Cf.
notre analyse sur les stratifications sociales.

92.
la dot
excessive pour le mariage, l'inadaptation du système
d'enseignement sont autant de corrolaires de l'émigration massive
de la population active. Il irrporte de tenter pour ce faire,
d'évaluer objectivement les répercussions socio-éconaniques de ce
phénarène.
Came le fait ressortir très justement A. 50ngré : "On
serait tenté de présenter ces effets sous fonne de balance,
avec un solde bénéficiaire ou déficitaire. En réalité, pareille
entreprise apparaît vite malaisée, sinon irrpossible, étant donné
J
l'imprécision des données et l'existence d'éléments non quantifiables
touchant aux daœines psychologiques, sociologiques et physique".
(1)
~ous or ienterons nos recherches dans deux directions.
1) - Les effets PO,IT le pays d'accueil
Bien qu'il soit irrpossible dans l'état actuel des données
statistiques de pouvoir avancer des chiffres, la contribution du
migrant à la croissance des éconanies réceptrices est certaine.
Pour ce qui est de la COte d'Ivoire, Samir Amin écrit que "le
développaœnt de ce pays au cours des quinze dernières années
a été, et est encore presque exclusivement fondé sur le travail
de non Ivoiriens" (2). Dans les plantations, il ranarque que les
étrangers constituent au noins la Iroitié ou les deux tiers de
la rnain-d' oeuvre. Dans le lllÊ!œ sens, le Mémento de l' Econanie
Africaine (3), estime que dans le secteur rroderne, le pourcentage
d'Ivoiriens est de 47,5 et celui des autres Africains 46,6.
(1) A. 50ngré : dOC\\ID1ent paru et cité
(2)
Samil Amin : L'Afrique de l'Ouest bloquée" pp. 43/44
(3)
: Mérœnto de l'Econanie Africaine p. 95 (Paris, Fdiatric, 7 e édition

De façon générale, surtout pour ce qui est de la rnain~'oeuvre
voltaïque, le pays d'accueil ne supporte véritablerrent pas les
coûts sociaux de la formation des travailleurs, puisque la
plupart sont manoeuvres, gardiens ou ouvriers agricoles dans les
plantations. Cela revient à dire que la Haute-Volta qui exporte
sa fl'ain~'oeuvre a assuré en grande partie cette formation.
A ce sujet, R. Deniel dans son enquête parlant des Mossis écrit
que : "Leur continuel renouvellement, joint aux rrenaces de
chômage, ne dispose pas leurs employeurs à leur accorder des
salaires élevés, c'est une rnain~'œuvre éconanique".
Le tableau suivant pennet de voir à peu près le niveau des
salaires.
Tableau n O 10
Répartition de l'échantillon selon le salaire mensuel
(en ~ après pondération)
Salaires (F. CFA)
%
Moins de 5.000
5
5.000 /
9.999
33
10.000 / 12.999
39
13.000 / 15.999
10
16.000 / 18.999
5
19.000/21.999
3
22.000/24.999
25.000 / 39.999
2
40.000 et Plus
3
'IDI'AL
100
Source
R. Deniel
De la Savane à la Ville

94.
Il ressort du tableau que, sur les sujets enquêtés et
deœurant à Abidjan, 87 % d'entre eux toucha.ii2l't rroins de 16.000 F.
en 1966, ce qui explique bien que la majorité de ces migrants sont
sous-payés. Dans les plantations, les plus-values tirées sur
cette main-d'oeuvre sont encore beaucoup plus élevées puisque
selon une étude de la Banque Africaine de Développement (B.A.D.)
: "Le manoeuvre recevant une rémunération de 60 à 80 cents par jour,
le planteur réalise par journée de travail un profit net de
1,2 à 2,3 dollars" (1). Ainsi, pour un effectif de 100.000
manoeuvres voltaïques en 1974 travaillant 275 journées dans
l'année, les planteurs ivoiriens réalisent un gain net de 8,2
milliards à 15,7 milliards de F. CFA. Ces quelques indications
permettent d'entrevoir l'étendue des avantages que les bénéficiaires
de cette main-d' ouevre peuvent retirer. Cependant, il Y a des coûts
sociaux également pour le pays, notanrnent en matière d'urbanisation.
Abidjan, que nous avons pu visiter, pose ce problème en particulier
dans certains quartiers tels que Adjarné, Treichville ou Marcori.
Cette forte concentration accentue aussi le nanbre de châneurs
et la délin~J~ce juvénile.
2) - Les effets pour la Haute-Volta
Ces effets peuvent se voir d'un double point de vue, soit
micro-éconanique soit macro-éconanique :
Poussé par des rrotifs éconaniques et parfois par des
pressions familiales, le migrant fait un calcul de rentabilité.

95.
Les profits escarptés sont essentiellement d'ordre pécuru.aue.
En effet, les revenus monétaires résultant de son activité
salariée lui permettent d'une part-de satisfaire temporairement
à ses propres besoins éconaniques et sociaux, de payer la dot
pour son mariage i et, d'autre part, de venir en aide à sa famille
restée au pays, notamment en matière d'impôts. Un des graves
inconvénients est qu'avec des salaires dérisoires et ne bénéficiant
pas d'un régime de sécurité sociale, la plupart de Cf!F travailleurs
retournent au village souvent atteint de trypanosomiase ou de folie,
en l'occurence, ceux qui sont dans les plantations.
Aucune méthooe d' évaluation sérieUse ne pennet de
connaître avec certitude les transferts monétaires qui peuvent être
attribuables aux nùgrants voltaîques en l'absence d'une application
stricte de l'Article 13 de la Convention du 9 mars 1960 qui
stipule que "sur la demande du travailleur, fonnulée lors de
la signature de son contrat, une partie de son salaire s'élevant
à 1.000 (nùlle) francs par mois sera versée mensuellement par
l'E!llployeur à un livret de la Caisse d' Epargne de la République
de Haute-Volta ouvert à son nan. L'office de la main-d'oeuvre
de la République de Haute-Volta assurera le contrôle de la
régularité des versanents".
Pour les fonds provenant du Ghana, les évaluations deneurent
encore plus incertaines. Néamoins pour ce qui est de la Côte
d'Ivoire, selon une étude de la OCFAO, la balance des canptes de
la Haute-Volta a. enregistré au cours de ces dernières années
des soldes qui, si l'on vérifie la circulation des billets émis
par les divers Etats, ne s'expliquent
pas.

96.
Il s'agissait, en 1968 de 3,2 milliards de francs CFA, de 3,9
en 1969 et de 5 milliards en 1970. D'après la BCEAO, ces soldes
corres~ndraientcertainement aux transferts réalisés par les
migrants. L' hypothèse est-elle vraisemblable ? La question reste
posée en l'absence de toute étude précise. Quoi qu'il en soit,
ce qui est sûr, c'est que les transferts ne sont pas négligeables.
Comme pour le pays d'accueil, aux côtés ~sitifs répondent
des aspects négatifs pour le pays d'origine:
- les transferts rronétaires aggravent l'inflation et la
hausse des prix dans le pays, dans la mesure où ils ne correspondent
pas à une création de biens,
- l'introduction par les migrants de nouvelles rœntalités
qui ne sont pas a priori constructives : rœntalité de consœmateur
de produits de luxe, aggravation de la délinquance, développement
des effets d'imitation,
- le manque à gagner résultant pour le pays de l'absence
d'une fraction importante de sa population active,
- la fonnation acquise par le migrant ne trouve pas toujours
son application une fois de retour,
- certains migrants dont la "qualification professionnelle"
s'est dégradée viennent grossir le rang des rronoprix-bigas.

97.
PARAGRAPHE Dl
VOIES El' ORIlliI'ATION DE RECHEICHE
L'émigration, signe etc:onséql.1ence de crise sociale, est de
plus en plus perçue ccmne un mal profond, portant tort à la
Haute-Volta à cause de son ampleur et des sujets qu'elle affecte
et du faible profit que le pays en tire. Ceci replace au centre
du débat le problème même du rôle de la variable population dans
le développerrent. C' est-à-dire, quelles sont les voies et quels
sont les rroyens qui pennettraient, d'une part-de la rendre plus
rentable, et d'autre part, d'utiliser rationnellement la force
de travail de cette main-d'oeuvre au sein du pays.
Le schéma suivant appelé "Système Bachue 1", va nous
permettre de voir les différentes intéractions entre les trois
Sous-Systèmes démographie, éducation et économie dont nous avons
précédemment analysés.
Il faut dire tout d' al:ord que notre intention est beaucoup
plus de mettre en relief le caractère de totalité systématique
qui existe entre la population, l'économie et l'éducation.
Il ressort du modèle Bachue l constitué par les experts du
B.I.T. pour étudier le niveau d'emploi dans les pays sous-développés,
qu'il est encore en état de constitution et que nêœ tenniné il ne
peut être transposé de façon rrécanique à n'importe quel pays. C'est
pourquoi, nous avons plus ou rroins simplifié le modèle en fonction
de la spécificité voltaïque

98.
Contrairanent à la plupart des m:x1èles qui se contentaient
d'agrégats tels que la "population" de la Canptabilité Nationale", etc ...
Ici, au contraire, la population se répartit par âge, le sexe,
mais aussi par le lieu de résidence (urbaine ou rurale), phénomène
très important, vu que nous avons mis l'accent sur ce phénanène
migratoire et-enfin le niveau d'instruction. De même, les activités
économiques doivent être classées par secteur, ce qui permet grâce
à la construction d' une matrice intersectorielle, de calculer
la prcxiuction et la Valeur Ajoutée (V.A.).
Deuxièmement, le dualisme éconanique étant une des caractéristiques
des éconanies agricoles, on a incorporé les activités m:x1ernes
et les activités traditionnelles dans un Il\\ÊIDe système économique
d'une part, et essayé de déterminer carment évoluera la répartition
des revenus d'autre part.
Enfin, en troisième lieu, le système permet d'expliquer un
grand nombre de variables : taux des migrations de la campagne vers
la ville, l'accroissement de la prcxiuctivité et la variation de
la demarrle finale, constituent autant de variables errlogènes
qui réagissent à l'évolution dynamique du système.
Pour notre part, nous laisserons de côte toute l'approche
mathématique car, non seulement nous n'avons pas les noyens de
simuler le m:x1èle, mai aussi, les données disponibles
prêtent
à discussion. Tel n'est pas d'ailleurs notre objectif qui vise
beaucoup plus à un résumé de notre analyse délro-éconanique, qu' à
faire des m:x1èles sophistiqués encore en expérimentation.

PRINCIPAUX CIRCUITS DE RETROl\\CI ION
~
r-------------------------------------------------------------,
Sous-système démographique
'
Taux d'activité
Variables
de la main-d'oeuvre
liées à l'éducation
, -
.. , .......
" '" ,
,
, ,
"
, ', ', ,
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Population classée par
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Consommation
âge,
sexe,
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privée
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1
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Sous-système éducatif
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Variables
Nombre d'enfants
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souhaité et
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Productivité
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Population classée
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niveau d'instruction
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Emploi dans
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1
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les secteurs
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\\
,
modernes
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\\
1
Tendances
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(
Taux d'inscription
Variables
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liées
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1
1
Emploi dans
1
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1
,
\\
1
les secteurs
<------y
,- ... - -
-.- - --- - ----_._--
traditionnels
.

1 CX).
Il en résulte dès ce rraœnt, que notre étude du phénanène
migratoire s'inscrit bien dans le cadre global des llOuvenents de
populations, ce qui impose la tâche de définir la nature et les
conditions d'une stratégie du développement, élaborée en fonction
de la rreilleure distribution possible de cette population entre
les différents secteurs. les différentes régions. Pour cela il faut
- étudier les transformations éconaniques et sociales attendues
des mutations de populations tant interne qu'externe,
- définir quelle répartition de la population est souhaitable
pour opérer les transformations recherchées.
En fait, canne le souligne G. Blardone : "L'éconanie
n'existe pas par elle même et en elle même, mais s'insère dans
l'ensemble du canportenent humain et c'est en définitive de
ce comportement collectif des hommes que dépend le succès ou
l'échec de l' éconanie" (1)
A travers l'approche déllO-éconanique i l est ressorti que
le cours évolutif des peuples au milieu de la boucle du Niger
a été interranpu et qu'aux anciennes formations se sont greffées
de nouvelles formations entraînant par là--rrême une marginalisation
d'une grande partie de la population et une stagnation de l'éconanie
dont le résultat est l'émigration massive vers les pays voisins.
(1) G. Blardone
op. déjà cité

101 •
Le phénomène de la famille nombreuse, donc de la fécondité
élevée ne peut être compris qu'en replaçant tous les éléments
subjectifs et objectifs dans leur IT'atrice lo;rico-culturelle :
- les enfants représentent un atout éconanique pour le paysan,
- ils assument dès leur jeune âge une partie du travail,
- ils contribuent par leur nombre au prestige des parents. car,
carme le soulignait Michel Chevalier: "Le pauvre n'a sur terre
d'autre jouissance que son amour pour sa femme et sa tendresse
pour les siens. Les consolations de la famille adoucissent pour
lui, les angoisses
de sa position précaire et l'élèvent au
niveau du riche. Et où en serait l'ordre public, Grand Dieu, si
le pauvre n'avait pas de famille" (1).
Pour le p'-"-ysan ':oltaS::que, lcngtErups n-üné par la royauté et
l'esclavage à l'époque pré-coloniale, pillé et contraint aux
travaux forcés au conT sde la phase coloniale, appauvri
par les
impôts et les taxes de toutes sortes à la phase actuelle, il ne
lui reste plus qu'une seule consolation, celle de sa famille.
Lorsque nous analysons les résultats de l'enquête dérrographique
de 1960/61, nous voyons que le taux de IIDrtalité est plus élevé
chez la paysannerie où chez les ouvriers que chez la bourgeoisie
politico-bureaucratique qui dispose de hauts· revenus pour se
faire véhiculer à la clinique de Passy.
(1) Michel Chevalier cité par Bourcier de carbon dans son cours de
"DémJgraphie Econanique"

Egalement, le taux d'inscription, de succès ou de défection aura
pour répondant la répartition des revenus, car s'il y a concentration
de revenus tel que c'est le cas, une majorité de la population
ne pourra pas envoyer les enfants à l'école, mêrœ panni les
enfants de conditions rocxl.estes qui iront, avec le régime d'externat;
leurs succès aux examens seront extrÊmeT\\ent faibles. Quant à la
V.A., on voit cœment elle va agir respectivement sur la danande;
mais, pour mieux carprendre son importance, il convient qu 1 on
puisse analyser les inter~elations sectorielles.

103 .
SOU S - PAR T 1 E II
LES S TRU CT URE S SEC T n RIE L LES
-=-=-=-=-=-~-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
L'éconOlÙe de la Haute-Volta came la plupart des
pays agricoles frappe par son hétérogé ~éi té.. Cœme le
souligne le professeur RUDIDFF "il est ~)lus facile de passer
d'une ville africaine ou malgache à une ville d'Europe
surtcut des côtes méditerranéennes, que de passer de la
brousse à une ville africaine située à seulaœnt 15 ou 20
kilanètres" (1). Noos ajouterons qu 1 il est encore souvent
plus dooloureux de passer d'un quartier à un autre quartier
de ces villes. Ces quelques quartiers de OUagadougou telles
que la "Rotome" ou la "Zone du Bois" sont des îlots de
richesse, de luxe de confort, de bien-être, de culture, de vie
agréable e~ facile; la brousse et la plupart des quartiers
de la cité (Zogna appelé Hong-Kong), semblent persister
dans leur misère, leur inertie, leur délaissement. Un abîme
sépare de plus en plus, l'économie villageoise de campagne
de l' éconanie urbaine, dans l'une semble se dégager, la pré-
èOTun2~ce des forces de l'inertie sociale, tanàis que dans l'autre
un relatif dynamisme mercantile apparaît. Certes, il existe
une ligne de démarcation entre la ville et la campagne; mais les
deux renferrrent désormais des forces novatrices.
De façon générale,
en Haute-Volta,
se juxtaposent
sans s'interpénétrer deux secteurs économiques:
le
secteu~ ~'p~nnnmie villageoise,
le secteur
urbain
extraverti
.
Il
Ce~ secteu-~,
notait
F. Perr<X1X, sont juxtap:'S€,;;
et non int.imanent liés les uns
aux autres, parce que les organes et les liaisions qui trans-
mettraient dans l'ensemble de l'éconOlÙe une impulsion
reçue en un point n'existent pas; les transmissions mécaniques
par les prix et les flux rronétaires f.Dnt défaut cu sont extrê-
.
manent imparfaits; les pôles et les réseaux de transport
matériel sont rudiaœntaires, comme le sont les réseaux de
crédit" .
(1) M. Rudloff "EconOlÙe Politique du Tiers-MJnde p.316

1 O~.
Ce sont deux secteurs aux univers éconaniques différents.
A regarder de plus près, on r"!connaît certaines liaisons
cependant entre ces deux univers : liaison asymétrique
et d'exploitation entre secteur rural et secteur trafiquant
et collecteur, lui-même lié à l'étranger.
Sonœ toote, bien que ces renarques soient justes,
il devient désormais possible de relever la formation'd'une
structure "trialiste" dans le pays.
1) - Le secteur d'éconanie villageoise
Tout en s' oovrant progressiverrent à l'échange monétaire
et au paiementfiscal, il demeure encore replié sur lui-même.
DepJis 1969, i l n'a bénéficié que de peu de progrès, sinon un
alourdissement des charges fiscales et une double pression
de la part de la bourgeoisie politioo-bureaucratique, de la
chefferie traditionnelle et des rraisons de traite.
Cœrne nous l'avons dégagé plus haut, ce secteur cesse
d'être véritablement homogène: depuis le paysan de Houndé,
cultivateur de coton jusqu'au cultivateur du Gomma en passant
par la masse croissante des ouvriers agricoles de Banfora,
aux salariés agricoles saisonniers de Fada N'Gomma. Des gé-
nérations anciennes, plus traditioJ1Tl.$3.l i s te s se heurtent aux
émigrants revenus de la Côt~'Ivoire ou du Ghana, quelque-
fois plus dynamiques et plus ooverts au changement.
Dans l'ensemble, le paysannat manifeste une méfiance
,
certaine vis 61 vis du milieu
urbain.

105.
2) - Le secteur éconanique urbain
Il est constitué en grande majorité de firmes étrangères
polarisées dans le ccmrerce et quelques industries; et d'un
noyau d'autochtones dans les activités artisanales urbaines.
Dans ce secteur, l' hClTlCXJ'éinité n'est pas non plus Ai
évidente que ça, car, d'un côté on trouve les finnes étrangères
dont la puissance éconanique et le regain de vitalité
se
trouvent renforcées par un Code d' Inves-tissement très libéral}'
de l'autre, des sociétés d' éconanie mixte dont les statuts
ne sont pas d' une exerrplaire clarté et qui cœ1binent le
capital étranger (public et privé) à quelques financiers con-
pradores. <)Jant aux sociétés d' import-export , survivance de
l'époque coloniale, elles demeurent des enclaves étrangères
dans un pays qu'elles considèrent cœme chasse-gardée. Outre
les activités artisanales modernes, ce secteur capitaliste
cernprend également les banques dont l'esprit rrercantile de-
rreure la base de leur présence sur le territoire.
3) - L'administration pléthorique
Elle marque là-mène, l' héritage de l'époque passée.
C'est le secteur ou petite bourgeoisie",,: h"""':qeoisie politico-burea
cratique se côtoient, mais c'est aussi le lieu où les paysans
et les ouvriers versent leurs i.rrpôts sans pratiquaœnt rien
recevoir en retour. Deplis ces quelques dernières années
elle essaie de faire un effort notanment en prenant des
participations dans certains secteurs -i., l'activit~ économique.
Il en résulte que trois secteurs coexistent ~~js dont
les inter~relations et les ipteractions ne p~uvent trouver
leur juste réponse qu'à travers une analyse de chacun de
ces trois.
.,

106.
CHAPITRE l
LA SI'IUATION DU SH:TEUR RUPAL
L'économie villageoise d'aujourd'hui s'apparente encore
dans sa grande majorité à ce qu'elle était il Y a de cela
trois quarts de siècles. Néanmoins, elle se trouve de plus
en plus ébranlée et d'anciennes structures "sécuri 3antes"
s' écroolent;
de noovelles émergent quoique lentement.
La société villageoise, se troove dans cette phase transi-
toire, toute chargée encore de contraintes et de tares du
passé.
Dès lors, quels sont les traits qui peuvent caractéri-
ser, sur le plan éconamique du rroins cette société villageoise.
SH:TION l - LA srRu:TURE SCCIALE RI' LES METHODES CUL'IURALES
Dans la plupart des sociétés que nous avons étudiées, la
structure sociale demeure soliderrent organisée et hiérarchisée.
r-Ialgré le phénanène colonial, le village voltaïque donne encore
l'aspect d'une cœmunauté parentale au sens très large, un lignage
avec ses ramifications. Chez les Go..Jrmantchés, le plus ancien du
lignage paternel incarne cette rrosaïque : il assure la liaison
avec les ancêtres, il veille maintenant certes, avec peine
au respect'des coutumes. Dans les villages lointains,le fOuvoir
de décision économique lui revient: division du travail, répar-
tition des récoltes, initiation des enfants etc.

107.
On ne peut COllPrendre cela qu'en replaçant l'image
du villageois, de la nalure et du roonde qui l'enta.rrent.
Cette nature,a1l.higüe est richesse nais aussi elle est
d1.argée de mystère et de puissance. L'univers alors, serrble
être un phénanène bi en réglé auquel l' hœrre n'a pas ure
totale emprise. Sœrre toute, traditions, coot:uInes, règles,
praverbes transmis de génération en génération depuis des
millénaires, tanoignent de cela. Il se dégage que cet en-
vir011IlEffient sœiol(XJique, dont le cours évolutif a été interranpu
en 1985 sera favorable au maintien d'une "ted1.nol(XJie an-
cestrale" et du cycle traditionnel des cultures.
PARAGRAPHE l
LES HETHODES QJLTURAIES
La prc:priété est ure sorte de minifundium où le paysan
avec les que lques rrembres de sa fami Ile essaient d'arracher à
la terre ingrate ses moyens de subsistance. Il faut dire qu 1 au
ca.rrs des trois périodes, la fonne de prc:priété de la terre
n'a pas fondanentalement variée. Selon les régions, il existe
eu non un chef de terres, notarrment dans le Plateau mossi,
tandis que d1.ez les ljooImantd1.és, la terre revient au premier
œeupant et se tran.srret de père en fils.
La superficie du charrp peut être évaluée à quatre hec-
tares en moyenne pour trois personnes. Ce qui fai t ressortir
que dans un univers éconanique quasi-stable et stationnaire, les
forces prcductives sont derœurées rud.in'entaires. Ellesse CClT1jJOSent
encore aujourd'hui de la daba, le coupe-coupe et la had1.e de
fabrication artisanale (forgeron). Bien que certaires régions,
tels que le sud-est et le nord-est soient égalerœnt d'élevage,
la culture attelée y est peut utilisée.

108.
Tcut au plus, l'unique innovation est l '.utilisation
d'insecticides, en particulier daJ'lS les zoo.es encadrées
par les G.R.D. et la C.F.D.T. Dans ces Irêres zones quel-
ques paysans regroupés en coopérative disposent de matériel
:1
plus eu moins mcrlerne telle que la charrlle. I l ressort que
1
dans leur majorité, les paysans utilisent encore les ins-
1
1
1
truments les plus rudimentaires.
J
Un des effets les plus désastreux de l"utilisation
de ces techniques est le recours aux cultures sur brûlis
qui causent la destruction des arbres et de la faune.
Bien que la monnaie métallique tente de s' impcser,
dévelawant de surcroît un esprit rrercantile et individua-
liste, les principales cultures restent au stade d'une moindre
rentabili té et sont très peu variées.
PARAGRAPHE II
LES PRIOCIPAIES aJL'IURES
L'insularité de l'éconanie vi llageoise se présente à la
fois carrre un fait dé'nographique et ccnrne un phénarène éconanique.
D'antan,nous avons souligné la grarrle dispersion des homes, en
particulier les royaunes du GouI:na sur des grands espaces géo-
graphiques; un certain équilibre éconanique a SU être maintenu
au niveau de Ces villages. Par ailleurs, après 1895, le rôle
qui a été assigné ~ la Haute-Volta était de fournir des bras,
ce qui fai t que l'articulation entre réseaux de pistes étai t
pratiqu~t inexistante jusqu'à la mise en place du premier plan
cadre du pays.

109.
Malgré cela, durant les longs rrois de pluies, les pistes
de brousse, de nanbreux tronçrns de routes dites nationales
sont irTpraticables. Des villages entiers se refennent dans
leur isolerrent avec les centres urbains et avec d' autres
villages.
Ainsi, s' explique l' écononie villageoise. Le paysan
assure une production minimale qui permet de satisfaire ses
besoins et de payer ses irTpôts. Le reste de l'année; i l
reconstrui t ses cases, confectionne des nattes ou d'autres
élérents canplémentaires pouvant lui apporter quelques
ressources. Les mcutons et la volaille crnstib.1ent une
épargre et un prestige social. En pays gourmantché, le pay-
san pratique SUrteut l.a culb.1re du mil et du sorgho - les
autres cultures vivrières tel que le maïs cultivé en général
auteur de la concession sont un cœplérrent parr la seudure.
Cependant, i l apparaît de plus en plus un dévelc:pperœnt
des cultures d'exportation surteut dans les régions de l 'Q.lest
et dans la vallée de la Bougouriba.
1)
- Les cultures vivrières
Elles occupent acb.1ellerrent près des 9/10 des superficies
soit environ 5 millions d'hectares (1). Ce sont surtwt des
céréales, mil, sorgho, maIs, ra.z. Des plantes à tubercules:
ignarres, taros, patates, haricots et pois de terre qui complètent
la nourriture du paysan.
Ü) "L'éconanie Voltaïque" Edifice 1971.

110.
L' dJjectif fixé par le 1er plan-ea1re, était
le dOùblerœnt en 15 ans de la prcx:lucticn céréalière
en vue de satisfaire les besoins d'une pcpulation
dont le taux de croissance est de l'ordre de 2 % par
an. Avec la créaticn des Offioes Régionaux de Dévelcp-
perœnt (ORO) et l'encadrerœnt des chinois dans oertaines
régions, quelques paysans ont pl apprendre à traiter les
cultures par insecticides et à apprécier les serœnoes
améliorées de sorgho obtenues gr~oe au coocrurs de
l'Institut de Recherd1es Agronaniques Trcpicales (IRAT)
Un rreilleur outillage lui a été égalerœnt irrliqué sans
tootefois lui: lcnner les moyens de se le procurer et
de pruvoir l'entretenir. La création de l'Offioe Nationale
des Céréal~s (OFNACER) dont le but est d'assurer la con-
rrercialisation des produits ne semble guère avoir donné
les effets escorrptés, puisque finalerrent le monopole a été
redonnÉ
aux camerçants spéculateurs.
En dépit des conditions climatiques très défavorables
et des instruments rudirrentaires dont ils dispcse, le pay-
san a pe....rmis grâce à son labeu:::- ct' obtenir au cpurs des
dernières célTIpagnes les résultats suivants (voir tableau ci-
après) .

111 •
TABLEAU nO 11
EVOLUTION DE LA PRODUCTION CEREALIERE
...
Production en tonnes
ANNEES
Mil-sorgho
Riz décortiqué
Maïs
- -
1967
880.000
28.000
64.000
1968
860.000
29.000
66.000
1969
925.000
31.000
69.)00
1970
830.000
36.000
72.000
1971
880.000
38.000
75.000
1972
759.000
30.000
38.000
rroyenne
856.000
32.000
64.000

112 •
Ces fluctuations sont dues en grarrle partie aux
effets de la sécheresse dont les points culminants ont
été marqués par les années 1972 et 1973. Le riz en dehors
de l' amée 1972, a subi très peu de fluctuati01s, on notait
même par ailleurs un accroissement depuis 1967; son prix
de vente élevé sur le marché local lui vaut un succès au-
près des cultivateUrs. Les actions de dénonstratims rre-
nées par la Mission Chinoise, la création de périnètres
arœnagées 7les rœthodes modernes de techniques culb.lrales,
perrrettant deux récoltes par an et un renderrent de près
de 900 kilogrammes à l'hectare,les aménagements hydrau-
liques (plaines de Bculbi, de Dakiri et vallée du Sourou)·
qui rrettent la riziculture à l'abri de la sécheresse ont
séduit les paysans. Par contre, la progression de mais est
très rrcdeste et la baisse a été très sensible au ceurs de
la dernière année.
Les cultures maraichtt res et frui tières prospèrent le
long des cours d'eau et autour des villes durant la saison
sèche 1 de novembre à avri 1. les oicmons, chaux 1 salade,
por.me de terre, tanate, sont surtout livr~s à la cons:rrnation
intérieure
des urbains de ~ qu'au Ghana et à la Côte
d'Ivoire. le haricot vert est réputé sur le marché français
(ISO tormes en 1972)
(1), tandis que l'ignarre, gœbos, mangues
cherchent des déba.lchés. Cette activi té est assumée par
l'Union Voltaïque des Coopératives Agricoles et Maraîchères
(UVCCAM) dont le rôle est de carmercialiser les prcduits en
rrêrre tanps, qu'elle apprOlTisionne les producteurs en serreoce,
engrais, insecticides.
(l)
- P60ES oP ci té 77

Dans l'imnédiat, tootes ces pra:luetiens n'arrivent
pas encore à satisfaire pleinarent la conscmnation
locale, p.lisque la quantité de mi I-sorgho disponible
par personne était de 187 kg en 1968, et 173 kg en 1970
tandis c]ue l'ê:Juipanent des cultivateurs n'étaient que
de 13.400 houes-charrues, 5.200 charettes et 7.600 Pllvé-
risateurs sur l'ensemble du territoire en 1972 (2);
2) - Estimation du revenu agricole selon nos en-
quêtes à Diapangou en 1974
La superficie d'un chanp cultivé par trois personnes
est de 4 hectares. Le matériel utilisé est essentiellement
la daba dent le fer ca.îte 150 Frs amortissable en deux ans
et le manche de bois 25 frs amortissable en un an. En éva-
luant l'ensanble des calebasses utilisées à 3 au prix de
75 frs. arrortissable en une année, on a 225 Frs.
Les S6lÙ.S et resemis prennent 2 tines peur le charrp
à raison de 365 Frs l'unité soit 730 frs.
(2) - PQDESo~ cité 77.

11'-1,
3 dabas (75F. + 25F. x 3
300 F.
3 calebasses (75F. ~ 3 )
225 F.
2 tines
de sEmis (365F. '1. 2)
730 F.
prix matériel
1,.225 F.
La durée moyenne du travail étant de 8 heures par jrur
pendant 60 jours. Si nCUs indexons L'heure de travail au EMAG
des oovriers agricoles de Banforah, soit 32,50 F. on aura:
(32,50 x 8 x 60) = 15.600 F. par personne et pour les trois
personnes: 46.800 ~.
P.R. total = 1.225 F. + 46.800 F. = 48.055 F.
Les 4 ha dorment en moyenne 24 tormes de petit mil
et 1 tonne de haricot. Or, la torme de mil vaut 6 tines entraî-
nant que l'on a à la récolte 24 x 6 = 144 tines pour le petit
mil et 6 tines pour le haricot.
mil : 365 F, x 144 = 52.560 F.
haricot: 250 F. x 6 =1.500 F.
prix dl achat :
54.060 F.
c)
-
Marges Commerciales nettes
. P.R. - P,A = 50 060 F -
48 055 F = 6 005 F.

11 5.
Il ressort que finalement la marge eamrnerciale
nette par personne est de 2.002 F.
Il se dégage un résultat extrêrrement faible face
aux efforts fournis, confinnant l'absence de prcrluc-
tivité dans ce secteur. C'est pcw:quoi, parr se procurer
des ressarrces monétaires supplérrentaires afin de pcuvoir
faire face à leurs dépenses carrantes, beaucœp de paysans,
en l' oa::urence ceux de Ha.mdé, Borano, Solenzo et Déda.r
gOJ s'orientent de plus en plus avec la politique d' in:i ta-
tion du galVernanent et des organisrres d'encérlranent
(CFI:Yl' et ORO) 9ans les cultures de rente.
3) - les cultllres de rente
les cultures d'exportation ne sont guère que des cul-
tures vivrières dont les surplus sont ccmrercialisées
arachide, sésame, karité. le coton, qui constitlle une
exception, prend une importance croissante dans l'éconanie
monétaire du pays. Bien que pratiquée
de longue date
cette cultllre n r a pris son plein développement qu'à partir
de 1950 avec 1 r installation de la Canpagnie Française peur
le Développerrent Textile (CFDT), et l' intrcrluction des varié-
tés "Allen". De 123 tonnes cerrmercialisées en 1951-1952, la
prcrluction est passée à 2.885 tonnes ccmnercialisées à la
veille de l'indépendance (1958-1959)
(1), pour atteindre 32.000
tonnes en 1972-1973 (2). En 1970 il représentait 31 % (3)
des exportations contre 4 % en 1962 (4).
1 - Conjoncture Ouest Africaine : L'économie Voltaïque
1964-65 : BCEAO nO 117 Avril 1965
2 - Marchès Tropicaux
3 -
PQDES op et cité p.
60
4 -
"Haute-Volta 1971-72" Mars 1973.
5 -
PQDES op. cité p.
6 -
idem
7 - cf. Tableau nO"~

~ab
AGRICULTURE
leau N° 12
PRODUITS CO~WERCIALISES
'r"
'r"
(commercialisation officielle)
1962/63
1963/64
1964/65
1965/66
1966/67
1967/68
1968/69
1969/70
1970/71
1971/72
1972/73
1 - Tonnages commer-
cialisés
- arachides décorti
5.693
5.504
5.595
8.372
10.879
9.752
10.333
7.804
10.031
9.565
15.922
quées
- amandes de karité
497
15.154
1.501
18.658
91
20.819
15.302
19.784
13.407
15.804
4.875
- sésame
1.950
2.263
2.417
1.659
2.635
2.897
3.549
5.288
3.449
3.501
4.589
- coton
6.621
8.048
8.787
7.463
16.297
17.274
32.028
.36.248
23.484
28. J 26
32.574
===================== ========= ========== ==========, ========, ========== ========, ========, ========== ========= b======== 1==========
2 - Prix producteurs
(F CFA/kg)
- arachides coques
17
17
16
16
16
16
15,4
15
15
13/16
décortiquées
27,5
26,7
26,7
26,7
26,7
25,7
25,7
25,7
25,7 24/27
- amandes de karité
·..
7
7
7
7
7
7
7
7
7
- sésame
...
26,5
26,7
26,7
26,7
26,7
26,7
26;7
26,7 25/28
(1er choix
·..
34
34
34
34
34
32
32
32
32
~ coton (2ème choix)
·..
30
30
30
30
30
28
28
28
28
=====================1=========1==========1===========1========= b=========1=========1=========1==========1=========1=========1===========
3 - Revenus courants
des producteurs
(mi llions F CFA)
·..
583
513
637
882
1 .0!+8
1 .448
1.589
1 .150
...

117.
L'introduction de techniques m:x:lernes : serœnces
désinfectées, variétés sélectionnées, semis en ligne,
pennettent d'atteindre une tonne par hectare. Les efforts
pour le développement de cette allture sont orientés en
partiOllier sur les ORD de la Volta Noire, du centre-{)uest
et des Hauts-Bassins. Le crut de l' cpération est évalué
à quelques 2.500 millions de CFA qui sera assuré par
l'AID-aJU (1.700 millions) " le FrnDS d'Aide et de Cocpé-
ration (FAC pour 360 millions) et la Haute-Volta (360
millions)
(1).
L'arachide qui OCOlpe la deuxièrre place dans les
exportations de produits végétaux, se développe dans le
Sud-OUest et dans la région de Bogandé au Nord-Est avec
le conccurs de l' Insti tut de Recherche pa.1r les Huiles et
Oléagineux
(IRHO). Cette culture s'étend de plus en plus
aussi au P lateau-Mossi grâce, à l'existence de variétés
sélectionnées qui s'adaptent aux candi tions écologiques.
Le sésarre qui exige un travail beaucoup rroins im-
portant prend la place de l'arachide là ou celle-ci
s'avère peu rentable. Alors que le karité, récolté à
l'état sauvage, connaît (le plus en plus de diffiOlltés
cœpte-tenu des candi tions climatiques.
Au ca.rrs de ces deux dernières années, une nouvelle
cultllre industrielle, celle de la canne à sucre· a oris place
à l'OJest du pays, dans l'ORD de Banforah. Les renderœnts
cbtenus dans les phases d'études : 80 à 110 tonnes/hectare,
à 12,5 % de concentration sont praœtteurs ( ~) , en vue de
l'intégration du Canplexe Agro-Sucrier de Banforah.
(l) PqoES op. ci té
( 2) idem

118.
De façon générale, il ressort que les Olltures de rente
ont très largement progressé, en particulier. celles qui ont
été eamerciaUsées malgré quelques fluctuations dues à la
mauvaise pluviarétrie de oes dernières années et aux méthodes
de collecte. Ainsi, les arachides décortiquées et canrœrcia··
Usées ont pu passer de 5.693 tonnes lors de la canpagœ
1962/1963 à 15.922 tonnes en 1972/1973 (1). Cependant on
constate que dans le rrême taTips, les prix évoluent très peu
passant de 17 F ./kg d'arachide coque à 13 F. au ceurs de
la mêTIe période et le coton de 30 à 28 F marquant de sérieuses
baisses. Cette relation inverse rejoint l'idée que la Canpa-
gnie Française de l'Afrique OCCidentale (CFAO) qui écrivait
en 1932 que "malgré sa détresse de plus en plus grande, l'in-
digène ( .... ) a acoepté des prix de plus en plus faibles et,
dans beaucoup de cas, il a prcrlui t davantage". Mais, "sa
foroe de résistance"ira jusqu'au l''lO!LIPnt où il ne percevra
plus qu'une som"le insuffisante" pour survivre".(?). Non
seulAment les revenu.s nominaux des paysans stagnent, mais
aussi leurs revenus réels se trouvent altérés par l'infla-
tion qui ne cessent ~e ronger le pouvoir d'achat de tout un
chacun.
Parallèlerrent à l'agriculture, l'artisarat et l'élevage
carplètent dans une oertaine rresure l' activité des ruraux.
SEcrICN II - lES AUTRES ACTIVITES DU paIE RJAAL
Cette partie regroupe des activités très dispardt .es
notarnrent depui s la construction de cases des paysans jusqu'à
l'élevage, en passant par les activi tés artisarales. Nous re-
tiendrons seulement l'élevage et les activités artisanales
cœpte-tenu de leur illportan::e dans le Secteur primaire.
(1) cf. tableau nO 12
( ., )Bilan CFAO 1973 : cité par catherine C<XJUery - VIOOOVI'IŒI

119.
PARlCRAPHE I L ' élevage
L'élevage cmstitue un secteur vital de l'agriculture.
I l la cnnplète 00 se fait de manière autmare. C'est pour-
quoi dans la classification de la paysannerie noos avons fait
une triple distinction entre le paysan-éleveur, le paysan
ne possédant que la terre et enfin les éleveurs qui-à des
degrés plus 00 moins inportants ont un certain lien avec
la terre. En 1961, on cœptait environ 2 millions de bovins
et 3 millions d'ovins et caprins soit une valeur estimée
à 35 milliards de l' ép::que
( l ),
La production de l'élevage et des autres produits
dérivés ont été évalué de la manière suivante dep,üs
1967 par rapport à la Prcduction Intérieure Brute (P.I.B.).
TABLEAU
N° 1 3
PART DE L'ELEVAGE DANS LE P.I.B.
Source : PADES 1972-1976
1
Années
1967
1968
1969
1970
1971
Ratios économiques :
- PIB au prix du
56.450
58.220
70.7'1.7
80.140
81.196
marché
- VA de l'élevage
5.477
5.726
8.645
8.170
8.192
-
% élevage/PIB
9,7
9,8
12,2
10,2
10,1
- VA du Secteur
26.901
28.120
34.327
36.985
·38.279
primaire.
-
% élevage Secteur
20,4
20,4
25,2
22,1
21,4
primaire
- % secteur primaire/
47,7
48,3
48,5
46,2
47,1
PIB.
(l) "La R.H.-V" n° 3818-3819 du 27/09/71
Ladcx::urrentation
française.

TABLEAU

14-
o
----------------
C\\I
.-
PART DU BUDGET NATIONAL CONSACRE AL'!: LEVAGE
'lNEES
1960
1961
1962
~ - -
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
Iger
6.044,7
7.664,5
8.364,5
8.947,5
9.320,5
8.924
9.157
8.374,8
8.563,6
9.030,6
9.756,9
1 .051~'
1.6967-
'ional
:
·-t élevage
1,43
1 ,52
1 ,38
1,25
1 ,51
1,43
1 ,49
1 ,48
1 ,52
1 ,29
1 ,22
1 , 16
1 ,12
7.
:
-

C\\J
or-
1
'".,
CAR T E
- A G R I e 0 L E
"r;è ~ _
-
:J:
_
< ;;: ë
v:
~ :..-
~ ~ t.
~<~ g ;;

122.
Dans les pays ayant les rrêrnes stIucb.1res écenerntques
l'élevage représentait en 1969, 24 % de la au Mali et
19 % au Niger (I). ra rrajorité du cheptel bovin se troove
concentré dans trois ORO Sahel, Nord Plateau Mossi, Est.
La densité rnCf:{erme est de 9 au km2 PQ.1r les bovins
et 15 poor les petits ruminants.
D'après les statistiques officielles, les exportations
de bétail essentiellsnent vers la Côte d'Ivoire et le Ghana
représentaient 59 % du total des exportations en 1967 et
44,9 % en 1971 (2).
Depuis quelques années non seulanent la part de l' éle-
vage dans la diminue mais parallèlanent en cbserve une
baisse continuelle des ventes. En effet, le taux de régression
annuet
entre 1968 et 1971 de la part de l'élevage dans
l~ PIB (I, 80 %) tradui t sérieusement la stagnation générale
de la prcduction due en grande partie :
- à la sécheresse qui a causé des pertes iJll:>ortantes
dans le cheptel.
- aux faibles moyens finarciers du service de l' éleva,Je
et des Industries animales (entre 1966 et 1971, la dotation
a représenté en ffiCf:{enne 1,4 % du Btrlget Natiœal) .
(1) - "Haute-Volta 1971-1972" Mars 1973, Secrétariat d'Etat
à. la Coq>ération
(2) - PADES op. et cité.

123.
- à la concurrence des pays voisins not:aITtœnt le
Niger et le Mali.
Lorsqu 1 on sai t que la part de l'élevage dans le
Budget National ne œsse de décroître depuis 1960 passant.
dl? 1,43 à 1,12 % alors que sa part dans les ressourœs
nationales a été de 3,65 % et 3,56 % du Budget Natiooal;
on est amené à se poser la question de la véritable
politique qui doit être suivie en ce danaiœ :
- A court terrre
améliorer le cërlre sanitaire
- A moyen terrre
le problèITe des retenues d'eau
- A long terme : normalisation et contrôle des
circuits de distribution dans le cadre d'illl véritable pro--
granrœ de dévelcpperrent, car au food aussi bien l'élevage
que l'agriculture, au ll1êrœ titre que l'artisanat procure
que lques revenus aux
paysans.

124.
PARAGRAPHE II
L'ARI'ISANAT
Une grande partie de ces activités sont en nette
q~ression face â la concurrence du secteur urbain extra-
---
.
verti. C'est le cas des ;l;orgerons, des tisserands, des
cordonniers et potiers qui sont dJligés désonnais de re-
nouer dialogue avec la terre OJ tout simplerrent d' aller
venire leur force de travail à la ville OJ dans les pays
voisins ;
Bien que concurreocées, certaines activi tés de ce ?"le
restent encore en expansion; notêll1lTeIlt les activités de
construction de cases, de transformation du mil en bière
la:::ale et les noix de karité en balrre. Parallè lerœnt à
ces activités anciennes et villageoises, se dével~pe une
autre fonœ d'artisanat dans les villes.
La place qu'il occupe dans l'enserrble de l' éconanie
·"oltaïque est très importante. A divers degrés, pe.'1dant la
saison sèche, la population rurale se livre à des activités
artisanales. Ces activités peuvent se diviser en quatre
branches :
- artisanat de construction
rraçonnerie, coupe de
bois etc ... réservé aux harrres.
- artisanat ali.rrentaire : fabrication de bière de
mil, rreunerie,beurre de karité essentiellement exercée par
les fe.rnres.

125.
artisanat textile
filature, égrenage, confection,
teinture.
artisanat divers
forge, poterie, calebasses, masques,
vannerie.
En 1968, on estimait sa production équivalent à 13 .153
millions de FCFA soi t 18 % environ de la PIE (1).
Afin de permettre le développement de ce secteur; i l a
été créé un Centre National de Perfectionnaœnt des artisans
ruraux à OUagadougou avec l'aide du Brr et du PNUD.
L'objectif est de permettre aux bénéficiaires d'amé-
liorer leur capaci té manuelle et de ranédier en rrêne t:errps
au manque de connaissances techniques.
(2). Le Centre travaille
en liaison avec les ORO et l'éducation rurale.
Dans l'inmédiat,forgerons, maçons et rrenuisiers sont ceux
~ui viennent améliorer leur talent afin de contribuer plus
efficacaœnt à dégager une productivité certaine au sein du
rronde rural.
La durée du stage étant de 6 rois avec des cours d' al-
phabétisation, on peut se denarrler cependant ~Laprès cela ces
artisans pourront s' insta lJ er à leur canpte si tcutefois aucune
aide ou aucun regrouperœnt ne leur vient. Contrairaœnt à leurs
harologues urbains qui sont déjà insérés dans le circuit, la
question reste posée.
(1) S.A.E.D. Information nO 16 du 15/06/74.
(2) Interview de Mr Sirnporé Directeur de Centre par "SAED-
information" .

126.
La question reste posée quant à l'insularit~~~_~~
cette économie villageoise. Produire plus, cela signifie
que l'on a les possibilités de pouvoir écouler les surplus.
L'état des routes, l'esprit très mercantile des gros cern-
merçants sont tels que l'échange est en définitive défavorable
au producteur (2.002 F de bénéfice pour le cultivateur de
Diapangou). A cela nous n'avons pas tenu canpte des longues
distances que parcourent les paysans pour écouler leurs
produits.
Isolée mais pas ignorée, l'économie villageoise tend à
se replier sur elle-rrêœ. "Elle ne semble pas porter en elle-
rrême les éléments d'une dynamique progressive; elle vit trop
sous la pression des besoins élémenta1res immédiats, sa seule
dynamique risque d'être démJgraphique et l'explosion n'est pas
synonyrœ de progression" (1). Cet irmobilisme de l'économie
villageoise trouve ses répondants dans la stabilité des besoins
à un niveau voisin de l'autosuffisance, le blocage de la produc
tivité du travail, la manière dont les surplus agricoles sont
affectés, et 1;> façon dont le cours évolutif des peuples au
rülieu de la Coude du Niger a été interranpu.
Comme le souligne très justement le professeur Rudloff,
-'
~

lo'
"l'économie villageoise semble être engourdie dans son scmreil cen--
tenair~:'Effectivementil'élasticitéde la demande est très
faible tarrlis que la croyance en des forces suprèmes écartent
.- ,.:"
-
la recherche à l'innovation et à la productivité. L'épargne de
zroins en zroins ancestrale et zrodeste, se trouve très rapide-
,
ment épongée par l'économie urbaine.
(1) "L'économie du Tiers-r-bme"
Rudloff.

1 L I .
CHAPITRE II
Dans la plupart des pays à
.konanie agricole, ce qu'on
appelle traditionnellement "Secteur M:Jd.erne" n'est rien d'autre
qu 1 une éconanie d' enclave·, cerrposée esssentiellement d' irrlustries
minières ou de substitution aux irnp::>rtations.
En Haute-Volta ce secteur qui constitue un îlot de
modernisme dans un désert de pauvreté, est représenté par des
branches selon la nanenclature adoptée par les Canptes
Econaniques de 1968 : Industries AliJrentaires, Energie,
Industrie textiles, Industries des métaux, Bois divers et
BâtiJrents TF ainsi que quatre activités tertiaires:
Transports P et T, Banques - Assurances, Services divers
et Cœrnerce moderne.
L' ensemble de ces activités, représentait 15,7 %
de la VA en 1964, 16,5 en 1968 et 18,5 en 1970 et 21 en 1972
centre respectivement 84,3 S, 83, S, 81,S et 79 peur l'éco-
nanie villageoise. Son taux de croissance annuel entre 1968
et 1972 soit 10,6 % est plus rapide que celui du secteur
prirraire limité à 3,8 % pour la mêœ péricxie.
Nous analyserons successivement la structure in::ius-
trielle, le cœrnerce et l'artisanat urbain.
SEX:TlOO l
LA SITUATlOO DES lliDUSTRIES
L'in::iustrialisation, en Haute-Volta est encore assez peu
développée. Cela résulte d'un certain nanbre d'obstacles mais
aussi de la manière dont cette irrlustrialisation a p..1 évoluer.

PARAGRAPHE l
LES DIFFEREm'ES EI'APES DE L' INDUSl'RIALlSATICN
DU PAYS
OJatres étapes peuvent être franchies, pour ce qui est de
l'implantation d' irrlustries dans le pays.
En effet, les prenueres fabriques ou manufactures ont débuté
en 1954, après la prolongation du chemin de fer jusqu'à Ougadougou.
1 - 1954-1959
Au =urs de cette péricde qui va jusqu'à l' irrlépendance
du pays, quelques petites usines soit de rrontage ou de substi-
tution
aux .irrportations apparaissent en vue de satisfaire la
consœrnation urbaine mais aussi d'accentuer la rronétarisation
et l'intégration du pays au systèJœ de marché. Dans ce premier
temps,une centrale électrique,une usine d'égrenage de coton,
un abattoir, une fabric~e de boissons gazeuses et de glace
ont été =nstrui tes. Si bien qu'à la veille de l'indéperrlance
naninale, la part de l'irrlustrie dans la VA totale ne repré-
sente que 1 milliard de F en 1959 (1) soit 2,57 % de l'ensemble
de la VA. Lorsqu'on sait que durant toute cette épcque, l'ex-
traction de la mine d'or de Poura se poursuivait, i l se dégage
c1airenent le rôle de spécialisation en main-ù 'oeuvre du pays.
Un examen de la Balance commerciale au même moment fait ressortit
déjà un déficit très net, p.tisque le taux de couverture des
importations passe de 45 % en 1954 à 39 % en 1959.
(1)
-
Données actuelles de l'Economie Voltaïque
Note n'Information FCEAO -
nO 89 -
Décembre 1962.

129.
2 - 1960 - 1966
Cette péricrle oorrespondant au règne de la 1ère Réplblique
qui part de l'irrléperxiance au "soulèvenent pop.11aire du 3 janvier"
qui marque l 'ttllènaœnt des militaires.
C'est une péricrle de tâtonnement car à vrai
dire aucun plan
directeur, aucun programœ n'est élaboré en vue d'une stratégie
globale du dével~t. La politique de développement se mène
au jour le jour avec les rroyens de bord. Deux plans élaborés au
cours de cette péricrle ne verront jamais le jour. Malgré l 'établis-
serœnt d'un cOOe des Investissements très libéral en 1962, l'ensanble
des irrlustries deneurent faibles. En dehors de la BRAVOLTA, de la
CITEX:: Huilerie, de l'Usine d'égrenage de coton (CFDT) de la srcavo
(l) et du Centre de Tannage et manufacture de Cuir, i l n' y a véri-
tablement pas d' irrlustries au sens du tel:Jœ. En 1964, la contribu-
tion de l'irrlustrie à la VA est estirrée à 1,3 %.
Finalement, la situation éconanique au niveau irrlustriel
stagne, de sorte que l'Etat va connattre de plus en plus de dif-
ficultés pour faire face aux dépenses administratives et payer
les fonctionnaires. Une telle conjonction de faits·qui oblige les
autorités à valloir procéder à un abattement des salaires de 25 % dans
la fonction
plblique entrainera un soulèvement pop.11aire qui alx::u-
tira à la chute de la 1ère République .et l'avènement du régilœ
militaire en 1966.
(l) srcovo
Socièté Industrielle et CanrercialRVoltaique.

