UNI VER S 1 T Ë
0 ENA N TER R E
PARIS X
THËSE DE DOCTORAT DE TROISIËME CYCLE
DE SÉMIOTIQUE TEXTUELLE
PACËRË TITINGA
UNE ECRITURE DE LA POESIE
PRÉSENTÉE PAR :
LÉO~ SABROU YÉPRI
SOUS LA DIRECTION
DU PROFESSEUR CLAUDE ABASTADO
f~ ..
1 .
•·.·.·
ANNÉE UNIVERSITAIRE 1981

. PROLOGUE
A
./~;c~=\\;;-"'\\»,,::..
LA LITTËRATURE
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.....
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"
SËMIOTIQUE
--- ---"
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_ f
.".,;.:,-
L'OFFRANDE D'UN TRAVAIL
.ACHARNË QUI FAIT PLIER
TOUT "VICE.
LABOR IMPROBUS
VINCIT OMNIA
- VIRGILIUS DIXIT -
' ' ' ' . ( " '
.,
..'~'';' :.

1
-', .
1:1
1
MES PARENTS
.
'.~'. '
VICTOR BAGA
AGATHE AGOUA
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o
_'.w:
.'.
Pl ERRE BAGA
HENRIETTE AHOUO
AVEC LE FILS AINSI QUE LE FRËRE LA FIN D'UNE OPTION ET
CERTAINEMENT D'UNE LONGUE ATTENTE - POUR SIGNIFIER LITTÉRA-
LEMENT ET III DANS TOUS LES SENS -
r1ATHILDE IRËNE 'N'Sou
HUGUEs-GHISLAIN YÉPRI
TROUVENT D'eUX-MÊMES PLACE DANS CES LIGNES,
DE LA MÊME MANIËRE
JEAN' ADJÉ YÉPRI
LÉONIE DANHO
~ARIE SASSO &RICHARD CL~MENT
i
~. '

ft. ~". .., -
. .
"
PENDANT LA DURÉE DE"L' ÉTUDE, DONC DU SÉJOUR, 'LES NOUVELLES
.
QUI ME PARVENAIENT DES UNS ET DES AUTRES RETENTISSAIENT EN
MOI n'UN ~~PEL, JAMAIS LE MÊME !
".,.
JO
... - ,..
...~!.:
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~i~_

,1
1
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1
Tous MES PROFESSEURS
1
~
1
,1
L'OCCASION EST
BELLE ET DIGNE.
1
1
,1"
.~
.,
,
M. CLAUDE ABASTADO DONT LA DISPONIBILITÉ
:-
COMME LA SËRÉNITË PEUVENT FAIRE SIGNER CE TRAVAIL.
1
,1lt
1
M. GËRARD GENOT TROUVERA DES TRACES DE LA
1
BIBLIOGRAPHIE QU'IL NOUS OFFRIT.
Il
1
1
1
1
J

1
1
1
l'
1
MI GÉRARD LEZOU POUR
1
LE CONTENU D'UN RAP-
PORT, QUI, À L'ISSUE
1:
DE NOTRE TRAVAIL DE
MAÎTRISE, SOUS SA

DIRECTION, FACILITA
NOTRE INTÉGRATION À
1
NANTERRE-PARIS X ;
INSCRIPTION À L'OR-
DRE DE LA SÉMIOTIQUE,
I~
t
SERAtT,ON TENTË DE
l,
'1
LIRE
l,
1
1
lii:
i
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:)j
j
,]
:1
1
1
1
1
!

A TOUS MES AMIS
RAYMOND KUTWAN
POUR L'INTÉRÊT ET L'ATTENTION PORTÉS À L'ENDROIT DE MES
SITUATIONS SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE, PARTOUT ET TOUJOURS.
FRÉDÉRIC GRAH MEL
LA MISE À JOUR PLUS EXACTEMENT L'OUVERTURE DE SES TRAVAUX
JOURNALISTIQUES (LITTÉRAIRES) NE FAIT POINT, ENTRE AUTRES,
ET AU PASSAGE LE DÉSHONNEUR D'UNE AMITIÉ.
TOUS CEUX QUI ONT ACCOMPLI LE PARCOURS
OU SONT EN ROUTE
TOUS CEUX QUI ENFIN, À DES TITRES DIVERS MAIS RÉELS, ONT
.
PR1S PART À CE TRAVAIL.
P. ALINE
AGNËS GNAMMON
NE SAURAIENT DEMEURER EN RESTE, QUI SAVENT POURQUOI, COMME
M. MAÏ
ET SES COLLABORATEURS PEUVENT TROUVER ICI LE CONTENU D'UN
SENTIMENT DE GRATITUDE PROFONDE, QUANT À L'ÉLABORATION
MATÉRIELLE, EN UN TEMPS RECORD, DE L'OUVRAGE,

(1,
i1
Il'Ii
1
c
Il ~
j
"
.1 ~.'li
,1 '
1
j
,1
UNIQUE SIGNATAIRE DE CE TRAVAIL DONC,
1
'1
J 1 AURAI ÉTÉ ENCORE LOIN D'Y PORTER LE MOINDRE PARAPHE SANS
1.
TOUTE CETTE COLLABORATION :
I~
JAILLIE DU COEUR, LA LONGUEUR DU POÈME-
RECONNAISSANCE: PROFITONS DE L'ÉTYMOLOGIE, ·DIT TOUTE LA
,
l,
SINCÉRITÉ.
1;
COMMENT MIEUX PROCÉDER?
,1
l'
,1 :
i
.
1
1
I~
1:
1
1

1
1
1 NT R0 DUC T ION
1
0 0 • •
1

1
Il court grand rumeur parmi
les grenouilles que le str~ctu.
ralisme est quelque chose comme
uno philosophie. et qui voudrait
supprimer beaucoup de bonnes
chosos. dont l'homme en
1
par~icu.
lier. On conçOit l'émot~on de.
grenouilles :
olles partagent avec Narcisse la
fréquentation dos bords de l'eau.
1
P. wahl. 1913 p. 9
1
1
Si l'on parcourt les études de littérature générale,
deux rapports d'élection suscitent attention, qui définissent
1
l'oeuvre comme produit voire mise en procès de la personnalité
de l'écrivain:
1
-
la projection de l'oeuvre sur son auteur,
la corrélati~n ~e celle-ci à elle-même, ?erçue dans
ses structures poétiques internes -
lato sensu -
l'écriture
1
n'est rien moins qu'un fac~eur à valider ou à refléter l'image
de celui qui l'actualise.
1
S'offrant à l'analyse linguistico-poétique comme énon-
ciation ego-centrée, le discours de textes tenant d'une veine"
1
contemplative est longtemps acquis,en littératureJcomme pouvant
éclairer davantage telle situation,
la voix du je-locuteur en
1
celui-ci éparpillée, ou plus exactement orchestrée savamment,
incite à accuser cette appartenance.
1
Au sujet de l'écrivain négro-africain,
hors toute
réserve autour d'un traitement éqal de l'auteur implicite et
le personnage social, le narrateur . . . telle problématiqu~ con-
1
nait, d'entrée de jeu, les qualités d'une matière incendiaire
L'état d'aliénation culturelle,
linguistique singu-
1
lièrement, passe, chez lui,
la démonstration, quand le nier ou
le mésestimer n'aura pas été d'un ridicule fécond.
1
1
·1

1
:1
1
1
~

Il
2.
1
Il
i
il
Autant,
semble-t-il,
les arguments pour la fausseté du fond
1
il
vectoriel de telle situation : la certitude fournie amplement
par .le fait qu'en amont et en aval culminent le Passé et le
.
il
1,
Futur, tandis qu'au sein de ce lieu réside,
en facteur con-
1
jonctif,
le présent,
symbole d'une parturition pour le moins
éprouvante,
en l'occurrence la parution de poèmes d'un auteur
1
encore jeune, Pacéré Titinga,
sur une scène littéraire peu
dégagée des arêtes d'Un débat
(1).
li
Acte de création donc 'consommée dans la difficulté sinon la
1
1
quasi_impossibilité de trancher, momentanément, le poète y
joue la partie de son rapport avec une langue qui dit long.
1
Il
L'on sait aussi, pour l'avoir souvent répété,
comment chez
l'écrivain,
la langue plus qu'un matériel de communication se
1
propose comme matière et visée, dans sa complétude, de l'acti-
vi té créatrice. A la reproduction du monde par l 'écri t ure
il
poétique, J. Cohen souligne notamme"'.t
: "Le poète' est poète non
parce qu'il a pensé ou senti mais pCU'ce qu'il a dit. Il est un createur non
1
il
d'idées mais de mots. Tout son génie est dans l'invention verbale ••• 1(2)
1
,1
N'écrivant pas en mor~, sa langue maternelle, Pacéré Titing~
faut-il l'avancer? laisse abondamment pénétrer dans son écriture
1
1
,1
son moi culturel, au point que la langue française ne devient
plus qu'un porte-voix. Ceci est d'autant obvie que d'une part
1
1
entre le dit et les schèmes poétiques structurels de l'écrit
1
poétique,
on peut s'interroger ~ de l'autre, l'exercice du jroit
à se manifester sur la scène littéraire ne paràit point, chez
1
celui-ci,
se dissocier de la problématique d'un compte rendu
immédiat d'une communauté linguistique et culturelle prise dans
1
l'écharpe de la situation décrite. Sinon hétéroclite d'un lan-
gage littéraire s'actualisant pour la restitution d'un art
1
envahi.
- ..~ ,-..
(1)
Les actes 'des co Uoques qu'on ai tera ainsi que Négri rude : Tradi tions
1
~p Développement dirigés par Michaud (0) en font l'écho de manière globale.
1
(2) Cf. Structure du Langage Poétique - Paris - Flamnarion~ 1968. ~ 4- li
.../ ...
1

3.
Se dessine, on le voit, une perspective de travail sans
préjudice aucun d'actualité,
ni d'intérêt; dans la mesure aussi
où elle atteint à l'échelle des problèmes théoriques auxquels
font face l'écriture comme la lecture de la littérature négro-
africaine ; la part grandissante de ce sujet dans les rencontres
de réflexions et travaux ces derniers temps donnent raison de
concevoir (1).
De plus, à la lumière d'une tr~dition littéraire stipulant à
l'écrivain de canaliser ou de refléter stéréotypes et aspira-
tions du lieu de la germination de son oeuvre,
une telle
entreprise apparatt,
on ne peut plus,
remarquable et juste ~
faire le point d'une situation à la fois datée, quotidienne et
cruciale,
avec en des nouveaux venus,
afin d'être opérant,
avant d'espérer interroger un nombre relativement plus important
p~rrni ceux-ci; d'autant que l~attrait de la matière est histo-
riquement et ~ittëraireffient connu.
Mais,
désavantage d'une contre-thèse ! Pacéré Titinga de relever
l'émergence de son espace poétique de -·telles préoccupations, qui;
affirme longuement
"Je tiens toujours à être prudent ( •.• ) je ne suis surtout pas l'homme en
quête d'identit~ d confondre avec des st~r~otypes~ avec tella ou telle per-
sonnaZit~ fig~e~ que cette personnaZit~ soit un individu ou qu'eUe représente
toute une civilisation ou un aspect de culture. Je tiens d rester moi-même . .. "
Quer_elle mais aussi stratégies connues,
d' écri vains qui se
poursuivront sur ce ton avant de laisser conclure devant les
règles du genre considéré et dans une direction
digne d'être
notée :
(1JACCRA Octobre 1978 : Conf~renae inter-gouvernementale de l'UNESCO;
Pr~sence Africaine 98 ; 99 ; 100
(1) Colloque - Paris - Nanterre Univer8it~ - Nov. 1979.
... / ...

1
4.
1
il
". •• La po~sie me paraîl Un' genre enferm~ dans un certain carcan avec des
r~gtes assez pr~aises qu'it faut respecter. La po~sie entendue corrme telle
ne tient pas compte des exceptions auUureHes qui surgissent quand on
1
quitte une r~gion pOUl' une autre ( .•• ) je n'ai pas d coeur de m'impose!'
des Ngtes de conduite ~dict~es aiHeurs que dans mon miUeu ( ••• ) s'il
1
se faisait que par pur hasard des choses mon milieu n 'ob~issait pas aux
mêmes 2'~gles fig~es dans 1, 'entendement corrmun' sur Za d~finition de Za
1
po~sie et que moi j'avançais dès Ze dépaPt que je suis po~te~ manifestement
iZ y aurait une distorsion ( ••• ) je tiens en effet d ne chercher r~féren.ce
:1
que par rapport d mon propre miUeu ••. '" (1)
1
1
Sans ajouter à la définition de la Poésie encore moins à son
1
procès, peut-être, J.P. Oswald a-t-il voulu esquisser le pas
d'Une problématique de travai~publiant en la collection hési-
Il
i
t an te
"po~sie~ prose africaine" !
JI
De toute façon,
démonstration ici et là du départ d'une awbi-
1
valence j
d'une oscillation entre des catégories discursives
II
qui inter-agissent et en ten~ion pour faire l'oeuvre,
celle-ci
i
souscrit,
sans nul doute,
à l'approche du· texte pacéréen comme
1
Intertextualité : discours en situation,
laissant pour enjeu
\\
comme condition de la manifestation du sens,
le parcours sans
:1
interrompre,
de niveaux divers j
en d'autres phrases,
la saisie
1
des différents discours en faction,
livrant la facture d'une
cor'lbinatoire .'
'1
Cependant, B. Zadi ne semble pas partager avec netteté cette
1
position, décrétant,
au départ, un sens canonique,
sans doute
malgré lui,
en l'univocité de l'oeuvre,
légalisée par le
:1
terroir :
1
1
"Au:c ohercheurs etey;:~gètes àe Pac~r~ affirme-t-iZ avec vigue1.a'~ de
d~couvrir Ze milieu de cette oeuvre et de faire en sorte qu.e~ d travers les
1
signes qu'iZ nous aura propos~s~ Z'on puisse suivre Zes traces et decouvrir
l'univers des masques~ 1, 'univers de ces queZques paroZes qui ne sont finaZe-
ment que des portes~ car je te rép~te~ on ne peut pas comp!'endre cett~
1
nouveHe g~nération tant qu'on ne s'est pas adres8~ cal terrei!'..• ".
1
(1) Fraternit~ Matin
- page 19 - mardi 30 d~cembre 1980.
~.- • -•• / Il •• -
1

1
5.
1
parlant des poètes négro-afrîcaînspost-négritudi~ns,dont
1
Pacéré,
î l conclut :
1
"c'est une g~n~ration qui est dans sa culture~ dans la vie quotidienne~ qui
a v~cu en allant en classe". (1)
1
Interpellationl de loin en loin d'une analyse du texte litté-
raire décriée, de plus en plus, à l'avènement du structuralisme,
Il
notamment, la somme conjuguée de la remarque de Zadi approche,
II
en un premier temps,
la dis~rétion d'un aspect de la contexture
i .
textuelle de l'écriture pacéréenne : l'oralité ~ lexique de
portée éminemment méthodologique malencontreusement écarté de
il
la constatation, quand les nuances de la fin du propos réservent
de faire l'appoint, en- fin d'analyse,
à la démarche du sémioti-
1
cien '! Par le recul devant la clôture du texte sur sa propre
productivité, M. Arrivé systématise,
après Kristeva et R. Barthes
,1
la notion de relations d'intertextualité en insistant,
justement,
1
sur la typologie des textes et discours jouant en son intérieur
il
et par un système "absorptif",
"transformatif"
(2)
1
-
textes oraux ou scrîpturaux,
il
-
littéraires ou non lîttéraires,
1
- modèles rythmiques,
'1
-
fragments de langages sociaux etc.,
-
les critères formels concernant le phénomène de citêtion( ... )
in fI uence s,
1
qui les uns et les autres n'oublient guère de se nommer dans les
poèmes de Pacéré·TitiIlga:
1
Manifestation somme toute des fonctions verbale et littéraire,
1
dans les vues de Tynianov, la représentation,
en un premier
moment, du texte de Pacéré, comme profil d'intertexte oral
li
marque toutefois quelques distances à l'endroit des catégories
d'analyses de c "parole africaine",
"art de la parole",
"orali té"
Il
d'une critique' des oeuvres de la littérature négro-africaine.
(1) Fraternit~ Matin dejd cit~.
1
1
(2) Cf. Pr~-pubZication8 "Texte".
• • • 1 • • •
1
1

1
6.
1
1
La ponctualité des résultata va certainement s'utiliser. qui se
rappelle du lieu d'où s'enfoncent leurs racines
: pour appré-
1
hender
une
problématique de l'écriture poétique, quelque
similarité de la définition n'a d'issue que la précipitation de
1
l'objet dans les pièges d'une déficience méthodologique. La
linguistique : poétique et phonétique confondues,
a démontré,
vigoureusement, la compromission de la vitalité de l'oral par
1
l'écrit, ce dont les littératures d'essence orale n'ont pas été
épargnées,
l'irrésistible séduction de ce thème sur toute un
1
groupe
de.chercheurs et critiques au sujet de la littérature
africaine en est bien une, d'où la lassitude extrême à y revenir.
1
,1
Apparait pour se déterminer finalement en idiolecte socio-
'1
culturel de l'oeuvre,
la récurrence èe certaines formes d'ex-
prebsions démonstratives de la perspective d'analyse indiquée.
,1
Le tout revient à penser à la mise en rapport de l'oeuvre de
Pacéré avec elle-même afin de dégager par. "superposition"
~
et fonction constructive des structures et formes communes
,1
voire c~ùstantes.
1,1
Mais l'on n'ignore pas non plus comment, d'une manière générale.
1'1
les faisceaux de répétitions n'ont guère bonne réputation: selon
une des instances de la
loi
sémiutique,
structuralement,
le
,1
sens ne nait point par répétitions mais par différence en sorte
.
qu'un terme dès lors qu'il est saisi dans un système d'exclusion
1
11
ou de relation, signifie autant qu'un terme fréquent.
(I)
Par de là cette proposition,
R. Barthes, à l'instar de Greimas(2}
1
et Kristeva. envisage aussi la mise en relief et la force de
soutien de l'objet sémiotique, mais avant tout le lieu de son
li
élaboration : - sa structuration
1
-
la reconstitution en réseaux ou systè~es.
1
(1) Cf. R. Barthes - Critique et VéPité - Paris, Seuil,
1966.
1
. (2) Cf. Du Sens - Paris, Seuil, 1970.
1
... / ...
1

1
7.
:11
il
Ouand i l s'agit de i~oeuvre de Titinga particulièrement,
~I
l'élément ou le groupement d'éléments à considérer se promeut,


en une autre phase de l'analyse, non plus a l'observation d'une
Iii
I!
l
base principalement de collocation, mais au rang de discours.
;1
Plus exactement, un mode de signifier: car niveau de l'apparence
l,
jl
de l'analyse textuelle,
celle-ci aura le mérite de mettre à la
disposition du critique des règles d'explication de la sémanti-
1
que,de même que le procès sémiotique dégage,
dans les lieux de
son institution, deux temps conjoints d'un fonctionnement unique
1
-
la production d'une "formalisation" ou ùne morphologie,
la
saisie d'une "connaissance" autorisant,
au passage,
la justi-
1
fication du formalisme.
(1)
1
Or, si en matière du champ du $ignifié l'oeuvre n'en possède de
véritable que le pluriel construit, cela suppose,
sous la diver-
.
.
,i
sité de la présentation du signifiant, de retrouver aussi le
1
surgissement de la variable d'un thème comme jet de la signifi-
cation, en comP9sition lui-même de ce que Riffaterre nomme
JI
1
" s tructure thématique;! : structure ayant un ou plusieurs thèmes
pour variante~~)L'architècturesémantiquè se tenant, en termes de
II
grammaire,
dans un état de correspondance avec une structure
1
narrative profonde.
'1
Malgré ces dssises méthodologiques confortables,
assu~ément,
1
le cas de plus d'une oeuvre chez Pacéré Titinga pose un problème
réel,
à la mesure de la réponse qu'il permet aussi d'opposer:
1
celui par exemple du point de rencontre de la plénitude de
l'écrivain i
ou, si l'on préfère,
les constituantes servant à
quali fier le "style
1
1/
de l'auteur partant
.' une personnalité en
l'écriture:
1
Invention, déduplication, transformation ••. l'acte de création
est tout cela à la fois et certainement davantage, permettant
1
d'invoquer toutefois la théorie de l'unité sous le multiple de
la facette.·
-.---.-
1
, .
(1) Cf. KPisteva "La Mutation S~miotique" - p. 1498-99 -
1;(
Annales 1970.
1
(2) Cf. La Praoduation du Texte - Pa:t'is, Seuil, 1979.
.../ ...
1

,1
iil
8.
II
Todorov et le formalisme russe, par exemple, sont unis à
11f'1
l'opinion de la génèse de l'oeuvre, de la variabilité litté-

raire comme ne procédant guère d'un rapport extérieur entre
1,1
la " s érie" littéraire et une autre "série" (1). Cela ne
saurait se démentir à l'intérieur de la série d'un même
l.
:1
auteur, il le semble.
Aussi, voit-on facilement' se dresser les liens organiques,
1
,1
critères de légitimation formant corpus!
'1
Désambiguisation, qui ne saurait être ici mieux indiquée, d'un
fait apparu aussi curieux que celui-ci : perspective, problé-
1
matique, méthodologie, voilà depuis, des paliers successifs
d'un dévéloppement, qui ne laissent que peu entrevoir le
matériau du travail! Certainement qu'elle aurait pu se révéler
1
plus tôt ; mais choix de procédure personnel 1 Car il semble
quelque peu mal aisé d'aborder ex abrupto la matière sans appui

aucun de théor~es littéraires se justifiant dans un tel travail
toujours est-il que la démarche du général au particulier ne
1
marque pas moins l'intérêt progressif et le cheminement expres-
sif d'un tel exposé.
1
Donc, composée jusqu'à ce jour de trois recueils de poèmes, pour
1
la plupart, d'un écoulement lyrique et tous extraits du Sahel,
en l'année 1976, l'oeuvre poétique de Pacéré Titinga laisse
indélébiles les qualités exigées d'un corpus
1
- la représentativité,
'- 'l'exhaustivité,
1
- l'homogénéité,
ce que recommandent du reste Jeanne Martinet dans "Clef pour
1
la Sémiologie" (2) et Greimas dans "Sémantique Structurale" (3).
l'
(1) Cf. Fbdtique 2, p. 92~ Pari8~ Seuil.
1
(2) Cf. Clef pola' la Sbri.ologie~ ,p. 189.
(3) Cf. p. 192.
1
. . .1. ..
1
1

1
9.
1
1
Faisant aussi preuve de la meme pertinence à la fois
1
ça tire sous le Sahel
Refrains sous le Sahel
1
Quand s'envolent les grues couronnées
sont régis par une
certaine loi de la perméabilité voire la permutabilité de
certains éléments qui, de plus, convainc d'une totalité indi-
1
visible : des personnages semblables dans leur différence se
rencontrent d'un recueil ou d'un poème à l'autre:
1
.
.
Tibo dans Quand s'envolent les grues couronnées et dans
'le Repos" (Refrains sous le 'Sahel>
; quand une figure féminine,.
1
Timini, domine le précédent recueil et trois autres poèmes de
celui-ci : IILa Fuite ll
1
ilL 'Offrande"
IIJe suis triste Il
appelant de ce fait l'analyse à suivre presque pas à pas le
1
déplacement de ce personnage.
1
Ensuite contenant un ensemble de poèmes à la forme de chansons
synthétiques, Ça tire sous le Sahel, et singUlièrement, Refrains
1
sous le Sahel, démontrent d'un univers du discours susceptible
d'opérer un rapprochement; alors que propulsé d'un seul mouve-
1
ment, le troisième, Quand s'envolent les grues couronnées,
apparait se constituer en un poème-recueil, fondu tout au moins,
1
dans l'espace d'urie chaine d'écriture, qui achève de le sous-
traire relativement à la totalité.
1
Contradiction? Il n'est pas si sur,
car facteur de l'expression
particulière d'une solidarité interne face aux principes de
1
l'analyse structurale; ce qui explique, par le même temps, la
possibilité pour ce poème-recueil de réaliser une exemplifica-
1
tion optimale, non sans référence aux autres.
1
1
. . .1· ..
1
1

'1
10.
1
,1
Enfin, qu'attendre de_, plus d'un corpus, s ' i l se laisse du moins
définir comme tel,
sinon de risquer la performance de sa cons-
1
titution dans le vide autour duquel i l s'est formé,
paraphrasant
ainsi Barbéris
(1), plus nettement, dans les termes d'une philo-
1
sophie du langage,
l'absence de parole qui précède la parole
comme sa condition :
1
Second élan d'un jeu intertextuel redondant, qui s'affirme
1
factorisant les terminologies opératoires
: diachronie,
synchro-
nie,
inhérentes aux propriétés considérées; qui,
du reste,
s'àrticulaient depuis l'origine de l'exposé
par l'aspect de
1
l'hypallage "d'un auteur jeune", parlant en réalité. de la pro-
duction ; autant, à travers la date de la parution à la clarté
1
du développement.
1
De la concordance de to~s ces é?~~~~r~~r à tour et conJo~n­
tement,
trois thëses prennent ,ttfJ
e, qu
~\\ l"lissent d'établir
1
les axes majeurs du présent t~ivi>~ §"!
l'écribUr~~.~~i'
1
Pour la productivité de
Titinga , met en
marche,
il n'est point surprise, ~''1:é1)l~héoriqUe de la taxi-
nomie :
1
Préalablement perçu comme élément dichotomique de toute démarche
1
sémiotique, celui-ci voit le texte pacéréen consolider ses rap-
ports avec le monde par la médiation de la fonction représenta-
1
tj.ve :
1
Recouvrant les droits historiques de l'objet littéraire,
le
plan isotope de la mimésis se responsabilise dans les trois
1
composantes majeures :
• la fonction verbale connaissantcornme une attitude sur-
1
compensatoire passant par' le stade de retour au/du griot
traditionnel ; la condensation sémique instaurée par la formu-
1
lation alternative considère bien un programme du champ de_ 'la
signifiance.
1
..../ ...
( ;,
~/. Du Cormzent au Pourquoi des Te:r:tes ait~ par
1

1
. I l .
.
1
1
• l'élaboration d'une théorie de figuratique de l'espace de
1
Manéga sur la terre du Sahel qui saisit le discours des person-

nages situés, avec tout le support de validité et de la pregnance
du message,
de la mëme manière que cela contribue à exposer le
1
poète à l'écoute du monde. Mais on pourrait tout de suite croire
à une superposition d'analyse voire une redondance entre la
1
fonction verbale comme procédés de la naissance du griot et ce
second plan. Certes,
l'un "et l'autre,
loin d'être d'un rapport
1
d'antagonisme signifient par leur décodage parallèle et co~plé~
mentaire l'illusion de toute ressemblance. En effet,
tandis que
1
le premier exploitera visiblement la combinatoire du signifiant
des marqueurs d'enracinement socio-culturels,
le second vise
1
principalement le déchiffrement de l'idiolecte de l'oeuvre, au
sens linguistique de la notion,
ce que nous définissons comme
le fait pour l'oeuvre de Titinga d'établir son trajet dans le
1
bréviaire de la poétique par le fait de n'être réduite à aucune
autre rien qu'à elle-même; déterminant par là,
si l'on veut,
,1
une seconde échelle de son intégration.
1
1
• procédant du premier axe par l'intermédiaire du deuxième,
la constituante de l'intertextualité qui perrne~ l'unité divi-
1
sible du texte pacéréen,
partant,
rappelons-le,
l'inauguration
d'un enchainement fondu de l'écriture comme de la lecture.
1
-
De la seconde étape théorique,
la saisie d'une connaissance,
dérive la thèse du démenti, qui vivifie en réactualisant un
1
aspect de la "querelle des anciens et des modernes",
dont la
littérature conserve l'héritage.
1
Voilà enfin pourquoi, répondant à l'irrad\\tion d'une confron-
1
tation avec les oeuvres négro-africaines,
le texte pacéréen
comme écriture codée récuse l'immersion de son "message",
1
réclamant au plan méthodologique, on 1~ voit, un déchiffrage
rétrospectif et prospectif simultané : diachronie et synchronie
ne trompent pas qui, autrement dit,
serviront à dégager la-'
1
1
.../ ...
il

1
12.
1
1:
force et le poids du jeu de la combinatoire observé le long des
chapitres antérieurs; si ce n'est pour faire bref et mieux voir
1
comment le poète apporte solution au problème révélé.
1
il
Nul doute que seules l'efficacité et la validité d'une approche
- t ' I ( . " ,
1
comme celle-ci peu~amener a de tels resultats, dont le develop-
1
pement n'en donne point d'ombre: processus d'une démarche
structurale interne, que l'on tradui t
aisér.c~nt, de la li ttérat.ure
1
aller à la littérature avant toute excursio-. à la société.
Le chemin inverse aurait pu être parcouru.3.is il s'~~ révélé...
1
moins performant: un vice se tient aux par 2S d'une telle
démarche: la démesure d'une extrapolation,
JU
l'aveu implicite,
1
sernble-t~il, de l'échec de l'oeuvre destinÉ 1U traitement sémio-
tique, puisqu'elle appelle pour combler sor
)rojet des éc]air?ges
il
complémentaires. La théorie structurale est
3ans équivoque à ce
propos.
f
Ainsi, J. Cl. Coquet de s'élever plus catéç ~~que
• 1
1
l
'
1
"Quelle que soit 1, 'impQrtance de L'a"'Jant et de l'api.'
-texte poU!' l' évalua-
tion correcte d'une oeu~re~ 1,e descr:pteur ne peut f
re comme si le texte
:1
1,ui-même n'était pas d' abol'd codé Zir.quistiquement.
revient dor'.IJ au
sémioticien de préciser ~ nature de ce codage et d'. ~Zyser le statut du
1
"sens Zinguistique"~ ·pr>imaire~ avant i.e faire miroi:"
Z. ~infinité des
significations~ tou.J·oW's secondes~ q;..<' eUes révèZent . 'un examen des co-
1
ol'dorznées poZitiques~ économiqw.es et socia1,es ••. " (~ .
1
1
:1
(1) Cf. Sémiotique Littéraire~ p. 26~ Pari8~ P~ison ~bJ!é~ 7973.
i i
n
.../ ...
]1
il,

1
13.
1
1
1
1
1
PRHlIERE PARTIE
1
1
1
1
1
RUSE DE L'ORALITE OU LE RETOUR DU GRIOT?
~ ....
1
1
,1
1
1
,

~1

1
14.
1
1
CHAPITRE 1
STRATËGIE DE LA FONCTION VERBALE ET PRODUCTIVITË
TEXTUELLE :

1
COMBINATOIRE DU SIGNIFIANT ET MARQUEURS
D'ENRACINEMENT
1
1
Depuis les temps les plus anciens jusqu'aux tentatives de
l'avant-garde,
la littérature s'affaire à représenter quelque
1
chose. Quoi ? Je dirai brutalement le réel
(1). La mimesis
institue un rapport d'adéquation ou d'analogie entre un discours
1
et la vérité. Mais l'écart entre le langage et le logos n'est
jamais franchi.
1
~~""'t.
Ainsi Cl. Abastado peut-il,
éve~u~nt R. Barthes, insister sur
.
.
1
la dimension réelle de la fonction référentielle de l'objet
littéraire. Une description du monde par l'entremise du discours
ne saurait êtr~ ten~e pour fiable.
1
Comme le souligne aussi Todorov commentant Aristote
1
( "Le tJl'aisemblabte que t'on a encore ptus souvent pris pour la retation avec
1
( Ze r~et n'est pas une retation entre le discours et son référent (relation
\\\\\\!:.e v~rité) mais entre te discours et ce que tes tecteurs croient vrai ... "(2).
;1
Ce en quoi, définissant le texte littéraire comme un syntagme
1
nominal affecté de "tel",
M. Arrivé n'opère pas autrement
(3),
à l'instar des recherches de la logique moderne, Frege en
l'occurrence
(4)
1
Jouissant d'une telle position de subterfuge,
le texte de Pacéré
1
joue à~ décentre~ent d"un deux à deux. représentatif de l'oral,
plutôt à sa centralisatio~
1
(l)
Leçon inaugura Ze au CoU~ge de France citée dans LittératUl"e
,1
(2) Cf. Opcit~ p. 3'1.
j
(3) Cf. Opcit
.. .1· ..
(4) Cit~ par Todorov Opcit~ p. 35.
:1
1
il

1
15.
1
1
Cette fonction
étant chez l'auteur le plan isotope,
au premier
rang de toutes,
en qui les instances productrices se confient :
1
l'~ccomplissement des procédés discursifs révèle dans ~'oeuvre
pour corollaire la participation d'un système énonciatif à une
1
sorte de traité de signification d'une forme d'illocution :
l'oral-ité comme pouvoir magique du verbe; oral-ité comme
1
totalisation d'un savoir hérité du passé ; tout se passant en
effet comme si, à l'avant-scène de la poésie de Pacéré Titinga,
un conteur traditionnel emplissait les vers de sa voix,
ordonnait
1
les signes graphiques, décrivant l'espace littéraire où se
conjuguent les procédés de sa production.
1
1
A - LA RtPtTITION
1
1> RtPtTITION ET PROCÈS tNONCIATIF
1
Au plan de la' pénétration des oeuvres opérant comme en 10uble
,commande,
un premier fait significatif est enregistré par la
répétition ;la distribution des éléments le composant et leur
mode de fonctionnement (variabilité,
alternance,
répétition
de parallélisme symétrique, asymétrique . . . ) s'exercent de
manière évidente comme stratégie de décuplement des modes
émotif.
et conatif,
; la répétition étant elle-même presque
toujours engagée à représenter un rapport fictif d'un acte de
__ communication.
Sortant alors des lieux d'une fonction rythmique plus que
secondaire, par sa manifestatiC'n, mais non pas contraignante,
le fait répétitif se fortifie dans trois paliers principaux
r.épondant dès lors aux protagonistes de l'acte discursif :
.../ ...

