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UNIVERSITE
UNIVERSITE DE
DE TOULOUSE
TOULOUSE--LE
LE --MIRAIL
MIRAIL
1
1
U.E.R.
U.E.R. DES
DES SCIENCES
SCIENCES DU
DU COMPORTEMENT
COMPORTEMENTET
ET DE
DE L'EDUCATION
L'EDUCATION
1
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CONTRIBUTION DE L'EDUCATION PHYSIQUE ET DES SPORTS
A LA fORMATION DE LA JEUNESSE IVOIRIENNE
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1
ANNEXE
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...
THESE POUR LE DOCTORAT DE 3ème CYCLE
Mention: SCIENCES DE L'EDUCA TlON
TION
présentée et soutenue
par
DJiman
OJiman DDJD
DOJO
Sous
Sous la
la direction
direction de
de Monsieur
Monsieur le
le Professeur
Professeur Louis NOT
1982
1982
1
A MADINA QUI A SU RESTER GENTILLE ET SAGE POUR SON PERE
A GILBERTE QUI A FAIT MONTRE DE PATIENCE, DE COURAGE,
DE COMPREHENSION
AU PEUPLE AFRICAIN, NOTAMMENT IVOIRIEN POUR LE SERVIR.
REM E Rel E MEN T S
Q.u' il. me. .6Oa pe.JUrÛ.6 d' e.xptU.meJt ma gJULt);tude. à MoYL6-i.e.UIt le.
PJtone.~~e.UIt Lou.A..6 NOT, quA. a b-i.e.n voulu ~geJt ma thè~e.. MoYL6-i.e.wr. le.
PJton~~e.UIt Lou.A..6 NOT a été pOUlt mo-i., un gtUde. pJtéue.ux. En e.n nU, daM
d~ mome.nU PMn0-W .:CJtM MnMc.U.~, daYL6 l~ Jtuu de. l'U.u.vruwaé, ou
daYL6 .6On bUlte.au, ou à .6On dom-i.c.U.e., le. joUIt c.omme. .ea. nr.Ut, à mon appel,
le. PJt0n~~e.UIt m'a éc.o ut é., c.oYL6UUé U e.nc.oUltagé.. Ce. :tJr.a.vail. n'auJta..a
de. ~-i.g.u.n-i.c.a.,üon c.onc.JtUe. ~aYL6 c.e:tte. iUde. c.oYL6.<.dé.Jtable..
- Au PJto ne.Mewt Je.an LECAMUS, quA. a ac.ce.p.té. de. pcvt.tiupeJt au
jUltIj, quA. m'a .6Ouve.YLt Jte.ç.u à .6On buJte.au ou c.he.z luA. poU/t m'a.-i.deJt e.:t me.
pJtOMgUe.Jt de.~ c.oYL6Uâ daYL6 tl.Yl. c.adJte. am-i.c.a1. e.:t ~e.Jtun.
- A MoYL6-i.e.uJt Je.an FERRASSE, PJton~~e.uJt à i' U.u.vruwaé., quA.
m' a :toujoUM :témo-i.gné. de. ~a d-WPOYl.ÜJil.il.é. à m'iUdeJt, e.t quJ. m'a na..a
i' hoYl.Yl.e.Wt d' ac.c.e.p:teJt de. LUte. u de. juge.Jt c.e. :tJr.a.vall..
- A M~~-i.~ L~~-i.na VIARRA, Robe.Jt:t LOPEZ, Roland LOLLIO,
MESSORA, AHOUTOU, BOUANGAKALOU...
doYLt l~ nombJte.ux. e.:t nJt.ue.:tue.ux e.ntJr..e.-
tie.YL6 qu'ili on-t b-i.e.n voulu. m' ac.c.otLdeJt, le.~ doc.LUne..nU qu'ili m' on.:t 0nnvr.t.6
e.:t l~ e.nc.oUltage.ment4 c.onounû oYLt été :tout au long de. c.e. .:CJtavail. d'un
appoJt:t hur.e.mplaçable. pouJt moL
..... 1...
- A mu c.oUègu.u, aJrl.io ~ c.a.mevz.ade..6, GilbVLt Te.n.e.be. COULIBALY,
Oidi~ THEILLER, FOOIMEI, Go~a MEOOJ ... (p~oÜu~e.u.n4 d'E.P.S. ~ c.h~c.h~
e.n Sue.nc.e.~ de. l'action mobu:.c.e.) dont lu c.onoUt6 et le-ô c.Jl..U-i.qu.e..6,
le. ~ot.Lt-<.e.n ont été ~éue.ux..
- A Awa, Canme.n FABRE, po~ l~ ~e. te.c.hnique. ~ le~ ~o~e.n
mo~al c.onotaYlâ.
- A Ge.o~gu BARRES, ~ à. toM lu am-i du CEMEA, poU/:. l~
~ot.Lt-<.e.n.
- e.n6ht à. ma. 6am-LUe. [Rahman, R~M..th., Ab..<.bath, Ba,M-Utou,
Ge.ne.vi~e., El Hadj A. M. AOAMS, M~M, Eva, B~ile., Yve.~, Cath~e. .• )
à. mu c.amaJta.du ~ c.oUèguu d' E. P.S., aux e.n~ugna~,
aux. Uèvu et
étudian.t.,!l, aux d-<1te.c.te.u.n4 ~ d.iJr..e.c;tUc.e.~ d' étabw~e.me.Ylâ, po~ le.UM paJt-
tiupationo ~ le.~ Mu:tie.n.
1 N T R 0 DUC T ION
CONTRIBUTION DE L'ËnuCATION PHYSIQUE
ET DES SPORTS À LA FORMATION
DE LA JEUNESSE IVOIRIENNE
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LIBERIA
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Education Physique et Sportive qu~ es-tu ?
Education Physique et Sportive où vas-tu ?
Toi qui n'es qu'un reflet de l'infinie
diversité des hommes.
Education Physique et Sportive
pour ou contre l'éducation.
-
l
-
SOM MAI R E
PAGES
INTRODUCTION,
l
à X
PREMIERE PARTIE
LES PROBLEMES FONDAMENTAUX DE
L'EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE
(E,P,S,) EN COTE D'IVOIRE,
CHAPITRE 1 - LES BESOINS ACTUELS bE--lA'OOTE D'IVOIRE
'
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'-,
BILAN ET PERSPECT-tVË\\E;~ VLlE\\DE L'AN 2000
2
l
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1
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1. - INTRODUCTION.
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3
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2. - LES BESOINS FONDAMENTAUX.
:;~~~2;L~~ ~
9
2.1.-Lafaim.
9
2.2. - La santé.
11
2.3. - L'éducation: besoin d'école.
12
3. - BESOINS LIES A LA VIE URBAINE.
13
4. - BBSOINS RESULTANT DE LA "MODERNISATION",
14
5. - LA DIALECTIQUE DU SOUS-DEVELOPPEMENTS ET PRATIQUE DE L'EPS
PROBLEMES DE L'EPS DANS LA SITUATION IVOIRIENNE. QUE PEUT
L'EPS EN REPONSE A CES BESOINS?
16
CHAPITRE II - L'EPS IVOIRIENNE REPOND-ELLE AUX BESOINS
DU PAYS? FRAGILITE DE L'EPS IVOIRIENNE
30
1. - INTRODUCTION.
31
2. - L'EPS AVANT L'INDEPENDANCE (1960).
31
-
I I -
PAGES
2.1. - Les pratiques sportives ou corporelles durant
la période précoloniale.
33
2.2. - Implantation et organisation de l'EPS durant
la période coloniale.
35
2. 2. 1.
Avant 1930 : L'EPS e~opéenne aux e~opéen6.
35
2.2.2. - 1930-1945 : L'ouvent~e de t'EPS aux ~ndigèn~ 37
2.2.3. - 1946-1960 : L'a66~ation aux 6éd0tation6
6Jtanç.cu:.o e-6 .
38
3. - L'EPS APRES L'INDEPENDANCE (1960-1982).
40
3.1. - La structure administrative.
42
3. 1. 1. - S;t.'tUJU~e.6· pubi...{,q Ue.6 •
42
3. 1.2. - S:tJw.c;tWt~ pJUvée.6.
55
3.2. - Puissance et faiblesse du sport ivoirien.
56
3.2.1. - Le Jtôte économique du -6poJtt.
56
3.2.2. - Le -6poJtt, phénomène de -6o~été.
57
3.2.3. - Le -6poJt:t, une aMIe eÂ. un enjeu polJ;t.i.qUe.6.
59
3.3. - Dans le système éducatif, la part du pauvre.
60
3.3.1. - Le pO~-6 de t ' ~to~e : un to~d hêltilage
60
3.3.2. - La 6~bt~-6e de la pJt~que : ~n~660tence
eÂ. mé6~nce.
63
3.3.3. - E.P.S. da.n6 t'en6ugnement -6up~eUJt.
73
3.3.4. - La 6~bl~-6e du -6poJt:t -6co~e.
77
3.4. - L'E.P.S. en dehors de l'école: un soustdé-
veloppement général.
77
3.5. - Une sanction: les résultats internationaux.
80
CHAPITRE III - A LA RECHERCHE DES RESPONSABLES DE LA
FRAGILITE DE L'EPS IVOIRIENNE
93
1. -
INTRODUCTION.
94
2. - LE CADRE INSTITUTIONNEL: UNE OBSCURE CLARTE.
94
3. - LA RESPONSABILITE DE L'ETAT.
96
- III -
PAGES
3.1. - Impuissance budgétaire.
98
3.2. - Responsabilité politique.
102
4. - L'INCAPACITE DU MOUVEMENT SPORTIF.
103
5. - LA PRECARITE DES AUTRES INTERVENTIONS.
105
6. - DERNIER OBSTACLE: L'ABSENCE DE COORDINATION.
108
7. - CONCLUSION .: Il. , ABSENCE DE POLITIQUE SPORTIVE.
110
DEUXIEME PARTIE
PROPOSITION DE CHANGEMENT
POLIR
PREPARER L'AVENIR.
1 1 1
CHAPITRE IV- REFERENCE A CERTAINS SYSTEMES ETRANGERS
EPS DANS QUELQUES GRANDS PAYS MODERNES
112
1. -
DES ERREURS A EVITER.
113
1.1. - L'E.P.S. en Amérique Latine.
113
1.2. - L'exemple français.
118
1.3. - Les erreurs des Etats-Unis
130
1.3.1. - La co~ceptio~ gé~~ale.
130
1.3.2. - Le luxte ~~utLte.
133
2. - DES EXEMPLES A SUIVRE.
134
2.1. - La R.D. d'Allemagne.
136
2.1.1. - La co~cept~o~ 6o~damentale de l'EPS
137
2.1.2. - l mpoJda~ce du .6 poltt poWt toM.
138
2.1.3.
L' o!tgaJUoatio~ a~:tJtative.
140
2.1.4. - L'E.P.S. a l'école.
140
2.1.5. - La 6o!tmatio~ de.6 éducateWt.6 .6po4ti6.6.
145
2.1.6. - CO~dM~O~.
146
2.2. - La R.F. D'Allemagne.
147
2.2.1. - L'o!tga~atio~ gé~~ate de l'E.P.S.
147
2.2.2. - Le .6poJd a l'école.
149
2.2.3. - La 6oJtmatio~ de.6 éducateWt.6 phY.6~qu~.
151
2.2.4. - Le .6poltt poWt to~.
153
- IV -
PAGES
CHAPiTRE V - REFERENCE AUX METHODES ET TECHNIQUES
FORMES PEDAGOGIQUES.
157
1. - LES TECHNIQUES ET LES FORMES PEDAGOGIQUES.
158
1.1. - Les techniques.
158
1.2. - Les formes pédagogiques.
160
2. - METHODE HYGIENISTE OU D'INSPIRATION SUEDOISE (TISSIE, LING)
165
3. - METHODE MILITAIRE (AMOROS)
168
4. - METHODE NATURELLE (HEBERT).
170
5. - METHODE D'INSPIRATION SPORTIVE (de COUBERTIN)
174
5.1. - Les conceptions éducatives.
175
5.2. - Les conceptions pédagogiques.
177
5.3. - Les réussites de l'idée olympique.
180
5.4. - Les déviations de l'idéal olympique.
180
5.4. 1. - EMe.Wt-ô p-ô yc.ho.f..o gique..ô .
181
5.4. 2;~ - EMe.Wt pédagogique..
183
CONCLUSION.
186
TROISIEME PARTIE
REFERENCE AUX ORIENTATIONS ACTUELLES
DE L'EPS EN FRANCE: TROIS OPTIONS
FONDAMENTALES.
188
CHAPITRE VI - LES ENSEIGNANTS D'EPS.
189
INTRODUCTION.
190
1. - LE BOULCH ET LA PSYCHOCINETIQUE.
191
2. - ROBERT MERANO ET LE COURANT PEDAGOGIQUE EMPIRIQUE.
196
3. - PIERRE PARLEBAS ET LES JEUX SPORTIFS.
209
4. - LES AUTRES ENSEIGNANTS D'EDUCATION PHYSIQUE.
212
- v -
PAGES
CHAPITRE VII: LES UNIVERSITAIRES
214
1. - L'UNIVERSITE DE TOURS: G. RIOUX. R. CHAPPUIS. R. THOMAS
215
2. - LES AUTRES UNIVERSITAIRES: M. BERNARD. M. BOUET. B. JEU.
J. THIBAULT. E. THILL. J. ULMANN. J. LECAMUS.
217
CONCLUSION.
220
QUATRIEME PARTIE
PROPOSITIONS CONSTRUCTIVES POUR
LES INSTITUTIONS ET SYSTEMES DE
COTE D'IVOIRE.
225
INTRODUCTION.
226
1. - ClDNSCIENCE CLAIRE DES CONTRAINTES.
227
2. - UNE DEFINITION· ,CLAIRE DES OBJECTIFS.
228
3. - REPARTITION CLAIRE DES RESPONSABILITES.
230
4. - SATISFACTION DES BESOINS NOUVEAUX.
231
CHAPITRE VIJI : DES MOYENS NOUVEAUX,
233
1. - LE SECOND SOUFFLE
234
1.1.
L'Etat
économie d'une réforme.
234
1
1.2.
Le mouvement sportif: changer l'esprit.
235
1.3. - Une démocratisation authentique.
236
1.4. - Une politique contractuelle entre l'Etat
et Res fédérations.
238
1.5. - Des structures de coordination au niveau
national.
240
1.6. - Assurer une meilleure coordination au niveau
local.
241
- VI -
PAGES
2. - L'ARGENT POUR LE SPORT.
243
3. - LES EQUIPEMENTS: DU VERT DANS LA CITE.
245
3.1. - La politique actuelle de l'Etat en matière
d'équipements sportifs.
245
3.2. - Rôle des collectivités locales dans le
développement des équipements sportifs.
246
3.3. - Trois axes pour un approfondissement de la
politique des équipements.
247
3.3. 1. - PoU!!.. Url emplo-i. p.f.lL6 -6 Ue.cti6 du -6ub ve.n-
tiOY1-6 de. f..' Etat.
247
3.3.2. - POU!!.. une. mUUe.Wte. pwe. e.n c.ompte. du
é.q U-<-pe.me.nt6 da.Y1-6 .ta. plan-i.6.ic.a.tio rL U!!..ba..iYLe..
248
3.3.3. - PoU!!.. une. c.onc.eJtta.tion a.ve.c. lM gltoupe.me.nU
et lu 6é.délt.a.UoY1-6.
249
4. - L'ENCADREMENT
UN ETAT D'ESPRIT ET DES HOMMES.
249
4.1. - La promotion indispensable du bénévolat.
250
4.2. - Le corps de techniciens du sport.
252
4.2.1.
Lu éduc.a.te.LL!! -6poJtti6-6.
253
4.2.2. - Url C.Oltp-6 de. C.OY1-6UUe.ll.-6 te.c.hn.ique.-6.
253
4.3. - Une politique tous "azimuths" d'utilisation
des compétences.
255
4.4. - Organisation d'une véritable médecine spor-
tive.
256
CHAP ITRE IX
PAS n'EDUCATION SANS SPORT,
258
1. - INTRODUCTION.
259
2. - RECONCILIER SPORT ET EDUCATION.
259
3. - L'EDUCATION SPORTIVE, CHANCE DE L'ECOLE.
262
- VII -
PAGES
3.1. - Ses divers aspects.
262
3.2. - Un contenu rénové.
265
3.3. - Sport de l'école, écoles de sport
un faux
prob lème.
267
3.4. - L'optionnel, quand nécessité fait loi.
268
3.5.
Ouverture limitée, mais nécessaire.
268
3.6. - Une priorité, l'école primaire.
269
3.7. - Les enseignants d'EPS: un problème de corps
plus d'individus
271
3.8. - Moduler la carrière.
272
4. - LES RYTHMES SCOLAIRES: UNE QUESTION DE TEMPS.
273
5. - L'EDUCATION SPORTIVE DE LA MATERNELLE A L'UNIVERSITE.
275
CHAPITRE X
L'ELITE, AFFAIRE D'ETAT
277
1. - UNE FONCTION NECESSAIRE.
278
1• 1• - Raisons poli tiques.
278
\\. 2.
Raisons économiques.
278
\\. 3. - Raisons sportives.
279
2. - UN PROBLEME SPECIFIQUE.
280
3. - LA RESPONSABILITE PARTICULIERE DE L'ETAT.
281
3.1.
Qui est responsable.
281
3.2. - ~n objectif : gagner.
283
3.3. - Organiser la détection.
283
3.4. - Assurer la formation.
285
4. - L'INDISPENSABLE STATUT DE L'ATHLETE.
287
5. - CONCLUSION: UN CONTROLE PLUS ETROIT DE L'ETAT.
288
- VIII -
PAGES
CHAPITRE X : LE SPORT, AFFAIRE DE TOUS,
290
1. - INTRODUCTION.
291
2. - CONDITION DE LA VIE SOCIALE ACTUELLE ET DEVELOPPEMENT
DE L'HOMME.
292
2.1. - La dité contre le ~port.
292
2.2. - L'aménagement du temps.
293
2.3. - La responsabilité individuelle de chacun
clé de toute action.
294
2.3.1. - L'int~êt médieal.
294
2.3.2. - L'~nt~êt ~oeial.
295
3. - LE MOUVEMENT SPORT POUR TOUS.
296
3.1. - Création du mouvement.
296
3.2. - Les chances du sport pour tous en Côte
d'Ivoire.
298
3.2. 1. - Une. po.ü...tique. du pe.:ti:tô pao.
298
3.2.2. - Un gJta.nd bond e.n avant : donneJt ciJr..o,i.-t de.
uté au ~polLt.
299
4. - L'ORGANISATION DU SPORT POUR TOUS.
302
5. - LES ACTIONS A ENTREPRENDRE.
305
5.1. - Des actions spécifiques.
305
5. 1. 1. - Le. ~poJLt daM la. v~e. pltO 6~.6~onneU.e..
305
5.1.2. - Le. ~polLt et la. 6e.mme..
308
5.1.3. - Aubtu aetioM ~péuMquu.
309
5.2. - Une campagne Sport pour tous.
312
5.2.1. - CltéeJt et développe.Jt UYl. mouveme.nt d'op~~on
312
6avoJta.ble. au SpolLt pOUlt toM.
5 .2.2. - Pltévo~ du ~.tlLClctU/tU adaptéu.
313
5.2.3. - Ouve.JttU!te. du équipe.me.nt.6 :t!ta~nne.t.o.
315
5.2.4. - Folt~n de. pe.Jt.6onnel d'~n.
316
5.2.5. - F~e. du ~polLt UYl.e. 6ê:te. 6a.m..iLi.a.le..
318
6 .~- CONCLUSION.
318
- IX -
PAGES
CONCLUS ION GENERALE,
322
BIBLIOGRAPH 1E,
330
1. - OUVRAGES RELATIFS AUX PROBLEMES DU TIERS-MONDE.
331
1.1. - Ouvrages relatifs au Tiers-Monde en général.
331
1. 2. - Ouvrages relatifs à l'Afrique.
331
1. 3. - Ouvrages relatifs à la Côte d'Ivoire.
333
II. - OUVRAGES RELATIFS A L'EDUCATION.
334
2.1. - Problèmes de l'éducation dans le monde.
334
2.2. - L'éducation en Afrique et en Côte d'Ivoire.
338
III. - OUVRAGES RELATIFS A L'E.P.S.
341
3.1. - E.P.S. à l'étranger.
341
3.2. - E.P.S. en Afrique et en Côte d'Ivoire.
349
IV. - REVUES ET PUBLICATIONS.
351
ANNEXES.
354
Annexe l - Présentation de la
Côte-d'Ivoire (population)
355
Annexe II - E.P.S. en Côte d'Ivoire (textes, décrets, budget,
résultats sportifs ... )
374
Annexe III - E.P.S. à l'étranger.
432
Annexe IV - Organismes, organisations internationales d'E.P.S.
449
Annexe V ~ Texte du questionnaire de notre enquête.
466
1 N T R o D u c T 1 o N
CONTRIBUTION DE L'E.P.S. A LA FORMATION DE LA JEUNESSE IVOIRIENNE.
Un match de foot-ball de coupe d'Afrique a plus de chance de mo-
biliser l'opinion publique ivoirienne que bien des débats politiques ou des
questions de défense nationale.
Les Ivoiriens s'intéressent en effet au sport. Ils en parlent.
Ils s'enthousiasment à son sujet. Ils lisent avec assiduité les rubriques
sportives des journaux.
Le sport est devenu un phénomène des temps modernes. Du plus petit
pays d'Afrique aux plus grands d'Europe, d'Asie, d'Australie ou des Améri-
ques, les peuples semblent communier et communiquer par l'intermédiaire du
sport. A ce titre, il favorise le rapprochement des pays riches ou pauvres
quel que soit le régime. Avec la division du monde en deux blocs socio-
politiques, les rencontres internationales se transforment de plus en plus
en "Jeux de Cirque" semblables à ceux de l'antiquité, en confrontation idéo-
logique et en une sorte de démonstration du meilleur système socio-politique.
Les résultats acquis au niveau de ces compétitions servent également de
baromètre pour mesurer le degré de développement du sport et les qualités
physiques et sportives des populations de chacun de ces pays. Un grand nom-
bre d'entre eux, ceux qui sont en voie de développement, notamment la
Côte d'Ivoire, semblent accuser un retard considérable, non par faute d'avoir
cherché des stratégies de développement ou faute d'avoir des sportifs "doués",
de haut niveau. Leur retard provient de l'insuffisance des moyens matériels
et financiers considérables qu'exige la compétition, disent les uns, de la
qualité de leurs techniciens, disent les autres, de l'inadaptation des
structures, de l'imprécision des textes et de la conception d'un sport édu-
catif de masse, de l'inefficacité du dirigisme modulé préconisé par l'Etat,
disent enfin les autres.
La Côte d'Ivoire, grisée par les performances dignes d'éloge de
ses enfants peu avant son accession à l'indépendance, a tenté réformes sur
réformes pour se hisser au niveau des meilleurs sur le plan continental ou
international. Mais hélas, malgré la suprématie de la base, de l'athlétisme,
les performances de nos lutteurs traditionnels, on ne peut hésiter à affir-
mer à l'unisson avec la plupart des responsables du sport
que le sport
ivoirien est malade.
- I I -
1- LE PROBLEME
Nous avons été une "vedette" nationale en athlétisme et avons
l'habitude de la pratique sportive d'amateur et de haute compétition. Nous
sommes actuellement professeur de sciences de l'Education et professeur
d'Education Physique et Sportive (E.P.S.). Depuis 1970, nous nous préoccu-
pons des problèmes, des méthodes de l'éducation, notamment de l'E.P.S.,
dans les pays colonisés, sous-développés du Tiers-Monde (pays africain:
Côte d'Ivoire).
Le sous-développement général, l'inadaptation et l'incompréhension
des méthodes, des techniques, des moyens, des structures •.. directement em-
pruntés aux pays occidentaux dont les cultures et le type de société diffé-
rent totalement des nôtres, semblent avoir entraîné un retard, des échecs
dans bien des domaines en Côte d'Ivoire, notamment en E.P.S. Cela nous pa-
raît irrecevable
pour la plupart de la population. Aussi est-il d'intérêt
de revoir et de connaître la place de l'E.P.S. dans l'éducation, le classe-
ment des activités physiques et sportives selon les finalités auxquelles
elles sont particulièrement adaptées ; le rôle et la fonction du professeur,
du technicien de l'E.P.S. ; l'organisation d'un programme d'enseignement
(une politique sportive) en accord (ou non) avec les objectifs et tenant
compte (ou non) du temps et du lieu de sa pratique (environnement socio-
culturel, économique). C'est ainsi que l'idée nous est venue d'étudier si et
comment l'E.P.S. peut contribuer à la formation de la jeunesse ivoirienne
(même africaine).
Loin d'une attitude de contre dépendance dont les conséquences ne
peuvent être que subjectives, partisanes et néfastes, nous avons choisi l'at-
titude critique qui consiste à analyser sans complaisance les problèmes, les
réalités ivoiriennes, les responsabilités des différentes parties intéressées
par la promotion du sport: l'Etat, les collectivités locales, le mouvement
sportif, le personnel enseignant. "Le sport, écrivait Henry de MONTHERLANT,
est ce que font ou ce que leur permettent d'être les pouvoirs publics! ... " (1)
A l'issue de ce diagnostic de la situation actuelle (1960-1982), il
sera nécessaire de présenter des propositions susceptibles de faire sortir le
(1) H. de MONTHERLANT c,Ué pail. G. ENAULT, et CoU.
: Le .6poltt en FJta.nc..e
&[-
.fun et peJL6 pe.di.v e. - PaJt.Â.,6, BeJr.g eJr.- Le.v/tauLt, 19r9, p. 1Z•
- III -
sport ivoirien de l'ornière dans laquelle il est embourbé. Il ne s'agit en
aucune facon d'élaborer de vastes catalogues de réformes ou de mesures qui
ne pourraient apporter que des solutions partielles sur des points limités.
Il s'agit bien au contraire de renverser les tendances actuelles
en présentant un projet capable de donner au sport une signification et une
place nouvelles.
D'une activité de spécialistes pratiquée par des athlètes de haut
niveau ou d'une activité d'amateurs pratiquée de façon "confidentielle" dans
les clubs, le sport doit devenir un élément essentiel dans l'épanouissement
de chacun, qu'il s'agisse de l'enfant, de l'adulte, de la personne âgée ou
encore du handicapé.
Une promotion efficace des activités sportives suppose la mise en
place de moyens plus importants au service du sport, moyens en personnel et
en équipements, ainsi qu'une meilleure collaboration entre les différents
intéressés: l'Etat, les collectivités locales et le mouvement sportif.
Faire réellement du développement du sport une obligation nationa-
le, c'est attribuer au sport la place qui lui revient, et cette place est
noble. Redonner de cette manière une dignité au sport, c'est participer à
la dignité de l'homme ivoirien, de l'homme africain ••.
II- LES NOTIONS
Tout au long de cet ouvrage, l'Education Physique et le Sport
(l'E.P.S.) sont essentiellement étudiés dans le cadre général d'une concep-
tion de l'Education, qu'il est indispensable de présenter dès maintenant.
L'Education est l'action d'un individu, d'un groupe (famille) ou
d'un milieu social, sur un autre individu, pour le former, ou bien l'action
de l'individu sur lui-même" (auto-éducation) pour se former par l'expérience
même de la vie. Elle va au-delà de la simple maturation, expression de ce
qu'il y a d'inné, d'inscrit dans les gènes de chacun; et au-delà aussi de
la socialisation, adaptation à un milieu social déterminé. Elle est, doit
être, aussi une création, combinaison nouvelle, originale, des matériaux
fournis par la nature et par la société, affirmation d'une autonomie, d'une
- IV -
personnalité; car l'homme a un besoin profond d'aller toujours au-delà de
l'Etat du moment.
La mission de l'éducation est de permettre à l'homme de rassembler
en lui des chances accrues pour une V1e plus saine et plus intense sur le
plan biologique, plus riche intellectuellement et affectivement, plus effi-
cace socialement. Le but ultime est d'élever les possibilités d'un bonheur
individuel fondé sur l'expression libre et complète de la personnalité et le
sentiment de contribuer, même dans une infime proportion, au bonheur des
autres et aux progrès de l'humanité. Tels sont les idéaux qui caractérisent
et ennoblissent la condition humaine.
Dans ce contexte, nous pensons que l'éducation physique et le
sport (l'E.P.S.) peuvent jouer un rôle relativement important, justement
parce que ces activités s'appuient fondamentalement sur ce besoin d'épreuve
de soi et de dépassement.
Il Y eut des querelles au niveau de la terminologie internationa-
le de l'éducation physique et du sport~ en fonction du temps, du lieu et des
aspirations personnelles des auteurs : GYmnastique, Education physique,
éducation corporelle, éducation par le mouvement, éducation sportive, psy-
chomotricité, sport •••• Chacun de ces termes a été critiqué et complété,
c'est pour cela que nous préférons le
terme "éduca"tion physique et sport"
qui a un sens plus global, et s'intègre dans une perspective éducative
(éducation par les activités physiques et sportives). C'est dans cette pers-
pective générale qu'il nous arrive, le long de cet ouvrage, d'utiliser l'un
de ces termes: ce n'est donc pas dans un sens exclusif, restrictif.
Pour nous l'Education Physique (E.P.) traditionnellement reservée
à l'école, est dépassée, mais elle est aussi éducative que le sport qui a
tendance à la remplacer, et qui se pratique dans les clubs.
Ni l'E.P., ni le sport ne doivent être exclusifs. L'Education
physique (E.P.) est "l'élément de l'éducation qui utilise d'une manière sys-
tématique les activités physiques et l'influence des agents naturels (air,
soleil, eau) comme moyens spécifiques" (1). Cela est complété par l'influence
(1) Mani6e.6.te. monciutt de. e' Educ.a-tion Phy.6,[que. Ua.bOlté pM .ta. FédêJLa-tion lY1..tVt-
rr.a.t..i.onai. de. .e.' Edu.c.a-tion Phy.6,[que. (FIEP), ci.té pM SEURIN, P. : op. W.
p.
19.
- v -
des agents socio-culturels, économiques qu'apporte le sport.
Le sport serait
- jeu, c'est-à-dire activité libre ne poursuivant aucun but uti-
litaire, mais qui se développe dans le cadre de règles précises ;
- lutte, ou compétition contre un opposant
l'adversaire le
temps, l'espace, l'obstacle, en vue d'une victoire
effort intense, pour un dépassement de soi, une performance,
un record
- "jeu de prouesse". "Ça c'est du sport!" est l'expression popu-
laire de cet engagement extrême.
Si un de ces caractères fai~ défaut, nous devrions considérer
qu'il n'y a pas de sport, et nous classerions alors, par exemple, le sport
professionnel parmi les métiers (comme ceux du cirque ou du théâtre) et les
activités physiques peu intenses ou sans compétition, telles que certains
jeux de boules et la promenade, parmi les activités recréatives ou hygiéni-
ques.
Quant à la notion de jeunesse, nous l'entendons au sens africain,
un sens général
en Afrique, on est jeune, tant que les parents vivent et
décident tout pour vous. Donc l'âge est pratiquement illimité: ce qui nous
amène, grosso-modo, à considérer dans cet ouvrage, le développement de la
personne (ivoirienne) depuis l'enfance à la mort.
111- LES HYFOTHESES
L'E.P.S. peut contribuer à la formation de la jeunesse africaine,
notamment ivoirienne, en s'adonnant à deux types de visées (1)
: les visées
(1)
LOUIS NOT [op. cJ.;t.) défri.tUt.tu v,u, éu, comme. du oJL.i..e.ntatioI16 vo.ton-
:tct.Utu d'une. a.mo n 0 u d'Url pttoc U.6 lU> veJt,O W'l. 0 bj e:t OU l.LYL po-i..nt à. a.:Uun-
cilLe. -
pail e.x.te.l16-i..on cd objd ou ce. po-i..nt ; a..tOM que..tu obje.m6.6 .6on-t
.tu compolt-teme.J1:t6 dont .t' Uève. doU we. ca.pa.b.te. a.u .:teJtme. de. .6on a.ppILe.n-
W.6~g~. Pail e.x.te.~-i..~n, ce. .6ont .tu compoJt..:te.me.nt6 que. .t'on pttopO.6 e. pOWL
a.cq UVL.Ul. cu ca.pa.U.:te.o.
- VI -
spécifiques à l'E.P.S., et les visées générales et communes à d'autres dis-
ciplines.
1. Les visées spécifiques
1.1
L'E.P.S. est capable de contribuer au développement physique de la
personne (éducation hygiénique, fonctionnelle).
1.2
Elle peut assurer l'éducation du mouvement et des gestes, le dévelop-
pement organique et foncier : vitesse, adresse, résistance, effort, enduran-
ce, force, précision).
1.3
Elle peut contribuer au développement psychomoteur: maîtrise corporel-
le, maîtrise du tonus, latéralisation, structuration spatio-temporelle,
motricité d'expression et de communication,).
1.4
Elle peut contribuer au développement socio-culturel (loisirs, cer-
taines pratiques spectacles, sport, jeux collectifs, danses, folklores) et
à la maîtriser des relations à autrui (le sport est collaboration, mais
aussi opposition et coopération).
2. Les visées générales et communes à d'autres disciplines:
2.1
L'E.P.S. peut contribuer à la formation de la personne ivoirienne
(voire africaine) : autonome, épanoui, capable, esprit critique et d'ini-
tiative, consciente de ses capacités et possibilités, persévérante.
2.2
Elle peut contribuer à la formation politique et sociale (accession à
l'indépendance, à l'autonomie, à l'identité, à la personnalité, à l'affir-
mation de soi et du pays, pratique de coopération, de solidarité, de paix).
2.3
Elle peut contribuer au développement socio-économique (réduction des
maladies, augmentation de la productivité et du niveau social).
IV- LA METHODE
Notre but est de vérifier si les différentes analyses des documents,
- VII -
des programmes, des Instructions Officielles, des grands courants de lIE.P.S.
permettent de conclure que lIE.P.S. est adaptée (ou non) aux besoins actuels
et effectifs de la Côte dllvoire, et s~ elle contribue (ou non) à la forma-
tion de la jeunesse d'aujourd'hui.
Pour ce faire nous distinguerons deux niveaux de la méthodologie.
1. Etude des documents
Nous avons fait une :
1.1
analyse théorique des ouvrages écrits sur la réalité des
pays du Tiers-Monde (Afrique), notamment celle de la Côte d'Ivoire;
1.2
analyse théorique des programmes d'enseignement, des Ins-
tructions Officielles (les 1.0.) de la Côte d'Ivoire, de la France, de cer-
tains pays étrangers (E.U., URSS, Allemagne de l'Est et de l'Ouest, etc ••• );
1.3
analyse des grands courants de l'E.P.S.
courants anciens
et courants modernes.
1.4
Nous avons organisé la bibliographie de base à partir des
renseignements demandés à l'Institut National de la Recherche Pédagogique
(I.N.R.P.), à l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (I.N.J.S.),
à l'Ecole Normale Supérieure de l'Education Physique (E.N.S.E.P.) au Centre
J
National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S.) au Bureau International de
l'Education (B.I.E.-UNESCO), dans les ministères (Jeunesse et Sports, Fi-
nances et Planification, etc.
) dans les librairies ••••
2. Enquête
Il s'agit des discussions, des enregistrements, des entretiens,
de questionnaire portant sur la facon dont l'E.P.S. est assurée en Côte
d'Ivoire en vue de dégager des propositions de réforme (transformations,
innovation).
Il s'agit de savoir
- comment les gens (enseignants, élèves, familles, responsables
politiques, des clubs et des fédérations, sportifs, paysans, non-scolarisés
etc ..• ) se représentent la contribution de l'E.P.S. à la formation de
l'Ivoirien?
- VIII -
- comment ils voient et jugent la pratique actuelle de l'E.P.S. ?
- ce qu'ils souhaiteraient comme transformations pour que l'E.P.S.
réponde à ce qu'on peut en attendre?
Nous avons fait un préquestionnaire découlant d'un enregistrement
d'un groupe d'entretien sur l'E.P.S., dirigé par M. HOUPHOUET-BOISSY,
AGBOVILLE 19-02-1980.
Ce préquestionnaire a permis d'établir un questionnaire qu'on a
d'abord fait passer à 25 personnes, puis à 100. Nous avons été déçu parce
que la plupart des réponses ne nous ont pas été retournées (25 sur 125). Il
paraît que c'est l'habitude ici.
Ce questionnaire, support de l'enquête, est destiné à vérifier
concrètement ce que l'analyse précédente des documents a mis en évidence.
(Voir les types de questionnaire dans notre annexe p
).
V- LE DOMAINE EXPLORE
La thèse se compose de quatre parties
10 La première e'st consacrée à l'étude des grands problèmes de
l'Education Physique et Sportive (E.P.S.) en Côte d'Ivoire. Ils sont d'or-
dre philosophique, scientifique et administratif, c'est-à-dire que de leurs
solutions dépend, en grande partie, l'orientation de la politique nationale
de l'Education Physique et du Sport. A côté d'eux les problèmes techniques
et pédagogiques, très à la mode aujourd'hui, sont aussi mentionnés.
Au chapitre l, nous avons étudié les besoins actuels et effectifs
de la Côte d'Ivoire (besoins de santé, d'hygiène, d'école, de loisirs, de
repos, de spectacle, problème de famine). Nous les avons envisagés dans la
perspective de l'an 2000.
Au chapitre II,nous avons procédé à l'analyse de l'Education Phy-
sique et Sportive ivoirienne. L'E.P.S. actuelle répond-elle aux besoins de
la Côte d'Ivoire? Pour répondre à cette question, nous avons examiné
l'E.P.S., depuis l'époque précoloniale jusqu'à aujourd'hui, et avons constaté
- IX -
la fragilité de l'E.P.S. ivoirienne.
Au chapitre III, nous avons recherché les responsables de cette
fragilité de l'E.P.S. ivoirienne: le cadre institutionnel, l'Etat, le mou-
vement sportif, les collectivités locales, les entreprises, les particuliers.
* 2. La seconde partie commence à rendre compte des propositions
de changement pour mieux préparer l'avenir de l'E.P.S. en Côte d'Ivoire.
Au chapitre IV, nous avons fait référence à certains systèmes
-étrangers, et nous avons indiqué les erreurs à éviter(l'E.P.S. en Amérique
Latine, en France, aux Etats-Unis) et les exemples à suivre. (la R.D.A.,
la R.F.A.).
Au chapitre V, nous avons également fait référence aux méthodes
techniques, formes pédagogiques traditionnelles et nouvelles (militaire,
d'AMOROS, hygiéniste de LING, ~e NIELS BUCKS, naturelle de HEBERT, sportive
de de COUBERTIN) et nous pensons qu'elles sont com~mentaires et ne s'oppo-
sent pas comme on le croit trop souvent.
* 3. La troisième partie fait également référence aux orientations
actuelles de l'E.P.S. en France.
Au chapitre VI, nous étudions les apports des enseignants d'E.P.S.:
la psychomotricité de Jean LEBOULCH, la sociomotricité de MERANO, la psy-
chosociomotricité de PARLEBAS ne s'opposent pas, mais se complètent, nais-
sent d'une même source, la conception de l'éducation intégrale et totale de
la personne (notion de l'unicité de la personne).
Au chapitre VII, nous montrons aussi la convergence des travaux
de certains universitaires (RIOUX CHAPPUIS, THOMAS de l'Université de Tours,
M. BERNARD de l'Université Paris X, M. BOUET de l'Université de Rennes, B.
JEU de l'Université de Lille, J. THIBAULT de l'Université de Bordeaux, J.
ULMANN de l'Université de Paris l, J. LECAMUS de l'Université de Toulouse
II ... ) .
* 4. La quatrième partie traite des propositions constructives pour
les systèmes et les institutions en Côte d'Ivoire. Cela suppose une cons-
cience claire, une définition sélective des objectifs, une répartition claire
des responsabilités de l'Etat, du mouvement sportif, des particuliers, une
- x -
satisfaction des besoins.
Au chapitre VIII, nous étudions les moyens nouveaux pour l'E.P.S.
de l'argent, des équipements, de l'encadrement, un état d'esprit à changer,
la nécessité d'un droit sportif.
Au chapitre IX, nous réconcilions le sport et l'éducation. L'édu-
cation sportive (ou l'éducation par les activibés physiques et sportives)
est la chance de l'école, de la maternelle à l'université.
Au chapitre X, on se propose de montrer que le sport d'élite est
l'affaire d'Etat (sa responsabilité particulière) qui doit davantage le
contrôler, trouver l'indispensable statut de l'athlète.
Au chapitre XI, nous considérons le sport, comme l'affaire de
tous. Le mouvement Sport pour tous (avec la possibilité de concilier le
sport d'élite et le sport de masse) est nécessaire pour l'avenir et le
développement de l'homme ivoirien.
Par ailleurs, dans un chapitre intitulé ANNEXES, nous donnons
des renseignements complémentaires sur la présentation de la Côte d'Ivoire,
sur les textes officiels, les chiffres de l'E.P.S. ivoirienne, sur certains
systèmes éducatifs étrangers, sur les organismes et organisations interna-
tionales, sur le texte du questionnaire de notre enquête.
-
l -
PRE MIE RE
PA.RTIE
PROBLEMES
FONDAMENTAUX
DE
L'EDUCATION
PHYSIQUE
ET
DES
SPORTS
EN
COTE
D'IVOIRE
- 2 -
CHA PIT RE PRE MIE R :
LES BESOINS ACTUELS DE LA COTE D'IVOIRE
BILAN ET PERSPECTIVE EN VUE DE L'AN 2000.
- 3 -
1 -
INTRODUCTION
Les besoins de la Côte d'Ivoire dépendent d'un ensemble de situa-
tions environnementales globales dont il faut tenir compte. C'est pourquoi,
il nous parait intéressant de répondre à cette question "Connais-tu mon
beau pays, la Côte d'Ivoire ?" Il s'agit ici de donner un bref aperçu des
réalités ivoiriennes, importantes, nécessaires à la compréhension de notre
travail, sans pour autant perdre de vue que notre première préoccupation,
pour ainsi dire, est l'Education Physique et sportive en Côte d'Ivoire.
Remarquons que, pour plus d'informations, une mention particulière sur la
présentation générale de la Côte d'Ivoire est faite en annexe.
Colonisée par la France, devenue indépendante depuis le 7 Août
2
1960, la Côte d'Ivoire(I), s'étend sur 322 463 km
; elle se présente comme
un quadrilatère de 500 à 600 kilomètres de côté, situé en Afrique de l'Ouest,
limité au sud par le Golfe de Guinée, à l'Est par le Ghana, au Nord par la
Haute-Volta et le Mali, à l'Ouest par la Guinée et le Libéria. Voici de fa-
çon beaucoup plus succinte d'autres renseignements concernant la Côte d'Ivoi-
re :
- Population : 7 300 000 habitants (dont 60 groupes ethniques et
un quart d'étrangers immigrants: Maliens, Voltaiques, Guinéens, Libano-
syriens, près de 60 000 Français).
- Princi pales re ligions : animis te (65%), is lamique, chré tienne.
- Capitale: Abidjan (après Grand-Bassam et Bingerville).
- Principales villes
Bouaké, Daloa, Man, Korhogo, San-Pédro,
Yamoussoukro.
- Langues: Français (langue officielle), dioula, baoulé, bété .•.
- Régime politique : présidentiel
- Parti unique
Parti démocratique de Côte d'Ivoire section du
Rassemblement démocratique africain
(P.D.C.I. - R.D.A.).
- Chef de l'Etat: FELIX HOUPHOUET BOIGNY (depuis le 27 novembre
1960) .
(l)
: BOURGES, Ho et WAUTHIER,
C.
: Les 50 Afriques. Tl Préface de J.KI-
ZERBO. Paris, SeuiL, 1979 p. 549 à 570.
- 4 -
GP.A Pl-l\\ QUE tJ;. 2
~
COTE D'IVOIRE
CARTE DES DÉP.4RTE.HENTS ET DES 50 r..;S.PRÉFECTUP..ES
" J Départements
J ) Sous ?rMecturas
(
50UTC.Q.
- 5 -
- Etat membre: Conseil de l'Entente, UMOA, CEAO, CEDEAO, OCAM,
O A C
.
.
d
fI
N'
(1)
, . , 1
C
U,
omm1SS1on
u
euve
1ger
,aSsoc1at10n a
a
EE.
- Monnaie: Franc C.F.A. (0,02 FF).
- Produit national brut par habitant: 4 400 FF (1977),
- Principales ressources: Café: 290 000 T (1977) ; Cacao
233 000 T (1977) ; Huile de palme: 145 000 T (1976) ; Bananes 210 000 T
3
(1975) ; Ananas: 212 000 T (1976) ; Bois: 4 000 000 m ; Diamants:
60 139 carrats (1976) ; Pêche: 85 000 T (1976).
- Energie Electrique: 1,211 milliard de KWH (1977).
Commerce Extérieur
- exportation
404 milliards de francs CFA (1977)
- importation
304 milliards de francs CFA (1977).
Enseignement :
- primaire
000 000 (1978)
- secondaire
101 500 (1978)
- Supérieur:
8 500 (1977).
- Taux de scolarisation : 77% mais importante déperdition scolaire
2
due
à l'existence de filtres sucessifs (1/4 des élèves du CM
entre en 6eme;
cette proportion est de 1/5 seulement si l'on ne considère que l'enseignement
public) ; exode rural, chômage(2).
Notre étude montre, en conclusion, que la Côte d'Ivoire est un
pays sous-développé, et comme tous ces pays du Tiers-monde, elle souffre
d'un certain nombre de maux :
- d'ordre historique: La colonisation avec ses suites de dépen-
dance, de subordination économique, diplomatique, culturelle (aliénation
sociale et culturelle) ;
(1)
Voir les principales organisations africaines en annexe~ Texte N° 2
(2)
Source: Education .Yationale. Direction des Statistiques. Chiffres de
1977, p. 25.
- 6 -
- d'ordre physique ou spatial:
territoire national mal intégré
par déficience des insfrastructures de communication et de circuits écono-
miques (régionalisme, tribalisme perturbant l'existence d'une véritable
.
nation) ; cataclysmes naturels (inondation, sécheresse etc.) et leur effet
psychologique sur la société ; maladies humaines et épizootie à effets dé-
bilitants et réduisant la capacité de travail des Ivoiriens. Disparités
entre régions: la prédominance d'Abidjan se traduit par une concentration
des 3/4 des entreprises, et des emplois des secteurs modernes, de plus de
40% des effectifs de l'administration, de la quasi totalité des directions
des sociétés publiques, parapubliques et privées; et les conditons de vie
les revenus globaux agricoles de la zone forestière s'élevaient à 77,1
milliards de F CFA en 1975, la même année, ceux de la zone de savane s'éle-
vaient à 8,5 milliards de F CFA; la région Sud dispose d'un lit d'hopital
pour 600 habitants, la région Nord d'un lit pour 1100 habitants. Le taux
de scolarisation est de 69% en région Sud, et de 28% en région Nord. Les
professions agricoles (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, forestiers) absor-
bent 71% de la population active. (1)
- touchant des faits de consommations et de production économique
malnutrition, dépendance pour des produits de consommation importés, âpreté
du travail et absence de loisirs, et de repos, basse productivité.
- d'ordre démographique ou_sociologique: taux très élevé de la na-
talité, de fécondité (51% en 1965 et 1975), de mortalité infantile (28,3% en
1965 et 23% en 1975) (cf. Education Nationale. Commission Nationale UNESCO.
Direction des Statistiques. Abidjan 27-30 Juin 1978 p. 18, 19,20), d'inac-
tifs(chômage). Les programmes de protection maternelle et infantile (sani-
taire) ont pour effet essentiel d'augmenter la fécondité, et on est en droit
de supposer que la mortalité a baissé depuis 1975. Notons aussi l'importance
de la jeunesse de la population, de très violentes inégalités sociales (re-
venus moyens et niveaux de vie sont bas
différence très marquée entre
femme et h~mme, entre ville et campagne
voir en annexe tableaux N° 17 à
24 p. 364 à 373 et graphiques nO 3 à 6 p.360,365,368,372) ; taux très élevés
d'analphabètes; défectuosité de l'équipement sanitaire et de l'aide sociale.
(1)
Voi~ Education Nationale. commission Nationale po~ l'UNESCO. Di~ec
tion des statistiques. AbidJan 27-30 Juin 1978 p. 7 ou Di~ection de
la Planification 1975-1980. Volume III p. 579 Sq.
- 7 -
Il peut paraître illogique de ne pas attirer l'attention sur la
complexité des réalités (matérielle, sociale, culturelle etc.) de la Côte
d'Ivoire. Les exposer n'est pas chose facile, et Iton court toujours le
risque d'en appauvrir le mouvement dialectique. La charge s'accroît encore
lorsqu'il s'agit d'un thème aussi central que les besoins de la Côte d'Ivoi-
re. L'explosion des besoins de ce pays, d'ailleurs relativement les mêmes
que ceux de tous les pays du Tiers-Monde, se combine aux effets de "l'explo-
sion démographique", qui lui est plus ou moins contemporaine. Même si la
Côte d'Ivoire, avec une densité peu supérieure à 20 habitants au kilomètre
carré, est encore, comme la plupart des pays africains, largement sous-
peuplée, elle connaît une véritable révolution démographique. Depuis un
quart de sièc le, son taux de progression annuel, inférieur à 1,5% avant la
seconde guerre mondiale, est passé à 1,9% dans les années 50, puis à 3%
dans les années 60, pour atteindre 4% dans les années 70, et 5,8% depuis
les années 80,(1). Cette situation de la mortalité infantile par suite de
l'éradication de certaines maladies épidémiques, a évidemment amené des
changements considérables dans la composition par âge de la population.
Sur 7 300 000 habitants, la Côte d'Ivoire compte plus de 50% de moins de 20
ans, contre à peine 5% de plus de 55 ans (l'espérance de vie à la naissan-
ce est de 37,5 ans en 1965, et 42,5 ans en 1975 ; cf Planquinquennal de
développement économique, social et culturel· 1976-1980. Volume III. Minis-
tère du Plan). Voici des tableaux d'estimation de la population (1905 à
2000).
TABLEAU
- Estimation de la population: Bourgoin, H et Guillaume, Ph.
Côte d'Ivoire, économie et société. Cartographie de GUY
Piomion. (Paris, Stock, 1979 po 189 , 190).
POPULATION
POPULATION
A N N E E S
A N NEE S
GLOBALE
GLOBALE
1905
1 500.000
1970
5 000 000
1945
2 400 000
1975
6 710 000
1950
2 628 000
1980
8 149 000
1960
3 500 000
2000
18 à 19 000 000
(1)
BOURGOIN, H. et GUILLAUME, Ph : Côte d'IvoiT'e, économie et société.
CaT'togT'aphie de GUY PlOMION. PaPis, Stock, 1979. p. 189 à 190.
- 8 -
(Les tahleaux suivants sont de source
'~lan Quinquennal
1986-1980". Volume III. Ministère du Plan :)
1975
1978
1980
1985
1990
5 204 000
5 653 000
5 975 000
6 859 000
7 875 000
TABLEAU 2
Estimation de l'accroissement naturel de la population ivoi-
rienne : taux moyen d'accroissement 2.8% par an.
1975
1978
1980
1985
Population ivoirienne
5 204 000
5 563 000 5 975 000 6 859 000
Population non-ivoirienne
1 .474 000
1 842 000 2 137 000 3 097 000
Population de nationalité
non déclarée
32 000
35 000
37 000
42 000
Ensemble de la pupulation
6 710 000
7 530 000 8 149 999 9 998 000
TABLEAU 3
- Estimation de l'accroissement global: le taux moyen d'accrois-
sement est égal à 4.0% par an pour le période 1975-1980, soit
un doublement de la population tous les 17 ans (en 2002, il Y
aura 19 996 000 habitants en Côte d'Ivoire). A la population
de nationalité non-déclarée (immigration clandestine). on
affecte 2;6% comme taux d'accroissement annuel moyen de la
population ivoirienne.
Si l'importance numérique de la jeunesse offre un gage favorable
pour l'avenir du pays, (1) elle pose néanmoins des problèmes complexes en ce
qui concerne l'évolution sociale, comme en ce qui concerne les efforts de
participation du plus grand nombre à la vie nationale. Et c'est cette évo-
lution sociale qui nous amène à étudier les besoins de la Côte d'Ivoire
(1)
Dans les pays du. Tiers-Monde d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Afrique, la
population est passée de 2 milliards d'horrmes en 1930 à 3 milliards
en 1960, à 4 milliards en 1975 ... pour approaher 7 à 8 milliards
d'horrunes dans une vingtaine d'années (af BOURGOIN, H et GUILLAUME,P.:
'op. e.-[t"~f· ~S9 a 190 ~
- 9 -
dans la perspective de l'an 20QO(ou du futur) afin d'avoir une vision tota-
lisante et globale, dialectique des multifacteurs (matériel, économique,
social. culturel, politique) impliqués. D'une part, la considération de ces
facteurs tient compte du temps présent,et passé qu'il faut dépasser:une
structure de solution pédagogique ou culturelle dégagée à partir des réali-
tés et des beoins d'un pays, ne peut être valable que si ses effets sont
positifs sur les jeunes d'aujourd'hui et surtout sur les jeunes de demain,
car le changement a besoin d'un temps d'installation avant de naître, et ne
sera appréciable que plus tard. Aussi faut-il bien construire les bases so-
lides de ce changement. D'autre part les besoins ne doivent pas être exami-
nés isolement: ils sont pluriels, multifactoriels, multiformes. Ils se
combinent entre eux, car résultant d'une dynamique relationnelle des problè-
mes ou réalités mouvantes et existantes en Côte d'Ivoire. Bref il faut en-
visager d'éduquer l'Ivoirien en l'adaptant aux multiples systèmes, aux
contextes situationnels, aux conditions de vie toujours changeantes dans le
temps et dans l'espace. Peut-être faut-il voir ici l'amorce d'une compré-
hension unifiante et unifiée des besoins de la Côte d'Ivoire dans la pers-
pective de l'an 2000 qui montre bien que nous voulons échapper à la fois à
l'illusion du réalisme (étude analytique pure)comme à celle d'un certain
idéalisme, car nous ajoutons aussitôt que le meilleur observateur - critique
est celui qui sait utiliser le plus de systèmes à la fois pour individuali-
ser et expliquer un fait. Notre étude des besoins ivoiriens doit révéler
les capacités intégratrices et les vertus heuristiques de la recherche d'un
thème pertinent, important, inquiétant aujourd'hui et qui le sera davantage
demain.
Après cette remarque sur notre démarche, voici à présent les
besoins de la Côte d'Ivoire.
2 - LES BESOINS FONDAMENTAUX 1
On distingue la faim (malnutrition et sous-alimentation), la santé,
l'école (l'éducation).
2.1. - La faim:
En Côte d'Ivoire, on ne peut pas parler de véritable faim
(sauf dans certaines régions surtout du Nord), mais la faim étant un phéno-
mène typique du Tiers-Monde, elle a sa place ici, bien que nous n'ayions pas
-
10 -
d'études exhaustives là-dessus en Côte d'Ivoire. Certes la sous-alimentation
semble être rare, mais la malnutrition est fréquente(I).
Les médecins, après avoir montré, il y a déjà longtemps, les con-
séquences de la sous-alimentation, et rappelé que le remède de nombreuses
maladies est d'abord dans la "casserole", viennent d'établir que la carence
en protéines a des effets particulièrement graves et irréversibles chez les
bébés au niveau du cerveau en réduisant le nombre des cellules de la matiè-
re grise et en limitant à jamais leur capacité intellectuelle.
On peut considérer que la so~s-alimentation chronique existe dans
les pays qui ne disposent pas en moyenne de 2 500 calories journalières par
habitant (2). Dans certaines régions rurales (surtout du Nord, et même dans
cer~in~s villes) d~ la Côte d'Ivoire, tandis que la disette avant la récol-
te/l.or~ ,4~f,:~a Péri~..\\e de soudure, est très sensible, les populations qui souf-
frèrit --alors de la~ :;aim, doivent effectuer les plus gros travaux : laboura-
. ,.
" '-' 1
ge ,'pâturage •••
,
"~':', : '
<~ux besoins énergétiques quantitatifs s'ajoutent les besoins
qualitatifs appelés la malnutrition caractérisée par les maladies de caren-
ce de vitamines, de sels minéraux, de protéines (principalement d'origine
animale,qui sont indispensables à l'entretien et à la constitution des tis-
sus. Ces insuffisances sont plus étendues, plus graves et, somme toute, plus
difficiles à pallier que l'insuffisance quantitative des rations: quantita-
tivement le rapport entre le régime alimentaire moyen le plus maigre et le
plus copieux est de l'ordre de 1 à 2 ; qualitativement il est de l à 5.
Face à ces réalités, la Côte d'Ivoire se doit de trouver des re-
mèdes urgents. L'enseignement et la pratique de l'EPS pourront entre autres
remèdes, particper à favoriser un bon régime alimentaire équilibré, __
(1)
Pour faire prendre conscience de Za gravité de Za situation~
Ze Prési-
dent Houphouët Boigny ne dit·-a pas souvent : "Un peupZe qui a faim,
ut un pe..up.te. qui n'ut pM Ublte.".
(2)
: LACOSTE~ Y. note dans son ouvrage "Les pays sous-déve ZOPjéS", Pa:ris J
PUF~ QSJ~ édit. 1979 p. 20 : 24% des 70% dés habitantsû Tiers-Monde,
doivent vivre en moyenne avec moins de 2000 aaZones par jour. La
C~te d' Ivoire est un. pays du Tiers-Monde !
-
Il -
développer l'hygiène corporel, solidifier, fortifier le corps pour ainsi
augmenter la productivité économique (agricole) et le niveau de vie.
2.2. - La santé
L'importance accordée (évidemment non sans raison) au problème
de la faim ne doit pas masquer l'existence d'autres besoins qui se font de
plus en plus pressants et qui sont la preuve des changements majeurs que
connaissent les populations de Côte d'Ivoire. Certes on reconnaît d'abord
la gravité du problème sanitaire tout comme on dénonce plus loin l'analpha-
bétisme.
Les risques de propagation des grandes épidémies ont considéra-
blement augmenté avec la multiplication et la rapidité des transports mon-
diaux, depuis que l'avion met à quelques heures l'Europe ou les Etats-Unis
des pays du Tiers-Monde.
Pour remédier à ce danger grave et permanent, les pays d'Amérique
du Sud, d'Asie, d'Afrique, notamment la Côte d'Ivoire doivent:
- mettre en oeuvre de façon massive au niveau gouvernemental et
international (O.M.S. : Organisation Mondiale de la Santé) des techniques
sanitaires modernes, derniers progrès scientifiques et technologiques des
pays les plus hautement industrialisés, afin de réduire considérablement
le taux de mortalité, et de supprimer techniquement la souffrance d'une ma-
ladie.
- multiplier les installations hospitalières, développer l'admis-
sion et le transport à l'hopital, mettre des médicaments à la portée des
masses populaires.
- multiplier l'emploi des thérapeutiques collectives qui sont ef-
ficaces et d'un coût relativement bas ( vaccinations, insecticides) ainsi
que l'emploi des méthodes massives de lutte contre les épidémies (choléra,
typhus, peste ••• )
- améliorer les conditions d'existence des populations (hygiène,
instruction, alimentation satisfaisante ; personnel médical nombreux), afin
-
12 -
de diminuer le taux de la mortalité(l) et les très grands nombres d'acci-
dents de travail qui laissent autant d'amputés et d'estropiés. Promouvoir
dans l'enseignement les techniques des activités physiques et sportives
liées à la prévention des accidents de travail trouvera bien sa place ici.
Une préparation adaptée, concernant par exemple la façon de se tenir sur
un échaffaudage entraînera une diminution substantielle de ces accidents.
- distribuer de façon égalitaire les équipements médicaux et sa-
nitaires dans les villes et les campagnes.
2.3. - L'Education
Besoin d'école
Pour former les cadres et le personnel nécessaires à la croissan-
ce économique, à l'organisation administrative,tous les pays du Tiers-Monde
se sont engagés avec l'aide de l'UNESCO (United Educational. Scientific, and
Organization = Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science
et la Culture) dans de puissantes campagnes d'alphabétisation dont les ré-
sultats sont significatifs : le taux de scolarisation (école primaire et
secondaire) est passé
de 28% en 1950 à plus de 50% aujourd'hui (moyenne
qui recouvre de grosses inégalités selon les pays). En Côte d'Ivoire, le
taux atteint aujourd'hui 85% grâce à l'enseignement télévisuel au cours
primaire, malheureusement en voie de suppression cette année, mais notons aussi
~O à 60% de déperdition scolaire : di~inution ou perte (due au redoublement, à
l'abandon ou au renvoi des élèves non admis aux examens et concours sélec-
tifs. et provoquant un goulot d'étranglement du nombre initial Q'élèves au
fur et à mesure qu'ils avancent en classes supérieures.).
Cela a provoqué la formation d'énormes besoins: l'illettré a
aujourd'hui conscience de son ignorance et se sent en marge; l'instruction
apparaît de plus en plus comme un facteur de promotion sociale et les gens
sont de plus en plus sensibles aux inégalités ave~ lesquelles elle est dis-
pensée entre les classes sociales, entre les populations des villes et cel-
les des campagnes; elle touche encore très peu les filles.
(1)
LACOSTE, Y : op. ait. p. 26. "Aujourd'hui l'éa~t entre pays développés
et sous-développés est de l'ordre de 1 à 2 pour les taux de mortalité
moyens; il est de 1 à 10 pour la mortalité infantile.
-
13 -
La dislocation des structures traditionnelles, due à l'introduc-
tion de l'école coloniale (bilinguisme et biculturalisme), a entraîné un
très sensible abaissement du niveau culturel (véritable processus de dé-
culturation, et particulièrement en Afrique, notamment en Côte d'Ivoire.
où les enfants doivent apprendre à lire et à écrire une autre langue que
celle parlée chez eux ; c'est un handicap considérable qui pèse sur les
catégories les plus défavorisées) ; la destruction du cadre traditionnel,
souvent lié aux pratiques collectives et religieuses; l'exode
rural, le
non-emploi des élèves; les défections en cours d'étude et l'absentéisme,
Le besoin d'école, mais d'une école adaptée aux réalités ivoirien-
nes, devient de plus en plus grand. Le développement d'une politique d'édu-
cation de masse,l'entrée à l'école de tous les enfants de 6 - 7 ans à 15 -
16 ans impliquent, entre autres, que l'équipement scolaire et le nombre des
enseignants soi~nt augmentés, que les méthodes, les techniques, les program-
mes d'enseignement soient revisés et réformés, que les parents soient en
mesure de se passer de l'appoint du travail enfantin et qu'ils puissent sub-
venir seuls aux besoins de la famille. Ceci n'est possible qu'après une aug-
mentation sensible de la productivité du travailleur agricole et la réduc-
tion massive du chômage.
3 -
LES BESOINS LIES A LA VIE URBAINE
Après les besoins dits fondamentaux (pouvoir manger, pouvoir être
soigné, pouvoir être éduqué) s'ajoutent depuis quelques décennies, d'autres
besoins qui sont de plus en plus nombreux et puissants. Ce sont des besoins
directement liés à la vie urbaine et rarement satisfaits
- besoin d'égoûts pour évacuer les excréments, les eaux usées,
qui ne cessent de croître par rapport au nombre de la population citadine
- besoin d'hygiène et besoin d'eau qui deviennent toujours plus impor-
tants et urgents, et les puits sont souvent trop profonds, donc difficiles
à perforer et à entretenir ;
- demande de transports en commun(ou autres) de travailleurs tou-
jours plus nombreux. Ceci nécessite l'aménagement d'un important réseau
routier ou fluvial ou ferroviaire.
-
14 -
- besoin du "vert dans les cités": on se préoccupe de la construc-
tion de l'habitat, des routes, mais on oublie souvent les parcs, les jardins.
les installations sportives ou de loisirs tant nécessaires à la détente des
vaillants travailleurs souvent épuisés après le labeur eliénant de l'entre-
prise. Nous y reviendrons.
besoin en matière d'habitat et d'électricité adaptés à la vie des
grandes villes, ne serait-ce que pour se garder des voleurs qui prolifèrent.
La plupart de ces besoins sont liés non seulement aux zones rura-
les. mais également aux zones urbaines. Ils supposent le dégagement d'un im-
portant budget d'investissement, une planification des projets tenant compte
des réalités ivoiriennes (surtout l'explosion démographique toujours incon-
trôlée). La tâche n'est pas facile.
4 -
LES BESOINS RESULTANT DE LA "MODERNISATION"
Parmi les besoins. fruits de la modernisation. on distingue:
- besoin d'habillement : Pour avoir une chance de trouver du tra-
vail, pour ne pas avoir l'air d'un "sauvage", il faut de plus en plus se met-
tre en uniforme de la société occidentale. porter un pantalon, une chemise,
et avoir des chaussures.
- besoin de consommation: l'ivoirien envie le confort. la facili-
té : il rêve d'un beau salon bien meublé, d'un lit souple dit "moelleux",
d'une voiture de luxe climatisée avec des gadgets ••• Les classes moyennes
s'efforcent d'imiter le luxe insolent que les riches étalent de façon de plus
en plus spectaculaire.
Les mass-media, le cinéma, l'affiche, la publicité ne sont pas les
seuls en cause. La croissance économique induit des besoins nouveaux. L'auto-
mobile, l'avion, des outils nouveaux, des armes nouvelles, les effets du tou-
risme, de la scolarisation, de la migration de main-d'oeuvre ..• sont autant
de facteurs qui, au total, incitent à des transformations des comportements
d
d-
d
.
(1)
culturels et
es mo eles
e consommat10n
•
(1)
En Janvier-Février 1982~ une campagne dite "Consorrrner Ivoirien "~ a eu
lieu en vue de sensibiliser les ivoiriens à consommer~ à m~ger les
produits ivoiriens ; peut-on en espérer grand'chose ?
-
15 -
Au fond,la notion de "Tiers-Monde" correspond à une situation con-
textuelle. Pour l'opinion des pays "développés", le Tiers-Monde (notamment
la Côte d'Ivoire) c'est ce qui se trouve hors de son monde à elle, hors du
monde normal, c'est ce qui lui est étranger. On peut même remarquer qu'un
"tiers", c'est une troisième personne
et
par extension une "personne étran-
gère". Un grand nombre d'ivoiriens, consciemment ou non, se réfèrent aux mo-
dèles, aux conditions de vie des pays "développés", et comme elles leur sont
inaccessibles, il s'ensuit une profonde aliénation. "Les réalisations euro-
péennes, la technique européenne, le style européen doivent cesser de nous
d
d~ ~ . l' b " ( 1)
tenter,
e nous
esequ1 1 rer
•
En Côte d'Ivoire comme dans les autres pays du Tiers-Monde, ce
processus général de formation des besoins est d'autant plus important qu'il
combine ses contradictions à une très forte croissance démographique (taux
moyen annuel 1,8 %). Cette explosion démographique est due à l'effondrement
des taux de mortalité due elle-même à la révolution sanitaire, scientifique,
technique, à la lutte contre les grandes endémies infectieuses et contagieu-
ses, et les endémies dyscrasiques,
maladies de carence alimentaire). Cette
baisse de la mortalité s'est accompagnée d'une persistance des taux de nata-
l , ~(2)
1te
~
tres ~1
e
~
A
d'
'b1
' L
hA
1
eves ou meme
une senS1
e augmentat10n.
e c omage,
a d~l'
e 1n-
quance sont à prévoir, et l'un des remèdes sera une redistribution des res-
sources humaines, matérielles ••• disponibles en Côte d'Ivoire, voire dans le
monde.
(1)
FANON FRANTZ : Les damnés de la terre. Paris, Maspero, 1961. p. 50
(2)
:
L'augmentation de la natalité est due à plusieurs facteurs:
- la psychologie nataliste ou l'idéale de la grande famille économique-
ment puissante peu' son nombre. La naissance d'un enfant est considéré
corrme un événement heureux peu' exce Uence, et on ne peut pas concevoir
de mariage sans enfants. En Afrique, l'enfant représente la fierté, le
bonheur, la richesse, une main-d'oeuvre, l'agence de sécUI'ité sociale
ou d'allocation-retraite pour les peU'ents, la réinccœnation des ancê-
tres etc•••
- traditionneUement les ferrmes se marient très jeunes dans les pays
du Tiers-Monde; et la potentialité des ferrmes mŒl"';ées à 15 ans
est en moyenne de 10 enfants. Celle des ferrmes mariées après l'âge
de 20 ans n'est plus que de sept.
-
16 -
Somme toute, les besoins de la Côte d'Ivoire en E.P.S. semblent
être
- entretien et perfectionnement de l'état de santé;
besoin d'une activité physique dans un monde mécanisé qui est
condamné à une vie sédentaire ;
- besoin de se distraire
de détente et de repos nerveux; évasion
t
provisoire des préoccupations et des tensions de la vie quoti-
dienne
besoin de communication avec autrui dans un monde où l'individu
est de plus en plus isolé dans la foule ;
- besoin d'un retour à la nature dans un monde industrialisé, de
vie artificielle et où la vie urbaine l'emporte de plus en plus
sur la vie à la campagne ;
affirmation et épreuve de so~
découverte de son propre corps
et de ses possibilités
- souci esthétique (plus fréquent chez les femmes)
;
- amour du jeu compétitif (ce dernier facteur intervenant peu fré-
quemment.).
Il n'est pas établi d'ordre de priorité pour ces besoins, car cet
ordre varie selon les régions et les milieux sociaux.
5 - LA DIALECTIQUE SOUS-DEVELOPPEMENT ET PRATIQUE DE L'E.P.S.
PROBLEME DE L'E.P.S. DANS LA SITUATION IVOIRIENNE. QUE
PEUT L'E.P.S. EN REPONSE A CES BESOINS?
La présentation de~'problèmes (réalités et besoins) de la Côte
d'Ivoire n'aurait pas sa raison d'être si elle devait se borner à r~pertorier
des données. Au-delà de l'immobilisme de la géographie humaine et physique, de
la configuration historique, socio-économique, notre propos vise à placer la
problématique du développement du sport à l'intérieur du contexte qui est le
notre: le sous-développement. Le climat, le mode de vie, la culture, l'écono-
mie de nos populations, voilà autant de déterminants
qui, s'ils étaient pris
en considération, constitueraient de~ avantages ou inconvénients pour le déve-
loppement harmonieux de l'éducation corporelle.
-
17 -
Pratiquer un sport par 40° C n'a rien de motivant, s~ l'on ne prend pas en
compte les usages et les coutumes des populations.
En effet l'existence des activités physiques et sportives n'est ni
le résultat d'une décision politique, ni le fruit du hasard ("sport évasion",
"sport compensation", valorisation de la nature, "sport santé", "sport utili-
tariste" etc •.. ), c'est le rapport dialectique entre l'évolution d'attributs
sociaux, tels que le plaisir, la joie, l'émotion, la fête et le champ social
historicisé, analysé en terme d'ensemble de rapports sociaux: le sport n'est
pas né par décret ni par hasard, mais correspond à une nécessité objective du
développement humain et, particulièrement à la fin du XIXe siècle, aux inté-
rêts et aux besoins de l'aristocratie et de la bourgeoisie.
Aujourd'hui, dans le cadre de l'activité humaine dans son ensemble,
le sport est complémentaire de l'activité laborieuse et non son contraire
c'est d'autant plus vrai que la qualité et les contenus du sport que l'on
pratique dépendent souvent directement de la qualité et du contenu social du
travail auquel on participe.
Ce n'est pas un hasard si ce sont les couches sociales qui ont les
plus mauvaises conditions de travail (paysans, ouvriers .•• ) qui ne pratiquent
aucun sport, comme elles ne pratiquent aucune activité dite culturelle, comme
la lecture, l'écoute de la musique, la fréquentation du cinéma ou du théâtre •••
L'individu qui a un travail aliénant a malheureusement, dans l'im-
mense majorité des cas, des loisirs tout aussi aliénants et les pratiquants
sportifs ne se recrutent en général pas parmi les chômeurs ; au contraire,
un pratiquant qui se voit privé de son travail abandonne, dans presque tous
les cas, sa pratique sportive.
c'est donc illusoire de croire qu'il est possible de se réaliser,
en tant qu'individu, dans des activités de loisirs, qu'elles soient sporti-
ves ou non, si les conditions de travail restent aliénantes.
Les activités de loisirs sont le complément de ce qui se passe sur
le terrain du travail social. L'homme ne peut se libérer dans le loisir s'il
ne se libère pas d'abord dans son travail; l'exploitation de l'ensemble des
salariés semble de nos jours accrue. Plus de la moitié de la population ivoi-
rienne reçoit de bas salaires. Le pouvoir d'achat stagne ou régresse. Exten-
sion du travail posté (3 x 8, 2 x 8). C'est donc sur une base sociologique-
ment en pleine transformation que se pose aujourd'hui la question du
-
18 -
développement des activités physiques et sportives. Dans le domaine de ces
activités, on peut repérer quatre grands niveaux sur lesquels s'articulent
les besoins collectifs qui, bien sûr, sont ressentis de manière beaucoup
plus diversifiée lorsque l'on se place du point de vue des individus. Il
s'agit:
- des activités de récréation pour reconstituer la force de tra-
vail et pour connaître des moments de plus grande liberté
des activités de formation pour s'approprier les connaissances
extérieures à l'être humain, stockées d'une certaine manière par les géné-
rations précédentes, en vue de tranformer la société
des activités d'éducation qui, au-delà de la formation, visent
à permettre l'épanouissement de chaque individu dans le processus social,
que ce soit dans le travail ou hors du travail ;
- des activités de création culturelle
créer par son travail
des possibilités nouvelles de développement de la société.
Bien sûr, les pratiques corporelles ne se situent pas ou bien à
un de ces niveaux ou bien à un autre; dans les pratiques concrètes, les qua-
tre niveaux coexistent souvent ensemble. Il ne s'agit en fait que de tendance
mais aux deux pôles des activités; concrètement il est assez évident qu'entre
la gymnastique matinale et la pratique de la haute performance, il y a des
différences fondamentales qui ne peuvent être sérieusement mises en relation.
Pour nous, il ne saurait y avoir, ici, de hiérarchie entre ces deux pratiques.
Il nous semble ici nécessaire de donner notre point de vue sur un
débat qui n'a rien d'"
académique" car il oriente en fait le sens des actions
à mener dans le domaine des pratiques corporelles. A savoir l'affirmation que
ce qui est premier c'est ce qui se passe à l'école.
A notre sens, poser le problème de cette manière est une illusion,
c'est avoir une vision linéaire des choses: l'école, venant avant l'usine
et naturellement donc avant la retraite, serait première. C'est donner à
l'école une primauté qu'elle n'a pas face à l'ensemble des rapports sociaux.
Certes, ce qui se passe tout au long d'une vie est influencé forte-
ment, en négatif comme en positif, par les contenus de la formation reçue à
-
19 -
l'école. mais pour en rester au domaine des pratiques corporelles. c'est
dans son environnement que le petit de l'homme et de la femme découvre les
bases essentielles du mouvement de son propre corps. La quadrupédie d'abord.
la situation debout ensuite. puis la marche et la course •••• mouvements de
son corps qui lui permettront. passant au niveau abstrait. de découvrir et
de s'approprier le langage parlé et écrit. le langage figuratif etc.
On sait aujourd'hui que ces premières années sont fondamentales.
car sans les stimulations de l'environnement social et d'abord familial, le
petit enfant ne peut s'approprier la station debout. ni la marche et pas da-
vantage les langues. ni la sexualité, ainsi que le démontrent les analyses
faites à partir des enfants loups découverts en Inde, qui se déplaçaient à
quatre pattes. qui ne possédaient ni langage parlé. ni sexualité. et ce bien
que l'un d'entre eux ait vécu jusqu'à l'âge de dix-huit ans.
L'école n'est donc ni le point de départ du développement social,
ni le point d'arrivée. Elle est un maillon nécessaire et très important dans
la mesure où elle concerne tous les enfants et leur apporte la formation de
la force de travail, appuyée sur une transmission du savoir scientifiquement
ou empiriquement produit par la société.
Somme toute, l'essentiel des niveaux des activités physiques et
sport~ves se développe dans deux grands systèmes socialement organisés. l'é-
cole et le mouvement associatif du quartier, de la commune. du département.
de la région, du pays. de l'entreprise.
Après avoir ressitué rapidement l'importance de l'école, de l'en-
treprise, de la commune dans l'organisation des pratiques diversifiées et
avant d'y revenir plus loin, il convient de situer quelques points de repères
et quelques limites à ce que nous appelons activités physiques et sportives,
tant il est vrai qu'aucune activité humaine ne se déroule sans mouvement du
corps, conscient ou non.
Tout au long de cet ouvrage. l'éducation physique et le sport sont
essentiellement étudiés dans le cadre général d'une conception de l'éducation,
dont il faut essayer de synthétiser, très brièvement, l'idéal qui constitue
la "trame morale" de notre travail.
-
20 -
En effet, éducation est action d'un individu, d'un groupe (famil-
le) ou d'un milieu social, avec un autre individu, généralement jeune, sou-
f
01
ll~ bl
Il
0
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ea
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ans
e meme temps
,act10n de
l'individu sur lui-même (auto-éducation) par l'expérience même de la vie.
Elle va au-delà de la simple maturation, expression de ce qu'il y a d'inné,
d'inscrit dans les gènes de chacun; et au-delà aussi de la socialisation,
adaptation à un milieu social déterminé. Elle est, elle doit être, aussi une
création, combinaison nouvelle, originale, des métériaux fournis par la na-
ture et par la société, affirmation d'une autonomie, d'une personnalité,
jouissant de cet étonnant et merveilleux privilège (l'intelligence) de pou-
voir dominer et modifier sa nature primitive pour s'élever à une culture.
Le professeur CHATEAU a pu dire: L'homme est "l'être des au-delà,,(2). Il a
une tendance spontanée, dans sa jeunesse surtout, à apprendre, à découvrir,
à maîtriser, à modifier son milieu de vie, à mieux se connaître lui-même, à
s'affirmer et à se dépasser sans cesse. Il n'est jamais satisfait de "ce
qu'il est" et aspire continuellement à un changement vers "le mieux"
bonheur individuel et bonheur des autres et progrès de l'humanité, d'ailleurs
relatifs et très divers selon les époques et les civilisations, selon les
mentalités individuelles aussi. Tels sont les idéaux qui caractérisent et en-
noblissent la condition humaine. Dans ce contexte, nous pensons que l'éduca-
tion physique et le sport peuvent jouer un rôle relativement important, jus-
tement parce que ces activités s'appuient fondamentalement sur ce besoin
d'épreuve de soi et de dépassement.
Cet ouvrage est aussi écrit en fonction d'une certaine conception
de l'éducation physique et du sport, conception assez commune chez les éduca-
teurs - encore que souvent-discutée - mais qui n'est pas touj ours celle des
dirigeants sportifs, des spo~ti:f'~, eux-mêmes et du public en général. Or il
faut que le lecteur sache bien dé1uo1 nous parlons .
. :
(l)
Louis Not ap~ avoir défini l'éducation selon le modèle d'intervention
qu'on adopte(so~i.~ation sur l'individu: éducation traditionnelle;
soit action de l'individu: éducation nouvelle; soit action avec l'in-
dividu), semble préférer la dernière fo~e d'éducation nouvelle c'est-à-
dire action avec l'individu (relation d'aide, de facilitateur) (cf les
cours de sciences de l'éducation de Mr. LOUIS NOT, Université Toulouse-
Le-Mirai l) .
(2)
Jean CHATEAU: L'école et l'Education. Paris, Vrin, 1957 ; cité par
SEURIN, P. : Problèmes fondâlTlentaux de l 'E. P.S. Union ,Violette,
Janv. 1979 p. 14
- 21 -
"Les principales causes de nos erreurs, écrivait Flaubert, vien-
nent presque toutes du mauvais emploi des mots".
Disons que la plupart des malentendus, des querelles ou des discus-
sions stériles proviennent du fait que les gens discutent à partir des mots
auxquels ils attachent des réalités différentes. Or la terminologie interna-
tionale dans le domaine de l'éducation des conduites motrices est encore
bien confuse et ondoyante. Son histoire même en témoigne.
Longtemps le terme "gymnastique" et ses dérivées ont été les plus
communs dans presque tous les pays et toutes les langues. Les anciens grecs
s'exerçaient dans le "gymnase" et le maître qui, à l'époque d'Aristote, en-
traînaît les athlètes, était le "gymnaste", plus cultivé que son prédécesseur
du temps de Platon. "Pédotribe".
Li ouvrage de Mercurialis : "De Arte Gymnastica" (1569), celui de
Gutsmuths·: "Gymnas tik für die Jugend" (1793), le "Règleml~nt fër gymnastik"
(1836) de Per Henrik Ling et son ouvrage fondamental "Gymnastikens Allmaxma
Grunder" (1834 mais publié en 1840 après sa mort en 1839) ainsi que la mul-
tiplication des dénominations particulières : gymnastique suédoise, gymnasti-
que naturelle, gymnastique médicale, gymnastique féminine etc. témoignent de
l'importance de la diffusion et du sens général du terme, au moins jusqu'au
début du XXe siècle.
Dans son sens général cependant, ce terme a été progressivement rem-
placé par "Education physique". Déjà en 1815, Friedlander écrivait un ouvrage
intitulé "De l'Education physique de 1 'homme". Amoros publiait en 1830 son
"Hanuel de l'Education physique, gymnastique et morale", Un des principaux
ouvrages du Dr Philippe Tissié a pour titre "L'Education Physique" (1901).
Demeny publie en 1903 les "Bases scientifiques de l'Education Physique" et
Hébert en 1922 son "Guide pratique de l'Education Physigue", puis sa virulen-
te critique "Le Sport contre l'Education Physique" (1925),
En Allemagne et Autriche, le "Turnkunst" de Jabn (1816), le
"Natürliches Turnen" de Gaulhofer-Streicher (1922) et vers 1937 les termes
..
..
"LEIBESERZ IEHUNG"(Education corporelle), "KORPERUBUNG" ou "LEIBESUBUNG"
(exercice corporel) remplacèrent souvent le mot "Gymnastik" dans la termino-
logie utilisée par les pédagogues.
- 22 -
Enfin, après la rénovation des Jeux Olympiques, le mot "Sport"
envahit progressivement la terminologie des activités physiques. Nous y
reviendrons.
On peut actuellement noter encore une certaine diversité termino-
logique sur le plan international :
- En France, Belgique, Italie, Espagne et dans la plupart des
pays d'Amérique Latine, le terme t'Education physique" (ou sa traduction lit-
térale) est assez généralement utilisé dans le sens que nous lui accordons :
"éducation par les activités physiques".
- En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis d'Amérique, au Canada, et dans
la plupart des autres pays de langue anglaise, on parle plus souvent d'un sys-
tème composé de '~ealth, Physical Education and Recreation" (Santé Education
physique et Récréation). Notons que "Education Physique" est entendue aujour-
d'hui comme une éducation par les activités physiques (éducation through phy-
sical activities).
- En Allemagne, Autriche et dans les pays scandinaves, le terme
"Sport", "Seortwissentchaft" (~cien~e du Sport) a supplanté les anciens ter-
mes de "LEIBESERZIEHUNG" ou "KORPERUBUNG". Parmi les sports on distingue
"LEISTUNGSPORT" (Sport de performance), "FREIZEITSPORT" (Sport-loisir),
"SCHULSPORT" (Sport scolaire) etc.
- En U.R.S.S., en Chine, en R.D. Allemande et dans la plupart des
Républiques populaires, on utilise le terme "Culture Physique" (Comité Cen-
tral de la culture physique, Institut supérieur de la culture physique), au
sens éloigné du "culturisme" américain, anglais ou français (culture muscu-
laire souvent exagérée).
On voit donc qu'il est bien nécessaire de définir les termes utili-
sés dans cet ouvrage. D'abord, pour que soit mieux compris le sens de notre
action. Ensuite, - ce qui est encore plus important - afin de faciliter l'évo-
lution de l'éducation physique vers la catégorie de "Science".
- 23 -
Dans tme excellente étude : "Considérations générales sur la termi-
nologie de l'éducation physique et du sport,,(l) le Dr Alex Nicu, Directeur du
Centre de Recherches Scientifiques et de Documentation en éducation physique
de Roumanie, rappelle l'impérieuse nécessité d'une terminologie internationa-
le claire, permettant les échanges corrects entre les chercheurs. "Une science
ne peut exister sans établir son échaffaudage de notions, l'éclaircissement
des catégories, la nature des liaisons, la précision des termes qui individua-
lisent la diversité des aspects composant la réalité" ••••
Force est de constater qu'il existe actuellement, parmi les éduca-
teurs eux-mêmes et dans le public en général, tme très grande confusion rela-
tive à la terminologie de l'éducation physique et du sport. (2)
Beaucoup de spécialistes considèrent que l'expression "éducation
physique" est aujourd'hui dépassée, représente les "vieilles méthodes" de
l'éducation du physique et non de l'éducation par le physique, et ne corres-
pond plus à l'évolution des sciences.
Par ailleurs le désir de donner à l'éducation par les activités
physiques tm "statut académique" a incité beaucoup de chercheurs universi-
taires à trouver de nouveaux termes paraissant plus en rapport avec la scien-
ce moderne, notamment la psychologie, la sociologie, la pédagogie. Ainsi sont
nés, dans ces vingt dernières années, les termes: éducation corporelle,
(1)
Voir Bulletin FIEP N° 1~ 1978. La commission roumaine de Ter-minologie~
principalement animae par te Dr NICU et le Professeur LEON THEODORESCU
(bien connu pour son oeuvre dans le domaine des sports collectifs) a
élaboré une "Ter-minologie de l'E.P. et du Sport" en six langues: rou-
main~ français~ espagnol~ allemand~ anglais et russe. Edition Stadion-
Bucarest 1974.
(2)
Le Dr. URIEL SIMRI (Wingate Institut-Israël) in '~a diversité des con-
cepts de l'Education Physique". ..i.n Bui1.e.tin FTEPI,1978 : "Il y a plus de
60 noms différents dans le monde (en dehors même des différences lin-
guistiques) pour designer notre matière d'enseignement~ depuis la
"gymnologie" de RIJSDORP jusqu'à la ''Physactiology'' d'une école
américaine. ".
- 24 -
éducation du mouvement, éducation sportive, psychomotricité, kinésiologie,
gymnologie, kinanthropologie, etc., pendant que, auprès du public surtout,
le terme "Sport", déjà ancien, envahissait presque abusivement tous les
.
( 1)
d omames
•
Or, à notre avis, ces nouveaux termes n'expriment pas, avec plus
de précision et d'une manière plus complète, le sens et le contenu de l'acti-
vité physique éducative. Ils sont employés sans qu'on les distingue suffisam-
ment, mais chacun désigne des réalités plus ou moins différentes.
Le lecteur aura remarqué que nous employons indifféremment plusieurs
concepts : sport, activités physiques et sportives, éducation physique et
sport, pratiques corporelles ou physiques etc. C'est qu'aucun concept en réa-
lité ne prend en compte l'ensemble du domaine concerné et bien que, peur notre
part, nous préférons celui de pratiques physiques (ou corporelles) éducatives.
En fait, ces concepts recouvrent des dimensions, des besoins, des
aspirations très différents et si nous ne considérons pas que ces dimensions,
ces besoins, ces aspirations sont contradictoires entre eux, il n'en demeure
pas moins que, dans la vie concrète, certains sportifs sont pour le moins in-
différents à l'éducation physique ou que d'autres s'adonnant aux activités
physiques, se prononcent fermement contre le sport.
Le domaine dont nous parlons est très complexe et diversifié et
il faut reconnaître que tout concept global véhicule à la fois une chose et
son contraire, ce qui peut être cause de confusion et d'incompréhension
quant' au rôle et à la fonction de telle ou telle pratique dans son rapport
avec l'ensemble des activités humaines.
(1)
"Dans wte très seneuse revue amencaine nous avons pu lire récerrment
que, parmi Zes activités sportives recommandées pour la santé, il y
avait •.• l'activité sexuelle! Il s'agit certes d'une action souvent
hygiénique et agréable, biologiquement et fJceiologiquement néeessaire
par aiUeu:t's. Mais il en est de m~rne de l'alimentation par exemple.
Et il ne viendx>ait à l'idée d'aucune personne sencée, je pense, de
considérer le fait de manger comme wt sport, ma 19ré les exp loi ts de
certains goinfres! "Pierre SEURIN : Proo lèmes fondamentaux de l'E. P. S.
L'UNION, LAVIOLETTE,' 1979 p. 19.
- 25 -
c'est pourquoi nous allons tenter de préciser à la fois les diffé-
rentes fonctions et la place qu'elles occupent dans l'ensemble de ce que nous
appelons les pratiques corporelles t ainsi que- les systèmes socialement orga-
nisés (ou pas) qui les prennent en charge.
Les différentes fonctions que l'on peut rencontrer peuvent se caté-
goriser de manière suivante :
- les activités physiques de loisirs, récréation t détente: elles
sont à la fois de loisirs et sportives(Loisir vient du latin "licet" : i l
est permis de. Il se définit par la liberté de faire ce qu'on veut);
- les activités sportives~elles sont aussi de loisirs t mais souvent
avec un objectif de perfectionnement des techniques gestuelles et de soi-
même
- les activités de création t de haute performance.
Ces trois niveaux sont en partie arbitraires t car un sportif de
haut niveau peut aussi pratiquer avec la volonté d'une activité de perfection-
nement dans son temps de loisirs t et l'on peut se détendre en se perfection-
nant dans une pratique intense. Ils sont en général organisés sur la base
association, c'est-à-dire volontaire. Ce qui n'est pas le cas d'une autre
fonction qui est :
- l'éducation physique et sportive t qui se pratique à l'école par
exemple et donc sur une base obligatoire (ce n'est malheureusement pas tou-
j ours le cas).
Les systèmes d'organisation sont bien sûr t eux aussi diversifiés:
l'école t diverses fédérations t dites scolaires, le mouvement sportif associa-
tif t le mouvement associatif ayant des objectifs autres que les activités
physiques et sportives et utilisant
des pratiques corporelles au service de
j
ces obj ectifs.
j
Avant d'aller plus loin dans cette partie qui a pour but de tenter
de décrire et de situer quelques grands problèmes rencontrés dans l'organisa-
tion de l'ensemble du domaine des pratiques corporelles t il semble nécessaire
de s'arrêter un peu sur trois oppositions quit à force d~être faites sont
devenues des vérités d'évidence contre toute réflexion et analyse raisonna-
bles.
- 26 -
Il s'agit de l'opposition entre l'éducation physique et le sport,
le loisir et le sport, et de la contradiction antagoniste qui existerait
entre masse et l'élite.
L'EDUCATION PHYSIQUE ET LE SPORT.
Tous les termes dont nous venons de parler ont tous été critiqués :
la psychomotricité a été complétée par la sociomotricité, puis par la psycho-
sociomotricité qui elle-même tendait à négliger un des aspects fondamentaux,
la formation biologique. Chaque terme apporte un sens particulier et exprime
un changement de conception.
Certes le sens du terme "Education physique" a lui aussi besoin
d'être précisé et élargi dans l'esprit de beaucoup de gens. Car effective-
ment, il a été trop souvent compris d'une manière étroite, par limitation à
l'action sur le corps (ce qui est évidemment en opposition fondamentale avec
les données actuelles de la science ). Cependant, nous devons constater que
son utilisation dans le monde est encore très répandue dans le sens élargi
que nous lui donnons: éducation par le moyen des activités physiques. No~s
pensons que nous devons conserver ce terme car il contient au moins, d'une
manière explicite, le concept d'éducation, et est beaucoup plus caractérisé
par un état d'esprit que par des techniques particulières ou des formes pé-
dagogiques. Techniques et formes pédagogiques ne sont que des moyens sélec-
tionnés, très divers selon les périodes, les théoriciens, les possibilités
et les motivations individuelles,les traditions nationales mêmes.
Mais le concept est un ; toute activité physique utilisée méthodi-
quement et principalement dans une intention éducative s'intègre dans l'édu-
cation physique.
Alors les anciennes méthodes qui paraissaient opposées : la Gymnas-
tique suédoise, la Méthode naturelle d'HEBERT et celle de GAULHOFER, la
Méthode française de DEMENY et de l'Ecole de Joinville et aujourd'hui
"l'Education du mouvement", "la psychomotricité", "l'éducation corporelle"
"l'éducation sportive" etc. se retrouvent unies dans le même concept général
d'éducation par le moyen des activités physiques.
Dans le cadre de l'éducation générale, l'éducation physique a comme
objectifs particuliers :
-
27 -
- l'aide à la formation et à l'entretien d'un organisme sain
et
équi1ibré,p1us apte à résister aux diverses attaques du milieu physique et
social (qualité de santé positive qui est beaucoup plus que l'état dce "non
maladie") ;
- le développement de l'aptitude générale à l'action par l'entraî-
nement des qualités perceptives et motrices, de la maîtrise de soi, de la
faculté de jugement correct des situations ;
- l'affirmation des valeurs morales, telles que la loyauté, la
force de caractère, le goût de l'effort, le sens social;
- la création ou la révélation et le développement chez chaque en-
fant, les plus faibles surtout, le profond besoin et le goût d'une activité
physique hygiénique et récréative pour toute la vie d'adulte. En ce sens,
l'Education physique est une éducation pour le sport et pour une vie saine.
Quant au sport, nous refusons, avec vigueur, la généralisation
abusive du terme "sport" en remplacement de "Education physique". Du point
de vue de l'éducation, il nous paraît dangereux de confondre dans le même
"sport" toute activité humaine (activité de passion, de mise à mort, sport
commerce, sport spectacle, sport carnage).
Il est sans doute plus difficile de proposer une définition du
sport, étant donné l'extrême variété de ses intentions de ses techniques et
de ses situations. Essayons pourtant, en idéaliste, de définir ce qu'il de-
vrait être :
- Le Sport est jeu:activité libre ne poursuivant aucun but utilitai-
re, mais qui se développe dans le cadre de règles précises. Quand ces règles
sont oubliées, "ce n'est plus du jeu" disent les enfants ! Ses objectifs sont
ceux du jeu: la distraction et l'épreuve de soi.
- Le Sport est lutte, ou compétition, contre un opposant: l'adver-
saire, le temps, l'espace, l'obstacle. Son objectif est la victoire.
- Le Sport est effort intense, pour un dépassement de soi, une
performance, un record.
- Le Sport est "jeu de prouesse". "ça c'est du sport"
est l'ex-
pression populaire de ce engagement extrême.
- 28 -
Nous devons déjà noter que, par ses caractères de jeu, lutte et
effort intense, le sport a "par nature" pourrait-on dire, lme orientation
passionnelle. Cela résulte des motivations qui l'animent: affirmation de
soi, recherche d'un dépassement, volonté de puissance, besoin de se mesurer
en s'opposant aux autres, joie "primitive" d'lme libre expression de ses
forces. C'est ce caractère qui fait à la fois sa grandeur et sa faiblesse.
A l'opposé, l'éduca~ion physique est guidée par la raison, la mo-
dération, la prudence face à certaines incertitudes scientifiques quant aux
effets du mouvement. Il s'ensuit que l'intégration du sport à l'éducation
physique ne peut être réalisée que par ceux qui sont capables de "dominer
les passions", c'est-à-dire de les utiliser sagement. Affaire de formation
des éducateurs. Nous traiterons plus loin de ce problème.
Nous voyons donc que l'Education physique et le Sport, loin de s'op-
poser s'intègrent mutuellement dans le cadre qui est le nôtre: l'éducation.
LE SPORT ET LE LOISIR.
De même,opposer l'une à l'autre de ces notions n'a, a notre avis,
aucun sens. Le loisir se déroule dans lm temps que l'individu parvient volon-
tairement à dégager en dehors des obligations du travail, mais également en
dehors du temps nécessa~re aux obligations familiales, spirituelles, politi-
ques. Il poursuit la satisfaction volontaire de l'individu lui-même, ce qui
n'est pas contradictoire avec l'effort ni même avec l'ennui. Le sport c'est
la manière de pratiquer les activités physiques suivant lm code social dé-
fini empiriquement par les sportifs eux-mêmes.
Opposer du temps libre (loisir) à des contenus ou contraintes
(sport) n'a donc aucun sens et c'est pourquoi, loin de s'opposer, le loisir
et le sport font dans la pratique très bon ménage; bien plus, pour la masse
des pratiquants, le sport est leur loisir principal, puisque seuls les pra-
tiquants de haute performance et les écoliers échappent en partie à la prati-
que de loisirs. Il ne nous paraît pas impossible de reconcilier la liberté
et l'effort. Et comment se définit la responsabilisation ?
SPORT DE MASSE ET SPORT D'ELITE.
C'est en fait, au plan idéologique, le même problème il n'y a qu'une
différence de degré. Le sport de masse est ici synonyme de loisir, de pratique
- 29 -
libre (bien qu'il puisse aussi participer à des aptitudes physiques et au spec-
tacle) et le sport d'élite d'activité organisée donc contraignante.
Somme toute, les activités physiques et sportives sont un ensemble
très diversifié de pratiques qui correspondent à des demandes, des attentes,
des aspirations, des besoins différents, suivant les individus ou les grou-
pes sociaux; elles correspondent également à des âges, des compétences, des
connaissances différentes; c'est pourquoi opposer les formes de pratiques
entre elles et trouver à certaines des vertus que l'on refuse à d'autres
n'est en définitive que le refus de reconnaître ce qui, au plan culturel,
leur a permis de voir le jour, de se développer, de se transformer.
c'est pourquoi, dans de nombreux pays est né et se développe rapi-
dement un mouvement déjà puissant en faveur du "Sport pour tous" où le con-
cept même du sport rejoint celui que nous proposons. A côté du courant
"Sport de compétition sélective, Sport spectacle" existe aujourd'hui un deu-
xième courant-que l'on a appe lé en R. F. Allemande "La Deuxième voie "- qui
redonne confiance aux éducateurs.
c'est pourquoi la revendication de tous les sports pour tous est
fondamentalement démocratique, car elle s'oppose à la volonté, à peine cachée,
de réserver la pratique de certains sports à certaines couches de la société.
Notons aussi qu'il ne suffit pas d'avoir le sport à tous, il faut
aussi que "tous" (bien entendu ce terme est excessif) veuillent faire du
sport. Et cela se traduit en pratique par il ne suffit de construire des
stades, de former des encadreurs et de créer des institutions, il faut créer
un courant qui oriente les individus vers l'exploitation ou l'utilisation de
ces pos s ib l i tés.
Après ces quelques précisions, il nous faut maintenant étudier en
détail l'organisation et la pratique des activités physiques et sportives en
Côte d'Ivoire, pour mieux comprendre le grand phénomène social que constitue
le sport moderne.
- 30 -
CAP 1 T RE
Il : L' E. P. S.
IVOIRIENNE REPOND-ELLE AUX BESOINS DU
PAYS ?
FRAGILITE DE L'E.P.S. IVOIRIENNE.
- 31 -
1 -
INTRODUCTION
Après un regard (quelque peu rapide) sur les réalités et besoins
ivoiriens, après cette précision sur la notion d'E.P.S., nous allons mainte-
nant analyser l'organisation, la pratique, les fonctions de l'E.P.S. en
Côte d'Ivoire. Avant de constater la fragilité de l'EPS ivoirienne aujour-
d'hui, il convient de jeter un coup d'oeil sur les origines de cette EPS
avant l' indépendance. Beaucoup pensent qu'il est inutile de connaître le pas-
sé pour comprendre le présent. Et pourtant, comment, analyser l'Education
physique et le Sport dans leur essence, dans leurs fonctions, dans leurs rap-
ports avec la culture, dans leur interdépendance avec les sciences humaines
en ignorant les origines, la façon dont ils ont évolué, qui les a animés, co-
difiés, enseignés.
L'histoire permet à l'homme d'assumer sa destinée les yeux ouverts,
en pleine conscience et de savoir d'où il vient. A chaque moment il peut ana-
lyser pourquoi et comment il se trouve inséré dans une situation donnée, com-
prendre ce qui a de l'importance pour mieux choisir sa voie. Dans cette pers-
pective, aujourd'hui n'est qu'un "moment" de l'évolution humaine.
Ce n'est donc pas par hasard si le secteur éducatif est actuellement
"éclaté" en trois ministères, que l'EPS est séparée de l'Education et qu'elle
ne possède encore ni agrégation, ni doctorat.
2 -
L'E.P.S. AVANT L'INDEPENDANCE (1960)
Les jeux physiques ne sont pas l'apanage de l'homme, ils tiennent
dans la vie de l'animal supérieur une grande importance, laquelle s'accroît
d'ailleurs au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie zoologique.
L'homme a donc toujours connu les jeux physiques. Toutes les cultures possè-
dent dans le domaine corporel, une tradition ludique lointaine, reflétée par
les peintures et les monuments que le temps a épargnés. La lutte, le combat
à mains nues ou armées remontent à des' temps fort anciens. Il s' agit d'abord
d'exercices isolés et, progressivement, apparaît une certaine organisation.
- 32 -
La Côte d'Ivoire, comme bon nombre de pays africains, de par sa
vocation agricole ou rurale, avait un mode de vie très proche de la terre .
• Cela explique l'importance de la mythologie dans toutes les activités humai-
nes. Le rythme des activités humaines épousait ainsi le déroulement des sai-
sons. Dans un tel contexte, la fin de la saison des pluies était la période
faste pour l'organisation des pratiques corporelles ou sportives. L'hiverna-
ge par contre, était une saison benie. Il ne fallait pas y battre le tarn-tam,
même jusqu'à une période récente, pour ne pas éveiller la colère des divini-
tés, car ces dernières dans leur colère, empêcheraient la pluie de tomber.
La politique assimilatrice du colonisateur a créé une rupture à
tel point qu'au moment des indépendances, il nous fallait lutter pour la ré-
conquête et la revalorisation de notre identité. La bataille menée par les
intellectuels pour la reconnaissance de notre négritude traduit bien cette
volonté d'affirmer notre authenticité. Malheureusement nos premiers balbutie-
ments en E.P.S. ont été une pâle imitation des structures et des idées de
l'ancienne puissance colonisatrice comme en fait foi la déclaration de Mon-
sieur AMADOU RACINE N'DIAYE, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du
Sénégal de 1964 à 1968, qui s'élève contre l'acculturation de l'homme africain
colonisé : "Le fonctionnement des associations et organismes sportifs est régi
par des textes pris en 1960 et 1961.qui sont en fait la reprise mot pour mot
des anciens textes (de 1945) de la législation française".
Au point où nous en sommes, la marche à rebours n'est plus conseil-
lée. Il nous faut chercher à adapter la situation dans laquelle nous vivons
en ce moment en l'intégrant au contexte qui était le nôtre et qui malgré des
siècles de colonisation sommeille toujours en nous. Une telle démarche n'est
ni un refus de s'ouvrir aux autres, ni un rejet de l'apport des autres. Il
nous paraît important de faire revivre le passé pour reconstruire le présent
car comme le dit Joseph KI-ZERBO : "La priorité pour nous est moins de re-
cueillir matériellement le passé que de nous recueillir sur le passé" (qu'il
faut dépasser) (1) .
Grâce aux enseignements de l'histoire, les réalisations des géné-
rations antérieures peuvent nous aider à maîtriser notre environnement et
nos structures sociales. C'est dans cette optique que
AMADOU N'DIAYE inter-
prétait l'ouvrage de SEYDOU BADIAN intétulé : L'Afriaue Unique solution aux
prob lèmes de l' Afrique. Paris.~\\présence Africaine 1975 :
"Ce
sont
les
vérités
des
pères
qui
(1)
:
KI-ZERBO, J.
Education et déve Zopvement. Persvectives de Z'Education.
Paris, UNESCO, voZ. II N° 4, 1972.
- 33 -
doivent constituer les points de r_'é~férence à la modernisation de l'Afrique.
Les modèles d'adaptation pour être efficaces, doivent prendre appui sur le
village où vivent encore les modes de fonctionnement propres à l'Afrique.
Ainsi l'Afrique détient-elle les solutions à ses problèmes particuliers, aux
problèmes humains qui se posent à elle". Certes elle ne les trouvera pas dans
la fermeture sur elle-même.
Pour rendre compte de la divergence philosophique et organisation-
nelle, nous nous proposons de développer en parallèle la signification, les
modes d'organisation des pratiques sportivo-corporelles ou motrices multifor-
mes avant et pendant la colonisation.
2.1. - Les pratiques sportives ou corporelles durant la période
pré-coloniale
Le ~apport étroit que l'homme entretient avec la nature a modelé
très étroitement son mode de vie et ses loisirs. C'est ainsi que toutes les
manifestations qu'il organise sont teintées d'un spiritualisme et d'un huma-
nisme qui donnent un sens à ses activités. Tout obéit au rythme des saisons
et de la mythologie. Cette ambiance est bien rendue par KALA LOBE (1): "Quand
on écoute les chansons de gestes africain.."on est frappé par la majesté des
rites initiatiques préparatoires aux grandes cérémonies. On dirait que toute
la vie de la tribu s'arrête brusquement, suspend son rythme aux chants ensor-
celants des maîtres de cérémonies et se déchaîne ensuite comme libérée d'une
contrainte occulte. En effet tous les auditeurs d'un& geste participent aux
faits héroiques qui leur sont chantés comme toute la tribu naguère, partici-
pait aux processus des champions et des héros ••• La préparation d'un lutteur
d'élite et de ses accompagnateurs •.• s'enveloppait d'un caractère communautai-
re et mystique découlant de la foi qu'avaient les africains en leur virilité
et en la communion avec les mânes de leurs ancêtres".
L'illustration de tels propos s'appuiera donc sur la lutte qui est
l'activité corporelle la plus répandue malgré la diversité de ses règlements
selon les groupes ethniques. Elle traduit la symbiose entre l'homme et sa
nature.
(1)
KALA LOBE: La vocation africaine du sp0r't in Présence Africaine,
2e tr'imestre 1962 p. 35.
- 34 -
L'ouverture de la saison de lutte commence avec l'apparition et
l'alimentation fournie par les prémices. Elle s'organise généralement lors
des "fêtes des ignames ou des fêtes de génération", dans la nuit, et a pour
cadre une des places du village. Elle se prolonge jusqu'à l'aube. Elle peut
durer quatre bonnes heures durant lesquelles spectateurs comme lutteurs(l)
sont débout. Ces manifestations sont destinées à rendre hommage aux divinités
grâce à la bienveillance desquelles une pluie abondante a été donnée. Cette
pluie a fait pousser et mûrir les récoltes qui vont permettre de faire vivre
toute la communauté et de la rendre vigoureuse. Elles sont donc un acte de
reconnaissance pour la vie et la nourriture accordées par l'intermédiaire des
prémices de la saison qui va mourir. De cinquante kilomètres à la ronde af-
fluent les jeunes et les moins jeunes.
L'organisation ne nécessite aucune préparation particulière. Rien
n'est artificialisé, ni formalisé. La spontanéité, la gratuité, l'hospitalité,
la liberté, le bénévolat sont les moteurs de cette organisation sociale. En
effet n'importe quelle personne d'un village donné peut rencontrer n'importe
quelle autre d'un autre village. Cela ne tient qu'à son courage, à sa volonté
de se battre et à ses qualités techniques. La solidarité joue à plein entre
les lutteurs d'un même village. La participation n'est soumise à aucune tari-
fication et à aucune réglémentation. N'importe qui peut participer quel que
soit son âge. Rien n'est réclamé par les organisateurs ou les lutteurs. Le
symbolisme religieux se réflète dans l'incarnation du lutteur qui clame
'~a force ne me suffit pas pour venir à bout de mon adversaire •. Il faut ton
assistance, ô Divinité!" Cette mystique de la puissance de la la divinité
explique l'importance des pratiques occultes et des longs préparati~s qui
caractérisent ces manifestations.
Il en est de même pour les régates ou courses de pirogues dans les
régions côtières ou fluviales. Le caractère mystique prédomine sur le simple
caractère ludique.
L'E.P.S. dans la période précoloniale, est aussi intégrée à la vie
et à l'éducation traditionnelle des populations. Tout le monde sait lutter
(1)
Les lutteurs les plus célèbres de la Côte d'Ivoire furent : KLIBO~ DE
HOUINSIN~BAR Gi!SiO~ des départements du Man et Danané. cf notre enquête
auprès du Ministère de la Jeunesse et Sports et dans les différentes
préfectures : DANANE~ BOUAIŒ~ MAN~ GUIGLO~ DALOA etc •.•
- 35 -
et le grand lutteur a un statut social très recherché. Au-delà de la victoi-
re, c'est le culte de l'honneur qui est visé. La victoire d'un des membres
de la communauté réjai11it sur toute celle-ci. N'est-ce pas là la preuve
d'une "maîtrise tonique" en Côte d'Ivoire qui est à la fois le fondement de
la "motricité d'action et la motricité d'expression et de communication"
. . ~
h
.
.
(1)
dans 1es act1v1tes p YS1ques et sport1ves.
On peut noter qu'à part certaines régions comme le Man et la Côte
par exemple, la femme n'était pas autorisée à pratiquer le sport. Elle sert
très souvent de stimulant pour la culture du sentiment de l'honneur.
