UNIVERSITE DE NANTES
UFR
Histoire· Sociologie
1987
MENAGES POPULAIRES A OUAGADOUGOU
Thèse de Doctorat (régime 84), mention Sociologie, présentée et soutenue publiquement par
Fatoumata KINDA
le 16 juin 1987
Tome 1
devant le jury ci-dessous:
Régis ANTOINE, professeur à l'Université de Nantes
Guy BELLONCLE, professeur à l'Université de Tours
Jean CAPRON, maître de conférence à, l'Université de Tours
François de SINGLY, professeur à l'Université de Rennes Il
Nicole TABARD, directrice de recherche au CNRS
Michel VERRET, directeur de thèse, professeur à l'Université de Nantes

A ma mère, A mon père, à ma marâtre ••• ,
A mes frères et soeurs, neveux et nièces
A Lazare Ouédraogo, A toute ma famille
Aux Ami (e)s •••
1

REMERCIEMENTS
J'assure de ma très vive reconnaissance et de tous
mes remerciements Monsieur Michel VERRET qui n'a ménagé
aucun effort pour assumer la direction de ce travail,
ses conseils, sa patience et surtout ses encouragements
au travail m'ont été extrêment précieux.
Mes vifs remerciements vont également à Madame Anne
GUILLOU pour toute son entière disponibilité tout au long
de ce.travail et pour tous ses encouragements dont j'ai
toujours bénéficié.
J'associe à ces remerciements Mr Joseph CREUSEN et
Mme Marie-Annick BERTRAND pour leur collaboration.

Je remercie vivement Monsieur Jean CAPRON qui a bien
voulu suivre le travail de terrain. Ses conseils m'ont beau-
coup aidée. Je dis également un grand merci à Monsieur Amadé
BADIN! pour m'avoir éclairé sur certains passages de mon
travail et po~le soutien qu'il m'a toujours accordé.
J'adresse toute ma gratitude à Madame Sylvette DENEFLE
qui s'est dévouée pour mon travail et qui a bien voulu me
fournir des vues de OUagadougou à travers les photos conte-
nues dans le texte.
Je voudrais aussi remercier Madame Eugénie CASSALOM
et toutes les familles de Dapoya, Norghin, Ndnsin et
Palemtinga qui ont bien voulu m'accueillir chez elles et
me donner l'occasion d'effectuer ce travail.
Je dis toute ma gratitude à la famille Michel LEFEVRE
pour l'accueil aimable et pour toute l'énergie mobilisée
pour sortir le texte du manuscrit.
A Marie et Raymond GADE et leur famille ••• Amitié et
reconnaissance pour le soutien qu'ils m'ont toujours assuré.
A Hazara DRABO, à Annie JOUAUD, à Marceline
KABORE,
à DJENEBA, à Michelle, aux TRAORE ••• à toutes les copines,
à tous les ami (e)s que je ne pourrai citer et qui m'ont
aidée d'une manière ou d'une autre ••• je leur dis toute
ma reconnaissance.
A tous, je vous dois beaucoup.

SOMMAIRE
PageS
Introduction Générale ·
.
1
Première partie
4
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Chapitre l s Présentation de la société Mossi ••••••
5
1) Les Mossi et leur territoire •••••••••••••••••
----------------------------
6
II) L ,
. .
d M ·
__~~!!~n! __~~ __2~~~
.
6
9
IV) Les structures sociales ••••••••••••••••••••••
Il
-----------------------
15
21
Conclusion
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
JO
chapitre II
Ouagadougou 1 la ville des contrastes
JJ
I) ~Y2!Y~!2n_~22!2:h!~~2~!qY~_g~_QY~g~g2Yg2~
....
J4
1°) Ouagadougou s capitale des Mossi ••••••••
J4
2°) Ouagadougou s ville coloniale •••••••••••
40
JO) Ouagadougou
capitale de la République.
45
II)
50
50
2°) Ouagadougou s"Petite capitale" • • • • • • • • • •
50
JO) 9uagadougou s capitale de "relais
d'émigration ••••••••••••••
5J
4°) Ouagadougou s une ville où urbanisation
ne signifie pas pour autant industrialisation 56
Conclus ion
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
57

Chapitre III
Détermination de l'unité sociologigue
pertinente s Définition du Ménage •••••
58
I) §~~_!!_~!~~g2~!~_2~~!!~~~_~~~_~~n~g~~
58
1°) Nous n'avons pris pour unité élémentaire
d • étude.'
.
58
a) ni l'unité de cohabitation •••••••••••••••••••
58
b) ni l'unité familiale •••••••••••••••••••••••••
59
c )
°
n~ l'
°t'"
un~ e
productO
tO
~on-consomma ~on"
•••••••••
60
2°) A la limite l'unité de mise en commun des
ressources
••••••••••••••••••••••••••••••••
60
l'unité de consommation"minimale"
60
l'unité de commensalité
• • • • • • •
61
6)
1° valeur intégrative de la commensalité •••••••
6)
2° la fonction de redistribution des ressources.
65
)0 fonction de symbolisation •••••••••••••••••••
65
Chapitre IV s Méthodologie de l'Approche ••••••••••••
68
I) g~~_~pp~2gh2n~=n2~§ .••••.••••...•..•••••.••••
68
A) La population concernée par l'enquête •••••••
68
B) Le choix de l'échantillon •••.•••••••••••••••
70
1° Les modalités du choix de l'échantillon •••
70
2° Le réseau de contact ••••••••••••••••••••••
70
74
A) Quel type d'approche? ••••••••••••••.•••••••
74
B) Que peut-on recueillir comme données? ••••••
77
1° Les données sur les activités ••••••.•••••
77
2° Les données sur les "budgets familiaux" .•
82

!~~~~~-~~_!~~~g~~~~
.
85
A) L'approche par le ~ichier ••••••••••••••••••••••
86
1° Le contenu du ~ichier ••••••••••••••••••••••••
86
2° Les problèmes rencontrés dans l'établissement
des fiches
.
86
B) Les entretiens •••••••••••••••••••••••••••••••••
90
C) L'observation directe • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
92
D) Le relevé de dépenses journalières •••••••••••••
93
E) Déroulement de l'enquête •••••••••••••••••••••••
95
IV) ~~~_~2~g!~!gn~_g~_Ergg~Q]!gn_~~_1~~ngy~]~
.
96
A) La position spéci~ique d'enquêter dans son
propre milieu ••••••••••••••••••••••••••••••••••
97
B) La grande réserve dans le milieu •••••••••••••••
98
C) La réticence des enquêté(e)s •••••••••••••••••••
101
D) La diversité linguistique ••••••••••••••••• ~ ••••
104
E) Autres conditions socio-culturelles
104
• • • • • • • • • • • •
F) La disponibilité des agents sociaux
106
• • • • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
110
Deuxième partie
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • ..
112
Chapitre V : Composition des "Ménages-Marmites ••••••••
113
I) ~_~2rEh2!2g!~_22~E!~!~_~~~_~~n~g~~
113
A) Les ménages demeurent de dimension importante.
113
B) Typologie complexe des ménages ••••••••••••••••
116
II) ~~~_~~~~g~~_~~!2n_!~~_2~!~2~~!!~~!gY~~_22J~2]!Y~~
des . .•. . d
137
____!n~!y!_!!~
• • • . • • • . • • .. • • • • • • • • .. • • • • • • • .. • • •
A) Structure par sexe de la population ••••••••••
137
B) Structure par âge : jeunesse de la population.
137
C)Situation matrimoniale des individus membres ••
141

D) Appartenance religieuse •••••••••••••••••••••••
145
E) Origine rurale et agricole des ménages
populaires
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
147
F) Absence ou faible scolarisation •••••••••••••••
150
1° L'école est avant tout une affaire de
génération
2° L'école a été d'abord "l'école des garçons
JO L'école était une affaire de religion
ç2n2!~~!2n
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
154
Chapitre VI : Activités et revenus des ménages • • • • • • • • •
157
157
A) L'inventaire de la situation socio-économique
des membres des ménages ••••••••••••••••••••••••
157
B) Proportion de pourvoyeurs de revenus dans les
,
menages
.......•.............••.•...•..•.....•.
164
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
169
° Quelques remarques préléminaires • • • • • • • • • • • • • • • 170
A) Les activités des hommes, chefs de ménage •••••
17J
1° Typologie des activités principales des
hommes chefs de ménage ••••••••••••••••••••••
174
2° La double activité des chefs de ménage ••••••
18J
JO Les cascades d'activité des chefs de ménage.
187
- Récit de vie de Raogo ••••••••••••••••••••••
188
- Quelques enseignements de ce récit type ••••
199
B) Activité des épouses •••••••••••••• ~ •••••••••••
200
1° Typologie des activités des épouses •••••••••
202
2° La double activité des épouses ••••••••••••••
217
JO La mobilité dans l'activité des épouses ••••• 220

C) Activité des enfants •••••••••••••••••••••••••
227
D) Activité des autres parents ••••••••••••••••••
2Jl
III) ~~~_~~y~n~~_g~~_~~n~g~~.....•................•.
2J7
A) La forme des revenus •••••••••••••••••••••••••
2J7
B) Les revenus provenant des activités des
ménages ou "revenus à cycle plus ou moins
court ou régulier"
••••••••••••••••••••••••••
240
1° Leur combinaison • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
240
2° Les disparités de revenus à cycle court ••••
251
C) Les revenus aux cycles plus ou moins longs ou
épisodiques des ménages ••••••••••••••••••••••
J04
D) Quelques observations sur les revenus des
ménages
• . . . • • • . . . . . . . • . . • • . . . • . . . . • . . . • . . • .
J08
Chapitre VII 1 La consommation des ménages • • • • • • • • • • • •
J19
I) ~~~_r~y~n~~_g~~_~~n~g~~_~_!~_~2n~2mm~~!Qn
g~§_J1!~!!~g~~ • • • • • • • • • • • •• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 320
A) Les modes de disposition des revenus •••••••••
J20
B) Fonctionnement domestique ou normes d'appro-
visionnement des ménages •••••••••••••••••••••
J25
1° Rappel du modèle traditionnel et villageois
en milieu Mossi
2° Les normes de ravitaillement en milieu urbain
C) Les formes de la dépense de consommation •••••
JJ5
12~~_122~~~ •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
.3 36
A) La consommation des biens durables •••••••••••
JJ8
1° Le logement et quelques équipements des
ménages
. . . . . . . . . • . . . . . • . . . . . . . . . . . • . • . . . . .
JJ8
2° L'habillement des ménages ••••••••••••••••••
J87
JO Les soins du corps •••••••••••••••••••••••••
401

B) La consommation de biens fongibles :
la consommation alimentaire ••••••••••••••••••
406
1° La base alimentaire •••••••••••••••••••••••••
407
2° Le prix des produits de consommation
alimentaire courante ••••••••••••••••••••••••
412
)0 Les dépenses alimentaires du ménage •••••••••
416
C) La consommation des services •••••••••••••••••
454
1° Les soins de santé
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
454
2° La scolarité des enfants •••••••••••••••••••
464
.3 0 Le transport ...............•...............
489
4° Les lois irs ••••.•••••••••••••••••••••••••••
497
5° Les dépenses de domesticité ••••••••••••••••
500
D) Les aides ou les dons apportés aux parents
et aJllis • . . . . • . . . . . . . . . • . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . • .
50]
E) Les dépenses festives et cérémonielles •••••••
506
Q2!!~!'!:!~!~!! ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
521
Chapitre VIII 1 Rôles sociaux des femmes des ménages
populaires ou contribution des femmesd\\~
vie domestique des ménages ••••••••••••••••
52)
I) S2!~_~~_!~_f~~~_~~~_!~_~~g2~Y~!!~~~g~_~~_!~
force de travail à travers ses activités
----------------------------------------
..................................... 524
A) Travail ménager ou occupation première de
la femme dans le ménage ••••••••••••••••••••••
524
B) Caractéristiques socio-économiques des
activités ménagères
•••••••••••••••••••••••••
541
C) La place et le rôle du travail domestique
dans le renouvellement de la force de travail.
548

II) Contribution de la femme~u renouvellement de
---------------------------------------------
!~_!2~~~_2~_~~~y~!!_gr~2~_~_~~~_~2~!Y!~~~
rémunérées
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
----------
549
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
552
1° L'étendue et la complexité des ménages •••••••••••
552
2° Le ménage vu comme une unité de consommation •••••
552
JO Les revenus déclarés des ménages •••••••••••••••••
554
4° Le travail non rémunéré des femmes •••••••••••••••
556
5° Les activités rémunérées des femmes : maintien
des activités traditionnelles voire renouveau de
celles ci
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
556
6° L'impossible capitalisation chez les femmes de
classes populaires •••••••••••••••••••••••••••••••
559
7° Mode de vie combiné des ménages ••••••••••••••••••
559
Annexes
-------
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
561

-
l
-
INTRODUCTION GENERALE
Depuis le lever du "Soleil des Indépendances", les
pays du Tiers-Monde vivent de plus en plus le phénomène de
l'urbanisation et de l'industrialisation. Le BURKINA FASO,
malgré son enclavement géographique, n'échappe pas à ce
processus qui s'accompagne d'un certain nombre de problèmes
socio-économiques et culturels.
Nous avons choisi l'étude des conditions de vie des
ménages populaires qu'on estime à 80 % de l'ensemble de la
population de Ouagadougou, pour cerner les multiples problè-
mes socio-économiques notamment les problèmes de consomma-
tion qui se posent à cette catégorie sociale à Ouagadougou.
Dans notre étude, nous accorderons une attention particuliè-
re aux conditions de vie des femmes, à la place et au rôle
qu'elles jouent tant dans le ménage que dans la société.
L'idée fondamentale est que, si la reproduction physi-
que de la force de travail dans les ménages populaires tient
t l.J
à l'activité qui relève parfois de l'Economie sociale", elle
exige par ailleurs une forte participation de la femme par
ses activités quotidiennes souvent du domaine de I·Economie
domestique". (chapitrp VlII)
Formuler une telle hypothèse, c'est prendre en compte
les pratiques socio-économiques des différentes personnes
composant le ménage afin d'analyser la place et le rôle
joué par chacun dans la reproduction de la force de travail.
C'est ainsi que l'enquête visait une recherche de données
socio-économiques pour la détermination des pratiques des

- 2 -
ménages,sur la base des budgets familiaux. En effet, qui
dit budget, dit ressources et utilisation des ressources.
Les données recherchées portaient sur l'origine et la com-
position des moyens d'existence dont disposent ces ménages.
En d'autres termes de quel(s) revenu(s) disposent les ména-
ges concernés et d'où provient-il? S'agit-il d'un salaire,
d'une prestation sociale, d'une rente, d'un profit ou pro--
vient d'un commerce?
Ceci nous renvoie à un recensement de toutes les acti-
vités effectuées par les différents membres composant le
ménage et à l'estimation de l'apport économique, de la place
et du rôle de chaque activité, par exemple : activité pro-
fessionnelle du chef de ménage et activités annexes
acti-
vité rémunérée de l'épouse; activité domestique de l'épouse;
activité des enfants etc ... (chapitre VI).
Ces données sur les ressources nous permettront l'ana-
lyse des pratiques de production ou de circulation des biens.
Au niveau de l'usage des ressources, il s'agit dQune
recherche de données sur les différents domaines de dépen-
ses (dépenses en argent, en temps et en activité) à savoir 1
alimentaire, logement, habillement, scolarité des enfants
etc ...
A ce titre des inventaires d'objets nous semblent in-
téressants tels 1 les logements et leurs modes d'occupation,
l'équipement mér&ager (avec recherche de la provenance des
objets : si c'est un achat, qui les achète et avec quel ar-
gent? Si c'est un cadeau est-il donné par qui et
j
à quelle
1
1
i
1
j

- J -
occasion ?), l'eau courante, l'électricité.
Toujours au niveau de l'usage des ressources il s'agit
de voir comment s'organisent les dépenses. A travers les
apports économiques dans le ménage quelle est la destina-
tion de l'argent? Est-il mis par exemple en biens communs,
est-il indivis ou séparé? Si l'argent est indivis qui en
détient l'usage? Y a - t - il une utilisation privative
de l'argent. C'est aussi l'étude du système de circulation
des biens à l'intérieur du ménage et des rapports sociaux
qui y sont engagés. Les données sur l'usage des ressources
nous permettront l'analyse des pratiques de consommation
(chapitre VII)
Avant d'entamer cette étude des pratiques de ménages
il convient de déterminer les caractéristiques objectives
de la population contactée afin de mieux cerner qui sont
les ménages auxquels nous avons affaire.
Pour cette détermination nous entreprenons une recher-
che de données dites personnelles en fonction des variables
suivantes
la taille ou la composition du ménage, l'âge, l'appartenance
ethnique et l'appartenance religieuse etc ••• Ce sera l'ob-
jet de notre chapitre V.
Telles sont dans les grandes lignes l'objet de notre
recherche que nous avons fait précéde~
d'une présentation
du terrain (chapitres 1 et Il) et de nos choix méthodolo-
giques (chapitres III et IV)

- 4- -
PREMIERE PARTIE
PRESENTATION DU TERRAIN ET DES CHOIX METHODOLOGIQUES.

- 5 -
CHAPITRE l
Il existe au BURKINA-FASO une soixantaine d'ethnies
d'importance numérique très inégale (~). Ici nous parle-
rons des Mossi car les ménages contactés sont essentielle-
ment des Mossi avec quelques ménages issus de mariage inter-
ethnique (époux Mossi et épouse Bissa ou vice versa) ( ~ J
Les Mossi forment une entité sociale et politique
ayant leur propre identité et leur propre histoire. "Ils
ont fait l'objet de nombreuses recherches, particulière-
ment la constitution de leurs royaumes, leur organisation
familiale et sociale, leur droit traditionnel, leurs mé-
thodes agricoles etc .•. ont retenu l'attention d'historiens,
de juristes, d'agronomes et d'anthropologues"
(3J
Le présent chapitre sur les Mossi ne prétend être
qu'un bref rappel des traits caractéristiques de cette
société susceptibles d'éclairer la vie actuelle des ména-
ges populaires.
(~J
L'ensemble des ethnies est classé dans une dizaine de
fa6illes dent las ~o3si (48 %), les Gounounsi (5,3 %), les
Gourman1ché (4,5 %), les Peuls (10,4 %), les Bobo (6,7 %),
les Sénoufo (5,5 %), les Boussansé ou Bissa (4,7 %), les
Mandé (6,9 %), les Lobi-Dagari (7 %) et les divers (1%).
cf Ginette PALLIER: "Géographie générale de la Haute Volta"
( Z-J
cf répartition ethnique des ménages tableau annexe l et
tableau annexe l (suite).
( 3 )
Suzanne LALLE"'!AND : "Une famille Mossi" Collection
Recherches Vo:taïques N° 17
Ouvrage publié avec le concours du CNRS
CNRS-CVRS 1977

- 6 -
Selon SKINNER :"la sociGté Mos3i est l'une des rares
sociétés qui semble avoir conservé en grande partie ses
anciennes structures. Elle a conservé sa forme tout au
long de la domination française et ce n'est qu'à l'aube
de l'indépendance que l'organisation politique tradition-
nelle s'est effondrée" (.1- \\/
La société traditionnelle Mossi a de fait servi tout
au long de notre enquête, de système de référence à nos
interlocuteurs pour expliquer nombre de comportements,
pensées ou idéaux.
Aussi nous évoquerons les Mossi et leur territoire,
leur origine, leur organisation, leurs structures sociales
et économiques, leur système de parenté et enfin leur vie
familiale et domestique ... afin de mieux appréhender les
surviva~ces de ce modèle traditionnel et les transforma-
tions sociales repérables dans les comportements quotidiens
des ménages populaires contemporains.
l
- ~!!_@2~ê!_!~_!~B~_~!~r!~Q!~!_!!_:~2gh2"
Les Mossi repr3sentent à eux seuls près de la moitié
de la population totale (48 %) et demeurent l'ethnie
majoritaire.
Ils occupent essentiellement un territoire a~cestral
appelé "IIIogho" qui couvre environ une superficie de
77 700 Km2 d~~s la région méridionale de la République.
c'est le fameux plateau mossi dont l'altitud9 se situe
entre 350 et 500 mètres au dessus du niveau de la mer,
(,f..) Elliot P. SKINN3R : " Les ~!1ossi de la Haute Vol ta"
Les éditions Inter-Nationales
Nouveaux Horizons
1972

- 7 -
coupé par trois chaînes de montagnes peu élevées et de
nombreuses collines.
Le Climat du pays mossi est typique de la zone sou-
d~~ienne et comprend deux saisons principales : la première
froide et sèche (de Novembre à Janvier) et la seconde chau-
de et humide (Mars à Octobre).
Trois principaux cours d'eau traversent le pays mossi
dont la Vol ta Noire, la Vol ta Rouge et la Vol ta Bla.'1.che ... -L
1
Seule la V olta Noire est en eau toute l'année.
1
f
II - Q~ig!~~_g~~_~2~ê!
Il était une fois un chef qui avait sa fille du nom
de Nyennéga ... Ainsi commence vers la fin du xè siècle
la légende des origines mossi.
"Il y a environ une quarantaine de générations, un chef
appelé le NABA NEDEGA qui vivait à GMŒAGA dans le Ghana
actuel, règnait sur les Dagomba, les ~amprousi et les
Nankana. Il avait une fille appelée Nyennega dont il ap-
préciait tellement la valeur ~~errière qu'il refusait de
lui donner l'autorisation de se marier. Pour ce motif,
elle s'enfuit de Gambaga et prit la route du Nord où elle
rencontra et épousa un homme appelé RIALLE, qui selon cer-
taines tr~ditions était le fils du souverain du Mali alors
q~e selon d'autres, c'était un chasseur Boussansé. Le cou-
ple eut -ll1l fils qui fut appelé Ouédraogo (" cheval mâle")
en l'honneur du cheval Qu'ayait mon-::é Nyennega dans sa
fuite vers le Nord .~uelques ar...1'1ées plus tard Nyennega
envoya Ouédraogo à Gam~aga four rendre visite à son père.
(--1) ci' carte sur les cours ct' eau.. Vv. ~.-,., Q..J<~

- 8 -
Nédega fit un excellent accu~il à l'enfant et s'occupa de
lui jusqu'au moment où il fut prêt à rentrer en territoire
Boussancé ... A son départ de Gambaga, Ouédraogo était ac-
compagné par des cavaliers Dagomba qui profitèrent ainsi
de l'occasion qui leur était donnée de quitter leur terri-
toire surpeuplé. Avec sa troupe de guerriers,Ouédraogo
évita le village de son père et envahit Tankourou (l'actuel
Tenkodogo) d'où les autochtones Boussansé s'enfuirent à
son approche.Les bardes Mossi rapportent que Ouédraogo et
les cavaliers Dagomba épousèrent des femmes Boussansé et
que ces unions donnèrent naissance à une nouvelle peuplade
appelée les Mossi ...
D'autres cavaliers Dagomba arrivèrent plus tard de
Gambaga et vinrent grossir le groupe mossi. C'est alors
que les Mossi entreprirent d'assujettir des peuplades voi-
sines telles que les Gourounsi qui vivaient à l'Est, les
Ninissi qui peu nombreux étaient disséminés au Nord Ouest
dans la région de Ouagadougou ainsi que d'autres popula-
tions importantes, Ninissi, Peuhl, Habe qui vivaient plus
loin vers le Nord dans le Ouahigouya en allant au Nord-
Ouest jusqu'aux falaises de Bandiagara; ils assujettirent
aussi de nombreuses populations Kipirsi au nord ouest de
ouahigo~a et des groupes Ninissi disséminés dans le Fada
N'Gourma à l'est de Tenkodogo ... " (1.)
S'il faut en croire la légende le groupe Mossi résulte
de conquêtes mais aussi du brassage de groupes socio-ethni-
ques divers. Il se trouve amalgamé par un faisceau de chef-
ferie tenue par les nobles ou "Nakomsé". Le pouyoir dans
la société Mossi est centralisé et hiérarchisé.
Elliot P. SKIN~ŒR
op. cit.

- 9 -
Au sommet de l'empire se trouve "le Mogho Naba",
empereur des Mossi; apparemment absolu mais soumis lui
même à une coutume rigoureuse. Depuis le Naba OUEDRAOGO,
fondateur de la chefferie mossi indépendante (vers 1132)
à nos jours, 37 "Mogho Naba" se sont succédés : le dernier
règne depuis 1983.
Le "Mogho Naba" vit entouré d'une cour imposante,
pourvue d'un grand nombre de femmes et de pages. Dans ses
fonctions politiques il est assisté de quatre principaux
ministres, grands f~~dataires dont les provinces se par-
tagent le pays mossi. Ces ministres sont le Ouidi Naba
(chef de la cavalerie), le Gounga Naba (chef de l'infan-
terie), le Larhallé Naba (chef des Tombes Royales) et le
Baloum Naba (intendant du palais).
Du point de vue politique et administratif le terri-
toire était hiérarchisé comme suit:
a) Le Royaume : dont les principaux étaient Ouagadougou,
Tenkodogo et Yatenga. On estime généralement que c'est à
partir du 23 ème Moeho Naba (1681 à 1744) que Ouagadougou
devint la capitale permanente des empereurs mossi (nous
y reyi-?r:.drons). Depuis l'occuIJa-tion coloniale surtout,
certains royaumes sont devenus des principautés. "Les prin-
ces qui rompirent avec Ouagadougou (sous le règne de Kou-
doumié) s'estimaient théoriquement les égaux du souverain
suprême. C'est pourquoi ils prirent le titre de "Dim".
Ce faisant, ils faisaient valoir avec éclat qu'ils préten-
daient à l'égalité de rang, sinon de puissance avec le
Mogho Naba et qu'ils étaient déterminés à "ne devoir allé-
geance qu'à Dieu" ... " (ft.. )
l /\\..)
Elliot?
SKINNE~
Op.
cit.

- la -
b) La province ou groupe de fiefs administrés par un
des principaux ministres. Les chefs de province étaient
en fait des intermédiaires entre le "Mogho Naba" et les
chefs régionaux. Ils détenaient par délégation à vie du
Mogho Naba une parcelle de sa souverainetéT Le "Nam"-
qui leur donnait autorité sur les chefs régionaux.
c) Le fief ou canton, gouverné par les "Kombéré". Ces
derniers étaient de véritables seigneurs et chacun était
souverain dans son fief. Pour KaHLER "l'expression "com-
mandement régional" est préférable au terme "canton" pour
désigner l'ensemble des localités reconnaissant l'autorité
d'un même chef Mossi avant l'époque coloniale .... " (-1)
d) Les villages du fief, chacun avec son chef de villa-
ge. Les chefs de village prenaient leurs décisions avec
l'assistance des "boud Kasma" (doyens des familles) ou
leurs représentants. Ils tenaient compte également de
l'avis du "tengsoba", chef de terre.
"Une des caractéristiques de cette organisation coutu-
mière est la nécessité pour un chef si élevé fut-il de
passer par les intermédiaires dans les relations qu'il dé-
sire entretenir avec ses sujets : en toute matière la voie
hiérarchique y était scrupuleusement respectée". Ct)
Le pouvoir religieux et judiciaire étaient exercés par
les mêmes autorités que le pouvoir politique et dans le
même ordre hiérarchique.
Jean ;.~arie KaHLER : "Activités agricoles et changements
sociaux dans l'Ouest Mossi"
ORS TOM
1970
Cl') ;.1. GUILHEM J. HEBER'r
"Préc13 d' histoire de la Haute
Volta"
LIGEL 1975

- Il -
La situation de pouvoir hiérarchisé aboutit notamment
à une division de la société mossi en "classes de pouvoir",
sinon en classes socio-économiques à l'image des sociétés
actuelles.
Toutes les positions importantes de l'organisation poli-
tique traditionnelle étaient réservées à ceux qui préten-
daient descendre en droite ligne de Ouédraogo et de son
petit fils Oubri, fondateurs de la nation Mossi. Par là
se trouvent définis le lignage ou les segments de lignage
règnant.
- Les "Nakomsé" ou famille royale constituaient la Noblesse.
L'appartenance de ces nobles au lignage ou à certains seg-
ments de lignage règnant leur donne accès au "Nam". Comme
l'explique SKINNER':"le "Nam" c'est la puissance que possé-
daient las ancêtres fondateurs et que les Mossi décrivent
comme "cette fo::::-ce d'origine divine qui permet à un homme
d'en dominer un autre". La possession com17lUne du "Nam"
par un lignage règnant avait une importance telle qu'à
quelques exceptions près le fait d'appartenir à ce lignage
conférai t la Noblesse à un "IVloarha" (r.1ossi). La segmenta-
tion du lignage faisait que certains segments avaient plus
facilement accès au "Nam" et c'est aux conflits de souve-
raineté qui en résultèrent que l'on doit attribuer la créa-
tion des divers royaumes, principautés et même de certains
ca.""tons ~;1ossi" l t.l )
lA) 311iot P. SKINNER

- 12 -
C'est dire que la noblesse connait en son sein de subtiles
divisions. Les écrits du Larhallé Naba (~)révèlent
qu'" en tête venaient les "Dimbissi", descendants d '.un
Mogho Naba ayant droit au coussin lorsqu'ils recevaient
un commandement effectif : comme tous les descendants des
Mogho Naba les "Dimbissi" recevaient à l'occasion de leur
nomination un coussin, en plus du bonnet et du boubou en-
voyés à tous les nouveau.."{ Naba. Après les "Dimbissi tt il
y a les "Nabissi" qui sont des fils de chefs ayant voca-
tion héréditaire pour prendre un commandement. Enfin les
si~ples membres des f~illes arictocratiq~es étaient les
ttNakomsé". Les mêmes distinctions s'appli::Iuaient aux fem-
mes nobles ("Dimpoghsé", Napaghba", "Nakompoghsé") ...
(2 )
Il
En tant que classe dirigeante, les Nobles jouissaient de
nombreux privilèges. En exemple ils étaient exempt d'im-
pôt, ils pouvaient exiger des cadeaux des non nobles.
Leur position leur donnait droit à beaucoup de femmes
"Les nobles, possesseurs du "nall" et des prérogatives
qu'il comportait avaient plus de femmes que les hommes
du peuplei ils avaient plus d'enf~~ts et se multipliaient
donc plus rapidement"
l~ ")
En un mot, les Nobles vivaient en partie de l'exploitation
Q€3
éléments des ~utr6s couches sociales grâce au pouvoir
politique qu'ils détenaient et en partie des razzias
qu' ils effec'~uaient SU1~ les biens de ces derniers et
même des sociétés voisines : Ninissi, Gourounsi et Peuls.
cf biographie du Larhallé Naba en ~~exe
suite
Yamba TIENDREBEOGO : "Histoire et coutwnes royales des
nossi de Ouagadougou"
Rédaction et annotations de Robert PAG~ARD
Chez le Larhallé Naba Ouagadougou 1964
U,) Slliot P. SKINNER : OD. cit.

-
1) -
Et tout cela avec la bénédiction et la complicité du pou-
voir religieux qui leur était dévoué et qui légitimaie
beaucoup de leurs attitudes et comportements "normalement"
refusés de la part des autres.
En effet les Nobles ne travaillaient pas vraiment. Nés,
éduqués et formés pour l'exercice du pouvoir politique,
ils vivaient au dessus des masses du fruit du travail de
ces dernières sous la protection des valeurs et règles
traditionnelles mossi en vigueur.
Parmi les chefs Mossi une distinction est à faire pour
ceux qui règnaient sur les esclaves et les serfs de villa-
ges. Si ces derniers sont appelés "Naba", chefs; "ils
étaient eux-mêmes des descendants d'esclaves et de serfs
car aucun Mossi né libre n'aurait été placé à un tel poste.
Point n'est besoin de dire que ces chefs n'étaient jamais
apparentés en ligne directe ou collatérale avec les chefs
de canton et que de ce fait, ils n'étaient jamais nobles" [-1.)
- A côté des "Nakomsé" on trouve les "Talsé" de la société
r~ossi qui regroupent le peuple d'hommes libres n'apparte-
~ant pas à la famille royale, "Rim". Le simple ";'!Ioaga" se
trouve désigné par "Talga" (singulier de "Talsé) qui de
nos jours est utilisé par les couches populaires pour dé-
signer "le pauvre" sur le plan matériel. C'est ainsi que
"Talga" qui jadis s'opposait au Noble, désormais s'oppose
au "Liguidi Soaba" (le ":::tiche"). Alors "Talga" prend par-
fois ~~e co~~~otatio~ péjorative.
Dans la société traditionnelle, le poJ.voir dont dispo-
sait le "Talga"
était celui d'émigrer en to~te liberté
quand il jugeait son chef inapte ou inj~ste. Pour manifester
l fI.,) Slliot p. SKINNER 0:9. cita

- 14 -
son bon droit il pouvait aller s'installer d~,s un autre
canton
et le chef de c~,ton ne pouvait en principe s'op-
poser au départ de son administré ni le faire expulser du
c~,ton où il s'était r4fugié.
- La seule caste formelle existant chez les Mossi est celle
des forgerons. Spécialisés d~~s le travail du fer et autres
métaux (cuivre, bronze) ils étaient le maître du feu et
procuraient aux pays~~s la totalité des instr~~ents et
outils aratoires tandis que leurs femmes étaient les seules
à produire les ustensiles de cuisine : c~~aris, écuelles
etc. La valeur de leurs produits dans la vie quotidienne
des r~ossi explique et fonde l'importance de la caste des
forgerons dans la société ~ossi. Jouant un rôle de justi-
cier dans les conflits sociaux de grandes importances
(conflit entre famille de "Talsé" et les "Nakomsé"; entre
un individu et la déesse Terre; entre deux familles ou entre
époux ... ), seulS à fourni.r aux guerriers l'essentiel de
leur armement ( flèches, arcs étant confectionnés exclu-
sivement par eux) et à maîtriser les courroux du tonnerre
(la foudre) ... les forgerons jouissaient d'une position
privilégiée auprès de la classe dirigeante. Il semble que
les mesures de réclusion, de ségrégation en un mot leur
statut de couche sociale "castée" auraient pour objectif
fondaTJlental de préserver la "pureté" d'une couche qui avait
tout intérêt à se placer au dessus de la "mêlée" sociale
pour préserver et garantir sa position sociale. Sinon com-
ment continuer à garantir son impartialité (pour mériter
son statut de juge ~) si par des relations matrimoniales
exogaTJliques ils se posi tior..naient clairement pa.r rapport

- 15 -
à telle ou telle autre famille donneuse ou preneuse de fem-
mes? Ou bien comment défendre l'importance et le carac-
tère mystique de son métier si l'on permettait à n'importe
qui de l'exercer n'importe quand ?i un peu sur la base du
principe qui veut
que :"qui partage son savoir perd son
pouvoir" ... Si le métier de forgeron était interdit aux
Nobles, les "Nabissi" (fils de chefs) pouvaient par contre
exercer d'autres métiers manuels.
v) ~~~~_~~S!~:~S~~~~!g~~_~~_!~_~~2i~~~_~~~~i
a) ~~~_EE!~S!E~!~~_~S~iYi~~~_~S~~~~iq~~~
Les Mossi sont un peuple de cultivateurs et les produits
du sol leurs fournissent leurs principaux revenus. Ils
cultivent plusieurs variétés de mil avec lesquelles ils
préparent leur nourriture de base le "sag~o" ou "to" (pâte
de céréale) et leur boisson le "Ram" ou "dolo" (bière de
mil) et le "Zoom Kom"
Le maïs est cultivé au pays Mossi dans des proportions
moindres qu'en pays Manè,é. "Les r~ossi utilisent la proprié-
té du i1':aïs de donner des épis au coeur de l'hivernage et
ils le sèment en ~ai pour le récolter en Aoûti à ce moment
les récoltes de l'année précédente sont toujours très di-
minuées et parfois même épuisées et le maïs vient à point
pour y suppléer"
(1--),
Quant au riz, employé comme aliment de base par les
familles aisées, n'est pas cultivé de façon intensive.
Par ailleurs un grand nombre de légumineuses sont cul-
tivées au pays mossi. La nlus répandue est le petit haricot
"rHébé" qui connai t plusieurs variétés. Pour leur alimen-
lA.) Lucien UIARC : "Le Pays !i;OSS0
~le LAROSE - Librairie Editeur
Paris 1909

- 16 -
tation les Mossi cultivent encore le pois de terre, la
patate douce, le sésame et l'arachide; et pour l'assaison-
nement des aliments, le gombo, une variété de tomate et
une variété d'oseille. Comme cultures orienté~s vers le
marché on trouve le cotonnier, l'indigotier, le chanvre
indigène et le calebassier sans oublier le tabac.
Outre l'activité agricole, les Mossi pratiquent l'éle-
vage des poulets, pintades, moutons, chèvres ... L'élevage
des boeufs revient généralement·aux Peuls qui sont le plus
souvent des nomades ou des semi-nomades. Au rang des acti-
vités économiques traditionnelles citons l'artisanat (tissa-
ge, poterie, vannerie, la fa\\prication ou transformation
de produits alimentaires dont beurre de karité, soumbala ... )
Le commerce n'était pas inexistant au pa~s Mossi avec
comme monnaie initiale, les cauries.
b) ~E~~~~!~~2~_~~_!~~~E!~~!~~E~_~~_~~È~!~~~2~
L'activité économique dominante est l'agriculture de
subsistance. Elle mobilise non seulement l'essentiel de
l'énergie des producteurs mais aussi et surtout elle dé-
termine l'organisation sociale générale à laquelle sont
subordonnées les autres activités économiques, sociales
et politiques. L'univers mental et social des ~ossi est
essentiellement organisé en fonction de cette occupation r
Aussi accorderons nous une attention particulière au ré-
gime foncier, à la terre en tant que fondement et facteur
de la production agricole devenue base fondamentale de
la production de l'existence.
t
1
1

- 17 -
Caractère sacré de la terre et principes gui l'entourent
Chez les Mossi, la terre ne représente pas uniquement
un facteur de production agricole. Elle est avant tout
sacrée.
"La terre dite "épouse de Dieu" constitue spirituellement
la puissance femelle fondamentale, principes et symbole
de toute fécondité: la terre est sacrée ( .... )
Principale source des biens qui assurent l'existence, la
terre est considérée comme dispensatrice ordinaire de la
vie. Lieu de repos des ancêtres qui ont transmis la vie et,
demeure des génies "Kinkirsi" qui jouent un rôle primordial
dans la procréation, la terre constitue en quelque sorte
la retraite où les forces surnaturelles des existences
passées sont recueillies et conservées actives, et une ré-
serve de principe vital pour chaque incarnation future ( ... ).
A tout vivant doit être concédé suffis~~ment de terre pour
les besoins de sa subsistance. Et tout cadavre doit normale-
ment y être enterré. [-1..)
Parce que la terre est source universelle de vie, per-
sonne n'est autorisée à l'accaparer au détriment d'autrui.
L'accès à la terre ne peut pas être interdit à un homme
s'il n'a pas commis une faute impardonnable. (J. )
Le "Tengsoba" ("martre de la terre" ou prêtre de la terre")
a la charge des plus i::nportants rituels relatifs à la terre.
(4) Hormis les cada'r..:es de mort r.lauvaise (mort par pendai-
son, noyade ... ) et de certai~s hommes (paria: sorcier .. )
que la terre pour maintenir sa pureté métaphysique refu-
serait de recevoir. Ceux-ci sont purement et si.:nplement
laissés à proie des oiseaux sans jamais être enterrés.
Cl) Cas de certains adultères avec la femme du chef, re-
lations incestueuses ou violation de tabous importants ...

- 18 -
.
Par ailleurs il est le témoin autorisé des modalités con-
crètes de l'usage du sol et il est habilité à tr~~cher les
li tiges qui surgissent à propos de la terre ... " L~)
On peut donc dire que les chefs mossi ne possédaient
pas la terre mais ils règlementaient les droits sur le
terrain qu'ils attribuaient à leurs sujets. Cependant
"Rien ne prouve que les chefs Mossi aient ja...üais songé à
dominer la population en s'emparant de la terre. Il semble
qu'on ait considéré celle-ci comme un patrimoine public
qui devait être mis en valeur dans l'intérêt même du sou-
verain" ('!) ,
Il reste que cette intention, si elle était réelle ne
pouvait guère être réalisée d'autant que la gestion,
"l'administration" de la terre en tant que valeur nourri-
cière échappait au pouvoir des Nobles pour tomber dans les
:nains du "Tengsoaba" (le pouvoir religieux).
Néanmoins, du fait du caractère sacré de la terre
"un chef r,10ssi n'hésitait jamais à octroyer à n'importe
qui l'autorisation d'utiliser une terre non occupée; i l
y allait de son int6rêt car plus les sujets sur lesquels
il règnait étaient nombreux plus ses revenus étaient grands
et son ?restige élevé. En effet par le canal de la hiérar-
chie administrative, le peuple fournissait des ressources
nécessaires aux divers échelons du gouvernement. Le nogho
Naha recevait ainsi périodiquement des produits agricoles
de ses sujets. Aussi ce n'était pas en s'abstenant de ver-
ser le tribut ou de lui offrir des cadeaux que les sujets
montraient leur mécontentement envers un chef impopulaire
i
1
CA} J. ;11. KOHLER : 0;;. cit.
(
ll)
Elliot P. SKIN~mR : op. cit.
l
1

- 19 -
mais bien en émigrant en masse vers une autre région .. (~)
Appropriation des terres
En référence à KüHLER ~ ))l'appropriation des terres
était autrefois lli~e prérogative des unités lignagères.
Tant que !es terres demeuraient disponibles à l'intérieur
du territoire, chaque lignage installé dans la localité
constituai t son domain8 "soolem lt (~ ) à mesure de l' accroi-
ssement démographique du groupe et de l'augmentation cor-
respondante de ses besoins vivriers. Ainsi les droits de
possession sur la terre se constituaient progressivement.
Jusqu'à des dates récentes un étranger n'éprouvait pas de
difficulté à obtenir des droits de cultures de ses hôtes.
Chaque domaine lignager dans l'ancienne société mossi était
la possessio:n collective des membres du lignage. Les droits
résultant de cette ~ppropriation étaient détenus par le
doyen du lignage. Celui-ci devait veiller à l'intégrité de
l'espace lignagé hérité des ~~~êtres (particulièrement
quand la terre commença à manquer); et c'est lui qui ac-
cordait aux membres de son lignage les droits d'usage sur
la terre en fonction de leurs besoins.
Théoriquement la terre pouvait être périodiquement redis-
tribuée entre les membres du lignage pour ajuster les
d~oit3 aux besoins fluctuants das groupes fa~iliaux.
Mais depuis longtemps semble-t-il une certaine rigidité
dans la tra~3mission des droits d'usage s'était substituée
à la possibilité théorique de redistribution périodique.
Le lot de terres communes dont l'usage était so:müs au
~~) Elliot P. SKINN3R : op. cit.
Ct,) J. ;'11. KO:-{LER : op. cit.
lb )La ;lotion de "soolem" désigne en ,q-énéral la propriété.
Il s'agi t du d.~m2.ine .ùatériel dont on est maitr3. La
r~tion s'a~Dliaue ég~le~ent a~x individus qui sont
_:~-,,_ ~,...~.., ~"+;rl-f;-~..

-
20 -
contrôle direct et permanent des d~yens de lignage a été
progressivement partagé en parcelles et leur usage est de-
venu un droit héréditaire strict à l'intérieur des segments
des lignages ... Les droits de propriété se sont renforcés
avec le partage des terres comme bie~s d'héritage.
Au niveau des règles de successions, les droits de posses-
sion et les droits d'usage sur les terres peuvent être
hérités au moment du décès des détenteurs de ces droits.
Les champs comnuns sont traditicrnellement hérités par le
plus âgé des frères mariés du défunt dans le cas d'une ex-
ploitation coœ~une ou par l'aîné des fils mariés du défunt
en l'absence d'un oncle paternel membre de l'unité de pro-
duction. Ces héritiers sont moralement obligés de pourvoir
aux besoins de leurs dépendants ci ceux-ci continuent à
être membres de l'exploitation commune ...
De même que les fe~mes, les jeunes hommes célibataires ne
peuvent pas avoir part à l'héritage foncier, ~ais ceux-ci
acquièrent des d~oits sur la terre au moment de leur ~aria-
ge. Il faut dire que les règles de successions avantagent
les aînés qui gardent pour eux les meilleures terres.
Il résulte de tout ceci que le droit foncier coutUMier
était adapté à une situation caractérisée par l'abondance
des terres et les diverses formes traditionnelles du con-
trôle social ... r~ais l'expansion démographique assez ré-
cente a entrainé une pénurie des terres de cultures et un
épuise!TIent des sols rés1;.l tant d'une C1.Ü ture plus :'ntensive
sans restauration suffisante de la fe~tilité. D'autre ~art
la profonde dégradation du système social et culturel depuis
la colonisation 2. favorisé une évolution fortement marquée

- 21 -
par l'individualisme qui s'est manifestéB dans le domaine
foncier par l'accaparement des terres au bénéfice d'unités
sociales restreintes ... Aussi le manque de terre a conduit
à des pratiques d'achat-vente incompatibles avec les valeurs
traditionnelles conférées à la terre. Lorsque la terre vient
donc à manquer et quand elle sert de source possible d'ac-
cès à l'argent et aux biens modernes de consommation indi-
viduelle, elle devient négociable. La terre est alors peu
à peu dépouillée de ses aspects sacrés et elle cesse d'être
le bien cow~un inaliénable qui garantit fondamentalement
la survie des communautés locales. Transformée en simple
moyen de production et source de n~~éraire elle est con-
voitée puis accaparée par les individus les plus puissants
au détriment des autres.
VI) ~~~1~~~_S~_E~~~D~~_~~_Y!~_f~~!1!~1~
a) ~Yê~~~~_S~_E~~~D1~
Chez les mossi le système de parenté est patrilinéaire
et virilocal. Un homme possédait le rang de la famille de
son père et en partageait le patriœoine collectif. A l'in-
verse il n'avait pas accès au rang ou aux ressources du
lignage paternel de sa mère, sauf en ce qui concerne cer-
tains droits et devoirs rituels qui lui étaient déchus en
~a qualité de "yagenga" (fils d'une soeur ou d'une fille).
Selon ces principes mossi un ho~~e ne pouvait jamais héri-
ter des droits et devoirs de ses ascendants maternels.
.
. , .
" 1
' +
Les Ilgnages mOSSl etalent en genera~ eX0ga~es ~ ~ous
les degrés de l'échelle. Le mariage est rigoureusement
interdit entre tout8S personnes unies par un l~tlconque
lien de ~Rr8nt8 ~atrilinéaire ou d'un lien par le lignage

- 22 -
utérin et qu'elle qu'en soit l'ancienneté. En d'autres ter-
mes l'ensemble des descendants d'un même ancêtre ou d'une
même aieule est soumis à la règle d'exogamie stricte dès
lors que le fait de la descendance est connu même s'il
n'est pas possible d'établir avec précision les divers éche-
lons généalogiques. Pour SKINNER "l'exogamie devenait de
plus en plus impérative à mesure que les segments de li-
gnage devenaient moins imrortants" L1..) .
Cette idée rejoint celle de KOHLER qui estime que "la
règle d'exogamie favorise l'extension permanente des ré-
seaux d'alliances et l'intégration sociale des groupements
locaux et des étrangers. Aucune communauté restreinte ne
peut vivre repliée sur elle même. Nais les groupements 10-
caux sont d'autant plus contraints à s'ouvrir sur l'exté-
rieur que leur importance démographique est plus réduite ~(1). f
b) 1~_~~~~~Œ~_~~~riŒ~~i~b
t
Il était une affaire de lignée à lignée
la femme en
1
i
étant un simple enjeu.
§
,
r
"La plupart des mariages mossi étaient fondés sur l'échan-
r:
~:
~<
ge des femmes entre deux fa~illes liées par une série d'é-
~1
changes à long terme de biens et de services. Théoriquement,
f1
seul le IlBood Kasma" (patriarche) avait le droit de donner
l
1.
une fe~~e pour épouse à un membre d'un autre lignage( ... )
1
1
Lorsqu'un homme souhaitait donner sa fille pour épouse à
i
t
t
un ami, il devait consulter son IlBood Kasma" qui donnait
alors la main de cette fermne au "Bood Kasma" de son ami.
Ce dernier "Bood Kasma" acceptait la femme comme épouse
au nom de tout le lignage plutôt que de l'ho~~e intéressé.
(Ji,). Elliot P. SKINNER op. cit.
~~1 J.1:1. KüHLER op. cit.

- 23 -
Le lignage conservait ses droits "ingenetricem" sur la
femme et transmettait les droits "in uxorem" à l'~poux.
Ce point pr~sente la plus grande importance, car en accep-
tant la femme pour ~pouse au nom du segment de lignage, le
Bood Kasma acceptait la responsabilité d'offrir une femme
en éch~~ge à l'autre lignage. L'accent ~is sur les consi-
d~rations familiales dans l'~change de femmes" était dû
au caractère collectif des obligations de ce groupe fami-
lial, ainsi qu'à l'interdiction faite à un homme d'échanger
comme femmes ses propres soeurs ou filles. Il devait choi-
sir d'autres fem.r1es du lignage ... ''CA,)
Le fonctiornement du système matrimonial favo~isait sur-
tout les ain~s du lignage et de façon g~n~rale les nobles
du lignage règnant.
"Comme les hOI'il..'Iles les plus âg~s des divers groupes d~te­
naient les ressources des membres de leurs fa'llilles, ils
nouaient habituellement des relations d'amiti~ et obtenaient
des ferr~es pour les représentants de leur groupe. Les ~~-
cians les plus i~partiaux r~partissaient équitablement
les femmes entre leurs parents, mais il arrivait que les
hommes plus âgés garden~ tout simplement ces femùes pour
eux mêmes, sach~~t ~u'avec le temps, leurs parents plus
jeunes en héri teraient. les jeunes hor.1J118S devaient attendre
la mort des anciens, se passer de fe~~es ou établir des
relations "d' a'TIi ti~" avec les hommes plus vi eux ... " (2.)
C'e~-, t ainsi que les femr.1es demeurent un enjeu entre patri-
arches, entre aîn~s et jeunp.s hommes caèets célibataires.
ffiais de quel enjeu s'agit-il ?
i
(},,) Elliot P. SKINNER
1
'):P • cit.
f
f,1
\\J-l Elliot P. ·SI(II'T?·IER op. r'""'':~
[
v.l. \\"t.
t
~
[

- 24 -
"Dans le mariage, la fem."1.e n'est pas d'abord recherchée
et valorisée en tant que partenaire se~~elle mais parce
qu'elle permet au célibataire d'accéder à une majorité so-
ciale fondée sur une certaine autonomie économique et parce
que toute nouvelle épouse assure à l'homme déjà marié une
notable promotion dans la société. Par le mariage, chaque
individu peut constituer à son profit un groupe particulier
de dépendants ou en accroître l'importance. Le mariage
apporte au célibataire la possibilité de tempérer la dé-
pendance qui l'attache aux aînés, en particulier à celui
dont il reçoit la nourriture quotidienne en contrepartie
de son travail. A l'homme marié, la polygamie assure des
moyens hlli~ains supplémentaires pour élargir le réseau des
relations sociales q~'il contrôle ( ... ). Par le mariage
et surtout par la polygamie, l'homme acquiert le contrôle
d'~~e force de travail directement à son service et qui
s'accroît avec le tex-psj il rehausse son prestige et il
renforce son pouvoir social
1
Si le contrôle de plusieurs épouses et d'u~e descendance
nombreuse procure aisance, prestige et pouvoir (au niveau
lignage~), c'est la capitalisat.l.on des femnes par les hom-
mes âgés qui peut assurer l'autorité à ceux-ci et la per-
manence du système q~i leur profite. Le pouvoir des aînés,
sera donc d'autant plus étendu et plus fort que l'accès
aux femmes sera plus difficile pour les jeunes générationsl(~)
Le système matrimonial ainsi défini, traduit la domination
des jeunes par les arn~s. Cette domination est source de
tensions
(~I J.M. KO~ER op.

- 25 -
Quant aux formes courantes de mariage dans le dit système,
l'exemple de KOHLER dai'l5 l'cuest mossi disting'-le quatre
grands types
- "Le mariage "pug-siur~" implique que la premi~re fille
de la femme donn~e en mariage soit rendue à titre de com-
l
\\
pensaticn matrimoniale au donateur: cela signifie que, le
moment venu, ce dernier aura le droit d'accorder en mariage
à qui lui plaira la premi~re fille de la femme qu'il a
donnée. Ce type de mariage est de loin le plus fréquent
et repr~sente pr~s de la moiti~ de l'ensemble des mariages.
- Un peu plus d'un mariage sur dix r~sulte du don d'une
femme sans exigence de compensaticn matrimoniale.
- Un quart des mariages sont contractés par consentement
mutuel des intéressés sans que ceux-ci preTh~9nt en consi-
dération l'autorité des ainés et les obligations qui éven-
tuellement, lient déjà, la f3mme ailleurs.
- Enfin 13 ~ environ des ~ariages se réalisent par héritage
d.e V'8uves
... " (;0(.)
Le levirat se trO'-lve en effet pratiqué en soci~té mossi.
lJrsque des épouses vielli'lent à perdre leur mari, celles-ci
sont redistribuées au sein du lignage) en principe aux fr~-
res cadets du défunt.
Pour conolure sur le système matrimonial disQ~s que celui-
ci constitue surtout .~~ réseau d'échanges dJns et contre-
dons au sein des lignages soit directement en épouses soit
en biens et ser7ices; les deux échanges pouvant aussi se
c'XD.uler.
La polyganie est assez répandue en miliev. ~1ossi e~ la femme
T ."
. cit.
r..,
• • " , .
O -~
~

- 26 -
promise toute jeune demeure toujours et absolument sous
l'autorité masculine.
c) Y!~_f~~!1!ê1~_~~_~~Œ~~~ig~~
QEg~1!~~~!~~_~Eêgi~i~~~11~_~~_1ê_Yi~_g2~~~~ig~~
La société mossi était basée sur la fa~ille étendue ou
élargie dite enaore indivise. La famille indivise assure
à l'individu une sécurité totale, le place à l'abri de
toutes sortes de risques ... En revanche cette structure
familiale s'impose absolument à l'individu.
Au sein de la f~~ille étendue, le patriarche constitue
le chef suprême. Il s'occupe non seulement de la conclusion
des liens matrimoniaux (ci dessus mentionnés) mais il gère
également les biens économiques du "boudou" (lignage).
Le lignage est subdivisé en cellules f~ûiliales et chacune
est placée sous l'autorité d'un "yirisoaba" ("chef de mai-
son").
SelonSKINNER "le "yirisoaba" dirigeait les activités
économiques du foyer et surveillait les travaux agricoles
de ceux 1ui se trouvaient sous sa responsabilité. Il diri-
geait le travail de ses é~ouses, de ses fils et des épouses
de ses :rils et il s~lrveillait les soi:'1,s dom1i~s au bétail
fa~ili~l. Il fcurni~sa~t le
et filé
~Ër les fe~~es et tiss6 par les hom~es. Il 27ait 4gale~ent
pour tâche de fou~~ir les vête~ents n~ces2aires aux ~em-
bres de sa :a.c-:;::lle et il venC:.8.:: t les prc'dui ts dont il. n' a-
veit pas besoin a~in ~'acheter ~~ s~l, des noix de cola,
des "br2.8e2.ets,
et au~rns ~r~du~ts
l
,
le
1
,
"~Jirisoa_Da ti
1
"
f•
!
f

- 27 -
maisonnée par rapport à ses obligations envers la collec-
tivité et la hiérarchie politique. Il devait éviter les ri-
valités économiques entre ses fils et particulière~ent entre
leurs épouses. Il devait s'assurer que tous les membres
mariés èe la maisonnée disposaient de suffisamment de temps
pour fournir les biens et services à leur propre fa~ille
et devait veiller à ce que les vivres soient distribués
équitablement entre les épouses. Il devait enlin utiliser
les ressources de la maisonnée pour établir e~ maintenir
le réseau de relations socio-économiques grâce auquel il
devait trouver des épouses pour les hommes de la maison et
remplir ses obligations envers la hiérarchie politique.
Le "yirisoaba" avait aussi des responsabilités sociales et
économiques envers les autres membres èe son lignage. Il
fournissait de la main-d'oeuvre et des biens aux membres
du lignage qui se trouvaient dans le besoin .. . "(1/...)
Les femmes avaient également un rôle non négligeable
au sein des cellules fa~iliales. L'é~ouse ou les épouses
demeurent le pilier économique de la maison et elles assu-
ment pleinement la responsabilité écono~ique dans la fa~ille
qu'elles doivent aider à nourrir. Dans le caè.re de la pro-
duction agricole les fem~es participent 2 presque tous les
travaux des champs au ~ême titre que les ho~~es. Elles
sèment, ~arclent et assurent le plus grand travail de la
récclte. Elles c~ltivent aussi un champ perso~~~el aux heures
0'1 la cul ture :a~iliale ne les retient pas. Les frl:.i ts de
ces cha~ps propres leur permettent de disposer d'une cer-
[
taine base économique propre.
1
ili
Aux femmes revie~~ent en plus des travaux agricoles,
F
t
l~) Elliot SK~NNER
?
: op. cit.

- 28 -
les travaux ménagers, la charge des enfants ... D'autres
activités pratiquées par celles-ci ont trait à la produc-
tion auxiliaire c'est à dire relevaient des activités pro-
prement autonomes des femmes telles la recherche des in-
grédients nécessaires à la préparation culinaire (feuilles,
beurre de karité, soumbala à base de graines èe néré, etc ... )
Les obligations des ménagères ne se limitent pas à la seule
préparation des aliments qui requiert beaucoup de temps.
Il leur incombe aussi de fournir le bois èe chauffe, les
végétaux servant à la sauce (gombo, oseille, arachide)
ainsi que les épices (soumbala, piments, beurre extrait
de la noix de karité, etc ... ). Tous ces travaux de ramassa-
ge de bois, de noix de karité, de cueillettes de gousses
de néré sont pénibles et se font souvent aux heures creuses.
Par ailleurs il n'est ~d~ rare de voir confier à la femme
la vannerie, la poterie et d'autres petites fabrications
et même le soin d'en assurer la vente. Dans le domaine
commercial l'accord du "yirisoaba" était requis pour ven-
dre des produits comme le mil, le tabac, le coton ...
Par contre la commercialisationèe certains produits en
provenance des activités autonoMes des femmes (tels beurre
èe karité, soumbala) pouvait se passer d'autorisation ma-
ritale.
~E~E2~_~~E_!~~_2E~l~~~~~_~~~_~~~~!
La religion traditionnelle des ~ossi est fortement mar-
quée par l'animisme et le culte èes morts. "l'animisme
aQ~et l'existence d'une force vitale, universellement ré-
pandue dans tous les êtres. Le facteur dominant n'est pas
la recherche spirituelle m~is celle de la sécurité. Il

- 29 -
s'agit avant tout de capter la force vitale présente dans
tout l'univers, visible et invisible, pour assurer et amé-
liorer la vie de l'individu et du groupe.
L'être suprême est le plus souvent, un dieu créateur et
tout puissant (Wendé pour les Mossi). Généralement il est
lointain et peu préocupé du sort des hommes. Aussi préfère
t-on s'adresser à des intermédiaires, divinités secondaires
(forces de la nature personnifiées) ou génies et esprits
parmi lesquels les ancêtres ont un rôle important. Dans
les circonstances importantes de la vie (naissance, ini-
tiation~ mariage, mort ... ) on les consulte et on leur
sacrifie des animaux. Le culte - à côté des devoirs d'ado-
ration et de reconnaissance - a pour fin essentielle de
renforcer la puissance vitale des fidèles. L'animisme ne
connait pas la notion de "péché", mais celle de rupture,
de transgression d'interdit, indépendante de,l'intention.
Les calamités naturelles (sècheresse, fa~ine, épidémie)
sont considérées comme la vengeance des puissances sacrées
à la suite d'une transgressi)n gr3.ve. La prière an:'.'11iste
se présente essentiellement cor.lme la demande des forces
vitales qui per~ettent d'assurer la prospérité et la fécon-
dité de l'individu et surtout du grou?e.
Chez l~s =,Iossi, "les génies O<i:1l-:irsi) 30n-':; divisés en
bons (Ki!:ü::ir so:na) et J1auvais (KL'l1:ir ~'.rese). Les rringane
sont les génias protecteurs des villages. Il eXlS~S en
pays mossi de nonbret1.ses sociétés secrètes : le "Nyan:;,rcsé"
aux ri tes compliClués visal;.t J. ré'Tél31..1 2. ses adeptes les
secrets du :.londe L1visï'ole, le "Poese" association .fei1 mée
qui possède l' e:cclusivi té d' 1.)1'19 tedl.!1i:pe ~.1agi=1u9, le

- JO -
"Si:1.ga" associatian de chasseurs et les mangeurs "d'âmes",
sorciers jauissant du privil~ge de pouvoir capturer la double
des hommes" C~) .
- La religian traditionnelle mossi était surtout domes-
tique et les différentes cérémonies se célébraient ert
famille.
Conclusion
L'analyse succinte de ltorg~~isation politique, écono-
mique et sociale de la société traditior~elle mossi met
en évidence quelques principes fondaInentaux :
- Le système de pouvoir hiérarchisé et centralisé
- L'appropriation cO~uune de la terre par les lignages
- Un ordre lignager de type patriarcal.
Le système de pouvoir hiérarchisé et centralisé oblige
les individus à obéir aux chefs; les "Talsé" devant éga-
lement obéis38.J.'1.ce aux "Nakomsé" (Nobles), limitant ainsi
leur liberté mais garantissant leur sécurité. C'est ce que
rel~va TAUXIER (cité dans le précis d'Histoire de la Haute
Vol ta) .
"Les luttes intestines qui avaient souvent lieu chez
les autres peuples noirs, de village à village, de quartier
3. quartier et rnême de soulca1a à s01.ùca1a, n'existaient
pas au pays ~ossi. Il Y avait donc paix et sécurité
aures. De plus, le pouvoir centralis2 qui empêchait l'anar-
chie, préservait le pays d'être dévasté par des conquérents
de fortune. Ainsi, tandis q'Je les Djerr::l3.bé pillaient le
Gourounsi, pays de villages indépendants ou de petits
CA.. ) ."Regards sur la Haute-Volta" t Document imprimé par le
Collectif Tiers-Monde de Poitiers.
l 981

-
)1 -
cantons et fondaient par le fer et par le feu lm royaQ~e,
ils n'osaient pas s'attaquer au Mossi dont ils ~taient
cependant voisins, redoutant les la 000 cavaliers du
Mogho Naba : tranquillit~ intérieure et extérieure, tout
cela ~tait assuré ... On était frapp~ en entrant en pays
~ossi de l'absolue s~curité dans laq~elle vivait la popu-
lation alors que partout ailleurs la guerre et la chasse
aux esclav8s désa18.ient les vil12.ges. Et l'on ci tait avec
envie les paysans du y/Iossi se rendant isolément à leurs
ch~~ps, la pioche sur l'~paule, alors que partout ailleurs
le chef de fmlille devait avoir nuit et jour ses armes à
la portée de la main ( ... ).
Aux XIX ème siècle, sur le territoire de cet empire,
il y avait 25 habit~~ts au Km2 tandis que chez les Gouroun-
si voisins rest~s libres il y a les 5 ou 6 habitants au
v
;\\.m2 d
e l ' A ~.
Ir~que
O "
cc~aen t a l e en
'
"
genera..... . " CA)
.'Jo--.
Le point noir que connaissait cependant la soci~t~ tra-
ditionnelle mossi était les a l~as
.........
de la ~Toductivit8 agri-
cole en zone sahélieru1e.
"René CAILLE, ayant parcourèl la régi on d.u Sai1el è.ans
les armées 1220 et en Don fran.:;ais attentif à ce qu'il mal1.-
ge, note soigneusement dans son récit les bonnes bouillies
de mil 1ui hIi S Jn t secIies :-i12.is il soui'fre a'1ssi souvent
de la faim. Ceci non pas qu'il sait mal traité par ses
hôtes ;Ilais sir"lplement parce ::tu' il est SOQllis au ;nême régi-
;;le qu'eux. (René CAILLE, Voyage à Tombouctou) ... )U·).
TAUXIER : "Noir du Soudan"
E1itlons LA.1.CSE 1912
ci té par l'..1. GUILl~~': et J. :ŒB~~T datlS "Pr6cis d'Histoire
de la Haute Volta"
ITi3L
1975
f ,)
"Le Sa:.rtel
\\..."'"
Ja""""O""
v ~ ........ '-
d2:nain : c2.tast~ofh9 ou
ù
'''l'~T
'...;t
... :. __
.

rell2.is32.nCe ?"
1'=A:.~)r:l_~;-,~tJ..
19-2;"

- 32 -
Parlant de famines dans le pays Mossi, René DUMONT évoque
le cas particulier du Yatenga au nord ouest du pays mossil-l) :
" Les famines n'ont jamais cessé au Yatenga nous dit J. Y.
MARCHAL, qui rappelle celles de 1831-1834, 1879-1884 et 1914.
Quand je citais cette date devant un paysan malien, je pensais
à la Grande Guerre; pour mon interlocuteur, elle évoquait l'a-
1
nnée de la grande famine.
Après celle de 1932, MARCHAL note que la situation s'aggrave
1
à partir de 1966 et devient catastrophique après 1970, donc
1
bien avant que l'on alerte le monde, ce qui fut fait trop tard.;
Le Yatenga comptait 250 000 habitants dès 1930 ••• En 1973 ce
1
nombre avait doublé 1 un demi million, soit 41 habitants au
1
1
Km2 et plus de 100 dans certains villages. Ce qui dépasse
l
i
~;
largement le nombre d'habitants que le système de culture ac-
r
f
tuel peut arriver à nourrir correctement, sa~s dégrader les
~1
sols
"
Les choses se sont aggravées avec le déséquili-
1
ore climatique et écologique mais aussi avec l'expansion dé-
r
!
mographique et les déstructurations sociales consécutives à
1
l'extension des rapports marchands à partir de l'ère coloniale. tr
Tel est le legs du passé mossi. C'est à partir de lui,
t
ombre et lumière que se situera dans l'indépendance même qui
f
t;
en ranime la légende, la vie des ménages populaires à la
!,
ville comme à la campagne.
t
Nous intéressant aux ménages populaires de Ouagadougou
1
1
i
nous présenterons cette ville en tant que toile de fond de
laquelle quelques réseaux (à savoir les ménages) sont isolés
pour l'étude.
1
1
lti-) René Dœ:lONT "Paysans écrasés - Terres massacrées"
1
Equateur, Inde, Bengladesch, Thailande,
Haute Volta.
1
Editions Robert LAFFONT
1979
1

1
,
- 33 -
1
~
CHAPITRE II
1
it
OUAGADOUGOU : LA VILLE DES "CONTRASTES"
--------------------------------------
INT::ZODUCTION
Ouagadougou se situe en plein coeur du BU~{INA-FASO.
Le chapelet de barrages d'eau au nord de la ville consti-
tue son r~servoir en eau de consommation. Su~ leurs berges
les mara!chers locaux cultivent des fruits et légumes des-
tinés à llap~rovisionneillent de la ville. Ces barrages ser-
vent aussi de lieu de
~ la ligne à 1ue1;U8s citadi~s.
L'e~~lacement de Cua;adougau correspond à une occupa-
tion L=OssiC~D'o~ la fcrt9 rroportion des ~;ossi r:ar:ni sa
ropula.tion 0+
~
v
les :;~8.r~ues
eon histo:'re.
Cuagadougcu a été pendant ,lusieurs siècles la capitale
du rCY2ume :.mi-ethnique ~:ossi aV8.nt è.' être de nos jours
l'heur~' ~ctuelle la ccm~osition ettni1ue voire üême natio-
n&le de sa population est tr3s variée. Ce~te variété se
rencontre égalerren.t a'Ll T"li 're~.:u cle la re~_igion. ~A. ot:..aSa cl. 0 1..1g0U ,
les principales religions (aniœiEme, islam et christianisme)
se cotaient sans conflit ouvert. ! l n'est ras rare de voir
au sein èes Îa~illes, ani~istes, ~usul~2ns et catholiques
cohabiter. Parfois r;ême or.. assiste s. '..me superposition,
à un c~mul de religion. C'est ce ~ui fait dire à certains
;3 ',: d'islamisés e~ 1(J,5 ~ Ge cf'.ristianisés.
,
Tout ert garc1ant
1er::
du. p2.sse,

- 34 -
est aujourd'hui une ville cosmopolite en pleine expansion
à l'image des capitales africaines. C'est la ville des
"contrastes" comme l'évoque le titre choisi pour ce cha-
~itre. Dans sa présentation nous nous intéresserons aux
différents sédiments qui ont contribué de œanière plus ou
moins apparente à faire de "Ouaga"
coœme la no~ment les
habitants ce qu'elle est présentement.
Trois phases princi~ales de son évolution socio-
historique retiennent notre attention à savoir : Ouagadougou
èu temps où elle était la capitale uniquement des ~Iossi,
Ouagadougou devenue ville coloniale et enfin Ouagadougou
des indépendances avec son état dernier. A travers ses
caractéristiques actuelles nous évoquerons les conséquences
inhérentes à une telle sédi~entation sur la population
qui en résulte.
,
Ouagadougou n'a pas toujours porté ce nom. Jadis peu-
plée de Ni~issi (ou Nyonyossé), de Kibissi et de Gcurounsi
la région s'appelait à l'~po'lue "Korr:bemba tenga", "terre
de KOi,1bemba" du nom dll gT2.nd ancêtre suppos é des Nirtissi.
C'est de~uis la pénétration et l'occupation de la région
par Naba Oubri (petit fils de Cuédraogo vers 1182 - 1244)
que celle-ci prit le nom de '''daghodogo'' tel cm' on l' écri-
vait au départ.
"Le noC!1 de ',laghodogo évo1uerai t l' arrivge d' Oubri et
s e rap~orterai t au verbe "';laoghé" qui signifi e "rendre
des honneurs"
d'après l' czpression "wa waogho tondo",
!
1
1

- 35 -
"venir nous honcrer". Cela rappellerait les cadeaux - un
boeuf blanc, un mouton blanc et un coq blanc - que Komb~ba
offrit à Oubri en signe de soumission pacifique à sa domi-
nation." c..~):n occupant la région Oubri chassa les Kibissi
et les Gourounsi et incorpora les Ninissi.
b) b~_B~~~~~~_1~_Q~~g~9~~g~S
Avan~ la conquête de Ouagadougou, Oubri dominait déjà
les régions de Gangado, Loumbila, Boulsa et de Boussouma
au Nord-Est de Ouaga et celles de La et YaKo au Nord-Ouest.
L'ensemble de ces régions constituait l'"Oubritenga"
"terre d'Oubri". Oubri respecta particulièrement Ouagadougou
ot< il avait été honoré et constitua le royaume de Ouaga-
dougou duquel relevait les autres régions conquises par
celui-ci. Avec à sa tête de puissants r~ogho-Naba, ce roy-
aume devait devenir au fil du te~ps le plus ~uissant et le
~lus exemplaire des Royaumes de l'empire ~ossi.
"A mesure que le temps passait, le Morho Naba de
Ouagadougou devint plus puissant que les autres souverains
bien qu'il eût admis le droit de préséance de Tenkodogo
et bien qu'il eût renccntré des difficultés à faire valoir
son rang plus élevé et sa suprématie auprès du souverain
de Yatenga. ComIne le r.Torho Naba de Ouagadougou était le
chef ~ossi qui avait le ~as sur les autres, il servait de
modèle aux rois et aux chefs. Seux qui se trouvaient à la
tête des autres ro~ra~~es, principautés, cantons et villages
essayaient de copier la pompe et le ~érér.lollial de la cour
de Ouagadougou d'aussi près que le leur permettaient leurs
ressources et l'étiquette. L'organisation àe la chefferie
ctez les -'0s~i différai t en général fort. peu de celle dl..:
( ~) Yarr.ba 'l'I-::N:J2EBEOGO

-
)6 -
Royaume de Ouagadougou. Les 010ssi de Ouagadougou croyaient
que leur Morho Naba était supérieur à tous les autres rois.
Ils pensaient que son roya~e était le plus vaste du monde
et qu'aucun autre souverain n'était aussi riche, ni puis-
sant. Il inspirait une crainte telle - il était tellement
"semblable au soleil" - que personne n'osait le regarder
en face. Il était interdit de lui toucher la main ou de
lui parler autrement que prosterné, le front touchant le
sol. Les gens étaient censés hésiter avant de prononcer
son nom et aucune autre personne n'était autorisée à por-
ter le patronyme du souveraL1. règnant ... "
(-1)
La suprématie du souverain de Ouagadougou a conduit
celle-ci ~u rang de capitale impériale ~1oss1 et elle le
demeurera des siècles duran~. Il est difficile de fixer
à une date précise le moment 8Ù la ville acquit ce statut
, . t '
'.&' '
.
h' + .
' t '
...... Il
.
~o_~,lque. Les re~erences . ~suorl~ues e an~ essenvle
emen~
basées sur la tradition orale on rencontre plusieurs ver-
sior.s suiv~1.t les écrits qui ,.
1 . . . ( " ' ·
,
.... 0n~ J..lxe. Selan ~e Larhallé
Naba "on estime généralement que c'est 2. partir du règne
du 23 ème Mogho Naba Zombr~ (1681 - 1744) 1ue Ouagadougou
devin~ la capitale permanen-:e des er.:pereurs :~Clssi" l'l.).
Four SKINNER "c'est 68US le r~gne du 15 ème souverain,
le ~i;ogho Naba Sana (14-30 - l!J.SO)" L1, ) •
En tant 1ue capitale, Ouagadougou abritait la résidence
permanente des l'Jogho Naha. Aussi les intronisati·:ms des
différen-:s Naha se faisaient dans la cour i~~érialeà
...
Ouagadougou. Ouaga abritait alJrs les ;ouvo~rs sU'Jrerr:es
l~) ~lli~t P. SY!NNE~ ~9. cit.
\\...,1..) yo.;·,1èa TISNDRE3EC''}O : ':p.
cit.
l~) Elliot P. SKI~N~
op. cit.

- 37 -
politiques, aQ~inistratifs, économi~ues et judiciaires.
Cependant, "il semble que si les souverains indépendants
et les princes autonomes ont parfois reco~~u la suprématie
(sinon le droit d'ancienneté) du ~orh~ Naba de Ouaga ;
ils étaient relativement libres de gouverner comme bon
leur semblait. Possesseur) du "Narn", ils prétendaient au
droit d'administrer les peuples et leurs royaumes et exer-
çaient ce droit. En outre il semble 1ue les dirigeants de
Ouaga n'ont que rarement mis en cause l'indépendance de
leurs confrères de Yatene2. bien que ces derniers leurs
eussent souvent caus é des ennuis ... "
(Jl) \\
T.i8
:'~'Jyaur:1e ét:li t di vis é en cinq grandes provinces
dont chacune était gèrée par un des principaux ministres
de l'empereur. "Les provinces comprenaient quelques )00
cantons qui comptent plus de 4 000 villages o~ vivaient
262 000 habitants a~proximativementCf)pansce total ne
sont pas compris le3 cantons et les villages directement
::1d'm~
' 4
1.J.. n~ s+re's
...!..;j
na'~ 10
~
J..
~ .....;"c,::-"o
. '-
b .... !
Naha"
..
1."..
(1:, ).
L
·'1

~,.

es .·,OSSl ueslgnalent
l eur
.
capl t 1
-:''''")''
a~e :c;;._
"Nato.nga"
'd
(~terre de la puissance"). Le "Natenga" proprement dit
désignait le palais du ~'Jgho Naba et les quartiers ~ ,
uepen-
dants directe~ent de la maison de l'empereur. Parmi ces
quartiers nous citons: OuLU, Larhallé, !{aT.1boinsé,
Bilbalogho, Dapoya ... etc. Les noms de ces quartiers
étaient liés aux fonctions ou au titre du Naba qu'ils
( A) c;'" l' 0 4- P
S'T T1\\T7'.T'7'D

J"'"
; t
u...
\\'.:''-
~ ...... .2-
!\\..~.L't.l.1L~"'"
y.
c......

cl) La. st~~uctu~e des rJY9_u::l~~ ~;Tossi et leurs rapports avec
les ~rlnClPautes a~tanom3S 3~alen~ tels J~'il est difficile
~c
..............
c-o-l~af4-~e
~"'.I..
- . v _
1 0...... ~n~b~o
i.l.' ......· .. d:
..i..,....,
~vac~
c_,-
""
d~
'\\:;:
'a~~n~-
r...;. J.",lJU':'L~
"~_ l_ 'l·ntQ'~.L-l·A·U")"
...
_
_
_
~e
"-"-
Ch2"1:"l~ entité
,...~
...... .:..1-
...... l.-.
_...i.. l",.

- J8 -
abritaient. Par exemple Ouidi abritait le Ouidi Naba,
Larhallé, le Larhallé Naba, Dapoya, le Dapore Naba. Tous
ces quartiers gardent leur nom jusqu'à nos jours.
A propos de Dapoya, l'un des quartiers où nous avons
enquêté, il était à l'époque le quartier des "Y@mdado" de
la capitale c'est a dire les captifs et les serfs.
(Il semblerait que "les captifs affranchis constituaient
une force importante dans l'empire Flossi. Ils constituaient
les troupes de confiance et l'importance d'un chef se me-
surait aussi à leur nombre. Dans la capitale ils consti-
tuaient l'armée pe~sonn911e d~ nogho Naba. De plus, les
"D2:.:;;Jcya"lA...) par sui te de 18U1' si tua tian parti culière c'est
~ dire de la co~fiance 1U'ils inspiraient et du caractère
servi18 de leur origine, eurent des monopoles de fait en
matière com.."1lerciale et artisanale. Tous les bouchers de
Ouagadougou étaient par exem:;:Jle des "Dapoya" avant l'arri-
vée récente des bouchers étrangers. Beaucoup de "Dapoya"
s'enrichirent par le négoce") CL).
"La batl.1ieue de Ouagadougou portait le nom de "ga."lgaoga
Nenré" c'est à dire "la è,roix d'1 gros tarnbour royal"; le
t~nbour du palais y était entendu et les nouvelles pouvaient
être pub::..iées par ce ,TIoyen".
(J.-).
Une telle information 110:.1.8 livre à peu ;)rès u:'le image
de l'étendue de la ~apitale à l'époq~e.
des premiers émissaires euroJéel1s)
lors de sa tournée en pays ~~cssi déc~ivait ainsi la capi-
tale des ::os8i : ":Juag3.doug:Ju était une gross e bourgade,
...j....
~
CJnsl.lJ.~uee
p11).sie:.lrs 'Tillages
Y~:ba TI~r1DRE5~OGO

- 39 -
séparés les uns des autres. En s'informant sur cette dis-
position ~ROZAT apprit qu'il y avait le groupe des Songhaî,
le groupe des Haoussa, celui des musulmans ... etc. En tout
qui avaient tous un nom et chacun so~ propre
Naba. A première v~e le docteur CROZA~ évalua la population
de la capitale à cinq mille habitants. Les baobabs en cette
saison faisaient une ceinture de verdure rafraichissante.
Il avait traversé avant d'y arriver, un vaste plateau avec
d'immences louga~s, des champs plantés de cotons et de mil,
une ligne de mares et de-ci, de-là, quelques bOl.quets d' ar-
bres, tamariniers, manguiers, caïlcédrats, points d'eau
envirOlliLés de petits groupes de cases, où l'an pratiquait
l'agriculture. Au:c abords de Ouaga, les cultures se fai-
saient plus r~res et par endroits, apparaissaient des pla-
q~es de sol pelées, incultes où l'on pouvait déceler des
traces de roches ferrugineuses. Un voyageur non averti n'au-
rai t
ja,~lais pu S~..lpposer que c' étai t là le coe'.1r du pays
~o3si sur lequel règnait le tout puissant ~ogho Naba Wobgho;
le "terrible li0l'1". Les ~as es en banco :1'-l ~ia tenga - agglo-
~~rat de terres S'-lrtaut argileuses - étaient dominées par
son imposante résidence, la seule bâtisse de Ouaga:1o'-lgou
?l l'exception de la mais O~L 8. étage de "l' I:n?;71 et de la
Cette phY3icno~ie
voire
~~me d~cav~it les :~missaire3 eur~p~ens, c~langera beaucoup
et pe~ ~ la fois 3J~S l';Jccup~tion c8l:ninle.