1
16.
1
1
a. les niveaux de l'énonciation
1
S'organisant dans les formes grammaticales ou sémantiques
dégageant un tel effet, le niveau de l'énonciation décrit
1
t généralement les pourtours d'un didactism, sans par trop
anticiper sur un chapitre fort intéressant à ce sujet,
1
l'exemple de toute la première partie du poème Quand s'envolent
les grues couronnées s'impose; telle constatation étant d'autant
1
plus vérifiée que le procédé de Ïa répétition lui-même connote
aussi et de manière presque inévitable les notions de perforrna-
1
tivité et de pédagogie assorties à l'acte énonciatif. DécisiIL
encore à l'illustration la répétition dans l'appel du tambour
le concours de danse;adevant le juge dans "Ca tire sous le Sahel"~
1
Simulation d'une assignation en appel le dernier poème des
1
exemples expose l'affrontement des membres d'une unité conju-
gale en tirant un profit maximum des caractères illocutoires
1
versus perlocutoire de la répétition :
1
p. 42
1
n IZ
faut se s~parer !
2
IZ faut nous s~parer !
1
3
On s'entend trop !
, '
4
On ne s'entend pZu.s !
5
On n'entend pZus que nous !
1
6
On ne s'entend pZus !
7
On ne s'entend p7.us !
1
... "
L'instance judiciaire établie par une sorte d'évocation du
1
milieu, c'est par un recours aux constructions d'équivalences
et parallélismes que les vers situent l'enjeu du désaccord
1
du couple figuré ; ainsi :
1
- S'interprétant comme une antiphrase significative d'une
,
demande explicite de divorce,' le ~ers 3 se laisse réécrire
par les vers 3 et 4, ceux-ci débrouillant les difficultés du
1
couple en amplifiant la dissonance.
. . .1 . ..
1
,1

17.
1
1
- Quant aux deux premiers engagés déjà par leur charge
1
sémantique,
ils se joignent dans un fonctionnement globalisant
aux autres pour constituer une structure démonstrative d'une

1
procédure d'instruction du juge; en effet, si les vers limi-
.'
naires sont brutalement la décision d'interrompre toute commu-
nication conjugale (I), motifs et arguments ne sont connus que
1
dans la progression du texte,
aussi bien que les effets du
divorce, non sans une reprise inlassable des vers précédents
1
et leurs constructions formelles
: parallélismes de répétition
symétrique et asymétrique apportant aux vers le souffle du
il
rythme :
1
(II)
p. 43
les motifs
,1
Il faut se séparer !
Il faut nous séparep !
C'est la femme du voisin !
1
C'est le mari de la voisine !
1
Je les ai SUI'pris une fois !
Je les ai sUI'pri~ deux fois !
1
Je les ai surpris dix fois !
Je les ai SUI'pris toujours !
1
Enonciation itérative se réalisant moins sous la forme de
l'insipide d'une fioriture que celle de l'accentuation d'une
1
recherche artistique :
1
l'adéquation au réel
(discursif ••• situationnel)
à reproduire
- quête d'adhésion de l'allocutaire fictivement posé
pour
1
accomplir
alors l'énonciation sur le mode d'une incantation
envoûtante présentifiée dans les forces et éléments cosmiques
1
engendrés par sa prolifération :
1
.../ ...
1
1
L ..,--


18.
1
1
P.
44
ou·· conséquences
(III)
1
Il fau t s~paI'er !
Il faut s~paI'er !
1
S~par~r l'homme!
S~paI'er Za femne !
1
S~paI'er les enfants !
1--------- S~parer la poulel /le aoql /les poussins
1--------- Le taureau / la vaahe
1
-
Il faut partagerl/Il faut partagerl
Le mi l en deuxl /le ahien en deuxl
1
L'eau du puits en deuxl
Les amis en deuxl
1
Les ennemis en deux
1Le viZZage en deux/la viUe voisine en deux
1
La terre en deux
1Le soleil et la lune en deux,
r-"l------
1
Dieu en deux/son p.:œadis en deux,
~_.L...-
Son enfer en deux
1
Jeu à forte densité comme enjeu discursif d'une somme rhéto-
rique,
la répétition du texte pacéréen, à elle seule rapproche,
1
de la sorte,
les procédé~ les plus divers des genres tradi-
tionnels :
1
- Commodité de son équivalence sémantique et fon~tionnelle
1
avec certaines formalisations de nature factitive et désidéra-
tive. Se posant en médiatrice de la démarche de l'énonciateur
1
vers son énonciataire,
la répétition donne l'interprétation
de cette mise en procès comme la détermination des places dans
le discours. L'énonciation, avait noté en substance. Du bots
1
1 définit
~. rapport entre le sujet parlant et l'interlocuteur,
-------
;
1 ~~ communication se considérant e~ premier lieu comme désir de
1
\\ communication
(1). Ainsi. ces ver.s:
.
:1
.
(Z) Cf.
"Enono~ et Enonaiation"
in Langage, 13, 1969
p.
104
1
p.
106
1
. . .1. ..
Il
1

19.
1
1
" ...
1
Quand reviendras-tu
Reviendras-tu
..
1
Reviendras-tu
Du pays des Blancs ?
1
A ton retour
Tibo~
Il ne restera~
1
Que des canaris de terre
"
1
lieu d'explosion de sentiments affectifs. Si Timini,
le
1
1
je-locuteur peut interroger Tibo avec force persévérance,
i l
1
,
1
en va certainement de son angoisse maternelle i
rapport contex-
1
~
tuel de filiation lui inspirant l'empressement de voir le séjour
1
de Tibo à l'étranger raccourci i
d'où,
autrement dit,
l'illus-
tration de la fonction conative
pour intimer ici u~ orère
atténué de modalités volitives.
1
- répétition insistante à valeur d'un carac~érisan~ de degré
1
intensif comme ce propos àe Tibo
1
"
Mdre~ la terre en feu
1
Il y a longtemps
Longtemps qu'on t qui tt~
1.
QUitt~ et quitté
Les g:rrues couronnées"
1
où domine la présentation d'une action prisée dans le définitive-
ment accompli,
dont seule la résultante devient la composante de
1
l'invocation traductrice de l'emphase stylistique.
1
1
• • • /
• •
la
il
1
1

20.
1
1
1
b. Niveau de l'énoncé
1
A l'interpellation des deux premiers niveaux,
celui de l'énoncé
.
apparait dans les poèmes favorables au maintien d'un plan sta-
tique et variable à la fois. Satisfaisant à la réussite d'un
1
acte sémique redevable du prix dl un espace redondant voire tau-
tologique comme le propose le discours des genres populaires
1
le poème la Deuxième Guerre parait accréditer également les
propositions du linguiste sur la canonique de l'objet poétique.
1
"Le texte po~tique ~arit en effet Jakobson se reaonnatt dona à
l'abondance des synonymes, des antithèses, des sym~tries~ des paraZUZismes.
1
On pourrait dire que le texte poétique est dû è un phénom~ne de
r~~criture ;
l'id~e,
la masse d'informations peuvent se ramener
1
à queZques mots, mais elles sont reprises s~K(t3@sc':fQrmes divel'ses
,.l\\'--,
__-_
,''''-
nombre~ses et très impressionnantes de SOl~~~~e c~~rmes se
gravent dans l'esprit et paraissent intanf;.~.~l~î~~r\\.:·ches et
1
plus précieuses que le sens qu 'elles Véhi\\~:~.. ).;1)
'\\,'<>_-.-----/ ~Y
1
Toutefois, en raison de la hiérarchisation dèi;:~at~k;16rie.3 sémi-
......,;.-, ...
... ,
ques apportées aux mots par les relations de synonymies - les
1
synonymes véritables,
au passage, nous paraissant rares,
i l se
révèle quelque peu difficile de faire entièrement droit à
1
l'énoncé de l'auteur des Essais de linguistigue généraie.
Excellant au déploiement d'Une spatialisation rythmée dont i l
serait suicidair~ de taire pour sa révalorisation du message,
1
le poème en réalité se régénère par une sorte de contagiun
sémique accusée : répétition accumulative comme manifestation
1
de sèmes communs, mais dont un sène au moins passe d'un pré-
dicat à un autre chaque fois avec des variations quantitatives;
1
qualitatives de même. L'on peut s'en rendre compte:
1
1
(1) Cf. Essais de Linguistique G~n~raZe
Editions de Minuit,
Coll.
"Points"
1
.../ ...
1
~

21.
1
1
IZ y aura UNE BATAILLE
1
IZ n'y aura QU'UNE
Pas deux~
Pas trois~
1
Pas quatre~
Pas ainq !
1
ct- ~
IZ y aura UNE BATAILLE
~ IZ n'y aura QU'UNE!
1
c. C. SymboZique~
1
c=
0\\..-
c C Symbotique
1
O-C
1
Constitué de deux éléments récurrents de deux vers le premier,
la gradation du se~ond, ~effectue son parcours sémantique en
1
un rapport binaire :
1
1. relation d'opposition manifestée dans les vers l i taniques
éll~tiques, point d'émergence d'une fonction symbolique
1
d'où la relation d'équivalence et de cohérence logique
obligatoire
.;
1
dégradation
Elle sera
d
TOTALE 1
1
"0
Décisive !
11
d
'l'OTALE !
1
0
Violente
I.Q
TOTALE
11
d
1
(1)
Atroce
Dl
Horrible
Dl
1
Sanglante
....
0
d
TOTALE!
::s
1
Un carnage -!
Un massacre 1
d
Un TOMBEAU
1
TOMBEAU 1
état
'l'ombeau 1.
·1
... / ...
irrécupérable
TOMBEAU
d
.J

\\1
22.
1
1
Une analyse componentielle reste à établir (que ne permettent
amplement les circonstances de la remarque)
qui démontrera
1
davantage l'illusion pour le contenu informatif à se dégrader
dans le mouvement répétitif.
1
:1
2. répétition et qualités auditives du texte pacéréen.
a)
l'exemple du refrain: description
1
A la racine des répétitions se situent les refrains qui fusent.
de chaque poème des recueils
: aspects d'une fonction inter-
1
textuelle relative aux patterns socio-culturels de l'oeuvre
poétique de l'auteur,
l'émergence de ceux-ci décrit essentiel-
1
lement le niveau d'un mode langagier du récitatif. Se particu-
larisant dans l'organisation d'un rapport invariant avec la
1
thématique du poème de sa manifestation ou plus exactement
distribuant structuralement les autres vp.rs en des classes de
1
corrélats à finalité explicative, le refrain ne peut guère mieux
artic~ler le processus de la.récursivité : naissance d'une des
règles de la rythmique fondamentalement :
1
1. A la manière d'un incipit,
à l'instar des autres, le
1
refrain de l'appel du tambour annonce l'exhortation du locuteur
à ses frères
1
'n Fils de m~s Pères
1
Allons sur la p laae d!~ Marahé !
Les arahers y jettent les flèahes du Sahel"
'1
tandis que les autres strophes démontrent en une sorte àe vision
prophétique,
à l'allure d'une spirale, les éléments constitutifs
1
d'une telle assemblée.
~I
2. Tel rapport d'irrigation èes strophes accorde à cette
forme la valeur d'un noyau sémantique, puisque de toute façon
Il
les niveaux formels de sa description : périodicité, distribu-
tion sur l'espace matériel du poème le rend crédible assez;
1
... / ...
\\1....----..•...,

1
23.
1
1
le tout conférant au discours poétique mise en marche, l'effet:~
d'un texte qui se souvient. On sait comment le mode du discours
1
circulaire imputable en grande partie à une telle réévaluation
infinie est la part belle des textes traditionnels confi~s à
1
l'expression orale; ce que la représentation du mouvement des
différents refrains permet d'illustrer autant que la mesure
d'une cadence
1
Le vouloir-vivre
1
On notera :
N
= noyau sémantique ou refrain
1
Po
= la page du déploiement
S
= la strophe
1
N/S
= lieu d'un noyau sémantique en rapport d'imbrication
presque avec la strophe
1
1
2
3
N
S
N
S
S
~~/S
1
P
22
23
24
.25
26
27
1
1
Cycligue
1
Devant le iUqe
1
1
2
3
1
N
S
S
N
S
N
42
43
44
45
46
47
1'---__...::C::...tY...::c:..:l:.::i:.=q~u:.::e=___
___J1
1
Le serpent inaugure son march~
1
1
2
3
4
1
N
S
N
S
N
S
N
53
54
55
56
57
58
59
1
/
cyclique
1
1
... / ...
;1

24. '
ili
'1
,
~'
"
~ ~ : .;"'
Uff«-carte postale
1

5
N
c::
~
N
S
N
1
26
27
28
29
30
31
1
1
Non cycligue
1
1
Apparaissant ainsi généralement dans les recueils eu rythme
d'un noyau pour une strophe,
la forme du refrain marque une
cadence spatiale de 1/1 : la structure cyclique matérielle
1
imposée au poème est dénotative du rapport d'un fonctionnement
de mémoire plus haut entretenu.
Formule ritualisée d'un mot,
1
pour la base constante accordée au poème,
celui-ci s'identifie
dans cette fonction topologique à certains segments de discours
1 -
figés:
réponse ou formule de salutation,
introït
•.• dans le
langage liturgique par exemple ;
leur récitation étant un acte
1
dans la terminologie de Austin.
1
Pourtant,
au niveau de la syntaxe narrative qui ~eut êt.re
envisaç~ le poème considère une telle fonction mnémotechnique,
comme un procédé de dystaxie -
Barthes prête le mot -
Trouvant
1
à exercer son rôle dans le paradigme des ponctuations fortes -
comme le suggère la représentation -
le refrain assure la marque
1
d'un facteur conjonctif et disjonctif à la fois.
Intercalé de
la sorte à un tournant de la causalité temporelle,
le plus long
1
refrain du. corpus
(24 vers)
justifie la perturbation de la
linéarité logique dans quand s'envolent les grues couronnées
1
..
1
P.
25
Des masques gourounsi
Dansent tous les quatorze juillet!
1
~
Ce sont les vacances !
1
P. )6
~
t"Et puis
24vers
Et puis~
Manega •.. "
1
P~ 2?------"Et puis~
C'est le retour~
1
Le chemin de croix
... / ....
"
1

1
25.
1
1
De l'interruption chronologique au recours à la connexion mor-
phologique, l'accroissement de la fonction phatique s'interpose
1
chez le récepteur dûment convoqué à l'attente d'un nouveau
départ. Dépassant ainsi le niveau présentatif,
l'on peut alors,
pour rendre un meilleur compte du fonctionnement de cette forme
1
.conventionnelle
s'attarder à ses qualités singulières dans
Ouand s'envolent les grues couronnées digne d'être remarqué dans
1
la trilogie de l'auteur, par ses propriétés exclusives.
b)
aspect du récitatif: Quand s'envolent les grues
couronnées
Comprenant deux refrains différents, ce poème ajoute particu-
lièrement à la concrétisation de son écriture aux qualités
auditives; dès son ouverture
Quand s'envolent les grues
couronnées
retient par son allure fortement élocutive. On eût
dit - comme l'étude le roontrera davantage par la suite - que
les voix traversant le recueil,
fcnt pou~ ainsi d~re l'assai-
nissement du travail du verbal scriptural. Ces vers, d'er.trée,
\\
en sont témoins :
P. 5
"
I
.
a'f,l
C'est Manéga ,
Iai l
La bitaiZZe eut Zieu
!
C'est ainsi
Quel
Toutes Zes nuits
Nous app~enions ensembZe l
,II
L'histoi~e et Za g~andeur
De Za Te~~e de Zida"
P. 6
" Iai l
1
C'est Man~gal
Iai l
1
Fu~ent enseveZis des g~ands
La Pat~ie
.1
De tes p~~es
Est Za pat~ie
J
D' au t~es pères l
... / ...
... "
J.
-1'

1
27.
1
"• • •
1
Ainsi
Ainsi
1
Battent les tam-tams
Pr~s
1
Des murs maudits
Quand s'envoZent
Les grues couronnées 1"
1
Somme toute, émergence de l'espace énonciatif dévolu à une
1
instance interprète traductrice,
pourrait-on croire, une telle
projection en l'oeuvre, bien qu'à un palier particulier,
1
compénétre
4llSst la substance sémantique et
ur.e forme; assure
la disponibilité de l'élément aux relations d'interte~ualités.
1
Ainsi Titinga de ne point contredire cette articulation, qui
affirme :
1
"Certains s'étonnent lorsque le taM~tam bat que Je puisse
reprendre et t~aduire directement ce qu'il dit".
1
Quant au second refrain
(6 fois),
support d'élection lui-même
1
de l'auto-référentialité du poème',
il développe sensiblement
les perspectives précédentes. Toutefois, son caractère de
1
segment le plus proprement lyrique du texte considéré devient,
à la lumière de la première caractéristique, d'une plus grande
1
présomption :
1
- mise en scène d'auteur implicite, dont l'auto~exécution dit
le mouvement de l'oeuvre
1
" •••
M~re,
1
Devant cette tombe
Fermée sur
1
Mil,l,e Zarmes
1
Et
Mil,l,e pensées
l'.
Que'Lques fragments
Se 8ucc~dent
~c..
t6-S
.../ ...
Et nevcompZ~tent~!"
J
_

1
28.
1
-
indicatifs de strophes et espace discursif
1
Outre ces différents traits d'éclosion du poème,
Quand s '·enyolent
les grues couronnées,
les vers liminaires des pages se comportent
1
en une sorte d'indicatifs d'émission de celles-ci: par exemple
-
cette année là !
1
(pp. 9,
10,
11 ... )
-
c'était en mil neuf cent soixante huit
1
(pp. 31,
32 ... ) .
1
Bien que proches des refrains par leur structure matérielle
conventionnelle, ceux-ci font avec une clarté égale,
sinon plus,
leur légitimation à l'intérieur de la fonction des signes acces-
1
sibies à l'analyse occurrente,
émis comme lieu d'une sémiologie
donc tous deux symptomatiques de l'affiliation d'un texte,
tan-
1
dis que le premier dans sa configuration dynamique garde l'iden-
tité des formules dont le poète traditionnel se passe difficile~
1
ment,
le second insistant davantage sur la COl1vocation des chants
(du public)
: rythme et ponctuation de la parole du conteur
1
traditionnel i tous deux déjouant alors les pièges d'une oralité
dans le re-jeu d'une redistribution des instances de l'espace
1
scénique coextensif à l'acte de parole collectif:
la situation
allocutive invoquée centralisée en réalité dans le pluriel d'un
jeu énonciatif i
ce qui donne à B. Zadi d'écrire;
en d'autres
1
circonstances,
"dans l'acte de parole négro-africaine,
un seul
destinateur ne suffit pas
i
le je est donc toujours multiple,
.1
i l équivaut à ur.. nous"
(1)
1
Le fonctionnement du texte à engendrement successif pourra ainsi
se figurer
:
jl
\\.iltl
.
. .-
-.
..
Desti-
Strophe
-
nataire
Noya
Mode et procédé
,1
onatèur
de transmission
message
1
'.
1
(1) Cf. "Césaire '~~~e
du message
• r" •
.../ .~ ~
deux cuLtures!1 Abidjan-Dakar, N.E.A., 1978,
p.184
~I~~-··-_········-.-..,---
44'

29.
Il
1
\\1;
~ marque formelle du processus d'interaction dans~un

système de communication réussie . ~t la présupposi~ du

1
noyau et
la strophe, procédant par paliers thématiques
1
1
s'identifiant au détenteur de la parole à l'allocutaire plu-
ralisé.
1
iIlf
B - DU PROVERBE AU DISCOURS MYTHIQUE
'.·1
1
:
1) LE SYMBOLISME SOCIAL
il
Structurellement ainsi conçu,
il appert que c'est dans la
classe des syntagmes de l'énonciation que prend forme le
1
critérium discursif : les proverbes dont la résurgence éloigne
difficilement la propension d'une telle poésie.
:1
Se déterminant dans sa substance comme discours social, partant
1
ci' une forte int-ensité de la f~ncti.on verbale du texte littéraire,
1
i ceux-ci se rassemblent, pour une grand2 part dans Quand s'en-
\\ volent les grues couronnées: certainement e", approh.~ du
~
facteur prépondérant de la productivité du procédé - le vécu
en apporte la caution - l'espace de la situation allocutive
1
d'une part,
de l'autre version jouée par le texte des qualités
professionnelles d'un art oratoi~e par la figuration des per-
1;
sonnes àgées dont les ér.oncés sont parfois truffés
:
!;
1l
-
construisant déjà le troublant d'une coincidence,
la
j !
fig~re
du "philosophe à la barbe de poussière" présente à l'avant-
:1
scène de l'oeuvre par ses chansons aphoristiqu~_~._~..
- - --- ----.._--- _. ." -
P. 7
• • •
1
"L 'avenir
Se tire du pass~ !
.
1
La grandeur
,
Est ceZZe qui est gouvern~e~
1
La vaZeur
De toute histoire est à ce prix !"
... / ...
1
~I-.

1
30.
1
1
ou rassur~e elle-mime dans cette classe par la rh~torique du
poème, Timini, la mère de Tibo,
jouit de cette puissance de
.1
s~duction de l'allocutaire:
1
P. 18
"Le maLheur ne frappe
1
Que aeux qui ont frappé
Leur conscience
Les soLeiLs et
Les nuits
1
Prot~gent Les êtres éphémères"
Corr~lativement, trouve à s'illustrer la retenue quasi certaine
1
du proverbe à l'int~rieur des autres recueils et leurs poèmes.
S'offrant en effet à la pr~sentation de figures zoo2orphes vU,
il
quand ils sont pr~sents, des person~ages manifestant très peu
~
de notori~t~ culturelle avant même la mise en place de dispo-
~II
sitif patent de la communication :
~ :
111
"Man~qa",
"Je suis triste",
entre autres,
J
d~crivent l'auto-énonciation d'un je-locuteur c~dant à l'impé-
Il
. ratif d' une extase (1)
;
tandis que dans le "Repos" quelques,
~.
Ill.
formes associ~es au proverbe pourraient être notées : des for-
!
mules exhortatives, plutôt cat~goriques
signification d'un
II
effet allocutif mais essentiellement mise en situation de
i1
l'allocutaire Tibo que la rh~torique du texte présente ici
;1
comme une persor!ne âg~e également, à qui s' annonce dès lors,
en ces termes, le repos m~taphorique
"Tibo~ ILes Larmes
1 ,
\\ ~
1
Ne perLent que sur
z~ conscience des pau~res ;
Tibo~ laes chants du coq
: .
Annoncent Le repos des vieiLLards
1
"Tibo~ Ion meurt pc~r être un guide
1
Tibo~ on meurt po~r Jtre un fLambeau" (2)
1
1
(1)
Po~mes de Refrains sous Le Sa~e:
(1)
Sahéma de
La communication peu ~dversibLe aussi dans
"La carte postaLe" -
"La fuite"
"L 'attente" . ..
1
(2)"Le Repos~ p.
39/40~ in Refraiy..'
a Le SaheL
... / ...
1

31.
Ainsi donc, quelle que soit son utilisation dans
Quand s'envolent les grues couronnées,
le proverbe comme tel

est bien loin de constituer une de ces catégories discursives
irremplaçables au moins,
représentativement,
afin de décider
une étude exhaustive,
en dehors de sa valeur évocatrice juste-
ment recensée plus haut. Toutefois,
l'accomplissement de ce
procédé appelle quelques annotations ponctuelles intéressantes
pour l'analyse
..
A l'intérieur des opérations l'intégrant,
le proverbe se
constitue en un moment de métalepse pouvant se composer en
des étalages différents, dont le plus attachant,
parce que
lui. rendant tout son coefficient de relations intertextuelles,
l'éclipse pour ainsi dire de l'énonciateur individualisé,
pour
laisser dévoiler à ses côtés l'effet d'un collectif,
d'où l'ac-
quisition d'une autorité passant par l'ancrage du social; plus
exactement la manlfestation de la fonction référentielle
l'on
- peut lire dans Quand s'envolent les grues couronnées:
P. 12
"La aouPonne des Moss~
Est Ze fpuit d'un aombat
Qui ~ahappe aux femmes •.. "
P. 52
"Eduque ton fpèpe
En Ze 'Zaissant
Au pied du mup
Le papiZZon nè peut faipe de diffépenae
Entpe Za fZeup et Ze feu ... "
Partant, des chaines syntagmatiques peuvent se proposer,
esquis.-
sant les champs d'extension des éléments du code discursif .
.../ ...

1
32.
'1
:. \\,
1
2) LA CRËATION D'UN MONDE

;1
Dans le sens indiqué,
l'on voit dans Quand s'envolent les grues
; ~
couronnées s'exercer un ensemble de noms à structuration pro-
;1
verbiale se concluant en représentation symbolique de rapports
"
li
étiologiques
(pp.
11~15)
'1
P.
Il
"Cette ann'~ ld !
rils4/Eut beauaoup d'enfants
'1
Bougoume/Beauaoup d'enfants
L'atn4/Eut pour nom
1
Passawindin
(1)
Qui signifie
,1
Il en reste/Chez le Créateur
i
1
"
1
P. 15
"Il eut
Plusieurs soeurs
:
,1
Le Fét~ahe de ~a Terre~
Qui impose de suivre la vérit4
1
L'Enduranae~
Parae qu'il avala des aouleuvres
1
Et un seul fils~
Qui repris la pensée du père
Il en reste/Chez le Créateur !
"
1
Tous,
ou tout au moins, la plupart construisant le code
1
sémiologique des interférences diastratiques,
reprenant en
partie à Flydal,
après Delas et Filliolet, une terminologie
1
Celui-ci distingue :
1
-
l'interférence diastratique où intervient la perception
contrastée de données lexicologiques à valeur socio-culturelle.
(2)
1
(1) en italique dans
le te~te.
1
(2) Cf. Linguistique et po4tique~ Paris~ Larousse~ 1973~ p.99
1
... / ...
1

33.
Articulés ainsi,
ces divers noms composent l'embrayage du
poème dans les voies d'un récit mythique,
ethno-sociologique
. Levier d'agrément
pour la
traction
de la l i ttéra ture tradi-
tionnelle,
l'isotopie du mythe ou de la socio-genese fait
bénéficier la plate-forme de sa projection :
-
de la redondance des relents quant aux métaphores animali-
santes à connotation appréciatiye. Atteignant,
par exemple,
à sa force vive, le dévolu poétique du locuteur - Timini joue
sur la similarité d'allures entre le lion,
expression d'un
mécanisme métaphorique et le lion à fonction référentielle, .
conviés tout à la fois dans le même passage
(pp.
14,
29,
21).
S'organisant en une sphère de percussion,
l'homologie des
comportements convertit le poème en un discours didactique,
rendu éclaté ainsi dans ces vers
. P. 21
"Tu apprendras
Toi aussi
Tibo~
Que ton père fut un sanguinaire~
Que des hommes
HabiZZés de fer et de peau
Vinrent un jour tratner
Jusqu'à Waogdo !
..."
où "aussi" réclamant simultanément un rôle de connexion et
de décompression vérifie la combinaiso~ des éléments compré-
hensifs de l'abstraction métaphorique. De toute façon,
ni sa
fonction,
ni la vision globale du texte ne peuvent s'altérer
par son alternance éventuelle :
.../ ...

34.
"Tu apprendras/ToiLaussi]Tibo ;
peut encore être positionné

"Tu apprendras Tibo/Que
ton p~re [aussi];
ou encore
"Aussi/Tu apprenaras~ Tibo 1"
- Enserré dans un processus à la création d'un imaginaire,
2
.•~ rendement mythique, un second relent isotope se distingue
èans les réseaux d'identification établis par Quand s'envolent
les grues couronnées. A la confusion des deux plans précédents
le poème produit un processus de cosmisation :
P. 13
"Sa mJre
Fut un Masque import~
Du Pays des Gnougnoss~
Ces Gnougnoss~
Dont les Rois gur~nt
: ',!JOU!'
anaêtres
Des Ouragans 1
A Man~ga
Son parent
Fut le bubale 1
A Man~ga
Son parent
Fut le Saorpion
1"
... / ...

35 •.
Effet d'un réseau de cosmisation
Ouragans
.(Ancêtres)
.•
il
~I
,il·
,
Espace sociolo-
i_
gique l
Rois Gnou-
l ~
Lieu d' importat:ji~o;n;;--r----
~~M~è~r~e=--
~gnossé
~ Masque
(Mère)
-~~
, 1
J
Il
L--
Fi l 5
(Féti-
~
che àe la
terre
••\\,
Père-lion
1
i Espace sociolo-
Scorpion
gique
II
1
Manéga
1
,1
... / ...
_1

36.
1
1
Aspect,
on le voit,
d'un mode' de création et de vision d'univers,.
1
la concordance des divers plans propose la substance de leur con-
tenu comme un langage,
ce qui,
à un second examen, appelle, dans
les.vues du linguiste, à la possession d'une signification, dans
1
la mesure aussi où la fonction et la dimension du discours lui-
même ne sont point dissout~ A tel e~gendrement, l'isotopie du
1
.mythe, comme récit àans le discours poétique,
résserre ses liens
d'un côté avec la définition des plus remarquables du métalangage:
1
-, "des langages dont le plan du contenu est lui-même un langage"
(1)
1
_ l I un
système dont le plan de contenu est constitué lui-même par
un système de signification"
(1)
1
• ensuite et principalement la résurgence du constat du texte
1
comme traitement intertextuel. Définissant le texte comme une
Il infinité Il
(1), f'auteur des prolégomènes à une théorie
1
du langage peut envisager l'insertion en celui-ci de "plusieurs
types de langages ll
(1)
IIdiverses parties à'un texte",
ce en
.1
quoi la notion d'intertextualité elle-même ne trouve p3S moins
son compt e •
1
Reste que dans le poème particulier Quand s'enVolent les grues
couronnées,
l'auto-référentialité du segment lyrique précédem-
1
ment analysé a exprimé tout du résultat d'écriture d'un tel
texte,
sinon l'opération ayant présidé à sa constitution:
1
on peut le rappeler :
1
"M~re/Devant cette
tombe/Fer~~e/sur/
1
MilZe
Zarmes/Et/
MiZZe pens~es/Quelques
fragments/se
succèdent
1
Et ne se compl~tent pas.
1
(1)
cit4 par MiaheZ Arriv4~ af. Opait.
1
... / ...
1
_I..----.-.~ .-,-.----
.
.~,
,_,.._. -

37.
1
1
Contrat d'assurance de la survie du poème global par un jeu de
1
prélèvements sur à'autres types de discours,
l'activité poly-
sémique pourvue d'une fonction poly-isotopique dictée pour le
1
décodage ressortit essentiellement dans "fragments"
corrune le
Petit Robert lui-même le souligne par ailleurs :
1
Sens l-n
"morceau d'une chose qui a été cassée - brisée
v. bout,
débris, éclats, morceaux"
1
Sens 127
"partie d'une oeuvre dont l'essentiel a été
:1
i
,
,
,
perdu ou nlC'!.ete compose"
1
Sens 1 3 1
"partie extraite d'une oeuvre,
d'un texte
quelconque v. citation
1
Sens 141
"pièce, morceau isolé"

Sens l-s-ï
"part,
partie".
1
Telle annotation taxinomique permet dp penser l'imbrication
-.
des deux plans dans l'espace de la productivité du procédé:
1
-
le mode de la présentation du signifiant discursif en procès
1
de construction
1
-
la mise en évidence du signifié en~disséminat~od1: ou, si l'on
préfère,
le type de discours manifesté et le contenu révélé.
1
Pourtant,
il semble bien, prenant argument dans l'auto-référen-
tialité,
et à fonctionner de la sorte, qu'une telle opération
1
a quelque rapport d'application avec des moyens cybernétiques,
son arbitraire trompeur accordant au critique une place confor-
1
table au rang des thaumaturges.
1
... / ...
1
1
~I-,..~·---_.

38.
Sans étre assuré de la capacité de telles remarques,si elles
subsistent, à retenir l'examen, l'on ne redit plus l'imposition
de l'outil conceptuel employé à l'analyse littéraire,
aussi
longtemps que l'objet-texte apparait étre, à la sémiotique, un
produit de constitution complexe où les mots fonctionnent certes
sur plusieurs plans, mais dont toute actualisation, même impli-
cite, dans une apparente homogénéité de l'objet considéré, cons-
titue en elle-même et avec d'autres un registre commun pour
l'accomplissement du travail de~signifiance. C'est, en substance,
de cette manière que l'on peut,avec Rastier, généraliser une
notion adoptée chez Greimas. "L'isotopie, écrit le premier, est
un champ ouvert par la redondance à 1 unités linguistiques (ma.ni-
1
\\/ festes ou non) du plan de l'expression ou du plan du contenuIl (1)
C -~BAUCHEDRAMATIQUE
1) ~N COMPLEXE ~NONCIATIF
LA DISTANCIATION
Epris à la fois d'une épaisseur lyrique et mythique,
le jF(U)
énonciatif de Quand s'envolent les grues couronnées sort a'J.
mo(n)de du dramatique ~ transaction du poème avec le discours
1
littéraire : celui-ci systématisé dans son caractère de fiction-
nalité, celui-là souscrivant à la simulation, signent tous deux
1
leur appartenance au répertoire de la représentation: tout ceci,
on le constate, renvoie à un effet particulier de l'énonciation:
1
En clivage d'un mouvement externe partant, réponse à la fiction,
la réception interne de Tibo-Timini s'éveille activement sur le
1
schéma du faire semblant : le modelage d'une démarche de dédou-
blement de Tibo ou Ego en je-locuteur et en son corrélat tu,
1
actualisé en Timini ne se dérobe pas à l'analyse. Jugent encore
mieux le fait,
les vers introductifs du poème :
1
1
(1) Cf.
"Syst1-"'atique des Isotopies"3 p.92-97 3 in. ESfUds de
S~miotic.:te ~o~tique~ Pari8~ Larousse~ 1972.
1
.... / ...
1

1
39.
1
P. 5
"Ici~ 1 C'est Man~ga !
il1a
Ici~ 1 La bataille eut lieu!
"
C'est ainsi 1 Que~ 1
'II
Toutes
tes nuits~ 1
Nous apppenions ensemble~ 1
1
L'histoipe et la gpandeup 1
De ta Tepre de Zida ! 1"
'1
P. 8
Ti mi ni
C'est ainsi
1
Que~ 1 Toutes les nuits
"
1
Pratique d'un procès de témoignage auprès de l'allocutaire
fictivement invité au dialogue. Illustrant encore mieux la
1
démonstration, le degré de l'évocation en présence constar.te (1)
dans le texte par un lien souterrain le rattachant à une seconèe
1
manipulation : gage énonciatif se concrétisant en une mise en
présence de p~rsonnages entretenus par une relation d'antago~
n.ismes vs proté!goniRtes ; ce qui aboutit à la segmentation du
1
passage. de leur manifestation en deux tablea~x principaux
pouvant comporter des scènes 7 ainsi y jouant sa partie dévolue
1
par le texte, chaque personnage parvient à la jramatisati0n des
tranches de vie du personnage-objet : la mise en scène ne pEut
1
être plus claire, qui suit :

1
1
1
1
(1) pp.
1i~ 20 - 21 - 30 - 37 - il en sera tpait~
au paragraphe suivant.
1
... / ....
1
1
1
~j

-
40.
1
1,
P.
32
Effet de commentateur - présentateur
1
1
"C/~tait en miZ neuf cent soixante huit
annotation
scénique /
temporelle
1
- annotation introductive d'un personnage
:
1
Il Y a ce phiZosophe d la barb~ de poussi.re
autre personnage •
1
Peut-on oser/Oser utiliser le fiZ de
Za maison
autre personnage
=
1
(P.
33)
NJgre/Pourquoi ce bébé/N'est-il pas ~ort
1
mort
- commentateur :
1 ..
Timini / Timini
Etait son nom. Il
1
On notera
rôle du commentateur
1
= : 1er antagoniste

2ème antagoniste
1
Se dégageant de la formalisation théâtrale,
ce dont lë perspec-
1
tive du texte e~ tableaux avait déjà dit assez,
le contrat énon-
ciatif s'exécute en un pre~ier moment dans le ·sens des relais de
1
paroles à valeur stichomythique : éléMent de la trème de l'uni~ers
représenté avec la participation de l'énoncé du présentateur.
1
Subsidiaire du premier,
un second niveau,
composé de l'énoncia-
tion des répliques,
se condense en des scènes dont le processUS
1
retient pour cadre l'espace relevant du niveau T. Ne fait guère
l'abstraction -
le contexte se justifie du reste - au procédé
1
de la distanciation. Par exemple aux vers p.
32. Fondée sur une
1
.. . f .. ·1
1

1
41.
1
I~ ~
demande. de communication téléphonique,
l'armature de la scène
s'ouvre sur le mécanisme d'instabilité et de transformations
1
des perspectives énonciato-discursives. Manifestation attendue,
pourrait-on dire,
d'un texte poétique dont l'essentiel àe la
1
règle consiste en une certaine manière de faire participer,
l'opération du décentrement de qui parle(nt)
7 ignore l'accès
1
aux démarches formelles grammaticales.
Apparaissant comme s ' i l s'était interdit de fréquenter les
1
-
verbes déclaratifs,
le texte semble recevoir l'éclat de ses
marques par l'univers de la représentation,
corroborant sa
1
définition comme un jeu, et dont le souffle de l'animation
tient au fil de la perturbation constante qu'impose toute
1
tentative d'identification des garants de diverses passes
locutives : on pense ainsi,
avec quelle clarté,
l'établisse-
1
ment d'équations entre la densité du jeu textuel et le fait
de la ~istanciation.
1
Celle-c{,rappelant son actualité dans sa pluridi~ciplinarité,
note par exemple :
1
- pour l'homme de théâtre, dans la perspective de Brecht par
1
exemple,
la négativisation de l'identification, qui édicte
posi ti vement à l'acteur de "prendrE ses di stances ,; avec les
1
instances du drame
1
-
consécration du rapport d'un locuteur avec son énoncé en
linguistique tout au moins,
la distanciation co~vie à la prise
il
en c~mpte, entre autres,
de certaines couvertures du lexique
comme émanations du registre de l'évaluation. modalisant,
1
émotif •••
1
-
confronté à un champ immense d'investigation -
dans la mesure
1
..
-
.
aussi où le discours littéraire instaure un rapport d'analogie
Il
avec le monde - le critique littéraire tient son propos au
confluent des deux systèmes :
Il
... / ...
.1