2.2. - L'implantation et l'organisation de l'E.P.S. durant la
période coloniale
L'introduction puis l'implantation de l'E.P.S. occidentale en
Côte d'Ivoire selon les codifications universellement admises, sont l'oeuvre
de l'armée coloniale et de l'éco1e(2). Il est significatif de constater que
les premiers clubs existants étaient presque tous des clubs militaires. Les
employés de commerce européens, les écoles et les indigènes se sont organisés
ultérieurement. Pour bien comprendre l'évolution de l'E.P.S., il sera néces-
saire de distinguer trois étapes. La première est celle antérieure à 1930
que l'on peut intituler: introduction de la pratique sportive pour les euro-
péens résidant en Côte d'Ivoire. La deuxième étape est l'ouverture de l'E.P.S.
aux indigènes et la troisième étape, l'affiliation aux fédérations françaises.
L'administration coloniale ayant interdit le recrutement d'employés
de commerce européens mariés ou plus exactement la présence de leurs femmes
dans les colonies, la nécessité s'imposait d'organiser leurs loisirs. C'est
ainsi que germa l'idée d'organiser le sport dans les colonies pour leur per--
mettre de lutter contre l'ennui tropical. Dans cette optique, le sport devait
être une distraction pour les seuls européens qui en écartaient les indigènes;
(1)
Le CAMUS, J. : L'enfant maladroit. Paris, P.U.F., 1981 p. 90, 105.
(2)
DIAK, LAMINE : Le Mouvement sorti
Conférence
tenue au Centre Internat1-ona
Ec anges
D al' 25 JU1-n 1976, à
l'occasion du XXIIIe Championnat du ComUé
International du Sport
mi litaire.
- 36 -
KALA LOBE ne disait-il pas : "Le sport importé entre par la porte étroite
de son ennui tropical. Les "colons" se contentent de pratiquer entre eux
1
leurs jeux favoris et ils n'y associent presque pas les indigènes,,( ).
Pour organiser le sport,une structure d'encadrement devait être
créée au sein de la chambre de commerce. Les premières années se traduisirent
par la pratique de l'athlétisme, du foot-baIl, du rugby et de la natation par
les clubs d'Abidjan et de Grand-Bassam.
A Abidjan, quelques clubs militaires
- RAC
Régiment d'Artillerie Coloniale
- RIC
Régiment d'Infanterie Coloniale
- RIMA :
Régiment d'Infanterie Marine
- RTS :
Régiment des Tirailleurs Sénégalais
-
et un club civil : l'Union Sportive des Tireurs Abidjanais se disputèrent
les championats et les coupes de la Croix·Rouge.
Il n'existait pas d'échanges sportifs entre les villes à cause des
difficultés de transport. Les seules compétitions qui les réunissaient avaient
lieu lors du passage d'un escadron français.
C'est vers 1930 seulement que fut créée la première association spor-
tive indigène sous l'initiative de Pierre ZOKOU. Elle devait se dénommer
d'ailleurs l'Union Sportive des Indigènes, devenue "Club des BETE,,(2). Ce
club est né de la scission avec l'Union Sportive des Tireurs Abidjanais consé-
cutive à des pratiques discriminatoires et racistes des européens.
Durant cette période, l'enseignement de l'éducation physique était
(3
assuré régulièrement dans les écoles
)par l'instituteur ou par un sous-
officier, à partir du cours moyen; ce personnel était mal formé pour cette
fonction.
(1)
KALA LOBE : Vocation africaine du Sport. in Présenoe Afriaaine,
2e trimestre 1962. p. 36.
(2)
Les BETE représentent une ethnie de la Côte d'Ivoire.
(3)
Cf les effets du règlement FORTOUT du 3 Mai 1854 rendant "obligatoire
la gymnastique dans les lycées de l'Empire" of Jean SCOTTE : oirculaire
du 8-10-1923 du Gouverneur Général in Bull. de l'Enseignement en A.O.F.
série N° 1 : '~a gymnastique, l'assouplissement, le sport sont indis-
pensables au plein épanouissement de l 'horrme".
- 37 -
Les revendications des indigènes dont Pierre SOKOU était le porte
parole et la magistrale performance des noirs américains aux Jeux Olympiques
de Berlin en 1936, ainsi que l'incoparab1e ascension du boxeur noir améri-
cain Joe Louis ont poussé l'administration coloniale à assouplir sa politique
sportive à l'égard des indigènes. HITLER et la race Aryenne sont sévèrement
humiliés par les noirs. Jess Owens et ses camarades relèvent le défi et bat-
tent en brêche la suprematie des Aryens(I). Dès cet instant, l'administration
coloniale européenne en Afrique a estimé et s'est rappelée que l'Afrique Noire
pouvait constituer une pépinière d'athlètes pour assurer le prestige de la
France aux différents jeux qui allaient être organisés. C'est ainsi qu'une po-
litique de prospection, à longue échéance, du "bois d'ébène", une politique
sélective permet de détecter les meilleurs éléments, qui seront exportés vers
l'Europe pour d~fendre les couleurs de l'empire. KALA LOBE a pu dire: "Le ca-
ractère ~poradique du sport importé, à son premier âge africain ne permet pas
tout de suite aux noirs de se révéler. Il va falloir attendre les Teux Olympi-
ques de Berlin en 1936 et la magistrale performance des noirs américains et
l'incomparable montée de Joe Louis, pour que l'administration coloniale euro-
péenne en Afrique se rappelle que l'Afrique Noire est une pépinière d'athlè-
tes et que des arrêtés soient pris à la hâte pour la prospection sportive à
longue échéance".
Certes, susceptible de faire oublier aux indigènes la véritable
signification des préoccupations coloniales, le sport importé demandait l'ac-
complissement d'une somme d'énergie irréfléchie et faisait appel à l'instinct
de l'indigène capable d'une assimilation rapide car nombreux étaient ceux qui
doutaient des capacités intellectuelles du noir. Certains allaient jusqu'à
dire qu'il ne comprendrait rien aux subtilités du rugby; et à SURET-cANALE
de s'indigner: "Puisque l'enseignement est un mal nécessaire, il faut éviter
qu'il ne devienne un facteur de perturbation sociale" (2) pour les Africains.
Pendant ce temps on assista à une expansion du foot-ba11 à Grand-
Bassam, Abidjan, Bouaké et à l'introduction du basket-ball, de la boxe, de
la gymnastique.
(1)
KALA LOBE: op. cit. p. 36.
(2)
SURET-CANALE, J.
: Afrique noire occidentale et centrale. Préface de
J. DRESCH. Paris, éd. Sociales, 3e éd., 1973 p. 52.
- 38 -
c'est également durant cette période que furent créés de nombreux
clubs qui ont pour nom, JCA (Jeunesse Club d'Abidjan), USFA (Union Sportive
des Fonctionnaires d'Abidjan), PIC
(Panification Industrielle Christian),
OCA (Olympique Club d'Abidjan), le club Nautique Abidjanais, l'Union Sportive
Club de Grand-Bassam (USC-BASSAM) etc.
Pendant ce temps se développe le sport à la l'école. Le Groupe
Scolaire Central de Bingerville (comprenant l'école primaire supérieure et
commerciale, l'école professionnelle, et l'école normale section des moniteurs
et section préparatoire à l'école du Gouvernement Général au Sénégal) crée son
club. Le Lycée Classique d'Abidjan organise des échanges sportifs avec l'Union
Sportive des Tireurs d'Abidjan.
La structure d'encadrement qui était chargée de diriger l'E.P.S.
était constituée par un comité de notables désignés qui est devenu ainsi le
comité fédéral des sports.
Avec l'assouplissement du système colonial en matière d'E.P.S., la
Côte d'Ivoire s'affilia
aux fédérations françaises et participe à l'organi-
sation du mouvement sportif ouest-africain sur une base fédérale. Les clubs
ivoiriens qui ne pratiquaient avant tout que le foot-ball seront administrés
par la Ligue du Foot-ball de l'Afrique Occidentale Française (A.O.F.). Cette
dernière est placée sous la tutelle du comité fédéral des sports. Elle a été
reconnue en 1947 par le Gouverneur Général. Elle a été parrainée par la Ligue
Parisienne de Foot-Hall le 10 Novembre 1947 et reconnue par la Fédération
Française de Foot-ball le 28 Juillet 1951.
Malgré le rôle et l'influence importants de DAKAR (Sénégal) dans le
développement du sport-ouest africain, la Côte d'Ivoire bénéficiait peu à
peu
de structures, de l'encadrement, de la présence française. C'est pour cette
raison que d'éminents athlètes se sont internationalement illustrés sur les
stades d'Afrique et d'Europe en athlétisme, en foot-ball, en boxe et en lutte.
Le sport scolaire et universitaire prend de l'ampleur. En 1952,
l'Office du Sport Scolaire-Universitaire est créé sous la présidence du Rec-
teur d'Académie d'A.O.F. , Directeur Général de l'Enseignement et des Sports.
- 39 -
Comme l'Office du Sport Scolaire et Universitaire français (OSSU), il est
régi
par la loi de 1901(1). Les statuts de l'OSSU
d'A.O.F. sont identiques
à ceux de l'OSSU français. Mais les buts, attributions, et compétences diff~
rent de par les contraintes géogrâphiques, financières et administratives.
Ceci n'empêche pas les textes d'être largement inspirés de l'ordonnance du
12 octobre 1945. "La pratique du sport par les éléments scolaires est l' abou-
tissement logique de la formation physique de base qui leur est donnée dans
chaque établissement d'enseignement".
Des rencontres sportives scolaires internationales sont organisées
en basket-baIl et en athlétisme, et peu avant l'indépendance, des athlètes
ivoiriens accèdent aux championnats de France. C'est d'ailleurs donc dans cet
état que la plupart des pays africains accèdent à l'indépendance au début des
années 60. L'éducation en général est peu organisée. Les objectifs n'ont pas
beaucoup évolué à savoir "l'exploitation systématique des pays conquis"
écrit J. B. KANE(2). Il Y a certes une progression dans le nombre des écoles,
des élèves et dans les objectifs(3).
On se rend compte que l'organisation du sport se référant à la loi
de 1901 qui fixe entre autres les modalités d'organisation des associations
sportives suppose une pratique sportive avec adhésion à un club. Ce texte
réglémente ainsi la participation aux compétitions. Toute une série de mesu-
res allait ainsi détourner les populations de leur système traditionnel d'or-
ganisation. La pratique collective, communautaire organisée se substitue à la
pratique libre ; la programmation fait suite à la spontanéité ; la recherche
de l'intérêt cède le pas à la gratuité. La rationalité chasse la spontanéité,
le mystique et l'irrationnel. La rigueur contraint la liberté.
(1)
La Loi de 1901 ; est reLative à L'organisation des associations à but
non-Lucratif. ActueLLement cette Loi reLative aux associations est cLas-
sé suivant Les références. Décret N° 60-81 du 08 Février 1960 en Côte
d'Ivoire.
- L'ordonnance du 12 Octobre 1945 accorde une déLégation de pouvoirs de
L'Etat aux organismes fédéraux.
(2)
KAJŒ~ I. B. : Memoire de L'Afrique. La diaspora_n9.ire. Paris, Dakar,
Abidjan~ NEA~ coLlection ABC~ 1976.
(3)
MOUMOUNI~ ABDOU : L'éducation en Afrique. Paris~ Maspéro~ 1964. p. 104
ou Education africaine in BuH. Off. dé L'Enseignement en A. o. F.
3ge Année 1950. NouveLLe série nO 3.
- 40 -
L'organisation sportive à la française bouleverse donc complète-
ment les usages et les coutumes des ivoiriens et oppose deux cultures aux
manifestations très différentes que résume la boutade de SENGHOR: "La rai-
son est hellène, le rythme nègre".
La rigueur, les contraintes de tous ordres, la somptuosité du dé-
cor, le rejet de l'irrationnel, le manque d'infrastructures, la compétition
à outrance, voilà les traits saillants de l'organisation de l'E.P.S. pendant
la période coloniale. Son rayonnement se limite à la ville. Cette philosophie
nouvelle explique la concentration des infrastructures et des pratiquants
dans les villes.
STADES OLYMPIQUES :
STADES
BASKET
PISCI-
CLUB
VELODROME
FOOT-BALL, VOLLEY
FOOT-
BALL
NE
NAUTI-
BALL, BASKET-BALL
BALL
QUE
ATHLETISME
25
52
23
3
3
4
TABLEAU N° 4
Panorama des installations sportives en Afrique Occidentale Française aux
environs de 1950 (source Education Africaine in "Bull. Officiel de l'Ensei-
gnement en A.O.F." 3ge année 1950. Nouvelle série N° 3).
3 - E.P.S. APRES L'INDEPENDANCE (1960-1982)
Dès l'accession de la Côte d'Ivoire à la souveraineté nationale le
7 Août 1960, la réorganisation générale de tous les secteurs d'activités du
pays a créé inéluctablement un besoin urgent de cadres(1).
Ainsi, la mise en place progressive des cadres nationaux destinés
à assurer le fonctionnement des différents services de l'Etat et le déve1op-
pement des cultures de première nécessité, fut l'une des préoccupations ma-
j eures des pouvoirs publics ; car l'indépendance suppose la prise en charge
du système gouvernemental, notamment du système éducatif. Se pose le problème
(1)
La Loi N° 60-356 du 3 novembre 1960 promulguant la constitution de la
République de Côte d'Ivoire.
- 41 -
de la substitution d'un système à un autre. Que mettre en plane pour pallier
le vide inévitable laissé par l'ancien occupant? Rompre brutalement ou gar-
der ce qui existe en l'améliorant? Devant le dilemme connu/inconnu, ne pré-
.
fère-t-on pas la sécurité du premier à l'angoisse aventureuse du second et
ses risques de chaos? L'ancien système est maintenu. On fit appel à l'assis-
tance technique, car des cadres locaux, il n'en existe pas encore(l). On sent
"l'impréparation à tout changement sérieux dans l'état des choses existant,,(2).
Devant l'affolement causé par la nécessité du changement, les anciennes struc-
tures, réformées, sont renforcées. Cela se traduit par une organisation admi-
nistrative, pédagogique, méthodologique semblable à celle de la veille, mais
surtout par une reproduction des textes et principes administratifs et offi-
ciels, reconduits dans leur "esprit", c'est-à-dire dans l'essentiel.
Quant au domaine de l'Education physique et des Sports qui nous in-
téresse
historiquement, l'intervention des pouvoirs publics est allée crois-
sant,ce qui n'a pas manqué d'engendrer quelques conflits avec les groupements
privés. Les gouvernements ont perçu l'importance du phénomène sportif et ont
progressivement investi le champ des activités physiques. Par le biais de
l'action des fonds publics, le pouvoir fait pression sur les institutions pri-
vées. Il justifie son intervention par un certain nombre de motifs qui rejoi-
gnent, pour une part, les finalités et objectifs de l'éducation physique déjà
vue (chapitre 1, Se paragraphe). Avec J. MEYNAUD(3). on peut citer l'équilibre
et le bien être, le rendemant et le travail, l'affirmation du prestige natio-
nal qui n'est, certes, pas le moindre(4) et la sauvegarde de l'ordre public.
(1)
Notons, dUX'ant les toutes prermeres années de l'indépendance, la présen-
ce à côté des nationaux, de grands promoteurs français de sports : Geor-
GES RICART pour l'athlétisme; NOUŒEIN, pour le basket-baU; TAX,
FABRE, GEVAUDAN, Foot-baU; CHAMPROUX, boxe; Rene AUDEMARD, voUey-
baU; Ivan CHOLLEY, Marcel RIEUX, cyclisme.
(2)
MOUMOUNI, A : op. cit. p. 145.
(3)
MEYNAUD, J:
Sports et politique. Paris, Payot, 1966.
(4)
:
Les différents régimes sociaux (russe ou américain) tentent de montrer
la supériorité de leur système à l'aide du sport qui constitue un indi-
ce chiffré rigoureux.
-
42 -
Les structures institutionnelles administratives, qui régissent le
sport et l'éducation physique, se divisent en structures publiques et struc-
tures privées que nous présentons successivement, avant d'aborder la pratique
proprement dite des activités physiques et sportives en Côte d'Ivoire.
3.1.1. - Les structures publique~
L'E.P.S. dépend, en 1982, du Ministère de la Jeunesse, de l'Educa-
tion Populaire et des Sports, oeuvrant avec IeB minis tères de l'Education
Nationale,de la Qualité de la Vie, de la Formation Professionnelle et Techni-
que ...
L'évolution de l'Education physique en Côte d'Ivoire est le reflet
de l'évolution observée en France(I). Historiquement donc, la première struc-
ture administrative remonte à 1921. Jusque-Ià le courant sportif est laissé
aux initiatives privées. Devant son développement, des parlementaires prennent
conscience que les pouvoirs publics doivent s'y intéresser. A cette date, est
donc créé un Commissariat à l'Education Physique, aux Sports et à la Prépara-
tion militaire, dans le cadre du ministère de la Guerre. Ce Commissariat édic-
tera en 1925 un règlement général de l'Education physique. Sous l'influence
de certains députés qui pensent que l'Education physique ne doit pas être
laissée aux militaires, celle-ci est rattachée, en 1928, au Ministère de l'Ins-
truction publique, au sein d'un Sous-Secrétariat d'Etat. En 1936, avec le
Front populaire, elle passe sous la tutelle du Ministère de la Santé, tandis
que les Sports et les Activités de Jeunesse dépendant d'un ministère des Loi-
sirs. Les deux organismes fusionnent en 1937, en un Secrétariat d'Etat dirigé
par Leo LAGRANGE. Le gouvernement met l'accent sur la perspective sportive.
C'est l'époque du Brevet sportif populaire.
Sous le gouvernement de Vichy, période fertile en transformations,
on créé un Commissariat général à l'Education générale et aux Sports qui,
dans une tentative de main-mise sur la jeunesse, prend un certain nombre de
mesures pour accroître la place de l'éducation physique à l'école. Un nouveau
corps d'enseignants apparaît, les maîtres formés au Collège National de
(l)
THOMAS, R.
L'Education Physique. Paris, P.U.F. Q.8.J., 1977. p. 102
à 106.
- 43 -
Moniteurs et d'Athlètes d'Antibes (1941). La méthode naturelle devient obli-
gatoire dans les écoles. L'Etat s'ingère dans le fonctionnement des fédéra-
tions sportives: supprime les élections, et leur substitue le choix des diri-
geants par les autorités ministérielles etc ••.
A la Libération, est instituée une Direction Générale de la Jeunesse
et des Sports, remplacée en 1958, au début de la Ve République, par un Haut
Commissariat à la Jeunesse et aux Sports
transformé, en 1966, en un Ministè-
t
re, puis en 1968, en un Secré~ariat d'Etat, auprès du Premier Ministre, chargé
de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs.
Ces changements ont pesé et pèsent encore sur l'E.P.S. ivoirienne.
Dans l'application des textes français en Côte d'Ivoire, l'expérience montre
encore aujourd'hui qu'il existe un décalage d'un à deux ans entre la France
et la Côte d'Ivoire(l). L'explication de ce phénomène peut sans doute être due
au passé historique de la Côte d'Ivoire, pays colonisé: au fait que la plu-
part des assistants techniques français(2) continuent "encore d'appliquer les
textes et programmes français sans trop les adapter aux réalités ivoiriennes.
Ne vaudrait-il pas mieux être ivoirien pour mieux traiter ses propres problè-
mes 1 Pour le moment nous n'en sommes pas encore là.
Toutefois, cette inadaptation de programmes d'enseignement et de
textes,remarquons-le,est due à lanéocolonialisation(nouvelle forme de la-coloni-
sation) avec son système d'exploitation et de profit qui garde les pays de
l'Afrique (notamment la Côte d'Ivoire, le Niger ••• ) dans une situation de
dépendance sociale, culturelle, économique à l'Euro-amérique. La néocolonisa-
tion semble créer une inadaptation de l'homme africain à son milieu de vie
(chômage, prostitution, délinquance, drogue, meurtre etc.
). Physiquement
faible (insuffisance alimentaire, maladies etc), et pas toujours vaillant
(semble-t-il), l'Africain paraît ignorant, joyeux et frustré: il ne se situe
pas dans son environnement et ne se structure pas par rapport aux autres. Il
devient ou est déjà un monstre à deux têtes (bicéphalie) avec une peau noire
et un masque blanc. Le noir a une image négative de lui-même, de son corps,
(1)
:
Avant la mise en application des textes~ des méthodes pédagogiques~ des
principes jrançais~ les pays colonisés ou anciennement colonisés servent
généralement de terrains d'expérimentation.
(2)
Près de 5 000 coopérants dans l'enseignement en 1979.
- 44 -
il déteint en blanc. C'est dommage ! Comment devenir capable, authentique,'
autonome, responsable, coopérant, pacifique ••• ?
Certes la néocolonisation n'a pas fait que du mal, elle a apporté
aussi à l'Afrique la technologie moderne, l'ouverture vers le monde extérieur,
l'esprit-critique etc.
Depuis les premières heures de l'indépendance, la Côte d'Ivoire
s'est vite dotée (1959-1961) d'un Haut Commissariat à la Jeunesse et aux
Sports, tantôt rattaché au ministère de l'Education Nationale, tantôt à celui
des Forces Armées, de la Jeunesse et du Ser\\Tice Civique, tantôt à celui de la
Culture.
En effet, c'est le 30 Avril 1959 que le département ministériel
chargé de la Jeunesse et des Sports de la République de Côte d'Ivoire a été
créé
le décret N° 59-36, portant nomination du premier gouvernement de la
Côte d'Ivoire indépendante crée un Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux
Sports (M. BANNY en fut le premier responsable).
En suivant l'ordre chronologique de parution des textes officiels,
nous retracerons les principales étapes de l'évolution et du développement
du Minis tère.
Le
8 Février 1960, un décret N° 60-81 précise les attributions
du Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports (S.E.J.S.)
- Sport civi 1
- A~tivités extrascolaires, urbaines et rurales
- Equipement sportif civil, scolaire, universitaire
- Centres de vacances - foyers divers
- Contrôle médical.
Le 8 Février 1960, un décret N° 60-82 détermine l'organisation du
S.E.J.S.
- Cabinet
- Administration centrale :
+ Service administratif général
+ Service activités sportives
- 45 -
+ Service Education permanente
+ Service National Education Civique et Rurale ~SNECR)
- Services extérieurs :
+ Directions départementales
+ Centres d'Education permanente
+ Institut National Jeunesse et Sports
(INJS)
+ Ecole Cadres du SNECR-
+ Camp d'application du SNECR
Le 3 Janvier 1961, le décret nO 61-14 portant nomination d'un nou-
veau gouvernement supprime le S.E.J.S. dont les services se trouvent regrou-
pés dans une Direction du Ministère de l'Education Nationale. Pendant deux
ans, les activités de la Jeunesse et des Sports se structurent et se dévelop-
pèrent dans le cadre de l'Education Nationale: Création de l'INJS (1961),
de l'Office National des Sports (O.N.S. en 1961), de l'Office Ivoirien du
Sport scolaire et universitaire (O.I.S.S.U. en 1962) (voir en Annexe les tex-
tes 3 à 9 p374à413 ).
Le 15 Février 1963, le décret nO 63-68 portant nomination d'un nou-
veau gouvernement, crée un nouveau Ministère de la Jeunesse et des Sports
(M. M'BAHIA BLE).
Le 28 Février 1963, un décret nO 63-79 fixe les attributions du
Ministère comportant les trois volets que nous connaissons
- Jeunesse, Education Populaire, Sport.
Le 29 Mars 1963, un décret nO 63-142 précise l'organisation du
Ministère
Cabinet
- Inspection générale
- Service civique de la Jeunesse (J.E.T.)
- Direction des services communs : Administration, Enseignement,
Formation
- Direction de l'Education Populaire
- Direction des Sports
- I.N.J.S.
- Service du contrôle médico-sportif.
- 46 -
Le 10 Septembre 1963. à la suite des graves évènements que l'on
sait (1), le Gouvernement est remanié par décret N° 63-361. Il est institué
un Ministère des Forces Armées, de la Jeunesse et du Service Civique(FAJSC.)
(M. M'BAHIA BLE).
Le 8 Novembre 1963, un décret nO 63-474 fixe les attributions du
Ministère et l'organisation de ce ministère:
- exécution de la politique militaire
définition et réalisation de la politique de la jeunesse
- établissement d'un service civique.
L'organisation prévoit quatre directions centrales dont une pour
la Jeunesse et les Sports et une pour le Service Civique.
Le 4 Février 1966, le Gouvernement est modifié par le décret
nO 66-15 qui comporte la nomination d'un Ministre délégué à la Jeunesse, à
l'Education Populaire et aux Sports (M. BISSOUMA TAPE). Le Service Civique
reste attaché au Ministère des Forces Armées.
Le 17 Mars 1966, le décret nO 66-98 détermine les attributions du
Ministre, on peut le résumer à un retour à celles qui avaient été fixées en
février 1963.
Le 13 Septembre 1966, un décret nO 66-402 fixe l'organisation du
Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports (M.J.E.P.S.)
comme suit
- Cabinet avec Service Autonome Affaires Administratives et Finan-
cières
- Direction Jeunesse, Education Populaire (D.J.E.P.) ; sous-direction
Jeunesse Education Populaire (S/DJEP) + Centre audio-visuel
- Direction Education Physique et Sports (D.E.P.S.)
; sous-direction
Sports (S/D Sport) + Service Sports civils + Service Education
physique
- Directions Départementales Jeunesse et Sports.
(1)
L'agitation de la masse populaire obligea le PT'ésident de la République
à renforcer Ze pouvoir des Forces Armées pour T'établir l'ordre.
- 47 -
Le 25 Avril 1969, un décret nO 69-174 réorganise le M.J.E.P.S,
comme suit
- Cabinet avec Service autonome de la Recherche pédagogique
- Direction Jeunesse, Education Populaire avec Sous-direction
Education féminine
- D.E.P.S. (Direction Education Physique et Sport)
- D.A.A.F. (Direction Affaires Administratives et Financières)
avec Sous-direction Equipement
- I.N.J.S. : Institut National de la Jeunesse et des Sports
- Directions départementales comprenant circonscriptions Jeunesse
et Sports.
Le 15 Juillet 1970, avec la- prise de fonction d'un nouveau Minis-
tère (M. AHIN), une nouvelle réorganisation des structures est adaptée par
décret nO 70-441 :
- Cabinet
- Inspection générale
- D.J.A.S.E. (Direction de la Jeunesse et des Activités Socio-
Educatives)-Sous-direction Féminine ; Service autonome Socio-
éducatif
- D.E.P.S. (Direction Pédagogique et Formation) SID des établisse-
ments de Formation + Service pédagogique et Documentation
- D.A.A.F. SID Equipement + Service Personnel + Service Comptabilité
- Services extérieurs (sans changement).
En même temps était proposé un décret modifiant les attributions du
Ministre. Ce texte N° 72-744 qui a été promulgué le 24 Novembre 1972 met en re-
lief les besoins
de contrôle de personnels et des services justifiant ainsi
la mise en place d'une Inspection générale de la Jeunesse et Sports.
A la même date, un décret N° 72-745 du 24 Novembre 1972 institue un
Conseil national de la Jeunesse.
- 48 -
La croissance et le développement des actions, de l'effectif du
personnel, des besoins des populations impose un réajustement des structures
qui aboutit au décret N° 77-585 du 24 Aoat 1977 toujours en vigueur ce jour:
- La SID de l'équipement est érigée en Service autonome qui se trou-
v~ rattaché au Cabinet.
- La D.J.A.S.E.
2 sous-directions : Education Féminine + Jeunesse
- La D.E.P.S. : 2 sous-directions: E.P.S. et Sports civils
- La D.A.A.F., dotée d'une sous-direction du Budget et Comptabilité
- Les services extérieurs comprenant les Directions régionales et
des Inspections de la Jeunesse et Sport
- Enfin l'I.N.J.S. prend rang de direction centrale et comprend
+ un secrétariat général
+ un département des établissements de formation
+ un département de la formation continue, de la recherche
pédagogique et de la documentation
+ un service national du contrôle médico-sportif.
Ce même décret se trouvera complété par un décret nO 80-112 du
25 Janvier 1980 portant création:
- d'un Service autonome des Etudes et de la Programmation, rattaché
au cabinet du Ministre
- d'une Sous-direction des rencontres sportives internationales,
créée au sein de la D.E.P.S., laquelle depuis la réorganisation
de l'O.N.S. a été rattaché~~ cet Office National des Sports.
Entre temps un remaniement ministériel intervenu par décret nO 78-
125 du 16 Février 1978 a placé M. DONA FOLOGO à la tête du Ministère.
Dans le même temps, le P.D.C.I. - R.D.A. (le parti politique) était
amené à redéfinir les orientations à donner aux Sports qui devaient aboutir
aux trois décrets pris le 12 Décembre 1980 :
- un décret nO 80-1300 transformant l'O.N.S. en établissement public
administratif
- un décret nO 80-1301 instituant un Conseil National des Sports
- 49 -
- un décret nO 80-1302 portant réglémentation applicable à l'équi-
pe nationale de foot-baIl.
Le 4 Mars 1981, un autre décret nO 81-162 transformait aussi
l'O.I.S.S.U. en établissement public administratif.
Enfin un décret nO 81-985 du 13 novembre 1981 portant l'organisa-
tion de l'I.N.J.S. en établissement public (voir tableau 5
: l'organigram-
me de l'I.N.J.S.).
Bien entendu, tous ces textes apportent des modifications au décret
organique du 24 Août 1977, qui devra à bref délai, être remplacé par un nou-
veau texte adapté aux nouvelles structures.
Dans ces conditions, l'organigramme des structures du Ministère
que l'on peut dresser à ce jour est succeptible d'être modifié dans un proche
avenir. (voir tableau 6 - l'organigramme du M.J.E.P.S.).
Puisque nous parlons des textes, qu'il nous soit permis de rappeler
rapidement les textes concernant le personnel du Ministère de la Jeunesse, E-
ducation Populaire et Sports.
Les statuts du personnel sont au nombre de trois depuis l'indépen-
dance.
A l'origine, deux décre~du 7 décembre 1960 ont régi le personnel,
d'une part le personnel de la Jeunesse et des Sports qui comprend cinq corps.
(Animateurs, Maîtres adjoints d'éducation permanente et d'Education physique
et sports (E.P. et E.P.S.), Maîtres d'E.P. , Professeurs d'E.P.S. Inspec-
teurs), d'autre part, le personnel du Service National d'Education civique et
rurale qui comprend trois corps (Moniteurs d'équipe, Moniteurs chefs, Direc-
teur de camp).
Le Deuxième statut particulier est le décret nO 68-35 du 13 Janvier
1968 qui apporte les modifications suivantes
On compte toujours cinq corps de personnel, mais le corps des
Animateurs est en voie d'extinction
êt le corps des professeurs comprend
l'éducation permanente.
Le classement hiérarchique des corps est améliorê, mais il n'est
pas prévu de possibilitês statutaires d'accès au corps des professeurs en fa-
veur des maîtres en service.
TABLE. AU .5 - U(tGf.UIfIllIH.lr.'l[ Of l'H13IlTlIT NAlIlJNI\\1. {lE U\\ JEUNESSE ET DlS Spon TS
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- 53 -
En 1976. les indices de rémunération des personnels enseignants
sont "déchrochés" de la grille de la Fonction Publique. Les personnels d'é-
ducation permanente ne bénéficient pas du décrochage. Cette situation suscite
des critiques et des tensions qui conduisent à la mise au point d'un nouveau
statut particulier. Cela aboutira au décret N° 79-887 du 4 Octobre 1979 qui
constitue le statut actuellement en vigueur.
Aux corps de personnels antérieurs s'ajoute un nouveau corps de
conseillers dont le classement hiérarchique est équivalent à celui des profes-
seurs licenciés. L'ensemble des corps bénéficie des indices des personnels
enseignants. On prévoit le passage d'un corps au corps hiérarchiquement supé-
rieur par des concours professionnels.
Somme toute, nous devons retenir de cette étude des textes du
Ministère de la Jeunesse et Sports, qu'un glissement de cette institution, de
l'Armée vers la Santé. vers l'Instruction Publique ou l'Education Nationale.
enfin vers la Culture ou la Qualité de la vie ou vers l'Education Populaire
(et déjà vers le Temps libre peut-être) montre bien que les finalités de
l'E.P.S. se délimitent mal. Notons aussi la scotomisation de physique pour
ne retenir que celle des sports. Nous y reviendrons souvent.
Le Ministère(l) de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports comprend notamment deux directions. l'une de la Jeunesse et des activi-
tés socio-éducatives (éducation permanente) l'autre de l'éducation physique
et des sports (voir tableau 7
: organigramme d'une direction régionale de la
Jeunesse et des Sports).
Cette dernière exerce sa compétence sur l'éducation
physique. le sport scolaire, universitaire et civil. Elle est en relation
étroite avec les fédérations. Enfin elle est chargée des relations interna-
tionales. Elle se divise en deux sous-directions. Sous la dépendance de l'ad-
ministration centrale - Ministère - se placent les services extérieurs. Dans
chaque académie existe une direction régionale. avec à sa tête un inspecteur
pricipal qui exerce son autorité sous le contrôle du recteur. L'inspection du
personnel enseignant est assurée par un autre inspecteur principal qualifié
de pédagogue. A l'échelon départemental. la structure administrative est cons-
tituée par la direction de la Jeunesse et des Sports.
(1)
:
Voir en annexe les différents textes concernant ra Direction de ra Jeu-
nesse et des Sports depuis 1960 à 1982. Textes N° 4 à 9 .pp. 314 à 413
Tabreaurno2Sà3S
p.414 à 431.
- 55 -
3.1.2. - Les structures privées(l)
Le Comité National Olympique et sportif de Côte d'Ivoire repré-
sente le sport ivoirien auprès des pouvoirs publics et des organismes offi-
ciels ivoiriens ou étrangers. Il est, notamment le seul habileté à assurer
les relations avec le Comité International Olympique (C.I.O.) ou l'Associa-
tion du Comité National Olympique Africain (A.C.N.O.A.). Le Comité National
Olympique de Côte d'Ivoire regroupe les associations de caractère national,
régissant des activités physiques ou sportives placées sous le régime de
la loi du 1er Juillet 1901, principalement les fédérations.
La base du sport ivoirien est en effet constituée par des associa-
tions et plus particulièrement par des clubs. Ceux-ci sont pour la plupart
affiliés à des fédérations. Chaque discipline sportive est régie par un seul
organisme directeur auquel l'Etat délègue ses pouvoirs. Cette fédération est
affiliée elle-même à une fédération internationale. A côté de ces fédérations
dites "unisport" existent des fédérations multisports qui, par affinité con-
fessionnelle ou politique, regroupent des clubs au sein desquels les membres
peuvent pratiquer plusieurs disciplines, telles l'Office Ivoirien du Sport
Scolaire et Universitaire (O.I.S.S.U.). Aujourd'hui, le nouveau statut
d'Association oblige à entretenir au moins trois disciplines sportives (un
sport collectif, un sport individuel, un sport de combat
en plus du foot-
ball et d'une section sportive féminine), et à justifier de l'adhésion de
ISO à 500 membres suivant les catégories ; il instaure en outre le principe
de cogestion entre fédérations et ministère de tutelle en leur imposant pour
un tiers du comité directeur des personnes désignées par l'instance ministé-
rielle.
(1)
:
Ces struotures existent sur papier, mais ne fonotionnent pas toujours
en réalité en Côte d'Ivoire: Le personnel enseignant, insuffisant
d'ailleurs et sous-qualifié, est très rarement inspeoté par défaut
d'inspeoteurs pédagogiques. De temps en temps passe un inspeoteur
français pour inspeoter les professeurs assistants teohniques français
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Certes, oes dernières années, le gouvernement ivoirien pense davantage
à l'inspeotion et au recyclage des enseignants.
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- 56 -
En conclusion il ressort des tentatives de réformes administrati-
ves que l'esprit dans lequel elles se sont faites porte préjudice à leur
efficacité. L'étude du milieu ivoirien, l'analyse psychologique des popula-
tions n'ont pas été approfondies. On a l'impression qu'ainsi on sème la
bonne graine dans une terre rocailleuse. L'adaptation à une situation nou-
velle suppose une intégration du sport dans la conscience collective ivoi-
rienne : La Côte d'Ivoire a besoin d'une structure nouvelle adaptée à ses
réalités d'aujourd'hui et de demain, en tenant compte du passé.
Le constat du sport ivoirien n'est pas simple à établir: l'açtua-
lité changeante et parfois contradictoire agit comme un voile qui cache une
réalité peu tangible. Le succès enthousiasme, l'échec accable et dans tous
les cas, les excès révèlent l'absence d'esprit sportif véritable dans notre
pays. En outre, l'évènement prend le pas sur la réalité plus essentielle,
le superficiel sur le fondamental, et l'opinion publique perd de vue que ce
qui est en cause, ce n'est pas la performance de quelques-uns, mais la quali-
té de la pratique collective.
Au-delà de la péripétie du résultat, l'étude du sport ivoirien
révèle une contradiction fondamentale entre, d'une part, l'importance écono-
mique, sociologique et même politique qui lui est reconnue, qui lui confère
une puissance nouvelle et, d'autre part, la faiblesse de ce qui en est le
support, sa pratique.
3.2.1. - Le rôle économique du sport
Le sport s'impose d'abord comme un phénomène économique d'une impor-
tance primordiale. Le sport en Côte d'Ivoire devient une entreprise de spec-
tacle, une industrie, un puissant moyen de promotion et une véritable profes-
sion.
Le sport est d'abord sans doute la plus grosse entreprise de spec-
tacle qui soit. C'est évident pour des sports comme le foot-ball. C'est désor-
mais le cas des sports réputés moins populaires : le tournoi de tennis, le
tournoi de Golf de Yamoussoukro. Ces sports mobilisent de plus en plus un
grand nombre de spectateurs. La concurrence est même acharnée entre spectacles
- 57 -
sportifs ; chaque fédération suit avec la plus vive attention le baromètre
de recettes, reflet de son audience auprès du public.
Le sport a donné naissance à une puissante industrie, grâce à la
diffusion des activités sportives dans le grand public. Malheureusement la
plupart de ces industries sont étrangères, française surtout. Ce sont
l'industrie de la chaussure de sport, l'industrie des équipements sportifs
standardisés (courts de tennis, salles de sports ••. ) qui sont en pleine
expansion. L'industrie du livre sportif connaît aussi un développement sans
précédent.
Le sport enfin est devenu un moyen de promotion, le meilleur moyen
de lancer un produit .•• L'image sportive fait vendre, même ce qui n'a rien à
voir de près ou de loin avec le sport (l) • Le sport occupe dans les media
ivoiriens (radio, presse, télévision, cinéma etc.) une place de choix.
Le sport est aussi une profession. A l'origine totalement amateurs,
mais peu à peu se sont créés des sports professionnels dont quatre seulement
sont reconnus de manière officielle en Côte d'Ivoire: la boxe, le foot-ball,
le cyclisme et l'automibile. Malgré tout, bien d'autres disciplines sont de-
venues professionnelles sans l'avouer: le golf, le tennis, ou le basket-ball
par exemple. De plus toute une série de professions se sont créées autour du
sport. Pour la haute compétition. on peut citer les arbitres, les soigneurs,
ou encore, dans certains cas, les managers et les impréssarios. Pour la pra-
tique sportive courante, il faut évoquer les professeurs des différents
sports: professeurs de tennis, moniteurs, maîtres nageurs etc ••.
3.2.2. - Le sport, phénomène de société
Derrière cette réalité économique, apparaît une réalité plus essen-
tielle, l'avènement du sport comme "phénomène socio-culturel", l'un des plus
importants de notre époque. Le sport a fait son entrée dans la vie des indi-
vidus comme dans les livres des sociologues ••• Le législateur a reconnu
l'importance du sport dans la société; l'exposé des motifs de la loi n° 80-
1070 du 13 Septembre 1980 sur le développement du sport qualifie ce dernier
de "phénomène social, économique et culturel qui prend une importance crois-
sante dans la vie des nations".
(1)
Une publicité à la Radio-télévision-ivoirienne montre Dago sous l'effet
d'une bouteiLLe de "bière 33//
pédalant et dÉpassant une //voiture Rl 4//
3
à vive aLLure.
- 58 -
Les grands spectacles sportifs (les matches de foot-baIl) et le
retentissement qu'en donnent les mass-media sont la manifestation de l'impor-
tance du sport dans notre société. On se souvient du succès du STADE
d'ABIDJAN, qui, en 1981, a mobilisé la Côte d'Ivoire entière pour le soutenir
pour la demi-finale de la coupe de l'Union du foot·-ball ouest africain (UFOA).
On a compté des milliers de téléspectateurs. L'importance sociologique du
sport se mesure aussi à l'image que peut donner le champion dans le public
le champion devient le modèle que l'on imite, le héros que l'on recherche,
l'idole que l'on vénère. Nous pouvons citer le cas du sprinter GAOUSSOU KONE,
symbole de modestie, de volonté et de santé.
S'il est facile de montrer l'importance du sport comme phénomène de
société, il est beaucoup plus délicat d'apprécier son influence sur l'évolu-
tion de la société. Le sport est l'occasion, souvent, d'une promotion sociale,
notamment pour les sportifs de haut niveau. Le sport, de plus, participe à
l'amélioration du niveau sanitaire de la population. Selon les termes mêmes
du rapport établi pour le Ve PLAN, mieux vaut pour la collectivité consacrer
des ressources au développement du sport que de réparer au prix de dépenses
médicales beaucoup plus élevées les atteintes multiples à l'état sanitaire
de la population.
Certains hommes politiques ou certains sociologues ont pu analyser
le sport comme un facteur de "ciment social", qui réunit des hommes et des
femmes de conditions différentes. Des sociologues, comme Jean Marie
Brohm(I), vont même jusqu'à dénoncer ce rôle du sport qui peut détourner
l'attention des travailleurs de luttes révolutionnaires: le sport, opium du
peuple ••• C'est très certainement exagérer le rôle du sport que de penser
qu'il peut être un facteur durable de solidarité et d'apaisement sociaux.
Si l'on connaît mal l'influence du sport sur les comportements so-
ciaux, il est possible d'affirmer que le sport est à bien des égards le mi-
roir de notre société. Ainsi le sport apparaît-il comme le reflet d'une socié-
té de consommation où le spectacle sportif est préféré à la pratique.De même
le sport est le reflet d'une société dominée par l'argent. Ou encore le re-
flet d'une société victime de la violence: certains matches de rugby ou de
foot-baIl en sont souvent la marque. Enfin le sport peut être l'occasion de
réflexes nationalistes ou chauvins: l'exemple des Jeux Olympiques où la comp-
tabilité des médailles l'emporte sur l'esprit sportif est manifeste à cet
égard.
( 1)
: BROHM~ J. M.
Sociologie politique du sport. Paris, De large, 1976.
- 59 -
3.2.3. - Le sport, une arme et un enjeu polki~es
A l'évidence le sport est une arme politique pour un pays qui
veut asseoir son autorité sur la scène internationale comme la Côte d'Ivoire.
La commission présidentielle sur les sports olympiques constitués aux
Etats-Unis après les Jeux de Montréal concluait son rapport de cette manière:
"L'image de notre pays est ternie par les échecs que nous avons
subis devant des centaines de téléspectateurs. Nous perdons de plus en plus
de terrain face aux pays de l'est pour lesquels la conquête des médailles
d'or est aussi importante que le fut pour nous la conquête de la lune".
Le sport est également une arme diplomatique qui peut faciliter
la reconnaissance de certains Etats sur la scène politique internationale ou
les relations entre deux Etats: l'exemple des pongistes américains dont la
venue en Chine avant l'établissement de relations diplomatiques entre Pekin
et Washington est justement célèbre. En sens inverse, le sport peut être
l'occasion, pour certains Etats de rompre des relations diplomatiques ou de
prendre des positions politiques: ainsi en est-il des pays africains qui ont
renoncer à participer aux Jeux de Montréal pour protester contre la présence
de la Nouvelle Zélande qui avait envoyé son équipe de rugby en Afrique du
Sud.
Le sport, de plus, est devenu un enjeu politique sur le plan na-
tional. On voit ainsi apparaître dans le programme du parti politique unique
des dispositions sur la politique sportive. Une contradiction néanmoins de-
meure entre le
discours politique qui accorde une place de plus en plus im-
portante au sport et la réalité des décisions prises par les responsables
politiques, par exemple au moment du vôte du budget des sports.
L'importance du sport dans la vie économique, sociale et politique
du pays ne trouve pas son prolongement dans la vie quotidienne des Ivoiriens:
l'idée sportive a conquis droit de cité là où la pratique demeure marginale.
Le sport est encore plutôt pensé que vécu, regardé que pratiqué. Cette fragi-
lité de la pratique, constatée à l'école et en dehors, trouve sa traduction
dans les résultats internationaux de notre élite.
- 60 -
3.3.1. - Le poids de l'histoire
un lourd héritage
Le sport n'a jamais occupé la place qu'il méritait dans l'enseigne-
o
·"d
d'ho
(1) d
• ' .
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d'h'
.
0
0
ment 1V01r1en : cette eV1 ence
1er
emeure ver1te aUJour
U1, S1 tout
le monde s'accorde à le reconnaître et à le dénoncer, l'unamité est loin
d'être réalisée pour en expliquer les raisons.
Il est certain qu'à l'origine l'influence de l'Eglise importée en
Côte d'Ivoire par la colonisation a puissamment contribué dans les pays la-
tins, à délaisser les choses du corps au profit des choses de l'esprit. L'é-
lévation de l'âme ne peut se réaliser que par l'abaissement corporel, elle
suppose la négation et le refus des plaisirs physiques et terrestres, le maté-
riel devant s'effacer devant le spirituel.
L'éducation à l'antique est oub1iée,qui permettait une formation
équilibrée de l'individu et réalisait un véritable culte du corps au moyen
de la gymnastique et par la recherche des arts qui en exprimaient la beauté.
Les grands penseurs aussi sont oubliés qui, de Platon à Montaigne,
soutiennent que le corps n'est pas comme l'esprit, mais que tous les deux
sont liés par une nécessaire solidarité dont dépend le destin de l'homme.
Dès lors, les programmes éducatifs n'auront d'autre but que de
donner
aux élèves les connaissances intellectuelles nécessaires au dévelop-
pement de la vie spirituelle: ces "nourritures de l'âme" - en fait, souvent,
un véritable ''bourrage de crâne", produiront des têtes bien pleines, rarement
bien faites.
Par la suite, la vigueur de cette conception s'atténuera et les in-
convénients de la vie moderne, dont nous avons déjà parlé dans le chapitre l,
feront prendre conscience de l'intérêt de l'éducation physique; cependant la
société ivorienne gardera toujours ancrée en elle cette conception d'un dua-
lisme du corps et de l'esprit, selon laquelle les développements de l'un et de
l'autre obéissent à des règles différentes et indépendantes: d'où un ensei-
gnement cloisonné et hiérarchisé, où l'éducation du corps sert avant tout à
donner une bonne condition physique à l'élève et à le préparer à l'enseigne~
men t des autres matières
le "mens sana in corpore sano".
(1)
KALA,L.
op. ait. p. 36
-
61 -
Il est probable auss~ que les origines militaires de l'éducation
physique, sa récupération à des fins politiques ou nationalistes ont contri-
bué à éloigner encore davantage de cette activité des enseignants sensibles
à l'idéal républicain d'é~lité et de fraternité et désireux d'inculquer à
leurs élèves les notions de tolérance et de respect de la liberté de chacun,
à l'heure où notre système éducatif moderne se mettait en place (les lois
de Jules Ferry). L'image d'une Allemagne guerrière et conquérante, dont la
jeunesse avait été embrigadée par le sport, discréditait l'image de ce dernier
et éveillait une méfiance profonde et durable.
Aussi, loin de suivre l'exemple d'un Friedrich Ludwig JAHN qu~, au
début du siècle dernier, invite la jeunesse allemande à pratiquer la gymnas-
tique (le TURNKUNST) pour lui "donner un idéal héroïque, lui rendre le goût
de l'effort et de l'aventure, lui inculquer l'habitude de l'obéissance volon-
taire et du sacrifice, lui rappeler les fortes traditions de la nation", la
Côte d'Ivoire a-t-elle privilégié une forme d'activité physique dépourvue de
toute fonction agressive et mobilisatrice, visant l'individu plus que le grou-
pe, apprenant des mécanismes plutôt que forgeant une mentalité.
Ces différentes raisons contribuent à expliquer ce qu'a été, ce
qu'est encore l'éducation physique dans notre système éducatif: une fonc-
tion hygiénique à usage individuel, un délassement, un repos de l'esprit,
une parenthèse de détente entre deux act~vités sérieuses, c'est-à-àdire
inté11ectue11es •
• "Gymn" sans joie, à caractère obligatoire, à contenu rébarbatif,
la manière dont elle fut enseignée. Tout cela acheva de dévaloriser une acti-
vité qui était déjà reléguée dans un rôle secondaire et que l'on avait dé-
pouillée de toute vertu éducative propre.
En offrant des mouvements de bras à des élèves venus pour se dé-
tendre et qui espéraient des jeux, en imposant ces exercices, en les ensei-
gant avec plus ou moins de compétence et en tous cas rarement d'enthousiame,
les responsable de
l'éducation physique ont contribué à dégoûter des élèves,
génération après génération, de toute activité sportive ultérieure, pour
eux et leurs enfants ; le "une, deux, trois, quatre" du professeur de gymnas-
tique rappelait trop le pas cadencé des militaires pour susciter des voca-
tions sportives : loin de motiver, il a rebuté.
- 62 -
Aussi, pour fuir cette discipline obligatoire, d'autant plus dé-
cevante qu'elle paraissait riche
de promesses, tous les moyens étaient et
sont encore utilisés: installations défectueuses, dispenses médicales com-
plaisamment accordées, excès de travail scolaire (l'éducation étant alors
écartée pour les raisons même qui l'ont fait instituer. Cependant, plutôt
que de s'attaquer aux effets, mieux vaut s'intéresser aux causes: l'abon-
dance de ces prétextes (les dispenses touchent parfois jusqu'à 50% des effec-
tifs d'un classe) n'est-elle la preuve que l'éducation physique, telle qu'elle
est conçue, est insuffisamment attractive?
Dévalorisée par rapport aux autres disciplines enseignées, mal con-
çue dans son organisation, cette discipline mérite le qualificatif de parent
pauvre de l'enseignement et, conséquence logique, le professeur chargé de
l'enseigner n'a été longtemps considéré que comme 'lm professeur "au rabais",
dont s'empare l'imagerie populaire.
• Encore ne parle t-on pas du sport : car pour des raisons
historiques évoquées plus haut, le sport, qui introduit l'esprit de lutte
et la compétition, qui est à la fois le jeu et l'enjeu, n'a aucune raison
d'être le système éducatif ivoirien; amusement réservé à une élite, il ne
serait pas à sa place et pourrait entamer les vertus éducatives du système
aussi, chassé du temple (le sport au ban de l'école), il sera exercé dans
les organisations parallèles; clubs sportifs, fédérations affinitaires ; il
pourra s'épanouir librement, mais l'absence d'une tradition sportive scolaire
et universitaire, comparable à celle qui s'est installée en Grande-Bretagne,
en Allemagne et aux Etats-Unis se fera sentir gravement en Côte d'Ivoire,
accroissant l'isolement et les difficultés des rares courageux qui se lancent
en même temps dans le sport et dans les études et veulent mettre fin à cette
autre vieille idée ivoirienne selon laquelle le "fort en muscle" ne peut
être en même temps le "fort en thème".
De même l'opposition marquée d~s l'origine entre sport scolaire et
sport civil, qui s'est maintenue avec vigueur jusqu'à nos jours, n'est pas
sans produire des effets fâcheux, dont on verra les conséquences ~hapitre V) •
• Les tentatives de réorganisation de l'éducation physique sont
légion
à la fin du siècle dernier, nous dit Bernard Gillet(l), l'Académie
(l)
:
Gillet, B.
op. ait. p. 5 .
- 63 -
des sciences morales puis l'Académie de médecime s'étaient émues de l'im-
portance des programmes scolaires qui provoquaient un surmenage dangereux
pour la santé des enfants. Ces deux éminentes institutions réclamaient la
réduction des heures de classe. et recommandaient les exercices physiques
1
.
d l '
. (1)
et
es Jeux
e p e~n a~r
•
L'après-guerre fut l'occasion d'une progressive reconnaissance de
l'éducation physique à l'école; des textes réglémentaires variés (arrêtés,
circulaires)augmentent l'horaire consacré à cette discipline, en modifient
le contenu et font évoluer le rôle du professeur d'éducation physique; le
sport fait son entrée officielle dans les horaires scolaires par le biais
d'une instruction nO 61-14 du 3 Janvier 1961 qui remplace la demi-journée
de plein air, instituée en 1945 par une "demi-journée de sport", cheval de
Troie d'une évolution inévitable.
Enfin la loi nO 77-584 du 18 Août 1977 portant Réforme de l'Ensei-
gnement, consacre cette évolution en disposant dans son article"5 :
"les activités physiques et sportives sont partie intégrante de
l'éducation. Elles sont inscrites dans tout programme de formation. Elles
sont exercées et sanctionnées comme tout autre discipline dans tous les
examens ou concours, compte tenu des indications médicales". Les articles
suivants précisent les conditions d'organisation de ce principe fondamental.
3.3.2. - La faiblesse de la pratique
Malgré l'évolution favorable que traduit cette loi, malgré les
efforts de tous les groupements intéressés par la pratique sportive en mi-
lieu scolaire, les statistiques sont là pour révéler l'importance du retard
de la Côte d'Ivoire, et pour démontrer son impuissance à donner à chacun
une réelle éducation physique et sportive; on ne peut, par quelques mesures,
éliminer des décennies d'indifférence et de méfiance.
(1)
Un comité pour la propagation des exercices physiques dans l'éducation
comprenant notamment Vic.:totr. Du:rTuy fut constitué en 1888 : mais rien
ne changea dans la pratique.
- 64 -
3.3.2.1. - De la parole aux actes, un fossé
• ~~s l'enseignement primaire, un arrêté du 13 Juillet 1972 a
réaménagé la semaine scolaire, imposant une durée hebdomadaire de scolarité
obligatoire de 27 heures, dont six seront consacrées aux activités physiques
et sportives
révolution, dirent certains; "aube d'une ère nouvelle" pour
l'O.I.S.S.U. du premier degré. Il faut reconnaître qu'un pas important avait
été franchi, puisque dans le régime antérieur l'éducation physique et spor-
.
(l)
tive disposait de deux heures et demie sur un total de trente heures
• La
formule du tiers temps pédagogique prenait naissance.
Cette évolution était confirmée par la loi nO 77-584 du 18 Août
1977 : "La formation primaire suscite le développement de l'intelligence, de
la ·sensibili té artistique, des aptitudes physiques, manuelles et sportives".
Face à cette réglémentation volontariste, le constat démontre une
évolution certes favorable (le point de départ était très bas) mais qui res-
te très largement en deçà des prévisions. Une évolution positive est incon-
testable. Cependant, quatre élèves sur cinq ne bénéficient pas toujours des
horaires que prévoient les textes. Cela est dû à plusieurs facteurs et aux
conditions; dans lesquelles certains enfants pratiquent l'éducation physi-
que et sportive
temps de déplacement ou de transport, absence de terrains
de sports ou de gymnases,de matériel en bon état, compétence de l'institu-
teur, réticences des parents qui n'apprécient pas de voir surtout leurs fil-
les s'exhiber en short et refusant de se priver, au profit du sport, d'une
main-d'oeuvre appréciable dans les travaux ménagers, etc. tous éléments qui
affaiblissent encore davantage la durée et la qualité d'une pratique sporti-
ve déjà réduite à la portion congrue •
• Dans l'enseignement secondaire, des instructions et recommanda-
tions officielles nO 779 du Juin 1971 (2) adressées aux professeurs et maî-
tres d'E.P.S. indiquaient qu'une place importante devait être réservée au
(1)
Il. est prévu une leçon quotidienne de 30mn dans les classes primaires,
deux séances journalières de 15 mn dans les classes maternelles, pour
les exercices physiques (dont la gymnastique de maintien, exercices
naturels, exercices préparant à l'athlétisme, préparant aux sports
collectifs, éducation rythmique, natation).
(2)
Voir les Inst!'Uctions et Reconmandations Officielles de l'E.P.S.
ivoirienne dans notre annexe: texte nO 9. pp. 401 à 413.
- 65 -
sport dans les programmes scolaires. Une circulaire nO 204 du 25 Mai 1974
précise la programmation des activités physiques et sportives dans les éta-
blissements du second degré et fixe à quatre heures l'horaire consacré à
l'E.P.S., à dater du 15 Septembre 1975(1).
Ce degré de pratique correspondait aux voeux de la Commission Na-
tionale de Rénovation Pédagogique qui estimait que cet horaire nécessaire
aux élèves du second degré~ pour assurer un développement physique et psycho-
moteur correct.
Par la suite, une circulaire de décembre 1979 complétée en 1981,
remit en question les principes posés, en introduisant l'idée de sport,
optionnel: il s'agissait pour l'essentiel:
- de conserver "l'horaire officiel de principe" fixé à quatre heu-
res hebdomadaires ;
- d'assurer pour commencer un minimum hebdomadaire de trois heures
"lorsque les installations sont implantées au sein de l'établissement" (ce
qui n'est pas toujours le cas) ;
- de rechercher et de développer les moyens complémentaires qui
permettaient d'utiliser au mieux le temps laissé disponible dans l'horaire
des élèves.
C'était la reconnaissance implicite des difficultés rencontrées
pour installer une véritable E.P.S., c'était avouer que la barre avait été
placée trop haut et que les moyens manquaient pour l'atteindre.
(1)
Voir Enquête sur la fonnation des enseignants d'E.P.S. in Revue Jeunes-
se et Sport., Mars 1981 nO 2 p. 20 ; les étudiants de l'Ecole de Statis-
tique d'Abidjan constate que:
- "40% seulement dBs enseignants déc"'la:rent avoir reçu les Instructions
officieUes." Or à Yamoussoukro même eUes ont été diffusées auprès
des responsables à l'intention dB tous les enseignants. "Objets ina-
nimés., do.~-vous sur que lque étagère ?"
- '~eulement 10% d'entre ceux-qui ont répondu déclarent n'avoir jamais
été inspectés". Ces chiffres sont à rapprocher de ceux que nous a
c.ommu.JiU.qu.é6 l' Inspection Générale : sur 410 enseignants "sur le ter-
rain"., 36 n'ont jamais été inspectés.
- 66 -
Depuis, avec des modifications de détail, c'est cette organisa-
tion qui prévaut dans le secondaire. On ne parle plus des quatre heures
d'E.P.S., sinon à titre d'objectif à moyen terme
ainsi, le Veplan se les
donne-t-il pour horizon, d'ici 1985 ? L'horaire de référence est de trois
heures auxquelles s'ajoutent deux ou trois heures de sport optionnel prati-
qué dans les centres sportifs scolaires (C.S.S.), ou dans les centres d'ani-
mation sportive (C.A.S.) devenus services d'activités sportives (S.A.S.).
Cette politique fluctuante apparaît déjà à beaucoup comme une régression
dans la pratique de l'E.P.S., puisqu'auparavant les élèves bénéficient de
deux heures d'E.P.S. ainsi qu'une demi-journée de sport.
Certes la loi nO 77-584 du 18 Août 1977 dispose que la formation
secondaire repose sur "un équilibre des disciplines intellectuelles, artis-
tiques, manuelles, physiques et sportives", mais la réalité des chiffres et
la pratique montrent des résultats peu satisfaisants.
L'horaire moyen (voir t~bleau nO 8) a diminué de 1975 à 1980, de
quelques minutes passant de 58 mn à 17 mn alors qu'à l'étranger, ces durées
sont sensiblement supérieures : R.F.A. : 3 à 5 heures; Japon: 4,5 à 6 heu-
res; Pologne: 3 heures; Yougoslavie
3 heures
Espagne: 3 heures
Grande-Bretagne : 3 heures ; R.D.A.
2 heures + 3 heures optionnelles ;
France: 2 heures 21 minutes.
Pour comprendre la situation réelle de l'E.P.S. dans le secondaire,
et l'extrême diversité des situations, notons par ailleurs: ainsi, au cours
de l'année 1978-1979, des centaines d'établissements ont été dépourvus d'en-
seignants. En 1979-1980, des dizaines de classes de premier ou second cycle,
soit des milliers d'élèves, n'ont connu aucun enseignement d'E.P.S. Dans la
même période. il était possible que plusieurs classes dépassaient l'horaire
"prévu", soit quatre heures.
Là encore, les cas particuliers sont légion et les conditions
dans lesquelles s'exerce la pratique sportive influent sur sa qualité et
constituent des éléments aussi importants que l'horaire qui lui est consa-
cré.
- 67 -
TABLEAU 8
- ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRE
1 - EVOLUTION DU PERSONNEL D'E.P.S.
1
1975-1976
1976-1977
1977-1978
1978-1979
1979-1980
CADRE NATIONAL
222
247
270
287
293
i
1
ASSISTANCE
j
30
23
1
19
20
16
1
TECHNIQUE
r
1
AGENTS TEMPO-
-
-
5
5
5
RAIRES ETRANGERS
.
T
0
T
A L
252
270
294~2
314
REMARQUES
- Ne sont pas comptés les personnels détachés dans les services
centraux (Direction Générale, Direction Régionales) et au C.N.T.P.E.
- Assistance technique: Française, Américaine, Belge •..
- Les agents temporaires étrangers sont en majorité des ensei-
gnants non africains, ainsi que des ressortissants des autres pays afri-
cains.
. Chiffres provisoires. Source: Education Nationale. Direction
de la Planification et des Investissements.
- 68 -
2 - ENSEIGNEMENT SECOND DEGRE
•
!
EFFECTIFS
NOMBRE DE POS-
QUOTIENT_
HORAIRE
A N NEE S
DES ELEVES
TES AU TITRE
MAITRE/
MOYEN
DU 2e DEGRE
ELEVES
1975-1976
95 177
252
378
58 mn
1976-1977
102 387
270
379
57 mn
1977-1978
112 141
294
381
56 mn
1978-1979
125 749
312
403
45 mn
1979-1980
144 605
314
460
17 mn
1980-1981
172 409
REMARQUES
- Ces calculs sont évidemment, purement théoriques et résultent
d'une série d'extrapo1ations(taux d'encadrement moyen des élèves, capacité
fictive d'heures d'enseignement) et de données connues: effectifs d'élèves,
nombre de postes d'enseignants pour le second degré (ne sont pas compt~s
les personnels détachés dans les services centraux, Direction Générale et
Directions Régionales et au C.N.P.T.E.).
- Ils ont pour intérêt essentiel de renseigner sur la diminution
de la capacité pédagogique dont dispose l'enseignement sportif. Cette dimu-
nition, on le voit, est forte.
- Ces calculs ont été faits en se référant à ceux de la France :
en 1976-1977, le quotient maître-élèves était 221, et l'horaire moyen 2 H
16 mn ; en 1978-1979, 212 pour le quotient maître-élèves, et 2h 21 mn
pour
l'horaire moyen; soit une diminution d'environ 10 pour le quotient maître-
élèves, et une augmentation de 5 mn pour l'horaire moyen.
Chiffres provisoires (Source : Education Nationale, Direction de
la Planification et des Investissements).
- 69 -
3.3.2.2. - Les enseignants face à l'E.P.S.
apport
limité
. Dans le secteur primaire, Une circulaire du 25 Mai 1974 énonce
"Il importe donc que l'instituteur soit chargé d'enseigner l'édu-
cation physique et sportive au même titre que le français, les mathématiques
ou les disciplines d'éveil ..• L'unicité du maître doit être la règle; ce-
pendant prnlr
tenir compte des goûts, des compétences et parfois des possi-
bilités des maîtres, certains aménagements peuvent être admis ..• Mais il
reste bien entendu que chaque maître doit assurer l'essentiel de l'enseigne-
ment dans sa classe et par conséquent ne peut être affecté à temps à l'édu-
cation physique et sportive".
Le principe de l'unicité qui reste donc la base de l'enseignement
dans le premier degré, n'est pas sans présenter de grands inconvénients, aux-
quels les pouvoirs publics ont voulu remédier en créant des postes de con-
seillers pédagogiques de circonscription: il s'agit pour l'essentiel de
professeurs d'E.P.S. intéressés par les problèmes de l'école primaire, ou
d'instituteurs sensiblilisés à la pratique sportive. En outre a été mis en
place un programme de formation initiale des instituteurs dans les Ecoles
Normales, dans les Centres d'Administration et de Formation Professionnelle
(C.A.F.C.P.), afin d'accroître leur compétence en la matière: trop souvent,
en effet, ces enseignants, peu sensibilisés et souvent abandonnés à eux-
mêmes, négligent de respecter l'horaire d'éducation physique ou alors se
contentent de faire quelques exercices rudimentaires.
A l'heure actuelle, trois constations résument la situation.
- On peut estimer que, depuis 1971, certains instituteurs ont eu
l'occasion au moins une fois de participer à des journées d'information sur
l'éducation physique. Toutefois les stages de formation proprement dits ont
essentiellement concerné les élèves du C.A.F.C.P. Il y a donc pour l'avenir
un élément positif. Il reste à s'interroger sur l'impact réel de ces visites
de quelques heures, voire sur l'efficacité de ces stages, tant est grande
l'inertie à combattre: contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce
n'est pas forcément chez les jeunes instituteurs que l'on rencontre le moins
de difficultés, ni chez les anciens le plus de réticences. Les lendemains de
l'E.P.S. du premier degré pourraient donc paraître encore bien incertains.
-
70 -
- Le rôle des conseillers pédagogiques, dont la tâche consiste
à aider et conseiller les maîtres titulaires et remplaçants dans l'organisa-
tion pédagogique des activités d'éducation physique et sportive, est insuf-
fisant. En effet, ils sont trop peu nombreux : la première promotion, au
nombre de quinze, formée sur place, prend fonction l'an prochain 1982-1983.
En outre, en poursuivant le rythme actuel de création de quinze postes de
conseillers par an, il faudra plus de trente ans(l) pour parvenir à la moyen-
ne raisonnable d'un conseiller pour 100 instituteurs.
- La formation initiale des instituteurs en matière d'E.P.S. de-
meure insuffisante, malgré les efforts: Trop peu de professeurs d'E.P.S.
sont chargés de préparer des milliers de normaliens, à raison de trois
heures par semaine ; ce qui est trop peu pour les initier et les motiver
aux particularités de cette discipline qui, si elle n'est pas considérée
comme fondamentale dans la formation de l'Ecole Normale, risque fort de ne
pas l'être davantage dans le programme bâti par l'instituteur qui en est
issu.
. Dans le second degré, deux séries de facteurs expliquent l'in-
suffisance de l'enseignement sportif.
- La faiblesse du nombre d'enseignants d'E.P.S., d'ailleurs dis-
traits vers d'autres activités, en dehors du Lycée ou du collège.
L'importance du déficit varie suivant les données que l'on prend
en compte : sur la base de 25 élèves par classe et de trois heures hebdoma-
daires, le déficit en postes budgétaires était de plusieurs centaines de
pos tes en 1981.
Malgré le "plan de relance de l'éducation physique et sportive"
en 1979, force est de constater que l'analyse de la programmation retient
les
hypothèses les plus favorables et surestime sans aucun doute les résul-
tats réels qui ont été enrégistrés à la rentrée.
- Ce déficit est encore plus aggravé par les horaires des ensei-
gnants (20 heures et 25 heures) ces horaires sont sensiblement inférieurs
à ceux de leurs collègues étrangers : Grande-Bretagne : 30 heures ; Canada
31 heures; Japon: 27 à 33 heures; Pologne: 23 heures.
(1)
Et bien plus en tenant compte de l'évolution démographique.
- 71 -
En outre ils ne sont pas affectés en totalité à l'enseignement,
puisque l'horaire de service peut inclure le temps consacré à l'animation
de l'association sportive de l'établissement. Seule une très petite minori-
té des enseignants (de l'ordre de moins de 10%) a choisi de participer à
l'animation de l'OrSSU en dehors de l'horaire normal (voir tableau 9 :
récapitulatif des activités de l'OrSSU) ; tandis que" près de 55% des en-
seignants interrogés déclarent s'occuper d'activités sportives extra-
Scolaires (dont 2/3 d'hommes et 1/3 de femmes)" (Voir compte rendu de l'en-
quête sur la formation continue des personnels d'EP.S. in Revue Jeunesse et
Sport, mars 1981, nO 2 p. 20).
TABLEAU 9
RECAPITULATIF DES ACTIVITES DE L'O.l.S.S.U.: ANNEES 1979-1980
Source : Minist~re de la Jeunesse,
de l'Education Populaire et des
Sports.
~-
ECOLES SECONDAIRES
TOTAL
PARTICIPATION REGIONALE
PARTICIPATION DES
IŒCIUNS
ET
PAR
GENERAL
ETABLISSEMENTS
SUPERIEURES
DISCIPLINE
1
A N NEE
r. ARC 0 N S
FILI.ES
PAR REGION
F
G
1979-1980
F.B
B.B
H.B
V.B
ATH
B.B
H.B
V.B ATH TOTAL
1er Cycle:
52
ZONE SUD
1351
2503
48
23
44
17
20
56
12
210
2e Cycle+Supêrieur :
24
-
1er Cycle :
31
.......
ZONE CENTRE
884
2123
37
Il
26
12
12
23
8
129
2e Cycle+Supérieur :
10
N
- - - - - -
-
1er Cycle :
Il
ZONE EST
351
552
12
6
10
5
4
8
2
45
2e Cycle+Supérieur :
2
------
1er Cycle :
14
ZONE NORD
188
603
15
5
11
9
0
13
0
53
2e Cycle +Supérieur :
2
1 - - - - - - - - - - - - - - - -
1er Cycle
ZONE OUEST
135
427
11
5
6
5
27
2e Cycle+Supérieur
- - - - -
f - - -
-
1er Cycle
:
14
CENTRE OUEST
480
1014
16
11
6
6
4
6
0
41
2e Cy.cle+Supérieur :
6
1er Cycle :
1ï-
CENTRE EST
302
587
14
4
13
7
4
13
0
55
2e Cycle+Supérieur :
7
- - - - - - - -
1er Cycle :
I-g
SUD OUEST
477
1145
22
7
16
8
3
17
0
73
2e Cycle+Supérieur :
- - - - - - - - - - _ . -
~-
1er Cycle :
TOT A L
III '18
8054
175
72
132
68
47
126
22
bD
2e Cycle+Supérieur :
- ------------- --_._----
--
!ŒHAJU/UE
On note wle participation plus forte au 1er Cycle qu'au 2e Cycle. On est en droit de supposer
une diminution de la participation au supêrieur, et aussi plus tard dans la vic active.
- 73 -
3.3.3. - K.P.S. dans l'Enseignement Supérieur:
La situation est encore plus catastrophique. Malgré les nombreux
textes qui posaient le principe de la pratique de l'E.P.S. dans l'enseigne-
ment supérieur, et qui créent l'obligation pour chaque université d'organi-
ser l'E.P.S. au moyen de services communs aux différents départements, la
pratique atteint un taux très bas : ne fait du sport que celui qui est déjà
convaincu, avant d'entrer à l'université, de son intérêt et de ses bien-
faits. Loin d'avoir un rôle formateur à la matière, le système universitai-
re tend à étouffer les velléités sportives : ce sont les terrains et les
équipements qui manquent, les cours ou les examens qui "tombent" le jour
ou l'après-midi de la rentrée sportive etc. Nombre de talents, éclos quand
ils étaient juniors, se sont étiolés au contact d'une ambiance aussi sclé-
rosante.
Une autre raison tient à l'absence de cadres: à l'université
le rapport théorique moyen enseignants - étudiants est voisin de 1 pour
900 et sera encore plus faible à l'avenir, avec les nouvelles orientations
du "plan de relance" sans budget nécessaire (voir Tableau 10).
TABLEAU
10
E.P.S. SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE
ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE
ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE
UNI VER S l T E
(Public
et
Privé)
(Public
et
Privé)
A N NEE
(Toutes nationalités)
;
1-
-
--
EFFECTIF
LICENCIES
POURCENTAGE
EFFECTIF
LICENCIES'
POURCENTAGE
EFFECTIF
LICENCIES
POURCENTAGE·
- -
1970-1971
502865
72127
14,34
63978
7976
12,47
3092
531
17, 17
1971-1972
527615
75242
14,26
75363
9695
12,86
3489
516
14,79
1972-1973
566689
79301
13,99
85809
10499
12,24
3938
619
15,72
-
1973-1974
606263
90603
14,94
88905
7526
8,47
4734
709
14,98
- - -.
1974-1975
641369
93856
14,63
95117
12926
13,58
5366
709
13,21
1975-1976
672707
102387
6274
787
12,54
1976-1917
735511
112141
7240
6,46
7493
821
10,96
1917-1978
815277
125749
10014
7,96
8603
929
10,80- -
1978-1979
888728
144605
11017
7,66
9959
1181
Il ,86
1979-1980
963246
172409
11700
6,79
11651
1005
8,63
1980-1981
12842
1222
9,52
1981-1982
12656
Chiffres provisoires (source
Ministère de l'Education Nationale. Direction
des Statistiques).
.......
.Ç-
1
PARTICIPATION CIVILE ET UNIVERSITAIRE
1
{Abidjan Université CLUB et O.I.S.S.U.)
A N NEE
EFFECTIF
P
0
U R
C
E
N T
A
G
E
A.U.C.
O.1.S.S.
TOTAL
A.D.C.
O.1.S.S.
TOT A L
1978-1979
9959
190
510
700
1,90
5, 12
7,02
1979-1980
11651
220
510
730
1,89
4,38
6,27
1980-1981
12842
280
1050
1330
2,18
8,18
10,36
-.J
lJ1
1981-1982
12656
420
1020
1440
3,32
8,05
Il ,37
Chiffres provisoires. (Source: Tableau construit avec les données fournies
par M.E. YEBART, responsable du sport universitaire Abidjan ler/06/82.
- 76 -
1
EFFECTIF
EFFECTIF
QUOTIENT ENSEIGNANT-
A N NEE
ETUDIANTS
ENSEIGNANTS
ETUDIANT
1977-1978
8603
9
956
1978-1979
9959
9
1106
1979-1980
11651
12
971
1980-1981
12842
16
803
1981-1982
12656
19
666
1
REMARQUES
- La participation sportive
universitaire est faible.
- Les chiffres donnés sont provisoires.
-
77 -
3.3.4 - La faiblesse du sport scolaire
La pratique sportive en dehors des heures normales d'éducation
physique dans le cadre scolaire est peu développée •
. Dans le secteur primaire, 14 à 14,5% (14,43%) seulement des élè-
ves participent aux activités de l'O.I.S.S.U. du premier degré et ce nombre
n'augmente pas sensiblement (si tous les "licenciés" participent) •
. Dans le secteur secondaire, deux constatations peuvent être fai-
tes
- 10% environ (9,83%) des effectifs de l'enseignement secondaire
pratiquent le sport dans le cadre de l'O.I.S.S.U. (dans le cas où tous les
"licenciésll participent). C'est là un résultat intéressant, preuve d'une
incontestable vitalité !
- Le sport optionnel ne touche actuellement en moyenne que 3% des
élèves du second degré et dans les meilleurs cas (académies traditionnelle-
ment très motivées) ne dépasse pas 10%.
Dans l'ensemble de ces évaluations, il ressort que l'E.P.S. à
l'école est encore mal assurée: le ·progrès n'est plus tant à réaliser dans
les textes (l'évolution des mentalités a permis certains changements sur le
papier) que dans la réalité: formation et attitude des enseignants, inser-
tion de l'E.P.S. dans les programmes scolaires, participation des élèves à
la vie sportive de leur établissement sont autant de points essentiels à
traiter.
3.4. - L'E.P.S. EN DEHORS DE L'ECOLE
UN SOUS-DEVELOPPEMENT
GENERAL
Marginale à l'école, la pratique sportive l'est également dans la
vie quotidienne des Ivoiriens
les statistiques, les sondages et les impres-
sions recueillies aboutissent à un résultat identique, que l'on peut présen-
ter brutalement: neuf Ivoiriens sur dix ne pratiquent aucun sport, même de
façon irrégulière. Cette faiblesse contraste avec l'importance reconnue au
sport dans la vie sociale, elle est même contradictoire avec l'intérêt qu'une
majorité des Ivoiriens lui accordent à titre de spectacle, de loisir ou d'ac-
tivité de santé: comme en bien d'autres domaines, il faut croire que
- 78 -
l'Ivoirien juge le sport nécessaire et bénéfique, mais pour les autres
Ce phénomène inquiétant peut se mesurer de diverses façons.
3.4.1. - Evolution du nombre des "Licenciés"
Nous appelons "licencié" tout individu titulaire d'une autorisa-
tion (licence
sportive) lui permettant de pratiquer une activité physique
et sportive.
Depuis 1960, le nombre de "licenciés" a été multiplié par 2 ou 3.
Cette progression demeure néanmoins relativement modeste en comparaison du
nombre de licenciés de certains pays semblables à la Côte d'Ivoire, et n'in-
dique qu'imparfaitement le nombre de pratiquants réels, puisqu'une même per-
sonne peut posséder plusieurs licences (deux voire trois comme pratiquant à
l'O.I.S.S.U., en club etc.).
Concernant l'évolution des effectifs des grandes fédérations
"uni-sport", on note les progressions les plus fortes pour la fédération de
judo et celles de tennis, de hand-ball et de rugby. Un certain nombre de fé-
dérations ont presque doublé leurs effectifs. A l'inverse, certaines disci-
plines (athlétisme, gymnastique, natation, aviron) connaissent une quasi-
stagnation. Ceci est particulièrement dommageable si l'on considère que ces
fédérations concernent des activités fondamentales pour le sport.
Quant aux fédérations omnisports (affinitaires), e11~connaissent
un renouveau notable.
Mais les Ivoiriens qui font du sport au sein d'une association ne
représentent qu'une partie des pratiquants du sport. En dehors des clubs,
ils peuvent en effet exercer leur activité dans le cadre de l'école, de l'U-
niversité, de l'armée, de l'entreprise ou encore à titre purement individuel.
Il importe donc de mesurer la place relative des associations dans l'ensemble
du sport ivorien.
L'absence d'archives, de documents de recherches systématiques sur
l'E.P.S. ivoirienne, de sondages fiables, ne nous permet pas d'apporter des
précisions que nous souhaitons. Mais toutefois notre expérience sur le ter-
rain, nos entretiens avec la masse, nous permettent de dire :
- 79 -
- le nombre de "licenciés" est faible par rapport au nombre de
pratiquants ré guI iers "non-licenciés" de chaque discipline : (c'est le taux
d'affiliation). La possession d'une licence sportive et l'entrée dans un
club constituent souvent un seuil que refusent de franchir certains adeptes
de la discipline; ils rejettent ou craignent l'engrenage de la haute compé-
tition, image de marque qui semble donc peu attrayante, voire franchement
rébutante. Notre inquiétude est grande quand nous constatons ce faible taux
d'affiliation dans ces deux sports fondamentaux que sont l'athlétisme et la
natation. Ceci nous amène à nous interroger sur quelles structures offrir à
l'heure actuelle aux sportifs qui ne se sentent pas concernés par la grande
compétition, mais qui trouvent cependant un attrait certain à la discipline.
Un certain nombre de facteurs influent sur la pratique sportive
l'âge: la pratique sportive baisse avec l'âge, avec l'entrée
dans la vie active ;
· la profession: la pratique sportive demeure, dans l'ensemble,
une activité des classes aisées de la population (limites de la démocratisa-
tion du sport)
• le mariage : il traduit un ralentissement de la pratique sporti-
ve, surtout dans les premières années ;
• le sexe:
la pratique sportive des filles plus faible que celle
des garçons, l'est encore davantage à la sortie de l'école;
• l'environnement socio-économique: la famille (surtout rôle édu-
catif de la femme, mère et épouse) favorise ou empêche le développement du
sport. Le sport ne peut se développer librement dans l'entreprise: car les
chefs d'entreprise pensent qu'il accapare le dynamisme physique des salariés,
ou alors ils s'en servent pour favoriser la promotion publicitaire de leur
société. L'organisation de la cité crée des obstacles à la pratique sportive
manque de temps disponible, la fatigue, les difficultés de transport, les in-
suffisances d'équipements sportifs nécessaires au développement de -la qualité
de la vie des résidents.
Somme toute, dans l'ensemble de ces données, il résulte que le
sport est encore loin d'occuper dans la vie quotidienne une place importante
et que la pratique individuelle y demeure souvent marginale, davantage encore
- 80 -
qu'à l'école. Cette situation prend, à bien des égards, l'allure d'un sous-
développement dont les caractéristiques sont: l'existance de blocages ins-
titutionnels et psychologiques, la fragmentation de la pratique suivant le
lieu où l'on se trouve (école, armée, entreprise, club) et les distorsions
entre des domaines relativement prospère et de vastes secteurs totalement
démunis (femmes, troisième âge, ouvriers et employés, villes et campagnes),
etc. Malgré les efforts constatés, le sport apparaît toujours comme l'apana-
ge d'un groupe réduit de la société dont l'on peut dresser le portrait-robot:
sexe masculin, âge entre seize et trente-cinq ans, situation professionnelle
aisée, de préférence célibataire.
On peut espérer cependant que le taux de progression de "licences",
s ~il se confirme, permettra de réaliser le "décollage" indispensable, condi-
tion d'une nécessaire démocratisation.
3.5. - UNE SANCTION
LES RESULTATS INTERNATIONAUX
Les résultats internationaux ne sont pas un critère décisif de la
valeur sportive d'un pays. D'autant plus que les conditions propres aux com-
pétitions de haut niveau, les particularités de leur évolution rendent déli-
cate toute comparaison et interdisent de tirer des conclusions à caractère
absolu.
Cependant ces résultats, par les tendances qu'ils dégagent, appor-
tent des enseignements utiles sur la façon dont un pays conçoit le rôle de
son élite et sur sa manière de la préparer aux affrontements suprêmes
joints
à d'autres, ils permettent de souligner l'importance qu'il accorde au sport
et de juger l'efficacité de ses méthodes.
Dans le cas particulier de la Côte d'Ivoire, ils sont un indica-
teur supplémentaire de la fragilité de la pratique sportive. (voir les résul-
tats sportifs, tableaux N° Il à 16 dans les pages suivantes)
3.5.1. Médiocrité croissante des résultats
La caractéristique principale du sport ivoirien au niveau le plus
haut semble être une médiocrité, dont on peut craindre qu'elle ne s'aggrave
au fil des ans.
- 81 -
Les résultats obtenus aux Jeux Olympiques,les classements à l'é-
chelon continental et intercontinental par les athlètes ivoiriens donnent
des mesures de ce phénomène.
FOOT - BALL
TABLEAU
Il
QUELQUES RESULTATS INTERNATIONAUX nu FOOT-BALL
-
.A N NEE
E QUI P E S
T l T RES
1957
Association Sportive des Em-
Finaliste en coupe d'A.O.F.
ployés de Commerce (ASSEC)
ABIDJAN
Association Sportive des Em-
1958
ployés de Commerce (ASSEC)
Finaliste en coupe d'A.O.F.
ABIDJAN
Association Sportive des Em-
1959
ployés de Commerce (ASSEC)
Finaliste en coupe d'A.O.F.
ABIDJAN
1958
AFRICA SPORT n'ABIDJAN
Coupe d'A.O.F.
1966
STADE n'ABIDJAN
Coupe d'Afrique des CLUBS
1977
STABE n'ABIDJAN
Finaliste en coupe de
l'U.F.O.A.
Le foot-baIl ivoirien a connu une épopée glorieuse pendant la
période coloniale. Il a été plusieurs fois finaliste ou champion en coupe
d'Afrique Occidentale Française (A.O.F. 1957, 1958, 1959) ou de l'Union
du Foot-BalI de l'Ouest Africain (U.F.O.A. 1977). Les premières années de
l'indépendance ont permis quelques instants de conserver cette position.
Mais malheureusement depuis un certain temps(1966) le foot-baIl ivoirien est
régulièrement écarté des grands rendez-vous du foot-baIl continental. La
situation n'est-elle pas déplorée ainsi par certains journalistes comme:
- 82 -
EFFEKA (1) "Aux yeux des sportifs il y a longtemps que notre foot-ball a
foutu le camp" ou comme Félicien KOUTOUAN(2)
: "Des regrets, nous en aurons
toujours, nos équipes nous ayant habitués depuis longtemps à cet état de
fait."
Assiste-t-on aujourd'hui à sa remontée au lendemain de son triom-
phe dans le tournoi l'U.F.O.A. en 1977 par le STADE D'Abidjan? Certes pas,
car après les différents échecs, le Conseil des Ministres (6 Août 1980) n'a-
t-il pas décidé(3) "la suspension de notre équipe nationale aux compétitions
internationales 1980-1982", tant le niveau est bas? Ainsi gémit le "sport-
roi" ivoirien.
ATHLETISME
L'athlétisme suit également la courbe décroissante(voir tableau
12, 13). Après les exploits des aînés qui sont Jacques AYE, GAOUSSOU KONE,
SEGUI KRAGBE et autres, le flambeau s'est presque éteint. Un classement est
difficile à faire. Une énumération des athlètes de classe africaine mérite
d'être dressée:
- JACQUES AYE : recordman d'Afrique au javelot (79,49m en 1975)
- GAOUSSOU KONE
recordman d'Afrique aux 100m plats (10"2). Il
s'est même payé le luxe d'arracher une place en finale
des Jeux Olympiques de TOKYO en 1964 et demi-finaliste (6eme)
aux 100m à Mexico en 1968. Amadou MEITE devient aujourd'hui le
digne successeur de KONE (10"1 aux 100m) et mérite d'être suivi:
il a accédé aux demi-finales du 100m à Montréal.
Pour le reste, les résultats du tableau des recordmen et record-
women ivoiriens en athlétisme méritent une mention :
(1)
EFFEKA: Que vaudra notre équipe nationale en 1980 ? in Revue
FRATERNITE HEBDO~ le journal du parti démoaratique de Côte
d'Ivoire nO 1082 du 11 Janvier 1980 p. 24.
( 2)
KOUTOUAN F. Coupe d'Afrique des vainqueurs de aoupe~ in FRATERNITE-
MATIN
du 23 Mars 1981 p. 16.
( 3)
FRATERNITE MATIN~ Spécial An 20 ~ Nov. 1980 p. 86
'~es éléphants pour
un nouveau (Mpart".
- 83 -
TABLEAU 12
LES RECOFnS IVOIRIE~S EN ATHLETIS~Œ.
Source : ~inistère de la Jeunesse, de l'Education
Populaire, et des Sports.
1
1
R E COR D S - MEN
1
R ECO R D - W 0 H E ~
1
1
100 m
:
la" l à Dakar 2/8/79- Amadou
12" à Libreville 11/4/79 : ~'DRI CELES~
,
MEITE
TI~IE
1
1
200 m
;
20"7 à Mexico 5/9/79 :
25" 1 à Abidjan 23/3/79 :
N'DRI CELES-'
Amadou ME ITE
TUlE
400 m
:
47"1 à Tunis 12/8/77 :
54"1 à Montréal 26/7/76
N'DRI CELES-
AVOGNAN
TINE
1
800 m
:
l' 51 "3 à Abidjan 13/4/77 :
2'05"3 à Montréal 23/7/76
N'DRI CELES-
DIARASSOUBA D.
TINE
1
1 500 m
:
3' 54 "5 à Tokyo 10/7/64 :
, (1500m)
: 4'42"7 à St Maur. 23/7/76
DEN OS ADJL'1A
N'DRI CELESTINE
3 000 m
:
9'28" à Abidjan 1976 :
(Penthlon) : 3379 points : EK..'l.A DENISE
KONATE LASSL'IA
j 000 m
:
14'53"2 à Paris 13/9/64 :
(3000m) : 10'32"8 à Bourges 18/6/77
JEAi\\l TOFFEY
N'DRI CELESTINE
1
[10 000 m
31 t 36 à Ab idj an 15/12/63
JEA.."l TOFFEY
!
110 m haies: 14"1 à Abidjan 11/9/71
(100m haies): 15 "3 : KOUTOUAN CELE ST L'lE
MAKI SIMBARA
400 m haies
52"à Ab idj an 8/4/72 :
YAO DEBRL'10U
1
1 Hauteur
2,C8m à Abidjan 5/5/79 :
1~65m à Libreville 12/4/79 : COULIBALY
N'DRI KOUADI
SALIMATA
LONGUEUR
7,74m à Vichy 76 :
5,56m à Abidjan 25/5/80 : EKRA DENISE
BROU KOUAKOU
1
TRIPLE-SAUT
15,26m 0 Dakar 30/8/74 :
1
GNONSEKAN MARI}1
1
POIDS
17,j5m à Dakar 4/7/71 :
12, 17m à Accra 1/8/75 : GOZE BRIGITTE
1
1
KRAGBE SEGUI
1
JAV'ELOT
79,49m à Durham 17/7/75 :
1 44,20m à Abiàj an 5/5/79 : T~NDI CÀi.'1.~ 1
AYE JACQUES
1
DISQUES
58,16m à Barcelone 25/9/68
53,14m à Abidjan 80 : AFFOUA VERONIqUE i
KR..-\\GBE SEGUI
1
1
1
1
PERCHE
4,70m à Nice 78:KONE LEGBO
1
r
-
(Pentathlon) : 3379 points : SKR.'\\ DENISEI
DECATHLON
5999 points
1
4xl00 m
38"73 à Mexico 79 EQUIPE
49"1 à Li;,revi lla ll/4;79 : ~Q[JI?E
1
1
NATIONALE
~ATIONALE
1
,
3'9"7 à Rio de Janéro
i
4'2"3 à ~ 17/1/73
EQUIPE ~ATIO-
1
1
1
4x400 m :
26/6/76 : EQUIPE
NALE
1
NATIONALE
1
-
- 84 -
TABLEAU
13
LA REPRESENTATION IVOIRIENNE AUX JEUX OLY~œIQUES
..
D A T E
ATHLETISHE 1
BOXE
CANOE
TOTAL
1964
6
3
-
9
1968
7
-
3
10
1972
8
-
7
15
1976
10
-
-
10
1980
-
-
-
0
Les représentants ivoiriens ne purent accéder au podium comme les athlètes
de nombreux pays Africains avec en particulier le Kenya
le Nigeria
L'Ouganda
t
t
t
Source
Ministère de la Jeunesse
de l'Education Populaire
t
et des Sports.
- 85 -
HAND~BALL
Le hand-ball possède un palmarès peu spectaculaire. Au champion-
nat d'Afrique, il n'occupe pas toujours une bonne place. Mais toutefois de-
puis quelques années, l'on assiste à une remontée notamment chez les Juniors
filles qui ont gagné le championnat d'Afrique Junior 1980 à Lagos (Nigéria).
C'est le second titre continental ivoirien en sport collectif depuis l'indé-
pendance. On se souvient que c'était en 1966 que le Stade d'Abidjan avait
offert à la Côte d'Ivoire son premier titre africain. C'était en foot-ba11
(voir le chapitre sur le foot-ba11 civil). Et à Geoffroy BAILLET de décla-
rer à coeur joie (1) "Décembre 1966 - Décembre 1980. Voilà quatorze ans que
nous n'avions été portés sur la plus haute marche du podium •••. Plusieurs
fois, nous avons été vice-champions d'Afrique de basket-ball. Aujourd'hui,
nous sommes champions d'Afrique grâce à seize jeunes filles sorties de l'a-
nonymat (par leurs entraîneurs BALDINO et LUCIE). Cette performance mérite
qu'on en parle. C'est le plus beau cadeau que reçoit le pays en ce début
d'année 1981".
Le résultat de Lagos vient-il à son heure ou suffit-il pour que
les autorités donnent aussi de l'importance aux sports dits mineurs?
D'autres titres sont sans doute à la portée de la Côte d'Ivoire. Il faudrait
seulement pouvoir les préparer.
BASKET-BALL
Le Basket-ball ivoirien se porte bien ; il a été quatre fois vice-
champion de l'Afrique, mais un certain nombre de problèmes reste à résoudre avant
de prétendre au titre continental. "Une grande partie des basketteurs ivoi-
.
.
. . .
,,(2)
0
riens (80 à 90%) sont issus de la prat~que sco1a~re et un~vers~ta~re
•
n
est en droit de le supposer pour l'ensemble des sports en Côte d'Ivoire;
peut-être pas toujours avec un pourcentage aussi élevé dans tous les sports,
mais dépassant toutefois 50%. "En ville et au village, on ne trouve pas de
(1)
BAILLET~ Geoffroy: Band-ball : championnat d'Afrique Junior. Les
Ivoiriennes championnes d'Afrique in FRATERNITE MATIN du 05 Janv.
1981 p. 13.
(2)
Propos reauei Uis par ph. G. et R. L. auprès du Président de la Fé-
dération ivoirienne de basket-baU~
le Médecin Colonel ATIN ORIA
in Revue Jeunesse et Sport~ J.E.P.S. de Côte d'Ivoire~ nO 1~ Juin 1980.
- 86 -
terrains libres et des panneaux de basket-ball, sur les places publiques
comme en Europe, ouverts à tous les enfants. En Côte d'Ivoire ce n'est qu'à
partir de la 6ème que les enfants découvrent le basket-ball à l'école".
A propos du basket-ball, Joher
YASSINE disait(l)
"le basket-ball ivoirien en quelques années a fait de très gros progrès,
grâce à des joueurs de talent, mais aussi grâce au sérieux de ses responsa-
bles (ALPHONSE BILE et ses camarades), il ne roule pas sur l'or comme le
foot-ba11, mais ces résultats continentaux (vice-champion) ont été acquis
avec la volonté et cet esprit de civisme qui hélas manque à nos foot-ba11eurs
qui sont les barons du sport ivoirien ••• Nous espérons que nos basketteurs
trouveront auprès des sportifs ivoiriens cette aide morale dont ils ont tant
besoin pour réaliser de belles choses".
En effet, au moment où cet ouvrage est sous presse, la radio ivoi-
rienne vient d'annoncer en ce début Juin 1982, que la Côte d'Ivoire est con-
sacrée championne d'Afrique à Mogadscio (Somalie) en battant en finale
l'Egypte.
(1)
YASSINE J. : Basket-baZZ : Championnat d'Afrique des Nations à
Raba:t in Revue FRATERNITE MATIN du 26 Mars 1980 p. 13.
\\1,:
,<
TABLEAU
14
..
Date de
Affiliation
Affi li a ti on
NOIl~bre de licencié~
Fédérations Ol}'ll1piques
création
au C.N.O.I.
aux F.I.
1964
1972
1975
1976
1980
_. -
Basket-BalI
1948
1962
1961
800
2 3GO
3 000
3 LllJl)
4 500
-
Boxe
1955
1962
1961
-
260
260
j(JI)
350
Athléti sme
1960
1962
1962
3 000
4 140
4 160
4 3uu
4 650
Football
1960
1963
1961
1 460
5 470
8 420 18 2Gü
20 000
HandBall
"
1960
1962
.
1964
-
2 354
2 405
2 922
00
3 145
'"
Judo
1960
1%2
,1962
-
750
900
1 400
1 524
Natation
1960
1962
1961
20
' 250
860
1 150
1 200
Volley-BalI
1961
1962
1964
-
2 300
2 400
3 000
3 275
Cano~-Kayak
1%5
1962
1961
-
260
260
300
420
..
Lutte
1978
1978
1978
-
,-
-
-
40
Ce tableau est révélateur et nous men tre l'importance que revêt les pratique~ que cons-
tituent le Basket ou le Football par exemple. Ces Jeux disciplines comptent il. elles seules 24 500 licen-
ciés alors que la Lutte, qui est dl:: sOlfce Ivoirienne n'a été institué qu'en 1'978 avec lIDf1 quarantaine
d'ad4ptês.
- 88 -
VOLLEY-BALL
Malgré son ancienneté, puisque son implantation date de vers 1937,
son palmarès est très peu reluisant. Voici bien longtemeps que le vo11ey-
ba11 ivoirien n'a plus apparu sur la scène internationale, tant le niveau
est bas.
JUDO ET
KARATE
Le Judo et le karaté ivoiriens souffrent d'un certain nombre de
difficultés (manque de professeurs qualifiés, manque de championnat national
difficile, manque de"licenciês"en nombre important et organisés; le judo et
le karaté sont très peu divulgués en Province; les équipements coûtent cher,
ainsi que les lieux de la pratique. Les élèves doivent participer forcément
aux frais (1000 à 1500F CFA soit 20 à 30-FF de cotisation par mois)(l).
Pourtant la Fédération ivoirienne de Judo et Disciplines Associées (FIJDA)
fait lentement mais sûrement son chemin, en dépit des moyens très limités.
Le nombre d'adeptes a considérablement augmenté grâce à son dynamisme.
Le Judo enregistre aujourd'hui des performances éblouissantes avec
le travail en profondeur que mène en ce moment maître PASCAL OUATTARA : il
n'y a pas de doute que le judo ivoirien fera parler de lui dans quelques an-
nées, car les jeunes que nous avons vus à l'oeuvre tout au long de cette sai-
son ne nous démentiront pas. Pour le moment, dans la sous-région, le judo
ivoirien vient juste derrière le Sénégal, loin devant des pays comme le
Nigéria et le Ghana. Ce n'est pas peu, mais il y a encore du chemin à faire.
Les clubs de judo affiliés à la fédération sont vingt-et un. On dé-
nombre aujourd'hui 150 ceintures noires.
Le karaté lui aussi est en pleine évolution. Il compte ajourd'hui
près de 200 ceintures noires. Ses pratiquants confirmés et ses espoirs sont
(1)
Fétiaien KOUTOUAN : Judo et Karaté in Journal FRATERNITE MATIN du 2 Juin
1981 p. 11 : "A ti tT'e d' exemp le ~ une vi l le comme Da loa ~ qui ne compte
pas moins de six établissements d'enseignement secondaiT'e~ ne possède
aucun judo-club. TT'iste n'ext-ce pas ? Il
- 89 -
GROGA PARFAIT
(C.N. 3e DAN)
DAGO OYA ALAIN (C.N. 1er DAN)
SOUMAHORO KONO BA
(C.N. 3e DAN)
TOUFIC HAYECK
(C. N. 1er DAN)
THES BENOIT
(C. N. 2e DAN)
KONE SIAKA
(C.N. 1er DAN)
ADOU NYAMIEN
(C.N. 2e DAN)
SOULEY
(C.N. 1er DAN)
KOUDIO ARSENE
(C.N. 1er DAN)
YAVO FRANCOI
(C. MARRON)
YAPO CLEMENT
(C. MARRON)
Nous comptons sept arbitres nationaux, MM COULIBALY PANNAN,
SOUMAHORO KONO BA, GROGA PARFAIT, SANOGO SOULEYMANE, NGUEYEN NGOC MY,
SMAICHE ALI, et DJESSOU NOEL, dont deux internationaux : MM SMAICHE ALI
et GROGA CHARLES.
Comme pour les autres disciplines précédentes, la FIJDA doit deman-
der qu'on accorde de la considération aux arts martiaux, classés comme
"sports mineurs" mais 'rapportent un certain nombre de satisfactions à la Côte
d'Ivoire en compétitions internationales. Ce que B~MBA SIAKA dit en d'autres
(1)
termes
"Nous demandons le minimum à l'Etat et non le superflu, pour
remporter des médai lles" .
LA LUTTE
La lutte ivoirienne est l'une des meilleures du continent. Ses ré-
sultats dignes d'éloge obtenus antérieurement méritent considération (voir
avant l'indépendance et début indépendance). Mais aujourd'hui, elle se cherche.
BOX E
Elle a connu ses périodes de gloires avant et aux premières années
de l'indépendance sous TOUAN Jules, KOUAME YAO, DAMBELE Benjamin, ZADI Emile,
Jeannot DAGBE, Raoul RABET.
Aujourd'hui, la boxe ivoirienne se cherche très bas en profondeur,
bien qu'on remarque un certain effort de la part des militaires ivoiriens
participant au Comité International du Sport Militaire (C.I.S.~.)~ plusieurs
opérations "espoir" furent lancées !,our relancer la boxe, mais l'on ne connut
que désespoir.
( 1)
:
BAMBA SIAKA
Judo et Ka:t'até in FRATERNITE MATIN du 26 Janv.
1981
p. 14, 15.
- 90 -
TABLEAU
15
QUELQUES TITRES EN BOXE
ANNEES
NOM S
T l T R E S
C A T EGO R lES
Champion de
1958
NGUIA FIRMIN
mi-lourd
France
Champion de
1960
NGUIA FIRMIN
mi-lourd
de France
Champion de
1960
RABET RAOUL
lourd
France
1
QUELQUES TITRES EN BOXE (Sport Civil)
ANNEES
LIEU
NOM S
DISCIPLINES
T l T RES
GASTON KAnLE
Champion du
1969
Athènes
BOXE
(mi-lourd)
C.LS.M.
GASTON GOUE
Champion
1970
Abidjan
BOXE
(mi-mouche)
d'Afrique
GASTON GOUE
Champion du
1973
Séoul
BOXE
(mi-mouche)
C.LS.M.
VINCENT TCHOTCHE
1980
Champion du
Bagdad
BOXE
(mi-lourd)
C. 1. S.M.
VINCENT TCHOTCHO
Champion
1980
Tripoli
BOXE
(mi-lourd)
d'Afrique
Equipe mili-
Relai 4xl00
Champion du
1980
Bagdad
taire
plats
C.LS.M.
2. QUELQUES TITRES DU SPORT MILITAIRE
Société Olympique des Armées (S.O.A.)
NATATION
La natation aussi a connu une éclatante réussite aux-,première années
de l'indépendance. Elle semble se porter assez bien aujourd'hui, grâce aux
adeptes scolaires et universitaires. Les derniers Jeux Universitaires de
füuest Africain à Yamoussoukro en témoignent. Mais comme nous l'avons déjà
souligné, un sport qui repose sur les scolaires et universitaires n'a pas une
longue vie après les études.
- 91 -
AUTRES SPORTS
Le cyclisme fait timidement son entrée et est très très loin de
ressembler au cyclisme européen.
Que dire du tennis de table, de l'automobile, du 1awn-tennis, du
golf et autres fédérations non citées. Leur caractère particulier et peu po-
pulaire (snobisme ou nécessité ?) nous empêche de les mentionner.
Deux éléments importants semblent modifier les conditions de la
pratique de la compétition, aujourd'hui
- L'augmentation en nombre de la participation (aspect spectaculai-
re), du fait des conditions spéciales de son organisation et aussi en raison
du rayonnement d'un athlète,
comme Jesse OWens (Berlin 1936).
Limités à l'origine aux pays européens plus auelques nations des
autres continents (Etats-Unis (E.U.), Australie, Japon) les Jeux Olympiques
se sont progressivement universalisés, avec notamment deux étapes importantes:
l'entrée en 1952 à Helsinki des pays de l'Est, en 1968 à Mexico des pays du
Tiers-Monde annoncée par les victoires au marathon de Abebe Biki1a à Rome et
Tokyo.
- la diversification des disciplines: entre 1948 et 1976, le nom-
bre de titres olympiques est passé de 124 à 198, soit une augmentation de
près de 60%.
Malgré ces faits, les résultats ivoiriens sont non seulement mé-
diocres, mais également des résultats changeants: leur versa1ité semble étroi-
tement liée aux conditions de préparation de l'élite, aux méthodes permettant
de faire passer l'espoir ou le sportif de niveau moyen à l'échelon supérieur
et de les transformer en élément de pointe (sport d'élite sans sport de masse).
En Côte d'Ivoire, le champion joue un rôle éminent, peut faire oublier à tous
les absences d'une politique sportive, peut donner bonne conscience aux res-
ponsables. Il est l'arbre qui cache le désert! Il est vite oublié quand il
n'est plus méritant, performant. Il est différent de l'athlète américain qui
se prépare et retombe dans l'anonymat, après avoir décroché un titre olympi-
que.
- 92 -
Aussi les résultats confirment que le sport ivoirien est malade :
vouloir le soigner suppose une action en profondeur à tous les niveaux, en
commençant par l'école.
Phénomène socio-culturel très important et essentiel de notre vie
sociale
le sport demeure marginal; il l'est à l'école
par la volonté de
t
t
quelques-uns
qui n'ont pas compris qu'une évolution était nécessaire; il
t
l'est en dehors~ par l'indifférence de tous; au plan international
cette
t
situation ne peut se traduire que par une médiocrité des résultats.
Le décalage est donc important
et l'action pour le limiter indis-
t
pensable: le sport sera l'affaire de tous ou ne sera pas.
Avant de dégager les grandes tendances d'une politique sportive
il
t
faut s'intéresser aux raisons d'un tel décalage. Est-ce une volonté délibérée?
Est-ce le poids des négligences? Comme toujours si l'on s'en tient aux dé-
clarations officielles
les responsables sont partout
et les responsabilités
t
t
nulle part. Qui voudrait assumer l'échec
Pour y voir clair
il paraît nécessaire de partir des textes, et
t
d'examiner le rôle de chacun des intervenants
par rapport aux missions que
t
ceux-ci lui confient.
- 93 -
CHA PIT R E III
A LA RECHERCHE DES RESPONSABLES DE LA
FRAGILITE DE L/E.P.S. IVOIRIENNE
- 94 -
1 -
INTRODUCTION
L'org~isation du sport ivoirien est très mal connue. En Côte
d'Ivoire, on ignore
qui, de l'Etat, des Fédérations ou du Comité National
Olympique et Sportif ivoirien, est responsable de la politique sportive,
mais on est vite intéressé à chercher les coupables ou à trouver un bouc-
émissaire au plus haut niveau, lors d'un échec d'envergure.
Il faut reconnaître que le caractère particulier du système ivoi-
rien n'est pas pour favoriser sa compréhension.
2 -
LE CADRE INSTITUTIONNEL
UNE OBSCURE CLARTE
En matière sportive, les solutions sont souvent tranchées : cer-
tains pays se sont engagés sans hésiter dans la voie d'une prise en charge
totale par l'Etat des activités physiques et sportives, quel que soit le ni-
veau de la pratique: pays de l'Est, Cuba, certains pays du Tiers-Monde.
D'autres au contraire, respectueux de la liberté individuelle, ont préféré
l'i~itiative du développement du sport aux mouvements sportifs nationaux,
constitués en puissants groupements ou fédérations : le Deutsche Sport Bund
en R.F.A., le C.O.N.I. en Italie, les Fédérations autonomes aux Etats-Unis
sont aussi dans leur pays les acteurs essentiels de la politique sportive.
Certes, les relations sont établies avec l'administration (fédérale ou ré-
gionale), mais l'Etat se garde (en principe) d'empiéter sur leur indépendance.
La solution ivoirienne est à bien des égards originale, à mi-chemin
entre libéralisme et étatÏis:at:i:on: c,ette "troisième voie" que la Côte d'Ivoire
suit, en matière sportive, est davantage le produit des circonstances que
l'affirmation d'une volonté propre. Né de l'initiative individuelle et repo-
sant à l'origine sur une structure associative (la loi de 1901), le sport en
Côte d'Ivoire a été peu à peu, sous la pression des événements, l'objet d'une
intervention progressive des pouvoirs publics. Déjà avant l'indépendance du
pays (1940, 1945), l'action des subventions aux associations et la nécessité
d'en contrôler l'affectation et le bon emploi fournissent à l'Etat un premier
moyen d'asseoir son autorité sur le mouvement sportif.
- 95 -
L'ordonnance du 2 Octobre 1943 J:portant statut provisoire des groupements
sportifs et de jeunesse" et l'ordonnance du 28 Août 1945 "relative à l'acti-
vité des associations, ligues, fédérations et groupements sportifs" fondent
les rapports entre Etat et mouvement sportif sur le principe de la déléga-
tion de pouvoir.
Désormais, ce qui était provisoire en 1945, est aujourd'hui con-
firmé par la loi nO 80-1070 du 13 Septembre 1980 et les décrets nO 80-1300
et 80-13001 du 12 Décembre 1980 portant création des établissements publics
nationaux comme l'Office National des Sports (O.N.S.) et instituant un con-
seil National des Sports. La physionomie du sport ivoirien s'en trouve for-
tement modifiée: d'arbitre, l'Etat devient acteur; d'associations indépen-
dantes, les fédérations deviennent des organes investis d'une mission
précise, avec plus de pouvoirs (on leur reconnaît un monopole dans la disci-
pline considérée), mais aussi plus de responsabilités:
renouvellement des dirigeants des fédérations imposé par les
nouveaux statuts-types ;
désignation de représentants auprès des fédérations
• création de brevets d'Etat.
Outre ces moyens nouveaux, qui visent à organiser et souvent à cen-
surer les actions des fédérations, le contrôle financier par le biais des
subventions demeure un moyen privilégié d'action sur l'ensemble des associa-
tions sportives.
La loi nO 80-1070, et les décrets nO 80~1300 et 80-13001 de 1980
font du développement de la pratique des activités physiques et sportives,
un élément fondamental de la culture, une obligation nationale, dont là char-
ge est assurée concurremment par les personnes publiques et les personnes pri-
vées, avec des moyens publics et privés. Cette loi présente toutefois certai-
nes zones d'ombres:
l'étendue de la collaboration des partenaires est imprécise
les fédérations peuvent-elles s'entraîner dans les centres spor-
tifs scolaires ?
