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. -Uf\\nVERSITE
DE
PROVENCE
U .. E .. Ra- D'HISTOIRE
MUTATIONS· D'UNE' SOCIETE RURALE
lES AGNI DU MORONOU
'lae sieele ,., 1939
. Thèse- pour le -Doctorat d'État
_---=- ,1
Sou? la direction de
Présentée par
Monsieur le Professeur J, L MIEGE
TOME',
AIX- EN- PROVENCE, OCTOBRE 1983

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l'autré~ par ,l'autorité coloniale, puis'parl'autol,"ité administra-
:t-ive;·deJé;J. ,Côte~d.'·Ivoire Lndêpendan te,s ans :,que l'on p r erine en
compte; ,à aucun moment, sa p rop r e; identité. Et ce pendan t
le
Moronou est une entité à la fois' 'kéographique," économique et
"
historique.
A.
- L'ORIGINALITE DU MORON OU
UNE ENTITE GEOGRAPHIQUE,
ECONOMIQUE ET HISTORIQUE
On est d'abord séduit par l'aspect physique du pays, ex-
trêmement varié,
tranchant sur la monotonie des régions environnan-
tes.L'alignement des collines b~rrimiennes, qui le traversent
sur toute sa longueur, du Sud-Ouest au Nord-Est' (1),
remarquables
11) Le~ eottine~ ~'étendent, ~u~ 100 Km envi~on,
depui~ ta ~égion
de M'bato auSud-Oue~t ju~qu'à Ouetté au No~d-E~t.

11'
Fig.1
LE M(),iONOU DA NS LA c ô TE
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III
nom de Morofwo (habitants du Moronou), le Moronou s'étend entre
le N'zi et le Como
sur une superficie de 5,570 Km 2 ; il
é
,
constituait le noyau de l'ancienne circonscription adrninistrati-
,
-
~e, baptisée, ~ l'époque coloniale, du nom du N'zi-Comoé.
Ainsi le Moronou possède sa propre originalité. La
mettre en lûmièrç, c'est urt peu réparer l'oubli conscient dont
cette région a été victime dans le pasSé. Profondément enraciné
dans ce terroir que le hasard de la naissance a fai t'mien, . je me
devais d'apporter ma pierre, en contribuant à mieux, faire con-
,
t
naître cette région qui ,n'a encore inspiré ni poète, ni disciple
de Clio. Autant de motifs qui justifient le choix du sujet de
cette thèse.
'B. - LE CADRE CHRONOLOGIQUE ET SA JUSTIFICATION
Nous' avons délibérément opté d'étudier l'es mutations
survenues au sein de fa soci~té du M~ronou, en nous situant dans
la longue durée. En effet, placé au coeur de cet essai, le
peuple morofwo est suivi dans ses moindres évolutions, no~
seulement aux temps anciens de l'Aowin, mais surtout au moment
où, s'étant approprié le. territoire du Moronou, il associe à
l'extraction aurifère, l'exploitation agricole, orierttée essen-
tiellement vers les cultures du cacao et du café. Le choix du
Moronou apparaît cdmme particulièrement intéressant pour l'obser-
vation des transformations économiques et sociales. En effet ses
nombreux gisements au r i f è r e s , dont la distribution s'ordonne
avec les mines du Sud-Ouest ghanéen, précédemment connues de
leurs ancêtres, y attirent, après la défaite d'Anyuanyuan, -au
début du 18e siècle, les différents groupes morofwo, en quête
d'une nouvelle patrie. Ces derniers, en même temps qu'ils s'adon-
nent à l'extraction aurifère, exploitent le cola, le caoutchouc
et les autres ressources naturelles du pays. Toutefois la produc-
tion de l'igname, de la banane et des autres vivriers, ainsi que

IV
le développement des cultures riches du cacao et du café, à
l'époque coloniale, constituent l'événement essentiel.
Ainsi l'ouverture de cette régi6n aux influences
extérieures, à l'économie de plantation et conséquemment le ni-
veau de vie relativement élevé qui s'y développe, suscitent une
forte immigration de main-d'oeuvre agricole, de commerçants et
d'artisans qui seront à l'originé de profondes mutations sbcia-
le~. Le bouleversement des institutions et de la hiérarchie
anciennes, l'émergence d'un ordre social nouveau, fondé avant
tout sur des critèr~s monétaires, sans oublie~ la modification
dés rapports sociaux qui en résulte~ ~onstitue~t l'esse~tiel des
transformations d'ordre social.
Le fait d'avoir réduit le ch~mp d'investigation à un
.
.
cadre géographique aussi étroit: 1 d~parteme~t, 3 sous-préfec-
tures, 109~ocalités, 217 OOOindividuien 1975, pourrait ~ort~r
préjudic;"~ l'iritér&t même du sujet~ M~is ce qui. parait être
. undéfautestlarg~ment c~mpe~;é pa~ i'~tendue de la période
embrassée. Près de deux siècles d'histoiie en effet sont évoqués
dans ces pages. Mais il n'y a là rien d'excessif. L'analyse de
l'évolution économique et sociale de ce monde agricole, u~
secteur où le rythme des transformations est particulièrement
lent, imposait'le choix de la longue durée.
D'autres raisons militaient aussi en faveur de cette
option fondamentale~ L'histoire des origines des peuples ivoi-
riens, de leur migration et du peuplement est actuellement dans
l'impasse) à cause même de l'intérêt qu'elle suscite~ Les écrits
sur ces différents aspects du passé ivoirien, prétendûment
historiques; qui circulent à foison,
loin de jeter quelque lumiè-
re sur cette tranche de l'histoire des peuples, contribuent au
contraire à l'obs~urcir. S'éiige en effet en. historien qui veut.
Et les différents auteurs, faisant fi de l'objectivité histori-
que, de tout esprit critique et méconnaissant totalement les
sources disponibles, écrivent des ~écits indigestes qui n'ont

v
d'histoire, que le nom. Ayant été en contact, ces dernières
années, avec quelques unes des sources de première main sur le
passé des peuples dits AKAN , nous avons cru de quelque utilité,
écrivant surIe Moronou, de remonter aux origines mêmes du
peuple morofwo, en nous référant aux premiers documents écrits
et 'oraux oü il est fait mention des ancêtres de ce peuple.
Ainsi les pages consacrées ~ la formation du peuple agni, à
son émigration. et à son installation dans le Moronou, tout en
évoquant les mutations socio-économiques, poursuivent aussi un
objectif d'ordre méthodologique: tenter de jeter les fondements
pour une recherche ultérieure, plus saine, sur les origines de
ce peuple. C'est la raison essentielle qui expliq-ue le choix
des 17e - 18èmes siècles comme point de départ de cette recher-
che.
1939 constitue le terme naturel de ~e travail. La
guerre représente un point final à là première étape de l'écono-
.
.
.
'
.
.
mie de profit dans le Moionou. La paix ,revenue, un effoit d'ex-
tensibn dei exploitations :agricoles, une immigration de la
main~d'oeuvre agricole extérieure, essentiellement voltaïque,
sans commune mesure avec la période d'avant-guerre, se déploie
dans notre région. Les transformations socio-économiques, qui
en résultent, mériteraient à elles seules de faire l'objet d'une
nouvelle thèse.
II. - LES OBJECTIFS DU SUJET
Se pencher sur l'étude du milieu physique et humain,
des agents et des conditions de la production agricole, forces
de renouvellement et de progrès, pour mieux saisir l'évolution
de celle-ci, étudier les diverses couches de cette société
hiérarchisée à structure complexe, appréhender si possible la
nature des relations entre les uns et les autres, notamment
les réseaux de dépendance qui se nouent et se défont dans ce

yt
contexte d'évolution de la péripde précoloniale vers la coloni-
sation, telle était la trame de cette recherche.
. .
.
En fonction de-cesorieritations.fondamentales représentant
déjà'une très· rich.~ matière, il ne pouvait être question d'en-
treprendreune histoire globale de la société rurale. Aussi
ont-ils été délibérement écartés l'étude des comportements
biologiques, ies faits d~civilisation ayant trait à la vie
rUrale de l'époque, les éléments~cultur~ls.C'estuniquement
dans la mesure où elles c ont r i bu a i.en t à une meilleure compréhen-
sion des phénomènes écdn~~iq~es et: soci~ux, objets de l'analyse
présente, qu'il a été fait appel à certaines de ces notions.
En revanche, certains chapitres occupent à dessein une
place de choix, dans ce travail, soit en raison de lli~poitance
dont jouissent localement les thèmes traité~, soit parce que
ceux-ci n'avaient pas suffisamment retenu l'attention de ceux
qui nous ont précédé sur le terrain. L'histoire du peuple morofwo,
avant la colonisation et même de leurs ancêtres dans l'Aowin
des 17e et 18e siècles, tient une place prépondérante dans ces
pages. Envisagée sous des,angles divers, notamment sous celui
de la constitution de l'Etat Aowin, de la défense de son
autonomie contre l'agression des puissants voisins Denkyira et
Asante, cette histoire a été également décrite dans ses étapes
ultérieures. Sont ainsi rapidement retracés l'émigration et le
peuplement de la fraction Aowin en fuite, après la défaite
d'Anyuanyua~, sous la direction de Dangui Kpanyi, l'héritier et
successeur légitime d'Ano Asoman, le père fondateur du peuple
agni. Mais n'est-il pas illu~oire de prétendre reconstituer
intégralement ce fragment du passé ancien, sur lequel la plupart
de nos documents demeurent circonspects
?
L'analyse de la production agricole, de sa commerciali-
sation, des revenus et des salaires a été aussi privilégiée.
Il
;.

VI l
était important de souligner l'étroitesse des liens entre les
motivations telles qu'elles sont perçues et ressenties par le
planteur d'une part et l'extension des surfaces cultivées,
l'accroissement des rendements et la qualité du produit d'autre
part. De même une part importante de ces pages a été consacrée
.1
à la durée et à la densité du travail fourni .par le planteur mo-
rofwo et sur ce point particulier, maintes idées reçues sur
la paresse du nègre devraient être revisées. L'étude de l'évo-
lution des différentes productions, des prix des produits, des
rémunérations de salaires, du niveau de vie, à travers toute la
période coloniale, n'a pas été négligée, malgré d'énormes diffi-
cultés rencontrées dans la collecte et l'analyse des données.
L'étude du nombre des individus~, moteur et agen~ du
développement économique somme toute. prodigieux du Moronou, de
l'accroissement relatif, il est vrai., du
niveau de vie, a
aussi suscité beaucoup .d!inté~êt. Malgré la difficulté de
l'entreprise, superflue à signaler, que rencontre l'historien
démographe ~ travailler sur les dénombrements coloniaux, nous
avons tenté d'appréhender l'effectif humain.
La tâche était
d'autant plus malaisée que le Moronou en tant que tel, n'a·
jamais été pris en compte dans les divers "Jr.e.c.e.n.6e.me.nt.6" et qu'il
a. fallu recourir à diverses sources pour reconstituer les données
initiales, les traiter, avant de suivre l'évolution des diffé-
rents effectifs humains.
C'est avouer toutes les peines rencontrées à relever
et à traiter plusieurs milliers de chiffres qui soulignent toute
la place que le quantitatif tient dans ce travail.
Il n'était
pas question pour autant de négliger le qualitatif, sous peine
de voir disparaître l'homme derrière les nombres et les
moyennes. Chaque fois que sa présence s'imposait, une large place
lui a été accordée.

VI II
III. - SOURCES ET METHODE
Trouver une solution ~ tous les prbblèmes posés au cours
de la recherche, donner une réponse satisfaisante aux hypothè-
ses formulées eût été l'idéal. Malheureusement ce ne fut pas le
cas. La dépendance de l'historien à l'égard de ses. sources n'est
pas un vain mot. Dans une certaine mesure, celles-ci orientent
ses travaux, modifient ses perspectives~
A. - LES SOURCES ARCHIVISTIQUES
Compte tenu de l'état de classement des documents,
toujours en cours, aux Archives Nationales de la Côte-d'Ivoire,
â Abidjan,
il était ~ craindre que celles-ci ne fussent à même
d'offrir des matériaux suffisants à la rédaction d'un travail
de si gr inde ampleur qu'une thèse d'Etat. Si l'achèvement du
classement des différents fonds est toujours vivement attendu,
si des éléments de dossiers ou même des dossiers entiers, si-
gnalés au fichier, demeurent introuvables, en réalité, en.
,.
consacrant le temps qu'il faut à consulter des doisiers p~rallè-
les, l'on parvient â combler certaines lacunes imputables à
' t
l'insuffisance des crédits certes! mais aussi au manque de
dynamisme nécessaire, de la part du personnel, à rechercher
activ~ment, dans les "ou.blie.tte.}.)" desSous-préfectures du
territoire, les fonds anciens de l'époque coloniale et â exiger,
-
-
des autorités administratives, leur versement aux Archives
Nationales.
Mais dans quel état risque-t-on de trouver les diffé-
rents dossiers qui constituent les archives départementales et
sous-préfectorales ? Il est â redouter que les documents de
l'époque coloniale soient fortement endommagés par les mites,
la pluie et l'humidité, au point qu'ils ne soient plus en état

Il
\\.
IX
d'être présentés au lecteur,
à moins que la majeure partie du
fonds colonial,
sinon la totalité ne soit déjà mise au pilon,
par mégarde.
Notre quête des archives coloniales s'est avérée fort
décevante,
tant à Bongouanou,
siège de la Préfecture du Moronou,
que dans les autres centres de pré~ecture7~ Abengourou et Dimbo-
kro,
susceptibles de recéler des.documents ayant trait au Moro-
nou. Malgré nos visites répétées au cours de ces trois dernières
années au premier responsable administratif de chacune des
localités précitées, malgré quelquefois nos liens personnels
avec l'un ou l'autre de ces hauts cadres de l'Etat, nous n'avons
eu entre les mains que des bribes de documents,-sans utilité
pour notre sujet.
Fort heureusement, une compensation .de taille
a pu nous faire oublier les autres déboires.
Grâce aux contacts
fructueux,
noués avec le Centre des Sciences humaines de
l ' OR$frOMde Peti t~Bassam, en particulier avec Jean-Marc. Gastellu,
économiste à l'ORSTOM, nous avons été m-issur la piste des cadas-
tres ruraux de la Subdivision de Bongouanou, poùr la dernière
période coloniale. A la Sous-direction régionale agricole de
Bongouanou, Bio Sawe, étudiant en maîtrise d'histoire, collabo-
rant avec nous à un travail de recherche sur l'histoire économi-
que des Assiè
(1),
a systématiquement recopié pour nous le plan
parcellaire et les éléments fondamentaux de la matrice du cadas-
tre du Canton Asiè. Malgré le caractère irremplaçable de cette
Source sur la structure de la propriété foncière,
il faut reconnaî
tre qu'elle n'a pas répondu exactement à nos préoccupations.
En effet non seulement la date de création des exploitations
n'est pas toujours mentionnée, mais encore sur le nombre des
exploitation dont l'âge est connu,seule une infime partie remon-
te à la période d'avant-guerre, embrassée par cette étude.
11) BioSawe,
Etude ~ocio-~conomique du Mo~onou. Le~ village~
a~~i~, a pa~tl~ de la cultu~e du ca6l et du cacao 1920-1957
(mémoi~e de Ma.ztJti~e) Abidjan 1982, 186 p.

x
L'essentiel de notre documentation archivistique émane
des Archives Nationales de la Côte-d'Ivoire ainsi que des autres
centres de recherche ivoiriens. La quête dans les autres Centres
d'Archives, tant en Afrique qu'en Europe, n'a fourni qu'un ap-
point. Seul le fonds de laF~rley collections of Documents,
consulté àla bibliothêque de l'Université de Legon (Ghana),
fait exception. 'Four~illant de renseignements sur les anciens
Etats côti~rs de la .Gold-Coast dont l'Aowin, ces
fragments
d'archives, hérités des anciennes Possessions hollandaises de
la Côte (1), rassemblés et traduits en anglais par feu J.F.
Furley, anCIen Secretary of Natives affairs du Gouvernement
colonial de la Gold Coast, ont été d'une aide précieuse pour la
rédaction des pages aya~t trait aux origines et à la vie des
Agni dans l'Aowin.
Il faut aussi
dire un mot des Archives du Sénégal.
Celles-~iont été d'un grand intérêt, dans la mesure où la
mijeure partie de ces sources constituent des rapports d~ensemble.
Par leur contenu, extrêmement synthétique, elles permettent de
saisir en quelques pages le contour du sujet a~ordé. La série ZG,
qui embras se' divers domaânes.,
a fourni de s rense ignemen ts de
premiir ordre en ce qui concerne l'économique etle soci~l.
Mentionnons enfin les -Ar ch i ve s Nationales de France
dont les séries C et F, "-6éJt-<:'e.-6 anc.-<:'e.nne.-6" d.U
Fonds des Colonies,
consacrées aux Côtés d lAfriqùe des 17e et 18e siêcles, ont fourni
ici et là dës
bribes de renseignements inédits sur les Asante
et les wassa dont les rapports assez étroits avec les ancêtres
des Agni ne 'sont plus à démontrer. Quant au Fonds Côte d'Ivoire,
consulté à la rue Oudinot, il est riche de plusieurs séries
de dossiers, où l'on peut glaneE,outredes informations générales,
( 1 J ,"'. B. K. G. et W. 1 . C •

XI
des renseignements reglonaux ou ponctuels sur un sujet précis
comme celui des revendications du Comité du Cercle de l'Indénié.
Il convient de prévenir ici que les problèmes de
méthode, la critIque que ces différentes sources suscitent, au
lieu qu'ils soient envisagés, comme cela se doit, dans cette
introduction, sont abordés ponctuellement, au cours de l'étude,
pour des raisons de commodité mais aussi de clarté. Faisons
cependant ici une place spéciale à l'une des sources particu-
lières, la tradition orale, dont l'apport, pour cette histoire
socio-économique du Moronou, représente une part des plus impor-
tantes.
B. - LES SOURCES ORALES
Nos investigation~ ~ ce niveau ont porté à la fois sur
l'histoire ~ntérieure à la colonisation et sur la période colo-
niale, au double point de vue de l'évolution sociale et
économique des Agni-Morofwo.
Depuis la parution du maître livre de Jean Vansina,
De la tradition orale, Tervuren, 1961, 179 p., la tradition
orale, en tant que source, a acquis droit de cité, malgré un
certain nombre de préjugés encore tenaces à son endroit (1) ...
La société agni du Moronou, comme toutes les sociétés africai-
nes, est une société de l'oralité. Tout ce qui relève du passé
est conservé et transmis par la parole. Que ce matériel oral
U) C6 V" He.n.ige., The. ChJton.otogY-!!..6 oJtat :tJtadLtion.. Que..6:t 60Jt
a Ch-cm en a .
Lon.don.,
1974,
XII-265
p.
e t: ta c.Jti:tique. qui e.n.
a é.:té. 6ai:te. paJt Y.
Pe.Jt.6on.,
"La chirilère se défend" in. Cahie.Jt.6
d'E;[ude..6 a6Jtic.ain.e..6,
vot.
16,
c.ah ,
1-2,
1976,
pp. 405-408.

XlI
ai~ subi, au cours du temps, des pertes et que la mémoire n'ait
retenu aujourd'hui que l'essentiel des événements anciens,
il
n ''Y a là rien qui puisse surprendre. Néanmoins ce qui demeure
encore aujourd'hui est ~p~ome~~eu~ de connai66ance6 nouvelle6" [1).
Il était donc difficile, quelles que soient les critiques, de
1 .
ne point recourir aux sources orales, d'autant plus qu'elles
ont, sur les sources écrites, l'avantage d'émaner du peuple
dont il s'agit d'éclairer le passé.
Outre les matériaux oraux à forme fixe, conventionnelle
et au contenu strictement délimité et figé - po~~es, proverbes,
NDAA (jurements) etc ... ~ privilégiés jusqu'ici par les cher-
cheurs,
il a été fait La r gemen t appel aux "6ou~ce6 na~~a~ive6".
Celles-ci ont l'avantage, malgré leur degré de moindre précision
dans la transmission, de véhiculer des connaissances plus
répandues, qui ne soient pas exclusivement l'apanage d'une caté-
gorie de personnes, en l'occurrence des traditionnistes. Néanmoins
si une certaine liberté est permise dans la forme extérieure
des "~ex.~eJ.j", leur contenu demeure rigide.
Enfin, lion doit rappeler que la tradition orale est
constituée d'une troisième catégorie de sources (2) qui embras-
sent là masse des souvenirs, des faits personnellement vécus.
Celles-ci peuvent être considérées, d'un point de vue sociologi-
que, comme ne faisant pas partie de la "~~adi~ion"o~ale" ; car
11) C. Coque~y-Vid~ovi~ch,
L'A6~ique Noi~e de 1800 a no6 jou~6
Pa~i6,
7ct 74,
462
p.
Cp. 31).
(2)
Pa~mi leJ.j documen~s d'hi6~oi~e au~~e6 que le6 ~~Ci~6, Cl.
H. Pe~~o~ di6~ingue,
en paY6 agni, le6 ~~ace6 ve~bale6 [p~o­
v~~beJ.j, ~oponyme6J, le6 ~~ace6 ma~~~ielle6 [lieux. : emplace-
men~6 d'ancien6 village6, ~h~â~~e6 de ba~aille6..• , obje~6­
~~mo~nJ.j), le6 ~i~uel6 e~ c~~~monie6 ~eligieu6e6e~ en6in la
p~océdu~e judiciai~e [le6 ju~emen~6J. Cn. Cl. H. Pe~~o~,
Le6 An iNden e e~ le
ouvoi~ aux. I8e e~1ge 6i~cle6. Pa~i6,
982,
333 p.
pp.
2 -3

XI Il
elles n'ont donné naissance à aucune "tJtadition", préalable à
leur enregistrement. Plus ~ccessibles selon la disponibilité
de leurs détenteurs, les récits des faits "c.onte.mpoJtain.6",
de formB plus indépendante, ont constitué la source privilégiée
des éléments retenus dans ce chapitre, consacré aux sources
orales.
Le recueil des sources orales couvre une quinzaine
d'années environ et s'étend aussi bien au Moronou, à la région
abey voisine qu'à la République du Ghana actuel. Tantôt les
récits recueillis sont le fruit de notre collecte person~elle,
tantôt ils proviennent d'une tierce personne, étudiant en
année de maîtrise en général et travaillant en étroite collabora-
tion avec nous même, ou encore les éléments de source orale
sont empruntés à des recueils de documents oraux préexistants.
1. - LES ENQUETES ET LA DEMARCHE SUIVIE
Plutôt qu'une enquête in extenso dans tous les villa-
ges du Moronou, nous nous sommes limités à quelques uns sur le
nombre, choisis en fonction des relations privilégiées que nous
y entretenons: Bongouanou, chef-lieu de préfecture, centre
principal de l'Essandané ; Arrah dans l'Ahua, dernière marche
de l'émigration morofwo, limitrophe de l'Indénié ; et enfin
Ndolikro, dans le Ngatianu, résidence actuelle du successeur de,
Dangui Kpanyi, héritier Lêg i t i.m ece.v l a "c nacs e"
(7 ) d'Ano Asoman,
la plus illustre des "c.hai.6e..6" du monde agni. Outre les enquêtes
conduites personnellement, nous nous sommes fond~aup~br la rédac-
tion de ce travail, sur les ~nquêtes recueillies par l'u~ ou
l'autre des étudiants avancés, travaillant sous notre direction.
Enfin nous nous sommes
appuyé sur d'autres témoignages
oraux, précédemment publiés par d'autres chercheurs, ayant trait
à l'un ou l'autre aspect de l'histoire du Moronou. De ce point de
lI) C'e..6t le. 6ymbole. du pouvoiJt politique..

