1
1
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES
54, BOULEVARD RASPAIL 75006 PARIS
, LA NATURE ET LES CAUSES SPÉCIFIQUES
"DES SOUS-EMPLOIS" EN COTE D'IVOIRE:
ESSAI DE PROSPECTIVE
THÈSE -
POUR LE DOCTORAT DE
TROISIÈME CYCLE EN SCIENCES ÉCONOMIQUES
PRÉPARÉE SOUS LA [IIRECTION DE MONSIEUR HENRI AUJAC
PRÉSENTÉE ET SOUTENUE PAR ALLA KOUA
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JURY
L=~registré sous n'#JlIJL4' 7' ~
Président, M. RENÉ PASSET, Professeur à l'Université de PARIS l
Directeur de recherche, Monsieur Henri AUJAC. Directeur d'Études à l'E.H.E.S.S.
Suffragant
M. JACQUES MÉRAUD, Directeur d'Etudes à l'E.R.E.S.S.
PARIS 1985

L'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales n'entend donner
aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette
thèse.
Ces opinions doivent être considérées Comme propres à
leur auteur.

REMERCIEMENTS
Nous exprimons toute notre reconnaissance et notre
gratitude à Monsieur Le Professeur Henri AUJAC qui
a accepté spontanément de diriger et suivre ce tra-
vail jusqu'à son terme.
Ses conseils et sa dispo-
nibilité nous furent toujours précieux et guidèrent
efficacement dans nos réflexions.
Nous remercions également très sincèrement toutes
.' ~'
~..
les personnes qui, à des titres divers, notamment
"
celle qui a assuré la dactylographie, nous ont per-
mis de réaliser ce travail.

A ma femme,
A mes enfants,
A mes parents.

L'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales n'entend donner
aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette
thèse.
Ces opinions doivent être considérées comme propres à
leur auteur.

SOM MAI R E
= = = = = = = =
INTRODUCTION GENERALE
1. Objet de la thèse ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
1
2. Pourquoi les "sous-emplois" ••••••••••••••••••••••••••
1
3. Exposé général du problème •••••••••••••••••••••••••••
2
4. L'intérêt de la recherche ••••••••••••••••••••••••••••
5
5. L' originali té de l a recherche et ses limites •••••••••
6
6. Les méthodes utilisées et le plan adopté •••••••••••••
8
PARTIE PRELIMINAIRE :
APERCU GENERAL DES PROBLEMES DE SOUS-EMPLOIS EN COTE D'IVOIRE..
10
INTRODUCTION ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
11
CHAPITRE l - LES PROBLEMES DE SOUS-EMPLOIS LIES AUX
EVOLUTIONS DEMOGRAPHIQUE ET ECONOMIQUE •••••••••••
13
Sèction 1 - L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQ.V'e~................
14
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I. L'EVOLUTION DE LA POPULATION 'FgTAL®,;,••~.A......•l,..............
17
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A. Les caractéristiques de l'é~olution Ce_la Ropulation
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17
tot
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1. Le taux de croissance annué:I>Q,très éJi,6:é ••••••••••••••
17
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a) Une augmentation du taux deî&atalité ••••••••••••••
19
b) Une baisse sensible du taux de mortalité ••••••••••
19
c) Une hausse sensib~e du taux global de fécondité •••
21
d) Un nombre élevé de jeunes de 0 à 19 ans •••••••••••
22
2. Une migration externe et interne accentuée •••••••••••
23
a) Un niveau important d'immigT~ts •••• ~.............
23
b) Une migration interne très accentuée ••••••••••••••
25
3. Une répartition spatiale très inégale ••••••••••••••••
28
a) Une évolution moins sensible de la population rurale
28
b) Une évolution plus forte de la population urbaine..
30

B. Perspectives d'évolution à long terme ••••••••••••••••••••
34
1. Sur le plan global ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
34
2. Sur le plan sectoriel.................................
34
Conclusion •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
35
II. L'EVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE\\"..... •••••••••••••••••••
36
A. Définitions ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
36
1. Le critère d'âge ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
37
a) Les moins de 15 ans ••••••••••••• ~..................
37
b) Les plus de 59 ans .ou de 65 ans •••••••••••••• ••• •••
37
2. Le critère d'activité •••••••••••••••••••••••••••••••••
37
B. L'évolution de la population active ivoirienne •••••••••••
39
1. L'évolution de la population d'âge actif 15-59 ans ••••
40
2. Les caractéristiques de l'évolution de la population
d'âge actif •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
40'
a) La répartition de l a population d'âge actif par
sexe et par milieu géographique ••••••••••••••••••••
40
b) La répartition de la population d'âge actif par
tranche d'âge ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
42
Conclusion ••••••••••••••••••• 0...........................
44
Section 2 - L'EVOLUTION ECONOMIQUE ••••••••••••••••• 0 •••••••••••
44
I. L'ECONOMIE PRECOLONIALE (AVANT LE XVe SIECLE) •• 0 ••••••••••••
45
A. L'économie d'autosubsistance •••••••••••••••••••••••••••••
45
B. L'organisation de l'économie d'autosubsistance •••••••••••
45
1. L'unité de base •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
46
2. La répartition des biens et les échanges ••••••••••••••
46
a) La répartition des biens •••••••••••••••••••••••••••
46
b) Les échanges entre familles de même groupe ethnique
ou groupes ethniques différents ••••••••••••••••••••
47
II. L'ECONOMIE COLONIALE (1471-1960) •••••••••••••••••••••••••••
48
A. Les principales caractéristiques de l'économie coloniale••
49
1. L'introduction de la monnaie européenne •••••••••••••••
49
a} Par le commerce ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
49
b) Par l'impôt de capitation ••••••••••••••••••••••••••
50
2. L'implantation de cultures agricoles d'exportation ••••
50
a) Le cacao en 1 881 •••••••••••••••••••••••••••••••••••
50
b) Le café au début des années 1900 •••••••••••••••••••
51

c) La banane vers 1930 ••••••••••••••••••••••••••••••••
51
d) Le coton •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
51
e) Les cultures diverses ••••••••••••••••••••••••••••••.
51
3. L'implantation de quelques infrastructures ••••••••••••
52
a) Les équipements ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
52
b) L'appareil commercial ••••••••••••••••••••••••••••••
52
c) Une ébauche d'industries •••••••••••••••••••••••••••
52
B. L'organisation de l'économie coloniale •••••••••••••••••••
54
1. La production villageoise •••••••••••••••••••••••••••••
54
2. La prodùction de type européen ••••••••••••••••••••••••
54
III. L'ECONOMIE DEPUIS L'INDEPENDANCE (7 AOUT 1960 -
) ••••••••
55
A. Les caractéristiques de l'économie depuis l'indépendance..
56
1. Le développement par le commerce extérieur ••••••••••••
56
2. Une amorce d'industrialisation ••••••••••••••••••••••••
57
a) Le processus d'industrialisation •••••••••••••••••••
57
b) Les résultats obtenus entre 1960 et 1980 •••••••••••
58
B. L'organisation de l'économie •••••••••••••••••••••••••••••
59
1. La participation de l'Etat dans les investissements •••
60
a) Les ressources du BISE •••••••••••••••••••••••••••••
60
b) Les emplois du BISE ••••••••••••••••••••••••••••••••
61
2. La création d'organismes chargés de promouvoir le
développement •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
64
3. La formation des hommes et des femmes •••••••••••••••••
65 .~~
Conclusion de la section •••••••••••••••••••••••••••••••••
65
CONCLUSION DU CHAPITRE •••••••••••••••••••••••••••••••••••
67
CHAPITRE II - LA LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DES SOUS-EMPLOIS ••••
69
Section 1 - LES CONSEQUENCES DES EVOLUTIONS DEMOGRAPHIQUE ET
ECONOMIQUE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
70
1. LA MODIFICATION DES CQNDITIONS D'ACTIVITE DANS LES ZONES
RURALES ET LA CREATION DE DISPARITES REGIONALES •••••••••••••
70
A. La modification des conditions d'activité dans les
zones rurales ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
70
1. Problèmes de disponibilités en terres •••••••••••••••••
71
a) Problèmes ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
71
b) Essai de solutions •••••••••••••••••••••••••••••••••
72

2. Problèmes de main-d'oeuvre ••••••••••••••••••••••••••••
73
B. La création de disparités régio~les •••••••••••••••••••••
74
1. La différence de revenus ••••••••••••••••••••••••••••••
75
2. La disparité par le degré d'intégration dans
l'économie monétaire ••••••••••••••••••••••••••••••••••
75
3. La différence de cadre et de condition de vie •••••••••
7;
II. L'INSUFFISAlmE DE CREATION D'EMPLOIS •••••••••••••••••••••••
77
A. Paradoxe de l'économie ivoirienne: croissance économique
exceptionnelle et croissance modérée de l'emploi ••••••••
77
B. Essai d'explications ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
77
III. LA FAIBLE PARTICIPATION DES NATIONAUX A L'EMPLOI..........
78
A. Au niveau rural o........................................
7&
B. Au niveau urbain ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
79
1. En ce qui concerne la répartition de l'emploi par
secteur et par nationalité •••••••••••••••••••••••••••
79
2. L'ivoirisation des emplois •••••••••••••••••••••••••••
82
Section 2 - LA LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DES SOUS-ffi~LOIS ••••••
87
1. LES TRAVAILLEURS RURAUX ET LES SOUS-EMPLOIS
~.
87
Ao Les travailleurs ruraux en zone de forêts et les
sous-emplois •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
87
1. Ceux qui s'adonnent aux cultures spéculatives •••••••••
88
a) Le café et le cacao ••••••••••••••••••••••••••••••••
88
b) Les conséquences majeures : des sous-emplois à
caractère saisonnier et structural •••••••••••••••••
90
2. Ceux qui cultivent les oléagineux •••••••••••••• 0......
91
a) Les palmiers à huile •••••••••••••••••••••••••••••••
91
b) Les cocotiers •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 0.
92
~
~
3. Ceux qui s'intéressent aux productions fruitières •••••
92
a) La banane ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
93
b) L'ananas •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
94
B. Les travailleurs ruraux en zone de savane et les
sous-emplois •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
95
1. Ceux qui cultivent le coton •••••••••••••••••••••••••••
96
2. Ceux qui cultivent le riz •••••••••••••••••••••••••••••
96
C. Les autres travailleurs,
les inactifs et les sous-emplois
99
1. Les artisans, conunerçants t pêcheurs, -:temporaires ou
permanents •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
99

2. Les inactifs des zones rurales ••••••••••••••••••••••••
100
II. LES TRAVAILLEURS URBAINS ET LES SOUS-EMPLOIS •••••••••••••••
101
A. L'Administration et les sous-emplois ••••••••••••••••••••
102
B. Le secteur di t .non structuré ou informel ••••••••••••••••
103
C. Le secteur moderne et les sous-emplois ••••••••••••••••••
103
D. Les inactifs urbains •••• ~............................... 104
CONCLUSION DE LA PARTIE •••••••••••••••••••••••••••••••••
105
DEUXIEME PARTIE:
LA NATURE SPECIFIQUE DES SOUS-EMPLOIS EN COTE D'IVOIRE •••••••••
106
INTRODUCTION ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
107
CHAPITRE l - A LA RECHERCHE DE DEFINITIONS SPECIFIQUES AUX
SOUS-EMPLOIS EN COTE D'IVOIRE •••••••••••••••••••••
108
Section 1 - L'ANALYSE DE QUELQUES DEFINITIONS ET CONCEPTS DE
SOUS-EMPLOIS •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
109
1. LE SOUS-EMPLOI SELON LE BIT •••••••••••••••••••••••••••••••••
109
A. Définition •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
109
1. Le sous-emploi visible ••••••••••••••••••••••••••••••••
110
2. Le sous-emploi invisible ••••••••••••••••••••••••••••••
110
a) L'analyse de Joan ROBINSON •••••••••••••••••••••••••
111
b) L'analyse de W. Arthur LEWIS •••••••••••••••••••••••
111
3. Conclusion ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
111
B. La non adaptation de ces définitions dans le cas de la
Côte d'Ivoire ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
112
1. Au niveau du concept du sous-emploi visible •••••••••••
112
a) La notion de travail...............................
113
b) La notion de travail normal ••••••••••••••••••••••••
116
c) Le critère de la recherche du travail..............
119
d) Conclusion •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
121
2. Au niveau du sous-emploi invisible ou du chômage déguisé
1~2
a) Problèmes de mesurer les caractéristiques du sous-
emploi' invisible •••••••••••••••••••••••••••••••••••
122
b) Problèmes liés au concept du chômage déguisé •••••••
123

II. LES DEFI lUTIONS DES SOUS-EMPLOIS PAR JEAN PIERRE LACHAUD •••
124.
A. Ses différentes définitions ••••••••••••••••••••••••••••••
124
1. Le sous-emploi ou le chômage déguisé statique •••••••••
125
a) Approche classique •••••••••••••••••••••••••••••••••
125
b) Approche néo-classique •••••••••••••••••••••••••••••
126
2. Le sous-emploi potentiel ou chômage déguisé dynamique••
126
3. Le sous-emploi ou le chômage déguisé cyclique •••••••••
127
4. La suroccupation ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
127
5. Le sous-emploi ou le chômage déguisé malthusien •••••••
127
6. Le sous-emploi saisonnier •••••••••••••••••••••••••••••
128
B. Quelques remarques sur les définitions des sous-emplois ou
des châmages déguisés par Jean Pierre LACHAUD ••••••••••••
130
CONCLUSION DE LA SECTION •••••••••••••••••••••••••••••••••
131
Section 2 - NOTRE ESSAI DE DEFINITIONS •••••••••••••••••••••••••
131
I. LE SOUS-KMPLOI'OCCIDEN~AL
•••••••••••••••••••••••••••••••••••
132
A. Définition •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
132
B. Remarques caractéristiques •••••••••••••••••••••••••••••••
133
1. Quand est-on apte et disponible pour le travail? ••••••
134
a) L'aptitude au travail ••••••••••••••••••••••••••••••
134
b) La disponibilité pour le travail •••••••••••••••••••
134
2. A partir de quel moment est-on sans emploi? •••••••••••
135
3. Quand et sous quelles conditions se déclare-t-on à la
recherche d'un emploi? ••••••••••••••••••••••••••••••••
135
II. LE SOUS-EMPLOI MARGINAL OU D'ATTENTE •••••••••••••••••••••••
136
A. Définition ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
136
B. Les caractéristiques du sous-emploi marginal ou d'attente
136
1. La mutation des structures sociales et économiques •••
136
2. Le caractère inadapté du système d'enseignement ••••••
137
3. Le sous-emploi marginal conune conséquence de l'exode
rural •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 0...........
137
a) La disparité de revenus entre ville et campagne •••
138
b) La dotation d'équipement et de services des villes.
139
c) La volonté d'indépendance personnelle du migrant...
1 39
d) L'idée de prestige ••••••••••••••••••••••••••••••••
140
e) Enfin l'image de la grande ville ••••••••••••••••••
140

III. LE SOUS-EMPLOI STRUCTURAL ••••••••••••••• 00.0..............
141
A. Définition •••••••••••••••••••••••••••••••••~.............
142
B. Ses principales caractéristiques •••••••••••••••••••••••••
142
1. Les caractères structuraux liés au cycle climatique et
aux types de cultures pratiquées ••••••••••••••••••••••
142
2. Caractères structuraux liés à la sous-industrialisation
du pays ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 0 •••
144
IV. LE SOUS-El"iPLOI DEGUI SE •••••••••••c••••••••••••••••••••••••••
145
A. Définition ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
145
B. Les caractéristiques principales de sous-emploi déguisé••
145
1. La pléthore de personnel aàministratif et le surnombre
de travailleurs du secteur non structuré •••••••••••••
145
a) La pléthore du personnel administratif ••••••••••••
145
b) Le surnombre de travailleurs dans le secteur non
structuré •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
146
2. La difficulté de mesure du sous-emploi déguisé •••••••
148
CONCLUSION DU CHAPITRE •••••••••••••••••••••••••••••••
149
CHAPITRE II - L'ESTIMATION DES SOUS-EMPLOIS ••••••••••••••••••••
149bis
Section 1 - LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE •••••••••••••••••••••••
150
1 0
L'EMPLOI DANS LE SECTEUR MODERNE ••••••••••••••••••••••••••••
150
A. L '.emploi dans le secteur primaire ••••••••••• 0 ••••••••••••
1 51
1. L'évolution des effectifs •••••••••••••••••••••••••••••
151
2. Le niveau de qualification et l'ivoirisation dans le
secteur primaire moderne ••••••••••••••••••••••••••••••
152
B. L'emploi dans le secteur secondaire moderne ••••••••••••••
153
1. Remarques méthodologiques •••••••••••••• 0 ••••••••••••••
154
2. L'évolution des effectifs et ses principales caractéris-
tiques ••••••••••••••••••••••••••••••• 0 ••••••••••••••••
155
a) L'ivoirisation du personnel
156
••••••••••••••••••••••••
b) La répartition du personnel par catégorie socio-
professionnelle ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
157
c) Concentration des emplois ••••••••• 0 ••••••••••••••••
159
C. L'emploi dans le secteur tertiaire moderne •••••••••••••••
162
1. L'évolution des effectifs •••••••••••••••••••••••••••••
163
20 Les niveaux de qualification et l'ivoirisation du
personnel tertiaire •••••••••••••••••••••••••••••••••••
164

II. L'EMPLOI DANS LE SECTEUR TRADITIONNEL •••••••••••••••••••••••
166
A. L'emploi dans le secteur traditionnel rural •••••••••••••••
166
1. L'évolution de la main-d'oeuvre rurale •• •••••••••••••••
167
2. Quelques caractéristiques ••••••••••••••••••••••••••••••
168
a) L'existence d'activité non directement agricole •••••
168
b) L'utilisation de plus en plus de manoeuvres agricoles
et d'aides familiaux ••••••••••••••••••••••••••••••••
168
B. L'emploi dans le secteur informel •••••••••••••••••••••••••
1n
1. L'évolution des effectifs ••••••••••••••••••••••••••••••
1n
2. Quelques caractéristiques ••••••••••••••••••••••••••••••
1n
a) La faible productivité ••••••••••••••••••••••••••••••
172
b) La formation sur le tas des travailleurs ••••••••••••
172
c) La répartition des entreprises et des emplois par
branche d'activité économique •••••••••••••••••••••••
174
III. STIfTHESE DES EMPLOIS •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
177
Section 2 - L'ESTIMATION DES SOUS-EMPLOIS •••••••••••••••••••••••
178
1. LE SOUS-EMPLOI GLOBAL ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
178
II. LA REPARTITIONDU SOUS-EMPLOI GLOBAL ENTRE LES DIFFEREIITS
SOUS-KMPLOIS DEFI~ïS •••••••••••••••••••••••• &•••••••••••••••
180
A. Les critères de répartition ••••••••••••••••••••••••••••••••
180
1. L'âge •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
180
2. Le sexe •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
181
3. Les qualifications professionnelles ou le niveau d'in-
struction •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
181
4. La grille
d'affectatio~ ••••••••••••••••••••••••••••••• 182
B.
L'affectation'proprement dite •••••••••••••••••••••••••••••
183
CONCLUSION DU CHAPITRE ••••••••••••••••••••• &...............
185
COI~USION DE LA PARTIE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
185

TROISIEME PARTIE :
LES CAUSES SPECIFIQUES DES SOUS-E~WLOIS ET QUELQUES POSSIBILITES
DE LEUR UTILISATION A DES FINS PRODUCTIVES •••••••••••••••••••••
186
INTRODUCTION •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
187
CHAPITRE l - LES CAUSES SPECIFIQUES DES SOUS-EMPLOIS EN COTE
D'IVOIRE ••••~ •••••••••••••••••••••••••• o ••••••••••
187bis
Section 1 - LES CAUSES DUSOUS-~{PLOI OCCIDEIITAL •••••••••••••••
188
1. LE SOUS-EMPLOI· OCCIDENTAL PAR LE DISFONCTIOlw~NENT
DU MARCHE
DU TRAVAIL ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
189
A. L'explication théorique du chômage par le déséquilibre du
marché du travail •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
189
1. Dans les pays développés
189
• • • • • • • • • • • • • • • 0 0 . 0 • • • • • • • • • • • •
2. Dans les pays en voie de développement •••••••••••••••••
192
B. La situation du marché de travail dans le secteur moderne
de l'économie ivoirienne et le sous-emploi occidental •••••
194
1. Le marché du travail en Côte d'Ivoire et ses imperfections 194
2. L'évolution du sous-emploi occidental
196
••••••••••••••••••
II. LE sOUS-~œLOI OCCIDENTAL ET LE COMMERCE EXTERIEurt •••••••••
199
A. Le commerce extérieur et l'emploi •••••••••••••••••••••••••
200
1. Exportation et emploi
200
••••••••••••••••••••••••••••••••••
a) L'effet direct des exportations •••••••••••••••••••••
201
b) L'effet'de liaison des exportations •••••••••••••••••
201
c) L'effet multiplicateur des exportations ••••••••••••• .202
d) L'effet "dévises ll des exportations ••••••••••••••••••
~02
2. Importation et emploi ••••••••••••••••••••••••••••••••••
203
B. Les effets du commerce extérieur ivoirien sur le niveau
de l'emploi •••••••••••••••••••••••••••••••••• 0............
204
1. Les effets du protectionnisme ••••••••••••••••••••••••••
204
2. La structure du commerce extérieur et l'emploi •••••••••
206
Section 2 - LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI MARGINAL OU D'ATTENTE ••••
208
1. L'ECOLE ET LE SOUS-EMPLOI MARGINAL ••••••••••••••••••••••••••
209
A. Bref rappel historique de l'école en Côte d'Ivoire ••••••••
209
Be L'école et le sous-emploi marginal en Côte d'Ivoire •••••••
210
1. L'aspect quantitatif de l'école ••••••••••••••••••••••••
211
2. L'aspect qualitatif de l'école •••••••••••••••••••••••••
213

II. LA MUTATION DES STRUCTURES SOCIALES ET LE SOUS-EMPLOI
MARGINAL ..•••••••••••••••••••••••••
~16
G • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • o • •
A. La dispari tion de la solidarité entre les membres de la
famille traditionnelle élargie et le sous-emploi marginal ••
216
1. Les causes de la disparition de la solidarité ••••••••••
218
2. Le sous-emploi marginal causé par les conséquences de
cette disparition ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
218
B. La disparition du travail collectif au profit du travail in-
dividuel et le sous-emploi marginal •••••• 0 ••••••••••••••••
222
1. Les causes de la disparition du travail collectif dans
la famille élargie •••••••••••••••••••••••••• 0 ••••••••••
222
2. La création du sous-emploi marginal par la disparition
du travail collectif •••••••••••••••••••••••••••••••••••
223
III. L'EXODE RURAL ET LE SOUS-~WLOI MARGIl~ ••• 0 ••••••••••••••
224
~ Les Causes de l'exode rural •••••••••••••••• 00 •• 0 ••••••••••
224
1. Les causes économiques ••••••••••••••••••• 00 ••••••••••••
224
a) L'écart global- de revenus monétaires entre ruraux et
urbains ••••••••• 0.00 •••••••••••••••• 0 •••••••••••••••
225
b) La répartition inégale des revenus monétaires entre
les types d'activités (agricoles.et non agricoles) ••
226
c) Les conditions de vie difficiles dans les milieux
ruraux ••••••••••••••••••••••••••• 0 •• 00 •• 0 ••• 0.0 ••• 0.
232
ù) La rigidité du régime de 1a propriété foncière ••••••
232
2. Les causes ·socio-eul "tùrelles •••••••• •••••••••••••••••••
233
B. Les conséquences de l'exode rural sur le sous-emploi
marginal ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 0....
234
Section 3 - LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI STRUCTURAL .0.............
238
1. LE CARACTERE SAISOl~ER DES ACTIVITES ET LE SOUS-EMPLOI
STRUCTURAL •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
238
A. Les saisons en Côte d'Ivoire •••••••••••••••••••••••••••••
238
1. Le climat sud-équatorial •••••••••••••••••• 0 •••••••••••
239
2. La zone tropicale humide •••••••••••••••••••••••••• 0 •••
239
3. La zone de climat soudanais •••••••••••••••••••••••••••
239
B. Cormnent les saisons favorisent-elles le sous-emploi struc-
tural? •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
241..-
II. LA SOUS-INDUSTRIALISATION ET LE SOUS-EMPLOI STRUCTURAL ••••
242
A. ·Le processus 'industri el de l a Côte d'Ivoire et ses résultats
entre 1960 et 1980 ••••••••••••••••••••••••• 0 •••••••••••••
243

B. Le syndrome des diplômés ••••••••••••••••••••••••••••••••
270
CONCLUSION DU CHAPITRE ••••••••••••••••••••••••••••••••••
273
CONCLUSION DE LA PARTIE •••••••••••••••••••••••••••••••••
273
CONCLUSION GENERALE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
274
1. L'EVOLUTION PREVISIBLE DES SOUS-EMPLOIS A L'HORIZON 1990 .....
276
A. Les scénarios d'évolution de l'économie ivoirienne à
l'horizon 1990 •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
279
1. Scénario' 1 : Le blocage de l'économie •••••••••••••••••
280
a) L'évolution de l'économie ivoirienne depuis 1980 •••
280
b) Les indicateurs du blocage de l'économie à l'horizon
1990 •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
289
CONCLUSION DU SCENARIO 1 : LE BLOCAGE DE VECONOMIE •••
302
2. Scénario 2 : Le déblocage de l'économie à l'horizon 1990
303
a) La réussite de la politique d'ajustement structural
et·financier •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
304
b) Les prospectives fav.orables de l'économie mondiale
à l'horizon 1990 •••••••••••••••••••••••••••••••••••
307
CONCLUSION DU SCENARIO 2 : LE DEBLOCAGE DE L'ECONOMIE••
309
B. Les conséquences àes scénarios sur l'évolution àes sous-
emplois à l'horizon 1990 •••••••••••••••••••••••••••••••••
309
1. Les conséquences du blocage de l'économie sur l'évolu~
tion des sous-emplois •••••••••••••••••••••••••••••••••
309
a) La liaison entre les sous-emplois et l'endettement••
309
b) L'hypothèse selon laquelle les sous-emplois évolu-
eraient comme dans le passé ••••••••••••••••••••••••
312
2. Les conséquences du déblocage de l'économie et l'évolu-
tion des sous-emplois •••••••••••••••••••••••••••••••••
314
II. LES LIMITES DE NOTRE RECHERCHE •••••••••••••••••••••••••••••
316
A. Les lacunes des informations de base et le choix imposé
par ces informations ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
316
B. La précision des résultats obtenus ••••••••••••••••••••••
317
1. Des manifestations structurelles •••••••••••••••••••••
317
2. Des manifestations sectorielles ••••••••••••••••••••••
317
a) Dans le secteur agricole ••••••••••••••••••••••••••
318
b) Dans le secteur secondaire ••••••••••••••••••••••••
318
c) Dans le secteur tertiaire •••••••••••••••••••••••••
318
3. Des manifestations spatiales •••••••••••••••••••••••••
318

1. Le processus industriel de la Côte d'Ivoire •••••••••••
243
2. Les résultats obtenus du secteur industriel ivoirien
entre 1960 et 1980 ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
245
B. Les effets de l'industrialisation sur l'emploi •••••••••••
247
III. CONCLUSION : EVOLUTION CROISSANTE DU SOUS-EMPLOI STRUCTURAL
251
Section 4 - LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI DEGUISE ••••••••••••••••••
252
1. LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI DEGUISE DANS L'ADMINLSTRATION
PUBLIQUE •••••••••••• 00......................................
252
A. Le caractère inadapté et pléthorique de l'Administration
publique •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 0............
252
B. Les modalités de recrutement et le sous-emploi déguisé •••
254
II. LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI DEGUISE DANS LE SECTEUR INFORMEL..
255
A. La faiblesse de la productivité comme élément d'explica-
tion du sous-emploi déguisé ••••••••••••••••••••••••••••••
255
B. La faiblesse des revenus monétaires tirés du travail dans
le secteur informel......................................
256
II. CONCLUSION DE LA SECTION ...................................258
CONCLUSION DU CHAPITRE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••
258
CHAPITRE II - QUELQUES POSSIBILITES DE LEUR UTILISATION A DES
FINS PRODUCTIVES •••••••••••••••••••••••••••••••••
259
Section 1 - AU NIVEAU DE L'AGRICULTURE •••••••••••• 0............
262
1. LES OBJECTIFS •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
262
II. LES MOYENS •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
262
Section 2 - AU NIVEAU DU SECTEUR MODERNE •••••••••••••••••••••••
265
1. L'INDUSTRIE AU SERVICE DE L'AGRICULTURE •••••••••••••••••••••
266
II. LA PRISE EN COMPTE DU SECTEUR NON STRUCTu~E DANS LES PLANS
DE DEVELOPPEMENT •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
268
Section 3 - AU NIVEAU DE L'EDUCATION ET DE LA FORMATION ••••••••
269'
1. OBJECTIFS •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
269
II. MOYENS SUSCEPTIBLES DE REMEDIER A QUELQUES ASPECTS DE CES
PROBLEMES ••••••••••••• 0.....................................
269
A. La situation des jeunes qui sortent du système éducatif
sans avoir de formation adéquate ••••••••••••••••••••••••
269

BIBLIOGRAPHIE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••.••• •••••
320
LISTE DES/TABLEAUX ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
327
LISTE DES CARTES ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
331
LISTE DES GRAPHIQUES ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
331
Al-H'iTEXES :
ANNEXE l
CARACTERISTIQUES DES DIFFERENTS GROUPES ETHNIQUES ••
1-1
ANNEXE II
L'HISTORIQUE DE L'INDUSTRIALISATION EN COTE D'IVOIRE
II-1
ANNEXE III L'OFFICE DE LA MAIN-D'OEUVRE DE COTE D'IVOIRE:
HISTORIQUE ET REGIME ACTUEL •••••••••• 0 •••••••••••••
1II-1
,
ANNEXE IV
CODE DES Il>.TVESTISSEMENTS •••••••••••••••••••••••••••
IV-1
ANNEXE V
LE PLAN DE REDRESSEMENT FINANCIER ••••••••••••••••••
V-1
Aill'iTEXE VI
LES GRANDS PROJETS INDUSTRIELS •••••••••••••••••••••
VI-1
ANNEXE VII METHODE DE RESOLUTION DES PRINCIPAUX TYPES DE CORRE-
LATION EN DEUX VARIABLES DANS LE CAS DES QUATRE FONC-
TIONS 4•••••••••••••••••••••••••••••
VII-1
0 • • • • • • 0 • • • • • • • •
*
*
*

INTRODUCTION GENERALE

-1-
1. Objet de la thèse
Nous nous proposons d'abord d'analyser la nature "des sous-emplois"
en Côte d'Ivoire afin d'essayer d'élaborer des définitions qui soient spé-
cifiques à la situation de ce pays. Ensui te nous reChercherons leurs causes
après une tentative de quantifi~ation que nous ferons préalablement. Erûin
.'
nous nous
interrogerons, en guise de conclusion, sur leur évolution prévi-
sible, c'est-à-dire à l'horizon 1990.
Mais,avant toute chose, il convient de préciser pourquoi nous avons
employé le terme de Il sous-emplois Il au pluriel.
2. Pourguoi les Il sous-emplois Il
Dans la littérature économique le terme de sous-emploi est souvent
employé au singulier pour caractériser les problèmes d: emploi.
En effet, l'emploi, au sens large du terme, englobe dans leur gramie
diversité l'ensemble des activités économiques d'une société, c'est-à-dire
tout ce qui touche à la façon dont les gens gagnent leur vie, mais égale-
ment aux relations sociales et aux règles du comportement qui forment le
cadre du processus économique.
Chaque économie dispose d'un " s tock" de
possibilités d'utilisation de cet emploi.
Mais en réalité, elle ne l'uti-
lise jamais intégralement: que l'on songe ci l'armée de réserve de KARL ~illRX.
Dans les pays industrialisés le mauvais usage que l'économie en fait
se manifeste, d'après Henri TEZENAS DU MONTCEL,1 SGUS trois formes
--llinemploi est la situation où il est interdit à l'individu faute de
postes~ de contribuer par son travail à la créatiôn des richesses;
--le mal-emploi désigne l'inadéquation des aptitudes de l'individu
aux capacités réquises par le poste;
- l e sous-emploi est la situation où le poste existe mais ne permet
q u lune utilisation partielle de la capacité de celui qui l'occupe.
Le sous-emploi désigne, outre l'utilisation partielle de la capacité,
la situation d'une personne qui a un emploi mais dont la durée (jour-
nalière ou annuelle) est inférieure à la moyenne nationale, ou encore
la situation d'un pays où une partie de la population en âge de tra-
vailler est inutilisée (excédent ou surplus de la main-d'oeuvre inu-
tilisée).
Or, si dans ces pays, la distinction de ce mauvais usage de l'emploi
paraît aisée, voire appréhendable statistiquement, ce n'est pas le cas en
Côte d'Ivoire.
On rencontre à la fois les situations suivantes
-des personnes sans emploi et en quête de travail et qui n'en
trouvent pas;
1Henri TEZEl~AS DU MONTCEL, Inégalité et emploi, pour une nouvelle approche
de l'emploi
Cahiers de PInstitut de l'Entreprise, Chapitre 4, Paris 197ô.

-2-
--des personnes qui occupent un emploi à durée faible et qui
recherchent plus ou moins de travail complémentaire;
--des personnes qui effectuent de longs horaires de travail dans
de dures condi tions, mais dont l'emploi donne un revenu insuffi-
sant pour satisfaire leurs besoins essentiels;
--des jeunes scolarisés instruits ou pas, à la recherche de
leur premier emploi généralement en ville;
--des jeunes non scolarisés qui quittent la campagne à la
recherche d'un emploi salarié en ville;
!
--une_pléthore' de personnel administratif, commercial et arti-
sanal ;
--Enfin des groupes sociaux désava~tagés (tels que les femmes,
invalides) qui font l'objet de discrimination sur le marché
du travail pour une raison ou une autreG
On voit que le mauvais usage dè l'emploi recouvre plusieurs situations
en Côte d'Ivoire qui n'ont ou presque rien à voir avec l'inemploi r le mal-
emploi et même le sous-emploi ainsi défini par Henri TEZENAS DU MONTCEL.
Et c'est l'ensemble de ces situations qüe nous désignons par les "S0uS-
emplois ll ,
terme que nous définirons plus en détail par la sui te (dans la
deuxième partie)G
3. Exposé général du problème
De la colonisation qui a affecté la société ivoirienne a résulté
la création sur le secteur traditionnel de base, si nous pouvons le quali-
fier ainsi, d'un secteur d'activité moderne ou capitaliste qui, concentré
1
dans les CGntres urbains, principalement à"ABIDJAN et sa banlieue a con-
cerné tout d'abord l'exportation de produits agricoles (café, cacao, bois)
et miniers (diamant,~r); puis les activités de construction et de gestion
d'infrastructures, enfin les activités administratives, commerciales et
bancaires o
Dans le secteur moderne, la main-d'oeuvre se caractérise, tout au
moins sur le plan général, par le salariat, l'apparition de syndicats et
l'application partielle d'une réglementation sociale, la plus ou moins
stabilité du travail, notamment dans l'administration et des salaires
relativement élevés par rapport aux revenus agricoles.
Ce secteur ab-
sorbe un pourcentage très faible de la population active, mais constituë"
une sorte d'attraction du IImodèle ll occidental.
-----------
'ABIDJAN est la capitale de la Côte d)Ivoire.

Dans le secteur traditionnel, la grande majorité des travailleurs
s'adonnent à l'agriculture et à des activités de production connexes.
Le statut de salariat n'existe pas.
Ce sont en général des planteurs,
des artisans ou des petits commerçants organisés en famille.
Ce sec-
teur est caractérisé par une productivité et des rémunérations faibles.
La concurrence entre secteurs moderne et traditionnel dans l'allo-
cation des facteurs de production, notamment la terre: le travail et le capital,
s'est alors exercée au détriment des activités traditionnelles, contribu-
ant ainsi à leur marginalisation, avec comme consécuence un important
exode rural.
Cet exode rural qui s'est amplifié (nous aborderons ce problème
plus au détail), est en partie responsable de la croissance rapide de la
main-d'oeuvre urbaine.
Celle-ci a provoqué de gros problèmes socio-éco-
nomiques, mis en relief par de très fortes pressions sur l'infrastructu-
re matérielle et sociale existante telle que les logements, l'approvi-
sionnement en eaux, les écoles et les soins médicaux.
Elle a aussi eu
une conséquence plus grave encore, peut être dans une optique de satis-
faction des besoins essentiels à savoir, l'accroissement des sous-emplois
dans les villes.
Pour mieux comprendre la nature de ces problèmes de
sous-emplois dans les villes, il nous faudra examiner l'offre et la
demande de main-d'oeuvre dans ce secteur moderne.
Mais l'exode rural n~a pas seulement de conséquences en milieu ur-
bain, il crée aussi des problèmes démographiques en milieu rural, nota~l~
ment
le dépériss~rnent de la population rurale et partant, des pénuries
de main-d'oeuvre à long terme.
Par ailleurs, l'incapacité ou l'impossibilité pour la ville d'ab-
sorber l'ensemble du surplus de main-d'oeuvre rurale ou d'immigrants
particulière~ent importants, a stimulé récemment le développement d'un
secteur dit intermédiare ou encore informel ou non structuré, notamment
dans les périphéries des villes.
Ce secteur se caractérise par des ac-
tivités d'artisanat, de réparation et de petits commerces de détail.
Il utilise le plus souvent des outillages achetés au secteur moderne de
la ville et nécessite donc un certain capital,mais il fonctionne hors
des réglementations salariales et sociales appliquées dans le secteur
moderne.

-4-
Ainsi, l'allocation du facteur travail entre les trois secteurs
(moderne, traditionnel et intermédiaire) s'opère à la fois en fonction
des possibilitités d'emploi offertes par chacun de ces secteurs, et des
diverses attitudes individuelles vis à vis de l'emploi.
Par exemple, si la valorisation du mode de vie occidental et des
niveaux et t}~es de consommation qui lui sont associés renforce le carac-
tère attractif des emplois du secteur moderne, notamment chez les jeunes
davantage scolarisés que leurs aînés et ce dans des systèmes d'éducation
occidentalisés, le sous-emploi "d'attente" à l'entrée du secteur moderne,
trouve ses limites dans les chances réelles ou supposées de chacun d'ob-
tenir l'emploi désiré, mais aussi dans l'importance du support familial
et social que nécessite ce sous-emploi prolongé.
Par ailleurs pour certains groupes sociaux à faibles revenus dont
les capacités de support familial sont faibles et où l'insuffisance de
ni veaux de formati on, l'absence de "relations", consti tuent autant de
handicaps à l'obtention d'un emploi dans le secteu~ moderne, le sous-
emploi apIBraîtra paradoxalement Comme un luxe qu'ils ne pourront se per-
mettre.
Pour assurer leur survie, ces personnes seront alors contraintes
d'accepter n'importe quel emploi, soi t permanent} soi t saisonnier ou occa-
sionnel conduisant donc généralement à une sous-utilisation de leur Ca-
pacité de travail et par conséquent à des situations de sous-emplois.
On voit donc dans ces contextes, d'une part que les problèmes
d'emploi ne se résument pas à l'inemploi, au mal-emploi voire au sous-
emploi définis par Henri TEZENAS DU MONTCEL; d'autre part que l'alterna~
tive pour la personne sans emploi n'est pas forcément -entre chômaq~ ou
activité stable et bien rémuneré; au non-emploi s'ajoute la misère.
Or, la nature et l'ampleur de ces problèmes continuent à se poser
avec acuité à mesure que le ralentissement des activités économiques se
poursuit.
En effet, alors que
malgré ces problèmes
la situation éco-
nomique de la Côte d'Ivoire
se portait relativement bièn par rapport à
beaucoup de pays africains, on assiste depuis 1980 au ralentissement
des activités économiques dans presque tous les secteurs.
Ce ralentisse-
ment se traduit par la baisse du taux de croissance économique, combiné
à l'expansion rapide de la main-d'oeuvre due à la persistance du taux
élévé de croissance démographique et de l'immigration, et entraine une
~~!~~ification de la pression sur la situation de l'emploi et du sous-
1 Henri T5:ZENAS DU MONTCEL, Ibid 6

-5-
emploi.
Les possibilités d'emploi dans les trois secteurs ne cessent de
diminuer.
Qu'en sera-t-il en 1990?
C'est donc pour tenter de répondre en
partie à cette question que nous nous intéressons à ce problème.
4. L'intérêt de la recherche
Depuis une vingtaine d'années ces problèmes d'emploi (chômage et
sous-emploi) se trouvent au centre des débats, des recherches et des con-
férences sur le Tiers- ·Monde à Cause de leur a"'Tlpleur èt de leurs conséquen.,..
ces politiques, économiques, sociales et culturelles.
Les solutions pré-
conisées consistent à réviser les objectifs de politique économique.
En effet, pendant longtemps, la plupart des politiques de développe-
ment pFatiquées dans les pays du Tiers Monde, avait ravalé au second plan
les problèmes de l'emploi.
On pensait que les résv~tats d'une politique
de croissance ou d'accumulation accélérée devrait apporter des solutions
à ces problèmes.
L'incapacité de ces politiques de croissance à les résoudre, les
situations politiques tendues qu'ont à affronter ces pays face à la
montée croissante du chômage et du sous-emploi, ont contraint de nombreux
pays et de nombre~x auteurs de développement à réviser leurs objectifs de
politique économique en pays du Tiers Monde.
Sur le plan international, le lancement par des organisations inter-
nationales (BIT, OCDE, ONU••• ) et des chercheurs, d'un ensemble de con-
férences de recherches sur l'élimination du chômage et du sous~emploi
traduisent cette révision des projets de développement.
En Côte d'Ivoire, bien que les problèmes de l'emploi n'aient pas
été totalement sous-estimés, la politique économique semble ignorer ce
changement.
La situation de l'emploi ne constitue pas en soi la priorité
de la politique économique.
Et les "discours tl relatifs à l'emploi tien-
nent
toujours à
ces quelques idées :
--déséquilibre en sens contraire entre l'offre et la demande
d'emploi, d'une part en milieu rural, d'autre part en milieu
urbain;
--inadaptation de la main-d'oeuvre disponible (pléthore de
personnel non-qualifié et manque de personnel qualifié
et surtout de cadres);

-6-
--croissance rapide de l'économie mais avec un rythme trop
modéré pour ce qui est des créations d'emploi;
--faible participation des nationaux à l'emploi, donc poli-
tique d'ivoirisation des emplois.
D'où l'on tire la conclusion que les problèmes actuels de
l'emploi, notamment du chômage et du sous-emploi ne sont que structu-
rels; leur résolution passe par des politiques générales de développe-
ment économique à long terme et non de politiques spécifiques à l'em-
ploi.
Pour notre part, nous estimons que ces explications tendent à
masquer l'importance des sous-emplois qui sévissent dans le pays ainsi
que leurs véritables causes et conséquences à court et à long terme.
5. L'originalité de la recherche et ses limites
L'objet de notre étude consistera à rechercher les éléments déter-
minants de ces phénomènes.
Ce qui implique un réexamen des définitions
voire des statistiques utilisées, car justement ces définitions sont nom-
breuses et souvent de~portée générale, et dans le cas de la Côte d'Ivoire,
elles n'existent pas.
Aussi, nous essayerons d'élaborer des définitions qui soient spéci-
fiques aux sous-emplois en Côte d'Ivoire et de rechercher ensuite leurs
causes.
Ces définitions pourront peut-être servir
aux planificateurs
ivoiriens ou à ceux qui s'intéresseront aux problèmes futurs de l'emploi
en Côte d'Ivoire.
Car non seulement une bonne politique de l'emploi est
la clé de vo~te du développement économique d'un pays, mais aussi celle
qui met l'accent sur la primauté de l'homme sur l'économique et la valeur
du travail comme instrument d'émancipation, de promotion et de réalisation
de la personnalité humaine.
Cependant, elle n'a d'autre ambition que de constituer dans cette
voie un, simple essai de problématique.
Sans doute eut-il été préférable
de procéder en équipe ~ un tel défrichement, vu l'importance du sujet.
-_.
Malheureusement, 1bien que rien, en principe ne s'y oppose, cette méthode
n'a pas été retenue faute des moyens.
A défaut de travail en équipe, et principalement sur le terrain,
nous nous sommes limités à l'analyse documentaire.
La documentation bien

-7-
que variée dans le cadre de la Côte d'Ivoire, reste tout de même insuffi-
sante sur les aspects essentiels du sous-emploi.
En effet depuis l'indépendance les techniques d'investigation uti-
lisées (recensement de la population totale et agricole, enquête par son-
dage et études ponctuelles ••• ) pour appréhender les principales caracté-
ristiques démographiques, sociales et économiques, ont des caractères gé-
néraux et dès lors, sont difficilement adaptées à l'étude spécifique du
sous-emploi.
Par exemple les résultats des recensements démographiques dont on
dispose en Côte d'Ivoire ont essentiellement pour but de permettre une
meilleure estimation des variables telles que la natalité, la mortalité,
la fécondité, bref l'évolution à long terme de la population totale.
C'est
donc principalement ces genres d'informations que l'on trouve dans les
statistiques démographiques.
Aucun programme systématique n'a été mis en
oeuvre pour chercher à appréhender l'emploi etses compléments le chômage
et le sous-emploi.
Quant aux recensements agricoles, ils sont aussi im-
portants d'autant plus qu'ils devraient permettre d'obtenir des données
sur les caractéristiques de l'économie rurale ou agricole, ainsi que sur
la main-d'oeuvre de ce secteur qui est concernée
en premier chef par les
problèmes de sous-emploi.
Là aussi les données eÀ~loitables sont éparses.
Enfin, si les enquêtes (nota~ment sur les budgets familiaux, la
nutrition) et les études ponctuelles nous ont perlnis, par recoupement,
d'avoir quelques données sur l'ampleur dü sous-emploi et du chômage, elles
concernent souvent le monde des salariés où la réàlité est plus facilement
appréhendable.
Par contre, elles négligent le monde rural où, comme nous
venons de le souligner, se trouve concentrée la majorité de la population
active qui continue de vivre dans le secteur traditionnel de subsistance,
lequel connatt précisement un fort taux de sous-emploi potentiel et sai-
sonnier.
Bref, l'objet de ces techniques et de ces études n'est pas spéci-
fiquement orienté vers l'étude de la population active et de ses caracté-
ristiques.
Les notions d'activité, d'emploi, de profession n'interviennent
pas en tant que notions présentant un intérêt scientifique pour elles-
mêmes, mais comme liées à des critères permettant d'éclairer le comporte-
ment
"demographique des populations.
Il en résulte que les plans de son-
dage ne tiennent pas compte de l'activité individuelle.
De plus, ils
prennent en compte l'individu à son domicile et non à son lieu de travail,

-8-
ce qui est préjudiciable à l'étude des agents économiques.
Notre travail s'est donc trouvé limité par l'état de ces
stati-
stiques et des informations insuffisantes sur le sous-emploi et le chômage.
Pour, cependant avancer, nous avons utilisé pour chaque type
d'emploi, ou de sous-emploi, les sources qui nous ont parues les plus
satisfaisantes en tentant, bien entendu, de les rendre comparables entre
elles.
Ainsi, paratt-il souhaitable que ce travail de défrichement soit
poursuivi par d'autres ayant
à leur disposition plus de moyens que n'en
a eu l'auteur de cette modeste recherche individuelle.
6. Les méthodes utilisées et le plan adopté
Pour atteindre notre objectif, eu égard aux limites que nous venons
d'exposer, diverses méthodes paraissent utilisables.
En effet, le problème
des sous-emplois peut être considéré de deux
points de vue différents: celui des individus d'une collectivité pris
isolément, ou celui de la collectivité dans son ensemble.
- Le premier
de ces points de vue est lié aux besoins conscients
de chaque individu d'une collectivité et s'exprime par la recherche indi-
viduelle d'occasions de travail en vue d'accroître le reven~
Lorsque
ces occasions ne se présentent pas, il y a "oisivété forcée" ou chômage,
qui peut durer toute l'année ou une partie de l'année, ou seulement
quelques jours.
L'approche consiste donc à l'analyse individuelle de
cette situation que l'on désigne généralement sous le nom de chômage
visible.
- Du point de vue de la collectivité dans son ensemble, le concept
de sous-emploi est axé sur la mobilisation de la main-d'oeuvre sous-utili-
sée dans le cadre du développement économique.
On se préoccupe donc de la
contribution marginale nette que l'effectif de main-d'oeuvre existant apporte
au produit global; et c'est le concept de surplus ou d'excédent de main-
d'oeuvre qui est retenu.
C'est une approche, disons "macro-économique".
Celle que nous utiliserons s'inscrit dans cette seconde voie de
recherche.
La raison en est que
nous ne
'disposons pas
comme il a
,
,
été signalé plus haut, d'informations assez détaillées; voire régulières
pour analyser le comportement individuel des agents sous~employés.
PêT.

-9-
contre nous pouvons avoir une tendance générale des problèmes de l'emploi
et des sous-emplois à travers les quelques enquêtes démographiques qui
ont été effectuées.
Il s'agit de recensements nationaux et de sondages
quelquefois répétés (enquêtes budgets - nutrition des ménages, enquêtes
industrielles de la Chambre de Com~erce et d'Industrie de la Côte d'Ivoire,
recensements du Ninistère de l'Agriculture) qui ont été faits sans ou-
blier les diverses études qui, de près ou de loin, se rapportent à l'em-
ploi.
Hais pour pouvoir exposer et soutenir valablement notre recherche,
nous nous trouvons amenés à nous pOBer les
deux questions suivantes qui
constitueront chacune une partie de notre travail
Quelle est la nature des sous-emplois spécifiques en Côte
d'Ivoire?
Quelle sont leurs causes et les moyens de leur utilisation
à des fins productives?
Cepel'idant avant de répondre à ces deux questions, il nous a
seJnblé indispensable d' examiner dans une partie préliminaire un aperçu
général des problèmes d'emploi et de sous-emploi.
Enfin. en guise de conclusion, nous nous interrog-erons sur
l'avenir à moyen terme de ces sous-emplois.

-10-
PARTIE PRELIMINAIRE :
APERCU GENERAL DES PROBLEMES
D'EMPLOI ET DE SOUS-EMPLOI EN
COTE D'IVOIRE

-11-
INTRODUCTION
L'objet de cette partie préliminaire est de Il débroussailler " en
quelque sorte les problèmes complexes que pose une étude sur les
sous-e'mplois dans un pays en voie de développement en raison de ses
nombreux aspects.
En effet, lorsquJon s'intéresse à la façon dont les gen~ travaillent
ou ne travaillent pas en Côte d'Ivoire, on peut observer les situations
suivantes :
- Dans les villes, tous les matins, des personnes à pied, à bi-
cyclette, dans des autocars, des taxis, des voitures particulières ou
publiques, se rendent au bureau, au magasin, à l'atelier, à l'usine.
D'autres, au contraire au bord des rues ou dans des marchés plus ou
moins organisés, proposent des services divers (coupe de cheveux, tra-
vaux de réparations ••• ) ou essaient de vendre des objets ou des articles
divers (habits, pagnes, petits appareils ménagers, fruits et légumes, nou~­
riture
à consommer sur place ou à emporter ••• ).
Enfin, il y a des gens,
de plus en plus nombreux, qui déambulent sans but apparent.
- Dans les campagnes villageoises, la situation est un peu diffé-
rente.
Quand il ne pleut pas, hommes, femmes et parfois enfants et viel-
lards
vont très tôt le matin, travailler dans leurs champs situés plus
ou moins loin de leurs habitations pour ne revenir que le soir à la tombée
de la nuit, ou quelques jours plus tard.
Mais s'il pleut, les activités
sont presque toutes
paralysées et personne ou presque ne bouge.
D'autres,
par contre, exercent dans les villages de petites activités commerciales,
artisanales, ou "sociales" (chefs coutumiers et leurs notables, griots,
chef de
famille, guérisseurs, féticheurs ••• ).
Enfin, il y a, comme en
ville, des personnes inactives qui errent le plus souvent de maison en
maison, mais qui sont prises en compte parles familles auxquelles elles
appartiennent.
Cette description, quelque peu caricaturale, montre que les emplois
et les sous-emplois qui en découlent sont localisés aussi bien dans les
villes que dans les campagnes et qu'ils présentent des aspects sociolo-
giques, économiques, culturels et réligieux.
Or, cette localisation est due aux problèmes posés par les évolu-
tions démographiqùes et économiques que le pays a subies.

-12-
Aussi l'analyse préalable de ces problèmes démographiques et
économiques qui ont, conditionné la localisation géographique des
sous-emplois nous permettra-t-elle d'examiner leur nature et leurs
causes.
Cette partie se divisera donc en deux chapitres:
--ehap i tre l
Les problèmes de sous-emplois liés aux évolutions
démographiques et économiques;
--ehapi tre II
La localisation géographique des sous-emplois.

CHAPITRE l - LES PROBLEMES DE SOUS-EMPLOIS LIES AUX EVOLUTIONS
DEMOGRAPHIQUE' ET ECONOMIQUE
Ce chapitre se divisera en deux sections: la première section
visera à analyser l'évolution démographique; la seconde à
l'évolution économique.

-14-
Section 1 - L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE
l NDTR ODUCTI ON
L'histoire générale contemporaine de l'Ouest africain nous apprend
grâce aux fouilles entreprises à ce jour, que les zones sahalo-soudaniennes
auxquelles appartient la Côte d'Ivoire, ont été humanisées très tôt en dépit
des couverts forestiers qui sont demeurés longtemps inhospit~liers et peu pro-
1
pices à la vie humaine.
Ainsi, on a retrouvé d'après Daniel BOLLINGER ,
des vestiges paléolithiques, des sites néolithiques et des restes métal-
lurgiques~
Il y eut donc sur le sol ivoirien, des mouvements de populations
et les plus grandes émigrations se sont déroulées dans le sens Nord-Sud
et Est-Ouest.
Mais, avjourd'hui, les frontières ivoiriennes, COmme celles de pres-
que tous les pays d'Afrique, ont été artificiellement fixées par les
différents colonisateurs (Portugais, Anglais, Français, Espagnols5 au mo-
ment de leurs occupations du sol africain.
Elles ne reflètent pas une
localisation des peuples dont ils n'ont pratiquement jamais voulu tenir
compte.
Aussi, ne doit-on pas @tre étonné de constater qu'en Côte d'Ivoire
on trouve (voir cartes ci-après) plusieurs groupes ëthniques : AKAN, KROU,
MANDE, VOLTAIQUE que le tableau (Annexe 1
) présente la répartition selon
le sexe en 1975.
Cette répartition ne tient pas compte de la population
étrangère et leur interprétation mérite une certaine prudence.
Cependant un des mécanismes permettant d'avoir une vue à court,
moyen et long terme des problèmes d'emploi et de sous-emploi d'un pays est
d'analyser sa croissance démographique.
Ainsi depuis quelques années des cris alarmants ne s'élèvent-ils de
partout dans le monde industrialis~mettant l'accent sur la croissance dé-
mographique galopante des pays sous-développés et de
ses conséquences sur
l'emploi et le
sous-emploi.
1Daniel BOLLINGER, Le marketing en Afrique
La CSte d'Ivoire
CEDA. 1975.

-15-
AIRES D'EXTENSiON DES GROUPES CULTURELS PRÉSENTS EN CÔTE DiVOIRE
E
R
,
GrOUDe!l
i~ ~ ~ ~ ~ ~ J 'JC~7,\\i:J~ô
ir! A<'~N
CARTE N° 1 ;J'
GROUPES CULTURELS
ET ETHNIQUES
CARTE N° 2
GROUP[S MANDÉ
GROUPES von ArQUES
GROUPE KIlOU
r:-:-:-:l MANO~ du nord
l...:...:...:..
~ S6nouto
illD
DU MANDINGUE
~
~
GROUPE AKAN
MANDÉ du sud
Koulenpo
{DI\\N + l,OUROI
~ lobi·Gouln
AilÉ
-
Ethnie
Zcme du pfllupl~m(!nt
~ Bldlor·Siti
DIABÉ
Groupnmont
m~:!a"g9
9thno-politiqu

-16-
c'est donc en quelque sorte pour vérifier cette thèse que nous
nous proposons dans le cas de la C8te d'Ivoire d'analyser en guise de
généralités sur la nature spécifique des sous-emplois que nous développe-
rons ultérieurement, l'évolution de la croissance démographique ivoirienne
en considérant successivement la population totale et la population active.

-17-
I. L'EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE
2
S'étendant, :sur une superficie de 322.400 km , soit une dimension
moyenne parmi les Etats africains, la population ivoirienne qui était
estimée en 1920 à 1.825.000 habitants est passée à 7.389.000 en 1980;
laissant pour l'ensemble de la période un taux de croissance annuel de
2,4%.
Ce qui est très important, d'autant plus que ce taux moyen très
modéré, est passé à plus de 3% à partir de 1950 et atteindra plus de 4%
entre les années 1980 et 2000 (voir Tableau N° 1).
C'est d'ailleurs une des car,actéristiques des pays sous-développés.
Mais la population ivoirienne présente d'autres caractéristiques spécifi-
ques
--une migration externe et interne très accentuée,
--une répartition spatiale très inégale.
Nous allons donc examiner ces caractéristiques avant d'analyser
leurs perspectives-d'évolûtion à long terme.
A. Les caractéristiques de l'évolution de la population totale
1. Le taux de croissance annuel très élevé
D'après le tableau nO 1, de 1920 à 1950, l'évolution démographique de
la C8te d'Ivoire reste très modérée et ne présente aUCW1es caractéristi-
ques particulières; la population n'augmente que très lentement à raison
de 8.000 personnes par an.
A partir de 1950 une évolution fulgurante
marque la démographie ivoirienne: la population passe de 3.800.000 à
7.389.000 personnes entre 1960 et 1980, ce qui donne un taux de croissance
annuel de 3,2% : taux qui est très élevé.
Cette tendance générale à la hausse prévaut dans les pays sous-
1
développés si l'on se refère à \\-lal ter GALENSON
qui écrit que : "de tous
les facteurs qui ont déterminé la crise actuelle, la simple croissance
démographique est le plus important. ooo
1 Walter GALENSON, Essai sur l'emploi, BIT Génève 1971 P. 1

-18-
TABLEAU N° 1
EVOLUTION DE LA POPULATION
TOTALE IVOIRIE1~ ENTRE 1920 ET 2000
Années
Habitants
Ecàrt
Taux moyen de
(Milliers)
absolu
croissance annuel
sur dix ans
1920
1.825
-
---
1930
2.075
250
+ 1,3
.'
1940
2.350
275
+ 1,25
1950
2.775
425
+ 1,68
1960
3.800
1.105
+ 3,19
1970
5.115
1.315
+ 3,02
1980
7.389
2.274
+ 3,75
a
1990
11.500
4.011
+ 4,10
Source: 1'1inistère du Plan de la Cthe d'Ivoire
~rojection à partir des données du recense-
ment national de 1975.

-19-
La croissance moyenne de la population des pays du Tiers Monde qui
était dé 2,3% dans les années 19L1O, est passéeà2,8% dans la décennie
suivante et a atteint plus de 3% dans les années 1960.
Ce taux serait
encore plus élevé dans les années à venir."
En effet, on peut expliquer depuis l'indépendance, la hausse du
taux de croissance annuel de la population
ivoirienne par une légère
augmentation du taux de natalité, une baisse sensible du taux de mortali-
té et une hausse également sensible du taux global de fécondité.
D'autres facteurs ont sans doute contribué
à cette hausse, mais
nous ne les analyserons pas.
1
a) Une augmentation du taux de natalité
Le tableau nO 2 ci-après laisse apparaftre que le taux de natalité
qui était de 49,5% en 1965 est passé à 51 rro en 1975, avec une hausse plus
importante en milieu urbain (501ro en 1965 et 55r~ en 1975) et une légère
baisse en milieu rural.
Cette baisse est due à l'exode rural de la popu-
lation jeune vers les villes.
TABLEAU N° 2
EVOLUTION DU TAUX DE NATALITE SELON LES MILIEUX EN rm
,
1
1960
1965
1970
MILIEU RtJRAL
50
49
46
MILIEU URBAIN
--
50
55
---::~:MB~------------------t-----==---- --------- ----------------~
49,5
51
1
1
1
Source
Recensement national de la population
Ministère du Plan
2
b) Une baisse sensible du taux de mortalité
Depuis 1965, on assiste à une baisse de la mortalité (voir Tableau
N° 3 ci-après) avec comme pour la natalité, une hausse importante en milieu
urbain et une légère baisse en milieu rural.
, Taux de Natalité = Nombre total de naissance au cours de l'année N
Effectif~de-la population- pour l'année N
2
--- - .----.--- -------- ..----.---- -
--~---
-. --
-
- ~-- ---
Taux de Mortalité =
Nombre des décès pendant l'année N
Effectif de la population pour l'année N

-20-
Cette baisse générale est sans doute due, non seulement à une
réduction notable de la mortalité infantile et une amélioration des
espérances de vie à la naissance, mais aussi à des efforts importants
effectués par le pays en matière de développement sanitaire et médical.
Ce développement se fait généralement dans les villes.
Ainsi par exemple,
la fièvre jaune et surtout la variole sont en voie d'être éradiquées.
Les autres causes cliniques de décès, telles que certaines épidémies
(rougeole, maladies infectueuses et parasitaires) et certains endemies
(trypanosomiase, paludisme, affections occulaires) ont fait l'objet d'un
encadrement relativement satisfaisant.
TABLEAU N° 3
EVOLUTION DES TAUX DE HORTALITE (BRUT ET INFANTILE)
ET DE L'ESPERAl~E DE VIE A LA N~ISSAl~E SELON LES
NILIEUX
--~
....(;i'il-1c'4/;VE·
.l[0\\,' .---
<:>t'.,
1960
ij (f~/~ i4 ~7i\\Y;~\\
a) TAUX BRUT DE MORTALITE (1co,)
~l \\~~\\ ~(I)./{
- RURAL
J
33
\\~~-_.<.
1
}2wn
3.~e
- URBAIN
1
--
2~~0
ENSEHBLE
--
28,5
25
~,
__
__
J
~-------~---------
- - - - - - - - - - - - - - - -
- - -
\\
1
b) TAUX DE 1-1ORTALITE INFANTILE (%0)
- RURAL
190
200
185
- URBAIN
--
175
140
ENS El1BL E
--
187,5
162,5
--------~------------------
c) ESPERANCES DE VIE A LA NAISSANCE (ans)
1
- RURAL
35
37
40
- URBAIN
--
40
47,5
,
ENSENBLE
--
37,5
42,5
Source
Ministère du Plan de la Côte d'Ivoire

-21-
1
c) Une hausse sensible du taux global de fécondité
Tout comme les taux de natalité, et de mortalité, l'amélioration
du taux de croissance annuel de la population totale ivoirienne est
due à une hausse sensible du taux global de fécondité.
C'est ce qui
ressort dans le tableau nO 4 ci-après. On y observe également que l' amé-
lioration est faite en milieu urbain au détriment du milieu rural.
Il
en est de même du nombre moyen d'enfants nés vivants par femme.
Cette amélioration peut ~tre due à l'importance de la population
jeune que nous avons signalé mais dont l'analyse doit se faire ult~
rievrement.
TABLEAU N° 4
EVOLUTION DU TAUX GLOBAL DE FECO}IDlTE SELON LES MILIEUX
1960
1965
1975
a) TAUX GLOBAL DE FECONDITE (rcc )
- RURAL
220
204
204
- URBAIN
--
175
185
ENSEMBLE
--
189,5
194,5
------------------------------------------------ ------- -------- --------
b) NOMBRE HOYEN D'ENFANTS NES VIVANTS
PAR FEHl1E
- RURAL
6,5
6,4
6,4
- URBAIN
--
5,3
5,7
Source
Recensement de la population nationale - Ministère du Flan
En conclusion, l'analyse de ces trois variables, bien que discu.-
tables sur le plan statistique, donne des renseignements intéressants
sur la tendance à l'accroissement élevé du mouvement naturel de la popula-
tion totale.
Ainsi, on observera un certain vieillessement de la popula-
tion rurale en raison, sans doute, de l'exode rural massif, et un rajeu-
nissement correlatif de la population urbaine.
Cela peut, par conséquent,
déboucher sur une aggravation des problèmes d'emploi en milieu urbain avec
comme corroI aire de sérieux problèmes d'urbanisation et une pénurie de
1 Taux global de fécondité =
Nombre d'enfants nés en année N
-----------'------::_----::;.......;"---....:..;.-......;;...-----
Nombre de femmes en année N âgées de 15-49 ans

-22-
main-d'oeuvre en milieu rural.
La conséquence de cette forte croissance démographiqlle est
l'augmentation d'un no:nhre de jeunes (0-19 ans) très important.
d) Le nombre élevé de jeunes de 0 à 19 ans
Si la croissance de la poplllation totale ivoirienne se fait à
lln rythme élevé, elle comporte un nombre important de jeunes de 0 à 19
ans (voir Tableall Ne 5 ci-après).
En effet la proportion de jeunes des deux sexes de 0 à 19 ans dans
la population totale est en 1975 de 52,1% avec une légère hallsse pOllr le
sexe féminin.
Cette situation qui est certes un gage pour l'avenir est en même
temps une charge IOllrde à supporter par le pays, notamment en matière
de dépenses scolaires, sanitaires et alimentaires.
De plus, elle cré-
era à court et à long terme des problèmes d'emploi et donc du sous-
emploi.
Hais la population totale présente d'autres caractéristiques
celle d'une migration externe et interne très accentuée.
TABLEAU N° 5
STRUCTURE DE LA POPULATION TOTALE IVOIRIENNE EN 1975
POURCE:NTAGE
GROUPE D'AGE
--------------------------- -----------------
HOHHES
FEMMES
TOTAL
0 - 19 ans
51 ,4
52,8
52,1
20 - 59 ans
45,7
44,7
45,2
60 ans et plus
2,9
2,5
2,7
TOTAL
100,0
100,0
100,0
Source
Recensement national de la population - Ministère du Plan

-23-
2. Une miaration externe et interne très accentuée
Plusieurs courants migratoires internationaux et internes con-
juguent leurs effets en Côte d'Ivoire.
Il y a tout d'abord un fort mouvement saisonnier ou définitif de
travailleurs venant principalement des pays voisins~ mais aussi d'Europe
et d'Asie.
Il vient s'y ajouter de très importantes migrations internes,
qui se font dans deux sens; soit des migrations rurales en provenance
surtout de la zone de savane du nord du pays vers la zone forestière,
conséquence de l'introduction des cultures de rentes, soit des zones ru-
rales dans son
ensemble vers les villes: c'est le phénomène d'exode
rural.
a) Un niveau important d'immiqrants
Les courants d'immigration vers la Côte d'Ivoire sont très im-
portants.
En effet, d'après les données du Plan quinquennal de développement
économique, social et culturel (1976-1980), la proportion d'étrangers
parmi la population présente en Côte d'Ivoire, travailleurs temporaires
inclus, était estimée en 1965 à 23%.
Cette proportion aurait fortement
augmentée, puisqu'on estime qu'elle s'établit en 1975 à 30% se traduisant
par la présence d'environ 2 millions d'étrangers.
Ainsi le solde migrato~re externe, durant la dernière décennie
serait intervenu pour près de 40% dans la croissance démographique du pays.
La répartition géographique de cette population reste néanmoins très
inégale selon les régions.
Le recensement national de l'Agriculture a pu dénombrer en 1973, les
pourcentages suivants :
27% dans la région Sud,
17% dans les parties forestières des régions du Centre
et de l'Est,
14% dans les parties forestières des régions du Centre-Ouest
et du Sud-Ouest.
Le reste des étrangers soit 22% résidaient dans les villes.
A l'heure actuelle, la tendance est plutôt inversée.
On peut dénom-
brer plus d'immigrants dans les villes que dans les ca~pagnes.
D'où les
problèmes délicats que cela risquerait de poser à terme.

-24-
En Ce qui conCerne l'origine des immigrants, le tableau nO 6
ci-après extrait du livre de Henri BOURGOIN et Philippe GUILHAUME,
A
, .

. " , 1
"Cote d Ivo1.re : Econom1.e et soc1.ete\\ , donne en pourcentage de la
population étrangère selon le sexe, la répartition suivante en 1975.
Ce sont donc les ressortissants des pays voisins qui totalisent
les plus forts pourcentages.
Parmi les autres nationalités, il faut
signaler une proportion de plus en plus importante de Lihanais et
d'Européens.
Enfin, si pour les étrangers résidant en milieu rural, les motifs
d'émigrer sont principalement liés à la mise en valeur des terres desti-
nées aux cultures perennes (café, cacao), pour ceux des villes, on pour-
rait évoquer l'inégalité de développement entre la Côte d'Ivoire et ses
pays voisins (venir en Côte d'Ivoire, c'est à la fois être à peu près
certain de recueill~r un revenu monétaire supérieur et de bénéficier
d'un meilleur cadre de vie),le commerce et les "affaires" ••••
Toutefois, le problème qui risque de se poser si des mesures de
compromis ne sont pas prises, est non seulement une situation explosive
au niveau de l'emploi et du chômage notamment dans les villes, mais aussi
un éventuel conflit du corps social.
TABLEAU N° 6
REPARTITION DE LA POPULATION ETRANGERE SELON LE
SEXE ET LA NATIONALITE
POURCENTAGE
--------- -----------------------
NATIONALITE
HOMMES
FE}1NES
TOTAL
\\;
VOLTAIQUES
51 ,2
48,5
50,1
MALIENS
23,9
24,4
24,1
GUINEENS
7,0
7,7
7,3
AUTRES AFRICAINS
14,1
'4,8
14,3
AUTRES NATIONALITES
2,2
2,7
2,4
DIVERS NON PRECISES
0,7
, ,9
1,8
TOTAL
100,0
, 00,0
, 00,0
Source: Livre précité'
'Henri BOURGOIN et Philippe GUILHAm1E, Côte d'Ivoire
Economie et
société, Stock, Paris
'979
P. 24

-25-
b) Une miqration interne très accentuée
En plus des courants d'immigration très importants, il s'effectue
une migration interne très intense d'une part entre les régions et d'autre
part entre la c2~pagne et les villes.
- Les miGrations entre les régions
Les mouvements de populations de région à région, qui se pré-
sentent le plus souvent sous la forme de migrations saisonnières, sont
dirigés principalement de la savane vers la forêt ou encore de l'Ouest
vers lé Sud-Ouest.
Ainsi, d'après les données du dernier recensement national, la
population rurale de la zone de forêt représente 45% de la population
totale en 1975 et son taux de croissance annuel entre 1965 et 1975 a été
de 3,5%, c'est-à-dire supérieur à la moyenne nationale.
Par contre la
population de la zone de savane n'a crû durant la même période, que de
0,7% l'an.
Elle représente 23% de la population totale en 1975.
En dehors des motivations économiques liées à la disparité de reve-
nus, aucune étude à notre connaissance ne nous a pas permis de donner
d'autres explications à cette forme de migrations.
Peut-être dans l'ave-
nir, des enquêtes démographiques à passages répétés permettront de four-
nir d'autres explications.
Lès migrations vers les villes
Il s'agit de l'exode rural vers les villes.
Son ampleur a pris des
proportions importantes.
Contrairement aux migrations entre les récrions,
l'exode rural vers les villes a fait l'objet 'pe nombreuses analyses, notam-
ment celles effectuées dans le cadre du Bureau International du Travai11.
Il ressort de ces analyses que les Causes les plus déterminantes de
l'exode rural sont (Nous allons y revenir dans la partie reservée aux cau-
ses des sous-emplois) :
1parmi ces études; signalons: les études régionales dont la synthèse a
été réalisée par L. ROUSSEL, L'urbanisation et l'emploi en C6te d'Ivoire
par H. JOSHI, H. LUBELL et J. MOULY et d'une manière générale: L'exode
rural en Afrique et ses rapports avec l'emploi et les revenus par Michael
p. TODARO.

-26-
- d'ordre économique: la disparité du revenu effectif entre la ville
et la campagne et la probabilité d'obtenir un emploi urbain;
- d'ordre social et culturel: le refus de dépendances et de
contraiï1-
tes
existant en milieu rural traditionnel (attirance des revenus monétai-
res individualisés conférant un statut autonome, mariages imposés, obstacles
liés à la dot ••• ), auxquelles les jeunes gens cherchent à échapper, l'at-
trait des meilleurs équipements collectifs (loisirs, services, transport)
et d'un habitat offrant de meilleures conditions de vie; les perspectives
d'un système scolaire évolué ou, plus simplement, le prestige qui auréole
le citadin revenant au village.
L'ampleur de ces migrations a été favorisée par les structures d'ac-
cueil.
En effet, divers contacts sociaux, notWTh~ent les liens de famille
ou les liens ethniques y jouent un rôle très important.
Grâce à eux, il
est possible de pouvoir s'informer ou de trouver plus facilement un emploi
et un logement.
Enfin, notons que le tableau nO 7. indique notamment pour ln période
1965-1970, que 19.010 personnes ont émigrer vers ABIDJAN ainsi qu'autant
dans les autres villes, soit un total de 38.150 migrants.
Ce chiffre a
presque doublé par rapport à la période 1960-1965.
Nous pouvons donc af-
firmer avec un risque faible de se tromper qu'à l'heure actuelle, les
chiffres doivent être beaucoup plus importants.
TABLEAU N° 7
HIGRATIONS VERS LES VILLES (ABIDJAN ET AUTRES)
SELON L'ORIGINE
HIGRATIONS :NETTES A DESTINATION DE
--------------------------------------------------
ORIGINE ~ES H:GRANTS
1960-1965
1965-1970
~;;~~~;--~~lî~~-~;~;~~---------r-----------------
ABIDJAN
~~t~BJ l.TOTAL
-----------------------------------------
-
------- ---------------- ---------
lRégions rurales
7.000
10.000
17.000
12.770
19. 140
31.910
Villes sauf Abidjan
3.000
--
3.000
6.240
--
6.240
. -
ABIDJAN
--
--
--
--
--
--
TOTAL
10.000
10.000
20.000
19.010
19.140
38.1 50
--------------------------~.----- ------------ -------- ------ ---------
Augmentation totale de la
120.000
132.000
population en Côte d' Ivoire1
1
Source
L'image base 1970; Côte d'Ivoire - l'emploi, l'education, la
formation
Abid.j an
Avril 1973
(annexe démographique)

-28-
3. Une répartition spatiale très inégale
L'analyse des caractéristiques de la population totale fait appa-
raître une double évolution sur le plan spatial : d'une part une augmen-
tation moins sensible de la population rurale, d'autre part une augmen-
tation plus forte de la population u~baine.
Çl.,.) Une évolution moins sensible de la population rurale
- Les caractéristiques de cette faible évolution
D'après les données du tableau nO 8 extrait du recensement national
effectué en 1975, la population ivoirienne rurale a crû très faiblement
entre 1960 et 1980.
La population est passée respectivement de 3,3 mil-
lions à 4,6 million'd'habitants, ce qui donne une croissance moyenne annuel-
le de 1,9%.
Cette faible évolution se traduit par une diminution en valeur rela-
tive de la population rurale par rapport à la population totale.
En effet,
réprésentant 85,0% de la population totale en 1960, elle n'est plus que de
65,8% en 1980, soit une baisse annuelle de 1,3%.
Cette tendance à la baisse se poursuivra durant la décennie à venir
Sl
l'on en juge par les données prévisionnelles du Plan Quinquennal.
Les raisons majeures de cette baisse sont dues principalement à l' exO-
de rural et à l'école.
Ces deux facteurs incitent les populations rurales
jeunes à émigrer vers les villes, laissant ainsi derrière eux les per-
sonnes adultes qui ont dépassé la quarantaine d'âge et les vieillards.
Le
résultat est donc le dépérissement de cette population.
De plus, ils ont
des conséquences sur la structure par âge et par sexe de la population ru-
rale comme le montre la pyramide des âges du graphique nO 1 ci-après,
mettant en évidence un déficit masculin d'âge actif.
En effet le pourcenta-
ge de la population rurale de sexe féminin représente 51,1 % de la popula-
tion totale pour la tranche d'âge 15-59 ans, alors que celui de sexe mascu-
lin est de 4B~,0%.
Cependant cette population est inégalement répartie.
Ra répartition de la population rurale
Si l'on répartit la population rurale entre la zone de for~ts et la
zone de savanes, on remarque que, d'après le tableau nO 9 ci-après, qu'il
y a un net glissement de la population de la zone àe savanes vers la zone

TABLEAU N° 8
EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE IVOIRIENNE PAR ZONE
POPULATION RURALE
POPULATION URBAINE (b)
ENSEMBLE DE LA POPULATION
1
----------
-----~LI-E~~-~;OIs~--l!\\RT-l?E~~~------~-------------------~----~-~~~~~~------
MILLIERS ACCROISSE- 'PART DE
MILLIERS ACCROISSE-PART DE
;DONT LA POPULATION
ANNEES ;D' HABI·..
HENT -AHNù":::- LitNSEH-- D'HABI- 'J NT ANNU- L'ENSEM- iD' HABI - -MENT ANNU- L' ENS EH- 1_ ETRANGERii------
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3800
--
100,0%
--
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11965
351O
+ 1,7%
78,0%
990
+ 11,7%
22,0%
4500
+ 3,4%
100,0%
935
21 ,0%
1
1970
3836
+ 1,8%
75,0/~
1279
+
5,3%
25,0%
5115
+ 2,6%
100,0%
1230
24,0%
1975
4198
+ 1,8%
69,9%
2011
+
9,5%
30,1%
6209
+ 3,3%
100,0%
1738
28,0%
11980
4632
+ 2,4%
65,8%
1 2757
+
6,5%
34,2%
7389
+ 3,7%
100,0%
2217
30,0%
t985\\a
5463
+ 2,9%
60,1%
1 3630
+
5,7%
39,9%
9093
+ 4,8%
100,0%
291O
32,0%
Sources: Esquisse du Plan quinquennal de développement économique et social (1976-1980).
Abidjan
Ministère du Plan.
(a) Projection à partir du dernier recensement de 1975.
(b) Population urbaine de plus de 10e OOO habitants.

-29-
GRAPHIQUE N° 1
PYRAMIDE DES AGES DU MILIEU RURAL
80
75
1-70-6560
55 =1
BOMMES
1
FEMMES
1
1
50
1
1
45
1
1
40
1
1
35
1
1
30
1
1
25
1
1
20
1
1
15
1
,
1
10
1
1
1
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9
8
7
6
5
4
3
2
o 0
2
3
4
5
6
7
8
9
7.
Source
Extrait de l'étude de Françoise BINET.
Recensement de la population 1975.
Po
70
de forêts.
Entre 1965 et 1975, le rapport de répartition de la popula-
tion rurale entre les deux zones (54% pour la zone de forêts contre 46%
pour la zone de savanes en 1965) s'accentue au profit de latone des fo-
rêts.
Les raisons sont que la zone de forêt plus riche, notamment les
régions du Sud et du Sud-Est, attire les peuples de la zone de savanes qui
viennent s'installer comme soit manoeuvres, soit planteurs indépendants.
Ces migrations n'intéressent pas seulement les populations locales de la
zone de savanes, mais aussi des populations étrangères que nous ~llons
analyser plus loin.
Toutefois depuis quelques années, on assiste égale-
ment à un nouveau glissement à l'intérieur de la zone de forêt, c'est-à-
dire du Centre et de l'Est vers l'Ouest.
Les plantations de café et de
cacao, auxquelles s'adonnent les gens du Centre et de l'Est demandent
énormément de forêts.
Or, les réserves de forêts destinées à ces plan-
tations sont en presque épuisées, alors que celles de l'Ouest demeurent
intattes.
D'où un nouveau mode de migrations qui suscitent d'ailleurs
de nombreux prob[èmes.

-30-
TABLEAU N° 9
REPARTITION DE LA POPULATION RURALE IVOIRIEl\\Tl-JE
EN POURCENTAGE
POPULATION RURALE
1965
1975
~-------------------------------------------~
-------- ----------
- populations rurales de la zone de forêt
54,0%
61,5%
- populations rurales de la zone de savane
46,0%.
38,5%
- TOTAL POPULATION RURALE
1 00, O/:~
100,00/0
Sovrce
La C8te d'Ivoire en "Chiffres"
Hinistère du Plan
b) Une évolution plus forte de la population vrbaine
- Les caractéristiques de cette évolution
Contrairement à la population rurale, la population urbaine a pro-
gressé à un rythme très élevé.
De même, son pourcentage par rapport à la
population totale est passée de 15% en 1960 à 34,2% en 1980.
Une autre caractéristique de cette forte croissance est que cette
population urbaine comprend un fort pourcentage de jeunes et d'adultes
ayant un âge compris entre 15 et 40 ans, avec un fort taux de sexe masCU-
lin (voir Graphique N° 2 ci-après).
GRAPHIQUE N° 2
PYRAMIDE DES AGES DU MILIEU URBAIN
75
70
65
BOMMES
f 605550
45 ~
~S
1
,
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1
40
1
1
35
1
l
30
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1
25
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20
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15
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10
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5
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7. 9
8
7
6
5
.. 3
2
o 0
2
3
5
6
7
8
7.
Source: Extrait de l'étude de Françoise BI~~T.
Recensement de la population 1975.
P. 7"

-31-
Les raisons de cette progression fulgurante peuvent être attribuées
à la contrepartie de l'exode rural et de l'école, et à la croissance éco-
nomique du pays dont les activités industrielles sont concentrées dans
les villes, notamment à ABIDJAN.
D'ailleurs, tout comme lô population rurale, la population urbaine
est inégalement répartie.
- La répartition de la population urbaine
Ainsi d'après le tableau nO 10 ci-après, trois régions urbaines to-
talisent plus de 8~j, de la population urbaine.
Mais la part de lion re-
vient à ABIDJAN et sa banlieue qui rassemblent près de la moitié de la
1
population urbaine.
Co~~e le sovligne Françoise BI}ffiT , la structure de
la population d'ABIDJAN est le reflet du développement rapide de la ville
qui a suscité et continue de susciter d'amples mouvements migratoires.
Près des 2/3 des résidents d'ABIDJAN sont originaires de l'intérieur du
pays ou de l'étranger.
Ces derniers consti tuent 41/~ de ces résidants.
Ensuite nous avons les villes du Centre (20,1%) et du Sud (15,0%)
qui jouent des r$les peu importants.
Les autres villes ont vu. leur
structure se modifier que très lentement, même si certaines telles que
SAN PEDRO, YAMOUSSOKRO. ont bénéficié durant la dernière décennie d' ac-
tivités de décentralisation industrielle et tertiaires.
l'Ce sont les données extraites de l'étude de Françoise BI}ŒT :
Le bilan national de l'emploi en C6te d'Ivoire.
r·Iinistère français
de relations extérieures.
Paris
1982. p. 109.

-32-
TABLEAU N° 10
REPARTITION REGIONALE DE LA POPULATION URBAINE
EN MILLIERS D'HABITANTS (1975)
REGIONS
NOHBRE DE VILLES
POPULATION
POURCENTAGE
DONT POURCE~~AGE
DE PLUS DE 10000
DU TOTAL
D'ETRANGERS
HABITANTS
------
-- -
--------
-------------
CENTRE
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405
20,1%
30,0%
CENTRE-
8
149
7,4;;
27,0%
OUEST
EST
3
31
1 , 5/~
15,0%
NORD
5
91
4, 5/~
20,0%
OUEST
7
97
4,8%
20,0%
SUD
20
301
1 5, OC/o
36,0%
SUD-
4
41
2,0%
35,0%
OUEST
ABIDJAN
1
896
44,6%
41,0%
(1 )
- - - - -
- - -
-
-----------
ENSEHBLE
66
2011
100,0%
28,0%
Source
Etude de Françoise BIIŒT. Déjà citée. P. 138.
(1) Il s'agit d'Abidjan et de sa banlieue.

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-34-
B. Perspectives d'évolution 2 long terme
1. Sur le plan global
Les projections de la population totale ivoirienne à l'horizon 1990
1
effectuées par la Direction de la Statistique
et sur lesquelles nous
aUrons l'occasion d'y revenir, laissent apparaître une croissance démogra-
phique galopante.
Le taux de croissance annuel entre 1980 et 1990 sera
le plus élevé de l'histoire de l'évolution démographique (voir Tableau
N° 1).
Il sera de l'ordre de 4,1%, ce qui portera la population de
7.389.000 à 11.500.000 personnes entre 1980 et 1990.
2. Sur le plan sectoriel
Cependant cette croissance se fera au détriment de la population
rurale.
Les déséquilibres observés en 1980 en milieu rural
inégale
répartition spatiale, déficit de main-d'oeuvre, ne feront que s'accroî-
tre durant la décennie à venir.
Par contre, la population urbaine croîtra plus vite représentant
presque la moitié de la population totale.
Cette croissance ne sera pas
seulement alimentée par le croît natural de la population, par l'apport
du solde migratoire en provenance du milieu rural, par l'absorption de la
population limitrophe par les grandes villes en extension; mais elle pro-
viendra également du basculement progressif de localités considérées
comme rurales en 1975 et qui, en 1990, présenteront tous les caractères
d'une agglomération urbaine.
De plus, bien que la population abidjanaise dépassera les 3,4 mil-
lions d'habitants en 1990, la plus forte croissance ira aux villes de
l'intérieur.
En effet, les problèmes d'urbanisation, d'infrastructures,
de transports••• ,se poseront avec acuité à ABIDJAN, de telle sorte que
le courant migratoire s'orientera par priorité vers les villes de l'in-
térieur.
1Direction de la Statistique: Ministère de l'Economie, des Finances
et du Plan, "Perspectives de population - 1975..,.1980-1985-1990".
Novembre 1 980.

-35-
CONCLUSION
En résumé, l'évolution de la population totale ivoirienne a connu
durant ces deux dernières décennies une expansion rapide qui risque de
poser de manière relative de sérieux problèmes d'emploi et donc de
sous-emploi.
Par contre si on rapporte l'ensemble de cette population à la di-
mension du territoire et que l'on compare à quelques pays de dimension
2
à peu près identique tels que par exemple l'Italie (301.300 km
pour
2
57 millions d'habitants) et le Japon (370.000 lcm
pour 116
millions
d'habitants), on ne peut,s ' empêcher de conclure que la Côte d'Ivoire
2
demeure un pays sous-peuplé.
Sa densité au km
par habitant est passée
de 12 à 22 personnes entre 1960 et 1980.
Elle n'atteindra que seule-
ment 36 personnes en 1990.
Mais poursuivons notre investigation en analysant l'évolution· de
population active, c'est;...à-dire à la volonté des ivoiriens à
travailler.

-36-
II. L'EVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE
IT\\lTR ODUCTI ON
Si l'analyse de l'évolution de la population totale a permis d'avoir
une indication générale de la tendance de l'emploi, pour mieux comprendre
la nature des sous-emplois, il convient d'examiner la volonté de cette
population active.
Cet examen nous permettra peut-être;d~identifier la
population des personnes disponsi bles pour ,m emploi, celles qui ont ef-
fectivement un emploi, et celles qui sont en situation de sous-emploi.
Or qu'est-ce qu'on entend par population acitve?
Comment a-t-elle
évolué en Côte d'Ivoire?
Nous verrons donc successivement la définition de la population
active et son évolution.
A. Définitions
Sur le plan global, les offres de travail, qu'elles soient satis-
faites ou non dépendent de deux éléments:
- le volume de la population dans son ensemble.
En effet, le nombre
total de la population d'un pays indique le nombre de personnes dont l'éco-
nomie doit satisfaire les besoins.
Il est par conséquent nécessaire de
le connattre et surtout sa variation.
C'est ce que nous venons en quel-
que sorte de faire.
- le nombre d'individus au travail qui se mesur~ par la
proportion de personnes actives dans la population totale
c'est ce qu'on
appelle le taux d'activité.
Or pour l'étude de
l'activité économique et
de l'emploi, il est important de connattre ce taux, c'est-à-dire la popu-
lation active
au
travail
et qui
contribue
à la production.
Cependant si à première vue cette définition peut parattre claire,
en réalité elle est difficile à cerner, notamment en Côte d'Ivoire, comme
partout d'ailleurs, où le travail non seulement présent des aspects hété-
rogènes, mais encore est exercé par des catégories de personnes que la
définition de la population active exclut dans son champs d'application
(les enfants de moins de 15 ans, les mères de famille, les aides famili-
aux••• ).

-37-
Dès lors comment définir la population active?
Deux critères sont généralement utilisés pour définir la popu-
lation active: l'âge et l'activité.
1. Le critère d'âge
Conventionnellement et pour les besoins statistiques, l'âge requis
pour faire partie de la population active est plus de 15 ans et moins de
60 ans, voire 65 ans dans certains cas.
a) Les moins de 15 ans
Les 15 ans sont considérés par la législation comme étant la limite
supérieure des années obligatoires démandées à un enfant pour son éduca-
tion.
Toutefois, ces années peuvent être dépassées si l'enfant fait des
études ou reçoit une formation en vue d'un travail futur.
L'ensemble de
cette population est considérée comme étant la main-d t oeuvre future.
b) Les plus de 59 ans ou de 65 ans
On exclut également de la population active les personnes qui ont
atteint l'âge de 60 ansou de 65 ans.
Elles sont par définition à la
retrai te.
2~ L'exercice d'un emploil
Elle est beaucoup plus difficile à déterminer et à qualifier.
Par exemple pour l'INSEE (Institut National de la Statistique et des
Etudes Economiques), l'activité est rattachée à la profession, c'est-à-
dire aU travail qui contribue à accroître la production des biens et ser-
vices mésurables.
En fait, la situation est beaucoup plus nuancge puisqu'elle s'étend
en une gamme continue de l'inactivité totale à l'activité professionnelle

-38-
normale.
Tel est le Cas
des femmes ou des filles de l'exploitant agri-
cole, des membres de la fa~ille de l'artisan ou du commerçant qui parti-
pent, et sans être .s~~ariés, à 'temps partiel ou occasionnellement, aux tra-
vaux de l'entreprise familiale.
Il y a aussi le Cas des gens âgés, des
femmes ou d'autres personnes qui exercent des activités salariés d'appoint
de façon irrégulière ou saisonnière,ou encore régulièrement mais à raison
d'un petit nombre d'heures par semaine.
On voi t donc que la notion d' acti vi té professionnelle ou pas, est
complexe.
Elle fait appel à de nombreux critères (durée du travail, con-
tribution à un acte de production, régularité du travail, perception d'un
revenu ••• ).
C'est pourquoi, de façon générale, la plupart des statistiques
de la population active exclut toute personne dont le travail se déroule
uniquement dans le cadre du ménage.
Ainsi dès qu'il y a participation à
une activité sociale, le problème est resolu par l'exclusion.
On exclut également de la population active certains catégories
de personnes: notamment les militaires du contingent, les étudiants, les
femmes au foyers, ainsi que les membres du clergé
(clergé, réligieuses ••• ),
les handicapés physiques ou mentaux, et les gens qui s'adonnent aux ac-
tivités bénévoles au sein des associations.
1
Par contre, on y inclvt les chômeurs
parce qu'on les considère comme
étant simplement en sursis d'activité.
En résumé, la population active est celle qui se compose d'individus
de plvs de 15 ans et de moins de 60 ans ou 65 ans, qui ont ou pevvent ob-
tenir une activité professionnelle
en participant à la prodvc-
tion de biens et services.
On la qualifie avssi de population active dis-
ponible.
Ainsi la partie de cette population active disponible qui a effec~
tivement un travail salarié ou non, s'appelle la population active occu-
pée.
Par exemple un paysan de 40 ans est un actif occupé bien qu'il ne
soit pas 'salarié.
Pour désigner cette population active occupée, on utili-
se généralement l'émploi.
Dès 16rs, si toute la population active disponi-
ble est occupée, on peut théoriquement dire que l~êconomie est en situa-
tion de plein emploi.
Dans le cas contraire, on parle de sous-emploi.
1 Les chômeurs sont les personnes sans emploi aptes et disponibles pour
l'emploi, qui en recherchent mais n'en trouvent pas.