- 96 -
· pour le sport de haut niveau, les responsabilités de l'Etat et
des fédérations se recoupent : les fédérations sélectionnent et entraînent
les équipes nationales à l'aide des cadres techniques. alors que l'Etat aussi
entraîne, par l'intermédiaire de l'Institut National de la Jeunesse et Sports
(I.N.J.S.) les équipes nationales;
• le problème de la répartition des pouvoirs entre les fédérations
et le Comité Olymp~que ne paraît pas résolu au sein même du mouvement sportif;
· l'étendue de l'autonomie et de la dépendance des fédérations
(situation juridique) vis-à-vis de l'Etat est imprécise
• l'insuffisance des moyens d'application des nouveaux principes.
Et les responsabilités des différents intervenants doivent s'apprécier à
cette contradiction fondamentale.
Toutefois, malgré ces points obscurs. il reste que cette loi a per-
mis de doter le sport ivoirien d'un statut moderne.
3 -
LA RESPONSABILITE DE L'ETAT
Le sport est une "obligation nationale" à laquelle l'Etat consacre
moins de 0,90% de son budget (contre 0,70% en France), si l'on s'en tient au
budget du Ministère de la Jeunesse de l'Education Populaire et des Sports
(voir tableau 17) : "Budget de cojoncture,,(I), "budget de pénurie" peut ca-
ractériser une habitude malheureusement ancienne.
On pourrait penser à une démission de l'Etat par rapport à ses pro-
pres engagements : jamais le contraste ne semble avoir été aussi grand entre
les déclarations officielles et la réalité.
· Démission aux yeux du mouvement sportif. à qui l'Etat doit donner
les moyens d'assumer les missions nouvelles qui lui sont confiées.
Démission ~ yeux de tous ceux qui, suivant de près ou de loin
la politique sportive, attendent des pouvoirs publics qu'ils inscrivent dans
les faits et sans tarder les promesses des textes : la pratique sportive des
Ivoiriens en dépend.
(1)
:
Ici "conjonctu.r>e" signifie en Côte d'Ivoire "mauvaise conjoncture"
- 97 -
L'impuissance budgétaire, qui se double d'une responsabilité
politique (absence d'un véritable projet politique cohérent à long terme)
permet de mesurer l'importance réelle de l'effort des pouvoirs publics.
TABLEAU
16
EVOLUTION DU BUDGET DE FONCTIONNEMENT DU MINISTERE DE LA
JEUNESSE, DE L'EDUCATION POPULAIRE ET DES SPORTS PAR
RAPPORT AU BUDGET DE L'ETAT. (voir aussi Annexe, tableau
32 à 35 p ••••• ).
CLASSE DES DE-
'-~--=-r
1
PENSES (millions
1976
1977
1978
1979
1980
de
F CFA)
BUDGET GENERAL
DE FONCTIONNE-
153 700
198 300
253 650
304 600,0
338 400,0
MENT DE L'ETAT
B.S.I.E.
-
DE L'ETAT
60 143
245 074
257 218.,6
219 756,3
312 844,0
BUDGETS ANNEXES
DE L'ETAT
5 020
5 552
7 712,4
8 222,6
9 404,7
TOTAL : BUDGET
DE L'ETAT
218 863
448 926
518 581
532 579
660 649
BUDGET DE FONC-
TIONNEMENT DU
1 739
2 136
2 937
3 593
4 198
M.J.E.P.S.
B. S. 1. E. DU
M.J.E.P.S.
202,5
1 643
780
2 416
1 963
TOTAL : BUDGET
DU M.J.E.P.S.
1 941,5
3 779
3 717
6 009
6 161
POURCENTAGE
0,89
0,84
0,72
1, 13
0,932
REMARQUES
Le budget de l'Etat est voté chaque année par 'l'Assemblée Nationale.
Il prévoit l'ensemble des ressources affectées aux dépenses de l'Etat et se
divise. en trois parties \\ :
- Budget général de fonctionnement (B.G.F.)
- Budget spécial d'investissements et d'équipements (B.S.I.E.)
- Budgets annexes pour les organismes publics joissant d'une autono
mie financière (Direction du matériel des Transports Publics,
Radio-Télévision ivoirienne, Centre Hospitalier Universitaire,
Agence Ivoirienne de Presse, Imprimerie Nationale).
Notons par ailleurs M.J.E.P.S. = Ministère de la Jeunesse, de
l'Education Populaire et des
Sports.
- 98 -
3.1. - Impuissance budgétaire
Le montant de ce budget de la Jeunesse et des Sports a connu,
bien sûr, une augmentation très nette depuis 1963(1) : il était de 222 mil-
lions en 1963, et a dépassé le cap du milliard en 1974 (1 284 millions de
francs CFA), des 2 milliards en 1977 (2 136 millions de francs), des 3 mil-
liards en 1979 (3593 millions de francs) et des 4 milliards en 1980
(4198 millions de francs). Il faut toutefois tenir compte de l'inflation.
Durant la gestion 1981, le budget du Ministère de la Jeunesse
Education Populaire et des Sports (M.J.E.P.S.) qui s'élève à 3 934 millions
de francs CFA, représente 0,39% du budget de l'Etat(2) soit 1,05% du budget
général de fonctionnement de l'Etat (B.G.F. : 376 milliards).
Si l'on classe par ordre d'importance les budgets des 31 ministères
de Côte d'Ivoire, le budget du M.J.E.P.S. se situe au 13e rang, comme il en
est pour l'effectif des personnels que nous étudions ensuite.(~)
La progression des budgets n'a pas été linéaire. Il faut observer
que le budget de 1981 est le plus faible enregistré depuis 1969·, le meilleur
budget obtenu par notre ministère ayant été celui de 1972 qui, avec 931
millions de francs rpprésentait 1,37% du B.G.F. (68 200 millions).
Nous allons analyser le budget par classes de dépenses, par secteur
d'activitês et par taux moyen de croissance.
Par
classes de dépenses, le budget de 1981 se répartit comme suit
(Source: Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports.
Direction des Affaires Financières).
Dépenses de personnels
2 929 millions soit:
74%
Dépenses d'exploitation
546
13%
Subventions et transferts
209
6%
Déplacements sportifs
250
7%
Total du budget : •.•.•...••••.•
3 934
100%
(1)
:
Avant cette date, nous n'avons pas pu t~ouve~ de t~aces de budget de la
Jeunesse et Spo~ts, qui devait êt~e ce~tainement intég~ aux aut~es
Ministè~es de l'Education, des A.l"I7!ées •.•
(2)
Le budget de l'Etat (B.E.) se compose du budget géné~al de fonctionne-
ment (B.G.F.), du budget spéaial d'investissement et êQtupeme.n.t6 (BSIE),
et des budgets annexes.
(3)
e6. Anne.xe. II, ~ableaux ~o 35, p. 431.
- 99 -
La croissance budgétaire moyenne s'établit ainsi
.
: ( source
Ministère de la Jeunesse de l'Education Populaire et des Sports. Direction
des Affaires Financières) :
de
1960
à
1965
la croissance est de 272 millions, soit
72% par an
75
347
de
1965
à
1970
"
"
" 443
"
, soit 26% par an
347
790
de
1970
à
1975
"
"
" 949
"
, soit 25% par an
790
1739
de
1975
à
1980
"
"
"2459
"
, soit
28% par an.
Depuis 1965 la croissance en moyenne est stable, soit + 25% par
an. mais il s'agit de moyenne englobant les dépenses de personnel et celles
du matériel. Du fait de la progression des effectifs du personnel, la crois-
sance des dépenses de matériel est pratiquement nulle depuis 1977. Cette an-
nulation est aussi due à l'inflation et à l'augmentation des prix de coût
(estimation 20 à 25% par an contre 13 à 14% en France).
Quant à la gestion de 1981, le budget global de 3 934 millions est
en régression de 6% par rapport à celui de 1980 : 4 198 millions. Etant donné
que les dépenses de personnel sont en augmentation de 11%, la conséquence en
est une diminution importante des crédits d'exploitation et matériel qui sont
réduits à 1005 millions au lieu de 1 559 millions en 1980, soit une réduction
de 36%.
Cette situation, due à la crise économique mondiale, dite "conjonc-
ture" en Côte d'Ivoire, impose au Ministère des contraintes sévères qui gènent
le développement de ses actions. Malheureusement il n'y a pas d'espoir de voir
s'améliorer la situation budgétaire en 1982, où l'on parle de "budget d'austé-
rité", de "gestion sévère".
Tout cela se traduit par des difficultés innombrables dans d'admi-
nistration des services.
- 100 -
EFFECTIFS DU PERSONNEL EN PROGRESSION, MAIS
TRES INSUFISANTS
Avec un effectif budgétaire de 1485 postes de personnel, le Minis-
tère de la Jeunesse
de l'Education Populaire et des Sports (M.J.E.P.S.) se
t
classe au 13e rang des 31 ministères qui composent le gouvernement.
Ce effectif de 1485 représente 1 9% de l'effectif total de 78252
t
postes ouverts au budget de 1981.
Par niveaux hiérarchiques
l'effectif se compose comme suit
t
(Source: M.J.E.P.S. Direction des Affaires Financières).
Catégorie A (inspecteurs, professeurs, conseillers)
129
soit
8,7%
Catégorie B (Maîtres et secrétaires administratifs)
790
"
53 2%
t
Catégorie C (Maîtres adjoints et cadres d'application)
205
"
13,8%
Catégorie D (Animateurs et personnel d'exécution)
170
Il
18,3%
- - -
Total des postes tenus par les nationaux
1394
soit
93,9%
Postes d'assistance technique :
91
Il
6,1%
Effectif budgétaire total du personnel
1485
100 %
Par secteur d'activités
l'effectif se répartit ainsi
t
Education Physique et Sportive
645
44%
Education Populaire :
521
35%
Administration et services généraux
319
21%.
L'analyse de la croissance par quinquennie s'établit ainsi
de
1960
à
1965
la croissance est de 200 postes soit 24% par an
169
369
de
1965
à
1970
la croissance est de 257 postes soit 14% par an
369
626
de
1970
à
1975
la croissance est de 500 postes soit 16% par an
626
1126
de
1975
à
1980
la croissance est de 359 postes soit
6,4% par an
1126
1485
Comme on le remarque, après une période initiale de forte progres-
sion, la croissance s'est stabilisée pendant 10 ans à un taux d'environ 15%,
- 101 -
correspondant à la formation des personnels,assurée à l'Institut National de
la Jeunesse et des Sports (I.N.J.S.) ; puis, au cours des 5 dernières années,
la progression s'est ralentie pour diverses raisons: travaux à l'I.N.J.S. ,
priorité donnée à la promotion de certains personnels, contraintes budgétaires .
• LE BUDGET SPECIAL D'INVESTISSEMENT ET D'EQUIPEMENT
(B.S.I.E.) : (Source: M.J.E.P.S. Direction des Affaires
Financières)
On peut considérer comme négligeables les dotations d'équipement
obtenues avant la gestion 1970.
Durant la décennie 1970-1980, les B.S.I.E. alloués au M.J.E.P.S.
peuvent être résumés comme suit: (en millions de francs).
Opérations
1971-1975
1976-1980
TOTAL
%
Rénovation stade Houphouet Boigny
300
4 300
6400
57,83%
Autre équipement sportif civil
486
989,7
1476,3
18,56%
Equipement sportif scolaire :
108
445
553,2
6,96%
Construction de l'I.N.J.S.
136
134,8
1270,8
15,96%
Equipement socio-éducatif
0
55
55
0,69%
Total
B.S.I.E.
1030,9
6 924,5
7955,4
100 %
Comme on le constate, ce programme d'environ 8 milliards est en
grande partie consacré à deux grandes opérations d'investissement au niveau
national : la rénovation du stade Houphouet-Boigny et la construction de
l'I.N.J.S.
Mis à part ces importants travaux, les investissements au cours de
la dernière décennie demeurent assez faibles.
Pour les équipements sportifs civils, l'essentiel du programme
réalisé est constitué par les stades édifiés à l'occasion des fêtes de l'in-
dépendance: GAGNOA, BONDOOKOU, ODIENNE et DIMBOKRO de 1970 à 1975 ; SEGUELA
et KATIOLA de 1976 à 1980.
En ce qui concerne les équipements sportifs scolaires, les dota-
tions qui se montent à 553,2 millions de francs, soit une moyenne de
-
102 -
55 millions par an, apparaissent bien modestes lorsqu'on sait les besoins
immenses des lycées et collèges.
Quant aux investissements dans le domaine socio-éducatif qui s'élè-
vent à 55 millions pour toute la décennie (Association Jeunesse Agboville)
leur insignifiance explique l'état de délabrement général de nos institutions
et les difficultés de fonctionnement que l'on y rencontre.
L'effort financier de l'Etat, sous quelque aspect qu'on l'analyse,
est, on le voit très limité: l'analyse budgétaire ne fait que prolonger et
compléter à cet égard le constat établi en matière de la pratique sportive à
l'école, à l'entreprise, dans la commune: la place consacrée au sport est
faible.
En ne réalisant pas réellement l'éducation sportive prévue par les
textes, et qui relève de sa responsabilité directe, en ne donnant pas au mou-
vement sportif les moyens des missions qu'il lui a confiées, l'Etat compromet
sa crédibilité, tout en compliquant la tâche des autres intervenants : les
budgets de "stabilisation" succèdent aux budgets "d'austérité" et le sport
ivoirien continue de s'enfoncer dans la morosité et le mécontentement.
Les trois dernières années ont incontestablement aggravé le malaise
des milieux sportifs, pour toute une série de raisons qui se sont conjuguées:
les échecs internationaux particulièrement ressentis (en foot-baIl etc.
),
la prise de conscience d'un retard croissant par rapport à nos voisins, la
succession de "responsables", la nécessité plus que jamais de "faire quelque
chose" sont autant d'éléments qui ont contribué à mettre en évidence la res-
ponsabilité de l'Etat, qui ne se manifeste pas seulement au niveau du budget.
3.2. - Responsabilité politique
Les problèmes budgétaires ne doivent pas masquer l'essentiel:
l'histoire récente du sport ivoirien nous montre en effet que, disposant d'un
budget encore plus modeste, certains responsables de plus haut niveau ont pu
malgré tout développer une action efficace (voir les victoires sportives in-
ternationales aux années 1960. Chapitre II)
: c'est qu'au-delà des moyens, il
y avait la marque d'une bonne volonté, d'une structure, d'une politique, d'un
état d'esprit. Nombreux sont ceux qui évoquent avec mél-ancolie cette époque.
-
103 -
Après l'ère du pionnier. l'époque des gestionnaires est venue avec
une politique à courte vue : là où la permanence dans les fonctions donnait
compétence et autorité certaine, l'instabilité a favorisé la recherche des
solutions superficielles, privilégié l'action à court terme à la réforme en
profondeur ("valse des ministres et des directeurs départementaux", alors que
les hommes de terrain ont ici un poids prépondérant en assurant la primauté
du "système D" sur les directives ministérielles). L'inconstance est donc
devenue de règle, et lorsque cette inconstance frise l'inconsistance, c'est
l'ensemble des intérêts du sport qui sont menacés, à un degré égal.
L'impuissance budgétaire et l'impuissance politique se conjuguent.
et les pouvoirs publics donnent de plus en plus l'impression de ne pas sa-
voir quel sport donner à la Côte d'Ivoire, de ne pas vouloir trancher entre
les différentes options (sport d'élite ou sport de masse), de manquer de
poids dans les relations avec les autres ministres, avec les partenaires spor-
tifs. L'absence d'un projet politique réel leur ôte toute crédibilité, quand
par surcroît, ils (les pouvoirs publics) brillent par leur absence de contrô-
le des fonds engagés (subventions aux fédérations, aux associations locales)
Une action d'information à l'égard des agents de la Jeunesse et des
Sports, ballotés par les contradictions d'une politique flutuante, paraît né-
cessaire pour ranimer la flamme j tout antant que de bénévoles, le sport
ivoirien a besoin à tous les niveaux de fonctionnaires dévoués.
4. -
L'INCAPACITE DU MOUVEMENT SPORTIF
La carence de l'Etat a pour première conséquence de réjaillir sur
le rôle et les responsabilités du mouvement sportif.
La loi de 1977 reconnaît aux fédérations, en plus de leurs attribu-
tions traditionnelles, des missions nouvelles qu'elles sont incapables d'ail-
leurs d'assumer: organisation de la formation dans la discipline considérée,
participation à son contrôle. rôle nouveau en matière de contrôle médical.
Une incapacité d'une double nature, matérielle et politique, pèse
sur le mouvement sportif ivoirien et lui interdit à l'heure actuelle, de re-
vendiquer la totalité du pouvoir sportif, à l'instar de ses homologues étran-
gers qui jouent un rôle essentiel en la matière.
-
104 -
L'organisation du mouvement sportif ivoirien comprend cinq
niveaux
à la base, les associations sportives civiles (les clubs)
• les comités départementaux
les ligues régionales ou comités régionaux
les fédérations, divisées elles-mêmes en trois catégories :
+ les fédérations unitaires olympiques, responsables de l'or-
ganisation et de la pratique d'un sport inscrit au program-
me des jeux olympiques ;
+ les fédérations unitaires non olympiques
+ les fédérations affinitaires : à caractère omnisport, ou
sport de masse, leur recrutement se fait sur la base d'affi-
nités religieuses, politiques, syndicales ou professionnelles •
• le comité national olympique et sportif de Côte d'Ivoire.
Les clubs, cellules vitales, sont menacés de la conséquence direct
du désengagement de l'Etat constaté précédemment. Les cotisations des adhé-
rents, les recettes au guichet et autres ressources propres sont insuffisan-
tes pour assurer l'équilibre financier. Aussi l'esentiel de leurs ressources
provient-il des subventions de fonctionnement des collectivités locales.
Les clubs souffrent aussi, (comme d'ailleurs les fédérations, le
comité national olympique et sportif de Côte d'Ivoire) d'une insuffisance
chronique d'encadrement aussi bien technique
qu'administratif. Il n'est pas
rare de voir certains petits clubs reposer sur l'activité d'une seule person-
ne dont le niveau de compétence est variable. Et la multiplication ou multi-
plicité des clubs aujourd'hui ne vient pas arranger les choses,et entraîne
l'émiettement des moyens (subventions, équipements, encadrement).
Il résulte de cette situation que l'activité et le dynamisme des
clubs, des fédérations .•• reposent sur le bénévolat, qui est lui-même en
crise: incompétence technique des bénévoles qui n'ont pas toujours la possi-
bilité de se recycler en assimilant les techniques nouvelles, très changean-
tes.
La mise en place récente et l'affirmation de l'autorité sans faille
du Comité National Olympique et sportif sur l'ensemble des structures
-
105 -
fédérales semble avoir donné lieu à des difficultés. Le rôle de coordonna-
teur de l'ensemble des activités sportives est contesté, méconnu notamment
par les fédérations qui désirent leur indépendance et leur autonomie. Cela
constitue un obstacle important à l'affirmation du sport ivoirien.
Désireux d'assumer les responsabilités de la politique sportive,
le mouvement sportif ne dispose pas à l'heure actuelle de la capacité suf-
fisante politique, technique et financière qui conduit dans les autres pays
ses homologues à jouer un rôle majeur. Il n'a pas encore les moyens de ses
ambitions et se contente bien souvent d'être ce groupe d'intérêts, d'ailleurs
opposés, dont l'action essentielle est de revendiquer (le Comité National
Olympique et Sportif et la fédération ivoirienne de foot-bail relèvent de
cet esprit).
5. -
LA PRECARITE DES AUTRES INTERVENTIONS
Les autres acteurs de la vie sportive du pays peuvent-ils suppléer
la défaillance de l'Etat et l'incapacité du mouvement sportif à assumer ses
missions ? Peuvent-ils constituer un recours efficace ? Dans de nombreux
pays, où l'intervention des pouvoirs publics est limitée et où le mouvement
sportif est réduit à agir seul, les collectivités locales, le secteur privé,
les particuliers constituent un relais important de son action et contribuent
à être les supports essentiels de la pratique sportive. En Côte d'Ivoire, pour
des raisons différentes, ces trois catégories d'intervenants n'apportent pas
au sport toute l'aide souhaitée •
• La contribution des collectivités locales, pourtant essentielle
et nécessaire, est insuffisante. Elle permet la survie des clubs locaux,
leur donne les moyens de fonctionner et en les faisant bénéficier d'avantages
spéciaux: locations de locaux à tarif réduit, autorisation de manifestations
(kermesses, fêtes) dont le caractère lucratif permet de "renflouer" les cais-
ses des clubs locaux, dont les ressources propres sont limitées, modiques,
c'est l'offic~ municipal des sports qui s'occupe de la répartition
des sub-
ventions entre les différentes associations, concentre et organise, théorique-
ment l'ensemble des activités sportives de la commune.
Ces contributions (équipements etc.) qui sont à l'heure actuelle
très nécessaires, font parfois l'objet de retard
dans l'attribution et souf-
frent ainsi de la hausse des prix (inflation). Elles font aussi l'objet d'une
-
106 -
"politisation" déconcertante ; leur répartition est inégale et injuste pour
certaines villes discriminées. Ainsi certaines communes bénéficient des équi-
pements de grand standing,de piscines luxueuses, de stades à tribunes et à
lices, des "ensembles sportifs audacieux dans leur conception et dans leurs
prix, alors que d'autres communes se contentent de terrains vagues. Le coût
de fonctionnement de ces équipements grève année après année les budgets dé-
jà bien chargés, sans espoir d'allégement pendant les années· à venir.
Ces raisons suffisent à montrer le double caractère de l'aide
qu'apportent les communes au secteur sportif: importante mais précaire, vi-
tale mais ménacée. Elles sont pour les clubs un soutien essentiel, mais un
soutien fragile; elles sont un assistant assisté (par l'Etat !) .
• Prenant le relais des collectivités locales et complétant leur
action, le secteur privé (les entreprises) pourraît constituer un recours im-
portant pour le développement de la pratique sportive. Malheureusement, sur
ce point, le sport en Côte d'Ivoire ne bénéficie pas de l'attention que lui
portent les entreprises à l'étranger(l) : l'absence d'une réelle éducation
sportive ne pousse pas les chefs d'entreprise à s'intéresser à des actions
dont la rentabilité immédiate leur échappe, et à inciter leur personnel à
pratiquer une activité qui peut être la source d'une solidarité nouvelle et
qui peut favoriser une prise de conscience collective.
Certes, le sport des travailleurs et plus encore le sport corpo-
ratif (Associations Sportives Energie - électrique de Côte d'Ivoire, (EECI),
société ivoirienne de raffinage (S.I.R.), BLOHORN, ABINADER etc.) ont connu
un grand développement. Mais, d'une manière générale, c'est sans le soutien
des dirigeants de l'entreprise que le sport a pu s'y développer, par la vo-
lonté de comités d'entreprise désireux de développer leur pouvoir par l'or-
ganisation d'activités communes à tous les travailleurs, qui créent un esprit
de corps.
Rares sont donc les entreprises qui acceptent de consacrer temps
et argent aux sports comme la natation, la gymnastique, l'athlétisme .,. et
aux sports de masse. Depuis quelques années, heureusement, on assiste à un
(1)
Voir à ae sujet la Fondation nationale d'aide au sport en RFA~
"STIFTUNG FUR" deutsahe S orthil e.
/lvoir l'E.P.S. en R.A.F.~ dans
la
euxième partie de cet ouvrage ou l'annexe texte 13 p .•.. )
-
107 -
renversement de tendance. et de plus en plus de manifestations à caractère
populaire sont organisées. certaines même ayant acquis une célébrité nationa-
le (Cross d'Abidjan de AIR AFRIQUE ET RADIO-TELEVISION IVOIRIENNE (R.i.I). Ce
sont d'ailleurs la presse et les medias qui ont engendré ce phénomène.
Somme toute. les entreprïses restent prudentes et méfiantes à
l'égard du sport, parent pauvre
mais
sain,
et
la
pauvre-
té n'est-elle pas l'occasion de céder plus facilement à la corruption?
. A présent que peuvent faire les particuliers pour le sport ? Une
éducation n'est-elle pas à faire?
On ne reviendra pas longuement sur le caractère particulier de
l'esprit sportif de l'Ivoirien: faute de formation à la base, faute d'habi-
tudes prises dès l'enfance. l'Ivoirien se contente bien souvent d'être un
"sportif en chambre". Prompt à critiquer l'action des pouvoirs publics. à ré-
clamer davantage d'équipements aux collectivités locales, et à refuser cu à
dénoncer l'intervention du secteur privé dans le sport, il a tendance à ne
pas voir quelle est sa responsabilité propre dans la triste situation du
sport ivoirien: car l'Ivoirien ne peut pratiquer lui-même; il peut en tant
qu'électeur, réclamer davantage pour le sport; en tant que contribuable, il
peut accepter que davantage soit fait pour l'encadrement ou les équipements
sportifs; en tant que parent, il peut former lui-même ses enfants par l'é-
ducation sportive; or c'est seulement en tant que consammateur de specta-
cle sportif qu'il manifeste son mécontentement, c'est seulement sur le ter-
rain de passivité qu'il se place: on veut plus de médailles, plus d'exploits
télévisés, mais que fait-on individuellement, jour après jour, dans son tra-
vail, dans ses loisirs, dans l'éducation que l'on donne quotidiennement, par
l'exemple, à ses enfants, que fait-on pour créer les conditions· d'une réus-
site sportive collective ultérieure? La réponse est connue : seul, on ne
peut rien faire; si l'Etat ••• , si les communes .•. , si l'école •.. N'est ce
pas là la recherche de mauvais prétextes, qui peut faire craindre l'avilisse-
ment d'un état d'esprit (chauvinisme exacerbé, mépris de l'arbitre, injures
aux joueurs, dispenses médicales à l'école etc.) la naissance d'une mentalité
d'assistés. Alors que l'on sait que notre pays a fait bien de bonnes choses
dans des conditions pires dans le passé.
Nous· sommes tous coupables, à un degré ou à un autre, de cette si-
tuation
le confort et le progrès, en engendrant la facilité, ont développé
-
108 -
l'égoisme et l'individualisme, et gangréné le domaine sportif.
Aussi est-il permis de se demander si, finalement, les Ivoiriens
n'ont pas le sport qu'ils méritent.
b.-
DERNIER OBSTACLE:
• L'ABSENCE DE COORDINATION
Fragile, le sport en Côte d'Ivoire est aussi divisé en fonction de
l'endroit où il se déroule, de la qualité de ceux qui le pratiquent et de
son degré d'intensité, il est fragmenté en toute une série de domaines n'of-
frant aucun lien de conformité entre eux: sport civil et sport scolaire,
sport à l'armée, sport d'entreprise, sport affinitaire, sport d'élite ou de
masse, sport loisir •.• Chacun de ces domaines s'organise en structures au-
tonomes sans désir de contact avec les autres : ainsi se constitue une série
de chasses gardées sur lesquelles veillent jalousement des "responsables" qui
font de la défense des intérêts particuliers un principe de vie. Ce fait entraî-
ne
quelques défauts dans la programmation des équipements sportifs et la
coordination entre les maîtres d'ouvrages, Etat, communes
- Absence de "carte sportive": les projets d'investissement sportif
ne tiennent pas touj ours compte du patrimoine ,. et sont trop souvent réalisés
bien après la construction des établissements scolaires, ou dans des lieux
géographiques différents, entraînant des déplacements dont la longueur est
une entrave à l'utilisation de ces équipements.
- l'utilisation de ces équipements n'est pas optimum: les équipe-
ments sportifs scolaires par exemple, sont inoccupés en dehors des heures de
classe. Ce phénomène est accentué par l'opposition des chefs d'établissements
à l'ouverture de leurs équipements aux usagers venant d l'extérieur; tandis
que certains équipements municipaux sont engorgés les mercredis, jeudis ou
les week-ends par la concurrence du secteur privé et de l'O.I.S.S.U.
A cause des inconvénients que le cloisonnement entraîne, la coor-
dination entre les actions des uns et des autres est nécessaire et souhaita--
ble.
-
109 -
7. - CON C LUS ION
• L'ABSENCE DE POLITIQUE SPORTIVE
Le constat a révélé l'ampleur du décalage entre l'importance recon-
nue au sport dans la vie sociale et la faiblesse de sa pratique.
L'analyse des responsabilités est riche d'enseignements: aux dé-
faillances des uns s'ajoutent l'indifférence des autres. La faiblesse de
l'Etat, l'·incapacité du mouvement sportif, les difficul tés des collectivités
locales, la prudence des entreprises et le manque de motivation des particu-
liers sont autant de raisons qui expliquent, à des degrés divers, une réalité
dont il serait temps de prendre conscience: la Côte d'Ivoire n'a pas de po-
litique sportive.
De cette situation, l'Etat est le prem~er responsable, ce ne sont
pas les quelques mesures prises de loin en loin qui dissiperont l'impression
d'immobilisme et de paralysie que donnent, à l'heure actuelle, les pouvoirs
publics : les catalogues de mesures, les discours, les enquêtes et sondages
demandés sont des palliatifs et ne peuvent donner l'illusion d'une action
réelle. Il y manque les éléments indispensables à tout projet politique sé-
rieux, à savoir: la continuité et la capacité de définir une ligne d'action
et de l'imposer.
Faute de ressources, une politique, en sport comme ailleurs, n'est
qu'un cadre vide propice à toutes les utilisations et toutes les démagogies.
Responsable essentiel, l'Etat n'est pas pour autant le seul respon-
sable : le mouvement sportif ne dispose pas encore de la capacité matérielle
technique et politique qui lui permettrait de jouer un rôle moteur dans la dé-
finition de la politique sportive : la comparaison avec les homologues étran-
gers, à cet égard, ne tourne pas à son avantage.
Enfin tous les acteurs de la vie sportive sont aussi responsables
à un titre ou à un autre
leur passivité, leurs antagonismes, la défense
d'intérêts particuliers ne contribuent pas à faire du sport un élément de ras-
semblement : le sport est encore trop le privilège de quelques-uns, et pas
assez l'affaire de tous.
-
110 -
Pour remédier à cette situation, un changement d1 échelle est
nécessaire: c'est affaire de moyens, mais aussi d'état d'esprit.
c'est également l'affaire d'une mise au point d'une synthèse,
d'une homogénéité, d'une stratégie commune~ des apports des différents
systèmes étrangers, des différentes méthodes (naturelle, hygiéniste, mil~
taire, sportive ... ), des tendances pédagogiques actuelles (J. LEBOULCH,
R. MERAND, P. PARLEBAS, RIOUX, etc •• ). C'est ce qu'il convient d'étudier
dans les parties suivantes de notre ouvrage, après avoir d'abord présenté
quelques erreurs à éviter et quelques exemples à suivre dans certains pays.
-
Il 1 -
DEUX 1 EME PAR T 1 E
PROPOSITION DE CHANGEMENT
POUR PREPARER L'AVENIR
-
112 -
CHA PIT RE IV
REFERENCE A CERTAINS SYSTEMES ETRANGERS :
E,P,S, DANS QUELQUES GRANDS PAYS MODERNES
- 113 -
1. - DES ERREURS A EVITER
Par l'étude des expériences réalisées et de la situation actuelle
de l'éducation physique et du sport dans les divers pays, on peut découvrir
de multiples erreurs qu'il conviendrait d'éviter. Nous nous limiterons à
signaler celles qui nous paraissent les plus graves et qui peuvent servir
d'exemples instructifs pour mieux préparer l'avenir.
1.1. - L'E.P. ET LE SPORT EN AMERIQUE LATINE
En novembre 1976, la F.I.E.P.(l) avait été chargée par l'UNESCO
d'une étude sur ce sujet. L'étude a été réalisée par l'intermédiaire des
membres du Comité directeur de la F.I.E.P. et des délégués F.I.E.P. des
pays suivants: Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa-Rica,
Cuba, Equateur, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, République
Dominicaine, Uruguay et Vénézuela.
Ces personnalités sont des experts (professeurs d'E.P.) dont la
compétence et la haute conscience professionnelle sont réputées dans leur
pays et sur le plan international. Certains ont occupé, ou occupent encore,
de hautes fonctions gouvernementales (Ministre de la Jeunesse et des Sports
ou Directeur Général par exemple).
Par ailleurs, les Congrès et les voyages d'études organisés par
la F.I.E.P. au Brésil, à Cuba, au Mexique, en République Dominicaine et au
Vénézuela, sont autant de sources d'informations sur les travaux gourvemen-
taux réalisés en ce domaine.
(1)
Fédêration Internationale de l'Education Physique.
-
114 -
Voici, très succinctement, les résultats de cette enquête. Ils
doivent faire réfléchir bien des responsables gouvernementaux ... au-delà
de ceux de l'Amérique Latine.
Une première constatation s'impose: c'est le fossé considéra-
ble qui sépare les excellentes intentions des gouvernements et la réalité
de leur application.
Dans la plupart des pays d'Amérique Latine, en effet, les buts
de l'éducation physique, son rôle celui du sport dans l'éducation, les pro-
grammes d'application, etc., sont fort bien exposés dans les documents éta-
blis par les Ministères. Mais les réalisations "sur le terrain" sont, hélas,
bien différentes! Empressons-nous d'ajouter que cela est vrai aussi pour
beaucoup d'autres pays dans le monde!
Les principales raisons qui expliquent ce décalage entre théorie
et réalité sont les suivantes :
- Conscience insuffisante, aussi bien chez la plupart des respon-
sables nationaux que dans la population en général, de l'importance de l'é-
ducation ; et de l'éducation physique en particulier. Mauvaise conception
du sport qui est beaucoup plus considéré comme un spectacle ou une entrepri-
se commerciale que comme un moyen de l'éducation.
- Ce peu de considération pour l'éducation physique et le sport
éducatif entraîne des insuffisances graves dans la planification nationale
des efforts en ce domaine et dans les crédits budgétaires qui y sont con-
sacrés.
- Manque de coordination, parfois même concurrence, entre les
divers organismes nationaux responsables de l'éducation physique et du
sport. Souvent existe un regre~ble cloisonnement entre ceux qui s'occupent
spécialement de l'éducation physique à l'école et ceux qui s'occupent uni-
quement du sport. Ces derniers sont généralement avantagés dans la réparti-
tion des crédits nationaux.
- Malgré leur culture, leur intelligence et leur bonne volonté,
trop de responsables n'ont pas une connaissance convenable des problèmes
scientifiques, techniques et pédagogiques de l'éducation physique. Les in-
fluences politiques jouent, en général, un rôle trop important dans un
-
115 -
domaine qui intéresse principalement la Science, la Culture et l'Educa-
tion. Les experts sont peu écoutés et l'influence des groupements de pro-
fesseurs d'éducation physique est négligeable ou nulle sur la politique
générale de l'éducation physique et du sport.
- Il existe un manque de continuité dans les politiques de
l'éducation physique et du sport; les changements de gouvernement entraî-
nent fréquemment un changement complet dans les programmes et parmi les
fonctionnaires mêmes responsables de leur étude et de leur application.
D'où l'indifférence de ces derniers pour les projets à long terme.
- La politique d'équipement sportif est déficiente, surtout en
ce qui concerne les installations pour l'Ecole et le Sport pour tous.
- Il Y a souvent un mauvais entretien - par manque de per-
sonRe1 et de crédits - des installations et du matériel existants. Parfois
ces installations sont rapidement détruites par vandalisme (non surveillan-
ce).
- On note une confusion assez fréquente, même chez les éduca-
teurs, entre l'éducation physique (éducation par les activités physiques,
qui devrait inclure au moins certains aspects du sport) et la pratique spor-
tive de compétition ou le jeu libre sportif. Une part beaucoup trop grande
est accordée au sport de compétition et surtout au spectacle sportif, dans
les préoccupations des dirigeants et les intérêts du public. Par ailleurs
certains traits particuliers du caractère latin (passion, goût du jeu et
du spectacle, etc.) expliquent cette importance excessive donnée au specta-
cle sportif.
- Grave insuffisance, en nombre et en qualité, d'enseignants
d'éducation physique.
- Les supports scientifiques de l'éducation physique et du
sport
• Centres de Recherche
Instituts Universitaires de formation des professeurs
• Centres de documentation et d'information
· Contrôle médical organisé
sont en général très insuffisants, parfois inexistants.
-
116 -
- Sauf dans certains pays (Argentine, Brésil, Chili, Mexique)
les cours de perfectionnement et les congrès techniques et pédagogiques
sont rares ou inexistants. Les échanges internationaux d'information et de
perfectionnement des professeurs sont peu développés. Et lorsque la docu-
mentation internationale parvient, elle reste souvent bloquée dans les bu-'
reaux de l'administration ou bien elle est mal utilisée.
- Le sport est, dans la majorité des cas, animé par des béné-
boles souvent très dévoués mais sans qualification suffisante, surtout dans
le domaine pédagogique. Les entraîneurs spécialisés compétents - en nombre
insuffisant - sont affectés au sport de haute compétition et payés par l'E-
tat ou les clubs privés de sport professionnel.
- Enfin divers facteurs socio
économiques expliquent la défi-
cience générale de l'éducation physique et du sport. Ils sont même, à ce
point de vue, déterminants
a) faible niveau de V1e de la majorité de la population.
On estime que, dans beaucoup de pays 80% de la population est au niveau
"de subsistance". Les familles nombreuses, en moyenne 7 à 8 personnes,
vivent sur un seul salaire, faible ou nettement insuffisant. Il est alors
évident que les problèmes de l'alimentation, du logement, des conditions
de travail, du temps de repos, sont beaucoup plus préoccupants pour la popu-
lation et les gouvernements que ceux de l'éducation physique et du sport.
b) le fort pourcentage de jeunes. Au Vénézuela, par exem-
ple, on estime à 52% de la population totale le nombre de jeunes de 0 à
18 ans.
La population scolaire est pléthorique : classes trop nom-
breuses, régime de classes à mi-temps (un groupe le matin, un groupe l'après-
midi) qui entraîne une concentration de l'horaire sur les matières jugées
essentielles et par suite une diminution, voire une suppression complète,
des heures d'éducation physique scolaire. Par ailleurs les heures l~bres
ne peuvent être, en général, animées par des éducateurs, en nombre très
insuffisant. Les jeunes sont donc livrés à eux-mêmes, sans possibilités ma-
térielles convenables pour une occupation saine et régulière de leur temps
de loisir. D'où l'importance de la délinquance juvénile et même infantile.
- 117 -
c) Il faut encore prendre en considération, dans beaucoup de
ces pays, l'importance des populations autochtones, de culture ancienne,
,t
è~
peu évoluées,
;if
souven~ misérables et, qui évidemment ne peuvent percevoir
la nécessité et l'importance de l'éducation physique et du sport.
d) enfin, dans certaines grandes villes, l'extension urbaine
très rapide et insuffisamment planifiée entraîne de sérieux obstacles pour
l'équipement sportif convenable de ces agglomérations. Et comment instal-
ler des terrains de sport, à plus forte raison des salles d'éducation phy-
sique, dans les "favelas" de Rio ou les "ranchitos" de Caracas, à la popu-
lation surabondante et misérable
+
+
+
Voici, sans nul doute, un tableau bien sombré de l'éducation
physique et du sport en Amérique latine ! On peut noter cependant dans
certains pays des raisons de satisfaction et des facteurs de progrès.
10 Le modèle de Cuba nous paraît exemplaire, tant en ce qui
concerne l'éducation physique à l'école (bien que l'on y rencontre encore
des problèmes d'installations matérielles) que le sport pour tous et le
sport de haute compétition.
Ce petit pays a eu en effet, durant ces dernières années, des
résultats sportifs extraordinaires. Le sport cubain domine nettement le
sport d'Amérique latine et rivalise même avec succès parfois avec celui
des Etats-Unis. Depuis les Jeux Olympiques de Montréal (1976) et les jeux
Mondiaux Universitaires de Sofia (1977), les noms de Juantorena (400 et
800 m). Silvia Chivas (200 m féminin), Stevenson (boxe) sont mondialement
connus. Les exploits de ces champions ont fait connaître le remarquable
effort de Cuba en faveur de l'éducation physique et du sport, depuis la
création de l'I.N.D.E.R. (Institut National du Sport, de l'Education
Physique et de la Récréation) en 19b1.
A l'occasion du Séminaire international f1T~m?s libre et Ré-
création" organisé à La Havane en décembre 1966, l'on
a
pu juger sur
place cet effort, qui est réellement fondé sur l'action à l'école et la
pratique du sport pour tous.
- - - _ . _ - - - - - - - - - . _ . _ - - - - - - - - - - - - - -
-
118 -
Lorsque l'on considère qu'il s'agit d'un pays de 8 millions
d'habitants seulement, parti d'un niveau culturel et social extrêmement
bas en 1959, essayant de s'orianiser dans des conditions économiques très
difficiles, on ne peut qu'être émerveillé par de tels résultats qui témoi-
gnent éloquemment des extraordinaires possibilités de développement de
l'éducation physique et du sport, dès lors que les gouvernements prennent
conscience de l'importance humaine et sociale de ces activités et créent
les conditions indispensables à ce développement.
Nous croyons que bien des aspects de ce modèle peuvent s'ap-
pliquer dans d'autres pays, hors de toute considération d'ordre politique,
en ce qui concerne en particulier :
- la conception générale de l'éducation physique et du sport
et le rôle national très important qui leur est attr~bué ;
- l'effort particulier en faveur du Sport pour tous, avec le
"Plan de la Calle" par exemple, créé en 1965.
2° La nouvelle politique nationale de l'Education physique et
du Sport au Brésil, définie par la loi N° 6251 d'octobre 1975, et qui pré-
cise les trois domaines d'application:
1.
Education physique scolaire
2.
Sport pour tous
3.
Sport de haute compétition
peut inspirer les législations des autres pays.
3ù Le niveau universitaire de la majorité des professeurs
d'Education physique d'Argentine, Chili, Brésil, Uruguay devrait aussi ser-
vir de modèle pour l'Amérique Latine, et pourquoi pas pour d'autres pays du
Tiers Monde.
4° Enfin l'orientation officielle actuelle des efforts vers le
Sport pour tous au Brésil, au Chili, au Mexique, est encore un bel exemple
à suivre !
1.2. - L'EXEMPLE FRANCAIS
Celui-ci est d'un autre ordre, mais n'en reste pas m01ns ins-
tructif.
- 119 -
La France est un pays riche où le niveau de vie est élevé, bien
qu'il existe, comme dans beaucoup de pays industrialisés, une population
déshéritée et des problèmes actuels de chômage.
Les conditions matérielles de pratique de l'éducation physique et
du sport sont, en général, fort convenables, par rapport à celle de nombreux
autres pays. Cela est le résultat d'une excellente politique de l'équipement
sportif entreprise dès 1958 par le Ministre de l'époque, Maurice Herzog et
poursuivie efficacement ensuite. Depuis la création des premiers Instituts
Universitaires d'Education physique en 1927, puis de l'Ecole Normale Supé-
rieure d'E.P. en 1933, la formation des professeurs d'E.P. se fait à un bon
niveau. Par les CREPS (Centres Régionaux d'Education Physique et Sportive)
et les UEREPS (Unités d'Etudes et de Recherches én E.P.S.) un remarquable
effort de formation de cadres a été entrepris depuis 1945. Et malgré des
critiques souvent faites - et qui peuvent encore être faites - il faut con-
venir qu'un effort a été réalisé, depuis longtemps, en faveur de l'éducation
physique à l'Ecole primaire et secondaire et dans l'Enseignement supérieur.
Par ailleurs les structures administratives de la Jeunesse et
des Sports, au niveau national, régional et départemental sont solides et
pourraient être efficaces. L'aide au sport compétition est importante:
l'Etat accorde de larges subventions aux Fédérations sportives; il leur
fournit des aides techniques (entraîneurs nationaux ; conseillers techni-
ques régionaux et départementaux) et matérielles (stages à tous niveaux).
Il a créé de nombreuses sections "Sport-études" pour les jeunes gens doués,
susceptibles de devenir des champions. Il apporte aussi un grand appui à la
préparation olympique.
Et pourtant, nous devons objectivement constater la grande fai-
blesse des résultats obtenus :
l'éducation physique à l'Ecole est finalement peu efficace,
surtout à l'école primaire;
- la participation des étudiants aux activités sportives reste
très faible. Une enquête, réalisée en 1971 dans l'Académie de
Lille, établit que 10% sont des pratiquants, 70% des non-
pratiquants, et 20% nettement réfractaires.(SEURIN,P. : op. cit.
p. 164).
- 120 -
les résultats sportifs internationaux, en ce qui concerne
les Jeux Olympiques en particulier, sont jugés dérisoires
par rapport à l;immense effort développé
- un très faible pourcentage de Français pratiquent réelle-
ment le sport: 13% de français de plus de 15 ans d'après
l'enquête SOFRES lY68.
Les raisons de ce fossé qui existe entre les possibilités et
les résultats réels sont nombreuses. Les organisations syndicales d'ensei-
gnants, les représentants des Associations sportives, les groupements de
parents d'élèves, les ont largement et fréquemment analysées. Les divers
partis politiques ont même récemment étudié en détail ces problèmes. (1)
Mais il est une cause qui nous paraît fondamentale et qui est
généralement oubliée ou ignorée: c'est la doctrine même qui, depuis plus de
20 ans, inspire les responsables nationaux de l'E.P. et du sport
Pour des raisons diverses, liées la plupart du temps à l'expé-
rience sportive et aux conceptions des hommes choisis par les gouvernements
pour diriger l'E.P. et le sport, la préoccupation majeure a été de donner
à l'éducation physique scolaire une forte orientation sportive dans le but
principal de "préparer les champions de demain". Malgré les grandes décla-
rations en faveur de l'éducation physique fondamentale à l:école ou le
sport pour tous, la priorité a toujours été accordée au sport de compéti-
tion et à la préparation olympique.
La France a eu, en 20 ans, sept Ministr~de la. Jeunesse et des
Sports qui n'ont guère quitté cette ligne générale d'action. Tous les 4 ans,
après lesJ.O., naissait un nouveau "Programme olympique" promettant des
succès à la future olympiade! Mais les horaires d'E.P. à l'Ecole s;amenui-'
saient régulièrement, le déficit en professeurs d'E.P. s'accentuait grave-
ment, et les Français n'étaient guère plus sportifs
(1]
: Vo.i.Jt Ir.appolr.t .6uJt. lu Plr.oglr.a.mmu du paJt.:t<.J.J po.eA..f'.A.qUU avant lu Ue.c.-
tiOn.6 .tég..iô.tativu de. 1~CVl.6
1918 - Re.vue. "Educ.a.tion rhu~.{.que. e..t ~poJL.t".
Vic.e.mblr.e. 1917.
-
121 -
La preuve est aujourd'hui faite - et brutalement - que cette
conception est mauvaise
On peut, je pense, préciser ainsi les raisons de cet échec :
~·2.1. Une administration beaucoup trop centralisée, qui veut déci-
der de tout, jusque dans les moindres détails. On consulte certes, théori-
quement, les gens de la base. Mais en fait, très souvent, on ne tient guère
compte de leur point de vue et il arrive que la décision soit prise avant
que la consultation soit terminée. Nous en avons vécu des exemples ! Il
semble, heureusement, que l'on évolue aujourd'hui vers une certaine décen-
tralisation. Espérons
Il est à noter de plus que cette centralisation se réalise sur
deux Organismes dont la coordination n'est pas toujours exemplaire: le
Ministère de l'Education Nationale et le Secrétariat d'Etat à la Jeunesse
et au Sport. Beaucoup d'administrateurs de l'Education Nationale ont- tendan-
ce à se désintéresser d'une discipline dont ils ne sont qu'en partie respon-
sables et ce sont les conceptions du Secrétariat d/Etat qui sont mises en
application à l'école. Cette dualité est finalement très préjudiciable à
l'action éducative par les activités physiques. La logique voudrait que
"si l'on considère réellement les activités physiques et sportives comme
partie intégrante de l'éducation, il faut les rattacher à l'Education Natio-
nale pendant le temps des études" (communication du Procureur Général,
A. Touffait(ll.
C'est ce que réclament, en vain depuis longtemps, les profes-
seurs d'E.P.
1~.2. Les experts (Professeurs d'E.P., Inspecteurs ayant reçu la
formation de professeurs d'E.P., sportifs éprouvés, etc.) sont pe~ ou pas
écoutés. Ils sont souvent, à cause de cela, en opposition fondamentale avec
les responsables administratifs.
(1 j : A. Toun6a.-U : Qon6Vr.e.nQe..6Wt "Le. .6poJtt doU Qéde.Jt il la cU.gnUé de. la
wLtWte.". Publiée. dart.6 R..a. Jte.vue. de. la FF'EPGV. r; La gymnMüque. volon-
:ta.A1t.e." Ne 2, 1913.
-
122 -
Une des raisons de cette mise à l'écart est la diversité - voire
les oppositions - des conceptions techniques et pédagogiques des éducateurs
physiques français. Face à ces "querelles de techniciens" les responsables
gouvernementaux choisissent en fonction de leur propre tendance qui est,
nous l'avons dit, celle d'une éducation physique basée sur les spécialités
sportives.
La dispersion des travaux et conceptions des professeurs d'édu-
cation physique est, en grande partie, la conséquence de leur faible parti-'
cipation à l'activité internationale dans le domaine de la recherche scien-
tifique et de l'information. Ils travaillent "en vase clos" ou en cercle
restreint - fort bien parfois - mais ils ignorent souvent les excellentes
réalisations ou les échecs instructifs ainsi que les grandes synthèses réa-
lisées dans les autres pays. Ils ignorent aussi trop souvent l'histoire
internationale de liéducation physique. Ils croient ainsi faire acte de
"créateurs" de nouvelles techniques et formes pédagogiques.
Nous avons ains'i vu par exemp le, dans les années 60, la créa-
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d
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"p
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. . -" i 1 ) .
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t10n
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qU1 a ent OUS1asme
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des jeunes surtout, mais aussi désorienté bien des anciens parce que souvent
présentée comme une critique du passé et une véritable révolution scientifi-
P
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rSYC 0- ynam1e
(1] : Dont le p!U.YlUpai - U buUaYlt - .théoJUueYl out le DJt. Le Soul..c.h.
( 2)
flan6.6 0Yl ouvJtage "L' éduc.atioYl ·YJ"'-Y.6..i.que" (1901) T-ûl.6..i.2 2c.JUVa.J.;t : "PM
éduc.a.tio Yl phY.6..i.que i l Yle 6au:t p,tU.6 c.ompILeYlc'.Jte -6 eul..emeYl:t l' en.t'ta2Ylement
mU.6c.ul..a.bte, ma.-i.6 eYlc.oJte et -6uJttout, l'en.t'ta.ZYlement du c.ertbtu p.6yc.h.o-
moteUJt-6 pM du M-60c.-W..ti.0n6 muLti.plu et Jtépété.u eYl,fJte ,~e mouvemeYlt
et -ea pen6 êe" •
Et éan6 la "Revue r.u Jeux Sc.o.f..a.btu" de -6eptembJte l'!OI -Le ptté-waA! :
"-eu exenuc.u phY-6..i.quu mêthoc'-..i.quement appüqué.6 Oyt.~ UYle ac.üoYl d,utec.-
:te -6uJt le dé.veloppemeYlt du c.ertbtu p-6yc.ho-moteUJt.6 qui, è'.. leuJt :touJt,
ont UYle ..i.Yl6f..ueYlc.e ~~è-6 gJtaYlde -6uJt ,~'ac.c.ommodatioYl de l'êtne au ~~..i.eu.
Cette ac.c.ommoda.t..i.oYl Yle peut -6 'ê:ta.b.tUt que pM i..' ..i.~teJtmécü.a.br.e du "c.en-
veau péJUphéJU.que" c.' ut-C'.-fue du "oJtgaYlu -6en6oJUe.~i1.
Ci u:t flt, eYlc.oJte ÙL6U66-ûla.mment pJtê.w ée c.entu, UYle du ..i.dzu c.eYltnaiu
d.e la P-6yc.houYlétique du 11Jt Le "3oul..c.h : ao6..i.Ylen _,e~ penc.ep:tA.on6 et 6~Jt-:
men Uyl 6a.-i.6 c. eau r.e c.apacJ.:tu po un M -6 uJtVt .ta mcü.:tJU.6 e c.oJtpo JteJ..1. e nacJ.ü-
taYlt lu cU..veJt.6 U adap.ta..ti.o n..6 •
- 123 -
fondée sur les mêmes principes: en 1925 la Finlandaise Elli Bjorksten pu-
bliait, en langue française son bel ouvrage "Gymnastique féminine" où.
étaient clairement exprimées certaines idées sur la relaxation et sur l:irn-
portance du rythme, reprises par la "Psycho-motricité" : dès 1927 l'Autri-
chien Karl Gaulhofer insistait, avec le Dr. Margareth Streicher, sur les
"'Problèmes de mouvement" qui correspondent aux "exercices de coordination
dynamique générale" du Dr. Le tioulch. Tout cela était.plus ou moins mécon-
nu des créateurs mêmes de la Psycho-motricité. Nous avons pu le constater.
Ce qui explique que, malgré l'indéniable valeur de leurs trauvaux - connus
sur le plan national et international par les stages de la F.F.6.E. - ces
chercheurs n:ont été admis comme des créateurs que partiellement dans leur
propre pays et en partie aussi en Belgique et au Québec. Et cela explique
à la fois les critiques formulées, le désarroi de nombreux éducateurs phy-
siques français et la position prise par les responsables gouvernementaux.
Nous y reviendrons dans les chapitres suivants.
iZ3. Les mass-media (journaux et télévision en particulier)
n'accordent d'importance qu'au sport des champions et le public est condi-
tionné en ce sens par ces informations.
C'est là un comportement assez typiquement français
et
latin ! Nous sommes réellement effrayé parfois par la place donnée, dans
les journaux et à la télévision, aux résultats sportifs, aux faits et ges-
tes de quelques champions, fugitives vedettes d'une actualité d'importance
humaine pourtant bien réduite.
Dans de grands pays sportifs, tels que la R.F. d'Allemagne,
l'Angleterre, les U.S.A., les champions occupent une place beaucoup plus
raisonnable dans les préoccupations des gouvernements et du public.
ALF OERTER (U.S.A.), quatre fois champion olympique du lancer
du disque à Melbourne (1956), Rome (1960), Tokyo (1964) et Mexico (1968)
n'est guère connu dans son pays que par les spécialistes de l'athlétisme.
Il a pourtant réalisé un exploit extraordinaire de durée sportive au plus
haut niveau(1). En France, il serait un "héros" adulé des foules. Il
.. (11
A 41 aM, Ovr..:tvr.. a e.nc.M.e. .eanc.ê le. d..l6 que. à. 60m 10 au C.oWt-6 d' une.
Jtê-wu..on oJtgan.M2.e. aux U. S. A. e.n 1918, pltê-We. P. .s e.!.l!Un op c.Lt.
p.
168.
-
124 -
aurait, reçu la Légion d'Honneur, et aurait défilé sur les ~hamps-Elysé~s.
Sans doute aurait-il été invité à dîner par le Président de la République.
~2~. Le système d'éducation physique à l'école est fondé presque
exclusivement sur la pratique des activités sportives spécialisées. Et c'est
là la grande erreur pédagogique qui explique bien des choses !
F1nalement ce sont les techniques et les conceptions des Fédé-
rations sportives qui ont orienté l'éducation physique scolaire, dans le
but, qui leur est propre Cet qui, pour elles, est logique} de préparer des
sportifs et surtout les champions de demain(1).
Il n'existe plus en France, depuis les Instructions officielles
de 1967, de leçon "d'éducation physique" mais des séries de leçons de basket,
de football, de sau~ en hauteur, de barre fixe etc. PratIquement il y a ainsi
une trentaine de spécialités sportives (danse incluse
) qui sont enseignées
dans des séances particulières à l'Ecole secondaire, et souvent même à l'Eco-
le primai re.
Certes, l'objectif général, défini par les Instructions officiel-
les, est bien "l'éducation par les activités physiques" ; ce qui est excel-
lent, en principe. Mais en fait nous devons constater qu'une place très
réduite est accordée à ce que l'on appelle encore l'Education physique de
base ou fondamentale. La Programmation officielle (plan d'application des
Instructions) prévoit par exemple que :
( 1J
En 1tj 32, .ee. Vit PMUppe. T-u'J.Jù, éc.JU..viUt : " rP. tau.:t me.f.'..-Vte. c.haque. c.ho-
J.J e. è. J.Ja p.eac.e. e..t ne. pfU6 pe.Jtme.:t:tlte. que. .e' ëduc.a;t[on phYJ.J-ique. dépe.nde.
du FédéJtatioYJ.J.J gymMqUU U J.JpOIt.:Uvu" (Re.vue. du Je.ux Sc.o.ecUJr.u,
!(aJt,6
1932 J •
E:t i l It é.c..tamiUt pou.Jt .~' UMvvw-i.té J.J e.u.fe. .ta 9u.:Uo n de. .f-' E. P. J.J c.o.eaÂ.Jte..
Ma.<-6 dzjà e.n ]ggl, .ee. PltOôuJ.Je.u.Jt Toltnglte.n, ôutu.Jt fl-i.Jte.c.te.u.Jt de. .['IYJ.J.Jütu..t
Ce.n.t..Jta..t de. Gymn.a.6:ti..que. de. S:toc.h.h.ofm 2c.JU..viUt : "L' e.xpéJUe.nc.e. a pltouvé
que.e.' on ne. pe.ut plte.nc-'T.e. .tu SouUé.6 palt:ti..c.u.f-i.èJtu (J.Jpov.ivu) c.omme.
modè.eu à J.Ju-tvlte. e.f.: c.omme. po-<.nt cie. dépaltt pou.Jt tu e.xe.JtUc.u de.' Zc.o.te." .
Re.vue. "T-id-6fvU.é.t r gymn.a.6':u'z." ; Ite.maltque. L. Se.u.Jt-i.n
op. c.U. p. 168.
-
125 -
"Les exercices systé"matiques d'assouplissement, de muscula-
tion, d'entraînement foncier, de coordination, de relaxation, sont intro-
duits,entant que de besoin, selon les intentions éducatives et selon les
insuffisances perceptives et motrices des élèves, au cours des séances
dont l'objet premier, clairement aperçu par les jeunes, demeure la prati-
que sportive ~ymnique ou d'activités expressives ou esthétiques".
Mais ce besoin d'assouplissement, de musculation, de connais-
sance et de maîtrise de son corps, qui existe pourtant constamment et à
tous les niveaux chez les écoliers, est rarement satisfait. Le Système le
situe en intérêt secondaire: d'abord la pratique sportive! Et dans ce
mauvais Système, la seule correction qui pourrait être apportée serait
l'introduction d'une sérieuse et complète "mise en train,,(7)au début de
chaque séance, insistant justement sur le développement de ces qualités
générales. Or la "mise en train", elle aussi, a presque complètement dis-
paru des séances scolaires, pour réserver l'essentiel du temps aux appren-
tissages techniques et à la compétition.
Il est paradoxal que l'Ecole néglige ainsi cette préparation
fondamentale de l'organisme, alors même que, dans les divers domaines
d'expression des possibilités physiques au plus haut niveau, les responsa-
bles (professeurs de danse, entraîneurs sportifs), y attachent la plus gan-
de importance.
Finalement les exercices systématiques d'assouplissement, de
re1axatiDn, de développement musculaire, de mise en place correcte du bas-
sin et de la colonne vertébrale sont aujourd'hui communément pratiqués
en
France dans les Ecoles de danse et les Clubs sportifs - ou, pour la récupé-
ration physique, par les masseurs, les kinésithérapeutes, les rééducateurs-
et très rarement dans le milieu éducatif: l'école où ils s'imposeraient
pourtant par priorité.
(7)
: Crut RA. pltem.i.èJte. palttie. de. la. -6ea.nc.e. d'E.P.S. c.ompoJt.ta.nt.ta. ptr-iAe.
e.n main, e.t.t' êc.ha.u{ 6eme.n.t a.ve.c. du e.Xe.!l.Uc.u pltêpa.Jta.to-Utu de. .ta.
-6 êa.nc. e. pit0 pltem e.n/: dUe..
- 126 -
Le Dr. Phili~~e Tissié avait, dès 1900 - en accord avec l'Ecole
suédoise - insisté sur l'im~ortance fondamentale d'une bonne gymnastique de
la colonne vertébrale ; ce qui exige une technique précise. Cela, semble
hélas, presque totalement oublié! Pourtant cette gymnastique vertébrale
reste essentielle, aussi bien pour la santé en général (combien de douleurs
nées d'une mauvaise statique vertébrale ou d'une zone lombaire maltraitée
par des acrobaties excessives(l)que pour le futur exploit sportif}
{25. Par suite d'une telle erreur de principe et malgré leur
compétence et leur conscience professionnelle beaucoup d'éducateurs physi-
ques ne peuvent assurer, ni une bonne préparation sportive, ni un bon en-
traînement physique général de leurs élèves. Ceux-ci voltigent de speciali-
té en spécialité, sans pouvoir rien approfondir. On revoit chaque année, à
peu de chose près, les mêmes techniques, au même niveau. Une leçon de lancer
de poids en classe terminale (16-18 ans) ressemble étrangement à celle que
l'on voit en 6e (12-13 ans), Telle classe aura eu 6 séances de basket dans
son année scolaire et, en principe, on aura ainsi appris à jouer au basket
~d
1
1
l
.
d
h '
( 2 ) . , . .
d
~
On peut appe er ce a
a pe agog1e
u toue e a tout
qU1 n a ]ama1S
onne
de bons résultats !
( 1)
C&. CVttic..te. da.YL6.te. f:!ul.le.J"..A..n r.Lf.P. n" 1, 1914 : "Pe.Jt.tuJr.ba.:t<.oYL6
da.YL6 .ta. ftég-ton dolUJo.1.e. -tnféJUe.Wte. c.he.z i.u je.unu glfYTlnMtu". En
vO-tu une. du c.onc.lU.6-toYL6 : "1~9.: du glfYTlnMtu d'une. r..qu-i.pe. noftvé-
g-te.nne. qu-i. pa.Jt:t<.c.pe. ~ du c.ompé:t<.:t<.oYL6 -tnte.Jtna.:t<.ona.fu, ~oun6fte.nt
de. pe.Jt:tWtba.tio YL6 .~omba.-tftu".
[2 )
AjoutoYL6 que. l' ha...Jta.-tfte. a.c.:tueJ - 2 he.Wtu he.bdoma.da.-tftu e.n moye.nne. -
ne. pe.Jtmet que. "d' e.M.te.uJte.Jt" c.ha.c.une. du te.c.hYl.-tquu.
En ftê.a..tUê .te. j wne. ut ~ c.oi.aJt..iA.z pe.nda.nt 33 ~ e.ma-tnu da.YL6 '-' a.nn~e.
~o-t:t un total thr.oJt-i.que. de. 66 he.uJtu d'E.P. r'la.J.lJ J.-e Sa.ut c.ompte.Jt
da.YL6 c.et hofta.-tfte. .te. te.mp~ du cl.épPa.c.e.me.nu, d' ha.bJ.-~.a.ge. e.,t déh ha.bil-
.ta.ge., etc.. : a.joutOYl.<S .tu c.OYL6~ de. C..tM~e., .tu e.xa.me.YL6 ••• qu-i.
d-tm-tnue.nt e.nc.ofte. .t'r.Ofta.-tfte. de. .tfta.va.i1 ftée.f. d'e.xe.Jtuc.e. phy~-tque.. Cn
pe.ut u:t<.me.Jt è. e.nv-tfton 40 he.uJtu a.Yl.Yl.ue.llu .ta. duJtêe. du ,tJta.va.il. e.6 6e.c.-
tif, du Ui!vu e.n c.e. qu-i. c.onc.e.Jtne. .e.' E. P. 2! .t' Ec.ole. !
-
127 -
Par ailleurs on prétend s'appuyer sur la motivation sportive
qui serait le facteur principal de participation active des élèves. Mais
on a oublié que cette motivation présente un fort caractère spécifique :
l'enfant et l'adolescent s'intéressent à telle ou telle activité et non
point à toutes. Combien de jeunes filles sont motivées par le lancer de
poids ou le saut en hauteur ? Finalement beaucoup de séances sont sans
intérêt, ou presque, pour un nombre important d'élèves. Et les enseignants
se rendent compte qu'il existe d'autres motivations et d'autres objectifs.
De plus en plus nombreux sont en effet les professeurs qui
s'interrogent à ce sujet. Comme l'écrit l'une d'entre eux(Zl:
"Il semble qu'il existe aujourd'hui un mouvement de rejet de
la pratique traditionnelle des activités sportives. Ces pratiques, limitéQ5
à l'apprentissage de normes, paraissent effectivement peu compatibles avec
les finalités de création et d'exploration de toutes les possibilités du
corps humain".
,l16. Pour répondre à certaines critiques - dont les nôtres - con-
cernant le mauvais
entraînement physique général assuré par le système, on
rappelait que justement la diversité des techniques permettait cet entraîne-
ment général. On pouvait ainsi développer la résistance cardio-respiratoire
par la course, la force des bras par la gymnastique des agrès, l'agilité
par les sauts ou la gymnastique au sol.
C'était oublier une règle scientifique essentielle: on ne peut
développer une qualité ou créer un mode de comportement que par la répéti··
tion régulière et l'intensité suffisante de l'effort pendant une assez lon-
gue période. On ne peut développer la force des bras par quelques rares
séances d'agrès dans l'année!
( 1)
Ja.c.queLÙl.e MaJr..6 ena.c.h "Revue Educ.a.,üo n. phY-6Ùue et -6 poJt:t": AvtU1.
1918.
-
128 -
C'était le propre - et l'avantage - des séances d'éducation
physique générale de concentrer le travail sur l'entraînement systématique
des qualités de base. Ces séances ont disparu, ou presque; encore que l'on
ait pu observer quelques heureuses réactions de la part d'une minorité de
professeurs.
,l~}. Finalement trop de professeurs d' E.P. se sont transformés, plus
ou moins consciemment, en enseignants de techniques, ce que les entraîneurs
sportifs spécialisés font souvent aussi bien qu'eux ... et parfois mieux. Il
y a eu ainsi une grave confusion des buts et des moyens. Et seuls les meil-
leurs ont su éviter cette confusion.
On constate ainsi trop souvent une véritable trahison de l'édu-
cation physique. Dans un cycle de séances de basket-baIl par exemple, appa-
raît la tendance, logique pour un sportif, d'enseigner le basket et unique-
ment le basket. On ne peut même, dit-on, enseigner convenablement la spécia-
lité que dans son contexte précis, c'est-à-dire dans les conditions
habituelles de la compétition sportive. On ne jouera qu'à 5 contre 5, avec
seulement des ballons de basket et sur un terrain réglémentaire. Les non-
joueurs attendent leur tour ou bien observent (?) ou arbitrent. Ce qui,
certes, peut présenter quelque valeur éducative mais constitue sûrement du
temps perdu pour leur entraînement biologique.
Les buts généraux de l'éducation, pourtant bien précisés dans
les Instructions officielles, sont alors perdus de vue; c'est "du basket
pour le basket".
~2~. Les professeurs d'E.P. n'ont pas alors perçu en 1967 le piège
tendu, volontairement ou non, par l'Administration: créer les conditions
telles que l'on puisse apporter la preuve qu'un "instructeur-technicien"
pouvait faire aussi. bien que le professeur de niveau universitaire. Evi-
demment, cet instructeur, plus rapidement formé et moins bien rétribué,
coûterait moins cher à l'Etat. Par ailleurs il serait, sans nul doute, plus
facilement orienté vers la préparation des champions. Les préoccupations
éducatives restent
au second plan.
l~9. Les professeurs d'E.P. sont d'autant plus facilement tombés
dans le piège qu'ils étaient
par leurs qualités de sportifs et par leur
-
129 -
formation, tout disposés à adopter les conceptions ministérielles. Il faut
en effet rappeler, qu'en France, la qualité sportive joue un grand rôle
dans la sélection des futurs ~rofesseurs d'E.P. - et beaucoup de professeurs
sont des champions de qualité - et que les études du professorat donnent une
très large place à l'apprentissage technique d'un nombre considérable de
spécialités sportives. Ajoutons que le climat social (la tendance publique)
poussait dans une telle voie, à la recherche de victoires sportives pouvant
enfin satisfaire l'orgueil national. Comment dans un tel environnement, avec
leur passé et leur présent de sportifs, avec leurs 4 années d'études durant
lesquelles ils apprenaient surtout "comment enseigner telle ou telle techni-
que" •.• les jeunes professeurs d'E.P. pouvaient-ils ne pas adhérer d'enthou-
siasme à la ligne tracée par les Pouvoirs Publics ?
~!e~ Devant la faiblesse de plus en plus manifeste des résultats spor-
tifs, les responsables nationaux, qui attribuaient ces mauvais résultats aux
insuffisances de l'action scolaire" ont créé des "Centres d'Animation spor-
tive" (C.A.S.), chargés de comp1~ter et de coordonner, hors de l'Ecole,
l'enseignement sportif, en liaison cependant avec l'Ecole, en principe tout
au moins. On prétendait suivre ainsi l'exemple de quelques pays, en particu-
lier de la R.D. Allemande dont les succès sportifs étaient notables. Mais
on oubliait - ou méconnaissait - une chose très importante: c'est qu'en
R.D.A., l'Ecole a d'abord pour tâche d'assurer l'éducation physique de base
(Grundausbi1dung) et qu'elle accomplit parfaitement cette mission. La 'for-
mation sportive spécialisée se fait, hors du programme normal de l'école, en
complément pour les jeunes volontaires (qui sont une majorité) et à partir
de cette formation de base. En France hélas, comme nous venons de le montrer,
cette éducation physique de base n'existe plus et finalement les C.A.S. et
l'Ecole se sont fait concurrence dans une même erreur de spécialisation sans
éducation physique rationnelle préparatoire; et d'une manière souvent plus
coûteuse au niveau des C.A.S., alors que l'Ecole même manquait de professeurs.
Ce qui a provoqué la réaction logique des syndicats d'enseignants.
4t11. Finalement le système s'est révélé inefficace et il fallait
s'y attendre. Il inversait en effet les données du problème. Au lieu de par-
tir de l'éducation physique générale pour développer les qualités de base
applicables à toutes les conditions de la vie et facilitant aussi les diver-
ses adaptations pour de meilleurs résultats dans les spécialités sportives ...
- 130 -
on s'est basé sur ces dernières avec l'espoir, sincère pour certains ensei-
gnants, d'atteindre les objectifs de l'éducation générale. Mais le but es-
sentiel des responsables restait bien de "former des champions pour la gloire
du sport français"
Encore une fois nous pouvons constater aujourd'hui les résultat~t
à notre avis catastrophiques, d'une telle conception.
{f}2. C'est donc toute la doctrine nationale, ainsi que la forma-
tion des enseignants d'éducation physique qu'il faudrait reconsidérer. C'est
l'ensemble du Système qu'il faut changer.
On verra plus loin(l), comme nous l'avons déjà indiqué, l'exemple
opposé de la R.D. Allemande, dont les résultats sportifs sont remarquables
et où pourtant l'Ecole refuse catégoriquement de fonder son action principale
sur les spécialités sportives.
1.3. - LES ERREURS DES U.S.A. (UNITED STATES OF AMERICA)
Les Etats-Unis d'~~érique ont été longtemps considérés, à juste
titre, comme la plus grande nation sportive du monde. Les athlètes, les na-
geurs et les basketteurs américains ont, pendant des décennies, trusté les
médailles olympiques. Et bien que cette suprématie soit aujourd'hui menacée,
par les champions de l'U.R.S.S. et de la R.D.A. en particulier, il est cer-
tain que l'on peut toujours considérer les U.S.A. comme un très grand pays
sportif.
Cependant une enquête réalisée en 1957, et publiée dans "The
New-York State Journal of Medicine", avait mis en évidence le faible niveau
de condition physique des jeune'Américains ; 60% échouaient à des tests de
"Fitness" alors que le pourcentage d'Achecs de jeunes Européens du même âge
n'atteignait que 8,7%. Cette brutale constatation avait provoqué une nette
( 1)
t'oiA pa.ge.
p. 447
- 131 -
réaction du Président Dwight D. Eisenho~r, qui fit créer le "President's
Council on Youth Fitness" pour étudier ce problème et tenter de remédier
à ces graves déficiences.
En 1960, le Président John Kennedy déclarait :
"Jamais dans toute leur histoire, les Etats-Unis n'ont été re-
présentés par un groupe aussi transcendant d'athlètes dans les compétitions
nationales et internationales. Pourtant il ne faut pas que la fierté que
nous en tirons nous fasse négliger le fait que, depuis plusieurs décennies,
le niveau de santé physique de l'ensemble de nos concitoyens est très infé-
rieur à ce qu'il devrait raisonnablement être,,(1).
En 1961 le Président's Council publia un livret "Youth Physical
Fitness
suggested elements of a School-Centered orogram" très largement
diffusé dans tous les Etats et qui recommandait pour l'Ecole des exercices
très simples de mise en condition physique.
Mais la conception sportive de l'éducation physique - activités
basées sur le principe de la compétition - restait dominante.
Un des responsables déclarait alors :
"Une compétition saine est le mode de vie américaine. Notre
système tout entier est basé sur la compétition. Alors pourquoi ne l'aurions
nous pas en éducation physique? La compétition est la clef de l'aptitude
physique" (2)
Certes, la faiblesse physique de la jeunesse américaine- et de
l'adulte en général - résulte en grande partie d'un déséquilibre entre une
nourriture trop abondante et une activité physique réduite au minimum.
L'enfant et l'adulte ne marchent plus, à plus forte raison ne courent plus.
Dans une civilisation excessivement mécanisée, l'auto est reine. On l'uti-
lise pour le moindre déplacement: aller à l'école et en revènir, faire son
marché, aller à la banque, au cinéma, à l'église ou au temple ;- jeunes et
vieux passent des heures assis dans leur voiture ou devant la télévision.
(1)
RappOltt U.N.E.S.C.O. Oc..tobJte 1910.
(2)
Voht Revue "Homme .6M.n" ; n° 1, 7967 ; aJtüc.le "Compé:ü:üon et
éduc..a.i".A.on phY.6.i.que".
- 132 -
On ne monte plus les escaliers puisqu'il y a partout des ascenseurs. On
en est arrivé même à créer les "golfmobiles" , ces petites voitures qui
évitent de marcher lorsque l'on va jouer au golf!
Mais la conception même de l'éducation physique reste aussi
une des causes de ce faible niveau biologique de la masse des ~néricains.
Dans le Bulletin 4-1961 de la Ligue canadienne d'Education
physique, le Professeur Jean Brunelle, alors Président de la Ligue, pu-
bliait un article intitulé "Commentaire et observations sur l'éducation
physique américaine".
Après avoir rappelé les déclarations des Présidents Eisenhover
et John F. Kennedy, sur l'insuffisance de condition physique de la jeunes-
se américaine, il précisait les conditions matérielles et administratives
de l'éducation physique aux U.S.A.
- chaque Université a sa Section d'éducation physique et un vaste programme,
- les professeurs d'éducation physique sont en assez grand nombre,
- la plupart des Ecoles ont un programme d'éducation physique et les Cen-
tres de loisires et de récréation sont bien répartis selon les besoins.
Il posait alors la question suivante :
"Comment se fait-il, qu'avec autant de facilités, l'on déplore
de plus en plus le manque de condition physique au point d'élever cette
question au niveau de problème national ?
Et il donnait sa réponse, dont voici l'essentiel:
- manque d'idéal éducatif chez les professeurs d'éducation physique qui
sont le plus souvent des instructeurs ayant pour objectif le rendement
,
~l·
~ (1)
d un groupe se ect10nne
,
- l'application d'une psychologie qui fait refuser l'exercice de formation
sous le fallacieux prétexte qu'il manque d'intérêt,
- le culte du champion qui conduit à la passivité de la masse.
------------------------_. ----------------_.
(1)
VoJA, a c.e. -6u.je.t, f.e.-6 e.x:tJr..aA.:t6 de. .t'aJt:ti..c..te. du. PtL0ne.-6-6e.wr. p.
Gove.Jtnali rU.s.A.I, p. 110. ~ê paJt SEURIN,P.
op. eit. p. 115.
- 133 -
Sans doute les choses ont-elles changé
depuis 1961 et nous
pouvons en particulier témoigner du grand développement de l'action Sport
pour tous aux U.S.A., grâce à de très importantes campagnes d'information
auprès du public. Cependant, l'état de condition physique de la jeunesse
américaine ne s'est guère amélioré et beaucoup d'éducateurs américains con-
tinuent à déplorer cette conception sportive d'une éducation physique trop
fortement marquée par l'esprit de compétition (qui n'est que le transfert,
au niveau du sport, du "~t:I"Qggle for life", (1) si caractéristique de la
vie américaine).
Un mouvement de réaction pédagogique, illustré en particulier
par des Campagnes en faveur des enfants faibles et handicapés, telle que
"Project active i to help your child" s'est heureusement dessiné ces der-
nières années.
En 1968 a été créée le "National Jogging Association" pour en-
courager le déplacement en marche et course. Et il est réconfortant de voir
le nombre considérable de personnes de tous âges qui aujourd'hui pratiquent
le "jogging". Mais i l reste encore à faire de grands progrès(2l.
1.3.2. - Le luxe inutile
--------------
C'est là une erreur moins grave car elle ne peut concerner que
quelques pays, mais elle doit être pourtant signalée. Notons aux
USA l\\cer-
taines installations luxueuses dont nous avons entendu parler à la "High
School" d'Arlington(3): un gymnase de 1 million de dollars pour un lycée de
800 élèves avec 6 professeurs d'E.P.
! Mais la séance d'éducation physique
que nous avions pu y observer était sûrement d'un très faible rendement for-
matif et éducatif pour les élèves. Sans doute était-ce la faute du profes-
seur que nous avons vu en action ?»
( 1)
"La .tutie
âpJt.e. pouJt .ta v,[e." où. "c.hac.un pouJt .60,[, e.:t O,[e.u pouJt tOu..6"
(~ )
Il a été donné de. cU6c.u..teJt Jtéc.emme.nt du " jogg,[ng" ave.c. .te. OJt Ri.c.haJtd V.
Gan.6,[e.n (USA) qu..<.. nu..t un du gJtand.6 c.hamp,[on.6 amWc.Mn.6 de. .6au..t à. .ta
peJtc.he.. En :tant que. méde.un, i l .6' ,[nquDUe. beauc.oup de. c.eJt.tMn.6 dangeJt.6
du "jogg,[ng", Jtéac.tion .6Mne. ma.<...6 :taJtd,[ve. dont la mode. .tanc.e. be.auc.oup
:tJtop de. peJt.6onnu non pJt.épaJtéu VeJt.6 .tu e.n f,,0Jt.t.6 e.XC.U.6,[f".6. On note en
paJttic.u..t,[eJt de. nombJte.ux ac.c.'[de.n.t.6 te.nd,[ne.ux-mu..6c.u.la.<..Jtu c.he.z lu peJt.6on-
nu âgée..6. Là. au..6.6,[ J.-I!. f"au..t .6avoJA agJA ave.c. modéJl.a.:ti.on e.:t pJt.ude.nc.e !
(3 )
SEURIN, P. : op. ~. p. 22, 23.
-
134 -
Néanmoins, s'est brutalement posée pour nous, la question sui-
vante: à quoi servent ces magnifiques installations si le résultat est nul,
ou presque, sur l'éducation des enfants?
Et cela nous conduit à rappeler l'importance primordiale d'une
bonne formation pédagogique des enseignànts.
Il faut en effet prendre clairement conscience, à tous les ni-
veaux, et surtout à celui des responsables nationaux, que :
toute l'organisation administrative: Ministères, Directions
régionales et locales, Etablissements scolaires, etc.
- toutes les dépenses pour la formation puis la rétribution des
enseignants, des inspecteurs, des administrateurs, pour l'équipement sportif.
- tous les efforts officiels ou privés (ces derniers très impor-
tants dans certains pays, aux U.S.A. en particulier) ...
aboutissent à l'enfant et à l'adolescent qu'il s'agit d'éduquer
et que par
suite la relation pédagogique maître-élève est fondamentale.
Si les maîtres sont inefficaces •.. tout l'argent engagé, tous
les efforts sont choses perdues.
Les dépenses somptuaires sont, en général, totalement inutiles ...
Un professeur convenablement formé du point de vue pédagogique peut faire un
excellent travail dans les conditions matérielles bien adaptées - mais rela-
tivement économiques.
Nous préciserons ces conditions dans nos "Propositions cons truc-
ti ves" (Quatrième partie).
2. - DES EXEMPLES A SUIVRE
Il n'existe pas, dans le monde, de mise en application parfaite
d'un idéal de l'éducation physique et du sport. Nous sommes au niveau des
choses humaines ... avec toujours leurs imperfections. Mais nous pouvons
trouver en quelques pays des exemples assez encourageants de bonne réussite.
Cela est réconfortant pour un éducateur, car il y a là, au moins, la preuve
tangible d'un progr~s possible.
-
135 -
Pour qui peut avoir une vue globale et objective de la situa-
tion mondiale en ce domaine particulier de l'éducation physique et du sport,
il est évident que l'ensemble des pays "Républiques démocratiques"
(U.R.S.S., Chine, Cuba, R.D.A., Roumanie, Pologne, etc.), se place dans le
groupe de tête des nations qui peuvent apporter de bons exemples. L'Educa-
tion physique et le sport y sont généralement inscrits dans les lois ; et
les résultats pratiques, tant du point de vue de l'éducation physique à
l'Ecole et du Sport pour tous que du sport d'élite, sont, en général, remar-
quables. Une tendance normale est de considérer que ces résultats sont d'a-
bord liés au système politique et ~ocial de ces pays ..• Et c'est en patie
vrai.
Mais nous pouvons aussi constater d'autres belles réussites
dans des pays à régimes politiques différents. La République Fédérale d'Alle-
magne, la Grande-Bretagne, la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark,
la Hollande, etc., peuvent nous fournir de beaux exemples, concernant en par-
ticulier les conceptions, l'organisation et les résultats de l'éducation
physique scolaire et du Sport pour tous. Et malgré l'intérêt public limité
porté aux U.S.A. sur les résultats olympiques, il est certain que ce grand
pays pourrait encore prétendre à la suprématie mondiale, si les responsables
jugeaient utile de faire des efforts à ce sujet(l) .
C'est donc que, au-delà des situations politiques, il existe
des éléments communs qui expliquent ces diverses réussites. Et ce sont ces
éléments qu'il importe de mettre en évidence si nous voulons pouvoir aider
au mieux à une évolution convenable de l'éducation physique et du sport
dans tous les pays. Pour simplifier, nous prendrons deux exemples caracté-
ristiques : celui de la République Démocratique Allemande et celui de la
République Fédérale d'Allemagne, deux pays qui~ à partir d'une conception
politique et d'une organisation sociale différentes, ont atteint le niveau
le plus élevé, tant dans le domaine du sport de haute compétition que dans
ceux de l'éducation physique à l'Ecole et du Sport pour tous.
(1) : La ~euve v~ent d'en ~e appo~~êe aux Champ~on~ du monde 1918 de
na.,taUon où. .eu U.S.A. ont ne.tiement dom~né ,"-a R.D.A. c.oYL6~d~ée
c.omme .ea. mUlleWte nation en c.e domMne, c.u dMMèJtu annéu.
- 136 -
On peut penser, certes, que d'autres facteurs communs ont joué
aussi dans ces réussites ; par exemple, certaines qualités qui caractéri-
sent l'ethnie allemande: valeur physique naturelle assez élevée, et sur-
tout goût du travail, sens de la discipline et de la méthode ; peut-être
aussi le milieu physique naturel assez favorable. Mais si l'on songe aux
réussites, quasicomparables, d'un pays comme Cuba, on constate que le rôle
des facteurs raciaux et climatiques reste secondaire du moment que la con-
ception générale de l'éducation physique et du sport et les moyens mis à
la disposition de tous pour leur pratique sont considérés comme essentiels.
Or, ces deux facteurs fondamentaux pourraient immédiatement
être mis en jeu, sans changements politiques importants, dans beaucoup de
pays dits "évolués", ceux où les conditions économiques et le niveau de
vie sont convenables. Pour les autres, il faudra évidemment résoudre d'a-
bord des problèmes de "vie immédiate", comme nous l'avons indiqué en ce qui
concerne beaucoup de pays d'Amérique latine.
Mais ces exemples pourront tout de même montrer aux pays en
voie de développement d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie, ce qui pourrait être
"une bonne voie" dans leur future organisation de l'éducation physique et
du sport, quel que soit le régime politique particulier.
2.1. - L'EXEMPLE DE LA R.D. ALLEMANDE
Les succès olympiques de la R.D.A. ont étonné le monde.
Avec 66 médailles, dont 20 médailles d'or, gagnées aux J.O. de
Munich, ce pays de 17 millions d'habitants se classa en 3e position mond~a
le après l'U.R.S.S. et les Etats-Unis. Aux J.O. de Montréal en 1976, le
succès fut équivalent. Sur le plan des grandes rencontres internationales
en athlétisme, gymnastique d'agrès, nation, aviron et canoë-kayak en parti-
culier, les victoires de la R.D.A. sont éclatantes
Certains ont voulu expliquer de telles réussites par un enre-
gimentement extrême de la jeunesse sur le plan sportif, la volonté
d'un·
régime politique de s'affirmer comme supérieur aux autres. Et on est allé
jusqu'aux soupçons de dopage systématique des athlètes. Une étude approfon-
die de la réalité, appuyée sur des séjours en R.D.A., des responsables du
F.I.E.P., et qui ont permis de voir, de discuter et de remonter
vraiment
aux sources, nous fait plutôt penser que cette réussite est le résultat
-
137 -
d'une très saine conception et d'une solide organisation de l'éducation
physique et du sport dans le pays.
Les liaisons "Ecole_Société", "Sport pour tous - Sport d'élite",
et la continuité dans la pratique, qui apparaissent à certains comme des
idéaux, voire des utopies, sont réalisées en R.D.A. Et voici comment.
La pratique de l'E.P. et du sport est considérée en R.D.A. comme
un droit et un devoir du citoyen, inscrits dans la Constitution. L'Article
18, Chapitre 3 de cette Constitution, indique: "La Culture physique, le
Sport et le Tourisme, éléments de la culture socialiste, ont pour but le
développement physique et intellectuel universel des citoyens." L'Article
25;- Chapi tre 3, déclare que "pour la profonde formation universelle de la
personnalité socialiste et pour la satisfaction croissante des intérêts et
besoins culturels, la participation des citoyens à la vie culturelle, à la
culture physique et au sport est encouragée par l'Etat et la Société."
L'Article 35, Chapitre 1 et 2, précise: "chaque citoyen a le
droit à la protection de sa santé et de sa force de travail. Ce droit est
garanti entre autres, par .•• l'encouragement de la Culture physique, le
Sport scolaire et populaire et le Tourisme".
Une résolution du 20 septembre 1968, du Conseil de la R.D.A.
fixe comme objectif pour 1980, la pratique sportive régulière par au moins
35% de la population et décide à cet effet, une planification et une coor-
dination des efforts de tous les responsables et éducateurs pour : "éduquer
le peuple à mener une vie saine
optimiste et créatrice".
1 Et
il est assez remarquable de noter les deux objectifs offi-
ciellement déclarés de la "Deutsche Turn Sport Bund", (Fédération Gymnique
et Sportive allemande) qui groupe tous les sportifs de R.D.A. sur la base du
volontariat
"la D.T.S.B. offre conformément à la Constitution, à tous les
enfants, adolescents et adultes intéressés au Sport, la possibilité de le
pratiquer. Elle entretient et encourage l'idée olympique dans un but d'ami-
tié entre les peuples, de paix e~ de respect et d'estime mutuels" (Statuts
de la D.T.S.B.).
- 138 -
Nous avons été frappé de constater que, aussi bien dans les
textes officiels que dans les déclarations des dirigeants et dans la presse
même, l'idée de "Sport éducatif", de "Sport pour tous" passe toujours avant
le souci des victoires olympiques ... considérées comme le résultat logique
de l'effort planifié auprès de la masse.
2.1.2. - !~~E!~~~~du_~2~E!_2~~E_!~~~_~!_~~_pl~~_~~~~
la vie sociale
c'est en effet le premier objectif de l'Etat. La Chambre du
Peuple et le Conseil des Ministres, les Ministères de l'Education Nationale
1
et de la Santé, le Secrétariat d'Etat à la Culture Physique et au Sport, la
D.T.S.B., les Organisations Syndicales et Culturelles, etc., collaborent
étroitement pour assurer ce mouvement, qui a pris une importance considéra-
ble.
La D.T.S.B. rassemblait en effet en 1977 près de 3 millions de
sportifs pratiquants. Le football groupe près de 550 000 licenciés, la gym-
nastique 350 000, l'athlétisme 180 000, le handball 155 000, etc.
Ce sont surtout les "Spartakiades" qui ont contribué à ce déve-
loppement de la pratique sportive. Le but premier des "Spartakiades" est de
"gagner l'ensemble de la jeunesse à la cause du sport".
"Il nous a été donné d'assister à Leipzig en 1977, à la
"Spartakiade des enfants et des jeunes. Il s'agit d'une grande manifesta-
tion nationale qui se déroule en principe tous les deux ans. Au total près
de 4 millions de jeunes de 12 à 18 ans - c'est-à-dire 90% de la pupulation
totale de cette catégorie d'âge
ont pris part aux diverses épreuves qui,
de 1975 à 1977, se sont déroulées au niveau local et à celui des arrondisse-
Il
( 1 )
ments .•.
Les finales réunissaient environ la 000 jeunes, sélectionnés
dans les épreuves classiques en athlétisme, natation, plongeon, football,
hand-ball, volley-baIl, gymnastique, escrime, boxe, haltérophilie, lutte,
judo, cyclisme, tir, aviron, canoë et voile. Cela en trois catégories d'â-
ges : enfants de moins de 14 ans, jeunes de 14 à 16 ans, et de 16 à 18 ans.
(1)
: SEURIN, P. : op. c.U. p.
180.
- 139 -
Les performances sont vraiment impressionnantes et le niveau
moyen est très élevé. Quelques exemples : au 800 m catégorie 16 à 18 ans,
3 finalistes terminent en moins de l' 50" (record de la catégorie 1'47"8);
au lancer du disque 2v..',\\uombreux sont ceux qui dépassent les 50 m (record
de la catégorie: 57 m 88) et au lancer du poids de 7k. 257 les jets de
18 à 20 m sont fréquents (record 21m 03, par Udo Beyer, qui est actuelle-
ment un des meilleurs lanceurs du monde) (1).
Fait remarquable: un élève même excellent en sport, n'est au·-
torisé à participer à la Spartakiade que s'il a obtenu des résultats sco-
laires convenables. Il faut, de plus, pour participer, avoir déjà obtenu
l'insigne sportif de la R.D.A. qui exige une formation sportive d'un cer-
tain niveau dans plusieurs disciplines.
Un des slogans répandus dans la jeunesse est : "POUT les plus
hautes performances scolaires, professionnelles et sportives".
Ce permane?t souci d'un bon équilibre "esprit-corps" est cons·-
tamment entretenu auprès des jeunes, en soulignant les beaux exemples four-
nis par certains grands champions. Wolfgang Nordwig : champion et recordman
olympique de saut à la perche (Munich 1972) est un brillant ingénieur qui
vient de terminer un doctorat en physique théorique à l'Université de Dresde.
Karin Janz, championne du monde aux barres as symétriques en 1970, passe
brillamment son baccalauréat en 1971 (mention très bien) et conquiert à
Munich en 1972 deux médailles d'or, deux médailles d'argent et une de bron-
ze. Elle est actuellement étudiante en médecine à l'Université Humbordt de
Berlin. Margitta G~el, championne olympique à Mexico, médaille d'argent
à Munich et ancienne recordwoman du monde au lancer de poids avec 19 m 61,
est docteur ès Sciences pédagogiques à la D.H.F.K. (Ecole des Sport de
Leipzig). Et on pourrait en citer d'autres!
D'où la preuve apportée que, dans certaines circonstances so-
ciales, il est possible encore de mener de pair de brillantes études et la
poursuite de résultats olympiques.
(1)
LIdo 8eyeJt a été c.hampion olympique à Monbtéa.l (1916) et e..6t devenu le
le 6 Ju.<.lR.e.t 1918, a C~eb~o (Su~de) ~ec.o~dman du monde avec. Z2m 15.
- 140 -
L'Organisme central est le "Comité de la Culture physique et
du Sport de R.D.A." chargé de l'étude des problèmes fondamentaux de la
politique sportive et de la coordination des efforts. Il rassemble des re-
présentants du Secrétariat d'Etat à la Culture physique et au Sport, des
Ministères de l'Education Nationale, de la Santé, de la Défense Nationale,
de l'Intérieur, de la Culture, le Président et les Vice-Prêsidents de la
D.T/S/B/, des représentants des Centrales Syndicales, de la Jeunesse Alle-
mande (F.D.J.), de l'Association démocratique des Femmes allemandes
(D.F.D.), etc.
Le Secrétariat d'Etat à la Culture Physique et au Sport a la
responsabilité plus directe de la planification et de la conduite des ac-
tivités d'Education Physique et de Sport. Il dispose d'un Conseil scienti·-
fique, dont le rôle et l'activité sont très importants. Ce Conseil scienti-
fique est membre du C.I.E.P.S. (Conseil international de l'E.P. et du
Sport, auprès de l'U.N.E.S.C.O.).
Le Secrétariat d'Etat travaille en liaison très étroite avec
la Fédération Gymnique et Sportive Allemande (D.T.S.B ) fondée en 1957 et
oui rassemble toutes les Fédérations spécialisées (athlétisme, gymnastique,
natation, etc.). Elle est en somme l'Association Nationale des Fédérations
de Sport, jouant un très grand rôle dans l'orientation et le développement
du sport en R.D.A., en coordination avec le Comité central de culture physi-
que et du sport.
2.1.4.1, - g~~~~g~~~g~~~~=~~~1g~~~=~~~~~g1~=~~~
la suivante
===========
- Ecole préparatoire (Vorschule et Kindergarten) de 3 à 6 ans
- Ecole obligatoire de 6 à 16 ans, comprenant:
"L'Unterstufe" ; classes 1 à 3
de 6 à 9 ans
"La Mittelstufe" : classes 4 à 6
de 10 à 12 ans
"La "Oberstufe" : classes 7 à 10
de 13 à 16 ans
Ecole secondaire élargie: classes Il à 12
17 à 18 ans
qui se termine avec le Baccalauréat (Abitur)
- 141 -
Enseignement technique et supérieur, qui comprend les
grandes Ecoles et l'Université (Hochschule) et les Ecoles
professionnelles (Iachschule).
A l'Ecole préparatoire et à 1'''Unterstufe'' l'horaire est de
2 heures par semaine. Les séances sont dirigées par l'instituteur. Mais
progressivement on cherche à faire donner cet enseignement par des insti-
tuteurs ayant reçu une formation spécialisée en éducation physique.
A partir de la classe 4, l'enseignement est donné par des pro-
fesseurs spécialisés, pour 3 heures par semaine (classe
4 à 6
10-12 ans)
ou 2 heures (classes 7 à 12, 13-18 ans).
- Dans l'enseignement supérieur et technique, 2 heures hebdo-
madaires sont obligatoires pendant toute la durée des études; l'enseigne-
ment est donné par des professeurs spécialisés.
Les 2 ou 3 heures officielles dans le cadre scolaire sont
obligatoirement des heures séparées, car on les considère ainsi plus effi-
caces (facteur répétition) qu'une unique séance de 2 ou 3 heures.
L'enseignant reste libre de choisir sa méthode pédagogique
mais un programme national est établi à partir d'activités considérées
comme essentielles; l'athlétisme, la gymnastique, la natation. les jeux
sportifs et les exercices de base. L'accent est constamment mis, et à tous
les niveaux, sur la mise en condition physique générale. Chaque séance doit
être polyvalente et doit rechercher la formation générale (Grundausbildung).
Au niveau de l'Ecole, jusqu'au baccalauréat, on évite systématiquement
toute spécialisation, tandis qu'à l'Université l'activité sportive se réalise
sous forme d'entraînement spécialisé.
E
~ ~
1
l
~
d'~d
.
h '
. .
(1)
n genera,
a seance
e ucat10n p YS1que est a1nS1 conçue
pour une heure
(1)
:
Con6éJtVl. .P'OUVILa.ge. "lI.éthocUk du, Se0Jt.tu.ntVlJl.-<.c.h.t6" pa.ge. 409.; c.);té
pa.lt.SEURINJP. : op. cil. p. 783).
-
142 -
1. Mise en train - 5 à 8 minutes
2. Partie principale
a) Exercices fondamentaux (Kërperliche Grundausbildug) ou exer-
cices de formation corporelle de base - la à 15 minutes.
Exercices systématiques d'assouplissement, d'équilibre, de dé-
veloppement musculaire et de maîtrise corporelle.
b) Exercices sportifs fondamentaux (K~rnübungen) - 20 à 25 minu-
tes ; techniques de base des sports principaux (athlétisme, gymnastique,
sports collectif, etc).
3. Retour au calme - 5 minutes.
Les buts de l'E.P. sont clairement définis dans les instructions
et ouvrages officiels (par exemple: Programmes d'étude et "Méthodik des
Sportunterrichts"). Il s'agit
- D'aboutir à une amélioration corporelle et sportive par le
perfectionnement des qualités de résistance, rapidité, agilité, adresse,etc.
- De perfectionner les habiletés fondamentales de mouvement :
courir, sauter, lancer, nager etc.
- De développer le besoin de l'activité sportive régulière
d'une part, et d'autre part, de créer des qualités de caractère et de com-
portement positives dans le sens de la formation de personnalités socialis-
tes.
Il n'est jamais envisagé comme but, à ce niveau, la prépara-
tion à la compétition sportive spécialisée.
On a pu dire qu'au pays du "champion du monde des lanceurs de
poids" il n'existe pas, à l'école, de "leçon de lancer de poids"
A noter qu'au niveau universitaire, il est fixé comme mission
importante au professeur d'éducation physique - en plus de la mise en con-
dition physique - de donner aux étudiants une connaissance solide des pro-
blèmes de la santé, de l'hygiène du travail et de l'utilisation saine du
temps de loisir et de les préparer à un futur rôle de dirigeants ou anima-
teurs du sport. Ainsi sont excellemment formés les cadres de la nation.
- 143 -
~i l'horaire de 2 ou 3 heures par semaine peut paraître insuf-
fisant (encore qu'il s'agisse, rappelons-le, d'éducation physique fondamen-
tale) il faut noter que 607, au moins des écoliers et étudiants se livrent,
librement, durant 3 ou 4 heures par semaine - et parfois plus - à des acti-
vités complémentaires sportives spécialisées de leur choix. Ils disposent
à cet effet, dans les installations scolaires et celles des clubs, de très
bonnes conditions d'entraînement et sont conseillés par des entraîneurs
bénévoles) qui sont très souvent leurs propres professeurs d'éducation phy-
sique à l'Ecole. "Pour avoir vu à la Deutsche Hochschule für Korperkultur
(Ecole Supérieure de Culture Physique) de Leipzig, des groupes d'enfants et
d'adolescents à l'entraînement dans de telles sections (agrès, plongeon,
volley-ball, escrime) nous pouvons certifier du niveau technique remarquable
déjà atteint par ces sportifs de 10, 14 et 16 ans ainsi que de l'importance
et de la valeur de l'entraînement général (condition physique) qui est ainsi
assuré" (11 •
.
Il n'est pas surprenant que de la masse de ces jeunes champions
sortent de futurs vainqueurs olympiques.
S'ajoutent à ces séances d'entraînement, les compétitions scolai-
res et universitaires, qui sont organisées par l'Association sportive scolai-
re , l'Association sportive de l'enseignement supérieur et technique, qui
sont elles-mêmes des Sections de la D.T.S.B. Ainsi la liaison entre "Sport-
scolaire" et "Sport Civil" est très bien assurée. Il n'existe pas cependant
de championnat scolaire national.
2.1.4.5. - Im~ortance de l'E.P. dans les examens
==-==================================
A la fin des 10e et 12e classes, les élèves doivent montrer par
diverses épreuves leur niveau de formation en éducation physique. Dans toutes
les autre classes, le contrôle est réalisé tout au long de l'année (contrôle
continu) sur la base du Programme d'études. Des résultats insuffisants (caté'-
gorie 5) en éducation physiaue peuvent empêcher le passage à la classe supé-
rieure.
(Il : SEURIN, P. : op. W.
p. 184
-
144 -
Le classement des élèves est établi en 5 catégories :
1 = Très bien
2 = Bien
3 = A. bien
4 = Passab le
5 = Insuffisant.
Dans l'examen terminal de la classe 10 (fin de la "Oberschule":
16 ans) le classement en catégorie 5 empêche la réussite à l'examen
quelles
t
que soient les autres notes
des épreuves intellectuelles. De même pour le
baccalauréat en fin de classe 12. Mais il y a la possiblité de refaire les
épreuves sportives pour essayer d'obtenir un meilleur classement.
Les classements sont fonction
a) d'une note générale
donnée par le professeur d'éducation phy-
t
sique responsable de la classe
en fonction du comportement général de l'élè-
t
ve et des résultats des épreuves qui peuvent se dérouler pendant toute l'an-
née. Seul compte le meilleur résultat dans chacune des épreuves, résultat qui
peut d'ailleurs être obtenu hors du cadre scolaire
à l'occasion d'un Con-
t
cours officiellement contrôlé (championnats scolaires
championnats régionaux
t
ou nationaux, voire internationaux
Spartakiades, etc.).
t
Les exercices pris en considération pour cette note sont :
athlétisme, gymnastique, sports collectifs, natation et "exercices de base",
,
( 1 ) , b .
. ,
l
Les non-nageurs tres rares
t
n 0 t1ennent en pr1nc1pe que
e
classement en catégorie 4 (ou 5 évidemment, s'ils sont aussi insuffisants
par ai Heurs) •
b)d'une
note d'épreuve, en athlétisme seulement, réalisée au
moment de l'examen. C'est cette épreuve qui peut être recommencée en cas de
premier échec.
On notera la grande importance attribuée à la note donnée par le
professeur d'éducation physique, auquel on fait confiance pour juger ses élè-
ves. Dans l'enseignement technique et l'enseignement supérieur, il n'est pas
donné de notes en éducation physique, mais on exige la preuve d'une activité
sportive régulière (attestation que les 2 heures hebdomadaires obligatoires
ont bien été effectuées). Sans cette attestation, il ne peut y avoir réussite
(1)
: 98~ de6 Uève6 de. 11 è 13 an.6 -6ave.nt rtagett, pJtêcJAe. SEURIN P.
op. ~. p. 185.
- 145 -
aux examens. A tous les niveaux les dispenses d'éducation physique et sport
ne sont accordées que par des médecins spécialisés (médecins du sport ayant
poursuivi des études particulières).
..
Les ins ti tueurs sont formés dans les "Padagogische Hochschule,"
(Ecoles Supérieures pédagogiques) où leurs études spéciales durent 4 ans
(après le baccalauréat) et où leur est donnée une importante formation théo-
rique et pratique en éducation physique et sport. La bivalence dans les
études permet à certains d'opter pour la spécialisation "Sport" qui leur
assure une formation cOID?lémentaire de qualité.
Les professeurs d'éducation physique spécialisés sont formés à
la "Deutsche Hochschule für Kërperkultur" (Ecole Supérieure de Culture Physi-
que) de Leipzig, officiellement fondée en 1950. L'admission à la D.H.F.K
se
fait après le baccalauréat et en fonction de tests d'aptitude sportive. La
D.H.F.K. rassemble 1 000 étudiants (250 par promotion H + F) en 2 cycles d'é-
tudes de 2 années chacun
- 1er cycle: études de base
sciences fondamentales (anatomie,
physiologie. psychopédagogie. mathématiques. cybernétique) langues étrangè-
res (2 obligatoirement). En plus, évidemment. l'entraînement physique (prati-
que sportive) régulier.
- 2e cycle: études spéciales: théorie générale de l'entraîne-
ment.théorie et histoire de l'éducation physique. théorie et pratique de
l'entraînement sportif spécialisé.
- La D.H.F.K. assure également la formation par correspondance
d'environ 1 000 élèves (5 ans d'étude).
Les diplômés de la D.H.F.K. sont utilisés comme:
- Professeurs-entraîneurs sportifs à la D.T.S.B.
- Professeurs dans les Ecoles et Universités.
- Dirigeants sportifs.
Un certain nombre d'étudiants continuent dans la "Recherche
scientifique" pour l'obtention d'un Doctorat ès Sciences pédagogiques. reconnu
par l'université au même titre que les autres
~octorats. Le corps enseignant
- 146 -
permanent de la D.H.F.K. formé de plus de 300 professeurs d'Université et
assistants (et on compte encore d'autres collaborateurs: médecins, entraî-
neurs, etc.), comprend, parmi eux, 100 Docteurs ès Sciences pédagogiques.
C'est dire le haut niveau
scientifique de l'Ecole, riche Dar ailleurs d't'ne
remarquable bibliothèque de 65 000 volumes. La D.H.F.K. peu~, de plus, s'enor-
.
gueillir d'une activité sportive au plus haut niveau. Il suffit de citer le
palmarès obtenu par ses étudiants, depuis sa fondation:
- aux Jeux Olympiques: 2 médailles d'Or (Margitta Gummel, lan-
cer du poids à Mexico et Reinhard Eiben, Canoë à ~unich), 10 d'Argent et
10 de Bronze.
- aux Championnats du monde
34 places de 1°, 24 de 2° et
25 de 3°.
9 Records du ~onde.
- 51 Champions d'Europe.
- 29 Records d'Europe.
Des professeurs bivalents sont encore formés dans les Sections
de Science sportive des Universités. ~fais on tend à la suppression de cette
formule. Environ 25% des enseignants d'E.P. actuels, sont des "bivalents"
(E.P. + une autre discipline telle que allemand, histoire, mathématiques,
etc.). L'horaire hebdomadaire d'un professeur diplômé est de 25 heures.
Les professeurs aux Grandes Ecoles (Universités, Instituts, D.H.F.K.) ont
16 à 20 heures par semaine. Les professeurs bivalents ont 18 heures d'ensei-
gnement d'éducation physique et 6 heures dans l'autre discipline.
2.1.6 - Conclusion
Il est évident que cette conception de l'éducation physique et
du sport, cette organisation ... et cette remarquable réussite, sont liées
à des circonstances particulières, d'ordre politique, social et même histo-
rique.
Nous pensons cependant que bien des réalisations de la R.D.A.,
dans ce domaine particulier de l'éducation physique et du sport, peuvent et
doivent inspirer la politique sportive et l'action au niveau de l'Ecole des
dirigeants de nombreux pays, avec évidemment les indispensables adaptations
commandées par les caractères politiques, économiques, géographiques, voire
raciaux, pariticuliers à chacun d'eux.
-
147 -
2.2. - LA REPUBLIQUE FEDERALE D'ALLE~AGNE
Pays de 60 millions d'habitants, la R.F. d'Allemagne a été
classée 4e au nombre de médailles obtenues aux J.O. de Munich et 4e aussi
à Montréal.
Si pour un éducateur, ce classement est de valeur secondaire
et douteuse (dans la mesure où les succès olympiques peuvent cacher des
déficiences fondamentales au niveau scolaire ou dans la pratique du Sport
pour tous) ils gardent néanmoins une grande importance pour les gouverne-
ments et pour le public en général. Mais lorsque la preuve peut être faite
que de tels résultats sont essentiellement la conséquence d'une bonne com-
ception générale et d'une bonne organisation de l'éducation physique et du
sport mis au service de l'homme, alors l'éducateur aussi se réjouit de ces
succès olympiques! C'est ce qui se produit pour la R.F. d'Allemagne.
Voyons en détail certains facteurs, au moins, de cette réussite.
2.2.1. - ~~~~an~~~tT~_~~~~!~!~_~~_!~~~~~~!~~~_E~~~!S~~
~!_~~_!E~E! 7l .
La R.F. d'Allemagne est, comme son nom l'indique, une Fédéra-
tion d'Etats (Landers) dont chacun s'administre indépendamment du gouverne-
ment central en de nombreux domaines, tels que celui de l'Education, par
exemple. Il existe simplement au niveau national une "Conférence permanente
des Ministères de l'Education des Etats" chargée d'assurer l'indispensable
coordination. Et dans ce cadre même des Etats particuliers, l'éducation phy-
sique et le sport ont une indépendance quasi-absolue par rapport aux gouver-
nements. On peut dire ainsi qu'il y a en R.F.A. une séparation très nette
entre le Pouvoir politique et les Organismes de l'éducation physique et du
sports. Cela en réaction contre le centralisme et l'autor~tarisme de la
( 7)
POUlt Ùt00Juna;t[on déta..i".J!.êe., on pe.u.:t c.on6CLUeJt, pM e.xemple., .t' e.XC.eJ..-ie.M
:tJta.vo.,U. /téa..Li.1> é e.n 7965 pM '-U ê-tucU.a.n-t6 du C. R. E. P. S. de. S:tJtCUl boUltg
e.t pubUé .60lL6 .te. :tLtJr..e. "L 1 Educ.Cl.-Ü.on phY.6-ique. et .te. St;2QJr/ en AUema~we.