130.
3 - 1966-1970
Les rréthcdes de direction artisanales de la précédente
périme seront renplacées. C'est dans ce cadre !]'un plan
appelé "Plan Cadre" fut élaboré en vue de présenter aux Inves-
tisseurs des projets cohérents et de leur donner une certaine
garantie par l' établissanent d'un nooveau Cme d' Investissarent
non noins libéral que le premier. Dans cette phase, un certain
nanbre d'usines qui n'avaient pl voir le joor jusque là, faute
d'investisseurs vont apparaitre : fabrique d' allt.llœttes, de
cigarettes, usine textile atployant près de 500 oovriers,
Grands M:Julins Voltaïques (G1V) ainsi que l'extension d'usines
existantes.
Un investissanent total 2.935 millions (l) a été réalisé
penœttant de dégager une VA en fin de périme de l'ordre
de 2.479 millions soit 3,4 % de la VA globale (2).
4 - 1971-1974
Elle corresporrl à l' avènanent de la deuxièrœ Réplblique
"militalm~-civile". C'est aussi la périme de démarrage du 2èrœ
Plan dit " Plan Q.li.nquennal de Dévelüpp€!1lent
éconanique et social
avec une périme intérimaire d'une année en 1971.
(1) PODE~ cp cité p. 185
(2) Voir tableau n019

131 •
Sur le plan éconanique, i l s'agit surtout de terminer
ce qui n'a pu être réalisé au CŒlrS du "1er cadre de Travail".
A cet effet on observe l'installation de la Société Sucrière
Voltaique (SOSUVH), qui enploie près de 1.500 oovriers en 1974
Dans le mêrre tenps, la Société Africaine de Pneumatique est
créée tandis que la Société des Huiles et Savon de Haute-Volta
s'agrandit.
C'est ce qui a permis sur le plan industriel, de voir
les industries alirœntaires passer en valeur ajoutée de
1.343 millions de CFA en 1970 soit 1,9 % à 1.824 millions
en 1972 soit (2,2 %) alors que les industries textiles
vont voir leur VA doublée passant de 544 millions en 1970
à 1.332 millions en 1972 (1).
Le P.Q.D.E.S. retient pour l'ensemble du secteur
un investisseœnt de l'ordre de 8.199 millions entre 1972
et 1976 en mêrre tenps qu'on espère à une création d'enplois
nouveau de 2.219 (2).
Le problème le plus difficile est d'atteindre ces
objectifs car un certain nanbres de problèmes se posent
PARAGRAPHE II
LES OBSTACIES
Incontestableœnt un certain nanbre d'obstacles s'opposent
à l'implantation d'industries dans le pays. Parmi les plus
irrportants. en dehors du fait historique dont noos avons eu à
invoquer plus haut?il y a des obstacles naturels et politiques.
(l) Voir tableau n2 l~
(2) P.Q.D.E.S. 1972-1976 op cité p. 173

132.
1 - LES OBSTACLES NA'IDRELS
- le pays est sans accès direct à la mer. Chacun des
quatre
ports qui l'entourEnt est situé i\\ plus de 100 kilo-
mètres de la capitale <:Xlagadcugcu; ceci rerrl les ca1ts de
transports très onéreux.
- le manque de ressources minérales directarent
exploitées, seul le gisement de manganèse de Tambao sanb1e
prarotteur tamis que l'or de Poora a été fermé deplis 1966;
- l'absence ou du lTOins l' inpJssibilité de pouvoir
exploiter l'énergie hydrau-é1ectrique de la Caroé à l'ouest
du pays.
Ces premiers é1émants affectent sérieusernenr les
ca1ts de production, rerrlent l'investissement très onéreux.
2 - LES OBSTACLES STRUCIURAUX
- l' étroitesse du marché intérieur dû essentiellanent
aux faibles revenus de la grarrle rrajorité de la pop,11ation;
- l'insuffisance de l'infrastructure cx:mrercia1e
qui entraine le sectelr agricole à se replier sur lui-mêrœ;

133.
- les noyens de camunication et de transports
défectueux 00 rronqx:>1isés par une boJ.rgeoisie cœmercialiste ~
- la prédarù.nance d'une minorité ccnp6sée essentiel-
laœnt de la barrgeoisie cœpradore et d'une certaine aile
de la chefferie traditionnelle~
- le manque de réseau de canalisation de l'épargne
interne~
- La faiblesse des échanges inter-sectoriels ;
- Enfin le code des Investissements trop libéral, doublé
du mauvais fonctionnanqnt des institutions administratives
préoccupées par la bureaucratie stérilisante, blcquent
les structures de d€rnarrage
industriel, et, rendent l'éconanie
voltaïque peu cœpétitive au niveau inter-régional. L'exarœn
de la situation du Cœmerce va noos penœttre de mieux saisir
cet aspect.
SOCTICN II
LE CCM-IEfCE
D'entrée, noos avons eu à SOlligner l'i.rrq:x:>rtance
qu' avait le cemœrce au sein de la Société pré-coloniale 00
au niveau interne; le systèIœ de troc daninait 7et, au niveau
externe)les marchands de cotonnage du goonna 00 le "col-
porteur rrossi" sillonnait les longs chemins p:JUr raIœI1er
ses noix de colas. Cette pratique ccmœrciale a subi quel-
1
ques m:xlifications notarment face il 1 :introduction de
nouveaux produits au cours de la période coloniale et l' ins-
tallation de cœptoirs cemœrciaux. Cependant, dans son ensemble
le systèIœ ccmœrcial n'a que faiblaœnt évolué.

134.
Au niveau interne, une fornule est restée et s'est
même dévelqJpée après 1960 et consistant à ce que le
paysan vienne de la brousse avec des sacs de mil, de coton
eu de la volaille et reparte avec des prcxiuits finis
sucre, pagne, pétrole, larrqJe-~te etc '"
L'échange est daniné par des grarrles canpagnies
étrangères et des banques d'affaires. qui jeuent en même
taTps le rôle d'agent de liaison avec le camerce extérieur.
PARAGRAPHE l
LE SYSTENE CCM-1ERCIAL INl'ERNE
Le eœmerce de la Haute-Volta; au niveau interne,
demeure encore ambryonnaire. Dans le même temps en dehors
des grarrls centres où les courants d'échange se développent
rapidaœnt (OUagadougeu, Bobo), les autres donnent l'aspect
,
d'une éconanie de ba.irgs administratifs, eu quelques prcxiuits
manufacturés viennent s'échanger contre des prcxiuits locaux
par l'intermédiaire de la rronnaie . Si noos cherchons à
dégager une pyramide de ces flux d' échange, au scmœt, on
trœve la grarrle canpagnie cœmerciale, d' inp:>rt-export, à
la base, le paysan-prcxiucteur. Ce dernier est
offreur
saisonnier
de prcxiuits agricoles, et acheteur pennanent
de prcxiuits finis et d'articles manufacturés. A l'opposé,
la grarrle fi.nre cœmerciale ou serni-industrielle est
collecteur pennanent de prcxiuits exportables et vendeur
pennanent de rnarcharrlises inp:>rtées. Ces deux agents qui ne
s'ignorent pas, he se rencontrent jamais car, au milieu,
existent tœte une multitude d' intennédiaires.

135.
On peut dégager deux catégories de flux d'échanges.
l - LES PRaXJITS PRIMAIRES
C'est le prenier sens dans lequel l'échange va se
manifester. Nous le qualifions de pranier sens, parce que
c'est grâce à cette phase que le paysan prcducteur va
pouvoir avoir des disponibilités rronétaires en l'absence
de troc pour se procurer ce dont il a besoin, en l'occurence,
les prcxluits finis.
Nous distinguons trois types d'intermédiaires
Collecteurs individuels, véritables spécialistes
des différentes régions, ayant leurs fournisseurs habituels,
ils sillonnent au m:::JœIlt des récoltes,la brousse. Ce sont
des agents salariés qui prospectent pour le cœpte d'une
maison de c:crrm=rce.
Ils sont la plupart du tarps installés dans les
grands centres tel que OJagadougou.

136.
Sœvent ces rollecteurs sont irrlépendants, mais font
de bonnes affaires p..ù.sque parallèlaœnt il cette rollecte
ils
gèrent un bar, un restaurant, une baltique, 00 une
entreprise de transports. ces cœrnerçants sont financière-
ment mieux assis que les premiers, ce qui leur pennet d'avoir
un rronopole plus grarrl et des facilités de rarrassage dans
la broosse.
Au cours de la famine, certains ont saisi l'occasion
p:JUr se faire des véritables fortunes grâce, à la spécula-
tion sur les denrées de première nécessité: mil, huile.
Dans leur grarrle majorité, les prcrluits rollectés par
ces ccmœrçants sont expédiés aux entrepôts des e:atpagnies
CCITlrercial86: CITD: p:JUr l'arachide, CFAO etc '"
tarrlis
que d'autres intermédiaires s'installent véritablarent
pour leur canpte : expédition à la Hollarrle des noix de karité.
La présence de cette cascade d'intermédiaires a SO\\Nent
occasionné des abus : achat de jeunes I.XJUsses de mil aux
paysans, stocks abusifs de mil en anticipant à la hausse
etc .. , ce qui a obligé l'Etat à intervenir.
Ce sont des organigœS d'Etat qui ont été Créés en vue
d'aider les paysans peur la culture. Avec les abus répétés
des intenœdiaires, l'Etat a été aIœI1é p:JUr la canpagne
de 1974-1975 à leur confier le rronopole de la collecte
des céréales.

137.
Ces organismes se chargent de collecter la prcxluction
des .paysans afin de la vendre direc~ement sur le marché
éliminant par la rrêre ,la IlUltitude d' intenufrliaires qui
occasionnent des hausses de prix aLusifs. cependant, au
niveau du coton, le noncp:>le revient toujarrs à la CFDT
qui d'une part, assure l'encadraœnt des paysans parr cette
culture, mais, d'autre part, se charge d' assurer la cemœr-
cialisation sur le marché rnomial.
Le schéma suivant peut être dégagé.
Marché I------It Consarmation
local
ménages
Paysan
Extérieur
4 - Le marché local
Le producteur a toujarrs une possibilité en dépit de la
"llUlltitude" de se présenter lui-i'flêIœ sur le marché local parr
verrlre sa production.

138.
8a.Ivent d' ailleurs, se prarenant de quartier en quartier,
ou installé à l'anbre d'un cailcédrat au marché du centre
urbain, le paysan arrive à éceuler sa récolte à de rreilleurs
prix. I.e contact est direct entre prcxlucteur et conSOlll'ateur
ou quelquefois, nous n'avons plus à faire à un oligopole,
prlsque désornais plusieurs acheteurs et plusieurs vendeurs
se trouvent sur les lieux.
C'ef;t grâce à ces ventes que le paysan de Narrouno,
ou l'artisan de Oùntadéni peut se procurer en retaJr des
prcxluits finis.
2 - LES PRODUITS FlliIS
C'est le deuxièrœ sens dans lequel circule un certain
nanbre de biens
destinés à la consœmation locale et venant
de l'extérieur.
On peut distinguer quatre types d' intennédiaires
Dans un premier temps, leur rôle à consister à
exporter les prcxluits primaires achetés sur le marché interne
pour les revendre sur le marché m::>rrlial, ou trot simplaœnt
à une usine locale telle que la Voltex ou la Société des Huiles
et Savon de Haute-Volta (SHSVHV).

139.
Après quoi, en retc:ur, elles ramènent des produits finis:
tissus, savons, etc .,. pour les reverrlre à la consarmation
locale. Le plus souvent ces ventes ne se font pas au détail
cu mêne lorsqu'elles le sont)le paysan de NëlllUJ.I1O cu l'artisan
de OUntadénLqui se tra.xve à 250 km de la ville ne peut se
procurer ces produits qu'au marché de son village ,grâce aux
revendeurs.
b - Les revendeurs
- - - - - - - - - -
Ils jcuent le rôle très iIrp:>rtant dans le a::mrerce
de détail. Petits bcutiquiers, tabliers des coins de rue cu
marcharrls ambulants viennent se confornre 5O..lS cette rubrique.
Ils sont partcut dans le te:nps et dans l'espace. C'est grâce
à eux que le paysan producteur, l'artisan du village se pro-
cure ce dont il a besoin : sucre, savonnette, piège à sc:uris
etc ...
Ces produits achetés au paysan au stade brut et revendus
en produits finis sont chers à cause d'une part de la "nultitude",:
mais d'autre part. à cause de l' esprit mercantile des grandes
CCJlll.3.gnies qui :inp:lrtent ces produits, sans tcutefois cublier les
grands ccmrerçants représentés par les syro-libanais.
De rroirDre iJrp:>rtance numériquanent, ils consti-
tuent une force financière non négligeable dans le fond.

L
140.
Ils sont installés dans les principaux centres du pays,
ce qui leur donne l'occasion de FOUvoir acheter direc:tarent
et en gros aux canpagnies ccmœrciales.
Constitués de quelques autochtones et de syrcr
libanais spécialisés dans la vente de ''gros tissus'/et de prcr
duits de toilette, ils ont leurs boùtiques familiales.
Ce sont eux, qui fa.trnissent l'essentiel des marchar:rlises
au détaillant. Ils sont en liaison aussi avec certains
transporteurs locaux, avec qui ils signent des contrats
FOUr l' approvisionnarent de leurs succursales dans les
zones périphériques.
Mais, du fait des abus répétés de leur part etJdu
repli des maisons ccmœrciales: SCOl\\, PERYSSAC, CFAO,
CFCI, CICA au lendE!l1ëlin de 1960, l'Etat a été amené à prendre
une part active dans la distribution.
d - ~_êOC:!:~té--Y2!tajqu~_~~_Ç~~:!:~li~!io!:!
(SC1V0:ux::M)
Créée au lendE!l1ëlin de la mise en place du Plan
cadre 1967-1970, elle a pour but de procurer à la pop.l1ation
à rroin:1re frais les proouits finis ccurants. Actuellarent,
elle a des succursales dans les principaux centres du pays.

On peut trouver dans ses magasins aussi bien des
prcx:1uits finis locaux (tissus de la Voltex, huile de la
SHSVH, sucre de la SOSUHV).ainsi gue des prcx:1uits
direc-
tarent importés (verrerie, prcx:1uits de toilette etc ... )
A cette structure mise en place par l'Etat, i l faut
ajouter la tentative de réorganisation même des structures
ccmœrciales ainsi gue la réglarentation des échanges par
la fixation des prix de certains prcx:1uits par la Direction
du CCIlll'erce.
Voilà finalarent carment se présente le deuxième
circuit:
Grandes
Extérieur
L"::::::"::::::::""1r---j marché
local
maisons ...-;:.....(.--::~~:::;::..J
caTmer-
ciales.
L..::.:::..:..::::::=.::'J'f:-------....Yusines
locales
Ces structures, parfois antagoniques ainsi que les
rresures de paliatif prises par l'Etat?ont-elles suffi a sa-
tisfaire le consœrnateur, et à dégager une Balance Ccmœrciale
équilibrée ? C' est ce à quoi I1OJ.S allons tenter de répondre
présenterent.

Paraphrasant l' éconaniste anglais David Ricardo
à propos de la contribution du camerce extérieur au
développement, Djibrina Barry écrit"Cette contribution
reconnue et plus profondéIœnt analysée par les écono-
mistes contemporains 1 l'analyse éconar.ique a dégagé un
ensemble d'instruments et de métho:l.es penœttant de rrettre
à jour assez approximativerent l'irrpact des échanges
extérieurs dans le développement
" (1). Plus loin,
il dégage les difficultés qui font que ces mesures ne
sont qu"approximativerœnt :
- l'état d'avancement de la science éconanique
qui ne permet pas dl inputer avec certitude la part
de chaque facteur dans le développarent.,
- l'imprécision et la rareté des données statis-
tiques tout au m::>ins en ce qui concerne la Haute-Volta.
(1) David Ricardo "The wealth of Nation" Cité par
Djibrina Barry "Ccmœrce Extérieur et Développarent
de la Haute-Volta de 1960 à 1969" MémJire de D.E.S."

1..)3.
Déjà, avant l'irrléperrlance, le pays connaissait
des difficultés au niveau de ses échanges extérieurs.
C'est ainsi que de 1954-1959, le taux de couverture
des irrportations SE' situe au tour de 42 %.
Cela s' explique très correctement puisque) les
exp:>rtations seront basées essentiellement sur les pro-
duits végétaux et animaux qui représentaient en 1954
environ 82 % des exp:>rtations jusqu'en 1959. Par contre,
les irrportations seront diversifiées :
1954
1959
(1) Produits végétaux et animaux
25 %
24 %
Produits mécaniques et élec-
21 %
20 %
triques
Prcxiuits textiles et cuirs
27 %
20 %
Produits alimentaires
6 %
12 %
I l ressort rrêne à ce niveau de nos calculs que la
plupart des produits irrportés servent soit directerœnt à la
consœrnation, soit pour les entreprises de réparation.
Cette situation va-t-elle persister après ou tout
simplement va-t-elle s'insérer dans· une logique de dévelop-
panent hamonieux ?
(1)
Nanenclature SEnES : "Cœq:>tes Econaniques de la
Haute-Volta 1954-1959.

, ....
Le repli des anciermes maisons de traite: CICA, CFCI,
King, CFAO, OCAO, leur terrlance à la concentration: SCNOCA,
SOVOLCI, ainsi que la persistance d'une éconanie agricole
peu diversifiée donnent à répondre par la négative. Néanrroins,
il convient de passer à l'analyse des structures commer-
ciales afin de mieux percevoir le phénarène d'orientation
et d' évolution.
l - Les importations
Si nous retenons carme base de présentation, la clas-
sification en cinq rubriques, nous aurons la répartition
suivante des importations.
l - L' alimentation
2 - Boissons et tabacs
3 - Produits pétroliers
4 - Matériel d'équipement
5 - Autres produits
De façon générale ccmnent intervierment ces cinq
rubriques dans la <::err;JOsitians des importations.

145.
a - Présentation
- Alirrentation
Si nous incluons la rubrique "Autres prcduits" qui
regroupent différentes sous-rubriques selon la classification
type du Carrnerce International (creI), l'alirrentation occupe
la première place jusuq'en 1968 avec des phases ascendantes en
~964 et 1966. (29,4 et 24,4 % )
La baisse qui s' arrorce en 1967 va s'accentuer jusqu'en
1970 au profit du Matériel d'équipaœnt et des prcduits pétro-
liers.
- Boissons tabacs
Les imp:)rtations de boissons et de tabacs vont connaître
une phase de stagna ':ion entre 196-1 et 1967 en valeur relative
puis, à partir de 1968 le lTOUvement de baisse s'accélère pour
rE!Tûnter légèrement en 1971. On peut attribuer cette stagnation
à l'installation de l'usine de fabrique de cigarette MAVOCI
ainsi qu'à l' agrardisserœnt de la Bravolta (Brasseries Voltaïques) .
- Prcduits pétroliers
L'accroisserœnt des i.rrportations des prcduits pétroliers
s'accélère régulièraœnt depuis 1963 en valeur relative, passant
de 3,3 % en 1963 à 8,7 % en 1971. Cette régulière augrrentation
peut térroigner de l'installation de quelques fabriques notarrIœnt
à partir de 1967.

- Matériel d'équipaœnt
D'abord une progression discontinue en 1963 et 1970
puis brusquenent un rrouvenent explosif en 1968, qui corres-
porrl à la période véritable du démarrage du Plan Cadre
1967 - 1970.
Le rythme se ralentit en 1970 et baisse en 1971
(20,5 %) au profit d'une reprise des importations des
biens alimentaires. Cette phase corresporrl aussi à la
période de baisse de l'aide aux investissements qui
tombent à 3.814 millions de F. en 1969 (1) contre 5.695
millions de F.
CFA en 19671
- Autres produits
Elle constitue la rubrique la plus importantep.u
fait qu'on a regroupé plusieurs produits. Néanrroins ce qui
est certain c'est qu'elle exclut ce qui contribue directe-
rrent au développerœnt.
On trouve essentiell~~t
produits chimiques, matières pre-
mières- corps gras, graisses et huiles, articles manufacturés.
Leur part relative dans l'ensemble des importations ne
cesse de décroitre corresporrlant à la mise sur place de
quelques irrlustries de substitution aux importations: Volta
Textile (Voltex), Bata, fabrique d'allurrettes, Pneumatiques.
C'est pourquoi de 60,6 % en 1963 leur part tombe à 49,8 %
au prcf lt du
Matériel d'Equipaœnt.
(1)
"Haute-Volta
1971-1972" document déjà cité.
\\

147.
De cette analyse rapide, i l aPParaît que
- Au cours de la péricde, les prcdui ts pétroliers et le
Matériel d'Equiperent ont connu un rrouverrent ascendant au détriment
notarrrœnt des autres prcdui ts. Ce phénanène est naturel lorsqu'un
pays arrorce une certaine phase de substitution des irrportations
par les prcduits de fabrication locale. Par ailleurs, dans la
rresure où ces industries ont besoins d'énergie pour fonctionner,
on observe parallèlement un accroissement des irrportations des
Prcduits énergétiques non prcduits par le pays.
- L'indice d'évolution général des irrportations est passé
sur base 100 en 1963 à 150 en 1971. Par ailleurs, le matériel
,
d'équipement passe de 100 Q 248 très nettement au dessus de la
rroyenne générale, confirmant la phase"d'industrialisation" alors
que l'indice pour les irrportations d'aliments se situe en desscus
de l'indice global soit 145.
Ce qu'il y a de rer;,arquable, c'est que pour le matériel
d'équipement, les années correspondant à un accroissement trGs
important sont 1969, 1970 et 1971 où les importations sont respec-
tiverœnt de 2.649. 2.733 et 2.8n nùllions de F.
CFA contre seule-
rrent 1.513 millions en 1968.
Des réserves sont certaineiœnt à fai:r;e notamœnt canpte
tenu de la hausse des prix des principaux partenaires carrœr-
ciaux, mais aussi dll fait que la rubrique "Matériel d'équiperrent"
cache une certaine arnbiguIté car, elle peut regrcuper des éléTents
irtprcductif s .

Si nous calculons les indices par catégorie sur base 100
en 1968, la représentation graphique nous rrontre l'évolu-
tion nette des différents postes.
TABLEAU 15
INDICE D'EVOLUTION DES IMPORTATIONS·
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
AliIrentation
93
146
109
119
105
100
115
119
134
Boissons tabacs
234
180
161
158
154
100
118
133
203
Produits pétroliers
46
54
49
80
86
100
125
156
179
Matériel d'équipement
77
81
86
81
68
100
175
181
190
Autres produi ts
97
82
91
85
87
100
113
114
120
rorAL
93
94
91
92
89
100
123
128
139
Source
Direction Co~~erce.
Dans le domaine des importations, les principaux
fournisseurs de la Haute-Volta, térroigne dans-une certaine
mesure de son appartenance à une zone rronétaire bien déterminée.

149.
Ainsi, la France vient en tête des fournisseurs. Entre
1968 et 1972, cette part de la France a pratiquement
doublé en mêIœ temps qu 1 elle représente plus de la
rroitité des irTportations du pays.
(8.250 millions en
1972). Viennent ensuite les autres partenaires de l'Union
H::métaire OJest Africain (UMJA)) essentiellerœnt la Côte
d'Ivoire. En 1972, les irTportations en provenance de
l'ensemble de ces pays se rrontaient ii. 3.060 millions
CFA soit 20 % des irTportations globales.
D'autres pays de la CEE en l' occurence la RFA,
la Belgique et les Pays-Bas fournissent à la Haute-Volta
à concurrence de leur aide, le matériel dont elle a besoin.
Les irTportations en provenance des USA et de la Gran:le-
Bretagne sont marginales et représentent quelques
centaines de millions tan:lis que le Mali et le Ghana occupent
une part non négligeable dans le carrrerce, respectivement
683 millions et 172 millions CFA en 1972 (1).
En retour, la Haute-Volta qui reçoit de ces pays
surtout des prcduits finis, leur livre des matières pranières
et dans une rroindre mesure exporte des prcduits irrlustriels
finis.
2 - Les Exportations
Les exportations étant basés essentiellement jusqu'à ces
dernières années sur quelques prcduits primaires, i l est pos-
sible de retenir huit postes principaux selon la Narenclature
de Bruxelles (NP.Bl.
(1) "Haute-Volta 1971-1972" document paru et cité
Secrétariat d'Etat Ccx:pération.

1 - Animaux vivants
2 - Viandes et abats canestibles
3 - Fruits et léguIœs
4 - Graines et fruits oléagineux
5 - Huiles et beurre de karité
6 - CUirs et peaux
7 - Coton fibre
8 - Autres
La période que nous analysons couvre 1962 - 1971-
Nous retiendrons uniquement les animaux et le coton qui cons-
tituent les produits de base dans les exp::lrtations.
_ L€s
animaux vivants
En tendance croissance jusqu'en 1968, les exportations
d' animaux connaissent une baisse à partir de 1969, due essen-
tiellement à la décroissance de la part des bovins et des
petits ruminants. Par contre la volaille ne va connaître
un ralentissement en valeur qu'à carpter de 1970 avec aussitôt
une reprise en 1971. En volurre, la baisse est égalerœnt très nette
puisqu'on passe de 32.494,16 tonnes en 1968 à 21.610,1 tonnes
en 1970

1 51 •
Le coton
A ce niveau i l faut faire une distinction entre coton
égréné et graines de coton. En volurœ, leur part respective
en l'occurence, les graines de coton dès 1963 a triplé pas-
sant de 837 tonnes à 2.500 tonnes pour atteindre 14.556,9
tonnes en 1970 (1). Le coton égréné passe de 705 tonnes en
1962 à 13.356,1 tonnes soit respectivement 16 et 18 fois plus;
alors qu'en valeur, l'accroissement sera sensiblement le
même.
De façon générale, on peut voir l'évolution en volurœ
et en valeur dans le tableau ci-après.
(1)
- C.F. Tableau nO 12.

TABLEAU 16
C\\J
'n
STRUCTURE ET EVOLUTION DES EXPORTATIONS PAR CATEGORIES DE PRODUITS
pourcentages
indices (base 100 en 1967)
Nature des exportations
1967
1968
1969
1970
1971
1967
1968
1969
1970
1971
(Rubriques nomenclature détaillée de Bruxelles)
51,3
47,7
36,9
31,2
36,4
1 - Animaux vivants
100
111
87
70
71
5,8
5,3
4,1
4,0
6,0
2 - Viandes et abats comestibles
100
104
84
77
102
1,9
3,9
5,0
4,0
4,6
3 - Fruits et légumes
100
246
324
247
246
12,9
16,4
16,9
25,7
21,9
4 - Graines et fruits oléagineux
100
150
157
226
169
0,3
1,0
0,9
1,5
1,5
5 - Huiles et beurre de karité
100
441
397
598
545
1,9
1,5
2,5
1,8
2,6
6 - Cuirs et peaux
100
91
153
106
133
19,0
17,3
27,8
25,7
18,9
7 - Coton fibre
100
109
176
154
99
1
1
6,9
6,9
5,9
6,1
8,1
Autres
1
1
1
Evolution de l'ensemble
100
119
120
114
99
i
100
100
100
100
100
TOTAL
1
!
Source
Direction du Commerce : "Balance Commerciale et
Commerce Extérieur 1971

La lecture du diagramœ représentant la structure
des exIX'rtations fait apparaître très nettaœnt la
baisse du poste "Animaux vivants" au profit des "Oléagineux"
jusqu'en 1970, puis, un renversaœnt de teràance en 1971.
Malgré la dégradation des exIX'rtations de coton au cours
des deux dernières arulées, le poste est considéré eamme
l'un des plus importants.
L'évolution de l'ensemble montre, qu'à partir de
1969, la baisse générale qui a commencé en 1970, se poursuit
en 1971. L'année 1971 est daninée par le déclin de deux
postes importants: coton (-36 %) et oléagineux (-25 %).
Cela a cause de la sécheresse.
En 1971, la Cote d'Ivoire venait au premier rang
des clients de la Haute-Volta avec 38,4 % des exIX'rtations
soit 1.692.717 .000 de F. CFA. Elle achète surtout des animaux
'livants, de la viande fraîche aLlsi que des fruits et légumes
(1) .
La France quant à elleJqui importe surtout des graines
et fruits oléagineux occupe la 2ème place dans les exIX'rtations
soit 22,4 %. Ensuite vient le Ghana qui achète came la Côte
d'Ivoire, les animaux, des fruits et des léguIres. Panni les autres
pays africains ,le t1ali, le Niger, et le Togo constituent des
partenaires privilégiés. Ceperd.ant i l faut noter que le Jap:Jn prerd.
une part de plus en plus active dans le pays aussi bien ~
les importations que les exIX'rtations (4,7 %).
(l) Tableau n O 17

1
_
• •

5TRLlCTLfRE
DEJ
EXPORTRTIONS
Pnn
01'
100 1.
+
..
r" t
0-
...
~
?
..
t- 01--t-'
...
f"
+
1-
-+
..
.. ..
...
+
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...
T
T
-t
...
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+
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1
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1
1
1
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1
IOZ
o
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1~68
1'36':1
,'HO

1::5:5 •
A raison de 90 %, les exportations de Haute-Volta sont
dirigés vers 4 pays: Côte d'Ivoire, France, Ghana, Italie.
Il faut souligner par ailleurs que, si la Balance
Cœrnercial'! avec la Côte d'Ivoire est excédentaire, les ventes
de la Haute-Volta à la France sont très déficitaires. C'est
surtout avec le Ghana que l'excédent ccmrercial est le plus
élevé: les exportations sont quatre fois plus élevéedque les
imp:::>rtations.
Dans W1e moindre Iœsure, il se dégage W1 léger excédent avec
le Danemark et l'Italie.

Principaux ~tenaires commerciaux de la Haute-Volta en 1971.
TABLEAU 17
importations
Exportations
y - l
P A Y S
Rang
%
millions
milliers
%
Rang
%
aj
CFA
CFA
sc
l
44,4
~.245.511
France
983,7,79
22,4
2
- 22
2
11 ,2
1.573.332
Côte d'Ivoire
1.692,717
38,4
l
+ 27
15
0,8
116.674
Ghana
447,224
10, l
3
+
9
8
2,4
334.574
Italie
440,420
10,1
4
+
7
10
1,9
261,113
Japon
200,795
4,7
5
+
2
5
4,4
622,283
Mali
163,763
3,7
6
- °
11
1,7
235,574
Danemark
147,497
3.:1
7
+
3
11
1,7
235,574
Royaume-Uni
97,145
2,2
8
+ °
3
5,5
767,176
R.F.A.
77 , 143
1,7
9
- 3,
Niger
42,413
1,0
10
+
1
13
1,0
143,080
Belgique - Luxembourg
18,170
0,4
11
- 0
Suède
18,114
0,4
12
+
0,
Togo
13,554
0,3
13
+
14
0,8
119,135
Espagne
°
9,356
0,2
14
- 0,
Liban
8,866
0,2
15
+
0,
9
1,9
267,858
Con~o
- 1
12
1,5
217,282
Sénégal
- l,
4
5,1
714,116
Etas-Unis
- 5,
6
4,3
597,725
Usines exercées en Côte
- 4,
d'Ivoire
7
3,4
473,746
Pays-Bas
- 3,
90,3 12.689,179
4.360,956
99,1
De façon générale il se dégage du tableau, 15 prin-
cipaux partenaires qui ne sont pas toujours les mênes selon
qu'il s'agit d'importations ou d'eJqX)rtations.

157.
3 - ETUDE ECONOMETRIOUE DE LA BALA~CE CO~~ERCIALE.
Avec; les données trimestrielles que nous avons pu
reconstituer, au cours de la période allant du 1er trimestre
1962 au 1er trimestre 1973, i l nous est possible de faire
une
analyse conjoncturelle de la Balance Ccmœrciale avec
toutes les réserves que cela canporte quant à la précision
des données.
Nous procéderons à la recherche de la co=élation
entre iJTp::>rtation et exportations avant de chercher à faire
une représentation graphique et une étude détaillée dans
chaque cas.
a - Liaison co=élative
-------------------
En retenant camme coefficient de corrélation les rar.0s
de Spermann appelé coefficient de corrélation entre les
rangs de Spennan
es
Nous pouvons écrire
que
'45
6 L.
(lf _ i) 2
t,s
= 1 -
à = l
2
t
(t
-
1)
avec 1f = les rangs des exportations
9 = les rangs des iJTp::>rtations
t = 45 observations

'----
\\ 1 SB.
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C)
j
1.
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~
r
(ji;-
"
~
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\\
(\\~
t~.
,
~
~

dès lors on peut calculer
2
t (t
- 1) = 91.080
t6 ($ - é )~= 38.598
Il s'ensuit quets = 1 -
38.598 = 1 _ 0,42 = 0,5~
91.080
e,S est légèreœnt supérieure à la moyenne, ce qui ne
donne pas une bonne corrélation. En effet, si noos appelons
Mt les importations et Xt les exportations, noos pouvons dire
qu'il existe une corrélation lâche entre Mt et XL En d'autres
tenres, les importations ne déperrlent pas dans une large mesure
des exportations mais beaucoup plus de l'aide extérieure. Dès
lors, le déficit commercial est quasi inévitable dans ce cas
puisqu'aucune politique en la matière n'est suivie.
Le travail a surtoot consister à une désaisonnalisation
par la méthcrle du tableau de Buy-Baillot après quoi nous avons
ajusté pour voir la tendance.
- au niveau de la série brute, on distingue très net-
tarent deux phases:
- la pranière qui va de 1962 jusqu'au 3ème trimestre
1968 marque le caractère stationnaire de Mt dont le trerrl peut
se situer autour de 2.250 millions Œ'A. Au cem:s de cette
péricrle également, la moyenne annuelle de l'aide est de 4.990,2
millions CFA.

1
- La deuxièrre phase qui cc:mœnce à la fin 1968
marque un ITOUvaœnt explosif, puisque MI8 = 3.095 millions
F. CFA alors que 2.224 millions. Au mÊ!lle nrrrent l'aide
atteint en Il'Oyenne 7.895 millions F. CFA par an. l' inp.I1s ion
de MI8 vient surtout de l'aide reçue en 1967 et 1968 qui se
Il'Onte respectivement à 8.854 et 7.394 millions F.CFA.
- Les renseignaœnts qu'on peut tirer de la série
désaisonnalisée, c'est l'évolution sinusoïdale avec une
phase de remontée au 3ème trimestre et une nette reprise
au 1er trimestre. D'ailleurs, les coefficients calculés
pour chacun des trimestres au cours de la périoàe de 1962-73
font ressortir ces ronstatations. A savoir les p::JUrcel1t.:iges
suivants : (1).
1er trimestre
26 %
2e
trimestre
24 %
3e
trimestre
24 %
4e
trimestre
26 %
D'ailleurs une étude de la Direction du Camerce sur
les données également trimestrielles allant de 1967 à
1970 arr ive aux mÊ!lles conclusions avec les taux suivants
26, 24, 23 et 27 % pour les quatre trimestres.
De là on peut dire que plus de la Il'Oitité des :iInp::)rtations SE
fnl"tsurtout· entre le 4e et le 1er trimestre. Ce qui cor-
respond tout à fait aux péricrles d'exportations qui se situent
aux 1er et 4è trimestre.
(1)
-
Nos Estimations à partir des 45 données trimestri
(2)
-
Balance Commerciale et Commerce Extérieur
:
Haute-Volta - Année 1971.

i 61 .
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1'-'''::''

- La courbe d'ajustement Mt = 15,88 t + 2.249,6 marque
une évolution lente mais ce qui est significatif Cl est la II\\3.-
nière dont la courbe lissée s' enroule autour du trerrl.
-
De la série brute, i l se dégage quelques pics
i.rrqxJrtants notamœnt, aux premiers tri.rrestres 1968, 1969, 1970
1971 et 1972, corresporrlant à des cœrnercialisations très
i.rrqxJrtantes de coton de l'ordre de 32.028, 36.248, 23.484, 28.126
et 32.574 (1). Ceci rrontre une fois de plus que les xt déperx:lent
dans une large rresure de quelques produits seularent (aniII\\3.ux
et coton) .
De la courbe lissée, il aj:paraît nettement le caractère
saisonnier et primaire des xt. En effet, la reprise des expor-
tations qui s' arrorcent dès le 4è tri.rrestre, va connaître sa phase
la plus ascendante au 1er tri.rrestre. C'est très juste, puisque
les récoltes qui comœncent en Octobre vont être cœrnercialisées
en déce.TTbre-janvier et les e:<pürL"'.tions ne se feront qu'en
février-II\\3.rs.
Les rroyennes qui se dégagent de nos calculs
sur 45 données
sont sensiblement les mânes que celles obtenues par la Direction
du Ccmrerce égalarent sur des données tri.rrestrielles (20 données) .
Il existe bien une pério:licité.
tri.rrestres
nos calculs %
Direction Cano %
1er tri.rrestre
30
32
2èrre tri.rrestre
25
26
3èrre tri.rrestre
21
19
4èrre tri.rrestre
24
23
(I) cf. tableau n° 12-

163.
- La droite d' ajusterœnt Xt == 6,52 t + 867, marque
égalerent une évolution lente, concrétisant le caractère
stationnaire de l'éconanie qui se diversifie peu. Came
fOUr les Mt, deux pério:l.es peuvent être ooservées :
- 1962 - 1967 : qui, en dépit
rrêrne des bonnes pluies,
ne donne pas une croissance awarente des exportations, per-
rrettant de s' inposer au rroins sur quelques produits sur le
marché international. Cela s'explique bien puisque dans ces
exportations, i l n'y a, ni prcxiuits finis, ni prcxiuits
miniers.
- 1968
c'est la pério:l.e de démarrage effectif du
plan cërlre qui, accuse alors un retard d'une année . C'est
aussi
la naissance des Organismes Régionaux de Développanent
(O.R.D.) et la consolidation des pouvoirs de la C.F.D.T. Ces
deux facteurs conjugués, vont stimuler la culture du
coton. C'est aussi, la raison qui noos a fait désormais faire
une distinction entre les différents types de paysans, en
l'occurence celui de Houndé, spécialisé dans la culture du
coton.
PAPAGRAPHE 1 II
LA SI'IUATla-l DES ENTREPRISES COMMERCIALES
La preni.ère ranarque que l'on peut faire après avoir
analysé le carrœrce du pays, tant au niveau intérieur, est
la marginalisation des autochtones mêIœs dans ce comœrce.
Ils sont pour la plupart reverrleurs de prcxiui ts finis ou
transporteurs. Le a:::mœrce, le vrai, se trouve aux mains
d~ 'firmes multinationales du genre SCO/\\, Peyrissac, ClCA,
véritables sociétés pieuvres qui éten<9.ent leurs tentacules
dans tous les secteurs de la vie éconanique. Ainsi, la
société
Ccmrerciale de l'Ouest Africain (SCO/\\) a des participations
dans les Sociétés
suivantes :

· Société Voltaïque de Crédit Autœroile (SOCOIJA)
9,10 %
• Hyp:xlrâœ
33 %
· Taœntente
12,5 %
Société Voltaïque pour le Ccmœrce et
l'Industrie
(SCCOLCI)
33 %
· Société Voltaïque d' Equipaœnt (S. V. E. )
13,5 %
Dès lors, au niveau de leurs chiffres d'affaires, cela
s'en ressentira nettement. En effet, une étude de ce chiffre
d'affaires "marchandises" des principales entreprises cern-
rœrciales, nontre que l'indice désaisonnalisé est passé de 11 7 ,
43
au 1er trimestre 1966-67 (base 100 en 1963) à 191,13
au dernier trimestre 1972-1973.
Voici la situation des principales entreprises ccmnerciales
notamnent au niveau de leur spécialisation, de leur jJ2rscnnel
et de leurs inp::>rtations en 1973 :

loj.
TABLEAU W 18
SITUATION DES PRINCIPALES ENTREPRISES COMMERCIALES
NOM
PERSONNEL
CAF, en
SPECIALISATION
millions F.
SOVOLCr
105
3.900
import-export
PeyrissaC
165
2.000
matériaux de cons-
truction, quincail-
lerie, électro-ména
ger
SOVOLCAM
170
1.500
CICA
130
1.300
auto, sport,
électro-ménager
Brossette- Valo
50
650
matériaux de cons-
struction et quin-
caillerie
CAHICO-Ouaga
30
570
matériel industriel,
quincaillerie, arme~
cycles.
King-HV
85
500
vente, réparation
auto - électro-ména-
g~r.
Source
"Guide de l'Investisseur", Chambre de
Commerce, d'Industrie et d'Agriculture
Haute-Volta.

166.
Panni, le personnel il faut souligner que la plupart
sont des manoeuvres, avec quelques ouvriers spécialisée.:
Il n'existe pratiquaœnt aucun cadre de Direction en dehors
de la CICA. C'est ce qui a pu permettre à la Direction
de la Chambre de Canrerce de reprendre cette citation
de r-bnsieur le Président de la République qui disait en
substance qu' "Une éconanie bâtie sur des capitaux étrangers
et contrôlés par eux est extrênerrent faible" (1)
Dans un tel contexte, est-il possible d'avoir une
balance canrerciale en équilibre, puüque les principales
maisons canrerciales sont de traite et, n'entendent pas
modifier leur stratégie qui consiste à disposer leurs
\\
forces de manière a pomper sans vergogne l'éconanie locale.
Concernant la balance camerciale, il se dégage que
le lien entre importations et exportations est lâd1e, il
s'ensuit que c'est surtout l'aide extérieurfqui nourrit
les L'CpOrtations. ('l12Jlt au défi ci t TTÊ!re, i l n'a cessé
de croître depuis lors, puisqu'il est passé de 7.352 mil-
lions en 1969 à 10.171 millions de F. en
1972. Ce déficit
constitue plus de la moitité avec la France (7.261 millions
de F. CFA)
. Néanrroins, au niveau du cemœrce intérieur
on constate un développement de l'artisanat urbain. Tout
le prdJlèrœ est de savoir si cet artisanat peut dans une
certaine rœsure s' i.lrposer devant la concurrence extérieure.
(1)
"Guide de l'Investisseur" o.p. cité.

167.
SECI'IOO III - L'ARTISANAT lJRBI\\IN
C' est une activité qui prerrl de plus en plus d' inp:::>rtance
dans le pays, surtout au niveau des villes. Malheureusement,
en dehors des études de'S.A.T.E.C. en 1964 et de la 'lhèse de
Mme Pallier sur "l'Artisanat et les activités in::1ustrielles
à OUagadougou" (déearbre 1970), il n'existe pas de statistiques
ou d'études récentes sur les activités artisanales. Oloique
leur :irrp:>rtance dans la P.I.B. reste non négligeable, il
est difficile de pouvoir avancer des chiffres dans ce danaine.
Ce qui est certain, c'est que
c'est une branche non seulement
où les métiers sont très diversifiés, mais qui regroupe aussi
une bonne partie de la population urbaine. Panni ces rrétiers
on distingue :
1 - Les rrétiers du Bâti.Jrent
C'est un secteur qui offre beaucoup de possibilités
et qui joue un rôle assez comp§ti tif par rapport au.x autres
branches du secteur secorrlaire. La dispersion et le 1TlëlJ'X1Ue
de rroyens financiers très inp:::>rtants constituent à l'heure
actuelle leur faiblesse, tout came les fabricants de natériaux
de construction et autres.
a - fabrication des natériaux de construction,
b - rrenuisiers et marpentiers,
c - électriciens, plombiers et serruriers,
d - Coopératives artisanales du Bâtirrent.

168.
En dehors donc de ces coopératives formées sous
l'impulsion des Missions Catholiques (Société Coopérative
de !'aluiserie et du Bâtilœnt) à OUagadougou et la Coopérative
Voltaïque du Bât.i.Jœnt et T. P. à Bc:t>o Dioulasso, les autres
métiers sont inorganisés.
2 - La fabrication d'articles de ménage
Ils se sont inspirés, ces fabricants des articles du
CCJlllœrce rrcderne, notanment des ustensiles de cuisine tels
que : poêle à frire, louches, entonnoirs. La matière pranière
est la tôle de récupération. Les porte-bagages de vélos, des
marmites en aluminium sont fournis par ces artisans au marché
local. on trouve également les fabricants de tamis pour la
farine et la semoule. Ils partent uniquement de l'écorce de
ronier pour faire les cercles.
3 - Les réparateurs de cycles et cyclaroteurs
Installés le plus souvent à l'ambre des caïlcédrats
géants bordant les rues
des principales villes voltaïques,
ou protégés par un simple hangar de chaume, ils jouent au
médecin des petits engins. Leur rôle est d'autant plus
important lorsqu'on sait la fonction éconanique du vélo
dans les activités quotidiennes (transport des marchandises
de village en village ou à la ville), en dehors de quelques
uns, la plupart d'entre eux travaillent avec un matériel
réduit.

169.
4 - les teinturiers
le travail de la teinture est lié à l' :inp:Jrtance de la
filature et du tissage surtout, tenus par les femmes à
Ouagadougou et à Bdx:> Dioulasso. Selon les enquêtes
effectuées par la S.A.T.E.C., leur chiffre d'affaires peut
atteirrire 90 nùllions de F. par an , puisque la teinte
d' un boubou revient au rroins à 300 F.
5 - les bijoutiers
Contrairaœnt aux autres catégories, on rena:mtre
les bijoutiers un peu partout à l'intérieur du pays. Ils
travaillent l'argent, le bronze et le cuivre qu'ils trans-
fornent en bijoux
traditionnels, rrassifs bracelets pour
les poignets
.et chevilles, boucles d'oreilles, bagues
etc ... A Kaya, ils font des petits récipients sur trépieds
tandis qu'à Dari, OUagadougou et Bobo, Peulhs et Sénégalais
travaillent l'or et les pièces d'argent.
5 - Divers
Panni les plus représentatifs on rencontre surtout
al - les sculpteurs sur bois. et sur ivoire;
bl - les fondateurs de figurines en rrétal i
cl - les bouchers, les boulangers, etc ...

170.
En réstnné, on peut dire que par sa situation continentale,
enclavée de l'Afrique Centre OUest, la Haute-Volta, doit tirer
toute sa richesse de son sol et de l' ingéniosité de sa population.
La mission d'étude confiée par l'Etat à l'Association
Française de Formation, de Coopération et de Prarotion Artisanale
(AFCOPA) , ainsi que le Centre de Fonnation Professionnelle Autri-
chien s' inscrivent dans ce cadre de déveloj::pEID2nt de ce type
d'activités.
L'artisanat et l' agriculture sont deux fonnes d' activi tés
qui doivent pennettre'
de réduire le déficit camercial et créer
des revenus additionnels pour les catégories les plus défavorisées.
Dans la mesure où cette entreprise ne nécessite pas la
mise de gros rroyens financiers, l'Etat à travers les d>jectifs
qu'il se fixe, doit considérer ce secteur carme prioritaire.
j

1 i 1 •
ŒAPlTRE III
L'ADMINISTRATlOO El' LE SECI'EUR NATIONALISE
Dans la mesure où la conception classique de l'Etat, agent
placé au mêrœ titre que n'i.lT1fOrte quel autre agent est battu en
brèche aujourd 'hui, i l est irrlispensable de voir les structures
administrati ves qui sont mises en place pour contribuer au dévelop-
perrent.
Nous distinguerons d'une part, l'organisation administrative,
et,. d'autre part ,le secteur nationalisé et les offices dépendant
de l'Etat.
SECfION l
L 'Q1?v"lNISATICN l\\l:~·lINISTFATD]E
PARAGRAPHE l
LE DOCOOPAGE ADMINISTRATIF
Actuel1arent le pays c:arpte dix préfectures
qui sont égalerrent
sulxlivisées en sous-préfectures 1 puis 1 en sulxlivisions et en postes
administratifs 1 créées après le 8 février 1974.

172.
Jusqu'en 1971, i l existait
sept cœmunes de plein
exercice : ouagadougou, Bcbo-Dioulasso, Koudougou, Kaya,
Ouahigouya, Fada N'Gouma et Banfora.
Cependant, jusqu'à présent, les 7.000 villages répartis
sur toutes l'étendue du terri taire, n'ont pas de strueutres
carrnunales. Regroupés au sein des collectivités rurales,
plus vastes et comportant de 50.000 à 100.000 habitants,
le découpage rappelle les divisions administratives
françaises. De telles sorte que les paysans ont toujours
l'irrpression que rien n'a fondamentalerœnt changé depuis lors.
La véritable réfome, a été l' institution des Offices
Régionaux de Développanent (ORD) dont le but est d'encadrei-
les paysans. Dans l'irnnédiat, mêrre au niveau de l'élaboration
des Plans, les projets sont répartis par zone géographique
couverte par chaque O. R. D. Cette répartition tient cœpte
d'un certain narbre de contraintes aussi, en matière de per-
sonnel et de connaissance parfaite de la situation sociale
et éconanique de ch.:que région.
PARAGPAPHE Jt : LES RATIOS CCNCERNANl' L'IMPACT DE L' ADMlNISTATIOO
1 - Administration et Population
En 1970 on comptait 12.061 agents civils de l'Etat pour
une population présente de 5.204.000 habitants, soit un agent pour
431
habitants (1)
(1) P.Q.D.E.S. op. cité p. 355

173 •
Après avoir noté que l'impact de l'Administration sur l' ensarble
de la population notarnrent rurale est insuffisant, le deuxième
Plan écrit que " ... ce qui est en cause, est en réalité la mauvaise
répartition du personnel civil de l'Etat entre le ronde rural et
le ronde urbain". L'il<XIUence n' est que de trop, car en effet, le
rural ne voit le représentant du pouvoir central que lorsqu 1 il
s'agit de payer l':ilIlpôt ou d'une "contribution patriotique".
Les données de 1970 font apparaître un rapport d'un
fonctionnaire pour 244 actifs, ce qui place la Haute-Volta au rang
des pays les plus faibles de l'Afrique de l'Ouest.
Le rapport est d'un agent p.IDlic pJur 3 salariés
contrairEment oU rapport précédent le :'aLLX est considéré ccrmc
un des plus élevés de l'Afrique Centre Ouest. Ce taux témoigne
de l'importance de la forte bureaucratie existante.
2 - Administration et P.I.B.
Pour une P.I.B. de 80.140 millions de F. en 1970, le
rapport est de 151 agents par milliard. Ce ratio est signi-
ficatif, dans la rresure où il témoigne de la charge assez
lourde que l'Administration pléthorique représente pour le
pays.

174 •

3 - Répartition des agents civils de l'Etat
En 1970, les agents civils de l'Etat, militaires non
carpris se répartissaient ccmœ suit dans les différentes
catégories
Catégories
ou assimilés
Narbre
pourcentage
A
289
2,4 %
B
865
7,2
C
2.340
19,4
D
4.537
37,6
E
4.030
33,4
'IDTAL
(1)
12.061
100,0 %
Une remarque s'impose, c'est le nombre très élevé
de la main d'oeuvre subalterne, représentant 71 % de l'effectif
du secteur public. Du point de vue cadres supérieurs et rroyens;
le raPFOrt à la population totale résidente est très peu signi-
ficatif. Par contre, bien que peu narbreux, c'est ces deux
catégories (cadres supérieurs et rroyens), qui absorbent en grarrle
partie le btrlget de l'Etat.
(1) P.Q.D.E.8. op. cité p. 355

175.
En 1974, sur un btrlget de 12.493 oollions de F. (1) la partie affectée
aux dépenses de "fonctionnaœnt du personnel" représentait
7.085 oollions de F. soit 56,6 % de cette masse budgétaire. Face
à un accroissement des besoins de l'Administration et devant
les exigences de l'éconanie de marché, l'Etat est arrenÉ1
à jouer
un rôle de plus en plus grand sur le plan éCX)l1anique.
Sff.'TION II
LE SEC'IEUR NATICNALISE ET LES OFFICES
PARAGRAPHE l
LES OOCANISMES AUI'ONCMES
L'Etat a été arœné a donné à certains de ses organismes
une certaine autonanie afin qu'ils puissent contribuer plus
efficacaœnt au développenent. Parnù ces organismes; en dehors
des collectivités locales
qui prennent certaines décisions,
d'intérêt administratif régional, on trouve les O.R.D. qui
bénéficient d'une autonanie financière. Dans le rrême cadre,
il a été créé l'Office National de Céréales (OFNACER) qui est
chargé en laision avec les ORO de la collecte et de la distri-
bution des produits vivriers tel que le 001. Au niveau finan-
cier, l' ')ffice des Chèques Postaux et de la Caisse NatiC:~êll'21 ' :::-
pargne, collectentJes foros non négligeables pour le Trésor
Public. Cependant, dJ.nS certains autres dœaines, l'Etat, rrême
s . 'il est majoritaire, partage son pouvoir avec d' autres
l-crsonnes rrorales ou physiques.
PARAGRAPHE II : LF'..8 SlXIETES D'ECCNCMIE MDITE
Ce que nous retenons, ce sont les sociétés ayant pour
but de créer les conditions favorables au développenent ou
tout simplanent des sociétés d' intérêt public. De ce point
de vue, nous excluons les entreprises industrielles ou l'Etat
a des participations, que nous analyserons dans le cadre de
la deuxième partie de cette éttrle.
1/
(l) Vie Econanique et financière : "Bulletin de l' liriqûe Noire
Nn. 7fiR n11 fi fp"rier lQ74.

Î { v •
Parmi donc ces sociétés, on trouve la Société Voltaïque
de Camercialisation (SCVOICCM), qui a
été créée en Avril 1967
pour suppléer aux insuffisances des entreprises camerciales
privées dans la distribution des produits manufacturés de
grande consarrnation. Ces méthodes de gestions sont
similaires
à celles d'une entreprise privée. Elle compte actuellement
22 boutiques.
Dans le secteur financier, banques et assurances, l'Etat
manifeste de plus en plus son intéressenent dans ces deux
danaines. En effet, après la création de la Banque Nationale
de Oévelopparent (B.N .0.), spécialisée en grarrle partie dans
l' .inm::bilier, les autorités viennent de prendre une part active
dans les banques privées: Banque Nationale de Paris (B.N.P.)
devenue, Banque International pour le Cœrœrce, l'Industrie
et l'Agriculture (BIC IAIN), et la Banque Intemationalede
l'Afrique de l'Ouest (BIAO) devenue, le 11/12/74, la Banque
Internationale des Voltas (BN).
En résumé, l'Etat doit jouer un rôle impulsif dans
l'éconc:mie d' enclave, et de façon schér:latique on peut repré-
senter comœ suit les différentes manifestations de l'Etat dans le
circuit éconc:mique.
- Il distribue des revenus aux ménages au rrêne titre
que les entreprises et le Pôle rural. Ces revenus sont en partie
dépensés par les ménages sur le rrarché des biens de consamation,
tandis que l'autre partie se trouve épargnée auprès des Insti-
tutions financières ou
thésaurisée.

177.
- Il achète sur le marché des biens de consœmation,
le rrd:>ilier et le matériel de bureau nécessaire il. son fonc-
tionnement, mais joue W1 rôle égalarent inportant sur le
mard1é des biens de production : équipaœnt matériel,
construction de routes, grarrls travaux d' écoles.
- Au sein des entreprises, i l prerrl des participa-
tions ou crée tout si.rcÇllement ses propres sociétés : SOVOLCCM,
SŒAVOCI (Société Nationale Voltaïque de Cinéma) etc.
- Avec les Institutions Financières, il dépose
ses fonds ou recours à des emprunts sur le marché financier
soit, tantôt prend des participations
: BND, BICIAHV, BIV.
1
salaires
transfertsl
bénéfices
J'-1i:::c::::::-_=-~--
, -
;
aide
'
importations
achats
SCHEMA DE FONCTIONNEMENT DE L'ECONOMIE
Fonction de l'Etat

178.
D'un p::>int de vue théorique, voilà cament l'écol1Cl1Ùe
Volt.aique s'articule en tant qu'éconanie
ouverte <'11 T"lonc'le
extérieur. Ce srnéna mérite d' être canplété par une
éttrle quantitative qui permettra de mettre en relief les
vértiables raHJOrts qui existent entre les différents
secteurs de l' éconanie, en mÊ!Te tanps que ça servira de
conclusion à notre première partie. Il s 1agi tend' autres
termes d'une approd1e en termes de Cœptabilité Nationale.

179.
CHAPITRE N
LES RElATlOOS INrERSOCIDRTETJ.FS CU lA OOANI'IFlCATlOO
DE lA STROC'ruRE F'CNCTIONNELLE DE L'~ VOLTAIÇUE
Un des prcblèrres fondarrentaux pour dresser des plans
cohérents de développelœI1t est, la connaissance des méca-
nisrres internes de fonctionnerrent de l'éconanie nationale;
les circuits de prcduction et de revenus outre
les prin-
cipaux agents éconaniques, cela irrplique un mini.mJm d' infor-
mations. Il n 'y a pas si longtemps encore, que l'éconaniste
se contentait de fragrœnts de statistiques fournis par les
différents départaœnts de l'Etat ou des descriptions établies
par les géogr~es. Certes, leur contribution à l'analyse
des structures éconaniques nationales étaient certa.jhes, mais,
leurs erreurs aussi et les contrérlictions des données étaient
incontestables.
Déjà, au 18ème siècle, les éconanistes libéraux, en
l'occurence Quesnay, étaient préoccupés par le prcblème. Le
Tableau Econanique d'Ensenble (T.E.E.) sera d'un arPJrt
très sérieux pour la Science Econanique. De leur côté, les
éconanistes révolutionnaires avec, Karl Marx, se préoccupe-
ront de structures et d'analyse en tennes de totalité pour
appréhender l'éconanie nationale.
Mais, c'est surtout après
1950, que des progrès sensibles seront faits avec d'une part,
la généralisation des idées keynésiennes relatives à la macro-
éconanie, et d'autre part, avec le développarent de la Plani-
fication socialiste réalisée en URSS après 1920.