- 40 -
2°) Oua7ado~~ou : ville coloniale
---Q----~--
---------------
a) NaiEsa~ce de l~ ca~itale coloniale
----------------------------------
Jusqu'à la pén~tration colcniale
::;:rotec"torat
.J:'l

. ,
0
.J.rançals slgne en 1-97 le pays devenu aujourd'hui le
EURKINA ?ASO était constit~é en majorité d'un ensemble de
royaumes autonomes entre lesquels existaient non seulement
des liens écono;;[iques mais aussi des liens politiques de
vassalisation ou de coopératicn n'excluant pas 8aintes ri-
valités. Sur le territoire on distinguait deux grands en-
sembles, l'un au l\\ord et à l':Sst, formé par les royaun:es
~::ossi et Gourmantc1:.é, l'au-':re à l'Ouest par le Gouiriko
des Ouattara.
si~ultanée de ces deux blocs par les fran-
çais allait abC'utir à leur LL'1.icn pour dormer un Etat nouveau
la HAUTE Vel,TA.
En 190~~ le territoire fut d'abord rattaché à la colonie
du Hau t-s énégal et du Niger. Cette colonie disparut en ;:rars
1919 et fut reEplacée par la nouvelle colonie de la Haute
Volta o~ les ~ossi représentaient le principal groupe eth-
nique. En outre Ouagadougou fut choisie par les français
c:ar.:,,":,1.e centre aè~~~inistratif de la :"1o~'lelle colonie.
ainsi que le ~atenga des ~:ossi ~eviendra la capitale poli-
ti1ue et administrative d'une colonie. On assiste à la ~ise
en place ct 'uY:9?è.:r:inistr2.tion de tYl")e européen qui se suès-
tituera aux anciens pouvoirs. Ces anciens pouvoirs ne èis-
se vider de leur su~~t2nce.

- 41 -
en Novembre 1919, le nouveau Gouverneur de la colonie,
Edouard HESLING avec ses administrateurs.
"Celui-ci était déterminé à faire de Ouaga, petite
ville dont la population indigène comprenait environ 8 000
habitants qui cohabitaient avec 76 soldats, marchands et
missionnaires européens, une capitale digne d'une colonie.
Peu de temps après son arrivée il convoqua le Morho Naba
et les ministres traditionnels et leur fit recruter envi-
ron .2 000 ouvriers salariés ou non salariés qui devaient
fournir suffisamment de briques de torchis et de poutres
pour construire onze bâtiments administratifs avant le
début de la saison des pluies, au mois de Mai suivant ••• n (~)
L'appel de la main-d'oeuvre introduira plus tard des
populations rurales d'autres ethnies. L'arrivée de ces
dernières, liée à la présence étrangère amorcera le phé-
nomène de "Mêlting Pot" à Ouagadougou. L'autre phénomène
amoroé, notamment sur le plan économique sera la monéta-
risation de l'économie. En imposant désormais le paiement
de l'impôt de capitation
en monnaie française (le coloni-
sateur n'acceptant pas les cauri es , la monnaie qui était
en usage) le colonisateur cherchera à faire entrer les po-
pulations dans les circuits économiques nouveaux branchés
sur la métropole. L'impôt et la diffusion des produits
européens importés vont de pair.
L'appel à la main d'oeuvre locale, l'arrivée des fonc-
tionnaires européens et de nombreux auxiliaires africains
contribuèrent au gonflement de la population de la capitale.
Comme dit Ginette PALLIER I"on pouvait donc penser que la
ville de Ouaga était bien partie pour devenir une capitale
l()Elliot P. SKINNER

- 42 -
populeuse mais son extension sera bientôt stoppée par de
grandes famines et surtout par la suppression de la colo-
nie en 1932"CA.) En effet l'administration coloniale ayant
constaté en 1929 que l'économie de la colonie se trouvait
dans une piètre situation décida la suppression et le par-
tage du territoire entre le Niger, le Soudan Français
(actuel Mali) et la Côte d'Ivoire à laquelle furent rat-
tachées Ouagadougou et les régions du Sud-Ouest pour for-
mer la Haute Côte d'Ivoire.
"SARRAUT, le ministre des colonies, ordonna le dé-
membrement de la colonie et dans son décret de Septembre
1932 il précise que la suppression de la Haute Volta
"permettra des économies appréciables et libèrera pour
le service général le personnel administratif et techni-
que qui sert dans la capitale" Ca) r~l
Une raison plus importante encore du démembrement
de la colonie fUt le désir de mettre à la disposition
"de la Côte d'Ivoire, colonie riche et prospère dont l'en-
vironnement était diversifié, tout comme les produits,
une main d'oeuvre abondante et disciplinée qui seule lui
manquait pour lui insuffler une vigueur prometteuse (b)[l~.
Cette décision semble logique même auparavant car
le pays était le réservoir indiqué de main d'oeuvre pour
les autres colonies.
Ginette PALLIER : "Les problèmes de développement dans
les pays intérieurs de l'Afrique Occidentale"
- Contribution à l'étude du phénomène d'encla-
vement 1984
~(a) cf Journal officiel de la République Française,
10 Septembre 1932 P. 9927
(b) cf BtliRTHE D'ANNELET: A travers l'Afrique Française,
Paris, Firmin - Didot p. 299
» CL) Elliot P.SKINNER : op. cit.

- 43 -
"L'administration de la Haute Volta fournissait de
la main d'oeuvre Mossi pour le développement des autres
colonies, et des hommes qui servaient dans l'armée colo-
niale. On lui demanda en 1922 de recruter 1 6 000 travail-
leurs pour la voie ferrée Thiès - Kayes, renouvelables
tous les six mois et dans les mêmes conditions de fournir
2 000 travailleurs pour construire la voie ferrée en Côte
d'Ivoire. De même avec le consentement du principal admi-
nistrateur de la colonie, il a été possible de recruter
1 000 travailleurs dans les régions de Ouagadougou et de
Bobo Dioulasso pour les entreprises privées de la Côte
d'Ivoire" (c) Albert LONDRES qui visita la Haute Volta
à la fin de la décénie 1920, signale que le pays Mossi
était connu comme réservoir de main d'oeuvre. BURTHE
D'ANNELET relate qu'à la même époque, "le ministre de la
guerre enrôlait 45 000 hommes chaque année pour compenser
la faiblesse de recrutement métropolitain et réduire la
durée du service militaire des conscrits dans toute la
mesure du possible" (a) ••• " [11-~ .
En fait ce qui intéressait le colonisateur en Haute
Volta c'était ses hommes, sa force humaine plus que ses
richesses matérielles. Le démantèlement du pays permit
la ventilation des hommes en Afrique et dans l'armée mé-
tropolitaine.
"Le cercle de Ouahigouya et une partie du cercle de
Dédougou, englobant 52 400 Km2 et 712 000 habitants étaient
cf Paul Louis LEDANGE ."Une colonie nouvelle • la Haute
Volta"
Revue Indigène XVII, 1922
PP 133 - 136
(a) cf BURTHE n'ANNELET • op. cit. p 204
(~) Elliot P. SKINNER op. cit.

- ~ -
rattachés au Soudan Français ; le cercle de Fada N'Gourma
et de Dori avec 70 700 KmZ et z68 000 habitants était rat-
taché au Niger; T@p';Odogo, Gaoua, Batié, Ouaga, Bobo et
1
une partie de Dédougou étaient donnés à la Côte d'Ivoire.
1
Grâce à ce changement, cette dernière acquerait environ
1
153 400 KmZ et Z 019 000 habitants.
1
~
.
!
,
Les chefs Mossi éprouvèrent un vif ressentiment de-
l
~
vant la division des territoires conquis par Ouédraogo et
f
Oubri et bien qu'ils n'eussent jamais cessé de souhaiter
la réunification du Mogho, ils n'avaient à l'époque aucun
moyen d'y changer quoi que ce soit ni de le discuter.
Bon nombre de jeunes fonctionnaires coloniaux français
s'irritèrent également du démembrement de la colonie et
dénoncèrent avec éloquence ce qu'ils considéraient comme
une politique coloniale moribonde ••• " (~) .
Cette situation devait durer néanmoins jusqu'en 1947
date à laquelle le territoire fut reconstitué et reconnu
comme territoire d'Outre Mer.
Ouagadougou retrouva ses fonctions administratives
de capitale coloniale. Elle devait connaître un second dé-
marrage. "La vague des fonctionnaires entraîna dans son
sillage des militaires, des commerçants puis des mission-
naires catholiques. Fin 1948 la ville avait ainsi ZO ZOO
habitants. C'était moins que Bamako mais plus que Niamey.
Le développement de l'infrastructure urbaine; l'arrivée
du chemin de fer en 1954 et l'installation des premières
industries suscitèrent de gros besoins de main d'oeuvre" (~À
C'est à nouveau, l'impulsion donnée à l'exode rural
l~) Elliot P. SKINNER; op. cit.
~L) Ginette PALLIER 1 op. cit.

- 45 -
à la migration vers la ville de Ouaga.
L'ancienne agglomération de cases devient un centre
urbain "moderne". Les premiers lotissements de la ville
de Ouaga ont débuté en 195J.
A partir de 1955 on édifie de (grands) immeubles qui
accueillent les organismes et les bureaux du gouvernement,
le marché couvert, l'hôpital, le stade municipal, l'hippo-
drome, différentes écoles et de nombreuses villas construi-
tes pour la classe dirigeante.
Tels sont les acquis lègués à Ouagadougou sous la
mission civilisatrice française.
JO Q~!g!g2~g2~ 1 g!E!~!!~_g~_!!_3~E~2!!q~~
a) Formation et évolution
----------------------
Après la reconstitution du pays en 1947, celui-ci
était à nouveau sous la direction d'un gouverneur français.
Mais l'administration coloniale devra se heurter bientôt
aux représentants du parti du Rassemblement Démocratique
Africain qui étaient les défenseurs des idées d'émancipa-
tion.
Cette période se termina par la proclamation de la
République le Il Décembre 1958 et la reconnaissance de
son indépendance le 5 Août 1960
Aussi Ouagadougou deviendra la capitale de la Républi-
que. Les formes d'administration coloniale resteront mais
le pays aura à sa tête des hommes du pays. On remarquera
que les successeurs du Gouverneur français ne sont pas
le Mogho Naba et ses Hommes.

- 4-6 -
Depuis l'indépendance, Ouagadougou a abrité succes-
sivement cinq gouvernements. Le dernier date du coup d'Etat
du 4- Août 198J qui fait du pays un jeune Etat Révolution-
naire. Le 4- Août 1984 le pays qui était la HAUTE VOLTA
sera baptisé BURKINA-FASO "Patrie des hommes intègres".
A la tête du gouvernement on trouve le Conseil National de
la Révolution qui entend changer les structures et les
mentalités d'antan.
Selon la nouvelle division administrative, Ouaga ap-
partient à la province du Kadiogo (-le pays tout entier
étant réparti en JI provinces-) et elle est divisée en JO
secteurs. Un secteur peut englober à la fois un ou plusieurs
quartiers.
L'extension de la ville s'opère par la création in-
cessa~te de nouveaux quartiers périphériques. On estime
que
racine avec l'arrivée de jeunes adultes apparentés aux
premiers fonctionnaires, s'amplifia et atteignit son maxi-
mum au lendemain de l'indépendance en 1961, quand affluè-
rent de la province tous ceux qui avaient participé d'une
manière plus ou moins réelle à la
passation des pouvoirs.
De 4-7 000 habitants en 1957, la population s'éleva à
5J 126 en 1961 et la migration des jeunes adultes fut noyée
dans celle des familles. Le croit naturel a donc en partie
rattrappé l'exode rural qui a conservé son rythme. Entre
1960 et 1970 la population de la ville doubla (90 000 en
1968 CA. ). Depuis, son taux de croissance s'est encore
~-1-) Ginette PALLIER 1 Géographie générale de la Haute Volta"
Publication de l'UER des Lettres et Sciences
Humaines de l'université de Limoges avec le
concours du CNRS, 1978

- 47 -
accéléré surtout à partir de 1973 avec l'arrivée des ru-
raux sinistrés par la sècheresse. (En 1973 la population
était de 126 000 habitants) ••• " CA)
En 1975, le recensement général évalua la population
de Ouaga à 172 661 habitants. Sur les cinq principales
villes, Ouaga supporte à elle seule près de la moitié
(47,6 %) de la population urbaine totale. Cependant il
faut dire que cette même population urbaine ne représente
que 6,4 %de la population totale résidente. 90 %de la
population Burkinabé vivent encore dans les zones rurales.
Un tel taux situe le pays parmi les moins urbanisés du
continent.
Malgré ces limites, Ouagadougou connait une croissance
~i
démographique très rapide. De nos jours la population est
estimée à environ 250 000 habitants, peut-être plus. On
i!~tf
parle de 315 000 habitants en 1983 et d'un taux de crois-
if
sance de 8 %par an (~}.A ce sujet, les résultats du re-
i
censement en cours apporteront certains éclaircissements.
t,r
Si le taux de croissance de 8 %devait se justifier et se
1
maintenir la population de la ville de Ouaga serait de
~
[
1 165 505 habitants en l'an 2 000. D'ores et déjà les con-
1
séquences de la forte croissance se font sentir.
fFrl,
L'augmentation considérable de la population urbaine
~
pose de multiples problèmes rendus encore plus difficiles
1
dans le ~as de Ouagadougou par l'étroitesse des ressources
l'
disponibles.
l
1
~~) Ginette PALLIER 1 "Problèmes de développement ;;" op. cit. 1
~)
1
T. THIOMBIANO, L. KOULIDIATI, C. SOME • Systèmes ali-
1
~
mentaires à Ouagadougou"
Colloque International
~
ouaga~~~~fuMa~~~~~~~1984
1
~

- 48 -
Ginette PALLIER relevait déjà dans ses travaux (publiés en
1972) L.{..) •
Les problèmes d'approvisionnement de la ville en den-
rées vivrières et autres produits de première nécessité.
(Pour s'en convaincre on peut se reférer à la crise du
bois de chauffe à Ouaga).
A cela il faut ajouter la demande en emploi qui tend
à dépasser l'offre, d'où un chômage croissant. A Ouaga on
estimait à plus de 5 000 t t)1e nombre des hommes âgés de
plus de 15 ans sans travail.
Les logements sont aussi en nombre insuffisant et la
ville s'étale sur les campagnes environnantes par un bour-
t
geonnement de quartiers périphériques plus ou moins spon-
tanés. Tout comme la plupart des quartiers non lotis, ces
quartiers spontanés en général manquent du minimum d'in-
frastructures 1 eau courante, électricité ••• etc
L'étude de Paul BAIROCH montre que "(la taille d'une
ville peut modifier ses avantages et ses inconvénients" (~).
Dans son ouvrage il traite entre autre du rapport entre la
taille de la ville et divers aspects socio-économiques
tels l'emploi, la santé (avec l'équipement médical), la
criminalité, les revenus et le coût de la vie, le logement,
t
tt
l'éducation, l'infrastructure urbaine, la distribution
commerciale et services ••• etc.
A ce facteur taille de la ville (qui apparait comme
un des éléments importants de différenciation des structures
des villes) BAIROCH associe la fonction de la ville.
~) Ginette PALLIER 1 "Géographie générale de la H.V." op.cit.
(1) Chiffre donné depuis 1972
l ~) Paul BAIROCH l "Taille des villes - Conditions de vie
et développement économique lt
,
Editions de l'école des Hautes Etudes en S~~es So-
ciales
1977

- 49 -
c'est le cas par exemple des capitales qui possèdent tout
un ensemble de services dont elles ne disposeraient pas
autrement.
En effet Ouagadougou en tant que capitale abrite de
nombreux services par rapport à l'ensemble du pays. Outre
les services purement administratifs on dénombre des ser-
vices médicaux (hôpital, dispensaires, maternités, pharma-
cies) des établissements scolaires (écoles, lycées et col-
lèges et la seule université du pays), des centres de loi-
sirs et de culture (salles de cinéma, dancings, stade)j
maison du peuple, centres culturels ••• ), des grands Hôtels,
l'aéroport international, des lieux de culte (cathédrales,
grande mosquée, temple ••• ). On note l'implantation des
usines même si à ce niveau Ouagadougou se trouve concuren-
cée par d'autres villes, particulièrement la ville de
Bobo Dioulasso dite ville économique (du pays).
On n'oublie pas enfin les divers services commerciaux
(maisons de commerce, super-marchés) ni les banques.
Les fonctions urbaines appellent leur propre infra-
structure;sur le plan de la construction Ouaga est devenue
un véritable chantier. Les immeubles (qui abritent essen-
tiellement les services administratifs) se multiplient.
Les constructions en dur et les villes prolifèrent mais
elles demeurent des résidences réservées aux couches pri-
Vilégiées. Cet habi~moderne coexiste avec les habitats
traditionnels que l'on rencontre notamment dans les quar-
tiers populaires. Là les maisons, en général de forme rec-
tangulaire sont construites en banco parfois recouverte
de ciment. Ce sont les maisons au toit de tôle ondulée.
Les cases rondes au toit de chaume sont devenues rares au

- 50 -
plein coeur de la ville mais se rencontrent dans les quar-
tiers périphériques populaires.
On retrouve le contraste au niveau de l'image qu'offre
la ville.
Aucune ville dit-on ne ressemble à une autre et toute
ville est singulière. Tentons d'approcher la singularité
d'Ouagadougou.
Il) ~~~~~~_g~~2~~~!~~!g~~~_g~_!!_y!~~~_g!_Q~!S~g2yg2Y
1°) QY~S~g2yg2y_g!~!_:Y!~!~_:È~2Y~~2"
Au stade actuel de l'urbanisation à Ouaga (et dans
l'ensemble du pays en général) la ville demeure à bien des
égards très fortement liée à la campagne et cette liaison
lui vaut parfois son surnom ou sa caractéristique de
"ville - brousse". Si Ouaga est peuplée de citadins ori-
ginaires de la ville, nombreuses sont les populations ar-
rivées des campagnes. Ces villageois - citadinisés appor-
tent à la ville des habitudes et des comportements ruraux.
Outre ces villageois citadinisés, bon nombre de populations
originaires de Ouaga (notamment les adultes et personnes
âgées) restent économiquement et surtout mentalement liés
à la campagne. Non seulement ils ont le pied à la ville
mais la mémoire à la campagne; et une partie de leurs ac-
tivités reste agricole.
Ailleurs si Ouagadougou est désignée par "ville-brousse"
c'est aussi en comparaison avec d'autres villes et capitales
(ouest) africaines.
2°) QY!S!g2YS2~ 1 "E2~!~2_2§E!~!!2"
L'Atlas des pays nous fournit les chiffres suivants
~,
f
1
r

- 51 -
sur les populations des pays de l'Afrique de l'Ouest et
de leurs capitales respectives que nous présentons sous
forme de tableau 1
Tableau l
: ~~E~~~!~~~_~~~_~~~~_~~_!~~f~!gE~_~~_1~Q~~~È
~~_~~_!~EE~_~êE!~~l~~_E~~E~~~!Y!~ (en milliers)
i
1
\\
1
POPULRT; oru
PoPlJJ,.RTf OIU
1
\\
\\:
\\
;
-rOTAL ~
1
1
1
En
1~ 10
.
.-...--.- ..-...+.. ---..--....-.-.-..-...-~--------~----- .._--------.-----1
HlfvrE" _
1
(OL TA •
5" ?:J'lit 000
OlJRfrRoou~OcJ j.
A.AO
000
<,. -'6
1
i
1
1
-~_._---
1
1
.~
COTE _ f)', voiAE
J.i
1
JJO C'OO
fH?,i 0 TAN
ÇSD ~oe
1
.At 10
1
;
__
__
... --.
. ' - .. _--~
--_
__._~_.
._-.._---_.__ . ..
..
GHA IVR
!J. J., '10
i
1
---_._----------_.__.. _-.._....
i1
.........'.-.--' ....-+--- - - - - - - -....
' - - - - - - - - - - - - - - - +
rvi6-ER
).,
t>to 000 : l1J i AM e y
gO
000
i
1
:
1
1
DA I~~n..
!
~()O
000
i
1
t-----~----------+--·-----···t--_·-·--·----,-.------·--
!
,
1
;
,l0 ("1 E
~
9 t 1- DO.
:
Jf//- °10,
i
j

- 52 -
Des chiffres relativement plus récents sont ainsi donnés
dans le "Quid" de 1 98J (i).
Tableau 1 - bis -
Po PULR,fofl}
POrLJJ..RTIOn)
TOTR1.JE
DF .J.R (!RP1T/u'E"
COTE g'icroiAE
~ hDO 000
l1Bl0 lRnJ
.,J hOD ()e;()
( IQiw4)
("'9'/4 )
GHRroR
. .A,J )4)0 000
ACGA/t.
!,sa OOD
(-1 lIto J
(491-S)
HfllJTE _V"eAoTA
b ~.AO 000
GOA (fIlOOV'OV
.A1t bU
(AQrO)
(.A9t9)
MRL,
6 jAo 000
]1) f"1R 1';"0
ftoo ott
(1 '1gb)
{.A9:U~ }
NiGER
5"" b g:,. 000
NiAMEY
~~,g l/)o
(../ '3 'lA )
( AQZ..{)
SEruEGRJ..
rç 090 000
DR I:lR~
9;tS 5"f3
(A9gJ J.
[.A 91&).
0l.) Domin:'1u3 et P"lichèle FREMY : "Quid l 983
Tout
pour tous.
Edition Robert 1A?FONT

- 5J -
Au regard de ces chiffres, Ouagadougou apparait rela-
tivement une petite ville à côté des capitales comme Dakar,
Abidjan, Accra ou Bamako.
Le phénomène d'urbanisation (et surtout de modernisa-
tion ne s'est pas davantage développé à OUaga. Il y a donc
lieu de s'interroger pourquoi le phénomène urbain, la crois-
sance désordonnée ne s'est pas aussi développé à Ouaga ?
JO) QB!g!g2yg2Y_' Q!E!~!!!_:r!!!!~_g~~~!~!~!2n"
Dans les phénomènes d'accroissement des villes, les
migrations jouent un rôle aussi important sinon plus que
le croit naturel. Si l'urbanisation ne s'est pas intensé-
ment développé à Ouaga cela semble lié au fait que les mi-
grations des campagnes du Burkina se sont orientées plutôt
vers les villes extérieures. c'est là un problème d'ensem-
ble du Burkina reconnu comme étant le principal foyer d'é-
migration de l'Afrique Occidentale.
Depuis l'organisation de l'exportation de la main-
d'oeuvre (Burkinabé) par l'administration coloniale, le
phénomène de migration est allé sans cesse croissant.
Emigrer fait partie des habitudes et dans certains milieux
il faut avoir émigré,; "il faut être sorti de son taudis"
pour pouvoir s'affirmer en tant qu'homme.
"Au début de l'ère coloniale, les causes des migrations
étaient diverses 1 recrutement de soldats, luttes tribales,
travail forcé, exactions fiscales, famine et sècheresse.
On a estimé que 60 000 citoyens Burkinabé étaient en-
trés a~ Ghana en 1927 et autant en 1928. A la suite du re-
censement effectué au Ghana en 1960 on avait dénombré
195 000 citoyens Burkinabé dont IJJ 000 nés au Burkina.

- 54 -
En 1928 la Côte d'Ivoire a commenoé à recruter au Burkina
de la main d'oeuvre pour les plantations et l'exploitation
forestière. En 1936 il Y avait 20 000 travailleurs Burki-
nabé en Côte d'Ivoire.En 1942 le nombre de Burkinabé tra-
vaillant sous oontrat en Côte d'Ivoire était de 70 860.
En 1975 le recensement général de la population a permis
de dénombrer 335 000 citoyens Burkinabé vivant à l'étranger.
Ce chiffre est sous-estimé car à la même époque la Côte
d'Ivoire dénombrait 726 000 citoyens Burkinabé dont
521 000 nés au Burkina.
Quant au recensement effectué au Ghana en 1970, il
dénombrait 159 000 citoyens Burkinabé dont 92 000 nés au
Burkina •••
En 1975 les citoyens Burkinabé établis à l'étranger
représentaient 19 %de la population résidant au pays.
L'émigration est en augmentation depuis 1960. Les migrants
déclarés sont passés de 152 000 en 1961 à 335 000 en 1975
soit un accroissement de 120 %. Cette progression a été
beaucoup plus marquée chez les femmes. Le volume d'émigra-
tion de femmes a augmenté de 384 %entre 1961 et 1975 con-
tre 79 % pour les hommes ••• "
C1- ) •
Le courant migratoire le plus important est celui qui
prend son origine au pays rural mossi pour se diriger vers
la Côte d'Ivoire. Le Ghana est de plus en plus délaissé
(ce qui pourrait expliquer la baisse des chiffres de 1970
par rapport à ceux de 1960). Il Y a quelques années une
nouvelle filière de migrations est née, celle orientée
vers le Gabon dont la particularité est d'être un pays de-
mandeur officiel de main d'oeuvre.
\\ A.) Banza BAYA l "Migrations et bien être de la famille
Burkinabé"
Séminaire National "Bien être de la famille au
Burkina Faso
5 - 9 Novembre 1984

- 55 -
De nos jours les migrations connaissent d'autres
formes (par exemple le migrant s'en va avec sa femme et
ses enfants) et les contraintes ont changé. Le motif de
la migration est la recherche de la "marchandise univer-
selle" à savoir la monnaie. Cependant si les formes ou
les raisons diffèrent, le phénomène reste. A ces migra-
tions, Ouagadougou sert de "ville - relais", ville -
déversoir" et ville - d'escale" pour les migrants. Ainsi
les populations en provenance des campagnes du nord du
pays transitent par Ouaga car c'est là qu'elles prennent
le train pour la Côte d'Ivoire. (La voie ferrée (Ouagadougou-
Abidjan) est d'ailleurs la seule voie ferrée que connaisse
le Burkina Faso jusqu'à présent. Ce chemin de fer est à
voie unique. La prolongation de cette voie vers le Nord
du pays est en vue et elle a donné lieu en 1985 à une opé-
ration de mobilisation de main d'oeuvre, dénommée "la ba-
taille du rail").
Les départs massifs vers l'extérieur constituent un
frein au développement du phénomène urbain intérieur. Il
y a peu de prolétariat à Ouaga parce qu'il va ailleurs.
Toutefois la migration vers l'extérieur a son revers J
elle vide le pays d'une certaine force vitale de travail
d'autant plus que ce sont surtout les jeunes valides qui
s'en vont à l'aventure. Aussi des politiques de limitation
et de retention des populations sont envisagées. Parmi
les suggestions on peut retenir l'amélioration des con-
ditions de vie dans les campagnes Burkinabé par une aide
apportée aux paysans à divers niveaux. L'autre aspect se-
rait la création d'emplois rémunérateurs; des emplois qui

- 56 -
permettront aux gens de satisfaire à leurs besoins. A pro~
pos d'emplois rémunérateurs il faut souligner la faible
industrialisation à OUaga.
4°) Q!!!~~~~g~~ • ~~_!!!!~_~~_~2~!~~~!~~_~~_~!~!­
j1
f!~_E~~_E~~~_~~~~~_!~~~~~~!!!!~!~!2~·
1
Sur ce point Ouagadougou ressemble à beaucoup de vil-
,e!
les africaines. Comme dit SKINNER • "Europeans also conque-
!
red and colonized Africa, but because of historical and
f
economic factors they did not transfer the whole urban-
1
1
i',
industrial complex to that continent. Instead, they used
~,
t
Africa as a major source of human and primary commodities.
~,
f!
They transformed the indigenous towns to suit their purposs;
established trading posts, opened mines, created plantations
1
f
and built ports and roads, but they created were either
administrative or commercial centers. The résult is that
Africa is the least industrialized and least urbanized of
all the continents ••• "
L'industrialisation est un phénomène récent à Ouaga-
dougou. Débutée en 1954 elle rencontre particulièrement
de nombreux facteurs limitatifs. Son atout majeur c'est
la main d'oeuvre abondante et à bon marché et son obstacle.
la qualification faible ou nulle de cette main-d'oeuvre.
Le faible développement de l'industrie explique le poids
des salariés de l'administration dans le salariat de la
capitale. Parmi ceux-ci, les fonctionnaires forment la
couche privilégiée. Mais leur~ traitements procèdent es-
sentiellement de l'impôt, des taxes ou des aides extérieures.
\\Iv) Aidan SOUTHALL • "The impact of Imperialism upin urban
developpement in Africa "in Victor TURNER (ed •• )
Elliot P. SKINNER : "African Urban life : the transfor-
\\~)
mation of Ouagadougou"
Princeton University press, Princeton New Jersey L974

- 57 -
Aussi Ouagadougou est-elle une ville en partie portée par
l'exrérieur ?
Conclusion
La sédimentation socio-historique a fait d'Ouaga,
capitale des Mossi, la capitale d'une république multieth-
nique. Une telle situation aura pour conséquence 1
- la naissancè du phénomène de "Melting-Pot" de la popula-
tion autochtone
et des autres ethnies arrivées à Ouaga
depuis qu'elle est la capitale politique et administrative.
- la juxtaposition permanente mais l'interpénétration de
deux civilisations, de deux modes de vie différents (vie
locale dite traditionnellle avec ses valeurs sociales,
politiques et économiques et vie importée (depuis la colo-
nisation) dite moderne avec ses propres valeurs, entrainant
ainsi des comportements sociaux hybrides, parfois contra-
dictoires difficilement classables en tout cas.
On peut parler ici avec jacques GIRl de vie importée 1
"les structures, les fonctions tout autant que les habitudes
de la nouvelle administration instaurée par le colonisateur
étaient entièrement importées. En aucun cas, elles n'ont
été le produit intérieur de la société 10cale"[,1..)
- dans une telle structure l'apparition d'un (sous) prolé-
tariat combinant tant bien que mal la vie urbaine et les
survivances très fortes de la vie villageoise pose des
problèmes inédits de vie et de survie.
C'est à une approche de ces problèmes que nous vou-
drions nous livrer à travers l'étude des ménages populaires
de la capitale.
~....) Jacques GIRl l "Le Sahel demain catastrophe ou
Renaissance"
KARTHALA
Nov. 1983

- 58 -
CHAPITRE III
Q!!!~~!~!~!Q~_Q!_~~~~!~!_~QQ!Q~Qg!Q~!_E!~~!~~~~a
DEFINITION DU MENAGE ?
--------------------
INTRODUCTION
------------
Identifier l'unité de base sociologique pose souvent
problème car l'individu est plus aisément identifiable
que le groupe auquel il appartient.
"L'unité de base est à définir par rapport stu domaine
et aux objectifs de l'étudeltlL). Chaque étude impose son
propre découpage théorique mais le découpage théorique sera
d'autant plus pertinent qu'il respectera le découpage réel 1
entendons la ligne de partage des ensembles ou sous-ensembles
sociaux réels.
Quelle peut être de ce point de vue l'unité pertinente
pour l'étude socio-économique des ménages? En d'autres
termes quel contenu précis faut-il donner à la notion de
"ménage" si complexe et originale en milieu africain ?
1) ~~_!!_2!]~~2~!~_~~~~l~!_~!~_~~~!~!~
1°) ~2~~_~~!!2~~_E~!~_E2~~_~!]~_~!~~!~]!!~~_2~~]~~!1
a) Ni l'unité de cohabitation a celle-ci renvoie à la
--------------------------
toute première définition du ménage. Comme le dit
M. GARENNE "le mot ménage vient du vieux français "maisnie"
qui désignait la "famille" lui même venant du latin "mansio"
qui veut dire maison (le petit Robert) •• " CL ).
1 A..) Pierre VERNEWl: "Les enquêtes de consommation et de
~
niveau de vie en Afrique"
Quelques aspects méthodologiques
INSEE
1983
r '-\\ Michel GARENNE : "La taille des m~nages en Afrique
\\,
Trop~cale"
O.R.S.T.O.M. 1 section démographie
Document de travail N° 12
Juin 1981

- 59 -
On retrouve cette acception
du ménage dans les enquêtes
démographiques et statistiques. ainsi dans les enquêtes
auprès des ménages de l'INSEE, l'unité de sondage est le
"ménage-logement". Il s'agit de "l'ensemble des personnes
vivant dans un même logement occupé comme résidence prin-
cipale quel que soit le nombre de ces personnes et leur
lien avec le titulaire du logement; les domestiques, sala-
riés ou apprentis logés, les pensionnaires et sous-locataires
n'occupant pas une pièce totalement indépendante sont con-
sidérés comme faisant partie du ménage" l~).Mais s'agissant
de grandes concessions ou cohabitent plusieurs groupes
domestiques ou unités familiales, impossible d'assimiler
le ménage à l'unité de résidence. La concession est à
ménages multiples.
b) Ni l'unité familiale. si dans les concessions on
~-----~-------------
peut distinguer les cellules familiales, on ne saurait
superposer la notion de famille à celle de ménage. La
famille au sens moderne du mot· met l'accent sur les rela-
tions de parenté. elle s'applique de plus en plus aux
personnes d'un même sang comme père, mère, enfants, frères,
oncles, neveux, cousins etc •.•• La famille africaine, famil-
le étendue, peut se confondre parfois avec le lignage. Ce
qui n'est pas le cas pour le ménage • car même s'il com-
prend des parents éloignés outre la famille nucléaire stricte
(monogame ou polygame), il demeure ordinairement un groupe
plus restreint que la lignée. En revanche, il peut compor-
ter des individus sans lien de parenté avec la famille
nucléaire.
(Ji.). Michel KAGAN et Christian BERGE • "Les conditions de
~
vie des ménages en 1970"
In
les Collections de l'INSEE
Ménages
INSEE

- 60 -
c) ~!_!~~!~2_:E~2S~2~!2~:22~~2~!~!2~": de nombreux
auteurs comme GOODY, proposent de tenir pour ménage dans
les sociétés de cultivateurs, l'unité de production ou
d'exploitation. Dans ces sociétés producteurs et consomma-
teurs renvoient en effet au même groupe domestique et
leurs ressources font souvent l'objet d'une gestion commune.
Ce sont les produits du champ qui vont à la marmite pour
nourrir les uns et les autres. Mais en milieu urbain, où
la diversité des activités de production est la règle au
sein d'un même groupe domestique l'unité ·production-
consommation" éclate et le ménage devient plus unité de
consommation que de production.
Nous tiendrons donc pour ménage en cette étude
29/--- A la limite l'unité de mise en commun des ressources.
L'(.
C'est l'idée qu'exprime Immanuel WALLERSTEIN(~) les
ménages" seront définis par des "unités de mise en commun
des revenus, engagées dans une gestion patrimoniale commu-
ne, réunissant des individus divers aux multiples formes
de travail et aux multiples sources de revenus".
Mais il s'en faut que la gestion commune des ressources
s'impose toujours quand les revenus sont gagnés individuel-
lement. Aussi avons nous plutôt retenue: l'unité de con-
sommation.
7:,0/
L'unité de consommation "minimale"
Nous rejoignons ici la définition de VERNEUIL (2) qui
propose, en définition mobile, de considérer le ménage
comme unité de partage de quelques consommations fondamen-
tales, que celles-ci procèdent des dépenses communes à
LL) Immanuel WALLERSTEIN :"Le capitalisme historique"
Editions La Découverte
Fev. 1985
CL) P. VERNEUIL 1 op. cit.

- 61 -
un groupe d'individus, d'une autoconsommation ou d'une
production plus ou moins communautaire, Comme en zone ru-
rale (mise en commun partielle ou totale du travail, des
moyens de travail et du produit du travail). Le groupe
intègrera selon le cas plus ou moins de parents ou de non
parents.
Nous retiendrons l'unité de consommation minimale
que constitue dans la concession, la "marmite". Il s'agit
de l'unité de commensalité.
~1 ---L'unité de commensalité 1
~ Identification
Nous avons utilisé auprès de nos interlocuteurs le
terme de "Zaka riritiba" à savoir "ceux qui consomment la
nourriture de la concession". Ce sont ceux à qui est des-
tiné le produit du "moindé" ou "ration alimentaire", géné-
ralement travaillé par la ménagère dans le "sag rouko" ou
"marmite de tô" (~)qui désigne la marmite -familiale".
Ce produit travaillé donne lieu au "Zaka ribo" ou "nourri-
h
ture de concession", nom donné au repas "familial".
Généralement en milieu Mossi, la marmite "domestique"
est une référence pour désigner l'unité de consommation
et parfois même l'unité de production dans le cas du monde
agricole. Comme le souligne J.M. KOHLER, "Pour désigner
l'unité de production, les cultivateurs de la région de
Dakola (Ouest Mossi) n'ont pas de terme propre, ils emploient
des périphrases l "celui qui cultive à part" pour désigner
un chef d'exploitation et ils disent qu'il y a "deux mar-
mites dans un enclos" quand un enclos familial comprend
deux groupes de consommation formant des unités de
l~) tô 1 pâte consistante à base de farine de milou de maïs

- 62 -
production distinctes" (1..)
Aussi dans la vie courante quand le "Zaksoaba" ou
"chef de famille" délimite son "soolem" c'est à dire son
"territoire" en parlant des individus qui sont sous son
autorité familiale il se réfère à ceux qui consomment le
produit du "moindé" (ration alimentaire) qu'il fournit.
Il s'agit du groupe nourricier et cela se comprend aisé-
ment quand on sait que dans le milieu "nourrir" est vite
confondu avec "entretenir" même si l'individu se débrouille
lui-même pour le reste de ses besoins vitaux •
• )Les limites du ménage:
Est donc considéré comme membre du ménage celui qui
(habituellement) a sa part, son assiette prévue dans la
marmite "domestique".
Nous gardons à l"esprit que les différents membres
du ménage participent à des degrés divers à cette pratique
de consommation. Les uns et les autres ont toujours quel-
que autonomie relative et les proportions consommées ne
sont pas les mêmes. De ce point de vue nous avons considéré
les bébés bien qu'ils ne partagent pas encore directement
le repas.
Pour les visiteurs ou étrangers nous étions confrontée
au problème de la limite de la durée de séjour. A partir
de quel moment peut-on les considérer comme membres ou non
du ménage. Nous n'avons pris en compte que les individus
appelés à rester et à intégrer le ménage. Généralement
leur séjour est de durée indéterminée. C'est le cas des
jeunes venus du village à la recherche d'un emploi ou
(1) J.M. KOHLER 1 op. cit.

- 6J -
pour la poursuite de leur scolarité ou même des petits
en1'ants élevés par leurs grands parents. Par contre, des
parents venus en visite 1'amiliale n'ont pas été comptés
i
comme membres. D'ailleurs les interlocuteurs 1'ont souvent
la distinction entre les "samba", "étrangers" venus les
voir et ceux qui sont venus vivre avec eux. Ce qui ne si-
1
gni1'ie pas pour autant que la présence de ces parents en
,
visite 1'amiliale soit sans incidence au niveau du budget.
Notre choix de l'unité de repas se justi1'ie tant par
f
la valeur intégrative du repas que par les 1'onctions de
r
redistribution qui s'opèrent en lui et que par les valeurs
~
symboliques qui lui sont attachées, en général, et parti-
t
1
culièrement en A1'rique.
1
t~
II) ~2~g~2~_!!_:!~!!~!:~~~:!=!"
1 0 Y!!!~_!~:!=~s!!:!=!!!_g!_!!_22~~!!~!!!:!=~
Le repas "domestique" constitue un point de ralliement
autour duquel le groupe domestique se retrouve. Si à di-
vers moments - heures de travail (pour ceux qui travaillent
à l'extérieur), heures de sommeil (pour ceux qui n'habi-
tent pas la concession)
les uns et les autres se.disper-
sent, s'éloignent de la sphère domestique, c'est au moment
des repas, notamment du repas du soir, que s'opère le
rass~mblement le plus large et le plus 1'ort du groupe do-
mestique. Le simple 1'ait par exemple de manger en groupe
dans le même plat crée des opportunités de réintégration
du groupe.
L'expression populaire Mossi l "zoanga biga yonkda
laaguin" J "l'aveugle saisit toujours son 1'ils quand il
a la main dans le plat" traduit bien ces valeurs.

- 64 -
On l'adresse aux enfants qui après avoir commis une faute
essayent de se sauver, pensant éviter ainsi la punition.
Les parents ne s'empressent pas de les poursuivre, car
disent-ils ils reviendront bien manger ••• Notons pourtant
que la punition doit intervenir juste avant ou après le
repas, car il est socialement interdit de frapper un en-
fant en situation de commensalité et cela quelle que soit
la faute commise. S'il arrive à une mère de frapper son
~nfant pendant qu'il a la main dans le plat, elle se fait
"gronder" par Ses coépouses ou par les hommes adultes de
la concession, notamment le chef de famille.
La capacité de regroupement du repas "domestique tl
est d'autant plus forte que les possibilités de consommer
à l'extérieur sont réduites.
Les lexiques africains confirment ces effets de
"ralliement" sur la conscience d'appartenance au groupe
domestique. tlzaka ninda" , "l'homme de la maison" ; c'est
celui qui a sa part de nourriture prévue dans la "marmite".
Cela dit l'aire de la "marmite tl qui normalement se
superpose à celle de la concession peut quand celle-ci
est très grande se limiter à une aire plus restreinte
(cf les sous concessions). Ainsi dans les grandes conces-
sions on nous dira que tltel groupe de personnes habite
la concession, mais forme une tlunité familiale" à part
parce qu'ils ont leur marmite propre et ils mangent de
leur côté". C'est le cas par exemple des ménages 7, la,
Il, 12, 1) et l~ de notre échantillon qui forment autant
de sous unités dans une vaste concession à Dapoya. Les
chefs de famille respectifs sont des frères, mais chaque

- 65 -
cellule se considère comme une unité familiale à part car
elle a sa marmite propre.
Ailleurs nous avons appris que "telle personne n'habite
pas dans la concession mais elle est de la maison puisque
sa nourriture provient de notre marmite" (cf le ménage 21
où un jeune célibataire résidant à l'extérieur vient pren-
dre ses repas dans le ménage).
2°) La fonction de redistribution des ressources
--------------------------------------------
L'unité de commensalité assume des fonctions de redis-
tribution des ressources, en dehors du noyau familial strict.
En vérité si elle redistribue des produits (invités), c'est
aussi qu'elle bénéficie de redistributions antérieures ou
parallèles d'autres unités de production ou de la parentèle
dans sa propre unité de production, si elle en constitue
une (ce qui peut arriver même en ville). Nous aurons à dé-
mêler ces rapports.
3°) f2~2~!2~_~~_~~22!!~!~!2~
Compte tenu de la rareté des biens, l'élément vital
dans ce monde populaire est la nourriture. C'est la fonc-
tion organique du repas. Mais de la marmite aux estomacs
en passant par les bouches, c'est aussi le groupe qui se
constitue et s'exalte.
"Ribo ya Naaba" : " le repas est roi" disent les Mossi i
Roi si l'on pense à tout le travail antérieur qu'il a né-
cessité, à la sueur coulée sur le front pour le produire.
En tant que chef, "A wa nin waoghoré", "il mérite le
respect". En témoignent les recommandations et les précau-
tions qui doivent être prises quand le Mossi traite de la
nourriture. Aussi la tradition veut que pour manger on

- 66 -
se décoiffe, on se déchausse, on s'accroupisse ou l'on
s'asseye, l'on croise les jambes (d'une certaine manière
selon qu'on est homme ou femme), sur un code aussi précis
que celui qui règle la salutation au chef.
Pendant le repas, les enfants doivent tenir le plat
de la main gauche pour qu'il ne bouge pas trop. Il faut
éviter que trop de mains ne se croisent dans le plat, et
les enfants, lorsqu'ils mangent avec des adultes doivent
éviter, que leurs mains ne croisent avec les leurs. L'ordre
des premières bouchées obéit à celui de la hiérarchie des
âges. C'est toujours le plus âgé qui plonge sa main le
premier dans le plat et ainsi de suite jusqu'au cadet du
groupe. Encore y a-t-il lieu de distinguer l'âge biologique
de l'âge social. Un individu peut être biologiquement moins
âgé qu'un autre mais disposer d'un droit d'aînesse sur lui
sur le plan social. D'où ce croisement des deux ordres.
Ainsi, la jeune épouse qui arrive dans la concession et
qui en général mange dans le même plat que ses belles-mères
et belles-soeurs, s'aligne derrière elles dans l'ordre
d'accès à la nourriture, même si elle est plus âgée que
ses belles soeurs. D'ailleurs la jeune épouse vouvoie en
principe tous les membres de sa belle-famille, des parents
jusqu'aux enfants qu'elle n'a pas vu naître dans la con-
cession; tous apparaissant comme ses aîné(e)s.
Pendant le repas le silence est recommandé notamment
aux enfants et lorsqu'il leur art"ive de parler, les pal ents
ne manquent pas de les rappeler à l'ordre en leur deman-
dant "quelle bouche mange pendant que l'autre parle".

- 67 -
C'est après le repas qu'on parle. De même ne plaisante-t-
on pas avec la nourriture ; la respecte-t-on (attention
à ne pas renverser sa part). Et bien sûr ne se fâche - t -
on pas contre elle. On peut se fâcher contre tout, mais
pas oontre l'eau et la nourriture a on ne doit pas refuser
de manger parce qu'on est fâché. S'il arrive à l'enfant
de jeter la nourriture qu'il a en main parce qu'il est
fâché on le punit davantage; "Ribo pa yinda to", "il
n'est pas l'égal de la nourriture". Il n'en n'est pas l'é-
gal, puisqu'il ne peut pas la produire.
Chargé de taMtde valeurs symboliques on comprend que
le repas "domestique" soit considéré comme le "vrai repas lt •
Et que les plats qui peuvent être achetés tout faits et
consommés à l'extérieur ou même à l'intérieur de l'espace
domestique, ne peuvent lui être comparés. Aussi, nombreux
sont les chefs de famille qui, malgré l'offre abondante
en tous lieux de ces plats cuisinés n'en conçoivent pas
la consommation, "tant qu'ils auront une épouse et tant
que sa marmite ne sera pas percée".
A~n~~_~~_~~E!~L_~!!~~~_~~_Y~~L_~~~_!~~~~_YU_m!!~~~_~~
r!EEQr~~_~~_g~_mgg!~r~~· YQ~~~_EQ~rg~Q!_nQ~~_~!!n~Qn~
~!_:m~~!~~:_EQ~~_Qb~i_g~_m~n!g~·

- 68 -
CHAPITRE IV
METHODOLOGIE DE L'APPROCHE
--------------------------
A) ~ê_E~E~!ê~~~~_~~~~~E~~~_E~!_!:~~g~~~~
Les ménages populaires à Ouagadougou constituent l'uni-
vers de notre enquête; économiquement parlant il s'agit
de la couche de population urbaine pauvre ou relativement
peu aisée. C'est là une notion globalisante mais il nous
était difficile de privilégier une catégorie socio-profes-
sionnelle bien définie; ne fut-ce que par la difficulté
de l'isoler dans le milieu.
Aussi bien, quelle définition pertinente retenir pour
ce que le système de recePs~ment français nomme la C.S.P.
(catégorie socio-professionnelle) dans une ville africaine
où la majorité de la population est non salariée?
De façon générale, s'agissant de la classification des
populations non salariées en Afrique, Pierre VERNEUIL CL)
estime que les distinctions professionnelles ne sont per-
tinentes ni du point de vue pratique ni du point de vue
théorique.
En zone rurale les activités agricoles, artisanales
(de caractère domestique mais souvent aussi marchand)
et souvent aussi les activités commerciales se trouvent
combinées au sein d'un même ménage et même d'une même fa-
mille. Aussi le ffi;me individu change souvent de profession
CA....)
Pierre VERNEUIL : "Eléments pour une classification
des non-salariés de la petite production en
Afrique de l'Ouest et du Centre".
Société Française de Sociologie - INSE~
Journée d'étude" Sociologie et Statistique ll Oct. 1982

- 69 -
selon les. saisons. "Ainsi un individu peut être agriculteur
à la saison des pluies, bijoutier traditionnel le reste de
l'année ou transporteur en charrette ou manoeuvre durant
la saison sèche". (A) .
"En zone urbaine où la division du travail est plus pous-
sée, la combinaison d'activités est peut être moins fréquente
mais elle existe néanmoins·surtout dans le cadre de l'unité
)
familiale. Or c'est souvent celle-ci qui est retenue comme
unité statistique. La classification porte donc sur des
groupes d'individus apparentés et ayant entre eux des rap-
ports de production, consommation, accumulation" L..1.).
Une définition professionnelle de l'individu telle que
nous la connaissons dans des sociétés où les activités
professionnelles sont affectées aux individus de manière
relativement stable se trouve donc sans objet en Afrique.
Le système des dénominations du travail en langue afri-
caine rend bien gela. On parle en mooré de "Nassar Tourna",
"travaux des blancs" qui désignent les "travaux de bureaux"
ou les "travaux de papiers". A côté il y a les "Tourn Zalessé"
"travaux simples" qui comprennent les "Nougou Tourna",
"Travaux maYluels" ou artisanat et les petits services. Pour
s'opposer aux travaux de bureaux, la catégorie des "Tourn
Zalessé" peut s'étendre au "Koobo", "agriculture", au
"Goulogo", "élevage" ou au "Rabrlum", "commerce".
Sur un tel lexique nous pouvons dire que notre étude
intéresse plus particulièrement la catégorie des "Tourn
Zalessé" en son sens le plus large, à laquelle nous associe-
rons les nons travailleurs.
(i) .
P. VERNEUIL
:Jp. cit.

- 70 -
Outre cette variable de position sociale, nous avons
retenu pour le choix de notre population des variables
de classe d'âge, de religion, de localisation urbaine
(quartiers lotis-quartiers non lotis) et d'ancienneté
d'urbanisation ••• qui constituent autant de facteurs dé-
terminants dans la différenciation.
B) Le choix de l"échantillon
-------------------------
1°) Les modalités du choix de l'échantillon
---------------------------------------
Dans la difficulté où nous nous trouvions - étant donné
les conditions objectives d'enquête que nous décrirons
ultérieurement - de constituer a priori un échantillon
représentatif de la population au sens strict du terme,
c'est à dire autorisant l'inférence statistique nous avons
choisi d'étudier une sous population réduite constituée
sur un échantillon en réseau. C'était la seule méthode
accessible dans le temps dont nous disposions, susceptible
pourtant, par les avantages de la familiarité en profondeur,
de nous faire approcher quelques unes des caractéristiques
profondes du milieu.
Tout en retenant pour l'essentiel une population de
"Tourn Zalessé" nous avons gardé dans notre échantillon
des chefs de ménage dont l'activité principale n'appartient
pas à cette catégorie. C'est le cas de l'enseignant, de
l'infirmier, d'autres agents administratifs ; ménages de
couche moyenne, autorisant par comparaison une approche
plus pertinente des spécificités populaires.
2°) ~~_~~~~~U_~~_E~~~~~~
Nous avons utilisé les relations de connaissance com-
binées aux relations de voisinage. Connaître une personne

- 71 -
qui a une voisine ou un voisin qui connait telle autre
personne ••• c'est ainsi que nous sommes passée d'un ménage
à l'autre.
Les premiers contacts ont eu lieu auprès des femmes du
quartier Dapoya (de Juillet à Septembre 1981). Sans y reve-
nir en détail, rappelons qu'une monitrice du Service d'Edu-
cation et de la Participation de la Femme au Développement,
Madame Eugénie CASSALOM, à qui nous avions soumis notre
projet a bien voulu nous mettre en relation avec les fe~~es
de Dapoya. Son introduction individuelle auprès des pre-
mières femmes contactées a été irremplaçable. Mais au fil
du travail nous avons appris à nous passer de sa présence.
Au départ le travail était centré sur les femmes:
27 épouses et mères de Dapoya ont été interrogées en 1981.
Le travail systématique n'ayant pu se poursuivre auprès
de moitié environ de ces 27 femmes pour raisons d'absence,
de maladie ou de décès, les épouses restantes nous ont
servi de noyau, de base de départ pour de nouveaux contacts,
tant dans les quartiers que dans les ménages, l'enquête
s'adressant désormais à l'ensemble des membres de ceux-ci.
Le présent échantillon compte 392 personnes réparties
dans 41 ménages résidant dans 5 quartiers différents. Dapoya
reste le quartier principal de l'enquête, car la plupart
de nos ménages ( 29 sur 41) y résident. Par des relations
familiales ou de connaissances nous avons pu inclure dans
l'échantillon 3 ménages du~uartier Norghin, 3 ménages de
Nonsin, 5 ménages de Palemtinga et un ménage de Dassassogho.
Pour la situation géographique des quartiers on se rappor-
tera à la carte de Ouagadougou P. 11.

OUAGADOUGOU
~
~"vf.rs
1
Kaya
1
~
_
- - - -vczrs ..
~
~
~N'GOUrma
1i)Q.S~QSlD6 h 0
!a
t
N
1
1
-W
~
C\\l
t'-
-
~.
"
.1
1_'
' .
_
2t~~UI.o Olt tlQ~J~ LLml(rn'f;/
1
~~~ta:
.
Marigot
1
1
-
Artère principale
1
1 .
1
"---r
voicz fczrr'cz
1 1
Bobo dioulosso
If'
1 i 1 1 1
Zone industricz/le
B3
1
J 1 1
Quartiers d 'habitat moderne
ISlsun
1
1· 1
El
1 : 1 1 1 1 1
.
" .
. .
Quartiers d habitat
tradltlonnczl
1 1 1 1
Echelle: 1/55000
o
.
1 · ' .
. " .
. .
Quartiers pcrlphczrlquCls non lotis
d habitat traditionnel
1", -J'
N
""~~"''''''~'''.f·.''~'··''.'''·''''''·-''~~·'''''''''~~''~.~'~~~~""""""""""""_"""'·~.'!"~,"".''''''''''"".. ~·.~~~""·.~,,.~ff/''_'~'''''''''''~~' ~~-',.,.e."'-~i!""~.~~!'f;"';!"'''./.~''.'''':''~'''_~-ml:~,''
_.• Il'l:~_'l:,.;O'\\I'
!'''tm.'I'l-.e
H*>'''
' .~t.. _.
;0;:
JJ;;;!iii."op,l>, ~'!l!"':"!"I' ,"-~""
>""·_..K,fJ.1\\ffi,3'~1"PIœ'
·_'··_'''_'· __

,--:..tt ') ) -
-" ---

CIl
'<LI
oU
<<LI
g.
~
<LI
1
/
(
®

.. .
, ,
- (/., -

- 74 -
Dapoya et Norghin sont des quartiers lotis alors que
Nonsin, Palemtinga et Dassassogho demeurent toujours des
zones non loties. A la différence des quartiers lotis qui
possèdent un minimum d'infrastructure (eau courante, élec-
tricité; écoles, dispensaires, grandes routes ••• etc),
les zones non loties sont en général sans adduction d'eau,
sans électricité et le plus souvent les écoles privées y
sont tenues par des particuliers. La disposition des con-
cessions n'obéit pas à une forme particulière ; les rues
goudronnées ne traversent pas ces quartiers. Ils ont par
endroit l'allure de bidonvilles. Nonsin, Palemtinga et
Dassassogho sont aujourd'hui en voie de lotissement.
II) 3~~!g~~~_E~2~!~~~~_2~_~~~h22212~!~
A) g~~!_~~E~_2:~EE~2~h~ ?
Qui dit population de la catégorie de "Tourn Zalessé" dit
aussi la majorité des cas population à revenu aléatoire,
laissé apparemment au moins, a~ caprice de la chance et
du hasard. Prenons l'exemple du commerçant de détail ou
de micro - détail installé au bord de la rue : il y a des
jours où le marché a été fructueux et là on parle de béné-
diction, de grâce'ou de bonté divine ; des jours où on ne
vend rien du tout : la marchandise est exposée mais non
vendue; c'est .~our de malédiction.
Une telle population est par nature refoulée de tout
système de ressources stables a fortiori des services ban-
caires, car elle est jugée non solvable et ne présentant
pas les garanties requises ...

- 75 -
En revanche et c'est une caractéristique générale des es.
paces urbains africains, de nouveaux modes de vie, de nou-
velles relations sociales s'y découvrent tous les jours
et l'aspect le plus attrayant et le plus impressionnant
est bien cette façon dont on y invente chaque jour l'existence.
Devant la réalité extrêmement composite du phénomène urbain,
devant l'hétérogénéité des formes d'obtention du revenu,
chaque acteur (élément actif) reste en définitive un cas
[
spécifique à étudier de près. Il y a difficulté à considérer
f
ou à constituer des catégories bien distinctes : toujours
quelque chose qui ne rentre pas dans la case.
De quels outils méthodologiques faut-il donc se munir
pour explorer ce domaine où la réalité échappe aux catégo-
ries convenues. Comme le souligne l'équipe de chercheurs
dans les cahiers d'Etudes Africaines "lorsqu'il s'agit de
recherche urbaine en Afrique, une des principales difficultés
d'ordre méthodologique mais surtout déontologique, tient
au caractère spécifique des processus d'urbanisation: la
majeure partie de la po~ulation doit pour survivre, se livrer
à une économie de débrouillardise qui, le plus souvent
échappe au cadre institutionnel légal. Qu'il s'agisse de
ses activités ou de son mode d'installation dans la ville,
cette population est qualifiée, sans doute abusivement de
marginale par les autorités administratives mais aussi
scientifiques. Si l'on veut tenter de mieux cerner cette
notion très importante pour comprendre le fonctionnement
f
actuel des villes africaines, les limites du questionnaire
1
!
apparaissent clairement : il a toute chance d'occulter la
i
réalité c'est à dire les stratégies plus ou moins masquées
1
!

- 76 -
mises en oeuvre dans les "modèles de fortune" (Balandier
1955), les bricolages institutionnels qui se révèlent à
une observation plus fine être le fait de groupes restreints,
établis pour une large part sur des relations de dépendance
pers onnelle" (A.) •
De là, la tendance actuelle en sociologie urbaine afri-
caine à préférer l'observation qualitative; à rompre avec
les grandes constructions abstraites qui trop souvent ja-
lonnent le parcours de la sociologie urbaine pour leur
préférer des monographies, plus modestes mais plus exactes.
Au niveau de l'approche méthodologique, Sociologues com-
me Antropologues et Géographes s'orientent vers les enquêtes
sur des Unités sociales de petite taille des études de cas
concrets, localement situés, en observation diachronique.
Approche dynamiste, qui privilégie l'analyse de processus
sur les structures, ou plutôt ne découvre les structures
que dans les processus.
Comment faire autrement d'ailleurs : peu d'informations
d'ordre général sont disponibles. Des banques de données
ne sont pas totalement inexistantes, mais elles restent
peu fournies. Les statistiques données en séries sont peu
fiables du fait du caractère souvent artificiel des unités
statistiques et de l'application anachronique de grilles
établies par et pour des sociétés européennes (activité,
emploi, salaire, situation de famille etc ••• ) dans des
pays où il faudrait reconstruire in situ ces outils.
~) Jean-Marie GIBBAL, Emile LEBRIS, Alain WillRIE, Annick
OS TvI0NT , Gérard SALEM: "situations urbaines et pratiques
sociales en Afrique"
Cahiers d'études Africaines - Villes Africaines au
microscope 81 - 8J, XXI, 1981
E.H.E.S.S.

- 77 -
Aussi le chercheur doit-il être en Afrique plus qu'ailleurs
le producteur des données qu'il traite. Avantage en un sens.
Mais bien grand inconvénient aussi.
B) ~~~_E~~~:2~_~~~~~!11!~_E2~~_~2~~~~ ?
On le voit bien sur notre étude 1 les données recherchées
portent sur les activités des individus et sur les "budjets
familiaux". Le recueil de telles données pose de multiples
problèmes, notamment de définitions de contenu mais aussi
de mesure et d'évaluation.
Richard ANKER a examiné ces problèmes à propos de
"l'activité de la main d'oeuvre féminine dans les pays en
développement"l~). Il relève parmi les obstacles principaux
à l'établissement de données exactes 1
a) Les difficultés liées au cadre de l'entretien
---------------------------------------------
Il s'agit là des modalités de réponses des personnes
enquêtées (problèmes sur lesquels nous reviendrons dans
les conditions de production de notre enquête) et de l'at-
titude des enquêteurs. Pour ne prendre qu'un exemple les
enquêteurs (qui sont la majorité) sont plus enclins Que
les enquêtrices à considérer d'emblée les femmes com~e
des "femmes au foyer"; ce préjugé leur fera sous-estimer
les taux d'activités de la main-d'oeuvre féminine.
b) ~~~_~~~!~!~~~_~~~_g~~~~!2~~_E2~~~~_~~~_1~~_~~g~~!~~
Q~_;:~E~~~~r.!!~~~~
Les questions sur l'activité sont souvent ambiguês.
Elles s'articulant essentiellement sur un mot ou une
lA..) Richard A.!.'iKER : "L'activité de la main d'oeuvre fé-
minine dans les pays en développement"
Examen critique des définitions et des méthodes
de collecte des données.
Revue Internationale du Travail Vol. 122 N° 6
Nov. - Déc.
lGRl

- 78 -
expression clé unique tels que "travail", "emploi" ou
"activité principale" ; (à supposer que ces mots aient
été bien traduits dans la langue de la région)~ Or, c'est
toute une question de savoir s'ils sont compris, ~ supposer
même qu'ils soient correctement compris.
On peut se faire une idée de la difficulté qu'ont les
intéressés à comprendre de telles expressions d'après les
résultats d'une enquête menée au Kenya (enquête nationale
par sondage en 1974, couvrant J 000 ménages environ). Le
taux d'activité de femmes mariées entre vingt et quarante
neuf ans y variait de 20 à 90 pour cent environ selon que
la question comportait le mot "emploi" (job) ou le mot
"travail" (work) (A.N'KER et KNOWLES). Il semble que les in-
dividus interrogés considéraient l'''emploi'' comme un tra-
vail rémunéré, tandis que le "travail" consistait en acti-
vités nécessaires à la vie de la famille (que nous dirions
domestiques).
Les fluctuations notoires des taux d'activités de la
main - d'oeuvre féminine, selon les recensements effectués
en Inde en 1961, 1971 et 1981 pourraient bien être dues
dans ~~e large mesure à l'emploi de mots clés différents.
Ainsi le taux relativement faible signalé par le recense-
ment de 1971 s'explique t - il par le fait qu'un grand
nombre de femmes travaillant à temps complet y ont déclaré
leur "activité principale" comme celle de "ménagère", par-
ce qu'elles estimaient leur activité de ménagère comme plus
importante que l'autre (i)
(f) cf Richard k1KER, 1933, pour une analyse des données
sur la main-d'oeuvre féminine extraites
des recensements en Inde et des enquêtes
t
mondiales sur la fécondité.
f

1
f


- 79 -
c) ~~~È!~!~~_~~~_!~~_~~!!!21!!2!2~_~~_!~:~2~1Y1~f'
On retrouve la même ambiguité des questions posées sur
la main d'oeuvre dans les définitions internationnales,
notamment en ce qui concerne les activités dites de sub-
sistance ; certaines enquêtes incluant ces activités dans
l'appréciation de la main - d'oeuvre, d'autres non.
Ajoutons que chaque pays a ses pratiques propres qui s'é-
cartent souvent des recommandations internationales.
Toutes ces difficultés font ressortir la nécessité de
disposer de plusieurs définitions de la main - daoeuvre
et de les utiliser toutes, chacune d'elles fournissant
des renseignements différents sur le marché de l'emploi
et sur les différentes contributions apportées au revenu
national. On peut utiliser de ce point de vue quatre dé-
finitions par ordre d'extension croissante :
- ~~_~~!!2_~~2~~Y!~_~~~~~~~~ : personnes exerçant un emploi
pour lequel elles reçoivent un salaire ou un traitement
en espèces ou en nature. Cette catégorie est très proche
de la catégorie des "salariés" couramment utilisée dans
les classifications de l'emploi; elle est aussi conforme
aux recommandations de la treizième conférence Internatio-
nale des Statisticiens du Travail et à celles de BOSERUP
(B. I. T., 1983 ; BOSERUP).On estime que les do~,ées sur
"la main d'oeuvre rémunérée" sont d'ores et déjà relati-
vement exactes et on peut donc généralement se fier aux
questionnaires servant au rassemblement d'informations
sur cette partie de la population a·ctive. Il serait ration-
nel par conséquent de faire des comparaisons entre pays
en exploitant les données actuellement disponibles sur

- 80 -
la "main d'oeuvre rémunérée"
- La main d'oeuvre orientée vers le marché : personnes
----------------------------------------
exerçant un emploi rémunéré, plus perso~~es travaillant
sur une exploitation agricole familiale ou dans une entre-
prise industrielle ou commerciale familiale qui vend une
partie ou la totalité de ses produits. Ce groupe compren-
drait outre les premiers, les employeurs, les travailleurs
indépendants, les travailleurs familiaux non rémunérés et
les membres des coopératives de production.
- La main d'oeuvre selon le BIT: personnes exerçant une
--------~----------------------
-
activité, dont la production de biens et services. Cette
définition correspond à celle qui a été recommandée par
la Treizième Conférence Internationale des Statisticiens
du Travail (B l T, 1983) et plus généralement par les
Organisations des Nations Unies. Elle comprendrait toutes
les personnes participant à la production de biens et de
services, que ceux-ci soient ou non vendus. On pourrait
ainsi éliminer certaines graves anomalies dans les méthodes
d'évaluation actuellement utilisées.
Par exemple toutes les activités portant sur des produits
primaires telles que la "production" ou la "transformation"
d'aliments, y compris les soins donnés aux animaux et la
traite, le battage entrepris dans l'enceinte de l'exploi-
tation, la transformation et la préparation d'aliments en
vue de leur conservation et de leur stockage, la collecte
non rémunérée d'aliments (fruits compris), seraient consi-
dérées comme des activités économiques, qu'elles donnent
lieu ou non à des échanges sur le marché.

- 81 -
Cette catégorie comprendrait aussi les activités qui
contribuent aux revenus d'une entreprise familiale, telles
que la préparation de repas pour les travailleurs salariés,
puisqu'il s'agit d'une forme de paiement.
- 1~_~~!U_~:2~~Y~~_~1~~g!~ : Outre les personnes précitées
toutes celles qui se consacrent à des activités non comprises
dans les recommandations les plus récentes des Nations Unies
sur le S C N, mais contribuant néanmoins à fournir à leur
famille des biens et services essentiels qui dans les pays
développés, sont normalement achetés. "La main d'oeuvre
élargie" comprendrait les personnes dont l'activité con-
siste à ramasser ou à préparer des combustibles (ramassage
du bois, séchage des déchets agricoles, fabrication des
galettes de bouse de vache etc ••• ), à coudre des vêtements
et à aller chercher de l'eau, du moins dans les pays où
cette dernière opération suppose que l'on couvre des dis-
tances considérables.
toute hypothèse a priori concernant la définition de l'ac-
tivi té économique et en reg.L'oupant a postériori les données
sur tel ou tel code en fonction de l'objectif visé. Ce sera
souvent le seul moyen de tenir compte des nombreuses acti-
vités économiques exercées par les fe~~es.
i
f
1
l

- 82 -
2°) f.~~_~~~~~~_~~_!~~_:~~~g~~~_f~!!!~~!"
Comment aborder même une enquête de budgets familiaux
en Afrique quand on sait qu'une des caractéristiques de
ces "budgets familiaux" est précisément de ne faire l'objet
d'une quelconque comptabilité à caractère gestionnel ? A
quel système de référence s'accrocher pour capter les in-
formations attendues ?
a) f.~~_~~~~~~~_~~~_!~~_~~Y~~~~
Les salaires réguliers, les loyers éventuels peuvent
faire l'objet de données quantifiées mais encore faut-il
découvrir le moyen de les obtenir. Le salaire demeure ta-
bou dans le milieu: aussi, malgré l'existence d'un S M l G
officiel est-il souvent difficile de faire la correspondance
même approximative entre catégorie socio-professionnelle
et salaire.
Quant aux revenus irréguliers, on ne peut se livrer
qu'à des observations ponctuelles d'où l'on déduira les
données chiffrées : par exemple l'investissement nécessaire
en temps et en argent pour 11 activité en question et le
bénéfice procuré au bout du compte, en fonction de sa fré-
quence (s'il est possible de l'estimer).
Ré~~liers ou irréguliers, les revenus ne sauraient de
toute manière être estimés exclusivement sous leur forme
argent. En Afrique de nombreux échanges échappent au marché
et l'auto-fourniture reste intense.
Au demeurant, nombre de ces revenus restent non déclarés
soit que les intéressés ne jugent pas qu'il s'agisse d'un
"vrai travail", soit qu'ils le jugent "travail honteux" ou
"déshonorant".

- 8J -
C'est dire qu'au niveau du recueil des données sur les
revenus : réguliers ou irréguliers, marchands ou non-
marchands, déclarés ou non, nous rencontrerons toujours
ce qu'on pourrait appeler la limite de déclaration.
b) Données sur la consommation
---------------------------
Le recueil des données sur la consommation ne pose pas
moins de problèmes touchant cette fois la définition du
~ntenu de la consommation. En nous référant aux réflexions
méthodologiques de Pierre VERNEUIL (~).
Q~_g~~1_E~!~~_S~_~~_~~_E1~2~~_E~~~_~!~~!~~_1~_22n~g~~­
~!2~_1_1~~!!!~~~~!2n_~~_1~~~~~~~i~~2~_~~~_E~~~~!~~
?
On entend par consoTh~ation des ménages, l'utilisation
de biens et services par ces ménages pour eux-mêmes à l'ex-
clusion de tout usage professionnel ... Mais cette utili-
sation a une durée très variable d'un produit à l'autre
de quelques insta~ts à plusieurs a~ées pour les biens
durables. Observer et enregistrer cette utilisation néces-
siterait une enquête quasi permanente pendant une longue
période. Aussi pour simplifier l'enregistrement de la
consommation, on convient généralement de comptabiliser
les acquisitions de biens et services au moment où elles
se produisent en considéra~t qu'elles seront utilisées,
donc effectivement consommées durant la période d'enquête.
Mais il faudra se rappeler que les acquisitions se distin-
guent nettement des dépenses. Celles-ci renvoient à des
sorties d'argent ou des sorties en nature qui couvrent à
la fois des opérations de conso~nation,
de répartition
et des opérations financières.
(1..... ) Pierre VERNEUIL : "Les enquêtes sur la cons ommation
et le niveau de vie en Afrique"
Que11ues orien~ations ~éthodo1ogiques
I:TSEE
1983

- 84 -
î2~~~-!2g~!~!~!2n_~~~_m~n!g~_n~~n~~~_E!~_~~2~~~!!~~m~n~
dans la consommation
--------------------
Il importe donc de considérer la destination des acqui-
sitions afin de distinguer la consommation finale (destinée
à un usage familial) de la consommation intermédiaire des-
tinée à un usage professionnel.
Des difficultés apparaissent pour le petit matériel qui
peut servir simultanément à la consommation familiale im-
médiate et à l'usage professionnel. Il est plus difficile
encore de distinguer parmi les acquisitions celles qui se-
ront ultérieurement objets de don ou de troc de celles qui
donneront lieu à la consommation effective.
- Comment mesurer la consommation ?
~------------------------------
Toute étude de niveau de vie inclut les acquisitions
par achat, les acquisitions en nature et l'auto fourniture.
Comment mesurer ces différentes parties constitutives de
la consommation?
~~~_!2g~!~!~!2n~_E~_!2h!~• les achats se refèrent à
la notion de marché. Ils sont acquis par voie d'échanges
contre la monnaie. On peut les qualifier d'acquisition par
échange marchand et monétaire. Leur montant peut être esti-
mé d'un double point de vue :
• en valeur marchande par référence à un prix de marché.
il faudra tenir compte alors des variations de prix saison-
nières, régionales et même locales •
• en quantités physiques par référence ~ une unité
physique locale (tas ••• ) ou universelle (m, kg, litre ••• ).
~~~_!2g~!~!~!2n~_Y~n!n~_~~Y9_~~h!ng~_!n_n!~~~•
Elles sont souvent assimilées à un échange de produit

- 85 -
contre produit sans monnaie (troc).
Une mesure en quantités physiques du produit pourrait
s'appliquer. Mais il arrive aussi que les acquisitions en
nature s'étendent aux échanges non monétaires de "produit
contre service".
L'auto - fourniture
-------------------
Pour l'autoconsommation on peut toujours effectuer leur
mesure physique mais en les réduisant aux produits de base
représentant la valeur économique la plus importante.
Par la suite il est possible de convertir la valeur
physique de l'auto consommation en valeur monétaire sur
la base d'un "prix de valorisation" tel le prix à la con-
sommation.
La collecte de l'auto fourniture courante présente des
difficultés supplémentaires de mesure lorsque l'unité phy-
sique n'est pas métrique (Kg, litre, mètre ••• ). Dans ce
cas il faut enregistrer outre la qualité précise du produit,
une quantité appréciée sur les unités de mesure qu marché
local (exemple du tas de bois à 50 F, à 100 F
CFA).
A la lumière des problèmes méthodologiques ci-dessus
évoqués quels moyens d'accès à l'information avons-nous
utilisés pour notre enquête ?
Ill) ~~_~~!h2g~_g~~EE~22h~_g~_~~j~!_~!_!~_g~~2~!~~~U!_g~
~~~Ug,~~!~
Le fichier des ménages, l'entretien, le relevé des dé-
penses journalières mais aussi l'observation directe, tels
ont été les instruments utilisés ici pour la recherche des
informations.

- 86 -
A) ~~~EE~22h!_E~_~!_f!2h!!~
1°) - Le contenu du fichier
---------------------
Dans le premier temps de l'enquête nous avons procédé
à la constitution d'un fichier de nos ménages. Chaque fiche
est un relevé systématique de tous les individus membres
du ménage et de leurs caractéristiques objectives (cf pré-
sentation de la fiche)f(~~)
Nous avons emprunté le modèle de cette fiche à Monsieur
Jean CAPRON; sur son conseil. L'intérêt pratique de cette
fiche est énorme étant donné la densité d'informations
qu'elle permet de collecter sur un espace réduit. Mais la
grille théorique sur laquelle elle est construite n'est
pas moins riche. Aussi remercions nous vivement Monsieur
CAPRON de nous en avoir si généreusement donné le modèle.
Nous disposons au total de ~l fiches représentant les ~l
ménages auprès desquels le travail d'enquête a pu se faire
systématiquement.
2°) - ~!~_E~2È~~!!~_~!~22~~~~~_g~~_~~2~!2~!~~!m!~~_g!
ces fiches
----------
Certaines variables telles que l'âge et la profession
nous ont souvent posé problème.
· ~~~g!_U~!~~_E!~_~2YjQ~~_g2~~_!Y!2_Et~2!~!Qn. Dans
bon nombre de cas nous devions nous contenter de chiffres
approximatifs 1 les registres d'Etat Civil manquant jus-
qu'à une date récente. Pour situer la période de naissance
de certaines personnes nous devions nous référer à des re-
pères socio - historiques 1 la construction de quelque bâ-
tisse, une calamité, le décès ou le passage dQune person-
nalité dans les environs, ou tel autre évènement marquant

Fiche 1
"Exploitation"
Villa::;;e •••••••••••••• ·Quartier (a) ............ (b)· • e.•••••••••••••• (c) ••••••.••.•••••• Ethnie .
.
Li JU a:.,,'0
(a) ................... (b) •••••••••••••••••• groupe soc. prof ••.••.••.••.•..••••• Stat. pol •••••••••••••••
Rel:lê.rques

1
1
1
0
·
Nom
·
· ·
J

·

·

·
·
·
1
·
·
· Prénom
ISexe:Age:A.N.:G.A:Sit.matr: lien de parenté:
VUla[;"e : Elhnie: Rési.dehce 1Profession ... Rel: Remarque
·
·
J
:
·
1
· A 1 G ·
• d'origine:
·
·
1
1
·.