42.
1
1
appréhension du tissu linguistico-Iexical de l'énoncé de ceux
1···
qu'il invite à la mise en forme de l'acte discursif, passant
par la notion de distance globalisant les procédés d'ironie,
1
registre,
vision,
parodie
1
Il revient que la cohérence de toutes ces remarques appliquée
au poème Quand s'envolent les grues couronnées résume l'instance
1
énonciative dU fonctionnement d'une attitude; ou,
si l'on peut
mieux dire,
le discernement d'une voix.
Projeté.
sur le para-
digme de la prise en charge de p~role, comme l'expression d'un
1
refus d'appropriation de l'énoncé,
le caractère d'une telle dis-
tanci"ation
~ dresse en porte-à-faux la teneur de la thèse èe
1
Benveniste sur le concept de je et sa référence :
"je est co-
extensif,
avait-il écrit, de l'instance de discours qui le
1
contient"
; une nuance devant ~tre faite, on le voit, entre le
"je" rempli d'épaisseur psycholo9ique,
par exemple,
et le je
il
réduisant son contenu à un rôle.
1
Il
Ainsi s'exp.rce le caractère méthodologique de haute importance
1
de l'introduction de la notion de
"voix" ': celle-ci
1
-
évoque un effet locutif,
c'est-à-dire l'effacement d'une
présence physique,
visuelle
1
-
interpelle à l'identification v~ simulation du déjà connu.
1
,;1
2) INGRËDIENTS DE "SITUATION"
t
'II
Regor~ant d'éléments descriptifs de procédures méta-linguis-
.,
tiques,
le tableau II,
dont on verra la systématisation,
fait
11
un constat éclairé des concepts de
'situation" et de ses ingré-
~
dients, admis depuis Austin, Searle; Ducrot ••• qui conduit à
li
l'éclosion du retranchement souligné:
i~I
~ . . . . . . 7
• --.. 0,"
"..>
r
... / ...
Il
i.
,.
1

1
43.
1
j
!
1
1
1
'.
-
.
~
,
Acte II
Le séjour de Tibo en France
!
I--,~--,~.
~!1
P.
34
Scène 2
Tibo n'est. pas au bout des exactions
1
1
~
identité locutrice altérée
1
commentateur ?
introduction du
,1
auteur implicite 7
philosophe
ph~losophe 7 prolongation présentative 7
propos - réquisitoires
1
* énonciataire : France métonymiquement
Il
posée
antagonistes
= philosophe 7 Tibo souffrant 7
P. 35
Scène 3
Réponse et la demande de logement
* France par une pastiche
Nègre
1
= auteur implicite ? philosophe 7 Tibo 7 :
Cela est vrai 7
On nous l ' a di t,
Notre Dieu est commun
* France par une pastiche
Nègre
l '
- auteur implicite ? commentateur ,
. le récita ti f '?
Tenant ainsi aux caractères de répliques par similitude,
op~osition ... l'essence structurelle de l'écriture de l'acte
observé dessine un second degré de la distanciation : Du fait
de la présence sur la scène de trois protagonistes
(Timini -
Tibo et/?u auteur implicite,
le philosophe à la barbe de pous-
sière) pouvant être actualisateurs, si l'on veut,
d'un rôle
unique: l'actant de la démystification du Blanc (France),
... / ...
IIi
1:1

44.
un procédé de brouillage permanent postule au déplacement de
la voix donnant la réplique à la France :
1. La syntaxe phrastique ainsi qu'une sagacité représentée
paraissent ériger le philosophe en producteur d'énoncés sti-
chomythique,
servant mieux le mérite du réquisitoire.
2. Ou Tibo bénéficiant d'un"effet de sourdine"- dans la force
de l'expression chez Léo Spitzer -
se constitue en antago-
niste du Blanc.
3. Peut-être encore Timini réconfortant son rapport de filia-
tion/materni té avec Tibo accablé de souffrances •.
• • • ••
?
• • • ••
?
Certainement qu'il est quelque vanité à enfreindre aux clauses
dn jeu: l'interdiction de révéler l'anonymat du locuteur en
antagonisme. Résidant en l'interrogation d'une rhétorique dont
le poème se fait l'enjeu,
le "plaisir du texte" par la lecture
comme construction remet sa quintessence à la mise en place
JI
d'une illusion complète de la réalité: Soumise par ce chemin
1j
';
à l'étude, la fonction représentative par le fonctionnement
1
dialogué d'une part et de l'autre,
certes l'un des facteurs
les mieux formulés de l'écr~.ture pacéréenne,
on le verra,
II
1. les clichés ne la littérature négro-africaine développés
;1
par les oeuvres de combat : flétrissement du messianisme
.~H
occidental ou l'âpreté de séjour en Europe/France: stéréo-
types de textes et lectures
:
1
P.
34
"Fr.res/En/Dieu
fiOn nous a dit~
11
Que nous .tions/Fr~reB/
En/Dieu !ICe b.b. nègre
fi
Dort sous le pont~/Ses coùches~
i
Jet~e8 sur les marches de
11
Za vi 7,z'e !
... "
... / ...
t!I
~I,.__-

Il
45.
~
il
1
,1
2. pastiches du discours du Blanc à l'endroit de l'homme à la
1
pigmentation noire :
1

n. •. !l~gre ! /
1
Mais enfin ! Regardez-vous
Avant de gravir les marches d'un Palais
,1
C'est aux hommes/Que les ~ommes
louent la maison
"
1
1
~I
Différents cas d'espèces, parmi d'autres,
de cheminements inter-
~
textuels inscrivant les énoncés, partant le texte,
dans une
,1
sorte de "mémoire contextuelle" démonstrative du procès de sa
i
productivité.
Il
Retrouvant "l'hétéro-textualité", non plus,
comme aspect
1
il
thématique et plan isotope de la fonction mimétique, mais dans
i
la suite de l'hypothèse de l'étude,
comme "horizontalité" du
champ de la signification, on remarque nettement comment le
1
texte de Titing~ gar~e le souvenir des poésies épiques homé-
riques,·comme pour reLourner a ses ancêtres. Tous J.es critiques
il
sont généralement unanimes sur l'essence structurelle de ces
1
poésies détenue par les caractères stycomithiques ; ce qui,
'1
l'on en conserve la mémoire, valut dans l'héritage légué par
le passé, les distinctions Mimesis/d~egesis •••
(1)
1
Une similarité de fonctionnement se note,
dans cette meme voie,
1
chez les poètes traditionnels négro-africains. Les travaux et
recherches ne manquent pas d'à propos, qui donnent raison
d ' é cri re •
(2 )
1
Soulignant davantage nos vues quant à la remarque précédente,
1
la texture textuelle de Quand s'envolent les grues couronnées
à rétablir le lyrisme chanté et l'épique récité;
car tissé
1
d'un voile sous-tendu par ce jeu de mystification et de rebon-
dissement en polémique interne des personnages,
l'on hésite
1
(1)
On le lira chez Cenetté :
"Fronti~re8 du r'cit", in Com 8.
1
(2)
~ Eno Belinga "La litt'rature orale africaine", Paris,
:t l:(7. ge8_~~_de S~g_~u "Texte de griots"
Saint-Paul, 1978.
:t entre autres.
• •• / . . .
1

1
46.
1
à son sujet, à se limiter à la dénomination de poésie lyrique,
1
sinon de narration ou récit lyrique. Mais quelle gageure de
taille quand i l faut éclaircir la matière et une telle position
1
1
CHAPITRE II
- POÈME / NON POÈME
POËSIE NARRATIVE ET ËCOULEMENT
1
CONTEMPLATIF
1
Tout texte poétique,
lyrique- principalement,
se définit par
sa négation de caractères représentatifs
:
aucune description
1
d'évènement,
ni l'évocation de ce qui lui est extérieur n'e~tre
dans son propos.
1
La non-référentialité du lyrique peut-il alors longtemps se
I-
constituer critère de classification voire d'appréciatio~
esth~tique révélatrice d'une certaine difficulté de révocation
de tels fondements historiques
:
I
Goethe de faire par exenple constater,
par analogie aux ~ypes
1
"Il n'y a que trois authentiques formes naturelles
(1)
de la
poésie:
celle qui raconte clairement;. celle de l'émotion
1
;
exaltÉe et celle préoccupée du subjectif
: épopée,
poésie
lyrique,
drame ll •
,1
Poursuivant également dans cette voie,
Jakobson note :
la
poésie é?ique trouve sa forme grarr~aticale canonique dans la·
1
troisière personne et le temps passé. Elle met f~rtement à
contribt:':ion la fonction référentielle,
tand1s que
"le point
1
de départ et le thème conducteur de la p~~sie lyrique sont la
premièrE
personne et le temps présent" (1) •
1
1
(l)en i'aLique dans
Le texte -
af.
Duarot/Todoro~, pp.
4PR- 7 99
Diati~nnaire EncyaZop~dique des Sciences du Langage, Seuil
1972
1
... / ...
1
1

:1
47.
'1
Si donc l'observation du fait littéraire spécifique s'inscrit
1
ainsi,
semble-t-il,
en appréhension de toute division,
sans
pourtant signifier l'interdiction la moindre,
du discours
,1
~
théorique à l'endroit de la littérature, i l est de bien édifier
1
les cadres de l'encodage et du décodage de la narrativité dans
:1
,
des textes autres que le genre récit. Ou mieux encore,
selon
;
quelles recettes les oeuvres poétiques en général,
Quand s'en-
li
volent les grues couronnées en particulier, qui n'ont, du
,
~
patrimoine littéraire,
reçu vosation de "raconter" récèl~nt
une dimension narrative
(= récit)
dans leur mode de fonctionne-
il
~
ment en texte
un appareil général statique construit,
confor-
mément aux vues de G. Genot,
par prélèvement et normalisation
Il
de données du discours,
suivie de la construction d'images de
ces éléments dans la composante syntaxique et sémantique
(1),
,1,
le récit se révélant alors être "la suite syntaxique
(= narra-
i
tive)
des propositions en relation d'implication: une stra-
;1
tégie dans l'appareil g~néral des disponibilités théoriques
1
constituant le texte"
(1),
le discours enfin,
une configuration
de signifiants ou partie de l'univers de l'expression
(1).
Il
,1
De l'analyse de ces vues surgit l'expression minima du récit
1
comme "histoire" : le signifié d'un acte passant par les modes
écrit ou oral
(2)
; ce que devra d'ailleurs,
dans la suite,
,;1
reconnaitre Gérard Génot, en accord avec Greimas
(3)
pour as-
1
signer à la narration la fonction de plan d'organisation de la
,1
sémantique (3). De cette manière et à l'examen de toutes ces
1
remarques,
i l n'est pas d'erreur d'identifier dans Quand s'en-
;1
volent les grues couronr_~es les faits stylistico-rhétoriques
1
aux effets sémantique et syntaxique comme soubassement du
'1
programme narratif du poème.
1
(1) Cf. 'tude d'un sonnet de Du Sellay "r'cit et contre r'cit"
,1
in Revue Romane TXIII Fasc.1~ 1978.
."
(2)
Une telle con~eption existe aussi dans les distinctions de
ta notion che z Genette
Figures III pp.
71- 72. rbvis. ~~~_ 13~li
:1
(3) Cf.
1977 b
S~~net de Foscolo (ron'o).
1
... / ...
il
;1,-----------.-----------~.~ _____._,._------

48.
Observés en 'effet sous l'angle d'une première démarche de la
productivité textuelle, ceux-ci constatent leur pertinence
en la possibilité de légitimer une relation d'inter-connexion
du poème. Puisque soumise au code grammatical et linguistique,
l'induction de la narration parait, au niveau d'une rnacro-
manifestation, offrir Quand s'envolent les grues couronnées
à l'atomisation d'une répartition en pages: en quoi certains
artifices ne laissent d'interpeler, en partie: le poème
s'étirant en réalité d'un souffle actualisé tout naturellement
dans la configuration d'un.mouvement discursif diversifié •
. A)
AP.TICULATIONNARRATIVE ET" STRUCTURE DISCURSIVE
SUPEP.FICIELLE : LE MODE GRAMMATICO-LINGUISTIQUE
a) L'omniprésenc~ d'un anaphorique
La lisibilité des" formes pe"rsor.nelles sur l'espace interne-
externe d'un énoncé est l'une des marques de soutien du mouve-
."
\\
.
ment de celui-ci. La typologie des protagonistes de l'énoncia~
tion ou la schématisation àes fonctions d'expression chez
Jakobson n'ont pas d '.autre but'. Celui-ci montra, par exemple,
comment chacun des indices de personne exerce son rapport
particulier avec l'objet considéré et ce par des constantes
..,
spécifiques.
Des trois personnes grammaticales et leurs substituts en
déplacement dans Quand s'envolent les grues couronnées, la
troisième y organise un jeu des plus massifs : au repérage
- les pronoms personnels
- adjectifs possessifs et démonstratifs :
l~s f~rmes d'anaphorique soit 52 % tandis que les deux autres
indices totalisent 27 % à la fois. Alors que ceux-ci sont
qescriptifs de faits de relation d'inter-subjectivité ou plus
1
exactem~nt de position de l' honune èans son lançage -
".
II
II
~;
...
l,
/ ...
1
~ f,
fil

49.
Benveniste le dit. - le premier vise à la reproduction du monde
extérieur, c'est-à-dire sans intégrer le rapport de personna-
lité, en raison de la multiplicité des signes évoqués. Organisé
ainsi autour de l'implication de l'énonciateur en propre,
le
texte lyrique, autrement dit,
se tient,
conforme aussi à ce
principe, hors du champ d'extension du référent ~ Jakobson l'a
souligné.
Cette première échelle de l'engendrement du récit voit
Quand s'envolent les grues
-
couronnées décrire sa structuration
grammaticale occurrente en une série d'opérations de transfor-
mation.
représentative.
- de l'aspect d'une ligature commodément retenue aux points
d'~ttache par la configuration anaphorique
- ou au fil d~s ~ages, la concavité d'un jeu ~n son espace
intéri~ur s'exécutant en trois actes:
t
1 •
la condensation (des deux premiers
acteurs actualisés en je/tu
t
2 + la èémarcation
t
3 .+ l'individualité et la centralité
du lIil"
pouvant se figurer schématiquement au tableau suivant
.../ ...

1
50.
Il
...,e
,!:>e '(,~
ou
1
~o~.eC
le Non-je
e~ -\\>"0)
et
ç
~
-
Page
Je
le Non-tu
1
5
Nous
1 t 1
6

es
Il
condensa-
7
ceux -
ses -
se - celle
1 tion
8
Nous
se - se
-
ces
1
9
qui
10
cette
,1
I l
!
sa /
sa /
elle /
lui /
qui
12
!
sa /
ces /
son /
i l /
sIl son
'1
13
celui qui /
t
3
13
C e n t
r a\\l i
t
é
1l'i.ndividua-
lité
14
de "il"\\
Elle /
celui /
ceux qui
\\~
on / elle / sa /
cette /
.
~~
1
15
Ql~
i l /
qui / i l / q u i /
16
~
i l /
qui / i l / l e /
lui /
~
qui /
l '
/ celle / son / se
1
t
~
17
Nous
ce /
celui qui /
celui
~
""..
Nous/2~;
\\
t
2-
~
Tibo -<t>
. 18
Je'
Elle /
tous /
ceux qui /
2
,démarcation 19
Je/2
i l / i l / s ' /
i l
19
Je
Tibo 1 toi
s' /
i l / i l / s a
20
me/moi/2
Tibo /
toi
i l / s a /
i l / i l
21
moi
Tu /toi/ton
j ,
sl.1b
IjeCf:i,:e
22
tes
sa /
i l / i l s
Tiffiini
i
.../ ...

51.
Commentaire du tableau
t
1
absence sinon exclusion quasi_
totale des a(i)lliés du jeu
~2
de la configuration discursive
la démarcation pose
l'individualité du 3ème acteur
t
3
territorialité de la non-personne
>
du linguiste
espace textuel concave
----~~~
cette forte représentation voit la
transformation de la problématique lyrique
initiale du poème.
L'on pourra s 'y référer s'agissant de la per'specti ve énonciato-
discursive du poème.
Toutefoi s,
i l est à remarquer, .sans insister, que la systémati-
sation répond à un double critère
,
. . ~
or9anisation des morphèmes personnels
-
la corrélation étroite de celle-ci avec
"1~
les marques verbales:contextuellement
1
J..e passé simple en accord avec le "il"
. 1
occupe sans tergiverser les temps forts
1
de la territorialité rendant au poème le
1
i
caractère d'une succession de faits
:1
historiques,
dans la proposition de
Benveniste •••
1
,1
1
.../ ...
1
t 04444. «QG.,
-
..
ç
,W

52.
2ème tableau du réseau de ligature
Po
la strophe de la manifestation
P'
la finale de Po contenant la
IIsource sémantique ll
pli
'l'initiale de la strophe suivante
lieu de la manifestation de l \\ l'interprétant"
~ témoignage d'un engendrement par démarche
régressive vs graduelle
appelle d'autres formes de concaténation
\\
à préciser.
'l'ous
P 5
pliS
12
Terre de
Fétiche
pli 12
P 14
Sa
pourrait s'élargir au fil des pages
.../ ...

53 •.
b) Structures linguistiques :
chaines' syntagmatigues et par...... adigrnatigue