180.
La Cœptabilité Nationale résulte, de la oonjonction
de ces deux rernerches. Cette conjonction ne signifie cepen-
dant pas analogie des deux
types d' éconanie, encore Jroins
dans les économies essentiellement agricoles.
Dès lors, ce qui s'impose, c'est l'élaboration de
comptabilité nationale qui répJrde aux structures de chaque
éconanie nationale et aux besoins d' infonnation des respJn-
sables. Carme le souligne très justement le professeur Marcel
Rudloff, il ne s'agi t pas d'inventer des nouveaux
principes
ccmptablesi l'essentiel est d'utiliser surtout des
ccmptes appropriés, de définir les inst:rurœnts d'analyse de
l'éconanie dualiste et d' approfordir les études régionales.
Soucieuse de rationalité et d'efficacité, la Comptabi-
lité Nationale apparaît cx:mne un outil indispensable dans la
gestion de l' éconanie. Elle l'est dans la mesure où, selon sa
définition, elle fournit" la présentation, suivant, un ordre
comptable rigoureux, de l'ensatble des infonnations chiffrées
relatives à l'activité éconcmique de la nation; elle ::lécrit les
phénarènes fondamentaux de la prcx:1uction, de la distribution, de la
répartition et de l'accumulation des richesses elle enregistre
les transactions entre les grards ensatbles qui constituent la
nation. Ses résultats se présentent sous une fonre propre
à faciliter les canparaisons et les études synthétiques" (1).
(1) Malinvaud "Initiation à la Carptabilité Nationale" cité
par RLrlloff op. et cité.

) 81 •
La poli tique éconanique nécessi te qu 1 à chaque
moment, les responsables de l'éconanie puissent
dégager un certain narbre de grandeurs éconaniques
appelées agrégats nationaux : production nationale,
consœmation globale, investisserœnt brut, épargne
totale, revenu national etc. L'établissaœnt de Plans
Quirquennaux et l'analyse pluriannuelle de ces plans,
corrluisent à suivre l'évolution conjoncturelle et les
transfonnations structur~lles en cours de l'éconcrnie .
En same, la "Cœptabilité Nationale situe dans un cadre
analytique précis et cohérQl1t l'enserrble des données
statistiques portant sur les activités de production,
de dépenses, de répartition; elle isole les groupes
d'agents éconaniques et les opérations qui relient
entre eux ces divers groupes significatifs (1). Aussi,
il convient de souligner la portée et les limites qu'elle
cœporte. Par.mi ces limites, il y a celles qui sont d'ordre
général et qui, échappent à l'analyse éconanique, tandis
que d'autres sont spécifiques aux pays agricoles où les données
statistiques ne sont qu'à l'état enbryonnaire.
Halgré ces limites, la carptabilité nationale, apparaît
en fin de cœpte eœme un
précieux "irrlicateur
de chenin".
Elle pe:met à trot rnoment de faire le point de la distance
parcourue en rrâne temps qu'elle ouvre les portes sur l'évo-
lution probable des cœportEmentSet des grandeurs éconaniques.
(1) M. RUDLOFF op. cité p. 413.

182.
c'est pourquoi, sans tootefois avoir la prétention
de faire une ét1rle ccnplète d'un
quelconque système de
canptabilité nationale en Haute-Volta, noos allons seule-
ment l'utiliser en tant qu'auxiliaire indispensable au dé-
velopperrent planifié fOJI analyser les structures de l'écono-
mie voltafque en Itêre temps qu'elle nous permettra de voir
les mécanismes de fooctionnement de cette écooanie.
SEX:TICN l
L'EVOLUTION DES DIFFERENTS SB:TEURS
Jusque là noos avons seularent fait référence à deux
grands secteurs, maintenant il convient de reprendre l'analyse
SOlS
l'angle de la canptabilité nationale afin de voir la oontri-
bution de chaque secteur dans la prcrluction.
PARAGRAPHE l
IE SOCI'EliR PRlMAIRE
Sous cette rubrique, nous regreuperons l' agria.Üture,
l'élevage, les activités du Bois, les activités secorrlaires
des ruraux, ainsi que leurs activités tertiaires (1). A ce
propos, Foorastié dit 'J'appelerai secteur primaire les a:::-
tivités de type agricole parce qu'il s'agit d'un secteur tra-
ditionnel et qui reste très ~ant, essentiel parr la
nourriture et le vêterœnt de l' home; le secteur primaire
est à progrès technique moyen (2).
(1) cf. tableau no.
19
(2) J. Frurastié : "Le grand espoir du XXè siècle" cité
par Bourcier de Garboo dans "EIÈ!nent5 de dÉ!llographie
éconanique" .

183.
Cerrne nrus avons déjà eu à le sruligner, les
éconanies du pôle rural, malgré les tentatives d'orienter
ce secteur vers des activi tés monétaires, en dépit de l'en-
cërlranent des paysans par des éducateurs ruraux, il est de-
meuré au stade primaire. La prOjression a été lente au ceurs
de la période 1964-1972 puisqu'il ressort un taux de crois-
sance globale de 31 % seulanent, soit, moins de 4 % par an.
L'agriculture qui constitue le principal poste s'est
située :
à un taux de progression également lent puisque, entre
1964 et 1968, l'évolution n'a été que de 8 % soit, seulement
2 % par an,
. entre 1968 et 1972, la croissance semble avoir été
plus rapide puisqu'elle passe à 5,5 % par an,
. au regard de toute la péricde considérée, les preYjrès
sont peu sensibles et, se situent au niveau de la moyenne
générale soit, environ 4 % par an. C'est un milieu où les
structures évoluent três !enterrent. En effet, l'hœme vit
en syrrbiose <:Nec la nature qu' il considère e:ame une donnée.
C' est parce qu 1 i l vit en référeoce au passé et aux CCùb.ures,
qu'il évite de houleverser trop rapidement son environnement.
Ainsi, en l'abseoce de tout esprit mercantile, on produit tout
juste ce qui est nécessaire au milieu et à l'échange. C'est
p::llI'qUoi, après huit ans, le secteur primaire qui représentai t
84,3 % de la V.A. gl<bale (1), constime erx::ore l'essentiel
de cette V.A. en 1972, puisqu'elle s'élève à 78,9 %.
(1) c.f. tableau n019

184.
- l'Elevage qui représente la principale source d 'exportaticn,
n'a pas non plus évoluée, puisque le taux de croissarce n'a été
seulerœnt que de 24 % au cours des huit ans. Entre 1968 et 1972, i l Y
a eu un ralentisserrent très net (taux de croissance 10 %) , résultat
des effets de la sécheresse.
Désonnais, il apparaft que de plus en plus les autres secteurs
prennent de l'importance dans la \\7 .A, surtQlt au niveau du secteur
secondaire avec l' irrq:>lantation de quelques industries.
PARAGRAPHE II
LE SECTEUR SECCJNDi\\IRE
Cœrne l'écrit Jean Fourastié "Le secteur secondaire
groupera les activités à grand progrès technique, en pratique
le secteur secorrlaire est essentiellaœnt caractérisé par le
secteur industrie11: nrus retiendrons dans ce secteur les postes
suivants: les industries, l'énergie, les bât.i.rœnts et T.P.
ainsi que les bois divers.
1 - Les industries
On sait qu 1 à la veille de l' indépendan::e du pays, seules
quelques fabriques existaient, ayant une valeur ajrutée repré-
sentant un milliard de francs. (1) Jlüssi, ce n'est qu'après les
évènaœnts du 3 janvier 1966, et avec la mise en place d'un
plan cérlre que les premières véritables industries de substituticn
s'implantent
Société sucrière, Grands Mal lins , Volta Textile
etc '"
(l) S.E.D.E.S.
"canptes Econaniques H.V. 1954-1959".

185.
- Au niveau des industries alimentaires, la croissance
de la V.A. s'amorce dès 1968 passant de 0,7 % (1964) de V.A.
totale à 1,6 % (1968) pour représenter en 1972 sensiblement
2,2 % de la V.A. (1). Le taux d' aa::élération a été soutenu pendant
les huit années puis::p.e la croissance glcbale a été de 350%
soit, près de 45 % par an.
- L'industrie textile qui n' avai t qu'un caractère artisa-
nal au début (0,10 % V.A.) a rapiderrent pris de l'importance dès
fin 1970 mais surtc:ut en 1972 0,60 % V.A.)
. L'i..nplantation de
l'usine Voltex
est le moteur essentiel de ce boan.
2 - L'énergie par contre; a marqué des fluctuations peur
reprerdre son rythme normal à partir de 1970, puisqué entre
1964 et 1968 on cbserve une baisse de - 11 % et entre 1968 et
1972 un taux de croissance de + 64 %.
3 - Les bâtirrents et travaux publics, qui représentent
le ?!:"ülcipal peste en 'J .~J.. 1 cnt c-ès peu évolué et c'.:c:-e l' 2r'.,c>rgie
ont connu des phases de récessions.
Mais, i l appra!t que le secteur secondaire qui ne ren-
trai t que fXJlr 5,3 \\: de V.A. en 1964, présente désormais certains
atcuts en particulier au sein des industries. D'une manière géné-
rale, en 1972, l'ensemble du secteur intervenait pour 9 % dans la
V.A. soit, un taux d' aa::roisserœnt de 139 % entre 1964 et 1972.
( 1)
c •f. tableau nO
1 9

EVOLUTION V.A. DES 3 SECTEURS ET PAR BRANCHES
(en millions de francs courants)
Tableau nO 19
branches de
1964
1968
1970
1971
1972
Taux de croissance
l!l/o
iuction
1968
1972
1972
montant
"l.
montant
%
montant
70
montant
70
montant
%
1964
1968
1964
Agriculture
18.981
31,9
20.506
30,7
23.500
31,3
22.864
29,5
24.947
29,9
8
22
31
Elevage
7.528
12,6
8.645
12,9
8.441
11 ,2
8.694
11,2
9.472
11,3
13
10
24
Bois
4.760
8,0
5.176
7,8
5.571
7,4
5.806
7,5
6.502
7,8
26
Activités secon-
6.606
11,1
7.596
11 ,5
8.403
11 ,2
8.440
10,8
8.744
10,5
15
daires ruraux
Activités ter-
12.171
20,5
13.745
20,6
15.332
2'J,4
]5.465
19,9
16.231
19,4
18
tiaires ruraux
TOTAL SECTEUR
50.046
84,3
55.668
83,5
61. 247
81,5
61. 269
79
65.896
78,9
11
18
31
PRIMAIRE
Industries ali-
405
0,7
1.043
1,6
1. 387
1,9
1. 653
2,13
1.824
2,2
242
75
350
mentaires
Energie
406
0,7
361
0,5
469
0,6
530
0,68
592
0,7
-11
64
46
Industries tex-
65
0,1
85
0,1
562
0,7
938
1,20
1.332
1,6
31
14670
1949
tiles
Industries des
292
0,5
413
0,6
612
0,8
588
0,76
541
0,6
41
31
85
métaux
Bois divers
85
0,1
216
0,3
243
0,3
211
0,27
268
0,3
154
24
215
Bât. et T. P.
1.882
3,2
1.848
2,8
2.169
2,9
2.780
3,6
2.930
3,5
-2
59
18
- TOTAL SECTEUR
3.135
5,3
3.966
5,9
5.441
7,2
6.700
8,6
7.487
9,OC
27
89
139
SECONDAIRE
Transports-PT
1.903
3,2
2.560
3,8
3.176
4,2
3.526
4,5
3.860
4,6~
35
51
103
Banques - Assur.
432
0,7
368
0,5
517
0,7
527
0,68
568
0,68
·15
54
22
Services divers
1,899
3,2
2.092
3,1
2.479
3,3
2.548
3,28
2.658
3,18
10
27
40
Commerce moderne
1.950
3,3
2.050
3,1
2.810
3,1
3.025
3,9
3.073
3,68
5
50
58
- TOTAL SECTEUR
6.184
10,4
10 ,6
8.981
11,3
9.626
12,4
12,1
TERTIAIRE
7.070
10.159
14
44
56
AL VA :
59.365
100
66.704
100
75.669
100
77 . 595
100
83.542
100
12
25
40

i 0 ( 1
PARAGRAPHE III
lE ffiCl'E.UR TERl'IAIRE
Il regroupe l'ensanble des services qui sont qualifiés
de rno::lernes par cpposition aux activités des ruraux. Panni
ces services, on trolNe :
l -
Le canuerce m:XIerne
Les activités du c.armerce rno::lerne sont daninées par
les grandes fiones nultinatioMles : SCOA., Peyrissac, SOJOLCI
etc ... mais égalerœnt par des Syra-libanais représentés dans
la plupart des grands centres du pays. Enfin, quelques marginaux
représentent les autcehtones. En 1964, le carrnerce mcderne était
évalué à 1.950 millions de F. soit 3,3 % de la V.A glcbale. Pu
niveau de ce secteur, i l représente la plus grande part de la V.A.
Malgré la lente évolution, faisant passer la V.A. à 3,68 % en 1972
il s'en suit que l'accroisserœnt total a été de 58 % soit en IrOyenne
7,25 % par an.
2 - Les banques et les assurances ont très peu évolué,
témoigne la baisse de 1968. Le taux d' acClXJ; sserrent est très
faible soit 3 % par an, ce qui explique clairerrent que le secteur
financier privé n'a jamais cherché à rrolifier œs structures
par la diversification de ces activités et la création de succursales
dans les centres secondaires.

188,
3 - Les transp?rts et les P. T. qui occupaient
la deuxième place en 1964 au sein du pOle Teritaire, ont marqué
un net progrès et en 1972, ils représentaient 4,62 %
dela V.A. marquant, un accroissEment de 13 % par an en
valeur.
Au total, le secteur tertiaire n'a pas beaucoup
évolué. En rroyenne la croissance a été seulement de 7 % par
année donc nettement plus faible que le secteur rroderne,
mais cependant au détriment du secteur primaire.
La structure de l' éconanie n'a pas fondamentalEment
changé et confinne si besoin en était la stagnation des
principaux secteurs qui doivent servir de leviers au dévelop-
panent. la V.A. ou la contribution de chaque branche à la
production globale qui représentait 59.365 nùllions de F.
en 1964, a sensiblement évolué p?ur atteindre 83.542 nùllions
de F. en 1972, soit un accroissement de 5 % par an. Ce taux
de croissance en valeur, essentiellement impulsé par le secteur
rroderne, va se trOlNer totalement absorbé par l'inflation
(5 " par an en '11Oyenne), et la croissance dérrographique
(2 % par an).
Finalement, on constate mÊme une détérioration
de 2 % par an du p?uvoir dl achat de la p?pulatian.
Compte tenu de la stabilité des structures, nous
partirons des comptes économiques de 1964 p?ur analyser les
relations intersectorielles.

189.
SECI'ION II
E.TUDE ANALYTIQYE D'UN SCHEMA DE REIATIONS
INrERSOCIORIEI J .ES
Dans un prenier tanps, notre étude consistera
à exposer la méthode d'établissement du schéma des
flux avant de voir dans un deuxième point les résultats/
PARAGRAPHE l
METHODE D' ETABLISSEMENI'
Nous avons eu à dégager trois types de relations qui
pouvaient exister entre les principaux secteurs :
- relations d'échanges,
- relations de parenté,
- relations migratoire.
Seule la première relation retiendra notre attention,
dans la mesure oü elle permet de poser le problème sous
l'aspect éconanique. Pour situer ces relations, on va se référer
à la distinction
opérée par les Canptes Econaniques de
1964 qui retiennent quatre
FÔles au niveau de l'éconanie

190.
- un pôle rural,
- un pôle rn::::derne, avec un sous-pôle cœmerce,
- un pôle administrations
- un pôle extérieur
La principale difficulté qu'une telle dichotomie
soulève, ne concerne nullement les deux derniers, mais par-
ticulièrement les autres pôles dont nous nous efforcerons
de définir, rrontrer la démarche et le mécanisme de fonction-
nement.
l - Définition
L'un~des difficultés qui se pJse au niveau de ces deux
secteurs est la délimitation.
- le pôle rural englobe l'ensemble des producteurs
exerçant les activités classées dans le tableau analysant
la contribution de chaque secteur dans la production (V. A. )
- Dans le pôle rn::::derne, se trouvent rattachés, petits
artisans des villes.
Certes, la distinction peut être discutée, mais les
instruments dispJnibles nous contraignent à adopter cette
démarche.

191 .
2 - Démarche
Aussi sommaire soit-elle, elle pose un certain
nanbre de problèmes d'évaluation. S'agissant en premier
:ieu des marges de commercialisation; à attribuer au pâle
rural, la ventilation entre les différents circuits de
commercialisation, courts et longs, a donné des indications
sur la part de marges qui lui revenait, au titre de la
vente de ses prcduits. Quant aux marges relevant de la
vente de prcduits importés ou du pâle rocx:l.erne, i l n'y
avait aucune indication à cet égard.
Les canptes éconaniques de 1964, retiennent une
marge de commercialisation de 2 milliards pour le pâle
rural et attribuent au sous-pâle cœrnerce rocx:l.erne
10,8 milliards de F.
Cette distinction a conduit en second lieu à pro-
céder à ~~e ventilation
des opérations de répartition encre
les deux pâles.
La répartition des impôts directs s'est effectuée
sur la base des statistiques fiscales.
Par ailleurs, ont été attribué~au pâle rural
- une faible part des salaires versés par les Adminis-
trations ou par les Entreprises (essentiellement à l'occasion
de travaux effectués en brousse) ,

1;:1'-1
- les pensions militaires transitant par les services
administratifs
- les revenus rapatriés par les migrants voltaïques
(Côte d'Ivoire, Ghana, etc).
- Les transferts en provenance des ménages urbains
en retenant un taux forfaitaire de l'ordre
de 10 % de la
masse des salaires africains du pôle moderne qui se trouvent
redistribué~au pôle rural, sous forme IOCJnétaire ou en
nature.
Une fois arrêtés, les chiffres relatifs aux postes
ci-dessus, les Canptes Econaniques évaluent les autres
postes du schéma (conscmnation des ménages, achats de pro-
duits importés, de chaetm des deux pôles) par un système
d'équations d'équilibres.
Sans doute, aussi bien les IOCJYens de ccmnercialisa-
~:on c~e les opérations de répartition reposent S'Jr des
hypothèses peu
solides, mais est-ce pour autant
qu'il faut renoncer à exprimer des ordres de grandeurs
et des relations globales?
3 - Fonctionnement
Chaque pôle est représenté par un cercle dans le
schéma. Pour le pôle rural et moderne, le cercle a été divisé
en deux parties :

(Tl
(]\\
....
SCHEMA
DES
FLUX
19601
POLE
ADMINISTRATION
--:r"'~..--
0.1 R
~
3'9
lE. m.II •••d. d, F. CFA!
-
_ _ 5_'5
- __ 8
1.5 M
1 F,
5.6
-
1"/-
- -
1,7 p.1
1
--~0.8
~.,."""""
6,'
Fd
2,6
1,9
-- -
.....
---
2,6
P 1•. 5
2,4 "
Tf
0,2 p.1
~
1
P 41,3
0,1 M
2,0
0.7 pol
5.6 "
Fi
0.2 A
3.9 C
RP 3'1.8
\\~~" \\A-
,.~
J
__
- -
--
5.8 A
1
!:'.::;:
\\
0
-
0.8 A
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129000 RI
1
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1.65 M
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5. Tf
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1.30 A
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1.0 M
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P
ProdrJctjon brute
,
E
Pôle Extéri.""
CI
Con.ommCttions Int.rmédiolres
,o.' _____
v""
RP
Re",enui de production (R.B.E.
50
-, lolol,es)
Cf
0 '0.1'0
Conlommatlon '.nol.
~~-~
..-----
Fi
Impô" indirectl
....--/
G
Equipemenll
- -
, __ ::'-0,6-
..
Fd
Impôu dlt.cts
~
1
Importatlonl
S
Soloire,
pl
: .Produits Impartél
Tf
Tronsf.rh
Flu;lI de biens. et services.
E.
Exportationl
Ep
Eporgne d'entrepr'sel
"0
l'
Au,res flv"
p E.
ProdUltl d'.xportotionl
(€
€XTER\\~\\l

1·';/---':' •
- la partie supérieure constitue un compte d'exploi-
tation simplifié CUl1pOrtant en ressources (R), la prcx:luction
brûte (P), en enploi : les consarrrations intermédiaires
(CI), les impôts indirects (FI), et un solde désigné par les
revenus de prcx:luction,
(Résultat d'exploitation brûte +
salaires) .
- Dans la partie inférieure, ont été regroupé.:sles
opérations d'affectation et de capital : consarrnation des
ménages, impôts directs (Fel), etc ... ) en emplois; solde
du campte d'exploitation, opérations de répartition, en res-
sources.
- Le sous-pôle cœmerce rncderne, est représenté
seulement au niveau du canpte d'exploitation, le solde
disponible du canpte ayant été viré directe:nent au crédit
du canpte d'affectation du pôle rncderne, de manière à pou-
voir analyser globalanent les revenus de l'ensEITlble du
pôle.
Les chiffres qui figure'nt à l'intérie..:r des cercles
sont
+ précédés de lettres spécifiant la nature éconanique
des opérations : prcx:luction brûte (P), consarrration intermé-
diaires (CI), impôts indirects (F I), consarrration finale
(CF) etc ...
+ suivis de lettres précisant, l'origine ou la destina-
tion des flux : pôle rural (R), pôle rncderne (M), Mninistration
(A) etc ...

195.
Les utilisations des biens et services à l'intérieur
d'un rrêrre pôle ont été soulignées, les autres chiffres sont
les achats c'est à dire les ventes de pôle à pôle.
Les différents flux entre pôles sont représentés
par des traits : traits pleins pour les flux de biens et
de services, traits pointillés pour les flux nonétaires.
Enfin, il faut souligner gue les flux de biens et
de services constituent une ressource pour le pôle d'origine
et un EmPloi pour le pôle destinataire; à l'inverse, les
flux de revenus constituent un rnploi pour le pôle d' ori-
gine et une ressource pour le pôle destinataire.
PARAGRAPHE II
APPLICATION
Dans les études précédentes, nous avons déjà eu il
analyser de façon
qualitative les types de relations gui
existent cu gui peuvent exister e:1tre les différents ~lé's.
Nous avons aussi dégager dans un schéma intitulé "schéma
de fonctionnrntent de l'éconanie", la fonction de l'Etat ainsi
gue les liaisons entretenues avec l'Extérieur par l' éconanie.
Ce deuxième schéma est une illustration de tout ce dont nous
avons éV<XJUé dans cette première partie de notre sujet.
l - Articulations générales
a - !~E9!~_~~!
Le schéma met en relief l'isolement prononcé du
nonde rural. Le phénarène se constate à deux niveaux :

Les utilisations totales en biens et services
s'élèvent à 46,9 milliards qui se calculent canne suit:
Production du secteur (41,3 + 2}- - Ventes du secteur
aux autres pôles (2,2 + 0,3 + 3; 4 + O,ll + Achats du secteur
(l,75 + 6,85 + 1,1 + O,ll.
Dès lors, on voit que 3 13 milliards des utilisations
sont produites sur place par le pôle, tandis que 9,6 millards
d'achats proviennent des autres pôles. On reuarque surtout
que les achats de biens intermédiaires c'est-à-0.ire les
équiperrents sont négligeables (0,8 millard), pendant que les
relations avec les autres pôles se trouvent élargies sous
l'effet des achats de biens de conscrnnation par les ménages
ruraux. Les achats du pôle portent surtout sur des produits
importés (7,85 millards dont 1 millard au pôle Extérieur,
et 6,85 par le canal du cœmerce), !l'ais, peu sur les productions
du pôle m::x:l.erne (l,75 millard) .
- Les ventes aux autres pôles sont égalanent faibles,
et portent seulerent sur 6,0 millards soit:
· 2,2 millards d' exportations directes (cannerce avec
les autres pays sur le bétail) ,
· 0,3 millard de produits d'exportation transitent
par le cœrnerce (COton, arachide),
· 3,4 millards de ventes au pôle moderne, dont 1,5
de bien; intermédiaires et 1,9 de biens de =nsamation des
ménages;
· 0,1 de ventes de biens aux administrations.

i ';/ { •
Selon les estimations des Comptes Economiques,
les salaires et les transferts en provenance du pôle
roc:derne, peuvent être évalués à 1 millard de F
CFA.
Dans ses relations avec les Administrations,
l'économie villageoise, reçoit 2, 1 millards de
salaires et transferts (pensions mil itaires versées
par la France) et règle 1,5 millard d'.inp')ts, directs
et indirects.
Enfin, le pôle rural reçoit 2 millards de l'ex-
térieur au titre des revenus rapatriés par les migrants.
2 - Le sous-pôle Cœrnerce
Il a un rôle inp:>rtant dans tout le circuit
économique, du fait de sa fonction de distribution des
prcx:luits. Dans le cadre de la Haute-Volta, cette fonction
de distribution repose essentiellement sur les prcx:luits
inp:>rtés, se répartissant à raison de 6,85 millards vers
le pôle rural, 1,9 millard vers l'Administration, et
11 , 9 millards vers les activi tés secondaires. En retour,
le cœrnerce achète 1,9 millard à ce dernier, principale-
rœnt des services de transport et quelques prcx:luits finis.

198.
3 - Le pôle m:XIerne
Outre la faiblesse de ses rapports avec le pôle rural,
le pôle m:XIerne se caractérise surtout par l'importance de
ses achats de prcxiuits importés 1 soit 11,9 millards de F. sur
une
utilisation totale de biens et de services de 21,3
millards :
P (14,5) - V (1,75 + 1,9 + 0,95) + A (11,9 + 3,4) = 21,3
Sur une consœmation totale de 11,1 millards, les mé-
nages du pôle utilisent 5,5 millards de prcxiuits importés,
contre 1,9 millard de prcxiuits du pôle rural et 3,7 de pro-
duits du pôle m:XIerne.
La seconde renarque est 1" importance des liens qu' il - entre-
tient avec les Administrations. Ce qui se traduit par l'uti-
lisation de 3,9 millards par ces dernières sur une prcxiuction
~otale de 14,5 nullards de ce pâle. C'esc les Bâtiments et les
Travaux Publics effectués pour le carpte de l'Etat qui sont très
importants.
Sur le plan de la répartition, il se dégage que sur
une masse de revenus bruts de 16, 1 mi l lards (y carpris les
revenus du ccmœrce soit 4,7 millards : 5,8 + 0,8 - 1,9)
co=espondent à un
apport
des Administrations.

199.
Ce qui paraît important, est que le principal
bénéficiaire des transferts publics extérieurs, est le
pôle rro:1erne. En effet, en dehors des versanents
effectués sous forme- de pensions militaires au profit
du secteur prirraire, les 6,4 millards de transferts vien-
nent alimenter les revenus du secteur secorrlaire sous des
aspects multiples : salaires ou subventions, création
de revenus de prcrluction, sous l'effet des achats de biens
et services de l'Etat.
4 - Les revenus des Ménages
Avec ce schÉma, on peut dégager l'ordre de
grandeur
des revenus disponibles, en 'tenant canpte du règ lement
des impôts directs de la part des ménages du pôle rural
et du secteur ITCderne.
a - le oôle rural
---~--------
Les flèches tournées vers l'extérieur permettent
tout de suite de voir que les investissements d'exploita-
tion se montent à 0,9 millard et les impôts directs
à 1,3 millard.
L'épargne des Sociétés et les investissanents des
entrepreneurs individuels, se montent à 2 millards, tandis
que les impôts directs s'élèvent à 1,2 et les transferts
de profit du pôle rural à 0,6 millard.
Rr = 39,9 - 0,9
- 1,3 = 37,7 millards.

Sur cette masse, 23 mi l lards sont des revenus non
rronétaires soit près de 60 % de R.
En se basant sur une population rurale estimée
à 4.400.00 habitants, 'R. armuel Par tête ressort à
8.570 francs dont 3.340 francs de revenus rronétaires.
Quant aux revenus disponibles des ménages du pâle
moderne, ils se montent à :
Rm.a = 12,3 - 1,9 = 10,4 mi l lards
En retenant W1e population de l'ordre de 265 on.') personnes,
on obtient un revenu annuel par tête de : 39,250 F.
En fai~, de ce schéma, il apparaît nettement le
caractère insulaire de l'économie villageoise, tandis que
les autres pSles doivent leur dynamisme au pSle extérieur
d 'W1e part, à cause des transferts que ce secteur effectue,
d'autr2 r-ert, à cause des importations. Comme il a été souligné
pour le déficit commercial, on voit très bien que les importa-
tions sont en grande partie assurées par les tranferts (8,4 millards)
en provenance de l'extérieur. En effet, les exportations ne sont
que de
3,5
millards sur W1 total d'importations de 11, l millards.
Mais le schéma explique aussi, le caractère embryonnaire de l'in-
dustrie, puisqu'en dehors des administrations qui achètent
pour 3,9 mi l lards du pSle,essentiellement pour la construction
des bâtiments et les travaux publics, le secteur moderne importe
surtout.

201 •
Quoiqu'il faut relever que le schéma pêche sur un
certain nanbre de FOints, en l'occurence, il ne met
pas en relief les transferts de fond que le secteur
mcx:lerne et le sous-pâle ccmrerce effectuent en direction
de l'extérieur. Le rrontant de 0,8 millard
du pâle
mcx:lerne a été sous-estimé et les transferts de capitaux
sont nettement supérieurs à cela.
Bref, notre objectif était surtoutdc partir
de documents officiels
FOur caractériser l'économie
voltaïque telle qu'elle se présentait en 1964, et
telle glu' elle se présente encore aujourd' hui puisque
les structures ont peu évolué.

2C2.
CONCLUSION
"Les réalités sociales, et l'éconanie politique parmi
elles, écrit le professear Marcel Rudloff, sont trop
canplexes, nos méthodes trop imparfaites, et les meilleures
trop approximatives, pOur =oouire à l'énoncé de vérités
inTnuables" (1)
. Ceci pour dire que ce que nous avons énoncé
plus haut ne saurait être tenu pour inmuable plisque ia
Science E=nanique, en tant que telle ne nous rend intelli-
gible qu'une partie de la réalité sociale, elle-mÊme engagée
dans une =ntinuelle évolution.
Néanmoins, il Y a un certain nombre de leçons que nous
pouvons tirer.
- D' arord que l' é=nanie voltaïque dans sa totalité
a subi très peu de mutation au cours des quinze dernières
années .
. que l'éconanie urbaine, est unfcréation artificielle
et, la désarticulation s'est
développée avec l'éconanie de
traite. De cette é=nanie de traite que nous avons qualifiée
d'extravertie, parce que essentiellenent impulsée
de
l'extérieur, a érœrgé de nouvelles catégories sociales
petite oourgeoisie ccmnerçante, bJurgeoisie canpradore.
(1) M. Rudloff op. cité p. 14

203 •
Cette éconanie urbaine trOlNe son dynami&re
grâce à une structure administrative carrposée d'une
oourgeoisie troyenne et d'une bourgooisie p:>litico-
bureaucratique, civiles et militaires, qui garantit
ses propres intérêts et ceux de la bourgeoisie campra-
dore et des capitaux extérieurs.
- que l' éconanie villageoise, a subi un chcx:, qui
a provoqué une cassure à l'intérieur de la structure
sociale. Ainsi, bi~n que les méthodes culturales aient
peu évolué, l'harogfuéité de ce secteur daneure désormais
ambiguë et précaire, car, plusieurs formations sociales
tendent égalerœnt à naître: paysans-cultivateurs de coton
tHoundé), paysans-éleveurs (Est), et paysans avec terres
seulerent (majoritaires). A cela, il faut ajouter les migrants
revenus de Côte-D'Ivoire ou du Ghana. En effet, victimes du mythe
urbain, les masses rurales appauvries, ont vidé les campagnes
depuis l'ép:>que coloniale p:>ur peupler les villes. Il s'est
constitué dès lors des marginaux que nous avons appelé
rronoprix-bigas à la périphérie des cités et à la devanture
des grandes surfaces.
La société citadine est axée sur l'approvisionnement
de ces masses d 'hcmnes (ouvriers, manoeuvres), sur l'adminis-
tration garantissant les codes des Investissements et
"l'ordre social"; ainsi que les S<x::iétés cœmerciales d' import-
export qui assurent le ravitaillaœnt des villes en produits
manufacturés.
La ville et le village, rentrent désormais dans le
sillage de l'éconanie de marché donc de la rronnaie_:métallique
et, dans la course à l'appât du gain. Ce qui a permis à J .M.
Al.bertini de caractériser ces sociétés de "sociétés malades
de l'argent" (1)
(1) J .M. Albertini "Les mécani&reS du sous-développement".

204.
SCmne toute, la campagne et l'extérieur alimentent
l'éconanie urbaine. Mais en revanche, le flux de transferts
en sens inverses, notarnnent de la ville vers la campagne
est faible. Par contre, la ville par ses achats de biens
et de services, le paiement des intérêts de capitaux
étrangers, transfère une énorme masse de IrOnnaie et de
devise vers les pays du Centre. Il s'en suit, que la Balance
Commerciale et la Balance des règlements extérieurs, sont
constamment déficitaires. En 1971, le taux de couverture
des importations par les exportations n'était que
de
31,4 %, pendant ce tEmps le solde de la Balance des
Règlements Extérieurs, négative, était de 8.727 millions
{X)ur les règlenents bancaires et de 89 millions {X)ur les
opérations {X)stales (l).
En d' autres termes, l'économe stagne canne en téIrOigne
la baisse continuelle du {X)uvoir d' achat des masses
populaires (-2 % par an). L'inflation (prix du sucre passe
de 150 F en 1973 à 250 F Eh 1975), la famine, le taux de
IrOrtalité infantile '174 0/00), expliquent si besoin en
était, la situation du pays. Or, COêp..e l'écrit le philosopr.e
Jean LACROIX " l' hœme est essentiellement un être qui a
des projets c'est à dire qui se pro{X)se des fins. L'une de
ces fins, affirmée avec éclat à la face du IrOnde, surtout
depuis 25 ans es t la volonté de la quasi-totalité des
peuples de la terre
de participer aux progrès que les décou-
vertes techniques et scientifiques ont rendu. généralisables
mais que les situations acquises, l'étroitesse des vues, la
défense égoïste des intérêts nationaux ou de classes, ce que
le professeur F. PERROUX a appelé "l'avarice des nations", des
groupes sociaux daninants ont jusqu'ici enpêchée ou freinée:.
Il se pose alors le problème du développement et de sa
maîtrise. C'est l'objet de notre deuxième partie.
(l) BCEAO: "Indicateurs Econaniques H.V." no 198 Août-SeptEmbre 197

~ os.
PARTIE
II
LA
MAI TRI SEN fi T l (1 NALE
DU
DEVE L0 P P E MEN T.


2U6.
1 NT R0 DUC T ION
Poser la maîtrise nationale du développement revient
à rappeler sur un plan scientifique ce qu'a toujours révélé
l'histoire des peuples, celle de la lutte contre la famine,
la misère. Au fil des siècles, chaque civilisation a essayé
de perfectionner ses techniques pour satisfaire ses besoins.
Ainsi, pour les royaumes du milieu de la l:oucle du Niger on
passe des civilisations de la cueillette et des cavernes aux
civilisations organisées et de greniers , puis une déviations
imposée par l'invasion coloniale d'où émergeront des ilôts
de modernisme
de la grande ville à l'informatique. Peu à peu
se pose la notion d'échange à grande échelle et la notion
de surplus éconaniques. Dans ces sociétés où le spectre de la
famine n'est pas totalement écarté et ou l'autoconsommation
J3.cr::in;; leur état sera caractérisé par l'OCcident a!,xl's 10.
seconde guerre IrOndiale de "sous-dévelO]Jpement". Alors
tout le IrOnde s'interroge qu'est-ce le sous développement
et par opposition qu' est-ce que le développenent ?
l - Le phénarène du sous-développerrent
c'est en se référant au mode de vie et au niveau des
activités et des techniques que les éconanistes occidentaux
et certains sociologues découvrent non sans retard que des
régions du IrOnde qu 1 ils fréquentent et exploitent dep..üs
longtemps sont sous-développés.

Ce sous-développement saisi il travers les normes de
référence des "pays développés" se mesurera à travers
un certain nanbre d'indicateurs en particulier
quantitatifs. Dans toute cette littérature qui foisonne
sur la question, trois critères reviennent:
- critères dérrographiques : forte natalité, IlDr-
talité infantile élevée, taux de croissance démographique
excessif.
- critères sociologiques
taux d' analphabéti&re
élevé,
malnutrition etc ...
- critères éoonaniques
prédaninance de l'éoono-
mie villageoise, faible revenu par tête, rateté des in-
dustries, autooonsarrnation etc
En d' autres termes, le sous-développenent se tra-
duirait par la mis 1re des hœrnes, et la juxtaposition
de deux systèmes éoonaniques, l'ùn villageois, l'autre
!OC>derniste et mercantile. Ces deux phénanènes trouvent
leurs répondants par la dépendance de ces pays sur le
plan international (aide alimentaire et financière) et par
l'inarticulation éconanique et la mauvaise allocation
des ressources sur le plan interne.
Le sous-développement demeure en fin de canpte
un phénarène ambiguë et cntilfleye. Les batteries permettant
de définir avec exactittude qui est "sous-développé" l'autre
n
en "voie de développement" et le troisième "développé sont
oontreversées et la science éoonanique qui ne peut faire
l '
Unêl n:l mi f-.'; sur ce problème peut-elle être plus précise
sur le phénanène de développement ?

208.
2 - Le développement
Parlant de développement A. Barrère rappelle que ce
n'est pas un fait nouveau "il est depuis écrit-il
toujours unOoeuvre entreprise à l'échelle du lIDrrle
considéré comme un tout et dont la réalisation partielle
indique la mesure des échecs". Il ne peut "non plus être
réduit à ses aspects économiques; il englobe tous les
aspects du développement des hommes et des sociétés.
Il est à la fois unitaire c'est-à-dire situé à l'échelle
du lIDnde et intégral, c'est-à-dire englobant les aspects
économiques dans la totalité des exigences de l'épanouis-
sement humain" (1).
Le développanent doit naitre d'une action consciente
et concertée qui va permettre de rraitriser 1 ~ devenir
économique et social.
Cette maîtrise doit être le résultat d'une volonté
nationale c'est-à-dire reposant sur une identité culturelle
et une communauté de langue. Le développement est essentiel-
lement l'oeuvre des masses, pour les masses et au service
des masses. Il doit être basé sur les données concrètes
du pays et non
impJsé ou transposé de l'extérieur.
(1) A. BARRERE cité par G. BIA "Relations, prcduction
population active, prcductivité.

209.
Selon J.M. Albertini "c'est une transformation profome
des m::Jdes de faire, d'être et de penser"'.1~lUt en tirant
.1
leçon de sa propre histoire et de l'expérience des autres
peuples, de leur développanent, chaque pays et parti-
1
i
culièrement la Haute-Volta doit trouver sa propre voie.
1
Dans ce cadre, la coopération internationale ne saurait
se substituer au peuple et à leur esprit d'initiative,
tout au plus elle doit viser à être un stimulant, un
complément, à faciliter la tâche des responsables locaux
pour réaliser les objectifs d'harmonisation et d'inté-
gration économique.
Développer, ce n'st pas seulement augmenter certaines
quantités globales ou certains agrégats, mais c'est aussi,
veiller à la formation des hommes et au renouvellement de
leur mentalité. Ainsi, conjointement à l'effort d'inves-
sement, doit se conjuguer étroitement la prise en main
de la population, avec la naissance dans la nation d'une
ardeur commune capable de catalyser ses aspirations vers
le progrès. Au sujet de progrès F. Ferroux écrit "le progrès
est collectif. Il naît des efforts immenses et accumulés
de l~ multitude anonyme et oubliée des intiatives des
esprits et des volontés qui cherchent, en se connaissant
ou en s'ignorant. Sa destination est de changer le sort de
la multitude: il est, par nature expansif, quelque effort
que puissent faire les groupes sociaux ou nationaux pour le
retenir et le fixer cha= à son profi t. . .. I.e progrès
s'exprime en termes de liberté. De liberté et non. pas de
bien être, la richesse qui procure la satisfaction ou la
puissance étant fermement instnnnentaie dans un nome qui ne
s'accomode pas de l'absurdité et la société progressiste
étant caractérisée par des formes déterminées de tensions
ht.nnaines et de leurs aménagements".
(F. P&~).

210.
Ce sont ces tensions humaines qui conduisent le
professeur J. Austry à dire que : " .... le développement
est en réalité un départ exceptionnel pénible et dif-
ficile qui conduit à, l:xlnne fin seuleœnt ceux qui sont
conscients des peines de la route et préparés à les
sunrontés
" (1).
Alors, nous dirons finalement que le développement
est un saut dans le vide, c'est la recherche de l'inconnu
après avoir accepté tous les risques possibles.
Nous examinerons successiVEment
- Le rôle de la planification et la méthcrle
d'élal:xlration des deux prEmiers plans de développement;
- Les problèmes du développeœnt et les choix
éconaniques.
(1) J. AUSTRY
op. déjà cité p. 61.

.211.
SOUS-PA..lUIE
l
LE ROLE DE LA PLANIFICATION El' ME:I'OODE
1
:
'1
D'ELABORATION DES DEUX PREMIERS PLANS DE DEVELOPPEMEm'.
mI'RODl.:crION
La notion de plan est apparue d' aJ::x)rd
cœme
lli1 projet à réaliser, lli1e action à entreprerrlre :
plan de bataille, plan d 'lli1e maison. Elle se développe
ensuite dans le cadre de l'établissement sectoriel
de progranmes limités : plan d'urbanisme, plan d 'lli1e
ville etc ...
En éconanie ce n'est qu'après la secorrle guerre
rrondiale que la planification apparaît dans toute sa
force, mais déjà, l'URSS après sa victoire de 1917,
avait ms au ]XJint un systè~.e je planification en 1928
dont le but était lli1 développement rapide du pays.
Ainsi, lli1 plan défini
pour lli1e
lli1e périme donnée
la meilleure orientation possible de l'éconanie canpte
tenu d 'lli1 certain nanbre de contraintes et d'objectifs
à réaliser.

1 - Contraintes : ressources disp:mibles : main
d'oeuve, ressources naturelles, capacité de financement
etc ....
- ressources techniques, économiques, sociales,
politiques et culturelles.
2 - Objectifs:
Améliorer des conditions de vie
(augmentation de la production, acrroissement des conditions
sanitaires etc .... ).
La planification peut être définie alors comme
une activité visant :
"1 - à fixer des objectifs cohérents et des priorités
au développement éconamique et social,
atteindre ces objectifs et
"3 - à mettre effectivement en oeuvre ces llOyens en
vue de la réalisation des objectifs visés". (I)
(1) Ch. Bettelheim
"Planification et croissance accélérée" p.1l6

j
213.
i'
En tant que telle, la planification est un acte
politique, une affinnation de la volonté nationale de
progrès qui ne se conçoit pas sans une transformation
proforrle de la société.
Ceci nous arrime à poser le rôle de la planification
en Haute-Volta (chapitre 1) et à chercher cemnent les
deux premiers plans ont été réalis~(et quelles ont été
les conséquences (chapitre H).
OiAPITRE l
LE IDLE DE lA PI.lINIFlCATIΠEN HAUI'E-mLTA
Depuis la fin de la secorrle guerre IlOndiale, qui
a vu la victoire de toutes les forces lutt ont pour
leur irrléperrlance, mais aussi pour leur développement
éconanique, la plupart des pays, en particulier les pays
à éconanie déformée, ont canpris tout l'intérêt qu'ils
p::>uvaient tirer de la maîtrise nationale de leur devenir
éconanique et SOCial par la planification.
Mais, si dans un pays développé, la planification
a désormais sa source dans les exigences de la société
industrielle, dans les pays à éconanie déformée, elle est
avant trot, une véritable déclaration de guerre à la
misère et .à la pauvreté, à l' exploitation et à l' ignorance.
C'est pourquoi, si les finalités sont les rnênes dans
toos les cas, les méthèdes et les exigences demeurent
parfois et souvent Cf'POsées.
Par oonséquent i l est nécessaire que la planification
s 1ad~te aux structures du pays en même tarps qu' elle
crée une certaines ferveur au sein de la population.

L1.'":t.
SOCI'ICN l
L' ADAPI'ATICN DE LA PlANIFlCATICN AUX srROCI'URES
~QUES
On peut aff i.nner qu'un certain enthousiasne p:Jpulaire
s'était emparé des peuples au milieu de la ooucle
du Niger à la veille de leur souveraineté. Très tôt,
cependant, cet enthousiasme va succcmber devant l'811Prise
technocratique et administrative. Pour canbler leur
retard, dans l'élal:oration de leur plan de développanent,
la plupart des anciennes colonies n'hésiteront pas à
faire appel à des "experts fort savants" des métrop:Jles
qui n'auront aucun scrupule à transp:Jser les techniques
de calculs et de prévisions conçues p:Jur leur pays,
à ces nouveaux états.
Le phén<JIl'l2ne de "scandale de développanent" trouvera
dès lors toute sa justification (1).
Nous avons vu dans la 1ère partie, les différentes phases
historiques du pays, nous avons pu dégager à l' heure actuelle
carment se présentaient s2S structures (dualistes et jLL".:tap:JSéeS),
ce qui nous a amené à parler de pays à économie déformée.
Pour nous, un plan va présenter deux aspects
10
sa simplicité,
• 20
son aspect p:Jlitique.
(l) J. Austruy
"Le SCandale du Développement"

PARAGRAPHE l
LE PUIN SIMPLE
La pr61Uere qualité d'un plan, quel qu'il soit, est d'être
simple et bien articulé.
1) - Analyse des structures
Si le plan veut apporter de sérieuses informations et permettre
de prévoir l'avenir, il doit faire un effort d'appréhension du
présent, et du passé. Il doit détenniner quelles sont les dé-
sarticulations et les daninations qui brisent l'unité et le
dynami~ interne du pays.
2) - Les actions
Le plan doit placer au centre de ses préoccupations, la
détermination des actions à rrener afin de rendre l'éconœùe plus
cohérente et noins dépendante.
3) - L'étude sectorielle
Dans un pays où les données statistiques sont rares et mêne
quand elles existent sont anpreintes de graves erreurs, l'étude
et la connaissance parfaite des secteurs prioritaires s'imposent
avant de chercher à rerrlre cohérent tout le système éconœùque.
1i

216.
Les estimations au niveau de chaque secteur ne danandent
pas la connaissance de modèles économétriques les plus sophistiqués.
4) - L'examen des équilibres
L'examen projet par projet pennet, dans une large mesure,
d'appréhender les conséquences des mesures envisagées sur un
certain nanbre d'équilibres.
- consommation/production
conscrnnation rurale - production agricole,
conscrnnation urbaine - production agricole
- balance corrmerciale
- situation budgétaire / problèmes m::>nétaires.
5) - Agrégation des équilibres partiels
Une fois établis
les équilibres sectoriels, il est possible
d'agréger afin d'avoir les résultats globaux au niveau de l' éconanie
nationale. Tout cela est déjà éclairé par la planification qui a
pu recueillir toutes les informations nécessaires tant dans le danaine
dérographique qu'au niveau de la production, du cannerce extérieur,
l'évaluation des ressources et des anplois, la connaissance des circuits
de distribution et de répartition des produits et des revenus.

217
A ce stade, il est indispensable de distinguer les objectifs
quantitatifs devant aboutir à des résultats chiffrés; et les objectifs
qualitatifs détenninant queilles structures devront être nn:iifiées en
priorité. Or, dans la mesure où ces plans sont toujours élaboras
de l'extérieur par des "experts"ignorant les réalités du pays, le
plus souvent, i l n'est pas tenu canpte des potentialités du pays, de
la volonté de la majorité de la population à servir de prEmier catalyseur
et encore moins des différentes possibilités de financement qu'offre
le pays.
Le plan, s' i l veut être un instrument efficace et réalisable,
doit éliminer l'aspect propagandiste et dém3.gogique dont les responsables
peuvent. se servir pour asseoir leur base - éconanique.
La planification qui permet de visualiser la situation
éconanique et sociale du pays, et partant, le plan qui en est l'acte
concret, doit tradu:1. rel 'espérance de tout le peuple, car sa réalisation
ne ?E'ut se faire sans une mobilisation de toutes les énergies du pays.
PARAGRAPHE II
L'ASPOCI' POLITIQUE DU PLAN
1) - La caractérisation du plan
Le plan avant d'être science, résulte avant tout de la prise
de conscience collective des problèmes du développement. Il doit être
de ce fait l'espérance de tout un peuple.

Comme tel, il doit tenir compte des limites objectives du pays et
de ses capacités'9n considérant que le rôle des experts ne sera
que d'éclairer le chou des aspirations populaires, en IlOntrant
les différents aspects, leur cohérence notamœnt. Sous la plume
d'Albertini on lit "faire un plan, c'est définir en fonction des
objectifs politiques choisis et de leur signification humaine,
les moyens de tous ordres capables de permettre la réalisation
de ces objectifs durant une période limitée" (1).
Il apparaît alors que tout système éconanique poursuit
une fin. A ce propos, le professeur Rudloff écrit : "Dans le llOnde
mxlerne, dit-il, se rencontrent deux grands systèmes d'organisation
de la société éconanique : le système mercantile et le système
socialiste :
" - le prEmier soumet l'essentiel de l' activité éconanique
aux décisions d'entreprises privées guidées par le mobile du profit,
c'est le système capitaliste;
" - le second entend soumettre la vie éconanique aux décisions
d'entreprises publiques guidées par le IlObile de l'intérêt collectif,
c'est le système socialiste." (2)
(l)
J. M. Albertini "Les mécanisres du sous-développement"
(2) Rudloff O.P. cité p. 97

219.
[))nc, d'un côté, la satisfaction individuelle qui, par une
"main invisible" satisfera l'intérêt général, de l'autre,
l'épa-
nouissement de la collectivité et partant de l'individu.
2) - La finalité irrrnédiate du Plan
Cette finalité est la lutte contre la rareté et les contraintes,
les lois naturelles et la domination pour l'indépendance nationale
et la satisfaction des besoins du plus grani nanbre.
Les "Etats Rentiers", c' est-à-dire les pays industrialisés
qui prélèvent en pernanence un tribut sur les éconanies périphériques
sous la forme de rapatriement de bénéfices qui dépassent souvent
les capitaux investis, ont contraint ces derniers à voir leur éconanie
végéter. C'est pourquoi, si les deux plus grands systèmes éconaniques
ont élaboré une finalité, les pays qui restent doivent s'ils ne
veuler.t pas cor.tinuer à être à la traine, poser leur finalité
qui doit consister :
A la constitution d'une unité politique, économique et sociale
structurée de l'intérieur. Il s'agit de constituer des nations
cohérentes intégrées et autonaœs. De ce qui précède, i l se dégage
une double lutte :

220.
Il s'agit de bâtir W1e éconanie nationale. A ce titre,
GW1nar Myrdal, dans son livre "Planifier pour développer" distingue
très judicieusement le nationalisme progressif et le nationalisme
régressif.
- Le premier vise la réalisation de l'intégration sociale
et, par le plan, la ruse en place d'W1e éconanie articulée et intravertie.
Il recourt souvent au protectionisme, à l'orientation des échanges
extérieurs. Le développanent des pays européens est jalonné de ces
exanples.
"Le nationalisme, écrit-il, tel qu'il se développe à l'heure
actuelle dans les pays sous-développés, n'est pas comme il l'est
dans la plupart des pays développés - associés aux opinions T)oli tiques
réactionnaires, mais du rrouvanent de rrodernisation et de réfonne.
Il est W1e force de plus en plus favorable à l'égalisation des
chances et à la dérrocratisation des conditions sociales et éconaniques ...
L'incitation aux sentiments nationalistes parnù les peuples attardés
. est W1e condition du progrès éconanique et social. Si le progrès
constitue l'objectif, stimulf'r ces émotions devient un mov~n rationné
d 'y parvenir".
(1)
Dans le mène ordre d'idée, Maurice D.lverger écrit que "La
valeur du nationali9l1e est incontestable: il est, d 'W1e certaine
façon l'expression rrâne de la liberté. Dans les fonnes et les
(1) GW1nar Myrdal "Planifier ~ur développer" cité par Rudloff p. 366

2Ll
conditions différentes contre les hégémonies de nature et de degrés
différents, c' est un rrâne canbat que mènent ainsi les peuples
d'Asie et d'Afrique Centrale contre les Etats coloniaux, les
démocraties populaires, contre l'URSS, les latino-Américains et
la France, contre les USA dans les rapports entre Etats de force
inégale, le nationalisme du plus puissant est un instrument
de domination, tandis que le nationalisme des autres est un
moyen de résister à cette domination ... Par nature, le nationalisme
de l'Etat dominant est plus ou moins oppresseur et le nationalisme
des Etats daninés plus ou moins libérateur (cela n'anpêche pas que
le secom puisse être détourné à des fins n'oppression interne,
ni que le premier puisse parfois aider à créer les comitions
de liberté)" (l).
Si l'on reconnaît incontestablEment la dynamique structurante
du nationalisme, i l faut se dire qu'à l'intérieur du pays, i l
existe des formations sociales différentes et quelquefois antagoniques
qui peuvent être source de blocage du développenent, ce phéncmène,
~~dal le qualifie de nationalisrr~ régressif.
Sur le plan interne, nous avons pu dégagé dans le cadre
de la Haute-Volta que différentes couches sociales existent, que
certaines rr✠étaient antagoniques. Lorsque Myrdal parle de
nationalisrne régressif, i l voit là l'anœ de la politique chauvine
et autarcique que va brarrlir la bourgeoisie politico-bureacratique,
aidée de la bourgeoisie cœq:>radore et fécdale pour tenter de consolider
leurs acquis.
(1)
M:l.urice Duverger "Sélection" du "M:>nde" du 19/5/65" cité par
Rudloff p. 366 et 367

222 •
Pour Myrdal, les contradictions qu 'on tentait d' éviter risquent
de réapparaître sous ses formes les plus aiguës, parce que les bour-
geoisies au pouvoir essaieront de bloquer la restructuration de la
société. Il faut éviter que le nationaliffile ne devienne un poison
entre les Il'ains de cette caste oligarchique.
En d'autres termes, les objectifs stratégiques du plan
doivent répondre efficacaœnt aux besoins de la nation tout entière.
Ils ne peuvent être établis indépendamment des Il'asses et leurs
réalisation ne peuvent se concevoir sans ces Il'asses. De ce fait,
le plan voltaïque doit viser à :
- la liquidation de la domination économique du pays
- l'indépendance politique et économique
- la formation d'une véritable nation homogène où la minorité
côtoie la majcri tOé et vice verf'a
;
- l'amélioration des conditions de vie des populations
amélioration quantitative,
amélioration qualitative ;
- la fonnation, en général, d'une société nouvelle au service
d'un h:::mœ nouveau.