·
·

:
:

:
1
:
1
1
:
:
:
1
-_ __
..
.
·
·
·
,
:
·
:

·
:
J
·
·
·
:
·



.-

·
·
·
·
·
1
·
· · ·
·

:
:
·
·
~
·
·
·
· · •

·

.- ----- -... ·
:
1

·_._._._.-
1
:
·
·
·
·
:
·
1
:

_._.-
·•-
·•
·
·
· · 1

1
:
·

·
·
1
· ·
·
·
·
·
·
·
·
1
· ·
· · 1
1
:


·
·
·
(Xl
·
·
J
· •


~'---~.!-.._-

:
·
·
·
·
· · ·
·
1
..
·
·
1
·
·
"'J
:
·
· · ·
·

·
·
·
·
·

·
:
· •
· •
• ,

·
_..-.-_.~- _........ ·

·•
·
·
· · •
1

·


·

·
:

· · ·
1
·

·
·
1



· •

------._~-
·

---------
-
1

1
· ·
·



1
·




·

·
1

·

--_.-
· 1 :
:
1
·
·
1

·
._-_.- ·
1
·
·
·



· 1
1

·•
·
·
:
·
·
_t-


· •

J
:

· ·
1

·
·
·
·
··

·
·

1
J
·

· 1
1

·
·
·

·
~
:
·
·• ·•
·
:

·
------~....
·
1
.-..-----_!-
·
·
1


:
· 1
:
1
·
:
1

· ·
·

_1_______~ __ :
1
••
· • :

· ·
·


·
·.--.-- ·
·
·
:

1


·

·

1 .
· ·
·
·
·
·
·
·
·
·


· 1 :
·
1
.- _.~-~_:--..'.- - _!
1
:
·




-
1
·
:
1
1
· :
1
1
·
·
·
:


·

·
1
·




:
:
1

·
1
:
·



·
·

- ...,,----------
:
1
:

:
. 1
1
·
1
·
:
·
1
1
1
1
·


·
·
· · 1

·

·
1
1


·
·

. ! _ - - '
. 1


·
· ·
· • •

· •
·•
·
·•
·
:
·
·
1
·
:
·
· · ·
:
·
·

1
:


· • •
• _._----_ ..!_._-~. •
:
·
:
1


1
:

·
·
1
1





·
1

1

:

1

·
1
1

·




- 88 -
pour la mémoire de l'intéressé.
Dans la culture traditionnelle la notion même d'année
est fluctuante. Ce n'est pas comme dans le calendrier où
tout est précis et stable. L'année est déterminée en fonc-
tion du cycle lunaire ou saisonnier ou plus souvent sur
celui des récoltes •
. Q~~_!_!!_E~2!~~~!2~, on sait dans le ménage que tel
ou tel membre a une activité, mais on la définit peu et
difficilement. On dira tout simplement qu'il est "Nassara
nougou ninda", "qu'il est entre les mains du Blanc" ;
(pour désigner le salarié ~ de l'administration, pour dé-
signer le fonctionnaire. Le terme "fonctionnaire" est aussi
utilisé avec un accent local 1 c'est aussi le "burou ninda",
"l'homme de bureau".
Pour les autres activités à côté on retrouve l'expression
"Tourn zalaga" (singulier de "Tourn zalessé"), "travaux
simples" déjà citée.
"Toum zalaga" a quelquefois une connotation péjorative 1
elle est employée pour bien marquer que l'activité se si-
tue au bas de l'échelle hiérarchique des activités. Au
cours de nos entretiens et même dans la vie courante, à
la question: a t-il une activité? on a souvent entendu
des réponses du genre 1 non, il ne travaille pas. Il fait
seulement un "Toum zalaga". Pour nos interlocuteurs ceux
qui travaillent ce sont seulement les "hommes de bureaux".
Parfois "Tourn zalaga" devient "Tourn yalaga" encore plus
péjoratif 1 "travail qui ne vaut rien et qui ne rapporte
rien".
Pour plus de précisions et de détails sur les activités

- 89 -
il aurait été souhaitable de contacter chaque membre du
ménage. Nous l'avons tenté au maximum mais cela n'a pas
toujours été possible compte tenu des emplois du temps di-
versifiés des uns et des autres.
· ~2~~_!Y2n~_~~ng2n~~~_~g~~~~n~_g~~~g~~~_E~2g~~m~~_!~
niveau de la scolarité des enfants. Généralement les
----------------------------------
parents illettrés qui ont leurs enfants à l'école ne sont
pas toujours à même de désigner les classes fréquentées.
Les week-end, les congés scolaires ou les grandes vacances
nous ont permis de contacter les enfants eux mêmes afin
qu'ils nous donnent leur niveau scolaire, l'établissement
~équenté (public ou privé) et parfois leur âge ou l'année
de naissance.
Les aînés ont toujours apporté des précisions concernant
les plus petits. Il faut avouer que la présence dans la
famille d'une personne lettrée ou d'un enfant scolarisé
nous a souvent aidée à obtenir certaines informations.
Aussi les livrets de famille, les actes de baptême ou les
livrets scolaires, les carnets de vaccination ou de santé
parfois une simple pièce d'identité ••• nous ont permis
de relever des informations inédites, mais nous n'avons
pas toujours pu accéder non plus à ces documents.
Les informations mises en forme dans les fiches ont été
constituées progressivement et complétées à chaque entretien.
De nombreuses corrections ont été apportées au fil du tra-
vail. Prenant en compte la dimension temporelle de l'enquête
nous avons sans arrêt réactualisé nos fiches (jusqu'en
Décembre 1984) en fonction de la mobilité des variables.
Cette réactualisation a permis de saisir assez finement

- 90 -
des modifications de la composition individuelle des mé-
nages ; dont les entrées et les sorties d'individus tra-
duisant les différents mouvements de population : naissance,
mariage, décès ou tout simplement départ.
Certains individus (membres du ménage) ont changé de
situation matrimoniale, de résidence et surtout d'activité.
Par exemple des actifs sont devenus des inactifs ou vice
versa et certains sont passés uniquement d'une activité à
l'autre.
- Les modifications relevées chez les enfants concernent
essentiellement la scolarité. Ce sont les nouveaux scola-
risés, les passages en classe supérieure, les redoublements
et les abandons. Nous retenons l'accès à une activité
rémunérée. Les raisons et les conséquences des diverses
modifications ont toujours été recherchées.
B) Les entretiens
--------------
1°) contenu des entretiens
----------------------
Outre le fichier, nous avons cherché un complément d'in-
formation par entretiens.La grille d'entretien portait
essentiellement sur :
- la présentation du ou des individus
- la structure familiale et relationnelle
la vie quotidienne avec les différentes activités et
la consommation.
S'agissant des études de cas nous avons tenté à chaque
fois d'adapter l'entretien à la situation de chaque personne
interrogée. Le guide général qui commande ces entretiens
est donné en annexe.

- 91 -
Toutes les épouses et mères des 41 ménages ~nt été in-
terwievées. Il faudrait compter les entretiens conduits
auprès d'une quinzaine de femmes (de Juillet à Septembre 81).
Ces dernières ne figurent pas dans l'échantillon car le
travail systématique n'a pu se poursuivre auprès d'elles.
Mais au total nous disposons de plus de 70 entretiens d'une
à trois heures (et plus) dont plus d'une soixantaine auprès
de femmes et une dizaine auprès des chefs de ménage.
A ces entretiens nous associons des éléments recueillis
lors des conversations sporadiques avec des hommes, des
femmes mais aussi des enfants à chaque passage dans le
ménage.
2°) Le déroulement des entretiens
-----------------------------
Les entretiens auprès des femmes se déroulaient soit le
matin vers 8 Heures - laps de temps entre les petits tra-
vaux de la maison et le départ au marché pour l'achat des
condiments - soit l'après-midi vers 14 Heures avant que
la femme ne commence la préparation du repas du soir.
L'absence d'électricité dans la grande majorité des ménages
ne favorisait pas le travail de nuit mais quelquefois. des
données ont pu être recueillies sous la lueur d'une lampe
tempête ou de l'éclairage public donnant dans certaines
concessions.
La plupart des entretiens se sont déroulés pendant que
la femme faisait sa cuisine ou s'occupait de sa production
marchande. L'entretien était souvent interrompu, le temps
par exemple d'ajouter du bois dans le feu de cuisson des
repas ou de l'eau ou tels produits dans telle ou telle
marmite sur le feu; Le temps qu'elle s'occuppe un instant

- 92 -
de son nouveau-né. Parfois il s'agissait de l'arrivée
d'un visiteur et dans ce cas il fallait mettre fin à l'en-
tretien pour que la femme le reçoive et lui offre la cale-
basse d'eau comme il est de coutume.
Retenons que les entretiens se sont déroulés en général
alors que les femmes faisaient autre chose. A ce propos
une femme disait l "tant qu'il s'agit uniquement de parler,
je peux occuper mes mains à autres choses ••• " Il n'y avait
pas pour elle de temps libre consacré en tant que tel à
l'entretien. De ce fait notre travail se superposait au
leur, ce qui le rendait parfois secondaire pour les inté-
ressées. Pas de concentration donc sur l'entretien; des
informations plus décousues, peut être pas moins véridiques.
Du côté des hommes, les interruptions étaient moins impor-
tantes. En dehors d'un mécanicien interrogé à son lieu de
travail et qui serrait et desserrait des écrous pendant
l'entretien, les hommes interrogés dans l'espace domestique
ont consacré à l'entretien le temps spécialement libéré à
cette fin. Mais aussi étaient-ils moins astreints aux
tâches quotidiennes dans l'espace domestique dans le temps
plus court où ils s'y trouvaient.
C) ~~2È~~rY~~!2~_g!~~2~~
Nous avons pu recueillir un certain nombre de données
d'observation sur la vie à Ouagadougou en général. Dans
les ménages enquêtés une attention particulière était ac-
cordée à 1
l'aménagement de l'espace domestique
aux activités domestiques et aux activités orientées

- 93 -
vers le marché qui se déroulent dans cet espace.
à la répartition des tâches domestiques 1 avec qui s'ac-
complit telle ou telle activité.
- à l'allocation du "budget-temps" aux différentes acti-
vités ; un comptage rendu difficile par le cumul de
nombreuses activités notamment chez les femmes.
aux temps effeotifs de travail de la femme épouse et
mère. Mais il n'est pas toujours évident de mettre une
limite entre temps de travail et temps de non travail.
Notre regard portait aussi sur les entrées et les sor-
ties d'argent (les revenus, les dépenses, les dons, les
prêts) sans pour autant oublier le non monétaire. N'ayant
pu assurer une présence permanente au sein des ménages
nous avons dû nous contenter en ce domaine d'observations
épisodiques.
Un autre faisceau d'observation porte sur le repas 1
sa préparation, les plats consommés, le partage des mets,
le groupe d'individus qui mangent dans le même plat et
les moments de prise des repas.
Dans le but d'appréhender l'impact des évènements cé-
rémoniels dans la vie socio-économiques des agents nous
avons suivi en exemple une naissance et le "zoulou kri"
("baptême") dans le ménage 41 à chef de ménage ouvrier
musulman.
D) ~!_~!!2!~_g!_g~~2~~!~_J2~~!~~!~
Pour une approche structurelle des dépenses nous avons
tenté des relevés de dépenses journalières affectées aux
individus qui les effectuaient, tout en précisant la

- 94 -
destination de chaque produit ou de chaque opération.
Ceci concernait surtout, on s'en doute les produits d'u-
sage courant et fréquent dans les mênages. Quant aux biens
durables nous nous sommes contentée d'un inventaire.
Il eût été souhaitable de mener ces relevés sur diffé-
rentes catégories sociales mais ils n'ont été possibles
que dans trois ménages 1 ménage J de chef de ménage ouvrier
(catholique), ménage 6 de chef de ménage cuisinier au
chômage (catholique) et le ménage 40 ouvrier/p~san (mu-
sulman.) •
Ces relevés concernent une période précise (du 1er Oc-
tobre au 10 Novembre 1984) 1 aussi n'avons nous pas la
prétention de généraliser les résultats ni à la population
ni pour les quelques cas suivis à l'année •••
En outre, les relevés restent très approximatifs car
certaines dépenses ont pu être négligées et d'autres ou-
bliées. La très grande variabilité des prix des produits
d'une place à l'autre, le marchandage des prix, laabsence
de ticket d'achat pour les produits (sauf dans les Super-
marchés réservés aux expatriés et privilégiés), la non
consignation des dépenses ••• etc font que les intéressés
pour déclarer les dépenses recourent à la mémoire toujours
sélective on le sait.
Pour réduire cette part de l'oubli, nous assurions de
fréquents passages dans les ménages. Nous avons aussi dè-
mandé l'aide des jeunes scolarisés, à même de répertorier
les dépenses dans un cahier ; les parents ne pouvant le
faire eux-mêmes puisqu'ils ne savaient pas écrire.

- 95 -
Il importe de noter que l'impact de la discontinuité
dans le relevé n'est pas perçu par les intéressés, pour qui
"les jours se suivent et se ressemblent. Si aujourd'hui
on n'a pu faire le relevé pour telle ou telle raison, demain
on le fera ou un autre jour ••••
E) ~!t2Y!~!~n~_g~_~~~n~Y2~~
Trois séjours à OUagadougou nous ont permis le recueil
des informations sur le terrain.
Dans le premier séjour, de Juillet à Septembre 81 nos
contacts se sont limités aux femmes.
Le second séjour de 6 mois (Janvier à Juin 8J) a vu la
constitution proprement dite de l'échantillon 1 le ménage
tout entier étant retenu comme unité sociologique et sta-
tistique et une première recherche d'informations se trou-
vant engagée sur la composition des ménages, les caracté-
ristiques objectives des individus membres et le fonction-
nement socio-économique du groupe.
Le troisième séjour de 9 mois (Mars à Décembre 84) a
permis comme nous l'avons dit de compléter, de préciser
-et de réactualiser les informations précédemment recueillies.
Nous avons pu approfondir telles questions sur lesquelles
notre travail s'axait peu à peu et nous avons pu nous faire
une idée plus étendue du ménage en y touchant le maximum
de personnes.
Ces passages répétés nous apparaissent a posteriori
comme une des conditions nécessaires de l'enquête en Afrique.

- 96 -
IV) ~~~_22~g!~!2~_g~_EE2g~2~!2~_g!_!~~~q~~~!
Après avoir exposé la méthode d'approche et le déroule-
ment de l'enquête nous voudrions insister sur les conditions
de l'enquête et les difficultés d'accès à l'information.
L'information n'est pas en effet une donnée obtenue sur
commande ou sur désir. Elle ne peut être recueillie qu'à
des conditions données qui en font la relativité • ~!_~~g
facteur déterminant est évidemment l'établissement d'une
--------------------------------------------------------
E~!!~!2~_g~_f!!!!!~!~!_~~~E~_!~q~~~!~_i!2!_!nqyi~~!2!)
~~_~~g~!~!_i!2!_~~~2~~_!~gy~~!~~)·
- La familiarité est fonction de l'interconnaissance
préalable ou acquise dans la séquence des visites. A la
question 1 une femme a t-elle plus de facilités d'enquêter
\\
auprès des femmes, nous dirons quêtre une femme n'est pas
une condition suffisante. Si la conversation libre est
relativement facile entre les femmes, accéder à l'information
suppose que l'interlocutrice surmonte l'interdit général
qui pèse sur le savoir domestique, intime et familial.
L'intervention d'intermédiaires peut y aider. De même
que la première personne touchée facilite l'accès aux autres
membres de la famille, de même son accès peut être facilité
par des intermédiaires extérieurs au ménage ; qui tout en
servant parfois d'interprètes, rassureront l'enquêté(e) et
contribueront à créer une situation de confiance, à tout
le moins à atténuer les réticences.
Cette familiarité avec les gens nous lOavons toujours
recherchée tout au long de l'enquête et par tous les moyens.
Elle commençait par l'adaptation aux conditions matérielles

- 97 -
de vie des enquêté(e)s. S'il n'y a pas de banc pour s'as-
seoir nous nous mettons par terre. Si nous trouvions les
gens en train de manger nous prenions part au repas. L'i-
dentification spontanée pouvait beaucoup aider aussi le
contact loutre la similitude de sexe, la similitude de
l'ethnie, du dialecte, du village ou du milieu d'origine,
de la lignée, de la religion ••• , facilitaient évidemment
l'échange. Ou seulement d'avoir fréquenté le même établis-
sement scolaire que leurs enfants, ou tout simplement le
port du même nom ou du même prénom. A propos du même pré-
nom la première épouse du ménage )0 nous a laissé entendre
que l "selon le "kitabou", c'est à dire le livre saint,
l'être humain, même s'il,~i arrive de détester ses sem-
blables, aimera toujours son homonyme. Dieu l'a voulu
..
"
a~ns~
••••
Prendre en compte les conditions de production de l'en-
quête c'est aussi évoquer le "prix social" de 1° information.
L'enquête a bien un "prix social" qui se négocie, s'exprime
et se mesure à travers les difficultés auxquelles il a
fallu s'affronter. A ce titre nous retiendrons les éléments
suivants :
A) ~_E2~!~!2n_!E~~!!!q~~_g~~u~yi~~r_g~~_~2n_ErQEr~_m!!!~Y.
Le milieu de l'enquête ne nous était pas étranger pour
la bonne raison que d'une part nous avons vécu dans ce mi-
lieu, et que d'autre part nous avons encore des parents
proches qui y vivent.
Seulement interroger dans son milieu d'origine place le
sociologue dans une position spécifique. outre le danger
de ses propres a priori, la familiarité reconnue devient

- 98 -
pour le milieu interrogé un nouvel obstacle : l'enquêteur
est sensé ne pas ignorer les règles de vie et de fonction-
nement du milieu. Alors pourquoi interroger quand on est
sensé savoir? Un individu étranger au milieu à la rigueur
questionne parce qu'il peut ignorer, mais cela reste curieux
pour quelqu'un issu du milieu.
Cette attitude nous a été manifestée une fois de façon
particulièrement plaisante, sinon pour nous même, du moins
pour le milieu. Ayant informé une femme de nos projets
d'entretiens sur ses activités quotidiennes notamment son
travail domestique, nous l'avons vu avec surprise alerter
son entourage féminin. Les femmes défilaient dans la cour
pour voir le phénomène curieux que nous constituions. Il
était impensable pour elle qu'une fille ayant un certain
âge et parlant la langue locale ait encore besoin d'inter-
roger à propos du travail ménager par exemple. Aussi chu-
chotaient-elles entre elles l "Tond na y a yin o •• waaf
.
nœ1 kiguéba ••• On aura tout vu ••• le serpent avec des
fesses ••• " (en quelque sorte "la poule avec des dents",
le"jamais vu", "l'incroyable").
j) ~_~~g2_~~~~rY2_ggu~_1~_~!!!~~
1°) ~~_~!1!~~_~2~~! : gg_~2~g2_~~~~~Y~_Y2!~2_~~~~_~~g~~
Difficulté plus fondamentale, nous opérons dans un mon-
de traditionnellement reconnu comme un milieu très réservé
peu porté à révéler ses actes et la nature de ses actes ;
un monde ou presque tout de la vie domestique, intime et
familial appartient au secret. La norme de référence c'est
"nèd fan pa ratin laaka baonco ti pémsum woin o •• "
:
la vie
de chacun est secrètement gardée sous les aisselles et

- 99 -
"personne n'ose soulever le bras pour que l'air pénètre".
L'air symbolise ici l'oeil d'autrui, surtout l'oeil étran-
ger au groupe restreint.
Une autre boutade en mooré (langue des Mossi) dit quel
"baaf sègue moaga nin wiiri ••• ", "même lorsqu'on rencontre
le Mossi avec la corde au cou • • •" il vous dira toujours 1
"yèl kayié", "ça va, il n'y a rien de mal". On cherche à
cacher jusqu'au flagrant.
La réserve, voilà pour le Mossi la force le l'homme.
Il faut savoir se dominer, se maîtriser 1 "Nèd fan to onga
karga, laa nougou, nin naoré ••• " ; tout individu doit
maîtriser ses pieds (c'est à dire ne pas aller n'importe
où), maîtriser ses mains (ne pas toucher à tout ou plus
profondément ne pas voler), maîtriser sa langue surtout.
L'occultation des réalités induit des écarts énormes
entre ce qui peut être vu et entendu et ce qu'il en est
en réalité. Ces écarts prennent des dimensions variables
selon que l'observateur est plus ou moins "proche" de
l'espace social où s'inscrivent ces faits.
L'enquêteur qui cherche à lever les verrous qui pèsent
sur les informations, à percer les masques, à lever les
coins du voile, constitue une menace contre laquelle la
personne interrogée cherche à se défendre. C'est le cas de
parler comme Jean JAMIN~e la "loi du silence" comme refuge.
2°) Le milieu mossi 1 un univers où la curiosité est
---------------
------------------------------
un vilain défaut
----------------
Le mécanisme de réserve sanctionne dès lors la curiosité
comme un vilain défaut. Surtout lorsqu'on s'adresse à des
Li)Jean JAMIN,
Les lois du silence, essai sur la fonction sociale du
secret", Paris Maspero, 1977
1

- 100 -
personnes plus âgées que soi ou occupant une position so-
ciale supérieure.
Aussi le sociologue, le curieux par métier, apparaît
comme "yaaré", "sans gêne" ou "sans scrupule". Aux yeux
des enqu~és certaines questions posées relèvent du "Fa zoét
nifoutt littéralement traduit par "( le fait de) ne pas avoir
peur de l'oeil" c'est à dire de l'effronterie. En milieu
Mossi, "l'oeil", le regard joue traditionnellement un très
grand rôle dans l'éducation des enfants. L'oeil, c'était
l'agent de la communication discrète. Le simple regard
d'une mère ou d'un adulte suffisait pour que l'enfant com-
prît quelle attitude adopter. Ainsi lorsqu'une personne
notamment étrangère offrait un petit cadeau à un enfant en
présence de sa mère, le regard discret de celle-ci suffisait
pour que l'enfant comprît s'il devait accepter ou refuser.
De nos jours "l'oeil" a tendance à perdre sa puissance ré-
gulatrice des comportements. La discrétion qu'il permettait
d'observer disparaît simultanément. Comme disent souvent
les mères : "si la situation se présentait, les enfants de
maintenant, qui n'ont pas froid aux yeux, n'hésiteraient
pas à demander sans aucune discrétion 1 "pourquoi un tel
regard maman ?" et dans ce cas, la mère se trouverait trahie".
Quoique l'on reconnaisse dans le milieu que le "zoe nifou"
"la peur de l'oeil" c'est à dire la timidité, le "ne pas
oser", handicape le savoir ••• , le "pa zoet nifou" et le
"yaaré" restent des attitudes socialement réprimées. Ils
traduisent une mauvaise éducation, toute une éducation à
refaire. Comment le sociologue doit-il s'y prendre lorsque
sa position se trouve assimilée à ces attitudes et surtout

- 101 -
lorsqu'il est censé ne pas ignorer ces codes de politesse
du milieu? Ce sont là des difficultés supplémentaires à
l'enquête. Ici, l'enquête nécessite un doigté, une finesse,
une sensibilité, un tact, ••• bref une intuition,indispen-
sables.
C) ~~_~~~!2~~2~_~~~_~~q~~~~i~1~
1°) ~~~~q~!~~L_2~~~~_~~~Y~~~_~~~_!~_~!!!~~
De façon générale interroger les gens sur leur vie n'est
pas un phénomène courant. Si "trop comprendre" le sens et
le but des enquêtes suscite parfois des réticences, "ne pas
comprendre le sens" en suscite davantage encore, on l'a
vu. Mais à cela se joint une autre crainte.
Dans le milieu, de prime abord, l'enquêteur est souvent
assimilé à un agent administratif qui viendra un jour ré-
clamer l'impôt. Aussi se méfie t-on toujours, surtout lors-
qu'on voit un inconnu franchir le seuil de sa porte avec
des papiers en main. A ce propos il semble qu'à l'avenir,
les institutions statistiques fourniront des données plus
fiables avec la suppression récente de l'impôt de capita-
tion. Cet impôt, communément appelé "yonré yaodo", "le prix
de la vie", instauré depuis l'époque coloniale était resté
en vigueur dans le pays jusqu'en 1984.
2° ~~_~~~E!2!2~_!~_~~~~!_!~~_~~2~~~~~~_i22~~_!!_~22!2­
!2~~lq~!_Y2~~_~~_~~!~2~_~~_~~!~2~_~2~~_~~!~~_!Y~2
!~~-~~~~.
Outre la réserve déjà mentionn~e du milieu, s'ajoute un
phénomène de croyance & révéler des informations sur la vie
familiale comporte un risque, car cela donne prise à toutes
sortes d'interventions malveillantes •••

- 102 -
Aussi ceux là même qui acceptaient de prendre part à
l'enquête s'abstenaient ils souvent volontairement de ré-
pondre clairement à certaines questions. C'est ce que nous
illustrons par cet extrait d'entretien avec une épouse de
Dapoya.
Quel âge peut-il avoir votre mari ?
- Je ne sais pas. Comment une femme peut connaître
l'âge de son mari?
- Qu'est ce que ses parents faisaient comme activité?
- Je ne sais pas. D'ailleurs ils ne vivent plus il y
longtemps de cela. Il vaut mieux que vous me posiez
des questions qui me concernent moi uniquement et
non mon mari et sa famille. Il n'y a aucun rapport
entre ma vie et celle de mon mari et sa famille.
)0) ~~!~_~!g!~~r!~!~!_g!_!~!~!t!~!2n_g2nu~!~_~g!!!~!~~
!!!~_~_r~~!~!n~! car bien des personnes se souciaient
de ce que nous pouvions bien faire de leur voix.
4°) g!t~~!n!~_E!r~2UU!~_~2n~_r~~!g!~~!~_~2~~_~!~E!!~!~~
E~~!_g~~!!!!~_~!_E!t~2!Y!n!_~~~~_!n~~r~]_!_!~!ng~~!!
"Qu'est ce que cela pourra nous rapporter" 1 c'est la
question que l'on nous pose sans cesse. Le sociologue se
trouve démuni devant de telles questions. Les informations
qui lui sont livrées par les uns et les autres lui permettent
une promotion sociale mais de quoi dispose t-il en retour
pour assurer le contre - don? C'est toujours la grande
question.
5°) Q~~~!r!~_E2~r_!!E!!g~!r_2~_j~~]!!!!t_!!~r_t~!!~!ng!
2~~_~Y2g~~_!~_~2n_r!~2UU~!~~!n~!_2~_!~!ngr~!!!~g!
g!_~!r!~!n~_!ng!y!g~~ qui, après avoir eu des contacts

- 10) -
et effectué
des enquêtes auprès des populations leur ont
tourné le dos une fois leur situation sociale faite. Aussi
dit-on ."quand ils (comprenez ces hommes de sciences et
hommes politiques d'ailleurs confondus) ont besoin de nous
ils nous connaissent et ils savent où nous trouver. Mais
une fois leur promotion assurée ils n'éprouvent plus qu'oubli
ou dédain à notre égard".
Toutes ces réticences œontrent l'importance du travail
explicatif du sens et de l'objet de l'enquête lors des
premiers contacts. Mais l'occasion de lever la crainte n'é-
tait pas toujours donnée. Dans certaines concessions, à peine
étais-je entrée, les gens prétendaient être des étrangers
de la maison et que ceux qui y habitent étaient absents.
Quand j'y retournais, la vérité se découvrait mais ils allé-
guaient le manque de temps.
L'exemple le plus frappant est cette famille auprès de
qui nous nous sommes présentée plusieurs fois sans suite.
La première fois nous avons rencontré l'épouse. elle pré-
tendait n'être pas de la maison et qu'il fallait revenir.
Les fois suivantes elle alléguait un manque de temps ou tel
autre empêchement. Le refus de l'enquête n'était pas ouver-
tement manifesté • au contraire elle nous laissait entendre
qu'il fallait revenir et d'un commun accord nous choisissions
la date de la prochaine visite. C'est seulement au bout de
la cinquième visite qu'elle nous a fit entendre qu'il ne
fallait pas se réranger davantage, car elle ne trouverait
jamais le temps nécessaire à l'entretien. Cet exemple n'est
pas unique dans son genre : dans le milieu on ne refuse pas

- 104 -
systématiquement une entrevue à une personne que l'on juge
socialement supérieure et ce en guise de respect et de
politesse.
D) ~!_2!y~~~!~~_!!~~!~~!q~~
Compte tenu de)l~existence d'une multitude de dialectes
(plus de 70) au BURKINA-FASO un obstacle linguistique se
posait à la communication. Les individus ne parlant pas le
même dialecte ne se comprennent pas toujours et cela cons-
titue des barières. Nous adressant pourtant à un milieu
essentiellement mossi, nous possédions déjà une affinité
linguistique et culturelle avec notre population.
L'enquête a été effectuée entièrement en mooré avant
d'être retraduite en français. Ce qui explique entre autres
que l'on retrouve de nombreuses expressions en mooré dans
notre texte. En attendant l'occasion un jour d'apprendre la
transcription correcte du mooré nous écrivons les expressions
en mooré simplement comme nous l'entendons.
Les individus d'ethnie autre que Mossi, compris dans l'é-
chantillon parlent aussi le mooré en plus de leur langue
maternelle. Cela dit, l'affinité linguistique, si elle nous
rapprochait davantage de la population enquêtée, ne cons-
tituait pas une condition suffisante à l'enquête.
,.
A la familiarité, à la communauté linguistique i l faut
ajouter d'autres préalables socio-culturelles.
E) !~~~!~_22~~!~!2~~_~22!2:2~!~~~~!!!~
1°) Q!n~_2!~~!!~~_œ~~!g~~_!~~E2~~~_~~~~~_~!~E2~~~_~_~2~~
~~E2~~~~_g~~_~!_~2~_~~!_~~~_!È~~~~.Aussi l'enquête
ne peut se dérouler qu'à l'insu du mari. Dans ces conditions
i l arrive qu'elle fasse des confidences toujours accompagnées

- 105 -
de la vive recommandation de ne jamais les répéter. Ces
femmes si habituées à la réserve, à cacher ce qu'elles
vivent, lorsqu'elles en arrivent à certaines confidences
sur la vie du couple, demandent avec insistance le secret.
(C'est le cas des épouses dont le mari ayant plusieurs
femmes ou maîtresses, délaisse l'épouse légitime pour ces
dernières. Certains chefs de famille dépensent tout leur
argent dans les bars et buvettes pendant que leurs femmes
et leurs enfants croupissent dans la misère). Aussi la
prudence est-elle requise pour l'usage de telles informations
si l'on veut conserver la confiance de l'intéressée.
2°) ~!n~_~~!~~~~~_~~~!g~~L_!~~E2~~!_~~2~~~!_!~_22~~~!!~!
~~E2~~!_!_2!~~!!~~~_g~!~~!2~~_g~~!~_E~~~!~2!_~~
~2~_~~! 1 seule une partie de l'enquête pouvant
se dérouler en dehors de celui-ci.
Dans d'autres cas encore, la présence du mari sera indis-
pensable (du moins pour les premiers contacts) pour que la
femme accepte de prendre part à l'enquête. "L'autorisation",
le "feu vert" à la parole est donné par celui-ci. La femme
peut d'ailleurs trouver même en ce cas que certaines ques-
tions ne relèvent pas de son domaine. Elle nous renverra
alors à son mari. A titre d'exemple une femme nous dit que 1
"tout ce qui concerne la vie de cette famille, son entretien,
il faudrait le demander plutôt à son mari. C'est lui le
chef de famille ••• "
En général il y a refus de parler pour l'autre même
quand on sait quelque chose de lui, lorsqu'il occupe une
position sociale supérieure.

- 106 -
JO) YY_22~~_g!~_h2~!~_!!_~!Y!_~~!_!~!Eg~!!!_~2!~
E!~x~!_22!!!_~!_!~~~!~!_f~~!E!E!
du fait qu'elle
est effectuée par une femme , les seules concernées par
ce travail ne peuvent être dès lors que leurs femmes. C'est
là une manifestation de la "barrière du sexe".
A ces difficultés liées aux rapports sociaux existant
entre hommes et femmes, il faut ajouter, celles, d'ordre
technique, touchant la disponibilité effective des enquêtés.
F) ~!_g!~E2E!È!!!~!_g!~_!g!E~~_~22!!E!
1°) ~!!!_22E~~!~~!_YE_f!2~!~_!m~2~~!U~_!g!~~!E1_~Yr
l'accès à l'information ,en témoignent les nombreux.
-----------------------
rendez-vous manqués et reportés. En raison des nombreuses
activités menées par certaines personnes il est bien diffi-
cile de trouver un temps pour l'enquête. Le manque de temps
peut être un prétexte au refus de l'enquête, mais objecti-
vement il est bien difficile de faire la part des choses.
Au manque de temps lié au cumul des tâches il faut associer
des problèmes liés à la période de l'enquête. En saison plu-
vieuse, nombreux sont ceux qui sont absents ou non disponi-
bles car ils vont aux champs. Ce qui limite la population
accessible.
En période de grosse chaleur il y a beaucoup de maladies,
de décès 1 du fait de la connaissance élargie dans les quar-
tiers, le phénomène de la mort fait partie du quotidien
(si ce n'est pas dans telle famille c'est dans telle autre).
Le manque d'eau paralyse de nombreuses activités domestiques
effectuées par les femmes. Si aujourd'hui la femme n'a pas
. i
trop à faire, si l'enfant n'est pas malade qu'il faut con-
~
duire au dispensaire, s'il n'y a pas une coupure d'eau dans
1
t
r

- 107 -
le quartier ••• il Y a une cérémonie z baptême, mariage,
fUnérailles ou autre et tout le monde dans le quartier y
participe car ohaoun est concerné.
2°) ~~!~~_2~~~!!~~~_~~~~2~~~_~~~_~~~!_!2~!!!~~~
accompagner la femme au marché pour l'achat des condiments,
aller au moulin ou à la borne fontaine •• 0' o'est une solu-
tion à oes diffioultés. Parfois nous avons mené l'entretien
aux lieux de vente de produits. Ce qui permettait d'observer
en outre les lieux de vente, les marohandises et leur mani-
pulation, les clients. Indirectement nous aooédions également
aux conversations entre vendeuses ou vendeurs qui se retrou-
vent au même endroit. Les lieux de vente ~~Ü"t'tiêmt'--~l.W~t
oonstituent souvent des lieux de retrouvailles et de causeries
et des individus désoeuvrés se joignent souvent aux vendeurs
ou aux artisans pour passer le temps. Il n'est pas rare de
voir des lieux de vente transformés en club de loisirs.
L'inverse est tout aussi valable.
)0) ~_~~!~~~~!~~~_~~!_2~~!~~~~_~2!!!]!q~~~_!!_~2~!_~~~
~~!y~_~~~~!_g!_~~!~~!_~!!!_~_2!~!~!~~_]~~~!~
pour
aider la femme et dégager du temps à l'entretien. C'est
ainsi que nous avons aidé à piler le mil, à apprêter les
feuilles pour la préparation de la sauce, à trier le riz,
à tamiser la farine etc ••• Nous avons eu à nous ooouper
quelquefois de l'enfant pendant que la mère était oocupée
à une préparation. Les mères sont très sensibles à l'inté-
rêt porté à leurs enfants. Cette participation au travail
a toujours été vue comme un service rendu. Elle ne nous
était pas imposée. Autres services rendus z faire des tresses
à des femmes ou fillettes, aider certains enfants dans leur
!
t
1
~
t11ï

- 108 -
travail scolaire, rédiger des lettres etc ••• Services
épisodiques pourtant.
4°) ~2~Y!~~_~!_~!~E!!~_~!!~~!2~~_g2_~~2h~L_!~~!~n~
-E2~2~!~_2~~!_~_g!~~~_g!_~2]~!_E~~. Les clients
étant assez rares, l'achat de la marchandise proposée ou
la sollicitation de services (aux mécaniciens) par exemple
ne laissaient pas indifférent. C'est ce que nous avons
constaté lors de nos achats de fruits, de légumes, de gâ-
teaux ou beignets, de boules d'akassa, de couscous, d'ara-
chides etc ••• tous produits facilement transportables.
Nous achetions ni le riz cuisiné car difficilement trans-
portable ni le "dolo" (bière de mil) que nous ne consommions
pas.
Ces rapports d'échange étaient complexes a les vendeuses
nous offraient le plus souvent une partie de la marchandise
avant ou après l'achat. Si l'offre se fait avant on se sent
gêné de ne pas acheter. Mais si l'achat se fait avant c'est
la vendeuse qui se sent gênée de ne pas offrir le "lengan•
Le "lengan ou à l'origine nlemghan se traduit par "goûtez
avant d'acheter". C'est une pratique ancienne et courante
dans le milieu, surtout pour les produits alimentaires
vendus au détail ,que de le proposer. Les clients ne manquent
ordinairement pas de le réclamer s'il n'est pas proposé.
Les clients connus en bénéficient pour ainsi dire toujours.
D'où l'intérêt d'acheter au même endroit et chez le même
vendeur. Quitte à devoir acheter chez le vendeur habituel
même si de meilleurs produits sont exposés à côté. Pour
les vendeurs, le 1I1engall a une incidence sur le bénéfice.

- 109 -
Il introduit une certaine élasticité au niveau de la marge
bénéficiaire mais il retient certains clients. Le "lenga"
demeure un enjeu 1 on peut perdre sa clientèle quand on ne
l'ofi're pas. Certains - plutôt certaines - car le "lenga"
est plutôt une pratique féminine, ne peuvent acheter, sans
attendre ce sacré "lenga". Seuls les musulmans fanatiques
le condamnent ouvertement 1 "lenga ya haram", "le lenga est
umpur" •
5°) Q~~_2~~_~2~È~~~~~~_~!ff!2Y!!~~_~~_~2~~_f~!~~~!_E~
oublier 1 de nombreuses familles ont apprécié le
-------
travail d'enquête (surtout le contact humain), nous ont
prodigué leurs encouragements et bénédictions ; souhaits
de beaucoup d'enfants, d'une longue vie, de la réussite
sociale aussi afin de pouvoir leur venir en aide un- jour • • •
Nombreux étaient ceux qui pensaient que l'exposé de leurs
problèmes pouvait conduire à aider leur solution. Aux yeux
de certains, l'enquête était perçue comme un "cahier de
doléances", où il fallait "vomir" les sombres réalités quo-
tidiennes 1 cela fait trois jours que notre marmite n'a pas
été sur le feu ••• Exagération sans doute, bien qu'en nom-
bre de ménages, la situation alimentaire ait été l'objet
d'une préoccupation douloureuse.
Bien des fois nous sommes allée et retournée dans des
ménages sans oser déballer la série de nos questions sur
la consommation. Difficile d'interroger particulièrement
sur la consommation, quand on passe une journée dans le mé-
nage où le foyer reste éteint, quand aux heures des repas
les enfants de bas âge se sauvent dans les familles voisines
pour faire le "nif na konma", "mon oeil me le donnera" ;

- 110 -
(leur présence devant inciter-ceux qui mangent à partager
leur repas ••• ). Dans ces cas nous préférions attendre des
moments meilleurs 1 mais nous attendions parfois longtemps.
"Kom tar'nyagha CA.- )sanma dém, tar' nikièma sanma nyesgho" ,
"la faim nuit aux jeux da l'enfant. Quant au vieillard, elle
nuit à ses discours" (2...) •
Conclusion
Cerner les caractéristiques du milieu d'enquête est in-
dispensable à la démarche sociologique. Si le choix des
techniques d'approche dépend des questions que se pose le
chèrcheur, en fonction de ses objectif$, une prise en compte
du caractère du milieu apparait toute aussi déterminante
pour l'accès à l'information car les rapports sociaux pré-
existants déterminent fondamentalement les conditions de
production des données.
De ce point de vue toute enquête nécessite une définition
d'objectifs, un outillage conceptuel et une méthodologie
adaptés à la situation concrète du milieu.
La question de la difficulté voire l'impossibilité de
transposer concepts et instruments d'une réalité socio-
culturelle à une autre, demeure fondamentale comme le démon-
tre Pierre VERNEUIL dans les enquêtes de consommations en
Afrique C~ ) . Nous avons particulièrement rencontré ce pro-
blème pour l'approche de la coexistence des formes marchandes
et non marchandes de revenu et dp dépenses.
Tari Nyaga est le premier nom de Naba Kom Il (1905-1942)
tiré de la présente phrase
Yamba TIENDREBEOGO : Histoire et coutumes royales op.cit.
Pierre VERNEUIL : enquêtes - consommation
op. cit.

- I I I -
De ce point de vue, les réflexions de Pierre VERNEUIL sur
la mesure de l'autofourniture nous ont été particulièrement
précieuses
Une estimation quantitative en durée, selon
une
uriité de temps est possible nous dit VERNEUIL, mais
sans recoupement possible avec une unité physique ou moné-
taire ••• Et la mesure en temps risquant de majorer le temps
passé à l'auto fourniture dans les ménages les moins bien
outillés, c'est à dire les ménages pauvres, risquerait aussi
de surévaluer paradoxalement leur consommation, si l'on s'en
tenait à cette simple mesure temps. D'où la nécessité de
combiner la mesure temps et la mesure produit.
Quant à la forme monétarisée de la consommation dans
les sociétés africaines, elle permet évidemment le comptage
monétaire mais sous la réserve de l'absence plus fréquente
qu'ailleurs de traces écrites, pour la bonne raison que
l'analphabétisme est la règle. Aussi les informations re-
cueillies demeurent-elles généralement plus qualitatives
que quantitatives.
Il est difficile de mener en milieu analphabète des
enquêtes, dont les techniques ont tout entières été élaborées
dans et pour les sociétés alphabétisées 1 mais c'est aussi
une part essentielle de la réalité sociale du milieu africain
qui se trouve révélée, sinon mesurée, en cette difficulté •••

- 112 -
DEUXIEME PARTIE
ANALYSE SYSTEMATIQUE DE LA VIE SOCIO ECONOMIQUE DES MENAGES
1
f
!1
f
1
1
l;
1
1

- 113 -
CHAPITRE V
INTRODUCTION
------------
Le monde urbain est souvent présenté comme le lieu
de désagrégation et de réduction des liens familiaux. Com-
me le dit Annick OSMONT , "dans l'analyse des processus
d'urbanisation en Afrique, les transformations des struc-
tures familiales 'ont fréquemment attiré l'attention des
chercheurs et la plupart des enquêtes sociologiques ont eu
pour objet de mettre au jour des mécanismes de destructu-
ration de la famille en ville ou encore de montrer l'émer-
gence d'une famille nucléaire se rapprochant du modèle
européen contemporain de l'industrialisation".({).pourtant
ses propres travaux lui ont suggéré que l'évolution de la
famille urbaine africaine vers le modèle européen n'était
pas inéluctable.
Nous avons nous aussi le sentiment que les ménages
populaires à Ouagadougou ne suivent pas la ligne d'évolu-
tion rapide bien connu en Europe. Nous nous en convaincrons
en examinant les différentes configurations de nos ménages
et leurs lignes d'évolution dans leur nouveau milieu urbain.
l
- ~~_~2rEh2!2g!~_~2~E!~~~_g~~_~~~~~~~
A) ~~~_~~~~g~~_g~~~~r~~]_g~_g!~~~~!2~_!mE2r]gu]~
Le ménage est avant tout un pôle autour duquel gravi-
tent des individus. Certains s'en détachent et partent.
D'autres y font leur entrée et s'y greffent. Ainsi la
LA) ,Annick OSMONT ~ 1tStratégies familiales, stratégies ré-
sidentielles en milieu urbain1t
Cahiers d'Etudes Africaines 81-83, XXI - l - 3 -

- 114 -
c~mposition du ménage est-elle mobile. La dimension des
ménages variable d'un moment à l'autre ne saurait être ap-
préciée sur une seule période d'observation. Nous nous en
tiendrons pour cette étude à un instantané pris dans le
second semestre 1984.
Tableau 2 : Dimension en Novembre 1984 des ménages enquêtés
l,
Nombre de
Total
1"1
Dimension des
Réparti tion des 41 ménages
1
ménages
1 cUr.1ulé des 1
1
ménages
1
1
1
1
au total
1 personnes
1
,---------------1-------------------------------1-----------1-----------1
1
1 personne
1
-
1
1
1
1
2 personnes
1
( II )
1
1
1
2
1
1
3 personnes
1
(8)
(9)
(13)
(14)
1
4
1
12
1
1
4 personnes
1
(7)
1
4
1
1
5 personnes
1
(10)
(19)
(20)
(26)
4
20
1
6 personnes
1
(12)
(32)
2
12
1
7 personnes
1
(34)
1
7
1
8 personnes
1
2 16 17 18 21 31 36
7
56
9 personnes
1
(3)
(5)
(25)
(38)
4
36
10 personnes
1
(6)
(23)
(35)
3
30
II personnes
1
(4)
1
II
12 personnes
1
(30)
(40)
(41)
3
36
13 personnes
1
(37)
1
13
14 personnes
1
( 1)
1
14
15 personnes
1
(22)
(24)
(28)
3
45
16 personnes
1
(39)
1
16
17 personnes
1
(15)
1
17
18 personnes
1-
19 personnes
1
(33)
1
19
20 personnes
1
(27)
1
20
21 personnes
1-
22 Personnes
1
(29)
1
1
22
1
1
1
1
-----------------------------------------------,----------- -----------1
TOTAL
1
41
392
1
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 1
1
L

- Il.5 -
" Le ménage d'une seule personne" est absent de l'échan-
tillon 1 aussi est-ce une situation très exceptionnelle à
OUaga. A ce que disent les Mossi "l'individu ne doit pas
vivre seul comme une pintade sauvage". La civilisation
"domestique" appelle le regroupement 1
Les ménages enquêtés sont de dimension très variée.
Cela va de deux à vingt deux personnes. Les 41 ménages comp-
tent au total 392 personnes 1 la taille moyenne s'en établit
donc à 9,.5 • Selon le recensement voltaïque de 197.5 le nom-
bre moyen de personnes par ménage en milieu urbain serait
de 6,3 contre 6,8 en milieu semi urbain et 6,1 en milieu
rural. Mais les comparaisons sont difficiles car les défi-
nitions du ménage ne sont toujours les mêmes. Pour notre
part les ménages de 8 personnes furent les plus fréquemment
rencontrés.
Les ménages de petite taille sont ceux des jeunes cou-
ples qui ont un ou deux enfants (cf ménages 8, 9, 19 et 26
ou ceux de veuves ou répudiées vivant avec leurs enfants
ou petits enfants (cf ménages 7, la, Il, 12, 13, 14 et 34.
Ces derniers ménages résultent d'une réorganisation après
la disparition du chef de famille 1 les veuves des ménages
la, Il, 12, 13 et 14 partageaient de son vivant le même
époux •••
Ce chef de famille, un boucher de Dapoya avait au to-
tal 12 femmes dont 8 sont encore en vie. Depuis le décès
du chef de famille en 1970, la grande famille se trouve
divisée en petites unités. La cohabitation demeure mais
chaque veuve a son "domaine" dans la concession où elle

- 116 -
se retrouve avec ses enrants ou petits enrants. Dans le
temps le repas "ramilial" se préparait à tour de rôle entre
les épouses et celle qui était de cuisine préparait pour
tous. Présentement, chaque veuve prépare de son côté f
c'est précisément pourquoi nous ne les avons pas regrou-
pées dans le même ménage (cr p~ sur la dérinition du
ménage).
Autre catégorie de ménage réduit 1 le ménage à
"deux pôles". Le cher de ramille a une partie de sa ramille
à un endroit et l'autre partie à un autre endroit. C'est
le cas du ménage 32. Le cher(de ramille\\de ce ménage a au
total trois épouses. Cultivateur, il est installé depuis
quelques années à la rrontière entre le Burkina-Faso et
le Ghana où il pratique ses activités agricoles. Ses deux
dernières épouses et leurs enrants sont installés avec lui
à la rrontière. La première épouse a renoncé à suivre son
mari à la rrontière 1 elle déclare ne pas connaître la
troisième épouse de son mari, de nationalité Ghanéenne.
Sa résidence à Ouaga peut être tenue pour résidence secon-
daire pour le cher de ramille, qui y revient occasionnelle-
ment et vit alors avec sa première épouse.
L'ensemble des autres ménages présente une typologie
complexe.
E) ï~E2!2g!~_~2~E!~~~_g~~_~~n!g~~
Elle se base sur un inventaire systématique des rela-
tions présentes au sein des ménages enquêtés.
Le tableau N° J nous en livre l'image d'ensemble.

- 117 -
Nous avons en lignes les ménages 1 de 1 à 41
et en co-
lonnes les différentes relations de 1 à 26.
On trouve 1
En colonnes l et 2, les ascendants ou génération l
En 3
, les chefs de mérfage
,
,
En 4 a 7
, les epouses
ou
génération Il
,
En 8 a 12 , les fratries du chef de ménage
,
et les epouses
En 13 à 20, les enfants des époux et de
]
ou
leurs fratries (ou amis)
génération III
,
En 21 a 22, les petits enfants et les
}
ou
petits cousins
génération IV
En 23 à 26, les salariés ou invités joints aux familles
ou "satellites"
- §!g!~~_~~!!!~~~_g~_!~_~~È!~~~_E2~~_~~~_~~!!~!2g~
E~~~~g~~~_!~_~~!g_~~~_~~g~g~~
M. CM
1
Mère du chef de ménage
P. Ep.
1
père de l'épouse
CM.
1
Chef de ménage
Ep.
1
Epouse (l'indice distingue les épouses dans
les cas où il y en a plusieurs)
V
: Veuve
R
1
Répudiée
F.CM
1
Frère du chef de ménage
S.CM
1
Soeur du chef de ménage
CO.CM
1
Cousins du chef de ménage
Ep.F.CM.
Epouse du Frère du chef de ménage
F. Ep.
Frère de l'épouse

- 118 -
s. Ep.
: Soeur de l'épouse
M : Marié
E
D
: Divorcé
: Enf'ant •• { Fm: Fille - mère
CO 1 Célibataire avec enf'ant
(l'indice distingue les enf'ants des épouses)
: Enf'ant adoptif'
Bf'
: Belle - t'ille
E.F.CM
: Enf'ant du f'rère du chef' de ménage
E.S.CM
.• Enf'ant de la soeur du chef' de ménage
E.F.Ep.
: Enf'ant du f'rère de l'Epouse
E.S.Ep.
: Enf'ant de la soeur de l'Epouse
EA.CM
: Enf'ant d'un ami du chef' de ménage
pEe
: Petits enf'ants
pCo.CM
: Petits cousins du chef' de ménage
MY.CM.
: (Originaire) Même village que le chef' de ménage
dom.Sa.
: domestique salarié
Ep. dom.sa.: Epouse du domestique salarié
E. dom.sa. : Enf'ant du domestique salarié

.. , . ~;
l
~-:
~
lo.tJc.eu...
,~
~~~O.fl+~~ ~""~"'3~ - -m~1h /1
, '.J
'
'
h'
-
.
\\ _l.
...d\\"_
t
1 _1_'
\\! " - J,. &,L ,
'j,mo. ..",r...
G ....... 'lCll.
""
.»--
~
\\ k t m" fl.o.or,'.,..,
-~
.,. '!....~_,...
,.
,,)a.l4tltA~
""

U
Ù
1
Ï\\Î
1
1

.",)
1
----

1
<A-,~:~;:.t:.--- - -.;.:,;,- -
~
O,-",iLT" - - - -
~;4:.f>-~ -.~,J.-Ji~." - -"î
- o u - C-.:.ru,","- - - n
h o
_ n -
-
-
-
0
0
-
0
-
-
~
" "
A "
A
..A.
~
r#'--.J
'r=
'1
--
' r
-
-------..,
l
-:l.
J:
3
~
5
b
+
!
9
iD
11
~~~:;.
-1~
-1;
-1.'
-Il
18
-I.~
l.e
' u -
u..
2.1
't't
'L5_
f.6
M~,t.
,
1.\\
~ 1
1
P,'I\\Ç. cl..1 J E""""19
f..':... s...... c....s... E,04 f4~ s....,
~l..

"-J-r r..tl'~
1v....J~C~
w~
X::~1t
.It.)&l;
~
J
cl'........i
n~,~'..,f'''''''' ~--t
LI ~rc;. cb~ekl ol..- n~jeJ
JI_ ~cl,. cL.±i d...,,-! d,;F. .l... .le
E"'J~
*Ik .~ .L..
d1a..k J..ttj.le
~
l'or. f~~cAo.~
~..
. (......·~r(, ...... a.....Jr..
1
"
~k''''.
, te.
'",...,..
T" "'''j~ ""j"
tl.I "fl~
1\\&"1)"
.&.
1..,........:...IlJ~ ~~r· I.t~. .......1 1cL.a..,... .L::-
Il"", ~"'a.s:l"'r'"
cl.~ J.h;. Jol:! t:Ji l'',.~ 11;"
1
!
Ir.J_~ .,....s.J...
:n
JCJ>
1
T-
I
1
8"
"
l:_J- I+~~
M.CM r~" CM
E.r-
V
~ F.Ctf S.C'1 c...cl'l '1" F. r: ~,. s'IJ'-
E:
J
CM
~ et E. F. CI'1 E.s-en, E.F.,.. e...f•."..'e.,.e" -r-.E. ë~o, l'Iv. d-.~ Et-cl..
1
C/1 !
l'.,
S" --
1
1
1
!
1.
CM
'-,p
1=--
E
-1
E.. F.CM
'- • ~E,.' t(E......c", 1I-1.....E.
"' f.L ,{
1
î.
-
e M
€.
r~~~:
~J--
!
\\
~
Co
fi
&,
_é.-E.CM
1
,.
C 11-
~ ... f,.
l 'l~...) t-ti~L)-
,
<;
C:0I1
; ..
1
::>., "..
~L
!
b
f'.H
&...
-;~~~--
~,F,'"
;
---
::t
R
,,·1
1
f?
eH
,--
i;- ,
i
-
,
g
CH
ç':"
!
l
'"
,
Jo
~1
"
- - --'--lt-tI'i:J-
!
- - -
. _ - ~ -
,~
1
.,...6)
. _ -
~l:
v
1
2re:·-
- f(";:E ---
~~
13
'1
i
Z. r "" \\
!
-
J4
15'
CM
"
1 F
,E • f'.E,a
1
~
--
Et>. F.
---
-<:M- - - - - - _-1
(-
-
r 1d.(U
o?>---'--_.-.
.--...-
.. -
._-.-
t-.Vh.}~f ~~
~-
~~:'J1_
~-- l'IV. <l';t
I(
-"1'1_-~
r.c"
-
_ULLIO'
- - l
' E E Ç_l
1
- - - - -
---
l:t
,..., ,.....
v
r.L>('"
~l~
;
1
1
i
JL
- ;;"""'1lt.t.Ct
l"1~CI1 -- _CIL
l'j
CH
~~
1"1'''
~ (E\\
.. -
i
-
- " - - ------c ..
l.(f:r.:
' L '
1
1
~:)
t:tt
'-t
iii'
r. CM
(f'"
1
:
-
,
r
"
- ,

~~_~~LL
'1
;
i"
f' r li' r"l'; il-1-:IT'ro:,~t-TtTr-r;-T-:"
i ,f ~{'T j~:-S'::l-Lt-'::LL:I.:,_'-.:.1' -~, :.
_.L ..
.
"
,"---'~--.... - . --,-·-t-~--l--··~--'-;-+-~--!"·~j~~--'·- -!-.::__ ., .
TaJ"'yocu. d
C
·1 .
-4
"n'
L
"
-
~ 1
'_"""f)qSI1'J'V1~?
"."""'~"-" - "\\'T'CV'''''''' Li.
t (.4U\\Q) _
-
/
1:"'Jl1d,e.:r
~~,..Jra ....h..,... :JI.

'd"',.,~n.Ji.......
:nr-
a.'...J..coI....
" S~c.al~'1
't
..
l'
.!Y"
• . .
-t1
,:·~7.:i~,rt-- - - -&fO;s~--·- - - -F"cJ:u'~- 14 -- - --.,- -- - -,. ~"'~ - - - - - - - - t-P.:ti;~i+---~".h~m:.~..-~:=-t
~
~
A r
. A . : . ~
A.
'-:l..
~'. 3
If
5 '
/:}
8
9
~D H 4'2.'
-1.3
Ait
~5
4 ~
4T
-4 S
"'3
2.a" 2 1.
tG.' / ' ~3
\\' t't-
%$
~b "
-1;
--.-.,;._-
,------,-
eJl. ~.
~
~ ,.~ fA 'i'll-:'" J....dJ .'Ü~ ~
E
-l~ J.... ~~ ~ il\\oo.'
c.•••u_ 'HII
"tw.... ~L..... J.;~
E...,~ FÇ> ~
J.
.... ~~cll<~
'~L.J ~
.,1...
,.l.&j !,1~1g s~l-'lJ h'9"~ h"~1
Û
.
... llo},,"3~.Il'
Ile:
t'l.è-.,
. 00""-0 ,,. ~ ' . ..1_~ sJ.........1 .
1
.
• .
'.
..
Autlec
il
E~-
~
,. .
E.
1E.i'- e.Q. e.. F.01 iE"S, ..f. '7
E._'" .,..E ~.<o. 11v.. ·1!d....S>. •.L E.J....
'6..
-
l·~
1
.
l '
rCMe", .' ,r.... r:....
b
l~ M.CMI ~~tr:~~~:~frJ: -;- - -: -t----:-e.- ~~~~I.)L-
.. -..I:-' ;::~:~=,
E,.:Q1
IJ~.~AIj&~~~d; l
n
CM'E..
:
' i
t:; r.. ,
J.. ..
i 2 (E rcri'
'~.!", I L
--rT'""--
:4
-'11
ff
'+'_.
!
:
i
"I<~
. /-=:ic (.1') '.__.
1.
1 . .'1.
E,S'If"--
'1l,!. .~;.!
~.;
~~ ! ~~ I i i i [ l - 'D-'-~-i;--'l"-I-t 1
iF. .CM .....E:
1
2:f
rH
Iil\\'~>+~t
I . !
-f 't6::T ;~~;itJfj(~_-=, ~f j(f':f:Crrl.
1., (f:.Ii)1 _ ,
11
c~,.
: 1 i . _'.' 1-1-:1,.(~)_I_l_e.--lE."F.C'" i .
1
'~c..c.M
1
1
2'3
M. CM
f.E. CM
'
ft
1
i l ,
± (EJ,
l._ .
\\
i3-(e..~Y'd
. __ 1. ,. _....._
....·c..·c:11 ,--;,!.::.; tlJ.-o~J---l_. __._ 1
Jo
f
l'tl~':'t!
1
; , '
/':'4.I.ta~)tj (~y:. 1f;O i ;
:
~-lr-=-~
! : ' . _
31
~11 Tfi
1
1
~
.-+-4 Cê)
1 1J.+-----!-- - - "--
c:l_.~.1
.'J-,Vi~:l
u
32.
Uf
~
.
1
1
1
_ _ . _ l t . ( E ) . . . .
l '
_~_
i !
35
CM
-hp'
1
)~~"'_Llt_.(E)_ 1 '1._--.iS(E.~.f~!i\\
H~ .
ii~.d':"·IUE.~",.;:jk'>~
d.,.,..s"J
31t
1
l "
1
\\ ;
~
__ ' _ . _
i
:
~
'~(~:Q1 J.1'"g'
cl.,~•• !'~
~
'35 l'1.CM
CH
~
~1,._}'91i~'(lL----L-
.~_Lt.(j;§;).,_
....1
1
1
1
. ~
07-
;Q.I<_c.I-,:
3'
CI'!
il"
1
SIf.C'I1\\
1
1
l...1.ui)
. _ d
1
1
1
.'P
(' M
. . . .
1
Î
1
1
. ~_(~)
. ----i!Œ...E.Q1J~ ~.('... E E ~' .
1
;~. M ·CM 1
Ct'I---L!r
1
1
i._._'-_,____
. s- (6.)
_+_ j
1
i
' E.g. ~_- _ _~
_ _ _ !
i
,~
1
t:H
. ~
_~=f:.(~) ..... 1 _I· __'~F~;..
E.,i..!.p'
~(:f'.e\\;
' .
I.to M.CM\\
rN
11.0.... '1.'
I l !
'CE
~l..-
T T '
1
LIr~ 1'1, CMI
CM
1... ~.lJt·
1
~~<111
i
1...1Ii.~~ ..~..L.. _1
IE.FoCHI
' . - ·----.l.--. -.. --.l-~.--.--_.--
=t-.~
1
i
1
__
1
1
1
I i i
i
I i i
1
1
1
--~--
- - -
-
. ,
. b '~'
~
:
:3 l
,
1
l
,
l
'
,
1
1
1
1
1
1
~~~_ ........,.j.•,~':c:.!••"..,..•':,,,
t~..,..._···r'·-'-·~'~·"',.!"':_,.""""-, ..........,"'...""""~.,,_.-.,,'~.,..,,"'""~,.~_ •••.!,.-'-_""'_,~,..:"":"'''''.-.",-""r:""",_·_~-~-",:",,,··,'~"''''-'''~''':O.~~':_''.''','/''r~.f_'''~·'\\'''),~"'1"''f*~_'''''~'""c.->."."",,,,
.•.,.,..-.~_,,·'.<,,,,e/",," __·",'''''<;'''''''=-:'_4""""'!':I"..n"-'~·"""'-·'_"'.'~"~-":'~~-'~1'·'~~7'·~."'·"";''''''.''';;'''·'':''''
."'I-"''I'·'_~\\'''''''''"''''~~'''·"'"''f''''''''-·.'·;'~~''~'~'''''''·~1';':1~J'l~::'''·''''''''''''''"
..._~....~~~,t':<"I~'_~_J>;<o.-';''''',"~r.'<~~'l'''''''"'~~_'''!_'''""'!':'~,",.-'''",~_,~"''''''''-''';~_'
:"'-"'·W·"""'~;"'·_·,''-';·_·''''''''''''''''''''··_''-''·--~-'''''''''''''"·'~_····'··_--

- 121 -
Au regard de ce tableau, quatre générations se trou-
vent représentées à savoir la génération des grands parents
(cf mère du chef de ménage), celle des parents (dont les
époux et épouses ainsi que leurs frères et soeurs) ; la
génération des enfants et en dernier lieu celle des petits
enfants (des parents ou arrières petits enfants des grands·
parents) •
La présence des quatre générations est une dimension
importante qui nous permettra de suivre l'évolution et
l'apparition de nouveaux rapports entre Hommes/Femmes.
Pour traiter de la composition des ménages nous distinguons
auparavant les parties constitutives qui sont 1
"~~_~2~!~_f~!!!~", composé par le couple qui peut
être monogame, polygame ou dissocié. Nous entendons par
couple dissocié, celui réduit à la veuve ou à l'épouse
répudiée.
Le noyau familial peut comprendre deux couples associés
(soit monogames tous les deux, soit un couple monogame et
un autre couple polygame) vivant ensemble et ayant la mê-
me marmite "domestique". C'est le cas lorsqu'un des fils
mariés vit avec les parents.
- ~~~_~~f~~~ qui sont les descendants directs du noyau
familial.
- ~~~_!~~!!!~~~_!~~~_~_1!~~_~~_~~g_~!~2_!~_~2~~~
f!1!!!1!~! appelés "famille étendue.
- ~~~_!g~!!!~~~_~:~~~~_~~2~_1!~~_~~_~~g_~Y~2_1~
f~!1!~, désignés par "satellites".
Le noyau familial en tant qu'élément de base du ménage

- 122 -
est toujours présent dans nos catégories. Il constitue
le "noyau dur" auquel nous associons les enfants. Selon
la présence ou l'absence des deux autres parties consti-
tutives nous identifions trois degrés d'extension du mé-
nage formant au total Il types différents de ménage
(cf schéma (1».
Schéma (1) 1 !~E2!2g!!_~!~_~~n~g!~
~!:!_~~n~g!~_~~!!~!n~!2n_~_!_~!gr~_2~_:~~n~g!~_n~2!~!!!:!:!"
AI Couples monogames
BI Couples polygames
~ + enfants
cl Couples dissociés
~!~_~~~!g!~_~_~!~!_~!gr~~_2~_:~~n!g!~:~~!n~~~"
DI Couples monogames
El Couples polygames
+ enfants + individus ayant
FI Couples dissociés
un lien de sang
GI Deux couples associés
~!~_~~n!g!~_~_~r2!~_~!gr~~_2~_:~~n!g!~_!n~2~r~~_~!
~!~!!!!~!~"
HI Couples monogames
Il Couples polygames
+ enfants + individus ayant
un lien de sang + individus
JI Couples dissociés
sans aucun lien de sang
KI Deux couples associés

- 12) -
1° Les ménages selon le degré d'extension
Tableau 4
1
Nombre de
Types de ménages
1
llistribution des ménages enquêtés
ménages
recensés
1
1
par type
1
1
1--------------------- ------------------------------------ -----------
1
A
1
(2) (5) (8) (9) (32)
5
Ménages
!
1
à
B
(4 )
1
1 degré
1
C
1
(10) (13)
2
1
1--------------------- ------------------------------------ -----------
1
1
D
(3) (6) (16) (18) (19)
(20) (26)
12
(28) (36) (37) (38) (39)
1
1
Ménages
E
(40)
(41)
2
1
à
1
2 degrés
F
(11)
(14) (17)
3
1
1
G
(27) (30)
2
1
1
,--------------------- ------------------------------------ -----------
1
H
(1)
(23) (24) (25) (29) (31) (35)
7
1
1
1
Ménages
l
(21) (22)
2
1
à
3 degrés
J
( 7 )
( 12 ) ( 34 )
3
1
1
K
(15) (33)
2
1
1
J'-
'--
'--:-
-'-
Tableau 4 (suite)
1
Couples
Couples
Couples
Deux.:
Type de ménages
1
monogames
polygames
dissociés
couples
Total
associés
1
-------------------1----------- ----------- ----------- ----------- -------
Ménages à 1 degré 1
5
L
2
8
1
Ménages à 2 degrés 1
12
2
3
2
19
1
Ménages à 3 degrés 1
-
7
2
3
2
14
1
-------------------1-----------
1
Total
1
24
5
8
4
41
1
1

- 124 -
a) ~~:L~~n~g~~_~_!_g~g~~_2~_:~~n~g~~_n~f:!~~!r~~"
- Le premier type en est le ménage monogamique qui comprend
l'époux et l'épouse vivant exclusivement en compagnie de
leurs jeunes enfants. Ce type de ménage est désigné par la
plupart des auteurs modernes par "famille nucléaire" ou
"famille élémentaire". Certains auteurs utilisent l'expres-
sion "famille restreinte" ou"famille biologique".
- Le second type de "ménage nucléaire" se compose de l'é-
pouse (veuve) qui se retrouve seule avec ses enfants suite
au décès de son époux.
- Le troisième type est le ménage polygamique qui compte
un époux avec plusieurs épouses et leurs enfants. Le ménage
polygamique s'éloigne de la famille nucléaire au sens occi-
dental. Mais il partage avec elle le fait d'être"à un seul
degré" : c'est pourquoi nous l'avons regroupé avec les
précédents.
Sur 41 ménages enquêtés, 8 sont des "ménages nucléaires".
C'est là une proportion non négligeable qui atteste effec-
tivement l'émergence de la famille nucléaire dans le mon-
de urbain. Il serait intéressant de s'interroger sur les
conditions socio-économiques qui engendrent une telle émer-
gence et les normes d'évolution du phénomène. Quelques in-
dividus questionnés à ce sujet expliquent la restriction
du ménage par l'incapacité de nourrir davantage de person-
nes mais aussi par les conditions d'habitat. Le chef de
famille du ménage 4 disait : "Nous aimons beaucoup la
grande famille, la parenté ••• mais comme tu peux le cons-
tater, avec une maison à deux pièces pour un chef de famille,
deux épouses et 8 enfants nous nous trouvons dans

- 125 -
l'impossibilité d'héberger d'autres personnes. Certes
quand.il fait beau nous pouvons dormir à la belle étoile
mais quand il pleut il faut pouvoir s'abriter ••• " (ind 1-
mén. 4).
Cependant si les conditions matérielles exigent dans
bien des cas la restriction du ménage, Jacques BINET note
que de façon générale "en Afrique cette restriction n'est
pas encouragéepar les usages anciens"( tL.) )ce qui constitue
jusque là un frein à l'expansion de la famille nucléaire.
Les individus qui adoptent ce type de ménage doivent souvent
le justifier par des motifs socialement dévalués comme
"égoïstes". En témoignent les expressions imagées traduites
dans les chansons populaires du genre; "Ritum yé, kidam
yé"; "qui mange seul, mourra seul". Pour les Mossi "Nimb
ya baobo", "les individus sont à rechercher" 1 l'ouverture
aux autres demeure une valeur sociale.
b) !:!~~_~~!!ê:g~~_~_~_~~g~~~_2~:r:1~!!ê:g~~:~~~!!~~~"
Ils comprennent soit un couple (monogamique, polyga-
mique ou dissocié), soit deux couples associés; leurs
enfants auxquels se joignent des individus ayant un lien
de sang tels 1 père ou mère, frère ou soeur, enfant du
frère ou de la soeur ••• du chef de famille et/ou de l'é-
pouse. Ces derniers sont les ascendants, les collatéraux
et aussi les descendants de la deuxième génération à savoir
les petits enfants.
Ces ménages à 2 degrés des ignés par famille étendue
sont les plus fréquents 1 19 ménages sur 41 dans l'échan-
tillon. De façon générale, ce type de ménage est le plus
(,1,..) Jacques BINET : "Nature et limites de la famille en
Afrique Noire"
In 1 Etudes scientifi~ues 1 La famille Africaine
Sept - Dec
1979

- 126 -
répandu en Afrique tout au moins dans les limites de l'ha-
bitat traditionnel selon Jacques BINET l~) .
TraditionnEÙlement les Mossi parlent du "Rogom Walogo",
"de la chaleur de la parenté";du "Rogom
gnougou" ou"odeur
de la parenté". Ils disent encore 1 "Rogom ya waodo 1
Rogom ya gni sidiga", "la parenté frissonne" (voulant dire
par là qu'elle est dotée d'une certaine sensibilité) et
"Rogom ya paquéré", "la parenté est devoir et obligation".
Ils ajoutent que "Rogom pa péked wa fougou", "la parenté
ne peut se laver comme du linge" qui signifie par là que
la parenté ne peut s'annuler comme une tâche sur le linge.
C'est en fonction de ces valeurs que les ménages po-
pulaires continuent à accueillir des parents en leur sein,
malgré des conditions matérielles très limitées parfois.
- Il ressort de notre enquête que les ménages accueillent
des jeunes issus des campagnes à la recherche d'un emploi
ou pour la poursuite de leur scolarité à Ouaga. Pour d'au-
tres ou les mêmes, il s'agit de venir en aide à leurs pa-
rents respectifs en les déchargeant du nombre de bouches
à nourrir.
Ailleurs des ménages font venir des fillettes pour
aider les épouses dans leurs travaux ménagers 1 comme les
enfants respectifs du ménage fréquentent l'école et ne
peuvent pas tellement aider la mère dans ses travaux, on
fait appel à la petite cousine ou à la nièce du village
qui elle, ne fréquente pas l'école.
- Sinon les ménages accueillent encore des parents en si-
tuation difficile, des cas sociaux tels les divorcés, les
filles mères et/ou leurs enfants, les handicapés, les
\\~} Jacques BINET 1 op. cit.

- 127 -
orphelins, mais aussi des individus sans ressources tels
les chômeurs et les personnes âgées. Il arrive aussi que
des émigrés (en Côte d'Ivoire) confient leurs enfants voire
même leurs épouses aux ménages. Il s'agit pour les enfants
des émigrés de pouvoir fréquenter l'école au pays ou de
garder le contact avec leurs racines.
Certaines présences s'expliquent enfin, tout simple-
ment par le système traditionnel de circulation d'enfants
à l'intérieur de la famille élargie. Autrefois l'enfant
n'était pas élevé par ses parents directs. Dès le jeune
âge il intégrait la famille d'un oncle, d'une tante ou
des grands parents où il se conduisait comme s'il était
chez ses propres parents. Il revenait aussi à cette famil-
le d'accueil de l'entretenir, de bien l'éduquer et de se
comporter envers lui comme s'il était le leur, sous réser-
ve de réciprocité.
Il semble de nos jours que les rapports entre parents
d'accueil et enfants accueillis sont de plus en plus con-
flictuels. Les enfants arrivent à penser ou à dire 1
"Ma yoa, ma kinma, ma minga y'aa" l "Tout se passe bien
mieux avec ma mère qu'avec la petite soeur ou la grande
soeur de ma mère".
Les parents d'accueil se plaignent quant à eux de la
désobéissance, de l'ingratitude, mais aussi et surtout de
la difficulté de traiter ces enfants accueillis comme les
siens l "Au moins avec son propre enfant on peut disposer
de lui comme on l'entend sans avoir de compte à rendre à
qui que ce soit. Mais dès qu'il s'agit de l'enfant d'autrui,
au moindre reproche on voit aussitôt qu'il n'est pas votre
enfant".

- 128 -
c) ~~~_m~n~g~~_~_î_2~g~~~_2~_:m~n~g~~_~n~2~r~~_2~
satellites"
----------
Ils se composent soit d'un couple (monogame, polygame
ou dissocié) soit de deux couples associés; leurs enfants,
des individus ayant un lien de sang (avec le couple) mais
aussi des individus sans aucun lien de parenté ; ceux que
Richard SENETT l.t) appelle les "satellites".
Parmi les satellites on dénombre les individus origi-
naires du même village que le chef de famille. Il faut dire
qu'à Ouagadougou les ressortissants du même village se re-
cherchent, se trouvent et se fréquentent. Parfois ils for-
ment une communauté plus ou moins organisée qu'on sollicite
face aux divers problèmes. Il n'est pas rare d'entendre un.
communiqué radio-diffusé faisant appel aux ressortissants
de tel ou tel village ou localité pour s'occuper du corps
d'un(des gens)du village ayant trouvé la mort à la suite
d'un accident de la circulation.
D'ailleurs c'est l'habitude pour le nouveau migrant
arrivant à Ouaga et qui n'y a pas de parents proches chez
qui se diriger, de rechercher des individus originaires de
son village. Cette appartenance au même village d'origine
est souvent suffisante pour qu'il soit reçu, voire même
hébergé temporairement. Ce contact constitue de toute fa-
çon une filière pour retrouver de proches parents car l'in-
terconnaissance est générale dans les quartiers populaires :
chacun sait qui est de tel ou tel village.
Des relations amicales donnent d'autres satellites
dans les ménages
enfant d'un ami du chef de famille ou
()1,) Richard SENETT : "La famille contre la ville"
~
Les classes moyennes de Chicago à l'ère
industrielle 1872 - 1890
Editions RECHERCHES 1980

- 129 -
1
l'ami d'un des enfants, poursuivant sa scolarité avec
1
celui-ci.
1
Des convictions religieuses peuvent aussi se trouver
t
à l'origine de cette cohabitation sans parenté. C'est le
~
1
r
cas des élèves coraniques ou de l'individu 13 du ménage 15
i
de nationalité Ivoirienne dont un prêtre a demandé l'héber-
l
gement, par la famille, parce qu'elle était catholique
t
praticante.
Les satellites sont aussi des handicapés, des enfants
abandonnés, des orphelins récupérés par-ci, par là : Les
centres sociaux n'étant pas suffisamment développés pour
accueillir ces enfants, il sont pour la plupart intégrés
au sein des familles.
La dernière catégorie de satellites comprend les do-
mestiques salariés, dont certains Se trouvent intégrés
avec épouses et enfants. On appelle généralement ces do-
mestiques salariés "Tourn Kamba", "les enfants du travail".
Lorsque tout se passe bien et qu'ils ont passé de nombreuses
années au sein de la famille, ils sont considérés au fil
du temps comme des enfants adoptifs. Ce qui donne lieu à
des relations, à des rapports sociaux spécifiques, car
on ne sait plus où se trou~la limite entre relations
salariales et relations familiales. Le domestique intégré
avec femme et enfants, de "Toum tournda", "travailleur",.ou
"Toumdé biga", "enfant du travail" devient "l'enfant adop-
tif de la famille". Cette promotion domestique du salarié
est une des originalités de l'Afrique Noire.
i
î1~-

-
1)0 -
.-
2°) ~!~~~~!~~_g~_!!_E~~~~~_~~_~~!~_g~~_:~~~!g~~_~~~~~~~n
entourés ou non de "satellites"
-------------~---------------_
..
!~È!~~~_2 : ~~~_E~~~~~_E~~~~~~~_~~~~:!!~_g~_~§~~_~~~
~h~f~_~~_f~!!!~_~~L~~_~~~_~E~~~~~ ?
PARENTE REPRESENTEE
1
REPARTITION DES MENAGES
: NOMBRE TOTAL r
1
CONCERNES
1
DE MENAGES
1
------------------------I---------------------~------- 1--------------1
Uniquement des parents
1
(3)
(15)
(17)
(18)
(19)
(20)1
1
du chef de famille
1
(21)
(22)
(23)
(27)
(28)
1
15
1
1
(35)
(36)
(40)
(41)
1
1
1
1
1
Uniquement des parents
1
(6)
(12)
(14)
(26)
1
4
1
de ou des épouses
1
1
1
1
1
1
A la fois des parents
1
(1)
(16)
(24)
(33)
(37)
1
1
du chef de famille et
1
( 38 )
( 39 )
1
8
1
de ou des épouses
1
1
1
1
1
1
Les ménages où l'on retrouve uniquement les parents
du chef de famille sont les plus nombreux : la famille de
l'époux le plus souvent représentée au sein des ménages.
Traditionnellement chez les Mossi, comme en bien d'au-
tres sociétés, on ne verrait pas un homme s'installer dans
la famille de son épouse. Aussi n'était~il pas courant que
la famille de l'épouse s'intègre dans le ménage de celle-ci.
L'époux pouvait être amené à assurer en partie l'entretien
de sa belle-famille mais celle-ci refusait généralement

- IJI -
la présence physique dans le ménage de leur fille. c'était
déjà une honte pour les parents que d'aller fréquemment
dans le foyer de leur fille. Peut être ce sentiment de
honte s'explique-t-il par les cadeaux qu'offrait le mari
à chaque visite de sa belle-famille?
De plus en plus pourtant à la ville, les jeunes épouses
font venir leur famille dans leur foyer : notamment frères
ou soeurs. Il faut relever qu'au même moment la cohabitation
entre jeunes épouses et parents de l'époux (-forme la plus
courante-) pose davantage de problèmes. Le conflit central
est entre jeunes épouses et belles mères. La jeune épouse
reproche souvent à sa belle mère d'être "sale" (par exemple
de cracher son tabac ou sa cola n'importe où dans la con-
cession), de ne pas s'intéresser ou de ne pas trop s'occuper
de ses petits enfants, de ne pas l'aider dans ses travaux
ménagers mais aussi et surtout d'attendre les mêmes gestes
de son fils lorsque celui-ci fait un cadeau à son épouse.
Ailleurs des épouses se plaignent de ce que leur belle-
mère n'est présente que pour leur reprocher leurs conduites
et les rappeler à l'ordre à tout moment, en leur répétant
ce qu'une femme ne doit pas dire ou faire. Ainsi, une jeune
épouse nous confiait-elle que "sa belle mère s'était indi-
gnée un jour parce qu'elle avait vu son fils aller se servir
en eau pour sa toilette alors qu'il lui revenait à elle,
en tant qu'épouse, de le faire. Pour sa belle mère c'était
le monde.à la dérive
Il
•••
- Les jeunes épouses supportent de plus en plus mal chez
leurs belles mères, ce rôle de garantes de l'interdit •••

1]2 -
Pour les belles mères, les jeunes épouses dites "Massa
pagba" "femmes d'aujourd'hui" se donnent trop de liberté
et d'aise vis à vis de leur mari
elles osent les appeler
par leur prénom, répliquer à leurs
propos en public etc~ ••
"Les femmes ne savent plus respecter les hommes" disent-
elles. D'autres estiment que leurs belles filles veulent
accaparer le mari et ne conçoivent plus qu'il faille faire
le moindre geste en direction de ses parents, alors qu'ils
ont eu à s'occuper de lui jusqu'à ce qu'il se marie ...
Pour éviter ces problèmes qui traduisent aussi des conflits
de génération, les jeunes couples ont tendance à éviter la
cohabitation avec la famille; d'où la formation de certains
ménages nucléaires. Ces problèmes de cohabitation semblant
surtout tourner autour des femmes, on peut se demander si
celles-ci ne seraient pas les promotrices de la famille
nucléaire ?
]0) Q2ŒE2~!!!2~_g~_Œ~~~g~_~!_~2!!y!!~_g~_2h~f_g~_Œ~~~g~
Le rapprochement de la dimension des ménages avec
l'activité du chef de ménage fait apparaître malgré la
faiblesse de nos chiffres (cf tableau 6ft Jue les dimensions
les plus importantes se retrouvent chez les ménages de
commerçants, fonctionnaires, militaires ou encore chez les
petits patrons. Le ménage 15 par exemple de famille infir-
mier à la retraite compte 17 personnes dont le couple qui
n'a jamais eu d'enfant. Que dire du ménage 29, de chef de
famille, enseignant F.J.A. (Formation de Jeunes Agriculteurs)
qui comprend 22 Personnes ?
Les ménages des agriculteurs, des ouvriers ou des
chefs de famille vivant de petits services sont relativement

Tableau 6
~~~!~~~~!~~~_~~~_~~~~~~~_~~~~~_~~_~~~~~~~~~_~~_~~~~~~_~!_~~~~!~~~!~_E~~~~~E~~~_~~_~~~!_~~_~~~~~~
~~_~~_~~_E~~~~~~~_~~_~~!~~~~~~_~~_~~~~~~_i~~~_~~~_~~~~~~2
-----
_.
\\ ..
t
(\\-e.ti".d4I
'
- .
--·-----------1----------·--·---·
. <l!~~~ç
:f..,.,.,ch·~·,,~
(m"Ld-eu'~
1
..... cf,o~e <.'
l, .J _
Il,

'l'ne'l"l
It· .,~
Pr~Cuti I\\t\\h~ - - - - ,'-- - - -. OIUl'Üeg fafl\\s \\- -- -.. -
1
-
Pe.h't;
. \\Utlo/l\\l.I\\I.')I.l
t~
f~it~ ,
' , . f
.
0-1.
Q,\\
lc:l\\. 1 ~
) d \\"\\ 1
: ~ ~o~~
a.ehvit: \\
~e-r(ë ~t1~, WCWe..l
1
9eJ1lvi c~ 1~4~~,.. te', 'Ile l:;~t-.Q.e:t,·vd~ a.ebtct4'/ë ral:;..,."
1 .
: -:1.
1
rWU O"\\M~
i
i m~ -=F-~-----l~-~=~--=~-=~-
i t fQ/\\&'~t.$
(14)
1
1
--
, 3
Il
(~4)
(A~)
Ct) (9)
L
j
_ , . _ ~_-~
--r--~
--- -~--------
_ __
--- -~-I --- _
)
'+
"
l
CT)
1
1
l_
1
(1.0)
.,.
---
:~U>\\
(tf1)
5
"
lL)
l.-Q)
~.J-'
;-ç
.'
i
l,l)
.
1:-------1
i------
\\1-'
:r 1-
'f
- --- L
! _8
.,
L~
1
4)
0~),("")D4)
l~1")
EibJ 0&)
1 tl!,~
-
(~~) -. --- --- -
:<j
l'
(3J [5"')
-1-0
1/
j
(~5
(}3)
-'~-r- ----.
1
~L
li
Lb)
L4 )
t· .
' 1 - -
1
. .J..'l..
"
(30)
.(4-1)
[qO)
1
;1.3
1 -
"-
r(~t-
·.l(1.)
-j. Lt
1,
1
+
1
1
J
-15
"
(1.~)
(2.'5)
1
..,tu.) -.r-
- (~~j
~.1.J.,
Il
-1
, . - - - . _ -
..--
.
(A~)
i il .!I .
, ' - ' -
1--
--- -- -
:.. t 8.
Il
l.,- ----
!
l--------f--- -,,-.-----
(33 )
: 1-~
"
--t
1
: <to
j(L+
l'
!
j-
_eL
Il
1
_ . - +
(21)
.......~..t-~L~ ..·1-- .
1
.; tl.
/,
.
~
1
~~-"'t<',,,·''',··,,~··
..'"·~-~·'''!=''''''·,,··,..,~·'>'~~'"''?'''''' ''''"'''''''''''?'''''''~,.,,-,., '"',·,',·,··'_· ·.'''':"'·;';:"''''''''''',.,.'"~"·,,'',.,''''·.-.'''''''"'''~'''''1''r'',~ ···~~".~,"""lj.~"""·~..~1"7,',"";;Ff"~.~·","'·~·"·r',,"t";',·,~('o ..',""'"·"',~;'''.,.'''· ..·.',,··.f''''l'!'~.,....,....,..,,~
.,...·~~-,.<'!"',....'''..,....,~·,,,...~.o''':~.~~,"''''';~~.",..·mr.-,---.~''''''''''''''''~."I·,,'l.,'''"'!'r..-~-~:~_,_ .._..__
.. .--.~,.,'.;'lI<!'
,~>Ofo:~""",
""""""'I"l<.,.,'ff';~ __
,.,
- :""'".,-~."""".'."._..,.",""".~,..
.~v.~ __....-~__ ._"
_

- IJ4 -
j
r~è~i~~ C~ èE taille moyenne. LE petit co~~erce étanl e:-
fectuÉ par le~ fe~~e~, on retrouVE l~ les ménages de~ veu-
1
ves, dÉj~ mentionné~ àE petite taille. Sans doute le ménage
e~ rr.ilie~ urbain est-il è'autant plu~ réduit que l'activité
1
du chef de ménage est plus précaire ?
!~..'
f
- Si nous analysons le type de ménage par activité du chef
t
fl
de ménage, nous c'onstatons que les ménages de commerçants,
f
~
fonctionnaires, militaires ou petits patrons présentent
i
les compositions les plus variées. (cf tableau 7i1).ce sont
1
dans ces- ménages que l'on relève la présence de satellites
tels les enfants des amis ou les domestiques salariés.
Cependant si les ménages de fonctionnaires ou de façon gé-
nérale des "intellectuels" comprennent un nombre important
d'individus, on y compte peu de ménages du type "deux
cou-
pIes associés". On y constate au contraire la recherche
d'une certaine autonomie sur la base de l'indépendance et
surtout de la stabilité économique. Cependant l'autonomie
ne signifie pas coupure des liens.
Les ménages de couples associés se rencontrent surtout
chez les cO~uerçants et chez les agriculteurs.
La variable de l'âge semble s'imposer aussi dans la
composition du ménage: les jelli~es couples sont de plus en
plus des "ménages nucléaires" (cf tableau 8}t~ais aussi ne
connait-or. pas leur avenir.