XIV
vue, les récits oraux et les extraits de tradition orale,
recueillis par Antoine Tano Brou et Kouamé Aka dans le Moronou,
ceux obtenus par Claude-Hélène Perrot dans l'Indénié et ceux
mis aimablement à notre disposition par Jean-Paul Eschlimann
travaillant sur la région Agni-Bona ou par les collègues du
Ghana, nous ont été d'un grand intérêt, essentiellement dans
l'appréciation des données, lorsque plusieurs témoignages d'un
même fait étaient en contradiction.
D'autre part il convient de signaler que l'entretien
collectif aussi bien que l'interrogation individuelle furent
alternative~ent pratiqués, avec une prédominance pour l'entre-
tien individuel et l'interrogation en groupe restreint, ces
deux dernières formes ayant l'avantage de limiter le traves~
tissement des faits et. la propension naturelle au vedettariat
à laquelle se laissent aller les personnes inte~rogées.
Enfin, il faut ajouter qu'outre les témoignages oraux,
les témoignages oculaires ou vécus par nous-même constituent
l'arrière-plan des faits et gestes de la vie quotidienne de
ce monde rural dont nous rendons ici compte. En effet bien que
les faits évoqués se rapportent au passé, une large part des
phénomènes économiques et sociaux ici décrits demeure encore
vivante dans les campagnes du Moronou. Et nous les avons vécus
pour la plupart auprès de nos grands-parents et oncles, au cours
de notre enfance. Le travail quotidien et son organisation sur
les champs ivoiriens et les exploitations de cacao et de café,
tels qu'ils étaient vécus, il y a trente cinq ans, ne devaient
pas différer de beaucoup des témoignages sur les pratiques et
les habitudes culturales d'avant guerre. De même l'organisation
socio-économique, la division de la société en couches sociales
distinctes, concrètement traduiie encore de nos jours par la
séparation de l'habitat, la nature des relations sociales d'un
groupe à l'autre, malgré les changements intervenus, reflétaient
encore assez bien, dans les années cinquante, l'image de ce que
devait être la société agni d'hier.

xv
2. - L'APPRECIATION DES SOURCES ORALES
Certes les témoignages de la tradition ont leurs
limites. On peut noter en particulier l'abscence de precIsion
quant à la chronologie des faits, au volume de la production
agricole, à la quantité des produits commercialisés ou encore
au chiffre exact de revenu individuel, autant de faits auxquels
nous avons nécessairement recours, dans cette recherche. Mérite
également d'être notée une certaine perception partiale et
quelquefois déformée, véhiculée par des témoignages oculaires,
sur les conditions d'introduction assez difficiles,
il est vrai,
des cultures d'exportation.
Le colonisé a tendance aujourd'hui
à se donner le beau raIe et à présenter sans nuance l'agent du
développement agricole: chef de poste, interprète, garde de
Cercle ou moniteur d'Agriculture, sous les traits peu attrayants
du garde-chiourme.
, .
~eu
.
Mais ces tableaux quelquef 'pOU~~é~II, transmis par le
témoignage oral, ces lacunes de précision dans la datation et
dans l'évaluation des données économiques ont été facilement
"ftattftapé~II, en confrontant ces données du témoignage oral à
l'écrit, aux rapports administratifs de l'époque sur les réali-
sations économiques effectuées.
Quant aux témoignages oraux, plus anciens, sur le
passé précolonial : origines des ancêtres, émigration et peuple-
men t, don t l' évoca tion peu t encore .su s c i te r que 1 que ré ticence
au p r è s des "6 é tA.. c hA..~ t e~ Il deI' Ecri t, i 1 Y a 1 i eu der emar que r;.
Pour un même fait rapporté, nous disposons le plus souvent d'une
série de plusieurs témoignages oraux, émanant de sources
i~dé­
pendantes : internes et externes à la société étudiée. Bien que
la confrontation, entre ces sources d'origines indépendantes,
ne pUIsse aboutir à un résultat quantifiable, on n'en obtient
pas moins pour autant un certain degré de fiabilité, auquel ne
peut toujours prétendre l'Ecrit. Par ailleurs la plupart de ces
témoignages oraux sont recoupés, essentiellement en ce qui

XVI
concerne les différentes vagues migratoires, par les documents
écrits d'origine hollandai~e. Ce qui leur confère en quelque
sorte une garantie supplémentaire.
Quand le contexte sociologique évoqué par le texte
l"exigeait ou lorsque la forme littéraire du texte oral
l'imposait - mais ces cas furent plutôt rares - nous avons dû
soumettre celui-ci au traitement méthodologique approprIe,
afin de le décoder. Dans tous les cas, une critique serrée,
faisant appel à des sources indépendantes, orales et écrites,
nous a permis, nous osons le croire, d'augmenter dans de fortes
proportions la véracité des témoignages oraux retenus.
3. - EXPLOITATION ET ANALYSE DES TRADITIONS RECUEILLIES.
Il parait important, pour clôre cette partie consacrée
aux sources orales, de dire un mot de l'exploitation et de
l'analyse des récits recueillis dont on trouvera de nombreux
extraits, tout au long de ces pages.
Il nous est apparu pré-
cieux, pour une meilleure interprétation de la version recueil-
lie, de mentionner, outre le nom, l'âge et le lieu de naissance
de l'auteur, le statut social de ce dernier et tout ce qui dans
sa biographie parait susceptible d'apporter un éclairage supplé-
mentaire. D'autre part, toujours soucieux de faciliter au
chercheur éventuel, une reconstitution historique des mêmes
faits,
sous une autre perspective, il a semblé opportun d'adjoin-
dre au document recueilli les éléments d'information suivants
pour une meilleure identification = le lieu, la date et le
numéro de la bande magnétique, en notre possession, sur laquelle
est fixé l~briginal. Enfin, dans la présentation, il eût été
souhaitable, bien que ce ne fut pas toujours le cas, que la
traduction littérale, accompagnant le texte en langue du pays,
soit distinguée de la traduction libre qui en a résultée.

XVII
IV. PLAN
Le plan, adopté pour cette étude, souligne dans son
développement la nécessité de périodise~, afin de rendre compte
des mutations successives qui affectent la vie du peuple. Trois
grandes périodes ont été distinguées: - d'abord l'histoire du
peuple agni, antérieure à la migration et la mise en place des
différents groupes dans le Moronou ; - ensuite les mouvements
d'êvolution aux 18e et 1ge siècles, période au cours de
laquelle le peuple Morofwo se livre à différentes occupations,
qui marquent en quelque sorte les étapes successives d'activités
par lesquelles pass~nt les Morofwo: activités de chasse et
de cueillette, exploitation aurifère et expéditions commerciales.
En fait~ nos ancêtres assumeront de front ces différentes
activités ~conomiques jusqu'à l'avènement de la colonisation.
Cette dernière période, étudiée sur une trentaine d'années
(1907-1939), fait l'objet de plusieurs chapitres. Toute la
deuxième partie de cette recherche est consacrée à l'étude des
cultures "d-i..-te.f.J de. c.ue.-i...tle-t-te"
(caoutchouc, cola, palmistes),
puis au
cacao et au café et enfin aux agents et aux facteurs
qui contribuent au progrès agricole, à l'époque coloniale. La
troisièm~ partie se penche sur les facteurs conjoncturels de
prix, décrit les différents réseaux de communication, les
marchés et les principaux centres d'achat, prend la mesure du
progrès agricole et du "6Jtu-i..-t de l'expa.n.f.J-i..on.",
enfin tente de
sensibiliser le lecteur à la dure condition d'existence du
colonisê morofwo, sorti éprouvé des crises successives qui le
frappent de plein fouet, en 1933 et 1937. Enfin la quatrième
partie s'articule autour de l'évolution démographique croissante,
due essentiellement à la forte immigration de la main-d'oeuvre,
agricole, des commerçants et des artisans, tous attirés par
l'enrichissement général du pays. Elle fait aussi une large
part aux changements de rapports de l'homme avec le sol, des
hommes entre eux, aux niveaux lignager et de la communauté villa-
geoise. Enfin l'accent est mis sur les diverses mutations
sociales, les tensions nées de la coexistence de communautés

XVI II
héiérogènes, de l'émergence, au sein de la communauté .autochtone
agni, de nouvelles catégories sociales en relation conflictuelle
avec l'ancienne hiérarchie sociale ....
Le découpage chronologique a été étroitement lié au
va l ume de mat
r iaux di sponibles. Là. dépendance ~troite ue l' historien
é
'de.sës',.'';sources.i· se vt;;'rifie,,':èruelie!Jl(ùiT,{r , à'..nouveau..
La documenta-
tion rassemblée sur la période coloniale, somme toute assez
riche, aura. permis de retracer, avec relativement beaucoup de
détails, les différents mouvements d'évolution économique et
détails, les différents mouvements d'évolution économique et
sociale de l'époque coloniale. En revanche, les chapitres sur
les siècles antérieurs, n'ont pas toujours eu le développement
souhaité.
V. - REMERCIEMENTS
Qu'il nous soit permis, avant de cl6re cette intro-
duction, d'exprimer nos vifs remerciements à 'Monsieur le Professeur
J~·L~ Miège, notre directeur de thèse. Notre dette à son endroit
est d'autant plus lourde que tout ce que nous avons appris
en histoire et que nous aurions souhaité pouvoir restituer avec
beaucoup plus de talent, nous le lui devons, lui qui a guidé nos
premiers pas dans le métier d'historien, depuis le mémoire de
maîtrise jusqu'au doctorat d'Etat, en passant par le Ille cycle.
Nous assurons aussi de notre reconnaissance tous ceux qui, de
près ou de loin, nous ont prodigué conseils, soutien moral et
matériel pour l'accomplissement de ce travail. Nous n'aurons
garde d'~ublier en particulier nos collègues d'hier et d'aujour-
d'hui qui, aux départements d'Histoir~ et Géographie de l'Uni-
versité d'Abidjan, ont su nous entourer de leur fraternelle
amitié.

nx
A B R E V lAT ION S
A C C A
Archives de la Chambre de Commerce d'Abidjan
A C C C l
Archives de la Chambre de Commerce de la Côte
d'Ivoire
A F
Afrique française .
A G F
Association des géographes français
A nn.à-l.e.s E S C
Annales, Economies, Sociétés, Civilisations
A N C l
Archives Nationales de la Côte d'Ivoire
ANF
Archives Nationales de France
ANS
Archives Nationales du Sénégal
ANS 0 M
Archives Nationales (de France), Section Outre-Mei
A SOM l
Archives de la Société des Mines
A V A
Annales de l'Université d'Abidjan
BIR U A
Bulletin des instituts de recherche de l'Universi-
té d'Abidjan
B M CCC l
Bulletin mensuel de la Chambre de Commerce de la
Côte-d'Ivoire
B C E H S
Bulletiri d'étUdes historiques et scientifi4ues
B.
r F A N
Bulletin de l'IFAN
C E A
Cahier d'études africaines
C 0
Colonial Office
C 0 M
Cahier d'Outre-Mer
G N Q
Ghana Notes and Queries
G R
Geographical Review
J A H
Journal of African History
J 0
A 0 F
Journal Officiel de l'AOF
J
0 C l
Journal Officiel de la Côte-d'Ivoire
N B K G
Nederlandsche Bezittingen ter Kuste van Guinea
(Archives des possessions néerlandaises s~r la
Côte de' Guinée)
ORS TOM
Office de la Recherche Scientifique des Territoire
d'Outre-Mer
P R 0
Public Records Office
R E r
Revue d'Etudes islamiques
R F H 0 M
Revue française d'Histoire d'Outre-Mer
S B C A F
Supplément au Bulletin du Comité de l'Afrique
française
T H S G
Transactions of the Historical Society of Ghana
W l C
West indische Compagnie.

/
PRE MIE R E
PAR T l E
LE PAYS, LES HOMMES ET L'ECONOMIE DU MORONOU
PRECOLONIAL
0 0 0 0 0
o
0 0 0
o
0
0
o

2 •
Col\\S'âpr.er.'cette première partie au pays,
aux hommes et à l'économie du Moronou précolonial, c'est
reconnaître implicitement l'importance accordée aux élé-
ments fondamentaux,
structurels de tout édifice humain. qui,
j
au-delà des changements, en demeurent les supports perma-
nents.
En l'occurence, ces éléments de base confèrent à
l'économie du Moronou colonial, ses traits distinctifs.
Outre la nature et la qualité exceptionnelles du sol,
le'
climat subtropical et la végétation qui y vp r êva Len t , .l.e s
facteurs humains tiennent une large place dans ce chapitre.
Sous cette dernière dénomination, nous évoquons le poids
de l'effectif de popu~ation, mais aussi le système de
production et de redistribution assez original,
engendré
par la ~ociété dans ses rapports quotidiens et permanents
avec l'environnement et le monde extérieur et dont la
manifestation la plus explicite fut l'organisation socio-
économique,
reposant avant tout sur la solidarité commu-
nautaire,
si caractéristique de la société agni.
Facteurs physiques,
facteurs humains et systèmes
de production et de redistribution constituent au niveau
de l'édifice
économique qui voit le jour dans le Moronou,
autant d'éléments structurels qui par-delà les siècles,
ont subsisté de façon vivace,
jusqu'à l'avènement de la
colonisation.

3.
CHAPITRE
r
LE MILIEU PHYSIQUE ET LES POTENTIALITES DU SOL ET DU SOUS-SOL
L'autonomie administrative du Moronou, de date
récente,
remonte à la création de la préfecture de
Bongouanou. Ni l'administr9tion coloniale, ni celle de la
jeune République de Côte d'Ivoire jusqu'en 1979, n'ont
jamais tenu compte de l'entité de cette région du Centre-
Est (1),
ignorée jusqu'à sa dénomination par nombre d'Ivoiriens
(1) Le Moronou est érigé au rang de Préfecture autonome,
sous la dénomination de préfecture de Bongouanou, en
juin 1979. Depuis l'indépendance du 6· août 1960,
le
Moronou
.. ~
successivement fait partie de la.préfec-
ture de Bouaké (1960-71 ),
puis de celle de
Dimbokro
(1971-79).
A l'époque coloniale,
avant 1907, date de création
du cercle du N'zi-Comoé (31 décembre 1907),
le pays
agni,
situé entre le N'zi et le Comoé, c'est-à-dire le
Moronou,était rattaché à l'Indénié. De décembre 1907 à
décembre 1908, Bongouanou,
agglomération principale du
Moronou,devient le chef-lieu du N'zi-Comoé qui compre-
nait,
outre les circonscriptions d'Aka Komoékrou,
d'Aoussoukrou, d'une partie de la circonscription de
M'bahiakro, d'une partie de Kodiokrofi,
l'ensemble
du Moronou, y compris la région de M'bato.
Par arrêté
local en date du 28 mai 1912,
les Ahali de M'bato sont
détachés du N'zi-Comoé pour être ràttachés à la cir-
conscription de Tiassalé .(Cercle du Baoulé-Sud). Cette
partie occidentale intègr~ le N'zi-Com6é par arrêté
du gouverneur général de l'A.O.F., en date du 13 janvier
1914. Ainsi de janvier 1914 jusqu'à L'arrêté général
du 16 décembre 1933, la totalité du Moronou,
pendant
ces dix-neuf ans ,fait partie intégrante du N'zi-Comoé.
De décembre 1933
jusqu'à la fin de la période étudiée
et au-delà,
la subdivision de Bongouanou c'est-à-dire
les cantons Ahua, Ngatianou et Assiè,
sera administra-
tivement rattachée à l'Indénié, tandis que les cantons
dits "agni" (Sawua, Alangwa, Ahali, Amantian) demeurent
au N'zi-Comoé.
Quelques éléments originaires du Moronou
les Ahua d'Aniansué,
les Alàngwa de Binao et les Amantian
de Morokro, n'ont jamais été administrativement considérés
comme des éléments du Moronou.

Fig, 2 -
LES
DIFFERENTS
GROUPES
AGNI
DE
MORONOU
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Pays
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1000
1500
2000 m
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1
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4.
L'autorité administrative,
soit par méconnaissance,
soit
par volonté politique,
l'avait tenue pour quantité négli-
geable,
préférant voir le Moronou se dissoudre dans l'une
ou l'autre des circonscriptions voisines,
plutôt que de
préserver son unité.
Le Moronou,
aujourd'hui entité administrative,
région agricole,
ayant joué un rôle de premier plan dans
le développement économique de la Côte-d'Ivoire coloniale
et post-indépendante, de forme pentagonale,
s'allonge dans
l'interfluve,
formé par le N'zi et le Comoé,
sur une dis-
tance de 106 kilomètres dans sa plus grande longueur et
de 80 kilomètres dans sa plus grande largeur.
Il est limité
au Sud par les départements diAgboville et d'Adzopé ; le
cours du N'zi le sépare à l'Ouest et au Nord de la préfec-
ture de Dimbokro,
tandis que le Comoé,
à l'Est, lui sert
de frontière avec le département d-' Abengourou.
1.
UNE TOPOGRAPHIE VARIEE
Le Moronou se présente essentiellement comme
un pays de plaines et de plateaux dont l'uniformité est
moins réelle qu'elle ne paraît. Les contrastes sont
évidents entre le Sahié et l'Essandané, parcourus par une
série de collines, orientées dans le sens Nord-Est/Sud-Ouest,
l'Amantian et le Sawua
aux horizons extrêmement plats,

Fig.3 - MOR 0 N 0 U
LE
RELIEF
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5.
incisés de temps à autre par des vallées profondes à profil
concave,
et la frange des pays Alangwa
et Assiè,
riveraine
du N'zi,
au sol gorgé d'eau,
offrant ici et là marécages
et champs de plantes aquatiques.
Cette topographie variée n'est pas sans rapports
avec la configuration du relief,
fruit de phénomènes géo-
logiques et tectoniques, doublés de l'érosion, des effets
du climat et de l'altération chimique. Le relief s'articule
autour de trois éléments fondamentaux:
au centre l'ali-
gnement des collines "dites de Bongouanou" représente la
zone la plus élevée du Moronou. Cette première formation
est entourée d'un palier intermédiaire à la périphérie
duquel se déroule une étendue de plaine.
"Seul accident" notable, dominant la monotonie
des bas-plateaux environnants,
les collines de schistes
de Bongouanou (300 à 600 m.),
orientées Nord-Est/Sud-Ouest,
s'allongent sur près de 80 km entre Bongouanou et Daoukro.
Ce relief relativement accentué,
faisant barrage aux vents
humides du secteur Sud-Ouest,
suscite des pluies importantes.
La nature schisteuse de ces hauteurs,
loin de subir une
forte altération,
sous l'effet des précipitations répé-
tées,
est en réalité protégée. La forêt qui couvre la
presque totalité du Moronou,
joue ici un double rôle
d'écran.

6.
Les feuilles des arbres,
en brisant l'énergie
cinétique des gouttes d'eau,
exercent une fonction régu-
latrice qui a pour effet d'atténuer les conséquences immé-
diates des chutes d'eau, de prolonger par ailleurs le rôle
de la pluie,
en particulier par le ruissellement,
le long
des troncs qui favorise ainsi l'infiltration. Enfin,
l'écran
feuillu évite également au sol un dessèchement prématuré,
maintenant ainsi une humidité constante, dans l'atmosphère
feutrée du sous-bois.
Autour de la ligne de hauteur,
formée par les
collines,
le gradin intermédiaire de.plateaux d'une élé-
vation variant entre 120 et 300 m,
se développe largement.
A l'Est,
se déploie le pays Ahua en ondulations successives,
du Nord au Sud. La dénivellation de ce plateau -100 m enVlron-
est quelque peu saisissante, entre KREGBE, l'un des sommets
(236 m) et YAFO AGNI (121 m),
le bas du plateau. D'énormes
étendues de forêts vierges -forêt classée d'Arrah et forêt
classée de l'Agbo- couronnent ces hauteurs,
achevant de
conférer à la zone, un cachet de sévérité "sauvage".
Par ailleurs,uneinfinité de rivières,
répandant
partout la verdure, prennent leur source au pied de la
chaine des collines limitrophes de l'Est. Ce sont essentiel-
lement, du Nord au Sud: l'Ifou,
le Dalo et le Yafo,
drainant une multitude de ruisseaux"morts" et formant autant
de bassins différents et complexes,
se rattachant pour les
deux premiers au Comoé et pour le dernier à l'Agbo.

--',,'"
Fi94
MORONOU
CARTE
DE
VEGETATION
ACTUE L LE
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~ Forêt défrichée
~
Forêt dense humide s erni déciaue (Forets classées autres forêts)
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(:;,. ,
Forêt classée
~" '.
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Réseau hydrographique
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1
2 Km
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1
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7 .
L'Assié et le N'gatianou constituent le versant
occidental du palier intermédiaire. Le relief de plateaux
se déroule ici en pente douce, culminant à 177 m. La
forêt,
qui représente la végétation dominante, est soumise
dans une large portion à l'agriculture. Sahoua et Amantian
représentent le dernier élément constitutif du gradin.
Ils
s'étalent largement dans la plaine méridionale dont ils
représentent une partie appréciable.
Rejetée à l a périphérie du Moronou~ la plaine
intègre l'Alangwa,
l'Ahali et un morceau du territoire
Sawua
. L'Alangwa
et l'Ahali bordent
la limite Ouest
de la région. C'est une zone de contact où la frontière
entre forêt/savane n:est pas nettement définie. La
végétation y est en effet d'une gamme variée qui n'est pas
i
sans rapports avec la nature du sol. La forêt claire, quand
elle ne renferme pas des savanes incluses, donne la main
à la savane à râniers,
où abondent arbustes. Le long des
cours d'eau et dans les bas-fonds apparaît la forêt maré-
cageuse, où l'on peut admirer tout l'éventail des plantes
aquatiques de la zone forestière.
La partie méridionale du
Sawua
offre des lambeaux
disséqués de glacis,
se terminant en lanières aplanies.
Ce pays de bas-plateaux forme des surfaces horizontales
mal draînées. Cette physionomie confuse de la région est
en partie corrigée par les vastes réserves forestières de la
Séguié et de l'Assoblé.

8.
II. UN SOL FERRALLITIQUE MOYENNEMENT DESATURE
ET RELATIVEMENT RICHE
Présenter une synthèse géomorphologique du Moronou,
au même titre que l'essai tenté au niveau du relief,
serait
une gageure.
Notre ambition se limite ici à présenter quel-
ques faits et observations avec çà et là un début d'inter-
prétation.
En effet s ' i l existe des études de géomorphologie
régionale de la Côte d'Ivoire,
aucune ne semble s'être
intéressée en profondeur au Moronou. Les travaux de Riou,
orientés sur la région du Centre,
ceux de Rougerie ou
l'étude d'Avenard,
poursuivant un opjectif plus global (1),
s'ils livrent certains détails pertinents, ne permettent pas
encore une interprétation générale et élaborée~ Pour toutes
(1) Se référer en particulier aux ouvrages et articles
1
suivants
G.
Riou, Etude de quelques formations superficielles des
régions de Toumodi-Bouaké Aben~ourou-Bongouanou.
8 p.
dactylo Orstom Adiopodoume,
inédit, 1960.
G.
Riou, Notes sur quelques problèmes de géomorphologie
et de
édolo ie dans la zone de transition
foret savane -
Re~ion de Toumode
56 p. multigr.
Orstom Adiopodoume, 1961.
G.
Rougerie,
Le vays du Sanwi,
esquisse morphologique
dans le Sud-Est de la Côte d'Ivoire,
in Bull. A.G.F.
1950 pp.
138-145.
J.M.
Avenard, Aspect de la géomorphologie,
in le milieu
naturel de la Côte d'Ivoire, mémoire de
l'ORSTOM nO 50, 391 p.
Paris 1971.

8'
Fig.1)
MORONOU
(CARTE GEOLOGIQUE)
MORONOU
'GBongouanou
f).
.~
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.~..
·
·1.
ÇX"~
·
~
A
.
1
·
h
oAkoupé
'f)'
D Schistes indifférenciés
~ Micaschistes
~ Complexes volcano-sédimentaires indifférenciés
Syénite
Granodiorite. granite monzonitique
I~~ Granite orienté calco alcalin à 2 micas
[]l1LJ Granites hétérogènes indifférenciés
o Filon de quartz
1//1 Direction structurale remarquable

9.
ces raisons, nous ne pouvons qu'esquisser les conditions
d'élaboration du paysage géomorphologique de notre région.
Le Moronou appartient, de par sa situation
géographique,
au géosynclinal éburnéen qui caractérise la
moitié-Est de la Côte d'Ivoire,
l'Ouest du pays étant couvert
par la SEMI-PLATEFORME,
lambeau du vieux socle africain,
de nature granitique et par conséquent plus rigide.
La PROVINCE EBURNEENNE, de structure rectiligne,
se dif-
férenciant essentiellement par sa "mobilité", est constituée
de grandes bandes de flychs
(1) d'orientation Nord-Nord-Est/
Sud-Sud-Ouest. Les flychs,
roches métamorphiques, d'origine
sédimentaire qui se sont déposées en période de comblement,
avant d'~tre mises en relief de façon progressive, sont
constituées de schistes, d'arkoses et de quartzites
feldspathiques.
L'esquisse lithologique et pétrographique nous
fait découvrir que la moitié Sud forestière de la Côte
d'Ivoire,
intégrant le Moronou,
se situe dans une formation
schisteuse. L'originalité du Moronou, c'est d'avoir été
préservé d'un remaniement de grande amplitude qui, en cer-
taines zones, expose le tréfonds "remonté" à l'érosion.
Ici au contraire la "superstructure schisteuse" est
demeurée relativement intacte.
(1) For~ts classées de Sérébi, Proungbo, Doub~lé, Sanuan ...