223
Dans ce cadre aux options fondarœntales qui s' intégrent dans
un projet à long terme, s'ajoutent les prévisions et les objectifs
à rroyen terme (cinq ans) le tout dans la perspective plus vaste
définie ci-dessus. Il est, parlant du plan selon les propres termes
de J. M. Albertini "La rrobilisation éconanique des villages, des
régions et de toutes les forces scx::iales" "patriotiques" du pays" (1).
SECI'ION II
L'APPARITION D'UNE sa:IEI'E NJUVELLE
El' D'UN HOM>1E NOUVEAU
La planification doit mettre au centre de ses préoccupations,
la mise en rrouvement de la société. Elle doit s'intégrer dans un
ensEmble visant à :
- la transformation radicale de toutes les structures
archaïques de types anciens et nouveaux ;
- la transformation des mentalités et des ccmportanents.
PARAGRAPHE l
LA TRANSFORMATICN DES INsrrrurICNS
Nul part dans le rronde, le développement ne s'est fait de
façon spontanée, sans un mini.rm.Jm de coordination. Aussi, i l convient
de voir cette transformation institutionnelle par la recherche de
structures administratives efficaces.
(1) J. M. Albertini
op. déjà cité

224.
- En effet, il est fort possible de continuer à penser que
"la nain invisible" continuera à faire le jeu de la prospérité,
nais force est de constater que dans un rronde en plein J::ouleverseœnt,
toute a::tion spontanée peut entraîner le chao. Ce qui distingue
l' hœme de l' anirral, ce qui a permis au premier d'assurer sa suprénatie
sur le deuxièrœ, c'est l'acte réfléchi, intelligent que l'hœme
a su mettre en pratique par l'organisation. L'organisation, Ja
cohérence deneurent la pierre angulaire de toute action de propulsion
au développement. Or, ce qui a manqué à la société voltaïque
post-coloniale c'est d'avoir accepté un état de fait qui la mine
dans ses contradictions. L'administration et les structures qui
sont l'héritage de la deuxièrœ péricde ont été conservées cœme telles.
Ce qui est certain, c'est que le but de l'adr!ùnistration coloniale
n' était pas de développer le pays, nais de penœttre "à un vieil et
riche pays" de pouvoir tirer suffisanment de ressources notamnent en
nain-d'oeuvre, en natières premières pour asseoir sa danination
impériale. Dans ce cas, elle n'avait aucun intérêt à rendre la
population responsable. Hériter d'un tel système sans vouloir le
remettre en cause, n'est-ce pas accepter l'ordre impérial établi?
Nos analyses nous autorisent à répondre par l'affirrrative.
Si, ccrnne nous l'avons dégagé, l'Etat doit être le catalyseur
du développenent, il ne peut le faire qu'en se débarrassant de son
caractère bureaucratique et de son aspect de classes. Les recherches
doivent être menées à trois niveaux si l'on ne veut pas tanber
dans "l'anarchisne" qui ccnduit inéluctableœnt au totalitarisne
qui est source de confiscation des libertés individuelles, et au
collectivisne impJsé qui engendrera la passivité et l'indifférence:

225.
1° La recherche de structures adminsitratives répondant
à la situation véritable du pays ;
2° L'harm:misation des pouvoirs régionaux et la décentralisation
locale dans l'unité;
3° Le rôle que doivent jouer les organisations de rrasses.
L'efficacité d'une telle restructuration ne peut être réalisée que
si elle s'accanpagne de chang6Tlent de mentalités et de cœport6Tlents.
PARAGRAPHE II
LES CHANGEMENTS DE MENTALITES El' DE CQ\\1PORrEMENI'S
"L'hœme n'est pas un facteur de développenent parmi d'autres,
i l est le fond6Tlent". Ceci irrplique que, dans le développerent,
i l faut changer la vision de l'agent quant au pouvoir surnaturel
et aux croyances mystiques. Il faut que l' hœme puisse à tout
instant se reconnaltre en tant que tel dans sa propre culture
afin de trouver les valeurs qui lui sont propres pour façonner son
développenent et son histoire. On voit canbien sont irrportantes
les méthcx:les d'animation et de fonction qui rœneront ce !:on
qualitatif humain à ses fins. C'est dans ce contexte que
les grouperents cCXJpératifs peuvent trouver leur signification
et que la forrration des hœrnes s' irrposent.
1) - Les grouperents coopératifs
Il Y a déjà longt6Tlps que l'on parle du "cœmunisme primitif"
des sociétés africaines. Cette vie commune, basée sur la structure
classique et familiale ne s'est pas totalement effondrée.

226.
S'il doit y avoir groupenents coopératifs, on ne saurait ignorer
ces aspects positifs et négatifs de la cellule familiale. Ces
groupements doivent viser à :
- rupture des structures archaïques et pratiques ancestrales
- établissement de nouvelles formes de relations sociales
- conscientisation des masses rurales.
- ces ani.'T'at('urs et encadreurs issus du milieu, :1' a'..l.ront
rien à voir avec les encadreurs actuels dont le but est d'orienter
le paysan vers les cultures de rente au profit de la CFUI'.
- par cet encadrement et ces groupes d'animation,
l'esprit créatif doit naître.
- l'animation et l'encadrement se feront par la participation
aux travaux collectifs: construction d'écoles pour le village,
de puits ou de barrages, etc ...
Ces groupements seront carplétés par une sérieuse formation à
tous les niveaux, notanrnent en matière d'enseignement.

L L. 1 •
2) - La fonnation des homes
Parlant de l'Ecole, le rapport Gorse écrit "Ainsi l'école,
qui devrait contribuer à faire sortir la société traditionnelle
du sous-développeIœnt finit-elle paradoxalaœnt par constituer
W1 frein à la croissance. Elle retire au milieu rural ses meilleurs
éléments, qui auraient pu jouer un rôle décisif dans W1e ouverture
au progrès, pour les condanmer à grossir le nanbre des sans-anplois
candidats à un poste administratif ou à l'émigration ... " (1).
Cette école vise à fonner des bureaucrates, des hcmnes
totalement déracinés et coupés des réalités quotidiennes de leur
mi lieu. En matière d'éducation qui est l'action de développer les
facultés physiques, intellectuelles, et IOOrales des individus,
le PQDES 1972-1976 y voit une triple finalité :
"- évaluation des mentalités ct élargissanent des cul~;rres
irrlividuelles ,.
"
prise de conscience d'W1e personnalité et d'une culture
nationale,
"
satisfaire correctement le marché de l'emploi en conférant
aux irrlividus une fonnation professionnelle à la fois nécessaire
du développarent de l'éconanie nationale et favorable aux intérêts
personnels des travailleurs"
(2).
(1) Gorse "Rapport sur la coopération de la France avec les pays
en voie de développement"
(2) P.Q.D.E.S. op. cité p. 257

228.
Dès lors, l'alphabétisation ne doi t pas être coupée de l'en-
semble de la vie sociale et économique et de l'effort du développement.
Elle ne doit pas être un lOClyen d'aliènation, mais de prise de cons-
cience de l'hœme de sa situation d 'hœme. La planification .de l'édu-
cation fera partie de cet ensemble plus vaste qu'est la planification
économique et sociale.
Finalenent, le développaœnt du territoire irrplique une véritable
maltrise du pays à travers tous ces différents aspects: politique,
économique, social, culturel. C'est plus que des réformes, c'est
une remise en cause des structures existantes, des droits acquis
et des forces qui profitaient de la stagnation. Un proverbe Swahili
dit "traite ton invité carme un invité pendant deux jours, le 3è
jour donne lui une houe".
Autrenent dit, le plan doit viser à faire travailler tout le
ronde en mêne tatps qu 1 il vise à faire bénéficier tout le ronde
de son travail. Ainsi, celui qui peut travailler, qui reçoit de la
société les royens de travailler et qui ne le fait pas ne doit rien
attendre de cette société. Par ailleurs, nul n'a le droit de s'appro-
prier les fruits d'autrui sans contre partie équivalente.
Concrètement, au niveau de la Haute-Volta que vise le plan ?

229.
CHAPITRE II
L'E:LAOORATIŒ E:r LES <:.'ŒSEJJl]ENCES DES DEUX PREMIERS PLANS
SEX:rlrn l
RAPPEL HISlDRIQUE
Au cours de la période coloniale deux plans ont été
élaborés dans le cadre de l'Union française. Ces plans de mise
en valeur actualisaient le "Projet Albert Sarraut" de 1921
et la conférence éconanique de 1935. La conférence de Brazzaville
1944/1945 répond à ce souci majeur qui est de substituer aux
méthodes d'exploitation désordonnée des colonies, des méthodes
plus rationnelles. En même tenps, cette "mise en valeur des
colonies" va permettre d'enrayer la concurrence des autres
pays industriels.
PARAGRAPHE l
DU PIDJEr ALBERT SARRAUT A lA CCNFERENCE
DE BRAZZAVILLE 1944/1945
Dans l'ensemble, ces Plans couvraient la période 1947/1960
et relevaient d'un programme d'action du Fonds d'Investisse-
ment et de Développesœnt Econanique et Social (FIDES devenu
en 1959 le Fonds d'Aide et de Coopération (FAC).

230.
Ainsi, le Projet Albert Sarraut stipule que "L' heure est venue
de substituer à des directions isolées et incertaines
une méthcde d'action générale et précise. On le peut d' autant
mieux que la période d'accroissement territorial est aujourd'hui
close pour notre danaine d'Outre-Mer. Allégé désorma.is des
obligations de la conquête, le labeur français aux colonies
peut maintenant se consacrer tout entier à l'organisation
de plein rendement de son patrirroine. L' intérêt souverain
de la France, en effort de relèvement, après une guerre où
son héroïsme a sauvé le destin de ses colonies, est
aujourd 'hui d'accord avec les intérêts de chaque possession
coloniale pour dégager avec sureté les plans directeurs de
mise en valeur, discipliner sous une règle supérieure le
multiple travail de tous ses ouvriers et faire succéder le
carmandement unique d' une volonté continle. celle de la
nation, aux incertitudes et aux saccades qui ont marqué
dans notre danaine d' OUtre-Mer, le processus déj à lointain
de son exploitation" (1). En dépit de son éloquence, le projet
sera retardé à cause des difficultés internes à la France. La
"conférence éc:manique de 1935" .reprend le Projet et l'actualise
mais c'est surtout la conférence de Brazzaville 1944/1945
qui marquera le tournant décisif.
En effet, les grandes idées du "Projet Albert Sarraut"
1921, et la "Conférence Econanique de 1935" sont reprises. On
incite, face à la montée de nouvelles puissances, de nouvelles
entreprises françaises à investir OUtre-Mer.
(1)
: "Projet Albert Sarraut" : Docurœnts Partenaires :
chambre 1921 JORF, cité par G. Ngango op. cité pp. 108/109

231.
A cette é!JCXlUe, il n'existe que les ccrnpagnies ccmrerciales
(SCOA,CFAO,CFCI, etc.), maisons d' irrport-exp:>rt qui ont ranplacé
les ccrnpagnies de Charte hollandaise, espagnole, portugaise et
danoise. C'est alors que fut créée la Compagnie Française pour
le Développement du Textile (CFDI') qui s'installe en Haute-Volta
en 1945. Au cours de la même période, le 30 avril 1946 est créé
le Fonds d'Investissements pour le Développement Econanique et
Social (FIDES) qui deviendra en 1959 le Fonds d'Aide et de
Coopération (FAC). La Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer
est également créée, mais devient également à la veille de 1960,
la Caisse Centrale de Coopération Econanique (cœE).
Le rôle de tous ces organismes financiers est de créer
l'infrastructure éconanique nécessaire pour stimuler l'investissement
des entreprises privées françaises et freiner par la mâne
occasion la pénétration du capitalisme américain, grand vainqueur
et chef de fils de la décolonisation.
Pour la Haute-Volta, ces Investissements vont passer de
106,3 millions FCFA à 1.154,7 millions FCFA entre 1947 et 1960 (1).
Finalement quels sont les danaines dans lesqnels ces
investissem:".nts vont se faire ?
(1) Cf. tableau nO 16 de Maldant et Younes, cité par G. Ngango
op. cité pp. 108/109

232.
PARAGRAPHE II
LES SOCI'EURS D' INVESTISSEMENI'
Ces plans pouvaient être distingués à trois niveaux qui
sont
- Prograrnne au niveau de l'Union française,
- Prograrnne à l'échelon régional (AOF, AEF),
- Prograrnne au niveau territorial.
Dans une très large mesure, ces investissements étaient
particulièrement orientés vers l'infrastructure routière et
ferroviaire. Pour la Haute-Volta, la voie ferrée Abidjan-Niger
qui atteindra OUagadougou en 1954 marque cette étape inportante
qui consiste à désenclaver le pays pour l'acheminement des
matières prenières et de la main-d'oeuvre jusqu'à la Côte. En
matière de produits prim3ires, des dégrèvanents fiscaux et des
allègements douaniers sont accordés à toute entreprise qui
s'installera OUtre-mer pour développer les cultures telles que
le café, le cacao, le coton, l'arachide, etc. pour les besoins
de la métropole. A cette occasion est créé l'Office du Niger
qui doit voir l'installation d'au noins 1 million de voltaïques
pour la culture de l'arachide. Enfin, les recherches minières
s'intensifient et de nanbreux gisement importants découverts
et exploités seront considérés cœrne des indices qui sont
analysés en métropole.

r,
233
Finalement, i l s'agit à proprement parler de plans
partiels orientés vers la création d'équiPements publics nécessaires
devant permettre aux investissement privés de trouver toutes
les facilités nécessaires. Il n'est pas alors possible.de parler
de véritable plan dans le cadre de la Haute-Volta et encore
moins de planification.
PARAGRAPHE III
IA PERIODE 1960/1966
Après la proclamation de la République en 1958, un Plan,
dit "Plan Triennal" couvrant la période 1960/1963 a été constitué
fin 1959 sous l'égide du Secrétariat d'Etat aux relations avec
les Etats de la Carmunauté.
Ce plan ne sera jamais appliqué, rrêne dans le seul but
d'habituer les services administratifs à la planification, ceci
ffi3.1gré la lettre circulaire N° 50 / PRES!OCNA du 6/10/61, qui
disait que "le Gouverneœnt de la Haute-Volta a choisi depuis 1958,
la planification cœme méthode d' intervention dans le retard
éconanique du pays" (1). Les structures qui devaient faciliter
ces interventions étaient la mise sur pia:i d'une Direction du
plan. Le personnel manquait et ce n'est qu'à partir de 1961 que
seront affectés deux coopérants et un expert de l'ONU.
(1) cité par B. Gérardin "Le Développement Econanique de la
Haute-Volta"

234.
Au niveau de la collecte des données statistiques dès août
1950, le Bureau de la Statistique réussissait à sortir son premier
bulletin. Dans une large mesure, jusqu'en 1961 l'essentiel du
travail directement réalisé pour la planification a souvent
été le fait de sociétés d'études conventionnées par le gouvernement
voltaïque et financées par le FAC. C'est dans ce cadre que, la
SEDES (SOCiété D'Etudes IX>ur le Développement Econanique et SOCial)
déperrlant de la caisse des Dépôts et Consignation (C.D.C.)
a participé aux travaux de planification, d'élaboration d'une
canptabilité éconanique nationale en 1959 et à l'étude d'un
modèle prévisionnel de croissance à long terme. La Compagnie
Générale d'Etudes et de Recherches p::>Ur l'Afrique (COGERAF)
filiale de la Compagnie Générale d'Organisation (C.G.O.) a
été chargée d'effectuer l'inventaire des ressources éconaniques
du pays et de l'organisaiton adminsitrative. Ces différents
travaux ont été effectués et une "note sur la IX>litique éconanique
de la Haute-Volta" a été remise aux autorités locales en 1960.
L'examen de l'ensemble de ces études préalables a été
fait par un cœmité de recherche et de coordination p::>Ur le
développanent éconanique et social (CRDES) sorte de ccmnité
intenninistériel.
Il s'est dégagé de ces études, les options fondamentales
suivantes

235.
1) - Objectifs
et caractère directeur du "Plan Rural"
--------------------------------------
L'élévation du niveau des masses va se traduire par
- l'augmentation du revenu intérieur global afin de réduire
l'émigration;
- la priorité à l'accroissenent de la prcduction et de
la prcductivité du secteur rural. Sur ce p:lint, on insiste
sur la nécessité de nonétariser l'éconanie dans son ensenble.
Ce n'est rien d'autre que la spécialisation deq paysans dans
les cultures de rente.
Aussi, p:lur ce faire, i l est inportant d'opter pour
un développanent harnonieux.

236.
des structures du Cœmerce Extérieur
------------------------------------
Il s 1agit de rendre l'éconanie noins dépendante. A
cet effet, on insiste aussi sur le caractère régional dans lequel
le développement doit se faire. Dès cette époque, le projet d'un grou-
pement éconanique (Niger, Mali, Ghana, Côte d'Ivoire, Daharey,
Togo, et Haute-Volta) est en projet ou du noins dans certains
tiroirs.
- Nécessité d'accroître simultanément les Investissements
et la Consœrnation. L'aspect investissement humain est retenu
en rnêne t.errps que la participation de l'Armée au dévelo~t
- Renforcement des rroyens de développement, notarrlœnt en
favorisant les actions éconaniques susceptibles de créer le lien
nécessaire entre les préoccupations de l' Etat et les besoins des
paysans: capables de favoriser les initiatives à l'échelon le
plus bas i
- l\\m§lioration des finances publiques et réorganisation de la
fiscalité.
- Appel aux capitaux étrangers prives.
Tels sont les objectifs qui devaient servir de cadre aux
prochains progranmes du Plan. L'objectif global repose sur le
doublement en 15 ans de la production rurale. La circulaire
évalue alors les masses d'investissements nécessaires.

237.
Le Plan 1963/1967 retient un taux de croissance' armuel
de 4,75 % de la production rurale et du PIB. La réalisation
de ce taux nécessite un investissement de l'ordre de 39 milliards
de F CFA au cours de cette période quinquennale. Ceci corres-
pond à l'hypothèse d'un PIB de 47,3 milliards en 1962 et d'un
coefficient de capital (k = 3) .
De l'avis des promoteurs
de la lettre circulaire, il
s'agissait beaucoup pll1S de développer les aptitudes li la croissance
que de dégager de véritables résultats dès ce m:ment.
Voilà dans quel contexte s'est élaboré le 1er Plan Quinquennal
de développement: 1963/1967 après l'échec du 1er Plan Triennal
1960/1963.
2) L'organisation du Plan
Dans ses grandes lignes, le plan est dirigé par un camùté
pernanent de planification cœp:>sé de deux camùssions.

238.
Le rôle de ces carmissions est d'étudier line
branche d' activité bien précise.
Elle fait la synthèse des programmes sectoriels
établis par les carmissions verticales.
De la structure du Plan, i l se dégage "6 Plans Sectoriels".
1. Plan rural,
2. Plan citadin,
3. Plan d'industrialisation,
4. Plan des aménagements nationaux,
5. Plan des équiperrents administratifs,
6. Plan des études et recherches.

239.
A priori, le Plan
1963/1967 , sanble séduisant, mais aussi
bien dans son fond que dans sa forme, le plan est voué à l'échec.
Dans son fond, parce-que le PLan ne tierrlra pas ccmpte de la
situation et des besoins primorùiaux du p..l.Ys; dans sa forme, des
liaisons techniques ne peuvent pas se faire ccmpte tenu du
m:mque de formation et d' information des premiers responsables.
Ces hésitations, cette politique au jour le jour arœnera inévi-
tablanent à la faillite du régime et conduira au SC'ulèvanent
PJPulaire du 3 janvier 1966, occasionné par un marasne éconanique
sans précédent.
Tirant dans une certaine mesure les leçons de cette politique,
l'armée appelée au pouvoir le 3 janvier mettra sur pied un
"Cadre de travail" dont le but est de permettre de redresser la
situation financière du pays.
SECTION II
LE PLAN CADRE 1967/1970
Dès 1966, le "gouvernement militaire" se donna ccmne
~che de se doter d' un guide de travail qui devrait lui permettre
d'assainir les finances publiques de l'Etat en mêre temps
qu' il permettra d' apprerrlre à travailler plus rationnellement.
Il s'agit aussi, de pouvoir mettre en programne les
différents projets prioritaires avec les crédits dont le pays
bénéficie.

240.
Enfin, ce plan, tout en étant nvdeste, devait perrœttre
non seulement de coordormer les différents projets de développe-
rœnt éconanique, mais aussi constituer un indicateur pour les
responsables du financement extérieur" (1).
Mais alors, s'agit-il au sms de la tenninologie éconanique
d'un véritable Plan, ou tout si..rt1Jl ement d'un "Cadre de travail"
carrre les responsables le désignent eux""i'lâres ? Nos analyses
antérieures nous donnent une réponse précise en la matière.
Il s'agit effectivement d'un instrument de travail, car la
notion de Plan même sans être impératif au sens socialiste
du terme, i..rt1Jlique la participation des différentes couches
de la population. Il n'y a pas d'équivoque d'ailleurs, puisque
de l'avis des autorités, c'est un guide qui définit les diffé-
rentes politiques sectorielles, assorti d'un progranme d'opérations
prioritaires.
A la lumière de ces enseignements, nous tenterons de dégager
les orientations et objectifs du Plan (Paragraphe I), avant de
voir quelle a été la méthode d'élaboration et de prévision (Para-
graphe II) et enfin dans un 3èrre paragraphe nous essaierons de
tirer le bilan de ce 1er cadre de travail.
(1) Plan - Cadre 1967/1970

241.
PARAGRAPHE l
LES ORIENTATIONS GENERALES EI' LES OBJECrIFS
1) - Les objectifs
Devant l'urgence des problèmes et face à la situation
éconanique déplorable que traverse le pays, le plan élaroré
dans un tanps extrêment court retient un certain nanbre d'objectifs
globaux qui sont :
a) - La remise en ordre des finances de l'Etat et
leur assainissement ;
b) La nécessité de déterminer des priorités pour
présenter aux financanents extérieurs ;
c) La formation des administrations aux méthcx:ies
de planification ;
d) La préparation d1,1 terrain pour l'élaroration d'un
véritable plan de développement 1971/1975.
"Il s'agit donc d'un Plan Cadre dont l'ambition est
raisonable, rrais qui se veut très proche des réalités éconaniques,
financières et sociales de la Haute-Volta telle qu'elle est
aujourd'hui, telle qu'elle sera dans les années qui viennent" (1).
Voilà cament se résument à court terme les objectifs du
"Cadre de Travail" du gou.vernement militaire.
(1) Plan Cadre
1967/1970, op. cité p. 135 TOme 1

242.
2) - Les Orientations Généré'les
Deux points retiennent l'attention des autorités
Ccmne dans les deux précédents plans qui n'ont
pas été mis en application, l'amélioration des conditions de
vie des masses populaires et l'augrrentation des Te s source s .
financières de l'Etat demeurent au premier plan.
En d'autres termes, il s'agit d'accroître la prcduction
dans tous les secteurs.
Parlant des actions prioritaires et en l'occurence
l'augmentation de la prcduction, le Plan estime que : "L'effort
maximum sera en conséquence consacré à augmenter la prcduction
du secteur rural où vit 94 % de la population et dont le niveau
de vie rroyen est très bas".
De faç0n générale, les points suivant sont retenues

243.
- l'encadrement nrral,
- la rrodernisation de l'élevage qui rentre pour près de
60 % des exportations,
- la réorganisation des circuits ccmnerciaux,
- l'amélioration du réseau routier tant interne qu'externe.
Dans la Iœsure où i l n' existe pratiquement pas
d'industries, l'accent sera mis sur la canplémentarité agriculture-
industrie, afin de valoriser en anont et en aval la production
agricole :
- industries industrialisantes
- industries de substitution aux importations
- industries de transformation.
Au premier plan de ces industries, on
note particulièrement
le.;; industries alimentaires qui doivent dégager une valeur
ajoutée de 366 millions en 1970 et les industries textiles dont
on prévoit une valeur ajoutée de 588 millions de F. en 1970 (1).
(1) Plan - cadre 1967/1970, Tome 1

244.
- L'infrastructure
Conscient du caractère insulaire de l'éconanie
villageoise, le Plan place au centre de ses préoccupations les
liaisons entre le rronde rural et l' éconanie urbaine. Il retient
aussi la nécessité qu 1 il Y a de désenclaver le pays en le reliant
aux pays côtiers tels que : le Ghana, le Togo.
- Le Social et l'Information
Au niveau du social, il s'agit de créer les structures
nécessaires qui doivent permettre d' intégrer toutes les couches
sociales dans le processus du développanent.
Dans le domaine de l'information, l'effort doit être fait afin
de sensibiliser la population de la responsabilité qu 1 elle a
quant-à la réussite du Plan-cadre.
Le plan doit aussi Jœttre tous
les rroyens en oeuvre
afin que soit épongée la dette de l'Etat vis-à-vis des fournisseurs
tant intérieurs qu'extérieurs. Ce qui pose le problèJœ mêrre
des investissements et de leurs sources de financement.

245
,
Le Plan de développanent 1967/1970 est fondamentalement
un progranrne fixant les investissements du secteur public, la plupart
des ressources financières devant être assurée par l'étranger. La
contribution du secteur privé tant interne qu'externe ne représente
que 11 % du total des investissements envisagés.
Sur un investissement total prévu de 33.576 millions
F CFA, on pense que 84 % du total soit 23,1 milliards de F CFA,
seront financés par des ressources d'origine étrangère, dont 20
milliards environ de F CFA sous forme de dons et le reste sous
forme de prêts accordés par des Organismes internationaux :et
d'investissements effectués par le secteur privé étranger.
Qùant-aux sources de financement, environ 70 % du total
des investissanents devaient être fournis par le Fonds Européen
de Développement (9,2 milliards) et le FOnds d'Aide et de
Coopération (7,1 milliards). Les USA, la RFA, et la République
de Chine de Fonrose participeront aussi au financement. Le Plan
retient égalanent glle le gouvernement central et les collectivités
locales apporteront au IroinS 2,5 milliards de F CFA, soit plus
de la Iroitié du Ironta'ït total de 4,4 milliards F CFA, devant être
financés par les' ressources in·térieures. La Banque Nationale
de Développement devait financer 800 millions de F CFA, et le sec-
teur
privé local 1,1 milliard environ.

246.
La répartition des investissements se fait pour 60 %
à l'infrastructure et au secteur rural, tamis que 18 % sont
alloués au social.
- Les investissements d'infrastructure se sont montés
à 8,2 milliards de F. dont 6, 1 milliard (73 % environ), pour
le réseau routier. La plus grande partie a été surtout consacrée
à la réfection et au revêtement de certaines routes.
- Le Plan réserve 7,9 milliard de F. au secteur rural,
alors que 6,1 milliards sont affectés aux Offices Régionaux de
Développarent pour la production agricole et 900 millions de
F. seulerrent à l'élevage. L'effort doit être mis avec l'encoura-
ganent des Organisrres étrangers d' encadrerrent (CFIJI', ClTEX::, IRlK),
BDPA) sur la prodnciton cotonnière qui doit atteindre 49.000
wnnes en 1970, soit à peu près le double de son volUIœ de 1967.
Pour les autres rultures, l'augmentation retenue est de 10 à 50 %.
- Dans le secteur des industries manufacturières, quelques
usines de substitution aux iJrq:ortotions et de traiterrent de
denré8s agricoles locales sont retenues par le Plan. Ainsi,
on retient l'établissement de fabriques de Pfieus ). deux roues,
de peinture, de chaussures, usine d'égrenage au coton, etc .
Sur les investissentns tota ux de 4,1 milliard de francs prévus
à l'origine pour ce secteur, on s'attend qu'un montant de
1,9 milliard, soit financé par le secteur privé.

247.
En dépit des remarques faites précédemment, il est retenu
néannoins un taux de croissance relativE!lIel1t ambitieux de 5 %
par an pour la PIB, mais, avant de dresser le Bilan de ce premier
Plan, examinons d'abord la méthode d'élaboration et de.prévision.
PARAGRAPHE II
lA MIITHODE D' ELAOORATICN
Pour réaliser les objectifs qui ont été fixés, il a été
jugé nécessaire d'entreprendre et de créer un certain nanbre de
structures adéquates. C'est ainsi que dès 1966, des enquêtes
ont carrœncé en vue de rassembler les documents nécessaires.
- Ensuite, à partir de 1967, une équipe canposée du
ministère du Plan et de coopérants a été constituée en vue
d'élaborer des prograrnres sectoriels. Après quoi, cinq Cœrnissions
de planification ont été constituées :
· Cœrnission de Prévision et de Distribution
• Cœrnission de la Puissance Publique
· Cœrnission des Affaires Sociales et Emploi
· Cœrnission de FinancE!llel1t
· Cœrnission de l'Information et de l'Animation.

248.
A ces Commissions, sont associées les représentants des
activités économiques et sociales et les Syndicats.
- Par ailleurs, le travail de synthèse était réservé à la
Commission de Planification.
- Enfin, c'est le Commité Consultatif Economique et Social
qui entérine les travaux de la Commission de Synthèse.
Voilà cœment le Plan a été élaboré grosso-m::do. Cependant,
les rédacteurs eux-mêmes notent certaines carences, notarnnent
par le fait "qu'il n'a pas été possible de consulter la grande
masse, ni les commandants de Cercles. Une telle tâche doit
être entreprise pour la préparation du 2ème Plan".
Une rerrarque s'impose, en effet, nous pensons qu'avant de
consulter "la grande masse" sur le Plan, faut-il encore que cette
masse soit infonnée de ce qu'est un plan. Or, toutes nos analyses
ont m::mtré que cette masse n'était ni fonnée,
ni infonnée.
En fait, quel bilan peut-on tirer de ce prEmier Plan ?

249
PARAGRAPHE III
LE BlIAN DE P-FALISATION DU PIAN 1967/1970
Un examen de la courbe brute des inqJortations (1), fait
ressortir que le Plan a démarré avec un gram retard. Ce dé'rarrage
s'est effectué pratiquement au 4ème trimestre 1968, donc avec
un an de retard. Dès ce mauent, il était pratiquement certain
qu'on ne pouvait pas s'attendre à des résultats très spectaculaires.
Or. étudiera successivement, le bilan global, les réalisations
sectorielles, les conséquences.
1) - Le Bilan Global
Fin 1970, le Bilan global de réalisation des Investissements
pour ces quatre années se caractérisent par deux chiffres :
- un taux de réalisation par rapport aux prévisions de
59 %
- un taux dit de financanent (pourcentage du financement él.cqui.~ su
les prévisions ) qui est de 70 %. Ce taux conditionne dans
une large mesure l'évaluation des effets éconaniques globaux et
la croissance attendue.
(1) Cf. Analyse éconanétrique de la Balance Cœmerciale p.

250 -
Tableau nO 20 -
Opérations prévues au Plan et Hors Plan
Réalisation
(en millions de Francs)
Prévues au lRéalisation
Hors Plan Réalisation
Hors Plan
Plan
%
%
Prévisions
33.576
56
-
-
3
Financerœnt
acquis
22.448
83
1.160
93
-
Réalisations
18.680
-
1.077
5
Source
"Bilan Plan-cadre"
Le taux de réalisation des opérations hors Plan a été
très élevé. Alors que celui des opérations retenues au titre
du Plan n'a été que rroyen, soit 56 % contre 93 % pour le taux
OOrs Plan. Ce particularisme se remarque surtout dans un certain
nanbre de secteurs, en l'occurence le secteur rural.

251.
2) - Le Bilan sectoriel
Ce Bilan peut se caractériser par deux observaitons
statistiques :
- l'ouverture de la "fourchette" des taux de réalisation
par secteur : 48 % dans le danaine rural à 83 % dans le social.
. Le secteur rrcderne obtient également une perfonnance
exceptionnelle, soit 71 % par rapport aux prévisions ;
. Les Statistiques/Enquêtes/Etudes et Recherches,
parviennent à un pourcentage de financement par rapport aux
prévisions de 73 %.
- Les opérations Hors Plan ont particulièrement atteint
100 % de réalisation au niveau du secteur RuraJ, de l'Infrastructure
et de la Statistique et des Etudes. Ces réalisations ont
largement dépassé les prévisions. Par contre pour les opérations
du Plan, on note une faiblesse dans les réalisations du Développanent
Rural et de l'Infrastructure.

N
'"
N
Tableau nO 11l
Bilan de Réalisation (Opérations prévues au PLan et Hors Plan)
Millions F CFA
pourcentage réalis. par rapport aux :
SECTEURS
Pl~Financ~t
Prév.
Réalis.
Prév. Plan
FinancemenJ
Prév.;
acquls
Développaœnt
rural
8.884
4.569
4.284
- 48
94
51
secteur Hxl.erne
5.954
4.848
4.199
71
87
81
Infrastructure
+ infonnation
11.878
8.052
5.763
49
69
68
Secteur Social
4.832
4.448
4.025
83
90
92
Statistique/Enq.
2.028
1.681
1.486
73
88
83
Total
~3.576
23.608
19.757
59
84
70
SoureR : Rn "ln
~~ ."
.

il
253.
La répartition sectorielle des résultats acquis fait ressortir une
nistorsion
très marquée par rapport aux prévisions. La
priorité de réalisation revient malgré toot à l' infrestructure (34, l %).
j
Par contre, le Secteur Rural, les Secteurs M::xlerne s et sociaux
sont sensiblanent au même niveau de réalisation, soit respectivanent
21,7 %,21,3 % et 20,4 %. Alors que priorité était donnée au
dévelo~t rural.
Cet état de fait, a parfois bouleversé l'ordre des priorités
définies par le PLan. Les raisons, elles sont multiples et parfois
contradictoires. Il ressort que :
. Le secteur Infrastructure accusait un grand retard et
exigeai t
~es nuyens financiers beaucoup plus inp:>rtants ;
. La rapidité avec la quelle le Plan a été élaboré n'a
pas permis de faire des études préalables afin de définir les
objectifs cohérents pour le développement rural ;
La désarticulation et le dualisme du
secteur moderne
et rural, ont constitué des goulots d'étranglement pour l'industrie
qui était obligée d'avoir sa propre dynamique ;
La réticence des capitaux étrangers à venir
investir dans des secteurs peu rentables.

254.
- Les deux autres secteurs, le Social et la Statistique,
n' ont pas eu à souffrir beaucoup, du fait qu'ils n' engageaint pas
des investissements importants. Aussi,le Plan avait dès le départ
limité les objectifs à atterrlre de ces deux branches.
Tableau n O
22
Répartition Sectorielle (%)
Prévision
Financ.
Réali-
Ecarts en "l,
Plan
acquis
sation
"l, Réalisation et Financ.
SECTEURS
Prév.
Financ.
Prév.
Développement Rural
26,5
19,4
21,7
- 4,8
+ 2,3
- 7,1
Secteur Moderne
17 ,7
20,5
21,3
+ 3,6
+ 0,8
+ 2,8
Infrastructure
35,4
34,1
29,1
- 6,3
- 5,0
- 1,3
Stat. IEnquêtes/Etudesl
Recherche
6,0
7 , 1
7 ,5
+ 1,5
+ 0,4
+ 1,1
Secteur Social
14,4
18,1
20,4
+ 6,0
+ 1,5
+ 4,5
Total
100
100
100

255.
Bien que de nanbreux éléments d' awréciations manquent,
l'évolution des tranches i1l1I1uelles (1) globales de réalisations
montrent une progression très rapide du montant des investissements
jusqu'en 1969, puis un plafonnement en l'n 0 .
En fait on peut se derrander s'il n'y a pas eu une sous-
estimation au cours de la première année et une surestimation
en 1968. Il est peu probable, p\\Jisque la courbe des importations
(Mt), fait ressortir que c'est surtout au 4ème triJœstre 1968
que d'importants achats de matériels ont eu lieu. En fin de
carpte, le véritable démarrage du Plan se situe bien à partir
du 4ème triJœstre 1968.
3) - Les conséquences
Au terme de ce premier Plan dont l'objectif étrtit de re:1resser
la situation budgétaire de l'Etat, d'améliorer sensiblement
le niveau de vie des masses et d'habituer aux organes de l'Etat
la planification, que peut-on tirer ?
- Nous avons vu que le Plan a cemnencé avec un an de retard
sinon même plus,à cause des difficultés à obtenir des crédits
et des dons de financement de l'extérieur ;
- Il ressort aussi une trop grande dépendance du secteur
urbain à l'égard de l'extérieur et de l'J\\dministration (2).
(1) Cf. Tableau nO
23.
(2) Cf. Schéma des Flux 1964.

'"lf1N
Ej:ECUTIŒ
DU
PLAN
1967 - 1970
TABLE.l\\U nO
23
BIUlf
PAR
/.J.Tl'IEE
1
ll ~' lU~ ...d-ic:p_ 1
.•._-- ---
- - 4
A n n ~ e
1 Prévisions
Financements
R6a1isations! tion~ par
1 Pr6visions
Réalisationsi
Observation
du Plan
acquis
rapport aux
(1)
prévisions
1
1967
4 128
3 307 x
80
12,5
16,7
1 x Bilan de :
ans de plan,
1968
8 734
4 183 x
48
26,5
21,2
1 cation
en
Houte Volta
1969
10 025
1
6 214 x
62
30,4
31,5
1 1967-68-69
1970
10 089
6 053
60
30,6
30,6
!
32 972
23 608
19 757
59
100
100
Ajustement des
prévisions du Plan
+ 604
1
._._-
-41
TOTAL GEN EHAL
33 576
\\
1
1
1
1
,
!
(1) Par sui te de renseignements incertains. les tranches annuelles de finance.-aents acqlotio n' ont pu Atre dlltermin6 .....
SOUPCS : Bilan d'ex~cution du Plan
-..... '.---

257.
à l' égard de l' extérieur, cette dépendance se
manifeste tant sur le plan financier que dans le danaine des
fournitures de prcduits finis (47,9 %)
(1).
vis à vis de l'Administration, cette dernière
demeure la principale cliente (50 % des achats) de la prcduction
du secteur. En mêlre tanps, il reçoit des transferts des
Administrations.
- Insularité de l' éconanie villageoise puisque FOur
prcxl.uire, ce secteur s'auto-fournit 79,4 % des biens (2).
L'utilisation finale
de la prcxl.uction est essentiellement
le fait des ménages soit 75 % selon le deuxième Plan.
- La prcductivité définie ccmne le rapport de la prcxl.uction
en valeur sur l'effectif des travailleurs de l'activité considérée
est de 438,73 F en 1970.
(1)
-
- En 1970, la FOplilation rurale représentait encore 95 %
de la FOplilation totale. Durant la péricxl.e du Plan cadre, l'éco-
nanie a connu des variations conjoncturelles fort importantes
du fait des conditions clirratiques défavorables et de l'orien-
tation de l'agriculture (cultures de rente), qui ont affecté
et provoqué des disettes de prcxl.uits vivriers.
(1) P.Q.D.E.S. - op. cité p. 11
et 12.
(2)
idan

258.
A lui seul, le secteur prinaire totalise 50 % de la prcrluction
nationale. Avec les activités secondaires et tertiaires des
ruraux, le secteur rural a représenté en 19701 81,5 % de la
V.A.
(1). Les contributions principales sont apportées.par l'agri-
culture et l'élevage. Cette dernière branche accuse depuis
1967 un important déficit puisqu'elle assurait à l'époque,
59 % des exrortations et que sa part ne représentait plus que
45 % en 1971 (2).
Par contre, le secteur IOCrlerne a enregistré de 1968 à
1970, un taux de progression dans le PIB et en tennes réels
de l'ordre de 4,5 % par an. Résultat qui traduit les efforts
entrepris dans l'installation de quelques fabriques de transformation.
La prcrluction de coton est passée de 17.500 tonnes FOur
la campagne 1967-1968 à 36.000 tonnes en 1969/1970. La culture
de l'arachide se développe malgré la concurrence du coton, 74.000
tonnes en 1970. Dans le mêne tenps, les cultures maraîchères
connaissent des débuts praœtteurs.
Le secteur IOCrlerne contribue FOur 18,5 % à la formation
de la V.A. nationale, la quote-part des INdustries de transformation
et de la construction s'établissent à 7 %, celle du tertiaire
à 11,5 %.
(1) "Industries et Travaux d'OUtre-Mer" janvier 1973
(2)
idem

259.
c'est au niveau des Industries de transfonnation que la
progression a été sensible à l'issue de ce prE!llier Plan: 22 %
par an pour les irrlustries alimentaires, lB, 5 % par an pour les
irrlustries diverses et 12 % par an pour les irrlustries des
métaux. Panni ces réalisations industrielles, les plus marquantes
sont:
. la sœiété VoltaIque de Textiles (\\oLTEX)
. la Minoterie des Grarrls l>bulins Voltaïques «(1'1\\1)
et l'unité d'Agglamerie de sucre de la sœiété
Sucrière de la Haute-Volta (00. SU. H-V) .
Mais, la part des industries de transfonnation dans la
PIB, 3,7 %, reste encore assez faible pour influencer la croissance
globale de l'économie.
Au cours des quatre années de Plan, le taux annuel des
investissements publics et privés réalisés se chiffrent en moyenne
à 11,9%, celui de la formation brute de capital fixe à 9 %,
et celui de la PIB à 5,9 % en valeurs courantes (l).
Dans le lTIf✠tanps, les échanges extérieurs ont continué
à accuser un déf icit chronique.
1
- Les iJrp:>rtations ont atteint 14.239 millions de F CFA
1
en 1970, soit une progression au cours des quatre années du
Plan de 53,4 % ;
1
j
(1)
"Industries et Travaux d'Outre-t-Er" janvier 1973.
1

260.
- les exportations (6.600 millions en 1970), n'ont
enregistré qu'un ryt.hIœ de progressioo assez lent sur la lI'lêrœ
périale, soit 27 , lTDins de 7 , par an.
le taux de c:aNerture est tanbé en 1970 à 39 ,. ce gon-
flerent ch.1 déficit résulte d'un triple effet :
· l'accumulation d' oostac1es aux débœd1és
ca.îts
de transports élevés, earen::e des circuits ccmœrciaux
· l' insatisfactien des besoins par la prcrluction
lceale et prcducti01 insuffisante, not.arrrœnt dans le dœai.ne
industriel où des praluits élérentaires élaborés i
· la chute continue des prix des produi t.s Frimaires
exportés dent le volune ne cesse de cro!tre ceperrlant. En
1962/1963, le prix du coton était de 30 F. avec 6.621 tonnes
commercialisées en 1971/1972, avec 28.126 tonnes commercialisées,
le prix ch.1 kilogrël11lE était descen::1u à 28 F. (1).
Malgré cet inportant défi cit ce:rctœrcial, un des d:>jectifs
du Plan de Travail du gaNernE!'œnt militaire a été réalisé
à savoir l'l!qui libre l1ldgétaire p..U.s::jU' en 1965 le déf icit
C\\.J\\1.1lé se Il'CI1tait à 2.563.021.513 F CFA (2) et qu'à la fin
du Plan, le oodget aex:usait un excédent de 738.823.000 F (3).
(1) Haute-Volta 1971/1972 : doc. paru et déjà cité
(2) Marc Tiéroko Garango : le Redressement Financier de
la Rép..1blique de Haute-Volta p. 15
(3) A prqx;s d'équilibre btrlgétaire, nros renvoyons à la 3èIre

Q..1oi qu'il en soit, l'écc:nanie stagne dans sa majari té
dans la rresure où les profits dégagés par la plupart des entre-
prises sont rapatriés. Bien sOr on poorrait neus rétorquer
que ces transferts, essentiellarent en direction de la France,
sont cœpensés par l'aide que ce dernier aœorde à la Haute-
Volta. A ces canpensations, i l faut ajOlter les "aides"
internationales (Organisnes internationaux, autres pays que
la France) . S' ajootent égalerœnt les rapatrierrents de foms
de travailleurs voltaiques émigrés en COte-d 1 Ivoire et au
Ghana (environ 3 milliards de F.) .
c'est pcurquoi, face à ce déficit cO!:1J:1erc:al et à 'Jne trop
grande dépmdance de l'extérieur, i l est nécessaire que les
actions prcgrarmées du prochain Plan en tiennent ccnpte. Mais 1 q'J' en
est-il de ce deuxième PLan qui rentre dans sa quatrièrre
a'lTlée ?
SECTION III
LE PLAN 1972/1976
Il nia pas été possible, c~ prévu, d' élaborer un
plan 1971/1975 à cause du retard que le premier a enregistré.
Il a fallu un Plan intérimaire en 1971 qui devait parrsuivre
les actions cœurencées du PLan Caire 1967/1970 en mâne t:.errps
qu 1 i l ~ettait de cœmencer à préparer le 2ène PLan. Les
orientations définies et les progréll11tes inscrits au Plan
Q.linquennal 1972/1976 Olt été détenninées à la fois par la

262.
volonté d' ~célérer le dévelcppement du pays, le sOlci d'apporter
du mieux être à l'ensemble de la IXPJ.latian, la nécessité
d' aœro1tre le volurœ des productions exportables, l'engagerrent
vers une irrlustrialisation plus pOlssée et l' cbligation d' amé-
liorier la Balan:::e des échanges extérieurs.
NOlS analyserons suœessivernent la méthode d'élaboration
(Paragraphe I) , les cbjectifs et les orientatians (Paragraphe II)
les caractéristiques générales (paragraphe III), avant de voir
dans un dernier paragraphe les critiques et les remarques
possibles.
PARAŒAPHE l
CBJECI'IFS ET üRI3'lTATIŒlS
Tirant les leçons des ré9Jltats du Plan 1967/1970, le
2èrne Plan écrit que : "Malgré la difficulté d' approche des
mÉCanisrres éconauiques, il awaratt que dans ces traits généraux,
la structure de l'éconanie de la Haute-Volta n'est que peu
différeociée.
" Dans sa grande majorité, c'est une éconauie traditionnelle,
rurale, repliée sur elle~ où le niveau de vie des pq:ulations
reste très bas". ces quelques remarques ont guidé dès lors les
orientations du Plan QuifXlUennal. Orientations qui peuvent se
résurœr CCI'l'Uœ suit
:

263.
1) - le Secteur Rural
Elle doit être dévelcppée afin d' assurer les besoins
alirrentaires de la pq:ulation (prcx:luits vivriers) , et de donner
des moyens monétaires aux agriculteurs (prcxiuits de rente) .
A cet égard, un effort doit être fait pour les cultures
irriguées et les aménagaœnts de bas-foods.
LU point de vue financier, i l est prévu 13 .273 millions
de F. d'investissements sur les 19.069 millions consacrés
à l'ensemble clu secteur rural.
- 2.150 millions sont destinés à intensifier la campagne
peur l'emploi des engrais, de serrences sélectionnées, d' amé-
nagements de barrages j
- 8.954 millicns sont affectés aux progrcmnes régicnaux
consacrés à la vulgarisation et au dévelq:JpeIœnt agricole.

264.
- En matière de culture de rente (cotrn), le Plan estiIœ
que la politique d'expansion doit être pcursuivie.
- 2.067 millions sont réservés à l'aménagement et à la
mise en valeur des Voltas. Cet investissement s' inscri t
dans le cadre d'un vaste pragranme de rééquilibrage des ressOùrces
et de la population.
- 102 millions concernent les interventicns dans le
danaine des Eaux et Forêts.
-
Le fJrcgranme consacre 3.860 millions à l'élevas", dent
· 297 millirns pour les études,
· 1.597 millions pour l'infrastructure,
· 567 millions peur la protection sanitaire,
· 843 millions peur l'Hydraulique pastorale,
· 625 millions pour la pro::l.uction.

265.
Ce prcgrantre vise d'un part à accroître la capacité
de production du secteur, mais égalarent à organiser
efficacement la cœmercialisation de façon à satisfaire la
denande intérieure toujours croissante, d'autre part, à faire
face au déficit en viande des pays voisins.
Il doit p:rmettre aussi, la création d'industries dérivées
qui valorisent les sros-proo.uits agro-industriels.
se référant à la sécheresse que vient de traverser
le pays, le 2èrne Plan écrit que : "I.e proolèIœ de l'eau parr
le dévelcpperrent éconanique de la Haute-Volta apparait de plus
en plus crucial. Il est ionc capital cl' aiêlcrcer un pro:;rarrr:-e
général de l'Hydraulique" (1). Deux oojectifs fordarœntaux à
moyen terme et à 10J19' tenre sont retenus :
- accroître les resseurees potentielles exploitables en
augmentant les possibilités de stockage des eaux superficielles
et mêIœ sc:uterraines ;
- utiliser rationnellement les eaux de surface tout en
poursuivant la politique d'inventaire et d' exploi tation des
eaux souterraines.
(1) Direction du Plan et des Etudes de OOvelcppement :
"L'Econanie de la Haute-Volta et le Plan Quinquennal 1972/1976" p.

266.
Le problèrœ de l'eau est fordarrental et se pose aussi
bien en milieu urbain qu'en milieu rural, de ce fait le
prOjrarrrne hydraulique rural s' inscrit dans un prOjrarmre plus
vaste qu'est le problème de l'eau.
Les moyens finan::iers consacrés à cet effet peur l 'hy-
draulique rural sont de 3.948 millions de F CFA.
- l'irrigation (2.004 millions soit 51 % du secteur
rural) qu'il faut privilégier dans le cadre du dévelc:pperœnt
agricole (rizio..llture de la vallée du Kcu, carplexe agro-sucrier
de Banforah) .
- l'alimentaticn en eau des hœmes (1.043 millions
26 % du secteur rural) et les ani.rPaux (843 millions : 23 %) •
En matière d'hydrauliq'Je pastorale, la création de
l'O.R.D du Sahel s'inscrit dans cet ensemble de projets.
2) - Le Secteur Mcx:lerne
Le 1er Plan et le Plan Intérimaire 1971, cnt pennis
l'installation d'un certain nanbre d'industries, le 2ème Plan

267.
e~timE' que "l'effort de transfonnation des produits locaux
en prcrluits irrlustriels sera poursuivi, soit en vue de la
substib..1tion des produits locaux aux produits ilnportés, soit
en we de leur exportation". Dans l' imnédiat, il faut
renforcer les entrEprises existantes en nêre tanps qu'on
cherche à créer des installations nouvelles. les danaines
suivant sont retenus :
- Industries alimentaires
· le projet agro-industriel sucrier
· la Tarentente-projet régional peur l'exploitaLon
irrlustrielle de la tanate ;
· des rizeries
- Irrlustries textiles
· accroissanent de l'usine Voltex
· usine de Bonneterie
· usire d'égrenage de cot01
1
l',

268.
- Irrlustries des métaux
· fabrique de cleus
· articles de ménage
- Industries chimiques
· fabrique de piles sèches
· usine d' OXygène et d' Acétylène (Voltoa)
- Industries de montage
· usine de pneumatique et charrbres à air pour deux
roues (S.A.P).
En fonction du prcgrëllUe établi, les investissaœnts suivants
smt retenus par branche :

2E
INVESTISSEMENTS PAR BRANCHE
Tableau nO 24 -
Branches
Montant (mi liions)
of"
Industries Alimentaires
6.133
70,6
Industries Textiles
1. 255
14,4
Industries des Métaux
32
0,4
Industries de Montage
657
7,6
Industries Chimiques
201
2,3
Industries Diverses
411
4,7
Total
8. 689
100,00
SOUPCE
L'économie de la Haute-Volta
et le Plan quinquennal 1972-197f
Après la ferrreture de l'Or de Pcura dont l'exploitati
avait cœrrencé en 1936,le "grand-espOir"actuel du pays dans
le danaine minier reste la manganèse de Tanbao au N:>rd du pays.

270.
L'exploitatioo du giserœnt rnêrre est prévu en trarehe opticnnelle
pour un montant de 6.930 millions de F. Par ailleurs, les
recherches géologiques doivent être pall"suivies. I l est retenu
un investissement pa.lVant atteindre 1.633 millions de F ŒA.
Le 1er Plan avait déjà donné le Coop d'envoi en
matière de transport et de cœmmi.cation, le PCDES doit
parrsuivre le désenclaverrent interne et externe.
Carpte-tenu de l'iroportarx::e stratégique du secteur, i l
est prévu des investissements de l'ordre de 18.221 millions
qui se décœposent de la façon suivante (1)
- Infrastructure routière
11.628
- Infrastructure ferroviaire
1.192
- Infrastructure aéronautique
529
- Poste et Télécamunications
2.281
- Urbanisme
2.400
- Habitat urbain
191
Total
18.221
(1) "L'Econanie de la Haute-Volta et le Plan Q.ünquennal 1972/1976"
p. 15

271.
3) - Le Secteur Tertiaire
Devant l' hyperthrcphie du tertiaire
et le repli
des naisons carrnerciales de traite dans les grands centres,
il est retenu que les structures cc:rrnerciales seront renforcées.
A ce propos, le Plan stipùle que : "n sera fonnulé, expériJlenté
et réalisé une organisation efficace de commercialisation des
produi ts de l'Agriculture et de l' Elevage Il •
Le programne met l'accent sur les points ci-après
- diversifier les voies d' aϏs
cC!lIT€rciales
à la
cOte aussi bien pour les exportations que pour les i.np:lrtations
- déwlcpper l'esprit d'entreprise en favorisant la
prcrrotion des petites et moyennes entreprises locales (O.P .E. V)
- faire jouer à l'Etat à traversi5es organismes publics
(SOVOICCM), un rôle de plus en plus inportant dans la distributior:
des biens et serviœs ;
- anéliorer dans le secteur rural, la distribution des
facteurs de production (O.R.D), la collecte des prcx:1uits à
des prix accessibles et rémunérateurs (O.R.D, OFNACER)
;

272.
- favoriser les échanges inter-regionaux des céréales
tout en constituant des stocks pour les années déficitaires.
Pour réaliser l'enserrble de ces projets, un investissement
de 1.434 millions est retenu.
c'est un secteur qui, bien exploité, peut rapporter
des devises au pays. Le Plan Cadre avait déjà anorcé un effort,
en particulier la mise en valeur des parcs nationaux et l'arré-
lioration de l'infrastructure hOtelière. Il est retenu un inves-
tissement de 360 millions de F. auquel i l faut ajwter pro-
bablerrent 520 millions de trarehe cptionnelle.
4) - I.e Secteur Social
I.e Plan orientera ses efforts dans le danaine de la
"planification des resswrces humaines".
cette orientation pose le proolèrre du contenu de l' en-
seignement et de la formation professionnelle.