~~~~~~~_~ : ~~e~~!~!~~~_~~~_~~~~~~~_E~~_!~e~_~~_~~~~~~_~!_e~~_~~!~~~!~_E~~~~~E~~~_~~_~~~!_~~_~~~~~~
1
..-- - .. .------- ---------[--------------- -.---.
r'"
1
! a~ e-1 ~- - ~

1..

1
P"'1î h·1.-· -
~ ct~u~lé d.i.<. -
o
.L.
~
0
.
Po \\-.l-
tCV1")Cl\\~c:u'lU
.~
f\\-;r4C4tPJ ... 1\\ll~
Wf 'lI llIlS
«.., '-0
'P...h~
'~Qt~ etsld..t,
S~.s
_
~(LI\\.tISt'
f
1
~&WU
p~~'f-- -- ;-- ;~~~ ~Q.l"-"1e~ i !
.
-~-
1- ...~ l~ 'l-~- --- ,:l-l~
J- ~')\\.~ .
~ (lct.'v.tcl
ra!1~i
C~fIlCe.,
'
: e..tv.c.u, ~\\-lVI't·/r ~~t'1'U~c. A~~i~~·t~C1~~eu~
.....,
1
,
1
,
_
1
1
-
\\
(>
,
:
:
(1;))
(Z)((~)
:
(~)
!
1 \\ lo~r ~,,"~."~
~1.-)
1
[
1
/-ic!QoQ<
1
1
i eourld r()~:t"'v
l4)
1
1
l
'
1
:
1
()
,
• •
• ,
1
1
L"'''I~ ~ ~o~~
1
(10) , 0~) :
i
1
1
G) LAé) tic}) (2...~)
1 lJ4)
'LfbJ {1-01,c~~). ~
1
,
:Co,J~,"~~ Lb) (!l)
1
{
;;...-
,
'~)I 00)
-
, J -
1
:'"
1 (I.Cc.<pl!> ,.P......a
1
(tl~
(li~)
1
i
i ..JI
,1 J.fl(f~
-J.)
l
,
\\
1
\\
1 1
!
C0uf~ J.LU1lCl·.~ (!4)
LAA) tH).
1
1
t
1
1
Coil!> ..!.l'''~ (l..}) (J 0)
1
1
-..
~,,~.
~.-
--1..
---. --- --... -- --..-----,.
i - - - - " - :
i
\\
1
"l~ti-)
i
'C~.,~
(2.4)
:(~~)
(t~)
(A.) l t~) l2J,)
1
1 (2.~)
134'~ta.,1.. ~~ i
(2L)
1
1
11C.'1'1~cL'lsoU:~ 6~)
1
{})l' ~~
1
1
,
!
~~ """.d4
1
i(3J)
: 05)
1
j
1·-
-
1 ... J~..
1M!!"..... _"'S""~'ll!}iif"""'""""'.~., •• ""I'"">"','n"'·,-;""'·.wT·.""''_""'.",~,'_''_'''''' .• - _ _..,._~.'".?'>,,~.'.., ...,~.,~.~....._'~..... _",..7'.,......"':,...-, ..~-~,.,_,-,..,:·\\'..,_·"""'~·"' ..·'.'n·._-_._~~';·." ..'-rY "»1"<,-,.-.-, ··Y,""r,"'>"·"''!<'-''''.';'''';'O« ~.. ~··"""""~'r",~_,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,-,,,,,.,,,,,,,,,? ..·_~,,.,·~"""""-~t.,,,-,,,I";""'~~"" ·'""'·:'_-"''''O''~';~''··''. __~·~·~''''''-,~_~'.'.''''r'",,''''·-''f.'''''''''''''''',_'"''f''''_;-~·'''''
"·'."~'_"'·'~'-;",w·~·,·'.,,"-'{'(·>·';>j~,.,,'ff"''''
H,""""""'.,~J"''''''''-1i!'-\\c,:,''''''''~'''''l'7o;.''''''!',~~~'"''!.'""
_ _,'''~"",-'W']""
,,,,,,~,,,,,,~_~__ .,,-._....

Tableau 8
~~~~~!~!~~~-~~~-~~~~~~~-~~~_!~~~-~~-~~~~~~-~!_~~~-~~~-~~-~~~~-~~-~~~~~~
)
TYPE DE MENAGE
25 à - 35 ans
35 à - 45 ans
45 à - 5 5 ans
55 ans et +
)
:
:
:
:
)
---------------------------------------:----------------:----------------:----------------:----------------)
)
Couples monogames
(8)
(9)
(5)
(2)
(32)
)
1 degré
Couples polygames
(4)
)
Couples dissociés
(10)
(13)
)
\\L
)
~
)
\\
Couples monogames
(26)
( 3 )
( 20)
(36 )
(6) (16) (18)
(37)
(38)
(39)
)
( 19)
(28)
)
2 degrés
Couples polygames
(41)
(40)
)
Couples dissociés
(17)
(11)
(14)
)
2 couples associés
(27)
(30)
)
)
)
Couples monogames
(35)
(29)
( 1)
( 23 )
( 24 )
)
(25)
(31)
)
3 degrés
Couples polygames
(22)
)
Couples dissociés
(7) (12) (34)
)
2 couples associés
(15)
(33)
)
)
)
~l"')
_3
,n "§ ~",..~~,I"-"'<'!'·r<~.....:...·r_·f"""'·,"·..._:>':';"I'·"''"."..,."~'""''''''''''"'''."",·..,,.~''''~,~''''''_;...,.-r""'.,..·..,'_·'",<c<.<:"!"""·,...-,'1'.,.....'..":"'..~·,.·""~" .. """''''=:''7'''P\\''".·~· ....,T,..""·'''''"'·,~m,.._.,.·'..--,''';,.'~'_·,'".,.....,_.,.......,."."...';(i'!"'.'C.._'''''~.,_••..'...._..:.._'''.."'"',.:',~'<:'','é'',.,,~?.,,~~~'':..•,I....C.'","~"':,.,',"''','',~ •."',...,'<'.,.'".'''''"'__'-,..•.''"...",~.~,._"...,.-"".,-,.:',.,,,.....,'~'"""?'...._~'''''''''..,..1':'~'''"~ ,··,..·,,'·~.....,,<',,'·'"c·;,·_~';~"',''',''·''_'k .•''..."l''P'.~.._~ ........rw".",""',""'·'f"'"',_;.,..".,'"...~"""~".;,;FA,~~"""..~,."""'"•.,',~.~•.,""""''',..,.._.,''''".~_.'''_ ..._..,,_ _.'.....,..._"_,
~ __ •..

- 137 -
1
1
g
!
individus
1
t
1
!
Les 392 personnes enquêtées comptent 206 hommes et 186
1
1
femmes soit une population masculine légèrement supérieure à
1
f
la population féminine. Cette proportion donne en moyenne 90
f
t,
fe~~es pour 100 hommes. La situation excédentaire de la popu-
!
f
lation masculine pourrait s'expliquer par l'extension des mé-
!
nages à deux ou trois degrés. L'exode rural concerne davantage
1
t
la population masculine.
~
t
B) ~~~~~~~~~_E~~_~g~~ 1 j~~~~~~~_~~_!~_E2E~!~~!2~
Selon la structure par âge (tableau ~r, 36,6 % de la
population ont moins de 15 ans. Aussi la pyramide des âgesr~)
présente-t-elle une base très large malgré l'importance re-
lative dans l'échantillon des couples ayant dépassé l'âge de
procréer, donc n'ayant plus d'enfants en bas âge.
- Pour l'ensemble du BURKINA-FASO, les individus de moins de
15 ans représentent 45 % de la population résidente. A ce
sujet les démographes disent que "si la jeunesse de la popu-
lation peut être le tremplin pour un développement dynamique
dans le futur et est source de rénovation, elle est pour
le moment un handicap ••• " Les jeunes amplifient en effet
la catégorie des inactifs à laquelle appartiennent les per-
s onnes âgées.
Dans l'échantillon le~ personnes âgées de 55 ans et plus
représentent 8,5 %. Ce qui porte à 45 % la proportion des
dits inactifs.
D'ores et déjà ces inactifs constituent un poids non
(1.)
l' tJo\\~ ~ ! 1'-
A 3~
l 2.)
f U;{'-GlJtM.I·cl- } r- '1~o

- 138 -
négligeable quant à l'entretien et à la reproduction de la
force de travail.

Tableau 9
~!~~~!~~~_E~~_~~~~_~!_E~~_~~~_~~_~~_E~E~~~!~~~_~~g~~!~~ (*)
PoFU\\'~"!O~ ";-lil;~.,_~
-5
1;::.le.~:~~ ~S:30',~.,-J~~ ,~J=~~~y):: 50~'.s :~~'~-='sl (5:~11O+...f Il'

l '
1
1
1
I
i
i
,
,
i
1
\\
1
;
,
-'-1
1
1 .

T _.

r
-
1
1
. ,
'
,
1
1
: .
H~t.o 2. T 1,4
~,
33
35
(Af
9
l I e : ~
.5
4- 1 C
) Z 6' 1
t ... --'- ..."
,
. .-" "L . . _ - - - - - 4 - · · - - - - "----0--".· ....•.. " ... -,,-+. 0_-.··..... ".
o...
\\
1
;
i
2,5"
--i'
~, 'lB 't5 I!~Z. ,lt
.-1.[)
18 \\ 1-
{'
t! if
--i3
1
-!R"
1
~
IF-."
1
l '
1
1
i
; ,
.. "
~
'-.~""
.'--' ..-:
-.
.. "
._ .. -'. -·i
j)
1(-1
l;,fo.P
43
43
st
;
, 0
1 2.j
!A3
12,
1-1't
A 5
9
(11. 0
A 9
3 n
!
\\
i
1
1
0/
L.. '0
2./~_j ~;~~l~ ~:~-r~
10
i-l,3
1 ~
i 3,3
!.3
j 3 5 . 3, g
1 --It,S
13/
..,s,s ;1.~ 3
Ü O '
1
(*)
Pour le détail par ménage, cf.
tableau annexe
3
/'" 510
~~"""""''''''''''''''''''-'l''-:C-''''''''''·~'~·'''·.'''''''·;~·f~.~.-~''·'-·'~''';~"""""'~1>;"'7"··~""'.'~'r"""!''','~'-'J'~-~_''''',~.'''-_-'-''-·,"",''''''~r,''''!.·''"·~
;"'·'·".-.1""""''''W·'_'''·'''''''"~''·'''''':''~·':''''''_'_''''·'~·'''~<'''''""~""""'·';.''''''~''''~'''''~'''"''.~'':''''.j,,,''~j·c'''''''"''':''_';''''·"':',;"'\\j"".~"""':':','f"""'"",~"._
·'''''''''r-'!'i'~{f~:;;~;",":",·,•...".,._,~"",,,,",,,,,,[<,",",,,,~,~:t'':·'.''''''·~7_\\'''-'''!1''''"'~""'.·"·"~'4'1'"'P'HrU~"J'""'''''''''''''~i~~''''--~'''''~'''''''I;oo!',:,,·''/+,,~,",,''r'''-lI'!'i'''''~~,_,,~~
_ _,,~""",...._ ..........~.~"",,,,,,,,, ...~,,.........,,,~~~..__ •
,,.•_.,.,._..
.


- 141 -
C) Situation matrimoniale des individus membres
--------------------------------------------
Tableau 10
----------
E~E~~!~!2Q_g~_~~_E2E~~~!2Q_g~_!2_~~
~~-E!~~-~~!2Q_!~_~!~~~~!2g_m~~~!~2g!~~
(
:
, .
.
: Célibataires:
. ' ( )
:
Veufs ou
:
D'
' ( ) :

di'( ) " :
Tt 1
))
(
Population
: Céb.bataJ.res:
.
:
MarJ.e e s :
:
J.vorce e s .
pu
e e"".
0
a
.
,
avec enfant

:
veuves:
:
:
)
~-------------_._-------------;--------------;--------------:--------------:--------------:--------------:--------------)
(
)
(
HO/oMES
91
37
129
)
(
:
:
)
(FmIES
:
48
:
2
:
47
:
17
:
4
:
1
:
119
)
~-------------_:_-------------~--------------~--------------~--------------;--------------:--------------;--------------~
(TOTAL
:
139
:
3
:
84
:
17
:
4
:
1
:
248
)
(-------------_:_------------_:_------------_:_------------_:_------------_:_-------------:--------------:--------------~
~ POURCENTAGE:
5 6 , 0 0 :
1 , 2 0 :
3 3 , 8 0 :
6 , 8 5 :
1 , 6 0 "
0,40
' . .
100
~
(
1°) ~~-~~~-1~E2E~!U~_~~_2~!1È~~~1E~~
Ils représentent 56 % des individus âgés de 15 ans et
Plu~Il semble que le calendrier de la nuptialité est
assez tardif et qu'il l'est davantage en milieu urbain.
L'âge moyen au premier mariage en milieu urbain serait de
28,3 chez les hommes et de 18,6 chez les femmes contre
respectivement 27,4 et 17,1 en milieu rural{&).Une diffé-
rence d'une dizaine d'années s'établit donc entre l'âge
moyen au premier mariage des hommes et des femmes.
2°) ~~_E~!~5~1~
Sur 37 hommes mariés, 8 sont polygames. Ce qui donne
un total de 47 épouses pour 37 hommes soit un taux de po-
lyginie de 1,2. Ce taux est légèrement inférieur au taux
général du BURKINA-FASO qui serait de 1,7.
Ct) Pour le détail par ménage cf tableau annexe .Ir, P,)4. .
~t) Résultats du recensement de 1975

- 142 -
Les polygames représentent au Burkina 32,4 % des hom-
mes mariés de 15 ans et plus. Quoique phénomène non négli-
geable, la polygamie n'est cependant pas la règle et elle
concerne davantage les anciennes générations. De nos jours
la polygamie est source croissante de conflits entre épouses;
entre enfants de mères différentes mais aussi entre enfants
et marâtres. Compte tenu de tous ces conflits, la polyga-
mie de type classique (à savoir la cohabitation des épouses
et de leurs enfants) rencontre de plus en plus des réti-
cences d'où une régression du phénomène. Cependant une
nouvelle forme de polygamie apparaît où l'homme a plusieurs
épouses mais chacune a son domicile où elle réside avec
ses enfants. Cette situation rejoint l'entretien des maî-
tresses par des hommes en plus de leurs épouses légitimes.
Si la nouvelle forme de polygamie évite les problèmes
de cohabitation elle s'avère plus coûteuse car elle exige
davantage de moyens matériels.
3°) ~~~~~~~~~_~~~_~~!ê6~~_!~~~~:~~~!g~~~
Sur 41 ménages 4 sont issus de mariages inter-ethniques
(cf ménages 5, 9, 22 et 23). La tradition mossi n'accep-
tait guère ce type de mariage : les Mossi n'appréciaient
pas qu'un des leurs, épouse une personne d'une autre ethnie
qu'on appelait "ganganinga" d'un terme assez péjoratif.
Dans les villes, du fait que différentes ethnies se
côtoient, les barrières ethniques s'effritent petit à petit
et laissent une certaine perméabilité au mariage inter-
ethnique. L'effritement de la barrière linguistique entre
individus d'ethnie différente est déterminant à ce sujet.

- 14J -
4°) f2~~~!2~_g~~_~~~~g~~_g~_:f~~~~:~~~1~~)
Avec le recul des règles du remariage systématique
des veuves ên lévirat, celles-ci arrivent à vivre uniquement
avec leurs enfants et à devenir "chef de ménage".
- Cette situation nécessite que la veuve ait une source
de revenu que lui procure une activité propre et/ou un
héritage laissé par le mari défunt, telle une pension. Le
statut du mari avant son décès doit donc être pris en compte.
De nombreux conflits éclatent d'ailleurs entre veuves et
famille du mari défunt sur l'enjeu de la pension. La veuve
entend disposer librement de la pension de son mari pour
élever ses orphelins tandis que les parents du défunt ré-
clament la gestion ou du moins le contrôle de cette même
pension.
5°) !~~~~~~!2U~_g~_f!11~~_~~r~~L_g~_g!Y2~~~~~_~~L2~_g~
1~~r~_~ufgn~~
Dans la société traditionnelle mossi les filles mères
n'étaient pas tolérées et leurs enfants étaient considérés
comme des·batards. Mères et enfants se trouvaient bannis
et entièrement rejetés de la famille. Seules des cérémonies
rituelles pouvaient quelquefois réparer la faute grave
que représentait l'enfant hors mariage et réintégrer la
fille mère dans sa famille.
A Ouaga on rencontre de plus en plus de filles mères
et la présence de certaines d'entre elles dans leur famil-
le respective traduit l'apparition d'une certaine tolérance.
La présence de divorcées entretenant leurs enfants
constitue également un phénomène récent. Chez les Mossi
il n'était pas question qu'une femme quitte son mari et

- 144 -
Parte avec les enfants et cela quelque soit le motif de
sondépart. Les enfants revenaient toujours au mari car
!
c'est à lui qu'ils étaient censés appartenir. "L'enfant
n'appartient pas à la femme. Celle-ci est venue avec son
écuelle, elle repartira avec son écuelle" dit-on.
Aussi était-il plus difficile autrefois pour une fem-
me de rompre des liens conjugaux arrangés par ses parents
et de retourner vivre auprès d'eux après un divorce. La
femme qui envisageait un divorce envisageait en même temps
un remariage ou la fuite avec un autre homme. n'ailleurs
si la femme divorcée n'avait pas de source de revenu, elle
constituait un poids pour sa famille en revenant vivre au-
près d'elle. C'est encore aujourd'hui la raison pour la-
quelle de nombreuses femmes hésitent à rompre lès liens
conjugaux, même si elles rencontrent d'énormes difficultés
dans leur foyer.

D) ~EE~E!~~~~~_E~!!g!~~~~
!~~!~~~_!! 1 ~~E~E!!~!2~_~~~_~~~~g~~_~~!2~_!~_EE~~~~~~_~~~_~!ff~E~~!~~_E~!!g!2~~
Nombre total de
Religions présentes
Répartition des ménages
ménages
l, 2, 5, 6, 7, 8, 10, Il, 13
catholique
17
16, 17, 25, 34, 35, 36, 37, 39
musulmane
4, 20, 3°, 31, 32, 40
6
1
.......
9, 14, 15, 22, 23, 24, 26, 27
catholique
Il
~
+ musulmane
\\.J\\
28, 29, 33
catholique + animiste
3, 12, 18, 19, 38
5
musulmane + animiste
41
1
catholique + musulmane + animiste
21
1
.41
Pour le détail par ménage cf tableau annexe 5
f- S 7-ë
~'''';:'''r~~ ·-""~-W"·'-"·~""_~_'''''~<·_··'·'·.'''·''··M_''''''.·'''''''··'' '"""o-'_""'_~_~~"':"_"'''''''"~''''''"'''·'''··'·'··I''_~ __-~''-_~'-;_'''·~-d'-"'''~7'''''''''"y'~·-··.··_''''·~''n ,..•_,....,_~';o "...~~...,""-~...:~'. .~-~-""'!""""'''~-~''''''''', •._' •."._-•., ·"-~" ...".._>·'w-,-""'·,-,,··,<,,..,_".,_,..,""'·_·.····~_.7;N·._/ ,".•".,'
., '~,'."- "~"'_':"'~~:'"''~'~''~'''''"''_''.-'',""Y"_~''''''''''*'''~''''',,""''''''''''''''''''_'_''''"~~''''='_''_''''''''
"''''/'''''-'_''_C_'"''''';-'-''·'~'''''''~'''''''"''~''_''>'T"'''''n', .."_~",,,.•'f''''~._·."",~""~",~",,,·w,, .•_,,,,,,.,,·,··,··~ ,'H"",c·'._c'....-··~,·,,·,.~
~"".,,_'.•c,.......,-r~._,"~., ..,.,'>',"',.,."'......_...'..__.n_~~'~__.•.'."n ,__•

- 146 -
Les ménages catholiques sont fortement représentés
dans l'échantillon: cela s'explique par le fait que
Dapoya - le quartier principal de l'enquête - connaît une
proportion élevée de ménages catholiques. Les ménages du
quartier Palemtinga sont quant à eux des ménages musulmans.
Mais comme nous l'avons déjà mentionné, on voit souvent
cohabiter au sein des ménages des individus de religion
différente. Le ménage 21 par exemple compte 8 personnes
dont 5 catholiques, 2 musulmans et un (comme) animiste.
- A vrai dire, non seulement les religions cohabitent,
mais elles se superposent. Beaucoup de ceux qui se disent
catholiques ou musulmans n'abandonnent pas pour autant les
rituels de la religion des ancêtres. Ceci est d'autant
plus vrai que les adultes se convertissent à un âge avancé
au christianisme ou à l'islam. En prenant à nouveau l'ex-
emple du ménage 21, le chef de famille, ses trois épouses
et leurs enfants étaient au départ animistes. Il y a quel-
ques années femmes et enfants se sont convertis au catho-
licisme. Les conversions de coépouses à une église hostile
à la polygamie soulève, on s'en doute, bien des problèmes
par la superposition des religions.
A propos de conversion disons que dans les villes,
les jeunes gériérations trouvent dévalorisant d'avoir un
prénom animiste. Aussi certains se convertissent-ils pour
accéder à un prénom catholique ou musulman qui devient
un signe de modernité. Paradoxalement on note que des
chrétiens ou musulmans, même de milieu intellectuel et
moderne continuent de donner un prénom animiste en plus
des prénoms musulmans ou chrétiens à leurs enfants même

- 147
si ce prénom animiste ne doit pas être usuel ou fonctionnel,
mais marquer plutôt une allégence symbolique.
Les ménages polygamiques se retrouvent généralement
au sein des musulmans et des animistes, car ces religions
tolèrent la polygamie. Il arrive pourtant que des individus
(nés et grandis) catholiques deviennent polygames 1 en ce
cas la seconde épouse n'aura pas droit au mariage à l'église
ni ses enfants au baptême •••
Les barrières inter-religieuses, comme les barrières
ethniques, on le voit, deviennent plus perméables •••
E) Q~!g!~~_~~s!~_~~_sgr!~2!~_~~~_~~nsg~~_E2E~!s!~~~
L'origine des ménages nous est d'abord révélée par
la zone de naissance (rurale ou urbaine) des individus
constituant le "noyau familial" et le milieu dans lequel
ils ont grandi(\\)
~2n~_~~_ns!~~~~~_~~~_~E2~_~~_~E2~~~~
i2~_y~~y~~1
(
N o m b r e )
(
Nombre
)
Zone de naissance
des épouses
Total
)
(
des époux
(
: :
ou veuves
:
)
(--------------------------:-------------:-------------:-------------)
(
)
(
VILLE
(OUAGADOUGOU
13
14
2 7 )
(
( Autres villes
4
4 · )
(
)
(
CAML\\GNE
~3
36
5 9 )
(
:
:
:
)
(--------------------------:-------------:-------------:-------------)
(
TOTAL
36
54
9 0 )
(
)
~,) ~ cf tableau annexe 6 J P 1) '1-1. .

- 148
î~È!~~~_1~~~!~~ 1 z2g~_g~_U~!~~gu~~_~~_g~~Qfgg~~_g~~
~E2~~_~~_~E2~~~~_2~_Y~~Y~~
(
Nombre
..
(
Zone de naissance
Nombre
Total
des épouses
)
(
et dl enfance
des époux
(
: :
ou veuves
:
)
(--------------------------:-------------:-------------:-------------)
(
)
(
Né(e)s et grandi en
)
(
ville
13
17
3 0 )
(
)
(
Né(e)s en campagne et
)
(
grandi en ville
7
9
1 6 )
(
)
(
Né(e)s en campagne et
)
(
grandi en campagne
-1. ,
l g
lt Lr
)
(
)
(--------------------------:-------------:-------------:-------------)
(
TOTAL
36
54
9 0 )
(
)
La plupart des époux et épouses (ou veuves) sont nés
en campagne : quelques uns ou quelques unes ont intégré
dès l'âge de 6 ou 7 ans des f~~illes installées en ville
mais la plupart ont gr~'1.di dans leur campagne d'origine.
Le degré d'urbanisation des uns et des autres sera fonction
de leur période d'insertion ou d'installation à la ville.
Ceux qui ont grandi dans les c~~pagnes auront plus de mal
à s'intég~er à la vie urbaine, mais l'accès à la ville
apparait comme une ascension sociale. Le cas des épouses
venues à Ouaga après leur mariage est très parlant.
L'origine rurale pourrait s'appliquer aussi aux indi-
vidus nés à Ouaga au moment où celle-ci n'était qu'un gros
!
1
1
f


- 149 -
village. En effet, compte tenu de l'urbanisation récente
de Ouaga, des personnes âgées l'ont connu à ce stade.
Une certaine homogamie de milieu d'origine se constate :
époux et épouses sont originaires des campagnes (cf ménages
3,4, 6, 9 ••• etc) ou de la ville (ménages 16, 22, 26,29 .. )
Epoux et épouses peuvent avoir en commun aussi d'être nés
à la campagne et avoir grandi en ville (cf ménages 15, 24,
3? ••. ). L'hétérogamie de milieu d'origine se retrouve
dans les couples où l'époux est originaire de la campagne
et l'épouse de la ville ou vice versa, avec les décalages
de comportement qu'on peut attendre.
L'origine rurale des ménages recoupe généralement
l'origine agricole, car les parents des époux et épouses
(ou veuves) étaient à quelques exceptions près des agri-
culteurs.
î~Q~~~~_!~ 1 ~~~!Y!~~_~~~_E~~~n~~_~~~_~E2~~_~~_~E2~~~~
r~~_y~~y~~)
Activité des parents
Nombre des
Nombre des épou- Total
des époux et épouses
époux
ses (ou veuves)
activité agricole
32
48
80
activité artisanale
ou commerciale
l
3
4
activité .a1ariale
3
3
6
IoTA L .
36
54
90

- 150 -
L'origine agricole des ménages serait plus marquée
encore à deux générations car lorsqu'époux et épouses sont
nés en ville leurs parents étaient agriculteurs.
Comme déjà mentionné, l'origine paysanne des ménages
populaires ·porte les comportements villageois à la ville
.d'où tous les phénomènes de survivance ou de transposition
des schémas villageois en milieu urbain.
De façon générale l'origine sociale joue un rôle dé-
terminant dans l'avenir social de l'individu. En témoigne
le· rapport à la formation scolaire et son utilisation dans
la redistribution des individus sur le marché du travail.
La mobilité sociale n'empêche pas la continuité sociale 1
des fils occupent la même position que leurs pères dans la
structure sociale. Mais l'hérédité est plus rare, car la
structure sociale change à grande allure.
L'effet d'origine (continuité, hérédité) est au demeu-
rant plus marqué pour la population féminine. Quelle que
soit leur origine, les hommes sont toujours orientés élec-
tivement vers le marché du travail. Ce qui n'est pas sou-
vent le cas pour les femmes. On ne comprend bien ici, comme
ailleurs, la mobilité sociale qu'en combinant la problé-
matique de sexe à la problématique des classes, strates
ou couches sociales.
F) ~~~~~~~_2~_f~!~~~_~~2~~E!~~~!2~
Nous reviendrons ultérieurement sur les problèmes de
scolarisation des jeunes générations, centranc pour le mo-
ment notre analyse sur la génération des parents qui se
trouve très peu ou pas touchée par l'école{~)
(~) cf ~ableau arynexe bJ
pour le détail de la scolari-
sat1.on par menage, )
p. l)1~ .

- 151 -
ï~~1~~~_1~ : ~22!~~~~~~~2~_~~~_~E2~!_~!_~E2~~~~
(2~_Y~~Y~~)
Scolarisation
Nombre des
Nombre des épou-
Total
époux
ses(ou veuves)
scolarisé(e)s
14
9
23
non scolarisé(e)s
22
45
67
-n:l'T~1...
36
54
90
Sur 90 personnes que représente cette génération dans
l'échantillon, 67 font partie de ceux qui ne "distinguent
pas le "i" du "0"", expression qui signifie qu'ils n'ont
jamais été à l'école. Le taux d'analphabétisme est très
élevé et il demeure un fléau général du Burkina. Le recen-
sement de 1975 faisait cas de 92,5 % d'analphabètes: 7,5 %
,
d~individus ayant déclaré savoir lire ou écrire une langue
1
1
quelconque (~)
Ce taux général, très faible, marque pourtant des
disparités : les individus du milieu semi-urbain sont plus
alphabétisés que ceux du milieu rural et ceux du milieu
urbain sont les plus alphabétisés. Le pourcentage entre
ces milieux varient entre 5,6 %et 31 %.
Quel que soit le milieu, les hommes sont toujours plus
alphabétisés que les femmes et ce phénomène social devient
plus accentué quand on passe du milieu rural au milieu
urbain 2,2 % de femmes alphabétisées en milieu ~lral con-
tre 21.9 % en milieu urbainl~). Disons que l'alphabétisa-
tion touche particulièrement les hommes du milieu urbain.
0t) cf tableau annexejl.ur l'analphabétisme au Burkina.
Principaux résultats du recensement de 1975. C~ J)j4) ,

- 152 -
Nombreux sont les facteurs qui expliquent l'éloigne-
ment des uns et des autres de l'école. Parmi les raisons
avancées par nos interlocuteurs pour expliquer leur non
scolarisation il ressort que :
1° ~~~22!~_~~!_~Y~!_!2~!_Yn~_~ff~~~~_g~_g~n~~~!~2n
nA l'époque où j'étais jeune, où j'avais l'âge d'aller
à l'école, l'école n'existait pas." (ind. l - Mén. Il).
"De notre temps il n'y avait pas d'école proprement
dite. C'était uniquement l'apprentissage de la langue
mooré par les missionnaires ••• " (ind.l - mén. 1))
Il faut dire qu'au Burkina, l'institution scolaire est
relativement récente; d'où le décalage générationnel au
niveau de la scolarisation. L'école, produit de la coloni-
sation a connu des débuts très difficiles. Les gens à l'é-
poque avaient peur du "blanc" et refusaient d'envoyer
les enfants à leur école.
"Autrefois le recrutement scolaire était beaucoup
plus facile que de nos jours. Seulement, nos parents à
cause de l'ignorance avaient peur de laisser leurs en-
fants au contact du "blanc". Ils avaient très peur des
"blancs" et cette crainte a fait qu'ils nous ont empêchés
d'aller à leur école. Autrement les missionnaires à l'école
"capturaient" les enfants pour les scolariser ••• " (ind l
mén. 7).
C'est bien en effet en terme de "rigui gnongué",
"captul e" que les vieux parl&.lt de l'école (un peu comme
ils parlent du travail forcé).
"Les "blancs" arrachaient les enfants par la force
pour les mettre à l'école. Leur école se trouvait à

- 153 -
Bilbalogho (un des quartiers de Ouaga). C'était une grande
maison où ils parquaient les enfants capturés pour leur
apprendre à lire et à écrire. Nos parents fuyaient avec
les enfants, les familles se retiraient en brousse où on
se cachait du matin au soir. D'autres cachaient leurs en-
fants dans de gros canaris lors des passages des "blancs Il •
Tout ceci parce que les parents ne voulaient pas que leurs
enfants passent entre les mains du "blanc" ••• " (cf une
épouse à Dapoya)
(1.1-).
A l'époque, c'était donc l'école qui courait derrière
les parents et leurs enfants. Les réticences ne s'amenui-
seront qu'au fil du temps.
0
2 ) ~~~S:2!~_ê:_~~~_~~ê:È2!:~L:1~~22!~_~~~_gê:!:x2~~"
"Quand il y a eu l'ouverture de l'école dans les en-
virons, les parents refusaient d'envoyer les filles. De
ce fait je n'ai pas eu la chance d'aller à l'école. Celle-
ci était autrefois l'école des garçons. C'est pourquoi
nous les femmes nous sommes défavorisées aujourd'hui •• "
(cf une épous e à Dapoya U-).
"Quand l'école française a ouvert ses portes ma mère
n'a pas voulu que j'y aille. Elle m'a fait comprendre
qu'une fille ne doit pas aller à l'école parce qu'elle n'a
pas sa place là-bas. Une fille doit apprendre à faire la
cuisine, apprendre tous les travaux ménagers plutôt que
d'aller à l'école. Pour ma mère, l'école était une chose
qui pouvai·"o rapporter aux garçons mais quant aux filles
c'est quelque chose qui ne leur convenait pas du tout.
(J.L) Il s'agit d'une des quinze épouses à Dapoya auprès de
. qui l'enquête n'a pu se poursuivre systématiquement.
~) Une épouse à Dapoya auprès de qui l'enquête n'a pu
" se poursuivre systématiquement.

- 154 -
Les "pères blancs" (missionnaires) avaient beaucoup insisté
pour m'inscrire mais ma mère avait catégoriquement refusé.
Je passa1s tout mon temps à pleurer parce que j'éprouvais
l'envie d'aller à l'école avec mes frères et mes camarades
mais malgré mes pleurs, maman n'a jamais voulu.
Le recrutement scolaire se faisait à Tang-Zugu. Je
me suis sauvée plusieurs fois pour aller m'inscrire mais
j'avais l'impression d'avoir été maudite par ma mère sur
ce plan. J'étais bien déçue (de ne pas pouvoir aller à
l'école) mais il me fallait obéir. Jusqu'à présent je re-
grette toujours de n'avoir pas eu cette chance d'aller à
l , '
eco1 e ••• " ( ' d
~n.
2 - mén. 25).
Nous sommes ici à une génération où les enfants cou-
rent après l'école (l'image du missionnaire s'est renversée)
mais où le préjugé sexuel des parents pénalise les filles •••
JO) ~~~22!~_~]~!]_~ff~!~~_~~_~~!!~!~~
L'école qui au départ était l'oeuvre des missionnaires
a été rapidement assimilée à l'église. Aussi le monde mu-
sulman s'y est-il montré continûment hostile.
"L'école des "blancs" est une affaire de catholiques.
Nous les musulmans nous avons aussi notre école où l'on
apprend le coran aux enfants, uniquement le chemin de Dieu"
(ind. 1 - mén. JO).
De nos jours, comme nous le verrons, les rapports vis
à vis de l'école ont encore évolué.
La configuration des ménages populaires ne saurait
se résumer à la structare familiale nucléaire qui caractérise

- 155 -
les ménages urbains notamment du monde occidental. La
famille nucléaire beaucoup plus circonscrite fait son
chemin, mais elle demeure minoritaire. Dans l'ensemble
les ménages populaires constituent de "grandes familles"
aux structures des plus complexes. On Y retrouve des for-
mes traditionnelles et villageoises tels les ménages po-
lygames ou les ménages comprenant deux couples associés.
Pour Alain MARIE "ce dernier type de ménage est dé-
signé par l'expression "ménage-multiple" (ou famille in-
divise ou encore famille articulée - multiple family house-
hold ou JoL~t family). Il renvoie à tout greupe domestique
comprenant deux ou plusieurs familles nucléaires apparen-
tées entre elles soit verticalement (jusqu'à coïncider
avec la famille étendue) soit latéralement (plusieurs frères,
leurs con'joints et leurs enfants - fraternal joint family)
élargi ou non par la présence d'autres personnes."
(ti.J.
Les ménages les plus répandus se composent de couples mo-
nogamiques (ou dissociés : cas des veuves) élargis par la
présence des parents ou famille étendue.
L'ouverture des ménages à la famille étendue permet
d'entretenir à la ville des individus qui, sinon, n'y sur-
vivraient pas. Le système assure une prise en charge, non
sans contre partie de participation d'ailleurs, nous le
verrons, qui permet l'entrée dans l'urbanisation. Sans
l'effet amortisseur par ce système de solidarité familiale,
qu'en serait-il de la délinquance, des émeutes et autres
conflits propres aux sociétés d'urbanisation accélérée.
(L).Alain L'TARIE: "Filiation, Consanguinité, Alliance"
In : Les Domaines de la P~enté
Filiation/ Alliance/ Résidence sous la direction de
Marc AUGE
E-'l~. .t'ra."1çoJ.s MI\\r:<P"r.'RO
i'Ij1»
.ë.
1975
Tl


- 156 -
Il ne faut pas confondre cette ouverture de solidarité
à l'ouverture de dépendance, et de domesticité 1 -le satel-
lite n'est pas un invité. Aussi bien ne le trouve - t - on
que dans les ménages aisés; Ceux aussi où l'on trouve le
plus de polygamie, encore que "celle-ci, puisse aussi nous
l'avons vu, se trouver dans les couches pauvres, prolon-
geant à la ville des moeurs de c~~pagne.
Retenons donc de tout ceci :
- la diversité des types de ménage, et leur originalité
par rapport au ménage-type européen.
- la pluralité des bases et des significations du ménage
élargi.
- lattruralité proche" de l'écrasante majorité des ménages
de tous types.
- La faible possibilité d'emploi salarié, pour les membres
de ces ménages - particulièrement les femmes - du fait du
très faible niveau de scolarisation. Cet handicap est
aggravé par le fait qu'en l'absence d'industrialisation
ou presque, les seuls emplois offerts le sont dans le
commerce et l'administration, où l'on doit au moins con-
naître ses lettres (et ses chiffres !).
!
i!
!>f.it:
1
1
1
f:!
1
l1
1

- 157 -
INTRODUCTION
------------
Si les ménages populaires n'accèdent pas ou peu au tra-
vail salarié (du secteur formel) quelles sont les activités
qui les font vivre à Ouagadougou?
En ce milieu urbain où comme nous le verrons, les popu-
lations sont de plus en plus contraintes à l'achat des pro-
duits vitaux, l'argent devient une nécessité. Car si la con-
sommation non marchande peut se suffire de l'auto-fourniture
et des échanges non marchands, la consommation marchande
exige des revenus monétaires et donc des activités suscep-
tibles d'en rapporter.
La présentation des activités des ménages qu'on trouvera
ci-après, apparaître parfois sommaire~ car elle observe plus
les ménages dans leur espace domestique que dans leurs lieux
de travail, lorsqu'ils en sont séparés; mais nous nous pro-
posons moins la description du contenu des activités que
l'analyse du réseau de ressources monétaires et non monétaires
qu'elles garantissent.
Nous allons d'abord nous demander qui dans les ménages,
justifie ou non d'une activité source de revenu?
I) ~~~_E~~~Y~~~~rê_~~_r~Y~~~~_~~~~_1~~_~~~~g~ê
A) ~:!~Y~~~~!r~_~~_!~_~!~~~~!~~_ê~~!~:~~~~~~!g~~_~~ê
_~~~2r~~_~~ê_~~~~g~~
L'inventaire se propose de distinguer:
- ceux qui exercent ou non une activité source de revenu

- 158 -
- et éventuellement ceux qui disposent ou non d'une
source de revenu propre dans le ménage.
Le tableau suivant met en rapport sous ce point de vue
les situations socio-économiques et les relations internes
dans le ménage : en lignes les 41 ménages enquêtés, en
colonnes les situations selon les relations internes. On
trouve donc
En colonnes l et 2 1 situation des ascendants des chefs de
ménage ou des épouses
"
"
"
:3
1
situation des hommes chefs de ménage
"
"
"
4
1
situation des épouses, veuves ou répu-
diées des dits chefs
"
"
"
5 à 10
situation des fratries des chefs de
ménage et des épouses
"
"
" Il à 17
situation des enfants des époux et de
leurs fratries
"
"
" 18 à 19
situation des petits enfants et des
petits cousins
"
"
" 20 à 24
: situation des "satellites" des ménages
1
!
1

~~.
r------tr------,-r---~-. ----~-~-~----------
--'--'--:::=.":=-:::=-=.:_~-'.--'.--r'----.--.-,--.----~ -- ---~
4
1- ----,---------l -..
~
i
~
..
;]
fl~-II---=====:===:==:~~~~~~I~------1-._.=--_-----~.-.::_~ --.~---~--:...J---.-~-.:=:
..
... i f ....----v-;;-~--t---t---+---'-----l---·-
------.-.--.-.---- ---.- - . -
N
i
oJ
.( ,
i.~4
l k-
l-t~ ~
N-l-

tl'{;5S
~,
.:
~
~ <1' -3
~
...
i
~=::.: ~ j-s
:>
.,... d f.
1
l'
\\--'.l'''"~':'':'l'"''o~..::.,.,.....~~.I...H--.t"r:t,-t---- f------t----- - ··----------i--··---·-----t-·----+-----I-....:..---I
1 ~ ,-
Q
<".l, ~ f r'
1 . F
-..0
1
'1-
J.J~~F
~~
1
-J_
'" _~:1. =1-
... ... -n.-+-__._ ----+----'--4----+-----.-- -.----1------+---,--1
.j.
-~;-
!
III
;,~ ..
...
,
~ ft~f'
,
Q.,J~f
..
.,~
'JI
'4I-+---+-~_+---~ ...I_---J------'--.-_\\_-_.-_1_---- i
;z
.:A J
-~
l,r.j
:f--
~
C'I
oJ If
-~
..:,
J1k'--+----1r---+----+---j-,--------·--·-----_.-.. --
+
....
~.-
-"'.. - ..---- .........--- ....- - - / - - - - - - \\ - - -..-...-._.--.-. -....+------+-----1---.
,
I~
Il--
......
[~
r
------+----+---4----.--'-'--l-----~ ...~--~--- ....-.-- --..-_-0--\\----. 1--
1
l~.
~
',.
...
----/---.--1---'--....

., 0
-11':
tI'rJ
.., .!
cf
'OI-f ~
r:J
f1-d
-b
""d ~ 4
~tI
"
..
03 .....
~
c:
-b
., 0
~j
à ~
j1~
"
~ ~ 1:.
t ~ ~
$""'6
G
fi -~
LI! ~
~ 0
i
F
f
I Jl
"1
i ~
Iort
> -
~ ~ lr;J
-a
;
~~
....
~~
l J ~
~ oJ
~
J .;
:;\\
:> ..... ~
...::,..1
~
d'1
~~11
j ~-.:- -
,s
""'!
.~~
F2'
S
"'d ;i ~
iT
.f
d
1~-j ...
r~
Tî .,
!~
......
'
r OI-j ~ _~ =d
1 1
~
1
~
~~
. ~
- '0
~ ~J
.,.,s
s .,....,
1.E
~ -l: ""'"
.;.
\\J
ri
. . . c
L~
. & (JO
1<11
~~J~ kt'J à~
" ~
l .......
0"'tll
J,-,
"1
,~
i""'N
: J
:=i
i1-;
!_..
• oN
\\J)
+.
_.
._.lI::
_
~ _ _ _ _
. -_.~---~_.~

-)b o -
.-------n-------+--------'+--,-~~=-.~....;·;;;;--==..:~;..e··--'--ï------,.----,-;--~-+------I
1
1.~
~
~ 41
~
Il
1
1
- ;
"'1
~i
~
'li'
. d { '
'""'4
<1:
~.,
III
" .
;.r~n
'"*'"--:--1r----H------+--'---+---'.,-~
-;--.- >--- _:'1..__~.~_.•------
+----"---+--'-----1
J_ -3 ~ ~
1:J:4 -.r 1 J'" I~-----_+----I-~_+_--_+_--f__--_+----- -- - ---.--f__---t------
t l
~ 1 .~~.....:~
;t-"~ ,
~ ...1 '; ~
IlL..
U\\-:l ~:~
L
I-.-....;'~...:.'-I~--'-----I----'-'--I_---'-'----'-+_--t_;_--
-.:.......--- --\\------- .- - - - - .. -._•. -
~ ,,':0
1
!
+-
E
'i; -
!:J
l
'
I--,~:T'....-,...'_.,----ili-....;Î.....;..--"-_+--L...;_+---\\-,-------1r--+--.---4------ ~
-- _._~.-.--
'~-'
+-,
~ P...Y z::-
...":"0 'J

r.;! ",-
1"--
<r-I:J
~---J'==__--H---....:-~_+------t-J..----t---+---;--
- - - - - - - ..- ..---~- - - - - f - - - - f - - - r - - - - - j
I]J.~r
1
~--i.~1
J~I ~J
1
t:,
~~ -11----:---:-[-t-----Ir----+---l-,--,-- -;{I-'- , --.._- --- .,..- .,
,
1
+
t- .-j
r
,
.~...J..~_...~_-f__'
- - 1 - - - ~_.j_(p~__ ,
.__ --t-'--_+1----_1--------1
r:
- - . _ - - - . _ . _ - - 0 1 - t--:-
'--'
I
1
r-
~1
'~
cf
i

'-~
.
QI
~ ...
f- -; i
1
:
1
+--1------"
: .. i
:
,
1
1 __ .1
,
---... i ri .1~--·i·-r--·--­
~J:.Ï~~I j:j
.~_-1~~~j_~'__ ---t----+----=..--1
- - - - - 1 - - - · - ~t---j---,-­ 1--'---1
- ---t----··I··-------
, ~
C'I~
1
1
-----
_
.
.•.~-::;:::;--~-".._- _. ---- ..
..
-
;
li
--....
,
rP
.l
.ts
: Qi
~ j
i 'i {l .i
i3
QI
.:; j
~i:; ~ J
i ~
~O'\\
~ ~ ~o-I
!,
.....
+,---1----!
,
--1 Jj .
~I'j .
_l.~...
i
-'r- ,
~·t--! _o.
·-1-
~ 1""'- ;
:J~..
:""'\\ '
.1......
-~- .
~i~
--.. \\
--1
-- F
__
1
.;L 1
1
.1.
.J. ;
~
:,
T '
' - - - - - - - 4 - - - - - - - > - - - - - - ' - - - - - ' - - - , - - - ..._ ,
..
.~._ ..-_. -. -- .. --.._0-..
1 ..._--------_.-- ..•-_.
+

-)~1. -
f:,----n-----+-------+-,--.-------..-+-':,...-'-'-------..,.-----'-·-.--------r----,----------;
' r J
11
~-
,'~
~
~
iq:
,
+--J.~'Al___'_..,......,_.__-H----___+-----_+_..,.__--+_----
.._
---------,-- , -- f - · - - - + - - - - - - - - l
4..1';7':

1
1
-1.Pl l,r
""'Cl"
1 - - - - - 1 - - - - - : - - + - - - - + - - - . + - - - - +.......-----
__.--+-_ _-,-+-
- j
'~~ ~ ~' f~
1
1-
J~ ~-<1
'
rût"-j '--'.
.
! " I l -;- ..,
1--------1------'----+-r-;r----t-:~i1--
-- ..1 r:g
'; t-
~ r-
i-- ~ ·~t
( !~
li •
1 +'""'<l.~
....~.....::......,,....,,.,...H-----,-+....:..-~_....:..i _-j_-t=--.f-__+-""6...:.....~__+-ii'_-;--_+--__.- _._.__-+
- j
1= 1~~p
J~ 9
' 1
'[7- ~ ~ ~F;
.
1
~ 10
1.ft~ fB~--7:'f> /---
, - - - I - i - ;~-.--01-,~......,....---C.-t---,---t--"7""·
. -{'.ç-rr
~--s ,
l 1 .~
1:- ~ ~
..
- ~ 1 '
J
<$
'"
~
--
::-~- I-----·l-....:...-==----I-....:..---~---+---+-......:....---...:---"--If-----_+_------_t
t:~i~t'
~
.+=;O!;..,;~:;.~~L-I_l~----+__,...,__----+-'-,_-+--'----\\---+----__i------
t-'
1----
~-k!'1
0 I !
.
.~
~
1b
~ 1
-d
"
(lS
- - - - - 1
--1J~!
lb
1
~~_.,_:.,......_J......::t...--'-~I-----l-----_+_ __'--+__'__.. J~~ -l------t----f--------j
:
1
'-- ~~1
[~~-II----f--,---:---+-----,-+----t---t---'-
", ...l!
i
-(~ ! '
-- 11*
01
'--~i-~-;-,---t-cfc-"fo:
-f---f-----+---""hr-...........--....,.....,
>
:J
tf
:' ~ ~
l ~ J
,LI'"{ 1
" JS --
~
~ ~ . ---
;.. r.J~ir~,--II-----j----:----+---;----I-....:-.---:-
'-I~~
'~
-
--
-
'l:~

1
Q ~
:t j ft

J
.J,S-u
1f jl{tt-1]
t"~
j '--=5e>il,i ~~
'go
i1111itiî~
d ~ 1
_! ~"'( .. ., al
,
(
-...J
-~ "
"
.:r
r+ ~ ltI
""1 ~ ~ &.~ ~
i.--I-'r---:-l"
N_,- --
J -- _ _
~--~- ~ ~ eN ~lr--- -
-'-----'----+--;;;----+-'---
'-I~-t~..
:~~friÏT
~f
-+-_ _-+
~
~~, 1'J~i~ s;-
~~
tI
l~
CI11
· 0
...
oJ
<"")
.j-
~.
~
iN
a--J
iN
~_+__---U----.....L.-----...L...---....:..----J..----'-----_,_
.. -~----'-------+_

- - - - - - - - "
--
----_ _-
..
-,-
- -
- -,
~,
~ ,
11~1
1
1
q:
,
1
1
.
:
,··rJ
,
l~
""';'-i-,
,
-}~~ ,~J
1
1
1
f ?b
-+ o!
IN .. (</
.
1
'~'!
'l J
. .
A-
11 .....
,
'
.., ,
1
~
,
''''!-
~
r
1
i
Î •
~-{
iii _~ ...:
.:,
1
,
~
1
!
,
1
1
4~
Ï ~,J
.
'':t'" !
--1-::
.~.
;r:.rl
.,f
fI ill-
....
.. t
:ii
.!Sl: ~ :
l'Hi.!
r.....
-~ ~""''"''''
~
'Il"
,,~
L~
fi. il.: '
t
,j"!.
tt1
-l
~C"-
!
-.1.f
·-t-- 1
~ ... '
l
,
i--"(
~Pw'
,
!
(.j~ ~
~
-= >
0 -
Jt
-1
"'~f
--r :
1
Il 'C~:l;
: . 1 i
f'.
Il
1
1
-r
c:~~;
: "
i
J =r).d: \\ - t:
1:1 iJt
-[i '
""~ ~ f
-r:- 1~:r1 ~
fi
i~1
1
1
:0
,
~~
'T:-
!
"
.'!ü-ii~
~
1-i
r
-et
,
1
f cf'
=1
-
- 1
i t
1
1
~I
~1
::- >-'l
~.
- , i , ' ~jJ
,
1
,
'J~l i~
-
-- ! . ~
~l,- $-"
-r-;
~ ~
1
Tti! ~~
1
,
'<!J
:L-! :
tiJ-
,
.,
. i
1
=ll V14r
,
-! +.;' f' jl J
~ :ri
i
-. ~ 0\\1 Itp
<1
-"'"
...
-~ Jif
W il
:
,
,
,
J-4o~
l€
,
""f
<>J"'" -
-J~
,ii~ff
i ] i Û
----
I~;~
,
,
- r
-,I----r-:---
·--i
~--1jo ,'/--,1'-----
.~ j f~ t j ~ ,~ J3 j!
k rrj.( tj1
j
rl~
+
~
'"il
.
.
:
~
~
. 'f :.
'a
~
l.Il
1~~Js ,&::..: ~
~t ~~1-' L
r q J:l
~
~J 1
~-~
"01
1
-'-1
1
1 d
. . j . . $
~ - l 1
~
1
~~ .... ~"V
' l " V )
~
ln
1
~
M
~~
011
rII
~
~
~
J'-,r~~
!
i~}~
1"~'1-4 t"
uJ'-~
ÇJ
····!a
:
±=~--
J~~'J h
____ ___
I~ !-~ b~!
l-il-I ~
';of:
-',J
.
:
-J~;- ~
-
.J
1 r i '
,:3~.J
-;
,~
:::-~
4 tl ~
-&,i
-~1
s ~
~~~ ~ ~~j 1$'~ .S--
~
r}
.... -....
~ " ; ~
1\\ _"
'iJ
~ w1
J "'
i l t:t4~ ,"~.6 1 ... ~..L\\
1~1- 44/
i~1~ '. 0 ::t
.: !
~
, }_....
f ,~
i ~-Lcf
t.
. ~
.... "
w
g •
~
-~
,J-;>~
,~
~<il,.,.:;E
t-a lS C' _""1 r~
;> ~
.:> ~
~

...::>
.;;.;/
,
....
&f4
-,sn
rll
iri
(1
r
t:~j
~ ~ 1 1 .... 1
.,~ ,
J1'f
~
«
l,}.
J
-~
·1
..J ... .,
~o~ ~
,
3 )..A
- I I . ;
"'.!
" ~ g
~ '-'
J.:
}~
.~ ~
.~
..
\\1 ~
'7
~
1~
J~d~ ~ 0$
O''$~
a
j~
-1
~ .. 1.."
1 -
~ '-'" .,
~f11i~
-i '
;-+ -.~_.
"1"n
i
JJ
Ii.'
~"
.!
,
.
+-Î
-J -i -i-i
1
oS'( li
;--i"
;'-1 ,..
~
~
~
C(J
en
' 0
'<"'i
iN
t
""
.j-.
~~
;--i'i
<N
IN
M
01)
C')
""
C")
,-1

- --.
:
-,
i l , ~
"
!
.:
I I J i
l--} ..!-~+~:'-~~:- !:-F- ~t-+ _:+ --~-t- -~'_._+-' i
;
;'-'1~\\-i .-;.:- .. ; ...;.. •._._--j-
---_.. -
-
.. ~.. ~ ....o.'-:,I<'cw
(Ah )"
s~
~\\\\J'\\. pe~ p ~"-Je(0 J>..l..tJ~~(..s,.~e,...l~F"iJfJ-·_·_·~1 ~~~~~ ~, . ~~r.F.j~~i~J","'d.:),_~Jt.'oi:h.;J 1
L~r.. c~c1< ~
C\\..1 J.
U_II'~ U)
t1J... J-. 1~ l ~"f
-
?;:'''''-
~ l",: ~.~ 4u:.
p..i:J:, G,,,J'
'......
VI'll(
h', t.
J" wd..
~
1
J.j.t..J.:tff"~.llr+II.,,,,~
C\\c''''''''le t."
,....J""A"'" 0" ,,1I1,....cl...
i:..-Jo-J:,
.t'j. iJl'jI.~'~ 1a-.J.... JéL1 .J.e....~.~J..~ Pl"""':" c; (j l ...! _" J~l-~ t\\~
""Q'7''''O·_oJ h_j
V..
1
....:I!...- - .....j; J... 1( l'E. 1
fj
1
~~.4, Sc. \\'..,-s~ ~ - - .... Co.......
'd~ r.lli ~ +l'4{
l"t:
i C.t?'
.
i
i ! !
~'"(fl
1
if-
le, t1 """.""~
f.J.u·_1
e.._I~~II,...,J o"r
~~.'c....~.
f ·
1
t. e.lJ"~ i
bou.cl.., l
c......t..~.
Je. \\..·h... 1
............, i
1
3 5 ~'d-Ï' ' .
ttr
t ~ L"'"=> ~
.-
r"':S. i
.
1
1
1
,
.3 ..I~v,,=,
-1
1
1
3 ~
-1
1
. - 1 .. :-
- - .- - .
1
-j _'-."1-
3"1
_.. )
·I&-:'
~ ~ I<>-J-i".f~
;;E~ Il
;
i
•• 1
..Ln,c...... t-... ~
!
" ,
~
!
!
i
3':)
_1·~I_·I·1
i~t
G;>.
..- 1
-
1
,
.
I....JQAI.S"~
1
•..;Ilie... ~
4- D
~c
....·"'.Iti..c~ 1
l'eet
.I~
!
.
--+-
~"'-;>
~,i'tfc
~;3J'1
- It 1. J .
~ . 1

- 164 -
B) ~~2E2~!!2~_g~_E2~rY2I~~~~_~~_~~Y~~~~_~~~_b~~_~~~~g~~
1°) 9~!_f~~!:!b_E2~~!9~~~~_~2~~~_E2~~Y2I~~~_~~_~~Y~~~
?
Sous le double rapport activité et revenu on rencontre au
sein des ménages 1
des actifs rémunérés ou productifs de revenus monétaires
tels les salariés ou les indépendants (agriculteurs,
artisans, commerçants ••• ).
des actifs non rémunérés dont l'activité peut être
entièrement domestique ou en partie orientée vers le
marché 1 membres du ménage participant à des activités
de production marchande, sans pour autant percevoir
une rémunération directe de leur travail.
- des inactifs disposant d'une source de revenu propre 1
retraités touchant une pension, élèves ou étudiants
boursiers.
- des inactifs ne produisant aucun revenu, notamment
les jeunes enfants ou les personnes âgées.
Peuvent être considérés comme pourvoyeurs de revenus dans
les ménages les actifs productifs de revenu mais aussi les
inactifs disposant d'une source de revenu propre. Il est
plus difficile de comptabiliser les actifs productifs de
revenus dans les ménages, quand l'activité source de revenu
prend le caractère d'une affaire "familiale", plusieurs
membres du ménage participant plus ou moins à l'activité,
un seul des membres en assurant la gestion (ainsi des chefs
de n.anage aidés par des parents dans leur acti vi té commer-
ciale ; des épouses aidées par leurs enfants dans leur
petit commerce ••• ), lorsque "l'aide" n'est pas rémunérée,
ni le produit indivis. En ce cas d'ailleurs les intéressés

- 165 -
ne se déclarent ordinairement pas eux-mêmes comme actifs.
Pour l'heure nous nous contenterons de comptabiliser ceux
qui déclarent disposer d'une source de revenu dans le ménage.
2°) ~~_n2~È~~_g~~_!ng!y!gy~_~~gu!_~~_~2YrQ~_g~_r~Y~nY
(Er2Er~2_ggu~_1~~_~~n~g~~_~~!_r~1~!!Y~~~n!_r~gy!!1
Sur 392 personnes enquêtées, 153 peuvent être considérées
comme tels (cf tableau -1.')
Le rapport entre individus ayant une source de revenu et
l'ensemble des individus des ménages (153/392) donne un
chiffre théorique. de 0,39 que l'on peut considérer comme
le taux de couverture du ménage par les "ayant-revenu".
Ce dhiffre théorique de 0,39 signifierait qu'en moyenne cha-
que individu ayant une source de revenu doit couvrir outre
ses propres besoins, les besoins d'une seconde personne et
en partie ceux d'une troisième personne, si d'autres ressour-
ces (dons, aides de toute nature ou ressources d'activités
domestiques) ne devaient pas intervenir dans les ménages.

- 166 -
- \\ 1~\\~l\\.~A\\.l
)\\.~
Proportion des "pourvoyeurs" de revenus dans les ménages
Taux
Nombre
=
d'individus
nombre d'
individ.
ayant une source
individus total
ayant un
de revenu propre
sans
des
revenu
source
indivi-
------
Actifs
Inactifs
de
dus par individus
revenu
ménage
du
H
F
H
F
total propre
ménage
ménage
1
3
3
1
7
7
14
0,50
ménage
2
1
1
1
3
5
8
0,37
ménage
3
2
2
7
9
0,22
ménage
4
1
1
2
9
11
0,18
ménage
5
2
1
3
6
9
0,33
ménage
6
1
1
2
4
6
10
0,40
ménage
7
1
1
2
2
4
0,50
ménage
8
1
1
2
3
0,33
ménage
9
1
1
2
3
0,33
ménage 10
1
1
4
5
0,20
ménage 11
1
1
1
2
0,50
ménage 12
1
1
5
6
0,16
ménage 13
1
1
2
3
0,33
ménage 14
1
1
2
3
0,33
ménage 15
1
2
4
7
10
17
0,41
ménage 16
2
2
4
4
8
0,50
ménage 17
2
2
4
4
8
0,50
ménage 18
2
3
5
3
8
0,60
ménage 19
3
1
4
1
5
0,80
ménage 20
2
1
3
2
5
0,60
ménage 21
4
2
6
2
8
0,75
ménage 22
2
2
2
6
9
15
0,40
ménage 23
3
3
7-
10
0,3"0
ménage 24
2
1
3
12
15
0,20
ménage 25
3
2
1
6
3
9
0,66
ménage 26
1
1
2
3
5
0,40
. ménage 27
3
4
1
8
12
20
0,40
ménage 28
1
2
1
4
11
15
0,26
ménage 29
3
3
1
2
9
13
22
0,40
ménage 30
2
2
4
8
12
0,33
ménage 31
2
2
4
4
8
0,50
ménage 32
2
1
3
3
6
0,50
ménage 33
6
1
7
12
19
0,35
ménage 34
3
3
4
7
0,42
ménage 35
3
2
5
5
10
0,50
ménage 36
4
1
5
3
8
0,62
ménage 37
3
1
1
5
8
13
0,38
ménage 38
1
1
2
7
9
0,22
ménage 39
1
1
1
3
13
16
0,18
ménage 40
2
2
4
8
12
0,33
ménage 41
2
2
4
8
12
0,33
Ensemble
des ménages
75
59
16
3
153
238
392
0,39

- 167 -
3°) ~~__~!~~~!~~~!2~_~~~_~~~!_~~_22~Y~~~~~~_~~~_~~~~~~~
E~~_~~2!!~~_~~_2~_~~~ donne le tableau suivant 1
taux de couverture
Répartition des ~l ménages
effectif
des ménages
total des
par déciles
ménages
0
~
0,1 c:::: 0,2
4, 10, 12, 2~, 39
5
.....
~
0,2 L. 0,3
3, 23, 28, 38
~
>
0,3 ~ 0,4
2, 5, 6 , 8, 9, 13, 14,
16
22, 26, 27, 29, 30, 33,
37, ~O, ~l
>
o,~ ~ 0,5
l, 7, 11, 15, 16, 17,
10
31, 32, 3~, 35
>
0,5 ~ 0,6
18, 20
2
'>
0,6 ~ 0,7
25, 36
2
.:::.>
0,7 =0,8
19, 21
2
:>
0,8 ~ 0,9
>
0,9 ..:::..1
>
1
~l
Le taux de couverture du plus grand nombre de ménages se
situe entre 0,3 et 0,4
constituant ainsi le décile modal.
Celui des 9 ménages sur les ~l se situe dans les premièrs
déciles; rapprochant ainsi ces ménages de la situation cri-
tique où le ménage serait sans individus ayant une source
de revenu.
- Le ménage 4 comprend 11 personnes dont 2 (le chef de mé-
nage artisan mécanicien et sa première épouse, vendeuse de
riz) ont une source de revenu soit
un taux théorique de

- 168 -
couverture de 0, 18.
- Le ménage 39 compte 16 personnes dont 3 (le chef de ménage,
employé de bureau à la retraite, son épouse, vendeuse de
riz, un de leur fils, ouvrier dans le bâtiment) ont une
source de revenu; soit un taux théorique de 0,18
- Le ménage 3 se compose de 9 personnes et seuls le chef
de ménage, ouvrier et son cousin manoeuvre ont une source
de revenu. Ce qui donne un taux théorique de 0,22.
Sans atteindre des situations critiques, la plupart des
ménages présentent des compositions telles que très peu de
gens doivent entretenir beaucoup de monde. La difficulté de
la tâche sera fonction
de la composition du ménage (enfants ou personnes adultes •. )
- du mode de redistribution des revenus dans les ménages
- de la proportion des autres ressources qui peuvent inter-
venir dans le ménage.
- mais aussi et surtout de la nature des activités et des
quantités de revenus procurés car en fait il ne suffit pas
d'avoir une source de revenu; encore faut-il qu'elle soit
à même de couvrir les besoins vitaux.
Pour le savoir, le mieux sera sans doute puisque nous pou-
vons le faire, de donner le descriptif le plus précis possi-
ble des activités exercées dans notre population sans crain-
dre l'aspect énumératif car dans ce monde de toutes petites
activités ; rien ne ressemble exactement à rien.

II) Activités des ménages
Tableau (!~~) 1 ~~]!f~_!2~rg!~~~~_!~_E~!~2!E~!~_~2~~2~_~~_~~Y~~~
g~_~~n~g~_~~!2n_l~_E!~2~_g~§_!~_~~n~g~
l-
...!~
lA 1
1
I
1
t1.
1
1
Cu..v"ÎV\\.o
1
t.
1
1
~
,
fi
1
1
8-
Ai
1
-i.
! 2.
~
1
Lr
• -
,
i
1
et-
1.
1
...!O
1
1
Lt
J
1
~
!
1
'
1
t.
Tol-.,.~
~~
50
"'_'<~';"p ",~.',", ,_,,,~;",,,",,,.! ,'~,,,.,,,,,, ,"',.,>-.."'c, ,.,..~,.,.""''''wy' ;__"'.""""""<""M''''''''':'''"''<-~~''.''·~~''-'''~-~'~'''''''''''''''-''''''m."..:""'" .."-,-.,_'__."".".,,,"'''' ·'''''''" ,.,'"p",..,.~.•_<' ', -.''' ",'--"", -c·_'c,,., '~'~, ~1'.~·
.'1'~."..
,~ ,.",",-.,,.,,.~,,-
~"'. ·'·~'·F~·.'
-":.,.,,,•• -.

"'.- -,.•.
.. '.
'
"''-''
,''v'
'-'''',- '.
7'"·""~··\\·""·;'··"'·'-\\"'""'.•..,.""~._.,
.",-.".-.,'.,~.~..,...,-,,..-'-~.,,~:,,_ ..,,.~,.."."_. _.~ ,~''''~~'.,,";''_,'',.r-~_-~., .•-- ~..,., .,..,...-,..,.',.......,.,....,.,,, '-, ,,,."',....,.,'~'"""~.

- 170 -
Quelques remarques préliminaires
Si l'on étudie la population des pourvoyeurs principaux
des revenus dans les ménages (actifs fournissant la princi-
pale source de revenu) on constate que 1
- Il Y a plus d'hommes que de femmes qui disposent d'une
source de revenu soit respectivement 91 et 6J ; les hommes
accédant davantage aux activités rémunérées.
- Cependant la proportion des femmes actives s'avère impor-
tante; signe que. leurs activités dépassent largement le cer-
cle de la production domestique pour s'intégrer dans la
petite production marchande.
- Quelques enfants des dits ménages, notamment les aînés
accèdent à des activités rémunérées.
- De même que des actifs se rencontrent au sein de la parenté
ou des "satellites" présents dans le ménage.
- A côté des actifs il est à rappeler la présence de ceux
qui pour une raison ou pour une autre demeurent sans activité
source de revenu.
L'activité socio-professionnelle des ménages populaires
comprendrait 1
une frange inférieure des fonctionnaires et des militaires
- des fractions stable et instable relevant du secteur for-
mel public et privé
- et surtout des fractions relevant des secteurs "informel tt
et traditionnel.
Mais d'une manière générale les salariés du secteur formel
reste nlli~ériquement faible à Ouagadougou et surtout à l'é-
chelle nationale. En l 975 le nombre des salariés était
estimé pour l'ensemble du pays à 19 200 pour le secteur

- 171 -
privé et 22 402 (dont 473 expatriés) pour le secteur public
soit un total de 41 602(t) sur une population active à la
même période de l 408 155. Ces salariés ne représenteraient
que 2 % environ de la population active dont l'écrasante
majorité demeure jusque là dans le secteur primaire (
(1 292 400 soit
91 %cf tableau suivant) avec une prédo-
minance de l'activité agricole de subsistance.
Il faut dire que le développement du salariat dans un
pays est en grande partie déterminé par le développement
des forces productives et du degré d'industrialisation.
Dans le cas du BURKINA FASO la sous-exploitation des res-
sources agricoles et minières, la faiblesse de ressources
financières propres au pays, la domination impérialiste et
surtout le peu d'attrait exercé sur les investisseurs
étrangers dû à l'inexistence de secteurs immédiatement
rentables, le transfert de la main d'oeuvre vers les
autres pays etc ••• sont autant de facteurs qui expliquent
pour une bonne part le non développement des forces pro-
ductives et du salariat en particulier.
En outre quand on sait que le prolétariat BURKINABE n'a
pas été le résultat d'un processus interne antérieur à la
colonisation mais un fait lié aux besoins d'exploitation
du colonisateur on comprend aisément que l'inexistence
de secteurs immédiatement rentables constitue un frein
puissant à de tels développements.
Au côté de la minorité des salariés du secteur formel
se développe dans les villes une autre forme de prolétariat
(J.l)
cf Annuaire Statistique du BURKINA FASO
Institut National de la Statistique et de la démographie
Ministère de la Planification et du Développement
populaire.
Octobre l 984

- 172 -
Tabll&ulq
'POPULATIOl' kl;:;IDENTc; PAR GENRE D' ACTIVITE: ECO~0!':IC:UE EN 1975
Zonl Urbl1nl
Zani ..mi-Urbaine
Zani rurlll
Totel
IiU••6iU:
§~.ZZ~
~i.l~~.
l.i2~.ii~
l.~~§.1~2
' . S.eteyr primair'
~
~
1 244 236
292 400
Air1eulturl
2' 6'4
2' 62'
1 192 764
240 04'
ElivaCI
2'1
458
5q 9'4
'1 62'
Forlt
168
28
"8
734
1. Slctlur Indultr1ll
i2..l.21
2'874
~
48 961
Indu.tr11 Al1mlntA1rl
1 440
"7
1"'"
, '10
Tlxt1lla, ou1r. It plaux
, '62
810
, ~21
'1 '9'
Indu.tr11 du bai.
169
'12
2 2'6
1 ' "
Indu.tr1l' m't.ux, lD'ean1Clul.
4 792
602
6 16'
1~"7
Jltimlnt. It T.P.
2 '69
277
1 092
, '7'8
Autr..
, 689
679
10 16'
16 '"
,. Servio..
~
~
ll...lli
.2Uü
Eau. El.ctr1e1 d
607
44
72
72'
tran.port
4 216
604
1 553
6 '7'
En"1I"'ID.nt
2 925
771
6 989
10 685
Comm.re.
10 85S
492
7 004
19 354
A4min1.trat1on Publ1ClU.
6 176
595
2 9'8
9 709
Fore•• Aral'"
, 565
'97
4 114
8 276
Autr.. S.rv1e ..
7 169
1 066
, 4"
11 668
- Ill~!••'gIÎUU
iZ§.~~§
ll~.~~~
~.Z2§.il§
~.l;Z.Z~2
Rltra1t"
1 556
504
, 888
, 948
Cham.ur.
6 821
1 416
11 '79
19 616
Etud1anta-Elhn
6' 272
16 7'7
129 4'9
211 448
Inf1rlD••• malade.
1 655
2 701
6' 4'7
67 79'
M'nac.r..
77 810
35 919
1 332 588
1 446 '17
San. prottu1on
121 287
57 '4'
2 ~25 080
2 40' 710
Awtr.. 1nlet1ta
1 6'7
885
'0 405
'2 927
- 'IlSI••'UQ~~I.i.uil
~.Z2~
l.:~~
:~.l~l
~i.i§~
{ - En"aIble (1 + II + III)
......................•
:~:t.R~~.
'V\\a..AA.\\.
'-.';.A~
'-,U\\J...O).
Source
Annuaire statistique du BURKINA FASO
Institut National de la Statistique et de la Démographie
Octobre 1984

- 173 -
appartenant au secteur "informel" tels les ouvriers et
apprentis occupés dans les petits ateliers de réparation
de vélos et de mobylettes, de travaux métalliques, de cons-
truction, de peinture et de bois etc •••
C'est là un des traits caractéristiques des pays qui
vivent le sous développement. Selon les travaux de
M. P. VAN DIJK L~) près de 73 % de la population active à
Ouagadougou gagne sa vie en travaillant dans le secteur
"informel" ; un secteur où, comme nous l'avons déjà évoqué,
prime le hasard et l'incertitude tant au niveau de l'acti-
vité que du revenu qu'elle procure.
Ces structures générales dégagées, venons en au détail
précis des activités effectuées par notre population.
A) ~~~_~~~!y!~~~_g~~_h2~~~~L_~h~f~_g~_~~n~g~
Seuls les chefs des ménages 6 et 27 se déclarent sans
activité.
"J'étais boy-cuisinier chez un français. Celui-ci est rentré
définitivement dans son pays et je me retrouve au chômage,
à la recherche d'un nouveau patron ou d'un quelconque travail.
Nous aurions pu (ma famille et moi) retourner nous installer
au village et reprendre le t1travail des ancêtres"; travail
agricole mais à cause des enfants qui fréquentent l'école
nous ne pouvons le faire ••• " (chef de ménage 6).
t1Commerçant de riz au grand marché de Ouaga, je vendais le
riz par sac de 100 Kg mais aussi au détail par time, par
(A-) M. P. VAN DIJK l "Le secteur informel de Ouagadougou et
de Dakar"
Possibilités de développement de petites entreprises
dans deux capitales de l'Afrique de l'Ouest.

- 174 -
"yorba" (Ii) par bol ou au Kg. Suite à un accident de voiture
en 1978 je suis aujourd'hui handicapé des jambes et je ne
peux plus assurer le commerce. "Homme de marché" je suis
devenu depuis l'accident un "homme de la maison", un "homme
de l'intérieur" tout comme les femmes et les enfants •••
(chef du ménage 27).
1°) ~E2b2g!~_g~~_~~~!Y!!~~_Er!n~!E~b~~_g~~_h2~~~_~~!!~
g~_~~nê:g~
Selon l'activité principale des chefs de ménage on dis-
tingue par ordre d'importance numérique dans l'échantillon &
a) ~~E!_2~Yr!~r~ &
- Un ouvrier à la R A N (Régie-Abid jan-Niger) ; chef du
ménage J qui s'occupe des passages à niveau lors des arrivées
de trains.
- Deux ouvriers électriciens, (chefs des ménages 5 et 41)
dont le premier-travaille dans le cadre du projet Tambao ;
un projet d'exploitation minière dans le Nord du pays. Le
second est employé par la S A E L, une société privée qui
s'occupe des installations électriques dans le pays.
- Un soudeur (chef du ménage 16) dans une entreprise na-
tionale de fabrication de charrettes et de charrues à trac-
tion asine S 0 VIC A (Société Voltaïque d~intérêt Collectif
AgriCOle~l s'occupe, outre la soudure, de la peinture des
véhicules.
l~) yort~ s un plat profond utilisé comme un instrument de
mesure des céréales surtout. Il contient environ
2 à 2,5 Kg de céréales.
ll) Depuis le changement du nom du pays, beaucoup d'entreprises
et de sociétés ont également changé de sigles ou d'appel-
lations mais nous ne disposons pas toujours des nouvelles
dénominations.

- 175 -
- Un ouvrier peintre (ehef du ménage 19) dans un petit
atelier de peinture. Il travaille temporairement quand l'a-
telier a des clients. A côté de cela des familles lui con-
fient de temps à autre des maisons à peindre pour lesquelles
il demande la collaboration de ses deux jeunes frères.
- Un serrurier (chef du ménage 26) à Volta-Clé, une en-
treprise privée de serrures qui a de petits ateliers dans
divers quartiers de la ville.
- Un mécanicien (chef du pénage 36) employé dans l'admi-
nistration publique pour la réparation des engins et véhi-
cules administratifs. Il effectue couramment de petites
sorties lorsque des pannes interviennent en cours de route
et peut même être envoyé dans d'autres villes pour deux ou
trois mois.
Ces ouvriers, bien que salariés se distinguent des
"burou nimba", "hommes de bureaux". -Leur activité en faisant
des travailleurs manuels les rangerait plutôt dans la caté-
gorie dite des "toum zalessé", "travaux simples" où l'on
range aussi les artisans, commerçants et agriculteurs. Ils
se disent travailleurs aux "Nougou Weggla", "mains rugueuses".
Mais en tant que salariés ils occupent des emplois relati-
vement stables et réguliers. Et "dans une société fortement
marquée par le chômage et le sous-emploi, manifestes dans
les faubourgs des villes et dans les villages de la brousse
le fait d'avoir un emploi salarié représente un avantage
cons idérable ,,@.-)
~)Jean~Marie DERRIEN : "Les salariés du BURKINA font-ils
partie des classes moyennes ?
In Revue Tiers-Monde t XXV1, N° 101
Janvier - Mars l 985

Il s'en faut pourtant qu'ils soient des privilégiés s les
ouvriers restent confrontés à la faible valorisation de
leur savoir-faire sur le marché de lUemploi. Nombreux sont
ceux qui sont classés au rang des "sans qualification" ou
des "faiblement qualifiés". Et l'embauche reste précaire
notamment dans les petits ateliers où la main-d.' oeuvre
fluctue énormément.
b) Ç!ng_~ff~~~B~n~_~~~_E~~!~~_~~rY!~~~
Les chefs des ménages 8 et 9 travaillent au bar "Le Major"
dont l'un est caissier et l'autre serveur. Les trois autres
sont du personnel de maison, dont un cuisinier (chef du
ménage 20), un chauffeur (chef du ménage 24) et un gardien
(chef du ménage 40) ; travaillant tous chez des français.
Les "gens de maison" constituent une catégorie de salariés
mais qui s'estiment socialement dévalués s main-d'oeuvre
sans valeur, peu respectée, travaillant souvent sans con-
ventions précises.
Employés par quelques BURKINABE aisés, plus souvent par
des expatriés, leur activité se trouve en dernier ressort
liée aux fluctuations des rapports internationaux. On pou-
vait parler d'activité sûre pour le personnel de maison tant
que la coopération restait stable. Car dans le temps s'il
y avait des mouvements, des départs de coopérants il y avait
des remplaçants et des nouveaux arrivants. Ces derniers
héritaient le plus souvent d'un poste de travail, d'un lo-
gement mais aussi du personnel de maison attaché au logement.
Mais des fluctuations du personnel étranger ont déstabilisé
ce personnel.