10.
Le climat intertropical, chaud et humide, et la
forêt mésophile qui couvre la majeure partie de la région,
sont autant de facteurs qui concourent à expliquer l'évo-
lution morphogénétique du Moronou qui,
au-delà de l'uni-
formité des traits communs, présente des aspects distincts.
Sous un climat à température constante (moyenne annuelle de
26 à 27°) et à pluviométrie moyenne annuelle (1
700 - 1 300 mm),
le sol lessivé,
élimine en profondeur la silice et les bases,
pour ne présenter qu'un horizon argileux. C'est le phéno-
mène de la ferrallitisation ou latérisation,
si caracté-
ristique des sols tropicaux. Or l'altération des minéraux
silicatés et la décomposition de la matière organique, va-
riant en fonction du relief,
tendent à déterminer une évo-
lution géomorphologique différentielle et à diversifier
les types de pédogénèse.
1
~'
Trois grandes régions se dégagent-elles ainsi,
recouvrant sensiblement les limites des zones topographi-
ques
: la zone de "la chaîne de collines de Bongouanou"
la région de plateaux,
située de part et d'autre de la
chaîne des collines ; la plaine méridionale.
Le Sahié,
l'Essandané et une frange du pays Assié
constituent la zone des collines. Celle-ci supporte une
forêt dense, humide et semi-décidue et présente un modèle
largement ondulé. L'horizon supérieur du sol de texture
argilo-sableuse,
riche en éléments grossiers et hétérogènes

I l .
(débris de cuirasse,
gravillons, cailloux de quartz ... ) est
extrêmement développé. Dans l'ensemble le potentiel de ce
sol qui se rattache au sous-groupe "remanié" est assez
médiocre. Cependant le fait qu'ici le sol soit moyennement
lessivé, celui-ci conserve encore en grande partie ses
propriétés chimiques qui réhaussent indéniablement son
potentiel de fertilité.
La région de plateaux intègre l'Assié et l'Alangwa
,
à l'Ouest,et l'Ahua
sur le versant oriental. De ce c6té-~i,
l'horizon gravillonnaire et graveleux repose sur une matrice
argileuse.
De l'horizon gravillbnnaire, on passe par endroits
à un horizon plus ou moins induré en carapace. C'est la
partie inférieure de l'horizon graviilonnaire,
l'horizon
d'argile tacheté et l'horizon bariolé qui sont le siège
du phénomène d'induration. Celle-ci est essentiellement
provoquée par la durée de la sàison sèche,
favorisant la
cristallisation des hydroxydes et oxydes de fer.
Il faut
signaler cependant que cette induration y est faible et ne
joue que passablement sur le caractère de fertilité du sol.
Ce dernier se prête encore fort bien aux cultures aUSSl
exigeantes que le cacao et le café.
A l'Ouest de la "chaîne des collines de Bongouanou" ,
les savanes à r6niers de l'Alangwa
occupent un plateau et
des pentes convenablement draînés. Ces savanes coincident
avec la présence de sols
ferrallitiques,
issus· de schistes,
très appauvris en argile ou avec des sols ferrugineux sableux

12.
relativement peu concrétionnés, devenant hydromorphes en
position de pente inférieure,
à cause de la nappe phréa-
tique,
le plus souvent peu profonde.
1.·
1
Le plateau Alangwa
descend en pente progresslve
sur l'Ahali qui intègre LA PLAINE MERIDIONALE,
au Sud
de
Tiémélékro. Dans cette zone,
le sol est dépourvu d'éléments
grosslers qui ne préjugent pas de remaniements anciens,
mais ceux-ci n'ont pas laissé de traces visibles. Le sol
d'horizon humifère à structure grumeleuse est bien pourvu
en base. De fertilité unanimement reconnue,
le terrain
qui supporte,
sur son parcours final,
d'immenses étendues
de forêts classées, convient à toutes sortes de cultures.
Au terme de cette rapide étude des caractères
physiques du Moronou, mettant en évidence les rapports
entre la géologie,
la pédologie et la topographie,
nous
Sommes forcés de reconnaître que les conditions initiales,
offertes à la culture, paraissent relativement favorables,
m~me si, en certaines zones, très localisées, la présence
de certains facteurs -induration,
érosion- jouent un rôle
limitant aux possibilités du sol. D'une façon générale,
le milieu est propice à toutes les cultures tropicales
des régions forestières humides.
On ne peut clôre ce tableau sur les aptitudes
physiques de la région,
sans laisser soupçonner les ressources

13.
diverses
: minérales, végétales,
animales que cet environ-
nement pouvait offrir. La variété de la végétation -forêts
et savanes y coexistent- assurait la subsistance en gibiers
de toutes sortes,
en même~ temps qu'elle fournissait des
fruits ou des racines comestibles, procurait des matériaux
permettant de fabriquer des outils, des vêtements, des
abris,
offrait enfin les cultigènes,
susceptibles d'être
acclimatés, de se transformer en cultures agricoles. Ce
rôle de réserves du milieu naturel devait être rappelé,
dans ce chapitre qui se proposait d'en souligner les pot en-
tialités.
III. UN CLIMAT SUBEQUATORIAL NUANCE
Le Moronou,appartenant au domaine forestier
ivoirien, bénéficie du climat subéquatorial,
"caractérisé par des températures moyennes
annuelles variant entre 26 et 28° C, des ampli-
tudes thermiques faibles,
inférieures à SoC,
une pluviométrie allant de 2 200 mm dans le Sud
à 1 400 mm dans les limites Nord ( ... ) une humi-
di té atmosphér ique partout supér ieure à 80 %" (l)
(1) D.
Boni,
aspects géographiques du binôme cacao-café -
Abidjan 1978 (pp.
17-18).

14.
A.- Le volume des précipitations
Tout en partageant ces caractéristiques communes,
le climat du Moronou,
tout en nuances,
laisse transparaître
ses traits particuliers dont le moindre n'est pas l'inégale
importance du volume de précipitations,
accusé en diffé-
rents points de la région~
La carte d'isohyètes dessine plusieurs courbes
qui délimitent trois zones principales de pluviométrie
la zone Nord/Nord-Ouest, comprise entre les isohyètes
1 200 et 1 300 mm ; la zone centrale représentant l'aire
la plus étendue,
située entre les isohyètes 1 300 mm et
1 400 mm et enfin l'extrême pointe Sud-Ouest,
émergeant
de la courbe des 1 400 mm et bénéficiant d'un "arrosage"
annuel encore plus important (1).
Un document fondamental,
PRECIPITATIONS JOURNA-
LIERES, DE L'ORIGINE DES STATIONS A 1965 (2), permet de
(1) Cette zone de no man's land, dépourvue encore aujourd'hui
de toute habitation,
ne sera pas prise en compte dans
l'analyse climatique.
(2) Document publié sous l'égide du Secrétariat d'Etat aux
affaires étrangères, chargé de la Coopération de la
République française et de l'Office de la Recherche
Scientifique et Technique d'Outre-mer
cf ~ussi Arch. Nat. de C.I.
: 3 LYI-4-185
(3 386) et
3 L XI - 41- 109
(807).
Sous ces cotes,
sont consignées
certaines observations météorologiques,
appuyées des
hauteurs de précipitations de pluies et des températures
atmosphériques, valables pour plusieurs centres d'obser-
vations ivoiriennes.

!.; ,
Fig. S' - ABENGOUROU
PRECIPITA TI ONS
ANNUELLES
1920 -
39
240
240
220
220
200
200
180
180
160
160
140
140
120
120
100
100
80
80
60
60
. /
40
40
-:
-:
//:/-'
20
-'
20
/
/
/
/
/
. /
1920 21
34
35
36
37

15.
suivre l'évolution des précipitations annuelles sur près
d'un quart de siècle, de 1922 à 1939. Les données de ce
document, en accord avec celles de la carte d'isohyètes,
confirment ainsi la répartition du Moronou en zones pluvio-
métriques.
A ces différents niveaux,
i l est possible d'ap-
préhender le volume des précipitations, grâce à la station
pluviométrique de
Dimbokro, située à l'Ouest et à celle
d'Abengourou,
à l'Est. Mises en serVlce, dès le début du
siècle, ces deux stations, bien qu'elles soient implantées
en dehors du Moronou,
sont suffisamment proches, par leur
position géographique (1),
pour refléter les caractéristi-
ques occidentales et orientales du Moronou. Une comparaison
du volume de précipitations annuelles permet d'affirmer
que la zone orientale dont la station-témoin est Abengourou;
est beaucoup plus arrosée que la zone occidentale,
limitrophe
du pays Agba dont
Diniliokro est le tentre. Ainsi,
au cours
de la période 1922-39, le parallèle entre les deux séries
de précipitations donne un avantage nettement supérieur au
secteur oriental qui ne le cède en volume de précipitations
qu'au cours des années 1924 et 1930
(Cf tableaux des pré-
cipitationscfes pages 14 1 et 1 5'
).
(1)
Dirnbokro, chef-lieu du Cercle du N'zi-Comoé,
était
aussi le chef-lieu de la subdivision qui incorpora,
pendant toute l'époque coloniale le pays Agba et
la partie occidentale du Moronou (Ahali, Amantrou,
Alangoua et Sahoua).
-Dimbokro est si tué entre les isohyètes 1 200 -- 1 300 mm.
Quant à Abengourou, ville principale du N denye, elle
est située entre les 1 300 et 1 400 mm.

1 ~
Fig. 6'- DIMBOKRO
PRECIPITATIONS
ANNUELLES
1922 -
39
240
220
200
180
160
140
120
100
80
60
40
40
20
20
1922 23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38 1939

-
16 -
HAUTEURS MOYENNES ANNUELLES DES PLUIES
EN mm DES PERIODES QUINQUENNALES
Stations
1920-24
1925-29
·1930-34
1935-39
Abengourou
1 273
1 445
1 428
1 504
Dimbokro
1304
1 238
1 235
1 407
De même le tableau des hauteurs de pluies, pour les.
différentes périodes quinquennales, révèle que le secteur oriental
du Moronou reçoit, pendant les années où il est possible de suivre
la courbe des précipitations, une quantité d'eau proportionnelle-·
ment plus importante, à l'exception de la première tranche quin-
quennale 1920-24, au cours de laquelle, le secteur occidental vient
en tête, avec un volume de précipitations de 1 304 mm contre
1 273 mm (1) pour le secteur oriental [cf tableau des hauteurs mo
moyennes annuelles de pluies des périodes quinquennales).
Si l'équilibre du volume des précipitations est nette-
ment plus favorable à la partie orientale du Moronou, on note cepen
dant une similitude au niveau de l'évolution sérielle des précipi-
tations. En effet, la partie orientale aussi bien que la partie
occidentale du Moronou reçoit
_, au cours de la dernière période
quinquennale (1935-1939), un maximum de précipitations, culminant
à 1 504 mm pour la prêmière et à 1 407 mm pour la dernière. Après
1935-39, période de pluies abondantes, vient dans l'ordre décrois-
sant des précipitations - et ceci est valable pour les deux
grandes zones orientales et occidentales du Moronou - la
tranche d'années 1925-29, avec 1 445 mm de chute d'eau
à l'Est et 1238 mm à l'Ouest.
1930-34 offrant 1428 mm
(J)
La hauteu~ moy~nne deb p~~c~pitation6 en 6aveu~ de la zone
occidentale (Vimbok~o) vient du 6ait que la hauteu~ moyenne
n'ebt
~tablie ic~ qu'a pa~ti~ d'une 6~~ie annuelle de p~~ci­
pitation6 lacunai~e6. Elle e6t calcul~e a pa~ti~ de6 6eule6
ann~e6 1922,1923 et 1924.

17.
de précipitations à l'Est contre 1 235 mm à l'Ouest,
a
tendance à être considérée pour la région, comme une période,
relativement sèche ..
On ne peut manquer de souligner au passage la
relation entre les hauteurs de précipitations, enregistrées
au niveau de chacune des deux grandes zones ainsi délimitées
et la végétation. La courbe des l
200 mm qui suit sensible-
ment le cours du N'zi,
servant de frontière occidentale
au Moronou,
trace une démarcation entre la savane au Nord
et la forêt au Sud. Ainsi,
à la zone occidentale du Moronou,
séparée du pays baoulé par le seul tracé du N'zi, correspond
une forêt sèche,
ayant tendance à se muer en galeries fores-
tières dans les. bas-fonds qui bordent le cours du N'zi,
avec ici et là des savanes assez robustes. La forêt ne se
déploie dans toute son ampleur qu'entre les isohyètes 1 300
et l
400 mm. Mais au lieu de la forêt hygrophile,
tant
convoitée de nos jours par les planteurs de café et cacao,
et qui n'émerge que dans le coin Sud-Ouest, partout ailleurs
l'on ne découvre que la forêt mésophile, moins dense et au
sous-bois plus broussailleux.
Plus qu'au volume de précipitations,
cette
succession
dans
la
végétation , du
Nord
au
Sud,
est liéeàune répartition assez originale du régime
des pluies.

,Fig
7 - ABENGOUROU
MOYENNES
MENSUELLES
1920 -
39
260
240
220
200
180
160
140
120
100
,
~
80
60
40
20
J
F
M
A
M
J
J
A
S
0
N
0

18.
B.- La répartition des pluies
Le Moronou jouissant d'un régime climatique à
quatre saisons
: deux saisons sèches alternant avec deux
saisons de pluies,
seule la répartition des pluies inter-
vient pour déterminer la démarcation entre les deux grandes
zones précédemment définies:
l'Ouest du Moronou à tendance
plus sèche et l'Est plus humide.
La grande saason des pluies apparaît dès le mOlS
de mars dans les deux zones,
avec un maximum de précipita-
tions,
au mois de JUln.Mais, tandis que dans l'Ouept,
la
o
salson des pluies prend fin,
dès les derniers jours de juin,
dans 1 'Est, elle se prolonge jusqu'en août. Ceci est con-
firmé par l'examen des moyennes annuelles de précipitations,
calculées à partir du document PRECIPITATIONS JOURNALIERES,
DE L'ORIGINE DES STATIONS A 1965
(1).
Le tableau des moyennes mensuelles de précipitations
souligne d'autre part,
au niveau de la zone occidentale,
la
(1) Voici la liste des moyennes de précipitations mensuelles
en mm pour Abengourou et
Dimbokro, de 1922 à 1939
Janv.
fév.
mars
avril
mal
JUln
Dimbokro
52,08
119,99
166,21
209,9
Abengourou
50
117,07
135,58
236,55
juil.
août
sept.
oct.
nov.
déc.
Dimbokro
79
55,51
136,84
136,4
80,27
10,18
Abengourou 153 , 82
66,86
136,51
172,76
93,66
21,98

Fig. 8 - DIMBOKRO
MOYENNES
MENSUELLES
1922 - 39
260
240
220
200
180
160
140
120
100
Ir"
80
60
40
20
~..
/
/
"
, , / , /
J
F
M
A
M
J
J
A
S
0
N
D

19.
baisse sensible du volume de précipitations entre JUln et
juillet. Ce qui traduit, de façon éloquente,
la transition
brutale, sans aucune nuance entre la fin de la saison des
pluies et le début de la petite saison sèche. Par contre,
au niveau de la zone orientale,
la hauteur des précipitations,
même si elle fléchit au mois de juillet, demeure suffisam-
ment élevée,
pour que l'on puisse supposer que le passage
à la petite saison sèche s'opère de façon lente et progres-
sive (1). Cet étalement de la saison pluvieuse, dans le
secteur Est de la région y réduit la petite saison sèche
à un mois, celui d'août; tandis que débutant de façon
précoce dans la partie occidentale, celle-ci s'y déploie
sur deux mois entiers,
/
avec un accent plus marque,
au mois
d'août.
Faisant suite à la petite salson sèche,
la petite
salson des pluies couvre, dans les deux zones,
les trois
mois de septembre,
octobre et ~ovembre. Une différence est
à souligner cependant: l'abondance et la régularité des
plùies sont davantage marquées,
au cours de cette salson,
dans la partie orientale du pays, contrairement à la grande
saison sèche dont les effets sont beaucoup plus accentués
dans l'Ouest. Succédant immédiatement à la petite saison
des pluies,
la grande saison sèche se développe sur une
(1) La hauteur des précipitations à Dimbokro
passe de
209,9 mm au mois de juin à 79 mm en juillet; tandis
qu'elle passe à Abengourou, de 236,55 mm (juin) à
153,82 mm (juillet).

20.
période de trois mOlS (décembre-février),
avec des rigueurs
plus prononcées dans l'Ouest,
où le niveau des précipitations,
extrêmement bas, descend,
au mois de décembre,
à 10,18 mm
en moyenne.
Pendant ces trois mOlS de grande sécheresse,
l'humidité ambiante dans l'Ouest,
reste inférieure à 70 %,
non seulement en raison de la faiblesse des précipitations,
mais surtout à cause de l'harmattan, vent sec et desséchant,
soufflant du Nord et exerçant une action étiolante sur
la végétation. Dans la zone Est de la région,
où la forêt
est plus dense et vigoureuse,
la quantité des précipitations
et surtout leur répartition sont extrêmement variables
d'une année à l'autre ...
,
1-
L'inconstance de la pluie,
source permanente de
préoccupations,
auprès des planteurs,
a été maintes fois
soulignée,
au cours de la période étudiée. Son retentisse-
ment sur la vie agricole est évident~ Une sécheresse pro-
longée ou encore l'excès d'eau peuvent causer de sérieux dom-
mages aux récoltes.
L'excès d'eau par exemple non seulement
est néfaste au déroulement normal du cycle végétatif d'une
plante comme le caféier , extrêmement sensible au régime
des pluies,
à l'époque de la floraison, mais encore cons-
titue un handicap sérieux pour l'évacuation des produits,
par les pistes de la région, devenues impraticables.

21.
Le Moronou a connu et connaît encore aujourd'hui
un problème d'eau.
Et ceci,
en dépit de l'effort d'édifica-
tion de barrages et de forage de puits entrepris, malgré
aussi les précipitations somme toute suffisantes, un sys-
tème hydrographique assez ramifié et la présence de trois
fleuves sur son s o l :
le N'zi"l'Agnéby et le Comoé. Cette
lacune en eau est aiguë, en saison chaude,
où les puits
s'assèchent,
les mares se tarissent et les barrages se
vident.
si les cultures,
grâce aux capacités de rétention
des sols, n'en souffrent pas,
les hommes en pâtissent.
"Tous ces cours d'eau sont à sec pendant la saison
sèche et les habitants,
pour avoir de l'eau en
suffisance,
sont obligés de creuser des trous
dans les endroits marécageux~; aussi pendant
la majeure partie de l'année, consomment-ils
une eau bourbeuse et très souvent corrompue" (1).
Somme toute,
la nature de ce climat,
infiniment
complexe et variable,
offre dans son ensemble plus d'avan-
tages que d'inconvénients et ouvre des possibilités
relativement étendues de culture diversifiée.
(1) Tournée du Lieutenant-gouverneur dans le N'zi-Comoé
in Journal Officiel de la Côte-d'Ivoire (J.O.C.I.)
1908,
p.
429.

22.
IV.
UNE NATURE AUX IMMENSES RESSOURCES VEGETALES
ET ANIMALES
On ne peut clôre ce chapitre qui se propose d'in-
ventorier les différents éléments de la structure physique,
sans évoquer les traits fondamentaux du milieu naturel,
ayant fourni à l'homme,
jusqu'à notre époque,
l'essentiel
de sa subsistance.
Bien que les documents manquent pour
reconstruire la géographie historique du Moronou,
i l est
cependant possible dien suggérer les grands traits,
gr~ce
aux informations orales recueillies.
A.- Le)probl~me de la végétation
Une certaine image des 'conditions physiques,
telle qu'elle est "véhiculée" par les récits des premiers
moments de l'occupation, nous conduit à évoquer avant tout
le probl~me de la végétation. Sous quelle forme,
se pré-
sentait-elle aux premiers temps de l'occupation agni?
Entre la savane et la forêt,
les deux formes privilégiées
du milieu naturel,
la premi~re semble de loin avoir marqué
le souvenir de nos informateurs.
La savane est évoquée
aussi bien dans les récits à caract~re historique que dans
les légendes et les contes,
où sont en outre campés le
plus souvent l'hy~ne, le lion,
l'éléphant,
considérés
comme des animaux de savane.
Par ailleurs plusieurs traditions

23.
essentiellement recueillies à Bongouanou et dans le pays
Essandané,
aujourd'hui entièrement couvert de forêts,
affirment de façon explicite la prédominance de la savane
sur la forêt,
à l'époque du peuplement:
"La savane s'étendait à perte·de vue sur d'im-
menses espaces,
comme d'ici
(Bongouanou) à
Arrah"
( 1 ) •
Que penser d'une telle constante de la savane,
dans la littérature orale? Et surtout comment expliquer
la prédominance de celle-ci sur la forêt,
alors que,
de
nos jours,
la savane ne subsiste que sous forme de pans
disséminés ici et là, dans un océan de forêt verdoyante,
submergeant l'espace entier du Moronou ?
DEUX HYPOTHESES se présentent à l'esprit.
1 - La variation climatique, bien qu'elle ne
soit point perceptible à l'oeil du contemporain,
est une
réalité à laquelle n'échappent point les continents,
avec
ce que cela suppose de modifications particulières, dues
aux spécificités physiques locales. L'Afrique Occidentale
dans sa totalité , y compris le territoire ivoirien actuel,
était encore, jusqu'à ces dernières années, dans une phase
(1) Traduction littérale du récit recueilli,
le 10
janvier
1981, à Bongouanou,
auprès d'Eonan Messou,
80 ans
environ, bande nO 3.

24.
d'humidification dont le début se situe aux alentours de
- 10 000
. La savane et la forêt qui,
repoussées jusqu'au
littoral,
avaient été réduites à des étendues insignifiantes,
au cours de la période précédente,
avaient commencé de
remonter ver.s le Nord,
à partir des "zones-refuges du
littoral" (1).
L'hypothèse d'un climat plus sec,
il y a enVlron
un siècle et demi,
avec,
dans
la végétation, une
prédominance de la savane,
progressivement réduite au
profit de la forêt,
ne serait point en contradiction
avec les éléments fournis par la tradition orale. Cepen-
dant l'évocation du paysage de savane comme site privilé-
gié,
au moment du peuplement agni,
est à chercher ailleurs.
2 - L'attrait de terrains,
riches en placers
aurifères,
giboyeux et se prêtant à la fois aux cultures,
pousse la vague des immigrés à essaimer dans la zone de
conta~t forêt-savane qui ~éunit le mieux toutes ces c6ndi-
tions. Mieux,
la tendance de l'immigration sera de pousser
de plus en plus loin vers les berges du N'zi,
réputées
pour la richesse de leurs placers aurifères,
plus pré-
cisément vers "la vaste région inhabitée,
comprise entre
le FAN et les collines de Toumodi
à l'Ouest" (2), couverte
(1) T.
Shaw,
Préhistoire de l'Afrique Occidentale in
Hist~ire génerale de l'Afrique de l'UNESCO
l Méthodologie et préhistoire africaine
p.
649
(2) Ce sont essentiellement les groupes Assié,
Alangwa
et
Ahali qui s'aventurent dans cette région du Baoulé
actuel. Cf Ph.
et M.A.
de Sa I've r t e jj ar mi o r , Histoire du
peuplement,
in Etudes régionales du Centre de C.I.,
p.
34.