à l'expression de la narration
S'effectuant sur la base d'un complexe de redondances
:
(équivalences ..• similarité •.• ) mode d'existence, du reste,
de l'objet poétique,
l'opération entre les différentes unités
de l'expression de Quand s'envolent les grues couronnées s'en-
visag~ comme des paliers structurels de procès syntaxiques
minima. Celles-ci établissent en effet une fonction cohésive
ou de concaténation à l'intérieur de chaque strophe ou plus
amplement à l'intention du poème dans son intégralité.
Abandonnant alors les relations observées préalablement sur
un registre lexical de colloca~lité, le critique lit les
règles grammaticales superficielles dans la solidarité d'une
co-occurrence des éléments du plan du discours.
l'rouve à 'exercér le mieux cette fonction syntagmatique et
paradigmatique, la récurrence des cinq formules à structure
conventionnerle
.~) ici c'est Manéga
(2 fois)
1
. b)
cette année là
(6 fois)
:1
1
1
c)
c'était en mil neuf cent
'1
soixante huit
(8 fois)
1
j
d)
adieu 1 adieu
(8 fois)
i
1
e)
j'ai retrouvé la terre
en feu et ses variantes
.~ ::.
1
.../ ...
1
"
1
1
...
l __~
~~~~------

54.
Caution de la fixité du texte comme espace dénoté poème, . ces
indicatifs de strophes satisfont à· la mise en exergue de
l'organisation d'un ordre spatial: comme Todorov, Jakobson,
de préférence, découvre en la poésie la présence d'une telle
composition
nA tous les niveaux de la langue l'essenae, en polsie~ de la
teahnique artistique rlsiàe des retours rlitlrls
n
fait constater le second (1).
1
Pourtant au schéma statique de la récurrence syntagmatique
de ces formules,
s'oppose celui de la corrélation, synonymie
1
de la vision d'une gradation: c'est dans ces termes aussi
que tout récit se constitue, permettant la constitution des
1
relations binaires :
statisme vs procès
1
collocation vs corrélatif
gradation vs régression
1
car structuralernent saisie, une relation temporelle de consé-
cution unit, par exemple,
les segments à répétitions ; en
~.
d'autres termes,
l'effacement de l'un comme groupe syntagma-
1
F
1
tique représente d'une certaine manière la condition d'etre
~r
J;
de la suivante, à moins de se "créer" mlJtuellement en un lieu
1
de causalité efficiente.
1
1
1
Instituant ainsi la narration par ce mouvement possédant tout
1
. !
dynamisme et susçeptible de multiplications, le déchiffrement
!
1
de ces éléments en configuration prend toute sa signification,
Il
se considérant la manifestation des schémas : transformation
d'une macro-structure mise en relation de conjonction voire
1
de disj onction avec une architecture sémantique ; ce que sug-
gérait déjà la notion"d'irnage" invoquée chez Gérard Genot.
1
Mais la subordination de la narration au code grammatical a'~
1
.'~
. '
/:JI-
la corrélation des tournures périodiqmes~assent, semble-t-il,
. '-le relais pour l'épaisseur d'une surface textuelle à investir.
1
- ... / ...
,1
1
1__.
-:....
'_'_"'_

55.
C'est alors que racc6ui~i~~irit la distance entre "l'inter~
prêtant" et sa "source sémantique" dans le sens où Tesnière
emploie- ces mots, la~reaètivation des unités syntagmatiques
précédentes renouvelle l'épisode d'une co-occurrence struc-
turelle. Ainsi dans
"De toute far;on
1 P. 12 1
La couronne des Moss~
Est le fruit d'un combat
Qui ~chappe aux lemmes
Cette ann~elà
VintZa terre du Fltiche
L P. 13 1
tt/Sa mère
/
fut un masque
Import~/du pays des Gnougnoss~
...- .
"/A Mané al/son parent
Fut· le
"
1 P. 14 /
/ elle ~pousait
U't
Zion !
... "
au-delà de la fonction rythmique, la réévaluation des unités
du plan du discours antérieur augmente le rendement d'une
syntaxe, embrayage de la narration. Ce procédé de la réacti-
vation des formules rituelles dans le parcours des strophes
s'illustre àbondarrunent dans Quand s'envolent les grues couronnées
(PP'. Il - 12 - 13 - 14 ••. ) occupant ainsi, au plan des corré-
lations, la seconde place des procédés stylistico-rhétoriques
à fondement de grammaire textuelle de surface ; il est cependant
de bien noter que si la fonction des relations textuelles, poé-
tiques en l' occu~rence, s' origin'e dans l'inter-dépendance des
plans de l'expression et du contenu, à la hiérarchisation de
ces deux pôles, le signifiant parait se réserver le primat.
1
.../ ...
1

56 •
.'
C'est la preuve que font certains vers où la connexion gram-
maticale strophique confère à la paronomase de révéler la
stérilité du signifié naguère producteur :

P.
39
Tu m'am~neras
Un foulard rouge
Avec des oiseauz /dessus/
P. 40
~~.~.~ aeeOieeauJL
Des hirondeZles
Du Sahel
S'accordant sur la ressemblance phonique,
ces vers initiaux
s'octroient la fonction motrice de la production de la méta-
phore humanisante. En une strophe antérieure P.38 les vers
présentaient
Il Y a des viscauz g~!~~!~~!
Sur du sang rouge 1"
Or,
le lien paronomastique entre P.39 et P.40 s'amincit pour
céder à la personnification valeur transitive par l'équivalence
mis~ en place, entre P.38 et P.40. Ressort de l'élaboration
sémique; toute la priorité de l'activité syntaxico-narrative
est, en dernière analyse,
la confusion même d'un
enchainement
de l'ordre de la proximité avec des unités isolées ou indépen-
dantes,
accomplies dans des irradiations textuelles de degré
d'intensité diverse. Les rapports multiples tissés par les vers
fondent la remarque, permettant de manière continue une opéra-
tion de redescente dans les strophes ; ainsi ~\\~
1
... / . . .
1
1
1
~

57.
"Tu m'am~neras
Un foulard de tête
Rouge ... ""
P.
"Tu m'am~neras
Un foulard rouge
"
P.
37"
" .•.•
Quand reviendras-tu
Reviendras-tu
Reviendras-tu
Du pays des BZancs ?
"
P.
38
"Quand tu reviendras
)
Du pays des Blancs
Tu m'am~neras
Un fouZard de tête
Rouge!
"
Mais il est vain de les vouloir épuiser; d'autant que de tels
strates de l'énoncé préfigurent le récit fondamental con~e un
réseau d'imbri~ations ; plus justement un mouvement rythmé par
la tension d'un élan et d'une évolution régressive -
irrésis-
tible à la clôtu~e.
Une récapitulation des facteurs lexical-grammatical jugent
le mouvement d'ensemble:
.../ :.-:- ...
~., ..9
% p«
*4'"
0_

.
1
-
58 •
Des connexions à la grammaire du récit
1
l
II.
III
IV
. ,
Causalité
V
.1
Vocatif
1
1
Les indicatifs
1
1
Ici Manéga
P 30
a) P 5 --~) P 6
P 21
1'2 ~=-------------
P 2S
tPoi5
1
cette année là
l
P 9
P 10
,.>
f
,
.
P I l · P. 17 , P 23
P 24
fr
i:
!
E) c'était en mil
neuf cent soixante huit
P 31 ·, P 32
, .
..
P 37 ·, P'41 ; P 42
..
.
i
P 44 ; P 45 , P 51
l
\\.0 Adieu
P 47 -7 48
p
50~
52
p 54 ~ 56
p 57 ~ 58
~-
:':,'1
~~
~ 'J'ai retrouvé la
f
Terre en feu
1
.1
P 59 ~
P 61 ~
62 --,-
63
1
.../ ...
1
,
P
64
1

59.
1
1
"'T
.';.
1
B) INSTANCES TEXTUELLES
.,J,'
-
~T DIMENSION NARRATIVE
1


DISTRIBUTION DE RËSEAUX
1
D'ARTICULATION AYANT UN CONTENU,
a)
la discontinuité du signifiant des personnages
En possession d'une description morphologique,
l'analyse de
la grammaire du récit comme définition de la syntaxe narrative
1
peut se résumer ici en l'actualisation des règles de l'univers
du discours préalablement in~tituées : composantes majeures de
1
toute approche du modèle du genre,
ces deux moments ne démon-
trent plus leur lien d'équivalence tant i l est vrai que la
théorie narratologique rassure le plan morphologique comme
taxinomie et instance médiatrice de la syntaxe (1)
; et. qu'il
faudrait dès lors pour celle-ci trouver-la coro~inaison d'élé-
1
ments opératoires fondant sen existence, . sinon lui rendre
l'efficacité de manipuler les termes de la morphologie
(1)~ ~
Liée à la réitération d'un certain nombre d'unités prélevées
1
dans l'espace, discursif.une narr3tion se met sous forme,
gardant avec l~expression l'avantage d'une combinatoire cons-
1
titutive d'un univers signifiant; au premier plan apparait
la distribution, sur la scène poétique,
d'un signifiant ou
1
groupement de traits plus ou moins co-référentiels dénotant
trois personnages principaux
1. le lion
1
2.
le philosophe
3. les grues couronnées.
(1) Cf. Du Sens~ pp.
158 -
163.
1
... / ...
l
~_ _~----_·--~·

60.
1
1 ..: ...
c'est en,.-:sonune, de cette manière que. ce poème prescrit conune
l'ordonnance de son emploi nàrratif. Aussi. en structurant le
1
caractère de coréférentialité par exemple, deux marqueurs sta-
bles apparaissent s~affecter au lion : "son rugissement et
son soupir sont longs"
(p.p 20, 21, 22) quand lui-même-est
1
invariablement "celui qui fait frémir" par son émergence (p.p 14,
19, 20). Au philosophe, une barbe sert d'attribut, qui reçoit
1
.
.
le qualificatif unique (7 fois)
"de Poussière". S'ajoute à
cela la permanence de son expression "qui chante tous les soirs
il
1
ses refrains à l'aube"
(p.p 7, 31, 32, 34), l'on comprend faci-
i
lement aitsément à la fois conunent ces éléments se prédisposent,
1
en termes focalisateurs du· personnage,
- aux instances de la communication poétique
1
,
- à l'inférence de leurs caractères pour la syntaxe narra-
tive profonde du poème :
1
Le premier temps en effet constate à l'intérieur de la
fonction d'échange intra-textuelle, que le signifiant, procé-
1
dant par disconstinuité, s'assimile aux étiquettes ayant à
charge de régler l'ordre du discours, dont:
- la fonction anophorique et économique.
,
-
Utilisant une forme toujours constante, Timini le donateur du
récit invite à découvrir les rapports de celle-ci avec toute
autre: contenu d'une formule de l'opposition avec les autres
attributs, qui remet à jour quelques caractères principaux du
Il
t.
signe saussurien:
- différentialité
,1
- valeur
1
\\
1
oppositivité dont d'ailleurs Ph. Hamon a
.1
révélé la pertinence pour le statut sémiologique du personna-
1
. ge (1) icar il ne peut être plus clair que l'insistance d'un
rappel du trait du philœsophe Dar exemple entretient des rap-
,1
prots d'ordre proche, qui marque un processus déjà réalisé ou
prévisible.
1
... / ...
(1) Cf. Poétique du récit
Paris, Seuil 1977 p. 115
1
1
1
.1

1
1
-
la fonction jumelle communicative phatique
-
-.-
1
inter:prèt.e ,les attributs crmne chargés de rapports de familia-
rité aussi bien qu'ils port~nt à un degré accru la participation
des acteurs à l'énonciation:
1
Introduite ultérieurement dans le poème,
la stratégie de la déceptivité peut ainsi, compromettant la,
1
lisibilité immédiate du texte, en être d'un effet de régie de
sa grammaire
: à la place du quotidien
"qui chante tous les
1
soirs ses refrains à l'aube" l'irruption d'un nouvel attribut
signalétique "qui bat le Kounga éternel" faisait à son premier
1
jet, constater une désapprobation des éléments qui s'aFproprient
ou organisent la reconna'issance du personnage :
il
C'est par la stabilité de telles fonctions'
que le signifiant discontinu des personnages révélés ne saurait
renoncer à une parenté analogique, on ne peut guère dire plus,
1
avec d'un côté
1
1. les facettes de ce procédé de reconnais-
1
sance en littérature orale traditionnelle
i
-
l'épithète stylistique de l'aurore in
1
aeternis "aux doigts de rose" chez Homère par exemple, ou celle
1
des présentatifs et caractérisants spécifiques dans la pléthore
1
des exemples de Bakaridian et Bilissi, dans la Geste de Ségou (1)
2. ensuite et surtout la vraissemblance
1
d'une évocation des "marques" du personnage héros dans le conte
populaire. On voit bien que l'on reut ici négliger les chemins •
d~vers de la recherche pou= affirmer que la prégnarrcê d'une
1
telle notion demeure une des premières isotopies dominantes à
,l'
travers l'exégèse narratologique ; sinon la source d'où jail-
lissent leurs développements ; à moins de figurer la producti-
,
l ,
vité elle-même. Les études de Propp résistent à l'examen.
1
Ainsi les traits distinctifs des personnages
)1
considérés font-ils place à un second aspect de la descriptio~
de leur activité
textuelle, sans doute ,
la plus remarquable.
1
(1) Texte de griots
op cit
1
1
, .... _._~.~._ - - - - - - - ._ _r·

1
- .. - '.
,1
SCHEMA
(chrono) LOG 1QUE.
1
..
Indissolublement corrélatifs, la coréféren-
tialité et la variabilité révélée dans les personnages subsument
les caractérisants divers en un métalangage générique :
"qualités". Englobant alors les attributs de toutes sortes comme
formes de détermination en homolQguant les niveaux, celle-ci
permet de noter l'écriture logique de la narratio~ soit:
Pqo
lieu de la manifestation de la
L
lion
g
grues couronnées
philosophe

1
63.
1
1
~ Opération taxinomique des qualités
1
7
L
~
9
7
Ille" philosophe
métas~me
chant proverbial
du titre
barbe de poussière
12
"It /Grand (lion)
rugissait/fait
frémir/ulcér~ ...
1
celui qui fut "grand ll
17
celui oui fut "lion It
i.,_
poussa rugissement
19
terrible/frémir
1
20
long rugissement
qui fait frémir/"roi"
1
de la brousse/plus
"fort"
21
"lona" ruoissement
1
26
s'envolent".
1
28
claouer
..
s'envolent
,1
----
31
chant prémonitoire
chant réouisitoire
1
34
réauisitoire
35
ont chanté
1
36
langage
s'envolent
44/46
tambouriné
1
27
chantait
voleront
philosophe
mort
1
55
ont chanté
1
57
chanteront
.
64
lauitté
1
66
voleront
1
.../ ...
1


1
64.
1
1
- allure de la stratégie du récit et structure
1
interne du poème
1
Présenté sous cette forme tabulaire, le mouvement général
du texte poétique dégage un récit voué :
1. à l'imbrication
1
2. mais encore et surtout à la re-création des parallé-
lismes internes structurels de productivité. L'espace de
1
la signification peut alors; pour un meilleur compte rendu,
restituer les catégories d'importance en interrogeant
1
l'univers du discours: on se souvient aussi de la défini-
tion du texte comme une construction par prélèvements et'
1
normalisation. De l'observation en effet se conjugue~ un
enserrhle de connexions présuppositionnelles de l'implicite
1
discursif et présuppositions sémantiques : ou tout simple-
ment des formes de l'univers du discours qui sont comme
interdites de séjour à la surface textuelle.
1
"
Fonction~ant en réalité pour édifier un méta-récit sur
1
lequel l'ânaly~e devra revenir, celles-ci autorisent, en
deuxième lieu, des oppositions sémantiques dignes d'ap-
1
préciation, telles :
1. Le Pa~sé vs le Futur s'articulant ici sur les modalités
verbales essentiellement
chantait vs chanteront
s'envolent vs voleront
font claquer vs ont quitté
rugissait
ImultiPlication
faisant rugir
prévisible et
saturation
est né
vs mort
contextuelles
2. Une gradation par la modulation de paradigmes dont les
plus saillants
.../ ...

1
65.
1
1
magnitude
vs
susceptibles

de
1
puissance
~ multiplication
terreur
~ prévue par le texte
1
sur des constituants sémiques aux effets contextuels tels
:
1
rugissement 1 ulcéré 1 blessé
,1
1
Netteté d'une concordance à l'analyse de l'émergence des
1
trois personnages :
1. avec une division du poème en trois textes, pl~tôt une
1
correspondance avec le processus génératif de trois
!:
1:
récits ou décodage parallèle, qui bien que convergents
;
1
11
par la médiation des oppositions entre eux ne peuvent
réclamer une quelconque homologation : ainsi les qualités
1
au~orisent-ell~s à un premier niveau
çTl récit
1
1
Pq
f( 1 Tl LJ T
1
2
l'écriture
contient le
1
personnage
1
Pqg
1 E:. T
focalisant
3
telle génération
1
PqL
lé. Tl
1
2. une disposition thématique relative à chaque figure de
récit que le développement s'attachera à illustrer.
1
Toutefois,
une redondance sera évitée en Tl' T2
la valeur de la configuration sémique du Lion et du
1
philosophe construisant l'isotopie du Passé comme
exaltation en éloigne •
1
1
.../ ...
1
1

1
66.
2) LES FIGURES DE RÉCIT
a)
récit 1 et isotopie épique
Combinant ainsi les qualités du personnage Lion et du
philosophe, on peut rappeler
/
Pq Cf
/
Tl
LJ T 2
/
Pq L
/
é. Tl
un premier récit se constitue fondamentalement dans les
1
catégories sémantiques minimales
:
/
grandeur /
/
savoir-fair~ socio-culturel /
./ professionnalité de l'expression /
Il
éléments composant les catégories
1
-
emphase d'une dëterrnination
- techniques d'expression proverbiale
1
- behaviorisme contextuel
l'
-
"mort", interruption de l'influx de la
:1
technicité précédente qui multiplie les effets
(cf. Supra).
1
Ressortit à ces opérations sern~ques comme la livrée d'un
,1
processus d'expansion,
l'élaboration d'un univers séman-
tique s'ouvrant sur l'épique; la totalité de la substance
Il
signifiant seulement par un réseau d'articulations, le sens
n'étant saisi qu'articulé (1)
; or, le traitement sémique
1
en agencement se distingue déjà chez Greimas comme tronc
1
1
structurel de la narrativité: située antérieurement à la
~
!1
.manifestation
(1).
1
!
(1) Cf.
.
.. ibidem - pp.
158-159.
Il
1
... / . . .
1
1
- - - -

1
67.
1
1
.. ........... ~ -
.. .-
.•.....
"
-.. _~_
...
On traduit ainsi par quels-.procédés Quand s'envolent les
~' :; 1
grues couronnées accède au registre de la poétique du récit,
1
comme d'ailleurs récit et épique entrent traditionnellement
en système d'équivalence parce que isotope, à la limite iso-
1
morphe ; alors que d'une veine toute autre est le lyrisme,
manifesté dans le segment méta-discursif :
1
c,j,'u-
"M~re 1 Devantvtombe 1 Fermée sur
-
.,1
'Mille larmes 1 Et mille pensées ... 1
lIl
solidaire des faisceaux isotopiques :
" ... 1 attitude 1 méditation 1 recueillement 1
1
pri~re 1 invocation 1 admiration 1
1
qui instrüisent assez les vues de G. Michaud à ce sujet,
"lE: lyrisme, reconnait ce::lui-ci, est un arrêt contemplatif
1
en même temps Clu'un épanchement" (1).
1
La création de l'univers épique conforte, à l'instar
II
1
d'autres textes de ce modèle, ses assises
1
1.
par la prédilection de sp.rles hyperboligue~ et le ton
!
de l'insistance emphatique: le poème Quand s'envolent
1
les grues couronnées commençant en fait par le constat
d'un état mélioratif en P 6, par exemple
1
" Ici~ 1 C'est Manéga !
1
Ici~ 1 Furent ensevelis des Grands
"
ou encore mieux éclairant, l'initial du poème P 5
"Ici 1 C'est Manéga .1 1 Ici~ 1
La bataille eut lieu! 1 C'est
Ainsi 1 que 1 Toutes les nuits 1
Nous apprenions ensembZe~ 1
L'histoire et la grandeur 1
De la terre de Zida".
• •• 1 ...
(1) Cf. L'oeuvre et ses techniques~ Paris~ Ni~et~ 195?~p.29.

68.
Considérant avec Benveniste comme indicateur de la èeixis
~'la", ici ••• , Quand Si envolent les grues couronnées par-
ticularise l'objet référé en l'érigeant au rang de l'His-
toire comme Evènement d'une société. Réinterprétation des
liens intimes entre Histoire et épique, l'élargissement de
cette isotopie déteint sur le récit socio-génèse comme plan
isotope au façonnement d'une poésie, ici pour mettre en
exergue l'objet et le contenu.
2.
~'inspirant des modèles discursifs épiques, un
faisceau
de traits eschatologiques sous-jacents au
monde représenté redéfinit les contours d'un imaginaire
en accentuant les caractères héroIques et d'apothéose,
jamais absents de la contextualité de ces récits.
Traité de système de signification, le poème, plus exacte-
ment l'épique, considère ainsi deux faces de sa codification
incidentes ~
- l'épique désigné comme l'énor.cé narratif
- l'épique conçu comme univers d'un contenu.
ce qui visualise assez bien un cycle narratif, disons mieux,
une structure fermée indicielle qui émerge aussi
des outils lexématico-sémantiques. Comme on peut le constater
essentiellement à l~ manifestation du terme "Grands" = rôle
d'ouverture et de clôture, P 5 ~ P 22.
La sémantique en indiquera la portée.
. . . 1· ..


69.
1
Page
Lexique et formes assurant le maintien de l'isotopie
. 5
La grandeur /
la bataille
ab~trait
L'histoire
~
concrétisation
1
6
Des Grands

fournie
par l'emphase
1
de l'imprécision
construisirent
6
Fraternellement Manéga

Vision osmotique
des rapports sociaux
6
Vaincus,
il n'y a pas

Radicalisation
de vaincus
sémantique

7
Vaincus, i l n'y a plus de
\\
vaincus
J.l
7
Illustres descendants
Puissance du sacré
I~
9
traits eschatologiques
éléments de
.(,
grossissement
10
,~
~ d'atmosphère
\\l,
I~
Il et: Mention de
1
15
progéniture nombreuse
i~i
22
Sois prudent en jugeant tes pères,
ils furent
i~
FIN DU CYCLE
Grands
clôture
J
~
.../ ...
~
1

71.
1.
s'envolent
vs
voleront

inchoatif
vs
prospectif
2.
ont quitté
vs
font claquer
résultatif
- tracé de vie des personnages Tibo, de celle de
ses protagonistes de l'imaginaire textuel,
tels Timini, le
philosophe •••
Mais se confondant presque au déplacement des grues, le
schéma de parcours de Tibo reste le plus visible. Car,
jouant du contrepoint des instances énonciatives définies
plus haut, son itinéraire s'accomplit dans quatre niveaux
de lecture :
1.
le niveau d'un vécu revécu,
facteur de la
.
situation de communication à valeur ~e
répliques
(cf. Supra)
2. le niveau de la présentation par un énoncia-
teur représenté en une instance personnelle
"je /
tu . il""indiquant les faits relatifs
au déplacement du personnage pp. 18,
20, 21,
30,
37 •••
P. 23
IZ Veut que Tibo
"...
Soit
A Z'éaoZe des BZanas 1
Moi 1
Je n'irai jamais
A Z'éaoZe des BZanas 1
.../ ...

72.
P. 27
"Et puis~
C'est Ze re~our~
Le chemin de croi~ !
••••
On jouait
Au~ coZin-maiZZard
En sautant
D'une cZdsse à une autre~
D'une écoZe à une autre!
..... "
et P. 30 annoncera le départ en France de l'élève Tibo.
3.
niveau de prospection
lié au /1/. celui-ci
étale, dans la logique du récit, les faits sous le code
d'une narration ant~rieure selon le terme de M. Patillon
et
Genette, fonctionnant en 'cexte s~r un sys~ème temporel
de la même chronologie, par le fait aussi de s'orienter
comme non encore perçu ni personnalisé par la conscience,
du personnage Tibo.
P. 37
"•••
Quand reviendras-tu
Reviendras-tu
Reviendras-tu
Du pays des BZancs
A ton retour
Tibo~
IZ ne restera
Que des canaris de terre ••• "
4.
synthétisé dans la clausule méta-discursive
le quatrième niveau représente le poème dans son intégralité
comme des ébauches oniriques successives ; faisant remonter
à la' surface de l'analyse les données d'un récit réfractaire,
.../ ...

:1
73.
1
1
,1
1
non-poème, ou mieux,..contre-récit, par son degré de subver-
sion de la démarche cohésive des plans ordonnant les récits
i
1
parallèles. Imposture d'une riégation "fragments qui se suc-
cèdent et ne se complètent paslt:car, à l'encontre de son
~
jeu, l'espace Itpré-construit" d'une part, les constituants
textuels analysés Itnormalisent lt le mouvement général du
poème. Prenant alors toute son ampleur, l'ordonnancement
biographique se focalise syr trois grands axes, sémiotisant
dans sa première face vectorielle l'éducation traditionnelle
à Manéga comme l'enfance· du personnage Tibo. Aütrement dit
Manéga conclut avec le poème un accord narratif, régissant,
par un procédé taxinomique, les lexèmes figuratifs d'autres
lieux en codes structurateurs du déplacement de Tibo.
Le poème le démontre :
c) Taxinomie et opérations de narrativisation
I O cycle narratif
P.S ~
22 :
Manéga en opposition récurrente implicite et explicite
donne à lire des :
- constructions de catégories sémigues
I.enfance du personnage 1 filiation mythique 1 socio-génèse 1
Education 1 ....
constituants sémigues
.• métaphores identifiantes
• rhétorique discursive
• champ épique
: épisode héroIque, section de l'imaginaire
mythique.
. . .1 . ..
;

'1
l
·1
1
~- Cat~aories spatiales subsidiaires relatives à Man~ga

jl
P 25

Vieille Terre
(Ecole).
P 27

D'une classe à une autre
:1

D'une ville à une autre
\\1
II. -
cycle narratif colline verte (l)
.1
phase transitoire
1
cat~gories sémigues
1 Education scolaire 1
1
1 châtiments corporels 1
\\1
-
constituants sémigues
i
Ecole des Blancs
1
Ecole vieille case
Inculcation rude du syllabaire
1
P30 cycle narratif 1 France
Lanjuinas ; I l , rue Lanjuinas
1
-
catégories sémigues
1
1 Education scolaire - universitaire 1
inhumanité 1 âpreté du s~jour 1 malversation /
1
- constituants sémigues
1
rh~torique discursive dlune dramatisation
• rôles allocutifs de réquisitoire
oppositions récurrentes explicites :
1
retour au Sahel
France
~---------------------~
implicite
Pays des Blancs
1
~---------------------~
retour à Man~ga (---------------------~
"
implicite
~-------------------~hiver froid
1
retour à Man~ga
~------------------->~tat physique
d~gradé
1
(1) St~r~otype de leature : d~r.omination !amili~re
du Lya~e Normal de Dabou (Côte à'Ivoire) par .••1 ...
les ~l~ves.
1
1

1
75.
}
1
!
I I I
Cycle narratif Zida/Manéga

p. 42
Soutien d'opérations syntaxiques, la taxinomie des
différents lieux se constitue en une syntagmatique ; les
structures minimales qui signifient, un parcours synta-
xique susceptibl€
de se narrativiser :
- une première opération possible par le carré logigue
Manéga
France
51 ~------------.....r2
~
/
'""-"-
/
"-
deixis 1
"-
/
deixis 2
Glorification
'~
Epr2uves
par fonction
/
"-
épique/mythique
/
"-
/
"- "-
/
" ~
Non-Manéga
?SI
52
Non-France
telles, les ~pérations se disposent
Non-Manéga
---~ Manéga et France ---~
Non-France
Non-Manéga et Non-France ---)
France
Manéga ---~
. . .1 ...
••

76.
-
une deuxième formalisation:négligeant l'opposition des
deux deixis fondamentales,
celle-ci relève les contours
de l'itinéraire de Tibo énoncé comme processus se réali-
sant en trois étapes qui ne sont pas rien pour les pers-
pectives :
l
Etat de génèse
/
enfance /
(statiques-
- (!anégv
processus de dégradation. ~~~
1dégradation en marche
1Etat dégradé - Endurance
~
III
Retour à l'état
---..
initial
Reste à souligner que les Etats l et III ne se récla~ent
d'aucune identité entre autres,
à cause d'une forme dif-
férente de déchiffrage du monde"
langage traditionnel"
"_ langage scolaire"
puisque contextuellement aussi un espace non déterminé ou
plutôt fixé dans l'imprécision accueillera le personnage
au terme de son déplacement :. "la belle vallée/ auss~ la
seconde formalisation peut-elle subir quelque transforma-
.
.
,
U""
tion dans sa narrativisation suivante,
lieu ~ irradie _
et:
archi tecture kL signifiance
.../ . ...

1
77.
1
1
l'enfant Tibo est à Manéga
~ette année là
(p 5 -
22)
;1
[
1
traduisible par
est scolarisé à la Vieille
illoternpore
Terre
(p 23 -
27)
;.
i l part à la Colline Verte
1
[6)
I I
p 28
c'était en mil neuf
2
gagne la France
1
cent soixante huit
p 30 -
41
,1
Il répondant
à une
retourne à Manéga {41/46}
1
époque présente"
projette de rencontrer
"
Timini, morte, à la
1
Belle Vallée
p 47 -~
Fin
1
Sur la fresque d'une chronologie,
le~temps raconté se
superpose à l'espace qui le réalise ~ et il est importànt
1
de voir les annotations tem~orelles organisant les relations
narrative
et sémantique
du poème :
,1
;
1. c'était en mil neuf cent soixante huit
1
2. ~ette année, qu'on peut èp.jb traduire par la formule
retenue "illo tempore", d'une fortune énorme, on le sait,
1
qui enfonce le récit et le passage dans la perspective
entrevue,
le second fait résurgir à une époque plus jeune,
quand tous deux scandent le déplac~ment de Tibo vs Timini
1
autrement dit, d'une similarité par contraste, l'une et
l'autre des annotations temporelles sont recevables comme
1
stratifiant morphologie et mouvement de la thématique
de la meme manière, unis en urie disjonction sémantique re-
présentée dans la progression de l'un sur l'effet stat~que
de l'autre,
espace et temps justifient éloquemment le retour
-
.
~
~
du discours sur le texte i
la temporalité marquant la fin de
1
... ...
/

,
l
J
78.
'1
Il1
séjour en France de Tibo et sa venue à Manéga en est une
preuve remarquable, autant qu'elle vise à confirmer la
élôture du poème comme récit : ne tenant alors pas compte
de la rencontre, perturbatrice d'une telle hypothèse .
. trajet
-. -- .~.-.-. -.--.-
. . .... . . .
prophétique
illimité
On observe avec quelle facilité comment aucune de ces

remarques ne perd sa clarté ~ sa pertinence qui laissent
déduire,
tantôt un hiatus, tantôt une complémentarité réu-
nificatrice, qu'on devrait ne pas laisser dans l'ombre dans
la suite de liexposé ; comme les bases initiales de l'étude,
concluantes
imitation ou mimésis au plan du discours qui mène à la
poésie lyrique
(chantée),poésie épique
(récitée) sous
l'aspect d'une longue tirade déclamatoire.
Mais une confusion persiste quant au mode du fonctionnement
et la mise en forme pour l'exactitude d'une catégorisation;
l'on sait difficilement s'en passer. Clin d'oeil à la fic-
tion romanesque également, tout porte à croire, qui ne fera
plus l'objet de développement: la mystification du mode
dramatique ayant assumé l'essentiel des remarques.
• •• 1 ...

79.
-nEUX1EHE PART1E
. \\
FIGURATI QUE DE L' ESPACE ET 1NTEGRATION DU POETE
.../ ...
1
1

.
80.
CHAPI TRE 1
L'ESPACE DISCURSIF DE TEXTES ËLOCUTIFS
A - LA CONVERSATION COMME MODE D'ËCRITURE POËTIQUE
1. Manifestation lexicale
description
Sous la prégnance des divers schémas élocutifs
établis dans les recueils,
se profile une s~ructure
thématique de la communication,
vitalisée par les
faisceaux signifiants élémentaires de "l'appel".
1
C'est ce qui retient l'attention pour peu que l'on
parcourt la_ grande partie des poèmes : d'abord et
_
prinçipalement ceux qui tournent le subtil de leurs
1
procédés techniques vers les formes d'exhortations:
1
- figures prosopopéiques incessantes de Refrains sous
le Sahel avant tout : certainement pour être,
de
1
tous les recueils de l'auteur, le lieu d'incanta-
tions multiples
1
• procédés de
fabulation
et d'animation dans
1
"Les anciens combattus"
• effet de mobilisation des vivants et des morts
1
pour la deuxième guerre
1
• mise en apostrophe,
personnification et invo-
cation dans Manéga - Le-Repos - La Fuite.
1
.../ ...
1
,1
J
~----

1
;,
81.
1
.~
il
1
,Mais dans ")a tire sous le Sahel",
"l'appel du
tambour" problématise encore mieux une telle
sélection thématique par l'allure vocative et
la persévérance de son refrain : contenu mani-
feste d'une convocation proclamée par le tam-tam
qui dynamise de son intérieur la structure textuelle
se déroulant sous la forme de récit d'un rassemble-
ment successif pour devenir total, celui-ci s'accuse
par une syntaxe grammaticale à rallonge indéfinie
en premier lieu; ensuite la redistribution multi-
forme des sèmes coagulés dans le refrain :
" Fils de mes P.res
Allons sur la place du March4
Les archers y jettent les fl.ches du Sahel"
Fonction mimétique, du reste, de l'eff~t du tambour
aussi bien que la finalité assignée.
A ce titre, liée aussi à la représe~tation du
tam-tam plutôt à son émergence, l'isotopie de l'appel
expose un premier axe allocutif, en présen'tant une
conversation entre les personnes conviées à la réa-
lisa~ion d'une telle partie:
On sa~t comment, à la suite de la linguistique ~2~~
Dg
j~e, Jakobson parvient aux règles de fonction-
nement du langage, laissant prédominer la fonction
informative du message à transmettre
ce à quoi
participe, non en moindre parent, le code (linguis-
tique)
; lexique, qui permet d'accomplir l'acte
informationnel.
. . . 1 . ..
_____-1

83.
1
1
1
1
1
i
Tous Zes bâvoirs de Za R4pubZique~
..
( ... )
P. 9
Tous ceux / Qui ne saVent pas /
1
1
O~ iZs se sont mouah4s Za
1
veiZZe ! /
( ... ) /
i
P. 19
Tous ceux qui honorent Za honte~
/
1
t
Qui n'ont pas peur / En pissant froid"
(
ft
• Le couple je/tu dans une "carte postale",
"L'attente"
(1), comme pour déployer l'appel à la
communication de l'allocutaire sollicite une formule
hypocoristique :
"Je t'attends / Je t'attendrai toujours /
Ma petite FaZinga •.• "
cor~espondance d'une affectivité intense suggérée
par le quotidien du langage •
• Subordonné aux accents d'un récit savouré à
,
l'or?l (cf.l) Quand s'envolent les grues couronnées
..
implose de caractéristiques identifiant"une conver-
sation familière :
- artefact d'une séance parlée de l'inculcation du
syllabaire rendu à l'écrit poétique:
"
Quatre vingt et un enfants
y crient désesp4rément
(1) Cf. Refrains sous Ze SaheZ~ p. 26 i p. 22
... / ...


84.
Que B + A ~gaZe Ti
Avant de retenir
Que B + A ~gaZe BA.
De manière similaire ces vers :
" ...
Merci
Merci
Deuz et trois fois
Merci !
Nous n'oubZierons jamais
Ces grandeurs •.• "
tentent d'adê~ter ains~ le style oral perçu, par
l'aisance d'une superposition du temps de l'écriture
et· de la lecture avec celui du parlé, familier.
2. Le niveau grammatical
description
L'on pourrait encore multiplier la justaposition
effrénée quant au lexique mais sont plus percutantes
les constructions syntaxiques résultantes, au nombre
desquelles
les érosions syntaxiques que constitue la diver-
sité de l'ellipse. S'impose ici d'elle-même la
technique de la liste affectionnée par nombre de
textes de Titinga : par exemple
• ilLe Scandale" : - Refrains sous le Sahel
ilLe Vouloir-Vivre"
Il
• IIDevant le Juge"} Ca tire sous le Sahel
• !IVoI tacide"
.../ ...
1

1
1
85.
!
1
!
1
i
1

!~1
1
j
Il .-'
T.,;"
régis par des'tours élliptiques accumulatifs,
1
1
principalement, ici et là, partant négligeant
1
le construit syntaxico-grarnmatical pour ainsi
1
dire, attendu.
1
1
Inaugurant chez l'auteur une prise en charge d'une
1
catégorie spécifique du récit - une étude serait
intéressante dans ce- sens - la mise' en forme du
procédé ouvre, somme toute, la totalité des recettes
d'une contribution:
Au sujet de cette stratégie en effet, l'on ne
discute plus sur la "vie" que celle-ci apporte au
passage / textes concernés: singulièrement l'ex-
ploita;tion du "style parlé" chez l'auteur déterminé:
à preuve les orientations de lecture des manuels
scolaires à ce propos ; ou plus décisifs, les tex~es
devenus célèbres, offerts à la littérature, entre
autres, par Rabelais.
- Quand s'envolent les grues couronnées
présente également des exemples d'ellipse et
surtout d'infractions crédibles
• P. 6
" ...
Vaincus~ il n'y a pas de vaincus [
Et tous / Fraternellement /
Construisirent la terre de Man~ga ["
• Rupture de constructions aboutissant à l'aposio-
pèse pour exprimer l'état pathologique décrit:
P.
32
" ...
Ce b~b~n~gre est
Malade 1
Fièvre 1

Coma !
.
...
..
'/ ...
"

86 •
• Sont assez ~r~quentes l~s omissions d'éléments

de la particule négative :
P. 17
" ...
Il faisait nuit 1
Pas une lueur
N'interceptait.
l'appel circonscrit
Des lucioles

Ellipses de catégories verbales et formes de la
conversation quotidienne (p. 12) dans :
" ...
,
Tinga~
C'~tait une femme !
De toute façon~
Elle a empoisonné
La lignée
Gouli
Une autre femme !
Il ~ui l'estait
Peu de temps à vivre
De toute façon
La Couronne des Mossé ••• "
Tel,
le niveau grammatical de la description
présente certainement davantage de garantie ~ la
place des plus prépondérant~de celui-ci pour la
systématisation d'une langue,
partant, la strati-
fication des registres n'admet de contradiction
aucune en ce domaine.
. . . 1 . ..
..
f/!"

87.
A ce titre, ne manquerait de surprendre l'absence
des évaluations quantitatives de même que le -réper-
toire de différents niveaux intermédiaires, méthodo-
logiquement souhaitable~)dans l'option descriptive.
Or, la tâche fut-elle propice qu'elle le serait à
moitié pour la perspective :
- d'abord la présentation "séparée" d'un ensemble
de poèmes de l'auteur étudié ne préside guère pour
appliquer tant soit peu mécaniquement la démarche.
- corrélativement et par dessus tout les pré-
supposés théoriques à peine voilés nous le
déconseillent, autant son efficacité douteuse.
\\
Pierre Guirand lui-même professe :
"Sans me renier, écrit-il,
je dois insister sur
l'extrême complexité du problème ~ la plupart des
nombreuses études, faites en divers lieux des mots-
clefs ou des écarts dans l'emploi des formes et des
constructions sont en général de simples inventaires
passifs et débouchant sur des conclusions vaines et
ta utologiques" • (1)
Voilà aussi pourquoi il importe de se limiter à
quelques indications lexicales et syntaxiques dont
la présence ou l'absence produit un effet, dans
l'orientation structuraliste descriptive: "l'analysé
d'une pratique consistant dans la détermination d'un
ou plusieurs codes qui en assurent la lisibilité,
c'est-à-dire la transformation de cette pratique en
système de signes purement relationnels".
(2)
pp.33-34
(l)Cf.
H.
Meshonniaait4 par DeZas et FiZZioZet ibidem
_(2)Cf •. GaiZZard~ 1973 ait4 par J .M. Adam "Linguistique et
disaours Zitt4raire~ Paris, Larous8e~ p. 274 •
•..
... / ...

II
82.
lfi1
1
Pourtant Du~O~ par exemple, renouvelle, nous
1
semble-t-il, la réflexion qui,
dépassant une
typologie des faits de sens, certaine, ne néglige
pas la production d'un effet de sens entre les
1
protagoniste~ de l'acte discursif, en l'occurrence
la signification de rapports ou places socio-
;1
discursives par l'utilisation des mots
(1)
ce qui se lit,
en la~littéralité du discours
,1
poétique considéré, comme la saisie d'une relation
impliquant des instances énonciatives : principale-
JI
ment l'intîmité allocutive, dans les poèmes,
-l
façonnée sur un rapport de familiarité
; le tissu
,1
linguistique -
lexical du message n'opposant guère
1
de thé~apeutiques symptômatiques :
Dans "L'appel du taI'!"bour" s'intercalant entre
l'allocutaire collectivisé culturellement
"Fils de mes Pères" et le je-locuteur, confiné
dans le message du tambour,
la relation de
fraternité parentale s'ouvre en réceptacle
d'éléments linguistiques, dont on n'ignore que
peu l'envahissement par les traits de la réalité
triviale
P. 6
"Le maroché
Est 2e caroroefouro / De tous
ceux / Qui vomissent à
2'extéroieuro / Ce qu'i2s n'ont
pas mangé à Z'intéroieuro ( ••• )
Qui tiennent haut 2e croachoiro /
Et qui finiroont /
(1) Ibidem~ p •. 104 •••
... / ...

89.
j
!
A ce niveau de l'analyse en effet, ce poème parait

se prévaloir visiblement
,
- de la maitrise d'une métrique héritée d'
i
ailleurs et consignée dans les rimes et syllabismes,
lesquelles rappellent avec insistance ou décrivent
1
i
un mode d'acquisition, se refusant de ce fait à
1
l
l'immersion. On lit aisément:
1
I,j
"Spectre d'infamie? Scandale du Monde ?
R~alisations de frond~es anath~mes ?
Ou prostitutions de Pouvoirs Suprêmes ?
1
1
Ou grands que l'oprobre et l'hypocrisie confondent?
1
i
Le lion attaqu~ r~agit en vip~re
;
Les couronnes n'aiment pas las ~mulations
1
Et l'Ethiopie n'est pas une zone de s~Zection
1
Les scorpions vivent nombreux partout sur la terre' 1
1
la reproduction, sans anticipation, àe traits
r
métaphoriques de la déification éjectés des univers
judéo-chrétiens et gréco-latins :
Dieux venus nous d~livrer
"...
.... . Lib~rateurs de llAfrique
Fils de la M~duse
Messagers de la délivrance
Panac~es perturbatrices"
Poème donc en droit de juger significativement le
silence des formes internes à l'espace artistique
traditionnel: répétitions, refrains .•• mis au
,jour fréquemment dans 1. ' ensemble de la trilogie
de Titinga- (Cf.far-f..,(,(\\~ ~t~l
.../ ...
---------------~-------------------_
__
.. _.
. _ - - _ . _ . -

1
90.
1

2. La pertinence 'd'un schéma
-
Nulle part aussi sinon en sa fonction,
le sommaire
de ces observations ne soutient sa performance.
j~
Juxtaposant les deux moments du parcours, l'analyse
découvre le ~reuset du lieu de travail des poèmes :
on e~t dit, au regarà des éléments thématiques, que
1
è'est généralement en rencontrant la déchéance
1
sociale quotidienne structurant la communication
des personnages représentés que le poète perd le
suffrage àe l'élite olympienne. Point n'est alors
i
d'étonnement à constater un maximum d'illustrations
dans "Ca tire sous le Sahel" sous-titré "Satires
nègres" :
f
- gloses d'un persiflage pour une société
Voltaciàé{e} dans le poème du meme nom
1
-
aspérité d'un~ existence éclairée par les péri-
phrases pourtant dénominatrices dans "l'Aopelèu
1
tambour" : fourmillement des modèles du genre ;
f!
1
autant qu'un mélange de tons
r
1
t1!
-
dans les propos subversifs autour des croyances
1
r
l
religieuses
(pp. 14-15) ou la propagation de délétère :
,i
dans "Demain le Passé" (p. 8b)
"IZ y aura aussi
Tous ceux qui pensent
Dur comme fer
( ... )
'Que Satan
Est le plus fort
Qu'il faut enterrer les EgZises
Et chanter autour du feu 1
.../ ...
( ... )
~.

1
91.
1
~•;
Que o 'est Z'homme
1
Qui danse en rond
Que o'est' Dieu
)
Qui est Satan
Que Satan
Est notre Dieu
Qu'il faut oonstruire les temples
-
Et Y adorer le feu 1" (1)
Procédé singulier pour mettre en valeur la fonction
poétique,
sur l'axe communicatif;
car i l s'agit, en
d'autres termes, pour la déterminer,
d'interroger
j
la présence simultanée et articulée des mots à effet
trivial'ainsi que les constructions,
aux fins.de la
substan~e du contenu informatif.
Quant à la section à l'antipode, elle égalise les
cantiques d'expression individuelle ou d'exaltation
..,
collective,
dont la résurgence dans le recueil
Refrains sous le Sahel regorge de sens.
Position de l'existence poétique et condition de ~~\\\\~
l'auteur
tous compt~s réalisés ici et là : le tout
exécutant avec facilité certaines lois de la vrai-
. semblance, pour être élément qui majore l'insertion.
Mais le Sahel, plutôt Manéga, obtenant d'organiser~n
terre natale de Titinga, les relations spatiales et
sociales des trois recueils en même temps l'avait
déjà réalisé ; répondant ainsi comme aux règles
internes de la sémiotique du texte littéraire, dans
les vues de Lotman, qui ne voit pas ailleurs une
autre base d'analyse. '(2)
(1)
Cf. "L'Appel du tambour" : Ca tire sous le SaheZ (p.14 SqJ
(2)
Cf. Rainer Waring "PouY' une pragmatique du discours
fictionnel"in Po~tique '39~ Sept.1979~ p. 334 .
.../ ...

1
92.
r
1
t
commémoration de la naissance à Manéga de la

naissance d'un je-locuteur forcé à l'extase:
"Je suis n' dans un village~
Perdu des savanes
Dans Za chaleur du Sahel !
Je suis n~ dans un monde
O~ la pZuie inonde Zes rivi.res !" (1)
A la lumière d'une fonction constructive, rien n'est
moins impliqué dans "je suis triste",
"l'offrande",
"la fuite" •..
: Refrains sous le Sahel.
C- CODAGE CULTUREL
1. Enoncé = énonciation (2)
Situés dans telles circonstances,
certains vers
des poèmes ~ut lisibles au plan de la littéralité
ne recommandent, pour un décodage sémantique réussi
aucun autre matériau que de souscrire aux conditions
de, leur mise en procès : coextensifs par exemple à
l'acte discursif de Tibo/Timini dans Quand s'envolent
les grues couronnées,
le terme "hommes" perd son sens
linguistique
(lexicographique)
dans ces vers page 13
Il •••
A Man~ga / Son parent /
Fut le bubale! / A l'~poque /
Où les hommes ~taient encore / Des hommes /
IZ s'immoZait
En recevant chaque ami !
"
... / ...
(l)
Cf.
"Man~ga" : Refrains sous te Sane l~ p. 9
(2) Cf. Benveniste ibidem~ p. 80 Sq.

1
93.
-problème bien caractéristique d'un aspect de la
théorie linguistique de la typologie des fai~s
de sens, qui valut à l'énonciateur Tirnini de
produire un second énoncé comme pour désam-
biguiser les significations connotatives ajoutées
au mot, à lui seul explicite pour révéler une i.
vision du monde contextuellement.
Ne va guère autrement l'élément métonymique
présenté par ll le vouloir vivre" : Refrains sous
le Sahel en ces vers p. 26 :
"Ce que veut le Naaba
C'est la tête la plus vieille
Qui a vu mon° p~re
Qui a vu ma mère
"
1
où se posant en repère d'estimation, celui-ci
interprète un procédé bien connu: c'est l'exemple
des habitants de Zakaria, dans Wazzi (1) ou de
Doum dans le vieux nègre et la médaille (2) qui
investissent leurs activités socio-culturelles
d'une dimension référentielle temporelle à défaut
d'une· mathématisation. Ce ffiodelage des habitudes
socio-culturelles données couvre l'èspace sémantique
des vers, qui fait la mesure d'une fictionnalité .
.... ..
(1)
de Dodo J.~ Abidjan-Dakar~NCA 1977
(2)
de Oyono F.~ Paris~ Julliard~ 1956.
.../ ...

1
94.
11i
1
1
2. Langue 1
,.
~
L'enracinement des recueils, partant,
celui de
l'auteur ne se résout donc pas au catalogue quelconque
1

d'un lexique prononcé en la langue maternelle de
l'écrivain ~'bien qu'il ne soit pas permis de s'en

détourner. Accentués généralement par une épaisseur
..
typographique,
celui-ci, de cette manière,
s'assimile
1
à un autre temps de métalepse bien compris des
recueils: expression d'une culbute de la personna-
,
lité linguistique :
1\\
"
Tout y"est suspendu
Sur- 1 ves ~el~ques 1 Des lagunes
Et des
"allokos. 'pic's
•••
"
(1)
Elle poptait 1 sup la tête 1
Un cana~i d'bopdant de "dolo" !
•••
"
(1)
La langue étant un phénomène social,
la personnalité
et toute la culture même de ceux qui l'ont secrétée
et actualisée, Saussure l'a répété,
la pratique à'une
nouvelle ne saurait être réductrice 9'une conception
instrumentaliste : le déplacement de signes connus
1
pour apposer des étiquettes autres
(2). En d'autres
termes,
et appliquée aux poèmes,
l'émergence d'un
tel lexique restitue à sa manière comme·à sa valeur
les problèmes théoriques de la traduction,au sujet
de laquelle toutes les analyses - l'adage d'un
laconisme pittoresque : traduttore, traàitore
(1)
en itaZique - p.
28 1
~
p.
42 j Quand s'envolent les grues couronn~e
(2)
Cf.
Jeanne Martinet ibidem~ p. 75 Sq.
• •• 1.··

95 •

devance la science - dégagent la mutilation d'un
..
tel passage,· ce qui invite le poète à renouer avec
sa culture par l'entremise ,des personnages en si-
tuation fictionnelle de discours.
Mais dans la saisie de cet espace conduisant à la
condition d'existence poétique, le plus important
s'attribue aussi aux figures de rhétorique sus-
ceptibles de créer image,
sans lesquelles la
tentative de dévoilement du poète demeurerait à
moitié chemin de sa performance.
. . .1 . ..


96.
CHAPITRE II
COMMUN.ICATION ET IMAGE
A - LA FORME DE L'IMAGE
1. Aperçu descriptif
Jalon de la découverte du visage intérieur àe
l'écriture poétique,
l'irnageréfère l'argument de
sa préséance à sa coordination au registre.
~
• Au supplément de forces qU'ellel constitue~ pour
édifier l'univers imaginaire dlun auteur.
On n'ignore pas alors comment pour traduire ce
rapport,
la classification des figures a toujours
eu quelque attrait sur une telle étude
notamment
comparaison et métaphore aux deux pôles du procès
(1).
Pourtant ce qui fait le poids indiscutable de ces' "
ordonnancements certifie également leur perplexit~;
quand i l s'agit par exemple de les appliquer voire
de les transposer dans une approche comme celle qui
nous occupe ; encore que àéjà fonctionnalisme et
structuralisme mettent formellement en garde contre
de telles attitudes: il es"t, autrement dit,
de
convenir de transgresser la couverture externe des
figures mises en place pour seoir
au-delà
une
particularité due au fonctionnement textuel
(1)
Cf.
Paul Ricoeur :La m~taphore vive~ Paris~ Seuil~ 1975
·Genette
: "La rh~torique restreinte"~ p.
21 •••
in Figures III~ Pari8~ Seuil~ 1972
Danie l le Bouverot : "Comparaison et m~taphore"
in Le Français moaerne~ 1969~
p.
1~
2~ J.
... / ...

1
97.
1
1
Jetant son dévolu sur un objet déterminé,
1
l'écrivain le pose en image. Enrichie d'une préfé-
rence et d'un goût marqués,
celle-ci court le risque
1
d'un suicide,
hors de l'environnement de son engen-
~
drement.
\\
1
"Expression 'linguistique d'une analogie" ainsi que
1
le conçoit Ullman
(11, l'image considère donc chez
Titinga comme cadre théorique de sa poétique trois
1
grandes figures de rhétoriques :
;

a)
l'Identification
(2)
Celle-ci présente l'analogie perçue entre deux
objets,dans une structure syntaxique ternaire
~
généralement .à dominante copulative : certaines,
quelquefois,
appositionelles ou mêQe génitives,
1
la plupart des exemples concentrés dans "Ca tire'~
SQus le Sahel"
l -
constructions attributives
l'Appel du tambour
P.
.
6
- le marché est le carrefour de tous les
amis ...
P. 6 :
(le carrefour de tous ~eux) qui sont
corbeaux . . .
-
P.17 : - Elles sont les fesses d'un tueur de
i
serpent
(1)
cit~ par M. Le Guern "S~m.antique de la m~taphore et
de
la m~tonymie"~ Paris~ Larousse~ 1973~ p. 57
(2) Nous empruntons te terme d Danielle Bouverot~ Opait •
.../ ...

98.
Quand s'~nvolent les grues couronnées

.
.
P. 13 . - Sa mere / Fut un' Masque importé /
Du Pays des Gnougnossé ! l I
- Son parent / Fut le bubale
- Son parent. / Fut le scorpion J J
P.
17 :
Celui qui fut lion •••
Refrains sous le Sahel
La Fuite
P. 35 : - Mon passé ,/ Sera mon présent
~~_!!~E~~
P. 40 : - On meurt pour être un flambeau
L'Offrande
~. 45 : - Hier, / Hier entrait le mille-pattes
C'est le rat des peuples mûrs
2 - constructions géniti ves