- 177 -
c) g~ng_~g~!2~!~~~~~
Ils résident à Ouaga mais disposent de leur champ à la
périphérie de la ville (chefs des ménages 18 et 21). Un
va et vient journalier est assuré pour les travaux. Cepen-
dant les champs périphériques sont menacés par l'extension
de la ville qui les transforme souvent en zones habitées.
Alors il faut aller de plus en plus loin. Et comme les in-
dividus se déplacent le plus souvent à pied ou au mieux à
vélo et à mobylette, le trajet devient un facteur détermi-
nant du maintien de l'activité agricole surtout pour les
personnes âgées. Si dans les villages les jeunes prennent
la relève des personnes âgées pour les travaux agricoles
ce n'est pas souvent le cas pour les agriculteurs citadins •••
D'autres agriculteurs citadins ont leur champ dans
leur village d'origine (chef du ménage JO) ou carrément
en brousse (chefs des ménages JI et J2 et dans ces cas c'est
la famille toute entière le plus souvent qui s'y installe
saisonnièrement et ne revient en ville qu'une fois les ré-
coltes terminées.
- Né à Zitenga (J5 Km de Ouaga) où il a résidé jusqu'à
l'âge de 40 ans, le chef du ménage JO a conservé son acti-
vité agricole même une fois installé à Ouaga. En saison de
pluie il retourne au village avec ses deux femmes et leurs
enfants. Les membres de sa famille se relayent. Les épouses
abandonnent leur activité commerciale pour se consacrer
aux travaux champêtres. Par contre le fils aine (tailleur)
reste à Ouaga et veille à la bonne marche de la famille
restante lorsque son père est au village. Une fois les ré-
coltes terminées les uns et les autres reviennent à Ouaga

- 178 -
et la vie urbaine reprend son cours.
Le chef du ménage JI quant à lui a son champ en brousse
où il s'installe· avec sa femme et ses enfants pendant la
période des travaux. Il revient occasionnellement à Ouaga.
Depuis deux ans il emploie deux ouvriers agricoles qui assu-
rent avec lui les travaux et son épouse ne va plus au champ.
L'activité agricole se maintient à Ouagadougou et généra-
lement en milieu urbain Burkinabé dans des proportions non
négligeables.
Selon les résultats du recensement de 1 975 1 sur les
80 776 actifs que compte la zone urbaine 2J 654 sont occupés
dans l'agriculture {i)soit environ 29 % des actifs urbains.
Néanmoins l'activité agricole demeure pour les populations
urbaines notamment les jeunes une activité dévalorisée et
dévalorisante, pratiquée à défaut de pouvoir accéder à autre
chose. Comme le développe SKINNER (L) , les agriculteurs vi-
vant à Ouagadougou se composent d'individus qui n'ont aucune
qualification pour accéder au travail salarié ou qui n'ont
pas trouvé un autre type de travail. in effet les populations
urbaines originaires des campagnes n'ont pas émigré à Ouaga
pour demeurer des cultivateurs. Ils vont à Ouaga pour trou-
ver un travail rémunéré et lorsqu'ils ne trouvent rien ils
cherchent à cultiver un lopin de terre à la périphérie.
L'exception reste ces individus invités par des parents
fonctionnaires à résider en ville et cultiver pour eux des
champ~ périphériques.
cA.. ) cf tableau ;tq
( ... )
Population résidente par genre
d' activité ; /f> / (1. 2. .
(L JElliot P. SKINNER: African URBAN Life 1 the transfor-
mation of Ouagadougou
op. cit.

- 179 -
d) g!~g_f~~~~!~~~!~~~
Ils comprennent :
Un assistant d'élevage (chef du ménage 1), un infirmier
(chef du ménage 15), un vétérinaire (chef du ménage 25),
un employé de bureau au Ministère des Finances (chef du
ménage 39) ; tous les quatre à la retraite et un enseignant
à la "Formation des Jeunes Agriculteurs" (F. J. A.) (chef
du ménage 29).
Ces derniers appartiennent à la frange inférieure de la
fonction publique mais ils ont le privilège d'occuper des
emplois stables codés et surtout prestigieux.
D'une manière générale "Public administration has always
been the most prestigious, if not the most économically
rewarding, occupation of the Ouagadougou elite"~)
Considérés comme partie pr.nante des couches privilégiées
les fonctionnaires bénéficient d'une garantie de revenus
dûe à la sécurité de leur emploi.
e) g~~~~~_~!!!~ê!~~~_2~_E~~~:~!!!~~!r~~
Il s'agit:
- d'un garde républicain (chef du ménage 2)à la retraite.
L'intéressé a servi à Koudougou de 1958 à 1961, à Ouaga de
1961 à 1964, à Boussé de 1964 à 1966, à nouveau à Ouaga
quelques mois, à Kaya de 1967 à 1968, à Garango de 1968 à
1971; encore à Ouaga de 1971 à 1975, à Kaya pendant 8 mois,
à Fada N'Gourma de 1976 à 1982 où il a pris sa retraite
avant de revenir s'installer à Ouaga. Ses différentes mu-
tations pour raison de service sont à l'origine de la di-
versité des lieux de naissance de ses enfants.
LJ0 Elliot P. SKINNER : African URBAi"'l-Life op. cit.

- 180 -
- un lieutenant ( chef du ménage 22~, qui a également fait
plusieurs régions pour raison de service. L'activité des
militaires est souvent itinérante.
- un commissaire de police (chef du ménage 2J)
- un ancien combatt~~t de l'armée française (chef du mé-
nage J8).
Hormis les soldats ou les militaires appartenant à la
catégorie inférieure, les fonctionnaires militaires parta-
gent avec les fonctionnaires civils sinon davantage, le pri-
vilège des emplois stables, codés et prestigieux de même que
la garantie de revenus.
f) ~~~~_E~~!~~_E~~~2n~
- un patron d'un atelier de peinture (chef du ménage 28)
qui emploie une vingtaine d'ouvriers ; parfois plus quand
il a davantage de travaux en vue. Il s'occupe de la peinture
de logements familiaux et de locaux administratifs aussi
bien à Ouaga que dans d'autres villes comme Bobo, Banfora,
Tonkodogo, Kaya ••• et là il se déplace avec ses ouvriers.
Aux périodes creuses il débauche ses ouvriers qui cherchent
à s'occuper ailleurs en attendant qu'il retrouve du travail
et les rappelle.
- un patron d'une entreprise de construction (chef du ménage
J7), qui emploie )0 à 40 ouvriers. Il se charge de construc-
tion de logements familiaux, d'écoles, de dispensaires ou
d'autres bâtiments administratifs. Quand il n'a pas de con-
trats en vue il débauche également les ouvriers. Ce qui dé-
note une certaine élasticité au niveau de la main-d'oeuvre
employée; mais aussi et surtout la précarité de l'embauche
des ouvriers déterminée par les commandes et les contrats.

- 181 -
Un code de travail existe cependant dans le pays - qui
pourrait garantir davantage la sécurité de l'emploi -
mais dans les petits ateliers et entreprises il demeure
ignoré ou du moins inappliqué du fait des aléas du marché
intérieur; aléas dont dépend la prospérité des petits pa-
trons. Il s'en faut en effet qu'on puisse les ranger sans
autre façon dans la catégorie des privilégiés.
g) ~~~~_~2~~~x~!~
Nous avons :
- un commerçant de pagnes au grand marché de Ouaga (chef du
ménage 33). Il achète les pagnes en gros à l'usine textile
(Voltex devenue Faso Fany en 1 984) de Koudougou et les
revend au détail par un, par deux, trois ou six pagnes. Ses
principaux clients sont en général les femmes et le marché
n'est fructueux que pendant les périodes de fêtes.
- un commerçant de bétail (chef du ménage 35) 1 les boeufs
sont achetés dans les villages par un de ses frères aînés
et il assure le transport et la revente de ce bétail en
Côte d'Ivoire.
Il se rend à Abidjan avec en moyenne une vingtaine de
boeufs et y séjourne un à deux mois. Là-bas les boeufs sont
souvent revendus à crédit et il faut attendre de récupérer
l'argent avant de revenir au pays. Il arrive qu'il revienne
sans avoir pu récupérer la totalité de son argent. Il n'aura
la totalité de son argent qu'à la prochaine saison, si même
des clients malhonnêtes n'ont disparu avec le bétail. Et
quand on sait qu'une bonne partie du bétail est lui-même
acheté à crédit chez les villageois Burkinabé.
La généralisation de la vente à crédit, et du crédit en

- 182 -
chaîne fait aussi que la circulation des produits précède
généralement la circulation de l'argent selon un cycle plus
ou moins long. Ainsi pour ce chef de ménage un décalage d'un
à deux mois existe entre la circulation du bétail et celle
de l'argent. L'endettement généralisé et sans exigence formel-
le de garantie préalable signale la fragilité de cette ac-
tivité commerciale.
h) Q~_~~!1~~_~_~2~_~2~E~~
Il s'agit d'un mécanicien (chef du ménage 4). Installé sous
un cailcédrat au bord d'une grande rue il répare les bicy-
clettes et les vélomoteurs c'est à dire les engins à deux
roues qui sont les plus répandus dans Ouaga. Le travail se
fait en principe tous les jours sauf les jours de fêtes mu-
sulmanes ou bien empêchement.
Le matin à 7 H, l'intéressé se rend à son lieu de travail,
non loin de son domicile. A midi, il arrive qu'il retourne
chez lui pour manger mais assez souvent il achète de quoi
manger sur place (un plat de riz, de boules d'akassa délayées
dans du lait, du "gonré" Gf-)ou des pois de terre bouillis).
Il y a aussi des jours où il ne mange pas le midi faute d'ar-
gent dit-il.
Dans la journée il assure de fréquents passages chez lui
pour surveiller ses enfants lorsque ces derniers ne sont pas
avec lui à son lieu de travail ou avec leurs mères à leur
lieu de vente. Le soir il rentre chez lui vers 19 H. Mais
le temps de travail est difficile à évaluer car il ne se
confond pas avec le temp~ de présence sur le lieu de travail :
(,L) gonré : mélange de feuilles et de farine cuit à la vapeur.

- 183 -
tout dépend de la clientèle et de la nature des réparations
à faire. En vérité la clientèle est rare, car si les mobylet-
tes et les vélos sont très répandus dans la ville; les mé-
caniciens sont aussi très nombreux à Ouaga. On en trouve
tout au long des rues et à chaque carrefour car il n'y faut
pas grande connaissance technique ni grands investissements
en matériel. Certains mécaniciens installés sous les arbres
ne disposent que d'une petite table sur laquelle est étalé
un simple jeu de clés. "Les mécaniciens n'ont souvent pas
une connaissance suffisante de la technique ni le matériel
nécessaire" remarque VAN DIJK(t~). Aussi la compétence s' ar-
rête-t-elle aux réparations simples. Et le défaut de quali-
fication rend elle le marché particulièrement ouvert et
vulnérable.
Les activités principales des chefs de ménages ainsi
décrites déterminent des "catégories socio-professionnelles"
d'appartenance. Mais il faut prendre aussi en compte une
ou plusieurs activités annexes.
2°) ~~_~~~~b~_~~~iYi~~_~~~_~t~f~_~~_~~~~g~
Sur 33 chefs de ménage, 8 exercent une double activité soit
par ordre de représentation de la double activité; les chefs
des ménages 1
l
assistant d'élevage et agriculteur
37
petit patron (en construction) et agriculteur
40
gardien et agriculteur
(t) M. P. VAN DIJK : "Programme des emplois et des compé-
tences techniques pour l'Afrique".
Analyse et diagnostic du secteur non structuré à
Ouagadougou
o N P E
Février l 977

- 184 -
J
ouvrier à la R A N et maçon
28
petit patron (en peinture) et tenancier de buvette
29
enseignant à la F. J. A. et cami onneur
JO
agriculteur et marabout
Jl
agriculteur et revendeur de bois
Les activités secondaires ont un sens différent selon qu'on
se situe en haut ou en bas de la hiérarchie des activités
principales :
En haut l'inégale insertion dans le système moderne et ca-
pitaliste permet à certains de développer des activités
secondaires qui renforceront les possibilités de promotion
ouvertes par l'emploi principal: l'enseignant dispose d'un
camion qui fait la navette entre la ville et les villages;
le petit patron tient à côté une boutique ou une buvette ou
dispose d'un champ où travaillent des ouvriers agricoles.
Ces derniers pouvant travailler tantôt à l'entreprise tan-
tôt au champ.
De telles combinaisons d'activités permettent une certaine
accumulation du capital et traduisent comme le dit P. VERNEUIL
"une tendance à l'appropriation croissante" (.-i) ..
En revanche en bas, le cumul des activités constitue juste
un moyen de subsistance. Elle exprimerait plutôt selon
P. VERNEUIL, "une tendance à la perte d'autonomie, à la
prolétarisation"(~).Ainside l'ouvrier à la R A N qui ef-
fectue occasionnellement des travaux de maçonnerie chez des
connaissances, du gardien qui dispose d'un petit lopin de
.- P. VERNEUIL "Eléments, pour une classification
des non salariés de la petite pro-
duction en Afrique de l'Ouest et du
Centre".
04-
op. Cl~.

- 185 -
terre, de ces deux agriculteurs dont l'un revend du bois
en ville et l'autre pratique le "maraboutage" :
- Résidant d'abord à Zitenga, où il était devenu m~ître
coranique et marabout, le chef du ménage JO, avait déjà
parcouru dans le cadre de sa formation coranique, plusieurs
régions. Installé à Ouaga depuis 17
ans il déclare avoir
eu à son tour de nombreux élèves coraniques. A l'entendre,
nombreux sont ceux qui venaient de loin, des centaines de
kilomètres pour l'apprentissage du coran chez lui. Il était
un maître assez renommé. La plupart de ses élèves ont fini
leur cycle (c'est à dire l'apprentissage de tous les versets
du Coran) et sont retournés dans leurs familles respectives.
Certains sont aujourd'hui chefs de famille. D'autres n'ont
pu achever leur formation soit parce qu'ils sont retournés
chez eux
dans leur village d'origine, soit parce qu'ils ont
fui vers la Côte d'Ivoire à la recherche de l'argent.
Il n'y a pas d'âge pour entrer à l'école coranique et
l'initiation au coran peut durer 7 à 8 ans en moyenne.
Pendant ces 8 années les élèves sont intégrés dans la fa-
mille du maître. Pour les élèves l'apprentissage du coran
vient en tête et il est prioritaire (certains récitent leurs
versets à tout moment et à tout endroit). Le reste de leur
temps est consacré aux activités domestiques. En saison de
pluie ils assurent les travaux champêtres avec la famille
du maître.
Le vendredi est considéré comme le jour de repos pour
l'apprentissage du coran. C'est aussi le jour réservé à la
mendicité qui faisait partie intégrante de la formation
coranique. Les élèves; la tête rasée, le bonnet blanc,

- 186
la boîte de mendicité à la main et les versets du coran
aux lèvres se promènent de porte en porte individuellement
~'
ou en groupe ; se rendent à la mosquée ou dans les marchés
f
pour mendier. Ce qu'ils gagnent doit en principe être rap-
1
porté au maître. Il faut dire que de nos jours l'argent est
1
beaucoup plus recherché que la nourriture ou autres dons
~
en nature et que, vêtements, cauris, noix de cola ou galettes
sont quelquefois revendus. Les élèves mendiants gardent de
plus en plus pour eux le fruit de leur mendicité.
De temps à autre le maître coranique reçoit une time de mil
provenant des parents des élèves. A quoi s'ajoutent lors
des fêtes musulmanes (Ramadan ou Tabaski) une pintade ou
quelques noix de cola. A la fin de la formation de l'élève
le maître reçoit (toujours des parents) un mouton qu'il
peut tuer et partager la viande lors de la fête organisée
chez lui, dite "cérémonie de sacrifice pour la fin de l'i-
nitiation au coran". A l'occasion un repas est également
préparé chez le maître qui réunit parents, amis et connais-
sances et une distribution de galettes, de boules d'akassa,
de noix de cola mais aussi d'argent se fait pendant la cé-
rémonie. Une partie de ce nécessaire provient aussi des
parents de l'élève.

Maître coranique notre chef de ménage est devenu El Ha~
après avoir effectué un pélérinage à la mecque il y a une
dizaine d'années de cela. Il pratique le "maraboutage" mais
ne saurait en faire un métier dit-il:
"C'est au nom de ma foi que je pratique le maraboutage
et surtout pour rendre service aux individus se trouvant
dans le besoin. Des gens viennent me voir pour tel ou tel

- 187
problème précis et je leur viens en aide dans les limites
de mes connaissances et de mes possibilités. Par la suite
ils peuvent me récompenser comme ils l'entendent si leurs
problèmes sont résolus. Il existe de plus en plus de faux
marabouts qui gâtent le nom de tous les autres. Ils flattent
les gens pour retirer beaucoup d'argent sans pouvoir résoudre
le moindre problème. Ils profitent de la situation de ces
gens se trouvant dans le besoin. Je ne saurai m'identifier
à ces faux marabouts qui seront punis un jour par Allah ••• "
(chef du ménage )0).
Il faut dire que de plus en plus les gens ont recours aux
marabouts tout comme aux sorciers pour la guérison de leurs
malades, la conjuration des mauvais sorts, la réussite sco-
Got
laire ou sociale des enfants. Une autre clientèle celle dont
parle la chanteuse Zaïroise Tshala-Muana ( dans sa chanson
intitulée "Amina") 1 celle des femmes qui pour préserver la
stabilité de leur foyer ou chez les jeunes filles et jeunes
épouses pour épouser tel ou tel homme jugé "économiquement
solide". Car si cet homme est marié, il faut procéder à un
)
"détournement de mari" et pour cela il faut "jeter les cauris".
La double activité constitue un cumul en extension des ac-
tivités dans un même moment. Mais il existe aussi un cumul
chronologique, traduit par Ip-s successions d'activités.
)0) ~~~_2~~2~~~~_~~~2!!Y!!§_~~~_2h~f~_~~_~~U~g~
L'itinéraire d'activité est la règle dans les fractions
instables de l'entreprise et celles relevant du secteur
"informel", par nature précaire.
Comme le dit le chef du ménage 41 : "l'activité est comme
du fil à tisser et lorsque le fil n'est pas assez résistant

- 188 -
il se casse souvent et il faut sans arrêt faire des noeuds
pour continuer à tisser". Pour illustrer "le fil et ses
noeuds •.. " nous retiendrons le r~cit de vie de ce même chef
de m~nage que nous d~signerons par le pr~nom contentionnel
de Raogo.
R~cit de vie de Raogo
- ~~_~~_!2~_~~_Y!!!~~~ ...
Plus pr~cis~ment à Ziniar~ (J5 Km de Ouaga) Raogo int~gra à
l'âge de 4 ans la famille de l'ain~ de ses oncles paternels
r~sidant ~galement à Ziniar~. A l'âge de 7 ans un autre oncle
a voulu le faire venir chez lui à Ouaga pour l'inscrire à
l'~cole mais son grand'oncle a pr~f~ré le retenir auprès de
lui pour garder les moutons et les chèvres; n'ayant personne
d'autre pour le faire. Il a donc gardé les moutons jusqu'à
l'âge de 15 ans; moment où il fut remplac~ dans cette occupa-
tion par ses frères et cousins cadets.
Outre les soins donn~s aux animaux Raogo allait au champ en
saison de pluie avec la famille de son oncle. La saison sèche
~tait r~serv~e à l'apprentissage, auprès de son oncle (et
des hommes de la concession), du tissage et de la vannerie,
comme pour tous les enfants de la - 12 ans au village. La
vannerie consistait en tressage de corbeilles, de paniers,
de dessous de canaris, de nattes et de "seccos"
.L) à partir
de la paille coup~e en brousse. les "seccos" servaient de
clôture pour les concessions, de toiture et de portes pour
les cases, de toiture et / ou de clôture pour les hangars
r~servés à la causerie, de toiture pour les hangars destin~s
au séchage des r~coltes. Ils ~taient également utilisés pour
'\\.\\ secco
paille grossièrement tressé.

- 189 -
la confection des greniers servant au stockage des récoltes.
A chaque usage correspondait un mode de tressage différent
~omme pour les différents genres decorbeilles, paniers et
dessous de canaris destinés à l'usage des femmes de la con-
cession.
Lorsque ces produits étaient en excédent, le supplément à
l'usage domestique était revendu sur les marchés villageois.
Dessous de canaris se vendaient par exemple à quelques cen-
times. Ce n'était pas de grosses sommes mais c~était toujours
de l'argent.
L'argent gagné à l'époque par Raogo était remis à son oncle
qui le gardait précieusement. L'oncle disait aux enfants que
lorsqu'ils auraient économisé suffisamment d'argent il achè-
terait à chacun un mouton ou une chèvre. Ce qui les incitait
à la concurrence. C'est à l'âge de 15 - 16 ans que Raogo
quitta Ziniaré pour rejoindre son oncle de Ouaga où il passe-
ra deux ans avant de partir pour l'aventure en Côte d'Ivoire.
- ~_!Z_=_!§_~~_t~~_!_2~~1_2:~~!_!~_E~~~!~~_Y2~~g~_~_~2!~j~~ ...
Reçu à son arrivée par des parents résidant déjà là-bas;
Raogo dut à leur recommandation de trouver du travail dans
les champs de plantation de café et de cacao. Mais il lui
fallut apprendre à se servir des couteaux, car dans les dites
plantations le travail se faisait à l'aide de couteaux, et
non de daba comme on cultive au pays. Le café et le cacao
récoltés étaient revendus par les propriétaires des plantations
à des Européens ou des Syriens qui transportaient par la
suite ces produits au port d'Abidjan pour l'exportation.
Au bout de deux ans et demi de travail dans les plantations
Raogo a pu économiser une certaine somme et revient en famille.

- 190 -
A son arrivée à Ouaga la première des choses a été l'achat
d'un vélo bleu; symbole de tout bon migrant revenant au
pays après l'aventure en Côte d'Ivoire. Une partie de son
argent a été distribuée aux parents; certains pour règler
leur impôt d'autres en simples cadeaux. Le reste lui servait
à faire les march~villageois avec les copains.
" A l'époque (1964-1965) 100F CFA (Il) suffisaient pour aller
à un marché villageois. "Toussouri Vaango" (le billet de
5 000 F CFA) cela résonnait lourdement aux oreilles : c'était
une somme importante qu'on pouvait dépenser sans fin. Mais
de nos jours l'argent a beaucoup perdu de sa valeur ••• tt
Au fil des jours passés au pays les économies s'épuisaient
et il fallait veiller à conserver l'argent du transport pour
le retour à Abidjan. Après quelques mois passés en famille
Raogo doit reprendre le chemin de la Côte d'Ivoire.
- ~~_~~Q~~~_y~~~g~_~~_b2§2_fi~2g2_êYê~~_~Q_E~~_Eb~~_~~_gQ_~~ ..
Il décida de chercher du travail auprès de bons patrons :
des "blancs" ayant suffisamment d'argent pour payer le sa-
laire de leurs ouvriers à la fin du mois car dit-il
"Dans les plantations il y avait souvent des problèmes,
des querelles avec certains patrons qui ne payaient
pas en totalité le salaire de leurs ouvriers agricole~ •
Il arrive que l'on cultive tout un champ de café ou de
cacao et qu'au bout du travail le patron prétende qu'il
n'a pas de quoi payer. Alors commencent les histoires,
la colère, les insultes et parfois vous en arrivez à
sortir des petits canifs. ce qui n'est pas tille bonne
affaire pour quelqu'un qui quitte son pays d'origine
, 1 "\\
\\.- )
50 F
CFA = lFF

- 191 -
à la reche~che de l'argent. On cherche l'argent pour
en jouir de son vivant; mais s'il faut trouver la mort
à la suite d'un coup de couteau parce que l'on aura ré-
clamé des dettes, le travail ne sert plus. On dit que
l'argent sert à tout et à tous mais malheureusement pas
aux morts ••• ".
Avec un cousin du village, Raogo a trouvé du travail comme
simple manoeuvre dans une scierie. Chargés tous les deux
de ramasser le bois coupé par les menuisiers, de le rassem-
bler en tas et de faire le chargement des camions pour le
port d'Abidjan, ils gagnaient chacun 15 000 CFA par mois.
A deux ils s'arrangeaient pour ne dépenser que la moitié ou
les 2/3 de ce qu'ils gagnaient et le reste était économisé
pour constituer le "Koumbango" ou le "laogo"; la "fortune".
Lo .rsqu'ils venaient de toucher leur salaire ils se permet-
taient l'achat et la consommation de nourriture (plats cui-
sinés) vendue à l'extérieur. Le reste du temps ils faisaient
eux-mêmes leur cuisine et un sac de riz acheté à 3 000 F
ou 3 500 F CFA leur faisait le mois. Deux bols de riz suf-
fisaient à chaque préparation et ils mangeaient le riz tous
les jours ou presque.
DE manoeuvre Raogo fut choisi entre temps par le patron de
l'usine pour s'occuper du jardinage et du nettoyage de sa
cour. En général jardinage, nettoyage mais aussi gardiennage
vont ensemble mais à l'époque Raogo n'était pas assez robuste
pour faire face aux voleurs de la nuit. Alors l~ patron a
préféré avoir un autre gardien. C'est ce travail de jardinier
1
i
qu'il effectuera jusqu'à son retour au pays.
~'
Son second séjour à Abidjan aura duré un an et demi; moment

- 192 -
ou bout duquel il proposa à son cousin un retour au pays
pour voir la famille mais aussi pour chercher des épouses
car il était temps d'y penser. Mais son cousin refusera
le retour au pays.
"Il m'a répondu que pour le moment il était préférable
d'utiliser nos économies à l'achat de machines à coudre
pour apprendre le métier de tailleur. Je lui ai répli-
qué que si nous nous lancions dans la couture, à la
longue nous ne voudrions plus retourner en famille.
Nous demeurerions des " Kos wéto" (4.) "ceux qui ont
séjourné longtemps à l'étranger" ou des "Pa wéto", "ceux
qui sont restés à l'étranger: à savoir les émigrés
définitifs" et dans ce cas nous ne ferions pas la
connaissance de tous les membres de notre famille res-
tés au village. Malgré mon insistance il a refusé de
partir et moi je suis rentré et depuis je n'ai plus
revu la Côte d'Ivoire".
b22Z_l_E~~2~E_~~f!~!~!f_~~_E~!~~~~~!2~_~~_E~~~...
De retour au pays Raogo s'installe dans la famille de
son oncle à Ouaga et cherche du travail. Mais n'ayant pas
une formation particulière, que faire?
"A Ouaga les emplois sont beaucoup trop limités et celui
qui n'a pas un métier manuel, une formation ou un savoir-
faire quelconque, trouve difficilement du travail. Ce n'est
L'expression "wé to" trad.uit ici par "l'étrang~r" vient
de "wheogo", " la brousse". Pour les Mossi, aller dans
un pays étranger, c'était "aller en brousse" car le pays,
le monde se limitait pour eux au Pays Mossi et le reste
était l'équivalent de la brousse. Il est allé en Côte
d'Ivoire se dit en mooré : "A kinga whéogo", "il est
allé en brousse".

- 193 -
pas comme à Abidjan où il existe de nombreux petits travaux
ne demandant pas une formation précise ••• "
B~~~~_~_~~È~~~_~_!~_~~~~_~~_Q~~g~ ...
Il chargeait et déchargeait des sacs de marchandises dans
les trains.
"Cette activité m'a surtout développé la poitrine sans
pour autant m'apporter grand'chose. Un sac de 100 Kg
soulevé revenait à 25 F
CFA.
A la gare nous étions si nombreux à guetter l'arrivée
des trains : ce n'était pas toujours qu'on pouvait
obtenir plusieurs sacs à charger ou à décharger. Alors
j'ai décidé de chercher quelque chose d'autre ••• "
Q~_!~_~~~_~_!~~~~~E~~~_~~_Q~~~~ ...
A l'aéroport il roulait les barriques d'essence et d'huile
pour le ravitaillement des avions; une activité qui nécés-
sitait également un gros effort physique sans lui procurer
une fois de plus suffisamment d'argent. Aussi décida-t-il
d'abandonner ces durs travaux pour apprendre un métier ma-
nuel mais sans cesse, la même question revenait : que faire?
~~_~~~~~YE~_~_!~~~E~E~E~_~_~~~~~~YE~_~~~~~...
"J'ai commencé à travailler avec un maçon comme manoeuvre
mais le travail s'avérait aussi dur que les précédents. C'est
le manoeuvre qui pousse à longueur de journée les chargements
de brouette "ta yango yaagué ••• ", "Jusqu'à ce que ses
côtes s'élargissent". Si ce n'est pas la brouette, il fait
les briqu8s ou les mélanges deuanco ou de ciment; ce qui
à la longue ronge les pieds et les mains. Et tout ce travail
était payé à 100 F CFA la journée.
Les manoeuvres sont réduits aux travaux secondaires car les

- 194 -
maçons sont malins et ne veulent pas leur apprendre l~
construction proprement dite; de peur qu'un jour ils ne
prennent leur place.
J'ai dû passer une année entière sans savoir poser une
brique sur l'autre de façon à élever tout seul un mur.
Ayant réalisé que ce n'était pas ainsi que j'apprendrais
..
le métier j'ai dû abandonner • •• •
• • •
Raogo fut embauché par un patron Togolais qui s'occupait
également de construction. Mais il s'agissait d'un patron
qui ne payait pas ses ouvriers. A la fin du mois ses ouvriers
se plaignaient sans arrêt et c'est ainsi que certains se
fâchaient et partaient et il réembauchait d'autres nouveaux
arrivants. Victime de cette conduite, Raogo travaille & mois
sans être payé en totalité, puis quitte le patron.
- ~_~2~Y~ê~_~gQ2~~Y!~_~~~_~~_E~~~!~~~_~22!~~~_E~!Y~~
~~~1~2~~!2!~~ ...
Raogo creusait les trous pour les poteaux électriques.
Mais dans cette société le patron n'embauchait pas direc-
tement les manoeuvres et les ouvriers. Ces derniers restaient
pendant un bon moment à l'observation, à l'essai •••
.. J'ai travaillé pendant 2 ans sans être embauché dé-
finitivement. Durant ces 2 années je travaillais sim-
plement comme ça et à la fin du mois je touchais
4 000 F CFA. Entre temps mon salaire est passé à
6 000 F c-FA mais je n'étais toujours pas embauché.
Ayant attendu en vain l'embauche définitive sans l'ob-
tenir, j'ai abandonné ce travail au bout des 2 ans ••• "

- 195 -
...
.. A quelques mois de mon arrivée dans cette société,
celle-ci fermait ses portes pour cause de faillite.
Il semble que les directeurs de la société avaient dé-
tourné l'argent et c'est ce qui a entraîné la faillite
et la fermeture de la société. Et me voilà à nouveau
à la recherche d'un emploi .•• ".
LaSAEL ....
Suite à son périple, Raogo fut embauché en l 971 à la
S A E L où il demeure présentement même si actuellement, il
y assure le gardiennage et le jardinage de la cour du patron
et non son travail d'électricien •
.. A la S A E L j'ai aussi travaillé pendant 2 ans avant
d'être déclaré embauché. A Ouaga ce n'est pas comme à
Abidjan ou ailleurs où les délais d'embauche sont beau-
plus courts. Ici il faut compter au moins 2 ans de tra-
vail pour les ouvriers avant d'être embauché définitive-
ment.
En attendant l'intéressé travaille provisoirement et
c'est le provisoire qui tue les manoeuvres et les ouvriers
à Ouaga. L'individu use toutes ses forces avant même
son embauche définitive.
Je suis tout de même resté à la S A E L et petit à petit
j'ai mieux appris le métier d'électricien.
L'apprentissage n'a pas été facile car il faut reconnaî-
tre que quelquefois les gens sont égoïstes et ne veulent
pas apprendre leur métier aux autres. Il faut les suivre
partout: les gens n'expliquent pas ce qu'ils font. Il

- 196 -
faut vraiment être doué pour apprendre. Quand on apprend
le métier auprès de quelqu'un d'égoïste, il te dira de
faire ceci ou cela à tel ou tel moment, mais lorsque
le travail présentera une certaine technicité il t'écar-
tera pour ne pas te laisser voir ses astuces. Il te dit
d'aller à l'écart ou même de profiter pour te reposer
car s'il te laisse toucher à ceci tu risques d'abîmer
tel ou tel matériel. Ce qui coutera cher à tous les deux.
Alors il vaut mieux qu'il fasse lui-même tout ce qui
est délicat. Le prétexte d'abîmer le matériel est utilisé
alors qu'en fait il s'agit de préserver les secrets du
métier et la dépendance des uns vis à vis des autres.
Ainsi celui qui veut apprendre le métier n'apprend 1ûh
l'essentiel ••• "
Ouvrier à la S A E L l'activité de Raogo consistait à la
fixation des poteaux et câbles électriques à haute tension
et des la~pes pour l'éclairage public. Outre la fixation,
il passait une couche de peinture sur les poteaux. Dans les
logements f~~iliaux ou bâtiments publics il posait outre les
installations pour l'éclairage, les climatiseurs et les ven-
tilateurs.
La société s'était agrandie entre temps et comptait une
sectiJn plomberie en plus de l'électricité. Mais les t~avaux
en électricité devenaient plus rares.
"Dans le temps nous voyagions beaucoup : à Bobo, à
Banfora, ~ Ouahigouya, à Kaya, à Terutodogo, ~ Poura
partout où il y avait une centrale et des demandes
d'installation. ~ais depuis notre retour de Kaya il y
a un ~~ de cela les travaux de chantier se font rares.

- 197 -
1
1
Il ne nous reste que les dépannages. Ce qui n'occupe
1
pas tous les ouvriers de la société. En attendant le
1
!
patron nous a répartis dans des petits travaux comme
1
le gardiennage, le jardinage etc. et à la fin du mois
1
f
"
on touche un demi salaire. Celui qui touchait 20 000 F
r-
I,
CFA en période normale gagne aujourd'hui 10 000 F CFA
~,
~
et 15 000 F CFA pour ceux qui touchaient 25 000 F CFA.
Avec ce demi salaire, c'est grâce aux parents et aux
connaissances que nous réussissons à survivre. Les
!a~
Mossi disent que 1 <qui vit chez les siens ne souffre
jamais. En effet si c'était à l'étranger où on ne con-
nait personne la vie aurait été impossible dans ces
conditions ••• "
•••
Depuis Juin 1984 Raogo fait partie de ceux qui ont été
reconvertis suite au ralentissement des travaux de chantier.
Désormais il assure le nettoyage, le jardinage et le gar-
diennage de la cour. Il travaille ) jours dans la semaine 1
jeudi, vendredi et samedi et durant ces trois jours il com-
mence l'après-midi à 15 H et finit le lendemain matin à 7 H
(pour reprendre l'après-midi à 15 H).
"Si j'arrive à 15 H je prends le balai et un carton et
je nettoie toute la cour. Le travail doit être soigneu-
sement fait et il ne faut pas qu'on voit des saletés.
Une fois le nettoyage fini je prends le tuyau pour
l'arrosage du gazon, des arbres et des fleurs. La cour
comporte beaucoup de plantes si bien que l'arrosage
prend beaucoup de temps. Parfois à 20 H - 20 H )0 je
n'ai toujours pas fini. En général c'est vers 21 H que

- 198 -
je peux m'étendre sur ma chaise à l'entrée pour attendre
l'arrivée du patron.
Pendant le gardiennage i l faut rester éveillé, ne même
pas somnoler toute la nuit. Il arrive que l'on ait en-
vie de dormir mais i l faut se secouer ou croquer une
noix de cola. Il faut surtout veiller aux voleurs qui
sont nombreux dans la ville. Avant, les voleurs avaient
peur et volaient en cachette mais maintenant ils uti-
lisent la force et n'hésitent pas à attaquer en face.
Alors i l faut encore plus de vigilance •••
Tout cela n'est pas facile mais nous sommes soumis aux
décisions des patrons. Parfois on veut reconnaître que
ce n'est pas de leur faute s'il n'y a pas de chantier
mais que faire ••• En outre le problème de l'emploi
est crucial ici au Burkina car s'il n'y a pas de travail
à Ouaga on ne peut le trouver ailleurs. On ne le trou-
vera pas à Fada, ni à Kaya, ni à Banfora, ni à Ouahi-
gouya, ni à Bobo; à Bobo c'est encore mieux que les
autres villes car elle ressemble un peu à Ouaga ••• tt
!r~y~!!!gn~_1_j2Yt~_E~r_~~~~!n~1 Raogo aurait souhaité
un autre emploi à côté mais jusque là i l n'a rien trouvé.
"Dans le temps on se promenait dans la ville les samedi
et dimanche pour faire des réparations et des dépanna-
ges chez des particuliers. Ces dépannages nous dépan-
naient beaucoup. A la fin de ces petits travaux on ga-
gnait l 000 F CFA par-ci, par-là. Ce qui complétait
énormément le salaire et pouvait atteindre parfois la
moitié. Maintenant on ne trouve même plus ces petits
travaux. On peut parcourir les quatre coins de la ville

- 199 -
sans trouver quelqu'un qui a besoin de changer une
lampe ou une ampoule. Désormais les propriétaires ob-
servent leurs lampes grillées et disent qu'il n'y a pas
d'argent pour les réparer. Sauf à des endroits délicats
où ils constatent qu'il faut absolument faire quelque
chose sinon les dégats seront trop importants. Mais si
la panne intervient à un endroit pas trop gênant ils
laissent tomber. L'achat d'une lampe coûte 2 000 F CFA
soit l'équivalent de 3 à 4 jours de travail. On comprend
que les gens ne se précipitent pas beaucoup pour les
réparations ••• "
-_E~2g~_~~r~!!_~~!2~~_~~_~r~y~~_g~~_Qh~E~ 1 s'il n'y
avait pas les problèmes de sècheresse et de mauvaises saisons
de pluie dans le pays car poursuit-il 1
"Avec le demi salaire de 15 000 F CFA c'est difficile
d'expliquer comment on vit avec deux femmes et 7 en-
fants (Raogo ayant eu sa première épouse en 1971 lors-
qu'il venait d'être embauché à la S A E L et la seconde
en 1983). Mais la Révolution a trouvé le slogan conve-
nable l "La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons :". Je
dirai que si ce n'était pas la patrie ce serait déjà
la mort pour un chef de famille comme moi. Et quand
11 n'y a pas d'autres solutions il faut accepter même
la mort ••• n
Quelques enseignements se dégagent de ce récit type.
Type car beaucoup d'autres lui ressembleraient •
• L'absence de formation constitue un sérieux handicap à
l'accession d'un emploi stable et durable 1 d'où les cascades
d'activités dans les fractions instables de l'entreprise et

- 200 -
le secteur "informeltl , où, tout comme dans les secteurs tra-
ditionnels, l'emploi est fonction des relations familiales et
des connaissances •
• Si la formation se fait le plus souvent sans ou avec un
coût matériel réduit, rien sinon la reconnaissance qu'ils
peuvent attendre n'oblige ceux qui connaissent déjà le métier
à partager leur savoir.
Outre l'absence de formation et de qualification, l'abon-
dance de la main-d'oeuvre explique la fragilité de ce monde
du travail. Elle constitue une réserve pour ses employeurs
qui embauchent et débauchent à leur gré. Aussi l'embauche
reste longtemps provisoire •
• Si le provisoire "tue les ouvriers et manoeuvres" - car au
delà de l'incertitude
vécue au niveau de l'emploi, le sa-
laire est maintenu au plus bas - en revanche il permet à
l'entreprise de réaliser économies sur les salaires et pro-
tections sociales garanties par l'embauche définitive et dé-
clarée. Quitte il est vrai à payer le renouvellement incessant
de sa main-d'oeuvre par son inexpérience permanente.
B) ~~~!Y!~~~_~~~_~E2~~~~
Dix épouses sur cinquante se déclarent sans activité ré-
munérée ; s'occupant uniquement de leurs travaux ménagers.
L'inactivité des épouses tout comme celle des chefs de ménage
s'explique avant tout par le handicap, la maladie ou la
vieillesse.
"A Abidjan où je résidais avec mon mari je fabriquais le
dolo pour revendre aux compatriotes. Mais j'ai dû
in-
terrompre cette activité parce que je souffrais de maux
de coeur et je ne pouvais plus me consacrer aux durs

- 201 -
travaux. Cette même raison fait que je demeure aujourd'
hui sans activité ••• " (épouse du ménage )).
"Dans le temps j'étais fabricante de dolo mais aujourd'
hui le poids de l'âge pèse sur mes os. Il y a quelques
années encore je revendais des arachides comme mes coé-
pouses mais maintenant je ne peux même plus aller au
marché pour l'achat des arachides ••• ". (veuve du ménage
14,
70 ans).
Quelques jeunes épouses se déclarent aussi inactives, les
unes parce qu'elles viennent de se marier, les autres parce
que leur activité ne marche pas.
"Jeune fille je vendais des fruits mais depuis mon maria-
ge il y a un an et demi je demeure jusque là sans acti-
vité
"
••
• (épouse du ménage 9; 21 ans)
"Les arachides que je vendais ne me procuraient pas
grand'chose. J'ai préféré arrêter en attendant de trouver
autre chose ••• " (épouse du ménage 8 - 19 ans).
"Auparavant c'étaient des boules d'akassa, ensuite des
galettes ••• mais rien ne se vend. Les gens n'ont pas
de quoi acheter les produits. L'argent fait défaut à
tous. Ayant souvent fait faillite, je n'ai plus d'argent
pour (r~partir) vendre quoi que ce soit, alors j'attends ••
(seconde épouse du ménage 4 - 2) ans).
Dans d'autres cas, c'est la situation socio-économique solide
du mari qui permet aux épouses de demeurer inactives 1 cas
des épouses de fonctionnaires de générations précédentes
dont la plupart sont illètrées et n'accèdent pas au travail
salarié.
L'épouse du ménage 2) a un mari commissaire de police.

- 202 -
Au village elle pratiquait les travaux champêtres ; activité
qu'elle a abandonnée
depuis son mariage. Elle se consacre
uniquement à ses travaux ménagers. Elle dispose cependant
d'une machine à coudre (achetée par son mari) sur laquelle
elle s'exerce de temps en temps.
"Peut-être arriverai-je un jour à en faire un métier"
(épouse du ménage 23).-
Chez la plupart des femmes inactives le besoin ou la né-
cessité de l'activité est souvent exprimé.
1°) ~~~2!2g!~_~~~_!2~!Y!~~~_~~~_~~2~~~~
Une des caractéristiques de l'urbanisation africaine reste
que les femmes ont très peu, encore moins que les hommes,
de possibilités de travail salarié. Plutôt marché des biens
pour elles que marché de l'emploi le petit commerce est
essentiellement l'activité qui occupe les femmes de Ouaga
et des villes africaines en général. S'agirait-il de la
version féminine du secteur "informel" ? Les 40 épouses ac-
tives que compte l'échantillon se répartit comme suit 1
a) ~E~~~~_g~!~~~_22~~~~!n~~~
o ~!!~~~_~~_E~~!~_92~~E2~
Il se résume à la revente en détail de divers produits
destinés directement ou indirectement à la consommation
alimentaire. Ces produits peuvent être prêts à consommer
(plats cuisinés, boissons, fruits ••• ). D'autres constituent
des éléments indispensables à la préparation des mets
(condiments, boi~, charbon ••• ).
L'activité commerciale des femmes constitue souvent le
prolongement des activités ménagères. Mais il convient de
distinguer en leur sein les fabricantes revendeuses et les

- 203 -
simples revendeuses. Nous avons affaire à 21 fabricantes-
revendeuses et 13 revendeuses.
~ ~~~-~b-!~2r!~~!~~=r~Y~ng~~~~~_~~_~2~E2~~n~_g~
• 4- fabricantes de "dolo" ou bière de mil (épouses des mé-
nages 12. 21, 38 et 39). Les fabricantes de dolo portent
le nom de dolotières.
Autrefois "les marchés étaient les seuls lieux où il était
l
possible de consommer de la bière de mil à tout moment, ex-
!
ception faite de la demeure des chefs. En dehors des marchés
les gens du peuple ne consommaient la bière de mil que dans
1
1
les funérailles et travaux collectifs agricoles et seulement
1
1
avec l'autorisation du chef dans ce dernier cas." (,t..) ,
1
De nos jours le dola est devenu une consommation popu-
l1
laire et quotidienne. Seuls les individus de confession
t
1
musulmane ne sont pas autorisés à le consommer en tant que
boisson alcoolisée. Le dolo est une boisson assez forte et
son abus conduit à l'alcoolisme •
• 3 fabricantes de "mil germé" (épouses des ménages 18. 19
et 36). Leur activité consiste à la transformation du sorgho
rouge en "mil germé" destiné à la préparation du dolo. C'est
en fait l'opération de maltage. une étape préléminaire à la
fabrication du dolo. certaines dolotières transforment elles
mêmes le sorgho rouge en "mil germé" plutôt que de l'acheter
tout fait.
La liste des fabricantes se poursuit par
(~) Yamba TIENDREBEOGO 1 Histoire et coutumes royales des
Mossi de Ouagadougou
op. cit.

- 204 -
Le petit commerce des femmes : une fabricante
La vendeuse de riz sous son hangar

20.5
• J fabricantes d'arachides sucrées ou bouillies (épouses
des ménages Il, lJ et 27)
• 2 fabricantes de plats cuisinés (épouses des ménages 4 et
10)
2 fabricantes de bouillie (les 2 épouses du ménage 40)
• 2 fabricantes de galettes (épouses des ménages 27 et JO)
· 1 fabricante de couscous (épouse du ménage JI)
• l, de beignets (épouse du ménage 2)
l, de "soumbala", épice au goût fort utilisé dans la pré-
paration des sauces, (épouse du ménage 1.5)
• l, de beurre de Karité (épouse du ménage 17)
• l, de riz décortiqué.
Les fabricantes achètent la matière première d'origine
agricole (céréales pour la plupart, gousses de néré ou graines
de soja pour la soumbala, noix de karité pour le beurre),
qu'elles transforment et revendent le produit fini. Leurs
activités sont essentiellement des spécialités féminines.
Au niveau des pratiques commerciales existe une différen-
ciation sexuelle : la fabrication et la vente des produits
comme le dolo, le mil germé, la bouillie, les galettes etc •••
sont exclusivement réservées aux femmes.
Les fabrications ci-dessus énumérées sont très répandues
dans la ville de Ouaga mais elles demeurent peu étudiées à
la fabrication près du dolo.
~ ~~~_!~_r~y~g~~Y~~~_22~Er~nn~U~:
• J revendeuses de boissons industrielles (épouses des ména-
ges 24, 2.5, 28)
r:r
• J revendeuses de fruits et légumes (épouse du ménage 27
1
\\
et les 2 épouses du ménage 41).
1
1
t
1
!
J
~.

- 206 -
Le petit commerce des femmes
des revendeuses
Un petit marché où des femmes vendent leurs condiments
Canaris vendus par les femmes dans un petit marché

- 207 -
• 2, de condiments (épouses des ménages 21 et JJ)
2, de bois (épouses des ménages 6 et 26)
• l, de charbon (épouse du ménage 5)
• l, de dolo (épouse du ménage 1)
• l, de noix de cola
Les revendeuses achètent leur produit en gros pour ne
pas dire en détail pour les revendre en micro-détail. En
exemple l'épouse du ménage 25 achète une caisse de 20 bou-
teilles de boisson qu'elle revend à l'unité. LOépouse du
ménage 5 revend en détail l sac de charbon etc •••
Si la vente de certains produits peut se faire toute l'an-
née, il n'en est pas de même pour les produits saisonniers
où la femme achète et revend telle ou telle marchandise
selon leur cycle saisonnier 1 vendeuses de mangues aujourd'
hui, d'arachides ou d'épis de mais grillés ou bouillis de-
main, de patates douces ou de manioc après-demain et ainsi
de suite • • •
Avoir un commerce spécialisé et stable est considéré
comme un meilleur "métier" et les simples revendeuses aspi-
rent à devenir des fabricantes-revendeuses.
c !~~_!!~~_g~~EE~2Y!~!2nn~m~~~_~~_g~_~~y~~~~_g~~_E~2gy!~~
Le marché reste le lieu privilégié d'approvisionnement
et de revente des produits mais il n'est pas le seul. Pour
l'approvisionnement certaines femmes attendent au bord des
rues à l'entrée de la ville, arrêtant les villageois et
villageoises qui viennent livrer leurs produits à moindre
prix aux citadins. D'autres font des voyages organisés dans
des séries de villages où elles achètent les produits sur
les marchés villageois à un prix encore plus réduit. Des

- 208
transporteurs font la navette à cette fin entre les villes
et villages en camion ou en super goelette. Ces voyages se
font suivant les jours de marché (les marchés villageois
se tiennent tous les trois jours J si aujourd'hui c'est le
marché de tel village, demain c'est tel autre). Les marchés
villageois de Kombissiri, de Kokolgho ••• sont très connus
des commerçantes de fruits et légumes du grand marché de
OUagadougou qui y vont régulièrement.
Certains transporteurs vivent uniquement du transport de
ces femmes commerçantes et de leurs marchandises. D'autres
prennent en plus de simples voyageurs. Le prix du voyage
est fixé par le transporteur 1 chaque femme paie son voyage
et le transport de sa marchandise. Il faut dire que les con-
ditions de voyage ne sont pas confortables 1 personnes et
marchandises sont souvent entassées ••• et le nombre limite
de personnes est vite dépassé dans le camion. Des anecdotes
rapportent qu'à l'approche des postes de police où s'effec-
tue le contrôle, des transporteurs font descendre certains
clients, qui franchissent à pied le poste de police et se
font récupérer par le transporteur.
Il arrive que des femmes fassent successivement plusieurs
marchés villageois (dans le même voyage) si elles ont d'autres
personnes en vue pour assurer la revente au détail en ville
pendant qu'elles s'occupent de l'approvisionnement. Certaines
se transforment même en grossistes à l'intention des femmes
qui ne peuvent pas effectuer les voyages.
Les lieux de revente des produits sont tout aussi divers.
En milieu urbain il faut distinguer la vente ambulante de
la vente en un lieu fixe. Pour la vente ambulante il s'agit

- 209 -
de se promener avec son plateau de marchandises sur la tête
le long des grandes rues, de lieu de travail en lieu de tra-
vail ou d'un marché à l'autre. La vente ambulante est beau-
coup plus pratiquée par les jeunes filles ou
jeunes garçons
car les chefs de ménage n'autorisent pas toujours leurs
femmes à le faire. La vente dans des lieux fixes peut se
faire à domicile et là la femme peut assurer en même temps
ses travaux ménagers. On ne saurait dire si la vente à domi-
cile est un avantage ou pas, mais toujours est-il qu'elle
permet le cumul des tâches. Des produits comme les beignets,
les arachides, les fruits ••• etc sont exposés au bord des
rues à la vue des passants. La femme peut élever un hangar
(en paille) ou une modeste échoppe mais parfois elle se met
tout simplement à l'abri sous un arbre et là quand il pleut
la vente est interrompue. La vente des plats cuisinés né-
cessitent une certaine installation et en général les fem-
mes recherchent les petits marchés
ou les lieux de travail
des ouvriers (chantiers) pour élever leur hangar. Les lieux
de revente sont si variables qu'il n'est pas rare de voir
l'entrée des bureaux administratifs, des hôpitaux, des écoles
des gares, des cinémas et salles de loisirs se transformer
en véritables petits marchés.
o~~_~~r2~!~~~~!_~~~_~2!!Y!!~~
Il con~ient de dissocier le temps consacré aux activités
de fabrication et la vente proprement dite. Tout dépend de
la nature du produit et ausJi du moment de la jou.née où se
fait la vente.
!
L'épouse du ménage 4, fabricante de plats cuisinés pré-
!
1
pare et revend J ou 4 "yorba" de riz par jour soit environ
t
f

- 210 -
8 à 10 Kg. Pour ses travaux l'intéressée se réveille au
chant du coq. Le riz doit être prêt aussitôt que possible,
le matin car il est vendu ici pour le petit déjeuner. Quand
il commence à faire jour la vendeuse se dirige à "Koukin
daga", une place parsemée de cailcédrats qui sert de petit
marché; où elle a installé son auvent.
Sa clientèle se compose des ouvriers qui en allant au
travail le matin s'arrêtent pour prendre leur petit déjeuner.
Les mères en achètent également pour leurs enfants. Après
9 H - 10 H les clients se font rares • • •
L'épouse du ménage 2, fabricante de beignets commence
ses travaux à partir de 4 H du matin pour faire la pâte
qu'elle laissera ensuite reposer. La friture et la vente
débute vers 6 H. Il s'agit de finir le plus tôt possible
afin de pouvoir se consacrer aux tâches ménagères. A partir
de 10 H )0 les clients se font rares mais la vente peut se
poursuivre à longueur de journée.
D'autres activités connaissent des phases bien plus lon-
gues. Par exemple une dizaine de jours sont nécessaires pour
la fabrication du "mil germé" et trois jours supplémentaire~
pour transformer le "mil germé" en dolo.
L'épouse du ménage )6, fabricante de "mil germé" trempe
le premier jour le sorgho rouge dans de grands canaris (-L.)
d'environ 200 litres à demi-enterrés dans le sol, à raison
d'une tine (
16 Kg) par canari. La fabricante le mouille
de manièle à ce que le niveau d~ l'eau ne dépasse que de
quelques centimètres celui du sorgho.
Le 2ème et le )ème jour le sorgho est à chaque fois essoré
(/~) canari 1 vase en terre cuite à fond bombé et souvent de
grand diamètre.

- 211 -
et remis dans les canaris et l'eau renouvellée. Au bout de
ces 2 à J jours lorsque la fabricante considère que le sor-
gho est suffisamment humecté, elle le sépare de l'eau par
filtration, le remet dans les canaris et les recouvre assez
hermétiquement pour la germination.
Deux à trois jours plus tard, les grains de sorgho ont
perdu leur couleur rouge et se sont couverts de radicelles
d'environ un centimètre de long. Alors elle retire le sorgho
germé des canaris et l'étale sur une claie de branchages
ou sur un sol damé, au soleil où il reste pendant un temps
plus ou moins long selon le degré d'humidité de l'air (trois
jours en saison sèche).
o Petit commerce des femmes 1 activité individuelle ou
----------------------------------------------------
2Q!~~2~!!~ ?
Lorsque les activités nécessitent beaucoup de travaux
les femmes mobilisent d'autres personnes pour les aider.
Le nombre de personnes mobilisées est fonetion de la taille
du commerce et aussi des bras qu'il nécessite. D'une manière
générale les enfants sont intégrés tant dans les activités
ménagères que dans les activités commerciales, notamment
les filles.
Les femmes peuvent égatement faire appel à leur "pogtaaba"
"coépouses ou femmes qui résident dans la même concession 1
ainsi des fabricantes de "mil germé" se font aider par des
coépouses pour porter les paniers chez des fabricantes de
dolo, de même que des fabricantes de dolo sont aidées pour
la livraison des canaris de dolo chez les revendeuses.
Ces différentes participations traduisent des formes
d'entraide ou de coopération au sein du groupe des femmes

- 212 -
dans la concession; entraide qui apparait intense lorsqu'il
règne une bonne entente. L'entraide peut s'étendre au voi-
sinage, à des amies.
Quelquefois la participation fait l'objet d'une certaine
rémunération. La Jème épouse du ménage 21, dolotière, se
fait aider dans ses travaux de préparation (du dolo) par
trois voisines. A ces dernières, elle offre à manger ainsi
qu'à leurs enfants pendant la durée de leur participation
aux travaux. En outre, elles se servent à boire à tout mo-
ment le jour du dolo, elles peuvent en rapporter à leur époux
et une partie de la levure récupérée et sèchée par la dolo-
tière leur est donnée pour la préparation de la sauce. De
temps à autre elles reçoivent une certaine somme d'argent •••
6
~~_~~!!~!2~_22~~~_~_!~2!~~r_!~!~~~~~~_~~~_!~_E~~!!g~~
22~~r2!~!~ r N'importe qui ne vend pas n'importe quoi.
Les produits exclus de la consommation des uns et des autres
en raison des croyances religieuses sont aussi exclus de
leur manipulation et de la vente. On ne trouvera pas par
exemple une femme de musulman pratiquant se livrer à la fa-
brication, ni à la vente du dolo; pas même à la transformation
du sorgho en "mil germé" pour la préparation du dolo. Une
barrière existe au niveau du commerce de certains produits.
Réservant l'aspect "investissement et rentabilité de
l'activité commerciale des femmes" pour un passage plus loin
nous passons à la catégorie suivante des activités.
b) !r2!~_~!!~~~~
Après le petit commerce vient l'artisanat qui souvent
sont sans limite. L'échantillon comporte r
!
- Une couturière (première épouse du ménage 22~ r elle
111
1j
1

- 21) -
dispose de sa machine à pédale de marque "Singer" depuis
1964. Elle achète le tissu, coud des habits d'enfants, des
layettes qu'elle se charge de revendre. Récemment elle coud
en outre des "porte-bébés", genre de pagne ou de drap brodé
qui comme son nom l'indique sert à porter le bébé au dos.
N'importe quel pagne peut servir à cet usage mais depuis
quelques années le "porte-bébé" a fait son apparition dans
les villes et il fait partie des éléments de modernité et
de distinction.
Des clientes peuvent confier du tissu à la couturière et
ne payer que les frais de couture. En dehors de la couture
destinée à la vente, l'intéressée coud ses propres habits,
ceux de ses enfants et des membres de sa famille. Le racom-
modage des vêtements des voisines et amies du quartier est
souvent fait gratuitement.
- Une teinturière (épouse du ménage 29) 1 elle achète le
tissu bazin, l'indigo et autres produits chimiques nécessai-
res à la teinture. Elle teint les pagnes et les revend. Ega-
lement certaines femmes lui confient le tissu et ne payent
que la teinture. Le tissu bazin est un produit importé de
même que les produits utilisés pour ce type de teinture.
L'activité en elle-même est moderne et l'épouse a appris son
métier dans le cadre de l'Association des femmes dénommée
"Pag la yiri" , "la femme fait le foyer".
- L'épouse du ménage 16 quant à elle fait du tricot. Elle
achète les pelotes de laine au marché et tricote des layettesl
brassières, bonnet culotte, chaussettes pour bébé. (L'usage
des ensembles en laine pour bébé revêt plus des signes de
modernité que de nécessité surtout en ~ériode de grosse

- 214 -
chaleur). L'épouse en question achète quatre à cinq pelotes
de 50 G à chaque fois et il faut attendre de vendre le pro-
duit fini avant de recommencer.
Les artisanes travaillent souvent à domicile et n'ont
pas d'atelier localisé ailleurs. La faible rémunération du
travail et surtout le manque de clientèle sont souvent évo-
qués ales commandes se limitent généralement au voisinage
et aux connaissances.
c) Q~~_~g~!2~!~~!2~
Seule l'épouse du ménage 37 déclare l'agriculture comme
son activité principale. En saison de pluie elle s'installe
en brousse avec quelques uns de ses enfants. Son époux, pa-
tron d'une entreprise de construction, s'y rend occasionnel-
lement. Les travaux se font avec 4 ou 5 ouvriers agricoles.
Outre sa participation aux travaux des champs, l'épouse
assure le repas des uns et des autres.
n'autres épouses pratiquent l'agriculture à côté de leur
petit commerce mais la considèrent comme une activité secon-
daire; même si en saison de pluie l'activité commerciale se
trouve interrompue pour se consacrer aux travaux des champs.
L'activité agricole serait-elle secondaire en ces cas parce
que le champ appartient généralement au chef de famille alors
que le petit commerce constitue leur propre affaire?
d) Q~~_E~2E~!~~~!~~_~~_~~!~2~~_t~~_!22~~!2~)
Les maisons en location appartiennent le plus souvent
aux chefs de ménage, car ce sont eux qui généralement sont
propriétaires des concessions.
L'épouse du ménage 7, propriétaire, l'est sans doute
parce qu'elle est "chef de ménage" suite à un abandon par

- 215 -
son mari, parti depuis plus d'une dizaine d'années sans
jamais donner signe de vie.
" Dans le temps je fabriquais le dolo mais depuis ma
maladie (douleur au dos et à la poitrine) il y a 8 ans, j'ai
mis fin à cette activité. Et pourtant il faut de l'argent
pour survivre et élever les enfants.
J'ai aménagé au départ deux et actuellement trois maisons
dans la concession que j'ai mises en location. Ces pièces
étaient autrefois occupées par des parents de mon mari qui
présentement n'habitent plus ici. Les deux maisons sont à
une seule pièce et la troisième a deux pièces ••• ft (épouse
du ménage 7)
e) Y~!_~~~r~~~!r!
Il s'agit de la seconde épouse du ménage 22, secrétaire
à la caisse nationale de sécurité sociale.
- L'épouse du ménage 26 est aussi secrétaire de formation
mais depuis 1982 elle se retrouve au chômage. Ayant arrêté
de travailler 3 mois avant son accouchement elle ne réussit
plus à trouver une place.
"Les problèmes d'embauche dans ce pays sont devenus
cruciaux. Pour avoir un emploi de nos jours le diplôme
seul ne suffit plus. Il faut avoir beaucoup de relationsJ
mais pas n'importe quelles relations ••• Il faut con-
naître des personnes bien et haut placées qui peuvent
se charger de faire passer son dossier. Chaque jour
je poursuis mes demandes d'dmploi dans les divers ser-
vices sans jamais obtenir gain de cause. Parfois pour
le recrutement d'une seule secrétaire nous sommes une
centaine de candidates qui se présentent. Pour ne pas
i
!
1
tj'
1
1
1

- 216 -
oublier mes notions je suis de temps en temps des cours
du soir ••• " (épouse du ménage 26).
Le secrétariat, qui reste une section privilégiée et très
recherchée, est très saturé. Et la protection de l'emploi
administratif, effective pour les hommes, l'est beaucoup
moins pour les femmes en raison de la discontinuité de la
vie familiale.
f) ~~~~~~~2~_~~~_~E2~~~~_~!n~_~~~_2~~~g2~!~~_:2~Yr!~~~_~~
E~~!~~_~~E!!2~~:_~~~_~!~!f!~~~!Y~
Faut-il parler d'activités masculinisées pour ces catégo-
ries? Au Burkina Faso, les ouvrières constituent une caté-
gorie naissante car jusque là l'offre d'emploi ouvrier est
f
allée en priorité pour ne pas dire en exclusivité aux hommes.
On compte également très peu de femmes salariées effec-
tuant des petits services 1 quelques bonnes à tout faire et
quelques "nurses", quelques femmes de ménage mais du secteur-
informel 1 très rarement salariée. Il faut dire que certains
services sont socialement mal considérés lorsqu'ils sont
effectués par des femmes. c'~st le cas de serveuses dans les
bars et buvettes qui sont communément désignées par le terme
péjoratif de "filles ou femmes de bar".
A Ouaga les serveuses dans les bars sont essentiellement
des étrangères venues des pays voisins. Des jeunes (filles)
Burkinabé s'y mettent mais c'est souvent au risque d'être
assimilées à des prostituées.
- Aux activités principales ci-dessus décrites se superposent
comme pour les hommes des activités secondaires; à ceci près
que pour les femmes, elles se superposent aussi comme nous
le verrons aux activités ménagères.

- 217 -
2°) ~~_~2~~!~_~2~!Y!~~_~~~_~E2~~~~
Elle est délicate à déterminer lorsque les activités en
question se rapportent toutes au même secteur tel le petit
commerce.
Dès lors que l'épouse trouve dans une activité distincte
de la principale, fût-elle proche de celle-ci un revenu sup-
plémentaire nous avons comptabilisé une activité secondaire.
Sur 40 épouses actives de l'échantillon, 16 exercent une
double activité 1 les épouses des ménages suivants par ordre
de représentativité de lA activité en double 1
12 fabricante de dolo et agricultrice
21 (1ère épouse) 1 revendeuse de con4iments et agricultrice
21 (2ème épouse) 1 fabricante de dolo et agricultrice
30 fabricante de galettes et agricultrice
40 (1ère épouse) fabricante de bouillie et agricultrice
40 (2ème épouse)' fabricante de bouillie et agricultrice
25 revendeuse de boisson et d'arachides bouillies
27 (1ère épouse) revendeuse de condiments et fabricante
d'arachides sucrées
2 fabricante de gâteaux et d'eau glacée sucrée
5 revendeuse de charbon et fabricante de "gonré"
7 propriétaire de maisons et revendeuse de tabac
18 fabricante de "mil germé" et de beurre de karité
24 tenancière de buvette et vendeuse de soupe
26 revendeuse de bois et secrétaire (en chômage)
29 teinturière et agente d'alphabétisation fonctionnelle
(bénévole)
39 fabricante de dolo et de plats cuisinés
Les épouses ne cumulent que des activités situées au bas

- 218 -
de l'échelle hiérarchique, ayant donc plus fonction de sim-
ple moyen de subsistance que le moyen d'accumulation. Elles
superposent le plus souvent le petit commerce à l'agricul-
ture ou deux activités se rapportant au petit commerce.
Seule l'épouse du ménage 29 superpose à son activité ar-
tisanale de teinture une activité plus ou moins moderne,
l'alphabétisation fonctionnelle. Mais dans son cas l'alpha-
bétisation fonctionnelle est avant tout militante ••• Membre
de l'association des femmes de Dapoya c'est dans ce cadre
qu'elle assure l'alphabétisation.
"L'école Mooré" a été mise en place à Dapoya par l'asso-
ciation des femmes "Pagla Yiri" , "la.femme fait le foyer".
j
L'association des femmes de Dapoya se dénomme particu-
lièrement "Nimb la boumbou", (que l'on peut traduire par
"l'union des hommes fait la richesse"). Nous nous réunissons
tous les premiers jeudis de chaque mois pour traiter des
affaires courantes de l'association et échanger les infor-
mations sur le pays.
Outre ces échanges de nouvelles, au sein de l'association
nous faisons de la couture, du tricot, la confection de sacs
à main
et paniers etc ••• Certaines femmes font de la tein-
ture. Il y a également l'alphabétisation ••• Nos activités
sont diverses. Nous souhaitions entreprendre davantage afin
d'aider les femmes mais nous ne disposons pas de beaucoup de
moyens.
- Les femmes viennent-elles nombreuses dans l'ass;ciation ?
L'année 1984 a été très dure pour tout le monde à cause
des épidémies de maladies, de nombreux décès ••• si bien
que nos activités ont été gelées, paralysées un peu •••

- 219 -
Autrement dit les femmes de Dapoya sont très mobilisées,
beaucoup plus que dans d'autres quartiers il me semble.
Nombreuses sont celles qui font un effort pour venir régU-
lièrement aux réunions. Depuis qu'elles ont perçu l'intérêt
de l'association elles y viennent sans problème. Au début
nous avons rencontré beaucoup de difficultés. Il faut dire
que la monitrice Madame Eugénie est très dévouée pour ce
travail. Elle ne ménage aucun effort. Elle se promène de
maison en maison pour sensibiliser les unes et les autres.
Au départ les femmes ne voulaient pas abandonner leurs ac-
tivités pour venir aux réunions. Seulement en voyant qu'elles
peuvent apprendre des choses intéressantes dans l'associa-
tion par exemple couture, confection des sacs à main, tein-
ture ••• , hygiène des femmes enceintes et des enfants •••
. cela les mobilise davantage. Et les unes entraînent les
autres et c'est ainsi que le nombre s'élargit de jour en jour.
La distribution des vivres de temps à autre par l'asso-
ciation est également un côté attrayant pour de nombreuses
femmes. Avec les problèmes d'insuffisance alimentaire, de
famine, l'aide alimentaire reçue par l'association est re-
distribuée à toutes les femmes du quartier soit du lait en
poudre, du riz, du poisson, de la farine, du beurre ou de
l'huile etc •••
- Etes-vous rémunérée pour les cours d'alphabétisation?
- Je fais du bénévolat. C'est au nom de ma foi aussi que
je fais cette activité. Ce n'est pas toujours facile mais
quand il vous tient à coeur d'aider les autres on le fait
sans mesurer la peine. Assurer "l'école mooré" me permet
aussi de garder en mémoire ce que j'ai appris. Les cours

- 220 -
sont dispensés tous les mardis et les jeudis et parfois le
vendredi. Dans le temps nous avions retenu le samedi mais à
cause des mariages et diverses autres cérémonies les gens
n'étaient pas disponibles.
- L'école "mooré" concerne-t-elle uniquement les femmes?
- Il Y a aussi des hommes qui viennent. Des chefs de famille,
des jeunes hommes, des jeunes filles, des enfants, des fem-
mes sans distinction d'âge y viennent parce qu'ils ont tous
soif d'apprendre à lire et à écrire. Dans ma classe je m'oc-
cupe de 45 personnes ..... (épouse du ménage 29)
3°) ~~_~2Q!b!~~_g~~_1~!g~!y!~~_g!~_~E2~~!~
La succession d'activité constatée chez les hommes s'ob-
serve également chez les épouses, notamment chez celles qui
pratiquent le petit commerce.
L'épouse du ménage 5, actuellement revendeuse de charbon
déclare avoir eu tellement d'activités dans sa vie "qu'il
vaut mieux lui demander ce qu'elle n'a pas fait plutôt que
ce qu'elle a eu à faire".
"Hormis le tabac, les boules d'akassa et les galettes •••
j'ai eu à vendre presque tout le reste des produits de
petit commerce effectué par les femmes. Des beignets,
gâteaux, "gonré", riz en passant par le "mil germé" et
le dolo. Pour le dolo j'ai dû abandonner à défaut d'es-
pace suffisant dans la concession actuelle pour installer
le nécessaire (foyers, filtres, canaris, réserves de
bois ••• ). Je peux dire que j'ai touk essayé et aujour-
d'hui c'est le tour du charbon ••• " (épouse du ménage 5)
Les raisons qui expliquent ces nombreux changements d'ac-
tivités sont encore plus diverses que chez les chefs de

- 221 -
ménage.A la précarité des activités s'ajoutent des facteurs
familiaux de rupture et de changement d'activités. Ainsi,
a) ~~_E2!~~_~~~_~h~g~§_!gm!1!!!~§
"Présentement je tiens la buvette mais dans le temps
j'effectuais des voyages dans les pays voisins, Ghana,
Côte d'Ivoire ••• où j'achetais de la marchandise pour
revendre à Ouaga. Au bout de quelques années de mariage
j'ai dû arrêter cette activité commerciale avec la nais~
sance de mes enfants. En tant que mère de famille je
ne pouvais m'absenter plusieurs jours. Aujourd'hui mère
de la enfants je ne saurai les laisser pour partir à
la recherche de l'argent même si je suis dans le besoin"
(épouse du ménage 24).
b) Les difficultés de concilier certaines activités aveO les
---------------------------------------------------------
~g!!y!~~§_!~n~g~r~§ surtout à mesure que le nombre d'en-
fant croit.
"C'est la raison pour laquelle j'ai cessé de faire les
beignets. Le matin dès 5 H je devais être au moulin pour
écraser le haricot (en pâte). De retour du moulin je
m'occupais de la toilette et du petit déjeuner des en-
fants avant leur départ pour l'école. Ensuite je me
consacrais à la friture des beignets et une fois ter-
miné, je me dépêchais au marché où se faisait la vente.
C'étaient les femmes qui venaient au marché pour l'achat
des condiments qui en achetaient comme "raribo" pour
rapporter à leurs enfants. Vers la H la vente était
interrompue (que les beignets soient finis ou pas) et
je faisais l'achat de mes condiments ainsi que des
produits nécessaires à la préparation des beignets du

- 222 -
lendemain.
Une fois de retour à la maison je ma livrais à la
préparation du repas de midi. L'après midi le travail
reprenait avec le pilage du haricot qui sera vanné,
lavé et sèché en attendant le lendemain matin pour le
Y.
tramper un peu dans l'eau avant de le faire écraser.
En même temps il me fallait m'occuper des travaux mé-
nagers 1 aller à la recherche de l'eau à la pompe, piler
le mil si je n'avais pas de farine en réserve, préparer
le repas du soir et m'occuper des enfants etc •••
J'avais du mal à m'en sortir avec tous ces travaux.
Après tout je n'ai que deux mains comme tout le monde ••• "
(épouse du ménage 5).
c) ~_~~~~~!~~_~~~~n~~~~_g~~_!~~!y!~~~_g~~_!~~~~
Elle est très remarquable chez les femmes effectuant le
petit commerce. On évoque 1
~~~_g!!!!~~!~~~_g~_Y~n!~_g~~_E~2g~!~~
"Après les beignets, je faisais de la broderie, des nap-
pes, des serviettes de table. Mais s'agissant des objets
d'ornement la vente était limitée à ceux qui ont les
moyens. La majorité des gens cherchent plutôt à acheter
de quoi manger que des objets pour orner la maison.
Encore faut-il avoir une table chez soi pour acheter
une nappe. J'ai dû arrêter cette activité parce que la
marchandise ne se vendait pas.
Ensuite je suis passée à la revente du bois. Je l'a-
chetais par charretée et après l'avoir fendu en petits
morceaux je le revendais par tas de 50 F et de 25 F CFA
à l'époque. De nos jours le bois coûte trop cher et on
ne peut plus faire de bénéfice. De plus il est devenu

- 223 -
inaccessible aux petites économies. Alors j'ai dû aban-
donner. Même le "gonré" j'ai eu à me promener de porte
en porte pour le vendre. Présentement je me contente
de revendre du charbon. Le sac de charbon acheté à
350 F CFA est revendu par tas de 25 F CFA. Il Y a des
jours où je peux vendre 200 F CFA de charbon comme je
peux faire 3 Jours sans rien vendre. Les gens en achè-
t·ent pour le repassage des habits et quelques femmes,
lorsqu'il a plu et que leur foyer se trouve mouillé.
Parfois des blanchisseurs (pour leur repassage) et
des bouchers (pour griller des brochettes) en achètent
pour se dépanner mais en général eux ils achètent le
charbon par sac ••• " (épouse du ménage 5).
"Je tricotais des brassières pour bébé mais depuis
une année la laine est devenue inaccessible pour nous
à cause de son prix. Une seule pelote de 50 G coûte
500 F CFA. Alors la brassière revient chère aux mamans
et personne n'achète la marchandise. Les gens préfè-
rent acheter pour leurs enfants les habits vendus en
réclame au "marché aux puces" ••• Ainsi tu finis par
donner ton tricot à porter à ton enfant ••• n (épouse
du ménage 35)."
" Je ne saurai vous dire que j'ai une activité com-
merciale en tant que telle mais j'ai eu à faire un peu
de commerce. Dans le temps je fabriquais des gâteaux
et j'ai employé un jeune garçon pour assurer la vente
ambulante. Cela ne me rapportait pas grand chose alors
j'ai abandonné pour vendre le "dany", eau sucrée et
glacée emballée dans de petits sachets (vendue aux
enfants. )

- 224 -
A un moment donné cette marchandise ne se vendait plus
tellement. Je suis passée au tricot. Je faisais des
brassières à la main et plus tard le chef de famille
m'a acheté une machine à tricoter et une amie m'a appris
le métier à l'aide de la machine. Mais de nos jours la
laine coûte trop chère. Une fois que le travail est
fini il revient assez cher et il ne trouve pas d'acqué-
reur. Lorsqu'on réussit à le vendre le bénéfice n'est
pas important. Alors j'ai rangé la machine au fond de
ma chambre. Actuellement je fais de la teinture sur
des pagnes ••• " (épouse du ménage 29)"
" "Raga Kayié", les produits ne se vendent pas bien,
et c'est ainsi que l'on change d'activité commerciale
du jour au lendemain. C'est le tâtonnement ••• " (épouse
du ménage 2)
"On "crie" que les gens ont faim, ,u'il n'y a pas
à manger mais pendant ce temps la nourriture produite
par les femmes (leur principale activité) ne se vend pas.
Hier la voisine a préparé uniquement 5 Kg de riz mais
elle n'a pas réussi à tout vendre. Ce sont les enfants
qui comme d'habitude ont consommé le reste. Les gens
ont faim, la nourriture est exposée mais l'argent fait
défaut pour l'achat.
Il y a des jours où tu exposes ta marchandise et
personne n'achète, personne ne s'y intérèsse. Tout com-
me si tu avais "chié" des~u:.... ••• " (épouse du ménata 18).
La saturation du marché
-----------------------
"il faut dire que nous sommes nombreuses à vendre le
même produit au même endroit. Lorsqu'un (nouveau)

- 225 -
produit apparait et se vend mieux, les unes et les au-
tres se précipitent. En prenant l'exemple de la buvette,
rien que sur cette rue il y a 5 ou 6 buvettes. Qui
achètera donc chez la voisine ce qu'elle vend chez elle?
Nous sommes toutes des vendeuses et sans client ••• "
(épouse du ménage 28).
Ce qui se confirme lorsque des femmes disent qu'elles
vendent ou revendent certains produits pour ne pas l'avoir
à acheter chez autrui.
Ainsi le marché du petit commerce saturé de produit en
produit connait une crise générale: "bafoui pa radé",
"rien ne se vend", "raaga lej.:oga baobo", "il faut attirer
les clients par tous les moyens". Pour cela certaines règles
sont à obéir :
- soigner sa marchandise
recourir à la "magie de la vente" : il faut aller à la
recherche de la chance à travers le "kostiga", "gris-gris"
qui attire des clients".
Il est dit qu'avec un bon "kostiga" des clients arrivent
à acheter même des produits dont ils n'ont pas besoin, que
parmi des milliers de concurrents il fait le meilleur ven-
deur. Le "kostiga" provient des marabouts, des sorciers et
il se paye. Ce sont des frais annexes, qu'on assumera pour-
tant dans l'espoir de mieux vendre.
- La pratique du "lenga", dont nous avons auparavant évoqué
et qui consiste à offrir une partie de la marchandise en
cadeau aux clients "pour qu'elle les préserve" ••• joue un
peu la même fonction
propitiatoire. D'autres précautions
s'ajoutent à celles ci.