-39-
La population active ayant été ainsi définie, il convient donc
d'analyser son évolution passée et future en Côte d'Ivoire.
B. L'évolution de la population active ivoirienne
Avant cette analyse deux précisions s'imposent:
- Tout d'abord il nous faut souligner que les statistiques cohé-
rentèS sur les éléments à inclure et à exclure pour déterminer la popu-
lation activ~ faisant défaut, nous préférons examiner la population d'âge
ac~if qui est l'émanation de cette population.
Elle se définit comme
étant la diminution de la population totale des individus qui ont moins
de 15 ans parce qu'ils sont théoriquement en âge scolaire obligatoire et
de
ceux qui ont plus de 59 ans, parce qu'ils ont dépassé l'âge légal de
travail.
En effet, à partir des recensements généraux de population (le
dernier date de 1975), il nous a été facile de déterminer cette tranche de
la population qui figure dans le tableau nO "
si-après.
- Ensuite, notre analyse portera uniquement sur cette population d'âge-
actif
15-59 ans.
L'examen de la population active occupée, ou de l'em-
ploi se fera ultérieurement lorsque nous aborderons le marché du travail.
TABLEAU N° 11
EVOL1ITION DE LA POPULATION TOTALE, DE 'LA POPULATION
D'AGE ACTIF (15-59 ANS) ET DU TAUX D'ACTIVITE
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1------------------ ------- r-------- --------r------- ---------------- -------
IpOPULATION TOTALE
3800
4500
5115
6209
7389
9093
12115
(Milliers)
-------------- -------1-------- r-------- -------- -------- -------- -------
POPULATION D'AGE
1938
2430
2935
3675
4435
5602
7875
ACTIF 0Milliers)
r..:.~.=.z.;...-...-:-
------
----- ----
.- r-------- -------
51 ,0
l'RAPPORT'
54,0
57,4
59,2
60,0
61,6
65,0
Source
Plan de développement économique et social (1976-1980j.
Ministère du Plan.

-40-
1. L'évolution de la population d'âge actif 15-59 ans
Avec une population totale de 3.800 milliers de personnes en 1960,
la population d'âge actif correspondant est de 1.938 milliers, ce qui donne
un taux d'activité de l'ordre de 51%.
En 1980, la population d'âge actif
a atteint 4.435 milliers de personnes pour une population totale de 7.389
milliers, soit un taux d'activité d'environ 60%.
Cette tendance générale
à la hausse du taux d'activité comme le tableau nO 12 indique entraîne une
offre potentielle d'emploi que l'économie ivoirienne aura du mal à satis-
1
faire.
Il en resultera donc une croissance de sous-emploi.
Les projections effectuées pour les années 1985 et 1990, indiquent
que les taux d'activité augmenteront respectivement de 61,6% et 65%.
Ces
projections bien qu'elles aient des valeurs simplement indicatives, sont
tout de même d'un grand intérêt pour le planificateur du développement,
car elles permettent grâce aux tendances indiquées,'d'anticiper les dif-
férents
problèmes économiques et sociaux qui pourraient se poser et d'en-
treprendre à temps voulu actions correctives qui s'imposent.
Dans le domaine de l'emploi les projections permettent l'évaluation
de l'offre future de main-d'oeuvre comme nous venons de souligner, et par
conséquent, de l'emploi compte tenu du chômage et des sous-emplois existants
et du taux de remplacement de la main-d'oeuvre, ainsi que des besoins en
éducation, en formation nécessaires (nous y reviendrons).
Cependant, cette évolution présente les caractéristiques suivantes
2. Les caractéristiques de l'évolution de la population d'âge actif (15-59 a~s)
Nous avons centré notre analyse sur deux caractéristiques essentielles,:
--La répartition de la population d'âge actif par sexe et
par milieu géographique;
--La répartition de la population d'âge actif par tranche
d'âge.
a) La répartition de la population d'âge actif par sexe et par milieu
géogr~phique
L'évolution de la population d'âge actif en milieu urbain est nette-
ment plus rapide qu'en milieu rural, signe d'un exode rural massif vers les

-41-
TABLEAU N° 12
REPARTITION DE LA POPULATION D'AGE ACTIF (15-59 ANS)
PAR MILIEU GEOG~~PHIQUE ET PAR SEXE EN MILLIERS DE
PERSONNES
r
,
!
HILIEU ET SEXE
1875
[1980
r 1985
'1990
---------I---------------~------------
1) mLIEU RURAL
--~fasculin
1123
1227
1321
1560
1
--Féminin
1227
1372
14'13
i 1761
i
ENSEMBLE RURAL
2350
1
2599
2764
3321
~,

i
,
R
t - .,ascu ln
100
91 ,5'
89,4
appor
- Féminin
x
91 ,5
i 88,6,
i1
-------,------------
2) MILIEU URBAIN
1
--Hasculin
672
962
1485
2356
--Féminin
653
874
1353
2198
ENSEMBLE UR BAI N
1325
t836
2838
4554
R
t - Masculin
1 0
appor
- Féminin
x
0
103
110
110
1
107
_______.
1
_
~---------------------------------
3) TOTAL POPULATION D,l AGE ACTIF
3675
4435
5602
7875
Source
Extrait des données du Plan quinquennal de développement écono-
mique, social, et culturel (1976-1980).
TABLEAU N° 13
PROPORTION REPRESENTEE PAR LES 15-59 ANS SELON LES
REGIONS ET LE MILIEU (RURAL OU URBAIN) EN 1975
REGIONS
HUlEU URBAIN
HILIEU RURAL
-----------------------------------------------------------------------
CENTRE
54.3
48,3
CENTRE-OUEST
54,4
50,3
EST
53,0
49,3
NORD
54,7
50,1
OUEST
54,0
49,4
SUD
55,1
50,6
SUD-OUEST
60,4
54,1
------------------------------------------------------------------------
ENSEMBLE
54,1
49,7
Source
Fr~~çoise Blh~T. Etude déjà citée, P. 67.

-42-
villes d'une partie de la population d'âge actif.
Cet exode rural se
traduit par un déficit masculin d'âge actif alors qu'en milieu urbain,
c'est le phénomène contraire qui se produit.
Le rapport de masculinité
est environ de 89% en zone rurale,contre 1,1% en zone urbaine.
Ce qui
ressort des analyses du tableau nO 12.
Par ailleurs la proportion représentée par la population d'age actif
par rapport à la population totale est en 1975 (voir Tableau N° 13), pour
toute les régions nettement supérieure à celle du milieu rural environnant
ce qui corrobore l'ampleur de l'exode rural que le pays connaît.
Le gonfle-
ment de ce groupe d'âge peut s'expliquer en partie par les migrations sco-
laires, mais, étant donné les difficultés de réinsertion des jeunes scolari-
sés en milieu rural, il est à craindre que ces migrations scolaires vers
les villes n'alourdissent la situation.
Bref, il en résulte d'une part une déperdition de la main-d'oeuvre
en milieu rural qui risque de compromettre le développement agricole, et
d'autre part un excédent d'actifs en milieu urbain qui accentue le sous-
emploi.
D'ailleurs les projections en 1990 laissent apparaître que le nombre
d'actif urbain (15-59 ans) sera supérieur au nombre d'actifs en milieu ru-
ral alors que jusqu'à là c'est l'ordre inverse qui se produit.
Cette situation non moins pessimiste est mise en évidence par la ré-
partition de cette population selon la tranche d'âge.
b) La répartition de la population d'âge actif (15-59 ans) par tranche
d'âge
En effet, le tableau nO 14 ci-après montre que plus de la moitié de
la population d'âge actif ont un âge compris entre 15 et 35 ans.
Or, si
cela témoigne d'une vitalité de la force de travail potentielle, il consti-
tue par contre une source de problèmes en matière d'emplois, car la propor-
tion de cette population qui trouveront à s'employer après leur formation
reste et restera hypothètique.

-43-
TABLEAU N° 14
REPARTITION DE LA POPULATION D'ACTIF (15-59 ANS)
PAR TRANCHE D'AGE - EN MILLIERS DE PERSOln~S
________~~~_i~l ______
1975 (2)
1990 (2)
TRANCHE
---------~----------.--
~---------- -----------
D'AGE
EFFECTIFS
% DU TOTAL
EFFECTIFS
% DU TOTAL
EFFECTIFS
%DU TOTAL
-------- ---------- ------------ ---------- -----------~---------- -----------
15-19
309
15,3
673
18 r 3
1701
21 ,6
20-24
317
1 5,7
654
17,8
1617
20,5
25-29
350
17,4
622
16,9
1276
16,2
30-34
279
13,9
469
12,8
937
11 ,9
35-39
252
12,5
401
10,9
717
9,1
40-44
173
8,6
311
8,5
647
8,2
45-49
157
7,8
243
6,6
420
5,3
50-54
99
4,9
177
4,8
366
4,6
55-59
78
3,9
125
3,4
194
2,5
1--------- -
-----f----------- ----------------------~---------- -----------
TOTAL
2014
100,0
3675
100,0
7875
100,0
Sources
(1) Enquête régionale de la population.
Première forme de recensement national de la
population.
(2) Recensement général de la population en 1975 et
projection.

-44-
CONCLUSION
Pour aussi grossière que soit la méthode utilisée, notamment pour la
détermination de la population d'âge actif, les grandes tendances et les
ordres de grandeurs dégagées sont dans le domaine du probable et montrent
qu'en l'absence d'une politique systématique d'expansion, la situation de
l'emploi se déteriorera vraisemblablement au cours de la décennie qui vient.
Bien entendu, cela ne vaut qu'en moyenne.
Face à cette estimation du futur quelque peu pessimiste, certaines
grandes lignes d'actions que nous développerons dans la dernière partie de
notre étude, peuvent être dégagées (politiques démographique, éducative, et
de formation, de revenu; attention particulière à l'exode rural ••• ).
Hais, il convient à présent d'analyser l'évolution économique.
Section 2 - L'EVOLUTION ECONOMIQUE
n'TR ODUCTI ON
Après l'analyse de l'évolution démographique, voyons à présent com-
ment les problèmes d'emploi et de sous-emploi ont été conditionnés par
l'évolution économique.
En effet, l'évolution économique de la CSte d'Ivoire est marquée
par trois principales périodes :
--une période que nous appelons précoloniale, et que nous
situons avant le xve siècle;
--une période coloniale qui part du XVe siècle jusqu'en 1960;
--et une période postcoloniale que nous désignons par l'indépen-
dance, c'est-à-dire depuis le 7 août 1960.
Nous allons reprendre successivement ces trois périodes et analyser
leurs caractéristiques essentielles.
Nous signalons que les dates correspondant aux deux premières pério-
des sont quelque peu arbitraires.

-45-
I. L'ECONOMIE PRECOLO~~ALE
(AVANT LE XVe SIECLE)
Elle couvre l'histoire du peuplement que nous venons de décrire
brièvement.
L'économie pré-coloniale est caractérisée par l'économie d'auto-
subsistance.
Cette économie est organisée sur la base de la co~munauté
familiale.
A. L'économie d'autosubsistance
Le mot d'autosubsistance ne veut pas dire que la com~unauté fami-
liale arrivait tout juste à produire le minimum nécessaire pour subsister,
et, qu'une fois satisfaits les besoins élémentaires (manger, s'abriter,
se vêtir), il ne restait plus rien pour satisfaire d'autres besoins moins
urgents.
En fait, on constate que dans toute société aussi primitive.
qu'elle paraisse, on produit toujours plus qu'il n'est nécessaire pour
ne pas mourir.
Il y a du "surplus" dont l'utilisation n est pas immé-
diate.
Le terme d'autosubsistance ne veut pas dire non plus que la commu-
nauté familiale produisait tout ce dont elle avait besoin et qu'elle n'avait
aucune relation d'échange avec les communautés voisines.
En fait, si l'on parle d'autosubsistance, c'est pour souligner le
fait que la communauté familiale produit la plus grande partie de ce qui
est nécessaire à sa subsistance, les échanges avec l'extérieur ne concerne
qu'un nombre très limité de biens, soit des biens rares ou introuvables
sur le territoire du groupe familial comme le sel, les biens artisanaux••••
Comment cette économie est-elle organisée?
B. L'organisation de l'économie d'autosubsistance
L'économie d'autosubsistance repose sur une unité de base: la
famille plus ou moins élargie et des échanges entre familles ou groupes
f~~iliaux, de même groupe ethnique, soit de groupes ethniques différents.

-46-
1. L'unité de base
L'unité de base de cette économie est généralement la famille plus
ou moins étendue ou élargie, vivant sous l'autorité d'un "ancien", c'est-
à-dire le chef de la famille.
Les liens de parenté entre les membres de chaque famille s'appuient
sur ce qu'on appelle le lignage, c'est-à-dire un ensemble de personnes
vivantes apparentées, issues d'un ancêtre commun.
Plusieurs familles se
regroupent pov~ former un village ou un quartier du village que dirige le
conseil des anciens.
En Côte d'Ivoire il existe deux types de lignages
un lignage ~atri-
linéaire et un lignage patrilinéaire.
Dans la société matrilinéaire des AGrIT par exemple, le roi prenait
l' habi tude de déléguer ses reponsabili tés dé gestionnaire du domaine aux
chefs des villages, qui, à leurs tov~s les transmettaient aux anciens, dé-
tenteurs du trésor familial.
Chez les KROU, société patrilinéaire, la répartition des terres Co~~e
les décisions vitales pour la communauté du village sont l'apanage de
l'ensemble Gonstitué par les "Aînés" ou "anciens" du lignage, mais la pro-
priété effective de la terre, traditionellement droit d'usage, est exercée
au niveau de la famille élargie.
L'organisation de l'économie d'autosubsistance est donc très hiérar-
chisée.
Cette hiérarchie se retrouve également au niveau des échanges ou
de la répartition des biens produits.
2. La répartition des biens et les échanges
Comment se faisaient la répartition des biens à l'intérieur de chaque
famille et les échanges entre famille ou groupes ethniques différents?
a) Répartition des biens
Toute activité de production met en relation les ressources disponi-
bles sur le territoire famil;al, les membres de la fallille travaillant sur
ce territoire, et les outils que ces derniers utilisent.
Cette activité

-47-
est contrôlée par l'Aîné.
On a do~c d'une part l'Aîné et d'autre part les
cadets, c'est-à-dire les autres membres de la f~nille.
Les cadets remettent à l'Aîné les récoltes ou les fruits de leur pro-
duction.
L'Aîné en fait ensuite la distribution à chacun au fur et à
mésure des besoins.
On parle de prestations aux Aînés et de redistribution
aux cadets.
Les cadets ont obligation de remettre à l'Aîné les "fruits" de la
production, mais celui-ci a obligation de leur fovxnir de la nourriture et
de les faire profiter de son savoir et de son expérience.
Les Aînés
et les cadets sont donc solidaires et cette solidarité s'exprime par la
réciprocité des prestations et des redistributions.
Mais il existe aussi des écJ::anges externes.
b) Echanges entre familles de même groupe ethnique ou groupes ethniques
différents
La circulation des biens n'est pas soumise à l ' autori té des anciens,
lorsqu'elle se fait entre groupe ethniques.
Les contreparties demandées
par cb~que famille ou groupe ethnique peuvent varier selon qu'il soit plus
ou moins proche.
Dans certains cas, il s'agit d'un simple service rendu,
dans d'autres, on peut parler véritablement de troc.
On cherchera une équi-
valence entre la coutume ou la plus ou moins grande rareté du produit.
Mais il existe aussi des échanges de biens qui font l'objet de ca-
deaux entre Aînés à l'occasion d'une alliance ou d'une fête.
De tels biens
jouent surtout un rôle dans les alliances matrimoniales, c'est-à-dire dans
la conclusion des mariages.
Ils entrent dans la composition des dots ou
prestations matrimoniales qui sont versées entre familles à l'occasion des
mariages.
Leur possession symbolise le contrôle que les anciens exercent
sur les mariages.
Ainsi le cadet qui veut se marier doit demander à l'Aîné
de sa famille les biens de prestiges nécessaires au versement de la dot.
Il ne peut donc se marier sans son consentement.
La dot est versée à la
famille de sa future épouse par ses soins.
Elle agit en quelque sorte com-
me un gage et un symbole de réciprocité entre les deux fa~illes.
Mais il eut aussi des échanges externes en dehors du cadre économi-
que d'autosubsistance.
En effet, à l'époque précoloniale, on trouve deux
sortes de circuits commerciaux :
- l'un app<::lé "système de réseaux" dans lequel la marchandise est

transportée sur de
longs parcours par les mêmes marchands indépendamment
de leur appartenance aux peuples qu'ils doivent traverser.
Ce système ca-
ractérise nettement la région de la savane ivoirienne.
- l'autre, "système de relais", dans lequel la marchandise pour passer
de peuplade en peuplade doit etre échangée à la frentière de chacune d'elles.
Les marchandises circulent, mais par les hommes.
Cette organisation des
éc~anges se rencontre dans les régions de forêts.
Ainsi par exemple, tous
les peuples côtiers (Alladian, Avikan••• ) se trouvaient dans une position
d'intermédiaire entre les premiers européens et les populations de l'inté-
rieur.
La remontée des marchandises vers le Nord s'effectuait par l'inter-
médiaire des DIDA, des ADIOUKROU et EBRIE, eux-mêmes relayés par des popu-
lations plus septentrionales (GOURO, ABEY, ATTIE).
En conclusion, l'économie d'autosubsistance, caractérisée par l'exis-
tence
de rapport de parenté entre les individus qui la constituent, la
prédominance d'une autorité dont l'extension est lié à l'âge et la distri-
bution des biens selon le principe "prestations aux Aînés et redistribution
aux cadets", était très active et cohérente.
Cette économie avait des mo~·
yens de transports (portage à tête d' hommes, puis caravanes) et des moyens
1
de paiement (cauris, fer, sel gemme, poudre d'or).
Cette économie va être en partie perturbée par la colonisation.
II. L'ECONOHIE COLONIALE (1471-1960)
Comme nous venons d'analyser, la rencontre de la Côte d'Ivoire avec
l'Europe ne date pas seulement de la période coloniale qui part de 1883.
La Côte d'Ivoire, comme toute l ~'Afrique d'ailleurs, était en relation avec
l~Europe depuis plusieurs siècles avant la Colonisation et ces relations
ont eu une grande conséquence sur la vie économique du pays, ne serait-ce
que par les conséquences de la traité des escalves.
Cependant cette influ-
ence restait extérieure: les européens n'avaient pas pénétré à l'intérieur
'du
pays,
leur commerçants restaient aux frontières des comptoirs instal-
lés sur la ëôte.
La Colonisation, n'est apparue que lorsque les européens ont voulu
ouvrir le continent africain au commerce avec eux, notamment en incitant

.
.
Pour plus de détail, voir Daniel BOLLINGER
Le marketing en Afrique.
La Côte d'Ivoire, PP. 30-31.
CEDA A.

-49-
les populations à vendre leurs produits locaux qui les intéressaient, et
à acheter leurs produits manufacturés pour lesquels ils cherchaient des
débouchés.
Mais devant les problèmes de concurrence, de partage ou des
privilèges que certains pays européens voulaient s'octroyer sur certaines
parties de l'Afrique, il a fallu s'organiser.
Un traité de Berlin de 1883
posa le principe de l'occupation effefctivé des territoires que les diffé~
rents pays européens voulaient coloniser.
C'est ainsi que la France érigea la Côte d'Ivoire en colonie le 10 mars
1893 et durant les vingt années suivantes, elle entreprit l'exploitation,
puis la conquête du territoire.
L'économie coloniale qui en découla fut basée sur un système d'ex-
ploitation du travail par la contrainte qui dura de la conquête (1893) à
l'abolition effective du recrutement forcé (loi Houphouèt Boigny de 1946).
!'lais, cette économie coloniale s'est caractériséE. principalement par
l'introduction de la m0nnaie française et européeru1e, l'introduction de
cultures agricoles d'exportation et l'implantation de quelques infrastruc-
tures d'équipement et commerciales.
De plus, elle introduit une autre forme
d'organisation de la production.
Nous verrons donc successivement
--ces différentes caractéristiques de l'économie coloniale;
--son organisation.
A. Les principales caractéristiques de l'économie coloniale
1. L'introduction de la monnaie européenne
Deux faits ont essentiellement contribuer à l'introduction de la
monnaie européenne en Côte d'Ivoire comme en Afrique.
D'abord le commerce,
ensuite l'institution de l'impôt de capitation.
a) Par le commerce
Comme nous venons de signaler, l'ouverture de l'intérieur de la
Côte d'Ivoire au commerce avec l'Europe et la France en particulier, pour
inciter les populations à vendre leurs produits locaux (or, huile de palme••• )
et à acheter des~roduits manufacturés, allait entratner l'abandon des

-50-
moyens de paiement traditionnels (cauris, fer, poudre d'or, sel gemme) et
le dév.eloppement d'un autre moyen de paiement-: la monnaie française.
Les raisons de cet abandon étaient que le commerce qui se faisait manquait
de souplesse Car le plus souvent c'est le troc qui prévalait à CaUse des
difficul tés de mesure et de transports.
La monnaie française devrait donc
rendre le commerce plus aisé~
Malgré cela, des réticences subsistaient et il a fallu donc instituer
un impôt de capitation pour accélérer l'introduction de l'argent.
b) Par l'impôt de capitation
C'est un impôt assis sur la tête de chaque personne, qui est destiné 2. pro-
curer des ressources financières à l'Administration Coloniale.
Ainsi les
habitants étaie~t obligés de vendre aux traitants français et donc de se
procurer de la monnaie pour payer leur impôt.
Donc' cet impôt jouait deux
rôles: 'il favorisait le commerce et accélérait l'introduction de la mon-
naie.
En plus de la monnaie, l'Administration coloniale 'a introduit des
cultures agricoles qui devraient être exportées.
2. L'implantation de cultures agricoles d'exportation
En même temps qu'on cherchait à développer la cueillette de produits
de base comme le caoutchouc, on s'efforça de créer de nouvelles possibilités
de production agricole exportable, c'est· ainsi que successivement fut implan-
té en Côte d'Ivoire :
a) Le Cacao en 1881.
Les premières plantations créées par les français
1
apparaissent sur le bord de la lagune
à proximité des comptoirs, puis pro-
gressivement vers l'intérieur du pays.
Parallèlement aux premiers essais de
la minorité étrangère s'opéra une diffusion chez les agriculteurs ivoiriens.
1 11 faut signaler que la Côte d'Ivoire est traversée littoralement par des
lagune,s.

-51-
b) Le café au début des années 1900.
Il progressa aussi comme le cacao.
c) La banane vers 1930.
En effet dès le début du siècle des essais de
vente à l'extérieur avait été tentés; mais c'est seulement vers 1930 que la
culture d'exportation connut un véritable essor, en partie liée à la crise
du caCao qui incita les planteurs européens à diversifier leur productio~
Les premières plantations app2:rurent à proximité des ports, puis jalonnèrent
la voie ferrée.
ct) Le coton était connu de longue date en Côte d'Ivoire et cultivé dans
les régions de savane.
Les bandes de tissus et de pagnes étaient des produits
très prisés qui alimentaient des contacts d'échange vers la zone forestière.
L'Administration Coloniale ne s'est efforcée de le développer qu'à partir
des années 1930.
e) Cultures diverses.
D'autres cultures ont été développées, notamment
le caoutchouc, les
'palmistes et le bois.
Voici en guise de conclusion, le tableau nO 15 ci-dessous qui retrace
l'évolution de ces quelques produits d'exportatio~
Il est extrait d'une
note d'information de la Banque Centrale des Etats de L'Afrique de l'Ouest
(BCEAO) •
TABLEAU N°
'1 5
EVOLUTION DE QUELQUES PRODUITS D'EXPORTATION PE:NDANT .
LA COLONISATION
(en tonnes)
PRODUITS
1900-1911
1919-1921
1929-1931
1935-1937
1951
f--------
- - - - - - - --
- ----------
------f---------
CACAO
9
1.163
19.549
47.064
55.452
CAFE
29
46
525
7.248
59.539
BANANE
-
-
4
6.525
10.063
-
COTON
6.000
-
-
5.950
5.847
PALHISTES
5.288
11.119
9.731
9.649
10.109
CAOUTCHOUC
1.293
70
20
106
--
3
BOIS EN M
18.000
57.400
77.700
·58.900
131.100

-52-
3. L'implantation de quelques i~Jrastructures
Il s'agit de quelques équipeinents et d'un léger appareil com'11ercial.
a) Les équipements
La création 6.' infrastructures économiques permanentes (wharfs, chemin
de fer, routes, aviation) avait pour objectifsilcnseulement d'exploiter les
produits agricoles et miniers, mais aussi de contribuer à réduire les prix
de revient de ces produits et les prix de vente de marchandises importées
déstinées à l'intérieur du pays.
Ces équipements ont permis de tranSformer
en partie l'économie d'autosubsistance.
De plus, ils ont été accompagnés
par un appareil commercial.
1
b) L'appareil commercial
Pour permettre les échanges, diverses catégories de c~mrnerce furent
créées.
Citons: La Compagnie française de l'Afrique de l'Ouest (CFAO) qui
existe à l'heure actuelle (fondée en 1887, ses principes commerciaux étaient
la suppression du troc par généralisation de l'utilisation de la monnaie dans
les transactions, la lutte contre le crédit usuraire, le développement de la
production';par achat des produits du crO au plus haut cours possible); La
Société commerci~üe de l'Afrique de P.ouest (SCOA) qui existe aussi à l'heure
actuelle sous la même appellation commerciale (créée en 1920 par des dissi-
dents de la CFAO, s'est intéressée principale'11ent à la vente de marchandises
plutôt qu'à l'achat); La Compagnie du Niger-Français, filiale du groupe in-
ternational Univeler Limited qui créa elle-même une succursale nommée Compa-
gnie française de la Côte d'Ivoire (CFCI).
D'autres entreprises commerciales
SE
sont installées en Côte d'Ivoire.
Leur liste figure dans le tableau nO 16
2
ci-après extrait du livre de Daniel BOLLINGER.
c) Une ébauche d'industries
Notons enfin que l'industrie était à peu près inconnue en Côte d'Ivoire
1Pour plus de détail, voir Daniel BOLLINGER, ouvrage déjà ci té.
2Ibid•

-53-
TABLEAU N°
16
LES PRINCIPALES El'n'REPRISES COHHERCIALES INSTALLEES
EN COTE D'IVOIRE EN 1943
GRANDES COMPAGNIES
PRODUITS PETROLIERS
C.F.A.O.
Cie Française de Distribution des
S.C.O.A.
Pétroles en AOF
A. de Tessières
REPRESENTATIONS INDUSTRIELLES
Peyrissac
Le Commerce Africain
Cie D.A. V. U.l1.
Le Comptoir Sénégalais
Sté Importation et Exportation de
Perino
Matériel Industriel
La Cangue
Le Matériel Colonial
Heudebert & Cie
ALIMENTATION
Ste Africaine des
Ets Brossette et Valor
Goudail (Confiseur)
Sté Africaine Pigeon
Guénan
(Charcutier)
Jousset et Tortel (Cie Générale
Guédon
(Boucher)
d'Electricité)
Champroux
(Boulanger)
Cie Française de Bâtiments Hécaniques
Foulon
(Mareyeur)
Ets André Le Tallier (ciment,carrelages)
Cie Française des Charbonnages de
BANQUES - SOCIETES IMMOBILIERES
Dakar
Soëiété Générale
ACCONAGE ET MANUTENTION
Crédit Lyonnais
Sté Immobilière & Commerciale de
Sté Africaine Butruille et Mallon
L'Afrique Tropicale
Sté Ouest Africaine d'Entreprises
Sté E.M. des Habitations à Bon Marché
Nari times
Sté Africaine de Crédit Mutuel
CONSIGNATAIRES NAVIRES
Crédit Africain de la Côte d'Ivoire
CO. BO.CI
IMPORT - EXPORT
TRANSPORTS LAGUNAIRES
Ancel & Fils
Sté Commerciale & Industrielle
Messageries Lagunaires
Africaine
TRANSPORTS AERIENS
Union Commerciale Africaine
Sté Commerciale de la Moyenne
Air France
Côte d'Ivoire
Aigle Azur
Comptoirs Africains de Commerce
Sté Aérienne Transports Tropicaux
Sté Française d'Approvisionnement
Air Algérie
et Distribution en Extrême-Orient
TRANSPORTS ROUTIERS
Sté Industrielle et Commerciale de la
Côte d'Ivoire
Garages et Transports Coloniaux
Comptoir Commercial Import-Export
TRANSITAIRES
Sté Africaine du Commerce Extérieur
Ets Omer Decugis
Agence Générale de Transit
Office de Transit Colonial
LIBRAIRIES-- PAPETERIE
Smi th & K:eaft
Librairie Générale Pociello
Sté de Transit et Transports
Librairie Africaine Quenum
COMMERCANTS AFRICAINS
PHARMACIE
Kébé HaJnadou
Meunier-Lelioux
Niamké
Pharmacie de la Lagune
Anoma
Bile

-54-
pendant la période coloniale.
Les conditions n'étaient guère favorables à
son développement : faibles~du marché, insuffisance d'infrastructures,
absence de souxces d'énergie, manque de capitaux et d'hom~es••• ).
Les
seules industries que l'on pouvait recenser étaient quelques unités trans-
formant les produits locaux avant leur exportation ou un petit nombre
d'atelier travaillant pour le marché local.
Ainsi, ont été créées par
exemple: L'entreprise textile GONFREVILLE (1920) et Les Huileriés BLOHORN.
B. L'organisation de l'économie coloniale
Elle se caractérise par la juxtaposition de del~x modes de production
une pr.oàuc.tion villageoise et une production de type elITopéen.
Toutes ces
productions sont dèstinées au marché extérieur.
1. La production villageoise
Avec l'introduction des nouvelles cultures, les villageois produisent
du cacao, du café, de coton, pour l'exportation et des cultures vivrières
(igname, banane, taro, sorgho, mil, riz) pOLIT se nourrir.
Ils entrent
donc, dans le circuit des échanges cowmerciales pour une part de leurs acti-
vités, mais conservent leur méthodes de cultures traditionnelles: la produc-
tion se fait sur la base de la communauté familiale.
2. La production de type européen
Que se soit dans Les plantations européennes ou dans les quelques in-
dustries ou commerces naissants, les méthodes employées sont les mêmes
il s'agit d'installer des équipements, d'employer des s~lariés, d'accroître
les rendements, de vendre les produits et de faire le maximum de profit.
L'organisation de la production n'a pas un caractère fa~ilial, le but de la
production n'est pas d'entretenir les relations sociales mais d'enrichir
l'entrepreneur, individu ou société.
C'est donc un tout autre type d'acti-
vité économique que l~ société traditionnelle découvrait.
Ainsi pendant toute la colonisation et même actuellement, on assistat
à ce dualisme économique.
Le'point commun est que la grande partie des pro-

-55-
ductions étaient destinées au marché extérieur: l'agriculture commer-
ciale travaillait pour l'exportation, l'industrie et le comrnerce travail-
laient pour l'exportation à partir de matières premières locales ou de
produits se~i-finis importés avec des capitaux et des équipements venant
aussi de l'extérieur.
L'économie coloniale était donc une économie dépendante de l'exté-
rieur non seulement pour ses débouchés et son approvisionnement, mais aussi
pour ses investissements.
En conclusion, l'époque coloni~le a engendré une mutation de l'éco-
nomie ivoirienne qui est passée de l'économie de cueillette à l'agricul-
ture spéculative ou lIéconomie de traité ll •
De ce fait la col<:misation a
permis l'insertion de la C8te d'Ivoire dans l'économie mondiale de marché
en introduisant la monnaie par le biais du salariat, en développant les
cultures de certaines plantes connues à l'époque pré-coloniale (coton,
palmiste, caoutchouc) et en imposant les cultures de nouvelles plantes
(cacao, café, bananes, ananas) exigées par une consommation extérieure.
Or, cette forme d'économie subsiste malgré la décolonisation.
III. L'ECONOMIE DEPUIS L'Ih~EPEIIDANCE
(7 aoOt 1960 -
Depuis le 7 août 1960, la C8te d'Ivoire a accédé à l'indépendance.
Cependant, les bases économique héritées de l'Aruninistration coloniaie
subsistant, il fallait définir une nouvelle politique économique et socia-
le - en vue de développer le pays.
C'est ainsi que les responsables du pays
optèrent pour la voie de l'économie libérale.
Les objectifs qu'ils se
sont fixés pour le développement du pays peuvent se caractériser par :
--Le développement des cultures agricoles destinées à l'exporta-
tion en vue de s'assurer des dévises nécessaires à la crois-
sance du pays;
--L'amorce d'une industrialisation basée sur le recours à une poli-
tique favorable aux investisseurs étrangers au profit desquels
ont été imaginé des instruments juridiques, économiques, fis-
1
caux, principalement regroupés dans un Code des investissements.
Ces deux stratégies sont organisées par l'intervention directe ou
indirecte de l'Etat, tant dans le draingge de ces apports étrangers, que
dans la participation effective dans les investissements;
De plus, plusi~
eurs mesures d'accompagnements ont été déployées (formation, incitations,
1 Les dispositions de ce Code figurent en Annexe N° IV.

-56-
à l'initiative privée - arnénagement ou adoption de lois sur la famille ... ).
Analysons briévement ces deux caractéristiques avant de voir comment
l'Etat les organise.
A. Caractéristiques de l'économie depuis l' indépenda'1ce
--Le développement des cultures agricoles destinées à l'exporta-
tion en vue de s'assurer des devises nécessaires aux développe-
ment du pays;
--Une ~norce d'industri?2isation basée sur les devises octroyées
par les, exportations et une politique favorable aux investisse-
ments étrangers.
Notre analyse portera sux le com~erce extérieux qui regroupe pour
l'essentiel ces produits d'exportation.
1. Le développement par le commerce extérieur
Entre 1960 et 1980, la croissance économique de la Côte d'Ivoire a
été favorisée par un commerCe extérieur toujours excédentaire.
On le voit sur le tableau nO 17 que la valeur des exportations a
été multipliée par 15 ou 20 ans et celle des importations par 18 - les
importations ont donc progressé plus vite que les exportations.
Cependant, la balance com~erciale reste encore caractéristique d'une
économie en voie de développement.
Les exportations concernant essentiel-
lement des prociluits d'origine agricole (café, cacao, bois, coton, huile de
palme, ananas).
Leur évolution est très sensible aux mouvements des marchés
internationaux et aux variations climatiques.
Ainsi les a.r~'1ées 1961,1962,
1966 et 1967 se traduisent par une stabilité et celles de 1970 et 1975 par
une baisse.
Ce qui se manifeste dans la dégradation des indices de couver-
ture (112 en 1962,114 en 1971,105 eb 1975 et 100 en 1978).
Quant aux ~mportations, elles comportent principalement des produits
manufacturés (d'équipement et de consommation) et de matières premières
industrielles (pétrole, clinkers pour le ciment, engrais).
Enfin, malgré une politique de diversification aussi bien dans le
développement agricole que dans la recherche des parténaires, six pays
fournisseurs entrent pour 65% de l'ensemble des importations (France, Etats-

-56bis-
TABLEAU HO 17
DOI&tES SUR LE CO}frŒRCE EXTERIEUR IVOIRIEN
HILLIP..RDS DE FRANCS CFA COURAl'ITS
INDICE DE COEFFICIENT DU
-
- --------- ~--------
EXPORTATIOnS IHPORTATIONS R4.LANCE
I:::OUVERTURE COHHERCE EXTERIEUR
ANNEES
COHI""::ERCIALE EXPORT/
Ë5ëPORTATr oNSÏf"iPORTATÏONS
IEPORT
EN % DU PIB
EN % DU PIB
EN ~~
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1-------- - - - - ----------- -----------
1960
39
32
+
7
120
27,3
22,4
1961
47
42
+
5
112
29,2
26,1
1962
48
39
+
9
123
28,6
23,2
1963
57
42
+ 15
136
28,8
21,2
1964
75
59
+ 16
127
31 ,3
24,6
1965
68
58
+ 10
117
28,3
24,2
1966
77
64
+ 13
120
29,8
24,8
1967
80
65
+ 15
123
29,0
23,6
,
1968
105
78
+ 27
135
32,2
23,9
1969
118
86
+ 32
137
32,2
23,5
1970
130
108
+ 22
121
31 ,3
26,0
1971
127
111
+ 16
114
28,9
25,2
1972
140
114
+ 26
122
29,7
24,2
1973
191
158
+ 33
121
33,8
28,0
1974
292
232
+ 60
125
39,5
31 ,4
1975
255
241
+ 14
105
30,5
28,9
1976
393
312
+ 81
126
35,3
28,0
1977
529
429
+100
123
34,4
27,9
1978
524
522
+
2
100
29,4
29,3
1979
535
529
+
r
0
101
26,8
26,5
1980
604
590
+ 14
102
27,1
26,5
1981
689
653
+ 36
105,5
29,1
28,1
1982
748
719
+ 29
104
29,4
28,2
SOURCE
1'1inistère de l'Economie et des Finances.
LA COTE D'IVOIRE EN CHIFFRES.

-57-
Unis, République Fédérale d'Allemagne, Japon pour les produits manufac-
turés et Iran, Nigéria pour le pétrole).
Les eÀ~ortations sont effectuées
avec cinq -pays seulement: France, Pays-Bas, République Fédérale d'Allemagne,
Etats-Unis, Italie.
2. Une a~orce d'industrialisation
Nous verrons tout d'abord corrment est amorcé le processus d' industria-
1isation
de la CSte d'Ivoire avant d'analyser ses principaux résultats
atteints entre '960 et 1980.
a) Le processus d'industrialisation
La politique industrielle de la Côte d'Ivoire a suivi le processus
suivant.
Cepel'dant une brève historique de l'industrialisation figure en
Annexe N° V •
Avant l'indépendance, le pays, comme nous avons déjà souligné, avait
une économie essentiellement primaire - exportatrice.
L'industrie était
limitée à quelques usines transformant les produits primaires locaux avant
leur eXportation (café, cacao) et à un nombre très réduit d'vnités produc-
trices dirigées vers lemarché intérieur (transformation de produits ali-
mentaires, boulangeries, boissons, tabac, corps gras).
Toutes ces unités
de production appartenaient aux colonisateurs.
Lors de son accession à l'indépendance en '960, les responsables na-
tionaux dont principalement le premier et actuel Président de la République' ,
ont choisi pour son développement la voie de l'économie libérale.
A par-
tir de la base économique héritée de l'Administration coloniale et des con-
traintes hl~aines (manque de cadres et de main-d'oeuvres spécialisées, pcpu-
lation composée de plusieurs groupes ethniques dont chacun avait son ordre
social ayant une valeur essentielle b~sée sur l'esprit de solidarité qu~en
principe. rejette l'initiative privée et la compétitivité entre les membres)
,
'Depuis l'indépendance, la Côte d'Ivoire connatt vne stabilité politique
dans un continent (Afrique) souvent bouleversé par des changements de
régime, de gouvern~~ent et de dirigeants.
Réélu constamment depuis 1960,
à la Présidence de la République, le Président HOUPHOUET BOIGNY assure
La direction du pays ainsi que du Gouvernement dans un régime présidentiel
et de parti unique.

-58-
et structvrelles (structvre poli tique issue de l a colonisation et n'ayant
pas encore la ma~trise de la chose publique, absence de ressources minières
et énergétiques), le pays a suivi vne politique de croissance dont l'élément
moteur était une agriculture tovrnée vers l'exportation.
Le café, le cacao,
le bois, et plus tard, l'huile de palme, l'a~anas et la banane de~Taient
consti tuer le fondement du revenu des exportations"
Bruts ou transformés,
les prodvi ts en question constituaient 98% du total des e:hrportations enré-
gistrées en 1960, représentent el1 1980, 70% de ce mêrne total.
De là le
rôle prépondérant de ces marchandises dans le fina.ncement des investissements
et de la croissance.
Comme ce financement interne est nettement insuffisant, lm Code des
investisse~ents très favorable aV~ investisseurs étrangers fut également
institué.
I l prodigue des avantages fiscaux importants w~x entreprises
qui se voient accorder vn statut priori taire et qui pe,J.vent dès lors impor-
ter levr r.1atériel de production sous un régime ct' e~(Qnération partielle ou
totale des droits d'entrée jouissant ainsi d'une très grunde protection réel-
le"
L'industrialisation s'est donc développée dans deux directions spé-
cifiques :
--la trai"lsformation de ~dui~locaux en V1..1e de lev.:c~ortation,
c'est-à-dire les produits tels que le café, le cacao, l'ananas,
les sous-produits du palmier à huiles les bois tropicaux, le ca;.-
outchouc"
Elle se caractérise par l.,me valcvr ajoutée relativer.1ent
fai ble"
--la fabrication des produits se substituant aux produits importés.
Ces industries qui se livrent à ces activités se situent dans la
garmne de fabrication de produi ts de consommation alimentaire, tex-
tiles, chimiques ou méc~1iques.
Les industries dites de base ou
lourdes (fabrication de biens d'équipement, de produi ts intermé-
diaires ov. de demi-produits) sont pratiquement inexistantes.
b) Résultats obtenus entre 1960 - 1980
Cette politique industrielle, favorisée par la stabilité poli tique,
a obtenu les résultats qui figurent dans le tableau nO 18 suivant.
Ces
résultats sont dans l'ensemble très satisfaisants durant cette période.
Par exemple: le nombre d~ntreprisesa été multiplié par 70 entre 1960 et
1980, celui des salariés par 7,1
(10.000 salariés en 1960 contre 71.373
salariés en 1980).
D'autres résultats significatifs figurent en Annexe MOlr.