61!..dêJr.aJ..e.", Mn6-i que. .e' e.xc.e.Ue.n:t Uv/tet "-in6oJuna;t[one.n zum M?O/tt",
pubU2. e.n a.Uema.nd, a.ngJ..a.-i.6, e..6 pa.g nol et O/ta.nCa.-W" pM .t r A V. L. e.n
7916 e.t /tê.êcLUé. e.n 7918 .60lL6 le. :t.J.:tJte. Ir Tn6oJuna..tS.0ne.nmZLUL...6 pOJUw,(.éMYLP-
c.h.a.U" .
- 148-
période hitlérienne. Une liaison, plus exactement une bonne coopération,
est assurée. Mais si l'Administration publique octroie des crédits - im-
portants souvent - elle n'intervient jamais dans la gestion et l'activité
des Clubs et des Fédérations sportives.
Le Sport (terme qui, en R.F.A., englobe éducation physique et
sport) est principalement animé, sur le plan national par la Deutsche
Sport Bund (D.S.B.) ou Fédération sportive allemande. Celle-ci rassemble
aujourd'hui (1978) plus de 15 millions d'adhérents répartis en 45 000
clubs.
Les effectifs des Fédérations sportives, membres de la D.S.B.
dont, approximativement, les suivants
football, 3 200 000 licenciés,
Gymnastique, 2 800 000 ; Tir, 900 000
Tennis, 760 000 ; Athlétisme,
700 000 ; Hand-ball, 550 000 ; etc. Ils progressent chaque année ..
Le D.S.B. a des sections administratives dans chaque Etat, mais
les Fédérations sportives organisent librement, au niveau de chaque Etat
aussi, leurs diverses épreuves, forment leurs cadres, publient leurs revues.
Certaines Fédérations ont leurs propres Ecoles de formation de cadres. Par
exemple la Fédération de football dispose de la splendide Ecole des Sports
de Duisbourg; la Fédération de gymnastique (Turnen), de l'Ecole de gymnas-
tique de Francfort. Mais ces écoles de Fédérations spécialisées disposent
aUSS1 d'installations polyvalentes (stade d'athlétisme, piscine, terrains
de basket, de volley, etc.), qui sont mises au service des autres Fédéra-
tions.
Très méthodiquement et très démocratiquement organisée (tous les
dirigeants sont élus) la D.S.B
constitue une puissance considérable en R.F.A.
C'est cet organisme qui, en définitive, oriente les conceptions et le dévelop-
pement du sport dans le pays. En 1966, la D.S.B. a élaboré "La Charte du
Sport allemand" qui, proclame
que la pratique du sport et des j eux est un
droit fondamental pour tous les Allemands, et présise que la tâche essentielle
est "de promouvoir l'éducation physique à l'école, le sport de masse et le
sport de loisir, ainsi que le sport de compétition". On notera l'ordre des
objectifs fixés !
- 149 -
Les programmes scolaires comprennent en moyenne 3 h d'éduca-
tion physique par semaine. Une importance très grande est attribuée aux
activités physiques dans les "Kindergarten" (j ardins d'enfants). Grâce au
"Plan d'Or" sur l'équipement sportif, élaboré en 1959
la plupart des éco-
les disposent aujourd'hui de salles et autres installations bien conçues et
bien équipées. L'utilisation "à plein temps" - à la fois par l'Ecole et par
les Clubs - de ces installations est bien programmée.
Un organisme d'études et de recherches pour l'équipement
sportif l' l .A.K S. (1 Jannexé à la '~porthochschule" (Ecole Supérieure des
Sports) de Cologne réalise en ce domaine des études nombreuses et de haute
qualité. La réputation internationale de I.A.K.S. est aujourd'hui solide-
.
ment établie.
Tous les enseignants d'éducation physique ont une formation de
niveau universitaire, (voir formation des cadres) et sont très souvent en
ce qui concerne l'enseignement secondaire, des "bivalents", c'est-à-dire
qu'ils enseignent deux disciplines, par exemple sport et langue anglaise,
sport et mathématiques. En général,dans son horaire hebdomadaire variant de
20 à 26 heures (selon les Landers) un professeur d'E.P. assure 15 à 18 h
d'éducation physique et le reste dans' l'autre discipline. Dans l'enseigne-
ment primaire, l'éducation physique est assurée par les instituteurs, qui
ont reçu dans leurs Instituts pédagogiques une formation en général assez
convenable en ce domaine.
Le Sport à l'Université n'est pas obligatoire. On considère que
l'étudiant est un individu majeur, libre de décider s'il doit ou non prati-
quer le sport. En fait, un assez fort pourcentage d'étudiants (30% environ)
pratiquent régulièrement les activités sportives.
La pratique du sport à l'école est souvent complétée par celle
qui se réalise dans les Clubs sportifs, hors de l'école. En 1975, on estime
que, dans la tranche d'âge de 14 à 18 ans, 48,8 % des garçons et 24,1% des
filles étaient
de leur propre gré, membres d'un club sportif.
[ 1J : Irt:tV!..Yla.:Uon.a..tV!.. Altbed<tf2!r.eM SpoM - UYld - r,tÛzeLt - Eirvr,.i.chtut1,ggJ1 ou
G.Jtou~ l YLtV!..Yla.:Uon.a..e. de R.' Equ..-i.pemen;t de Spou e.t de Lo,,(Â-<Jt.6.
- 150 -
Trait original des études dans l'Enseignement secondaire: un
candidat au baccalauréat (Abitur) peut choisir le sport comme matière à
option. Dans ce cas, il aura 6 h de cours de sport par semaine; 3 h de
théorie + 3 h de pratiaue. Et au cours de l'examen il doit développer par
écrit un sujet de "Sport théorie", par exemple: méthodes d'entraînement,
problèmes de la condition physique, l'Idée Olympique, le "Sport-loisir".
Les techniques et les formes pédagogiques de l'enseignement
sportif sont très variées et laissées au choix de chaque enseignant. Il
n'existe pas de "Doct.rine" ou "Programme" officiel. Mais il apparaît une
tendance générale très nette à respecter au moins les principes suivants
- part importante des formes globales et rythmées ;
- souci majeur d'entraînement général, primant très nettement
les apprentissages techniques ;
- pédagogie libérale, centrée sur l'élève, ses besoins, ses
intérêts et ses possibilités ;
- importance du travail en groupe.
Par ailleurs un des buts des réformes actuelles du curriculum
en sport est d'offrir aux élèves, en premier lieu, des disciplines sporti-
ves qui ont une valeur particulière pour les loisirs et qui les conduisent
à pratiquer le sport au-delà de leur scolarité.
De toute évidence, le souci "d'éducation par les activités
physiques" est constant et primordial et la volonté des enseignants de se
tenir au courant des conceptions pédagogiques et des résultats scientifiques
les plus récents paraît très répandue. L'A.D.L. (Ausschuss Deutscher Leibe-
serzieher ou Association des éducateurs physiques allemands) se préoccupe
d'ailleurs sourtout des problèmes fondamentaux, scientifiques et pédagogiques
et du recyclage constant de ses membres en ce domaine. Voici quelques thèmes
de travaux de ses Congrès annuels :
1958 : "Le jeu" ; 1961 : "La conpétition" ; 1964 : "La performan-
ce" ; 1967 : "La créativité" ; 1970 : "La motivation dans le sport"; 1973 :
"La socialisation dans le sport". Le Congrès 1976 de l'A.D.L. a rassemblé à
Munich plus de 2 000 enseignants sur le thème "enseigner et apprendre le
sport".
- 151 -
En plus l'A.D.L. assure l'édition de diverses publications
scientifiques et pédagogiques :
"Beitrage zur Lehre und Forschung...im..-sport" (contribution à
l'enseignement et à la recherche en sport).
- Texte -Ouellen - Dok~ente zur sportwissenschaff (Documents
sur la science du sport) ;
et, en collaboration avec la D.S.B. et l'Institut fédéral des sciences du
sport (B. 1. Sp.), la très importante revue "Sport-wissenschaft" (Science
du sport).
Par ailleurs l'A.D.L. a créé en son sein un Comité, très actif,
pour la coopération avec les pays étrangers.
2.2.3.1. - Les professeurs d'éducation physique font,
en général 4 années d'études (8 semestres) après l'obtention du baccalauréat
et examen d'admission dans les Instituts d'E.P. des Universités (plus de
40 dans l'ensemble du pays) ou à l'Ecole Supérieure des Sport de Cologne et
à l'Académie des Sports de Bavière, à Munich, (qui forment aussi, toutes
deux, des professeurs, moniteurs et entraîneurs spécialisés dans une activi-
té sportive).
Les Instituts d'Université préparent des professeurs "bivalents".
L'Ecole supérieure de Cologne, qui a une réputation internationale semblable à
celle de l'Ecole de culture physique de Leipzig en R.D.A. fut fondée en
1947 par Carl Diem. Elle continue la tradition de l'Ecole supérieure d'éduca-
tion physique, fondée à Berlin en 1920 et fermée par Hitler en 1936. Le
corps professoral est formé de 130 professeurs, dont 12 titulaires de chaires,
54 titulaires de diplômes scientifiques spécialisés en physiologie, psycholo-
gie, et 44 professeurs-entraîneurs dans les diverses spécialités sportives.
De plus 144 employés (fonctionnaires) assurent l'administration générale et
la gestion des laboratoires.
L'ensemble des études est approximativement réparti dans les
proportions suivantes :
- 152 -
40% sciences des sports
sciences naturelles (anatomie,
biologie
biomécanique, physiologie du sport) et sciences
de l'éducation (psychologie, sociologie, pédagogie, histoire
du sport),
- 40% pour la pratique, dans 28 spécialités,
20% pour la formation pédagogique par enseignement direct
dans des groupes scolaires.
Il est intéressant de noter, dans le programme obligatoire des
sciences du sport, des spécialités telles que "statistique et documentation"
et dans les sujets à option: le journalisme sportif, l'administration du
sport, l'équipement sportif. Une section particulière est consacrée au
"Sport-thérapie" avec des études théoriques et pratiques concernant l'édu-
cation physique des handicapés, en liaison avec le corps médical, les hôpi-
taux et les centres spécialisés. Les futurs professeurs sont aussi initiés à
la recherche scientifique dans les laboratoires remarquablement équipés. En-
fin les meilleurs étudiants ont, depuis 1970, la possibilité de préparer le
diplôme académique de Docteur en Science sportive (~octo~ Sportwissenschaft)
considéré au même rang universitaire que les autres Doctorats en Science ou
Lettres.
2.2.3.2. - Les instituteurs sont formés dans les écoles
pédagogiques où ils ne peuvent être admis qu'après réussite au baccalauréat
et où les études durent 6 semestres. Ils reçoivent tous une formation de
base en éducation physique, mais il leur est aussi possible de prendre
l'éducation physique parmi les études en option. Environ 15 à 20 % des étu-
diants choisissent cette option qui leur assure une formation plus approfon-
die et une plus grande capacité pour l'enseignement sportif.
2.2.3.3. - Les entraîneurs, moniteurs, professeurs de sport
sont formés dans les écoles spécialisées des Fédérations sportives et, au
plus haut degré, à l'Ecole supérieure de Cologne, à l'Académie des entraî-
neurs à Cologne et à l'Académie de Munich. Ces études spécialisées durent
généralement un an pour les moniteurs, 3 ans (6 semestres) pour les profes-
seurs de sport.
- 153 -
2.2.3.4. - Un nombre important d'étudiants étrangers vien-
nent préparer le diplôme, universellement réputé, de "Sport1ehrer" (Profes-
seur de Sport) à l'Ecole supérieure de Cologne. Ils forment environ le
septième du nombre total des étudiants de l'Ecole.
2.2.3.5. - Il faut encore indiquer que de nombreuses écoles
privées - certaines mondialement réputées - forment aussi des professeurs,
à un niveau élevé. Ce sont par exemple la "Médau~Schu1e" (Coburg), la "Schu1e
Ellen C1ève" (Kiel) Loges-Schu1e, Bode-Schu1e, Use G1aser-Schu1E;, etc.
Les diplômes délivrés par ces écoles sont reconnus par l'Etat.
Ajoutons enfin que de nombreux professeurs et étudiants de la
Hochschu1e de Cologne ont fait partie de l'élite sportive mondiale: Helmut
Bantz ,champion olympique au saut du cheval à Melbourne (1956) , Walter
Mah1endorf, champion olympique au relais 4 X 100 à Rome (1960), Wi11ie
Ho1dorf, champion olympique du décathlon à Tokio (1964), Liese1 Westerman,
qui fut médaille d'argent au lancer du disque féminin à Mexico et record-
woman du monde en 1967, avec 61,26 m ; encore Kurt Bend1in, médaille de
bronze au décathlon à Montréal, Wo1fang Reinhart, second au saut à la perche
au J.O. de Munich, Heide Rosenda11 qui fut en 1970, rcordwoman du monde au
saut en longeur. Ils sont fort nombreux ; et nous ne citons ici que ceux de
l'athlétisme.
Le sport, enseigné par les plus grands champions qui sont aussi
des pédagogues de qualité! N'est-ce pas là un gage de succès?
Mais c'est peut-être dans le domaine du Sport pour tous que la
R.F.A. peut surtout servir d'exemple.
En 1959, la D.S.B. entreprit une campagne, dénonnnée la "Deuxième
voie" (Der bvei te Weg) en faveur du Sport pour tous. Une résolution prise au
cours de son Assemblée Générale, à Duisbourg déclarait entre autres
"Parallèlement aux formes habitüelles du sport de compétition
qui caractérisent les activités des Clubs, il convient d'ouvrir une deuxième
voie afin de répondre aux besoins de couches plus vastesde la population en
matière de loisirs, de jeux et de sport".
- 154 -
Par ailleurs la résolution de la ~. affirme nettement que
l'individu doit être libre de ses loisirs et elle rejette formellement toute
forme-d'enrégimentation, de commercialisation ou de monopole des activités
de loisirs. Chacun doit pouvoir faire son choix dans un programme vaste et
varié qui puisse répondre à tous les goûts et à toutes les aptitudes des
personnes de tout âge et des deux sexes, aux groupes les plus divers tels
que famille, cercle d'amis, etc.
Fondé sur des enquêtes sociologiques sérieuses qui mettaient en
évidence au moins deux faits essentiels: l'augmentation notable du temps de
loisir et les besoins vitaux de lutte contre l'inactivité physique et les
"stress" du monde moderne dans une société industrialisée ; appuyé fortement
par les Clubs sportifs eux-mêmes (non sans quelque réticence au début) et de
nombreuses associations nationales telles que la Fédération des Villes alle-
mandes, les groupements de médecins, l'Eglise, les Syndicats et tous les
partis politiques qui inclurent dans leurs programmes l'aide au Sport pour
tous, ce mouvement eut un rapide développement.
Une analyse de plus en plus poussée des besoins et des intérêts
de la population, une constante recherche des formes d'application, les
mieux adaptées aux besoins et aux possibilités des pratiquants, formes
sou-
vent très originales et différentes de celles du sport de compétition classi-
que, un effort particulier pour un équipement sportif mis à la portée de tous,
enfants, et adultes, une formation intensifiée d'animateurs et de moniteurs,
pour une forte majorité bénévoles(1) , une campagne d'information du public
systématiquement organisée et constamment renouvelée, avec une aide efficace
de la presse, de la télévision, du cinéma ••• eurent comme résultat une aug-
mentation rapide et spectaculaire du nombre de sportifs inscrits à la D.S.B.
qui de 1959 à 1975 a vu ses effectifs passer de 5 300 000 membres à plus de
15 millions.
Le trait peut-être le plus marquant de cet effort en faveur
du Sport pour tous est que le Club sportif en R.F.A. n'est plus désormais,
comme il est encore dans beaucoup d'autre pays, le Club d'une "équipe de com-
pétition" mais réellement le "Club pour tous" qui conserve, certes, son élite
-----------------------------------------
(1)
On c.ompte. a.c.tu.eJ....-te.me.nt env-Uton 300 000 bênévo.eu da.n4 tu CX..u.bl.J.
-
155 -
sportive dont tous les membres sont fiers, mais dont l'activité la plus im-
portante est finalement d'organiser et d'aider le sport-jeu, le sport fami-
lial, pour le plus grand nombre de ses adhérents. Voici un extrait signifi-
catif du rapport présenté à la réunion UNESCO de Washington, en octobre
1977, par le Professeur Dr Erik Beyer, ancien directeur de l'Institut d'E.P;
de l'Université de Karlsruhe:
"Les Clubs ont récemment introduit-des ,cours pour les familles,
le père et son enfant, la mère et son enfant, les ménagères, les personnes
âgée~, etc. Cette initiative a été couronnée de succès. Elle a été poursui-
vie et élargie par un programme que nous appelons "Trim-Dich-Durch-Sport:'
(gardez la forme en faisant du sport). Cette nouvelle action tente de ral-
lier tous ceux qui ne sont pas affiliés à un Club sportif. Les crédits
nécessaires à ce programme proviennent de dons. Grâce à une importante cam-
pagne de publicité, plus de 90% de notre population sait fort bien ce que
flTrim Dich fl signifie, bien que '~' ne soit pas un terme allemand. Dans
tout le pays des "Trim-Pathsl! (sentiers Trim) ont été construits, des ter-
rains de sport de plein-air, oè l'entrée est libre, ont été aménagés.
L'insigne sportif allemand pour enfants, jeunes et adultes incite également
un grand nombre de personnes à rester en forme".
Le résultat est que l'étroite et indispensable liaison entre
sport d'élite et sport pour tous est vraiment établie et dans la réalité
et dans les esprits; cela au plus grand bénéfice des deux modes d'activités.
Il est unanimement admis aujourd'hui que, selon une déclaration
de la Fédération sportive de Hambourg :
"Il s'agit de remédier aux dangers de la civilisation et du
manque d'exercice. Des jeux et des sports pour tous ne peuvent être qu'une
source de joie et de distraction. Et il existe une foule d'exercices physi-
ques qui ne visent nullement à préparer une compétition ou à susciter un
exploit que1conque. fI
Pour illustrer encore cette conception particulière du sport,
nous pouvons donner l'exemple - entre autres - de quelques compétitions
organisées pour la jeunesse scolaire :
1. Bundesjugenspie1e
(Jeux Fédéraux pour la Jeunesse).
- 156 -
Ces jeux furent créés en 1951 par un Comité constitué de repré-
sentants des Associations de Professeurs, des Ministères de la Culture, du
D.S.B. et des Communes.
L'idée centrale est l'organisation de compétitions sportives
avec des finalités sociales, conjuguées généralement avec chants, danses et
jeux collectifs.
Chaque année plus de 5 millions de jeunes volontaires ~il nry a
pas d'obligation) participent à ces compétitions en diverses disciplines.
Les performances de chaque élève sont totalisées par classe et par école
pour déterminer les calssements. De cette façon, une comparaison des résul-
tats sportifs des classes et des écoles est rendue possible.
2. "Jugend trainiert für Olx..mpb!: (La jeunesse s'entraîne pour Olympie). Ce
sont des compétitions multisports par équipe.
3. "Freischwimmer" (nageur libre).
Ce concours sportif a pour but de déterminer par école le pour-
centage des élèves d'un groupe d'âge capables de nager pendant 15 minutes
après un plongeon. Dans l'année scolaire 1976-1977, on a enregistré la par-
ticipation de 1 483 écoles avec un total de 106 366 élèves.
Notons qu'il n'existe pas de championnats scolaires nationaux,
tels que nous les connaissons en France par exemple. Mais il existe des
championnats universitaires.
Il s'est ainsi créé en République Fédérale Allemande une très
saine conception du sport, un esprit et un élan sportif national qui, en
définitive, sont l'explication
majeure
des succès obtenus. Certes il
exis·te encore des choses à améliorer; et aussi bien l'A.D.L. que les diri-
geants du D,S.B. savent l'effort qu'il convient de poursuivre pour que tout
le système scolaire soit totalement pourvu en professeurs de niveau univer-
sitaire, pour que l'horaire de 3 h de sport à l'école soit effectivement et
cOIll1'lètement app liqué, pour que l'équipement sportif, un des meilleurs du
monde pourtant, à notre avis, soit encore amélioré. Mais l'élan existe; et
le niveau actuel des réussites reste déjà exceptionnel par rapport à celui
de la majorité des autres pays.
-
157 -
CHA PIT ~ E V
REFERENCE AUX METHODES ET TECHNIQUES,
FORMES PEDAGOGIQUES
- 158 -
1. - LES TECHNIQUES ET LES FORMES PEDAGOGIQUES
Les techniques et les formes pédagogiques, qui sont les moyens
prati~ues d'intervenir dans l'éducatioft ont été, de tout temps, l'occasion
,
d'âpres discussions entre les spécialistes. Nous avons eu même en France, à
une certaine période (1890 à 1935 approximativement) la "guerre des métho-
des" au cours de laquelle s'affrontèrent des chefs d'Ecole tels Démeny,
Tissié et Hébert, puis leurs disciples, en de très ardentes polémiques. Et
il Y a eu, dans le même ordre d'idées en Allemagne, le "Barrenstreit" ou
"querelle des barres parallèles" qui de 1845 à 1865 environ opposa les par-
ticipants de la Méthode suédoise, avec Hugo Rothstein et ceux de la méthode
de gymnastique aux agrès de Jahn, avec comme soutien très efficace le grand
physiologiste Du Bois-Reymond.
Il semble bien qu'aujoud'hui toutes ces querelles soient dépas-
sées - et bien oubliées heureusement. Mais il existe encore des divergences
sur lesquelles se battent, inutilement à notre avis, les éducateurs physi-
ques. En voici deux exemples :
1.1. - LES TECHNIQUES
On a parfois tendance, sur le plan des techniques - comme de
la pédagogie d'ailleurs - à confondre nouveauté et progrès et à rejeter
par suite un peu hâtivement des formes anciennes considérées comme erronées
ou dépassées. Or, la raison et l'expérience commandent la prudence en ce
domaine. Evoluer n'est pas nécessairement progresser. L'histoire de l'huma-
nité en apporte parfois le brutal témoignage.
Lorsque l'évolution technique et pédagogique est le résultat
de simples opinions - même majoritaires - ou de modes et influences parti-
culières, imposées parfois par la force politique, nous ne pouvons pas être
certains qu'il y ait réellement progrès. Celui-ci ne peut résulter que de
l'expérimentation scientifique et pédagogique, ce qui, hélas! n'est que
très rarement le cas. Il faut nous méfier du "nouveau" insuffisamment expé-
rimenté et ne pas abandonner prématurément des formes qui, au moins emp~i
quement, ontfait, pendant de nombreuses années, la preuve de leur efficaci~
té.
-
159 -
Un exemple caractéristique est celui des techniques analytiques
d'assouplissement de Niels Bukh(1). Elles ont subi l'assaut de bien des
hommes de science. Elles ont été tout spécialement condamnées par inter-
prétation de la loi physique du réflexe proprioceptif du muscle à l'éti-
rement.
Ce réflexe proprioceptif est bien un fait scientifiquement établit
et comme tout fait scientifique t constamment vérifiable au laboratoire. Mais
l'interprétation qui en est faite pour critiquer les techniques d'étirement
de Niels Bukh doit présenter une faille ••• puisque les faits sont nets. Et
eux seuls comptent. Niels Bukh et ceux qui ont appliqué ou appliquent encore
ses techniques, ont obtenu ou obtiennent de remarquables résultats en ce qui
concerne l'assouplissement articulaire.
Le système de Niels Bukh n'a d'ailleurs été rejeté de l'éducation
physique scolaire au Danemark que par suite de ses excès dans l'assouplis-
sement et de son extr~me caractère directif.
Notons d'ailleurs que les techniques nouvelles t qu'elles soient
basées sur le relâchement (Dr Le Boulch) ou sur l'utilisation des positions
localisantes (Medau t K. Waehner, L. Sheleen) appliquent en fait, comme la
~7mnastique de Niels Bukh, le principe fondamental de la gymnastique dite
analytique de Ling et de ses successeurs: concentrer l'effort sur la zone
à assouplir. C'est là action de pure logique, dont la validité est toujours
confirmée par l'expérience pédagogique •.. mais qui, hélas t est parfois un
peu trop négligée au profit des formes dites globales ou totales. plus mo-
dernes.
Le même principe de localisation ou concentration de l'effort
doit être observé lorsqu'il s'agit du développement musculaire. Les techni-·
ques modernes d'entraînement sportif rejoignent d'ailleurs en ce domaine
les formes les plus anciennes du culturisme ou de la rééducation physique.
Pour atteindre ces deux objectifs de l'éducation physique
générale ( assouplissement et développement musculaire~ faisans donc encore
( 1)
n<'eRA Bukh (1880 - 1q 51)). rhe.t cf. , Ec.ole.) da.n.o-i..6, c.Jtéa.:te.uJt de. l' Ec.ole.
popuhulte. de. gymna.6tique. d' o.~.e.eJtup.
-
160 -
confiance aux techniques dites
analytico-synthétiques, tout au moins en atten-
dant que l'expérimentation comparée, apporte la preuve claire qu'il existe des
formes plus efficaces.
Les formes globales ne sont certes pas à négliger, mais elles
sont, en ce domaine, beaucoup moins sûres et ne peuvent constituer qu'un mo-
de complémentaire de formation. Leur rôle est suffisamment important par
ailleurs (entraînement ~énéral cardio-respiratoire, éducation psycho-motrice,
etc.), pour qu'elles aient, elles aussi, une large place dans un système gé-·
néral d'éducation physique.
,Nous concluons à la diversité nécessaire des techniques. Il ne
faut rejeter aucune forme rationnellement conçue et ayant fait au moins
preuve empirique de son efficacité. L'éducateur physique ne saurait être
ltouvrier-robot appliquant une seule technique (celle à laquelle il croit
ou celle qu'on lui impose).
Il doit être l'artisan - l'artiste même - cultivé, raisonnable et
libre, ayant connaissance du plus grand nombre possible de techniques, même
les plus anciennes, capable d'en inventer de nouvelles et gardant l'aptitu-'
de
à choisir, parmi ses nombreux outils, ceux qui se révèleront les plus
e~ficaces dans des conditions déterminées.
1.2. - LES FORMES PEDAr.OGI01~S
Des remarques analogues peuvent être faites en ce qui concerne
les formes pédagogiques.
On parle de plus en plus de pédagogie non-directive, situationnel-
le, institutionnelle et l'on a tendance à rejeter comme dépassées - voire
réactionnaires - la pédagogie formelle ~t la directivité.
c'est là une très vieille querelle. Les articles et ouvrages de
polémique sont en ce domaine extrêmement nombreux. Et l'on pourra, je pense,
discuter longtemps encore - et vainement - tant que l'expérimentation pédago-
gique comparée, réalisée à une échelle suffisante dans le nombre, le temps et
la variété des milieux, n'aura pas permis de trancher scientifiquement.
-
161 -
Nous ne ferons donc que quelque remarques, dans la simple inten-
tion de tempérer des enthousiasmes un peu excessifs - et par là dangereux -
pour les méthodes nouvelles et d'inciter à la prudence quant à l'abandon
inconsidéré de certaines formes pédagogiques anciennes.
Notons tout d'abord que les distinctions entre directivité et non-
directivité, méthode active et méthode formelle, sont principalement basées
sur leurs rôles relatifs à l'éducation intellectuelle, morale et sociale des
élèves. Le plan biologique est, soit laissé de côté, soit considéré comme
secondaire ou bien allant de soi en vertu du principe de l'unité psycho-
physiologique.
On considère par ailleurs que l'on ne peut "éduquer le corps".
Il est seulement possible de le former, de le développer, de l'entraîner.
Dans le milieu des éducateurs, on a donc souvent tendance à négliger le
domaine biologique.
Il est pourtant presque toujours essentiel; et on oublie trop
souvent qu'un des premiers buts de l'éducation physique est d'élever les
chances de santé de nos élèves. L'éducation physique est d'abord une hygiè-
ne, un aspect de la "médecine préventive" et, par exemple, le problème de
l'entraînement de la fonction cardio-respiratoire et des autres grandes fonc-
tions adaptatives est fondamental. Or, il ne viendra à l'idée de personne -
d'aucun médecin ou d'aucun parent surtout - de faire une médecine non-
directive, celle qui laisserait l'enfant malade choisir ses remèdes. Ce
serait trop faire confiance à la nature et renier la science. Malheureuse-
ment, lorsqu'on envisage une pédagogie non-directive - qui, théoriquement,
paraît très valable pour former l'être social - on applique inconsidérément
le système au niveau de la formation biologique. C'est aller un peu loin et
un peu vite.
Soyons raisonnables! S'il s'agit d'entraîner méthodiquement les
grandes fonctions, s'il s'agit d'assouplir et de muscler efficacement, s'il
s'agit même d'acquérir certaines techniques jugées indispensables, il faut
que le maître impose la manière, et partir du résultat de la recherche
scientifique et de l'expérience accumulée.
-
162 -
Nous devons être en ce domaine très directifs, c'est-à-dire très
rigoureux dans l'exigence de la forme ou du dosage, si nous voulons être
efficaces. Sauf exception - fruit du hasard - l'enfant ne peut pas trouver
seul la voie juste. Il n'est pas apte encore à cela et la solution doit
être apportée par l'adulte compétent, dans ce court circuit de l'éducation
qui est économie du temps, de pensée et d'effort grâce à l'expérience et
au travail des générations antérieures. C' es t aussi une impérative condi·-
tion du progrès scientifique. Il y a là, de plus, une question de rentabili-
té de l'action pédagogique. Dans le temos beaucoup trop court qui est géné·-
ra1ement imparti pour l'éducation physique scolaire (2 heures hebdomadaires
seue1ement parfois) nous n'avons pas le droit de réaliser des efforts vains
ou incertains. Nous avons l'impérieux devoir de servir au mieux nos élèves,
en leur apportant directement des techniques relativement sûres, qu'ils ne
peuvent d'eux-mêmes découvrir.
Par contre, en ce qui concerne l'éducation motrice proprement
dite - qui est aussi un but important de l'éducation physique - les formes
libres et la pédagogie non-directive peuvent jouer un grand rôle. En 1949
déjà, çans l'ouvrage "Vers une Education physique Méthodiaue,,(l). Seurin
insistait (Tome l, p. 59) sur la formule d'apprentissage direct par les
faits, sans intervention du maître, afin de laisser jouer librement les
perceptions et les réactions d'adaptation. C'était reprendre (mais Seurin
ne
le savait pas à l'époque) l'idée fondamentale de Gau1hofer(Z) avec ses
"problèmes de mouvement à résoudre par les élèves eux-mêmes". Ce fut l'i-
dée développée plus tard par le Dr Le Bou1ch avec ses "exercices de coor-
dination dynamique génp.ra1e". "L'Entraînement au mouvement" de l'école
ang1aîse, înspirée de Laban, procède du même principe.
Mais nous ne devons pas négliger pour autant, même dans ce domai-
ne de la psycho-motricité, les exercices formels, c'est-à-dire ceux qui, pour
l'enfant tout au moins, paraissent détachés du réel immédiat.
(1)
: p. SewU..n. L. HauJte.-Pfac.ê., R. ,!/aJtc.hand, SèJte : "VeJL6 une. Q.duc.mon
p"hY.6ique méthocüque". Jd.ÂJ..Â..on.6 BièJte - 1)Of[.dea.u. 1949.
(Z J
Gau.fho nVt (1885 - 1941) c.Jr..éate.uJt cie fa "Méthode na..t...UJte.Ue" au...tJUc.hie.nne ,
-
163 -
Dans un chapitre particulièrement intéressant de son ouvrage
"Ecole et Education,,(I), le Professeur Château montre la possibilité et
l'utilité d'une éducation formelle. L'enfant n'est point rebelle au
"formel" ou à l"'abstrait ". Ses jeux sont extrêmement formels. Et nous
dirons qu'en éducation physique générale, l'important c'est justement le
formel.
Cultiver la détente, par des bonds consécutifs sur place ou avec
élan. est un exercice formel, ayant une valeur éducative générale. Pour
assouplir l'épaule ou la hanche, muscler la sangle abdominale, entraîner à
la relaxation. faire prendre
conSC1ence de l'attitude et des mouvements
segmentaires. nous avons s.ans doute intérêt à utiliser des exercices formels,
sans relation immédiate pour l'enfant avec un but pratique.
Ce sont là, en effet, les exercices fondamentaux. ceux qui, juste-
ment parce qu'ils sont détachés des obiectifs concrets immédiats (réussir le
saut ou le lancer par exemple) concentrent bien l'effort psycho-moteur sur
le point important: développer la qualité de base, celle qui assure le dé-
veloppement général tout en facilitant considérablement la performance
future.
Se détacher du réel, pour ne pas y être prématurément assujetti
et finalement pour mieux le dominer ensuite, tel est le rôle important de
la pédagogie formelle. que par suite. nous ne pouvons pas rejeter d'un sys-
tème général d'éducation physique.
Ajoutons que ce formalisme, cette directivité que nous jugeons
nécessaires (maux nécessaires) pour mieux assurer le développement physique
général, a aussi une valeur éducative sur le plan moral. L'enfant apprend la
nécessité et l'utilité de l'effort abstrait, de ce qu'on peut appeler l'ef-
fort pour l'effort, c'est-à-dire qu'il prend finalement conscience de l'essen-
tiel en éducation physique, laquelle sera alors pour lui, plus que "des mou-
vements" ou des apprentissages de techniques, ou encore plus que la recherche
de performances. Elle sera un moyen de devenir plus sain, plus fort, plus
équilibré, objectifs dont il faut essayer de lui faire prendre conscience dès
que possible.
(1) : J. ChiLtea.u. : "Eeoie. e.:t fdu.ea.lion" PaJf.-i6, VlUn,
1957
-
164 -
N'est-ce pas là aussi un idéal que nous devons créer pour la
vie adulte ?
Il faut donc là encore que le maître dirige, qu'il impose ses
techniques, fruits de l'expérience accumulée.
Que cette directivité soit tempérée par la manière, c'est-àdire
par le rapport amical et confiant maître-élève, ou par la création de situa-
tions qui obligent l'élève à faire ce que le maître veut, tout en lui lais-
sant l'impression que c'est lui qui a choisi, il n'empêche que l'on reste au
niveau d'un certain conditionnement. Il est impossible, si l'on veut être
efficace, de faire différemment. L'attrait 1ui-·même
d'ailleurs, est parfois
une forme de conditionnement.
Nous pensons finalement que pour ce qui est de la formation cor-
porelle et de l'éducation pysho-motrice, une utilisation harmonieuse des
formes construites ou directives (plus ou moins directement imposées par le
maître) et des formes libres ou non directives (choisies ou inventées par
l'élève) est nécessaire, avec nette priorité aux premières chaque fois qu'il
s'aBit d'assouplir, de muscler ou d'entraîner méthodiquement les grandes
fonctions.
La même harmonieuse combinaison - avec cette fois priorité aux
formes libres - peut être utilisée pour l'éducation morale et sociale. Les
conceptions de l'Ecole nouvelle, de la Méthode active, par lesquelles tout
doit partir de l'enfant et du groupe d'enfants, ont ici leur champ d'appli-
cation de prédilection. On doit former à l'autonomie par l'action libre.
Nous somme tout à fait d'accord à ce sujet et nous avons bien souvent mis
en application ces principes dans notre expérience pédagogique. Encore faut-
il rester prudent ••• et non exclusif de toute directivité.
Il convient de ne pas tomber dans certains excès : ceux de la péda-
gogie libertaire de Tolstoï, Ellen Key, Gur1itt, qui jusqu'ici n'a fait que
la preuve de ses échecs, ou ceux d'une interprétation abusive des théories
sur la non-directivitê de l'Américain Carl Rogers qui, il ne faudrait pas
l'oublier, a expérimenté sur des petits groupes et dans le domaine de la
psycho-thérapie et non dans le secteur scolaire classique.
- 165 -
Enfin, si nous voulons réellement préparer l'enfant à la vie, il
faut bien l'entraîner à subir des exigences, lui faire accomplir parfois ce
qu'il n'a pas tellement envie de faire mais qui est - pour lui ou les autres -
chose nécessaire. Makarenko, lui-même, le grand pédagogue soviétique, insis-
tait sur l'importance de la discipline: "il faut, disait-il, exiger de l'hom-
me le plus possible •.. en le respectant le plus possible".
Pédagogie formelle ou traditionnelle et pédagogie nouvelle ne
s'opposent pas aussi totalement qu'on le prétend parfois. Les méthodes tradi-
tionnelles font souvent appel à l'élan spontané de l'élèv~, à son intelligen-
ce créative, à sa volonté de s'affirmer. Les méthodes non-directives sont
parfois, d'une manière insidieuse, des méthodes de conditionnement
et peut-
être même le groupe-enfant laissé libre (la bande avec ses meneurs et ses
souffre-douleurs) opère-t-il un dressage beaucoup plus rude, plus injuste et
plus dangereux que l'action pédagogique d'un maître autoritaire mais soucieux
avant tout de servir ses élèves.
Ce qUi compte en définitive - et ce sera là notre conclusion -
c'est le maître, son dévouement vis-à-vis des élèves et son niveau de culture.
La culture, qui est sensibilité, compréhension, jugement, conscience et géné-
rosité, autant que connaissances, est déterminante dans l'action pédaogique.
Avant d'aller plus loin (voir l'étude des trois courants actuels de
l'E.P.S. en France: LE BOULCH, ~RAND, PARLEBAS), il convient de rappeler
quelques méthodes di tes "traditionnelles Il •
2. - METHODE HYGIENISTE OU D'INSPIRATION SUEDOISE.
La conception hygiéniste de l'éducation physique est représentée en
France par Philippe TISSIE (1852-1~35) Orphelin à 14 ans; il eut à travailler
dur ~our poursuivre ses études et devenir médecin en 1887. Ardent protagonis-
te des exercices physiques, il fonde la Ligue girondine d'Education physique.
En 1897, il se rend
en Suède et devient l'avocat de la méthode suédoise.
Tissié est également l'organisateur des Lendits scolaires de l'Académie de
Bordeaux. Rencontres annuelles entre équipes scolaires et qui durent plusieurs
jours, ils comprennent des épreuves de gymnastique, d'aviron, d'athlétisme.
Critiquant la méthode d'Amoros (voir le paragraphe suivant), Tissié est par-
tisan d'une gymnastique rationnelle, analytique (d'inspiration suédoise) et
insiste sur le rôle de la respiration.
- 166 -
~uelle est donc cette méthode suédoise ?
2.1. - METHODE SUEDOISE
Rêvant de venir en aide au peuple suédois, miné à cette époque
par l'~lcoolisme et la tuberculose, Per Henrick
Ling (1776-1830) créa la
gymnastique suédoise dans un but correctif et hygiénique, pour régénérer
la force physique et la vieille poésie suédoise qui exalte le héros, le
courage, les qualités d'action, le patriotisme, la rigueur des ancêtres,
leur supériorité aussi.
L'influence de Rousseau fournit le principe de base à la méthode
de LINe:.
"Seuls sont bons les mouvements qui ont leur fondement interne
dans la nature du corps htunain".
"La gymnastique doit être harmonieuse et respectueuse de la natu-
re, porter sur chaque partie du corps et non pas exclusivement sur une par-
tie spéciale".
( 7)
"Aider au développement harmonieux
du corps selon sa nature"
•
Ainsi le mouvement n'est pas considéré pour lui-même mais pour
l'action qu'il a sur le corps humain. La gymnastique a pour but d'assurer à
l'homme la conservation aisée et habituelle d'une attitude favorable au bon
développement et au bon fonctionnement organique (prise de conscience du
rôle de la colonne vertébrale, de l'ampliation thoracique et des mouvements
respiratoires). Elle doit progresser en même temps que les sciences sur les-
quelles elle s'appuie (Anatomie: étude du système musculaire, du système
osseux et des articulations ; Physiologie : loi de la mise en jeu économique
ou maximale des fibres musculaires, de l'amplitude articulaire).
En tenant compte de ces considérations, LING a conçu un système de
gymnastique composé de mouvements artificiels, rationnels, analytiques, sim-
ples, localisés, lents, conduits, contrôlés pendant toute leur durée, univer-
sellement applicable à tous, exécutés avec le plus grand soin depuis une posi-
tion définie à une position définie, et dans un but précis.
(1) : LEGRAND, F. e~ coj~ : Lrê~ucation phy~ique au XIX e~ XXe ~iècle, T. Z Q
l'êTAang~. P~, ~and ColZn, Bo~etz~,
1910, p. 75.
-
167 -
P. H. LING distingue quatre parties dans la gymnastique
- la gymnastique pédagogique maintient une bonne santé et assure
un développement harmonieux du corps, previent maladies et déformations.
- la gymnastique militaire (nous y reviendrons plus loin), dont la
gymnastique pédagogique est la base, s'adjoint des exercices d'équitation
lutte, natation, escrime etc.
- la gymnastique médicale et orthopédique, complétée par le massa-
ge, ayant aussi comme base la gymnastique pédagogique, guérit certaines mala-
dies et fait disparaître certaines difformités au moyen de mouvements exécutés
seuls ou avec le concours d'une autre personne ou d'appareils.
- la gymnastique esthétique ou gymnastique d'expression, peu
traitée.
P. H. LING, ayant traité des quatres forme~essentielles de la gym-
nastique, est l'un des précurseurs des méthodes militaire, expressive, hygié-
nique ou autres. Il n'y a donc pas d'opposition entre les méthodes, mais plu-
tôt complémentarité. De plus il propose une gymnastique démocratique, pour
tous.
P. H. LING développe les principes pédagogiques dans ses deux ou-
vrages parus en 1866 et 1869 "Leçons pour l'Institut Central" et "Annexe,,(7):
- les mouvements seront adantés au corps et à l'âge
- ils auront
forme définie
- ils seront exécutés avec perfection
- ils seront alternés : membre supérieur et inférieur ou entre les
différents groupes musculaires ou alternance effort cardiaque et
effort nerveux,
- ils seront progressifs en partant des exercices les plus simples
veiller au dosage psychologique pour éviter toute fati ~e intem-
pestive (l/S de jeu pour les enfants)
-penser à l'union étroite entre le corps et l'esprit en soulignant
l'aspect esthétique de la g~mnastique, en répandant une saine joie
------------------------------------------
(7 J : Ouv/tage..6 c.Lté.6 pM LEGRAM'r, F : op. c.Lt. p. 78
- 168 -
dans les cours. Nous voyons ici que la méthode traditionnelle
formelle n'exclut pas la méthode nouvelle, non-directive, active,
nous l'avons déjà souligné.
Malgré la remarque de P. H. LING : "La gymnastique doit être enso-
leillé~d'une joie innocente et cependant elle ne doit pas être écartée de son
but sérieux qui vise la santé du corps" ; malgré la pratique complémentaire
(que propose P.H. LING) des exercices naturels de marche, course, saut, nata-
tion
qui nous rappelle la méthode naturelle de ~eorges HEBERT, les détrac-
teurs de la gymnastique de LING l'ont qualifiée à tort de "logique abstraite
des muscles, dont l'exécution bannit toute émulation, personnalité et joie,
et transforme les exécutants en marionnettes" (voir la critique des allemands)
(1) ; le physiologiste danois LINDHARDT affirme que la méthode suédoise entraîne
surtout un abus des contractions statiques, nuisibles à la circulation et à la
récupération de l'effort, une grande fatigue musculaire et nerveuse, sans tenir
compte des données scientifiques de l'époque (l'anatomie était plus développée
que la physiologie).
Somme toute, la gymnastique devait évoluer par la suite, grâce à
l'apport de méthodes basées sur le jeu et l'effet'bien-faisant du plaisir et
de la joie sur la santé, grâce aux orogrès scientifiques qui font ressortir
l'importance du rythme et du relâchement. Grâce à ces apports la méthode sué-·
doise évolua vers une forme néo-suédoise (du mouvement construit
on est
passé au mouvement conduit, oscillé ouis balancé (cf. DEMENY)(Z) et enfin au
mouvement lancé avec l'utilisation de l'énergie cinétique développée (Niels
BUKH).
3. - METHODE MILITAIPE
La méthode militaire est représentée en France par Don Francisco
Amoros y Ondeana (1770-1848) qui s'est inspiré de Pestalozzi, disciple de
Rousseau, de Gutsmuths, de Jahn, surtout, de Clias I.
(1) : LEGRAND F., et Coll. : op. cit. p. 19.
[?)
Vo~ VEMENY en annexe. III, p. 433.
-
169 -
Il définit la gymnastique comme "la science raisonnée de nos mou-
vements et leurs rapports avec nos sens, notre intelligence. nos moeurs et
le développement de nos facultés" .Il d€v.eloppe
des cours d'anatomie, de phy-
siologie, de mécanique du mouvement en rapport avec le développement global
de l'individu. La méthode d'Amoros est essentiellement utile: savoir tomber
en contre-bas sans se tuer, se tirer d'affaire en toutes circonstances, sau-
ver son prochain.
AmoroS voulait, dans son enseignement, susciter la spontanéité cons-
ciente dans l'apprentissage (apprentissage par intuition), rendre la gymnas-
tique attrayante
"On ne peut enseigner bien une chose quelconque en ennuyant : il
faut amuser les élèves et leur rendre agréables les études, si on veut qu'ils
apprennent".
"
Ainsi tout exercice qui est utile, non dangereux ou ridicule,
et qui peut s'appliquer sans aucun inconvenient pour les moeurs, le sexe,
l'âge ou la santé des élèves, tout est compris dans ma méthode".
"Ainsi le professeur, en se dépouillant du droit de récompenser en
faveur des élèves, accoutume leur coeur à être équitable, leur esprit à s'oc-
cuper-du bien commun. Cest à l'influence des moyens moraux mis en action dans
cette école que les élèves doivent leurs rapides progrès. Ils aiment, ils res-
pectent comme leur père l'homme ingénieux qui leur ouvre la route de la justi-
ce et de la vertu en exerçant, développant leurs facultés Physiques,,(1).
Amoros distingue quatre aspects de la gymnastique
- la gymnastique civile et industrielle
- la gymnastique militaire
- la gymnastique médicale et orthopédique
- la gymnastique scénique et funambulesque dont il ne veut pas
s'occuper.
On a reproché à Amoros, l'abus des appareils, de la force, des ha-
rangues, des discours, des parades, d'exhibitions, des exercices d'assauts
[ 1]
c.6. LEGRAND, F.
op. ~. p. 33, 34.
- 170 -
1
'1
'
d
b
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~ (1)
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auxque s 1
convoqua1t
e nom reuses personna 1tes
; son caractere om-
brageux finit par lasser.
Mais il faut aussi dire que les maîtres sous-qualifiés qui ont
utilisé sa méthode n'ont pas compris ses intentions et n'ont retenu que ce
qui était le moins valable et le moins éducatif (dans un sens général), à
savoir les difficultés aux appareils, auxquels Amoros avait déjà par erreur
accordé trop
d'importance. Ils déformèrent la méthode qui a cependant servi
de base (méthode française de Joinville) à la plupart des systèmes parus en
France(2l: ainsi la méthode d'Amoros ne s'oppose pas aux autres méthodes
françaises (hygiénique, naturelle, sportive), mais les intègre ou est inté-
grée. Elle repose sur le même principe inspiré de Rousseau : le développe-
ment harmonieux, global, naturel des facultés de l'individu; réaliste et
graduée, générale, la gymnastique d'Amoros utilise les procédés d'ordre
physiologique, mental et moral. Elle se veut "adaptée aux différeentes caté-
gories de pratiquants, donc à tous". La méthode d'Amoros évolua vers la mé-
thode française de Joinville (1925-1930), de formule éclectique dont nous
parlerons à la fin de ce chapitre.
4. - METHODE NATURELLE
Georges HEBERT (1875-1957) représente le principal innovateur
parmi les théoriciens de l'éducation physique du XXe siècle. Officier de
marine, il voyage à travers le monde et observe les indigènes des pays qu'il
visite. Frappé par leurs capacités physiques, il en déduit que leur mode de
vie correspond à celui auquel la nature nous destine. Il préconise donc une
éducation physique naturelle. L'influence de la pensée de Rousseau est nette.
Hébert cependant ne condamne pas la civilisation. Pour lui, il ne s'agit pas
de revenir à la vie primitive, mais simplement, dans le cadre moderne, de
( 7)
VoJ.Jr..ta ô-i.c.he. ph.y.6-i.o.tog-i.que. et -te. p.tan de. le.ç.on de. .ta gymna.6tique.
~tLtaJ.Jr.e. d'Amo~o.6, e.n anne.xe.. p. 432.
(2)
"Toute..ta gymnMtique. du YI Xe. .6-i.èc.le. e..6t daM -~e..6 e.Xe/l.uc.e..6 aux
ag~è-6 que. .te..6 j e.une..6 te.ntè~e.n:t efarl.6 .tu gymna.6 e..6 pouJ.iie/l.e.u..6 e~
(LOISEL) c.-i.té p~ LEr.~AN~, ~. : op. c.-i.t. p. 39
-
171 -
définir une méthode permettant de retrouver les conditions de v~e physique
qui étaient celles des primitifs. Hébert entreprend de repertorier les
"gestes naturels"
"La méthode naturelle repose sur le principe doctrinal suivant
utiliser les gestes qui sont ceux de notre espèce pour acquérir le dévelop··
pement complet par un retour raisonné aux conditions naturelles de vie,,(7).
Cette doctrine s'inspire ,largement du manuel d'Education Physique,
gymnastique et morale d'Amoros qui s'était lui-même inspiré de Pestalozzi,
(? )
mais aussi des travaux de Derneny - . Dans l'avant-propos du Tome l de
"l'Education Physique, virile et morale par la méthode naturelle" Hébert
écrit :
"La méthode d'Amoros était essentiellement utilitaire et remarqua-
blement adaptée à son but: former·des hommes vigoureux et énergiques capa-
bles de se tirer d'affaires en toutes circonstances, et en particulier pen-
,,(3)
dant les guerres
.
Mais il s'adresse plus particulièrement aux adultes et aux mili-
taires. Il a été le véritable créateur de l'entraînement, c'est-à-dire du
travail méthodique en vue d'un but précis: faire des êtres forts au sens
le plus élevé du mot .•• A l'oeuvre d'Amoros, et à son application souvent
violente et insuffisamment mesurée, Demeny a apporté l'idée de la mesure,
de progressivité, de graduation dans l'effort ••• Il a mis l'exercice à la
portée des faibles et des insuffisants de toute nature, en précisant
les
conditions d'application esthétiques et hygiéniques du travail, en analy-
sant les effets des exercices sur l'organisme. Il a tenté la recherche des
caractéristiques du mouvement naturel
"Nous, (Hébert) avons la conscience de continuer l'oeuvre de ces
deux éducateurs et de suivre la voie qu'ils ont tracée. Les grandes idées
directrices sont les mêmes, un lien commun les unit".(3)
(7 )
LF C:V.AMD, F. : 0 p• u: . p• 17.
(Z l
l'o..ur. Ve.me.Yl.1f e.Yl. a.Yl.Yl.e.xe.. pp. 432, 433
[.~ )
LE C!'AND, F
or. cd. p. 17
-
172 -
En 1905, Hébert est chargé de la direction de l'enseignement des
exercices physiques à l'Ecole des Fusiliers marins de Lorient. Deux ans plus
tard, il publie son premier ouvrage,'\\l'éducation physique raisonnée~' En
1913, il présente sa méthode au Congrès international de l'Education Physi-
que qui se tient à Paris. La démonstration qu'il réalise, avec trois cents
sujets, enthousiasme le public. Les évolutions au plateau des enfants et des
fusiliers marins obtiennent un succès trimpha1. Un noble de l'époque, le
marquis de Polignac, offre une propriété à Reims pour fonder le Collège des
Athlètes qui est dirigé par Hébert. Cette institution est détruite par les
combats de la première guerre mondiale. Hébert poursuit son oeuvre et publie
entre 1942 et 1957 l'ensemble de ses ouvrages de techniques des gestes natu-
rels. Il meurt en 1957.
Pour Hébert, tout être vivant à l'état libre parvient à son déve-
loppement physique complet, mais du fait de la civilisation, l'instinct qui
permettait à l'homme d'accéder à son épanouissement corporel lui fait défaut.
Il faut donc par un retour raisonné aux conditions naturelles, retrouver les
gestes qui sont ceux de notre espèce •.. D' autre part, ce développement doit
être mis au service d'autrui. Il faut subordonner tout l'acquis physique et
viril à une idée dominante, l'altruisme. d'où la devise de la méthode natu-
relle "être fort pour être utile".
Hébert classe les mouvements propres à l'homme en dix catégories,
la marche, la course, le saut, le grimper, la quadripédie, l'équi1ibrisme,
le lever-porter, le lancer, la défense et la natation. Ces dix familles
permettent à l'individu d'acquérir la vraie force, c'est-à-dire la vitesse,
l'adresse, l'énergie, la résistance qui représentent les qualités foncières.
Le leçon se fait en pleine nature, en "parcours" et lorsque cela
n'est pas possible en plateau, sur un espace restreint rectangulaire, en va-
et-vient, par vagues. Elle comnrend un "dérouillement" (la mise en train)
composé de marche et de course, puis le corps de la leçon, pendant lequel on
pratique des exercices choisis parmi les autres familles, enfin un retour au
calme. L'intensité du travail augmente progressivement.
Hébert introduit des éléments pédagogiques intéressants. Il indivi-
dualise le travail. Au plateau, les sujets sont répartis en groupes homogènes
qui constituent les vagues et à l'intérieur de celles-ci, chacun possède une
complète liberté d'action. Il propose pour chaque épreuve une cotation adaptée
- 173 -
à l'âge et au sexe, ce qu~ permet au moniteur d'apprécier la valeur du tra-
vail qui a été effectué et donc d'orienter l'action pédagogique. Les résul-
tats sont consignés sur des fiches individuelles.
L'hébertisme rompt avec la tradition de la gymnastique en salle.
La séance a lieu dehors. Les pratiquants sont torse nu, alors que jusqu'à
présent ils étaient vêtus de pantalons longs et de chemises de flanelle.
Toutes ces innovations contribuent au succès de la méthode naturelle qui s'im-
plantera dans l'armée (marine, armées de l'air et de terre etc.), dans
l'enseignement à partir de 1941 (les instructions officielles françaises de
1945 et surtout de 1967 s'inspirent fortement de la pédagogie hébertiste
on invite les éducateurs physiques.faciliter la "Maîtrise du milieu", à uti-
liser les exercices naturels qui "permettent de mettre les jeunes dans une
situation qui exige une adaptation libre et spontanée). A l'étranger, en
Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Tchécoslovaquie, en Belgique, au Cana--
da, en Australie, en Hongrie, en Italie, en Espagne, au Liban, en Pologne,
en Norvège, en Suède, la méthode hébertisme a un grand retentissement.
La mét~ode naturelle n'est pas en antinomie avec les autres méthodes
analytiques (hygiénistes), militaires, sportives, .ou autres qu'elle complète.
En effet bien que Hébert, en vieillissant (1925 1936) abandonne
.
d ' f
l '
[1)'1 f
d
"1
-
les exerc~ces é ucat~ s ou a~a yt~ques
, ~
aut a mettre qu ~
a consacre
plusieurs chapitres sur les mauvaises attitudes et sur la correction de cer-
taines déficiences morphologiques, dans son "Guide pratique de l'Education
Rffirsique" publié en 1910.
D'ailleurs, P. Hébert n'a-t-il pas écrit: "Les exerc~ces éduca-
tifs constituent l'alphabet et la grammaire de l'éducation physique" ..•
"Une éducation physique serait imparfaite, si elle ne tendait pas à corriger
les points faibles de chaque élève et si, tout d'abord, elle ne les recher-
chait ... ".(cf. LEGRAND F. : l'p. cit. p. 83).
Rappelons que déjà (en 1917) la méthode naturelle a été appliquée
avec succès aux enfants convalescents de Brévannes sous la direction du
Dr P. Carton.
-----------------------------------------
(71
: H~beAt c.d.i?- pM u=rrA~'1J, F. op. c.a. p. 83 : "Lu e.xvr.Uc.u I1a.:tWte.-t6 e.t
u,w.f..:i:.a..ur.eA
C.O/t6.t.-U:ue.n"t '-u e.xvr.ë:i.c.eA de. ba..6 e., leA mouve.me.YL-t6 Uéme.n-
:taJ.Jr..eA anaJ..tj:t{.quu ou c.onve.ntionne..f-6 -6orr.:t pttMcM..t6 ou ftêdr.U:t.6 au maxi-
mum" •
-
174 -
La méthode naturelle est donc le prolongement de la méthode analy-
tique de Ling. Elle a été appliquée (et l'est encore) dans certains établis-
sements, accueillant des enfants déficients ou infirmes, dans les écoles des-
tinées à la réadaptation fonctionnelle post-traumatique.
La méthode naturelle est aussi le complément de la méthode sporti-
ve. Malgré son :
'~e sport contre l'éducation physique; pas de jeux pendant la
leçon d'éducation physique, il est antipédagogique d'ordonner l'enfant à
~ouer" (en 1925), G. Hébert est favorable à la pratique sportive, à la con-
dition que les "exercices émulatifs" (le sport) conservent le plus possible
leur caractère essentiel: l'utilitarisme. Dans son ouvrage, il a surtout
dénoncé les dangers du sport dévié (sport fédératif opposé au sport éducatif);
poussé vers la spécialisation n outrance, aboutissant au spectacle et à l'exhi-
bition commerciale. G. Hébert n'est donc pas un farouche adversaire du sport
comme on a coutume de le dire.
Par ailleurs, soulignons que la méthode naturelle est la même pour
tous, hommes, femmes, enfants, puisqu'elle s'adapte automatiquement à la force
de chacun (Toutefois, surtout à partir de la puberté, il faut chez la fille
plus de finesse, de prudence, de dosage, de mesure, d'attention, de joie, de
gaieté, de beauté dans l'exécution).
Somme toute, les exercices naturels, qui restent d'un inestimable
apport pour répondre à la "maîtrise du milieu", doivent cependant être re-
pensés à la lumière des sciences d'appui de l'éducation physique pour être
utilisés avec le maximum de profit.
5. - METHODE D'INSPIRATION SPORTI'Œ
Le sport au début
du XXe siècle fait progressivement son apparition
dans la vie quotidienne. Il sort lentement du cadre aristocratique dans lequel
il est né et le développement des loisirs favorise son éclosion. Certains phé-
nomènes (comme la vulgarisation de la bicyclette, le développement des commu-
nicationset des transports favorisant les échanges, la réduction du temps de
travail permettant le loisir, la proportion très importante de jeunes au sein
de la population, l'esprit de la civilisation industrielle fondé sur la com-
pétition et le progrès ... ) jouent un rôle considérable dans cette croissance
- 175 -
exponentielle du sport, A partir de la loi du 1er Juillet 1901 sur la libre
constitution des associations, les clubs sportifs prolifèrent, Mais le fac-
teur décisif du développement sportif reste la rénovation des Jeux Olympi-
ques, oeuvre de Pierre de Coubertin (1863-1937). Né à Paris, d'une famille
noble, il se passionne très tôt pour les jeux sportifs que pratiquent les
jeunes en Angleterre. Il visite ce pays pour la première fois en 1883 et y
retourne régulièrement.
Nous allons étudier les conceptions éducatives de P. de Coubertin,
ses conceptions pédagogiques, les réussites et les déviations de l'Idée ou
Idéal Olympique.
5.1. - LES CONCEPTIONS EDUCATIVES DE PIERRE DE COUBERTL~
Les conceptions de P. de Coubertin sont celles d'un humaniste et
d'un éducateur. Historien, philosophe, pédagogue, homme sensible, généreux
et volontaire, de Coubertin à consacré sa vie - et sa fortune - à la cause
du sport qui, selon lui, devait jouer un rôle essentiel dans l'action édu-
cative.
Ses idées philosophiques et ses conceptions de l'éducation ont
constamment guidé son action en faveur du sport et plus spécialement du
sport olympique. Il faut donc d'abord les mettre clairement en évidence.
Cela n'est point tellement facile! De Coubertin a beaucoup écrit et ses
écrits ont été diversement interprétés. L'ancien président du
comité Inter-
national Olympique', Avery Brundage, soulignait dans un de ses bri llants dis-
cours "cette surenchère des hommages et des interprétations d'où cet homme
sage sortai t défiguré".
La doctrine de P. de Coubertin n'est pas toujours aisée à analyser
et surtout à condenser. Elle est très riche et très diverse et parfois d'ap-
parentescontradictions peuvent surprendre.
On a ainsi souvent présenté le rénovateur des Jeux Olympiques comme
étant opposé à l'éducation physique: "cette foi
sans élan qui, laissée à
elle-même, serait demain sans fidèles et après"demain sans autels", écrit-il
lui-même (conférence "Olympie", 6 mars 1929). Or, il doutait seulement de
l'efficacité de certaines formes d'éducation physique et non de l'intérêt de
l'éducation par les exercices physiques, ce qu ',est en réalité l'éducation
physique au sens complet du terme.
- 176 -
Au risque de la trahir nous-mêmes, nous tenterons de présenter
les idées principales sur lesquelles, à partir d'une conception éducative,
P. de Coubertin a finalement bâti le Mouvement Olympique.
5.1.1. - L'inspiration grecque est fondamentale. P. de
Coubertin a voulu retrouver l'eurythmie de la vie qui caractérisait l'olym-
pisme grec: union du corps et de l'âme, poursuite de l'équilibre entre un
certain paganisme (les joies que l'on tire d'un corps sain et vigoureux)
et un idéal (recherche de la beauté des corps, de l'harmonie des gestes,
etc .•. ) .
L'éducation doit permettre d'établir cette eurythmie et, dans
cette action, le rôle du sport peut être considérable.
5.1.2. - Comme Thomas Arnold, dont l'oeuvre à l'Ecole de
Rugby (Angleterre) est sa deuxième. source d'inspiration principale. P. de
Coubertin songe à former l'homme social et croit, pour cela, à la valeur de
l'exercice physique librement pratiqué sous forme de compétition.
5.1.3. - Ces deux influences, jointes à ses conceptions per-
sonnelles et à ses traits de caractère, révolutionnaires pour l'époque -
contre son temps et contre son propre milieu familial et social, de Couber-
tin fut un internationaliste et un démocrate - aboutirent à sa conception
philosophique de l'éducation qui peut se résumer dans les idées suivantes,
extraites de ses écrits :
- "se connaître, se gouverner, s~ vaincre"
- "la vie est belle parce que la lutte est belle. Non pas la lutte
ensanglantée, fruit de la tyrannie et des passions mauvaises •.•
mais la sainte lutte des âmes cherchant la vérité, la lumière
et la justice".
"le travail est la loi universelle. L'effort est la joie suprê-
me. Le succès n'est pas un but, mais un moyen pour viser plus
haut".
- "on peut ce qu'on veut, à condition de le vouloir longtemps"
- "pour vous soutenir et vous guider, qu'une triple volonté demeu-
re en vous : la volonté de la joie physique que procure l'effort
musculaire intensif , excessif même et violent ; puis la volonté
-
177 -
de l'altruisme, car sachez-le bien, la société prochaine sera
altruiste ou elle ne sera pas ; enfin la volontê de compréhen--
sion des ensembles".
- "l'ordre et la méthode établis par l'esprit réagissent sur le
corps, de même que l'hygiène et la tenue physique réagissent
sur l'esprit".
Ainsi apparaît pour de Coubertin l'homme idéal que l'éducation
doit former: celui qui se connaît et se maîtrise; celui qui aime l'effort
et le travail ; celui qui vit intensément sa vie physique en accord avec
les règles morales ; celui qui agit avec méthode et persévérance ; celui
enfin qui respecte les autres et s'efforce de les comprendre et de les
aider.
5.1.4 - Pour atteindre ces buts éducatifs, de Coubertin a é-
galement des conceptions pédagogiques très généreuses, mais parfois utopi-
ques. Et ce sont ces conceptions qui vont conduire à la rénovation des
Jeux Olympiques et qui devraient selon lui animer la pratique sportive.
5.2. - LES CONCEPTIONS PEDAGOGIQUES
5.2.1 - Pour bien comprendre la pédagogie sportive de P. de
Coubertin, il convient de la replacer dans le grand courant pédagogique de
l'Ecole Nouvelle qui fut celui de son époque
La Pédagogie des intérêts avec Dewey, Claparède, Decroly, Kers-
chensteiner, Froebel
influence alors fortement les éducateurs. Elle met en
t
évidence l'importance fondamentale d'une motivation pour l'action, motiva-
tion liée à des besoins profonds ou à des intérêts créés par le milieu et
par l'éducateur. L'action concrète, l'effort volontaire, la participation
profonde (née de l'élan interne), l'acte physique essentiellement, sont
considérés comme les facteurs fondamentaux d'une éducation intégrale qui
souligne le caractère unitaire de la personne humaine (liens profonds
entre le corporel, le mental et l'affectif). C'est le "learning by doing"
de Dewey, "l'Ecole par la vie et pour la vie" de Decroly, "les jeux senso-
riels" de Froebel, "le travail manuel" de Kerschensteiner, etc.
-
178 -
Dans cette ligne, de Coubertin, inspiré par Thomas Arnold, a
choisi le sport comme support de l'action éducative. Il croit en effet -
et à juste titre - que le sport, "culte volontaire et habituel de l'exer-
cice musculaire intensif incité par le désir de progrès", peut très effi-
cacement contribuer à atteindre les buts de l'éducation: connaissance
et maîtrise de soi, goût de l'effort et du travail méthodique, générosité,
respect de la règle, respect et estime des autres.
5.2.2. - de Coubertin pense que, du point de vue pratique, on ne
peut populariser l'éducation physique et le sport, que si un motif puissant
incite l'individu à s'y livrer.
P. SEURIN (op. cit. p. 72) cite de Coubertin
"On ne peut s'attendre à être suivi, si l'on prêche l'exercice
physique au nom de l'esthétique et de l'hygiène" ("Une campagne de 21 ans).
Il Y faut la passion sportive, faite du plaisir du jeu et de
l'effort, du besoin de s'affirmer par l'épreuve, de l'élan vers les sommets
("citius, altius, fortius") de la joie de la victoire sur soi et sur les
autres. Cette passion doit aller jusqu'à la "liberté de l'excès".
5.2.3. - de Coubertin croit aussi à la vert~ de l'exemple. Il
faut des champions pour entraîner la masse. Sa fameuse formule, "pour que
cent se livrent à la culture physique, il faut que cinquante fassent du
sport; pour que cinquante fassent du sport, il faut que vingt se spécia-
lisent; pour que vingt se spécialisent, il faut que cinq soient capables
de prouesses étonnantes. Impossible de sortir de là", qui est celle de la
pyramide renversée, a très souvent servi d'argument - et sert encore -
pour justifier une politique prioritaire en faveur des champions, car ceux-
ci seraient "la clé" pour l'&ducation de la masse.
5.2.4. - Il faut enfin, pour aider à cette révolution pédagogique
\\
que constitue l'éducation par le sport, frapper l'esprit de la masse, en-
traîner les foules: d'où l'idée de la rénovation des Jeux Olympiques qui
auront la double mission d'illustrer un idéal et d'éveiller l'intérêt des
peuples pour les exercices physiques. D'où aussi l'idée d'une organisation
méthodique de la compétition sportive qui, tant du point de vue de l'action
directe que de celui du spectacle, constitue un centre d'intérêt très puis--
sant et universel.
- 179 -
5.2.5. - ~ais pour atteindre ces buts éducatifs, il est indis-
pensable que la pédagogie sportive soit animée par des principes moraux,
qui constitueront les Idéaux Olympiques.
- aider à la construction d'un monde meilleur et pacifique;
- pas de discrimination de race
de religion ou de politique
- action désintéressée (seul l'effort de l'amateur peut servir
les buts pédagogiques)
- respect de la règle et de l'adversaire: fair-play;
- beauté de l'action généreuse: "le plus important au J.O.
n'est pas d'yvaincre mais d'y prendre part, car l'essentiel
dans la vie n'est pas tant de conquérir que de bien lutter."
Tous idéaux condensés dans cette belle phrase de P. de Coubertin!
"Précisément, parce que, dans. le monde nouveau qUl. se lève, le
sport peut jouer un rôle éminent de progrès et de rapprochement social
nous le voulons plus pur, plus chevaleresque, plus transparent, plus
calme",. ajoute de COUBERTIN (cf. SEURIN, P.
: op. cit. p. 73).
5.2.6. - Enfin P. de Coubertin n'oublie pas la conception sociale
de l'éducation physique. Et c'est là une des nombreuses idées originales
qui illustrent un aspect trop méconnu de son oeuvre. Dans une conférence à
Lausanne, le 12 Avril 1971, il définit le rôle pédagogique de la Cité moder-
ne, d'une manière qui peut surprendre ceux qui ne connaissent que son action
olympique
"1° Le gymnase devra, autant que possible, être établi et entre-
tenu par la cité."
"2'" Il ne devra être utilisé qu'à titre tout à fait exceptionnel
pour l'éducation physique de la jeunesse et l'entraînement des sociétés gym-
niques et sportives. Son rôle essentiel et quasi;exclusif consiste en effet
à permettre à chaque citoyen de se livrer individuellement, dans le minimum
de temps et avec le minimum de frais, aux exercices sportifs de son choix,
selon sa convenance, sans avoir, ni à prendre d'engagement vis-à-vis d'un
groupement quelconque, ni à en subir l'intervention."
"3° Il est de haute importance qu'il ne soit pas toléré dans le
gymnase de concours musculaire avec ou sans prix, non plus que de compéti-
tion en vue de l'établissement d'un record." (SEURIN, P.
: op. cit. p. 73).
-
180 -
5.2.7. - Nous pourrions conclure en disant que la pédagogie de
P. de Coubertin est une pédagogie de l'effort et une pédagogie sociale.
l1J
Pour lui aussi, COIIlII!e pour Alain
: "l'Homme se forme par la peine;
ses vrais plaisirs; il doit les mériter." Et l'holl'me se forme pour les au-
tres, par le contact avec les autres.
Le sport, épreuve de soi par la victoire sur soi-même ou sur les
autres dans une lutte loyale, est un moyen très efficace d'éducation:
telle est l'idée fondamentale de P. de Coubertin.
5.3. - LES REUSSITES DE L'IDEE OLY~IOUE
Certaines des conceptions de P. de Coubertin ont, de toute éviden-
ce, triomphé.
Le sport est devenu un fait social d'importance considérable.
Les Jeux Olympiques, après des débuts difficiles, ont atteint une ampleur
et un rayonnement que certains trouvent aujourd'hui excessifs et dangereux
pour leur existence même. De toute évidence aussi, l'esprit sportif est de-
venu une réalité à tel point que l'expression populaire "être sport" expri-
me clairement l'idée de loyauté et de netteté dans le comportement. Et il
est sûr que, malgré toutes les déviations bien connues, il existe encore
dans le monde, de très nombreux jeunes et adultes qui, dans des clubs spor-
tifs ou librement et individuellement, pratiquent les activités sportives
d'une manière enthousiaste et désintéressée, par simple plaisir, par amour
de la lutte et de l'effort.
La multiplicité des rencontres sportives sur le plan nationnal
et international, les foules innombrables de spectateurs dans les stades
et à la télévision, l'existence de puissantes Fédération nationales, des
Comités Olympiques Nationaux et du C.I.O. et sur "le plan de la défense des
idéaux, l~existence même de l'Académie Olympique Internationale, sont le
témoignage tangible de cet Empire Olympique qui règne maintenant dans le
monde.
5.4. - LES DEVIATIONS DE L'IDEAL OLYMPIQUE. LEURS CAUSES
Nous connaissons bien ces déviations et leurs graves conséquences
pour l'éducation:
("1)
: Alain: Ptr...Qp.0J., J.,U/t l'ëduc.ation.Ptx!ÜA; P.U.F.,
191~
- 181 -
- sélection systématique qui décourage les plus faibles et les
éloigne de la pratique sportive ;
danger des efforts excessifs, avec leurs conséquences immédia-
tes ou lointaines sur la santé: accidents, morts, séquelles de
traumatismes sportifs, déséquilibres biologiques.
- asservissement ~ l'argent; professionnalisme, semi-profession-
nalisme, marché des joueurs, spectacles de valeur éducative dou-
teuse, prestige à tout prix ;
- passion et sectarisme, chauvinisme local et national ;
- luttes déloyales, agressions, violations de la règle.
Nous sommes bien loin, très souvent, des généreuses conceptions
du rénovateur des J.O.
! Tous ces faits sont analysés, commentés et discu-
tés très abondamment dans le monde. Et chacun, parmi les éducateurs tout
au moins, s'emploie à atténuer ces dangers et à conserver au sport les va-
leurs positives qu'heureusement il rarde encore, très souvent, en de nom-
breux domaines. Pour une lutte plus efficace nous devons cependant rechercher
tout d'abord les causes profondes de ces déviations.
A notre avis, P. de Coubertin a commis deux ordres d'erreurs im-
portantes - mais compréhensibles, sans doute, si l'on se replace au niveau
des connaissances psychologiques, sociologiques et pédagogiques de son époque.
Il apparaît d'ailleurs paradoxal que ces deux erreurs puissent à
la fois expliquer l'indéniable et remarquable succès du Mouvement Olympique
et les déviations de plus en plus graves de ce Mouvement, déviations qui
conduiront peut-être à sa disparition.
5.4.1. - ERREURS PSYCHOLOGIQUES
5.4.1.1. - P. de Coubertin a cru à la fraternité universelle.
Cela était très généreux. Et nous voulons aussi y croire pour le monde de
demain. Mais il était utopique de penser que le seul fait de rassembler,
tous les quatre ans, auelques spécialistes sportifs, pourrait contribuer
efficacement au rapprochement des peuples.
- 182 -
Malgré leur ampleur actuelle, les J.O. ne rassemblent jamais
qu'une très faible minorité de sportifs par rapport aux masses populaires.
Et sociologiquement, on ne peut guère fonder de relation valable entre les
rapports provisoires - souvent amicaux, mais quelquefois hostiles - qui
peuvent s'établir entre les membres des diverses équipes nationales et
ceux qui sont déjà établis depuis de nombreuses années ou qui s'établiront
entre les peuples. La solide amitié qui s'était créée entre Jesse Owens
et son adversaire Lutz Long aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 était
sans rapport avec la situation qui existait et allait exister entre les
deux peuples américain et allemand. Et Rudolph Hess, second de Hitler,
proclamait aussi solennellement en 1936 : "La cloche olympique est une
cloche de Paix."
5.4.1.2. - Il était utopique encore de penser que la compé-
tition peut rapprocher les hçmmes et contribuer à établir la paix.
Le grand sociologue du sport, Kalevi Heinila (Finlande), écrit(1J:
"Par nature le sport de compétition ne semble pas particulière-
ment approprié à remplir les fonctions de colombe de la paix. La compéti-
tion récompense peu de gens mais en frustre beaucoup et, en tant que pro-
cessus social, elle est souvent classée en sociologie sous le chapitre
"Conflits sociaux".
5.4.1.3. - Illusion aussi de croire que la pratique sportive
a des vertus morales en elle-même. Nous savons maintenant que chaque homme
est en grande partie ce qu'en fait son milieu familial et social. Et chacun
vient au sport tel qu'il est et non tel que nous voudrions qu'il f~t. Comme
toute chose humaine, l'acte sportif ne prend une valeur éducative que par
l'intervention de l'éducateur ou du milieu éducatif, ou encore, dans le cas
d'une auto-éducation, par les intentions éducatives que chacun veut d'abord
y mettre.
Si je fais du sport ?our, à tout prix, battre un adversaire, con-
quérir un titre, gagner de l'argent, le souci éducatif biologiqueCaméliora-
tion de mes qualités de santé) ou moral (entraînement à la maîtrise de soi,
au respect de la règle et de l'adversaire), disparaît presque totalement.
(1)
: Expo.6é "Spoltt e;t c.ompJt2h.e..u,[OYl ,[n;te.Jtna-ti.orr.a1.e.". SémbuuJte. ,[n;teJtn.a.:ti..oVl.CLe
C.I.E.P.S. - Pan-i..6 1°11.
-
183 -
5.4.1.4. - de Coubertin a cru aussi aux possibilités de
transfert, dans le domaine éducatif. Or, on sait
maintenant que le trans-
fert
toujours délicat, ne s'opère que par longue répétition et seulement
entre des situations présentant de nombreux points d'appuis communs. Le
fait d'être loyal et respectueux de l!adversaire dans le jeu s~ortif ne
se transfère aux actions de la vie courante que si cette même qualité exis-
te déjà chez l'individu (on ne peut plus parler alors de transfert,
mais d'application d'une même qualité en deux domaines différents) ou si
elle est longuement et systématiquement entraînée dans des situations
sportives diverses pour que soient toujours retrouvés les facteurs communs,
maîtrise de soi en particulier, qui permettent son application dans tous
les domaines.
5.4.2. - ERREUR PEDAGOGlnl~
C'est celle de la pyramide renversée. Elle a conduit à la primau-
té du champion avec toutes ses graves conséquences : vedettariat, compromis-
sions, professionnalisme, négligence de l'effort en faveur de la masse.
Certes on peut comprendre l'idée de P. de Coubertin.
Il paraît en effet évident, a priori, que l'élan profond vers le
mieux, vers l'affirmation de soi, qui caractérise l'être humain, conduit à
vouloir imiter le champion, à vouloir battre au moins ses propres records.
Mais cet élan vers le mieux s'est trop souvent et trop exclusive-
ment orienté - ainsi l'a voulu d'ailleurs P. de Coubertin - vers la compéti-
tion sélective. Cela a provoqué des réactions psychologiques qui n'avaient
pas été prévues! Combien d'adultes renoncent très vite au sport parce qu'ils
ne peuvent plus être parmi les meilleurs !. Combien de jeunes sont, aujourd'-
hui, volontairement éloignés des activités sportives parce que Je système
compétitif met justement trop cruellement en évidence leur relative faibles-
se ! Combien d'adultes et de jeunes refusent cet affrontement avec l'autre,
soit parce qu'ils craignent la défaite, soit que, à un niveau moral plus
élevé, ils préfèrent la coopération ~ la lutte ! A la lutte pour la vie et
à la victoire du plus fort, ils opposent l'entraide et la fraternisation
pour bâtir le monde de demain. Combien de jeunes enfin refusent aussi cet
emprisonnement dans la mécanisation outrancière du spécialiste, dans les
règles et les obligations du club sportif même, règles et obligations im-
-
184 -
posées par un système construit et dirigé par des adultes ! Et cela dans
une période où les adolescents s'opposent de plus en plus violemment au
système adulte.
Somme toute, la pyramide renversée, reposant sur sa pointe, ne
pouvait que perdre l'équilibre!
+
+
+
Il était inévitable que les illusions de P. de Coubertin sur la
fraterni té au travers de la lutte et sur la priori té à accorder aux cham--
pions aboutissent aux graves déviations que nous constatons aujourd'bui.
Pourtant nous restons persuadé
que le courant qui entraîne le sport de
hautfcompétition vers le professionnalisme ou le semi-professionnalisme,
vers la dure sélection des meilleurs et finalement les "guerres sportives"
entre groupes et nations, n'est pas irréversible. Rien, en ce monde n'est
définitif et les choses sont en continuelle évolution.
"L'invariable" nature humaine n'est pas invariable, mais peut
être modifiée profondément et l'a été fréquemment." (1)
(Aldous Huxley, La Fin et les Moyens)
Nous devons croire à la puissance de l'éducation. Nous devons
croire que la rivalité entre les hommes - principe qui, appliqué à la com-
pétition sportive, a jusqu'ici orienté le sport dans le monde - sera un
jour remplacée par l'entraide. et la solidarité.
Il reste à créer l'élan, l'idée-force, qui animera ce mouvement
rénové en faveur d'un sport plus près de l'Education. Cela dépend de nous
tous. Nous en reparlerons plus loin.
(Il : AldoCUl Huxley ci.té pM P. SEURIN
Pltob.tè.mu Fondamentaux de. .t'E.P.S.
L'Union
Ed. de. ~ V1o.t~te, Janv. 7919 p. 11.
- 185 -
NOTE
1978
SUP P. DE COUBERTIN
Dans une conférence faite à Montréal en 1976 et publiée dans le
Bulletin F.LE.P. nO l, 1978, le Professeur Liselotte Diem (F.F. d'Allema-
gne) rappelle les conceptions de Pierre de Coubertin en ce qui concerne le
Sport pour tous. Et elle cite quelques passages caractéristiques dans l'oeu-
vre de celui que l'on considère trop exclus~ement comme le Rénovateur des
Jeux Olympiques alors que ses travaux historiques et pédagogiques sont, en
fait, plus étendus.
Voici quelques' unes de ces citations
"Nous estimons qu'il existe pour chaque individu un droit au
sport et qu'il appartient à la Cité de pourvoir, le plus gratuitement possi-
ble, le citoyen adulte des moyens de se mettre puis de se maintenir en bonne
condition sportive sans qu'il se trouve obligé pour cela d'adhérer à un grou-
pement quelconque".
"Et c'est pour l'adulte surmené par la V1e moderne que le sport
constitue une compensation essentielle, une récupération presque infaillible,
une discipline que rien ne remplace".
(La. vVLU.ê. J.J,Y)O!t:!:ive. JouJtnM "Le F-<'gcvr.o", 1QZ1l
"Telle est la raison qui me fait souhaiter de voir renaître, éten-
dre et moderniser, le gymnase principal de l'Antiquité. Je voudrais un lieu
d'ov les concours et les records soient proscrits, mais où chaque adulte, à
tout moment selon sa convenance, puisse sans risquer d'être épié ou critiqué
1
se livrer gratuitement aux exercices les plus simples".
[La. VrJU.-tI? J.Jpo!t:tlve. JouJtna.f.. "Le F-lgMO", 197"1 J
Notons que P. de Coubertin fut, là aussi, un précurseur
mais
que malheureusement ses idées en ce domaine ne furent pas appliquées !
- 186 -
CON C LUS ION
Somme toute, loin de s'opposer, toutes ces méthodes et techniques
(traditionnelle, nouvelle, hygiéniste, militaire, naturelle, sportive .•. )
sont convergeantes (même source) et se complètent.
Dans tous les cas les objectifs particuliers dérivent du même souci
de développer la capacité d'adaptation au monde; du même souci de favoriser
chez chacun l'appropriation, la connaissance et l'usage de son corps dans sa
relation à l'univers des objets et des personnes; du même souci d'aider
l'individu à se libérer des chaînes qui freinent ou même bloquent sa progres-
sion et à se prendre en charge de plus en plus complètement ; du même souci
de restaurer et de renforcer la confiance en soi, l'esprit critique et le pou-
voir de créer en même temps que l'acceptation et le respect de l'autre. Pour
parvenir à ces fins, des éducateurs (des rééducateurs et des thérapeutes) qui
partagent la même conception scie'ntifique de "l'unité de l'organisme", de la
solidarité fonctionnelle des différentes composantes de la personnalité, de
l'interdépendance - voire jusqu'à certain point de l'interchangeabilité - des
attitudes et des aptitudes de l'être humain, ••• doivent nécessairement se
retrouver lorsqu'il s'agit d'actualiser le projet pédagogique. C'est effecti·-
vement notre souhait. Par-delà les divergences qui tiennent aux catégories
d'individus qu'ils veulent atteindre - et aussi bien sûr à leur for~ation et
à leurs inclinations personnelles - P.H. LING, AMOROS et JAHN, G. HEBERT, P.)
de COUBERTIN (pour ne citer qu'un représentant de chaque méthode) partagent
les mêmes préoccupations, s'inspirent de la même attitude et propo~ent bien
souvent le même type de situation (quand ce n'est le même exercice). C'est
donc dans cet état d'esprit, nourri à la même source que ceux qui ont emprunté
des voies divergentes"que nous devons mener notre intervention en prenant
soin d'en contrôler le mieux possible les effets.
N'est-ce pas le pari que n'a nas su gagner la "méthode française"
(1925-1930), en voulant tout utiliser:
- les agrès d'Amoras, son utilitarisme et celui de HEBERT
- les exercices localisés et corrects de la gymnastique suédoise,
corrigé par le mouvement continu-arrondi de Demeny ;
- les jeux
- les sports.
-
187 -
Soucieux de ne laisser perdre "aucune parcelle des connaissances
en Education Physique" (adaptée à tous: enfants, adultes, militaires,
femmes etc ... ), la méthode française est devenue, dans son éclectisme, une
j~taposition hétéroclite de moyens divers, loin de l'homogénéité, de la
synthèse qu'elle voulait atteindre. Elle n'a pas toujours été scientifique,
et sa diversification semble être plus un point faible q'un avantage. Peut-
on penser que cette homogénéité, cette synthèse est réalisée par les tendances
actuelles de l'E.P.S. en France, représentées notamment par les enseignants
d'E.P.S.
(Jean LEBOULCH, Fobert MERANO, Pierre PARLEBAS ... ) et ?ar les uni-·
versitaires surtout spécialistes de philosophie ou de sciences humaines
(RIOUX, CHAPPUIS, M. BOUET, UL~JN, J.'LECAMUS .•. ) ?
-
188 -
T ROI SIE ~ E PAR T 1 E
REFERENCE AUX ORIENTATIONS ACTUELLES
DE L'E.P.S. EN FRANCE: TROIS OPTIONS
FONDAMENTALES.
-
189 -
CHA PIT R E VI
LES ENSEIGNANTS D'EDUCATION PHYSIQUE
ET SPORTIVE
CE.P.S.),
-
190 -
INTRODUCTION.
Ainsi que nous l'avons mentionné au début, l'éducation physique
est actuellement à la recherche de son identité. Notre époque est impré-
gnée des idées de différents auteurs qui tentent de répondre aux problèmes
posés par cette discipline. Nous allons examiner les conceptions des prin-
cipaux théoriciens, Certains sont des professeurs d'éducation physique et
sportive ayant complété leur formation par des études de biologie ou de
sciences humaines, d'autres des universitaires, quelques-uns de ces derniers
ayant auparavant enseigné l'éducation physique, Parmi les premiers, trois
noms sont souvent cités, ceux de : Jean LE 'BOULCR, Robert MERAND et Pierre
PARLEBAS. D'autres, certes, mériteraient d'être signalés, mais dans un tel
.
1
.
(7 )
Q' . 1
·11
b·
ouvrage, nous ne saur10ns
es ment10nner tous
•
u 1 s veu1
ent
1en ne
pas nous en tenir rigueur. Nous parlerons cependant d'un collectif d'ensei-
gnants qui, à l'E.N.S.E.P.S., réfléchit également sur l'E.P.S.
r 1) : Chaque époque a .6 e..6 goUAOU.6, c.haque goUAou a .6 e..6 cLUc<.plu. Ceux qe..u
pJtéten.dent C.OYl..6btu.-Ute. un. .61J.6tème évoluent pJtuque toujOUA.6 velt.6 le
dogma..tiAme.
-
191 -
1.
-
JEAN LE BOULCR ET LA PSYCROCINETIQUE
Professeur d'Education physique, devenu médecin, Jean LE BOL~CH,
a fortement influencé la génération actuelle des enseignants d'éducation
physique. Il n'est pour s'en persuader qu'à lire chaque année les copies
des candidats au Certificat d'Aptitude au Professorat d'Education Physi-
que et Sportive (C.A.PoE.P.S.). Jean LE BOULCH a étudié d'abord les fac-
teurs de la valeur motrice, cherchant à préciser dans sa thèse de médeci-
(7]1
d' ff'
"
h
'
.
.
à
'
ne
es
~
erentes capac~tes p ys~ques, ma~s sa tentat~ve,
cette epoque,
ne convainc guère. Il parle d'analyse factorielle sans jamais la pratiquer.
L'idée cependant est bonne. Il distingue les facteurs mécaniques d'exécution
comprenant les aspects morphologiques, la souplesse articulaire, la force
musculaire, la vitesse segmentaire, la résistance organique, et les facteurs
psychomoteurs qui expliquent la justesse de la réponse ou adresse{Z]. Il
faut, nous dit-il chercher les moyens de mesure de ces différentes capacités
afin de pouvoir étudier leur évolution et chiffrer les progrès. Il récuse
les épreuves sportives comme outil de qualification de ces facteurs. Les
sauts, les courses, les lancers, les mouvements gymniques font appel à un
complexe de capacités et ne sont pas assez analytiques, mettant en jeu de
nombreux facteurs. Ces épreuves introduisent une méprise dans les buts de
l'éducation physique, entraînant la confusion avec le sport. Il convient de
rechercher des tests unifactorie1s, unique solution pour réaliser un bilan
de la capacité motrice d'un sujet.
L'idée semble excellente d'autant plus que, ce que l'auteur ne dit
pas, si l'on veut amener un individu à réaliser ses meilleures performances
dans une épreuve sportive quelconque, saut en hauteur, plongeon, eserime
par exemple, il est nécessaire de connaître la structure de la motricité et
les capacités exigées par cette épreuve. Cette tentative d'analyse de la
.motricité sera reprise par R. Thomas (La réussite sportive. Paris, PoU.Fo,
1975), et des données seront menées à l'E.N.S.E.P.S. au cours d'une période
très récente.
{1] : J. LE BOULCH : Lu 6a.c-te.wt6 de..ta. vale.UIL motlu:ce., -thè.6e. de. doctoJta..t de.
mêde.cine., Re.nnu 1960.
rZl
Comme. toute. a.na.lY.6e. ceUe.-u pltê.6e.n-te. .6U cU6Mcu.Uê.6, cCV!. tu 6a.c.:te.~
d'e.x.écu..üon et 6a.c.:te.UJL.6 p.6 ychomote.lJ.JL6 .6 e. che.va.u.che.yt,t ; aA..n.6..t pCV!. e.x.e.m.'
pte., .ta. .6ouptU.6e. o.Jr.:Ücuta.bt.e. dépe.nd du tonU.6.
- 192 -
J, LE BOULCR assigne à l'éducation physique comme but principal
l'amélioration des capacités motrices. "L'éducation physique se différencie
du sport car elle a pour but de développer les qualités motrices, alors que
, , ~ d~'
~
~
f'
, , , ( 7 ) ,
le sport est une act~v~te
es~nteressee ayant sa
~n en so~
P~erre
J
PARLEBAS formulera sur le sport, six ans plus tard, la même opinion : "Le
sport n'est ni nocif, ni vertueux en soi. Il peut le devenir selon le con-
texte. Le sport devient ce que l'on le fait,,(2 J , conception déjà formulée
auparavant par LEROY et Vivès dans l'ouvrage "Pédagogie sportive et Athlé-
tisme" (3). Sur ce point aucun d'entre eux ne semble établir de distinction
entre les différents niveaux de la pratique sportive, nuance bien perçue
par Jacques THIBAULT (4) •
Jean LE BOULCR développe ses conceptions de l'éducation physique
dans deux ouvrages, "Vers une science du mouvement humain" et "L'Education
par le mouvement" (5) • Il qualifie sa méthode de psychocinétique. Elle uti-
lise comme matériau pédagogique le mouvement humain sous toutes ses formes
et s'appuie sur une psychologie unitaire de la personne. Jean LE BOULCR ap-
paraît comme un des premiers éducateurs physiques à faire appel aux scien-
ces humaines; et la science du mouvement humain s'est enrichie depuis
quelques décennies (1970-1980) de disciplines à la fois plus spécialisées
et plus totalisantes qui sont du plus haut intérêt pour le psychomotricien:
(7) : LE BOULCH, J. :E~q~~e d'une méthode ~onnelle et exp~entale
d'éducation Phy~~que, 4evue E.P.S. Nov. 1961 p. 21 - 31.
(2)
PARLEBAS, P~ : Activ~tê.6 phy~~qu~ et éducation moWce, ltevue.E.P.S.
Nov. 1961 p. 11.
(3)
LEROY, A. et V~vè.6 J. : Pê.dagog~e ~po4tive et Athe.ê.~me. PCVl.-iA,
AMand
CoUn,Bowr.r.e..UeJt. 1967.
-
(4)
THIBAULT, J. : Un accouchement .e.a.bo~eux, ~n 4evue E~p~, numêlto
~péclal : PCVl.-iA, Nouvelle S~e, L'Education Phy~~que. Mai 1915
p. 696 - 103.
(5)
LE BOULCH, J. : v~ une ~cience du mouvement. PCVl.-iA, E.S.F., 1911
L'Education pa4 te mouvement. PCVl.-iA, E.S.F., 1911.
-
193 -
- anthropologie du geste (les remarquables analyses de André LEROI-
GOURBAN [lJ sur l'évolution de l'action technique depuis la fin du tertiaire
jusqu'à nos jours, caractérisée par une "démanualisation" croissante de notre
fonction instrumentale; Marcel JOUSSE{2l: étude du comportement humain qui
apparaît comme permanent et universel, comme en deça des particularités ethni-
ques) ;
- ethonologie des "techniques du corps" pour reprendre l'expres-
sion de Marcel MAUSS ; ergonomie, neurophysiologie des apprentissages
perceptivo-moteurs, technologie sportive et épistémologie et l'éducation
physique(3)et dernière mais non la moindre (last but not least), étude géné-
tique de la motricité en relation avec les autres dimensions de la personna-
lité de l'individu. Dans le seul domaine de l'ontogenèse du mouvement, les
travaux ont été nombreux dans le sillage de GESELL et d'HALVERSON avec MAC
GRAW, THOMPSON, FLEISHMAN, CRATTY ••• et en France ANDRE-THOMAS, SAINT-ANNE
DARGASSIES, KOUPERNIK(4) ; de FREUD avec SPITZ, BOWLBY, WINNICOTT, voire
BETTELHEIM; de WALLON avec ZAZZO, M~RIEU, LUCAT, STAMBAK, BERGES ••• (on-
togenèse du "schéma corporel") ; de PIAGET, le plus connu des grands maîtres
de la psychologie de l'enfant ..• auteurs dont nous nous contentons de citer
les noms mais dont les travaux ont apporté à l'actuelle science du mouvement
humain une contribution, d'ailleurs bien soulignée par Jean LECAMUS dans son
ouvrage "L'enfant maladroit:
(P.U.F. en 1981 p. 94,95). LECAMUS remarque
que, pour enseigner la psychomotricité, il ne faut pas être nécessairement
un spécialiste psychomotricien, mais il faut y avoir été initié, l'avoir
pratiquée,être au diapason de l'évolution des différentes sciences qui con-
tribuent au développement de la psychomotricité.
(1)
LEROI-GOURHAN, A. : Le g~te et fa p~ofe. P~, A. ~üchel 1912.
(2l
JOUSSE, M. : An.thJtopologie du a~te. P~, GetU.imaJtd, 1914.
(3)
O,wupUn.e en.colte emblt!:!on.rr.a.bte m~ que vouciJuU..err.:t développe/(. PùJtJte
P~eba...6 et Geoltg~ V-tg~eJ'....e.o, P''ton~.6eWt-6 à f'LN.S.E.P.
(4)
Son. ouvltage "Le développemen.t n.eWta-P4f chique du. n.OwuU..6.60n.".
P~ , P.U.F. , 3e éd. 1916, cOYl..6-tUu.e daYl..6 ce domaJ..n.e un. documen.t
.-iJtJtempfaçab.te.
-
194 -
Par ailleurs, J. LECAMUS rappelle, comme WALLON dans ses célèbres
articles, ce que certains psychomotriciens pris dans le tourbillon du "psy-
chologisme ll ont tendance à oublier: la composante perceptive-idéocinétique
. de l'action a été trop longtemps méconnue. Comment pourrions nous agir si
nous n'étions pas assuré d'un schéma de nos attitudes. des positions percep-
tives des segments de nos membres, enfin d'une image du revêtement simple
et élastique qui enveloppe notre corps ? Des rénovateurs comme LE BOULCR
ont heureusement contribué à donner au "perçu" avec la prise d'informations
extéroceptives (visuelles en priorité), toute sa place mais il serait dommage
de se laisser aveugler par son importance. Car André-Thomas (1) qui n'est pas
du même avis, affirme "qu'il est excessif de proclamer que les images cons-
cientes ou le schéma corporel sont indispensables à l'exécution de l'acte .••
Plus loin il ajoute: "Il faut se faire à cette idée qu'il existe des auto-
matismes qui s'imposent complètement dépouvus de toute représentation visuelle
ou tactile ••• " (op. cit. p. 184). Certes. mais ne faudrait-il pas se poser
la"question de savoir comment ces automatismes se sont organisés, par exemple
l'écriture est un automatisme, mais des troubles du schéma corporel pertur-
bent son organisation au point d'engendrer des dysgraphies.
A l'issue de cette partie de l'analyse, certains pourront s'étonner
de n'avoir pas relevé d'allusions directes et insistantes aux travaux de
Jean PIAGET qui s'est penché avec une magistrale sagacité sur l'ontogenèse
de la motricité d'action (dite encore "motricité transitive" ou motricité
instrumentale permettant d'agir dans et sur le monde ou si l'on préfère qui
nous met en rapport avec l'objet au sens physique du terme: le corps propre
ou le corps de l'autre). Se reclamer du célèbre professeur suisse est devenu
une coutume sacro-sainte chez presque tous les praticiens de la psychomotri-
cité-voire chez les partisans de la méthode sportive comme R. MERANO (cf ci-
après) - et les gardiens de l'orthodoxie ne manqueront pas de nous accuser
de provocation. A ce~x-là nous proposons ces deux séries de remarques :
(1) Andtté- Thomao a. ltécU.g é un MtiC.,f,e. en 1942, qui 6a.J..:t pa.tt.tJ..e. de.6 te.xte.6 oJU.-
ginw :tIta.du..U.6 e.t plté..6 e.nté..6 pM J. CORRAZE, da.Y/..6 J.' ouvJta.g e. Sc.héma. C.OltpO-
Itel e.t ima.ge. du C.Oltp.6. TouloU.6e., PJU.va.t, 1913, p. 184.
(2) C' e.6t .te. piège. que. n'a. pao .6u to:ta..e.eme.n:t évae.tt LE BOU LCH da.Y/..6 .6 on pltemie.tt
OUVIta.ge., L'éduc.a.tion pM .te. mouveme.nt. Pa.Iti.6, E.S.F., 1966.
-
195 -
1) Personne ne met en doute l'importance de l'oeuvre de Jean
PlAGET que l'intelligence commence à se manifester dans l'activité motrice
et en particulier avec la coordination des schèmes (vision, préhension)
ni que le développement mental au cours des dix-huit premiers mois de
l'existence est "particulièrement rapide" et "particulièrement important"
etc. Ces thèmes sont devenus de véritables poncifs de la "pédagogie du pre-
mier âge" et de la "pédagogie des handicapés" et pour l'essentiel les tra-
vaux des vingt dernières années sont venus confirmer les découvertes de
PIAGET.
2) Ce qui nous surprend, c'est de constater que ce spécialiste de
l'épistémologie génétique est devenu paradoxalement le maître à penser de
bon nombre d'éducateurs physiques destinés à s'occuper des lycéens ou des
étudiants(il est peut-être utile de rappeler que les professeurs d'éduca-
tion physique ivoiriens n'interviénnent pas dans le cycle élémentaire).
Peut-on raisonnablement asseoir la méthode de cette discipline sur les tra-
vaux d'un logicien qui n'a étudié la motricité de l'enfant que par accident
et sur une tranche d'évolution aussi courte? Faut-il redire que Piaget a
vu principalement dans le jeu des schèmes d'action,les substructures cogni-
tives qui servent de point de départ aux constructions perceptives et intel-
lectuelles des stades ultérieurs, qu'en d'autres termes c'est en cherchant
l'intelligence qu'il a été amené à s'intéresser à la motricité? Faut-il
redire qu'une fois sorti de ce passage obligé qu'a été l'étude de la pério-
de sensori-motrice,Piaget a passé presque tout son temps à analyser "l'in-
telligence opératoire" sans se préoccuper (1) du devenir de l'intelligence
pratique et des rapports entre la motricité et les autres fonctions au-delà
de 18 mois? Il ne nous semble pas sérieux d'envisager la gestualité des
enfants de l'école primaire - et a fortiori celle des grands enfants et des
adolescents - avec les concepts que Piaget a forgés il y a un demi-siècle
en observant la coordination occulo-manuelle de quelques nourrissons ! La
rareté des études scientifiques relatives à la motricité des écoliers ou
des lycéens et l'assurance d'une brillante protection ne justifient pas
•
•
• ~
{2 } •
une annex~on auss~ outranc~ere
( 1) Si l'on exc.e.pte. que..tqUe.6 Mtic.le.6 teto que. PeJLc.e.ption, mo:tJUc.aé e.t in-
te..e..e..-i.ge.nc.e., in En6anc.e., 1956 nO 2, ou le.6 pJr.a.Ue.6 c.he.z l'e.n6ant.-ln
Re.vue. ne.wr.ologiQue., 796 0, nO 102, e.t l t un de. .6 e.6 deJLrUVt.6 ouvJtage.6, ~
ptr.ÂA e. de. c.o rL6 ue.nc.e.. Pa1r..AA, P. U. F.,
1914.
(2) LE CAMUS, J. : déve..to ppe. le. même. point de. vue. qu noUl.l e.t Jtéc.UI.l e. l' a..6.6..i.mi..-
.e.a..ti.on 6ac.ile. et .6eJLvile. a P.-i.a.ge.t. c.6 L' e.n6ant ma..e.adJtoa Pa1r..AA, PUF,
1981 p. 104.
- 196 -
Cette double affirmation rejoint le point de vue de Bt J. CRATTY
qui écrivait en 1968 : "Le mouvement n'est pas à la base de toute pensée
symbolique et cognitive t surtout après l'âge où le langage se développe.
Par contre t les expériences perceptivo-motrices peuvent aider l'enfant en
retard et contribuer largement à l'éducation des nourrissons, des enfants
et des jeunes"
(cf. Psychologie et activités physiques t Paris t Doin t 1976 t
p. 244).
Mais revenons-en à Jean LE BOULCH. Il assigne à l'éducation:
une meilleure connaissance et acceptation de soi ; un meilleur ajustement
de la conduite; et une véritable autonomie et l'accès à la responsabilité
dans le cadre de la vie sociale. Ce sont les généralités que l'on retrouve
chez les spécialistes de l'école nouvelle. On a souvent reproché à J. LE
BOULCH de négliger la dimension socia1e t ce reproche est-il justifié ?
Lorsque l'on lit "Vers une science du mouvement humain" Paris, E. S. F. t 1978?
Jean LE BOULCH a ouvert une nouvelle voie dans la recherche en
éducation physique et a su évoluer dans ses conceptions au cours de ses
travaux, car on observe au fil des années ainsi que le note ULMANN(1) une
inflexion dans la doctrine de ce théoricien de l'éducation physique. Il
fait partie désormais d'un courant pédagogique dans lequel on peut ranger
aussi CRATTY (Etats-Unis), UNGERER (Allemagne). Il semble l'un des rares
théoriciens français à être connu à l'étranger.
La critique que l'on peut sans doute adresser à l'application
concrète de sa méthode, telle qu'il l'avait réalisée dans les écoles de la
Chambre de Commerce à Paris t est le manque de motivation qu'elle provoquait
chez ses élèves. Ses insuffisances pourront-elles être corrigées par ROBERT
MERAND ?
2. - ROBERT MERAND ET LE COURANT PEDAGOGIQUE EMPIRIQL~
Robert MERAND, longtemps professeur à l'E.N.S.E.P., apparaît
comme le leader d'un mouvement de réflexions pédagogiques sur le terrain
même. Militant au sein de la F.S.G.T. (Fédération Sportive et Gymnique du
Travail), il anime des stages tel que celui baptisé "Maurice Baquet"t en
(1)
ULMANN, J.
op. cit. p. 390 - 391.
- 197 -
mémoire de l'un des promoteurs de la méthode sportive en France, qui pendant
l'été, sous forme de colonie de vacances, regroupe, près de Sète, des en-
fants de la région parisienne ,encadrés par des enseignants d'éducation phy-
sique. Ceux-ci, tout en proposant des activités physiques aux "colons",
discutent de leur pratique éducative et tentent d'améliorer leur pédagogie
qui se veut fonctionnelle, alternée et inventive(11. Par pédagogie fonc-
tionnelle, Rober Mérand entend une pédagogie fondée sur le concret, par pé-
dagogie par alternance une pratique dont le souci est l'équilibre des sta-
giaires, et enfin par pédagogie de la découverte une recherche de solutions
et non l'approbation de celles déjà éléborées.
Entraîneur de basket, Robert Mérand s'appuie beaucoup sur les
sports collectifs pour développer sur le plan pratique l'organisation de
situations éducatives stimulantes par motivation affective et sociale des
sujets; il est aidé en cela par d'autres collègues, anciens spécialistes,
telle Jackie Marsenach qui fut internationale de volley-baIl.
Robert Mérand qui se situe dans le prolongement du courant appelé
méthode sportive (déjà évoquée avec P. de Coubertin 2e partie chap. V) éla-
borée à l'I.N.S. par Baquet et Listello, vers 1930, et faisant une grande
part au jeu, veut faire de l'éducation physique un élément de préparation
à la vie de groupe. L'éducation physique doit être organisée pour consti-
tuer concrétement un milieu favorable à l'éducation sociale des jeunes. La
classe doit former une collectivité au sein de laquelle chaque élève prend
conscience de ses rapports avec autrui et par là de sa liberté, mais aussi
de sa responsabilité. Dans cette ligne de pensée a été expérimentée, au ly-
cée de Calais, ce que l'on appe Ile la "Répub lique des Sports" où les élèves
ont fait cet apprentissage en groupe. D'autres essais ont été tentés notam-
ment au lycée de Corbeil\\
Pour ce courant de pensée, le sport est donc un moyen privilégié
de l'éducation physique des jeunes. L'homme doit s'approprier, à travers
le sport et le sp~ctacle sportif, le contenu culturel de cette dimension de
l'activité sociale. La haute compétition apporte une meilleure connaissance
de l'homme et il faut fortifier les enseignements qu'elle nous fournit.
(1) : MERANO, R. : "stage. Ma.uJU.c.e. Ba.quet" -<.n Re.vue. E.P.S. n. 0 121, Ml:U. 1914.
-
198 -
Bien entendu, c'est le sport au sens large qu'il convient de favoriser. Mé-
rand et les membres de la F.S.G.T. se situent dans le courant marxiste ortho-
doxe et une polémique s'est développée entre ceux-ci et les théoriciens de
la nouvelle gauche dont le représentant le plus caractérisque est Brohm. La
controverse porte sur le rôle du sport{I).
En effet les partisans de la sociomotricité, ainsi que certains
psychosocio10gues tel Georges Hébert Méad, certains sociologues tels
HUIZINGA et R. CAILLOIS, certains ethnologues tels G.M. Roberts et B.
Sutton-Smith(2)affirment une fonction de socialisation du sport. (On entend
par socialisation un processus par lequel un in~ividu
apprend les attitudes,
les valeurs et les rôles culturels du groupe et devient ainsi membre de la
société). Ils ont souligné que le jeu sportif remplissait une fonction de
socialisation importante en permettant d'intérioriser les attitudes des
autres. Pour G. M. Meal, l'enfant accède à "autrui généralisé" par la néces-
sité de se mettre à la place de ses partenaires et adversaires dans les
sports collectifs, et G. H. MEAD prend comme exemple le foot-ba11. Pour jouer,
je suis obligé de comprendre autrui, de savoir quelle réponse provoquera
chez lui telle attitude ou tel comportement de ma part. Les réponses possi-
bles sont constituées de conmportements et d'attitudes que je dois prévoir
pour organiser mon action. Le jeu et le sport préparent donc à la vie so-
c.ta1e. Ils seraient donc, de par leur nature, éducatifs, en regard de cet
aspect et ceci n'a jamais été souligné. Alors que la plupart des théoriciens
modernes insistent, au contraire, sur le fait que le sport n'est pas éduca-
tif en soi. Cette position estaussi a priori que celle qu'ils condamnent et
qui présente d'emblée le sport comme éducatif. Nous allons maintenant exami-
ner la critique formulée par ceux que l'on désigne par le qualificatif de
"gauchistes" tel BROHM ••.
( 1)
La cJLU.i.que 6w.e paJt fe PaJtü Communi..6te à fa po.6,{;üon "ga.u.c..hA..6te" .6Wt
fe .6po~t ~n Revue J.'Ec..o'e et'a Nation, 180, m~ 1969 p. 48 -51.
(2)
Cu auteUM ant ana1.y.6 ê. fa 6anc..tio n .6 acJ..aJ.e du jeu, et du .6 pou et .eu
~ppo~.t6 du jeu au .6 po~t. NoU.6 en ~epaJLt~oM pttoc..ha.-Ute.ment avec.. P.
PMlebM. Il.6' ag~t du auteWL6 .6 ~van.t6
HUIZINGA, ].
Homo LudeM, U.6~.6M la. Fonc..tion Soc..-i..a1.e du jeu. PILiJu"
9ëî1flftîaJtd, 79 5" 7•
CAILLOIS, R. : Lu jeux et .eu hommu. P~, Ga.l.U.maJtd, 1958.
ROBERTS, ]. M. et SUTTON-SMITH, "3. : CWd 1:Jr.JU.rU.ng and game ~nvo.eve.ment,
~n Ethnologq 1962 p. 166-185. Le ~é.6umé de leWt théo~e a été 6w. paJt
WH1TING, H. T. A. daM le c..hap,i..tJte "P.6yc..hofog~e de fa c..ompétition" du
liv~e P.6tfc..ho.(og~e .6rO~ve. P~, V~got, 1916.