273
.1
1
- C1ercher les meilleures tedmiques d'alphabétisation
et d'enseignerœnt de masse, en l"Ilêne terrps qu'il faut chercher
les méthodes de financerrent les plus efficaces et rentables ;
- Réorganiser l'enseignarent supérieur
- Mettre l'accent sur l'enseignement scientifique
du secondaire ;
-
l\\dapter l'enseignerœnt primaire, secondaire et technique
à la situation concrète du pays, afin de lui doter de cadres valabJ
- La restructuration et l'intensification des organiSIlES
de formation des travailleurs ruraux ;
- L'école professionnelle doit donner aux élèves des
connaissances techniques suffisantes afin de maximiser leur
efficacité et leur rendement.

274.
Pour ce faire, 5.451 millions de F. seront consacrés
à tcut le secteur, dont 4.197 à l'enseignement classique
et 1.254 à la formation.
Le sport, doit venir canpléter en quelque sorte cette
fonnation qui vise à "maximiser le potentiel humain - à susci ter
le sens des responsabilités et l'éveil de la C01science nationale
par son action sur les jeunes parr le dévelq>penent national" (1).
En posant carme cbjectif, l'amélioration de la
santé de la population par tous les moyens, le PQDES retient
les activi tés suivan tes :
- réduction de la fréquence des maladies transmissibles et
le contrOle épidémiologique ;
- l'application plus grande des soins mé:licaux et une
rreilleure répartition des organisrres mé:licaux ;
- l'amélioration de l'hygiène
- le dévelq:perœnt de l'action en faveur de l'enfant et
de la rrère.
(1) L'Econcrnie de la Haute-Volta et le Plan Quimuennal 1972/1976
p. 17

27 5.
Pour arriver à cette fin, 1.905 millions de francs
seront nécessaires.
t
1
1
Dans le danaine des Affaires Sociales, l'orientation
doit viser à l'amélioration des conditions de vie matérielles
et rrorales de la FOPUlation par
- l'éducation de la population dans tous les danaines
- la protection du nourrisson
1
j
- la protection et l'éducation des malades irrligents
- le développeœnt ccmnunautaire et l'animation fénùnine
en zone rurale.
Afin de réaliser tous ces objectifs, le Plan retient
qu'il faudra une sœme de 120 millions de francs.
5) - Les Autres Secteurs
Le service Information dont le rôle doit viser à
prœouvoir le développement éconanique et social dans les pays

276.
à éconanie agricole doit recevoir 692 millions d' investisserents
(Centre d' émission, arnénagerents divers) .

En dehors de la Recherche géolOJique déjà signaléé
plus loin, il est retenu une masse de financerent de l'ordre
de 1.187 millions de F. dont 405 millions pour les Statistiques
proprerent dites et 782 millions pour la recherche scientifique
notamœnt agronanique.
PoUr que l'Etat PJisse jouer son rôle de catalyseur,
on prévoit un investisserœnt de 1.104 millions pour éméliorer
l'infrastructure administrative.
En résumé, la récapitulation des prograrmes sectoriels
se présente soos fonœ de plan d' ensanble regroupé dans le
tableau ci-après (page suivante) :

277.
Tableau nO 25 -
Récapitulation des Investisserents par Secteurs
Montant des
Secteurs
Investissements
%
(en millions F.)
Secteur Rural
19.069
30,2
Secteur Moderne
12.795
20,2
Infrastructure
18.221
28,8
Secteur Social
8.522
13,5
In forma tion
692
1,1
Statistiques,Enquêtes
2.820
4,5
~loyen s de la Puissance
1. 104
l, ~
Publique
Total
63.223
100,0
Sa.trœ
P.Q.D.E.S 1972/1976 p. 344
Carne nous aurons à le voir dans la 3ème Partie de notre
étude, la réalisation du Plan est so.Jmi.se à deux corrlitions :
......,.

278.
- la possibilité d'obtenir les 74 % de financaœnt
auprès des aides extérieures;
- la faeul té de dégager sur le Budget National des
ressources suffisantes pour couvrir les charges récurrentes,
les contre-parties aux aides extérieures ainsi que le finance-
ment de projets non pris en compte par les sources étrangères (21 %).
':et tE" trop grande dépendance vis-à-vis des capitaux
étrangers nous arrène à nous poser la manière dont le Plan a
été élaboré.
PARAGRAPHE II
MEI'HODES D' EIABORATlOO
Une double dp~che a été faite simultanément pour 12
préparation du Plan :
- d'une part, en tirant les leçons du Plan précédent
- d'autre part, en fonction des besoins des services
administratifs qui ont établi des projets d' qJérations.
Une telle procédure a al:o.Iti aux étapes suivantes
10 /
Bilan du Plan précédent et études éconaniques générales

279.
2°/ Définition et orientations générales du Plan par
le Gouvernerœnt ;
3°/ Préparation des projets d'opérations par les services
4° / Centralisation des projets par la Direction du Plan
et établisserœnt d '1ll1 projet de Plan ;
5°/ Présentation et discussion du projet de Plan au
sein des Commissions de planification, puis à l'Assemblée
Nationale.
Finalerœnt, quatre Commissions sont retenues
· Commission de la Prcduction et de la Distribution
· Commission des m:Jyens de la Puissance Publique
· Commission de l'Inforrration et de l'Animation
· Carmission de la Forrration, de 1 'flrploi et des Affaires
SOCiales.
Auparavant, la Commission de financerœnt avait discuté
des problèrœs des IOCJyeI1S, en liaison avec le Budget de l'Etat.
6° / Rédaction définitive et approbation du Docurœnt du
Plan CWnquennal.

280.
De façon générale, la préparation du second Plan a
débuté au cours du 1er trimestre 1969 par l'établissement
d'un Bilan après 3 ans de planification.
Des études éconaniques générales ont été entreprises
en même terrps qu 1 une étude rracro-éconanique sur les perspec-
tives à l'horizon 1990 dont l'objectif, selon les propres
terrres du Plan!lll3œ, est "de fixer plus précisément la stratégie
du développement à long tenne de la Haute-Volta".
Au vu des objectifs généraux du Plan et sa méthc:de
d'élaboration, i l nous est possible de chercher à caractériser
le Document de Travail.
PAR~GRqprΠIII
CARACTERISTIQLTS DU PLAN 1972/1976
Les rédacteurs du Document dégagent trois caractéristiques
fondaIœntales :
1) - Le caractère norrratif du Plan
Vis-à-vis des services Administratifs, le Plan devient
leur instrurrent de travail pour les cinq années à venir.

281.
2) - Le caractère incitatif
A l'égard du secteur Privé, le Plan se borne à iniiquer
seulezœnt ce qui peut être fait et souhaitable d'être fait. Il
n'a aucun aspect contraignant.
3) - Le caractère irrlicatif
Avec l'ensemble de la population, le Plan indique les
principaux objectifs à réaliser tandis que vis-à-vis de l'extérieur
i l permet aux sources de financanent de pouvoir par son caractère
libéral, investir en fonction des grandes orientations définies.
A cet effet, i l conclut "vis-à-vis de l'extérieur, i l définit
(le Plan), les objectifs et les contraintes que la Haute-Volta
se :ixe et les :xJyens de fi:1ancc~.ent qu'elle sJllicice en
contre-partie.
"s 1i l est indicatif kXJl.Ir les sources extérieures de
financanent, i l voudrait cependant les persuader de la volonté
politique et des efforts que le Gouvernaœnt mettra à sa
réalisation".
--

282.
Parlant de la tâche qu'il se fixe en direction des
couches pop..1laires, le Plan poursuit que "Dans son action,
il canstitue le programne d'information et d'animation de
la pop..l1ation trot entière dans l'entreprise des efforts
indispensables à l'élevation du niveau de vie des masses
rurales et urbaines"_
PARAGRAPHE IV
RESULTATS CUANTITATIFS ATl'ENCUS
Sarrne toute, le PePES se fixe un taux de croissance de
la PIE de 6,5 % par an, soit une amélioration de 1,7 % par
t~t~ -L'accent est mis en particulier sur les secteurs rro:1ernes
qui vont augrenter d'environ 6 % par an. A partir de ce m:::.rnent
avec l'aménagement des Voltas on espère à un rééquilibrage
du niveau des ressources et de la population.
Il se dégage du tableau nO 27 que la production évoluera
de la façon suivante :
1) - Evolution globale de la production
selon les calculs du Plan, la production globale évoluera
(dans le cas de l'hypothèse 1976/1), d'une manière relativement
satisfaisante (3,9 %).

283.
C\\1ant-à la pm, en tenœs réels, elle devrait avoir une
croissance armuelle de l'ordre de 3,5 % à 3,7 % par rëlH?Qrt
à 1968 (1).
2) - Evolution par branches
Le Plan vise à une baisse continuelle à long tenœ de
la part relative du secteur primaire au profit du tertiaire
et du moderne.
- On pense que l'agriculture aura une croissance rro1este
(2,9 % par an). Dans le lI'lÊ!I'e cas, l'élevage devrait connaître
un redressanent pour atteirrlre une croissance de l'ordre
de 2,5 %.
- Mais, c'est surtoot le Secteur rro1erne qui doit contribuer
le plus à l' aUgIœI1tation de la pm. Le taux de croissance
pour le secorrlaire, sera de 6,3 %, notanment pour l'irrlustrie.
- Le Secteur tertiaire rocrlerne conservera égalanent un
taux de croissance élevé (au rroins 6 % par an), du fait
essentiellanent du Carmerce.
Cf. tableau nO
~6.

284.
Tableau n° 26.
EVOLUTION DE LA PRODUCTION INTERIEURE BRUTE (P.I.B)
(en francs 1968)
Valeur ajoutée
Tau:, annuel
Secteurs
1968
%
1970
%
1976/1
%
1970/68
1976/70
Secteur Primaire
34.327
48,S
36.313
46.8
43.189
44.6
2,8%
2,9'Yo
dont
Agriculture
(20.506)
(29,0)
(22.750)
(29,3)
26.600
27.5
5,5%
2,6%
Elevage
(8.645)
(12,2)
(8.170)
( 10,5)
9.500
9.8
-2,9%
2.5%
1
Secteur Secondaire
7.596
10.7
8.135
10,5
10032
10,4
3.5%
3,6%
1
traditionnel
Secteur Tertiaire
traditionnel
13745
19,4
14.842
19,2
19.021
19,7
3,2%
4,2%
,
Secteur Secondaire
moderne
3.966
5.6
5268
6,8
7.610
7,9
15,2%
6,3%
, Secteur Tertiaire
1
moderne
7.i17U
10,0
10,6
11.5!)9
11,9
7,6%
G,O(J;)
1
8.195 1
-~-
- - - -
,
Total valeur
fiG. 7tH
-
7~. 75:1
-
91.395
-
.!A'!;,
~,9(l;1
1
ajoutée
,
1
droits sur import
.\\ 023
5.8
4.734
6,1
5.414
5.6
8,5%
.1.5 "f,
!
- - - -
- - - -
Production inté-
,
rieure brute (P.I.B.)
70727
\\00
77.487
100
96.809
\\00
4,7%
,1 ,7 1!IO
Source
P.Q.D.E.S

285.
3) - L'évolution de la fiscalité attendue
Si, toutefois, les objectifs sont atteints, la fiscalité
intérieure globale passera de 8.650 millions de F. en 1968
à 11.980 en 1976 (en F. 1968), soit une augmentation de 4,2 % (1).
La prcduction fera passer sa contribution fiscale de
5.875 millions de F. 1968 à 6.910 F. 1968 en 1970 et à 8.260
millions en 1976, toujours en F. constants 1968.
Après les résultats obtenus par le 1er Plan de travail
et les échecs des deux pran iers. Plans entre 1960 et 1966,
on peut voir quelles ont été les consé''}lences éconaniques
de la planification en Haute-Volta.
SECTlœ III
LES CœSEQVENCES DE lA "PIANIFlCATlœ" en HAUI'E-VüLTA
Chercher à établir un Bilan global de la planification
en Haute-Volta serait hasardeux. Néanrroins, au vu de ce qui
existe, nous allons tenter de voir s'il s' agi t d'une part
d'une véritable planification, et d'autre part, quels sont
les enseignaœnts que l'on peut tirer à la lumière de ce
qui a été déjà fait.
(1) Cf. tableau nO
2"Z.

28E
Tableau nO 27.
EVOLUTION DE LA PRODUCTION
(en francs 1968)
-
. -
..
i
Valeur de la production
Taux annuel
Les branches de la production 1
1
1968
1970
1976 /1
1976 /2
1970
197611
1
]968
1970
1 -
Agriculture
20.984
23.386
27.906
25.583
5,5
3,0
2 -
Elevage. Pêche, Chasse
8.847
8.320
9.660
10.538
-5,9
3,1
3 - Bois
5.219
5.636
6.082
6.328
3,9
1,3
4 -
Artisanat alimentaire
8.652
11.395
12.658
1 \\ évalués
1
1
5 -
Artisanat textile
1.969
2.293
3.016
:
1 globa-
6 -
Artisanat divers
2.512
3.664
3.399
lement
!
7 -
Services traditionnels
3.545
en
4.131
4.107
1
1
1970
8 -
Habitat traditionnel
3.045
\\
3.549
4.129
1
9 - Transports traditionnels
1.515
2.157
2.337
10- Commerce traditionnel
10.721
15.284
15.831
1
,
Total411 10
(31.979)
(33964)
(42.473)
(45.477)
3,1
3,8
Total 1 à 10
(670291
(71.366)
(kG·12!)
(87 926)
o 0
u._
3,3
II -
Industrie alimentaire
2.920
4.090
6.163
4.871
6,8
7,1
1
1
! 12- Energie
709
888
1.656
873
11.9
Il ,0
1
l l - Industries textiles
959
2.550
3.728
2.720
52,0
6,5
1
loi -
Industries des métaux
1.501
1.804
1.980
2.\\07
9,6
1,6
1
1
15- Industries diverses
1
384
432
691
853
6,1
8,1
1
1& -
Bâtiments et TP
3.875
4.410
5.315
5.349
6,7
3,2
17 -
Transports, P et T
2.263
3.237
4.238
3.059
20,0
4,3
11- Banques et Assurances
548
747
790
767
17,0
1,0
\\9.- Services divers
4.896
5.376
6.448
5.866
4,8
3,0
j
26- Commerce moderne
3.116
3.480
5.836
4.520
5,7
9.0
-
~
Total Il à 20
(21.171)
(26.852)
(36,845)
(30.985)
12,6
5,4
1
J
Ensemble 1 à 20
88.200
98.218
123.266
118.911
5,5
3.9
-._.
-
Source
P.Q,D.E,S

287.
Tableau nO 28
-
EVOLUTION DE LA FISCALITE APPORTEE PAR LA PRODUCTION (1968-1976)
Fiscalité globale par branches
Branche.
y compris taxes sur importations
Différence
1976
1968
entre 1968
et 1976
1 -
Agriculture
935
632
641
2 -
Elevage, Pêche, Chasse
.
670
327
3 -
Bois
5
4 -
Artisanat alimentaire
.
29
19
5 -
Artisanat textile
1
6 -
Artisanat divers
5
2
35
7 -
Services traditionnels
8 -
Habitat
traditionnel
9 -
Transports traditionnels
.
10- Commerce traditionnel
62
41
- - - - - _ . ,
i
TotZlI 1 à 10
.
(1.702)
(1.026)
(676)
1
1
11 -
Industries alimentaires
.
849
572
12 -
Energie
790
729
13 -
Industries textiles
1.207
833
1.189
J 4 -
Industries des métaux
1.155
968
15 -
Industries bois, papiers
738
518
/
16 -- B;Hirnents et TP
307
237
17 -
Transports, PTT
193
145
18 -
Banques et Assurances
.
34
40
520
19 -
Services divers
270
112
20 -
Com;nerce moderne
1.015
695
Total Il à 20
,
.
(6.558)
(4.849)
(1.709)
Ensemble 1 à 20
.
8.260
5.875
+2.385
" .. _ - -
Source
P.Q.D.E.S

288.
PARAGRAPHE l
L'EXISTENCE DE LA PLANIFICATION?
Parlant du rôle de la planification, nous avons
E.U
à
définir sa finalité qui repose en fait sur un aspect politique.
Tel que nous le voyons, la planification en Haute-Volta
doit viser à bâtir une économie nationale indépendante.
A cette fin, nous retenons la valeur et l'importance du nationalisme
progressif comme base de l'intégration.
Si tel est le cas, la planification doit viser à remettre
en cause les structures qui existent à l'heure actuelle.
Cette tâche, veut dire que sur le plan interne, les positions
de classes
telles que nous les avons définies, ne peuvent
être conservées. Elle doit viser aussi à un changement de
mentalités et de comportements en même temps qu'elle vise
~ cne prise de conscience i~ c~dre national
et international
En d'autres termes, la planification doit viser à un
déve-
loppement acc~l~!'é du pays à travers ses différents aspects :
politique, économique, social et culturel.
Or, lorsque nous examinons la planification telle quelle
est faite en Haute-Volta, on est amené à se poser la question
de savoir s'il s'agit de retouches permettant de consolider des

2 S 3.
positions acquises, ou d'une remise en cause véritable des
structures existantes, visant à créer des conditions favorables
au développement.
Déjà, au cours de la période coloniale, des essais
de "planification" ont été faits, mais qui n'avaient pas sorti
le pays de sa situation de réservoir de main-d'oeuvre.
A ce propos, sur la remise en valeur des colonies, le Ministèee
de la Coopéra tion écri t que "Le Territoi re sortai t à peine
d'une léthargie de 15 ans. Les voies de communitations se
réduisaient à des pistes équipées de ponts en bois, le chemin
de fer s'arrêtait à Bobo-Dioulasso, les deux terrains d'aviation
étaient rudimentaires, l'équipement électrique et hydraulique
à ses débuts,
l'enseignement secondaire et professionnel
inexistants, l'équipement sanitaire limité aux seuls centres
administratifs" (l).
Malgré les deux programmes du F. 1. D.E.S (1949/1953) et
(1954/1958), qualifiés de Plan de Développement, à la veille
de l'indépendance nominale, la situation économique du pays
ne sera guère meilleure. Cette analyse de la Revue Marchés
Tropicaux en dit long.
En effet, dans un Article intitulé
"Aider la Haute-Volta à sortir du Sous-Développement", la
revue écri t que : "Comme beaucoup de régions sub-sahé liennes
de l'Afrique tropicale, l'antique empire du Mossi, noyau de
la République vo1tatque, a abordé notre époque dans des
(l) "Plan et Développement Economique 1963" Ministère de la Coopération.

290.
conditions difficiles. Sa population relativement dense, favorisée
par un milieu physique plus accueillant que celui du désert
ou de la forêt, avait trouvé dans les activités agricoles
un équilibre que la pénétration du continent par les 'voies
de communications et l'économie de marché a soudain rompu.
Le contact établi entre ces mondes fermés et le monde moderne
y a crée des besoins nouveaux, que rien n'est venu malheure-
semen t compenser, sinon l' usu re du capi ta 1 humain".
Plus loin
la Revue poursuit en substance que "le découpage administratif
auquel a procédé la colonisation a naturellement aggravé
cette tendance".
0)
La période 1960/1966, n'apportera pas de changements
notables puisque ni le "Plan Triennal" 1960/1963, ni le
"Plan Quinquennal" 1963/1967, ne verront jamais le jour
cela en dépit des déclarations des autorités qui estimaient
1.',,'ir
"c:~,-)isL
~èptlis 1958.
la pl<1ni[ir~:i:i....);1 Cl..lr:~C' ~1'2::'['=',:;,_
d'intervention dans le retard économique du pays".
Le marasme économique hérité de la période précédente
va s'aggraver par une politique au jour le jour, aboutissant
en fin de compte au soulèvement populaire du 3 janvier 1966
et à l'avènement du Gouvernement militaire qui tentera de
mettre en marche un premier plan de développement.
(1) Marchés Tropicaux du ...

291.
J
Ce Plan Cadre, qui sera effectivement appliqué, a des
objectifs précis : remettre en ordre les Finances Publiques
de l'Etat et donner une confiance aux investisseurs étrangers.
Comme les Plans précédents, on a le souci d'habituer·les services
administratifs à la planification en vue de la préparation d'un
véritable plan de développement 1971/1975.
Le deuxième Plan appelé Plan Quinquennal de Développement
Economique et Social 1972/1976 se veut être l'oeuvre d'une
planification. Mais, en caractérisant ce Plan, nous avons
dégagé trois faits :
1. son caractère normatif
2. son rôle incitatif
3.
son aspect indicatif.
Dans sa ligne et ses objectifs, le programme se veut être
un plan de développement. Or, en matière de développement aussi,
nous avons vu qu'il ne peut y avoir développement que lorsque
tout le monde participe et que tout le monde bénéficie. Là non
plus la condition semble ne pas être remplie puisqu'aussi
bien dans la méthode d'élaboration que dans ses caractéristiques,
seules des intentions de foi donnent à ce programme son aspect de
Plan de développement.

292.
En fait, il ne s'agit pas de planification en Haute-Volta,
mais de programmation économique ayant pour but de définir
et de réaliser une politique économique dans l'intérêt collectif
des groupes dominants que constituent : grandes maisons de
traite, Syro-Lybanais, bourgeoisie politico-bureaucratique.
Nous le caractérisons ainsi de par son aspect purement étatique
de même que par sa méthode d'élaboration et d'exécution.
La plan.liication, la véritable planification, ouvre de
vastes perspectives dans la mise en oeuvre consciente et rationnelle
des ressources du pays, elle vise à stimuler la croissance insuffi-
samment rapide des forces productives, au développement méthodique.
Néanmoins, il est nécessaire de faire une approche des
résultats obtenus par le 1er Plan et les résultats partiels
dénier l'existence de planification en Haute-Volta.
PARAGRAPHE II
LES CONSEQUENCES DE LA PROGRAMMATION
Tirant les leçons du Plan Cadre 1967-1970, le PQDES
caractérisant la situation de l'économie volta1que écrit:
"Dans sa grande majorité, c'est une économie traditionnelle,
rurale, repliée sur elle-même où le niveau de vie des populations
reste très bas. A contrario, il tire plus loin, parlant de l'industrie".

"c'est donc par ce processus que la Haute-Volta a commencé depuis
1963 son industrialisation, et cette politique a été poursuivie
avec le Plan-Cadre 1967/1970 dont la réalisation dans le domaine
industriel à 65 % par rapport aux prévisions et à 82.% par rapport
aux financements acquis laisse une situation assez satisfaisante" (1).
1) - Financement
- Nous savons qu'en matière de financement, le 1er Plan
dépendait à 85 % des capitaux étrangers tandis que le PQDES réaffirme
cette dépendance à 85-80 %. Nous aurons à revenir sur le financement
du développement dans la 3ème Partie de cette étude, mais d'ores et
déjà on sait que les résultats de cette dépendance, sont que le Plan
Cadre a commencé avec un retard d'une année à cause de la réticence
des investisseurs.
- Sur un investissement total pr~vu de 33.576 millions de francs
CFA, seulement 23.608 millions de francs ont été obtenus soit 59 %
des Prévisions. Il est à remarquer aussi que certains financements
avaient été acquis même avant le démarrage du Plan. Si on considère
uniquemenent le financement extérieur, le montant acquis a été de
16.215 millions soit 46 % des Prévisions (2).
(1) Bilan Plan-Cadre 1967-1970 : Direction du Plan
(2) T. Thiombiano : le Financement interne et externe du développemenr
en Haute-Volta: Mémoire de D.E.S.

294 •
- Pour le 2ème Plan, le financement acquis dès 1972 était
estimé à 61 % (1) du total des investissements prévus de l'année
(14.308,5).
Pour l'année 1973, le Plan prévoyait un investissement
de 17.748,6 millions de F. Finalement les investissements acquis
représentaient 91 % (2). Taux étonnant, très élevé et qui fait
écrire que "Depuis 1967, c'est-à dire depuis que la Haute-Volta
a planifié son économie, c'est la première fois que le taux de
réalisation annuel atteint un niveau aussi élevé"
(3).
Ces résultats exceptionnels tiennent à trois secteurs
a) - Le secteur moderne, avec la réalisation du complexe
agro-sucrier de Banforah et l'agrandissement de la Société des Huiles
et Savon de Haute-Volta (S.H.S.H.V), à Bobo-Dioulasso,
b) - l'infrastructure qui a bénéficié du développement
aussi considérable :
. des investissements dans l'habitat urbain 1.948
millions,
. de l'avancement des travaux de bitumage de la route
Koupéla-Bitou-frontière Togo,
(l) Bilan du Plan Quinquennal 1972/1976, année 1972
Di rec tion Plan
(2)
idem
"
"
année 1973
(3)
idem
"
"
"
"

295 .
. de travaux effectués pour la modernisation de la R.A.N,
. des investissements de l'Office des P e t
T.
c) - Le secteur information qui atteint 367 % de
réalisation (1) correspondant à l'installation d'un émetteur de radio
de 100 KW/OM à Ouagadougou.
2) - Au niveau des Secteurs
Après avoir constaté les taux confortables réalisés dans les
secteurs modernes, de l'infrastructure et de l'information au cours
des deux premières années de réalisation du PQDES, la Direction
du Plan et des Etudes de Développement constate avec amertume que
"si les taux de réalisation médiocres, de 48 % et 56 % respectivement
pour 1972 et 1973 se poursuivent dans le Secteur Rural face à des
pourcentages confortables de réalisation dans d'autres secteurs,
il est évident que les priorités définies dans le plan pourraient
être profondément bouleversées dans la réalité" (2).
En d'autres termes, on ne peut maîtriser un développement dont
le financement dépend à 80 % de sources de financements extérieurs.
(1) Bilan du Plan Quinquennal 1972/1976, année 1973
Direction du Plan
(2) Bilan Plan Quinquennal 1972/1976 : année 1973.

296.
Non seulement certains secteurs reçoivent la préférence
des investisseurs indépendamment des priorités établies, mais
aussi, dans ces secteurs, il n'est pas certain que ces investissements
peuvent insuffler un quelconque dynamisme. Ainsi, peridant que
la production de mil/sorgho
passe de 545.000 tonnes en 1954 à
759.000 tonnes en 1972, le coton commercialisé lui, passe de 487
tonnes à 32.574 au cours de la même période. La production de
mil/sorghos connu un taux de croissance assez faible et inférieur
au taux de croissance de la population. Ce taux entre 1954 et 1972
a été de 1,94 % par an, selon nos estimations tandis que celui du
coton graine commercialisé a été de 45,78 % en moyenne par an.
Dans le même temps, on relève une corrélation inverse entre prix
du kilogramme de coton et production.
Dès lors, il est possible de dire que la politique de déve-
loppement, si développement il y a dans le pays, n'a pas fondamentalement
changé puisqu.' elle consiste toujours à mettre au premier plan les
cultures de rente au détriment des productions vivrières. Un tel
choix s'explique bien dans la mesure où l'objectif des autorités
est surtout de monétariser davantage l'économie afin de la rendre
de plus en plus tributaire de l'économie capitaliste mondiale.
Mais, cette orientation qui provoque des disettes depuis un
certain nombre d'années, se voit consolider avec la mise en place
de "programmes d'exploitation" des ressources du pays. C'est ce que
les autorités qualifient de Plan. Or, nous avons vu que ces Plans
visent beaucoup plus à consolider des positions acquises notamment
celles de la bourgeoisie politico-bureaucratique et compradore
de même que certains chefs coûtumiers.

j:
297.
Pour
arriver, à cette fin, en plus de la programmation,
les couches privilégiées au pouvoir mettent en place un certain nombre
de structures telles que les Organismes Régionaux de Développement.
Ces Organismes
visent à créer une catégorie de paysans riches (1).
Il Y'a des résistances du milieu, car le développement pose tout
un ensemble de problèmes, qui, si on ne veut pas laisser en marge
toute une grande partie de la population, exige des choix économiques
rationnels. Ce sont ces problèmes et ces choix que nous allons tenter
d'aborder dans cette deuxième Sous-Partie.
(1) Cf. Notre analyse sur les couches et classes sociales dans la
1ère Partie de cette étude.

S,.O U S
PAR T 1 E
II
LES PROBLEMES DU DEVELOPPEr-"EtlT
ET
LES CHOIX ECONOMIOUES
-=-=-=-=-=-=-=-=-
Nous avons vu plus haut, que le développement est un processus
complexe et sinueux qui a trait tant aux aspects économiques
qu'aux aspects sociaux et politiques de la vie du pays.
Il est apparu par ailleurs, que la planification demeurait
un élément fondamental pour le développement, en ce sens qu'elle
donnait une certaine vision de la situation économique du pays
et partant, elle permettait de se fixer un certain nombre
d'objectifs.
Développer une nation n'est p.sseulement faire apparaître
des résultats quantitatifs, mais implique aussi une amélioration
qualitative. Le développement peut, et se distingue de la
croissance, car la croissance est de court terme et est souvent
le résultat du gonflement d'un certain nombre. d'agrégats.

299.
Mais, pour qu'il y ait développement, il faut qu'il y
ait croissance économique et, cette croissance pour qu'elle
soit durable, suppose une transformation, profonde et radicale
des structures socio-économiques existantes.
Le développement ne peut être efficace qu'en fonction de
choix économiques judicieux, posant une certaine finalité.
On distinguera successivement
lot Les choix des infrastructures socio-économiques
2°( La place de l'agriculture dans le développement
3°( Le choix et le rôle de l'industrie.

300.
CHAPITRE l
LES INFRASTRUC1lJRES SOCIO-ECONOMIQUES
Un des problèmes qui se pose souvent pour le développement
est le choix judicieux d'une infrastructure socio-économique efficace,in-
:sérée dans la planification, pour permettre un démarrage préalable.
Comme le souligne J.M. Albertini, la charge de cette infrastructure
représente les frais généraux de l'économie au m~e titre que les
services de fonctionnement d'une entreprise (comptabilité, secré-
tariat, direction).
Ces infrastructures tant social, qu'économique, forment un tout
et pour que le démarrage de l'économie se fasse, il faut ce que certains
économistes appellent "le quantum minimum de capital social fixe".
Il convient néanmoins de se garder d'un excès d'infrastructure qui peut
non seulement ne pas attirer les investisseurs, mais aussi créer des
tensions inflationistes.
Parmi ces infrastructures, nous distinguerons d'une part, les
infrastructures économiques: routes, voies ferrées, adduction d'eau
etc ••• et d'autre part, les infrastructures sociales: enseignement,
santé, urbanisation, en l'absence desquelles, la rentabilité se trouve
compromise.

301.
SEcnON l
LES TRANSPORTS
i
1
La double étroitesse du marché voltaïque, étroitesse des revenus
et étroitesse de l'espace, ainsi que l'insularité de l'économie villageoise
trouve dans une large mesure, leur explication dans la mauvaise plani-
fication des réseaux de communication.
Sans toutefois vouloir rappeler ce que fut jadis les rapports entre
royaumes par l'intermédiaire des pistes à travers la savane, nous rappor-
terons seulement que la pénétration coloniale avait vu l'importance des
voies de communication pour l'écoulement de ses produits. Des routes,
des chemins de fer ont été tracés jusqu'aux côtes afin de permettre
l'évacuation rapide des denrées à destination de la métropole.
Aujourd'hui, plus qu'hier, il s'agit de développement, par conséquent,
la restructuration des transports doit se placer au centre des préoccupation
ceux qui ont la charge de gérer le pays. Il s'agit d'une part, de choisir
les modes de communication les plus rentables, mais d'autre part, d'implante
les voies de transports susceptibles de désenclaver l'arrière pays. Malgré
les réserves qui peuvent être émises quant à la création d'activités écono-
miques suivant l'installation d'une voie de communication. i l 'n "en demeurE
pa.s moins vrai que" toute illlp'lantation d' infr'astructu'r'è de commu-
.
..
nication est une condition préalable et un stimulant néce~saire
bien qu'insuffisant de cette installation.
Le rôle de l'économie régionale, se trouve posé de même que la contri-
bution de chaque régiop au déve~oppement harmonieux du pays.
Pour les pays continentaux comme la Haulte-Volta, la finalité des
voies de communication et des moyens de transport, doit viser non seulement
)

302.
à un désenclavement des régions et du pays, mais également
à un développement intégré et articulé.
Ceci nous amène
à une analyse de la situation des transports dans le pays,
avant de voir dans un paragraphe 2, le rôle des transports
dans la stratégie du développement.
PARAGRAPHE 1
LA SITUATION DES TRANSPORTS
Nous orienterons cette étude à travers l'examen des
différents modes de transports tels qu'ils se présentent
encore à l'heure
actuelle dans le pays.
1) - Les transports traditionnels
C'est de loin les moyens de transports les plus usités
encore. Ils contribuent très largement à l'activité économique
de la plus grande majorité de la population rurale.
Parmi ces divers moyens encore existants, on trouve

303.
On peut dire que ce fut le premier moyen
par lequel, l'homme a été en mesure de déplacer ce dont il
a besoin d'un lieu à un autre. Ce système, bien que fatigant
et coQteux, en dépit de sa lenteur, est encore beaucoup
employé dans les campagnes à défaut d'un moyen de locomotion
plus approprié. Il n'est pas rare de rencontrer aussi bien
des femmes que des hommes, quittant leur village dès 5 heures
du matin, et portant sur leur tête : mil, sorgho, panier de
soumbara ou de feuilles de baobab qu'ils acheminent vers
les marchés des centres avoisinants. L'évaluation en termes
monétaires est à exclure car, ces femmes qui amènent des
feuilles de baobab retournent tout au plus avec 100 ou 150 F.
C'est pourquoi, avec la fatigue et la lenteur, certains,
en l'occurence les hommes,ont trouvé un moyen de locomotion
plus commode et plus rapide: l'âne.
La découverte du feu par l'homme va lui permettre
désormais d'assurer sa suprématie totale sur l'animal.

304.
Plus tard, cet animal qui constituait un danger permanent pour l'homme
et l'obligeait à vivre en groupe, il va chercher à en faire
un compagnon en le domptant. Parmi ces animaux domptés, l'âne
servira surtout pour les transports. Alors que par le portage,
l'homme tout au plus pouvait amener de chez lui à la ville,
2 à 3
tines de mil (soit, entre 40 et 50 kg), désormais avec
l'âne il peut transporter 3 fois plus de produits. Le second
facteur positif de l'utilisation d~ l'âne, sera la réduction
du temps de parcours. Mais, bientôt le génie inventif de l'homme
ne s'arrêtera pas là, et la pénétration coloniale amènera un
nouveau moyen de locomotion, le vélo.
c) - Le vélo
-------
Avec le vélo, on peut déjà dire que l'homme triomphe
définitivement non seulement de l'animal, mais en grande partie
de la nature. Les premiers qui auront le vélo seront surtout
les Commis, Agents au service du colonisateur. Par la suite,
quelques anciens combattants ainsi que certains émigrants revenus
de Côte d'Ivoire, tendront à généraliser ce moyen de transport.
Tant et si bien qu'au début, considéré comme un luxe entre les
mains de quelques privilégiés, le vélo tendra de plus en plus
à se généraliser et deviendra un moyen de transport efficace
pour le paysan de Namouno, l'artisan de Ountadéni, le travailleur
saisonnier de Cominyanga·
La distance de ces villages par
rapport au centre qu'est Fada N'Gourma se trouve réduite de
trois fois plus.

,.
305.
Certes, le v~lo pr~sente certains avantages par rapport
à l'âne notamment par le fait qu'il est plus rapide, mais aussi,
il transporte en même temps l'homme et ses marchandises. De
telle sorte, le migrant de Côte d'Ivoire rêve de revenir avec
un v~lo, le vendeur de boeufs au Ghana ne peut s'en passer
au retour, de même que le petit fonctionnaire
du coin, avec
son vélo, montre sa relative supériorité de
niveau de vie
à l'époque coloniale.
Somme toute, l'âne présente dans l'ensemble plus d'avan~ages
en ce sens qu'il coûte moins cher (1.000 F ou échange en nature),
mais aussi, il transporte des charges plus importantes. Il n'est
pas possible d'acheter un vélo à moins de 15.000 F. à l'heure
actuelle. Et, pour l'avoir, beaucoup de paysans sont obligés
de s'adonner ~ux cultures de rente ou de se prolétariser.
Quant
à la mobylette
comme moyen de transports de marchandises, elle
n'est pas assez commode. Elle est surtout utilisée par les
citadins ou quelques paysans privilégiés pour des voyages de
courtes distances.
2) - Les transports linéaires
Les spécialistes en matière de transports les qualifient
ainsi en ce sens qu'ils sont liés à une infrastructure

306.
continue (routes, chemin
de fer,) par opposition aux transports
qui n'ont qu'un impact ponctuel (avion).
a) - La route - Le réseau routier
Malgré son caractère peu homogène, on peut retenir
la distinction suivante qui permet de voir l'état des routes
dans le pays :
A la fin du Plan 1967/1970, on distinguait (1)
- 6.446 km de routes à viabilité permanente ;
4.451 km de routes nationales et inter-Etats
- 1. 995 km de routes départementales ;
- 10.216 km de routes et pistes saisonniè res
2.445 km de routes régionales
- 7.761 km de chemins ruraux.
Parmi ces routes et pistes, les plus importantes sont
· La route Ouagadougou-Koupéla-Bittou-frontière Togo
· La route frontière Mali-Ouahigouya-Ouagadougou-Pô-Ghana
· La route frontière Mali-Bobo-Ouaga-Fada-Niger.
Ces routes, le plus souvent, sont à la fois inter-régionales et
inter-étatiques.
· On peut ajouter la route Bobo-Dédougou-Nouna.
1) - La documentation Française:
La
R de Hte-Volta n0381R

,1
307.
t
L'automobile est venue suppléer en grande partie
Evolution du parc Automobiles pour 3 types de véhicules
Années
Nature du véhicule
1966
1969
1970
Autocars et Autobus
11
27
6
Camions et Camionnettes
431
604
578
Remorques et semi-
16
15
28
remorques
Source
Plan Quinquennal 1972/1976 p. 209
les moyens de transports traditionnels tout au moins pour les
citadins. Mais, les prix élevés de transport, ajoutés à l'évolution
très faible de ces moyens, font que seuls des privilégiés
peuvent les emprunter, ou en disposer. (c. f. :
croissance du parc automobile pour 3 types de véhicules
dans le tableau ci-dessus.)
Le tableau nous montre la croissance faible des moyens
de transports. Aussi, contrairement à certains pays qui disposent
d'une compagnie nationale de transports, en Haute-Volta, les
transports routiers sont entièrement effectués par des entreprises
privées.

30S.
Ce fut d'abord à l'~poque coloniale puis, jusqu'à une
date r~cente, un monopole de la Compagnie Transafricaine qui
assurait aussi bien le transport des voyageurs que l'acheminement
des marchandises. Bien qu'elle s'appelle d~sormais Soci~t~
Voltatque des Transports Routiers (SVTR) , fondamentalement
sa nature v~ritablement mercantile n'a pas chang~.
Elle compte aujourd'hui près de 120 v~hicules dont les
trois quart sont totalement usagés . Elle est, de plus en plus
concurrenc~e par des autochtones qui, du fait de leur
liaison avec la bourgeoisie politico-bureaucratique et les
~tablissements financiers de la place, arrivent à disposer
d'importants moyens pour l'achat de v~hicules "poids lourds"
pour le transport de marchandises.
Certains, très modestement arrivent à concurrencer le
chemin de fer Ouaga-Abidjan.
Le prix moyen courant de la tonne/km est de 16 à 17 F.
(1), tandis que celui du voyageur/km serait de 4 F.
La voie ferr~e appel~e R~gie Abidjan-Niger (R.A.N), a
~t~ envisag~e depuis 1893, au moment du partage colonial.
(1) Chambre de Connnerce d'Industrie et d'Artisanat "Guide
Economique de l'investisseur" p. 127

309.
Elle était destinée à atteindre le Niger en traversant toute la
Haute-Volta. La construction qui débuta en 1904, à Abidjan
(Côte d'Ivoire) atteignait Bobo-Dioulasso(Haute-Volta) le 25
janvier 1934. A partir de 1941, des difficultés relatives à la guerre
1939-45 vont interrompre momentanément les travaux. Il faudra
attendre 20 ans après Bobo-Dioulasso pour voir le rail atteindre
la capitale du Mossi, Ouagadougou. La longueur totale de la voie
est de 1.147 km entre Ouagadougou, le terminus, et Abidjan.
La logique économique de l'implantation de ce chemin de fer
qui a fait tant de victimes, répondait
à plusieurs critères :
- l'évacuation des produits primaires jusqu'au port d'Abidjan
- la rapidité d'un transfert de main-d'oeuvre
- le souci des liaisons administratives et commerciales
à travers l'Afrique de l'Ouest continentale et côtière.
Quelque fut sa logique économique, la RAN assure à l'heure
actuelle la plus grande partie du trafic volta1que, tant en
hommes qu'en matériel. En 1973, elle assurait (1) :
Trafic voyageurs
. nombre voyageurs
2.827.827
. voyageurs km
883.110.693
(1) Chambre de Commerce d'Industrie et d'Artisanat op., cité
p.
127

310.
Trafic marchandises
· tonnes chargêes
962.119
· tonnes km
553.542.983
De même que l'automobile assure sa supériorité incontestable
sur les autres moyens (âne, vélo), de même le chemin de fer
présente des avantages certains par rapport à l'automobile et
à la route:
· le tonnage transporté est plus élevé,
Il
est praticable en toute saison,
Il
est plus rapide et plus commode pour les
longues distances.
Cependant, il . représente quelques inconvénients tels que
son coût êlevé, les retards dans les dêlais de livraison.
En dêpit de ces inconvênients, dans le cadre de l'exploitation
du gisement de manganèse 'de Tambao, la voie ferrée a été retenue
comme présentant plus de rentabilité tant pour le coût de transport
de la tonne/km que pour les quantités transportées, sans compter

311 •
les effets directs ou indirects pour les régions riveraines
de la voie. Dans le long terme on pense que le rêve tant
manifesté depuis 1893 se réalisera par le prolongement de
la ligne jusqu'au Niger sans oublier la possibilité d'une
liaison éventUelle avec le Mali.
En l'état actuel des études, il est encore impos~ible de
pouvoir définir l'impact que pourrait avoir la navigation
intérieure par le biais des fleuves Voltas. On sait que jadis,
et jusqu'à présent d'ailleurs, les riverains des différentes
rivières font de longs voyages avec les pirogues.
La théorie moderne des transports qualifie ce type
de' transport, de ponctuel, du fait de son caractère discontinu
Sans toutefois vouloir reprendre une analyse de tous les moyens
de transport qui rentrent sous cette rubrique, nous nous intéresse-
rons seulement aux seuls transports aériens qui ont cours dans
le pays.
Du point de vue infrastructure, il existe deux aérodromes
de catégorie "A" de 2.500 m et 2.050 m et 49 aérodromes' secon-
daires desservis par les Broussards administratifs de la Régie
Air-Volta.
On compte également quelques aérodromes privés.
Contrairement aux transports routiers et au
chemin de fer,
l'avion,le dernier venu dans les transports
est coûteux de par les installations qu'il demande,
ainsi
que les frais de transport très onéreux par voyageur.

.) 1 .2 •
PARAGRAPHE II - Transports et stratégie du développement
Au regard de ce qui précède, les transports slinscrivent comme une
action prioritaire dans la Maftrise Nationale du Développement; en même
temps que sur le plan régional, ils doivent viser à ouvrir la voie dans les
zones de peuplement.
1) L'action des transports dans les zones de pe uplement
Pour des raisons politiques, on ne peut engager des fonds pour
construire une voie de communication pour la simple raison qu'on recherche
une popularité électorale. Les transports, selon les nombreuses études
de spécialistes, nous ont révélé leur l'Ole inducteur dans le développement.
Dè s lors, fa isant corps avec l' ens emble de la vie du pays, toute installa t lon
de \\'01e nouvelle, demande au préalable des études socio-~(",nC'minlles
poussées de la région en question. Ainsi, l'un "e po"era la éjU<;"ÜUIl de
savoir quel est le type de moyen de transport, le plus commode et le plus
rentable.
Quel impact cette voie va-t-elle jouer dans les échanges?
Quels seront les effets inductifs de la voie sur les capacités productives
des populations ?

313.
A court terme. il est difficile d'évaluer en termes chiffrés les
multiples effets qu'une telle installation peut exercer tant sur l'économiE
régionale que nationale. Certains effets seront immédiats. d'autres
moins perceptibles.
Ce qui est certain, c'est qu'il y a des effets positifs et pour cela
nous rejoindrons le professeur Rudloff pour retenir 3 types d'effets
résultants de l'incidence des transports (1) :
- Réduction de la tonne kilomètrique
· accroissement de la rapidité d'acheminement,
· dininlltion é·:cntll<'llc· dl's r·;"r~lles d'insécLl t'ité,
· plus grande durée des véhicules.
- A ugmentation de la concurrence des transports pouvant entraIher
• une réduction du prix de la tonne/km ou du voyageur/km,
baisse des prix des produits résultant d'un accroissement
des biens transportés.
(1) M. Rudlof op. cité p. 552

314 .
- Redistribution de revenus, qui, redépensés
• agissent sur la production agricole,
• développent 1'esprit d r entreprise.
b - Les effets structurels
- Abolition du caractère insulaire de la région,
- Augmentation de la production du fait de l'apparition de
nouveaux débouchés,
- Introduction de nouvelles cultures,
- Changement de mentalités résultant d'une plus grande OLlverture.
De telles estimations sont nécessaires pour quantifier la rentabilité
financièl'e et économique de la voie de communication,

:3
Selon que la voie a un caractère inter-étatique ou régional, l'impa
sur la balance commerciale peut s'en ressentir.
- S'il s'agit d'une région qui produit beaucoup de cultures; ou de
l'installation d'Wle usine pour l'extraction minière, les surplus dégagé
peuvent servir non seulement à combler le déficit alimentaire des autr
régions, mais s'il s'agit d'un minerai, l'exportation en produit fini ou
de cette matière peut contribuer à résorber le solde négatif du comme:
exté rieur.
- La réduction des coGts de transports, de même que l'accroissen
éventuel des prodllctions peuvent inciter des investisseurs à s'installer
dans la région.
- Lorsqu'il s'agit d'une route inter-étatique comme c'est le cas a-
• la réduction de la dépendance vis-à-vis de la Côte d'Ivoire
. la possibilité de diversifier les fournisseurs et les clients
les avantages des coQts comparatifs des divers moyens de
communication.

316.
z
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~


































































































































































































































































































































632
pouvoir d'achat des travailleurs entraîne l'extension du marché
et la création d'industries nouvelles en aval et amont.
5° La dernière fonction concerne les gains relatifs
retirés du commerce extérieur et à long terme, la modification
de la structure de la Balance Commerciale et de Paiements du
pays importateur de capitaux dans un sens favorable. Classique
convaincu,
il croit fermement aux vertus du libéralisme commer-
cial. "Le libéralisme commercial des pays sous-développés, écrit-
il, est essentiel pour la réalisation des bénéfices résultant
du flot de l'investissement privé direct".
C'est à travers le bilan de l'investissement privé en
Haute-Volta de 1960 à nos jours (Paragraphe I), et l'incidence
sur la croissance (Paragraphe Il), que nous analyserons ces
différentes questions.
PARAGRAPHE I
L'EVOLUTION GENERALE DES It'VESTISSEMENTS
EXTERIEURS:
1961-1973
On peut considérer deux phases all cours de cette période.
la première qui va de 1961 à 1966 ; et la seconde allant jusqu'en
1973.
A -
1961-1966
a)
tendance générale des investissements
Au cours de cette période,
il existait déjà un code
d'investissement hérité du système colonial. Ce code devait
permettre d'attirer les capitaux étrangers en vue de la réali-
sation du Plan intérimaire et du Plan 1962-1967.

633
Bien qu'aucun de ces plans n'ait été appliqué,
il
resso
que l'ensemble de l'aide extérieure s'est montée à 32 492 mil-
lions de FCFA. Parmi ces aides,
il faut retenir que les inves-
tissements proprement productifs, représentaient 56 % du total
(19 274 millions). Cependant,
la baisse tendancielle qui commen
ce aussitôt après 1961 s'est poursuivie pour l'ensemble de
l'aide et particulièrement l'aide aux investissements qUI tombe
au point le plus bas (1 992 millions en 1963 contre 4 780 en
1961 et 4 167 en 1962). Au niveau des investissements privés,
la tendance ne sera guère meilleure, puisque entre 1958-1967,
l'ensemble des investissements se montent à 3 080 millions de
FCFA contre 33 525 pour le Cameroun, 43 450 pour la Côte d'Ivoi
8 980 pour le Togo,
1 200 pour le Dahomey et 2 150 pour le Ni-
ger
(1).
Sur un total d'investissements de 302 730 millions de
FCFA au cours de la période, la Haute-Volta allrait reçu envi-
ron 0,01
~.
b) Autres indicateurs
Ce mouvement général des capitaux 6trangers se traduit
par la cr6ation d'un nombre croissant d'entrepri~cs 6tr;'Jlgêres
A la fin 1965, sur les 5 385 sociétés qui étaient installées
dans les anciennes colonies,
la Haute-Volta comptait 129 contre
1 300 à la Côte d'Ivoire, 750 au Cameroun,
123 au ~iger, 118
au Gabon,
141 au Tcad et 164 au Dahomey (1). Parmi ces sociétés
il faut retenir qu'en 1966, la Documentation Africaine (Ediafri
dénombrait 634 sociétés industrielles. Quant à N'GANGO, entre
1960 et 1968, il recensait 672 sociétés industrielles. Dans ce
nombre,
la Haute-Volta en comptait 23. Parmi ces 23 sociétés,
il ressort qu'aucune n'avait un capital social plus grand ou
égal à 500 millions FCFA. La plus grande société industrielle
était représentée par la BRAVOLTA (Brasseries de la Haute-Volta
au capital de 450 millions.
(1) Tiré de l'ouvrage de G. N'GANGO pp 285 et 287.

63.1
Toujours selon le classement dressé par le professeur
N'GANGO, au cours de cette période, parmi les 500 premières
sociétés (critère basé sur l'importance du capital), la Haute-
Volta en comptait 10 (2 t), la Côte d'Ivoire 150 (30 \\), le
Togo 12, le Niger 13, le Dahomey 12, le Sénégal 10. Cette su-
prématie de certains pays, s'explique par le fait que la part
la plus importante de ces investissements va ge préférence vers
le pétrole et les activités d'extraction et d'industries miniè-
res
: mines de cuivre, de phosphates, de fer, de manganèse, de
bauxite, d'uranium.
Viennent en deuxième position les sociétés financières
et celles exploitant les eaux et l'énergie électrique. Dans des
pays comme la Côte d'Ivoire, il ne faut pas négliger outre
l'exploitation forestière,
les cultures industrielles et les
industries alimentaires: cultures et industries du tabac, du
coton, du palmier à huile, du café, du cacao. Les industries
alimentaires sont relatives à la fabrication de boissons gazeuse'
et des bières, à la minoterie, etc.
Peut-ail jllstifier ces préférences par le fait de codes
d'investissements plus libéraux?
B - 1966-1973
Cette période qualifiée de "gestion rationnelle", cor-
respond à l'élaboration et à l'application du code des investis-
sements et de deux plans de développement.
Bien que les données statistiques existantes ne nous
permettent pas de faire de sérieuses études de comparaison entre
les différents pays, nous pouvons néanmoins partant du finan-
cement du développement par neuf sources financières (1), déga-
ger le rôle joué par l'élaboration de plans et l'application

du code d'investissement.
(1)
Parmi ces sources financières essentiellement composées d'organismes
internationaux, outre la BAD on trouve: BIRD, AID, BEDI, FED, FAC,
KFW, CCCE, SFI.

cf>
,')
~
TALBEAU N° 56
FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT PAR 9 ORGANISMES FINANCIERS
MULTINATIONAUX DANS LES PAYS DE L'UMOA
Source
BAN
N° 793 du 11/9/74
1000 UC (1)
C 1
Doho
H. V.
R 1 M
Niger
Sénégal
Togo
Total UMUOA
1967
6 977
5 269
2 337
3 321
c, 249
8 952
2 049
34 154
68
8 429
5 925
4 849
5 204
C,
064
7 665
1 429
38 565
69
10 113
3 164
7 382
4 081
4 170
4 381
5 097
38 388
70
12 257
4 812
6 127
1 806
~J 013
9 897
5 811
45 723
71
7 399
3 540
9 815
3 104
5 257
16 228
5 077
50 420
72
5 719
3 008
7 412
2 147
9 904
4 769
4 604
37 563
TOTAL
50 894
25 718
37 922
19 663
34 657
51 892
24 267
245 173
A la fin de la méme année, par pays on avait comme dettes
Dette publique
93,2
Il ,2
4,9
9
16 , 7
29,8
10 ,8
175 ,6
Ensemble
dette publ ique
et privée
(milliards CFA)
1972
161, 1
21 ,2
9,7
2 l , 1
26
50,8
18,4
30B,9
( 1 ) Pa rm i ces sources financières essentiellement composées d'organismes internationaux, outre la BAD
on trouve : BIRO, AI 0 , BEI , FE"O , FAC, KFW, CCCE, SF 1.
- --,.---...-,- .

636
Cette suprématie dont parlait N'GANGO â propos de la
Cate d'Ivoire, se vérifie dans cette deuxième période: puis-
qu'en dehors du Sénégal qui ne cesse d'être son concurrent
direct (51 892 000 U. C.),
les autres pays en reçoivent moins.
D'ailleurs, il ne faut pas s'y méprendre car la bonne position
constatée pour le Sénégal, la Haute-Volta et le Niger, est due
tout simplement au financement visant â redresser la situation
catastrophique engendrée par la sécheresse dans ces trois pays.
Sinon, lorsqll'on examine les montants cumulés des dettes par
pays, on constate que la Cate d'Ivoire enregistre 52 % du total
contre 14 % au Sénégal. La dette de la Haute-Volta est de 3,2 %
du montant global. Or, si l'on s'en tient â des critères de plus
grande liberté de tel ou tel code d'investissement,
il apparait
selon certaines études que ces codes sont fondamentalement les
mêmes. Quant à la politique suivie par ces différents Etats, el-
le n'est guère différente que de temps à autres tel pays pour
faire face à la situation du moment, développe un "pseudo-
nationalisme" ou une "phraséologie pseudo-révolutionnaire". Si-
non, dans les faits,tous ces régimes sont pile et face d'une
même médaille. S'il y a préférence des capitalistes pour tel ou
tel pays, c'est beaucoup plus en raison des possibilités de
rentabilité immédiate et de la réduction des coûts d'exploita-
tion ou d'installation. Mais,
il
faut tenir compte également de
la capacité du régime à garantir la sécurité des investisseurs
(stabilité politique, main-mise sur les revendications syndicale~
caporalisation des élèves et étudiants pour éviter tout trouble,
etc) .
Incontestablement, l'application du code des investis-
sements, de même que l'élaboration d'un plan de développement,
ont entrai né une installation d'un plus grand nombre de socié-
tés industrielles en Haute-Volta qui de 38 en 1966, sont passées
à 91
en 1972
(1).
(1) PQDES P 186
Parmi ces 91
sociétés dites industrielles, on compte 28 industries
du Bâtiment, 13 garages et 3 imprimeries.