-59-
A 11 heure actuelle, le secteur industriel compte parmi les activi-
tés productives du pays, llUl1 de plus dynamiques.
Sa part dans la pro-
duction intérieure brute qui était de 5,1% en 1960 est passée à 22,9%
en 1980, représenta.'1t un taux de croissance a.'1l1uel de 7,7/0.
TABLEAU N° 1 8
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS DU DEVELOPPEHENT
INDUSTRIEL
1960
1980
TAUX DE CROISSANCE
At~WEL DE LA PERIODE
INDICATEURS
(1980/1960 )
~::M~:D'~",U~TIlI:Sa==== =-;~f-;~==- - ---~~:~-==--======
-----
---
------- ----------------------
CAPITAL SOCIAL
(!'lilliards de Francs CFA)
20
180
11 , 6~~
-------
.
-- ---- ------ ------------------
INVESTISSEI:IEIITS CmruLES
AVANT AHORTISSEl1EIITS
5
701
28,1%
(Milliards de Francs CFA)
------
--------+---_.,.---------+------------------
CHIFFRE D'AFFAIRES TOUTES
TAXES COHPRISES
13
950
23,9%
(Hilliards de Francs CFA)
--------
.
----'--+---_.,.--------- --------------------
NOHBRE DE SALARIES
10000
71373
10,3/~
~~~~~I~~~ ~~~~~~~~~~:O:;-- ----:--l--~:~:-- -------:--1,~~-----------
(Milliards de Fr~1CS CFA)
SOUl':ce
Ch~nbre d'industrie de CSte dlIvoire.
(a) Le nombre d'industries se r6partit en 18 branches
d'activité
économique dont la liste figure dans
la deuxième partie, Po 154.
B. L'organisation de l'économie
Bien que l'option choisie pour le développement du pays soit le libé-
ralisme ou l "ouverture sur l'extérieur, l'économie est organisée autour des
interventions directes et indirectes de l'Etat.
En effet, l'Etat organise ses interventions par sa participation
dans les investiss5~ents, par la création d'organismes chargés de promouvoir
le développ ement et par l a formation des hommes et femmes.

-60-
1. La participation de l'Etat dans les investissements
Depuis l'indépendance, l'Etat s'est employé à màbiliser l'épargne
interne et à drainer les aides et emprunts extérieu~s vers les investisse-
ments industriels, commerciaux et sociaux.
Les investissements réalisés
sont regroupés dans un budget spécial d'investissement èt d'équipement
(BISE).
Ce budget rassemble dans ill1 seul document des ressources de natures
différentes et des emplois qui en sont faits par grands prograr.~es de
développement.
a) Les re~sources du BISE
Elles proviennent :
--des imp$ts, taxes et redevances, c'est-à-dire du Trésor.
Ce sont les ressources BISE-TRESOR~
--des dotations de la caisse de stabilisation et du soutien des
prix des productions agricoles (CSSPPA); c'est le BISE-CSSPFA,
--des aides extérieures et d'e~prunts gérés par la Caisse Autonome
d'Amortissement (CAA) qui sont toujours des ressources affectées
à un finffi1cement précis.
(Il s'agit du BISE-CAA que nous appele-
rons les ressources extérieures par opposition aU~ deux précé-
dentes ressources intérieures.
Leurs évolutions entre 1970 et 1980 figurent dans le table.au nO 19
ci-après.
- Les ressources intérieures
Il ressort du tableau nO 19 que dans l'ensemble du budget, celles-ci
soient supérieures aux ressources extérieures.
Entre 1970 et 1980, elles
représentent en moyenne 56% de la masse budgétaire.
La structure de ces ressources lai.sse apparaî'tre (voir Tableau N° 20 )
que la grande partie de ces ressources provient des dotations de la CSSPPA,
notamment depuis 1977.
Or ces dotations dépendent des récoltes et des prix
1
du café et du cacao , qui eux-m~~es sont fonction des aléas climatiques et
des coursinternationaux.
C'est ainsi que par exemple la dotation de 1976
-------,--
1 Voir analyse sur le commerce extérieur
P. 56.

-61-
a été nulle, aemême qu'en 1979, elle a forte.rnent chuté par rapport aux an-
nées précédentes.
QUffi1t aV~ ressou~ces BISE-Trésor, elles sont représentées pour 90%
d'imp6ts (directs, indirects).
Leur volume a aussi progressé entre 1977
et 1979, aVffi1t de baisser en 1980.
Les raisons ti~m1ent à l'accroisse-
ment du nombre des entreprises qui ont cessé de bénéficier des exonéra-
tions accordées temporairement par le Code des investissements.
- Les ressouTces extérieures
Le monta~t des ressources étrangères destinées au financement des
investissements a cr~ d'une manière considérable.
Il représente entre
1970 et 1980 ème moyenne de 44% du total de la masse budgétaire (Tableau
N° 19 ).
Bien que nous n'ayons pas assez de détails SVT l'évolution subite de
ces resso'll.rces, nous pouvons tout de m@me conclu~e QE1J1S l'ensemble que la
masse budgétaire a augmenté forte'11cnt entre 1970 et ·1980, notarmnent à par-
tir de 1977.
Elle est passée repectivenent de 44 milliards de FCFA à 313
milliards, soit un taux de croissance annuel de 21,7%.
Ces ressources ont permis de financer les prO~'~w'11es de développe-
ment suivants.
b) Les emplois du BISE
Ils se font généralement dans le cadre des plw1s quinquennaux qui
distinguent cinq grands prograrmnes de développernent
1. Le progra'11me de développement économique: c'est-à-dire en gros,
l'agriculture, l'industrie, les services;
II. Le programme de soutien du développeme.'1t économique
les trans-·'
ports, les postes et télécommunications, l'énergie;
III. Le prograrnrne de développ5'11ent social: l'urbanisation et l'habitat;
IV. Le programme de développement culturel: la formation;
V. Le prograrnrne d'accompagnement du développe'11ent : divers facteurs
de développenent.
Le tableau nO 21
montre la réparti tian des emplois à travers des dif- \\
férents progra~'11es entre 1975 et 1980.

-62-
TABLEAU N° 19
EVOLUTION DES RESSOURCES DU BUDGET SPECIAL D'I~~STISSE~ŒIIT
ET D'EQUIPEI1ENT
INTERIEURES
EXTERIEURES
~
TOTAL
,ANNEES MILLI1L1IDS
~{DU- TOTA~-~~LLI~RDS~ %-~~-;OTAL 1:~L~IARD;-~~~;~~;;;~I~
DE FRA.NCS
DE FRANCS
1
f DE FRANCS
ANNUEL EN %
::~A
-:~------~;----:~~--rA
. -; 970--
29
44 - - - - - : : : : - - - -
1971
22
51%
20
43%
!
42
-
4,5%
1972
17
48%
18
52/~
i
35
- 16,7%
1 973
1 8
49%
1 9
51 %
37
+
5, 7%
'l"
1 974
1 8
40%
26
60%
44
+ 1 8,9%
1975
27
50/~
27
50"/0
'
54
+ 22,7%
!
1976
20
33%
40
67/~
60
+ 11,1 %
1977
197
80%
48
20%
245
+308,3%
1978
175
68%
82
32%
257
+
4,9%
1979
153
64%
96
36%
'.
239
-
7,0%
1980
206
66%
107
34%
313
+ 31,0%
Source
L t ECONOMIE IVOIRIENNE, EDIAFRAC, LA DOCUl1ENTATIOH AFRICAINE.
TABLE.A..U N°
20
EVOLUTION DES STRUCTURES DES RESSOURCES DU BISE
(Hilliards de FeFA)
RESSOURCES
1 ~75
1976
1977 '197811979
1980
--------
- - - - - - - - -
-----1-._-I-.---f-------------
1. INTERIElJRES
--TRESOR
19
20
75
89
88
44
--GSSPPA
8
-
122
86
65
162
---- r--'
---------------
S/TOTAL
27
20
197
1 75
153
206
,..-------
---------------- -----f-------
.------i--------
II. EXTERIEURES
--Organisations internationales
8
12
11
13
16
12
-Insti tutions gouvernementales
--
-
5
5
12
11
-Etablissements financiers privés
12
23
23
36
39
43
--Crédits fournisseurs
1
-
-
1
6
1
---
----f-----f---------
S/TOTAL
27
40
48
82
96
107
-----.
---,..----
TOTAL (1 ) + (II)
54
60
245
257
239
313
Source
L'ECONOMIE IVOIRIENNE, EDIAFRIC, LA DOCUHENTATION AFRICAINE.

-63-
TABLEAU N°
21
RECAPITULATION DES EHPLOIS PAR FROGRI\\'!'lHES DE DEVELOPPEl'ŒIIT
PROGRAHHES (Hilliards FeFA)
1975\\1976
19771 1 978
1979
1980
---------------------------'-----------------------~---------~-----~-----
I. DEVELOPPEHENT ECOIWHIQUE
--Agricu.l ture
7
38
53
56
93
--Industrie
2
17
3
6
3
--Services
S/TOTAL
:~;~:~:==~~-:l:~i::::z~:-~~a:--
%DU TOTAL
34%1
21 %
27/~
25%
29%
33%
t---T--------- ----1""----- -----
II.
SOUTIEN DU DEVELOPPEHENT ECONOl-lIQUE
1
1
1
--Transports
73
85
55
52
--p. et T.
1: 1 2~ 4 2 1 --
--Energie
2!
1
3
5
9
10
I----T--- - - - - -----1------ -----
S/TOTAL
%DU TOTAL
~;;;r-~;% -:;%- ~:% -;;%---;;;-
1----,-- - - - -----1------ ----
j
J
III. DEVELOPFEHENT SOCIAJ.,
l
--UrbaDisation : Habitats
4!
5
35
33
28
56
--Divers
I-_~+-~-
8
t--.__
_!~__
9
!-_~__
S/TOTAL
~-U-~
~~_ 46
_22
§!__
%DU TOTAL
8%1
14%
1 8~{
1 8%
1 5~~
1 9%
1----------
Î
------
\\
(
IV. DEVELOPPEHENT CULTUREL
--Formation
5 ti
6
39
21
39
44
% DU TOTAL
---;%T-~~~--~~%-- 8% r--~~%- 14/~
V. ACCOJ.'lPAGNEHENT DU DEVELOPPEHENT
--~:T-~-~:- 37 29 --::--
~----~--.-.. -._---_.
----- -----
/~ DU TOTAL
~-:!.~t,..-!~~ _,__~~_ _~~~_ _!g~ __!~~_
TOTAL
74
58
245
257
239
313
J,."
...".--_....... . . - - - - - - - - - - - - - - - - . . . . . l - - - - - 4 . - - . . ! - - - - l . - - - - l - - - - . . : . . . . - - J -
~------------------------------------------------------------------------
Source
L'ECONOMIE IVOIRIENNE, EDIAFRIC, LA DOCŒ'lErITATION AFRICAlrŒ.

-64-
Ainsi t
au ni veau du progra;ru71c du développement économique, on con-
state qu 'W1 grand effort a été fait en faveur de l ' agricul ture.
Seule-
ment, comme l'agriculture reCOU\\Te une variété de branches, nous ne pouvons
dire s'il s'agit de l~agriculture traditionnelle ou moderne.
La seule cer-
titude que nous (lvons, c'est que les cultures vivrières n'ont pas été suffi-
SalT'ù1"lCnt développées si bien que l'uJ1 des objectifs actuels du plan quin-
quennal est l'autosuffisance e.limentaire.
En ce qui concerne les progra'7L'Tles de soutien, ce sont les tra.nsports,
not2JTù'Tlent routi-ers et maritimes q'ui ont bénéficié~de la plus grande part des
ressources de fina.ncement.
Il en est de même de l'urba.'1isation et des
logements au titre du développement social.
Quant au développement culturel,
c'est la formation qui a bénéficié des principaux moyens financiers.
Bref,
les emplois ont été répartis d'vne ma.nière rele.tivemen.t hor;-:ogène entre les
cinq prograJTu'Tles.
!-iais, en réalité, certain sectevrs o;1t été privilégiés
(formation, infrastructures, mariti:::ès, routières), tandis que d'av.tl'es
ont- reçu moins d'attention (agriculture, sal1té) ..
Ce qui fait que les
besoins minima1.L':: de la population n'étant pas satisfaits, des problèmes de
développement risquent de se poser 2. long terme.
En plus de ces organismes qui gèrent les investissements d'autres ont
été créés pour aider 2. la promotion industrielle.
2. La création d'orgal1ismes ch?..rgés de pro;nouvoir le développement
Ce sont :
a) Le Fond !'rational d'Investissement (FHI) crée en 1962.
Sa voca-
tion est d'intervenir et de participer au développement industriel.
b) Le Burea.u de Développement Industriel (BDI).
Il est chargé d'ac-
cueillir les industriels, les financiers et les hœnr:les d'affaires
étrangers, de les aider b trouver la solution rapide et efficace
de levrs problèmes sur la base des avantages consentis par le
Gouvernement pour encourager l'investissB'Tlent privé.
Le BDI est
donc l'interlocuteur privilégié de tout investissevr s'intéressant
la Cete d'Ivoire.
c) L'Office de la Promotion des Entreprises Ivoiriennes (OPEI).
Il est c.l1argé tout spécialement de promuvoir les entreprises
ivoiri~~es et de faire en sorte que les nationaux s'intègrent
dans le processus de développe'Tlent industriel du pays.
d) La Bangue Ivoirienne de Développement Industriel (BIDI).
Elle
est destinée à aider les investisseurs privés à financer des pro~
jets industriels.
Elle peut intervenir soit en prenant des par-
ticipations au capital social des entreprises, soit en accord&'1t
des crédits à moyen et long termes.

-65-
e) Le Centre Ivoirien du COlmTlerCe Extérieur (CrCE). Il.a pout- but
de promouvoir les relations commerciales entre la Côte d'Ivoire
et les autres pays.
f) L' Institut pour la Téclmologie et l'Industrialisation des Produits
Agricoles Tropicaux (ITIPAT).
Il a potrr objet la recherche, l'étù-
de, la docvmentation et l'e)~érimentation concernant le développe-
ment et l'application des opérations relatives à la conservation
et à la transformation des produits tropicav~ d'origine biologique,
en vue d'améliorer l'alimentation des popv~ations, d'élargir les
débouchés de ces produits et d'en créer de nouveaux.
Il existe également un certain nombre d'org2~ismes de recherche et
de promotion industriels.
3. La formation des hommes et des fenunes
Enfin sv~ le plan humain, la formation des jevnes et l'adoption des
mesures visant à détruire les ordres sociaux des groupes ethniques et à
1
les remplacE.':(' par un ordre social unique favorable à l'ordre industrie1
complètent cet ensemble de dispositif industriel, économique et social.
Par exemple, l'Etat a adopté vne législation qui ignore la famille tradition-
nelle
élargie et qui ne traite que des droits et des devoirs de la famille
restreinte conjugale de type occidental, sous prétexte que l'esprit de soli-
dari té (valeur essentielle) de la famille traditionnelle était contraire au-
développement économique et sooial moderne.
CONCLUSION
La croissance économique de la Côte d'Ivoire a été depuis son indépen-
dance exceptionnelle si l'on en juge p2~ les données statistiques qui fi-
gurent dans le tableau nO 22.
On peut observer que le PIB en FCFA courants a été multiplié
par 16 en 20 ans.
Son taux de croissance annuel a été en moyenne de 14,7%,
ce qui est très remarquable, .mais doit être corrigé de l'évolution de
l'indice des prix pour obtenir l'évolution du PIB en volumes.
1 Henri AUJAC: Conférence sur l'ordre social global et son aptitude à l'in-
dustrilisation.
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
Paris 1983.

-65bis-
TABLEAU N° 22
EVOLUTION DU PRODUIT INTERIE1~ BRUT GLOR4L ET PAR
HABITANT
~PRODUIT INTERIEUR
. PRODUIT INTERIEUR BRUT
BRUT GLOR4L
. PAR HABITANT
A]~ŒES '~----------------------------
-----------------------------
'!'iilliards de
Accroissement
!
Milliards de
Accroissement
1 FCFA courants
annuel en %
; FeFA covrants annuel en ~Io
--------~------------I-----------------------------~--------------
1960
143
38
1 961
1 61
1 + 1 2 , 6
42
+ 10, 5
1962
168
+
4,3
43
+
2,4
1 963
1 98
1+ 1 7,9
49
+ 14,0
1964
240
1+21,2
58
+18,4
1965
240
1+
0,0
56
3,4
1966
258
1+
7,5
58
+
3,6
1967
276
\\+
7,0
60
+
3,4
1968
326
f+ 18,1
69
1+ 15,0
1969
366
t+ 12,3
74
1+
7,2
i
1 970
41 5
i+ 1 3 , 4
81
+
9,5
1 971
440
1+
6, 0
84
+
3,7
1 972
472
1+
7,3
79
6,0
1973
565
\\+ 19,7
91
+ 15,2
1974
739
+ 30,8
114
1+ 25,3
1975
835
[+ 1 3 , 0 1 2 4
1976
1114
1+ 33,4
159
1977
1539
r+ 38,2
212
1978
1783
i+ 15,9
236
I
!-l+~ 2~:~
33,3
i+ 11,3
1979
2000
1+ 12,8
254
1+
7,6
1980
2226
i+ 11,3
275
1 +
8,3
r
1
,
,
!
j
SOURCE
LA COTE D'IVOIRE EN CHIFFRES.
Ministère de l'économie
et des finances.
1980.

1
-
-66-
Cepend~1t, il convient de signaler que cette croissance rapide a
connu quelques à-coups très marqués.
En 1965, la progression du FIB a
été nulle.
En 1962 et en 1971, le taux de croissance annuel n'a pas dé-
passé 6%.
Une des explications est que ces années-là, les exportations
de cacao et de café ont été très faibles en raison des aléas climatiques
subies par ces produits.
Hais en dépit de ces à-coups, cette remarquable croissance s'est
traduite par une relative importw1te progression du niveau de vie de la
-
population considérée da.'1s son ensemble.
En effet, la hausse du niveau de vie dans son ensemble a fait passer
1
le PIB par habitant de 3.800 à 275.000 Francs CFA
entre 1960 et 1980,
soi t une multiplication par sept, permettant ainsi un accroissement du pou-
voir d' ad'.at..
Néanmoins, il faut noter que cette progression générale n'a pas pro-
fi té à toute la couche sociale.
Il existe, en effet, "LLYl écart important
entre les revenus des personnes qui vivent et travaillent en ville et celle
des campagnes.
De même qul'une disparité subsiste entre les personnes qui
vivent dans les campagnes en raison des cultures auxquelles elles s'adonnent.
2
Ainsi d'après l'aYlalyse de Daniel BOLLINGER , on peut déterminer trois
types de ménages ruraux selon les revenus dont ils disposent :
--Type 1 : les ménages dont les ressources totales annuelles sont com-
prises entre 200 000 et 400.000 Fr~1CS CFA, soit 50.000 CFA
0
par tête d'habitant en moyenne.
Ils correspondent aux zones
de forêt du Sud, Centre et Centre-~~est;
--Type 2
les ménages dant les ressources totales sont comprises entre
150.000 et 200.000 Francs CFA par an (26.500 Francs CFA par
tête d'habitant).
Ils correspondent à la zone Ouest et au~
zones de savane riche du Centre;
--Type 3
les ménages dont les ressources totales annuelles sont com-
prises entre 100.000 @t 150.000 Francs CFA (17.000 Francs
CFA par tête d'habitant).
Ce SQYlt de la zone Nord.
1 1 Franc CFA = 0,02 Franc français.
2 Ouvrage déjà cité.

-67-
CONCLUSION DU CR4PITRE
La structt1.1'e économique est caractérisée à l ' heure actuelle parce
qu'on appelle le "dualisme".
C'est-à-dire la j1..1xtaposition de deux secteurs
d'activité: l'un dit moderne, l'autre traditionnel.
Le secteur moderne comprend toutes les entreprises modernes du t)~e
occidental, qu'elles soient privées ou publiques.
Parmi ces entreprises,
on peut citer:
--les industries agro-alim~~taires;
--les industries manufactur'ières et artisa~ales;
--les entreprises de bâtiment et travaux publics i
--les e1treprises de transports, ferroviaire, routier, maritimes,
aérien, urbain;
--les soci2tés de commerce de gros, de détail ou de détaillants spé-
cialisés;
--les banques, les assurêl,,'1ces, l'irmnobilier, etc••••
Ce secteur tend à répandre le système de valeur des sociétés industria~
lisées
du point de vue psychologique et sociql.
Ainsi par exemple, il est
hiérarchisé suivant le degré de responsabilité et S1..1.1'tout le niveau de ré-
numération : chacun doit chercher à s'élever et à progresser, au besoin ou au
détriment du voisin, s'il veut améliorer sa situation dans les entreprises
modernes.
De plus, produire plus, gagner plus, consol1vner plus, sont les mots
d'ordre de l'économie moderne qui ne peut Ëtre prospère que dans la croissa~­
ce.
Cette course à l'argent, au profi t, à la consommation marque profondé-
ment les esprits et entre en conflit avec les valeurs traditio~~elles d'équi-
libre social, de solidarité redistributive.
Bref, ce secteur n'intègre pas dans la production, tous les actifs,
il opère
un choix parmi eux et les classe
par catégorie socio-profession-
nelle.
Face à ce secteur, le secteur traditio~~el q1..ri s'apparente à la soci-
été traditiolL~elle décrite plus haut, subsiste et resiste tant bien que mal
à ses effets.
On peut distinguer dans ce secteur trois grands groupes socio-profes-
sionnels
--les aqriculteurs et planteurs qui ajoutent à leur clùtvres vivrières
destinées en priori té à l' autoconsorrunation, une ou plusieurs cultures ou
plantations destinées à leurs pron'rer des reSS01,1.1'CeS ~onétaires.
Ce sont

-68-
le café) le cacao, le coton, labanal1e 1 l'ananas. u.
Les plus \\Î.mportants
emploient des salariés.
A ce groupe on pev.t a.djoindre les éleveurs qui
cOJTunercialisent une partie du crott de lèur trolJcpean et les pêcheurs
artisël1av::.: qui vivent en symbiose avec les agriculteurs voisins.
--les comrn.erçi'll1ts et trë'.nsporteurs organisés"
s1.'ivant le modèle
familial et trëlitant des produits tradi tiol1.,'1els 01) modc:::--nes.
On peut classer
dans cette cê,t(~gcrie, non selüeJ71el1t des COJTU71erçants ivoiriens, ma.is a.ussi
bi en des co;n;<1crçants afr.icains, syro-li banais, asi a.tiq1J,es ••• q,ü sont
organisés de 10. même façon.
Eux également peuvent employer des
·'.salariés
dès lors que l' Llffaire pr.end ùe l'importance.
--les artisans fabricants Ctes produits tradi tiol1.l1els ou modernes :
tisserands, forgerons, SC1.üptcl1rs, pcti ts garagistes ou réparateurs divers.
Entre ces deux secteurs se développe, nota,i<1ment a la périphérie des
villes, l.ln sectev.r dit "informel" OV. non structurË= qui joue un r61e très
important.
En effet, bien qu'il ne fournisse q'l/.'v.."'l revenu et lm emploi
sécondaire, il nt er:-:pêche néanmoins qu'ils permetterl.t aux familles qui
s'addnnent à ces activités d'atteindre un niveau de consommation qui lev.r
serai t inacessi ble autrement.
D'autre p art, il contrib-v.e àu développement
économique en absorbant la r;1ain-d' oeuvre rurale qui ne trouve pas à st em-
ployer dans le secte1.'.r moderne et en utilisant des techniques à. forte inten-
sité de lnain-d'oeuvre et de cëJ)italL,,{ moins élevés..
(Novs y reviendrons
plus en détail;:.)
En fait, le dualisme en C6te dtIvoire se manifeste de trois façons:
--dualisme territorial qui oppose des i16ts de croissance à des espaces
tradi tiol1..'Ylelles stagnants ou se modifiant lentement en dépendance du secteur
moderne.
Ce dualisme prend de plus en plus la forme d'une opposition ville-
campagne, l'économie moderne profitant surtout a1.'..."{ populations urbaines;
--dualisme sectoriel, qui oppose les entreprises modernes aux produc-
teurs traditiolL'Ylelsj
--dualisme social, qui oppose lli1e
minorité à' la majorité de la popu-
lation.
La minorité participe largement au monde Eloderne et m&1e à la
soicété de cOl~on~ation, accède à. la culture occidentale et adopte leurs
modes de vie et de pensée. La majorité reste irnpregnée de la culture et du
mode de vie traditionnels et s'adapte tant bien que mal a1.~ changements
qu'elle ne les mattrise.
Toutes-ces-évôlutions ont conditionné la localisation géographique
des ~ous-emplois.

-69-
CHAPITRE II - LA LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DES SOUS-EMPLOIS
Nous venons de voir que la Côte d'Ivoire a été affectée par de nom-
breux mouvements de populations et que son économie se traduit à
l'heure actuelle par ce qu'on appelle le dualisme.
Nous nous pro-
posons à présent de montrer cownent au niveau de l'emploi les consé-
quences de ces évolutions conditionnent la formation et la localisa-
tion des zones de sous-emplois.
Nous abordérons donc dans une première section les conséquences de
ces évolutions et dans une seconde la localisation géographiq~e de
sous-emplois.

-70-
Section 1 - LES CONSEQUENCES DES EVOLUTIONS DEi'lOGRAPHIQUE ET ECONOHIQUE
l NTR ODUCTI OH
Les évolutions démographique et économique se traduisent au niveau de
l'emploi par trois faits
--Une modification des conditions d'activité, principalement dans
le secteur rural et vne création de disparités régionales;
--Une insuffisance de création d'emplois malgré la croissance
rapide de l'économie dans son ensemble;
--Une faible participation des nationaux à l'emploi.
I. L1'< /10DI FI CATI ON DES CONDITIONS D'ACTIVITES DANS LES ZONES RUR.I\\.LES ET
LA CREATION DE DISP.I\\.RITES REGIOlil\\.LES
L'introduction par les colonisateurs des cultvxes destinées à l'ex-
portation ont entrainé la modification des conditions d'activités des popu-
lations qui se sont adonnées à ces cultures.
Cette introduction s'est
traduite aussi par la création de disparités régionales.
A. La modification des conditions d'activité dan~ les zones rurales
Avant la colonisation, la principale activité visait à l'autosubsis-
tance, c'est-à-dire à la production des produits vi\\Tiers.
Cette économie
de subsistance avait pour unité de base la famille élargie que nous venons
d'analyser et était caractérisée par des rapports spécifiques de produc-
tion et de répartition entre les membres de la famille, rapports qtl.i se
présentent directement comme des aspects du fonctionnement des liens de
parenté entre les individus et la famille.
La production recouvre toutes' les activités par lesquelles la fa-
mille se procure ses moyens matériels d' exis ten.ce.
Toute activité ~e production met en relation les ressources disponi-
bles sur le territoire où réside la famille (généralement la terre), les
outils (souvent rudimentaires) et les membres de la famille sous le con;
trôle du chef de famille.
La terre fait l'objet d'vne appropriation col-
lective de la famille.
A ce titre, elle ne peut être aliénée, divisée.
Quant au travail, il est réparti
suivant le sexe et l'âge des membres.

-71-
Par exemple: aux hom~es la préparation des champs, les constructions;
aux femmes, les sémis, le sarclage, la cueillette de fruits, l'approvision-
nement de la famille en eau, la cuisine et naturellement les soins aux
petits enfants; aux vieux, les petits travaux agricoles, artisanaux, à
l'éducation; aux enfants, certains travaux d'aide.
Il y·a donc une intégration automatique de tous les membres de la
famille dans le système de production.
Avec l'introduction de l'agriculture commerciale, la f~~ille élargie
entre dans le circuit monétaire.
Elle devient acheteuse et vendeuse dans
un système économique qui la met en relation avec l'extérieur par l'inter-
médiaire des produits et marchandises que le commerce de traité fait cir-
culer.
Dès lors, les conditions d'activité changent: d'une part elle
est obligée de poursuivre tant bien que mal sa production autoconsommatri-
ce et d'autre part de cultiver de nouveaux produits destinés à l'extérieur
pour se procurer de l'argent.
Or, ces cultures d'exportation posent deux types de problèmes
--un problône de disponibilités en terres,
--un problème de main-d'oeuvre.
1. Problème de disponibilités en terres
a) Problèmes
D'économie de plantation ou de cultures d'exportation se pratique
d'une ma~ière extensive et surtout à jachères longues, du moins telle
qu'elle est cultivée en Côte d'Ivoire.
C'est donc un grand consommateur
d'espace qui pose un problème de dispersion des plantations tant au ni-
veau du terroir villageois qu'au niveau général de zone de production.
En effet, si l'augmentation des terres cultivées va bien dans le
sens de la politique agricole ivoirienne, qui vise à accroître la produc-
tion et à rélever le niveau de vie des agriculteurs, il arrive aussi qu'elle
soit la cause de destruction du patrimoine foncier national.
Ainsi par
exemple, les superficies de la forêt dense exploitable diminue très rapide-
ment d'après le tableau nO 23 ci-après.
Les superficies des forêts denses sont passées de 8,9 millions d'hec-
tares en 1966 à 5,4 millions d'hectares en 1974 : 3,5 millions d'hectares

-72-
ont été détr'lJ.i ts en huit ans j ce qui correspond à. une d.estruction moyem1e
de LI 50. 000 hectares par an.
La superficie totale de la zone forestière
étant de 15,6 millions d'hectares, la part occupée par la forêt dense est
passée de 57,3~ du total en 1966 à 34,5% en 1974.
TABLEAU N° 23
SITUATION DE LA FORET DENSE EXPLOITABLE ENTRE
1966 ET 1974
1
i
1966
1974
1
FORET DENSE (l-lillions d'hectares)
8,9 (57,3%)
5,4 (34 , 5;~)
----------------_._~-------------------- ------------- ----------------
SUPERFICIE TOTALE (Eillions d' hectares) ~ 5,6 (1 OO~O'
15,6 (1 OO~O
Source
Plan quinquennal de développement économique, cV.l tvrel et
et social (1976-1980)
b) Essai de solutions
Pour atténuer les conséquences de cette destruction du terroir fores-
tier national, les responsables ivoiriens se sont déterminés 2 élaborer un
régime do:naliial ct foncier qui ne représente pas 1me redis tri bution des
terres (puisqv.' elles ne seront prises à personne), r:lais un inventaire des
terres disponibles et une distril)"l}.t:ion à ceux qui ve1.,èlent bien les faire
fructifier daYls le cadre défini.
Ce cadre propose trois procédés de répartition des terres:
Le permis d'occuper est délivré par le sous-préfet.
Après enquête,
le cultivateur obtient au rnaximum 50 'hectares· de terres, som'llai-
rement délimités par l t Achlinistrationj aucune condition de mise en
valeur, aucune taxe n'est exigÉB.
Très peu de paysans ivoiriens
reclament à l'autorité officielle, le permis d'occuper, probable-
ment à cause du poids de la routine imposée parles coutumes, ou
de la relative méfiance des populations povr tout ce qui est nou-
veau, ou encore par manque dt information.
La concession provisoire est signée par le Ninistre de l ' Agri-
cvlture après enquête du sous-préfet et des services techniques
{Eaux et Forêts, Services agricoles et cadastres) j sous réserve
que le nouveau concessiOlIDaire souscrive à un engagement précis
de mise en valeur du terrain dans un délai de cinq ans qui peut
êtr~ renouvelée.
Povr les mêmes raisons qui les écartent
du permis d'occuper, la majorité des paysans ne s'emballent pas
povr ce made d'attribution des sols, qui en fait n'est pour le
plw1teur qu'w1e étape vers le titre d'oc~ûpation plus précieux
de la terre.

· -73-
La concession définitive.
En droit ivoirien, la propriété sur
VJ1e parcelle, quelle que soit sa superficie, résulte du bornage
du terrain par un géo~ètre privé et d'~~e procédu~e de publicité
de 90 jours.
De la combinaison de ce bornage et de la publicité
de 90 jours naît le titre foncier qui purge radicalement la terre
des droits des tiers et l'attribue à l'Etat lequel la rétrocèdera
en concessionnaire, soit en pleine propriété, soit en bail emphy-
téotique.
L'accession à la pleine propriété du sol reste cepen-
dant en Côte d'Ivoire l'apanage d'un tout petit nombre de per-
so~~eso
Les raisons sont, comme on l'a déjà vu, d'une part que
peu de planteurs sont intéressés par les rnodes modernes de propri-
été, d'autre part les frais de bornage, qui sont particulièrement
lourds, sont à la charge du concessio~~aire provisoire.
En outre,
la puissance publique fr·eine au maximwn l'octroi des sols en
pleine propriété, elle souhaite être à mêrne de reprendre sans
t'rais excessifs les terrains concédés si les nécessités d 'utili té
publique se présentent, préfère conréder des bal~ eTophytéotiques
qui aSSlITent l'usufruit au planteur
(tout en préservant la nue-
propriété qui reste à l'Etat).
Mais à côté de ce nouveau cadre de répartition des sols, subsistent
les terres coutwnières.
- Le5 terres coutumières
Elles cOl~tituent encore plus des neuf-dixièmes des terroirs ivoiri~
ens qui sont e)~loités directement ou indirectement (métayage et location).
Le faire-valoir direct se pFatique soit avec la seule aide familiale, soit
avec recours à une main-d'oeuvre salariée (manoeuvTes).
Dans le cas du
métayage, des notabilités locales existent et consistent à partager les
fruits de la récolte en : un tiers pour le métayer et deux-tiers pour le
pseudo-propriétaire coutumier du sol.
Dans le cas de la location, le prin-
cipe consiste à louer à des tiers des terrains en friche sur lequels ils
n'ont aucun droit: le planteur conserve toute la récolte pOV~ lui mais
2
doi t acquitter une location d'un montant relativement élevé.
La persistance de fait du régime coutumier rend d'ailleurs difficile
l'aménagement d'un vrai régime foncier national.
Hais, devant la diminution
des
terres cultivables,
il faudrait à terme procéder à sa mise en oeuvre.
2. Problèmes de la main-d'oeuvre
Comme nous venons de le voir l'économie de plantation se pratique
d'une manière extensive: donc, plus les plantations s'étendent, plus
1 Généralement pour 25 ans.
2La ~ocation ro1.l1uelle par hectare est habituellement de 6000 à 9000 francs CFA
d'après le service des affaires domaniales rurales.

-74-
elles exigent de plus en plus de bras.
Or, la mutation des structures familiales, notannnent le passage de
la fa~ille élargie à la famille conjugale favorisé parJl€ législateur ivoi-
rien, et la perte de la solidarité entre les membres de la fa~ille élargie
que nous allons analyser ul térieurernent, et l'école pèsent svr la rnain-
d'oeuvre far.üliale.
Il en résv~ te donc une dirnimüion de cette main-d' OelJ.vre
familiale.
Par conséquent, povr continver il ass·Lirer l'extension de leur
plantation, les planteurs sont obligés de recourir à une main-d' oe"vre étran-
gère qui provient le plus souvent des pays voisins (Haute Volta, Mali), mais
.
, .
" f
. ,
C
I l , .
, f f . , . .
,
aUSSl des regl0ns Ge avorlsees.
e sont ces emlgres qUl vont etre employes
cor.une manoev.vres agricoles, selon les regimes faire-valoir, métayage.
D'où
de nOUVe2J).X rapports sociaux et de 110uvelles conditions de travail le pla...l1.-
1\\
(~
tevr se comporte un peu comme un entreprenevr.
On voit donc, en conclusion, que l'introduction des cultures d'expor-
tation a modifié les conditions d'activité des planteur ivoiriens: de chefs
de famille, ils sont devenus entrepreneurs familiaux.
Jvlais cette introducti-
on a entra~né également des disparités régionales.
B. La création de disparités régionales
Le méc~1isme du fonctionn~~cnt du système agricole en \\~e de l'expor-
tation dépend essentiellement du t:ypc de produits.
En Côte d'Ivoire, les
principaux produits introduits sont le café et le cacao.
Ces produits se CtÙ~
tivent principalement en zone forestière.
Par contre le coton, et 2. un degré
moindre le riz, se pratiquent en zone de savane, c'est-à-dire dans le Hord-
Est du pays.
Ce sont donc surtout le Cacao et le café qui ont été à la base de la
prosperité économique de la Côte d'Ivoire.
Leurs e}~ortations ont permis au
pays d'avoir depuis son indépendance une balance cor.unerciale positive, malgré
les fluctuations de leurs covrs mondiav~ et de financer ainsi son effort de
développement.
Or, i l existe dans le monde rural ivoirien d'importantes disparités de
revnus qui sont liées aux cultures auxquelles
les ivoiriep~ rl~aux s'adon-
nent.
Ensvite le liev. de residence influence le degré d'intégration dans
l'économie monétaire des régions.
Enfin, le cadre et les conditions de vie
créent égalB~ent des disparités régionales.

-75-
1. La différence de revenus
D'après les dOrL"t'lées du Plan quinquelmal de développement économique,
socia.l et culturel (1.976-1980), les revenus globaux agricoles de la zone
forestière s'élevaient en 1975 à 77,1 milliards de francs CFA, alors que cel'.x
de la zone de savane s'élevaient, la même année, à 8,5 milliards de Francs CFA.
Cet écart se traduit également par des différence de revenus monétaires agri-
coles annuels par tête qui figure dans le tableau nO 24 ci-après.
On constate
que les revenus monétaires agricoles aru1uels du Sud sont quatre fois plus éle-
vés que cel,,'X du Nord et légèrement supérieurs à la moyenne nationale.
2.
La disDari té par le degré d'intégration dans l t·économie monétaire,
De plus, le tableau nO 25 montre que le degré d~intégration des ménages
ruraux da"t'ls l'économie monétaire diffère selon que l'on réside en zone fores-
tière ou en zone de savane.
En effet, à partir du taux d'autoconsommation dans
1
le budget des ménages ruraux, Daniel BOLLINGER
a déterminé laquelle des deux
zones est plus intégrée:c dans l'économie monétaire.
C'est-à-dire, la zone où
le taux d'autoconsommation diminue par rapport au total du budget car, plus
ce taux diminue, plus les dépenses monétaires augmentent.
Ainsi, il conclut
que les ménages des zones de forêt peuvent être considérés comme étant en
grande partie entrés dans une économie monétaire.
Par contre ceux des zones
de savane dont le taux d'autoconsom~ation reste encore élevé, sont èn
grande
partie en économie d'autosubsistance.
Bien que les modalités d'établissement de ce tableau nous échappent,
elles confirment tout de même la grande disparité régionale.
Cependant il
faut se garder de les interpréter avec prudence.
3. Différence de cadre et de condition de vie
Enfin d'autres disparités subsisten~ not~Th~ent par la différence de
cadre et de condition de vie des gens -- infrastructures développées ou en
voie de développement dans certains régions, plut6t que dans d'autres, régions
défavorisées en bie9s collectifs, etç.
Nous ne les analyserons pas ici malgré
leur relative importance.
f-------
---------
Daniel BOLLINGER, Ouvrage déjà cité, P. 72.

-76-
TABLEAU N°
24
REVENUS HONETAIRES AGRICOLES AnNUELS PAR TETE EN FCFA
-
1
R E G I O N S .
HOYENNE: 1971/1972/1973
J
1975
~----------------------------~-------------~----~-------
-------------
SUD
16.310
25.000
(y compris zone de forêt)
NORD
4.640
5.500
(y compris ~one de savane)
ENSEI1BLE COTE D'IVOIRE
14.000
21.000
SOURCE
Da.'1iel BOLLINŒR : IvlARKETING EN AFRIQUE.:
L.'\\ CCTL D' IVOIRS.
CEDA. Abidjan 1977
P.
71.
TABLEAU N°
25
BUDGET DES l'ŒNAGES RURAUX EN POURCENTAGE DES EHPLOIS
TOTAUX
EHPLOIS
TYPE 1
TYPE 2
(forêt)
(sava,'1.e)
------------------------------------------- ------------ --------------
AUTOCOI~SOLlIvlATION
34
77
--alimentaire
27
64
--non-alimentaire
7
13
------------------------------------------- ------------ --------------
DEPENSES HONETAIRES
66
23
--alimentaire
13
6
--non-alimentaire
19
10
--exploitation
4
1 ,5
1
--sortie de fonds
19
3,5
--ép ar gne
11
2
------~-----------------------------------_._-----------
--------------
TOTAL
'00
100
SOURCE
Idem -
p.73.

-77-
II. L'INSUFFISANCE DE CREATIONS D' E!'iPLOIS
Un des faits marquants que l'on peut tirer de l'analyse de l'évolution
économique de la C6te d'Ivoire est le rythme relativement modéré de création
d'emplois alors que l'économie a été entre 1960 et 1980 dans un phase de
croissance rapide.
Comment peut-on l'expliquer?
A. Paradoxe de l'économie ivoirienne
croiss~~ce économique exceptionnelle
et croissance modérée de l'emploi
!
Le tableau nO 22
(voir l'analyse de l'évolution économique) montre
qu'entre 1960 et 1980, le produit intérieur brut a été multiplié par 15;5
c'est-à-dire qu'il est passé de 143 milliards de francs CFA en 1960 à 2236
milliards de francs CFA en 1980.
Ce qui donne pOlIT la période un taux de
croissa~ce aru1uel de 14,7%.
C'est donc une croissance tout à fait remarqua-
ble.
Par contre, l'emploi salarié n'a progressé que de 8% pendant la même
période"(86. 549 travailleurs en 1960 contre 403.400 en 1980).
Autrement dit
à un accroissement de 1% du produit intérieur brut en volume ne correspond
qu'un accroissment d'emploi de 0,54% par an
seulement.
B. Essai d'explications
L'origine de cette insuffisarlc~ du rythme de croissance de l'emploi
pourrait s'e~~liquer par les formes de la croissance et la politique choisie
qui ont sans doute engendré une dépendance technologique excessive et un
certain type de société peut-être préjudiciable au développement de l'emploi.
En effet d'après une étude sur les "caractéristiques de la croissance
111
économique ivoirienne
, l'économie de la Côte d'Ivoire, stimulée par le
secteur des exportations et par l'entrée considérable des capitaux que le
climat favorable à l'investissement attirait, n'a pas créé suffisamment
d'e~plois dans la mésure où la préférence accordée officiellement à la
croissance notamment le secteur moderne, a impliqué une technologie relative-
ment capitalistique, c'est-à-dire économie en main-d'oeuvre.
2
La même analyse a été faite par le BIT •
Elle montre que la croissance
f~~~~~~~on des ~~;~~:;~~ de l'emploi en Côte d'Ivoire 1965-19~ cf. Chapitre
"Caractéristiques de la croissance", Hinittère Français de la Coopération 1975.
2BIT : Urbanisation et emploi en C6te d'Ivoire.
Etude effectuée pour
le compte
de la Banque Hondiale.
Génève 1973.

-78-
du secteur moderne a été largement fondée sur des techniques, des capitaux,
des compétences d'origine étrangère qui ont certes permis des gains de pro-
ductivité relativement importants et par là, rendu compétitifs certains pro-
duits ivoiriens sur le marché international, mais ont par ailleurs relative-
ment freiné le développement de l'emploi.
De plus, cette préférence "tech-
nologique" a favorisé la destruction d'emplois viables du secteur tradi-
tionnel.
Mais nous pensons aussi que l'accroissement modéré de l'emploi peut
provenir des avantages du Codes des investisse~nts1. En effet la majorité
des entreprises du secteur industriel ont bénéficié depuis l'indépendance
des avantages du Code d'invest·issements.
Ces disposi tions placent les entre-
prises ivoiriennes en si tuation de protection par rapport au marché mondial
(exonération fiscale, contingentement des produits importés substituables).
La création d'usines nouvelles et l'extension d'industries existantes étant
exonérées d'imp6ts dv~ant cinq ans, les industriels ont cherché à accroître
leur capacité de production plus que l'évolution du marché ne le justifiait;
c'est donc une des raisons pour lesquelles nous estimons qu'à l',heure actu-
elle le potentiel industriel ivoirien est sous-employé.
Par conséquent,
ces industries non seulement sont protégés au détriment de leur compétitivité,
car il serait à craindre qu'elles seraient incapables de slITvivre sur un
marché non protégé, mais encore content chères à l'Etat (exonérations fis-
cales, subventions ••• ).
D'autres causes sont à l'origine de cette situation, notamment la
conjoncture économique internationale.
Nous y reviendrons lorsque nous
aborderons les causes des sous-emplois.
La dernière conséquence économique majev~e est la faiblesse des em-
plois tenue par les ivoii~iens.
III. LA FAIBLE PARICIPATION DES NATIONAUX AL' EI'lPLOI
Que ce soit au niveau rv~al, ou au niveau vrbain, l'emploi détenu
par les ivoiriens demeure faible.
1
.
VOlr en annexe IV.

-79;;:'
A. Au niveôv rural
Au niveau rural, nous avons vu que les problèmes de dislocation de
la famille traditionnelle élargie (perte de la solidill'ite entre les membres
de la famille), l'école, et l'extension des cultures perennes pèsent snr la
main-d'oeuvre familiale, se traduisant de plus en plus par une pénurie de
travailleurs.
Ainsi seule, une innligration étrangère importante (voir
Tableau N° 6 ) essentiellement d'origine vol taique o. permis de retarder ce
déficit de la main-d'oeuvre.
Ce phénomène de défi ci t est mis en évidence da.ns le tableau nO 26
suivant où l'on observe que:
- Le déficit de main-d'oeuvre enregistré en 1975 en zone de forêts
restera stationnaire jusqu'en 1980, la popvla.tion d'âge actif
(15-59 a,."1s) croî't à peu près en même rythme que les besoins en
main-d'oeuvre, mais s'aggravera à partir de 1980.
Le taux de
croissance de la population d' ~ge actif tombant nettement au-,
dessous du tauK de croissance des besoins.
- En zone de savane, ce déficit de main-d'oeuvre ira en s'aggra-
vant rapidement, la population d'~ge actif, du fait de l'exode
rural, restant presque stationnaire alors que les besoins en
main-d'oeu,Te augmentent rapidement.
Il en est de m~me pour l"ensemble du secteur rural: la population d'~ge
aetif diminuera alors que les besoins en main-d'oeuvre restercnt stationnaires.
B. Au niveau urbain
Notre analyse de la faible participation des ivoiriens à l'emploi
repose sur deux sources :
Les données de la deuxième esquisse du plan quinquennal de dével-
oppement économique.et social de 1971-1975 du Hinistère du Pl a"1 j
- L'enqu~te de main-d'oeuvre effectuée en 1979 sur le secteur privé
et semi-privé par l'office national de la formation professionnelle.
Bien qu~ "les objectifs de ces deux sources soient différents, ils nous
permettent d'avoir une vue d'ensemble de la participation des ivoiriens à
l'emploi à travers les deux tableaux nO 27 et 28 ci-après.
1.
En ce qui concerne la répartition de l'emploi par secteur et par
nationalité, on peut remarquer que les ivoiriens et les africains non ivoi-'
riens détiennent en 1968 presque la même pourcentélge d'emplois dans les trôis
secteurs d'activité (primaire, secondaireettertiare) : 47,7% pour les ivo~...:

-80-
TABLEAU N° 26
EVOLUTI ON DU J:-~Œ;BRE 'l'OTP.L DE 30lT.ID'::ES DE TRAV.'HL
N~CESSAIRES
EN ZONE RURALE
: NOlŒRE EN HILLIERS
TAUX DE CROISS.A.rJCE
ZONES
1
EOYEN AI'!}JLTEL
~------------------------ -----------------------
__________________________L_19Z~
~~~~
~~§5
~~~9i~~Z~_ ~2§~~~§~_
\\
1. ZONE DE FORETS
--Population ù'âgc
11{36
1661
1808
+ 3,0
+ 1 ,7
-actif- (15-59 ans)-
--cTournées allYluelles de,
184
185
196
+ 0,1
+ 1 ,2
tra\\T2.il nécessaires
par actif-
--Total de journées de \\
264300
307800
353500 i
+ 3,1
+ 2,8
travail nécessaires
---------------------------------- ------- -------.·-----------T----------
2.
ZONE DE SAVANE
--Population d'âge
748
750
753
+ 0,1
+ 0,1
actif (15-59 ans)
--Journées annuelles de
148
184
23i
+ 4,5
+ 4,7
travail nécessaires
par actif
--Total de journées de
110900
138200
173900
+ 4,5
+ 4,7
travail nécessaires
1
~----------------------------------------- ------- ------------r---------
ENSEMBLE DE LA ZONE
1
RURALE
1
--Population d'âge
2184
2411
2561
+ 2,0
actif (15-59 ans)
--Journées a~nuelles de
172
185
206
+ 1 ,5
+ 2,2
travail nécessaires
par actif
--Total de journées de
375200
446000
527400
+ 3,5
+ 3,4
travail nécessaires
SOURCE
PLAN QUINQUENNAL 1980-1985.
Ministère du Plan.
/

-81-
TABLEAU N° 27
REPARTITION DE L' ENPLOI SALARIE P.A-R SECTEUR D'ACTIVITE
ECONmUQUE ET PAR NATIONALITE EN POURCENTAGE
1968 (1)
1979 (2)
SECTEURS D'ACTIVITE r-IVOIRÏËÏ'jS' AFRÏë"AÏ-N-Ç-::ifoÏf-----..,1:v"'o-I.ÏüËl,G-Tnüë-:-üÏTs-1f6ff-------
ECONOtnQUE
NON IVOI- AFRICAINS
ImN IVOI- AFRICAINS
RIEI'!S
RIENS
--------------------- ---------- ---------- ---------- ---------'----------r-----------
PRIHAIRE
19,2
78,5
2,3
41,0
57,7
1 ,2
SECONDAIRE
51 ,6
43,3
5,1
71 ,5
25,1
2,9
TERTIAIRE
56,3
34,2
9,5
68,9
24,8
6,1
(non compris
Adminis tration)
FONCTION PUBLIQUE
75,0
17,7
7,3
- -
----
---
TOTAL
47,7
46,2
6,3
67,0
28,8
3,9
SOURCES
(1) Ministère du Plan, Direction des études de développement
deuxième esquisse du Plan quinquennal de développement
1971-1975
p. 329.
(2) Office National de Formation Professionnelle. Enquête
Main-d'ocu\\Te réalisée en 1979 sur le secteur privé et
semi-public.
TABLEAU N°
28
REPARTITION DE L'ENPLOI SALARIE PAR QUALIFICATION
ET PAR N..lI.TION.A.LITE EN POURCENTAGE
1968 (1)
_
1979 (2)
QUALIFICATION
TvoÏ1üË1Er'AFRÏcAÏ1~-Nolf----r-ïVOÏRIElfs-p];'1üë'AÏ-NS-lfolf-------
NON IVOI- AFRICAINS
NON IVOI- AFRICAINS
RIENS
RIENS
---------------------- --------------- ---------'------- r---------- r----------
DIRECTION
12
3
85
20
3
77
CADRES SUPERIEURS
17
2
81
45
5
50
ET MOYENS
AGENTS DE ViAITRISE
29
13
58
77
14
9
EHPLOYES QUALIFIES
66
23
11
80
19
1
EHPLOYES NON-
35
65
0
72
28
--
QUALIFIES
APPRENTIS
--
--
--
90
9
--
TOTAL
48
46
7
72
25
3
SOURCES
(1) Idem - Tableau au-dessus
(2) Idem - Tableau au-dessus

-82-
riens contre 46,2% pour les africains non-ivoiriens.
D'ailleurs àans l'Admini-
~tration publique,
les ivoiriens ne représentent que 75~~ du total des effec-
tifs contre 17,7/~ pour les africains rion-ivoiriens et 7,3% pour les non-afri-
cains.
On peut également re~arquer en 1968 que les ivoiriens sont concen-
trés dans les sectevJS secondaire et tertiaire, alors que le secteur primaire
est l'apanage des africainsiion-ivoiriens.
En 1979, la situation a chê'.J1gé.
Les ivoiriens détiennent 67% des em-
plois cotre 28,8~~ aux africains non-"ivoiriens et 3,9i~ aux non-africains.
De
plus, la proportion des africains non-ivoiriens da..Yls le secteur primaire a
diminué: elle est passée de 78,5% en 1968 à 57,7% en 1979.
Al' iSS1).e de ce premier tableau, on peut donc conclure que Ill' admini-
stration des emplois ll devient une réali té.
2. J-lais si l'on examine la situation de Ill' i voirisationll des emplois
sous l'angle des qualifications (Tableau N° 2~' ci-après), nous constatons
que de 1968 à 1979, les taux d'ivoirisation des en~lois ont progressé:
aux dépens des africains nJn-ivoiriens d~1s les emplois de cadres,
d'agents de maitrise et d'employés qualifiés ou non-qualifiésj
aux dépens, mais très légèrement, des non-africains dans les
emplois de direction.
Cependê'~t, cette progression ne signifie pas que des différences àe
salaires importantes subsistent.
En effet, si dans les pays développés, les écarts de salaires natio~-
,
natix et étrangers
.t.ouchent principalement les catégories socio-profession-
nelles de .faibles qualifications : les non-nationaux recevant généralement
des salaires correspondants aux rémunerations les plus faibles, en Côte
d'Ivoire, conune dans presque tous les pays d'Afrique, c'est le phénomène
contraire que l'on observe.
Les représentations (Tableaux N"2 5 et 30 et Figl).res N° 4 et 5 ) montrent
d~UJ1e part que 72% des ivoiriens salariés en 1979 ont reçu 52% de la masse
salariale, ~5% des africains non-ivoiriens, 21% de la masse salariale et 3%
des nJn-africains ont touché 27% de la masse salariale, et d'autre part le
salaire mensuel moyen des non-africains représente 12,6 fois supérieur à
des
voiriens et 10,7 fois celui des africains nen-iv6iriens. --
Une des raisons est que les non-africains se retrouvent dans les em-
plois dont les qualifications sont plus élevées (Direction, Cadres supéri-
eurs et moyens, Avents de mattrise).
Ces écarts importants se constatent
aussi dans les branches d'activités écononliques.
C'est ce qui ressort des

-83-
données du tableau nO 30 ci-après qui montrent que quelle que soit la
branche, le salaire moyen mensuel est égal à 4,5,6 fois supérieurs de
celui des ·cfricains (ivoiriens compris).
En conclusion, nous pouvons dire que globalement, malgré la pro"·
gression de l'ivoirisation des emplois, les ivoiriens ne sont majoritaires ni
au sommet de la pyramide de la catégorie des emplois parmi les cadres dotés
de l' autorité où la rémuneration est plus élevée (d'où un écart important
de salaire mensuel moyen), ni tout à fait à la base des employés non-quali-
fiés ou qualifiés.
CARTE N° 3
CULTURES INDUSTRIELLES ET KARCHANDES
i - -
1
1
iCULTURES.
1
-
NDUSTRIELLES i
,
ET
f'.IIARCHANDES
'
1
1
1
1
1
, i:
.'
1 li
~
i
i
, .::..grwrnes a
L
._----.~---
- - - .---"-.J~ï=l-I
"':'5seroces
,
-
~
[IJ COTON
~ PALMIER A HUILE
CD
rn
HEVEA
COCOTIER
CD BANANE
L:=J
œ
CAFE
ANANAS
D
CAFE·CACAO
~ CANNE A SUCRE

-84-
TABLEAU NO 29
REPARTITION DE LA VLl>.SSE SALARIALE PAR NATIONALITE ET
SALAIRE HOYEH HENSUEL PAR ACTIF DANS LE SECTEUR HODERNE
PRIVE ET SEHI-PUBLIC EN 1979
"fASSE SALARIALE POURCENTAGE DE POURCE},TTAGE SALAIRE l'ŒNSUEL
NATIONALITES !EN HILLIONS DE
LA HASSE SALA- D'ACTIF
J10YEN PER ACTI F
FRANCS CFA
RULE
1-----
---
------ ----------------
IVOIRIENS
49.084
52
72
45.820
AFRICAINS
20.300
21
25
54.100
NO,N-IVOIRIENS
NON-AFRICAINS
25.398
27
3
580.300
TOTAL
94.782
100
100
63.600
SOURCE
Office National de Formation Professionnelle.
Enquête Hain-d'oeuvre
réalisée en 1979 sur le sectev~ privé et semi-public.
TABLEAU NO 30
REPARTITION DE SALAIRE HENSUEL NOYEN PAR ACTIF BELON LES
BRANCHES D'ACTIVITE DANS LE SECTEUR TERTIAIRE MODERITh
PRIVE ET SEj-lI-PUBLIC EN 1979
SALAIRE HENSUEL HOYEN PAR ACTIF EN FRANCS CFA
~---------------------
------ ------------
BRANCHE
IVOIRIENS AFRICAINS NON- NON-AFRICAINS ENSEHBLE
IVOIRIENS
1--------------- --
----- --------- ------------
TR...4NSPORTS ET
88~600
131.120
670.500
11 5.670
COHHUNICATIONS
SERVICES
60.500
19.970
424.630
63.560
COHHERCE
81.800
52.630
Li38.360
111.370
INSTITUTIONS
278.650
109 .. 100
776.800
288.860
FI N.I\\NGIERE S
INSTITUTS DE
40.900
27.980
456.840
41.720
RECHERCHE
ADHI NI STR.li TI ONS
43.320
60.530
116.230
72.300
PRIVEES
TOTAL
91.100
49.650
449.840
102.560
SOURCE
Extrait de "Bilan national de l'emploi en C6te d'Ivoire".
F. BUlET.
Etude déjà citée
p. 195.

-85-
GRAPHIQUE 4
REPARTITION DE LA MASSE SALARIALE ET DES
ACTIFS PAR NATIONALITE EN 1979
YJASSE
SALARIALE
NON
AFRICAINS
ACTIFS
3%

-86-
GRAPHIQUE N° 5
EVOLUTION DE L'EMPLOI SALARIE PAR QUALIFICATIONS
ET PAR NATIONALITE EN POURCENTAGE (1968 - 1979)
85
66
65
58
~~~-j:1fi
-:_:_T::~I.
~~
:~:::~.;::
lii~
35
1968
~~~~~§t}} _.~~:.~~: o
:~:-~_::J:;-t :-~~~T~
1979
o
28
72
80
DIRECTION
CADRES
AGENTS DE
EMPLOYES
El'fPLOYES
SUPERIEURS
MAITRISE
QUALIFIES
NON
ET MOYENS
QUALIFIES
.~.I:.~
NON
IVOIRIENS
AFRICAINS
~t

-87-
Section 2 - LA LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DES SOUS-EMPLOIS
INTRODUCTION
Que conclure sur les conséqu~~ces des évolutiol~ démographiques et
économiques sur la concentration des hommes et de leurs activités?
En effet, on peut localiser, tout au moins si l'on utilise cette
approche dichotomique, del~ zones de concentrations des ho~nes et de leurs
activités: d'une part des gens qui s'adonnent aux cv.ltures agricoles
les travaillelTs ruraUx et d'autre part ce~ qui travaillent en ville
les travailleurs urbains.
Aussi pou.r chaque zone, nons allons montrer les
caractères de sous-emplois que recèlent les activités qui y sont pratiquées.
I. LES TRAVAILLEURS RURAUX ET LES SOUS-EHPLOrS
Les travailleurs ruraux qui s'adonnent
aux cv~nl.res peuvent être
aussi classés en de~ catégories : ce~ qui travaillent dans la zone de
forêts et ceux de la zone de Sa\\ëanes.
Mais il y a également dans ces deux
zones, dans les villages, d'une part des personnes qui ex'ercent des métiers
d'artisans, de commerçants ou de p~cheurs soit à titre temporaire, soit à
titre permanent et d'autre part des inactifs pcrmw~81ts ou temporaires.
A.. Les travailleurs ruraux en zone de forêts et les sous-emplois
La CSte d'Ivoire est couverte par lme large frange de for~ts plus ou
moins dense, représentant environ 46% du territoire national..
Cette frange
se si tue, d'après la carte nO 3 entre HAN à l'ouest du pays en passant par
DALOA et le sud de BOUAKE au centre, pour r~nonter vers BOUDOUKOU à l'est.
Elle forme une sorte de "V".
Sa popu~ation agricole est estimée en 1975 à 21,; 773.000 personnes dont
1.296.000 actifs agricoles: ce qui donne un taux d'activité de 46,7%.
La superficie cultivée est de 2.. 582.000 hectares dont 618.. 000 destinés
au cv.l tures de produits vivriers et 1.582.000 hectares aux cv.l tures industri-
elles d'exportation: soit donc 0,48 superficie Cllltivée par actif en vi-
vriers et 1,51 en cultures d'exportation.
Hais le plus souvent ces de~
cultures sont pratiquées sur la m~ne superficie.

-88-
Aimi pOlU' analyser les aspects de sous-emploi de ces activités,
nous avons choisi de traiter seule.ment les cultures industrielles d'expor-
tation.
Il en sera de même en zone de savanes.
Ces principales cultures d'exportation pel~vent €tre
regroupées en
trois catégroies : les cultures spéculatives, les cultures des oléagineux
et les productiol~ fruitières.
1. Ceux qui s'aàonnent aUx cultures spéculatives
Elles'comprennent essentiellement àeux produits: le café et le cacao.
a) Le café et le cacao
Ce sont des aü tvres qui se pratiquent en zones forestières' de basse et
de faible altitudes, c'est-à.-dire au sud de la ligne NAN-BONDOUKOU, en
verger traditiolTI1el, et de rnanière extensivet en association avec des pro-
duits vivriers.
L'une ou l'autre exploitation sont intégrées dans les com-
plexes agraires .tradi tionnels de la zone forestière t bénéficiant d'un défri-
che;1cnt réalisé au profit de la plante nourricière, igname ou bananes plan-
tai~ et nécessitffi1t pour les récoltes une main-d'oeuvre saisol1l1ière sou-
vent d'origine étrangère.
Le café et le caCao représentent en importaDce les principales sources
de revenus pour la grande majorité des planteurs ivoiriens et de devises
pour le pays d'après les statistiques suivantes relatives au con~erce ex-
térieur.
(Voir Tableau N° 17 )
La majeure partie de plantations cacoyières et caféières sont familia~
les
avec toutefois quelques grandes plantations pour le cacao.
De plus
une même famille peut pratiquer les deux cultures à la fois.
En 1980, on
dénombre 200.000 plantations cacaoyières représentant 1 e035. 700 hectares
occupant de près ou de loin environ 700.000 personnes et 280 000 plantatio~
0
caféières couvrant 1.229.000
he~tares pour 2.350.000 personnes.
Elles font donc vivre directement ou indirectement une multitude de
familles assurées de pouvoir écouler la totalité de leur production quelle
qu'en soit l'importance à un prix garanti par la Ca5,s:se de Stabilisation
et de Soutien des Prix Agricoles (CSSPA)'.
Cette garantie, malgré ses
inconvénients (prix ~anti très bas par rapport au cours mondial et non
1 Ses principales activités sont résumées dans le tableau n031 ci-après.

-89-
TABLEAU N° 3'j
SITUATION FIK41~IERE DE LA CAISSE DE STABILISATION
ET RECE~TES FISCALES CORRESPOIIDAlITES SELON L'I~œORTAI~E
DE LA RECOLTE ET LE NIVEAU DES COURS NOlIDIAUX
RECOLTE
COURS NONDIAUX
IVOIRIENNE
HAUTS
R4S
LA CAISSE EXPORTE
LA CAISSE STOCKE
ET RECOIT DES
ET DOIT SOUTENIR
REVERSEHENTS
LE CAS LE PLUS
LES RECETTES
FAVORABLE
LES RECETTES
FISCALES SONT
FISCALES
TRES BOHNES
SONT BONNES
--,------+~-------------..,..=---,
LA CAISSE STOCKE
LA CAISSE STOCKE
PEU ET PERCOIT DES
ET DOIT SOUTEl\\TIR
1'10YENNE
REVERSEHENTS
LEGERENENT
LES RECETTES
LES RECETTES
FISCALES SONT ,
FISCALES
BONNES
SONT BON1~'ES
LA CAISSE lœ STOCKE
LA CAISSE STOCKE
·PAS ET PERCOIT
PEU ET SOUTIENT
UN PEU DE
FAIBLE
REVERSEHE
LES RECETTES
LES RECETTES
FISCALES SONT
FISCALES
_ _ _ _ _..a.:;.._~
HAUVAISES
_.'
SONT NAUVAISES
SOURCE
Daniel BOLLINGER.
Op. cite
P.
TABLEAU HO
32
PARTS DU CAFE ET DU CACAO DAHS LES EXPORTATIONS TOTALES
(Milliards de Fra~cs CFA)
CAFE
ANNEES
CACAO
TOTAL DES EXPORTATIONS
--------- ------- --------- ------ ----------------------------
H01'ITANT
01
10
HONTANT
%
HmITANT
.'{o
--------- --------- ------- --------- ------ ----------------------------
1960
19
48,7
9
23,1
39
1965
33
48,5
16
23,5
68
1970
43
33,1
23
17,1
130
1975
62
24,3
59
23,1
255
1980
SOURCE
LA COTE D'IVOIRE EN CHIFFRES.
Ministère du Plan.

-90-
indexé à l'inflation), s'est révélée tout de m@me e.fficace, puisqu'elle
a contribué à accrottre les plantations et la production rapportant ainsi
des devises au pays et à occuper les p?emières places dans l'économie ivoi-
rienne en dépit du développement des autres produits agricoles o
Enfin, le cacaO et le ca.fé .fournissent deux récoltes par an
une récolte principale d'octobre à .février et une petite récolte intermé-
diaire (représentant environ 10 à 15% du tonnage total de la campagne) entre
avril-mai~
Cette situation présente donc svr le plan de l'emploi des con-
séquences majeures.
b) Les conséquences majeures
des sous-emplois à caractère saisonnier
et structural
Elles sont au nombre de trois :
--Une st~activité pendant la récolte principale, avec le plus souvent
des horaires journaliers supérieurs à 12 heures t et une pénvrie de
main-d'oeuVre;
--Un sous-emploi:
voire une absence dtactivité.pendant les périodes
de non-récoltes.
Ce sous~ploi est donc lié au caractère saisonnier
des récoltes, bien qu'il soit relativement tempéré par la culture des
prodtùts vivriers (ignames, bananes plantains, taroee .) et par les
activités annexes, soit d'entretien (débrovssayage) soit sociales ou
domestiques;
-Un système d'exploitation à très faible productivité lié dtune part
à la forte variation de la production d'une ~Lnée sur l'autre sous
ltinfluence essentielle des facteurs climatiques et d'autre part à
la mauvaise gestion de la main-d'oeuvre•
. Le sOuS-emplol f a do~cfun caractère saisonnier et structural.
Aussi f
nous·pouvons établir le graphique nO 6 suivant relative aux horaires jour-
naliers moyens de travail par mois.
GRAPHIQUE N° :"
ESTIl1ATION DES HORAIRES JOURNALIERS HOYENS DE TRAVAIL
DESTINES A LA PRODUCTION DE CAFE ET DE CACAO
1
HORAIRES JOURNALIERS
12

11
-10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0L-
~ ~
___!
J
F
A
J
J
A
S
o
N
D
Hm: S DE L t ANNEE

-91-
2. CeUx qùi cultivent les oléagineux
De m~me que pour les cultures spéculatives
les oléagine'ux, c'est-à-
l
dire les pû.lmiers à huile et les cocotiers, se cvltivent en zone forestière.
a) Les palmiers à huile
- Imnortance
La culture des palmiers à huile est surtout représentée en C6te
d'Ivoire p2I' ème importante palmeraie naturelle alimentant l ' autoconsomma-
tion et l'crtisanatetpar quelques huileries d'intér~t local o
Actuellement
le pays est devenu un important exportateur rnondi,ü après la Halaisie et
l'Indonésie.
Le ?alnier à huile est une plante indigène qui se prête à
U:1e pluriométrie
abonda.nte favorable ..
Les plantations sont réalisées d'une part par des petits exploitants
villageois et d'autre part par le groupe de sociétés: SODEPALM (Société
pour le Développement et l 'Exploi tation du Palmier à Huile) - PALINDUSTRIE o
Ce sont del~~ sociétés d'Etat qui sont chargées, outre les plantations, de
coordol1..YJer toutes les mesures tendant à assurer l'exécution d'vn "Plan de
développement Palmier" lancé par le Gouvernement en 1963 et d~s acti vi tés
dérivées.
Ail~i en 1972, la C6te d'Ivoire disposait de plus de 60.000
hectares de plantatiOl~ industrielles et 16 000 hecto..res
de plantations
0
villageoises, produisant ensemble 687.000 tonnes de régimes traités et
93.400 tonnes d'lmile o
En 1977, les plantations couvrent plus de 70.000
hectares pour le groupe de sociétés et 2.. 500 hectares pour les villageois.
La productioD correspondante est de 534 400 tOlu1es de régimes et 128.000
0
tOlmes d' hui le.
- Existence de sous-emploi
.
L'association blocs industriels - plantations villageoises est écono-
mique avec l'objectif général de promotion d'vne agriculture paysanne.
Toutefois, l'aspect production et produit qui a prévalu jusqu'~ présent, y
compris pOLIT les plantatiol~ villageoises, a engendré l~~e situation qui ne
correspond pas totalement aux nouvelles orientatiOl~ du développement.
Les plantations villageoises ne sont pas, en effet, entièrement intégrées

-92-
aux expIai tations traditionnelles..
Dr: plus l'apport ëlU travail est en
général faible et saisonnier, s;:x,'.f pour les sal ëLC'iés indus triels.
Il
en résulte donc un sous-e~J1Floi saisonnier et liè au faible revenu.,
b) Les cocotiers
La situation des cocotiers est identique à celle du palmier à huile"
En effet, les plantations cocotières, étirées en vergers familiaux le long
de la mer sur des sables pauvres, n'assurant que des revenus insu.ffisants
aux faJnilles agricoles qui les exploitent en culture intensive de faible
rendement: associés aux plantes nourricières (mwlioc), furent elles aussi
inscrites dans lm "j?lan Cocotièr".
Ce plan s'efforce, d'une part d'accroître
les rendements des pL:mtations existantes, nota.;-n;;,cnt en améliorëmt les sols
par f1)J(\\ure pota~,sique, ct' au"\\..-re part d'étendre les nouvelles plantations en
hybride de plus .forte productivitéc
La réalisation de ce plan a été confiée
à la SODEPALJ'1 avec la collaboration de l'IRHO (InstituL'.de Recherche sur
les Huiles et les Oléaginev~).
Ainsi entre 1967 et 1977, plus de 20.000 hectares sont en exploita-
tion (8.000
hectares en plantations fwniliales et 12 000 hectares en
0
grand domaine industriel)"
Les perspectives de production d'après les données du Plan quinquelU1al
de développement économique, socitü et culturel (1976-1980) sont favorables ..
Il est prévu d'ici 1985 un taux de croissance annuel moyen supérieur à 207~
pour porter la production annuelle de copr~1 à- près de 150.000 tonnes par
an"
Ce qui permettra peut-être d'améliorer le revenu des planteurs agri-
coles et de réduire le sous-emploi qui les frappe c
Il existe d'autres cultures que nous ne-développeront pas ici en
raison de leur faible importance.
3. Ceux qui s'intéressent aux productions fruitières
Nous aborderons seul~nent de~~ produits principav~
les bananes
et l'ananas.

-93-
a) La b.:mane
Il faut distinguer la culture du bananier largement répandu dans toute
la partie méridionale du pays et destinée à la consorrunation locale, c'est
ce qu'on appelle la banane plantain, et celle d'exportation qui est assez
1
concentrée à proximité d'ABIDJAN f sur le long des voies ferrées pour réduire
les frais de transports jusqu'au Port Autonome d'Abidjan.
Il faut aussi
souligner que la végétation s'y pr~te.
Pour cette dernière, il existe comme pour les oléagineux deux types
d' exploi tations : des peti tes expjioi tations fahHiales de 1 à 5 hectares
au rendement faible
(13 tonnes par hectare) et des plantations de type
industriel de 25 hectares avec des rendements nettement supérieurs (30
tonnes par hectare).
Ces plantations industrielles sont
assurées par
trois sociétés qui sont également chargées de promouvoir les plantations
villageoises: la SODEFEL (Société pour le Développement des Fruits et
Légumes) pour les actions d'encadrement techniques
et de regroupement
f
des plantetTs, d'amélioration de la production et de la compétitivité;
la SICOFREL (Société Ivoirienne de Commercialisation des Fruits et Légumes)
pour les traitements sanitaires et la corrunercialisation et la SONACO (Socié-

Nationale de Conditionnement) pour la collecte et le contrôle de la
qualité et de l'emballage.
Malgré l'apport de ces trois sociétés des problèmes structurels sub-
sistent : un problè~e de qualité et bien entendu tm problème de productivité
lié au sous-emploi ou au caractère saisonnier des plantations villageoises s
Le problème de la qualité à la production et celui de la compétitivi-
té sont étroite~ent liés aux déficiences des strv_c~Tes de production,
elles-mônes en rapport avec l'existence de nombreuses petites plantations
ne répondant pas aux normes tec~~iques et économiques minimales.
Il ré-
sulte d'erreurs et de négligences tant au niveau du conditionnement qu'au
niveau de la production et du transport.
Ce probl~ne se traduit globale-
ment par une stagnation de la production et par une sous-valorisation des
exportations entrarnant elle-m~ne une baisse de rentabilité au niveau des
proàuctéurs ,pollvant peut-€tre
compromettre à terme cette production
,nouvelle dl exportation.
Ainsi la production, ayant été augmenté entre
1970 et 1972, a non seulement commencé à chuter mais aussi fluctué à Cause
1C'est la capitale de la C8te d'Ivoire.

-94-
des variatiol~ saisonnières et du manque de main-d'oeuvre.
Par ailleurs,
la concurrence est très vive sur le plan international, notamment face
aux grands producteurs d'Amérique Centrale (PAN/IooNA) et du Sud (EQUATEUR),
si bien que les productio~ ivoiriennes dont la qualité diminue, ont du
mal à s'exporter.
Face à ces problèmes, des actio~ de structuration des zones de
production ont été envisagées en vue de favoriser l'implantation des ex-
ploitatio~ da~ des zones plus favorables à cette culture.
Le site
choisi est celui des sols tourbeux de NIEKY dans la vallée lagunaire situé
dans le sud du pays.
De plus dans le cadre de la stratégie de "transfor-
mation structurelle de l' agricul ture paysanne ivoiricYL.'1e" des mesures de
formation, d'incitation des jem1es et de promotion sont envisagées.
Enfin
des actiol~ de diversification sont menées auprès des planteurs en vue de
réduire le sous-emploi de leur activité.
Qu'en est-il pour l'ananas?
b) L'ananas
Au niveau de la production, il faut également distinguer l'ananas
frais de l'ananas mis en conserve ~ p2xtir de celui-eie
L'anw'1as frais est cultivé en zone forestière tout le long des routes
menant au Port Autonome d'Abidjan.
Depuis quelques années, d'autres lieux
de cultures sont envisagés, notamment autour l'aéroport de YAHOUSSOKRO,
siTI~é au centre du pays et la région située à l'est de la COMOE (l'un des
quatre fleuves de la Côte d'Ivoire).
Contrairement aux autres cultures, les plantations appartiennent à
des sociétés privées qui s'occupent en même temps de la mise en conserve.
La production villageoise est très minime (environ 5% de la production
totale).
Les principales usines qui s'occupent de la co~erverie implantées
à ONO(SociétéAlsacienne de la Côte d'Ivoire), BaNOUA (Société Africaine
de Co~erveries).
La quasi-totalité de leurs productions est destinée à
l'exportation; ce qui permet des rentrées de deVises.
Ainsi, avec des
recettes totales d'exportation (ananas frais et mis en conserve) supéri-
eurs à 12 milliards de francs CFA en 1975, l'ananas reste le quatrième
produi t d'exportation après le café, le cacao, et le pâlmier à huile.

-95-
Cependwit, le développement rapide de la production (230.000 tonnes
en 1975 contre 20.000 tornies en 1960), da à l'accroissement des ventes à
l'exportation que nous venons d'évoquer, s'lest traduit ces dernières an-
nées par une haisse de qualité (l'ananas frais exige des soins coatevx
pour la culture, les récoltes et le conditionnement), qui peut porter
atteinte avx v:entes futures.
Hais, tout comme les autres cultures,le Gouvernement s'intéresse.
à
l'ananas, d'une part dans le cadre de la politique générale agricole en
vue de mener des actions auprès des quelques plantevrs qui s'adonnent à
ce produit (regroupement des parcelles en blocs cv.l turav_x de façon à di-
mim~er le coOt de transport et de collecte, encadrement et contrôle des
production, augmentation de la superficie de l'unité d'exploitation de
façon à assurer un revenu suffisant et association des n~ltures existantes
avec d'autres cultures pour réduire le sous-emploi) et d'autre part en
aidant les producteurs industriels (avantages fiscal~( liés au Code des
investissements).
B. Les travailleurs ruraux en zone de savane et les sous-emplois
La zone de savane COV~Te le Nord du pays c'est-à-dire d'ODIEIŒ situé
au Nord-ouest, en passant par KORHOGO (Nord-centre) jusqu'à BOU1\\lA au Nord-
es t, (voir carte géographique nO 3 ).
Elle représente 54~~ du terri toire
national, mais nt abri te en 1975 que 36% de la poptùation totale rurale
(1.617.000 hë,bitants).
Sur cette population rurale r la population agricole
est de 1.359~000 perSOlL'1eS dont 679.000 actifs ocnl.pésj ce qui donne un
taux d'activité de 49,9%.
La svrface cultivée est de 668.000 hectares avec 468.000 hectares de
produits vivriers et 200.000 hectares de culttITes industrielles d'exporta-
tion, soit 68,9% de superficie cultivée par des actifs en produits vivriers
contre 21,1% en cultures d'exportation.
1
Ces chiffres qui émanent du "Bilan de l'emploi" de Françoise BINET
montrent à quel point des disparités régionales subsistent.
En effet, si les conditions pédologiques et clir.~atiques se pr~tent
bien à la CV~TIlre de plusietITs produits d'exportations en zone forestière,
notamment le café, le cacao, la banane, l'ananas, les 200.000 hectares de
cultures indstrielles d'exportation en zone de savane ne concernent prin-
~~pale~nt que le coton et tout récernhoent le riz.
1 0
d ' "
0 '
uvrage
CJél
cJ.te.

-96-
1 .. c~ux qui cultivent le coton
Bien
avant la période coloniale, les ivoiriens cul tivaient le coton
de la variété NONO en association avec des cul tlU'es vivrières.
Dans Jes
années 1960, l t introduction de la variété ALLEH, al~: rendements supéricv.rs
à ceux de coton HONO, a préparé l'adoption d'nn npLlYl Coton" dans le Nord
du pays en ~~lture pluviale intensive avec COlœ~e objectif de permettre le
paysan du l;ord de quitter pros:ressivement l'économ:i.e de subsistance pour
accéder à l t économie de marché"
Les r6sul tats enCO"l-T2.geants ont entraîné
la constrv.ction de filatures ivoiriennes dont la l'h~s ancienne : les
EtablisseJ7lents C-.onfreville, se tr01.JVe à BOUAKE.
2. Ce~x qui cQltivent le riz
lialgré le développement dans la zone de savane, la C1)~ ture sous forme
paysanne se fait en culture fluviale et de bas-fond.
Elle s'étend sur tout
le territoire de la CSte d'Ivoire avec une prédominance dans le Sud-ouest
et l'Ouest du pays.
Le rendement l~loyen est très faible Puis qu'il se si tue
à 1 ou 2 tOlLneS par hectare.
Depuis quelques années, le riz est devem1. lm produi t d'exportation
avec le développement de la riziculture irriguée introduite par la SODERIZ
(Société de Développement du Riz) dans la région de ICORHOGO, mais aussi
dans certaines régions forestières, grâce à la création de nombreux amé-
nagements hyc1ro-agricoles.
Cette nouvelle variété permet d'obtenir en trois
cycles annuels (alors que la récolte du riz fluvial se faisait en vn cycle
annuel) jusqu'à 8 à 10 tonnes par hectare..
De plus la consommation locale
de riz s'est énormément développée en raison de la rareté des autres prodvits
vivi~iers et des nouveaux modes de consommation.
D'une façon générale, les cultures du coton et du riz ont un caractè-
re saisolL~ier tel que le schéma ci-après des calendriers culturaux réali-
sé da~s la région Nord, semble témo~gner.
Il ressort de ce schéma que la
récolte du coton s'effectue entre noyembre-décembre (deux mois) tal1dis que
celle du riz entre septembre-octobre (également dev~~ mois).
Par consé-
quent, mis à part les travaux de préparation, de se~is, de sarclage et de
traitement, la culture de ces produits demande peu de temps, d'où un sous-
emploi saisonnier important.
Cependant, il faut souligner corrme nous l'avons déjà signaler, que

-97-
d'autres (lctivités'se greffent à ces cu.ltu:res, attcnuant ainsi èe phéno-
mène de sous-emploi.
C'est pourquoi, les pouvoirs publics, dans le but d'équilibre des
régions (Poli tique d'aménagement du territoire que nO'll5 n'aborderons pas
du moins dans cette partie de notre travail)r a retenu le schéma dont
les grandes lignes sont les suivantes :
-Dotations de moyens aux sociétés d'Etat : SODERIZ et CIDT
(Compagnie Ivoirienne des Textiles) pour répérer, maîtriser et
.
financer des exploitations intenses usant des techniques appro-
priées et encadrer des paysans en les habitants à la maîtrise des
mêmes techniques;
--Rélèvement d'un prix garanti par la CSSPA (Caisse de Stabilisa-
tion et de Soutien des Prix Agricoles) dans les m~mes conditions
que celles du café et du cacao;
-Formation des paysans et incitation des jeunes à s'adonner à ces
cv~tures;
--Recherche et introduction de nouvelles semances, etc•••
Les prévisions de production envisagées pour les produits se soldent
dans le tableau nO 33 ci-dessous :
TABLEAU N° 33
PREVISION DE PRODUCTION DU COTON ET DU RIZ PADDY
PRODUITS (Tonnes)
1930
1985
~---------------------------------------- -------------------------
COTON HAl-TUEL
65.000
60.000
COTON PAR CULTURE ATTELE
30.000
55.000
ET SEiH -!'IOTORISE
RIZ-PADDY
340.000
545.000
SOURCB
Plan quinquennal de développement économique, social et
culturel (1976-1980).
ninistère du Plan.

-98-
GRAPHIQUE N° 7
CALENDRIERS CULTURAUX: REGION NORD--BDUNDALI A BmmA
Mars
A
Mai
J
Jt
A
N
D
J
r
i
/",A15
tprépar.. sol
Se! is
J
E grais bémar.
1/2
--SarcTat>e
precoce
1
He bicide + sar lage
!
= le5 j
N
Récol ~e
l f"
IL.
Gyro
tardif
COTON
G attM!e pr ép~. 50 l
= 120 j
~n~rai
H~rbici(e
Semis
~ës-emï
l
-""Sarco.age
1
Tra tement
1
Récol te
RIZ
Préparation
1
/Engrai
i
1
!semis
I i i
Sa clage
i i
!
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Epanda~e N
I
Ré~ol te
1
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--+----1
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50
. TARDIf
BilloT
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J l ~ _
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I l !
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Sarcla~e
Slrclage i
Il
1
1
IR~col~e
1
1
so~
lCNA1'lE 1 Prépalr.
\\
1
1
PRECOCE
i i
1
1
(j~ord-
1
Bqlon
Esd
i
' Plan~ation
\\
1
1
1
San lage
Sarclpge,
1
Recol~e
1
1
-
150
250
300
300
150
150

-99-
C. Les autres travailleurs et les inactifs et les sous-emplois
En plus des agricultevrs, il y a dans les villages ivoiriens, d'une
part des artisans, commerçants, p~cheurs temporaires et perma~ents et
d'autre part, des inactifs.
1. Les artisans, commerçants, pêcheurs temporaires ou permanents
Dans les villages des zones rurales, qu'elle soit de forêts ou de
savanes, on rencontre des artisans, des commerçw1ts ou des pêcheurs qui
travaillent d'une manière plus ou moins permanente.
Ces métiers ont en
général un rapport avec l'origine ethnique.
C'est ainsi que dans les
villages de savw1es, on rencontre souvent des forgerons, des menuisiers,
des commerçw1ts.
D'ailleurs l'émigration vers les zones de forêts touche
également des fwili~les de commerçants, de forgerons, ou de menuisiers.
Dans les zones de forêts on trouve généralement des potiers, des
fabricants de masques, mais aussi des vendeuses de pagnes.
On trouve
également sv~ la c$te maritime, au bord des la~L~es, des famifles de
pêcheurs.
La caractéristique principale de ces activités e:;:t leur aspect aC-
cessoire ou···sa.isonnier.
En effet les personnes qui s'adonnent à ces ac-
tivi tés les font d'une manière temporaire ou complém.entaire.
Celles qui
les pratiq·uent d'une manière permanente sont en nombre très limitées.
Dès lors, les sous-emplois y sont existants cependant depuis quelques
années, le besoin suscité par la quàlité des produits notamment de l'arti-
sW1at (masques, pots ou vases, etc.), auprès des touristes en particulier,
fait que des métiers qui étaient condamnés à dispara~tre en raison de
l'industrialisation, trouvent des regains d'intérêt au niveau des pouvoirs
publics (Politique de l'artisanat)et au niveau de quelques jeunes.
Malhevreusement, nous n'avons pas de données statistiques sur l'évolu-
tion de ces catégories de travailleurs.
Les seules que nous 'ayions pu àis-
poser proviennent de la pré-enquête budget - consom:nation effectué en 1978
et qui concernent la répartition des activités rurales par type (agricole
on non-agricole) selon le sexe que voici.
On y remarque que les activités non-agricoles, dont la source ne dit
pas s'il s'agit des activités que nous venons d'w1alyser, touchent vne

-100-
TABLEAU N° 34
REPARTITION DES ACTIVITES RURtŒES PAR TYPE
(AGRICOLE ET nON-AGRICOLE) SELON LE SEXE EN 1978
ACTIVITES AGRICOLES
ACTIVITES NON-AGRICOLES
TOTAL
------------ ------- ------------------------- -------------ï------
SEXE
t:FFECTIFS
EFFECTIFS
EFFECTIFS
%
el
.'
EN MILLIERS
7.
EN MILLIERS
/.
EN HILLIERS
1---------- ------------- ------- -------------- ---------- ------------- -----
HASCULIN
1 .. 217
91,3
116
8,7
1.333
100
FEHININ
1.128
92,5
92
7,5
1 D 220
100
ENSEHBLE
2c 345
91 ,9
208
8,1
2,,553
100
-
--
SOURCE
Pré-enquête budget-col1so111n1êüion 1978.
)~:ctr2it de l'étude de
F o BINET op.
ci t.
p. 21.
part très faible de l'ensemble des actifs ruraœc (8 1%) et ceci, aussi
f
bien des horm:1es que àes femmes c
Par conséquent, ce sont dans les viII es
que se retrouvent concentrées ces activités, notwnment dans le sectelIT
non-structuré que nous allons al1q.lyser un peu plus loin.
Enfin,. il existe da.ns les ~:'ones rUIé:les des "inactifs".
2. Les inactifs des zones rurales
Si dans les pays développés, la catégorie des "inaqtifs ruraux"
povrrai t ~tre considérée corrune des chômeurs ou "parasitaires", en Côte
d'Ivoire, levr situation n'a rien ~l avoir avec celle de chôTi,eurs, ni de
"parasitaires"..
On peut les appe]er
des "inactifs temporaires ou per-
manents"f voire des aides farniliav.x"
En effet, ln o-randc famille élargie
avec son esprit de solidarité très vivace dans les villages tolère que cer-
taines persow1es puissent rester Sill1S travailler et vi\\Te ainsi du travnil
des autres.
Ces personnes ne se sentent nulleT:1ent pas en chômage ou en
sous-emploi. Elles travaillent si elles en ont envie, soit quand ou les y
obligent.
En somme leurs nombres nt apparaissent pas da.'1s les statistiques et
nous n'avons pu obtenir d'estir:1ations.
Halgré tout, nous pensons que la
proportion des "inactifs permanents ou tempor2.ires" est très basse..
Par
exemple pour un village de 100 i:Jctifs, on pourri:Jit les estimer à 10 ou 1-5
inactifs.

~1 01-
II~ LES '~.i.iY!~ILLE1JI1.S URB./\\.INS ET LES SOUS-~JiC.I.:.0I§.
Nous ve:~Ol1S de nous en apercevoir que les activités agricoles, en
raison de leur caractère saisonnier et interT:'li ttent, recèlent W1 Fort
pourcentage de sous-emploi, même s'il arrive que pendal'lt certaines pério-
des de l ' e,nnée les travailleurs soient suremployés.
P3.r con:-cre dans les villes, les activités sont de: tout autre nature,
tout au moins dans une partie"
On- peut dis tingu.er cleu;: "secteurs" d' acti-
vité : un sectetœ moderne composé d'entreprises privées et publiques et
un secteur traditionnel, appelé encore informel ou non-strncturé qui vit
en marge de celui-ci ..
Le
secteur moderne eTnploie d'w1e part des ,:alariés à des heures
régulières, en principe huit heLœes par jour d' a.p~\\ès 12- législation ivoi-
rielme du travail et perçoivent des séùaires :
ainsi Paul
1
AKOI AHIZl
montre que le salariat touche près de 60/;' de. lél. popula.tion active à ABIDJAN
et 33~' dans les villes de l'intérieLœ, et d'autre part, des Fonctionnaires
ou assimilés d.?-J:1S la fonction publique dont le nombre est souvent plétho-
rique en raison de la mauvaise organisation des services et des modes de
recrutement généralement basés sur les "relations" familiales ou ethniques,
d'où un sou.s~;lploi potentiel.
Dans le secteur inf'ormel ou non-strLècturé t le salariat permanent comme
statut d,temploi est exc1"L:., par contre, l'apprentissage ou l'aide fa.'Ttiliale
consti tue la force de travail essentielle è. moins que le patron soit indé---
pendw1t, et n'Bnplo~aucune main-d'oeuvre.
La productivité du travail est
beaucoup plus Faible.
Lè. aussi il existe un niveau élevé de sous-emploi.
Par ailleurs, il y a beaucoup de personnes inactives que l'exode
rural et i' immigration étrangère cW1alysent vers les villes et qui habitent
soit chez des parents proches déjà établis, soit dar~ des bidonvilles.
La localisation des zones de sous-emplois se rencontre donc, en ville
dans trois parties: l'Administration, le secteur informel ou non-structuré
et les bidonvilles.
Nou.s allons seulement nous intéresser au~ deux premières parties c~
en réalité, ce sont les habitants des bidonvilles qui s'adonnent fréque~'Ttent
aux activités informelles.
- - - - - - - - - - -
1 Ainsi Paul AHIZI.

-102-
A. L'Aàministration et les sous-emplois
Dans .l'esquisse du Plan quinquen.."lal de développement économique,
social et cv~turel (1976-1980), on note ceci: l'Awninistration ivoirien.."le
actuelle est en général :
--inad:;ptée à sa mission principale, celle d'assurer le développement
général,
--engagée dans un phénomène bureaucratique qui rend très aléatoire
une réadaptàtion spontanée,
-irresponsable,
--très souvent pléthorique,
--et trop concentrée à ABIDJAN.
Comment est on arrivé à cette si tutttion, noti\\onent au caractère
pléthorique du personnel?
Pour le savoir faisons un. bref rappel de l 'histo-
rique de l'Aruninistration ivoirienne.
Au lendemain de l'indépendance, l'Administration ivoirienne issuè de
la colonisation, ne disposait pas, à quelques rares exceptions près, d'élé-
ment.? compétents en nombre suffisant
pour faire face dans un esprit nou-
veau aux nouvelles tâches imposées par l'accession à la souverainêté in-
ternationale.
L'Aruninistration coloniale si elle avait formé un certain
nombre de cadres subalternes assumant dans leur quasi-totalité des fonctions
de gest:iJon routinières, avait négligé la formation de cadres supérieurs
capables d'exercer des fonctions d'autorité..
Et pour cause.
Le systè~e colonial exigeait que ces fonctions relèvent de fonction-
naires importés, formés en France puisqu'ils représentaient l'Etat fran-
çais.
La lente évolution qui s'est manifestée après conjuguée avec l'ac-
cession progressive des ivoiriens aux études supérieurs n'avait pas abouti
à des résu~tats suffis~~ent significatifs pour que l'A&ninistration ivoirien-
ne
soit dotée au moment de l'Indépendance d'éléments capables de s'adapter
aUX nouvelles exigences de la situation.
Ainsi les fonctionnaires français
en .j'place, 'ont été presque toujours maintenus à leur poste et ceci à tous
les échelons, dans tous les services, de façon à assurer la continuité de
l'Administration.
Cependant, depuis quelques années, ils étaient peu à
peu remplacés par des ivoiriens, dont la plupart sont issus des cadres
subalternes de l'ancienne administration coloni~e et qui ont conservé de
cette administration que des pratiques formelles, des aspects bureaucra-
tiques, sans donner à la nouvelle administration ivoirienne sa vraie
raison d'~tre, sa véritable mission.
Dès lors, les recrutements de per-

-103-
sonnel. ne se faisaient pas en vertu des besoins II r éels ll de l'Administration,
tout au moins, à la base ou dans des services ne demandant pas d'autorité e
L~s modalités de recrutement bien que l'Ecole Natione2e d'Administration
dont la mission est de sélectionner et de former les ~~turs fonctionnaires
existe, reposent sur des IIconditions informelles ll (parents proches, frères,
groupes ethniques identiques, relatiol~ amicales, etc~).
En C$te d'Ivoire
il est courant d'entenàre dire que par exemple IItel ministère appartient à.
tel groupe ethnié:lue ll •
Le résultat de tout cela, est la caractère inadapté
et pléthorique de l'Administration ivoirienne.
Be Le secteur di tPnon-structu.ré ll ou informel et les sous-emplois
Dans presque tous les pays en voie de développement et nota1mnent en
C$te d'Ivoire, beaucoup d'activités économiques sont menées en dehors db
cadre tracé par les textes législatifs ou réglementaires qui régissent, par
?
exemple, l'établissement de magasin, ou d'atelier, les relations profession-
nelles,l'imp$t ou le contrCle des qualifications techniques et de la
qualité des produits.
Ces acti\\Qtés ressortissent au secteur dit !lon-~tructu.ré ou informel.
Nous y reviendrons daYJ.s la partie consacrée aux cap.ses des sous-emplois.
Or, ±i: l'emploi du secteu.r moderne est relativement bien connu, pré-
cisément . parce que, se définissant com'r.e formel, il produit àes documents
comptables et statistiques déterminés permettant de suivre, plus ou moins
bien, son évolution, il n'en va pas de même de l'emploi en secteur informel
dont la mouvance mais aussi le caractère caché (nombre de ses activités
n~ont pas pignon sur rue) déjouent l'investigation statistique.
Tout ce que nous pouvons dire à ce niveau de notre travail, c'est
que ces activités ont un caractère saisonnier, ou intermittant, et sur-
chargé de personnel.
Par conséquent, recèlent un fort pourcentage de
sous-emploi.
C. Le secteur moderne et les sous-emPlôis
Le secteur moderne regroupe com~e nous venons de voir les activités
de type capitaliste occidental.
Si en princiupe, çei~x qui travaillent

-104-
dans ce sectel'.r sont employés pleinement, voire partiellement au niveau
des horaires, il n'empé'che pas que l'on puisse déceler des zones de sous-
emplois.
En effet, les industries installées en C6te d'Ivoire dépendent povr
la plupart des techniques et des décisions d'origine étrangère.
Or il
arrive que, soit pour des ra.isol1stec]miques (manque de pièces détachées,
manque de maintenance, delai de livraison retardé ou allongé) ou décision-
nelles (lourdev.r des décisions émanant des sociétés mères . . . . ), des entre-
prises tournent à régimes réduits ou s' arré'tent J71crllentanément.
Ces goulots
se traduisent par des arrêts de travail plus ou moins prolongés, donc par
du sous-er'lploi "conjoncturelll technique et humain.
Cepend w1t
pov.r la cO~ù~odité de notre e)~osé, nous supposerons que
l
ce sectcv.r est exempt de sous-emploi, sauf pmT les licencemel1ts~
D. Les inactifs urbains
Enfin tout comme dans les zones rurales, il y a de plus en plus de
personnes qui errent sans but apparent, dans les centres comrnercicw.x, ou
dans les qUilTtiers "di ts populaires ":
des villes et notaTirnent à ABIDJAN et
BOUAKE.
Bien que cette proportion dt individl1s soit é!. priori visible, elle
n'apparaÎ"t I1o.s dans les statistiques parce que des études Ol'. des enqué'tes
spécifiques n'ont pas été faites.

-105-
CONCLUSION DE LA P.I\\RTIE
Les sov.s~r:lplois qui existcnt en C6te cl 1 Ivoire sont localisés aussi
bien en zone rurale qu'en zor;.e l'.:rbaine.
Cette Ioco.lisation ér:la.ne. des
conséquences démographiques et économiques que le puys a. subies ..
Cepend21ü, l'absence de statistiques et de définitions à leur égard
ne permet p as de mesnrer lenY.' 2Jn.plenr.
C'est pol'.rqv.oi llobjet de cette seconde p ortic consiste donc à
essayer cl' él&borcr des définitions spécifiques à ces sous-emplois. et à
tenter de les estimer.

-106-
DEUXIEME PARTIE :
LA NATURE SPECIFIQUE DES SOUS-EMPLOIS
EN COTE D'IVOIRE

-107-
INTRODUCTION
Nous venons de voir que la localisation géographique des sous-
emplois (ville-campagne) a été conditionné par les évolutions demo-
graphiques-et économiques que la CSte d'Ivoire a subies.
L'objet de cette partie consiste à rechercher la nature de ces
sous-emplois.
En effet, comme nous le soulignons dans l'introduction. les
sous-emplois se caractérisent par une absence de définitions et de
méthodes dl évaluation en waison du fai t que les objectifs des plans
de développement économique et social n'ont pas vraiment cherché à
faire, depuis l'indépendance, de la promotion de l'emploi une prio-
rité en soi.
Par conséquent. nous tenterons dans un premier chapitre de
rechercher des définitions qui soient spécifiques aux sous-emplois
qui nous venons de localiser et dans un second, d'estimer leur ni-
veau.
Autrement dit~ d'indiquer leur ampleur.

-108-
CHAPITRE l - A LA RECHERCHE DE DEFINITIONS SPECIFIQUES AUX
IlS0US-EMPLOIS Il 'EN COTE D'IVOIRE
Corrunent d'abord définir et ensuite mesurer les Ilsous-emplois" qui existent
en Côte d'Ivoire à la lumière de leur localisation due aux conséquences
des évolutions démographiques et économiques que le pays a connues?
En effet lorsqu'on parle de mesurer l'importance d'un phénomène économique,
il est éviderrunent nécessaire d'en définir le contenu.
Le sous-emploi comme
le chômage sont des termes particulièrement difficiles à définir et nous
pourrions craindre qu'ils ne représentent finalement que des concepts de
référence, pratiquement impossibles à traduire précisement en données chif-
frées.
D'autant plus que les débats, les articles et les écrits à propos
de l'ampleur et des statistiques sur le sous-emploi ne proviennent pas
tant de la contestation de la valeur des statistiques elles-mêmes, que de
celle de leur définition et plus précisement de la réponse à la question
Quelle catégorie de personnes inclut-on dans le concept de sous-emploi?
En Côte d'Ivoire, le concept de sous-emploi se caractérise par une absence
de définitions et de méthodes d'évaluation en raison du fait que les objec-
tifs des plans de développement économique et social n'ont pas vraiment
cherché à faire, depuis l'indépendance, de la promotion de l'emploi, une
priorité en soi.
De plus, il existe plusieurs formes de sous-emplois et
une définition unique ne refléterait pas la réalité.
Aussi ce chapitre vise, autant que faire ce peut, à apporter quelques élé-
ments de réponse à cette absence.
Nous essayerons donc d'élaborer des définitions qui soient spécifiques aux
Il s ous -emplois ll
,qui existent en Côte d'Ivoire; et d'estimer leur niveau entre
1960 et 1980.
Cette estimation nous permettra de prévoir leur évolution à
long terme.
Mais, auparavant nous analyserons quelques unes des définitions qui existent
et montrerons leur inaptitude à répondre aux aspects particuliers des sous-
emplois: les définitions mises au point pour les sous-emplois des pays in-
dustrialisés ne conviennent pas au cas du pays en voie de développement
qu'est la Côte d'Ivoire.

-109-
Section 1 - L'ANALYSE DE QUELQUES DEFINITIONS ET CONe :TS DE SOUS-EMPLOIS
INTRODUCTION
Différentes défini tionset concepts ont été donnés au sous-emploi
pour décrire ce phénomène.
Pour avoir une vue d'ensemble de ce phénomène, nous avons choisi
d'une part d'analyser la définition du sous-emploi adoptée par le Bureau
International du Travail (BIT) pour son caractère général et d'autre
part de présenter sous forme schématique les différents concepts qui ont
1
été développés par Jean Pierre LACHAUD •
1. LE SOUS EMPLOI SELON LE BIT
Partant de l'idée que les méthodes statistiques utilisées par de
nombreux pays ne mettaient pas en lumière l'étendue du sous-emploi, la
Neuvième Conférence Internationale des Statisticiens du Travail réunie en
1957 à Génève s'est efforcée d'apporter un élément de réponse à ce probblème
en adoptant la définition et les formes suivantes du sous-emploi.
A. Définition
D'après le BIT, le sous-emploi existe lorsque:
-"des personnes pourvues d'un emploi ne travaillent pas à plein
temps et pourraient et désireraient effectuer un travail complé-
mentaire de celui qu'elles fournissent effectivement.
--le revenu ou le rendement des personnes pourvues d'un emploi se
trouveraient augmentés, si, compte tenu de leurs aptitudes profes-
sionnelles, èilestravaillaient dans des meilleurs conditions de-
production ou changeaient de professior4"
-Le sous-emploi existe donc avant tout quand l'emploi est insuffisant
par rapport à des ~rmes ou à des emplois pleins ou satisfaisants.
Il est
en quelque sorte conventionnel.
Et les normes peuvent notamment faire in-
tervenir des seuils de revenu tiré du travail.
Par ailleurs cette défini-
tion fait référence à des notions de productivité ou de rendement; notions
qui ne sont pas faciles à définir.
Nous y reviendrons ultérieurement.
Enfin, cette définition a été conçue pour le monde salarié où la
1Jean Pierre LACHAUD.
"Travail et développement, concept et mesure."
Thèse de Doctorat d'Etat, Université de Bordeaux-l, Bordeaux 1975.

-110-
réalité est plus ou moins aisée à appréhender.
Elle est difficilement
applicable dans le monde rural où justement il existe un sous-emploi impor-
tant.
Le BIT distingue deux formes de sous-emplois
le sous-emploi visible
et le sous-emploi invisible.
1. Le sous-emploi visible
Le sous-emploi est qualifié de visible lorsqu'une personne occupe un
emploi dont la durée est inférieure à la normale et lorsqu'elle cherche-
rai t ou accepterait de travailler davantage.
C'est donc un concept statistique.
Ainsi d'après des enquêtes effec-
tuées par. le BIT dans certains pays africains, il ressort que dans les
conditions économiques actuell~s de l'Afrique, le potentiel théorique de
travail, c'est-à-dire le nombre de jours de travail par an pour une per-
sonne active peut être fixé à 200 jours'.
En dessous de ce no~bre de
v
jours, on considère que la personne est sous-employée.
Mais il faut se
rendre compte que ce ndUbre de jours théoriques est en quelque sorte une
synthèse des quelques enquêtes alors qu'il peut être largement supérieur
ou inférieur à cette synthèse.
Nous reviendrons sur ce point en traitant
le cas de la CSte d'Ivoire.