- 199 -
Jean Marie BROHM, leader en France d'un courant idéo1ogique(1 1
récusant le sport, a écrit plusieurs ouvrages de critique radicale. Les thè-
mes exposés dans les premiers écrits datés de 1968 et parus dans la Revue
P
.
(2)
e'te' d'
l '
1
.
d l '
l'
[3]
art1sans
ont
eve oppes par
a sU1te
ans p US1eurs
1vres
• Les
thèses défendues sont les suivantes
- La principale fonction du sport est d'intégrer l'individu à la
société capitaliste dont l'activité sportive est le reflet. J. M. BROHM,
' L
. 11
. 14)
d'
1
h'
, . .
d
apres
agu1
aum1n1e,
enonce
e sc ema compet1t10n
>ren ement
~
mesur~e----~~record, image du système de production capitaliste. Lorsque
l'on accepte le principe de rendement, il faut en accepter les conséquences.
Ce que certains perçoivent comme des corruptions du sport, le doping, les
anabolisants ect.
font partie, pour Brohm, de l'essence du sport qui porte
en lui ses perversions. Il est illusoire de vouloir réformer le sport.
Le sport, appareil idéologique de l'Etat, est un instrument de
l'hégémonie bourgeoise. L'idéologie sportive masque les rapports de classe,
elle fait croire à une mobilité possible, et donne l'illusion d'une égalité
sociale de départ, justifiant par la suite ordre et hiérarchie{Sl.
- Le sport aide à reproduire les rapports sociaux de production,
grâce à la sublimation répressive des pulsions sexuelles. La puissance libi-
dinale est
transformée en puissance de travail notamment par l'implanta-
tion d'une structure caractérielle sadomasochiste. L'athlète jouit de sa dou-
leur physique.
(1)
Ce c.ouJLa.nt ut, .6emb.te-t-il, p.tM déve.toppé en A.Uema.gne Fê.dêJtai.e.
(2)
EROHM, J. M.
-ClUtiquu du SpoJt:t .<.n. Revue PaJtWa.M n° 43. Pt11U6, 1968.
(3)
BROHM, J.M.
- ~quu du SpoJt:t.Pt11U6, C. Bo~geo~,
1916.
(4)
LAGUILLAUMIE: ~n Revue PaJt~a.n6 n° 43 p. 32
(S)
MM~ .tolL.6que .t' évê.que de PenM yva..tMe, .6' a.dJtU.6 e a.ux. c.onc.WUtent6 'du
j eux de LondJtu, e.n 1908, e.t déc..taJte : "L 1.unpoJt:ta.nt daYl..6 c.u C.OUC.OWt6,
C. J u t mo~Yl..6 d'y ga.gneJt que. d' Y pltendJte paJtt. "L' .<.n.tVtplté:ta..:üon du c.on-
tu:ta...to.-Ur.e .6 VtW .6a.Yl..6 doute. : "U ut néc.u.6a.-iJr.e d' a.c.c.e.ptVt {a. hA.~aJt
c.hA.e. 1.JOc<.a..e.e., tOM ne peuvent pM paJtve.nhr. a.ux p.tM ha.ut6 pO.6tu".
-
200 -
- Le sport constitue un outil puissant au service de l'idéologie
de la coexistence pacifique entre les Etats à régimes sociaux différents.
L'unité du sport cimentée par un langage universel, le record, ne se com-
.
prend que dans un rôle politique d'union des peuples. Le sport, en fait,
maintient le rapport opprimant-opprimé. Bref, le sport est un stabilisateur
du système en place.
La thèse de J. M. Brohm mérite réflexion. Certes, le sport tel
qu'il est pratiqué actuellement, prête à la critique, mais est-ce l'essen-
ce du phénomène ou ses corruptions qui sont à dénoncer? N'est-ce pas parce
que l'accent est mis sur les fins et pas assez sur les moyens que l'on ob-
,
d
l '
. .
~
' ? M
~(1l
1
serve ces perverSl.ons
e
actl.Vl.te sportl.ve ,
_erton a montre
que
ors-
que seule compte l'efficacité technique, que seul importe le procédé le
plus efficace techniquement, légitime ou non, et que lorsque ce dernier va
prévaloir sur les conduites institutionnalisées, c'est-à-dire les conduites
considérées comme normales, alors si le processus se pour~uit, il engendre
l'anomie(2J, la société devient instable.
R. Merton accuse la civilisation technique d'être responsable de
cet état de fait. Il semble bien que J. M. Brohm fasse plus la critique de
la société industrielle ou bureaucratique que celle de la société capita-
liste(3J. Effectivement, il dénonce le sport dans tous les régimes sociaux,
que ce soit aux Etats-Unis, en U.R.S.S., à Cuba, ou en Chine(4). C'est donc
une critique du progrès. Le sport moderne par la notion de record reflète
l'idée d'un progrès linéaire, indéfini. Les records sont faits pour être
b
, ( 5 )
N
" 1 "
...
à l
h '
attus, toujours
•
otre Cl.Vl. l.satl.on, grace
a tec nl.que, avance
(1)
MERTON, R. : Soual.. th.eOll.!f a.ndSoci.a1.. .6btuctUlte. G.eencoe, F/te.e_P/teu,
1949.
....
(2 )
I.e.6 eJtctit u..til e d' enbtepltenMe du enquêtu a.u rU.vea.u du .6 po/tt d'éLUe
pOUlt .6cU...6i.Jr. .6). .e' on peut déce.eeJt cet é:ta.-t d' a.n.om).e. Ce qu-i. n'ut pM
-i.mpo.6.6).b.ee, .ee .taux de .6u-i.c)'du, pM exemp.ee, étant p.eM Uevé chez .eu
cha.mp).o Yl..6 •
( 3 J
Le nad ut d' cU..UeWt.6 .6Ouügné pM MEYNAUV, J. : Spo/tt et poU:ti.que.
Pa.Jt)./.), Pa.yo t, 1966 •
(4)
"RROHM, J. M. : CJt).;üquu du .6po/tt, op. cU. p. 81.
[5)
Lo/t.6qu'une gymnMte /toumune, Na.d-i.a. Coma.neu, ob:ti.ent 10 .6U/t 10 da.Yl..6
une éyYteuve a.ux Jeux oUmp).quu de Monbtéa1.., .eu jOUltn.aLiAtu .6 ').nqu-i.è-
tent.:"L'a..t:tJUbut de.ea. note 10 ne /teyYté.6enteJta.-i.t-e.Ue pM un dangeJt
poU/t Y1.o:tJte upèce ? "GOVVET, Ja.cquu ).n .e'Equ-i.pe, 24 Ju,[Uet 1916 .
"Un yYt0nU.6eUlt na.guèlte nOM expUqua.).t ... la .6U/t la, crut poU/t le ~on
V).eu";
Edoua.Jtd SEIVLER, ).n l'Equipe du 24 JuA.1.1et 1916 : "Le pltog/tè.6
n'a. comme. a.bou.-tM..6 ement po.6.6).b.ee que .ea. cüv).wé".
-
201 -
continuellement vers un bonheur toujours plus grand. Cette conception, bru-
talement remise en question (les signes sont manifestes - "la vitesse, c'est
dépasser", polémique autour de l'avion supersonique Concorde, de l'énergie
nucléaire, etc.)
doit entraîner une interrogation sur le sport. Il con-
vient d'instaurer le débat dont nous pouvons déjà évoquer quelques éléments
de réflexion. Remarquons d'abord que l'homme a toujours eu peur dU-Erogrès.
Les exemples ne manquent pas de craintifs criant au péril, depuis l'appari-
tion des premiers chemins de fer, aux recherches de Pasteur sur les micro-
bes. La peur du lendemain et le regret du bon vieux temps font partie de
l'être. Ces attitudes régressives sont particulièrement marquées lors des
crises sociales et elles correspondent à une remise en valeur des philoso-
phies orientales.
D'autre part, la compétition qui semble fortement contestée, a
cependant fait oeuvre de civilisation. Telle est du moins l'une des ·thèses
de ROGER CAILLOIS, (1)qui, analysant les jeux pratiqués par les hommes, les
classe en quatre grands groupes, ceux du vertige (ilinx), de simulacre
(mimicry), de hasard (aléa), enfin ceux de compétition (agôn). Pour lui, il
existe une solidarité véritable entre toute société et les jeux qui s'y
trouvent pratiqués. Il soutient ensuite que les systèmes sociaux ont évolué
de cultures fondées sur la combinaison ''mimicry-ilinx'' (le masque et la
transe) vers des cultures axées sur la conjonction "agôn-aléa". Des sociétés
traditionnelles, du sorcier et de la magie, nous sommes passés à la société
bureaucratique fondée sur le mérite. Les examens et les concours sont la
transposition de "l'agôn", dont le développement est corrélatif de la démo-
cratie. Et l'élargissement de la compétition réglée aux dépens de "l'aléa",
du hasard de la naissance, satisfait la justice. Certes, nous sommes loin de
la perfection dans ce domaine, mais remplacer le fait du prince, qui distri-
buait les statuts, par un système de concours apparaît cependant comme un
,
(2)
progres
•
Une question se pose. Vers quelle société nous dirigeons-nous ? La
compétition doit-elle disparaître? Il semble qu'à l'inverse, nous tendons
(1l
€AILLOTS.
R. : Le.6 jeux e:t.le.6 homme.6. PaJ!.M. GaLUmcvtd, 1958.
(2)
Une ~que du ~y~:t.ème d'examen; c6 GUYOT, Y, FORQUTN, J.C., BTGARV,
A., THOMAS, R. BELITY, S., GUYOT, J. : A.:t.:tUu.de.6 a l'égaJtd de.6 exame.M
cla~ l' e~ ugnement ~upêJUeUlt. Pa/U..6, Eë.oZe NO!U7lâ1e supéJUewte de
sdlnt-cloud, 7915, deux :t.ome.6.
- 202 -
vers des formes de rapports sociaux plus compétitifs. Nous passons, pour re-
prendre les expressions de Toffler, d'une société méritocratique à une socié-
té adhocratique(7J, c'est-à-dire une société où seront continuellement en com-
pétition les statuts. Alors que dans la société méritocratique, l'examen
permet d'acquérir définitivement une place dans la hiérarchie sociale (systè-
me de certification), dans la société adhocratique, rien n'est définitif, la
compétition est permanente. Le sport constitue bien l'idée d'une telle socié-
té. Il ne serait donc pas de sa fin.
Pour en revenir aux idées défendues par Brohm, il faut souligner
qu'il n'a pas étayé sa construction théorique, présentée dans ses textes,
par des enquêtes empiriques réalisées sur le terrain. Ainsi, que la pratique
du sport aboutisse à faire de l'individu un instrument docile de l'ordre
existant, il reste à le prouver au niveau d'une recherche précise. Lorsque
l'on examine les thèses de Brohm, et que, parallèlement, on se reporte à la
littérature scientifique spécialisée en sport, les faits observés ne sem-
blent pas corroborer nombre d'idées défendues. Prenons à titre d'exemple, le
domaine de la personnalité. Le sport, nous dit l'auteur, vise à créer une
, ~
. ,
. ,
'b~'
(Z)
structure de personna l ~te autor~ta~re, narc~ss~que, agress~ve, 0 e~ssante
;
en bref, une personnalité fasciste telle qu'elle fut décrite par ADORNo(31.
Or, lorsqu'on examine les nombreuses recherches entreprises sur la personna-
lité du sportif de haut niveau, il apparaît à l'évidence qu'il n'existe pas
l , ~ d
'f[4)
S' 1
~'l'
f
d
une personna ~te
e sport~
.
~
e sport eta~t
e pu~ssant
acteur
e
(7) AVfiOCRATTE : .6y.6tbne. J.Joc-i..a.l da.n6 le.quel. lM ItÔlM, lM pouvo-iM e.t lM
6ênê6-<.c.M J.J:ta.:tu:ta.iJr.M ne. .60nt pM déM-rU.:ti.veme.nt a.t:ta.c.hé..6 è!. la. pe.Monne.
e.n 6onc.üon de. c.e.Jtü6.œa.üonJ.J de. type. J.Jc.oW-tr.e. (méJUtocJt.a...tte.l, mw luA.
J.Jont a.Uoué..6 à :ti.:tJte. pltéc.a.hte. .6U!t la. bMe. de. c.ompéte.nc.M 6onc.üonne.UM
a.c..tu.a.Li..6 éM h.[c. e.t nunC. ; c.6 GUYOT, Y e.t Coll : At.ü.tudu à l' éga.Jtd dM
ixa.me.nJ.J da.nJ.J l' e.M ugneme.nt .6Upvue.uJt. Pa.Jt.{.J.J, E. N. S. S1 CLOUO, 7915,
t, l p, 6.
-
(Z) BROfiM, J. M. : op. c.J...:t. p. 707
(3) RfiOMAS, R.
L'éduc.a..t<.on phy.6.{.que.. Pa.Jt.{.J.J, P.U.F., Q.S.J.
7915 p. 11.
(4) TfiOMAS, R.
La. ltéUM.{.te. .6po:z.:t<.ve.. Pa..!tM P.U. F. 79.15
- 203 -
déformation de la personnalité décrit, nous devrions retrouver les traits
énoncées(1l. On pourrait penser, par parenthèse, que la haute compétition
aurait plutôt tendance à engendrer une personnalité obsessionnelle. L'athlè-
te doit investir fortement dans sa discipline pour pouvoir réussir. Cette
obligation qui se traduit notamment par des conduites superstitieuses de
toutes sortes, tend à déséquilibrer la personnalité. Mais, hormis l'obser-
vation constante de cette superstition, les études ne semblent pas avoir
mis à jour, de manière précise, une personnalité obsessionnelle.
Dans ce même domaine de la personnalité, les études ethnologiques
de SUTTON-SMITH, B et ROBERTS, J. M.
: (Child training and game involvement,
Ethnology. 1962 p. 166-185) qui mettent en parallèle culture et jeux prati-
qués, montrent que la personnalité obéissante est liée à la pratique des
jeux de stratégierZ)et non à celle des jeux d'habileté physique (que nous
appelons sports). Les thèses de J. M. BROHM présentent cependant, des points
intéressants et montrent quelques phénomènes qui paraissent tout à fait
réels, telle par exemple, larésistance du milieu sportif à l'analyse sociolo-
r31
gique
, telle également la relation de dépendance entraîneur-entraîné.
-----------------------------
r1) : Ev.<.de.mme.Yl.t OYI. pe.ut .:tJtouveJr. quelquu Jr.MU aYl.ue.YL6 c.hamp-ioYL6 6Jr.anç.a..i.6
et r-ivo~e.Yl-ôl qu.-i pJr.ûe.Yl.te.n.t c.u :tJr.aJ..,U"
ma-W c.e. MM du e.xc.e.pÜOY!I.J
dOYl.t .e.a. peMOYl.Yl.aLUé autoM:t.aJ.Jr.e. é.:ta.A.-t déjà. c.oY!I.J:tUu.ée. avaYl.t la pItaÜ-
que.. V' au..:tJte. pMt, OYI. a quelquu Jr.a-WOYl-ô de. pe.n.6e.Jr. que. .6-i lu c.heJr.c.he.u.Jr..6
YI. , OYl.t pu me..tt'te. e.YI. êv-idenc.e. .eu :tJr.a..U.6 me.Yl.üoYl.Yl.û pM BJr.ohm au MVe.aU
de. la peMOYl.Yl.allté du pltatiquaYl.t .6pé~é
e.YI. Jr.e.vaYl.c.he., c.e.R..R..e. de.
l' e.~e.u.Jr. pJr.é..6e.Yl.teJuU;t que.R..quu Mpe.C.:t.6 de. c.e.t:te. 6ame.u..6e. .6:tJr.uc.twr.e.
déc.Jr..{.te. paIL AVORNO c.omme. "peMOYl.n.allté autoM:t.aJ.Jr.e." ou peMOYl.Yl.allté
"6MU.6te.". Cela. .6e.Jr.a.{.t éga1.eme.Yl.t le.. C.M du pJr.06u.6e.u.Jr..6 d'EoP.; c.e.
deJr.MeJr. 6ad de.vltad -iYl.cJ...teJr. J. M. BJr.ohm a UYl.e. Jr.é6le.uoYl. plU.6 6oYl.damen-
tale.. c.6 WHITING : P.6yc.holog-ie. .6pO~ve.. PaJr..i.6, V-igot, 1976, p. 55-80
e.t pJr..{.Yl.UpaR..e.me.Yl.t p. 60-67.
-
rZ)
Ne. mVU;te.nt-U.6 pM aU.6.6-i le. Yl.om de. .6poJr.t ?
r3l
Le. .6poJr.t résiste a l'arr.aiy.6e. .6ouolog-ique.. V'aboJr.d Pau.R..e. PAILLET (-iYl. Re.-
vue. E.6)01Ut ma.{. 7975 p. 805. L'Edu.c.a.tioYl PhY.6-ique. C.OY!I.JWue. UYI. .6lJ.6tème
U.6 enUe::t de. Jr.égu.R..mo YI. du c.ompoJr.te.me.Yl.:t.6. OJr. l' -impOIU:a.Yl.c.e. 6oYl.dame.Yl.taJ:e.
de. c.e.t:te. -iMeJr.Ve.YLÜOYl. Yl' ut pM Jr.uWuée. au plaYl. du -iYl-ôWu.üOY!I.J, b-ie.YI.
au. C.OYl.:tJuUJr..e., le. .6e.c.te.u.Jr. de. l'E.P. ut maILg.{.yta1.. Pou.Jr. P. PAILLET, UYle.
hypothè..6 e. do-it ê:tJr.e. e.xa.m.i.Yl.ée.. L' éduc.moYl. phlJ.6-ique. ut Jr.e.R..e.guée. à.
l'aJtJr..{.è.Jr.e.-plaYl. pOUlt c.amou6le.Jr. la v.i.6ée. Jr.ée.R..R..e. de. l'ac.üoYl.. "Mutat.i.6
muta.Yl.d.i.6", la même. arr.aiy.6 e. pou.Jr.Jr.a.{.t .6' appüqueJr. au maYl.que. de. Jr.e.c.heJr.c.hu
en Muolog-ie. du .6 pOJr.t.
- 204 -
Pour construire une théorie solide, il nous apparaît en résl~é
important et urgent d'enquêter sur le terrain, d'amasser des faits patiemment
observés ou construits. Des chercheurs ont déjà ouvert la voie, nous exami-
nons quelques-uns des phénomènes qui ont été décrits.
S
( 1 l , .
~
1
f '
. 1
d
tevenson
s est ~nterroge sur
a
onct~on soc~a e
u sport.
Pour l'auteur on peut classer les effets de la pratique en trois rubriques,
sur la personnalité sur le comportement, sur les attitudes.
a) Effets sur la personnalité
Stevenson aboutit à cette conclusion : les études concernant les
effets de pratique du sport sur la personnalité mènent à des résultats con-
tradictoires. On ne peut pas pour l'instant dégager de consensus.
b) Effets sur le comportement
L'auteur classe dans cette rubrique les études réalisées sur le
quotient intellectuel (le Q.I.), sur la réussite scolaire et la délinquance.
Le seul fait qui semble se dégager serait une correlation positive entre la
pratique sportive et la non-délinquance. Les athlètes seraient moins délin-
quants que les non-athlètes
c) Effets sur les attitudes
Pour Stevenson, le seul secteur un peu exploré est représenté par
quelques recherches sur l'attitude sportmanship, composé de traits comme le
fair-play. Il semblerait que les sportifs soient moins sportmanship que les
non-athlètes !
Dans le domaine des rapports entre participation sportive et les
attitudes politiques, les recherches sont encore peu nombreuses. Notons
l'enquête de ESPREITZER et E. E. SNYDER portant sur un échantillon de sujets
d'une ville américaine d'Ohio(2). Il ressort que les personnes interrogées
attribuent au sport essentiellement deux rôles :
(1)
: C. L. STEVENSON : Soc{aJ.J..za.:Uon. e.~6ec-u ~~~c~i1a. in. 1pOltt. A a/r.-
:UcaJ.. Iteview 00 the lie::oe:aJLcoh, mêVicon: Q
y , . . 46 n. 2, Octoblte
7915 p. 281 - 307.
(2 )
SPRETTZER, E. et SNVrER, E. E. : the p~ychologicalOun.c:UOn6 00 ~pOltt QÂ
peJtcuved by gen.eJtaJ.. population., Tn.teJtrr.a.:Uon.aJ.. Review 06 SpOltt Souology,
3 - 4, 7915 p. 81
95.
- 205 -
- Le sport apprend à être un bon citoyen et à respecter l'autori-
té, développe le contrôle de soi et le patriotisme (facteur social) ;
- Le sport permet des décharges d'énergie et il soulage les ten-
sions psychiques, il permet la relaxation (facteur individuel).
Nous voyons que le rôle social du sport, tel qu'il est perçu, cor~
respo?d effectivement à la critique qui est faite à la nouvelle gauche, mais,
il reste à prouver qu'il s'agit du rôle effectif. Néanmoins les quelques étu-
des réalisées pourraient permettre de formuler l'hypothèse qu'il y aurait
une relation entre la pratique sportive et l'acceptation des règles. Une
certaine liaison avec la perception de l'autorité n'est pas non plus à ex-
clure.(voir les travaux de STEVENSON dont nous venons de parler; le docto-
rat (Ph. D, Stanford University, 1972) de B.E. STERN qui traite un aspect de
ce sujet, les vertus du sport (telles quelles sont perçues en général), dans
le livre de MEYNAUD, Sport et Politique, Paris, Payot, 1966 p. 222 - 238.)
Les chercheurs ont également tenté de mettre en lumière des corre-
lations possibles entre pratique sportive et attitudes vis-à-vis des minori-
,
. 1
'
(1)
tes rac~a es, apparemment sans succes
•
Stevenson conclut son article en disant qu'il apparaît actuelle-
ment impossible de tirer une conclusion précise de l'ensemble des recherches
effectuées dans le secteur des effets de la pratique sportive sur la socia-
lisation.
Pour en revenir à MERAND, notons qu'il a lui aussi introduit la
dimension "politique" dans sa problématique, qu'il affirmait déjà
'~otre société est une société de consommation, dominée par l'éco-
nom~e de marche et pour cette raison, le sport, partie intégrante de cette
société, en subit les influences. Un exemple est possible: .•• le sport est
parasité par la publicité ••.
Alors que la cul ture (sport) chet:c.he à créer des besoins et dé--
s~rs formés par une conception de l'homme, la publicité crée des besoins et
désirs soumis aux exigences du profit •••
(1) : THOMAS, R. : ~'EducaZion phy~ique. P~, P.U.F., 1911 p. 80.
-
206 -
Contre une telle dégradation, contre une telle inversion entre
l'homme et ce qu'il produit, contre ce qui fait de l'homme quelqu'un qui re-
cherche des satisfactions dans le rôle de consommateur, et non plus dans ce-
lui de producteur, des hommes luttent !
Ils s'attaquent aux effets de cette inversion dégradante, ils com-
battent pour réconquérir leur dignité humaine. La F.S.G.T. appelle les
"sportifs", tous ceux que le sport intéresse, à mieux's'organiser pour mener
efficacement la lutte nécessaire.
Car le sport, dans la société de consommation, apparaît comme un
moyen, parmi d'autres pour cultiver l'égorsme (tendance actuelle au dévelop-
pement de la pratique individualisée, conduisant le sportif à consommer tel-
le ou telle activité seu1,même s'il est en groupe) et la passivité (l'acte
proprement humain est celui de la création, et non de la consommation).
Tels sont les aspects essentiels que nous retenons de cette a1ié-
nation,,(1J.
Cette citation, quoique,un peu longue situe très bien le niveau
politique du problème que n'ont pas su bien voir LE BOULCR et PARLEBAS (que
nous étudierons plus loin ).
Contre une telle situation, il s'agit pour MERAND de proposer une
conception de la culture qui réapproprie "la dignité humaine". Cette concep-
tion est définie par trois caractères (caractères empruntés, dit MERAND, à
ROGER GARAUDY)
- La culture c'est la présence en chaque homme de toute l'humanité.
Le sport est une activité dans laquelle l'homme crée des aptitudes qui le
valorisent
- La culture c'est l'ensemble des significations et des moyens dont
l'homme dispose pour construire son avenir;
- La culture est spécifiquement humaine; c'est l'acte de créer des
valeurs.
(1): Cahi0t Scien~é~que de t'EduQ~on Phy~~que, M~ 1969 p. 16, 11.
-
207 -
"L'essence humaine n'est pas tme abstraction inhérente à l'indi
vidu isolé. mais l'ensemble des rapports sociaux".
En d'autres termes, l'individu ne se comprend que par ces rapports
et dans ces rapports qu'il entretient quotidiennement avec le sport, avec les
autres hommes.
Le noeud du problème est que MERMID s'interroge sur l'utilisation
du sport dans une perspective éducative, et sur la place qu'il occupe par
rapport à l'ensemble des activités physiques.
Le sport, dans son évolution propre, peut se caractériser par un
ensemble de possibles. Ces possibles objectivent concrètement l'augmenta-
tion des pouvoirs de l'homme sur la nature et sur lui-même; le sport con-
firme que l'homme est perfectible dans le domaine physique, comme dans les
autres domaines. En assimilant ces possibles, l'homme se développe. C'est à _
ce seul niveau que MERAND peut dégager un sens au sport
- qui permet à chaque individu de se doter de moyens qui lui don-
nent le chemin du développement illimité (exemple, le champion)
- qui représente la base matérielle de la motivation (entraîne-
ment /compétition ; travail et jeu)
- qui possède un potentiel incomparable
c'est l'existence de la
compétition comme moteur du dépassement de soi
- qui possède des effets spécifiques sur le plan organique et le
développement de la personnalité du sujet.
L'ensemble du corps doctrinal de MERAND, nous autorise à dire que
cet auteur appartient aux courants s'appuyant sur une "pédagogie des opéra-
tions". Alors que LE BOULCH se démarque en qualifiant son intervention péda-
gogique de "pédagogie des opérateurs".
En effet, la "pédagogie des opérateurs", c'est donc vouloir agir
au niveau des aptitudes fondamentales de l'individu. Elle signifie qu'il
faut faire progresser le niveau des "opérateurs" (les facteurs, capacités,
aptitudes de la valeur motrice) avant d'aborder l'activité globale.
-
208 -
La pédagogie des opérations cherche à développer l'aptitude en
agissant seulement au niveau de l'activité globale.
Par contre dans la pédagogie des opérateurs, il y a analyse de la
difficulté, proposition d'exercices adaptés et ainsi action sur l'aptitude.
Chez LE BOULCR,l'E.P. doit préparer au sport, ceci parce que chez l'adoles-
cent le sport fait partie de ses possibilités d'insertion dans le monde. Il
est un moyen d'affirmation de soi. Mais le sport ne peut être réellement
affirmation de soi que si l'individu peut réaliser cette affirmation, s'il
en a les possibilités. C'est justement l'E.P. de base qui peut développer
ces possibilités en utilisant des techniques sportives mais dépouillées de
leur aspect compétitif ; elles deviennent alors exercices et non plus acti-
vité sportive.
LE BOULCR n'est pas contre le sport, la compétition; il cherche
à lui donner un sens par rapport au vécu de l'individu, à ses possibilités
réelles et non supposées.
Il ne s'agit pas d'introduire une Oppos1t10n artificielle entre
les deux modes d'intervention: il n'est pas possible de développer des opé-
rateurs sans utilisation d'opérations. Laissons LE BOULCH
s'expliquer:
'~'opposition opérateur/opération ••• c'est une pseudo-opposition .•.
Pas d'opposition fondamentale entre opérations et opérateurs.
L'opposition est entre celui qui fait confiance aux opérations, sous pré-
texte qu'elles sont socialisées, et celui qui veut développer des fonctions
en choisissant un certain nombre de situations éducatives qui ne sont pas
choisies pour elles, mais pour leur portée formatrice en regard des besoins
des é1èves.(1).
Un pont est donc possible entre une conception ana1ytico-
synthétique de LE BOULCH, et une conception globale (pour ne pas dire syn-
crétique) de MERAND : psychomotricité et sociomotricité peuvent se marier.
Cet aspect d'unification est-il vérifié dans la notion de psycho-
sociomotricité de P. PARLEBAS que nous allons étudier maintenant~
(1)
: en. Cahi~ S~en~6ique6 d~ t'E.P. m~ 1969 p. 8.
- 209 -
3. - PIERRE PARLE BAS ET LES JEUX SPORTIFS
Pierre Parlebas, dans une ~érie d'articles parus dans la Revue
Education Physique et Sports (E.P.S.), plaide pour la reconnaissance d'une
dimension sociale dans la motricité, et étudie les jeux collectifs, s'inté-
ressant notamment aux rôles et aux réseaux de communication.
Dans un premier texte daté de 1967, il dénonce le morcellement
de l'éducation physique. Percevant trois grandes méthodes, reconnues au
moment où il écrit, la méthode naturelle, la gymnastique de maintien et la
méthode sportive fondées d'après lui sur des bases hétérogènes mais qui ten-
dent néanmoins à converger. Pierre Parlebas défend une éducation physique
homogène. Notons qu'à cette époque, l'Inspecteur général DELAUBERT ne voit
que deux tendances en éducation physique : un courant psychomoteur inspiré
ll
par les travaux de J. LE BOULCR et un courant sportif
]. Il semble que la
méthode naturelle, bien que toujours inscrite au programme de C.A.P.E.S,
en 1967, était déjà caduque.
Pour caractériser la spécificité de l'éducation physique; P.
Parlebas propose le recours à la notion de psychomotricité et développe les
idées de Jean LE BOULCR dont i l souligne l'ampleur des travaux • "Cette
psychomotricité doit être entendue essentiellement comme la conduite d'adap-
tation au milieu physique et social la plus consciente et la plus contrôlée
possible d'un agent qui se vit comme un être entier en situation, engagé en
totali té dans des actes moteurs" (2)
Dans les articles suivants, P. Parlebas traite de la sociomotri-
cité reprenant un terme de S. LEBOVICI(3) et des idées de MORENO. Les rel~
tions motrices que les joueurs entretiennent dans un match créent des
(1)
c'n joWtna.-t l'Equ-i.pe., Août 1915, M:ti..Ùe. de. tJvi.c.heJ. THIERRY
(2)
PARLEBAS, P. Ac.:ti..v~é phy~~que. e.t éduc.a:ti..on mo~c.e., EPS, 1916 p. 14.
C' Mt e.66e.c.:ti..ve.me.nt le. po~nt de. vue. dé6e.ndu paJt LE BoTIIl~H qu-i., 1te.6u..6ant
le. duaLéAme., 6onde. ~a méthode. ~Wt une. p.6yc.holog~e. wU..:ta.Â.Jte. de. la p~on
ne. e.t é~ : " ... La méthode. p.6yc.hou.nétique
touc.he.Jta .•. l' ê:tlte.,
to:taJ!.. ••• c.aJt l'ac.te. mote.UIt n'ut pM un pltOc.u~U..6 A.6olé e.t n'a de. J.:,~
g~6~c.a:ti..on qu'e.n Itappoltt ave.c. la c.ond~e. de. la p~onn~é entièlte.~
Le. Boulc.h : l'Educ.a:ti..on pM le. mouve.me.nt. P~, ESF. p. 16.
[3)
LEBOVTCT, S ; VTATKINE, R ; KESTEMBERG, E : La P.6yc.hiatltie. de. l'e.n6ant
VoL
1. P~, P.U.F., p. 13.
-
210 -
des structures mouvantes qui ne prennent leur signification que dans l'in-
tentiona1ité des acteurs. Au passage, l'auteur rend hommage à certains col-
lègues: "Le courant moderne sous l'impulsion de R. Mérand a insisté sur
le fait que le contenu des rencontres sportives ne correspond pas à une som-
mation d'actions individuelles, mais à une reconversion originale des actes
de chacun en fonction d'une action collective ••. ,,(7j. La compétition est
nécessaire pour qu'il y ait sport collectif car il faut qu'il y ait confron-
tation de deux équipes. Blâmer la compétition à propos du sport est donc un
pur non-sens, car sans compétition, sans opposition il n'y a plus de sport,
la pleine intervention de la sociomotricité ferait défaut. La formule pré-
conisée par le courant moderne animé par son promoteur R. MERAND •.• répond
à cette condition".
Deux niveaux de la sociomotricité sont envisagés, l'un à l'éche-
lon du groupe, l'autre à l'échelon du joueur. P. PARLEBAS introduit donc
certains concepts de la psychologie sociale, le champs de LEWIN, la socio-
métrie de MORENO et les réseaux de communication dans le domaine de la
motricité.
Les textes de l'auteur montrent que celui-ci donne au concept de
sociomotricité un sens restreint. L'enfant confronté au monde matériel fait
appel à la motricité et dans ses relations à autrui à la sociomotricité.
Mais, en fait tout comportement est imprégné du social et le concept de
(2 )
sociomotricité recouvre un sens plus large
• Ainsi, il comprend principa-
lement l'étude des facteurs socioculturels qui conditionnent et différencient
le développement des capacités motrices(3). Il comprend également les usages
sociaux du corps, les pratiques différentes suivant les classes socia1es(41.
( 7J
PARLEBAS, P. : Ac.tiv-<-téA phY.6-<-que..6 et éduc.ation mo.tJU.c.e, EPS. 7916
p. 11 - 18 - 23.
(2]
L'auteUlt mentionne btè6 bJÛève.me.nt une pOM-<-b.e.e ethnomo.:tJU.U:té. Souo-
mo.:tJU.U:té e.t e.thnomo.:tJU.ut~ .6 e.mb.e.ent -<-Yl..6 épcvr.a.b.e.e..6 •
(3)
Etud-té depu...i..6 btè6 pe.u de te.mp.6 paJt que.lque..6 c.hettc.he.Wt.6 à .e.' E. N.S. E. P.
notamment paJt PIERRE DANSE et RENE CHAUVIER.
(4)
Souomo.:tJU.U:té -<-nd-tque .e.' ..tYl..6:ti.tu:ti.onn.a.ü.6ation de toute c.onduile mo-
.:tJU.c.e. Cn GAUTHERET, F., -<-n Revue PaJtÜ.6aYl..6 nO 43 p. 66 - 13 ;
c.n ]. LE BOULCH : Vvw une .6ue.!1c.e ?u mOüVëinent ruma...i.n. PevU.1., E.S. F.
79~8 p. 60 - 67.
-
211 -
P. PARLEBAS le limite à l'étude des relations motrices dans les jeux et
sport collectifs ce qui, il est vrai, consitue le champ de son travail
d'étude. Ce dernier domaine, il l'explore rigoureusement en analysant fine-
ment les possibilités de la circulation de la balle, les rôles assumés par
les joueurs et les réseaux des scores. Les concepts qu'il élabore dans ce
secteur de recherche et les modèles qu'il présente devraient, vraisemble-
ment, lui permettre de proposer une théorie des jeux collectifs.
Elève de ROGER DAVAL, spécialiste de psychologie sociale, il en
transpose les thèmes, celui d'action notamment. Les jeux sportifs ~elèvent
d'une praxéologie, c'est-à-dire d'une science de l'action et de la déci-
sion[1). C'est précisement ce qu'écrit ROGER DAVAL à propos de la psycholo-
gie sociale, reprenant lui-même les idées formulées par PARSONS et SHILS(2).
PARLEBAS tient encore pour unique la prééminence de la motricité
d'action (permettant d'agir dans et sur le monde, corps propre ou corps
d'autrui). C'est vrai pour les situations que PARLEBAS nomme "psychomotri-
ces" (athlétisme, agrès, natation), mais c'est aussi vrai pour les situations
di tes "sociomotrices" faisant intervenir la coopération (j eux de relais,
alpinisme .•• ), l'opposition (lutte, judo, escrime ••• ) ou les deux types de
relation en même temps (sports collectifs, jeux traditionnels .•. ). En effet,
dans ces cas la fonction quasi exclusive du mouvement est d'agir (déplacer
son propre corps, déséquilibrer ou immobiliser le corps de l'autre, lancer
un ballon etc.) et la situation de co-action ne modifie pas fondamentalement
cette fonction: si les attitudes et les gestes des partenaires et des ad-
versaires sont porteurs d'information (ils ont valeur de signal, d'indice,
voire de signe), c'est comme par surcroît. La véritable motricité'de communi-
cation et d'expression est utilisée dans des situations tout à fait différen-
tes, impliquant un autre statut du corps (mime, expression corporelle ••• ).
En dépit des apparences-utilisation fréquente du terme "communication" -
PARLEBAS en reste donc à l'inventaire des modes de relation faisant interve-
nir presque uniquement la motricité d'action et s'aligne en adoptant cette
(7)
PARLEBAS, P. : op. cf:!.
p.
124.
(2)
VAVAL, R.
TJta.Uê. de. PJ.>yc.heo.R..og.i..e.J.>oc..<.a.le.. Pevr...iA, P.U.F., 1961
p. 9 - 20.
- 212 -
perspective sur ceux que L. LE CAMUs(1lpourrait appeler les psychomotriciens
de la première heure (LE BOULCR, et les anciens animateurs de la S.F.E.R.P.M.).
En effet, la motricité d'action ou "motricité transitive" doit être
completée par la motricité d'expression et de communication, motricité émo-
tionnelle ou relationnelle, "sémiomotrici té" au sens vrai du terme : cette
découverte du "langage du corps" - peut-être vaudrait-il mieux dire, pour
être plus clair, du langage de l'inconscient à travers le corps - allait
ouvrir la voie à une multitude de travaux théoriques et pratiques (dans la
mesure où il est légitime de dénommer ainsi la psychothérapie analytique et
la thérapie Vsychosomatique) d'une prodigieuse fécondité.
Le bon fonctionnement des deux formes de motricité (d'action et de
communication et d'expression) est conditionné par la maîtrise du tonus,
comme l'a montré J. PAILLARD(21 : c'est le tonus qui prépare, soutient et
module le mouvement, quel qu'il soit. Ensuite parce que la maîtrise du tonus
est composante essentielle de la maîtrise de soi; c'est le principe qui
régit un certain nombre de pratiques psychosomatiques d'origine orientale
(yoga, zen ••• ) ou d'origine occidentale (training autogène de Schultz, re-
laxation progressive de Jacobson .•. ).
PARLEBAS se fait également l'avocat d'une étude scientifique de
l'apprentissage du transfert, proposant un canevas de plan expérimental vi--
sant à explorer les problèmes posés par ce dernier concept. Signalons enfin
son plaidoyer pour une épistémologie de l'éducation physique qui doit se cons-
tituer en science. Jusqu'à présent ont été juxtaposés des éléments de diver-
ses disciplines pour constituer les études du professeur d'éducation physi-
que.
4. - LES AUTRES ENSEIGNANTS D'EDUCATION PHYSIQUE
J. LE BOULCR, R. MERANO, et P. PARLEBAS semblent les trois ensei-
gnants qui ont le plus influencé les étudiants et les professeurs d'éduca-
tion physique. Ils ont introduit, J. Le BOULCR, le premier, les sciences
humaines dans le discours du théoricien de l'éducation physique, peut-être
(1)
J. LE CAMUS, op. ~. p. 94.SFERPM : Société n~anc~e d'éduca~on et
de ~eédu.cation p.6!fchomo:tJUcM.
(21
Cité p~ J. LE CAML~ : op. cit. p. 116 .
-
213 -
y-a-t-il eu une référence un peu massive aux travaux de PIAGET. Ce qui a
valu à la revue Education Physique et Sport (E.P.S.) d'interviewer PIERRE
GRECO sur ce sujet(I).
A l'E.N.S.E.P.S. un groupe d'enseignants d'éducation physique et
quelques spécialistes de pédagogie chargés d'animer la formation des étu-
diants qui viennent préparer un mémoire dans le cadre de la nouvelle organi-
sation de l'établissement, réfléchissent au contenu et aux finalités de l'é-
ducation physique. Citons parmi ceux-ci JEAN LE CAMUS, GUY AZEMAR, PIERRE
DANSE, JEAN PIERRE FAMOSE, ALAIN HEBRARD, PAUL ICLINGER, CHRISTIAN POCIELLO,
JEAN VIVES, GEORGES VIGARELLO. Ce dernier, agrégé de philosophie, s'intéres-
se plus particulièrement au corps et à l'histoire critique de l'éducation
physique. Il applique une réflexion vigoureuse aux problèmes posés par la
théorisation de la pratique de l'éducation physique (E.P.). Ses conceptions
devraient, semble-t-il, pénétrer peu à peu le milieu de l'E.P. et influencer
les enseignants dans les années à venir.
(1)
Revue E.P.S. nO 138, ~ - av~ 1916 p. 13 - 16;e~têe p~ THOMAS,
R : L'édueation rhq~~que. P~, P.U.F., 1911 p. 38.
- 214 -
C H AP I T R' E 'VII
LES UNIVERSITAIRES,
- 215 -
Parallèlement aux enseignants d'Education physique et dont nous
venons d'examiner les travaux, des universitaires, spécialistes de philoso-
phie ou de sciences humaines, travaillent à approfondir le domaine de
l'E.P.S. Encore peu nombreux à s'intéresser à ce secteur de recherche, long-
temps délaissé, ils devraient dans les années qui viennent, voir leur effec-
tif augmenter.
1. - L'UNIVERSITE DE TOURS
GEORGES RIOUX, RAYMOND CHAPPUIS, RAYMOND THOMAS:
A l'Université de Tours, le Pro GEORGES RIOUX développe avec RAYMOND
CHAPPUIS une conception humaniste. S'appuyant sur la phénoménologie, la carac-
térologie et la psychologie sociale, il propose une éducation du corps-
sujet et de ce fait parle de l'éducation corporelle. Il insiste sur l'inten-
tionalité et sur la notion de corps, lieu de présence au monde. Georges
Rioux s'intéresse particulièrement au sport et dirige une collection "Pszcho-
~d
pe
.
agog~e du spor t" aux Ed~t~ons
L
L
Vr~n
L
( 1) .
Georges Rioux préside également la Société française de Psycholo-
gie du Sport et d'Education corporelle qu'il a fondée. De nombreux colloques
internationaux ont été déjà organisés. l'Association est la seule en France
à être affiliée à l'International Society of Sports Psychologv (T.S.S.P.)
fondée en 1965 et à la Fédération Européenne de Psychologie des Sports et
des activités corporelles (F.E.P.S.A.C.) (2] .
(1) : La eoneeption de G. RIOUX et de R. CHAPPUIS ~t développée danô l'ou-
vJta.ge "L~ bM~ Nyehor~dagog-i.qu~ de l'fdueation COIlpolteUe. PaJU6,
VJt.in, 1968.
[21
C~ a.6.6odationô ont pOUlt d-i.66 ëJr.en..t..6 but.6 de eonWbue!t au développement
d~ .6e-i.ene~ du .6po/tt et de i' édueation phY.6-i.que - et plu.6 pa.Jttieuliè-
Itement de la P-6 yeholog-i.e - a.hL.6-i. qu'a i' aeeompLi..M ement de i' homme et a
l'améUoltation d~ peJt60!tmane~ .6potr..:ti.v~. EU~ oltgan.-iAent et eooltdon-
nent la lteeheJtehe .6uerttiMque, i' -i.n60ltma.ti.on et la doeumenta.t-i..on danô
le domaine de la P-6yeholog-i.e J.JpoltUve. EU~ pe!tmefteYl.t d'é:ta.b-Ult deJ.J
ltel.a.;Uonô J.JueYl.UMqu~ et .60c..-i.a.i..~ enbte J.J eJ.J memblt~ pM i' oltgan-i..6ation
d~ eoUoqu~, eoYl.glt è.6 ou .6 ympOJ.J-i.um6 J.J uenUMqu~. EU~ j o-i.gYl.eYl.t leUJtJ.J
e6601t-u a eeux d~. aubtu oltgarr.-i..6a.t.<.onô -i.nte!tYl.a.t.<.ona..e~ qu-i. OYl.t pOUlt
même but de eOYl.WbueJt au développement du eoltp.6, d~ aeUvUê.6 J.Jpo/tÜvu
et de la peJt.6oYl.n.a-Uté humMYl.e.
-
216 -
Raymond Chappuis, longtemps directeur des études à l'I.N.S., a
porté son attention sur ces différents secteurs. Ancien foot-balleur, il
s'attache d'abord à l'observation de l'équipe et réalise des recherches sur
la prise d'information visuelle des joueurs de sports collectifs, puis il
focalise son attention sur les problèmes relationnels du groupe centré sur
la réalisation d'une tâche. Il s'intéresse par voie de conséquence à l'in-
fluence de la relation pédagogique sur la pratique de la participation.
Il a animé pendant plusieurs années un courant de recherches à
l'I.N.S., au moment ou André DELSOL était directeur de l'établissement, il
a su introduire dans le milieu des entraîneurs sportifs certains concepts
des sciences humaines. L'administration de l'éducation physique n'étant pas
en mesure de promouvoir les spécialistes de sciences humaines, R. Chappuis
a dû quitter la Jeunesse et les Sports pour l'Université(7). Docteur d'Etat,·
il assure à l'Université de Tours un enseignement axé sur la relation.
Enseignant à l'Université de Tours et ancien pratiquant de haut ni-
veau, Raymond Thomas a cherché à préciser les facteurs qui expliquent l'a~
sion d'un sujet à l'élite sportive. Cette recherche l'a entraîné à étudier
les facteurs biologiques, psychologiques et sociologiques qui conditionnent
la performance sportive(2). Il a contribué à préciser la structure de la
motricité athlétique et a également travaillé en collaboration avec l'ENSEPS
sur le déterminant de la valeur physique de la population française. Il diri-
ge aux Editions Vigot une collection "Sport et Ensei@ement" destinée aux
professeurs d'Education Physique et aux entraîneurs.
(7] i Un ceJtta.,{,n nombJte d'ert6ugna.t1..-U qui .6e .6ont nolU7lé.6 aux. .6uencu huma).-
nu 0nt quitté la. J eune..6.6 e et .le..6 SpoJttl.> , CM .l 1-i.rt6 ~o n et .l r am-
b.<.a.nce da mi.Li..eu ne .leWL pe.lU7le;t;f:a.)..en.t pa..6 de .6' If ma).n.:te.n-ilt et ne .leM
0nnJuUen.t pM .la. pO.6.6ibilité de .6' e.x.ptUmeJt. En dehoM de .l' in.6pectoJta.t
et de la. médec..bte point de .6a..f.ut !
(2)
THOMAS, R. : La. JtéU.6.6..<...:te .6poJt.:t..<..ve. P~, P.U.F. 7915
-
217 -
La section de psychologie de l'Université de Tours, en liaison
avec le département de philosophie de l'Université de Paris l, prépare les
étudiants à un doctorat de troisième cycle d'éducation physique. Cette même
section,sous l'impulsion du Pro RIOUX et avec R. Chappuis, et R. Thomas,
s'intéresse plus particulièrement à la psychologie sportive.
La psychologie sportive est une branche indépendante de la psycho-
logie ; elle étudie l'homme en mouvement et sa personnalité dans le jeu, la
compétition ou les loisirs. La psychologie du sport et de l'éducation physi-
que s'intéresse par ses nombreux domaines - psychomotricité, éducation phy-
sique des enfants et adolescents, sport d'élite, activités physiques des
adultes, des personnes âgées, des handicapés, psychologie des loisirs - aux
aspects détaillés sur les plans éducatifs et didactiques de ces activités
sur le groupe et l'individu. Elle s'est considérablement développée au cours
de ces dix dernières années en tant que branche appliquée de la psychologie.
Ce domaine a été stimulé par la fantastique explosion à l'échelle mondiale
du mouvement sportif et par la contribution fournie par la biologie, la pé-
dagogie et la sociologie dans le domaine des activités physiques. La psycho-
logie du sport a grandement contribué au perfectionnement des techniques et
des méthodes servant à modeler la personnalité par l'intermédiaire du sport
et de l'éducation physique, à une compréhension plus approfondie et multi-
latérale de cette personnalité, ainsi qu'à la découverte des lois qui régis-
sent la performance sportive.
2. - LES AUTRES UNIVERSITAIRES
Michel BERNARD, maître assistant à l'Université Paris X, agrege
de philosophie, a longtemps enseigné à l'E.N.S.E.P.S. Il s'est donc intéres-
sé aux problèmes posés par l'E.P., mais il a plus particulièrement centré son
travail de recherche sur les rapports du corps et de la culture. Il a publié
aux Editions Universitaires un ouvrage intitulé: "Le corps".
Michel BOUET, professeur à l'Université de Rennes, a consacré sa
thèse d'Etat à la ?ignification du Sport et sa thèse complémentaire aux mo-
tivations des sportifs. Il s'interroge sur le rôle du sport dans la civilisa-
tion française et recherche ce qui en fait l'unité et l'unicité. Insistant
sur l'expérience du corps, sur le vécu corporel, l'auteur, agrégé de philoso-
phie, se place d'un point de vue phénoménologique. Bouet propose une classifi-
cation des disciplines en essayant de découvrir un principe dans le sens et
- 218 -
l'intentionnalité de chacune. Puis il retrace l'histoire du sport avant
d'en préciser les fonctions.
Bernard Jeu, professeur à l'Université de Lille, joint à une con-
naissance théorique du sport, une connaissance pratique. Il est en effet
président de la Ligue de Tennis de Table du Nord. Philosophe, il s'intéresse
à l'histoire du sport ; s~s origines religieuses, ses rapports avec le sacré,
ses fonctions, ses interprétations. idéologiques , sa signification. Il a aux
Editions Universitaires publié notamment "le sport, la mort, la violence".
Il anime à l'Université de Lille III, l'enseignement de certaines unités
de valeur consacrées au sport et permettant de préparer aux carrières admi-
nistratives et civiles de ce secteur.
Jacques Thibault, enseignant à l'Université de Bordeaux, s'est
spécialisé dans l'histoire de l'éducation physique dont il a analysé l'évo-
lution dans le système pédagogique français depuis la fin du XIXe siècle.
Sa réflexion critique éclaire également le phénomène sportif qu'il connaît
bien pour l'avoir vécu comme cadre responsable de la Fédération française
d'Athlétisme. Il a soutenu, en 1976, une thèse de doctorat d'Etat sur les
avatars du corps dans la pédagogie française.
Edgard Thill, chargé de recherche à l'I.N.S., pendant plusieurs
années, s'est intéressé à la personnalité du sportif. Il a observé plusieurs
centaines de spécialistes de haut niveau à l'aide de différents outils, tels
les questionnaires de personnalité J le test myokinétique ou les tests pro-
jectifs. Il a publié aux Editions Universitaires "Sport et personnalité".
Jacques Ulmann, professeur à l'Université de Paris l, a cherché
d'une part à lier les doctrines philosophiques et les conceptions de l'E.P.
d'autre part à caractériser les filiations des idées et leur évolution. Il
a situé chaque méthode dans son contexte culturel historique. L'un des pre-
miers universitaires français à s'être interrogé sur l'E.P., il a publié un
ouvrage sur l'histoire de l'E.P. qui fait autorité
en la matière(1).
Longtemps chargé de cours à l'E.N.S.E.P.S., il applique la réflexion phyloso-
phique à l'éducation physique, à ses moyens et à ses fins.
( 1)
: ULMANN, J. : op. c.J..;t. 1911. Va.rt.6 c.e.:t:te. deJtn-<..èJte. paJtutio n, .e.' a.u.te.Wt e.xa.m..t.-
ne., en c.omptémën1 de. .fil. ptte.m-<..èJte., .e.u te.nda.nc.u modeJtnu p. 385 . 408.
Son atte.ntion -6e. pOItte. -6Wt .e.u C.OW!.a.YI.t.6 quA.. .e.uA.. -6e.mb.f.e.nt le. ptu.6 maJt-
quant , .e.a. c.onc.e.ption de. LE BOULCH e.t ta. po-6.{;Uon maJr.X.i..6te..
- 219 -
Jean LE CAMUS, professeur certifié d'E.P.S., a longtemps enseigné
à l'Unitê d'Etudes et de Recherches en E.P.S. de Toulouse (U.E.R.E.P.S.).
Il y animait un courant de recherches notamment en psychomotricité ; il y
a introduit certains concepts de sciences humaines. La célébrité de ses tra-
vaux lui ont valu une promotion à l'Université de Toulouse II(7~où il est nommé
assistant. Il développe une conception humaniste, étudie les problèmes de
l'éducation physique des enfants, des adolescents, des adultes, des peronnes
âgées, des handicapés. Il s'intéresse à la psychomotricité, à l'homme en mou-
vement et à sa personnalité dans le jeu, la compétition ou les loisirs.
Il est l'un des animateurs d'un courant de recherches au Laboratoi-
re (nO 259) associé au Centre National de Recherches Scientifiques (C.N.R.S.):
"Personnalisation et Changements sociaux".
Son ouvrage "L'enfant maladroit" (Paris, P.U.F., 1981) fait notorié-
té dans le domaine de la psychomotricité en crise en France. Il a soutenu,
en Juin 1982, sa thèse de doctorat d'Etat: Les pratiques psychomotrices en
France. Retrosprective (1900-1980). Problèmes actuels et perspectives. T.l. et
2, Toulouse, U.T.M., juin 1982.
( 7)
:
L' a.~:tJta.:ti..oYl de. l'édu.c.a..ti.oYl phy.6.(.que. Yl' é.tfl.Yl.:t pM e.Yl mUWte. de.
yYtomouvo-iJc. lu .6pé.~.:tu de. .6Ue.YLC.U humaJ.rr.u, J. LE CAMUS a. dû.
qtU;tteJt l' U. E. R. E. P•s. pOUlt .e. 1 UrUveJt.6aé. TouloU.6 e. IL
-
220 -
CON
C L U S
I O N
Somme toute, les différentes méthodes et techniques pédagogiques
étudiées sont complémentaires et devraient s'articuler les unes avec les
autres. Elles devraient, à notre avis, éviter des polémiques inutiles et
nuisibles.
~n effet l'éducation physique n'a pas une vertu éducative en soi,
il s'agit d'appréhender cet objet dans sa relation au sujet. LE BOULCR par-
le de "pédagogie des opérateurs", PARLEBAS de "pédagogie des conduites motri-
ces", MERAND propose une "pédagogie de l'appropriation par l'enfant, de l'ac-
tivité". Ces trois courants mettent au centre de leurs préoccupations les
problèmes pédagogiques.
LE BOULCR adopte une démarche très rationnelle. Il faut savoir
qu'une telle orientation scientifique n'était jusqu'alors nullement envisagée:
faute d'une méthode rigoureuse d'approche de la réalité, les anciens courants
(hygiéniste, militaire, naturel ••. ) juxtaposaient des faits d'une façon plus
ou moins logique mais sans jamais pouvoir les saisir dans leurs processus.
LE BOULCR part plus particulièrement de l'étude du sujet. Les aptitudes, ou
facteurs de la valeur motrice~1)sont l'objet d'intervention, le traitement
de l'objet ("l'invariant") est second.
Chez PARLEBAS, c'est la relation sujet/objet qui est déterminante.
L'objet est étudié à travers cette relation; c'est ainsi que nous débouchons
sur la notion d'invariants. Ceux-ci constituent les différentes actions de
jeu. Dans un premier temps, il s'agit de dégager ces invariants pour les
proposer à l'enfant.
( 1) : M. VIAL eJrJ..:üque .ta JtéaL<.-té de c.u c.apa.c);tê.6 : "Un 6ac.-teuJt peu-t-il êt'te
c.oYL6-<.déJz.é c.omme une Jtéa..U.té que .t' -ind-<.v-<'du peu-t "po~.6édeJt" ? A no:tJz.e
av~, non. Le 6a.c.-teuJt u-t une ab~:tIta.c.tion ; c.' u-t .te Jtê.6uU:a..t d'une a.na.-
.ty.6 e ma.théma:ti.que -<.neUqua.n-t une pMen-té en.t'te deux ou p.tM-<'e.wt..6 éptr.f.,UVU
ou -typu d'ac.tiv-<.-té. M.a.-iA .t'a.na..e.y~e 6ac.-toJt-<.elle u-t -<.na.p-te à. en démon-
.t'teJt .t' ex-i..6-tenc.e en -ta.n-t que Jtéali-té e66 ec.tive, dé-teJtm-<.na.n-te de c.elle-
u e-t ptr.ée~-ta.n-te a c.elle-u...
PeYL6 eJt .te 6ac.-teuJt c.omme une c.aM e, c.' u-t pM un fYtOC.U.6U.6 -<'déa.R.-<..6-te,
ex:tJz.a.-<.Jte un JtûuR.-ta.-t ma.;thématique de .t' expélt-<.enc.e e-t "JtüQ-<.eJt" c.etie
ab.6:Otac.tion". -in CaMeJt.6 SuentiQ-<.quu de .t'E.P. Véc.embJte 1966 p. 14.
- 221 -
Il semble que chez MEFAND
une conception à peu près identique
t
soit développée.Le travail de formalisation débouche sur la mise en évidence
de la structure conceptuelle et logique de l'activité t c'est-à-dire aussi
sur l'invariant. Cet invariant caractérise un type de relation individu/
environnement. Ici t l'invariant n'est pas réductihle A l'analyse de la seule
activité. La notion d'invariant n'est pas superposable chez PARLEBAS et MERAND.
Là-dessus t il semble que nous soyons un peu contraint à une affirmation plus
qu'à
une démonstration. Chez MERAND t les différentes activités physiques
constituent des médiateurs dans la relation du sujet à l'environnement; elles
permettent au sujet de mieux assimiler celui-ci. L'intervention pédagogique
visera à faire apprendre à l'enfant l'invariant afin de rendre sa conduite
plus efficace.
LE BOULCR n'emploie jamais le terme invariant. En fait t le traite-
ment de l'objet est secondaire car celui-ci demeure sans signification si
le sujet ne possède pas les structures (motrices et ps~chomotrices)tapte à
les utiliser. Lorsque le problème de structures est résolUt le problème de
l'invariant ne se pose plus. Y. ADAM in Cahier du Centre d'Etudes et de
Recherches Marxistes nO 43 (C.E.R.M.) reproche à cette analyse factorielle
le fait d'être statistique. Pour nous t il ne semble pas avoir d'opposition
réelle entre LEBOULCR t MERAND et PARLEBAS t (et même les universitaires étudiés).
Voilà donc trois voies quit ayant un point commun t l'expérience
de l'enfant, qu'elle soit individuelle ou collective t accordent une valeur
très différente à l'activité t à l'objet, et posent différemment la problémati-
sation de l'intégration
formation/application, de l'intégration du sport
à l'E.P.
Le problème formation/application n'est pas spécifique à l'E.P.
et il ne serait sûrement pas inexact de dire qu'il est un écueil théorique
des méthodes pédagogiques.
On nous a dit: il faut former l'individu, le "doter de tous les
moyens avant de passer à l'application. L'éducation du sujet était ainsi dé-
composée en deux périodes distinctes t chronologiques: la formation puis
l'application. Proposer une telle distinction n'était pas sans problèmes
(nous ne revenons pas sur les problèmes soulevés par la méthode suédoise
par exemple). Les éducateurs s'en sont vite rendu compte: souvent, cette
formation ne débouchait sur aucune application ou bien sur une application
qui était largement décalée par rapport aux besoins auxquels il avaient à
faire face.
- 222 -
Les relations formation-application sont des relations d'ordre
dialectique. Il n'y a jamais formation puis application; la formation puise
son objet dans l'application, l'application enrichit la formation en fai-
sant surgir des problèmes nouveaux. MERAND et PARLEBAS
s'orientent délibé-
rement dans cette voie: partir de l'activité réelle des individus, c'est
adopter une conception dialectique des rapports complexes qui se nouent en-
tre l'activité et le sujet. Cependant, l'option de LE BOULCR est quelque
peu différente.Dans ses premiers travaux avançant l'idée d'exercice de base,
il renouait avec les prises de positions antérieures sur les rapports for-
mation/application. Les exercices de base avaient pour première finalité
de donner les bagages indispensables à la réalisation des différentes acti-
vités sportives. Aujourd'hui, LE BOULCR a lui-même dénoncé la voie sans is-
sue dans laquelle il s'était engagé.
Cependant, le fait de travailler sur les aptitudes, de développer
les facteurs de la valeur motrice avant d'aborder les activités sportives,
n'y-a-t-il pas là encore une coupure entre une E.P. de base et une E.P.
"complexe" dont la première serait le matériel indispensable à la réalisa-
tion de la seconde. En fait, LE BOULCR se défend de vouloir introduire cette
séparation (voir notamment le chapitre sur MERAND)et de la façon dont il
pose les rapports de la pédagogie des opérateurs et de la pédagogie des opé-
tions, il cherche à abolir la priorité d'une intervention sur l'autre; les
deux doivent être menées simultanément, mais il n'en reste pas moins que
tout l'effort doit être orienté vers le développement des facteurs de la
valeur motrice du sujet.
Pendant longtemps, les rapports du sport et de l'E.P. furent anta-
goniques. Rébert avait très bien concrétisé cette dualité dans son travail
"Le sport contre l'E.P.". Cette dualité naissait certainement du fait que
les rapports sport-société étaient méconnus. Le sport était considéré comme
un phénomène à part. Il relevait du jeu, tandis que l'E.P. avait des visées
bien déterminées: préparation militaire, santé, beauté du corps entre au-
tres. A ce ti tre, ces deux formes d' ac tivi tés son t inconciab les.
L'approfondissement de la connaissance du sport donne un éclairage
nouveau. Les ressorts de la compétition
peuvent être utilisés dans une pers-
pective éducative; il s'agit de pouvoir, à chaque instant, contrôler ses
effets sur le groupe et les enfants. MERAND organise la compétition, elle
constitue avec l'entraînement, la force motrice de l'acquisition des techni-
-
223 -
ques sportives. La compétition et l'entraînement sont les processus réels
de la vie sportive et doivent donc constituer le point de départ de tout
apprentissage. La valeur d'une telle démarche est incontestable au niveau
de la motivation chez l'enfant. Le rendement optimum se situe dans une jus-
te alternance de la compétition et de l'entraînement.
PARLE BAS et LE BOULCH accordent une moindre importance à la com-
pétition; celle-ci polarise beaucoup l'activité des enfants et souvent ris-
que d'éclipser, par le désir de gagner, le désir de bien jouer. Il est dif-
ficile de maîtriser la compétition, entendu que les enfants sont largement
influencés par les activités sportives quotidiennes et que celles-ci n'of-
frent pas
toujours le meilleur exemple.
La compétition n'est donc pas le seul élément d'intervention, elle
est une forme parmi d'autres.
Voilà en fait les grands thèmes autour desquels nous pourrions
approfondir le travail réalisé par chacun des auteurs. Ces axes retenus cons-
tituent réellement des points de repères pour juger des progrès réalisés en
éducation physique.
Tous les courants devraient concourir au but d'éviter toute divi-
.
Il
~ 1
d
l'
S
(1)
s~on, tout morce
ement, tout ec atement
u corps, de
E.P..
• Ils
sont, semble-t-il, nourris à la même source, et reposent sur les mêmes ap-
puis :
- sur une conception unitaire de la personne (développement de la
personne dans sa totalité par son activité propre en se fondant sur ses be~ ,
soins, ses intérêts' ses possibilités) ;
- sur la notion de "structuration réciproque" : "Le monde et le
moi se constituent corrélativement et se structurent réciproquement (MUCCHIEL-
LI). "Un geste modifie en même temps que le milieu celui qui le fait"
(WALLON) (2) •
(1)
PARLEBAS, VIGARELLO ••• ne me.ti:aJ.e.nt-m pa..6 en gaJtde c.ol'Wte une
"E.P.S."en m.i..e!!eJ.J" da.M -teWt ép.i..!:,témo-tog.i..e de -t'E.P.S. ?
(2 J
I/UCCHIELLI et WALLON c,Uû paJt J. LE BOULCH bt "L' Educ.a.t.i..on pM -te
mouvement". PClJl...i..6, E.S.F. 14e éd., 1911 p. 21.
- 224 -
~s
Nous pensons que toutesAthéories et pratiques physiques et spor-
tives aujourd'hui, pour être utiles à la Côte d'Ivoire, devraient trouver
un terrain· d'entente interne, afin d'être cohérentes, soudées, efficaces;
c'est à ce prix que l'E.P.S. peut prétendre posséder de nos jours certaines
vertus éducatives.
Après cette mise au point nécessaire sur les courants, méthodes,
techniques pédagogiques, il convient à présent de faire des propositions
constructives pour les institutions et systèmes d'E.P.S. en Côte d'Ivoire.
Puisse la Côte d'Ivoire, un jour, cesser de souffrir de ces maux que nous
dénonçons vivement !
- 225 -
QUA TRI E ME
PAR T l E
PROPOSITIONS CONSTRUCTIVES POUR
LES INSTITUTIONS ET SYSTEMES DE
LA COTE - D'IVOIRE 1
- 226 -
1 -
INTRODUCTION
La politique est l'art, de choisir; dans le domaine sportif,
où les contraintes sont nombreuses et les objectifs multiples, cette règle
se vérifie plus qu'ailleurs: 1es::responsab1es successifs, nous l'avons vu
dans notre deuxième partie, n'ont pas su définir des options à long terme.
Ils se sont trop souvent contentés de gérer un budget et d'allouer des
crédits, d'ailleurs dérisoires, plutôt que d'élaborer une politique qui fait
cruellement défaut aujourd'hui, malgré les efforts louables de l'actuel
ministre.
Cette lacune, constatée et déplorée hier, semble devoir être
comblée à présent, si l'on en juge par les multiples projets de politique
sportive soumis depuis quelque temps à l'opinion publique. Tous ces projets
présentent des ensembles cohérents de mesures, reflétant une certaine
conception du sport, qui sont autant d'alternatives de gouvernement. Cet
ouvrage n'a pas pour ambition d'ajouter une variante à une liste déjà lon-
gue de projets. Il a pour but de dégager ce qui, constitue le fondement
même de la politique sportive, au-delà des divergeances d'ordre idéologique
ou tactique (voir les parties précédentes de notre travail).
Il propose en somme d'élaborer une sorte de programme commun du
sport, acceptable par toutes les parties intéressées (fédérations et asso-
ciations diverses), et présente un ensemble de propositions concrètes et
d'application immédiate, pour en amorcer le renouveau. Une telle politique
devrait tenir compte d'un certain nombre de données, dont le caractère
contraignant peut varier.
- 227 -
1. - CONSCIENCE CLAIRE DES CONTRAINTES.
Ainsi apparaît en premier lieu une contrainte juridique, carcan
rigide; donc il faudrait changer la loi si l'on veut réaliser vraiment
du neuf.
Plus importante paraît la contrainte financière. Budget limité,
le budget des prochaines années risque en outre d'être un budget moins ef-
ficace, malgré toutes les critiques actuelles et en dépit de toutes les
promesses. futures ; dans la mesure où il comprendra une part croissante des
charges fixes, c'est à dire de fonctionnement: en effet le traitement et
le nombre des personnels enséignants vont suivre une évolution, identique à
celle des rémunérations de la fonction publique. Par voie de conséquence,
dans l'hypothèse où le montant global du budget n'augmente que faiblement,
la part disponible pour financer les autres actions tend à diminuer ; notam-
ment la part des crédits réellement liés à la mise en oeuvre d'une politique
sportive, c'est à dire tout ce qui touche aux actions d'investissement, risque
d'en être affecté.
Une telle situation de pénurie de crédits face à l'étendue des
besoins commande deux attitudes :
- privilégier la recherche de solutions peu coûteuses,
- rechercher de nouvelles ressources financières extérieures au
budget de l'Etat.
Enfin, les contraintes pqlitiques conduisent à un intervention-
nisme croissant de l'Etat. La Côte-d'Ivoire n'est pas prête à renoncer à un
sport de haute compétition. L'opinion publique, orchestrée et amplifiée
par les mass-media, attribue à l'Etat la respon~abilité des échecs de nos
athlètes dans les compétitions internationales, même s~ l'Etat n'est pas,
en fait, le seul intervenant dans la préparation des sportifs et dans le
développement du sport.
- 228 -
Ces différentes contraintes permettent de mieux· définir le
domaine du possible en matière sportive, et ce qui relève de l'utopie.
Elles conduisent notamment à une définition sélective des objectifs.
2. - UNE DEFINITION CLAIRE DES OBJECTIFS.
Il nous paraît nécessaire de définir d'abord les objectifs qu'il
ne faudrait pas confondre avec les notions de but, fin, finalité, visée,
intention.
En effet, de l'étude présentée par Louis NOT (1), nous notons
les définitions suivantes :
Le but, c'est expressément désigner ce qu'on se propose d'at-
teindre par une action ou une série d'actions: le baccalauréat, la pos-
session d'une maison, un lieu au terme d'un déplacement, être champion
sportif du monde, etc.
Les fins, c'est sous forme plus générale, ce vers quoi, ou en
vue de quoi une action est faite: l'esprit civique, la solidarité, la
santé •••
Les finalités sont les orientations actuelles que les fins im-
priment à l'action.
Les visées sont les orientations volontaires d'une action ou
d'un processus vers un objet ou un point à atteindre - par extension cet
objet ou ce point.
Les intentions sont dans l'ordre mental, ce que les visées
sont dans l'ordre pratique; elles désignent ce que se propose de faire celui
qui agit.
(1) ~ NOT L. : (~ouo ta ~e~~) : A ~opo~ d~ objeetiô~ en pédagogie.
in T~avaux de t'Univ. de TOULOUSE-LE-MIRAIL. Toulouoe, 1919, pp. 13,
14 e;t pa.Mhn.
- 229 -
Les objectifs sont les comportements dont l'élève (l'apprenant)
doit être capable au terme de son apprentissage. Par extension, ce sont
les comportements qu'on lui propose pour acquérir ces capacités.
Après cette clarification des termes, et à propos du sport, il
ne s'agit pas d'obliger à un choix entre tel ou tel type d'activité spor-
tive : on a voulu trop souvent opposer sport d'élite et sport de masse en
refusant de voir que, même s'il n'y a pas un lien automatique, de l'un à
l'autre, ces deux formes de pratiques seraient complémentaires et devraient
être traitées avec une égale considération.
Une véritable politique sportive devrait être une politique
cohérente et sélective. Elle devrait prendre en compte les différents
domaines où s'exerce -ou devrait s'exercer- l'activité sportive: sport à
l'école, à l'entreprise, dans le club, sport loisir, haute compétition,
etc ...
Les objectifs de l'activité sportive ne devraient pas être fixés
ou annoncés en fonction du seul critère des hautes compétitions, des Jeux
Olympiques (comptabilisation du nombre de médailles gagnées, •.• ou perdues
- comme l'ont souvent fait nos ministres).
Un premier objectif conSisterait à n'omettre aucun secteur dans
les actions à entreprendre, et à éviter de s'engager par exemple dans des
querelles épuisantes et vaines sur les rôles et les mérites respectifs de
l'école et du club en matière de formation (voir les chapitres précédents).
Bien sûr, parm1 tous les secteurs de l'activité sportive, il
faudrait établir des priorités.
À,
cet égard, l'importance dé l'éducation
sportive, beaucoup trop négligée jusqu'à présent, serait essentielle et
devrait être prise en compte.
Mais surtout, il faudrait savoir qui fait quoi, et pourquoi et
comment il le fait. On l'a dit, les responsabilités dans le sport ivoirien
sont mal assumées : les intéressés se rejettent les responsabilités à
- 230 -
l'occasion d'un échec de nos couleurs sur le plan international; les mi-
nistres, responsables de fédération, directeur technique national, entraî-
neur, joueurs et athlètes, et même le météorologiste, coupable d'imprévi-
sion, se renvoient la balle à qui mieux mieux, se lançant dans des contro-
verses qu'alimente l'opinion publique, et dont le sport ivoirien en sort
une fois de plus vaincu. Il faut nécessairement trouver un bouc émissaire.
Cette attitude, dont nous n'avons d'ailleurs pas l'exclusivité,
traduit bien l'absence d'une répartition claire des responsabilités.
En ce sens, on pourrait parler de la nécessité d'une sélectivité
dans la politique sportive, non, pas en fonction d'interventions, toutes
dignes d'intérêts, mais plutôt en fonction des intervenants.
Tous ne peuvent tout faire : les responsabilités du mouvement
sportif ne pourraient être les mêmes lorsqu'il s'agit de participer à l'en-
seignement du sport à l'école (où il aura forcément un rôle très marginal),
à la détection des jeunes espoirs, ou encore au financement des centres
d'entraînement des athlètes. De la même façon, les responsabilités de l'Etat
varieraient suivant les secteurs d'intervention.
3. - REPARTITION CLAIRE DES RESPONSABILIIES.
Il faudrait donc, et ce serait le deuxième objectif, harmoniser
les relations entre les différents intervenants, afin de mieux définir
les responsabilités.
La dualité de responsabilité entre le Ministère de la Jeunesse,
de l'Education Populaire et des Sports et le mouvement sportif est parti-
culièrement évidente dans le sport de haut niveau: l'Etat assure la quasi-
totalité du financement des dépenses, tandis que les fédérations ont le
rôle important dans la sélection et la préparation des équipes nationales.
- 231 -
S'il est nécessaire de respecter le principe de la dualité de
responsabilité, il est encore plus urgent d'organiser les règles de la
collab9ration entre le ministère chargé des sports et le mouvement spor-
tif en fixant à ce dernier des actions précises à réaliser. Cela impli-
querait, notamment pour le sport de haut niveau, de mettre en place des
structures de coordination entre les deux partenaires, dans des conditions
qui puissent être acceptées par le mouvement sportif.
Par ailleurs, la constatation que le sport ivoirien repose en
grande partie sur le bénévolat conduit à s'interDoger sur la place et la
responsabilité particulières qui peuvent lui être reconnues à l'avenir.
Nous pensons que le principe du bénévolat devrait demeurer le
fondement même du sport en Côte-d'Ivoire, mais il serait nécessaire d'en-
visager des mesures susceptibles de le relancer et de renforcer son action
essentielle d'animation et d'entraînement.
4. - SATISFACTION DES BESOINS NOUVEAUX
Cette action prend relief tout particulièrement avec l'apparition
de secteurs nouveaux d'activité sportive et le développement de besoins
dont la satisfaction constitue le troisième objectif que devrait poursuivre
la politique sportive.
Sur le plan sportif, la véritable transformation de notre pays
serait entrain de se jouer ou de se perdre dans des domaines jusque là
ignorés ou à tout le moins négligés : la réduction du temps de travail et
son corollaire le développement des loisirs amènent de nouvelles catégories
de gens à s'intéresser à la pratique sportive: de plus en plus le sport
n'est plus seulement l'affaire de l~école ou du club, mais redevient action
individuelle, désir de sortir du cadre contraignant de la compétition.
- 232 -
La montée de ces nouveaux besoins s'exprimant déjà, sur un plan
économique, par la demande croissante d'équipements et de matériels cor-
respondant à ces nouvelles activités sportives : elle ne peut pas ne pas
avoir de conséquences sur les structures sportives actuelles, et il incombe
aux responsables d'en prévoir l'importance pour en prévenir les effets;
tâche qui n'est pas simple, car on sort du domaine de la prévision quanti-
fiable pour aborder celui de la prévision 'qualitative : comment s'exprime-
ront les besoins sportifs des Ivoiriens en l'an 2000 ? (cf. notre première
partie).
c'est de la réponse à cette question, qui suppose des options
à long terme, que dépendrait l'existence ou l'absence d'une politique spor-
tive, beaucoup plus que des résultats des Jeux Olympiques.
De cet ensemble d'objectifs et de contraintes, se dégage un en-
semble de propositions que l'on pourrait regrouper autour de trois thèmes
centraux"qui sont les éléments indispensables de toute politique sportive
cohérente :
- Une action visant à instaurer une véritable éducation sportive,
- Une politique spécifique de l'élite,
- Une politique générale tendant à intégrer le sport dans la
v~e quotidienne des Ivoiriens.
Mais une politique ne vaut que par les moyens qui sont utilisés
pour la réalisation des objectifs qu'elle définit
aussi est~il primordial
de s'attacher à définir des moyens nouveaux pour le sport.
- 233 -
CHA PIT RE HUI T 1 EME
DES MOYENS NOUVEAUX.
-
234 -
1. - LE SECOND SOUFFLE.
La détermination des responsabilités et le constat d'échec qui
l'accompagne pourraient conduire à privilégier des actions en profondeur
au niveau des structures nationales du sport ivoirien. Comme en tout domaine
où la situation se révèle mauvaise, il est tentant de s'attaquer aux ins-
titutions considérées comme causes de tous les maux, en négligeant le fait
qu'elles ne valent que par l'esprit qui les anime.
Certains estiment ainsi indispensable de revoir toute l'organi-
sation du sport ivoirien, à son niveau le plus élevé : les insuffisances
du Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports, l'in-
compétence du Comité National Olympique de Côte d'Ivoire justifieraient un
bouleversement des institutions. On ne s'engagera pas dans une telle voie.
1. 1. - L'Etat
économie d'une réforme.
Il est à coup sûr souhaitable que, le plus tôt possible, le
département ministériel chargé des sports dispose d'un véritable pouvoir,
soit une force capable de se faire entendre dans la discussion budgétaire,
notamment auprès du ministre des Finances. Cependant chacune des solutions
comporte des inconvénients. Le régime actuel întroduit une séparation gê-
nante entre les enseignants d'E.P.S. et les autres, et maintient dans la
conception de l'éducation, un dualisme qu'il faudrait faire disparaître
au plus vite. A l'inverse, un rattachement du Ministère chargé du sport
à celui de l'Education présenterait l'inconvénient de rendre dépendant un
département qui devrait conquérir son autonomie et qui n'a que trop pâti
d'une succession de subordinations à différents ministères (Education.
Forces Armées. Culture. et~.·
).
- 235 -
On ne voit que trop ce que le sport pourrait gagner à être
ainsi "noyé" au milieu de départements aussi différents.
Pourquoi ne pas admettre que le sport est une activité qui se
justifie par elle-même, dont les caractères particuliers et divers la font
toucher à différents domaines (Education, Santé, Loisirs, Culture ... ), mais
n'appartenir à aucun, et qui mérite d'avoir son administration propre. Un
authentique ministère des Sports devrait prendre en charge l'ensemble des
problèmes auxquels donnent lieu la pratique sportive, y compris l'école
primaire, et ne pourrait se chargerde missions annexes ou peu complémen-
taires : ce qui provoquerait des pertes de temps, d'argent, et des contro-
verses inutiles autant que prolongées à l'heure où le temps presse et l'unité
est nécessaire.
1.2. - Le mouvement sportif
changer l'esprit.
De la même manière, un bouleversement des structures du mouve-
ment sportif ne paraît pas souhaitable. La hiérarchie Comité National
Olympique - Fédérations - Clubs - pratiquants individuels - est tout à
fait conforme à ce qui se fait à l'étranger et la nécessité d'un exécutif
du mouvement associatif, coiffant l'ensemble de la pyramide, n'est pas à
remettre en cause.
Par contre, des réformes importantes devraient être introduites
dans le fonctionnement interne des fédérations et du Comité National
Olympique de Côte d'Ivoire, afin d'en faire des instruments adaptés aux
besoins du sport moderne : ces groupements sportifs, chargés de hautes
responsabilités, devraient être en mesure de les exercer réellement avec
les meilleures garanties de sérieux et d'efficacité, grâce à trois actions
importantes.
Renforcer, étoffer progressivement les services des fédérations
et du Comité National Olympique, les doter d'un outil administratif et
technique efficace, car leurs tâches et l'évolution de leurs effectifs
prennent une ampleur croissante.
- 236 -
. Dans tous les cas, il paraît nécessaire de développer le
nombre de cadres permanents, notamment administratifs et d'an accroître
la compétence par une formation appropriée et assurée à l'I.N.J.S. (Ins-
titut National Jeunesse et Sports) : l'Etat pourrait l'encourageren créant
des écoles de cadres fédéraux, où serait donnée une initiation à la ges-
tion, à l'administration, à la comptabilité pour le personnel employé par
les fédérations.
Par ailleurs, l'autorité de tutelle pourrait veiller à ce qu'une
partie de la subvention accordée à une fédération soit consacrée à la rému-
nération de cadres permanents. A terme, cette évolution devrait conduire à
une situation dans laquelle le président de fédération serait lui-même un
véritable permanent,
bénéficiant d'une indemnité de fonction et consacrant
la totalité de son temps à la mise en oeuvre de la politique fédérale. Car
le sacrincebénévole ne pourrait plus suffire, bien qu'il faille vivement
l'encourager.
1.3. - Une démocratisation authentique.
La plupart des critiques portant sur l'organisation du mouvement
sportif se concentrent sur le mode d'élection au sein des groupements spor-
tifs (fédérations, Comité National Olympique) : mauvaise représentation de
la base, conservation de la production d'une élite aristocratique incontrô-
lable, favorisation des manoeuvres de couloir et d'encouragement au maintien
en place "d'apparatchiRs".
Au lieu de proposer de nouvelles modifications de détail qui
compliqueraient encore davantage une organisation qui ne brille déjà pas
par sa clarté, mieux vaudrait revenir à un principe simple et net, n'appa-
raissant révolutionnaire qu'à ceux qui se satisfont d'un ancien régime
désuet: l'élection directe des dirigeants par la base selon la manière
suivante
- 237 -
· élection des comités directeurs de fédérations par l' e~semble
des "licenciés" sur la base d'un scrutin de liste avec possibili té de pana-
chage ;
• élection du conseil d'administration du Comité National Olym-
pique par l'ensemble des membres des comités directeurs des fédérations
dans les mêmes conditions que ci-dessus : tous les sports forts ou faibles
en effectifs de "licenciés" et en nombre de clubs devraient avoir voix au
chapitre.
Dans tous les deux cas, les organes élus éliraient à leur tour
le président de la fédération et le président du Comité National Olympique.
Ces élections devraient avoir lieu tous les quatre
ans
(espace d'une olym-
piade) afin de permettre au président de disposer de toute latitude pour
mettre en oeuvre la politique fédérale et de se doter des moyens de la
réaliser.
Par ailleurs, il serait souhaitable que certaines places dans
les assemblées élues soient réservées à des catégories particulières de
pratiquants: champion de haut niveau, jeunes sportifs, clubs omnisports
notamment.
· Un contrôle plus étendu : en organisant un contrôle plus strict
des cadres techniques (directeurs techniques nationaux entraîneurs natio-
naux, etc •. ) dotés en même temps de pouvoirs plus grands et d'une rémuné-
ration en rapport avec leur rôle, en subordonnant l'octroi des subventions
à la présentation par les fédérations de plans quadriennaux (avec obligation
de moyens-pour l'Etat, de résultats pour la fédération), l'Etat pourrait
parvenir à un meilleur contrôle qui n'entrave pas, pendant la durée du plan,
l'action fédérale. Le fonctionnaire représentant le ministère auprès de
chaque fédération devrait assumer son rôle avec tout le sérieux nécessaire,
chose que ne facilite pas l'improvisation qui préside aux affectations
actuelles: les banquets fédéraux sont un excellent moyen d'établir ou
d'entretenir des contacts cordiaux, mais la politique de relations publiques
de l'administration des sports ne devrait se réduire à cela. Les comptes
d'emploi annuels des subventions sont-ils réclamés et examinés, à l'heure
- 238 -
actuelle, avec toute la vigilance nécessaire?
De cet ensemble de mesures pourrait sortir un mouvement sportif
rénové, plus puissant, et plus responsable : le fond importerait plus que
la forme et un état d'esprit nouveau pourrait apporter plus de changements
et de bienfaits qu'une'réforme de structures. Car ce qui manque le plus
au sport ivoirien, c'est une volonté de collaboration, ce dont il souffre
le plus, c'est de l'absence de coordination des actions des différents
intervenants, et d'un trop grand cloisonnement.
L'éparpillement des efforts est source d'antagonisme et d'ineffi-
cacité
instituer une collaboration là où règnent la division et la méfiance
paraît la première urgence.
La collaboration avec tous les intervenants en matière sportive
ne devrait pas être illusoire, mais réelle. Elle est déjà dans certains
domaines particuliers (les
sections sport-études en France par exemple),
il faudrait l'instituer et la généraliser en Côte d'Ivoirei
Dans le jeu subtil de rapports entre l'Etat et le mouvement
sportif où, l'inconstance est la règle, il serait nécessaire d'introduire
un élément de stabilité qui ne soit pas remis en cause à chaque changement
de ministre, ou à chaque nouveau conflit interne au mouvement associatif
la constance dans l'action devrait devenir un principe fondamental de la
politique sportive.
Pour la réaliser, la conclusion de contrats fermes quadriennaux
avec les différentes fédérations paraît être un moyen privilégié.
1.4. - Une politiguê contractM§lJ.& entre l'Etat et l~
fédérations.
Les fédérations s'engageraient à atteindre certains objectifs
augmentation du nombre de "licenciés" avec des échéances données et la
-
239 -
promo~ion du sport pour tous d'une part, la participation aux compétitions
internationales d'autre part. Elles devraient mettre en oeuvre certains
moyens propres : effort de restructuration propre à chaque fédération,
financement d'un nombre déterminé d'éducateurs sportifs, aide financière
aux centres de formation et aux centres d'initiation sportive des clubs
habilités, financement de sections sport-études à créer dans le cadre du
contrat.
L'Etat, pour sa part, s'engagerait à financer en partie ou en
totalité les actions suivantes :
- formation d'éducateurs sportifs faisant l'objet d'un finance-
ment préalable des fédérations ;
- création de postes de conseillers techniques à un rythme annuel
à déterminer;
- création de sections sport-études à deux niveaux (au niveau du
s~cond cycle au centre d'académie; au niveau du premier cycle dans le
cadre départemental) et moyennant une participation des fédérations à leur
financement ;
- aide aux centres de formation·des clubs concourant à l' initila-
tion sportive ou à la dêtection~de l'élite,
- réalisations d'équipements légers et d'aires de jeux néces-
saires à la fédération concernée pour accompagner sa politique de promotion
du sport pour tous.
Ces engagements financiers devraient avo~r un caractère pluri-
annuel, contraire en thé~rie au principe de l'annualité budgétaire. En
fait.il apparaît que, pour les crédits de fonctionnement, la règle des
services votés impliquerait que les crédits fixés la première année soient
reconduits et actualisés d'année en année. Il y aurait donc lieu de "pla-
cer la barre" suffisamment haut à l'origine pour en assurer la reconduction
systématique.
- 240 -
Cette politique contractuelle entre les deux partenaires devrait
permettre de coordonner et d'harmoniser leurs politiques.
1.5. - Des structures de coordination
au n~veau national.
La politique contractuelle devrait être complétée par la mise
en place de structures de coordination, composées de représentants de tous
les horizons (Etat, mouvement sportif, collectivités locales, secteur privé,
cadres sportifs, etc ••• ), ayant pour mission d'instaurer des ressources ex-
tra-budgétaires conduisant à une gestion paritaire, de déterminer la poli-
tique du "~port pour tous".
Ces structures mixtes pourraient préfigurer un projet plus ambi-
tieux, mais aussi plus loinnain, de constitution d'une grande commission
mixte, véritable exécutif du sport ivoirien qui consacrerait la réalité de
la politique contractuelle (Un Office national du sport).
Faire participer le mouvement associatif au niveau national per-
mettrait de relancer le sport ivoirien dans la bonne voie. Encore faudrait-
il que ce mouvement se prolonge au niveau local où l'absence de coordination
est également très sensible.
Faudrait-il un Office National du Sport? (1)
• Etablissement public à caractère scientifique et culturel jouis-
sant de l'autonomie juridique et financière •
• Géré par un conseil d'administration composé de représentants
- de l'Etat à concurrence de 50 % des sièges,
- du monde associatif dont les sièges seraient répartis entre
les fédérations, le Comité National Olympique et les sportifs
de haut niveau.
(1)
Vo-Ut.tU .te.x.:t.e..-6 Jtég~.oan.t .t'06Mc.e. Yl.CtÜon.a.t du. Spotr-t de. Co.te. d'Ivo-Ute.
e.n. ann.e.xe. II pp. 374 à 413.
- 241 -
. Ressources : produit de ressources extra-budgétaires (coti-
sations, contributions diverses) ;
• Organisation
trois co~ssions mixtes
- une commission financière s'occupant de la gestion des res-
sources (organisation matérielle, répartition des fonds entre
les différents secteurs),
- une commission mixte "sport pour tous" ,
- une commission mixte "sport de haut niveau", (les deux der-
nières commissions devant comprendre l'ensemble des parties
intéressées à la réalisation de l'objectif).
1.6. - Assurer une meilleure coordination au niveau local.
Qu'il s'agisse de la création des équipements sportifs, du
fonctionnement et de l'entretien de ces équipements ou encore de l'aide"
financière apportée aux groupements sportifs, les communes jouent un rôle
de tout premier plan dans la promotion du sport en Côte d'Ivoire, mais
elles rencontrent certaines difficultés :
- mauvaise coordination avec l'action des autres partenaires
locaux :
établissements scolaires, corps enseignant, dirigeants et en-
traîneurs des associations sportives, qui ont trop souvent tendance à s'i-
gnorer les uns les autres.
- pour des raisons à la fois techniques et financières, les com-
munes ne peuvent répondre seules à la demande croissante d'activités spor-
tives, sans s'appuyer sur d'autres organismes, notamment sur le mouvement
sportif, en établissant avec celui-ci des rapports contractuels.
Cette coordination pourrait être assurée au sein des offices
municipaux et intercommunaux des sports, dont il faudrait recommander la
généralisation dans les collectivités de plus de 5.000 habitants.
- 242 -
Abandonnant son rôle ancien d'attribuer les subventions munici-
pales sans se préoccuper de la mise en oeuvre d'une véritable politique
sportive locale (octroi des crédits), le rôle de l'Office municipal du
sport devrait évoluer vers celui d'exécutif local en matière sportive
(organe de contestation privilégié, d'organisation, d'harmonisation des
activités locales des clubs, ligue, association sportive) : il devrait
soutenir, encourager et provoquer tous efforts et toutes initiatives pour
développer la pratique de l'E.P.S., et le contrô1e-médico-sportif, il
devrait faciliter en E.P.S. une coordination des efforts et le p1einemp1oi
des installations, du personnel permanent et bénévole existant dans la
localité.
Il s'agirait d'instaurer des rapports contractuels entre les
municipalités et les gro~pements sportifs locaux. Les communes ne pourraient
tout faire seules, ni se substituer à l'initiative des groupements sportifs,
dont elles pourraient au contraire favoriser l'activité.
Des contrats entre les municipalités et les clubs pourraient
porter sur les points suivants :
- Les équipements : ils pourraient être réalisés par les munici-
palités et les clubs en collaboration pour faire des économies de dépenses
d'investissement et de fonctionnement,
- Le développement de la pratique sportive dans les clubs
La commune pourrait, dans les dispositions d'un contrat, s'engager à ouvrir
davantage ses installations sportives à un club (n'ayant pas toujours les
structures et l'encadrement suffisant pour une demande croissante des
habitants), à participer à la rémunération de cadres techniques et éventuel-
lement à accroître le montant de sa subvention, à condition que ce club
accepte d'augmenter de façon substantielle ses effectifs et de renforcer
ses structures par ses moyens propres.
- Le développement du sport pour tous en dehors du cadre strict
des clubs.
- 243 -
La demande pour la pratique sportive de masse sans affiliation
à un club se fait actuellement sentir. Certaines organisations ou communes
commencent à mettre en place des épreuves de masse (cross-country, tournoi
de foot-ball, de volley-ball ••. ) ainsi que des séances de sport pour tous
(footing, parcours cyclistes •.. cf. la 1ère partie du travail).
Les contrats avec les clubs pourraient prévoir que les communes
aient l'initiative de l'organisation de ces épreuves et de ces séances et
que les clubs apportent le soutien technique et matériel indispensable à
de telles manifestations: arbitres, contrôleurs, cadres techniques, petit
matériel, etc ••• En contre partie, la municipalité verserait au club une
somme destinée à couvrir les frais engagés, venant compléter la subvention
annuelle de fonctionnement.
Cette politique contractuelle devrait contribuer à renforcer les
structures et l'audience des groupements sportifs, locaux. Ceux-ci pourraient
sortir de l'isolement et de l'état d'assistance qui, trop souvent, les
caractérisent.
Enfin, un dernier type de contrat de collaboration devrait
être organisé entre les établissements scolaires et les groupements spor-
tifs, à l'occasion de l'initiation à l'école. Il est examiné plus loin
(cahp. IX
).
En développant la concertation à tous les niveaux, on réalisera
une véritable politique contractuelle: en introduisant un état d'esprit
nouveau dans le monde fragmenté du sport ivoirien, un pas essentiel sera
franchi; le reste, non moins indispensable, est affaire de moyens.
2. - L'ARGENT POUR LE SPORT.
Nerf de la guerre, l'argent est aussi la clé du succès de la
politique sportive
c'est à l'importance des moyens financiers dégagés
pour la réaliser que l'on juge la réelle volonté de l'Etat de faire du
sport une obligation nationale; c'est à leur pauvreté qu'on apprécie le
-
244 -
décalage entre la parole et l'acte, entre la hauteur du discours et la
médiocrité de la réalité.
En Côte d'Ivoire, où le verbe reste roi, ce décalage prend
l'allure d'une véritable tromperie: tromperie pour les sportifs, dont les
espérances chaque fois alimentées par de nouvelles promesses, sont régu-
lièrement déçues ; tromperie pour les profanes, pour qui les textes et les
déclarations d'intention suffisent.
Affirmer que le problème nO 1 du sport n'est pas un problème
financier relève de la plus totale ignorance ou de la plus complète mauvaise
foi: c'est oublier le déficit de postes budgétaires d'enseignants d'E.P.S.,
évalués à plusieurs milliers, c'est oublier les difficultés quotidiennes
des clubs et de leurs animateurs, sans qui le sport ivoirien n'existerait
pas; c'est oublier les zones d'ombre d'une politique d'équipement qui
certes a permis de grands progrès, mais qui, en préférant trop souvent le
luxueux à l'utile, a entraîné des disparités choquantes; c'est oublier,
enfin, tous ces pratiquants potentiels qui, fauted'incitation suffisante,
restent à l'écart de toute activité sportive.
Des progrès sont accomplis dans tous les domaines, mais le point
de départ était si bas que cette constatation ne devrait pas entraîner une
autosatisfaction déplacée, qui ne justifie rien actuellement, si l'on com-
pare la situation du sport ivoirien à celle de ses homologues africains.
L'urgence commanderait de consacrer de nouveaux moyens financiers
au sport
il y va de son avenir, il y va de la crédibilité des pouvoirs
publics.
Dans la crise actuelle que traverse l'économie mondiale, les
possibilités d'intervention budgétaire sont limitées, mais toutefois, d'au-
tres voies pourraient être suivies pour obtenir des moyens financiers nou-
veaux: l'aide du secteur privé, les divers dons, participations bénévoles
des jeunes aux différents travaux d'équipement etc •.•
- 245 -
3. - LES EQUIPEMENTS
DU VERT DANS LE CITE.
Le développement des équipements sportifs parait, a priori le
moyen le plus efficace pour promouvoir le sport en Côte d'Ivoire. Pourtant
cette solution n'est pas immédiate.
Le niveau d'équipement sportif atteint par la Côte d'Ivoire
depuis quelques années est, à bien des égards, à peine suffisant (mais
toutefois satisfaisant en comparaison avec les autres pays voisins), et
sa répartition révèle d'assez fortes disparités géographiques.
Les résultats internationaux de la Côte d'Ivoire et la pratique
sportive n'ont pas enregistré une progression parallèle au développement
des équipements (voir la première partie).
Malgré cette progression de l'équipement sportif, son insuffi-
sance se double d'une insuffisance de l'encadrement: moins de stades et
mo~ns d'animateurs sportifs!
3.1. - La politique actuelle de l'Etat en matière d'équipements
sportifs.
Les objectifs de la politique actuelle ne seraient plus unique-
ment quantitatifs (augmenter le niveau d'équipement sportif). Plus inci-
tative, cette politique viserait à assurer le plein emploi et l'ouverture
à t~us des installations, à diminuer les coûts de revient favorisant la
constitution de réserves;.foncières et l'utilisation de procédés de cons-
truction industrielle standardisée, et à obtenir une meilleure répartition
géographique des équipements. L'intention est une chose, la réalité une
autre •.•
Ainsi, pour atteindre ces objectifs, force est de remarquer
que l'Etat a tendance à réduire son effort financier: le budget d'équipement
du ministère des Sports est resté au même niveau en francs constants (nous
- 246 -
l'avons vu dans la première partie de notre ouvrage) ; à part ces investis-
sements correspondant à des travaux de création, de modernisation, d'ex-
tension de l'Institut National Jeunesse et Sport (I.N.J.S. : établissement
de formation des cadres sportifs et socio-éducatifs).
L'intervention financière de l'Etat s'amenuisant, le ministère
de la Jeunesse et des Sports, s'efforce d'orienter la po~itique des équipe-
ments sportifs par une action technique. Là aussi l'encadrement sportif
reste encore très faible.
Avec l'urbanisation croissante, il existe des disparités locales
de plus en plus aggravées a9jourd'hui :_comme les espaces verts, les ter-
rains de sports, ouverts à tous, sont réduits à la portion congrue dans
la cité. En outre, plus généralement. se pose un problème de charge finan-
cière pour les communes. Pour tenter de résoudre ces difficultés, un appro-
fondissement de la politique actuelle serait nécessaire.
3.2. - Rôle des collectivités locales dans le développement
des équipements sportifs.
En raison de la stagnation des crédits accordés par l'Etat aux
équipements sportifs, le rôle des collectivités locales serait primordial.
L'Etat devrait réduire une partie du poids de la T.V.A. (Taxe sur la Valeur-
Ajoutée), versée par les communes sur les équipements.
Afin de limiter leur. charge, les comm~nes devraient s'efforcer
de rationnaliser la gestion de leurs équipements. Le plein emploi des ins-
tallations, et leur ouverture à tous, devraient être des formules efficaces.
De même, l'amélioration des techniques de construction utilisant des maté-
riaux locaux peu onéreux, pourrait favoriser un meilleur emploi des équi-
pements. Enfin, le choix d'équipements regroupés et polyvalents constituerait
une solution rationnelle.
- 247 -
.3.3. - Trois axes pour un approfondissement de la politique
des éguip~ments.
3.3.1. - Pour un emploi plus sélectif des subventions
de l'Etat.
Il serait tout d'abord nécessaire globalement de faire cesser
l'amenuisement progressif des subventions d'équipement, en interrompant le
transfert de charges qui s'effectue actuellement au détriment des collec-
tivités locales.
Un emploi plus sélectif des subventions devrait
- favoriser la réalisation de certains types d'équipement corres-
pondant aux besoins actuels de la population : équipements légers, travaux
d'aménagement des espaces de plein air (sentiers pour la marche et le footing,
pistes de randonnée, baignades aménagées ... ). Les travaux pourraient être
réalisés grâce à la participation bénévole des sportifs eux-mêmes et plus
généralement des jeunes (cf. les travaux de type lfinvestissement humain").
On ne peut tout attendre de l'Etat.
- favoriser une réduction des inégalités régionales, en établis-
sant une "carte sportivelf , comme il existe une "carte sanitaire" pour l'é-
quipement hospitalier ou une lfcarte scolaire".
L'établissement de "carte sportive" reviendrait à diviser le
territoire national en secteurs géographiques, à faire l'inventaire des ~ns
tallations existantes et à élaborer pour chaque région un indicateur préci-
sant le niveau a~tuel d'équipement et l'objectif à atteindre. L'indicateur
serait égal au rapport :
équipement
sportif.
Population
Il pourrait être détaillé par type d'équipement (terrains de
sport, salles couvertes, piscines, espaces de plein air et de loisirs) et
- 248 -
fournirait donc des informations sur les besoins particuliers de chaque
région pour chaque type d'équipement.
Dans les secteurs géographiques défavorisés, les taux de subven-
tion seraient augmentés ainsi que les travaux de type "investissement humain"
(participation bénévole des jeunes) pour faciliter la réalisation d'installa-
tions nouvelles.
Enfin, il serait souhaitable de relier davantage l'octroi des
subventions à la prévision des charges de fonctionnement souvent trop lourdes
pour les communes (prévision des charges d'exploitation pour un projet
d'investissement).
3.3.2. - Pour une meilleure prise en compte des
équipements sportifs dans la planification
urbaine.
Plusieurs textes (notamment une «irculaire interministérielle)
insistent sur la liaison qu'il convient d'assurer entre les équipements
sportifs et les plans d'urbanisme. Malheureusement la pratique est souvent
trop éloignée de cette préoccupation.
Trois.orientations pourraient être retenues pour améliorer cette
situation
- La réalisation de groupes scolaires devrait effectivement ~'ac
compagner de la construction ou de l'existence d'équipements sportifs, dans
un rayon de 500 mètres.
- L'établissement des plans d'urbanisme (plans d'occupation des
sols) devrait être lié à celui des plans d'équipement sportif des services
de la Jeunesse et Sports, en imaginant de
réserver dans les ensembles ur-
bains des "mètres carrés sportifs", comme existent déJà des "mètres carrés
sociaux" .
- 249 -
La réalisation d'espaces de plein air et d'équipements sportifs
devrait être effectivement imposée dans l'aménagement des zones industrielles
et des zones d'habitation.
3.3.3. - Pour une concertation avec les groupements
sportifs et les fédérations.
La programmation des équipements sportifs pourrait faire l'objet
d'une concertation entre les administrations, les collectivités, les fédé-
rations et associations sportives.
Une concertation entre responsables nationaux du sport des dif-
férents pays du monde et les fédérations internationales devrait s'imposer,
si l'on voulait éviter, à l'avenir, des incidents susceptibles d'entraîner
des conséquences financières considérables
(un simple changement dans le
règlement de la fédération internationale de hand-ball a suffi pour rendre
la majorité des terrains de hand-ball impr9P~es aux compétitions interna-
tionales).
4. - L'ENCADREMENT
UN ETAT D'ESPRIT ET DES HOMMES.
Donner davantage d'argent au sport est une condition nécessaire
mais insuffisante ; encore faut-il que ces ressources nouvelles soient af-
fectées à des actions utiles: parmi celles-ci l'amélioration de l'encadre-
ment constitue certainement la priorité essentielle. Car l'animateur spor-
tif joue un rôle irremplaçable quel que soit son niveau : à la base, il est
le support de toute pratique sportive, le pôle autour duquel se créent puis
se développent les initiatives, l'étincelle qui engendre la vie. On peut
concevoir un club sans terrain ni équipements, mais on ne peut concevoir un
club sans animateur. Au niveau plus élevé, l'animateur tend à s'effacer
devant le technicien, mais son rôle demeure essentiel : il est celui qui
détecte les talents, les forme
à la technique de la
discipline, les guide
dans les difficultés de la compétition; rôle souvent ingrat, aux yeux du
public notamment.
-
250 -
Il serait aussi prioritaire d'insister sur le rôle du bénévolat
en Côte-d'Ivoire, dont la crise actuelle se traduit par une diminution des
vocations d'animateurs dans les clubs.
D'une manière générale, il semblerait que l'encadrement n'a pas
suivi dans son évolution l'énorme développement qu'a pris le sport dans la
vie moderne (voir la Première partie de l'ouvrage), et qu'il hésite sur la
voie à suivre et sur le choix des moyens à employer : le conseiller tech-
nique (1) occupe trop souvent une situation inconfortable, dépendant de
l'autorité de plusieurs (l'Etat, le mouvement sportif) et ne pouvant compter
sur l'appui d'aucun, en cas de difficultés, les bénévoles refusent l'intro-
duction de l'argent dans le sport sans pouvoir l'empêcher, les techniciens
du sport de haute compétition s'inquiètent des passions qu'il déclenche,
sans pouvoir les contrôl~r ; l'animateur de club a le sentiment de prêcher
dans le désert devant l'excès d'indifférence, l'entraîneur national est sans
défense devant l'excès de passion. Dans tous les cas, les moyens manquent
pour avoir prise sur la réalité.
Essentiel et:menacé, le rôle de l'animateur justifierait donc que
soient menées des actions précises, adaptant l'encadrement aux différents
niveaux de la pratique sportive et redonnant à l'encadrement une jusee,place
on pourrait ainsi privilégier :
- la promotion du bénévolat,
- la constitution d'un corps de techniciens du sport,
- une politique "tous azimuts" d'utilisation des compétences,
- l'organisation d'une véritable médecine sportive.
4.1. - ~romotion indispensable du bénévolat.
Le mouvement sportif repose pour l'essentiel sur tous les béné-
voles qui acceptent de consacrer une part importante de leur temps de loisir
à l'encadrement des membres des associations sportives.
(J l - COYL6 eil!e.M -te.c.hn-i.qu.eA Jtég.w na.u.x. (C. T. R. J u dépaM:eme.n.ta.u.x. (C. T. V. )•
- 251 -
Aujourd'hui le principe du bénévolat serait mis en question et
sa faculté d'adaptation aux besoins du sport moderne (exigences actuelles
de la compétition) ; certains n'hésitent pas à tresser d'ores et d~jà fleurs
et couronnes pour l'enterrement d'un bénévolat qui a rendu de bons et loyaux
services, mais qui a fait son temps
: l'heure serait-elle venue de se lancer
dans une professionnalisation de l'animation sportive, qui permettrait de
payer les compétences et qui garantirait l'efficacité? D'une manière plus
générale, les rigueurs accrues de l'entraînement dans tous les sports donnent
à penser que la seule bonne volonté ne suffit plus.
Cependant, le bénévolat, à notre avis, devrait conserver sa place
dans le sport ivoirien: même si son rôle est forcément plus limité dans
les domaines ou à des niveaux qui relèvent de la technicité ou de la spécia-
lisation la plus grande, sa disponibilité fondamentale pour recueillir et
structurer les initiatives individuelles, sa présence constante pour assurer
la vie quotidienne du club et son dynamisme pour en surmonter les difficul-
tés sont des atouts irremplaçables, qu'il faudrait à tout prix sauvegarder
le renouveau de la vie associative, dont on parle tant à l'heure actuelle,
et qui devrait profiter au sport, passerait par une promotion de l'animation
locale et du bénévolat.
Il serait temps de reconnaître que le bénévole assume dans notre
société une fonction nécessaire au service de la collectivité, qu'il par-
ticipe à l'exécution d'un service d'utilité publique: sacrifice de temps,
sacrifice d'argent, négligence de la famille pendant le temps de loisir.
Puisque cet animateur de club fait de l'éducation sportive, il faudrait lui
reconnaître la qualité d'éducateur et de formateur.
Au lieu d'aider les bénévoles, l'Etat (soit directement, soit
par l'intermédiaire du comité gérant les ressources affectées au sport) devrait
subventionner l'animation sportive: allocation à chaque club d'une aide
proportionnelle au nombre de bénévoles y exerçant une activité d'encadrement,
notamment auprès des jeunes.
- prévoir un régime d'aménagement des horaires de travail
- 252 -
permettant au bénévole de disposer de quelques he~est pour tenir compte
de son activité d'animateur.
- envisager divers avantages pour le bénévole : libre accès à
toutes les installations sportives à toute heure de la semaine t possibilités
de réduction sur les tarifs des transports.
- prévoir la possibilité d'intégration de certains bénévoles
(les plus ardents) dans le corps des éducateurs sportifs du premier degré
cette incitation pourrait se faire sous la forme d'un bonus accordé aux
candidats au brevet en fonction des années d'encadrement passées dans le
club, pour la partie "spécialité", la partie "tronc commun" quant à elle
restant inchangée et étant passée dans les conditions normales. La présence
de ces bénévoles au niveau du premier degré des brevets d'Etat ne devrait
pas fausser la concurrence, puisque à partir
du deuxième degré, les condi-
tions d'obtention seraient rigoureusement égales pour tous. Mais le petit
"coup de poucell donné au bénévolat pour le rattacher à la filière des bre-
vets d'Etat n'en conserverait pas moins toute sa valeur symbolique.
Mais plus qu'une aide au bénévole lui-même, c'est d'une aide
au principe du bénévolat que le sport a besoin; une campagne d'information
par l'Etat et le mouvement sportif devrait être organisée afin d'augmenter
le recrutement des animateurs des clubs.
4.2. - Le corps de techniciens du sport.
Si les bénévoles sont indispensables à la vie du sport en Côte
d'Ivoire, leur présence ne s'opposerait pas à la nécessité de disposer,
de cadres permanents compétents qui consacrent l'essentiel de leur activité
à l'entraînement des athlètes de haut niveau et à la formation des anima-
teurs notamment bénévoles.
- 253 -
4.2.1. - Les éducateurs sportifs.
A cet égard, l'institution des brevets d'Etat d'éducateurs spor-
tifs à trois degrés serait très positive ; mais aussi on pourrait imaginer
un brevet d'Etat de loisirs sportifs (cf. chap. X' , 2.4.
l'action
"Sport pour tous") faisant appel à des qualités d'animateur, de gestionnaire
plutôt qu'à une compétence technique dans une ou plusieurs spécialités.
D'une·manière plus générale, la politique de formation des futurs éducateurs
sportifs devrait être mise au point. Cette mission de formation entre d'ail-
leurs parfaitement dans le domaine de compétence des conseillers techniques
et pourrait être assurée (ce qui est déjà amorcé) à l'I.N.J.S ..
4.2.2. - Un corps de conseillers techniques.