25.
de savane et également convoitée par les VOlSlns baoulé.
L'on sait qu'il s'ensuivit une guerre,
entre Agni et Baoulé,
dont l'issue fut fatale aux premiers et qui eut,
entre autres
conséquences, de rejeter définitivement les Agni sur la
rive gauche du N'zi, dans la zone forestière.
Il ne serait pas étonnant que ce passage,
somme
toute furtif dans la savane/de quelques éléments du peuple
Morofwo,
ait durablement marqué la conscience collective.
Ces récits sur l'environnement, tendant à privilégier le
"site" de savane, pourraient ne refléter que l'époque,
antérieure à la défaite subie
face aux Baoulé,
o~ l'aire
d'occupation,
moins exiguë, s'étendait de la forêt aux
rives du N'zi, couvertes de savàne et même au-delà.
Les Morofwo,
rejetés.de ce côté-ci du N'zi,
se contentèrent de l'étendue, de forêt qui s'étalait a perte
de vue devant eux.
Ils confinèrent leur habitat sur un
espace relativement réduit,
au Nord de la forêt,
la zone
méridionale de l'espace forestier,
sorte de no man's land,
encore inhabité de nos jours , servant de frontière natu-
relle entre les Morofwo au Nord et les Akyé et Abbey
au Sud. L'immigration se poursuivit encore,
pendant quelques
décades,
en direction de l'Est et finit par se stabiliser
au Comoé,
au contact des "frères agni de l ' Indénié".
Une telle présentation des faits s'accorde non
seulement avec ce qui s'étale aujourd'hui sous nos yeux,

26.
mais aussi avec les différentes descriptions de paysage,
héritées de l'époque de la pénétration coloniale.
En mai
1908,
à la suite d'une tournée qui l'avait successivement
conduit dans le Ngatianou,
l'Assié,
l'Essandané,
l'Ahua et
le Sahié,
l'administrateur Marchand écrit
"La forêt qui recouvre la majeure partie de la
région présente une très belle végétation"(l)
Plus loin, dans le même rapport,
on l i t à
propos du Ngatianou
:
"le territoire,
occupé par cette sous-tribu,
est couvert de forêt,
aucune savane,
aucune
éclaircie" (2).
Quant au territoire des Assié,
soulignait Marchand,
"il est situé complètement en forêt"
(2).
Quatre années plus tard,
en 1912,
l'administrateur
Hostains, dans la monographie qu'il dresse du N'zi-Comoé,
insiste particulièrement sur la densité de la forêt du
Moronou
"En forêt
( . . . ) la vue est de chaque côté bornée
par l'épaisseur des feuillages qui emmurent les
routes et les sentiers.
Nulle échappée,
nulle
(1) ANCI,
1 EE 144, Rapport de tournée n> 27 Admi n is trateur
H.
Marchand au gouverneur de Côte-d'Ivoire à
Bingerville-
Sahoua,
le 2 mai 1908.
(2)
Ibid.

27.
perspective ne réjouit l ' o e i l ;
partout la mu-
raille de verdure ; pas de sous-bois clairs, de
la base à la cime des arbres,
règne une épaisse
végétation qui arrête la vue et rend la marche
impossible hors des chemins"
(1).
B.
- L'homme et le milieu naturel
Bref,
quelle que soit la forme de la végétation
primitive -forêt ou savane- l'homme s'est fondé sur celle-ci
pour tirer l'essentiel de sa subsistance,
pour se procurer
o
les fruits et les racines comestibles. L'adaptation en
forêt d'un rhizome comme l'igname,
préalablement
connue
et transplantée,à une époque très reculée,
de la savane
où vivaient les ancêtres des Agni,
en zone forestière,
a
impliqué une nouvelle et féconde relation entre l'homme
et son biotope; elle a signifié entre autres que l'homme
était capable de procéder à des acclimatations et à des
domestications de végécultures et de tirer sa subsistance
de son environnement naturel. Mieux,
cela prouve que l'homme
peut être à l'origine de modifications biologiques majeures
dont la moindre n'est pas le recul progressif de la forêt,
devant l'action puissante du feu,
auquel i l a encore recours,
de nos jours, dans sa lutte contre son environnement.
Quoiqu'il en soit,
cette nature s'offre,
à
l'époque du peuplement agnl,
sous un aspect sauvage, une
nature luxuriante,
qui ne porte aucune plantation ; tout
(1) ANCr ,00'·146/015 Hostains, Monographie du Cercle du
N'zi-Comoé,1912.

28.
au plus renferme-t-elle ici et là des parcelles réduites
de cultures d'ignames, de maïs ou d'arachides qu'une halte
plus prolongée, dans une clairière paisible,
a permis
de réaliser à la hâte.
La forêt qui est à quelques mètres
'1
de distance des huttes et des cases du village,
envahit
tout; elle est l'évidence même du petit nombre d'hommes
que renferme le village de cette époque et traduit bien
l'écrasement de l'homme,
l'inadaptation des moyens techniques
que celui-ci oppose à ce débordement de Vle qui éclate
autour de lui.
Néanmoins au milieu de cette nature
,
envahissante
que l'homme ose a pelne affronter,
les
essences les plus diverses rivalisent de magnificence
le puissant fromager (eridendron anfractuosum) côtoie
l'iroko svelte,
au tronc blanc;
l'acajou du pays ou
khaya ivorensis s'infiltre vers le jour, dans un feuillis
extravagant où le parasolier,
le palmier à huile (eloeis
guinensis),
le rotin épineux, tentent de se surpasser
les uns les autres.
Dans ces futaies qui se développaient sur
d'immenses étendues,
où l'on dénombrait bien d'autres
géants de la forêt,
dont la valeur en ébénisterie n'était
pas encore soupçonnée,
se distinguait le BOFUAN (antiaris
africana) dont l'écorce en complément du textile européen
provenant de la Côte,
servait,
à la suite d'un aprêt

29.
préalable, soit de couverture,
soit de pagne dont les
femmes se ceignaient les reins.
Outre l'habillement,
l'homme demandait,
à cette
nature foisonnante,
les fruits,
les baies sauvages,
les
racines comestibles, comme le BOLDO
(1), l'équipement
en outils,
le matériau de son logis.
C.
- Ressources animales
Cette forêt,
où l'homme apparaissait plutôt
rare,
était aussi le refuge de prédilection des animaux.
Gros et petits gibiers y
abondaient. La forêt ainsi que
les ilôts de savane étaient la réserye de singes, d;anti-
lopes, de gazelles (2).
Les fourrés retentissaient aussi
du gazouillis des perroquets, des calaos, des touracos,
des oiseaux mouches et de bien d'autres,
au plumage étin-
celant. Les fauves y
étaient aussi présents.
Leur affluence
commandait en certaines périodes que l'on s'armât et que
l'on organisât de temps à autre des battues .
. (1) Littéralement,
l'igname sauvage désigne l'igname non
cultivé et qui pousse spontanément dans la brousse.
(2) Delafosse dénombre douze variétés d'antilopes, dix
variétés de singes etc . . .
Cf M. Delafosse, Essai de manuel de la langue agni
parlée dans la moitié orientale de la Côte-d'Ivoire
Paris, 1901,
226 p.
(p.
5 et 39).

30.
Cette brève étude physique,
tout en permettant
de mettre en évidence les rapports entre la structure et
le modelé, mieux entre la géologie,
et la topographie,
souligne les caractères positifs que le sol du Moronou
offre au départ à une agriculture. si l'on ajoute les
avantages pluviométriques du climat subéquatorial dont
jouit la région, on devine aisément toutes les possibi-
lités de culture tropicale dont le planteur morofwo
aura à tirer parti, dans cette zone du Sud-Est ivoirien
qu'un concours de circonstances de nature diverse a
fait sienne.
De ces diverses composantes résultent deux
régions agricolEs qui possèdent chacune une individua-
lité certaine. L'Ahua,
le Sahié, l'Essandané,
l'Assié,
le Ngatianou possèdent,
grâce à leur sol à dominante
schisteuse et à climat plus régulièrement arrosé, une
vocation cacaoyère et caféière plus affirmée.
Une lec-
ture de la carte agricole aux premières années de la
mise en valeur du Moronou aurait permis d'affirmer que
les plantations industrielles occupaient déjà la majeure
partie des terrains mis en valeur et qu'elles l'emportent
aujourd'hui
comme hier sur toute autre forme de culture.
La région de l'Ouest et du Nord, c'est-à-dire le Sawua,
l'Amantian,
l'Alangwa et l'Ahali,
limitrophe du Baulé,
accuse un climat relativement plus seC. Les aptitudes
du sol,
fait davantage de détritus granitiques et de
sable,
en ont fait la région par excellence de la Kola,

31.
des palmiers et
des cultures vivrières.
Cependant au moment où l'Agni morofwo y faisait
son apparition, ce milieu demeurait rude, voire hostile
et tout demeurait à entreprendre.
Il sera intéressant
de SUlvre celui-ci dans son effort quotidien pour tirer
profit de cet environnement foisonnant certes de richesses,
mais non moins hostile. Mais auparavant. il convient de
faire
un
bout
de
chemin
avec
le
Morofwo,
afin de savoir qui il est et d'où i l vient.

32.
CHAPITRE
II
LES REALITES HUMAINES : L'HISTOIRE DU PEUPLE
(~tapes de formation, ~migration)_
Tous les Agni de Côte d'Ivoire et particulièrement
les morofwo se r~clament d'Ano Asoman, roi d'Ebrosa-Aowin,
royaum~ localis~ dans le Sud-Ouest de la R~publique du Ghana.
En fait le peuple agni actuel est form~ de d~bris de plusieurs
peuples, plus anciens, rassembl~s, par la force des circons-
tances,
en un seul royaume,
entre la fin du XVllème et le
d~but du XVlllème siècle, sous l'autorit~ d'Ano Asoman,'
consid~r~ comme le père de la natlon agni.
Forc~s d'abandonner leur pays d'origine, à l'issue
d'une guerre malheureuse qui opposa d'une part les Asante (1)
aux Ebrosa-Aowin et leurs alli~s d'autre part, quelques ~l~-
ments de ce dernier groupe, les futurs morofwo, gagnent
l'aire d'habitation devenue aujourd'hui la leur et qui prit
plus tard le nom du Moronou.
si l'histoire de la formation du peuple agni est
difficile à reconstituer, à d~faut de sources suffisantes,
(1) C'est le. terme par lequel ils se d~signent eux-mêmes.
Il est orthographi~ de plusieurs manières dans les sour-
ces et les ouvrages contemporains:
tantôt ASHANTI,
ashantee;
tantôt achanti, ...

33.
celles de l'émigration et du peuplement sont encore plus
malaisées à débrouiller,
tant les versions sont divergentes,
non pas seulement d'un sous-groupe ethnique à l'autre, mais
quelquefois d'une famille à une autre du même village.
L'effort de périodisation qui est la note dominante de ce
chapitre, est
une nécessité pour clarifier quelque peu
l'histoire des débuts du peuple morofwo.
Ce n'est qu'une
ébauche sur laquelle on trouvera à redire, mais indispensa-
ble pour donner une explication relativement satisfaisante
des grandes articulations du passé de ce peuple.
I.
LA FORMATION DU PEUPLE
LES -GRANDES ETAPES
Les Agni du Moronou se subdivisent aujourd'hui
en neuf groupes
: Ahua, Assiè,Alangwa, Amantian, Ahali,
Essandané, Sahié, Ita~wua., et Nga tianou (1). Tous ces gr oupes
(1) Contrairement à une opinion relativement récente qui
prévaut aujourd'hui ici et là,
obéissant à des préoccu-
pations plus politiques que historiques, ces neuf groupes
sous-ethniques pré-existaient à l'émigration,
et étaient
titulaires d'une "chaise", symbole de la chefferie dans
le monde akan.
Cependant au cours de l'émigration, deux
de ces groupes, les Ahua et les Sahié étaient dépossédés
de leur chaise d'origine,
emportée par des fractions res-
pectives de ces deux groupes,
sans doute plus réprésenta-
tives,
et ayant suivi un itinéraire différent.
Ainsi,
la
fraction Ahua du Moronou, séparée des Ahua d'Aniansué,
depuis les premières étapes de l'émigration, se ralliè-
rent aux Ahali par BouaBadjo dont Ané Kpanyi,
le fonda-
teur d'Arrah -l'agglomération la plus ancienne des Ahua
du Moronou- serait l'arrière-arrière petit-filS.
Cf Mission d'enquête orale,
effectuée à Arrah,
en mars
1973, bande magnétique n° 1. Voir aussi N. G.
Kodjo, Le
commerce à Arrah, à l'époque précoloniale,
in Annales de
... / ...

34.
se réclament d'Anyuan-nyuan, un pays dont l'existence,
révé-
lée par la tradition orale, est apparue jusqu'à ces derniè-
res années,
plutôt comme mythique.
En fait,
Anyuan-nyuan
appartient au monde du réel, à l'histoire.
Son existence
historique n'est plus à mettre en doute, depuis les derniè-
res publications de Cl. H.' Perrot (l) qui est parvenue à le
localiser géographiquement. Anyuan-nyuan serait situé dans
le Sud-Ouest de la République du Ghana actuel,
près de la
ville d'Enchi. Le Professeur Niangoran-Bouah,
sociologue
ivoirien, qui affirme avoir visité le site de cette ancienne
agglomération, devenue aujourd'hui.Kulofwan(Village abandonné),
révèle que l'emplacement de cette cité, autrefois prestigieu-
se, est aujourd'hui "l'objet d'une surveillance attentive de
la part des autorités traditionnelles d'Enchi"
(2) .
.../ ...
l'université d'Abidjan 1975, Série 1, tome III,
pp. 151-
156
(p.
151).
Quant aux Sahié du Moronou, qui se rattachent,
par delà
l'exode,
aux Sefwi (contraction du twi = ESA AWIE ou
ESA HIE,
voulant dire la guerre est finie} quelques élé-
ments parmi eux firent route, durant la migration,
avec
les ASSIE dont ils Se séparèrent, une' fois parvenus dans
le Moronou.
Ahua et Sahié se constituèrent en groupes autonomes,
en
se dotant chacun d'une "chaise" pour laquelle on s'efforça
d'établir une base historique, mais surtout matérielle,
tout aussi prestigieuse que les autres "chaises" du
Moronou.
(1) Voir en particulier Cl. H. Perrot, Ano Asema = mythe et
histoire, Communication au Colloque de Bondoukou,
janvier 1974. A la page 8 de cet opuscule,
l'auteur
écr i t
: "La localisation géographique de ces lieux est
aisée:
Antye n'est autre qu'Enchi, capitale de l'Aowin,
province du Sud-Ouest du Ghana actuel,
limitrophe du
Sanwi ivoirien.
(2) Cl. H.
Perrot, op.cit., p.
8.

35.
Aux temps lointains d'Anyuan-nyuan est lié le nom
d'Ano Asoman,
roi d'Ebrosa,
tout aussi pr~stigie~x, vénéré
de nos
jours comme le père fondateur de tout le groupe
agni
(l).
Le sieur Tibierge, "principal commis de la Compagnie
de Guinée", dans son journal publié en 1692, révèle l'exis-
tence d'un cértain Anascheman, roi d'Aouesny (2).
Il faut
(1) outre sa qualité fondamentale d'être le "père" du peuple
agni, celui qui le rassemble dans l'unité et
le défend
contre l'oppression ennemie,
on lui attribue,comme écrit
Cl. H.
Perrot
"des acquisitions culturelles majeures, aussi bien
l'introduction de plantes cultivées essentielles ~
1 "a limenta t.i on que celle des symboles du pouvoir poli ti-
ciue( ... )'. On voit également en lui ( •.. )l'auteur des ré-
formes sociales: i l aurait mis fin
l'ancienne pra-
à
tique de sacrifier sur la tombe d'une personne
mariée,
le veuf ou la veuve".
Cf Cl. H.
Perrot,
opw cit., p . S '
"On.ne prête qu'aux riches". C'est la
grande ten-
tation des traditions du passé. D'où la nécessité de nous
montrer critique ~ leur égard, en faisant ici remarquer
entre autres que l'igname,
culture traditionnelle de
savane,
était probablement déj~ connue des premiers an-
cêtres agni, lorsqu'ils vivaient ~ une époque antérieure
au XYlème siècle, date de la première migration connue,
dans la région Nord de Tekyiman.
Il était donc difficile
d'attribuer ~ Ano Asoman qui n'était pas encore de ce
monde,
la paternité de l'invention de cette tubercule.
Aussi difficile de lui attribuer également, sans démons-
tration rigoureuse,
l'introduction de la banane, dans
le monde Akan et particulièrement dans l'Aowin. En effet,
le récit ci-dessous,
recueilli en avril 1979, ~ N'dolikro,
auprès de EbrinAssalé, cousin d'Ano Asoman II,
en attri-
bue la paterni té
Abolo,
frère de Ntim Gyal<a ri .•
à
"Un de ses frères
(de Ntim Giakari),
i l s'appelle
Abolo,
i l est chasseur,
i l partit ~ la chasse. Au-
jourd'hui l'endroit,
où i l alla chasser,
est ~ Gwa.
Quand i l y alla, il vit des bananiers plantés par-
tout,
droit comme des bambous,
portant des fruits
mûrs, avec dessus des oiseaux qui s'en nourrissaient
Il se dit ~ lui-même :
"Nos vieux disent : quelque chose que les oiseaux
mangent,
si l'homme en mange,
i l ne meurt pas,
je
peux donc manger.
Il en mit ~ la bouche et lui trou-
va un goût sucré et une saveur parfumée.
Il en mâcha
une,
l'avala, puis attendit tranquillement pour voir
.../ .. ·

36.
reconnaître lCl l'esprit intuitif de Cl. H.
Perrot qui,
la
première, à notre connaissance,
s'appuyant sur la consonnance
des noms,
fit le rapprochement entre l'Ano Assoman de la tra-
dition orale et l'Anascheman de Tibierge.
De même i l faut
attribue~ à l'historienne des populations du NdénY~l'iden­
tifi~ation entre l'Aowin, province du Sud-Ouest ghanéen, li-
mitrophe de la Côte d'Ivoire,
et l'''Aouesny'' du journal de
Tibierge.
Les arguments ne manquent pas pour fonder ces rap-
prochements.
En effet, la richesse en or du royaume d'Anas-
cheman,
la distance qui sépare celui-ci d'Assinie (3) où les
.../ ...
1'effet. Rien ne lui arriva.
Il se leva,
partit,
revint sur ses pas,
en prit encore une autre,
par-
t i t et revint pour une autre encore . . .
Il en planta p
en fit un champ.
Et lorsque la famine survint on
vint de partout pour en acheter, du monde nzandré
et du monde agni, contre de l'or".
( 2 ) Cf Journal du sieur Tibierge,
publié par P. Roussier,
L'Etablissement d'issiny,
Paris, 1935.
p. 62
"Le premiercapessaire de ce païs là
(Adouemy)
se nomme Anascheman".
p. 67
"La terre d'Ahou a esté prise par Anascheman
grand capessaire d'Aouesny qui a emmené tous les
habitants captifs".
Commentant ces deux passages, Cl. H.
Perrot note :
""L'Adouemy" de la pl!emière citation est devenue
( ... ) "Aouesny", dont la consonnance est remarqua-
bl,ement pr ochc de celle d'Aowin".Cf Cl.I--I.Perrot,op.
c i t ,
p.45.
(3 )
"Quand ils ont fait leur traite avec les commis de
la Compagnie,
ils portent les marchandises à Edouan
ou les nègres d'Adouemy les viennent chercher pour
traiter. Edouan est un village éloigné de Soco de
10 à 12 lieues et Adouemy est un royaume distant
de 4
journées dUEdouan.".
S'appliquant à mesurer la distance de Soco,
l ' î l e de la
lagune Aby actuelle, à Enchi,
capitale de l'Aowin dont
Ano Asoman était le souverain, Cl. H.
Perrot argumente
de la manière suivante :
... / ...

37.
habitants d'''Aouesny'' venaient régulièrement échanger leur
or contre les marchandises européennes ; la fièvre de con-
quêtes militaires qui caractérise,
en cette fin du dix-
septième siècle,
le "capessaire d'Aouesny",
constituent
autant de motifs qui militent en faveur de l'identification
dVAnascheman de l'Ecrit et de l'Ano Asoman des récits oraux,
recueillis dans les pays agni.
La formation d'Ebrosa-Aowin,
royaume dont seraient
originaires les Morofwo,
célèbre par son roi Ano Asoman et
par Anyuan-nyuan,
la localité qui semble avoir marqué le
plus la mémoire collective du peuple agni,
peut se diviser
en deux. parties :
- L'histoire antérieure à 1677.
- L'Aowin-Ebrosa,
Etat dépendant
(1677-1720).
..
. . ,".
1 .., :•
. ../ ...
"Que donnent les évaluations de distance? La lieue
de terre équivalant à 4,4 kilomètres, Edouan, qui
n'est pas identifié,
se trouve à 44 ou 52 kilomè-
tres de Soco ou Assoco,île qui s'étend au Sud de
la lagune Aby,
non loin du fort d'Assinie,
et dans
laquelle se trouvait la capitale du roi des issy-
nois.
Il reste à savoir combien de kilomètres re-
présentent les quatre journées qui séparent Edouan
d'Adouemy ou plutôt Aouesny. Un messager peut faire
plus de 40 km en un jour, mais un commerçant en
parcourt à peine,
en moyenne,
la moitié (20 km).
Selon cette dernière estimation,
la distance
d'Aouesny à Edouan serait de 80 km ; et d'Aouesny
à Assoco,
c'est-à-dire à
la Côte,
serait de 124 à
132 km, chiffres qui peuvent sans invraisemblance
s'appliquer à Enchi."
Cf Cl. H.
Perrot,
op.
c i t .
p l L.
v

38.
Il importe d'évoquer brièvement chacun
de ces
grands moments de l'histoire agni, afin de mieux saisir
l'identité du peuple morofwo et aussi les motifs d'abandon
du pays d'origine. Nous nous appuierons essentiellement pour
cette partie sur les sources hollandaises,
les récits de la
tradition orale, recueillis dans le Moronou et l'historiogra-
phie ghanéenne contemporaine.
A.- L'histoire antérieure à 1677
L'on sait peu de choses sur cette période, la
plus longue mais aussi la plus obscure, qui s'achève aux
environs de 1677, date probable de la défaite de l'Aowin
par le Denkyria et de son intégration à ce dernier Etat.
Mais pourquoi avoir choisi cette date plutôt qu'une autre
pour marquer la défaite de l'Aowin ? On ne peut en esquiver
l'explication qui s'impose, de même qu'il s'avère néce~saire
de retracer, malgré la pénurie de documents,
les grandes
étapes de la formation du peuple autour du fonds du noyau
Aowin et de son évolution ultérieure jusqu'en 1677.

39.
1. Le noyau Aowin
D'après les récits de tradition orale dont fait
état Daaku (1),
le noyau du peuple Aowin serait constitué
de trois groupes:
les Sohie,
les Anaboura
(2) et les
ANWIANWIAN (3) dont seraient issus Ano Asoman et ses
(1) Daaku travailla essentiellement sur les populations du
Sud-Ouest ghanéen : Denkyira, Sefwi et Aowin. Sur le
Denkyira,
i l publia le volume de Oral Traditions of
Denkyira, Legon, 1970. Sur le Sefwi, i l publia l'article:
A h:i storv of Sefwi : a survey of oral evidence in Research
·review,Voi. 7; n0 3,1971, pp. 32-47. Tous les autres
documents sur le Sefwi n'existent que sous forme de notes
qu'il n'eut pas le temps d'exploiter pleinement, avant
d'être arraché, par la mort, en 1974, à l'affection des
siens, de l'université de Legon o~~l était en service
'et de tous ses amis historiens. Quelques semaines avant
sa mort, au Colloque interuniversitaire Côte d'Ivoire -
Ghana de Bondoukou,
en janvier 1974, il confia au Secré-
tariat du Colloque,
le résumé de sa communication qui ne
fut
jamais rédigée entièrement. Celui-ci portait comme
titre : Unknown Aowin traduit en français sous le titre :
Le peuple Aowin et son histoire traditionnelle. Il s'agit
ici fondamentalement de ce résumé très dense qui tient en
une page.
(2) Les descendants des Sohie seraient, en Côte d'Ivoire,
les
Bettié du Ndényan.
Cf Cl. H.
Perrot, Les Anyi
ndenyen et
le pouvoir politique aux XVlllème et XIxème siècles,
thèse pour le Doctorat d'Etat .•.
p.
147, note 1.
Quant aux Anaboura
(les puisatiers, sous-entendu du roi)
sont aujourd'h~J représentés par quelques familles dis-
persés dans plusieurs villages du Ndénye.
(3) On reconnaît ici le terme "Anyua nyu an', l'agglomération la
plus célèbre de l'époque migratoire, d'où le signal de
l'exode aurait été donné. D'après la tradition,
recueillie
par Daaku, avant l'Anyuanyuan du Sud-Ouest ghanéen,
i l
y aurait un permier Anyuanyuan,
situé dans le Nord du
Ghana, aux alentours de Tekyman, qui serait le berceau
du troisième groupe du noyau initial Aowin.
Nous désignons désormais ce troisième, conduit par les
ascendants d'Ano Asoman sous le nom de leur lieu d'ori-
gine, Anyuanyuan.