P. 10 : - On verra aussi / Tous ceux /
( ••• ) Qui ont le crâne en fer
.../ ...

"I~"~t
99.
Il
.1~~
3 - con'structions apposi tionnelles
1
Le serpent inaugure son marché
1
P. 60 : Tous ceux qui descendent de
KardF,
fils des louches percées
1
L'Attente
1
P. 23
: Je t'attends pour t'offrir ce
1
Coeur
( ••• ), proie des tourbillons
sinistres et des marâtres natures
1
Quand s'envolent les grues couronnées
1
P.
27
Et puis c'est le retour,
Le chemin de croix
1
Les pieds encha!nés
Le corps gercé
L'analogie peut être quelquefois attestée par des
équivalents sémantiques. C'est par exemple le cas
dans Ca tire sous le Sahel fournissant deux vers
L1l - le procédé identificatoire est convoqué
par un attribut complément d'objet
P. 19 : "
Mais i l y aura /
Tous ceux /
Qui n'ont pour parent~ /
Que des boucs
.../ ...
1
1

100.
__ ~;.GD::-,:
dans L1.I Toute la forêt / Est raclée aux dimensions
P. 36
-alUn désert !
la locution prépositive dév~loppe la vitalité de la
notion même d'identification sommée en elle. Tandis
que celle-ci est au contraire lexicalement intro-
duite dans
/3/ "Demain,
la~peau des serpents s 'identifiera
au coeur des princes"
(1)
Aussi qu'elle soit syntaxique ou sémantique, une·
première lecture des différentes descriptions permet
de vérifier un caractère non moins essentiel de la
figure d'identification: le ralliement équationnel
des syntagme~ inscrits à l'ordre du procès; ce qui
modèré dans une certaine mesure les vers fondés sur
la parataxe, tenant comme en suspension l'équation;
Quant à la construction genitive, elle s'appropriJ2)
les syntagmes corrélés sous la foncticn d'un com-
plément de matière.
Se distinguent ainsi à la classification de la
finalité :
l'identification manifeste
-
l'identification retenue
(~)
(1)
Cf.
Refrains sous le Sahel
(2) Cf.
Danielle Bouverot ibidem
(3)
Genette d~signera
-
identification avouée
- identification att~nué~
Cf.
ibidem
... / ...
îl···
(

101 • .
..
En revanche c'est en reliant deux signifiés
présentant quelque analogie que les strophes des
poèmes appellent au pôle comparatif : marquant ainsi
des distances à l'égard de l'identification i car
si l'organisation de la souscription analogique vise
à réunifier des éléments chez l'une, l'ex-
pression du rapport de similitude sert l'aboutis-,
sernent des vers invocant le procès comparatif
ainsi ceux-ci s'emploient-ils à se formaliser
traditionnellement au moyen de signifiants joints
par un outil signalétique de la ressemblance ~
la plupart exprimée ici comme g~néralernent par la
particule "comme" :
Ca ~ire sous le Sahel
P. 29
- Les têtes tourn~nt, / Tournent,
Tournent comme des billes de billard
.
- Tout est sombre / Comme dans un antre
- On ne danse pas le Warba / Comme
on vient sur terre
Quand s'envolent les grues couronnées
P. 9
Cette année là / Comme toutes
les années / Depuis le début du siècle
...
.
/ ...
,

1,
102.
~•
P. 18
- Je 'tremblais / Comme une feuille
1
sous l'orage
P. 33
- Pourquoi ce bébé / N'est-il pas /
~
Mort, / Mort / Comme on meurt
11
Au Biafra
~
Refrains sous le Sahel
lif

P. 22
Je t'attends 1 / Je t'attends encore
Ma petite Falinga / Comme
If~
un juif attend son sauveur /
Comme le Mogho / La saison pluvieuse
l i.·~~
1
Douées d'un contenu comparatif, certaines formes
rompent quelquefois la monotonie. de la présentation,
grammaticale avec "comme" ; mais leur présence dans
1
les recueils est si .infime qu'on pourrait même les
négliger.
1
1
Ca tire sous le Sahel
,1
P.35
- Toute l'année / Le Pique-boeufs / '
Pour ressembler au corbeau /
1
La plus belle créètion •••
1
Quand s'envolent les grues couronnées
1
P. 39
Tu m'amèneras / Un foulard rouge /
.../ ...
/

1
103.
1
j,
1
Avec des'_ oiseaux dessus '1 /
Toutes les épouses du Mogho /
1,
Le portent / Quand elles quittent les rivières /
Porter les lourds beignets.
1;
1
Aucun modalisateur équivalent ou formel ne surgit
de ces vers, où les éléments descriptifs acquièrent
-i
valeur de comparaisov.
1"r1
De ce qui précède, l'on est tout de suite porté à

faire çorrespondre la métaphore à la comparaison
soustraite de son dispositif d'analogie :
1t
En effet, transfert de sens par analogie. similarité;
1
un mot pour un autre ••• Ainsi Aristote
i
t
et toute la tradition rhétorique définissent-ils la
métaphore, tandis qu'à l'opinion de celui
~
"la ccmparaison est ( ••• ) une métaphore qui ne
diffère que par le mode de présentation (prothesei) ;
~
aussi est-elle moins agréable. parce qu'elle est
présentée trop longuement ; de plus elle ne se borne
1
pas à dire que ceci est cela; elle ne satisfait pas
non plus à ce que l' espri t
cherche
(Azetéi) ••• " (1)
Ainsi la prédilection des critères
"d'imprévisibilité ll
"compression"
"absorption" "transformation; de
dénomination" centrés dans la découverte de la méta-
phore ramène davantage celle~ci aux côtés de l'iden-
(1)
Cf. Paul Ricoeur ibidem~ p. 38
.../ ...

104.
tification neutralisée en son articulation

discursive offerte par les· vers eux-memes :
Rapprochant en effet deux objets pour leur prédicat
commun partiel, la métaphore, dit, en substance la
rhétorique générale,
"extrapole" pour poser l'iden-
tité complète des éléments compréhensifs, tout à la
fois,
les objets.
(2)
Voilà pourquoi peut être considérée aux frontières
du prédicat et de sa pertinence proposée par les
î
vers, la distinction suivante :
1•
- métaphore identificatrice
- métaphore celle dont l'articulation satisfait à
l'éthos classique plus haut énoncé. Mais également
les caractères d'une telle répartition retrouvent-·
ils ~dans le premier membre notamment les fonèements
et 'la prestance de la motivation analogique : ce que
pourra éclaircir !a récapitulation en un tableau
mais déjà les exemples sont frappants, qui révèlent
aussi, dans certains cas, leur mobilité :
- métaphores identificatrices
Quand s'envolent les grues ·couronnées
P.
27
Et puis, /
C'est le retour /
Le chemin de croix ! /
Les pieds
enchainés / Le corps gercé par
mille fouets reçus, / Et les yeux
bandés / On jouait / Aux colin-maillards
(2) Cf. DeZas et FiZZioZet ibidem~ p.113 •.
.../ ...
j
1
_

I~
105.
Ir,
Il
Re'fraîns sous le Sahel
lir
P. 45
Hier / Hier entrait le mille
pattes. /
Le mille-pattes. / Le
Il
mille-pattes en cage •••
C'est le rat des peuples murs
Il
Il ramène les déchets à la surface /
~
'( ••• ) oh' 1 chemin de fer ! / Triste chemin
Il
de chemin de fer
Il
P. 55
Anciens combattus. /
( ••• ) /.
,.,
Soleils des mânes
Ili!
P. 57
Qu'avez-vous fait.
"Dieux
venus nous déli vrer" ( ••• )
Ir
"fils de la Méduse •••
Ilt
métaphore
1
Quand s' envolent les 'grues 'couronnées
:1
P. 12
Le Grand Lion / Mort avant sa
nùissance / Vivant sa vie / De mort
Ili
P. 14
A Manéga /
Elle épousait / Un lion !
1
P.
30
Demain / Tibo / Un oiseau s'envolera /
1
Par delà les terres et les eaux /
f
Pour t'amener / Vers /
Ir.
Les apothéoses du Septentrion !
l
~
. . .1 . ..
If
,
1
Ili,
l""'u__.........,.....,_.__......._..
....._,_...__,""""_.
......
._..~. ,~~
_

1
106.
1
1
Refrains sous 'le Sahel
1
P. 56
Héros d'ébène
Le lion attaqué réagit en vipère
1
Les Couronnes n'aiment pas les émulations!
1
2---- Aperçu analytique et évaluati.ons
1
De qualités formelles essentiellement,
une telle
1
approche des images aurait le tort de IÎincohérence
à tenir sous silence quelques données évaluatives,
1
bien que les images soientllrebelles aux méthodes
statistiques b : l'on a rappelé leur homogénéité
1
résul~ant du jeu fonctionnel de leur hétérogénéité
contextuelle,
tandis que Charles Mauron -
la psycho-
critique en l'occurrence recornrnùnde,
sous la div~rsité
1
de la présentation de celles-ci, des catalogues de
constances pour définir des "métaphores obsédantes
1
au mythe personnel de l'écrivain"
0). Nombreuses,
les
réitérations cycliques chez le poète,
outre,les
1
lexicalisations elles-~êmes abondantes
rendent
tel cheminement problématique, avant même que la
démarche ne se condamne : à requérir,
à chaque pas,
,
le patrorinage
(de l'inconscient)
de l'auteur;
1.
facteur,
sernble-t-il,
de son auto-sacrifice sur
i
:-1\\
t~;
l'autel de l'analyse textuelle en raison même du
1
'~I'
choix de son objet : le Texte ! le structuralisme
,f
'/
donne raison de dire
::1
/ li:
Cela étant,
les remarques quantitatives se
..-'
projettent 'comme suit :
1
(1) Pari8~ J. Corti~ 1963.
.../ ...
1
1
,.
1

107.
1
l'annotation des recueils comprenant les
poèmes. Sont notés en· blanc les poèmes ne
produisant aucun procédé d'illustration
Refrains sous le Sahel·
comprend 16 poèmes, le plus dense de ce
point de vue
Ca ti re s·ous "le Sahel
1
6 poèmes
Quand s'envolent les grues couronnées
un poème suivi : 66 pages
1
\\;
,
ce qui permettra une meilleure compréhension
!
1

de la représentativité.
f1:
fl
2 : les identifications
i1!
3
métaphores identificatrices
;
et 2 au plan de la finalité sont semblables,
on l'a vu.
4 comparaison
5 métaphore proprement dit
+ : motivation : contextuelle/révélation du prédicat
.../ ...

108.
1
2
3
4
5
Textes
Identif.
Métap. Ld.
Comparaison
Mét.
Ca tire •••
"17/
131
IIL'appel du
P6+:P6+:P10
P19
P14+:P18
PS;10
tambour Il
P10iP14:l5
P12
P17
"Le vouloir
P23+~P23+
vivre"
L2/
---------+-~----~-----t.4/---+--------+-----
"Le concours
_
P29+iP29+
de danse"
P36+
LlI
P33+:P3S+
==============================================================~=========
TOTAL
10
5
2
3
==================================F===========================~=========
• Refrains
1 sous le Sahel
!
/2/
Manéga
P1l ; P12+
P23+ ;
+
P22+:P22+
P12+
Carte postale
P26+
La Fuite
P35+
I-~
- - - - - - - - - - - + - - / 2 / - - - - - - - t
Le Repos
P40 : P40
P38+
P38
L'Offrande
PSO
. P45+
Anciens COffi~.
P55
---4---------t
- - - - + - - - - - - - - + - i i / - -
Héros d'ébène
PS7·P57·P57
P56:S6
PS7;P57'/5/
P56iS6
Hymnes
P78 :Pi8 /3/·
La termitière
P78;P89
P69
Il ==================================~=============F=======================
TOTAL
9
12
3
4
=====================================Z87-=======~Z~J==========F=========
.1 Quand s'envolent P12+~P49+ P12;P12;P12 P39+;P5l+ Le titre
PSO;PS2
__
P12iP17;io
P33+:P9+
P12 L)/
L!I
P27+;P30+
P21+;P19+
P30:32
1 ========~=====================================================F=========
T O T A L ;
4
8
6
3
==============================================================~=========
1 TOTAL
I l
12
1
1
.../ ...
.1~------------------

1
109.
i
1
i

1
1
r
~
; c;r·. N'insistant pas spécialement sur une répartition·
des catégories de figures qui rappelle sensible-
ment la composition interne des poèmes quant au
registre lexico-linguistique, le tableau n'a
~
d'autre but que :
• de montrer les différents repères des intentions
qu texte ~ essentiêllement la place des motivations :
bien que la lisibilité du relevé soit possible sous
divers points
• la prépondérance des cas de figures d'identifi-
'~
cations, chez Titinga,la plupart pouvant s'estimer
être -concentrée dans le recueil Ca tire sous le
j
Sahel, en général, dans l'Appel du tambour parti-
t
~
culièrement : le caractère compact de Refrains sous
!J
f
le Sahel lui faisant démériter. Une telle progres-
.~
sion responsabilise nettement le recueil ou le poème
1
considéré, satirique, et où une grande part des
caractères identificatoires auraient pu être classée
par Bachelard et Jung dans les "archétypes" de la
(-il
dégradation :
P.
19
"Tous ce~x qui n'ont pour parents que des boucs"
P. 6
"Tous ceux qui sont corbeaux"
P. 17
"Il Y aura les Graces
( .•. )
Elles sont les fesses d'un tueur de serpents
".
.../ ...

1
. 110.
1
f>
1
1
B) ETUDE ·STYLISTIQUE
1. De la motivation à la productivité textuelle.
par l'identification
A Jakobson revient,
on ne le démontre plus,
le mérite d'avoir redéfini l'échelle des figures
de rhétorique. Poursuivant la réflexion au sujet

des deux types fondamentaux de la naissance du
1
,
verbal conclue par Saussure,
celui-ci inaugure
i
et/ou caractérise les deux genres :
i!
-
la poésie prédominée par la sélection à la
combinaison
- le texte narratif
(la prose)
constitué des
séquences verbal~s ~eposant sur la contiguité.
1
L'observation du jeu de la prédication chez le
poète.
dans l'ensemble des expressions linguistiques
de l'analogie ci-dessus,contraint à adopter la
distinction du linguiste-poéticien. Non pas tant
pour démontrer voire définir encore ici l'essence
oppositi ve de .la poéSi11j bien loin ; la première
est intuitive, plus intime voire subjectivement

perçue en n'oubliant pas les critères objectifs~
comme précédemment vu - mais i l peut tout de même
être montré comment la somme et chacun des exemples
-
comme tels sont commandés par le double aspect du
~
langage :
~
~
(1)
Cf.
Jean Cohen Opait
.../ ...
Cf. R.
Barthes Le degr~ z~ro de "l'~a·riture
~ ....
Paris~ Seuil~ 195J~ 19?2~ p.JJ •••
i
-1___

l,
111.
I~
Ir!,
la métonymie
synecdoche
où les relations
Il
- : ~..,
de contiguité,
d'inclusion d'une part
1
- d'autre part les rapports de substitution et
1
d'analogie,
ce qui a pour effet chez le poète de
prolonger en accentuant son projet de la produc-
1
tivité par la fonction référentielle, mieux est,
,
!
les tentations narratives de sa poésie ; ensuite
1
1
et fort utilement'l'instigation du discours.
1,
On peut dès lors affirmer, s'il n,a pas d'erreur
1
!;
à excepter la métaphore, la structure quaternaire,
l
~
au plan stylistique,
de la totalité des images des
Il
recueils :
1
F
- un comparé
1
r
- un comparant
1
le module introducteur du rapport
i
Il
- et l'élémer.t porteur de la motivation,
en quoi la production de l'image accroit sa perfor-
1
mance ;
les différents stratèges -
exutoires ne .
fi
pouvant plus longtemps continuer d'exister,
chez
f
1
Titinga,
en se représentant par le verbal sinon par
l
l'attrait des rapports du verbe créateur d'analogie
1
~
1
valorisé par son intégration à la série des techniques :!~
r
. f
En effet,
un champ de rapprochement des objets
~
1
étant institué,
Titinga y demeure comme pour
désigner du doigt les liens entre ceux-ci : aux
Il
différents systèmes émis par les vers sont attribués
des assises constitutives d'un état à égal~
1
dans les schémas d'articulation identificatrice
notamment ; ainsi dans "Toute la forêt /
Est raoZ~e
1
aux dimensions d'un d~sert / / Du sabZe / Du sabZe~
/
Rien que du sable /"
1
.../ ...
1
Il

1i
r
112.
1
r
1
tj
,
~
1
1
.... .....
~
~
(1
• '.>
l'évidence de la motivation se "construit avec la
f
persévérance de la répétition, qui parait acèon~lir
!
,
1
le processus de la métamorphose dans l'étendue du
1
vers et de sa lecture.
1
1.1
~
rt.
• OU cornm.e dans l'exemple du "ahemin de aroix et le
1
retour à l '~aole"~ "le vouloir vivre illustre assez
1
bien l'aspect de la qûestion en présentant
fi
"Il faut au Naaba
1
Un peulh~
/
Un peulh~
/
Un peulh aoupable; /
f,~t
Qu'il soit le fils~ /
Qu'il soit le père /
,
Qu'il soit la vaahe~ / Qu'il soit le taureau" (1)
f
où soul~gnant '1' identification du peulh à la race
1
[
bovine, les lexèmeg du procès apparaissent sur-
déterminer comme pour conforter la position de l'objet : f
car ils àélimitent l'espace socio-professionnel

parcouru quotidiennement par celui-ci : pasteur à
~
li
la faveur de quoi une lecture régressive joue sans
~
r
l
tromper :
[
f
ll'
J
î
"Il faut au NaabG"/ Un peulh
aoupable /
Un peulh qui
Boit peulh/ qui soit alair
/
( •.. ) /
qui garde la vaahe /
Et ne aultive pas la terre /" (2)
On conçoit que ces traits sont significatifs au plan
logique, d'une sorte de redressement de l'arbitraire
du signe saussurien, démontré en texte par la fonction
réalisée : limiter un errement par la visée explica-
tive pour saisir le peulh dans son intégralité.
(1)
Cf.
p.
23
... / ...
(2)
Cf.
p.
25
:1_'

113.
Ce. qui,
on le voit·,
s'admet sur l'axe de l'énoncé
pour recenser
des
opérations syntagmatiques,
productrices, en retour,
dechaines métonymiques
synecdochiques : tout comme dans l'arène de la
poétique,
les rênes de la rhétorique désertent la
reine des figures:
élément, 'on se le rappelle,
ayant justifié les distinctions métaphores iden-
tificatrices et de surcroit avec motivation :
L'exemple du chemin de croix sert encore assez bien:
Et puis / C'est le retour~
Le chemin de croix ! /
Les pieds enchatn~s~ / le corps
gerc~ / Par mille fouets
reçus~ / Et les yeux band~s..• (1)
où les donLées dénotatives maintiennent l'isotopie
du calvaire
(chemin de croix)
livrée de prime abord •
..
Une telle constatation peut faire dire à Jakobson
"En poésie,
oà la similarjté est projetée sur la
1
contiguité,
toute métonymie est légèrement métapho-
"
rique,
toute métaphore a une teinte métonymique"
(~)
1
Mais Roland Barthes satisfait nettement la perspec-
tive du texte pacéréen, qui énonce :
"Toute série
métaphorique est un paradigme syntagmatisé et toute
1
métonymie un syntagme figé et absorbé dans un système;
Il
dans la métaphore,
la sélection devient contiguité et,
dans la métonymie,
la contiguité devient champ de
sélection. C'est donc toujours aux frontières
(semble
1
-t-il)
des deux plans que se joue la création
(~).
Il
(1) Cf.
ibidem~ 1963~ p. 238
(2-)
Cf.
"Eléments de s~miologie" in Communication 4~
Paris~ Seuil~ 1964~ p.130.
Il
.../ ...
If

1
114.
j
~
- '.
C·.'l.;;.~~;-,l ' Mais une question théorique et de principe surgit
;
pour l'élasticité de la dénomination de métonymie
synecdoque,
depuis : car i l se note que les exemples
étudiés ou promus comme aspect de réflexion stylis-
tique considérée supportent mal l'arbitrage; certes;
pourtant normalisés dès le départ sous la forme de
ce métalangage rhétorique "métonymie - synecdoque",
les traits de nombre
des schémas identificatoires
révélés ne s'éclairent de la sorte que si l'on tient
compte d'une relation similaire dans leur mouvement.
Reste que s'orientent dans cette direction pour
trouver à s'employer les remarques de l'auteur des
Essais de linguistiguegénérale. Lieu du déplacement
"d'un signifiant en déconstruction ll le long des vers
pour parler sémiotique,
ces données métonymiques
autorisent le dévéloppement de l'image à perère, à
ce stade,
pour ainsi dire,
Je contrôle du se al
niveau du signifié, pour entretenir avec elles-mêmes
et toute autre partie du texte un rapport d'écriture.
-
la cohérence et la lisibilité du texte,
point d'arti-
culation du syntaxique et du narratif ne négligeant
plus sa visée chez le poète Titinga. Ainsi le second
membre de la métaphore prolongée ou si l'on préfère,
filée "du bébé et de ses couches jetées sur les
marches· de la ville"
(1)
comprend une telle médiation;
quand i l n'y a aucun temps de pause dans l'Appel du
tambour où l'image identificatrice de la métaphore
lexicalisée du carrefour (cf. A.I)
se profile en un
champ de résonance pour répondre à l'appel de la
"littéralité" du discours textuel, dans le sens où
Riffaterre utilise le terme i
c'est en effet dans la
,-notion de "surdétermination" (2)
ainsi connotée que
(1)
Cf. Quand s'envoZent Zes g~ue8 couronn~es~ p. 34
(2)
Cf.
ibidem.
1
... / ...

115.
':!i::'>;.;".~. ceiui-ci découvre la valeur productrice du texte.'
littéraire: la littérarité étant,
en d'autres mots,
l'articulation obligatoire des éléments en fonction
constructive imposant au lecteur leur pouvoir :
De toute façon,
le lien serré de l'image avec la
Ireprésentation,
ou mieux, -le rapport génétique avec
la notion de ressemblânce parait canaliser la mise
en forme de ces procédés pour une signification ;
au point que, dans l'exemple du "carrefour" ci-dessus
en l'occurrence, une démarche bicentrée,
aspect sans
doute de la technique de la double référence de
l'image en littérature traditionnelle,
se révèle
être facteur ,à accomplir en fait .l'image :
a)
la phase d'attr~butionpour réaliser la mise en
présence :
j
!
"Le march' / Est le carrefour
"
1
!i
qui reçoit en l'énoncé plus d'une marque prédicative
motivée : disons mieux, pour répéter tout le texte.
"Le march' / Est le carrefour /
De tOU8 les ami8~ / Leurs ministres ;
Leurs ministricules /
De tous ceux qui peuvent si bien /
Compter au LOU PARADOU /
/
( .•• ) / Le march' / Est le carrefour
"
b)
la phase de l'imbri~ation vécue par l'exemplarité,
de par la valeur unifiante
: marché = carrefour,
lieu de rencontre.
1
.../ ...
1
1

,"
",\\ .
. '::,' " . -116 .
; .....: :. :.': .," ",.
',;t.,w
.... .' '. ~ .. ~. -.1 '
..
. ._
.... :.-.
..~
'", :.':., ~ ...~

'"'~~"'ë6rnplêtant'fes vues en 'A. 1 la phase LAI' reconnait-.~-'.';:,:J" -
son but: atteindre le signifié de l'appel: ras-
semblement,
en voyant qui anticipe sur l'intention
de l'~bjet : tandis que Lb/ slattache à la saisie
du signifiant "marché" "carrefour"
: lieu de ren-
contre lisible
._ _---,.~I Rassemblement /-+ carrefour
L appel/
f
marché
L'on serait tenté,
dans le fond,
de parler du texte
pacéréen comme la rhétorique métonymique généralisée,
en paraphrase d'une alliance de termes de la Rhéto-
rique Générale, et conclure à la déflagration de
l ' a r t de dire négre-africain estimé source inépuisable
1_
et intransigeance de l'action métaphorique: car
défiguré sous des lois fonctionnant à permettre les
liaisons inclusives et les rapports d'ordre proche,
celui-ci prend acte chez l'utilisateur-poète d'ac-
céder presqu'à une symbolique du langage ~nitiatique'
1
la -légitimation en est aussi fournie,
par la prédo-
minance de l'identification au rang des procédés
rhétoriques : et puis,
de construction syntaxique
1
grammaticale ou sémantique la corrélation des groupes
dans les figures d'identification décrites accorde
1
à l'énoncé produit par les vers la finalité dlune
définition
1
Se réalisant dans une-structure attributive ternaire,
1
le thème occupe la classe du dénommant : le prédicat
celle du défini. Equations identificatrices offrant
1
au langage. instauré ainsi l'enrichissement de caté-
gories nouvelles.
1
.../ .....
1

117.
__ Cl) , l'identific'ation, 'aspect 'de la vision
du monde négro-africain ?
Avec l'appui de la correspondance analogique
universelle - l'Africain n'y est pas étranger - une
vision du monde favorise la redéfinition ou le
bouleversement de tels rapports quotidiens de dési-
gnation. Pqrtant, i l semble bien,
si l'on en croit
critiques et auteurs de la littérature négro-africai~e
que l'identification jouit d'une grande prospérité
chez les poètes africains :
"En Afrique.
commente Renée Tillot,
l'identification
avec les animaux de la brousse se révèle etre absolue
et totale,
alors que dans la littérature française le
poète s'en tient à la personnification. C'est pourquoi
la métaphore-identification correspond au sens profond
de la psychologie africaine. Elle .est intuitive chez
tous les poètes africains s'exprimant en français
( ••• ) Métaphores - pe~sonnifications (1)
et métaphores-
identifications sont les plus nombreuses
(2).
Comme hypothèse de travail telles affirmations
d'efficacité tenue parce qu'aussi généralisante
excessivement ne se discuteront pas tant est démontré
également le crédit que Titinga y apporte dans son
écriture poétique i
d'ailleurs s'établissaient chez
cp.lui-ci des relations d'identités multiples entre
éléments invités au procès :
- le marché = carrefour (Ca tire sous le Sahel, p.6)
-
le mille-pattes = rat des peubles mûrs = chemin de
fer
(Refrains p.45).
"(1) citant p.S6 François Sengat-Kuo "Lecture & Expression p106
(2) et Sengh9r "Po'mes" p.83 in "Le Rythme dans Za Poisie
"
de LiopoZd Sedar Senghor" NEA 1979.
... / ...

1
118.

la peau des serpents = coeur des princes
(Refrains sous le Sahel,
p. 75)

Faucon hagard = peuple = mille-pattes infortuné
(Refrains,
p. 78)

aubes = jours, mois, siècles de lumière
(Refrains sous le Sahel,
p. 86)

sa mère = Masque

son parent = bubale = Scorpion
(Quand sienvolent les grues couronnées,
p.
13).
2 - Poésie discursive et représentation de l'image
.' l'inter-communication des règnes
Ainsi en confrontation/les images n'ont d'autre
utilité que de pouvoir rendre tangible les consti-
tuants de l'univers imaginaire,
partant le rapport
en~retenu par le poè~e avec le monde décrit, dans
ses composantes révélées.
Quatre vecteurs-forces d'identification aSSUffient
1
l'inter-connexion des règnes de la nature:
1/ Humanité ---~
Animalité
1
se recommandent comme exemples
"tous ceux qui sont corbeaux
1
- tous ceux qui n'ont pour parents
que des boucs (Ca tire sous le Sahel).
1
. . . 1 . ..
1

119.
2/Animalité ---~
Humanité


le mille-pattes,
c1est le rat des peuples murs

la peau des serpents s'identifiera aux coeurs des
princes 1

Faucon hagard
( ... ) peuple délaissé
(Refrains sous le Saheli.
3/ Réification
- Tous ceux qui descendent de Karfo,
fils des
louches percées
4/ Déification
dans Héros d'ébène principalement.
"Qu'avez-vous fait~ "Dieux venus" nous d~1,.ivl'eI'''{••. )''
"Lib~I'ateul's de 1,. 'Aj"I'ique"~
"fi1,.s de 1,.a Méduse" •••
Tandis que tel transfert classématique tendent à
avilir les objets dans les exemples proposés par
Ca tire sous le Sahel généralement,
i l n'est pas
de valeur dégradante affectée à la réification et
à l'animalité dans le cas de Quand s'envolent les
grues couronnées,
temps fort de la section épique
mythique,
on l ' a vu,
alors que la déification loin
d'un coefficient de surestimation des éléments
conciliés les prédispose,
vulnérables, à une lanqùe
d'aspic.
.../ ...

120.
a)
f~_E~~2~~~~~~~~~!~~~j~! .
Se profile alors pour facturer la poésie du discours
/
le second aspect de la figuration
la qualité in-
hérente à l'image c'est de procéder à transporter
une stratégie de la communication sinon de se
transplanter définitivement en celle-ci.
Ne s'autorisant ~ère de manquement à cela,
la
grande somme des images de Titinga provient des
poèmes suscités par la thématique de l'appel avec
force émanation d'uni ver allocutif. Aussi dans
Ca tire sous le Sahel, dès la convocation appelée
par le tambour s'installe un contexte satirique
métaphorisé dans l'image des "flèches" intégrée
au refrain
:
"Fils de mes P~res
Allons sur la plaae du Marahé
Les Archers y jettent Zes fl.dhes du Sahel"
Autrement dit,
les élus de la rencontre ne font
point d'ambiguité sur les formes des acteurs victimes
de la.'représentation
" •.• Mqis il y aura
/
( ..• ) / Tous aeux / Qui n'ont pour-
parents que des houas /
( .•. ) /
Il Y aura les Grâaes /
Les
trois Grâaes de l'Empire~ /
( ..• ) /
Elles sont les fesses d'un tueur
de serpent
.../ ...

121.
/
Mais la stratégié.. discùrsi ve explique mieux l'uni té
qui conduit à engendrer ici
l'image: la motivation
dans l'identification et la comparaison. S'attachant
en un second moment de lecture à la représentation
des objets concernés par une description des éléments,
la motivation,
aggrave la fonction référentielle,
s'assignant d'activer et de structurer l'image ~ la
notion de pregnance elle-même n'est-elle pas à la
remorque de celle d'image?
Si dans Quand s'envolent les Grues couronnées, la·
métaphore-identification de Tibo à "bébé" permet de
mesurer l'étendue de l'imagination poétique chez le
locuteu~ en scène, il n'y a pas jusqu'à l'inter-
relation de "couches jetées sur les marches de la
ville" à "bébé" qui !l'ajoute des forces certaines
à la réalité poétique ~ à l'opposé des prescriptions
surréalistes de Breton ou Reverdy qui n'auraient
pas hésité à parler de rétrécissement de "la distance
dans les rapports lointains des réalités rapprochées",
de la prégnance suscitée par telle position,
contex-
tuellement,
cet énoncé du locuteur à son allocutaire
est. enregistré sous la configuration d'un réquisitoire
dénonçant l'inhumanité de sort dont Tibo est la pâture
désignée • . Voilà pourquoi "la métaphore filée,
écrivait
déjà Riffaterre,
donne au décodage une impression gran-
dissante de propriété"
(l).
Mais le processus de métaphorisation-identificatrice
à fondement métonymique suggère la suffisance de son
impuissance à l'exercice de la prégnance chez
Titinga :
(1)
Cf.
"La m~taphol'e fi l~e dans la po~sie sUl'l'~alistett
i.n i.bidem.
... / ...
1

1
'122.
~ - pÔle comparatif et concrétisation
Se réhabilitant, pour ce fait,
aux côtés de l'iden-
tification malgré la faiblesse de sa représentativité,
le pôle comparatif éclaire le contenu d'un rapproche-
ment par la concrétisation: si ce n'est l'emplacement
dans le milieu décrit par les poèmes : le mécanisme
de l'emprunt d'une part -
la marque prédicative motivée
est désormais certaine -
la distribution locative des·
éléments conduits au procès ensuite,
se résolvent en
effet à cela, ces points de vue font droit de l~re la
relation unissant les membres du pôle comparatif dans
le sens d'une tactique à la visée du tactile:
l'énoncé comparatif ne commettant point l'erreur de
trahir la licence obtenue par l'esprit de prendre
corps,
ou si l'on veut,
d'organiser une fuite de
l'abstrait pour trouver refuge sous la réalité.
Boileau ne dit pas Qutre chose lorsqu'il cons~ate
par 1/1 'image,
i l semble que r.ous voyons les choses
dont nous parlonsl/
(1)
: Les exemples se diversifient
dans les recueils pour montrer :
"
"
abstrait
Tous ceux qui pensent dur comme fer
concret
-_.........--:>~
-.;<:---
(Ca 'tire sous le Sahel)
abstrait
Tout est sombre comme dans un antre
concret
-~->~
<E:<::--------
(Ca tire sous le Sahel)
Les têtes tournent,
tournent comme des billes
--~~)o
~
de billard
(Ca tire sous le Sahel)
abstrait
Je tremblai comme une feuille sous l'orage
----'>~
4:"~-----------
(Quand s'envolent •.• )
.../ ...
(1)
Cit4 par Danielle Bouverot~ Opcit p.
141.
1

123.
Tel constat conune'dans le fonctionnement global du
texte pacéréen démontre aussi comment corrélée à
la répétition emphatique ou tout autre caractèrisant
favorable à l'expression d'un intensif,
l'apparition
de l'énoncé - " vehicle" percute l'hyperbole comme
pénétration dans le monde de l'intelligible. Tout
s'exécutant comme si celui-là,
élaborant quelque
ancrage,
aidait à la déficience de celui-ci.
Pourtant une structuration logico-stylistique des
énoncés donne la sélection des comparés mis en
rapport par le prédicat ne s'effectuant que dans
l'opération d'une hiérarchisation de traits
dominants : le groupe tenor et véhicle,
dans le
langage de Ri~hards, n'étant admis au procès que
pour s'être présentés comme les éléments auxquels
s'affecte le coefficient le plus élevé du prédicat
légitimant la relation: ai:1si dans L'Attente,
le
je-locuteur peut-il dire à son corrélat
:
"J e t ' attends
Je t'attendrai encore
Ma petite Falinga
Comme un juif
Attend son sauveur
Comme le Mogho
La saison pluvieuse 1"
Mis'en relation avec les syntagmes prédicatifs visés
conune l'incarnation des schémaE d'attente,
le thème
je réalise avec ceux-ci le pôle comparatif de l'image .
.../ ...
1

124.
Se conclue a-lors de ces remarques que l'objet support
de la communication se présente en un format agrandi,
comme activité conative ; mais et surtout abandonnant
le projet de la concrétisation dans les rangs de
l'imagination,
l'interaction des pôles intensif et
comparatif intervient pour illustrer l'expression
d'image hyperbolique qe la similitude,
pouvant
s'écrire: Très + ••• inspirée par l'effet stylis-
tique proche de la redondance :
Les tê~es tournent~ tournent
comme des billes de bilZard
1 ,
,
Tenor
Retrecissement de l'abstraction
expression de "l'emphase
véhicle : possédant l'attribut
apparentée à l'imagination
dominant proche de
et l'intellecte
l'hyperbole
Ca tire
~ Tout est sombre
comme dans un antre
~ Les têtes tournent, tournent
comme des billes de billard
Refrains 1....
~ Je t'attends,
comme le juif attend son
Je t'attendrai encore
( ••• )
comme le Mogho la saison
~luvieuse
nvolent ••.•

Pourquoi ce bébé n'est-il
comme on meurt au
pas mort,
mort
Biafra
~ Nous avons tout perdu
comme le perdent pour
toujours les horrmes quand
ceux.qui courent au devant
de la scène désirent tout
gagner
.../ ...

1
"125.
Réunissant ainsi, tout le dit,
le corps et l'esprit,

la comparaison chez Titinga est l'objection même au
dualisme sectaire des anciens dans l'étude de cette
figure.
(1)
Jouant la prolongation de cette conception,
l'on en
est venu à caractériser le langage négro-africain
comme un ciment d'analogie et de symbolisme: au
procès singulier des langues africaines comme
déficitaires en "mots abstraits" pour apparaitre
"métaphore généralisée Il à leur perception des res-
semblances,
sans que l'on détermine toutefois de
quelle(s)
langue(s)
i l s'agit,
avant même d'inter-
roger une démarche double de l'esprit du locuteur
à extraire l'objet et son rapport allocutif.
En omettant de le considérer pilier de la négritude

et/ou de la francophonie,
ce long poème oe Senghor
"
lui-même est,
à la lecture, de toute recommandation
" •.. Je sais ses ressources~ (le français),
écrit-il,
pour L'avoir goûté~ mâché~ enseigné et qu'il est la
l~ngue des dieux ( ... ) Le français~ ce sont les grandes
orgùes qui se prêtent à tous les timbres~ à tous les
effets~ des douceurs les plus suaves aux fulgurances
de
l'orage.
Il est tout à tour ou en même temps fZûte~
haut-bois~ trompette~ tam-tam et même canon. Et F~is
le français nous a fait donc de ses mots abstraits si
rares dans nos langues maternelles où les larmes se
[on t pierres pré cieuses
" ( 2)
(1)
Cf.
Danielle Bouv~rot~ ibidem p.
142 Bq
Paul Ricoeur~ ibidem pp.
154 Bq
(2)
nEthiopique8"~ 1956~ p. 165 -
l'insistance est
de la rédaction in Po.me8~ Paris~ Seuil.
• .. / .. ~
"

1
,
126.
:'Si accusée chez Senghor comme dans la tradi tien des
critiques installés dans le confort de ces thè~esi
l'infériorisation des langues africaines pourtant
interdit toute polémique au contact des expériences
diverses et notamment les travaux actuels.
P. Alexandre le montre assez bien, à l'instar de
J.P. Bayard et de Njoh.
Le premier constate :
"En r4alit4~ les langues n4gro-africaines semblent
bien pr4senter les mimes possibi~it's d'abstraction
que
les langues indo-europ4ennes ou s4mitiques~ avec
des m4canismes de passage du concret à l'abstrait à
la fois
souples et nombreux et correspondant aux types
rencontr4s dans bien d'autres
langues~ des proc4dés
stylistiques
(m4taphores)
aux procédés morphologiques
(affixation sp4ciale~ etc.)
... "
(1)
Plus incisif, le second poursuit :
"La recherche symbolique n'est qu'une forme de raison-
nement au mime titre que les math4matiques ou la phiZo-
sophie.
Le symbole~ mémoire collective~ a une puissance
de r4surrection
: i l est un jalon qui permet de mieux
contrôler sa voie" (2)
Avant que le troisième ne conclue définitivement,
voici que par elles-mêmes toutes les catégories
d'images de Titinga consacrent un mode ultime du
fonctionnement de leur vivacité à la modulation des
univers socio-culturels de leur figuration. Et il
faut leur faire droit.
(l)
cit4 par Eno BeZinga~ p.
40
(fi) Cf.
Eno BeZinga ibidem~ p.
40.
... / ...

1
127.
1
t
111

..•. ;.-~.---_.::..;&,",;' .~-~... -
~ • . '
C) REMARQUF:S 'SOCIO"';CULTURELLES
Le rapport de l'environnement immédiat de l'oeuvre et
de l'écrivain comme sociographie et biographie ne se
trouvant plus à redire avec le microcosme constitué
par l'oeuvre,
i l faut reconnaitre cependant que c'est
dans leur manière de se réfracter aux stéréotypes de
la société de son implantation ou de les retracer •
que les images particulièrement appellent aussi à la
jouissance de leur degré stylistique :
1. -
d'où viennent alors les images
et où vont-elles ?
Des deux univers socio-culturels en arrière-fond de la
poésie de Titinga,
le monde occidental et la société
Sahéli·enne,
le second marque vigoureusement de son em-
preinte la quasi-totalité des images. Le fait peut ne
pas être surprenant,
2. la limite être redondant bien
que les règles de l'évidence pour les raisons dites ne
soient pas si certaines.
Reste qu'un lien de solidarité structurelle avec les
personnages des trois recueils fonde le cachet de
familiari té ou de quotidienneté, qui lais'se supposer
la perméabilité des images dans l'univers allocutif
de la représentation :
(
Ca tire sous le Sahel, par exemple,
comme Refrains sous
le Sahel,
les plus proprement extraits de la zone
Sahélienne,
répartissent les éléments des identifications
et comparaisons principalement dans les classes :
.../ .-,.

1,
128.
,
1
~1
- en des activités socio-économigues

- Le march~ 1 Est le carrefour 1
De t 0 u s las ':lr., ~ S •••
(Ca tire sous le S~he~)
-
(A Man~ga) Il y pousse 1 Des rousettes
( ... ) Et les hommes, 1 Comme des ~ph~mères,
dansent au clair des saisons
(Refrains, p.
12)
Tous ceux /
Qui n'ont pour parents
que des boucs, 1 Et qui pleurent comme
des veaux 1 Tous les jours de march~
(Ca tire- sous le Sahel, p. 19)
Il faut au Naaba 1 Un peulh /
( ... J
Q'u~l soit la vache 1 Qu'il
soit le taureau 1 1 ( ... ) / Un
peulh 1 Qui garde la vache 1 Et
ne cultive pas la terre ! /
(Ca tire sous le Sahel,
p. 25)
socio-cul turels
~Je t'attends / Je t'attendrai encore 1
Ma petite Falinga 1 ( ... ) 1
Comme le Mogho
Attend la saison pluvieuse
(Refrains sous le Sahel, p. 24)
• On ne danse pas le Warba 1
Comme on vient sur terre
(Ca tire sous le Sahel, p. 33)
. .. / ...

129.
A - La réunification
Tandis que Quand s'envolent les grues couronnées
le seul à bâtir ostensiblement les deux mondes
socio-cul turels ordonne ses images sur le modèle
de classification antérieure, un groupe relative-
ment important en préservent bien dans Refrains sous
le Sahel particulièrement la senteur de leur terroir
Versant de la personnalité culturelle de l'écrivain,
cette procédure apparait saisir un mode de l'éclate-
ment de l'univers des représentations,
a fortiori
celui du langage de l'oeuvre poétique:
- L'exemple "du juif et de son sauveur" en alternance
avec celui du "Mogr.o et de la saison p1l.1vieuse" pro-
jetés sur le même rapport d'Attente,
dans le poème de
ce nom joue comme l'effet d'un palJiatif : le je-
locuteur abandonnant la première image à la marque
judéo-chrétienne recourt à la seconde ethno-sociolo-
giquement chargée ~ d'autant que son allocutaire
Falinga semble partager avec lui une communauté
socio-:-culturelle. Falinga représentée se rapprochant
par une curieuse homonymie de l'épouse de M.
Titinga !
- L~s sources ponctuelles de la civilisation gréco-
latine assemblées essentiellement dans Héros d'ébène
formant dans ce poème la trame des métaphores déifi-
catrices des trois recueils,
leur mention est elle-
même un facteur de similarité·par contraste. Ainsi en
est-il
. des trois déesses héllènes personnifiées par
le don de plaire: les trois Grâces
les métaphores d'''Une carte'postale" dans le
poème du meme nom ou la comparaison des "billes de
billardn"
(in Ca tire sous le Sahel).
. . . 1 . ..

"
'1j
130.
1
1
1
1
1
!
Or, par un second niveau de décodage textuel,
l'alternative d'un choix sans réclusion en une forme
déterminée a toute l'efficacité symbolique,
renfermant
1
l'indice d'une solution: Texte ou son univers comme
promotion dlune coopération.
1
1
1
En aval,
d'une permanence des voix et formes à
!
l'intention desquen~ l'attention du poète se tient,
~
se dresse, en amont,
le cérémonial de la pénétration
~;
j
{
,
au séjour d'une mythologie littéraire,
en premier
t
~,
lieu du créateur,
ainsi qu'il reste,
en substance,'
\\!
écrit,
dans la vulgate de la sémiotique littéraire
l'imaginaire de l'écrivain consolide son fondement
au moyen des référents textuels et à l'empire des
voix an?nymes ·(1).
~
Une fonction moindre et contraire s'imagine difficile-
ment; comme les manoeuvres parodiques, d'épines pour-
fendues,
à~a révélation d'une dimension de l'écriture
poétique de l'auteur,
concernant les modèles de textes
cul turelleIllent différemment marqués.
Mais tandis que les premiers sont des faits stylis-
tiques,
celles-ci considèrent leur appartenance,
tour à tour,
et finalewent,
au domaine stylistique,
thématique, narratif.
(1)
Cf.
Todorov ibidem, p.
43 Sq
Théorie de
la littératur~, p.
50 Sq
textes des fonnalistes russes"
Paris,
Seuil"
1965 •
.../ ...
1.

131.
• D) LES 'MANOEUVRES PARODIQUES
1. De la satire à la parodie
par l'espace dlune signifiance
Par une sorte d'étalage d'un discours monologique,
plus d'un poème de Titinga s'avance ne négligeant
rien de la malicieuse flétrissure d'une société
moribonde. L'exemplarité d'une telle option s'at-
tribue au recueil Ca tire sous le Sahel sous-titré
satirês nègres
: paronymie d'une pronominalisation
familière dont l'angle de la stigmatisation se mesure
tous azimuts
\\....
- SatJre dans l'allégorie d'un serpent qU1 1naugure
son marché
("Le serpent inaugure son marché",
p. 53)
- Flèches vénéneuses décochées alors que le tambour
appelle à la rencontre ("L'appel du tambour", p.5)
- Allégorie tassée de sel et de piquant du ItCondours
de danse" où siègent force et arbitraire
(p.28 ..• )
- Apologie écumante pour "Le vouloir-vivre" du peulh
livré au minotaure - injustice
(p.22 .•• )
Mais une telle virulence thématique,
à tout le moins
ne saurait requérir l'assentiment total d'une analyse
approfondie des poèmes,
quand elle ne lui répugne pas
parce qu'elle compromet 'la lisibilité et dangereuse-
ment.
.../ ...

1
132.
1
1
1
Structurant la superposition de la forme et le contenu
des textes,
autant qu'il est permis à une démarche
stylistique, sémiotique de dynamiser son objet, l'iso-
1
topie satirique quant à la substance se voit reléguer
i
au rang de second, inve$tissant la forme, versée dans
1
la parodie, de se charger de la constitution du sens
t
/et/ du discours. On voit bien que celle-ci ne manque
1
~
,
de retrouver les deux niveaux de la procedure ; allant,
comme telle, au formulaire de la'polyvalence inter-

textuelle"et par l'acuité du jeu non oblitéré d'une
fonction'polémiqu~~ Il n'est plus de douter de
1
l'importance, et la qualité singulière de ce trait
de langagè grâce aux travaux sémiotiques, par l'inter-
!
médiaire du formalisme russe :
Tynianov confirme :"L'oeuvre d'art est :ç>erçue en
relation avec les autres oeuvres artistiques et à
l'aide des associations qu'on fait avec elles •••
Non seulement le pastiche mais toute oeuvre d'art
est créée en parallè~e et en opposition à un modèle
quelconque".
(1)
Bakhtinetient compte de la primauté de ses recherches
à ce sujet quand il souligne : "Un certain élément de
ce qu'on appelle réaction au style littéraire précédent
"
. ,~
se trouve dans chaque style nouveau ; il représente
il
tout autant une polémique intérieure, une antistyli-
i
sation camouflée, pour ainsi dire, du style d'autrui,
j
et accompagne souvent la franche parodie".
(1)
Pourtant le travail d'investigation de ce procédé
n'est pas si explicite dans les remarques des forma-
i'listes russes bien qu'elles donnent crédibilité de
relever comme condition pour revendiquer la lisibilité~
une· connivence culturelle de l'analyste/récepteur "du
style nouveau".
..../ ...
(1)
Todorov~ Opcit p.44.

133.
If
~
Mais une telle préoccupation, si elle doit ëtre,
ne diffère profondément d'avec celle jugée au préalable
par l'analyse des isotopies discursives dans Quand
s'envolent les grues couronnées
(cf. supra) en quoi
l'étude ne saurait connaitre la d~faillance d'une
marche redondante voire régressive et fastidieuse;
en mëme temps que Cl. Abastado apporte en substance
à la précision de ces-propos en légitimant l' identi-
fication de telles variantes constituantes d'un
discours unique du texte dans un travail de lecture
:
comme construction du critique (1). Le texte parti-
culier de lecture s'offrant à celui-ci comme
traversée-L par une "attention flottante"
(1)
de
i 1
1
!
1
(
,1
l'espace 1ittéraire infini.
)
.
,
}'.
1
!
Telle, trouvant à p.mprunter chez Titinga aux domaines
1
nommés ci-dessus,
la parodie implique une mise en
1\\
exergue du fonctionnement d'une combinatoire de
~
signifiants au façonnement du discours en situation
d'interpellation, ce qui pré-suppose de la part du
1
texte utilisé un traitement par des procédures
i
analogues. Exemplification pour des fins pédagogiques
1
essentielles et compte tenu de la perspective
,
d'analyse qui devra répartir son objet et ne pas
perdre de vue le côté d'une pratique de texte :
Ainsi, de tous les poèmes de Titinga à l'instigation
1
du procédé, Devant le juge mais en premier lieu

Voltacidé,
dans "Ca tire sous le Sahel" sont-ils
on ne peut plus formels.
1
(1) Opait pp.
62-63.
1
... / ...
1
1-.___

1
134.
l'
l'
li

2. Sion prenait un exemple
li
Longue élégie élevée sur des fondements elliptiques,
~

i
les vers de ce poème suscitent de prime abord l'in-
l':
tonation des voix rythmant les litanies religieuses
1
"Nuit 1 i ,N-uit 1 / Nuit 1 /
C'est encore la nuit 1 /
D'ailleurs, / Sur cette Terre, /
C'est toujours la nuit!
i
1
/
( ••. ) / Un z'yeux bleu, /
Un gourdin qui
casse toutes les têtes, / Une massue /
1
/
( •.. ) / Une religieuse, /
Un imp~~i~nt,
/
/
Un condamné, /
Un pouillard, /
Une église, / Un temple, / Une mosquée /
1
/
Un paradis, /
Poup un repos éternel /
.-
Eterne l,
1
Eterne Z 1 (l)
f
1
Incantation d'une poésie tra~itionnelle, pourrait
on dire,
si,
à une lecture tant soit peu attentive,
l'
la hiérarchisation stylistico-narrative
(= syntaxique
thématique)
du poème ne véhiculait structures lexé-
r
r
matiques et constituants sémiques à l'intention d'un
1
clin d'oeil au récit dè liturgie chrétienne;
catholique devrait-on affirmer
1i
On sait par ailleurs conunent "litanie" entretient
1
des rapports imbriqués avec "énonciation " ;
"récitation". Ensuite fondement premier d'un lyrisme
Il
exacerbé, peut-être même exaspéré,
le ton élégiaque
entre en résonance avec une thématique structurée
Il
par des éléments doulou~eux - la mort n'en est
certainement pas le moindre
:
1
... / ...
(1)
Cf.
p.49.
1
I~

1
~
1
135.
t1

En effet, corrélés de la sorte,
les vers de Voltacidé
au titre contenant toute une intrigue dégagent trois
champs principaux comme objets et lieux d'incantation,
pouvant à eux seuls constituer des poèmes
P 1 - Les institutions politiques, économigues
Po
= notant méta-poème.
al Modernes
(P 48 iPSO)
Un Ministre Noir 1 C'est mon ami Z"anna
Un président gouverneur général
Une assemblée au grand complet
Un ministre garangosé
Un cabot venant de Monoprix
Un chiffon exécré de Voltex ....•.
hl Traditionnelles (p 49)
Un Mogho Naba KoU~
Un Mogho Naha Siguiri
P 2 - Les institutions religieuses
Un cardinal
Aux quatre points cardinaux
Une religieuse 1 Un impe~i~nt 1
Une église 1 Un temple 1 Une mosquée 1
Un paradis 1 Pour un repos éternel !
Eternel 1 eternel 1 1
... / ...

1 ..~- ~.
P3 - Les instituti"onssocio-"scolaires
Un poussin grill~ au Bar de la Jeunesse
Une ch~vre de Monsieur Seguin
Un gourdin qui casse toutes les têtes
Un s'yeux ~leu / /
Une terre
où toute matière est
Bijou /
Caillou /. Genou /
Hibou /
Joujou /
Pou .•.
! /
Dans un trou /
Mamadou
et Bineta pleurent! /
C'est le
carnaval des maudits 1 /
Découvr?nt la structure interne du poème Voltacidé,
la répétition "anaphorique court pour ainsi dire le
risque d'une dégradation sémantique,
dans chaque
méta-poème :
lorsque au plan stylistico-linguistique
une telle réitération fait l'élargissement d'une
stigmatisation -
ce qui revient en tout et pour tout
à inscrire chaque méta-poème au répertoire d'un
miserere domine,
a fortiori le Poème signant son
appartenance au· requiem aeternam dona eis,
le second.
/évocateur plus englobant.
Aussi, "combinant les plans stylistique et thématique
la société reconstituée dans chaque méta-poème peut-
1
elle globalement recevoir l'absoute dans les géôles
de la sclérose :
"Un repos ~ternel
Eternel/Eternel 1"
.../ ...

1
. 137.
1
1
h)
~~~~~~~~_~~~~~~~~:~~~!X~~:
1
..
~~_~!~~~~E~_~~~~~~~~~~!~~_~~E~~~~~
1
o
-
les collages parodigues
1
Procédant du premier niveau de décodage une sort~de
plan incli~é institue dans chaque méta-poème une
1
correspondance certaine entre les paliers sémantique
et symbolique. A la relation de flux maintenue,
ceux
1
ci achèvent de concrétiser leur fonction de renver-
sement et de "déformation ll du discours-cible
1
seconde échelle de la signifianc~.
1
En effet,
sous les traits d'un discours unique,
autonome et ••• nouveau,
les méta-poèmes,
sinon le
~
Poème l~i-même, sont l'incarnation de la plurivocité:
Vaste activité méta-linguistique de "collage",
on
,
f
peut le dira avec Cl. Abastado,
par la transposition