Une deuxième action devrait être engagée en faveur des fédéra-
tions, visant à mettre à leur disposition des techniciens compétents (tech-
nicien itinérant de haute qualification, le conseiller technique est chargé
en permanence d'établir la liaison entre l'administration qui l'emploieet
l'organisme sportif avec lequel il collabore: rôle délicat et ingrat sou-
vent, surtout quand il y a un échec sportif). Ces techniciens Gnt pour mis-
sion de promouvoir le sport à tous les niveaux, de préparer la sélection,
d'entretenir les équipes nationales, de découvrir les espoirs et de former
les entraîneurs. C'est dire l'importance de ce personnel plus qualitative
que numérique.
Pour accroître l'efficacité d'un personnel~directeur technique
national (D.T.N.), entraîneur national (E.N.) ; conseiller technique régio-
nal (C.T.R.), et départemental (C.T.D.Daussi utile au développement du
sport, il serait possible d'envisager trois mesures visant à unifier, à
étendre et à enrichir le corps des conseillers techniques.
- 254 -
Pour éviter la diversité d'origine des conseillers techniques,
source incontestable de ce corps (des professeurs d'E.P.S., d'anciens ani-
mateurs de club, d'anciens athlètes de haut niveau, etc.
), pour éviter
l'hétérogénéité de statut, de rémunération, d'avantages, il est souhaitable
de créer un corps unique de conséillers techniques sportifs, recrutés sur
la base des brevets d'Etat, et recevant tous une formation complémentaire
1
à l'r.N.J.S. d'Abidjan. En accordant à tous le même statut et les mêmes
rémunérations, il serait possible d'inciter davantage les personnes compé-
tentes à se consacrer au sport. L'Etat devrait procéder à une revalorisation
indiciaire, afin de les protéger contre les pressions de toutes sortes.
4. 2. 2. 2. - Ete.nd.!te. te. C.OJr.P.6 de..6 C.OYl..6 eJ..ile.Jr..6 te.c.hYÛqu.e..6
a.ht.6..<. que. te.UM c.ompéte.nc.e.6.
L'extension du corps devrait permettre de généraliser ces conseil-
lers sur l'ensemble du territoire national. Pour les sports principaux, un
conseiller technique par département serait souhaitable. Des postes de
conseillers techniques en nombre croissant devraient être en outre réservés
à la "spécialité" "sport pour tous" au moins au niveau régional, dans un
premier temps.
4.2.2.3. - E~c.h..<.Jr. te. c.oJr.p.6 de.6 C.OYl..6e...<..e..e.e.Jr..6 te.c.hn..[que.6
pa.J!. .ta. CJiéa.tion. d'a.n..<.mCLte.UM .6poJr.t..<.6.6 loc.a.ux.
La commune recruterait par contrat un animateur sportif et rece-
vrait une aide financière (40 % à 50 % pendant trois ans par exemple) de
l'Etat pour la rémunération de cet animateur. Celui-ci contribuerait à
assurer la coordination entre les différents partenaires du sport (commune,
direction départementale de la Jeunesse et Sports, office municipal des
sports, mouvement sportif, écoles), à compléter la formation des bénévoles,
à prendre des initiatives pour le développement~du sport.
- 255 -
On rappellera ici la formule des "régisseurs municipaux" du
Québec, agents locaux travaillant auprès des "corporations municipales"
dont le traitem~nt est pris en charge partiellement par le gouvernement
du Québec pendant une période correspondant à l'installation de l'agent et
au lancement de ses activités.
On indiquera aussi qu'une expérience intéressante se développe
en France, qui consiste en la prise en charge par certains conseils généraux
d'animateurs de Service d'animation sportive,
(S.A.S.• ), qui deviennent en
fait, de véritables animateurs cantonnaux.
4.3. - ~politique "tous azimuths"d'utilisation des compétences.
Toutes les compétences devraient être mises au service du sport
D'anciens athlètes de haut niveau, n'ont jamais eu la possibilité
de révéler l'expérience qu'ils avaient acquise et de donner des conseils
à leurs successeurs, avant de préférer retourner vers l'industrie du sport
ou vers des professions sans lien ancun avec le sport (vers l'oubli total).
Il serait souhaitable de faire bénéficier prioritairement ces athlètes,
au terme de leur carrière, de leur intégration dans le corps des entraîneurs
nationaux et des conseillers techniques. En tout état de cause, le succès
de cette action dépend de la mise en oeuvre de la réforme proposée plus haut.
- Renforcer la participation des professeurs d 'E.• P. à la vie des
clubs et des associations, en faisant faire obligatoirement, aux futurs
professeurs durant leurs années de formation, un stage dans un club pour
mieux connaître la vie du mouvement sportif. Par ailleurs, leur emploi du
temps devrait comporter trois heures d'enseignement à effectuer dans des
clubs civi ls .
- La créatiomldu service national sportif, accessible aux jeunes
désirant passer un b~evet d'Etat ou ayant commencé leurs études de profes-
sorat d'E.P. devrait permettre à ces p~atiquants d'assurer les tâches
d'encadrement sportif dans les clubs.
- 256 -
- Il serait possible de recourir au service des fonctionnaires
et des salariés sportifs. Dans la fonction publique, un crédit d'heures
serait accordé aux fonctionnaires titulaires d'un brevet d'Etat pour assurer
les tâches d'encadrement dans les associations sportives internes à l'admi-
nistration ou distinctes de celle-ci.
- De même, les salariés titulaires d'un brevet d'Etat pourraient
bénéficier d'un crédit d'heures pour se consacrer aux activités sportives
de l'entreprise, sur décision du comité d'entreprise.
4.4. - Organisation d'~,une véritable médecine sportive.
La médecine sportive existe-t~elle en Côte-d'Ivoire? On pour-
rait en douter. Malgré quelques efforts timides, malgré la présence mar-
quante de quelques grands spécialistes (Dr. ENDRIVET ••. à l'I.N.J.S.), an
dépit de quelques succès certains en matière de traumatologie notamment,
l'ensemble de la discipline reste profondément marginal à l'heure actuelle.
Dans les clubs, la consultation médicale obligatoire préalaellH'
à l'obtention de la "licence" est loin d'être généralisée.
Le nombre de médecins spécialistes dans le sport est très faible:
Il est à noter que quelques médecins généralistes pour la plupart, dont
la compétence en la matière ne résulte même pas de la possession du C.E.S.
(Certificat d'Etudes Spéciales) de biologie et de médecine du sport, déve-
loppent heureusement une action d'ailleurs très constructive auprès du mou-
vement sportif et de la masse des pratiquants.
Il devient important de souligner, comme le Docteur PERRIER (1)
que "la médecine sportive ressemble à un organisme en apparente santé, mais
soumis à des troubles de fonctionnement".
(1] - Vocte~ PERRIER cité p~ ENAULT G. et colt.
op. c.ft.. p. 148.
- 257 -
Depuis
trois ans, la "réorganisation de la médecine sportive"
est à l'ordre du jour, du moins si l'on en croit les affirmations officielles.
Ainsi fut instauré un livret médical scolaire, ayant pour objet de recueil-
lir des données d'ordre médical sur chaque élève, et constituant la première
étape de la détection et de l'orientation.
La constitution d'un corps de médecins spécialistes serait par-
ticulièrement nécessaire: elle supposerait la création d'un ou plusieurs
postes à l'agrégation chaque année. Par un phénomène de boule de neige,
on pourrait penser que la Côte d'Ivoire serait dotée, d'ici à quelques
dizaines d'années, d'un nombre suffisant de spécialistes.
D'ici là, il faudrait assurer tout de suite un contrôle médical
sérieux de la pratique du sport: une action d'information auprès des
médecins généralistes et des clubs serait nécessaire et pourrait revêtir
une forme spectaculaire. Cette information devrait se doubler de mesures
de contrôle précises :
sanctions contre les clubs dont les "licenciés" ne se soumet-
traient pas à un examen médical préventif ; responsabilisation des dirigeants
de clubs.
mise en place progressive de structures d'accueil: développe-
ment au n1veau local des centres médico-sportifs, création dans chaque
C.H.R. (Centre hospitalier et de recherche) ou C.H.U. (centre hospitalier
universitaire) d'un centre médicofsportif ; la Sécurité Sociale pourrait
être associée à la mise en place de telles structures, qui favoriseraient
le passage d'une médecine curative à une médecine préventive.
- 258 -
CHA PIT RE NEUVIE ME,
PAS D'EDUCATION SANS SPORT.
- 259 -
l, - INTRODUCTION
Le premier objectif que devr~it viser toute politique sportive
serait de donner à tous les jeunes une formation complète et équilibrée en
matière d'E.P.S. Il y va de l'avenir sportif du pays, il y va aussi de la
santé physique et morale de la population. Et eette exigence serait encore
plus pressante aujourd'hui à la campagne comme en ville.
Plus que jamais nécessaire, le sport à l'école est aussi plus que
jamais négligé, on l'a vu, et dénoncé. On ne pourrait plus se contenter en-
core longtemps de telle médiocrité, de moyens, d'ambition, des mêmes paroles
apaisantes, prononcées par les ministres :
"Tout ira mieux demain".
c'est tout le système éducatif dans son ensemble qui devrait être
mis
en cause, c'est au responsable de l'Education de réagir, pour faire
du sport un véritable prœjet éducatif; l'affaire est d'une telle ampleur
qu'elle dépasse largement les compétences des pouvoirs du responsable des
sports, quelles·'que soient les bonnes volontés qui s' y manifes tent.
2. - RECONCILIER SPORT ET EDUCATION.
Il faudrsit commencer par vider définitivement une mauvaise
querelle qui consiste à distinguer et opposer sport et éducation. Il serait
grand temps que l'on comprenne:lenfin que, dans le développement d'un enfant,
tout est lié; nous l'avons souligné dans notre analyse des courants, mé-
thodes, et techniques pédagogiques (cf. 28 et 3e parties).
- 260 -
Certes le sport conserve la valeur qui lui est traditionnellement
reconnue d'activité de délassement, de détente, préparatoire à de nouveaux
exercices intellectuels. Plusieurs rapports tels ceux de Debré-Douad,de 1962
en France (1), du Professeur José Maria Carigal (Espagne) (2) soulignent le
rôle éducatif du sport à l'école, et dénoncent, dans un système scolaire
super-intellectualisé, spécialisé et sélectif, les facteurs de surmenage
et de "malmenage". Dans cette perspective, le sport aurait un rôle d'hygiène
intellectuelle, en contribuant à l'équilibre psychique du jeune.
Mais de nombreux travaux ont dépassé ce stade et révèlent la
fonction éducative de l'activité physique. L'oeuvre d'un Piaget (3) notamment
montre l'importance de la motricité chez le jeune enfant; le mouvement est
source de connaissance ; ce que confirment les travaux du Professeur Lise-
lotte DIEM (R.F.A.) qui s'est depuis de nombreuses années spécialisée dans
l'étude des activités physiques de la première enfance et qui a travaillé en
liaison étroite avec des pédiatres réputés: "Il n'est plus utopique au-
jourd'hui de concevoir un système éducatif construit à partir des activités
physiques et sportives" (4). Ceci serait surtout vrai pour l'enfance. Ensuite
Piaget n'en parle plus, et les chercheurs en E.P.S. pas davantage (LEBOULCH,
PARLEBAS , MERAND ... ) ; mais une recherche serait nécessaire et souhaitable
pour tenter d'allier les "activités humaines supérieures" et les "activités
physiques supérieures" non seulement durant l'enfance, mais aussi durant
les autres stades de développement (adolescence, âge adulte ... ). Le lien
étroit entre le psychisme et la motricité, entre les facteurs psychomoteurs
et les facteurs quantitatifs ou d'exécution (que LEBOULCH (5) a contribué
( 1) - Le. ftappotLt ".ta. Oa.û.gue. de.J.J éc.oüvw OJta.nç.a.-W da.M .te. J.JYJ.J:tème. J.Jc.o.ta.<Jte.
a.e-tue..t" de. Oe.bJté-Ooua.~ OE 196 2, e.-Ué pM ENAULT e.:t. c.oU. Op. e.-U. p. 761
(2) - SEURIN P. : op. e.-U. p. 103, 104, cite. .ta. c.on6é.Jte.nce. du pJt. JoJ.Jé Ma.Jtia.
Ca.gi.gai. a.u C.OuM cl' une. JtéMon d' e.xpeJ!.,U O!tga.ni.J.Jé.e. pM .t'UNESCO a
Wa.Mung:ton (oc.:t.o6Jte. 1911) J.JuJt.te. :thème. ".te. SpoJt:t. de.va.n:t. .t'Edu.c.a.tion".
(3) - P-iage.:t n'a. rm1he.uJte.Me.me.n:t. plU mo n:t.Jté .t1 i.mpoJt:t.a.nc.e. J.J Y-6:téma.:t.i.que. de. ta.
mo.tJU.cité J.JuJt .t 1i.n:t.eiLi..ge.nc.e. (e.:t. JtéupJtoque.me.n:t.) de. .t 1a.do!e.J.Jc.e.n:t. ou
de. .t 1 a.du1.:t.e..
(4) - PJt0oe.-6J.Je.UJt L. OIEM c.i.:t.ée. pM P. SEURIN, op. c.i.t.p. 105.
(5) - J. LEBOULCH pe.nJ.Je. que. ve.JtJ.J 16-11 a.n-6 .t'i.n:t.~o~a.:t.i.on du J.Juje.:t., au
Jte.yYtéJ.Je.n:t.a.:t.<.on e.:t. ~e. de. c.oMue.nc.e. de. Mn "c.oJtpJ.J-PJtopJte." J.J:ta.ti.que.
ou e.n mouve.me.n:t. pvune:ttJw.Â..t d'a.n.ti.upe.Jt J.JUJt une. J.JUua.;t.[on e.n evr;üc.u.ta.n.t
de.-6 phéno mène.-6 mo:te.U!t.6 a.ve.c. .e.e.J.J ni.ve.a.ux. a.00e.c.:t.i.0J.J e.t c.09nU.<:6J.J du J.J uj e.:t.
eUe. a.UJta...U même. J.Jon pJto.tonge.me.n:t. da.n-6 .ta. Jte..ta.x.a..Upn.
- 261 -
le mieux à mettre en évidence, cf. notre 3e partie) serait la condition
essentielle de l'équilibre du développement: le contact avec les autres,
la notion du monde extérieur sont des éléments que l'enfant apprécie peu à
peu, au fur et à mesure que sa perception du mouvement s'affirme, que son
expérience du geste se développe. Nous dépassons là les limites de la psycho-
motricité de LEBOUtCH qui s'arrête à mi-chemin, et qui évolue quand
même
grâce à Parlebas (voir 3e partie) : la psychomotricité met l'accent sur l'in-
dividu (cf. l'idéologie phénoménologique de LEBOULCH), mais l'individu agis-
sant est un être social et sa motricité est toute empreinte de cette dimen-
sion sociale. "C'est une conduite motrice d'adaptation en milieu physique
et social, la plus consciente et contrôlée possible, d'un agent qui se meut
comme un être entier en situation, engagé en totalité dans chacun de ses
actes moteurs" (cf. Parlebas in Revue E.P.S. nO 85, p. 13). L'activité phy-
sique et sportive permettrait donc à l'enfant, mieux que toutes les autres
disciplines enseignées, de prendre conscience de son corps et des relations
avec les autres, de structurer l'espace et le temps. Elle favoriserait sa
maturation psycho-socio-motrice . .
Le sport ne serait plus délassement, mais élément d'éducation.
De là découlerait une conception unitaire de la formation, où toutes les
activités, quelles qu'elles soient, concourraient à un même degré à l'épa-
nouissement et au développement de la personne. "Ce n'est pas une âme, ce
n'est pas un corps qu'on dresse, c'est un
"
homme (Montaigne) (1). Cette
conception unitaire, mise en lumière à travers l'étude des courants pédago-
giques de LEBOULCH, PARLEBAS , MERAND (cf. 3e partie) serait encore. neuve en
Côte d'Ivoire. Elle devrait progressivement pénétrer les esprits et permettre
la réconciliation définitive du sport et de l'éducation. Il faudrait repré-
ciaer que par sport, nous entendons ici activité physique et sportive et
d'expression corporelle; qu'il serait vain de continuer à opposer le sport
à l'éducation l'un conduisant au divertissement et l'autre à l'enseignement
que le sport (ou le jeu) ne devrait plus être banni de l'école; car depuis
l'époque (1926) où
Georges HEBERT écrivait "Le sport contre l'Education
physique", les mentalités auraient heureusement évolué. Aujourd'hui, on
{J) - Montaigne, cité p~ G. ENAULT
op. cit. p. 162.
-
262 -
s'accorderait à reconnaître au sport un intérêt certain dans la formation
des jeunes : sa fonction hygiénique, sa fonction ludique seraient davantage
appréciées aujourd'hui où, du fait des conditions de la vie moderne, elles
seraient d'une nécessité absolue. Son lien avec l'Education physique serait
évident, on l'a vu ; il en serait le prolongement, il supposerait la con-
na~ssance et la maîtrise du corps qu'elle permettrait d'acquérir (cf.
LEBOULCH, dans la 3e partie de ce travail).
Aujourd'hui, plutôt que de parler d'un~ éducation physique et
sportive, serait-il préférable de parler plus simplement et plus générale-
ment de l'éducation sportive (Sport étant évidemment entendu ici comme en-
semble des activités physiques et sportives et d'expression corporelle).
3. - L'EDUCATION SPORTIVE, CHANCE DE L'ECOLE.
3.1. - Ses divers aspects.
Introduire le sport à l'école pourrait être jugé dangereux pour
certains, sensibles aux excès de la compétition, inquiets des désordres
et des passions qu'il engendre. En réalité, l'éducation sportive devrait
être conçue comme une discipline normale, où la pédagogie mise en oeuvre
devrait éviter les inconvénients évoqués: il ne s'agit pas d'orienter dès
l'école vers la compétition, mais de réaliser une initiation sportive en
utilisant les vertus éducatives du jeu et en canalisant les forces qui
s'expriment dans la lutte. Tout,autour de l'enfant, est compétition, les
études se présentent comme une course d'obstacles, partout "l'obtention
d'une situation" dans la vie suppose lutte et antagonisme. N'est-ce pas ici
le rôde d'une école rénovée que de préparer à cette compétition de la vie,
de forger les mentalités en conséquence, d'inculquer le respect des règles
de jeu, la coopération ?
L'éducation physique devrait alors s'apprécier sous trois aspects
différents, compte tenu des besoins et des possibilités ivoiriens analyés
dans la première partie
1
j
1
1
- 263 -
- La formation physique: L'enfant devrait être amené progressi-
vement à la connaissance des gestes, des mouvements d'entretien du corps,
à la prise de conscience des facteurs d'exécution nécessaires à la maîtrise
corporelle (force, vitesse, détente, qualités morphologiques). L'éducation
sportive permettrait l'acquisition des stéréotypes nouveaux en agissant
directement sur les aptitudes du sujet, permettrait la facilitation de
l'insertion du sujet dans le monde, s'il disposait au départ de capacités
suffisantes pour agir efficacement. L'accent devrait cependant davantage
être mis sur la fonction hygiénique, avec le but de parvenir à un niveau
de santé individuel et collectif satisfaisant, gage du développement de·
la Côte-d'Ivoire.
~ La formation psychologique: L'éducation sportive permettrait
de développer les qualités psychiques de l'individu (sens de l'effort,
goût du travail, force de caractère, volonté), d'expliquer les processus
psychomoteurs et leur relation avec les niveaux moteurs (voir LEBOULCH et
PARLEBAS étudiés dans notre 3e partie). L'éducation sportive devrait per-
mettre de maîtriser les facteurs affectifs dans l'apprentissage et la pratique
moteurs, non pas en les éliminant, mais en le.s intégrant le plus adroitement
possible dans chaque situation, afin d'atteindre un développement harmonieux
de la personnalité; plus encore elle devrait tenir compte d'un "incons-
cient moteur, ignoré, sinon nié, mais qu'on ne pourrait empêcher de sourdre
sous des formes parasites apparemment incohérentes, en réalité chargées de
sena" (1). Certains exercices seraient vécus comme des expériences individuel-
les (exercices de prise de conscience de son "corps-propre" (cf. LEBOULCH)
au sein d'un groupe qui influence considérablement leur exécution; d'autres
exercices proposeraient des tâches collectives (voir la psycho-socio-motri-
cité de Parlebas et la sociomotricité de MERAND : 3e partie de l'ouvrage).
Il n'y aurait pas. qu'un "parallélisme fonctionnel" (2) entre les éléments
affectifs, cognitifs et moteurs, mais une véritable interpénétration, une
interinfluence constante. L'êducation sportive développerait le sens imagi-
natif, la faculté d'invention de l'individu quand le jeu se substitue à
[1) - Pa.lLte.ba..6 P.
: Re.veLe. E. P.S. nO 102, pp. 23 e;t 25.
(2) - POUlt P,w.ge.-t, l 'a63e.dIv.ctê aUlta);t paWt /.) e.u.l but de. décte.nc.heJt l t amon
dUlta.n-t la. pha.-6e. de. déve.loppe.me.rt-t de. i' e.n6a.n.t, e.Mu"i;te. eUe. /.)e.tr1U.;t C.OM).-
dé/tée. c.omme. un. "6aue.UIt peJt;tUltba.rt-t" qu. 1 il. /.)' ag.<JttUi d' éc.aJtteJt a6).n
de. POu.vo-iA a.bou.t.<Jt au. /.)y/.)-tème. équ.il).bfté e.-t fte.vvw).ble..
- 264 -
l'exercice imposé
elle deviendrait une activité créatrice (Voir PARLEBAS,
MERAND) •
- La formation sociale: C'est certainement ici que l'effet de
l'éducation sportive serait le plus original, comparativement aux autres
matières: le sport développerait le sens de l'équipe, la vie de groupe,
contribuerait à la connaissance et à la maîtrise des phénomènes ~psycho
sociaux, ou socio-affectifs (jalousie, tension, agressivité, timidité,
frustration ••. ), révélerait la solidarité de l'équipe (où l'on pourrait
compter sur le travail des autres et réciproquement), favoriserait la par-
ticipation de tous à l'information, à la production, à l'évaluation, inci-
terait au dépassement de soi-même. Il devrait intégrer non sans critique,
les sciences fondamentales, notamment la psychologie, la psychosociologie,
la sociométrie, la psycho-sociale (voir Pierre Parlebas qui introduit la
sociométrie qui permettrait d'observer,d'analyser)de quantifier, de faire
une projection spatiale(diagramm~des relations au sein d'un groupe pour
mieux les comprendre: lrelations interpersonnelles, intragroupales, inter-
sous-groupales, problèmes qu'il s'agirait de cerner pour rendre ce groupe
productif, pour rendre le sujet apte aux conduites de décisions). Le sport
apprendrait la mesure, le respect des règles, la loyauté par le respect de
l'adversaire (ainsi rivalité signifierait opposition, c'est à dire respect
de l'adversaire). L'éducation sportive permettrait d'accéder à la moralité,
à la prise de responsabilité dans le domaine social, responsabilité d'autant
mieux assurée qu'elle serait néeede l'expérience vécue (cf. LEBOULCH) du
sujet. Elle faciliterait l'apprentissage du métier (dans son aspect technique
et ses conditions de travail), non seulement en s'adaptant au métier, mais
aussi en adaptant le métier au sujet. L'éducation sportive serait un élément
indispensable de l'individu pour l'occupation de ses loisirs d'une manière
active et enrichissante (cf. DUMAZEDIER in EPS nO 78, p. Il)
elle aurait
une fonction de divertissement (jeu libre), de détente (repos, aspect
hygiénique), de développement. L'éducation sportive pourrait être encultu-
rante et/ou acculturante (cf. la place des activités ludomotrices de tradi-
tion chez PARLEBAS, chez M'BODJ, GORA) : il vaudrait mieux qu'elle soit tout
court culturelle pour la Côte d'Ivoire, c'est à dire qu'elle intégrerait
parfaitement les activités sportives traditionnelles du pays (l'ethnomotricité)
et les activités sportives importées des autres pays, et celles à créer,
- 265 -
dans un tout qui n'aliène ni l'individu, ni le peuple ivoirien. L'éducation
sportive devrait déboucher sur la notion de signification, d'intentionna-
lité, de "sémantique sociomotrice"ou mieux de sémiologie au sens qomp1et qui
serait la science des systèmes de signes et des codes de communication,
correspondants ; elle devrait déboucher sur la notion de sémiotricité qui
serait nature et champ des situations motrices envisagées sous l'angle de la
mise en jeu de systèmes de signes directement associés aux conduites motrices
des participants" (cf. PARLEBAS
Contribution à un lexique commenté
en science de l'action motrice. Paris, INSEP, 198J tpp. 207 à 209).
L'éducation sportive, loin de séparer, rassemblerait et favoriserait la
cohésion du groupe. Cet intérêt serait essentiel, surtout dans une école où
l'individualisme est roi, même s'il est peu mis en valeur jusqu'à présent.
3.2. - Un contenu rénové.
Pour devenir réelle, l'éducation sportive, une fois acceptée,
devrait faire l'objet d'~~ enseignement rénové:
- Introduire, pour les élèves, une partie théorique: considérer
le sport comme une matière à réflexion, qui justifierait le recours à des
documents écrits ou audio-visuels, qui puissent donner lieu à des travaux
de l'esprit.
- Compléter l'enseignement des professeurs d'E.P.S. par des
informations sur les mécanismes physiologiques, psychomoteurs, sociomoteurs
sémioteurs qui sont en jeu dans la pratique sportive.
- Instaurer la recherche en E.P.S. : le professeur d'E.P.S. serait
chargé, non seulement d'enseigner, mais aussi de faire de la recherche à partir
des situations concrètes, de la réalité des activités physiques (c'est à
dire à partir "d'ici et maintenant") en instituant le travail collectif
de type approche pluridisciplinaire (confrontation entre divers spécialistes
de la discipline E.P.S.) et/ou de type approche interdisciplinaire (conf Don-
tation de plusieurs chercheurs-spécialistes de matières différentes). La
- 266 -
recherche impliquerait le recours aux autres sciences (psychologie, soc~o
logie, psychosociologie etc.
), mais en les critiquant pour~les intégrer
aux problèmes de l'E.P.S. : il s'agirait d'un remaniement en fonction des
problèmes propres à notre champ.
- Définir l'éducation sportive comme une science autonome qu~
aurait son objet, sa méthode, ses résultats, vérifiables par tous, irré-
ductibles à ceux des autres sciences ; qui étudierait des faits ou groupes
de faits sportifs.
- Rechercher l'unification et l'unité des activités physiques
et sportives, les traits essentiels de chacune des activités afin de les
mettre en relation, de les classer : cela devrait aboutir à la définition
des objectifs de formation, des critères d'évaluation en E.P.S ..
- Instaurer donc une conception structuralisante ou structura-
liste dans l'éducation sportive, pour éviter une parcellisation des acti-
vités physiques et sportives. Le 'structuralisme" définit la structure comme
un ensemble de relations stables qui demeure invariant sous de multiples
transformations.
- Introduire la notion de "sport éducatif de masse" (cf. MERAND)
qui déterminerait la signification de l'activité sportive et de son contenu,
appropriée aux besoins de la masse, aux possibilités de la vie du pays.
Cela devrait contribuer à créer les conditions qui font que le sport devien-
drait un élément de la vie de chaque ivoirien.
- Initier à une connaissance médicale et sanitaire à:tout le
moins rudimentaire : notion sur les mécanis.mes du corps humain, sur la
traumatologie sportive, sur les soins courants, etc.·
Car nombre de jeunes
sportifs (ou non sportifs) ne connaissent pas leur corps, ignorent les
rudiments d'une hygiène corporelle et sont inconscients des dangers et des
accidents que peuvent leur faire encourir la pratique ou la non pratique
sportives.
- 267 -
- Dans un autre domaine, l'initiation au sport devrait se faire
à travers des jeux attractifs, adaptés au cadre de l'école, à l'âge des par-
ticipants : on ne devrait pas se contenter de faire du foot-baIl à cinq,
du rugby à sept, on devrait inventer des jeux nouveaux, où le geste technique
demeure, mais dont les règles changeraient en fonction des possibilités
réelles des enfants. On devrait enfin mettre à la fois l'accent sur le
travail de chacun (travail individuel en groupe) et le travail de tous (tra-
vail collectif), où la participation de tous serait désirée.
On le voit, cette éducation sportive est différente de l'éduca-
tion traditionnelle : les mouvements de bras du "prof de gymn" ont vécu,
ils devraient faire place à une initiation sportive qui retrouverait la
joie du jeu; le jeu sportif deviendrait une activité créatrice.
3.3. - Sport de l'école, écoles de sport
un faux problème.
Comment organiser dans la pratique cette éducation sportive ?
Car la vieille opposition entre l'école et le club, entre les tenants du
courant psychomoteur (LEBOULCH) et ceux du courant sociomoteur (MERAND)
demeure vivace : à l'un le sport, à l'autre l'éducation physique. L'absence
de coordination entre sport civil et sport scolaire, le refus des enseignants
d'E.P. de lier l'enseignement à la pratique du sport ne sont pas des élé-
ments très favorables à l'intégration de ce dernier dans le système
éducatif.
Pour dépasser cet obstacle, voire ce blocage, plutôt que de s'en-
gager dans un grand débat doctrinal, il faudrait, à notre avis, être réa-
liste et avoir présentes à l'esprit quelques évidences: la faiblesse des
pratiques actuelles à l'école, l'étendue des besoins d'éducation sportive,
l'urgeace qu'il y a à s'organiser rapidement pour éviter de nouvelles
générations perdues.
-
268 -
3 •4. - ~op.;;;t..:;i..::o...:n:.;n""e:...;l=-~..J.q.;;;u..:;a;.;;;n:.;;d;;.......:n""é~c::;.e;:.::..s;;:.s.=i..:;t;.;;é:...;..::f;..:a:.;i=-t=--;;:.l;;:.o.=i..:..
Le fait essentiel est que, de plus en plus, l'évolution des moeurs
aidant (développement de la notion de liberté, rejet de la contrainte), et
la maturité des élèv~s s'accroissant, le secondaire deviendra le monde de
l'optionnel: On ne pourra plus imposer à des jeunes (15 ou 16 ans) une
activité physique ou une initiation à telle ou telle discipline sportive.
On pourrait critiquer cette évolution, y voir le signe annonciateur d'une
décadence des esprits, elle paraît irréversible. Aussi convient-il mieux
de privilégier les solutions pratiques :
- une participation-limitée- du mouvement sportif à l'organisa-
tion du sport optionnel paraît indispensable, si l'on veut rapidement ob-
tenir une pratique moyenne de quatre heures de sport par semaine.
- assurer de nouveaux moyens à l'école: augmentation de postes
d'enseignants, des crédits du franc-élève, des infrastructures sportives.
Mais dans l'attente le réalisme commande aussi d'agir et d'uti-
liser toutes les compétences, fussent-elles moins affirmées. On y perdra
certainement en pureté des principes, on y gagnera en efficacité.
3.5. - Ouverture limitée, mais nécessaire.
Aussi devrait-on se préoccuper dès maintenant des conditions
dans lesquelles l'école peut s'ouvrir au sport?
La participation des groupements sportifs à l'initiation spor-
tive à l'école implique entre les établissements scolaires et les clubs
sportifs la mise en place d'une convention type dont on pourrait envisager
les principales dispositions suivantes :
- O~ganisation matérielle des séances (nombre d'heures, horaires,
nature des équipements),
- 269 -
- Niveau de la qualification et de l'activité des éducateurs
sportifs des clubs. Il serait souhaitable de confier l'initiation sportive
aux seuls éducateurs titulaires d'un brevet d'Etat. Par ailleurs les ensei-
gnants devraient suivre l'activité sportive des élèves et informer le
chef d'établissement de tout problème susceptible de se poser.
- Contrôle médical des élèves : seuls pourraient bénéficier de
l'initiation sportive les élèves jugés aptes à suivre ces séances par le
médecin de l'établissement.
- Le chef d'établissement devrait être juridiquement responsable
en cas d'accident. Il serait souhaitable de mettre en place un système d'as-
surance, semblable à celui qui existe à l'OISSU, dans des conditions finan-
cières raisonnables. On devrait se montrer très exigeant sur la qualité
du club et la qualification des éducateurs, sur sa capacité d'accueillir
dans de bonnes conditions les scolaires du secondaire. La consultation des
services de la Jeunesse et des Sports àevrait être obligatoire en une telle
matière.
- Le rôle irremplaçable de l'école comme cellule d'initiation
sportive et comme cadre de l'éducation sportive.
- La nécessité de structurer le réseau des clubs ivoiriens.
3.6. - Une priorité, l'école primaire.
Le sport optionnel ne devrait concerner que l'enseignement secon-
daire, et devrait surtout s'y développer dans le second cycle. Pour qu'un
véritable choix ait alors-lieu, il serait nécessaire que le jeune ait béné-
ficié auparavant d'une réelle formation physique et sportive afin d'avoir
tous les éléments du choix en sa possession. L'absence d'éducation sportive
dans les jeunes années, on l'a vu, éliminerait par la suite toute possibilité
de choix réel, encouragerait les solutions de facilité, masquerait la réa-
lité.
- 270 -
Aussi serait-il essentiel que l'on se préoccupe enfin de l'école
primaire pour certaines raisons: ce serait à l'école primaire, entre six
et onze ans, que s'acquièrent définitivement certaines habitudes de la
vie (bonnes ou mauvaises), que les valeurs éducatives seraient intégrées
par les enfants. L'apprentissage du geste et du mouvement, l'éducation psy-
chomotrice seraient déterminants pendant cette période, qui fait passer
l'enfant de la maternelle au lycée.
Or, c'est ce secteur qui est le moins favorisé dans la pratique:
l'instituteur, non spécialiste, mais profane à l'enthousiasme souvent limité,
tient entre ses mains l'avenir sportif du pays.
Si l'on voulait mettre fin à cette situation dangereuse, il serait
nécessaire de s'attaquer à un tabou de· l'enseignement primaire, le principe
de l'unicité du maître: là encore, le réalisme commanderait de sacrifier
la pureté du principe à la dure loi de l'efficacité. L'évolution se fait
d'ailleurs peu à peu dans les esprits et l'on commence à parler "d'équipe
pédagogique tl , de "semi-spécialisationtl •
Le primaire comme les autres secteurs de l'enseignement serait
touché par l'évolution des moeurs: la maturité plus précoce des élèves,
le sens plus affirmé des responsabilités devrait conduire à une rénovation
de l'enseignement, qui influerait sur l'enseignant.
En matière sportive, deux solutions seraient possibles
- soit prévoir très rapidement un plan de formation d'institu-
teurs spécialisés et intéressés par'le sport, pour en faire des conseillers
pédagogiques locaux responsables de quelques groupes scolaires (donc refon-
dre les programmes des écoles normales, et mieux initier tous les institu-
teurs à l'E.P.S.). Cette solution aurait l'avantage de ne pas remettre en
cause l'unicité de l'enseignement (vivement défendue par le syndicat des
instituteurs) puisque chaque instituteur demeurerait un éducateur polyva-
lent, avec une ou deux spécialités.
- 271 -
- soit faire "glisser" progressivement du secondaire vers le
primaire un membre croissant d'enseignants d'E.P.S., professeurs-adjoints
pour commencer, afin d'obtenir au plus tôt un encadrement suffisant des
tout jeunes élèves.
c'est là déshabiller Kouadio pour habiller Konan. On pourrait
répondre qu'en situation de pénurie, il faudrait parer au plus pressé, et
que le plus urgent nous paraît être la situation du sport à l'école primaire.
On ajoutera qu'en raison de ce qui a été dit plus haut du développement de
l'optionnel dans le secondaire, les besoins risqueraient à l'avenir de se
faire moins sentir dans ce secteur et que l'ouverture sur les clubs pour-
rait donner l'occasion d'une aide en moyens matériels et en éducateurs
sportifs, à ce niveau.
3.7. - Les enseignants d'E.P.S.
un problème de corps plu~
d'individu.
Si l'on s'en référait
à certains contacts informels, un grand
nombre de professeurs et maîtres d'E.P.S. ne seraient pas défavorables, à
un tel système. Traînant avec eux une réputation de dilettante (amuseur)
qui fausse la réalité, et peut envenimer les rapports parents-élèves-profes-
seurs, un jour ou l'autre, ils estiment que leur métier serait plus intéres-
sant et plus exaltant s'ils avaient affaire à une population plus jeune,
réceptive et souvent enthousiaste. De plus la modification du contenu de
l'enseignement devrait leur valoir un regain d'intérêt et de prestige auprès
des jeunes.
Mais c'est la résistance des deux syndicats de professeurs qui
est à craindre !
Nombre de professeurs d'E.P.S. auraient dépassé l'opposition
entre sport civil et sport scolaire, antre l'éducation physique et la compé-
tition, car dans la pratique la plupart d'entre eux ont une activité
d'en-
cadrement dans les clubs sportifs, qui frise parfois le bénévolat pur et
simple.
-
272 -
c'est dire l'intérêt d'un tel ensemble d'~ducateurs, dont la
haute formation est gage de compétence. La récente réorganisation de leur
période de formation (création de passerelles évitant les conséquences
rudes des échecs: les DEUG/STAPS,la maîtrise en E.P.S. sur quatre ans)
renforce la valeur du corps.
Aussi le moment semble propice pour développer les liens entre
l'école et les clubs. On pourrait, par exemple, inclure dans le programme
de formation des étudiants d'E.P.S. l'obligation de stages d'une certaine
durée dans les clubs. Au moment des examens, l'action menée par l'étudiant
dans un club pourrait être davantage prise en considération. Enfin, on
pourrait demander aux enseignants d'augmenter leur horaire hebdomadaire
de trois heures (il passerait à 2, 3 heures) à effectuer soit dans l'asso-
ciation sportive de l'établissement si ce n'est pas encore fait, soit
dans un club pour y exercer les fonctions d'animateur et d'éducateur, dans
les écoles de sport notamment. C'est le système qu'ont adopté la plupart
des pays étrangers, où les enseignants sont astreints à un horaire souvent
beaucoup plus lourd.
3.8. - Moduler la carrière.
Un dernier élément non moins essentiel, serait l'introduction
de la notion de modulation de la carrière du professeur d'E.P.S. en Côte
d'Ivoire, pour plusieurs raisons: le jeune professeur commençant à profes-
ser essentiellement sur le terrain, pourrait, par la suite, s'orienter
progressivement vers un deuxième enseignement s'il dispose de cette possi-
bilité ou vers des fonctions d'encadrement et de gestion administrative
(club, OISSU, administration .•. ) dans l'autre cas.
Dans de nombreux pays, dont l'Allemagne, (R.F.A.), l'enseignant
du sport est aussi enseignant dans une autre matière. Ceci aurait un double
avantage
permettre de voir les élèves sous un double aspect, et mieux
comprendre leur comportement, aménager la carrière des~professeurs en pri-
vilégiant, au fur et à mesure, qu'ils avancent en âge, l'enseignement de
la matière non-sportive.
- 273 -
Faire du ~port une matière éducative, mettre l'accent sur le pri-
maire, donner un nouveau rôle au professeur d'E.P.S., ce sont autant d'élé-
ments à prendre en compte si l'on veut une véritable éducation sportive.
Il reste un dernier obstacle à vaincre et il est de taille.
4. - LES RYTHMES SCOLAIRES
UNE QUESTION DE TEMPS.
D'une manière générale, l'un des obstacles majeurs à une pratique
accrue des activités physiques et sportives réside dans le manque de souples-
se des horaires aussi bien scolaires que professionnels.
A l'école, la part consacrée au sport déjà insuffisante est sou-
vent rendue inefficace par un fractionnement des heures d'éducation physique
et sportive.
La restauration du sport à l'école supposerait une totale réorga-
nisation de la vie scolaire: la journée, la semaine, l'année.
En Côte d'Ivoire, l'année scolaire 1980-1981 a été de 150 jours
selon les documents officiels. C'est, aux dires des experts, une sorte de
recordsmandia1 en matière de congés (215 jours).'Enfin un ! pourrait-on dire.
Malheureusement, des records de ce genre n'ajoutent rien à notre gloire.
La moyenne internationale s'établit autour de 180 jours de classe (au
Japon 280) (1). Un tel rythme annuel, où le travail est concentré sur une
courte période, fatigue les élèves aussi bien que les professeurs, comme le
constatait le docteur Guy VERMEIL (1) auteur d'un livre sur "La fatigue à
l'école".
Le rythme scolaire en Côte d'Ivoire n'est pas adapté à la pra-
tique sportive, aussi pourrait-on proposer deux formules de réformes
- l'une "étalée" consisterait à répartir tous les cours sur six
matinées et quatre après~midi ; dans ce cas, les disciplines cognitives
alterneraient avec les disciplines motrices (psychosociomotrices).
(7) : C~ ~em~qu~ ~ont 6~~ pan ENAULT e~ Qotl.:op. Q~. p. 710,717.
-
274 -
- l'autre "regroupée" sur s~x matinées et deux après-midi, ces
deux derniers ne comportant que les activités physiques, manuelles et artis-
tiques.
Dans cette deuxième formule, trois après-midi seraient entière-
ment libérés au profit d'activités p~ysiques sportives et culturelles option-
nelles. L'autonomie du choix de leurs horaires serait donnée aux établisse-
ments d'enseignement, ville par ville, avec un rôle de coordination confié
aux offices municipaux des sports; l'éducation physique et l'initiation
sportive devraient constituer des unités pédagogiques homogènes non frac-
tionnables, quel que soit le rythme hebdomadaire choisi. Ceci devrait être
valable non seulement pour l'enseignement secondaire, mais aussi pour le
primaire actuellement négligé.
La formule "regroupée" serait un premier pas vers le mi-temps
qu'ont adopté un certain nombre de pays (Grande-Bretagne, R.F.A., R.D.A.,
U.R.S.S.). Parvenir à ce mi-temps paraît être un objectif trop ambitieux
pour le moment, car la liberté fait peur (d'autres auraient préféré le tiers-
temps pédagogique) (1)·
: les moins inquiets ne sont pas les parents, qui se
demandent à quoi ils pourront occuper leurs enfants pendant tous les après-
midi que le mi-temps laissera libres? Aussi faudrait-il préparer d'ores et
déjà les structures d'accueil non seulement en matière sportive (clubs,
écoles de sport, centre de loisirs ... ) mais aussi en matière culturelle.
Là encore, on constate que l'aménagement du temps relèverait de la société
toute entière. L'expérience "du mi-temps pédagogique et sportif" de Vanves
est très connue et édifiante, et a confirmé qu'une réduction des disciplines
intellectuelles provoquait une amélioration sensible de la santé physique
~t morale des élèves sans diminution de l'acquis intellectuel (1).
Le cas particulier des sections sport-études devrait être étudié.
Leur réussite généralement reconnue ne saurait faire oublier les difficultés
(1) - Comme. poU/t .t'e.xpéJt.i..e.nc.e. du :tü.JW-te.mp6 péda.gog..tque. de. MaJtc.ay, .tu Ûa..Me.-6
à. ho1ta.A.Jte.-6 aménag é.-6 0 n,t c.o n6Vùné .te..-!J Ité.-6ui;ta;U du m,[- te.mp-6 pédag 0-
gique.. c.6 • .t'OUVltage. de. M. G. BELBENOIT : .te. -6po/tt à .t'éc.ole. cité. palt
ENAULT et c.o.t!. : op. c.it. p. 171.
- 275 -
qui concernent notamment les rythmes d'études. En effet, les élèves
de ces
sections ont un programme normal qui s'harmonise difficilement avec les
impératifs d'entraînement de leur discipline, de la préparation et de l'é-
chéancier des compétitions internationales. Les programmes devraient faire
l'objet d'un réel allègement, qui éviterait à l'élève de cumuler une journée
normale d'entraînement avec une journée normale de travail.
En outre, la pratique sportive devrait se faire aux heures pro-
pices, où le smleil n'est pas torride, c'est à dire après 16 heures; aussi
l'Etat devfait augmenter l'électrification des terrains, aires, salles de
jeux.
5. - L'EDUCATION SPORTIVE, DE LA MATERNELLE A L'UNIVERSITE.
En définitive, projet éducatif et matière d'enseignement au même
titre que les autres, l'éducation sportive devrait suivre l'enfant dans son
éclosion et l'aider à affirmer sa personnalité. Elle devrait être présente
à tous les âges du développement, son enseignement devrait être continu
du plus jeune âge à l'âge adulte .
. A la maternelle: La maternelle où l'enfant entre parfois dès
l'âge de deux ans, est l'étape des premiers apprentissages. Les institu-
trices seraient unanimes à reconnaître l'intérêt des activités d'éveil,
(de l'éducation physique), qui enrichissent l'enseignement, favorisent la
connaissance qu'a l'enfant de son corps, développent sa perception du monde
ext&rieur. Aussi faudrait-il organiser une pratique physique spécifique à
ce niveau: jeux collectifs, avec accessoires, séances de danse, piscine,
premiers contacts avec le gymnase, développement du sens de l'équilibre,
etc ••. , en insistant sur l'aspect ludique •
. Dans la primaire
Un effort prioritaire devrait être fourni
afin de réaliser dans les faits le tiers-temps ou le mi-temps pédagogique.
Une augmentation de la formation plus spécialisée des instituteurs et des
- 276 -
I.D.E.N. (Inspecteurs départementaux de l'Education Nationale), serait
nécessaire. Dans un tel domaine, l'OISSU du premier degré pourrait jouer
un rôle important j contrôlant les épreuves sportives organisées pour les
scolaires, elle favoriserait l'initiation sportive au sein des établisse-
ments et accomplirait un grand travail d'information pédagogique •
. Dans l'enseignement super~eur : afin d'éviter que la pratique
sportive ne soit compromise par l'autonomie des universités (et établisse-
ments supérieurs), cette matière pourrait faire l'objet d'un enseignement
obligatoire sanctionné par des examens en première année et se voir recon-
naître une ou deux demi-journées obligatoires.
Mais si l'enseignement est obligatoire, le choix de l'activité
à l'intérieur de ce cadre contraignant devrait demeurer libre. L'université
devrait être la terre d'élection de l'optionnel, les étudiants étant suffi-
samment mûrs pour choisir avec soin leur activité et pour participer à son
organisation.
Participer à l'organisation du sport universitaire ne devrait
pas pour autant signifier un désengagement de l'Etat et ne devrait pas re-
venir à faire financer par les étudiants leurs activités sportives. Il ne
devrait pas y avoir un droit sportif qui serait perçu chaque année sur tous
les étudiants et qui serait intégré dans les droits universitaires. Il
faudrait lutter contre une telle évolution : le sport devrait être considéré
comme une discipline normale ouverte gratuitement à tous les étudiants.
L'Etat devrait avoir recours à des ressources extrabudgétaires en matière
de sport universitaire.
Somme toute, nous devrions insister sur le caractère obligatoire
et sur les conditions favorables à la pratique de l'éducation sportive à
l'école maternelle, dans le primaire, dans le secondaire, dans l'enseigne-
ment supérieur (et pourquoi pas partout ailleurs). Nous devrions aussi
souhaiter et insister sur la nécessaire collaboration, coordination entre
l'OISSU du premier degré, l'OISSU du second degré, et l'OISSU de l'ensei-
gnement supérieur. Il y va de lïntérêt, de l'avenir de l'éducation sportive
en Côte d'Ivoire.
- 277 -
CHA PIT RED 1 XIE ME
L'ELITE, AFFAIRE D'ETAT.
- 278 -
1.
-
UNE FONCTION NECESSAIRE.
L'importance même des excès constatés dans les réactions popu-
laires (bagarres lors des matches de foot-ba11) témoigne de l'intérêt
extrême que les uns et les autres attachent aux confrontations interna-
tionales : tout indique que la Côte d'Ivoire n'est pas prêœà renoncer à la
haute dompétition; un certain nombre de raisons justifient d'ailleurs sa
présence au plus haut niveau.
1.1. - Raisons po1itigues.
Les grandes compétitions internationales et plus particulièrement
les Jeux Olympiques, sont devenus, on l'a vu, un enjeu politique, i~sont
l'occasion pour une idéologie ou un Etat de se manifester en tant que tel
(nation sportive).
De plus en plus l'athlète assume une fonction de représentation
à l'extérieur: il est un ambassadeur itinérant, dont les succès rejaillis-
sent sur le prestige de son pays, il en réf1ète les qualités et les valeurs
et assure sa promotion. Pour certains en 1968, la Côte d'Ivoire, c'était
Gaoussou KONE.
1.2. - Raisons économiques.
Ce qui est vrai dans le domaine politique se vérifie davantage
en matière économique.
-
279 -
Le champion assure la promotion du matériel qu'il utilise, il
lui donne une image de marque recherchée par les émules : les grands du
foot-ball,du cyclisme, de l'athlétisme ont donné leur nom à des chaussures,
et apparaissent fréquemment dans les spots publicitaires pour conseiller
tel ou tel produit. Le sportif de haut niveau devient une valeur marchande
(une réussite sportive équivaut à une réussite commerciale) : on peut le
regretter (et nous avons vivement critiqué cela dans notre première partie).
La Côte d'Ivoire a aussi un secteur sportif professionnel (fait
d'apparition d'une élite rémunérée) important, très prisé du public. Le foot-
ball professionnel symbolisé notamment par l' aventure du "STADE d' ABDIJAN"
de "l'Africa - Sport", de ltl'ASSEC" ne pourrait pas disparaître de la carte
du sport ivoirien sans profond traumatisme : tout laisse à croire que les
Ivoiriens ne pourraient se contenter d'un foot-ball amateur; et pourtant,
c'ést l'amateurisme qu'il faudrait instaurer en Gôte d'Ivoir, ce serait une
affaire d'éducation.
Le phénomène de professionnalisation s'étend à d'autres sports:
basket, cyclisme, etc .•.
Les intérêts économiques mis en jeu par la participation de l'élite
finissent par devenir tels qu'il faudrait d'ores et déjà se préoccuper
d'introduire des aménagements des garde-fouset de fixer les limites. Cela
relèverait des autorités internationales du sport.
L'Etat devrait développer le sport d'élite, afin d'augmenter la
pratique sportive, la condition physique de la masse, ainsi que la produc-
tivité du pays.
1.3. - Raisons sportives.
C'est là la justification essentielle d'une élite. Celle-ci a
un rôle majeur pour la diffusion, la propagande de la pratique sportive.
Bien des enfants commenceraient à jouer au foot-ball en rêvant des exploits
- 280 -
de Pelé (Brésil), de Laurent POKOU (CQte d'Ivoire), ou à faire de la bicy-
clette en songeant à la carrière de MERCKX. Le développement de la gymnas-
tique féminine serait dû, pour une large part aux prestations présentées à
la télévision de la Roumaine Nadia COMANECI.
A l'inverse, l'absence de vedettes sportives reconnues par
l'opinion publique et d'exploits susceptibles de l'enflammer serait parfois
source de désaffection provisoire ou prolongée d'un sport donné: les stades
ne sont pas archicombles quand
il n'y a pas de vedettes sportives.
2. - UN PROBLEME SPECIFIQUE.
Malgré son apparence démocratique séduisante, la théorie de la
pyramide ferait long feu. Selon cette conception, il existerait un lien
automatique entre la base, le sport de masse, et le sommet, le sport d'élite,
toute action sur la première devrait pouvoir produire des effets sur le
second: et une base élargie donnerait une élite plus dense et plus forte.
On ne pourrait nier systématiquement tout lien entre les deux
aspects de la pratique sportive, mais l'on devrait reconnaître le caractère
spécifique de la préparation du sport de haut niveau. On ne tire pas néces-
sairement d'une grande masse de pratiquants une élite: Gaoussou KONE
ne doit pas sa réussite à 9ne grande pratique de l'athlétisme parmi les
jeunes ivoiriens.
On ne devrait pas en tirer la conclusion que le sport de masse
devrait être subordonné au sport d'élite, mais simplement admettre que les
problèmes de l'un ne sont pas les problèmes de l'autre et que les succès
de l'un ne détermineront pas la réussite de l'autre à coup sûr.
Les conditions de la compétition moderne (préparation physique,
psychologique, médicale, harmonisation entraînement / horaires professionels
détection précoce) ont encore acc~u le décalage entre les deux formes de
pratique : les motivations de Monsieur Tout·le.Monde, même sportif convaincu,
-
281 -
n'ont plus grand'chose à voir avec cell~de l'athlète de haut niveau
dans un cas, le souci de l'hygiène individuelle, une conception d'un
loisir sain prédominent; dans l'autre, l'esprit de lutte est exacerbé,
la volonté de suprématie est totale. Au niveau des performances la diffé-
rence s'est également accrue. Le temps est fini où de jeunes inconnus s'en
venaient triompher aux yeux des spectateurs, dans l'amateurisme la plus dilet-
tante et l'improvisation la plus totale. Aujourd'hui l'athlète suit un plan
de préparation sur plusieurs années, bénéficie de soins et d'aides diverses,
dispose d'une assistance technique permanente. Son succès (les performances
atteignent des niveaux inégalés), est largement la récompense d'un travail
d'équipe.
Le bon sens commande bien sûr qu'il faudrait une politique spé-
cifique du sport d'élite, mais cette politique ne devrait pas être une poli-
tique exclusive : la détection d'une élite, même si elle répond à une cer-
taine spécificité, devrait être complétée par une action de développement
de la pratique sportive dans toutes les couches de la société (cf. le
chapitre suivant) : les pays dont les résultats sportifs sont notables et
constants ont accompagné leur effort de développement du sport de haut niveau
par une politique vigoureuse d'éducation sportive pour tous.
3. - LA RESPONSABILITE PARTICULIERE DE L'ETAT.
3.1. - Qui est responsable?
Dans certains pays, la réponse ne fait aucun doute : tantôt
c'est l'Etat qui dirige le sport de haut niveau, tantôt c'est le gouverne-
ment sportif, riche et puissant, qui le prend en mains. Le cas ivoirien
est original puisqu'il est à mi-chemin entre dirigisme et libéralisme. Cette
voie moyenne semble être celle qui correspond le mieux à la particularité
ivoirienne. Cependant ce principe reconnu et maintenu d'une double autorité
sur le sport ivoirien devrait être qménagé dans le cas précis du sport de
haut niveau pour tenir compte de la responsabilité particulière de l'Etat
en la matière.
-
282 -
Les résultats internationaux, on les a vus, n'engagent pas que
la responsabilité des athlète? qui concourent, mais aussi celle de l'Etat
qui devrait veiller à la qualité de sa représentation. C'est ce qui justifie
qu'en Côte d'Ivoire l'Etat aurait peu à peu développé son rôle, prenant
progressivement en charge les différents aspects de la préparation de
l'élite (responsabilité financière, politique, technique ... ).
L'action des pouvoirs publics, déjà essentielle ne pourrait
que s'accentuer à l'avenir: les besoins de la compétition nécessiteraient
une spécialisation des compétences toujours plus poussée, exigeraient des
recherches approfondies, impliqueraient, en somme, un effort financier
croissant pour faire face aux besoins.
Or, le mouvement sportif (fédération, Comité National Olympique)
ne semble guère armé à l'heure actuelle pour dominer une telle situation.
Il lui manque des moyens financiers, des cadres permanents et peut-être
la cohésion et la constance indispensables à une politique de longue haleine.
Rares sont les fédérations dont le bilan ait été satisfaisant ou dont l'ac-
tion a recueilli une approbation unanime. Au contraire le mouvement sportif
est marqué par des querelles intestines, des mises en cause de personnes
ou de politiques, des relations conflictuelles peu propices à dégager le
climat de sérénité indispensable. Et l'histoire du sport ivoirien est
malheureusement riche de défaillances fédérales, d'erreurs commises au plus
haut niveau, de cas d'incompétence notoire.
C'est donc aux pouvoirs publics qu'il appartiendrait d'intervenir
directement en ce domaine puisque les défaillances de la fédération sont
désormais manifestes.
Dans de telles situations, l'intervention de l'Etat, par l'inter-
médiaire du Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports,
devrait prendre trois formes: rappeler l'objectif à tenir, donner les moyens
de le réaliser, contrôler l'action fédérale.
- 283 -
3.2. - Un objectif
gagner.
L'objectif pour l'élite devrait être clair: il s'agirait de
gagner, mais de gagner pas à n'importe quel prix (voir l'esprit coopératif)
Enoncer une telle évidence paraît superflu, et pourtant •..
Cela implique que la volonté de va1ncre devrait être primordiale
dans les compétitions internationales. Un athlète sélectionné devrait se
considérer comme étant là pour faire la meilleure performance possible et
non simplement pour participer. Il faudrait bien faire comprendr~ à cet
égard que la sélection n'est pas un but en soi, mais un moyen permettant
de lutter avec les concurrents étrangers. Les victoires anglaises sont
d'ailleurs l:à pour montrer la volonté de vaincre (ce "fighting spirit")
est quelque chose d'essentiel et aussi affaire d'éducation. Les athlètes
devraient être réellement armés au plan moral, posséder des capacités
psychologiques de lutter sur la scène internationale. Il revient aussi
à l'entourage immédiat de l'athlète de lui donner la motivation suffisante
pour avoir le désir-de vaincre.
Enfin, il faudrait insister sur la capacité que doivent aV01r
les athlètes amateurs de résister à certaines pressions commerciales, bien
souvent nuisibles à un bon déroulement de leur carrière.
Mieux réussir dans les grandes compétitions supposerait trois
types d'action: détecter les talents, les former et les aider.
3.3. - Organiser la détection.
Une détection de plus en plus précoce serait devenue indispen-
sable dans nombre de disciplines (gymnastique, natation, e t c . ) . Une poli-
tique de détection systématique effectuée dans l'école primaire et dans les
clubs serait nécessaire. Le mouvement sportif et les enseignants d'E.P.S.
pourraient y trouver un avantage, en collaborant au lieu de s'opposer. La
-
284 -
détection systématique pourrait conduire à la sélection et comme ME RAND ,
il faudrait immédiatement distinguer, sélection et orientation. L'entraîneur
sélectionne les pratiquants dont les aptitudes conviennent à la tâche de
la compétition ; le pédagogue oriente le sujet vers les activités qui lui
conviennent le mieux. Orientation et spécialisation auraient pour but de
permettre au sujet d'exploiter à fond ses possibilités, d'aller le plus loin
possible, étant donné ses capacités. Il faudrait donc mener de front, et
non séparément FORMATION - ORIENTATION - SPECIALISATION.
L'instauration du livvŒt sportif scolaire, dossier complet sur
les qualités et l'évolution physique de chaque élève avec un important volet
médical serait une première mesure positive.
Des tests de détection systématique, valables pour l'ensemble
des sports, pourraient en outre être prévus dès l'école primaire, dans les
clubs, portant sur des données simples (endurance, vitesse, force, détente).
Une action d'information auprès du grand public (qui pourrait
penser qu'on va mettre nos enfants en fiches) devrait être menée pour lui
expliquer la nature de la détection envisagée, lui rappeler qu'elle est le
fruit de son désir d'exploits sportifs: on ne peut d'un côté applaudir
aux succès des champions d'aujourd'hui et de l'autre refuserles moyens qui
permettent de préparer ceux de demain: l'école ne devrait pas et ne pour-
rait lievenir une "usine à champions", elle pourrait être une
pépinière où
les talents apparaissent.
Il serait du devoir de l'Etat de reconsidérer, en liaison avec
les fédérations, les conditions de la sélection de l'élite dans les clubs
limiter les transactions en fonction de l'âge, organiser les relations entre
les clubs en obligeant les grandes équipes à dédommager réellement les
petits clubs: (aide en matériel et personnel, permanente).
Enfin, un système d'encouragement aux petits clubs, fondé sur
le n9mbre d'athlètes "sortis du rang" pourrait être mis en place.
- 285 -
3.4. - Assurer la formation.
L'expérience des sections sport-études devrait être instituée
et encouragée davantage pour l'efficacité du sport d'élite. Dans les pays
où l'expérience des sports-études est faite (France par exemple), le bilan
est satisfaisant. Les résultats scolaires sont comparables à ceux obtenus
par les élèves des classes ordinaires, voire supérieurs : les élèves spor-
tifs ne sont donc pas pénalisés par le système d'ent~aînement, conçu en
fonction des rythmes scolaires.
Quant aux résultats sportifs, ils sont nettement améliorés et
ouvrent des perspectives intéressantes pour l'avenir. Ceci est lié à la col-
laboration instaurée entre différents partenaires (chef. d'établissement et
le corpsdes enseignants •.. ).
Ce bilan positif ne saurait faire oublier certaines difficul-
tés (l)
- Le recrutement des élèves ferait une part prépondérante à la
valeur intellectuelle, ce qui écarterait de ce circuit certains espoirs
sportifs n'ayant su satisfaire au test de recrutement.
- L'entraînement ne laisserait pas la possibilité d'alléger et
d'étaler
dans le temps l'enseignement scolaire. Il serait ainsi impossible
à un jeune espoir de moduler son activité en fonction des objectifs du mo-
ment. Il ne pourrait se consacrer pendant un temps déterminé à la prépara-
tion de compétitions importantes, puis se concentrer l'année suivante au
rattrapage de l'enseignement scolaire; l'aménagement du temps devrait de-
venir un allègement réel.
- Le contrôle de l'organisation des sections sport-études (con-
trôle des moyens en matériel et en personnel, en véritables et réels espoirs
sportifs) par le ministère de tutelle devrait être davantage exigé. Les
(1) - ENAULT G. et Coti.
op. ca. pp. 185 , 186 •
- 286 -
sections de sport-études devraient éviter d'être des "gadgets politiques".
En outre le Ministère devrait compléter cette organisation par
la création de sections sports-études dans l'Université: deux solutions
seraient possibles : soit rassembler tous les pratiquants d'une même spé-
cialité sportive (quelle que soit la discipline intellectuelle choisie ;
soit rassembler en un même lieu, et quelle que soit leur spécialité spor-
tive tous les étudiants se destinant à la même carrière professionnelle
(cas des médecins).
Le Ministère devrait aussi mettre en place une "super-section
sport-études", appelée plus exactement "section de sport de haut niveau à
formation aménagée". Il s'agirait d'y préparer l'élite de demain en mettant
l'accent sur la formation sportive, alors que la section sport-études tradi-
tionnelle continue de privilégier la formation classique (1). Ce type de
formation, pouvant donner de bons résultats, devrait cependant être diver-
sifié et élargi. Il ne devrait pas être exclusif à l'I.N.J.S., qui cher-
cherait à regrouper en un même lieu tous les athlètes, quelle que soit leur
origine géographique. Ceux-ci devraient donc quitter leur cadre familial
et leur entraîneur. Il semble que ce soit là une erreur, plus particulière-
ment pour les jeunes sujets : il pourrait y avoir inadaptation au milieu et
risque de troubles d'apprentissage (2). Il vaudrait mieux créer plusieurs
petits I.N.J.S. à base régionale et peut~être spécialement dans certaines
disciplines.
L'action de la formation devrait être complétée par l'envoi
chaque année (par l'Etat et les fédérations) des éléments sportifs de valeur
en stage à l'étranger, dans des pays spécialisés: les "fondeurs" (coureurs
de fonds) iraient par exemple dans les pays scandinaves, les gymnastes en
Roumanie, les athlètes aux Etats-Unis. Et ce qui serait vrai des athlètes
(Il - Lu Ivo-i.JUe.n.o MYLt 60JUnu pOUll. .te. mome.n.t da.n6 lM -6e.ct-t.on.o -6po-tt-Uu-
dM de. FJt.a.Yl.c.e..
[2 ) - OYI. pe.ut a.u6-6-t. -6' -t.YLteJtMgVt. -6U1l. .t' 0 ppoJttwU;té de biUAe. -6u-t.vJte. un e.YI.-
.ttr.a1n.e.UIl. -6péUa1.e.me.nt a;t;tac.hé à .te.UIl. PJtéPMa..UOYl.. I.e. YI. , e..&t pM c.e.Jtta.i.n.
que. .ta Jte..ta..üOYl. de. type. pa.tVt.Yl.aLu.de. qu.e. c.e.la e.n.tJt.a2Y1.e. Ma p/to 6aa.b.te.
à .t'ac.c.om~~e.me.nt d'une. pVt.6oJUnanc.e..
-
287 -
le serait tout autant des entraîneurs : il faudrait multiplier les contacts
avec l'étranger. Quand la nécessité s'en fait jour.
4. - L'INDISPENSABLE STATUT DE L'ATHLETE.
Bien entendu toutes les mesures qui pourraient être prises tant
en matière d'encadrement que de formation dans une école ou dans un club
n'auraient de sens que si l'athlète en tant que tel a les moyens nécessaires
pour réussir une carrière sportive. La volonté de lutte, le goût de vaincre
seront d'autant plus affirmés que l'athlète ne sera pas gêné par des consi-
dérations extérieures, par des problèmes personnels. Le gage de cette séré-
nité retrouvée, ce serait un véritable statut de l'athlète, bénéficiant,
contre des sacrifices, de certains avantages :
- avoir une bourse de l'Etat pendant les années de haute compé-
tition afin d'assurer les moyens d'existence,
- l'Etat devrait intervenir auprès des employeurs et payer les
heures chômées ; aider les sportifs de haut niveau à préparer leur vie pro-
fessionnelle, à garantir la promotion sociale (octroi d'aides diverses,
d'aménagements) ; créer des dispositions tendant à l'insertion ou à la
réinsertion professionnelle.
- l'Etat devrait instituer pour les athlètes de haut niveau,
une formation modulée et adaptée pendant le temps de compétition, une pé-
riode de formation professionnelle (six à un an) à temps plein à l'issue
de la carrière sportive, une possibilité d'utilisation des compétences
des athlètes dans les milieux du sport etc ... (cf. Chap. VIItJ4.3. : poli-
tique "tous azimuths d'utilisation des compétences).
- Pour subvenir aux besoins des athlètes, l'Etat devrait créer
un "Fonds national d'aide au sport de haut ni veau" .
- 288 -
5. - CONCLUSION
UN CONTROLE PLUS ETROIT DE L'ETAT.
Pour conclure ce chapitre, nous pensons que l'Etat devrait
contrôler davantage l'action des cadres. Il devrait préciser davantage
ses rapports avec les fédérations et le Comité National Olympique de Côte
d'Ivoire en exigeant d'eux l'établissement de plans quadriennaux de prépa-
ration comprenant : politique de détection, définition de besoins en enca-
drement, en équipements, pour la formation des athlètes, indication des
stages prévus (dans le pays et à l'étranger), fixation d'un programme de
compétition et de détermination d'objectifs précis. En contrepartie devrait
augmenter son aide financière, matérielle, politique, technique (davantage
de vert dans la cité, davantage de cadres qualifiés, davantage d'infrastruc-
ture sportive).
L'aboutissement logique de ce principe consisterait en un suivi
p~us grand, plus rigoureux de la formation, de la préparation olympique,
de la politique sportive ivoirienne.
Certains diraient que l'on n'est plus très loin du sport
d'Etat
détection précoce, statut de l'athlète, contrôle renforcé de l'Etat
sur la préparation olympique, seraient les attributs traditionnels des pays
où le sport d'élite est étatisé; au-delà des apparences, est-ce que telle
n'est pas la réalité ivoirienne aujourd'hui? Tout montre que l'évolution
conduit le ~port ivoirien, en se structurant davantage, en acceptant les
conséquences de la compétition internationale, à devenir, au plus haut
niveau, une affaire d'Etat (1) où l'essentiel, comme ne l'a jamais dit
Pierre de Coubertin, n'est plus de participer, mais de vaincre et où la
responsabilité incombe au ministre chargé des sports, assisté du mouvement
sportif dans son entier. On peut le regretter et le refuser ; mais on risque
alors de remettre en cause le principe même d'une participation honorable
(1) - La même évolution conduit le gouvennement 6éd~al de~ E~-U~ à
~' .ûtt~eMVt de plM ptr.è~ à la pltépaJta.t,[on olympiqu.e. Le Cong!l.ù ·a
adopté. le 15 octob!l.e 1918 l'AmateUlt Athtetic Act, loi 6êd~aie déblo-
quant du Clté.dü:.o impolttanU (16 Mo $) pOUlt la ltê6o!l.me du. /!>poltt aux. .
E~-U~, da~ la p~pe~ve de Mo~cou. c6. ENAULT ~t colt. op. cit.
p. 192.
- 289 -
de la Côte d'Ivoire à la compétition moderne, évidemment pas à une compé-
tition sauvage traditionnelle, mais à une compétition nouvelle, éducative,
participant la coopération.
- 290 -
CHA PIT RE
o N Z 1 E ME
LE SPORT, AFFAIRE DE TOUS,
-
291 -
l, -
INTRODUCTION,
La mise en oeuvre d'une véritable éducation sportive à l'école
ne pourrait suffire
elle ne serait que la première étape -primordiale-
d'une démarche plus ambitieuse tendant à intégrer la pratique physique
et sportive dans la vie de la cité; gage d'~ne formation équilibrée de
l'individu, elle devrait et pourrait pénétrer tous les domaines d'activité
en s'adressant à toutes les couches de,Œa population.
La réalisation d'un tel projet ne serait pas chose facile; c'est
à ce niveau en effet, que se manifestent les handicaps les plus profonds
et les obstacles les plus grands. En milieu extra-scolaire, l'éducation
sportive deviendrait affaire de mentalité et de motivation, tant individuelle
que collective; c'est dire la difficulté de la tâche.
Rappelons quelques données essentielles, telles qu'elles résul-
tent de quelques sondages et énquêtes (voir notre 1ère partie) : la fin
de la période scolaire provoque une chute spectaculaire de la pratique
sportive; moins d'un adulte sur dix pratique régulièrement un sport. Ce
chiffre est encore plus faible -et parfois nul- si l'on isole certaines
couches de la population, en fonction de critères géographiques, (les habi-
tants de certaines banlieues) socio-professionnels (agriculteurs, ouvriers,
employés) ou simplement sociaux (personnes mariées, personnes âgées). Dans
une telle situation l'école paraît une oasis de vie -dont la mise en valeur
reste à faire d'ailleurs-, à côté de ce désert de la pratique sportive, qui
ne contient que les germes d'un désastre.
A des degrés divers, la plupart des pays de même niveau social
et économique que la Côte d'Ivoire auraient connu les mêmes difficultés et
- 292 -
auraient eu à entreprendre une action pour donner droit de cité au sport.
Ce serait bien la preuve qu'il s'agit d'un problème de société, lié aux
conditions de la vie moderne.
2. - CONDITIONS DE LA VIE SOCIALE ACTUELLE ET DEVELOPPEMENT
DE L'HOMME.
2.1. - La cité contre le sport.
La vie moderne, du fait des conditions qu'elle impose et pàr
le mode de vie qu'elle a engendré, apporte un double frein à une pratique
étendue des activités physiques et sportives.
L'urbanisation croissante (qui touche plus de 40 % de la popu-
lation) (1) et les conditions de logement qui en résultent, liées aux
progrès techniques, réduisent l'importance de l'effort physique, nous
l'avons vu (première partie, chap. 1) : l'ascenseur remplace les escaliers,
et la voiture la marche; l'économie des gestes devient synonyme d'efficacité
et s'analyse en gain de temps (apparent). Par ailleurs, la croissance sou-
vent désordonnée des villes rend celles-ci inadaptées à la pratique du
sport, faute d'un aménagement raisonné et d'espaces appropriés; la situa-
tion est catastrophique dans la Mégalopolis, où l'équipement sportif et
plus simplement l'espace vert deviennent, en temps et en distance, prati-
quement inaccessibles.
La cité-dortoir endort les bonnes volontés, et les conditions
de travail, le temps de transport achèvent de rendre le citadin imperméable
à toute idée d'effort physique.
(1) - Le taux ~t de 24 %en 1965, 32 %en 1915, c6. Document du Mi~t~e
de l'Economi.e et de/.) FJ.na.nc~. Cornrn<A.6-Lon nat-Lonâle .<.vo-<Jl...<..en.n.e
ouJt
l U
C : Semn.a-<Jte f.luJt
uca.:ti..OYL en ma.:UeJte
e pop
a.t<.OYL.
Ab.<.djaYL, 21-30 juin 1918, p. 8.
- 293 -
t1
1
En même temps que perte d'importance, il y a perte de valeur
de cette notion, du fait du mode de vie. L'effort physique n'est plus lié à
l'acquisition du bian-être. Il serait au contraire gommé de l'idée de
confort. Le fin du fin en la matière ne serait-il pas ce gadget permettant
de régler son téléviseur à distance sans se déplacer?
A ce niveau le super-confort deviendrait néfaste et coûteux,
humainement et médicalement parlant. Des habitudes de vie régressive se
créent, dont les causes se situent dans l'inaction, la surexcitation et
la sédentarité. Les manifestations en sont connues : tabagisme, alcoolisme,
suralimentation ou sous-alimentation ou régimes inadaptés. De naturel,
l'eff~rt est devenu superflu et anormal, dès lors qu'il ne concerne pas
directement l'activité professionnelle: car ce serait ce secteur qui, selon
les schéma-types établis, devrait concentrer toute l'énergie de l'individu.
Cette passivité développée par le mode de vie s'est transmise
aussi dans le domaine des loisirs sportifs; l'homme consommateur n'est plus
qu'un spectateur qui accepte de plus en plus de payer pour voir lutter des
sportifs professionnels, et vit sa vie sportive par procuration. L'ère des
gladiateurs et du cirque est-elle revenue ?
Dans ces conditions comment réinsérer le sport dans l'environ-
nement naturel de l'homme; comment ce derni~.pourrait-il prendre en charge,
sous sa responsabilité personnelle, le temps qu'il doit à son développement
et à son maintien physique ?
1
2.2. - L'aménagement du temps.
Cela'-supposerait d'abord une redéfinition de notre prétendue
civilisation des loisirs et un aménagement du temps, qui permette un partage
équilibré entre activités intellectuelles et physiques. Pour cela, il fau-
drait que le "temps de loisirs", soit réellement un"temps libéré" pour
reprendre la distinction établie par Georges FRIEDMANN (1) ; l'accroissement
( 1) - G. FR! EVMANN : "Le. tJr.a.va.J.1.. e.n. m.i.e.tte..6 ; la. pu.,W~a.n.c..e. e;t la. ~a.g eô.ô e.':
e-Ué pCV!. ENAULT, e.;t c..oU. : op. ë.ll. p. 196.
- 294 -
du second par l'amélioration des conditions de travail ne conduit pas né-
cessairement à un accroissement parallèle du premier: l'homme, pris dans
le cycle production-consommation se crée ~e~ tout l'y incite- des besoins
croissants et de plus en plus coûteux qui déterminent la recherche par
tout moyen de revenus supplémentaires : le temps libéré est alors utilisé
à d'autres fins que des activités de loisirs purs: heures supplémentaires
travail au noir, bricolage, supplément d'instruction ou de formation, etc ...
Un premier pas vers un aménagement du temps pourrait être franchi
par une souplesse accrue des horaires: on l'a vu à l'école (aménagement
des rythmes scolaires) on le verra plus loin en ce qui concerne les horaires
de travail.
Mais, en tout état de cause, le problème ne sera. pas résolu par
ces quelques mesures d'assouplissement. Il supposerait essentiellement un
changement des options fondamentales, et une volonté politique pour le réa-
liser.
2.3. - La responsabilité individuelle de chacun, clé de toute
action.
L'environnement de chacun est infecté de "robots"; l'homme
devrait donc réapprendre son économie gestuelle et rythmique: l'effort
physique devrait devenir acte volontaire. Il présenterait trois avantages,
au moins
1.3.1. - L'intérêt médical.
Ce serait un acte intéressé. Les connaissances accrues du corps
humain et de ses exigences à tous les âges de la vie devraient rendre
sensibles à chacun l'intérêt d'un entretien physique régulier et ses bien-
faits sur la maîtrise respiratoire et circulatoire. S'il ne garantissait
pas une durée de vie accrue (aucune statistique n'établit un lien entre
- 295 -
sport et prolongation de la vie), il serait à tout le moins gage d'une
qualité de vie meilleure
on,mourrait ..• en bonne santé en quelque sorte.
Depuis quelques années, ,l'intérêt du corps médical pour le sport
se serait accru sensiblement. Les progrès des connaissances médicales ont
permis en effet d'établir que le sport pouvait être utilisé comme moyen de
prévention ou comme thérapeutique efficaces (en matière cardiaque et de
traitement pour diabétiques).
Aussi a-t-on constaté que l'entraînement physique permettrait
de maintenir, voire dtamé1iorer à tout âge la vigueur musculaire, de ralentir
la diminution de la fonction d'oxygénation et la diminution du débit car-
diaque, de conserver l'élasticité des artères: en un mot, il éviterait un
vieillissement accéléré des appareils locomoteurs, respir.atoire et cardio-
vasculaire.
Une enquête -dite de FRANINGHAM (1) a par ailleurs démontré
que le risque de mort par accident coronarien dans un délai de douze ans
est cinq fois plus grand chez les sujets peu entraînés physiquement que
chez des sujets ayant une activité- physique.
1.3.2. - L'intérêt social.
Surun plan moral, l'activité physique serait une école de volonté,
d'endurance, et de résistance, exercée très tôt, elle ne pourrait que trans-
mettre ces qualités de maîtrise à l'ensemble des activités de l'individu et
lui conférer un équilibre durable qui fait que "l'on se sent bien dans sa 1
peau" .
Le sport, éoo1e de la vie, serait aussi l'occasion d'une ouver-
ture sur les autres et de contacts enrichissants : cette motivation exprime-
rait tout simplement un besoin de communication que la vie moderne développe
(7) - L' e.nquête. Mt wée. pM ENAULT e.t CoU
op. W. p. 79J.
- 296 -
sans pouvoir le satisfaire: et le sport, par les échanges qu'il permet
d'établir par dessus les barrières professionnelles sociales ou même racia-
les, serait, en cette "société bloquée", l'un des rares domaines où l'on
pourrait se confronter avec les autres et avec lui-même.
De ce double intérêt social et médical, de plus en plus de gens
seraient, semble-t-il, conscients ; dans une société où tout et même le
bien-être est perçu en valeur monétaire et où rien n'est gratuit, à commen-
cer par l'effort, il paraitrait
difficile de continuer à voir dans le
sport une activité désintéressée et d'en vanter les mérites à ce titre.
Au contraire la chance d'une pratique sportive accrue passerait par une
prise de conscience, par les individus, de l'intérêt qu'elle représente, à
la fois pour 'l'individu et la collectivité.
Et dans cet ordre d'idées, on verrait de plus en plus fleurir
les slogans publicitaires -qui n'en sont pas à une contradiction près-
les références à un modèle sportif dans le vent ; être "in", c'est avoir
l'allure sportive et décontractée, c'est s'habiller "sport", c'est auss~
peut:..être donner l'illusion d'une hygiène de vie "naturelle".
si après tout, l'intérêt grégaire et le désir d'imitation, propres
à toute mode s'en mêlent et conduisent à la pratique sportive, même limitée,
un plus grand nombre de gens, qui s'en plaindra? On se gardera simplement
d'en tirer des conséquences définitives en se rappelant que cet engoueme~~
soudain pourrait n'avoir qu'un temps et que, mode, il aura vécu ce que
vivent les modes, l'espace d'une saison.
3. -
LE MOUVEMENT SPORT POUR TOUS.
3.1. - Création du mouvement.
Depuis une vingtaine d'années, on assiste, en Europe et dans
le monde, au développement d'un certain nombre de mouvements qui, sous des
noms divers, se proposent tous un même but: donner le goût et inciter à la
- 297 -
pratique régulière d'activités physiques et sportives
projet Trirr.
à
l'origine dans les pays scandinaves, (Norvège), aux Pays-Bas, puis en
République Fédérale d'Allemagne à partir de 1959, et plus récemment au
Québec ; Fit-Aktion en Autriche, Physical Culture Campaign au Japon,
Particip-Action au Canada, Physical Fitness and Sports aux Etats-Unis
Sport pour tous en Angleterre, Suisse, Yougoslavie, Israël, Finlande, etc .•.
Une première conférence internationale, sur le sport pour tous,
réunie en mai 1973 a consacré l'essor de ces différents mouvements, qui sont
incontestablement un produit de la civilisation industrielle : ils seraient
rendus nécessaires par les inconvénients de la vie moderne (c'est une réunion
contre la diminution de la part laissée à l'activité physique, au mouvement,
à l'entretien musculaire) et rendus possibles par l'augmentation du temps
de loisirs.
Par rapport au sport traditionnel, le "Sport .pour tous" présen-
terait un certain nombre de différences essentielles: alors que l'on met
l'accent sur la compétition, ou que l'on inscrit l'individu ou le groupe
dans une hiérarchie du résultat, l'autre se proposerait l'éducation du corps
et viserait l'amélioration de la santé et de la condition physique des pra-
tiquants, quels que soient leur âge, leur handicap ou leur capacité.
- l'un est sélectif par nature, l'autre égalitaire,
- l'un éloigne l'individu de la.cellule familiale, l'autre l'y
r amèner ai t.
_L'un favorise l'affirmation d'un individu ou d'un groupe, contre
d'autres individus ou d'autres groupes, l'autre permettrait le développe-
ment d'une solidarité entre les groupes sociaux.
Toutes ces différences justifieraient une politique particulièrel
le sport pour tous ne serait pas le complément du sport traditionnel, il
supposerait une intervention spécifique, avec des moyens d'action appro-
priés.
- 298 -
A ce sujet, l'expérience allemande est très édifiante. Aux
dirigeants allemands, la "deuxième voie" a été l'une des causes de l'expan-
sion quantitative la plus spectaculaire que le sport ait jamais connue en
République fédérale. En dix ans (de 1959 à 1969) :
4 millions d'adhérents nouveaux,
le nombre des clubs est passé de 23.000 à 38.000 et plus de
20.000 sections nouvelles ont été créées,
six fois plus d'enfants participent aux activités sportives
(135.000 contre 24.000 en 1959),
la proportion des sportifs est passée de sept hommes pour une
femme à quatre hommes pour une femme (1).
3.2. - Les chances du sport pour tous en Côte d'Ivoir~.
3.2.1. - Une politique des petits pas.
En Côte d'Ivoire, jusqu'à présent, les efforts ont été timides
et désordonnés, et très tardifs (vers 1978) : le ministère à la Jeunesse
et aux Sports semble avoir pris conscience du "sport pour tous" et les
moyens en personnel, en finance, en équipement sont très limités, voire
dérisoires ou nuls ; la mission et le domaine de compétence du sport pour
tous seraient encore imprécis en Côte d'Ivoire.
Dans ces conditions, il ne faudrait pas s'étonner de la timidité
des actions entreprises; au fil de l'actualité des dernières années, on
relève un certain nombre de manifestations qui pourraient s'apparenter de
près ou de loin, à des opérations "Sport pour tous", journée du cross pour
tous, journée de bicyclette, cross de masse ouvert à tous comme celui de
( 1) -
- 299 -
Air Afrique. ~ais jamais on ne trouve trace d'un plan d'ensemble, expres-
sion d'une volonté politique affirmée; ce serait pourtant à cette seule
condition que le sport deviendrait une réalité quotidienne dans le mode
de vie des Ivoiriens.
3.2.2. - Un grand bond en avant
donner droit de cité
au sport.
A l'instar de ce qui s'est fait en Allemagne de l'Ouest, la
Côte d'Ivoire pourrait et devrait développer une politique visant à inté-
grer l'activité physique dans la vie de tous les Ivoiriens ; ce serait là
satisfaire des besoins réels ; il y va de la responsabilité des pouvoirs
publics.Cela pourrait être l'occasion d'un essor décisif du mouvement spor-
tif.
- La satisfaction de besoins réels: l'étude du comportement de
loisirs des Ivoiriens (1) révèle l'existence d'un besoin important de
pratique sportive, mis en évidence par le décalage existant, pour certaines
parties de la population, entre le taux de pratique régulière et le taux
de pratique irrégulière. Une pratique irrégulière importante accompagnée
d'une pratique régulière faible, pouvait traduire l'importance d'une demande
et exprimer la difficulté (pour des raisons tenant aux conditions de vie,
aux obstacles familiaux et professionnels) de parvenir à l'exercice régulier
de l'activité (voir notre première partie).
On parviendrait ainsi à déterminer des secteurs sous-développés
dans lesquels une demande importante se manifeste en vain et ne trouve
d'autre exutoire qu'une pratique irrégulière: l'élément féminin, le milieu
ouvrier, celui des employés, les gens mariés, seraient aussi les secteurs
sensibles, c'est-à~dire prioritaires (2).
(1) - Enquête. du Jowr.n.a1. FJtatvotU.é ilAa.:ti.n. e.:t no4 pltoptD.u e.n:tJt.e.tie.n4 ave.c.
la. popuhLt.<.on.
(2 ) - c.6. PIARV, Cla.ude. : v~ une. nouvetle. po~que. ~po~ve.. P~,
AmphoJta., p. 45 e.:t ~uJ..va.n-tu ; a 3a.Lt aM~i une. e.xc.ëlle.nte. ana.e.y~e. ap-
pM 60 ncüe. e.n FJta.nc.e., de. c.e. pJtob.e.è.me.. I.e. u:t d' cU.1..e.e.WlA c.J..t.ê pM
ENAULT, e.:t c.o.e..e.. : op. ~. p. 202.
- 300 -
L'existence d'une demande importante dans certains secteurs,
l'indication que cette demande porte sur une conception du sport et de
l'activité physique détachée de toute idée de compétition malsaine seraient
autant d'éléments favorables à la mise en oeuvre d'une action "Sport pour
tous" qui favoriserait le contact avec les autres et avec le milieu naturel.
L'Etat ne pourrait se désintéresser d'un mouvement de cette
importance. Chargé de veiller à ce que "cette obligation nationale" qu'est
le sport s'inscrive réellement dans les faits, il devrait tout mettre en
oeuvre pour donner à la population le goût et les moyens d'exercer l'acte
sportif. Rappelons entre autres que deux idées paraissent marquer notre
notion de Sport pour tous : sport
ouvert ou accueillant à tous, et sport
obligatoire pour tous. Par ailleurs, l'intérêt d'une meilleure condition
physique de la population ne pourrait lui être indifférent puisqu'elle
entraînerait des économies en matière de santé. Enfin, l'encouragement à
la pratique du sport constituerait une possibilité d'occupation du temps
de loisir. Responsable à ces divers titres, l'Etat aurait donc un rôle
essentiel à jouer en la matière.
Les structures actuelles des fédérations ne répondent que très
mal aux besoins de la population (notamment "sport pour tous"). Prises
entre les obligationsiélitistes de la compétition et entre le désir de
s~ouvrir à la plus grande masse de pratiquants, les fédérations ne savent
pas toujours offrir des services adaptés aux différents degrés de la
pratique sportive. L'importance, à cet égard, de la pratique irrégulière,
l'évolution du taux d'affiliation (cf. première partie, chap. 2), tradui-
sent l'existence d'une clientèle potentielle et expriment son insatisfaction
réelle. Or, ce taux, nous l'avons vu, est souvent très faible, indice d'une
inadaptation de l'offre et de la demande.
- 301 -
Ainsi que le constate un sociologue français
"La prépondérance actuelle toute puissante des sports conçus
d'abord pour la haute compétition et l'élite suscite des modèles d'acti-
vités physiques qui découragent très vite et définitivement les êtres
moyennement doués: ceux-ci constituent, ne l'oublions pas, les neuf
dixièmes de la population ..• Il faudrait partir des formes actuelles du
loisir sportif de la majorité pour réinventer des formes, des règles,
une organisation nouvelle d'activités sportives plus proches des besoins
et possibilités de la populatiori: (1).
Les fédérations devraient accepter d'évaluer, de comprendre
que leur intérêt est d'accueillir, avec une aide appropriée des pouvoirs
publics, voire de leurs dirigeants, toute cette masse potentielle. Ainsi
le mouvement sportif ne devrait pas laisser passer la chance que ses homo-
, logues notamment allemand, anglais, ont su saisir.
Au demeurant, les besoins sont tels que la place ne restera
pas vide bien longtemps et on pourrait craindre qu'une éventuelle indiffé-
rence des pouvoirs publics et du mouvement sportif ne laisse le champ libre
à des intérêts privés, qui se mettront à vendre du "loisir sportif" sans
retenue et sans contrôle.
Comme la deuxième voie du Deutsche Sportbund(D.S.B.), le Sport
pour tous pourrait être l'ocdasion, pour le Comité National Olympique de
Côte d'Ivoire et les fédérations, d'un "grand bond en avant" et d'une
nouvelle définition de leur rôle dans l'élaboration de la politique sportive
du pays. Disposant d'une représentativité plus large, ils pourraient
alors peser d'un poids plus grand dans la conduite de cette politique.
( 1) - VUMAZEVI ER JOFFRE : "SpoJr..:t e;t a.C-Üvdé-6 phYl.l,,[que..6 " in. Revue. Educ.a;t{.on
PhYl.lique e;t SpoJr..:tl.l, nO 122. 123 c.M:.é pM ENAU LT, e;t coU. : op. ca.
p. 203.
-
302 -
4. - L'ORGANISATION DU SPORT POUR TOUS.
L'activité sportive serait un véritable projet culturel et
social qui requiert toutes les énergies et supposerait une multiplicité
d'intervenants. Chacun d'entre eux y aurait directement intérêt et
devrait s'impliquer à fond dans la réalisation des actions envisagées.
Pour ce faire, il devrait y avoir une ébauche de coordination
entre les administrations concernées (des structures appropriées) : le
Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports, même
s'il était l'interlocuteur privilégié du mouvement sportif, devrait
établir des contacts avec d'autres départements ministériels concernés
à des titres divers (Travail, Santé, Culture), ainsi qu'avec divers éta-
blissements ou services publics: Ainsi, l'Office national des forêts
(pour l'aménagement des zones de plein air, l'ouverture du domaine public
forestier à la pratique sportive par exemple); délégation générale ~ la
Sécurité routière (création, protection et éducation, en ce qui concerne
les pistes cyclables ou autres parcours réservés à l'activité physique) ;
les "aménageurs" devraient être aussi associés pour aider à planifier le
développement de l'environnement et l'adapter à l'homme, dans les villes
et en dehors.
Du côté du mouvement sportif, tous les échelons de la hiérarchie
devraient se sentir concernés par l'action "sport pour tous". Cette né-
cessité, on l'a vu~/a connu un début de réalisation.
En dehors de l'administration et du mouvement sportif qui de-
vraient être les deux chefs de file et pourraient trouver l'occasion d'é-
prouver la "politique contractuelle", le rôle des collectivités, actuelle-
ment, ne devrait pas être négligé, non plus que l'association de cadres,
d'enseignants et de médecins.
En outre, la nécessité de rechercher des ressources financières
devrait conduire à développer les contacts avec toutes sortes d'organismes
entreprises, banques, sociétés d'assurance, agences de publicité, me~ias.
- 303 -
Des structures de coordination seraient donc nécessaires, l'or-
ganisation suivante pourrait être envisagée:
4.1. - A l'échelon national, création d'un Comité "Sport pour
tous" comprenant quinze membres :
- c~nq représentants des administrations : ministère de Jeunesse,
de l'Education Populaire et des Sports (bureau "Sport pour tous", à insti-
tuer) + ministère du Travail + ministère de la Santé + ministère de l'Envi-
ronnement + ministère de la Défense (avec possibilité d'y adjoindre éven-
tuellement une représentation des départements de la Culture et de la Condi-
tion féminine ;
- des représentants du mouvement sportif
- un représentant des entreprises spécialisées dans la vente
d'articles et d'équipements sportifs;
- un représentant de la Fédération nationale des Offices municipaux des
sports (F NOMS) ;
- un médecin désigné par l'ensemble des praticiens de la médecine
sportive
- un journaliste représentant l'Union syndicale des journalistes
sportifs
- un représentant des média.
Ce comité aurait pour première mission d'élaborer un programme
pour dix ans, indépendant des échéances olympiques et tenant compte de la
programmation du plan (il pourrait s'inscrire à terme dans un programme
d'action prioritaire du V. plan).
Ce programme devrait contenir une indication des actions propo-
sées, des secteurs de la population visés et des moyens nécessaires à leur
réalisation.
- 304 -
Le problème des ressources serait évidemment le problème clé
- dans un premier temps, une subvention de l'Etat et du mouvement
sportif pourraient permettre de lancer les premières actions qui sont avant
tout d'incitation: dans cet ordre d'idées, les facilités accordées par les
fabricants d'articles de sport (en échange de leur accréditation comme
spécialistes de "Sport pour tous") et par les media (gratuité des sports
publicitaires, comme cela se passe en Allemagne) seraient de nature à réduire
au maximum le coût des opérations de démarrage. Ce serait dire l'intérêt
à développer, pour cette action Sport pour tous, des contacts étroits avec
les acteurs de la vie économique du pays.
- dans un deuxième temps, des ressources supplémentaires devraient
être recherchées pour développer l'offre des structures adaptées (équipements
"sport pour tous", animateurs). On pourrait envisager une politique de
contrat avec des entreprises permettant la mise à disposition d'équipements.
Responsable de sa politique, le comité "Sport pour tous" pourrait
s'adjoindre des commissions spécialisées en fonction du secteur d'interven-
tion : le jardin d'enfants, l'entreprise, les clubs du troisième âge n'ap-
pellent pas les mêmes compétences et ne nécessitent pas les mêmes intervenants.
4.2. - Au niveau régional, l'action "Sport pour tous" devrait
avoir sa structure propre, prolongement de celle proposée à l'échelon cen-
tral : on pourrait envisager que soit nommé dans chaque service régional de
la Jeunesse et des Sports, un délégué pour le "Sport pour tous" qui veil-
lerait en liaison avec le Comité régional olympique et sportif (CROS),
émanation du Comité National Olympique et Sportif de Côte d'Ivoire)dans
les régions.
4.3. - A l'échelon local, cette action devrait se prolonger par
la création de délégué "Sport pour tous" dans chaque département qui aurait
un rôle ·d'animation du secteur extra-scolaire et de contact avec les éduca-
teurs qui oeuvrent dans le domaine de l'encadrement du service d'animation
- 305 -
sportive (ou S.A.S.) qui reste encore à créer en Côte d'Ivoire.
Il pourrait également susciter la création dans les offices
municipaux des sports, structure essentielle de la vie locale sportive,
de bureaux "Sport pour tous" effectuant des ,:onsultations et donnant des
renseignements à la population désireuse d'activités physiques.
5. - LES ACTIONS A ENTREPRENDRE.
La sensibilisation que devrait entreprendre le Comité "Sport
pour tous", devrait s'étendre à toutes les activités de l'homme et l'at-
teindre dans sa qualité de travailleur, de chef de famille, d'animateur
bénévole, de consommateur de loisirs.
Aussi des actions spécifiques devraient être entreprises dans
les différents domaines où s'expriment des besoins. Mais elles ne pourraient
suffire, elles devEaient se prolonger dans une action-choc, à caractère
général mettant en oeuvre tous les moyens d'informations nécessaires.
5.1. - Des actions spécifiques.
5.1.1. - Le sport dans la vie professionnelle.
On pourrait concevoir une pratique sportive adaptée aux besoins
du plus grand nombre qui serait "un véritable libre- service d'activités
de détente et de loisirs", afin d'éviter les erreurs du sport corporatif,
axé actuellement sur la compétition et l'élitisme (l'esprit de taylorisa-
tion de toute entreprise), se faisant hors de l'entreprise. Une pratique
de récréation, de compensation ou d'entretien pourrait modifier -le compor-
tement par un apprentissage approprié des mouvements et postures les plus
courantes ou les plus dangereuses, et amener donc une diminution des
- 306 -
accidents. Précisons entre autres, que l'action d'adaptation du sujet au tra-
vail devrait s'accompagner de celle d'adaptation des conditions de travail
du sujet. Les organismes chargés de la prévention (caisses régionales d'as-
surance maladie, Office professionnel de prévention de bâtiment ... ) de-
vraient le comprendre, ainsi que les ergonomes.
· L'Etat devrait affirmer le développement de la pratique des
activités sportives, comme étant un élément fondamental de la culture, per-
mettant de favoriser la promotion sociale. Ainsi l'on devrait intégrer la
pratique sportive dans les stages de formation professionnelle. Tous les
stages de formation professionnelle (pour adultes ou jeunes) devraient
comporter un programme d'éducation sportive ou à tout le moins d'entretien
physique. Le refus d'agrément du stage pourrait être opposable à tout stage
ne satisfaisant à cette obligation. Enfin, si l'on admettait que la forma-
tion continue était une nécessité et un dev6ir et que le sport était un des
éléments de cette formation, il conviendrait d'admettre qu'un stage à temps
plein, d'initiation et de pratique sportive entrerait dans le cadre de la
formation telle qu'elle est définie par le livre du Code de travail.
· La pratique d'un sport dans l'entreprise serait une raison
suffisante pour demander à l'Etat et au Comité d'entreprises un aménagement
des horaires de travail. Tout travailleur devrait pouvoir dans le cadre des
possibilités de l'entreprise, bénéficier, pour la pratique contrôlée et
régulière d'un sport, d'aménagements de son horaire de travail.
· Il faudrait financer le développement de toutes les activités
sportives à part égale si possible. Le sport dans l'entreprise devrait
être le sport de l'entreprise, mais il faudrait éviter l'écueil d'enfermer
le sport dans l'entreprise, dans l'usine, monde clos. Bien que contrôlé par
le Comité d'entreprise, il serait nécessaire de l'ouvrir au monde extérieur.
Pour cela il eonviendrait de multiplier autour ou dans l'entre-
prise, les structures d'accueil: salles de sport, stades, piscines, etc.
ouverts sans restriction aux travailleurs, à des heures faciles. En effet
autant il est possible de s'attarder une heure à la fin de la journée de
travail, sur un lieu de détente, autant il est difficile, après être rentré
- 307 -
chez soi, et avoir chaussé ses pantoufles d'en ressortir pour aller pra-
tiquer un sport. Ne pourrait-on pas imaginer que toute zone industrielle
nouvelle
soit pourvue d'un minimum d'infrastructures sportives et qu'en
tout cas les infrastructures existantes
soient· ouvertes à des heures bien
choisies à tous les salariés sans qu'on exige d'eux qu'ils soient membres
d'un club?
Cela nécessiterait un aménagement des horaires de travail ; la
pratique du sport nécessiterait une généralisation des horaLres variables,
à la carte, qui présente notamment l'avantage d'éviter la saturation des
équipements sportifs, mais qui pourraient aussi présenter des inconvénients
sur le plan du développement économique national. Chacun alors devrait as-
sumer correctement ses responsabilités et avoir une conscience professionnelle
aigüe.
Ces aménagements permettraient en outre de donner la possibilité
aux éducateurs sportifs, aux travailleurs titulaires d'un brevet d'Etat de
concourir à l'initiation sportive, pendant la journée normale: institution
du service de participation de tous à l'éducation.
Pourcconclure, il nous paraitrait nécessaire de relever une évi-
dence. Le sport dans l'entreprise n'est encore que l'affaire de quelques spé-
cialistes
les principaux intéressés, chefs d'entreprise, syndicalistes,
ou salariés de base, ne manifestent que rarement un intérêt majeur pour
cette question. Les préoccupations immédiates des uns et des autres seraient
loin de ce problème. Et ce ne serait pas demain que se déploierontles ban-
deroles réclamant "des heures de sport payées comme temps de travail". Don-
ner les moyens ne suffirait pas. Il conviendrait, sous peine de voir ces
moyens inutilisés, d'éveiller le besoin d'une pratique sportive, voire par
la suite de susciter une revendication au niveau des entreprises pour que
ce besoin soit fait.
L'action "Sport pour tous" dépendrait d'abord d'une certaine
conception du sport qui devrait être celle de tous les responsables : admi-
nistrateurs, dirigeants sportifs, entrepreneurs, éducateurs, parents ...
- 308 -
Nous pensons avoir déjà bien précîsé cette conception. Ajoutons toutefois
un concept fondamental, bien exprimé par le sociologue français J. DUMAZE-
DIER (1)
:
"En tant que loisir, l'activité sportive devrait pour répondre
aux besoins, répondre de plus en plus à trois fonctions : fonction de dépas-
sement (performance) fonction de divertissement (jeu), fonction de délas-
sement (relaxation.}".
5.1.2. - Le sport et la femme.
Un deuxième secteur d'intervention prioritaire, après le monde
du travail, serait la cellule familiale, où la pratique sportive est géné-
ralement perçue comme une nuisance et une atteinte à l'unité de la cellule
familiale. Elle peut être source d'éclatement et de conflit, surtout le
samedi et le dimanche, à l'heure des rencontres sportives. La comparaison
entre la pratique sportive des célibataires et celle· des mariés (chez qui
on relève un abandon) serait très révélatrice à cet égard. Nous l'avons
vu (première partie, chap. 2). Le sport semble être l'unique objet du res-
sentiment terrible de l'épouse qui le considère comme compromettant pour
sa situation conjugale; elle adopte une attitude de résignation en restant
à la maison à attendre son mari, puisque pour elle, le sport est "l'affaire
des hommes".
Aussi parait-il indispensable de mettre un terme à l'état profond
de sous-développement du sport féminin en Côte d'Ivoire qui se traduit par
quelques clichés de vedettes, mirages dans le désert et à une caricature
souvent outrancière. Ce sous-développement en matière sportive n'est bien
sûr qu'un des aspects de l'état social général de l'Ivoirienne de 1982.
(1)
VUMAZEVIER J. : Con6énenee Cong~è6 Mon~ Ma~, 1966, cité p~
SEURIN P. : op. cit. p. 221.
- 309 -
Aussi des contacts devraient être établis avec les administrations responsa-
bles pour proposer des actions et libérer le sport féminin :
- développement de la gymnastique volontaire, des cours d'entre-
tien physique, en liaison avec les fédérations intéressées et avec possi-
bilité d'obtenir des encour~gements financiers de la part des organismes
de sécurité sociale.
- aménagements de haltes-garderies près des équipements sportifs,
au niveau des communes.
L'obstacle essentiel résidant dans une inhibition profonde et
inconsciente, on pourrait craindre que de telles offres d'activités ne déter-
minent pas une motivation individuelle suffisante. L'action d'incitation
devrait donc se prolonger au niveau des groupes sociaux où évolue la femme
l'entreprise, l'association de quartier, les associations de ménagères par
exemple, mais ces deux dernières sont relativement peu développées chez
nous. La structure idéale de la famille, c'est donc sur elle que devrait
porter l'essentiel de l'action "Sport pour tous".
5.1.3. - Autres actions spécifiques.
Avant d'en envisager le contenu précis, indiquons quelques autres
voies possibles d'actions spécifiques portant sur des populations parti-
culières :
5.1.3.1. - Les personnes âgées constituant une population dont
la demande en activités physiques augmenterait sensiblement grâce aux
progrès des connaissances médicales en gériatrie: l'effort physique, naguère
jugé dangereux, serait aujourd'hui recommandé et les bienfaits d'une pra-
tique physique équilibrée reconnus.
Des contacts pourraient être pris, au niveau local, par des
délégués "Sport pour tous" et les offices municipaux des sports avec les
- 310 -
clubs de troisième âge (à créer s'ils n'existent pas encore) pour développer
une telle pratique, sous contrôle médical. L'assistance technique pourrait
être fournie par les associations' locales.
5.1.3.2. - Plus dé1iquats paraissent être les problèmes qu~ se
posent aux handicapés physiques. Là encore les progrès de la médecine per-
mettrait de réaliser ou d'envisager déjà ce qui était impensable il y a
quelques années. Les Jeux nationaux ou mondiaux des handicapés (cf. Saint
Etienne 1975, Toronto (Canada) 1976) sont déjà une réalité ancienne : plus
importante serait la création des services destinés à vaincre les handicaps
et adaptant la pratique à l'étendue des capacités physiques.
5.1.3.3. - D'autres secteurs tels que les jardins d'enfants et
crèches (population jusqu'à trois ans) pourraient faire l'objet d'attention
de la part des responsables du sport ivoirien.
5.1.3.4. - Dans cette chaîne continue, le développement du sport
dans les prisons constituerait sans doute l'élément à la fois le plus marginal
et le plus original. L'administration pénitentiaire devrait promouvoir le
sport en prison pour tout détenu sans distinction, malgré l'insuffisance
du budget que nous avons toujours soulignée.
5.1.3.5. - On rappellerait aussi le rôle essentiel que joue et
qu'a toujours joué l'armée en matière sportive, l'activité physique prati-
quée quotidiennement, - 2 kilomètres en moyenne - par chaque soldat consti-
tuant un des piliers de la formation du combattant.
Une évolution heureuse dans les rapports entre le sport militaire
et le sport civil devrait être souhaitée et envisagée. La caserne devrait
ouvrir ses portes au club et le sportif devrait y pratiquer d'abord dans le
cadre de l'organisation militaire. Une plus grande tolérance devrait marquer
- 311 -
à l'heure actuelle les rapports entre les responsables du sport civil et
ceux du sport militaire : visites organisées des responsables, création
d'une section Sport-armée devraient être autant d'éléments marquant la
volonté de choix dans la vie de la caserne.
5.1.3.6. - Une liaison, une coordination Ecole-Club devrait être
établie, mais en fonction d'une certaine conception du sport et du club
sportif lui-même. L'action en faveur du Sport pour tous commencerait à
l'école, nous l'avons déjà dit. Le rôle de l'Ecole n'est pas de procurer
au club de futurs champions, ce que trop de clubs attendent encore de
l'Ecole, mais elle devrait donner le goût du sport régulier et la conscience
claire de ses valeurs ••• ainsi que de ses dangers. Elle devrait donner une
formation générale et une culture sportive qui permettraient de fournir au
club sportif un nombre important de pratiquants ayant de bonnes qualités de
base (meilleures garanties des succès futurs) et une saina conception du
sport.
Le rôle du Club sportif ne devrait plus être seulement et unique-
ment d'organiser des compétitions pour des sujets sé~ettionnés, mais aussi
et surtout d'offrir à une masse de plus en plus grande de jeunes et d'adul-
tes les possibilités matérielles d'une pratique régulière d'activités physi-
ques variées. Il devrait contribuer à créer la culture sportive des adultes
et des adolescents qui n'ont pas acquis cette culture à l'école. Les clubs
devraient offrir aussi aux adhérents la possibilité de pratiquer des acti-
vités physiques inspirées des traditions locales et des cultures régionales
très riches chez nous (ethnomotricité) ... comme celle~'d'inventer de nouvel-
les formes.
La bonne coordination Ecole-Club sportif dépendrait beaucoup de
l'action de l'enseignant d'E.P.S. (1). Il serait souhaitable qua celui-ci
puisse continuer à s'occuper de ses propres élèves au sein du club sportif.
[1] - On .i' a.ppeUe. c.ommunéme.nt e;t pe.ut-me. htorUQue.me.nt c.he.z noM "pJtoOe.6-
.0 e.UIt de. -l' amM eme.nt" .
- 312 -
Donc qu'il soit lui-même un membre actif du club ou. encore mieux. un des
entraîneurs. Son devoir d'éducateur et de défenseur des vraies valeurs du
sport lui imposerait
d'être un modèle de bon sportif et de bon entraîneur
à proposer et non à imposer aux élèves.
Cette liaison Ecole-Club. ou Ecole-Sport d'adulte. qui est
excellente. devrait éviter la faute. parfois commise. de sacrifier en partie
l'Ecole au Club. L'Ecole qui est la base et qui touche tous les enfants. de-
vrait avoir une nette priorité.
5.2. - Une campagne sport pour tous.
Au-delà des plans d'action visant des P9pulations particulières.
une action-choc demeurerait indispensable pour sensibiliser l'ensemble du
pays à l'intérêt de l'entretien physique du corps.
Mise en oeuvre par le Comité "Sport pour tous". relayée par les
délégués. Sport pour tous. les Comités régionaux olympiques et sportifs
(CROS) et les Offices municipaux sportifs (OMS). et menée en collaboration
avec tous les partenaires intéressés (cadres. enseignants. entreprises.
organismes financiers. sociaux, syndicats, organisme des parents. etc.· ).
elle pourrait suivre les étapes suivantes :
5.2.1. - Créer et développer un mouvement d'opinion
favorable au sport.
Une très large campagne d'information sur la nécessité de la
pratique d'activités physiques par les individus de tous âges devrait être
nationalement organisée .Cette campagne "Sport pour tous - Gymnastique
volontaire" devrait s'appuyer sur des données scientifiques, économiques
et culturelles aujourd'hui solidement établies. mais généralement ignorées
du grand public :
-
313 -
maladies et déficiences liées à une activité physique insuf-
fisante ;
- dépenses qui en résultent pour la collectivi té ;
résultats positifs acquis dans certaines expériences de sport
pour tous ou de gymnastique volontaire.
Cette campagne "Sport pour tous", à l'instar de ce qui s'est
fait en Allemagne, devrait, pour se développer, s'appuyer sur la télévision,
les radios et les journaux. Par le biais de courtes séquences d'information,
de messages publicitaires, les sigles et symboles distinctifs de l'opération,
pourraient connaître une audience très importante.
La rédaction de brochures, dépliants explicatifs donnant des ren-
seignements pratiques (à qui s'adresser, quel type d'activité choisir)
pourrait accompagner cette action de promotion, concrétisée par des gadgets
reprenant le symbole du mouvement : autocollants, pQ~te-clés , petits per-
sonnages, etc.