2. Le sous-emploi invisible
~e sous-emploi invisible 'est plutôt, d'après la définition du BIT,
un concept plus analytique.
Il reflète une mauvaise allocation des ressour-
ces en main-d'oeuvre et ses symptômes caractéristiques sont, en général, le
faible revenu, la sous-utilisation des compétences ou la faible productivi-
té.
Cette deuxième forme de sous-emploi est plus difficile à saisir.
De plus, qualifié de chSmage déguisé, elle a fait l'objet de plusi-
eurs théories économiques dans le cadre dualiste des économies sous-dével-
3
oppés, notamment celle de Joan ROBINSO~ et W. Arthur LEWIS •
1BIT, "Politique de l'emploi en Afrique"; Problèmes et poli tiques.
Rapport IV(1)
Génève 1969
P. 36.
2Joan ROBINSON.
"Essays on the Theory of Employment:
Disguised Unem-
ployment."
MacMillan Company, New York, 1937, PP. 82-101
3Wo Arthur LEWIS.
Théorie de la croissance économique, Payot, Paris 1963.

-111-
a)
Analyse de Joan ROBINSON
Dans ses essais sur la théorie de l'emploi, Joan ROBINSON analyse le
chômage déguisé de la manière suivante. (Nous avons résumé à notre façon
ses arguments.)
Le chômage déguisé consiste essentiellement dans le fait
qu'un nombre plus ou moins grand de travailleurs se trouvent placés dans
des occupations qu'ils viennent de quitter ou dans celles qu'ils auraient
pu chois~r au cas où des occasions de le faire ·se seraient présentées.
C'est une définition qui pose un problème de liberté économique ou
de rationalité dans un pays sous-développé.
Autrement dit, existe-t-èlle une liberté de changer d'occupation ou
de travail dans une entreprise, une exploitation agricole artisanale plutôt
que dans une autre?
Nous verrons si cette théorie reste encore valable dans la Côte
d'Ivoire actuelle.
b)
Analyse· de W. Arthur LEWIS
Quant à W. Arthur LEWIS, dans sa théorie de la croissance économique,
il étudia la relation entre un secteur de subsistance essentiellement rural
et un secteur capitaliste urbain dans l'allocation du surplus de main-d'oeuvre.
Il estime que le surplus rural est déguisé en ce sens que tous les paysans
sont sous-occupés, de sorte que si une partie d'entre-eux émigrait, l'output
agricole resterait constant.
Quant au surplus urbain, il est en état de
chômage ouvert en raison de l'absence de possibilités d'emploi.
Il en
conclut que les travailleurs en surplus à la fois ruraux et urbains ne
reçcoivent pas le produit marginal de leur travail mais un salaire plus
élevé di t traditionnel à peu près égal à la productivité agricole moyenne.
Ainsi la différence entre le produit marginal rural et le produit marginal
urbain est une mesure de la mauvaise effectation du travail entre les deux
secteurs.
3. Conclusion
D'après ces définitions, on peut donc conclure que le sous-emploi
existe quand l'une des trois conditions est remplie:
-Le travail effectué par une personne n'est pas un travail à plein
temps mais avecune~possibilité de recherche de travail complémentaire.

-112-
Sa duréé est inférieure à une certaine norme, donc, un problème
de durée normale de travail;
-Le travail effectué procure à une personne des revenus ou des
gains anormalement bas en raison de l'utilisation incomplète de
sèi;capacités ou de sa qualification : donc un problème de revenu
lié à une sous-utilisation des compétences;
-Le travail s'effectue dans une entreprise ou dans un secteur
d'activité économique à productivité faible; donc un problème
de rendement ou de productivité.
Or, les critères de durée normale,de sous-utilisation des compétences,
de revenus et de productivité, sont non seulement difficiles à appréhender
dans un pays en . développement cofume la eSte d'Ivoire, mais aussi subjec-
tifs,
en
fonction' des structures socio-économiques et des attitudes
individuelles face à l'emploi. D'où'existent ~ede quelques critiques sous forme
de problèmes posés par l'application de ces conditions ou critères tant
au ni veau du sous-emploi visible qu'invisible.
~o La non adaptation de ces définitions dans le cas de la Côte d'Ivoire
1. Au niveau du concept du sous-emploi- visïblê- -
Le sous-emploi est qualifié de visible lorsqu'une personne occupe
un travail dont la durée est inférieure à la normale et lorsqu'elle cher-
cherait ou accepterait de travailler davantage.
Or, qu'entend-on par travail dont la durée est inférieure à la nor-
male?
Dans quelle mesure pourrai t-on se rendre co~te qu'une personne
cherche ou accepte de travailler davantage en eSte d'Ivoire?
La réponse à ces questions sont difficiles dans le cas de la eSte
d'Ivoire car elles sont liées à des notions telles que le travail, la
durée normale et la recherche de travail qui dépendent des structures
sociales et économiques d'un pays et de l ' atti tude des populations de ce
pays face au travail.
Nous allons reprendre ces trois notions et montrer les problèmes
qu'elles posent notamment d'après la description certes caricaturale de
l'emploi que nous avons fait dans la partie préliminaire de notre tra-
vail (Po 11 ).

-113-
a) La notion de travail
Le travail est, d'après le dictionnaire Larousse, "l'activité d'une~
personne qui agit avec suite en vue d'obtenir un résultat.
Mais il désigne
aussi l'ensemble des activités hurnàines coordonnées en vue de produire ce
qui est utile.
C'est également l'activité professionnelle rétribuée c'est-
à-dire l'emploi, la fonction, le métier, le service!
Ainsi le contrat
de travail est la convention par laquelle une personne s'engage à exercer
pendant un certain temps, et moyennant salaire, son activité profession-
nelle au profit et sous la direction d'une autre personne, l'employeur
(sens juridique).
Le travail est donc actuellement lié à la notion de salaire ou de
rémunération.
On l'appelle aussi le salariat.
Or, la notion de salariat qui s'est élaborée dans le cadre de l'ex-
périence historique dans les sociétés européennes, n'est pas d'une utili-
sation aussi commode en Côte d'Ivoire.
C'est une notion flou~, car elle
n'est parfaitement comprise que d'une minorité parmi les travailleur aux-
quels elle s'applique.
Qui plus est, si dans les économies industrielles,
elle recouvre pour l'essentiel une classe sociale d'une certaine homogenéi-
té, on est obligé de l'appliquer, en Côte d'Ivoire, dans une proportion
1
massive à des situations qui seraient ailleurs qualifiées de marginales •
Par rapport à la grande masse de travailleurs, les vrais salariés
constituent une catégorie souvent privilégiée et en tout cas minoritaire.
Cette rninori té concerne les travailleurs des centre urbains ou semi-urbains.
Par contre, en milieu rural, le travail a souvent le caractère col-
2
lectif.
A cet égard, Jean Claude PAUVERT
écrit dans le cas de l'Afrique
noire que" le travail doit être considéré dans ses rapports avec l'insti-
tution de base :, la famille; la parenté est traditionnellement à la base
de tout activité économique, le travail est un service qui se rend, s'échange,
s'évalue dans le cadre de l'organisation familiale.
Dans cette économie
fermée, l'individu produit toujours pour son groupe, et le plus souvent
1paul Ahizi AKOI.
"L'administration du travail en Côte d'Ivoire", Libraire
Technique, Annales de l'Université d'Abidjan
Série AjVolurne 1. 1973
Paris
P. 15.
2Jean Claude PAUVERT.
"La notion de travail en Afrique noire", Le travail
en Afrique noire.
Présence africaine nO 13.
Edition du Seuil
Paris 1952
PP. 97-98.

-114-
avec son aide.....
Actuellement encore, le travail surtout agricole cor-
respond en quelque sorte à l'organisation familiale; les femmes d'un
m€me
homme font des plantations voisines, s'entraident, assistées de leurs
filles non mariées; les parents viennent aider aussi en cas de besoin; à
la chasse, ou à la pêche, ou aux champs, les membres d'un m~e clan matri-
linéaire se groupent.
Cette organisation collective du travail s'étend,
par delà les familles restreintes, aux groupes plus importants, villages,
clans, tribus•••• "
Le rSle d'exécution d'une tâche de la famille, des parents et des
dépendants est très intégré; tout ceci donne une perception du travail et
du salaire différente de ce qui existe dans les pays développés.
Les
condi tions de la concurrence parfaite sur le marché du travail n'existe
pas toujours, m€me
lorsque les individus ne sont pas tous employés, les
influences culturelles, les valeurs envers le travail, les niveaux de vie
et d'aspiration jouent également leur r81e.
La notion de travail en CSte d'Ivoire est donc actuellement complexe
à définir.
Dès lors: comment parler de l'absence de travail ou de dispo-
nibili té d'un individu pour le travail, notions qui peuvent servir à
définir le sous-emploi.
Les problèmes liés à l'absence de travail
Le critère de base, pour qu'une personne soit considérée en sous-
emploi ou ench6mage, est qu'elle n'ait ~~~__~etravail.
Or, nous avons
déjà indiqu~ qu'il est difficile de préciser la notion .de travail
. et
. par conséquent, son complément d'absence de travail.
En effet, d'une manière générale, un individu ne reste jamais totale-
ment oisif, lorsque des opportunités d'emploi sont limitées.
On a vu
dans la descriptJ.on caricaturale des emplois que fa plupart des gens qui
ne trouvent pas à s'employer dans les usines ou dans le secteur tertiaire
moderne (administration, commerce, banque. ••• ) s'engagent dans des activi-
tésmarginaiës: on informelles.
C'est d'ailleurs un facteur du développe-
ment de ce secteur.
M~e les ruraux qui quittent plus ou moins temporaire-
ment la campagne pour aller chercher du travail salarié dans les centres
urbains sont difficilement qualifiés de sans travail.
Car dès qu'ils
sentent que leur espoir de trouver un emploi en ville s' aménuise, ils
n'hésitent pas à retourner aux sources pour aider leurs parents dans les
travaux des champs.

-115-
C'est également le cas du travail féminin en milieu rural qui est
dans de nombreuses régions largement sous-estimé, voire considéré comme
inexistant.
Les femmes sont en majorité considérées comme ménagères alors
que la plupart à'entre-ellescultivent leurs champs de vivriers. C'est aussi
la situation des enfants qui,bien que scolarisés, contribuent largement
aux travaux de l'exploitation agricole, surtout lorsque la période de
pointe de travaux se si tue pendant les grands vacances scolaires.
1
Enfin comme le souligne Françoise BINET , "les exploitations agri-
coles vivent selon les règles d'une autarcie maximum, par tradition mais
aussi pour minimiser les dépenses monétaires et de ce fait de uombreux
travaux qui n'ont p as directement· trait à la production agricole incombent
aux membres du groupe familial : réfection et réparation des cases et des
grenier, entretien et fabrication du matériel nécessaire, conservation,
transformation, stockage des aliments destinés à l'autoconsommation, etc."
Dès lors, on peut se demander qui travaille et qui est sans travail.
Donc, l'application de ce critère "absence de travail" devient
subjective en dehors bien entendu des "vrais travailleUrs".
Elle soulève
le problème de double emploi qui existe dans l'économie ivoirienne et que
nous n'aborderons pas ici.
- Les problèmes liés à la disponibilité pour le travail
Le deuxième critère de base par lequel un individu est reconnu,
d'après la définition du BIT, @tre en sous-emploi est la disponibilité
pour un travail éventuel.
Là aussi, ce critère pose des problèmes
d' appl i cati on.
Quand est-ce qu'un individu est disponible pour le travail
lorsque la solidarité familiale joue?
. Il arrive parfois que certaines personnes refusent de travailler
sous prétexte que le travail n'est pas trop valorisant.
C'est le cas
des jeunes ivoiriens scolarisés qui, à tort ou à raison, refusent des
travaux manuels.
C'est d'ailleurs une cause de la faible participation
de nationaux à l'emploi que nous avons déjà analysé.
Ce critère de disponibilité pose également un aUtre granrl·problème
1 Francoise BINET.
"Bilan national de l'emploi en eSte d'Ivoire".
-:f1i.nistère Français des Relations Extèrieures.
Coopération et Développe-
ment.
Février 1982.
Paris
p. 15.

-116-
statistique, notamment les statistiques sur la population active.
Quel
~ge retenir pour ~tre pris en compte dans la population active?
Si en
règle générale, les statisticiens ont admis la Fourchette d'Sge compris
entre 15 et 60 ou~65 ans selon les conditions de travail, le tableau nO 35
ci-dessous extrait de l'Etude de Françoise BINET 1 montre le caractère
arbitraire de l'~ge requis pour travailler.
On observe que 25,3% de la population ~gée de 6 à 14 ans est occu-
pée.
De plus, comme nous venons de le souligner les scolarisés apportent
leur contribution aux travaux notamment agricoles lors que les vacances
coincident aux travaux de pointe.
On voit donc que le critère de "disponibilité-
pour un travail"
pose àussi des problèmes dl application.
C'est une des raisons pour les-
quelles l'importance des sous-emplois est, soit sous-estimée, soit sur-
estimée.
Mais si"lanotion de travail pose des problèmes de circonscription
et d~application que nous venons d'évoquer, celle de sa durée normale n'en
compte pas moins.
TABLEAU N° 35
REPARTITION DE LA POPULATION AGEE DE 6 A 14 ANS ET
LA TYPE D'ACTIVITE AU RECENSEMENT DE LA POPULATION
IVOIRIENNE DE 1975
OCCUPES
SCOLARISES
AUTRES
TOTAL
EFFECTIFS
239.600
367.422
339.258
946.280
,
\\
(25,3%)
(38,8%)
(35,9%)
1
(100sO%)
SOURCE
Françoise BINET, op. cit.
p. 10.
b) La notion du travail normal
La durée normale de travail peut ~tre interprétée à deux niveaux
2
d'après les a!llûyses de Jean Pierre LACHAUD •
"PréII1i.èrement, il peut s'agir d'une période normale de temps de
travail, par exemple celle qui est spéciFiée dans les contrats d'em-
1 Françoise BINET.
op. ci t.
p. 10.
2Jean Pierre LACHAUD.
op. cit.
p. 292.

-117-
ploi1.
Dans un second sens, elle signifie une période normale pour réali-
ser une opération.
Dans cette interprétation découlent les notions de
"tempsau travail Il et de "tempS travaillé".
La corrélation étroite entre
le travail et le loisir fait qu'il existe une différence importante entr:e
les deux notions: la période de temps pendant laquelle l'individu a
indiqué qu'il était au travail aurait da être réalisé.
Les statistiques sur l'emploi en eSte d'Ivoire font que nous n'abor-
derons pas le second niveau d'interprétation.
En ce qui concerne donc la première interprétation, disons que la
problématique de son application réside dans l'hétérogénéité des situations
en présence.
En effet, bien que la législation ivoirienne fixe la durée
légale de travail à 40 heures par semaine dans les secteurs industriels
et commerciaux et à 2400 heures par an dans le secteur agricole ou à 48
2
heures par semaine , on peut remarquer que ces normes théoriques refl ètent
pas la réG\\l.ité.
En plus des problèmes évoqués ci-dessus nous constatons que l'emploi
en milieu rural est lié aux calendriers agricoles et aux contraintes cli-
matiques.
Dès lors, les périodes creuses sont inévitables.
On peut
donc avoir des horaires élevés pendant les p~riodes de pointe et fai·bles
pendant les périodes creuses.
Tout comme il peut y avoir à la fois sous-
emploi saisonnier de la force de travail disponible et pénurie de main-
d'oeuvre aux périodes de forte activité agricole.
Ainsi le schéma des calendriers culturaux que nous avons déjà ana-
lysés illustre cette hypothèse.
Par ailleurs, les seuils de blocage au niveau de la force de travail
sont variables selon que l'on habite la zone de forêts et la zone de sa-
vanes : sans compter qu'à l'intérieur de ces deux zones d'autres diffé-
3
rences subsistent •
D'après le tableau nO 36 ci-après, le nombre total de
journées de travail par actif, et par an de la zone rurale est inférieure
à la "norme" prévue par la législation de travail ivoirienne.
Il est de
1 79 jours en 1975, soit 1432 heures (1432 heures = 1 79 jours x 8 heures)
contre 2400 heures prévues parla loi.
Le sous-emploi est donc très im-
portant (40,3% de la durée normale).
1 Le BIT a fixé le potentiel théorique de travail de l'Afrique à 200 jours
soit 1600 heures par an.
"Politique de l'emploi en Afrique Il ,
Génève,
Rapport IV(1)
1969
P. 36.
2La réglementation du travail, "eSte d'Ivoire en chiffres", Ministère du
Plan.
Cette réglementation figure en annexe nO
3Voir carte nO ~ ci-jointe.

-118-
TABLEAU N° 36
EVOLUTION DES NOMBRES DES JOURNEES DE TRAVAIL PAR
ACTIF ET PAR AN SELON LES ZONES AGRICOLES
1975-
1985
?~ND~~~fS~~~~R"I7"
ZONES
CULTURES CULTURES
CULTURES 'CULTURES J
CULTURES CULTURES
VIVRIERE$ D'EXPOR- TOTAL VIVRIERES ID' EXPOR~" TOTAL VIVRIERES D'EXPOR-
-
TATI ON
TATI ON
TATI ON
ZONES DE
FORETS
134
77
211
175
91
266
+ 4,1
+ 3,4
ZONES DE
SAVANES
122
24
146
163
34
197
+ 6,0
+ 7,2
ENSEMBLE
DU PAYS
128
51
179
169
63
232
+ 5,7
. + 4,3
SOURCE
Scénario tendanciel du secteur agricole.
Ministère de l'Economie,
des Finances et du Plan.
Direction du Plan.
Jacques Delaume.
Avril 1978.
Le chiFfre est encore. plus élevé en zone de savanes (51,3%).
Par
contre, il est un peu moins élevé en zone de For@ts (29,r~).
La situation
s"améliorera en 1985 d'après ce tableau, mais nous y reviendrons dans la
partie prévisionnelle de notre travail.
On voit donc que l'adoption de normes théoriques peut ou non inf'luen-
cer
l'importance du sous-emploi
dans un pays.
Par conséquent le cri-
tère de la durée normale qui sert à déFinir le sous-emploi n:1est qu'indi-
catiF c'est-à-dire sert à des statistiques.
Il pose également un pro-
blème de société ou d'attitudes Face à l'emploi ou au temps.
En e.fFet, chaque civilisation a son propre modèle de comportement
vis à vis du -temps.
Dans toute société une certaine conception du temps
domine, que la majorité accepte, considère naturelle et utilise pour ré-
partir ses activités.
Or, i l s'agit d'une observation qui a rarement été
prise en considération dans l'approche des problèmes de l'emploi, du
chSmage et du sous-emploi.
Lorsqu'on invoque un temps de travail excessi-
vement réduit, ou anormalement long, les économies occidentaux transposent
souvent leurs propres systèmes de valeurs dans un monde diFFérent.
En
d' autres termes, ditJean P ·~erre LACHAUD1,1orsque nous app1"~quons l e
concept de temps de travail dans les économies sous-développés, nous
1 Jean Pierre LACHAUD f
op. cit., PP. 286-287.

-119-
supposons qu'au moins trois conditions sont simultanément satisfaites
l'universalité du concept de temps, l'existence d''lme période normale
de temps de travail et l 'homogénéi té du facteur travail.
D'autre part, le tableau
sur les journées de travail revèle d'autres
caractéristiques intéressantes, notamment sur la répartition des journées
de travail entre les cultures auxquelles les paysans s'adonnent.
Les
journées consacrées aux cultures d'exportation sont plus faibles que celles
des cultures vivrières; m~e si la tendance est un peu plus élevée en zone
de forêts o
Le rapport entre les deux cultures donne 36,4% du total des
journées de travail consacrées aux cultures dtexportation en zone de forêts
contre 16% en zone de savanes.
D'où une monétarisation de l'économie
rurale plus accentuée en zone de forêts qu'en zone de savanes (Ces propos
doivent être nuancés car la plupart des produits vivriers sont destinés à
la commercialisation plus qu'à l'autoconsommation).
Mais d'une manière générale, les activités agricoles ne sont pas les
seules activités des travailleurs agricoles.
Ils sont souvent maçons, par-
fois tisserands, chasseurs, pêCheurs, commerçants occasionnels et pour
1
les femmes, ménagères, mères de famille •
Enfin le dernier critère que nous passerons en:..'revue dans le cadre
des problèmes ]tosés par le sous-emploi visible est le critère "de la re-
cherche de travail".
c) Le critère de la recherChe du travail
Le but de ce critère est de démontrer en termes pratiques la volonté
et le désir de l'individu de trouver un emploi.
Si dans les pays développés l'action de rechercher un emploi peut
être appréhendée statistiquement d'une manière convenable (les marchés du
travail étant de plus en plus organisés et institutionnalisés et les com-
portements des individus étant relativement homogènes), dans les pays sous-
développés, et particulièrement dans les secteurs agricoles traditionnels,
la réponse à la question : "cherchez-vous un emploi" peut ne pas réveler
un problème de l'emploi, et générer de ce fait des statistiques dont l'uti-
2
lisation à des fins de politique économique
douteuses •
1Louis ROUSSEL, "CSte d'Ivoire 1965 - Emploi", Ministère du Plan, Société
d'Etudes pour le Développement Economique et Social (SEDES) Paris/Abidjan 1969.
2Jena Pierre LACHAUD, op. ci t.
p. 256.

-120-
En eSte d'Ivoire, des comportements spécifiques peuvent inciter des
individus à ne pas rechercher du travail alors qu'il existe pour eux un
véritable problème de travail.
Tout d'abord, la nature du système familial.basé sur l'esprit de
solidarité
fait que certaines personnes réposent leur espoir de tra-
vail futur sur la situation d'un frère ou d'un cousin qui fait des études
supérieures.
Car pensent-elles à tort ou à raison que ce dernier, une
fois ses études terminées occupera un poste de travail important, et par
conséquent pourra lui trouver du travail, soit dans son service, soit par
le biais de ses connaissances.
Qui plus est, beaucoup de personnes vivant dans les villages ne se
considèr~t pas en situation de sous-emploi aussi longtemps qu'elles sont
capables de vivre avec les gains des autres membres de leur famille ou de
prendre part, m@ine faiblement, à l ' activi té du groupe sur la terre ou dans
l'exploitation familiale.
Enfin les possibilités de travail complémentaires sont nulles en
raison du manque de travail et aussi des attitudes face à l'emploi.
En effet, dans le monde rural, ces possibilités n'existent pas dans
l'esprit du paysan ivoirien, ou plus exactement, pas un paysan n'a le
sentiJnent de travailler volontairement ou involontairement et de recher-
cher un complément de travail.
Dès lors, comment mesurer cette recherche
de travail complémentaire?
Le sous-emploi n'est guère ressenti en tant que tel par les popula-
1
tions rurales d'après Edgar RAYNAUD
qui écrit: "le rythme séculaire
des
saisons et l'économie de subsistance dont le mode de vie reste encore, pour
l'essentiel, celui de la majorité de ces populations, y ont modélé la
men-
talité paysanne.
Seul l'impact de l'économie monét~isée avec l'éveil des
besoins nouveaux et la possibilité de les staisfaire, a bousculé pèu'à peu
les habitudes et les attitudes traditionnelles.
Même dans ce cas, toute-
fois, la conscience du so.us-emploi n'apparai't que lentement.
Elle n'émerge
qu'avec beaucoup de difficultés des brumes de l'indifférence à la rationa-
li té
économique qui est un des traits de la mentalité propre à l'économie
de subsistancee~
1 Edgar RAYNAUD, "Investissements humains, illusions et réalités", Paris
Mouton et Cie
1969
p. 43.

-121-
En CSte d'Ivoire, le marché de l'emploi n'est pas suffisanunent or-
ganisé.
La recherche du travail se fait par des voies informelles qu'il
est difficile d'appréhender. les bureaux de l'Office de la Main-d'oeuvre
1
--
de CSte d'Ivoire (DMOCI)
sont non seulement limités,
mais localisés dans le secteur moderne et fonctionnent impar.f.ai tement.
Bien qu'il existe un bureau central à ABIDJAN, son utilisation à la fois
par les employeurs et les employés est strictement limitée.
De plus,
l'absence d'un système général de sécurité sociale n'incite pas les chS-
meurs à se faire enregistrer.
Les journaux sont peu Htilisés par les
demandeurs d'emplois et les offreurs de services (cotlt élevé avec ampu-
tation sur leurs maigres ressources de chSmeurs)o
Dans les zones rurales, ou le secteur de subsistence de l'économie
est localisé, les bureaux de l'OMOCI sont inexistants.
La plupart du
temps, l'information sur les emplois disponibles circule par voie orale.
Ainsi, la situation est telle qu'il n'y a aucune forme de recherche
active de l'emploi qui puisse ~tre utilisée comme critère objectif (même
si les offres d'emplois sont très largement diffusées par la radio na-
tionale).
d) Conclusion
Nous pouvons donc conclure qu'en CSte d'Ivoire comme dans les P.V.D.,
le comportement des individus n'a pas le caractère uniforme et homogène
que l'on retrouve dans la plupart des économies occidentales.
L'existance
d'attitudes spécifiques vis à vis du marché
de l'emploi, des particulari-
tés structurelles quant au déroulement des processus économiques, accen'-
tuées par-i'int~rventionde facteurs' socio~économiques, rendent difficile
toute application formelle des concepts de sous-emploi visible, soit-il.
Ce dernier .. notanunent, dépend de critères traditionnels qui, pris iSOlément,
ne peuvent traduire pleinement une situation relativement compléxe et
difficilement appréhendable.
Qui plus est, son fondement théorique soulève
parfois des interrogations dont l'importance ne saurait ~tre négligée.
Ces remarques valent également pour la déf'ini tion par le BIT du sous-
emploi invisible ou du ch8mage déguisé.
Celles-ci pose aussi des problèmes
d'application en CSte d'Ivoire.
1voir ~ 'historique et le régime actuel de cet office en Annexe N° III.

-122-
2. Au niveau du sous-emploi invisible ou du chSmage déguisé
Rappelons que le sous-emploi est qualifié d'invisible par le BIT
lorsque le revenu ç>u le rendement d'une personne pourvue d'un emploi se
trouveraient augmentés, si, compte tenu de ses aptitudes professionnelles,
elle travaillait dans de_ meilleures conditions de production ou changeait
de profession.
Il reflète en quelque sorte la mauvaise allocation des ressources en
main-d'oeuvre et ses symptSmes caractéristiques sont généralement attribués
à la faiblesse des revenus, à la soUs-utilisation des compétences ou à la
faiblesse de la productivité.
Or, peut-on mesurer ces caractéristiques en Côte d'Ivoire?
Le carac-
tère déguisé du sous-emploi ou du chômage est-il perceptible?
a) Problèmes de mesurer les caractéristigues du sous-emploi invisible
Le sous-emploi invisible défini par le BIT est difficile à saisir.
En effet, une étude qui vise à l'examiner devrait s'attacher à l'analyse
du niveau des revenus, des qualifications et des mesures de productivité.
Une telle étude pose des problèmes complexes à résoudre en raison de la
faiblesse du niveau de monétarisation de l'économie et des revenus, des
diverses méthodes possibles d'évaluation de la productivité individuelle
en tenant compte évidemment de la technologie utilisée et des normes ou
des limites qu'il convient de retenir.
M~e si la plupart des solutions retenues pour l'appréhender s'ap-
puie souvent sur là notion de salaire minimÜrn, .ce salaire minimum garanti
ou pas, tel qu'il est défini en CSte d'Ivoire, joue-t-il un r$le signifi-
catif dans la fixation des rémunérations ou est-il effectivement révélateur
des sous-emplois qui existent en ville?
De plus, est-il davantage adapté
à l'étude des sous-emplois ruraux où la règle générale est justement une
très basse productivité alliée à des gains anormalement bas.
Par exemple,
les prix d'achat du café et du cacao, sont unilatéralement fixés par les
.
blO
1
pOUV01rs pu
1CS.
1voir l'analyse sur la Caisse de Stabilisation et de Soutien des
Prix Agricoles.

-123-
Un autre problème de mesure est lié à la sous-utilisation des com-
pétences.
En effet, au lendemain de son indépendance, 'la C$te d'Ivoire
manquai t de cadres et de techniciens qualifiés et compétents.
Le peu de
personnel colonial, était réparti non pas en fonction de leurs qualifi-
cations et de leurs compétences spécifiques, mais des besoins énormes
que le pays devait satisfaire.
Ainsi par exemple, un ingénieur agronome
ou un médecin était affecté à des t~ches administratives.
De plus, le
recrutement dans l'Administration par exemple, bien que des services pu-
blics (l'Ecole Nationale d'Administration et le Ministère de la Fonction
Publique) en soient chargés, se fait le plus souvent par des liens eth-
niques ou des " connaissances familiales ou amicales".
Dès lors, comment
peut--on mesurer ce phénomène?
1
Eni'in, si par définition la productivité du travai1
est le rapport
de la quanti té produite au nombre d'uni té du facteur travail qui ont con-
tribué à cette production, comment définir l'heure de travail exacte voire
approximative du paysan qui s'adonne aux activités agricoles liées le plus
souvent aux aléas climatiques?
De m~e, comment avoir une idée de la pro-
ductivi té, lorsque le travail est exécuté collectivement?
Bref, tous ces problèmes de mesure montren~ à quel point il est dif-
ficile d'appréhender le sous-emploi invisible en C$te d'Ivoire.
b) Problèmes liés au concept du ch$mage déguisé
Quant au concept du ch$mage déguisé, notamment celui défini par
Joan ROBINSON, la principale remarque que nous pouvons faire, consiste
dans la méconnaissance ou dans la superficialité de 11 analyse des écono-
2
mies sous-développés.
. Car en établissant l'impossibilité d'un ch$mage
involontaire dans l'économie sous-développée, Joan ROBINSON envisage une
économie rurale où chaque individu se livrerait à une sorte de calcul entre
la compensation réelle de son travail et la désutilité que celùi-ci com-
porte.
Cet individu serait libre d'ajuster, au mieux de sa satisfaction,
Quantité produite
1pRODUCTIVITE DU TRAVAIL = Nombre d'heures de travail
211 faut signaler qu'à l'époque (1921), les études sur les économies
sous-développées étaient rares.

,,:,,124-
la quantité de travail fournie.
Joan ROBINSON effectue en quelque sorte
une transposition des concepts rationnels et utilitaires tirées de la
théorie néo-classique
à des milieux ou à des mentalités totalement dif-
férents des structures et attitudes capitalistes pour lesquelles ces con-
cepts ont été construits.
Par exemple, il est difficile, même à l'heure actuelle, de parler
de la liberté de la production d'un membre d'une famille paysanne où tout
se fai t suivant la volonté du chef de famille.
En outre, le calcul ra-
tionnel entre les sacrifices causés par des efforts supplémentaires et
les rendements obtenus au moyen de èeux-ci fait souvent défaut de la fa-
çon de penser de la grande masse des petits paysans.
Enfin, la liberté
de régler le travail ou la production qui existe tout au plus pour le chef
de l 'exploi tation, est tout de même restreinte au seul domaine de l' acti-_~'
vi té agric:ole.
Il est donc difficile de concevoir la liberté économique dans une
économie sous-développée.
Il peut se trouver que, parmi la population
agricole des personnes qui, soit librement, soit parce qu'elles y sont
contraintes par le chef de l'exploitation ou par les circonstances, mènent
une vie plus ou moins oisive et des personnes qui, au contraire travail-
lent intensivement durant toute la journée.
Pour toutes ces raisons, nous
trouvons que l'analyse de Joan ROBINSON paratt critiquable, voire inapté à
la situation des sous-emplois en CSte d'Ivoire.
Mais d'autres définitions du sous-emploi ont été construites ou ana-
lysées, notamment celles de Jean Pierre LACHAUD que nous allons maintenant
examiner.
II. LES DEFINITIONS DESSOUS-EMPLOIS PAR JËAN PIERRE LACHAUD
Tout corrnne d?Uls le cas du BIT, nous allons analyser brièvement les
différentes définitions examinées par l'auteur et porterons quelques cri-
tiques par rapport à la situation ivoirienne.
A. Ses différente_s définitions
L'auteur distingue six formes de sous-emploi ou de chSmage déguisé

-125-
--le sous-emploi ou ch$mage déguisé statique;
--le sous-emploi potentiel ou le ch$mage déguisé dynamique;
--le sous-emploi ou le ch$mage déguisé cyclique;
--la
maloccupation
--le sous~ploi ou le ch$mage déguisé malthusien;
--le sous-emploi saisonnier.
1. Le sous-emploi ou le ch$mage déguisé statigue
Pour définir ce sous-emploi, l'auteur utilise deux approches!clas~i­
que et néo-classique.
a) Approche classique
Supposant les techniques, la structure des cultures et les autres
facteurs de production constants(avec toutefois une possible réorganisa-
tion de routine de la force de travail), le sous-emploi ou le ch$mage dé-
guisé statique équivaut au montant de la force de travail agricole qui peut
~tre retiré des formes pour une certaine période sans aucune réduction du
produit total.
Cette approche implique donc que la main-d'oeuvre transférable con-
sidérée ait une productivité marginale privée nulle et que, bien que le
retrait de travailleurs puissent in.fluencer la productivité marginale de
capital et de terre, l'hypothèse suggère que les contraintes institution-
nelles emp~chent toute variation dans l'organisation des autres facteurs
à l'intérieur de la ferme.
1
Cette approche a été développée par : R. NURX3E , P.N. ROSENSTEIN-
2
3
4
RODAN , C. HSIEH
et le groupe des Experts des Nations Unies.
1 R. NURKSE, Problems of Capital Formation in Underdeveloped Countries.
London 1957
PP. 32-33.
2p • N• ROSENSTEIN-RODAN, Disguised Unemployment and Underemployment in
Agricul ture, Monthly Bulletin of Agricu1 tural Economies and Statistics,
Rome, FAO, Volume 6, July-August 1957.
3c• HSIEH, Le sous-emploi en Asie : nature et étendue, Revue Internationale
du Travail, Volume 65
NO 6, 1962, PP. 709-71 O.
4Le groupe des Experts des Nations Unies, Department of Economie Affairs,
Measurement for the Economie Development of Underdeveloped Countries,
New York, 1951, P. 7.

-126-
b) Approche néo-classique
Elle a été développée par A"K. SEN' qui définit le sous-emploi ou le
ch5mage déguisé statique comme une partie de la main-d'oeuvre dans le sec-
teur rural qui peut être retit'ée sans réduire le produit total, même lor-
sque le montant des autres facteurs ne varie pas.
Il a formal-isé ce con-
cept à l'aide d'un modèle simple dont nous n~~'tJ:'~r9nt·pas dans les détails.
D'autres variantes de cette approche ont été développéèS, notamment
celle de néo-classique sociale qui définit le ch5mage déguisé comme une
situation où, donnant l'objectif social de maximation de la valeur-du re-
venu courant, la combinaison des teChniques et des "ressources est telle
que le salaire de reférence, et donc la productivité marginale sociale,
du travail est-nulle.
Le taux de salaire de référence peut se dé.finir corrnne la valeur à
laquelle la productivité marginale du travail devrçùt @tre égale pour
maximer le "welfare" social possible.
2. Le sous-emploi potentiel ou ch$mage déguisé dynamique
Le sous-emploi potentiel ou le ch5mage déguisé dynamique n'est pas,
selon J.p. LACHAUD, nécessairement associé à une productivité marginale
nulle du travail car toute diminution dans la force de travail peut con-
duire à une baisse du produit total ~ moins qu'une réorganisation du capi~
tal, des ressources et des changements technologiques aient lieu.
Cela
signifie que grâce à une réorganisation et d'autres aménagements, l'allo-
cation des ressources et des méthodes de production sont devenues "e.ffi-
-.
.
\\
cientes" dans le secteur rural.
Il résulte donc d'une correction de la mauvaise allocation des res-
sources et des méthodes inefficientes de production.
2 .
3
Cette approche a été développée par les NAVARETTE
et H. LEIBEN6TElN •
, A.K. SEN, "Peasants and Dualism wi th or wi. thout Surplus Labor", The Jour-
nal of Political Economy, Volume LXXIV, N° 5, October 1966, p. 428.
2A. NAVARETTE,· Jr et I.M. de NAVARETTE, "Underemployrnent in Underdeveloped
Economies", London, Oxford University Press, 1958, P. 342.
3H• LEIBENSTElN, "Economie Backwardness and Economie Growth", John Wiley
aIld .Son, New York,.1 ~57,· p. 60.

-127-
3. Le sous-emploi ou le ch$mage déguisé cyclique
Il s'agit d'une autre notion de ch$mage déguisé dynamique qui envi-
sage des ajustements plus fondamentaux courants les
.différents secteurs
de l'économie (primaire, secondaire, tertiaire).
1
C'est le concept développé par Joan. ROBINSON
et repris par le Bureau
2
International du Travai1
que nous venons d'analyser.
4. La maloccupation
Cette notion de sous-emploi se réfère à la faible productivité d'un
grand nombre de travailleurs agricoles, contrairement à la productivité
élevée d'un petit nombre d'individus engagés dans le secteur industriel
moderne d'une économie sous-développ ée.
Elle désigne la différence de taux de salaire entre les secteurs de
l'économie à haute productivité, ou encore où le revenu net obtenu est
inférieur au taux de salaire courant par travailleur.
Le sous-emploi est
donc basé sur les différences de productivité.
Elle a été développée par les auteurs suivants
5 6 7
W.A. LEWIS , Po BAIROCH , P.H. PRASAD •
5. Le sous-emploi ou le chSmage déguisé malthusien
L'auteur définit ce sous-emploi de la façon suivante : "Dans une
économie sous-développée où les taux de salaires sont faibles, il y a des
limites à l'intérieur desquelles l'efficàcité d'un individu est fonction
de sa rémunération. li
'Joan ROBINSON, ouvrage déjà cité.
2BIT : définition déjà examinée.
3M. DOBB, "An Essay of Economie Growth, London, 1969, p. 32.
4 N• KALDOR, "Growth Model for Agrarian Societies" exposé ci té par J. T. PURCAL
dans "Rice Economy : Employment and Income in Malaysia", The Uni versi ty
Press of Hawaii, Honolulu, 1972, p. 159.
5w•A• LEWIS, "Unemployment in Developing Countries", the World Today,
Volume 23, N° 1, 1967.
6p• BAIROCH, "Le ch$mage urbain dans les pays en voie de développement",
BIT, Génève, 1970.
7p.H~·PRASAD, "Growth with Full Employment", Sintra Institute of Social
Studies, Monograph 4, 1970, Chap. II.

-128-
Il souligne que plusieurs auteurs ont défini ce sous-emploi,
notamment:
1
-ADAM SMITH
qui indiquait "qu'une substance abondante accror't
la force corporelle du travailleur, l'espoir confortable d'amé-
liorer sa conditiono •• où les salaires sont élevés, nous trouve~
rons toujours des travailleurs plus actifs, diligents et expédi-
tifs, que lorsqu'ils sont bas. Il
2
-ALFRED MARSHALL
qui notait "qu'il y a pour chaque classe d'in-
dustrie, en tout temps et en tout lieu, un revenu plus ou moins
clairement défini qui est nécessaire simplement pour soutenir ses
membres, tandis qu'il Y a un autre revenu plus important qui est
nécessaire pour qu'ils soient pleinement efficients."
3
-Re NURSKE
qui décrivait cette situation comme étant celle "où
le profit moyen d'une personne tombe au dessous du niveau physique
de subsistance."
. 4
Mais la version la plus élaborée est due, a He LEIBENSTEIN.
dans
son étude que nous venons de signaler.
6. Le sous-emploi saisonnier
Ce concept de surplus de travail au de sous-emploi est directement
relié à la nat,ure saiso~ière de la production a~icole par laquelle la main-
d'oeuvre disponible est employée d'une manière discontinue.
Ainsi la force
de travail agricole peut ~tre efficacement ou économiquement utilisée pen-
dant des périodes d'activité agricole intense, tandis qu'il y a peu de
travail durant les saisons creuses.
On distingue quatre formes de sous-
emploi saisonnier : visible, invisible, en termes de salaires et en termes
de travail.
5
Ce concept a été développé par les auteurs suivants : LoE. HOWARD ,
1Adam SMITH, "An Inquiry into the Nature and Causes of Wealth of Nations",
The Modern Library, New York, 1176, P. 81.
2Alfred MARSHALL, "Principles of Economies", 8th Edition, Low Priees Textbook,
1 890, PP. 57 et 339-442.
3
.
R. NURXSE, "Excess Population and Capital Construction", Malayan Economie
Reviews, October 1957, P. 3.
4H• LEIBENSTEIN, op. cit. PP. 62-63.
\\ . E. HOWARD, "Labour in Agriculture : An International Survey", London,
Oxford University Press, 1963, PP. 1-6.

-129-
1
3
4
le BIT , P.N. ROSENSTEIN-RODAif, C. HSIEH
et E. THORBECKE •
Mais un modèle simple du sous-emploi saisonnier invisible et visible
5
a été développé par S.F. LIU •
Voici sa formulation: soit,
A = jours de travail disponibles dans une cormnunauté pour une certaine
période de production.
B = jours actuellement utilisés dans cette période de production.
C = jours de travail requis dans cette période de production, donnant
les autres facteurs de production, la technique en usage dans la
meilleure ferme de la cormnunauté, et le niveau de produit spécifié.
Le sous-emploi total ou partiellement invisible CA ~ C) peut gtre
décomposé en sous-emploi visible (A - B) et en sous-emploi invisible (B - C)~
soit
(A - C) = (A - B) + (B - C) en supposant que A?B'7.C.
Ainsi quatre cas peuvent survenir:
CAS 1 : À = B = C
Cela signifie que si les jours de travail dis-
ponbiles sont identiques aux jours de travail
e~ployés et requis, il n 1 y a ni surplus visible,
ni invisible et le surplus total de travail est
nul.
CAS 2 : A = B, B F C
Si les jours de travail disponible sont identiques
aux jours de travail employés, mais différents
au travail requis, le surplus total de main-
d'oeuvre est essentiellement invisible.
CAS 3: A F B, B = C
Si les jours de travail employés et reguis sont
égaux, mais différents des jours de travail dis-
ponibles, le surplus total de travail est visible.
CAS 4 : A F B F C
Le sous-emploi total est alors la somme de deux
composantes : le sous-emploi visible et le sous-
emploi invisible.
REMARQUE' :
Les sOUS-«mploissaisonniers vi$ible et invisible
sont ceux· déficl.s par le BIT. 6
1le BIT, définition déjà analysée.
2p• N• ROSENSTEIN-RODAN, ouvrage déjà cité.
3c• HSIER, ouvrage déjà cité.
4 E• THORBEClŒ et SOUTJESDIJX, "Emploi et production: application d'une
méthode d'analyse au Pérou et au Guatémala", Centre de Développement de
l'OCDE, Paris, 1971, p. 53.
5s• F• LIU, Extrait de J.P. LACHAUD, ~. cit., p. 395.
6le BIT, définition déjà donnée.

-130-
B. Quelques remarques sur les définitions des sous-emplois ou du chômage
déguisé par Jean Pierre LACHAUD
1.
Si les approches conceptuelles du sous-emploi ou du chômage déguisé
s'avèrent intéressantes, on peut remarquer qu'elles sont toutes axées sur
le cri tè re de la productivité du travail dans l ' agricu1 ture.
Autrement dit
d 'tin côté, la définition du sous-emPloi se refère à la production marginale
du travail nulle, négative ou très faible avec ou sans réorganisation par-
tielle ou totale des techniques et des processus de production, et de l'autre,
on admet la posi tivité du produit marginal très faible, et le sous-emploi
s'identifie par rapport à une norme qui rev~t plusieurs formes: taux de
salaire de subsistance, productivité marginale moyenne.ceo
Or, si la productivité marginale du travail mesure le changement dans
le rendement total qui résulte de l'emploi d'un travailleur de plus, on peut
se demander ce que peut signifier le rendement total par travailleur pour
un agriculteur ivoirien.,
Fait-il des calculs économiques pour savoir dans
quelle mesure le recrutement d'une personne supplémentaire accroi trai t ou
non son rendement total?
2.
De plus, comment peut-on calculer cet excédent de main-d'oeuvre supplé-
mentaire dont la productivité serait nulle?
Autant de questions qu'il est difficile d'apporter concrètement des
réponses.
D'ailleurs s'il Y a sous-emploi par exemple dans le secteur
rural, c'est parce 'iue les activités sont souvent saisonnières et mal ré-
munérées.
Le prix du café, du cacao, du coton, sont unilatéralement fixés
1
par les pouvoirs publics
sans normalement tenir compte de l'inflation.
Dès lors, les revenus résultant de la vente de ces produits ne permettent
pas aux planteurs qui s'adonnent à la culture de ces produits, de satis-
faire leurs besoins essentiels.
Le sous-emploi est donc plutôt lié à la
faiblesse des revenus qu'à la faiblesse de la productivité marginale du
travail.
1 Voir l'analyse sur la caisse de stabilisation et des soutiens de prix
agricoles.
PP. 88 et 89.

-131 -
CONCLUSION DE LA SECTION
Au terme de ces quelques dé.fintions du sous-..emploi, nous nous aperce-
vons que
--d''Wle manière générale, certains concepts de base classiques tels
que la notion de travail et ses compléments (durée normale, absence et dis-
ponibilité), le revenu et la productivité du travail (marginale nulle, élevée
ou faible) ont 'Wle portée trop générale, notarrunent dans le cas du BIT, ou
Un caractère trqp "théorique"; par conséqUent, ils ne peuvent servir à ré-
pérer quantitativement et qualitativement le degré d'utilisation des sous-
emplois en CSte d'Ivoire.
-tout se passe cormne si le sous-emploi ou le ch5'mage déguisé ne
se produisait que, princip alement, dans l'économie rurale.
Dès lors, toutes
les poli tiques visant à le réduire consistent à trans.férer la main-d'oeuvre
rurale en surplv..s vers l'économie moderne urbaine.
Car le retrait de ce
surplus n'af.fecterai t pas la production totale de ce secteur.
Mais, si
cette .forme de sous-emploi existe en CSte d'Ivoire, d'autres formes sub-
sistent.
Aussi nous proposons rious maintenant de rechercher ces autres formes
de sous-emplois et d'essayer de les définir.
Section 2 - NOTRE ESSAI DE DEFINITIONS
Nous avons vu que chaque société a ses propres modèles de comporte-
ment via à vis du temps et qu'une certaine conception de ce temps fait que
la majorité des gens l'accepte, le considère et l'utilisent pour répartir
leurs activités.
Dans la société traditionnelle africaine la notion de temps, a certes
de l'importance mais elle demeure vague et confuse.
Dans le travail n'in-
tervient aucune notion de temps et il n'y a pas de délai~fixé pour exécuter
une tâche.
liOn a tout le temps de faire son travail. Il
L'artisan lui-même
est généralement incapable de vous fournir une évaluation de la durée de
travail qu'il exécute quotidiennement.
Pour apprécier le travail et pour
apprécier le prix, l'artisan par exemple ne peut pas vous dire combien de
temps il doit travailler pour finir l'objet.
Dans les villes, par contre,
T'introdû-ction du travail siilarié, l'induStrialisation, les "affaires" font

-132-
que le temps compte énormément, ne serait-ce que pour établir le salaire
de l'ouvrier.
Cependant, utiliser la notion de temps et ses dérivés (durée normale,
durée inférieureLd.<ms le contexte des structures économiques et sociales
actuelles pour essayer de définir les sous-emplois en Côte d'Ivoire, revient
à notre avis à fausser le problème.
Par conséquent nous n'utiliserons pas
le critère de 'temps pour définir nos sous-emplois.
Par contre, le sous-emploi est lié au niveau de développement écono-
mique et social d'un pays, lui-m~e fonction des structures économique~,
-- -
~
sociales, cul1:urelles et poli tiques.
Autrement dit plus le niveau de dé.....·
veloppement économique est élevé, ou plus l'interdépendance des activités
dans un pays est grande, plus la contribution de l'emploi à ces activités·
est élevé.
Or, les structures économiques, sociales, culturelles actuelles de
la Côte d'Ivoire sont caractérisées par un certain dualisme, c'est-à-dire
par la superposition et non l'intégration réelle de deux secteurs d'acti-
vité : l'un moderne du type européen, l'autre traditionnel.où justement la
notion de temps demeure vague et confuse.
Néanmoins ces structures sont en
pleine mutation.
Par ailleurs entre ces ceux secteurs se développe un autre
secteur dit intermédiaire.
C'est donc en s'appuyant sur ce caractère dualiste mutant et sur ce
développement des activités intermédiaires que nous distinguons
quatre
formes de sous-emplois
-un sous-emploi "occidental",
-un sous-emploi "marginal" ou d'attente,
-un sous-emploi structurel,
-un sous-emploi "déguisé".
Nous allons définir succéssivement chaque forme de sous-emploi.
1. LE SOUS-EMPLOI
OCCIDENTAL·
A. Définition
Nous désignons par sous-emploi
occidental, le chômage visible tel
qu'il se présente dans les pays occidentaux, c'est-à~re la situation des
personnes aptes et disponibles au travail, sans travail et en quête de tra-
vail rémunéré.

-133-
En effet comme nous venons de le souligner, le secteur moderne de
l'économie ivoirienne se ~ompose d'un certain nombre d'entreprises privées
ou semi-privées ou publiques.
Ces entreprises emploient,. ou embauchent
du personneLlorsque leur situation financière et économique le permet
ou lorsque l'environnement économique est favorable.
Par contre, elles
débauchent dans le cas contraire.
Il existe évidemment d'autres motifs de
licenciements.
Mais pour la simplicité de l'exposé, on s'en tiendra à ces
deux causes.
Le Chômage qui résulte de cette situation a donc un caractère
conjoncturel et présente les mêmes aspects que celui qui sévit dans les
pays développés, à la seule différence qu'il touche un nombre relativement
faible de la population activeo
Nous pouvons l'estimer à 2 à 5% de la popu-
lation active.
C'est pourquoi nous qualifions ce sous-emploi "occidental".
C'est une définition qui correspond en somme à celle donnée par le
1
BIT.
Cependant elle appelle quelques remarques
caractéristiques, notam-
ment des précisions sur les questions suivantes.
B. Remarques caractéristiques
--Quand est-on apte et disponible pour le travail'?
--A partir de quel moment est-on sans emploi'?
--Quand et sous quelles conditions se déclare-t-on à la recherche
d'un emploi'?
Essayons donc de répondre à ces différentes questions.
1L'extrait de la résolution concernant les statistiques de main-d'oeuvre, de
l'emploi et du chômage a adopté lors de sa huitième Conférence Internationale
des Statisticiens du Travail, réunie à Génève en novembre-décembre 1954f la
définition suivante du chômage:
-les p~sonnes en chômage sont toutes les personnes qui ont dépassé un
âge spécifié (aujourd'hui 16 ans pour la plupart des pays) et qui, un jour
spécifié ou une semaine spécifiée, rentrent dans les catégories suivantes :
a) les travailleurs à même de prendre un emploi et dont le contrat de tra-
vail a pris fin ou a été temporairement. interrompu, et qui se trouvent sans
emploi et en quête de travail rémunéré;
b) les personnes à même de travailler (sauf maladie bénigne) durant la péri-
ode spécifiée et en quête de travail rémunéré, qui n'ont jamais eu d'emploi au-
paravant ou dont la dernière position dans la profession n'était pas celle
de salarié (c'est-à-dire les anciens employeurs, etc. •• ), ou qui avaient cessé
de travailler;
c) les personnes sans emploi qui sont normalement à même de travailler
immédiatement ou ont pris leur disposition en vue de commencer à travailler
dans un nouvel emploi à une date postérieure à la période spécifiée;
d) les personnes mises à pied temporairement ou pour une durée indéfinie,
sans rémunération.

-134-
1. Ouand est-on apte et disponible pour le travail?
a) L'aptitude au travail
L'aptitude au travail est subordonnée à l'~ge et à la capacité de
travailler.
Ainsi, les enfants d'âge scolaire (moins de 16 ans) et les personnes
à la retraite (plus de 59 ans) ne peuvent être considérées comme aptes pour
le travail.
Cette limite d'âge qui prévaut dans la plupart des p.ays est donc
celle adoptée par la législation du travail ivoirienne.
De même, les malades
et les handicapés physiques et mentaux sont exclus de la population apte pour
le travail.
b) ta disponibilité pour le travail
Quant à la disponibilité pour le travail, elle signifie la possibili-
té de travailler immédiatement.
Or, i l y a des personnes qui remplissent
les conditions d'aptitude pour le travail, mais ne manifestent pas leur in-
tention ou leur désir de travailler irnrnédiatrnent parce que leur statut leur
empêche.
Elles effectuent des travaux non monétaires.
Ce sont les étudi-
ants, les militaires et les femmes au foyer.
Les seules personnes disponibles
pour le travail sont donc les quelques ch$meurs visibles ou déclarés urbains
qui ont pu s'inscrire à l'Office de la Main-d'oeuvre de la C$te d'Ivoire
(OMOCI).
Bien que cet organisme publie des statistiques relatives aux demandes
et offres d'emplois présentées, la population apte et disponible pour le
travail reste inconnue pour l'ensemble de la C$te d'Ivoire.
Cependant la distribution des .ch$meurs selon le sexe et le groupe d'âge
,
de la ville d'ABIDJAN pour l'année 1978, nous donne une idée de cette popu-
lation.
Il ressort de ce tableau que 87% desc~8ie~~.
ont entre 15 et 29
ans et que parmi eux les hommes représentent plus des trois quarts.
Ces
ch$meurs sont pour la grande majorité des jeunes "déscolarisés" à la re-
cherche de l:eur premier emploi.
Ils constituent ce que nous appelons de
sous-emploi "mar ginal" : sous-emploi que nous allons analyser ul térieure-
ment.
Les vrais ch$meurs, c'es~-dire ceux que nous qualifions de sous-
emploi occidental sont très faible.
Nous pouvons les estimer à environ 5%
du total des sous-employés.

-135-
1
TABLEAU N° 37
DISTRIBUTION DES CHOMEURl >O'ABIDJAN SELON LE SEXE
ET LE GROUPE D'AGE EN 1 978
..
HOMMES__
FEMMES
,
ENSE1'IBLE'
GROUPE D'AGE
EFFECTIF
%
EFFECTIF
%
EFFECTIF
%
10' .. 14 ans
441
1,5
170
2,1
611
1,6
15 - 19 ans
9.440
32,6
2.200
26,7
11.640
31,3
20 - 24 ans
11.218
38,7
3.413
41,4
14.631
39,3
25 - 29 ans
4.385
15,1
1.718
20,9
6.103
16,4
30 - 34 ans
1.731
6,0
392
4,8
2.123
5,7·
35 - 59 ans
1.776
6,1
343
4,1
2.119
5,7
TOTAL
28.991
100,0
8.236
100,0
37.227
100,0
SOURCE: Enquête - Budget - Consonunation des ménages ABIDJAN 1978.
Françoise BINET (ouvrage déj~ cité).
(1 )Chômeurs = personnes se déclarant à la recherche d'un emploi
2. A partir de quel moment est-on sans emploi?
Le moment à partir duquel un~:personne est déclarée être en chômage
est lié soit au licenciement, soit au changement de statut (anciens -emplo~
yeurs par exemple).
En dehors des causes classiques de licenciements (faillite d'entre-
prise, baisse d'activité, stocks invendus, crises'économiques, départ
volontaire d~ à la mobilité géographique ou des causes diverses, fin de
contrat de travail, réorganisation des services, gain de productivité, etc.),
le moment à partir duquel on ·est sans emploi est difficile à déterminer en
Côte d'Ivoire, en raison des causes que nous venons d'examiner (non obli-
gation d'inscription à l'OHOCI, pas de carte de ch8meurs oe .).
3. Quand et sous quelles conditions se décalre-t-on à la recherche .
d'un emploi?
En Côte d'ivoire, la déclaration au service de placement (OMOCI) n'est
pas obligatoire.
Aucune indemnité pécuniaire, n'est attribué au chômeur.
Depuis 1980, le gouvernement a essayé d'indemniser certains "chômeurs in-
tellectuels", mais à l 'heure actuelle l'expérience semble s'arrêter car des

-136-
abus ont été commis dans l'octroi de ces aides.
Par conséquent aucune
condition n'est requise.
C'êst donc une situation, certes, avantageuse à
certains égards,
car elle permet de ne pas accélérer l'exode rural et l'immiagration ur-
baine, défavorable pour la connaissance du nombre de ch8meurs.
Cependant devant la montée du ch8mage, les conséquences sociales
(notamment la perte de la solidarité familiale) dues à l'évolution de la
famille traditionnelle, la croissance de l'immigration urbaine, les diri-
geants ivoiriens seront contraints d'adopter , des politiques efficaces de
lutte contre l~ ch$mage ou le sous-emploi occidental.
II. LE SOUS-EMPLOI
,MARGINAL
OU
D'ATTENTE;
A. Définition
Le sous-emploi
marginal
ou d' attente correspond à la situation
des personnes scolarisées ou non, disponibles dont la mutation des struc-
tures sociales et économiques les obligent à quitter le cadre familial à
la recherche de leur premier emploi salarié, généralement en ville, et qui
n'en trouvent pas.
Ce sous-emploi présente les caractéristiques suivantes.
B. Les caractéristiques du sous-emploi
marginal
ou
'd'attente
Il ressort de cette définition que le sous-emploi marginal ou d'attente
trouve son origine dans la mutation des structur~s sociales et économiques
et dans le caractère inadapté du système de l'enseignement.
Mais aussi
dans les conséquences de l'exode rural.
1.' La rinibiHon des structures sociales et économiques
a) L'aspect structure sociale du sous-emploi marginal tient au fait
que la famille élargie, système de base de la société ivoirienne subit
actuellement une mutation.
On assiste en effet au passage progressif de
la famille élargie à la famille conjugale du type occidental.
La législa-

-137-
tion ivoirienne a adopté des lois qui favorisent et régissent les nouvel-
les dispositions familiales en matière de mariageo
Ce passage a des con-
séquences sur le travail, et donc conditionne le sous-emploi.
b) Sur le plan économique, le caractère structurel du sous-emploi
réside dans le dualisme économique des activités que nous venons de dé-
crire.
2. Le caractère inadapté du système d'enseignement
L'autre caractéristique du sous-emploi marginal repose sur le sys-
tème d'enseignement qui demeure inadapté aux réalités économiques du pays.
L'enseignement est en effet conçu de telle sorte qu'au lieu de fournir les
connaissances professionnelles et les capacités démandées par le développe-
ment économique, il forme en excédent des travailleurs intellectuels, des',
hommes de Loj._,'des littéraires et d'autres qui composent désormais ce que
certains appellent les "chSmeurs intellectuels".
Ce système fait aussi
qu'il y ait beaucoup de déperdition.
De nombreux jeunes franchissent
difficilernent le cap du primaire, ou du secondaire.
Bref, tout se p asse comme si à travers cette mutation de l a famille
et de l'économie, ceux qui n'ont pas en la chance d'~tre formés profession-
nellement ou efficacement, sont "des laissés pour compte" de l'économie.
Ces "laissés pour compte" constituent ce que nous désignons par sous-emploi
marginal ou d'attente.
Mais le sous-emploi présente la caractéristique d'être liée à l'exode
rural.
3. Le sous-emploi marginaI comme conséquence de l'exode rural
C'est un sous-emploi qui touChe l a grande majorité de jeunes ruraux
sans aucune qualifiaction, attirés par les villes à cause de son carac-
tère attrayant, mais aussi parce que la mutation des structures sociales
et économiques les y obligent.
Une étude de H. JOSHI, He LUBELL et J.
MOULY 1 a dénombré cinq raisons qui incitent les jeunes ruraux à émigrer
1Heather JOSHI, Harold LUBELL et Jean MOULY, "Abidjan, urbanisation et
emploi en CSte d'Ivoire", BIT, Génève 1976, PP. 20-37.

-138-
vers les villes.
Ces raisons sont : la disparité de revenus entre les
villes et les campagnes, la dotation d'équipements et de services soci-
aux des villes, la volonté d'indépendance personnelle du migrant, l'idée
de prestige qu'octroie la vie citadine et l'image de la grande ville.
Nous allons donner quelques exemples.
a) La disparité des revenus entre les villes et les campagnes
Nous avons déjà signalé dans la partie préliminaire, que les fortes
dispari tés régionales se si tuent d'une part entre villes et campagnes et
d'autre part entre les camp agnes.
Le tableau nO 38 ci-après corrolore cette thèse car on y remarque
que l'écart du revenu monétaire par habitant entre les villes et les cam.l
pagnes est très important.
TABLEAU N° 38
REVENU MOl\\'TETAIRE PAR HABITANT EN COTE D'IVOIRE PAR
REGIONS EN 1965 (EN FRANCS CFA)
SUD
ABIDJAN
..
CENTRE
NORD
ENSEMBLE
;
_.
VILLE CAMPAGNE VILLE CAMPAGNE VILLE CAMPAGNE ë5TË D'IVOIRE
-
201000
37500
14000
52000
19000
19400
3000
40000
SOURCE
Extrait de l'étude de He JOSHI, H. LUBELL et J. MOULY.
ouvrage déjà cité, p. 22.
Le revenu monétaire par habitant d'ABIDJAN correspond à 5 fois celui
du citadin du Sud, à 4 fois celui du Centre et à 10 fois celui du Nord. Il
-correspond également à 14 fois celui du paysan du Sud, à 1l fois celui du
Centre et à 67 fois celui du Nord.
Bien que ces chiffres exagèrent sans
doute les différences de niveau de vie, ils traduisent tout de même des
écarts importants qui êxpliquent la motivation du migrant.
Les écarts de
revenu entre les villes et les campagnes d'une même région sont également
significatifs.
Ces écarts sont: de 2,7 pour le Sud. de 2,7 également pour
.
.
le Centre et de 6,5 pour le Nord.
C'est donc au: Nord du pays que la dis-
parité de revenu entre les citadins et les paysans est plus grande.
C'est
du Nord vers ABIDJAN ou vers les villes du Centre et du Sud que les migra-
tions sont plus intenses.

-139-
b) La dotation d'équipements et de services des villes
1
D'après l'étude du BIT , la différence de revenus réels
dues
à la forte concentration dans la capitale (ABïDJAN) des équipements et
des services sociaux, est un facteur d'incitation du jeune rural à émi-
grer.
Ainsi, les crédits alloués, selon le plan 1967-1970, pour les
routes de desserte locale, l'assainissement, l'approvisionnement en eau
et en électricité, les écoles primaires et les dispensaires s'élevaient
à 8.000 francs CFA par habitant pour ABIDJAN, à 6.000 pour les autres
zones urbaines et a 400 pour les campagnes.
De m~lle qu'à la fin des
années soixante, il y avait à ABIDJAN 80% des téléphones du pays, 3/4 de
ces quelques deux cents médecins et deux fois plus de lits d'hSpital pour
1000 habitants que dans l'ensemble de la CSte d'Ivoire.
Dans les zones
rurales, au contraire, rares sont les villages qui ont l ' électrici té, et
moins de 10"/0 disposent d'un réseau d'adduction d'eaUe
Ces équipements sociaux peuvent donc constituer., aux yeux du jeune
migrant, un avantage supplémentaire de la vie citadine, ils peuvent être
aussi, et l'on songe aux écoles, aux établissements spécialisés de l'en-
seignement secondaire ou supérieur en particulier, un véritable motif de
migration.
c) La volonté d'indépendance personnelle du mi@ant
Il apparart que la personne qui quitte son village pour la ville
le fait pour affirmer son iI1rlépendance ou dans une certaine mesure pour
échapper aux structures sociales rurales traditionnelles.
Depuis l'indépendance, le pays a subi une certaine modernisation dont
l'une des conséquences est la rupture avec la tradition..
Aussi bien de
citoyens, hommes et femmes, et surtout les jeunes, ont trouvé là l'occasion
d'affirmer leur personnalité,de refuser les sources d'autorité et les
modes de vie traditionnels.
S'en aller du village facilite cette affirma-
tion de soi, qui exacerbe elle-1ltême les tensions entre la vieille généra-
tion et la nouvelle.
Nous y reviendrons dans l'analyse de l'exode rural
comme facteur du sous-emploi marginal.

-140-
d) L'idée de prestige
Le jeune qui reste au village a l'impression qu'il est moins con-
sidéré.
Quand, bien même i l ne reviendrait pas plus riche du vOyage, i l
sera tenté de partir pour la ville.
Ainsi ceux qui ne sont jamais sortis
de leur coin, les jeunes surtout, se sentent inférieurs aux migrants ren-
trés au pays, que ce soit dé.finitivement ou pour une simple visite.
Qui plus est, la ville o.f.fre plus de possibilités.
En plus des
analyses que nous venons de .faire, elle o.f.fre des typ es d'emplois auxquels
le jeune qui a eu la chance d'aller à l'école, peut espérer l'occuper.
Tandis qu'au village, le plus bel avenir que l'on puisse espérer, c'est
de se retrouver un jour, les années passant, parmi les "anciens".
Dès
lors, quoi de plus naturel que d'aller en ville.
e) En.fin l'iraage de la grande ville
ABIDJAN apparatt corrune la ville r~vée où il .faut habiter.
Elle, la
ville se confond, aux yeux des populations, avec les élégants paysages
urbains du Plateau et de Cocody1, avec les lignes nettes des édi.ficès
publics et l'impressionnant ensemble de l'H6tel Ivoire, encore que tout
cela ne soit guère le cadre de l'existence quotidienne de la plupart des
ci tadins a.fricains.
1'embellissement d'ABIDJAN, _capi tale du pays, et
l'image qui en est projetée doivent, d'une certaine .façon, captiver l'im-
migration des ivoiriens, .fiers-\\d'~tre associés, ffit-ee de manière bien
tenue, à tant de magni.ficenceo
Mais ct est aussi une invitation à se rap-
procher de ce monde nouveau, d'où la concentration à ABIDJAN d'une .foule
de gens mal ilhtégrés qui risquent d' ~tre déçus dans leur espérance.
Les _
autres villes ont également une certaine .fascination, mais moins qu'ABIDJAN.
Ce sont donc quelques exemples qui expliquent la situation de sous-
emploi marginal de ces jeunes ruraux.
Mais ce sous-emploi concerne également les jeunes que les modes de
scolarisation actuelle engagent irrémédiablement vers la recherche d'une
-
_.- .- -"-
9-<::ti~i:té saléU'iée.
Mar.?~tU'eus~e1ltle~ aspirations de ces jeunes scolari-
sésles orientent de façon trop exclusive vers les types d'emploi qu'il
'Ce sont des
.
quarhers d'ABIDJAN.

-141-
n'est pas possible de multiplier indéfiniment.
Leur niveau d'instruc~ion
est trop faible,pour leur permettre d'occuper un poste de cadre ou de
technicien,:mais à leur sens trop élevé pour postuler un emploi manuel,
raison pour laquelle ils abandonnent le cadre familial qui généralement
se trouve en milieu rural.
Enfin, il concerne aussi ceux qui ont reçu une bonne formation même
professionnelle, voire supérieure, mais qui ne trouvent pas de travail
parce que soit les possibilités d'emplois n'existent pas, soit les emplois
ne correspondent pas à leur aspiration.
On les appelle également les
"ch5meurs intellectuels" ou le "syndrome des dipl5rnes".
Ce syndrome,
étant en grande partie perpétué par des distorsions du marché du travail
qui font que le système d'enseignement est axé principalement sur les
besoins en main-d'oeuvre du secteur moderne, repose en fait sur la struc...
ture des traitements et des salaires, étroitement liée aux années de sco-
lari té dans l'enseignement classique et aux qualifications obtenues.
Le nombre des sous-employés marginaux ou d'attente est en augmenta-
tion continue du fait de la structure par âge de'la, population où les jeunes
représentent plus de la moitié de la population totale et aussi de l'ex-
pansion rapide de l'instruction depuis l'indépendance du pays.
Cette ten-
dance continuera à se dégrader à l'horizon 1990 comme nous allons le voir
ul térieurement.
Cette situation deviendra encore pius préoccupante dans
la mesure où parmi ces jeunes, on trouve qoui que leur nombre soit rela-
tivement faible, des jeunes filles ou femmes. En effet la modernisation
de l'économie et le changement d'attitudes à l'égard de l'instruction des
filles, ainsi que le développement de certains équipement collectifs tels
que les crèches, entratne et entratneront une croissance nette des jeunes
filles et femmes se lançant dans la vie active.
III. LE SOUS-EMPLOI STRUCTURAL
Corrune pour les autres sous-emplois que nous venons d'étudier, nous
allons tenter de le définir avant de présenter ses principalescaractéri-
stiques.

-142-
A. Définition
Le sous-emploi structural caractérise la situation des personnes
actives qui s'adonnent à des activités saisonnières, temporaires et dis-
continues; c'est-à-dire la situation",des personnes qui, d'une part pra-
tiquent des cultures vivrières et industrielles d'exportation, la pêche
et l'élevage artisanaux, ou se livrent dans les campagnes au petit com-
merce ou à l'artisanat traditionnel, et d'autre part sont sous-employées
en raison de la sous-utilisation des équipements ou du manque de biens
d'équipement pur et simple.
C'est donc un sous-emploi qui touche une grande majorité de la popu-
lation active ivoirienne, en particulier d'origine rurale.
B. Ses principales caractéristiques
Deux caractéristiques essentielles se dégagent de cette définitionë
du sous-emploi : un sous-emploi structural lié d'une part au cycle cli-
matique etau type de cultures pratiquées, et d' aU"::!re part à la sous-in-
dustrialisation du pays.
1. Les caractères structuraux liés au cycle clima'tique et au tyPe de
cul tures pratiquées
.
1
D'après Edgar RAYNAUD , "une des conséquences du caractère saison-
nier de l'activité agricole est l'apparition sur un fond général;de sous-
emploi, des pointes temporaires de suremploi relatif, de véritables gou-
lot~ d'étranglement de la force de travail, incitant le paysan à recourir
soi t à une main-d'oeuvre saisonnière, soit à l'entraide tradi tionnelle. ~
En effet, la répartition du temps de travail est subordonnée dans
les zones rurales à des cycles climatiques qui limitent l'utilisation de
la capacité brute de travail de la population ruraleo
L'organisation de
la production et du travail ne peut le faire varier que faiblement : le
sous-emploi a donc un caractère structural.
De plus} les cultures pratiquées, favorisent le-sous-emploi structuràl.
1 Edgar RAYNAUD, op. cit.
P. 123.

-143-
Aussi-, mêne en prenant en compte les associations de ces cultures
les plus couramment pratiquées (Café, cacao, coton, riz, igname, mars,
mil, etcs ) et leur importance respective, ainsi que les calendriers cul-
turaux (par exemple celui qui figure à la page 98) qu'en découlent, dans
les deux grandes régions écologiques de la CSte d'Ivoire (zone de savanes,
zone de for~ts), des seuils de blocage app·~.aissento
Ces seu.ils, Françoise BINET' les a chiffré à 230 jours de travail par
actif et par an en zone de for~ts et à 180 jours en zone de savanes.
Le dépassement de ces seuils signifie une pénurie de main-d'oeuvre
au moins pendant les périodes de pointe d'activité agricole.
Au-dessous,
on se trOl.c.-ve en situation de sous-emploi saisonnier.
Toutefois, il convient d'utiliser ces données moyennes avec prudence
d'autant plus que les temps d'activité réels varient selon le sexe, l'âge
et le status social.
Cependant, il faut souligner que d'autres activités compensat~ices
ou complémentaires viennent suppléer quelquefois l'absence continue de
travail~--Par exemple, -les chefs de village, rés 'notables, les chefs de
fam~lle,}~~giiots-, l~sguéris~euf.s-oU-fétich~~,so~t· ~olÜci~és pour
rendre la justice, ilÛ'ormer la popUlation, guérir des:malades ou chasser
le mal.
Ces activités demandent plus ou moins de temps en fonction de
l'importance de la population villageoise.
En outre, il existe des activités de construction ou de réparation
des cases et des geniers, d'entretien et de fabrication des matériels
nécessaires qui absorbent souvent un temps non négligeable.
Par exemple,
en zone de for~ts, les cultures, qu'elles soient vivrières ou industri-
elles d'exportation, se pratiquent en dehors des villages, souvent à
plusieurs dizaines de kilomètres.
Comme les moyens de transports modernes
manquent à cause de la faiblesse de revenus agricoles et que les pistes
ou les routes sont défectueuses, les paysans ont pris l'habitude de con-
struire sur les lieux des cultures des cases.
Or, 'le temps consacré à
la construction de ces cases, dont l'importance varie selon:'~enombre de
personnes dans la famille, des aides familiaux ou des manoeuvres,emplo-
yés,peut ~tre court ou long.
Nous ne pouvons le chiffrer par manque
de travaux sur la question.
Enfin,. il y a des travaux de transformation, de conservation et
de stockage des aliments destinés à l'autoconsommation.
Par exemple
l'igname, en pays de forêts, le maIs, le mil, le sorgho, en pays de
savanes.
1Françoise BINET, op. cit. p. 39.

-144-
. En résÜrnémalgré 'les activités principales ag:eicoles, des activités
dites non agricoles sont fort nombreuses.
C'est ainsi que d'après les
analyses du tableau nO 34
que nous venons de faire.
Ces activités non
agricoles représente 8,1% de l'ensemble des activités en milieu rural.
Il faut souligner que ce pourcentage très faible ne reflète pas la réali-
té car
selon le statut social (chef de village et ses notables)~ les
activités non agricoles demeurent importantes.
Toutefois, on peut constater que dans l'ensemble, les aspects struc-
turauxdes activités agricoles et non agricoles, eu égard aux caractères
saisonniers et discontinus, sous-tendent un sous-emploi important.
Mais le sous-emploi structural saisonnier présente d'autres carac-
téristiques, celles liées à la sous-industrialisation du pays.
2. Caractères structuraux liés à la sous-industrialisation du pays
Il est courant que dans les pays en voie de développement (PVD) ,
du capital, des usines, des machines, et des outil,lages demeurent oisifs
ou se trouvent sous-employés parce que le marché estimé s'avère étroit
par la suite ou les pièces détachées manquent ou encore demeurent non
rentablesi
Cette situation, très courante dans les pays en voie de dé-
veloppement, est liée au niveau de développement économique et industriel
de ces pays et au niveau très bas de la demande qui à son tour est liée
à la pauvrété des individus, empêchant ainsi l'économie de se développer
tant à la campagne qu'à la ville.
La eSte d'Ivoire ri'échappe pas à la règle.
Nous pouvons citer no-
tamment les exemples de sous-utilisation des équipements, de projets in-
dustriels grandioses quidemeurent par la suite non rentables, d'entrepri-
ses qui sont pendant des mois arrêtées parce que les pièces détachées
ou principales qui commandent la production manquent.
Parfois, les entre-
prises ne tournent plus au rendement normal, non pas parce qu'"elles man-
quent les techniciens qui doivent mettre en marche les outillages de pro~
duction ou qui doivent les réparer, font défaut.
La sous-utilisation des
équipements et donc le ,sous-emploi du personnel est alors liée aux pro-
blèmes de personnel qualifié.
Enfin un autre aspect de la sous-utilisation des~qU:ipements·et
que nous avons déjà signalé, est les effets pervers du Code des~nves-
tissements.
En effet, ce Code prodiguant des avantages fiscaux importants

-145-
aux entreprises qui se voient accorder un statut prioritaire et qui· .
peuvent dès lors importer leur matériel de production sous un régime de
d'exonération partielle ou totale des droits d'entrée, jouissant ainsi
d'une très grande protection réellê.
Or ces protections, non séulement
jouent contre l'utilisation de ces entreprises de matériel à fort coef-
ficient de main-d'oeuvre, mais encore les protègent contre la concur-
rence.
D'où une sous-utilisation de leurs équipements.
IV. LE SOUS-EMPLOI DEGUISE
A. Définition
Enfin, nous trouvons en CSte d'Ivoire une quatrième forme de sous-
emploi que nous appelons le sous-emploi déguisé.
Il caractérise la si tu-
ation des personnes qui en réalité ont un travail, mais dont la producti-
vité et les revenus tirés de leur travail sont' très faibles, voire nuls.
C'est ·le cas de deux catégories de travaillevxs que l'on rencontre
généralement en ville
d'une part la pléthore de personnel administra-
tif et d'autre part les travailleurs du secteur non structuré ou informel.
Quelles sont donc ces caractéristiques principales?
B. Les caractéristiques principales du sous-emploi déguisé
Le sous-emploi déguisé touche tout d'abord des secteurs d'activité
économique importants: l'Administration et le secteur linon structuré
ou informel Il qui se développ e rapidement.
Mais le sous-emploi présente
aussi un aspect difficilement mesurable.
1. La pléthore du personnel administratif et le surnombre
de travailleurs du secteur non structuré
a) La pléthore du personnel administratif
C'est une situation quasi générale dans la plupart des économies
sous-développées.
Comme nous venons de voir (localisation des zones de sous-emploi

-146-
en milieu urbain), l'Administration ivoirienne connait au niveau du
personnel deux c~~ces : celle d'un personnel qualifié qui manque et
celle d'une pléthore de personnel non qualifié.
Cette dernière est causê par deux facteurs
celui de la mauvaise
organisation des services administratifs liée soit au manque du person-
nel qualifié, soit au caractère archa!que des services; celui des modali-
tés de recrutement qui est basé sur des critères sociaux plutôt qu'éco-
nomiques (liens de parenté, cousinage, liens ethniques entre le recruteur
et le recruté).
Nous reviendrons sur ces aspects dans le chapitre con-
sacré aux causes de sous-emploi.
b) Le surnombre de travailleurs dans le secteur non structuré
Les caractéristiques propres de ce secteur font qu'il emploie du
personnel en surnombre.
En effet ce secteur se caractérise selon le
1
BIT
par :
--un accés facile des activités,
--un recours aux ressources locales,
--une propriété familiale des entreprises,
--une échelle restreinte des opérations,
--des techniques à forte intensité de main-d'oeuvre,
--une qualification souvent acquise en dehors du système SCOlaire,
-un marché échappant à tout réglement et ouvert à la concurrence.
C'est ainsi qu'en reprenant ici les résultats essentiels de
2
Françoise BlNET , résultats qu'elle a tirés des traitements effectués
3
par Pierre BARRIS
à partir des données du recensement des activités en
milieu urbain de 1976, nous avons une idée de la situation des emplois'
occupés dans le secteur non structuré ou informel de la Côte d'Ivoire:
emplois que nous aborderons ùltérieurement.
c:
.
BIT, op. "C1t., P.
2Françoise BINET, op. cit., P. 216.
3Pierre BARRIS, "Recensement des activités en milieu urbain 1976. Présen-
tation des résultats par grands secteurs économiques et par activités.'"
Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan, ABIDJAN 1976.
Ce recensement a été r€alisé
dans toütes les villes de plus de 10. 000
habi tants en 1975 et se :proposait un inventaire exhaustif de toutes les
activités sédentaires et non sédentaires, avec un questionnaire approfondi
pour les premières 70 variables et un dénombrement, plus léger pour les se-
condes.
Ainsi un grand nombre d'activités non sédentaires ayant échappé à
cette investigation, les données qui se rapportent â cette catégorie n'ont
p as été utilisées. Par conséquent le tableau ci-après résume seulement les
résul tats obtenus par les activités sédentaires c'esi-â::.<ih-ë ce qlie-l' àu;teur
"T"Ir.T"Ir..r'Jo."~
,~
.... __ ....... ,"'
.. ~ .......... __ ..
_ ... . ..:.1_
+-
.: .. .:
""- .., ..-,:----.:...."-.;...L __ .:...-..- . ..!_=--,,
"_.,- .. _:..- .,.
,

-147-
Bref, en deltors de quelques salariés, notarrnnent dans le secteur
1
que Pierre BARRIS
appelle de transition, la plupart des employés de
l'ensemble du secteur non structuré demeure sous-ernployés.
En effet, en prenant COmme critère le revenu ou la source des mo-
2
yens de subsistance, Françoise.BlNET
arrive à conclure comme nous venons
de le faire que "pour une large part des couches populaires, le secteur
informel constitue
l'unique moyen de subsistance. •• l'emploi salarié
étant rare, les ressources fondamentales nécessaires aux besoins du
ménage sont recherchées dans le secteur informel beaucoup plus élas-
tique.
De ce fait tout ou une partie' dès"r'essources des-iüi'ités' familiales
populaires se caractérise parI 'irr~gularité propre aux rémunérations
issues' des activités et celle-ci engendre 'I..:.nphénomène cumulatif des ac-
tivi tés informelles : en raison de leurs bas revenus mais aussi de l ' ir-
régularité qui empêche toute budg~tisation, ces ménages constituent la
clientèle de base de petit commerce de détail et des-activités de rue.
3
Par ailleurs, Pierre MlRAS
note que le sous&emploi provient d'un
refuge possible de certains salariés en cas d'échec dans le secteur mo-
derne ou d'une sorte de reconversion, c'est-à-dire une certaine possi~
bilité d'être son propore patr-on.
De l'enquête qu'il a menée dans le
secteur de la menuiserie en eSte d'Ivoire, il arrive à la conclusion que
de nombreux artisans de cette branche ont occupé auparavant des emplois
de salariés dans le secteur industriel avant de s'établir à leur compte;
mais que l'épargne réalisée n'est pas a l'origine de la création de l'ate-
lier, mais plutSt la préférence de vivre, même si le revenu tiré de leur
activi té artisanale actuelle qu'il gère suivant leur convenance demeure
aléatoire et souvent faible, à la place d'un affrontement du producti-
visme de l'industrie.
D' autres cri tères ont été développés pour montrer le caractère de
sous-emploi du secteur informel, notamment le critère migratoire ou de
4
l'exode rural que nous y reviendrons développé par Michael p. TODAR0 •
1 Pierre,BARRlS, P:ropositian par l'amélioration du système d'information
sur l,~ secteur informel.
ABIDJAN
1978
p. 86.
2Françoise BINET, op. ci t.
Po 241.
3Pierre MIRAS, "Recensement des activités de menuiseries dans le secteur
de transition en eSte d'Ivoire", Ministère de l'Economie, des Finances
et du Plan, ABIDJAN 1976.
4Michael p. TODARO, "L'exode rural en Afrique et ses rapports avec l'em-
ploi et les revenus", BIT
Génève
1963.

-148-
Pour lui, IItout migrant potentiel décide de se rendre ou non en ville
en se Fixant implicitement pour objectiF la maximisation du revenu qu'il
espère obtenir.
Pour ce Faire, deux Facteurs entrent en jeu pour le dé-
cider : d'une part la diFFérence de salaire réel entre la ville et la
campagne pour les diverses catégories de travail - leurs classes selon
leur qualiFication et leur instruction et d'autre part, le degré de
probabilité qu'a un migrant de trouver un emploi en ville. Il
En résumé, bien que le secteur non structuré ou inFormel se
développe rapidement et joue un rôle, important de transition entre le
secteur moderne et le secteur tradi tionnel, il renFerme beaucoup de
sous-emploi qui dans l'état actuel des choses est diFFicile à chiFFrer.
Ce qui nous amène à la deuxième caractéristique du sous-emploi déguisé.
2. La diFFiculté de mesure du sous-emploi déguisé
Comme nous venons de voir, le sous-emploi déguisé est diFFicile
à appréhender d'autant plus que les personnes qui travaillent aussi bien
dans l'Administration que dans le secteur non structuré, ne se considè-
rent pas en situation de sous-emploi.
Elles ont un travail et c'est
tout, même si les conditions de rémunération de travail ne sont pas
satisFaisanteso
Dès lors comment mesurer le sous-emploi?
Par le biais
de la Faiblesse des revenus, peut-~tre, comme nous venons de le voir.
Même dans ce cas des biais existe entre le niveau de revenu au-dessous
duquel on classera une personne en état de sous-emploi.
Par le biais
de la productivité, là aussi les diFFicultés tenant non seulement à la
notion mêne du terme, mais aussi à la production qui doit servir de me-
sure.
Comment peut-on mesurer la productivité dans l'Administration ou
dans le secteur non structuré1
Bref, on voit que le niveau de sous-emploi dans ces deux secteurs
demeure diFFicilement chiFFrable.
Néanmoins, il est très important par
rapport aux autres sous-emplois que nous venons de déFinir, mais après
le sous-emploi marginal ou d'attente.
CONCLUSION DE LA SECTION
Au terme de cette section, il apparaft que nous ayions au moins,
une vue d'ensemble des sous-emplois qui sévissent en C6te d'Ivoire.

-149-
Ces sous-emplois peuvent être classés en quatre groupes
chacun ayant
sa définition et ses caractéristiques propres.
L'intér~t d'une telle classification est d'identifier les causes
spécifiques à chaque sous-emploi que nous allons aborder dans le chapi-
tre prochain et d'indiquer les mesures susceptibles de les combattre.
Mais elle peut aussi permettre à ceux qui s 'y intéresseront de les
approfondir.
Ceci étant, quel est le niveau atteint par ces sous-emplois'?

-149bis-
CHAPITRE II - L'ESTIMATION DES SOUS-EMPLOIS
Ce
chapitre
aborde une autre partie des difficultés que nous avons
rencontrées dans l'approche de ce sujet: c'est-à-dire comment avoir
une idée de l'ampleur des sous-emplois qui existent en Côte d'Ivoire.
Or, nous savons que les sous-emplois existent aussi bien dans les cam-
pagnes que dans les villes, dans les secteurs traditionnels que dans les
secteurs modernes et qu'ils prendront de l'ampleur.
Mais nous n'avons
pas de données statistiques sur leur évolution.
Aussi pour estimer le niveau de ces sous-emplois entre 1960 et
1980, nous nous SOmmes servis, bien que connaissant leurs limites, les
statistiques officielles sur l'emploi et la population active ou plus
précisement sur la population d'âge actif (15-59 ans).
Notre démarche s'est faite donc en deux étapes:
--Tout d'abord, nous avons évalué les sous-emplois d'une manière
globale par comparaison entre la population d'âge actif (15-59
ans), et la population active occupée ou l'emploi total;
--Ensuite, nous avons essayé de répartir ce sous-emploi global
entre les différents sous-emplois que nous avons définis plus
haut à partir de quelques critères propres à chaque sous-emploi.
Toutefois, avant de procéder à cette estimation nous nous proposons
d'~alyser la population active occupée dans une première section.

-150-
Section 1 - LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE
Nous avons défini la population active occupée comme la partie
de la population d'âge actif qui travaille effectivement: c'est-à-dire
qui a un emploi.
L'économie ivoirienne est de type dualiste.
Elle comporte un sec-
teur moderne de type capitaliste concentré essentiellement dans les
villes et un secteur traditionnel qui regroupe l'ensemble des activités
agricoles rurales.
Entre ces deux secteurs se développe depuis quelques
années, tout au moins depuis que l'on s'y intéresse, un secteur dit non
structuré ou informel.
Nous allons donc faire en quelque sorte le bilan de l'emploi dans
ces trois secteurs en tentant de faire ressortir, autant que faire ce
peut, les principales caractéristiques de l'emploi.
Une synthèse sera
recherchée en vue de permettre l'estimation du sous-emploi gloabal.
I. L'EMPLOI DANS LE SECTEUR MODERNE
Le secteur moderne c0mprend tel que nous av~ns défini (voir chapi-
tre 1 de la première partie de notre travail) toutes les entreprises
modernes de type occidental, qu'elles soient publiques ou privées.
Les caractéristiques essentielles qui peuvent permettre de le dif-
férencier du secteur traditionnel et informel reposent d'après Louis
1
ROUSSEL
sur la technique à haut rendement, la gestion plus ou moins
ri~()_ureus~etle respect des contraiùtes imposées par l' autori té publique
en matière de législation de travail.
La première caractéristique étant
difficile à évaluer.
Ce sont les deux dernières, de surcroît liées, qui
constituent la frontière entre le secteur moderne et le secteur tradi-
tionnel ..
Sont donc considérées comme appartenant au secteur moderne, les
entreprises qui sont enregistrées à la Centrale des Bilans, c'est-à-dire
tenant une comptabilité normale ou simpliFiée conforme au Plan Comptable
ivoirien.
De plus le secteur moderne regroupe la division classique des
secteurs d'activité économique: primaire, secondaire et tertiaire.
- - - - - - - - - - -
1Louis ROUSSEL, "CSte d'Ivoire 1965 - Emploi", Hinistère du Plan,
Société d'Etudes pour le Développement Economique et Social (SEDES),
ABIDJAN 1968.

-151-
Aussi, tout en interprétant avec prudence les données' figurant dans
la Centrale des bilans, nous allons essayer, dans le mesure où les
données disponibles permettent, d'étudier, pour chqque secteur, l'éva~
luation des effectifs, les niveaux de qualification de la main-d'oeuvre.
A. L'emploi dans le secteur primaire
Le secteur primaire regroupe d'après la comptabilité nationale
l'agriculture d'exportation, les industries de bois, d'élevage et de
pêche.
En 1975, la valeur ajoutée de ce secteur a été estimée à 29,4
milliards de francs CFA,soit 13% de l'ensemble du secteur moderne.
Ce secteur est composé d'entreprises privées (exploitations fo~
restières, pêches et productions fruitières
essentiellement) qui re-
groupent environ 40% de la main-d'oeuvre et de socitétés d'Etat (SODEPALM~
SODESUCRE, SATMACI, SODEFEL, CIDT, SODEPRA••• ) pour les branches agricul-
teurs et élevage.
1. L'évolutïon des effectifs
TABLEAU N°
39
EVOLUTION DES EMPLOIS DU SECTEUR PRIMAIRE MODERNE
(en milliers de travailleurs)
i
1980
'1
Lê~~!!2HES
1965
1970
1975
,
;
-------------------------- fo----.- -'----------1------- '1
AGRICULTURE ET ELEVAGE
25
35
40
50
j
i
1
Taux moyen de croissance annuel
-- +7,0 +2,7 ~,6 i
~----------------------------------------- ----
---------------,i
1 EXPLOITATION
FORESTIERE
17
18
20
18
1
1
1
Taux moyen de croissance annuel
+1,1
+2,1
--
-2,1
!
~------
--------------------------_. ---
----1--------'
PECHE
2
3
4
3
Taux moyen de croissance annuel
- +8,4 +5,9 -5,6
- - - - -
- - - - - - -
--------r-'
--~-----------
TOTAL
44
56
64
71
Taux moyen de croissance annuel
--
+4,9
+2,7
+2,1
1
SOURCE
Françoise BINET, op. cit. p. 167.

-152-
Il appara!t dans le tableau ci-dessus que dans l'ensemble, le
secteur primaire a connu une progression regulière des effectifs entre
1965 et 1980, avec une croissance plus élevée entre 1965 et 1970.
Cette'
progression générale est due à la branche agriculture et élevage qui a
vu son effectif doublé durant la période, passant ainsi de 25.000 per-
sonnes en 1965 à 50.000 en 1980.
Par contre les deux autres branches
qui composent ce secteur, c'est-à-dire: l'exploitation forestière et
la pêche ont dû licencier du personnel entre 1975 et 1980, cela sans
doute à cause des problèmes que connaît la forêt ivoirienne manque
d'espèces de bois rares demandés par le marché mondial tels que l'aca-
jou, l'ébène.
En ce qui concerne la pêche, les problèmes sont liés à
la concurrence des prix pratiqués par les importations de poissons.
2~ i,ë niveau de qualification et l'ivoirisation dans le secteur
,primaire' moderne'
Après l'analyse de l'évolution des effectifs, voyons comment ceux-
ci se répartissent suivant les catégories socio-professionnelles et la
nationali té.
En effet les données relatives à la répartition qui figurent dans
le tableau nO 40 ci-après, ne
courant pas tout le secteur primaire.
ETles ne concernent que le "secteur privé et semi-public ll , soit 40%
de la main-d'oeuvre de l'ensemble.
C'est une répartition qui provient
d'une enquête réalisée en 1979 par le Ministère de l'Enseignement Tech-
.
.
1
nique et de la Format1on Profess1onnelle.
Ce tableau montre que les ivoiriens ne constituent que 41% de la
population active occupée enquêtée.
Ils sont proportionnellement nom-
breux dans les emplois qualifiés (80,6%) et les emplois de maitrise (80,8%),
alors que les africains non-ivoiriens qui occupent 57,7'1, de la main-.
d'oeuvre enquêtée, sont pour la grande partie (65,4%) ouvriers non qua-
lifiés.
Les non-africains, peu nombreux (1,2%) de la main-d'oeuvre,
occupent les emplois du sommet de la hiérarchie : 62,8% dans la direc-
tion et 45,2% des cadres supérieurs.
1Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle,
ilLe secteur privé et semi-public en CSte d'Ivoire ll , 1979, Volume 1,
Tableau statistiques, Première partie.

-153-
En conclusion, on peut dire que d'une part l'ivoirisation de la
main-d'oeuvre est loin d'être satisfaisante en dépit de la politique
mise en oeuvre et d'autre part le secteur doit faire un grand effort
de modernisation si l'on en juge par sa valeur ajoutée (13% de l'ensemble
du secteur moderne).
Cependant, on peut-être un peu plus optimiste à l'hor.izon 1985
car les projections du'Ministère du Plan prévoient des créations d'em-
plois de l'ordre de 5.000 postes entre 1980 et 1985, notamment dans les
branches de l'agriculture et de l'élevage.
Par contre la chute amorcée
dans la branche de l'exploitation forestière se poursuivra à cause des
problèmes que nous avons évoqués.
Au total le nombre d'emplois passera
de 71 ~ 000 travailleurs en 1980 à 76.000 en 1985.
TABLEAU N° 40
REPARTITION DES EFFECTIFS DU SECTEUR PRIMAIRE
MODERNE DU SECTEUR PRIVE ET SEMI-PUBLIC EN 1978
te-S.P.nl-EFF~~~~;~ENS% AFRICAINS NON NON AFRICAINS
TOTAL
IVOIRIENS
EFFECTIFS
-'
%
EFFECTIFS
%
EFFECTIFS
% -~
~irection
32
34,0
3
3,2
5~F
62,8
94
100,0
ad. Sup.
171
50,1-
1 5
' "-4;4
.... ; .
-154
45,2
341
100,0
ad. Moy.
205
64,7
13
3,8
99
29,0
317
100,0
Mai trise
473
80,8
95
16,0
19
3,2
591
100,0
~p;Q<jal.
2.437
80,6
577
19,0
1
-
3.022
100,0
p. Non-)
8.198
34,5
11.538
65,4
1
-- 23.776 100,0
ualifiés)
~pprentis
26
61,9
16
38,1
-
--
42
100,0
fOTAL
11.542
41,0
16.257
57,7
333
1,2
28.183
100,0
SOURCE : 'Françoise BINET, op. ci t. p. 1 69.
(C.S.P.) Catégories socio-professionnelles
B. L'emploi dans lè-sêctèur--secondaire moderne
Il comprend le total des industries et la branche des Bâtiments
et Travaux publics.
Ce secteur a fait l'objet de nombreuses études et
est suivi plus ou moins regulièrement par l'Office de la Main-d'oeuvre
de la CSte d'Ivoire (OMOCI), les Services du Ministère de l'Economie et
des Finances (Centrale des Bilans), la Chambre d'Industrie qui établit
des statistiques annuelles à partir d'un questionnaire envoyé à ses
adhérents, c'est-à-dire aux entreprises dont le Chiffre d'affaires annuel

-154-
est supérieur à 12 millions de francs CFA et enfin par l'Office National
de la Formation Professionnelle (ONFP) qui réalise de temps en temps des
enquêtes Main-d'oeuvre dans ce secteur (la dernière date de 1979).
Mais comme c'est souvent le cas, lorsqu'il y a pluralité d'infor-
mations sur un même sujet, il y a souvent divergence de résultats.
C'est ainsi que les données relatives à ces différentes sources ne re-
coupent pas toujours sur l'emploi.
Plusieurs raisons sont à l'origine
de ces divergences.
Citons par exemple, les champs couverts qui ne sont
pas identiques, les périodes de référence variables, les retards dans la
diffusion des données•• oo
Aussi, avons-nous choisi pour-notre brève analyse de ce secteur
les données de la Chambre d'Industries de la Côte d'Ivoire, qui nous ont
semblé plus cohérentes.
Voici donc à travers ces données, l'évolution des effectifs de ce
secteur ainsi que leurs principales caractéristiques o