40.
descendants. Les groupes Sohie et Anaboura, autochtones de
l'Aowin,
auraient,été envahis,
"vers la fin du XVème siècle
et au début du XVlème siècle"
(1),
par un groupe immigrant,
venu d'Anwianwian,
localisé au Nord du Ghana actuel,
préci-
1
sément dans la région Brong-Ahafo,
près de Tekyiman (2).
Daaku établit à juste titre un lien entre le départ des
Anwianwian (3), de la région de Tekyiman et loérection de
l'Etat de Bono-Manso, tout proche qul tentait de subjuguer
à cette époque les Etats voisins. Les Anwianwian se heurtè-
rent à leur arrivée dans lOAowin, aux Sohié et aux Anaboura.
Ceux-ci, soumis à l'issue de plusieurs combats,
furent pro-
gressivement absorbés par les Anwianwian (4).
(1) Daaku, Unknown Aowin traduit en français sous le titre
Le peuple Aowin et son histoire traditionnelle in
,Colloque inter-universitaire Ghana - Côte d'Ivoire,
A~idjan 1974, .690 p.
(2) Une tradition de Bono prétend qu'autrefois leurs chefs
au lieu de s'asseoir sur une "chaise" symbole de la royau-
té, s'asseyaient sur des coussins faits avec des peaux
de bêtes. Cf J. Goody, The Akan and the North,
in Ghana
notes and Queries, n° 9, 1966, pp. 18-24
(pp.
19-20).
Une survivance de cette coutume serait-elle l'habitude
conservée encore de nos jours dans les chefferies tradi-
tionnelles de recouvrir la "chaise" royale d'une peau de
bête -en général de l'Adowa (la biche royale)- avant que
le chef ne puisse s'y asseoir? On pourrait, dans le cas
où l'hypothèse se vérifierait, y voir un argument supplé-
mentaire, militant en faveur de l'origine nordique des
Anyuanyuan.
(3)
"Bien que les traditions disent qu'ils se sont dé-
placés à cause des guerres avec les Asante,
je crois
que les premiers émigrants d'Anwianwia sont venus
dans l'Aowin vers la fin du XVème siècle et au
début du XVlème siècle à l'époque où l'Etat de
Bono-Manso s'établissait".
Cf Daaku, op.
cit.
(4) Ibidem.

41.
L'origine "nordique" de l'élément dominant de
l'Aowin,
soutenu~par les récits oraux du Sud-Ouest ghanéen
dont Daaku se fait l'écho, représentait encore, au début
du siècle, de ce côté-ci de la frontière,
un courant extrê-
mement vivant de la tradition orale dont témoignent les
écrits des premiers administrateurs coloniaux. Le Capitaine
Marchand,
le KPAKIBO (celui qui fend,
ouvre la forêt) des
populations baoulé et agni du Centre de la Côte d'Ivoire,
souligne sans
ambages,
l'origine nordique des populations
de la Côte d'Ivoire di tes "Aka n" dont les Agni.
Désignant
les Man sous le vocable d'''Achin'',
i l écrit:
"Les Achins ont leur berceau au Nord de la Côte
d'or,
entre les vallées du Tanoé et de la
Volta"
(1).
Evoquant plus particulièrement la migration des
Agni Morofwo qu'il fait dériver directement de ce berceau
initial, sans l'étape de l'Aowin,
i l note
"Ils partent de là sur deux directions,
les Agnys
au
Sud-Ouest,
traversant le Comoé,
pénètrent sur
le territoire des Attiés et Ebrié qu'ilS refoulent
au Sud et s'arrêtent au contact du fleuve N'zi ou
Zini et s'établissent dans les hautes vallées des
rivières Mai
(1) et Agnéby où ils sont encore au-
jourd'hui sous le nom dOAgny Morofoués
(2)".
(1) Arch. Nat.
de France (ANF),
rue des Francs-bourgesois
231 Mi S.papiers Marchand (J.B. Jules), Dossier 9, pièce7,
Notes ethnologiques sur les Achanti
(s. d.).
(2) Ibidem.

42.
A la suite de Marchand, Delafosse puis Chéruy et
Tauxier,
écrivant sur leS" Baoulé et la 'fraction agni de
l'Indénié,
insistent sur l'origine septentrionale de ces
populations qui,
faute de dénomination exacte,
sont désignés
sous le vocable de NTA (1).
Le berceau septentrional des Aowin est une cons-
tante des récits d'origine Akan, mise en veilleuse par
l'historiographie ivoirienne. Autant ce point de vue rap-
»
pelé à juste titre par l'école historique ghanéenne (2),
(l)
"Ces différentes tribus septentrionales forment
un groupe qui semble être celui d'où sont parties
les migrations successives qui ont donné naissance
à la famille agni-achanté. Je donne à ce groupe
le nom NTA"
Cf Delafosse, Essai de manuel de langue agni ... p.207
(2) Une première tendance de cette école situe l'origine des
Akan dans le Soudan actuel.
Elle ne peut être suivie à
défaut de preuves sùffisantes pour asseoir une telle af-
firmation.
Elle est représentée par
:
W.T. Balmer, A history of the Akan peoples, London, 1925.
à la p.
27,
i l affirme :
"it is very probable that the Fa nti , Ashanti,
Ahanta and the Akan people in general formed origi-
nallypart of this
(Ghana) ancient negro kingdom,
dewelling in districts remote from the Central
City Government".
A la suite de Balmer,
la plupart des tenants de l'origine
soudanaise des Akan,
furent
:
- J.B. Danquah', The Akan claim to origin from Ghana,
. West AfricanReview,
26
(1955),
pp. 968-997 et
1107-1111
;
-
E.
Meyerowitz, Akan traditions of Origin, London,
1952, pp.
23-25.
- W.E.F. Ward, History of Ghana, Leicester, 1959, p. 49.
La seconde tendance est représentée par le professeur
Fage,
Introduction to the History of West Africa,
Cambridge, 1956, p. 95.
- Ancient Ghana:
A review of Evidence, T.H.S.G., 3,
1957, pp. 92-96.
.../ ...

43.
mérite d'être pris en compte, autant les traditions recueil-
lies au Ghana,
accréditant Ano Asoman comme étant déjà le
guide de l'immigration anwianwian des XVème - XYlème siècles,
en direction de l'Aowin,
paraissent suspectes.
Car Ano
Asoman ne peut être à la fois le contemporain de Tibierge,
comme cela a été établi plus haut,
et le chef d'un mouve-
ment migratoire qui se situe plus d'un siècle auparavant .
.../ ...
Du côté français,
on pourrait citer R.
Mauny, Africa 24,
1954, pp.
208-211.·
Cette seconde tendance considère que la parenté des
Akan avec le Soudan se résumerait dans les traits cultu-
rels que l'on retrouve de part et d'autre, dûs à la per-
manence des échanges commerciaux entre les deux aires
économiques complémentaires de la savane soudanaise et
de la forêt.
La position du Professeur Boahen est exprimé dans
:
- The origins of the Akan,
in G.N.Q,
nO 9, 1966, pp. 3-10.
- Who are the Akan ? in Collogue de Bondoukou, 1974.
A.
Boahen situe le berceau des Akan non pas dans le
Soudan nigérien, comme ses prédécesseurs, mais plutôt
quelque part entre Tchad-Benué, dans la trouée du
Dahomey (Bénin actuel),
les Akan auraient progressé
jusqu'au foyer de l'Adansi,
entre Pra et Offin.
La position de A.
Boahen,
plus encore que les précédentes,
paraît fascinante, mais elleala faiblesse de ne reposer
presque exclusivement que sur des arguments linguistiques
Alors que tout un faisceau de preuves
: linguistiques,
culturelles, archéologiques, ...
est nécessaire pour
étayer toute argumentation dans ce domaine délicat.
L'intérêt de la recherche historique ghanéenne est ce-
pendant à souligner en ce qui concerne le berceau des
peuples Akan. Plutôt que vers le Sud ou l'Est,
elle
nous incite à tourner le regard au Nord.

44.
On aurait souhaité connaître le nom du guide des
Anwianwian et être plus amplement informé sur ces premiers
moments de l'histoire des Aowin. Mais les documents font
actuellement défaut.
2. La période 1629-1677
a) Les Awianwian dans l'Adansi
La période 1629-1677 semble être mleux pourvue
en documents,
bien que les informations soient encore d'un
niveau relativement pauvre. Le croquis d'origine hollandaise,
dessiné en 1629, à Moure, pompeusement baptisé de carte,
l'un
des premiers documents fondamentaux pour la recons-
truction de l'histoire des Etats de cette région de la
Côte de Guinée,
est à cet égard fort décevant. En effet,
l'Aowin n'y est point mentionné. De même que ne figurent,
sur ce document cartographique, ni le Denkyria,
ni l'Asantè
qui s'imposeront,
au XVlllème siècle, comme les grands Etats
de la région.
Néanmoins,
en lieu et place du futur Aowin,
la carte hollandaise de Moure mentionne les noms d'INCASSA et
IGWIJIRA (voir la carte).

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38. Lalàbil
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'~
45.
Que peut bien suggérer l'absence de toute mention
de l'Etat Aowin Sur cette "carte" ? Il est à noter que
l'Aowin,
en tant qu'Etat,
n'était pas encore constitué.
En effet,
la plupart des Etats qui seront soumis ou qui
auront ultérieurement recours à la protection de l'Aowin,
faisant partie du grand Aowin,
jouissent, en 1629, d'une
existence autonome. Ce sont essentiellement : Great Inkassa
(Sefwi),
Igwijira, Adom.
L'hypothèse d'une étape dans
l'Adansi des Anwianwian,
après leur départ de la région de
Tekyman et d'un séjour prolongé dans ce lieu,
avant la des-
tination finale de l'Aowin,
est plus qu'une hypothèse.
C'est une probabilité, même si cette étape n'est pas men-
tionnée parles traditions recueillies jusqu'à nos
jours.
En effet, c'est dans le foyer Adansi que furent forgés la
langue TWI et les autres
traits culturels distinctifs(l) que le
peuple Aowin partage en commun avec les autres Akan.
D'autre part, bien avant que les Européens n'investissent
la Côte et n'inversent le sens du courant commercial,
le
flux d'échanges antérieur,
en direction du Soudan, partait
en grande partie de l'Adansi en passant par Begho (Nsoko)
(1) Outre la langue 'TIn, la religion,
le système calendaire
de 42 jours,
le matrilignage,
la nomenclature des noms
d'après le jour de naissance sont autant de traits dis-
tinctifs.
Cf Daaku, Trade and politics on the Gold Coast 1600-1720,
Oxford,
1970, 219 p . ,
(p.
2).
Boahen, Who are the Akan ? in Colloque inter-universitaire
Ghana - Côte d'Ivoire, Bondoukou, 1974.
pp.
65-81.

46.
et les territoires de Tekyman-Bono -Manso, avant d'atteindre
le Niger. Et les commerçants ASSIN du foyer Adansi fréquen-
taient régulièrement les marchés du Nord, à l'époque de
l'épanouissement de la civilisation souàanaise. Des liens
et des habitudes avaient pu être précédemment créés
entre
les Assin, habitant l'Adansi au Sud et leurs fuyurs hôtes
Anwianwian de la région de Tékyman (1).
Quant à la date d'installation des Anwianwian dans
l'Aowin, elle doit être située après 1629, plus probablement
entre cette date et 1650, au moment où le Denkyria s'affir-
me comme puissance dominante dans cette zone du Golfe de
Guinée.
Bien après 1629, les Européens de la Côte de
Guinée continuaient de désigner sans distinction sous le
nom d'Akani,
leurs meilleurs partenaires commerciaux afri-
cains habitant l'interfluve
du Pra et de l'Offin et qui,
(1) L'une des huit artères principales qui, à l'apogée du
royaume Ashanti,
au XIxème siècle,
irradiaient Kumasi
la capitale, partait de cette ville vers le Soudan, en
passant par Begho (Ns ok o ) , Banda
(capitale de Bono ou
Tekyman), avant ~l'elle ne franchisse la Volta noire, en
direction de Yagbum et de Wa.
Cette route du Nord, classée
comme la seconde par 1. Wilks,
était prolongée, au Sud,
par la route n° 6, débouchant sur la Côte à Anomabo et
traversait Manso,
Foso, etc ... autrement dit le coeur
même de l'ancien territoire Adanse.
Cf 1. Wilks, Asante in the nineteenth century, Cambridge,
1975,
p.
1 à 13 et spécialement la carte de la p.
Il.

47.
contre la pacotille d'origine européenne,
leur fournissai8Jlt
outre l'or si appréciée,
l'ivoire et les autres articles
exotiques.
Or, contrairement à ce que pensaient les euro-
péens,
i l n'existait pas à l'intérieur des terres, de royaume
du nom d'Akani dont seraient originaires tous les commerçants
mais plusieurs Etats dont l'Adansi et le Denkyria. Aussi,
est-il fort probable que parmi les commerçants qui eurent
.à fréquenter la Côte, dès cette époque, se soient trouvés
quelques uns des ancêtres des Aowin qui vivaient encore
dans l'Adansi.
"Its appears that the state which the European
writers designated as Akani
(Accany, Arcany,
Hacany) was the source of aIl the confusion about
the inland states. The Europeans were unable to
ascertain what this state really was
( ... ) AlI
the states in the Pra-Offin-Birim reaches quali-
fied to be known as Acany and this area west of
Akim was the craddle of the Adansi and Denkyira
kingdoms. It is highly probable that there was
no such state as Akani but that the European
writers just applied a linguistic term to a group
of traders who came d own to the coa st"
(1).
Pour quelles raisons les Anwianwian auraient-ils
quitté l'Adansi pour l'Aowin ? Le motif majeur résiderait
dans l'expansion dominatrice des Denkyria
(2).
Dans leur
(1) Daaku, Pre-Ashanti states,
in G.N.Q,
nO 9,
nov.
1966,
pp.
10-13
(p.
11).
(2) L'abandon du foyer Adanse,
par la plupart des peuples
qui y habitaient précédemment,
à la recherche d'un ... / ...

48.
désir d'accroître les biens manufacturés offerts par le
Commerce européen,
auxquels ils étaient de plus en plus
attachés,
les Denkyira s'élancèrent dans une politique
d'assujettissement des peuples voisins,
jetant aux orties
les anciennes alliances,
fondées sur là croyance et l'ado-
ration des mêmes di vini tés
(1)) aux seuls
fins d'accroître
... / ...
autre abri,
n'est pas sans lien avec l'introduction mas-
sive des armes à feu européennes, aux environs de 1650.
Jusqu'à cette date environ,
le fusil et les autres muni-
tions de fabrication européenne étaient certes présents
sur la Côte et dans l'intérieur du pays, mais dans des
proportions extrêmement réduites,
compte tenu de l'inter-
diction papale faite au Portugal et aux Provinces unies
de vendre les armes à feu aux païens et aux musulmans.
Faisant fi de l'ordre papal,
les interlopes introduisaient
cependant les armes à feu. A partir de 1650, avec l'arri-
vée des autres nations européennes,
la vente se généra-
lisa.
En 1645, après inventaire de toutes les marchandises en-
tredéposées dans les différents forts hollandais,
on en-
registra à Moure et Axim un total de 75 mousquets, à
Shama et Accra 11 mousquets. Les autres objets,
pouvant
être classés au titre d'armes offensives,
étaient des
couteaux et des canifs dont le nombre n'excédait point
13 767 pièces. Avec l'entrée en scène de certaines na-
.
\\ ' .
"
.
.
tlons plrates, comme la Grande-Bretagne,
la sltuatlon
changea du jour au lendemain.
Par exemple,
entre juillet
1658 et novembre 1661,
la seule Corrpagnie
des Indes
Orientales déversa sur la Côte d'Or 5 531 mousquets, soit
une moyenne mensuelle de 1 106 mousquets. En 1668, le
navire, ARCANY MERCHANT,
débarqua 2 000 pièces de barres
de fer et 200 mousquets.
Cf K.Y.
Daaku, Pre-Ashanti states,
in Ghana Notes and
Queries, n> 9,
nov.
1966,
pp.
10-13
(pp.
10-11).
K.Y.
Daaku, Trade and politics on the Gold-Coast 1600-
1720, a study of the african reaction to european trade,
Oxford,
1970,
219 p , ,
(pp.
147-151).
(1) La grande divinité supranationale du monde Akan de l'épo-
que était le dieu Bona de l'Adansi,
en face duquel se
prêtaient les serments et se concluaient les alliances
politiques.
Il garantissait en quelque sorte la fidélité
de la parole donnée et réglait les rapports diplomatiques
entre les différentes nations.
.../ ...

49.
leur capital en métal précieux. Afin d'échapper à cette maln-
mise, les Anwianwian prirent leur distance,
en cherchant re-
fuge en direction de l'Ouest.
Ils parvinrent ainsi,
dans
leur quête d'un nouveau territoire,
dans l'Aowin.
b) Les Anwianwian dans l'Aowin
L'expansion territoriale,
qui sQavéra,au cours des
premières années de leur
installation dans l'Aowin~ une né-
cessité, commandée par le besoin d'''espace vital",
ne fut
jamais un objectif permanent de la politique des Anwianwian.
Certes les Sohié et les Anaboura,
qui étaient déjà en place,
éprouvèrent à leurs dépens
l'efficience de la vertu guer-
rière et des armes des envahisseurs. Mais là devait s'arrêter le
désir d'expansion des arrivants.
Au contraire,
le nouvel Etat dl
l'Aowin, constitué des Anwianwian et du fonds de population
ancien, sut faire preuve d'une politique d'ouverture,
extrê-
mement souple,
fondée essentiellement sur les alliances, qUI
non seulement renforça les liens de solidarité avec les
La dénomination "Bona" -fait curieux- est l'une de celle
dont s'attribue encore aujourd'hui l'une des fractions
Agni de Côte d'Ivoire,
les Agni bona,
regroupés aujour-
d'hui autour de Tankessé et comprenant les trois groupes
sous-ethniques des Abrade.
Les traditions recueillies dans le Ghana ainsi que des
auteurs contemporains font essentiellement allusion au
dieu Bona dont le siège était précisément à Akrokyere
(Adansi).
Cf Daaku, Trade and politics on the Gold-Coast
1600-1720, a reaction to european trade,
Oxford,
1970,
219 pp.,
( p . 149).
Cf C.C. Reindorf, 'l'he history of the Gold-Coast and Asante,
Accra, 1ère édit.
1889,
2ème édition 1966, 346 p.,
(p. 49).

50.
peuples vOlslns, malS attira en outre des milliers de r~fu-
gi~s, chass~s par la centralisation de plus en plus pouss~e
des Etats Akan de l'Est
(1). Le Sefwi, situ~ au Nord-Est de
l'Aowin, dont les liens de solidarit~ ~taient particulière-
ment ~troits avec ce dernier, devint aussi, selon Daaku,
le lieu de refuge des Wenchi, Tekyiman, Adanse, Asante, ...
et même Denkyira qui ne devaient problablement pas partager
la politique "imp~rialiste",avant le terme, de leur pays (2).
"Refuges from Bono-Tekyman, Wenchi, Adanse,
Denkyira, Assin and Asante found ready welcome
in this territory.
It appears that the Aowin
rulers who formely controlled modern Sefwi ter-
ritory adopted ah open door policy as a measure
to increase the population of their state".
(3)
(1) Afin de contrôler les routes commerciales conduisant à
la Côte et pr~cis~ment celle du Denkyira à Axim, passant
par le Sefwi,
le Wassaw et l'Aowin,
le Denkyira engagea
successivement des combats contre tous ces Etats dont
la plupart des ressortissants eurent recours à la pro-
tection de l'Aowin,
avant que cette dernière ne soit
elle-même conquise par le Denkyira.
(2) Voici un t~moignage contemporain de la politique arrogan-
te pratiqu~e par le Denkyira
"Denkyira,
elevated by its great riches and p owe r ,
became so arrogant,
that i t looked on aIl other
Negroes with a contemptible Eye,
esteeming them no
more than its slaves; which rendred i t the object
of their common hatred,
each impatiently wishing
its dOHnfal".
Cf Bosman, A New and accurate description of the Coast
of Guinea, London,
1705, (éd.
1967,). Letter VI,
pp.
74-75.
(3) K.Y.
Daaku, A history of Sefwi
: a survey of oral evidence
in Research revieH, Vol.
7,
na 3,
1971, pp.
32-47
(p. 32).

51.
On peut induire,
de ce qui précède,
que le besoin
en effectifs humains,
pour étayer une pOlitique sans doute
plus ambitieuse, devint de plus en plus une hantise constan-
te
des chefs de l'Aowin,
quand ils eurent pressenti l'inévi-
table confrontation militaire avec le Denkyira.
Une autre constante de la politique Aowin,
fut la
"chasse à l'or". Préserver le capital en or du royaume,
au
besoin l' accroî tre, en acquérant de nouveaux gisements exté-
rieurs
en assurer la production et l'écoulement régulier
vers les comptoirs européens de la Côte, constituent les
différentes phases d'une même politique économique,
inlas-
sablement poursuivie,
au cours de cette première période de
l'histoire Ebrosa-Aowin, sans qu'elle soit jamais interrom-
pue/plus tard/par l'intégration du royaume au Denkyira.
Les moyens,
pour assumer une telle politique,
re-
posèrent avant tout sur la possibilité de pouvoir disposer
de façon permanente d'un effectif militaire suffisant. Par
ailleurs,
à défaut d'armes à feu dont la livraison était,
jusqu'au milieu du XVrrème siècle,
sévèrement contrôlée par
les Portugais et les Hollandais
(1),
le peuple Aowin fonda
sa puissance sur des armes éprouvées de l'époque:
l'arc et
les flèches empoisonnées dont ils avaient le secret du
maniement.
(2).
(1) Cf note 2,
p.
~7
(2) Cf Bosman, A new and accurate description of the Coast of
Guinea, London,
1705,
Frank Cass reprint 1967,
577 p.
ch.
6,
p.
79.

52.
1. La date
Cette période s'achève sur la confrontation mili-
taire avec le Denkyira,
suffisamment connue dans les détails,
grâce au récit que nous en a laissé Bosman (1).
La date du
combat,
omise par ce dernier,
fait cependant problème et
mérite d'abord qu'on s'y arrête.
La tradition orale et l'historiographie ghanéenne
contemporaine, sans aborder ce sujet pour lui-même,
ont à
leur actif un certain nombre de propositions.
La chefferie
actuelle du Denkyira qui considère cette guerre comme LA
GRANDE bataille, conduite par l'Etat Denkyira
(2), hissant
celui-ci au sQmmet de la gloire,
'avance,
sans préci-
sion de date,
"le milieu du XVllème siècle environ,
au moment où
le Denkyira s'impose comme le plus fort des Etats
Akan"
(3).
(1)
Bosrnan,
op.
c i t ,
p.
79.
(2)
"The first of the great v a r s which made Denkyira
into an empire".
Extrait de l'histoire des Denkyira,
récit consigné par
écrit depuis 1946,
sur lVordre de Nana
Owusu
Bori II,
roi du Denkyira et livré,
le 14
juillet 1964, à
J.K.
Kumah
de l'Institut des Etudes africaines de
l'Université de Legon (Ghana)
in J.K. Kumah
,
Denkyira
1600-1730, A.D.,
thèse pour l'obtention du M.A, Legon,
1 96 5, mul t i q r . ,
1 7 1 p , ,
( p . 14 0 ) .
(3)
"This was about the middle of the seventeeth cen-
tury, when the Denkyira were already amongst the
strongest of the Akan people"
Cf J.K. Kumah
,
.o p .
cit.
p.
140.

53.
Daaku, s'appuyant à la fois sur la tradition orale
et les sources écrites,
la situeJsans autre précision, dans
les deux dernières décades du XVllème siècle :
"It was not until the last two decades of the l7th
century that Denkyira succeeded in bringing Awowin
under i ts rule"
(1).
L'analyse de J.K Kumah ,
plus détaillée,
fondée
également sur les sources écrites et orales,
permet d'abou-
tir à plus de précision. Se référant essentiellement à
Wilks
(2),
i l note la date de 1670 -date ronde- comme celle
du début d'un arrivage plus massif de l'or intérieur afri-
ca in sur les Côtes et lie
ce phénomène nouveau au déclin de
Bégho,
pôle d'attraction du flux commercial antérieur,
en
direction du Soudan.
Affectés
par la diminution de la de-
mande en métal précieux de Bégho,
le marché le plus méri-
dional de l'aire soudanaise,
en proie aux désordres politi-
ques,
les marchands denkyra entre autres se tournent vers
les débouchés côtiers où sont installés les comptoirs euro-
péens,pour écouler l'or et les autres produits. Or,
l'accès
de la Côte ne fut possible qu'après que le Denkyira ai t vaincu
(l)
K. Y.
Daaku, A history of Sefl.;' i
: a survey of ora l
evidence,
in Research review,
Vol.
7,
n° 3, 1971, pp. 32-47
(p. 33).
(2) 1. WilkS, The northern factor
in aShanti history : Begho
and the mande,
in Journal of african history,
II, 1,
(1961) .