Enfin, la distribution des brochures et supports matériels de
l'opération pourrait être assurée gratuitement par les banques, et sociétés
d'assurances, les entreprises, lès établissements scolaires et les médecins.
5.2.2. - Prévoir des structures adaptées •
. Du matériel sport pour tous: la condition du succès de l'opé-
ration résiderait ~ans la mise au point du matériel et d'équipement
"Sport pour tous" susceptible de répondre à la demande nouvelle créée par
l'action d'incitation évoquée précédemment: en échange d'un label accordé
par le comité "Sport pour tous", les entreprises s'engage~aient à proposer,
à des conditions très avantageuses, du matériel sportif pour l'initiation
et la mise en condition physique, très différent en prix et en technicité
du matériel traditionnel (ainsi pour les bicyclettes).
-
314 -
L'équipement sportif de la Côte d'Ivoire devrait être repensé
en fonction des exigences du sport pour tous. Les installations devraient
être :
- simples, peu coûteuses et nombreuses (pour la pratique des
activités de loisir gratuites ou peu onéreuses, telles que le'''foQtin~''
(le "jogging" des américains), la randonnée pédestre ou cycliste, les jeux
simples n'exigeant qu'un matériel de prix modique (beaucoup de sports col-
lectifs seraient dans ce cas) ;
- faciles à utiliser, à tous moments (à proximité des groupes
d'habitations ou en pleine nature)
- polyvalentes (utilisables pour diverses activités adaptées
le mieux possible à tous les cas particuliers y compris celui des handicapés
(trop souvent oubliés).
Des Centres de mise en condition physique, avec une administration
spéciale (personnel de gestion et personnel d'animation convenablement for-
més) et des installations adaptées devraient être créées par les Pouvoirs
Publics (Municipalités, Administration) ou les Entreprises .
• Des équipements nouveaux : Comme le matériel, les équipements
devraient précéder la manifestation des besoins; donc il faudrait s'atta-
cher à créer des équipements ouvèrts à tous en dehors des bases de loisirs,
qui supposent une organisation complexe (plusieurs intervenants) et dont la
mise en oeuvre est lente, l'on devrait créer le parcours naturel collectif,
dérivé du Tria~Park ; il consisterait en une piste fléchée avec indication
des distances et comportant des points fixes où certains exercices (indiqués
sur place) devraient être exécutés, faisant appel à la force, à l'adresse,
à l'équilibre.
Autour de cette piste, s'organiseraient des aires de détente,
d'accueil: (foyers, vestiaires, sanitaires) et des terrains de sports
libres d'accès.
- 315 -
Sans aller jusqu'à la réalisation de tels équipements, le Comité
"Sport pour tous" pourrait privilégier l'aménagement de parcours naturels
dans les communes, ces équipements ne représentant pas un coût trop élevé.
La participation des sportifs eux-mêmes à la construction des équipements
et matériels serait vivement désirée.
D'une manière générale, les services de l'Equipement du Minis-
tère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports pourraient cons-
tituer un dossier "Equipement Sport pour tous" diffusé dans toute la Côte
d'Ivoire, présentant une panoplie des équipements existants et indiquant
les conditions de réalisation et de financement. A cet égard, une incitation
financière pourrait être trouvée par le biais des subventions de l'Etat dont
les taux différents pourraient être modulés en fonction de l'intérêt social
de l'équipement. Dans le cas du Sport pour tous, les équipements correspon-
dants (parcours naturels, plaines de jeux) pourraient faire l'objet d'une
subvention très incitative du Ministère, assortie d'une possibilité de sub-
vention complémentaire par le comité "Sport pour tous".
~.2.3. - Ouverture des équipements traditionnels.
Il faudrait parvenir à une utilisation des équipements actuels,
trop souvent inadaptés, parce que de prestige, par l'ensemble de la popu-
lation. Pourquoi dès lors ne pas envisager une formule-choc permettant une
grande souplesse ?
si l'on voulait garàèr en tête l'objectif de préservation de la
cellule familiale, on pourrait envisager la création d'une carte de sport
familiale dont les avantages seraient les suivants :
- carte utilisable collectivement, par les membres d'une même
famille ou individuellement ;
- valable pour toute la Côte d'Ivoire et permettant une entrée
gratuite ou à prix réduit dans un grand nombre d'installations (parcs de
sports, piscines, gymnases polyvalents) à certaines heures de la semaine,
dont une partie obligatoire en fin de semaine.
,
- 316 -
- une réduction faible (mais incitative: 5 %) sur l'achat
d'équipements sportifs élémentaires (chaussures de tennis, de golf, bal-
lons) ou d'équipements portant le l.abel "Sport pour tous". Ces réductions
seraient obtenues dans les seuls magasins accrédités par le Comité "Sport
pour tous".
- une réduction sur le coût des participations aux manifestations
"Sport pour tous".
L'attribution de cette carte obtenue contre un prix couvrant les
frais d'assurance individuelle (à cet égard, les risques inhérents à la
pratique sportive pourraient être expressément prévus dans les garanties
"multirisques individuelles"), pourrait être liée à l'obtention du brevet
sportif populaire.
5.2.4. - Formation de personnel d'animation.
L'encadrement existant pourrait d'ores et déjà contribuer à
orienter les actions "Sport pour tous" ; professeurs d'E.P.S. et assimilés,
éducateurs sportifs, animateurs de centre d'activités sportives, moniteurs
municipaux.
On pourrait concevoir le projet d'un corps d'animateur "Sport
pour tous" ou de "plein air" qui acquerraient leur qualification dans les
mêmes conditions que le brevet d'éducateur sportif de premier degré avec
comme "spécialité l'animation du Sport pour tous". En Allemagne Fédérale,
un plan de formation (dit de 120 heures) a été établi, permettant une forma-'
tion rapide et spécialisée, prise en charge par le Deutsche Sportbund
(fédération), de moniteurs à temps partiel. On pourrait également citer
l'exemple des "régisseurs municipaux" au Québec (1), agissant au niveau
local des "corporations municipales" et subventionnés par les pouvoirs publics
à concurrence de 40 %, pour trois ans.
(JJ - L r e.x.emple. ut c.A;té. pM ENAULT, ct c..oU.
op. cit. p. 216.
- 317 -
Certes le "Sport pour tous" est avant tout caractérisé par la
pratique libre, personnelle, sans souci de performance et sans nécessité
de directives techniques spécialisées: le "footing" (le "jogging" des
Américains) par exemple exclut tout entraîneur, tout animateur et toute
compétition organisée. Cependant pour beaucoup d'activités de groupe
("la gymnastique volontaire" par exemple) et un certain nombre de jeux
sportifs, des instructeurs et surtout des animateurs se~aient nécessaires.
Une option "Sport pour tous" devrait être introduite dans le
programme d'études du Professorat d'Education Physique (E.P.). Des stages
de formation d'instructeurs et d'animateurs devraient être organisés à une
large échelle, comme cela est réalisé par exemple par la Svenska Gymnastik
Forbundet (Fédération Suédoise de Gymnastique) (1) à son Ecole populaire
de Gymnastique de Lillsved, par la Fédération Française de Gymnastique
volontaire (F.F.G.V.), par le Central Council of Sports en Grande-Bretagne
ou par l'Ecole Fédérale de Macolin (Suisse).
Le "Sport pour tous" devrait surtout s'appuyer sur des anima-
teurs -et même souvent des instructeurs- spécialisés (pour tous les
secteurs, notamment celui des 4andicapés, si délicat et si important humai-
nement), et
bénévoles. Comme nous l'avons déjà indiqué, c'est la formule
la plus courante dans beaucoup de pays.
Ajoutons que du point de vue de leur formation sociale, il serait
important que les jeunes (ivoiriens) participent aussi bénévolement à l'admi-
nistration et à l'animation du "Sport pour tous". Ils y découvriraient des
problèmes parfois difficiles à résoudre mais auxquels ils s'intéresseraient
justement à cause même de ces difficultés. Ils auront conscience d'être uti-
les, de créer parfois •.• et c'est cette satisfaction qui manquerait aujour-
d'hui à beaucoup de jeunes.
(7) - L'e.xempie. u:t cJ./té pM SEURIN P.
op. cJ./t. p. 231.
-
318 -
5.2.5. - Faire du sport une fête familiale.
Pour assurer l'adhésion et la motivation continue des adultes,
l'important serait de mettre au point un programme de manifestations de
masse échelonnées dans le temps. Cela présenterait certains avantages:
- "SplDrt pour tous", pratique individuelle, par essence, ne met-
tant l'individu en compétition qu'avec lui-même, trouverait dans les mani-
festations populaires, un nouvel élan dans l'émulation et le contact avec
les autres.
- Ces manifestations permettraient de redonner au sport son carac-
tère de fête populaire et de permettre à tous les membres de la famille de
s'y retrouver autour d'une même activité.
Il paraît en effet, indispensable de reven1r à une dimension
familiale de la pratique physique et sportive. Pour cela, certaines conditions
seraient à remplir :
- organiser sur les lieux de vacances (plages, clubs, bases de
loisirs) et de détente, de vastes tournois à caractère familial (mini-
foot ouvert à la famille, relais de natation, relais pédestre permettant
une participation de masse), des parcours naturels avec obstacles de dif-
ficultés graduées.
o
o
0
6.
CONCLUSION.
Somme toute, il
devrait désormais être bien établi que le "Sport
pour tous" n'es t que très peu dépendant des succès des champions. L'exemple
des champions -aussi brillant soit-il- et peut-être même surtout s'il ap-
paraît absolument "hors de portée" de l'individu moyen -ne pourrait être
l'incitation majeure à la pratique du "Sport pour tous", Comme nous l'avons
déjà montré, .le développement du Sport pour tous dépendrait essentiellement
-
319 -
de certaines conditions économiques et sociales, d'une éducation au niveau
de l'Ecole et d'une large information des adultes.
L'action en faveur du 1_~Sport pour tous" ne pourrait être entre-
prise qu'à partir d'une situation socio-économique convenable. Pour que
chacun puisse bénéficier de la pratique du sport, il serait évidemment
indispensable qu'il y ait:
~cles forces physiques disponibles pour cette pratique
pro-
blèmes de l'alimentation, des conditions matérielles de travail, du niveau
de vie en général ;
- le temps disponible : problème de temps de loisir, de la
proximité des installations matérielles ou de la pleine nature, des moyens
de communications, etc.
- la disponibilité psychologique, c'est à dire le désir de l'ac-
tivité physique
problèmes de l'éducation reçue en famille et à l'école,
de l'influence du milieu social, de l'information et de la propagande en
faveur des loisirs actifs, etc.
Il est certain qu'en beaucoup de pays, notamment le nôtre, la
plupart de ces problèmes fondamentaux devraient d'abord être résolus.
Car selon la pensée de José ORTEGA Y GASSET (1) : "Quand 1 'homme
se décide à jouer, c'est qu'il est rassuré en ce qui concerne les urgences
élémentaires de la vie".
Cette affirmation demeure toujours aussi vraie que la contribu-
tion de l'Education Physique et Sportive à la formation de la jeunesse ivoi-
rienne. N'est-ce pas ce que nous avons essayé de montrer ici?
Nos propositions vont sans doute ébranler la conviction de cer-
tains
pour eux, elles seraient, à certains égards, peut-être ambitieuses,
voire utopiques. Pour nous, elles sont formulées à court, moyen et long
[1] - JO.6é. ORTEGA Y GASSET: Me.dil.a.uoYl de. .ta. te.c.n.ic.a. ,(.11 "Oblta.6 c.omple.ta.6"
c.,[té. p~ SEURIN P. : op. c.-<.t. p. 221.
- 320 -
terme, et comme nous connaisson~ bien la Côte d'Ivoire, ne serait-il pas
préférable de demander beaucoup afin d'obtenir peu? En tout cas, une nou-
velle orientation de l'E.P.S. en Côte d'Ivoire serait nécessaire à l'heure
actuelle, et notre intention serait d'y contribuer.
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- 322 -
CON CLUS ION
GE NE RALE
- 323 -
Le sport a fait son entrée dans la vie des Ivoiriens. La multi-
plication des rencontres sportives, les émissions ~adio-télévisées, l'in-
fluence des vedettes sportives sur l'opinion, la p~blicité, le développe-
ment des installations sportives sont l'illustration de cette nouveauté.
Mais il existe deux images caractéristiques du sport de haut
niveau. D'une part celle d'un professionnalisme, gouverné par le commerce
tout puissant qui dénature le sport, mais qU1 hélas, par les immenses res-
sources de la publicité, agit puissamment sur les masses pour les enfermer
dans des passions infantiles (cf. les rencontres du "Mundial 1982" en Espa-
gne : Coupe du monde de foot-ball). De l'autre côté, celui d'un sport ama-
teur, sain et vigoureux, où la rivalité même forge les amitiés et permet
les exploits. Ces deux tableaux renforcent notre conviction qu'il faut
lutter d'urgence et avec vigueur pour sauver le sport en Côte d'Ivoire
la conviction aussi que ce sauvetage est possible puisqu'il existe encore
de vrais sportifs et jusqu'au plus haut niveau.
Il est temps de choisir
- ou bien les gouvernements, les mass-media et le public conti-
nuent dans la voie actuelle, illustrée par le "Mundial" : priori té au sport
d'élite, aux champions plus ou moins professionnels et au spectacle commer-
cialisé. Et nous irons irrémédiablement, vers un sport de plus en plus soumis
aux intérêts financiers et politiques, et aux passions partisanes. A plus
ou moins long terme nous aboutirons à la disparition du sport lui-même, en
- 324 ,...
ce qu'il pourrait garder au moins de valeur humaine et sociale (voir les
problèmes du sport ivoirien dans notre première partie). Nous aurons demain
dans beaucoup de pays, notamment le nôtre, du fait de l'impitoyable loi de
sélection pour la rentabilité des affaires, quelques rares "travailleurs
du sport" artistes de talent qui amuseront et passionneront des foules de
spectateurs ; lesquels joueront leur argent sur les hommes comme ils le font
sur les chevaux. Mais ces paris sportifs ne contribueront pas cependant à
améliorer la race humaine, comme ont prétendu le faire pour la race cheva-
line, les paris mutuels des champs de course ! Retour aux "Jeux du Cirque"
de l'antiquité, jeux moins primitifs peut être, mais sauvages parfois et
aussi pernicieux pour la santé morale et physique d'une nation.
- ou bien ces mêmes forces sociales comprendront enfin qu'il
existe un autre sport d'élite et une autre voie beaucoup plus efficace
humainement et socialement: celle d'une action prioritaire en faveur de
l'éducation physique scolaire et du "Sport pour tous". Nous avons précisé
les concepts et les méthodes à mettre en oeuvre dans une telle voie (voir
les 2e, 3e et 4e parties de notre travail). Nous les rappelons: En effet,
il n'y a pas d'E.P.S. idéale, mais il peut y avoir un sport éducatif quand
il est adapté à des conditions déterminées. Nous définissons l'Education
physique et sportive (E.P.S.), ou l'éducation sportive comme une unité,
une totalité, comme l'éducation par toutes les activités physiques et spor-
tives et d'expression corporelle. Chaque activité a une valeur éducative
égale (pas d'opposition entre Education Physique et Sport, entre les diffé-
rentes formes d'E.P., entre les différentes formes de sport ... entre l'école
et le club et le militaire, etc.
), elle peut avoir une influence spéci-
fique sur l'individu dans des conditions déterminées. L'E.P.S. homogène contri-
buerait
au ?éveloppementglobal de l'individu sur tous les plans (physique,
intellectuel, affectif, social, moral ... ). Il faudrait éviter la polémique
inutile et nuisible qui consiste à opposer entre elles les techniques, les
méthodes, les orientations pédagogiques dites traditionnelles et nouvelles
(Voir notre étude en 2e~et 3e parties sur Niels BUCK, TISSIE, LING, AMOROS,
JAHN, HEBERT, DE COUBERTIN, LEBOULCH, ME RAND , PARLEBAS, LECAMUS ... pour ne
citer que ceux-là). Car elles sont nourries à la même source (même conception
de l'unité de la personne, même conception de la notion d'adaptation qui
est "assimilation et accommodation", "enracinement et déracinement", c'est
- 325 -
à dire que le monde et le moi se structurent réciproquement), ma~s eiles
tentent de s'adapter à des conditions déterminées. En effet, l'attrait peut
être aussi éducatif que l'effort; et l'un n'exclut pas forcément l'autre
et réciproquement. Il faudrait donc, une diversité nécessaire (un mal né-
cessaire) des techniques (analytique, analytico-synthétique, globale, etc. )
des méthodes ou approches pédagogiques (traditionnelles, nouvelles) parmi
lesquelles le professeur d'E.P.S. doit choisir les plus efficaces et les
plus adaptées à des conditions déterminées. Ce qui compte, c'est l'ensei-
gnant : son dévouement pour ses élèves, sa qualification, sa culture qui
est connaissance; sensibilité, compréhension, jugement, évaluation. Il fau-
drait donc avoir une vision structuralisante ou structuraliste des problèmes
fondamentaux de l'E.P.S., des techniques, des méthodes, des tendances péda-
gogiques, en regardant non seulement chez nous, mais aussi ailleurs dans
le monde: éviter de se replier et de s'enfermer sur soi et de s'y complaire.
Il faudrait faire progresser l'E.P.S. comme science autonome, en s'ouvrant
largement à l'extérieur et en intégrant (non sans critique) l'évolution de
toutes les sciences utiles pour l'homme de par le monde. Il faudrait contri-
buer à la recherche scientifique de l'E.P.S. au niveau international.
Nous avons signalé les erreurs à éviter dans ce difficile combat
et donné des exemples très encourageants de réussite (voir la 2e partie de
l'ouvrage). En nous référant à certains systèmes étrangers, nous avons
en effet indiqué des :
- Erreurs à éviter (en Amérique Latine, en France, aux Etats-Unis,
d'Amérique) :
. une conSC1ence insuffisante du rôle de l'éducation, et notam-
ment de celui de l'E.P.S.,
une mauvaise conception du sport : tendance à développer par-
tant, même à l'éco~e, le sport de compétition, le sport-spectacle, le sport-
commerce. Les professeurs d'E.P.S. deviennent des enseignants de techniques,
des "instructeurs techniciens". L'E.P.S. de compétition se caractérise par
sélection systématique, dangers des efforts excessifs, asservissement à
l'argent, chauvinisme national, luttes déloyales, violation des règles.
- 326 -
manque de coordination, parfois concurrence entre les différents
responsables de l'E.P.S. (Enseignants et entraîneurs, Etat et mouvement
sportif, entre ministères .•. ),
insuffisance d'équipement, mal entretenu,
insuffisance d'enseignants, de véritables supports scientifiques
de l'E.P.S. (Centres de Recherches, de Documentation, d'Information, de
Contrôle médical ••. ),
• administration beaucoup trop centralisée,
opposition des conceptions techniques, pédagogiques des éduca-
teurs physiques français ("querelles de techniciens et de pédagogues") :
les problèmes de l'E.P.S. restent en "vase clos" ou en cercle restreint,
donc faible participation des français à l'activité internationale dans le
domaine de la recherche scientifique;
refus du goûet de l'effort surtout aux Etats-Unis d'Amérique,
où le niveau biologique de la masse est faible ; la culture du champion
conduit à la passivité de la masse,
• rejet de l'E.P. (aux Etats-Unis d'Amérique) parce qu'elle est
soi-disant sans motivation, sans joie,
· rejet du luxe inutile : installations somptueuses IDa1S faible
pratique corporelle de la masse américaine.
Exemples à suivre
(en R.D. d'Allemagne, et R.F. dJAllemagne)
· l'E.P.S. est un droit et un devoir du citoyen inscrits dans
la eonstitution.
• Eduquer le peuple à mener une vie saine, optimiste et créatrice,
par la pratique sportive quotidienne sur la base du volontariat, par la
planification et la coordination de tous les responsables et
éducateurs,
par l'utilisation commune et optimum des installations (de !'école, du
club, des militaires, etc.
), à augmenter en quantité et en qualité.
• Encourager l'idée olympique, le sport de compétition dans un
but d'amitié entre les peuples, de paix et de respect et d'estime mutuels
absence de discriminations sur tous les plans (race, religion, etc.
),
respect de la règle de jeu. Compétition n'est pas rivalité, sauvagerie,
mais confrontation, coopération, entraide, solidarité.
- 327 -
· Organisation administrative de l'E.P.S. très méthodique et
authentiquement démocratique,
Planification et coordination des efforts,
• Formation quantitative et qualitative des éducateurs sportifs,
des bénévoles,
· Développement des supports sciènnifiques de l'E.P.S. (Centres
de Recherches, de Documentation, de Contrôle Médical, etc.
),
• Développement de tous les sports (toutes activités physiques
et sportives) pour tous.
Ce que certains pays ont réalisé, d'autres (notamment la
Côte d'Ivoire), peuvent le faire dès lors qu'ils disposent des conditions
économiques et sociales convenables. Le problème essentiel est alors, nous
l'avons montré, de changer les mentalités.
Certes, ce n'est point chose facile et qui puisse se faire rapi-
dement. Nous avons à lutter contre des forces considérables, qu~ pour l'ins-
tant semblent nous écraser : les puissants intérêts commerciaux, les ambi-
tions politiques, la souveraineté des moyens d'information qui condition-
nent les masses; et plus encore sans doute, la lourde inertie de comporte-
ments solidement installés chez la majorité des individus par les facilités
de la vie moderne où la machine remplace l'effort formatif, où la télévision
au autres mass-media incitent à la passivité (ou bien à l'opposé, les
obligations astraignantes et physiquement harassantes de la "lutte pour
la vie" dans les populations déshéritées) ; comportements installés aussi
par des traditions éducatives encore marquées par la priorité donnée à
l'instruction et aux diplômes et par la tendance, chez trop d'individus, à
avoir leurs "dieux" et leurs "vedettes" pour meubler une pensée et une af-
fectivité insuffisamment éduquées.
Oui la tâche sera difficile! Mais en sportifs, nous devons l'abor-
der avec décision, méthode et persévérance. En étudiant les problèmes du
sport pour tous (voir 4e partie de notre travail) et ceux de l'éducation
physique, nous avons montré la puissance du courant mondial qui peut aboutir
à des changements souhaités. Nous devrions avoir confiance
-
328 -
Certes le Tiers-Monde est jalonné d'exemples, d'expériences ma~ -
heureuses, d~échecs, ou d'entreprises qui ont coûté cher mais qui se sont
révélées inadaptées et inopérantes. Ces échecs en série semblent être causés
par le fait que la Côte d'Ivoire a pris comme seul système de référence
celui p'une catégorie qui n'est pas la sienne au risque d'ignorer et de né-
gliger la spécificité et les réalités agissantes des pays considérés. D'autre
part, elle paraît
être
incapable
de coordonner les actions natio-
nales en les harmonisant avec les grandes tendances universelles.
Notre objectif ici consiste à situer et à organiser les résultats
de notre analyse dans un cadre plus restreint. Nous estimons en effet que
chaque pays a ses paramètres socio-culturels et que de ce fait les théories
les plus séduisantes comme les analyses les plus raffinées et les plus sub-
tiles ne sont que des élucubrations si elles ne correspondent à des réalités
concrètes du pays considéré (ici c'est la Côte d'Ivoire). Importer une
méthode en Côte d'Ivoire (ou en pays du Tiers Monde) peut avoir des consé-
quences positives ou négatives sur le plan biologique, financier, économique,
so~ial, culturel, etc .. · L'ex-président du Sénégal, L. S. SENGHOR, et
M. LE TRAN KOI, ne nous mettaient-ils pas en garde :
"Avant d'accueillir les apports étrangers pour féconder nos va-
leurs, il faut que d'abord celles-ci soient reconnues, préservées, voire
fortifiées, qu'avant d'assimiler, il faut avoir la force d'assimiler, et
pour cela être soi-même et fortement" (1).
"Etre soi-même, ce n'est pas transposer les mécanismes extérieurs,
mais se créer; ce n'est pas se former à l'extérieur, mais l'intégrer pour
en faire soi" (2). Il nous paraît nécessaire d'éviter l'exclusivisme, l'eth-
nocentrisme, pour une pluralité de cultures intégrées (mais pas de métissage
de cultures).
- Si demain grâce à notre effort commun, l'Ecole disposait des
moyens nécessaires en horaires, professeurs, méthodes et installations,
(1) - SENGHOR L. S. : Lib~é : Né~~u~et hum~me; la voie a64i~ne
du ~o~me. 1.1 et Z. p~. SeUIl, 7964.
(2) - LE THÀN Rot: c~êdtZv~ê endogène et nouvel o~e in~~onal.
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vo~e). 14 av~ 1981.
- 329 -
pour former dans l'enfance et l'adolescence, les vrais sportifs, ceux qui
aiment l'effort physique pour les joies qu'il procure, pour l'épreuve de
soi et la saine distraction,
- Si les Fédérations spor~ives comprenaient que les meilleures
chances de former les champions résident dans l'aide accordée à l'école
et si elles orientent nettement leurs activités vers la pratique du Sport
pour tous,
- Si les Pouvoirs publics décidaient, avec l'aide des entreprises
et des syndicats, de la télévision et des journaux, de donner à ces deux
domaines (sport d'élite et sport de masse), l'audience publique et les
moyens financiers indispensables •.•
alors, chaque enfant, chaque adolescent, chaque adulte pourrait
espérer trouver des bienfaits corporels et éducatifs et de saines joies
dans la pratique des activités physiques. Alors l'économie nationale béné-
ficierait d'une vitalité accrue des individus, et d'une nette diminution
de lourdes dépenses actuellement engagées pour lutter contre la maladie.
Et parce qu'il existera toujours ce besoin, si spécifique de
l'homme, de se dépasser, de chercher le record, nous pourrons être certains
que, d'une masse considérablement accrue de pratiquants, sur,girait natu-
rellement une élite de champions, mais dans un sport plus calme, plus sain
et finalement plus libre.
Ce serait notre ferme espoir ! Le sport, demain, serait la chance
de l'homme et l'affaire de chacun et de tous
Notre contribution partielle serait donc une esquisse d'organisa-
tion à partir d'une situation concrète de la Côte d'Ivoire plutôt qu'une
série de solutions-recettes ou solutions-miracles souvent indigestes.
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- 330 -
B l B L l 0 GRAPHI E
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Actuel Développement. Paris
Afrique Echo. Paris
Afrique Podium. Paris
American Anthropologist. New-York.
Amicale des Entraîneurs Français d'athlétisme. Paris.
Bulletin de la Fédération Internationale de l'Education Physique. (F.I.E.P.).
L'Union.
Cahiers du Parti Socialiste de la F.S.G.T. Paris.
Cahiers Scientifiques de l'Education Physique. Paris.
Cahiers du Centre de Sociologie Européenne. Paris.
Cahiers du Centre d'Etude et de Recherche Marxiste. (CERM). Paris.
Centre d'Entraînement aux méthodes d'éducation active. Paris.
Centre d'Education Pédagogique scolaire Internationale. (CEPSI).
Elisabethville.
Côte d'Ivoire dans la mouvance de la télévision. Abidjan
Connaissance du Tiers-Monde.
Contemporain aspects of sport sociology. Chicago, G. Kenyon
• corps et culcure. Paris.
Croissance des jeunes nations.
Paris.
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- Développement et civilisations. Paris (IRFED)
- Ecole et la nation. Paris.
- Economie politique. Economie de l'éducation. Paris, Sirey.
- Education. Paris.
- Education Physique. Paris, ENSEP.
- Education Physique et Sports. Paris, ENSEP.
- L'Enfant en milieu tropical. Paris, Centre International de l'enfance
- L'Equipe. Paris, OUP.
- Esprit. Paris.
- Ethnology. New-York
- Fraternité-Matin. Abidjan.
- Homme sa~n. Bordeaux, Imp. Samie.
- International Journal of Sport Sociology. New-York.
- Ivoire-Dimanche. Abidjan.
- Jeune-Afrique. Paris.
- Le Monde. Paris, O.U.P.
- Le Nouvel Observateur. Paris, O.U.P.
- The New-York State Journal of Medecine. New-York.
- Orientation. Paris.
- Partisans. Paris, Maspéro.
- Le Pédagogue. Paris.
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- Le Point. Paris, O.U.P.
- Psychologie et Education. Toulouse-le-Mirail.
- Présence Africaine. Condé-sur-Noireau.
- Quel corps? Paris.
- La Recherche. Paris, O.U.P.
- Research Quartarly. New-York.
- Sciences et Avenir. Paris, O.U.P.
- Sciences et vie. Paris, O.U.P.
- Le sport africain. Paris, Le Monde.
- PUBLICATIONS - PRODUCTIONS ET TRAVAUX
- De B.D.P.A. et S.E.D.ES.
- De l'UNESCO, ENSEP, INS. Paris.
- Des Ministères de l'Education Nationale, de la Population, de
la Jeunesse et des Sports, des Finances, de la Planification et des Statis-
tiques ••• de la Côte d'Ivoire, de la France etc •• Directions Générales des
services. Abidjan, Paris ••• CENAREST, 1960 à 1982.
- Documents de l'Institut de Géographie. Côte-d'Ivoire.
-
354 -
AN
N E X ES
- 355 -
1
ANNEXE
PRÉSENTATION DE LA CÔTE-D'IVOIRE ANCIENNEMENT
COLONISEE PAR LA FRANCE
TEXTE N° 1
UN INTELLECTUEL COLONISE ET CULTURELLEMENT DECHIRE DENONCE
LE COLONIALISME
"
l'essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre
dangereusement, de répondre clair à l'innocente question: qu'est-ce en son
principe que la colonisation? De convenir de ce qu'elle n'est point ; n~
évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les
frontières de l'ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement
de Dieu, ni extension du Droit; d'admettre une fois pour toutes, sans volon-
té de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l'aventu-
rier et du pirate, de l'épicier en grand et de l'armateur, du chercheur d'or
et du marchand, de l'appétit et de la force, avec, derrière l'ombre portée,
maléfique, d'une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se
constate obligée, de façon interne, d'étendre à l'échelle mondiale la concur-
rence de ses économies antagonistes •..
j'admets que mettre les civilisations différentes en contact
les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est
excellent; qu'une civilisation, quel que soit son génie intime, à se replier
sur elle-même, s'étiole; que l'échange est ici l'oxygène •.• Mais, alors je
pose la question suivante : la colonisation a-t-elle vraiment mis en contact?
ou, si l'on préfère, de toutes les manières d'établir le contact, était-elle
la meilleure? Je réponds non .•.
Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la cor-
vée, l'intimidation, la pression, la police, l'impôt, le vol, le viol, les
cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la
muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies.
Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de sou-
mission qui transforment l'homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-
chiourme, en chicote et l'homme indigène en instrument de production •.•
On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries,
de n1veaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes.
Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, de cultures piéti-
nées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées,
- 356 -
de magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités sup-
primées.
On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométra-
ges de routes, de canaux, de chemins de fer ...
Je parle de millions d'hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre
à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.
Je parle de millions d'hommes à qui on a inculpé savamment la peur,
le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir,
le larbinisme.
On m'en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté,
d'hectares d'oliviers ou de vignes plantés.
Moi, je parle d'économies naturelles, d'économies harmonieuses et
viables, d'économies à la mesure de l'homme indigène désorganisées, de cul-
tures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement
agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de pro-
duits, de rafles de matières premières ••.
On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et mysti-
fication.
Pour ma part, je fais l'apologie systématique des civilisations
para-européennes".
(extrait d'Aimé CESAIRE, Discours sur le Colonialisme, 4e éd., 1955).
TEXTE N° 2
PRINCIPALES ORGANISATIONS AFRICAINES
CEAO
Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest.
Créée le 2 juin 1972 à Bamako.
Siège : Ouagadougou.
Etats membres: Bénin, Côte d'Ivoire, Haute-Volta, Mali, Mauritanie,
- 357 -
Niger, Sénégal.
But: création d'une zone d'échanges organisés.
CEDEAO
Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
Créée le 2~ mai 1975 à Lagos.
Siège: Lagos.
Etats membres: Bénin; Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Haute-Volta, Libéria, Mali, Mauritanie,
Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo.
But : harmonisation de la politique économique et industrielle
des Etats membres et élimination des disparités au niveau du déve-
loppement.
CEE-ACP
Communauté économique européenne-pays d'Afrique, des Caraibes et
du Pacifique.
Créée le 28 février 1975 à Lomé (convention de Lomé).
Siège: Bruxelles.
Etats membres (ACP) : Bahamas, Barbade, Bénin, Botswana, Burundi,
Cameroun, Cap-Vert, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire,
Djibouti, Dominique, Ethiopie, Fidji, Gabon, Gambie, Ghana, Grena-
de, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Equatoriale, Guyana, Haute-Volt~
Jamaique, Kenya, Lesotho, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mau-
rice, Mauritanie, Niger, Nigeria, Ouganda, Papouasie-Nouvelle-
Guinée, Rwanda, Sainte-Lucie, Salomon, Samoa-Occidentale, Sao Tomé
et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan,
Surinam, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tonga, Trinité et Toba-
go, Tuvalu, Zaire, Zambie.
But: aménagement du régime des échanges, établissement d'une
coopération étroite et continue sur la base d'une complète égalité
en partenaires.
Conseil
Le plus anClen des groupements régionaux africains.
de l'En-
Créé le 29 mai 1959 à Abidjan.
tente
Siège
Cotonou.
Etats membres: Bénin, Côte-d'Ivoire, Haute-Volta, Niger, Togo.
But: coordonner l'ensemble des dispositions législatives et ré-
glementaires des Etats membres dans les domaines économique, so-
cial et culturel.
- 358 -
OCAM
Organisation commune africaine et mauricienne.
Créée en février 1965 à Nouakchott. L'OCAM (Organisation commune
africaine et malgache), qui succéda en 1965 à l'UAMCE (Union afri-
caine et malgache de coopération économique), qui avait elle-même
remplacé en 1964 l'UAM (Union africaine et malgache), fondée en
1961, s'est considérablement affaiblie avec les retraits successifs
de la Mauritanie, du Cameroun, du Zaire, du Congo, du Tchad, de
Madagascar et du Gabon. Elle a, par contre, enregistré l'adhésion
de Maurice et s'appelle désormais Organisation commune africaine et
mauricienne.
Siège : Bangui.
Etats membres (1979)
Bénin, Centrafrique, Côte d'Ivoire, Haute-
Volta, Maurice, Niger, Rwanda, Sénégal, Togo.
But : renforcer la coopération économique, technique, sociale, cul-
turelle entre les Etats membres.
OMVS
Organisation pour la m~se en valeur du fleuve Sénégal. A succédé à
l'OERS (Organisation des Etats riverains du fleuve Sénégal), fondée
le 24 mars 1968 et qui incluait la Guinée, le Mali, la Mauritanie
et le Sénégal.
Créée le 11 mars 1972 à Nouakchott.
Siège: Saint-Louis (Sénégal).
Etats membres : Mali, Mauritanie et Sénégal.
But : réduire la vulnérabilité des économies vis-à-vis des facteurs
climatiques extérieurs ; accélérer le développement économique des
trois pays (construction de barrages, mise en valeur de terres ir-
rigables .•• ).
OUA
Organisation de l'unité africaine.
Créée le 26 Mai 1963 à Addis-Abeba.
Siège : Addis-Abeba.
Etats membres (1979) : Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burundi,
Cameroun, Cap-Vert, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire,
Djibouti, Egypte, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-
Bissau, Guinée-Equatoriale, Haute-Volta, Kenya, Lesotho, Liberia,
Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozam-
bique, Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Séné-
gal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie,
- 359 -
Tchad, Togo, Tunisie, Zaire, Zambie.
But: oeuvrer à l'unité du continent, résoudre les conflits et
éliminer les dernières emprises coloniales.
UDEAC
Union douanière et économique de l'Afrique centrale.
Créée le 8 décembre 1964.
Siège : Bangui.
Etats membres : Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon.
But: création d'une communauté économique, harmonisation de leur
industrialisation.
Graphique 3 - f-"'yramide des âges de la Popul~tion de Côle d' Ivoire (SoUVc.è. : Mi~i5t~~
do fla", )
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- 362 -
La base large de la pyramide des âges du graphique~ traduit la
jeunesse de la population, signe d'une fécondité élevée. La pyramide s'ef-
file ensuite rapidement, ce qui est l'indice d'une mortalité infantile
importante.
Ces caractéristiques sont particulièrement marquées pour la popu-
lation de nationalité ivoirienne (en noir sur la pyramide du graphique). On
peut considérer la population de nationalité ivoirienne comme une population
"fermée" c'est-à-dire une population pour laquelle les migrations interna-
tionales sont négligeables. La pyramide des âges des ivoiriens n'étant pas
perturbée par l'incidence de mouvements migratoires qui généralement affec-
tent surtout la population d'âge actif, la jeunesse de la population y prend
un relief particulier.
Age moyen
Age Médian
Ensemble de la population
21 ans 1/2
17 ans
Population ivoirienne
21 ans 1/2
15 ans
Population non ivoirienne
21 ans 1/2
21 ans
Source : Education Nationale - Commission Nationale UNESCO - Direction des
Statistiques Abidjan - 27-30/06/1978, p.s.
Le tableau ci-dessus montre que 50 % de la population de Côte
d'Ivoire a moins de 17 ans et que 50 % de la population ivoirienne a mo~ns
de 15 ans. La moitié de la population ivoirienne est donc d'âge scolaire,
ou scolarisable, ce qui est lourd d'implacations pour le développement éco-
nomique et social futur. L'objectif étant la scolarisation totale de l'en-
semble de la population d'âge scolaire, l'effort à fournir est considérable.
Et on est en droit de supposer un accroissement rapide de l'effectif de la
scolarisation aujourd'hui, car la protection sanitaire et la maîtrise de la
natalité le permettent.
La politique de population étant étroitement liée à la politique
du développement, il conviendrait d'étayer la réflexion prospective d'élé-
- 363 -
ments quantitatifs permettant d'estimer le nombre d'emplois que pourra créer,
et le nombre d'hommes que pourra
nourrir, abriter et éduquer la Côte
d'Ivoire de l'an 2000.
Tableau 18
Taux de scolarisation (%) de 6 à 14 ans selon le sexe, la
nationalité et le milieu d'habitat.
IVOIRIENS
NON IVOIRIENS
ENSEMBLE
Milieu
M
!
F
!
T
M
!
F
!
T
M
!
F
!
T
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Urbain
74 !
54
!
64
54
!
34
!
~3,
69
!
49
!
59
Rural
45 !
28
!
37
21
!
9
!
16
43
!
26
!
35
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Ensemble
53 !
35
!
44
37
!
22
!
30
50
!
33
!
42
!
!
!
!
!
!
Remarque: En effet, si l'on en croit les résultats bruts du Recensement, le
taux de scolarisation était en 1975 de 42 % pour les enfants âgés de 6 à 14
ans. Les disparités selon le sexe. le milieu d'habitat et la nationalité
sont imoortantes comme le montre le tableau ci-dessus.
Globalement. la scolarisation totale est loin d'être atteinte et
il est manifeste ou'i1 faudrait olus oue doubler l'effort de scolarisation
dans les prochaines années.
TABLEAU l1-=!3~Ra:r~Ltj~~=~~Jg=f~,p-!:!!g~~~=j~=~éb~=JI:::J=~~~=~~J~Q=~gJlJ::!=J~=-=~~~~=~~=~"1:D~1~~lj1:~
-"Il
IVOIRIENS
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1 ENSEMBLE
(1)
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d'âges
M
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Il
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T
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M
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~---_._-- ~--_._------ ~
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Il
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1360679
279041011
682 0910
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0
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430.625
888.393
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82.650
'167,04511
542 421
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0
1,055 .. 913.°,
Il
10.14
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272.522
580 959
0
43.706
41.685
3G?0~-311
314.360
85. 391 11
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15.19
236.451
257 155
0
493 0606
63 0345
66.397
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51 0606
40,,591
0
92,197
Il
65.69
26.846
22.260
49.106
3.027
961
3098811
29 881
2~3 022'1
0
53.108
Il
1
70.74
'18.723
18 820
0
~37 • 543
2.047
756
2.80311
20.780
19 0584
40.364
Il
II
7 fi. 79
7.529
7.592
'15 121
0
729
270
999/1
8.264
7 0865
16.129
/1
80.84
5 0384
7.414
'12 798
0
497
280
7771/
50883
70696
13.579
85 et plus
li
7.789
9.4Œ1
17. H)4
632
409
1 004111
8.504
9 0864
18,368
li
non déclat~é
5.784
4.799
10.583
780
503
283
210763
180117
390880
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Il
1.
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3.234.850
6.709.600 1
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CI) L'ensernble est supéri euro ru total Ivoiriens + non ho lt'iens car il comprend ŒI
outre l'effectif des
personnes dont la nationalité nl~st pas précisée
• (50uv<:.~ : MI'nis\\iY"~ JI,) E» La., 1 -fH5)
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- 365 -
Graphique -
f,.-
E:'Isemble Côte d' Ivoir'e = Pyramide des âges de la populat io:'l ivoirie:'l:'le
~~~~706560SSR
1
HOMMES
1
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1
1
1
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l
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l
- -
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1
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15
1
1
10
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1
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E:'Isemble Côte d'Ivoire = P-.Iramide des âges de la populatio., "Of\\ ivoir ienne
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7S
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HOMJ\\"ES
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1
1
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2,5
0
0
2,5
5,0
7,5
'1.
Tableau - 41-
Répartition de la population selon le sexe, les grands groupes dl âge et la nationalité
1-
En effectif
grands
IVOIRIENS
NON IVOIRIENS
ENSEMBLE
--------1-------.-------- ---------------,------- ----------------.--------
groupes dl age
M
F
Il
T
M
F I T
M
I.F
i
T
1
1
1
1
1
1
1.~~17.!~~: 1.~:5"~):112.983.227
1.790.d~,·j ,1.6b2.395 1 3.452.748
124.918 1
108.827 i
233.745
21 • 763 1
18.1 1 7 1
39 • 880
1
T
1
3.474.750 13.234.850! 6.709.600
1
•
1
1
----
JwCf'Cf'
IVOIRIENS
NON IVOIRIENS
ENSEMBLE
grands
---------------~---------------~-----------~------------I------I-------
groupes dl âge
M l F
1
T
M
F
j T
M I
F I
T
j
1
1
•
1
1
i
1
1
1
1
0.14
49
45,2
1
47,1
30,9
1
43,5
36,0
44,3
1
1
44,8
1
44,5
15.59
46,4
1
50,7
1
48,6
67,5
55,7
62,7
51,5
1
51,7
1
51,5
1
1
t
plus de 60
4,3
1
4,0
1
4,1
1,5
1
0,8
1,2
3,6
1
3,4
1
3,5
1
1
1
1
1
1
1
1
Non d,
0,3
1
0,1
1
0.2
0,1
1
0,0
0,1
0,6
1
0,1
1
0,5
1
1
1
1
1
1
!
1
1
1
1
,
~AL
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1
100
100
1
100
100
1
100
1 100
100
100
1
100
1
1
1
1
1
1
1
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1
1
1
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Tableau -
20-
Répartition de la population de Côte d'Ivolre selon l'âge~ le sexe et le milieu d'habitat
=============
...
Groupe
Milieu Rural
Milieu
Urbain
Ensemble
r--------- --------r------- --------r-------------- -------T----------------
d'âges
-
M
F
T
M l F
1
T
M l F
1
T
1
t-.
1
!
!
0.4
437.779
429.792
867.571
195.199
187.867
383.066
632.978
617.659
1.250.637
5.9
401.832
361.321
769.153
140.589
146.171
286.760
542.421
513A92
1.055.913
10. 14
252.4551
204.903
457.358
109.862
109.457
219.319
362 .. 317
314 360
676.677
0
15.59
165. 889 1
193.464
35~L353
134.103
130.286
264.339
299.992
323.700
623.692
20.24
1
161 .1971
' 180.732
341 .929
-144.628
115.830
260.458
305.825
296.562
60~~ .3H7 1
25" 29
164.0261
196.330
"
360.~~56
127,,283
91.037
224.32(1
291.309
2Q3.367
584.676
w
(J\\
:.:30,34
! 39. 111 1
156.091
295.20.2.
87.577
60,.973
148.550
226.688
;2t7,064
Lt4~3. 752
-..1
35.39
130.0171
132.338
262 3h5
71 • 187
4f3. ~j 78
117.565
201 .204
17tL 716
379,920
0
40.44
113.286 1
101 .557
214.843
49.855
28.80B
78.664
163.141
130.366
293.501
1
45.49
97.457
80.264
177.721
34.997
19.287
54 .284
132.454
990551
232.005
50.54
76.512
62 .327
138.839
21.005
12.395
33 0400
97.517
74.722
: , 172.2;:--39
55.59
58.828
40.610
99.438
13 0395
7.737
21 .132
72 0223
48.347
120.570
60.54
42.798
34.665
77.463
6.808
5.926
! 14.734
51.606
40 0591
92.197
65.69
25.110
19.911
45.021
4.77'1
3.316
8.087
29.881
23.227
53.108
;
70.74
1"1.806
17.081
34.887
2.974
2.503
5.477
20.780
19.584
" -40.264
75.79
7.118
6.848
13 0966
1 .146
1 .017
2 0163
8.264
7.865
16.129
80 .. 84
;
5 0211
6.956
12.167
672
740
1 .4'12
5.883
7.696
13 0579
85 et plus
"
7.529
8.709
16 .. 238
975
1 .155
2.13C
8.504
9 0864
18.368
non déclaré
10.239
9.208
19.447
11 .524
8.909
20.433
21 .763
18.117
39.880
1
- r
~
i
-
-1
1
-
Total
2.314 .200 l, 2 249. 107 1 4.563.307 1.160.5501
985~7431 2.146.290 3.474.750
3.234.850
3.709.600
1
,
1
1
1
1
- 368 -
Grap!'1ique - S -
Pyramide des âges de la ;:>opulatio:î du secteur rural
60
55
HOMMES
50
FEMMES
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
'1.
7,5
s,a
2,5
a a
2,5
s,a
7,5
·1.
Pyramide des âges ,je la population du secteur urbai:n
ao
l
75
70
65
60
55
HOMMES
50
FEMMES
1
45
1
1
40
1
1
35
1
1
30
1
1
25
1
1
20
1
1
15
1
1
10
1
1
5
1
a
J
"1.
7,5
5,0
2,5
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2,5
5,0 ..
7,5
-'f,
- 369 -
Tableau 21 - LA CROISSANCE URBAINE
Si le taux d'urbanisation est pour l'instant relativement faible,
on peut néanmoins s'interroger sur le rythme de l'accroissement urbain qui
absorbe une bonne partie de l'augmentation de la population. Le taux d'ac-
croissement de la population urbaine au cours de la dernière décennie a été
de 8,4 % par an. Si ce mouvement garde la même ampleur au cours de la décen-
nie 1975-1985, on aura les effectifs suivants :
!
!
!
1975
1978
1980
1985
!
!
!
!
!
!
Population urbaine
2.146.000 ! 2.734.000!3.212.000 ! 4.808.000
. Population rurale
4.564.000 ! 4.796.000!4.937.000 ! 5.190.000
Ensemble population
6.710.000 ! 7.530.000!8.149.000 ! 9.998.000
!
!
!
!
!
!
Taux d'urbanisation
32 %
!
36 %
!
39 %
!
48 %
!
!
!
On voit donc que si l'urbanisation se poursuit au rythme de la
dernière décennie, près d'un habitant sur deux habitera en ville en 1985,
tandis que la population rurale ne croîtrait que de 1,3 % par an.
Tableau !.t-
Taux d'occupatton selon le groupe d'âge, le sexe, la nationalité et le milleu d'habitat ('10)
:;;;:;:::::====;.;=::::::=::=
C:\\ti
1
Moins de 1 5 ans
15 -
59 ans
60 Ans et plus
Ensemble
ana Il té
1 Milleu
-----------ï----- ---------------- ---------------- ---Ni--l--F--r-
.1
M l F
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T
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F
J
T
M
J
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1
1
1
i
1
1
!
1
1
!
1
Rural
23
1
22
J
23
94
1
57
1
74
81
1
34
1
59
67
1 46
J 56
1
.
1
1
1
1
J
1
1
Ivoiriens
21
1
49
50
1 19
135
1 Urbain
5
1
4
1
5
68
1
26
1 48
75
1
, Ensemble 18 1 17 1 18
86
1
49
1
66
80
1
33
1
57
62
1 39
1 50
1
1
1
1
1
1
1
!
1
1
1
W
-
-....J
1
1
o
Rural
29
20
1
1
25
98
38
77
91
1
27
77
88 .
1
1
1
1
1 34
1 68
1
1
1
1
autres
Urbain
10
1
6
1
8
92
1
22
J
66
80
1
7
1
62
80
1 18
1 56
1
j
1
Pfrlcalns
Ensemble
20
1
13
16
95
30
1
72
86
1
~3
1
70
84
26
1 62
1
1
J
J
1
1
1
1
1
1
J
1
1
1
1
1
1
1
1
1
f
1
1
1
!
Rural
0
1
0
96
57
80
100
71
88
85
51
1 70
,!'\\utres
J
1
1
1
1
1
1
1
urbain
1
nationalités
1
0
1
0
90
1
53
1
73
86,
,
43
J
69
73
1 43
1 59
J
1
1
f
1
1
Ensemble
1
1
0
0
91
53
"13
87
1
45
70
74
43·
1 59
1
1
1
1
1
1
,
,
1
1
1
1
1
1
,
!
!
1
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Rural
23
1
22
1 23
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1 34
1
59
71
1 44
, 58
,
1
1
1
1
Total
Urbain
6
21
1
53
61
1 19
142
1
5
1
5
78
1
25
55
76
1
,
Ensemble
18
1
17
18
89
1
50
68
81
17
1
44
68
1 36
, 53
1
J
1
1
1
1
1
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DE 1975 À 1975
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NOMBRE ce T'RAVAILLEU;lS À LA MI.Mmeë
1975
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N.B.
On ivoirise de plus en plus, mais notons aussi que la structure
de la masse salariale de la Côte d'Ivoire est répartie ainsi: 37 %
des salaires sont versés aux Ivoiriens, 23 % aux Africains non - ivoi-
riens, et 40 % aux non-africains.
Source (Education Nationale. Directions de la Planification et des
Sbatistiques) .
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culture
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• Ja~on ... Océa:'lie).
(2) total; 2, 51 :ni~liarris (A.:lH: ~ Afrique .. _';mér:q~e !at:~~)
(3) nombre <.:'~ persc-nnes agées d.e ::!10Ü1S àe l jans e, dl~ pl"..:;o
de 65 ans, pour j û'-'C' ~l'rsormes .1gées de j 5 i
54 J.ns.
c'est-".'..-di:e en ~ge d~ ~r~~vaille:-.
..
(,j'?pr~s J. ~!. POCrtSDi, La POpUl:ttlO~ :nondi:lle. 1971)
- 374 -
\\\\
ANNEXE II - E.P.S. EN COTE D'IVOIRE.
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
MINISTERE DE LA JEUNESSE,
DE L'EDUCATION POPULAIRE ET DES SPORTS
TEXTE N° 3 - DECRET N° 72-744 DU 24 NOVEMBRE 1972, DETERMINANT LES
ATTRIBUTIONS DU MINISTRE DE LA JEUNESSE, DE L'EDUCA-
TION POPULAIRE ET DES SPORTS.
ARTICLE PREMIER - : Le Ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et
des Sports est chargé :
1° - Dans le domaine de la Jeunesse et de l'Education Populaire:
- De définir et de réaliser une politique d'éducation et d'animation qu~,
dans le cadre non scolaire, s'adresse à toute la population, en vue de la
promotion des hommes et du développement national, en liaison, en tant que
de besoin avec les ministères intéressés, par:
L'étude des problèmes relatifs à la Jeunesse, ainsi que les ac-
tions en sa faveur ;
La création, la gestion et l'animation des institutions socio-
éducatives de l'Etat
- La formation et la gestion du personnel de l'Etat en matière
d'Education non scolaire:
- L'équipement socio-éducatif
La réglementation et le contrôle des fédérations et des associa-
tions de Jeunesse, d'Education populaire et des Oeuvres de
vacances, sur lesquelles il exerce un pouvoir de tutelle et dont
il encourage le développement ;
- L'aide à l'initiative publique ou privée en matière de Jeunesse
et d'Education populaire.
2° - Dans le domaine de l'Education physique et des Sports
- De contribuer à l'Education de la Jeunesse
- 375 -
De définir et de réaliser une politique sportive nationale, en
vue de la généralisation de la pratique des sports et de la re-
présentation du pays dans les rencontres internationales par :
- La réglementation, l'organisation et le contrôle de l'Education
physique et sportive, scolaire et du sport scolaire et unversi-
taire ;
- La réglementation du sport civil et la tutelle des fédérations
et associations sportives dont il encourage le développement
- L'animation sportive, l'Enseignement sportif, la préparation
aux compétitions internationales ;
La formation des enseignants d'Education physique et sportive
et des cadres sportifs ; la gestion et le contrôle des person-
nels de l'Etat:
- L'équipement sportif
- Le contrôle médical sportif.
Les mesures applicables dans les établissements scolaires et un~
versitaires ainsi que la réglementation concernant la situation des ensei-
gnants d'Education physique et sportive qu~ y sont affectés, sont prises
en accord avec les ministères intéressés.
ART. 2. - Les dispositions du décret N° 66-98 du 17 mars 1966, sont abrogées.
ART. 3. - Le présent décret sera publié au Journal officiel de la République
de Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan, le 24 Novembre 1972:
FELIX HOUPHOUET-BOIGNY.
TEXTE N° 4 - TEXTE CONCERNANT LA DIRECTION DE LA JEUNESSE
ET DES SPORTS
N°S
ANALYSE SUCCINTE DU TEXTE
REFERENCE DU TEXTE
REFERENCE AU J.O.R.C.I
Reconnaissance de groupements sportifs
Décret N° 29/1959
:
. Sans ré férence au J.O.
1
Arrêté plaçant l'I.N.J.S. sous l'autorité du
lois !
I.S.E.J.S./CAB du 16 Mai 1960 :
J.O. N° 31 du 11/6/60 p. 614
Secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports
1
2
Organisation des Mouven~nts sportifs en C.I.
Arrêté N° 6/SEJS du 4/7/1960
N° 52 du 8/10/1960 p. 1158
Statuts particuliers des personnels du cadre
Décret N° 60/420 du 7 Décem-
3
N° 18 du 25 Mar~ 1961
de la Jeunesse et des Sports
bre 1960
p. 4
W
-.../
(voir sur la liberté d'associations)
1
0'
Loi N° 60/315 du 21 Septemore i
N° 51 du 1/10/60 p. 1111
4
Associations Sportives de Jeunesse. d'Education
Populaire
1960
1
Création et organisation de l'Institut National
1
Décret N° 61/141 du 15 Avril
5
N° 25 du 29 Avril 1961 p. 635
de la Jeunesse et des Sports
1
1961
-----------~--------------------------------------------------~----~--LoI-N°-617347-d~-9-Novëmbrë---~--N~-63-d~-29-Novëmbrë-1961----
6
1
Jeux et concours de pronostics
!
1961
1
p. 1552
Création d'un Office National des Sports
1
Décret N° 61/399 du 1/12/61
N° 1 du 4/1/1962 p. 12
7
(Décret annulé et remplacé par l'Arrêté N° 1226 du 23!Novembre 1964)
(sans référence au J.O.)
Circulaire sur le Comité Olympique Ivoirien
8
Janvier 1963
Sans référence
Statuts et règlement intérieur
Création de l'Office Ivoirien des Sports Scolaires
Décret N° 62/41 du 9 Février
9
N° 13 du 22/6/62 p. 316
et Universitaires (O.I.S.S.U.)
1962
Statuts des Associations Sportives des Etablisse-
10
Ar. N° 1484 du 18 Juin 1962
N° 33 du 5/7/66 p. 766
ments scolaires
11
Organisation et règlementation générale et particu-
Ar. Interministériel N° 74
N° 20 du 19/4/61 p. 450
lière des concours de pronostics de Foot.
M.E/MI/MF du 5 Avril 1962
Création de circonscriptions d'inspection de la
12
Décret N° 62/177 du 29/5/62
N° 29 du 14/6/62 p. 682
Jeunesse et des Sports
Mise en place des Centres Ruraux d'Education
13
Circulaire N° 573/ du 2 No-
non inséré au J.O.
permanente
vembre 62
Délimitation des circonscriptions d'inspection de
14
Ar. N° 2290 du 21 Novembre 62:
N° 58 du 13/12/62 p. 1417
Jeunesse et des Sports
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15
!
Attributions du Ministre de la Jeunesse et des Sports!
Décret N° 63/79 du 28/2/1963
!
N° 15 du 7/3/63 p. 289
!
!
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
1
Organisation
du Ministre de la Jeunesse et des
16
Décret N° 63/142 du 29/3/1963:
N° 20 du 11/4/63 p. 431
Sports
----------_!_----------------------------------------~------------_!_--------------------------------------------------------------
Organisation des activités sportives scolaires et
s~~& t~~ce ~u J.Q.
17
péc~et N° 63/240 du 713/1963
Universitaires
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!
,
1
-------------------------------------------------------------------~-------------------~------------~-~-~----------_._---------~---
,
17 bis ;
Nomination des Membres du Cabinet du Ministre J.S.
Arrêté 008/63 du 18 Avril 63
;
N° 25 du 9/5/63 p. 565
,
~!
-----------~--------------------------------------------------------------------------~------------------------~-------~--~--------
I{èglelllentation et hygiène des bains baignades et
Décret interm. N° 63/256 du
18
bassins de natation
17 M~ü 1963
N° 28 du 30/5/63 p. 635
------------------
l
l
_
!
Organisation du Ministère des Forces Armées. de la
!
Décret N° 64/39 du 9 Janvier
19
N° 5 du 23/1/64
Jeunesse et du Service Civique
!
64
,
·
.
-------------------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
Modification de l'article 33 de l'arrêté 1111 du
!
!
20
4 Juin -
1962 portant statut de l'OISSU
!
Ar. N° 190 du 26 Février 1964'
sans référence
!
!
!
-----------,-------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
22
!
ATTRIBUTION du Ministre des F.A.J.S.C
!
Décret N° 63/474 du 8/11/63
!
N° 56 du 21/11/63 p.
1310
!
!
!
-----------,-------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
23
!
Mo~if~cations du ~écret ~1/399 du 12/1961 portant
!
Décret N° 64/274 du 31/7/64
!
N° 43 du 13 Août 64
• 1044
!
creat10n de l'Off1ce Nat10nal des S p o r t s !
!
p
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-----------,-------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
Fixant les attributions dévolues à l'économe
de
!
Note de Service N° 1212/FAJSC!
d
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J 0
23 bis
l'I.N.J.S.
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du 20 Nov. 1964
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ans re erence
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Jreat10n &u
ert1 1cat
apt1tu e a
1nspect1on
;
Décret N°"64/427 du 6 Nov. 64 ,.
N° 65 du 26 Nov. 64 p.
1588
1
eunesse
Sports
.
.
!
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!
-----------T-------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
24 bis
!
Arrêté fi~ant l~s c~nditio~s d'obtention du Certifi-!
Arrêté N° 1281/FAJSC du 7/12/6l
Sans référence au J.O.
!
cat d'apt1tude a l'1nspect1on Jeunesse & Sports
!
T
!
!
!
-----------,-------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
25
!
Statut de l'Office National des Sports
!
Ar. N° 64/1226 du 23/11/64
!
N° 29 du 17/6/65 p. 633
!
-----------T-------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
26
!
Asttributions de la Direction de la Jeunesse et des
:
Ar. N° 2867/DAALM du 24/5/65
:
Sans référence
ports
.
.
·
!
-------------------------------------------------------------------,--------------------------------,------------------------------
27
:
Création de 6 Directions départementales de la Jeu-
!
!
N° 42 du 2/9/65
. 942
nesse et des Sports
'
1
P
!
!
Décret Règlementation de la profession d'Educateur
28
!
Physique et Sportif et des Etablissements où s'exerce! D. N° 65/327 du 28 Sept.' 1965
!
N° 48 du 14/10/65 p. 1094
!
cette profession
!
!
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!
-----------1-------------------------------------------------------1--------------------------------1------------------------------
29
!
Décision portant création d'une Direction Technique
! Décision N° 989 FAJSC/DJS du
!
° 47 d
7/ 0/65
!
Sportive auprès des Fédérations Sportives
! 22 Sept. 1965
!
N u l
p. 1060
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30
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Arrêté fixant la durée et la sanction des études des! A
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N° 22 d
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d'EPS'
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p. 13
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Décret déterminant les attributions du Ministre délé-!
!
31
!
gué à la Jeunesse, à l'Education Populaire et aux
! Décret N° 66-98 du 17/3/66
!
N° 16 du 31/3/66 p. 438
Sports
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31 bis
;
Décret portant org~nisation ~u Ministère de la Jeu-
i Décret N° 66-402 du 13/9/66
.
1
!
nesse, de l'Educat1on Popula1re et des Sports
!
!
!
-----------1-------------------------------------------------------1--------------------------------1------------------------------
32
!
Arr~té déterminant les attributions de l'Institut
! Arrêté N° 1033 du 14 Oct. 1966 !
!
Nat10nal de la Jeunesse et des S p o r t s !
!
!
!
-----------1-------------------------------------------------------1--------------------------------1------------------------------
33
!
Arrêté déte:minant ~es attributions de la Direction
! Arrêté N° 1027 du 14 Oct. 1966 !
!
de l'Educat1on Phys1que et des S p o r t s !
!
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-------------------------------------------------------------------f--------------------------------T------------------------------
,
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34
Arrêté déterminant les attributions de la Direction
! Arrêté N° 1028 du 14 Oct. 1966 !
. ,
,
,
de la Jeunesse et de l'Education P o p u l a 1 r e .
.
TEXTES RELATIFS AU PERSONNEL D'ENSEIGNEMENT
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-;-=-=-=-=-=
!
Maxima de Service des Professeurs et personnels
! Décret N° 50/583 du 25/5/1950
:
!
d'E.P.S.
!
;
,
.
-----------+-------------------------------------------------------t--------------------------------,------------------------------
·
,
2
!
Retribution des agents de l'état, Jurys d'examens
! Décret N° 61/21 du 3/1/61
;
N° 3 du 14/1/61 p. 59
!
et concours
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3
!
Règlementation des heures supplementa1res
ense1-
. Décret N° 63/60 du 9/2/63
;
N° 14 du 28/2/63 p. 230
,
.
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gnement
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1
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4
Taux de rénumération des heures supplémentaires des
! Décret N° 65/10 du 11/1/65
!
N° 5 du 21/1/65 p. 85
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1
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personnels de
ense1gnement
. • • .
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-----------+-------------------------------------------------------f--------------------------------t------------------------------
i
5
Portant attributions du Ministre de l'Education
! Décret N° 63/955 du 8 Avril 63:
N° 22 du 25/4/63 p. 477
!
.
Nat10na 1e
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.
.,
-----------1-------------------------------------------------------+--------------------------------t------------------------------
,
.
6
·
Portant organisation du Ministère de l'Education
! Décret 63/156 du 8 Avril 63
:
N° 22 du 25/4/63 p. 477
.
Nat10na 1e
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~
- 381 -
TEXTE N° 5
DECRET N° 81-162 DU 4 MARS 1981, PORTANT CREATION D'UN
ETABLISSEMENT PUBLIC, DENOMME (OFFICE IVOIRIEN DES
SPORTS SCOLAIRES ET UNIVERSITAIRES)
( O. 1. S. S. U. )
TITRE
PREMIER
ARTICLE PERMIER - Il est créé un établissement public administratif dénommé
Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires, en abréviation
(O.I.S.S.U.), doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière
régi par les dispositions de la loi nO 80-1070 du 13 Septembre 1980 et par
le présent décret.
ARTICLE 2. - L'Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires a
pour mission d'organiser et d'administrer les activités sportives dans les
établissements de tous ordres d'Enseignement.
ARTICLE 3. - L'Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires a son
siège à Abidjan et exerce ses missions sur toute l'étendue du territoire
national.
ARTICLE 4. - L'Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires est
administré par une Commission consultative de Gestion. Son fonctionnement
estassuré par un Directeur nommé par décret sur proposition des Ministres
membres de la Commission consultative de Gestion.
ARTICLE 5. - La Commission consultative de Gestion est composée de huit
membres.
Elle comprend :
1° Le Ministre char~é des Soorts ou son représentant qui en assure
la présidence ;
2° Le Ministre chargé des Finances ou son repr~sentant ;
3° Le représentant du Ministère de l'Education Nationale
4° Le représentant du Ministère de l'Enseignement primaire et
de l'Education Télévisuelle;
-
382 -
5° Le représentant du Ministère de l'Enseignement Technique et de
la Formation Professionnelle
6° Deux chefs d'établissement public d'Enseignement désignés par
le Ministre chargé des Sports ;
7° Le Directeur de l'Education Physique et des Sports.
ARTICLE 6. - Chaque Ministre membre de la Commission consultative de Ges-
tion nomme, par arrêté, la personne physique chargée, en son absence, de
le représenter aux réunions de la commission. Ces représentants disposent
des mêmes pouvoirs que ceux conférés à leurs titulaires au sein de la com-
mission. Ils ne pourront, en aucun cas, se faire eux-mêmes représenter. En
cas d'absence à une séance de la Commission consultative de Gestion du
Ministre chargé des Sports, la présidence de cette réunion sera assumée par
le Ministre chargé des Finances ou, en son absence, par le représentant du
Ministre chargé d~s Sports ou, encore, à défaut, par le représentant du
Ministre chargé des Finances.
ARTICLE 7. - La Commission consultative de Gestion est convoquée par son
président aussi souvent que l'intérêt de l'Office l'exige et au moins, deux
fois par an.
Les convocations accompagnées de l'ordre du jour et les documents
nécessaires à l'examen des questions inscrites, sont adressés aux membres
de la commission huit jours au moins avant la date de la réunion.
ARTICLE 8. -
La Commission consultative de Gestion a compétence exclusive
pour :
Veiller à l'accomplissement des missions confiées à l'O.I.S.S.U.
- Empêcher et sanctionner tous manquements à l'interdiction d'ac-
complir des actes étrangers à ces missions ;
- Fixer le délai imparti au Directeur pour présenter à la commis-
sion un avant-projet de budget de l'établissement pour l'exercice budgétaire
suivant
Etablir le projet de budget devant être voté par l'autorité lé-
gislative
- Arrêter les comptes financières de l'Office
- 383 -
Fixer la représentation de l'Office si la nécessité d'une décen-
tralisation se fait sentir.
ARTICLE 9. -
Un secrétaire de la réunion est désigné par le président en
entrant en séance. Il est tenu une feuille de présence, émargée par les mem-
bres présents, tant pour eux-mêmes que pour ceux qu'ils représentent.
Les membres absents, autres que les Ministres ou leurs représen-
tants, peuvent se faire représenter par un autre membre de la commission
sans qu'aucun puisse détenir plus d'un mandat de représentation. Ce mandat
indique la séance pour laquelle il est exclusivement donné.
ARTICLE 10. - La commission ne délibère valablement que si la majorité au
moins de ses membres est présente, dont au moins un Ministre ou ses repré-
sentants sont considérés comme membres de la commission.
ARTICLE 11. - Les décisions de la commission sont prises à la majorité des
membres présents ou représentés.
En cas de partage des voix, celle du président est prépondérante.
ARTICLE 12. - Les séances de la Commission consultative de Gestion font
l'objet de procès-verbaux signés du président et du secrétaire de séance et
dont un original au moins est conservé au siège de l'O.I.S.S.U.
ARTICLE 13. - L'Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires a, à
sa tête, un Directeur.
Sous réserve de ceux expressément attribués à d'autres personnes
ou organes par la loi et les décrets d'application, le Directeur dispose de
tous les pouvoirs nécessaires pour assurer l'administration de l'Office.
ARTICLE. 14. - En application de l'article 4 de la loi nO SO-1070 du 13
Septembre 19S0, le Directeur doit soumettre à l'autorisation préalable de la
Commission consultative de Gestion
Tous actes d'acquisition ou d'aliénation de biens immeubles et
meubles
- 384 -
- La signature de marché dans le cadre des marchés publics ;
- La signature de tous contrats de fourniture de bien ou services
d'une durée supérieure à un an ;
Les actions judiciaires ou poursuites devant toutes juridic-
tions tant en demande qu'en défense
- La fixation des effectifs organiques de l'Office
- La fixation du statut des associations sportives affiliées à
l'O.I.S.S.U.
- La fixation du règlement intérieur de l'Office.
ARTICLE 15. -
Le Directeur établit annuellement un avant-projet du budget
de l'O.I.S.S.U. pour l'exercice budgétaire en liaison avec le contrôleur
budgétaire de l'établissement et dans les délais qui lui ont été impartis
par la Commission consultative de Gestion.
Il présente également à la commission, dans les trois mois qu~
suivent la clôture budgétaire, un rapport général sur le fonctionnement de
l'O.I.S.S.U. pendant l'exercice en question. Ce rapport général comprend
le rapport du comptable de l'établissement.
ARTICLE 16. - Le Directeur ne peut assister aux réunions de la Commission
consultative de Gestion que sur convocation expresse du président.
TITRE
II
ARTICLE 17. - Le Fonctionnement financier et comptable de l'Office est régi
par le décret n° 81-137 du 18 Février 1981 du Ministère de l'Economie et
des Finances.
ARTICLE 18. - Les ressources de l'Office Ivoirien des Sports Scolaires et
Universitaires proviennent
Des dotations et subventions des budgets de l'Etat
- Du produit des ventes des licences ;
- Des recettes perçues à l'occasion des rencontres sportives ou
- 385 -
de toutes autres manifestations qu'il organise
- De subventions d'organismes publics ou privés, nationaux ou
internationaux
- Des dons et legs dans le respect de l'article 9 de la loi
n° 80-1070 du 13 Septembre 1980.
ARTICLE 19. - Les dépenses de l'Office sont constituées par:
Les dépenses de personnel et de fonctionnement du siège de
l'Office et de ses représentations:
- Les dépenses afférentes à l'organisation des compétitions spor-
tives officielles (frais de transport et d'hébergement des équipes, frais
d'arbitrage et primes de matches) ;
- Les reversements sur recettes aux associations sportives et
clubs
- Les subventions particulières aux équipes de clubs appelées à
représenter officiellement la Côte d'Ivoire dans les rencontres interna-
tionales.
ARTICLE 20. - Sont abrogées toutes dispositions contraires à celles du pré-
sent décret et, notamment le décret nO 62-41 du 9 Février 1962, portant
création de l'Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires.
ARTICLE 21. - Le Ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports et le Ministre de l'Economie et des Finances sont chargés, en ce qui
les concerne, de l'exécution du présent décret qui sera publié au Journal
Officiel de la République de Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan, le 4 Mars 1981.
FELIX HOUPHOUET BOIGNY
- 386 -
TEXTE N° 6 - DECRET N° 68-146 DU 13 MARS 1968, PORTANT ORGANISATION
DES SPORTS CIVILS.
TITRE
PREMIER
DES
SPORTS
CIVILS
~~TICLE PREMIER. -
On désigne par Sports civils, l'ensemble des activités
sportives pratiquées par des personnes appartenant à des groupements spor-
tifs appelés associations et fédérations, dans le cadre de la politique
sportive nationale et de la législation en vigueur sur le territoire de la
République.
ARTICLE 2. - L'organisation sportive ivoirienne comporte
L'association sportive
- La fédération
- L'Office National des Sports;
- Le comité olympique ivoirien.
ARTICLE 3. - Le Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports fixe le régime général des Sports sur le territoire national. Il
oriente et contrôle l'activité de tous les groupements ayant pour but la
pratique de l'éducation physique et des sports et l'organisation des compé-
titions sportives. Il apporte à l'Education physique et aux sports, l'aide
morale, technique et matérielle utile à leur essor. Il oeuvre au dévelop-
pement de l'esprit sportif et à la formation d'une élite dans les diffé-
rentes disciplines spor~ives.
Il est juge, en dernier ressort, de toutes les décisions et mesu-
res individuelles ou collectives prises par les associations et les fédé-
rations.
ARTICLE 4. - Le Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports contrôle la participation de la Côte d'Ivoire aux compétitions ~n
ternationales à l'intérieur comme à l'extérieur du territoire national,
-
387 -
dans le souc~ de l'intérêt supérieur des sports et du prestige national.
Toute compétition sportive entre associations, fédérations ou
entre joueurs ou athlètes, ayant pour objet de désigner une association,
une équipe, un joueur ou un athlète comme vainqueur national ou départemen-
tal ou comme représentant de la Côte d'Ivoire ou d'un département dans les
épreuves internationales, doit être autorisée par le ministre délégué à
la
Jeunesse, à l'Education Populaire et aux Sports qui peut déléguer ses pou-
voirs à un ou plusieurs groupements ou fédérations déterminés.
L'inobservation des règles énoncées ci-dessus par une association
ou un groupement entraîne l'interdiction pour eux et leurs membres de pren-
dre part aux compétitions et épreuves visées à l'alinéa précédent. Cette
interdiction est prononcée par le ministre délégué à la Jeunesse, à l'Edu-
cation Populaire et aux Sports, sur proposition ou après avis des groupe-
ments ou fédérations intéressés. L'infraction est sanctionnée, en outre,
par le retrait de l'agrément donné à l'association.
TITRE
II
DES
ASSOCIATIONS
SPORTIVES
----------------------------
ARTICLE 5. - L'association sportive civile est un groupement de personnes en
vue de pratiquer et d'enseigner l'éducation physique et les sports. L'asso-
ciation sportive est soumise à la loi nO 60-315 du 21 septembre 1960, sur
les associations. Mais elle ne peut obtenir le visa de ses statuts par les
autorités compétentes qu'après agrément du ministère de la Jeunesse, de
l'Education Populaire et des Sports.
ARTICLE 6. - Les associations sportives sont placées sous le contrôle tech-
nique, moral et financier du ministère de la Jeunesse, de l'Education popu-
laire et des Sports. Elles sont affiliées aux Fédérations nationales à
raison des sports pratiqués. La demande d'affiliation aux Fédérations
nationales est soumise à l'assentiment préalable du Ministère de la Jeunesse,
de l'Education Populaire et des Sports. Cet assentiment peut être retiré.
ARTICLE 7. - Des arrêtés pris par le ministre délégué à la Jeunesse, à
l'Education populaire et aux Sports détermineront les statuts-types des asso-
- 388 -
ciations sportives et préciseront notamment l'administration de ces asso-
ciations.
TITE
III
DES
FEDERATIONS
NATIONALES
----------------------------
ARTICLE 8. - La fédération est l'organisme sportif ayant pour but, dans le
cadre de la politique sportive nationale, l'organisation de concours, compé-
titions ou tout autre forme d'activités sportives dans une discipline
sportive à l'intention des associations sportives civiles légalement cons-
tituées et régulièrement affiliées conformément à la législation sportive
et dans le respect de ses règlements intérieurs. Il n'existe qu'une seule
Fédération nationale par discipline sportive.
ARTICLE 9. - La Fédération nationale est l'émanation directe des associa-
tions sportives civiles qui pratiquent la discipline sportive intéressée.
Elle est soumise à la loi nO 60-315 du 21 septembre 1960 sur les associa-
tions, mais elle ne peut obtenir le visa de ses statuts par les autorités
compétentes qu'après agrément du ministère de la Jeunesse, de l'Education
populaire et des Sports •
.~TICLE 10. -
La fédération est placée sous le contrôle technique, moral
et financier du ministère de la Jeunesse, de l'Education populaire et des
Sports. Elle fait partie de droit de l'Office national des Sports.
ARTICLE 11. - Des arrêtés pris par le ministre délégué à la Jeunesse, à
l'Education populaire et aux Sports détermineront les statuts-types des
Fédérations nationales et leur administration.
TITRE
IV
---------
ARTICLE 12. - L'Office National des Sports a pour objet :
- De grouper les fédérations sportives dirigeantes qui auront
reçu l'agrément ministériel;
- De coordonner les activités de ces fédérations, leurs relations,
leurs calendriers ;
- 389 -
- De soutenir par tous moyens à sa disposition leurs efforts
- D'arbitrer les différends survenant entre elles;
- D'organiser à l'échelon national ou international, des manifes-
tations sportives multi-sports
De représenter les intérêts du sport ivoirien auprès du m~n~s
tre délégué à la Jeunesse, à l'Education populaire et aux Sports.
L'Office National des Sports a été créé par décret n° 61-399 en
date du 1er décembre 1961, tel que modifié par le décret n) 64-274 du 31
Juillet 1964.
TITRE
V
ARTICLE 13. -
Le comité olympique ivoirien est l'organisme chargé d'assurer,
de préparer et de réaliser la représentation de la Côte d'Ivoire aux Jeux
Olympiques et aux Jeux régionaux organisés et contrôlés par le Comité inter-
national olympique et de veiller au respect des règles de l'amateurisme.
ARTICLE 14. - Tout projet ou décision du comité olympique de nature à enga-
ger le sport national doit être soumis à l'approbation du ministre délégué
à la Jeunesse, à l'Education populaire et aux Sports.
ARTICLE 15. - Le comité olympique est une association soumise à la loi n°
60-315 du 21 septembre 1960 sur les associations. Il ne peut obtenir le visa
de ses statuts qu'après avoir reçu l'agrément du ministère de la Jeunesse,
de l'Education populaire et des Sports.
ARTICLE 16. - Le port des couleurs nationales n'est permis qu'aux représen-
tants nationaux en compétition avec ceux des pays étrangers.
TITRE
VI
DES
ECOLES
DE
SPORTS
-----------------------
ARTICLE 17. - Chaque association sportive civile, chaque fédération sporti-
ve peut assumer l'organisation et le fonctionnement d'une école de Sports
qui a pour but d'enseigner à des jeunes, filles et garçons, les sports pra-
- 390 -
tiqués par l'association ou la fédération. Des arrêtés pris par le ministre
délégué à la Jeunesse, à l'Education populaire et aux Sports, détermineront
l'organisation et le fonctionnement de ces écoles de Sports.
TITRE
VII
ARTICLE 18. - Les stades, terrains de jeux et installations sportives sont
construits par l'Etat, par les villes ou à l'initiative de tout groupement
ou particulier.
Chaque fois que l'Etat pourvoit ou contribue à pourvoir les
villes ou les établissements scolaires de stades, de terrains de jeux,
d'installations sportives, l'entretien permanent de ces dotations est à la
charge des bénéficiaires.
ARTICLE 19. - Dans chaque ville où existe un ou plusieurs stades et des ins-
tallations sportives, un comité local de gestion sera obligatoirement cons-
titué. Il aura pour but de gérer et d'entretenir le ou les stades et les
installations sportives de la ville.
Ce comité est présidé par le préfet (ou son représentant) ou par
le sous-préfet (ou son représentant) et composé de l'inspecteur de la Jeu-
nesse et des Sports (secrétaire), du percepteur ou du Trésorier particulier
(trésorier), d'un représentant de la municipalité et deux représentants des
associations sportives locales.
Les ressources de ce comité proviennent des recettes des matches
et manifestations organisées sur les stades et selon des modalités qui se-
ront déterminées par arrêté du ministre délégué à la Jeunesse, à l!Educa-
cion populaire et aux Sports.
TITRE
VIII
ARTICLE 20. - L'agrément des associations sportives, des fédérations spor-
- 391 -
tives civiles et de tous les groupements sportifs par le ministre délégué
à la Jeunesse, à l'Education populaire et aux Sports est subordonné à
l'envoi au ministère d'un dossier comprenant les statuts, le procès-verbal
de l'Assemblée générale constitutive et la liste des membres du bureau et
du comité directeur de l'association ou de la fédération.
ARTICLE 21. - Aucun groupement autre que les associations et fédérations
existant conformément aux dispositions du présent décret ne peut organiser
des compétitions sportives ou y participer sans autorisation préalable du
ministre délégué à la Jeunesse, à l'Education populaire et aux Sports.
ARTICLE 22. - Les décisions prises en assemblée générale des fédérations
dans le cas où elles ont une portée générale de nature à engager le sport
national ne sont applicables qu'après approbation du ministre délégué à la
Jeunesse, à l'Education populaire et aux Sports.
ARTICLE 23. - Le contrôle par le ministre délégué à la Jeunesse, à l'Educa-
tion populaire et aux Sports de l'activité et du fonctionnement des asso-
ciations, des fédérations et des groupements sportifs s'exerce par le
directeur de l'Education physique et des Sports, par les inspecteurs de la
Jeunesse et des Sports ou par toute autre personne déléguée à cet effet par
le ministre.
Ces organismes sont tenus de présenter à la réquisition du repré-
sentant du ministre, tous les registres et pièces comptables nécessaires à
l'accomplissement de sa mission.
ARTICLE 24. -
Il sera organisé par le ministère de la Jeunesse, de l'Edu-
cation populaire et des Sports, dans des délais aussi limités que possible,
1
une mutuelle d'Assurances pour l'ensemble des sportifs, membres pratiquants
et dirigeants des associations, des fédérations civiles et des écoles de
Sports, contre les risques d'accidents auxquels ils peuvent être exposés,
au cours des entraînements, des rencontres amicales, des compétitions of-
ficielles nationales et internationales et dans les déplacements nécessaires
pour se rendre à ces manifestations.
ARTICLE 25. - Les dispositions antérieures contraires au présent décret sont
abrogées.
- 392 -
ARTICLE 26. -
Le ministre délégué à la Jeunesse, à l'Education populaire
et aux Sports est chargé de l'exécution du présent décret qui sera publié
au Journal officiel de la République de Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan, le 13 Mars 1968.
FELIX HOUPHOUET-BOIGNY.
NB : Les groupements sportifs visés aux articles 1er et 2 du décret n° 68-
146 du 13 mars 1968 doivent se conformer aux dispositions de l'arrêté
n° 679/MJEPS/CAB du 22/7/68
- autorisant :
- que les associations et les fédérations doivent être dirigées
par un comité de direction, dont les membres sont élus pour un an par
l'assemblée générale prévue par les articles 2, 7 et 12 de cet arrêté ci-
dessus
- les membres des comités de direction de ne recevoir de retri-
bution en cette qualité, ni en raison de celle de membre de bureau. (cf.
article 13)
- le ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports et ses services à contrôler régulièrement les comptes financiers
des fédérations et des associations (cf. article 14).
TEXTE
N° 7 - DECRET N° 80-1300 DU 12 DECEMBRE 1980, PORTANT CREATION D'UN
ETABLISSEMENT PUBLIC DENOMME OFFICE NATIONAL DES SPORTS (O.N.S.)
TITRE
PREMIER
ARTICLE PREMIER. - Il est créé un établissement public administratif dénommé
Office National des Sports, en abréviation (O.N.S.), doté de la personnalité
- 393 -
morale et de l'autonomie financière régi par les dispositions de la loi
n° 80-1070 du 13 Septembre 1980 et par le présent décret.
ARTICLE 2. - L'Office National des Sports a pour mission
- De gérer et d'entretenir toutes les installations sportives
dont il est propriétaire ou qui peuvent lui être confiées, la liste de ces
installations est fixée par arrêté du Ministre chargé des Sports ;
- D'organiser, en relation avec les fédérations, les associations
sportives ou tous autres organismes intéressés, toutes manifestations spor-
tives ou autres pouvant se dérouler sur ses installations ou sur celles qui
lui sont confiées ;
- De participer à l'élaboration des programmes et des projets
d'équipements sportifs;
- De gérer, en particulier sur le plan financier, les équipes
sportives nationales, en accord avec les fédérations intéressées, et les
équipes de clubs appelées à représenter la Côte d'Ivoire dans les compéti-
tions officielles ;
- De contrôler la bonne utilisation des subventions qu'il peut
être amené à verser aux différentes instances sportives associatives.
ARTICLE 3. - L'Office National des Sports a son siège à Abidjan et exerce
ses missions sur toute l'étendue du territoire national.
ARTICLE 4. - L'Office National des Sports est administré par une commission
consultative de Gestion. Son fonctionnement est assuré par un Directeur
nommé par décret sur proposition des Ministres membres de la Commission
consultative de Gestion.
ARTICLE 5. - La Commission consultative de Gestion est composée de huit
membres
elle comprend :
1° Le Ministre chargé des Sports qui en assure la présidence
2° Le Ministre chargé des Finances
3° Le représentant du Ministère de la Défense et du Service Civi-
que
4° Le représentant du Ministère de la Sécurité Intérieure
- 394 -
5° Deux présidents de fédérations sportives désignés par le Minis-
tre chargé des Sports ;
6° Le Directeur de l'Education physique et des Sports;
7° Le Directeur de l'Equipement du Ministère chargé des Sports.
ARTICLE 6. - Chaque Ministre membre de la Commission consultative de Ges-
tion nomme, par arrêté, la personne physique chargée, en son absence, de le
représenter aux réunions de la Commission. Ces représentants disposent des
mêmes pouvoirs que ceux conférés à leurs titulaires au sein de la commis-
sion. Ils ne pourront, en aucun cas, se faire eux-mêmes représenter. En cas
d'absence à une séance de la Commission consultative de Gestion du Ministre
chargé de Spor-ts, la présidence de cette réunion sera assumée par le Minis-
tre chargé des Finances ou, en son absence, par le
représentant du
Ministre chargé des Sports ou, encore, à défaut, par le représentant du
Ministre chargé des Finances.
ARTICLE 7. - La Commission consultative de Gestion est convoquée par son
président aussi souvent que l'intérêt de l'Office l'exige et, au moins deux
fois par an.
Les convocations accompagnées de l'ordre du jour et les documents
nécessaires à l'examen des questions inscrites, sont adressés aux membres
de la Commission huit jours au moins avant la date de la réunion.
ARTICLE 8. - La Commission consultative de Gestion a compétence exclusive
pour :
Veiller à l'accomplissement des missions confiées à l'O.N.S. ;
- Empêcher et sanctionner tous manouements à l'interdiction d'ac-
complir des actes étrangers à ces missions ;
- De fixer le délai imparti au Directeur pour représenter à la
commission un avant-projet de budget de l'établissement pour l'exercice
budgétaire suivant ;
- Etablir le projet de budget voté par l'autorité législative;
- Fixer les quote-parts accordées aux fédérations et aux clubs,
parties prenantes des manifestations organisées et gérées par l'Office;
- Arrêter les comptes financières de l'Office;
- 395 -
- Fixer les bureaux ou agences de l'Office si la nécessité d'une
décentralisation se fait sentir.
ARTICLE 9. - Un secrétaire de la réunion est désigné par le président en
entrant en séance. Il est tenu une feuille de présence, émargée par les
Membres présents, tant pour eux-mêmes que pour ceux qu'ils représentent.
Les membres absents, autres que les Ministres ou leurs représen-
tants, peuvent se faire représenter par un autre membre de la Commission,
sans qu'aucun puisse détenir plus d'un mandat de représentation. Ce mandat
indique la séance pour laquelle il est exclusivement donné.
ARTICLE 10. - La Commission ne délibère valablement que si la moitié au
moins de ses membres est présente, dont au moins un Ministre ou son repré-
sentant. En l'absence des Ministres, leurs représentants sont considérés
comme membres de la Commission.
ARTICLE 11. - Les décisions de la Commission sont prises à la majorité des
membres présents ou représentés.
En cas de partage des V01X, celle du président est prépondérante.
ARTICLE 12. - Les séances de la Commission consultative de Gestion font
l'objet de procès-verbaux signés du président et du secrétaire de séance
et dont un original au moins est conservé au siège de l'O.N.S.
ARTICLE 13. - L'Office National des Sports a, à sa tête, un Directeur.
Sous réserve de ceux expressément attribués à d'autres personnes
ou organes par la loi et les décrets d'application, le Directeur dispose
de tous les pouvoirs nécessaires pour assurer l'administration de l'Office.
ARTICLE 14. - En application de l'article 4 de la loi nO 80-1070 du 13
Septembre 1980, le Directeur doit soumettre à l'autorisation préalable de
la Commission consultative de Gestion
- Tous actes d'acquisition ou d'aliénation de biens immeubles
Toute aliénation de bien meuble ;
La signature du marché dans le cadre des marchés publics
- 396 -
- La signature de tous contrats de fourniture de biens ou servi-
ces d'une durée supérieure à un an ;
- Les actions judiciaires ou poursuites devant toutes juridictions,
tant en demande qu'en défense;
- La fixation des effectifs organiques de l'Office
- La fixation du règlement intérieur.
ARTICLE 15. - Le Directeur établit annuellement un avant-projet du budget
de l'O.N.S. pour l'exercice budgétaire en liaison avec le contrôleur budgé-
taire de l'établissement et dans les délais qui lui ont été impartis par la
Commission consultative de Gestion.
Il présente également à la commission, dans les trois mois qu~
suivent la clôture budgétaire, un rapport général sur le fonctionnement de
l'O.N.S. pendant l'exercice en question. Ce rapport général comprend le
rapport du comptable de l'établissement.
ARTICLE 16. - Le Directeur ne peut assister aux réunions de la Commission
consultative de Gestion que sur convocation expresse du président.
TITRE
III
ARTICLE 17. - Le fonctionnement financier et comptable de l'Office est régi
par le Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan.
ARTICLE 18. - Les ressources de l'Office National des Sports proviennent
- Des dotations et subventions des budgets de l'Etat;
- Des recettes perçues à l'occasion des rencontres sportives ou
de toutes autres manifestations qu'il organise;
- Des recettes résultant de la location des installations sportives
qui lui sont confiées ;
- De subventions d'organismes publics ou privés nationaux ou in-
ternationaux ;
- Des dons et legs dans le respect de l'article 9 de la loi
nO 80-1070 du 13 Septembre 1980
- Du produit de ses biens meubles et immeubles, aliénés dans les
conditions fixées par les textes en vigueur :
- 397 -
- Du produit des redevances perçues en contre-partie de toute
forme d'action publicitaire consentie dans le cadre des instal-
lations qui lui sont confiées ;
Du produit des adjudications ou concession d'exploitation de
certaines dépendances des installations qui lui sont confiées
- De tous autres produits ou libéralités que l'Etat lui concèdera.
ARTICLE 19. - Les dépenses de l'Office sont constituées par:
- Les dépenses d'entretien des installations et des équipements
- Les dépenses de personnel et de fonctionnement ;
- Les dépenses afférentes à la gestion des équipes sportives na-
tionales ;
- Les versements sur recettes aux fédérations ligues et clubs
- Les subventions particul~ères aux équipes de clubs appelées à
représenter officiellement la Côte d'Ivoire dans les rencontres
internationales.
TITRE
IV
ARTICLE 20. - Sont abrogées toutes dispositions contraires à celles du pré-
sent décret et, notamment :
- Le décret nO 61.399 du 1er Décembre 1961, modifié par le dé~ret
nO 64-271 du 31 Juillet 1964, portant création de l'Office National des
Sports.
ARTICLE 21. - Le Ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports et le Ministre de l'Economie, des Finances et du Plan sont chargés,
chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret qui sera
publié au Journal Officiel de la République de Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan, le 12 Décembre 1980
FELIX HOUPHOUET-BOIGNY
- 398 -
TEXTE N° 8 - DECRET N° 80-1301 DU 12 DECEMBRE 1980. PORTANT CREATION D'UN
CONSEIL NATIONAL DES SPORTS.
ARTICLE PREMIER. - Il est créé un Conseil National des Sports présidé par
le Ministre chargé des Sports.
ARTICLE 2. - Le Conseil National est un organis~e consultatif en matière
de politique générale de Sport.
Il regroupe les organismes sportifs nationaux qui concourent au
développement du Sport et donne son avis sur toutes les questions qui lui
sont soumises par le Ministre chargé des Sports.
ARTICLE 3. - Le Conseil National des Sports compte
1° Des membres de droit représentant les pouvoirs publics;
2° Des membres élus représentant des fédérations et organismes
sportifs Nationaux agréés ;
3° Des membres associés. choisis par le président du Conseil
National des Sports en fonction de leurs compétences particulières ou de
l'intérêt qu'ils portent aux problèmes du Sport.
ARTICLE 4. - Sont membres de droit
- Le Ministre chargé des Sports. président ;
- Le représentant du Ministre de l'Economie. des Finances et du
Plan
- Le représentant du Ministre de l'Intérieur
- Le représentant du Ministre de la Sécurité Intérieure
- Le représentant du Ministre de la Défense et du Service Civique
- Le représentant du Ministre de l'Education Nationale ;
- Le représentant du Ministre de l'Enseignement Technique et de
la Formation Professionnelle ;
- Le représentant du Ministre de l'Enseignement Primaire et de
l'Education Télévisuelle;
- Le représentant du Ministre de l'Information
- 399 -
- Le Directeur de l'Education Physique et des Sports
- Le Directeur de l'Office National des Sports;
- Le Directeur de l'Equipement du Ministère chargé ~s Sports;
- Le Secrétaire National de l'Office Ivoirien des Sports Scolaire
et Universitaire.
Sont Membres élus :
- Les Présidents des fédérations sportives
- Les Présidents des ligues ;
- Le président de l'Association Nationale de la Presse Sportive;
- Le président de l'Association Ivoirienne de la Médecine du Sport
- Le président du Comité Olympique Ivoirien.
ARTICLE 5. - Le Conseil National des Sports se réunit en assemblée générale,
sur convocation du Ministre chargé des Sports, au moins une fois par an en
session ordinaire. Des sessions extraordinaires peuvent être convoquées par
le Ministre chargé des Sports.
ARTICLE 6. - Le Secrétariat du Conseil National des Sports est assuré par
le Directeur de l'Education Physique et des Sports du Ministre chargé des
Sports.
ARTICLE 7. - Le Conseil régional des Sports représente le Conseil National
des Sports au niveau de chaque région administrative sous la présidence du
préfet de siège.
Il comprend
- Les Présidents des ligues ;
- Le représentant du Ministère de la Défense et du Service
Civique
- Le Directeur Régional de l'Enseignement
- Le Directeur Régional de la Jeunesse et des Sports ;
- Des Personnalités de la région choisies par le Président du
Conseil National des Sports en fonction de leur action en faveur du Sport.
Le Comité régional se réunit au moins une fois par an en session
ordinaire, sur convocation du Préfet.
-
400 -
Les sessions extraordinaires peuvent être provoquées par le
Préfet.
ARTICLE 8. - Le secrétariat du Comité Régional des Sports est assuré par
le Directeur Régional de la Jeunesse et des Sports.
ARTICLE 9. - Les Membres du Conseil National des Sports et des Conseils
Régionaux sont nommés pour deux ans .par arrêté du Ministre chargé des
Sports. Leur mandat est renouvelable.
ARTICLE la. - Les fonctions de membre du Conseil National des Sports et
des Conseils Régionaux sont gratuites.
ARTICLE 11. - Le Ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des
Sports est chargé de l'exécution du présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de la République de Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan, le 12 Décembre 1980.
FELIX HOUPHOUET-BOIGNY.
ANNEXE II
E,P,S, EN C~TE-D/IVOIRE
- 401 -
TEXTE N° 9
PROGRAMMATION DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES DANS LES
ETABLISSEMENTS SCOLAIRES DU SECOND DEGRE ET DE L'ENSEIGNEMENT
TECHNIQUE
INSTRUCTIONS ET RECOMMANDATIONS OFFICIELLES
1. AVANT PROPOS
par M. le Ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports.
Mes prédécesseurs au Ministère de la Jeunesse et des Sports et
leurs collaborateurs ont élaboré des instructions officielles et des recom-
mandations concernant l'organisation de l'Education Physique et Sportive
dans les établissements du second degré et de l'Enseignement Technique. Je
veux tout d'abord leur rendre hommage pour cet important travail qui permet
à chaque Inspecteur, à chaque Chef d'établissement, à chaque Professeur, à
chaque Maître de parler le langage d'une même politique sportive scolaire.
Ces instructions sont essentiellement contenues dans deux textes
Les Instructions et Recommandations Officielles du 1er Février 1975 et la
circulaire N° 188 définissant l'organisation de l'Education Physique et Spor-
tive dans le second degré et le Technique.
Ce sont là deux documents indispensables à tout enseignant d'Edu-
cation Physique et Sportive. Malheureusement, les stocks étant épuisés, il
n'était plus possible de les diffuser si bien que les jeunes enseignants
abordaient la carrière, sans qu'il leur soit possible de se référer à cet
outil de travail.
J'ai donc décidé de rééditer ces textes et de vous les présenter
sous forme d'une petite brochure pratique, un petit livre de poche destiné
à être en quelque sorte "le bréviaire" de l'enseignant.
Bien que ces texte datent de trois ans, ils demeurent d'actualité
quant au fond et ils doivent constituer les assises de l'organisation spor-
- 402 -
tive scolaire dont l'orientation a été précisée par la Réforme du Sport.
Cependant trois points évoqués dans la circulaire N° 188 doivent
être quelque peu actualisés.
- Le centre d'entraînement sportif (CES) qui avait été prévu à
l'origine comme un rassemblement des jeune~ scolaires et non-scolaires est
devenu progressivement un centre sportif scolaire (CSS). C'est dire qu'il
devient de plus en plus l'anti-chambre des compétitions de l'OISSU. C'est là
que les élèves sont rassemblés en fonction de leurs aspirations et que les
meilleurs sont préparés aux compétitions officielles du sport scolaire. Mal-
heureusement l'importance du CSS n'est pas toujours suffisamment perçue et
il arrive que les heures qui doivent lui être réservées sont introduites
dans l'emploi du temps d'une façon incohérente ou n'y figurent pas du tout.
Quelquefois ce sont les enseignants eux-mêmes qui négligent de les accomplir.
Je veux réaffirmer ici que le Centre Sportif Scolaire demeure obligatoire
dans chaque établissement du second degré, que les enseignants doivent y con-
sacrer deux ou trois heures de leur horaire, que sa suppression ne peut être
qu'exceptionnelle et dans tous les cas, autorisé par le Chef de Circonscrip-
tion de la Jeunesse et des Sports.
- Le deuxième point concerne l'encadrement pédagogique des étu-
diants en Education Physique pendant leur formation à l'INJS et intéresse
uniquement les enseignants en fonction dans les établissements d'Abidjan.
Ces dernières années, le cycle de formation des professeurs et l'augmenta-
tion des effectifs de la maîtrise ont modifié les données du problème, si
bien qu'il n'est plus possible de limiter à quatre le nombre de stagiaires
confiés à chaque conseiller pédagogique. En attendant de trouver une meil-
leure formule pour l'organisation des stages pédagogiques, il faut donc
maintenant admettre qu'un conseiller homme peut accueillir plus de quatre
étudiants et un professeur femme plus d'une stagiaire.
- Enfin le troisième point traitera de l'intervention des ense~
gnants d'E.P.S. dans le secteur civil. La réforme du Sport passe par une mo-
bilisation générale de toutes les compétences. Or il se trouve que des
enseignants d'E.P.S., qui sont par définition des éducateurs sportifs, n'ap-
portent pas leur contribution à l'édification du sport fédéral alors même
qu'il reste des heures disponibles à l'horaire qu'ils doivent à la Fonction
Publique. Je veillerai tout particulièrement à la résorbtion de ces anomalies.
- 403 -
Avant de vous livrer ce petit opuscule, je voudrais encore vous
dire que son contenu ne comporte que des phrases et des idées et que sa va-
leur réside surtout dans son "mode d'emploi".
L'efficacité de tout programme, quelle que soit la perfection de
sa conception, passe par ses modalités d'application. Alors je vous demande
de le mettre en oeuvre avec conscience et générosité. Les enseignants
d'E.P.S. sont des techniciens 'et des pédagogues mais il faut qu'ils soient
aussi des animateurs et des militants et c'est avec leur concours que la
Côte d'Ivoire batira une nation forte et Sportive.
Je terminerai en reprenant à mon compte ces quelques mots du Chef
de l'Etat s'adressant récemment aux cadres à la fin des journées du dialo-
gue, "Je compte sur vous. Quelles que soient nos difficultés, nous pensons
que nous pourrons, dans l'intérêt supérieur de notre Côte d'Ivoire bien ai-
mée, conduire le bateau ivoirien sur l'océan agité en ramant tous du même
côté pour arriver à bon port".
L. DONA FOLOGO.
2. INSTRUCTIONS ET RECO~ATIONS OFFICIELLES DU 1er FEVRIER 1975 N° 188
Les textes officiels qui définissent l'organisation des activités
physiques et sportives dans les établissements scolaires du second degré et
de l'Enseignement technique différencient deux secteurs d'application:
1 - Celui de l'enseignement général dans le cadre duquel l'éduca-
tion physique et sportive, au même titre que les autres disciplines scolai-
res a un caractère d'obligation.
La conception éclectique des programmes et la démarche méthodolo-
gique du maître respectent alors les principes d'une pédagogie qui vise le
développement harmonieux et l'éducation globale de l'homme.
2 - Celui de l'enseignement sportif spécialisé, dispensé au sein
de l'école de sport de l'établissement. Plus sélectif, il s'adresse aux élè-
ves volontaires et à ceux qui font preuve d'aptitudes particulières. Le
maître s'oriente davantage vers une pédagogie de la réussite, en vue du
- 404 -
meilleur résultat.
Au cours de leur formation à l'Institut National de la Jeunesse
et des Sports, les enseignants d'éducation physique ont été préparés à as-
sumer leurs responsabilités avec compétence dans ces deux secteurs. Encore
faut-il que, dans chaque cas, l'action éducative résulte d'une analyse et
de choix sans lesquels il n'est pas possbi1e d'en concevoir les finalités,
d'en prévoir l'organisation, d'en fixer les étapes et d'en contrê1er les
résultats.
Il s'agit d'élaborer, au sein de tout établissement, pour chaque
cycle d'études, un plan annuel de travail et une répartition des centres
d'intérêt, de façon à ce que chaque séance se situe ensuite dans un contexte
général.
Tel est l'objet essentiel de la programmation de l'enseignement
qU1 doit être considérée comme une adaptation des dispositions officielles
- aux intentions éducatives spécifiques du maître,
aux conditions matérielles et aux horaires dont il dispose,
aux effectifs des classes et au niveau des élèves.
Elle, doit présenter clairement la gamme détaillée des activités
retenues, l'importance respective qu'elles occupent dans les horaires, et
définir de façon concrète et observable les objectifs techniques et pédago-
giques qu'il est prévu d'atteindre au cours de la scolarité.
La programmation concerne aussi les diverses activités de l'école
de sport de l'établissement, où la définition du niveau technique revêt une
particulière importance.
Les présentes dispositions et les recommandations pédagogiques
qui les introduisent ont pour objet de guider la réflexion du maître et de
faciliter la préparation de son travail. Leur application doit aussi unifier
l'enseignement de nos disciplines sur l'ensemble du territoire.
INTENTIONS EDUCATIVES
En premier lieu il convient de rappeler les finalités de notre
action éducative.
- 405 -
L'Education Physique et Sportive se donne d'abord pour objet l'ac-
quisition de la santé, considérée pour chacun comme la possibilité d'ajuster
son comportement aux conditions du monde extérieur et de s'accoutumer à
l'effort. A cet égard, elle repose sur la pratique d'activités qui tendent à
développer la force, la vitesse, la détente, et sollicitent les grandes
fonctions en exigeant des élèves une somme de travail correspondant à leurs
possibilités.
L'Education Physique, aux côtés du médecin, du diététicien, con-
tribue pour sa part, à l'amélioration de la résistance physiologique.
Elle tend ensuite à favoriser le développement moteur de l'élève,
à l'escalier sur ses possibilités, à le libérer des contraintes physiques,
à l'encourager à se mieux exprimer et à communiquer avec autrui.
De même que l'instruction donne plus de richesse et plus d'inspi-
ration à la pensée, la maîtrise corporelle et l'éducation gestuelle augmen-
tent les possibilités de l'être par la diversité, l'aisance et l'esthétique
du comportement physique.
Dans ce domaine, le maître ne doit pas limiter son action à l'ac-
quisition de techniques et de savo~r faire. Il veillera à ce que l'élève
fasse preuve d'intelligence et d'imagination en créant lui-même les moyens
les plus justes et les plus efficaces de sa propre expression.
Enfin l'éducation physique et sportive, sous toutes ses formes,
apparaît en plus comme un élément important de la formation de la person-
nalité.
L'élève est tout entier engagé dans l'action qui, de ce fait, ~n
fluence son attitude psychologique, sa manière d'être, son comportement
avec autrui.
Dès lors chaque séance doit être l'occasion pour l'élève, selon
les thèmes et les circonstances, de cultiver sa volonté, son courage, de
contrôler son émotivité, de faire preuve d'initiative et de créativité.
A cet égard les jeux collectifs sont, en particulier, une école
de solidarité où l'on apprend à raisonner et à agir en union avec des parte-
naires, à dominer la victoire, à accepter la défaite, à prendre ses respon-
- 406 -
sabilités dans le groupe.
Ainsi la programmation des activités physiques et sportives ne
peut pas être envisagée seulement sous l'angle de la technique; elle se
situe dans une perspective de promotion humaine.
Il va de soi que ces considérations s'appliquent sans réserve à
la pratique sportive elle-même, dont elles sous-tendent l'éthique. Dans
son rôle d'entraîneur, l'éducateur ne saurait les ignorer. L'Ecole de sport
de l'Etablissement, permettra en outre d'aller plus loin dans le domaine
de la technique, compte tenu des aptitudes des élèves et surtout du volume
horaire plus important dont on dispose, pendant plusieurs années, pour la
pratique d'une même spécialité.
PROGRAMMES D'ENSEIGNEMENT
Les programmes d'enseignement ont été établis par les professeurs
de l'Institut National de la Jeunesse et des Sports, en liaison avec les
enseignants des Etablissements d'Abidjan où il ont été expérimentés pendant
plusieurs années.
Leur présentation en feuillets séparés a été retenue de façon à
en permettre toute actualisation ultérieure.
Le choix des activités s'est porté essentiellement sur les tech-
niques sportives, en fonction:
- des possi~ilités qu'elles offrent, dans leur diversité, de
répondre à l'ensemble des finalités énumérées, dans le domaine de la résis-
tance physiologique, de la disponibilité motrice et de l'éducation globale,
- de l'incontestable puissance attractive et mobilisante qu'elles
exercent sur les jeunes,
- de l'universalité de leur pratique,
- et de l'importance croissante d'une culture gestuelle, dans le
domaine sportif pour l'insertion de l'individu dans la société moderne.
Toutefois, pour l'Enseignement technique, il est conseillé d'y
ajouter des activités directement préparatoires à la profession, telles que
- 407 -
le développement localisé de la force ou de l'adresse, l'apprentissage de
techniques utilitaires susceptibles de prévenir la fatigue et les accidents
professionnels.
Dans la gamme étendue des spécialités sportives un second choix
a permis de retenir, par priorité la pratique
- de l'athlétisme en général
- de la gymnastique
- et des sports collectifs.
Par leurs effets conjugués, ces activités répondent bien aux pré-
occupations éducatives précédemment définies. Pratiquées en permanence tout
au long de la scolarité, elles constituent la base même de l'enseignement.
Pour les mêmes raisons a été retenue la natation, mentionnée à
part, du fait que l'équipement du pays n'en permet pas encore la généralisa-
tion.
Pour les jeunes filles, l'accent a été mis également sur les tech-
niques de gymnastique féminine et de danse gymnique qui répondent particu-
lièrement à leurs aspirations et à leur nature.
Enfin il a été jugé bon de proposer, en dehors de ce tronc commun,
certaines activités complémentaires.
Les sports de combat, dont rien ne s'oppose à ce qu'ils soient
abordés dans l'enseignement même, nécessitent en général un matériel spécia-
lisé. Dans une première étape ils figureront surtout au programme de l'école
de sport de l'Etablissement qui, d'une manière générale, est défini en fonc-
tion des installations et des équipements dont on dispose, des spécialités
pratiquées par les maîtres et des options des élèves.
En introduction des programmes est présentée, pour chaque cycle
d'études, une répartition type des activités retenues avec l'indication de
leur importance respective exprimée en pourcentage et en volume horaire
annuel.
RECOMMANDATIONS PEDAGOGIQUES
L'utilisation de la documentation de référence appelle les obser-
- 408 -
vations et recommandations suivantes en ce qui concerne
p -
la notion de n1veau technique
- la répartition des activités par centres d'intérêt et cycles
de travail
- la démarche pédagogique
- la conception des séances
- et le contrôle des résultats.
NIVEAU DE L'ENSEIGNEMENT
L'originalité de la présentation des programmes consiste à défi-
n1r, pour chaque spécialité, des niveaux à atteindre, ce qui introduit la
notion de progression dans l'enseignement. En principe, tel n1veau techni-
que ne doit être abordé que lorsque le niveau inférieur est acquis et con-
trôlé.
Ces niveaux ont été déterminés sur la base d'un enseignement heb-
domadaire d'éducation physique de quatre heures, dans les établissements
disposant d'installations convenables. Dans ces conditions, les plus favora-
bles, le premier niveau correspond sensiblement à la fin de la classe de
3ème et le 3ème niveau à celui des classes terminales du second cycle.
Ces correspondances ne pourront cependant pas être totalement res-
pectées là où les conditions sont moins bonnes. Il conviendra alors, soit de
réduire le nombre des activités pour en maintenir le niveau technique, soit
de conserver plus de temps pour atteindre dans l'ensemble du programme, la
qualité souhaitable. Il est possible aussi de progresser plus rapidement
dans telle ou telle activité, estimée prioritaire, ce qui peut différencier
sensiblement les profils des programmations d'un établissement à un autre.