Cependant quelques remarques méthodologiques préalables nous ont
paru nécessaires.
1
Rèmarquës méthodologiques
0
Il s'agit essentiellement des regoupements des données.
En effet,
le secteur secondaire comporte d'après la nomenclature de la Comptabilité
Nationale ivoirienne, 19 branches d'activités : 1~ pour l'industrie numé-
rotées de 05 à 22 et 1 pour le Bâtiment et Trava~ Publicso
Voici le
détail de ces branches et leur numérotation.
CODE
INTITULE DE LA BRANCHE
05
Extraction de minerais et minéraux
06
Travail des grains et farines
07
Industries de conservation et de préparation alimentaires
08
Fabrication de boisson et glace alimentaires
09
Industries des corps gras alimentaires
10
Autres industries alimentaires & tabac
11
Industries des textiles et de l'habillement
12
Industries de cuir et des articles chaussant
13
Industries du bois
14
Raffinage du pétrole et fabrication de dérivés
15
Industries chimiques
16
Industries du caoutchouc
17
Fabrication de matériaux de construction
18
Sidérurgie et première transformation des métaux
19
Construction et réparation de matériel de transport
20
Autres industries mécaniques et électriques
21
Industries diverses'~
22
Energie électrique - Eau
+
Bâtiments, Travaux Publics

-155-
Mais pour rendre notre analyse plus commode et moins fastidieux
quant à sa compréhension, nous avons cherché à regrouper ces 19 branches
en 9 branches
NOUVEAU CODE
INTITULE DE BRANCHE
REGROUPEMENT DE L'ANCIEN CODE
01
Extraction de minerais
05
et minéraux
02
Industries agro-alimen-
06,07,08,09,10
taires & tabac
03
Textiles, habillement,
11 ,12
cuir, chaussures
04
Industries bois
13
05
Pétrole, chimie, caout-
14,15,16
chouc
06
Industries mécaniques èt
1 7,1 8,19,20
électriques
07
Industries diverses
21
08
Energie électrique--Eau
22
i,1
09
Bâtiments, Travaux
+
1
Publics
q
2. Li êvoiûÜon d.es e'ffecti{s' et ses principales caraetéristiques
,
Notre analyse portera sur quelques principales caractéristiques
notamment sur le niveau global de la main-d'oeuvre, "l'ivoirisation"
du personnel, les répartitions de cette main-d'oeuvre par région, par
taille et par qualification.
TABLEAU N° 41
EVOLUTION DE LA MAIN-D'OEUVRE GLOBA.L PAR GRANDES
BRANCHES D'ACTIVITE
BRANCHES
1965
1975
1980
1982
.'
ËFFECTIFS
%- EFFECTIFS-- % EFFECTIFS
%
EFFEënFS-%--
1------
---:-----f--~1---
-------
01
1.100
2,2
352
0,4
-
-
242
0,2
02
5~000
10,1
14.729
17,9
24.933
20,5
25.557
21,4
03
3.300
6,7
9.936
12,1
13.. 561
11,2
12.725
10,7'
04
7.000
14,1
13.050
15,9
11 ~ 830
9,7
9.653
8,1
05
2.100
4,2
4.335
5,4
5.918
4,9
6.122
5,1
06
3.610
7,3
5.712
7,0
8.370
6,9
6.832
5,7
07
450
0,9
1.617
2,0
2.560
2,1
2.204
1,8
08
1.640
3,3
3.031
5,7
4.201
3,5
5.024
4,2
09
25.400
51,2
29.360
35,8
50.000
41,2
51.100
42,8
TOTAL
49.600 ~OO,O
82.122
100,0
121.373
00,0
119.459
00,0
T.C.A.
-
+5,2
+8,6
-G,8
SOURCE: Chambre d'Industrie de la CSte d'Ivoire
(T.C.A.) Taux de Croissance Annuel

-156-
A travers le tablean n~ 41
ci-dessus nous pouvons constater
une diminution de la croissance des effectifs employés dans le sec-
teur secondaire durant la période 1980-1982 (-0,8% par an en moyenne)
par rapport aux quinze dernières am1ées (+6,1%).
·En effet, pendant les deux décennies qui ont suivi l'indépen-
dance (1960-1980), le processus d'industrialisation rapide qu'a connu
l'économie ivoirienne a permis de créer relativement plus d'emplois,
notamment dans la branche : Bâtiments, Travaux Publics qui totalise
à elle seule le double des effectifs.
Ce processus fondé sur la
valorisation des produits agricoles et la substitution d'importation
de produits manufacturés de grande consommation a été appuyé par une
politique d'incitation visant à susciter l'initiative privée et à
drainer les capitaux et les'compétences nécessaires.
Or, depuis quelques années, le ralentissement des activités
économiques mondiales, la relative faiblesse du marché intérieur, les
sérieuses concurrences rencontrées sur le marché international des
produits exportés, n'ont pas été favorables à la croissance industriel-
le et par conséquent à l'emploi.
Cependant cette baisse générale des activités et des emplois a
épargné quelques branchesdënt -les effectifs ori'fiout: dem-ême augmenté
- ..
.
-
.,..
.
--- "-- -._.
-
-- - .
industries agro-alimentaires--tabac (+1,2%), le pétrole, chimie et le
caoutchouc (+1,7/0), l'energie électrique - eau- (+9,4%) et les bâtiments;
travaux publics (+1,1%). De plus, l'e~tr~ction ~e minérais et de mi-
néraux qui a été abandonée, s'est redémarrée avec la création de 242
emplois.
Eni conclusion, les perspectives d'avenir ne laissent pas augu-
rer un optimisme en matière d'emplois, bien que certaines branches
ont su et pu résister à la crise.
a) L'ivoirisation du personnel
Les données figurant au tableau nO 42 ci-après
ne comprennent
pas les effectifs de la branche : Bâtiments, Travaux Publics.
Elles
représentent 61% de la main-d'oeuvre totale en 1970, 64% en 1975,
59% en 1980 et 57% en 1982.
Par conséquent, elles peuvent avoir une
valeur très indicative.

-157-
En effet, on y observe que dans l'ensemble, les ivoiriens qui
occupaient 61,4% des effectifs en 1970, détiennent les trois quarts
en 1982, alors que les africains non ivoiriens voient leur nombre
passé de 34,3% en 1970 à 22,2% en 1982 et les non-africains de 4,3%
à 2,8%.
Cependant on peut aussi remarquer que la tendance à la baisse
de la main-d'oeuvre totale observée· entre 1980 et 1982 frappe plus
les ivoiriens et les non africains tandis que curieusement le pour-
centage des africains non ivoiriens progresse.
Par grande branche, les ivoiriens représente .en 1982 plus de
90% dans
"l'~xtraction de minérais et de minéraux.
Les industries
du textile, habillement, cuir, chaussures et l'energie électrique-
eau et plus de 75% dans (05) pétrole, Chimie, caoutchouc, (06) in-
dustries mécaniques et électriques et (07) industries diverses.
En
revanche, c'est dans les branches: (02) industries agro-alimentaires
et tabac et particulièrement dans (04) industries du bois que les
ivoiriens sont les moins nombreux, respectivement
30ù et 39%.
Quant aux non-africains, bien que leur nombre soit très faible
(2,8% en 1982), ils occupent néanmoins les postes aU sommet de la
hiérarchi tel que le tableau nO 43 par catégorie socio-professionnelle
laisse apparattre.
b) La répartition du personnel par catégorie socio-professionnelle
Les statistiques de la Chambre d'Industrie de la Côte d'Ivoire
ne donnent pas la répartition des salariés par catégories socio-pro-
fessionnelles.
Aussi, avons-nous utilisé pour cette analyse, les
informations issues de l'enqu€te
Main-d'oeuvre de 1979 effectuée par
le Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Profes-
sionnelle.
Ces informations indiquent que les postes d'encadrement (direc-
tion, cadres moyens et supérieurs et maîtrise) constituent 9% des em-
plois en 1979.
Parmi ces emplois, les ivoiriens qui représentent plus
de 70% des travailleurs du secteur secondaire, occupent 60% de ces
postes d'encadrement et ils sont surtout nombreux aux postes de maîtri-
se.
Mais les hauts postes (Directions et Cadres Supérieurs) sont en-
core détenus à 62% par des non-africains qui, pourtant ne représentent
que 2,9% du personnel total.
Les africains non ivoiriens constituent

-158-
TABLEAU N° 42
IVOIRISATION DU PERS01~L EN POURCENTAGE
BRANCHES
NATIONALITES
~
--
04--
01
02
03
~;~6
07
08
~~I
1-------
-- -
---f-----,
IVOIRIENS 1970
80,7
48,2
86,3
44,4
64,9
60,7
76,2
82,8
61,4
1975
83,5
58,6
90,4
43,0 '72,2
68,7
79,4
84,5
65,2
1980
'?
69,2
92,7
60,0
72,2
74,3
82~3
91,8
75,4
1982
92,6
67,4
92,3
59,0
79,2
74,2
80,9
92,7
74,9
f------
---
-
--- -
----- -----
AUTRES
1970
13,3
48,2
10,1
52,8
28,4
33,2
18,0
8,7
34,3
AFRICAINS 1975
4,3
38,3
6,7
54,4
22,9
25,6
15,6
10,3
31,2
1980
?
27,5
5,2
37,2
18,3
20,8
13,7
5,5
21,5
1982
2~4
30,1
5,7
39,0
16,4
20,7
14,2
5,6
22,2
- - - -
--
- f--..
----
NON
1970
6,0
3,6
3,3
2,8
6,7
6,1
5,7
8,6
4,3
AFRICAINS 1975
12,2
3,2
2,9
2,6
4,9
5,7
4,9
5,1
3,6
1980
'?
2,9
2,1
2,8
4,5
4,8
4,0
2,7
3,1
1982
5,0
2,5
2,1
2,0
4,4
5,1
4,9
1,8
2,8
SOURCE
Chambre d'Industrie de la Côte d'Ivoire
TABLEAU N° 43
REPARTITION DES SALARIES PAR CATEGORIE SOCIO-
PROFESSIONNELLE
C.S.p.
IVOIRIENS
i~f~XINS
NON AFRICAINS
ENSEMBLE
EFFECTIFS
%
EFFËëTIFS'
%
EFFECTIFS
%
ËFFËffiFsî oj.-
-------
--
-----------
Direction
128
19,8
20
3,1
498
77,1
646
100
Cad. Supo
,.160
37,4
75
2,4
1.813
58,4
3.103
100
Cad. Moy.
989
52,5
131
7,0
752
39,9
1.883
100
Martrise
4 360
0
77,0
753
13,3
515
9,1
5.659
100
Emp. Qual.
13.793
79,7
3.348
19,3
37
0,2
17.309
100
Emp. Non-)
67.423
71 ,5
26.614
28,2
11
-
94.296
100
Qualifiés)
Apprentis
270
90,3
27
9,0
2
-
299
100
1
i
TOTAL
88.126
71 ,5
30.969
25,1
3.628
2,9
123 199
100
0
SOURCE
Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation
. Professionnelle.
Secteur privé et semi-public en Côte d'Ivoire
1979 - Main-d'oeuvre salariée.
(C.S.p.) Catégories socio-professionnelles

-159-
le quart de la main-d'oeuvre et occupent en majorité 86% des em-
plois non qualifiés.
En résumé, si l'ivoirisation du personnel a été effective entre
1970 et 1982 aussi bien sur l'ensemble du secteur que par branches
(par comparaison de l'évolution des effectifs des tableaux nO 42 et
nO 4~ ), elle se situe en revanche au niveau qualification dans le
milieu de la hiérarchie.
Qu'en est-il de la concentration des emplois par région et taille
d'entreprises.
c} Concentration des emplois
Au niveau géographique, on peut remarquer que (voir Tableau
N° 44 ) la ville d'ABIDJAN et sa banlieue détiennent plus de la moitié
des emplois en 1982 (51,3%).
La ville de BOUAKE, c'est-à-dire la
deuxième ville de la Côte d'Ivoire n'en détient que 10,5%, le reste
du pays 38,2%.
Par taille d'entreprises (voir Tableau N° 45 et Graphique N° 8),
on observe que, sur les 727 entreprises repertoriées par la Chambre
d'Indùstrie en 1982, 86,4% des entreprises emploient moins de 100
salariés, soit 31,5% du total des emplois.
Celles qui emploient plus
de 500 salariés ne sont qu'au nombre de 23 : elles totalisent par
contre 44,6% de l'ensemble du personnel c'est-à-dire 30.488 travailleurs.
La plupart de ces 23 entreprises appartiennent aux branches : (02)
Industries agro-alimentaires, (03) Industries du textile, de l'habille-
ment, de cuir, des chaussures et (08) Energie électrique--Eau.
En résumé, si le Plan pour la Quinquennie 1981-1985 élaboré en
1980 avait prévu un rythme de création d'emplois dans le secteur secon-
daire (+ 18.600 emplois entre 1980 et 1985) à cause de la valorisation
accrue des produits agro-alimentaires avant exportations et du dévelop-
pement des activités d'import-substitution, on peut déjà souligner
qu'une partie des objectifs du plan n'est pas .du tout· -a1;teinte.
En
effet, on assiste depuis 1980 à un ralentissement des activités et donc
des emplois (- 0,8% entre 1980 et 1982).
Et comme l'avenir à court et
moyen termes ne laisse augurer des perspectives prometteuses, on voit
mal dans quelles conditions le secteur secondaire créerait plus d'em-
plois.
Il en est de même pour les progrès réalisés en matière d'ivoiri-

-160-
GRAPHIQUE N° 8'
COURBE DE CONCENTRATION DU NOMBRE
DE TRAVAILLEURS PAR ENTREPRISES
% CIDruLE
DU
NOMBRE
D'ENTREPRISES
100%
50%
..,
i"-
~Üi:·c-::-
,.,
21%
i
>
:'c -.:-:'
U::
.-:Cc:
i~;:f-'i.,':T~f--
o
:C:?
;:::'
" -
50%
95%
100%
%CUMULE DU NOMBRE
DE TRAVAILLEuRs

-161-
TABLEAU N° 44
REPARTITION GEOGRAPHIQUE DE LA MAIN-Dl'OEUVRE
DU SECTEUR SECONDAIRE MODERNE EN 1982
BRANCHES
ABIDJAN
BOUAKE
RESTE DU PAYS
TOTAL
--
-
- -
---
01
242
0
0
242
02
9.418
2.052
140 0 87
25.557
03
'5.213
4.564
2.248
12.725
04
2.510
193
6.950
9.653
05
5.576
9
537
6.122
06
6.804
16
12
6.832
07
2.146
58
0
2.204
08
3.216
301
1.507
5.024
'-----
-
--
- -
TOTAL
35.125
7.193
26.041
68.359
% DU TOTAL
51,4
10,5
38,1
100,0
SOURCE
Chambre d'Industrie de la Côte d'Ivoire.
TABLEAU N° 45
REPARTITION DES SALARIES DU SECTEUR SECONDAIRE
MODERNE PAR. TAILLE D'ENTREPRISE EN 1982
TRANCHE
NOKBRE D'ENTREPRISES
NOMBRE DE SALARIES
--
- - - - - .
NOMBRE DE SALARIES
NOMBRE
%
NOMBRE
_%
--
Moins de 100 salariés
628
86,4
21.521
31,5
100
à - 250' 'salariés
54
7,5
8.760
12,8
_.
..
250
à - 500 salariés
22
3,0
70585
11 ,1
500
à -1000 salariés
14
1,9
10.168
14,8
1000 à -2500 salariés
6
0,8
8.726
12,8
2500 à -6000 salariés
3
0,4
11.599
17,0
TOTAL
727
100,0
68.359
100,0
SOURCE
Chambre d'Industrie de la Côte d'Ivoire.

-162-
sation du personnel.
Bref, nous allons y revenir dans la dernière partie de notre
étude.
Voyons à présent, l'évolution de l'emploi dans le secteur
tertiare de l'économie moderne.
C. L'emploi dans le secteur tertiaire moderne
Si l'emploi dans le-secteur secondaire peut ~tre plus ou moins
suivi dans le temps, il n'est de même dans le secteur tertiaire où
il est fort .mal Connu et impossible de constituer des séries chrono-
logiques cohérentes.
En effet ce secteur comprend une multitude de
petites entreprises, employant chacuae un faible nombre de salariés
difficilement repertoriables.
De plus, aucun contr$le légal n'est à
proprement parler fait pour les astreindre à un minimum de déclarations.
Par conséquent, mis à part l'Administration publique et quelques grands
établissements (Banques, grands commerces, la Société de Transports
Abidjanais (SOTRA), la Régie de Chemin de Fer ABIDJAN-NIGER (RAN) ••• )
le volume de l'emploi dans le secteur tertiaire reste difficile à cer-
ner.
Aussi pour notre brève analyse, nous nous sommes contentés d'u-
tiliser les données contenues dans l'étude de Françoise BINET'.
Nous
aborderons donc successivement l'évolution de la Main-d'oeuvre totale~
le niveau de qualification et l'ivoirisation du personnel.
Nous con-
cluerons sur les perspectives à moyen terme.
Soulignonspourcommencer que l'on peut distinguer sept branches
d' activi té :
--Transports et communications
--Services
--Commerce
--Institutions financières
--Instituts de recherche
--Administrations privées
--Administrations publiques
, Françoise BINET, op. ci t., PP. 189-197.

-163-
1. L'évolution àes effectifs
Le tableau n046
ci-àessous distingue seulement deux branches :
l'Administration publique et le reste du tertiaire contrairement à la
nomenclature en sept branches que nous venons d'évoquer...
Il n'a pas
été possible à l'auteur de mieux répartir le volume de l'emploi.
On y observe tout de même que l'Administration détient plus du
tiers de total des emplois
dans ce secteur, où ietaux moyen de crois-
sance annuel a été particulièrement plus élevé entre 1970 et 1975
(+8,6% pour l'Administration publique, +12,7% pour le reste du secteur
tertiaire et +11,3% pour le total du secteur).
Bref, le nombre des
emplois a été multiplié par 3 entre 1965 et 1980.
Cette croissance importante des emplois est due à la modifica-
tion intervenue dans le découpage administratif du territoire (créa-
tion de département et de sous-préfectures) qui a conduit non seule-
ment à une augmentation du personnel de la fonction publique, mais
aussi à l'implantation d'activités tertiaires dans les nouveaux chefs
lieux.
TABLEAU N°
46
EVOLUTION DE LA MAIN-D'OEUVRE DU SECTEUR TERTIAIRE
MODERNE
!1
BRANCHES
1965
1970
1975
198
1985
ADMINISTRATION PUBLIQUE
34000
45000
68000
92700 118000
\\
% du total
38,6
36,7
32,5
33,5
33,6
Taux moyen de croissance
-
+ 5,8
+ 8,6
+ 6,2
annuel
RESTE DU TERTIAIRE
54000
77600 141000 183000 233000
... - ~
% du total.
61,4
63,3
67,5
66,5
66,4
Taux moyen de croissance
+ -
+ 7,5
+12,7
+ 5,4
annuel
TOTAL
88000 122600 209000 275700 351000
~aux moyen de croissance
- + 6,9 +11,3 + 5,6
annuel
-- _. -
SOURCE: 'Etude de François,e' BINET, P. 191.

-164-
2. Les niveaux de qualification et l'ivoirisation du personnel
tertiaire
Les données du tableau nO 47 ci-après portent seulement sur le
tertiaire privé et semi-public.
Elles sont issues d'une enquête
main-d'oeuvre effectuée en 1979 que nous avons déjà signalée.
Elles
ne couvrent donc ni l'Administration publique, ni le personnel domes-
tique.
Les ivoiriens détiennent 69,1% de l'ensemble du personnel en-
quêté.
Parmi eux, 63% seulement occupent des postes d'encadrement
qui constituent 24% des emplois.
Cependant aux postes de direction,
ce sont les non africains qui demeurent les plus nombreux et avec les
autres africains, ils occupent plus de la moitié des postes des cadres
supérieurs.
TABLEAU N° 47
EFFECTIFS DES SALARIES DU SECTEUR TERTIAIRE MODERNE
PRIVE ET SEMI-PUBLIC PAR CATEGORIE SOCIO-PROFESSION-
NELLE ET PAR NATIONALITE EN 1979
1
AUTRES
C.S.p.
IVOIRIENS
NON AFRICAINS
ENSEMBLE
AFRICAINS
EFFECTIFS
%
EFFECTIFS
%
EFFECTIFS
%
EFFECTIFS
%
Direction
977
38,2
171
6,7
1.411
55,1
2.559
100
Cad. Sup.
2.689
47,1
441
7,7
2.577 45,2
5.707
100
Cad. Moy.
2.810
61,5
912
'10,0
844
18,5
4.566
100
Maîtrise
7.519
79,6
1.205
12,8
719
7,6
9.443
100
Ernp. Qual.
17.905
87,8
2.377
11,7
104
0,5
20.386
100
Ernp. Non-)
32. 504
64,3
18.033
35,6
52
0,1
50.589
100
Qualifiés)
Apprentis
81
77,1
23
21,9
1
1,0
105
100
TOTAL
64.485
69,1
23.162
24,8
5.708
6,1
93.355
100
SOURCE: Françoise BINET, op. cit., p. 193.
Les africains non ivoiriens constituent le quart de la main-d'oeu-
vre, la majorité d'entre-eux sont des employés non qualifiés.
Néanmoins,
ils détiennent une part non négligeable (20%) des postes de cadres moyens.
En résumé, disons que la situation de l'ivoirisation des postes de
travail est à peu près identique à celle rencontrée dans les deux autres
secteurs (secondaire et primaire).
Même dans l'Administration publique,
1
.
C.S.P. = Catégories socio-professionnelles

-165-
l'ivoirisation ne dépasse pas les 90%.
De plus, tout comme pour le secteur secondaire et primaire,
le Plan quinquennal (1981-1985) a prévu une croissance optimiste
de l'emploi dans le secteur tertiaire de l'ordre de 75.300 emplois
nouveaux entre 1980 et 1985 (voir le Tableau N° 48 ci-après).
Le
taux moyen de croissance annuel de la période serait de 5,0%.
On peut également y obse!'ver que les trois quarts de ces em-
plois devraient ~tre créés dans l'Administration publique (34,5%),
les Transports et communications (22,3%) et le Personnel domestique
(18,9%).
Le Commerce, les Institutions financières, les Administra-
tions privées ne créeront que très peu d'emplois.
Daris tous les cas, nous estimons que cette prévision est trop
optimiste.
En effet, si peut-être les sorties prévues du système de
formation connattront une situation favorable eu égard aux efforts
mis en oeuvre, l'endettement du pays, la détérioration des termes de
l'échange pour le café et le cacao, principaux povrvoyeurs de devises
du pays, et le ralentissement des activités nationales et internatio-
nales que nov.$· évoquions déjà, laissent augurer à moyen terme un ave-
nir plut8t pessimiste.
Le pays serait contraint d'adopter une p0i.i-
tique d' austeri té dans ses finances publiques qui s'appliqueront en
premier lieu au budget de fonctionnement de l'Etat.
Par conséquent,
nous assisterons plut8t à une croissance très modérée de l'emploi et
à un ~éveloppement du sous-emploi.
TABLEAU N° 48
PERSPECTIVES D'EVOLUTION A MOYEN TERME DE L'EMPLOI
DANS LE SECTEUR TERTIAIRE MODERNE
..
TAUX MOYEN
ECART
BRANCHES
DE CROISSANCE
1980
1985
ABSOLU
%
-
ANNUEL
Transports & communications
65800
82600
+16800
22,3
+ 4,7
Services
.1g100 .. 16200. + 4100
5,4
J+ 6,0
..
Commerce
3_8000
. .
47800. + 9800
13,0
+ 4,7
Institutions financières
4400
5400
+ 1000
1,3
+ 4,2
Personnel domestique
51300
65500
+14200
18,9
+ 5,0
Instituts de recherche
.. 48QO
6200
+ 1400
1,9
+ 5,1
Administration privée
.... 7300 . 9300
+ 2000
2,7
+ 5,0
Administration publique
92700 :118000
+26000
34~5
+ 5,1
,
TOTAL
275700 351000
+75300 100,0
+ 5,0
SOURCE
Projet de plan de développement économique, social et culturel
1981-1985
Tome II
Planification sectorielle
Volume 2.

-166-
-
II. L'EMPLOI DANS LE SECTEUR TRADITIONNEL
Après l'analyse du secteur moderne qui représente une part
relativement moins importante au niveau de l'emploi, mais dont les
statistiques sont plus ou moins cohérentes, examinons à présent l'em-
ploi dans le secteur traditionnel.
Il se compose de deux sous-secteurs, un sous-secteur rural et
un sous-secteur informel ou non structuré.
A., L'emploi dans le secteur traditionnel rural
La eSte d'Ivoire est un pays agricole où plus de 7~~ des actifs
s'adonnent encore à des activités agricoles, destinés
soit à l'expor-
tation, soit à l'autoconsommation.
Cependant malgré l'importance de ce secteur, les données rela-
tives à l'emploi sont peu satisfaisantes pour plusieurs raisons.
-Les activités sont organisées dans un" cadre familial où
le travail a un caractère collectif.
Dès lors, il est
difficile de déterminer
qui fait quoi, ~ui est actif,
qui ne l'est paso
-De plus' parmi les membres de chaque famille la répartition
du travail s'effectue souvent selon le rang, l'âge, le sexe
et la plus ou moins grande disponibilité de chacun.
Il n'est
donc pas aisé de savoir la quantité de travail fournie par
chacune des personnes composant la famille.
D'autant plus que
le caractère saisonnier"des activités agricoles fait qu'à cer-
taine période de l'année, le travail est plus intense tandis
qu'à d'autre, c'est en quelque sorte "l'oisiveté".
-Enfin, les différentes enquêtes de population en milieu rural,
ou dans tout
le pays, ont eu du mal à déterminer la popula-
tion active occuppée ou la population en âge de travailler.
En effet, il est difficile de fixer un seuil à inclure ou à
exclure dans chaque catégorie de population. . Qui plus est
l'étude de l'emploi n'étant pas la préoccupation dominante ou
essentielle des investigations lors de ces enquêtes, les ques-
tions qui s'y rattachent sont allégées ou simplifiées au maxi-
mum.
Aussi, pour èes raisons, ainsi que pour celles que nous venons
d'évoquer, 1'analyse des données relatives à l'emploi dans le secteur
tradi tionnel rural doit être interpréter avec prudence.
Nous aborderons donc successivement l'analyse de l'évolution de
l'emploi global et ses principales caractéristiques.

-167-
1~ L' évoluti on de la main-d'oeuvre rur al e
Comme nous venons de souligner les sources d'information sur
l'emploi du secteur traditionnel rural sont peu cohérentes.
Les
données divergent d'une source à l'autre.
C'est ainsi que par exemple
les résultats du recensement national de la poulation de 1975 diffè-
rent de celles de la pré-enquête budget consommation ainsi de celles
études sectorielles qui ont été effectuées sur l'agriculture ou le
secteur rural.
Cependant après plusieurs recoupements nous avons pu établir
l'évolution suivante qui figure sur le tableau nO 49 ci-après.
On
peut y observer que la croissance de l'emploi a été moins importante
entre 1965 et 1970 avec un taux moyen de croissance annuel de 1,8%.
En revanche, la croissance de l'emploi a été plus rapide entre 1970
et 1980, le taux moyen de croissance annuel est de 3,5%.
Ces taux
sont sans doute exagérés lorsqu'on sai t que le secteur rural ivoirien
subit depuis 1970, un déficit de sa main-d'oeuvre à cause de l'exode
rural.
Par ailleurs, malgré l'imperfection de ces chiffres, on peut
remarquer que le taux d' activi té est très élevé par rapport au milieu
urbain (environ 50%).
Il représente en moyenne 86% entre 1965 et
1980.
Ce qui paraît assez normal compte tenu du fait qu'en milieu
TABLEAU N° 49
EVOLUTION' DE LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE DE LA
POPULATION D'AGE ACTIF (15-59 AIJS) ET DU TAUX
D'ACTIVITE EN MILIEU RURAL
EFFECTIFS EN MILLIERS
1965
1970
1975
1980
1985
-
,
Population d'~ge actif
1864
1973
2350
2816'
3372
(15-59 ans) rural
Population acti ve occup ée
1584
1736
2044
2450
2765
Taux moyen de croissance annuel
-
+1,8
+3,3
+3,7
+2,5
1 Taux d'activité en %
85%
88%
87'~
87%
81%
1
1
1
SOURCE
Etabli à partir des tableaux précédents.

-168-
rural presque toutes les personnes actives valides travaillent.
Cependant l'intensité de l'emploi demeure relative: il arrive que
pendant certaines périodes de l'année, les horaires de travail atM
teignent-plus de 12 heures et que pendant d'autres, ils ne dépassent
quère les 5 heures (voir Graphique N°
6, P. 9b)~
Cette évolution présente néanmoins quelques caractéristiques.
2. Quelques caractéristiques
L'enquête Budget - consommation de 1978 revèle deux principales
caractéristiques de l'emploi en milieu rural: l'existence d'activité
non directement agricole qui varie selon le sexe et la nationalité et
l'utilisation de plus en plus de manoeuvres agricoles.
a) L'existence d'activité non directement agricole
D'après cette anquête, les activités non directement agricoles
représentent environ 8% de l'ensemble des activités en milieu rural
avec de sensible variation selon l'origine des travailleurs (voir
Tableau N° 50 ci-après).
Parmi ces activités, on peut relever par exemple, celles qui
ont trait au service domestique, à l'artisanat, au petit commerce.
Les ~emmes d'origine ivoirienne sont relativement plus nom-
breuses à effectuer des activités non agricoles que les hommes, alors
chez les non ivoiriens, c'est le phénomène contraire que les résultats
de cet enquête revèlent.
b) L'utilisation de plus en plus de manoeuvres agricoles et
d'aides familiaux
Dans notre analyse sur les _modifications des candi tions d' acti-
vi té, nous nvons vu que le secteur rural se monétarise de plus en plus
à Cause de l'évolution économique.
De plus, l'exode rural s'accentuant,
les chefs de famille sont contraints pour remédier en partie aux pertes

-169-
TABLEAU N°
50
REPARTITION DE LA MAIN-D'OEUVRE RURALE PAR TYPE
D'ACTIVITES AGRICOLES ET NON AGRICOLES SELON LE
SEXE ET L'ORIGINE ('EN MILLIERS)
ORIGINE
SEXE
ACTIVITES
ACTIVITES
TOTAL
AGRICOLES
NON
AGRICOLES
----
EFFECTIFS
-----
EFFECTIFS
%
EFFECTIFS
%
TOTAL
IVOIRIENS MASCULIN-
972
93,0
72
6,9
1044
100%
FEMININ
1005
93,0
74
6,9
1079
1000;'
ENSEMBLE
1977
93,0
146
6,9
2123
100%
NON
MASCULIN
245
84,8
44
15,2
289
1000;'
IVOIRIENS', FElUNIN
123
87,2
18
12,8
141
1000;'
ENSEMBLE
368
85,6
62
14~4
430
100%
-
--
ENSEMBLE
MASCULIN
1217
91,3
116
8,7
1333
100%
FEMININ
1128
92,5
92
7,5
1220
1000;'
ENSEMBLE
2345
91,9
208
8,1
2553
1000;'
SOURCE
Pré-enquête BUDGET - CONSOMMATION 1978.

-170-
humaines, de faire appel à de manoeuvres agricoles.
Le tableau nO 51 ci-après montre l'importance de cette main-
d'oeuvre ainsi que celle des aides familiaux utilisés en 1978 par
le secteur rur91.' Ils représentent ensemble plus de la moitié des
actifs agricoles occupés.
Cependant on peut observer que si, au ni-
veau des manoeuvres agricoles, dont la majorité est étrangère, les
hommes sont plus nombreux, les femmes représentent plus du double
des hommes au niveau des aides familiaux.
Cela tient sans doute à
une erreur de comptable ou d'enqu~teur.
En effet, la fréquence de
double activité dans le secteurruralnefacilitè pas les .enquêtes,
notamment les femmes ont souvent un double statut : agricultrices
exploitantes lorsqu'elles cultivent en propre un champ de vivriers
ou de produits destinés à l'exportation, mais aussi aide-familial~
sur l'exploitation familiale.
TABLEAU N° 51
REPARTITION DES DETENTEURS D'ACTIVITE EN MILIEU
RURAL SELON L' ORI GINE ET LE SEXE EN 1 978 EN
MILLIERS D'ACTIFS
IVOIRIENS
NON IVOIRIENS
TOTAL
DETENTEURS D'ACTIVITE
-M F E M F E M F E
~-
--
-
-
Agriculteurs, exploi-
664
303
967
122
25
147
786
328 1114
tants et p~cheurs
Manoeuvres agricoles,
14
2
16
71
3
74
85
5
90
métayers
Aides familiaux
294
700
994
52
96
148
346
796 1142
TOTAL
972 1005 1977
245
124
369 1217 1129 2346
SOURCEPré-enquête BUDGET - CONSOMMATION 1978.
M = Masculin
F = Féminin
E = Ensemble
En conclusion, nous pouvons estimer que la force de travail aug-
mentera si l'on s'en tient aux prévisions pour 1985 du Ministère du
Plan, prévisions qui estiment une population active occupée de l'ordre
de 315.000 personnes entre 1980 et 1985 (voir Tableau N° 45).
Toutefois, des réserves importantes peuvent ~tre émises lorsque
nous savons que de nombreux probl.èffies subsistent : notamment la dimi-
.nution de la for~t ou des terres cultivables, le manque de restructu-
ration du regime foncier, l'exode rural, la mutation des structures
sociales qui fait que de nombreux jeunes scolarisés se refusent à
retourner à la terre.

-171-
B. L'emploi dans le secteur inf'orrnel
L'exode rural, l'urbanisation des villes et le dualisme des
économies des pays sous-développés font qu'entre le secteur tradiw
tionnel et le secteur moderne du type capitaliste, se développe aux
alentours des villes, un secteur dit informel ou non structuré.
De nombreuses analyses ont été accordées à ce secteur, vu son
1
importance qu'il revêt dans le pays sous-développés.
En CSte d'Ivoire, ce secteur occupe aussi de façon continue,
une place non négligeable dans les activités économiques.
Nous allons brosser brièvement ici l'évolution de l'emploi dans
ce secteur et analyser quelques unes de ses caractéristiques o
Nous
y reviendrons plus en détail dans le chapitre suivant.
1. L~évôlùtion-des effectifs·
L'emploi dans le secteur informel crort ~ un rythme très élevé.
Le tableau nO 52 ci-après indique que les effectifs employés dans ce
secteur ont progressé à une moyenne de 8,5% l'an.
Ce qui est très
important lorsqu' on sait que l'emploi dans les autres secteurs, notam-
ment dans le secteur secondaire; est très modéré.
Il joue donc pleine-
ment un r81e d'intermédiaire entre les secteurs traditionnel et moderne.
Dans le secteur non structure la productivité est faible, la
formation des travailleurs se fait généralement sur le tas.
De plus,
le secteur touche un grand nombre de branches.
1En CSte d'Ivoire, on peut consulter les études suivantes: "ABIDJAN~
Urbanisation et emploi en eSte d'Ivoire BIT Génève 1976"; Pierre BARIS......
"Proposi tian pour l'amélioration du système d'information sur le sec-
teur informel en CSte d'Ivoire - Nomenclature des activités" - Mini-
stère de l'Economie, des Finances· 'et du 'pian, FAd 1980; L. ROUSSEL-
"CSte d'Ivoire 1965 - EmPlois" Ministère du Plan SEDES 1968; Sylvie
SCHAUDELet Pierre MCHENRI-"Les activités de transition et le secteur
informel à ABIDJAN", Institut d'Etudes Poli tiques de Bordeaux. Centre
d'Etudes d'Afrique Noire 1978.

-172-
al' La fâi.b~e,productivité
La productivité du travail par travailleur est beaucoup p~us
faible dans le secteur informel que dans les autres secteurs notam-
ment moderne.
Les estimations de la valeur ajoutée qui figurent dans
1
le tableau nO 53 ci-après et extraits dans l'étude du BIT
montrent
que la productivité moyenne par travailleur du secteur informel
est dans l'ensemble dix fois inférieure à celle des autres secteurs.
Cela s' exp l r1. que par le capital utilisé.
Dans le secteur informel, on
utilise très peu de capital mais beaucoup de facteur hnmain, tandis
que dans les autres secteurs, c'est le facteur capital qui l'emporte.
Cependant te secteur (informel) mobilise directement, à des fins pro-
ductives, "l\\' épargne" des particuliers et assure la création d'un
maximum d'emplois en mettant très peu à contribution les ressources
de capital du pays.
Il joue donc en quelque sorte un. typ e d'amorti s-
seur entre le monde rural et l'économie citadine moderne.
Mais' il présente aussi une autre caràctéristique : celle de
former le ',-personnel sur le tas.
b) La formation sur le tas de travailleurs
Le secteur dispose d'une offre abondante de main-d'oeuvre qui
dans la plupart des cas n'ont pas reçu de formation professionnelle
dans des établissements spécialisés~2
La formàtion s'acquiert d' or-
dinaire en cours d'emploi, dans des conditions qu'il convient d'exa-
miner.
Le plus souvent c'est par l'apprentissage que le personnel est
formé.
Mais i l échappe presque complètement aux dispositions' de la
législation.
Malheureusement~ on ne dispose pas de données statistiques sur
le-niveau de formation du-personnel 'du secteur non structuré, ni sur
i
l'apprentissage.
L'intérêt porté à ce secteur est tout récent. ;
Enfin, ce secteur touche presque toutes le branches d'activité
~s~omique.
1 BIT, Abidjan, urbanisation et emploi en Côte d'Ivoire, p. 59.
2Ibid• p. 62.

-173-
TABLEAU N° 52
EVOLUTION DES EFFECTIFS ~œLOYES DANS LE SECTEUR
INFORMEL OU NON STRUCTURE
1
1
1
'ANNEES
1
i
,
1965
1970
1975
1980
1985
1
1
--
1
!
EFFECTIFS
127
184
1
281
430
638
(en mil1iër'sf'
1
..
TAUX MOYEN DE
+8 8 "
+8,9
+8,5
+8,2
- ..
.. _-
~
1
1
CROISSANCE ANNUEL
1
SOURCE
Françoise BINET, op. cit., p. 220.
TABLEAU N° 53
VALEUR AJOUTEE PAR TRAVAILLEUR DANS LE SECTEUR
INFORMEL ET LES AUTRES SECTEURS STRUCTURES PAR
BRANCHE DI ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1970
BRANCHE D'ACTIVITE SECTEUR INFORMEL OU AUTRES SECTEURS
LES
ECONOMIQUE
NON STRUCTURE
STRUCTURES MODERNES
DEUX
(milliers de FCFA)
I(milliers de FCFA)
PRIMAIRE
54
431
65
'SECONDAIRE
137
603
318
TERTIAIRE
560
1045
874
ENSEMBLE
73
764
153
SOURCE
BIT.
Abidjan, urbanisation et emploi en CSte d'Ivoire.
p. 60.

-174-
c)- La~épartition des entreprises et des emplois par branches
d'activité économique
Le tableau nO 54 sur la répartition du nombre de travailleurs
par branche d'activité économique est extrait de l'étude de Françoise
1
BINET:
Il montre que plus de la moitié des entreprises du secteur
informel, soit 55,5%, appartiennent à la branche tertiaire dans la-
quelle domine les activités commerciales (71,3% des entreprises de la
branche).
Elle occupe 63,0% des emplois avec également une part très
importante du commerce (46,7% du total des emplois).
Ensuite vient la branche secondaire avec 43,9% des entreprise~
pour 33% des emplois.
Dans cette branche, les activités de Textile
et d'habillement essentiellement des couturiers, rassemblent 25,8%
des entreprises et détiennent 9,2% des emplois tota~
Elles sont
suivies au niveau des emplois par les Bâtiments et 'travaux publics
(BTP) (9,0%), les conserveries alimentaires (5,7%) et le Matériel de
transports (2,6%).
Par contre la branche "bois" qui totalise 3,8% des
entreprises n'occupe que 1, rio des emplois.
Ce-la confirme que plus
la branche est capitalistique, moins elle utilise de personnel.
Enfin la branche primaire est celle dans laquelle le secteur
informel est moins présente.
Elle ne concentre que 0,6% des entre-
prises.
Cependant elle intervient pour 3,5% des emplois du secteur
informel.
En résumé, le secteur informel est peu
concentré en ce qui
concerne le nombre d'entreprises et d'emplois.
Le graphique nO 9 ci-
après illustre cette concentration où l'on peut lire que 5~1o des en-
treprises totalisent 43% du personnel et 56%, 50% du personnel.
Quant aux perspectives d'avenir, l'on prévoie en 1985, un total
de 637.500 emplois, soit 207.500 emplois supplémentaires par rapport
à 1980(430.000 emplois).
C'est donc sur le plan de l'emploi un sec-
teur très important dans l'économie ivoirienne qui doit mériter une
attention plus grande.
D'ailleurs les nombreuses études et enquêtes
',.J ..
-
- '
prouvent que....l'on commence à s'y l.ntéresser.' Nous y reviendrons dans
la dernière partie de notre étude.
1Françoise BINET, op. cit., p. 216.

-175-
TABLEAU N° 54
REPARTITION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS PAR BRANCHE
D'ACTIVITE ECONOMIQUE DU SECTEUR NON STRUCTURE EN
1980
SECTEUR
INFORMEL ,NOMBRE DE
- -
BRANCHES Di'ACTIVITE ECONOMIQUE
TRAVAILLEURS %DU
NOMBRE
% DU DU SECTEUR
TOTAL
D'ENTRE-
TOTAL INFORMEL
GENERAL
1
PRISES
1
--
- -
Production agricole
73
6.975
1 ,6
1
Exploitation forestière
5
478
0,1
1
1
pêche
!
79
7.547
1,8
TOTAL SECTEUR PRIMAIRE
i
\\
157
0,6
15.000
3,5
1
1
1
--
Travail de grain
370
3.200
0,7
1
Conserve alimentaire
115
24.500
5,7
Boissons et Gl'ace
15
700
0,2
1
Textile et Habillement
1
,
6.879
39.700
9,2
Cuir et Chavssures
i!
286
600
0,1
1
:,
Bois
1.. 012
7.500
1,7
Chimie et Caoutchouc
'1
286
1.. 100
0,3
1
1
i
Verre
57
1
500
0,1
i
1
Matériel de transport
886
11.300
2,6
Mécanique, Electricitê
1.004
4.. 900
1 ,1
'1
Industries diverses
Il
516
4.400
!j
l 1,0
J
Bâtiment, Travaux Publics
140
38.700
l
9,0
1
t
TOTAL SECTEUR SECO~IDAIRE
11.567
44,5
141 .. 800
1
33,0
'1ii
l
-
--
1
Transport
31
2.300
0,5
1 Services
4 1 54
70.000
16,3
0
1
1
Corronerce
i
10.440
200.900
46,7
TOTAL SECTEUR TERTIAIRE
i 14.625
55,5
273.200
63,5
1
TOTAL GENERAL
1
26.349
100,0
430.000
100,0
1
1
t
l
SOURCE
Françoise BINET (Extrait), op .. cito PP. 216 et 219.

-176-
GRAPHIQUE N° 9
COURBE DE CONCENTRATION DU N01'1BRE DE
TRAVAILLEURS PAR BRANCHE D'ACTIVITE
ECONOMIQUE DU SECTEUR INFORMEL
% CUMULE DU NOMBRE
DE TRAVAILLEURS DU
SECTEUR INFORMEL
100%
".,
.•.,
:'-'tH
li;"i~i
i,
f~'~~
. -
.. ~:
"
·'+i
.(,
.-;;~~
': ~~I#:
.. "'.'
ti;c-
,...
' ..'-cC-
.j

500,k
l '
[iy
., ..,
43%
<
. ; ;
o
50%
56%
%CUMULE DU NOMBRE
D'ENTREPRISES DU
SECTEUR INFORMEL

-177-
III. SUfrHESE DES EMPLOI~
En guise de conclusion, nous pouvons dire que si la croissance
industrielle a été forte entre 1965 et 1980, de l'ordre de 8% par an,
l'effet de cette croissance sur l'emploi a été beaucoup moins impor-
tant: on l'évalue à 3,9% par ~
En d'autres termes, à un accroisse-
ment de 1% de laproduction industrielle en volume ne correspond qu'un
accroissement d'emploi de 0,49% par an.
Ce phénomène peut s'expliquer
comme nous avens déjà souligné, par le fait que la technologie utili-
sée pour les nouveaux projets mis en oeuvre fait appel à des procédés
capitalistes utilisant de moins en moins de main-d'oeuvre alors que
cette dernière coûte relativement moins chère~
Qui plus est, le poids du secteur traditionnel pèse encore
lourdement sur le volume total des emplois (plus de 80%).
Or dans
ce secteur, la pleine utilisation de la main-d'oeuvre est loin d'être
totale.
Les aléas naturels (climats, saisons, sécheresse••• ) et les
condi tions de travail contraignent souvent la main-d'oeuvre à des
repos forcés.
Il en résulte donc un sous-emploi latent important.
Mais le sous-emploi subsiste aussi en ville.
Examinons à pré-
sent le niveau global de ces sous-emplois.
TABLEAU N° 55
SYNTHESE DE L'EVOLUTION DES EMPLOIS
SECTEURS D'ACTIVITE
1965
1970
1975
1980
1985
(1 )
-
-
-
-
- -------
SECTEUR MODERNE
,
-Primaire
44000
56000
64000
71000
76000
--Secondaire
49600
82122
121373
119459
135059
--Terti aire
88000
122600
209000
275000
351000
1. TOTAL SECTEUR MODERNE
181600
260722
394373
465459
562059
~--
-
-------- -----
SECTEUR TRADITIONNEL
-Rural
1584200
1736298
2043773
2449759
2765000
-Ini'ormel
127200
183980
281267
430000
637500
II. TOTAL SECTEUR
1711400
1920278
2325040
2879759
TRADITIONNEL
3402500
--
-
ENSEMBLE (1 + II)
1893000
2181000
2719413
3345218
3964559
Taux moyen de croissance
+ 2,9
+ 4,5
+ 4,2
-
+ 3,5
annuel
SOURCE
Synthèse des tableaux précédents.
.
(1) Prévision quinquennale du Ministère du Plan.

-178-
Section 2 - L'ESTIMATION DES SOUS-EMPLOIS
L'approche que nous utilisons ici, faute de données statisti-
ques sur le sous-emploi global, consiste à comparer pour chaque pé;>,-
riode qu:inquenn~e, la population d'âge actif (15-59 ans) et la popu-
1
lation active occupée ou l'emploi.
La différence ou l'excédent de
la population d'actif (15-59 ans) sur la population activê-occupée
consti tue ce que nous appelons par le sous-emploi global.
Ensuite repartirons ce sous-emploi global entre les différents
sou-emplois que nous venons de définir en retenant trois critères:
l'âge, ie sexe et la qualification professionnelle.
Enfin une re-
marque importante s'impose.
Cette estimation est théorique et sa
valeur est liée aux données disponibles.
Une enquête sur le terrain
permettra peut être de confirmer ou d'infirmer la validité de ces
estimations.
Les mêmes remarques valent pour la répartition que
nous allons procéder.
1
LE SOUS-EMPLOI GtOBxL .
0
Le tableau nO 56 et le graphique nO 10 ci-après indiquent le
niveau du sous-emploi global entre 1965 et 1980.
On Y observe que
le taux du sous-emploi global représente pour la période (1965-1980)
une moyenne de 25%.
Autrement dit un quart de la population d'âge
actif est sous-employé.
En valeur absolue, on constate que plus d'un million de per-
sonnes sont sous-employées, soit un septième de la population totale
ivoirienne.,
En réalité ce chiffre doit être plus ou moins élevéo··n nous
.
.. --
....
est difficile de les confirmer.
Toutefois, nous pensons que ce ehif-
fre rentre bien dans la fourchette du probable et que la tendance se
pencherait vers plus de sous-employés.
D'ailleurs la situation éco-
nomique nationale et internationale ne laisse pas augurer un avenir
proche et futur favorable.
Si nous pouvons nous exprimer ainsi, di-
sons " qu 'après les vaches grasses, les vaches maigres."
Mais voyons comment ce sous-emploi global se répartit entre les
quatre formes de sous-emplois que nous avons défims.

-179-
GRAPHIQUE N° 1 0
ESTIMATION DU SOUS-EMPLOI GLOBAL
(EF~ECTI~§ EN MILLIERS)
4800
4600
4400
4200
4000
3800
3600
3400
3200
3000
2800
2600
2400
2200
2000
1800
1965
1970
1975
1980 (ANNEl

-180-
TABLEAU N° 56
ESTIHATION DU SOUS-E}WLOI GLOBAL
EFFECTIFS EN MILLIERS
1965
1970
1975
1980
Population d'âge actif
2430
2935
3674
4435
(15-59 ans)
Population active occu-
1893
2181
2719
3348
pée ou emplois
Sous-emploi global
537
754
955
1090
a
Taux de s0us-emploi
22,1
25,7
26,0
24,6
SOURCE
Extrai t des analyses du Chapitre 1 t Première Partie et
Chapitre 1, Deuxième Partie.
a.raux de sous-emploi =
SOUS-EHPLOI GLOBAL
x 100
P8PULATION D'AGE ACTIF (15-59 ANS)
-
..
-
II •. LA REPARTITION DU SOUS-EMPLOI GLOBAL ENTRE LES DIFFERENTS
.. SOUS-EMPLOIS DEFINIS
A. Les critères de répartition
Nous avons estimé que l'âge, le sexe et la qualification pro-
fessionnelle ou le niveau d'instruction pouvaient nous permettre de
répartir le sous-emploi global entre les différents sous-emplois que
nous venons de définir.
Aussi en reprenant les quatre sous-emplç>is définis plus haut,
nous avons établi une grille de répartition par pondération des dif-
férents critères.
La notation varie entre 0 et 100% pour chaque cri-
tère. (voir Tableau N° 57 ci-après).
Cependant voici la justification de nos critères.
C'est une caratéristique principale dans l'analyse statistique.
Il permet une division de toute société ou de toute population selon

-181-
un critère pour ainsi dire naturel car il est de fait que les indi-
vidus grandissent et vieillissent.
Généralement on classe l'âge par
tranche ou groupe ayant à peu près les mêmes caractéristiques.
Dans le cas du sous-emploi, on peut remarquer que plus on est
jeune, c'est-à-dire moins de 35 ans pour l'objet de notre étude, plus
la probabilité d'être en situation de sous-emploi augmente (sous-em-
ploi marginal ou d'attente, et sous-emploi occidental).
Par contre
au-delà de 35 ans la probabilité d'être en situation de sous-emploi
structural ou saisonnier, ou sous-emploi déguisé augmente.
2. Le sexe
Tout COmme l'âge le sexe est une caractéristique couramment
utilisée dans l'analyse statistique.
Il mesure le rapport de mas-
culinité ou de fémininité dans une société ou dans une population
donnée.
Dans le cas
du sous-emploi., on observe dans 1 f ensemble qu'il
y a plus de sous-employés de sexe masculin que de sexe féminin sauf
pour les sous-emplois structural et déguisé où l'on constate respec-
tivement que le r$le des femmes dans l'organisation familiale élargie
et souvent d'origine rurale reste amOigtie (tant5t aides familiales,
tant5t exploitantes agricoles) et dans l'Administration publique de-
meure l'essentiel du pléthore du personnel.
De plus, la scolarisa-
tion fait que le rapport hommes-femmes tend vers l'ur..i té au niveau
du sous-emploi marginal ou d'attente.
D'ailleurs les femmes restent
plus longtemps dans cette situation de sous-emploi que les hommes.
3. La qualification professionnelle ou le niveau d'instruction
En principe l'obtention d'un emploi notamment dans le secteur
moderne dépend du niveau de qualification professionnelle d'un indi-
vidu.
Bien que cette assertion soit un peu plus nuancée dans les
pays développés; elle demeure vivace dans l'économie ivoirienne.
Aussi pour l'ensemble des personnes sous-employées ou des chômeurs,
l'absence de formation professionnelle sanctionnée le plus souvent
par un dipl8me est un réel handicap, notamment pour les hommes où

-18Z..;..
la possession d'un diplôme technique facilite l'obtention d'un
emploi •.
Cependant l~niveau d'instruction ne joue pas ici pour le sous-
emploi structural d'origine rurale. Par contre il est en corrélation
étroite avec les, sous-emplois " occidenta1"'et marginal ou d'attente.
Nous avons donc dé~erminé trois dégrés d'instruction: le dégré
supérieur qui correspond au niveau des personnes ayant effectué des
études après le baccalauréat, le dégré secondaire, c'est à dire entre
la sixième et la terminale et le degré primaire ou les personnes
sans instruction~
4. La grille d'affectation pour les différentes qualités de
sous-emplois
A partir de ces trois critères, nous avons essayé de donner
une note relative comprise entre 0 et 100% à chaqu~ sous-emploi.
La note totale de chaque sous-emploi est une moyenne des notes
obtenues.
Nous obtenons ainsi la grille d'affectation ci-après où l'on
peut observer que sur 100 personnes sous-employées : 39 sont sous-
employées marginales ou d'attente, 25 sous-employées structurales,
20 sous-employées déguisées et 16 sous-employées "occidentales".,
Notre problème est en effet d'obtenir des ordres de grandeurs
il ne saurait être ques~ion de précision
pour les différentes
qualités de sous-emp1ois-que' nous venons de définir.
C'est ainsi qu'en prenant par exemple le critère d'âge, nous
avons estimé que la' grande majorité des sous-employés de plus de
15 ans à moins de 35 ans était en sous-emploi marginal ou d'attente •.
En fonction de ce que nous croyons savoir, nous avons fixé le mon-
tant de ces sous-emplois à 55% de la population considerée. Ensuite
nous pensons que c'est le sous-emploi déguisé qui représente la
masse la plus importante après la précédente et nous avons donné le
poids de 25%, ainsi de suite •••

-182 bis-
Un problème particulier a été rencontré pour définir le sous-
emploi féminin. Fallait-il oui ou non tenir compte du travail au
foyer particulièrement important en Côte d'Ivoire? En fin de compte,
d'après les statistiques, nous n'avons pu le compter.
Nous pouvons en outre remarquer que les critères d'âge et de sexe
nous conduise.nt à des résultats sensiblement comparables à l'excep-
tion cependant du sous-emploi structural : 28 ,'et 44%.- Nous ne pou-
vons guère expliquer ces différe.nces.
En revanche, les résultats sont très sensiblement différents
d'après le critère : niveau d'instruction. L'application de ce
critère mérite quelques précisions. Nous avons dÜ pondérer les
résultats obtenus dans les classes : supérieure, secondaire et
primaire (voir tableau nO 63, p. 215) pour le montant de la popu-
lation de ces différents groupes pour arriver au résultat d'ensem-
ble qui figure sur le tableau ci-après.
Mais n'ignorant pas la différence qu'il y a entre un stock et
un flux, nous avons, arbitrairement nous le reconnaissons, pondéré'-
suivant les populations actuellement scolarisées.
Rappelons
que vu l'état des statistiques en Côte d'Ivoire,
nous pouvons espérer des ordres de grandeurs.
TABLEAU N° 57
GRILLE D'AFFECTATION
-.-
SOUS-Err;PLOI SOUS-EMPLOI SOUS-Er~PLOI SOUS-EMPLOI TIDTAL
CRITERES
OCClm~NTAL
j'.'lARGINAL
STRUCTURAL
DEGUISE
'AGE
- 15 à moins de 35 ans
15
55
5
25
:lJ:OQ
- Plus de 35 ans
10
15
50
25
100
- Ensemble
12
35
28
25
100
'~EXE
- Masculin
15
30
38
25
100
- Féminin
5
20
50
17
100
- Ensemble
10
25
44
21
100
--
NIVEAU D'INSTRUCTION
- Supérieur
44
50
l
5
100
- Secondaire
19
60
1
20
100
- Primaire/Sans instr.
10
66
10
14
100
TOTAL
16
39
25
20
100

-183-
B. L'affectation proprement dite
A partir des pourcentages obtenus dans la grille d'affectation
pas
et en supposant qu'entre 1965 et 1980, ils ne varient (une hypothèse
évidemment simplificatrice que nous reconnaissons), nous obtenons
la répartition qui figure sur le tableau nO 58 ci-après.
Cette répartition Q6v~aittnous permettre d'avoir une base
valable pour prévoir l'évolution de chaque sous-emploi.
Notons pour conclure ~ue les sous-employés marginaux ou d'atten-
te sont les plus nombreux, suivis des structuraux, des déguisés et des;
"occidentaux".
Par ailleurs, nous soulignons que cette affectation n'est que
très approximative. Mais comme l'a fait si bien remarquer Adam Smith,
utilisant des coefficients budgétaires très approximatifs empruntés
à Cantillon : "Pour ce que nous avons à en faire,
cette précision
suffit bien". (1). Evidemment une enquête sur le terrain serait
très appréciable et fort utile.
TABLEAU N°
58
AFFECTATION DU SOUS-EMPLOI GLOBAL ENTRE LES
DIFFERENTS SOUS-EMPLOIS (EN MILLIERS DE
PERSONNES)
------ -
CLE D'AF-
1965
1970
1975
1980
SOUS-EMPLOIS
FE CTATIONi
Sous-emploi occidental
16%
85
119
151
172
Sous-emploi marginal ou
d'attente
39%
211
296
375
428
Sous-emploi structural
25%
135
190
241
275
Sous-emploi déguisé
2010
.-106
149
188
215
SOUS-EMPLOI GLOBAL
10CY'Îo
537
754
955
1090
-
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Réflexion citée par Henri AUJAC, Directeur d'études à l'Ecole des
Hautes en Sciences Sociales, Paris.

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1970
1975
1980
ANNEES

CONCLUSION DU CHAPITRE
En résumé, nous pouvons donc conclure que les personnes sous-
employées constituent une part relativement importante de la popula-
tion d'âge actif.
Et que parmi ces personnes, ce sont plut6t les
jeunes qui sont les plus touchés.
Par conséquent, la situation doit
être sérieusement prise en compte par les responsables nationaux.
Nous y reviendrons dans la prochaine partie.
CONCLUSION DE LA PARTIE
Au terme de cette partie, nous pouvons ainsi apporter un
élement.de réponse à notre problématique de départ, à savoir tenter
de définir les sous-emplois spécifiques en Côte d'Ivoire et pro-
poser une méthode de leur estimation.
Les sous-emplois existent sous quatre formes différentes,
ayant chacune des caractéristiques propres.
De plus, ils ont
pris de l'ampleur et continueront sans doute à s'intensifier.
Poursuivons notre investigation dans la recherche de leurs
causes et les moyens de les utiliser à des fins productives.

TROISIEME PARTIE :
LES CAUSES SPECIFIQUES DES SOUS-EMPLOIS
ET QUELQUES POSSIBILITES DE LEUR UTILISATION
A DES FINS PRODUCTIVES

-187-
INTRODUCTION
Ayant une idée sur les différentes forrnes de sous-emplois
qui sévissent en Cate d'Ivoire et montré leur importance, i l
convient ici de rechercher leurs causes et de suggérer
quelques possibilités empiriques qui permettraient de les uti-
liser à des fins productives.
Cette partie se divisera par conséquent en deux chapitres:
--Chapitre FLes causes
des sous-emplois spécifiques en
Cate d'Ivoire.
--Chapitre II Quelques possibilités de leur
utilisation
à des fins productives.

-187bis-
CHAPITRE l
- LES CAUSES:SPECIFIOu~S DES SOUS-EMELOIS EN COTE D'IVOIRE
Pourquoi y a-t-il tant de personnes valides sans travail ~ travaillant
moins alors que des tâches nécessaires sont mal ou insuffisamment rem-
plies et que certains secteurs d'activité économique manquent de bras?
La réponse à cette question serait simple s'il existait une seule ex-
plication, ce qui n'est malheureusement pas le cas.
Comme nous venons de nous en apercevoir, les formes de sous-emploi
sont multiples (nous avons pu caractériser quatre en Côte d'Ivoire)
et chacune présente ses caractéristiques et ses propres causes.
Aussi l'objet de ce chapitre consiste donc, à rechercher successive-
ment ces causes.

-188-
Section 1 - LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI OCCIDENTAL
Le sous-emploi occidental a été défini comme étant la situation
des personnes sans travail, aptes au travail et qui n'en trouvent pas
c'est-à-dire le ch8mage visible ou ouvert.
Il présente les mêmes
caractéristiques que celui qui sévit dans les pays développés.
Or,
pourquoi donc un tel sous-emploi en C8te d'Ivoi~e?
En effet, la C8te d'Ivoire a choisi pour sa croissance économique
la voie du libéralisme, c'est-à-dire la voie du capitalisme du type
occidental.
Cette voie lui a permis d'atteindre un rythme de crois-
sance économique exceptionnel au regard des normes africaines entre
1960 et 1980 (taux moyen de croissance annuel du Produit intérieur
brut supérieur à 14%).
Cependant les structures économiques sont encore dualistes,
c'est-à-dire comportant un secteur largement traditionnel et un sec-
teur moderne de forme capitaliste occidentale.
Dans ce dernier sec-
teur, la quasi-totalité de l'offre et de la demande des biens des
différents facteurs de production s'y exprime sur des marchés plus
ou moins organisés.
Dès lors, en ce qui concerne le facteur travail,
l'écart entre offre et demande peut être représenté par le ch8mage
ou le sous-emploi occidental •
. Le disfonctionnement du marché du travail constitue donc un
première tentative d'explication de ce ch8mage, d'autant plus que
la forme m~e de la croissance économique choisie a engendré au ni-
veau de l'emploi, une croissance modérée.
Par ailleurs, depuis 1980, la CSte d'Ivoire comme d'ailleurs
la plupart des pays du Tiers Monde connaît un ralentissement de ses
activi tés alors que le poids démographique se fait sentir.
Ce ralen-
tissment est da à la crise mondiale qui secoue presque tous les pays.
Or, l'économie ivoirienne est essentiellement stimulée par le commerce
international, notanunent par le secteur des exportations.
Nous ver-
rons comment le ralentissement du commerce extérieur ivoirien com-
biné par l'augmentation de la démographie aboutit au sous-emploi ce
sera notre deuxième tentative d'explication du sous-emploi occidental.

-189-:-
1. LE SOUS-EMPLOI OCCIDENTAL PAR LE DISFONCTI01~MENT DU MARCHE
DU TRAVAIL
L'explication du chSmage ou du sous-emploi occidental par le
déséquilibre du marché du travail a fait l'objet de plusieurs théo-
ries.
Ainsi avant d'analyser comment il se présente en CSte d'Ivoire,
nous nous proposons de brosser brièvement l'évolution de ces théories.
A. L'explication théorique du chômage par le dêséquii~bre du marché-
. dy. travail
1. Dans les pays développés
En théorie, la loi de l'offre et de la demande corrmande le mar-
ché du travail Comme elle règle les autres marchés (Analyse des Clas-
siques).
C'est elle qui détermine le niveau de l'emploi, c'est-à-dire
la quanti té de travail vendue par les uns et achetée par les autres.
Une offre abondante et une faible demande provoquent la chute des
prix sur le marché des biens o
A quelques différences près, i l en va de même sur le marché du
travail.
Mais le prix ici est le salaire.
Si· donc le nombre de chô-
meurs augmente, pour que les offres d'emploi s'accroissent, i l sera
nécessaire que les salaires baissent afin que les employeurs aient
intérêt à embaucher de nouveaux travailleurs dont le coOt sera désor-
mais favorable.
Les entreprises vont donc se mettre à réembaucher
et les salaires vont augmenter au fur et à mesure que l'économie se
rapprochera du plein emploi.
Cette analyse peut être illustrée par le graphique nO 12 ci-
après où le chSmage se définit momentanément
au salaire W par l'écart
entre les quantités offertes de travail OT
et les quantités demandées
1
de travail DT2.
Cette situation se prolongera tant et aussi longtemps
que les travailleurs ne reviseraient pas leurs salaires à la baisse
(Graphique NO 12 ) 0
La solution au problème est de laisser les pressions du marché
abaisser les salaires et les prix à leur niveau d'équilibre W et P
e
e
respectivement.
Le remède est donc d'entreprendre une lutte acharnée

-190-
contre les institutions, les cartels et les monopoles nationnaux ou
syndicaux qui misent à la parfaite flexibilité des prix et des sa-
laires.
La concurrence seule rétablirait l'équilibre.
Au fur et
à mesure que baisse le salaire, des travailleurs se retirent du mar-
ché, tandis que les employeurs sont interessés à embaucher plus d'em-
ployés.
D'un c8té les travailleurs retirent leur offre et de l'autre,
les employeurs accroissent leur embauche, jusqu'à ce qu'un équilibre
de "plein emploi" soit établi.
A cet équilibre de "plein emploi", demeure toujours une certaine
forme de ch8mage
le ch8mage frictionnel, c'est-à-dire le ch8mage at-
tribuable au temps qu'il prend aux travailleurs pour se trouver un
nouvel emploi et aux employeurs pour combler un poste vacant.
Cependant en 1933, quand 27% de la population américaine était
en chômage, il devenait difficile de continuer de parler de ch8mage
volontaire.
Aussi un certain nombre d'économistes, dont J.M. KEYNES,
se montrent insatisfaits de l'explication et des remèdes àesclassi-
.ques au ch8mage.
Ils se refusent à l'idée que le ch8mage soit stricte-
ment volontaire, que le ch8mage cyclique soit inévitable et qu'il y
ai t rien à faire pour l'enrayer (et pour cause, la crise des années
1929 avec son cortège de ch8meurs était là pour témoigner).
GRAPHIQUE N° 12
w

-191-
KEYl~S met alors en question le modèle classique qui stipule
qu'une économie en équilibre est une économie de plein emploi.
Au
contraire, il démontre qu'une économie peut être en équilibre station-
naire, c'est-à-dire ne comporter aucune tendance à l'accroissement
ou à la baisse de la production et ne pas garantir, du même coup, le
plein emploi de sa main-d'oeuvre.
Autrement dit, l'économie peut ren-
fermer une forte part de chômage, mais involcnt air e.
Aus'si, plutôt
que de laisser-faire, et la lutte contre les cartels et les monopoles,
KEYNES insiste sur une interYention directe de l'Etat, visant à géné-
rer un accroissement €le
dépenses dans l ~économiell
Cette stimulation
exogène au système fera avancer l'économie sur le véritable sentier
.
. 1
du pleJ.n emploJ. o
Par la suite, d'autres Economistes.ou Ecoles de pensée, soit
2
pro-keynésien ou opposantes
ont cherché d'autres explications au
chômage qui sévit dans les pays", développés.
Notamment, au cours des
années 70,la recherche d'explication du chômage s'est penchée sur de
nouveaux aspects du problème.
On a mis en évidence, plus particuliè-
rement un certain nombre d'aspects démographiques et institutionnels
du chômage.
Au point de vue démographique, on attribue souvent l'ampleur
du chômage aux changements marqùés dans la composition âge-sexe de
la population active.
Deux groupes : les jeunes et les femmes pré-
sentent un degré particulièrement élevé de vulnérabilité vis à vis
du chômage.
Leur taux de chômage étant souvent plus élevé que la
moyenne nationale, ces groupes ont pris une i.mportance de plus en
plus grande sur le marché du travail o
Concernant les nouveaux aspects institutionnels du chômage,
on a mis en évidence deux principaux changements : la réforme des
programmes d'assurance chômage et le rélevement des taux de salaires
minimum.
BreE, les ~lications en la matière sont ·furt- nombreuses. Voyons
~l peu-ce'qui' se'passedans lè,s pays en voie de développement.
1John Maynard KEYNES : "Théorie générale de la monnaie, de l '{ntérêt
et de l'emploi."
Ed. Payote
Paris.
20n peut citer parmi ces économistes : l'Ecole structuraliste (HELLER,
OKUN, SOLOW, PHILLIPS ••• ) les monétaristes (Me FRIEDMAN,
Don PATINKrN~•• )

-192-
2. Dans les pays en voie de développement
Dans les pays sous-développés, l'une des explications théori-
ques du chômage ou du sous-emploi occidental à laquelle nous nous
1
2
référons ici est celle de WeA. LEWIS
rapportée par Michel VERNIERES.
Cette théorie suppose l'existence d'une offre illimitée de
travail dans les pays sous-développés.
La justification de cette
hypothèse réside dans la nature du salaire pratiqué et dans la situa-
tion de l'emploi propres à ces pays.
En effet, l'emploi préconise de nombreux travailleurs dans un
secteur des services hypertrophiés est l'un des signes de l'existance
de ce type de chômage.
De même, la faible participation des femmes
à l'activité économique et la croissance rapide de la population
globale justifient à leurs yeux, l'adoption, pour ces pays, de
l'hypothèse d'élasticité infinie de l'offre de travail.
L'existance d'une productivité marginale du travail négli-
geable, nulle ou même négative, au sein du secteur rural traditionnel
implique un taux de salaire très bas dans ce secteur qui regroupe
la quasi-totalité de la population active.
Ne pouvant être nul, le
salaire ne saurait être déterminé par le produit marginal du travail
du paysan..
Il correspond approximativement au produit moyen, proche
du niveau minimum de subsistance.
C'est en fait, un salaire institu-
tionnel qui reste constant tant que l'offre de travail demeure illi-
mi tée.
La stabilité et la faiblesse du salaire institutionnel sont des
données favorables aux quelques entrepreneurs du secteur moderne.
Ceux-ci n'ont aucun intérêt à encourager un relèvement de la produc-
tivité du secteur agricole.
En effet, les faibles salaires agricoles
sont la garantie de l'existance d'une main-d'oeuvre industrielle à
bon marché.
La situation du secteur industriel peut être illustrée
à l'aide de la figure C.
Les quantités de travail qu'il utilise sont
portées en abcisse et la productivité marginale du travail en ordon-
née.
Pour un stock donné de capital, l'évolution de la productivité
l)1arginale du travail dans le secteur moderne est indiquée parla cour-
1 W.A. LEWIS, "Economic Development 'Io,'Ïth Unlirnited Supply of Labour,"
Man. School E.
Mai 1954.
~ichel VERNIERES, "Travail et croissance," Essai sur le rôle du
facteur travail au cours du processus de croissance. Ed., Cujas.
Paris 1972
PP. 33-34.

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-'94-
La figure D introduit l'écart existant généralement entre le
salaire agricole OH et le salaire du secteur moderne OS.
Cet écart
s'explique par de nombreux facteurs parmi lesquels le co~t supérieur
de la vie en zone urbaine, le co~t psychologique de l'abandon du sec-
teur traditionnel, le r51e des syndicats, etc.
Le volume de l'emploi
fourni par le secteur moderne est alors égal à aL et non plus à aM.
L'hypothèse de fixité du stock de capital doit ~tre abandonnée si
le surplus de produits NSQ, dont bénéficient les entrepreneurs du
secteur moderne, est réinvesti au moins en partie.
Ces nouveaux
investissements entraî'nent un déplacement de N,Q,-en N Q"2' de la
2
courbe de productivité marginale du travail (cf. Figure E).
L'em-
ploi dans le secteUr moderne augmente de L,L
et le surplus disponi-
2
ble de la surface N,N Q,Q2.
Si ce dernier est réinvesti, le même
2
processus de développement de l'emploi industriel se poursuit jus-
qu'à la disparition du chômage déguisé, source de la main-d'oeuvre
utilisée par le secteur moderne.
Bien que ces théories soient a priori très intéressantes, el-
les soulèvent néanmoins des difficultés d'application en Côte
d'Ivoire.
Le marché du travail présente quelques specifici tés que
nous allons analyser maintenant.
B. La situation du marché du travail dans le secteur moderne de
l'économie ivoirienne et le sous-emploi occidental
La situation du marché du travail qui est principalement con-
centrée dans le secteur moderne, c'est-à-dire en milieu urbain se
caractérise depuis '970 par un excédent de l'offre de travail sur
la demande.
Mais avant d'analyser cet excédent, il convient de présenter
-le marché du travail en Côte d'Ivoire et ses imperfections.
1. Le marché du travail en Côte d'Ivoire et ses imperi'ections
Le marché du travail est assurée en Côte d'Ivoire par l'offre
de la Main-d'oeuvre de la Côte d'Ivoire (OHOCI), placé sous la tutelle
du Ministère du Travail.
Ses moyens d'action sont très limités en

-195-
raison de sa faible implantation sur le plan national (concentré
principalement dans quatre villes : ABIDJAN, BOUAKE, DALOA et
KORHOGO) et de ses moyens financiers et humains dont elle dispose.
De plus, elle n'est connue que par le monde des salariés et les
entreprises du secteur moderne qui veulent bien avoir son recours.
Sinon la plupart des actifs notamment ruraux ignorent son inexis-
tance.
D'ailleurs les travailleurs ne trouvent pas intérêt à s'y
inscrire parce qu'il n'existe pas non seulement un titre officiel
qui atteste le statut de chômeurs ou de demandeurs d'emploi à une
personne sans travail, mais aussi aucune indemnité de chômage.
Le marché du travail est également assuré p:ar la presse écri-
te (Fraternité-Matin) et surtout par la diffusion radiophonique des
offres d'emploi urgentes.
Or, en principe nul ne peut être engagé dans le secteur moderne
sans passer par l'Office de la main-d'oeuvre et ses bureaux de place-
ment.
En ce qui concerne le recrutement officiel d'étrangers, notam-
ment des travailleurs de plantations et des exploitations forestiè-
res, i l se fait également par l'intermédiaire de l'Office de la
main-d'oeuvre, chargé de l'application de l'accord conclu à ce sujet
avec le Gouvernement en question.,
C'est le cas notamment de la
Haute Vol ta.
Seulement un petit nombre de travailleurs étrangers
arrivent en Côte d'Ivoire au titre de ces accords.
D'ailleurs,
l'Office ne peut contrôler effectivement les mouvements de travail~
leurs, par accord ou pas, vers ABIDJAN.
Car un grand nombre d' entre-
eux court-circuitent les filières officielles et même ceux qui v~en­
nent travailler dans les campagnes sous les auspices des autorités
finissent par aboutir à ABIDJAN.
Enfin une autre imperfection du marché du travail en Côte
d'Ivoire, est que les contacts privés, grâce à la famille, au groupe
/
ethnique ou à des amis continuent de jouer un rÔle fort important,
qu'il s'agisse de l'embauchage ou de l'information sur les emplois
offerts dans le secteur moderne.
C'est une des causes de ,la plétho-
re du personnel administratif que nous analyserons ultérieurement.
Ainsi beaucoup de travailleurs sont engagés à la journée sans
aucune formalité administrative.
Ce type de recrutement échappe au
contrôle des bureaux de placement, comme le travail dans le petit
commerce et souvent les services traditionnels.
Quant aux petits

-196-
établissements appartenant à des africains en particulier, les liens
de famille y sont décisifs en matière d'emploi.
L'appartenance à
telle ou telle ethnie compte au~si lorsqu'on entend établir un petit
commerce car il y a mànifestement une sorte de monople dans certains
\\ 1
secteurs et une collusion latente dans d'autres.
Dès lors, on peut comprendre que les statistiques sur les of-
fres et les demandes de travail sur le marché du travail demeurent
partielles voire insignifiantes.
Comment a donc évolué le sous-em-
ploi occidental?
2. L'évolution du sous-emploi occidental
TABLEAU N°
59
EVOLUTION DU TAUX DE SOUS-EHPLOI OCCIDENTAL
ELEMENTS (Mïlii~rsL _____________
1965
1970
1975
1980
""'-------
------- --- ~-_.---------
"'"'----
-------
--
----- --
.. ---------
Population d'~ge actif urbain
( 15-59 ans)
430
890
1275
1979
""'------
- - - - - -
..
---- ---- --- -------
Sous-emploi occidental estimé
85
119
151
172
-------
------
------
a
---- ---- ---------
Taux de sous-emploi occidental
19,8
13,4
11,8
8,7
=
aTaux de sous-emploi occidental
POPULATION D'AGE ACTIF (15-59 ANS) x 100
SOUS-EMPLOI OCCIDENTAL ESTIME
En comparant le sous-emploi occidental que nous venons d'esti-
mer à la population d' ~ge actif en milieu urbain (par hypothèse que
le sous-emploi occidental n'existe qu'en ville). nous observons que
le taux de sous-emploi diminue alors qu'en volume, le nombre augmente.
En effet de 19,8% en 1965, le taux a atteint 8,7% en 1980, mais en
volume, le nombre de 85.000 à 172.000 personnes, soit une multipli-
cation par de~
On peut l'expliquer par le fait que cette diminu-
tion se fait au profi t du sous-emploi marginal.
Ainsi la situation à laquelle nous assistnns est la suivante: déveloj
pement économique exceptionnel (comme nous venons d'analyser) et crois-
sance rapide des chômeurs : coexistence de ce chômage avec la présence
d'un nombre très important de salariés étrangers.
1R• JOSHI, H. LUBELL et J. MOULY, op. cit., p. 39.

-197-
L'une des explications de cette insuffisance de création d'em-
ploi alors que l'économie était dans une phase exceptionnelle de
croissance, peut être attribuée à la forme de la croissance et à
la politique choisie qui ont engendré une dépendance technologique
sans doute excessive et un certain type de société peut-être pré-
judiciable au développement de l'emploi.
1
La plupart des études consacrées à l'économie ivoirienne
montre que la croissance du secteur moderne a été largement fondée
sur des techniques, des capitaux, des compétences d'origine étran-
gère qui ont. peut être permis des gains de productivité relativement
importants et par là rendu competitif certains prod1i.its ivoiriens sur
le marché international, mais ont par ailleurs relativement freiné
le développement de l'emploi.
C'est une des désavantages du Code
des Investissements que nous analyserons ultèrieurement.
En outre,
la forte croissance économique du pays et notamment du secteur mo-
derne, débouche sur un exode rural intense.
(Nous y reviendrons dans
l' expliëation-de causes du sous-emploi marginal ou d'attente.)
Cepen-
dant, si dans tous le pays en voie d'industrialisation, on peut ob-
server des flux analogues (partout, ces mouvements aboutissent finale-
ment à un ch8mage urbain important)~ la situation ivoirienne a ceci
de particulier.
L'exode rural intervient alors que l'on cont.tate,
au moins en milieu rural à un déficit important de main-d'oeuvre.
Son intensité est aussi forte dans les zones rurales de forêts rich,es
qu'en zones rUrales pauvres de savanes.
De plus il n'existe pas de
problèmes aigus de sous-alimentation dans les villages; le niveau
de vie d'un agriculteur en zone de forêt est souvent équivalent, par-
fois supérieur à celui d'un manoeuvre urbain, et l'emploi est partout
2
assuré •
l1algré cela les gens quittent massivement la campagne pour
les villes.
Quant à la politique choisie, notamment la politique suivie en
matière de salaire urbain et de protection sociale, si elle n'est pas
critiquable en soi (mais le deviendrait dès lors qu'on compare la
situation économique des ruraux et des urbains, des ch8meurs et de
ceux qui ont un emploi), limite-t-elle l'augmentation de l'offre
d'emploi et s'oppose-t-elle, de ce fait au développement d'industries
de main-d'oeuvre?
1 Notamment les études effectuées par le BIT pour le compte de la Banque
Mondiale en 1973.
Cf. par exemple : "Urbanisation et emploi en CSte
d'Ivoire" (BIT 1975).
2Louis ROUSSEL, op.cit. P. 193.

-198-
1
En effet, d'après Jean Maurice DERRIER , la politique des sa-
laires est une demande contradictoire qui est présentée à un Etat,
notamment africain, appelé à jouer un rÔle prépondérant dans le sys-
tème de détermination des salaires
--Une demande tendant à la hausse des salaires en vue d'assurer
un renouvellement minimal de la force de travail, d'obtenir
la participation des salariés à l'effort de développement,
d'éviter les conflits du travail, d'animer les industries
produisant des biens de consommation pour le marché intéri-
eur : cette demande est portée par les syndicats, parfois
par certains secteurs du patronat, et par les gouvernements
intéressés à la paix sociale et politique;
--Une demande tendant à bloquer les salaires en vue d'attirer
les investisseurs étrangers, de créer un capital national, .
d'affronter la concurrence internationale et de réduire les
écarts entre salariés et paysans : cette demande est portée
par le patronat et par les gouvernements intéressés au dé-
veloppement économique.
Or, quelles ressources l'Etat africain peut-il mobiliser pour
satisfaire deux demandes aussi contradictoires, portées par des groupes
sociaux antagonistes~ Les instruments qu'il utilisera - fixation des
salaires, contrÔle des prix agricoles et industriels, eode des Inves-
tissemnts, etc., permettront-ils de promouvouir le développement, et
de sauvegarder l'emploi?
On peut en douter concernant l'évaluation de prix du travail.
En effet, malgré le fait que le salaire garanti de la main-d'oeuvre
salariée, soit supérieur au salaire ou revenu du secteur tradition-
nel, car par définition il est facile d'y avoir accès .(voir Tableau
N° 60:.ci-après).,
6n ne peut pas à proprement parlé de sur-évaluation
de salaire qui freinerait l'embauche.
En revanche, la distorsion vraiment cruciale, qui peut ralentir
l'accroissement de l'emploi concerne sans contexte le capital: lors-
qu'une entreprise peut se procuer des capitaux à des taux d'intérêt
modestes en situation inflationniste, lorsqu'elle doit acquitter de
faibles droits d'importation pour ses biens d'équipement, lorsqu'elle
se voit offrir toute une gamme d'encouragement fiscaux favorisant
l'utilisation des biens d'équipement, il serait surprenant qu'elle
1Jean Maurice DERRIER : "Condition de travail et sous-développement
les industries agro-alimentaires au Sénégal et au Togo, Il Ed. CNRS
Paris 1981
PP. 103-104.

-199-
opte pour des techniques et des procédés à forte utilisation de main-
d'oeuvre même si le prix de celle-ci est faible.
En résumé le déséquilibre actuel du marché du travail s'expli-
que par un excédent de l'offre de travail par rapport à la demande,
malgré son caractère partiel, mais aussi par les distorsions des prix
de facteurs, notamment les avantages octroyés par le Code des :inves-
tissements.
Mais le sous-emploi occidental peut-être également expliqué
par la baisse des activités économiques que le pays connaît en ce
moment.
TABLEAU N° 60
EVOLUTION DU SALAIRE MINIMUM INTERPROFESSION1~L
GARANTI DES OUVRIERS (SMIG) ET DU SALAIRE MINI-
MUM AGRICOLE GARANTI (SHAG)
SALAIRES
HORAIRES
0 1971 1~~.:~73} 974_~~7~_197~977' ~7\\1~~~1~~_
EN FCFA
:197
1
------
a
SMIG
1
l '
1
J
,,58,3 58,3 58,3 64,4 82,71',92,°'1115,0 115,0!143,8 158,11174,0
1

1
~
b
SVJAG
19,5 19,5 19,5 19,1 22,1l,~5,01 26~6ill 31,3133,61 34,1 i 35,1
~
r.
f
~
Part du
r
j
1
1
~
1 "
~
SVJAG dans
le SMIG
33%
33%
,33%
30% 1 27%l 27%
23%
j 27/0 ! 23% li! 22% 1 2~/o
en %
1
r
j
1
1
:
SOURCES
(a) Ministère de l'Economie, Bulletin mensuel.
(b) Ministère de l'Agriculture, Statistiques agricoles.
II. LE SOUS-EMPLOI OCCIDENTAL ET LE COMMERCE EXTERIEUR
Après l'explication du sous-emploi occidental par le disfonction-
nement du marché du travail, il convient ici de déterminer dans quelle
mesure la baisse du commerce extérieur ivoirien affecte le niveau de
l'emploi et crée par conséquent du sous-emploi.
Notre but est donc de souligner les effets directs et indirects
"
des importations et des exportations sur le niveau de l'e~ploi.
Ceci
suppose que l'on prenne pour hypothèse que le pays fonde sa croissance

-200-
économique sur une poli tique économique largement extravertie.
Et
c'est le cas pour la CSte d'Ivoire.
Aussi avant d'analyser ces effets nous nous proposons de bros-
ser la théorie relative à la liaison entre le commerce extérieur et
l'emploi.
A. Le commerce extérieur et l'emploi
L'influence du commerce extérieur sur le revenu et l'emploi a
été étudiée par la théorie économique à partir de l'intégration de
l'Extérieur dans les modèles d'équilibre macro-économiques.
En effet, l'équilibre global en intégrant l'Extérieur peut
s'écrire de la forme suivante:
y = C + l + G + (E - M) 1
avec
y= produit national ou revenu national
C = consommation
l
= investissement
G = dépenses gouvernementales
E = exportations
M = importations
Ainsi (E - M) représente la balance commerciale où les expor-
tations constituent l'achat de produits nationaux par l'étranger
sont considéres comme une composante de la demande globale, alors
que les importations se composent des achats par le pays, de produits
d'origine étrangère.
Leur montant est déduit de la demande globale.
La théorie économique a établi une corrélation directe entre
exportations, importations et revenu et par conséquent l'emploi.
1. E~ortations et emploi
Dans l'équilibre global·que.nous venons d'écrire, les exporta-
tions sont considérées comme une variable autonome (elles dépendent
de la demande de l'Extérieur).
Par conséquent les possibilités d'in-
fluence sur les exportations sont limitées.
Cependant de nombreuses études ont été entreprises pour estimer

-201-
les effets d'une expansion des exportations sur l'emploi du pays ex-
1
portateur.
Elles montrent que l'expansion des exportations a sur
le produit national une série de quatre effets
--un effet direct
--un effet de liaison
--un effet multiplicateur
--un effet "devises"
~) L'effet direct des exportations
Tout accroissement notable des exportations se traduit par une
amélioration de l'activité économique.
Il y aurait donc un effet
direct sur l'augmentation des effectifs occupés dans la production
destinée à l'exportation.
Toutefois il faut souligner que la quan-
tité de main-d'oeuvre requise pour produire un bien d'une certaine
valeur est liée au rapport production-travail dans la branche d' acti-
vité.
Il faut donc tenir compte de la productivité des branches pro-
duisant pour l'exportation, pour estimer l'effet direct d'une ex-
pansion des exportations sur l'emploi.
b) L'effet de liaison des exportations
Il résulte de la liaison qui existe entre différentes activi-
tés de l'économie nationale.
L'essor d'une industrie peut, en effet
donner lieu à une expansion dans d'autres secteurs, par suite de
l'achat ou vente des biens et services de ces secteurs.
En ce qui concerne les exportations, l'effet de liaison peut
se faire sentir
aussi bien dans le branches qui fournissent matières
premières et machines, c'est la liaison en amont, que celles qui as-
2
surent les services connexes, c'est l'effet de liaison en aval.
1BIT _ Programme mondial de l'emploi.
Rapport sur l'avancement des
recherches.
Génève 1974.
2Albert D. HIRSCHMAN: "Stratégie du développement économique", Eco-
nomie et humanisme.
Edo Rivières
Paris 1964.

-202-
Au niveau de l'emploi, l'ampleur de cet effet dépend de la part
des industries exportatrices dans les autres branches d'activité du
pays et du rapport production-travail de ces brandles.
L~effet de liaison est cumulatif, aussi l'importance de l'ef-
fet de liaison dépend-il de deux facteurs importants :
--la proportion des matières nationales entrant dans la fabri-
cation des produits exportés;
--le rapport production-travail dans les branches d'activité
entre lesquelles se répartit le paiement des industries
d'exportations.
Aussi, lorsque les produits exportés contiennent une forte pro-
portion de matières nationales et sont largement tributaires d' in-
dustries où la productivité du travail est faible, on peut obtenir
de bons résultats sur l'emploi en élaborant davantage les produits
exportés.
c) L'effet multiplicateur des exportations
La hausse du pouvoir d'achat de ceux qui auront trouvé du tra-
vail, par la suite de l'effet direct des exportations et qui con-
sacreront à la consommation une certaine fraction de leur gain, les
suppléments de recettes du Gouvernement, permettront de nouvelles
possibilités d'emplois.
En effet les nouvelles dépenses de consom-
mation, et les dépenses gouvernementales auront pour effet d' augmen-
ter la demande globale, ce qui peut se traduire par une création
supplémentaire d'emplois.
d) L'effet "devises" des exportations
Il ne fait pas de doute que les exportations d'un pays font
rentrer des devises.
En effet, les pénuries de devises constituent
souvent, notamment pour les pays pauvres, un plafond aux possibili-
tés d'importation de biens d'équipement indispensable à l'expansion
de l'emploi.
L'accroissement des recèttes en devises, par suite de
l'expansion des exportations peut remédier à cette pénurie.
Cepen-
dant deux conditions sont souvent nécessaires pour que l'effet "de-

-203-
vises" joue en faveur des exportations :
--il faut qu'il existe une demande autre que celle des biens
de consommation qui n'a pas été satisfaite, faute de devises
étrangères;
--les devises provenant de l'exportation sont utilisées pour
satisfaire cette demande et non pas celle de biens de consom-
mation.
Soulignons pour terminer sur les effets des exportations sur
l'emploi que si les trois premiers effets créent des emplois, l'ac-
croissement des recettes en "devises", lui ne fait que facilitèr
l'emploi.
2. Importations et emploi
Tout COmme pour les exportations, les importations constituent
dans la formulation de l'équilibre global macro-économique que nous
venons d'écrire, des variables autonomes.
Elles sont donc fonction
d'une politique définie par le pays importateur, et par conséquent
susceptible d'~tre controlables.
En effet les recherches sur les liaisons des importations au
revenu national et par ricochet de l'emploi ont amené à définir une
propension à importer.
La propension marginale à importer se défi-
nit COmme le rapport entre la variation des importations et la vari-
ation du revenu national, soit:
VARIATION DES IMPORTATIONS
pmi = AM
=
AY
VARIATION DU REVENU NATIONAL
Ainsi, une propension marginale à importer positive c'est-à-
dire 0<pmi<1, a pour résultat de réduire les effets exercés sur le
revenu national par le multiplicateur.
En effet, cela veut dire qu'-
une partie du supplément éventuel du revenu sera dépensée à l'étranger
au lieu d'être employée à l'intérieUre
Cependant dans les pays en voie de développement, il convient
de distinguer, lès importations de biens de consommation des importa-
tions de biens d'équipement.
Les premières sont normalement un frein
à la progression de la production nationale et donc de l'emploi tan-
dis que les secondes jouent un double rSle :

-204-
--celui d'accroître l'emploi ne serait-ce que pour utiliser
un nouvel équipement mis en place;
--celui d'accroître la production, donc de l'emploi.
Toute-
fois, l'importation de biens d'équipement peut détruire des
emplois dans des secteurs concurrentiels.
Après cette brève analyse théorique sur les effets du commerce
extérieur ~ur l'emploi, examinons à présent dans le cas
de la Côte
d'Ivoire, comment ces effets se traduisent par le sous-emploi
occi-
dental.
B. Les effets du commerce extérieur ivoirien sur le niveau de l'emploi
1
Pour TI1~ERGEN , la raison principale du sous-emploi est la poli-
tique restrictive au commerce aussi bien des pays développés que sous~
développés.
Cependant, la po~itique restrictive en matière commercia-
le
est pratiquée par les développés vis à vis des pays en développe~
ment sous forme de protectionnisme.
Nous examinerons donc. les consé-
quences de ce protectionnisme sur l'emploi dans les pays en voié de
développement, notamment en C8ted i Ïvoire.
Par ailleurs, la structure même du commerce extérieur ivoirien
fait apparaître un coefficient élevé des exportations et des importa-
tions par rapport du Produit intérieur brut.
Or, l'instabilité des
marchés d'exportation des produits tels que le café et le cacao qui
constituent les principaux sources de devises, et la détérioration
des termes de l'échange de la Côte d'Ivoire, agissant sur les possi-
bilités de développement économique et donc de l'emploi.
Ce sera le
deuxième volet d'effets que nous aborderons.
Enfin nous verrons dans quelle mesure le processus
d'industria-
lisation . par import-substi tution et par valorisations des produits
locaux en vue de leur exportations entrainent finalement des effets
néfastes sur le niveau de l'emploi.
1. Les effets du protectionnisme
Le protectionnisme et la ménace de protectionnisme de la part
1 TI;~GEN, Planifica;~on du développement, PUF, Paris 1962.

-205-
des pays industrialisés affectent les pays en voie de àévelopp~ent
de deux façons :
--directement en réduisant les possibilités d'acquérir des
devises, en aggravant chez eux le chômage et en freinant
l'augmentation de leurs Fevenus;
--indirectement, en les empêchant d'adopter, en matière d~in­
vestissement de production et de commerce, des politiques
qui leur permettraient peut-être, de mieux utiliser les
ressources et de progresser plus rapidment sur la voie du
développement.
Ces effets néfastes ne sont pas seulement perçus par les expor-
tateurs déjà établis d'articles manufacturés, mais aussi bien par les
pays qui commencent à peine à exporter.
Ce ne sont pas seulement les
restrictions effectives qu'ils touchent, mais également les menaces
de restrictions, car cette menace crée un climat d'insécurité et dis-
suade les industries exportatrices d'entreprendre des investissements
à long terme (nous y reviendrons).
Bien souvent la crainte de l'impo-
sition future de mesures protectionnist~dissuadeles Gouvernements
,
des pays sous-développes d'adopter des politiques d'ouverture sur le
monde extérieur, orientées vers les échanges.
Ils se ~ontentent donc
d'adopter en matière d'échange et de développement, des stratégies
peu ambitieuses qui en fin de compte renforcent les intérêts acquis
des milieux qui ont un
avantage à produire à un coat élevé à l'in-
tention du marché intérieur fortement protégé'.
Au niveau ivoirien, ce protectionnisme se rencontre aussi bien
sur le plan agricole qu'industriel.
Le protectionnisme agricole des pays développés touche en effet
le café et le cacao.
Les quotas d'exportation imposés par la CEE
dans le cadre des accords de Lomé l ou II sont assez connus pour
qu'on y revienne longuement.
Quant au protectionnisme industriel, il porte généralement sur
les produits tels que le textile, le caoutchouc, dérivés de pétrole,
etc.
L'ouverture des pays développés aux produits industriels des pays
. exige souvent des modifications de structure au
sein des économies développées que celles-ci ne sont pas touJours
prêtes d'accepter sous prétexte de problèmes sociaux qui risquent
de soulever.
Ainsi les produits qui proviennent de
ces
pays
en
raison
des avantages de faible coût de matières premières et
de salaires sont ~ystématiquement freinés par les pays développés.
.
.
1Robert S.MACNAMARA' Discours prononcé devant laC~~CED, Manille'979.

-206-
Or, ces mesures de protection défavorables aux produits à forte den-
sité de main-d'oeuvre pour lesquelles la Côte d'Ivoire, comme d'ail-
leurs beaucoup">de pays sous-développés, bénéficie d'un avantage rela-
tif, freinent les possibilités de création d'emploi.
De plus, toute une série d'obstacles tarifaires limitent l'accès
aux marchés des pays développés, notamment la structure actuelle des
droits d'importation font que les hausses fréquentes des droits de
douanes conduisent à assurer des niveaux de protection élevés, em-
pêchant ainsi en partie, l'extension des activités industrielles de
la Côte d'Ivoire à la transformation complète de ses produits primai-
res.
Aussi il sera donc, dans ces conditions, difficile de transfor-
mer les matières premières et d'augmenter corrélativement l'emploi.:
2. La structure du commerce extérieur et l'emploi
Nous venons de voir que le protectionnisme des pays développés
crée des problèmes d'emploi dans les pays sous-développés.
Ceci-
parceque la plupart de ces pays ont un coefficient de commerce ex-
térieur élevé, c'est-à-dire que leurs productions nationales sont
orientées dans une forte proportion vers la vente sur les marchés
extérieurs, en particulier occidentaux, et donc dépendent d'eux pour
leur écoulement.
Le tableau ci-après montre que le coefficient du commerce ex-
térieur de la Côte d'Ivoire représente au niveau des exportations
environ 3~1o du PIB et 27% au niveau des importations.
Autrement dit
un tiers du PIB est secreté par les exportations et 2710 par les im-
portations.
Or, trois tendances générales caractérisent la structure du
commerce extérieur ivoirien :
--tes produits de base (café, cacao, bois, ananas, oléagineux,
bananes, etc.) représentent l'essentiel des exportations.
La produc-
tion de ces produits est assurée par plus de 80% des actifs.
Dès lors,
si les prix de ces produits chutent ou si des aléas naturels (seche-
resse, intempéries) subsistent et persistent, ils se prépercutent di-
rectement sur l'emploi de ces individus et les contreignent au sous-
emploi.
Mais le sous-emploi intervient dans le mesure où ce sont les

-207-
devises procurées par la vente de ces produits qui permettent une
partie du financement de l'industrialisation.
Donc, baisse des
productions agricoles, manque de devises, non réalisation de pro-
jets industriels, endettement, développement de sous-emplois.
-En revanche, les importations comprennent en majorité des
produi ts manU-facturés (ciments, clinkers, machines, outils, biens
intermédiaires••• ).
Comme ces importations sont financées par les
exportations, on comprend donc la liaison directe entre ces deux
composantes.
Ainsi, la baisse des exportations se traduisent par des
baisses des importations et donc baisse d'activité et de projets in-
dustriels.
C'est donc la fameuse division international du travail impo-
sée au monde parla force des canons et justifiée ensui te par les
plus eminents économistes occidentaux.
--Enfin le Commerce extérieur ivoirien s'effectue avec un petit
nombre de pays, bien que la devise politique consiste à une diversi-
fication, et cette spécialisation est particulièrement grave du fait
des variations
des prix d'achats de ces pays et de leurs spéculations,
mais aussi au manque d'organisation des marchés où justement la spécu-
lation accentue alors les variations d'une année à l'autre.
A ces
instabilités s'est ajoutée pendant longtemps une tendance à la baisse
des prix d'exportation par rapport aux importations.
Le rapport se
traduit par la dégradation des termes de l'échange tels qu'ils appa-
raissent au tableau nO 61
ci-après.
Or, ces fluctuations et donc ces manques à gagner se traduisent
par des baisses d'activités et des réductions des projets de dévelop-
pement industriels, commerciaux.
Et COmme la population active aug-
mente, il y a inévitablement un sous-emploi qui se développe.

-208-
TABLEAU N° 61
EVOLUTION DES TERVŒS DE L'ECHANGE EN COTE D'IVOIRE
(BASE 100 EN 1971)
;
INDICE DE PRIX
TERME DE
ANNEES
L'ECHANGE
EXPORTATIONS
IMPORTATIONS
1971
100;0
100,0
100,0
1972
94,2
106,5
88,5
1973
121,4
112,7
107,7
1974
155,9
155,3
100,4
1975
140,8
171 ,2
82,2
1976
195,9
182,2
107,3
1977
319,7
203,1
157,4
1978
272,4
216,6
125,8
1979
305,9
241,3
126,8
1980
315,2
296,2
106,4
SOURCE;
Fonds Honétaire International
. "Supplement on Price
Statistics, Il N°:2 1981.
Section 2 - LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI MARGINAL OU D'ATTENTE
Le sous-emploi marginal ou d'attente correpond à la situation
des personnes scolarisées ou non, disponibles dont la mutation des
structures sociales les obligent à quitter le cadre familial à la
recherche de leur premier emploi salarié, généralement en ville et
qui n'en trouvent pas.
On peut donc déduire trois principales Causes de ce sous-emploi
l'école, la mutation des structures sociales et l'exode rural.
Reprenons ces trois causes et essayons de montrer dans quelle
mesure elles peuvent entrainer le sous-emploi marginal ou d'attente.

-209-
I. L'ECOLE ET LE SOUS~EMPLOI MARGII~
Le caractère sous-emploi marginal de l'école provient princi-
palement de son inadaptation aux réalités socio-économiques du pays.
C'est un phénomène quasi-général dans presque tous les pays, à la
seule différence qu'il est plus accentué dans les pays en voie de
développement et notarrunent el3; Afrique Noire.
En effet, la famille élargie que nous avons déjà analysée quel-
ques caractéristiques, assurait presque toutes les fonctions sociales,
économiques et notamment éducatives.
Elle pratiquait un système edu-
catif original, parfaitement adapté, formant un type d'hommes et de
femmes capable d'affronter un univers souvent hostile et de survivre
grâce à son intégration totale· dans la société qui est la sienne.
Ainsi, l'enfant s'insère en venant au monde dans un réseau d'atti-
tudes préétablies quasi-immuables qui font la cohérence et la stabili-
té de la famille élargie.
Or, l'école, va bouleverser ce système éducatif.
De plus, cette
école ne forme, ni qualitativement, ni quantitativement, tout au moins
dans le cas de la Côte d'Ivoire, les hommes et les femmes que requiert
l'économie.
Il en résulte donc un fort sous-emploi.
Avant de montrer donc dans quelle mesure cette inadaptation de
l'école aux réalités socio-économiques se traduit par le sous-emploi
que nous avons qualifié de marginal ou d'attente, faisons un bref rap-
pel historique de l'école ivoirienne.
A. Bref rappel historique de l'école en Côte d'Ivoire"
L'école a vu le joùr en Afrique d'expression française sous la
pression du besoin colonial.
L'Administration française ne pouvai t
plus faire face à tout, des africains scolairsés devraient donc comb-
ler les manques de la métropole en administrateurs locaux et en fonc-
tionnaires subalternes.
1
C'est ainsi que d'après Joseph GAUCHER , la première institu-
tion scolaire officielle fut créée en Afrique occidentale d'expres-
sion française (AOEF) en 1817.
Elle était l'oeuvre d'un instituteur
fr.ançais, venu de Di~n, r~cruté et payé par le Gouvernement Central
1Joseph GAUCHER, Les débuts de l'enseignement en Afrique francophone.
Le livre africain, SENEGAL
1968.

-210-