- 226 -
- On veille au "Tou raaga", "client qui achètera en premier
la marchandise". On ne laisse pas n'importe qui acheter la
marchandise en premier. Les uns "Pa tougoud pagba yé", "leur
premier client ne doit pas être une femme", des autres c'est
l'inverse. "Pa tougoud roapa yé", "leur premier client ne
doit pas être un homme".
Il semble que ces distinctions soient liées au sexe du pre-
mier enfant de la vendeuse (ou du vendeur) ; le premier client
devant être du même sexe que le premier enfant, sauf en cas
d'exception comme à toute règle. Il arrive qu'en fonction
de ces exigences que la vendeuse refuse le premier client
qui se présente (en lui disant poliment
je ne vends pas
encore) lorsqu'il ne correspond pas à son attente. Ou bien
elle choisit elle-même quelqu'un répondant à la bonne règle,
qui prendra l'argent du client èteffectuera le geste d'achat
à sa place. Ailleurs on recourra à quelqu'un de dynamique
dans ses mouvements pour que l'allure (du marché) de la vente
suive le dynamisme de la personne. C'est ainsi que la femme
enceinte, considérée trop lourde et trop lente est souvent
refusée comme première cliente. On a vu des vendeuses (ou
vendeurs) faire des "test" dans leur entourage pour trouver
la personne qui leur portera plus de chance, et appeler
systématiquement cette personne pour accomplir le geste du
premier achat.
En revanche, le jour où le marché n'a pas été fructueux,
on en voudra au premier acheteur, choisi ou non.
Ces pratiques propitiatoires ne sont qu'un symptôme. Elles
signifient qu'on est prêt à tout pour vendre parce que pour
ces femmes il faut vendre pour vivre. Ce que disent d'autres

- 227 -
expressions l "koas nana sonwa samdé", "mieux vaut vendre
le produit moins cher que de le vendre à crédit", et "samdé
sonwa bonné" , "il vaut mieux vendre à crédit que de(vendre
à perte) perdre" ou encore "bonné sonwa yon kouéga", "il
vaut mieux perdre que de mourrir prématurément" car là c'est
la fin de tout •••
C) ~2!!Y!]~_~~~_~~fgu]~
Les enfants constituent la catégorie d'inactifs par réfé-
rence (155 sur 182) caS de bas âge, ou des scolaires. Nombreux
sont cependant ceux qui sont en âge de travailler et qui ne
trouvent pas d'emploi. Dans ce dernier cas, les filles par-
ticipent plus ou moins aux activités de leur mère, mais pour
les garçons le chômage reste souvent total.
-L'individu 3, (fils de la veuve du ménage 34, 27 ans est
au chômage depuis 83. Il travaillait dans le cadre d'un pro-
jet. au service d'élevage à Bobo Dioulasso. Ce projet était
d'une durée de trois ans et il n'a pas été renouvellé car
jugé non rentable. Il fait des demandes d'emploi qu'il dépose
par-ci par-là mais ses dossiers sont jusque là sans suite.
Célibataire avec un enfant, ce dernier vit présentement avec
la mère.
Seuls quelques enfants, notamment les aînés accèdent donc
à des activités sources de revenu. Parmi eux on dénombre 1
a) Six fonctionnaires
------------------
Il s'agit d'une sage-femme, d'une infirmière, d'une secré-
taire; respectivement (filles des ménages l, 25 et 34); d'une
hôtesse de l'air (fille du ménage 29) et de deux dessinateurs
(fils des ménages 2 et 37).
Cinq d'entre eux sont des enfants de fonctionnaires et le

- 228 -
sixième est fils d'entrepreneur. S'agirait-il de la traduc-
tion du ph'nomène de "reproduction de couches sociales" ?
b) Ç!~q_~!:!1§~~
- Un tailleur, (fils du m'nage 7) a il dispose d'un petit
atelier où il coud des habits de femmes et d'enfants. Seule
les p'riodes de fête apportent suffisamment de couture à
faire. Le reste du temps il est tailleur sans ouvrage ou
s'occupe simplement de raccomodage.
"La plupart des gens ne cousent qu'une seule tenue neuve
pour toute l'ann'e. Le reste du temps c'est du racco-
modage à faire. Avant de penser à l'habillement il faut
satisfaire d'abord les exigences de l'estomac ••• "
(fils du m'nage 7)
- Un second tailleur (fils du m'nage 30) a il coud 'gaIement
des habits de femmes et d'enfants. Une petite pièce lou'e
dans le centre ville lui sert d'atelier. Son père agriculteur
nous disait ceci à son sujet a
"Il connait bien son m'tier mais h'las ~ A d'faut de
clients ça ne lui rapporte pas grand'chose. Jamais il
n'a r'ussi à me payer un sac de mil. Et pourtant du
matin au soir il est à l'atelier et la plupart du
temps sans couture. Il demeure à ma charge de même que
sa femme et leurs deux enfants ••• tt (chef du m'nage 30)
- Un m'canicien (fils du m'nage 14) a il r'pare les v'los
et les mobylettes.
- Un r'parateur de poste-radio (fils du m'nage 25) qui a
appris son m'tier auprès d'un de ses frères ain's.
- Une couturière (fille du m'nage 28) 1 elle a fr'quent'
une 'cole m'nagère où elle a appris son m'tier. Elle coud
1

- 229 -
essentiellement des habits de bébé, des layettes. Depuis
deux ans, elle confectionne des parures de couffins qui
constituent une nouveauté et un élément de modernité.
c) ç~ng_~E2!~~~~~_È2~~~~~~~
Un élève de 4 ème et un de terminale (fils du ménage 6),
une étudiante (fille du ménage 28 et deux étudiants (fils
des ménages 22 et 37).
"Etre issu d'une famille déshéritée" est une variable parmi
tant d'autres pour bénéficier d'une bourse. Mais cette va-
riable demeure, plus discriminante au niveau du secondaire
que du supérieur.
d) g~~~~~_~EE~~n~~~
Un apprenti mécanicien (fils du ménage 17), deux apprentis
menuisiers (fils des ménages 21) et 37) et un apprenti
ferrailleur (fils du ménage 40).
A leur sujet, les parents disent que -l'école ne leur
a pas réussi". Suite à des échecs scolaires ils essayent
de s'inserrer dans le monde du travail. Généralement ils
sont confiés à des parents ou des connaissances pour l'ap-
prentissage du métier et leur formation prend plus le carac-
tère d'un service rendu aux parents respectifs. On compren-
dra que leur travail ne fasse pas toujours l'objet de rému-
nération.
e) ~~~!_2~Y!~~~~
- lin ouvrier serrurier à "Volta clé" (fils du ménage 25) 1
il a accédé à l'entreprise grâce à un de ses frères aines
qui y travaille déjà.
- Un ouvrier dans les travaux publics (fils du ménage 39)

- 230 -
f) Q~~!_~!~~~_f~!!!~!~~ t
- Le premier (fils du ménage 5) tient la boutique de sa
tante t né en 1963 et ancien élève du Cours Pigier (éta-
blissement privé), il a réussi au diplôme après 4 années
de formation. Seulement les parents n'ayant pas réussi à
verser la totalité de la scolarité, lVétablissement n'a
jamais voulu délivrer le diplôme depuis un an. La scolarité
était de 60 000 F. CFA alors que les parents n'ont pu verser
que 40 000 F. L'intéressé a donc été récupéré par une de
ses tantes pour tenir une boutique en attendant •••
- Le second, (fils du ménage 29) est transporteur 1 suite
à un échec scolaire son père lui a trouvé une occupation.
Il a mis à sa disposition un camion qui assure le transport
des personnes et de la marchandise entre villes et villages.
g) g~_~~~_!~~_E~~!~~_~~~Y!2~~
Un jardinier (fils du ménage 32) t employé depuis 1983 par
un français il assure l'arrosage et le nettoyage de la cour
de celui-el.
h) g~_~2~~~x~~
L'intéressé (fils du ménage 27) est commerçant de riz au
grand marché de Ouaga. Il assurait ce commerce avec son père
mais depuis l'accident de ce dernier il a pris la tête de
l'activité.
i) g~_~!!!~~!~~
(fils du ménage 23), il est gendarme •••
Phase d'intégration au monde du travail pour les uns et
activité relativement stable pour les autres; les garçons
sont davantage représentés que les filles.

- 231 -
Ailleurs, à propos de l'accession des enfants aux différen-
tes activités de l'échelle hiérarchique; les parents exer-
çant des activités en bas de l'échelle ne manquent pas de
dire que généralement l "Kom Zoeta béguedo Zougou", "l'eau,
la rivière coule davantage sur de la boue"; résumant ainsi le
rôle déterminant de l'origine sociale dans l'insertion des
enfants au monde du travail.
D) ~2~!Y!~~_~~~_~~~~~~_E~~n~~
L'existence du système de solidarité familiale au sein
des ménages fait que la parenté ou famille étendue apparait
souvent comme les "parasites" du ménage. Néanmoins, outre
les activités domestiques qu'ils peuvent assurer, le nombre
de ceux qui exercent une activité rémunérée n'est pas négli-
geable 1 37 sur 102 dans l'échantillon. Parmi ces actifs
nous énumérons 1
a) ~2~~~_E~~~2nn~~_~~~_1~_E~~!~_22~~~2~
Ce sont 1 4 vendeuses d'arachides, (parentèle de ménages
16, 17, 18 et 27), 2 fabricantes de "gonré" (des ménages 18
et 35, 1 fabricante de bouillie (du ménage 30), un revendeur
d'eau (du ménage 20), un revendeur de cigarettes (du ménage
36), un revendeur de poisson (du ménage 27), un boucher et
un marchand de chaussures et de nattes (tous deux du ménage 35)
La revente des arachides est assurée par des personnes
âgées (mères des chefs de ménage) car il s'agit d'activité
ne sollicitant pas un important effort physique. "Revendre
des arachides" est d'ailleurs considérée comme une "activité"
de "grand-mère".
De même le "gonré" est vendu par des femmes relativement
âgées en tant qu'activité traditionnelle et dévalorisante.

- 232 -
Les autres produits sont par contre revendus par des
jeunes dont la plupart sont venus du village à la recherche
d'un emploi salarié à défaut duquel il assure le petit com-
merce.
b) 2!gg_~EEr!~~!~ 1
Deux apprentis tailleur (parentèle des ménages 16 et 36),
un apprenti menuisier (du ménage 15), un apprenti chauffeur
(du ménage 27)et un apprenti mécanicien (du ménage 36).
Souvent, on demeure apprenti, non pas parce qu'on ne
connait pas suffisamment le métier mais à défaut de matériel
à soi pour effectuer le travail. L'individu 7, (fils du
frère du chef du ménage 16) est né en 1961 à Ouaga. Sa
mère ayant divorcé avec son père, était partie avec les
enfants car ils étaient petits. Une fois grand il a recher-
ché sa famille paternelle. Son père est décédé entre temps
et sa marâtre (seconde femme de son père) n'a pu l'intégrer
dans sa famille. Alors le chef du ménage 16, son oncle l'a
accueilli chez lui mais dit-il à son sujet 1
"Apprenti tailleur, il sait bien coudre maintenant mais
il est toujours apprenti parce qu'il n'a pas sa propre
machine à coudre. Alors reste-t-il sous la tutelle de
son patron ..... (chef du ménage 16).
c) 9~~~r!_f2~2~!2~~!r!~
Un employé de bureau (parentèle du ménage 21), une in-
firmière et un agent comptable, (du ménage 29) tous les
deux à la retraite et une secrétaire (du ménage 35).
d) g~~~E!_~~~!~_f~~!~~!!~
Trois d'entre eux assurent le commerce de pagnes au grand
marché de Ouaga. Ils aident le chef du ménage 33 dans son

- 233 -
activité.
Le quatrième, manoeuvre maçon, aide son oncle (chef du ména-
ge 3) lorsqu'il a du travail.
e) g~~~r~_g~~_!~~_E~~!~~_~~rY!2~~1
- Un pompiste, (parentèle du ménage 6, un gardien (du ménage
19), un commis (du ménage 24) et un boy-cuisinier (du ménage
41) •
en fonction de leur stabilité ou de leur poids relationnel.
E) ~2~!y!~~~_g~~_:~~~~!!!~~~:_g~_~~~~~~
La plupart des "satellites" sont des actifs (19 sur 25)
dont certains sont directement employés par le ménage et
dans ce cas leur rémunération provient des ressources du
ménage. D'autres mènent des activités propres en dehors du
ménage. Au sein des actifs on compte :
a) Q!!_!~g!Y!~~~_~~!~!~~_E~_!~_~~~~~~:
Six domestiques, dont 2 dans le ménage 1; un dans le
;
,
i11
1

- 234 -
le ménage 22, un dans le ménage 23, une dans le ménage 29
et une dans le ménage 34. Bons à tout faire, les domestiques
assurent l'essentiel des tâches ménagères. Mais à leur égard
règne le plus souvent la suspicion 1
Dans le ménage 26, un jeune de 18 - 20 ans était employé
pour les travaux ménagers mais au bout de quelques mois de
travail il a été renvoyé de la famille. Comme dit l'épouse
de ce ménage 1
"De nos jours, il faut faire très attention pour l'embauche
des jeunes à la recherche du travail. Certains prétendent
être à la recherche du travail et une fois qu'ils s'intè-
grent dans la famille ils en profitent pour voler. On ne
sait pas trop à quoi s'en tenir avec eux. Parfois ils vous
manquent de respect. Et s'il n'y a pas de respect en plus
du volon peut se dire adieu et bonne chance ••• " (épouse
du ménage 26).
Pour se faire embaucher il faut passer par des relations
être recommandé par telle ou telle famille voisine ou con-
naissance qui servira en fait de "personne-caution".
L'épouse du ménage 29, raconte la venue de sa domestique
au sein du ménage 1
"J'étais à la recherche d'une jeune fille pour mes
travaux ménagers mais je ne voulais pas employer n'im-
porte quelle fille à la recherche du travail.
Je savais que cette fille (individu 17 du ménage) tra-
vaillait déjà dans une autre famille et qu'elle tra-
vaillait très bien. Un jour j'ai appris que la jeune
fille avait quitté cette famille pour rejoindre ses
parents au village parce qu'elle ne se plaisait plus

- 2J5 -
dans la famille en question.
Alors je me suis rendue à son village et j'ai pris con-
tact avec ses parents que je connaissais très bien. Sa
mère m'a dit qu'elle ignorait que j'étais à la recherche
d'une bonne sinon elle ne l'aurait pas laissée partir
dans l'autre famille. Aussitôt elle a donné son accord
et elle m'a confié sa fille que j'ai ramenée avec moi
à Ouaga ••• " (épouse du ménage 29).
- Les autres individus salariés par les ménages assurent 1
- du transport pour celui employé par le ménage 29
- du commerce de pagnes pour celui du ménage JJ
- de la vente de boisson pour celui du ménage 21
- et la culture de champ ou ouvrier agricole pour celui
du ménage JI.
b) tl~!~_:~~~~!!!!~~:_~~~~~~_~~~_~2~!Y!~~~_E!2E!~~
- Un ouvrier peintre ("satellite" du ménage 1) 1 n'étant
pas employé dans une entreprise quelconque, il travaille au
jour le jour. De temps en temps il est appelé par des familles
pour refaire des maisons et on lui confie du travail pour
un ou quelques jours.
- Un manoeuvre maçon (intégré dans le ménage JJ : il est
f
de temps en temps appelé par tel ou tel maçon pour une cons-
it
truction.
1
-Deux étudiants boursiers intégrés dans les ménages 15 et 22. 1
Un apprenti mécanicien "satellite du ménage 25.
f
f
Une vendeuse de plats cuisinés (dans le ménage JI).
- Un soldat (dans le ménage 1).
Une employée de bureau (dans le ménage J4).

- 236 -
Le détail précis des activités met en lumière les situa-
tions plus ou moins précaires que reflètent les activités
~
des ménages populaires à Ouagadougou. Et pourtant c'est ~
travers ces activités plus ou moins résistantes (aux aléas
du marché intérieur) qu'il faut trouver les revenus néces-
saires pour que la vie continue au sein de ces ménages.

- 237 -
III)
Les revenus des ménages
Autant que les activités, les revenus des ménages se
caractérisent-ils par la précarité?
Pour répondre à cette question nous analyserons les re-
venus des ménages sur la grille 1
- du statut du ménage avec une distinction du statut
salarié ou non salarié du chef de ménage
- de la forme du revenu 1 revenu en nature (produit phy-
sique) ou revenu en argent (produit réalisé en argent)
- du cycle du revenu 1 revenu à cycle court ou revenu à
cycle long ou aléatoire
- des sources du revenu 1 revenu de ou des activités des
chefs de ménage, des épouses, des enfants, des autres
parents ou des satellites.
A travers cette grille d'analyse apparaîtront les
combinaisons et les disparités de revenu dans les ménages.
Plus que la forme des activités ce sont surtout les
f
i
formes de propriété (des moyens et du produit de l'activité) f
et des rapports dans lesquels l'activité s'accomplit ou
t
j~
par extension "rapports de production" qui déterminent
~
la forme des revenus :
Ainsi, l'ouvrier agricole reçoit un salaire et en
partie ou non les récoltes auxquelles il a participé

- ZJ8 -
aux cultures.
Le jeune homme employé pour la commercialisation de
produits ne dispose pas directement des revenus du com-
merce mais reçoit un salaire •••
Cela dit, nous identifions parmi les revenus des
ménages
1°) Des revenus en nature
---------------------
Ce sont les récoltes procurées par les champs (aux
possesseurs de terre) et qui sont en totalité ou en par-
tie consommées.
Les produits en nature s'étendent à l'auto-fourniture
(en produits de consommation: bois, eau, fruits ••• )
ou à l'utilisation des restes des objets commercialisés
à l'échange en nature (troc); aux avantages en nature
dont bénéficient certains salariés (exemple: les dons
en nature aux employés de maison ••• ) ou plus générale-
ment aux cadeaux.
ZO) ~~~_~~y~~~~_~2n~~~!~~~
:
Qui se décomposent en :
a) E~2g~!~~_~n_:n~~~~~:_~2h!Ug~§_~~_g~y~~~§_!Eg~~~
C'est le cas des revenus des artisans et des commer-
çants voire des agriculteurs qui commercialisent une
partie de leurs récoltes.
- Agriculteurs, commerçants et artisans sont proprié-
taires de ce qu'ils produisent même si cette propriété
est relativement illusoire en cas d'endettement préalable.
b) ~~~_~~y~~~~_E~~~~~~~_~2~~~~!~~~
Dans cette catégorie on trouve :

- 239 -
- les rémunérations à la tâche des ouvriers ou des tâ-
cherons effectuant occasionnellement des travaux chez
des particuliers.
- les salaires des salariés productifs de marchandises
(tels les ouvriers d'usine ou d'atelier). Ces derniers
ne sont pas propriétaires de ce qu'ils contribuent à
produire mais reçoivent le salaire en contre partie de
leur travail.
Le salaire rémunère également des services.
- les traitements des fonctionnaires
- les pensions des salariés (du secteur formel) à la
retraite.
les bourses des élèves ou étudiants
les loyers des propriétaires de maison
les profits de l'entreprise des petits patrons
les gratifications des aides familiales et des apprentis
Au rang des revenus monétaires s'ajoutent a
- les salaires indirects (prestations familiales, in-
demnités ou primes) des salariés du secteur formel.
- les aides ou les dons en argent des parents ou des
amis.
Au sein des ménages les diverses formes de revenu
se combinent selon les apports.
cependant les revenus tels que les aides, les cadeaux
i
f
kf
1

-
240 -
(monétaires ou non monétaires), les avantages en nature,
voire en partie l'auto-fourniture ••• quoique des revenus
réels sont difficiles à saisir dans les ménages. Ils
constituent des revenus aux cycles plus ou moins longs
ou épisodiques dont l'observation nécessite un temps
relativement long.
N'ayant pas pu saisir systématiquement ces revenus
par ménage nous nous limiterons à des indications géné-
rales ; réservant le détail par ménage aux revenus aux
cycles plus ou moins courts ou réguliers à savoir les
revenus provenant des activités (principales et annexes)
des ménages.
B) ~~~_~~!~~~~_EE2!~~~~_~~~_~2~!!!~~~_~~~_~~~~g~~
2~_:r~!~~~~_~_2~2!~_E!~~_2~_~2!~~_22~~~_2~
r~~!!~E"
a) ~~È!~~~_~~2~E!~~!~~!!_~~_!~_22~È!~~!~2~_~~_2~~
U
If
~~!~~~~_~~_~!~_~EE2E~~_~~!2~_!~_g_2_~_~~_2h~!_~~
~~~~g~
Sans omettre les difficultés de définitions de la
C S P notamment pour les populations de non salariés
nous retenons ici la notion, toutefois en précisant qu'elle
renvoie à l'ac~ivité principale, effîctuée actuellement
le plus souvent dans l'année par le chef de ménage

- 241 -
TRB.J..E.RV to : RE<:.RPiTIJLffTiF DE ).fl C(Jf'1131tIJl1-i<5011J OéJ REt!ENUj .e.T Dtd RPPORTS
Snow
). A
CS?
DU
CHEF OE'
l'1É(I)R6E
.
CIIEF,S
DE" r1lilVl/fi€
.E1baJ.ES 00 Ifroll/iS
EIIJFIUlJTS
1IuT''''é~ Pq f1':ll1ToS
.r1l7ÇJ.J.iT~~
5'RLRRI ÉS
jOV"";EAS r
~ /a;1( .;.~kan
qra).;/i cako')
J"1ÉflJAftE ®
Ci la
+aclJe..
rrÉII1If&E @
Salaire..
Revtau. altpiJ"~
qTrtlt.j;ccJiIr1\\ • •
_ l'WelUL dIl. ~r
t1ÉlVR6E @
J>aJciJft.
I1wtAJL de-
t!9mIllert:e.-
J'a.rfüanoJ-.
- CfmhJ;~QJio"
I1W"P111L
de..
.e ,K( teOwn6aJlolI
HElVRfrE@
Ja/c:iue.
rclif- CQ"'IIIrf'e. f!-
ci la7(j'cltc ).
lletx:JIU.
dt!..
f1é11J//(iE @
Ja/Que
~j"r CMllltret!..

- ~ ~(?raJ,jrcoh6IIJ
l1etwL d~
rJEIIJR6E @
cfa/eult
r heml1WTb...
- leWW d~ ~kf
COhltnU"( e. .
r1f:ItJ~E @ Jo.lcult.
t x(ftJ}W.L dL
.l'aJat.re.
JWil- CDf/IIIlfTCA.)"
1~II/E/J de.I
"fEJlfviGE
Sal&re
r1EfUR6E(j)
MEro"qE @
ia/atft
fVlEfVR~ç @
klQl~
~wtlUL rh ~}.
{CJ.JCJtJJ. dt ~j-
ce.mm1!fâL-
cemmel"CA. .Jl.J-"
p tedJiJ.fs .J1n n~
RwtIUL clR. pt»
J.a.lairc..
r1EfURftE@
J'aJcU~
Ce~1"CA-
"IEIIJR~E0§ Jo.Jeuic .Rf-f~~/,; ~)' (ftlJtNJ dL rJ:"J- 9rah}caho'lo
.uJ naJu/C!-
C"l1ImtfU $' ~J;
J.n naJurr- )
J F041C71onJIIJR'l'ln 1
_1Wt/ILl Sil Jbth.;anof-
- boufik-
- heu.f'<j-IL
MEN//(,E@
frat.kI1lMY:
_ rfQl)rmetJ-.
MEnJfI6.~ ~
+reU~menr
+,oiJrl1lf'I\\r .ILJr
rwenu de..
_t fru: h:me tJ-
-
~ Je" {perWD,J
~/EflJIIG-E @
rro/ï'b d~nhrfiUa-·
1 JQrh~n(J. j-.
9flJhjlCcVi
1-
a'l.
- 8ou<lfr- .

- 242 -
( JOiTE J
CHE"f:J
DE" ~/EIIJ"frS=
EPolJ~E~ OU IœlJVeS
EIIJFRnra
"/fTIlE'iJ
'PIiREllJTS
.ttrTEUnEJ.
LPE~O/llAlis ]
(rcJion1KJJ~ Q.-
la. reJnü1ë)
r1ervf/6-E Cf)
f€/lJi(jfl
.Jo fHXiwJ,;
/OJeJUL cItz p*r
j-~;-
d4fiut
.J2n lIaluft::..
c"mPl~
~tNI;ltt~
f/~l/ItH('E ®
r nMon
1Wt/UI. riA ptJJr~
:fraiklll&i-
r~OI)·
~IfJ.LQ/I. phf-
-~ Je (h~J
~.
rtetVn fiE Cii5
_ tta1lJl. a~
OSI1lmM:.f2.-
..I1arJ,°.!enal-
_ 'fraJrji C!fJt.Hon
- na.iJrn,~,J-
- crralI'C.litl'l.
MERI~6E"
lrJJW.J. cb.. pehf-
_ ,sa/cu.fé
@
plUion
Cem~.
_
(We1UL. oU...
..)1a.rf,~no.f.
r'/EflJIUrE @
fClJWl
'* ~f- - .salarlC..
~o".
camm~rc.e...
( /li/ii h:uit. li:
la rchaiJe ).
lœJW.
rh;;chf
rIE !VHfté @
fend/on.
Call1mertA- .
nJonJ JRLF1RiÉJ
ou
:::r:(lJ DEPefUoRtVTS
1 R6Aicw:rf"oRJ{
l"fEIVllfrF@
pnxJ.WJ,. .M f1tlJuH. . ~w.. dR. pJ7}-
/WeIW.
tiR rJJ-
calf/merLe....
CG,."mt!~.
...LI-- froetu.i/S
..J2" naJuI'C.. .
~
~JeIV'*4F@
X [tlUtIUL de...
CjroJa,jrco. ho1)
cPa/ClÎ/C
Cf~'cah()"
pred»iJo ~ ~
rJ!.f- CGlT'Jm~ra...
-r p{OdULJo
...an naJw.e.).
T"IEroJlf7é @
~ U1 naJuJt!.
rwetlJL de- peh r
~J[J.L de
iWtfI.U. d~ p.;h r
'.4..r ctrollJi(Qhtsfl.
Cf1l1lllle rea- .R.r
.i larJi~na;..
CJ3mm~ -e,Y-
~t:; .lM naJure.
~-I.n/ID~'
MEJ\\)RaE @
freduiJô ~II ~
~II.U. cLe.
~IU-t.. d...<..
pllh1-~~
~fC(JlnITlf'~
.Al-rtWUl du...
m°J- cetll"'~.
t!
@ flOduii;; ..en
p;ve1W. d~
cSaiaire. .
f1EtviUré
"aJure.- .
~r COIllI11if02...
f,i
1
1

- 243 -
CH E f:.r)
DE" rJE1IJ1IIsE
EPOU)EJ OU lIevVI!l>
EflJPlIlIITJ
/WTAO PRREflfT.$
.3RT~U.jTE.5
ICOr1nEAfAIlJTJ 1
(WlJUL
dL
fW'!JW- ch. ,v.J--
,edwllll"rah'o/J
rtellJlI4-E @
cem
ci la htlJu.
/fIf!I'CA-
cemm~tr:L-
rfVVlV-
ck.
I-~ Y (/lwtJUL ~
nemfffl-E&
CQmmffCR- .
~ ~o",tMrUt.. )
_
r~mt!1IJ--
:--'-cJon"'F ~fJr)- CÔIn-Î
1
mtreR. ~ f'IIêna1~
rW enJ.I- cie.
: rb./!mMtJJ ~tIo ~ :
,wenu.ciA.r:!::::
- - ... - - - 0'
C(JI'AIItICL.eI" 0ie~,
_JIQlk,JanaJ-,
"'E1IJR6"E
~
,.,{~lIJllfrE @
/WUW- cA peJ1J-
C81f11nelU-,
MEfIIRtr€
@
IWtlUt.. t* pliJ-
ce/llrn t'/C.L.
r/EIVI16c @
twettu- et... ~J-
Ct3l/1mtlU QI- ~
"2.11 lIaJurc.. .
f1ElUflfrl: @
!Wr.IIJJ
dLpenr
CammetC4--
1
rtE (lIRG E @
lWaw ~ r'f-
qmJtj.icaHot)
- /'wtJl.U..
ob r 1.
t!.em6lel"C:l-.
1-- lCIJe/W. ~
~œl1J17t!n:.A.-
[.tA1', c\\-RiV l
rf~IU~~f'
@
re.vow 01..<
Il ani,JanaJ-
T.J--
M'U'JlL
ea/ll#'l..t"

œETii$ 'i'RTROIIJ~ 1
~ eJ!.RnJreplUe... IlevfJI.u cic..
_ tleVfJU.L olt.
f"lENi16E@
tWtIU.t cL<
ee~tr1-.
.-1 ~rh4Q"QJ-
pen.rCBl11/1It/TA..-
_ hou~
F/tlE d{en~ 1ro~
_ !'ra.tlt!menJr--.
./2./7
rte.IJII&E @
.iff'Jd.uk
na.h.uc..
-~
oR.n
_ ClfI2Jt/lCtflkcm.
ncJiul'f!.-
):NRCT/F'S
-
bOOf;k el- for:-
_ ..Pa.Jal. 'C.:
/L€U€ILU.
dtL
(o/'mtR cham ... )
nEnJ/tfJé({)
~ CQmH1t'retz-
-b~
~~
fl ENR6f.@
..1 (QrIt.Janttf- .
~ 'X (AweJ1.U. dL(
1"le.tXJW.. ciL.-
1.. )( (Il well.U.. d,
HEI/JR6E <fi)
r -;--(!amJnUeL)
c~mm~~
~ œmmer-ce.J
-è~r;;;r J;
.
' qla
;CQ '61'1 •
neIVR6-E@
(-rtittf1l~l)r
da/aJ.~

- 244 -
b) La combinaison des revenus révèle la diversité des revenus
------------------------------------~-----------------
----
Revenus monétaires et non monétaires se superposent vi-
siblement dans certains ménages. Ainsi les revenus des mé-
nages d'agriculteurs comprennent outre les produits en na-
ture, des revenus monétaires de petit commerce ou d'artisa-
nat. Parmi eux le salaire semble faiblement représenté.
Ailleurs dans des ménages salariés ou de petits patrons,
des produits en nature viennent en complément aux revenus
monétaires.
Pour la majorité des ménages les divers revenus monétaires
constituent ici l'essentiel; (cette prédominance) reflétant
la monétarisation des revenus des ménages urbains liée au
développement des rapports marchands dans le milieu.
Si nous retenons la typologie des revenus ci-dessous
schématisée 1
(a) ---= produits en nature (récoltes)
salaires
(b)
~bl) ---=
revenus salariaux
(b2) ---- traitements
(c)
rémunérations à la tâche
( d) ---= revenus de commerce ou de petit commerce
(e) ---= revenus de l'artisanat
(f) ---= pensions
(g) ---= bourses
(h)
profits d'entreprise
(i)
loyers
( j)
gratifications
... On obtient la distribution suivante des ménages selon
la diversi té des revenus (cf tableau
r.
2.,,(,
1..4'Î ') .

- 245 -
....
·1~
ci-
~
~
~
~
~
-...0
CH")
~
~
i
~
...,
® ~
~
\\0
(â)
Ct'
~
~
'IJ.)
t
~ @
@ ~
"""
,.J-
~ @ ~
v
® §) ~ @
."
-CJ
® @ ~ ~
@ @
%J
'e
~
Q
'-\\-
® © ~ ~
@
-~
@
~~
~ ~ @ ~ ~
~
(S)
~ G) ~ ® (5)
1
~
e
LU
':l
~
w
~
CIe
~
~ ~ ~
~
~
~
1 ~
!
"""
"13
~
~
~
~
~
...,
~
~
,r.u
~
l-
}-
i
~
l.
~
.-V)
~
+-
~
..t:
r&
\\,lJ
:)
~
.1'
0
-"
\\....
-....Q
i5
"'!l
rN
't"
OC\\
~

- 246 -
7 ménages sur 41 sont réduits à un seul type de revenu.
Ce sont les ménages 8 et 9 dont les chefs effectu~t des
petits services, perçoivent des salaires; des ménages la,
Il, 12, 1) et 14, ménages des femmes seules tirant leur
revenu du petit commerce.
Les autres ménages combinent deux à trois voire quatre à
cinq types différents de revenu. La diversité des revenus
est d'autant plus frappante que l'on passe d'un ménage à
l'autre.
Un rapprochement de la variété des revenus à la CSP du
chef de ménage montre (tableau il'r~~ que la diversité des
revenus touche presque toutes les catégories socio-profes-
sionnelles, cependant à des degrés divers.
Les ménages ouvriers ou de personnels de petits services
combinent deux à trois types de revenus 1 salaires et reve-
nus de petit commerce auxquels s'ajoutent éventuellement
des rémunérations à la tâche, des produits en nature ou des
gratifications.
La variété des revenus chez les ménages d'agriculteurs
se traduit comme ci-dessus mentionné par l'association aux
produits en nature des revenus de petit commerce ou d'arti-
sanat.
~
1
1

- 24:J. -
~
"-
S
® ~ @ t)
~
.
,1j~
;
~{
P
t-
~ ~
ë=
ct
~
t)
e~~ ~~
~
~
0
.1::1
a
@
- ~ ~"
@
:J
()
~J ~~~
@
,~
~
,-
@
cc
e::t:
t
..J
J
@
0::
~
2
i
@
\\@
0
2'
0-
c:z:
® @ ~
"
@
,1
@
~
~ ~
§)
e
1
i
~
'LU
~~
c: .-
..
"-
~g
@ @)
c:e
©
q:
"S
-J
~
e:t
n
~~
9
@ @
~
~
~
S
'c:
~ ~
j
~
~ ~ ~
-
'LU
~
_8
'C
a
-a~
'-
'lit
w
1~ ~~ ~ ~
':l
l'
Co
~
Q:

~t
'::.
"\\ ..J:.
......
~
1
~ K~~ ~~ !~ ~

- 248 -
Chez les ménages de commerçants on rencontre outre les
revenus de commerce, des rémunérations à la tâche, des
salaires ou autres revenus monétaires (bourses, gratifica-
tions ••• )
Les ménages des fonctionnaires moyens et des petits
patrons semblent ici ceux où les revenus sont les plus
variés tout autant que les relations sociales présentes
dans ces ménages 1 ainsi,
- Le ménage l (d'assistant d'élevage à la retraite) comp-
te 6 types de revenus : pension, traitement, salaire,
rémunération à la tâche, revenus de petit commerce et
produits en nature.
- Le ménage 29 (d'enseignant) compte 6 types de revenus 1
traitement, pension, profits de l'entreprise, revenus de
l'artisanat, bourse et gratification.
- Le ménage 37 (de petit patron d'entreprise) comporte
5 types de revenu 1 profits de l'entreprise, produits en
nature, salaire, bourse et gratification.
~~~_E~Y~~~~_~~~_~~~~~~~_~~~2!~~~_~~~~~~~~_E!~~_Y~E!~~
g~~_1:2~_~2~~~_~~~_1:~2h~!1~_h!~~~E2h!g~~_~~~_2~~~~2E!~~
~22!2:EE2f~~~!2~~!!~~. Le nombre de types ou diversité
des revenus ne serait-il pas conditionné par le fait de
l'élévation sociale ou par la présence d'un revenu plus
ou moins consistant dans le ménage pouvant ouvrir des voie~
d'accès à d'autres sources ou à d'autres types de revenus.
~~_~ff~~_1:~1~Y~~!2~_~22!~1~_~~~~~!~~~_~~_~~E12!
r§~­
~~E!~l_~~g1~~~~_~~~~~!~~_E~~_1~_~~~~_2gg~~!2~_~~~_~~_~~
~~~~_~~~_E~Y~~~~_!~~!E~2~~_i~1122~~!2~~_f~!1!~1~~,

- 249 -
!ng~~!~~~L_È2~r~~~ ... ~:2~_~~_~~~~n~~~!2n_~~~_r~Y~n~~
g~!-~2~~_b:~22~~_~~_~~2~~~r_!n!2~~b_E2~r_b~g~~b_!b_~_~
~2~J2~r~_s~~_m~mÈr~~_~~_m~n~g~_g!~E2n!Èb~~...
~~_n~!~~~2~_~:~~_~2~!Y!~~_!n!2~~bb~_n~_~~_~~!!!~_E~~
des idées créatrices d'activité
_______________________________ L des savoir-faire mais t
22~~_E2~r_~2~~~_~2~!Y!~~_~22n2~!g~~L_n~2~~~!~~_~n_!ny~~~!~­
~~m~n~L_~_:2~E!~~b:_~~_g~E~r~_~~~~!_~!n!~~_E~!~~~:~=!b_~~r~
~~~_2~_~~2~~~r_!n!2~~b·
Ainsi, se résume t-on à dire, (dans le cas des revenus
monétaires), que .. b!~!~!_È~2g~_b!~!g!
... " en fait
••• " ou encore "b:~g~n~
c) î2~j2~r~_~~~:!b_g~~_b~_Y~!~~~_~~~_r~Y~n~~_r~~~~_~n~r~­
~~n~~_E~_b~_Eb~r~b!~~_i~~~_~EE2r~~_E~r_~~mÈr~1_~~_g~~_E2~r­
Y2~~~r~_~~_r~Y~n~~_g~~_!~~_~~n~g~~·
1
1
1
1

- 2.;0 --
"'ertBoPoe-
.:> r;;
"/GNI3 ~ E:
E FPt=CTj ~
J
?~oP.\\f04~o/H
DI~Tljio.DTioN
v~
J,~ t'1~ItJA6ES
DE:
ro-r,q.j,
? ~ ~ N&=(l)""G-e
HG rvt:l fr E"J DÇ~ ibllRtloyE
.A f'O«I"VeY
@9
W'-
--'-.- --.- -_.-- ._-_. '-'-'--
t pOO-ttJrJCtWr3
-cIJ-;' i 2& ~,
3 PCWlf?J'IetJr(j
® (fl@§(1JT@@@)- g
~J.,
_0 __".. __.
..
_
'.'_~."
~
-ft-):»a-It7-oyeu-;S--- -(f)Jj)@@@ @~(5§%Ir-
~2
J-)-~--oy-eu-~-.J.@~·__·_----_·"-S--t--~-)--I
b ;>ouWot~;S-- @(iiJ:g)
-- ---- -_._--.-- - j
.A Z
-j.-).,ou-rvo--y-ut-I6-4-..,.-=."--O;;to-?-;'"""""@---------------------- -_._--~--
~.l
(~) L'effectif total des pourvoyeurs de revenus diffère du
nombre d' indi vijus aya."'1t une s ource de revenu propre car
les revenus des domestiques salariés (par les ~énages)
proviennent des ressources des ménages et ne constituent
donc pas des apports.
,
1
!
!
f

- 251 -
Les 7 ménages(à un seul type de revenu) reposent sur
un seul pourvoyeur. Mais dans les autres ménages les revenus
sont procurés par plusieurs membres dont selon les cas 1
le chef de ménage, les épouses, les enfants, les autres
parents ou les satellites.
~'effectif total des pourvoyeurs de revenus diffère du
nombre d'individus ayant une source de revenu propre car
les revenus des domestiques salariés (par les ménages)
proviennent des ressources des ménages et ne constituent
donc pas des apports;) @)
La pluralité des pourvoyeurs de revenus contribue à l'é-
lévation du taux théorique de couverture du ménage mais à
ce niveau tout dépend du rapport entre le nombre des pour-
voyeurs et celui des individus du ménage.
Il reste que malgré la pluralité des pourvoyeurs les
besoins des ménages seront d'autant moins couverts que les
revenus des pourvoyeurs sont plus ou moins aléatoires.
Pour mieux l'appréhender il aurait été souhaitable de
fournir des données quantifiées des revenus mais dans la
plupart des ménages les revenus même les plus aisément i-
dentifiables (salaires des fonctionnaires et de salariés
du privé) ne nous ont pas été déclarés.
Dans le souci de pallier un peu ce manque nous donnerons
à titre indicatif un tableau sur l'évolution du SMIG
1
"
ri:\\héi ~c
o\\e' ....

- 252 -
(salaire minimum interprofessionnel garanti) de l 96) à
l 982 ainsi que 2 autres tableaux 1 sur les grilles de
salaires dans le privé (des années l 979 et l 982) et sur
les traitements des fonctionnaires de l 969 à l 98).
Il s'agit là de taux officiels et formels qui dans l'ap-
plication peuvent connaître des écarts notamment pour le
SMIG et pour les salaires du privé.

TABLEAU 14
EVOLUTION DU SALAIRE MINIMUM INTERPROFESSIONNEL GARANTI
_o.
Dates
.f. CFA
*
Dates
F.CFA
Dates
F.CFA
1965 1er Janvier
29,00
1973-1er Janvier
34,00
1980-1er Janvier
90,00
1
1967 1er janvier
29,00
1974-1er janvier
34,00
1981-1er janvier
90,00
-1er avril
47,00
.
1968 1er janvier
29,00
1975-1er janvier
47,00
1982-1er janvier
114,00
.
1969 1er janvier
29,00
1976"';1er janvier
53,50
1983-1er janvier
114,00
1\\)
1er décembre
31,00
-1er Avril
72,00
\\J\\
U>
1970 1er janvier
31,00
1977-1er janvier
72,00
1971 1er janvier
31,00
1978-1er janvier
72,00
1972 1er janvier
31,00
1979-1er 4anvier
90,00
~e~ décembre
34,00
Taux horaires pour les professions industrielles soumises au régime des 40 hebdomadaires de travail - Zone unique
SOURCE
: BCEAO
*
100 F CFA
2 F F
_._".,-~~
~""~~~""""'~""""""':''''''"'''''~c''''
·"~='"·-'""""'''''·''''ffl'''''_'''''·~~'~,",_'''},!;'''·'··_''''''>-''I'
________
•• > ••
.••,.",.",•.••",""'.';> _ _

- 254 -
Q_ A 1 îABLf/H> X
.ru ~
lES
~\\! v'E ruU.s $R.Lfr1..iRu/C.
...
oA"'~
LE. 1,,"1\\' e
OES
~ $AJ..RiRF'}
_ _
_ _ _ _
c>()~~'1
_
. . .z ; '
. -
ER~
_ _
- _
.'
..A 10 ..11 .jCltq
-110-1 J .Jqgl.
.
J'ct]cu'l'CD m<u1.>uelj bnJ.s
CA-.'fGC>R' t"j
;aJQt~
Cf' . c~A)
.
hollUreo
(F. C.FR)
moins d~
...JO C(M.DY.
..AD Cl1U>-
~.
le.
krfl~
(Q
Gcltt}Je. A
.AR
g (3
..I~ -132
l8 !}/o/
,
IG CQJë~Gf7~ EcheLle. g
A~
9.2,
lO .J1.A
fi'" ..lm ,
~
1.G CQ.të<ton~
.AD
.A ~ 0
~./ qt,
~g 0.21
~~ cat«; .
efte
.Af:
.AAt
th SS"l
~) !J1/r
3.e eaJ:,o,.;(' 1iè:> 1Qn.
je
.A A h
2J)
Jt3~
~b
4{3J
It efa"1one 1e..echek"
AP
..A ~+
21-
fit)
~ tg:;
./
h ~ ca.fettone, ~L Achdo'l AG
A33
i9 ~(,-I
~o
6J!J
)~ erJi1en'.e 1e.:cJ,ek1\\ AH
.A h 1:.
gt
01-1
33
Ut
S-e. eat:Cfotit' ~~ odadC!>'l
.AS
.A r-o
~.t gg2
gl,
~
be. c&t~on~
.../k
)~It
33 1b5
~) hSj
.
Hot! l.atiyCJlt;
."fi-
t)i.
}rI.
hgt
h ~ ~(] ~

- 255 -
.,
+ S AJ.AiAG'5 O~ enpÂ,OI(ES
- - - - - - .-.--
.J 1fJA 1;919
.,1/0) /A9'lt.
Car:1an~
.jQJCllie,
tnefÜ.tl~{!:>
J'aloi1&> ~tOO~~ bruis
bl1LJ:s
f F. Co =.q J
mai,,> dL..
.A~altD
(F. CFHJ
/0 ~11P
Jlrru-o.
A(J CQIë~on~
-l:C:/iP/on t R.
.Ar '3+
J~ ~r(J
ta ~f:,9
4&CQ~OI)ê
.lee.ch-bn t B
.Al:,
~it
te 1t3
1A ~59
t ~ ~Q.lërrk.
.te.
../9 !}.A'
il, 91,0
il, .J8~
g~ l!alërn~
2,1)
!l.../ ~3 '1
ft- J,9r
zr t+3
~ t'"
~) Vtt
j..l
gg4
~~ sd
J, ('Q f!!'O"~
~E
,)
S L CQIë'61l~
tJ=
tl 1'0
gj 9gZ
~y
'-1~
'1. ~~r~
,.,fi
Jo 3),0
~ f 3fD
ha 1.99
?t!. CQt:rn~
tu-.
~1- 9-)~.
~i- g.l,A.
JO -"hg.
r
t
1
1

- 256 -
-Jo J'RLR/IlE"J
oE S
COIVI)UCTEi uR 1
A/01 j )91'
.4 JD--I 1.19 '1~
Salallto ~:. bnc.Js
eRrE crORI E
ScJtJ.i,.
( P. CF~).
),0I0ise0
(F. CFR)
mCiIlf.> a...
..Jo CI~.u-
~O(JII.O
~
ca1e,one
R
~A
.,1'.,1-
~ 1- thS
~l3 2~~
cal.ë'on"e
8
38
A ~S
.t9 S99
!../ a4-!3
ca.ti,onoe
c
3c
AJ,.2
g../ .A ~J,
%21 /'94
cQ.t~one. !)
S f).
..A 5"0
1.t 11'1
11, S~l.
-
-
- - - - -
- - - - -
-
-
-
--
 1O..fj ,4 (f19
A JoA 1jq fl.
.JQ}Q.lH,
âalainP mwue~ kru.bs
CATé6a~'E
IJ'e$CLeJ.j
( r: ° c.F 1+)0
brt.tl3
HJotho aL«-
--/0 aM el-
lF.CFI+)
.AOOAo
pilA
,e cQlë,ont
1,11
..Ir. '08
iI.J (Joli
~t oS/'
.te calë,ont
JaB
.Â!}- .J 1!J-
s,A 1-14'"
.t! ltt
3 e en~.
}'G
. n~
..J=l-
SlO
t~ ~t,
t3 ~3+
It ~ cali,onë
JwJ)
.11
/,oA
~J S~O
tJ, ;O:J.
Se eQIi"'1tM"e.
J(tthe)on
JtG
.A9 Z-IO
~/, 60..J.
i5"" S"A' '
S e. C alë~ol1e te.cAeJen
J, 1="1
tri q.'1
if S8~.
1
1
2g 9J3
,,~ c.a./é1en è
J.i(f
~; Ab4
.tg [,99
~O tJ,1t.
H(J~ eakr~
ha
1;1 I,/,
JS 910
~}- 1!J!1

- 257 -
4 ,SIHoOFt/REJ
De~
Gero5
DE"
M~;~oOJ
- - - - - - - - - - - - -
,,(/0-/ 1;lf1i
 /04
l.Jq'lJ.
Ja./til1f'.D ~ bm1D
CR-"c6-0~ JE?S
J(JJeuris
l1="·c~~).
m~~eb
bnt-/J
motltOoit..
...JO a~ ol1-
(F.C~,.)
"""0 aM·
~.
..-le tati,enë
5"R
.,JS- '3~
.Att 11lJ
fJJO tlt9
t~ (alë7en~
.fB
Ab oh./
to t!~
tJ S<!:J
.jCi?
<klr:,one
.le
..A~ ~S+
1,.J .)9~
~.t 1.S4-
!te cQIëge()~
ÇO
~g g.aS
il 3 ..193
.2~ 8'>~
Je. u. ti't6n~
}E
.A9 310
~J, )Ab
fiS"" ~It~
Le.
J )
.
S-P
~J ~gt-
'Z{,
g ~"
~r ~a-1
CQ~on~
1e. Cakr4
.
en~
ça-.
~S- Slt!
~~ ~ÂO
~~ 9J.r,
SOURCE
f)ae.umen)- foumi
par. fTnJt;/.;Juh-f- IljaJfonQ. f
oI~ la &/"a),"bliq.-u e. e ~ de.. la cJem«;lt1jJhl ~
( r IV~ ()) (JtJ"Ghoov6 (JU.

TABtEAU Z'
EVOLUTION DU POINT INDICIAIRE ET DES SALAIRES DANS LA FONCTION PUBLIQUE DE 1969 A 1983
-- '~----'-'~---
Point indiciaire dans
Au 1/12/69
Au 1/:12)
Au 1/04/14
Au 1/01/16
Au 1/4/16
Au 1/01/82
la Fonction Publique
12:
1990
2050'
2091
2091
2132
2132
Catégories
Carriè- Indi-
,Rémlln.
Hémuné. Indice
Itémuné. Indice
Rémuné. Indice
Rémuné. Indice
Rémuné.
~
ce
nette
nette
nette
nette
nette
nette

men-
men-
men- .
men-
men-
men-
suelle
suelle
suelle
suelle
suelle
suell€'
\\
1Doctorats
Début-
315
64614
66625
385
69169
395
11531
405
14833
415
817(,7
A1
Diplômes sortie
Fin
1000
112461
111661
1010
103031
1020
184844
1030
190316
12'")0
2211?[;
Grandes écoles
A2 Licence + Concours
Début
300
51140
.53300
310
56111
320
57991
330
60916
385
111)8
Fin
750
129350
133250
160
137121
110
139539
180
1/~4124
910
168143
B1 (Baè + Concours
Début
250
43116
44416
260
41111
210
48929
280
. 51136
330
6a:;15 Ir
+ Spéciali sation
Fin
520
89683
92 331
530
96046
540
91859
550
101675
655
121(·21
~(
B2 Bac + Concours
Début
220
31943
39081
230
41619
240
43493
250
46193
295
545<':8
Fin
460
19335
81121
410
85112
480
86986
490
90538
585
108092
~.
C1 BEPC + Concours
Début
165
28451
29314
115
31112
185
33525
195
36031
255
41111
+ Spécialisation
Fin
300
51750
533( a
}1':,
56'11
'32l
51~ ~,
.. 33(,
60')76
4~5
18528
C2 BEPC + Concours
Début
150
25810'
26650
160
28995
110
·30801
180
33260
230
42491
Fin
265
45103
41081
275
49834
285
51648
295
54508
380
10213
130
23558
140
25868
190
35101
D1 CEPE + Concours
Début
110
18911
19543
120
2n4~ 1
+ Spécialisation
Fin
230
39661
40863
240
43453
250
45305
260
48041
350
64610
D2 CEPE + ,Concours
l'ébut
10~ 11241 11161
110
' 19933
120
21141
130
24080
180
33259
Fin
210,
36218
31310
220
39863
230 . ,·41680
240
44346
330
. 60915
SOURCE
Ministère de la Fonction Publique
Nota
Les sommes sont exprimées en Francs CFA
~
~~
",....
• ....~·?"""~·_"<.,.....,· ... ....,,';~:~"~7:;'F·"· ... -·~·,,"'-"''''~'''''''''''"~'',.~' ..·,'~"-,,·~'.',.,,~'1;l~·"7~-.."......,.,.J;","'<·;"""'i"?,.'''',~'''":""''';''-,·,~~'.'1"".'_.""
- '..~'''''l'f_'":\\',··_.......,.'',·'''''''~~'I'''' __~'~'''''~-''';;_.,.".''''"'',,:'"~''''f'~
_

- 259 -
- Le S M l G
Selon les textes le SMIG a pour objet de garantir le
minimum vital couvrant les besoins incompressibles du ma-
noeuvre célibataire. Mais ces besoins ne sont pas toujours
faciles à identifier.
Au BURKINA FASO comme ailleurs, le SMIG est fixé par le
gouvernement chaque année après consultation de milieux
professionnels au vu de l'évolution du coût de la vie.
Pour une appréciation du faible pouvoir d'achat qu'offre
le SMIG au BURKINA FASO on se reportera au tableau ulté-
rieurement livré sur les prix des produits de base. Retenons
seulement pour le moment sa faible progression dans le temps.
En 20 ans (de l 963 à l 983) le taux horaire du SMIG
a été multiplié par 4, Soit en moyenne une progression ari-
thmétique annuelle de 20 % (du taux de base).
Le taux horaire de 114 F CFA {l)du SMIG en l 983 - l 984
donne un salaire mensuel d'environ 19 760 F CFA (
395 FF)
sur la base de 40 heures hebdomadaires.
Les salaires des ouvriers et des catégories de petits
employés travaillant dans le secteur formel répondent ap-
proximativement au taux prescrit. Ainsi des salaires minima
fixés pour le secteur privé (cf tableau l5)
Cette catégorie de salariés bénéficie outre le salaire
direct, des salaires indirects telles les prestations so-
ciales (allocations familiales, indemnités ••• ).
v~) 114 F CFA
=
2,28 FF
i
tl
1
f
!
1:

- 260 -
Il existe des catégories de salariés dont la rémunération
se situe en dessous du SMIG
- Moins que le S M l G
Les salaires de la majorité des ouvriers et des person-
nels de petits services travaillant dans le secteur informel
se situent souvent en dessous du salaire minimum officiel.
On le voit bien à travers les salaires par exemple des
domestiques qui comptent parmi les moins bien rémunérés.
En l 984 le salaire mensuel qui nous a été déclaré dans les
ménages pour les domestiques variait entre 5 000 F et
6 000 F CFA soit approximativement le quart du SMIG mensuel.
Il est vrai que les intéressés étaient pour la plupart
logés et nourris.
Les rémunérations des ouvriers ou tâcherons effectuant
occasionnellement des travaux chez des particuliers se
montrent également faibles : les tâches étant généralement
effectuées chez des connaissances, le poids de ces relations
contribue davantage à faire baisser le montant de la ré-
munération de la force de travail.
Que dire de la rémunération des aides familiales et
des apprentis qui prend la forme de cadeaux, de gratifica-
tions faisant relativement perdre à la force de travail
sa valeur marchande. Ce~ derniers sont en effet rémunérés
plus en fonction de l'humeur du patron que du travail fourni.
Les salaires du secteur informel(dont la rémunération
1
1

- 261 -
se situe en dessous du SMIG) sont également ceux qui ne
bénéficient pas de salaires indirects. A ce titre ils font
l'objet d'un double manque à gagner.
- Plus que le SMIG
Les traitements des fonctionnaires quant à eux sont dans
l'ensemble supérieurs au SMIG. Cependant la fonction publi-
que cache sous une apparente uniformité une grande diversi-
té de postes, de fonctions, de grades ou de diplômes •••
auxquels correspondent des rémunérations différentes.
Selon l'échelle hiérarchique des diplômes, les traite-
ments initiaux varient du simple au double ou au triple
(cf tableau L' ).
En considérant les traitements en fin de carrière le
rapport entre les 2 catégories extrêmes est d'environ J,5.
Comme dit l'équipe de recherche sur les systèmes ali-
mentaires à OUAGADOUGOU (.L)"1e déséquilible entre les 2
L
,
catégories extrêmes s'accentuent dans le temps. Et l'ar-
gument des catégories les plus basses selon lequel les
revendications syndicales ne profitent qu'aux hauts cadres
trouve toute sa justification ••• ".
Rapporter au SMIG les traitements initiaux des fonction-
naires représentent environ :
1,5 fois le SMIG pour les fonctionnaires qui ont des
diplômes au bas de l'échelle
(C E P E + concours)
2 fois le SMIG pour ceux ayant le niveau
(B E P C + concours)
!
T. THIOMBIANO, L. KOULIDIATI, C. SOvΠs
"Systèmes alimentaires à Ouagadougou
1r
Colloque International OUagadougou
UNS R l D /
C E D RES
r
JO , JI Mai et 1er Juin l 984
t

- 262 -
3 fois le SMIG pour ceux ayant le niveau
(B AC. concours)
4 fois le SMIG pour les fonctionnaires qui ont des
diplômes culminant au sommet de l'échelle
(doctorats ou diplômes de grandes écoles)
Pour toutes les catégories une spécialisation donne lieu
à une légère majoration du traitement.
Les fonctionnaires bénéficient dans l'ensemble de salaires
indirects (prestations sociales, indemnités ou primes ••• )
Ces points de repère (généraux) évoqués sur les revenus
salariaux essayons maintenant d'approcher ou de recenser
au moins sur cas les montants des revenus.
b) ~~~_~~~~~~~_g~~_~~y~~~~_g~~_~~~~g~~_~~!~n_!~_Q~~
g~_2h~f_g~_~~n~g~
~~~_f~!2!~~_~~Y~~B~_2h~~_!~~_~~~~!~~
Ils se rencontrent chez les ménages ouvriers ou de per-
sonne~ de service "non qualifiéE. Ainsi,
---= Le ménage) composé de 9 personnes (dont le couple,
leurs 6 enfants et le neveu du chef de ménage) dispose
comme revenus :
- du salaire du chef de ménage
ouvrier à la RAN, il
évalue son salaire mensuel (en l 984) à environ )0 000 F CFA.
Il effectue en complément des travaux de maçonnerie chez
des connaissances.
1
1
È
t[

- Z6J -
"Cela dépend de ce que je trouve comme construction.
N'étant pas un maçon professionnel je m'occupe simple-
ment de toutes petites pi~ces ou des réparations ••• "
Et s'il s'agit d'évaluer ce que vous rapporte cette activité
dans la semaine ou dans le mois ou selon un autre cycle ••• ?
"C'est difficile à estimer. Quand les choses marchent
bien je dirai environ 10 000 F à lZ 500 F CFA dans le
mois. Mais il y a des mois où je n'ai absolument pas
de travail.
Quand j'ai de quoi faire je travaille avec l'aide de
mon neveu et au bout du compte je lui donne 1 000 F à
Z 000 F CFA comme argent de poche ••• " (Chef du ménage J)
En considérant les mois où les choses marchent au mieux,
les revenus procurés par les activités dans ce ménage s'éva-
lueraient à environ 1
JO 000 F CFA + lZ 500 F CFA = 4Z 500 F CFA (ou 850 F F)
Cette somme de revenus directs du ménage représenterait
un peu plus du double mensuel du SMIG. Aux revenus directs
s'ajoutent (en tant que ménage de salarié) les revenus in-
directs d'allocations familiales
(IL) que l'on peut estimer à 1
700 F CFA x 6 = 4 ZOO F CFA (ou 84 F F) par mois
L'nsemble des revenus pourrait être évalué à :
4Z 500 F CFA + 4 ZOO F CFA = 46 700 F CFA (ou 934 F F)
Le revenu mensuel par membre de de ménage s'estimerait
en moyenne à
48 700 F CFA 1 9~5 411 F CFA (ou 108 FF)
lA) Les ouvriers comme les fonctionnaires y compris les cadres
reçoivent au titre des allocations familiales 700 F CFA (ou
14 F F) par mois et par enfant mineur (jusqu'à Zl ans). Et
ce~i jusqu'au 6 ~me enfant. Ce qui signifie que le maximum
retenu est de 6 enfants reconnus par le parent salarié. Jus-
que là les allocations sont versées au père seulement si les
Z sont salariés ou à l'un d'eux si c'est une seule personne
(la m~re ou le pèr~ salarié(~)~ Pour en.bénéfici~r il faut
fournir chaque annee un cert~f~cat de v~e par enl·an~ et un
certificat de scolarité s'ils sont à l'école.

- 264 -
soit relativement le~ 2/1 du SMIG mensuel.
Le revenu moyen pourrait être établi non par personne
mais par unité de consommation utilisée dans de nombreuses
enquêtes de budgets et de consommation en Occident. En effet
compte tenu de la disparité présumée des "besoins" par
sexe, âge ••• etc. il existe des échelles de conversion des
individus en unités de consommation.
"L'unité de consommation cqrrespond généralement à la con-
sommation de l'homme adulte, parfois à celle du nouveau-né.
La consommation des autres membres du groupe (ou des autres
individus) est exprimée en fractions (coefficients) de
l'unité de consommation; ces coefficients étant principa-
lement déterminés en fonction de l'âge et du sexe et subsi-
diairement de toute autre caractéristique (taille, activité
professionnelle, état de grossesse etc ••• ) susceptible
d'avoir une influence sur le volume et la composition de
la consommation" {tl.) .
Cependant les échelles d'équivalence des individus en
unités de consommation sont multiples et demeurent l'objet
de grandes discussions.
Sans nous lancer dans ces discussions nous nous conten-
terons d'établir les moyennes de revenus (et plus loin de
consommation) par personne et non par unité de consommation.
(/L~ Clio PRESVELOU : sociologie de la consommation
familiale
Les Editions : Vie Ouvrière
l
968
1!.~
1
1

- 265 -
---= Le ménage 41 compte 12 personnes (le chef de ménage,
ses 2 épouses, leurs 6 enfants, la mère et 2 neveux du
. chef de ménage). Les revenus qu'on y trouve sont 1
- Le salaire ou du moins actuellement le demi salaire
du chef de ménage 1 ouvrier à la S A E L (Société
d'électricité). L'entreprise voyant son activité se
ralentir, l'intéressé, reconverti dans le gardiennage,
touche la moitié de son salaire habituel. Ce demi
salaire nous dit-il est de 15 000 F CFA et des pous-
sières. Et comme il l'exprimait auparavant l " il
est difficile d'expliquer comment on vit avec une telle
somme lorsqu'on a 2 épouses et 6 enfants".
- Les produits de petit commerce des 2 épouses vien-
nent en complément : celles-ci revendent des fruits
et légumes.
La première épouse achète quotidiennement ses produits
au marché entre 500 F et l 000 F CFA de marchandises.
"Si tout se vend bien avec la bénédiction de Dieu le
bénéfice peut atteindre 150 F à 200 F CFA. En cas de
restes c'est la faillite car il s'agit de produits
périssables. Faire ça c'est simplement mieux que de
rester à ne rien faire ••• n (1ère épouse du ménage 41)
Ainsi, si tous les jours avaient la bénédiction
de Dieu, l'activité de la première épouse lui procu-
rerait en moyenne par mois 1 175 F CFA x jO =
5 250 F CFA (ou 105 FF)
La seconde épouse évalue ses rentrées journalières

- 266 -
à 100 F CFA ou un peu moins car elle revend de la mar-
chandise achetée à 400 F ou 500 F CFA; d'où un revenu
mensuel approximatif de ) 000 F CFA
Un des neveux du chef de ménage. employé de maison
gagne aux alentours de 20 000 F CFA par mois.
Si nous rajoutons aux revenus directs du ménage le
montant de ) 500 F CFA (:~) d' allocations familiales. la
somme mensuelle des différents revenus approximatifs
donne 1
15 000 F CFA + 5 250 F CFA + ) 000 F CFA + 20 000 F CFA
+ ) 500 F CFA = 46 750 F CFA
Cette somme représenterait (2.) fois) le SMIG mensuel.
Ici le revenu mensuel par membre du ménage serait de 1
46 750 F CFA 1 12 = ) 895 F CFA (ou 77.9 FF) soit le
i
1/5 du SMIG mensuel.
[,
t
---= Le ménage 8 de J personnes (le couple et leur premier
1
enfant se contente du salaire du mari. Caissier dans un bar
t
il estime son salaire à 19 000 F CFA. Travaillant dans le
1
1
secteur privé informel il ne bénéficie pas de salaire indirect. (
Le revenu moyen par personne dans ce ménage serait de 1
1
19 000 F CFA 1 ) = 6 J)) F CFA par mois ou le 1/) du SMIG
!
l
mensuel.
r
---=
~
Le ménage 40 qui compte 12 personnes (le chef de ménage.
l,
~
~
ses 2 épouses. leurs 8 enfantô et la mère du chef de ménage
~:
[,
dispose 1·
i
t
Cinq enfants font l'objet d'allocations familiales soit
if
700 F CFA x 5 = ) 500 F CFA
ft
1

- 267 -
- du salaire du chef de ménage (gardien chez un français)
"Quand on travaille pour 1.5 000 F CFA ou 20 000 F CFA
à la fin du mois il s'agit uniquement d'un salaire de
nom car il ne suffit pas pour règler une quelconque af-
faire.
-Et qu'est-ce qui fait vivre votre ménage?
-liEn partie grâce aux récoltes que nous procure le champ.
Là aussi avec les manques de pluie nous ne sommes pas
aidés. On finit par acheter du mil pour passer d'une an-
née à l'autre ••• " (chef du ménage 40)
- Au rang des revenus s'ajoutent les produits de vente
de bouillie des 2 épouses. Pour ces dernières
" Le jour où la bouillie se vend en totalité et que le
bénéfice atteint 1.50 F CFA, après avoir récupéré les
900 F CFA utilisés pour l'achat du mil, les 7.5 F CFA de
frais de mouture, les 7.5 F CFA de bois ••• nous (A.) di-
sons "Allah harndidoulaye", "le nom de Allah soit loué".
Notre commerce n'a de bénéfice que la "fatigue" car
c'est ce que l'on voit en premier. Non seulement on ne
dort pas suffisamment (parce qu'il faut se lever tôt pour
que la bouillie soit prête au petit jour) et on a des
courbatures partout avec les travaux ••• (1ère épouse
du ménage 40)
Si nous comptabilisons 1.50 F CFA de revenu journalier
pour chacune des épouses (comme si tous les jours elles
disaient: "Allah Harndidoulaye", "le nom de Allah soit
loué") on obtient environ un revenu mensuel pour chacune
("L) En parlant d'elle et de sa coépouse,

- 268 -
d'elles de 1 150F CFA x 30 = 4 500 F CFA (ou 90 FF) soit
un total de 9 000 F CFA pour les 2 épouses.
- Un des fils est apprenti ferrailleur et selon sa mère 1
"Le patron lui donne 50 à 100 F CFA par jour et son repas
de midi. Mais l'essentiel est qu'il apprenne un métier et
qu'il ne soit pas désoeuvré pour se livrer au banditisme
et au vol comme beaucoup d'autres ••• (1ère épouse du mé-
nage 40). L e revenu mensuel procuré par ce fils serait en
moyenne de 1
75 F CFA x 30 = 2 250 F CFA
- Les allocations familiales touchées par le ménage pour-
raient être évaluées à 1
700 F CFA x 4 = 2 800 F CFA
Ainsi dans ce ménage 40, le revenu monétaire mensuel
approximatif serait de z
20 000 F CFA + 9 000 F CFA + 2 250 F CFA + 2 800 F CFA =
34 050 F CFA (ou 681 FF)
Il représenterait approximativement (1,7 fois) le SMIG
mensuel.
Le revenu monétaire moyen par mois et par personne s'é-
tablirait quant à lui à 1
34 050 F CFA 1 12 = 2 837 F CFA (ou 56,7 FF) soit
(environ le 1/7) du SMIG mensuel.
Mais aux revenus monétaires du ménage il faudrait asso-
cier les revenus en nature dont 1
- les récoltes procurées par le champ, estimées par le
!1\\1lt

- 269 -
chef de ménage à quelques tines de mil, nécessitant
l'achat d'un complément de céréales pour la consommation
du ménage.
- Une partie de la bouillie préparée par les épouses
qui sert de petit déjeuner au ménage ; les restes étant
consommés à d'autres moments de la journée.
- Le repas de midi du fils (soit une assiette de 25 ou
50 F CFA de riz par jour).
~~~_~~Y~~Y~_E!Y~_2~_~2!~~_~2~~!~~sn~~_gh~~_!~~_~~1!r!~~
Chez les ménages de fonctionnaires moyens (en activité
ou à la retraite) dont la rémunération du chef de ménage
prend la forme de traitement ou pension ••• Les revenus ne
sont pas jugés gros mais ils sont beaucoup plus consistants
que les précédents et surtout plus réguliers et plus sûrs.
C'est ce qu'on apprécie d'abord en eux. Ainsi,
---= Le ménage l composé de 14 personnes (le couple, 2 de
leurs enfants, 4 petits enfants, 2 enfants d'amis, l nièce
de l'époux, l nièce de l'épouse et 2 domestiques) voit lui
revenir 1
- La pension du chef de ménage (assistant d'élevage à
la retraite) touchée tous les J mois dont je n'ai pu
connaître le montant.
- Des produits en nature procurés par un cnamp au vil-
lage d'origine où travaille un ouvrier agricole.
"Autrefois, le champ nous procurait des récoltes im-
portantes. Mais depuis quelques années il s'agit de

- 270 -
quelques tines de mil et des fruits car la famille ne
se rend plus pour les travaux. Le seul ouvrier agricole
qui y réside veille surtout aux arbres fruitiers ••• "
(épouse du ménage 1)
- Des produits de revente de dolo de l'épouse ,
Elle revend au détail un canari de dolo qui lui est
livré chaque matin par telle ou telle fabricante du
quartier en fonction de leur jour de dolo. Son cabaret
installé dans la cour est une maisonnette où sont dis-
posés J bancs. La vente est limitée pour l'essentiel
aux visiteurs de la famille et aux proches voisins qui
achètent le dolo à 25 F CFA la calebasse.
Une partie de la marchandise est dite consommée par
le ménage. Et quand un étranger arrive on lui "paye"
son dolo sur place, inutile d'aller payer ailleurs. Cela
dépanne. Parallèlement certains clients achètent à boire
au ménage.
"Au delà de cette consommation familiale la revente
du dolo ne procure pas un important bénéfice. D'ailleurs
quel bénéfice voulez-vous tirer en revendant uniquement
un canari de dolo. Le canari de dolo coûte si cher qu'on
l'achète pratiquement avec le bénéfice. Un canari coûte
1 750 F CFA de nos jours. Il arrive que je retire 100
ou 150 F CFA quand l'unique canari a été vendu le même
jour.
Si la marchandise ne finit pas le même jour il faut
attendre de vendre un autre canari pour compléter l'ar-
gent du précédent. Heureusement que l'argent des fabri-

- 271 -
cantes est toujours remis après revente de la marchandise.
Nous les revendeuses de dolo, on ne peut payer aux fa-
bricantes avant la livraison du dolo ni sur le champ ••• "
(épouse du ménage 1).
Ce phénomène renvoie on l'a vu à une réelle chaîne de cré-
dit 1 le commerçant de sorgho rouge accepte de vendre à crédit
à la femme qui transforme le sorgho en "mil germé". Celle-ci
à son tour vend à crédit le "mil germé". Celle-ci à son tour
vend à crédit le "mil germé" à la fabricante de dolo qui livre
également les canaris de dolo à crédit à la revendeuse. Il
arrive que même les consommateurs prennent le dolo à crédit.
L'argent récupéré par les uns sert à payer les autres et
ainsi de suite.
Il s'agit d'un système de crédit sans intérêt mais dont
le fonctionnement n'est pas des plus simples car la continuité
des flux de rentrées n'est pas assurée. D'OÙ, bien des heurts,
des "affronts" car il suffit que l'argent ne soit pas récupéré
sur un point pour que tout le reste de la chaîne en pâtisse.
Qui a vendu à crédit, doit user ses chaussures à la poursuite
de l'argent • • •
- Outre les revenus ci-dessus cités le ménage compte 1
- Le salaire d'une des filles (du ménage) : sage femme
elle touche un salaire mensuel d'environ 50 000 F CFA
- La rémunération à la tâche de l'individu 9 du ménage
(fils d'un ami du couple)
ouvrier peintre il travaille
au jour le jour et dit-il
"travailler aujourd'hui et attendre de nombreux jours
sans travail ne procure pas grand'chose ••• (individu9)

- 272 -
- L'individu 10 (fils d'un ami du couple) recruté comme
soldat dans l'armée termine sa formation. Il n'a pas
encore touché de paye· mais il espère quelque chose dans
les mois à venir.
N'ayant pas toutes les données quantifiées des revenus on
ne saurait faire d'évaluation de revenu mensuel du ménage,
ni par membre du ménage. Toutefois, ultérieurement des élé-
ments indicatifs du niveau de revenu (ou du niveau de vie)
pourront être indirectement saisis à travers la possession
de certains biens de cons ommation t il).
---= Le ménage 2 est de, 8 personnes (le couple et leurs 6
enfants). Leurs revenus sont
- La pension du chef de ménage (garde républicain à la
retraite) touchée tous les J mois.
A combien peut s'élever votre pension?
- "Aussi minime qu'il soit, le taux de la pension, il
suffit de penser à ceux là qui n'en ont pas au cours
de leur vieillesse pour se réjouir. Toujours est-il qu'il
faut arriver à faire vivre sa famille avec la pension ••• N
(chef du ménage 2)
- Les produits de petit commerce de l'épouse 1 fabricante
de gâteaux, elle achète la farine de blé par sac de
50 Kg, «)ûtant environ la 000 F CFA.
Le sac de 50 Kg de farine peut faire un mois parfois
(/0 Il en serait de même des ménages à suivre pour les-
quels nous ne disposons pas des montants de tous
les revenus •.