Encore faut-il éviter une dispersion excessive qui empêche les
progrès réels et une spécialisation qui n'ouvre pas à l'élève une" gamme suf-
fisante d'acquisition.
LES CYCLES DE TRAVAIL
Les activités et les niveaux à atteindre étant définis, l'ensei-
gnement est réparti par centres d'intérêt, de façon à grouper, pendant une
période déterminée, les acquisitions de même nature.
- 409 -
L'année scolaire se déroule alors comme une succession de cycles
de travai1
formule qui a l'avantage d'assurer l'unité et la continuité de
t
l'action pédagogique. Les objectifs apparaissent plus clairement à l'élève
qui peut constater ses progrès base de toute motivation.
Cette conception n'exclut pas la possibilité de pratiquer simul-
tanément plusieurs activités complémentaires.
Il s'agit là d'une notion essentie11e
sans l'application de la-
t
quelle il est difficile de réaliser une éducation globale. A titre d'exemp1e t
il est préférable de mener de pair
l'enseignement de l'ath1étisme
de la
t
t
gymnastique et des sports collectifs pendant une période déterminée
que de
t
passer pendant cette même période
successivement d'un enseignement spécia-
t
lisé à un autre.
LA DEMARCHE PEDAGOGIQUE
L'attitude du maître à l'égard de l'élève doit tendre à concilier
en permanence la discipline et la liberté, la pédagogie de l'effort et celle
de la joie.
Plus ferme en début de scolarité, elle sera progressivement moins
directive. Il convient certes de diriger les études et de vérifier que les
notions enseignées sont bien assimilées avant d'aborder les difficultés
supérieures, mais il est également essentiel que l'élève participe effecti-
vement à l'oeuvre d'éducation qui lui est proposée, qu'il soit
pour sa
t
part, responsable de ses progrès et qu'il apporte son concours au sein du
groupe de travail.
Il serait paradoxal que le domaine des activités physiques et
sportives ne soit pas
par prédilection, celui des méthodes d'éducation
t
active.
Ainsi en début d'année, les élèves seront répartis en groupes
stables, de valeur équilibrée permettant, selon la formule des clubs, des
rencontres à divers n1veaux.
Le regroupement à l'emploi du temps des classes correspondant à
un même cycle d'études
s'inscrit dans les mêmes perspectives.
t
- 410 -
CONCEPTION DES SEANCES
Toute séance d'activités physiques et sportives est concçue,
dans le cadre de la programmation, en fonction des intentions éducatives
poursuivies, des techniques enseignées, de l'effectif et du niveau de la
classe, des contingences matérielles.
Elle comporte, après une prise en ma~n qui permet de créer l'am-
biance de travail, d'en présenter le contenu et de contrôler les absences:
- une mise en train
- une partie principale qui concourent l'une et l'autre au déve-
loppement du thème retenu,
- et un retour au calme qui apaise l'organisme et prépare l'élève
à la reprise éventuelle du travail scolaire.
La mise en train, trop souvent négligée, doit préparer réellement
la partie principale par :
- l'éveil de l'attention
- une alerte physiologique de l'organisme
- une préparation musculaire et motrice.
Tout en servant l'objectif techniaue par des exerc~ces spécifi-
ques, elle contribue à la formation générale de l'élève.
La partie principale vise surtout à obtenir, à des degrés qui
varient selon les thèmes :
- des effets physiologiques,
- l'acquisition de savoir faire ou le perfectionnement technique
- une action globale sur la personnalité.
Les textes réglementaires prévoient chaque sema~ne
- une ou deux séances d'une heure
- et une séance plus longue, d'une heure trente ou deux heures.
En principe, les séances courtes présentent généralement un carac-
tère plus systématique d'étude, qu'il s'agisse du travail d'insuffisances
constatées à l'occasion de réalisations antérieures, d'éducation gestuelle,
d'expression corporelle, d'analyse de structures de jeu ••.
-
411 -
Dans ce cas, la partie principale d'une durée de quarante minutes
environ est consacrée à un seul thème. Celui-ci requiert par priorité l'in-
tervention du maître, lorsqu'un effectif trop important impose un travail
par atelier portant sur des activités complémentaires.
Les séances longues permettent de mener de pair les acquisitions
techniques, leur exploitation dans la réalité sportive et le contrôle des
résultats.
La partie principale d'une durée d'une heure trente environ, porte
alors, de préférence, sur deux thèmes lorsque l'objectif nécessite une ré-
partition par atelier, et même sur trois thèmes pour les classes plus rédui-
tes •.
La compétition y est utilisée comme moyen privilégié d'éducation,
qu'il s'agisse de rencontres inter-équipes ou d'épreuves inter-classes.
Pour une même période, les séances courtes et les séances longues
doivent avoir des effets complémentaires. Elles contribuent les unes et les
autres à atteindre les objectifs généraux programmés.
Le respect des indications précédentes devrait permettre de dis-
penser un enseignement de qualité. Cependant il importe d'ajouter que toute
acquisition et tout progrès nécessite une quantité suffisante de travail.
Pour cela il s'agit de prévoir une organisation de la classe per-
mettant des formes collectives de travail, sans lesauelles il n'est pas
possible d'obtenir le rendement recherché.
On veillera particulièrement à ce que les installations et les
équipements soient conçus et aménagés dans cette optique, et à ce qu'elles
soient employées à plein temps.
Le principe consiste à utiliser une a~re d'évolution pour 20 élè-
ves. L'effectif moyen des classes du territoire se situant à 40 élèves, il
y a lieu alors de les répartir en deux ateliers. Pendant que le maître
s'adresse à un groupe, l'autre s'exerce en auto-discipline, l'activité de
ce dernier étant fonction des installations existantes.
-
412 -
LE CONTROLE DES RESULTATS
L'observation des progrès accomplis par l'élève doit être une
préoccupation constante du maître. Toutefois le système des compétitions ba-
sé sur les prises de performances habituelles doit être abandonné. Les
épreuves de contrôle ne doivent pas faire l'objet de séances particulières.
Elles se situent dans le cadre des séances normales, sans interruption du
travail, et se placent, de préférence, à la fin d'une période d'apprentissa-
ge et de perfectionnement.
Pour une période scolaire déterminée, trimestre ou semestre, elles
font ressortir une note globale qui doit tenir compte des acquisitions tech-
niques et des performances individuelles réalisées, du comportement dans les
jeux collectifs, du mérite de l'élève.
DOCUMENTS ADMINISTRATIFS
ET PEDAGOGIQUES DU MAITRE
En vue de la préparation, de l'actualisation et du contrôle de
leur enseignement, les professeurs et maîtres d'éducation physique et spor-
tive, doivent établir et tenir à jour
- un tableau de programmation générale
- une répartition annuelle des cycles de travail
définis pour chaque niveau d'études
- un relevé chronologique du déroulement des séances, présenté
par classe,
un registre de contrôle des présences et des résultats
des fiches mobiles de préparation des séances.
De plus, en ce qui concerne l'école de sport et l'association
1
sportive, il y a lieu de tenir un cahier journal faisant ressortir, pour
chaque entraînement, les effectifs des inscrits et des présents, les thèmes
de travail, et les résultats obtenus.
La mission éducative du maître d'éducation physique et sportive
est certainement une entreprise complexe et difficile qui ne sera jamais
achevée.
Au delà de l'enseignement des techniques, il s'agit de contribuer
-
413 -
à la formation d'une jeunesse saine. active et enthousiaste. condition
première de notre avenir et base de toute politique de développement.
Je fais confiance à chacun pour que les présentes instructions
et recommandations soient appliquées dans le meilleur esprit, avec la volon-
té d'agir et d'être efficace.
Il Y va en définitive du bonheur de l'homme ivoirien et du rayon-
nement du pays.
Abidjan, le 1er Février 1975
Le Ministre de la Jeunesse,
de l'Education Populaire et des Sports
E. AHIN
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Tf:\\BLE.AU-26- LES FIUt:RES D't:TUDES A l'I.N.J.~;'
ET LES CARRIÈRES DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
"--
---
Indice et Rémunération dans
VOIE
UN IVE RS ITAIRE
'VOIE
PHOFES~: ONI,' E L LE
la
fonction
.-----
------------"-
* EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE *
*Ei UC.lITION
r nr','lMJENl (, ~~
.............................................................
, - _ .
.
·
.
1
Préparation
è:
· Doctorat en EPS
"Inspectorat de la JeunE
"
et
des
Sç)orts
cj
i
Indice
1040
à
2 140
i
, ...........................................................
,i
- - 2 ans - -
Traitement
de
240.587
3 .ns t
f
d
495.055
.............................................................
.....
·
.
;Mal!rise de Reche.che EPS; .1 Prépara~~~ .~u_._?APEPS ~ 5 an.
·.... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ...
-~-
--
.
t.
~1
17-- -
Jlns
+'-
l
,
----
._- l-
Licence d'Ens,
STAPS
Prépamtion au diplôme _ [----
..,
\\JI
li()n au dip/6rne da
Indice
910
a
1760
el'. Pr::para
, ln
--..
Conseiller
Conse 11er d'Education
-
Traitement
de
210.514
1 \\.
- .. , 2 ans
-
J~\\
en EPS
en
Pi
---
~--
..
à
407.148
: - -
,
- - J an. ~-
--~.
- DEUG -, STAPS
--- ..
1--3':I~ -[
•. _-
2 ans
510$
~ Indice 615 a 1275
Prépa r<ltion
à la-1
Maîtrise
,,-;;-:;u - diPlom']
Trailement
de
142.270
1 \\.
1:>re::)é1..r;
d'EPS
d
P
1cl' Ecluc :lteur
d- 1nternat
à
294.951
, ...- Jans - '
_ Jl--- ...--_..-
n
--,-. 2 rns ---
- - - -
Avec
le
Baccalaureat
1er
Bac
ou
Certificat de Fin d'Etudes Secondaires
. -_ ..
._
~---_ .... _-------- -. --- _.~~---_.-._-----~~
..-
- 416 -
TABLEAU 27
QUELQUES RES1JLTATS DE RENCONTRES INTER.'1ATIONALES DE
LA COTE D'IVOIRE : SPORT SCOLAIRE
Disciplines
Rencontres
Titres
Scores
Dates et lieux
Rand-Ball
C.I.-Cameroun
Victoire de C.I.
16-15
11/04/70 Abidjan
1
(c.I.)
Foot-Ball
Il
Victoire Cameroun
4- 2
14/04/70 Abidjan
Athlétisme
C.I.-Ghana
Victoire de C.I.
92-86
30/03/70 Accra
Athlétisme
C.I.-Dahomey (Bénin)
Victoire de C. I.
98-48
2/04/70 Porto-
Nova
TABLEAU 28
QUELQUES RESULTATS DE LA COTE D'IVOIRE AUX DERNIERS
JEUX UNIVERSITAIRES DE L'OUEST-AFRICAIN (11-19 AVRIL
1981) A YAMOUSSOUKRO. (cf. Fraternité-Matin du 21/04/80
pp. 11 et 12)
Disciplines
Médailles
(Victoire d~ l'Université Nationale
Masculin
Or
de Côte d'Ivoire : UNCI)
Basket-Ball
Féminin
Bronze (après Yaoundé et Hé)
Masculin
Argent
Volley-Ball
Féminin
Argent
Masculin
Or
Rand-Ball
Féminin
Or
Simple Messieurs
Argent
Tennis de Table
Double Messieurs
Bronze
- 417 -
;j
.~
100 m libre (dames
Or et Argent
l1;l
100 m non libre (hommes)
Or et Argent
't,
,1
•1
100 m dos (hommes
,
Or et Argent
1
i
100 m dos (dames)
Or et Argent
:~l
Relais 4 x 100 m 4 nages (dames)
Or
~il
z
100 m papillon (dames)
Or
,
~
:1
0
100 m papillon (hommes)
Or et Argent
j
H
f
100 m brasse (dames)
Or
î
E-l
!~~
<
100 m brasse (hommes)
Or et Argent
îl
E-l
.~
200 m dos (dames)
Or et Argent
<
\\
200
(hommes)
Argent
~
m dos
Or et
z
i
200 m non libre (dames)
Or et Argent
~3
j
200 m non libre (hommes)
Or et Argent
1,,
~
200 m brasse (dames)
Or et Argent
1
200 m brasse (hommes)
Or et Argent
Relais 4 x 100 m 4 nages (hommes)
Or
100 m haies (dames)
Bronze
100 m
(
" )
rien
200 m
(
" )
Bronze
400 m
(
"
)
Argent
1
800 m
(
" )
Argent et Bronze
r.:I
1 500 m
(
"
)
Or et Argent
~
4 x 400 m
(
" )
Bronze
Cf.l
Hauteur
(
" )
Argent
H
....
Longueur
(
" )
Or
r.:I
Poids
(
11
)
Bronze
,.;l
Disque
(
11
)
Bronze
::t::
E-l
Javelot
(
11
)
Or et Argent
<
- 418 -
-
t 10 m haies (hommes)
Or et Bronze
w
tOO m
(
"
)
Or
~
CI)
200 m
(
"
)
Or et Argent
1-1
400 m
(
"
)
Bronze
E-<
800 m
(
"
)
Or et Argent
w
,..:l
1 500 m
(
"
)
Or
::t:
400 m haies (
"
)
Argent et Bronze
E-<
ex:
Relais 4 x 400 m (hO1lDD.e s )
Or
Relais 4 x 100 m (
"
)
Or
Remarque: Notons.qu'en Foot-Ball, sport-roi, l'UNCI n'a pas pu aller en
demi-finale. On ne peut être excellent partout !
A propos des 7e Jeux Universitaires Ouest-Africains (à Yamoussoukro),
Paulin DJITE s'indignait: "Il faut toujours être proche des acteurs eux-mêmes
pour se vo~r réveler les petites intrigues maladroites qui au prix d'un cock-
tail de "coups bas" et de tricheries, sont à la base d'un hasard. La sélection
des athlètes ivoiriens a été celle du triste copinage, et plus grave encore,
celle de la honteuse ardeur de gagner par tous les moyens •.•
En se réfugiant derrière le trop facile, trop bas et honteux argu-
ment du "Qui est fou", les entraîneurs ivoiriens ont joint à la quantité
négligeable d'étudiants à proprement parler, une foule, inexcusable parce que
trop nombreuse, de non-étudiants; en l'occurence des élèves, des soldats et
des fonctionnaires (ce ne sont pas les preuves qui manquent. )•• :' (cf. Revue
"Campus Info" N° 6, Mai-Juin 1982, p. 31).
-
419 -
PAL.'1ARES DES 7èmes JEUX UNIVERSITAIRES OUEST-AFRICAINS
A L'UNIVERSITE NATIONALE DE COTE D'IVOIRE, LA PART DU
LION: 72 MEDAILLES, DONT 32 OR (cf. FRATE&~ITE-MATI~
DU 21/04/80 p. 11.)
N° ORDRE
UNIVERSITES
OR
ARGENT
BRONZE
TOTAL
1
1ère
UNCI
32
25
15
72
2e
UNlLAGOS
9
9
7
25
3e
YAOUNDE
8
8
6
22
4e
IFE (Nigeria)
7
6
6
19
5e
U. N'SUKA (Nigeria)
5
6
5
16
6e
U. DAKAR
5
2
4
11
7e
U. BENIN de LaME (Togo)
4
7
4
15
A.B.U. : Ahmadu Bello Univer-
8e
3
2
1
6
sity (Nigeria)
ge
U. IBADAN (Nigeria)
1
4
11
16
10e
U. BENIN CITY (Nigeria)
1
2
6
9
,
11 e
U.S.T. KUMASI (Ghana)
1
2
3
6
Institut Polytechnique : IP
12e
1
0
0
1
CONAKRY (Guinée)
13e
U. LEGON (Ghana)
0
1
5
6
14e
U. MAIDUGURI (Nigeria)
0
1
0
1
15e
U. BENIN (Cotonou)
0
0
1
1
16e
U. CALABAR (Nigeria)
0
1
0
1
1
17e
U. BAYERa K&~O (Nigeria)
0
0
1
1
1
18e
U. CAPE COAST (Ghana)
0
0
1
1
1
- 420 -
TABLEAU 29
EVOLUTION DES LIGUES, CLUBS, L!CENCIES-PRATIQU&~S
ET ENTRAINEURS DE 1960 A 1977
PAR DISCIPLINE SPORTIVE
(
)
(
1960
1965
1970
1977
)
(
)
(
)
(
Athlétisme
:Ligues
1
_2
2
)
(
:Clubs
2
5
8
la
)
(
:Pratiquants
pas d'archives
1200
1600
)
(
: Entrai:neurs
5
15 dont )
(
8 spécialisés )
(
)
(
Basket-BaU
:Ligues
1
2
3
6
)
(
:Clubs
8
la
12
17
)
(
:Pratiquants
pas d'archives
idem
3400
)
(
: Entrai:neurs
8
la
12
17 dont )
(
3 diplômés
)
(
)
(
Boxe
:Ligues
4
)
(
:Clubs
pas d'archives -
4
615 dont 55
)
(
professionnels)
(
: Pratiquants
)
(
: Entrai:neurs
3
5
28
)
(
)
(
)
(
Cyclisme
:Ligues
2
2
2
2
)
(
:Clubs
3
4
5
6
)
(
:Pratiq.ants
40
35
30
72
)
(
: Entrai:neurs
3
4
5
6
)
(
)
(
)
(
Canoë Kayak
:Ligues
1
1
)
(
:Clubs
créés
1
4
)
(
: Pratiquants
pas d'archives
200
)
(
: Entrai:neurs
1
3
5 dont )
(
qualifié
)
(
)
(
Foot-BaU
:Ligues
pas d'archives
8
12
)
(
:Clubs
"
"
35
38
)
(
:Pratiquants
"
"
:pas d'archives:
4000
)
(
: Entrai:neurs
"
"
30 dont )
(
8 qualifiés
)
(
)
(
Judo
:Ligues
:pas d'archives:
1
2
2
)
(
:Clubs
1
3
3
5
)
(
: Pratiquants :pas d'archives:
idem
350
)
(
: Entraîneurs
1
3
15
22
)
(
)
(
)
(
Rand-BaU
:Ligues
1
2
4
5
)
(
:Clubs
:pas d'archives:
9
9
21
)
(
:Pratiquants
idem
idem
883
2690
)
(
: Entrai:neurs
idem
idem
4
la
)
(
)
-
421 -
(SUITE)
(
)
(
1960
1965
1970
1977
)
(
)
(
)
(
:Ligues
1
1
1
5
)
( Volley-Ball
:Clubs
10
10
14
28
)
(
: Pratiquants
:pas d'archive:pas d'archive:
330
)
(
: Entraî:neurs
10
10
14
28 dont)
(
: 3 qualifiés)
(
)
(
)
(
:Ligues
1
1
3
)
( Natation
:Clubs
:pas d'archive:pas d'archive:
4
4
)
(
:Pratiquants
"
"
120
250
)
(
Idem
3
24
)
(
)
(
)
(
:Ligues
:pas créé
1
2
2
)
(
:Clubs
2
2
2
)
Rugby
(
:Pratiquants
40
50
55
)
(
: Entraî:neurs
2
2
2
)
(
)
(
)
(
:Ligues
1
1
)
Tennis
(
:Clubs
:pas créé
:pas créé
3
4
)
(
:Pratiquants
12
24
)
(
:Entraî:neurs
3
4
)
(
)
(Source
Ministère de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports.)
-
422 -
TABLEAU -:30 - ORGANIGRA1'~'Œ DU SERVICS CEiITP_o\\L DES SPORTS MILITAIRES
PRESIDENT
Ministère de la défense
et du service l=ivique
..
\\/..
Direction
de
la défense
1
Mini stère de la
C.I.S.M
Jeunesse et des
Comi té Interna-
Sports
tional du Sport
mi l i taire
' -
1
~.
Service central des sports
mi l i taire s
\\/•
Officiers des Sports des
F.A.N.C.I.
G.:u-ni son s
Unités
(soldat s ----
athlète s)
-
423 -
TABLEAU 31
LISTE DES FEDERATIONS, DES ORGANISMES INTERJ.'lATIONAUX ET ASSOCIATIONS
SUBVENTIONNES PAR L'ETAT IVOIRIEN
1. Organisme d'Etat
1
ORGANISME D'ETAT
/
\\
OFFICE
NATIONAL
OFFICE IVOIRIEN DES SPORTS
DES SPORTS (ONS)
SCOLAIRES ET UNIVERS ITAlRES
2. Fédérations nationales
FEDERATIONS NATIONALES
1
1
1
1
COMITE NATIONAL
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION
-
IVOIRIENNE
DE TAE-
OLYMPIQUE (CNO)
DE TENNIS DE TABLE
CANOE KAYA..l(
KWON-DO
/ ~
/ \\
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION
IVOIRIENNE
DE RUGBY (FIR)
DE LAW-TENNIS
DE FOOT-BALL (FU)
DE CYCLISME
/
"-
7 '\\
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION
D' ATHLETI SME
DES SPORTS
DE NATATION ET
IVOIRIENNE
(F.I.A.)
AUTOMOBILE
SAUVETAGE
DE LUTTE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIEN~c
FEDERATION
DE JUDO ET DISCIPLI-
IVOIRIENNE
DE VOLLEY-BALL
NES ASSUlILEES
DE BASKET-BALL
DE BOXE
/ 1'\\
7~
/ \\
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
FEDERATION IVOIRIENNE
1 FEDERATION
1 IVOIRIENNE
DE RAND-BALL
PU JEU DE DAMES
DE PET.\\NQUE
DE GOLF
!
7
SERVICE CENTRAL
DES SPORTS MILITAIRES
- 424 -
3. Organismes internationaux
1
ORGANISMES INTERNATIONAUX
\\
1
1
1
1
l
CONFEDREATION
CONFEDERATION
CONSEILS'lJPERIEUR
CONFEDERATION
AFRICAINE DE FOOT-
AFRICAINE DE
AFRICAINE DE
DU SPORT EN AFRIQUE
BALL
liAJ.'1D-BALL
VOLLEY-BALL
(CSSA)
(CAF)
(CAHB)
(CAVB)
1
/
7"
/
UNION AFRICAINE DE
iU""'R.ICAN Al.'1A.TEUR
UNION DU
TAE-KWON-DO
BOXING
FOOT-BALL DE'
(WAT)
ASSOCIATION
L'OUEST AFRICAIN
4. Clubs de Première division
ASSOCIATIONS SPORTIVES : CLUBS DE 1ère DIVISION
1
1
r
r
1
AS. SPORTIVE DES CLUBS
AFRICA SPORT
AS. EBURNEA
STELLA-CLUB
CLUB (ASEC)
BOUAKE
D'ABIDJAN
MIMOZA D'ABIDJAN
D'ABIDJAi.'i
.--
~
.................
SPORTING
CLUB
DE
" REVEIL CLUB 7"UNION SPORTI-
VE DES CLUBS
AS. SPORTIVE DIVOLAISE
DE DALOA
DE BASSAM
GAGNOA
(U.S.C.B.)
----
-
SACRABOUTOU DE
STADE
-
BONDOUKOU
D'ABIDJAi.'i
5. Clubs de deuxième division
ASSOCIATIONS .SPORTIVES : CLUBS DE 2ème DIVISION
1
l
1
1
1
1
RAIL
ASI
SEWE
SOCIETE
1
! KAPAMTIAi.'i
OLYMPIQUE DE 1
1
DE
FOOT-CLUB
D'ABENGOUROU
FOOT-CLUB
L'AR..'1EE
KOROGHO
1
7
YANI SPORTS
'"
7 ~
RACING
ROMBO
P.T.T.
/'" /'"
AS
CLUB
1
FOOT-CLUB
A.S. WEXI
\\
GAGNOA
FERKE
1
1
/~
cum OLYMPIQUE
THANRY
DE BOUAFLE
-
TABLEAU 32 : EVOLUTION DU BUDGET DE FONCTIONNEMENT (Source MJEPS)
CLASSES DE
1963
1966
1969
1970
1971
1972
1973
1971f
1975
DEPENSES
1976
FONCTIONNEMENT
B.G. de l'Etat
27,5
36 , 3
46,5
57,0
62,7
68,2
82,8
108 , 8
126 , 8
153,7
(en milliards)
- - -
TOTAL MJEPS
(en millions)
222
347
525
682
790
931
978
1284
1435
1739
% du B.G.E.
0,81
0,96
1,13
1,20
1,26
1,37
1, 18
1, 18
1, 13
1,13
REPARTITION
PAR CAISSE :
· Personnel 24
76
147
263
351
436
522
558
760
876
1082
%
34
43
50
51
55
56
57
59
61
66
· Matériel 51
120
155
198
241
248
268
279
366
376
446
%
55
44
37
36
32
29
29
28
26
22
· Subventions
26
45
64
90
106
141
141
162
183
211
%
Il
13
13
13
13
15
14
13
13
12
.
~
N
REPARTITION
\\.Il
PAR SECTEURS
D'ACTIVITES :
· Actions Sport.
26
43
58
65
92
129
130
151
168
181
%
18
22
22
20
26
32
31
29
30
27
· Actions Jeunesse
34
55
59
66
78
78
85
113
104
124
%
23
27
22
20
22
18
20
21
18
19
· Formation
44
60
78
90
94
101
110
124
127
!JI
%
30
30
30
27
27
25
26
23
23
•
20
• Administration
42
42
67
110
90
100
95
140
160
221
%
29
21
26
33
25
25
23
27
29
34
TOTAL M + S
146
200
262
331
354
409
420
528
559
657
,
t-!.}EPS
o -
EVOLUTION
DU
BUDGET
DE
FONCTIONNEMENT
-
CLASSES DE
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
%
DEPENSES
BUDGET DE L'ETAT
153,7
198 , 3
253 , 7
300,6
338 , 4
376 , 0
420 , 7
+ 12, %
(en mi lliard::»
-
ILG. OU MJEPS
(cn lUi 11 ions)
1739
2136
2937
3593
4198
3934
4562
+ 16 '1.
% du B.G.l:.:.
1,13 %
1,08 %
1 , 16 %
1, 19 %
1,24 %
1,05 %
1.08 %
- - -
Pc l°::>onne l
1082
1362
19113
2321
2639
2929
3447
%
62
64
66
65
63
74
76
Exploitation
436
498
495
500
604
546
39
INJS %
25
23
17
14
14
14
250~
ZUJ
Or.4
Subvention::>
211
211
319
341
412
209
156
720
H
UJ
E--1UJ
OISSU %
12
10
11
9
10
6
64
~j
DQplaecment::> ONS
0
48
150
400
500
250
250 -J
~u
1
p.,~
%
2
5
11
12
6
.~
Parc Auto
10
17
30
31
43
0
5
N
~p.,
(J"\\
%
1
1
1
1
1
1
Sport
181
249
418
682
917
385,9
%
28
32
42
54
59
38
UJ
J cunes ::>l~
124
132
155
153
155
107 , 3
(4
E--1
%
19
17
16
12
10
11
H
:-
Format ion
Dl
138
175
192
221
227 , 4
~~
%
20
18
18
15
14
23
p, u~
Administration
221
255
246
245
266
284 , 4
~-
OP
%
33
33
24
19
17
28
H
E--1UJ
~g;
~~
TOTAL
(M + S + 0)
657
774
994
1272
1559
1005
p.,u
~~
TABLEAU 33 : BUDGET SPECIAL D'INVESTISSEMENTS ET D'EQUIPEMENT (en millions de F.)
TOTAL
OPERATIONS
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
71-75
EQUIP. SPORT. CIVIL
· Stade Gagnoa
70
606 , 6
• Stade Bondoukou
70
· Stade Odienné
85
• Stade Dimbokro
( 180)
· St. Champroux Parc Sp.
40
· Stade Houphouet Boigny
22 ,3
100
200
• Dégats Tornades
30 , 7
· Stade Korhogo
12
• Centre San Pedro
46 6
21 ,7
1
,
-i'-
N
-...J
1
EQUIP. SPORT. SCOLAIRE
108,2
· 13 Collèges
50
20
20
20
• Bingerville
30
• Université
23 , 6
15 , 2
23
10
FORMATION-INJS
38, 1
98
136, 1
150,8
EQUIP. SOCIO. EDUCATIF
TOTAL
B.S.I.E.
181 , 7
115,2
115 , 7
85 , 3
120
376 , 6
850 , 9
202 ,5
BUDGET SPECIAL D'INVESTISSEMENT ET D'EQUIPEMENT (en millions de F.)
TOTAL
OPERATIONS
1976
1977
1978
1979
1980
76-80
1981
%
EQUIP. SPORTIF CIVIL
• Stade Houphouet Boigny
1250
350
1596
1104
4300,0
• Parc des Sports (Eclair)
77
· Stade Champroux (Eclair)
45
• Stade Bouaké (Eclair)
60
• Equipt. Stade M'Batto
6
21 7
• Centre San Pedro
,
· Stade de Gagnoa
130
• Etude Nouveau Stade
80
• Stade de Séguéla
300
• Stade de Katiola
350
1069,7
+
82 %
1
EQUIPT. SPORTIF SCOLAIRE
.j:-.
N
00
· Equipt. Sport. Lycées & Col.
20
40
1
• Eq. Sp. Lycée Yopougon
40
• Université Abidjan
10
• Eq. Sport. 13 Nouveaux CEG
300
• CAFOP Abengourou
35
445
,
, 0
+ 311 %
EQUIPT. SOCIO-EDUCATIF
· Equip. C.S.C. Treichville
5
55 0
,
• AUB. JEUN. Agboville
50
CONSTRUCTION INJS
150,8
125
515
344
1134, 8
TOT A L
202 , 5
1643
780
2416
1963
7004,5
TABLEAU 34 : EVOLUTION DES EFFECTIFS DU PERSONNEL
--~-------
CATEGORIES
DE PERSONNEL
62-63
65-66
68-69
69-70
70-71
71-72
72-73
73-74
74-75
75-76
76-77
EDUC. PHYSIQUE
ET SPORTIVE
25 %
24 %
24 %
27 %
29 %
29 %
30 %
31 %
32 %
34 %
35 %
• Professeurs
0
0
2
2
4
4
8
8
8
11
17
• Haîtres
5
5
62
83
105
128
160
189
211
282
315
· Maîtres Adjoints
25
46
4
4
7
9
9
11
11
10
15
· Ass. Techniques
13
36
36
55
64
78
86
80
80
76
75
TOTAL E.P.S.
43
87
104
·144
180
219
263
288
320
379
422
EDUCATION POPULAIRE
28 %
37 %
35 %
34 %
37 %
39 %
39 %
40 %
41 %
40 %
40 %
· Maîtres
0
0
20
50
84
112
140
169
190
204
230
· Maîtres Adjoints
0
0
34
56
77
99
121
125
153
172
171
· Anima('t{urs
43
133
90
72
66
80
78
65
65
65
65
· Ass. Techniques
4
5
9
5
6
7
7
12
9
9
8
- - - - - -
TOTAL E.POP
47
138
153
183
233
298
346
371
417
/ÔO
474
.p.
N
ADMINISTRATION
47 %
39 %
\\0
41 %
39 %
34 %
32 %
31 %
29 %
27 %
26 %
25 %
· Inspecteurs (A)
8
11
14
17
19
19
20
20
21
2)
22
· Cadres B
3
4
6
6
7
8
8
9
12
12
14
· Cadres C
7
10
13
14
14
18
18
32
41
41
43
· Cadres D
57
115
146
151
169
198
218
202
199
218
214
· Ass. Techniques
4
4
4
4
4
4
3
4
3
3
3
TOTAL ADMINISTRATION
79
144
183
192
213
247
267
267
276
297
296
ENSEMBLE
· Cadres A
8
11
16
19
23
23
28
28
29
34
32
· Cadres B
8
9
88
139
196
248
308
367
423
498
559
· Cadres C
32
56
51
74
98
126
148
168
205
223
229
· Cadres D
100
248
236
24"3
235
278
296
267
264
283
279
· Ass. Techniques
21
45
49
64
74
89
96
96
92
88
86
TOTAL GENERAL
169
369
440
539
626
764
876
926
1013
1126
1192
M.J.E.P.S.
EVOLUTION DES EFFECTIFS DU PERSONNEL
CATEGORIES
75-76
76-77
77-78
78-79
79-80
80-81
DE PERSONNEL
ELlUCATION PHYSIQUE & SPORTIVE
34 %
35 %
40 %
43 %
45 %
44 %
• l'cofessellrl; (AT)
87
92
90
100
119
150
· Conseillee::;
0
0
0
0
0
24
· Maîtces
282
315
448
502
516
l.61
• Maîtces Adjoints
10
15
1/1
10
10
10
TOTAL
379
422
554
612
645
6l,5
EDIlCATION PERMANENTE :
40 %
40 %
39 ~
37 ~~
36 %
35 %
• COL\\sei Ile cs (AT)
9
8
7
7
3
11
· MuÎtces
204
230
308
321
354
322
· MaÎtces Adjoints
172
171
171
170
148
155
· Anilllutclirs
65
65
58
39
33
33
1
+:-
TOTAL
450
474
5l.4
537
538
521
w
0
1
ADMNISTltA'l'ION :
26 %
25 %
21 %
20 i.
19 i.
21 %
• Cadre A et Inspecteurs
26
25
27
30
32
35
· Cadre fi
12
14
10
11
.10
7
· Cadre C
41
43
44
51
47
40
· Cadcc Il
218
214
209
196
200
237
TOTAL
297
296
290
288
289
319
ENSEHBLE :
· Cadce A (y. c. AT)
122
125
124
139
154
220
· Cudce B
498
559
766
834
880
790
· Calice C
223
229
231
231
205
205
· C"dce Ll
283
279
267
233
233
270
TOTAL
1126
1192
1388
l l,37
1472
1485
DONT ASSce TECHNIQUE
88
86
85
87
88
91
(SOllcce : Ministèce de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports).
- 431 -
---------_._.. _- ---._---_.-----------_..
T~!LER u -35- RÉPARTITION DES CRÉDITS PAR seCTION
BUDGET GÉNÉRAL DE FONCTIO!\\lN;:ME~T - GESTION 1980
(E., mtllions de FCFA)
,
DO TA T/ONS
PROjET DE
VARIAT/ONS
l,
,
SECT/ONS BUDGETAIRES
1979
BUDGET
('/ cam"rrs
,
r.. 01
peur
en vaieur
!')n '/aleur
de FinfJnces
1980
3bsolue
:'~/iJtlve
rectificatlvei
(en %)
!
Représentation NallOnJie
;752.3
1925.5
.,.
173.2
~
9,9
Presidence 'lepublique
3.040.1
3.202.6
+
162.5
.,. 5,3
Conseil ÉconomIque et Social
472.5
597.7
.,.
125.2
~ 26,5
Cour Suprème
.....
220.9
295.3
.,.
74.4
- 33,7
Grande Chanceilerie
93.7
102.3
-i-
8.6
....
3,2
Ministere d'État N° 1
78.6
93.0
+
14.4
.... 18,3
Ministère du Tourisme
271.2
315.1
~
43.9
.,. 15,2
MIn (:fÉtat N° 2 Réforme SODE
25.5
498
.,.
23.2
- ~7,~
Ministère de la Justice
3169.5
3502.9
"-
333.4
-
'0,:1
Min. EconomIe. Finances et Pi,)!l
87933.2
30549.9
- 7.388.3 i - 8.a.
Min,stere des M;nes
569.3
664.2
.,.
94.9
.,. 16,7
M'nistere de l':ntèrll!ur
11.421.4-
12987.1
.... 1565.7
- 13,7
1
Ministère Fonction Publique
1.581,4
1.928.9
+
347.5
.;. 22,0
1
MinIstère Travail .volrisation des Cadres
927.1
1 077.4
~
',50.3
- 15,2
Ministère A.gnculture
5365.9
6198.5
~
332.6
.,. 15,5
Ministère des Eaux et Forêts
2.315.8
2654.8
+
3390
+ 14,6
Ministère TP. fransp" Constr Urban
31.6539
38262.3
.;-
5603.4
- 20 /9
Ministère Ecuca:,en Nationale
30.630.5
39402.7
.,. 8772.2
-i- 23 /5
MinTstere Production Animale
1.695.2
1930.2
+
235.0
.;. 13,9
Ministère Etat 3 Silntè Publique Popu!.
21 123.8
i 23.870.5 -r 2.746.7 "- 13,0
Ministére des Affaires Etrangèr<;s
54264
6179.7
.,.
753.3
+ 13,9
~inlstere Dèfense et du ServIce Ci'/Ique
21853.7
248573
+
3.003.6
.;. 13,7
Ministère de l'Information
3.308.9
3.773.0
...
464.1
-r
14,0
'" :',,1inTstere Jeun. Educa. Panl!, ~t Soorts
3 '51.1
3.6546
...
4335
... 10,S
Mln.stere ?ostes et Tillécommunl,;atlons
~3.5
45.8
...
2.3
+
5,3
.Minlstère Ensei. Tecnn Forma. Profes.
6374.4
8 159. 1
,.. 1.284.7
.... 18,7
Min,stèra da la Recherche SCientifique
2216.3
2718.0
.;.
501.7
... 226
Mi",slère des .A.ftalres Culturelles
727.~
966.2
+
228.3
... 32'7
Ministère Ensai. Techn. TV Educative
44046.7
52.616.2
"-
8.569.5
... 19:5
Ministère du Commerce
3.611.1
3.831.9
+
220.8
.;.
6,-i'
Ministère de la Sècuritè Intèrieure
5.741.8
8.001.5
... 2.259.7
... 39A
Ministère de la Marine
1447.7
1 768.7
+
321.0
+ 22,2
Ministère d' Etat N" 4
33.3
43.0
+
9.7
.;. 29,1
MinTs~ère de la Condition Féminine
160.5
187.7
+
27.2
.;. 16,3
Ministère ·:es Affaires Sociales
1564.1
1941.9
-;-
377.8
... 24,2
Ministère Chargé Rela..~ssem. Nationale
30.1
44.7
+
14.6
.,. 48,5
TOTAL
3046000
333400.0
+33300.0
+ i!11
Il)
fa somma/Ion d<ls postes du tat;ieau correspond au tOlal d~ chaque colonne. ;lUX arroncls ores.
(.sOU'fC.~ ~ t"liy\\"st;r~ JQ. Lâ 2t,."\\~pc.AtiD" eJ d.e.s r\\l'\\VLStisseWlUlts.
:DiT e. c.t;.,,, d«.~
S tati ~ t. 'I~UQ. 5 )
-
- 432 -
1\\1
ANNEXE III
--
E,P,S, À L'ÉTRANGER
TEXTE N° 10
PLAN DE LA LEgON D'AMOROS (1770-1848)
Exécutée devant le Ministre de la Guerre pour prouver que la méthode, peut
être appliquée aux écoles militaires (1830), la leçon se déroule ainsi
1. Formation des élèves par rang de taille et par classes.
2. Mouvements élémentaires des extrémités supérieures et inférieu-
res applicables au maniement des armes et aux trois marches des troupes
(lente, modérée, accélérée).
3. Mouvements généraux de natatiün.
4. Sauts avant et arrière en mesure et lutte de force.
5. Evolutions avec rythme musical (défilé, conversions).
6. Courses par quatre (mains et épaules chargées).
7. Exercices sur poutre prolongée et basculante.
8. Exercices au portique (cheminement en suspension).
9. Exercices de chaîne mouvante et continue pour secours dans les
incendies.
10. Traversée du portique à seize pieds (5 mètres) en portant armes
et poids.
11. Sauts en profondeur, hauteur, largeur.
12. Simulacre d'attaque d'une place fortifiée (application de la
méthode d'Amoros à cette situation pour développer l'intelligence. le juge-
ment, le caractère et faire marcher de pair éducation physique, intellectuel-
le et morale).
13. Formation du conseil d'émulation chargé de distribuer les
récompenses aux élèves qui se sont distingués.
14. Marche triomphale des élèves choisis et proclamés.
15. Preuve de l'utilité et de la nécessité des registres pour con-
na~tre les progrès des élèves, leurs qualités morales et le parti qu'on peut
tirer de chacun d'eux.
16. Choeurs: "Chant royal" et "Hymne des combats".
(Source LEGRAND, F et LADEGAILLERIE, J : L'Education Physique au XIX et XXe
siècle. Paris, Armand Colin, Bourrelier, 1970, p. 36.)
- 433 -
TABLEAU 36 - COMPOSITION DE LA LESON DEMENY (1850-1917) 7 SERIES
Durée
Séries
Buts et effets à obtenir
Nature des exercices
relative
Effet général modéré,
Marches, évolutions,
5 '
éducation du rythme.
exercices d'ordre.
l' repos
2
Déviation symétriqu~ du
Mouvements des membres
10'
corps, rectification des
supérieurs et inférieurs
mauva~ses attitudes :
dans des attitudes va-
ampliation du thorax.
riées avec ou sans enginE
Indépendance et préci-.
Equilibres sur sol ou
sion des mouvements.
poutre.
Acquérir sens équilibre
Boxe, canne, luttes, 1an-' 2' repos
et combattre vertige.
cer (applications).
3
Ampliation thoracique
Suspensions et appuis
10'
plus marquée, souplesse
sans mains.
corps.
Avec ou sans pLogression. 2' repos
Grimper et rétablisse-
ment.
4
Effet général plus vio-
Courses, sautillements.
6'
lent.
Danses.
Sans respiration et cir-
cu1ation.....app1ications
Jeux impliquant action
3' repos
utiles.
de courir.
Effet hygiénique intense
5
Exercices s'adressant
Mouvements tronc.
6'
plus spécialement aux
F1exion-extension,mou-
2' repos
muscles du dos et de
vements latéraux et en
l'abdomen et ayant pour
torsion avec ou sans
effet d'effacer épaules,
engins.
ouvrir poitrine rentrer
ventre.
6
Dépense maximum de tra-
Sauts variés de pied
10'
vai1, applications pra-
ferme et avec élan.
tiques aux sauts d'obs-
Jeux gymniques impli-
tac1es.
quant le saut.
- 434 -
7
Exercice ayant pour but
Exercices respiratoires
3 '
d'apprendre à respirer
Marches lentes.
et à éviter essouble-
ment et palpitations du
coeur.
(Source LEGRAND. F et LADEGAILLERIE. J : L'éducation Physigue au XIX et XXe
siècle. Paris. Armand Colin. Bourrelier, 1970. p. 66.)
TEXTE N° 11 - QUELQUES APHORISMES DE P. TISSIE (1852-1935 ... )
(cf. Précis de gymnastique rationnelle).
Il n'y a pas de gymnastique ennuyeuse
il n'y a que des Maîtres ennu-
yeux.
- La force doit être acquise par la santé et non la santé par la force.
- Le mouvement est de la pensée en acte ; la pensée est du mouvement en
préparation.
Discipliner le muscle c'est discipliner la pensée.
- Les femmes fortes font les peuples forts.
Toute gymnastique qui n'est pas respiratoire est criminelle.
- On marche avec ses muscles. on court avec ses poumons, on galope avec son
coeur. on résiste avec son estomac, on arrive avec son cerveau.
- L'enfant est un tube digestif
l'adolescent une vésicule pulmonaire. l'a-
dulte a le devoir d'être un cerveau.
- Dis-moi comment tu te fatigues. je te dirai ce que tu veux.
Dis-moi comment tu joues. je te dirai comment tu penses.
- Le corps humain est le meilleur agès de gymnastique.
- La gymnastique féminine sera éducative ou ne sera pas.
- La gymnastique éducative est faite d'analyse et de raison. le sport est
fait d'émotivité.
- 435 -
- Le vocable "éducation physique et sport" est un pléonasme créateur d'équi-
VOGue et d'erreur.
- Une méthode basée sur le plaisir accroît l'émotivité, la légèreté et
l'égoïsme.
La valeur pédagogique d'un professeur est inversement proportionnelle au
nombre d'agrès qu'il utilise.
- Le sport mal appliqué à des poitrines rétrécies frappe au coeur
i l frap-
pe au système nerveux chez les héréditaires nerveux.
- Le sport est le complément indispensable de la gymnastique de développe-
ment.
- On ne doit se livrer au sport qu'après avoir développé rationnellement la
cage thoracique et la capacité respiratoire par la gYmnastique respira-
toire éducative.
- Le mouvement physique est à la fois un aliment et un po~son, un tonique,
un excito-moteur et un sédatif.
- Entraîner son corps tous les matins, au saut du lit, par une gymnastique
éducative physiologique, c'est glisser tous les jours une pièce d'or dans
sa tirelire de vie.
L'éducation physique est avant tout une science biologique. Elle ne sau-
rait donc être abordée avec l'impulsion exhibitionniste, ma~s avec la
raison clinicophysiologique et psychopédagogique.
Source
LEGRAND, F. et LADEGAILLERIE, J.
- 436 -
TABLEAU 37 - PEDAGOGIE HEBERTISTE (HEBERT
1875-1957)
Remarque : nous avons réalisé le tableau ci-dessous pour m~eux
mettre
en évidence les points communs entre la méthode naturelle et les
tendances de la pédagogie moderne :
llLOIS" DE LA PEDAGOGIE
PRINCIPES DOCTRINAUX DE
MODERNE
LA METHODE NATURELLE
d'après A. Milliot (1)
Cadre de la vie: placer l'en-
Contact avec la nature. Utilisa-
fant dans le milieu qui lui
tiondes moyens naturels: retrou-
convient, permettre à ses dis-
ver les conditions naturelles de
positions de se révéler et de
vie, rechercher contact aussi étroit
se développer.
et fréquent que possible avec les
éléments naturels de la vie : agir
en plein air, utiliser l'action de
l'air, du soleil, de l'eau. Observer
les règles d'hygiène: propreté du
corps, sobriété, activités équili-
brées.
Adaptation de l'enseignement
Individualisation de l'enseignement:
aux différents sujets : chaque
la constitution de groupes homogène~
élève a son individualité pro-
le travail par vagues permettent à
pre ; respect du rythme parti-
chacun une complète liberté d'action.
culier de chacun.
Connaissance de l'enfant: "la
Connaissance des sujets à entraîner:
véritable éducation nouvelle
connaître· les possibilités de chaque
consiste à aller tout d'abord à
sujet, déterminer ses points faibles,
la découverte de l'enfant •.. "
contrôler les résultats obtenus (cf.
(Mme Montessori).
code de la force).
Rechercher l'intérêt et les be-
Faire appel à l'intérêt par l'émula-
soins profonds de l'enfant: le
tion et l'auto-émulation; réaliser
ressort essentiel de l'activité
des exercices utilitaires en s'ef-
humaine est l'intérêt, Claparède
forçant de vaincre des difficultés,
affirme: "la loi d'intérêt est
de triompher des obstacles, de dé-
le pivot unique autour duquel
velopper les qualités qui forment
tout doit tourner".
la personnalité.
Action personnelle concrète : la
Exécution d'exercices concrets, na-
pédagogie nouvelle est individu-
turels, utilitaires : pratique, mé-
elle, vitale, globale, concrète.
thodique et rationnelle, des exer-
cices pour lesquels l'être humain
est constitué (marcher, courir, sau-
ter, lancer, etc.). Délaisser les
exercices artificiels.
(1) Les grandes tendances de la pédagogie contemporaine.
- 437 -
Utilisation d'un matériel appro-
Installations indispensables : chaque
prié : ce matériel doit permet-
groupe doit avoir sa propre instal-
tre à l'enfant de travailler
lation de matériel fixe, chaque en-
seul (ou en équipe), de faire
fant doit posséder son propre maté-
des découvertes, d'acquérir des
riel mobile.
connaissances et en même temps
de construire sa personnalité.
Action dans la joie: l'école
Libre manifestation de la joie de se
nouvelle est une école vivante
mouvoir : le travail naturel fait
et joyeuse parce qu'elle est
naître la joie et l'enthousiasme. La
créatrice.
joie de se mouvoir doit pouvoir s'ex-
primer librement au cours de la
séance par le cri et le chant.
NB
(Source LEGRAND, F et LADEGAILLERIE, J : L'Education Physique au XIX
et XXe siècle. Paris, Armand Colin, Bourrelier, 1970, pp. 75 ; 76.
TEXTE N° 12
LA METHODE DE FRIEDERICH LUDWIG JAHN (1778-1852)
(Nous donnons ici quelques informations sur la méthode militaire allemande
de JAHN que nous n'avons pas eu l'occasion de développer).
1. Sa vie
Né à Lanz, robuste ma~s indiscipliné, JAHN vit longtemps avec
la jeunesse et les paysans, chez lesquels l'esprit allemand s'est conservé
plus pur ; très vite il sent en lui la vocation réveiller les sentiments
patriotiques et de délivrer sa patrie.
2. Ses principes : En 1816, JAHN fait paraître, avec la collaboration de
Ernest EISELEN (1791-1848), son livre: "Die Deutsche Turnkunst", dans le-
quel il définit
- ses buts
rétablir l'harmonie corps-esprit pour un but patrio-
tique
- sa gymnastique
elle est une oeuvre humaine (l'éducation s'a-
dresse à la fois au corps et à l'esprit), et patriotique (l'éducation tient
compte des besoins, des caractères de la nation du tempérament des peuples)
- 438 -
mais populaire (les cours sont gratuits pour tous) (1).
L'idéologie de JAHN est un système d'éducation nationale gravi-
tant autour de la gYmnastique.
"Il faut que le jeune gymnaste sache que son devoir le plus sacré
et le plus grand est de devenir un allemand et de le rester pour travailler
de toutes ses forces pour le peuple et pour la patrie et pour ressembler à
ses ancêtres, les libérateurs du monde (7)"
JAHN prescrivait : "personne ne peut entrer dans la société des
gymnastes, s'il aime, loue, excuse l'étranger ou se commet avec lui." (2)
3. Sa méthode :
Elle comprend
des exercices gymn~ques "les plus hétérogènes, mais groupés avec un souci
de progression" : marche, course, saut, lancer, équilibre, lutte, etc •.• et
suivant les appareils. JAHN a été influencé par BASEDOW (1723-1790), sur-
tout GUTS MUTHS (1759-1839) (3).
(1) Tous portaient le même costume, le même insigne des 4 F et un losange
contenant les dates importantes de l'histoire allemande
Frisch
Frei
Frohlich
Fromm
-:t r
dispos
Libre
Joyeux
pieux
.:l t:.
(cf. LEGRAND, F
op. cit. p. 42).
(2) LEGRAND et Co Il
op. cit. p. 41.
(3) GUTSMUTHS présente une gYmnastique comprenant des exercices gymn~ques
classés par région corporelle (effets généraux, membres inférieurs, su-
périeurs,etc ••• ) des exercices d'application répartis en huit famille
(saut, marche, lancer, etc ••• ) des jeux collectifs et des travaux manuels.
Il crée également un certain ouvrage "GYmnastik fUrdie Jugend "il propose"
une éducation physique nécessaire pour préparer l'enfant à la vie adulte,
pour mettre son son corps à la disposition de son âme, pour lui apprendre,
comme le voulait, à obéir.". GUTSMUTHS SALZ MANN, PESTALOZZI, NACHTGALL,
disciplés de BASEDOW, furent sensibles, comme leur maître, aux idées du
siècle des lumières, notamment aux idées rousseauistes, et à l'exemple
donné par la Grèce antique.
- 439 -
- Des jeux: collectifs variés, destinés à rendre la leçon joyeuse, et pré-
parant à la vie sociale.
- Grands rassemblements
ce sont les fêtes nationales se déroulant à l'an-
niversaire d'événements historiques (exemples WATERLOO).
- Randonnées : ce sont des randonnées pédestres, des marches, sac au dos.
4. Critique :
Dans sa méthode, JAHN poursuit son idée de l'Allemagne unifiée
et démocratisée (1) :
"L'unité allemande a été le rêve de ma première enfance, la lumiè-
re matinale de mon adolescence, la splendeur ensoleillée de mon âge viril ;
elle demeure l'étoile du soir qui guide encore mes pas au seuil de l'éternel
repos".
Sa gymnastique, destinée à former des soldats, est très dure, dis-
ciplinaire, athlétique, agressive. Elle n'est qu'une préparation militaire,
développant l'endurance et le courage. Cette gymnastique pourrait être ap-
pliquée en Côte d'Ivoire, pays où règnent des divisions sociales, régiona-
les (luttes intertribales, inégalités très violentes entre villes et cam-
pagnes), des corruptions et abus divers. Cette gymnastique de JAHN devrait
toutefois subir en Côte d'Ivoire des modifications, sinon elle ne convien-
drait qu'aux jeunes gens (et aux forts seulement) à l'armée. Les exercices
devraient avoir une valeur physiologique. (JAHN fait remarquer d'ailleurs
qu'il n'entend pas exclure de son enseignement des exercices pour les
faibles, les jeunes filles, etc ••• ). L'idéal éducatif devrait dépasser le
but patriotique et l'esprit nationaliste purs et simples que les successeurs
de JAHN ont continué de façon néfaste. Cet idéal éducatif est en partie
présenté par Adolph SPIESS (1810-1858), homme d'excellente culture générale,
qui introduit en Allemagne, une gymnastique éducative, intégrale, obliga-
toire et journalière pour tous et programmée depuis le jardin d'enfant
jusqu'à l'université, avec examens de passage. Les exercices adaptés à l'âge,
au sexe, sont classés selon les régions mobilisées et les possibilités
articulaires.
(1) cf. LEGP~ et Coll.
op. cit. p. 44.
- 440 -
A titre d'exemple voici le plan de leçon de SPIESS
- les exercices d'ordre (OrdnungsUbungen)
- les exercices sans engin (FreiUbungen)
- les exercices en suspens~on (HlingesUbungen)
- les exercices en appui (StemmUbungen) .
- 441 -
TABLEAU
38
Nous donnons ici quelques informations supplémentaires sur cer-
tains aspects des auteurs que nous n'avons pas eu l'occasion de développer
1- TABLEAU DE CLASSIFICATION DES ACTIVITES PHYSIQUE
SELON PARLEBAS
CONDUITES MOTRICES
Conduites sociomotrices
Conduites psychomotrices
P
/..
A '1
P
A
'1
J,.
(
(coopér ation)
(opposition)
(coopération
(activité en isolé)
oppo.s i tion)
l
t
l
t
l
t
l
t
Voile
Relais
Voile
Tennis
Jeux
Jeux·
Ski
Athlétisme
Canoé
Danse
Ski de
Escrime
sportifs col-
Kayak
Gymnastique
Plongée
Aviron
fond
Sports
de
lectifs
Vol à
Natation
de combat
groupe
Foot-
voile
Hand-
2- TABLEAU DES FACTEURS DE LA VALEUR MOTRICE D'UN SUJET. LE BOULCH
(SOURCE: LES CAHIERS SCIENTIFIQUES DE L'E.P. JUIN 1965)
)
+ dans son aspect spatial
)-perception du corps et organisation (
(
du schémas corporel
)
+ dans son aspect temporel
a)
structures perceptives )
(
(-perception des rignaux extéroceptifs)
+ organisation de l'espace
(
+ organisation du temps
compréhension et symbolisatiqn de la situation
b) structures d'éla~oration ~= facilité d'invention de réponses nouvelles
et de programmat10n
)
(amplitude de généralisation et de transfert)
FACTEURS
PSYCHO-
)
+ régulation proprioceptive
MOTEURS
-niveau de la régulation
(
(sens musculaire)
Adresse ou
(purement réflexe)
)
+>-
justesse de
souplesse d'utilisation
(
+>-
N
l'ajuste-
des coordinations
)
+ régulation d'équilibration
tement moteur
(
+ innés
c) structures effectives
-niveau automatique : richesse du
)
+ acquis par dressage
bagage de stéréotypes
(
acquis par tâtonnement
moteurs
)
acquis par apprentissage
(
intelligent
) +dissociation des automatismes anciens
-niveau conscient
(+facilité d'organisation de nouvelles coordinations
( + taille
- facteurs morphologiques
) + poids
( + rapports segmentaires
- souplesse articulaire
(
tonique
- tonus musculaire
)
phasique
( - isométrique maximum
(
) - cinétique
( . lente
FACTEURS
) • en détente
QUANTITATIFS
( + organ1que
ou
- résistance à la fatigue
) + nerveuse
d'EXECUTION
.j>-
.j>-
w
(
+ perc~ptive
- vitesse d'adaptation
) + dans les déplacements segmentaires
( + dans les déplacements en course
~,.".....~-".-,"",,,.~
- 444 -
ANNEXE 3
CLASSIFICATION DES ACTIVITES PHYSIQUES SELON MERAND
DIMENSION A. relation 0 ; Communication 0 Exemple : eutonie-relaxation
DIMENSION B. les activités sont classées à partir du substrat par lequel
ou dans lequel s'exerce la motricité.
1. Substrat
Terre
a) Mise en jeu des membres inférieurs, des bras, du tronc
escalade, spéléologie.
b) Mouvement de locomotion, mise en jeu des membres inférieurs
cources, sauts.
c) Mouvements d'agilité au sol
acrobatie.
2. Substrat
l'eau
natation
3. Substrat: l'air: plongeon, voltige en parachutisme, saut à ski.
DIMENSION C. Les activités sont classés d'après la manière dont intervient
l'engin.
1. ENGINS, OBSTACLES
haies, saut de cheval, saut en hauteur.
2. ENGINS MANIPULES: Lancers: poids, javelot, etc ••. ; levers-porters
haltérophilie; deux engins: l'un étant manipulé par
l'intermédiaire de l'autre: golf.
3. ENGINS VEHICULANTS : Amplification de la faculté de locomotion en usant
de la force musculaire: sur terre: cyclisme: sur l'eau
canoé, aviron; sur neige : ski ; sur glace : patinage.
L'effort n'est plus producteur d'énergie, il s'emploie entière-
ment à en diriger et en contrôler les efforts : voile : vent ;
vol à voile : air ; automobile.
4. ENGINS FIXES
Le corps se déplace en totalité par rapport à ces engins
agrès ; perche.
DIMENSION D.
1. SPORTS COMBATS
a) Moyens naturels. Prises : lutte
judo.
Coups frappés : boxe.
- 445 -
(SUITE)
b) Armes.
2. ACTIVITE OU UNE BALLE EST LE "VEHICULE D'UN DUEL"
- Tennis, pelote basque, billard.
3. ACTIVITE OU LE COUPLE EST COLPOSE PAR UN HOMME ET UN ANIMAL
a) qu~ collaborent ensemble pour réaliser un but : jumping.
b) qu~ luttent: roléos.
DIMENSION E.
1. SPORTS COLLECTIFS NE FAISANT PAS INTERVENIR L'USAGE D'INSTRUMENTS
a) type football, rugby :
- bataille pour la possession de la balle,
charge de l'adversaire autorisée,
- progression libre.
b) type basket-ball, hand-ball
affaiblissement de l'aspect bataille pour la possession de la
balle,
élimination du combat homme à homme
- progression limitée.
c) type volley-ball
- disparition de la lutte territoriale
- disparition de la balle
disparition de la progression.
2. SPORTS COLLECTIFS FAISANT INTERVENIR L'USAGE D'UN INSTRUMENT :
a) type hockey + DIFFERENTES UTILISATIONS (glace+rink-hockey) ;
b) type polo ;
c) type base-ball.
DIMENSION F. L'objet n'est pas d'être meilleur que ... ma~s d'exprimer et
et de communiquer des sentiments en employant et en ressen-
tant
des mouvements et des sensations du corps.
a) danses folkloriaues : collectives, initiatives, rituelles
b) danse: suite de pas s'incorporant à une musique;
c) pantomine.
- 446 -
~.ORGANISATrON GENERALE DE LA COLONIE EN ?~?ü3LIQUE
--
, -
LE COLLECTIF DE
C::O!:lOissions
D!RECTIOJ
diverses
!.e cons~:'l
,.
de.s
éà"Jcate:;rs
~es re:"
le comité
les représen-
person-
p:-ésan-
des
tSl:1ts des
nel
tacts
moniteurs
groupes
du per-
sonnel
LE CO~SEIL DE LA REPUBLIQUE
NIVEAU IY1E~-GECUPES
un rapré-
un ::!e::lbre
un repr-!.sen-
seGtant
de direc-
tant
tion
le consl!1l
les d-:légués
chaque noniteur
èes moni-
d'équipes
fait partie
teurs du
d'une comBÙ.ssion
groupe
LE CCNSEIL DU GROUPE
chacun
l'équipe es t
le moniteur
assume
mixte
une tâche
- 447 -
TEXTE N° 13 - L'EXPERIENCE ALLEMANDE
C'est ce qu'a bien compris en 1959 la confédération allemande
des Sports (Deutsche Sportbund) lorsqu'elle a lancé son opération "deu-
xième voie", consistant à encourager tous les citoyens qui n'avaient
jusque-là pratiqué aucun sport à en faire pendant leurs loisirs.
Un programme d'ensemble en matière de construction d'installa-
tions sportives a tout d'abord été établi (le Goldeme Plan, mis au point
par la Société olympique d'Allemagne).
Puis le DSB en liaison avec les clubs et les associations spor-
tives a mis sur pied un programme d'activités variées correspondant à tous
les degréss de la pratique sportive, allant de l'initiation en famille
jusqu'à la compétition de niveau national. En outre, un plan de formation
de moniteurs a été mis au point, et des recherches lancées en matière de
matériel d'éauioement et de méthodes d'initiation.
Ces différentes actions ont conduit à une nouvelle étape amorcée
en 1970, visant l'ensemble de la population à travers les moyens d'infor-
mation les plus variés et l'incitant à prendre conscience
de l'intérêt
d'une pratique sportive développée.
Aux dires des dirigeants allemands, la "deuxième voie" a été l'une
des causes de l'expansion quantitative la plus spectaculaire que le sport
ait jamais connue en République fédérale. En dix ans (de 1959 à 1969)
• 4 millions d'adhérents nouveaux ;
le nombre des clubs est passé de 23 000 à 38 000 et plus de
20 000 sections nouvelles ont été créées
• six fois plus d'enfants participent aux activités sportives
(135 000 contre 24 000 en 1959) ;
· la proportion des sportifs est passée de sept hommes pour une
femme a quatre hommes pour une femme.
Avec son action Trimm, le sport est allé parmi les gens et ceci,
manifestement, sans argent! C'est le monde économique qui l'aide sous de
multiples formes ••• Il ne faut pas passer sous silence le fait que l"action
Trimm a reçu, de la part du gouv~rnement fédéral, une aide initiale de
- 448 -
de seulement 218 000 DM (400 000 F environ).
A la même époque, c'est-à-dire en 1971, la valeur des insertions
gratuites dans les journaux et périodiques, ainsi que le passage des spots
à la télévision et la prise en charge d'affiches et autres supports par des
firmes commerciales étaient évalués par les services du DSD, à 12 Ms de DM.
Sources : Rapport établi par MM. Berthier et Grunenwald, Le sport pour tous
l'offre et les emplacements pour le sport de loisir (voyage d'études en Ré-
publique Fédérale d'Allemagne, du 14 au 20 octobre 1974). Publié par l'Of-
fice franco-allemand pour la jeunesse (OFAD).
-
- 449 -
\\ 'J. ANNEXE IV
-
ORGANISMES, ORGANISATIONS INTERNATIONALES
l '
D EDUCATION PHYSIQUE
TEXTE N° 14 -
LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES D'EDUCATION PHYSIQUE
Si, en général, des organisations telles que le Comité interna-
tional olympique et les Fédérations sportives internationales sont bien
connues du public, il n'en est pas de même des groupements qui s'occupent
principalement des problèmes généraux de l'éducation physique scolaire et
du Sport pour tous.
Ces organisations internationales rassemblent pourtant de nombreux
éducateurs et des hommes de sciences spécialisés : physiologistes, psycholo-
gues, sociologues, médecins, dont on peut espérer que les travaux, diffusés
par l'intermédiaire de congrès, de bulletins ou d'ouvrages, influenceront
d'une manière de plus en plus efficace l'évolution de l'éducation physique
et du sport dans les différents pays. Ces organismes sont, par ordre d'an-
cienneté :
1. La Fédération Internationale d'Education Physique (F.I.E.P.)
fondée en 1923.
2. La Fédération Internationale de Médecine Sportive (F.I.M.S.)
créée en 1928.
Elle rassemble des physiologistes et des médecins. Elle s'occupe,
certes, du contrôle biologique des sportifs de compétition et elle a réali-
sé de nombreux congrès et travaux en ce domaine, mais ses travaux sont aussi
orientés sur les problèmes généraux de la santé et de ses rapports avec les
activités physiques. Ses présidents depuis 1945 ont été successivement les
Professeurs GOWAERTS (Belgique), CHAILLEY-BERT (France), LA CAVA (Italie)
et actuellement le Professeur PROKOP (Autriche).
3. L'Association Internationale de l'Education Physique et du
Sport Féminins (A.I.E.P.S.F.) fondée en 1949.
Elle s'occupe aussi des problèmes généraux - - et non d'organisa-
tion des compétitions - - en ce domaine particulier. Elle a organisé de
nombreux congrès. La présidente actuelle est le Professeur LISELOTTE DIEM,
de la Sporthochschule de Cologne (R.F. Allemande).
- 450 -
4. La Ligue Internationale de Gymnastique Moderne (L.I.G.M.)
créée en 1952.
Elle groupe principalement les Ecoles autrichiennes, allemandes,
hollandaises de gymnastique féminine, selon les principes de Bode, Médau,
etc.
5. Le Conseil International de la Santé, de l'E.P. et de la Ré-
création (I.C.H.P.E.R.-International Council of Health, Physical Education
\\
and Recreation) fondé en 1959 au cours du Congrès annuel de W.C.O.T.P.
(World Confédération of Organisations of the Teaching Profession - Confédé-
ration Mondiale des Enseignants) organisé à Washington (E.U.). L'I.C.H.P.E.R.
section de W.C.O.T.P. est ainsi rattaché à l'U.N.E.S.C.O. par l'intermédiaire
de cette Confédération d'enseignants. Sous l'impulsion américaine principale-
ment et grâce à l'aide financière de la puissante organisation des Profes-
seurs d'E.P. des (E.U.) (A.A.H.P.E.R.) et à l'appui efficace de W.C.O.T.P.,
l'I.C.H.P.E.R. a eu une très importante action d'information et de formation
d'éducateurs dans le domaine de l'éducation physique scolaire. Il a organisé
de multiples congrès
Amsterdam (1960), New Delhi (1961), Stockholm (1962),
Rio de Janciro (1963), Paris (1964), Addis Abeba (1965), Séoul (1966),
Vancouver (1967), Dublin (1968), Abidjan (1969), Sydney (1970), Jamaique
(1971), Indonésie (1973), Rotterdam (1975), Mexico (1977).
La présidence de l'I.C.H.P.E.R. a été successivement assurée par
SIR RONALD COULD (G.-B.), Miss DOROTHY S. AINSWORTH (U.S.A.), Professeur
JULIEN FALIZE (Belgique), Professeur KLAAS RIJSDORP (Hollande). Le Président
actuel est le professeur MARCEL HEBBELINCK (Belgique).
Le professeur CARL A. TROESTER (E.U.) en assure le Secrétariat
général, avec une très haute compétence, depuis 1958.
6. Le Conseil Internation de l'Education Physique et du Sport
(C.I.E.P.S.) a été créé officiellement en 1960, à l'occasion du Congrès
mondial d'Education Physique organisé sous le patronage de la F.I.E.P. à
Rome, dans le cadre des Jeux Olympiques. Sa mission principale, indiquée
dans l'article 2 de ses statuts, est d'être un instrument de coordination
entre les Associations internationales s'occupant de l'éducation physique
et du sport.
Cette idée de coordonner les efforts en ce domaine était déjà
- 45J -
clairement exprimée dans les premiers statuts de la F.I.E.P. et en 1953,
le président de la F.I.E.P., le Major THULIN avait sollicité à cet effet
une reconnaissance officielle de l'U.N.E.S.C.O. Cette ~econnaissance (Sta-
tut consultatif) ne fut pas accordée car la F.I.E.P. ne comprenait pas des
Fédérations internationales sportives parmi ses membres. En 1956, au cours
des Jeux Olympiques de Melbourne, fut créé un Conseil Provisoire, présidé
par le Professeur FRITZ DURAS, de l'Université de Melbourne. En 1958, au
cours d'une réunion de l'U.N.S.C.O., la dénomination "Conseil International
pour l'Education Physique et le Sport" fut adoptée et la création officiel-
le de l'organisation fut réalisée à Rome en 1960, comme nous l'avons déjà
indiqué.
Le C.I.E.P.S. est rattaché à l'U.N.E.S.C.O. et jouit du Statut
consultatif, catégorie A, depuis 1972. Son premier président fut SIR PHILIP
NOEL BAKER (G.-B.),
prix Nobel de la Paix et ancien athlète olympique. Le
premier secrétaire général fut le Dr R.W. HONES (G.-B.), alors secrétaire
général de la Fédération internationale de Basket-Bali et Directeur de
l'Institut de la Jeunesse de l'U.N.E.S.C.O. à Gauting (près Munich). Actuel-
lement (1978) le C.I.E.P.S. est administré par un Comité exécutif, dont le
Président: Dr SIR ROGER BANNISTER (G.-B.).
Le C.I.E.P.S. a patronné des Congrès mondiaux, en particulier
dans le cadre des Jeux Olympiques à Tokyo (1964), Mexico (1968), Munich
(1972), Montréal (1976).
En 1965 i l a publié le "Manifeste du Sport" où sont en particu-
lier étudiés les problèmes du sport d'élite, de l'amateurisme, du sport à
l'Ecole et du sport pour tous.
Le C.I.E.P.S. rassemble
des membres gouvernementaux: organismes officiels de l'éducation physi-
que et du sport de divers pays ;
des Organisations non-gouvernementales, internationales, telles que la
F.I.E.P., l'A.I.E.S.E.P., certaines Fédérations sportives internationa-
les: F.I.B.B. ; F.I.F.A. ; F.I.G. ; F.I.W.B., etc;
qes membres individuels.
Pour mieux répartir ces travaux, le C.I.E.P.S. a créé des Comités
- 452 -
spéciaux
Comité de Recherches Scientifiques
Président Prof. HEBBELINCK (Belgique)
Comité de documentation et d'information (I.A.S.I.)
Président : Dr A. OLSEN (Norvège)
Comité d'équipement sportif (I.A.K.S.)
Président: Dr W. Weyer (R.F.A.)
Comité encadrement-programme
Président : Professeur BOHUSLAV SYKORA (Tchécoslovaquie)
Comité Sports-Loisirs
Président : Professeur Dr RALF FLORL (R.D.A.)
Comité de sociologie du sport
Président: Dr G. LUNSCHEN (U.S.A.)
Comité sport et tourisme
Secrétaire Général : MILAN ERCEGAN (Yougoslavie)
Comité d'Histoire du Sport
Président: Professeur Dr WONNEBERGER (R.D.A.)
Comité Moyens de communications - Relations internationales
Président : Professeur McINSTOSH (Nouvelle Zélande)
Comité Sport et Développement
Président: Professeur J. FALIZE (Belgique)
La diversité de ces Comité témoigne de l'ampleur des travaux du
C.I.E.P.S., qui joue au sein de l'U.N.E.S.C.O. un rôle qui, on doit l'espé-
rer, restera important malgré la récente création du Comité interministé-
riel de l'éducation physique et du sport (voir nos remarques à ce sujet
page
).
7. L'Association internationale des Ecoles supérieures d'E.P.
(A.I.E.S.E.P.).
Fondée à Lisbonne en 1962, elle rassemble des Ecoles supêrieures
et des Instituts ou Départements Universitaires d'Education physique de 35
pays.
- 453 -
Cette organisation étudie surtout les problèmes de la formation
des professeurs d'E.P. Elle a organisé sur ce thème divers Congrès interna-
tionaux : Lisbonne (1963), Paris (·1966), Madrid (1968), Tunis (1969),
Varsovie (1970), Madrid (1971), Lisbonne (1972), Prague (1974), Nessebre-
Sofia (1975), Madrid (1977, en liaison avec la F.I.E.P.), Macolin (1978).
Elle travaille en relation étroite avec la F.I.E.P., l'I.C.H.P.
E.R. et le C.I.E.P.S. Une chronique spéciale A.I.E.S.E.P. est publiée régu-
lièrement dans le Bulletin F.I.E.P. à la suite d'un accord entre les deux
Organisations au cours d'un Congrès commun organisé à Madrid en 1977. Les
présidents successifs de l'A.I.E.S.E.P. ont été: Dr Leitao (Portugal),
Mme SURREL (France), Professeur Gagigal (Espagne).
A l'heure actuelle (septembre 1978) le Bureau exécutif est a1nS1
formé
Président : Professeur JOSE MARIA GAGIGAL (Espagne)
Vice-Présidents: Prof. B. SYKORA (Tchécoslovaquie), Prof. K.
HADZELEK (Pologne)
Secrétaire Général : Dr MAURICE PIERON (Belgique)
Conseillers: Prof. E. BEYER (R.F.A.) ; Prof. F. PIETH (Suisse).
8. L'Association d'Histoire de l'éducation physique et du sport
(H. 1. S. P .A.) •
Créée officiellement à Zurich en 1973, à l'initiative du Profes-
seur L. BURGENER son premier président, elle a organisé les Congrès de
Chatenay-Malabry (France 1972), Zurich (1973), Vienne (1974), Louvain (1975),
Mainz (1976), Darford (Angleterre 1977), et Paris (1978). Son actuel prési-
dent est le Prof. Dr LAMMER (R.F.A.) et son Secrétaire Général, le Profes-
seur RENSON (Louvain-Belgique).
9. Enfin un certain nombre de groupements, qU1 à l'origine cons-
tituaient des Comités du C.I.E.P.S. se sont organisés en Associations indé-
pendantes, tout en restant en liaison étroite avec le C.I.E.P.S., en tant
que section parfois. Ce sont :
-- Le Comité du Fair-play : président
Jean Borotra (France)
- 454 -
L'Association internationale de psychologie du Sport
Président: Prof. VANEK (Tchécoslovaquie)
L'Association internationale de Sociologie du Sport
Président: Dr LUNSCHEN (E.U.)
L'Association internationale d'information et de documentation (I.A.S.I.);
Président : Dr MORGAN OLSEN (Norvège)
L'Association internationale de l'Equipement sportif (I.A.K.S.) Prési-
dent: W. WEYER (R.F.A.)
L'Association internationale de Biomécanique du Sport
Président
Prof. R. NELSON (E.U.).
10. Notons encore qu'il existe des Associations régionales dont
une des plus importantes et des plus actives est le Conseil de l'Europe qui,
comme nous l'avons signalé (voir page 50) a déjà accompli une oeuvre remar-
quable dans le domaine du Sport pour tous.
Cette multiplicité d'organisations internationales, s'occupant,
à peu de chose près, des mêmes problèmes, a présenté quelques inconvénients.
Une concurrence regrettable s'est parfois établie dans le recrutement des
membres et l'organisation des Congrès.
Nous considérons cependant que cette diversité est absolument né-
cessaire. C'est là le point de vue de la F.I.E.P., qui est pourtant l'orga-
nisation la plus ancienne, la plus solidement structurée par sa représenta-
tion dans 84 pays et qui aurait pu prétendre être le foyer mondial dans
lequel se rassembleraient tous ceux qu~ luttent pour mettre les activités
physiques au service de l'éducation des jeunes et de l'entretien physique
et la saine distraction des adultes.
Mais les problèmes à étudier et les actions à entreprendre sont
si vastes et si variés qu'il est indispensable que le plus grand nombre pos-
sible de spécialistes et de militants fassent équipe dans des organisations
ayant des buts spécifiques, des centres d'intérêts divers et des possibili-
tés de recherche scientifique, d'information et d'influence qui puissent se
conjuguer pour une plus grande efficacité. Il est important aussi que, pour
l'opinion publique, et face à l'influence et à la multiplicité des Fédéra-
tions sportives, apparaissent de nombreux organismes internationaux préoc-
cupés d'autres problèmes que ceux de la compétition sportive.
- 455 -
Mais l'autre nécessité est alors d'établir une bonne coordination
dans les activités de ces organisations d'Education physique. Cela peut et
doit se réaliser par le C.I.E.P.S., au sein de l'U.N.E.S.C.O.
Une réunion, organisée à Londres en Avril 1977 entre les Prési-
dents et Secrétaires généraux du C.I.E.P.S., de la F.I.E.P., de l'I.C.H.P.
E.R., et de l'A.I.E.S.E.P. a défini les principes de cette coordination,
tout en sauvegardant la personnalité et l'indépendance de chaque organisa-
tion internationale. C'est là une garantie de succès dans la lutte commune
entreprise.
TEXTE N°-15 - L'UNESCO ET L'EDUCATION PHYSIQUE
L'U.N.E.S.C.O. -- Organisation des Nations Unies pour l'Education,
la Science et la Culture ("United Nations for Education, Science and Cultu-
re Organisation", d'où le sigle U.N.E.S.C.O.) -- a été officiellement créée
par une convention adoptée le 16 novembre 1945 au cours d'une Conférence
préparatoire qui réunissait à l'initiative conjointe du Royaume-Uni et de
la France les représentants de 44 nations.
L'article 1 de l'Acte constitutif est ainsi rédigé:
" L'Organisation se propose de contribuer au maintien de la paix
et de la sécurité en resserrant, par l'éducation et la culture, la colla-
boration entre nations, afin d'assurer le respect universel de la justice,
de la loi, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous,
sans distinction de race, de langue ou de religion, que la Charte des
Nations-Unies reconnaît à tous les peuples. "
Les Etats membres de l'O.N.U. peuvent adhérer à l'U.N.E.S.C.O.,
qui rassemble aujourd'hui 144 pays. Le siège est à Paris, 7, place de Fon-
tenoy. L'organisme suprême de l'U.N.E.S.C.O. est la Conférence générale qui,
en principe, se réunit maintenant tous les deux ans (années paires). La Con-
férence générale, composée des représentants des Etats membres, détermine
l'orientation et la ligne de conduite de l'Organisation. Un Conseil exécutif,
composé de 45 membres élus par la Conférence générale, est responsable de
l'exécution du programme de travail et prend toutes dispositions pour assurer
- 456 -
une mise en oeuvre efficace de ce programme par le Directeur général.
Le premier Directeur général fut le grand biologiste britannique
JULIAN HUXLEY (de 1946 à 1948). Le Français RENE MAHEU fut Directeur général
de 1962 à 1974. Le Directeur général actuel est le Dr AMADOU-MAHTAR M'BOW
(Sénégal) et le Sous-Directeur général pour l'Education, M. SIMON TANGUIANE
(U.R.S.S.) .
L'U.N.E.S.C.O. ne rassemble que les représentants officiels des
gouvernements des divers Etats membres. Elle a cependant établi des relations
étroites avec des organisations internationales non gouvernementales (O.N.G.)
qui peuvent bénéficier du "Statut consultatif, catégorie A ou B" et apporter
à l'U.N.E.S.C.O. leurs conseils et les fruits de leurs divers travaux. Cer-
taines O.N.G. reçoivent une subvention de l'U.N.E.S.C.O. pour des programmes
précis ·d' information ou de recherche (par exemple les contrats F. I.E. P.-
U.N.E.S.C.O.) .
A ses débuts l'U.N.E.S.C.O. a concentré son action sur les problè-
mes du développement de l'éducation (alphabétisation, formation des maîtres,
moyens matériels, etc.) dans divers pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique
latine et sur certains problèmes généraux de la Science et de la Culture
science de la mer et moyens audiovisuels, par exemple. Depuis une vingtaine
d'années, les problèmes de l'éducation physique et du sport ont fait l'objet
de divers travaux. Déjà en 1956, l'U.N.E.S.C.O. avait réalisé une "Etude
comparative sur la place du sport dans l'Education" en application d'une
résolution prise par la Conférence générale de 1954. Les gouvernements de 14
Etats avaient alors répondu à l'enquête.
Mais c'est surtout grâce à RENE MAHEU que s'est développée l'action
en faveur de l'éducation physique et du sport. L'UNESCO, en effet, approuva
dès 1956, avec l'accord de son Directeur général d'alors, le Dr EVANS, le
projet de création du C.I.E.P.S. ; et en 1958 une réunion organisée par
l'UNESCO à Paris, rassembla à l'initiative de RENE MAHEU, les représentants
de diverses organisations internationales d'E.P. pour préparer cette créa-
tion. Celle-ci fut officiellement réalisée à l'occasion du Congrès mondial,
patronné par la F.I.E.P. et tenu dans le cadre des Jeux Olympiques de Rome
en 1960.
Depuis cette époque l'UNESCO a, en collaboration généralement avec
- 457 -
le Conseil Internation de l'E.P. et du Sport, organisé un certain nombre
de conférences ou séminaires, dont voici quelques principaux exemples :
Conférence à l'occasion du Centième anniversaire de la naissance de
Pierre de COUBERTIN - Paris 1963.
Conférence "Loisir et Récréation" - La Havane 1966.
Conférence internationale E.P. et Sport - Mexico 1968.
Séminaire sur le Sport pour tous - Bucarest 1969.
Séminaire sur la participation des Jeunes à l'Administration du sport -
Liège 1970.
Séminaire sur la contribution du sport à la construction de l'Afrique
moderne - Rabat 1971.
Séminaire sur les mass-média, le sport et la compréhension internationa-
le - Paris 1971.
Journée UNESCO au Congrès scientifique de l'E.P. et du sport - Munich
1972.
Stage sur le sport et l'E.P. en Afrique - Lagos 1973.
Le sport dans la Société moderne - Congrès des sports. Moscou 1974.
L'année 1975 fut consacrée à la préparation de la "Première Con-
férence Internationale des Ministres et Hauts fonctionnaires responsables
de l'Education physique et du Sport" qui eut lieu à la Maison de l'UNESCO à
Paris du 5 au 10 Avril 1976. Cette conférence fut extrêmement importante
pour l'avenir de l'éducation physique et du sport. Les délégations de 101
Etats membres de l'UNESCO y participèrent, ainsi que les représentants de
16 organisations internationales non-gouvernementales, entre autres le
CIEPS, la FIEP et l'ICHPER. Le "Rapport-final" de cette conférence, publié
par l'UNESCO en août 1976 est un document capital qui devrait orienter les
politiques de l'éducation physique et du sport dans les divers pays. Ce
rapport édité en français, anglais et espagnol a été diffusé dans tous les
pays membres.
Un rapport préparatoire (1) à la Conférence, sur "Le rôle de
(1) Ce rapport préparatoire est du plus grand intérêt. Il témoigne de l'excel-
lente orientation de la politique de l'U.N.E.S.C.O. dans le domaine de
l'Education physique et du sport et il est très riche d'idées originales.
- 458 -
l'éducation physique et du sport dans la formation de la jeunesse" avait
aussi été publié et diffusé par l'UNESCO, pour servir de base aux discus-
sions. Il s'inspirait des travaux de la "Réunion d'experts" organisée par
l'UNESCO et le CIEPS à Liège en Septembre 1974.
Nous sommes heureux de constater que le rapport final présente
des concepts et des recommandations semblables
sur l'éducation physique
scolaire et le sport pour tous en particulier -- à ceux et celles de la
F.I.E.P.
La Conférence des Ministres décida en particulier :
l'élaboration d'une "Charte internationale de l'éducation phy-
sique et du sport" ;
la création d'un "Fonds international pour le développement de
l'E.P. et du sport"
la création au sein de l'UNESCO d'un "organe inter-
gouvernemental permanent pour l'E.P. et le sport" ;
Une première réunion du "Comité intergouvernemental intérimaire"
a eu lieu à l'UNESCO à Paris en juillet 1977. Par contrat n) 216677 de
novembre 1976, la F.I.E.P. avait été chargée par l'UNESCO de faire des sug-
gestions relatives aux domaines de discussion pour cette réunion.
Enfin, en octobre 1977, l'UNESCO a organisé à Washington une
réunion d'experts des pays d'Europe et d'Amérique du Nord pour l'étude des
'~esures à prendre ou des méthodes à suivre pour assurer la continuité né-
cessaire entre l'éducation physique et sportive des jeunes d'âge scolaire
d'une part". La F.I.E.P. fut chargée d'établir le document préparatoire aux
discussions pour cette réunion.
On peut finalement constater que l'UNESCO est aujourd'hui sérieu-
sement préoccupée des grands problèmes de l'éducation physique et du sport.
C'est là, sur le plan mondial, un facteur très important pour le progrès
des activités qui nous intéressent, dans le cadre de l'éducation permanente.
Et nous ne pouvons que réjouir de cette action.
Les organisations internationales non gouvernementales (CIEPS,
FIEP, ICHPER, AIESEP, IASI, etc.), doivent cependant rester vigilantes et
actives. Le danger pourrait être celui d'une politisation plus ou moins mar-
- 459 -
quée, au sein de "l'organe intergouvernemental" -
qui, par nature, ne com-
prend que les représentants officiels des gouvernements. On peut aussi
craindre une certaine "fragilité" des travaux entre représentants officiels
qui changent fréquemment avec les gouvernements et qui ne sont pas toujours
des spécialistes des problèmes de l'éducation physique et du sport. Fort
heureusement l'UNESCO a recommandé une consultation permanente avec les res-
ponsables des organisations internationales non gouvernementales où travail-
lent des experts compétents et bénévoles, donc indépendants et dévoués.
TEXTE N° 16 - CHARTE INTERNATIONALE DE L'EDUCATION PHYSIQUE ET DU SPORT
La première conférence internationale des ministres et responsa-
bles de l'éducation physique et des sports fut réunie par l'Organisation
des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) en
collaboration avec le Conseil International du Sport et de l'Education Phy-
sique.
Puis un Comité intergouvernemental de l'éducation physique et des
sports se réunissait du 4 au 13 juillet 1977.
Ces deux réunions furent l'expression de l'intérêt manifesté par
l'UNESCO à l'éducation physique et sportive, reconnue comme partie essen-
tielle de l'éducation, et appartenant de droit à chaque personne.
Voici le texte de la charte adopté par la conférence générale de
l'UNESCO lors de sa 20ème session, le 21 novembre 1978 à Paris.
* * *
PREAMBULE
La conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture, réunie à Paris, en sa vingtième
session, ce vingt et unième jour de novembre 1978,
Rappelant que la Charte des Nations Unies proclame la foi des
peuples dans les droits fondamentaux de l'homme et dans la dignité et la
- 460 -
valeur de la personne humaine, et affirme leur résolutions de favoriser le
progrès social et d'instaurer de meilleures conditions de vie,
Rappelant qu'aux termes de la déclaration universelle des droits
de l'homme chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les li-
bertés qui y sont proclamés, sans discrimination aucune fondée notamment
sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l'opinion politi-
que ou toute autre opinion, l'origine nationale ou sociale, la fortune, la
naissance ou toute autre considération,
Convaincue que l'exercice effectif des droits de tout homme dépend
pour une part essentielle de la possibilité offerte à chacun et à chacune de
développer et de préserver librement ses moyens physiques, intellectuels et
moraux, et qu'en conséquence l'accès de tout être humain à l'éducation phy-
sique et au sport devrait être assuré et garanti,
Convaincue que la préservation et le développement des possibilités
physiques, intellectuelles et morales de l'être humain améliorent la qualité
de la vie sur le plan national et international,
Affirmant que l'éducation physique et le sport doivent renforcer
leur action formatrice et favoriser les valeurs humaines fondamentales qui
servent de base au plein développement des peuples,
Soulignant en conséquence que l'éducation physique et le sport
doivent tendre à promouvoir les rapprochements entre les peuples comme entre
les individus ainsi que l'émulation désintéressée, la solidarité et la fra-
ternité, le respect et la compréhension mutuels, la reconnaissance de
l'intégrité et de la dignité des êtres humains,
Considérant que les pays industrialisés et les pays en développe-
ment assument des responsabilités et des obligations communes poùr réduire
l'écart subsistant entre les uns et les autres quant au libre accès de tous
à l'éducation physique et au sport,
Considérant qu'insérer l'éducation physique et le sport dans le
milieu naturel les enrichit, inspire le respect des ressources de la planè-
te et éveille le souci de les conserver et de les utiliser pour le plus
grand profit de l'humanité tout entière,
Tenant compte également de l'ampleur des efforts à consentir pour
-
461 -
que le droit à l'éducation physique et au sport se traduise dans la réali-
té pour tous les êtres humains,
.
Soulignant l'importance, pour la paix et pour l'amitié entre les
peuples, de la coopération entre les organisations internationales gouver-
nementales, responsables de l'éducation physique et du sport,
Proclame la présente Charte internationale dans le but de mettre
le développement de l'éducation physique et du sport au service du progrès
humain, de favoriser leur développement et d'inciter les gouvernements, les
organisations non gouvernementales compétentes, les éducateurs, les famil-
les et les individus eux-mêmes à s'en inspirer, à la diffuser et à la
mettre en pratique.
ARTICLE PREMIER. - La pratique de l'éducation physique et du sport est un
droit fondamental pour tous
1.1 - Tout être humain a le droit fondamental d'accéder à l'édu-
cation physique et au sport, qu~ sont indispensables à l'épanouissement de
sa personnalité. Le droit de développer des aptitudes physiques, intellec-
tuelles et morales par l'éducation physique et le sport doit être garanti
tant dans le cadre du système éducatif que dans les autres aspects de la
vie sociale.
1.2 - Chacun, en accord avec la tradition sportive de son pays,
doit avoir toutes les possibilités de pratiquer l'éducation physique et le
sport, d'améliorer sa condition physique et de parvenir au niveau de per-
formance sportive correspondant à ses dons.
1.3 - Des conditions particulières doivent être offertes aux
jeunes, y compris les enfants d'âge préscolaire, aux personnes âgées et aux
handicapés afin de permettre le développement intégral de leur personnalité
grâce à des programmes d'éducation physique et de sport adaptés à leurs
besoins.
ARTICLE 2. - L'éducation physique et le sport constituent un élément essen-
tiel de l'éducation permanente dans le système global d'éducation
2.1 - L'éducation physique et le sport, dimensions essentielles
de l'éducation et de la culture, doivent développer les aptitudes, la volonté
- 462 -
et la maîtrise de soi de tout être humain et favoriser sa pleine intégra-
tion dans la société. La continuité de l'activité physique et de la pratique
du sport doit être assurée durant to~te la vie, au moyen d'une éducation
globale, permanente et démocratisée.
2.2 - Au niveau de l'individu, l'éducation physique et le sport
contribuent à la préservation et à l'amélioration de la santé et à une saine
occupation des loisirs et permettent à l'être humain de m~eux résister aux
inconvénients de la vie moderne. Au niveau de la communauté, ils enrichis-
sent les rapports sociaux et développent l'esprit sportif (fair-play) qui,
au-delà du sport lui-même, est indispensable à la vie en société.
2.3 - Tout système global d'éducation doit réserver à l'éducation
physique et au sport la place et l'importance nécessaires pour établir l'é-
quilibre et renforcer les liens entre les activités physiques et les autres
éléments de l'éducation.
ARTICLE 3. - Les programmes d'éducation physique et de sport doivent répon-
dre aux besoins des individus et de la société.
3.1 les programmes d'éducation
physique et de sport-doivent être
conçus en fonction des besoins et des caractéristiques personnels des pra-
tiquants ainsi que des conditions institutionnelles, culturelles, soc~o
économiques et climatiques de chaque pays. Ils doivent donner la priorité
aux besoins des groupes défavorisés au sein de la société.
3.2 - Dans un processus d'éducation globale, les programmes d'édu-
cation physique et de sport doient contribuer, par leur contenu, comme par
leurs horaires, à créer des habitudes et des comportements favorables à
l'épanouissement de la personne humaine.
3.3 - Le sport de compétition, jusque dans ses manifestations
spectaculaires, doit demeurer, selon l'idéal olympique, au service du sport
éducatif dont il est le couronnement et l'illustration. Il doit être libre
de toute influence d'intérêts commerciaux fondés sur la recherche du profit.
ARTICLE 4. - L'enseignement, l'encadrement et l'administration de l'éduca-
tion physique et du sport doivent être confiés à un personnel qualifié.
4.1 - L'ensemble du personnel qui assume la responsabilité pro-
- 463 -
fessionnelle de l'éducation physique et du sport doit posséder les quali-
fications et la formation appropriées. Il doit être recruté avec soin, en
nombre suffisant et bénéficier d'une formation préalable et d'un perfection-
nement continu afin de garantir les niveaux de spécialisation adéquats.
4.2 - Un personnel bénévole, convenablement formé et encadrJ,
peut apporter une contribution inestimable au développement global du sport
et encourager la participation de la population à la pratique et à l'orga-
nisation des activités physiques et sportives.
4.3 - Des structures appropriées doivent être créées pour la for-
mation du personnel de l'éducation physique et du sport. Le personnel ainsi
formé doit être doté d'un statut en rapport avec les fonctions qu'il assume.
ARTICLE 5. - Des équipements et des matériels appropriés sont indispensa-
bles à l'éducation physique et au sport.
5.1 - Les équipements et les matériels appropriés doivent être
prévus et installés en quantité suffisante pour permettre en toute sécurité
une participation intensive aux programmes scolaires et extrascolaires d'é-
ducation physique et de sport.
5.2 - Les gouvernements, les pouvoirs publics, les écoles privés
compétents, à tous les niveaux, doivent unir leurs efforts et se concerter
pour planifier la mise en place et l'utilisation optimale des installations,
des équipements et des matériels pour l'éducation physique et le sport.
5.3 - Les plans d'urbanisme et d'aménagement rural doivent inclu-
re les besoins à long terme en matière d'installations, d'équipements et de
matériel pour l'éducation physique et le sport en tenant compte des possi-
bi~ités offertes par l'environnement naturel.
ARTICLE 6. - La recherche et l'évaluation sont des éléments indispensables
au développement de l'éducation physique et du sport.
6.1 La recherche et l'évaluation en matière d'éducation physique
et de sport devraient favoriser le progrès du sport sous toutes ses formes,
contribuer à améliorer la santé et la sécurité des participants ainsi que
les méthodes d'entraînement et les techniques d'organisation et de gestion.
Le système d'éducation bénéficiera ainsi des innovations propres à amé-
- 464 -
liorer les méthodes pédagogiques aussi bien
que le n1veau des oerformances.
6.2 - La recherche scientifiaue. dont les incidences sociales
dans ce domaine ne doivent pas être négligées, devra être orientée de ma-
nière à ne oas se prêter à des aonlications abusives pour l'éducation phy-
sique et le sport.
ARTICLE 7. - L'information et la documentation contribuent à promouvoir
l'éducation physique et le sport.
7.1 - Rassembler, fournir et diffuser des informations et une
documentation relatives à l'éducation physique et au sport constituent une
nécessité primordiale. Il en est ainsi, en particulier, de la diffusion
d'informations sur les résultats des recherches et des études d'évaluation
concernant programmes, expérimentation et activités.
ARTICLE 8. - Les moyens de grande information devraient exercer une influ-
ence positive sur l'éducation physique et le sport.
8.1 - Sans préjudice du droit à la liberté d'information, toute
personne s'occupant de moyens de grande information doit être pleinement
conscience de ses responsabilités devant l'importance sociale, la finalité
humaniste et les valeurs morales dont l'éducation physique et le sport sont
porteurs.
8.2. - Les rapports entre les personnes s'occupant de moyens de
grande information et les spécialistes de l'éducation physique et du sport
doivent être étroits et confiants pour exercer une influence positive sur
l'éducation physique et le sport et assurer avec objectivité une informa-
tion documentée. La formation du personnel responsable des moyens de grande
information peut comporter des aspects touchant à l'éducation physique et
au sport.
ARTICLE 9. - Les institutions nationales jouent un rôle primordial dans
l'éducation physique et le sport.
9.1 - Les pouvoirs publics, à tous les niveaux, et les organismes
non gouvernementaux spécialisés doivent favoriser les activités physiques
et sportives dont la valeur éducative est la plus manifeste. Leur interven-
- 465 -
t,
tion doit consister à faire appliquer les lois et règlements, fournir une
1
assistance matérielle et adopter toutes autres mesures d'encouragement, de
t
stimulation et de contrôle. En outre, les pouvoirs publics veilleront à
•
prendre des dispositions fiscales en vue d'encouraqer ces activités.
f(
9.2
Toutes les institutions responsables de l'éducation physi-
que et du sport doivent favoriser une action cohérente, globale et décen-
tralisée dans le cadre de l'éducation permanente afin d'assurer la conti-
1
nuité et la coordination des activités physiques obligatoires et des acti-
vités qui, pratiquées spontanément, relèvent du libre choix.
1
ARTICLE 10. - La coopération internationale est l'une des conditions du dé-
1
veloppement universel et équilibré de l'éducation physique et du sport
10.1 - Les Etats aussi bien que les organisations internationa-
les et régionales intergouvernementales et non gouvernementales où sont
représentés les pays intéressés et qui sont responsables de l'éducation
physique et du sport doivent conférer à ces activités une place plus grande
dans la coopération bilatérale et multilatérale.
10.2 - La coopération internationale doit s'inspirer de mobiles
entièrement désintéressés pour proumouvoir et stimuler un développement en-
dogène dans ce domaine.
10.3 - C'est par la coopération et la défense d'intérêts communs
dans le domaine de l'éducation physique et dans celui du sport, langage
universel par excellente, que les peuples contribueront au maintien d'une
paix durable, au respect mutuel, à l'amitié et crééront ainsi un climat
favorable à la solution des problèmes internationaux. Une étroite collabo-
ration, dans le respect de leurs compétences spécifiques, de tous les or-
ganismes gouvernementaux et non gouvernementaux, nationaux et interna-
tionaux, intéressés doit favoriser le développement de l'éducation physi-
que et du sport dans le monde entier.
- 466 -
V
ANNEXE V
-
LE TEXT~ DU QUESTIONNAIRE
:DE NOTRE E.NQ\\JEiE
TEXTE N° 17 - LES QUESTIONNAIRES
1°) Nom de la fédération
2°) Combien de licenciés compte-t-ell~ ?
a) Garçons
b) Filles
?
1
,
3°) Combien d'entraîneurs avez-vous en activité ?
Entraîneurs
1er Degré
Entraîneurs
2e Degré
Entraîneurs
3e Degré
Régions
HOllDlles
FellDlles
HOllDlles
Femmes
HOllDlles
Femmes
Grand-Abidjan
·
· ··· ······ · ·.· ·.·.· ·..
· · ·
.. · .
San-Pedro
·· ···
··.·· ·
·.· ·
·
·
.
.
·.
.
Gagnoa
.·.· · ···. · ···. · · · ·· ·
·· · · ·
· . ·
Daloa
·.
·. ···.·· · ··. ···· · · · ·· ··. ·. . ·
. . .
.
Man
·.·.· ··· · · ·.·· · · ··. ··.·.· ··.
··
·
·
Bouaké
.
··.··.· ·· ··· ·.·
·· · ·· · ··.·· ·
.. .
·
Bondoukou
·· · ·· ··. ··· ·· · ··· · . · · ·. .
. · .
Odienné
· ·· ·.··
···· ···
···. · .· · ·; ·
· ··
.
·.
Ferkessédougou
. ·. · ·.·· ·····.···.· · ··. · · · ·.··· ···· .. · . · .
. .
.
Korhogo
............
.
.
4°) Combien de ligues fonctionnent
(mettre le signe + devant la
case qui vous convient.)
a) d'une manière satisfaisance
b) d'une manière insuffisante
c) pas du tout
5°) Quest le nombre de compécitions programmées annuellement
a) international
- 467 -
b) national
c) régional
d) départemental
e) au n~veau des arrondissements
f) au n~veau des communautés rurales
6°) Jugez-vous les compétitions internationales auxquelles vous
participez (mettre le signe + devant la case qui vous convient)
a) trop nombreuses ?
b) insuffisantes ?
c) juste ce qu'il faut?
7°) Jugez-vous les compétitions programmées à l'échelon national
(mettre le signe + devant la case qui vous convient)
,
a) trop nombreuses ?
b) insuffisantes ?
1
c) juste
ce qu'il faut?
8°) Qu'est-ce qui s'oppose au bon fonctionnement, s'il en était,
de certaines ligues ou de la fédération elle-même (mettre le signe + devant
la case qui vous convient)
a) l'insuffisance des moyens?
b) l'inaptitude des dirigeants?
c) la disponibilité relative des bénévoles ?
d) l'absence de cohésion des différentes instances?
9°) Quelles est l'évolution de votre budget au cours des cinq
dernières années ?
Année
Subvention de l'Etat
Recette de match
Origines diverses
1976-1977
1977-1918
1978-1979
1979-1980
1980-1981
1981-1982
- 468 -
10°) Quelle est l'évolution de vos dépenses au cours des cinq
dernières années ?
a)
1976-1977
b)
1977-1978
1
c)
1978-1979
1
d)
1979-1980
f
e)
1980-1981
1
f)
1981-1982
11°) Quel est le montant des dépenses dans les secteurs énumérés
1
ci-dessous ?
TYPES DE COMPETITION
Communauté
Année
International
National
Régional
Départemental Arrondissement
Rurale
1976-1977
1977-1978
1978-1979
1979-1980
1980-1981
1981-1982
Votre fédérati~n estime-t-elle ?
12°) Les structures et le statut de votre fédération vous permettent-
d'assurer un développement (Encercler la case qui vous convient)
quantitatif de la discipline
(OUI) - (NON)
qualitatif
de la discipline
(OUI) - (NON)
13°) Si oui - Comment? (Commentaire libre sur papier à joindre au
questionnaire)
14°) Si non - Pourquoi? (Commentaire libre sur papier à joindre au
questionnaire)
15°) Vos observations diverses :
N.B.
(1) ~ettre le signe + devant la case qui vous convient?
j
1
:~
- 469 -
1°) Nom du club
1
2°) En quelle année a-t-il été reconnu?
t
3°) Combien de membres actifs compte le club à l'heure actuelle?
4°) Quelles sont les sections sportives que vous entretenez (mettre
1
le signe + devant chaque section entretenue)
Sports Collectifs
Sports Individuels
Sports de Combat
Sports de plein air
! G
F
! G !.F
! G ! F
1 G ! F
!
!
!
F.B. (Foot-Ball)
! ... ! ...
Athlétisme
1••• 1...
Judo
! ..• ! ... Randonnée ! ..• ! •..
B.B. (Basket-Ball)
! ••• ! •..
Natation
! ••. ! ...
Boxe
! ... ! .•. Marche
! •.. ! . "
H.B. (Hand-Ball)
! •.• 1•••
Lawn-tennis
1••• ! .•.
Karaté
!. .. ! ••• Camping
! ... ! ...
V.B. (Volley-Ball)
! •.. ! •..
Cyclisme
! ... 1•••
Lutte
! ... ! ...
Tennis de Table
! ... ! ••.
5°) Quel est le nombre de licenciés (garçons et filles) dans chaque section
Sports Collectifs
Sports Individuels
Sports de Combat
Sports de plein a~r
! G ! F
1 GIF
! G ! F
! G ! F
!
F.B. (Foot-Ball)
1••• 1 •••
Athlétisme
!
1• • •
Judo
! .•. ! . .. Randonnée ! ... ! ...
B.B. (Basket-Ball)
! ... ! . • .
Natation
!
! . . •
Karaté
! ... ! . .. Marche
! ... !
.
H.B. (Hand-Ball)
1 ••• 1 •••
Lawn-tennis
l
! ...
Boxe
! .•. ! . .. Camp ing
! .•. !
.
V.B. (Volley-Ball)
! .•• ! . . .
Cyclisme
!
1• • •
Lut t e
! .•. ! ...
Tennis de table
6°) Dans quel secteur recrutez-vous la plupart de vos pratiquants (soulignez
la case qui vous convient)
a) Scolaires - Universitaires
b) Travailleurs
c) Chômeurs
- 470 -
7°) Quelle est la situation économique de leur famille ? (Souligner la case
qui vous convient)
a) Faibles revenus
b) Revenus moyens
c) Revenus élevés
8°) De combien d'entraîneurs diplômés disposez-vous dans chaque section?
Sections
Entraîneurs 1er Degré ou Initiateur
2e Degré
Je Degré
1
Foot-BaH
Basket-Ball
Rand-BaH
Volley-BaU
Athlétisme
Natation
Cyclisme
Lawn-tennis
Tennis de table
Judo
Karaté
Boxe
Lutte
Randonnée
Marche
Camping
9°) Quel
est le montant de votre budget en 1979-1980 ?
a) Ristourne après match
b) Subvention de l'Etat
c) Cotisation des membres
d) Manifestations culturelles et sportives
e) Origines diverses.
10°) Comment se fait la répartition du budget à l'intérieur des différentes
- 471 -
f
sections sportives du club ? (Soulignez la case qui vous convient)
f
a) Au prorata du nombre de licenciés
l
b) Selon les résultats de la section dans les compétitions
c) Selon le degré d'organisation de la section
d) Selon la place de la displine à l'échelon national et inter-
1
national.
11 0) Quel est le montant de vos dépenses en 1979-1980 ?
a) en achat d'équipement sportif
b) en frais d'organisation
c) en frais de fonctionnement
d) en frais de déplacement
e) en frais divers.
12°) Quels sont les maux dont souffre le plus le club ? (Soulignez les cases
qui vous conviennent)
a) Insuffisance des finances (2)
b) Insuffisance des moyens matériels
c) Instabilité des effectifs
d) Instabilité des dirigeants
13°) Vos observations diverses.
1°) Nom de l'établissement
2°) Quelle est l'évolution de vos "licenciés" au cours des cinq
dernières années ?
a) Effectif 1976-1977
b)
"
1977-1978
c)
"
1978-1979
d)
"
1979-1980
e)
"
1980-1981
f)
"
1981-1982
- 472 -
3°) Quelle a été l'évolution des effectifs de l'établissement
durant la même période ?
a) Effectif en 1976-1977
b)
"
en 1977-1978
c)
"
en 1978-1979
d)
"
en 1979-1980
e)
"
en 1980-1981
f)
"
en 1981-1982
4°) Dans quelle catégorie enregistrez-vous la plus grosse parti-
cipation aux compétitions de l'OISSU (Office Ivoirien des Sports Scolaires
et Universitaires) (mettre le signe + devant la case qui vous convient.)
a) En benjamin ?
b) En minime
?
c) En cadet
?
d) En junior
?
e) En senior
?
5°) Les paramètres ci-dessous énumérés expliquent peut-être
l'absence progressive d'engouement suscitée par les compétitions O.I.S.S.U.
Faites-en une classification selon la réalité propre de votre
établissement (Numérotez de 1 à 10 par ordre décroissant)
a) Insuffisance des motivations
b) Absence de programmation de compétitions internationales
O.I.S.S.U.
c) Insuffisance de l'animation sportive consécutive à la surcharge
de l'emploi du temps des élèves
d) Manque d'intérêt de la formule des compétitions
e) Le désintéressement de certains enseignants d'E.P.S.
f) Le désintéressement de la direction de l'établissement
g) L'insuffisance des équipements et du matériel sportif
h) L'incompréhension de l'utilité du sport par les élèves
i) L'ambiance désagréable dans laquelle se déroulent les compé-
titions
j) Opposition sport - études (= travail scolaire)
-
473 -
f
6°) Quelle est la situation des sports collectifs dans votre
1
établissement? (mettre le signe + devant la case qui vous convient.)
a) Bonne
1
b) Passable
. Î,
c) Mauvaise
t
7°) Quelle est la situation des sports individuels dans votre
f
établissement ?
a) Bonne
1
b) Passable
c) Mauvaise
8°)
Quelle est l'évolution de vos cotisations au cours des cinq
dernières années ?
\\
a) En 1976-1977
t
b)
"1977-1978
c)
"1978-1979
d)
"1979-1980
e)
"1980-1981
f)
"1981-1982
9°) Quelle est l'évolution de vos dépenses au cours des cinq
dernières années ?
a) En 1976-1977
b) En 1977-1978
c) En 1978-1979
d) En 1979-1980
e) En 1980-1981
f) En 1981-1982
10°) Quel est le pourcentage des dépenses consenties dans les
secteurs suivants ?
a) Achat d'équipement et de matériel sportif
b) Frais de transport
c) Confection de licences
d) Divers
- 474 -
11°) Combien consacrez-vous d'heures par semaine à l'animation
sportive en dehors des cours traditionnels d'E.P.S. ?
12°) A quel moment se situent ces heures?
13°) Vos observations diverses.
Remarque générale: Ce questionnaire présente un réel intérêt, mais cepen-
dant les réponses qu'il faut en attendre manquent de sincérité notamment
sur les aspects financiers du fonctionnement.
Certaines questions sont des questions d'opinion (il le faut le
1
reconnaître) que nous posons ..à-\\~~S otganismes coilectifs. Aussi un certain
".( ,.': -. -
. .-/ ' .
nombre de remarques s' impos"~nt,-<[ûarit---àlt 'obtention des réponses
c:',_! /
'
',.,',
- Le point de ~. ~f~ d~ ~:lui qui répondra, ma~s quand
pourra-t-il être des autr\\§ inembres d~;6Qiiectif ? Que vaut, que représente
-
"
/
- ,
l'interprétation qu'en donne celui-ctû1.;.répond ?
.
::'.-~~.:~:;~>
- L'idéal serait qu'il consulte le groupe, mais il ne pourrait
donner que la réponse de la majorité et alors qui représenterait les autres
tendances ?
- Pour être significatives les réponses devraient dire combien
de personnes sont pour la réponse A, combien pour la réponse B, etc., mais
cela paraît impossible pour une fédération et pas très facile pour un club
ou une association.