à l'écriture d'un procédé de peinture (1). Authenti-
fiée dans l'assemblage de fragments de discours,
-
telle opération amène inéluctablement à la destruc-
tion par la déformation de l'initial et un détour
1
de sens
1
- S'adaptant ainsi à l'unisson du méta-poème Pl,
l'énonc~ du discours politico-administratif "président
directeur général" se métamorphose en "président
1
gouverneur général" par l'introduction de terme
étranger qui contient son gauchissement.
i!
- Support indéniable de la simulation,
la transplan-
1
tation provocante de l'institution scolaire comme
discours symbolisé en P3 par les manuels ou leur
~
1
contenu :
.../ ...
(1) Cf.
Opcit~ p.
61.
~I~

1
138.
I!
1
"La ch~vre de Monsieur Seguin"
1
. "M'amadou et Binetâ" ~ syllabaire de l'école
coloniale •••
1
• la grammaire normative actualisée dans la règle
\\-J
du plurl.el des sept noms en
"0U".
1
Intensification stylistique,
chacun des éléments
1
làisse son plein à une règle de la connivence
t
pour rétablir le discours originel suscité.
1
c)
3ème niveau de surgissement symbolique
1
-------~------------------------------
1
A l'autre face du collage parodique des discours
sociaux s'étalent ~es calembours qu'on devrait
~
dénommer parodiques ainsi que les néologismes :
combinant ici les substitutions homographiques,de
même que là les principes d~ travestissement,
-
observées ils contribuent certainement à
maximaliser le profit ludique
-
des méta-poèmes
(Pl exceptionnellement)
mais
limitant l'essentiel de leur rapport avec le signi-
-
fiant perçu dans sa matérialité l'analyse présente
ne commettrait pas d'erreur à les exclure de son
t
1
objet.
Or,
concernant la parodie elle-même comme objet et
1
discours instituée par le poème qui nous intéresse,
-
i l est une fausseté réelle de croire que celle-ci
réduit son propos à privilégier la fonction polé-
mique interne entre les divers discours de départ
1
et ceux de son adaptation :
1
.../ ...
••---

1
139.
1
1
. _....
·Une t~ntë}tive de réunification
et l'investissement
1
'-.1
de chaque combinatoire à la fonction corrosive
répandent aux alentours, outre le caustique thématique
1
de l'objet référé,
la valeur symbolique de telles
"
î
procédures langagières :
dont quelques
1
traits seront indiqués,
qui ne feront pas l'objet
de développements remarquablement longs
:
1

les classes matricielles discursives et sémiques
1
suggèrent des
oppositions interdites comme lieu de
sélection et de valorisation inhérent au mode et à
la fonction du type : un retour aux méta-poèmes le
1
prouve,
qui serait rebutant à ce niveau.
1

elle manifeste,
référant à l'écriture,
le discours
,
d'un aûtre que soi,
autant qu'il peut être
1
noté comme représentant des univers de différents
types de discours contestés.
1
1,.,

corrélativement elle cautionne la parodie i
précédant la fonction satirique raffermie,
1
les sèmes "dérision" "récusation u
• • •
échelonnant le
parcours entrent en relation dialectique avec "imita-
1
tion II. célébration 1
similf',
s'agissant posi t i vement
d'une forme de ré-écriture éclatante.
ce que
1
s'attachercnt à analyser plus substantiellement les
chapitres prochains.
1
1
l
.../ ...
1
1
L_.
.... __

1
1:
1
140.'
Ir
1
J
1
l
,1

TRDISIEME PARTIE
!
i
,1
i r
~I
FOR~E ET SIGNIFICATION J)'UNUNIVERS
,
,1,
:
j
!
EN LITTËRATURE,
;1
1 :
L'OBJET HISTORIQUE
C'EST-À-DIRE A LA FOIS
1,
DURABLE ET VARIABLE,
CE N'EST PAS L'OEUVRE.
;1
CE SONT CES ËLËMENTS TRANSCENDANTS
1
1
1
1
AUX OEUVRES ET CONSTITUTIFS DU JEU
1
LITTËRAIRE, QUE L'ON APPELLERA POUR
i
ALLFR VrTF. LES fORMES.

GENETTE
•1
LA LECTURE EST UN
PARCOURS DANS L'ESPACE
;
DU TEXTE; PARCOURS QUI NE
1
SE LIMITE PAS À L'ENCHAÎNEMENT
DES LETTRES, DE GAUCHE À DROITE
1
ET DE HAUT EN BAS •••• MAIS QUI

DISJOINT LE CONTIGU ET RASSEMBLE
L'ËLOIGNË, QUI CONSTITUE PRËCI-
,
SËMENT LE TEXTE EN ESPACE ET NON
1
LINËARITË.
\\. e:" .
TonCROV (POËTIQUE p.l?)
1~,
.../ ...
1
1

1
141.
'1,
:.
;1
CHAPITPE·I : STPUCTURE TH~MATl~UE··~T UNIVERS SËMANT!QUE
;1
n'UN SCENAP!O DE QU~TE
•,
Uni à l'oeuvre par une fonction dialectique d'échange,
le
1
critique, par le même temps, prisé dans un rapport de co-
créateurs, ne peut pourtant prétendre engendrer le sens
1
de celle qu'il interroge; d'autant plus q'il est désormais
~ertain qu'il n'est plus de clarté que l'oeuvre elle-même.
1
Barthes
(1),
comme Foucault (2), dit,
sans crainte,
que le
critique n'est pas "traducteur" du sens de l'oeuvre; laquelle
produit,
cependant, à travers des structures formelles,
1
des chaines de symboles,
proposées en décodage à celu~-ci.
1
Aussi,
s'interroger sur la véracité ou ]'auth~nticité du
f
"message" de l'oeuvre relève d'une non-pertinence, plus
!
,
précisément,d'une procédure de critique finie •

Deux démarches théoriques peuvent alors se dessiner pour
la saisie de l'univers sémantique général du Texte de
1
Pacéré Titinga :
r
- L'écrivain,
le poète en l'occurrence, en dépit àes
1
dénégations parfois méthodologiques ou d'une tendance de
,
~
critique, n'organise rien dans l'espace de· son oeuvre
à l'ordre d'une naïveté ou gratuité, sinon celle-ci manque
,
,.
de se nommer,
lacunaire en la fonction poétique dont
Jakobson a bien vu la portée. Dès lors, i l revient à penser
1
que pré-existant pour ainsi dire au texte et consigné en

texte,
le "message" se donne à décoder actualisé dans les
composantes de l'oeuvre.
i
Irt,Il
f1 ) Cf. Op c i t., p. 6:5
••• / •••
(2)
Cf.
L'ordre du discours,
p.31,
Paris,
NRF GaZZimard, 19'/1.
t
I~

1
142.
1
1
1
- La seconde,
aucuneCstructure sémantique n'est organisée
antérieurement à lloeuvre : naissant au contraire dans,
1
par, voire avec le texte,
celle-ci ne cesse d'interpeler
le critique,
confronté au meme objet,
dans les conditions
!
,
analogues.
,
Tel,
le procès de llobjet sémiotique ne recommande rien
moins à la structuration sêmantique et à son univers
(1).
i
Combinatoire donc,
le message de Titinga, par l'articu-
. lation de llanalyse précédente, n'offre plus de' temps
1
pour tergiverser. Le dialogue des facteurs et support
de la sémantique perçu au niveau des différents poèmes
comme archite.cture thématique peu~~ encore SI autoriser ;
non pas pour .révéler quelque manquement de la démarche
taxinomique. Bien loin ; mais mieux faire levier sur
(
.~
le Gens.
,
A) LESOUFFLE"rES"ANC~TRES
DE LANËGRITUDE
1
1. Le passé lumineux
•r*
Structurellement fondé sur le passé,
le futur, par
l'intermédiaire du présent,
l'oeuvre poétique de
Pacéré Titinga ordonne des complaisances, d'entrée
de jeu,
avec les préoccupations d1écrivains négro-
africains de la négritude des années 40, ainsi que
les contagions justifiées au cours de l'extension
de la littérature considérée :
... 1.··
(1) G~eimaB~ Opoit~ pp. 38/39.
----,._-----_.._-,. -~---- - - - - -----_._.~_...~.-

1
143.
\\
1
f
1
Permanence d'une fonction littéraire en l'oeuvre,
1
la structure sémantique se dispose pour révéler
une béatification du passé'ancestral : plus exac-
1
tement le~rocès d'une culture:
1:
La fréquence des éléments thématiques référant à
.

ces univers les. prés~ntant enfndices de noyaux
1
sémiotiques. C'est dans ce sens qu'il convient
d'entendre le retentissement régulier du tam-tam
dans les poèmes :
Il
- Assurant dans son behaviourisme la frappe du
"Kounga éternel" dans Quand s'envolent les grues
couronnées,
le philosophe à la barbe de poussière,
à l'instar des poèmes négritlJdiens, se constitue
en mémorial du griot traditionnel : A défaut de
renforcer le décodage du rythme des vers,
la
.'~: percüssion de son i.nstrument devient, chez Ti tinga,
d'une part,
le lieu favori de-l'expression d'un
lyrisme,
de l'autre la connotation d'une tradition
s'exerçant dans les strophes empruntant à la com-
plainte le ton qui lui reste inséparable :
P. 41 "En:fin / Enfin
Man~ga, / Man~ga, / Man~ga !
IZ ne reste que, de Zoin
en Zoin /
Ze tam Zourd des h~rauts
"
S'organisant déjà en un foyer de correspondance avec
la fonction verbale antérieurement analysée,
une fonc-
tion constructive permet au tam-tam de réhausser son
appel par son rapport a~x pratiques pour se transmuter
en porte-parole des ancëtres.
.../ ...
i
1_-._

1
144.
1
( ' -
1
Ainsi en est-il de la référence constante à ceux-ci,
ou tout ce qui évoque leur sillage:
"L'attente"
1
.
énonce :
~
"Je t'attends
Je t'attendrai
( •.• )
Sur" ce morti er
•,.
Dès profondeurs sublimes~
Des mystères ancestraux ... "
(1)
j t
,1
Retour au passé qui s'accélère dans la "Fuite" à
j
f
Manéga. Le titre du poème suffit :
,1li,
P.3S
"Timini I I I fait sombre !
( ... )
Mon pass~ 1 Sera mon avenir
Mon pr~sent 1 Ma tombe
Il n'y a plus d'espoir !
Fuyons vers Man~ga~
Man~ga~ 1 La terre du repos
"
Tandis que "Le Scandale" éclate, lyrique, en une
fuite davantage symbolique :
P.SO
" ••• Je veux vivre
Vivre de la vie de
mes pères!
( . . . )"
Comme dans "L'appel du tambour", l'Le" "concoUrs de
dan"se" réserve au tarn-tarn
de proelarner le sens
de l'allégorie recélée:
(1)
.../ ...
(2)
f
1 in Refrains sous le Sahel
(3)
t

1
145.
1
1
n ( ••• ) Le monde d'aujourd'hui /
1
Est de puissance /
( ... ) /
C'est le refrain quotidien
,
1
Des tam-tams 1" (1)
t
n
1
Quant au plan stylistico-thématique,
la discrétion
de l'aphérèse justifie l'ancienneté de la danse
1
Warba au concours
1
"
1,
1
f On tonitruait~
On tonnait~
1
1
i On brail lait~
t
r
~
On rai lIai t
1
ff C'est un cours de danse
C'est U?'l concours de danse
" (2)
~1
C'est autour des éléments l~xico-sémantiques indiqués
!
(Passé /
ancêtres not~~ent} que se condensent les
~
fonctions métaphorique et prophétique d'un futur:
Si le passé se fait contemplation pour Titinga,
le
futur lui-même explose d'un hymne radieux des reflets
,
du Passé: les hérauts "J'aubes nouvelles",
des années
1
60 s'y reconnaitront certainement: Malick raIl,
r
Cheick NI Dao ..•
~
Trompette en ré du résurrexi t
(3),
"D~main I.e Passé"
Refrains sous le Sahel, et "L'Eternel Retour" dans
1
le même recueil sonnent le glas d'un univers,
autant
,
que la métamorphose à l'autre face
: en effet l'al-
1
liance de deux systèmes temporels déjà provocatrice
permet au premier de convoquer, parodiant les textes
i
apocalyptiques,
l'effroi des signes eschatologiques
!
-
(1)
p. 41 II
.../ ...
p.
(2)
28 r dans Ca tire sous Ze SaheL
~
(3)
M~ta-Zangage musical bibZique correspondant.
L

. 146.
en disjonction avec une catégorie sémique,
cantique

de la splendeur: le second, par le mode d'une
narration antérieure annonçant le "retour des bâtis-
seurs" _:
L
P.8S
Il
• • •
J'ai vu
J'ai vu
Tous les Dieux de ce
monde /
Rotis /
Satan
seul/Béni / L'univers
se crever / Le ciel se
percer / La terre se gercer /
Pour engloutir les ténèbres /
Et libérer des aubes /
Qui sont /
Des jours~ /
Des mois~ / Des siècles de lumière ( .•. )
Il faut / Battre /
Battre / Battre /
Battre tous les ta~-tams."
Si les thèmes de la révolte et la revendication se
jalonnent en l'homéopathie d'une constellation des
vers,
l'état de contamination est dûment établi au
regard des poèmes comme "Héros d'ébène",
"Aux Anciens
Combattus" : D'un univers moins serein ceux-ci a<.:-
cordent longue vie aux héros méconnus de l'Afrique;
On sait comment Mofolo,
Senghor Seydou Badian ••. ,
pour redéfinir une culture ont célébré en
Chaka le Zoulou,
les figures marquantes de l'Histoire
africaine,
jusqu'alors affublées de grotesque et de
grinçant par le colonisateur.
. . .1 . ..

1
147.
1
li
"De valeureuz m~connus
1
dorment dans la haine :
Samory~
Behan2in~
1
Mohame~El Hamar
Amadou~ Koutou~
If
Rabat~ El Hadj Omar
"
(1)
Symboles "galvanisateurs",
ces personnages
n'arrêtent d'insp~rer la création littéraire
1
africaine d'aujourd'hui: B. Zadi, entre autres,
chante à la gloire de Samory, Toussaint Louverture,
i Il
Kwamé N'Krumah •••
(2), Mais déjà au plan de l'ex--
III
pression,
au cri de dénonciation qui s'élève du
titre "Héros d'ébène",
répond aussi d'écho en écho
1
- Ebénigues de M'Baye Gana en situation inter-
textuelle avec Ethiopigues. de Senghor et flûte
d'ébène
(3)
- Un vers de Gilbert Aubry dans "Créolie"
"toi mon
frère à la peau d'ébène"
(4)
Mais i l faut peut-être au demeurant découvrir chez
Titin~a le plan rhétorico-stylistique d'un hommage
pour autant qu'il draine efficacement la structure
sémant~quecornme signification voire message
(1)
Cf.
page 59 in Refpains sous le Sahel
(2)
Cf.
Fer de lance~ Paris~ P.J.
OS1.Jald~ 1975
•• • 1 ...
(3)
Cf.
Po~mes~ Paris~ Seuil
(4)
Cf.
"Cp~olie "~ Po~mes chant~s de l 'Evèque-po~te
de la R~union disque ADI20381AV 4451.
/

l'
148.
1
-'--
l,
..J
Marquant la substance de l'objet,
la métaphore
Ir
génitive du titre "Héros d'ébène" contient en même
1
f
temps que la boursouflure d'une révolte,
exaltation
Il
et magnificence :
la matière intégrant dans le dé-
finissant selon le Petit Robert "bois de l'ébénier,
[
Ir
d'un noir foncé: d'un grain uni et d'une grande
l
dureté. On incline sans rogner l'expérience poétique
1
de l'auteur à identi~ier - de toute façon la méta-
phore est identificatrice - Héros et ébène comme
développant l'extension de leur attribut "valeureux,
Ir
vaillant.s,
intrépides ••• " :
1
l,
Niveau axiologique appréciatif,
celui-ci s'épaissit
en texte par la gravitation sémique autour de
Ir
/dureté/ jointe aux impératifs exhortatifs prosopo-
péique·
"d~fendez, intr~pides,
t
If
la terre des aieux
Ne fl~ahis pas de~ant
Il
le Blana,
illustre Mogho
Reste le ahef suprim~ ... "
1
Or,
en relation oppositive,
l'européen,
d'allure
Il
vive
interpelé
subit le défraichissement ironique
des métaphores déificatrices
,
,
"Anges,
Dieux
1
Il
Lib~rateurs
~
messagers de la d~livranae ;
Panaa~es
"
l i}
Problématique dominante de la littérature négro-
~
1;
africaine lorsqu'elle n'est pas optimale,
le Passé
comme refuge du poète, Titinga,
insuffle forme au
i
Il
tracé d'une autre structure sémantique,
prisme à
. réflexion totale du message de l'écrivain,
apparais-
,
sant avec "une déologie de la cristallisation sur le
I~
pré~ent : il permet et fonde le présent, l'actuel".
~
.../ ...
l'
I f,.--.-

1
149.
i
\\
1,r
1
i
1
~
~
-
..
2. L'appel du présent. .: Structure thématique et
1
1
j
déploiement d'une société c.ontemporaine
i~
l'
~
Symbolisé par la société contemporaine,
le Présent
-
réunit un ensemble divers de thèmes,
eux-mêmes
figuratifs des réalités, pour la plupart,
corrosives
t
-
l'orage à l'intérieur ou au-dessus de la vie de
couple. L'injure à la fidélité dans "Devant le juge"
convient,
judicieusement inséré dans le recueil
j

Ca tire sous le Sahel
!
1
!
"
Il faut nous séparer
Il!
( ... )
~
c'est la femme du voisin
C'est le mari de la voisine
Je
lés ai surpr'Zs une fois
Je
les ai surpris deux fois
"
D'un ton railleur tamisé par la parodie et le badi-
nage pacéréens,l'énoncé du poème marque la rupture
avec le ridicule légitimé par la situation décrite
L'ironie fulminant dans la représentation d'un drame
de l'unité ccnjugale humaine qui devient,
mutatis
mutandis,
celui d'un monde animal et aggravation
d'un fléau symbolique:
De P 42 - P 47 : l'architecture de la gradation
plutôt dégradation du conflit soumis à une expression
particulière du récit de l'orage décelé:
.../ ...

1
150.
1
Processus d'orchestration.-de l'orage
(1)
1
1
Situation initiale
Microcosme
1
1.
cellule familiale humaine
.~
proc
d'orc
palier stylistique du premier
.~
niveau de la symbolisation
2.
cellule ·fami1ia1e animale
a)
volaille {basse-cour}
b}
gros bétail {écurie}
II
Macrocosme
situation seconde
1
1
état intermédiaire
1
1
2ème palier stylistique
1
entourage proche /
lointain
dégr
ation
2
village
/
orc
stration
3
la ville
III - Etat final - Cosmos
état de
planètes {soleil,
lune}
non retour
Dieu {Enfer /
Paradis}
3ème palier stylistique
processus dynamique certain au niveau de l'amp1ifi-
catiQn de la parodie
}
à l'orage
face
t~diVQrCe
(1) Pour une lisibilit~ plus grande ici comme
dans quelques autres ~l~ments~ l'on pourra
... / ...
se ~~f~rer à l'Annexe p. 206.

1
151.
1
1
Un rapport sémantique et fonctionnel lie ce poème
1
au thème de • l'Amour pour une épouse/femme
développée dans "Upe carte postale" ou "L'attente"
Refrains sous le Sahel
• les traits décadents de la société
africaine glob~le stylisée dans "Voltacidé" (déjà vu)
ou la duplicité et l'incohérence entre autres,
dans
"L'appel dutatnbour" 'ou la grande somme des poème's
de Ca tire sous le Sahel évoqués
•. la tristesse d'une existence quoti-
1
dienne dans "Je suis triste",
"La fenêtre. voisine'!
et la mort contenue dans ilLe repos" : Refrains SQUS
Ir
le Sahel.
!
Il
Forme thématique d'une littérature générale,
on peut
le dir~, mais avant tout et particulièrement univers
sémantique satisfaisant à une problématique chez
1
l'écrivain africain après hLes soleils des indépen-
dances" ; ce qui,
à propos de la poésie notamment,
1
fait écrire à J. Chevrier:
l,
Désormais~ Le poète
"
africain évoque
L'amour~
la mort,
les sentiments de
La
1
nature~ non pLus en
tant que nègre~ mais en tant que homme : L'entrep~ise
de poésie devient une tentati,;e de réponse à la
1
question du comment viv~e ?"
Il,
3. Futur du présent?
-/
L'interrogation du poème,
la "Deuxième guerre", en va
ainsi décrivant dans ~ne vision prophétique le mouvement
-11.
d'une bataille qui ne fait point d'ombre sur son issue:
Ir
. . .1· ..
_1
_1

. 152.
en dépit d'éléments qui,
on pourrait le croire,

flairent,
dans ce texte, le relent négritudien,
l'on est porté à reconnaitre les gloses d'un mode
d'écriture sémantique caractérisé globalement de
militantis~e chez une part des poètes africains
d'aujourd'hui:
P.63
n ••. Nous reprendrons /
Tous les chemins fouZés

par nos pères ! /
Nous
combattrons jusqu'à
•!
l'effondrement total! /
Nous ploierons sous notre
1
puissance,
/
Toutes
les ambi-
tions des Trônes ! /
Le courage /
,
11
La lutte /
L'espoir /
Sont de
notre sang /"
1}
Chant de paix et accentuation d'un sentiment de
1
révolte,
ce poème, tout comme ses homologues,
\\
abonde de groupes lexico-sémantiques a~tour de
,
"bataille", "espoir",
"liberté",
"victoire",
"mobilisation'~;ce n'est pas erreur !
:
1
n •••
Morts et vivants,
Cette guerre prélude à la
1
Grande Guerre !
1
Morts et vivants,
Cette victoire prélude à la
1
Grande Guerre
!
Que s-'abattent du ciel,.
1
Tous les fléaux de notre Puissance 1"
\\
... / ...
1
1
!
1
I~
- - - - -

1 !
153.
1
,
1 1111!
1 1!
1 !
Alors que les couples sémiques s'interposent,
1
granit1~es,unespatialisationrenseigne
sur
1
l'exploitation des tournures syntagmatiques
1 ~1
paradigmes,
et les éléments du face à face
ff
inconditionnellement :
1
1. IZ y aura Une BATAILLE
1
2; IZn'y aura qu'UNE
1
Pas deux~
Pas trois~
,.
li
. Pas quatre~
i
Pas cinq !
Reprise 1/2
Yaound~~
Bama7<o~
Pr4toria~
Salisbury~
Ouagaaougou~
Abidjan !
Reprise 1/2
Washington !
Paris !
. BerZin 1
Londres 1
Prague 1
Honolulu !
Ecriture comme jeu,
la performance du poète n'étant
plus de dire le "sens" de l'univers créé, mais codés
en véritables signes iconiques,
les vers,
interrogent
le récepteur,
exerçant sur lui, malgré lui,
un certain
1
retentissement, point d'application et surgissement
d'une structure de la sémantiqUe.
1
.../ ...