- 273 -
plus. La préparation porterait donc sur 1,5 Kg de farine
par jour.
Pour chaque préparation il lui faut 1
2 litres d'huile à 350 F CFA le litre
1/2 paquet de sucre à 300 F CFA le paquet
200 F CFA de bois
25 F CFA de levure
2 oeufs
du papier journal pour l'emballage
etc •••
En dehors de la farine qui est achetée en gros, le reste
des produits utilisés est acheté au fur et à mesure sur
le produit de la marchandise. Les gâteaux se présentent
sous la forme de petites boules vendues à 5 F CFA l'unité.
Le moment venu de parler bénéfice •••
"Comme vous pouvez le constater il ne s'agit pas d'un
gros commerce. En tant qu'épouse et mère, une femme ne
peut rester sans activité source de revenu. Si les en-
fants ont besoin de 5 ou 10 F CFA c'est à leur mère
qu'ils s'adressent, le père étant souvent à l'extérieur.
Il faut pouvoir les satisfaire. Le bénéfice se résume
essentiellement à la consommation familiale. Quand je
prépare les gâteaux les uns et les autres se servent.
Ce qui leur évite l'achat ailleurs ou l'achat d'autre
chose. !!_n~_~~~g!~_E~~_E2Y~_~2!_g~_~2Y~_Y~ng~~Lg~
f~!~~_g~~_~2~E~~~_~~_g~_~~Y2!~_~2~Q!~n_j~_E~Y!_~Y2!~_g~
Q~n~f!Q~. ~~~~g~n~_n~~~~~ng_E~§_!~~_~2~E~~~.Il est aus-
sitôt utilisé en partie pour compléter l'argent des
condiments •••

- 27'+ -
Je ne peux faire de grandes économies. Pourvu que "ta
liguidi ma wan tâ" ;"l'argent mère (le capital de départ
ou l'argent investi) se conserve".
Il m'arrive même de "faire faillite" et là j'achète
la farine au kilo plutôt que le sac de 50 Kg. Je nose
pas prendre à crédit même si les commerçants auxquels
on est habitué n'hésitent pas à vous le proposer. J'ai
horreur du crédit qui m'empêcherait de dormir ••• "
(épouse du ménage 2).
A côté des gâteaux l'épouse revend de l'eau sucrée
et glacée mise en petits sachets. Pour les revenus de
cette activité elle déclare 1
"De la marchandise vendue à 5 F CFA l'unité peut-elle
rapporter grand 'chose comme bénéfice? ••• " (épouse du
ménage 2)
- Un autre revenu dans le ménage se constitue du
salaire mensuel du fils aîné (dessinateur). Ce salaire
lui permet de faire de temps en temps plaisir à ses
parents mais nous ne disposons ni du montant du salaire
ni du montant chiffré de ces aides ou dons.
- Le ménage bénéficierait d'allocations familiales
approximatives de:
700 F CFA X 3 = 2100 F CFA.
~~~_r~Y~n~~_r~!~~!Y~~~n~_!~E2r!!U~~_gh~~_!~~
.~!!~!~~
Ils se rencontrent dans les ménages de hauts fonction-
naires ou de fonctionnaires moyens dont le traitement est
soutenu par d'autres revenus tels profits de l'entreprise,

- 275 -
loyers, revenus de commerce ou produits en nature ••• Ainsi,
---= Le ménage 22, composé de 15 personnes (le chef de ménage,
ses 2 épouses, leurs 8 enfants, la mère et l cousine du chef
de ménage, l ami des enfants et l domestique) dispose des
revenus suivants
- Le traitement mensuel du chef de ménage (lieutenant)
dont on ignore le montant.
Les produits de la couture assurée par la première
épouse.
"Quand j'ai beaucoup de commandes, le bénéfice peut
atteindre 10 000 F CFA par mois. Il y a aussi des mois
où je n'ai aucune commande ••• " (1ère épouse du ménage 22)
- Le traitement mensuel d'environ 45 000 F CFA de la
seconde épouse (secrétaire).
- Un des enfants, étudiant, perçoit une bourse mensuelle
de 37 500 F CFA
- L'individu 14 du ménage, ami des enfants est également
étudiant boursier et perçoit 37 500 F CFA par mois.
Dans ce ménage, outre le traitement mensuel du chef de ménage
(qui peut être évalué à 3 fois le SMIG ou un peu plus : car
officier subalterne) le revenu direct mensuel des autres
membres du ménage s'évaluerait à :
10 000 F CFA + 45 000 F CFA + 37 500 F CFA + 37 500 F CFA =
140 000 F CFA ( ou 2 800 F F)
soit approximativement 7 fois le SMIG.

- 276 -
Aux revenus directs se superposent les salaires indirects :
primes, indemnités et allocations familiales.
L'ensemble des revenus doit constituer un montant rela-
tivement élevé. Il reste que ce revenu doit entretenir un
nombre important d'individus et dans le cas présent 15 per-
sonnes.
Il apparait que pour l'essentiel des revenus des ménages
à suivre on ne dispose plus d'évaluations chiffrées (en gé-
néral on en a d'autant moins qu'on monte dans l'échelle des
revenus). Ainsi nous nous en tiendrons aux énumérations qu -
litatives très parlantes pour la source, sinon le montant
du revenu.
---= Le ménage 23 de 10 personnes (le couple, leurs 5 enfants,
1 neveu et 1 nièce du chef de ménage et 1 domestique) a
pour revenus :
- Le traitement mensuel du chef de ménage (commissaire
de police)
- Le salaire du fils aîné (gendarme)
- Les salaires indirects
---= Le ménage 29 compte 22 personnes (dont le couple, leurs
7 enfants, 3 neveux et 4 nièces du chef de ménage, la mère
du chef de ménage, le père de l'épouse, 1 petite cousine du
chef de ménage, 1 originaire du meme village et 2 domestiques.)
Les composantes de leurs revenus sont 1
- Le traitement mensuel du chef de ménage (enseignant

- 277 -
à la formation des jeunes agriculteurs)
- Les profits de l'entreprise de transport 1 le chef de
ménage étant propriétaire d'un camion qui assure la na-
vette entre la ville et les villages, transportant aussi
bien personnes que marchandises. Nous n'avons pu obtenir
d'évaluation de ce revenu.
- Les revenus de la teinture assurée par l'épouse 1
ft
Je ne peux retirer un gros bénéfice mais cela m'aide
beaucoup. En tant que mère de famille si un enfant a
besoin de 25 F CFA ou 50 F CFA il faut pouvoir le satis-
faire. Leur faire de petits plaisirs peut les encourager
dans leur travail scolaire.
- Et combien pouvez-vous obtenir de bénéfice avec
la teinture ?
- Il faut dire que le facteur temps est important.
Il faut d'abord assurer l'achat des pagnes ou du tissu,
de l'indigo et de tous les produits nécessaires; ensuite
évaluer le prix de tous ces éléments avant de fixer le
prix de chaque pagne avec 200 ou 250 F CFA de bénéfice
par pagne.
- Combien de temps demande tout ça ?
- Les produits pour la teinture coûtent trop cher et
on ne peut se permettre de le faire pagne par pagne. Il
faut attendre de rassembler un nombre important d'habits.
Ensuite procéder au choix des modèles pour chaque pagne.

- 278 -
Certaines femmes remettent le tissu et ne payent que
le prix de la teinture.
Les Habits rassemblés et apprêtés un à un sont teints
le même jour. Mais une fois que les clientes achètent
le produit fini, nombreuses sont celles qui mettent du
temps avant de pouvoir me payer. Le plus souvent elles
achètent à crédit parce qu'elles ne disposent pas d'ar-
gent sur le champ. Certaines portent l'habit jusqu'à
usure avant que l'argent ne soit payé en totalité car
il est versé petit à petit et cela peut durer plusieurs
mois et parfois des années. A la fin on est obligé de
fermer les yeux pour réclamer les dettes. L'argent fait
défaut à tous ••• " (épouse du ménage 29)
- Le traitement mensuel d'une des filles (hôtesse de
l'air)
L'individu 6, un des fils est le chauffeur du camion
de son père. A propos de ce qu'il gagne sa mère de nous
dire 1
"C'est une affaire familiale. On ne saurait compta-
biliser la part de chacun là-dedans. s'il y a un pro-
blème il le règle avec son père. De même sail réalise
un gros bénéfice c'est toujours entre lui et son père.
Dans notre milieu, ce qui appartient au père appartient
r
au fils et vice versa. Il n'y a pas de division à faire ••• "
i~f
(épouse du ménage 29)
~
~
Les autres revenus du ménage sont :
- La pension de la mère du chef de ménage (infirmière

- 279 -
à la retraite) touchée tous les 3 mois.
- La pension trimestrielle du père de l'épouse (agent
comptable à la retraite)
La bourse d'étude d'une des nièces du chef de ménage
(élève sage-femme)
- Les salaires indirects (primes, indemnités et pres-
tations familiales ••• )
. Le montant total des revenus est certainement élevé
mais rappelons nous les 22 personnes qu'il doit entrenir.
Résumer les revenus des ménages salariés au salaire
(quoique revenu principal dans ces ménages) ce serait ou-
blier l'importance considérable des revenus annexes qui
s'y greffent.
Dans les ménages d'ouvriers ou de personnels de petits
services s'ajoutent au salaire, des revenus d'autres pres-
tations de petits services ou de petit commerce ou des
produits en nature.
Sans pouvoir donner de proportion exacte i l arrive assez
souvent que le montant des revenus annexes atteigne ou
dépasse le montant du salaire dans ces ménages.
La règle s'applique aussi bien à des ménages de fonc-
tionnaires moyens dont les traitements se trouvent associés
à des revenus, de commerce, de petites entreprises ou à
des produits en nature.
D'ores et déjà les revenus réguliers des ménages salariés

- 280 -
sont socialement perçus comme un privilège "particulièrement
appréciable dans une société caractérisée par la peur du
lendemain" (~) • Toute~ois la présentation succinte de re-
venus par di~~érentes catégories de salariés révèle des si-
tuations très nuancées. En e~~et plus on descend dans l'é-
chelle hiérarchique des salariés et relativement on s'éloi-
gne du privilège socialement attribué.
Dans les ménages ouvriers ou de personnels de petits
services où le salaire régulier (certes) ne su~~it pas pour
règler une quelconquea~~aire comme le dit le che~ du ménage
40, la peur du lendemain n'est pas pour autant écartée. Les
solutions aux problèmes quotidiens doivent être recherchées
à travers d'autres revenus sans lesquels la survie du ménage
ne saurait être ~urée.
c) ~~~_~~y~~~~_~~~_~~~~g~~_~2~~_~~_2h~f_~~~_~2~_~~~~!~
2~_!~~~E~~~~~
~~~_~~22~~~~_E~~~_2~_~2~~_~~ff~~~~~~_E2~_~~!~~2­
~~~~~~~~2~_2h~~_~~~_~~!2~~~~~~~·
Les ménages d'agriculteurs tirent par~ois des récoltes
su~~isantes pour assurer l'auto- subsistance et une partie
peut être commercialisée pour se procurer de l'argent
(même
si après en période de soudure il ~audra racheter des cé-
réales à des prix encore plus élevés pour la consommation
du ménage). Pour les revenus d)s agriculteurs il ~au~ sur-
tout compter avec les mauvaises saisons •••
(.A
,
~, Jean-Maurice DERRIEN : "Les salariés du BURKINA ~ont-
ils partie des classes moyennes ?
Dt· ~t.

- 281 -
---= Le ménage 30 composé de 12 personnes (le chef de ménage,
ses 2 épouses, leurs 6 enfants, leur belle-fille et leurs
2 petits enfants) compte sur :
- Les produits en nature procurés par le champ.
- Quelle quantité de récoltes vous procure en moyen-
ne le champ ?
-" Les saisons y comptent beaucoup. Il y en a des bonnes
et des mauvaises. Quand nous faisons de très bonnes
récoltes on peut assurer la nourriture de toute l'année
en attendant les prochaines récoltes. Dans le cas con-
traire il faut acheter un complément de mil sur le mar-
ché au moment où il est vendu le plus cher.
- Et où trouvez-vous cet argent ?
- C'est là où se situent les difficultés. A côté du
mil et du mais nous cultivons du haricot, des arachides
et du sésame ••• Ce sont ces produits qui sont géné-
ralement revendus pour avoir de quoi assurer les dépen-
ses courantes. Seulement si la saison est mauvaise,
elle l'est pour tous les produits. Comment faire quand
il n'y a rien à vendre ••• n (chef du ménage 30)
- Les gratifications que les uns et les autres offrent
~chef de ménage (marabout) lorsqu'il réussit à trouver
une so~ution à leurs problèm~s.
- Les revenus de petits commerces (galettes pour la
1ère épouse et bouillie pour la belle-fille) :

- 282 -
"C'est plus de peine que d'argent ••• " dit la 1ère
épouse du ménage.
- Les revenus de l'artisanat du fils aîné (tailleur)
et comme disait son père 1
" Jamais il n'a réussi à me payer un sac de mil et
pourtant du matin au soir il est à l'atelier •••
(chef du ménage 30)
Sans pour autant disposer de revenus importants
(récoltes plus ou moins suffisantes pour l'auto-consom-
mation, revenus monétaires aléatoires) la dimension
du ménage demeure ici importante (12 personnes).
---= Le ménage 31 de 8 personnes (le couple, leurs 4 enfants,
1 ouvrier agricole et 1 invitée) a pour revenu
- des produits en nature dont une partie est revendue
pour assurer les dépenses courantes.
- Les revenus de revente de bois : le chef de ménage
dispose d'une charrette à traction asine et l'individu 7,
ouvrier agricole assure en saison sèche le transport
du bois de la brousse à la ville. Une partie de ce
bois est consommée par le ménage et l'autre revendue.
- Les produits de la vente du couscous de l'épouse •••
Elle prépare du couscous à base de farine de petit
mil qu'elle revend à "boincé yaré", une place qui sert
de petit marché où on trouve des petits commerçants
et de nombreux artisans. Pour sa préparation quotidienne,
elle achète 2 "yorba" de petit mil à 500 F CFA qu'elle

- 283 -
transforme d'abord en farine avant de faire le couscous.
Une fois prêt, le couscous est bien entassé pendant
qu'il est chaud avant d'être découpé en petites boules.
Chaque boule est revendue à 5 F CFA.
"Les gens n'ont pas beaucoup d'argent. Il faut alors
vendre au maximum au détail afin que ceux qui n'ont
pas beaucoup d'argent puissent en acheter ••• " (épouse
du ménage 31)
- A côté du couscous une sorte de yaourt fabriqué par
l'intéressée avec le lait en poudre "américain" (qu'elle
achète) est vendu à raison de 10 F CFA la louche.
- Un paquet de sucre fait l'objet d'une autre marchan-
dise et est revendu par morceaux avec le reste à rai-
son de 5 F CFA les 3 morceaux.
Les uns achètent le couscous qu'ils délayent dans
le lait avec un peu de sucre. Les autres le consom-
ment nature.
- Combien pouvez vous avoir de bénéfice ?
- "Le couscous sert de repas de midi à la famille.
Cela m'évite parfois de faire la cuisine à midi. Le
bénéfice du couscous, du lait et du sucre réunis me
procure parfois 200 F à 250 F CFA par jour si tout a
été vendu.
Quand il y a des restes p le couscous est sèché et
conservé pour la consommation familiale. Je remets
une partie de la réserve au chef de famille pour les
ouvriers agricoles qui travaillent au champ ••• "
(épouse du ménage 31).

- 284 -
- Les produits de revente de riz de l'individu 8,
(une invitée du ménage) 1 elle prépare quotidiennement
2 ou J "yorban de riz soit environ 5 à 7 Kg.
~~~_!~E~~~~~~~_~~~~~~~~_~~~~g~~~_~h~~_!~~_g~~~
2~~~~2~~~
Les ménages de gros commerçants peuvent connaître d'im-
portantes rentrées d'argent mais il s'agit de revenus irré-
guliers avec des cycles plus ou moins longs. Ainsi,
---= Le ménage JJ composé de 19 personnes (le couple, leurs
4 enfants, 8 autres parents, l domestique, sa femme et leurs
2 enfants plus l invité) dispose 1
- des revenus de commerce de pagnes assuré par le chef
de ménage avec l'aide de J autres parents et du domes-
tique. Nous ne disposons pas de détails précis sur la
taille de ce commerce (excepté que le chef de ménage
est un grossiste et qu'il achète ses pagnes en gros à
l'usine Faso Fany) ni sur le montant des revenus que
le ménage en tire.
- Les revenus de la vente de condiments de l'épouse •••
" Je revends du soumbala, du piment, du tamarin, du
gombo et aussi du poisson sèché acheté par kilo au
marché. Le kilo de poisson sèché côute l 600 F CFA
le morceau.
- Combien pouvez-vous vendre par jour de condiments ?
- Le kilo de poisson peut faire 4 à 5 jours. La mar-
chandise ne se vend pas beaucoup. Le jour où je réussis

- 285 -
à vendre 250 F CFA de condiments, c'est considérable.
Du fait que je vende à domicile et non au marché je
ne peux écouler des quantités importantes. En outre
nous logeons à proximité d'un marché et les femmes
préfèrent aller au marché parce qu'il y a un plus
grand choix de produits. C'est souvent lorsqu'elles
oublient d'acheter tel ou tel produit qu'elles vien-
nent se le procurer ici. En général elles trouvent
que les condiments sont vendus plus chers à domicile
qu'au marché •••
- Que diriez-vous du bénéfice ?
- Une partie des condiments est utilisée pour la pré-
paration du repas familial. Le bénéfice n'est pas im-
portant ; tantôt 300 F CFA, tantôt 400 F CFA par se-
maine ••• " (A..) (épouse du ménage 33).
Au rang des revenus s'ajoute 1
- La rémunération à la tâche de l'individu 19 (1 in-
vité) manoeuvre maçon.
Les ménages de gros commerçants sont également de
grande taille et les revenus doivent couvrir les be-
soins d'un nombre important d'individus 1 19 personnes
pour le ménage 33.
Les revenus faibles et aléatoires chez les pe-
--------------------- ----------------------,. ,-
Quant aux ménages de petits commerçants (dans
~v) Nous reviendrons plus loin sur l'écart considé-
rable qui peut exister entre le revenu du mari
et celui de l'épouse •••

- 286 -
l'échantillon, ménages de femmes seules) ils consti-
tuent ceux où les revenus sont les plus faibles et
les plus aléatoires.
---= Le ménage 7 composé de l'épouse (répudiée), ses 2 en-
fants et l troisième enfant adoptif dispose comme revenu 1
- des produits de revente de tabac de l'épouse 1 le
tabac est acheté au grand marché par bottes pour 500 F
ou 600 F CFA de marchandise. Le tabac est pilé et re-
vendu en poudre emballée dans du papier à 5 F CFA le
sachet.
" Ce sont les voisins et voisines qui en achètent.
La marchandise (de 600 F CFA) peut faire 5 à 6 jours
parfois plus.
Ce n'est pas un grand (un véritable) commerce. Re-
vendre le tabac m'évite d'avoir à l'acheter pour ma
propre consommation. Une fois qu'on chique le tabac
on ne peut s'en passer même quand on n'a pas d'argent
pour se le procurer. Il en est de même pour les noix
de cola pour ceux qui en croquent. Parfois je peux
avoir 100 F CFA de bénéfice. Le bénéfice se limite
essentiellement à ce que je consomme et le peu que
je donne souvent à mes coépouses (femmes qui vivent
avec elle dans la concession, les femmes des frères
de son mari) ••• " (épouse du ménage 7)
- Le loyer de J maisons (petites pièces en banco au
sol uniquement crépi en ciment) mises en location
dont l'épouse est la propriétaire. Le loyer mensuel
serait de l 500 F CFA pour les 2 maisons à l pièce

- 287 -
(soit approximativement le treizième du SMIG mensuel)
et de )000 F CFA pour celle de 2 pièces (ou le sixième
du SMIG mensuel).
"Il faut ajouter que les locataires ne payent pas
régulièrement les loyers malgré la faiblesse du montant.
Je réclame sans cesse mais s'ils prétendent qu'ils n'ont
pas de quoi payer je ne peux qu'attendre.
Cela fait 4 mois que le couple qui occupe l'une des
maisons à 1 pièce ne me paye pas régulièrement le loyer.
Tantôt le mari me remet 500 F CFA, tantôt 1 000 F CFA
en me disant que c'est tout ce qu'il a en main. Blan-
chisseur, il occupe en outre la maisonnette qui se trouve
à l'entrée de la concession. Je lui demande 500 F à
750 F CFA pour cette pièce dont il a fait son atelier
mais rien de tout cela •••
Et si par dessus tout on arrivait à s'entendre •••
Tout récemment j'ai voulu fixer une porte à l'entrée
de la concession car jusque lA il n'yen avait pas et
personnes comme animaux (porcs, moutons, chèvres, ca-
nards, poules, pintades ••• ) rentraient à leur gré
dans la cour. Nous étions exposés à ces animaux qui
mangeaient tous les produits qu'ils trouvaient sans
qu'on puisse se plaindre à qui que ce soit. Il y avait
également les voleurs de nuit •••
Le blanchisseur s'est opposé à ce que je mette la
. porte car p~ur lui elle cacherait son atelier et il
perdrait ainsi des clients.
Malgré son mécontentement j'ai fixé la porte •••
A maintes reprises je lui ai demandé de partir et de

- 288 -
libérer la maison mais sa femme m'a toujours suppliée
de les laisser là car elle ne saurait où aller avec
ses enfants. Sa femme est très gentille, compréhensive
et elle me respecte beaucoup. C'est grâce à elle qu'ils
sont toujours là ••• " (épouse du ménage 7)
- Le fils aîné, tailleur rapporte au ménage les revenus
de sa couture •••
" Pas grand'chose ••• " déclare t-il.
" C'est à défaut d'autre gagne-pain ••• n
(1er fils du ménage 7)
---= Le ménage 10 se compose de la veuve et de ses 4 enfants
depuis la maladie du chef de ménage (boucher) il y a 5 ans
les revenus du ménage se résumaient qux produits de la vente
de riz assurée par l'épouse. Chaque matin elle préparait
10 kg de riz qu'elle revendait devant sa porte à 25 F CFA
l'assiette. Mais le décès du chef de ménage, le deuil, cons-
titue un obstacle à la continuité de la vie économique et
même de la vie •••
"Depuis le décès de mon mari j'ai arrêté de vendre le riz,
le temps de faire le deuil.
C'est maintenant que je réalise combien cette activité
nous aidait beaucoup. On vivait tous de ça. Quand je prépa-
rais le riz, le matin je servais à manger à chacun. Je pré-
levais une partie pour le repas de midi. Il ne me restait
qu'à procurer de quoi faire le repas du soir. Une tine de
mil pouvait me faire la semaine. C'est le peu de bénéfice

- 289 -
que je pouvais réaliser qui me servait pour l'achat de tout
le nécessaire pour la nourriture 1 bois, mil, eau et condi-
ments. Ce n'était pas toujours facile mais je ressentais
moins la misère qu'aujourd'hui où je ne fais rien. Notre peine
est encore immense devant le décès du chef de famille.
Voici J jours que je n'ai pas réussi à mettre la marmite
sur le feu à défaut du nécessaire pour faire la cuisine. Je
me contente de remettre 25 F CFA à chaque enfant pour s'ache-
ter une assiette de riz • • •
Si je sortais dès maintenant pour vendre le riz, les gens,
(l'entourage) me reprocheraient de faire le commerce si tôt
après le décès de mon mari. Je ferais l'objet de toutes sortes
d'insultes.
Mais dans ces conditions je serai plus ou moins amenée à
reprendre mon commerce. Autrement avec quoi vais-je nourrir
les enfants. Faut-il les laisser mourrir de faim ?? Vendre
le riz ne m'empêcherait pas de pleurer toujours mon mari que
j'ai perdu.
Présentement où j'ai tout à acheter pour faire à manger
il m'est impossible de préparer tous les jours. Quand je pré-
parais le riz tous les produits étaient prélevés là. En de-
hors du mil j'achetais juste un complément de condiments.
1
Pour le bois je prenais le reste utilisé pour la préparation
du riz. Quant à l'eau, un jardin se trouve non loin d'ici
et c'est là que je vais à,emander l'eau du puits. J'y vais
avec les filles et nous essayons de porter le maximum de
seaux. Seulement nous ne sommes pas les seules à fréquenter
ces puits et on ne peut avoir la quantité suffisante d'eau.

- 290 -
Au puits les gens se "battent" comme à la pompe sinon
plus parce que l'eau du puits ne s'achète pas. Mais il faut
attendre que les maraîchers (propriétaires de ces puits)
finissent d'arroser leurs cultures. De temps en temps j'a-
chète l'eau à la pompe pour compléter.
En ville presque tout s'achète et quand on n'a pas de
source de revenus c'est bien difficile de survivre. Pour moi
les choses se compliquent davantage car la famille est toute
aussi pauvre. Je ne peux attendre une quelconque aide d'elle.
Dans le temps on dépannait certains quand le chef de ménage
était en activité. Ce n'est donc pas aujourd'hui que je peux
me retourner vers eux pour une certaine aide. La peine de
chacun lui suffit •••
Tout cela pour dire que c'est maintenant que je me rends
vraiment compte combien la vente de riz nous faisait survi-
vre ••• It (veuve du ménage 10)
En attendant que la veuve reprenne son activité, ce mé-
nage serait donc sans revenu.
~~~_~~Y~UY~_E~~~~!~~~_~!_!~~~~2!~~_gh~~_!~~-~~~~gn~
Revenus précaires et instables semblent bien être le lot
des ménages d'artisans ou de tâcherons. Leurs chefs de ménage
sont à la merci d'une clientèle, elle même aux revenus de
plus en plus aléatoires •••
Le ménage 4 composé de Il personnes (le chef de ménage,
ses 2 épouses et leurs 8 enfants) expose
- Les revenus de l'artisanat assuré par le chef de ménage
mécanicien il répare les engins à 2 roues au bord d'une
grande rue.

- 291 -
Combien pouvez-vous encaisser à peu près par jour ?
- Le prix
d'une réparation va de 25 F CFA (nettoyage
d'une bougie de mobylette) à 300 F CFA ou plus. Le prix
est fonction de la nature de la panne.
!~-~~~!~-~~~-~~~!~~_2~_!~_~~~_g!ff!2!~~_~~_f~!~~
Q2!E~~~. Tout dépend de ce que le "Tout Puissant" nous
"met entre les mains" (donne).
Quelquefois je peux encaisser l 000 Fol 500 F CFA
par jour tout comme il y a des jours où je n'ai aucune
réparation. Là j'occuppe le temps à regarder les passants
et à peine si je ne souhaite pas que quelqu'un se dirige
vers nous parce qu'il est en panne. Il faut le dire, je
vis des pannes de vélos et de mobylettes. Et plus il y
en a et plus c'est grave et mieux ça vaut pour nous
autres mécaniciens.
Sur cette (même) place nous sommes 3 mécaniciens à
collaborer. Chacun de,nous a sa propre clientèle. Autre-
ment quand un nouveau client arrive il se présente à
qui il veut ou à celui qui est disponible ••• Comme je
disais, on ne peut faire des comptes. L'argent gagné
est en partie utilisé aussitôt pour les dépenses cou-
rantes. Il m'arrive souvent d'attendre de faire des
réparations avant de retourner à la maison pour donner
l'argent des condiments à l'épouse qui est de cuisine.
Le j our où le "marché a été fn' Jtueux", c' es t à dire
le jour où je réalise de bonnes affaires avec l 000 F
CFA en poche j'essaye dans la mesure du possible de
faire des économies pour les mauvais jours ..... (chef
du ménage 4)

- 292 -
- L'autre revenu du ménage se résume aux produits de
revente de riz de la 1ère épouse. Chaque matin elle
prépare 8 à la kg de riz •••
"Faut-il parler de bénéfice ? quand je fais le riz
je sers à manger chaque matin à toute la famille. Ce
qui évite l'achat de petit déjeuner. Les enfants se ser-
vent à chaque fois qu'ils ont faim. Avec 6 enfants ils
consomment et pour moi c'est le plus gros bénéfice réalisé.
Préparer le riz demande surtout trop de peine pour pas
grand'chose CA) •
outre le riz acheté, il me faut les condiments, le
bois, l'eau etc ••• et tout coûte cher. Les condiments
me reviennent à l 500 F CFA ou 2 000 F CFA à cause de
la viande comprise. (Les morceaux de viande contenus
dans la sauce sont revendus à part à 25 F ou 50 F CFA
le morceau).
Quand je réussis à tout vendre je peux avoir 150 F
ou 200 F CFA de bénéfice par jour. Mais souvent il y a
des restes, alors consommés par la famille et là je ne
peux récupérer l'argent "englouti" ••• (1ère épouse du
ménage 4).
(A.) Un décalage d'attitude s'observe à travers les propos
de cette épouse pour qui "préparer le riz demande surtout
trop de peine p~ur pas grand'chose" (même si le plus gros
bénéfice reste la part de riz consommée par la famille) et
les propos de la veuve du ménage la qui réalise combien
la préparation du riz contribuait largement à faire vivre
le ménage. Mais la dernière ne réalise t-elle pas après
coup de l'importance de son activité. Et un proverbe Mossi
de dire :"il faut avoir un fUroncle aux fesses pour savoir
l'utilité des fesses ••• "

- 293 -
~~~_~~Y~B~~_E±~~_2~_~2!B~_!~E2~~~~~_~~!~_!~~~~!!~~~
2h~~_±~~_E~~!~~_E~~~2~~_~:~B~~~E~!~~
Les ménages de petits patrons constituent des ménages
aux revenus relativement importants mais irréguliers •••
Le ménage 28 compte 15 personnes (le couple, leurs Il
enfants, l cousin et l nièce du chef de ménage). Leurs re-
venus se composent 1
- des profits tirés par le chef de ménage de son en-
treprise de peinture (où travaille une vingtaine d'ou-
vriers). Ce revenu n'a pas été évalué.
- des bénéfices dégagés par une buvette appartenant au
chef de ménage mais tenue par l'épouse.
nA peine je réussis à vendre quatre caisses de 20
bouteilles par jour. En outre la boisson est souvent
vendue à crédit. Il faut attendre les fins de mois pour
récupérer certaines sommes. Ainsi le bénéfice n'est pas
énorme ••• Seulement quand un étranger arrive on peut
lui offrir de quoi boire même si on ne dispose pas d'ar-
gent sous la main •••
Lorsque je fais des offres à des étrangers, à des
visiteurs de la famille au retour du chef de ménage, je
lui fais part de ces offres. Cela dépanne beaucoup, au-
trement devant certains étrangers ce serait parfois la
honte car ce n'est pas toujours que j'ai de l'argent
sous la main ••• n (épouse du ménage 28)
- Notons en outre les revenus de couture et de broderie
de la fille aînée.

- 294 -
- La bourse mensuelle de 37 500 F CFA de la seconde
fille.
Tout comme les autres ménages aux revenus relativement
importants, les ménages de petits patrons comptent un
nombre important d'individus 1 15 personnes pour le
ménage 28.
Les revenus des ménages de non salariés ou d'indépendants
comprennent également des revenus annexes outre les princi-
paux revenus. L'irrégularité reste la caractéristique commune
des principaux revenus de ces ménages. Cependant des situa-
tions de revenus très diversifiées se retrouvent parmi eux.
Les ménages des agriculteurs, des petits commerçants et
des artisans connaissent des situations de revenus plus ou
moins précaires alors que les ménages de petits patrons et
de gros commerçants appartiennent plus ou moins à la catégo-
rie des privilégiés où "la peur du lendemain" même si elle
existe, secoue moins.
f~§_~~Y~U~§_g~~_~~U~g~~_g2U~_!~_gh~f_~~~_!U~2~!f
Les ménages des inactifs (chômeurs, handicapés ou person-
nes âgées) frôlent des situations de revenus plus ou moins
critiques selon que les revenus des autres membres du ménage
sont consistants ou aléatoires ou selon la présence de reve-
nus indirects (cas de pensions touchées par les veuves de
salariés défunts) •••

- 295 -
Le ménage 6 composé de la personnes (le couple, leurs 7
enfants et le neveu de l'épouse) doit se contenter (le chef
de ménage étant au chômage, donc sans revenu) :
- Des revenus de la revente de bois de l'épouse:
Elle achète ses fagots de bois chez des transporteurs
pour 400 F ou 500 F CFA de marchandise. Le bois est
fendu en petits morceaux et revendu par tas de 50 F CFA.
"Dans le temps je réussissais à acheter le bois par
charretée mais quand on brûle une partie pour la prépa-
ration du repas familial et que le peu de bénéfice réa-
lisé est utilisé pour l'achat des condiments ••• la
taille du commerce diminue au fur et à mesure. Je ne
réussis pas à récupérer l'argent investi et au fur et
à mesure j'achète le bois avec le peu d'argent qui me
reste. Le jour où j'ai un peu de bénéfice je complète.
Pour faire un véritable commerce de nos jours il faut
un important capital de départ •••
Les 500 F CFA de bois que je revends peuvent faire
4 à 5 jours. Et en comptant sur cet argent pour faire
la cuisine ce n'est pas étonnant que la marmite ne va
pas sur le feu tous les jours ••• 11 (épouse du ménage 6)
Il semble que les principaux revenus du ménage de-
meurent présentement :
- la bourse de 8 000 F CFA du fils aîné (élève en ter-
minale) et celle de 8 000 C CFA également du second f~ls
élève de seconde.
IILa bourse nous arrive souvent avec d'énormes re-
tards ••• 11 disent-ils.

- 296 -
- A côté de sa bourse le fils aîné procure au ménage
les loyers (de la location) d'une charrette: en effet
il dispose d'une charrette et d'une barrique qu'il loue
à quelqu'un d'autre pour le transport de l'eau (lui mê-
me ne pouvant pas faire le "porte à porte" pendant l'an-
née scolaire pour revendre l'eau). La location du véhi-
cule (charrette et barrique) lui rapporte 250 F CFA par
jour de location (car le véhicule est loué au jour le
jour). Mais dit-il:
"Ces ·sommes sont souvent utilisées pour réparer la
même charrette en mauvais état : moyeux, chambres à air,
pneus, souvent usés ••• " (fils aîné du ménage 6)
- Le neveu de l'épouse (pompiste) touche quant à lui
un salaire mensuel de 15 000 F CFA.
- Le ménage 34 composé de 7 personnes (dont la veuve, ses
2 enfants, sa petite fille, 2 enfants des amis et l domes-
tique) dispose :
- de la pension trimestrielle (du chef de ménage défunt,
qui de son vivant était infirmier) touchée par la veuve.
- la fille aînée (secrétaire) rapporte au ménage son
traitement mensuel.
- l'individu 7 (fille d'un ami) employée de bureau
perçoit un salaire mensuel.
Les ménages des inactifs ne constituent pas une catégorie
homogène et une très grande disparité de revenus s'observe
les revenus des ménages 6 et 34 en sont des exemples.

- 297 -
A travers les revenus des ménages 34 il apparait que pour
les ménages des veuves inactives (voire actives cf ménage 10)
le statut du chef de ménage défunt est à considérer. L'allure
des revenus dans ces ménages reflète celle des revenus de
la catégorie d'appartenance du chef de ménage de son vivant.
Selon la catégorie socio professionnelle du chef de ménage
les revenus (provenant des activités ou revenus à cycle court)
des ménages présentent des disparités apparantes. Aussi loin
chez les salariés que chez les non salariés il existe des
catégories sociales dont les activités procurent des revenus
plus ou moins importants tandis que d'autres catégories sont
réduites à des activités rapportant de faibles revenus.
A la disparité des revenus (provenant des activités) des
ménages ainsi décrite selon la CSP du chef de ménage, celle
entre revenus masculins et revenus féminins retient notre
attention.
b)Disuarité entre revenus masculins et féminins
--_._----------------------------------------
La personnalisation,l'auto gestion des revenus que nous
développerons plus loin dans l'analyse des modes de disposi-
tion des revenus renforcera davantage cette position.
D'ores et déjà le dimorphisme sexuel des revenus se pro-
file derrière les acquisitions et les apports des hommes et
des femmes dans les ~énages.
En effet dans les ménages, les hommes peuvent prétendre
moyennement à des revenus plus ou moins importants même si
ces revenus n'échappent pas au caractère aléatoire dû au

- 298 -
chômage, aux cycles plus ou moins long de rentrées d'argent,
aux aléas du marché intérieur etc ...
En revanche chez les femmes (où l'écrasante majorité est
réduite à la petite production marchande 1 J4 sur 40 femmes
actives dans l'échantillon.Jta prétention à des revenus im-
)
portants semble exclue 1 leurs revenus connaissent un cycle
court (journalier pour la plupart); arrivant plus rapidement
au ménage mais il s'agit de modestes revenus voire le plus
souvent insignifiants (financièrement). En témoignent les
rentrées journalières d'argent avancées par les épouses.
En reprenant l'exemple du ménage JJ (ménage de gros com-
merçant) l'épouse chiffre les revenus de son activité à
JOO F ou 400 F CFA par semaine. C'est là une somme qui parait
bien dérisoire à côté des revenus que son mari peut tirer de
sa boutique de pagnes.
Dans de pareils cas on est tenté de se demander p~urquoi
le maintien d'une telle activité chez la femme?
Est-ce toujours le poids de la tradition où (comme nous
l'avons mentionné dans la présentation de la société mossi)
la femme mossi a toujours disposé d'un revenu propre pour
contribuer aux besoins du ménage ?
Est-ce aussi l'influence des relations sociales avec tou-
tes les valeurs sociales et symboliques qui les accompagnent
relations sociales que les activités des femmes permettent
d'entretenir?
Sans revenir sur les cas de revenus féminins précédemment
exposés d'autres épouses décrivent ainsi le fruit de leurs
activités :

- 299 -
---= La veuve du ménage 12, fabricante de dolo assure sa
prépa~ation une fois par semaine, le mercredi est son jour
de dolo.
Pour chaque préparation elle achète J tines de "mil germé"
(.t) à 1 750 F CFA la tine.
Elle se procure également un chargement de bois à 4 000 F
ou 4 500 F CFA (l) ; J barriques d'eau à 125 F CFA la barrique.
Il faut aussi compter JOO F CFA pour écraser les J tines de
"mil germé" en farine.
Ces dépenses en matières premières (mil germé, bois,
eau ••• ) représentent un important investissement.
Avec les J tines de mil germé qu'elle prépareJ jours
durant, elle tire 6 à 7 canaris de dolo, plus les canaris
de "lenga" qui accompagnent les autres comme cadeaux lors
de la vente.
Pour raison de vieillesse l'épouse ne tient plus de caba-
ret. Ses 6 à 7 canaris de dolo sont livrés à des revendeuses
à 1 750 F CFA le canari •••
"Pour la livraison du dolo chez les revendeuses je porte
souvent mes canaris de dolo sur la tête. Ce qui m'évite les
frais de transport qui remontent à 75 F CFA le canari. Autre-
ment on n'a plus rien comme bénéfice.
La préparation du dolo demande surtout trop de peine pour
un faible gain. On est toujours au contact du feu et de la
chaleur. Et le bénéfice se limite à environ 500 F ou 750 F
CFA (pour les J Jours de travail) tantôt plus mais souvent
(~) Une tine de mil germé pèse environ l5,J Kg
(i) Le bois n'est pas utilisé en totalité et le reste sert
à l'usage domestique.
1
l!>,

- 300 -
moins. Le bénéfice c'est surtout ce que les gens de la con-
cession consomment. Le jour de dolo je sers à boire aux uns
et aux autres. Ils sont tous contents et me formulent des
bénédictions. Je récupère aussi la levure pour mes sauces ••• "
(veuve du ménage 12)
On peut ajouter en outre comme autres bénéfices en nature
de la dolotière 1 le charbon de bois récupéré dans les feux
de cuisson qui peut être réutilisé pour la cuisine ou revendu,
ainsi que les tourteaux ou déchets revendus à des éleveurs
de porcs pour la nourriture des animaux.
Outre la confusion plus haut citée, consommation en nature
et bénéfice, le plus frappant est bien que la dolotière met
sur le même plan que ces bénéfices en nature ou le bénéfice
(hasardeux) en argent, le bénéfice moral ••• de la bénédiction
de son. entourage et des clients.
---= L'épouse du ménage 20 est revendeuse de noix de cola.
La cola provient des pays forestiers voisins. Une fois
à OUagadougou, les panniers de Cola sont livrés aux commer-
çants du "Gour zaka"; "maison de la cola". C'est chez ces
derniers que s'approvisionnent en paniers de cola les com-
merçants des marchés, qui les revendront à leur tour par
"wamdé" , "équivalent de 100 noix de cola" ou au détail.
L'épouse du ménage 20 achète la cola au grand marché par
"wamdé" à l 750 F CFA et elle la reve;'.d par noix à 15 F, 25 F
ou 35 F CFA suivant la grosseur.
Si le marché a été fructueux le "wamdé tt de cola peut être
vendu en deux jours. Ce qui procure 200 F ou 250 F CFA de
bénéfice.

- 301 -
"Parfois je n~ réussis pas à récupérer l'argent investi:
si je tombe sur des mauvaises noix ••• ou bien telle ou telle
personne âgée qui en croque se présente et m'en demande sans
avoir de quoi payer.
Il suffit d'offrir plusieurs noix et après il n'y a plus
de bénéfice. Nombreux sont ceux qui achètent à crédit et
prétendent payer à la fin du mois. Mais à la fin du mois
toutes les dettes ne sont pas récupérées et il faut attendre
d'autres fins de mois ••• " (épouse du ménage 20)
---= L'épouse du ménage 2~ quant à elle tient une buvette,
une maisonnette où sont disposés 5 à 6 bancs et quelques
petites tables pour les clients.
"Maintenant qu'il y a des buvettes un peu partout la
boisson ne se vend pas beaucoup. Il y a des jours où
la vente se limite à 3 ou ~ caisses de 20 bouteilles
ou moins.
Entre l'achat des barres de glace pour raffraichir,
la boisson, les reventes à crédit et les dons, le bé-
néfice demeure insignifiant, s'il ne disparâit pas.
Quand un étranger arrive dans la famille il faut
lui offrir à boire. C'est gênant de lui porter de l'eau
quand il y a de la boisson en vue. Certains, sachant
qu'il s'agit d'un "gagne-pain", refusent d'en prendre
mais le plus souvent l'offre est acceptée. Il suffit
qu'il arrive 5 ou 6 personnes dans l~ journée et il
n'est plus question de faire de bénéfice ••• n (épouse
du ménage 2~).

- )02 -
L'activité commerciale des femmes comme on peut le cons-
tater, exposée à la faiblesse de la clientèle, aux aléas du
crédit, à la fragilité même des produits car périssables,
est en effet grevée par la consommati~n familiale dont elle
n'est pas assez séparée
l'activité commerciale se trouve
plus ou moins "mangée" au sens propre par la consommation
domestique.
Par ailleurs les activités des femmes demeurent peu ren-
tables financièrement parce qu'elles échappent au calcul de
rationalité économique.
D'ores et déjà du fait que ces activités se déroulent
dans la sphère domestique, la force de travail qui se trouve
investie est considérée comme gratuite au même titre que
dans le cadre des activités ménagères. Ainsi l'épouse qui
assure ses activités (elle-même) n'introduit pas la valeur
marchande de sa dépense de travail dans le prix de revente
de ses produits même si la peine, la fatigue physique, l'u-
sure ••• occasionnées par ces travaux ne manquent pas d'être
exprimées.
Il Y a aussi le fait que l'activité des femmes fait l'ob-
jet d'une gestion difficile 1 la logique du calcul rigoureux
ne s'impose pas toujours. On compte au coup par coup, si
même on peut vraiment compter car, pour reprendre les dires
de l'épouse du ménage 2 1
"l'argent n'attend pas les comptes ••• "
Le système de crédit en chaîne signale par ailleurs l'i-
nexistence ou la faiblesse du capital de départ : en effet

-
)0) -
si certaines épouses ont recours à une aide du mari, à des
aides ou des prêts d'autres parents ou amis, à l'argent reçu
en cadeau lors de leur mariage ou lors du baptême de leurs
enfants ••• d'autres n'ont recours qu'au crédit pour démarrer
ou pour poursuivre leur activité.
TOus ces facteurs expliquent pour une bonne part la faible
rentabilité financière de l'activité commerciale des femmes.
Mais pour les intéressées il n'y a pas que le bénéfice en
argent qui compte •••
Au delà de la consommation domestique assurée dans le
ménage (ou même à l'extérieur), l'activité des femmes fait
l'objet de "bénéfices symboliques" telles les bénédictions,
les louanges •••
Ainsi la dolotière est socialement considérée comme celle
qui par son cabaret anime le quartier 1 des dolotières re-
nommées à Ouagadougou avaient souvent dans leur cabaret des
chanteurs et des danseurs pour donner du spectacle gratuit
aux consommateurs et au public.
La vendeuse de riz assure la "cantine populaire" (autre-
ment inexistante). Elle est la "mère de tous". "Racompa man"
on la désigne particulièrement, "mère des hommes célibataires"
grâce aux produits de ses marmites, elle nourrit (contre de
l'argent certes). Cela importe davantage pour les hommes cé-
libataires quand on sait que généralement dans le milieu les
hommes ne font pas de cuisine si ce n'est leur profession.
A travers ces différentes manifestations la question de

-
)04 -
l'influence des "bénéfices symboliques" sur le maintien de
certaines activités féminines trouve des justifications.
Mais par ailleurs rappelons nous que d'autres valeurs sym-
boliques peuvent contribuer à l'arrêt des activités féminines.
C'est le cas du deuil qui socialement interdit l'activité
féminine pour un temps plus ou moins long.
Les revenus des ménages ci-dessus traités constituent
les ressources que les ménages tirent de leurs activités
principales et annexes. A ces ressources s'en ajoutent d'au-
tres complémentaires, elles aussi en nature ou en argent ;
connaissant cependant un cycle plus ou moins long ou épi-
sodique.
C) ~~~_~~Y~~~~_~~!_2~2!~~_E!~~_2~_~2~~~_12~g~_2~_~E!~2­
~!q~~~-~~~-~~~~g~~
Sans nous étendre nous énumérons 1
1°) L'auto-fourniture
-----------------
Au delà de la force humaine qui se trouve intensément
investie dans la vie domestique des ménages, l'auto fourni-
ture en produits s'observe notamment dans les ménages qui
disposent d'un champ ou d'un jardin 1 ces ménages se procu-
rent outre les récoltes, des produits annexes tels que le
bois, les condiments cultivables ou sauvages, les fruits etc ••
2°) ~~~_~ygu]~g~~_~n_n~]~r~
Ce sont les produits en nature dont bénéficient certains
employés de maison •••
Pour des fonctionnaires ou de petits patrons, une tournée

1
- J05 -
en brousse est souvent mise à profit pour acheter à meilleurs
prix le bois, le mil, la volaille etc •••
JO) Les dons ou les aides
---------------------
Ils s'opèrent dans le cadre des relations familiales et
de connaissances et à travers eux certaines valeurs sociales
de la parenté ou des liens d'amitié se trouvent appréciées.
Ainsi dit-on: "Rogoma yond la rinda ••• ", "là se situe, se
manifeste l'intérêt de la parenté" ; "zoodo wa nin kouni ... " ,
"l'amitié appelle aux dons, aux cadeaux ••• ".
Dans les ménages les dons ou les aides sont de toutes
sortes. On peut différencier
a) g~~_E~2g~!]~_~~_~~]~~~_[2~!~_E~~_g~~_E~~~~]~_~~~!Qgg]
~~-y!!!~g~
Les ménages reçoivent au moment des récoltes des tines
de mil, des épis de maïs, des paniers d'arachides ou de pois
de terre ou de haricots ••• etc des parents résidant au
village. Ces dons semblent plus réguliers lorsque les ména-
ges en question hébergent des enfants directs des intéressés
au village.
"Au moment des récoltes nous ne manquons pas de produits
frais 1 les uns nous apportent du maïs, les autres du mil,
du haricot ••• Les femmes nousenvo13nt différentes feuilles
pour la sauce. Les parents au villaGe ne nous oublient pas.
Même lorsqu'ils viennent en simple vis~te ils nous offrent
un coq ou une pintade ••• ". (épouse du ménage 15)
"Lorsque les parents au village font de bonnes récoltes
ils nous envoient des céréales, tantôt une tine de mil,

-
)06 -
tantôt une tine de sorgho ••• C'est une preuve qu'ils pensent
à toi. De ton côté tu leur dois reconnaissance.
En tant que salarié tu peux de temps à autre leur offrir
500 F CFA pour leur cola ou leur tabac. La vie est faite
d'entraide.
Seulement à cause des mauvaises saisons répétitives le
paysan qui cultive ne retire rien de son champ. Cette année,
(L 984), il semble que dans notre région (à Ziniaré), les
récoltes seront catastrophiques. Les pluies demeurent insuf-
fisantes. Les paysans ne récolteront que des tiges et des
bambous • • • de quoi nourrir des animaux mais pas les hommes.
Dans ces cas comment faire des cadeaux quand on ne récolte
pas de quoi nourrir sa famille? C'est difficile •••
Pour nous autres en ville les choses ne sont pas moins
difficiles. Un ouvrier comme moi ne gagne pas suffisamment
de quoi couvrir ses propres besoins et ceux de son ménage.
Avec quoi pourrais-je faire des cadeaux à des parents même
si j'en ai envie. L'envie ne manque pas mais c'est la capa-
cité, les moyens qui font défaut.
Désormais, l'aide, les cadeaux se résument essentiellement
,
aux bonnes paroles, aux sages conseils. Si l'intéressé est
malade et que tu connais des plantes qui puissent le soigner
tu peux lui donner des conseils ou même aller lui chercher
le médicament.
Quant à l'argent il se fait de plus en plus rare pour
nous ••• n (chef du ménage 41).
b) ~~~~~~~_~~~_~!g~~~~
Certains migrants envoient de l'argent aux ménages du

- J07 -
lieu où ils se trouvent. D'autres attendent leur retour au
pays pour offrir des noix de cola mais aussi de l'argent •••
"Quand les uns et les autres reviennent de Côte d'Ivoire
et qu'ils transitent ici avant de se rendre au village ils
nous donnent toujours quelque chose 1 directement à nous ou
indirectement aux enfants.
Il y a deux jours, un des frères du chef de ménage rentrait
de côte d'Ivoire. Il m'a offert 2 000 F CFA; somme qui a
bien fait mon affaire car c'est avec ça que j'ai pu acheter
le tas de bois pour la cuisine ••• " (épouse du ménage J)
c) ~~~_~~g~~y!_g~~_g~n~~~_2y_g~~_~U!~~~
Des gendres ou des enfants font plaisir ou vont jusqu'à
entretenir des ménages. Mais en la matière tout est fonction
des capacités et des rapports affectifs.
"Le mari de ma 1ère fille s'occupe bien de nous 1 tantôt
un sac de mil, tantôt de l'argent. Les moments du carême il
nous apporte des paquets de sucre pour la boisson ••• " (1ère
épouse du ménage 27)
"A la fin du mois les enfants qui travaillent nous font
de petits plaisirs. Ils nous donnent de quoi acheter le sa-
von ou autres produits. Ils aident un peu leur père pour les
dépenses courantes de la famille ..... (épouse du ménage 29).
Dans les ménages de oersonnes âgées, l'aide des enfants
peut couvrir une entière prise en charge : ainsi des ménages
de veuves qui sont à la charge de leurs enfants.
"N'ayant plus de force pour une quelconque activité je

- )08 -
suis à la charge de mes enfants. Mon fils aîné réside dans
la cour avec sa femme et leurs enfants. Quand sa femme fait
la cuisine elle nous (mon dernier fils, mon neveu et moi)
apporte à manger. Autrement je me débrouille avec ce que les
uns et les autres me donnent ••• " (veuve du ménage 14).
Aux côté des revenus principaux, des revenus annexes,
les revenus à caractère occasionnel ou épisodique occupent
également une place non négligeable au titre des revenus
des ménages. Dans certains ménages ne constituent-ils pas
en fait les principales ressources (cf ménages des personnes
âgées
qui n'ont plus de force pour travailler et qui ne font
pas non plus l'objet de revenus indirects telles les pensions .. ,
~) g~~!g~~~_2È~~rY~~!2~~_~~_!~~_r~y~~~~_~~~_~~~~g~~
La présentation des revenus des ménages conduit aux re-
marques ci-après :
1°) ~~_r~~!~_~~_~2~È!~~!~2~_~~~_r~y~~~~_~~~_!~~_~~~~g~~
Les revenus des ménages ne se réduisent pas aux princi-
paux revenus. Des revenus annexes dont certains gardent le
caractère épisodique s'y rajoutent.
Du point de vue des sources de revenus on ne saurait li-
miter les revenus du ménage au (x) revenu (s) du chef de
ménage. Il faut y associer les revenus de ou des épouses,
des e~lfants, des autres parents ou des satellites.
De part et d'autre dans les ménages il apparait.la volonté
de multiplier les sources de revenus. Pour les ménages des

1
- )09 -
î
catégories inférieures la multiplicité des sources de revenu
1
1
répond avant tout à une nécessité.
!
Dans les ménages ouvriers ou de personnels de petits ser-
1
i
vices les salaires des chefs de ménage frôlent le salaire
i
i
1
minimum et suffisent à peine à l'entretien de la force de
1
travail des intéressés. Tout se passe comme si ces ouvriers
et ces personnels de service ne devaient pas mourir et comme
si la force de travail ne demandait pas à être renouvelée.
L'insuffisance du salaire amène ces derniers à chercher
d'autre (s) source (s) de revenu parallèle (s) ; d'où les
activités secondaires. Les femmes et les enfants (ou d'autres
membres) dans ces ménages sont plus ou moins contraints d'a-
voir des sources de revenu. Cela est d'autant plus nécessaire
que le nombre des enfants croît.
Dans les ménages de catégorie moyenne ou supérieure (fonc-
tionnaires ou petits patrons) la multiplicité des sources de
revenu répond au besoin de consolider et d'élever davantage
le revenu du ménage.
Si la volonté de multiplier les sources de revenu touche
toutes les catégories ou presque, M. HALBWACHS (J)montre
cependant que l'effort exigé pour la multiplication des
sources de revenus dans les ménages sera plus ou moins consi-
dérable selon que les ménages appartiennent à des catégories
inférieures ou supérieures.
En ce sens les ménages des catégories inférieures aux
sources de revenus multiples ne "craignent-ils pas ou
~!. ) Maurice HALBWACHS : "La classe ouvrière et les niveaux
,
de vie"
Thèse pour le doctorat présentée à la Faculté des lettres
de l'Université de Paris.
2ème Edition l 970

1
- 310 -
1
,
craignent-ils encore moins l'effort?
1
1
La possession de certains biens de consommation par les
ménages peut contribuer à la multiplication de sources de
1
revenus. C'est ainsi que dans les ménages certains biens
!
sont, plus que des biens de consommation ; des biens qui
participent à la production de revenu.
Plus généralement à Ouagadougou des mén~ges qui disposent
de l'eau courante chez eux en font la commercialisation
au voisinage. Le congélateur du ménage, en même temps qu'il
conserve les produits pour la consommation est utilisé pour
fabriquer de l'eau sucrée et glacée (mise dans des petits
sachets) et vendue aux enfants. Des véhicules servent au
transport des céréales et du bois achetés à meilleur marché
dans les villages etc ••• On ne saurait oublier les maisons
qui sont sous-louées ou transformées en espace de vente
(cabaret, buvette ou atelier etc ••• ). Mais encore faut-il
posséder des biens.
Le tableau L~ résume par catégorie socio-professionnelle
du chef de ménage les ménages qui disposent ou qui ne dis-
posent pas de tels biens et pour ceux qui en disposent de
quel(s) bien(s) il s'agit.

- )11 -
TAt;J.EALJ 2.}: PaJJESJiofl}
PE
J,i(;llJJ

COIIJJOnnflTiOlll
T(?RnJJFOIl MÉs..
e IV
t1 ~; J--O I\\J S
VéHiClJL liS
Ov
..QI")
1 Cil ~IHW'
ou
OCl(/E'TT1:
VOiTVIi~ 1 ClmR~ErrE
COVOllé.
1
com6É~RT~vR~
.lOc..et T'ioN 10"
ItTE.J.iEP.
1
:
[OU"~;I:R~ 1
~~
1
fltlvllC;é
®
1
Hé-lVfKJ€
(f)
~/
N~~~
1
1
f1tl1f1(;~ @
1
rJEiutr:.é
@
,Y/iroflfj€
@
ni(IJlI(r E @
I~~ 1
1
PtfJ.hCfMJE). 0 t:
1
1
(Pin' ,rs )SEiRVices,
nillJflG t Ci)
1
nÉtUACzE ®
11H16 E"W
1
nifIJflGE@
1
nÉmrUjE @
x.
1
1
l1ùJfl61i W
nÉl1JllGE @
1
'/.
neroR6é ®
* )e- cfiamp apfMiif df;a..... cemme ..-un l:u.ën d~ 'f'roduJiO'l mab-J n~.Je /JeJtnoM
féJJlr)o.. },&Ie
ccmple-
jeFUl
d~
Jon
dauJ:J"
J..uJaqe... .

- )12 -
-rR t3LERU
(~Vi,E ).
("IR i cfo IV j
VEHiCUl-~S
Rl:F1l,6 ÉIIftU{)/lS MIIGl/iIIld 1
CIIIII'IPJ.;.-
,
EnJ
1
OU
ff
CRBflRET
,OV
BUIiETTé
J.OW,i()llJ 1au fheJ.IEA
1/0irW1é'
r CHflRI?~'
earu6b.ATEtl/IJ
lotJOP.E" .
1
1
IPt~/l/l)(//n'l
,1
:,/onJta~;;:
,
1
ci la ï
'YroJ~_ J
1
1
nEflJR(jt: 0)
r
'/.
'1.
y:
1
1
nEIbR"F{~)
J
1
)<.
nElVfI&é @
1
1
,
n~Il>R6E ~
1
f.
r
{l HM6E@
1
,
1
'lm;li ï;;;i-t-~10.1
1
1
1 ttlroi}
,
1
/ë:.
1
- - - -
1
1
flEfVfIfrE fi)
1
1
1
!
IlION JRJ.RAiÉJ
1
ou
1
1
.J: fVOE PEnJI}flnJïJ
1
1
1
1
1
RGl{lCtJJ.TEIJR,f
1
1
1
nEIVR6l:@
y
1
1
nEfvR6~@
1
Y..
1
n(;roIl6E~\\
1
)(
nE /\\)R cr ECiJ)
J
x
1
)<
,
1
nÉf1lfl6f @
·X
1
1
1connE~SAI\\JJs 1
1
1
llefUR6.(gJ
1
x
1
IlE'ruRal: @
l
1
1
1
1
1

1
- J1J -
:1
~
"TflikE.AU
11-: \\..suiïE ).
i
1
1
1
1
nR iJONS
C/I'lM F'j "1l-
VEHicULES
1
~EFII'6éMTeIJ? H1/{/t;IVE~
j
1
1
C'1le.A~ 1: T
1
OL)
~
[fi) ;'OCI11;DIII\\ OU ~OVE<TE
VOiTlJflE
CHI1IlfJ,E17E
()l)
HI € Ai EP,
(OIt\\S~ R1€ /Xld
couDAi:
1
1
1< PeT; ï c.onnERCli ou
flI Il G ~5
,
1
Dé~ fU"lnn JE ULIS J
1
tlÉtUR GE. (i)
'1..
1
1
nùbIl{;[ @
1
1
,..,ÉIVnt,f 0J
1
1
r1ùDllfrG @
1
Y.
nàuR6é @
1
1
f'IÉflJlI(,t; §
1
r
ln p,TiJl1N )
1
i'1É(I)Rfr~Q
1
1
\\
1
/PETig. pnROIIJ5 1
l'
;<
""É1lJR6f3 @
1
X
t<
1
,." lirufifiE' (fj)
1
f<.
x
1
1
ifVACTiFS
1
-
1
ï'/ElbIl6E (J;)
1
X
1
r'œ~1Gé 0
1
l'Itml16E @
1
1
r-1&flJIl6é@
1
1
1

- 314 -
Au delà des champs, des charrettes, des cabarets ou ate-
liers que l'on retrouve dans des ménages de catégorie moyen-
ne ou inférieure, les autres biens 1 voitures, réfrigérateurs
ou congélateurs ••• constituent des biens de luxe (comme
nous le verrons) et demeurent essentiellement des posses-
sions de ménages de catégorie supérieure.
Les ménages ouvriers semblent ici les ménages les plus
démunis de ces biens (de consommation - production).
2°) La constante intrication et à tous les niveaux du revenu
--------------------------------------------------------
Les revenus de ces ménages (urbains) ne sauraient être
réduits aux revenus monétaires. Selon les cas les revenus
en nature servent de support aux revenus monétaires ou vice
versa.
Cette constante intrication de revenus monétaires et non
monétaires s'explique de part et d'autre par le maintien
du travail de la terre et l'auto consommation de ses pro-
duits ou d'autres produits annexes, par la petite produc-
tion (pour la consommation et pour le marché) notamment
assurée par les femmes, par les relations d'échange qui
existent entre les ménages urbains et leurs "racines" au
village ou par les salaires indirects ou avantages en na-
ture dont bénéficient certains salariés etc ••• Selon les
situations de revenus (monétaires et non monétaires) des
ménages, 4 cas de figure peuvent se présenter distinguant
- les ménages aux revenus monétaires et non monétaires
im~ortants.
- les ménages aux revenus monétaires importants auxquels

- )15 -
1
,
s'ajoutent de faibles revenus en nature.
1
les ménages aux faibles revenus monétaires mais sou-
1
tenus par d'importants revenus en nature.
1
1
- les ménages aux faibles revenus aussi bien monétaires
1
que non monétaires.
1
L'intrication des revenus monétaires et non monétaires
1
sera d'autant plus nécessaire ou d'autant plus marquée que
les différents revenus seront de part et d'autre rénuits.
1
Il aurait été intéressant de traduire sur un schéma la
distribution des ménages en fonction des 4 pôles ci-dessus
mentionnés mais l'absence des proportions quantifiées des
différents revenus des ménages pose le problème des échelles ••
Les revenus monétaires appellent davantage au chiffrement.
Ainsi les ménages comptent et chiffrent leurs revenus même
si dans de nombreux cas le comptage demeure difficile,
(cas des revenus faibles et irréguliers). C'est dans ces
mêmes cas que la rigueur, la rationalité, économique à long
terme s'applique difficilement.
4°) ~ê!~_~!_!~~_E~Y~~~~_~~~_~~~êg~~_~~_2h!ff~~~~_!!_~~
fê~~_~~~~2~~_Eê~_~~~~~~~_1~~~_~2~~~~1
La question se montre embarrassante devant le sujet ta-
bou des montants de revenus.
Le secret pèse d'autant plus que les revenus sont im-
portants.
,
. i

J16 -
Dans les ménages de fonctionnaires, de petits patrons,
de gros commerçants aux revenus relativement importants
(où plus généralement se rencontrent des cas de pratiques
clandestines 1 bakchichs, dessous de table, petits ou gros
trafics, ponctions diverses ••• ) le secret sur le chiffre
du revenu devient par ailleurs il est vrai 1 la règle.
5°) Q~E~ng~~_b~~_~~n~g~~_~~!_r~Y~n~~_!~E2r~~~~_~~EE2r~~n~
~n_n2~2r~_!~E2r!~!_g~!n~!y!g~~
:
La présence de bras devient alors sinon une source, un
signe de richesse.
Mais s'il est vrai que la dimension du ménage est grande
lorsque les revenus sont importants l'inverse n'est pas
toujours vérifiée. A ce niveau une nuance reste portée par
les ménages qui prolongent à la ville des moeurs tradition-
nels ou de campagne (regroupement de plusieurs couples et
de leurs descendants dans le même ménage, polygamie etc ••• )
et qui sont de dimension importante sans pour autant dis-
poser de revenus importants.
6°) Le caractère approximatif des revenus déclarés et la
non évaluation de certains revenus observent une marge plus
ou moins importante d'incertitude quant à l'approche chif-
frée des revenus ; mais l'approche des différentes sources
de revenu se veut beaucoup plus rigoureuse et qualitative-
ment parlante sur les situations plus ou moins aléatoires
et précaires qui caractérisent les revenus des ménages des
catégories inférieures notamment.

- J17
7°) L'analyse des revenus met également au jour les con-
tours des disparités qui existent entre les revenus des
différentes catégories socio-professionnelles et entre
revenus masculins et féminins.
Toutefois malgré les énormes disparités de revenus entre
couches sociales urbaines on a tendance à dire que la gran-
de opposition demeure essentiellement entre le revenu en
milieu urbain et le revenu en milieu rural. Il semble que
l'écart est énorme entre le revenu moyen urbain et rural.
Un article sur le "salaire de la terre" Cf() pos e bien
la question à savoir 1 "villes riches campagnes pauvres
en Afrique" ?
A ce sujet le même article fait état qu'
"une étude de la F A 0 sur les perspectives de développe-
ment agricole du sahel de 1 975 à 1 990 estime que le re-
venu monétaire rural par tête en Haute Volta n'aurait
qua-
siment pas évolué entre 1 960 et 1 970 puisqu'on l'évaluait
respectivement pour ces années à 27 et 28 dollars. Et dans
le même temps, le revenu urbain, lui, aurait presque dou-
blé en passant de lJ9 à 274 dollars. En 1 970, le revenu
(monétaire) urbain était donc 10 fois plus important que
le revenu rural ; un des écarts les plus importants au
monde = ..... (4.) .
lA-) Jeune Afrique Plus 1 "Le salaire des Africains ..
Sous la direction de Dominique HOELTGEN N° 2
Septembre - Octobre 1 98J

- ]18 -
cependant il reste à préciser que l "l'auto-consommation
qui représente bien souvent les trois quarts de la produc-
tion globale - chiffre retenu par des experts, notamment
à partir d'études effectuées au Gabon - et qui permet aux
gens de la terre de conserver, sinon un niveau de vie, du
moins une nourriture que ne peuvent s'offrir bien des mi-
grants des faubourgs des villes africaines ••• mérite d'être
prise en compte" ( 4.) .
En effet une prise en compte systématique de l'auto-
fournitures pourrait réduire l'écart existant entre le
revenu en milieu urbain et le revenu en milieu rural sans
toutefois l'effacer.
8°) Enfin l'ensemble des ressources (des ménages) ci-dessus
recensés, constitue les moyens dont disposent les ménages
pour accéder à des biens, à des services. Ce propos fera
l'objet du chapitre qui suit sur l'utilisation des ressour-
ces ou consommation des ménages.
(~) Jeune Afrique Plus
"Le salaire des Africains ••• "
op. cit

UNIVERSITE DE NANTES
UFR

Histoire· Sociologie
1987
MENAGES POPULAIRES A" OUAGADOUGOU
Thèse de Doctorat (régime 84), mention Sociologie, présentée et soutenue publiquement par
Fatoumata KINDA
le 16 juin 1987
Tome 2
devant le jury ci-dessous:
Régis ANTOINE, professeur à l'Université de Nantes
Guy BELLONCLE, professeur à l'Université de Tours
Jean CAPRON, maître de conférence à l'Université de Tours
François de SINGLY, professeur à l'Université de Rennes Il
Nicole TABARD, directrice de recherche au CNRS
Michel VERRET, directeur de thèse, professeur à l'Université de Nantes

UNIVERSITE DE NANTES
UFR
Histoire· Sociologie
1987
MENAGES POPULAIRES A" OUAGADOUGOU
Thèse de Doctorat (régime 84), mention Sociologie, présentée et soutenue publiquement par
Fatoumata KINDA
le 16 juin 1987
Tome 2
devant le jury ci-dessous:
Régis ANTOINE, professeur à l'Université de Nantes
Guy BELLONCLE, professeur à ('Université de Tours
Jean CAPRON, maître de conférence à "Université de Tours
François de SINGLY, professeur à "Université de Rennes Il
Nicole TABARD, directrice de recherche au CNRS
Michel VERRET, directeur de thèse, professeur à l'Université de Nantes

- )19 -
CHAPITRE VII
La consommation des Ménages
Elle consiste en l'acquisition et en l'utilisation des
biens et services par le ménage pour la satisfaction de leurs
besoins; les ressources en fixant la limite des moyens.
Si nous en croyons M. HALBWACHS, appréhender la consom-
mation des ménages c'est donner un sens à la disparité de
leurs revenus car "la différence" de revenus n'a de sens que
par rapport à la consommation" ~i) . C'est même peut être trou-
ver le principe le plus pertinent de la différenciation de
classe car "ce n'est pas dans la zone de travail que serait
à chercher le vrai principe de la séparation des classes
mais plutôt dans la zone de la consommation" (/i) .
Ainsi nous interrogerons nous 1 les ménages que nous
avons classé en fonction de la précarité des emplois et des
ressources accèdent-ils dans le même ordre aux biens et aux
services de consommation ?
Avant d'entrer dans le détail de la consommation des
biens et services nous considérerons 1
- "L 'activi té cons ommatrice" comme la désigne Clio PRESVELOU Cl)
modes de gestion et de disposition des revenus car entre re-
venus et consommation ily a bien modes de décision et de
disposition des ressources, normes d'utilisation des revenus
pour la consommation du ménage.
Maurice HALBWACHS : "La classe ouvrière et les
niveaux de vie"
- Recherches sur la hiérarchie des besoins dans les so-
ciétés industrielles contemporaines
Réédition
GORDON et BREACH
1970
(,2) Clio PRESVELOU "Sociologie de la consommation familiale"
op. ci t.

- 320 -
- Nous prendrons également en compte la forme de la dépense
pour la consommation : dépense en argent ou dépense en nature
(voire dépense en temps) e~ égard aux enseignements dégagés
de la forme des revenus.
- Cela dit, nous envisagerons la répartition de la consommation
par poste avec 1
Dans chaque poste la consommation nécessaire et la con-
sommation de luxe ainsi que la consommation ordinaire et la
consommation cérémonielle et festive.
La consommation sera ainsi le miroir du mode de vie des
ménages.
I)
..
~~~_E~Y~n~~_~~~_~~n~g~~_~_!~_22n~2~~~!2n_~~~_~~n~g~~ .
A) ~~~_~2g~~_g~_g!~E2~i!!2n_g~§_~~Y~n~~
1°) ~E~~2~!n~2~_g~_1~_g~~~!2n_~~E~~~~_g~~_~~Y~n~~
Les modes de disposition des revenus semblent varier en
fonction de leur mode d'acquisition 1 les revenus individuel-
lement acquis sont autogérés. Ceux qui sont acquis collecti-
vement sont consommés en commun avec cependant des utilisa-
tions privatives. Ainsi la disposition des produits en nature
(provenant des champs) se réfère-t-elle au modèle tradition-
nel et villageois : les produits des champs collectifs (champs
familiaux) sont mis dans le grenier familial et la gestion
en revient essentiellement au chef de ménage. Celui-ci, maître
du grenier décide des quantités réservées à la consommation
du ménage et des quantités à commercialiser (lorsqu'une partie
doit l'être). L'argent provenant de la vente de ces produits
lui revient et il en assume la gestion et la redistribution

- )21 -
dans le ménage. En revanche les produits des champs indivi-
duels ou personnels reviennent aux intéressés s ainsi des
arachides et des condiments cultivés par les femmes dans leur
champ personnel et dont elles disposent à leur gré.
Dans le cas des revenus monétaires l'argent provenant
des activités de type "familial" telles le commerce peut être
bien indivis. Mais c'est le "promoteur" de l'activité qui en
assure la gestion s il détient le monopole de sa disposition.
Les autres membres du ménage (participant à l'activité) ne
disposent que des gratifications qui leurs sont offertes par
le "promoteur".
L'argent provenant des activités individuelles reste au
contraire d'usage séparé et autogéré: c'est le cas des sa-
laires, des revenus de petit commerce des épouses, des gra-
tifications des enfants etc •••
Ainsi le chef du ménage 4 s'indigne
"Faut-il mélanger
l'argent des hommes et l'argent des femmes
ou celui des
adultes et celui des enfants? ••• " (chef du ménage 4)
Pour la première épouse du ménage 22 "Nind fan tara
korogho", "chacun a son porte monnaie" et "And suida to
koroghin ••• "; "personne ne remplit le porte monnaie de l'au-
tre" ••• (première épouse du ménage 22)
Quant à ce que gagnent les enfants •••
"il vaut mieux qu'ils le gardent eux mêmes. Sinon à longueur
de journée ils seront sur ton dos à te demander des comptes.
Dans le temps les enfants ignoraient tout de l'argent. Ils ne
savaient pas compter; des enfants de 18 - 20 ans ne savaient

- )22 -
toujours pas compter et même des adultes. Mais de nos jours
les enfants dès leur jeune âge manipulent de l'argent parce
qu'ils se trouvent "dans un monde de l'argent" (c'est à dire
à une époque où l'argent circule). Alors ils savent compter
et veulent avoir la gestion de leur argent ••• " (épouse du
ménage 6).
Encore la mise en commun de l'argent suppose-t-elle
quelque pause en sa circulation; d'où une certaine importance
de la somme? C'est ce qu'exprime la première épouse du mé-
nage 40.
"De l'argent qui circule à je ne sais quelle vitesse.
A peine dans la main qu'il sera entièrement dépensé ••• A
quel moment voulez-vous le mettre en commun ••• " (première
épouse du ménage 40.
Contrairement au modèle traditionnel où domine la ges-
tion commune des revenus du ménage (~)le principe de la ges-
tion séparée se montre ici le plus fréquent, "à chacun la
gestion de ses revenus". Ce qui n'exclut pas qu'en cas d'é-
conomies l'argent puisse être confié à telle ou telle per-
sonne du ménage pour être simplement gardé et protégé.
Ce principe de séparation se trouve accentué à la ville
où l'économie de marché accentue en même temps que la sépa-
ration des activités des membres du ménage, la disposition
séparée
du revenu qui s'en trouve tiré. Quand le ménage n'est
plus le centre de la production il n'est plus - ou moins -
un centre de mise en commun des ressources.
C~) cf paragraphe sur l'organisation traditionnelle de la
vie familiale et domestique des Mossi) p 2.6 '

- J2J -
Il importe de retenir que la séparation des revenus
s'accompagne le plus souvent d'une méconnaissance et d'une
surestimation du montant des revenus des uns par les autres.
2°) ~~92ng~!~~~2~_~~_ê~r~~~!~~~!2n_g~_~2n~~~_g~~_r~Y~n~~
g~~_~~~2r~~_g~_~~n~g~_b~~_~~_E~r_b~~_~~~r~~
- Si le montant des revenus reste caché pour l'observateur
étranger il ne l'est pas moins pour les autres membres du
ménage et d'autant plus qu'il y a moins de complicité entre
eux au niveau de l'acquisition. Ainsi les épouses ne savent
pas ce que gagnent leurs époux. Les époux à leur tour igno-
rent ce que l'activité de leurs épouses leur rapporte •••
Lorsqu'il arrive que le montant du revenu se sache, plus on
occupe une position sociale inférieure dans le ménage et
moins on peut prétendre connaître le montant des revenus des
autres. C'est ainsi que les parents arrivent quelquefois à
savoir le revenu de leurs enfants ou des autres membres du
ménage.
Laisser ignorer ses revenus est un fait volontairement
entretenu et cultivé par les différents membres du ménage.
Les raisons en sont diverses. Raisons socio-culturelles ou
psychologiques 1 dans le milieu, étaler, exposer ses revenus
à autrui c'est risquer de s'attirer un mauvais sort (qui les
réduira) surtout lorsqu'il s'agit de richesse, d'argent.
D'autant que le revenu licite s'estime au nombre d'enfants
dont on ne parle pas non plus, de peur du mauvais sort.
Raisons socio économiques que nous explique Suzanne LALLEMAND
"Comme son homologue français le paysan Mossi n'aime guère

- 324 -
que l'on s'intéresse de trop près à ses gains et les questions
sont vite ressenties comme indiscrétions en ce domaine. Mais
alors que l'agriculteur occidental se méfie surtout de l'ex-
térieur c'est de l'intérieur par sa propre famille que l'ha-
bitant de Bamtênga (village Mossi) se considère menacé; s'il
ne peut guère refuser l'impôt à l'état, il peut moins encore
se dérober à la pression de ses agnats, alliés et amis qui
attendent présents et aide monétaire pour peu qu'ils lui sup-
posent des revenus plus élevés que les leurs. Aussi dans le
contexte de cloisonnement économi~ue qui tend à s'instituer
dans la concession, chacun, dans la mesure du possible cher-
che à laisser ignorer à l'autre le montant des sommes obtenues
ou au moins, compte sur sa discrétion ••• '')
fi':'"

- La méconnaissance des revenus provoque leur surestimation
par les uns et les autres. On pense toujours que l'activité
de. l'autre lui rapporte énormément et qu'il a plus que vous.
"Les femmes pensent et sont convaincues que nos salaires
sont exorbitants et que peut être nous dépensons l'argent à
l'extérieur au bénéfice d'autres personnes
" (chef du mé-
nage 41). Aussi forme-t-il le voeu
"ya windga ra bangué youngo bango"
"que le jour ne découvre
pas, les secrets de la nuit" ••• (chef du ménage 41).
Ailleurs une épouse à Dapoya nous confiait ceci: "Le chef
de ménage travaille mais personne ne sait au juste à quel
(Il-)
Suzanne LALLEMAND
"Une famille Mossi"
Op.
Ci t.

- 32.5 -
moment il perçoit son salaire ni combien il peut toucher.
Certainement il doit gagner suffisamment et c'est d'autres
personnes qui en profitent ••• " (une ~pouse de Dapoya).
"Si tu lui demandes 2.5 ou .50 F CFA pour l'achat du pétrole
ou d'un morceau de savon il (le chef de ménage) te dira qu'il
n'en a pas soit disant que tu fais du commerce. Comme si on
pouvait retirer quelque chose de ce commerce ••• " (épouse du
ménage 38).
- De toute façon, la disposition personnelle du revenu s'ar-
rête là où commencent les obligations d'approvisionnement
du ménage telles que les définissent les normes communes de
fonctionnement domestique.
B) !~~Q~!~QQ~~~U~_~~~~~~!q~~_~~_n~~~~~_~~~EE~~Yi~!~nn~~~u~
g~~-~~!}~g~§.
En matière de logement il incombe au chef de ménage
d'ailleurs désigné comme "Zaksoaba", "propriétaire et chef
de la concession" d'abriter les membres de son groupe. Les
uns et les autres peuvent cependant contribuer aux travaux de
construction, à l'achat de matériaux de construction (tôles,
ciment, briques, portes ou fenêtres ••• ) ou plus généralement
à l'aménagement des pièces qu'ils occupent par l'achat de
biens d'équipement (nattes, lits, matelas, bancs, chaises,
fauteuils, lampes etc ••• )
Dans le cas de l'habillement (ou d'autres produits non
alimentaires) la prise en charge personnelle s'observe le
plus souvent chez les membres du ménage disposant des revenus
propres ; les individus sans source de revenu dépendront

- J26 -
par contre du chef de ménage et / ou de l'épouse si celle-ci
a une source de revenu. Ainsi les chefs de ménage, les épouses,
les aînés des enfants, les autres parents (qui travaillent)
se procurent chacun leur habillement en dehors des cadeaux
qu'ils peuvent occasionnellement revevoir les uns des autres.
Et si par exemple lors des fêtes les chefs de ménage offrent
des vêtements aux épouses, aux enfants et aux autres membres
du ménage, toutefois la prise en charge personnelle reste
entière chez eux car il est rare qu'ils reçoivent des vête-
ments des autres membres du ménage. Les épouses par exemple
n'achètent pas de vêtements à leur mari.
S'agissant de la consommation alimentaire où tous les membres
du ménage se trouvent concernés (le repas "familial" étant
préparé à l'intention de tous), qui fournira le nécessaire?
1° 8êEE~!_~~_~2~~!~_~~ê~!~!2~~!_~~_y!!!~g~2!~_~~_~!!!~~
Mossi
En milieu traditionnel et villageois èù l'autofourniture
reste intense le chef de ménage fournit le "moindé" ou
"ration alimentaire" soit les céréales puisées dans le gre-
nier familial, auxquels s'ajoutent occasionnellement des
condiments ou compléments non cultivés : sel, viande, poissons
sèchés.
Les épouses se chargent des autres condiments (feuilles,
sauces) et des légumes qui seront associés aux céréales pour
confectionner le repas "familial". Les réserves de ces pro-
duits proviennent des champg personnels des épouses ou des
champs entourant les concessions appelés "champs de case".
Les épouses (et les enf~~t8) assurent également la

- 327 -
cueillette de graines et de noix qu'elles transformeront par
la suite pour la consommation familiale. C'est le cas des
graines de néré utilisées pour la fabrication du "soumbala"
(une épice), des noix de karité utilisées pour la fabrication
du beurre de karité.
Le ravitaillement en eau et en bois est également fait
par les épouses (et les enfants) au prix de marches sur de
longues distances.
2°) ~~~_n2~~~_~~_~~Y!!ê!~1~~~n!_~n_~!1!~~_~~Q~!Q
En milieu urbain où l'auto fourniture existe mais en
quantité réduite, la nécessité de s'adresser au marché s'im-
pose ••• Ce fait ne sera pas sans incidence sur les normes
de ravitaillement du ménage.
a) ~~_2~g!_~~_1~_22n~2~~~!!2n_~1!~~n!~!~~_~~E2~~_~Y~!_!2~!
~~~_~~_2h~f_~~_~~D~~~
En tant que responsable de l'alimentation du groupe, le
chef de ménage doit fournir le "moindé" "ration alimentaire"
qu'un champ lui procurera ou qu'il achètera. En milieu urbain
. la notion de "moindé" peut s'étendre outre les céréales, à
tous les condiments, au combustible et à l'eau.
Selon le statut du chef de ménage et selon ses capaci-
tés financières le "moindé" a un contenu plus ou moins vaste.
Plus le statut est élevé et plus le "moindé" est large. Ainsi,
ch2z les ménages de fonc+iopnaires, de petits patrons et
de gros commerçants "se dire chef de ménage c'est aussi as-
surer pour la consommation du ménage, les céréales, l'eau et
le bois et fournir quotiè.iennement le "zind liguidi", "l'ar-
gent des condiments" même si éventuellement l'épouse doit

- J28 -
apporter un complément de condiments.
Dans les ménages ouvriers et de personnels de petits
services, le "moindé" se limitera essentiellement aux céréales
et à l'argent des condiments" supposé englober tout le reste ••
Quant aux ménages d'agriculteurs
nombreux sont les
chefs de ménage qui continuent de donner au "moindé" son
contenu traditionnel, limité aux céréales et de façon épiso-
dique à quelques condiments.
Plus le contenu du "moindé" du chef des ménages sera
limité et plus les épouses seront appelées à contribuer.
b) ~~~_~E~~~~~_S~~~~~~~~~~_!~_~~S~~~_E~!~~E_~~_!~_S~~~~~~~~~~
~!~~~~~~~E~_~~~_~~~~g~~·
Les céréales ne se mangent pas en grain. Elles nécessi-
tent l'association d'autres éléments (condiments, bois, eau ••• )
pour constituer le repas. "Zindan", ou "les condiments" res-
tent le cauchemar des femmes not~~ent lorsqu'elles doivent
les procurer en totalité. Sans oublier que la notion de
"zindo" ou "condiments" est assez large et désigne les épices,
les feuilles, les légumes, la viande ou le poisson, les ma-
tières grasses ••. La notion de condiments sera d'autant plus
large que le "moindé" du chef de ménage sera limité : ainsi
elle s'étend dans certains cas à l'eau, au combustible en
fait à tout ce qu'il faut associer aux céréales pour confec-
tionner le repas - car moins le statut du chef de ménage est
élevé, plus la notion de condiments est large et plus la fem-
me se trouve sollicitée.
Ainsi, dans le ménage 2, le chef de ménage (garde répu-

- 329 -
blicain à la retraite) assure l'achat des céréales et des
chargements de bois chaque fois qu'il touche sa pension. Il
règle également les factures d'eau et d'électricité et four-
nit quotidiennement une certaine somme comme argent de condi-
ments. Son épouse apporte un complément à l'argent des condi-
ments et se sert des restes de bois, d'huile qu'elle achète
pour la fabrication de ses gâteaux •••
- L'entretien du ménage\\l)incombe essentiellement au chef du
ménage (assistant d'élevage à la retraite).
"Quand je fabriquais le dola ma contribution pour la
nourriture était plus importante. Présentement beaucoup dé-
pend du chef de ménage. Nous dépendons tous de sa pension
touchée tous les 3 mois." (épouse du ménage 1)
- L'épouse
du ménage 5 (ménage ouvrier) disait : "Dans le
foyer le chef de ménage à lui tout seul ne peut procurer tout
le nécessaire. La femme est obligée de contribuer. Le petit
commerce effectué par les femmes ne rapporte pas grand'chose
mais le peu qu'elles gagnent sert à compléter ce que le mari
donne. Sans compter qu'il y a des jours où le chef de ménage
ne remet rien et la femme doit se "débrouiller" pour faire
à manger. Même si le plat n'est pas bon pourvu que les enfants
ne pleurent pas de faim. De toutes les façons si les enfants
ont faim ce n'est qu'à leur mère qu'ils s'adressent. Il est
difficile de faire comprendre à des enfants qui ont faim que
leur père n'a pas remis de quoi préparer •••
Mais ne dit-on pas que : "la poule ne saurait casser
son abreuvoir parce qu'elle aurait manqué d'eau une journée ••• "

- JJO -
De même l'épouse ne saurait faire un drame parce qu'elle
aurait manqué de l'argent des condiments. L'activité commer-
ciale de la femme sert à pallier ces situations. Il y a des
jours où on reçoit des étrangers en plus de la famille. Tous
comptent sur la mattresse de maison pour le repas ••• "
(épouse du ménage 5).
- Dans le ménage J8 le chef de ménage (ancien combattant)
assure essentiellement l'achat des céréales. De temps en
temps il remet une certaine somme à l'épouse pour les condi-
ments mais pour celle-ci :
"C'est une somme symbolique. En dehors des céréales tout
le reste c'est moi qui m'en charge ••• " (épouse du ménage J8).
- "Chaque jour je travaille sans arrêt afin de procurer à
manger à tous. Tout ce que je gagne par les deux activités
passe par là. Le chef de ménage, une fois qu'il te remet le
mil son devoir est terminé. A toi de te débrouiller comme tu
peux ••• " (épouse du ménage 18, ménage d'agriculteur).
- "Dans le milieu cult:'yateur le chef de ménage ne prend pas
en charge les dépenses effectuées par la femme. Ce n'est pas
c.:.h~~-,
c omme(1 es salariés où l'épouse reçoit chaque jour l'argent
des condiments. Ici l'épouse doit se charger de ses condiments •• "
(épouse du ménage JI, ménage d'agriculteur ••• ).
c) 1~~_~~!E~~_~~~~~~ê_~~~_~~~~g~ê_~~~!~!Q~~Q~_~22~~ê~1~~~~n~
- "Il arrive que l'individu 10 (fils d'un ami du couple) me
donne 500 F ou l 000 ? CFA une fois en passant. Qu~~t à l'in-
dividu 9 (également fils d'un ~~i) il ne ~'a ja~ais remis
quoi que ce soit pour la nourriture. Le peu qu'il gagne est

- 331 -
souvent gaspillé dans les bars ••• " (épouse du ménage l,
ménage de retraité).
- Dans le ménage 16 par contre, aucune contribution n'est
exigée des individus 7 et 8, respectivement neveu et soeur
du chef de ménage.
"D'ailleurs ils ne gagnent pas grand'chose tous les deux.
Il arrive que ma belle soeur m'achète du so~~bala pour la
sauce mais c'est surtout pour me faire plaisir ••• " (épouse
du ménage 16, ménage ouvrier).
- "De temps en temps ils me remettent une certaine somme mais
c'est toujours sous forme de cadeau. Ce sont des choses qu'on
n'accumule pas pour comptabiliser; donc difficile à estimer.
C'est tantôt 100 F, tantôt 200 F et parfois 500 F CFA. L'in-
dividu 7 qui est boucher nous apporte souvent de la viande
pour la cuisine •.• " (épouse du ménage 35 ; ménage de com-
merçant) •
- "Nous savons tous que le chef de ménage est actuellement
sans travail et qu'il n'a pas de revenu. Lorsque mon neveu
(pompiste à la station) touche son salaire à la fin du mois
il me donne quelque chose. Mais il lui faut également envoyer
de l'argent à la famille àu village .•• " (épouse du ménage 6;
ménage dont le chef est au chômage).
Parfois les rôles sont renversés :
" Assez souvent ils cherchent à nous emprunter de quoi s'a-
cheter le morceau de savon" dit l'épouse du ménage 19 en par-
lant des frères cadets du chef de ménage (ouvrier).