54.
la résistance des Etats intermédiaires dont l ' Aowin (l).
J.K. Kumah
fournit un second élément non moins
important:
la date du décès du roi Denkyira, vainqueur de
l'Aowin, Boadu Akafu.
Selon la tradition de la cour royale
du Denkyira, Boadu Akafu serait mort peu après le dernier
combat,
livré contre l'Aowin (2).
Or, Kumah
estime, d'après
le tableau chronologique des rois Denkyira,
dressé en se
fondant sur une durée moyenne de quinze ans de regne,
que
la date de la mort de Boadu Akafu est à situer en 1677
(3).
(1)
"This after defeating Aowin the Denkyira immedia-
tely took over the control of the trade route and
the Aowins'
trade wi th the Europeans".
Cf J.K.
Kumah,op.cit.p.
30.
Bosman ne dit rien d'autre et semble avoir été l'une des
sources principales du passage de Kumah
"From what
(la défaite Aowin) I
have said you may
collect,
that the Gold in brought to uS on the
Coast from inland countr ies"
Cf Bosman, op.
cit.
pp. 79 -80.
(2) Apparemment,
il semble être mort quelques heures après
la fin du dernier combat,
puisque,
selon la tradition
même de la cour royale du Denkyira,
l'on procède, afin
de s'adonner plus pleinement à la
joie de la victoire,
à sa succession, sur le champ de bataille.
"Boadu Aka f o
Brempong died a
felv days after his
great victory over the Aowins
( ... ) The chiefs
therefore met on the battle field and having deci-
ded that a new King must be elected before the
army returned to Abankesuso".
Cf Annexe III, Histoire des Denkyira,
in J.K.
Kumah
,
id.,
p.
141.
(3)
" ... Boadu Aka fu may have ended his reign in
about 1677".
Cf J.K. Kumah,op.cit.~. 28.
Voici,
d'après Kumah
,
la liste des rois du Denkyira, a
partir de la deuxième moitié du XVllème
siècle:
Werempe-Ampem
1647-1662
Boadu Akafu Brempong
1662-1677
Boa Amponsem
1677-1692
Ntim Gyakari
1692-1701

55.
Sans la tenir pour rigoureusement précise,
la
date de 1677, retenue comme plus probable,p~ut s'appliquer
à cette guerre dont l'issue modifia les destinées de l'Aowin.
Mais quels en furent les motifs?
Ceux-ci sont suffisamment explicites et peuvent se
résumer en un seul
l'immense richesse de l'Aowin en métal
précieux, convoité par le Denkyira. Sources écrites autant
que sources orales s'accordent,
effectivement, à reconnaître
l'abondante production aurifère de l'Aowin, au XVllème
siècle.
Selon Dapper,
Igwira,
Incassa et Incassa Iggina,
tous anciens Etats qui seront en totalité ou en partie in-
tégrés au futur royaume de l'Aowin,
lors de sa formation,
étaient réputés pour le tonnage d'or impressionnant qui sor-
tait de leurs territoires respectifs.
Il notait à propos
d' Igw ira
"On dit que c'est un pays d'où l'on tire beaucoup
d'or,
et que tout celui qu'on trouve à Albine,
à Assinie et vingt lieues par delà Cabo das tres
puntas,
tirant vers l'Occident, vient de ce royau-
me."
(l)
(1)
O.
Dapper, Description de l'Afrigue, Amterdam,
1686,
S34
p.
288.

56.
Comme s ' i l avait besoin de preuve pour étayer son
affirmation,
Dapper a recours à l'exemple vivant de
"deux bourgeois qUl s'étaient allés habiter au
petit Commendo avec peu de bien, s'en retournè-
rent en Europe fort riches,
par le commerce qu'ils
fi r ent
à l gw ira"
(1).
Abondant dans le même sens que Dapper,
le sieur
Tibierge qui,
en 1692, était présent sur la Côte de Guinée,
à Assinie,
où Louix XIV fit construire un fort,
témoigne
de l'arrivée des caravanes de l'intérieur,
plus précisément
de l'Aowin, chargées d'or
"Quand les noirs sont informés qu'il y a des mar-
chandises dans les magasins
dont ils ont besoin,
ils les viennent chercher
( ... ) Quand ils ont fait
leur traite avec les commis de la Compagnie,
ils
portent les marchandies à Edouan où les nègres
d'Adouemy (2) les viennent chercher pour traitter
( ... ) Adouemy est un royaume distant de 4
journées
d'Edouan ; le premier Capessaire de ce pais là se
nomme Anascheman ; c'est le lieu de tous les enVl-
rons d'Issigny d'où i l vient le plus d'or et pres-
que le seul d'où les nègres d'Issigny tirent le
leur"
(3).
(1)
Da p p e r ,
op.
cit.
p.
288.
(2) Dans le texte, TiUerge écrit quelquefois "Aouesny".
On
reconnait sous tous ces orthographes le mot AOWIN.
(3) Journal du Sieur Tibierge (1692),
publié par P. Roussier,
L'Etablissement d'Issiny, Paris,
1935, pp.
62-63.

57.
L'or,
en provenance de l'Aowin n'était pas seule-
ment impressionnant par sa quantité,
i l était encore plus
remarquable par sa pureté et sa finesse,
contrairement à
l'or obtenu ailleurs, mélangé de toutes sortes d'impuretés
"From the inhabi tants of this country
(Aow i.n ) we
formerly used to receive large quantities of fine
and pure gold"
(1).
La tradi tion orale de son côté reconnaît la riches-
se colossale de l'Aowin,
en métal précieux et vante la ma-
gnificence de ses souverains,
en particulier d'Oti Akenten,
l'un des prédécesseurs d'Ano Asoman,
le plus illustre d'entre
eux :
"Under the King Oti Akenten,
they (Aow i.n ) h a d grown
very rich,
and Boadu Akafo Brempong heard with
envy ta les of the magni ficence of Oti' s pa lace','
(2)
(1) Bosman op.cit.p.79.
Ce même auteur nous apprend que l'or
obtenu ailleurs n'était pas toujours sans mélange.
On trou-
vait mêlées
à
la poudre toutes sortes d'impuretés
grains de sable, poussière de cuivre,
d'argent:
"The gold which is brought us
( ... ) is to much mixed
with fetiche's,
which are a
fort of artificial gold
composed of several ingredients
; among which sorne
of them are very odly shaped
( . . . ) and this artifi-
cial gold is frequently mixed with a third part,
and sometimes with half silver and copper".
Cf Bosman, op.cit. p-, 73-74.
(2) Appendix III
: History of the Denkyiras,
récit de la
tradition orale,
in J.K.
Kumah1op.cit.p.
141.

58.
Kumah
,
se fondant sur les traditions Denkyira,
révèle qu'une grande partie de l'or, vendu par cette nation
aux européens,
était d'origine Aowin
"Indeed from what one learns from the traditional
accounts,
the wealth of Denkyira in gold was rather
phenomenal;
( ... ) A large part of this gold came
from Wassaw and Aowin,
carried from there immedia-
tely after ther defeat and also in the form of
subsequent tribute"
(1).
Une richesse aussi phénoménale ne pouvait qu'atti-
ser l'envie des voisins.
Le roi du Denkyira conçut pour sa
part le projet de s'emparer de l'Aowin (2). Ce fut la guerre.
Celle-ci est fort bien présentée dans ses différen-
tes péripéties par le contemporain Bosman (3).
Elle se dérou-
le en deux. phases. La premlere tourne à l'avantage des trou-
pes Aowin qui écrasent l'armée denkyira,
en tuant deux mille
soldats environ à l'adversaire. Selon Bosman,
i l ne resta
plus personne dans le camp denkyira pour aller porter la
triste nouvelle aux siens
:
(1) J.K.
Kumah,op.cit.p.
33.
(2)
"He therefore determined to subdue the Aowins"
Appendix III
: History of the Denkyiras,
récit de la tra-
dition orale,
in J.K.
Kumah,op.cit.p.
141.
(3) Bosman,op.cit.Chp.VI,P. 79.

59.
"
The Denkirans in one batle with a governour
of theirs lost above two thousand men,
and.left
the mentioned governour such an absolute victory
that there was not a single person left to carry
the news to Dinkira,
they being ail killed with
poysoned arrows
; which the Awinese know very
weil how to use"
(1).
Mais l'Aowin ne sut mettre à profit le temps de
répit. Pendant que le Denkyira se mobilisait, en reconsti-
tuant une nouvelle et grande armée (2), l'Aowin, divisé par
des querelles intestines, ne put regrouper ses forces, sous
un seul commandement. Aussi, à la reprise des combats, le
Denkyira eut-il beau jeu à affronter l'un après l'autre,
différents corpS d'armée ennemis, en des combats isolés.
Les différentes formations militaires Aowin furent-elles
ainsi taillées en pièces par l'adversaire, alors qu'un re-
groupement de toutes les forces Aowin aurait eu aisément
raison de l'armée Denkyira
(3).
(1) Bo srna n , op.
c i t .
p.
79.
( 2 )
"upon this defeat the Dinkirans got together a
large army".
Cf Bosman,
op.
c i t .
p.
79.
Selon la tradition de la cour royale du Denkyira, Asiama
Tia, ADONTENDOM SA FOHENE, le général du corps d'armée
qui combat à l'avant-garde, avait sous son commandement
40 000 fusils.
Asiama Tia a oto tu piduanan ce qui veut
dire littéralement : Asiama Tia qui tire 40 000 coups
de fusil.
C f
J. K.
K uma h ,op. cit. p.
26.
(3 ) Bosman, op.
cit. p.
79.

60.
La conséquence fondamentale de cette défaite fut
-
de plonger l'Aowin dans un état de longue dépendance, d'a-
bord à l'égard du Denkyira, puis de l'Asante qui prend la
relève de celui-ci en tant que première hégémonie dans
cette zone du Golfe de Guinée.
!
B.- L'Aowin-Ebrosa, Etat dépendant
1677-1720
A la domination étrangère qui dure un demi-siècle
environ (circa 1677 - circa 1721) et qui fut plus économique
que politique,
l'Aowin répond par des attitudes fort diffé-
rentes,
qui sont le reflet de la nature et de ia profondeur'
des exigences que lui imposent successivement les maîtres
De nky i r a et Ashanti.
1.
L'Aowin, Etat tributaire Denkyira 1677-1701
Au cours de cette longue période de dépendance
vis-à-vis du pouvoir Denkyira -un quart de siècle environ-
bien que l'Aowindevînt un Etat tributaire, au sens plein
du terme,
i l put néanmoins conserver son ancienne structure

61.
administrative et une certaine autonomie politique (1).
Les charges et devoirs de l'Aowin
Vaincu,
en 1677, par le Denkyira,
l'Aowin dût
s'acquitter -comme la coutume le commande- d'une certaine
somme d'argent, au titre du "prix de la paix".
Quel en fut
le montant ?
Aucune information précise a ce sujet
ne nous
est fournie,
ni à travers les récits de tradition orale,
ni à travers les sources européennes. Une indication du
chiffre de tribut payé,
en 1700, par les Twifo (2),
de
faits cette année-là,
nous est révêlée par Kumah
"with regard to the Denkyira-Twifu w a r , Denkyira
demanded 100 bendas gold
(b 900)
from the
Twi fu"
(3).
(1) L'Aowin, comme chacun des Etats soumis à l'Empire
Denkyira,
loin d'intégrer la structure administrative
centrale, conserva son autonomie administrative.
Les liens politiques assez lâches par rapport au pouvoir
central, r e s e emb l.a i errt; davantage à ceux d'un pouvoir confé-
déral.
(2) ou Twifu.
(3) J.K. Kumah
,
op.
cit., pp. 32 et 50, citant Balme
Library of Legon University.
Furley collection:
enve-
lope séries:
1700 Gold Coast,
p.
34.

62.
Le chiffre de 100 bendas
(1)
est éclairant a titre
d'exemple.
En effet, si l'Etat T~ifu, beaucoup moins riche,
s'acquitte d'un tel chiffre d'amende,
on peut s'imaginer que
l'Aowindût verser une somme bien plus importante.
"According to the tradition,
the Aowin country
was very rich in gold and after the war large
quanti ties of gold were taken to Denkyira"
(2).
Outre l'amende de guerr~, l'Aowin, au même titre
que tous les Etats tributaires,
dut régulièrement verser,
au moment de l'ODWIRA (3),
le tribut annuel.
Il consistait
essentiellement en esclaves -des femmes en général pour le
e:
0
harem du roi- et en poudre d'or
(4).
(1) Le BENDA, monnale locale, valait exactement, à la fin
du XVIIème siècle, b 8 ou 2 ounces. L'ounce (monnaie de
traite dans le Golfe de Guinée) valait b 4 ou 16 ackeys,
1 ackey = 5 shillings ou 12 tackees.
Il fallait 4 bendas
pour 1 mark.
Cf Daaku, Trade and pOlitics,
p. 36 et
D. Bismingham, A note on the Kingdom of Fetu in G.N.Q.,
9, 1966, pp. 30-33
(p. 32).
(2) J.K. Kumah.,
op.
cit.,
p.
28.
(3) Fête annuelle de l'Etat. A cette occasion,
tous les Etats
tributaires étaient tenus de venir offrir le tribut.
Cérémonie de réjouissances,
mais aussi fête religieuse
où l'on commémorait la "descente du ciel" du DENKYIRA
AKONDWA
(la chaise royale du Denkyira).
(4) Toutes les traditions s'accordent pour reconnaître que
tous les Etats tributaires,
outre les menus présents,
devaient offrir chaque année des esclaves et une cuvette
pleine de poudre d'or
(brass panful of gold dust). C'est
pour avoir refusé de verser entre autres ce tribut que
le Denkyira déclare à la guerre à l'Ashanti,
à partir de
1698
"The immediate cause of the Denkyira-Ashanti war is
usually remembered as Ntim Gyakari's demand for a
brass panful of gold dust from Ashanti chiefs."
Cf J.K.
Kumah , op.
cit.,
p.
55.

63.
A travers certains dictons
(1),
transmis jusqu'à
nous et les traditions du pays denkyira,
l'Etat denkyira,
mais aussi des particuliers, originaires de cet Etat, s'ar-
rogèrent le droit d'accaparer les mines et les placers d'or
les plus riches du pays wassa,
afin de les exploiter à leur
profit. Que les mines d'or de lOAowin,
tout aussi riches
que celles du Wassa voisin, aient été également convoitées
et fait l'objet d'une exploitation aussi abusive
de la
part du maître denkyira,
est une hypothèse plausible, même
si, à ce point de vue, la tradition ne transmet rien d'ex-
plicite.
La richesse en or de l'Etat denkyira et de sa
dynastie demeure proverbiale, dans l'histoire akan. Selon
la tradition,
l'or ruisselait dans le pa lais du monarque
denkyira.
Tous ses habits et ornements de cérémonie étaient
cousus d'or et le souverain ne portait jamais plus d'une
fois un ornement de cérémonie (2).
Ce qui valut, à l'un
des derniers monarques, Boa Amposem (1677-1692),
le surnom
de : BOA AMPOSEM A ODI SIKA ATOMPENADA (3). Ce qui pourrait
(1) Le dicton populaire denkyira,
révélé par J.K. Kumah
YE KO DI SIKA WO WASSA (Nous allons exploiter
(littéra-
lement "manger")· l'or au Wassa) est signi ficati f .
(2)
"Gold used once was never used again,
so that gold
had to be cast on every major ceremony
into new
forms of jewellery. After a victorious war, the
King came out and in the welcome cermony displayed
such gold jeHellery".
Cf Appendix II,Growth and prosperity,
in J.K.
Kumah ,
op.
cit., p.
121.
(3) Littéralement: Boa amposem qui ne mange que l'or frais.

64.
se traduire:
Boa Amposem qUl ne se pare que d'or nouveau.
La tradition nous apprend qu'à la place du bois,
l'on se
servit de l'or comme matière pour fabriquer le WARE,
jeu
favori de N'tim Gyakari
(1692-1701),
successeur de Boa
Amposem. M~me les pionS de ce jeu, raconte-t-on, ~taient
en or.
On ne saurait expliquer cette richesse fabuleuse
par la seule acquisition honn~te. Amendes de guerre, tributs
annuels, mais aussi pillages
(1) auprès des Etats, gros pro-
ducteurs d'or,
comme le Wassa et l'Aowin, y contribuèrent
amplement
:
"A large part of this gold came from Wassaw and
Aowin,
carried from there immediately after their
defeat and also in the form of subsequent tribu-
te"
(2).
Plus le Denkyira tirait parti
de cette situation,
pour accroître sa prosp~rit~ et miel~ m~priser (3) les au-
tres nations,
plus l'Aowin et les autres Etats tributaires
s'appauvrissaient.
(1)
"They are possessed of vast treasures of gold
besides what their own mines supply them with
either by plunder from others,
or their own
Commerce" .
Cf W. Bosman,
op.
cit.,
p.
73.
(2) J.K.
Kumah ,
op.
cit.,
p. 33.
(3 )
"Dinkira,
elevated by its great riches and power,
became so arrogant,
that i t looked on aIl other
negroes with a contemptible Eye,
esteeming them no
more than its slaves".
Cf W. Bosman,
op.
cit.,
p.
75.

6 ""
::J •
"They have ruined the Akkanists e
(As s i n ) , the
Tjufferse (Twifo),
the Adomse,
the Wassase and
the A\\v inse (Aow in)"
(l).
Outre ses impositions diverses qUl représentaient
de lourdes charges pour l'Aowin, celui-ci dut aussi apporter
son concours en effectifs militaires,
chaque fois que l'oc-
casion s'imposait. Cette aide ne fut pas toujours fournie
de gaîté de coeur
; loin de là
!
L'Aowin et tous ces peuples,
soumis au joug denkyira,
appelaient de leurs voeux ardents
la fin de la domination denkyira.
Selon leurs possibilités,
ils entravaient, quand l'occasion leur était fournie,
les
projets belliqueux du maître Denkyira. C'est ainsi qu'en
1701,
lorsque tous ces Etats pressentirent l'attaque immi-
nente de l'Asante contre le Denkyira,
la plupart d'entre
eux fermèrent aux Denkyira les voies commerciales,
en di-
rection de la Côte, afin de les empêcher de s'approvision-
ner en fusils et autres munitions de guerre. Cette opération,
nous apprend Van Sevenhuysen,
le directeur du Fort hollan-
dais d' Elmina, contr ibua à donner un avantage logistique à
l'Asante
(1) Van Sevenhuysen ta Ass.
of X,
Elmina, 30 May 1701, in
The Dutch and the Guinea Coast 1642-1742, a collection
of documents from the general state archive at the Haque,
compiled et translated by A.
Van Dantzig, Accra,
1978,
375 p.,
(p.
73).

66.
"Most of them (les Etats tributaires) have decided
to close (aIl) the passages to the beach,
in order
to cut off the supply of arms and ammunition to
the Dinkirase, which has given a great advantage
to the Assjanteese, who are much stronger in men
and weIl provided wi th everything"
(l).
Ce fut probablement à cette même période de
/
pre-
paration active, de part et d'autre,
au conflit
(2) que le
souverain de l'Aowin reçoit la visite des ancêtres Ndenye
Amalaman et Ehuman Kabran (3),
envoyés successivement auprès
(1) Ibidem,
p. 73.
(2)
"Ntim Gyakari may have expected that his subject
states would fight for him,
especially the Aowin
toxophilites who had eralier defeated a denkyira
Cf
contingent" .
Cf J.K. Kumah,
op.
cit., p.
60.
(3) Voici comment sous la plume de Cl. H.
Perrot, Nanan
Alou Mea, chef de Kouadiokouro,
relate l'entrevue des
ancêtres des Ndenye actuels avec Ano Asoman :
"Le DENKYIRAHENE
(le Souverain du Denkyira) com-
mande Eborosa
(autre nom de l 'Aowin). Mais Comme
i l fait toujours la guerre~ le roi dVEbrosa s'est
retiré de son côté.
Il
(le denkyriahene) dit :
"Amalaman, va avec tes gens voir ce que devient
le roi d'Eborosa.
Il est parti et i l ne revient
pas."
"Quand ils arrlverent,
i l
(Ana Asoman) d i t :
"Toi, s ' i l te plaît d'être AKOA
(captif), va, va
là-bas pour qu'on te tue".
Il d i t :
"NANAN
(mon
Roi),
je n'y retourne pas".
Chacun d i t :
"je n'y
retourne pas. Voilà pourquoi,
on prononce toujours
son nom".
( ... )
Celui-ci dit
: "A cause de ce que tu as dit,
je ne
m"en retourne pas". Celui-là d i t :
"A cause de ce
que tu as dit,
je ne m'en retourne pas". Alors
to~s sans exception, ils se sont transplantés et
ils dirent:
"Nous allons construire notre village".
Et ils construisirent Anyânyâ."
Cf Cl.
H.
Perrot, Ano Aseman, mythe et histoire, Colloque
Ghana - Côte d'Ivoire,
Bondoukou,
1974, 36 p.,
(pp.
14-15).

67.
d'Ano Asoman,
pour le décider à prendre une part active
au futur conflit. Les messagers de Ntim Gyakari,
non seule-
ment ne parviennent pas à convaincre Ano Asoman à se ranger
du côté du Denkyira,
leur maître à tous, mais décident de
rompre également avec le Denkyira,
en demandant asile et
protection à Ano Asoman dont le pays passe ainsi pour être
l'un des Centres de refuge et le foyer de résistance de
tous ceux qui étaient mécontents du régime denkyira.
Daaku a caractérisé la politique,
exercée par
l'Aowin,
en cette deuxième moitié du XVIIème siècle, de
OPEN DOOR POLICY
(politique de porte ouverte)
(1). Nous en
voyons l'illustration dans l'attitude d'Ano Asoman qui ac-
cueille sans réticence les ascendants des Agni-Ndenyen
,
~
actuels de Côte d'Ivoire.
Le voilà dévoilé,
le trait le plus contesté du
pouvoir politique de l'Afrique ancienne:
l'abscence de
centralisation,
le manque de liens administratifs et poli-
tiques étroits entre le pouvoir central et les autres par-
ties de l'Etat
(2)
(l)
"It appears that the Aowin rulers who formerly
controlled modern Sefwi ter ri tory adopt.ed an open
door policy as a measure to increase the population
of their state"
Cf K.Y.
Daaku, A history of Sefwi
: A survey of oral
evidence in Research review, Vol.
7, n° 3,
p. 32.
(2) Autant dans le Soudan nigérien,
avec essentiellement le
Songhay postérieur à Tondibi
(1591),que dans les Etats
Akan du Golfe Qe Guinée,
l'unité administrative fut ra-
rement réalisée, au niveau des "empires" qui virent le
... / ...

6éJ.
Ces liens lâches entre le pouvoir central et les
administrations locales auront tout au moins permis, à Ano
Asoman,
d'accueillir dans l'Aowin,
ce territoire exigu,
1
confiné alors à l'Ouest du monde Akan,
tous ceux qul,
par-
tis du Nord ou de l'Est,
fuyaient les tracasseries et les
vexations du régime denkyira. Cette latitude de manoeuvre,
au plan de l'action militaire et politique,
incitera Ano
Asoman à étendre ses conquêtes territoriales plus à l'Ouest,
entre Tanoé et Bia,
si l'on ajoute foi à ce que nous révèle
.Tibierge :
"La terre d'Ahou a esté prise par Anascheman
grand capessaire d'Aouesny qui a emmené tous les
ha bi tants capti f s "
(l) .
.. ./ ...
jour. Les structures administratives ne furent jamais
uniformisées entre les Etats ~ui composaient chacune de
ces unités politiques qui se succédèrent à travers le
temps. Certains auteurs ont vu dans cette organisation
administrative des Etats les racines de leur propre des-
truction.
Cf J.K.
Fynn, Asante
and its neighbours,
1700-1807,
London, 1971,
(p. 41).
A propos de l'organisation administrative de l'Asante ,
A.
Van Dantzig,
évoquant les éventuels troubles qui eu-
rent lieu en 1712, après la mort d'Oséi Tutu,
fondateur
de la Dynastie Asante,
écrit
:
"Ces évènements mettent en évidence ce
qui fut
la principale faiblesse du système politique
aShanti
: les Etats tributaires étaient dirigés de
trop loin et ils pouvaient se soustraire facilement
à l'autorité centrale".
A.
Van Dantzig, Les Hollandais sur la Côte de Guinée à
l'épogue de l'essor de l'Ashanti et du Dahomey 1680-1740,
327 p.,
(p.
169).
(1) Journal du Sieur Tibierge, 1692,
ln Roussier,
op. cit.,
p. 67.
. .. / ...