,
TABLEAU nO 57.
ff-:
=
AIDE EXTERIEURE (Engagements)
Millions de FCFA
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1 - Assistance technique,
Bourses
633
753
961
1 223
1 248
1 432
1 388
1 593
1 876
· ..
dont
Aide Française
560
677
829
873
822
897
1 096
1 193
1 225
1 129
1
1 1 - Aide aux
Investisse-
ments
4 780
4 167
1 992
2 307
3 004
3 024
5 695
4 018
3 814
· ..
dont : Aide Française
1 178
1 356
1 117
1 433
2 254
1 310
1 321
1 985
1 208
1 617
C. E. E.
3 331
2 490
330
412
507
1 162
2 454
1 109
1 471
· ..
1 1 1 - Autres Aides
2 129
569
1 345
865
1 042
1 119
1 770
1 783
1 156
· ..
dont
Aide Française
410
535
1 220
744
974
920
909
1 007
847
889
TOTAL
7 451
7 389
4 298
4 295
5 294
5 575
8 854
7 394
6 845
6 342
"
Pour Mémoire Pensions
Civiles et Militaires
1 790
1 995
2 290
2 730
2 350
1943
1 800
•,
(aide française)
1
(Source: Ministère du Plan)

Mais ce n'est qu'à travers l'analyse de la croissance
que nous tenterons de dégager l'incidence du code.
PARAGRAPHE II
L'INCIDENCE DES INVESTISSEMENTS EXTERIEUR
SUR LA CROISSANCE
Avant de voir l'incidence des investissements d'origine
extérieure sur l'économie voltaîque, il convient d'examiner
leur importance dans les différents secteurs tels qu'ils ont
été prévus par les deux plans.
A - Les sources de financement du Plan Cadre 1967-1970
1° Les prévisions financières
Elles concernent d'une part, le secteur privé pour
3,5 milliarus destinés exclusivement aux industries de trans-
formations et d'autre part, le secteur pllhlic pour 23,9 millinf"
Parmi les sources de financement,
la contribution na-
tionale devrait être de 4 278 millions soit 15,3 ~ de l'ensem-
ble des opérations du Plan Cadre. Leur origine concerne le
budget national pour 1 725 millions dont 1 Z3Z millions pour
les O. R. D. les investissements privés pour 1 015 millions,
la B. N. D. pour 812 millions dont 640 millions pour les opéra-
tions d'urbanisme, et enfin les collectivités pour 726 millions.
Comme nous l'avions vu plus haut, peu d'efforts ont été
faits pour chercher les sources locales de financement. C'est
ainsi donc que le financement extérieur intervenait pour 23 103
millions, soit 83,7 \\ du total. La répartition de ces crédits

concerne le Fonds d'Aide et de Coopération (FAC) et la Caisse
1
Centrale de Coopération Economique (CCCE) pour 6 857 millions,
le Fonds Européen de Développement (FED) pour 9 610 millions,
l'ONU et la Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement pour 1 297 millions enfin les aides bilatérales
étrangères autres que celles de la France (USA, Chine de FormozE
RFA ... ) pour 1 998 millions. Quant au secteur· privé étranger,
on espérait pouvoir obtenir au moins une somme de 1 371 million5
On comprend qu'un plan essentiellement basé sur les
aides extérieures, ne puisse se réaliser dans les normes prévue~
En effet, c'est d'une façon volontaire qu'aucun grand emprunt
n'a été lancé dans le public. Les promoteurs du Plan soulignent
qu'un système d'emprunt volontaire avec 50 % des fonctionnaires
versant 1 % de leurs salaires pourrait rapporter 25 millions
par an. Quant aux salariés privés, si tous y participaient,
on obtiendrait d'eux et par an au moins 20 millions. Toujours
dans le même ordre d'idée les réalisateurs du Plan pensent que
les paysans pourraient y participer pour 28 millions par an.
ALI
regard de notre décomposition en terme de stratifi-
1
cations sociales, il est possible de dégager dans les autres
classes une contribution de 500 millions. Tout dépend du tra-
vail d'information et des avantages consentis.
Bien sûr qu'un Plan élaboré totalement en dehors du
contexte national, ignorant toutes les potentialités du pays,
ne peut arriver à une telle mobilisation.
D'ailleurs pourquoi la totalité des fonctionnaires
n'auraient pas pu participer à un emprunt forcé à raison de 10
de leur salaire, donnant ainsi 500 millions par an pendant 4
ans soit 2 milliards. Dans le privé, avec 10 ~ on obtiendrait

640
également 200 millions par an. Quant aux autres strates
commerçants, paysans, artisans, anciens combattants, on pourrait
dégager 500 millions par an.
A l'intérieur de ces différentes couches on pourrait
alors obtenir par an près de 1 200 millions.
En réduisant les investissements de la B. N. D. dans
l'immobilier et dans le petit équipement, on parviendrait à
dégager un investissement productif de 500 millions par an. On
pourrait ajouter également la contribution des banques commer-
ciales à qui il sera fait obligation de souscrire à un emprunt
de 2 000 millions. Les autres sources de financement interne
tels
que la Loterie Nationale, les bénéfices des aides céréa-
lières, les plus-values fiscales, le recouvrement amélioré
(de la fiscalité antérieure, soit selon le calcul des experts
400 millions par an au total).
(1).
L'ensemble de la contribution nationale aurait pu attein-
dre 9 200 millions, soit environ 30 % des opérations de finan-
cement du Plan.
D'ailleurs la BCEAO, constitue également une source très
importante de financement. Mais on remarque que les seuls re-
cours effectifs d'endettement de l'Etat auprès de cette institu-
tion sont limités et concernent le Trésor Public. Deux avances
ont été faites d'un montant de 783 millions au 30/9/70 et 910
millions au 30/9/71, alors que dans le même temps les avances
faites à la Côte d'Ivoire passaient de 5 450 millions à 6 146
millions et le Niger de 841 millions à 1 007 millions de FCFA (2)
(1) Plan de développement de la Haute-Volta
(2) T. THIOMBIANO : "Le financement interne et externe dans le développement
de la Haute-Volta" Mémoire de DES p. 72.

Une fois de plus nous observons les inconvénients de la
théorie de l'équilibre budgétaire dG aux accords monétaires
entre
les anciennes colonies et la France. Par~lleurs, pendan
que les sources extérieures font des difficultés pour investir
dans le pays, les dépôts du Trésor Public à la BCEAü atteignaiel
3 769 millions de FCFA dégageant un excédent annuel de 1 793
millions de FCFA à fin 1970 (1).
Cette politique qUI consiste à compter Sllr les autres
et non Sllr ses propres forces a-t-elle permis d'avoir les som-
mes nécessaires pour réaliser les objectifs fixés?
2° Le bilan financier
Le Plan 1967-1970 prévoyait une marge de financement
de 33 576 millions de FCFA. Le financement acquis a été de
23 608 millions et la réalisation de 19 757 millions.
Considéré comme un cadre d'initiation à la planificatio
lc Plan devait être financé à 84 ~ par des sources extéricures.
Pour mIeux comprendre le Bilan Général du Plan, nOlIS
dresserons le Bilan du Fin8ncemcnt par SOllrces, enSLlite nous
cxamillerons quel a été le volllmc des concours extériellrs à
l'ensemble des investissements au cours de la période de
1967-
1970 .
a) Le bilan par source de financement
Le tableau ci-dessous montre que les réalisatons par
rapport aux prévisions ont été en pourcentage :
(1) Secrétariat d'Etat aux Affaires Etrangères chargé de la Coopération:
Direction de l'Aide au Développement "Haute-Volta 1971-1972" in dossier
d'information économique Mai
1973.

64~
- superIeures pour les ressources d'origine locale ou
privée (locale et extérieure privée),
- inférieures pour les aides publiques extérieures.
Mais il reste lin financement disponible de près de
4 milliards essentiellement auprès du F. E. D.
(2,5 milliards),
le F. A. C.
(400 millions) et quelques autres organisations
internationales (500 millions).
Le principe a été acquis et
il reste que ces sources se matérialisent en investissement au
cours des années à venir (1).
Dans tous les cas, les financements acquIs par rapport
aux prévisions sont en pourcelltage :
- sllpérieur s pour les ressources locales ou priv6es
extérieures.
En effet, on estimait que le Budget National, le Budget des
Collectivités, pourraient participer pour 7,7 , des Investis-
sements, alors que la participation a été de 8,6 ,
par rapport
à
l'ensemble du financement acquis.
- légèrement inférieures pour les ressources publiques
ext6riellres aD la participation effective de la CEE-FED .1 6té
de 31,5 , pendant qu'on espérait à une participation sensible-
ment supérieure (34,5 ').
Le Plan a été pour plus de la moitié financé par deux
grandes sources extérieures, le FAC et le FED. La contribution
du secteur privé en général a été également assez importante.
Si les ressources nationales publiques ont pratiquement atteint
leur objectif, c'est parce que la prévision dans le Plan était
très modeste.
Il est évident sur ce point que si l'objectif
(1) Bilan Plan Cadre.

64~
TABLEAU n° 58
FINANCEMENT DU PLAN
- () -
(par sources de Financement)
millions de F. CFA
r - - - - - - - - - - - - - - , - - - - - - , - - - - - - - - - - ; - - - - - - - - -
prév·l·
Financement
1
Financement t
Opérations
Plan
AcqUiSI
Réalis
Prév.
Acquis Réalis.
- Budget Nat.- Budget
2 568
2 038
1 183
7 ,7
8,6
9,3
des Collectivités
- BND et Privé (loc.-Ext.)
6 688
5 335
5 188
20 ,3
22 , 7
26,3
- FAC-CCCE
7 837
5 747
5 346
23 ,4
24 ,4
27 , 1
- CEE-FED
11
391
7 421
4 874
34 ,5
31 ,4
26,6
- Organisation.
Intern.
2 025
1 394
900
6 ,2
5 ,9
4,6
- Autres Aides bilatérales
2 463
1 653
1 618
7,5
7,0
8,2
aides américaines
1 038
1 038
4 ,4
5 ,3
aide allemande
21 2
li?
0,9
0,9
aide chimoise
320
320
1 ,4
1 ,6
Divers
83
83
o,3
o,4
TOTAL
32972
23608
19 757100,01
100,0
,100,0
,\\Jlistcment des lJré\\·isiùns ·1
du Plan
~_~~~
~
l
~
~
_
TOTAL GE\\ERAL
33 576
Sources
Bilan Plan Cadre.

visé n'était pas l'équilibre budgétaire, la participation de
l'épargne locale aurait pu être plus grande, compensant ainsi
les incertitudes du financement externe.
D'une manière générale, un Plan livré à lui-même,
totalement dépendant des aléas extérieurs, ne peut obtenir
de très bons résultats. Au niveau des secteurs considérés
comme prioritaires, non seulement les espérances du Plan sont
loin d'être réalisées, aussi, l'accent a surtout été mis en
ce qui concerne l'agriculture sur les cultures d'exportations
(coton, arachide,
sésame). L'élevage qui constitue une des
principales richesses du pays n'a pratiquement pas été amélioré
de façon à accroître la rentabilité du cheptel. La baisse des
exportations à partir du 3° trimestre 1970 est due en grande
partie aux difficultés rencontrées dans l'élevage. Alors que
la production de coton graine s'est accrue de 145 ~,
l'arachide
coqlles de 56 i,
le mil et le sorgho qui constituent la nourri-
ture de base du voltaîque n'a augmenté que de 9'
La famine
actuelle dans les zones du Sahel traduit bien les effets de
cette politique.
Le malaise soci,ll et la crise éCOnCI:liljue que e'JI1IL'Ît
le pays ne peuvent être attribués à l'égoîsme des nations in-
dustrielles. Au cours de la période d'exécution du Plan-Cadre,
les aides extérieures réciproques ont subi une nette évolution
(particulièrement dans le domaine des investissements).
b) Le financement externe des investissements
(1967-1970)
Comme il a été souligné dans les chapitres précédents,
la part du financement externe dans le développement voltaîque
est très important. En plus de l'analyse financière du Plan,
il
importe de récapituler les aides extérieures aux investissements
acquis pendant la période du Plan. La ventilation s'est faite
par pays ou par organisme donateur et par année.

'q
-t
-D
TABLEAU N° 5~
RECAPITULATION DES AIDES EXTERIEURES rnNSACREES AU FINANCEMENT DU PLAN CADRE
(1967-1970)
PAR
ANNEE
PAR CATEGORIE D'INVESTI.
% des
aides
Aides extérieures
1967
1968
1969
1970
TOTAL
Etudes
Produc ;. . Infras.
Equ i .
soc.
1
Aide française
...
2 221,5
1 983,9
1 210,3
1
410"'~3~6
"4,6
7
2612,9
2 548,5 1 61 5 ,3
46, 1
1
"
américaine ...
166,0
148,2
82,2
99,3
495,7
27,3
1
128,8
33,9
305,7
3 , 1
1
"
allemande ....
648,5
36,6
1 7,6
38,9
741 , "
21 ,5
659,0
-
61 , 1
4,6
"
chinoise .....
30,9
49,9
148,1
132 , 9
361 , f:
-
361 ,8
-
-
2 ,3
.
Aides bilaté.div.
96,3
206,6
1 13 ,6
53,4
469,9 .
85,0
1 71 , 7
33 ,7
179,5
2,9
C.E.E - F.E.D.
2 453,7
1 108,9
1 471 ,2
125 ,0
5 158,8
20,6
1 267 ,7
3 760,5
110,0
32 ,1
Organis.
Intern.
77 , 0
479,9
704,6
78,3
1 339 , ('
455,2
234,6
295,6
354,8
8,3
1r 0TAL .............
5 693,9
4018,1
3 814,7
2547,2 16 783,9
1 245,6
5 444,5
6 737,4 2 648,5
-
-
%
35,4%
25,0%
23,7%
15,9j~
100;
7,7%
33,9%
41 ,9%
16 ,5%
100%
(en millions de francs CFA)
Source
Bi l.ln pl an cadre

) l'aide aux investissements
L'évolution de l'aide au cours de ces quatre années
marque une décroissance annuelle des crédits acquis. Alors
qu'en 1967, ces aides représentaient 35,4 % de l'ensemble des
quatre années, elles n'étaient plus que de 15,9 % en 1970 mar-
quant ainsi une baisse de l'ordre de 25 à 30 % par an. De l'avis
même des responsables politiques, une telle situation est tr~s
préocCllpante. Cette préoccllpation était motivée par l'élabora-
tion du 2ème Plan qui doit être financé également à 75 ~ par
l'extérieur.
L'analyse de ces aides par sources montre
la part prépondérante de l'aide française
(46 %) qUI
semble se maintenir en dehors de la baisse de 1969. L~ réparti-
tion de cette aide par branche d'activités est très variée. Par
investissements,
il faut entendre aussi les subventions françai-
ses d'équipement et divers.
-
le FED qui concentre la plus grande partie de ses 'Ii-
.! ',.'

l' i n rra s t r Il c t Il r c.
11 j n ter vic n tas se: peu lb ns le sin \\' c s -
tissements directement productifs. L'évolution par année est
assez peu fluctuante en raison même dll mode de finllncement de
cet organisme.
Il s'écoule un long délai entre l'acquisition des
fonds et leur utilisation matérielle sans parler des règlements
financiers.
C'est la source de financement
la plus importante
après la France. Ces aides ont représenté 32 % du montant de
l'aide globale au cours de la période.
- l'ensemble des autres aides bilatérales
(allemande,
américaine et chinoise) représentent environ 11 % du total.
L'aide allemande a beaucoup baissé. Elle est passée de 648,5
millions en 1967 à 38,9 millions à fin 1970. Ces aides intéres-
sent particulièrement la production et les équipements sociaux.

- Les Organisations internationales (PNUD-UNICEF-UNESCO:
dont la contribution doit être la plus importante,jouent encore
un rôle très réduit dans l'investissement voltaïque.
C'est à juste titre que nous nous sommes efforcés de
rechercher sur le plan national quels pouvaient être les le-
VIers de financement du développement. D'ailleurs, cette bais-
se ne se fait pas seulement sentir au niveau des investissement!
malS est la conséquence d'un système général économique en cris,
dans un monde en pleine mutation. Elle est la conséquence d'une
réduction générale de l'aide de la part des différents pays
donateurs
compte-tenu des nombreux problèmes qu'eux-mêmes con-
naissent depuis un certain temps.
J Les aides extérieures 1967-1970
La tendance au fléchissement observé par les aides aux
investissements se manifeste également au niveau de l'ensemble
des aides.
Plusieurs raisons motivent cette situation et notam-
ment les incertitudes politiques du pays.
Cependant,
il va s'en dire qu'avec un taux d'accroisse-
ment démographique de 1,8 ~"
les besoins se font de plus en plu,
sentir. Cette situation a été aggravée par la sécheresse que
connaît le nord du pays depuis quelques années. A l'heure actue
le, seule quelques aides se maintiennent encore (Aide française
aides privées diverses ... Ji certains organismes intern,aionaux
essaient également d'accroître cette participation. C'est le ca
de l'aide chinoise. Par contre l'aide américaine et allemande
baissent sensiblement au même rythme.
Au regard du montant total des aides aux investissement
les autres aides
(assistance technique, aides alimentaires, etc
représentent environ 83 %.

::1)
...,.
'"
TABLEAU No60
RECAPITULATION DES AIDES EXTERIEURES DE 1967-1970
(millions de F)
Organismes ou pays
donateurs
1967
1968
1969
1970
TOTAL
% des Aides
1
1
1
-
1
i
Aides
;
française ........
4 227,1
4 184,4
1
3 295.6
4 013,0
15720,1
53,4
"
américaine .......
856,4
350,4
183 , 1
1 73 ,3
1 563,2
5 ,3
"
allemande ........
692,3
163,6
135 ,7
133 ,0
1 1 24 ,6
3,8
"
chinoise .........
51 ,5
78,2
189 ,8
166 ,9
486,4
1 ,7
Aides bilatérales Di.
14,7
11 , 6
147 , 2
123 ,3
296,8
1 ,0
"
privées . . . . . . . . . .
21 7 ,0
337,6
383,9
279 ,5
1 218,0
4 ,2
CEE - FE O. . . . . . . . . . . . . .
2 528,2
1 1 57 ,7
1 639,8
185 ,0
5 510,7
18,7
Organisations internat.
265,8
1 111 , 0
871 ,3
1 268,2
3 516,3
11 ,9
TOT A L. . . . . . . . . . . .
8 853,7
7 394,5
6 846,4
6 342,2
29 436,1
-
- -
% ...............
30, 1 %
0,25 %
23,3 ë~
21,5?;
-
100,0 %
O.,
-
,0-.";-.1..... _
..·.1,,1. ,,',I),.o1,,~....
.C'. "',,""',.........
_,_

Certaines aides contribuent au développement directemen"
ou illdirectement par le maintien de la santé.
Par rapport à l'aide reçlle au cours de la période
1959-1966,
le volume des concours extérieurs de ces quatre
années a été plus important. Excepté l'assistance technique,
les aides aux investissements Ollt été pendant les huit premiè-
res années de 20 930 millions contre 16 074 millions en quatre
ans pour la période 1967-1970.
On notera là que l'application "sérieuse" du code des
investissements de même que, la présentation aux sources de
financement de projets qui en fait n'avaient rien d'original
mais témoignaient plutôt de la volonté de réaliser ces objectif:
ont incité les investisseurs. Ces résultats financiers, bien qUI
modestes semblent avoir satisfait
et guidé les autorités gou-
vernementales dans l'élaboration du financement prévisionnel du
deuxième plan.
B - L'établissemellt du financement prévisionnel dl' PQDES.
Parlant des difficultés qui peuvent entraver
les inves"
tissements susceptibles d'être réalisés du Plan, les rédacteurs
retiellnent deux contraintes:
" -
la possibilité de dégager sur le Budget National de
ressources suffisantes pour couvrir les charges récur-
rentes,
les contre-parties aux aides extérieures, ainsi
que le financement d'un certain nombre de projets dont
on sait d'ores et déjà qu'ils ne pourront être pris en
compte par les organismes donateurs et prêteurs.
" - la possibilité d'obtenir, principalement auprès des
aides extérieures,
les crédits nécessaires au finance-
ment des investissements."

Q
cr.
~
T i\\RLE)\\LJ N° 61
RECUITULATIOJI DES
Il:VESTISSE}'ElITS F;'F S·:,u;.CE DE FIllANCE':ENT
_;:__=_;:: _= _=:- _;:::_;;;:-=_;::: _=_:::: _:=_;::-::::_=-= _=:- _;:::-= -e:. _;:;:-_;:::-==-".....:::::" """'= _::,;_;::_ ;:::_::::_;::: _;::: -=-=_;:::_=_::::_;:::_::::_=_;:::_;::::_;:::_;:::_=:_.:=_;:::_=:_=_:;:::_=::_;::::_=_::;::_:::_;:::_t::;_;:::_=_= _;;;:0
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1
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1
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BIRD
r

B"ù.dg~t : r..h.c.: F.E.D.~
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. . :J~cteurl T
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AID
.re ... e- .. ses
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.
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.

,
1 _ _ .
.
.
.
1



-
':: C:: C 1.. l:U':'
hUTal
' 2.487 : 5.058 ; 3.175 ; 5.208 ;
780 ; 1.064
119
4"7 .
~
731
19.oé
,
:
1
:
:

~ cc l.l:ur .f\\1o<1 GrnQ
:
50 :
340 : 1. f07 :
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23 :
Be(
5.G55 :
258
: 1.258
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12. r
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2.476 : 2.76E : 5.944 : 2.020 ~
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2°")
77 ; 1. 00 :
915 : 2.020
14 : 18.?~
:
:
J~
.
S i:...<- tr-",ar ?;8cial
: 1. 511 : 2.441 : 1. 733 :
100 : 1. 647 :
844 1
1G :
:
:
81
149 :
8.5=
:
IL" c'rGlC:. tian
69 :
150 :
:
:
:
473
6"/
:
i
RL"l,cTche -
StcdistiqUGI
:
ET;lJ.·c:~''''"es
:
800 :
460 :
:
:
860 :
28,1
371
45 1
2.8L
. 625 : 334 :
:
:
- MG/Ln. d~ l'Etat
74
66
5 1
1.10
:
TOT A L
8.018 :11.551 ;12.459 ; 7.588
3.649
3.843
464
7.085
1. 292
4.1)6
5.115
63.22
:
Source
PQDES
j-TOThJ:;])ESINVESTISSEME:1ITS -
6),223 -"iiflio-ns d~ -FranceCF~.
7

10 Les besoins d'investissements
Ce besoin de crédits a 6té calculé à l'aide du coêffi-
cient moyen de capital k (1964-1970).
Il n'est pas tenu compte
dans la PIB et la FBCF de J 'habitat traditionnel.
k =FBCF
PIB
Or, on sait que
FBCF entre 1964 et 1969 = 30 800 millions de FCFA
PIB = 80 140 - 63 365 = 16 775 millions de FCFA entre
1966 et 1970.
k =
30 800

2
16 775
Le plan retient une PTB de 115 924 millions pour 1976,
ce qlli nous donne une diff6rence de PIB de
PIB (1971-1976) = 116 924 - 85 349 = 31 575 mlliions
Pour un
ÂPIB = 31 575,
il faut donc un invest lssement
égal à 2àPIB, soit 63 150 millions de FCFA.
L'une des remarques que nous faisons quant à l'utilisa-
tion de cet opérateur k est son instabilité. Cela d'autant
plus que la connaissance de la PIB est entâchée de graves erreu:
Quoiqu'il en soit, c'est à l'aide de ces hypothèses que
le montant global du financement de 63 150 millions de F a été
arrêté correspondant sensiblement aux estimations sectorielles
soit 63 222,5 millions de FCFA (1).
( 1)
PQDES op dé j à ci té

~
en
'"
TABLEAU: 63
EVOLUTION DES CREDITS SUR LE BUDGET DE L'ETAT
POUR LES PROJETS DU PLAN
Années
Ressources budgétaires
Dépenses courantes
Ressources disponibles
%
1972
10 822
9 876
946
8,7
73
11 269
9 876
1 393
12
74
12 004
,
10 148
1 856
15
75
12 779
10 339
2 440
19
76
13 614
10 534
3 080
24
14 499
10 728
3 771
26
TOTAL
12 540
Source
PQDES p. 345

2° Les sources de financement
Le financement est assuré à
,
- 2 1 , sur crédits locaux (Budget National-Emprunts
locaux et ressources propres d'origine locale).
,
- 74 , sur des fonds publics extérieurs ;
,
5 , sur les ressources privées tant
intérieures qu'e.
térieures.
a)
le financement local
Le budget national assure la plus grande partie de
ce financement
(12 540 millions dont 4 100 millions de charges
réccurentes).
Dans les emprunts locaux, on compte essentiellement sur
la BND pour une contribution de 1 292 millions. Certes, il y a
un progrès relatif par rapport à la dépendance du 1er Plan
mais en réalité cette forte dépendance financière est toujours
la même puisque la BND est en partie financée par la CCCE. Quan
au budget National, il est en partie alimenté par les suhventio
françaises.
En matière d'emprunt,
il ne s'agit pas de bons du tréso
lancé dans le public. Quant à ce qUl est considéré comme des
ressources propres d'origine locale, il faut retenir particuliè
rement la Loterie Nationale,
le Fonds Routier et la Caisse de
Stabilisation des Prix des Produits Agricoles.
b) Les sources extérieures
Parmi ces sources,
le concours de la France à travers
le FAC est prépondérant soit 11 601 millions de FCFA (+ 18 %).
Auxquels il faut ajouter l'aide bilatérale de 4 068 millions
de FCFA et une aide spéciale de 464 millions. La contribution
financière de la France se monterait à près de 40 % du finan-

b 5 ("
cement total du Plan. Contrairement au Premier Plan,
la part
des aides multilatérales semble être plus importante. La BIRD
et l'AID y partcipent pour 7 497 millions de F.
Cette dépendance vis-à-vis des sources de financement
extérieur est constaté par G.
N'GANGO au niveau de tous les pays
francophones d'Afrique. Les cas aberrants de cette grande dé-
pendance sont signalés pour la Hallte-Volta et le Gabon
; ce der-
nier ne dégageant qu'un financement interne de 16 1. Cela illus-
tre si besoin en était l'emprise extérieure sur les projets
nationaux les plus essentiels que sont les plans de développement
C - Les taux de croissance sectorielle
La structure du financement des plans explique totale-
ment
la structure de croissance des différents secteurs.
1° Les orientations des plans
T\\BLf:AU \\Jo 63
PREVISION DE LA CROISS:\\\\JCE DE LA PRODUCTION
AGRICOLE DES DEUX PLANS
Cultures
Premier Plan 1967-1970
2e Plan 1972--
en ~-
en %
1.
Cultures vivrières
- ~1i l-sorgho
3,2
3
- Mais
6 ,5
5 ,7
2.
Cultures de rente
- Coton
22,2
14
- Arachide
16 ,5
6
Accroissement moyen du secteur
l ,5
l ,4

Cette orientation s'est traduite tout au mOIns en ce
qUI concerne le premier plan par une baisse de la production
agricole par tête de l'ordre de 4,6 %. Comme il apparaît dans
le tableau que nous avons dressé, cette politique doit se pour-
suivre. Ce qui nous permet d'estimer par ORD, l'accroissement
moyen retenu du point de vue agricole.
Une telle préférence des investisseurs pOLIr les culture:
de rente comme il apparaît clairement dans ce tar
'il
Se trouve
stimulé par une large propagande au niveau nation
'rojectiol
de films,
encadrement, publicité il la radio et dans
iournaû;
A cet égard la revue "Plein feu sur Bobo" écrivait qLc
'I"a
Haute-Volta a fait confiance au coton. Le coton ne manq"
S
et notamment sous l'égide de la CFDT de combler tous s,-s e:
La paysannerie voltaïque a fait sa mutation cotonnière, \\.'
page a été tournée, un chapitre d'un acquit attesté, au' ,.urd'hu
par plusiellrs campagnes oQ la production a progressé il pas de
géant". Cet te campagne d' intox icat ion,
les organismes cl' inter-
\\'ention tels que la CFDT,
la SATEC,
l'IR,\\T,
l'IRHO \\'O,'t jusqu'à
faire de''' études comparati\\'es pOllr montrer tOllS les
." lntl.ges
qu'il y a de cultiver le coton.
POllr notre part, :1 la lumière cles cl i fférentcs est ima-
tions que nous avons dégagées des Rapports de l'ORD de Fada,
nous trouvons pour la même période 1973-1974 ce qui suit:
Dans ces estimations, nous avons retenu les mêmes prix
au kg que ceux qui ont servi de base de calculs il la CFDT. Ce
qui veut dire que nous n'avions pas pris en compte le renverse-
ment de tendance entre prix des céréales et prix du coton, rep-
versement occasionné par la famine.
Ces calculs infirment net-
tement les conclusions de la CFDT. Par ailleurs, il s'avère que
pour cultiver un hectare de coton et de sorgho avec un rendemen
de 1 500 kg, on met 201
jours pour le coton et 88 jours de tra-
vail pour le sorgho (Etude.
Rapport CFDT),

6S,{.
TABLEAU N° 64: ETUDE COMPARATIVE CFDT entre rendement
(ha)
du coton et du sorgho
COTON
SORGHO
Rendement à l'hectare
1 000 kg
750 kg
produit (valeur 1000 kg)
31 000 F
12 000 F
charges (engrais, insecticides)
7 000 F
marge brute pa r hectare
4 000 F
2 000 F
,
marge brute par hectare
20 000 F
10 000 F
(Source: Rapport annuel
CFDT)
TABLEAU N° 65
Notre étude parallèle pour le rendement
(ha) entre coton et sorgho.
COTON
SORGHO
Rendement/hectare
390 kg
625 kg
Produit
12 090 F
10 000 F
Charges (engrais, insecticides)
3 900 F
Main-d'oeuvre extra-familia~e
4 000 F
2 000 F
Marge brute
4 190 F
8 000 F

Dans ces conditions, on comprend toutes les difficul-
tés qu'éprouvent les paysans pour rembourser les frais des
insecticides et du matériel loué. A Ce propos, le Rapport d'ac-
tivités techniques
(avril 1973-mai 1974) de l'ORO de Banforah
êcr i t que : "D' une manière générale, on peu t remarquer que le
taux de recouvrement des crédits s'est affecté en même temps qUE
la suspension dll monopole cie la collecte primaire des produits ..
Toujours dans le même rapport, il ressort que le pOllrcentage de
récupération a été de 72 1 pour les crédits à court terme et de
54,8 1 pour les crédits à moyen terme entre le 1/4/73 et le
31/3/74.
Cette priorité aux cultures de rente, en retenant un
accroissement moyen annuel au cours de ce deuxième Plan de
l'ordre de 3 l, pour les cérêales, 20 1 pour le coton, et 6 1
pour l'arachide, nous arrIvons ~ llne croissance par hahitant
respectivement de 1 , pour les céréales,
18 1 pour le coton et
4 ,
pour l'arachide.
De tels d~séquilibres se ressentent très nettemcllt dans
l'évolution de la V. A.
,. L'êvolution cie la V. A. et de la PIE
a) Evolution de la V. A.
Dans les chapitres précédents nous avons déjà montré
l'évolution de certains agrégats nationaux.
Ainsi dans le Tableau 19 que nous avons dressé, il est
ressorti les taux de croissance au cours de trois périodes.
Ici
nous allons nous borner à dégager quelques indicateurs telles ql
des élasticités. Auparavant,
rappelons que l'élasticité est le

"rapport du pourcentage de variation d'une variable Y par
rapport au pourcentage de la variation d'une variable X".
ir
y
=
ir
x
e
x
dx
y
dx
x
Autrement dit, SI e des importations (Mt) par rapport
à la production est de 2, cela signifie qu'à une augmentation
de la production de 5 % correspond un accroissement des Mt de
1 0 %.
Au vu du tableau N°
, il ressort les élasticités
suivantes relevant des trois secteurs :
e
= a ,77 •,
P
,
e
= 4,46 0
s
et
1 ,3 7 Q,
Avec V. A.
5 %.
On saisit très nettement que la croissance du secteur
primaire par rapport à la V. A.
globale est faible.
Des trois
élasticités, celle du secteur primaire est la seule qui soit
inférieure à l'unité.
La forte élasticité du secteur moderne traduit nullement
les résultats d'un progrès tendant à une véritable modification
des structures. Au contraire, c'est le résultat de l'extraver-

sion de l'économie qui pousse les capitaux internationaux dans
la soif des profits à chercher les secteurs refuges de grande
rentabilité.
A ce propos, analysant le Bilan par grands secteurs des
investissements étrangers acquis en 1973 dans le cadre de la ré
lisation du PQDES 1972-1976, la Direction du Plan et des Etudes
de Développement, après avoir constaté que ]a fourchette des ta
de réalisation dans
les différentes branches reste large, 28 à
147 '"
note que: "La répartition sectorielle des résultats ac-
quis subit une distorsion très importante ce qui bouleverse les
priorités définies dans le Plan Quinquennal.
"seuls en effet les Infrastructures,
le secteur Recherc
et
l'Information
conservent leurs priorités sur le plan du
,'olurne financier supérieur aux prévisions.
" les réalisations des autres secteurs sont par contre
inférieures aux prévisions. Cela s'avère grave pour les secteur
rural et social auxquels une attention particulière devra être
consacrée durant
les trois dernières années du Plan"
(1).
Ce choix des investisseurs, a des répercussions Sllr la
prodllction globale à laquelle nous allons nous attacher mainte-
nant.
h) Evolution de la PIB (1954-1976)
- - - - - - - - -
A la lumière des différentes sources d'information,
il nous a été possible de dresser un tableau retraçant l'évo-
(1) Direction du Plan et des Etlldes de Développement
"Bilan du Plan Quinquennal 1972-1976" Année 1973
p.ll

lution de la PIE depuis 1954.
Il faut noter que les données
de 1972 à 1976 sont des prévisions soit relevant du Plan, soit
ayant été estimées par nos soins.
Par ailleurs, nous avons re-
tenu deux hypothèses sur le taux d'inflation. Dans un premier
temps, nous avons calculé à l'aide de plusieurs périodes à quel
niveau le taux de croissance pouvait se situer en valeur. Après
quoi nous avons essayé d'introduire la variable inflationniste.
)
Taux de croissance en valeur et à différentes
périodes
Pour le calcul du taux de croissance moyen
annuel, nous avons retenu plusieurs périodes
,
1 )
Ll (1954-1972) ~ 5 ,2 ,
2 )
il (1960-1972)
6.2 %
3)
t::. (1967-1972) ~ 5,6 %
,
4)
f::, (1967-1970)
~
5 ,9
0
,
5)
r.::" (1970-1972]
5 ,3
,
Chacune Je ces périodes correspond à une
situation particulière. Ainsi,
la période 1967-1970 marque
l'exéclltion du 1er Plan de développemellt.
) Taux de croissance en volume avec 2 hypothè-
ses sur le taux d'inflation.
1)
le taux d' inflation ~ 3 % (Evaluation
Direction Statistique)
Le taux de croissance moyen annuel que
nous retenons est celui de 1954-1972, soit 5,2 %.
En considérant toujours un taux de croissance démographique de
2 %, nous en arrivons au point de stagnation du niveau de vie
des masses
(0,2 ',)

2)
le taux d'inflation = 5 % (notre hypothè-
se 1970)
Dans ce cas, on observe une baisse du nI-
veau de VIe des masses de l'ordre de (2 % - 0,2 % = 1,80 %).
En fait sur le graphique, on note trois périodes: 1954-1961,
1961-1966, 1966-?
Dates qui correspondent nécessairement à
l'indépendance, à la 1ère République et la dernière à l'avène-
ment du régime militaire et de la mise en place du 1er Plan.
L'évolution semble plus régulière à partir de cette époque.
Finalement en valeur)la PIB a crû de 5,2 %
en moyenne entre 1954 et 1972 ce qui en apparence peut paraître
extraordinaire. Ce taux est moins fort que celui du 1er Plan
estimé à 5,9 %. Ces apparences ont donné l'occasion aux rédac-
tellrs du PQDES de retenir pour la période 1972-19-6 un taux de
croissance de la PIB de b,5 % en francs courants. En fait,
SI
nous retenons l'hypothèse d'lin taux d'inflation de 5 , par an
et une croissance démographique de l'ordre de 2 %,en projetant
le taux mov~n de 1954-1972, nous obtenons une baisse du niveau
de vie par tête d'habitant de 1,8 ,
par an. ConcrètementJdepuis
ces dernières années nous avons vu qlle le taux d'inflation at-
teint parfois 30 à 40 , dans certains secteurs. Ce taux de 5 %
est le taux minimun.
Au regard de ces chiffres relatifs au finan
cement de la croissance, on peut dire que l'apport des capitaux
étrangers a été déterminant. Mais, cet afflux de capitaux exté-
rieurs nous fait découvrir aussi l'hypothèque sur cette économi,
hypothèque que l'on ressent dans l'orientation donnée à la poli
tique de cette dépendance extérieure et les conséquences social,
L'incidence touche aUSSI l'accroissement de
revenus de l'Etat et des particuliers.
SECTION II
SUR LE BUDGET DE L'ETAT ET LES REVENUS DES
PARTICULIERS

b]
- Evolution de la rIB
TABLEAU n° 66
EVOLUTION DE LA PIB
(1954-1976].
~lontant en
Prévision
Nos Prévisions en Millions F.
1
Années
6 %
millions F.
Plan
F . courants F .Constcints . F.Constants
1968
1 970
1954
35 900
1955
37 600
4,7
i
1956
40 700
8,2
1957
40 800
0
1 958
40 700
0
i
1959
42 700
5
;
1960
45 000
5 ,4
1961
47 300
5 , 1
1962
54 500
15 , 2
1963
58 900
8
1964
63 300
9 ,2
1965
65 300
3
1966
63 600
- 3,5
1967
65 400
2 ,8
1968
70 700
8
1969
75 700
7
1970
80 100
5,8
1971
82 700
3,2
1972
88 600
7
90 870
88 600
78 700
80 400
1973
-
-
96 809
93 200
80 400
80 500
1974
-
-
103 060
98 100
82 200
80 700
1975
-
-
109 792
103 200
83 900
80 900
1976
-
-
11 6 924
108 900
85 700
8 1 000

"-""\\
+'J"
J
- 0'_'. '._--'1"'---
QI
j
j
1
,
~
0
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..
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,,
~
i5
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\\
~
'",
~
""-
"-
,
'"
~
'-l
,
,->-
\\.}J

SECTION II
SUR LE BUDGET DE L'ÉTAT ET LES
REVENUS DES PARTICULIERS
PARAGRAPHE 1
SUR LES BUDGETS
Cette incidence des investissements étrangers comme
le souligne le professeur G. N'GANGa est ambiguê pour la sim-
ple raison qu'il y a deux intérêts contradictoires en jeu.
Ce qui fait apparaître des effets positifs comme des effets né-
gatifs.
A- Les effets
A la lumière de la composition du budget national,
il
ressort nettement que ce sont les activités liées J ces Inves-
-:: ,-,,:,
cipale.
Ce sont les impôts indirects qlli alimentent
l'essentiel
des caisses de l'Etat. Parmi ces recettes indirectes,
les droits
de porte représentent souvent plus de la moitié du total
fiscal.
Dans le Tableau nO ..... , en 1962 ces droits de porte représen-
taient 47,4 % et en 1966 à la veille de la mise en place du 1er
Plan 54 % . Mais au cours de l'éxécution du 1er Plan, ce taux ne
représentait que 52 %. Depuis 1970 on observe une remontée et en
1973, les droits d'entrée et de sortie étaient évalués à 6645 mil
lions de FCFA soit 59 % de l'ensemble des recettes fiscales.
Toujours dans la contribution de ces investissements, il faut ajo'

6b6t
ter
la taxe sur le chiffre d'affaires et l'impôt Sllr les béné-
fices.
C'est là à ne pas en douter une contribution positive à
l'effort de mobilisation de capitaux pour une politique globale
de planification économique et sociale.
Mais, cette fiscalité conçue à la fois comme moyen d'at·
traction des capitaux extérieurs et comme moyen d'accumulation,
porte en elle-même des germes qui en atténuent considérablement
l'efficience.
B- Les limites
Apparemment on serait tenté de dire que tout va pour le
mIeux, mais, en réalité,
l'effet positif attendu de cette accu-
mulation en vue du développement est contre-carré non seulement
par les exonérations excessives résultant du code des investis-
sements, mais également par la fraude fiscale généralisée.
Au cours des Il annécs,
la moycnne de prc5S1on fis-
cale a été de 11,62 ~ de la PIE. A cette faihle pression,
il
faut ajouter la fraude relative notamment à la minimisation des
bénéfices par les entreprises commerciales et industrielles
(l'impôt sur les BIC est de 35 ~ seulement), à la non déclarati,
de certaines marchandises à l'entrée. Or, on sait qu'il n'existl
pratiquement pas de contrôle des agents de l'Etat sur les socié
tés. Ce "laxisme fiscal" met en cause les avantages attendus de
l'installation des entreprises étrangères pour la politique de
financement des budgets de l'Etat. Comme le relève Ngango, les
pertes et les manques à gagner résultant de ce syst~me fiscal

',,>
TABLEAU N° 61
EVOLUTION ENTRE FISCALITE ET PIB
Année
PIB
Recettes fiscales
Rf/PIB = f %
( Rf)
1962
54 500
4 487,4
8,23
63
58 900
6 75C,4
Il ,47
64
63 300
7 ln, 3
Il ,25
65
65 300
7 2~)O,6
Il ,10
66
63 600
6 %/,7
10,94
67
65 400
7131,7
10,92
68
70 700
7 830,4
11,07
69
75 700
9 10 !,4
12 ,02
70
80 100
9 9i'~,5
12 ,50
I I
82 700
10 086,6
12 ,7
72
88 600
10 561\\,5
12 ,8

viennent renforcer le doute sur les avantages fiscaux de ces
investissements.
2) Les pertes et manques à gagner
Nos tentatives d'évaluation partiront du document
&tahli par la Direction du Dé\\·eloppement Tndustriel
(DDT) sllr
l'industrie volta1que, plus particulièrement sur un certain
nombre d'entreprises conventionnées.
En 1967, sur une valeur totale des achats exonérées
d'un montant de 413.670.000 F pour 9 entreprises et pOlir 9 mois
les pertes sur les droits de douane étaient de 174.210.000F.
sa
41
% des achats (1). Si nous appliquons ce coefficient ail total
des achats extérieurs des 16 principales entreprises bénéfician
du code d'investissement en 1973, on obtient comme perte:
-
(2)
3654,8 x 0, 42
= 1. 535 .016 .000 F.
Ces entreprises sont exemptées également de
l'IBTC
dont le taux est en principe de 35 %. Or, selon la Dnl,
le Bé-
néfice net imposable était de 477,5 millions de francs:
le manque à gagner sur les BTC = 47 7 ,5 x 0,35
167.125.000 F
Par ailleurs,
la taxe sur le C.A. dont le taux était
de 13 % a été supprimé :
le manque à gagner sur la V.A. = 2291,4 x 0,13 =
297.830.000 F
Somme toute, à la lumière du document de la Dnl, il
ressort que le manque à gagner est de 1.999.9 7 1.000 F soit une
somme de près de 2 milliards. En fait,
il faut signaler que

dans la rubrique Impôt et Taxes figurant dans le Tableau "Rému-
nération des facteurs" du même Document p. 53, il s'agit en part
culier de la Taxe d'Apprentissage (3 \\), de la Taxe de Statis-
tique (3 \\), de l'impôt forfaitaire sur les professions indus-
trielles ou commerciales etc.
Une telle appréciation serait unilatérale si nous nc t0-
nons pas compte des salaires versés et des achats effectués par
les entreprises dans le pays.
Dans l'hypothèse que nous avons retenue, l'ensemble de5
entreprises effectuent 10 \\ de leurs achats dans le pays; soit
406 millions de F. Quant aux salaires versés, si nous retenons
que 93 \\ des travailleurs du privé reçoivent 49 % des salaires
versés (3), il se dégage que-sur les 626 millions de salaires
versés, ce qui a un impact dans le pays est de 626 x 0,49 =
307 millions.
Finalement on peut retenir une perte pour le pays d~
2 -
(0,626 - 0,307) = 1,047 milliard de F CFA
ce qui à notre avis nous semble être peu élevé.
(1) G. N'Gango
op.cité p.339
(2) Doc. de la DDI :"L'industTie Voltalque en 1973" dont le
montant total des achats évalués est de 4.060 millions.
(3) c.f. notre étude SUT la courbe de Concentration de Gini.

(JO D
Néanmoins, on peut dire que ces chiffres parlent d'eux-
mêmes et nous épargnent de grands commentaires; cela d'autant
plus que ce "laxixsme fiscal joint à l'inexistence d'une admini!
tration fiscale voltaïque
bien formée et à l'abri des pression!
et de la corruption explique les pertes substantielles et les ml
ques à gagner subis par le Trésor. Le prélèvement fiscal sur le!
sociétés étrangères est trop faible pour provoquer des change-
ments structurels positifs et sortir l'économie voltaïque de sa
croissance végétative" (1)
Alors on s'interroge sur cette situation qui ne parait
pas reluisante sur le plan fiscal, va-t-elle se racheter par la
masse des salaires distribl,és aux nationaux par les entreprises
PARAGRAPHE II
SUR LES REVENUS DES TRAVAILLEURS
C'est un des points sur lequel les tenallts de l'effica-
cité des investissements étrangers se battent pour montrer que
tout compte fait,
chacun y trouve sail compte. ~lai", laissons
J.J. Poqllin donner son point de vue sur la répartition des reve
nus de ces entreprises.
En effet, dans sa th~se SOlltenue en 1956, il écrivait
que
: "L'entrepreneur rapatrie la plupart de ses bénéfices en
métropole; de plus, le siège social de la société à laquelle
il appartient se trouve en France,
il paie ses impôts directs
en métropole. Le revenu du salarié européen peut être soit épar
gné, soit
consommé: épargné, il est rapatrié
consommé, il
permet l'achat de biens d'importation. Quant à la part revenant
aux fournisseurs, elle sort du territoire dans presque tous les
(1)
Les termes soulignés sont ajoutés par nous.
(G. Ngango)

cas.
Il ne reste donc que le salaire des manoeuvres africains."
Dix-neufs ans après cette constatation de l'auteur, les
indépendances de 1960 ont-elles modifié la situation en faveur
des économies africaines en particulier celle de la Haute-Volta 0
A- Sur le plan général
Bien qu'il ne soit possible de dresser un tableau glo-
bal de l'évolution des revenus des différentes catégories socia-
les occasionnée par les effets des capitaux étrangers, on pellt
néanmoins après analyse sur l'inflation dire que seules les mê-
mes couches privilégiées se sont enrichies davantage. Par ail-
leurs, la création de nouvelles industries employant peu de main
d'oeuvre n'a pas permis de freiner même momentanément l'exode
vers les autres pays.
Au total, l'ensemble de ces travailleurs salariés natio-
naux du privé n'excèdent guère 15 000 personnes en 1975. Avec
6.000.000 ha nous obtenons pour l'année en collrs un taux de 2,5
de l'ensemble de la population. A cela il faut bien sûr ajouter
les faibles taux de salaires.
B- L'affectation des revenus J1iIr les entreprises
Nous allons chercher particulièrement la rémunération
des facteurs de production; d'abord au niveau de quelques en-
treprises conventionnées, ensuite nous tâcherons de voir la ré-
partition des salaires dans tout le secteur privé.

1)
les facteurs de production et leur rémuné-
ration au nIveau de quelques entreprises conventionnées
a) Situation générale
Ces facteurs de production sont au nombre
de trois
le travail, le capital et l'Etat.
- Dans "Travail", nous voyons le facteur
humain. Sa rémunération est représentée du point de vue comp-
table par le compte Frais de Personnel/
- Le "Capital" dont dispose l'entreprise
comprend entre autres les capitaux à intérêts fixes
(emprunts,
comptes courants), mais également les capitaux à dividendes
(capital social plus réserves). Dans le cas présent,
la rému-
nération des premiers est représentée par les frais financiers,
celle des seconds par le Cash-flow net.
- L'''Etat'', est retenu du fait des services
0"' i 1 rend "ux ('nt repri S('5.
En r('to1lr, c('s cntrC'rri sc'"
pa i('nt
leul' COlltributiun } la collcctivi6 par les illlpBts ct tJxes ct
l' IBIC (c. f.
tableau suivant).
A priori,
les frais de personnel semblent
constituer l'apport des entreprises puiqu'ils représentent 31 %
de la contribution totale. En fait,
plus haut, nous avons si-
gnalé que 93 , des travailleurs ne touchent que 49 % des salai-
res, soit donc 307 millions qui reviennent aux nationaux. Sinon
en moyenne la rémunération du facteur travail est de 400.000 F
par an tel qu'il se dégage des estimations de la 001.

L'élément le plus important c'est le cash flow,
qui est la part revenant à l'entreprise.
Il représente 43 % de
la contribution totale; se partageant essentiellement entre
les amortissements-provisions et les résultats nets. Cette clau-
se léonine va se traduire par un "concert de bons ratios".
Par contre,
la rCmunération de l'Etat qUI se
traduit par des impôts et taxes ne constitue que 20 ~ de la
contribution totale.
C'est alors que la DDI souligne que "L'action-
naire voit son "capital" grossir très vite égal à près ùe 40 %
de taux moyen pour les fonds propres. Le seul résultat à affec-
ter dépasse 20 %"
(I)
b)
L'analyse financière
Après avoir fait l'ne analyse sectorielle des
types ù' industries conventionnées,
le Rapport de 1:J DD[ conclut
qu e :
-
les entreprises ont une situation financière
saIne i
- la trésorerie est très suffisante et même
pléthorique;
-
les entreprises recourent rarement à l'en-
dettement.
Leurs investissement se font par autofinancement.
(1)
DDI
: "L'industrie Vol taïque en 1973"
p.
57

Tout en reconnaissant certes,le caractère superficiel
de l'analyse,
le Document après avoir constaté qu "'un tel
concert de bons ratios est tout simplement la traduction
d'une politique fiscale trop libérale, d'un code des inves-
tissements trop
avantageux qui au lieu d'offrir des facilit.
de démarrage, a donné des rentes de situation, en permettant
même aux entreprises de se dispenser d'effectuer de réels
efforts de gestion" poursuit que c'est là une caractéristiqu1
des sociétés industrielles implantées dans les pays agricole:
et qui "trnduit un souci d'être prémuni contre un certain
"risque". "De plus, ajoute le Rapport, une bonne gestion sa-
chant s'adnpter aux conditions locales se traduit toujours
par de bons résultats",
Toutefois, pour mIeux apprécier ces "concerts de bons
ratios", voyons le gaIn de l'actionnaire.
~
1/
Dans les réserves,
IS
~ constituent la réserve obliga-
toire pour réinvestissement prévue dans les Conventions,
cependant note le Rapport, cette dernière est infériellrE:' aux
obligntions des entrepreneurs,
De ce tableau il se dégage nettement une forte rémunéra
tion du cnpital qui va jusqLl'à 2~,3 , pour les entreprises d
3e Groupe. Un taux de rendement moyen de 13 \\,
il Y a long-
temps que les pays industrialisés n'offrent plus ces possi-
bilités à l'intérieur de leurs frontières.
Ce qui nous amène à faire un rapprochement entre bénéfi
ces distribués et répartition du capital.
Pour comprendre cette répartition,
il faut
la rapproche
de la structure globaladu capital de T.
II.
,
Etat
11 ,
BND
2 ,
Nationaux
9 ,
Etranger
78
0

"'"r---D
TABLEAU N° 68
AFFECTATION DES RESULTATS 1972
SECTEURS
Al
%
BI
%
CI
%
TIl
%
,
11\\ affecter
230,1
118,1
' 31,3
379,5
~rélevé sur report
0,1
15
15 , 1
-'eporté
9 ,7
9 ,7
Total affecté
L'JO"
100
108,4
100
46,3
100
384,9
100
1
'-li se en réserves
98
43
54,2
50
6 ,7
15;
158,9
41
1
8istribué
132,2
57
54,2
50
39,6
85
226
59
1
~endement Capital
11
6
12
3
24
3
13
Sou rce
DDI
L'industrie voltaïque en 1973
0-
'"
'"

~
r---
-0
TABLEAU N°b"
REPARTITION DES BENEFICES DISTRIBUES (EN 1973)
SECTEURS
A 1
%
B
%
C 1
%
TIl
%
Distribué
132,2
100
54,2
100
39,6
,
100
226,0
100
Eta t
3 ,3
3
20 , 7
38
1 ,8
5
25,8
Il
BND
0,5
2 , 2
4
1 ,3
3
4
2
Nationaux
5 ,5
4
3, 7
7
10 ,5
26
19 , 7
9
Etrangers
122 ,9
93
27 ,6
51
26
16
176 ,5
78
Source
DDI doc. déjà cité

t r ,
r--
-D
TA BLE AU N° 10
LES REMUNERATIONS DES FACTEURS
,,
SECTEURS
A 1
%
B
%
C
%
T 1
%
Frais de personnel
229,0
22
296,6
38
100,4
44
626,0
31
Frais financiers
52,7
5
66,7
8
14,8
7
134,2
6
1
Cash flow net
450,6
44
355,8
45
38,8
30
875,2
43
Impôts et taxes
295,4
29
68,9
9
43,1
19
407,4
20
Contribution totale
1 027,7
100
788,0
100
227,1
100
2 042,8
100
1
Source
001, doc.
p. cité

l
1
l
1
1
1
TABLEAU N° 11
LES FACTEURS MESURABLES
1
i
,
SECTEURS
A 1
B
C
T 1
,
Nombre d'employés
587
751
260
1 598
Emprunt moyen
520,2
793,3
155 , 1
1 466,6
Fonds propres
1 449 ,5
528,6
348,3
2 326,4
Employés
390
395
440
400
Prêteurs
%
9 ,9
8,3
4 ,7
8,7
Actionnaires
%
31 ,4
67 ,2
22 ,7
38,3

En réalité,
la répartition est plus concentrée qu'il n'y
apparaît de prime abord. En effet, pour la BND, nous avons dit
que les fonds provenaient essentiellement de la CCE qui est en
même temps le deuxième plus important actionnaire de cette Ban-
que. Donc en fait, ces 2 % peuvent être attribués presqu'exclu-
sivement à la CCCE. Maintenant s'agissant de la part de l'Etat,
ce sont là également des fonds provenant en grande partie de la
CCCE, du FAC ou d'autres organismes financiers
internationaux.
Tout compte fait,
91
% des capitaux sont entièrement
étrangers et drainent 91
,
des bénéfices. C'est alors que tirant
la conclusion générale de cette analyse, la DDI fait ressortir
que
:
- sur les enseignements apportés
peu d'entreprises se sont finalement installées
d'importants secteurs ne sont pas représentés
notamment les industries industrin.lisantes
ces industries ne sont pn.s int6gr6es
;
les avant,1gcs
fisC;ltL\\
sont
~rop i!~l~~ort:lllts Cl,
nombre et en durée.
- sur l'activité de ces sociétés
Il se dégage que malgr6 une conjoncture interna-
tionale défavorable et les conséquences désastreuses de la sé-
cheresse,
leur C. A. ont progressé de + 18 , par rapport à 1972.
- sur leur contribution à l'économie

Elle parait faible pour la collectivité estime
le Rapport
un peu plus de 7,6 milliards de C. A. pour unE
production de 7,5 milliards pour 2 200 emplois
environ
;
faible V. A.
(30 % de la production)
faible rendement direct pour l'Etat (6 à 7 ,
de la production, hors taxes et droits de
douane et IUTS)
400 000 Flan de salaires distribués par emplo)
"Moins de 5 % des employés sont des expatriés
et leur part dans le total des salaires et
avantages atteint bien souvent 50 %".
A cela le Rapport ajoute le manque de formation donné
aux travailleurs locaux et l'inacession aux postes de Directic
par les nationaux. Ce qui se traduit par la faiblesse de la
V. A.
restant dans le pays et les bons résultats pour l'ac-
tionnaire et l'entreprise elle-même.
-
Sllr
l'l situation financière
Pour le Rapport, elle est très solide, traduisant
SOlivent une trésorerie pléthorique qui dispense ces sociétés
d'un recours à l'emprunt.
Dans ce contexte s'interroge la DDI, que devient le
voltaïque considéré au stade consommateur? Il est favorable
à toutes les industries, dit-elle, pourvu qu'elles apportent
des emplois, et qu'elles produisent des articles à un prix
intéressant, une qualité suffisante et une disponibilité ac-
ceptable (distribution régulière en de nombreux points du
territoire). Mais constate le Rapport,
le degré de satisfac-
tion paraït bien faible,
car: "les prix sont aussi élevés

T A BLE A U
nO /2
a)
Salaires des Nationaux.
En F. CFA par mois.
Salaire Mensuel Salaire Mensuel
~TEGORIE PROFESSIONNELLE
Catégorie
Echelon
effectivement
Minimum
Pratiqué
aneouvre-entretien
1
A
5 380
6 000
à
1
B
8 000
pactylo confirmé
6
2
17 535
18 000
il
20 000
~ide-comPtable confirmé
6
1
17 535
20 000
à
35 000
1:omptable confirmé
7
A
24 715
50 000
à
8
A
29 692
60 000
Contremaître
TIl
32 100
35 000

à
TI2
36 701
40 000
, Secretaire confirmé
7
B
24 715
30 000
et plus
'chef d'A tel ier
TI 4
49 006
60 000
et plus
TI 5
53 072
b)
Salaires des expatriés
En F. CFA par mois.
katégorie Professionnelle
1
Salaires mensuels effectivement pratiqués
~echnicien-Contremaître
150 000
à
250 000
Ingénieur ou Diplômés d'une Ecole
250 000
à
300 000
,Supérieure de Commerce débutants
'Cadre Moyen
250 000
à
300 000
iCadre Supér ieur
300 000
à
500 000
Directeur
400 000
et au-delà
Source
C. E. E.
:
Les Conditions d'Installation
d'Entreprises Industrielles:
-
Haute-Volta - Décembre 1972.
p.p.
57 et 58.