et mis à la disposition du Gouverneur du SENEGAL, pour ouvrir une
école primaire à Saint-Louis.
Cependant en CSte d'Ivoire il a fallu attendre l'année 1893
pour voir ouvrir la première école.
Ensuite, quelques écoles se développérent par la suite dans
les centres administratifs, mais la plupart des instituteurs vinrent
de la métropole et coutèrent très chers.
Par conséquent, on ne pou-
vait donc les multiplier ni les disperser.
Par contre, dans les zones
rurales, les écoles missionnaires par lequelles voulait passer l'oeu-
vre évangélique, allaient se développer un peu
partout, créant tout
un réseau d'instruction, rapidement pris en charge par des instituteurs
autochtones.
Malgré cela, la CSte d'Ivoire, comme tous les autres Etats afri-
cains d'ailleurs, se trouvent affrontés à des problèmes cruciaux de
formation au lendemain de leur indépendance.
Ainsi, du 16 au 27 juillet 1968, les Ministres d'Education des
Etats africains se sont réunis à NAIROBI (KENYA) . à
l'initiative
conjointe de l'OUA et de l'UNESCO, pour réfléchir sur "l'éducation
et la formation scientifique et technique dans ses rapports avec le
développement en Afrique ll , et tenter de dresser un bilan des réali-
1
sations depuis 1961 , sont arrivés à la conclusion qu'il existe dans
les pays africains un développement du chômage "intellectuel" dû à
l'inadaptation de leurs systèmes d'enseignement à leurs réalités so-
cio-économiques.
Mais, pour ce q~i nous concerne, c'est que les conséquences de
cette inadaptation du système d'enseignement ou plus généralement de
l'école comme moyen éducatif se traduisent par un sous-emploi margi-
nal.
:s. L'école et le sous-emploi marginal ou d'attente en CSte d'Ivoire
Comme la plupart des pays en voie de développement, la Côte
d'Ivoire, en dépit de l'immense mobilisation qu'elle a effectuée de-
t~~~ son indépendanceL-~e forme ni quantitativement, ni qualitative-
UNESCO, .OUA, Conférence de NAIROBI sur l' éducati on et l a formati on
scientifique et technique dans ses rapports avec le développement
en Afrique.
CESTA, ref 2.
p. 7 -- 1968.

-211-
ment· les hommes et les femmes que requiert son économie.
Cette carence, une des conséquences de l'héritage colonial,
se ressent actuellement au niveau de l'emploi et conditionne donc
le sous-emploi.
Cela se vérifie aussi quantitativement que qualita-
tivement car d~puis l'indépendance, l'économie a été bouleversée.
1. -L'I aspect quantitatif de l'écqle
L'examen des chiffres du tableau nO 63 ci-après manifeste
certes l'effort de croissance scolaire accompli par le pays.
Les taux moyens de croissance annuels de l'ensemble des effec-
tifs entre 1960 et 1980 sont les suivants par type d'enseignement :
-Primaire :
6,3%
-Secondaire 1er cycle
12,9%
-Secondaire 2e
cycle
26,4%
-Supérieur :
12,5%
Soit une moyenne générale de l'ensemble des effectifs de l~ordre
de 6,9%.
Or ces performances posent par elles-mêmes trois types de pro-
blèmes bien connus~ mais dont les solutions apparaissent toujours
plus difficilès.
Ce sont :
Premi~~ement, l'accroissement massif des charges financières
consenties pour l'éducation.
En effet, l'enseignement pour le grand
nombre auquel aspire la population a pu devenir quantitativement
une réalité gr~ce aux efforts financiers et humains de l'Etat et
d'une aide extérieure considérable.
Ainsi aùniveau dellEtat, la part de l'aide telle qu'elle ap-
paraît dans le tableau ci-dessous est très importantee
Représentant
seulement 16,8% du budget général en 1961, le pourcentage du budget
de fonctionnement de l'éducation nationale a atteint 31,3% en 1980.
soit un taux de croissance annuel sur la période (1961-1980) de 8,3%.
Quant aux autres sources de financement, elles proviennent des
aides externes notamment du FAC (Fonds d'Aide et de Coopération), du
FED (Fonds Européens de Développement) et du PNUD (Programme des Na-
tions Unies pour le Développement).
La France
~ffre des Professeurs et des Maîtres.

-212-
Bref, les charges financières consenties à l'éducation na-
1
tionale ont représenté d'après les chiffres de A. ACHI0
4,r~ du
Produit intérieur brut en 1967.
Elles doivent €tre
encore plus im-
portantes à l'heure actuelle.
TABLEAU N° 62
POURCENTAGE DE REPARTITION DES BUDGETS DE FONCTION-
NEMENT DE L'EDUCATION NATIONALE PAR RAPPORT AU BUDGET
GENERAL DE L' ADHINI STRATION
ANNES
1961
1965
1970
1975
1980
---
----
----
- - - - - - -
POURCENTAGE
16,8%
21,8%
27,6%
30,4%
31,3%
SOURCE
Hinistère de l'éducation nationale.
Deuxièmement, le passage d'un type d'enseignement à un autre
pose de nombreux obstacles.
On peut comparer le système éducatif
ivoirien:à une sorte "d'entonnoir" : large à l'entrée et très petit
à la sortie.
Ainsi, le système éducatif de la Côte d'Ivoire est caractéri-
sée par des taux élevés.... de déperdition, c'est-à-dire les redoublements
et les abandons.
.
2
Toujours d'après A. ACEIO , les taux de déperdition moyenne
d'une année par rapport à l'année précédente calculés pour les élèves
de 6e en Terminale, entre l'année scolaire 1957-58 à 1967-68 sont
les suivants :
6e à 5e
15,04%
5e à 4e
18,23%
4e à 3e
17,04%
3e à 2e
64,72%
2e à 1 ère
20,22%
1 ère à Terminale
30,45%
TAUX DE DEPERDITION =
A - P
A = Effectif d'une classe à l'année
t + 1
-P- -
P = Effectif dë la classe précédente
à l'année t
1A. ACHIO, Ressources humaines et perspectives de l'emploi en Côte
d'Ivoire, 1968-1975.
Ministère du Plan, ABIDJAN.
2 Ibid. p. 155.

-213-
On remarque que le taux est très élevé entre la 3e et la 2e à
cause de la sélection qui se fait.
Il en est de même pour le passage
de la 1 ère en Terminale.
Mais dans Il ensemble, les causes sont dues
aux échecs, aux examens d'entrée d'un type d'enseignement à un autre
et au manque de places et de moyens humains dans les classes.
Que deviennent donc tous ces élèves qui abandonnent leurs étu-
des en cours de scolarité?
Il en résulte, troisièmement, une apparition et une multipli-
cation de jeunes gens scolarisés mais demeurant chSmeurs ou sous-
employés.
La majorité d'entre eux partira en ville grossir le lot des
chômeurs déjà existants, devenus inaptes au travail agricole et in-
adaptés en ville, où ils sont dépourvus d'une qualification profes-
sionnelle valable.
De plus, à cSté de ceux qui ne trouvent aucun
emploi, nombreux sont et seront les ancien~ élèves qui doivent se
contenter d'un emploi inférieur à celui qu'ils ambitionnent. Ces
jeunes, frustrés de leurs illusions, se retrouvent en effet après de
longues années de scolarité sans aucune qualification vraie.
Si, comme nous le soulignons plus haut, la eSte d'Ivoire ne
forme pas en quantité suFfisante des hommes et des Femmes, la quali-
té des formés reste aussi relativement faible.
2. L'aspect qualitatif de i'école
L'objectif de l'éducation qui prévalait dans le pays d'après
l'indépendance consistait à former des "cadres" d'une fonction pu-
blique du type napoléonien et des membres des professions libérales,
c'est-à-dire une fraction très limitée de la population active.
Les
autres devraient recevoir sur le tas leur formation technique ou pro-
fessionnelle dans le cadre ou dans ce qui restait des anciennes cor-
porations en atelier ou en usine.
Or, le pays étant pour la grande partie de la population Com-
posé d'agriculteurs, devrait pour son développement économique, for-
mer en priorité des exploitants, salariés et "cadres" agricoles en
prise sur leur environnement rural.
Malheureusement, la formation a privilégié les disciplines lit-
téraires, juridiques, commerciales••• et néglié jusqu'à ces dernières

-214-
années, les sciences de l'ingénieur et les techniciens.
D'autre part, si on regarde les déficits scolaires dus aux
abandons en cours de la scolarité, redoublement ou aux échecs,
que nous venons d'analyser, on s'aperçoit qu'ils sont supérieurs aux
réussites : les élèves qui parviennent à terminer le cycle d'enseigne-
ment primaire, ou secondaire sont moins nombreux que ceux qui quittent
l'école avant d'avoir achevé leur scolarité.
Il en résulte une déper-
di tion qui allonge considérablement la durée moyenne de la scolarité
et la moyenne d'~ge.
Les raisons de ces déficits sont dues à trois causes princi-
1
pales
--à l'insuffisance de la capacité d'accueil des établisse~ents
scolaires., Celle-ci provoque un gonflement demesuré des
effectifs qui pensent atteindre presque 100 élèves par classe
dans le primaire.
Le nombre d'élèves par classe etant très
élevé et faute de place, les écoles se voient obligées de
refuser l'entré~d'un certain nombre d'enfants~
--à l'insuffisance du personnel enseignant en qualité et en
quantité.
En effet àla pénurie des -locaux; il faut ajouter
la manq'.J.e ·de formation-des enseignants et l'insuffisance du -
matériel pédagogique.
Ainsi un nombre relativement élevé de
martres de niveau très faible sont chargés, souvent dans le
primaire, de l'éducation des enfants et ne peuvent s'acquit-
ter de leur t~che de façon satisfaisante faute de formation.
--enfin, au contenu mêne de l'enseignemènt qui doi t être mis
en cause.
Malgrè
des efforts certains, programmes et mé-
thodes sont encore insuffisamment adaptés.
Les changements
fréquents de manuels et de méthodes (enseignement télévisuel
actuellement abandonné), contribuent ainsi à désorienter
m~tres et élèves.
En conclusion, la combinaison des facteurs quantitatifs et quali-
tatifs se traduit par une inadaptation du système éducatif aux réalités
socio-économiques du pays.
Il en résu! te donc une mu! tiplication de
jeunes gens scolarisés mais demeurant sans travail en rapport avec
leur niveau de formation at une perte de ressources humaines inemployées.
1A. ACHIO t op. ci t., P. 1 71.

-215-
TABLEAU N° 63
EVOLUTION DES EFFECTIFS SCOLAIRES PAR TYPE
D'ENSEIGNEHENT
a
TYPE D' ENSEI GNEMENI'
1960-61 1965-66 1970-71 1975-76 1980-81 T.M.C.
-
- - - 1980Ll96Q~
PRIMAIRE
-. ·E.f.fecti.f
238.772 353.745 502.865 672.707 804.753
+
6,3i(
-% du Total
(95,4%) (92,3%) (88,2%) (86,1i~) (84,7%)
-
-
SECONDAIRE
1 er Cycle
- E.f.fecti.f
10.412
26.017
57.902
90.054 119.799
+ 12, 9i~
- % du Total
(4,2%)
(6,8%) (10,2%) (11 ,5%) (12,6%)
- - -
SECONDAIRE
2e Cycle
- E.f.fecti.f
837
2.147
6.076
12.333
17.515
+ 26,4%
- %du Total
(0,3%)
(0,6%)
(1,1%)
(1,6%)
(1 ,8%)
SUPERIEUR
- Effectif
147
1.147
3.092
6.075
8.548
+ 12,5%
- % du Total
(0,1%)
(0,3%)
(0,5%)
(0,8%)
(0,9%)
- - - - -
TOTAL
- Ef.fectif
250.168 383.056 569.935 781.169 950.615
+
6,9%
- % du Total
(100% ") (1000/o )
(10&/0 ). (100% ) ( 1000/0 )
SOURCE: LA COTE D'IVOIRE EN CHIFFRES.
aT• M• C.= Taux moyen de croissance

-216-
II. LA MUTATION DES STRUCTURES SOCIALES ET LE SOUS-EMPLOI MARGINAL
Le deuxième facteur sur lequel nous appuyons l'examen des cau-
ses du sous-emploi marginal ou d'attente est la mutàtion des struc-
tures sociales.
En effet. comme nous avons déjà souligné, la cellule de base
de la société ivoirienne reste encore très largement la famille élar-
gie.
Cette famille élargie remplissait tous les r51es que nécessi-
taient son organisation et sa survie et tous les membres travaillaient
collectivement pour obtenir ces objectifs.
Or, la colonisation et les besoins nouveaux suscités par
l'indépendance ont désorganisé Ia famille traditionnelle élargie no-
tamment dans ses liens de solidarité qu'elle maintenait entre ses
membres.
De plus, le travail qui était fait collectivement tend à
disparaître progressivement au profit du travail sal_arié.Ces deux
trai ts de désorganisation de l a famille él argie ont eu des-conséquen-
ces sur l'ampleur du sous-emploi.
Comment?
C'est ce que nous allons
tenter de
montrer en les : analysant successivement.
A. La disparition. de la solidarité entre les membres de la ramillp
traditionnelle élargie et le sous-emploi marginal ou d'attente
Un des traits caractérisitiquesdessociét~safricaines est l'im-
portance que l'individu attache à la famille traditio~~elle.
En effet, dans la société, l'homme ne vivait pas isolé.
Il
ne pouvait concevoir son existence qu'intégré dans celle de sa fa-
mille.
En C8te d'Ivoire, cette intégration se ,réalisait en deux
phases
--Une intégration de l'individu dans la Pamille restreinte
(pas du sens de la famille du type conjugal)~ comportant
le mari. son ou ses épouses et leurs enfants;
--Une intégration de la famille restreinte dans la famille
étendue' comprenant sous l' autori·tédu plus ancien ou chef
de fa'11ille, tous les membres issus d'un ancestre cornrnun.
A l'intérieur de la famille élargie, existe un esprit de soli-
dari té, valeur essentielle, qui fait que par exemple, le groupe de
jeunes et bien portànts prennent en charge les champs des vieillards,
ou à l'heure actuelle, qui impose à celui qui a un travail rémunéra-

-217-
teur d'entretenir un grand nombre de parents démunis de travail ou
peu désireux de travailler.
Cette solidarité agit comme une sorte de "sécui~ité sociale"
garantissant ainsi les risques ~ormes par chaque membre.
"L' indi-
vidu est intégré à un système social où tout se tient.
L'intensité,
la multiplicité et l'interdépendance des rapports sociaux donnent
au groupe familial une cohésion très forte, condition de sa survie,
procurent à chacun de ses membres une protection et lui assurant dans
les limites des possibilités économiques très restreinte, un mini-
1
mum de sécuri té. ,,
La solidarité s'impose donc à chacun Comme une loi, qui so~vent,
se transforme en dépendance mutuelle des personnes en "asservisse"",:
ments" réciproques.
Par exemple, par rapport aux "aînés" les "cadets"
ne peuvent dire leur mot, par rapport aux épouses, les époux se com-
portent rarement en égaux, comme si l'alliance des se~es ne pouvait
s'accomoder d'un réel dialogue entre mari et femme.
Mais la solidari ... ·
,-_.-.-

peut prendre aussi des formes économiques.
Dans la société tra-
ditionnelle l'assurance des besoins alimentaires par exemple, se fait
2
sans oublier un membre.
Ainsi selon BESSAIGNET , "la production n'est
pas une simple distribution des t~ches : c'est une entreprise organi-
sée.
Elle suppose des rapports d'association entre producteurs grâëe
auxquels les travaux de chaque sexe s'articulent sur ceux de l'autre
dans un cadre commun et stable, et par lesquels elle se perpétue d'une
génération à la suivante.
Le cadre est fourni par la parenté
c'est-
à dire d'un eSté par le système général des mariages, d'un _aut~e_par
le groupement 'des familles."
Dès lors, comment cette solidarité crée-t-elle du sous-emploi?
Pour le savoir, analysons tout d'abord les causes de la dis-
parition'de cette solidarité, ensuite une des conséquences de cette
disparition qui se traduisent par le sous-emploi.
1 Georges BALANDIER, "Afrique ambigUe", Collection terre; humaine,-Plon
1957
Paris
pp.283-284.
2p• BESSAIGNET, "Principes de l'ethnologie économique", Libraire géné-
rale de Droit et de la Jurisprudence.
Paris
1956
P. 57.

-218-
1~ Les causeS âe la âisparition âe la solidarité
H
Au lendemain de leur indépendance, le leitmotif de presque tous
les dirigeants africains était le développement économique et social.
Aussi des choix de stratégies diverses furent pris.
Pour les responsables ivoiriens, le choix a porté sur le 1l1ibé-
ralisme ll •
Or, pour atteindre cet objectif, plusieurs barrières exis-
taient notamment au niveau des structures sociales.
Ils estimaient
que l'organisation de la famille traditionnelle élargie était une
structure sociale inadaptée au développement.
D'abord, parce que
l'esprit de solidarité limite la compétitivité sur le plan économique.
Ensuite que les règles qui régissent les rapports entre les membres
de la famille laissent peu d'initiative à l'individu et que cette
Il r igidi té ll
des rapports de parenté rend difficile la transformation
de la société apte au 1l1iberalismell •
Aussi, pensaient-ils que pour résoudre leur problème, la solu-
tion consistait à adopter une nouvelle base familiale ou une base
familiale renovée, c'est-à-dire l'adoption de la famille conjugale
du type européen 1 et pour cause.
Ils instituèrent donc des règles
qui devraient progressivement faire passer la famille élargie vers
la famille conjugale.
Ainsi, à l'heure actuelle, si la rupture avec
le passé est loin d'être totale, on constate tout de même un recul
de la pratique de la polygamie et une augmentation des mariages inter-
ethniques, résultats des brassages urbains et culturels que les nou-
velles règles de mariage contribuent et qui traduisent une plus grande
adaptation aux changements sociaux.
Cependant, ce passage ne va pas sans causer des dommages,
notamment par la perte de la solidarité avec cOllune conséquence
le
sous-emploi marginal.
2! Le sous-emploi marginal causé par les conséquences de cette
disparition --
i -
Nous avons souligné que la solidarité agit comme une sorte de
1
----------
Sur la nouvelle base familiale renovée, on peut consul ter par exemple
le livre de Marc DUMETZ, "Le droit du mariage en CSte d' Ivoirell,
'
op. ci t.

-219-
sécurité sociale entre les membres de la famille élargie.'
Or, dans
la famille conjugale du type européen, cette solidarité n'est pas
entièrement assurée, soit parce que les membres sont peu nombreux,
soi t les rapports sont d'un lI autre type".
Celle-ci est donc dévolue
à l'Etat ou à une institution de l'Etat.
C'est cette institution
qui prend en charge le rôle de sécurité sociale où la couverture
des garanties n'est plus basée sur les rapports sociaux, mais sur
la contribution financière plus ou moins forte de l'indidvidu à
son travail salarié.
Dès lors, si cet individu n'a pas ou plus de
travail, ses couvertures sociales sont comp~omises.
Et comme, l'em-
ploi salarié manque énormément, on comprend donc que, l'individu qui
quitte son cadre familial à la recherche d'un travail salarié qui le
plus souvent est concentré dans les villes, s'expose à deux risques
socio-économiques graves : la perte de sa sécurité sociale et le
manque de revenu lié à l'absence de travail.
Par conséquent, cet
individu a une très forte probabilité d'être en situation de sous-
emploi.
L'absence de statistiques sur les évolutions ~espectives des
mariages conjugaux et des familles traditionnelles, fait que nous
n'avons pas pu mesurer l'ampleur de ce passage.
Cependant en se référant aux tableaux ci-après établis à par-
2
tir des données de l'étude de F. BlNET , nous pouvons remarquer que
la tendance joue en faveur de la fragmentation de la famille élargie
plut8t que de son agrandissement.
Le tableau nO 64 sur le nombre moyen d'actifs agricoles en fonc-
tion de la taille de l'unité familiale indique que le tiers de la
population enquêtée a en moyenne 4 à 6 personnes par famille alors
"-
que les familles qui disposent de plus de '0 personnes ne réprésentent
que seulement 24%.
On s'aperçoit donc que la famille élargie regresse
au profit de la famille moyenne.
Malgré le caractère très discutable
de ces chiffres, nous pouvons tout de même observer que ce passage
(famille-élargie à la famille conjugale) est en train de se dessiner.
'Voir Georges BALANDIER, ouvrage déjà cité, PP. 283-284.
2Françoise BINET, étude déjà citée, PP. 27 et 31.

-220-
L'autre tableau nO 65 (nombre moyen d'actifs agricoles en fonc-
tion de l'~ge du chef d'unité familiale) est encore plus significatif.
En effet, plus des deux tiers des chefs agricoles ont plus de 40 ans.
Par contre les jeunes chefs agricoles (moins de 30 ans) ne représentent
que 7,4% de la population enquêtée.
Ce dernier taux est d'ailleurs
plus bas pour les zones de savane (4,8%) que la moyenne nationale
agricole.
Cela peut ~tre da à la tradition qui veut que les jeunes
ne detiennent aucune autorité, màis aussi au manque de terres arables
et aux conditions climatiques défavorables.
On peut donc en déduire que d'après les données de ce tableau
que les jeunes ont plus de difficultés d'accéder à la terre.
De là
un antagonisme jeunes-vieux qui pourrait expliquer une large part
des mouvements migratoires : mouvements qui se soldent par un sovs-
emploi urbain marginal, car le travail salarié en ville manque en
raison de l'incapacité du secteur moderne à absorber ce sous-emploi.
TABLEAU N° 64
NOHBRE MOYEN D'ACTIFS AGRICOLES EN FONCTION DE LA
TAILLE DE L'UNITE FAMILIALE
DIMENSION DE L'UNITE FAHILIALE
1 - 3 14 - 6 7 - 9 10-14
-------
---------
l~:l~~r!~!~-
r-3~-3-
-..;...
Fréquence en %
19,}
22,~. 17,7
1
6,4
,100,0
Nombre moyen d'actifs
1,7
2,8
3,9
5,3
8,6
3,7
SOURCE
Pré-enquête budget-consommation tirée de l'étude de Françoise
BINET, op. ci t., p. 27.
L'objectif de ce tableau est de mesurer les principales carac-
téristiques des unités familiales agricoles en fonction de
leur revenu.
Les unités familiales étant basées sur l'unité
budgétaire, se composent de toutes les familles qui tirent
leur revenu d'activité exclusivement agricoles, qu'elles
soient ou non détentrices en propre d'une exploitation.
TABLEAU N° 65
NOMBRE MOYEN D'ACTIFS AGRICOLES EN FONCTION DE L'AGE
DU CHEF D'UNITE
REGIONS
-
A~p. n TT (H ELIl.~lrr\\jT'T P.
---
'MOINS DE
30 à
40 à
60 ANS
TOTAL
30 ANS
39 ANS
59 ANS
ET PLUS
- - - -
-
..
Zone de savanes
4,8
19,7
49,3
26,2
100,0
Zone de for~ts
9,9
25,0
50,0
15,0
100,0
TOTAL RURAL
7,4
22,3
49,7
26,2
100,0
SOURCE
Extrait de l'étude de Francoise BINET, op. cit. p. 30.
~

-221-
D'ailleurs ce conflit jeunes-vieux ou encore modernité-tradi-
tionnalité, et sur lequel nous n'allons pas nous étendre, prend plu-
sieurs formes.
Citons par exemple: le conflit de succession en pays AKAN.
En effet, le monde rural AKAN est actuellement déchiré par las nouveaux
modes de succession qui veulent que les enfants généralement les gar-
çons héritent des terres de leurs parents défunts, alors qu'avant
c'était les neveux qui bénéficiaient de cet hériatge.
En outre, dans la mesure où l'on voit se développer une caté-
gorie de paysans ou de planteurs riches qui, en se servant de leur
autorité traditionnelle accumulent les terres et les moyens de pro-
duction, et emploient de plus en plus de manoeuvres agricoles, on
risque de voir apparaître une opposition entre planteurs riches et
manoeuvres agricoles et petits paysans.
L'évolution du conflit
vieux-jeunes aura abouti alors à la naissance d'un nouveau conflit
entre chefs et planteurs riches d'une part, et petits paysans et man-
manoeuvres agricoles d'autre part.
Enfin, avec l'introduction de l'argent, de culture de rentes
et des plantations, un "surplus monétaire" est apparu.
Son approp:d-
ation et son affectation par les vieux ou chefs de famille donne lieu
aujourd 'hui à un conflit entre les vieux qui gardent ce surplus pour
eux-mêmes, et les jeunes qui fournissent largement le travail qui est
à l'origine de ce "surplus".
L'autorité traditionnelle des vieux est
alors mise en question : les jeunes, hommes et femmes, la contestent
et le manifestent en particulier par la "'fuite", c'est-à-dire par
l'exode rural et l'émigration.
D'où un sous-emploi urbain marginal
ou d'attente dans l'espoir de trouver plus ou moins rapidement un 'l
travail.
Par ailleurs une autre forme de c9nflit (bourgeoisie politiqu~
1
locale et classe populaire) se crée notamment dans les villes.
En résumé, la mutation des structures sociales par la perte de
la solidarité entre les membres de la famille élargie crée des con-
flits à l'intérieur
de chaque famille, conflitsqui se traduisent par
l'exode rural, l'exode rural qui conditionne le sous-emploi marginal.
1pour plus de détail, voir Pierre BIARNES à propos de l'émergence
d'Etats bourgeois en Afrique noire francophone, dans Revue française
d'études politiques africaines: Nos. 138-139, Juin-3uillet 1977.

-222-
Mais la mutation des structures sociales est aussi causé par
la disparition du travail collectif au profit du travail salarié ou
individuel.
Cette disparition a comme conséquence le sous-emploi.
Comment?
B. La disparition du travail collectif aU profit du travail individuel
et le sous-emploi marginal
Tout comme pour la disparition de la solidarité entre les membres
de la famille élargie, nous allons tout d'abord examiner la cause de
cette disparition et ensuite nous montrerons comment les conséquences
se caractérisent par le sous-emploi marginal.
1. Les causes de la disparition du travail collectif dans la famille
élargie
La principale cause de la disparition du travail collectif est
le besoin de l'Administration coloniale en personnel subalterne.
En effet, la famille élargie était organisée de telle sorte
que tous les membres actifs et valides travaillent: qu'il s'agisse
de cultiver la terre, d'aller à la chasse, à la p~che, à la cueillette,
à la recherche d'eau, ou d'élever, garder et éduquer les enfants, ou
encore de siéger au Conseil des anciens....
Le travail était fait
soit indiViduellement, soit collectivement suivant les âges et les
sexes.
L'objectif est de subvenir aux besoins de la communauté fa-
miliale.
Par conséquent le ch$mage ou le sous-emploi était méconnu.
Avec la colonisation le travail salarié apparart : travail
dans l'Administration coloniale, travail dans les plantations euro-
péennes, travail chez les commerçants nationaux ou étrangers, travail
dans les usines....
Le travail salarié va même s'introduire dans
les villages avec l'apport de manoeuvres agricoles embauchés par
quelques planteurs fortunés.
Le travail qui était collectif devient individuel, voire une
marchandise que l'on peut acheter pour mettre en action les équipe-
ments industriels ou faire produire les terres dont on dispose.
Il
n 'y a plus de lien familial entre le travailleur et celui pour qui
il travaille.

-223-
Cette tran~formation du travailleur en simple force de travail
que l'entrepreneur peut acheter Comme on achète une machine, a été
designé sous le nom de I1prolétarisationl1 •
On appelle I1 prolétaire"
celui qui n'a pour vivre que son salaire, qui n'est regardé dans la
société que comme une force de travail et qui est obligé, en l'absence
d'une organisation syndicale, d'accepter le prix auquel on veut bien
acheter sa force de travail.
Or, les conséquences de la colonisation et de l'indépendance,
notamment la mutation des structures sociales (passage de la famille
élargie à la famille conjugale de type occidental) et des structures
économiques (passage de l'économie traditionnelle à l'économie moderne
monétarisée) accentuent la prolétarisation.
Dès lors, le travail
collectif tendra à disparaître.
Cette disparition crée par conséquent le sous-e~ploi marginal.
ar la àis ari tion du tra-
Comment la disparition du travail collectif dans la famille
élargie se traduit-elle par le sous-emploi?
L'offre de travail dépend des besoins de production, de service
et de vente des industries, de l'Administration publique, du commerce
et des sociétés diverses.
Cette offre est généralement concentrée
dans les villes et en quantité limitée.
Or, le migrant qui quitte son travail collectif qui existe dans
la famille élargie, à la recherche d'une offre de travail émanant de
ces offreurs, n'est pas assuré d'office d'en trouver.
D'où le raison-
nement du migrant qui n'est pas complètement faux au départ: "si j'ai
la chance je trouverai vi te du travail; si je n'ai p as de chance,
j'attendrai. Il
Si pareilles illusions demeurent encore tenaces, elles
ont
commencé à devenir de plus en plus rares, dans la mesure où la réalité
montre au migrant que la loi du travail n'est plus celle de la coutume.
Les résultats dépendent de la capacité individuelle, et non plus de
la toute puissance des privilèges familiaux et du sort; à la rigidité
des situations et des· r$les traditionnels succède une invitation à
l ' ini tiative.

-224-
Dès lors, pour les "chanceux" bénéficiant d'un emploi, leur
nouvelle condition est lourde d'enseignement: ils sentent sur leurs
épaules le poids d'une discipline nouvelle.
Par contre les "non
chanceux" se retrouvent en sous-emploi soit d'attente et si cela
dure, ils deviennent des "parasitaires l1 parce qu'ils constituent
un poids lourd à suporter par les parents qui les accueillent.
On voit donc que la perte du travail collectif ou le fait de
quitter son cadre familial pour ne plus s'exécuter collectivement,
se traduisent par le sous-emploi d'attente dans un premier temps,
puis par le "parasitisme" dans un long terme, à condition qu.e la
personne sous-employée ait la sagesse de faire un I1 re tour aux
sources".
Enfin, nous terminerons les causes sur le sous-e~ploi marginal
ou d'attente, par l'exode rural.
Ce facteur est d'ailleurs causé
par l'école et par le conflits jeunes-vieux que nous venons d'analyser.
III. L'EXODE RURAL ET LE SOUS-EMPLOI MARGINAL
Dans le chapitre consacré à l'évolution de la population rurale
(Première partie, Chapitre 1) nous avons souligné que l'exode rural
est causé par plusieurs facteurs que l'on peut regrouper en facteurs
économiques et en facteurs sous-cu.lturels.
Or, les conséquences de
cet exode rural conditionnent l'ampleur du sous-emploi notamment ur-
bain amais aussi le déperissement de la société rurale.
Nous montre-
rons donc dans quelle mesure ces conséquences se traduisent par le
sous-emploi marginal ou d'Iattente.
Mais auparavant nous allons re-
chercher ses principales causes.
De plus nous nous attacherons seule-
ment à l'exode rural de façon glebale sans chercher à savoir s'il
s'agit ou non d'ivoiriens.
A. Les causes de l'exode rural
-f~ Les causes économiques
En Côte d'Ivoire, bien que depuis l'indépendance, l'accent a
été mis sur le développement de l'agriculture comme base du dévelop-

-225-
pement économique et social du pays, force est de constater que le
développement rural ne s'est pas produit à la mê'Tle cadence que le
développement industriel.
Plusieurs raisons peuvent être évoquées dont le manque de capi-
taux, la mauvaise répartition du peu de capitaux que le pays dispose,
etc.
Il s'ensuit donc tout d'abord un écart de revenu monétaire entre
le monde rural et le monde industriel.
Ce sera le premier facteur
économique d'explication de l'exode rural que nous aborerons.
Ensuite,
les conditions de vie sont plus difficiles en milieu rural, les vil-
lages ne connaissent pas l'infrastructure et les équipements dont
jouissent les urbains (deuxième factev~ économique de l'exode ruxal).
Enfin le régime de la propriété est un obstacle pour les jeunes : la
terre appartient le plus souvent aux "anciens" et le jeune ne peut
espérer (parfois tradition oblige) posséder une plantation et la gé-
rer comme il l'entend.
Nous nous limiterons à ce troisième facteur.
Car bien entendu, d'autres facteurs économiques existent et ont été
développés par de nombreux économistes du Tiers Monde.
a) Ecart global des revenus monétaires' entre ruraux et urbains
Parler d'écart de revenu ou de disparités implique que des me-
sures satisfaisantes préalables ait pu être faites.
Ici cependant
les problèmes surgissent aussit5t.
On sait, en effet, toutes les
difficultés que l'on rencontre déjà dans une économie moderne et
monétarisée pour quantifier certaines catégories de revenus.
On con-
çoit aisément combien la tâche est plus ardue dans une économie en
voie de développement où manquent à des degrés variables les infor-
mations et les moyens d'appréhension des données statistiques.
Et pourtant, l'un des critères les plus cités pou~ expliquer
l'exode rural dans les pays en voie de développement est l'écart de
2
revenu entre les urbains et les ruraux.
Dans les pays du Tiers Mond~on constate, en effet, une in-
égale répartition de revenu, qui est d'ailleurs plus prononcé que celle
- - - - - - - - - -
'Les revenus monétaires correspondent à des flux de pouvoir d'achat
perçus par les différentes catégories d'agents économiques (salariés,
travailleurs indépendants).
2M.P. TODARO, op. cit. dans le chapitre

-226-
que l'on constate dans les pays industrialisés.
Cependant, s.
1
' f ' .
.
KUZNETS , en se re erant aux pays du TJ.ers Monde et à l'histoire des-;:
pays industrie~s, a montré qu'à mesure que le revenu national augmen-
te, l'inégalité au cours de la croissance s'éleve, puis diminue.
Et
ce mouvement peut ne p as avoir la même amplitude d'un pays à un
autre, de telle sorte que les pays parvenus au même stade de dévelop-
pement peuvent connattre des degrés de concentration de revenus très
différents.
Dans le Cas de la CSte d'Ivoire, les informations disponibles
pour apprécier cette inégalité de répartition des revenus, diffèrent
selon que l'on se place au niveau des données générales ou que l'on
part d 'une situation particulière.
Aussi pour expliquer l'attrait des villes par les ruraux à
travers l'inégalité des revenus, nous nous proposons d'analyser
d'une part la répartition des revenus monétaires selon' les types
d' activi té (Tableau N° 66) et d'autre part la comparaison entre les
revenus moyens des urbains et ceux des ruraux (Tableau N° 67).
Cette
deuxième analyse nous permettra peut-être de conclure sur les liens
entre l'exode rural et l'écart de revenu moyen.
b) La répartition inégale des revenus monétaires entre les types
d'activités (agricoles et non agricoles)
La forte croissance qu'a connu l'économie ivoirienne durant
les quinze années qui ont suivi l~indépendance, s'est traduite comme
le tableau nO '66 et le graphique n 0 14 l'indiquent, par une importante
a~élioration du niveau de vie de la population condisérée dans son
ensemble.
Le revenu monétaire total disponible des ménages est passé
de 113,8 à 584,7 milliards de Francs CFA entre 1960 et 1975.
Ce qui
représente un taux de croissance de<11,5% l'an.
La croissance a été
d'ailleurs plus forte encore à partir de 1972.
Cependant cette amélioration générale s'est faite au détriment
des ruraux ou plus exactement de ceux qui tirent leurs revenus des
activi tés agricoles.
Alors que au cours de la même période (1960-1975),
les revenus agricoles ont cra en moyenne de 9,5% l'an, le taux de
croissance annuel des revenus non agricoles a été de 13,2%.
Un écart
1 S. KUZNETS, "Distribution of Incorne by Size", E.D.C.C. 1963.

-227-
de 3,7% subsiste entre ces deux revenus: cet écart qui est d'ailleurs
très important en valeur absolue car on peut observer que les
revenus
non agricoles représentent, à peu près le double des revenus agricoles.
Cet écart de revenus provient de la différence de productivité
entre les activités urbaines et les activités rurales semble souli-
1
gner Daniel BOLLINGER •
Il traduit le caractère dualiste de l'écono-
mie ivoirienne qui fait que la qualification de travail est diffé~
rente entre les urbains et les ruraux, notamment ceux qui s'adonnent
à l'agriculture de subsistance qui conserve des techniques tradi-
tionnelles et emploie très peu de capitaux.
Mais cet écart provient aussi de la croissance économique qui
s'accompagne presque toujours d'un accroissement de la concentration
des revenus.
En effet, si l'on divise la population d'un pays en dix
groupes, ayant des revenus voisins, on constate que "dans les pays du
Tiers Monde, les groupes interm~diaires (3e et 4e) reçoivent une part
plus faible du revenu national qu'en pays développés, tandis que la
part des revenus élevés (1 er groupe) est toujours égale sinon supér-
ieure(double ou davantage) à celle qu'ils détiennent en pays dévelop-
pés.
Par suite, la part des groupes inférieures (6e à 10e) est égale
ou inférieure à leur part en pays développés. ,,2
Cependant la situation ivoirienne présente une certaine parti-
cularité : le taux de concentration des revenus est rès inférieurs à
celui que l'on constate dans de nombreux autres pays du Tiers Monde.
Cette situation est due au rôle que jouent les cultures commerciales
(café, cacao, palmier à huile, coton, ananas, bananes) qui, certes,
ont bouleversé les structures économiques et sociales du monde rural
ivoirie~ mais doublent voire triplent le revenu total des ménages
agricoles, parce que ces derniers ont étendu les cultures detinées
à la vente, tout en réservant dans l'absolu la même place aux cul-
tures vivrières destinées à l'autoconsommation.
Ainsi, malgré que cette
si tuation permet une certaine atténuation à l'échelle nationale des di
disparités de revenus entre les urbains et les ruraux, elle constitue
un facteur incitatif des ruraux à rechercher des revenus élevés et
notamment continus.
Car les revenus agricoles sont discontinus en
raison de caractère saisonnier des activités agricoles.
'Daniel BOLLINGER, op. cit. P. 73.
2Christian MORRISSON, "La répartition des revenus dans les pays du
Tiers Monde", Edo Cujas, Paris 1968, P. 183.

-228-
TABLEAU N°
66
REPARTITION DES REVENUS MONETAIRES SELON LES
TYPES D'ACTIVITE EN MILLIARDS DE FRANCS CFA
REVENUS AGRICOLES
REVENUS NON AGRICOLES
REVENU TOTAL
------
-----------
----------------------
ANNEES
.-
MONTANT INDICE BASE MONTA:NT INDICE BASE
MONTANT INDICE BASE
"
100 EN 1960
100 EN 1960
-
100 EN 1960
f-------- ----------_._----------_.. _._----------------
1960
68,1
100
55,7
100
113,8
100
1962
55,9
96
80,3
144
136,2
120
1964
78,3
135
97,8
176
1 76,1
155
1966
81 ,6
140
116,6
209
198,2
174
1968
92,6
159
149,1
268
241,7
212
1970
105,1
181
183,4
329
288,5
254
1972
112,9
194
230,4
414
343,3
302
-
1974.
174,4
300
. 331 ,5
595
505,9
445
1975
225,3
388
359,4
645
584,7
514
SOURCE
Dal'liel BOLLINGER, op. ci t.
P.
72.

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TABLEAU N° 67
COMPARAISON DES REVENUS MOYENS ENTRE LES ACTIFS URBAINS ET LES ACTIFS RURAUX
ZONE RURALE.
J"
ZONE URBAINE
ENSEMBLE
RAPPORT
REVENUS
POPULATÏONREVE~ 'REVËNuS-- POPULATION .REVENU·--·...;- RËVENU
POPÙLATION REVENU REVENu-i10YËN"" RÊvËffiT"MOYEN--
ANNEES AGRICOLES
ACTIVE
AGRICOLE
NON
ACTIVE
HOYEN
TOTAL
ACTIVE
HOYEN
URBAIN
TOTAL
------ --------
(Milliards RURALE
MOYEN
AGRICOLES
URBAINE
NON
(Milliards TOTALE
TOTAL
REVENU MOYEN 'REVENU HOYEN
de FCFA)
(Milliers) PAR ACTIF (Milliards (Milliers) AGRICOLE
de FCFA)
(Milliers) PAR
RURAL
RURAL
(FCFA)
de FCFA)
PAR ACTIF
ACTIF
( a)
(b)
( a)
(b)
(FCFA)
-~)
( b)
~fCFAL
1
' - - -
-
--- -------->.-,
------
-----'1------------
1
1
1965
77,5
1.590
48.742
105,6
590
178.983
183,1
2.180
83991
3,7
1 ,7
,
..
i
1970
105,1
1.740
60.460
183,4
845
217.041
288,5
2.585
111605
3,6
1
1
1 ,8
,
1
1\\)
LV
1975
225,3
2.184
103.159
359,4
1.249
287.750
584,7
3.433
170318
2,8
1 ,7
o1
1
1
1980
248,8
2.411
103.194
423,3
1.979
213.896
672,11
4.390
153098
2,1
1 ,5
SOURCES
(a) Données de l'analyse de D. BOLLINGER, op. cit., P. 73.
(b) BIT, Urbanisation et emploi en CSte d'Ivoire, op. cit. (années 1965 et 1970) et
Etudes de F. BINET, op. cit., PP. 272-274 (années 1975-1980)
"
1
.
.
l
.
d
d
Est1mat1on par extrapo at10n
e ten ance.

-231-
- Comparaison des revenus moyens entre les actifs urbains et
lësactifs ruraux
Pour effectuer cette comparaison nous nous··sommes servis des
.
1
données de l'analyse de Dam.el BOLLINGER.
A partir de ces données,~
nous avons supposé que tous les revenus agricoles émanaent des acti-
vi tés de la population active rurale tandis que les revenus non agri-
coles proviennent des actifs urbains.
Ainsi nous déduisons donc les revenus moyens eorrespondant à
chaque zone d'activité.
Le tableau nO 64 ci-dessuS"donne le résultat
de ces calculs.
On peut observer que l'act~f urbain touche environ trois fois
plus de revenu moyen qui un actif rural en 1965 et 1970.
Par contre
cet écart diminue en 1975 et 1980, soit à cause sans doute des sources
qui diffèrent, soit à cause de i'effet prix des produits agricoles
d'exportation ou de la bonne récolte de ces produits.
Mais en géné-
ral, la disparité de revenu est moins forte: le rapport entre le
revenu total moyen par actif et le revenu agricole moyen par actif
n'est en moyenne seulement de 1,7.
Cela confirme donc l'analyse pré-
cédente à savoir que l'apport effectif de revenu procuré parles cul-
tures agricoles notamment d'exportation atténue la disparité de reve-
nus entre ville et campagne en CSte d'Ivoire.
On peut donc conclure que l'écart de revenu subsiste entre la
ville et la campagne et cela aussi bien sur le plan global que sur
le plan individuel, écart bien qu'important au niveau ville-campagne,
se traduit par une certaine atténuation au niveau de la disparité glo-
bale.
Et que par conséquent, il contribue à la migration des ru.raux,·
notamment des jeunes, vers les villes.
Mais l'exode rural et aussi alimenté par les conditions de vie
difficile en milieu rural.
1Dani el BOLLINGER, ER. ci t., P. 74.

-232-
c)
Les conditions de vie difficiles dans les milieux ruraux
En plus des désavantages en gain dont souffre le rural, il ne
bénéficie pas non plus des infrastructures et des équipements réali-
sés dans le pays dont il contribue énormément.
Ces infrastructures
et ces équipements sont concentrés dans les villes et notamment à
ABIDJAN.
Ainsi les crédits alloués selon le plan 1967-1970 pour les
routes de desserte locale, l'assainissement, l'approvisionnement en
eau et en électricité, les éCOles primaires et les dispensaires
s'élevaient à 8000 francs CFA par habitant poux ABIDJ~N à 6000 pour
les autres zones urbaines et s~ulement à 400 pour la campagne, soit
dans un rapport de 1 à 20 pour ABIDJAN et de 1 à 15 pour autres villes.
A la fin des années soixante-dix, il y avait à ABIDJAN 8~;' des télé-
phones du pays, trois quarts de ses quelques 250 médecins et trois
fois plus de lits d'hSpital pour 1000 habitants que dans l'ensemble
de la CSte d'Ivoire.
Dans les zones rurales, au contraire, rares
sont les villages qui ont l'électricité et moins de 1~;' disposent
d'un réseau d'adduction d'eau.
De plus, les dispensaires sont égale-
ment rares et très souvent éloignés les uns des autres et il n'est
pas exceptionnel de devoir faire une cinquantàine de kilomètres sur
une mauvaise piste pour recevoir les soins d'un practicien de la
'd' .
"
tal
1
me eC1ne OCC10en
e.
Ai~si donc, le manque d'équipements et d'infrastructures non
seulement
rend les conditions de vie difficiles poux les ruraux,
mais encore constitue un élément incitatif supplémentaire pour mo-
tiver les ruraux à émigrer dans les villes et principalement à
ABIDJAN.
Enfin, l'exode rural est causé sur le plan économique par la
rigidi té du régime de la propriété foncière.
d) La rigidité du régime de la propriété foncière
En CSte d'IVOire, il existe à l'heure actuelle deux cadres de
répartition des terres: un régime domanial et foncier régi par la
loi et le cadre des "terres coutumières".
f;IT~-;;banisationet emploi en eSte d'Ivoire, op. cit., p. 31.

-233-
Le régime domanial et foncier régi par la loi que nous aborde-
rons ultérieurement, propose trois procédés de répartition des terres
le permis d'occuper delivré par le sous-préfet, la concession provi-
soire signé par le Ministre de l'Agriculture après enquête du sous-
préfet et des services techniques (Eaux et Forêts, services agricoles
et cadastres) et la concession définitive signée également par le
Ministre de l'Agriculture.
Les "terres coutumières" qui nous intéressent ici, constituent
encore plus des neuf-dixièmes des terroirs ivoiriens.
Elles sont
exploitées directement par la famille détentrice et indirectement
quelques fois, mais plus fréquent actuellement par métayage et lo-
cation.
Bien que les terres coutumières appartiennent à l'ensemble de
la collectivité familiale, leur exploitation et la répartition des
fruits qui en résultent sont confiées aux "anciens", c'est-à-dire
aux chefs de famille.
Dès lors, les jeunes qui veulent posséder en
propres une partie des terres et la gérer comme ils l'entendent, se
voient transgresser les règles communautaires.
Le régime de propri-
été et d'exploitation constituent à leurs yeux un obstacle.
Ils sont
donc contraints de partir généralement en ville à la recherche de
situations personnelles.
Ainsi la "r igidi té" du régime foncier coutumier est un facteur
d'incitation à l'émigration vers la ville.
Cependant il convient
de nuancer cette assertion, le problème se pose en réalité d'une
manière souvent différente selon les régions.
En résumé, les écarts de revenus et disparités des équipements
et des infrastructures entre les villes et les campagnes ainsi la
"r igidi té" des régimes fonciers coutumiers, favorisent sur le plan
économique l'exode rural.
Mais des facteurs socio-culturels condi-
tionnent aussi l'ampleur de l'exode rural en C8te d'Ivoire.
2. Les causes socio-cul turelles
Nous serons ici très bref, vu que nous avons déjà analysé des
principales de ces causes.
Aussi nous nous bornerons :·seulement' à les citer car elles sont
étroitement liées aux causes économiques.

-234-
Les principales Causes socio-culturelles de l'exode rural sont
donc
--La tutelle familiale, encore très forte, est de plus en plus
mal· acceptée par les jeunes qui, par l'intermédiaire de
l'·école, des médias, ou des contacts· avec les urbains, se
sont fai ts.une image différente des rapports sociaux;
--La civilisation industrielle qui s'introduit en Côte d'Ivoire
par les villes crée un nouveau type d'homme dont la valeur
dépend ~11a réussite personnelle : chacv~ est responsable de
soi~ême.
La famille constitue une protection pour l'indi-
vidu isolé mais aussi un frein pour celui qui vent par la
conquête de son indépendance assurer sa réussite personnelle.
Cette ambivalence est d'ailleurs source de tension.
Ce type
d'homme calqué des civilisations européennes et américaines,
n'est peut-être pas encore réalisé en Côte d'Ivoire, mais
il constitue une image à laquelle se réfèrent les jeunes et
au nom de laquelle ils refusent les structures sociales tra-
ditionnelles, essentiellement rurales.
D'où l'émigration;
--L'école.
Pour les jeunes, le progrès et la réussite passent
par la ville, ils ne sentent pas concernés par le développe-
ment du pays et ne sont pas motivés pour la vie en milieu
rural.
Un des responsables de cet état d'esprit est le sys-
tèmes scolaire.
Celui-ci est tout à fait inadapté en milieu.
L'école est coupée du monde rural et le jeune qui termine ou
pas, ou abandonne ses études est déraciné - le système sco-
laire valorise pour lui la vie urbaine, et tel qu'il est
conçu, il ne peut qu'accélérer l'exode rural;
-Le prestige;
-La volonté d'indépendance personnelle;
--L'image de la grande vile, etc•••••
Evidemment, en plus de ces causes socio-culturelles, d'autres
causes favorisent l'exode rural.
Cependant, il convient en guise
de conclusion, de montrer les conséquences de cet exode rural sur le
sous-emploi, notamment le sous-emploi marginal ou d'attente.
B~ Les consequences de l'exode rural sur le sous-emploi marginal ou
d'attente
A travers l'analyse des causes quenous venons de faire, nous
pouvons déduire facilement les conséquences de l'exode rural sur
l'emploi.
1A. ACHIO, ~. cit., p. 182.

-235-
'1. En effet, les mouvements nets de la population rurale i voirien-
ne
et étrangère à destination des villes, tels qu'il apparaissent
dans le tableau nO 68 ci-après, montrent qu'entre 1960 et 1965, les
migrations ont touché 44.000 personnes (27.000 en provenance de
l'étranger et 17.000 de l'intérieur), donc plus d'étrangers que de
nationaux.
On peut également observer qu'ABIDJAN seul a reçu plus
du tiers des mouvements par rapport aux autres villes (16.000 per-
sonnes contre 28.000 aux autres villes), et que parmi ceux q'ABIDJAN
9.000 personnes sont étrangères et 7.000 autochtones.
L'immigration
étrangère a été également supérieure dans les autres villes durant
cette période.
Les chiffres pour 1965-1970 marquent une certaine accentuation
au niveau des flux migratoires globaux, mais aussi un changement de
tendance de sa composition.
Alors qu'au cours de la période précé-
dente, il y a eu plus d'étrangers que d'autochtones, entre 1965 et
1970, les agglomérations urbaines ont vu arriver deux fois plus de
ruraux ivoiriens que d'étrangers et cela aussi bien à ABIDJAN que
dans les autres villes.
Les mouvements nets se soldent à 55.910 personnes, soit 27%
de plus que la période précédente.
Parmi ces 55.910 personnes, il
y a 31.910 ruraux ivoiriens et 24.000 étrangers; ABIDJAN a reçu
20.770 personnes (12.770 autochtones et 8.000 étrangers), les autres
villes: 35.140 (19.140 en provenance des zones rurales et 16.000
de l'extérieur).
Par conséquent entre 1960 et 1970, l'exode rural a touché près
de 100.000 personnes.
- 2. 'Mais l'exode rural présente d'autres caractéristiques.
En ef-
1
fet, d'après p. AHIZI , les afflùX de population vers les villes, no-
tamment les ivoirens touchaient au début de l'indépendance surtout
les jeunes hom~es de 20-30 ans qui désiraient s'établir en ville pour
y trouver un emploi régulier.
Aujourd'hui, c'est le groupe d'âge 15-20 ans qui paraît le plus
touchés et les départs affectent maintenant autant les jeunes-filles
que les jeunes gens (vo1r Tableau N° 69 ci-après).
Alors que ceux-
ci sont avant tout.Ciës scolarisés qui considèrent leur niveau d'instruc-
1
.
Paul Akoi AHIZI, "Droit du travail et de la prévoyance sociale en
Côte d'Ivoire", Ceda
ABIDJAN
1976
p. 166.

-236-
tion comme incompatible avec une situation d'aide familiale agricole
et d'une façon plus générale avec tout travail de la terre, en ce
qui concerne les jeunes filles, scolarisées ou non, elles préfèrent
venir en ville où elles espèrent trouver rapid~nent un mari, la
monogamie instituée par le Code Civil commençant à entrer sans doute
dans le moeurs; elles n'hésitent donc pas à quitter le village dès
l'âge de 1 6 ou 1 7 ans.
Cependant, on peut également observer qu'il existe des retours,
deux fois plus de jeunes gens que de jeunes filles, en raison sans
doute du manque de travail ou des structures d'accueil plus favora-
bles aux jeunes filles.
On voit donc que l'évolution dans les mentalités change aussi
les caractéristiques de l'exode rural au lieu d'hommes au niveau d'as-
piration plus élevé, les centres urbains voient arriver aujourd'hw
des jeunes gens et de jeunes filles qui attendent de la ville une
promotion importante et immédiate.
C'est d'ailleurs pourquoi, malgré
le caractère aléatoire au niveau de l'obtention d'un emploi, l'exode
rural ne cesse d'augmenter.
Aussi cette transformation de l'exode
rural, doublée de l'immigration étrangère, modifie la composition de
la population qui chque année s'établit en ville.
Mais cet exode
rural étroitement lié à la scolarisation, constitue à court et à
long terme un fact~ur de sous-emploi.
A court terme il est la cause
de sous-emploi marginal ou d'attente, et à long terme, non seulement
il transformera les sou-employés marginaux en véritables "chômeurs"
ou "parasites", mais posera des problèmes de société, notamment :
--Le déficit en main-d'oeuvre masculine pour les exploitations
agricoles qui se trouvent ainsi contraints soit de renoncer
à une partie de leur activité, soit de chercher à remplacer
la force de travail familiale déficientes par une main-I .
d'oeuvre salariée qu'ils auront du mal à trouver;
--La diminution du taux de natalité due au départs massifs
des jeunes filles.
Car si le processus se poursuit au
rythme actuel, le déséquilibre démographique du milieu
rural s'accuserait encore et l'effectif total de la popu-
lation rurale diminuerait très raplÏ.dement.

-237-
TABLEAU N° 68
r-lOUVEMENTS i\\TETS DE LA POPULATION RURALE IVOIRIENNE
ET ETRANGERE A DESTINATION DES VILLES
ABIDJAN
AUTRES VILLES
TOTAL URBAIN
NATIONALITES
-
----
------
-
--------_.
1960-1965 1965-1970 1960-1965 1965-1970 1960-1965 1965-1970
1---
-
- -
--------- ------
ETRANGERS
9.000
8.000
18.000
16.000
27.000
24.000
1-----
---
-
---- --------
IVOIRIENS
7.000
12.770
10.000
19.140
17.000
31.910
-
-----._-
--..:--------
----- ------
TOTAL
16.000
20.770
28.. 000
35.. 140
44.000
55.910
'.
.. .
SOURCE
BIT. ABIDJAN, URBANISATION ET EMPLOI
op. cit.. , p.. 19..
TABLEAU N° 69
EXODE RURAL EN COTE D'IVOIRE EI~RE 1975-1980
TYPE DE JliOUVEHENTS
SEXE MASCULIN
SEXE FEHININ
ENSEMBLE
_.
-- - - - -
---------------
Scolarisés
31.000
16.000
47.000
Non- Scolarisés
7.. 500
14.500
22.000
Retours
- 10.000
- 5.000
-15.. 000
1 - - - - - -
- ~--
-------
-----------------
SOLDE MIGRATOIRE
28.500
250500
54.. 000
SOURGE
Esquisse du plan quinquennal de développement économique,
social et culturel (1976-1980)..
Ministère du Plan.

-238-
Section 3 - LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI STRUCTURAL
La structure des activités, notamment agricoles ne permet pas
une utilisation adéquate de la force de travail.
La saison, le
climat, la situation géographique et les types de cultures aux-
quelles les gens s'adonnent font que les activités ont un caractère
saisonnier.
De plus, la sous-industrialisation du pays entratne des
conséquences sur le niveau de l'emploi et l'utilisation normale des
équip ement s.
Le sous-emploi structural est donc causé par le caractère
saisonnier des activités et la sous-industrialisation du pays.
le LE CARACTÈRE SAISONNIER DES ACTIVITÉS ET LE SOUS-EMPLOI STRUCTURAL
Nous avons déjà souligné que la répartition du temps du tra-
vail et du type d'activité, notamment agricoles est subordonnée à
des cycles climatiques qui limitent l'utilisation de la capacité
brute de travail de la population rurale.
Et que l'organisation de
la production et du travail ne peuvent le faire varier que faible-
ment.
Or, la situation géographique de la Côte d'Ivoire où sont al-
ternées en gros deux saisons : une saison des pluies et une saison
sèche, favorise ces types d'activités entraînant ainsi un sous-
emploi structural.
A. Les saisons en CSte d'Ivoire
Situé en Afrique sous la CSte Nord du Golfe de Guinée, la
Côte d'Ivoire est divisée en trois zones climatiques: un' climat
sud-équatorial, une zone tropicale humide et une zone de climat
-soudanais (voir Figure N° 15 ci-après).

-239-
1~ Le climat sud-équatorial
Il s'étend tout le long de la région côtière et est caracterisé
par
--des températures variant entre 21°C et 33°C;
--un haut pourcentage d'humidité entre 80 et 90%;
--des pluies abondantes qui atteignent dans certaines
régions 2500 millimètres, répartis sur environ 140
jours.
On peut distinguer quatre saisons
--la grande saison sèche entre._décembre et fin avril,
chaude - les températures d~passent 25°C avec néanmoins
quelques pluies éparses;
--la grande saison des pluies entre mai et mi-juillet;
--la courte saison sèche entre mi-juillet et fin septembre;
--la courte saison des pluies entre octobre et novembre.
2. La zone tropicale humide
La deuxième zone climatique correspond à la région de forêts
et à la partie méridionale de la région de savane (voir Carte N° 3 ).
Les températures varient entre 14°C et 39°C, le taux d'humidité at-
teint environ 70% et les précipitations s'échalonnent de 1000 à 2500
millimètres.
Elle comprend aussi quatres saisons
--deux saisons de pluies : mi-juillet - fin octobre (grande
saison de pluies) et entre mi-mars et mi-mai (petite sai-
son sèche);
--deux saisons sèches: entre novembre et mi-mars (grande
saison sèche) et entre mai et mi-juillet (petite saison
sèche).
3. La zone de climat soudanais
Elle correspond à la zone de savane à l'exclusion de la partie
méridionale.
Le climat soudanais comporte deux saisons
--une saison des pluies (juillet - novembre);
--une saison sèche (décembre - juin), avec des petites pluies
en avril.
L'harmattan, vent frais et sec provenant du Nord-
Est souffle pendant plusieurs semaines entre décembre et
février.

FIGURE N° 15
CHEVAUCHEMENT DES SAISONS EN COTE D'IVOIRE
CLIMATS
~AN1~E~1~:13 HAl ~IN I~I:L
~---------
----------~-
CLIMAT SOUDANAIS
SAISON -SECHE.- __.
SAISON DES PLUIES
DEBUT DE LA
"':"Zone de savane
SAISON SECHE
-Température )30o C·-
Précipitation
1000mm
Nord : deux
saisons
~---
-+------------r----------.
~--~--------------------------------------------
CLIMAT TROPICAL HUMIDE
GRANDE
PETITE
PETIE
GRANDE
DEBUT DE LA GRANDE
SAISON
SAISON
SAISON
SAISON
DES
SAISON SECHE
~Zone de for~ts et
1
SECHE
DES
SECHE
PLUIES
1\\)
~
partie méridionale de
PLUIES
o1
la zone de savane :
Température
Précipitations
quatre saisons
25°C à 39°C
1 000 fl. 2500mm
~-------
-----4------------~------ t
---~--~-------------~--~-----_T--------------------
1
CLIMAT SUD-EQUATORIAL
GRANDE SAISON
GRANDE
PETITE SAISON
PETITE
DEBUT DE LA
SECHE
SAISON DES
SECHE
SAISON
GRANDE SAISON
-Région c$tière :
PLUIES
DES
SECHE
quatre saisons
Température ~ 25°C
PLUIES
Précipi ta- ..
tions~2500mm
JAN I FEV 1MAR~ HAl 1 JUIN IJlTILL IAOUT 1SEP r~;lNOV IDEC

-241-
B. Comment les saisons favorisent-elles le sous-emploi structural?
En réalité, à ces trois types de climats que nous venons d'ana-
lyser, correspondent trois zones de végétations : à chaque végétation,
des types de cultures.
Et comme le plus souvent les types de cul-
tures sont pratiqués de maniè re discontinue, on peut donc comprendre
qu'ils favorisent le sous-emploi.
Voyons ces types de végétation
et les types de cultures qui y sont pratiqués.
1. Un étroit cordon littoral alluvionnaire isolant des lagunes
dans la moitié de la côte.
Cette région profonde d'environ 30 kilo-
mètres est le domaine du cocotier et vers l'intérieur du bananier,
du palmier à huile et de l 'hévéa.
On y cultive aussi des produits
vivriers, tels que le manioc, l'igname.
De plus les habitants
pratiquent la pêche artisanale.
2. La deuxième zone de végétàtion correspond à la forêt de type
équatorial quils'étend sur environ 300 kilomètres de profondeur et
2
couvre 120.000 km •
Elle est parsemée principalement de plantations
de café, et de cacao qui voisinent avec les cultures de l'ananas,
et aussi de l'igname, du manioc, sans oublier le taro, la banane
plaintain, etc•••
3. Enfin, plus au Nord, la savane domine, d'abord coupé~ des
forêts galeries, puis de plus en plus herbeuses?
C'est la région
de l'élevage et des cultures de mil, de coton, de riz, de sorgo,
du mais, etc. ....
Ainsi donc, le climat et la végétation conditionnent les types
d'activités dont l'exercice ~emande plus ou moins de temps et de
force de travail.

-242-
II. LA SOUS-INDUSTRIALISATION ET LE SOUS-EMPLOI STRUCTURAL
Si en milieu rural, les climats et les végétations conàition-
nent les activités agricoles et par conséquent le sous-emploi qui
en découle, la sous-utilisation des équipements, le manque parfois
de pièces détachées, les problèmes de maintenance, etc. provien-
nent de sous-industrialisation du pays et plus généralement du sous-
développement économique et social.
En effet, les économistes qui se sont intéressés aux prob-
lèmes économiques et sociaux àes pays en voie de développement at-
tribuent au niveau de l'emploi, l'ampleur du ch8mage et du sous-
emploi au sous-développement de ces ~ays.
Or qu'entend-on par sous-développement?
En quoi le sous-
développement constitue-t-il un facteur de ch8mage et de sous-
emploi?
La réponse à la première question ne sera pas abordée ici.
L'emploi du terme de "sous-développement" pour caractériser la
situation économique des
pays du Tiers Monde a été souvent cri-
tiqué.
Certains préfèrent parler de pays en voie de développe-
ment, ou "d'émergence", ou encore pays sous-industriali_sés ou sous-
équipés.
C'est pourquoi plut8t que d'entrer de ce débat de mots,
ou de concepts., nou; préférons ne pas
nous lancer dans les jeux de
mots.
Tout ce que nous pouvons dire, c'est que le terme de sous-
développement est en quelque sorte un comparatif.
Si l'on parle
de pays sous-développés, c'est le plus souvent par comparaison
avec les pays dits "développés".
Le sous-développement est donc inséparable de la prise de
conscience d'un écart, d'une différence de niveau de vie et de puis-
sance économique entre les différents pays du monde.
Cet écart est
considéré comme un retard des pays sous-développés sur le chemin
unique du progrès économique dans lequel les pays eccidentaux se
sont engagés les premiers.
Or, cette idée de retard n'est-ellepasèn fait trompeuse?
Tous les pays doivent-ils suivre le même chemin?
Bref, si ces questions sont difficiles à répondre et entraî-
nent des débats, il n'en demeure pas moins que les pays d'Afrique

-243-
et notamment la Côte d'Ivoire sont sous-développés parce qu'ils sont
pauvres, c'est-à-dire que leur économie ne satisfait pas les besoins
nominaux de la majorité de la population (sous-alimentation, malnu-
trition, niveau de santé insatisfaisant, taux d'analphabétisation
élevé, etc.), déséquilibrés ou dualistes (juxtaposition de deux mo-
des de production: l'un moderne du type occidental et l'autre tra-
ditionnel) et dominés (influence de leur économie nationale par des
pays étrangers tant au niveau du commerce extérieur qu'au niveau du
contrôle des tehcniques et des capitaux).
Quant à la seconde question qui répond en quelque sorte à
l'objet de l'analyse que nous poursuivons ici, elle est aussi dif-
ficile à répondre.
L'absence d'études ayant approfondies le sujet
et le manque d'homogénéité des données statistiques, nous on con-
duit à adopter une autre approche.
Aussi pour tenter d'y répondre,
nous nous prpposons dans un premier temps d'esquisser le processus
industriel amorcé par la Côte d'Ivoire depuis son indépendance
(1960) et les résultats obtenus jusqu'en 1980.
Ensuite nous montre-
rons dans quelle mesure ce processus a eu des effets sur l'emploi
et par ricochet sur le sous-emploi.
A. Le processus industriel de la Côte d'Ivoire et ses résultats
entre 1960 et 1980
1. Le processus industriel de la Côte d'Ivoire
Avant l'indépendance, la Côte d'Ivoire avait une économie es-
sentiellement primaire-exportatrice.
L'industrie était limitée à
quelques usines tranformant les produits primaires locaux avant leurs
exportations (café, cacao) et à un nombre très réduit d'unités pro-
ductrices dirigées vers le marché intérieur (transformation de pro-
1
dui ts alimentaires : boulangeries, boissons, tabac, corps gras, etc.).
Lors de son accession à l'indépendance en 1960, les responsables
nationaux, dont principalement le premier et actuel Président de la
-------,--------------
1Torkel ALFTMAN, L'industrialisation en Côte d'Ivoire, BIT, volume
121
N° 6
Novembre-Décembre 1982
P. 811.

-244-
République,1 ont choisi pour le développement économique, la voie
de l'économie libérale.
A partir donc de la base économique (pri-
maire-exportatrice) héritée de l'Administration coloniale, le pays
a défini une poli tique industrielle dont l'élément moteur étai t une
agricv~ture tournée vers l'exportation.
Il faut souligner que le
climat et la végétation s'y prêtaient un peu.
Ainsi le café, le
cacao, le bois et plus tard, l 'huile de palme, l'ananas, la banane
devraient constituer le fondement de revenu des exportations.
(Bruts
ou transformés, ces produits constituaient plus de 95% du total des
exportations.)
De là le rôle prépondérant de ces marchands dans la
contriubution au financement des investissements.
Cependant, il faut signaler que des contraintes humaines
(manque de cadres, et de main-d'oeuvre spécialisée, popu~ation com-
posée de plusieurs groupes ethniques dont chacun son ordre social
basée sur une valeur essentielle: l'esprit de solidarité qui re-
jette l 'ini tiati ve privée et la compéti vité entre les membres du
groupe ethnique) et structurelles (structure politique issue de la
colonisation et n'ayant pas tout à fiat la maîtrise de la chose pub-
lique, absence de ressources minières et énergétiques abondantes)
subsistaient et que par conséquent le choix n'était pas si facile.
Or, comme le financement des investissements provenant des
ressources agricoles d'exportations et des impSts et taxes diverses,
2
étai t.ins"Uffisant,'.-un éode des investissements
très favorable aux in-
vestisseurs, principalement étrangers fut institué.
Il prodigue des
avantages fiscaux importan~s aux entreprises qui se voient accorder
un statut prioritaire et qui peuvent dès lors importer leur matériel
de production sous un
régime d'exonération partielle ou totale des
droits d'entrée jouissant ainsi d'une très grande protection réelle.
--------------------
1Depuis l'indépendance, la CSte d'Ivoire connaît une stabilité poli-
tique dans un continent (Afrique) souvent bouleversé par des change-
ments de régime politique, de gouvernement et de dirigeants.
Réélu
constamment depuis 1960, à la Présidence de la République, le Prési-
dent HOUPHOUET BOIGNY assure la direction du pays ainsi que du Gou-
vernement dans un régime présidentiel-.::et de parti unique (PDCI-RDA).
2Voir l'extrait en annexe nO III.

-245-
Ainsi donc, profitant de la stabilité politique~ de la politi-
que de la porte ouverte que la C8te d'Ivoire applique ,à son dévelop-
pement économique, des avantages du Code des investissements et de
l'essor des exportations des produits agricoles dans des investis-
sements industriels. le secteur industriel s'est développé au regard
des normes africaines.
Cependant ce développement s'est fait dans
deux directions :
--par la transformation de produits·locaux en vue de le~s
exportations.
Cette transformation touche les produits
tels que le caf~, le cacao, l'ananas, les sous-produits
du palmier à huile, les bois tropicaux, le caoutchouc.
Elle se caractérise par une valeur ajoutée relativement
faible;
--par la fabrication des produits se substituant aux produits
importés.
Ces industries qui se livrent à ces activités se
situent dans la gamme de fabrication de produits de consom-
mation alimentaires, textiles, chimiques ou mécanrques.
Toutefois les industries dites de base ou lourdes (fabrica-
tion de biens d'équipement, de produits intermédiaires ou
de demi-produits) sont pratiquement inexistantes.
C'est
d'ailleurs une des raisons pour lesquelles le sous-équipe-
ment ou la sous-utilisation voire les problèmes de mainte-
nance ou de pièces détachées subsistent.
Nous y reviendrons.
En dépit de cette faiblesse, le secteur industriel a obtenu
des résultats relativement satisfaisants entre 1960 et 1980.
2. Les résultats obtenus du secteur industriel ivoirien entre 1960
et 1980
Le secteur industriel de la Côte d'Ivoire compte parmi les ac-
tivités productrices, d'un des plus dynamiques. Sa part dans la pro-
duction intérieure brute qui était de 5,1% en 1960 est passée à 22,9%
en 1980.
Ce qui .représente un taux de croissance annuel de l'ordre
de 7,7%.
Cela se confirme par les résultats de ces quelques indicateurs
qui figurent dans le tableau n~70 ci-après.
Le nombre d'entreprises est passé de 10 à 705, soit une multi-
plication par 70 en 20 ans; le capital social de 20 à 180 milliards
de francs CFA (le taux moyen de croissance annuel est de 11,6%); les
investissements cUlumés avant amortissements, de 5 à 701 milliards
de francs CFA (multiplication par 120); le chiffre d'affaires de 13
à 950 milliards de francs CFA, soit une progression annuelle de l'or-

-246-
TABLEAU N°
70
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS DE SECTEUR INDUSTRIEL
DE LA COTE D'IVOIRE
1
_Qu::~~_I_ND_I....
CA_T_E_UR,_S
,_ _.....-~:::
1965
1970 11975__~98~
_
Nombre d'entreprises
10'
210
355
i 442
705
Taux moyen de croissance annuel
--
+8~,0% +11,110\\+ 4,5% + 9,8%
------------------------------------ ------_.-----------_. ----------
Capi tal social (}1illiards de FCFA)
20
26
37
1
49
180
Taux moyen de croissance annuel
--
+ 5,4% + 7,3%1+ 5,8% +29,7/0
------------------------------
1
----;-- -~:--1--;:--i-~~-6-- --~~------
Investissements cumulés avant
amortissements (Nilliards de FCFA)
Taux moyen de croissance annuel
--
+53,1% +11,4% 1+20,9% +30,4%
---,-------------------,-----'-+---
------. -------
Chiffre d'affaires T.T.C.
13
41
100
303
950
(Hilliards de FCFA)
Taux moyen de croissance annuel
--
+25,9/~ +19,5% +24,8% +25,7%
-
---------_____
_
-J
_
Salaires distribués y compris
les charges sociales
2
7
15
33
95
(Hilliards de FCFA)
Taux moyen de croissance annuel
--
+28,5%1+16,5/~i+17,1%+23,5%
----
-------
---- ---
.----~------
i
Nombre de salari és
10.000 21.500 36 311 ;52.762 71.371
0
1
Taux moyen de croissance annuel
--
+16,5% +11,1%1+ 7,8% + 6,2%
!
SOURCE
Chambre de commerce et d'industrie de la CSte d'Ivoire.

-247-
dre de 23,9%; les salaires distribués y compris les charges sociales
qui étaient de 2 milliards en 1960 ont atteint 95 milliards en 1980,
ce qui donne une croissance de 21,3% l'an et le nombre de salariés
de 10.000 à 71.371 personnes, soit un taux moyen de croissance an-
nuel de 10,3%.
On constate donc que si dans l'ensemble les résultats sont
satisfaisants au regard des normes africaines, c'est le nombre de
salariés qui a connu une progression moyenne relativement modérée.
Par conséquent, le secteur industriel a eu durant cette période des
effets modérés sur le niveau de l'emploi.
Comment?
B. Les effets de l'industrialisation sur l'emploi
Pour mesurer les effets du secteur industriel sur l'emploi,
nous nous sommes servis
de deux tableaux.
Tout d'abord, nous avons
calculé les parts respectives de l'emploi industriel dans l~emploi
total urbain en supposant que le secteur industriel soit concentré
en ville, ce qui est d'ailleurs vrai.
Ensuite nous avens comparé
les investissements cumulés réalisés par le secteur industriel à la
m~in-d'oeuvre industrielle pour évaluer le coût de la main-d'oeuvre
par investissements réalisés..
Ces deux tableaux figurent ci-après.
1. On peut donc observer dans le premier tableau que malgré l'im-
portance du secteur industriel dans la production intérieure brute
(22,9% en 1965 et 27,5% en 1980), sa part dans le total des emplois
urbains est très faible, elle ne représente qu'en moyenne 8%.
Par
exemples, dans les années 1970-1975, l'emploi urbain total s'est
accru de 67,2%, passant de 375.000 à 627.000 personnes, alors que
l'emploi industriel augmentait de 47,2%, passant de 36.000 à 53.000
travailleurs.
Pour la période 1975-1980, ils sont de 35,1% et 33,9%
respectivement.
Ainsi la capacité du secteur industriel d'intégrer
la main-d'oeuvre des villes dans ses activités se détériore lente-
ment mais régulièrement.

-248-
2. Ce phénomène peut s'expliquer principalement par le fait que
la technologie utilisée par les projets fait appel à des procédés
capitalistiques utilisant de mct'ns en moins de main-d'oeuvre.
D'au-
tant plus que le coût de la main-d'oeuvre devient de plus en plus
élevé comme lé deuxième tableau (no '72 ) ci-après en témoigne et
que d'autre part le Code des investissements, de par ses avantages
qu'il prodigue, n'incite par les investisseurs à choisir des procé-
dés de fabrication utilisateurs de main-d'oéuvre.
Cela dit, le - ,
coût relativement faible'·par rapport au coût de la main-d'oeuvre dans
les pays développés, a pour corrolaire d'accélérer le-'processus de
concentration de la production industrielle sur un nombre plus ré-
duit d'entreprises.
Outre la tendance du' secteur industriel aux économies de main-
d'oeuvre, à quoi s'ajoute la déperdition, au profit de l'étranger, du
potentiel de croissance qu'engendre la demande industrielle et des
rapatriements des bénéfices (les deux tiers du capital social sont
détenus par des étrangers), la création d'emplois dans l'industrie
se heurte encore aux obstacles que rencontre l'effort d'ivoirisa-
tion de l'économie, c'est~à-dire de remplacement de travailleurs:
étrangers, la création d'emplois industriels ne concerne donc qu'une
fraction très modeste de la population ivoirienne en ~ge de travail-
ler.
3. On peut également observer que la mise en place au départ de
capacités industrielles qui dépassent largement la dimension des
marchés (investissemnts grandioses), ou qui sous-estiment certaines
caractéristiques de l'environnement économique et social (non inté-
gration des critères sociaux dans les études de faisabilité, mau-
vais choix des lieux d'implantation industrielle, etc.), permet,
soit d'accrortre progressivement la production industrielle avec le
développement des marchés sans accrortr~ dans les mêmes proportions,
la demande de main-d'oeuvre, soi t de buter à moyen terme sur des
échecs, donc de licenciement de personnel.
Ce sont, par conséquent,
des raisons pour lesquelles, à l'heure actuelle le potentiel indus-
triel ivoirien est sous-employé.
Or, ces lacunes pouvaient, tout au moins partiellement, être
évitées si le pays avait ies moyens de son industrialisation.
Tel
n'est pas, et ne sera pas à brève échéance, le cas si l'on en juge

-249-
1
par l'article de B. PIRET
sur l'absence d'entraînement du secteur
industriel des pays associés à la Communauté européenne, sur leurs
activités économiques et notamment sur l'emploi.
"Presque toutes les activités industrielles Ge ces pays sont
financées principalement à partir des capitaux apportés par les in-
vestisseurs et les prêteurs étrangers.
Elles emploient un grand
nombre de cadres étrangers.
Or, leurs Codes des investissements
permettent à l'ensemble de ces agents étrangers de rappatrier des
revenus qu'ils gagnent (salaires', amortissements, bénéfices, intérêts,
etc••• )
et
accordent des avantages fiscaux et d'exonération des
droits de douane et d'impôts divers, aux investisseurs.
Si l'on
soustrait de la valeur ajoutée par'ces entreprises, le montant de
tous les revenus transférés et celui des impôts non perçus, il ne
reste pas grande chose comme valeur ajoutée localee
Celle-ci est
minime dans certaines industries, nulle et parfois m@me négative
dans d'autres.
De plus, ces activités industrielles sont peu cré-
atrices d'emploi en raison surtout des machines et des procédés mo-
dernes de gestion et d'organisation qui les accompagnent.
Pour
créer, malgré cette situation, un certain nombre d'emplois, il
faut investir un volume important de capitaux.
Or, c'est dif-
~icile, étant donné l'insuffisance de ressovxces financières dont
souffrent ces pays. Il
Et comme ces pays et en particulier la Côte d'Ivoire, pos-
sèdent une main-d'oeuvre excédentaire (croissance démographique,
exode rural), on peut donc déduire que l'une des solutions qui per-
mettrait de créer plus d'emplois et de résoudre, autant que faire
ce peut, une partie des problèmes de l'emploi, consiste à la maît-
rise de la technologie et par voie de conséquence à l'industriali-
sation.
Dès lors, la sous-industrialisation du pays .èntraîne une
augmentation du sous-emploi et du chômage.
1B• PIRET, "L'impact d'un programme d'industrialisation sur l'éco-
nomie de l'Afrique associé au Marché commun", dans Cultures et
Développement, volume III
N° 4
1971.

-250-
TABLEAU HO ii
PARTS RESPECTIVES DE LIEI~LOI INDUSTRIEL DANS L'EI~LOI
TOTAL URBAIN ET DE L'INDUSTRIE DANS LA PRODUCTION
INTERIEURE BRUTE
PART DE L'E~œLOI INDUSTRIEL DANS PART DE L'INDUSTRIE DANS LA PRO-
L'EI1PLOI URBAIN TOTAL
DUCTION INTERIEURE BRUTE
AlmEES EI,œLOI-J·EMP~;----;~RT ~-- ;;;~~;~N PROD~;;~;;---;;;~~-----
URBAIN
.1 NDUSTRI EL
POURCENTAGE INTERIEURE INDUSTRIELLE POURCENTAGE
TOTAL EN EN MILLIERS
BRUTE EN
EN MILLIARDS
~ÜLLIERS'
..
--
.
~lILLIARDS
DE FCFA
.
.
.
- .
DE FCFA
(1)
(II)
(II)j(I)
(III)
(TV)
1------ - - ----------f--------- -----
-------'- ----------
1965
285
22
7,7
214
49
22,9
1970
375
36
9,6
374
89
23,8
1
1975
627
53
8,5
751
181
24,1
1980
847
71
8,4
1171
322
27,5 .
SOURCES
(1) Torkel ALFTHAN, L'industrialisation en Côte d'Ivoire,
BIT, Volume 121, N° 6, Novembre-Décembre 1982, P. 815.
(2) Chambre de Commerce et d'Industrie de la Côte d'Ivoire.
Sorrmaire statistique.
TABLEAU N° 72
COXPARAISON ENTRE LES Il\\1VESTISSEMENTS CUl-1ULES REALISES
ET LA HAIN-D'OEUVRE INDUSTRIELS
,
ELEI1ENTS
1960
1965
1970
1975
1980
-------
. -
--------_. --_. ----- --_. ------- --------
Investissements cumulés
(Milliards de francs CFA)
5
42
72
186
701
(1)
Main-d'oeuvre (nombre)
10.000
21.500
36.311
52.762
71.371
(II)
··Rapport (:t)/(II)
0,5
1,95
1,98
31 52
9,82
(Millions de francs CFA)
SOURCE:
Chambre de commerce et d'industrie de la Côte d'Ivoire
Sommaire statistique.

-251-
III. CONCLUSIon
EVOLUTION CROISSANTE DU SOUS-ElvWL 01 STRUCTURAL
Il résulte de ces deux a~alyses une croissance continue du
sous-emploi structural; croissance qui s'accélera en volume dans
les années à venir (nous allons y revenir).
Cependant le tableau nO 73 ci-après montre que le taux an-
nuel de croissance diminue.
I l est passé de 7,1% entre 1970-1965
et à 2,7% entre 1980-1975.
Ce qui paraît logique étant donné que,
eu égard aux normes afri caines, l'industrialisation
de la Côte
d'Ivoire devient de plus en plus une réalité.
Malgré l'absence
d'industries lourdes, le processus -d'inàustrialisation.de la Côte
d'Ivoire touche petit à petit toutes les branches d'activité éco-
nomique.
Et même l' agricul ture, "parent pauvre" au niveau de
l'affectation des fonds, mais principal pourvoyeu~ de fonds au ni-
veau du financement de l'industrialisation, subit quelques muta-
tions.
Des projets pilotes se multiplient en milieu rural.
TABLEAU N° 73
EVOLUTION DU SOUS-EI1PLOI STRUCTURAL (1965-1980)
SOUS-EMPLOI STRUCTURAL (Milliers)
1965
1970
1975
1980
------
-----------------.. --------
--- ~--------
Effectifs
135
190
246
275
1
Taux moyen de croissance annuel
- +7,1 +4,9 +2,7
SOURCE
Extrait du tableau nO 58
ESTIY~TION DES SOUS-EMPLOIS.
Bref, la tendance à la diversification des industries est
donc nette en ce-"sens que de nouvelles ganunes de productions indus-
trielles sont progressivement mises en place, mais celles-ci se
rattachent toujours, jusqu'au présent tout au moins, aux deux types
d'activités, soit de valorisation de la production agricole, soit
de substitution à l'importation.

-252-
Section 4 - LES CAUSES DU SOUS-lli1PLOI DEGUISE
Le sous-emploi déguisé apparaît d'après notre définition dans
deux secteurs d'activité économique: l'Administration publique et
le secteur non structuré ou informel.
Reprenons ces deux secteurs et recherchons les causes du sous-
emploi.
le LES CAUSES DU SOUS-EMPLOI DEGUISE DANS L'ADMINISTRATION PUBLIQtŒ
Le caractère pléthorique des Administrations publiques n'est
pas seulement un phénomène du Tiers Monde et ne date pas d'aujourd'-
hui.
On le rencontre à des degrés divers dans presque tous les pays
où existe une administration publique, centralisée et hiérarchisée.
Seulement la situation est plus accentuée dans les pays du Tiers
Monde où en dehors du secteur rural la majorité du personnel y est
concentrée.
La brève historique nous avons brossé de l'Administration ivoi-
rienne a montré son caractère inadapté et pléthorique (voir chapitre
2, 1ère partie).
De plus, le recrutement de nombreux fonctionnaires
ou assimilé ne se fait pas rar la voie légale ou ~dministrative.
A. Le caractère inadapté et pléthorique de l'Administration publique
Nous avons donc vu que l'Administration ivoirienne est souvent
cantonnée dans des gestions routinières, subissant les changements
que de les précéder ou de créer les conditions.
De plus, ses acti-
vités sont à plus de 80% concentrées à ABIDJAN.
Cette centralisa-
tion des activités conduit tout naturellement à la bureaucratie
donc au pléthore du personnel, bien que les fonctionnaires compé-
tents dévoués et honnêtes manquent et que les jeunes formes refusent
d'y entrer à cause des salaires très bas par rapport à ceux pratiqués
dans le privé.
L'évolution du personnel de l'Administration publique telle
qu'elle apparaît dans le tableau nO 74 ci-après montre que le nombre

-253-
de fonctionnaires et assimilés a progressé à une moyenne de 6,7%
avec une progression plus forte entre 1975-1980 (+ 8,6%).
Ce qui
dans l'ensemble nous paraît relativement important.
Cependant si
pour servir le développement économique et social, l'Etat a besoin
de plus de fonctionnaires, la proportion de ceux-ci qui travaillent
pleinement peut être estimée à environ 60% du total des emplois qui
figurent dans ce tableau.
Les 40% restants peuvent être considérés
comme étant en sous-emploi déguisé.
Evidemment ces estimations sont théoriques, mais en réalité,
on tend vers ~ette situation.
Par exemple, il est courant d'atten-
dre plusieurs jours pour obtenir un "pap ier ll qui nécessiterait quel-
ques heures, voire quelques minutes.
Peut-être l'enquête que le
Ministère de la Fonction Publique envisage d'entreprendre, nous
permettra d'avoir une idée relativement précise de cette forme de
sous-emploi, car il ne nous a pas été possible de répartir le sous-
emploi déguisé que nous avons estimé entre l'Administration publique
et le secteur informel.
En outre, l'Administration issue de la colonisation n'a pas
créé et ne crée pas les fonctionnaires spécialisés dans les questions
de travail, cette activité étant assurée par des fonctionnaires de
services administratifs, voire politiqu€s,qui
se représente sur le
plan àe moyens matériels; donc d'inactivité pour le personnel récruté.
TABLEAU N° 74
EVOLUTION DU PERSONNEL DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
IVOIRIENNE
1
ELEI·1ENTS
1960
1965
1970
1975
1980
1 - -
-----
Effectifs
24.950
34.000
45.000
68.000
92.000
Taux de croissance
-
-
+6,4
+5,8
+8,6
+6,2
annuel moyen
SOURCES
Françoise BINET, op. cit., p. 191.
1J • LECAILLON et D. GERMIDIS, Inégalité des revenus et
développement économique, PUF
Paris
p. 52.
Enfin, à un moment donné, les responsables politiques ont pen-
sé que pour_·créer les conditions ou les dynamiques actions en vue

-254-
de donner les moyens à l'Administration ivoirienne pour faire face
aux développements exigés par les changements socio-économiques du
pays, il fallait se doter d'une Administration parallèle.
Ainsi
s'est vu créée une floraison d'organismes publics ou parapublics
dont la mission est de réaliser des tâches de développement économi-
que et social que l'Administration normale s'avérait incapable de
remplir.
En 1975 on pouvait dénombrer 25 sociétés d'Etat.,
Malhevxeusement, les résultats de ces sociétés ont été dans
l'ensemble très décevants si bien que le gouvernement a décidé, il
y a trois ans, la suppression de certains organismes et la réforme
de ceux qui sont restés.
Mais le caractère pléthorique de l'Administration publique
ivoirienne provient aussi des modes de recrutement.
B. Les modal{tés de recrutement et ïe sous-emploi déguIsé
Pour entrer dans la Fonction publique il~ faut en principe pas-
ser un "concours ll ou être nommé expressément pour tel
poste spé-
cia~
De plus, l'Ecole Nationale d'Administration assure le re-
crutement, et la formation des fonctionnaires.
Or, c'est notoirement connu que les recrutements administra-
tifs dans la plupart des pays d'Afrique noire, se font sur la base
des Il connaissances", connaissances qui sont liées le plus souvent
par les liens fraternels, ethniques, amicaux ou autres.
Dès lors,
le manque d'objectivité qui s'attache à ces recrutements, se tra-
duisent par le sous-emploi des personnes recrutées.
Ce sous-emploi
pose d'ailleurs des problèmes d'organisation des services.
En résumé, l'Administration publique ivoirienne regorge actuel-
lement une quantité de personnes sous-employées, causées par les mo-
dalités de recrutement, la pénurie des moyens matériels et de crédits,
le manque de formation appropriée et d'esprit administratif et la
faiblesse des renumérations qui incite d'ailleurs beaucoup de fonc-
tionnaires à rechercher des salaires d'appoint et des négligeances
au niveau des horaires de travail.
Mais les explications du sous-emploi déguisé résident également
dans le caractère informel des activités.

-255-
II. LES CAUSES DU SOUS-EV~LOI DEGUISE DANS LE SECTEUR INFORMEL
Tout comme dans l'Administration publique, mais de caractère
plus ou moins visible, les personnes sous-employées dans le sec-
teur informel sont difficilement estiTnables.
Les principaux critères qui servent d'explication sont la
faible productivitf, la faiblesse des revenus monétaires tirés du
travail, la propriété familiale des entreprises, l'echelle res-
treinte des opérations effectuées, techniques à forte intensité de
main-d'oeuvre et adaptées••• o
Intéressons nous seulement aux deux premiers'. cri tères.
AD La faiblesse de la productivité comme élément d'explication du
sous-emploi déguisé
Presque toutes les analyses théoriques attribuent une part de
responsabilité de l'ampleur du sous-emploi déguisé à la faiblesse
de la productivité (voir notre analyse sur les concepts du sous-em-
ploi, PP. 109 à 131).
Bien que la productivité soit difficile à traduire dans les
faits, on peut en se ralliant à théorie observer à travers le tableau
nO 75 ci-après que la valeur ajoutée par travailleur dans le secteur
informel est très faible par rapport à celle du sectev~ moderne.
Elle varie de 1 à 10 avec une des variantes plus faible selon les
branches.
Cette faiblesse s'explique par l'utilisation du fact
r capi-
tal dans le processus de production.
~n effet, le secteur moderne utilise des procédés plvs capita-
listiques pour produire au détriment du factev~ travail qui malgré
tout reste abondante et existe relativement moins cher.
Tandis que
c'est le rapport inverse qui se produit dans le secteur informel:
plus de main-d'oeuvre et moins de capital.
D'ailleurs, le rapport
est plus faible entre les branches tertiaires des deux secteurs (1 à
2).
En résumé,~malgré le caractère grossier de la productivité,
comme critère d'explication du sous-emploi, on peut donc de mËme
constater qu'elle sert d'indicateur de contribution des différents
secteurs à la production intérieure brute d'un pays.

-256-
TABLE.lI.U N° 75
VALEUR AJOUTEE PAR BRA:NCHES D'ACTIVITE ECONOHIQUE
SELON LE SECTEUR (INFORMEL OU HODERNE) EN 1970 EN
HILLIERS DE FRANCS CFA
BRANCHES
SECTEUR INFORMEL
SECTEUR BODERNE
RAPPORT
. (1)
(II)
(II)/(I)
1 - - -
- - -
- - - - -
Primaire
54
431
8
Secondaire
137
603
4
Tertiaire
560
1041
2
TOTAL
73
764
10
SOURCE
BIT, Urbanisation et emploi en Côte d'Ivoire, p. 58.
B. La faiblesse des revenus monétaires tirés du travail dans le secteur
informel
L'importance actuelle et potentielle du secteur informel qui
offre une solution de rechange à ceux qui veulent gagner un revenu
dans les zones urbaines est desormais largement admise, reconnue,
et même mise en relief dans les stratégies de développement.
Les
nombreuses études consacrées à ce sujet illustrent bien notre propos.
On peut donc dire que, pour l'essentiel le secteur informel
groupe des activités de production et de ventes exercées à petite
échelle, offrant des biens et des services essentiels répondant à
la demande de la masse de la population.
Ces biens et services sont
en conséquence habituellement meilleur marché que leu~ équivalent
importés ou issus du secteur moderne.
Bref, il offre des possibilités de gagner un revenu à des hom-
mes et à des femmes qui pourraient ou seraient
peut-être incapables
de trouver à se placer dans le secteur moderne.
Cependant nous nous n'avons pu disposer de données comparatives
au niveau des revenus monétaires, les comparaisons en termes de re- .
venus se font soit entre revenus agricoles et revenus non agricoles,
soit revenus monétaires et revenus non monétaires, ou encore entre
revenus du secteur rural et revenus du secteur urbain.
Aussi nous
avons choisi de faire quelques citations pour illustrer notre ana-
lyse.

-257-
1
C'est ainsi que pour Guy HU1~ER , le secteur informel consti-
tue une véritable unité économique.
Il arrive que le repas du soir
soit gagné par trois ou ~atre membres exerçant des activités dif-
férentes
cultvre de l'arpent familial, vente de quelques cigaret-
tes, une demi-journée de travail occasionnel. a •
2
Tout comme Françoise BlhŒT
qui souligne que l'emploi salarié
étant rare, les ressources fondamentales ou additionnelles nécessai-
res au besoin du ménage sont recherchées dans le secteur informel,
beaucoup plus élastique.
De ce fait, tout ou partie des ressources
des unités familiales populaires se caractérise par l'irrégularité
propre aux rémunérations issues des activités de subsistance et .
celle~ci·engendre un phénomène-culumatif des activités informelles
en raison de leurs bas revenus mais aussi de l ~irrégulari té qui em":'
pèche toute budgétisation, ces ménages constituent la clientèle de
base de petit commerce de détail et des activités de rue.
En conclusion, pour une large part des couches populaires, le
secteur constitue iJunique moyen de subsistance.
Or elles sont de
plus en plus nombreuses de telle sorte qu~elles se disputent un
marché restrèint, si bien qu'aucun membre de ces couches populaires,
n'est pleinement occupé;
1 Guy HUNTER : La politique de l'emploi en Afrique tropicale dans
"L'emploi en Afrique".
BIT
Génève
1973.
2Françoise BINET, op. cit. p. 237.

-258-
CONCLUSION DU CHAPITRE
Au terme de ce chapitre, nous pouvons donc conclure que
les causes des sous-emplois sont multiples et complexes.
Et
que par conséquent, pour essayer de les réduire, il faudrait
plusieurs types de mesures ou de politiques.
Cependant, on peut observer que toutes ces causes sont
liées généralement à la situation socio-économique de la Côte
d'Ivoire (dualisme).
Face à la complexité des solutions pour combattre ces
sous-emplois,nous nous proposons de suggérer quelques possi-
bilités que voici.

-259-
CHAPITRE II QUELQUES POSSIBILITES DE LEqR__UTILI~~TION A DES
FINS PRODUCTIVES
L'analyse faite dans le premier chapitre de cette partie
a montr~ que l'augmentation rapide des sous-emplois provenait
non pas d'lll1.e conjoncture ~conomique provisoirement d~favorable,
mais de certains d~s~quilibres permanents entre villes et campa-
gnes,
la mutation des structures sociales et ses conséquences sur-
l'organisation dela grande famille élargie, le niveau d'aspira-
tion des jeunes et la structure, de l'emploi urbain, le dévelop-
pement accél~ré de l ' ~conomie et la lenteur de la formation des:.>
cadres nationaux, nota~nent de techniciens et d'ing~nieurs, l'im-
migration et la r~alit~ en matière d'emploi, etic •••
Bien que lesproblèmes d'emploi aient ~t~ abord~s d'une
manière implicite, un certain nombre de 'mesures ont ~té n~anunoinsè-'
prises lorsqu'en 1970,
le chemage commença à
se poser dans la
ville d'Abidjan et qui a vu le Gouvernement procéder à un recen-
sement' des ChellleurS. C'est ainsi que les:, moyens mis fL_"la disposi-
tion de l'Office de la Main-d'Oeuvre de Cete d'Ivoire
(Ql\\lOCI)
avaient, ~té augmentés., En outre, l'information en matière d'emploi E:
commencé à
~tre(:~assur~e quotidiennement par, soit la diffusion
radiophonique f
soit' la presse écrite. ~On essaie ainsi, malgré
ses r~sultats decevants, d'ajuster au mieux offres et demandes
d'emplois.
Par ailleurs, Louis Roussel'
qui s'est penché sur quelques
aspects de ces mesures écrit que, des politiques parfoisa'ppli-
quées en Afrique ou ailleurs, ont été envisagées par le Gouver-
nement', mais jusqu'à présent elles n'ont pas été retenues, par-
ce qu'on les a
jugées inefficaces ou contraires aux principes
fondamentaux qui inspirent la politique de la C~te d'Ivoire.
Ainsi, une action de contrainte pour refouler d'Abidjan ou autres
grandes villes une partie:::des personnes sous-employées a constitùé
aux yeux du Gouvernement:, une intervention probablement inu-
tile et contraire à
l'esprit de concertation dont préfèrent'
s'inspirer les responsables politiques.
De m~ll1e, un arrêt brutal de l'immigration étrangère a
1LOUIS ROUSSEL", op., cit. P.
201

-260-
paru à la fois irréaliste et opposé à la coopération recherchée
entre ·les pays
~. du C~nseil de l'Entente'. La présence des
travailleurs étrangers, nota~nen~ africains est considérée
encore aujourd'hui..c:omme une donnée fondamentale durable de
la politique de développement du pays. Seulement devant les
problèmes économiques que conna1t le pays depuis un certain
temps,. ne verrait-on pas un facteur de conflit.
Enfin, beaucoup plus délicates sont,. d'une part les ten-
tativessde réformes de l'enseignement
cdes méthodes accélérées
de ,formation (ensignement télévisuel) qùi n'ont donné les
résultats escomptés:;.et d'autre part la question dé favoriser
ou non les.technologies industrielles à fort coefficient de
main-d' oeuvre~. La Cete d ''Ivoire n' a pas crn bon de s'engager
sans réserve sur cette voie, et cela pour deux motifs:
Wle
telle politique en raison de la répugnance des Ivoiriens pour
lesc:iemplois de manoeuvre, aboutirait à une aggravation du
pourcentage global deNon-Ivoiriens dans l'emploi; le maintien
ou l'adoption de procédés archaïques de production irait contre
la décision de créer Wle industrie moderne et compétitive
sur le marché international.
Fallait-il dans ces conditions etien attendant de pren-
dre des mesures efficaces pour lutter contre les ;sous-emplois
mettre en place des mesures de secours telles·'qù 'Wle aide
massive aux "sous-employés" en particulier'sous la forme d'une
indemnité pécuniaire journalière? Le Gouvernement: qui était au
début contre cettaôforme de lutte'(motif invoqué: aggravation
de l'exode rural) a fini par,· céder tout récemment· sur .1a
pression et l'importance des problèmes de sous-ernplois"en par-
ticulier du sous-emploi marginal.
Cette revue des actions envisagées, et des:,'interventions'
différées ou récusées montre que les politiques de' lutte contre
lesssous-emplois sont difficiles à prendre et à appliquer, par-
ce qu'elles touchent sans,doute la vie des femmes et des hommes.
Face à ces difficultés" nous sommes très mal placée pour.