69.
Certes,
l'identification du pays "Ahou" fait pro-
blème. Quant à sa conquête,
elle s'inscrit dans cette poli-
tique dynamique d'accroissement de population par l'accueil
des réfugiés, ardemment poursuivie par l'Aowin,
en cette
fin du XVllème siècle.
Cette politique était-elle du goût du maître
Denkyira ? Il semble que celui-ci s'en souciât fort peu, dans
la mesure où ses intérêts immédiats n'étaient pas menacés.
Ainsi au-delà des lourdes impositions en poudre d'or et en
effectifs humains,
la domination denkyira fut somme toute
assez légère à porter, au plan politique,
où l'Aowin ne
fut jamais privé de la liberté d'initiative.
En fut-il
ainsi sous la domination asante ?
... / ...
Il est à exlure que Ano Asoman vendît les prisonniers
constitués au cours de ces conquêtes.
Il serait plus
conforme à la politique du peuplement, pratiquée par
l'Aowin,
d'imaginer que Ano Asoman les gardait dans le
pays,
favorisant le mariage entre ces prisonniers d'une
part et les gens de condition inférieure ou les émigrés
d'autre part, avec le souci d'accroître toujours davan-
tage la population de son pays. Une telle politique ne
serait pas un cas isolé,
dans le monde akan du XVllème
siècle finissant.
Les Akim ou Akyem pratiquaient déjà
une telle politique. Cf Fynn, Asante and its neighbours
1700-1807, p. 41, s'appuyant entre autres sur Roemer,
Tilforladelig Efterretning, p.
160.
Les descendants des Aowin,
émigrés plus tard dans le
Moronou (Côte d'Ivoire actuelle),
compteront à leur actif
de telles pratiques.
Des prisonnières abey de Grand
Morié,
après la
bataille qui opposa Ngatiafwo et Abey
Morié, à la période de peuplement,
furent mariées à des
agni, afin d'accroître la population.
Cf Entretien avec Ano Asoman II du Moronou à Ndolikro,
le 18 avril 1979.

70.
2. L'Aowin sous la domination asante,
1701-1721
En novembre 1701, la nouvelle de la défaite du
Denkyira,
devant l'armée asante,
parvenait sur la Côte (1).
Du coup,
tous les anciens Etats,
tributaires du Denkyira, y
compris l'Aowin,
passaient sous domination asante. Entre
cette date et les accrochages de 1721, où la dernière vague
d'émigrants aowin s'éloigne du Golfe de Guinée, à la recher-
che d'un nouveau pays, à l'intérieur des terres, sUinscri-
vent autour de l'affrontement
de 1715, entre Aowin et
Asante, que Iron peut considérer comme une date charnière,
deux périodes fort contrastées de la vie du peuple aowin.
En effet,
la rivalité entre ces deux Etats, si elle fut
larvée,
au cours de la période antérieure à 1715, après
avoir débouché sur le conflit armé de 1715, se poursuit
au contraire par des harcèlements continus, ponctués ici
et là par quelques coups de force,
s'achevant par la dé-
faite des Aowin qui n'obtiennent le salut qu'en ayant re-
cours à l'émigration.
Un mot suffit à caractériser la situation interne
de l'Aowin,
au cours de cette période,
la paix. Le calme
(1) Cf W.
Bosman,
op.
cit., p. 77
Van Sevenhuysen to Ass.
of X,
Elmina, 16th november
1701, ibidem, p. 74.

71.
dont jouissait l'Amvin contrastait avec le tumulte,
qu i
s'emparait dès Etats voisins. Même l' Asante n'en était
point épargné,
au contraire.
Il était engagé sur plusieurs
fronts
: guerres punitives ici,
pour asseoir Son autorité
guerres de conquête là,
afin de contrôle~ les voies commer-
• .>
, /
ciales et les ~ources de richeSse (1). Bref, les quinze
premières années qui suivent la victoire asante constituent
pour tous les Etats tributaires de l' Asante,
l'Aowin excep-
té,
une période de trouble et de confusion (2).
Cette force tranquille,
dont respirait l'Aowin,
lui était inspirée par sa puissance militaire.
En effet,
de l'avis de tous les historiens,
l'Aowin était,
de tous
les Etats tributaires de l'Asante,
le plus puissant,
tant
au point de vue économique que militaire.
De surcroît,
il
se prévalait d'un immense territoire (3),
patiemment agran-
di par ses souverains~ au cours des dernières années du
XVllème siècle. Ce point de vue s'accorde parfaitement
avec le récit de la tradition orale,
recueilli à N' do l i k r o ,
(1) Guerres punitives contre lOAkim
(1703) et les anciens
Etats tributaires du Denkyira
: Wassa,
Twifo, Akanny, ...
entre 1702-1714. Guerres d'extension d'influence par la
conquête de nouveaux territoires
: Wenchi,
Benda,
Gyaman, . . .
(2)
"Thus the first fifteen years immediately fOllowing
the fall of Denkyira was one of confusion".
Cf Daaku, A note on the fall of Ahwene Kok o and i ts si-
gnificance in Asante history,
in G.N.Q.,
n° 10,
1968,
pp. 40-43
(p. 41).
(3) J.K. Fynn,
op.
cit.,
p. 42,
K.Y.
Da ak u , A history of Sefwi,
op.
ci t; .,
p. 33.

72.
qUl, sous une forme plus concrète et imagée,
souligne de
son côté l'importance de l'Ebrosa-Aowin,
dans le monde
akan :
"Autrefois,
il n'existait que trois chaises:
la
chaise d'Ano Asoman,
la chaise de Denkyira, celle
d'Ablan Poku ou celle des Baoulé (1).
En dehors
de ces chaises,
i l n'en existait pas d'autres,
s ' i l en existait, elles étaient de rang secondaire
et reconnaissaient la suprématie des trois premiè-
res"
(2).
Pendant près de quinze ans,
l'Aowin ne fut donc
pas inquiétée; on ne la vit sur aucun front de bataille ;
elle attendait,
observait.
Profitant de cette accalmie,
elle bâtit patiem-
ment une armée forte et redoutable dont la renommée dut
franchir les limites de l'Etat.
Landman,
le Commis du Fort
hollandais d'Axim révèle en 1706 qu'un Etat, situé
"loin derrière l'Am.,rien (Aow i.n ) où l'on fait la
guerre à cheval"
(3),
"avait engagé l'Aowin à at-
taquer lOAshanti"
(4)
(1) Il s'agit du trône asante,
les Baoulé étant considérés,
par la tradition orale, comme issus des Asante de Kumasi.
(2) Joseph Ebrin Assalé (chef dOEglise et notable à Ndolikro,
cousin d'Ano Asoman II), Ndolikro,
18 avril 1979, bande
magnétique nO 2.
(3) J.K.Fynn,
op. cit., p. 43 et A.
Van Dantzig, Les hollandais
sur la Côte de Guinée, à l'époque de l'essor de l'Ashanti
et du Dahomey 1680-1740, Paris, 1980, 327 p.
(p.
168).
(4) A. Van Dantzig,
op.
cit.,
p.
168.

73.
Cet Etat est à assimiler,
selon Van Dantzig,
à
"l'Akasse, Etat malinké,
entre Bondoukou
et
Long
( ... ) très riche en or"
(1)
et qui contrôlait la route commerciale de Begho-Nsoko.
Cette zone du Nord-Ouest, convoitée pour sa ri-
chesse aurifère par l'Asante (2) sera occupée en octobre
1
1715, par l'Aowin qui,
profitant de son passage dans la
région, annexe également le Sefwi
(3). Ce geste constitua
la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Car les relations
aowin-asante étaient déjà fort assombries par une série
d'incidents
qul auraient pu à eux seuls constituer un
CASSUS BELLI.
En effet, depuis la victoire asante de Feyase, sur
le Denkyira, en 1701,
tous les mécontents du régime asante
qui, ayant quitté leur pays, étaient à la recherche d'un
nouveau domicile,
trouvèrent sans difficulté refuge et
protection auprès de l'Aowin. Geste de provocation qui fut,
pour le moins qu'on puisse dire, assez peu apprécié du
maître asante. Mais le malaise entre les deux nations fut
davantage aggravé par le comportement intolérable de l'Aowin.
(1)
«.v . Dantzig, op. cit. p. 169.
(2) K.Y.
Daaku, A note on the fall of Ahwene Koko and its
significance in Asante history,
op.
cit.,
p. 43.
(3) Ibidem,
p. 42 et J.K.Fynn,
op.
cit.,
p. 43, citant
William Butler, Axim,
to D/G Haring, Elmina,
8 August
1715 in Archives Nationales de la Hayek Section archives
des possessions néerlandaises sur la Cote de Guinée.

74.
En effet, celui-ci accueillit à bras ouverts, en 1712, tout
un corps de l'armée expéditionnaire asante,
fort de trois
mille hommes
(1),
envoyé pour soumettre le territoire
d'Ahwene
Koko. Après avoir saccagé et pillé Ahwene Koko,
le corps d'armée asante se réfugie avec tout le butin, dans
l'Aowin.
L'offensive, attendue contre l'Aowin, n'eut pas
lieu, pour des motifs de trouble interne, suscité à l'occa-
sion de la succession au trône de Kumasi, après la mort
d'Oséi Tutu, en 1712 (2). Ce différent interne ayant été
depuis longtemps aplani,
la prise de Begho à l'égard duquel
l'Asante nourrissait les mêmes ambitions,
fournissait,
à ce
dernier, une belle occasion de punir l'Aowin de son insolence.
(1) Daaku, A note on the fall of Ahwene Koko ... ,
op.
cit.,
p. 42
; Fyn,
op. cit., p. 43.
(2) La date de la mort d'Oséi Tutu suscite un débat dans le
milieu des chercheurs de l'histoire précoloniale du
Ghana.
Wilks et Priestl~Jpensent que le premier monarque de
l ' Asante sera i t mor 'cbeaucoup plus tard que l'année 1712.
Cf Ashanti Kings in the 18th century
: A revised chro-
nology, J.A.H., l, 1960, pp.
84-88.
Daaku et Van Dantzig avancent la date de 1712. Cf Daaku,
A note on the fall of Ahwene Koko ... ,
o~. cit., ~. /42.;
et Van Dantzig, LeS Hollandais sur la Cote de GUlnee . . . ,
p.
169.
La date de 1712 peut être retenue comme plus probable,
non seulement par ce qu'à ce moment précis,
des bruits
persistants sur la mort de "Zay"
(o s
i ) ,
le roi asante,
é
parviennent sur la Côte, mais aussi et surtout par ce
que fort avancé en âge,
il a pu mourir de mort naturelle
ou, comme le suggère la tradition,
être tué dans la lon-
gue guerre que l'Asante soutenait contre les Akim. Cette
mort, cachée au peuple,
est cependant connue jusque dans
les Etats tributaires de l'Ouest où la révolte éclata à
l'annonce de son décès.

75.
b) L'affrontement de 1715
Précédé de part et d'autre d'une mobilisation
générale,
le conflit s'engage au mois de septembre 1715.
Après les premiers échanges d'armes qui donnent un léger
avantage à l'Aowin, la guerre s'étire en longueur.
En
décembre,
tout est enfin terminé.
L'armée de l'Aowin est
en déroute. Harcelés dans leur fuite par l'ennemi, les
Aowin se dispersent à qui mieux mieux aux quatre coins du
pays.
Les préparatifs
Pendant qu'un accord d'assistance militaire inter-
venait,
au cours des derniers mois de 1714, entre l'Asante
et le Wassa
(1),
l'Aowin,
flairant le danger,
avait pris
(1) Effectivement, d'après les rapports britanniques, au
cours des derniers mois de 1714, deux chefs du Wassa
:
Jetuan et Ajepa sont convoqués à Kumasi,
probablement
afin de mettre au point un plan d'attaque concerté con-
tre
l'Aowin.
Cf Public records office (P.R.O), London, Treasury re-
cords of theafrican companies, T 70/381, Accounts and
Journals,
entry for 31 December 1714.
J.Fynr,op. cit.,
p. 43.
Cependant,
le projet d'une attaque asante contre l'Aowin
et le début des pourparlers entre Asante et Wassa remon-
tent plus loin,
en 1712.
""The Zaay" had given Jetuan permission to attack
Conny on condition that be (Jetuan) assist his
general Amanqua,
then marching on Aowin".
Cf A.
Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast, 1674-
1742, op. cit., 190, 15th February 1712, p.
164.

76.
ses dispositions pour parer à toute agression éventuelle
de l'ennemi, venant aussi bien de l'intérieur que de l'ex-
térieur.
En effet,
les Aowin,
selon Fynn, mirent aux arrêts
tous les réfugiés asante et autres et les placèrent sous
surveillance. L'ordre fut donné aux gardiens de les mettre
à mort, à l'approche de l'armée asante, de peur qu'ils ne
livrent quelque secret militaire à l'ennemi
(1). Par ailleurs,
il fut décidé que l'on émigrerait en direction du Sefwi et
de Soco,
en cas de victoire asante.
Enfin,
l'Aowin contrac-
ta une dernière alliance,
afin d'obtenir l'appui militaire
des peuples voisins d'Abrambo, Adom et Axim.
L'engagement
Le premler engagement militaire eut lieu, selon
un rapport britannique,
en septembre 1715 (2). Le combat
(1) Public records office, London, Treasury records of the
African companies. T 70/1464, Baillie's Commenda Diary
entry for 29 September 1715.
Voir aussi J.K.
Fynn,
op.
cit.,
p. 44.
(2) P.R.O T 70/1464,
op.
cit . . Avant cette date,
i l n'y eut
point d'expédition punitive asante contre l'Aowin,
sur-
tout en 1714, contrairement à ce qu'écrit Cl. H.
Perrot :
"L'expédition punitive aShanti lancée contre l'Aowin
dans les derniers mois de 1714,
longuement décrite
parJ.K.
Fynn."
Cf Cl. H.
Perrot, Les Anyi Ndenye et le pouvoir politique
aux ISe et 1ge siècles ... ,
p.
132.
Par ailleurs, J.K.
Fynn ne décrit "longuement", nulle
part dans l'ouvrage auquel fait allusion lQauteur des
Anyi Ndenye,
l'expédition punitive ashanti.
Fynn se con-
tente d'avancer que dans les derniers mois de 1714,... / ...

77.
tourna à l'avantage des Aowin qUl parvinrent à repousser
les alliés Asante-wassa,
réussissant à couper en deux l'at-
taque ennemie,
en séparent les Wassa des
Asante (1).
Les Asante comprirent alors qu'ils s'étaient abusé
sur la résistance des Aowin.
Ils sollicitèrent en conséquen-
ce l'aide militaire des Twifo.
Puis,
l'armée Asante ayant re-
fait ses forces et opéré sa
jonction avec les
Wassa et ap-
puyéedes TwifO,
reprit
l'initiative des hostilités.
Les Aowin,
de leur côté,
devant l'imminence du
danger,
exhortèrent tous les réfugiés:
Asante,
Assin et
Denkyiraà prêter leur concours dans la défense du pays
(2) •
. ../ ...
Intwan et Ajepa,
deux chefs wassa sont invités à Kumasi
pour mettre au point un plan commun d'invasion du pays
a owin.
Voici le passage précis de J.K.
Fynn :
"In the late months of 1714,
two Wassa ch i e r s ,
Intwan and Ajepa, were called to Kumasi,
presu-
mably to discuss plans for a
joint wassa-asante
invasion of Aowin".
Cf J.K.
Fynn,
op.
cit.,_ p.
43.
(1) A.
Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast 1674-1742,
op.
cit., Archives des Possessions néerlandaises sur la
Côte de Guinée (N.B.K.G) 82
: Elmina Journal.
Letters
from Axim,
to Haring,
28 October 1715, p.
186,
reproduit
le passage suivant
:
"it is learnt from dependable sources that the
Ouwiens
(Aowin) have bravely refuffed the Assiantyns
. . .
that the Wassase have separated themselves from
the Assiantys during their advance".
(2) Ibidem,
17 October 1715 (from Butler),
p.
186.
" ... The Ouwiens seem to have asked the Assjantyns,
Akannists
(Assin) and Dinquirase residing in their
country to help them in their defence against the
Assjantyns".

78.
En décembre 1715, un rapport hollandais annonçait
que les peuples d'Appolonia, alliés des Aowin avaient été
battus et que le général en chef asante, Amankwa Tia était
J
à la poursuite des armées Aowin en déroute (1).
L'explication de la défaite aowin, selon toutes
les versions de la tradtion orale,
est à mettre au compte
de la rupture dans l'approvisionnement en poudre à fusil
dont le besoin se fit cruellement sentir, au moment crucial
du combat.
"Dans cette deuxième guerre,
la poudre de nos
cartouches était mêlée au sable,
tandis que celle
des ennemis était pure,
sans mélange.
De ce fait
leurs balles portaient mieux et ils firent de nos
ancêtres un carnage affreux"
(2).
La perte de la bataille donna le signal du
départ
"Et celui-ci s'est levé pour aller de ce côté,
et celui-là s'est levé pour aller de ce c8té.
Et
tous se sont dispersés"
(3).
(1) J.K.
Fynn,
op.
cit.,
p. 44.
(2) S.P.
Ekanza,
Origines et exode des Agni,
in Bulletin
d'information et de liaison des Instituts d'Ethno-socioloq_
et de géographie tropicale, Université d'Abidjan,
l,
1968,
pp.
21-27
(p.
26).
(3) Nana Alou Mea,
chef de Kouadiokouro,
le 1.05.1967,
in
Cl. H.
Perrot, Ano Asoman : mythe et histoire, p.
16.

79.
Il semble d'autre part que les exigences et les
vexations multiples auxquelles furent soumis les Aowin de
,
la part des Ashanti et de leurs alliés eurent raison de
~
l'opiniâtreté de ceux parmi les Aowin qui au départ avaient
quelque velléi té de demeurer da ns les pays.
"on venait leur prendre de l'or et on
reptlrtait
ils ont un bassin (sic)
(a d j owa )
et ils revien-
nent pour prendre des hommes
( ... ) Ils sont venus
demander 300 hommes,
on les leur a
fournis,
et ils
les ont emmenés. Quand l'année s'est achevée,
ils
ont demandé 600 hommes et ils les ont emmenés.
Alors les Vleux se sont réunis,
ils ont dit
"Ah! C'en est ainsi.
Ils prennent de l'or,
ils
prennent des hommes et quand l'année est achevée,
ils en prennent de nouveau! Ce qu'on est en train
de nous faire,
cela dépasse (les bornes),
cela
dépasse (les bornes)
!".
Et les vieux qui les
di-
rigent partent avec leurs femmes
; celle qui a un
enfant le met au dos.
Il y a parml eux des femmes,
des hommes.
"Ceux qu'ils ont emmené avec eux,
on
ne les a pas re\\~s, et ils viennent prend~encore
Il faut que nous partions
!"
(l).
(1) Nana Djaponou,
notable d'Aniassue,
le 9.06.1972,
in
Cl.
H.
Perrot,
op.
cit., pp.
18-19.

II. L'EMIGRATION
Trois problèmes émergent à ce niveau qUl pourraient
être ainsi formulés
:
Quand les Morofwo émigrent-ils ?
Quels sont les guides de la migration?
Quels sont les itinéraires suivis?
A.- Quand les Morofwo émigrent-ils?
Imaginer que le départ des Aowin fut l'affaire
d'un Jour ou d'une semaine serait une vue erronée des choses.
Se déterminer à quitter définitivement son pays, surtout
pour l'inconnu,
n'est pas chose facile,
quelle que soit la
pression des évènements. La tendance est d'abord de tergi-
verser, de tenter de se mettre à l'abri du danger.
Et l'on
ne prend la décision de partir que lorsqu'on ne peut plus
s'accommoder de la situation.
Le départ des Aowin s'est étalé sur plusieurs
mois, voire des années.
Grâce aux documents hollandais,
il
a été possible de relever chacune des grandes vagues de dé-
part, depuis la fin de l'affrontement jusqu'en 1718. Que
des éléments Aowin aient quitté le pays, avant 1715, par
exemple après la défaite du Denkyira,
en 1701, devant

81.
l'Asante,
entraînés par des éléments denkyira en fuite,
par
crainte des représailles du valnqueur,
est une hypothèse
plausible. Aussi convient-il de signaler brièvement, avant
de nous arrêter aux migrations proprement aowin,
toutes
celles, antérieures, qui ont pour origine le Ghana actuel
et que l'on a tendance à assimiler aux migrations agni.
1.
Les émigrations antérieures a 1715
Nous en notons essentiellement deux.
En effet,
outre
la vague denkyira, ayant donné entre autres naissance à cer-
taines fractions baoulé,
localisées au Nord du Moronou,
les
Ngan et les Krobu comptent parmi les premiers émigrants,
venus du Ghana,
proches par l'habitat et ayant certaines
relations avec les Morofwo.
Les ancêtres des Ngan et des Krobu,
partis du
Nord-Est de la ville actuelle d'Accra, quittent leur pays
d'origine,
probablement dans la deuxième moitié du XVIIème
siècle. La situation politique du Ghana,
très troublée à
cette époque,
semble avoir favorisé cette vague migratoire,
l'une des premières à prendre la direction de la Côte d'Ivoire

82.
actuelle (1).
En effet,
la carte politique de cette zone
subit d'énormes bouleversements,
dus essentiellement à l'in-
troduction massive,
dans le pays,
des armes à feu,
échangés
par les européens
(2) contre l'or en particulier.
Il en a·ré-
sulté
que des Etats comme le Denkyira,
l ' Ak i m et l ' Akw a mu ,
méconnus pour ainsi dire jusque là,
prirent
le devant de
la scène politique, au détriment d'autres Etats comme l'Assin
et l'Adansi, célèbres par leurs marchands. Ceux-ci livraient
aux européens non seulement l'or le plus fin,
mais aussi la
plus grosse quantité du métal précieux,
échangé sur la
Côte (3).
Parmi les peuples qui firent les frais de ce chan-
gement de situation politique,
outre les Assin qui disparu-
rent au profit des Etats forts de l'intérieur,
on compte
les Gan (4) et les Krobou.
Ceux-ci furent impitoyablement
pressurés,
razziés et au besoin vendus comme esclaves aux
européens,
pour 'la mise en valeur
des plantations de canne
à sucre et de coton du Nouveau Monde.
Il n'est pas impossible que cette fin du XVIIème
siècle finissant,
trouble et pleine d'insécurité,
ait été
(1) C'est problablement à cette époque où naissent et se dé-
veloppent les premiers grands Etats akan de l'Est, que
la plupart des peuples dits lagunaires de la Côte d'Ivoire
abouré,
ébrié, alladja, ...
s'installent dans leur habitat
actuel.
(2) Cf note 2,
page 16, de ce même chapitre.
(3) Au XVIIème siècle,
les Assin (Acany)
fournissaient aux
européens,
du point de vue de la quantité,
les 2/3 de l'al
exporté.
Cf Dapper,
op.
cit.,
p.
458.
(4)
ou Ngan.

83.
choisie par les Ngan et les Krobou,
pour
fuir en direction
de l'Ouest,
à la recherche d'une terre plus paisible (1).
Les Kroubou s'installeront dans la région d'Agboville,
au
Sud-Ouest du Moronou,
tandis que les Ngan -quelques éléments
du moins- se réfugient dans la zone forestière du Diamala
et du Djimini. Si Krobou et Ngan tirent leurs origines du
Ghana actuel,
du moins ne peuvent-ils être confondus avec
les Agni et les autres Akan dont ils diffèrent par la langue
et
les traits de moeurs.
La
premlere vague migratoire d'origine Akan est
celle des Denkyira
(2) qui est à situer autour de 1701,
après la bataille de Feyase et non en 1680 (3),
comme le
fait Salverte Marmier.
En effet,
après la victoire asante
de 1701, de nombreux éléments Denkyira,
"craignant pour leur Vle et leurs biens, vinrent
chercher refuge en Côte d'Ivoire"
(4).
(1)
Ph.
Salverte Marmier, Histoire du peuplement,
in Etude
régionale de Bouaké, Ministère du Plan, République de la
Oeta dII~o1r0, 1~7 p.(p.18)
(2) ou Alanguira. C'est sous la dénomination ALANGUIRA que
se désignent les éléments de la fraction baoulé de la
Côte d'Ivoire,
censés descendre des Denkyira.
(3) Ph.
Salverte Marmier,
op.
cit.,
p.
19.
(4) r b idem,
p .
19.