68CV
qu'auparavant,
la qualité laisse à désirer, ct les ruptures de
stocks réelles ou feintes sont fréquentes".
Alors se pose un sérieux dilemme pour les spécialistes
de la DOl qui se demandent s'il faut industrialiser ou pas?
Apr~s avoir rejeté la th~se de la non industrialisation,
le Rapport estime que: "la question qui se pose n'est donc pas
industrialiser ou ne pas industrialiser, mais plutôt comment
industrialiser".
Au fond,
ils en viennent à conclure (les rédacteurs), que
la question est d'ordre politique et qui plus est, pose le type
de modèle de développement:
le libéralisme ou la véritable plani-
fication telle que nous l'avons définie plus haut. A cet égard,
le
Document de la DOl répond qu "'Une politique de planification a été
adoptée, et l'on s'est montré dans le même temps très libéral;
on retrouve ici une ambiguité à laquelle sont confrontés les pays
en voie de développement: nécessité de prévoir et planifier, et
nécessité d'attirer les capitallx étran~ers, égal exercice péril-
le-us . . . ".
La justification finale que le Rapport donne après aVOIr
constaté les pertes et manque à gagner pour le pays est que :
"
tous les pays d'Afrique de l'Ouest pour favorsier l' im-
plantation d'industries nouvelles appliquent un code des Investis-
sements dont les stipulations sont similaires d'un pays à l'autre
pour les principales exonérations". Néanmoins,
il reconnaît
(le
Rapport)
. "
que pour bien utiliser un instrument, il faut pou-
voir en évaluer correctement les avantages et les inconvénients,
et en avoir un réel contrôle". Or, ce "réel contrôle" n'existe pas
•1

681.
et nOLIS l'avons montré tout au long de cette étude. D'ailleurs
la 001 avoue que même si ces fonctions de contrôle lui incom-
bent, elle manque de moyens financiers et humains. Par ailleur c
et l~, les responsables de la 001 l'ont appris ~ leur dépens,
quand les entreprises ont refusé de leur livrer les renseigne-
ments demandés pour établir leur rapport.
2° Au nIveau de l'ensemble des investissements
A l'aide des quelques renseignements sur les données
statistiques en matiêre d'emplois et de rémunération dans
les secteurs secondaire
et moderne, il nous a été possible
d'actualiser pour 1974 et de dresser la courbe de concentra-
tion des revenus. Donc 53 , des travailleurs salariés reçoi-
vent 18 , des salaires. Tout en faisant des réserves quant à
la précision de la méthode, nOliS disons que ces estimations
ne sont pas exagérées, puisque la DOl elle-même reconnait que
5 \\ des employés expatriés perçoivent souvent 50 \\ du salaire
total.
tians entre travailleurs salariés nationaux et expatriés.
Comme on peut le lire dans le graphique de la page
suivante, 53 , des Ni reçoivent 18 , des W.
Il faut tout de même faire une remarque quant à la
limite de cette méthode de calcul, car du fait de la pondéra-
tion de W, par les Ni três élevés, entraine un deséquilibre
apparent.
Il ressort par ailleurs que 7 , des travailleurs
(essentiellement des expatriés) concentrent 51
\\ des salaires.

o .-;.
TABLEAU n /"_
(\\J
en

CALCUL -
COURBE Dr UlNCENTRATJ\\ \\
DES SALAIRES.
1
Hausse
w
Limite Classe
E;
pi
E;
pi
E;
qi
Centre Classe
pl
1
1
1
1

Cumulé
%
w
Cumulé 6
%
6 000
8 000
7 445
7 4 ,15
53
59 560
59 560
18
10 000
15 000
4 821
12 266
86
72 315
131 875
40
20 000
27 500
900
13 1116
93
24 750
156 625
4f
35 000
47 500
305
13 471
95
14 488
171 113
§~
60 000
105 000
80
13 551
96
8 400
179 513
§~
150 000
225 000
350
13 901
99
78 750
2S8 263
:1'9
30 a 000
400 000
180
1 4 081
1 aa
72 000
330 263
100
500 000
n
L W l
l
qi = w
L W
pi
effectif
- y

68~
(~I-~U16Q· (/e. (C)JL-C)))lCI!,(I}L.
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40
J-C
l.J)
-
-
-10
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,n
Gr.
'"
J 11 fi
1.... '

684.
Si nous prenons le contremaître national et le contre
maître expatrié et que nous cherchons le centre de la classe,
on s'aperçoit que le premier tOllche en moyenne 37 500 F par mo:
contre 200 000 F pour l'expatrié; soit un rapport de 1 â 5 saI
compter tous les avantages de logement et autres de l'expatrié,
Ainsi, â la Société Sucrière de Banforah, tandis que le Direc-
teur touchait lin salaire de 500 000 F,
l'ouvrier de la canne
â sucre il\\'ai t en moyenne 7 000 F, soit un rapport de
1 à co.
Par ailleurs, en examinant la structure de la Balance
des Paiments, nous avons vu que si cette balance était légère-
ment excédentaire, c'était en partie grâce aux transferts de
revenus des immigrants voltaIques notamment ceux de la Côte
d'Ivoire.
Quant au taux d'africanisation des cadres,
il était dl
29 \\ en 1970. Ce chiffre ne semble guère avoir évolu6 malgré
la venue sur le marché du travail d'un grand nombre de cadres
nationaux.
'\\
] a
III mi ère li u
f ct i hIe t a li x de pro 1f Ln i " " t i Cl Il
(i Il nu 5 .
tl"je
:l~lutcilL'nL (~Jpit~distLqll'.'), Liu iaiblc ni\\t:'Jll
',i(ri,-~lilisa­
tion de la direction administrative et technique des entrepriSI
et de la structure de la distribution consécutive de revenus
par les investissements 6trangers,
il ressort qlle l'apport des
capitaux étrangers a un impact très limité sur le processus du
développement voltaïque.
La structure financière actuelle, la dépendance moné-
taire du pays de même que le système fiscal laxiste et la légi
lation sociale sur les salaires contribuent beaucoup plus â la
sortie des capitaux.

685.
C'est de façon légitime que l'homme ùe la rue
s'interroge sur la contribution véritable de ces entreprises
étrangères pour un tant soit peu à l'élévation du niveau de
vie des masses populaires.
A défaut, peut-on ail moins trouver une influence
plus certaine sur les structures de l'économie?
Notre derniêre section tentera de répondre à la
question.

686.
SECTION III
SUR LES STRUCTURES ÉCONOMIQUES
Parlant du développement, nous avons souligné qu'i
doit entrainer un changement quantitatif et qualitatif. En
un mot,
il doit agir sur les structures socio-économiques de
façon fondamentale.
Or, nous avons vu que le pays ne dispose pas d'un
centre dynamique qui lui est propre. Ce qui nécessite donc
l'adoption d'une stratégie de modification de sa propre stru,
ture, condition préalable ~ la formulation d'une politique
quantitative du développement. I,'industrialisation aurait
pu servir de leviers de commande ~ la modification de ces
structures, or, comme le souligne G. N' GANGO, cette indus-
trialisation est ambigu~, éqllivoque dans ses conséqllences.
"f11c T"_"llt,
pOl1rs1llt
l'111tf'~lr ç1lntrihller ~ 11!lC' :--r'lt:lri"n '1 1 ):1-
liLlti':c des
structures
CC,,-111û11l1QUCS
et
.sûL-j:liL'S
d~ll1.s Le .sens
du développement, comme elle peut constituer un facteur d'ag
gravation du sous-développement". Pour être bénéfique au
développement, les investissements étrangers doivent accepte
la logique du développement qui s'inscrit comme un processus
historique auquel tôt ail tard chaque peuple a droit d'y accé
der.
Cette logique, nous la voyons dans la mutation qua
litative des structures de l'économie réceptrice dans le sen
de plus d'autonomie et de liberté. Ceci impose qu'il se crée
des effets de liaison en amont et en aval entre secteurs et

687.
et entre branches.
Dans cette dernière section, nous traiterons de
l'impact de ces capitaux étrangers sur l'entrainement de
l'économie locale et sur l'orientation de ses structures
industrielles avec tout ce que cela comporte comme effets
de blocage :
1° Des effets d'entrainement limités
2° L'orientation dangereuse des structures
industrielles
3° Les effets de blocage

PARAGRAPHE l
DES EFFETS D'ENTRAINEMENT LIMITES
Pour montrer cette limite, nous aurons recours ~
un indicateur de quantité appelé coêfficient d'intégration
( i) .
fr:lis sur pLIee
!"~':1 i _::,---:-~--:~ -----, .. - ':-j!"-~~--~-~.
Par frais sur place, nOLIS entendons l'ensemble
des dépenses qu'une entreprise qui s'installe dans le pays
effectue. Dans l'exemple des elltreprises conventionnées
relevant du Rapport de la DDI, nous pouvons retenir
:
Achats de matière première
406 millions
Services consommés
284 millions
Frais de personnel
(626xO,49)
307
"
Impôts et Taxes
407
"
Bénéfices revenant aux nationaux
20
"
Frais Financiers
13
"
Dépenses des expatriés
1 19
"
1 556 millions

688.
Les frais extérieurs recensent l'ensemble des dépenses
que l'entreprise effectue hors du territoire y compris le
rapatriement des bénéfices des capitaux étrangers et les frais
de personnel déduits de leur consommation locale.
Achats
3 654 millions
Services consommés
284
"
Fr3js de personnel
(31'J-119)
200
"
Bénéfices
206
"
Frais Financiers
1 2 1
"
4 465 millions
Le coefficient d'intégration
l
=
1 556
= 0,34
4 465
A la lumière du Rapport de la DDI sur un certain
nombre d'entreprises industrielles conventionnées,
il ressort
que leur intégration à l'économie locale est faihle.
Il en
! ' .-' ,.-
téricur.
Quoiqu'il en soit, ce i faible nous amène plutôt à
examlner les modifications secteur par secteur.
A - Dans le secteur privé autochtone
Deux éléments retiendront notre attention
la produc
tion et la consommation.

689.
1° Structure de production
L'économie villageoise et plus particuli6rement le
secteur agricole remplit une triple fonction pOLIr les in-
vestisseurs étrangers :
- Elle fournit les produits primaires d'exportation
ou dans une moindre mesure quelques produits industriels pour
le fonctionnement de certaines fabriques telles que la SOSUHV,
la VOLTEX,
la SHSHV.
- Par ses surplus commercialisés, elle permet de nourrii
le prolétariat de ces usines ;
Elle alimente ces sociétés en main-d'oeuvre à bon
marché.
Ces effets sur la modification des structures archaï-
ques et les mentalités du secteur primaire sont d'autant plus
limités que, outre la faiblesse des investissements,
il faut
ajouter la tendance à vouloir spécialiser tous les paysans
La courbe ci-contre graduée en échelles semi-logarith-
mique nous indique l'évolution entre la culture du mil-sorgho
considérée comme nourriture de base du paysan et ln culture du
coton de 1954 à 1972. La fourchette s'est réduite tr6s sensi-
blement depuis 18 ans. En effet,
au cours de cette période,
la production de mil-sorgho s'est accrue seulement de 1,94 ,
par an contre 45,78 ,
(1) au coton.
(1)
AI Il s'agit là de nos estimations à partir des différen-
tes données que nous avons pu établir pour la période
1954-1972

690 .
.,.
\\ \\ '"
\\
,
/
/
/
'- " //
"- '- ,
\\
\\
\\
1
1
1
\\
\\
\\
1,
\\
i
1
\\
\\\\
\\

691 •
2° Structure de consommation
Ces investissements non seulement pour les secteurs
dans lesquels ils vont, de même que par le nombre de person-
nes employées et leur rémunération, ne peuvent modifier de
façon décisive le mode de consommation de la majorité de la
population. Cela est d'autant plus évident par les indicateurs
suivants
:
- nombre d'employés locaux en 1974
:
13 000 personnes
(secteur tertiaire et industriel compris) j
-
l'écart de salaires est de 1 à 70 ;
-
le prix producteur des cultures de rente (coton), qui
était de 30 F en 1963 fluctue depuis lors et au gré des mono-
poles sans jamais atteindre 50 F le kg.
-
l'inflation considérée comme modeste
(3%)
jusqu'en 1971
atteint dans le secteur de l'alimentation 50 et parfois 100%
(sucre, huile,
tine de mil, volaille)
- la hausse de salaire de 10 à 38 % intervenlle en
Avril 1974 n'a guêre compensé cette flambée des prix.
De ces indicateurs purement économiques,
il s'en suit
qlle les revenllS n'ont pas évolué de façon à permettre au pay-
san d'améliorer ses instruments de production pour une plus
grande productivité. Ce qui du reste devait permettre de di-
versifier sa consommation.
Mais de façon globale,
les effets de mutation pour le
Plan de développement ont-ils été plus notables ?
B- Pour le PQDES
Ce dont nous savons, c'est que le bilan du premier Plan
Cadre s'est traduit par la famine depuis 1970. En dépit des
apparences d'accroissement de quantités globales telles la PIB,
la FBCF etc.

692
Dans tous les cas, nous l'avons dit,
les taux de crOIS-
sance sont végétatifs; dépendants presqu'intégralement des
apports extérieurs. Ainsi le Plan Cadre financé à 85-90 % ne
pouvait que donner les résultats qui en sont résultés, à sa-
voir la famine.
Les autorités le reconnaissent puisque parlant
de l'étroitesse du marché intérieur et du faible pouvoir d'a-
cllat des masses,
le PQDS dégage un certain nombre d'obstacles
parmi lesquels il cite que:
"
les secteurs capables de dégager un surplus étant dans
une grande mesure dans les mains des étrangers,
la croissance
industrielle dépend fortement des marchés extérieurs et reste
impulsé de l'extérieur.
"Il s'ensuit poursuit le Plan)que l'accroissement du
fiancement privé étranger entrâine une croissance plus forte
du reflux des profits et de l'épargne des entreprises.
La part
de cette épargne qUI reste dans le pays est ainsi insuffisants
pour réalimenter les investissements industriels et assurer un
"D'après les statistiques publiées par lé! BCEAO en 1969
et 19-0 les capitaux privés étrangers qlli
ont été réinvestis
en lIaute-Volta se montaient respectivement à 186 et 200,7 mil-
lions de FCFA, tandis que les bénéfices rapatriés étaient de
l'ordre de 298,3 et 237,4 millions .... (1)
"C'est là un paradoxe des investissements étrangers en
Pays sous-développés. Destinés apparemment à suppléer à une
absence d'épargne locale mobilisable et à sortir par là le
pays de son sous-développement,
les investissements étrangers,
par leurs poids excessifs, font ployer les économies "didées"

693.
au point d'aggraver encore davantage leur dépendance en éloi-
gnant par là-même leurs chances de redressement souligne en
substance le professeur N' GANGO."
(2)
Ce constat d'échec n'a nullement empêché les alltorités
voltaïques de faire dépendre à 91 % le deuxième Plan de ces
capitaux affamés par l'absence de bénéfices dans
leur pays
d'origine et qui sont obligés d'errer au-delà des frontières
à la recherche des gains substantiels susceptibles non de cal-
mer leur faim, mais d'accroître leur pouvoir de domination et
d'agressivité.
Alors dans ce cas, quels pellvent bien être les effets
multiplicateurs?
C- Les effets multiplicateurs
Motivé beaucoup plus par l'appât dLI gain que des be-
SOIns d'humanisme ou d'altruisme, l'investissement interna-
tional se soucie peu de déclencher des industries collatérales
Ainsi, qu'il s'agisse des industries qL.i ont été ins-
tallées au cours du Plan Cadre ou de celles prévues par le
2e Plan,
il n'apparaît nLllle part le souci de produire les
biens d'équipement nécessaires au développement. De toute
(1)
PQDES
op ci té p.186
(2) G.
NGANGO
op cité p.373

694.
façon sur ce point dans la querelle entre le type d'industries
les autorités ont opté sans ambages pour les industries de suè
titution aux importations de biens
(sucrerie, savonnerie, ciga
rettes, allumette, pneumatique, etc .. )
Au niveau des effets secondaires, à savoir ceux qui
sont en rapport avec la demande de biens de consommation,
leur
impact Sllr l'économie est asse: faible pllisque 7 \\ des salarié
(essentiellement des expatriés), concentrent SI \\ des revenus
distrihués. Or, cette population expatriée a une propension me
yenne ou marginale à consommer les produits d'origine locale
pratiquement nulle.
Il en résulte que la seule demande solvabl
demeure les salariés autochtones, qui, malheureusement victi-
mes des effets de démonstration et d'imitation ont tendance à
consommer plus les produits importés.
Rapatriement des capitaux et des bénéfices, fuite des
revenus distribués vers la métropole -
il n'y a pas de doute,
les effets multiplicateurs découlant des revenus induits des
investissements internationaux, appallvrissent davantage le
" :' ~
ct
l '
,. l,.
gation. En 1973, la Balance des Règlements Extérieurs était
déficitaire de Il 096 millions soit presque la totalité du
budget national. L'année d'après, ce déficit s'est accelltué
en passant à 13 [llS millions de FCFA (1) uniqueffient pour les
banques.
A cela il faut ajouter que les plus gros investissement
se font surtout soit dans la recherche minière, soit dans l'ir
(1)
BCEAO
Les indicateurs économiques
Haute-Volta

695.
frastructure routière qui doit permettre d'évacuer les produits
de rente.
En mati~re
rte technologie, on enregistre une
balance déficitaire. Non seulement les cadres sont des expatrié
mais aussi le monopole des techniques industrielles protégées
par l'Office Africain et Malgache de la Propriété Industrielle
(OA~IPI), empêche aux entreprises nationales de prospérer. Cela
est d'autant plus probant qu'une liaison étroite existe entre
organismes financiers et conglomérats étrangers.
Nul doute que cette absence de transfert de technologie,
ajouté à l'hémorragie des capitaux bloquent tout progrès.
PARAGRAPHE II
LES EFfETS DU BLOCAGE
"En contrôlant tous
les rouages des économies africaine~
gr~cc aux tentacules de ces conglomérats écrit le professcllr
:"
\\"','"
1,-'.~
l;l\\.·(_>:::~i~.",;c':"·I':~
' l " , ' i :
,"
l~
':',,,~,,~-
,."
"1
t
toile d'araignée à mailles assez fines où risque d'être prIse
et étouffée toute firme nationale Je quelque importance qui
oserait s'aventurer dans le secteur concurrentiel où ils prétell
dent au monopole".
Cette conglomération nous avons tenté de le montrer et
démontrer dans les chapitres précédents, il convient maintenant
de donner les caractéristiques précises, afin d'en dégager les
effets de strangulation que cela entraîne.
A- La conglomérat ion prcgresslve de l'économie
La caratéristique de cette conglomérat ion est la super-
position de deux structures économiques
(économie urbaine et
économie agricole).
D'abord on relève que malgré les indépen-
dances, les trois plus grands conglomérats: SCOA, CFAO, et
OPTORG contin~ent
à avoir leur centre de décision et le

696.
siège social â l'extérieur du continent, malS dont les activi-
tés couvrent cependant l'ensemble des pays africains et malga-
che (compact de filiales et d'agences). Ensuite, à l'intérieur
de chaque cadre territorial, la filiale prend des participatio
dans les principaux secteurs de l'activité économique.
Parfois
elle crée d'autres filiales qUI vont se ramifier â leur tour.
Par ailleurs, ces sociétés qui demeurent fondamentaleme
les mêmes dans leur logique et finalité, s'adaptent en changoor
de nom selon les pays. Ainsi pour les filiales africaines
d'OPTORG elles portent le nom de :
Peyrissac en Afrique Occidentale
S H 0 en Afrique Equatoriale
Société Guinéenne Chayael et Société malienne Chavena
Ces filiales locales se trouvent dans tous les secteurs
distribution, grandes surfaces, boisson, crédit automobile et
d'équipement,
industrie,
immobilier, etc.
.
' "
,
voilà ce que nous appelons conglomération progressive de l'éco
nomie. Acet égard,
le schéma dressé par N'GANGO pour la CBte
d'lvoil"e est très significatif et nous épargne de longs commen
taires.
Néanmoins,
il faut relever outre que des sociétés vont
plutôt accorder quelques actions à des bourgeois compradores.
C'est le cas de la Peyrissac (groupe OPTORG ou Puteaux en Fran
qui a cédé la % de ses actions à des nationaux. Enfin, une tro
sième catégorie prendra les devants pour "africaniser" leurs
cadres,mais sans toutefois leur confier un véritable pouvoir d,
décision.

(]
"ri
P

a-.

..,
t:
TABLEAU nO
LWSONS FINANCIÈRES Dr.
LA
S,C.O.A. EN eÛT!'. D'IVOIRE
,,--..
,
i~
, - ,
'-4 "
~
SIOECO
'~
C c _
SOURCE
G. N' Gango Investissements d'Origine
Extérieu,"c en Afrique Noire Francophone.

697.
Sur le plan financier, malgré le changement de nom
des deux principales banques commerciales, BI~C et B~P qui
deviennent BIV et BICrA,
il convient de ne pas Se tromper
car,l'exemple suivant de la BND est très significatif.
Exemple
Prenons un agent Y qui emprunte 2 000 000 F
aux conditions de 1971 soit un toux de 5 , pendant 10 ans.
Si la BND a reçu cet argent au taux de 4 , de la CCC~, quel-
le est la part de bénéfice de la Caisse et de la HSllte-Volta
Commission Y
2 000 000)( 0 ,05
100 000
Commission pour la CCCE
2 000 0001- 0,04
=
SO 000
L'intérêt procuré est de
100 000 - 80 000 = 20 000
Mais comme la CCCE est aussi actionnaire, elle va
recevoir la part du bénéfice qui lui revient â concurrence
de ses actions (2S,2 , du capital) soit
20 000;<" 0 , 28 2 = 5 6 40 F

Le hénéfice toL11 réa 1 i "c par la C[CF sur 1c,'
2 000 000 de F prêtés = SO 000 F + 5 640 F = S5 640 F
Part de bénéfice de la BCEAO : 20 000;<. 0,085 = 1 600 F
Bénéfice qui reste dans les caisses de la B~D :
100 000 -
(85640 + 1600) = 13 760 F
Dans ces conditions, la flaute Volta rembonrsera â la
Caisse Centrale la somme de 2 OS5640 F. Alors, on peut se po-
ser la question de qui aide en fait?
De toute façon,
les 13 760 F qui restent seront com-
plétés pour payer les coopérants qui travaillent à la BND.

698.
Nous nous étendrons pas plus longuement là-dessus.
Précédemment nous avons es~yé de montrer comment
l'adaptation de ces investissements a été faite.
Il s'agit
d'un subterfuge qui permet à ces investissements publics
français de se transformer en investissements privés. Con-
formément à la loi du 30 avril 1946 sur la '!modernisation
des colonies", la CCCE agit au nom de l'Etat Français dans
les secteurs clés de l'économie. Elle a des participations
à la BND, à la VOLTELEC de
même qu'elle finance certaines
prises d'action du gouvernement voltaique (SOSUHV, VOLTEX,
TMIBAO, etc(l).
Ce renforcement de la domination qui touche les prin-
cipales activités économiques: agriculture d'exportation,
industries, services de tous ordres (banques et assurances),
recherche minière, ne semble que commencer. La consolidation
des privilèges acquis risque de paralyser tout effort consé-
quent de développement.
B- Les effets de strangulation
Ce processus de conglomérat ion qui s'étend dans le
temps et dans l'espace de la vie économique du pays ne man-
que pas de donner raison à F. PERROUX quand il dit que
"L'entreprise prIvee illimitée, comme on a dit finement,
tente d'assujettir les ministères et les administrations; elle
fait et défait les gouvernements; il est arrivé qu'elle pré-
tende décider de la paix et de la guerre .... Derrière un libé-
(1) cf tableau nO?4 relatant les concours de la CCCE dans
les différentes activités économiques

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\\)
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7CX).
ralisme de façade, se produit une politique de strangulation."
Cette politique de strangulation est effective dans bon
nombre de pays agricoles et l'exemple de la SCOA en Côte d'Ivoi-
re illustre parfaitement cela. En Haute-Volta, ces concentration
sont encore moindres mais déjà on note qu'il y a une grande
marge entre la puissance économique et financière de ces entre-
prises avec celle du pays. Or, il ressort par ailleurs que la
bourgeoisie existante, née de la colonisation est incapable de
faire le contrepoids face à ces puissantes firmes transnationale
Mieux, ce type de bourgeoisie constitue la tête de pont, le
point d'appui par lequel, ces sociétés pénétrent dans le pays
(élaboration de code d'investissement très libéral, recours
systématique aux capitaux extérieurs.).
De la sorte que ces entreprises disposent d'un éventail
de moyens qui leur permettent un monopole sur les licences et
autres; monopole d'achat et de vente de matières premières et
de produits finis; solidarité agissante entre organismes de
crédit (banques d'affaires) et conglomérats commerciaux et
industriels.
Cette contradiction était inévitable et l'emprise des
entreprises internationales sur les structures économiques tra-
duit bien la faille entre le statut accordé aux capitaux étran- '
gers et les objectifs d'un développement harmonieux, auto-centr(
et auto-entretenu.

701 ,
En fait que pouvons nous tirer de cette dernière
partie?
1° L'absence d'épargne interne de même que la dépen-
dance monétaire du pays ajouté ~ la très forte concentration
des revenus, obligent les autorités voltaïques dans le souci
de la défense de leurs intérêts de classes à se tOllrner cons-
tamment vers les capitallx étrangers.
Or, en cette matière plusieurs difficultés se posent
1
2° S'agissant de la coopération régionale; nOlIS avons
vu que c'est un échec et que l'addition mécanique et sans prIn-
,1
cipes de pays sattelites traduit bien cette vérité mathématique
que 0 + 0 = 0,
3° La nouvelle forme de domination internationale
pudiquement appelée "Coopération internationale", n'ét:lit que
la systématisation des anciennes formes de domination directe.
1
.1
Seulement, les expéditions de pi.raterie baptisée "mission ci-
\\' i l lS:ltfi('c" 1 Ollt l'édé 1:1 pLll'(' :lii c~pit:J1 ismc '.-., ''.,:11rrC71t i'~'l
devenu monopoliste d'Etat, qui est plus fin niais illissi plus
rapace aussi.
4° Ces nouvelles méthodes de domination ont donné
lieu â la systématisation des codes d'investissement qui ga-
rantissent tous les avantages économiques aux capitaux étrange]
5° Contrairement au cinq avantages qu'énonce J. J.
BEHR~~N pour le pays d'accueil de ces investissements, nOliS
découvrons que la conglomérat ion progressive de l'économie
bloque la croissance et le développement tel que nous avons
défini ces deux concepts.
6° S'il Y a avantages, on note qu'au niveau national

702.
seules la bourgeoisie politico-bureaucratique,
la bourgeoisie
compradore et la couche intellectuelle des vestiges de la chef-
ferie traditionnelle en profitent.
Sur le plan international, les accords monétaires et
la liaison banques-conglomérats facilitent tout rapatriement des
profits tirés. A ce propos le Plan Quinquennal de Développement
Econo~ique et Social 1972-1976 écrit: " ... que l'accroissement
du financement privé étranger entraîne une croissance forte du
reflux des profits et de l'épargne des entreprises. La part de
cette épargne qui reste dans le pays, dit-il en poursuivant, est
ainsi insuffisante pour réalimenter les investissements indus-
triels et assurer une croissance moins dépendante de l'extérieur
Ainsi en 1974, les transferts de fonds vers l'extérieur
par le canal de la BCEAO représentaient 12.729,4 millions
de F. CFA. Le déficit global de la Balance des Règlements
extérieurs qui était de 11.095,8 millions en 1973 est passé
à 13.915 en 1974 soit un accroissement de 25 %.
(1).
Les faits parlent d'eux-mêmes et la théorie de cOlnpter
sur les capitaux extérieurs pour impulser le développement
dans les pays agricoles et particulièrement en Ilaute-Volta,
semble avoir suffisament fait la preuve de sa précarité; tout
au moins pour les pays qui conçoivent le développement comme une
entreprise à laquelle tout le monde participe et dont tout le
monde en bénéficie. En d'autres termes pour ceux qui posent le
développement comme un acte politique visant à l'indépendance
véritable du pays.
(1)
- BCEAO
Indicateurs Economiques H.V. nO 226 - Mars 1975.

703.
La politique de strangulation ne peut être atténuée
et éliminée sans que soit posé le problème de cette indépenda
nationale; sinon,
les incertitudes et la hantise de la famin
demeureront le lot quotidien des larges masses.
Alors nous disons que la Coopération, si elle n'est
pas à rejeter et est même nécessaire, ce qu'il faut, c'est
que chaque nation compte d'abord sur ses propres forces. C'es
la seule façon de pouvoir provoquer les mutations structurell
nécessaires et indispensables. Et pour MYRDAL,
les gouverne-
ments doivent avoir "le courage de prendre des mesures néces-
saires et d'en assumer les conséquences"
(1).
Dans ces conditions, il n'y a pas deux voies possi-
bles,
le financement interne du développement demeure l'élé-
ment fondamental du développement et les capitaux étrangers
ne doivent que compléter l'épargne dégagée.
(1) G. ~~RDAL
Asian Drama, an inquiry in ta the poverty of Nation, 3 vo-
lumes.
l

:04.
CON C LUS ION
"La Science Economique est fondamen-
talement une science "Occidentale",
en ce sens qu'elle a été élaborée
en vue de comprendre et de résoudre
les problèmes des économies occiden-
tales, un certaii cadre culturel
étant implicitement admis. Nous
sommes sensés nous libérer d'un
certain ethnocentrisme inconscient
afin de pouvoir comprendre les phé-
nomènes des sociétés africaines ...
Alfredo de SOUSA.
Au terme de cette étude sur la problématique socio-
économique et le financement du développement en Haute-Volta,
quelle conclusion pouvons-nous tirer?
~ous examinerons d'une part, el1 rappelant les obs-
tacles que nous avons pu rencontrer et le chemin qlle nous
avons voulu suivre; d'autre part, en nous efforçant de ju-
ger la valeur, des leçons que nous ont fournie
nos ana lyses.
SECT lml 1
REFLEXION SUR L'APPROCHE FORMELLE D~ LA RECHERCHE.
On pourrait nous reprocher d'avoir voulu aborder
tous les problèmes et de nous borner quelquefois à des sur-
vols très rapides de questions très importantes.
Mais nous rétorquerons qu'une matière aussi complexe,
exige toujours une vision d'ensemble malheureusement troublée

705.
par une insuffisance de données statistiques disponibles.
Des rappels historiques nous ont paru souvent
nécessaires à la compréhension et nous les considérons
même
comme indispensables car, comme nous l'avons dit
dans l'introduction)l'Economie est à la fois une culture,
une technique et une prospective
(1).
Aussi nous croyons que "Tout régime économique
offre une physionomie complexe et contradictoire. Une
étude scientifique doit aller au
delà des apparences
superficielles que présentent les phénomènes économi-
ques et, s'aidant de l'analyse théorique, mettre en évi-
dence les processus sous-jacents, les traits économiques
fondamentaux qui expriment l'essence des rapports de pro-
duction considérés, et faire abstraction des traits secon-
daires".
Née avec les Mercantilistes, la Science Economi-
que se veut Science combattante luttant contre la rareté.
Dans cette lutte où l'homme se situe comme le principal
acteur, des relations s'établissent d'une part, entre les
hommes, d'autre part, entre les llommes et la nature physi-
que.
1° - ~\\PPORTS ENTRE LES HOMMES.
Nous distinguerons le rôle fondamental de la
production dans la communication des hommes de même que
le processus de Répartition découlant de cette production.
A) Au niveau de la production.
(1) - J. AUSTRUY - Le SCANDALE du DEVELOPPEMENT.

706.
L'économie n'est pas une science abstraite, elle
traduit le résultat des activités humaines, c'est
pourquoi la production ne peut se comprendre qu'en
donnant à l'homme le rôle fondamental qu'il joue
pour réaliser cette production à travers son tra-
vail.
- Mais par ailleurs, il faut comprendre que ce tra-
vail ne s'applique pas dans le vide, car en fait,
l'objet du travail, c'est-à-dire tout ce à quoi
l'homme applique son travail, se trouve dans la
nature où se trouve déjà produit par lui en parti-
culier.
- Enfin que les moyens de travail, autrefois la terre
et la houe, se sont constamment modifiés notamment
au niveau des instruments de production.
A partir de ces faits matériels, nous pouvons
alors dire que les moyens de production, résultat de la
co~binaison des objets du travail et des moyens de tra-
vail. ne sont utiles que lorsqu'ils sont associés à la
force de l'homme pour produire des biens matériels ..
Dans cette lutte pour la satisfaction de leurs
besoins matériels, moraux et spirituels, les hommes col-
laborent et, échangent entre eux le résultat de leurs
activités productrices
Mais pour comprendre les rapports sociaux dé-
terminés par les rapports de production à chaque stade
du développement d'une société, il faut chercher à dé-
composer en leurs formes simples et non indépendantes
les rapports de production qui comprennent
:

707.
1° / - Les formes de propriété des moyens de pro-

duction ,
2°/ - La position des diverses catégories so-
ciales dans le processus de production ,
3°/ - Les rapports qui lient les divers groupes
sociaux ,
4°/ - Les formes de répartition des produits
BJ Au niveau de la répartition et de la consom-
mation.
- La répartition des produits est fonction dans toute
société de l'appartenance
des instruments de pro-
duction qui, en dernière analyse, explique la posi-
tion de chaque homme dans le processus de produc-
tion et d'accumulation.
Ainsi, dans une formation sociale comme celle de
l~ Hallte-Volt~, où coexistent deux modes de produc-
tian
(ql; i
Ile
~ont plus ilhlépcr;.J~lnts)-all ni\\-C~llt dl~
l'économie urbaine, la répartition des biens s'accom-
plit sur
l~ base de l'échange marchandise tandis que
dans l'économie villageoise outre ces rapports mar-
ch~nds, on note une répartition
des biens matériels
sur une base familiale
(en fonction de l'âge, du nom-
bre de personnes à charge etc ..
. J.
- De cette répartition des biens matériels résulte la
possibilité de consommation continuelle, variée et di-
versifiée ou pas. En effet pour le paysan de Banforah
dépossédé de sa terre, la vente de sa force de travail
et le juste nécessaire fixe qu'il reçoit en contre par-
tie,le contraignent à limiter ses besoins de consomma-

708.
tian.
Il n'en va pas de même du bourgeois politico-
bureaucrate ou du bourgeois compradore.
Somme toute, production, répartition, consomma-
tion et échange de biens forment un tout où seule la
production joue en dernière analyse le rôle détermi-
nant. Mais en posant le problème de façon dialectique,
on voit aussi que les formes déterminées de répartition,
d'échange et de consommation
influent attivement à leur
tour sur la production, favorisant ou freinant son déve-
loppement.
C'est l'ensemble de ces rapports que nous avons
qualifié
de structure économique sur laquelle se
construit une superstructllre juridico-politiqlle, fonc-
tion de la prise de conscience de la société à chaque
étape de son développement.
Ces réactions et rétroactions engendrées par les
hommes indépendamment de leur volonté vont expliqller
l'évolution Ilistorique des sociétés. Cepend:int, s'ar-
rêter là, c'est oublier que les hommes ont tiré leurs
premiers biens (nourriture en particulier) de la natu-
re.
11° - ~4PPORTS DES HOMMES AVEC LA NATURE.
Dans ces rapports,
il est indispensable de dis-
tinguer selon la période et selon le niveau de développe-
ment atteint par chaque société. A notre avis, deux types
de rapports s'établissent:
1°/ - Des rapports objectifs.
Il s'agit essentiellement de la lutte que 1 'hom-

me mène pour assurer sa subsistance. Même i
ce stade
on peut voir qu'il y a des biens indivisibles et qu'ils
ne peuvent faire l'objet d'aucune appropriation indivi-
duelle
(c'est le cas de l'air). Par contre, d'autres
biens qui peuvent être qualifiés de rares,en ce sens
que pour les acquérir il faat fournir un certain effort.
Parmi ces biens, il y a ceux qui sont destinés i
la
consommation directe
, et ceux qui sont nécessaires i
la réalisation et i
la production d'autres biens.
Outre ces rapports que nous considérons comme ob-
jectifs parce que basés sur des faits matériels il v
en a qui relèvent de considérations résultant de notre
esprit ou de l'état de nos connaissances.
zO/ - Des rapports subjectifs.
Dans ces rapports non basés souvent sur des f~its
réels mais souvent considérés comme un stimulus pour
l'homme,
la science économique a dll mal
i
les compta-
biliser. Ainsi, les croyances en
des forces surnaturel-
les
: autant elles ont constitué une entra~e pour le dé-
veloppement de certaines sociétés, autant elles ont at-
tiré la curiosité J'autres civilisations, constituant
par là-même un facteur de lutte contre l'ignorance de
l'homme.
Par conséquent,
il est totalement erroné de soute-
nIr que l'économie politique est une science neutre au
même titre que les matnématiques ou la physique, bien
qu'elle fasse souvent appel à elles. Chaque classe au
pouvoir essaye de la mettre i
son service. Pour com-
prendre cela, il est nécessaire de poser que l'économie
politique est une science historique qu'il ne faut pas
néanmoins confondre avec l'histoire en tant que matiè-
re enseignée dans les facultés et qui se propose d'êtu-

710.
dier l'histoire du développement de la société dans
toute sa diversité concrète. Alors qu'à l'inverse,
l'économie "étudie la production matérielle dans ses
formes sociales historiquement déterminées et les
lois économiques propres aux différents modes de pro-
duction".
Cette conception de l'économie servant à la mar-
che vers le progrès, nous a conduit
pour comprendre
les blocages de l'économie voltaïque et les solutions
possibles au développement • à adopter une démarche en
trois étapes
al - La première étape pose la dialectique du
problème ;
bl - la deuxième tente de donner l'essence même
de la lutte économique à travers la plani-
fication et les choix économiques ;
cl
- T:Jndis que le fin:lncement du di'velorrement
qui constitue la dernière partie sert de
synthèse à l'ensemble du problème du déve-
loppement.
Il n'y a pas dichotomie et c'est par un souci
d'interdépendance des phénomènes que tout au long
de nos analyses nous avons été conduits à faire des
va et vient, des rappels historiques si besoin en
é ta i t.




7 1 1 •
Sten ON II
REFLEXION SUR L'APPROCHE FONDAMENTALE DE
LA RECHERCHE,
Apr0s avoir posé le problème, il ressort qlle trois
points peuvent être retenus à travers les trois parties étu-
diées.
Il - Dans l'approche structurale.
Du rappel historique du conflit de culture,
il est
ressorti que le cours évolutif des royaumes au mI-
lieu de la boucle du Niger a été interrompu depuis
le jour où l'Afrique a été taillée au crayon et à la
règle (conférence de Berlin 1885).
a)
- La situation antérieure de ces sociétés.
Dans ces sociétés aVons.nollS dit, l'homme se compose
et cherche son équilibre avec le cosmos,
le monde physique
avec lesquels il vit en communion. L'être dans un tel sys-
"',-
par les vivants et par les morts.
L'intégration communautaire, la solidarité clanique,
le syst0me d'ohéissance aux ancêtres représentés .par les
anciens, amènent à un schéma spécial de circulation des
biens.
Dans les sociétés à structure étatique, pour concré-
tiser cette solidarité et cette obéissance aux monarques,
et à la noblesse de Cour,
les producteurs (hommes libres),
rendent à ces derniers les produits de leurs activités
(agriculture, tissage, forge,
guerre, etc.), et, en contre-
partie, ce dernier (Monarque, Chef, Roi,), accorde à chaque

7 12.
famille la garantie de la sOlidarité tribale qui se ma-
nifeste par la redistribution des biens de consommation.
La circulation des biens se fait de façon simple. Cette
circulation remplit beaucoup plus une fonction sociale
qu'économique.
L'échange, avec l'apparition des artisans, traduit
en fait un aspect de dons plus que de calculs mercanti-
les .
Dans une telle société essentiellement bipolaire
(hommes libres d'un côté et monarque et cour de l'autre),
les liens de famille couvraient la communauté, l'écono-
mIe était intégrée et solidaire.
Mais ces liens qui prenaient parfois un caractère
conflictuel, et, ces contacts vivifiants qui se véri-
fiaient dans les frontières ~ord et côtières de l'Afri-
que Noire, n'ont pas eu de force suffisante pour se pro-
jeter â l'intérieur de la civilisation africaine tout·
entière afin de créer les conditions propices ~ la prop3-
g3tioll Je l'illnovation.
Cette évolution lente,
l'Europe dans sa nette su-
périorité technologique la cassera.
b) - Les conséquences de cette cassure.
La pénétration "Occidentale" motivée par la recherche
de débouchés, se manifestera â trois niveaux;
- au niveau juridico-culturel et institutionnel
sur le plan juridique.
La désagrégation du système communautaire demeure
un des éléments fondamentaux pour le capitalisme qui

713.
prend pied dans le continent africain.
L'introduction de la monnaie et des cultures de
rente seront les bases mêmes de la tendance à la gé-
néralisation de la propriété individuelle et de la
transformation de l'économie solidaire .
. sur le plan culturel.
Les missions religieuses et l'enseignement cons-
titueront le fer de lance de l'implantation du système
coloniale. A ce propos, LEROY-BEAULIEU écrit que:
"Les missions religieuses ont dans la colonisation
un rôle important à remplir .,. La religion, notamment
la religion chrétienne avec sa douceur, son élévation,
son amour pour les humbles~~:la seule éducatrice qUI
puisse faciliter les contacts entre les européens d'une
part, les sauvages et les barbares de l'autre qui, par
des procédés abréviatifs, puisse
non pas subitement,
mais en un petit nombre de générations amener les sau-
vages et les barbares à comprendre notre civilisation
et <1 concouri r à son dél'eloppcment
"(11,
- au niveau des catégories sociales.
La densité croissante du réseau administratif,
l'installation des maisons de traite, le besoin d'une
infrastructure de communications matérielles et l'abo-
lition de l'esclavage ont conduit à l'institution du
travail forcé, qui préludait au travail salarié.
Ainsi, Albert SARRAUT, Ministre des Colonies
écrivait en 1923 que "Instruire les indigènes est assu-
rément notre devoir ... Mais ce devoir fondamental s'ac-
corde par surcroît avec nos intérêts économiques, admi-
(1)
- LEROY-BEAULIEU
"De la colonisation chez les peuples
modernes"
- cité par "Jeune~Volta.
Page: 16.

714 .
nistratifs, militaires et politiques les plus évidents.
"L'instruction, en effet, devait-il poursuivre,
a d'abord pour résultat
d'améliorer la valeur de la
production coloniale en multipliant dans la foule de
travailleurs indigènes la qualité des intelligences
et le nombre des capacités; elle doit en outre, par-
mi la masse laborieuse, dégager et dresser les élites
de collaborateurs qui, comme agents techniques, contre-
maîtres, surveillants, employés ou commis de direction,
suppléeront à l'insuffisance numérique des Européens et
satisferont à la demande croissante des Entreprises agri-
coles, industrielles ou commerciales de colonisation" (1).
De là se sDnt.fofmées
de nouvelles couches socia-
les qUI sont le prolongement des formations sociales
actuelles.
Le système coloniale en désagrégeant les colonies
communautaires
et la structure familiale, laisse de
nouvelles couches sociales - avec, d'un côté, la bour-
geoisie politico-bureaucratique, gestionnaire de l'ap-
pareil d'Etat; la bOllr~("isil' cc:,prJJore souvent apf':
rentée d'ailleurs ~ la première et qui compose avec le
capital
international
dans l'activité économique du
pays; enfin, la couche intellectuelle des vestiges de
la chefferie traditionnelle. De l'autre, la grande ma-
jorité de la population constituée de la paysannerie,
des ouvriers et manoeuvres, de la petite bourgeoisie,
des monoprix-bigas.
La premlere catégorie à l'exception de quelques
éléments n'a rien d'une bourgeoisie nationale. Toute
(l)
- Albert SARRAUT ci té par "Jeune-Volta"
:
Les Problèmes de l'Enseignement en Haute-Volta.
- Page 14.

7 15 .
sa force dépend des capitaux extérieurs auxquels elle
sert de tête de pont pour gangrener l'économie locale.
En ce sens, elle est incapable de promouvoir un déve-
loppement national'autocentré,harmonisé et indépendant.
La deuxième qui constitue les 97 t de la population
vit repliée souvent sur elle-même, et ne possède pas
les moyens de production.
- Au niveau de l'urbanisation.
Le développement de l'appareil administratif,
l'implantation de maisons de commerce (SCOA, CFAO,
CFCI etc.), de même que l'installation de quelques
fabriques (CITEC-Huilerie, CFDT), auront eu pour con-
séquence
le développement parallèle des centres ur-
bains (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso), notamment des
noeuds de trafic et des centres administratifs. Les
1
hommes, mais aussi les biens et les idées affluent
dans ces villes, qui deviennent des centres de conver-
gence de cultures
et de forces sociales et, par consf-
q~ent des points pri~il~giés de rencontre et ~c confrc~­
tation des comportements culturels.
Finalement, en lisant du droit de propriété et
en livrant des territoires immenses au système con-
cessionnaire, en introduisant sa monnaie, en impo-
sant les cultures de rente et le travail forcé pour
les produits d'exportation, l'Administration colonia-
le, avec l'enseignement a créé les bases d'une expan-
sion du système capitaliste dans les Royaumes au mi-
lieu de la boucle du Niger. Cette brèche, mue beau-
coup plus par des soucis de profit que de mise en
valeur de ces territoires favorisera les fuites des
populations vers le Ghana pour échapper au travail
forcé et à l'imposition. En effet, de sources Britarr

716.
niques on évalue à plus de 60 000 le nombre de voltaî-
ques rentrés en Côte de l'Or (actuel Ghana) en 1929 (1).
Malgrè les essais de "mise en valeur" des colonies
(Plans 1946 et 1954), à la veille de 1960, la Haute-Volta
connaît des conditions économiques très difficiles.
"Sa population relativement dense, favorisée par un mi-
lieu physique plus accueillant que celui du désert ou de
la forêt, avait trouvé dans les activités agricoles un
équilibre que la pénétration du continent par les voies
de communication et l~économie de marché a soudain rompu.
Le contact établi entre ces mondes fermés et le monde mo-
derne y a créé des besoins nouveaux que rien n'est venu
malheureusement compenser, sinon l'usure du capital hu-
main. Le découpage administratif auquel a procédé la
colonisation a naturellement aggravé cette tendance" (2).
Dès lors, à la vpille de l'indépendance nominale
de 1960, la tâche primordiale devait être le développe-
ment et sa maîtrise.
II / - La situation du aéveloppement et sa maîtrise.
Le développement demeure un objectif qui s'inscrit
désormais dans les préoccupations de toutes socié-
tés humaines .
Il est quantitatif, c'est-à-dire qu'il exige
l'augmentation en volume des productions né-
cessaires à la consommation et à l'échange avec
la nation et le reste du monde ;
(1) - C. f. A. SONGRE.
(2) - Marchés tropicaux et méditérranéens du 14 Février 1975.
Sous le titre "Aider la Haute-Volta à sortir du
sous _développement".

71 7 .
Il est qualitatif, à savoir qu'il doit VIser
de plus en plus à l'amélioration des condi-
tions de vie (qualité des biens consommés,
santé, éducation, emploi etc.).
En d'autres termes,
le développement est à la
fois collectif, unitaire
et individuel. Il doit mettre
à
la disposition des acteurs le fruit de leur labeur.
Il est, somme toute,
la recherche de l'indépendance nationale.
Sa réalisation exige une planification intégrale
dont la finalité est la lutte contre la rareté et les con-
traintes , les lois naturelles et la domination pour l'indép'
dance nationale et la satisfaction des besoins du plus
grand nombre.
S'agissant de la "planification
voltaïque;' il
en est résulté comme les autorités aiment à le reconnaître
elles-mêmes, qu'il s'agit beaucoup plus de "Cadres de Tra-
vail" que de véritable planification. Ainsi, à propos du
deuxième Plan les Rédacteurs du docllment appelé Plan de
Déve10ppement Economique et Social dégagent trois caracté-
ristiques
l'aspect normatif,
son caractère incitatif et
son rôle indicatif.
Or, dans notre étude il est ressorti que l'acti-
vité économique était essentiellement entre les mains de
la bourgeoisie politico-bureaucratique, de la bourgeoisie
compradore, des maisons d'Import-export et de quelques Sy-
ro-Libanais. Quant à la grande majorité de la population
repliée pour la plupart dans le secteur rural
(95 ',), ou
vendant leur force de travail,
le "rôle incitatif" du Plan
les laisse dans l'indifférence.

718 •
Alors,
il ressort de toute évidence, un dualisme
sectoriel"caractérisé par:
- Une économie urbaine extravertie où se dégage :
. un secteur moderne composé de quelques industries
de substitution et d'importation (Brasseries, Volta.
textile, pneumatique), des industries de transforma-
tion (Société Sucrière), des industries de montage
(Industrie Voltaïque du Cycle).
La valeur ajoutée de ces industries était esti-
mée à 4 289 mUlions de F. CFA (1) .
. un pôle de Commerce essentiellement dominé par
les grandes Compagnies Commerciales telles que la
Peyrissac, la CAMICO etc., de quelques Syra-Libanais
et dans une moindre mesure des autochtones confinés
dans les Transports.
La V.A. de l'ensemble du tertiaire était éval\\.ée
à 10 159 millions soit 12,1
% de la valeur ajoutée totale.
Parlant de ce secteur,
le deuxième Plan écrit que
"
les secteurs capahles de dégager un surplus étant dans
une grande mesure dans les mains des étrangers, la croissan-
ce industrielle dépend fortement des marchés extérieurs et
reste impulsée de l'extérieur".
- Une économie villageoise pénétrée par la monnaie
et les cultures de rente au profit des sociétés
d'intervention. Cela grâce aux Offices Régionaux
de Développement (O.R.D.) créés en 1967 au cours
du Plan Cadre sur proposition de Bernard GERAR-
DIN Expert de la SATEC.
Ce secteur qui renferme 95 % de la population
connaît de sérieuses défficultés notamment la famine.
(1) - C. F. Tableau nO 19 -

719
Aussi, le monopole d'achat des produits d'exportation
(coton, arachide,), conféré à certains organismes d'enca-
drement donne l'occasion il ces derniers de pratiquer des
prix bas au producteur. Ainsi,
le kilogramme d'arachide
qui était de 26,5 F. en 1968-1969, ne coûtait plus que
26,3 F. en 1973-1974 en dépit de l'inflation.
Cette extraversion de l'économie, Ee dualisme
sectoriel et cette misère croissante des masses populaires
nous ont amené il dégager la situation des moyens financiers
III! - Les moyens financiers.
Au regard de nos analyses,
il est
apparu que la Coopération inter-régionale aurait
été la base fondamentale pour la mise en valeur
des richesses nationales. Cependant, il la lumière
des Ensembles politiques (Conseil de l'Entente,
U. A. ~1. ~1., ORS etc .. ), économiques (C. E. A. 0,
C. D. E.
A. 0) qui se sont constitués à la veil-
le des indépendance5, nous avons été conduits à
conclure avec J. ~l. ALBERTI~H que: " ... Un
marché commun, une intégration économique, n'ont
de signification que si de véritables marchés
nationaux indépendants existent déjà; addition-
ner des absences de marchés ne donne pus un marché,
zéro + zéro égale zéro ... "
(1).
Cette réalité nous a amené il voir quelles étaient
les possibilités de financement interne du pays.
Après
avoir considéré que la monnaie est la force
par laquelle un pays arrive il dominer un autre, après avoir
analysé la situation de la Zone Franc et considéré que le
franc CFA en lui même n'a aucune valeur internationale et
n'est qu'un sous-multiple du franc français, nous nous in-
(1)
- J.M. ALBERTINI
:"Les Mécanismes du sous-développement".