proposer des solutions effi·caces., faute de moyens. Néanmoins,
allons-" essayer de suggérer quelques éléments' de politique
susceptibles d'apporter des réponses auxprinci.pales; caURes
Les pays du-Cbnseil de l'Entente sont;:
C~te d'Ivoire, Bénin,
Birkuna, Niger et Togo.

-261-
des sous-emplois
que nous venons d'analyser.
Cependant, plutat que de rechercher des moyens de
lutte
à
chaque,;cause de sous.,.emploi, nous:avons choisi de, regrouper'
nossuggeS3tions autour de trois axes principaux dont l'objec.:tif
principal vise-à utiliser les sous-emploi à dès fins produc-
tives. Ces:,axes sont::
~Le secteur rural et notamment ltagriculture,
Leosecteur moderne,
Le secteur éducatif.
I l :faut, signaler," que ces:.- axes se recoupent et que souvent.
les solutions ou les remèdes préconisés dans
l'un passent par
la résolution de-, ceux de l'autre eiJ vice-versa. De plus ceux-ci
ne~ seront que des"propositlions théoriques:-;et non quantifiées.
Chaque axe fera l'objet d'une sea.:tâ.on où nous présenterons:3
tout d'abord son- objec.tif et ensuite les moyens' de: le a tte:indre.

-262-
Sèction 1 -
AU NIVE:AU DE L'AGRICULTURE
~ - Les objectifs
La politique de lutte contre les,; soous-emplois dans
l'agriculture consiste à se demander comment remédier à une
pénurie d'emploi momentanée" ou au caractère" saisonnier des'
acti vi t.és •
Eh e:f:fe1t, la question de' l' emploi dans,~ l' agriculture est,
comme nous.' 1 lavons souligneé,
extr~mement complexe .. De nombreu-
ses régions· connaissent à la :fois·;; des -,périodes de grandes
activit-es où se'~ posen t
des problèmes< aigUs5 de main-d'oeuvre;
et· pendant la majeure partie de l'année, des périodes où la
main-d'oeuvre, en surnombre,
sou:f:fre du sous-emploi.
Cette si-
tuation- se rencontre particulièremer.t dans les zones; de savane
où le régime des~pluies ne permet qu'une récolte pa~ran et
limite rigoureusement~,le temps des cultures'. C'est ainsi que lesè
besoins dé main-d'oeuvre se: télescopent en, quelque sort'e. Sîtbt
après la pluie,< i l faut préparer le sol e"b plan ter, de :façon
que les récoltes puissent arriver à maturité pendant la br_ève
campagne agricole •. A cette époque de 1 tannée " tous'c' ceux qui
peuvent-: travaillent
ou presque tous " doivent ~tre mobilis:és::..
Peu 'après-les::, plantations, avec l'apparition' d 1 abondantes c
mauvaises herbe:s, lesstravaux·de sarclage occupent de nouveau
la main-d'oeuvre à pIe in •. <rela dit,) fi certams moments de la
périodé des cultures,; et pendan tl la saison s:èche surtout" i l
Y a
peu de travail,. sinon pas:" du tout ..
Pour rernédierr à\\ cela l' objecti:f consiste don-c'à mettre ·-:-'au
point des5planssde culture et des méthodes de produc.tion qui
répondent à deux exigences: ne paS~3 aggraver les.' problèmes de
main-d'oeuvre que l'agriculture conna1:t actuellement dans les;
moments critiques, ou conc:ourir à
le&; remédier; asswner: davan-
tage de travail pendant une plus grande par:tie dè l'~ée, en
m~me temps que des revenus plus élevés~
Quels < sont donc les"" moyens: pour atteindre ces object.i:fs'!l
TIj- Les moyens,':
Des moyens. variés peuvent' ~tre utlilisés., Nous en retenonSè
trois~

-263-
Il: •. Tout d'abor:d, il faut: mettre au point avee le' <l:'Onoours
d'Agronomes,' (d'où un problème de formation que nous' allons"'
analyser ul térieuremen t), des ltt~pes dt exploi tation combinant des
cultures qui arrf:vent i plusrou moins vi'te'èà maturité ei; peIDllet-
tan ii: de', mieux utiliser' la main--d' oeuvre~ A ce titre- l ' expérien-
ae tent'ée> dans la r$gion de Bbuaké 1aveG:' l'introduction de varié-
'tés 'du cot:OD' Allen, h~tives'maisc~au rendemen'b élevé doit ~tre
renouvelen- dana" d'autres ',-régions20 agricoles:.. Cette expérieno-e
a
permis:: d' en.treprendrela culture cotonnière en grand' à
cet{
de celle de l'ignamu-,
principal aliment de la région;
les deux
cultures faisant appel à
la main-d'oeuvre et à
occuper plus.'
complètement les travailleurs de campagne. A cet effet,
c:' ~s:t
moins sur telles ou telles cultures que sur lesmodif1icationsc
de tout le système d'exploitation que les' recherches devront
porter.
B
• Ensuite,
i l faut; chercher à
utiliser des outils et'·
peut ~tredes machines appropriées •. En effet le paysan ivoirien
ne:se sert encore que de quelques outils rudimentaires
(la houe,
la machette, la hache ••• ),. ce qui, de toute::-' évidence,
lirni te la
productivité et la superficie susceptible d'~tre exploitée.
que ce soit pour les cultures marchandes
(
cacao,
café, banane,
coton, ••• .)
ou pour, les cultures de subsistance
(igname,
taro,
mil,
sogho, riz, ••• ) ~"
Aussi de quel matériel nouveau le paysan a-t-il besoinT
Ou quelle méthode d'exploitation doit-il utilisé pour accroftre
sa productivité?
En ce qui concerne les nouveaux outils que l'on a
essayéS
d'introduire étaient souvent mal adaptés aux besoins des paysans.,
La monoculture a
faitiaussi l'objet de bien des expériences
malheureuses, que l'on n'a pas analysé d'assez près pour savoir
dans quelles,'=conditionSau juste elle peut ~tre rentable.
L'utilisa tion des machines à
trac'tion animale. qui a
progressé.,
s'est également heurtée à une série de difficultés, nota mment
en ce qui concerne l ' alimentatlion,
les soins, aux animaux et
le dressage. de m~me que la formation des agriculteurs.
Dès lors, ce qu'il faudrait,
c'est tout: d'abord une for-
mation des p;;eysans et ensuite une révision du systèule foncier.

-264-
Pour atteindre ces objectifs, il faudrait aU niveau de la formation une
autre génération d'agriculteurs qui disposeraient d'un minimum de con-
naissances techniques,agr~nomiqueset économiques, ce qui demande du
temps et des moyens de sensibilisation, de formation. D'où un repensement
du système de formation actuelle.
Une telle poli tique aura",certes, des conséquences sociologiques
importantes à court terme, mais portera ses fruits à long terme en réser-
bant en partie les problèmes de l'exode rural et de pénurie d'emploi.
En effet, el~e aura des impacts sur les structures sociales tradition-
nelles dans la mesure où elle opérera une profonde mutation de société.
Ainsi BONNEFOND Philippe' analysant l'introduction de la motorisation en
Afrique n'explique-t-il pas que Il Plus que toute autre opération de
développement la motorisation suppose
de la
part de ceux qui l'utilisent
une véritable mutation. La révolution agricole qui leur est proposée
doit ~tre acceptée ou
refusée dans son ensemble, faute de quoi on cons-
tate des échecs.Il s'agit d'un saut qualitatif qu'on ne peut qu'adopter
globalement dans la totalité de ses implications techniques. Ces dernières
obligent la société traditionnelle a une révision totale
de son mode
d'agir et par là même de son univers culturel; c'est la nécessité de
cette transformation globale qui explique les difficultés rencontrées.
L'assimilation d'une telle innovation ne peut ~tre
une réussite que
si
l'on obtient une
réelle participation de la population concernée
et celle-ci
ne sera obtenue que par une politique continue d'anima-
tion et d'encadrement ll •
C.
Enfin, il faut chercher à lutter efficacement contre l'exode
rural.
En effet, il constitue en C5te d'Ivoire un problème
grave pour
le développement des sous-emplois. L'objectif de la politique de lutte
consistera à tenter de le reduire par la martrise. Autrement dit
comment espérer rééquilibrer le marché de l'emploi si les campagnes
pourtant déficitaires en force de travail, ne
cessent de se dépeupler
pour grossir les effectifs déjà excédentaires
de la main-d'oeuvre
urbaine.
Comme nous avons souligné plus haut, le Gouvernement considère
inefficace en matière d'exode, les mesures de contrainte ou·Ge con-
tr5le. D'autre part, il pense que des 'mises en garde des jeunes ruraux ou
une simple exhortation à rester dans leur village n'ont qu'une portée
limi tée. Il reste donc à changer la si tuation e~ dOnnant à ceux qui
quittent les campagnes, des raiso~ objectives
d'y rester.
1 BONNEFOND p. Il L'introduction de la motorisation en agriculture tradi-
" 'iionnelle ll Cahiers cie l'ORSTÛMe Vol. VII N° 4
Paris
1970, PP. 20,29.

-265-
Parmi Jes', voies possibles, nous proposons la réduction de'
l'exode rural par l'application d'une politique gén~rale des:
revenus. En effet, nous estimons que route tentative sérieuse
d'apporter une solution au double problème de l'exode rural
massif et d'un sous-emploi marginal croissant que conna1t le
, pays en ce moment, doit viser avant tout à éliminer progres~
sivement la différence de capacité de gain appréciable et
économiquement injustifiée existant' entre 1a ville et la campa-
gne.
En: l'absence d'une regulation effective de
la migration'
tout ce qu'on fera pour stimuler la création d'emploi dans les
zones urbaines :ne pourra aboutir qu'à des déboires8si l'on ne
s'efforce pas, en m~me temps, de redresser le grave déséquili-
bre entre le revenu urbain et rural,
car toute augmentation
du nombre des emplois risque d'~tre annulée par un accroisse-
ment,plus rapide de celui des chercheurs d'emploi.
Il est donc nécessaire d'aligner peu à peu les revenus
salariaux urbains en les ra.pprochant du niveau agricole moyen.
Ainsi, comme la population ivoirienne est agricole dans grande"
majorité,
i l para1t logique,
économiquement parlant,
et aussi
plus équitable d'essayer de rattacher les
taux de salaires
minima des travailleurs urbains au niveau moyen du revenu
agricole pour la bonne raison que les taux de salaires mini-
mum joue habi tue.o.ement un rele capi ta1
dans:; les structures
salariales •.
Eref, à travers cette politique de revenus, une attention
plus grande doit viser à relever au maximum du possible les;
prix d'acha~ aux producteurs des principaux produits d'exporta-
tion auxquels:',la grande ma jorité de la population rurale
s',~ adonnen t'.:
9:ectd.on,' 2 AU NIVEAU DU SECTEUR MODERNE
Rappelons que le secteur moderne regroupe toutes·-les::ac-
t i vi tés privées:è ou publiques: implan tées généralemeni; en ville
(Administration, Corrunerce, Services divers, Industries ,. Secteur"
ncn structLuré).
En effet, si le développement du seo.teur;moderne a été

-266-
fUlgurant
-depuis l'indépandance du pays, i l a par contre~créé
moins d'èmplois par rapport à la masse de main-d'oeuvre toujours
croissante.
Face à ces:- rés ul ta ts decevan ts en ma td.ère de créa t!ion
d'emploi, l'Etat a retenu dans:, son plan de développement(1976-
(1976-1980), comme un des object1fs prioritaires, la promotion
de l'emplo:L..
Les:, moyens:.::précon~sés pour atteindre cet objec.tifs son 11:
les; suivants:.
-
la recherche d'une croissante aussi forte que poss:i.ble
des:, secteurs~-secondaire eti tert!iaire
;:
-
l ' encouragemen t
des actirvi tés et des:; techniques:' uilili-
sa trices de main-d'oeuvre;.
le' développement' et la modeJ'.'lOisat:ion- du secteur arti-
sanal.
Sans entrer
dans les' détails de ces:: moyens .très louableS'
certes~;_ noussnous proposer de sugg~rer deux idées qui touchent
principalement l'industrie et:le secteur non structuré. La pre-
mière idée consiste à mettre l'industrie autant' que possible
au sercice de l'agriculture ou du sec~teur rural •. Tant' que celle-ci
n'a pas atteint le niveau de développement satisfaisant~ pour
assurer le minimum vital de la population"
tous les effort~
de l'industrialisation doivent tendre vers ce secteur. La
deuxième vise à acèorder plus d'importance au secteur non
structuré qui demeure à l'heure actuelle et pour longtemps
encore, l'intermédiaire entre le secteur traditionnel et l'in-
dustrie.
JJ: -
L'industrie-au service de l'agriculture
.'
L'agriculture et l'industrie sont liées pan une "amitié
éternelle" écrivait Fréderic List 1 •. Cé qui était sans doute vrai
pour l'Allemagne au temps_cde List l'est- actuellement pour
presque tous:, less pays et en particulier pour la cthe d'Ivoire.
En; effet,
du fait de sa prédomin-ance dans le pays, l'agri-
culture a une influence profonde sur la croissance et la quali--
té de la vie.
Comme,. d'autre part, l'industrialisation modifie
les méthodes ·de productihon et de répartition dans tous les~
secteurs économiques~ une relation particulièrement étrti>ite
entre l'agriculture et l'industrie est nécessaire pour que
le pays puisse améliorer de faço~ sensible le niveau de vie
de la population.

-267-
L'interdépendance entre l'agriculture et l'industrie est donc
une réalité qui peut ~tre traduite en ces termes:
-
pour constituer un capital initial dans l'industrie" il
faut: qU'ml surplusf;ait été dé~agé dans l'a~riculture ou qu'il
ai t
été obtenu par le commerce extériur;:
Pour'que la force manufacturière puisse appara1tre,
i l faut qu'au préalable un marché existe pour ces produits,
~'est à dire que le commerce extérieur ait cré~ un tel marché;:
Pour que la force manufacturière puisse se développert
i l faut que l'élévation de la productivité ait été suffisante
dans le secteur agricole afin que ce dernier puisse dégager
une'; main-d'oeuvre' pour les besoins de l'industrie •.
Ainsi la naissance d'une industrie ne signifie nullement
négli~er l ' agricul ture, mais tout le contraire t, il faut:
a~mmencer par l'industrialiser.~Carc'est l'industrie qui
fournit à l'agriculture les moyens tout à la fois sa production
et ses débouchés.o C'est l'industrie qui livre à l ' agricul ture
les machines J' outils et produits divers de la science qui
élévera sa productivité •. Dans le m~me temps, l'industrie crée
une demande pour se matières premières brutes et ses.' denrées
alimentaireS'•. Bien plus, en élevant le niveau de vie de la
populat~on elle élargit le marché interne •. Soussla pression
de cette demande~et gr~ce aux progrès de la science, les
productions agricoles serontaméliorés~
Le Gouvernement devra par conséquent développer les.
industries agro-alimentaires J non pas dans les villes t, dans
le milieu rural, car ce sera du développement de ceS3 activités
que dépendront les relations _,en aval de l'industrie ivoirienne
et de l'agriculture" limitant ainsi" en cas de pénurie de
matières premières, la croissance de la producxion et des expor-
tation5-. Quant· aux liens en amont entre l'industrie et l'agri-
~ulture, mesurés p~r l~ de la production industrielle absorbée
FredericC'List par ~I •. Anson-fvleyer" Un économiste du développement
au XIXe siècle, PUF de Grenoble,
1982, pp .. 80, 81.

-268-
par l'agriculture, ils sont beaucoup moins importants, alors
qu'ils le sont plus dans les pays développés.
En résumé, les relations entre l'industrie et l'agricul-
ture sont:
1
L'industrie fournit à l'agriculture des biens d~équi­
pement" l ' agricul ture offre donc des débouchés à l'industrie;
L'agriculture fournit des matières à l'industrie; par
les industries qui lui sont liéesj elle constitue une base
importante de l ' industrialisation;'
- Les revenus agricoles alimentent une demande industriel-
le der, produi ts finis de consommation courante;-
- L'agriculture" par les',revenus d'exportation" permet
d'investir dans l'industrie et d'~tre une base de l'accumula-
tion du capital ~,
L'agriculture nourrit les villes •.
llir voit donc que~ m~me si notre analyse demeure quelque
peu empirique~ le~développement de l'industrie passe inévita-
blement par le développement de l'agricult~re.
C'est pourquoi nous estimons que la contribution du
développement industriel aux problèmes de sous-emplois passe
par sa mise au service de l'àgriculture ,. c '.est à dire autant
que possible, les industries à ré-aliser doivent ~tre créer
en milieu rural ou avoir des relations étroites avec celui-ci.
II'La' prise en compte du secteur non structuré dans les plans
de développement
Comme nous avons vu ce secteur est actuellement unI?
secteur "tampon" entre le le secteur moderne et le secteur
tradi tionnel. I l pourvoi"b' un certain nombre d' emplois et répond
de plus en plus à un grand besoin. Or" m~me si les emplois
qu'il crée sont précaires, improductifs, i l conv~ent de s'y
intéresser en
cherchaotè le structurer.

-269-
Section 3 - AU NIVEAU DE L'EDUCATION ET DE LA FORMATION
1•. OBJECTIFS
L'efficacité du système scolaire pose un problème important
dans tous les pays, mais tout particulièrement là où la
pénurie en
ressources humaines et financières est aigu~ comme c'est le cas de
la Cote d'Ivoire.
L'objectif de la politique éducative et de formation consiste
à rechercher une meilleure réponse de l'appareil d'éducation et de
formation aux bésoins de l'économie. Or, deux problèmes se posent
souvent lorsqu'on cherche à atteindre cet objectif; notamment dans
les pays en voie de déVeloppement.
D'une part, il y a un problème de jeunes qui quittent l'école
sans avoir une formation adéquate pour trouver un emploi productif
dans le secteur moderne de l'économie, et d'autre part, il y a celui
des jeunes IdiplSmés" qui ont de plus en plUs de mal à trouver aussi
leur premier emploi: c'est ce qu'on appelle le syndrome des diplSmés.
Quels moyens pouvons-nous suggérer pour lutter contre ces
problèmes? Bien entendu nos suggestions ne sont que théoriques.
II. MOYENS SUSCEPTIBLES DE REMEDIER A QUELQUES ASPECTS DE CES
PROBLEMES
A. La situation des jeunes qui sortent du système éducatif sans
avoir de formation adéquate
L'une de grandes préoccupations de la CSte d'Ivoire, c'est que
de plus en plus de jeunes sortant de l'école, le plus souvent pri-
maire, ne p~uvent, pour la plupart, poursuivre leur instruction.
Selon notre analyse faite dans le chapitre précédent, il y a
lieu de penser que ces jeunes consti tuenr la part la plus importante
des sous-emplois.
Cette situation soulève un problème en ce sens que non seule-
ment les quelques connaissances péniblement acquises à l'école, m~me
si elles sont insuffisantes, sont vite oubliées, mais encore que ces
jeunes espèrent trouver un emploi salarié généralement en ville, ré-
pugnant ainsi les activités rurales et contribuant donc à alimenter
le phénomène de l'exode rural.

-270-
Or, si le risque est grand de gaspiller ainsi de précieuses
ressources qui consistent à donner chèrement une instruction pri-
maire aux jeunes, le danger est encore plus grand lorsqu'on ne
cherche pas à l'utiliser, notamment dans l'agriculture. L'objectif
prioritaire du développement économique du pays ne passe-t-il pas
par la modernisation de son agriculture?
Face à ces problèmes nos suggérons que l'on essaie de créer
des systèmes d'enseignement et de formation post-primaires dans les
zones rurales et de modifier le contenu des enseignements en l'adap-
tant aux réalités économiques du pays.
Revenons sur la première proposition, la seconde sera aborder
ul térieurement.
En effet, bien que des écoles
existent et coatent chères au
pays, nous suggérons tout de m€mequ'il
serait intéressant de créer
des programmes d'enseignement post-primaires en vue de consolider le
ce bagage élémentaire et de dispenser cette formation si l'on veut
que les dépenses engagées dans l'enseignement primaire
et secondaire
soient au moins rentables, qu'elles profient à l'essor des campagnes.
L'intér€t
de notre suggestion, c'est qu'en plus des servies que
ces écoles pourraient rendre aux jeunes et à la population rurale
en général, leur implantation et leur fonci tonnement coûteraient moins
chers et pourraient ~tre pris en charge par les populations concernées.
Notre seconde suggestion vise des Il jeunes diplSmés".
B. Le "syndrome des diplSmès"
Nous avons vu que l'un des problèmes de l'enseignement de type
classique perpetué en CSte d'Ivoire, Comme d'ailleurs en Afrique
est ce que l'on peut appeler le "syndrome des diplSmés".
Ce syndrome
est en grande partie consolidé par les distorsions du marché du tra-
vail qui font que le système d'enseignement est axé principalement
sur les besoins en main-d'oeuvre du secteur moderne.
Il repose en
fai t sur la structure des traitement et des salaires, étroitement
liée aux aux années de scolarité dans l'enseignement classique et
aux qualifications obtenues.
Il s'ensuit que l'éducation dispensée
répond moins aux impératifs du développement économique.

-271-
C'est ainsi que nous relevons dans les "Marchés tropicaux,,1
que les autorités universi taires ivoiriennes s'inquiètent:. du chômage
chez les jeunes diplômés qui doivent actuellement attendre un ou
deux ans, voire'plus, pour trouver leur premier emploi.
Les raisons
invoquées tiennent d'une part aux effets conjugués de la forte nata-
lité et de l'augmentation rapide du nombre de "diplômés" et d'autre
part à l'inadéquation ,entre la formation et l'emploi.
Pour notre part, s'il est vrai que l'augmentation de la popu-
lation de diplômés et les modalités des diplômes constituent des
facteurs importants pour expliquer ce syndrome, nous estimons que
les vrais problèmes ne sont pas posés.
En effet, pour un pays, notamment en voie de développement,
la formation est non seulement un moyen qui permet de réaliser un
développement économique rapide et une plus grande autonomie, de
sorte que l'ensemble de la pouplation puisse satisfaire ses besoins
essentiels, mais elle constitue également un droit fondamental dont
chacun doit bénéficier tout au long de son éducation.
Que cette for-
mation soit couronnée par un diplôme n'est pas en soi une mauvaise
chose.
Le problème est donc de choisir les types de formation
susceptibles de contribuer au développement du pays.
C'est pourquoi notre suggestion à ce sujet vise plutôt à faire
dans un premier temps le bilan de la formation entreprise depuis
l'indépendance jusqu'à ce jour, de dresser une liste des faiblesses
de cette formation et de proposer des solutions.;-
Ensui te, il con-
vient de redéfinir d'autres types de formation en liaison avec les
besoins actuels et futures du pays et l'environnement dans lequel
s'insère le pays (réforme du système éducatif et de formation),.
Par exemple, nous savons que la formation professionnelle et
technique est fiablement développée si tri en que le pays souffre d'une
pénurie de main-d'oeuvre technique qualifiée.
En outre, la Côte
\\es Marchés tropicaux et méditerranéens.
N° 2045 du 18 janvier 1985.
p. 141.

-272-
d'Ivoire n'adaptant pas les systèmes de formation, les méthodes et
-,
les équipement en provenance de sociétés industrielles avancées qui
conviennent mieux à leurs conditions et leurs besoins, a certaines
lacunes de la formation professionnelle et tehcnique de jeunes face
aux besoins de main-d'oeuvre.
Par ailleurs, les politiques de for-
mation sont d'ordinaire fragmentées et non coordonnées, ce qui crée
des contradictions entre les activités de formation et les objectifs
du développement.
Voilà en somme quelques moyens que nous suggérons pour essayer
de répondre aux promèmes de sous-emplois crées par l'inadaptation du
système d'éducation et de formation aux réalités socio-économiques de
la Côte d'Ivoire.
En réalité, ces moyens ne sont qu'une infirme par-
tie de tout l'arsenal de moyens qu'il conviendrait de prendre,dans
un domaine aussi complexe que sont l'éducation et la formation.
Le
lecteur nous pardonnera notre méconnaissance dans ce domaine.

-273-
CONCLUSION DU CHAPITRE
Est-ce que ces quelques suggestions permettraient-elles
de lutter efficacement contre ces sous-emplois?
Assurément pas!
Néanmoins si elles sont suivies, il se
pourrait qu'elles contribueront à les réduire.
CONCLUSION DE LA PARTIE
A l 'h;su de cette partie, nous pouvons conclure que les sous-
emplois méritent d' ~tre pris en compte dans la pol tique économique
et sociale de la C8te d'Ivoire.
Ils présentent de nombreuses causes
endogènes mais aussi exogènes.
Or, si le.pays aura du mal à agir sur
les causes exogènes, il peut néanmoins rechercher des solutions effi-
caces aux causes endogènes qui tiennent principalement à ses struc-
tures socio-économiques.
Car non seulement l a situation socio-éco-
nomique devient critique, mais elle le sera plus
encore dans les an-
nées à venir.
Les perspectives d'évolution ne laissent augurer un
avenir optimiste.
L'intér~t de notre recherche réside dans le fait qu~elle nous
a permis de recenser quelques unes de causes des sous-emplois et les
possibilités susceptibles de les utiliser.
Nous osons espérer que les responsables ivoiriens trouveront
dans ces analyses des éléments de réponse à leur politique de lutte
contre le gaspillage des ressources humaines.

-274-
CONCLUSION GENERALE

-275-
Au terme de ce travail une question subsiste encore.
Il
s'agit de se demander si les sous-emplois spécifiques dont nous venons
de définir et d'expliquer les causes continueront à s'intensifier à
l'horizon 1990; ou si au contraire ils se réduiront.
En effet, la stratégie de développement adoptée par la Côte
d'Ivoire depuis son accession à l'indépendance lui a permise d'ob-
tenir des résultats tout à fait remarquables.
L'obtention vrai-
semblable" d'un taux annuel de croissance en volume du Produit Inté~;"
rieur Brut (PIB) supérieur à 7% en moyenne sur la période 1960-1980
constitue, au regard des normes africaines, une performance rarement
dépassée.
L'ampleur des mutations éconmiques (forte consolidation et
diversification de l'appareil de production), sociales (élevation
sensible du niveau des "services" sur toute l'étendue du territoire),
culturelles (généralisation de la scolarisation) atteste la réalité
1
d'une véritable développement.
Cependant, si sur le plan de la production les résultats ont
été exceptionnels, ils n'ont pas induits en conséquence une croissance
de l'emploi.
Les sous-emplois représentent 25% de la population d'âge
actif (15-59 ans) en 1980.
Or, depuis 1980, cette croissance excep-
tionnelle de la production a commencé à se ralentir.
La question qui se pose est donc de savoir ce que ~es sous-
emplois représenteront à l'horizon 1990.
La réponse à cette question
fera l'objet de notre première conclusion.
D'autre part, un travail comme celui que nous venons de présen-
ter comporte des limites qui tiennent essentiellement à la fiabilité
des informations disponibles, mais aussi aux hypothèses qu'il a fallu
faire pour atteindre notre objectif.
Ce sera notre deuxième esquisse
de conclusion.

-276-
-1
L'EVOLUTION PREVISIBLE DES SOUS-EMPLOIS_A t'HORIZON '990
0
Chercher à savoir ce qui se passera demain a toujours été une préoccu-
pation de l'homme, sans doute comme la quête d'une réponse à son an-
goisse fondamentale, la peur des lendemains.
Depuis le développement
industriel, c'est devenu presque une nécessité de prévoir l'avenir, ne
serait-ce qu'en raison de l'accélération de l'histoire qu'il a engen-
drée.
Au niveau d'une collectivité, comme au niveau d'une entreprise,
ou d'une industrie, des actions menées aujourd'hui auront un plein
effet dans dix ou vingt ans.
Cependant, la prévision souvent parcellaire, ne retenant que quelques
variables explicatives en général économ~ques et quantifiées et ne
tenant pas en compte de l'évolution des rapports de force et de l'ap-
parition de nouvelles tendances est plus trompeuse Qu'utile. Cette
impré'cision fésul te notamment du fai t que l'économie s'érige en sec-
teur autonome, la prévision économique est coupée de la prévision so-
ciale et politique et elle est de plus morcelée en prévision technolo-
gique, démographique, etc.
Or, au fur et à mesure que l'évolution
s'accélère, l'interdépendance se renforce, rien n'est plus égal par
ailleurs et une vision globale s'impose.
Si dans les pays développés, les instruments de collecte de données
ou d'investigation permettent d'orienter les recherches et de faire une rela-
tive prévision dans ces problèmes, il n'en res"tê'flas moins qu'en ma-
tière d'emploi et de sous-emplois que les prévisions soient diffici-
les et à fortiori dans un-pays moins développé tel que la Côte d'Ivoire.
En effet, on peut souligner à la fois la grande complexité de l'ap-
proche prévisionnelle des questions d'emploi et de sous-emploi.
La
pénurie et l'incohérence des données statistiques compliquent davan-
tage cette approche.
Par exemple, Alain JECrO' nous fait remarquer à propos de l'emploi que
la relation fondamentale qui existe entre le travail consideré comme
f~~_de product~o~_~la production elle-même, induit une autre,
'Al&in JEeKO, L'analyse de l'emploi, Editions Armand Colin,Foimation.
_Paris, 1974, PP • .34 et 35.

-277-
le niveau de l'emploi et le niveau de l'activité.
Par conséquent, il
n'est donc pas possible d'effectuer des prévisions d'emploi en dehors
du cadre de la prévision de l'activité économique générale.
Il nous
fait remarquer également que l'étude détaillée des mécanismes d'in-
teraction entre la production, la productivité, et l'emploi montre que
ce dernier n'est pas toujours la variable dépendante.
Dans certains
cas, production et emploi sont les variables indépendantes et la pro-
ductivité est la résultante.
Dès lors, comment prévoir l'emploi et à
fortiori le sous-emploi.
Comme nous venons de constater. la croissance économiaue ivoirienne
en
valeurs a été entre 1960 et 1980 tout à fait remarquable. Le_
PIB
a cru en moyenne de 14,7/0 duxant cette période.
De même que la
production intérieure brute s'est accrue de 8% l'an, l'Administration
s'étant développée très rapidement.
Or depuis 1980, ces croissances exceptionnelles ont commencé à se ra-~
lentir à Cause des problèmes écon0miques que le pays connaît, mais aussi
du ralentissement des activités économiques mondiales.
En particulier,
le Produit intérieur brut a chuté de 2,5% entre 1980-1982 et de 4% entre
1982-1983, sous les effets combinés de la secheresse, du ralentissement
des investissements publics causé par la diminution des apports de capi-
taux de l'étranger et des retards dans la production pétrolière sur la-
quelle le pays comptait pour avoir son deuxième souffle.
De plus, les perspectives d'avenir à moyen terme, malgré les intentions
optimistes du Gouvernement, ne laissent augurer des lendemains favora-
bles.
Par conséquent, i l ne fait pas de doute que les sous-èmplois cori-
- :
tinueront à s'intensifier.
Quel niveau atteindront-ils?
C'est ce que nous allons tenter de faire.
Mais plut$t que d'utiliser
des techniques de prévision poux estimer le niveau des sous-emplois
à
l'horizoll·1990, nous nous proposons d'esquisser des scenarios d'évolu-
tion de l'économie ivoirienne et de voir comment à travers ces seénarios
les sous-emplois évolueront.

-278-
Cette
analyse comprendra donc deux approches
Les scénarios d'évolution de l'économie ivoirienne à
l'horizon 1990;
Les conséquences de ces scénarios sur l'évolution des
sous-emplois.

-279-
A. Les scérrarios--d'_é.-volution de l' économie ivoirienne à _Vhori zon 1990
Les scénarios sont des essais de description ordonnée et lo-
gique de l'évolution à long terme d'une situation.
Ils fournissent une image cohérente à la fois d'un avenir vrai-
semblable et des cheminements suivis pour y parvenir.
L'intérêt de
telles approches est de stimuler l'imagination en l'amenant à réflé-
chir sur des situations très différentes de celles que l'on connàtt
mais qui, par certains de leurs traits fondamentaux
apparaissent
dans la li~1e d'une évolution déjà constatée.
Cette vertu de refle-
xion n'entratne naturellement aucune vertu de prévision et d'ailleurs
les spécialités semblent
tous d'accord pour affirmer que les scéna-
rios ne sont pas de prévisions de l'avenir, mais des descriptions
d'une suite cohérente de processus possibles, en quelque sorte, des
simul ations e _
La méthode des scénarios mise en évidence initialement par
Herman KAHN et Antony WIENER' de Hudson Institute, dans les années 60
et popularisée par leur ouvrage l'An 2000, a été d'abord employée
dans le domaine politique et militaire.
En fait, elle sert aujourd'hui dans l'analyse futurologique
des structures politiques, économiques, teahnologiques et culturelles.
On peut aussi envisager une série de scénarios sur des domaines divers
(démographie, société••• ) que l'on confronte
potœ en faire jaillir
les incompatibilités et engendrer un ensemble de scénarios plus glo-
baux.
Deux approches sont généralement utilisées.
Une approche dite
du " s cénario contrasté" qui se fait en plusieurs étapes
--On choisit un certain nombre d'hypothèses;
--On en dégage toutes les implications possibles;
--Et on décrit à partir des hypothèses et de leurs implications
une série d'images et de stratégies politiques conduisant à
ces images.
Cette approche a été utilisée en France et permis
l'étude de trois scénarios: La France de 100 millions d'habi-
tants, La France côtière et l'agriculture sans terre.
- - - - - - - - - - - - -
,Herman KAHN et Antony WIENER, L'an 2000, Laffont PARIS 1968.

-280-
La deuxième approche dite du "scénario tendanciel Il comporte
elle aussi, des phases successives
--On part d'une ou des situations actuelles;
--On simule le ou les processus d'évolution possibles;
--Et on aboutit à une image de crise ou pase
Les lacunes que nous soulignons au niveau des données statis-
tiques et les limites matérielles auxquelles nous nous sommes con-
frontés, font que nous nous trouvons amenés à choisir la deuxième
approche pour décrire l'évolution économique ivoirienne à l'horizon
1990.
Aussi, en s'appuyant sur la situation économique de la Côte
d'Ivoire entre 1960 et 1980, nous avons retenu eu égard à la conjonc-
ture économique que traverse le pays depuis 1980, deux scénarios: un
scénario qui suppose que l'économie tendra vers un blocage en 1990
et un scénario où au contraire, elle se débloquera.
La description de ces deux scénarios que nous allons entamer
maintenant figurent dans le graphique nO 16 ci-après.
Ensuite nous analyserons leurs conséquences respectives sur
l'évolution future des sous-emplois.
1. SCENARIO 1
LE BLOCAGE DE L' ECONOHIE AL' HORI ZON 1990.
La description de ce Scénario 1 débutera par une-analyse suc-
cincte de l'économie ivoirienne depuis 1980 en vue de situer la ten-
dance qu'elle suivra et se terminera par l'analyse de quelques indi-
cateurs qui contribueront à ce. blocage.
a) L'évolution de l'économie ivoirienne depuis 1980
Si l'évolution de l'économie ivoirienne s'est caractérisée
entre 1960 et 1980 par deux tendances: 1960-1970 (croissance rapide
entrai née par les exportations de produits agricoles et amorce d'in-
dustrialisation du pays) et 1970-1980 ( maintien de la croissance,
amélioration des termes de l'échange notamment grâce à la hausse spec-
taculaire des cours du café et du cacao en 1976 et 1977 : l'année 1977

GRAPHIQUE N° 1 6
SCENARIOS D'EVOLUTION DE
GRANDE
ENDETTEMENT ELEVE
L*ECONOMIE IVOIRIENNE A
DEPENDANCE
ABSENCE DANS LES PRISES DE DECISIONS
L'HORIZON 1990
DE L'ECO-
INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES
NOMIE
i
PARTAGE INEGAL DES FRUITS DE LA
CROISSANCE
SCENARIO 1
TENSIONS SUR LE MARCHE DU TRAVAIL
BLOCAGE DE
L'ECONOMIE
TENSIONS LIEES A LA PRESENCE
"MASSIVE" DES ETRANGERS
,"L'APRES HOUPHOUET"
SCENARIOS D'EVOLUTION
DE L'ECONOMIE IVOIRIEN-
REUSSITE DE
MODERNISATION DE L'AGRICULTURE ET
NE
DES ACTIVITES ARTISANALES
A L'HORIZON 1990
LA POLITIQUE
1
D'AJUSTEMENT
ORGANISATION ACCRUE DES AGENTS
l\\:>
())
STRUCTUREL
ECONOMIQUES
o
tI1
VALORISATION DES RESSOURCES HUMAINES
1-'-
VI
1
'. SCENARIO 2 :
PERSPECTIVES
HYFOTHESE DE CROISSANCE DES TAUX
.pEBLOCAGE DE
FAVORABLES
ANNUELS DES PIB : 5,0% DANS LES PD
L'ECONOMIE
DE L'ECONO-
ET 6.2% DANS LES PVD
MIE MONDIA-
EFFETS SUR L'ECONOMIE IVOIRIENNE --
LE ENTRE
PIB: 7.7'1. L'AN
1985 ET 1990
DIVERS
(1)
",G-
(1) Nous les décrit'ons pas .. ici.

-281-
fut probablement l'une des meilleures du point de vue économique pour
le pays qui enregistra alors un important excédent de la balance com-
mercial et de celle des paiements, nombreux investissements), depuis
1980, cette croissance s'est considérablement affaiblie.
Le pays
a un endettement relativement élevé et les investissements se sont
réduits.
Cette baisse des activités aussi bien globales que sectorielles
est d'autant plus ressentie qu'elle fait suite à une longue période
de croissance.
- "L'évolution globale des activités
La baisse des activités se traduit par une diminution du taux
de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB).
Le taux moyen de
croissance annuel du PIB qui était de 14,7% entre 1960 et 1980 est
tombé à 6,5% entre 1980 et 1984.
En valeur le PIB est passé de
2.226 milliards de francs CFA en 1980 à 2.864 milliards en 1984," (voir
Tableau N° 76 ci-après).
Cette baisse est due en grande partie aux problèmes économiques
que connaît le pays.
En effet les conséquences de la sécheresse qui
secoue toute l'Afrique occidentale ont été ressentie aussi en Côte
d'Ivoire, provoquant de nombreux feux de brousse qui ont ravagé des
plantations de café et de cacao.
Les effets de la secheresse et de
feux de brousse, ajoutés aux contraintes liées à la restauration des
grands équilibres financiers se sont traduits par des performances
médiocres de l'économie.
Ainsi d'après les chiffres du tableau nO 76 ci-après, les reve-
nus bruts-des planteurs pour ces deux produits ont diminué durant
deux années consécutives et de manière plus importante en 1983 (-20,4%)
qu'en 1982 (-9,1%), atteignant respectivement 254 milliards de francs
CFA pendant la càmpagne 1980-81,231 milliards (198"l-82), 184 milli-
ards (1982-83).
La campagne 1983-84 a vu les revenus progressés lé-
gèrement (+0,9% par rapport à 1982-83), soit 186 milliards de francs
CFA.
Cette baisse des revenus a entraîné la détérioration du pouvoir
d'achat de producteurs d'autant plus que les prix "d'achat au kilo-
gramme de ces produits sont restés constant depuis la campagne 1978-79.

';';282-
Ces prix d'achat sont de 350 francs CFA pour les deux produits.
/ -
Pour la campagne
1984-85, le Gouvernement a relevé ce prix
d'achat qui est passé à 375 francs CFA pour le cacao et 380 francs
CFA pour le café.
Peut-être que ce relèvement, et à condition
que
la pluriométrie redevienne normale, permettrait aux planteurs de
pouvoir bénéficier de revenus supplémentaires et de compenser ainsi,
en partie, leur baisse de pouvoir d'achat.
TABLEAU N° 76
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS ECONOMIQUES
DEPUIS 1979
INDICATEURS
1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985
1------
--------
--.1'"---
-- ~_.r-.---
I. PRODUIT INTERIEUR BRUT
2000 2226 2323 2525 2700 2863
--
(Milliards de Francs CFA)
Taux de croissance annuel en %
- ft11 ,3 +4,4 +8,7 +6,9 +6,0 -
1-------
- - - - -
--
--- --r-.--
II.' REVENUS BRUTS AUX PLANTEURS
DE CAFE ET DE CACAO
-
-
254
231
184
186
-
(Milliards de francs CFA)
Taux de croissance annuel en % -
-- - -9,1 ,..20,4 +0,9 --
1---
-
-
-- ---
_III. PRIX D'ACHAT AUX PRODUCTEURS
(Francs CFA)
~
-cacao
350
350
3501 350
350
350
375
1
-café
350
350
350
350
350
350
380
1
- - - -
----
IV. CONSm-ll1ATION DES MENAGES
182711826
- 1680
1830 1821
-
(Milliards de francs CFA)
Taux de croissance annuel en % -
-
+8, 81-0' 1 +0,2 -0,5
--
SOURCE
Bulletins de l'Afrique noire (1980 à janvier 1985)
Il faut ajouter à ces causes, la conjoncture économique inter-
nationale défavorable qui comme on le sait, est un facteur important
peur la Côte d'Ivoire.
La détérioration de l'activité économique a entratné dtQ~e part
la diminution des investissements.
Le total des investissements qui

-28J-
figure sur le tableau ci-après indique une chute de 9,6% en 1982 par
rapport à l'arLYlée 1981, de 10,9% en 1983/1982, de 19,2% en 1984/1983.
Et on estime qu'il baisserait de 3,4% en 1985/1984.
TABLEAU N° 77
EVOLUTION DES INVESTISSEMENTS PUBLICS ET PRIVES
DEPUIS 1981 EN HILLIARDS DE FRANCS CFA
l ~NESTI SSEI1E:NTS
1981
1982
1983
1984
1985 (1 )
~-
-
---
Investissements publics
336
286
288
196
188
Investissements privés
260
253
192
192
188
TOTAL
596
539
480
388
376
Taux de croissance
-9,6
':'10,9
-19,2
-3,4
-
annuel en pourcentage
SOURCE
Bulletin de l'Afrique noire - N° 1257 du 24 janvier 1985.
(1) Estimation.
D'autre part la consommation des ménages, en termes de la compta-
bili té natiOl].ale a enregistré une diminution de 0,5% en 1984/1983. alors
qu 1 elle s'est aCcrue de 8,8% en 1983/1982.
Les montants s'élèvent
respectivement à 1680 milliards de francs CFA eb 1980, 1827 milliards
en 1981,1826 milliards en 1982,1830 en 1983 et 1821 en 1984 (voir
Tableau N° '']6 ci-dessus).
Par ailleurs la détérioration de l'activité économique, et la
baisse de volume des investissements et la diminution de la consomma-
tion des ménages ont entratné aussi une baisse de la croissance du
volume des importations.
Si cette baisse permet au pays d'économiser
de devises, notamment en matière de pétrole, en partie grâce à la
production locale_
Pàr-contre, -les importations de produits alimen-
taires ont légèrement augmenté d'une manière importante.
En l'âbs"ence" de chiffres' défini tifs et cohérents t i l nous a
paru difficile de parler de la balance commerciale, mais elle pour-
riat être en termes de comptabilité nationale (FOB/CAF), déficitaire
d'une quinzaine de milliards FCFA en 1981 contre une quarantàine en
1980.
Le déficit de la balance des biens et services se repèrcutè"sur
\\

-284-
la balance de paiements.
La balance des services et des transferts
a ccntinué à se détériorer entre 1980 et 1983 en raison notamment
de l'accroissement import~~t de l'endettement et du service de la
dette.
Les problèmes de l'endettement et de son service seront a-
bordés ultérievxement.
Au total, les soldes de la balance des paiements
se sont chiffrés à 163 milliards de francs CFA en 1980 et à 14-8
milliards en 1981.
Les chiffres récents ne nous sont pas connus"
Pour terminer cette analyse globale, nous nous som~esintéres­
sés aux finances publiques.
En effeti depuis 1980 F et même quel-
ques années auparavant, le besoin de financement de l'économie
notamment du secteur public s'est ressenti énormement.
Le tableau nO 78 ci-après montre que le déficit global des
finances publiques n'a cessé d'être important (- 201,4 milliards
de francs CFA en 1979, - 293 milliards en 1980. - 261 milliards en
1981, et ~ 225 milliards en 1982).
C~est donc devant cette détéri-
oration constante des finances publiques que le Gouvernement s'est
senti obligé d'adopter des mesures d'austerité budgetaire aidé par
des organismes internationaux, tels que le Fond Monétaire I~terna­
tional, la Banque Mondiale.
Les grandes lignes de ces mesures fi-
gurent en annexe nO VI et intitulé "Le plan de redressement finan-
cier".
TABLEAU N° 78
EVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES IVOIRIENNES DEPUIS
1 970 EN HILLIARDS DE FRANCS CFA
1979
1980
1981
1982
....- - - -
- - - -
----....-
--....----------
Recettes et subventions (1)
645
615
618
690
Prêts nets et dépenses
(II)
846
908
879
915
Excédent (+) ou déficit ( -)
-201
-293
-261
-225
(1) - (II)
:
SOURCE
Analyse et conjoncture - CSte d'Ivoire.
Hinistère français
des Reiations Extérieures - Service de Développement.
Dé'Cembre 1982.
En défrnftive-, la conjoncture économique générale est en baisse
depuis 1980.
Elle est dominée par l'incidence de la crise interna-
tionale et des mesures de redressement prises par les pouvoirs publics.

-285-
La demande et l'activité économique sont restées déprimées, tandis
que la situation reste tendue dans les domaines des finë.nces pu-
bliques, des échanges, et de la monnaie.
D'ailleurs, les mesures
préconisées par le n11 et la Banque Mondiale se traduisent par des
conséquences suivantes.
,
En effet, lorsque le au et la Banque 1'1ondiale imposent souvent
des conditions draconiennes aux pays qui ont des difficultés de paie-
ment, des pr~ts ne sont généralement consentis que si ceux-ci :
--augmentent leurs recettes d'exportation afin de réduire le
déficit de leur balance des paiements (ce qui a pour consé-
quence de priver encore davantage les popv~ations des pro-
duits qui respondent à leurs besoins fondamentav~)j
--autorisent le libre transfert de capitaux afin d'attirer
les investissements étrangers (ce qui a pour conséquence
qu'une grande partie des profits réalisés dans le pays en
sont retÏ'r~;
--reduisent les dépenses de l'Etat afin de diminuer les im-
p$ts (ce qui a pour co~~équence néfaste povx la politique
soci ale de ces pays);
--contr$lent les salaires afin de freiner l'inflation (ce qui
a pour conséquence de plonger des millions de travailleurs
en dessous du minimum vital).
L'évoiution économique par grands secteurs d'activité
Malgré quelques progrès spectaculaires, notamment en agricul-
ture d'exportation et en industrie au début des années 1980, tous
les secteurs de l'économie ivoirienne ont été touchés par la détéri-
oration des activités économiques.
Au niveau de l'agriculture d'exportation
Le tableau nO 79 ci-après montre que la production commerciali-
sée du cacao, du café et du coton, pour ne citer que ces trois pro-
duits seulement, a enregistré une croissance en volume de 16,6% en-
tre les campagnes 1979-80 et 1980-81, passant de 791.000 tonnes à
922.000 tonnes.
A travers cette augmentation, c'est le café qui a
eu la plus forte c~oissance t+46,4%)~ suivi du cacao (+5;~/c).
Le
coton en graine a chuté légèrement.

-286-
Par contre depuis la campagne 1980-1981, on assiste à une di-
minution du volume de la production (-8,0% en 1981-1982; -5,6% en
1982-1983) avec toutefois un léger redressement en 1983-1984.
Dès
lors, on peut donc comprendre le caractère saisonnier de la produc-
tion de ces produits avec les risques de baisse de revenus et donc
de sous-emploi.
TABLEAU N°
79
EVOLUTION DE QUELQUES PRODUITS AGRICOLES D'EXPOR-
TATION DEPUIS LA CAMPAGNE 1979-1980
QUELQu~S PRODUITS D'EXPORTATION
1979- 1980- 1981- 1982- 1983-
1
(En milliers de tonnes)
1980
1981
1982
1983
1984
1 - - - -
- - - - -
- - ----_.
CACAO
398
4t8
465
366
405
CAFE
250
367
248
276
285
COTON
143
137
135
157
142
TOTAL
791
922
848
800
832
Taux de croissa~ce annuel
-
+16,6 -8,0
-5,6
+4,9
SOURCE
Bulletin de l'Afrique noire - N° 1257 du 24 janvier 1985.
En ce qui concerne l'exploitation forestière la production de
grumes a continué à diminuer depuis 1979 : baisse de 16,4% par rap-
port à 1984 et de 18,?/o par rapport à 19830
Les exportations ont
également diminué de 23,6% et les livraisons aux usines locales de
4,2%0
L'activité de l'exploitation forestière apparatt comme assez
fortement déprimée en 19840
Les raisons de cette baisse tiennent
d'une part aux problèmes de forêts que connaît le pays et d'autre
part à la faiblesse de la demande mondiale, notamment en matière de
bois que le pays exporte.
Les essences rares qui étaient très sol-
licitées dans le passé sont en voie de disparition.
Enfin, si le café, le cacao, le bois, et tout récemment cer4
tains produits tels que l'ananas, les bananes, les oléagineux, ont
fait la fortrune de la Côte d'Ivoire depuis l'indépendance, le pétrole
pourrait-il
être un moyen de relancer l'économie de ce pays?
Rien
n'est moins snr, Les promesses du pétrole sont èncore très fragiles.

-287-
L'année 1981 a vu la première production de pétrole ivoirien, en-
viron 380 000 tonnes à partir du gisement "Belier".
Le gisement
0
"Espoir" a commencé à produire depuis août 1982 et l'on espère
pour cette année une production totale de l'ordre de 900.000 tonnes.
Au niveau de l'industrie
En 1979-1980, l'ensemble de la production industrielle avait
connu un essor vigoureux grâce à la montée en production d'unités
industrielles nouvellement créées et aux progrès de la transformation
des produits agricoles.
En 1981, il semble que son rythme de croissance se soit ralen-
ti, notamment dans les branches qui subissent l'incidence de la fai-
blesse de la demande intérieure (textile, produits chimiques, maté-
riaux de construction, sidérurgie et première transformation des
métaux, construction mécanique et électrique) alors que la produc-
tion des industries agro-alimentaires continue, dans son ensemble,
à progresser plus vite que la moyenne.
Ainsi par exemple, le nombre de salariés a diminué de 1778 sa-
lariés entre 1981 et 1980 et de
:1236 entre 1982 et 1981, soit un
total de 3014 travailleurs qui se sont sans doute retrouvés en ch6-
mage ou en sous-emploi occidental.
Bien entendu, ce chiffre semble
dérisoire aU nombre réel de licenciés dans l'industrie.(Tableau N° 80).
TABLEAU N° 80
EVOLUTION DU NOMBRE DE SALARIES DANS L'INDUSTRIE
HORS BTP DEPUIS 1980
BRANCHES (a)
ANNEES
1--..,.-·---- -
4
1
2
3
15-T-6-1- 7 i 8 19(b2 -;;;~--
-
I-"':--+!--i~-'-- -1-------
1980
24963 13561 11830 5918 8370 i 2560!4201
71373
i
1981
25261 12928 10492 6009 7938 222414743
69595
}
1982
- .}j-?
2555712725
965316122 683212204i5024
68359
, . -----
1
SOURCE
Chambre de Commerce de la CSte d'Ivoireo
(a) Pour la dénomination de branches, voir notre analyse
faite dans le deuxième partie, PP. 154-155.
(b) Il s'agit de la branche: Bâtiment et Travaux Publics,
dont la Chambre de Commerce ne retient pas dans son
enquête annuelle.

-288-
Au niveau du tertiaire
Le ralentissement des activités se diffusant à l~ensemble des
secteurs économiques dont l'activité est largement dépendante des
fluctuations de la demande intérieure, le secteur tertiaire a vu
également la baisse de ses activités.
Ce dernier étant trop hétéro-
gène nous- n'avons pas pu disposer des données pour étayer nos argu-
mentations.
1 •.
En résumé, l'économie ivoirie~ne se caractérise depuis 1980
par une croissance très faible, Qn endettement élevé de l'Etat, une
réduction des investissements et un déséquilibre croissant des échan-
ges extérieures-et des finances publiques ..
Cette détérioration des activités économiques a conduit les
pouvoirs publics, d'ailleurs, à l'initiative des principav~ bailleurs
de fonds de l'économie (FI'1.I, Banque Mondiale!.ec) à prel1.dre des me-
svxes d'assainissement qui vont sans doute se traduire à l'horizon
1990 par un arr~t de la croissance, notamment des dépenses d'inves-
tissement publics.
Compte tenu de son poids dans l'économie (la for-
mation brute du capital fixe ou des investissements) représente plus
de 30% du PIE, l'incidence du freinage des dépenses d'investissement,
sur la demande sera immédiate.
Aussi le sectevx le plus touché a
été
le Bâtiment et les Travaux Publics dont les trois quarts sont consacré
à la réalisation des travaux d'investissement.
De m~me que l'emploi;
les salaires et l'ensemble des revenus voient leur cr~oissance se ralen-
tir progressivement d'où le ralentissement de la consommation des mé-
nages.
Le ralentissement de l'activité se diffuse alors à l'ensemble
des secteurs économiques dont l'activité est largement dépéndante des
fluctuations de la demande intérieure.
Or, bien qu'ayant été les seuls secteurs à se maintenir un peu,
l'agriculture et l'industrie ne peuvent à elles seules compenser les
effets négatifs de la baisse en volume des dépenses publiques et de
la dégradation des échanges extérieures.
Le pétrole non plus ne suf-
fira pas à redresser la situation: son avenir est incertain.
En

':;289-
attendant, le poids de la dette extérieure a. forcé la Côte d'Ivoire:,
à restreindre ses investissements et à prendre des mesures d'austerité.
En conséquence, la croissance se ralentit et le niveau de vie des
ivoiriens est atteint.
Jusqu'à présent le pays a fait preuve d'une
belle stabilité politique et sociale, il reste à espérer que les
mesures d'austérité imposées à la population dont le pouvoir d'achat
à commencer à se détériorer, n'entraîneront pas de mécontentement
grave ou de troubles sociaux et permettront de rétablir les grands
équilibres financiers de la Côte d'Ivoire.
D'où notre scénario qui simv~e qu'à l'horizon 1990, un éventuel
blocage de l'économie risquerait de se produire.
Pour ce faire, nous avons choisi d'analyser deux indicateurs
le trop grande dépendance du pays vis à vis de l'extérieur et les
risques éventuels de conflits sociaux et politiques et de tirer les
conséquences sur les sous-emplois.
b) Les indicateurs du blocage de l'économie à l'horizon 1990
L"analyse succincte de quelques données caractéristiques de
l'économie ivoirienne depuis 1980 laisse apparaître qu'à l'horizon
1990 et même après, un
éventuel blocage de l'économie serait pos-
sible, si la trop grande dépendance de l'économie n'est pas un peu
attenuée.
Ce qui pourrait conduire à' des conflits sociaux et poli-
tiques graves.
De plus, la gravité de cette situation se trouverait sans
doute attenuée si dans le même temps .l'évolution démographique res-
tait modérée.
Or, il n'en est rien, les perspectives d'évolution de
la population totale et en particulier de la population d'âge actif
(15-59 ans) laissent augurer une forte croissance.
Qui plus est, la po-
litique éducative aura des conséquences sur cette évolution.
Aussi, bien que d'autres facteurs pourraient contribuer au
blocage de l'économie, nous nous limiterons à l'analyse de ces deux
facteurs :
- l a trop grande dépendance de l'économie vis à vis
de l'extérieur;
-les risques de conflits sociaux.

-290-
La trop grande dépendance de l'économie vis à vis de
l'extérieur
Celle-ci porte sur l'indépendance de l'endettement et la faible
participation des nationaux dans la prise de décision en matière de
production industrielle et commerciale ainsi que dans la fixation
des prix des produits agricoles d'exportation.
L'importance de l'endettement
Les flux de capitaux vers les pays en développement sont
souvent considérés comme un facteur de développement.
ilLe dévelop-
pement disent certains, c'est l'argent des autres. 1I1
Confusément
on espère que l'expérience du 1ge siècle se renouvelle.
L'argent
des pays développés devrait permettre la mise en valeur,l'équipement
et le développement du Tiers Monde comme dans le passé, les capitaux
européens facilitèrent:'. aux 1ge siècle le développement dès pays neufs.
En réalité, il ne peut être ainsi, car les capitaux privés sont
actuellement les instruments de la stratégie des grandes firme inter-
nationales et les capitaux publics sont au service des IIpays dominants ll •
Cependant diverses contributions tnéoriques ont d'ailleurs
montré que ce flux de capitaux ou précisement cet appel à l'endette-
ment extérieur des pays en développement pouvaient constituer, s'ils
restaient inscrits dans certaines limites fonction du niveau et du
rythme de développement des nations concernées, un facteur d'accélé-
ration de la croissance.
Malheureusement dpuis l'année 1974, la situation de l'endette-
ment extérieur de la plupart des pays en développement s'est nette-
ment dégradée.
Le quadruplement du prix des produits pétroliers en
1973-1974, allié à l'élévation des prix interQationaux des engrais
1J • M• ALBERTIIIT, ~. cit., P. 116.

-291-
et des produits alimentaires, puis la recession notable et durable
des économies industrielles qui entraîna en 1975 une chute générali-
sée des prix mondiaux des produits de base et donc le ralentissement
d'un des moteurs de la croissance des pays en développement, ont pro-
voqué un déficit accru des balances courantes des . pays èn développe-
ment non producteurs de pétrole.
1
Ainsi, selon le FMI,
ces pays ont vu leurs balances courantes
diminuées de 38 milliards de dollars US en 1975, et 25, 22, 30 mil-
liards de dollars chacune des années suivantes.
Face à ces problèmes, comment se caractérise-t-elle la situa-
tion actuelle et future de l'endettement ivoirien et dans quelle
mesure pourrait-elle contribuer au blocage de l'économie ivoirienne.
En effet, si tous les pays en développement ont, avec une in-
tensité variable et sous des formes diverses, utilisé des capitaux
étrangers comme moyen de financement de leur croissance économique,
cette attitude était imposée par l'important écart existant entre
__I l ampleur. des ressources financières nécessaires pour la
mise en oeuvre des stratégies de progrès économique et
social suivies par ces.pays;
--l'insuffisance durab~e des possibilités d'épargne nation-
ale; publique ou privée, compte tenu notamnent de la faib-
lesse des revenus, de la grande instabilité des recettes
d'exportation, de l'inadéquation des structures financi-
ères intérieures et de la prédominance de comportement peu
fa'll:orables à l'épargne monétaire.
Ainsi, depuis 1960, la Côte d'Ivoire a eu une attitude favor-
able au reCours à l'endettement extérieur pour financer une partie
des investissements.
La dette extérieures publique ivoirienne a fortment augmenté
depuis 1980 et même depuis 1975. Si l'on en juge par les chiffres.
qui figurent sur le tableau nO 81 ci-après, le taux de croissance
moyen pour les trois années après 1980 s'éleve à 27,6% l'an.
La raison principale de ces emprunts reside dans le finance-
ment par l'Etat et les entreprises publiques de leur programme d'in-
vestissement.
A cela s'ajoute les difficultés des finances publiques
1
Rapport de la Banque Mondiale, Perspectives d'évolution de l'écono-
mie des pays sous-développés, 1984.

-292-
(voir notre deu5ciène analyse) qui ne pouvaient plus assurer qu'une
part réduite du financement de ces investissements.
Par ailleurs l'Etat a avalisé de nombreux: emprunts extérieurs
contractés par des entreprises et organisations multinationales
résidantes (Air Afrique, Conseil de l'Entente, Société Multination--
ale de Bitumés).
Le service de la dette publique extérieure a progressé encore
plus rapidement que la dette tirée elle-même.
Depuis 1979, le ser-
vice de la dette a été multiplié,par trois, passant de 121 milliards
de Francs CFA en 1979 à 345 milliards en 1983.
Pour l'année 1980 le
montant du service de la dette s'est accrû de 57,0% par rapport à
1979.
Et depuis, il n'a cessé d'augmenter en raison de la hausse
du cours de dollar par rapport du franc, CFA.
Exprimé en pourcentage des exportations de biens et services,
le service de la dette a dû croftre rapidement depuis 1980, passant
de 23% en 1979 à respectivement 30% en 1980, 36% en 1981 et 43% en
1982.
TABLEAU N° 81
EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE EXTERIEURE
DEPUIS 1979 EN MILLIARDS DE FRANCS CFA
1979
1980
1981
1982
1983
-
--
-- -
----
Encours
745
972
1369
1815
2186
Engagements
329
293
461
381
440
TOTAL
1074
1265
1830
2196
2626
'Taux: de croissance
-
+17,8
+44,7
+20,0
+19,6
annuel en %
-
-- --
--
--
Service de la dette
121
190
248
326
345
publique
Taux: de croissance
-
+57iO
+30,5
+29,4
+7,5
annuel en %
. En pourcentage des
23%
30%
36%
43%
-
expe ..tations
SOURCE
Bulletin de l'Afrique noire (Années 1980-1985).

-293-
Il est à craindre que cette hausse ne se poursuive en 1984,
1985, et au delà, à cause du niveau élevé des taux d'intérêt flot-
tants et des perspectives médiocres que pourraient subir le cours
de principaux produits exportés par la Côte d'Ivoire.
En résumé, la dette publique extérieure et le service qui en
découle, représente un poids financier énorme qui aura des conséquen-
ces sur l'évolution économique à l'horizon 1990.
Mais la dépendance
du pays est liée aussi à la prise de décision en matiêre deproduc-
tion industrielle et de fixation des prix des produits agricoles
d'exportation.
La faible participation des nationaux dans les décisions en
matière dè prOâùctiôn indùsttiêllê, commerciale et"drêxportation
Dépendante pour les capitaux, la Côte d'Ivoire l'est également
pour les techniques\\de production industrielle et commerciale et des
prix d'achat de ses principaux produits agricoles d'exportation
à cause de son poids économique très faible.
La dépendance en mati~re de techniques de production indus-
trielle et commerciale
Comme presque tous les pays du Tiers Monde, la Côte d'Ivoire
a choisi d'utiliser les machines fabriquées dans les pays développés
et le plus souvent les plus modernes~ : l'optique politique et éco-
nomique adoptée oblige.
Cette situation est également favorisée
par les avantages du Code des investissements (voir annexe nO 3 ).
Comme il lui est impossible de développer parallèlement une
recherche industrielle analogue à la recherche agricole dont elle
dispose, celle-ci ne peut échapper à l'emploi des techniques grandes
consommatrices de capital et peu
utilisatrices de main-d'oeuvre.
En outre, elle ne disposera que des techniques que les industriels
des pays développés voudront bien lui vendre.
Les IIfameux transferts
de technologie" dont on parle tant sont extrêmement tédüi ts èt-les
secrets de fabrication essentiels sont bien gardés.

-294-
L'une des raisons de cette situation est que les entrepreaeurs
nationaux sont en nombre très réduit.
Le tableau nO 82 ci-après montre à titre indicatif- le pourcen-
tage du capital social des entreprises industrielles détenu par les
Ivoiriens privés, l'Etat ivoirien et les étrangers entre 1975 et
1979.
On y observe que les Ivoiriens privés, bien que la part pos-
sédé soit doublée entre 1975 e~ 1979, ne détiennent que seulement
13% de capital social des entreprises industrielles en 1979.
Et
wne en y ajoutant la part de l'Etat ivoirien (32,0%), ce sont les
étrangers qui totalisent le plus fort pourcentage, soit 55,0% du c
capital so~ial des entreprises industrielles en 1979.
TABLEAU N° 82
REPARTITION DU CAPITAL SOCIAL DES ENTREPRISES
INDUSTRIELLES HORS BTP RN~RE LES IVOIRIENS
PRIVES, L'ETAT IVOIRIEN ET LES ETRANGERS EN
POURCENTAGE
ANNEES
IVOIRIENS PRIVEES
ETAT IVOIRIEN
ETRANGERS
TOTAL
1
- - - - - --- - - --- .-f------
----
1975
6,5
24,6
69,9
100,0
1976
11,3
27,1
61,6
100,0
1977
11,9
33,2
54,9
100,0
1978
11,6
33,0
55,4
100,0
1979
13,0
32,0
55,0
100,0
SOURCE
Chambre d'Industrie de la Côte d'Ivoire.
Annuaire
stati~tique 1979.
Pourtant la participation des nationaux à l'effort de croissance
a été recherchée de façon active dans le secteur industriel et com-
mercial.
Par exemple l'effort de participation a porté principale-
ment sur la formation professionnelle avec l'O.N.F.P. (Office National
de Formation Professionnelle) et sur la création d'une "classe d'en-
trepreneurs nationaux" avec a.'O.P~ E. T. (Office de Promotion des
Entreprises Ivoiriennes) et diverses associations -d'inspiration plus-_
ou moins gouvernementale.
Sur le plan commercial, l'Etat a créé une
chaine commerciale: la P.A.C. (Pro~otion d'action commerciale) dont
la gérance est confiée à des nationaux.

-295-
Face au bilan des actions entreprises pour stimuler la crois-
sancè, celles faites pour obtenir la participation des Ivoiriens
apparaissent modestes.
Or, si la conjoncture économique tourne au ralenti, eu égard
à la tendance constatée précedemment, les industriels étrangers hé-
siteraient pour aller investir dans le pays.
Par conséquen~ la
machine économique risuerait de se bloquer.
De plus, le fait
d'avoir confié aux capitalistes étrangers le soin de créer 1'appa-
reil de production industriel a orienté celüi-ci vers une indus-
trialisation légère et peu intégrée.
L'étranger étant maître des
décisions et des debouchés peut "à tout moment~1 (nous pesons nos
mots), freiner ou arrêter la production si les activités économiques
générales vont mal.
L'absence de décision dans la fixation des prix d'achat et
des quantités des produits agricoles d'exportation
Le protectionnisme généralisé ou larvé_que pratique presque
tous les pays est bien connu pour que l'on s'étendre ici.
Pour la Côte d'Ivoire, au contrôle de la quantité de ses
produits exportés s'ajoute celui de leur prix d'achat.
L'idée, selon laquelle les produits manufacturés échappent
aux fluctuations des cours des matières premières, et sont rémunérés
à un juste prix, deVient de moins en moins exacte.
En effet, seul
compte le rapport des forces entre acheteurs et vendeurs.
On notera à titre d'exemple qu'il est paradoxal que l'exploi~a­
tion forestière de la Suède et de ~a Norvège ait enridli ces pays
alors que l'exploitation foretière de la Côte d'Ivoire ou de Gabon
a liassé ces pays pauvres.
Les prix des produits industriels que
se prépare à exporter la Côte d'Ivoire seront fixés par les acheteurs
et il n'y aura pas de différence fondamentale entre l'exportation
du café, du cacao, des bananes ou des tissus, d'autant plus que l'en-
semble des pays d'Afrique est en train de développer sa production
cotonnière et de créer de grosses unités textiles.
Il y aura des risques de surproduction dont ne manqueront pas
de jouer les pays industrialisés.

-296-
Les raisons sont, une fois de plus, le manque d'influence
dans le~ échanges de ces produits, la latitude du jeu du gouvernement
est plutôt moins grande.
Or, le pays peut assister vainement d'une année sur l'autre
que ses ressources financières diminuent.
D'ailleurs, il suffirait
que
les cours du café et du cacao s'effondent trois ou quatre années
de suite pour que l'économie aussi périclite. Par conséquent l'absence
de décisions dans la fixation des prix et des quantités des principaux
produits agricoles d'exportation est un risque élévé de blocage de
l'économie.
En plus du risque que la trop grande dépendance du pays vis-à-
vis de l'extérieur fait courir à la C~te d'Ivoire, s'ajoute celui qui
pourrai t naître des conflits entre les principaux acteurs.
- Les risques éventuels de conflits sociaux
Si nous pouvons attribuer le premier risque de blocage de
l'économie à l'horizon 1990 à l'extérieur, ce second émanerait du
comportement des agents économiques intérieurs.
Ainsi nous pensons qu'à terme quatre types de conflits so-
ciaux pourraient surgir.
Tout d'abord, le partage des fruits de la croissance entre la
"bourgeoisie naissante" et le reste de la population en cas de la
persistance de la conjoncture économique défavorable;
Puis, les tensions liées à la présence ï'massive" des étrangers;
Ensuite le partage de l'emploi entre les nationa~ à l'issu
de la formation et les dangers des perspectives démographiques galo-
pantes;
Enfin, ce qu'il convient d'appeler "l' après Houphouët ll •
Evidemment d'autres tensions pourraient subvenir, mais nous
nous limiterons ici à l'analyse de ces quatre.
De plus, ces tensions
sont liées entre elles.
Nous les dissocions pour la commodité de
notre exposé:

-297-
Le partage inégal des fruits de la .croissance entre "une
bourgeoisie naissante ll et le reste de la population en cas
de conjoncture économique défavorable
Il st est créé autour de l'Aàministration toute une "bour-
geoisie" qui monopolise pour elle les profits de la croissance.
En effet la croissance économique exceptionnelle qu'a connu
l'économie ivoirienne pendant les deux décennies de son indépendance
s'est traduite par la création d'une IIbourgeoisie" qui utilise à
son profit, par exemples le prêts d'Etat à bas taux d'intérêt pour
construire des villas qu'ils relouent ensuite au Gouvernement à des
tariîs élevés, et les services aàministratifs pour développer leurs
plantations agricoles ou encore qui monnayent les services qu'elle
rend en tant que fonctionnaires.
Dès lors, il s'est créé une classe bourgeoise dirigeante qui
tire profit de la croissance sans assumer les risques.
Or, ce qui risque de se produire à terme, est que les fruits
de croissance s'amenuisant, le partage de ce qui restera consti-
tuera une source de tensions non seulement entre les membres de
cette bourgeoisie, mais aussi entre cette dernière et tous ceux ou
celles qui ont contribué à la croissance et qui se sentant lésés
chercheront à obtenir ce qui leur est dû.
D'ailleurs les mesures d'austerité prises pour réduire les
salaires, ou pour ne plus octroyer d~s baux à certains fonctionnaires
ont eu des échos défavorables.
Aussi jusq' où peuvent aller ces mesures sans soulever le mé-
cont"entement populaire?
Il nous est difficile de le dire, cepen-·.
ant nous pouvons objecter que le risque existe.
Les tensions liées à la présence "massivell des étrangers
La présence massive àes travailleurs étrangers notamment
africains, a déjà donné lieu à plusieurs conflits.
(Conflits
1
entre Ivoiriens et Dahoméens
en 1958, abandon de "la double nationa-
1Actuellement Béninois.

-298-
lité en 1967, conflits en matière de recrutement ùe personnel dans
les locaux de l'Office de la Main-d'oeuvre à Abidjan. •• )
Malgré cela le nombre d-rétrangers ne cesse de s'accroître et
. l
'
. dr q~e.
nfl . t
Il
t
t '
.
1.
est a Cl'a.J.n
e a.es co
1. s actue
emen
sou erra.J.ns ne surg1.S-
sent à long terme.
En effet, les problèmes d'~nploi et en particulier l'évolution
prévisible des sous-emplois, constitueront des sources de conflits
sociaux, lorsque par exemples, les Ivoiriens revendiqueront les pl
places prises par les étrangers, ou les étrangers africains ne se
contenteront plus longtemps de la part de la richesse ivoirienne
qui leur est reservée,
éspérant qu'ils en sont les principaux ar-
tisans.
De plus le fait que les capitalistes étrangers préfèrent
faire gérer par des éxpatriés les entreprises dont ils sont prop
riétaires, et le fait que l'Etat et les entreprises publiques uti-
lisent un nombre de techniciens expatriés est aussi ressenti par
les jeunes diplômés ivoiriens trouvant difficilement un emploi comme
une situation intolérable et donc une source éventuelle de conflits.
D'ailleurs, cette situation a contraint le Gouvernement à contrôler
plus étroitement l'embauche des expatriés qui était libre pendant
toutes les deux décennies passées.
Le partage de l'emploi entre les nationaux à l'issu de la
formation et les dangers des perspectives démOgraphiques
galopantes
.'
Comme presque partout, l'égalité de chance devant l'éduca-
tion et la formation est loin d'être atteinte en Côte d'Ivoire.
Des déséquilibres et surtout des inégalités subsistent, créant
ainsi des tensions sur le marché du travail.
En effet, l'une des principales causes des sous-emplois pré-
cédemment, reside dans l'éducation et la formation, ou plus exacte-
ment au partage de l'emploi à l'issu de la formation.
En insistant exagérement sur l'acquisition des qualifications
dans l'enseignement de type classique comme condition d'admission à
des emplois rbnunérés dans le secteur moderne, on a faussé le marché
du travail et renforcé les inégalités de revenu dans la mesure Où

-299-
l'accès aux emplois rémunérateurs est basé sur un processus de recru-
tement extrèmement selectif en vertu duquel les IImoins doués ll sont
condamnés aux emplois les moins remunérateurs, voire refusés, et
ceux qui sent retenus sont affectés à des postes mieux rétribués.
Ainsi, l'ense;ëgnement, tel qu'il est organisé, au lieu de former
des jeunes à des emplois rémunérateurs, fait peser sur le gouverne-
ment des pressions aujourd'hui. bien connues, pour qu'il développe
de plus en plus l'enseignement de type classique sans tenir compte
de la structure de la demande sur le marché du travail.
Mais le point le plus crucial est, en l'occurrence, que l' édu-
cation et la formation assurées aUX écoliers des zones rurales, de
loin les plus nombreux, ne les préparent ni à un emploi indépendant,
ni à l'autonomie économique dans leur propr.e milieUo
Ayant acquis
une certaine éducation de type académique, les écoliers des zones
rurales sont enclins à se rendre à la ville pour trouver des em-
plois salariés dans le secteur moderne.
Or, ùevant les difficultés économiques et financières qui se
traduisent par une réduction des investissements notanunent puvlics,
les créations d'emplois deviendront hyp\\otéthiques.
Le peu d'emplois
qui pourraient être créés seront en quelque sorte des emplois IIr é_
servés ll qui seront pourvus non pas en fonction ùes critères objectifs
d'efficacité, mais en fonction des modalités de recrutement que nou~
évoquions précédemment (connaissances, amitié, familiarité ••• ).
Ainsi, nous pourrions assister à une montée du chômage~ ce qui ris-
querait de dégénérer en conflit social.
.'
Par ailleurs si le problème de partage de l'emplqi deviendra
crucial, le danger de l'explosion démographique compliquerai t da-
vantage la situation du marché du travail.
En effet, si l'évolution des comportements d'activité de cer-
tains catégories de la population, jeunes femmes, personnes agées
de plus de 59 ans, comporte une marge d'incertitude, la structure
par âge de la population susceptible de travailler dans les années
1990, est déjà inscrite dans les faits puisque ces personnes sont
déjà née~.
Dans les cinq prochaines années, c'est la pyramide des
âges plus que des modifications dans les comportements d'activité
qui exercera une influence déterminante sur le montant èt les struc-

-JOO-
tures de la population totale et active.
C'est ainsi que quatre faits marqueront l'évolution démographi-
que d'ici 1990.
D'une. part, le taux de croissance annuel de la popu-
lation totale sera entre 1980 et 1990 le plus élevé de l'histoire
démographique du pays (voir Tableau N°1, f'remière Partie, p. 18).
Ce taux sera de 4,1%, ce qui portera la population de 7,4 à 11,5 mil-
lions d'habitants durant cette période.
Cette croissance se fera au
détriment cie la population rurale (+1,9% l'an) par rapport à la popu-:
lation urbaine (+6,3% l'an).
D'autre part le nombre de jeunes (0-19
ans) sera très important puisqu'il représentera plus de 52% de la
population totale.
Ensuite, les migrations tant inte~nes (exode ru-
ral) qu'externes (immigration) seront également très importantes.
L'exode rural est une des causes de la faible croissance en milieu
rural.
Quant à l'immigration étrangère, elle représentera plus du
tiers de la population totale.
Eni'in la Côte d'Ivoire connaîtra é-
galement une croissance rapide de sa population active ou plus sta-
tistiquement de la population d'âge actif (15-59 ans).
Le taux moyen
de croissance annuel sera cie 5,9% entre 1980 et 1990, portant respec-
tivement le nombre ide la main-d'oeuvre disponible de 4,4 à 7,8 mil-
lions (voir Tableau N° 11, Première Partie, p$ 39).
Lamain-d'oeuv7e
jeune (15-30 ans) représentera en 1990, plus de 58,3% si l'on en n
juge par les données sur la structure de la population d'âge actif
qui figurent sur le tableau nO 14.
Or, comme la plupart de ces j
jeunes sont actuellement en formation que nous soulignions déj~ le
caractère inadapté, nous pouvons déduire qu'à l'horizon 1990, la ten-
sion sur le marché ~u travail risque d'être explosivec
Elle cons-
ti tuera la toile de fond sur laquelle viendront s'inscrire les autres
faits qui affecteront l'emploi et les sous-emplois.
La réalisation du plein emploi exig.era non seulement des taux
de croissance élevés, mais encore des transformations structurelles
importantes.
Malheureusement, apr ès deux decennies de forte croissance éco-
nomique, la Côte d'Ivoire subit de plein fouet le "ralentissement des
activités économiques mondiales et nationales.
Cette situation ris-
que de deboucher sur une impasse surtout lorsqu'on s'aperçoit que le

-J01-
pays est trop dépendant vis à vis de l'extérieur et que des éven-
tuels conflits sociaux ne manqueront pas de surgir•
. '.IL' après Houphouët ll
Ce que nous appelons sous ce titre est tout simplement, ce qui
se passera sur le plan économique, social et institutionnel lorsque
l'actuel et premier Président de la République de la Côte d'Ivoire
ne pourra assurer les fonctions qui lui incombent.
DePuis plusieÙTs années déjà beaucoup d'hypothèses sur son
éventuel retrait de la direction du pays ont été avancées.
A l'heure
actuelle, il n'en est rien.
Hais il ne fait pas de doute que la personne qui lui succedera
ainsi que les lignes poli tiques et économiques qÙ' elle prenàra 2I.'aI'ont
des conséquences sur la vie économiqe, sociale et institutionnelle
du pays.
Par ailleurs, la stabilité poli tique dans un pays étant un élé-
ment déterminant que les investisseurs étrangers attachent plus d'im-
portance, a sans doute cont:Hbuê à l'afflux: de capitaux étrangers
vers la Côte d'Ivoire.
Par conséquent, si à l'horizon 1990, cette condtion fondamen-
tale n'est pas assurée, non seulement l'afflux de capitaux étrangers
se réduirait considérablement, mais également des conflits socio-poli-
tiques pourraient surgir (des groupes sociaux: cherchant à accaparer
le pouvoir).
Les nombreux exemples sont malheureusement trop connus
en Afrique
pour que nous nous étendions.
Or si la Côte d'Ivoire a dû échapper à cette si tuation àrama-
tique pour un pays, le risque existe tout de même.

-302-
CONCLUSION DU SCENARIO 1
LE BLOCAGE DE L'ECONOMIE
En définitive, le blocage de l'économie pourrait subvenir à
l'horizon 1990 pour deux raisons :
--l'une porterait sur l'endettement et l'ambition des projets;
--l'autre sur les conflits de classes.
- L'endettement et l'ambition des projets
Il est certain que l'accroissement très rapide de l'endet-
l
tement au cours des dernières
années est un sujet de préoccupa-
I
tion et que le risque de ne pouvoir ultérieurement assurer le ser-
i
vice de la dette qu'au prix d'une limitation: des programmes de dé-
veloppement est réel.
En effet, les recettes de l'Etat dépendent et dépendront en-
core pendant plusieurs années des cours de café et du cacao.
Des
années telle que 1971, devront rappeler, s'il en était besoin, que
ces cours p.euvent d'une année à l'autre s'effondrer et que par con-
séquent la charge de la dette pourrait devenir insupportable.
Cela dit la politique d'endettement vis à vis de l'extérieur
doit relever de ce pragmatisme dont on a dit qu'il caractérisait la
politique de développement ivoirien le recours à l'emprunt est ad-
missible tant qu'il demeure raisonnable, et rien dans un plan de
développement ne nécessite qu'il devienne exagéré.
Encore faut-il
s'en tenir aux projets qui doivent y figurer.
Dans le cas de la CSte d'Ivoire, nous pourrons dire que s'ils
sont dérai1sonnables, ils sont aussi ambitieux et cette ambition n'est-
elle pas nécessaire?
Seulement l'esprit qui a besoin de'sécuri té conçoit. mal que
les années à venir puissent apporter des bouleversements aussi im-
portants.
Le dilemme se situe donc entre la tentation de limiter
le plan aux projets économiquement rentables à court terme, or il
n'est pas de développement sans pari à priOtidérai·sonnable sur l'ave.
~ir et la continuité de la politique économique actuelle avec le

- ) 0 ) -
ri~que de son blocage.
L'autre conclusion sur l'éventuel blocage de l'économie porte
sur les conflits entre classes sociales.
-Les conflits entre classes sociales
Les risques de conflits que nous venons de dénoncer plus haut
sont également bien réels.
En ce qui concerne les étrangers, les politiques mises en oeuvre
depuis quelques années auront peut être pour objet de diminuer la
tension.
Mais il n'est pas sûr que ces mesures suffises et notam-
ment que les jeunes "diplômés ll n'imposent pas de solutions plus ra-
dicales qui seraient sans doute très dommageables pour la croissance.
La montée inévitable des sous-emplois dans les grands centres
urbains etle fait que le salaire minimum ait été maintenu à des ni-
veaux extrèmement bas peuvent aussi provoquer àes conflits.
La con-
currence entre travailleurs étrangers et travailleurs nationaux qui
a permis àe maintenir ces tarifs bas risque de n'être plus acceptée
ni par les uns, ni par les autres.
2. Scénarl.o 2
Le déblocage de l'économie à l'horizon 1990
Comme nous venons d'analyser la validité du processus réside
dans la capacité de l'Etat à le contrôler et à le diriger.
Tant que.
celui-ci reste la principale force motrice, le choix des investisse-
ments et la construction de l'appareil de production pourront être
réorientés et les antagonismes intérieur et extérieur, classes
dominantes et dominées pourront être surmontés~
Selon une étude du Fonds Monétaire International,1 l'économie
ivoirienne devrait retrouver une santé au moins "marginale ll dès 1985.
Cette conclusion se fonde sur le II succès" de la politique rigoureuse
1Etude publiée dans la dérnière livraison de la revue du Fonds
MonétairèÏntèrnational - (IMF Survey) et dont ces quelques lignes:.
. iigurenf danS les· Maréhés Tropicaux et "Médi terranéens N° 2038- du
30 novembre 1984
Paris.

-304-
d'ajustement économique suivie par la Côte d'Ivoire avec son aide.
Toutefois, cette étude ajoute que cette condition ne serait pas
remplie si une déterioration importante imprévue,des cours mondiaux
du cacao et du café ou d'une nouvelle sécheresse dramatique survien-
draient.
Si donc les structures de l'Etat ne seront pas bouleversées
et que le compo~ment de tous les agents économiques tendra vers
des compromis profitables à tous, car il n'est de l'intérêt de per-
sonnes que l'économie se bloque, nous pourrons 6mettre un second
hypothèse qui suppose que l'économie ne se bloquera pas à l'horizon
1990, mais à condition que comme le souligne très bien l'étude du
FMI, des facteurs exogènes et climatiques ne viennent pertuber ces
efforts.
Pour décrire cette hypothèse, nous nous baserons d'une part
sur la réussite de la politique d'ajustement structurelle et finan-
cière poursuivie actuellement par le pays et d'autre part sur l'év en-
tualité d'une reprise durable des activités économique mondiales.
Enfin nous estimerons en guise de conclusion que l'économie ivoiri-
enne se débloquera.
a) La réussite de la politique d'ajustement structurel et
financier
Depuis que la Côte d'Ivoire a atteint auprès des bailleurs
de fCf\\ds, un seuil critique en matière de prêts, plusieurs solutions
.' ont été recherchées, tant par les bailleurs de fonds ( échelonnement
des dettes••• ) que par le Gouvernement (politique d'austerité••• ) en
vue de faire redemarrer l'économie ivoirienne.
En effet comme il a
été souligné dans la partie précédente, personne n'a intérêt à ce
que l'économie se bloque.
Pour ce faire, l'Etat a adopté une politique dite "d'ajustement
structurelle et financière".
Nous n'entrerons pas dans ces détails
de cette politique, nous donnons un aperçu général dans sa partie
financière en Annexe N°V.
C'est cette politique qui a guidé les objectifs du plan quin-

-305-
quennal de développement économique et social (1981-1985) et ses
perspectives pour 1985-1990 : objectifs et perspectives que nous
retenons pour décrire notre scénario.,
- Au travers des objectifs du plan quinquennal de développement
économique et social 1981-1985 et de ses perspectives à l'hori-
zon 1990
L'échec des précedents plans ou le manque de souplesse de
ceux-ci ont conduit le Gouvernement à adopter un plan d'austerité
pour la période 1981-1985 ainsi que les cinq"années qui suivront.
Malgré son caractère d'austerité, c'est un plan de soutien et
de croissance de l'activité économique.
Il essaie ainsi de trouver
un équilibre entre la prudence devant l'avenir et un aspect volontar-
iste pour maintenir un niveau d'activité suffisant de l'économie.
Prudence devant l'avenir pour tenircompteaes incertitudes
quant à deux facteurs déterminants les ressources nationales futures
--incertitude sur les quantités de pétrole qui seront produites;
--incertitude en ce qui concerne les cours mondiaux du café
et du cacao.
Ainsi ce plan, en se situant tout de même dans le prolongement
des plans précédents (1971-1975) et (1976-1980) quant à l'esprit gé-
néral qui le sous-tend : croissance, ivoirisation, promotion indivi-
duelle et collective, définit quatre orientations nouvelles explici-
tant les priorités de la politique économique du pays d'aide à la
paysanne!ie 'et d'éducation àu service du développement :
--modernisation de l'agriculture;
--dynamisation accrue des agents économiques;
--promotion et modernisation des activités artisanales et
traditionnelles;
--valorisation des ressources humaines.
Aussi, en supposant que ce plan réussisse ou que ses objectifs
soient relativement atteints, nous penson qu'à l'horizon 1990, l'éco-
nomie ne se bloquera mais au contraire se débloquera.
C'est pourquoi nous retenons comme hypothèse de déblocage de
l'économie les objectifs chiffrés qui figurent sur le tableau nO 83

-306-
ci-après.
- Objectifs chiffrés
On peut y observer que, si les conditions précitées sont réunies,
le PIB aura un taux de croissance moyenne annuel de 6 ,00~entre 1980-1985
et 7,7% entre 1985-1990.
Cependant il faut remarquer que cette hypothèse d'école serait
difficilement atteint.
En effet compte tenu des'resultats connus ou
estimés des deux premières années du plan qui laissent paraître une
quasi stagnation de l'économie ivoirienne (voir notre analyse du blo-
cage de l'économie), ces objectifs ne pourront certainement pas être
atteints ou révisés à la hausse.
Mais en esperant que lapolitique
d'ajustement structurel et financier qui est adopté à l'heure actuelle,
on pourrait espérer que le taux de croissance annuel de la période
)
1985~1990 serait envisageable, contribuant ainsi au déblocage de
l'économie, même s'il ne sera pas aussi élevé que les périodes précé-
dentes.
L'autre hypothèse d'espoir du redressement de l'économie rési-
dera dans les perspectives d'évolution favorable de l'économie mon-
diale.
TABLEAU N° 83
L'EVOLu~ION PREVISIONNELLE DU PIB
-
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
Montant en milliards
143
240
415
835
2226
2979
4317
de Francs CFA courants
Taux moyen de crois-
-
+10,9
+11,6
+15,1
+21,7
+6,0
+7,7
sance annuel en %
SOURCES·
De 1960 à 1980 - Extrait du tableau nO 22
De 1985 à 1990 - Analyse et conjoncture, Côte d'Ivoire
Ministère français des Relations Extérieures
Décembre 1982
p. 37.

-)07-
b) Les perspectives favorables de l'économie mondiales à
l'horizon 1990
Le rapport de la Banque Mondiale sur les perspectives écono-
miques des pays en développement à l'horizon 1995 a émis trois hy-
pothèses d'évolution du PIB : basse, moyenne et haute.
Ces hypo-
thèses figurent sur le tableau nO 84 ci-après.
Ce qui nous intéresse ici, est l'hypothèse haute.
Nous allons
la retracer brièvement et essayer de voir conunent elle se traduirait
en Côte d'Ivoire.
L'hypothèse haute de la Banque Mondiale
Elle suppose que les taux de croissance moyens annuels du PIB
atteindraient 5,0% dans les pays industrialisés et que ce taux de
croissance entraînerait ceux des pays en voie de développement èle.
l'ordre de 6,2% dont seulement 3,9% pour l'Afrique.
En effet d'après la Banque Mondiale, si les pays industrialisés
pouvaient retrouver un rythme de croissance d'une telle ampleur, et
s'ils pratiquaient des politiques concentrées pour assurer Q~e reprise
économique durable, faisaient en sorte que les hausses de salaires
ne soient pas supérieures aux gains de productivité, liberalisaient
les échanges et procéderaient à des ajustements en fonction de l'évo-
lution de l'avantage comparatif, les pays en voie de développement
bénéficieraient de la situation et leur PIB pourrait progresser de
6 à 7% par an et presque passer du simple au'double entre 1985 et
1995.
Cette croissance rapide provoquerait à un moment donné une
pénurie de main-d'oeuvre dans les pays industriels qui seraient amenés
à faire meilleur accueil aux importations de produits manufacturés à
forte intensité de main-d'oeuvre en provenance des pays en dévelop-
pement.
Le taux de croissance des exportations de ces pays pour-
raient égaler et même dépasser les taux enregistrés durant les péri-
odes précédentes.
En fait de la croissance accélérée de leurs ex-
portations, les pays en développement joueraient d'un crédit que leur

-J08-
permettait de recourir davantage à des emprunts commerciaux.
Le
flux d'aide pourrait s'accroître plus facilement essentiellement
en faveur des pays à faible revenu.
Mais comment cette hypothèse haute ou favorable induirait-elle
des effets sur l'économie ivoirienne?
TABLEAU N° 84
TAUX DE CROISSANCE MOYENS AN"rruELS DE PRODUIT
INTERIEUR BRUT PREVISIOI~iELS,
1985-1995
\\
HYFOTHESES 1985 - 1995
'.
GROUPES DE PAYS
1980-1982
BASSE
MOYENNE
HAUTE
--
Tous pays en dévelop-
4,4
4,7
5,5
6,2
pement
Dont l'Afrique'!
2,9
2,7
3,3
3,9
Pays industrialisés
3,0
2,5
3,7
5,0
SOURCE
Rapports de la Banque Mondiale, 1983
p. 29.
- L'hypothèse haute de la Banque Mondiale et ses effets sur
l'économie ivoirienne
Comme nous venons d'analyser, le plan quinquennal de dévelop-
pement économique et social 1981-1985, sera, en dépit de son carac-
tère d'austerité, un plan de croissance.
Les objectifs, chiffrés, notamment pour le PIB correspondent
bien à l' hypothèse haute emise par la Banque Mondiale.
Par conséquent, nous retiendrons comme effets ceux que nous
venons de souligner.
Le taux de croissance moyen du PIB serait de
l'ordre de 7,~ l'an entre 1985 et 1990 et de 6,0% entre 1980-1985
(voir Tableau N° 82).

-309-
. ;
CONCLUSION DU SCENARIO 2
LE DEBLOCAGE DE L'ECONOMIE
Si ces deux hypotheses se réalisaient, l'économie ivoirienne
qui connaît des difficultés à l'heure actuelle pourrait surmonter
ses obstacles.
Elles la conduiraient à un déblocage de l'économie.
Mais il faut être réaliste et comprendre que ce scénario n'est qu'une
hypothèse d'école.
En vérité ce serait peut être un scénario intermédiaire auquel
nous assisterions à l'horizon 1990 : c'est à dire que si les efforts
entrepris actuellement se poursuivent et que la conjoncture économique
international dévenait favorable, le pays pourrait obtenir des resul-
tats ni trop décevants, ni trop exceptionnels
comme dans le passé.
Mais revenons à nos hypothèses et essayons de mesurer leurs
effets respectifs sur l'es sous.-emplois.
B. Les conséquences des scénarios sur l'évolution des sous-emplois
à l'horizon 1990
1. Les conséquences du blocage de l'économie sur l'évolution des
sous-emplois
Nous avons vu que les principales variables qui pourraient
conduire l'économie vers un blocage sont l'endettement et les éven-
tuels conflits sociaux. Si donc ce blocage se réalisait, il est à
craindre que les ~ous-emplois s'intensifieront et les politiques que
nous venons de suggérer pourraient inéfficaces.
Aussi pour estimer l'ampleur que les sous-emplois prendront,
nous avons retenu deux hypothèses: une hypothèse selon laquelle l'évo-
lution des sous-emplois serait lieé à celle de l'endettement
et une
hypothèse où nous considéreronS que les sous-emplois évolueront comme
dans le
passé, mais d'une manière plus inquiétante.
i
a) La liaison entre les sous-emplois etl'investisseme~t par
l'endettement extérieur
L'éco~omie ivoirienne est IIpropulséell rie l'extérieur aussi bien
par la vente
des produits
agricoles que par les capitaux qui servent

-310-
à
industrialiser le pays.
Par conséquent la grande partie de crois-
sance économique et donc la création des emplois productifs dépendent
de l'environnement extérieur.
Ainsi, nous estimons que l'ampleur
ou la faiblesse du niveau des sous-emplois dépendrait du niveau de
l'endettement.
Nous avons donc recherché une relation basée sur l'élasticite'
des sous-emplois par rapport à l'endettement en considérant un ajus-
1 · , .
d"
.
1
tement
~ne~re
equat~on
Log St = a Log Dt + b

S = sous-emplois en milliers de personnes
D = endettement en milliards de Francs CFA
a et b étant des paramètres à estimer par la méthode des
moindres carrés
t = le temps
Les calculs effectués à partir des tableaux nO 56 et nO 81 et
à l'aide des formulations qui figurent en annexe nO' VII nous
donnent les résultats suivants :
R = 0,99
2
R = 0,98
â = 0,24
ô = 5,77
Résidu quadratique moyen = 0,05
n = nombre d'années =,15 années regroupées en période quinquennale
A
Log 'St = 0,24 Log Dt + 5,77
(0,02)
(1,73)
L' élastici té constante de l'endettement par rapport aux sous-
emplois est de 0,24 soit 24%.
1Cette équation se caractérise par l'existence d'une élasticité cons-
tante entreS et D' comme on peut s'en rendre compte en différenci-
antles deux membres de l'équation
(Log S) ds = (a Log D + b) dd
ds
ad
- = a -
entraîne élasticité = a
s
d
Cette équation peut encore s'écrire en tenant compte des

-J11-
- Estimation du niveau des sous-emplois à l'horizon 1990 (1)
Avant diestimer le niveau de sous-emplois à l'horizon 1990,.
il convient de savoir le montant de l'endettement à cette même
période.
En effet, les prévisions effectuées sur le montant de l'endet-
tement donnent en 1990 un volume de la dette voisine de 3500 milliards
de francs CFA, cela en fonction des accords de réechelonnement de la
dette avec plusieurs pays occidentaux et des possibilités offertes
au pays de pouvoir emprunter à nouveaux.
Le niveau des sous-emplois par rapport à ce montant de la
dette serait donc en 1990
de:
Log S1990 = 0,24 Log 3500 + 5,77
A
Log S1990 = 7,72852
soit
S~990:=e 7,72852
Sl 990 = 2270 . milliers de personnes 1 ( l )
Par rapport à la population d'âge actif qui serait en 1990 de
7,9 millions d'actifs (voir Tableau N° 12, p. 41), le taux des sous-
emplois serait de 28,8% - ce qui est relativement très important.
(suite page précédente)
propriétés de logarithmes (ici neperiens)
Log S = Log Da + Log B avec LogB = b
d'où Log S = Log (D~B)
et
S = RDa
a
est donc l' élastici té constante de D par rapport à S.
Autre-
ment dit si D augmente ou diminue de 1%, S augmente ou diminue de a%
en valeur relative.
(l) Nous signal9ns Que, co~pte tenu du nomb~e de données qui ont servi
aux estimatlons, les resultats (y comprls tous ceux güi vont suivre),
ne seront que des ordres de grandeurs.

-312-
b) L'hypothèse selon laquelle les sous-emplois évolueraient
corrune dans le passé
En se basant sur cette hypothèse, nous avons utilisé un modèle
qui fait apparaître un taux de croissance constant des sous-emplois.