Moins accentué, par exemple,
chez
• Dadié lIAfrigue Debout Il, 1963-1966
r-
Zégoua Nokan "La voix grave d'Orphimoï",
1970
• Maxime N'Debeka "Soleils neufs",
1969
Bilombo-Simba "Témoignages", ·1976
quand le niveau sémantique lui-même se fait enragé
tel message publicitaire trouve,
au plan matériel,
ressemblance,
à sa manière,
chez B. Zadi de
Fer de Lance
(1975)
: le poète met à l'affiche
Kidi
Kidi
Ta
Ta
Ta
Kidi
Kidi
Ta
Ta
Ta
Kidi
Kidi
Vents
Ventl'es al'eux
Kidi
Kidi
Sang
San - Pedro
Kidi

Kidi
Riz
Pl'ends
Plus de l'iz
Garde à toi
Kidi
Kidi
K1:di
Kidi
Vis
R~
Riviera
R~volu
Kidi
Kidi
Kidi
Kidi
Toi
R~
Le Roi
R~volution
Kidi
Kidi (1)
Kidi
Kidi
... / ...
(1) Cf. pp.lô-17.

If
.
155.
1/
1
Il
Sous la forme apparente donc d'une impossibilité
;1

de communication du sémantisme,
visible dans la
Cantatrice chauve de Ionesco, par exemple,
la
1
structure rythmique et spatiale amène longuement
à la constitution d'un univers du message :
1
-
la faim (Vents - Ventres creux)
réhaussée par
le thème d'une ~isette (plus de riz) accusant
1
par leur seule présence textuelle l'enclenchement
du terme Vis - Riviera : symbole de leurres vis-
1
à-vis du pouvoir: d'où l'annonce de sa vulnéra-
bilité : Toi /
Toi le roi /
"Prends garde"
t
"Ré -
Révolution"
iIl
On pourrait prolonger,
comme se demander,
,1 t
l'importance de la brièvité des remarques thématico-
stylistiques: Loin d'éloigner l'étude du cheminement
1
de son objet,
~ fortiori, se constituer en hors-
d'oeuvre de sa ~om?osition, celles-ci donnent l'éclai-
,.
1
rage attendu d'une perspective quant à
:
LI/ la structure sémantique d'une marche {chrono}
1
logique: tant de par l'insertion dans la Littérature
négro-africaine, premier lieu de lat/mémoire contex-·
l'
tu~lle"du message du poète Titinga, nous semble-t-iL
que de par la saisie de la pr0blématique interne de
1
"l'écriture sémantique" de l'écrivain considéré, se
manifestant,
on l'a dit,
comme une combinatoire
1
(forme/sens)
1
/2/ d'où au plan plus réduit,
~e niveau d'une
correspondance entre les trois dimensions Passé,
Présent/Futur des univers thématiques avec les modes
1
de la représentation :
Il
. . . 1 . ...
Il
1;

Il ~r<
Ill;
156.
,
<Li'1l,!1_t
Le mode d~représenté d'un dit de type séculariste
peut déjà exercer l'ironie de Senghor par exemple,
1
qui affirme :

"Quand dans les po.mes d lire que m'envoient de
jeunes écrivains~ je reconnais des réminiscences

de Damas~ de Césaire~ de Senghor~ je résiste dif-
ficilement à l'envie de bailler" (1).

Sans commenter outre mesure la remarque du co-

fondateur et chantre de la négritude, on devrait
s'amuser, en observan~ se balancer la notion de
1
1
génération introduite plus haut par l'auteur cité
,1
avant de s'interroger sur les critères d'une clas-
,i
~ •
sification en génération d·écrivains/poètes négro
africains, dans une étude prochaine : éléments
f
chronologiques ou thématiques? ou même ••. struc-
1
tures poétiques lato-sensu
?
à moins que également
le degré d·insertion dans la culture ne s'affirme
J
comme critère le plus probant !
Il est que s'évalue dès maintenant avec précision
J
la concertation des différentes tendances en
l'univers de l'écriture pacéréenne sous la forme
J
d'une Tension
J
Comme le représente à part lui et da?s tous les
sens le poème-recueilQ.uand s'envolent les grues
,J
couronnées.
LI
(1)
Cf.
panorama de la poésie africaine en langue française
~
in Le Monde du 8 février 1973.
li
•. . fI • ..
L
Il

l'
157.
l
1
1
1
CHAPITRE Il: 'SENS ET SIGNIFICATION
1
A - ScH~MA'NARRATI F n'uNE QU~TE· - TENSION
1
Aspects dlun symptôme névrotique,
les éléments de
1
la structure sémantiquë faisant irruption à chaque
partie du corps du Texte pacéréen se narrativisent
1
en un schéma de la quête d'une culture,
refusant
ains~ sans la permission de l'auteu~ la récusation
1
de tel chemin : tant est que,
structurellement,
les
itinéraires s'en inspirant s'accordent de ressem-
l'
blance : 9utant,
sans être permutables,
quête et
tension ne s'excluent pas:
1
Du point de vue des isotopies développées,
un premier
fait marquant se l i t dans la résistance du j~~yrique
1
à céder à une forme uniqye, qui aboutit au
récit poétique biographique de Tibo :
t
l,
Tendu à la conjonction de son allocutaire Timini
1
symbolisé par la mort, Tibo prévient son dépJacement
par la réitération
1
"Nous nous retrouverons
Dans
la belle vallée
Il~
Quand chanteront
~
les grues couronnées"
Il
.
~
désir de la mort qui ne manque de le mettre en scène
1
sous la forme d'un sujet'psychanalytique dans un épan-
chement lyrique - la nature ducontre_réci~ l'a rappelé
ç
assez aisément.
1
...
f,
/ ...
l'
1

.1 ,
. 158.
1,1
~I
Or, un texte qui manifeste un acte de parole avec
II

le paradigme des textes à l'invite de la mort du
sujet délimite aussi, nous semble-t-il, une rela-
1
tion étroite du locuteur à cet objet :
1
- la possibilité d'identification de l'allocutaire/
Mère/Tirnini
1
- l'intimité allocutrice socio-culturelle repérée
1
- l'énonciation lyrique s'actualisant comme médium
l
puisqu'elle fonde la mise en équation, des interlo-
I !
cuteurs, plutôt réali se leur union : IlnoUS syncrétique"
dans les vers cités
1
- ou un autre niveau d'analyse contraint le critique
l'
au rapprochement symbolique de .l'énonciation comme
pürole au je-locuteur à l'énonciation-énoncé comme
1
Ecriture assumant le Poème lui-même. Autrement dit,
générée par la rnort/Timini, l'oeuvre poétique s'énonce
comme force "causante ll de l'union: Rapport dialectique
1
.. s' exerç:mt à la lumière de la relation du locuteur au
monde comme Benveniste le soulignait parlant de
If
l'énonciation:
1
1
"La langue se trouve,
dans
l'~nonaiation, employ~e
d l'expression d'un aertain rapport au monde" (.1)
1
ce que les vers eux-mernes permettent de vérifier
1
"Mère / Devant aette tombe /
Ferm~e sur / Mille larmes / Et /
1
Mille pens~es, /
Quelques fragments /
Se suaaèdent /
Et ne se aomplètent pas 1"
Ir
.../ ...
(1)
Cf.
Opcit,
p.82.
t
1:
l
1
Il

1
l
159.
1
1
où le présent de l'écriture s'assimile à èelui de
l i
C\\
l'énonciation et de la lecture.
1
Inscrit donc à la problématique générale du sémîotique
et du littéraire,
le deux à deux entre Tibo la troisième
1
personne -
je et son créateur
je-présence dans l'ab-
sence modère la desénonciation auto-biographique ; meme
1
si la falsification de l'objectivation du sujet reste
démonstrative des limites du poétisable diluant, comme
,1
chez César, entre autres,
le trop plein de présence de-
l'auteur qui,
à en croire la prescriptio~ d'une poétique
t
est l'antinomie d'une véritable forme poétiquru: voilà
I~
pourquoi la correspondance structurelle d'Une telle
1
relation perçue dans sa rhétorique réhabilite l'acte
,1 ~
de re-création.
1
Demeure l'importance de la remarque:
le réalisme
formel de l'éducation du personnage plus jeune auprès
1
d'un plus ancien renouvelle la sémiotisation d'une
~
initiation à l'enfance de Tibo aux valaurs sociales,
elles-mêmes portées par une démarche du texte prêtant
1
à une socio-génèse tissu d'une toile imaginaire-mythique.
(Cycle Narratif l
et isotopie)
; c'est de toute façon
1
le contenu des démarcations fréquentes successives du
je-locuteur en tu allocutaire ; disons mieux,
les
1
conversions du récit en discouT.s ne perdant jamais les
vertus prescripti ves et perlocutoires. -
1
Ainsi donc le vécu d'une tension interpelle la pro-
,1
gression du personnage sur l'ambivalence de deux modes
d'acquisition du savoir,
sinon pour perfectionner:
1
départ de Manéga pour la France. Ensuite le retour à
'1
Manéga qui n'est pas moins éclairant.
1~
. . .1 . ..
(l0
Cf. Kayser "Qui raaonte 1.e roman 7"
1
Il
in Po~ti~u~ du r~ait Opait~ p. 59 •••
,1

:1·
j
160.
1
Il ;
Se rappelle à ce niveau l'occupation des pôles
1
préférentiels dans le carré logique de la narrativi-
sation, quand résiste moins bien à l'analyse la
L
1
reconstitution de ces périodes elles-mêmes :
La série littéraire générale de la "robinsonnade"
1
est féconde qui,
i l est vrai,
se constituait pour ce
décodage en une syntagmatique paradigme.
1
Comme Gérard Genot. par exemple. peut y parvenir ou
1
le faire constater dans un déchiffrage fort aisé d'un
ensemble de douze sonnets de Foscolo (l)
considérés
1
comme autonomes ayant pourtant à sa structure une
telle Visée.
1
Chez Tit~nga. caractérisée de la sorte,
la forme
thématico-sémantique de ce schéma d'une double art~cu­
1
lation réécrit d'un trait la morphologie des chapitres
antérieurs, qui
appelle la pertinence d'un consta~ et
1
d'une meilleure lisibilité de la suite
1
l
- Etat de dépa.rt comme béatification ou "é.Qreuve
qualifiante"
reprenant, pour une telle tenue
:1
générale du texte.
une terminologie de Greimas,
dans
ses trois étapes du schéma mythique.
(Manéga et sa
déixis de l'initiation en texte) •
.1
j
II - Etat d'agression -
force perturbatrice (France
1
et sa déixis)
qu'on devra retrouver dans le dévelop-
pement suivant comme une des instances premières de
1
la mort sociale.
1
III _. Etat intermédiaire "d' une bipolarisation ~ tension
qui légitime. un procès abouti ssant à la
:1
.../ ...
f
(1) Auteur italien (1778/1827)
1
L'6tude est celle d6jà cit6e.
i
,1

9
,1
. 161.
1
'1
IV - Formulation d'Un proje~

situation, qu'on analysera,
selon la constante du
1
(
poème; quand· à ce stade, 'Greimas parlera de "renais-
sance~ conforme à sa structure triadique, qu'il n'est
1
peut-être pas inutile de rappeler intégralement pour
les raisons énoncées
1
Epreuve qualifiante c(==~
Préparation
1
Epreuve principale
~==~
Mort initiatique
Epreuve glorifiante (==~
Renaissance
(~
1
En confrontant;
celle-ci permet d'exprimer une
opération interne du texte, ne donnant pas en cela
1
tort à Gérard Genot lorsqu'il constate en substance
.>
dans le schéma maximal qui représente cette structure,
1
pour la solidarité perçue,
i l est possible de déceler
des parties où peuvent se manifester des figurations
1
(~u des-opérations) que seule leur ~lace ~ans le
déroulement différencie : autrement dit, une meme
1
figuration devra se reconnaitre être susceptible
d'occuper plusieurs fonctions syntaxiques
(!)
1
Ainsi sans insister inééfiniment sur une telle parenté,
i l importe davantage de dégager les opérations séman-
1
tiques qui surgissent de la figuration concernée.
1
B) LES NIVEAUX DE LA LECTURE SËMANTfQUE
,1
Peut-être qu'une telle formulation mérite explication
1
davantage.
1
(1)
Cf.
Simantique struaturaZe~ Pari8~ LarOUS8e~ 1966~ p.197
1
(~ Cf Ihidem- s-~R~'Vna... 4-yv\\'~""~
•• • 1 ...
..Dl.-
~~Q., -V'~~<l- ~ 6,.. 6-e..~ct:
~.
IlIr

1
162.
1
1
Non seulement elle découle immédiatement de ce qui
1
précède, mais aussi elle n'est éclairante hautement
.
qu'à considérer le travail du sens de l'oeuvre poé-
1
tique pacéréenne comme - on le verra -
un jeu :
lequel prend en charge les différents plans inter-
1
rogés ou inanalysés (il en est ainsi des opérations
subsidiaires du scenario) en les regroupant en des
1
systèmes itératifs comme éléments producteurs.
1
1-- niveau,
la surdité culturelle ou la mor~
initiatigue
Poème à personnage principal tel un héros en formation,
la littérature abonde d'exemples, Quand s'envolent les
grues couronnées est le constat, au premier niveau de
la manifestation sémantique, et le désespoir d'échec
d'une communication culturelle :
Constituant en eux-memes les trois dimensions séman-
tiques entrevues,
partant la mise en scène d'Une mise
en scène narrative, trois refrains configurent,
iden-
tiques" au tracé du schéma d'une guête, disons mieux,
dénoncent l'apathie culturelle:
P.26
apuis~ /0 Et puis~ / Man~ga~ / Man~ga !
Plus rien du pa8s~ / Plus rien du
pa88~ ! / Man~ga~ / Man~ga ..•
Il ne reste de loin en loin
Adieu grandeurs et termitières~
le tam-tam lourd des h~rauts
Adieu forêts
...
... / ...
1

If
l
163.
1
1
qui n'appellent plus les initi~s
1
Adieu forêts •••
...
1
Adieu tam-tams sylphides!
('
Ainsi / Ainsi~ / Battent les tam-tams
1
...
Quand s'envolent / Les grues aouronn~es.
1
Parallélisme asymétrique sémantique :
P.29
Et puis / Et puis
Plus rien du pr~sent
Plus rien du pr~sent
r reprise :l
corrélation parallélique asymétrique
P.36
Et puis / Et puis ...
Plus rien de demain
"
Plus rien de demain
C reprise J
contri~tion des tam-tams en pleurs, la ~tructure
de l'univers sémantique confère droit de partager
ici la proposition antérieure : le critique pouvant
obtenir de la constellation sémique des résultats
rassurants ;
/rupture/séparation/insuccès/surdité culturelle
vs mutité - mort symbolique ethno-sociologique
en procès
( ••• /
/
••• déchéance/) •
• Champ de relation elle-même méta-sémique,
la mort
de Tirnini et le philosophe à la barbe de poussière
dans leur existence de l'univers poétique: somme toute
celle-ci déstructure le symbole,
là,
garantissant l'unité
d'une tradition, ,qui aggrave un schéma.

. . .1 . ~ .

164.
.1 f
!
!
.
f
I-
I
P.44
On n'entend plus que le
philosophe à la barbe

1
de poussi~re qui bat
le Kounga ~ternel :
1
Timini / Timini est
mort ce soir
1
c
P.52
"J'ai retrouv~ / Mort / Le
philosophe à la barbe
1
de poussi~re
"
1
quand déjà en texte l'isotopie du passé est éloquente.
1
Il ne reste plus qu'à traduire désarroi et tension
chez Tibo/Ego ou auteur implicite. Mais,
une vie se
1
transfuse en la structure du sémantisme primaire,
1
qui autant qu'à celle-ci procure soutien au person- .
~
.·nage. ~
2°~niveau du 'sémantigue
l'échec d'un suicide
-
Qualité d'un vice de lecture,
compromission du
,
travail du sens a vouloir orchestrer ce qui est ,
perçu : la sémiotique littérai~e est formelle,
a
l'égard meme du signifié
.
immédiat de l'objet
Angoisse d'une interrogation, procès prémonitoire
pour le moins, Quand s'envolent les grues couronnées
tient d'une structure élliptique interne :
'li
-
De l'extérieur, suspense imposé par un ti tre
,,
accessible à une sémiotique immanente qui renforce la
fonction de départ,
de même, l'incertitude légitimée
à un premier niveau~ qu'on pourrait écrire:
.../ ...

It
1~5.
1
1
"Ce qu'advienne quand s'envolent les grues
couronnées"
1
ou "
Quand s'envolent les grues couronnées
( ••• )"
1
Enfin, sans conclure,
relevant l'implicite discursif
de l'interrogation: Quand s'envolent les grues
1
couronnées ? 1 traduisant là une attente ; un présent
. futur rempli d'angoisse •.
1
,--,
Il reste vrai que chaque dérnàrche intime une
l,
perception différente de l'objet - quand ce dédou-
blement facilite la compénétration de ce signe avec
les modalités verbales distribuées au signifiant des
il
grues comme figures de récit
(Supra).
1
Deux plans d'analyse s'élaborent
1
- le plan de la symbolisation,
de la métaphori~ation
des grues ~ réactivation d'un inte~texte de discours
1
social,
la métaphore des grues symbolise la mort avec
changement d'espace. Une vision du monde de la société
1
représentée dit que les hommes ne meurent pas,
comme
les grues couronnées,
ils se déplacent d'une contrée
à une 'autre, l'heure venue.
1
al Face à cette constitution générale, un second
1
intertexte aussi répandu dans une littérature tradi-
tionnelle certaine consacre la grue couronnée comme
1
détentrice de la parole, OU plutot son incarnation,
comme le montre cet extrait de texte initiatique
1
bambara
(1)
1
(1)
Cf.
Eno BeZinga~ Opait~ p. 82.
1
... / ...
1

1
166.
1
1
1
n••• Etonnement 1 ce qu'on
apprend maintenant existait
auparavant,
ce qui arrive
1
maintenant existait d~jà :
te rythme
( ••• ) Le commencement de tout
1
1
commencement de ta parote
1
est ta grue couronn~e.
1
L'oiseau grue'16uronn~e dit:
"Je parte" •.. " (1)
1
Il n'est pas de choisir une métaphorisation plutôt
1
qu'une autre comme on peut discuter une telle jux-
1
taposition i
reste qu'à leur conjonction s'élabore
le seco~d niveau davantage textuel n'épargnant pas
la métaphorisation i bref, rien n'est concurrentiel
1
- l e pTah du reieu textuel
Assurent le décodage d'une correspondance,
les
traces des grues couronnées dans le sillage indélébile.
de l'expression de la mort,
syntaxiquement dépendantes
du refrain nostalgique du tam-tam : celles-ci confir-
ment les sous-catégories divisibles :
al la traversée matérielle de l'espace vécu pour un
lieu métaphorique
(La belle vallée = mort)
b)
la corrélation du déplacement de Tibo à l'effet
migratoire des grues ayant superposé le récit bio-
• graphique i ce qui au niveau d'un sémantisme prend
valeur de Référence,
l'opération,
de ré-unification
de Tibo/Timini ne s'accomplissant que sous la res- .
ponsabilité des grues, .pour ainsi dire
:
.../ ...

Il
167.
"Nous nous retrouverons

dans la belle vall~e
Quand s'envoleront les grues. couronn~es"
A chacun de ces ni veaux la procédure d'analyse varie:
le fond du texte irréductible.•
Ainsi Quand s'envolent les grues couronnées se
1
mouvant à l'adéquation ~'une réécriture du plan de
l'expression synchronise les deux temps de la séman-
tique et de la symbolisation en poème allégorique :
Plan symétrique à la mort du sujet-locuteur sans
cesse différée et devant assurer l'instance supreme
du cérémonial de la rencontre,
l'écriture s'ouvre
en procédé salutaire à l'effondrement de la person-
nalité culturelle, partant établit pour l'oeuvre un
certificat de vie :
car s'intensifiant comme dans une portée apologétique,
pour quérir ou (re)conquérir un art de parole,
l'écriture s'administre en plan métaphorique de
l'opération des grues: on se souvient dans ces lignes
d'une structure interne des poèmes: par exemple:
- la combinatoire diverse du signifiant à la rédemp-
tion d'une tradition ou l'institution qui produit le
gr~ot : autrement dit, les différents espaces dis-
cursifs
(socio-génèse,
récit-poème lyrico-épique ..• )
mimesis de l'oralité se transmutant en symboles de
modèles d'une société:
.../ ...

1
168.
-
alors que la démarche inverse se l i t dans le
discours parodique Héros d'ébène; discours l i t -
turgique de Vol tacidé, langage apocalyptique de'
Demain le passé
On ne peut guère dire mieux
Particularisant cependâ~t le ratio thématique-
1
sémantique tracée dans l'étape III principalement
~
.la·confrontation de ces deux attitudes dégagent
des lexicoïdes de méta-langage
Valorisation vs rejet qui assurent un plan de relais
f
~
(le IV en l'occurrence) et d'enregistrement simultané
pour former les textes: en sorte que l'oeuvre qu'elle
1
constitue décrit sa trajectoire entre "le très parti-
culier et le trop général",
dirait Todorov (1)
'J.'~
Le genre et le nombre de textes qu'il réalise,
!
perçu dans son idiolecte littéraire,
démontre nette-
ment combien elle est indécise à être rompue aux
discours de la codification,
renouvelant la profession
de Titinga d'être débaptisé poète; ce qui est loin
d'être une faute:
1
car si une prem1ere analyse se hâte de remarquer
1
comme un comportement diglossique de l'oeuvre au sens
linguis~ique du terme,
sous le patronage de l'homo-
!
i
généité orthodoxe, en d'autres phrases, une deuxième
1
perspective procède de lire sur le plan de l'horizon-
talité des études littéraires et poétiques comme la
1
manière d'affirmer une différence,
peut-être mieux,
la personnalité du style de l'écrivain.
~
1
1
(1J
Cf.. Op ci t ~ P •
2 7 •
... / ...
1
1

1
169.
1,
1
Car quoi de commun pour l'assomption de deux
modèles avec d'autres oeuvres sinon le prolongement
111
d'une face vectorielle de la rencontre de structures
.
faisant l'oeuvre.
1l
1,
30 -
niveau : la
,
réd~tion
('
L'inter-sémiotique considérée comme "convergence
~
d'un discours littéraire en dialogue fréquent avec
la praxis d'une littérature sociale",
ou"d'autres
1t
types de discours" laisse la possibilité d'une
1
interprétation : Entre mille
~
- Titinga exploite, par exemple,
aux fins de son
1
message. le discours publiciste,
qomaine pour le
moins singulier d'une sémiotique de message mixte,
insistant sur l'audio-visuel particulièrement:
•l,
peut-êtr~ doit-on encore y déceler un trait de
l'oralité?
1
L~
- la parodie comme forme de dérision a également
pour synonyme délectation,
réminiscence inavouée
(1).
1
Débordant de toutes parts des modèles précédents,
:
1
,
une sous-stratégie s'empare de leur orientation pour
les transformer précisément,
les adapter et/ou les
1
adopter.
1
Soustrayant l'oeuvre aux eaux troubles du temps,
l'écriture comme mise en exergue d'une forme,
réali-
1>
sation des potentialités de l'écrivain, bref support
de son message est reconnue pour se révéler être art.
1
(1) Cf. CZaude Aba8tado~ Opait~ p. 61 Sq.
1
.../ ...
\\
1\\·
1

1
. 170.
1
J
1
Toutes les oeuvres meurent sauf celles qui ont une
1

forme,
peut déclarer en substance Genette après
Valéry : les remarques de littérature générale ne
1
se comptent pas.
1
Espérance de vie de Quand s'envolent les grues
cQuronnées,
à la manière des autres poèmes, la valeur
1
poly-isotopique de l'écriture pacéréenne maximalisant
l'inconsistance de Tibo, mieux encore le ton prophé-
tique de celui-ci parvient au dédoublement du sens :
1
le suicide de former un choix au présent
1
/1/ - avant que trépas
(la mort/Timini)
ne quittant
jamais le rayon d'attraction de Tibo/la vie ne
1
vienne concilier la rencontre
1
/2/
au plan métaphorique asserté
"Nous-nous ~et~ouverons
dans la belle vallée
Quand s'envoleront les g~ues aouronnées"
assuré pour l'heure de l'existence de la ·parole,de
technique vêtue,
ou si l'on veut,
de vertus fécon-
dantes;Ogoternmêli ne contredira pas
(1)
; comme La
Karaw Ka (2, dans une traditioû où la parole se
confond avec la poésie,
pour être sa catégorisation.
D'ailleurs une syntagmatique de la parole s'~st cons-
tamment développée durant les premiers ~oments de
l'analyse
- effet de la contextualité du récitant/de la
déclamation.
(1)
Cf.
Griaule Dieu d'eau~ entretien avea Ogotomméli~
Paris~ Fayard~ 1966

(2)
Cf.
texte initiatique bambara~ Opai t.
. .. / ...

1
171.
1
1
-
l'écrit/lroral allié au message du tam-tam,
1
- émergence de la thématique de la communication.
1
Bref,
les différentes combinatoires observées
1
rivalisaient dans cette option qui n'oublient d'in-
tégrer les formes syntagmatiques d'un registre
1
toujours ouvert,
faisant elles-mêmes le bémol d'une
tentation.
1
C) LEPRËSENT""DU FUTUR "ET/OU LE FUTUR DU PRËSENT :
1
"
"
SYNCHRONIE ET SCHËMATENDANCIEL DE LA LITTËRATURE
AFFHCAINE
1. Lep.1an descriptif
Anamorphose, polyphonie ••• la sémiotique ne
tarissant pas -
considère un fait majeur constitutif
de la tendance des oeuvres négro-africaines,
bien
"
que toute appréciation se révèle être encore préma-
turée : la création, on l'a dit, ne se livrant point,
sauf à se cristalliser
sans lendemain,
à la défini-
tion d'une forme, un archétype d'expression littéraire,
quoique à ce niveau la réserve est p~ssible.
Reste que à la fiabilité d'une distinction établie
par Todorov et les formalistes russes entre critique"
ou interprétation et poétique, génèse vs variabilité,
un faisceau isotope favorise un ~iscours nouveau quant
à la lisibilité des oeuvres sur l'isotopie des genres
ou des types de discours :
.../ ...

1
172.
1
1
Cl. Abastado,
à sa lecture des Soleils des indépen-
gances découvre,
juste,
la démarche d'un texte
1
glace sans tain
(1).
E~ le texte tient beaucoup
de la veine d'un conte,
non pas tant au relevé
1:
thématique essentiellement mais encore et princi-
palement une structure syntaxico-narrative tribu-
1
taire de la prépondérance du récit sur le discours.
Rien d'excessif ni de contradictoire d'avec les
1
vues de Cl. Abastado ;~le conte traditionnel visant
bien à exprimer l'unité d'une pluralité: la totalité
réflexive non divisible.
1
Des romans nés aux lendemains historiques comme
L'homme gui vécut trois· vies
Paris,
Saint Paul,
1976
• ~assenï
Abidjan-Dakar,
N.E.A.,
1Y77
Wazzi
Abidjan-Dakar, N.E.A.,
1977
• Les danseuses d'impé-éva
Jeunes filles à Abidjan
Abidjan-Imades,
1976
• Jusgu1au ~euil de l'ir·réel
Abidjan-Dakar, N.E.A.,
1976
1
• Las()uche calcinée
(1)
,
1
Yaoundé,
CIe,
1973
i
1
bousculant les meilleurs exemples ne se passent de
fréquenter telle rive :
. . .1 . ..
1
(1)
Cf. Revue d'ethno-psycho2ogie
1
/
L

173~····-
1
1
1
Allégoriques et de forme auto ou biographique pour
la plupart, ces oeuvres tracent les marques d'un
1

fonctionnement inétuctable dans la représentation
d'un univers initiatique de· quête i peu importe
1
l'objet ou les sites de cette odyssée:
1
- La souche calcinée met en lumière les mésaventures
d'un jeune élève ivoirien en France après une scola-
1
rité brillante durant l'école primaire et le cycle
secondaire. Travaux difficiles, parfois détraquan~,
1
circonstances de toutes sortes de nature à abattre
le démon le plus effronté n'ont cependant pas offert
à Lagou l'occasion d'abandonner, la réussite prenant
1
sa part au bout de l'épreuve.
1.
- Ordonnant la fuite de FaniKroi de SoubakagnandougoUf
(village de sorciers dont la traduction propage le
1
signifiant en nar.rativisation et sémantisation dans
le téxte), Jusera 'all,seuil de l'irréel raconte ce
1
personnage pénétrant et pour s'installer dans une
contrée plus étrange que la première.
1
- L'~omme gui vient de trois vies s'ouvre sur le
grincement des serres de l'époque du commandant et
1
dU.garde de cercle pour ériger son dénouement en
une sorte de sonate frappée de point d'orgue. Ayant
fui son existence matérielle et psychologique ini-
tiale,
le héros biographique Kinantigui opère un
retour à sa terre natale après que "les soleils des
indépendances, telle une nuée, tombèrent sur le pays".
-
Figé dans un équilibre extatique par "l'azur phospho-
rescent" des institutions modernes, celui-ci dut
~
entonner la ritournelle du tiraillement pour sa ré-
insertion à la nouvelle vie "villageoise ~' hors des
i
centres urbains.
l'
.../ ...
(1)
R~fZexions à partir ~e nos pr~mi~rs travaux
de reaherahe - m~mo~rede ma~tr~se sur Ze roman
notamment cf. bibliographie.
l'
/
1--

,
1
174.
1
1
2. L.a mo.rphologie .d'.une. syntaxe..sémantico-narrative
1
Privilégiant l'intemporalité de l'instant et les
1
situations mélioratives quand i l faut éclairer la
l'
progression du récit,
ces romans-Masseni le premier-
redéfinissent ainsi en une syntaxe narrative quant
1
à l'ordre des faits, la fonction indicielle, déter-
minative d'un fond isotope du conte,
si l'on se fie
1
à Roland Barthes (1)
:
1

Correspondant, au niveau sémantique,
à la béné-
diction de quelque providence la fin de certaines
1
intrigues trouvent grâces dans leur manière d'ad-
ditionne~ les circonstances plutôt heureuses,
1
sollicitant ainsi l'intervention du merveilleux
péripéties ayant conduit à la naissance de Masseni,
dans le roman qui ~orte ce nom : évènements moins
1
malheureux qui connurent le.mariage de Kinantigui
chez les mangeurs de saurie~s, présenté par L'homme
gui vécut trois vies •

Multipliant également une tournure syntagmatique'
de signifiants à fonction narrative normalisables
comme des adjuvants ou des étapes intermédiaires
(philtre, amulettes dans' Masseni,par exemple, ou
pouvant encore jouer le même rôle les circonstances
heureuses dans Massent,
L'homme qui vécut trois vies,
La souche calcinée ••• ) ceux-ci parvi~nnent à tra-
duire l'inter-relation logique,
de causalité temporelle,
de préférence.
On conçoit aisément que toute cette démarche syntaxi-
que'se polarise sur la structuration.
narrato-logique, distinguant des noyaux principaux,
(2)
(1)
Cf.
Corn.
8~ Pari8~ Seuil~
1966~ pp. 12-14 Sq.
(2)
L'outil conceptuel est de Barthes~ ibidem.
• •• 1.··

175.
trois en l'occurrence à l'aperçu descriptif des
figures actorielles,
à l'instar du scenario
narratif dans Quand s'envolent les grues couronnées
au sujet de son univers initiatique.
L'on peut alors construi~e la démarche narrative
de ces romans,
s'appuyant en substance sur les
modèles généraux de l~ narratologie (Todorov et
Bremond ••• lr~ans s'attarder sur leur particularité
méthodologique.
l
- Une situation initiale
al
stable
La' souche calcinée
réussites scolaires au village
hl
déséguilibre
Wazzi
fuite de l'héroïne pour échapper aussi au poids
de la coutume dans la relation coloniale.
- Jusgu'auseuil de l'irréel
FaniKroi fuit SoubaKagnandougou, haut lieu de
la sorcellerie.
- Masseni
déchéance d'un couple stérile dans la première
partie,
à l'image de Fama et Salimata.
.../ ...
Il
.1~--------'-----'-~---------

,1
176 •.
1
1
!!_:_~~~~_~~~~~_~~~~~_~~~~2~~!~~~
1

en situation contraire de l
---------------------------
1
- La souche calcinée :
vie détraquée en France
1
a) processus d'accentuation de la dégradation
1
- Wazzi :
-0
1
"prostituée d'un soir ou concubine d'un séjour,
moins qu'une servante maitresse d'une vieil
1
- Jusqu'au seuil de l'irréel:
état transitoire, simulacre d'amélioration dans
1
une contrée hôte
1
- Masseni :
médiation d'un parcours syntaxique en un processus
1
de désensorcellement.
1
III - Situation finale
En observant la manière dont les oeuvres indiquent
la clôture de leurs séquences finales, l'on peut
combiner, pour mettre plus d'ordre dans l'étu~e, la
formation narrative - structuraliste et
une dénomination méthodologique connue chez Denise
Paulme, certifiant assez bien une problématique :
type ascendant
- La souche calcinée
réussite, triomphe de Lagou
.../ ...

1
177.
\\
1
1
1
i
- Wazzi
:
1
vie conjugale des plus heureuses après une seconde
IIfuite" de chez son concubin.
1
type cyclique
à propension descendante
1:
- Jusqu'au seuil de l'irréel
1
état final de déséquilibre voire plus dégradé que
\\....;
.
l'initial,
contextuellement analysé dans le déses-
poir total et les scrupules de FaniKroi.
L'homme gui vécut trois vies
tiraillement de la séquence finale.
Contenant ainsi en filigramme le départ prévisible
d'une suite narrative nouvelle,
forme et structu~e
profondes des oeuvres considérées compulsent un
mouvement chiasmatique.
Mais en édifiant en leur sein un monde intertextuel
de discours littéraire ou segments de langages
sociaux, ces contes romanesques spécifient une cons-
truction de l'espace littéraire qui retient:
-
comme les traces reconnaissables d'une vie
collective: les rites d'initiation et la liturgie
de la danse de l'oracle dans L'homme gui vécut trois
vies ; de même la thé~tralisation pour être perçue
comme représentation et retransmission de cérémonie
nuptiale, actualisée en l'union de Kinantigui •
.../ ...