720.
terrogeons avec J. RUEFF
"
Quelle liberté de décision peut être celle d'un
pays dont les réserves monétaires,
instruments et condi-
tions de la convertibilité de sa monnaie, sont en dépôt à
l'étranger ou dépendent d'un autre pays"
(1).
Cette dépendance monétaire qui empêche toute
politique monétaire
-, se trouve renforcée P31" des ins-
titutions financières entièrement contrôlées de l'extérieur.
A ce point nous dégageons qu'en matière d'épargne-
la paysannerie,
la grande majorité de la petite bourgeoi-
sie, les ouvriers et manoeuvres,soit près de 97 % de la
population,avaient à peine de quoi manger pour songer à
l'épargne. Qu'à l'inverse,
la bourgeoisie administrative
et compradore,
les SYro-Libanais ont de grandes possibilités
d'épargne; mais seulement les premiers préfèrent les consom-
mations ostentatoires et les seconds,le rapatriement pure
et simple des profits tirés dans leur pays d'origine,
En fait,
il n'y a pas impossibilité de pouvoir
dégager des surplus investissables, seulement 13 forte
concentration des revenus de même que la nature de la
bourgeoisie locale, ajoutée ii la politiquc d'orthodoxie
budgétaire pratiquée, ainsi que le rapatriement cffrené
des capitaux par les entreprises transnationales freinent
la formation d'une épargne locale.
Partant, nous avons relevé que ces goulots d'étran-
glement qui empêchent de financer le développement par des
sources internes résultent beaucoup moins de la "pauvreté
légendaire" du pays que de causes structurelles assorties
(1) - Souligné par nous.

721.
1°/ - d'une politique monétaire qui ne peut s'accom-
moder avec des intérêts extérieurs incompati-
bles ;
"Dans les rapports entre nations
écrit André FONTAINE, fussent elles amies et
alliées, il convient de ne faire au sentiment
qu'une place l imi tée"
("Le couple France-Angle-
terre" in "Le ~lonJe" du 20 Février 1969J.
2°/ - J'institutions financières à la solde Jes socié-
tés multinationales et d'une minorité autochtone
3°/ - d'une orthodoxie budgétaire qui empêche à l'Etat
de servir de catalyseur au développement
4°/ - d'effets de démonstration et d'imitation qui
orientent les agents et plus particulièrement
les détenteurs Je hauts revenllS vers des investis-
sements improductifs
;
5°/ - que la Balance des Paiements est équilibrée grâce
:llIX
transferts de revenus des émigrés de Côte d'
Ivoire. A l'inverse, la Balance Commerciale enre-
gistre un déficit chronique, depuis 1960. Les
exportations couvrent ~ peine 30 , des ilnporta-
tions.
Dans la logique d'lIn développement autonome,
l'aide extérieure sert de "bouche-trous"
Or, dans le cas présent, le capital étranger en
vient à être le moteur.
Les autorités,en ouvrant largement les frontières
dans l'intention d'attirer les capitaux étrangers, n'ont
fait que systématiser l'ancienne réglementation coloniale
sur les exonérations fiscales et les droits de porte, pri-

722.
vant ainsi le pays de substantielles ressources.
En effet, si nous acceptons que les contacts entre
les hommes, les courants d'échange entre nations et conti-
nents sont des facteurs nécessaires et indispensables au
progrès de toute société,nou5'reconnaîtrons néanmoins que
dans le contexte actuel, la "Coopération" internationale
annihile les efforts que les pays agricoles doivent faire
pour leur développement. Ainsi, en élaborant des codes d'
investissement très libéraux dans l'espoir d'attirer les
capitaux et la technologie des pays industrialisés,
les
pays africains et notamment la Haute-Volta, ont légitimé
dans les faits l'ancienne règle impériale.
A ce sujet, il est ressorti que :
al - Les conditions qui ont permis au XIX ème siècle
à l'Occident d'amorcer son développement ne se
présentent plus de la même façon aussi bien sur
le plan international qu'au niveau de la situa-
tion de chaque Etat.
bl
- Que l'optimisme de certains é'_-(]no~'; ste', -c': :' ,:>::1-
ment de J.J. BERHRMAN quant aux cinq fonctions
positives que joue l'investissement étranger sur
la croissance des économies agricoles ne trouve
aucun terrain d'élection, en ce sens que
- il n'y a pas de transfert technologique en
réa l i té ;
- l'économie étant extravertie, la croissance de
la P.
1. B ne peut se faire dans les secteurs
à économie entraînante.
De 1954 à 1972, la croissance de la PIB a été de
5,2 % par an avec un taux d'inflation moyen de 5 % et

723.
une cro~sance démographique de 2 \\. ~ieux, l'orientation
des paysans vers les cultures d'exportation sous l'égide
de la CFDT et des
ORD cause la famine et l'émigration au
sein des populations tant rurales qu'urbaines. Entre 1954
et 1972, le taux de croissance moyen annuel du coton a été
de 45,78 \\
tandis que celui du mil-sorgho (base de nourri-
ture de la majorité de la population) a été de 1,94 \\.
Au cours de la campagne 1974-1975, l'augmentation de la
production cotonnière a été de 18 L
(1).
Ce qui a permis de dire que "la Haute-Volta a
fait confiance au coton. Le coton ne manquera pas, et no-
tamment sous l'égide de la CFDT, de combler tous ses es-
poirs".
(2).
- sur le plan de la demande,
la très forte concentra-
tration des revenus réduit le pouvoir d'achat des
masses labotieuses
. dans le privé 7 % des salariés touchent 51
%
des rémunérations. Ainsi â l'usine agro-sucrière
de Banforah dans l'Ouest du pays, l'ouvrier agri-
cole gagne en moyenne 7 000 F.
tandis que le Direc-
teur a 500 000 F. par mois
(rapport de 1 â 70).
dans l'agriclilture, le kilogramme de coton qui
valait 34 F. en 1963, est payé à 40 F. par la CFDT
douze ans après. Tandis que le pagne
passe de
300 F. â 1 250 F. dans le même temps.
Enfin, sur "les gains tirés du commerce extérieur",
certes, dans ce rapport d'échange inégal il n'y a
pas de gains possibles. Cela d'autant plus que le
(l)
- "Carrefour Africain" du 28 Juin et du 5 Juillet 19 7 5.
nOs 601 et 602 -
(2) - Extrait d'une revue de tourisme intitulé
"Pleins feux sur Bobo" -

724.
pays n'exporte aucune matière stratégique. Il tire
l'équilibre de sa Balance des Paiements grâce aux
transferts sans contre-partie de ses travailleurs
émigrés. Quant à la Balance commerciale elle atteint
un déficit de 12 milliards en 1974. D'ailleurs, la
structure des importations en 1974 montre bien ce qui
est importé. Ainsi le Whisky
et
le Gin concurrencent
les importations de machines dont les parts sont res-
pectivement de : 2 310 000 de F.F. et 2 539 000 de F.F.
soi t a ,036 et 0,04 %.
(1)
Par ailleurs, la crise actuelle du système capi-
taliste mondial et le désordre monétaire que cela entr~î­
ne, a des conséquences très graves sur les pays dépendants
économiquement,telle la'Haute~V0J.ta. L'inflation qui était
uniquement citadine a gagné les campagnes:
Le kilogramme de sucre passe de 65 F. en 1970
à 250 F. en 1975,
Le vélo de 7 000 F.
en 1965 coûte 22 000 F. en
1 9 7 5 ,
La boule de savon de 1 kilogramme qUI valai t
75 F. se paie 200 F.
Et tandis que les prix montent,
les licenciements
massifs dans les entreprises font aussi leur chemin.
Certes, même si nous avons voulu conclure de façon
plus optimiste, la réalité nous oblige à voir les choses en
face. D'ailleurs, dans son programme du 30 Mai 1975, le
"GOUVERNEMENT de RENOUVEAU NATIONAL" qui a opté pour le
libéralisme économique-à propos de la politique économi-
que
note que "Des choix douloureux s'imposent face à des
(1) - CCAI - "Guide de l'Investisseur" -

7~S.
moyens financiers chaque jour remis en question par la
détérioration constante
des termes de l'échange et l'in-
flation qui nous est imposée de l'extérieur.
"La Haute-Volta a été classée parmi les 2S pays
les moins avancés; autant dire que l'industrie est pres-
que inexistante ou inféodée ; le Commerce à sens unique
tenu par des sociétés étrangères, les échanges extérieurs
très faibles,
l'agriculture petl
modernisée et insuffisam-
ment mise à contribution". C'est alors, que faisant une
analyse
des différents secteurs économiques, le programme
constate que les industries existantes sont presque toutes
des industries de substitution, d'importation et qu'
"il y a lieu de procéder à la suppression de l'exclusivité
de droit ou de fait par l'aménagement du code des Investis-
sements qui devra tenir suffisamment compte des intérêts de
nos masses populaires.
" En ce qui concerne les industries de substitution
en général, aucun avantage ne sera accordé, si l'activité
économiqtle ne laisse paraître une valeur ajoutée restant dans
le pays, nettement supérieure à ce que l'Etat et les consom-
mateurs
pcr\\.lcnt.
Il
ne
S'dt:1r,1 plus par
La
fOl':i1ule
Je
''':Oll\\:en-
tion d'établissement, de donner à des sociétés le monopole
d'importation de certains produits de grande consommation".
ALI
niveau de la politique monétaire, après avoir
souligné qtle le marché monétaire actuel devra être orienté,
le programme du Gouvernement poursuit que "L'actuel déséqui-
libre entre l'offre et la demande est tel
que le marché
monétaire se traduit actuellement par un flux important vers
l'extérieur de la Haute-Volta, ce qui aboutit à une situation
pour le moins choquante".
Enfin, abordant la question"d'un développement
rationnel",
le programme note que:

726.
"une économie bâtie sur des capitaux étrangers
et contrôlée par eux est extrèmement fragile".
Cette situation nous l'avons qualifiée de con-
glomération progressive de l'économie qui se traduit par
des investissements d'un petit nombre de sociétés dans
tous les secteurs de la vie économique, des prises de par-
ticipation dans l'industrie et le commerce et un rapatrie-
ment excessif des capitaux.
Le premier Plan de développement a été financé
officiellement à 85 % ; le second prévu à 75 %, tandis
que 91 % du capital des principales industries sont aux
mains de firmes multinationales.
Par ailleurs,
il ressort que le coéfficient
d'intégration à l'économie locale est faible, soit 0,34
et le nombre d'emplois offerts demeurent en deçà du seuil
susceptible d'ébranler les structures archaïques.
C'est pourquoi nous posons le d6veloppement com-
me une transformation fondamentale dans les modes de faire
et de penser. Transformation dont l'arme la plus efficace
demeure la confiance en soi et le désir
de compter avant
tout sur ses propres capacités à aller de l'avant.
Autrement dit:
1°; - Considérer que l'homme est la principale riches-
se, le moteur et la source inépuisable du déve-
loppement.
2°; - Chercher à donner une formation indispensable
et solide à cet homme
afin qu'il puisse conce-
voir,
s'organiser, diriger et contrôler; ce
qui nécessite:

727 .
- la revalorisation de la culture et des langues
nationales,
- la participation des masses laborieuses à l'éla-
boration d'un enseignement conduisant à l'édifi-
cation d'une société nouvelle,
- au rétablissement de la confiance en l'homme
et en ses capacités.
3°; - Concevoir l'appareil de l'Etat comme devant être
la forme la plus représentative des aspirations
populaires.
Un Etat moderne capable, entouré
d'un corps de personnel techniquement compétent
et politiquement conscient et soucieux avant tout
de l'intérêt collectif.
4°; - Poser la Planification comme un outil de travail,
un instrument au service de la nation, une arme
connue de tous les agents économiques et utilisée
par eux A Jes fins de développement. Dans ce cas,
les actes de décision doivent partir du sommet à
la base jusqu'A l'échelon inférieur et remonter
aux organes de coordination.
- enquêtes et recherches dans tous les secteurs
de la vie économique,
planification régionale permettant de saisir
les besoins de chaque département et de faire
participer les échelons inférieurs aux actes de
décision :
décentralisation
des organes de planifica-
tion dans les principaux chefs lieux de dépar-
tements,

728 .
installations de bureaux d'enquêtes statisti-
ques au niveau de la région,
- établissement des plans prioritaires notamment
la liaison industrie-agriculture:
industries de transformation des produits de
l'agriculture et de l'évelage,
industries d'équipement.
5°/ - Considérer l'africanisation des cadres et
les nationalisations comme un souci de con-
trôle de son économie et non comme des actes
d'éclat visant à endiguer la haine des masses
devant leur ~ituation de misère.
6°/ - Mettre l'accent sur la recherche de sourc~ in-
tprnes
de financement. A ce titre, la plani-
fication aura permis de
- dégager quelles sont les différentes catégories
sociales existantes et leurs possibilités de re-
venus et d'épargne,
- taxer les consommations de luxe et enrayer les
investissements improdllctifs,
dresser la carte économique des régions et celles
qui sont susceptibles de dégager des surplus
transférables tant en matière d'hommes qu'en
matière de production,
- prendre le contrôle des institutions financières
et des divers organismes de crédit, arme d'inci-
tation à l'épargne pour financer les grands tra-
vaux,
- asseoir une politique monétaire et financière
propre. Ce qui implique qu'il faut avoir la

729.
-maîtrise de sa monnaie.
7°/ - Avoir comme objectif à long terme que l'intégratior
économique régionale est une force et un levier de
progrès et de développement.
C'est dans ce cadre qu'une monnaie de
compte à l'échelon du groupement économique peut stinu-
1er l'effort de chaque nation.
SO/
S'ouvrir vers les autres pays, coopérer avec ces
derniers indépendamment de leurs systèmes écono-
miques. Car s'il est vrai qu'aucune nation ne
peut construire son avenir sur l'aumône,
il est
aussi vrai qu'aucun peuple ne peut se développer
véritablement dans l'autarcie.
gO/ _ Compter dans la politique économique sur la re-
cherche,
l'esprit d'initiative et de création de
l'homme comme source intarissable.
10°/ - Somme toute, après avoir dégagé
la contradiction
principale qui existe dans le pays; poser le déve-
loppement comme un acte politique irr0versible, un
processus long, SInueux et difficile mais dont
l'objectif final demeure l'indépendance de la
'Jation. -
°
°
0

730.
T A BLE
DES
r~
A T 1 E RES

731 .
PAGFS
1NTRODUCTION :
1).
De l'aperçu géographique et historique
1
2). De quelques indicateurs
4
3). De la conception théorique de la Science Econ.
7
PARTIE 1 : L'APPROCHE STRUCTUKALE DE L'ECONOMIE VOLTAIOUE 10
ltH8QQ~ÇIlQtJ
:
11
SOUS-PARTIE 1 : L'approche Démo-Economique
1 6
Introduction:
Chapitre 1 :Stratifications et classes sociales
19
Section 1 : Les Sociétés pré-coloniales
19
Paragraphe 1 : La Royauté et la Noblesse
20
Paragraphe II
: La paysannerie
21
Section II
: La période coloniale
1895-1960
26
Section III
: La période 1960-1974
33
1°/_ La paysannerie
33
2°/_ Les ouvriers
35
3°/_ La petite bourgeoisie
36
4°/_ Les
"monoprix. bigas"
37
5°/_ La bourgeoisie politico-hureaucratique
38
fO/-
La hoùrgpoisie compradore
Chapitre II:Le rôle du facteur démographique ds 1 e développ.41
Introduction
41
Section 1 : L'Analyse démographique
43
Paragraphe 1 : Présentation
43
Paragraphe II
: La structure par âge et par sexe
46
Section II
Le rôle de l'Education
56
Paragraphe 1 : L'Education dans la
société
avant
1897
56
Paragraphe II
: L'Education dans la Société entre
1897-1974
58
1°/_ La période 1897-1960
58
2°/_ L'éducation de 1960 à nos jours
59
Section III ; L'intégration de la variable démogra-
phique dans le circuit économique
62
Paragraphe 1: La population active et le niveau
d'emploi
63
1°/_ Définition de la notion de population
active
63
2°/_ Structure de la population active
63
/ ...

PAGES r.
Paragraphe II
Relations production, population
active, productivité
66
Section IV
Le phénomène migratoire et le pro-
blème du rééquilibrage ressources -
population
75
Paragraphe l
: Le Phénomène historique
76
Paragraphe II : Causes et effets de l'émigration
87
Paragraphe III
: Les effets Economiques et sociaux
de l'émigration
91
1°/_ Les effets pour le pays d'accueil
92
2°/_ Les effets pour la Haute-Volta
94
Paragraphe IV : Voies et Orientations de recherche
97
SOUS-PARTIE II
Les structures sectorielles
103
Introduction:
103
Chapitre l
: La situation du secteur rural
106
Section l
: La structure sociale et les méthodes
culturales
106
Paragraphe l
: Les méthodes culturales
107
Paragraphe II
: Les principales cultures
108
Section II
Les autres activités du pôle rural
118
Paragraphe l
: L'élevage
119
Paragraphe II
: L'artisanat
124
Chapitre II
: L'économie urbaine
12 7
Section l
: La situation des industries
127
Paragraphe l
: Les différentes étapes de l'indus-
trialisation du pays
128
Paragraphe II
Les obstacles
131
Section II
Le Commerce
133
Paragraphe l
: Le Système commercial interne
134
Paragraphe II
: Le Commerce extérieur
142
Paragraphe III : Les entreprises commerciales
163
Section III
: L'artisanat urbain
167
Chapitre III
: L'administration et le secteur nationali-
s é
171
Section l
: L'Organisation administrative
171
Paragraphe l
: Le découpage administratif
171
/ ...

733.
PAGES
Paragraphe II
Les ratios concernant l'impact
de l'administration
172
Section II
Le secteur nationalis§ et les offices
175
Paragraphe 1 : Les organismes autonomes
175
Paragraphe II : Les Sociétés d'Economie mixte
175
Chapitre IV : Les relations intersectorielles ou la
quantification de la structure fonction-
nelle de l'économie Voltaïque
179
Section 1 : L'évolution des différents secteurs
182
Paragraphe : 1 Le secteur primaire
182
Paragraphe II
: Le secteur secondaire
184
Paragraphe III
: Le secteur tertiaire
187
Section Il
Etude Analytique d'un schéma de re-
lations intersectorielles
189
Paragraphe 1 : Méthode d'Etablissement
189
Paragraphe II
: Application
195
C 0 ~ C LUS ION :
202
o
(
)
o

PAGES
PARTIE 2: LA M,ll,ITR1SE NATIONALE DU DEVELOPPE~ENT
205
1NTRODUCTI ON
206
SOUS-PARTIE 1
LE ROLE de la PLANAFICATION et la
METHODE d'ELABORATION des DEUX
PREMIERS PLANS de DEVELOPPEMENT
2 1 1
CHAPITRE 1 : Le Rôle de la Planification en Haute-Volta
213
Section 1 :L'adaptation de la planafication
aux structures économiques
214
Paragraphe 1 : Le plan simple
215
Paragraphe II
: L'aspect politique du plan
217
1°/ - Les caractéris~iques du Plan
21 7
2°/ - La finalité immédiate du Plan
21 9
Section II
L'apparition d'une Société nouvelle
et d'un homme nouveau
223
Paragraphe Il la transformation des institutions
223
Paragraphe Il
: Les changements de mental i té et
de comportements
225
1°/ - Les groupements coopératifs
225
2°/ - La formation des hommes
227
CHAPITRE II : L'élaboration et les conséquences ùes
ùeux premiers Plans
229
Section 1 : Rappel historique
229
Paragraphe 1 : Du projet Albert Sarrac<tà la Confé-
rence de Brazzaville
1944-1945
229
Paragraphe II
: Les Secteurs d'investissement
Paragraphe III
: La période
1960-1966
233
Section II
Le plan Cadre 1967-1970
239
Paragraphe 1
Les orientations générales et les
objectifs
241
A/. Les objectifs
241
~B/. Les orientations générales
242
Paragraphe II
: La méthode d'élaboration
247
Paragraphe III
: Le Bilan de réalisation du Plan
1967-1970
249
1°/ - Le bilan global
249
2°/ - Le bilan sectoriel
251
/ ...

3°/ - Les conséquences
Section III : Le Plan 1972-1976
Paragraphe l
: Objectifs et Orientations
1° / - Le Secteur Rural
2°/ - Le Secteur ~Iodcrne
3°/ - Le Secteur Tertiaire
4°/ - Le Secteur Social
5°/ - Les autres Secteurs
Paragraphe II : Méthodes ù'élaboration
Paragraphe III
: Caractéristiques du Plan 1972-1976
Paragraphe IV : Résultats quantitatifs attendus
Section IV
Le's conséquences de la "Planification"
en Haute-Volta
285
Paragraphe l
: L'existence de la planification?
288
Paragraphe II : Les conséquences de la programmation è92
CON C LUS ION :
296
SOUS- PARTI E II
LES PROBLEMES DU DEVELOPPEMENT ET LES
CHOIX ECONOMIOUES
298
CHAPITRE 1 : Les Infrastructures socia-économiques
300
Section l
: Les transports
301
Paragraphe l
: La sitùation ùes transports
302
1°/ - Les transports traditionnels
302
2° / - Les transports! L,,"aires
305
3° /
Les transports
a
impact ponctuel
311
Paragr~rhe
II
Tranports et st"3tégie du Développement
312
1 0 /
-
L'action des tranS;Jorts dans les zones
de peuplement
31 2
00/ _ Pl
ù
_
ans' Q trallspor'c et Développement
31 7
Section II
L'Approche Sociale
326
33,)
,
.'
/ ... ,

,"
PAGES
CHAPITRE II
La Place de l'Agriculture dans le Déve-
loppement
353
Section 1 : Le r6le économique de l'agriculture
356
Paragraphe 1 : L'agriculture comme base de nourri-
ture
356
Paragraphe II
L'agriculture comme frein à
l'exode rural.
358
Paragraphe III
: La complémentarité de l'industrie
360
Paragraphe IV : Les transformations structurelles
362
Section II
Choix des cultures et r6le politique
de l'agriculture
372
Paragraphe 1 : La situation foncière
373
Paragraphe II
: Les organismes Régionaux de Dévelop-
pement
386
Paragraphe III
Le r6le politique de l'Agriculture
et le choix des cultures
399
CHAPITRE III
L'industrie
41 2
Section 1 : L'approche théorique
41 3
Paragraphe 1 : Le modèle socialiste
413
Paragraphe II
: La doctrine des Economies Capitalis-
tes
414
Section II
La Situation VoltaIque
415
Paragraphe 1 : La structure industrielle
416
Paragraphe II
: Les indicateurs de l'Industrie
419
Paragraphe 1 II
: Les p 3les industriels
420
CON C LUS ION
429
l
1

PAGES
PARTIE 3
LE FrrIANCEME~IT HITtR~,IE ET EXTERNE DU
DEVELOPPEr1ENT
432
INTRODUCTION
433
Section 1 : Défini tian du financement
434
Section II
: Les possibilités financières des
différentes catégories sociales
435
SOUS-PARTIE 1
LE FINANCEMENT INTERNE DU DEVELOPPEMENT
452
CHAPITRE 1 :
Le rôle de la monnaie
'454
Section 1 : Les fonctions de la monnaie
455
Paragraphe 1 : Définition
455
Paragraphe II
: L'évolution historique de la
monnaie en Haute-Volta et composi-
tion de la masse monétaire
458
Paragraphe III
La composition de la Nasse moné-
taire
462
Section II
Les accords monétaires
470
Paragraphe 1 : Définition
471
Paragraphe II
: Les principes de fonctionnement
de la zone franc
473
Paragraphe III
: Avantages et Inconvénients
475
CHAPITRE 11 : Les Institutions Financières et le
Financement
486
Paragraphe 1 : La si tuation financière
486
Paragraphe II
: La Balance des Paiements
491
Section 1 : Le Système bancaire
505
Paragraphe 1 : La Banque Nationale de Développement
(BND).
505
Paragraphe II
Les Banques Commerciales
517
A) Conditions de Collecte et de
répartition de l'épargne
520
B)
Les crédits à l'économie
522
/ ...

PAGES
Section II
Les Etablissements publics d'épargne
528
Paragraphe 1 : Les chèques postaux
528
Paragraphe II
: Les dépôts en Caisse d'Epargne
529
Paragraphe III
: La Caisse Nationale des Dépôts
et Investissements (CNDI)
532
CHAPITRE III
Les aut.es Formes de Financement
537
Section 1
La fiscalité comme moyen de mobilisation
de l'épargne
538
Paragraphe 1 : La mobilisation des reSSOllrces
fiscales
539
A) La capacité du système fiscal
Voltaïque
539
B)
La structure fiscale
540
Paragraphe II
La structure fiscale et la stratégie
du développement
548
A) L'impôt direct et indirect
549
B) La fiscalité et les secteurs
économiques
552
Section II Le rôle de l'inflation dans le finan-
cement économique
556
Paragraphe 1 : Inflation et structure
557
Sous-paragraphe 1 : L'approche
558
1°/ - Caractéristiques des économies africaines 558
2°/ - Les manifestations de l'inflation
559
3°/
Comment l'inflation a gagné les campagnes 560
Sous-paragraphe II
: Le phénqmène inflationiste
en Haute-Volta
561
A) Dans l'agriculture
563
B) Dans l'industrie
572
C) Dans les services (transports)
574
D) L'énergie et l'eau
576
Paragraphe II
Les effets de l'inflation sur la
balance commerciale
578
Paragraphe III
: Inflation et croissance
579
/ ...

PAGES
1°/ - Au niveall Jes catégories les plus
défavorisé~s.
579
2°/ - Au niveau des Finances Publiques et des
Entreprises industrielles
582
3°/ - Au niveau de la masse monétaire
585
Paragraphe IV : Les effets théoriques de l'inflation
sur les
revenus
et contrôle
587
Al Les effets théoriques
587
Bl Le contrôle de l' infla tian
590
Section III
: La politique du déficit budgétaire
593
Paragraphe 1 : Les théories en présence
594
Al La théorie de l'équilibre
budgétaire
594
Bl La doctrine de Keynes
598
Paragraphe II
Les politiques budgétaires de la
Haute-Volta de 1960 à nos jours
600
Al La politique blldgétaire 1960-65
601
Bl
L' "Orthodoxie" budgéta ire de
1965 à nos jours
602
Paragraphe III
: Les résultats et les conséquences
604
SOUS-PARTIE II:
Le Financement Extérieur et son Rôle
607
INTRODUCTION :
Al La
coopératiop régionale et inter-régionale
60S
a - L'aspect théorique du problême
60S
b - Les effets possibles des regroupements
régionaux actuels pour la Haute-Volta
610
Bl La coopération internationale
611
CHAPITRE 1 : POSITION DU PROBLEME
613
Section 1 : La contreverse doctrinale
610
Paragraphe 1 : Les tenants de la domination
614
Paragraphe II
: Les défenseurs de l'efficacité de
l'investissement étranger
616
/ ...

Section II
Le statut de l'investissement étranger
618
Paragraphe l
: Rappel historique
618
Paragraphe 1 l
:
Le statut de l'investissement
étranger après 1960
61 9
Al Raisons des pays agricoles
620
Bl Raisons des investisseurs
621
Paragraphe III
Les mesures législatives de
garantie des capitaux extérieurs
622
Al Le régime de droit .commun
623
Bl Les régimes privilégiés
624
CHAPITRE II
LES INCIDENCES DE L'INVESTISSEMENT
ETRANGER SUR LES STRUCTURES SOCIO-
ECONOMIQUES VOLTAÏQUES
629
Section 1 : Sur la croissance économique
631
Paragraphe 1
L'évolution générale des investisse-
ments extérieurs 1961-1973
631
Al
1961-1966
631
Bl 1966-1973
633
Paragraphe II
L'incidence des investissements
extérieurs sur la croissance
638
Al Les sources de financement
du Plan Cadre 1967-1970
638
Bl L'êtahlissement du finance-
ment prévisionnel du P Q DES
648
Cl Les taux de crolssance sectoriels
Section Il
Sur les budgets de l'Etat et les
revenus c
des particuliers
665
Paragraphe l
Sur les budgets de l'Etat
665
Al Les effets positifs sur la
fiscalité
665
Bl
des limites
666
Paragraphe II
: Sur les revenus des travailleurs
670
Section III
:Sur les structures économiques
686
Paragraphe l
: Des effets d'entraînement limités
687
/ ...

PAGES
Al Dans le secteur privé autochtone
688
B 1 Sur le P Q DES
692
Cl Les effets multiplicateurs
693
Paragraphe II
: Les effets de blocage
695
Al La Q:Jn glomération progressive de l'économie
695
Bl Les effets de strangulation
698
CONCLUSION
GENERALE:
704.
+
+
+ +
+

742
- B l B LlO G R A PHI
E -
-=-=-=-=-=-=-=-~-=-=-=-

743.
1)
HAUTE-VOLTA.
A)
Ouvrages - Rapports -
Mémoires.
1) Plan Cadre 1967 -1970 - Tome l
et II.
2) Plan Quinquennal de Développement Economique et Social
1972 -1976.
3)
l
N S E E :Service de la Statistique et de la Mécanogra-
phie:
-Enquête démographique par sondage en Répu-
blique de Haute-Volta -1960-1961:
- Les émigrat ions.
4)
S~E'D'E'S:Comptes Economiques Haute-Volta 1954-1959-
-Développement Economique en Haute-Volta
Tome l et II:Modèle sommaire
de croissance.
5)Secrétariat d'Etat aux Affaires-Etrangères chargé de la
Coopération-Service de la Statistique Haute-Volta:
-Comptes Economiques de la Haute-Volta 1964
-Comptes Economiques de la Haute-Volta,1965_196f
-Comptes Economiques de la Haute-Volta 1968'
6) Ediafric-Sélection: L'Economie
Volta1que
.
7) Direction
du Plan et des Etudes de Développement
-Bilan Plan Cadre 1967-1970
-Bilan du Plan Intérimaire 1971
-Bilan du Plan Quinquennal 1972-1976
Année 1972.
-Bilan du Plan Quinquennal 1972-1976
Année
1973
-L'Economie de la Haute-Volta et le Plan
Quinquennal 1972-1976.

744
8) O'P'E'V-
- A'F'C'O'P'A,
-Guide Fiscal des Petites et Moyennes Entrprises
voltaiques.
-Promotion des Petites Entreprises du Bâtiment:
Rapport d'activités
Tranche 1971-1972
-Promotion des Petites Entreprises du Bâtiment:
Rapport d'activités Tranche
1972-1973.
9) Direction du Commerce:Set'vice 'dt! Commerce Extérieur
-Commerce Extérieur et Balance Commerciale
Année 1970
-Commerce Extérieur et Balance Commerciale
Année 1971
-Régime général des importations èt des
exportations: mars 1974.
1ü)Chambre de Commerce,d'Agriculture d'Industrie et d'
Artisanat de
la Haute-Volta:
Guide Economique de l '
Investisseur.
11)Direction du Développement Industriel:L'Industrie
Vol ta'ique.
12)B.GERARDIN:
Le développement de la Haute-Volta
(cahiers de 1'1 SE A Octobre 1963 Supplément
nO 142).
13)Djibrina BARRY: Commerce Extérieur et Développement
de la Haute-Volta de 1960 à 1969
(Mémoire de D.E.S.
Année 1972).
14)T.THIOMBIANO:
-Le Financement interne et externe dans le
Développement de la Haute- Volta
(Mémoire
de D.E.S.année 1973:Université Paris 11-
Panthéon).
-Le Lissage Exponentiel:
Le double lissage

745.
de Brown appliqué à la Balance Commer~
ciale de la Haute-Volta. (Mémoire pour
le Certificat de Méthodes Statistiques
de l'Econométrie troisième Cycle Univer-
sité Paris IX Dauphine,année 1973).
-Rapport de Stage sur la Chambre de Com-
merce d'Agriculture et d'Industrie de la
Haute-Volta(Rapport pour le B.E.C.année
1966).
15) SATEC: Etude sur l'Artisanat Voltaïque(année 1962)
16) DENI EL
:De la Savane à la Ville.
17) Banque Nationale de Développement:Rapport d'activités
Année 1971.
18) La Documentation Française:La République de Haute-
Volta(Notes et Etudes Documentaires n03818-3819 du
27 Septembre 1971).
19) Secrétariat d'Etat aux Affaires Etrangères,chargé
de la Coopération:Direction de l'Aide aU Dévelop-
pement:Haute-Volta 1971-1972(dossier d'information
économique,mars 1973).
20) F.Djoby BAiSOLET! Evolution de la Haute-Volta de
1898 au 3 janvier 1966.
21) Direction du Développement Rural:Annuaire de Sta-
tistiques Agricoles 1971.
22) C.E.E:Les Conditions d'Installarions d'Entreprises
Industrielles:Haute-Volta(Décembre 1972).
23) Organisme Régional de Développement du Sud-Ouest:
Rapport d'Activités Techniques(Avri11973-Mars 1974).
Banfora Juin 1974.

746
24) 0 R D de la Bougouriba :Opération d'Implantation
de la ferme Pionnière de S l A 0
(Campagne 1972)
études SA E D.
25) 0 R D Sud- Est:
-Rapport
Technique d'Activité 1972 mai1973
Ropport de synthèse des octivités (Campogne
1973-74 et du programme Compogne 1974-1975
Fado ,Avril 1974).
26)
~a~~ ~iémoko GARANGO
Le redressement Financier de la République
de haute-Volta.
27)- Jeune Volta: Les problèmes de l'Enseignement en Hte-Volt
(Spécial Séminaire 9, 10, 11 AoOt 1974).
B) REVUES -
NOTES.
28) Direction de la Statistique et de la Mécanographie
Bulletin Mensu
d'Information statistique et Economique,
Déc. 1965 - Février 1967 -
Sept. 1968 - Janv.,
Fevr.,Mars, Avril 1970 -
Déc. 1971-Déc.1972-'
Mars 1973.
29)
B C E A 0:
-Note d'Information:Données actuelles de
l'Economie Voltaique(n089 Décembre 1962)
-Conjoncture Ouest Africaine:L'Economie
Voltaique en 1964-1965(no117 Avril 1965).
-L'Economie Ouest Africaine:Balance des
Paiements Extérieurs de la Haute-Volta
année 1968(no 174- juin 1970 et nO 222-
novembre 1974).
-Indicateurs Economiques:Indicateurs Econo-
miques Voltaiques:
n0198- AoOt-Septembre 1972
n~206- Mai 1973
nO 202-Janvier 1973
nO 218- Juin1974
nO 214- Février 1974
nO 226- Mars1975
- Banques et Monnaies:Le régime des changes

747.
de l'Union Monétaire Ouest Africaine
nO 225 Février 1975
30) Bulletin de l'Afrique Noire: Plan Quinquennal
(1972 -
1976) de la Haute-Volta
_no 719 du 10 Janvier 1973
_no 720 du 17 Janvier 1973
_no 721
du 24 Janvier 1973
_no 768 du 6
Février 1974 :Vie économique
et Financière
_nO 769 du 13 Février 1974
31) Ediafric-Sélection:
_nO 53 du 5 Septembre 1972
_no 54 du 15 Septembre 1972
32) Europe -
France - Outre-Mer:
-Haute-Volta 1971 (nO 499-500 Août-Septembre 1971)
-
Le Redressement Voltaique(no 467Décembre 1968).
33) F.M. 1.
(Bulletin Mars 1974):
-Un plan de développement ambitieux prépare
l'expansion économique de la Haute-Volta.
34 ) Revue Marchés Tropicaux et Méditerranéens:
_no 1421 du vendredi 2
Février 1973
_no 1455 du vendredi 28 Septembre 1973
_no 1482 du 5 Avril 1974
_no
du 16 Mars 1973
_no
du 14 Février 1975
_no
du 21 Mars 1975
~B ) S.A.E.D. Information:Revue d' Informat ion Economique
_no 7
du 15 au 31 /1/74
_no 10 du 1
au 15 /3/74
_no 14 du 1
au 15 /5/74
_no 15 du 15 au 30 /5/74
_no 16 du 1
au 15 /6/74
_no 18 du 1
au 31
/8/74.

~) I.N.S.E.E. Données statistiques africaines et
,Malgaches
37)
Industries et Travaux d'Outre-Mer
:
Les orientations du Plan quinquennal
1972 - 1976 de la Haute-Volta -
(Janvier 1973)
~) C.C.C.E. Documents sur cancaurs financiers à la
Haute-Volta.
39) J.O.R.
Haute-Volta.
40) L'U.S.T.V.
"L'Action" -
_nos 14 et 15
41) Ambroise SONGRE : L'émigration massive des Voltaiques
réalités et effets -
(Revue internationale
du travail)-
4 L ) C.I.E.
Haute-Volta:
Santé -
Plan - Cadre 1967/70
(Documentation établie par
J. FROMENTIN: Service Afrique-Asie).
43) Code des Investissements
Ordonnance n 0 70/074/PRES/PL.TP
44) Le Monde diplomatique du
Décembre 1972 _ na 249.
45 ) La Revue "L'Observateur" na 298 du 31 Mai 1974
46) La Revue "Carrefour Africain" nOs 601
et 602 du
28 Juin et 5 Juillet 1975
47) Anonyme
Pleins Feux sur Bobo-Dioulasso.
4?) Anonyme
Inflation et sècheresse en Haute-Volta.
+
+
+
+

749.
II - AFRIDUE -
A) OUVRAGES.
1 - Georges N GANGa - Les investissements d'origine extérieure
en Afrique Noire Francophone ;
Statut et Incidence sur le dévelop-
pern e nt.
(E dit. Pré sen c e Af r i c a in e) .
2 - R. BADDUIN -
Le Développement Economique en Afrique
Occidentale.
3 - Daniel CISSE - Problèmes de la Fonction d'Epargne Interne
en Afrique Occidentale (Présence Africaine).
4 - Samir AM:IN
-
(Editions de ~Iinuit).
Le développement du capitalisme en Côte
d'Ivoire.
L'Afrique de l'Ouest bloquée.
5 - A. WADE - L'Economie de l'Ouest Africain
(Edition Pré-
sence Africaine).
6 - O. MAKALOU - L'Equilibre budgétaire.
7 - Alfredo De SOUSA - Fonctions de Consommation dans les
Economies Africaines -
(Edition Cujas).
8 - F ~1 l -
La planification en Afrique Noire
9 - H. LEROUX - Planification en Afrique.
10 - B. VI~AY - Fiscalité: Epargne et Développement.
11 - B. VINAY - Les Etats Africains et Malgache et la Mobilisati\\
de l'Epargne par l'Emprunt.
12 - M. DIARRA - Les Etats Africains et la garantie monétaire
de la France. Où va l'argent des Français?
13
- F M I -
Etudes générales sur les Economies Africaines.
14
Xavier de la FOURNIERE - La zone franc
(Collection
Que sais-je? nO 838).
15 - Comité Monétaire de la Zone Franc.
La zone franc en 1969
La zone Franc en 1972
16 - AFANA (0) - Economie de l'Ouest Africain
Perspectives de développ2ment.
17 - Majhemout DIOP - Histoire des classes sociales dans l'
Afrique de l'Ouest- Tome 1
~la 1 i
Tome 2
Le Sénégal

750.
III - OUVRAGES GENERAUX,
A- SUR LE DEVELOPPEMENT - DEMOGRAPHIE
1°; - M.
RUDLOFF - Economie politique du Tiers Monde
(Edition Cujas).
2°;
- J. M. ALBERTINI - Les mécanismes du sous-jéveloppe-
ment -
(Edition Ouvri~res).
3°; -
J. AUSTRUY -
Le scandale du sous-développement
(Edition.
Rivi~re - 1965).
4°/ - A. HIRSCHMAN - La stratégie du développement
(Edition Ouvrière)
5°/ - F. PERROUX -
L'Economie des Jeunes Nations
L'Economie du XX ième siècle
6°/ -
Samir AMIN
L'accumulation à l'échelle mondiale
Le développement
inégal
:
-les formations sociales périphé-
riques.
7°/ - Y. BENOT -
Qu'est-ce que le développement?
8°/ - C. FURTADO -
La théorie du développement
9°/ - P. SALAMA -
Le procès du sous-développement
10°/ - A. G ANNAGE - Le financement du développement
11°/ -
P. BAIROCH - Le TIERS-MONDE dans l'Impasse -
(Collection Gallimard).
12°/ - J. GARDELLE & Ch. PROU -
Etablissement des Programmes en
économie sous-développée - Tome II.
13°/ - O.
N. U.
-
Comité de Planification du Développe-
ment.
14°/ - A. SAUVY -
Croissance zéro
15°/ - A.
SAUVY -
Théorie générale de la population

751 .
16°/ -
PRESSAT -
Démographie Statistique
17° /
- P. FRO'-1ENT -
Démographie Economique
18°/ -
L. SALLERON -
Essai sur le principe de la Popu-
lation. Malthus
(Hatier - Collection Sciences hu-
maines) .
19°/ -
G. MYRDAL -
Asian Dram·a. An Inqu:Îr')'
into the
poverty of Nations,
3 volumes
20°/ - Odette GUITARD -
Bandoung et le réveil des peuples
Colonisés -
(Collection "Que sais-
je?" -
nO 910).
21°/ -
Ch. BETTELHEIM -
Planification et croissance accélé-
rée.
22°/ -
BOURCIER de CARBON -
Eléments de démographie économique
(Cours 2ème A.
-
).
23°/ - M. ABDELLA -
La politique Fiscale au service du
développement économique dans les
jeunes Etats -
(Thèse)
D.
24°/ - Alfred SAUVY -
La croissance zéro -
Edition
Calman-Lévy.
25°/ - G. BLARDONE -
Relations production -
population
active -
productivité.
26°/ -
O. E. C. D.
-
Statistics for 1973 and Earlier
Years -
(Development co-operation
1974) .
27° /
- A. BARRERE -
Institutions Financières -
Tome 1
(Collection Dalloz "1965) -
28° /
-
J. AUSTRU'Y
Existe-t-il un- mode obligé de
croissance ?
Le prix de la croissance

752.
29°/ -
R. FERRANDIER -
L'Offre de Monnaie -
(Thèse
Dauphine).
30°/ - R. STAVENHAGEN - Les classes sociales dans les
Sociétés agraires -
(Edition
Anthropos
)
31°/ - Goran OHLIN -
Régulation Démographique et
Développement économique
(O.CD .E.).
32°/ - Robert BLANC - Manuel de Recherche Démogra~iq,ue
en pays sous-développés~
33°/ - A. COTTA
Analyse quantitative de la croissanc8
Ge~ pays sous développés -
Edition P U F 1967 -
+
+
+
+

753.
BI - REVUES ARTICLES,
1°/ - B C E A a - Diverses Publications.
2°/ - Association pour l'Etude des Problèmes
d'Outre-Mer (A E a M) :
Les accords monêtaires en Afrique
Noire Francophone (no 14 - Janv.
1974).
3°/ - BourGier de CARBON - L'Investissement dans
les territoires dêpendants (Cahiers
de l' ISE A - nO 8 - fascicule I).
4°/ - Revue Tiers Monde
Le dêveloppement rural
(IEDES - Tome XIV - nO 54 - Avril
Juin 1973).
5°/ - "Le ~Ionde" du 19 Novembre 1974 :
Comment changer les relations à
travers la Zone Franc : Mamadou
Diarra.
6°/ - Amady Aly DIENG - Classes Sociales et Mode de
production esclavagiste en Afri-
q 1: .~' '.! :."
l" '::, ,_." .~ ~_
-
11 0
1:!
-
1 '~J - l
7°/ - Le Moniteur Africain du 23 Novembre 1972.
8° / - R. STAVENHAGEN - Structures agraires et sous-
dêveloppement en Afrique Noire -
et en Amêrique Latine :
Revue: L'Homme et la
Sociêtê - nO 33-34.

754,
cl - OUVRAGES MATHEr1ATIQUES - ECmlOMErRIE
1°/ - O. LANGE - Leçon d'économétrie
2°/ - H. KAUFMAN & J. L. GROBOILLOT - La prévision
économique à court terme :
. Méthodes générales Lissage ex -
ponentiel.
3°/ - G. CALET
Cours de statistique descriptive -
. Collection Dunod
4°/ - Cahiers Economiques de Bruxelles - nO 62 et
n° 57.
5°/ - J. ~~RCHAL - La comptahilité nationale.
6°/ - J. P. DALLOZ et C. GOUX - Macro-économie
appliquée. "Les multiplicateurs".
_0/
1
-
G. VIBERT - Exercices de comptabilité nationale.
8°/ - Edward AMES - Introduction à la macro-économie
9°/ - BOURCIER de CARBON - (Edition Monchrétien).
La monnaie et le crédit
Les relations économiques inter-
nationales.
10°/ - R. BARRE -
Economie politique - Tome 2. -
. ]:Jitjc,n l' li F.
11°/ -LQui~ BAUDIN - Traité d'Economie politique -
Tome 1 et 2.
12°/ - Erich SCHNEIDER: Fondements de l'Economie
Moderne
Micro-économie - Introduction à la
théorie économique. Traduit de
l'allemand par Michel ROBINE -
(Ed i t i on SIREY).
13°/ - J. LECAILLON - Analyse micro-économique -
Initiation (Edition Cujas).
- Analyse macro-économique.
14°/ - Manuel d'Economie Politique.
15°/
L. STOLE~J : L'équilibre et la croissance.

755.
REVUI:.S
( Volume 1 07
°
Tl~
5
1°/ - Revue Internationale
(
de Travail
Mai 1973.
(
B 1 T ( Volume 109 nO 5-6
(
Mai-Juin 1974
2°/ - Revue Internationale des Sciences Sociales
3°/ - Problèmes Economiques:
Les Investissements et l'Aide aux Pays
en voie de développement.
Le cas de la R. F. A. - nO 1 418 du
16 Avril 1975.
4°/ - Gaston LEDUC: L'évolution du Marché Mondial
Cotonnier depuis quatre ans in Bulletin mensur
de l'Afrique Central extrait du nO 16 -
Novembre 1974.
5°/ - Yusuf J. AHMED : Le Développement Rural BIT
nO 2 - Volume 111 - Février 1975.
- - - - -
=

'56.
ANNEXE
DES
TABLEAUX.
\\.\\

- TITRES -
757.
Tableaux
Pages
1.
a) De l'émigration organIsee 1923-1960 -
31.
b) Proportions pour cent
31
2.
Attitude du Chef de famille à l'égard de l'exportation
de la main-d'oeuvre
40 bis
3
Structure de la population par âge et par sexe en 1960
4
4.
Structure de la population par âge et par sexe en 1974
des Centres secondaires selon nos estimations
54
5.
Situation de l'emploi
64
6.
Enquête 1960-1961
: Personnes absentes de leur domicile
(en rouTcent~De de la population)
84
7 .
Enquête 1960-1961
: Personnes absentes de leur domicile
selon la durée de l'absence (en pourcentage)
85
8.
Personnes âgées de plus de 14 ans absentes de leur domicile
par situation matrimoniale (en pourcentage)
86
9.
Répartition des emplois salariés par secteur
90
1 0 .
Répa~tition de l'échantillon selon le salaire mensuel
(en pourcentage après pondération)
93.
11.
Evolution de la production céréalière
1 1 1 .
, 2 •
Agriculture- Produits commercialisés (commercialisation
13.
Part de l'Elevage dans le PIB
1 19 •
14.
Part du Budget ~ational consacré 3 l'élevage
120.
15 .
Indice d'évolution des Importations
148 •
16.
Structure et Evolution des Exportations par catégorie
de produits
1 52.
17.
Principaux partenaires commerciaux de la Haute-Volta en
1971
17 .
18 .
Situation des principales entreprises commerciales
165.
1 9.
Evolution V.A. des trois secteurs et par branche
186 .
20.
Opérations prévues au Plan et Hors Plans
: Réalisation
250.
21.
Bilan de réalisation (opérations prévues au Plan et
Hors Plan)
252.
22.
Répartition Sectorielle (pourcentage)
254 .

758 .
n • s
23.
Exécution du Plan 1967-1970 : Bilan par année
p.
256.
24.
Investissement par branche
269.
25.
Récapitulation des Investissements par Secteur
277.
26.
Evolution de la P.I.B. au cours du PQDES
284.
27.
Evolution de la Production
286.
28.
Evolution de la Fiscalité apportée par la production
(1968-1976)
287.
29.
Valeurs foncières selon les régions
330.
30.
Prix de la Construction à 01lAGADnUGOU
332.
3i:
Répartition prêts BND par catégorie d'emprunteurs
pour l'amélioration de l 'habitat urbain 1970
333.
32.
Synthèse des prévisions de la croissance agricole
au cours du PQDES
357.
33.
Tenures en fonction des groupes ethniques (en pourcen-
tage)
381 .
34.
Coéfficients d'occupation du sol
383.
34 bis.
Caractéristiques des ORD
399 bi
35.
Prévision Plan Cadre en matière industrielle
417 .
36.
Les résultats Economiques et Sociaux
418 .
37.
Répartition des Industries par Région
4 2 1 •
38.
Evolution des disponibilités monétaires par secteur
45 7 •
:iS
bis.
l.'>:Ol~ltion Je::; êchJllges comrnerclJux je Id lJ;lut('-·',,~lt:l
39.
Evolution des Masses budgétaires
488.
40.
Dépôts du Trésor à la BCEAü
490.
41 .
Balances générales des Paiements de la Haute-Volta
Années 1969- à 1972
500.
42.
Balance des Opérations courantes
502.
4 3 ~
Kécapitulation des crédits accordés par la BND dans les
différents secteurs Economiques - Années 1961-1971 -
5 11 .
44.
Répartition des crédits par catégorie d'emprunteurs
513.
45.
Répartition des crédits par Secteur
515 .
46.
Crédits à court terme des principales institutions
525 .
47.
Répartition des crédits bancaires recensés suivant
les Secteurs d'activité
527.
48.
Caisses d'Epargne: Avoirs des déposants 1960-1974
531.

759.
"
:
s
49.
a) Recettes fiscales de la "aute-Vol ta
p.
551.
b) Droits liquides par la Direction des douanes
551.
50.
Prix de détail de quelques produits céréaliers
F. CFA/Kg.
565.
51.
Données générales sur les oléagineux
l, II, III,
( 568.
( 569.
( 570.
52.
Etude comparative de l'évolution des prix des carburants
577 .
53.
Etude comparative de la répercussion de l'inflation
580.
54.
Evolution du Chiffre d'Affaires des entreprises
industrielles
583.
55.
Prix des céréales
(F. CFA/Kg)
589.
56.
Financement du développement par 9 organismes financiers
multinationaux dans les pays de l'UM0A
635.
57.
Aide extérieure (engagements)
637.
58.
Financement du Plan (par source
Je financement)
644 bi,
59.
Récapitulation des Aides extérieures consacrées au
financement du Plan Cadre (1967-1970)
646.
60.
Récapitulation des Aides extérieures de 1967-1970
649.
61.
Récapitulation des Investissements par source de
financement
651 .
l . :
1 •
projets du Plan
653.
63.
Prévision de la croissance de la production agricole
des deux Plans
655.
64.
Etude Comparative CFDT entre rendement (ha) du coton
et du sorgho
658.
65.
Notre étude parallèle pour le rendement (ha) entre
coton et sorgho
658.
66.
Evolution de la PIB (1954-1976)
664.
67.
Evolution entre fiscalité et PIB
667.
68.
Affectation des résultats 1972
675.
69.
Récapitulation des bénéfices distribués (1973)
~76.
70.
Les rémunérations des facteurs
677.
7 1 .
Les facteurs mesurables
678.

760.
aJ Salaires des nationaux
p.
680 bi
b) Salaires des expatriés
680 bi
73.
Calcul. Courbe de Concentration des salaires
682 bi
74.
Concours financiers de la CCCE aux secteurs économiques
699.
o
o
0
S CHE Il A S
CARTES - GRAPHIOUES -
1 •
Carte Economique Haute-Volta
p.
6 .
2.
Principaux circuits de rétroaction
66.
3.
Carte Agricole
121 .
4.
Schéma de commercialisation des produits agricoles
137 .
5.
Circuit de commercialisation des produits importés
14 1 .
6 .
Diagramme à barre : Structure des Exportations par
catégorie de produits
154.
7.
Courbes des exportations
158.
8 .
Courbes des importations
161.
Q
Schém:l ,le fonctionnement cie l'Economie
FC1 J1ct ion
,; c l ' L ta t
1
10.
Schéma des flux en 1964
193 .
11.
Carte des ~oies de Communication
316.
12.
Carte des ORD
387.
13.
Schéma: Synthèse Intégrée de Création - Diffusion
(agriculture)
411 .
14.
Représentation graphique de l'évolution des masses
monétaires 1964-1974
469.
1 5 •
Graphique d'évolution des dépôts en Caisse d'Epargne
1960-1974
Haute-Volta - Côte d'Ivoire - Sénégal
531 b i
16.
Graphique
Prix de détail de quelques produits céréaliers
F. CFA/Kg
565 bi
17.
Graphique
Evolution PIB 19541976
664 b'

761 .
18.
Courbe de Concentration des revenus salariaux
p.
du secteur privé
683.
19.
Graphique de l'évolution comparative entre la
production de mil - sorgho et de coton (tonnes)
de 1954- à 1974
690.
20.
Schéma des Liaisons Financières de la S. C. O.A. -
en Côte d'Ivoire
696.

Vu
Le Président du Jury de la Thèse
Mr. L. BOURCIER de CARBON
Vu
Le Président de l'Université de Droit,
d'Economie et de Sciences Sociales de
Paris