Ce modèle est de la forme suivante
Log St = at + b
avec
S = sous-emplois (milliers de personnes)
t = temps (période quinquennale)
t ,= 1 en Î965 et
t = 4 en 1980
a et b = les paramètres à estimer suivant la méthode des
moindres carrés
Le modele peut encore s'écrire
S = e at + b
Ce qui, compte tenu des règles classiques sur les exposants,
devient
a)
(
t ,
(b)
S =
e
• e
Lorsque les paramètres a et b sont connus, on peut expliquer
les constantes en écrivant
b
avec G = e a et k = e
En conséquence de quoi le modèle n'est autre que celui où la
variable S
se calcule à partir d'une puissance de t.
Ce modèle est donc celui de tous les phénomènes temporels
dont le, taux de croissance est à peu près stable au cours du t~ps.
C'est ainsi que si par exemple le taux de 'Croissance annuel
est i = 0,10, nous pouvons écrire:
D'où tous calculs faits à l'aide des données du tableau nO 58,
nous obtenons les résultats suivants :

-.31.3-
R = 0,98
R2= 0,96
â = 0,28
,.
b = 6,10
Résidu quadratique moyen = 0,01
Log St = 0,28t + 6,10
e 6,10
= 445,86
,.
t
St = 445,86 (1 + 0,28)
Le taux de croissance annuel est de 28%.
- Estimation du niveau des sous-emplois à l'horizon 1990
A partir donc de l"équation ci-dessous et en remplaçant t par
sa valeur en 1990, soit t = 1 en 1965 et t = 6 en 1990, nous obtenons
le niveau àes sous-emplois ci-après
,.
6
8
= 445,86 (1,28)
1990
,..
8
= 1960
milliers de personnes
1990
Ce résultat comparé toujours à la population d'âge actif de
1990, représente- seulement 24,8%.
Autrement dit, un quart de la
population active serait sous-employé en 1990, si l'économie se blo-
quait.
En réalité ce résultat tout comme celui que nous venons de
trou~er est relativement optimiste.
En effet, nous estimons que si
le blocage de l'économie se réalisait, ses conséquences sur les sous-
emplois seraient encore plus importantes.
Heureusement, nous espérons que ce scénario ne se:.produira pas
et qu'on assistera plut6t à un déblocage de l'économie.

-J15-
R': -0,95
R2 = 0,90
,.,
a
0,31
=
....
b
=
4,7i
Résidu quadratique moyen =
n = nombre d'années = 15 regroupées en période quinquennale
Log St = -0,31 Log ~
+
4,71
(0,03 )
PIBt
( 1,26)
L'élasticité constante du PIB par rapport aux sous-emplois est
égale à -0,31.
Autrement dit si le PIB augmente de 1%, les sous-emplois
diminuent de 0,31% en valeur relative.
b9
A partir de cette constation nous pouvons estimer le niveau
des sous-emplois à l'horizon 1990.
- Estimation du niveau des sous-emplois
D'après les prévisions du plan quinquennal de développement
économique et social (1981-1985), le PIB croîtrait de 6,0% l'an entre
1981-1985 et de 7,7% l'an entre 1985-1990, soit représentera respec-
tivement 2979 mi~liards de francs CFA en 1985 et 4317 milliards de
francs CFA en.1990 (voir Tableau N° 83).
En retenant cette hypothèse d'évolution du PIB, nous aurons à
l'horizon 1990, le niveau des sous-emplois suivants:
....
Log 8
= -0,31
l
+ 4,71
1990
4317
....
Log 8
= 7,27
1990
....
8
= 1430 . milliers de personnes
1990
Ce résultat représent par rapport à la population d'âge actif
(15-59 ans) un pourcentage de 17,7%, c'est-à-dire que les personnes
sous-employées atteindront seulement 17,7% de la population d'âge
actif en 1990.
Bien qu'il soit très intéressant, nous estimons qu'il

-316-
est trop optimiste.
En réalité les sous-emplois constituent un des
grands problènes d'emploi dans les pays en voie de développement.
L'analyse que nous avons faite sur la nature et les causes des sous-
emplois en témo~gnent pour que nous retenions cette estimation.
Nous pensons que si le déblocage de l'économie se ralisait, les sous-
emplois représenteraient probablement un pourcentage supérieur, c'est-
à-dire de l'ordre àe 21% de la population d'âge actif (15~59 ans).
En résumé, nous pouvons dire que quel gue soi t le scénario dl évo-
lution de l'économie ivoirienne à l'horizon 1990, les problemes de
sous-emplois demeureront encore vivaces, peut-être un peu moins si
l'économie se débloque, mais pas en tout état de cause. comme nos
estimations laissent augurer.
II. LES LIMITES DE NOTRE RECHERCHE
Comme nous venons de souligner les limites de notre recherche
tiennent d'une part à la fiabilité des informations de base qui nous
ont imposé une certaine méthodôlogie, d'autre part à la préaision
des résultats obtenus.
A. Les lacunes des informations de base et le choix imposé par ces
informations
La principale limitation imposée ~ notre recherche est, nous
l'avons vu, l'absence de données cohérentes et notamment d'enquêtes
spécifiques sur les sous-emplois, enquêtes que nous aurions dues les
faire si les moyens matériels nous auraient permis.
En effet, l'absence de ces donnêes et de ces enquêtes nous a
contraint à tenter empiriquement de définir les sous-emplois et
de les quantifier à partir des statistiques officielles qui, comme
chacun le sait., sont le plus souvent cri tiquables.
Peut-être que
les objectifs nouveaux assignés au Conseil National de ~a Statistique
qui vient d'être créé en Côte d'Ivoire, permettront dans l'avenir

-317-
d' évi ter certains ecueils tels que les définitions, les nomenclatures
différentes les unes des autres, etc.
Ainsi la présente recherche ayant été prisonniére de ces absences,
a été élaborée un peu à la manière d'un "puzzle" utilisant pour chaque
partie ou chapitre les sources statistiques qui paraissaient les plus
satisfaisantes et tentant de rendre celles-ci comparables entre elles.
B. La précision des résultats obtenus
Les résultats auxquels nous sommes arrivés doivent être in-
terpretés avec prudence.
Surtout que nous avons retenu des liaisons
mécaniques pour estimer le niveau des sous-emplois en choississant
,
des variables explicatives! elles-mêmes discutables.
1
Malgré ces lacunes, nous sorrunes arrivés aux résultats qui vien-
nent d'être exposés~i
En. effet, tout l'intérêt ùe ce travail vient
de ce qu'il ùonne dans le mesure du possible une vue d'ensemble des
problèmes d'emplois et de sous-emplois qui existent en Côte d'Ivoire,
notamment la possibilité de distinguer plusieurs types de sous-emplois
(quatre), leurs èauses respectives, et les quelques mesures suscep-
tibles de les réduire.
L'intérêt modeste de notre recherche réside également dans le
fait qu'on a pu distinguer un certain nombre de points.
Les sous-
emplois ont :
1. Des manifestations structurelles telles que la faiblesse prononcée
de l'emploi féminin, la mutation des structures sociales et économiques,
la sous-industrialisation du pays, et une certain ambiguïté qui a
fai t que le pays a connu un développement spectaculaire, de sa pro-
duction mais sans induire pour autant le développement de l'emploi;
2. Des manifestations sectorielles, qui font de l'agriculture, de
l'artisanat, du commerce et des divers lI services ll , des secteurs-
refuges pour l'emploi, encombrés d'individus en nombre pléthorique,
et donc à la productivité dérisoire.

-318-
a) Dans le secteur agricole, des familles nombreuses se partagent
le travail insuffisant que leur fournissent des exploitations trop
petites ou des monocultures.
Le plus souvent le paysan ivoirien
travaille partiellement ou temporairement : soit 144 jours par an en zone
de forêts et 148 jours en zone de savanes.L 1excédent d 1emploi
représente environ 40% de la population se déclarant Iloccupée".
Ce chiffre doit être probablement supérieur, malgré qu 10n assiste à
une pénurie d'emploi en milieu rural compensée en partie par 1 1apport
des travailleurs étrangers.
b) DanS le secteur secondaire, les sous-emplois touchent surtout
1 1artisanat, où une amélioration technique se traduit par une flam-
bée des sous-emplois déguisé
et occidental.
Il touche également
le bâtiment, souvent très actif mais particulièrement sensible aux
fluctuations économiques.
c) Dans le secteur tertiaire ce sont les formes de· sous-emploi
déguisé~qui demeurent les plus nombreuses et les illusoires: proli-
fération des petites entreprises de commerce, de transports, domesti-
cité pléthorique, parasitisme aàministratif, et~ ••
3. Des manifestations spatiales qui opposent les sous-emplois que 110n
trouve en milieu rural à ceux que l'on rencontre en.milieu urbain.
Les sous-emplois en milieu rural sont souvent diffus, latents,
moins visibles au premier regard.
Ils sont donc d 1une ampleur
insoupçonnée, car masqués par les solidarités familiales ou villa-
geoises.
Par contre, en milieu urbain, ils sont plus visibles et
de caractère dramatique.
De plus, ils prennent des formes multiples,
complexes et ambigliës, aggravant l'instabilité, la fragilité et la
"mar ginalisation" des populations urbaines.
Face à ces problèmes des sous-emplois, des solutions ont été
imaginées, mais n 10nt jamais été suivies d 1effets : limitations de
11exode rural, de 11immigration, réforme du système éducatif et de
formation, et~
Et pourtant,il va falloir songer à agir efficacement, si le
pays espère obtenir à terme un développement durable basé sur la

-319-
participation effective de tous.
"*
* *
*
*
'* *
* "*
Le bilan de notre recherche a-t-il été à la hauteur de notr_e
ambition?
Assurément pas, mais sans doute pas tout à fait négligeable!
Souhaitons que le développement des informations, la prise en compte
efficace de ce fleau dans la poli tique du Gouvernement permettent
d'approfondir cette recherche et de proposer des solutions pour la
Côte d'Ivoire et pour les femmes et les hommes qui y sont soûs-"
employés.
=========================================--=========

-320-
BIBLIOGRAPHIE
ACHI"O, M.A.
Ressources humaines et perspectives d'emploi, Côte ct' Ivoire
1968-1975.
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ANSON-MEYER, Monique.
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LISTE DE TABLEAUX
TITRE DE TABLEAU
PAGE
1
EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE IVOIRIENNE ENTRE
1 8
1920 ET 2000
2
EVOLUTION DU TAUX DE NATALITE SELON LES MILIEUX EN ~
19
3
EVOLUTION DES TAUX DE MORTALITE (BRUT ET INFANTILE) ET DE
20
L'ESPERANCE DE VIE A LA NAISSANCE SELON LES MILIEUX
4
EVOLUTION DU TAUX GLOBAL DE FECONDITE SELON LES MILIEUX
21
5
STRUCTURE DE LA POPULATION TOTALE IVOIRIENNE EN 1975
22
6
REPARTITION DE LA POPULATION ETRANGERE SELON LE SEXE ET
24
LA NATIONALITE
7
MIGRATIONS VERS LES VILLES (ABIDJAN ET AUTRES) SELON
26
L'ORIGINE
8
EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE IVOIRIENNE PAR ZONE
28 Bis
9
REPARTITION DE LA POPULATION RlŒALE IVOIRIENNE EN
30
POURCENTAGE
10
REPARTITION REGIONALE DE LA POPULATION URBAINE EN
32
MILLIERS D'HABITANTS (~975)
11
EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE, DE LA POPULATION D'AGE
39
ACTIF (15-59 ANS) ET DU TAUX D'ACTIVITE
12
REPARTITION DE LA POPULATION D'AGE ACTIF (15-59 ANS) PAR
41
MILIEU GEOGRAPHIQUE ET PAR SEXE EN MILLIERS DE PERSONNES
13
PROPORTION REPRESENTEE PAR LES 15-59 ANS SELON LES
41
REGIONS ET LE MILIEU (RURAL OU URBAIN) EN 1975
14
REPARTITION DE LA POPULATION D'ACTIF (15-59 ANS) PAR
43
TRANCHE D'AGE - EN MILLIERS DE PERSONNES
15
EVOLUTION DE QUELQUES PRODUITS D'EXPORTATION PENDANT
51
LA COLOIITSATION (EN TONNES)
16
LES PRINCIPALES ENTREPRISES COMMERCIALES INSTALLEES EN
53
COTE D'IVOIRE EN 1943
1 7
DONNEES SUR LE COHMERCE EXTERIEUR IVOIRIEN·
56 Bis
18
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS DU DEVELOPPEMENT
59
INDUSTRIEL
19
EVOLUTION DES RESSOURCES DU BUDGET SPECIAL D'INVESTIS-
62
SEMENI' ET D'EQUIPEMENT
20
EVOLUTION DES STRUCTURES DES RESSOURCES DU BISE (EN
62
MILLIARDS DE FCFA)
21
RECAPITULATION DES EMPLOIS PAR PROGRM1ME DE DEVELOPPEMENT
63
22
EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR BRUT GLOBAL ET PAR HABITANT
65 Bis

-328-
LISTE DE TABLEAUX (Suite)

TITRE DE TABLEAU
PAGE
23
SITUATION DE LA FORET DENSE EXPLOITABLE ENTRE 1966 ET 1974
72
24
REVENUS HONETAIRES AGRICOLES ANNUELS PAR TETE EN FCFA
76
25
BUDGET DES MENAGES RURAUX EN POURCENTAGE DES EMPLOIS TOTAUX
76
26
EVOLUTION DU NOMBRE TOTAL DE JOURNEES DE TRAVAIL NECES-
80
SAIRES EN ZONE RURALE
27
REPARTITION DE L'EMPLOI SALARIE PAR SECTEUR D'ACTIVITE
81
ECONOMIQUE ET PAR NATIONALITE EN POURCENTAGE
28
REPARTITION DE L'EMPLOI SALARIE PAR CATEGORIE SOCIALE ET
81
PAR NATIONALITE EN POURCENTAGE
29
REPARTITION DE LA MASSE SALARIALE PAR NATIONALITE ET
84
SALAIRE MOYEN MENSUEL PAR ACTIF DANS LE SECTEUR MODERNE
PRIVE ET SEtH-PUBLIC EN 1979
30
REPARTITION DE SALAIRE MENSUEL MOYÈN PAR ACTIF SELON LES
84
BRANCHES D'ACTIVITE DANS LE SECTEUR TERTIAIRE MODERNE
PRIVE ET SEMI-PUBLIC EN 1979
31
SITUATION FlNANCIERE DE LA CAISSE DE STABILISATION ET
89
RECEITES FISCALES CORRESPONDANTES SELON L'I}WORTANCE
DE LA RECOLTE ET LE NIVEAU DES COURS MONDIAUX
32
PARTS DU CAFE ET DU CACAO DANS LES EXPORTATIONS TOTALES
89
(MILLIARDS DE FRANCS CFA)
33
PREVISION DE PRODUCTION DU COTON ET DU RIZ PADDY
97
34
REPARTITION DES ACTIVITES RURALES PAR TYPE (AGRICOLE
100
ET NON-AGRICOLE) SELON LE SEXE EN 1978
35
REPARTITION DE LA POPULATION AGEE DE 6 A 14 ANS ET LA TYPE
116
D'ACTIVITE AU RECENSEMENT DE LA POPULATION IVOIRIENNE DE1975
36
EVOLUTION DES NŒ1BRES DE JOURNEES DE TRAVAIL PAR ACTIF ET
118
PAR AN SELON LES ZONES AGRICOLES
37
DISTRIBUTION DES CHOMEURS D'ABIDJAN SELON LE SEXE ET LE
135
GROUPE D'AGE EN 1978
38
REVENU MONETAIRE PAR HABITANT EN COTE D'IVOIRE PAR REGIONS
138
EN 1965 (EN FRANCS CFA)
39
EVOLUTION DES EMPLOIS DU SECTEUR PRIMAIRE HODERNE (EN
151
MILLIERS DE TRAVAILLEURS)
40
REPARTITION DES EFFECTIFS DU SECTEUR PRIMAIRE MODERNE DU
153
SECTEUR PRIVE ET SIDoU-PUBLIC EN 1978
41
EVOLUTION DE LA MAIN-D'OEUVRE GLOBAL PAR GRANDES BRANCHES
155
D'ACTIVITE

-329-
LISTE DE TABLEAUX (Suite)
TITRE DE TABLEAU
PAGÉ
42
IVOIRISATION DU PERSONNEL EN POURCENTAGE
158
43
REPARTITION DES SALARIES PAR CATEGORIE SOCI~
158
PROFESSIONNELLE
44
REPARTITION GEOGRAPHIQUE DE LA MAIN-D'OEUVRE DU SECTEUR
161
SECONDAIRE MODERNE EN 1982
45
REPARTITION DES SALARIES DU SECTEUR SECONDAIRE MODERNE
161
PAR TAILLE D' ENTREPRI SE EN 1982
46
EVOLUTION DE LA MAIN-D'OEUVRE DU SECTEUR TERTIAIRE MODERNE
163
47
EFFECTIFS BES SALARIES DU SECTEUR TERTIARIE MODERNE PRIVE
164
ET SEHI-PUBLIC PAR CATEGORIE SOCIO~PROFESSIONNELLE
ET PAR
NATIONALITE EN 1979
48
PERSPECTIVES D'EVOLUTION A MOYEN TERME DE L'EMPLOI DANS LE
165
SECTEUR TERTIAIRE MODERNE
49
EVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE DE LA POPULATION
167
D'AGE ACTIF (15-59 ANS) ET DU TAUX D'ACTIVITE EN l-lILIEU
RURAL
50
REPARTITION DE LA MAIN-D'OEUVRE RURALE PAR TETE D'ACTIVI-169
TES AGRICOLES ET NON AGRICOLES SELON LE SEXE ET L'ORIGINE
(EN MILLIERS)
51
REPARTITION DES DETENTEURS D'ACTIVITE EN MILIEU RURAL SELON
170
L'ORIGI:NE ET LE SEXE EN 1978 EN MILLIERS D'ACTIFS
52
EVOLUTION DES EFFECTIFS EMPLOYES DANS LE SECTEUR INFORMEL
173
OU NON STRUCTURE
53
VALEUR AJOUTEE PAR TRAVAILLEUR DANS LE SECTEUR I:NFORMEL
173
ET LES AUTRES SECTEURS STRUCTURES PAR BRANCHE D'ACTIVITE
ECONOMIQUE EN 1970
54
REPARTITION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS PAR BRANCHE D'ACTI-
T75
VITE ECONOMIQUE DU SECTEUR NON STRUCTURE EN 1980
55
SYNTHESE DE L'EVOLUTION DES EMPLOIS
177
56
ESTIMATION DU SOUS-EMPLOI GLOBAL
180
i
57
GRILLE D'AFFECTATION
i
182bis
1
1
58
'AFF'.rl:CTATION pU SOUS-EMPLOI GLOBAL ENTRE LES DIFFERENTS
183
SOUS-EMPLOIS (EN MILLIERS)
59
EVOLUTION DU TAUX DE SOUS-EMPLOI OCCIDENTAL
196
60
EVOLUTION DU SALAIRE MINIMUM INTERPROFESSIONNEL GARANTI
199
DES OUVRIERS (SMIG) ET DU SALAIRE MINIMUM AGRICOLE GARAN-
TI (SMAG)
61
EVOLUTION DES TERMES DE L'ECHANGE EN COTE D'IVOIRE
208
(BASE 100 EN 1971)
.

-330-
LISTE DE TABLEAUX (Suite)

TITRE DE TABLEAU
PAGE
62
POURCENTAGE DE REPARTITION DES BUDGETS DE FONCTIONNEMENT
212
DE L'EDUCATION NATIONALE PAR RAPPORT AU BUDGET GENERAL DE
L'ADMINISTRATION
63
EVOLUTION DES EFFECTIFS SCOLAIRES PAR TYPE D'ENSEIGNEMENT
215
64
NOMBRE MOYEN D'ACTIFS AGRICOLES EN FONCTION DE LA TAILLE
220
DE L'UNITE FAMILIALE
65
NOMBRE MOYEN D'ACTIFS AGRICOLES EN FONCTION DE L'AGE DU
220
CHEF D'UNI TE
66
REPARTITION DES REVENUS MOtffiTAIRES SELON LES TYPES D'ACTI-
228
VITE EN MILLIARDS DE FRANCS CFA
67
COMPARAISON DES REVENUS MOYENS ENTRE LES ACTIFS URBAINS
230
ET LES ACTIFS RURAUX
68
MOUVEMENTS NETS DE LA POPULATION RURALE IVOIRIENNE ET
237
ETRANGERE A DESTINATION DES VILLES
69
EXODE RURAL EN COTE D'IVOIRE ENTRE 1975-1980
237
70
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS DE SECTEUR INDUSTRIEL
246
DE LA COTE D~IVOIRE
71
PARTS RESPECTIVES DE L'EMPLOI INDUSTRIEL DANS L'EHPLOI
250
TOTAL URBAIN ET DE L'INDUSTRIE DANS LA PRODUCTION INTE-
RIEURE BRUTE
72
CŒ1PARAISON ENTRE LES INVESTISSEMENTS CUMULES REALISES
250
ET LA MAIN-D'OEUVRE INDUSTRIELS
73
EVOLUTION DU SOUS-EMPLOI STRUCTURAL (1965-1980)
251
74
EVOLUTION DU PERSONNEL DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
253
IVOIRIENNE
75
VALEUR AJOUTEE PAR BRANCHES D'ACTIVITE ECONOMIQUE SELON
256
LE SECTEUR (INFORMEL OU MODERNE) EN 1970 EN MILLIERS DE
FRANCS CFA
76
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS ECONOMIQUES DEPUIS 1979
282
77
EVOLUTIOl~ DES INVESTISSEMENTS PUBLICS ET PRIVES DEPUIS
283
1981 EN MILLIARDS DE FRANCS CFA
78
EVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES IVOIRIElfNES DEPUIS 1970
284
EN MILLIARDS DE FRANCS CFA
79
EVOLUTION DE QUELQUES PRODUITS AGRICOLES D,flEXPORTATION
286
DEPUIS LA CAMP AGNE 1979-1980
80
EVOLUTION DU NOMBRE DE SALARIES DANS L'INDUSTRIE HORS BTP
287
DEPUIS 1980
81
EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE EXTERIEURE DEPUIS 1979 EN
292
MILLIARDS DE FRANCS CFA

":330.:bis-
LISTE DE TABLEAUX (Suite)

TITRE DE TABLEAU
PAGE
82
REPARTITION DU CAPITAL SOCIAL DES ENTREPRISES INDUSTRIEL-
294
LES HORS BTP ENTRE LES IVOIRIENS PRIVES, L'ETAT IVOIRIEN
ET LES ETRANGERS EN POURCENTAGE
83
L'EVOLUTION PREVISIOm~ELLE DU PIE
306
84
TAUX DE CROISSANCE MOYENS ANNUELS DE PRODUIT INTERIEUR BRUT
308
PREVISIOlnœLS, 1985-1995
85
REPARTITION DE LA POPULATION IVOIRIENNE PAR GROUPE ETHNIQUE
1-1
ET PAR SEXE EN MILLIERS

-331-
LISTE DE CARTES GEOGRAPHIQUES

TITRE
PAGE
1
AIRES D'EXTENSION DES GROUPES CULTURELS PRESENTS
15
EN COTE D'IVOIRE
2
GROUPES CULTURELS ET ETHNIQUES EN COTE D'IVOIRE
15
3
CULTURES INDUSTRIELLES ET }lARCHANDES EN COTE
83
D'IVOIRE
LISTE DE GRAPHIQUES

TITRE
PAGE
1
PYRAMIDE DES AGES DU MILIEU RURAL
2
PYRAMIDE DES
3
EVOLUTION DE LA POPULATION TOTAL
4
5 EVOLUTION DE L'EMPLOI SALARIE PAR QUALIFICATION
86
ET PAR NATIONALITE EN POURCENTAGE (1968-1979)
6
ESTIMATION DES HORAIRES JOURNALIERS MOYENS DE
90
TRAVAIL DESTINES A LA PRODUCTION DE CAFE ET DE CACAD
7 CALENDRIERS CULTURAUX : REGION NOED--BOUNDALI A BOUNA 98 .
8
COURBE DE CONCENTRATION D~ NOMBRE DE TRAVAILLEURS
160
PAR ENTREPRISES
9
COURBE DE CONCENTRATION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS
176
PAR BRANCHE D'ACTIVITE ECONOMIQUE DU SECTEUR
INFORMEL
10
ESTIMATION DU SOUS-EMPLOI GLOBAL
179
11
EVOLUTION DES SOUS~EMPLOI
186
12· EXPLICATION CLASSIQUE DU CHOHAGE
190
13
EXPLICATION THEORIQUE DU CHOMAGE DANS UN PVD
193
PAR Yl.A. LEWIS
14
INDICES D'EVOLUTION DES REVENUS MONETAIRES SELON
229
LES TYPES D'ACTIVITE (ACTIVITES AGRICOLES ET
ACTIVITES NON AGRICOLES)
15
CHEVAUCHEMENT DES SAISONS EN COTE D'IVOIRE
240

ANNEXE N° l
CARACTERISTIQUES DE DIFFERENTS GROUPES ETHNIQUES

-1-1-
TABLEAU N° 85
REPARTITION DE LA POPULATION IVOIRIE1%~ PAR
GROUPE ETHWIQUE ET PAR SEXE EN MILLIERS
RAPPORT
GROUPES ETHNIQUES
HOMMES
FEMMES
TOTAL
HOMME - FEMME
\\ . '
<
~i1MËS-~FËMMES-
1-----
--_. --
-----I--~---- ------
AKAN
1.070
1.094
2.164-
!
49,4%
50,6%
(41,0%)
(41 ,8%)
(41,4%)
~-
1 - - - -
----~-
---- --------
MANDE
660
649
1.309
50,4%
49,6%
(25,3%)
(24,8%)
(25,1%)
-
--. --
---- --------
KROU
429
442
871
49,3%
50,7%
(16,5%)
(16,9%)
(16,7%)
1 - - - -
-
--
--1--
------ ------
VOLTAIQUE
417
405
822
50, 'f~
49,3%
(16,0%)
(15,4%)
(15,7%)
1 - -
-- ----
DIVERS
33
30
63
52,4%
47,6%
( 1,2%)
(",1%)
( 1,2%)
1-.
--
-- -----
TOTAL
2.609
2.620
5.229
49,9%
50,1%
(1 OO"~)
(1 OO"~)
(100%)
SOURCE
On peut observer une importance numérique du groupe ethnique
AKAN avec 41,4% de l'ensemble des groupes, suivi des MANDE, 25,1%.
Les VOLTAIQUES et les KROU ont des effectifs ci peu près identiques,
respectivement 15,7~ et 16,7%.
D'autre part, les femmes sont plus
nombreuses chez les AKAN et les KROU que chez les MANDE et les
VOLTAIQUE, ainsi que sur l'ensemble des groupes ethniques.

-1-2-
A. LES DIFFERENTS GROUPES ETHNI~UES
1. Le groupe ethnique ArAN
a) Localisation et composition
Le groupe ArAN se trouve Centre, Centre-Est, Sud, Sud-Est de
la Côte d'Ivoire.
Mais territorialement, on distingue trois locali-
sations : les AKAN du Centre, du Sud et frontaliers.
- Les ArAN du Centre
Ils se composent des tribus AGNI MO KONOU et BAOULE.
Leurs
ancêtres quittèrenet le GHANA actuel vers 1720-1730 à la suite des
guerres intestines.
- Les ArAN du Sud
Ce sont les tribus : ABOURE, ABEY, ABIDJI, AOJOUKROU, AGNI SANWI,
AKIE, ALLADJAN, EBRIE.
Ils se situent en bordure im~édiate ou proche
de la laguen qui aborde le Sud de la CSte d'Ivoire.
- Les AKAN frontaliers
On distingue les tribus suivants : ABRON, AGNI IDh~NIE,
ESSOUMA, NZlMA.
Elles se trouvèrent de part et d'autre de la fron-
tière du GHANA après le pacte colonial.
La particularité de ces différentes tribus AKAN est de possé-
der des caractéristiques principales communes.
b) Les caractéristiques principales des AKAN
Les AKAN
ont des traits culturels com~uns qui les différenci-
ent des autres groupes ethniques de la CSte d'Ivoire.

-1-3-
Leur système de parenté est matrilinéaire, c'est-à-dire que
l'enfant né de l'union des parents demeure dans le clan de sa mére.
Ce système part du principe que la paternité d'un enfant est diffi-
cile à prouver alors que la maternité ne se discute pas : elle de-
meure visible pendant la durée de la grossesse de la maman.
Du point de vue linguistique, les AKAN parlent ce qu'on appelle
le TWI, langue plus ou moins comprise par les différents groupe eth-
niques.
Actuellement la génération qui comprennent le TWI n'existe
presque plus; chaque tribu parle une langue qui lui est propre.
Sur le plan de l'organisation de la société, la monarchie est
la fo~me de gouvernement qui a la faveur des AKAN, mais de préférence
uen monarchie oligarchique qui peut ~tre importante et se situer au
niveau de plusieurs provinces ou se limiter à un village.
Signalons
qu'il y a eu de grands royaumes parmi les AKAN.
Les plus connus sont
1
1
les royaumes de BONDOUKOU
pour les ABRON et d'ABENGOUROU
pour les
A~IND~~
2. Le groupe ethnique KROU
a) Localisation et composition
Le Sud-OUest de la Côte d'Ivoire est le domaine du groupe eth-
nique KROU qui s'étend sur une bonne moitié du LIBERIA, sa mise en
place est semble-t-il due à la poussée du Y~NDE2 du Nord et de
3
l'éclatement du royaume ASHANTI
à l'Est.
Cette poussée amena vers
la for~t les populations KROU les plus septentrionales, allergiques
à toute forme de coercition.
Quant à l'éclatement, notamment l'arri-
vée des AGNI et des BAOULE qui fuyaient le royaume ASHANTI, il con-
tribua par refoulement des marches KROU orientales.
Les KROU se com-
posent des tribus WB, BETE, DIDA qui présentent les caractéristiques
principales suivantes.
1Ce sont des villes actuelles de la Côte d'Ivoire.
2C'est un autre groupe ethnique que nous allons analyser ultérieurement.
3C'est un royaume qui a exis~é au GHANA, pays voisins de la Côte d'Ivoire.

-1-4-
b) Caractéristiques principales des KROU
Les KROU sont en général des peuples répliés sur eux-mêmes
et forment des communautés farouchement indépendantes se suffisant
pour l'essentiel.
Chez eux, la dévise est "chacune pour soi, cha-
cun chez soi".
3. Le groupe ethnique MANDE
a) ~ocalisation et composition
Dans le Nord-Ouest se trouve la zone MANDE elle-même scindée
en MANDINGUE et en MANDE DU SUD.
- Les }~IIDINGUE occupent en dehors de la Côte d'Ivoire, d'immen-
,
. .
d
'
f
.
d l
'
1
ses etendues du terr1to1re
u ~I ,une
ract10n
e
a GUINEE,
2
1
presque toute la GAMBIE , une fraction de la HAUTE VOLTA
et de
2
2
larges secteurs de la SIERRA-LEONE
et du SENEGAL
Ils se composent
0
de tribus l-~LINKF,BAMBARA et DIOULA.
- Les ~E DU SUD occupent toute la frange forestière en GUINEE,
au LIBERIA' et jusqu'en SIERRA-LEO~~. Ils se composent de tribus DAN,
GOUR 0 ,
GAGOU.
b) Les caractéristiques principales des V~NDE
Comme nous l'avons déjà sou~igné, le groupe }~NDE se divise en
MANDINGUES et en l-'.ANDE DU SUD.
- Les YLANDINGUE
On emploie le nom de MANDINGUE pour désigner l'ensemble "Malinké-
Bambara-Dioula" qui constitue le moyen du monde ViANDE.
Il n'y a pas
1Ce sont des pays frontaliers à la Côte d'Ivoire.
2Ce sont des pays non frontaliers à la Côte d'Ivoire.

-1-5-
trois langues, ni trois peuples, mais un seul groupe ethnique dont
l'unité est remarquable en dépit de différences régionales qui sont
naturelles si l'on considère l'immense espace occupé dans la région
soudanaise.
Le développement de ce grand peuple est lié à l'empire
médieval du YillLI, si bien que son bureau ne se trouve pas sur le
territoire ivoirien, ou certain de ses éléments se sont pourtant
installés très tSt.
Leur culture et leur langue ont trait au mot "DIOULA" qui d'
d'ailleurs, est très répandu en CSte d'Ivoire et qui signifie le
"commerçant musulman venu du Nord".
L'organisation sociale est basée sur une société de tradition
monarchique divisée en groupes sociaux et en castes.
La réligion des MANDINGUE repose sur le culte des ancêtres et
sur des grandes sociétés sécretes.
Et dans cette société, seuls
les commerçants et les marabouts sont musulman + le restè étant des
animistes.
Le passage à l'Islam de la majorité des }~ND1NGUE est
un phénomène récent, amorcé du temps de SAMORI (fin de XIXe siècle),
et généralisé à l'époque coloniale.
- Les I1ANDE_DU SUD
Ils semblent être parmi les plus anciens occupants de la CSte
d'Ivoire.
Ils se rattachent au groupe ViANDE par la langue dont la
parenté est artaine.
D'ailleurs ils parlent plus ou moins bien le
DIOULA que parlent les MANDINGUES.
Cependant ils se distinguent d'eux
par les traits culturels.
En effet, les }~NDE DU SUD se divisent
sur le plan de l'organisation sociale en
--système de lignage patrilinéaire pour les DAN et les ~~o
Leur société est d'après l'histoire foncièrement égalitaire,
démocratique mais s:' ,s Etat.
Ils étaient en grande majorité
/
animistes avant la pènétration de l'Islam èt des réligions
européensj
--système de lignage matrilinéaire pour les GOURO.
Leur société,
était aussi égalitaire, démocratique et sans Etat.
En majorité
animiste, ils on subi l'influence musulmane.

-1-6-
4. Le groupe ethnique VOLTAIQUE
a) Localisation et composition
Enfin nous trouvons dans le Nord et le Nord-Est, la zone
1
VOLTAIQUE qui occupent presque toute la HAUTE VOLTA , le Nord du
1
2
GHANA , du TOG0
et 'du BENI~ ainsi que de vastes zones du ~~I1.
--Les VOLTAI QUE se composent de trois tribus : SENOl~OU,
LOBI et KOULANGO et présentent comme les autres groupes ethniques
des caractéristiques principales communes.
b) Les caractéristiques principales des VOLTAIQUE
L'une ties caractéristiques principales des VOLTAI QUE qui les
opposent d'ailleurs au V~NDE, est l'existence de classes nominales
au niveau de leur organisation sociale.
Cependant chaque tribu a sa petite particularité.
Ainsi les
SENOUFO sont d'une civilisation paysanne.
Ce sont des agriculteurs
remarquables.
Ils ont une organisation sociale foncièrement démocra-
tique et égalitaire.
Les KOULANGO ont, quant à eux, URe société
sans Etat et organisée sous forme de royaume dont le plus célèbre
fut celui de BOUNA vers 1600.
De plus, le royaume BOUNA, traversé
par les routes de l'or, a été le théatre d'un co~merce important que
les KOl~ANGO abando~~èrent entièrement aux DIOULA après la chute
du royaumeo
Et les LOBr, qui ont une société égalitaire et sans
chef.
C'était aussi des grands agriculteurs e
B. LA POPULATION ETRANGERE
Il existe actuellement en CSte d'Ivoire une population étran-
gère très importante.
On peut l'estimer à un tiers de la population
totale.
1 -
Pays frontaliers.
2Pays non frontaliers.

ANNEXE N° II
L'HISTORIQUE DE L'INDUSTRIALISATION EN COTE D'IVOIRE

-II-1-
Le secteur indus!r;el a CO""" ",re :"voression impression;;,,':e au cours des années qui on: suivi
l'Indépendance.
-
C'est ainsi Que de 1960 a 197€ '" :,roduction induSlrlelle a cru à un taux mDyen de 15% par an.
tôndis que la part de lïnc'cstrie dar,s la orod'xtion intérieure brute ~a,sait de 15.2;'0 a 25%.
Le secteur indus:rle! a réalis~ e" 1977 un chiffre d'affaires toto! de 459 milliards de F.C FA et emploie
d~sormais 63.000 travai~:eurs,
Pour bien comprer,dre le proçess'cs C'J' ê abouti au dévelo;)pe,,-·er,t industriel que nous connaiSsons,
il est nécessaire d'en faire un bref historio:.;e
Le fait pour la C6te d'lvoir" d'étre ~n pays à prééminence agricole ne l'a pas empéché de se doter
d'un secteur industriel e,:rémemer,t acti~ et de plus en plus diversifié
L'a-griculture a d'alileurs largemer,t stimulé dans certains cas lïndustrie dans la mesure où elle lui a
fourni les matléres nécessaires à sor' dé'Je!c.ppement. C'est le cas dt.: coton.
1, LA PÉRIODE PRÉCÉDANT L'INDÉPENDANCE:
LES BALBUTIEMENTS
L'industrie était une activité il pe" Dres inconnue en Côte d'Ivoire avant l'Ind€pendance,
comme
d'ailleurs dans la plupart des pays d'Afriqc;e Il est vrai que les conditions n'étalent guère favorables à son
développement:
-
Faiblesse du marché.
-
Insuffisance des infrastructures
-
Eloignement des grands foyers industriels.
-
Absence de sources d'énergies. "tc
-
Manque de capitaux et d'hom""',es
Ainsi avant 1960 les' seules industries que l'on pouvait recenser en Côte d'Ivoire étaient Quelques
unités transformant les produits locaux ava"t leur exportation Ou un petit nombre d'ateliers travaillant pour
le marché local. Bref, trés peu de chose. L'a"née de l'Indépendance le chiffre d'affaires total de l'industrie
ivoirienne dépassait à p"ine les 10 milliards de F,CFA.
Notons toùtefois que quelques précurs"urs, particuliérement audacieux, avaient déjà jeté les bases
d'entreprises qui allaient poursuivre leur eXistence bien apres l'Indépendance et contnbuer au développe-
ment industriel des derniér"s années, ainSI da"s les années 20 a',ait été créee l'entreprise textile Gonfre"'iile
qui emploie de nos jours Q'J'clQue 3000 Sôlériés tandis que les huileries Blohorn vo,'aien; le jour bien avant
l'Indépendance
2, LA DÉCENNIE 1960,1970:
LES INDUSTRIES D'IMPORT·SUBSTITUTlON
C'est il partir de l'Independance que l',,,dustrie allait réellement démarrer en Côte d'Ivoire. Dés cette
époqve les dirigeants du PêYS, sous l'impvlsion du président Houphouet-Boigny, définissaient une politique
économique qui allait largement favoriser le développement de l'industrie Le jeune pays, mal pourvu en
capitaux et en cadres allait rapidement pall,er cette carence en s'ouvrant auX indusu,es et aux capitaux
, étrangers. La plupart des grandes entrepnses ivoiriennes ont été créées à cette époque.
Les Grands Moulins d'Abidjan en 1960.
-
La Société Ivoirien"" de Raffinage en 1962
-
Le Capral-Nestié en 1962.
-
La'SAFAR-Renault en 1962.
Palrnindustrie (groupe Sodepalm) en 1963.
-
La Société Africaine de cacao en 1964.
-
ICODI (impressions sur tissu) en 1964.
-
Les chaussures BAT A en 1965
-
FIL TISAC (sacs en jute) en 1967
-
La Société des Ciments d'Abidjan en 1967
-
La Société Ivoirienne des Ciments et Matériaux en , 967
-
SOTEXI (impressions sur tissul en 1968.
-
UN/WAX (impressions sur tissu) en 1969, etc

-II-2-
C'est également dans cette décennie que des entreprises anciennes telles que Blohorn et Gonfreville
allaient connaître leur plus grand développement.
La quasi-totalité des industries créées dans cette période-là ont un caractére commun: ce sont des
industries d'import-substitution, c'est-à-dire créées essentiellement en vue de satisfaire les besoins du
marché local. Ces entreprises se sont donc développées avant tout à l'abri d'une protection douaniére sur
le marché national.
Les autorités ivoiriennes se sont rendu compte toutefois qu'une industrie vivant uniquement sur un
marché relativement étroit allait trés vite connaître ses limites et qu'il faudrait. un jour ou l'autre changer de
politique si l'on voulait doter la Côte d'Ivoiré d'une industrie vraiment puis~ante.
3. DEPUIS 1970:
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D'INDUSTRIES
Dés la fin des année$~O une nouvelle stratégie industrielle allait être mise au point en Côte d'Ivoire.
On a décidé que le pays devrait désormais ne plus se contenter d'industries d'import-substitution mais se
pourvoir d'entreprises de trés grande taille, capables ainsi de produire massivement au moindre coût et
d'exporter l'essentiel de leur production sur les marchés étrangers. Autre exigence: de telles entreprises
devraient valoriser les matiéres premiéres locales.
Cette stratégie fut d'abord appliquée au secteur textile. La Côte d'Ivoire produit du coton; il était
souhaitable de le transformer sur place et de l'exporter sous forme de tissus ou de vêtements.
C'es\\ ainsi que deux grands complexes géants de filature-tissage ont été récemment mis en service
en Côte d'Ivoire:
-
Le premit<r, UTEXI à Dimbokro, lancé grâce à un financement multinational (Japon, Pays-Bas.
France) a démarré en 1975. En pleine production, il produira 12.000 tonnes de tissus par an.
-
Le second COTIVO a Agboville, un peu plus petit (9.000 tonnes par an). a été créé également
grâce à un financement international (Pays-Bas, France et Etats-Unis) et a démarré début 1976.
Ces deux complexes dans lesquels l'Etat ivoirien posséde une participation financiére, doivent
exporter pré's des 3/4 de leur production. D'ores et déjà, dans le sillage de COTIVO, le grand confection-
neur américain Bluebell a lancé une vaste usine de fabrication de vêtements de sport et de travail qui
exporte l'essentiel de sa production en Europe et aux Etats-Unis.
Cette nouvelle politique industrielle, bien amorcée avec le textile se poursuit dans d'autres secteurs:
la Côte d'Ivoire, troisiéme producteur mondial de cacao va devenir prochainement un exportateur de
chocolat brut produit par les usines construites avec la participation des cacaos Barry et du groupe suisse
Suchard.
D'ici peu, la Côte d'Ivoire sera également un grand fabricant de sucre, 500.000 tonnes prévues en
1985 dont 400.000 seront exportées aprés le lancement progressif d'une dizaine de grands complexes
sucriers dans la décennie qui vient.
De même, une politique de valorisation de matiéres premiéres locales est envisagée pour le bois:
industries de charpentes, de contre-plaqué et de lamellé-<:ollé et surtout projet d'un vaste complexe
papetier dans la région de San Pedro.
Cette irruption de la grande industrie en Côte d'Ivoire n'implique pas un désintérêt pour des indus-
tries d'envergure plus modeste.
Au contraire, l'ambition du gouvernement est de promouvoir dans le sillage des grandes réalisations
industrielles, des unités plus petites, de PME lancées et gérées par des Ivoiriens.
La Côte d'Ivoire ne sera en effet un pays développé que lorsqu'à l'image des grands pays industriels
elle possédera un tissu trés dense d'entreprises de toUtes tailles, complémentaires entre elles, car si la
création de complexes industriels dans le pays offre des avantages évidents pour ce qui concerne son
développement économique (emploi d'une main-d'oeuvre importante, accroissement des possibilités
d'exportation, effet d'entraînement sur de nombreux secteurs d'activités), elle ne saurait toutefois suffire.
Pour deux raisons essentielles:
1. Les grandes entreprises restent encore beaucoup trop le fait de capitaux et de techniciens étran-
gers. Ces implantations, bien que localisées sur le territoire ivoirien, dépendent pour la plupart de centres
de décision situés loin du pays, en Europe ou aux Etats-Unis. De ce fait, une grande partie des profits
réalisés en Côte d'Ivoire ne sont pas réinvestis sur place et ne profitent pas toujours au pays.
Limiter le développement industriel de la Côte d'Ivoire à de grandes unités d'origine étrangére
risquerait donc à terme de compromettre gravement l'indépendance et l'équilibre économique du pays.
2. Aucune économie moderne ne peut se contenter de quelques usines, aussi importantes soient-
elles. Il lui faut un tissu industriel qui, pour être solide, doit être dense et ramifié, c'est-à-dire compter un
grand nombre de petites unités, n'employant que quelq ues dizaines d'ouvriers. C'est en grande partie ce qui
fait la force des industries américaines et européennes qui groupent, aux côtés de géants, des centaines de
petites affaires, animées le plus souvent par leur propriétaire et dans lesquelles se manifeste à plein l'esprit
d'entreprise et d'innovation. A partir de ces considérations et pour tenter d'échapper aux inconvénients qui
viennent d'être cités, la Côte d'Ivoire s'efforce d'infléchir sa politique industrielle, tout d'abord, en essayant
de diminuer la dépendance de son industrie vis-a-vis de l'étranger, ensuite en favorisant la création d'une
classe de cadres, de dirigeants et d'entrepreneurs ivoiriens. Tels sont les objectifs de la politique d'ivoirisa-
tlon, qui se développe sur deux plans.

-II-3-
Au plan des capitaux. Le gouvernement ivoirien prend désormais systématiquement une participa-
tion. au capital de grandes entreprises qui se créent dans le pays. Le principe peut maintenant être étendu
à dessociétés déjà anciennes. Ainsi l'Etat a acquis une part trés importante des actions des Etablissements
Gonfreville.
Dans le même esprit, Je gouvernement essaie de drainer les capitaux ivoiriens -
plutôt attirés
jusqu'à présent vers les secteurs immobiliers et agricoles -
vers des investissements industriels. Ille fait
notamment par le biaisde la SONAFI, une importante société de financement public qui pré te des fonds aux
Ivoiriens désireux de lancer des affaires.
Au plan des hommes. Toute entreprise installée dans le pays doit présenter au gOllvernement un
plan d'ivoirisation de son personnel, jusqu'au niveau le plus élevé. à réaliser dans les prochaines années. La
Côte d'Ivoire essaie d'autre part de donner aux jeunes Ivoiriens le goût de l'activité industrielle, non seule-
ment en les attirant vers les postes de cadres ou de techniciens. mais également en faisant d'eux des entre·
preneurs.
C'est précisément le rôle de l'OPEI (Office de la Promotion de l'Entreprise Ivoirienne) de susciter des
vocations de chefs d'entreprise parmi les élites ivoiriennes. qui recherchaient plutôt jusqu'ici les professions
libérales ou les carriéres administratives. Cet organisme essaie de détecter les jeunes Ivoiriens capables et
désireux de créer leur propre affaire. Il joue à leur égard le rôle essentiel de conseiller etde tuteur dans leurs
débuts.
.
Après avoir réussi à intéresser les capitaux internationaux à venir s:investir dans le pays pour y créer
les bases d'une industrie moderne et puissante, le Gouvernement fait désormais en sorte que les Ivoiriens
prennent résolument en main l'animation de leurs entreprises. A partir de ce qui existe déjà. il contribue à
susciter une deuxiéme vague d'industrialisation. Cette ambition. parfaitement raisonnable et justifiée,
constitue le second volet du pari industriel de la Côte d'Ivoire.

ANNEXE N° III
L'OFFICE DE LA MAIN-D'OEUVRE DE COTE D'IVOIRE--
HISTORIQUE ET REGIME ACTUEL

-III-1-
L\\:s (Jlli<"l's 11111
]1\\1111'
l'id\\' d\\' 1';!jlPI'Il,",I\\'1' l'Illlr\\' l'I
1;1 d"I1I;1lld\\'
d\\' lIl;lill-d'Il'II\\Tl'; n,Li :ll'l'drdil pillS Ili'l'l'ss;lir,' (Lllls lt-s 1',IYS SOIIS-
di'n'Iol'pi's l'aral'li'risi's ]l;lr la pri'sl'llc\\' d'IIII Illllllbl'l' sltliis;llllllll'lll
i') \\' n', dl'
Ir;I\\'aill('llrS s';ldl'IIILIIII ;lliX [ra\\';lIIX d\\' 1'l'C01111111il' Ir;ldi-
liOlllll'lll' l'I n'dalll ],;lS h;lllillli's ail Ir;lY;lil sal;lril'; d;llls ('('s cOl1di-
lions, Il' prolJlèllw dll r;lpprodll'IIlI'1l1 dl' ]'ollrl' l'l dl' la dl'll1;lllll,'
prl'sl'llll' dl'S diffiCltlli's parliClilièn's; l'n COllli;lnl k
p\\;I('('IlH'nl (ks
Ira\\'ailll'llrs ('11 Cilll'-d''''()ire ;'1 la pllisS;llll'l' Jillhliqlll', Il' Il'gisla!<'lIr
i\\'oiril'Il
a\\'ail
l'idi'l'
dl'
plal1ifil'r
lïlllllligr;llion
dl'
lllaill:d'll'II\\Te
l'll'allgèr(' : ('(,1;1 jH'lïllcl d'l'\\'iit'r 1;1 l'ollslillllioll d'lIll
.<
l'rol,''l;lri;l1
hl;lllc»
l'I
d';lSSllrl'r
Il'
1'1'('1"111 ('Illl'Il 1
dl'
cadn's
li<-
Ildlll,'
\\';11,'111'
lIloral('. Après a\\'oir l'ail 1'ilisllJl'iqll(' d('s Ll'li'TS d\\' IIl;lil1-d'.I'II\\'I'('
dans
Il'
(';ldrl'
lks
!<'l'i'illlil'('s d'Ulilrl'-IIH'r,
nOliS
\\'\\'ITOIIS
(jlll'iks
sol litions Uilt di, rl'l('IlIII'S l'n Cùll'-d'I\\llin' Ji;lr Il' dl'l'rl'l Il'' (i,s-:\\\\IO
dll :W jllill 1\\1IiH porlant l'odifi(';ltion des dispositions l'l'gkllH'IlI;lirl's
priSl's
pOlir
l';lPl'lil';llillll
dll
Iii 1',('
\\'11
.< Crg;lIlisllll's
cl
mOYl'llS
d'l'xl'l'Iilioll » dll COdl' dll tra\\·;lil.
A) Historique des ollïccs de main-d'œuvre.
J. lAI [1;!lis[lI[iOIl (rtlllrllis/' IIfJWI! [l' Codl' dl' UJ;i':!,
Ll's
Il'rriloirl's al'ricaills d'Olilrl'-lIll'r ollt
tOlljollrs l'li' (';1 r;ll'l i'-
risés pal' Ilile f;lih)"
d('nsilé dl' popld;lliol1. En
IB;,J
oll l'Olllpl;lii
Li habil'Illt ail klll" l'n A,E,F. l'l :1,4:! h;l)lital1ls ail l,Ill" (~Il A.O.F.
Ll's pr('ll1ièn's IlIl'Slll'l'S Il'gisiali\\('s ont dOIlC l'li pUlIr Illit d'illter-
dirl' Oll dl' lilllill'r 1(' n'l'l'llll'Illl'n1 dans cl'rtaills il'rl'iloirl's 011 por-
tiolls dl' tl'rritoirl'; la I('gislatioll pré\\'oyait la jlossillilili' pOlir le tra-
\\'aillellr d(' SI' fain' ac('ollll,agiler par sa falllil)('.
UIll' autre (jlll'Stioll qlli S(' posait l'tait d(' sa\\'()ir qlli I)()ll\\'ait n'l'rll-
kr les tra\\'ailll'lirs. LI' n'nul('IlIl'1l1 din'cl par l'adlllillislr.tlioll pour
les particlIlil'.rs était inil'rdil par la !i'gis1atil'll l'()Jl1nll' Il' Illontrl'
le lh'crl'l du 0 juilll'l 1\\1:2;-) j'lour le Ca Jlll'roli n,
Cl'p('ndant, on
al)(JlItissait
il
l'l'lle
sitllalion
qlll'
Il's
fondion-
nair('s dl'\\'ai('llt
in('i!l'r Il's
Africains ù s\\'ng:lgl'r
au
sl'n'iel'
dl's
Ellropél'ns. Cl'Ia apparaît dain'lIll'lll dans Il's ditlL'n'Jiks l'irclIlairl's
pris('s jloJlr l'A.E.F. (cirl'lI1aire dll JO odolJre J!llJ) cl pOllr \\'.-\\.0.1".
(circlllairL' n" :!;') dll 1H jan\\'il'r l!):!;-Jj : « La lloll-inkn'l'ntiun pres-
crite Il'ira jalllais jllSI]ll'Ù l'ahs!l'lllioll, Il y a Iii unI' nllance dont
\\'(lllS saisin'z, j't'n suis sitr, la portl'e» dl'c.1arait la l'irclll:lirl' dll
-l Ilo\\'l'Iul)fl~ IV:!;') pOllr Il~ CaIlH'rOIlI1-
Les ehds cOlllul11icrs étail'lIl I('s auxiliaires al'Iifs dl' l'Adlllinis-
tration ('Il Illatièr(' lk pression pOlir le r(,(,l'lItl'IJlI'Il!.

-III-2-
:\\ :\\1;t,I:I.~:'~l':lr l'l'Ill' il!kn,'llli'>I1 .1.' 1·.-\\dlllillislr;oti"11 ,'11 Il:;,lii'rl'
,\\.- r'·'·I'lil'·l1il·liI ;1"'\\'" ;"lllIi~.· ,,11i.'i,·lklll"1\\1. l.·;,rlid,· 1:\\ dll d'·t'rd
dll
:.!:.! s'ï,\\t'llllIr,' I~I:;;, d'''I,,,s;o11 'III": "L'"fli,·,· r,"gi'"I;i1 LII·jlîle
d
SIIl'\\'l'i1I,' l,· n'ITlIl,'lll,'\\11 ,k la 111:IÏIl-d'll'U\\'l'C ]Jollr k~ t'Illn'prisl's
JlllhlilJlIl'S
l'l
priY;'t'S)i;
l'l'
lkl'rd
chargl'ait
I,'s onkt's dl' ll\\ain-
d"I·II\\T('. illll'rlllt'di:lirt's l'rilrl' 1'1l1pl"Yl'lIrs l'I trayailll'lIrs d,'s opt'ra-
tions dl' plal'l'lIll'lll.
'l't'Il<' dail la It'gislali"\\1 frall~;;\\isl' d'ayant Il' Codt' IlL' l\\i:-.~. }laI'
1'01111',', sllr Il' plall illlt'rJlalitlll:d dl's IllI'SUfl'S onl èlé pris\\'s polir
rl'gl"llll'Il!t'r
IL' rl'crll 1\\'Jlll'n 1 dt's Ir:IYaillt-lIrs alilochlolll'S.
')
1." r,;yl"/IlI'/t/"/iul! itt/l'fl/tIlio/lllll'.
EJI I\\);l:!, la COllf,"n'II('l' gl'lIt'l'al,' dl' "0,1.'1'. d"llIallda :11I "ollsl'il
.d':tdlllillisiralillll
d'inscrirl'
;,
1'01'111','
dll
jOllr d'III1\\'
<\\1'
S,'S
pills
prol'llaÎI1\\'s sl'ssions la Ijll"slioll du
l'l'cru"'Il1l'IlI;
li 111'
1'1l/1l1llissioll
d't'xpl'rls t'Il Il\\alii'!'l' dl' Irayail il1digL'~1\\' flll c!largl'l' d'dlldil'r Cl'
prtlhli'lllC. LI' :W jllill J ~);lli, I:t COllfl'r"IlCl' adolll:lii IIIW l'I'l'Olllinan-
dalion l'Olll'l'lïlalli 1'('lilllillalioll progrl'SSi\\'I' dll r"l'r,1I1l'1l11·1l1.
POlir
;'\\'iiL'r
h's
(1)IlSt'l]lIl'lll"'S
;'COIlOllli'lII"S,
sllcia!l's
l'l
d('II1o-
gr;IJlliiqlll's d'lIl1 rl'cl'Il ll'Ill,'n1 inll'nsif. la \\'inglil'Il11' sl'ssiol1 adopta
la Con n'Ill ion Il''
;-)0 l'Il 1\\l;lli qlli
prl"'onis:lil
[Olll!'
11lll' St'l'il'" d ..
11I,'SlIn's. LI' rl'l'I'1lklll,'1l1 J':lr l',-\\dlllillislr:ilillll l'our Il' l ""1 ll··li ...· (ks
"Illl'l'prisl's pri\\'l'l'S ('tail illll'I'tlil. s:llIf Ill)llr ""Iles "!lar;';t"'s tI"'Xt'<'II-
Il'!' ll's 1r:J\\':l\\Ix d'Illilitl, publiqlll' jlour le comjlk d'unI' ])l'rsOnl1l'
pllllliqul', La III ê III l' inll'I'llidioll frappait les elil'Ireril's afril'ailh'S,
Biell
<JIll' la
pillpari
dl' l'es dispositions fllssl'nl
Il;'jù
illsl'l'iks
dans les !l'xII'S :Ipplicalil,'s dans Il'S T.(),~L \\a Fr;lIll'1' Il(' raliJia
jalllais l'dll' l'oll\\'l'nlitln. En "'1'('1 "li A,OY., comnw :\\ :\\Iadagasl'ar,
1:\\ l'rl'alioll Iks ortil'l'S dl' IllaÎn-t1'(l'U\\T(' ('n l!12li proc(\\dail dll d(;sir
d';'iilllill"(' les rl'crllll'urs prllfl'ssiunnl'ls: mais l'Il !!)·\\ti, lin r:lp)lort
(k l'inspeclion dl' )'..1,.0.1", (:unst:llail qlll' les oflk,'s d,' llIain-d'U'\\I\\'I'l'
,'Llil'nl IIne silllpll' LI~adl' sans :Il'li\\ill' rt'dle: ks alHls ('(aienl Ids
qu't'n
1\\lHi, l'lnSjh'\\'lioll gl'nl'r:l1,' dll Ira\\'ail ,'n A,< ).F. d,'III:llIll:iil
d'interdirl' la prof,'ssioll de rl'(TlllclIr.
La ""elllllillandaliun Il''
ï,l "II;, Illl\\""lnhrl' 1\\1,1;-) dl' 1'(1.I.T. de-
1!I:lndail
la
C1';'alion
t1'11II
sysli'nl('
I!l'
IHrreallX
atllllÎlIisl('alifs
lho
pla('(,IIJ('lIl gr:tl\\lil dalls ks l'as Ilil ''''Illplllj Ilil les migratiolls l'l'l'"
sl'lIll'lIl lin\\' imjlorlalll'l' slIffisall\\t',
Ali IIlOllll'lll tlol\\!: d,' l'l'lal)or;lIi()1I dll Cod,' dl' 1!l;-1~ la ll'n tI a Il l'l'
ld·s Ildk dail
d'{'lilllil1l'r h's rl'crull'lIrs prorl'SSiOlllll'ls polir ks
rl'Illplacer par Ù('s orgallisllll'S }Il1hlil'S, 011 IOlll ail Illoills par dl's
orga1lisIlll's pri"l's col1ll'Ïlll'S
P:II' l'AdlllÎllislraliol1, Mais
lalll
qlll'
k
(ravail forel' pI'rsislail l'l,Il., 11'1Iti:III"1' Ill' I","\\':ril IriolllJ"It'f'. LI'

-lII-3-
\\'O!l' dl' !:llni de 1\\),1(i :111nliss:lnt 11' tr:l\\ail ftlrr.; :l1lllil do1lC nll\\Tir
la \\Oil' :'1 \\'org:lllis:llioll rlii pl:I('.'I11<'111 ('0111111.' 1., ,'<lllli:lit:lii l'O,I.T,
;1. J.('~ Ollio's tic Illilill-.!''''II1'I'i' dI/lis Il' ('ru/rI' du C",/i' rll' UI,ï2,
1.(' Clld.' dll Ir:l\\llil :. l'ns,', 1<' IIJ'il1<'il'.' 'III<' 1., 1":1<,,'111<'111 l'si l'af-
!':li 1'1' dl' 1'.'\\<!II\\inistralilln 'l!li l'Il l'Illlli., III rl'sj>l'I!Sld,ililt'\\ :\\IIX ()rlk~'::
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111t'llll'S kllr pI'rslI1111l'I; lll:lis d:\\llS ks l'l'gilllls où il y :l\\':lil Ull oflire
d,' 1111Iil1-d'o'lIu'e, il
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III' \\'11 l'ai! !:J Il'gisl:ilioll
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1l1:IÎS 1'1'1[(' ill\\('r<1iclioll Ill' YiS:lil
p:lS les sYlldic:lls professiolllll'!s,
B) Le régime acluel.
Le dl'['I'l'! i\\'oiril'Il dll ~o jllill 1!l(;~ sïllspirl' dl's principes posés
1':11' lI' Clldl' (11' 1\\);12,
L':lrlil'l<-
:. f) 1:\\:\\ disposl'
11111':
c,
L'IlI'g:lllis:llioll
dl's
oflicl's
<l<-
Illain-d'Il,tl\\'rl' ('II C\\\\ll'·tl'l\\'oir.' ('si
tll'Iinil' Jlal'
ks displlsiliollS dll
)>l'I''sl'lll rl1:II,itl'l', LI' sii'gl' dl:. ('11111 Pl't l'II t't' tl'rrilori:J11' <lI' 1'l!:Hlll('
Ilffin' seront dl'll'rI1lÎnl's pllr d"'ITI'I ",
L'articll'
;, J) 1:\\,,,
prt'-\\'oil
qlll':
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dllilt
l:t \\'Ollljll)-
siliOll l'si fi\\('1' p:lr 11\\'rn'\\ d:lllS le 1':ldrl' <les dispositiolls ri-:lprt:'s,
Le
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d':It1I11illislrlilin/1
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l'lIll'!oY"lIrs, dl' l'eprt'sl'Ill:lIds dl''; 11';1\\:tillll'lII'S, l'l dl' 1'I']ll't'SI'/1l:11llS
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-III-4-
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\\1:diuII : '! Le \\"!\\ns,'il d':l\\llIlinislraliull d\\' l'Of\\i,'(, Ill' \\:1 1\\\\:1\\\\\\-11'\\,,\\\\,
\\T"
d,' ctl\\,'-d'l\\"oirl' l'sI 1'(1111 l''''' t" d,' IK III<'II11I1I'S
Six llli'lIl!lrl'S de droit;
Six repl'I"senlanls des l'lllIl!(\\yel\\l's;
Six rc'prt"senl:l1\\ls des travaillclIrs.
La l'l'parlilion (jl'S sii'gl's rnlre Irs org:l1lisaliolls ]lrofl'ssi(lIl1lelll'~
Il's l'lliS l'l'prl's(,lllalin's (!L's l'IlIJlloYl'lIrs cl des !ra\\'aillelll's ('s! tll'ler-
IIlinl"I' ]1:11' 1(' lllinisire tll! [ra\\·:lil.
L'al'ri"ll~ n" -l-l/TAS/O;-,IO dll -l 1l()\\Tlllltre I!l/O :1 th l" la l'l'I':lr-
lilillll Cil 111 l1H' snit :
a)
UI'flTt:SI'n/rtn/s r!rs rJ71!!f(}!J('/lfS,
Un rt'pr{'s('nlanl dl' \\'Uni()1l tics employellrs :lgril'lJ1cs 1'1 fort'slins
de Cfi le-tl'hoi l'l',
Ull rt'Jll'l"sl'lll:llll dll SYlldieat des ('IIln'Jlf('Jll'llrS l'l des ilHlllslriels
dl' \\:l'Cîl\\I'-tl'l\\"oire,
l'Il rel'rt"sl'nl:lIl! tllI SYlldieal agr'jl'o!t- afl'ic:1În d(' h Cl>ll'-d'holn'.
l'Il rl'prîsl'ntallt dll ::',.'ïlllicai des indllstricls de la C{llt'-Il"l\\"OÎrl',
l'Il rcpr("S('IlI:tlll dll Sy"dil':11 des ("1I11IIlIt'rl::lIlls iJl1jH'rl:i1"III'S l'I
l'XIHlrlall'llJ"S dl' la Ciilc-d'[yoirl',
t:1l f('1 1r("SI'lllallt cllI SYllc!ic:d (\\<os t'II'I'I'PITI\\\\'\\\\rS Il,' 111:1I1l11\\'lllÎIII1
dll j'orl (L\\l)idj~ill.
Il.1
f{1'!)J"(I S ('/I/II11/S
dl'''' / J'(I(Jllillrl/ l'S,
,~ IIlt'II1II)'('S ri,' n'lliOIl gl'JI{'r:dt, d,'s Ira\\aill"III'S d,' Ci)!l'-d'l\\"oin',
Jl1l'll1!lre
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LI' Jllillislre du Ir:I\\":til cl lft-S :tfT:tir"s so("i:t1,'s l'si rl'j'rt"s"llt'" p:l!'
ft- dirt'l,t~'lIr dll Irayai! l'l la llJnill-f)'o'lI\\Tl' dl' CMl'-d'hoirl',
lps sl'nicI's dt' ITHfil'l' dl' I:J 1Jl:lill-d'o'i1\\T(' slIlll rl'prt"scJlI<-s p:lr
l,' din'('ll'lIr <'! Sllll acfjoilll: ils assisit'Iti. allx rl'tIJliollS dll ("lll\\seil
d'adlllillis!l'alioll lIIais II!' Sil Il 1 pas 1IIt'llIhf('s d(' l'l' cOllseil.
L'Of{jI'(' ('si pl:Jd' SOIIS \\:1 11I1l'11t' du millisl f(' dll
\\ 1':\\\\ ail l'! Ih's
:d1""ir,'s s,,,'j:ll,'s: soll
prilll'ip:d
rt,)l' l'sI
dl' ]11:11'1'1' I"s Ira\\'aill"llrs
:lpri's:l\\oÎr f('('lll'iJ1i Il's Orhl'S d'l'III]>ioi<; dl's ('Il!rl'pris('s,
{">llr ft'Illplir sa
[onl'lioll
dl'
pln(,I'TIlI'n!,
l'Office
r:lsQ'l1Ihle
)l'S
cf "Il Jli"l'"
SI:llistilllll's slIr
la
11l:1in-(l"o'II\\TI" illdispl'lls:dtl('s :'1
!oulr
:Il'!irlll "rojcl{',' d:lns le dlllll:tillr' {'('onnllliljlll',

-III-S-
Cl'sl l'OrJicl' dl' la
lllain-d"I'u\\T(' qui ;\\ssurc lïnlrodlll'li()/l l'n
Côll'-d'hoirl'
des
lr;l\\'ailkurs
n)\\taïqul's
l'!
"applicatio/l
dl'
1;1
Conn'nlion Jlassél' Ù ('l' sujl'! Il' \\1 ll1ars 1\\)1)0 an'r ln Hl'publiqul'
dl' Haule-Voila (ï),
L'Office dl' la main-d'fl'U\\"!'!' a di'\\'l')oPI)(; la di,t'('nl.ralisalion dl'
ses sl'r"icl's pal' la créalion d' « anll'nnL'S"
lant ;'1
Abidjan que
dans l'inti'rieur dn pays (8),
(ï) LI' eont~nu dc ecttc l'on\\'l'ntioll portl' slIr : 1" L'inlrodllction dl' la main-
d'œu\\'re
\\"(lltHique:
Il's
dl'mand~s dl' lIIain-d'<l'u\\'rc sonl adrl'SSI'l'S il
['OtHl'e
dl'
la
main-d'n:II""l'
de
Ilallll'-\\'tllta,
qlli
l'"nl'1ut
les
e"nll'als
l'l
Illet
ll's
tra\\'ailleurs ('n mule pour la C(,ll'·d'!\\'f,irc; :,!" Ll's ohligations dl' l'cml'Itlyeur
iVtliril'n : rf'sl'l'ct des c1ausl's dll l'ont raI (rf'n~a~emcnt, \\'('rsemcnt il la Caisse
,répar~ne dl' IIHutl'·\\'''!ta du
l'l'cule
du
Ira,'aillcur;
:~ ..
Le
rapalrÎl'ment
du
travailleur il la lin dll l'untral.
Us) Liste '/1'5
Alltl'Illll'S
dl'
l'D,HUC!:
Ahidjan:
Tfl'il'h\\'ille,
Adjamt',
Kou-
massi (projl'tl;
Intérieur:
Houaké a un
bureau et
lin l'entre clc rel'ru[('ment
l'l ,l'''l'CUI'i! des tra\\'ailleurs ag-ril'olcs; (,,,gnoa, Da)na, Ferkéssl'rloll!ioll, Sassan-
dra, l'abOli, San-l't'dro, KoSSOll,

ANNEXE N° IV
CODE DES INVESTISSEMENTS

-IV-1-
CODE
DES INVESTISSEMENTS
Il existe en Côte d'Ivoire deux codes des investissements
A. Le code des investissements privés.
G. Le code des inveslissements touristiques.
LE CODE
DES INVESTISSEWIENTS
PRIVÉS

loi du 3 septembre 1959. portant code des investissements privés.
1 Texte de la loi.
Loi nO 59-134 du 3 septembre 1959 déterminant le régime des investissements privés dons la
République de Cote d'Ivoire.
L'Assemblée législative a adopté,
Le Premier Ministre promulgue la loi dont la teneur suit·
Arlicle premier_ Le régime des investissements prévus en Côte d'Ivoire est déterminé par les dispositions
ci-oprés qui confirment et complétent les mesures arrêtées ou recommandées par'
La délibération nO 33-59 AT. et le voeu nO 35-58 AT du 11 avril 1958 de l'Assemblée territoriale;
Les délibérations nO 270-58 AC., 271-58 AC. et 272-58 AC et le voeu nO 273-58 AC. du 23 janvier
1959 de l'Assemblée constituante.
TITRE 1 -
LES ENTREPRISES PRIORITAIRES
Article 2. Sont reputées prioritaires sur le territoire de la République de Côte d'Ivoire, les catégories
d'entreprises ci-a prés
1° Les enHepnses immobiliéres;
2° Les entreprises de cultures industrielles et les industries connexes de préparation (oléagineux. hévéa,
canne il sucre, etc ... );
3° Les entreprises industrielles de préparation et de transformation mécanique ou chimique des produc-
tions végétales et animales locales (café, cacao, oléagineux, hévéa, bois, coton, canne il sucre, etc ... );
4° Les industries de fabrication et de montage des articles et objets de grande consommation (textiles,
matériaux .de construction, fabrications métalliques, véhicules, outillage et quincaillerie, engrais,
produits chimiques et pharmaceutiques, pâte il papier, papiers, cartons et applications, produIts
plastiques, etc ... );
5° Les industries minières d'extraction, d'enrichissement ou de transformation de substances minérales'
et les entreprises connexes de manutention et de transport. ainsi que les entreprIses de recherches
pétroliéres;
6° Les entreprises de production d'énergie

-IV-2-
Conditions d'agrément
ArUcle 3 Les entreprises appart~nant il l'une des catégories cl,dessus pourront. par decret pris en con,,···
des ministres, être agréées comme priOritaires lorsqu'éiles remplissent les conditions d'agrément S~.'
Il?.ntes:
a 1 Concourir il l'exécution des plans (Je developpement éconOllllque et social dans les conrJltlons dete'·
minées par le décret d'agrément.
.b 1 Effectuer des Investissements revétant une Importance particulière pour la mise en valeur du poys.
c) Avoir êté créées aprés le 11 avril 1958 ou avoir entrepris apres cette date des extenSions IInportant85
mais seulement en ce qui concerne ces extenSIons
Article 4. En cas de manquement grave d'une entreprise agréée aux Obligations Imposées par le décret
'd'agrément,le retrait d'agrément est prononcé, aprés mise en demeure non SUIvie d'effet. par decret pris",·
conseil des ministres. Dans ce cas, l'entreprise est soumise pour compter de la date duelit décret au reglnle
de droit commun.
Article 5. Toutes les entreprises agréées comme prioritaires sans exception, bénéficieront de meS'JriOS
d'exonération ou d'allégement fiscal. Celles d'entre elles QUI presentent une imoortance o?rtlculiére pOl.'"
l'ont. sur autOrisation spéciale donnée par une lOI, étre admises au bénéfice du régime fiscal de longue dur~iO
défini ci-dessous et passer avec le gouvernement des conventions dites d'établissement dans les conrllt!orcs
déterminées Cl'apres
La loi prévue a l'alinéa précédent fixera la période d'application du régime fiscal de longue durE:e all1SI C'_,":
la ouree et les conditions génerales de la convention d·établissement. les autres disoosltions élant (:"tv·
minees par décret pris en conseil des ministres.
TITRE Il -
LE RÉGIME FISCAL DE LONGUE DURÉE
Article 6. Le régime fiscal deÎongue durée est destiné il garantir a des entreprises agréées comme pl'lO"
taires, la stabilité de tout ou partie des charges fiscales qui leur incombent. pendant une periode rnaXimur;
de 25 ans, majorée, le cas échéant. dans la limite de 5 annees, des délaiS normaux d'installation
Article 7. Pendant la période d'application d'un régime fiscal de longue durée, aucune modificalion ne Dec.'
être apportée aux régies d'aSSiette et de perception ainSI qu'aux tarifs prévus par ce régime en faveur ce
l'entreprise benéflciaire.
Pendant la même période. l'entreprise bénéficiaire ne peut être soull1ise aux impots. taxes et contllbutiOf1S
de toute nature dont la création resulterait d'une loi postélleure a la date d'appilcatlon du régime fiscal ce
longue durée.
Article 8 En cas de modification au régime fiscal de drOit commun. toute entreprise bénéficiant ci c.-,
regime fiscal de longue durée Deut demander le bénefice desciites modifications Il peut lui être (10n'-'-2
satisfaction par décret en conseil des ministres
Touie entrepllse bénéficiaire peut demander a être replacée sous le régime du droit commun a partir d'u:ce
date qui sera fixée par décret pris en conseil des ministres
TITRE III -
LA CONVENTION D'ÉTABLISSEMENT
Article 9 La convention d'établissement fixe et garantit les conditions de creation et de fonctionnement '~e
l'entreprise priOritaire admise à en bénéficier
Elle ne peut étre passée Qu'avec une entreprise bénéficiant d'un régime fiscal de longue duree et sa duree r·c
peut excéder celle de ce régime fiscal.
Elle ne peut comporter, de la part de l'Etat. d'engagement ayant pour effet de decharger l'entreprise
bénéficiaire des pertes ou charges ou des manques a gagner dus à l'évolution de la cOf1joncture éconc""·
Que ou il des facteurs propres à l'entreprise.
Article 1O. Le réglement des différends résultant de l'application des dispOSitions d'une convention d'é"~,
blissement et la détermination éventlJelle de l'indemnité due pour la méconnaissance des engagemen:s
PliS, pourront faire'J'objet d'une procédure d'arbitrage dont les modalités seront flXees par chaq'ue COf1ven-
tlon.
TITRE IV -
LA FISCALITÉ
Article " . Les mesures d'exonération et d'allégement fiscal dont bénéficient. sans exception, toutes les
entreprises agréées comme priolltaires concernelll:
-
Certains droits et taxes perçus il l'entrée du territoire de la Rêpublique sur les marchandises et produl:s
importés: droit de douane, droit fiscal d'entrée, taxe forfaitaire représentative de la taxe de transactlof1
-
Certains' impots, contributIOns et taxes frappant les actiVités intérieures de production ou les transac,
tions, impot sur les bénéfices industriels et commerciaux, contribution fonciére des propriétés batles.
taxe sur les biens de mainmorte, contribution des patentes, droits d'enregistrement et de timbre, taxe'
d'extraction des matériaux,
-
Certains droits et taxes perçus il la sortie du territoire de la République: droit fiscal de sortie, taxe forf,,:-
taire il l'exportation représentative de la taxe de transaction.
_.
Leur liste en est fixée au tableau annexé a la présente loi et les mesures ne pourront prendre effet cu a
compter du 1el' avril 1959 ell ce qui concerne les drOits et taxes prévus il l'alinéa 2 du présent article et c·,"
11 avril 1958 en ce qui concerne les alinéas 3 et 4.

-IV-3-
LE CODE
DES INVESTISSEMENTS
TOURISTIQUES
Loi nO, 73·368 du 26 juillet 1973 déterminant le régime d'investissements privés à caractère
touristique.
L'Assemblee Natlonille il adopté,
Le President de la République promulgue lil loi dont la teneur suit
TITRE 1 -
GÉNÉRALITES
Article premier. -
Les entreprises privées effectuant des investissements il coractére touristique
neuvent bénéficier sur le territoire de la République de Cote d'Ivoire de régimes speciaux dont les moda\\ttés
sont prevues par lil presente loi,
Art. 2, _. Est considérée comme entrepnse privée toute personne phySique ou morale, quelle que
s.;)" Sil nationalite, exercant régulierement son activité en Cote d'Ivoire
Art. 3. -
Les entreprises effectuant des investissements à caractére touristique peuvent bénèfiCler
c: avantages fiscaux et de garanties partlculieres constituant les régimes privilegiés
Il existe trois regimes privilégiés
le régime d'aide il l'implilntation fou il l'extension).
le régime de J'agrément prioritilire,
le régime de la convention d'etablissement
TITRE Il -
REGIMES PRIVILEGIES
Chapitre 1 -
Aide à l'implantation (ou li l'extension)
Art. 4. -
Les entrepnses effectuant des investissements à Cilrilctere touristique concourant a
; execution de la politique de developpement touristique, déterminée pilr le Gouvernement. peuvent
oEnéfiCler du régime d'aide à l'implantation pilr décret pns en Conseil des Ministres.
Art. 5. -
Les entreprises bénéficiaires du régime d'ilide à l'Implantation sont exonérées a l'importil-
"on des droits de douilne, des droits d'entrée ainsi Que de la taxe a la villeur ajoutée. sur les matériaux.
rc;atériels et biens d'équipement importés, nécessaires a la réil\\tsatlon des Investissements
Ces exonériltlons ne sont pas applicables à l'occasion du renouvellement des matériaux, matériels
e: biens d'équipement.
A conditions égales de qualité, de prix et de délais de livraison, les entreprises sont tenues de donner
,2 priorité aux matériaux, matériels et biens d'équipement de fabrication ivoirienne. qUI, dans ce cas. ne
sJpporteront pas la taxe a la valeur ajoutée
Chapitre Il -
Agrément prioritaire
Art. 6. -
Les entreprises qui effectuent des If1veSlissements revétant une importance partlcU\\H?re
;:-our le développement touristique du pays. peuvent étre agréées en Qual,le d'entreprises prioritaires par
oecret pris en Conseil des Ministres
Le décret d'awément fIxe les avantages,·accordés a l'entreprise et ses engagements pour ce aUI
concerne notamment la nature, la localisation et le montant des If1vestissemenlS. et 1',vOlrisation des cadres
Art. 7. -
Outre les diverses exoneratlons prevues par le reglme d'aide a l'Implantation, les entre-
:mses touristIques agreées en qualtte d'entreprIse priOritaire peuvent bénéficier pendant une période de
"ept ans au plus à compter de la mise en exploitation, de 1exonération
-
de la contribution fonciére des propriétés batles et des Impositions annexes à l'exception de la
taxe sur le revenu net des propriétés batles, percues au profit des communes,
-
de la taxe des biens de malf1morte,
-
de la contribution des patentes et des ImpOSitIons annexes,
-
de la contribution des licences'et des ImpOSitions annexes,
-
de fa taxe sur des locaux loués en garni,
-
de l'impot sur les bénéfices industriels et commerciaux.
-
de la contribution sur les salaires à la charge des emplOI'eurs,
-
de la taxe sur les prestations de service
Les entreprises sont assujetties au prélévement effectue pour le compte du Fonds National dïnve'>~
::ssement
Chapitre III. -
Convention d'.établissement
Art. B. -
Les entreprises de tourisme aqrép.p.s comme prioritaires et qui effectuent des investisse·

-IV-4-
men lS d'une importance exceptionnelle, peuvent etre admises il passer avec le Gouvernement une con '!ell'
tlOIl d'établissement
La convention d'etablissement fixe les conditions de creation, de fonctionnement de l'entreorise,
ainsi que les avantages particuliers qui lui sont accordes, notamment la stabilite de tout ou partie des
charges fiscales pendant une duree maximum de 25Ivingt·clr1q) ans, majorée le cas echéant, dans la limite
de 5 (cinqj ans, des délais normaux d'installation.
Pendant la période [J'application de la convention d'etabllssement. aucune modification ne peut étre
apportee aux régies d'aSSiette et de perception alr1S1 qu'aux taux prévus en faveur de l'entreprise prioritaire.
Durant cette meme période, l'entreprise ne peut étre soumise aux Impots, taxes et contnbutlons de
toute nature, dont la creation résulterait d'une loi postérieure a la date de mise en application du régime
fiscal stabilise.
La convention d'établissement doit étre approuvée par une loi.
Art. 9. -
Le réglement des différends, nes il l'occasion de l'interoretation ou de l'execution des
conventions d'établissement peuvent faire l'objet d'une procédure d'arbitrage dont les modalites sont
fixées par' chaque conv8nt/on.
TITRE III -
DISPOSITIONS DIVERSES
Art. 10. -
En cas de manquements grav8s d;Jment constatés d'une entreprise aux engagements
qu'elle a souscrits, le bénefice du régime de l'aide a l'implantation ou de l'agrément prioritaire peut lui être
retiré par décret pns en Conseil des Ministres.
Dans cette hypothése, l'entreprise se trouve replacée dans le régime de droit commun avec effet
rétroactif il compter de la date de la premlere exoneratlon effective.
Art. I l
-
En cas de modification du régime fiscal de droit commun, toute entreprise bénéficiant
d'un des régimes privileglés précités peut demander il bénéfiCier desdltes modifications ou il etre replacee
sous le régime de droit commun. Il lUI est donné satisfaction par decret pris en Conseil des Ministres
Art. f 2. -
Des décrets pris en Conseil des Mm/stres fixeront les modalités d'application de la
présente Loi qui sera exécutée comme Loi de l'Etat et publiée au Journal Offic/el de la Republique de Cote
d'Ivoire
Fait a Abidjan le 26 17 / 1973.
Félix HOUPHOUETBOIGNY
Décret na 73·401 du 22 août 1973 fixent les modalités d"application de la loi nO 73-368 du
26 juillet 1973 determÎnant le régime des investissements privés à caractère touristique.

Le President de la Republique,
Sur le rapport du Ministre d'Etat charge du TOurisme, du Ministre de l'Economie et des Finances, du
Ministre du Plan,
Vu la loi na 73·368 du 26 juillet 1973 déterminant le regime des investissements pnves à caractere
touristique,
Le Conseil des Ministres entendu,
Décrete:
Article premier. -
Toute entreprise desirant béneficier des dispositions de la loi na 73-368 du
26 juillet 1973 est tenue d'adresser au Ministre du Plan, une demande d'agrément. appuyée d'un dOSSier
en quinze exemplaires dans lequel devront figurer tous les renseignements concernant le proJet. énumerés
il l'article 3 ci-apres
Art. 2. -
A l'initiative du Ministre du Plan. le dossier visé al'article 1 fait l'obiet d'une étude prealable
par une commission restreinte composée d'un representant du Ministre du Plan, d'un representant du
Ministre de l'Economie et des Finances et d'un représentant du M.inistre du Tounsme, Cette commission
dont les conclusions sont consignées dans un rapport. est en outre chargée d'examiner en liaison avec les
Ministéres intéresses, l'ensemble de toutes les questions posees par le projet au niveau des pouvOirs
publics.
Art. 3. -
Le dossier Visé à l'article 1 devra être constitue de manlere il permettre d'appréCier
notamment:
-
l'importance du projet et sa conformité avec la politique touristique du Gouvernement.
-
la localisation de l'investissement et son influence sur l'économie régionale,
~ l'aspect technique du projet. et son programme de gestion et de commercialisation (plans, devis.
bilans prévisionnels des dix premieres années),
-
les garanties apportées par les promoteurs pour assurer la clientele nécessaire il une bonne
rentabilité,
-
le montant de l'investissement et la 'nature du financement.
-
Je nombre d'emplOIS créés et les avantages apportés il l'économie ivoirienne,
-
le programme de formation du personnel et d'ivoirlsation des cadres et employes.

-IV-S-
Art 4. -
Le dossier et le rapport visés à l'article 2 cI-dessus sont soumis par le Ministre du Plan à une
commission mixte dile des agréments prioritaires composée
-
d'un représentant de la Présidence de la République,
-
de trOIS représentants du Mlnlstére du Tourisme Cabinet-Direction des Amenagements, Direc-
tion Administrative et Flnanclére,
-
de cinq représentants du Ministére de l'Economie et des Finances Cabinet. Direction Générale
des /l.ffalres Economiques, Direction Générale des Douanes. Direction Générale des Impats, D,rection de la
Comptabilité Publique et du Trésor,
-
de cinq représentants du Ministre du Plan: Cabinet. Direction du Développement Industriel.
Bureau de Developpement Industriel, Office de Promotion de "Entreprise Ivoirienne.
-
d'un représentant du Minlstére de l'Intérieur
Art. 5 -
Les Ministres du Tourisme, de l'Economie et des Finances et du Plan. élaboreront une note
d'instructions qui servira de base aux travaux des commissions visées aux artlcles.2 et 4 du présent décret
Dans le cadre de cette note d'instructions, les projets prévus dans des régions éloignées des grands
centres urbains feront l'objet de conditions particulièrement favorables
Art 6 -
La commission mixte des agréments prioritaires visée à l'article 4 se réunit à l'Initiative du
Ministre du Plan et sous la présidence de son représentant. Les fonctions de rapporteur sont assurées par
un représentant du Ministére du Plan.
Il est établi un procés-verbal de chaque réunion
Art. 7. -
Le dossier complet de chaque demande d'agrément comprenant notamment le procés·
verbal visé à "article 6 ci-dessus est transmis pour étude et aVIS, avec ses propOSitions, par le Ministre du
Plan aux Ministres de l'Economie et des Finances et du Tourisme.
Art 8. -
Aprés avoir recueilli l'avis favorable du Ministre du Tourisme et du Ministre de l'Economie
et des Finances. le Ministre du Plan présente au Conseil des Ministres, les projets de décret d'agrément
appuyés d'un rapport de présentation
Art. 9. -
Le point de départ des exonérations prévues à l'article 2 de la loi prècilée nO ï3-368 du
26 Juillet 1973 est fixé par arrété du Ministre de l'Economie et des Finances.
Art. 10. -
Les entreprises bénéficiant des dispositions de l'anicle 5 de la loi précitée nO 73-368 du
26 Juillet 1973, sont lenues d'adresser au Ministre du Plan la demande dètaillée des materlaux et matériels
ou'elles se proposent d'importer en franchise des droits, ou d'acheter sur place en exonerJtion de TVA
La demande doit couvrir une période de troIs mois
Elle est soumise pour avis à la commission des exonérations douaniéres composée
-
de deux représentants du Ministre de l'Economie et des Finances, dont le Président.
-
d'un représentant du Ministre du Plan, rapporteur,
-
d'un représentant du Ministre du Tourisme.
L'autorisation d'importer en franchise de droits ou d'acheter sur place en exonération de TVA, fait
lobjet d'une décision du Ministre de l'Economie et des Finances, aprés avis de la commission des exonéra
tlons douaniéres.
Art. Il. -
Le Ministre d'Etat chargé du Tourisme, le Ministre de l'Economie et des Finances, le
Ministre du Plan, sont chargés, chacun pour ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret qui sera
publié au Journal Officiel de la République de Cote d'Ivoire
Fait à AbidJan, le 22 août 1973,
r:'I:._ 11_' , ....... ,... •• - - -
- " -

ANNEXE N° V
LE PLAN DE REDRESSEMENT FINANCIER

-V-1-
LE PLAN DE REDRESSEMENT FINANCIER
un plan de redressement de facture très classique permet de se
rapprocher des grands équilibres mais desproblèmes fondamentaux subsistent
La croissance rapide qu'a connue la C8te d'Ivoire depuis 1970 ~'est en-
core acc4lérée entre 1976 et 1979, lorsque IR hRusse des prix du café et du
cacao (qui ont respectivement quadruplé et doublé) a permis une aUeTIentation
rapide des investissements publics. Afin ~e financer ceux-ci, les autorités
ivoiriennes, encouraeées par des niveaux filevés de recettes fiscales, n'ont
pas Msi t? à recourir à l'emprunt extérieur. F.n 1977, par exemple, la valeur
de~ investissements publics a doublé et le::: emprunts ext4.rieurs ont triplé ~r
rapport ù l'année précédente.
La hausse des prix du café et du cacao a toutefois été SU1V1e, après 1979,
par une chute brutale. Comme, par ailleurs, les prix des produits importé~ ~~­
bissaient l'effet de l'inflation qui sévissait dans les pays industrialisés,
les termes de l'échanee se sont détériorés durant cette période, baissant.environ
de 40 %entre 1977 et 1981.
Il en est résulté, bien sOr, une détérioration rapide de tous les indi-
cateurs macro-économiques aboutissant à la présente situation de crise. L'ex-
cédent de la balance commerciale diminuait de moitié entre 1977 et 1979. La
balance de~ paiements courants diminuait rapidement, passant de - 43 milliards
de F CFA en 1977 à quelques - 346 milliards en 1980. Ayant épuisé ses réserles
de change, la C8te d'Ivoire se retrouvait début 1981 avec une position néeative
de ses avoirs extérieurs équivalente à quelques 118 milliards de F CFA.
Le déficit du secteur public (sociétés d'Etat incluse~) atteignait en
1980 un maximum de 293 milliards de F CFA soit quelques 13 %du P.I.B. L'en-
cours de la dette publique totale atteignait environ 991 milliards à la fin
1980, correspondant à environ 45 %du P.I.B ; le service de la dette extérieure
passant de 10,9 %de la valeur des exportations en 1976 à 25,9 %en 1980. Le
taux de croissance annuel du P.I.B diminuai.t (après un maximum de, 9,9% en 1978)
et tombait en-dessous de 1 %en 1981 (correspondant alors à une baisse du re-
venu par tête du fait de la croissance démographique).
Confrontée à cette aggravation de sa situation, la C8te d'Ivoireeffec-
tuait en janvier 1981 une demande d'accord de facilité élargie auprès du Fonds
Monétaire" International.
a) l'Accord du Fonds Monétaire International
L'accord de facilité élargie obtenu du FMI donne la possibilité à la
C8te d'Ivoire d'acheter au Fonds (après utilisation de sa tranche de réserve)
un montant équivalant à 484,5 millions de D.T.S., soit environ 150 milliards
de F CFA, sur la période mars ·1981-février 1984 suivant un échéancier trimes-·
triel. Cette possibilité est bien sOr soumise· à la mise en oeuvre d'un plan de'
redressement financier étroitement contr8lé par le Fonds.

-V-2-
Le plan de redressement financier ainsi mis en oeuvre se situe dans la
li(p1e la plus classique du FNI :
limitation des dépenses publiques (fonctionnement et investissement)
afin de diminuer le déficit. Un effort particulier est ainsi proposé afin de
limiter les dépenses liêes au secteur de l'éducation (qui représentent plus
de 45 %du budeet de fonctionnement en 1981)
augmentation des recettes du secteur public et para-public (portant,
entre autres, sur la fiscalité indirecte, les prix du riz et du sucre au con-
sommateur et les prix des transports publics) ;
- mise en oeuvre d'une politique restrictive pour la monnaie et le cré-
dit à travers l'adoption, entre autres, d'un plafond sur les avoirs intérip.urs
nets du système bancaire et Cl 'UT}f:ous';'plafond peur les créances nettes des
banques au secteur public ;
- amélioration de la structure de la dette extérieure, à travers l'inter-
diction d'effectuer des emprunts d'une dUr8e comprise entre un et cinq ans et
lalim~tation des emprunts compris entre un et douze ans;
- diminution des arriérés de paiement du secteur public et para-public.
Jusqu'à présent, la mise en oeuvre de ce plan ne semble pas avoir ren-
contré de difficultés majeures. Les mesures d'austérité (y compris l'augmen-
tation du prix du riz et du sucre au consommateur) ont pu ~tre exécutées sans
susciter d'o~position violente.
Les critères de performance retenus pour 1981 ont été satisfaits et ceux
relatifs à 1982 paraissent en bonn~ voie de l'~tre (1). Les objectifs retenus
dans les différents domaines des finanqes publiques et du crédit ont été dans
l'ensemble atteints. La COte d'Ivoire est un des rares - sinon le seul - pays
d'Afrique noire où les conditions imposées par le FMI ont été satisfaites et,
à cet égard, le fonds peut consid-iirer ce pays comme un de ses seuls "succès ll
dans ce continent.
Pour plusieurs raisons, on peut toutefois penser que toutes les difficultés
ne sont pas aplanies et que la médaille n'est pas sans revers. Les risques de
"dérapage" existent encore. Il peut ainsi s' avé rer difficile de limiter pour
1982 la croissance des dépenses budgétaires de fonctionnement à 8 %(moins que
l'inflation) comme le demande· le FMI. De même, on ne peut exclure la possibilité'
que le programme d'austérité actuel, dans une période de chÔmage et d'inflation,
ne déclenche des mouvements d'agitation sur le front social.
(1) Pour 1981, trois critères avaient été retenus, correspondant à des plafonds
portant respectivement sur le montant des nouveaux emprunts extérieurs d'une
durée comprise entre un an et douze ans, sur le montant des avoirs intérieurs
nets du système bancaire et sur les créances nettes du svstème bancaire sur
, le système public. Pour 1982, un quatrième critère relatif au remboursement des
arriérés du secteur public a été rajouté. Ces quatre critères étaient satis-
faitsà l'échéance de mars 1982.

-V-3-
Par ailleurn, il semble que le nrogramme de redres~ement, ~is en oeuv~e
dans l'optique es:::entiellement finl'lncière et mon!·tai-:-e ,:ui ef;: celle (ln Fi~I,
a accord~ insuffisamment d'import~nce ~ la croissance ~ccncmi~ue. Pour n~ce~­
~aire qu'il soit, le frein~Ge deE jnve~tisseme~t~
~ublicE ~'e~t Ean~ 00ute
effectu0 aux d~pens de la croissance et ceci a sans noute ét~ accentu~ ?,3r 10
fait Due le nrcceE~US ~e v~lection de ces investis8ement~ ne semble nas suffi-
samme~t y>rivÙécier le:J proGraml:!es le~. rlu~ !1roductif~ (,). On !lcut ~!'3in·jr('
.;;. cet écaro, que 11l s~lectj on de ces inve::tisse!Jlen-:~ ne soi t paf: n'~cessaire­
ment la plus favorable rI une relance de ]'activit6 (~conomi.que ; OP.. re1)l am:::::i
craindre QU'lm éventuel accroü:::ement de::: reSSQurce~. nubliouef; ~ar.s les anr.r:es
h venir (~u fait de resecurces p6troli~!'es ou d'une r~!lriE~ des cours du cacao
rar exeMple) ne'~e traduü:e :!\\Sr un certain Gaspilla~e des dépenses effectuées,
faute ~'un'm~canisme efficace de s~lection des investissements propos~E.
Il en est sans doute de ~êmc des ~esures prises afin de réeler les arrip.-
r~s du secteur public (2). Un tel r.ér,lèment est sanz noute npcessaire afin ~e
permettre une s2ine eestion tant des administration~ que de~ soci~t~E d'Etat ;
i l n~ sera tr-utf'f()is suffisant ~ue si èl8S effo;-ts 58rieux son: :3Ïr.lUl tanp.ment
effectués pour améliorer la manière dont ces in~tihltions sont Cér4es, effort~
~ui pour l'instant, paraissent encore insuffisants. Dans ces conditions, il
n'est pas \\ exclure que, pour certaines sociétés publiques, le versement par
l'Etat nes arriéré:s qui leur sont dus ne se traduise essentiellement par des
dp.penses non prioritaires, sans pour autant permettre une am8lioration de la
eestion.
Les ressources n6ces~aires RV paiement de ces arrlpres sont e~ Grande par-
tie obtenues Grâce ~ nes emprunts extérieurs, ce q~i contribue ainsi ~ alourdir
une dette e)~térieure dé j~ Mmesurée. Il ellt sans dcute été possible d'obtenir
une r>artie de ces fonds sur le marché financier ivoirien, mais les limitations
i.mposées par le na ù. l' endettement jnt~rieur ou syctème public l' inter<'li~ent.
On peut crainnre [; cet éf,ar<'l que le programme du Fonds ne contribue ainsi [, ac-
'croître l'endettement extérieur de la Cete d'Ivoire, rendant ainsi plus problé~
matique une ~ventuelle relance ne la croispance dans le moyen terme.
Le plan de redressement du ~[.I a pt~ suivi par différentes interventions
de la Ban~ue Mondiale. Ces interventio~s ont pour objectif proclam~ de complé-
ter le plan du Fonds l':onétaire, en rr?parant les conditions d'une reprise de la
croissance.
(1) On peut noter, par ex~mple, que la programmation des investissements publics
est actuellement de la responsabilité âu Ministère des Finances (et non plu~
de celui de l'Industrie et du Plan), ministère où les responsabilité~finan­
cières l'emportent sur les considérations d'ordre économique.
(2) Ces arriérés sont constitués à environ 60 %par les retards de paiement de
l'Etat à l'égard des entreprises publiques.

-V-4-
b~ Les Interventions de la Banque fllondiale
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
A la suite de l'accord de facilité élargie du FlH, la Banque l''ionè.iale
a accordé P. la Côte d'Ivoi.re,fin 1981 un prH d'ajustement structurel ne 150
millions de dollars (e~viron 50 milliards de F CFA). ~ur cette so~~e, 100 millions
ont ~t6 disponibles d~s que le prêt a ~t~ effectif, le reste devant être d~blo­
qué apr~s un exa~en des performances en mai 1982 (1).
Plutôt que d'imposer des crit~res de pet'formance et un échéancier con-
traignant, la 3anque s'est contentée d'une déclaration de politique économique,
soumise par le Ministre i~oirien de l'Economie et des Finances, et explicitant
les mesures que le Gouvernement ivoirien s'engaGeait à ~ettre en oeuvre.
Ce docu~ent tr~s détaillé, pt'ésente trois volets de mesure:
- la recherche d'une plus Grande efficacité du syst~me de planification
et d'emploi des ressources publiques, afin de privilé~ier les projets productifs
et re~tables, les infrastructures prioritaires et les services sociaux indispen-
sables'
une relance de la production et des exportations agricoles par une réor-
ganisation institutionnelle du secteur et par une politique de prix incitatifs;
- une série d'études destinp.es à préparer des réformes dans les trois sec-
teurs des entreprises publiques, de l'industrie et de l'éducation.
Les deux premiers volets paraissent bien adaptés aux probl~mes actuels
de l'économie ivoirienne; en mettant l'accent ~ur les mesures destinées à sou-
tenir la croissance économique, ils pourraient ainsi compléter et corriger le
plan de redressement du Fl~I. Toutefois, en débloquant immédiatement une partie
des fonds de son prêt d'ajustement structurel, la Banque Mondiale s'est privée
d'un de ses moyens de pression habituels ct, de ce fait, l'exécution de ces me-
sures peut êtré moins rapide que souhai té~ .
Pour les cinq années ~ venir, la Banque envisa~e un programme de prêts
de l'ordre de 8 à 900 millions de dollars, dont une partie pourrait ~ller à des
prêts d'ajustement structurel. On doit aussi noter qu'un prêt d'une centain~ de
millions de dollars destiné à l'exploration pétrolière a é~é approuvé par le
Conseil d'Administration de la Banque en juillet 1982.
-
c) L'aide de la France dans le_~~r financier
Il convient en premier lieu de rappeler le récent accord sur le relèvement
de la part française dans le financement de l'assistance technique qui constitue
de fait un scutien direct au budget de la CÔte d'Ivoire.
(1) Du fait de retards dans l'obtention des documents requis pour le débourse-
ment, seule une cinquantaine de millions avaient été versés fin avril 1982.

-V-5-
Par ailleurs, le Conseil de Surveillance de la Caisse Centrale de Coopé-
ration Economique a autorisé en avril 1982 un pr~t de 20 milliards de F CFA
(correGpondant à un miy.a~e du premier et du deuxième guichete)dont 15 milliards
sont destinés à la restructuration d'entreprises publiques agricoles et au fi-
nancement de contreparties locales et peuvent donc ~tre considérés comme une
aide financière.
Enfin, le gouvernement français a aidp. la Côte d'Ivoire a obtenir un pr~t
de 60 milliards de F CFA de banques françaises. Ce pr~t, dans lequel sont asso-
C18e~ toutes les grandes banques françaises, ne constitue, bien sOr, pas une
aine financière du gouvernement français; toutefois, le rÔle de l'administra-
tion française a été déterminant pour convaincre les banquiers initialement r~­
servas devant la demande ivoirienne.

ANNEXE N° VI :
LES GRANDS PROJETS INDUSTRIELS

-VI-1-
LES GRANDS PROJETS
L'EXPLOITATION DU GISEMENT DE FER
Les réserves du gisement du Mont Klahoyo sont estimées à enViron
350 millions de tonnes de concen~rés à 69 i. (1).
Pour l'instant, un syndicat groupant les différentes societes inté-
ressées a été créé. La Côte d'Ivoire n'a qu'une faible participation dans ce
syndicat (environ 5 %), la majorité étant détenue par des firmes étr~ngères
(japonaises et européennes). Dans l'état actuel de son avancement, le projet
prévoit une production en régime de croisière de 12 millions de tonnes de
pellets, et de 8 millions de tonnes en 1981, date prévue pour le début de
l'exploitation.
Le problème essentiel est celui du transport des pellets de la
reglon de Man à San-Pedro. Les autorités ivoiriennes préconisaient le trans-
port par chemin de fer, ce qui, bien évidemment, aurait eu des effets d'en-
traînement importants sur l'économie du Sud-Ouest. Les investisseurs étran-
gers, pour. leur part, proposaient un minéroduc. Il semble, qu'en définitive,
ce soit cette dernière solution qui ~tétéchoisie. compte-tenu d'une diffé-
rence importante de coût. et que cette mêm~ différence aurait été à la charge
de l'Etat.
Le montant total des investissements prévus pour l'exploitation et
le transport du minerai est de l'ordre de 330 milliards de F CFA dont 95 %
devraient être financés par les sociétés étrangères. Les travaux d' infrastruc-
ture nécessaires (BUYO. aménagement du port de San-Pedro. routes, cités
minières) 'sont à la charge de la Côte d'Ivoire et leur coût s'élève à environ
70 milliaras de F CFA.
Au cours actuellement pratiqué, le minerai de Côte d'Ivoire semble-
rait concurrentiel. Mais (il semble que) les investisseurs étrangers hésitent
à mettre en route des travaux compte-tenu de l'évolution de la demande inter-
nationale ralentie par la crise.
La non réalisation de ce projet aurait des conséquences importantes
sur les prévisions du plan.
(1)
prévu par la suite la mlse sur place d'une sidérurgie.
__ ..4

-VI-2-
LES PROJETS AGRO-INDUSTRIELS
Ces projets concernant le traitement du café, du cacao, du sucre
et des oléagineux, ont été traités précédemment dans l'agriculture.
Les industries textiles et du CUir
La valeur ajoutée de ces deux branches devrait passer Je 19,3 mil-
liards en 1975 à 42 mi lliards en 1980 et 66 milliards en 1985 (Vil moyenne
+
13,10 % par an).
Les investissements à réaliser sur l'ensemble de la période 1975
1985 devraient s'élever à 77 milliards de F CFA (45 milliards de 1975-1980).
Le secteur textile ivoirien a connu ces dernieres années une crOiS-
sance relativement forte. Mais comme la demande intérieure est faible, les
nouvelles unités textiles dont la réalisation est en cours ou vient de se
terminer doivent se tourner vers les marchés extérieurs où la concurrence,
notamment celle des produits pratiqués en Extrême-Orient,est très forte.
Les industries du bois
La valeur ajoutée de cette branche devrait passer de 9 milliards
de F CFA à 18,2 milliards en 1980 et à 29,5 milliards en 1985. Le chiffre
d'affaires net devrait être de l'ordre de 80 milliards à la même date.
Les exportations de leur caté devraient atteindre 30 milliards
pn 1980 et 29,5 milliards en 1985.
Cette progression de l'activi~é de la branche des industries du
bois est importante dans la mesure
où elle peut aboutir à la réalisation
de la majeure partie des objectifs du plan: régionalisation, cr&ation d'em-
plo i s, i vo i ris a t i on ...
Ces perspectives élaborées par le Plan reposent sur l'hypothèse
qu'une politique forestière sera appliquée rapidement et que surtout elle
sera suivie d'effets attendus. Le moins que l'on puisse dire, dès lors, c'est
'qlle le Plan s'avère véri tablement très optimiste.
Ceci est important car il a été estimé que si ces perspectives en
matière d'industrie
du bois n'étaient pas réaliséesd'ici à 1985, la crois-
sance du secteur industriel se ralentirait au rythme de 0,5 % par an et
les exportations progresseraient moins rapidement (- 1 70 par an en moins 'sur
10 ans).
Les industries chimiques
La valeur ajoutée de ce secteur devrait passer de 2,5 milliards de
F CFA en 1975 à 42 milliards en 1980 et 70 milliards en 1985, le muntant to-
tal des investissements prévus atteignant 55 milliards pour l'ensemble de la
période. Cette progression résultera en majeure partie du doublement de ]a
capacité de raffinage de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR). de la
réalisation des projets de fabrication de pneumatiques grâce aux ressources
locales, de la création d'une industrie pharmaceutique.

· -VI-3-
Le projet de p~te à papier de San Pedro
Ce projet pr0voit la rfalisation d'une usine dont la c~pacit~ de
prouucti.on devrait être de l'ordre de 300 000 à 400 000 tonnes de p}te bLII1-
chic. L'approvisionnement en bois serait assuré par l 'cxploiLltillll de 1,8 mi I-
lion ùe m3 de bois (300 ha de forêt). Les inves tissements prévus Sdn t de
l'ordre de 93 milliards de F CFA 1975 (pour un objectif de 400 DOl) tOlllles).
les dépenses de l'Etat devraient être d'environ 17,3 milli~rds Jo r CfA.
90 % du chiffre d'affaires devra~llL ~lœobtenu par l'expurtation (en 1985)
sachant que la demande int~rieure est peu importante.
Au-delà du problème de financement qui ne semble pas pour l'i.nstant
résolu et de celui de l'environnement, de la lutte contre les défrichements
agricohs illégaux. se pose celui de savoir cormnent la pâte :l papier ivoirienlle
obtenue à partir de feuill~ s tropicaux, sera accept~e sur le march~ interna-
tionale à des conditions concurrentielles.
L'énergie: les grands barrages
Les besoins ~nergétiques, qui avaient fortement augmenté de 1970 à
1975 devraient être multipliés par 2,5 d'ici à 1985. En 1975, les produits
p~troliers assuraient 60 % des besoins énergétiques de la Côte d'Ivoire, y
compris la production d'énergie électrique.
Le Plan, compte-tenu de la hausse importante du prix du pétrole.
entend doter la CSte d'Ivoire d'une plus grande indépendance en matière d'é-
nergie, en privilégiant la production °d'énergie hydra-électrique. La consom-
matio~ dlénerÛe.é~ectriqueoqui~tai~ d~ 962 millions de K""h en 1975'o~lçvrait
dIaprés les ~reviSions atteinùre 3 milliards de Kwh en 19MO et 4,94 mll 11~rJs
de Kwh en 19~5, si les grands projets industriels sont réalis0s.
Pour satisfaire cet accroissement important, la Côte d'Ivoire en~d
d'une part promouvoir la construction de barrages (Taabo, Buyo, Soubie ... ),
assurer l'inter-connexion de ses réseaux électriques avec ceux du Ghana dont
le potentiel dans ce domaine est inorme et intégrer 13 production d'énergie é 1ec-
trique dans des projets barrages à buts multiples (aménagements hydra-agri-
coles). Le coût global du programme énergétique s'élève à 149 645 millions
de F CFA (dont 140 005 millions à charge de l'EECI) soit près de 15 % des
dépenses publiques inscrites au Plan pour la période 1976-1980.
LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
Les investissements qui sont estimés par le Plan à 685 milliards
pour la période 1976-1980 devraient représenter plus de 65 % des invpstisse.
ments des entreprises pendant la durée du plan (1 060 milliards de F CFA
hors variations de stocks).
Ces investissements seront répartis de la manière suivante
205 milliard:; pour les entreprises pub liques et
480 milliards pour les entreprises privées.

Les capacItes globales de financements des entreprises ne devraient
s'élever qu'à environ 450 milliards (dont 110 milliards pour les entreprises
publiques). Près de 60 % des investissements prévus pour la période 1976-1980
seront donc financés grâce au recours à l'endettement, 680 milliards de F CFA.
Ce recours à l'endettement sera effectué à part quasi-égale entre les entre-
prises publiques et les entreprises privées (330 milliards pour les premières
et 350 milliards pour les secondes).
Mais il est important de signaler que les 330 milliards que les
entreprises publiques devraient emprunter représentent 75 % des investisse-
ments, contre 50 % pour les entreprises privées.
Les dépenses de l'Etat et des entreprises publiques pour le finan-
cement du développément industriel s'élèvent à 114,5 milliards de F CFA dont
72,5 milliards à charge de l'Etat. Les dépenses de l'Etat sont constituées
cn majeure partie par des participations financières dans les différents pro-
jets (53,4 milliards) et par les dépenses d'infrastructure
et de recherche
(14,2 milliards). Les dépenses des entreprises publiques s'élèvent à 42 mil-
liards (dont 24 milliards pour les projets sucriers).

ANNEXE N° VII
METHODE DE RESOLUTION DES PRINCIPAUX TYPES DE CORRELATION EN
DEUX VARIABLES DANS LE CAS. DES qUATRE FONCTIONS

ANl'ŒXE N° VII
METrlDDE DE RESOLUTION DES PRINCIPAUX ~YPES DE CORRELATION EN
DEUX VARIABLES DANS LE CAS DES QUATRE FONCTIONS CI-DESSOUS:
y=ax+b
Logy = ax + b
Fonctions
y e
a Log x + b
Log y = a Log x + b
Coefficients de régression
a e
b e y - a x
Coefficient de corrélation
R (1)
'Ex [y
l:xy - ""'-n'-;"-
R = - - - - - - - - - - - - - - -
Coefficient de détermination
'.
Résidu quadratique moyen: s
(3)
Ecarts-types des coefficients de regression
s
s
= ---=-----
a
(1) Le coefficient de corrélation linéaire est un inài~e qui se carac-
:térise le dégré de dépendance de la variable expliquée y vis à vis
de la variable explicative x •
(2) Le coefficient de détermination peut être interpreté COmme le pour-
centàge des variations de la variable y expliquée par la varia2ion
de la variable explicative x • Si nous trouvons par exemple, R =0,80 ,
cela veut dire que 80% des variations de y sont expliqués par la
variable explicative x retenue.
(3) .Le résidu quadratique moyen donne la dispersion des points observés
-
autour de la tendance.