- 332 -
On le voit, la contribution financière ne semble pas
imposée aux autres membres du ménage, quoique des attentes
existent à leur égard mais plus sous forme d'échanges-dons
que de rétribution forcée. Dans le ménage celui qui aurait
un revenu et ne donnerait jamais rien serait considéré comme
"bée do" "égoIste". Ce qui est socialement mal perçu.
Notons qu'ordinairement d'ailleurs la contribution n'est pas
financière: elle se fait par les travaux domestiques assurés
par les uns et les autres. Les jeunes filles s'occupent des
travaux ménagers: préparation des repas, soins des enfants,
achat des condiments au marché, nettoyage de la concession,
lessive etc. Les jeunes gens participent à l'entretien des
maisons (réfection des murs, toits ••• etc). Ailleurs les pa-
rents villageois des résidents hôtes envoient des céréales
aux ménages d'accueil.
Les normes ordinaires d'approvisionnement ci-dessus dé-
gagées mettent en relief les rôles sociaux joués par les dif-
férents membres du ménage. Le chef de ménage et la ou les
épouses (noyau principal du ménage) sont aussi les principaux
responsables de l'alimentation du ménage. Il est du devoir
du chef de ménage de nourrir son groupe et l'épouse doit
y contribuer. Dans le ménage ce rôle social leur confère une
certaine autorité vis à vis des autres membres.
Lorsque le ménage comporte plusieurs épouses le rôle
socLl1 ("aider à nourrir" ) constitue un enjeu entre les
épouses. Plus l'épouse remplira cette fonction plus elle
aura un certain poids social car tous ceux qui sont nourris
par le "produit de sa marmite" se sentent plus ou moins dé-
pendants d'elle.

- JJJ -
Il reste que les rôles sociaux dépassent le cadre du ménage
pour s'étendre à un groupe beaucoup plus large à savoir la
famille étendue, les amis ••• au sein de la famille étendue
il est du devoir de ceux qui ont la possibilité d'aider les
autres membres. Ainsi,
"C'est une aide apportée aux parents (restés au village)
que de les décharger du nombre de bouches à nourrir." (épouse
du ménage l).C'est dans le cadre de ces relations familiales
et amicales beaucoup plus larges que s'expliquent la présence
mais aussi la non imposition de contribution financière aux
parents vivant avec le ménage.
Les normes d'approvisionnement du ménage demeurent sou-
ples et peuvent sortir de l'ordinaire pour s'accomoder aux
situations concrètes et conjonctuelles des ménages.
- Dans les ménages où l'épouse n'a pas de revenu, l'entretien
du ménage inclmbe entièrement au chef du ménage.
- Dans les ménages "sans homme" c'est aux femmes que revient
le double ravitaillement des céréales et des condiments. C'est
le cas des ménages de veuves.
"Je dois procurer à manger à tous et pour cela je suis
obligée d'aller de tous les côtés. Heureusement que mes fils
qui travaillent me viennent de temps en temps en aide ••• "
(veuve du ménage 12).
"Les hommes disent qu'il vaut mieux mourir les premiers
(avant les épouses) en laissant les enfants aux épouses, mais
quand ça arrive la situation est très difficile à affronter

- JJ4 -
pour les femmes. Il faut parvenir à élever les enfants ... tt
(veuve du ménage 17).
- Les ménages de personnes âgées sont souvent entretenus par
leurs enfants.
"Lorsque des parents mettent au monde un enfant ils s'en
occupent jusqu'à ce que toutes ses dents poussent. Alors les
enfants à leur tour doivent s'occuper des parents jusqu'à ce
qu'ils perdent toutes leurs dents" (1ère épouse du ménage 21).
Un autre proverbe mossi dit :"bonga rogoda biiga poré na
voussé .... ; "l'ânesse met bas pour qu'un jour son dos puisse
se reposer" c'est è. dire qu'un jour il soit déchargé du lourd
..
fardeau qu'il porte ... .
- Dans les ménages d'inactifs (chômeurs, handicapés •• ) la
charge de nourrir le ménage revient aux femmes et aux enfants
De plus en plus des conflits éclatent lorsque le ravitaille-
ment du ménage s'écarte de la norme sociale d'approvisionne-
ment. Ces conflits sont particulièrement aigus lorsque le
chef de ménage se trouvant dans l'incapacité de fournir le
"moindé", l'épouse et/ou les enfants doivent prendre la relève •
.. Parce que je n'ai plus de quoi assurer le "moindé" je
ne suis pl'us le chef dans cette concession. Je n'ai plus mon
mot à dire pour quoi que ce soit et femmes et enfants me res-
pectent de moins en moins ..... (chef du ménage 6, au chômage).
Il faut dire que généralement la société admet beaucoup
plus que la femme et les enfants soient à l'entière charge
du chef de ménage que l'inverse. Dans certains cas cela est
tenu même pour signe de richesse du chef de ménage et rehausse

- 335 -
son prestige. Dans la situation inverse, le chef de ménage
faillit trop à son rôle social pour garder le respect.
,
Avant d'entamer l'analyse des divers postes de consom-
mation examinons les formes de la dépense.
L'analyse des ressources des ménages a fait ressortir
la nécessité de prendre en compte, outre les revenus monétaires,
les revenus en nature provenant des réseaux d'échanges non
marchands (troc, dons et autofourniture). La forme des res-
sources commande celle de la dépense.
o
~ê_f~~~_~~~~~ê!E~_~~_~~E~~~~_~~_~g~~~
Elle concerne les biens et les services que le ménage
achète sur le marché : achats de céréales, de condiments,
de vêtements etc •.. S'y ajoutent les aides et les dons en
argent du ménage.
o
~ê_f~E~~_~~~_~~~~~ê!E~_~~_~~E~~~~_~~_~ê~~E~
Il s'agit de :
- la dépense en nature de biens et services provenant des
échanges non marchands (ainsi les céréales envoyées par les
parents du village) ou de la rémunération en nature d'un ser-
vice effectué •••
- L'auto-consommation de biens (et services) provenant de
l'auto-fourniture - part de la récolte auto-consommée; part
consommée des produits de commerce ou de petit commerce des
épouses.
- la dépense en temps
c'est le cas du temps consacré à la

- JJ6 -
préparation des repas et plus gftnéralement aux tâches domes-
tiques.
Les problèmes de mesure ou d'évaluation des différentes
formes de dépenses ont déjà été évoquées. Nous retiendrons
seulement que les différentes formes de dépense se combinent
au sein des ménages comme s'y combinent les ressources.
La consommation alimentaire occupe une place de choix
dans notre analyse ; rappelons nous que nos ménages sont des
"ménages - marmites" : la marmite représente bien le souci
quotidien des ménages notamment des catégories inférieures.
Toutefois les besoins vitaux des ménages ne se limitent pas
à la nourriture : il faut se loger, se vêtir, se soigner, se
déplacer, faire face aux frais d'instruction des enfants etc • • •
Ainsi nous évoquerons ces divers postes de la consommation.
Il existe diverses nomenclatures des postes pour traiter
de la consommation des ménages. Les enquêtes de 1'1 N S E E (tl)
étudient ainsi
- la consommation par produit ou grands groupes de produits
- la consommation par durabilité
- la consommation par fonction
- avec une possibilité d'articuler ces différentes nomenclatures.
Nous essayerons ici d'articuler la consommation par fonc-
tion et la consommation par durabilité en classant les dif-
férents postes selon les associations et liaisons de dépenses
opérées dans le milieu. Nous distinguerons ainsi :
(!... ) Les collections de 1'1 N S E E : "la consommation des
II'lénages" Série 111 N° 106 Juin 84
Séries de la comptabilité nationale l N S E E

- JJ7 -
la consommation des biens durables
o
le logement et quelques équipements
o
l'habillement (vêtements et chaussures)
A ce poste habillement nous rattacherons les soins du
corps et la parure qui sont souvent classés dans la rubrique
hygiène et soins personnels dans de nombreuses enquêtes de
consommation. La coiffure, les produits de toilette, de beauté
ont plus à faire avec l'habillement qu'avec les médicaments
même si un problème de limite se pose entre soins esthétiques
et soins de santé.
---- La consommation des biens fongibles
o
la consommation alimentaire qui comporte outre les
produits alimentaires, le combustible servant à la cuisson
des repas.
---= La consommation des services
OIes soins de santé
o
la scolarité des enfants
o
le transport
o
les services de domesticité
---- les aides ou dons assurés par les ménages aux parents
.
~
e ~ arrllS
~ les 8onsommations cérémonielles et les dépenses festives.
Chaque poste comporte sa consommation nécessaire et sa
cons o.;....'11a ti on de luxe, toute~ deux socialement définis par
leur degré de rareté.
Consommations nécessaires
les consoQ~ations ~~iver-
selles à to~t le moins modales
conso~~ations de luxe : les

- JJ8 -
consommations encore socialement rares - les secondes pas-
sant dans les premières au gré de leur diffUsion.
a) ~!_g~h!è!~!~
L'ensemble des ménages enquêtés réside dans des quar-
tiers populaires de OUagadougou 1 les uns en zone lotie, les
autres en zone non lotie. La distinction entre zone lotie
et zone non lotie est discriminante au niveau de l'infra-
structure (adduction d'eau, électricité), du type d'habitat
mais avant tout au niveau du mode d'acquisition des terrains.
o
~2g!_g~!~q~!~!~!2~_g!~_~!~!!~~_!~_:~~2E~!~~~"
foncière
--~-----
Dans la présentation (de la vie socio-économique) de
la société traditionnelle Mossi nous avons montré combien 1
- la terre en tant que fondement et facteur de la production
agricole était un bien sacré • • •
- en tant que tel les droits de propriété des terres étaient
quasi inexistants • • •
- Toutefois il existe des droits d'usage des terres règle-
mentés par le "TengsoabaM ; "maitre de la terre ou prêtre
de la terre" •••
- Que l'appropriation des terres était une prérogative des
unités lignagères.
- Qu'avec l'expansion démographique, la dégradation du sys-
tème social et culturel •• on assiste à un accaparement

- JJ9 -
des terres par des unités réduites •••
- Et lorsque la terre vient à manquer et quand elle sert de
source possible d'accès à l'argent ••• Alors elle devient
négociable •••
Toutes ces valeurs s'appliquent aussi bien à la terre
(ou au sol) en tant que base matérielle de l'habitat. C'est
donc dire que traditionnellement la distribution des terrains
est régie par les responsables coutumiers qui disposent de
ce pouvoir contre des rémunérations symboliques.
Du point de vue de la propriété des occupants 1
"le terrain est toujours donné à titre provisoire quelle
que soit la durée de son occupation. Théoriquement le rési-

dent peut être chassé pour mauvaise conduite après plusieurs
avertissements. Le terrain n'appartient pas aux occupants
mais au cher qui le concède" (.~),
De nos jours, en milieu urbain non loti comme en milieu
villageois on retrouve ce mode de distribution des terrains
contre désormais des rémunérations essentiellement pécunières.
L'occupation de ces sols demeure cependant provisoire.
En zone lotie la distribution des terrains dits parcelles
passe par les pouvoirs publics. A la dirrérence des terrains
des zones non loties, les parcelles ront l'objet d'un relevé
cadastratet sont inscrites au registre roncier. Ce qui leur
conrère davantage de sécurité foncière.
Issiaka DRABO 1 "Habitat des populations à revenus
modestes à OUagadougou.
Rapport pour le diplôme Inter-Etats d'Architecture.
Ecole Africaine et Mauricienne d'Architecture et d'Ur-
banisme.Lomé - Togo

- 340 -
Le mode de distribution de terrains par les responsables
coutumiers a permis à de nombreux ménages d'acquérir des par-
celles à moindre coût mais avec la monétarisation croissante
de cette transaction, il ouvre de plus en plus la voie à la
spéculation foncière. En effet face aux besoins sans cesse
croissan"de parcelles et de logements les individus "proches"
des circuits traditionnels de distribution accaparent des
parcelles pour les revendre à prix exorbitants. A-rabo~
BARY note ainsi que 1
"la pratique de spéculation foncière a abouti à une valori-
sation anormale et exagérée des sols péri-urbains avant
tout aménagement 1 un terrain nu de 500 m2 acquis en 1 975
à 5 000 F CFA a été revendu à 150 000 F CFA en 1 980
la
valeur de ce terrain a donc été multipliée par 30 en 5 ans.
Dans les quartiers lotis la spéculation se traduit par un
gel des parcelles non mises en valeur pendant plusieurs an-
nées. La valorisation de ces parcelles est évidente compte
tenu du fait qu'elles jouissent d'une sécurité foncière ••• " (4./~ !
Pour lutter contre toutes ces formes de spéculation
foncières des mesures ont été prises en 1 984 par les autorités:
- c'est d'abord la nationalisation des sols; une mesure qui
va à l'encontre des pouvoirs coutumiers.
- Dans les quartiers en voie de lotissement (tels que Nonsin,
Palentinga, Dassassogho où résident quelques uns de nos mé-
nages) le prix de la parcelle a été fixé au ~rix unique de
(~J.A rabouri BARY 1 "Urbanisation - Habitat - Bien être de
la famille"
Séminaire National "Bien être de la famille au
BURKINA"
5 - 9 Novembre 1 984 - Ouagadougou

- 341 -
25 000 F CFA; somme dont les ménages devront s'acquitter
avant de recouvrir le droit d'usage de leur parcelle après
le lotissement.
- Nul ne peut en outre devenir acquéreur de parcelles s'il
dispose par ailleurs d'une autre parcelle.
- Enfin, un délai de 3 ans est accordé pour la mise en va-
leur d'une parcelle. Passé ce délai, les pouvoirs publics
sont en droit d'en retirer le permis urbain d'habiter à l'ac-
quéreur.
La plupart de nos ménages (32/41) réside en zone lotie
car Dapoya, le quartier principal où s'est déroulé l'enquête
est un quartier loti. Mais d'une manière générale à OUaga-
dougou il semble que les zones non loties abritent près de
64 %de la population et s'étendent sur 39,4 %de la superficie
En attendant des lotissements ces 64 %de la population de
la capitale occupent alors provisoirement leur logement
même si les limites de ce provisoire restent encore indéfinies.
L'unité de base qui matérialise le logement des ménages
est le plus souvent représentée par la "zaka" ou "concession".
Selon Alain SINOU ce terme(de concession) ne renvoie cepen-
dant pas à son origine à une forme spatiale mais à un type
de transaction foncière effectuée par l'administration co-
loniale vis à vis des Européens et dans quelques cas des
Africains. Aujourd'hui ce terme a changé de sens et est
utilisé pour définir une unité spatiale d'habitation occupée
par des Africains, quelques soient sa taille et son statut

- )42 -
foncier. Les aménageurs préfèrent appeler ce lieu une par-
celle ou un lot, conformément aux règles de leur langage"(~)
En général un tel espace clôturé ou non peut contenir
une ou plusieurs constructions servant à l'habitation pro-
prement dite ainsi que des coins de cuisine, des coins de
toilette, une cour, des greniers, des abris pour volaille
et pour du petit bétail etc • • •
On distingue plusieurs types d'habitats qui coexistent
dans les quartiers populaires de OUagadougou 1 dans les
quartiers lotis, constructions en "banco" Cl) , en semi-dur
et en dur ; Dans les quartiers non lotis, constructionSen
"banco" ou en semi-dur (. ~ 1·
---- ~~h!È!~!~_!~_:È~~2"
Il se subdivise en habitat traditionnel avec les cases
rondes au toit de chaume et en habitat moderne avec les
cases carrées ou rectangulaires au toit en tôles.
- ~~h!È!~!~_~r!g!~!2~!!_!~_È~~2
Il se caractérise par la forme ronde des (constructions)
cases et leur toit conique. Les dimensions des cases sont
approximativement de 4 m de diamètre et de ) m à ) m 50 de
hauteur du sol au sommet du toit. Les matériaux utilisés
pour la construction sont d'origine locale 1
Alain SINOU 1 Pratiques d'espaces à Bamako et à st Louis.
In Anthropologie de l'espace habité
Am~ick OSMONT, Alain MAR~, Alain SINOU, Danièle POITOU
Jean-Marie GIBRAL
(2) Banco = mélange de terre et de paille.
(3) Les matériaux traditionnels de construction et les différents
types d'habitats sont illustrés en photos pp. 353- 363.

- J4J -
Les briques sont en terre ou "banco" et elles doivent
leur nom à la construction. Les ~abriquants des briques
utilisent de la terre argileuse qu'ils tirent des marigots
et qu'ils lient avec de la paille hachée, de la balle de
paddy et de l'eau. Leurs outils se résument en une daba,
une pelle, une machette et un moule en bois ou en métal. Les
parpaings sont laissés à sècher au soleil pendant quelques
jours. Les murs sont élevés avec ces briques retenues par
un crépi de terre, de paille, de bouse de vache et quelque~ois
de pisolithes. Le sol est damé et souvent badigeonné avec
une in~sion de ~ruits de néré. La toiture soutenue par des
perches en ~orme de cône est ~ormée d'une couche de nattes
recouvertes par des rangées très serrées d'herbes réunies
par des ~ibres végétales entrelacées.
Les portes sont en nattes, en bois local. Lorsque la
case ronde dispose d'une porte en tôle ondulée supportée par
un cadre en bois, cela marque un pas vers la modernité. Les
~enêtres si elles existent sont un simple espace vide laissé
sur le mur.
- La concession est un regroupement de plusieurs cases dont
l'ensemble observe à nouveau une~orme circulaire (ou du
moins initialement car QP ~ et à mesure que la ~amille
s'aggrandit le nombre de cases se multiplie. Le nombre de
cases est d'ailleurs ~onction de l'importance de la ~amille.
Du point d~ vue de la disposition spatiale dans la concession,
les cases sont reliées les unes aux autres par des petits
~
murs ou des "secco" (~) Aucune case ne communique avec l'autre
car elles sont toutes à pièce unique.
(~l secco
paille grossièrement tressée.

- 344 -
Outre les cases)l'habitat traditionnel comporte une cour
où l'on rassemble des meules, des mortiers et des pilons
pour écraser et piler le grain. Il y a aussi les coins cui-
sines et des coins de douche formés par de petits espaces
non couverts; des bergeries, des poulaillers ••• A l'exté-
rieur de la concession s'éparpillent les greniers, les han-
gars pour le repos des hommes.
Réalisé avec des matériaux locaux essentiellement,
l'habitat traditionnel apparait peu coûteux. Ce type d'ha-
bitat se rencontre toujours à Ouagadougou dans les quartiers
périphériques où s'installent de nouveaux migrants. Dans le
centre de la ville l'habitat traditionnel s'efface •••
- L'habitat moderne en "banco"
-----~---------------------
Une des premières manifestations de l'urbanité de l'ha-
bitat est le remplacement de la forme 'ronde au profit des
formes quadrangulaires. Les pièces carrées ont approxima-
tivement 4 m de côté et celles qui sont rectangulaires 4 m
sur 3 m.
Les parpaings utilisés pour ce type de constructions
demeurent en banco ; les mêmes que ceux utilisés pour les
cases rondes. Le toit de chaume est par contre remplacé par
le toit de tôle ondulée qui est le signe de la modernité de
l'habitat. La tôle est fixée sur des chevrons et elle est
souvent couverte de pierres de latérite pour protéger le
toit du vent.
"le toit de tôle est plus efficace contre la pluie -
encore qu'il soit impossible de se comprendre pendant une
averse à cause du vacarme - mais sous le soleil la maison

- J45 -
se transforme en fournaise" (/l) ,
Les portes et les fenêtres sont de fabrication artisa-
nale. Elles sont constituées par un morceau de tôle ondulée,
supporté par un cadre en bois.
Les constructions carrées ou rectangulaires peuvent
comporter plusieurs pièces et la forme quadrangulaire s'ac-
comode mieux à la juxtaposition des pièces. Certains murs
dans ce cas servent à plusieurs pièces à la fois (ce qui
permet une certaine économie de matériaux).
Avec la possibilité d'agencement et de juxtaposition
des pièces, aux pièces qui ouvrent directement sur la cour
peuvent s'ajouter des pièces qui communiquent uniquement
avec une autre pièce. Le principe de regroupement et de di-
vision interne de l'habitat produit des bâtiments composés
de plusieurs pièces. Les deux pièces appelées "chambre anti-
chambre" constituent un exemple fréquent. Un troisième es-
pace peut être ajouté à ce groupe, la véranda qui sépare
les deux pièces de la cour, sa longueur varie selon qu'elle
déssert une ou plusieurs pièces. Certaines constructions
de ce type peuvent comporter 5 à 6 pièces ••• selon l'im-
portance de la famille.
Outre les constructions en banco servant à l'habita-
tion proprement dite, les concessions comportent également 1
• une cuisine 1 une petite maisonnette en banco généralement
détachée de l'habitat principal. Dans certains ménages la
cuisine se réduit à un mur, à l'angle de 2 murs ou à un
(.,ü Document "Regards sur la Haute Volta" •••
op. cit.

- 346 - (0-)
hangar ; juste de quoi protéger la ménagère contre le soleil,
la pluie et le vent.
Les cuisines abritent les foyers et les ustensiles de
cuisine. c'est un lieu où l'on prépare le repas et non un
lieu où on le prend. On ne vit pas dans la cuisine et quand
on y entre on est pressé d'en ressortir à cause de la chaleur
et de la fumée qui s'y trouvent •
• Une cour qui constitue le point rayonnant de la concession.
tous les membres du ménage, hommes, femmes, enfants s'y
rencontrent. De nombreuses activités s'y déroulent. on y
fait la cuisine en plein air (lorsque le temps le permet)
on y prend les repas, on y fait la vaisselle, la lessive,
le pilage des grains, on s'y détend, on y discute, on y
dort en période de grosse chaleur etc ••• L'usage de la cour,
en fait l'usage de l'extérieur est très marqué dans les
modes de vie du milieu. On vit pratiquement dehors ; les
maisons servant essentiellement pour dormir et pour abriter
les effets •••
• La latrine • qui sert généralement de W C et de douche.
Il s'agit d'un espace entouré par 4 murs en banco ou par
des "secco" laissant une petite entrée. Les W C consistent
en un trou profondément creusé et recouvert par une grosse
dalle ou par une construction surélevée avec une petite
ouverture.
Les eaux sales sont évacuées par des rigoles et dans
le cas contraire elles stagnent et constituent un véritable
réservoir de moustiques qui par leurs piqûres transmettent
le paludisme.

- J46 _ Ch) "
• Le puits qui a tendance à disparaître.
• Un hangar ou une construction à l'entrée servant de lieu
de causerie des hommes.
• Des locaux annexes constitués par les réserves, débaras,
poulailler ou étables pour le petit bétail.
La construction de l'habitat urbain est réalisée avec
des matériaux souvent achetés 1 briques de terre, bois,
tôles, etc ."••
Unité
Juillet
Août
Septembre
1
1
1
1
f--
fabrication et
une brique
20
20
20
transport de
.
brique
tôle
l'unité
1615
2080
2080
chevron
le mètre
450
400
400
main d'oeuvre
la journée
500
500
500
---= L'habitat moderne en semi-dur
-~---------------------------
Les constructions présentent les mêmes caractéristiques
que les Célses carrées ou rectanbulaires au toit de tôles à
Relevé de prix fourni par l'INSD (Institut National de la
Statistique et de la démographie)
Il s'agit là de prix officiels mais avec les possibilités
de marchandage les prix peuvent varier d'un endroit à
l'autre •••

- 347 -
ceci pr~s que le sol et les murs sont cr~pis en ciment. Les
murs restent ~lev~s avec des parpaings en banco.
Les portes et les fenêtres peuvent être m~talliques.
La construction en semi dur n~cessite davantage de ma-
t~riaux à acheterz briques, tôles, chevrons ••• mais aussi
le sable et les sacs de ciment. En 1984 le sac de 50 Kg de
ciment coûtait environ 2 500 à 3 000 F CFA.
· ~Y~!~~~!2~_g~_22~~~_g~_22~~~~2~!2~_g~~~_E!~2~_~~_~~~!_g~r
C'est à titre indicatif que nous nous reportons à des
estimations de coûts de construction retenues par M.F. VAN
DIJK à partir d'un cas pr~cis z
"Un fonctionnaire ~tait en train de se faire construire une
maison à Dassassogho (quartier p~riph~rique de OUaga) avec
l'aide d'un maçon. Il s'agit d'une pi~ce en semi-dur de 3 m
sur 4 m et l'int~ress~ a fourni les prix (en 1977) suivants z
- briques sans ciment z 1 000 fois 5 F CFA
5 000 F CFA
transport des briques
"
"
"
"
"
"
5 000 F CFA
- bassin pour l'eau (3 sacs de ciment, une
charrette de sable et une charrette de gra-
villon à raison de 300 F CFA)
4 350 F CFA
- les maçons 6 000 F CFA, les manoeuvres 150 F
CFA + 150 F CF (de nourriture par jour pendant
3 jours, 2 personnes)
7 200 FCn
- l'eau 125 à 150 F CFA la barique pour
1 500 F CFA
- la tôles ondul~es pour le toit à 1 200 F CFA
12 000 F CFA
- 2 fenêtres en fer
3 000 F CFA
- 1 porte m~tallique
13 000 F CFA
- les chevrons pour le toit (8 m~tres à raison
200 F CFA le m~tre
1 600 Fcn
TOTAL
52 650 Fcn

- 348 -
Une maison pareille avec des briques en ciment avait
coûté presque 100 000 F CFA ou le double de la somme in-
d · '
~quee •• " ( )
A.. '.
En 1 977 le taux horaire du SMIG était de 72 F CFA
soit un salaire mensuel d'environ 12 700 F CFA. Rapporté
au SMIG mensuel, le coût de la construction de l'unique piè-
ce de 3 m sur 4 m représentait donc approximativement
- 4 fois le SMIG mensuel pour une construction avec des
briques sans ciment.
- 8 fois le SMIG mensuel pour une construction avec des
briques en ciment.
Pour un logement comportant plusieurs pièces les sommes
ci-dessus seraient à multiplier d'autant. Ce qui représente
un important investissement financier. D'autant que l'in-
vestissement pour la construction s'ajoute ne l'oublions pas,
à l'investissement préalable pour l'acquisition de la parcelle.
---= L'habitat en dur
----------------
Les constructions gardent la forme quadrangulaire mais
cette fois les parpaings sont en ciment ; le sol et les murs
crépis en ciment. Dans certains cas les murs sont recouverts
de peinture.
Les portes sont métalliques ou en bois et les fenêtres
métalliques.
L'habitat en dur comporte plusieurs pièces généralement
(/l). M.P. VAN DIJK l "Programme des emplois et des compétences
techniques pour l'Afrique"
Analyse et diagnostic du secteur non structuré à
Ouagadougou.
Résultat d'une enquête demandée par l'Office National
de la Promotion de l'Emploi.
Février 1 977

- 349 -
rassemblées en une seule bâtisse. La cuisine est cependant
séparée et demeure dans la plupart des cas construite en
banco.
L'habitat en dur qui définit le luxe est dénommé "Villa".
Comme le dit Alain SINOU "La villa apparait comme la figure
ultime de la chaine "signifiante" composée de signes de mo-
dernité 1 la tôle, le dur, la chambre, l 'anti-chambre , la
véranda ainsi que la voiture et le verger qui forment avec
la villa, "les trois V" de la victoire comme le citent et
en rêvent de nombreux jeunes citadins" (-i..),
Les villas se rapprochent des constructions occidentales
avec des cuisines et sanitaires intérieures modernes. La
cour comporte une terrasse, une pelouse ou un jardin • • •
Il va sans dire que les villas représentent les cons-
tructions les plus onéreuses.
---= g~_~~~r~_~~E~_g~h~È!~~~
Ces dernières années on a mis en expérimentatien une
construction en briques obtenues par un mélange d'argile et
de ciment revenant à moindre coût que les constructions uni-
quement en ciment.
Le toit de ces constructions se fait également à partir
des mêmes briques et il présente une forme arrondie.
Ce type d'habitat commence à diffuser.
Les différents types d'habitats traduisent en même temps
l'évolution de l'habitat, les différences sociales de niveau
Ci.),Alain SINOU "Pratiques d'espaces à Bamako et à Saint -
Louis"
op. Cit.

- J58 -
de vie et le rapprochement non-innocent argent-formes
occidentalisées de l'habitat.

Tableau
II
1
~~~~_2~_~~~!2~~2~L_~~E~_2~h~È!~~~_i~~_q~~!q~~~
~!~~~~~~_~~_~~~!~E~2_2~~_~~~!g~~_~~g~~~~~
'Z-r.Jp l'/~J'~:
T1flf. J(e.h.........,q.-
e.n-J-.-t-
~~!~~_!~_Qê~_2~_~h~f_~~_~~~~~~
-,- - - - ;:om- ',.b~a.;1 ~.-I~-
-~J;~~
L.o1re
lQh'c..
ï c:L.v" . •
~
.~
r -
.• -
~1t({I'ÂS!
:
'
-1
z...." J.. "/ln'~<c
"d-r"- vI ~~cJ.. :.J-a.r
1 - - - - -
-
-
-
-
- - - -
- f- -
eor
O~
.
- ' -
-
-
i. :tI\\lDepIi.At l::>lt'Htt~
!
1
" b_(o•
e.U..-t
Lot,''!.
n..,., 10 b.a. -- ~-- &IV></' J..A. --,- -
Q.~
~'","li
-~~~p~_:
-1.
t
-J.
"-
f1tfe",,~®
Sf\\LA JZ..E..s
t'7t~'"Iacf@
O~'\\.À~
- - - -
"",&(,.,.~@
""Jrn.OJS @
x
X
()nd'1l~
m}mc~f~
)<
x
,...,ef()l"'~
?>'1Il\\...o.~@
)(
)(
WII1'rna.'!:f <§l
;x
)<-
-c~~
-.-., '<f:f @)
><
,)(
mte'",~@
'''''''''?f-@
x
X
fY7Icr",0(f @
lnJ'-nolCf@
X
><
-
- .. - - - - L
_ _ _ _ _ _ 1-----1---- ~--- .-- - ----1 -f--- --------- ... _----
J-cnJ-
t.of;J-
44
e."., ~
~....(.-; oC:;"'J..t;;;~
PllASoYlV>7e~ ~
~<F'~~ç
~~J!~vt~
OIIQnt~(t) . ><
'f,
11Y\\~®

i<
rmerm"~@
.><
)(.
~@
/<
><
tn. •.'",u~
)<
:
)1
1
-r>t""'A(f-@
x
x
!
'<'
i)t..
rmt/1?1<O'Q"-@
--~if®
X
><
x
)<.
~~®
~"?@
)<
>'
i
1
1
~"2f-@
X
1
X
1
1
X
6 CV>1<"Q
(1.)
==
C"'S"-f 'Lo~
_ totJ.
~ c1..~
b""",,,,
(l..)
-::
C<-WeJ
" ....dr.,..,.,~~
_ l-ùJ.
--. tG'~
ch.A.
( -1-)
=
~,.., .._bi.......'-)'<JY>J 9-""' ~
t;->'IQJ~
c1wl
(l)
{'n
~
v 1 lX "J'
~".'."'.~_:'rm'.",ry~_,~.:.•~._:_n"",,,-,,,,:,.,,,,,,,,,,"':~"""'-""'~:?:':'-~7' '-·'''':'-~.''''':'''''·-_"-'''!<''''.·';P'''''··><:.''S:_~Y'''':-'.'",M '"'''''''''~~'~·'~'''''~_''':·~''_".''':''''''''_:'"P_t-'~'''''''J''''';''''''l-·''''.'''''''·:~:'''_'''?!_~'·''''''''''1''''~'''"''}'''--.~'''1'''''~1''''''''\\''~.'''«~'''''''''''''''''~.''1''I'',"'''_.:!'"l'
."-'l"W'~':"""""'''''_'''-''''-''·'~''~'''-'';''''··~.''_''''''··_'_'''''_~~'''''""" ..._ _.~~\\'_-:""""""_'.'":""'''''~·''''''''r'~''''','"""""",,,"'''''''''''''''''_'''''-''''_.'''''''''''_"''''''"~''''
"'-_'_'"f"""":"""'''''_'''''''~'''''''''''>'''''~''''':'~ '~_~',"'~~'_",!!,",,'~"''''''->-·"""".""'7""'~",-~·.··"'··'~'W,"""",';"""~""
_-".--:\\~'."."'I\\"."~I'm"

....
- • j
- .J.J~ -
l~~
)r
y
y
,,)
~

. ' .. -
._-. __.-
-_...- .- ------
1
1
j
.d-
;.
l
"1
i
y
\\'
1
- .--
_- .
..
. - . -
--~ ~
- -_.-- ..
,
Î
'il
.~ :~ ------- .. - .-
..•
- - _..
..
..
. - ...
. "
"
" 0 ' _ "
~
......- .__._--_. .. ... -. ------_. -_ ..
., .
._.- ..
_,
~
' - " -
l-
X
\\l-
i I-ï . ..... '
.'-'~ -."
. . -
1
~Il-i
:>t:
Cl
~
~~- -_...-
....._._._-_.....
...
_ _ o • • _ _ _ _. _
-
_ " • • _ _
" .
0 - -
_
• • • _ .
,
j
r
~
'l'J
i
1 ~
!
)(
X
Y
,l
-_._--_._-_._---
_
_.".. -
1
.. _..._-
-----
1-11
1
.1'1
I--:,--l:' ...
---- -
1
'
_._-------
. '
1
,
~ 1 ~~
X
!
)(
<'l')
~ 1 ~
~I
_--
- -
1
-...
" . "
-l i
1
..
:,j
1
l(
X
'J J
~
x,
x.
x
1
"''1)
NI -!
-------
~-_ . . - .
._-- -
1
~
~ ~: ®®
@@@ ®
~1'
i
~
,~;
! ~:
"
<:>.:..
-.)
f-
1
i t
v
~tp ~
,
-

\\
l
1
J
oz
- ~ !
?
i: ~
4
"",
1
,
~'
~
;
.--:"
- ~
-'-
-
i
, 11
- .
1
l'
r
1 j '$
1
).
.le
,,\\
\\(
),-
li
~
i! 1
TI
-
..
1
i
l
't
X
x
)(.
~
~
x ~
. -
---
i ' 1cJ
I~ :~ --.
}-
x.
x
i
Y.
f
1
~
-J :lJ
x
x
X
x-
..
,
~I'd
_..• -.,,------.- .. _..
... ..
'
.
.._-
foJ
;<

1.) l~ -'-_.-._---- •. ---. . -". - -
_.- .
..


-
- j
_ --
..
{:H
~'"
-_
~ r---- -------.- -- --_..__
.._--._-.
...
.
- -
-4
.fI
..
-C
x
1
~
X
x,
~
.J(
,'<
;...
X.
J
-1
1
.-
·1: ®©Œ> ' ' r
III -f1'
1
G> Q @@
1
® -.J-d,~ ~
~
fi
~: JJ
~I
f J~ ~I 'LSI
l
'- ..
_t ~ r 'h:J ~
--1 ~I",
..
j~i {
-~
-~ -s -~
t
f
~
~:~: §
JI
11~1
i
~
~
,
~
~
v-('
-...-
,

- J5J -
Matériaux traditionnels de construction
Briques en banco qui sont à sécher
Secco et poutres qui servent à la confection des
,oits des cases rondes.

Une concession traditionnelle comportant des cases rondes au
toit de chaume.
Coexistence de l'habitat ~raditionnel (cases rondes. grenier)
avec l'habitat moderne case rectangulaire au toit de tôles
La case ronde. le grenier)coexistent avec la case rectangulaire
au toit de tôle

- 355 -
Cases rectangulaires en banco au toit en tôle
Case rectangulaire en banco au toit en terre battue

- 356 -
Les cases rectangulaires en banco au toit en tôles
Le baobab surplombe les cases rectangulaires au toit en tôles
L'itat des routes en saision de pluie peut être appr~ci'.
Une autre vue de la ooncession ci-dessus

- 357 -
Case rectangulaire au toit ,en tôles
à gauche une réserve de briques po'ur la con~truction
A l'entrée de la con~ession le boutiquier expose sa
marchandise.

-
jjd -
Les cases rectangulaires en banco au toit en tôles
Au. dessu~du toit sont alignés les gros cailloux qui em~êchent
le vent d'arracher les tôles. La eonstruction comporte des portes
en tale avec une fenêtre métallique.
A gauche on aperçoit une case rectangulaire en banco et à droite
des construction en dur ou en semi dur.

.- 359 -
Les constructions modernes en dur
La maison CAMICO dont l'entrée sert de parking d·e vélos et
de mobylettes
A côté du Palais de Justice une construction en dur.
\\
des femmes vendent des fruits et lé~es.

- J60 -
Constructions modernes en dur
Constr~lction en dur s,ervant de commerce.

- )61 -
Salle moderne de CINEMA

-
)62 -
Les immeubles qui représentent le luxe à Ouagadougou
~ TnT A r La bangue filiale de la BNP

- J6J -
Les dernières techniques de construction
Nouvelle construction de l'ADUA avec des parpaings en mélange
de ciment et de terre.
Le toit se construit en briques~présente une forme arrondie.

- J64 -
Pour situer notrè échantillon de ménages à travers
l'habitat que nous avons décrit. le tableau 1!( p.1')'t.)nous
donne pour nos ménages la zone de résidence (lotie ou non
lotie) le type d'habitat principal et le niveau de confort
(eau et électricité) selon le statut du chef de ménage.

- J65 -
LèS constructions en dur se rencontrent chez les ménages
de fonctionnaires, de petits patrons et de gros commerçants.
D'une manière générale, au BURKINA FASO, n'accède enoore
à ce type d'habitat moderne qu'une faible minorité de la
population. Ces dernières années on peut observer une légère
poussée de ce type d'habitat dans les villes notamment, mais
selon les résultats du receQ$ement de 1 975 (~) 1 plus des
J/4 de la population vivent dans des maisons construites
en banco (78 %). 18 %vivent dans des paillotes tandis que
J %seulement vivent dans des habitats en dur ou semi-dur.
Les ménages des catégories inférieures de l'échantillon
(comme l'écrasante majorité de la population) occupent des
logements plus ou moins précaires 1 constructions en banco
et quelquefois crépi'Sen ciment pour constituer le semi-dur.
Ces maisons (précaires) en banco sont d'une durabilité re-
lativement limitée = elles peuvent être détruites au bout
de 5 ou 10 années, car elles résistent mal aux intempéries a
pluies, vent. En saison de pluie i l est fréquent de voir
des maisons s'écrouler.
Portes et fenêtres sont aussi peu résistantes. Les termites
ne manquent pas de ronger le cadre en bois (qui supporte
le morceau de tôle) contribuant ~ son usure ••• et le vent
arrachera à la moindre occasion portes et fenêtres.
b) ~2!2~!_g!_~!!2~!_!]_~2~!~_~~222~E!~!2n_g!~_Ef~2!~
si certains logements comptent de nombreuses pièces
(5. 6 ou plus) d'autres se limi~~nt à 2 ou J pièces.
(4) Principaux résultats du recensement de l 975
Institut National de la Statistique et de la Démographie
Janvier l 979.

- 366 -
Les dimensions des pièces se mesurant au nombre de
tôles ondulées qui recouvrent le toit il s'agit le plus sou-
vent de pièces d'une dizaine de tôles. Une pièce de 10 tôles
correspond à une surface de 3 m sur 4 m.
Les dimensions réduites des pièces, le nombre limité
des pièces par logement (notamment chez les ménages de caté-
gorie inférieure ), la taille importante des ménages ••• sont
autant de facteurs qui concourrent au surpeuplement. Ainsi,
- Le logement du ménage 3 (ménage ouvrier) compte 2 pièces
et abrite 9 personnes.
- Le ménage 4 (ménage d'artisan) compte 2 pièces abritant
11 personnes.
- Le ménage 6 (ménage d'inactif) dispose de 3 pièces pour
12 personnes.
- Le ménage 2 (ménage de retraité compte 4 pièces pour 8
personnes.
Les modes d'occupation des pièces restent fortement
imprégnés par les modes socio-culturels de vie. Ainsi, le
fait que l'homme et la femme occupe la même pièce traduit
la modernité. En effet traditionnellement et c'est toujours
le cas dans de nombreux ménages J
Le chef de ménage occupe une pièce considérée comme
la chambre conjugale et d'autant plus si le ménage est po-
lygame. L'épouse, ou les épouses de leur côté occu~ent cha-
cune une pièce avec leurs enfants (les filles jusqu'à leur
mariage et les garçons jusqu'à l'âge de 10 ans).
Les autres membres du ménage occupent d'autres pièces

- 367 -
avec une séparation entre hommes et femmes et parfois jeunes
et adultes.
Les pièces occupées par les épouses sont donc les plus
surpeuplées 1 car il est fréquent qu'une épouse élève 6, 7,
voire 8, 9 ou 10 enfants.
Le surpeuplement contribue à la multifonctionnalité des
pièces 1 le jour elles servent de véranda, de salon et la
nuit elles se transforment en dortoir où chacun déplie sa
natte.
Comme dit l'épouse du ménage 29 1 nNotre salon n'a pas
le même visage le jour et la nuit .....
Il arrive que la pièce occupée par l'épouse soit trans-
formée en cuisine (quand il pleut) pour celles qui préparent
d'habitude en plein air et qu'elle abrite les foyers. C'est
là un autre aspect de la multifonctionnalité de ces pièces
du logement qui servent à tout et à tous •••
Par ailleurs le surpeuplement crée la promiscuité et
l'absence d'intimité 1
Dans le ménage 3 ou le logement se compose de 2 pièces,
l'une des pièces est occupée par le couple et 3 des enfants
et la seconde pièce par le neveu du chef de ménage et 3 au-
tres des enfants; l'épouse déclare 1
"Pour nous retrouver ou simplement pour parler entre nous
il faut s'assurer que les uns e~ les autres dorment ca~ les
2 pièces communiquent l'une à l'autre ••• n (épouse du ménage 3)
Précarité des logements, surpeuplement des pièces, en-
trainant la promiscuité, absence d'intimité, c'est en Afrique

- J68 -
comme autrefois en Europe "l'enfer du 10gement"(4) pour les
ménages les plus pauvres.
Après les modes d'acquisition des parcelles, le type
de l'habitat, les modes d'occupations des pièces qu'en est-
il du statut d'occupation, des (coûts et des modalités )
d'accès à ces logements?
C) ~~~_~~!~~~~_~:2~~~E!~!2~_g~~_!2g~~~~~~
Les logements sont individuels car les logements collec-
tifs (genre HLM) sont quasi inexistants du moins dans les
quartiers populaires ; la précarité des constructions et
essentiellement les modes de vie fortement marqués par l'u-
sage de l'extérieur ne favorisent pas leur développement.
ces logements individuels sont généralement la propriété
de leurs occupants. Sur les 41 ménages enquêtés 2 se trouvent
en location (ménages 8 et 9).
Il faut dire que le système d'hébergement par des pa-
rents résidant déjà dans la ville réduit la proportion des
individus recourant à la location 1 le fils réside chez le
père avec sa femme et ses enfants en attendant que ses capa-
cités lui permettent l'accès à son propre logement. D'autres
occupent une portion de la concession attribuée par le père
ou héritent de la concession de leurs parents. Ailleurs,
un ménage peut être hébergé pendant plusieurs années chez
des parents en attendant de pouvoir accéder un jour à son
propre logement.
(,L î Michel VERRET 1 "L'ouvrier français"
l'Espace ouvrier
Collection U
Armand COLIN
Avril 1 979

- 369 -
- Ainsi, le ménage 3 de retour de Côte d'Ivoire a vécu 2 ans
chez le frère aîné du chef de ménage avant d'accéder à son
propre logement.
- Le ménage 31 a résidé pendant 4 ans chez des parents du
chef de ménage avant d'obtenir le logement qu'il occupe.
- Le ménage 41 est resté 6 ans chez l'oncle du chef de ménage
avant de déménager dans sa concession propre.
Les parents en question qui hébergent les intéressés
contribuent à leur accession au logement propre (dans les
zones non loties principalement) par le jeu des connaissances
de5see responsables coutumiers qui ont des possibilités de
distribution de terrain. Auprès des responsables coutumiers
où le "code de bonne conduite" joue un rôle fondamental pour
l'occupation d'un terrain et l'intégration au sein du quartier;
la moralité du demandeur de parcelle sera appréciée en ré-
férence à celle de son logeur car on suppose que :"qui se
ressemble s'assemble".
L'extension du phénomène d'hébergement par les parents
fait donc que les locataires à OUagadougou se composent en
majorité de populations étrangères n'ayant pas dans la capi-
tale de proches parents chez qui s'établir.
Mais les conflits de plus en plus fréquents dans les
cas de cohabitation, tendent à induire avec la recherche de
l'autonomie, ceJle de la location - celle-ci n'étant guère
empêchée ••• que par son prix •••

- 370 -
D) ~~~_!2~~~_~!_~2g~~_~~~_!2g~~~n~~
o !!~~_!2~~!:~
Les ménages 8 et 9 qui sont en location payent un loyer
mensuel de 3 000 F CFA. C'est le loyer moyen pour les maisons
en banco de 2 pièces avec une entrée dite véranda et une
chambre sans eau ni électricité.
Ce loyer de 3 000 F CFA représente environ le 1/6 ème du
SMIG mensuel. Pour le chef du ménage 9 qui a un revenu men-
suel de 19 000 F CFA (l'épouse étant sans revenu) le loyer
de 3 000 F CFA représente 15 %du budget du ménage (pour
une maison sans aucun confort).
Plus le logement est aménagé et plus le loyer grimpe,
vertigineusement parfois. Jean Maurice DERRIEN donne des
exemples de hauts loyers 1 "Un cadre africain de banque par
exemple peut gagner de 250 000 à 400 000 F CFA par mois 1 à
OUagadougou, un appartement de 3 pièces vide, coûte en lo-
cation de 85 000 à 120 000 F CFA par mois, charges comprises
une villa, vide de 145 000 à 340 000 F CFA ••• " (.A-),
Le loyer de la villa vide représenterait ainsi 8 à 18
fois le SMIG. On comprend que le loyer demeure objet de spé-
culation notamment pour les gros propriétaires. La construc-
tion en vue de la location était devenue le principal domaine
d'investissement dans le pays. Nombreux sont ceux qui réus-
sissent à construire des logements modernes en dur qu'ils
mettront en location tout en continuant à vivre dans les
maisons précaires en banco.
Pour lutter contre la spéculation au niveau des loyers,
des mesures de règlementation ont été prises en 1 984 par
les autorités :
l Al. J.M. DERRIEN l "Les salariés du BURKINA font-ils partie
des classes moyennes?"
op. cit.

- 371 -
- déclaration obligatoire du bail au service du domaine.
- coûts des loyers fixés en fonction des surfaces et du
confort du logement ••• etc
Les autorités ont même décrété la gratuité des loyers
durant toute l'année l 985 ; une mesure qui a fait des petits
propriétaires vivant uniquement de petits loyers des cas
sociaux d'un type nouveau.
o gQg!~_~~_2Q~~!~2!!Q~_~!_~Q~~_~~!g2~~_~_!!_ErQEr!~!~
Nous ne disposons pas d'évaluation de coûts de construc-
tion des logements occupés par nos ménages. Mais en nous ré-
férant aux prix des matériaux, des parcelles et au coût de
la main d'oeuvre ••• (cf les évaluations retenues par M.P.
VAN DIJK) la construction d'un logement même dans les con-
ditions ci-dessus évoquées impose un investissement du mé~
nage, plus particulièrement du chef de ménage puisque c'est
à lui qu'en incombe socialement la charge.Les difficultés
pour répondre à ce besoin - besoin carnon ne vit pas sans
abri ••• "\\A) - seront d'autant plus grandes que les revenus
des ménages seront précaires et aléatoires.
Les ménages aux revenus sûrs et réguliers recourent au cré-
dit auprès des banques, mais ceux dont les revenus sont
aléatoires - population généralement refoulée par les orga-
nismes financiers et pour cause - doivent trouver d'autres
sources d'investissement. Comme les économies manquent, le
seul recours possible devient l'endettement auprès des
commerçants, des parents ou des amis.
Le chef du ménage 41, ouvrier s'est endetté directement
(-i) Michel VERRET l "L'ouvrier Français - L'espace ouvrier"
Op. cit.

- 372 -
auprès de son patron et il raconte comment il a acquis son
"chez soi" ;
"Ce n'est jamais facile d'envisager la construction d'une
maison surtout quand on n'a pas un salaire important
Quand
on a un salaire suffisant à peine à se nourrir.
Au village la construction d'une maison coûte en force phy-
sique mais avec l'aide de tous les hommes de la concession
on y arrive ••• L'argile est à la portée de la pioche (il
suffit de creuser) ; le bois et la paille pour la toiture
se trouvent en brousse ••• Pour la fabrication des briques
et pour la construction ••• on s'entraide •••
Mais à OUagadougou tout s'achète ; l'argile pour les briques,
les tôles, les chevrons ••• Il faut employer un manoeuvre
pour la fabrication des briques (si on ne le fait pas soi
même) et un maçon pour la construction. Il faut acheter
l'eau ••• on ne finit pas de citer tout ce qu'il faut acheter
pour la construction d'une simple maison en "banco". Une
construction en ciment nécessite davantage •••
Comment faire quand on ne gagne pas beaucoup à la fin
du mois ?
En l 974 quand j'ai obtenu le ~errain grâce à des pa-
rents et amis j'ai parlé de mon projet de construction à
mon patron. Il a promis de m'aider en m'accordant des prêts
en avance sur mon salaire chaque fois que j'en aurai besoin.
C'est ainsi que les travaux ont ru démarrer. Chaque fojl que
le maçon faisait tel ou tel travail, je me rendais au domi-
cile du patron pour l'en informer. Il m'accordait une cer-
taine somme qui sera ultérieurement retranchée sur mon salaire.

- J7J -
A l'époque (1 974) mon salaire était de 12 400 F CFA par
mois. Il y eut des mois où le patron constatait que s'il
retranchait toutes les dettes contractées il ne me restera
plus rien sur le salaire. Alors par pitié il m'épargnait
quelquefois le remboursement de certaines dettes. Le mois
où j'ai acheté les tôles j'ai dû lui emprunter 20 000 F CFA.
Après m'avoir retranché 15 000 F CFA sur deux mois il s'est
aperçu que j'étais dans l'impossibilité de vivre avec ce qui
me restait comme salaire. Alors il m'a fait cadeau des
5 000 F CFA qui restaient à rembourser.
C'est ainsi que petit à petit j'ai réussi à obtenir
le logement grâce à de nombreux sacrifices. J'essayais de
dépenser le moins possible par ailleurs. Heureusement qu'à
l'époque ma femme, mes J enfants et moi-même étions logés
et nourris par mon oncle.
J'essayais de limiter également les dépenses de la
construction en faisant beaucoup de choses moi-même avec
l'aide de mes cousins. Nous avons procuré une partie des
chargements d'argile et de sable. Nous avons confectionné
une partie des briques. Plutôt que de prendre un manoeuvre
qui aidera le maçon dans la construction, j'étais le manoeu-
vre du maçon •••
Tout cela fait qu'il m"est impossible de te dire ap-
proximativement combien la construction m'a coûté ••• (chef
du ménage,4l).
Effectivement il est difficile de donner des coûts de
construction lorsque celle-ci passe en même temps par l'achat
de certains matériels, par l'auto-fourniture en matériaux,

- 374 -
par l'auto-participation aux travaux et l'entraide familiale.
on retiendra tout simplement comme disent les intéressés
que c'est au prix de grands sacrifices, en dépenses physiques
et en endettement que les ménages parviennent à se procurer
leur logis.
~!~_!2g~~~n!~_~~_~2n~!~!~!n!_!~_~2~~_~!~_~2~E
Pour les ménages aux revenus aléatoires les logements
se construisent d'ailleurs qu'au coup par coup (les travaux
étant échelonnés suivant le mouvement des revenus) et cela
peut durer des années 1
Le chef du ménage 6 (cuisinier aujourd'hui au chômage)
a construit sa maison (2 pièces) en banco en 1 962. Ce n'est
qu'en 1 974 (12 ans après) qu'il a réussi à poser un toit
en tôles ondulées. Auparavant la maison avait un toit tra-
ditionnel en terre battue supportée par des poutres en bois.
Compte tenu du niveau des ressources de la majorité
des ménages A Ouagadougou, en matière de logements nous di-
rons avec M.P. VAN DIJK (L) qu'il est probable que des ménages
continuent quelques temps encore à construire en banco. Ce
type d'habitat est beaucoup moins onéreux (à moyen terme)
que la construction en parpaings de ciment qui dure bien
plus longtemps, mais revient 5 fois plus cher.
e) ~~~g~!E~~~n~_~~~_!2g!~!n!~_~~~_~~n~~~
Le logement ~e l'écrasante majorité des ménages est
très faiblement équipé et les équipements qu'on y trouve
demeurent le plus souvent traditionnels.
(1) M.P. VAN DIJK 1 "Programme des emplois et des compétences
techniques pour l'Afrique"
op. cit.

- 375 -
- ~~_E~!~!~~~ sont ces petites maisonnettes en banco même
pour les ménages enquêtés où l'habitat principal est cons-
truit en dur. Par contre les coins cuisines des ménages 4,
8, 9, Il, 14 demeurent des espaces non couverts et quand
il pleut les épouses de ces ménages transfèrent leurs mar-
mites sur les foyers installés dans les chambres qu'elles
occupent.
Dans les cuisines les foyers sont essentiellement les
foyers à 3 pierres, quelques petits fourneaux métalliques
de fabrication artisanale. Seuls les ménages l, 2, 15, 20,
24, 25, 26, 28, 29, 33, 37 disposent des foyers améliorés
qui sont en diffusion. Nous y reviendrons.
- ~~~_E2!~~_g~_~2!!~~~~ 1 il s'agit des espaces entourés
par 4 murs ou des "secco". Aucun ménage ne possède de sani-
taires modernes intérieure.
- ~:~~~_E2Yr~~~_~!_!:~!~~~~!E!~~ constituent les éléments
de confort dont de nombreux ménages sont privés (cf tableau
LB pour nos ménages).
D'une manière générale le nombre des abonnés pour l'eau
et l'électricité s'établit comme suit pour le pays et pour
sa capitale (et les villages environnants).
1
1
rl[

- 376 -
Nombre des ab on- l Nombre des abon-
Nombre total
nés privés
nés publics
des abonnés
Exploitation (2) de
127 705
967
128 672
Ouagadougou
Ensemble du
218 105
2 508
220 621
Nombre des abon-
Nombre des abon- Nombre total
nés basse tension haute tension
des abonnés
Exploitation de
14 160
162
14 322
Ouagadougou
Le nombre total des ménages de Ouagadougou et les a-
bonnements pour la ville de OUagadougou uniquement nous au-
raient permis de calculer un taux d'abonnement mais ce sont
des données dont nous ne disposons pas •••
Nous
reviendrons plus loin sur la consommation de l'eau
qui se trouve rattachée à la consommation alimentaire.
Ct)
cf Annuaire statistique du BURKINA FASO
Institut National de la statistique et de la démogra-
phie Oct. l 984
(2) Exploitation de OUagadougou comporte la ville de OUaga et
les villages environnants.

- 377 -
Pour la consommation de l'électricité les tarifs d'abonne-
---------------------------------------------------------
Tarifs pour l'Exploitation de Ouagadougou
Tarifs basse tension
~S!~!~~g~_~!_~~~g~_~2~~~!!g~~
l ère tranche
81, 00
2ème tranche
79, 00
3 ème tranche
74, 03
tarif monôme
44, 31
77, 96
~s!~!~~g~_~~!~!~!~~!!f
Eclairage public
83, 00
Force motrice (particuliers)
73, 64
Force motrice administration
74
Tarifs Haute tension
--------------------
Tarif
industriel (particuliers)
60, la
Tarif non industriel (particuliers)
60, la
Administration
63, 23
Pompage eau
6
Rappel Taux horaire du SMIG (en l 982)
114, 00
Aux tarifs de consommation de l'électricité il fau-
drait ajouter les tarifs d'abonnement ou de branchement
aux réseaux électriques.
Nous n'avons pas les coûts d'abonnement pour l'élec-
tricité mais s'agissant de la consommation domestique le
chef du ménage 2 estimait en l 984 sa facture d'électricité
(A) Annuaire statistique du BURKINA FASO
Oct. 84

- 378 -
à environ 2 500 F CFA par mois en y faisant une très grande
attention et en éclairant parfois certaines pièces avec des
lampes tempêtes.
L'éclairage à l'électricité étant peu développé dans
les ménages (i~)' l' écrasante majorité s'éclaire grâce aux
lampes tempêtes qui fonctionnent au pétrole.
~~_Er!!_g~~_!r~!Q!~~_EQYr_Q~_~~~_g~~Q!~!r~g~_~~~!~
!~!!_!!Y!Y!!!~~_~!!_L2ê~ (L).
Unité
Juillet
Août
Septembre
.,
Lampe tempête
p~ece
-
3 125
3 125
Pétrole
litre
160
175
175
Allumettes
boîte
15
20
20
Horaire
114-
Rappel du SMIG
Mensuel
19760
De nombreux ménages rachètent le pétrole qu'en plus
petite unité que le litre 1 le contenu d'une bouteille de
Perrier (20 cl) ou d'une bouteille d'arôme Maggi ~10 Cl)
L'achat du pétrole au détail est source d'emploi et
de revenus pour de nombreux enfants qui le soir se promènent
de porte en porte avec leur litre de pétrole et leur bou-
teille de 10 et de 20 cl. Pour l'éclairage chaque pièce
lA) cf tableau 'H )c..X"t ~.;i,. - 3St
(l) cf Relevé des prix des articles, fourni par l'INSD 1
Institut National de la Statistique et de la Démographie
l 984-

- 379 -
doit disposer d'une lampe mais ce n'est pas toujours le cas.
Le soir il n'est pas rare de voir les enfants se disputer
les lampes afin de pouvoir assurer leurs devoirs et de les
voir travailler sous les lampes de l'éclairage public.
Les dépenses pour l'éclairage constituent des dépenses
masculines incombant généralement au chef de ménage lorsqu'
il s'agit d'éclairage à l'électricité. Dans le cas de l'uti-
lisation de lampes tempêtes les différents occupants des
pièces (disposant de revenus) se procurent leur lampe et le
pétrole.
- ~!~_~!~È!!~_!!_~~~!~~2!~!~_f!~!~_g~_12S!~!~!
Les lits, les matelas, les fauteuils en bois tendent à
se répandre et certains ménages de catégorie inférieure y
accèdent. Généralement pourtant ces biens modernes coexis-
tent avec les biens traditionnels.
• Coexistence des lits et des matelas avec les nattes 1 les
matelas en mousse demeurent jusqu'à maintenant le privilège
des catégories moyenne ou supérieure. Dans les catégories
inférieures on rencontre les matelas (de fabrication arti-
sanale) rembourés de paille ou de kapok.
• Les chaises et les fauteuils coexistent avec les bancs et
1
!
les petits tabourets.
1
• Les tables à manger, les armoires de rangement constituent
des biens modernes et de luxe et ne se rencontrent que dans
1
des ménages de catégorie supérieure 1 Généralement les habits
se rangent dans des caisses ou valises, dans des cantines,
1
dans des grandes bassines ou grands plats (quelquefois des
!
vieux habits ou des habits d'enfants dans des cartons).
î

- 380 -
Ceux qui sont d'usage courant sont suspendus sur une corde
tirée d'un mur à l'autre de la chambre. Traditionnellement
et chez les catégories inférieures le repas se prend par terre.
---= ~~~_E~!!_~~_~_ç~~_~~_g~~!g~~~_~~~_~~_2~~_~~~!2!~~_~~_!2§~
(/'~ )
Unité
Juillet
Août
Septembre
1
Lit (140x130)
pièce
12 500
15 000
15 000
liJatelas
"
4 500
4 500
4 500
Natte (12 bandes)
"
1 350
1 050
1 050
Fauteuil en bois
(sans toile)
"
3 500
3 500
3 500
Tabouret
"
200
200
200
Valise
"
3 800
4 000
4 000
horaire
114
Rappel du SMIG
mensuel
19 760
L'achat des lits; des matelas, des fauteuils, des chaises,
des tables à manger nécessite d'importantes sommes. Ce sont
des dépenses assurées par le chef de ménage. Les aînés des
enfants ainsi que d'autres membres du ménage qui ont des
revenus peuvent se procurer ces articles pour l'aménagement
des pièces qu'ils occupent.
Les petits tabourets accessibles aux petites économiesj
~e sont les épouses qui s'en chargent.
~~~g~!E~~~~!_~~~~g~~
Il comporte les assiettes ou les plats émaillés de toutes
les dimensions, les petits fourneaux métalliques à côté des
(1) cf Relevé des prix des articles fourni par l'INSD

- J81 -
"foyers à J pierres" ou au mieux du foyer amélioré déjà
mentionné, des marmites en fonte dont des numéros inscrits
dessus indiquent les dimensions i des canaris également de
toutes les dimensions, des seaux et des bassines, des cale-
basses, des louches, des spatules, des couteaux, des corbeilles,
des paniers, des mortiers, des pilons •••
L'équipement ménager moderne ou de luxe est représenté
par les assiettes en faience ou en verre (dites assiettes
cassables), les verres, les cuilleres et les fourchettes,
les casseroles en aluminium, les réchauds à gaz ou les cui-
sinières, les réfrigérateurs, les congélateurs ... qui de-
meurent le plus souvent des objets d'ornement.
unité
Juillet
Août
Septembre
Assiette (plate)
émaillée
pièce
12.5
12.5
12.5
calebasse moyenne
"
400
400
400
marmites nO J
"
l 2.50
l 2.50
l 2.50
seau nO J4
"
2 000
l 4.50
l 4.50
casserole en
aluminium
"
48.5
.500
.500
Horaire
114
Rappel du SMIG
mensuel
19 760
f!
Une partie de l'équipement ménager date du mariage des
époux. Mais les achats effectués au fur et à mesure relèvent
de l'épouse. Four l'équipement traditionnel seuls les mor-
tiers et les pilons peuvent être achetés par les chefs de
~i)
1
cf relevé des prix des articles fourni par l'INSD

- 382 -
ménage, le reste est procuré au ménage par l'épouse.
S'agissant des biens de luxe, l'achat des réchauds à
gaz ou des gazinières, des réfrigérateurs ••• incombe au
couple et particulièrement au chef de ménage.
Précarité et absence du minimum vital en équipement
(absence de l'eau) caractérisent les logements des ménages
de catégorie inférieure. L'équipement présent demeure essen-
tiellement traditionnel:
Le ménage ~ (artisan) occupe un logement de 2 pièces en
banco. L'équipement se résume aux nattes (une natte sert à
chacune des épouses et à 2 ou 3 enfants) 1 aux tabourets et
aux articles ménagers (marmites, canaris, plats émaillés,
calebasses, louches etc ••• ) • Le logement n'a pas de cuisine
et les épouses font la cuisine en plein air dans un coin à
l'angle de 2 murs. Quand il pleut les marmites sont transfé-
rées dans la chambre de la 1 ère épouse pour la suite des
travaux.
Le ménage 3 (ouvrier) occupe un logement en banco. La
cuisine est constituée par une maisonnette en banco. Un han-
gar est dressé dans un coin à l'entrée de la cour. Au fond de
la cour on trouve le coin-toilette (entouré par ~ murs) qui
fait face à un poulailler. Dans la cour sont dispersés des
petits tabourets et des bancs et 2 chaises en bois pour la
réception des étrangers. Le ménage ne dispose pas d'eau. La
batterie de cuisine reste traditionnelle.
Dans les pièces, le couple dispose d'un lit et d'un
matelas mousse (ramenés de Côte d'Ivoire); les enfants et

- J8J -
le neveu du chef de ménage ont des nattes 1 une natte pour
2 ou J enfants etc •••
Les ménages de catégorie moyenne ou supérieure accèdent
à des logements plus solides (dur ou semi dur) mais l'équi-
pement traditionnel reste présent avec quelques équipements
modernes.
Le ménage 2 (retraité) occupe un logement en semi dur
avec l'eau et l'électricité. La cuisine reste en banco, de
même que les murs des coins toilette.
Le couple dispose de lit et de matelas Qjnsi que les
aînés des enfants, les autres ayant des nattes. Le ménage
dispose par ailleurs de chaises (métalliques), des fauteuils
en bois (avec une toile) au côté des petits tabourets et
des bancs. Comme appareil ménager électrique le ménage a un
congélateur. (Disposer d'un appareil électrique suppose bien
évidemment l'électricité à domicile et c'est un luxe extrême
d'avoir un congélateur qui est d'un prix exorbitant à Oua-
gadougou). Seuls quelques ménages de catégorie moyenne ou
supérieure occupent des constructions en dur avec des équi-
pements plus ou moins modernes.
Le ménage 22 (fonctionnaire) occupe une construction
en dur dotée d'une terrasse; de l'eau courante et de l'é-
lectricité. Le chef de ménage, ses 2 épouses et la plupart
des enfants ont è~s lits. Les nattes à ~ôté sont d'utilisation
secondaire. La cuisine est une maisonnette en semi dur abri-
tant des foyers à J pierres, des foyers métalliques et un
foyer amélioré.
1
1
f

- 384 -
Le ménage dispose de réfrigérateur, de table à manger,
de chaises et de fauteuils dans le salon ••• Les petits ta-
bourets sont dans la cour •••
Il consiste dans le nettoyage et dans les réparations
diverses effectués dans le logement. Le budget consacré au
nettoyage est extrêmement réduit et les réparations atten-
dent le plus souvent des circonstances de force majeure pour
être effectuées. Ainsi les logements se dégradent (pntinuel-
lement.
. ~~_~~!!2~~g~_g~_1:b~~!!~!
Limité au balayage, les ménages se procurent générale-
ment 2 types de balais 1 l'un en brindilles (attachées en
bouquet) utilisé pour le balayage des pièces; l'autre en
fibres de ronier (également attachées en bouquet) servant
au balayage de la cour. Les premiers proviennent de la brous-
se environnante et des villages et les seconds des régions
!
du Sud-Ouest (Bobo Dioulasso, Banfora ••• ) où les roniers
~
sont plus abondants.
1
En saison de pluie les enfants ramènent quelquefois
t
des balais pour les chambres procurés dans la brousse en-
vironnante. Certains ménages en reçoivent des parents rési-
1
dant au village.
Sur le marché ces balais se vendent à la ou 25 F CFA
1
t
le bouquet et ceux utilisés pour les cours à 50 F CFA le
,
bouquet. Ces balais sont peu coûteux mais ne sont pas assez
!
résistants et nécessitent de fréquents renouvellements 1
1
1
une fois par mois ou tous les deux mois.
Le nettoyage (des logements) peut s'étendre au lavage
1
des sols mais c'est un privilège que d'avoir une maison au
!

- J85 -
~~~ lavable. Il suppose en effet un sol crépi en ciment ou mieux
carrelé.
. ~~~_~~E~~~~!2~~
Les réparations touchant à l'habitat sont essentielle-
ment &
- ~~~_~~E~~~!2~~_~~~_~2!~ 1 ces derniers se décapent assez
rapidement lorsqu'ils sont uniquement damés. Même les sols
crépis en ciment sont vite fissurés (car le mélange contient
beaucoup de sable et très peu de ciment). Des nids de poule
se creusent par endroit dans les pièces.
Les réparations des sols sont d'autant plus nécessaires
que de nombreuses personnes dorment sur des nattes à même le
sol. Mais le plus souvent les nids de poule restent plusieurs
années et se multiplient.
- ~~~_~~E~~~~!2~~_g~~_~2!~~ 1
Les toits en chaume nécessitent pratiquement des répa-
rations après chaque saison de pluie. Les toits en tôles
plus résistants que les précédents présentent ~ bout de
quelques années des perforations qui laissent infiltrer l'eau
dans les maisons et qu'il faut souder. Lorsque la pluie se
prépare nombreux sont les ménages qui préparent également
des plats, des seaux, des calebasses pour recueillir l'eau
qui pénètre à divers endroits de la pièce. Cela signifie
qu'il faut être présent chaque fois qu'il pleut et quand il
pleut la nuit le sommeil est interrompu.
Les points d'attache de la tôle aux chevrons sont les
endroits où l'eau s'infiltre le plus fréquemment.
La soudure de 2 à J trous peut coûter 500 ou 600 F CFA •••

- )86 -
- Réfection des murs z
------------------
Les murs en banco sont les plus exposés z chaque fois
qu'il pleut, l'eau emporte une couche et au fur et à mesure
les murs se trouvent rongés par endroit. Il y a également
les dégats occasionnés par les rats et les souris qui creu-
sent des trous dans les murs (d'autant plus facilement dans
les murs en banco) pour accéder dans les pièces. Alors il
faut reboucher les trous et parfois consolider les murs
lorsque les dégâts sont importants.
- ~~E~!!!2~_~~~_E2~!~~_~!_f~~!!~~~ z
Les termites s'attaquent effectivement à leur cadre en
bois. Le vent les arrache quelquefois.
Il apparait que les constructions précaires (occupées
par l'écrasante majorité de la population) sont les plus
soumises aux intempéries et nécessitent des réparations plus
fréquentes mais généralement c'est là où les réparations
qui occasionnent des frais, attendent les cas de force ma-
jeure •
. ~:~~!~~!!~~_~~_!:~g~!E~~~~! z consiste dans le lavage (à
l'eau savonneuse) des articles ménagers et essentiellement
dans les réparations des divers articles z les bancs, les
1
chaises et les fauteuils ••• cassés sont réparés chez le
menuisier du quartier ;
1
!
Les assiettes, les plats émaillés percés sont confiés à res
f
soudeurs qui bouchent le trou ou qui changent carrément le
fond du plat avec un morceau de tôle. La soudure d'un plat
1
r
!
percé peut coûter 50 à 100 F CFA ou plus, suivant le nombre
t

- )87 -
et la grandeur des trous et selon qu'il faut changer le fond
du plat. Les plats soudés se rouillent ou s'oxydent très fa-
cilement et ne manquent pas de teinter la nourriture et de
lui donner un certain goût lorsqu'elle est versée chaude 1
les gens se contentent de jeter la partie visiblement teintée
et consomment le reste.
Les réparations touchent de nombreux articles ménagers
les marmites percées sont également soudées; les calebasses
cassées sont recousues avec du fil etc •••
Les dépenses pour les réparations affectées à l'habitat,
et aux équipements tels les chaises, les fauteuils, les ins-
tallations (pour l'eau et l'électricité) ••• incombent au
chef de ménage. En revanche le nettoyage de l'habitat, l'en-
tretien des équipements ménagers traditionnels relèvent de
l'épouse. La réparation des articles modernes réfrigérateurs,
congélateurs, réchauds ••• reviennent au chef de ménage.
Schématiquement les coûts de réparations des articles
reviennent à ceux qui les paient.
2°) ~~h~Èi!!~~~~~_g~~_~~~~g~~
La saisie des dépenses du ménage pour l'habillement
nécessite une longue période d'observation que nous n'avons
pas pu réaliser. Par ailleurs n'ayant pas pu faire des inven-
taires des vestiaires des ménages nous nous contenterons donc
des indications observées sur les usa~es et les prix et de
quelques témoignages oraux tirés des entretiens.
a) ~~~_y~~~~~~~~
Les vêtements masculins se composent essentiellement

- 388 -
de pantalons, de chemises, de shorts, de boubous ou ensembles
traditionnels. Les vêtements féminins consistent quant à
eux en ensembles en pagnes et des foulards de tête. Généra-
lement les épouses achètent 3 pagnes (qui désignent un com-
plet) dont l'un est utilisé pour confectionner la camisole.
Les jeunes filles se procurent un ou deux pagnes (selon
la tenue à coudre 1 robe ou ensemble) ; pour les petites fil-
les un pagne suffit. Les bébés se contentent souvent des
restes du tissu utilisé pour la confection de la camisole
de la mère.
Hommes et femmes achètent le tissu assorti (les pagnes
pouvant servir à la réalisation des ensembles masculins
aussi bien que féminins). Ils le confient aux tailleurs qui
cousent les tenues sur mesure. L'achat du tissu et la confec-
tion des vêtements sur mesure par une main d'oeuvre profes-
sionnalisée (les tailleurs) constituent la façon la plus
courante de s'habiller. L'auto-confection des vêtements de
même que l'achat de vêtements tout faits; prêts à porter,
sont réduits.
. Q2g!~_g~_gY~1gY~~_~!!~!~~_Y~~!!~~n!~!~~~_~n_12ê~
~n_f_Qf!
(/1.)
Unité
Juillet
Août
Septembre
Tissu pantalon
le pantalon
l 750
l 500
l 500
(jean)
Tissu chemise
mètre
400
350
350
(popeline)
Tissu bazin
mètre
900
2 500
2 500
Pagnes ( Fas 0 Fany)
3 pagnes
3 250
3 300
3 300
Horaire
114
Rappel du SMIG
mensuel
19 760
Cf Relevé des prix fourni par l'INSD
Notons que les prix des vêtements varient énormément
d'un endroit à l'autre et à la
tête du client.

- 389 -
La confection d'une camisole peut aller de 750 F à
1 000 F CFA ou plus selon les modèles et selon les dépenses
annexes à associer 1 boutons, pressions, fermeture, dentelles,
élastiques etc • • •
Une tenue simple pour femme peut ainsi revenir à 3 300 F
CFA (pour l'achat des pagnes) 750 F CFA (pour une confection
simple) soit au total 4 0 50 F CFA ou approximativement le
1/5 du SMIG mensuel.
L'habillement des membres du ménage nécessite donc des
dépenses importantes. Nous ne sommes pas en mesure de donner
la part du budget consacré par les ménages aux dépenses ves-
timentaires. Toutefois des chefs de ménage aux revenus modes-
tes nous ont avoué s'endetter à l'approche des fêtes pour
donner à leurs femmes et à leurs enfants une tenue qu~sera
le seul achat vestimentaire de l'année qu'ils effectuent.
Pour les individus sans revenu, la tenue offerte par
le chef de ménage (ou par l'épouse) sera l'unique tenue de
l'année en attendant la prochaine occasion.
Ceux qui ont des revenus se procurent leur propre ha-
billement et le cadeau du chef de ménage vient en complément
ou peut ne pas les concerner.
~~~_~~~~~~_~~~~h~~_~~~_Y~~~~~n~~
On a besoin de vêtement tous les jours ••• C'est pour-
tant un privilège, du luxe que de s'acheter un vêtement en
dehors d'une occasion bien déterminée. Celle-ci est ordi-
nairement fournie par les fêtes, les cérémonies, les rentrées
scolaires (pour les enfants). Ainsi, Noël pour les uns, Ra-
madan pour les autres auxquels s'ajoute ou s'intercale

390 -
Un marché de vêtement
Jour de baptême :
on a sorti les plus
beaux habits et
les belles parures

- 391 -
pâques ou Tabaski ••• seront les grands moments des dépenses
vestimentaires. A ces occasions s'ajouteront des cérémonies
de mariage, de baptême avec notamment la confection des
uniformes requis à cette occasion dans les quartiers 1 chaque
mariage dans le quartier a en effet son uniforme choisi par
les mariés ou leurs proches et communiqué aux ménages voi-
sins et amis qui se le procureront en fonction de leurs moy-
ens, surtout les femmes et les enfants.
D'une manière générale, que ce soit pour les vêtements
de tous les jours ou pour les vêtements cérémoniels, nombreux
sont les chefs de ménages qui prétendent que ce qui importe,
c'est l'habillement des femmes et des enfants. Pour les é-
pouses ce sera l'habillement des enfants car disent-elles 1
"lors des fêtes les adultes peuvent se passer d'habits neufs
mais les enfants pleureront de voir leurs camarades avec
des tenues neuves et pas eux".
Effectivement les jours de fête il n'est pas rare de
voir des enfants en pleurs et en cris 1 des enfants incon-
solables parce que les parents n'ont pas réussi à leur pro-
curer du neuf. Et comme disent les parents aux revenus mo-
destes "ils ne peuvent que pleurer le jour de la fête. Ils
se calmeront bien le lendemain. Cela nous touche profondé-
ment mais il n'y a pas d'autres choix ••• "
Lorsque les revenus suffisent à peine pour la nourri-
ture, les besoins en vêtement demeurent le plus souvent
insatisfaits. On se soucie peu ou moins des vêtements et
les adultes encore moins que les enfants.
"Voici bientôt 6 ans que je n'ai pas réussi à me procurer

- 392 -
un seul-pagne neuf. Pour l'habillement je compte surtout
sur les bonnes âmes. Le peu de bénéfice que je retire de la
vente du dolo sert à procurer à manger à toute la famille ••• "
(épouse du ménage 38, ménage d'ancien combattant).
"Quand le commerce marchait mieux je pouvais m'acheter
une ou deux tenues dans l'année; autant de foulards de tête
et également des vêtements pour mes enfants. Et si le chef
de ménage nous achetait des vêtements lors des fêtes c'é-
taient des tenues en plus et dit-on & "un cadeau en plus est
toujours apprécié. Ce n'est pas comme une giffle en plus".
Mais de nos jours où rien ne se vend et où le commerce
se réduit de jour en jour je me trouve dans l'incapacité de
m'acheter même le simple foulard de tête. Pour les enfants
on est parfois obligé de fermer les yeux pour arracher quel-
ques sous du peu qu'on a pour leur acheter un caleçon parce
qu'on n'aimerait pas les voir marcher nus. Dieu merci, il
existe le "yougou yougou";"secouer" avant d'acheter ou fri-
perie qui nous livre des habits mains chers sur le marché.
Avec 100 ou 150 F CFA on peut y trouver de quoi couvrir le
corps d'un enfant ••• " (1ère épouse du ménage 40, de chef
de ménage gardien).
La friperie se compose de vêtements récoltés sous forme
de dons en Europe et qui au cours de leur acheminement se
transforment en marchandises pour s'exposer dans les marchés
africains. Au marché de Ouagadougou, les vendeurs poursui-
vent les clients ou plutôt les clientes. Ce sont les femmes
qui achètent davantage les habits pour les enfants- leur
accrochent les vêtements sur l'épaule et les supplient