Ir.
178.
t
[
l'
1
-
Ressuscitant la légende d'AbIa Pokou, La souche
calcinée, à l'instar de Danseuses d'impé-éya,
1
imprime au passage où celle-ci est exécutée l'allure
d'une socio-génèse ~ le second de rapporter un conte
cosmologique également.
1
- Récit ancestral longuement conté par Masseni
1
sanctifiant ainsi l'institution séculaire quant à la
confrérie(secrète des notables •
1
Ainsi cette chanson ironisant le couple stérile du
1
roman :
1
"1 a-t-il plus belles parures
qu'un b~b~ au dos?
y a-t-il. or ou -argent qui
vaille un enfant ?
y a-t-il frère ou soeur qui
~emplace ~n fils ou une fille ••• " (1)
Ne peut se nier une structure de ces différents
récits segments médiatisant la progression de la
narration, d'une part; de l'autre, démarche de
textes poly-isotopique3, donnée, qui ailleur's aurait
relevé de problème de calcul
; le tout destiné à
exprimer les catégories rnenta'les comme les partis
pris de Quand s'envolent les grues cou~onnées~
L'intention serait certainement d'orienter davantage
ou d'approfondir quand il faut aussi conclure.
Mais alors que dire de cette double morphologie ?
(1)
Cf. p.
23.
.../ ...

1
179.
1
1
1
POUR CONCLURE
1
1
Plus d'une direction se propose, parvenu à ce stade de
1
l'analyse ; d'abo~d, l'exactitude de l'étude, disons mieux,
l
la fidélité de celle-ci aux prémices de son objet, qui
1
ne redit plus en quoi elle importe :
1
L'on a vu s'écrire, au fil d'une seule, trois thèses corro-
1
borant la rigueur du travail, et celle d'une méthodologie
1
-
La problématique s'était aussi assignée de montrer le
fonctionnement trouble d'un Texte, partant la productivité
1
de l'écriture qui le sous-tend à la fois comme trompe
l'oeil et "vérité" d'une actualisation. Rien n'est apparu
plus indiqué que le Texte lui-même : .
D'une auto-suffisance comme matière de travail sans
abstraire ses caractéristiques d'objet en situation de par
les modalités de sa naissance,
le Texte pacéréen a consolidé
les droits historiques du falt littéraire par le primat
destiné au plan iso~ope de la mimesis quant au parcours de
l'espace de la signifiance. Ce qui accentue en plus des
élément~ thématiques découverts le caractère régional voire
ethno-centré de la poésie de l'auteur. Mais i l semble bien
que c'est dans telle voie, plus justement, d'une intro-
version que se dirige la production littéraire négro-
africaine.
.../ ...

1
180.
1
1
Les romans ayant servi à la spécification sont "ivoiriens" ;
1
comme auteurs et critiques ne sourcillent plus à parler de
littérature sénégalaise, carnerounai~e ••• , zafroise (1)
1
le libellé et le contenu des travaux récents, ou relative-
ment,
portent cette marque d~loquence. Témoin, la création
1
romaneSque devant les transformations actuelles en Côte
dl Ivoire de Gérard Lezou (2)
;
Sous-jacent au premier a,xe de la productivité,
11 inter-
textualité consacrait lui aussi un autre niveau de la
représentation: visant à reproduire d'autres textes ou
discours,
à l'exemple du logos et le monde,
celle-là a
signifié sa présence constante. Son investigation ayant
valu une attention mise en divagation,
imposant de penser,
comment le dire,
"tandis qu'on l i t un livre, à tous les
autres écrits depuis le commencement du monde" mais celui-
ci lui-même n'en demeure pas moins un ! Voilà pourquoi se
démarquant d'une quelconque légalisation appauvrissante
de la productivité du Texte, l'analyse eut beau jeu de
~ ~
discerner en l'intertextualité, une situation charnière,
et au plan du signifiant comme du signifié,
des niveaux
de lecture, avant tout dlun Texte qui se joue de critique.
Son redéploiement successif en constitue un aspect serein ;
aussi longtemps qulil est vain dlépuiser (la démarche de)
l'objet sémiotique.
(1)
KesteZoot:
Neuf poètes camerounais,
Yaoundé,
1971
-
Guegane
:
Poèmes voZtaiques
N.E.A.
l
-
Vaillant
:
Poètes noirs de
Z'Afrique du Sud,
P.A.,1975
(2) Thèse 3ème CycZe,
Nanterre,
1972.
... / ...

1
181.
- Retentissant à ces bords le cri de l'oeuvre assimilable
aisément au message de son créateur : Poème comme itiné-
raire symbolique par la mediurnnité de l'écriture; déjouant
les pièges de l'oralité sans le rejet d'une compétence
culturelle indéniable, l'écriture dès lors issue fiable
l
d'une représentativité résout la tension devant les risques
de l'anéantissement d'un corps social:
Se lit donc et sans aucune traduction, la double pertinence
des facteurs à la portée de l'auteur lui autorisant d'af~
firmer une personnalité linguistique, résultante de l'ar-
ticulation d'un procès de quête et/ou (re)conquête ; celle
là en prédisposition d'assumer un rôle de porte-parole:
• JI demeure encore ~ertifié que la poésie lyrique se
révèle à la poétique comrn~ la parole intime du locuteur -
la place du segment méta-discursif dans la classe des
ernbrayeurs authentifiait sérnantiqueï.lent assez.: sinon.la
confusion d'attitude propre à décomplexifier les passes
allocutives .
• Sortant du corps et s'élargis~ant, les fonctions
const~ud1ves du formalisme russe pourront infléchir
l'inscription de Pacéré à l'état civil des auteurs dessinés
par l'analyse: à preuve quelques titres de ses ouvrages parus
et/ou à paraitre :
- Ethnocide d'un cas d'Anti-histoire
(Ethnocide direct du Mogho)
- Ethnocide indirect du Mogho
A '
,
.
, t
1
Mo
'
-
1nS1 on a assaSS1neous
e s s s e
.. . 1 . ..
f I

1
182 •. l1
1
1
t
J&;,
1
i
!
Il reste, pour revenir à l'étude que le développement de
~
1
la problématique significative à un haut niveau n'est
f
t
facilitée que par l'observation du jeu de la combinatoire
1
du signifiant auquel la Poésie de pacé1é Titinga participe
et y invite: au point que subsumant à la limite la langue-·
1
d'emprunt dans un premier jet, il est loisible de pouvoir
transplanter un système signifiant marqué :
-Définissant le texte par l'intensité verbale, la sémiotique
analytique y découvre en tout et pour tout "une pratique du
langage où les opérations du geno-texte s'étale dans un
J1
phéno-texte, le phéno-texte essayant de représenter le
1
texte en invitant le lecteur à reconstruire la signi-
1
fiance ••• " (I).
Il devient normal de traduire que si, au seuil d'une
1
""t
linguistique de la couverture externe du lexè~e, le sujet
de l'écriture de l'écrivain se révèle être explosif,
d'emblée, de peu la certitude d'en faire un constat égal
1
1f
au décompte et à la fortune d'un autre modèle d'approche:
d'où la validité et l'efficacité d'une méthodologie
d'investigation:
Cornn.e invoquant, sans le savoir, peut-être, la linguistique
discursive voire textuelle (la poétique occupant elle-même
une des premières loges de celle-ci), les termes d '.éval ua-
tion d'une procédure citée, silencieusement articulée, la
critique fait l'unanimité à propos de certaines productions,
d'une manière ou d'une autre, par les.prédicats proches
d'''esthétique d'Une culture donnée" : de "parole poétique
ou artistique" •••
(1) K~isteva cit~ pa~ M. A~~iv~~
ibidem.
.../ ...
II

183.
1
1
1
Aux exégètes du Devoir de Violence, particulièrement,
des Soleils des indépendances, l'oeuvre a-t-elle, à la
1
limite de l'épuisement, révélé la face intime de son·
invention? C'est, peut-être, une lecture semblable à
celle entreprise qui permit à J.P. Makouta d'être aux
transports et dans une difficulté voire impossibilité
1
de clore devant les qualités structurelles de D'éclairs
et de. Foudres, paru alors même que ce travail connaissait
un terme.
Si donc, sans se passer"d'un alphabet hérité de la langue
de César et de Cicéron~ l'écrivain négro-africain est
producteur et le co-producteur à l'échelle du créateur de
signifiance, il revient à dire de pérenniser cet acte
singulier par ce qui soustrait le sens et l'oeuvre entière
aux affres d'un ébranleœent :
Situation suicidaire des oeuvres d'une littérature 3ssez
bien vue par Kuitche Fonku : dans une étude récente
intéressante, même si quelques passages amènent à tenir
le parti du silence, celui-ci donna une lecture nouvelle
des oeuvres de F. Oyono (1). Ne faisant point sarcasmes
caustiques et combat de tout, Kui tche parvient à déterminer
des sch~mes formels de l'oeuvre romanesque de l'auteur.
Visualisé sur un ensemble d'oeuvres, l'on peut estimer que
ceux-ci mérit~nt à celles-là certificat de vie et d'entre-
tien.
Cf. Thèse de Troisième Cycle - Langage de survie des
oeuvres tittJraires africaines~ Nanterre~ 1978
(2)
Paris~ Saint-Paul~ 1979.
... / ...

184.
I~
Cela définit aussi les interrogations de Pierre N'gandu
dans Littérature africaine écrite (1), avant que l'étude
n'ait pu difficilement résister à une nomenclature thé-
matique mais tel ordonnancement lui-même se justifie-t-il
par une critique thématique ayant elle-même besoin d'être
"exhaustive", sortie ainsi des bannières d'un dogmatisme
à préserver les clauses du Congrès de Rome.
Ainsi s'est élaborée la troisième thèse accréditant aussi
le travail et ses résultats comme étant d'un apport non
moins considérable aux problèmes théoriques de la lecturè
des oeuvres négro-africaines. Questions de méthode pour
tout exprimer, de la saisie d'un champ de signifiance.
Jusqu'à maintenant les travaux relativement peu nombreux
dans le domaine des recherches formelles, syntaxico-
stylistiques peut déterminer un tel élargissement :
• choix également par le même temps d'un auteur en dehors
de la liste imposée par le pouvoir de la critique •
• le plaisir d'une étude n'est pas en un autre endroit
non plus.
Mais on pourrait se demander l'opportunité de ces remarques
quand le point de vue de cette analyse ·comme la marche
réglée de tout le développement rassérène ; ainsi ont pu
être presqu'écartées les questions traditionnelles qui ne
s'ouvrent que sur des réponses triviales quant à l'i~pres­
sionnisme d'un choix de l'écrivain comme matière de· travail.
1
Certes qu'il n'aurait pas été moins intéressant de créer
un parallélisme structurel beaucoup plus important entre
la poésie de Pacéré Titinga concernée et les" textes ins-
1
.,
tigateurs ou même d'autres oeuvres tout simplement.
1
ii,
1
(1) Paris~ Editions Saint-PauZ~ 1979.
.../ ...
1
- i

1
" 1
ii
i
1
--1

'1
185.
1
1
Non seulement les circonstances d'un tel travail en inter-
1
disent une orientation semblable mais encore une sorte

d'implicité discursif linguistique -
sens large - s'insti-
1
tuait au préalable entre l'objet d'analyse et les référents
textuels. Quant aux oeuvres orales, aspect de relations
d'intertextualité qui ne pourront plus retenir.
1
L'ouverture sur la l~ttérature africaine contemporaine n'a
1
pas omis de se signaler; l'illustration des oeuvres roma-
nesques elles aussi ne constituant pas l'aspect le plus
1
dérisoire de la démarche et de l'étude.
1
Bref, pour l'essentiel que peut en ëtre la surprise
- actualité d'un travail dans la théorie générale des textes
littéraires, depuis aussi la prestance de la sémiotique
1
elle-même théorie d'un programme vaste de la communication
et du sens.
1
••• Et morphologie, à tout le moins, déterminative "d'un
1
horizon d'attente" dirait Jauss
(1) d'une production litté-
raire en procès, qui fonde certainement l'espoir de pouvoir
1
parler littérature dans la littérature,
ce à quoi l'avenir
répondra.
1
1
JI
l
(1) Cf.
"Litt.rature m.di.vale et th.orie des genre8"~
in Po.tique 1~
1970.

1
1
186.
l'
1
BIBLIOGRAPHIE
1
1
1
J - LE CORPUS
1
Pacéré (T.)
: Refrains sous le Sahel
1
Paris, P.J. Oswald,
1976
poèmes,
89 pages
1
Ca tire sous le Sahel
,1
Paris, P.J. Oswald, 1976
poèmes
Quand s'envolent les grues couronnées
Paris, P.J. Oswald,
1976
poèmes
.../ ...

1
187.
1
N.B.
LECTURES SUPPLËMENTAIRES
1
.1
Bilombo-samba (J.B.)
Témoignages
:,1
Paris, P.J. Oswald, 1976
:!
poésie/prose
,1
Dadié (B.)
: Légendes et poèmes
1
1
-Paris, Seghers, 1966-1973
(257 pages)
1
Dodo (J.)
: Wazzi
JI
Abidjan-Dakar, N.E.A.,
1977
(53 pages)
roman
1
.:
Dern (T.)
: Masseni
AbidjQn-Dakar, N.E.A.,
1977
(251 pages}
roman
Kaya (S.)
: Les danseuses d'impé-éya
jeunes filles à Abidjan
roman
Abidjan-Inades, 1976
(127 pages)
Kebe (N.G.)
Ebéniques
Abidjan-Dakar, N.E.A., 1975
poèmes
.../ ...

1
188 •.
1
1
1

I<oné (A.)
: Jusqu'au seuil de l'irréel
Abidjan-Dakar, N.E.A., 1976
1
(143 pages)
roman
1
I<ourouma (A.)
: Les Soleils des Indépendances
'1
Paris, Seuil, 1970
(207 pages)
1
roman
N' Debeka (M.)
: L'oseille et les citrons
Paris, P.J. Oswald, 1975
poèmes
Soleils neufs
-Yaoundé, CIe 1969
poèmes
Nokan (Ch.)
: La traversée de la nuit dense
Par.is, P.J. Oswald, 1972
(théâtre)
Abraha Pakou
ou
Une grande Africaine
suivi de
La voix grave d'OphirnoI
Paris, P.J. Oswald, 1970
théâtre africain
. . .1· ..
i

1
:'
>,'
189.
1
1
r
1
1
j
Ouassenan (G.)
: L'homme qui vécut trois vies
1
Editions Saint-Paul, 1976
(111 pages)
1
roman
1
Ouologuern (Y.)
: Le devoir de violence
Paris, Seuil, 1968
1
(208 pages)
roman
1
Oussou Essui
: La souche calcinée
1
Yaoundé, Clé 1973
(204 pages)
1
roman
1
Oyono (F.)
Le vieux nègre et la médaille
Paris, Julliard, 1956
1
(l87 pages)
roman
1
Une vie de Boy
Paris, Julliard, 1956
(185 pages)
roman
Zadi Zaourou (B.)
: Fer de lance
Paris, P.J. Oswald, 1975
(51 pages)
poèmes
.../ ...
/

1
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'1
1
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II - GENERALITËS
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Paris, Hachette, 1974
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(187 l'ages)
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La littérature orale africaine
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J
I
J ..,....

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/

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!
!
!~.
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,.1
,

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1
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!
!
!

r
y,
w
1
Todorov
: Qu'est-ce que le structuralisme
poétique 2
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Paris, Seuil, 1968
1
poétique de la prose
choix,suivi de
1
Nouvelles recherches sur le récit
Paris, Seuil, 1971, 1978
1
1
IV - TRAVAUX,' ËTUDES
,1
1
Arrivé (M.)
: "Texte" ronéo
Genot (G.)
: "R~cit et contre récit dans un
poème de du Bellay"
in Revue Romane T. XIII, Fasc.1,1978
tirage à part
Thématique lyrique et quasi-
syntaxique narrative
(Les sonnets de Foscolo)
: '~Problèmes de calcul du récit"
prépublications
••• 1.··

It
197.,
1
1
Ibouldo
: La satire dans l'oeuvre de Pacéré
1

Titinga
1
mémoire de maitrise
Abidjan Université,
année 1979
1
Kui tche
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: Le'langage, gage de la survie
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des oeuvres littéraires africaines
d'avant 1960
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Nanterre-Paris X,
1978
thèse 3ème Cycle
1
Lezou (G.)
: La création romanesque devant
1
les transformations actuelles
en Côte-d'Ivoire
1
thèse de doctorat
3ème Cycle
1
Nanterre Université,
1972
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Mawa
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dans l'oeuvre de Pacéré Titinga
mémoire de maitrise
Abidjan Université,
juin 1979
Sanaa Ghali
: L'image dans "Electre"de Giraudoux
mémoire de maitrise
Sorbonne-Paris IV,
1976
Tap (P.)
Identités collectives et
, "
changements sociaux
Science de l'homme
~
.../ ...
,1,
L

Il
198.
,
i
1
li
1
Il
Tillot (Renée)
Le rythme dans la poésie
de Léopold Sedar Senghor
1
N.E.A.,
1979
1
Yépri Sabrou (L.)
: Le Roman Ivoirien depuis 1972 :
1
étude des orientations et des
rapports avec la Société
,1
mémoire de maitrise
Abidjan Université, 1978
1
,1
- ARTICLES, REVUES, DIVERS
1
Fraternité Matin
1
Mardi 17 février "D'éclairs et de.
Foudres"
Une écriture,
un cri", p. 23
t
Fraternité Matin
Mardi 30 décembre 1980, p. 19
Table ronde avec Pacéré Titinga
Le poète
doit s'inspirer de son milieu
La geste d€
ségou - textes de gliots
Université d'Abidjan
Le Monde 8.2.73
Panorama de la poésie africaine en langue française

.../ ...
!

1
199.
1
1
Négritude : Traditions et développement
1
sous la direction de Michaud (G.)
Bruxelles, 1978
1
Langage
1
1969, nO 13
1
Revue d'ethno-psychologie
1
Poétique
1970, l, 3
1
poétique
1
1971, 5
1
Poétique
1973, 13
1
poétique
,1
1979, 39
Disque "Créolie"
Une arme pour mon Ile
par Gilbert Aubry
Evëque et poète à l'Ile de la Réunion
Réf. AD 2038 AV 4451.
1

1
200.
1
TABLE DE MATIERES
1
1

Prologue
p.
0
1
Introduction
p.
1
Première partie :
Ruse de l'oralité 0U le
1
retour du griot ?
p.
13
1
Chapitre l
Stratégie de la fonction
verbale et productivité
1
textuelle : combinatoire
du signifiant et marqueurs
1
d'enracinement
p.
14
A - La Répétition
1
p.
15
1. Répétition et procès énonciatif
p.
15
a). Les niveaux de l'énonciation
1
p.
16
h) Niveau de l'énoncé
p.
20
1
~
2. Répétition et qualités auditives
du texte pacéréen
p.
22
a) L'exemple du refrain:
description
1
p.
22
1
b) Aspect du réci~atif
Quand s'envolent les grues
.~
couronnées
1
p.
25
- Indicatifs de strophes et
~.;."l
espace discursif

p.
28
t
*,
1l
1
'L

1
1
1
0< B - Du proverbe au discours mythique
p. 29
1
1. Le symbolisme social
p. 209
2. La création d'un monde
1
p. 32
C - Ebauche dramatique
p. 38
1
1. Un complexe énonciatif
la distanciation
p. 38
1
2. Ingrédients d.e "situation"
p. 42
1
J~
Chapitre II : Poème/non poème :
poésie narrative et écou-
1
lement contemplatif
p. 46
A - Articulation narrative et structure
1
discursive superficielle : le mode
1
gramma~ico-linguistique
p.
48
1. L'omniprésence d'un anaphorique
p. 48
1
2. structures linguistiques :
c;.~./
cha1nes Syntagmatiques et paradi-
1
gmatiques à l'expression de la
1
narration
p. 53
B - Instances textu elles
et dimension
narrative : distribution de réseaux.
d'articulation ayant un contenu
p. 59
0(
1. La discontinuité du signifiant
des personnages
p.
59
1
, 1
1
~

C - Grammaire de récit :
schéma
(chrono)
logique
p.
62
1. Opération taxinomique des qualités
p.
63
a) Allure de la stratégie du récit
et structure interne du poème
p.
64
2. Les Figures de récits
p.
66
a)
Récit 1 et isotopie épique
p.
66
. b)
Récit 2 et plan isotope du
récit comme itinéraire
p.
70
c) Taxinomie et opérations de
narratiNisation
p.
73
Deuxième partie
Figuratique de l'espace et
intégration du poète
p.
79
Chapitre l
L'espace discursif de textes
él6cutifs
p.
80
eX A- La conversation comme mode d'écriture
poétique
p.
80
1. Manifestation lexicale
description
p.
80
2. Le niveau grammatical
description
p.
94
B - Le registre de l'éléve
p.
88
1 • La description
p.
88
2. La pertinence d'un schéma
p.
90
.
1


204.
D - Les manoeuvres parodiques
p.
131
, 1. de la satire à la parodie par
\\\\
l'espace d'une signifiance
p.
131
2. si on prenait un exemple
p.
134
a) Des méta-poèmes
p.
135
h) Le deuxième niveau d'analyse
Un discours contestataire
cependant·
p.
137
- Les collages parodiques
p.
137
c)
3ème niveau - le surgissement
symbolique
p.
138
1
Troisième partie
Forme et signification d'un
uni-vers
p.
140
i~
Chapitre l
Structure thémat.ique et

univers sémant~qu~ d'un
i]
scénario de quête
p.
141
i~
A - Le souffle des ancêtres
De la négritude
p.
142
1. Le passé lumineux
p.
142
a) L'appel du tarn-taro
p.
142
h) . Thématique des héros de
l'Afrique ancienne
p. 146
2. L'appel du présent : structure
thématique et déploiement d'une
société contemporaine
p.
149
3. Futur du présent"?
p.
151
/

205.
,
.r/
..
Chapitre II
. Sens et signification
p. 157
../
A - Schéma narratif d'une quête-tension
p. 157
B - Les niveaux de la lecture sémantique
p. 161
1er niveau
:
la surdité culturelle
ou la mort initiatique
p. 162
2ème niveau du séma~tique
l'échec d'un suicide
p. 164
.
3ème niveau
. la rédemption
p. 169
C - Le présent du futur et/ou le futur
du présent : synchronie et schéma
tendanciel de la littérature africaine
p. 171
1. Le-plan descriptif
p. 171
2. La morphologie d'une syntaxe
sémantico-narrative
p. 174
Pour conclure
p. 179
Bibliographie
p. 186
Table de matières
p. 200
Annexe
p. 206

;~
'1-'
206.
lt
1
l
Annexe
J11
DEVANT LE lUGE

1
1t
1
Il Caut se séparer 1
Il Caut nous séparer 1
On s'entend trop 1
I·}. 1!
1
On n~ s'entend plus !
On n'entend plus que nous!
On ne s'entend plus!
1
On ne s'entend plus!
1
1
1
t1
Il Caut se séparer!
t
Il Caut nous sép.uer!
i
If
C'est la Cemme du voisin!
i
:':
1
C'est le mari de la voiiine!
t
1
Qu'il aille là.bas!
f,
Qu'elle vienne ici!
Ir
le les ai surpris une Cois!
le les ai surpris deux Cois!
le les ai sl:.rprÎs dix Cois! •
le les ai surpris toujours!
II faut séparer 1
II faut séparer!
Séparer l'homme!
Séparer 1. Cemme r
Séparer les enlant5 1
Séparer la poule,
Le coq,
Les poussins,
Le taureau,
La vache,
Il faut partager,
n faut partager,
I.e mil en deux.
Le chien en deux,
L'eau du puits en deux,
Les amis en deux,
Les enaeIl1Û en deux,
Le village en 'deux,
La ville yoisine en deux,
La terre en deux.
Le soleil et la lune eu deux.
Dieu en deux,
Son paradis llIl deux.
Son eolu .. deux 1
-~
Cf. Schéma de Z 'orage~
. _ - -
,
T2 ~f,-O~
~~
_

' •..
1
i
1
...
1
i
1
Il.'.4
1
1
D faut le aéparer 1
~
Il faut nolU aéparer 1
1
:,'"
On l'entend trop 1
On ne s'entend plus 1
On n'entend plus que nous !
1
On ne s'entend plus 1
1
On ne s'entend plus 1
1
1
Je veux de l'argent !
.Moi, de' l"argent !
Beaucoup d'argent!
1
Tout IOn argent!
n faut qu'il meure !
Qu'elle meure 1
1
Avec l'autre,
Sans l'autre,
Sans J'autre,
Avec l'autre 1
1
'lI faut qu'il crache!
~Qu'elie crache 1
-(fout ce qu'il a m.angé !
,.Ce qu'elle n'a pas mangé 1
'Qu'il crache 1
Qu'elle crache 1
Du sang,
Toutes mes marmites,
Du scng,
To\\\\tes mes calebasses,
Du aang,
.
• 'Tout mon mil,
1
Du sang,
Du sang,
1 Du sang,
1
·Du sang!
1
1
Il faut se séparer!
11 faut nous séparer!
1
On s'entend trop!
1if
On ne s'entend plus!
f
On n'entend plus que nous!
Il
.On ne s'entend plus 1
On ne s'entend plus!
:1
/
\\
!
Il

208.
l
!
VOLTACIDg
Nuit 1
Nuit 1
Nuit 1
C'est encore la nuit 1
D'ailleurs,
Sur eelte Terre,
C'est toujours la nuit 1
Un Président Gouverneur GénérJ.,
Une assemblée au grand complet,
Un Ministre Garangosé,
Un cabot venant de Monoprix,
Une chèvre de Monsieur Seguin... 1
Dans un trou,
Mamadou et Bineta pleurent!
C'est le Carnaval des Maudits 1
Nuit 1
C'est encore la Nuit!
Un MoSbo NaLa Kougri,
Un Mogho Naha Siguiri,
Un cardinal
Aux 'luatre points cardinaux
Tirr.nt,
Tirent,
Tirent sans relâche,
Un diliLle par la queue !
Nuit! .
C'esl toujours la Nuit
Sur celle terre
Délayée,
Civilisée,
Pétrifiée,
Délayée,
Triturée,
Putrifiée,
Pestiférée,
Mystifiée,
Où toute matière est
Bijoq,
Caillou,
Genou,
Hibou,
Joujou,
Pou... r
Dans un trou,
Cf·
Mamadou et Bineta pleurent!
Spatia~isation
~I
1
fl,

Refrains sous le Sahel, p. 66

Il Y aura UNE :BATAILLE 1
Il n'y aura qu-UNE 1
Pas ~eux,
. Pas trois,
Pas quatre,
Pas cinq 1
Il Y aura UNE bataille 1
Il n' y aura qu'UNE 1
Yaound~,
:Bamako,
Pr.~toria,
Salisbury,
Ouagadougou,
Abidjan 1
Il Y aura UNE bataille 1
Il n' y a.ura 'lu 'UNE 1
\\vashington 1
Paris 1
Berlin 1
Londres 1
Prague 1
Honolulu 1
,
Il y Sura UliE bataille 1
-(
1
1
Il n - y aura qu'UNE 1
f.
,
!..
Elle sera
TO'tALE 1
D~c1s1ve 1
TOTALE 1

'1-
~,o
1
Refrains sous le Sahel, p. 67
1
Violente 1
1
TCYtALE 1
Atroce 1
1
Horrible 1
5angJ.ente 1
1
~crlALE 1
1
Un carnage,
Un massacre 1
,1
TœALE 1
1
Un TOItIBEAU 1
Il
Tombeau 1
II
TOI.œEAU 1
TOMBEAU 1
1,1
Te1rALE 1
i,1
p. 68
1
Il Y aura UHE bataillel
Il n' y aura 'lU 'UNE,
Pal'ce que:
CONguS .SU:i U N ~ n?; Bh'~AILLE,
1illS SUR UN CHAl~ DE UT.AILLE,
NOUS l...OURliOHS .,UR UN C~ :DE bATAILLE,
:t'OUR Lh GLOIRE DE LA l'AïRIE 1

1
~I •
1
1
Refrains sous le Sahel, p. 78
1
Faucon hagard,
1
Abandonn~,
Âccabl.~,
1
V,~reux,
1
~rah1 des uAnes,
.
Oourbant le genou mill~naire
1
Qui craqu!lle
Sous le souffle maudit des aieux,
1
Peuple d~laisstS,
.1
Peuple orphelin,
Ployant 11 ~ohine
,1
Sous les COCORICOS lugubres
D'artificieuses trivialit~s,
1
Lourd dlun passé d'espoir,
1
Trahi,
Livide,
1
Poigne.rd~,
Tritur~,
Faucon hagard,
Fauoon hagard,
l!'a.ucon hagard,
Va 1
1
1

_.---- --
~---..,......-..- ~-
~
~-_::..,..
- - ._._...__._------ ---
L'approche de la littérature négro-africaine ayant en majorité
,
porté sur des analyses thématiques, d'idéeloeie de l'auteur, des reperaees
de la fonction documentaire ..••• impose à qui veut entreprendre aujourd'hui
une étude suscitant attention en ce do~aine d'oser faire un pas nouveau,
lieu où se lit aussi le plaisir de tout travail de recherche:
..
Aborder les rrob1èmes d'écriture com~e stratégie de l'aprarition
et ou de la production du sens; ce que ~uggèr~et il est loin d'@tre une
erreur) la théo~ie sémiotique visant alors à conférer un caractère davan-
tage mrthodologique, s~ntifique, si l'on p~éfère, en réduisant, co~~e
dirait Kristeva, la dette des sciences humaineten eénéra1, la 1ittsrature
singu1ière~ent, à l'éear1 du discours objectif.
1
(Annales 1970
ft
La mutation sémiotique").
1
Ainsi donc se définit aussi la pertinence d'un sujet de th~se :
PACERB F'ITINGA : lT~;:;: EC:~Irr'TJR:S 7)~ LA POESIE dans lequel "une" ir.!po::-te !!Joins
.1
par sa valeur de déte~in~nt in~éfini que par l'appel d'u~e séniosis inter-
J
textuelle "laj~"J.re dont l"étu'Ïe tout à tour et à la fois se fait l'e".)'?11: et
i
:1
l'cbjet.
Par exemple l'attitude d'un Texte en dégénérescence "hé+.érotex-
1
tuel1e" ; la fi~~alité du discours,l'éT"!'?reence de l'e~~ce : Manéga
réconstruit en re~.ation is~morphe avec l'espace réfé~entiel ; l'i~acinaire
1
1
textuel et le eéog:.-aphique se confOndant presque pour ~elever lo.s C::l.estio=,~
de la sé~io1obie de l'univers parcouru par le personn~se Tibo, dans ses
1
détails appare,r:ent les moindres (termitière et ses ter~ites - Te~itière
et la chasse aux éphémères -
crosse rl 'une topoGraphie s:rnta[;'iëatisée en
sicne à déchiff~r). I.e tout devant se ree~-:lerer en manifestant au b~pt
1
du co-pte l'écriture conme une refraction pernanente.
1
L'on sait rarement montrer la neutralité du 1aneae;e, le texte
li ttéra.i=.-e étant lui m~me, si on peut le rappeler, un système de 1an'ItJU
sinon un siene dan~ l'option sémiotiquej il est loLsible de dési:r.er le2
différents éléments qui interacissen::'- des micro st!"uctl.lres ou micro sirn"?s
de 10ne'leur yariab1e, qui jouent d'une fonction symbolique: la face de la.
connaissance ,~r 1evr activité dans l'espace du texte.
En dautres phrases, les poèmes de Ti tinga pe1lvent se représenter COi'lI"",e une
parole ou un signe 1 au sein de la littérature (négro-africaine), une lane:ue
Si~~2 où le signe 1 ne sienifie que dans sa relation avec le signe L
...1.. ·
1

~I
.,'
"',~
'11:11
~I
Ponction constructive, littéraire, 13re~connotative qui
problèmatise le Texte pacéréen comme une écriture de la déchirure 1
1
,1
réactualisation/en un de son aspect, du programme de la négritude.
On so~ligne de cette manière comment écartant les problèmes
1
II
d'idéologie h~tive et coerclt~e à la lecture du texte la forme elle-
l
m3me engage assez, porteuse de la signifiance.
1
1
Pour tout, ce n'est donc pas sans pertinence aucune que la
question de l~ dieeipline effective du travail aura surgi, i stylistique
,1
poétique"?
rhétorique? ethnopsychologie ? s~miotique, et quoi d'autre.
le travail est d'une visée unificatrice sans méconna!tre ni ignorer la
~I
spécificité de chaque matière autant que la ~éthode d'investigation~'un
ou l'autre des objets concourents non concurentiels
qui amène à
1
1
resituer une opinion~de Greimas, entre autres, proposant de considérer
la. stylistique...
com.'1"e le plan taxinomiq'.le de la démarche sémiotique,
ou plutet les faits de la man1festat(~ textuelle pour aider au par-
1
cours de la signifiance, second stade du travail : signifiant et signi
dans le caractère du signe saussurien.
1
L'approche psychanalytique n'est pas rien. Texte poé~i~ue cons-
truit à l'image du sujet du r8ve qui échappe au contrele du sujet.énon-
,
1
ciation comme énoncé d'un système de la~age il incombe au critique le
m3me travail que l'analyste du r~ve appelé à reconstruire les sites
1
refoulé~ pour y lire le surgissenent du sujet dans son langage. Et le
discours littéraire n'en est pas le moindre: Objets sémiotique et
1
psychanalytique ne se disputent guère:
}
Arrivé Nanterre Paris X
Sémiotique et psychanalyse.
1
Les travaux de Lacan, pour s'arr~ter à ce~~-ci.
Quant aux questions de méthode de la littérature envis~gée,
1
une lecture attentive rend lo'écri ture poétique du Pacéré davantage fonco:-
tionnelle et d'act1t(J'f~~
1
A ce propos les aspects de la spatialisation suscitent parti-
culièrement intér3t., entre plusieurs :
1
Imposant un parcours de l'oeil au critique récepteur de l'oeuvr
littéraire, ceux-ci incitent une poétique de l'image, laissant par
exemple'espérer une construction des axes médianes pour mettre en relief
1
-

l
1
le contenu informatif r analogie d'avec les ch2fees d'intensité
d'une part, de l'autre,et c'est le plus important/mode de "réitication
1
!
du message".
!1
On voit d'ailleurs assez nettement comment par des
~
1
chemins quasi anodins, l'écriture pacéréenne propose à nouveau une
f
réflexion sur l'arbitraire du signe linguistique.
ï1
1
Définissant d'une manière générale le p~incipede l'arbitraire,
l
.j'a.tJssure y relève entre le sir,nifiant et le siu,nifié d'un c~té, Bei1"e•.f~~ li
1
le si~e et le référent de l'autre des rappo~ts conventionnels, contince~t1
l'
et im.."!loti vés.
1;
Les travaux se sont poursuivis depuis dont le
Il
~J~bolisœe des SC~~f
1
"relation indéniablement objective fondée sur unz connexion phénomé~ale
t
entre diffé~ents modes s€'nso~iels, en particuliers entre l·es sensatior.S
1
. visuelles et auditives", ainsi que le conçoi t Jakob~o ~ .- (lincuistiq:l.e
et poétique dans ESSAIS nE Lt~GUISTIQUE GEr~RAL~1963
Po 24.)
1
1
Prenant en compte "la fonction poétique" de Jakobson perçue par
le caractère de
,1
sim~larité qui sabs erre~r s'er.visaee con~e le jeu entre
1
le "son" et le "sens" par exemplp. Delas Pot Filliolet peuvent aussi à leur
tour lire dans le fonctionnement du texte poétique une structure iconi~
1
comme reva'lorisation du messàge~(Lin~istioueet noétique
p. 71 )
Et l'on ignore p~r la place non néelieea~le prise par la noticn d'icone
"signe qui opè~e p:"'.r la siinili tude de fait entre son signifiant et son
siVlifié" •
Ainsi donc si nous reprenons la distinction plus haut entre\\~e
5 1 r parole ou style de Titinga
5 2 : la littérature (africaine) écrite etJ'ou orale
-1
,1
·11
11ilf
"1
1
1

Le rapport de 81 à 82 peut 1c1 se répéter en termes de Statut
( d'un texte )
Si---~ ~4
~~ .",'
X éta:lt la varia::>le Clui l1<.'.jore l'ins:3rtion; CH re i;:r-Ou.7è..'.:1 ij la
f 4 c.e.
L'~~"·:;i.:'18:I.i~~
c.-:'tJ :Ju.j ~ i; \\~.L:'l'J ~'-~ !30conde :
Pacéré Ti tinga:
y
Césaire.-fmtr....e..-d.~1PÇ.~c..tù. t~:r:e.s_.cJ.e Bernard Zadi en un élargisseBent
et un renouvellement critique.
Le rapproche~e::'lt COŒ::le l 'Opi:lio~l n'3D ont pas
...
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..... .
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