84.
Il est fort probable que des éléments de l'Etat
Aowin et des familles appartenant à d'autres peuples, soumis
précédemment aux Denkyira, aient suivi les Denkyira dans
leur fuite,
afin de se mettre à l'abri des représailles
éventuelles du nouveau Maître Asante. L'hypothèse est d'au-
tant plus plausible que le groupe denkyira en fuite,
selon
Salverte Marmier qui omet de citer ses sources
(1), aurait
séjourné provisoirement dans le royaume d'Enchi
(2).
Après
avoir traversé le Comoé,
en amont de Katimansou, à la hau-
teur de la ville actuelle de Daoukro,
les fuyards de l'Etat
denkyira en flammes,
se fixèrent dans la région de Daoukro-
Ouellé-Bocanda, autrement dit à la périphérie du Moronou.
Leurs descendants seraient aujourd'hui en partie les AKPO
et les AGBA des sous-préfectures de Bocanda et Dimbokro (3).
2. L'émigration Aowin-Ebrossa,
1715-1720
Au lieu d'un mouvement migratoire,
plusieurs sont
enregistrés au niveau de l'Aowin,
entre 1715
et 1720. Leur
rythme fut plus ou moins continu,
pendant cette période de
cinq années.
On peut en noter les temps forts, grâce aux
(l)
I b idem,
p . 19.
(2) Enchi (ou Andjé dans les récits de la tradition orale
recueillis dans le Moronou)
serait la capitale du
royaume Aowin-Ebrosa.
(3) Quelques éléments denkyira auraient essaimé à la fois
dans le Moronou (le village de Kinimokro en particulier),
dans le baoulé et dans le Ndénye.
Cl. H.
Perrot cite
Assakro. Cf Cl. H.
Perrot, Les Anyi-Nenye et le pouvoir
politique aux 18e et 1ge siècles, Thèse de doctorat d'Etat,
Université de Paris V,
1978, 865 p.
dactylo
(p. 703).

85.
documents d'origine n~erlandaise, essentiellement la corres-
pondance,
tenue par les diff~rents commis qui se sont succ~­
d~s à la têt~ du Fort hollandais de St Antoine d'Axim (1),
le d~bouch~ privil~gi~ du commerce aowin. En effet, la cor-
respondance de cette p~riode, transcrite dans JOURNAL OF
ELMINA,
le Cahier d'enregistrement du Fort d'Elmina,
tradui-
te en angais et partiellement
reproduite par A.
Van Dantzig
(2),
permet de suivre le mouvement commercial,
effectu~ en-
tre le pays aowin et Axim.
En rendant compte ainsi des p~-
riodes d'accalmie où la
transaction commerciale est rendue
possible,
les documents soulignent avec non moins de nettet~
les p~riodes interm~diaires de tensions et les assauts lan-
c~s, contre les regroupements ~ventuels aowin, par les trou-
pes ennemies en stationnement dans le pays. Ces affrontements
~pisodiques ont entre autres effets d'interrompre le mouve-
ment commercial et aussi de pousser les groupes aowin, con-
tinuellement harcel~s, à l'~migration.
On ~tablit ainsi une
certaine corr~lation entre d'une part les attaques, l'arrêt
du commerce et l'~migration et d'autre part la reprise du
commerce et les périodes d'accalmie.
En nous
fondant sur ce mécanisme,
observé réguliè-
rement à travers les quelques pages du JOURNAL OF ELMINA
(1) A. Van Dantzig, Le Fort hollandais de Saint Antoine
d'Axim,
in M~langes Mauny, Le sol,
la parole et l'~crit,
Paris,
1981.
(2) A.
Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast 1674-1742,
op.
cit.,
pp.
179-2~-

86.
traduites et mises a la disposition du lecteur de langue
anglaise,
il a été possible de suivre les différents mouve-
ments de départs des Aowin.
10 décembre 1715 - 7 avril 1716
Entre ces deux dates limites -10 décembre 1715,
arrêt des hostilités entre Asante et Aowin,
et 7 avril 1716,
premiers symptômes de la reprise du Commerce en provenance
de l'Aowin (1)- se situe la première période de départ des
Aowin.
Elle coïncide également avec l'un des sommets de l'é-
migration de ce peuple.
En effet, harcelés,
poursuivis par
l'armée de la coalition asante-wassa, victorieuse,
les
Aowin sont rejetés au-delà des limites de leur territoire
"After several severe engagements, Aowin resistance
was overcome,
and the army pursued to Inkasa and
Socco (Begho) where the Aowin forces surrende-
r ed."
(2)
(1)
" .•. Fo r the f irst time sorne gold -10 oz.
only- has
come again to Axim from ouwien,
after a long
time ... "
Cf A.
Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast_l?_?j-
1742,
citant: NBKG 82
(Elmina JournaïT:--Le-tters from
Axim,
to Haringh, 7th April 1716.
(2) J.IC
Fynn,
op.
cit.,
p. 44,
s'appuie sur N.B.K.G. 82,
W. Butler and N. Heyman, Axim,
3 November and 10 December
1715.

87.
La tradition orale laisse supposer en effet
qu'avant l'engagement militaire avec l'Asante, Ano Asoman
invite son fils,
Boafo N'da et les Ndenye,
à partir avec
sa chaise "le précieux insigne de son pouvoir"
(1)
"Vous autres avec mon fils,
vous allez me devan-
cer"
(2).
L'hypothèse est fort vraisemblable.
Cependant plu-
tôtqu'en1714 (3), comme le soutient Cl. H.
Perrot,
ne con-
viendrait-il pas
de placer le départ des Ndenye,
entre
la fin du premier engagement militaire contre l'Asante (4)
et la repr ise de l ' ultime combat d' Anyuanyuan,
autrement
(1) Cl. H.
Perrot, Ano Asoman,
mythe et histoire; .. , 1974,
p.
20 .
. (2) Ibidem,
p.
20.
(3) 'Cl. H.
Perrot, Les Anyi Ndenye et le pouvolr politique,
Pa ris, 1978, p.
132 :
"L'expédition punitive ashanti lancée contre Aow i n
dans les derniers mois de 1714,
longuement décrite
par J.K.
Fynn,
se heurta à une vive résistance et
subit, dans un premier temps,
des échecs.
Le roi
n'avait pas négligé de se préparer à cette éventu-
alité ( ... ) C'est vraisemblablement à ce moment
qu'Ano Asoman conseilla à ses protégés Ndenye ( ... )
de fuir vers l'Ouest".
(4) La
fin du premier engagement asante-aowin, qui se solde
par la victoire des Aowin,
est rapportée par un document
hollandais, daté du 28 octobre 1715
"It is learnt from dependable sources that the
Ouwiens have bravely rebuffed the Assiantyns".
Cf A. Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast 1674-
1742,
op. cit.,
p.
186,
rapportant un extrait du
:
NBKG 82.

88.
dit,
entre la deuxième quinzaine d'octobre 1715 et la fin
du mois de novembre de la même année? En effet, rien ne
laisse supposer qu'avant le combat de septembre -le premier
avec l'Asante- Ano Asoman en ait douté de l'issue, au point
d'être à la recherche d'une retraite pour la "chaise", sym-
bole du royaume. Au contraire,
tout pousse à crOlre que le
roi de l'Aowin avait confiance en ses armes et espérait la
victoire:
l'attitude provocante de ce pays qui accorde
asile et protection,
en 1712, à un corps d'armée mutin,
d'origine asante ; son arrogance à rivaliser avec l'Asante
pour la possession des sources aurifères des pays du Nord
et le contrôle de la route de Begho,
jusqu'à une date aussi
tardive qu'août 1715 (1).
Effectivement,
toute la première
phase de la guerre tourne à l'avantage de l'Aowin ...
Autre raison,
plus décisive, du choix de 1715, de
préférence à la date de 1714, c'est que nulle part, Fynn,
qui est la référence fondamentale de Cl. H.
Perrot, ne fait
allusion à la moindre expédition punitive, à la date indi-
quée : les derniers mois de 1714. L'auteur de Asante anc
Neighbours se contente de signaler,
à la page 43
de l'édi-
tion de 1971, que dans les derniers mois de 1714, Intwan et
Ajepa, deux chefs Wassa,
sont invités à Kumasi,
pour mettre
au point un plan commun d'invasion du pays Aowin
(1) Cf J.K.
Fynn,
op.
cit.,
p. 43,
citant NBKG 82, Butler
to Haring, Axim,
8 August 1715.

89.
"In the late months of 1714, two Wassa chiefs,
Intwan and Ajepa, were called to Kumasi,
presuma-
bly to discuss plans for a
joint Wassa-Asante
invas ion of Aow in"
(1).
Pour en finir,
tout en soutenant comme probable
l'envoi de Boafo N'da,
fils d'Ano Asoman, accompagné de?
Ndenye,
j'opte de préférence pour 1715, comme étant une
date beaucoup plus objective, pour situer cet évènement.
Quant à cette délégation aowin,
conduite par
Boafo N'da,
précédant la première vague de migration et
ayant pour mission de mettre en lieu sûr la chaise du
royaume,
elle s'inscrit parfaitement dans les dispositions
ordinaires,
arrêtées en pays akan, devant tout danger pou-
vant porter atteinte à l'intégrité du royaume.
Des disposi-
tions plus générales pour assurer le succès de cette immense
opération
" migr atoire"
semblent
également
avoir
été prises, révélées indirectement, à travers une lettre
de Van Maerssen, datée d'Axim :
"The O\\.;viens are disinclined to return to their
country, and have settled ina country acquired
for them by one of the Chiefs,
called Dinkje"
(2).
(1) Ibidem, p. 43.
(2) A.
Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast . . . , p.
187,
citant NBKG 83 Van Maerssen to Engelgraaf Robbertsz,
Axim,
27th May 1716.

90.
Ainsi un chef Aowi n , du nom de D'i nk j o , aurait été
envoyé précédemment,
pour "acquérir" un nouveau pays.
Qui
est ce Dinkje ? Serait-il le Dangui Kpanyi des traditions
orales du Moronou,
reconnu comme étant le neveu et succes-
seur d'Ano Assoman ? Quel est le pays nouvellement acquis?
Et surtout à quel moment le messager a-t-il été envoyé ?
Autant de questions qui demeurent encore sans ré-
ponse, mais qui laissent supposer que rien n'a été laissé
au hasard,
dans cette émigration dont l'éventualité avait
été prévue,
avant l'issue désastreuse de la bataille
d'Anyuanuyan.
La
fin de cette première vague de départs est
marquée par une timide reprise des transactions commerCla-
les de la part des Aowin. Mais la trêve ne dure qu'un temps,
cinq mois environ. Puis réapparaît au premier plan la série
de violences avec son cortège de taxes de toutes sortes,
de
levées d'hommes qui suscite à nouveau le départ des vaincus.
août 1716 -
1720
Au cours de cette période,
la plus longue,
l'émi-
gration plutôt intermittente que continue,
culmine au mois
de mars 1718, après l'incursion d'Ebi Moro,
précédée au

91.
mois d'a oût 1716, d'une pr emi e r e vague de départs moins im-
portants. Un dernier flux migratoire se situe a la fin de
la période,
en 1720.
1.
La
vague migratoire d'août 1716
Elle est signalée au cours des premiers
jours du
mois d'août 1716,
par le Commis principal du Fort d'Axim,
Van Maersen
"Les Aowins par petits groupes,
écrit-il,
se di-
rigent soit sur Assinie,
soit sur Poqueso"
(l)
qui ri' est autre que Pr ince 'ï own ,
si tué en pays Ahanta,
ou
s'élevait le Fort brandebourgeois.
Puis,
plus rien sur les migrations,
jusqu'en mars
1718. Pendant ces dix-huit mois
(août 1716 - m~rs 1718), au
cours desquels les Aowin bénéficient de quelque répit,
l'on
renoue avec le Commerce. Mais les transactions commerciales,
à la grande désolation des Hollandais d'Axim, n'atteignent
pas le volume du ~ommerce, aux époques prospères d'avant-
guerre.
En lieu et place de l'or pur et fin qui avait fait
(1)
They also divide themselves into small parties,
Sorne going to Assine,
others to Poquesoe".
Cf Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast . . . ,
p.
187,
citant NBKG 83
From Van Maerssen,
Axim,
3rd August 1716.

92.
la renommée des marchands aowin,
ceux-ci proposaient désor-
mais des "fétiches", c'est-à-dire de
l'or mélangé à toutes
sortes d'impuretés,
et en quantité insignifiante.
Ils of-
fraient aussi de l'ivoire et quelques esclaves.
En retour,
ils réclamaient sans arrêt -trait caractéristique du commerce
de cette époque, souligné avec insistance par les documents
hollandais- des fusils et de la poudre.
L'objectif des Aowin, dissimulé avec beaucoup de
discrétion,
ne sera découvert que plus tard,
au moment où
ils passent à l'attaque.
En effet avec les armes, achetées
contre l'or échangé,
ils tentent un dernier coup de force
au mois de mars 1718, contre la domination ennemie qui
s'est installée dans le pays,
depuis trois ans environ.
2. L'expédition militaire aOWln contre l'Asante et
l'émigration de mars-avril 1718
En effet les documents hollandais annoncent suc-
cessivement le 9 et le 21 mars 1718, une expédition militai-
re aowin,
forte de 8 à 9 000 personne~, lancée à la fois
contre le Wassa et l'Asante. Le 21 mars,
l'expédition est
de retour,
chargée d'un butin de guerre considérable: de
l'or, mais surtout 20 000 prisonniers,
composés essentielle-
ment de femmes et d'enfants
(1).
Cf Van Dantzig, The Dutch and the Guinea Coast .. "
p.
188
NBKG 84, 9th march 1718
... / ...

93.
Cette expédition se confond -à n'en pas douter-
avec le raid d'Ebi Moro contre l'Asante,
relaté à la fois
par les traditions orales,
les sources écrites et l'histo-
riographie contemporaine (1). Ce qu'il importe de souligner
ici, c'est la fureur de la réaction asante en réponse à ce
coup de main meurtrier
(2) et qUl sera à l'origine d'un
... / ...
"
Trade is now very bad : now we don't even
have enough gold for the subsistence of the garrison.
The cause is that Ouwiens, 8 to 9,000 of them, have
marche up -to attack the Wassase and the Assiantyns".
p.
188
: NBKG 85,
from Munnickhoven, Axim 21st march
1718
"It is reported about the Ouwiens that they have
returned from Assiantyn with a considerable booty
inclunding 20,000 women and children,
that they
found no resistance
and that they have exhumed
9
the dead Assiantyns.
Il is said that they have
found much gold and Konte de terre ...
(1) Citons quelques titres qui relatent le raid militaire
d'Ebi Moro.
C.C. Reindorf, The history of the Gold Coast and
Asante,
2ème édit., Accra,
1966.
ouvrage fondé à la fois sur les tradtions orales
asante et ga.
F.
Fuller, A Vanished Dynasty : Ashanti, London,
1921.
M. Delafosse, Les frontières de la Côte d'Ivoire,
Paris,
1962.
Cl.
H. Perrot, Les Anyi Ndenye et le pouvoir poli-
tique aux 18 et 1ge siècles,
1978.
(2) Ebi Moro massacra tous les membres de la famille royale
de Kumasi qu'il trouva à son arrivée,
dans le palais.
N'échappèrent au massacre ~ue deux princesses asante,
emmenées en captivité.

94.
nouveau départ massif des Aowin.
D'après les récits de la
tradition orale,
Ebi Moro et les agresseurs aowin
furent
poursui vis par les Asante jusqu'au Se f\\<.J i ,
où le SAFOHENE
(chef de l'armée) aowin,
fut abattu
(1).
3.
L'émigration autour de 1720
Une dernière vague de départ est mentionnée par
les traditions dont on ne trouve pas de
trace dans les do-
cuments écrits contemporains. A cette dernière vague,
les
récits oraux associent les baoulé,
commandés par Pokou,
per-
sonnage dont l'identité est loin de faire l'unanimité des
traditionnistes du Moronou
(2).
(1) Cl. H.
Perrot, Les Anyi Ndenyé et le pouvoir politique ... ,
p.
173.
(2) Pour Ebrin Assalé, Pokou n'est pas une femme mais un hom-
me. Seule sa mère était DEHIE BLA,
princesse de sang,
la reine mère des Baoulé.
Voici le récit
:
"Les Baoulé,
quand ils venaient,
avaient un Kramo
à leur tête.
Ils vinrent ... ,
en cours de route,
Pokou meurt.
La mère de Pokou,
c'est Ablan.
Le
fils de Ablan c'est Pokou.
Elle mit au monde Pok ou
elle mit au monde Akoua.
En cours de
route,
Pokou
meurt.
On prit
(pour faire roi)
l'enfant de Akoua qui
s'appelle Boni . . . ".
Plus loin :
"La fille de Ablan,
c'est Ak oua ,
Et l'enfant d' Akoua
s'appelle à son tour Boni. De là, Akoua Boni, Akoua
Boni, Akoua Boni.
Ablan Pokou ? Pokou n'est paS une fille,
BLA (de
sexe fémininin),
i l est garçon,
BIESUA
(de sexe
masculin).
Comme sa mère était DIHYE-BLA
(de sang
royal),
on l'appela par le nom de sa mère.
. .. /' ..

95.
D'après Salverte Marmier qui se fait l'écho d'une
partie de ces traditions, Abra Pokou,
princesse asante,
après
le meurtre de son frère Dako,
l'un des prétendants à la suc-
cession d'Oséi Tutu,
"se réfugia d'abord chez les Agni
d'Enchi dont elle espérait aide et protection".
(1)
Opokou Waré,
ayant pris le pouvoir à Kumasi,
s'élance à la
poursuite de Pokou et de ses partisans. Ceux-ci prennent
alors la fuite vers l'Ouest,
entraînant avec eux "la popu-
lation des villages alliés traversés,
craignant d'être pil-
lée par les guerres d'Opokou Waré (2).
A quel moment peut-on situer cette migration?
Si l'on admet que Opokou waré monte sur le trône de Kumasi,
en 1720 (3), après la longue vacance de pouvoir
(1712-1720),
ce dernier départ des Aowin,
en quête d'une nouvelle patrie,
provoqué par l'attaque d'Opokou Waré contre Ablan Pokou et
ses partisans,
ne peut s'opérer, au plus tôt,
qu'en 1720.
000
...
'
/' ..
Les Baoulé disent
:
"Ablan Pokou, Ablan Pok ou , Akoua Boni, Akoua Boni".
Mais leur père est là.
On a ajouté le nom de la
mère au leur .
Cela est resté. Mais ils ne
sont pas filles
(b I a ) ,
ils sont garçons
(biesua)."
Ebrin Assalé, Ndolikro,
avril 1979, Bande 2.
(1) Ph.
et M.A.
Salverte-Marmier, Histoire du peuplement de
la région,
in Etude régionale de Bouaké, Ministère du
Plan, République de la Côte d'Ivoire,
1967,
pp.
1-58
(p.
25).
(2) Ibidem,
p.
25.
(3)
"His (Opoku Ware)
long reign ( . . . ) lasted from about
1720 until 1750"
Cf A.
Boahen, Ghana
: evolution and change ln the nine-
teenth and twentieth centuries
London 1975,
261
p.
(P.
18)

96.
Ce tour d'horizon,
pour tenter de situer, dans le
temps,
les grands courants migratoires,
à partir de l'Aowin,
a l'avantage de clarifier les idées,
en opérant une distinc-
tion entre les émigrations antérieures,
issues du Ghana ac-
tuel et celles propres à l'Aowin, suscitées par lA défaite
devant l'armée asante.
Il demeure a évoquer les autres aspects de la mi-
gration, retenue par la conscience collective, comme un évè-
nement capital, mais dont le souvenir s'est quelque peu al-
téré au cours des siècles.
B.- Migration
Conduite et itinéraires suivis
Comment s'est opérée la conduite de la migration?
Quels sont les itinéraires suivis? Pour retracer ces traits
particuliers de la migration Aowin,
les sources écrites ne
sont d'aucun intérêt,
dans la mesure où les pérégrinations
des Aowin,
orientées vers l'intérieur des terres,n'avaient
pas de répercussions sur les transactions commerciales des
Forts européens de la Côte.
Quant aux rares sources colonia-
les,
transcrites par les administrateurs,
à partir des rela-
tions orales,
elles auraient pu rendre quelque service, si
leurs auteurs avaient toujours pris soin
de noter par écrit,
parallèlement au récit lui-même,
quelques notes brèves a
l'attention du lecteur pour une saisie plus critique. Quelques

9ï.
mots sur l'informateur
ses origines,
ses relations socia-
les,
son lieu de naissance et aussi sur les circonstances
du récit,
auraient permis au lecteur de mieux apprécier
l'évènement relaté et de se forger soi-même un jugement.
Par ailleurs l'historien,
en possession d'éléments de sour-
ces diverses,
aurait été mieux à même de procéder à une con-
frontation féconde de sources différentes voire opposées ...
Tous ces éléments y font cruellement défaut.
Reste l'apport de la recherche actuelle en matière
de recueil des traditions orales.
Sur la migration,
la mois-
son de récits oraux demeure plutôt maigre,
pour que l'on
obtienne, dans l'état actuel, une synthèse cohérente et
pleinement satisfaisante.
Les pages suivantes reflètent donc forcément toutes
ces faiblesses et ont eu le plus souvent tendance à sacrifier
l'aspect concret du détail à la généralité,
afin d'avoir tou-
jours les yeux rivés sur l'objectif final.
1. La c ond u i te deI a mi SI.!. a t i _o_n_ _ Ano
.;;.:...--"- Asoman
_ _
guide de
""--..:c...._-'-_--"_~
la migration ?
L'intérêt particulier, suscité par le personnage
d'Ano Asoman, mérite que l'on s'interroge,
avant toute au-
tre préoccupation, sur le rôle joué dans la migration,par

98.
celui qUl passe pour ~tre le père de toute la nation agni.
Question
"Ano Asoman est-il arrivé dans le Moronou 7"
Réponse
"Il est mort en route"
(1).
Telle est la réponse,
laconique,
et qUl se veut
définitive,
obtenue auprès d'Ebrin Assa~é de Ndolikro. Elle
ne peut cependant apaiser la soif du chercheur,
toujours
animé de l'espoir de percer un peu plus le mystère qui en-
toure la fin du personnage et sa participation éventuelle
à la migration. Toutes les tentatives pour "a l Ler plus loin"
avec d'autres traditionnistes du Moronou,
aboutirent à un
échec. La version recueillie par Tano Brou,
accr~ditant le
passage d'Ano Assoman dans le Moronou,
paraît trop insolite
pour ~tre retenue (2). si l'on en croit H. Perrot, l'on ne
(1) Ebrin Assalé, notable de Ndolikro,
cousin d'Ano Asoman II,
roi du Moronou,
le 19/04/1979, Bande nO 2.
(2) A propos de la participation d'Ano Asoman à l'émigration,
Tano Brou écrit:
"On se dirigea donc vers l'Ouest.
Le groupe Ebrossa était
dirigé par Ano Assoman." Selon le récit qu'il en fait,
appuyé sur les relations orales recueillies exclusivement
à la Cour d'Ano Assoman II, à Ndolikro, le chef d'Ebrossa
conduisit lui-même la migration,
passant par le Sanwi
actuel, Bettié et Malamasso,
le pays Akyé,
les régions
de Tiassalé, Toum.odi,
avant d'aboutir dans le Moronou.
Quelques extraits de son texte rendront beaucoup mieux
compte de l'itinéraire suivi par Ano Asoman :
" . . .
De Gbogbo, Ano Asoman et ses hommes traversent
le N'zi et se dirigent vers le Nord-Ouest.
Ils ar-
rivent dans la région actuelle deToumodi ( ... ) Dans
la savane de Tounodi au pied d'une colline, appelée
Kodjè Boca, Ano Assoman et Ablan Pokou lièrent leurs
peuples par un serment".
Cependant le texte de
.. '/'"

99.
sait rlen de plus,
dans le Ndenye,
de ce qu'il advint d'Ano
Asoman,
apres la scène d'adieu qu'il accorda à son fils
Boafo N'do et aux Ndenye,
appelés à mettre en lieu sûr
la "chaise royale".
"Malgré sa défaite et les promesses faites aux
Ndenyé,
i l ne les rejoignit pas"(l).
Un seul récit,
obtenu du Sanwi,
fournit appa~em-
ment certaines informations sur la vie d'Ano-Asoman,
posté-
rieure à la défaite de 1715. Selon ce récit,
recueilli par
le Comité de recherche sur la tradition orale (Corto) du
Lycée de B~ngerville, en mars 1976, Ano Asoman,
simple
membre
de la colonne des Agni,
en fuite devant des assail-
lants,
aurait accepté de sacrifier sa nièce,
au bord du
Tanoé,
afin d'obtenir le passage du fleuve.
Voici quelques
extraits du récit
"Les Agni viennent du pays ashanti,
du village
danguira ayant pour chef N'Doumi Dakari
( ... )
Ils étaient dirigés par Aka Essoin.
Sur leur
./' ..
Tano Brou souligne,
pour clôre le récit de l'émigration
"Quelque temps après notre arrivée au bord du Moro,
le vieux Roi Ano Assoman retourna à Enchi,
en pays
ebrossa pour mourir".
Cf A. Tano Brou, Le Moronou, mémoire de maîtrise,
Paris,
1970,49 p.
(pp.
21-25).
(1) Cl.
H.
Perrot,
Ano Aseman
: mythe et histoire,Bondoukou,
1974, p.
34.

100.
chemin,
ils durent repousser plusieurs peuples
( ... ) Ils poursuivirent paisiblement leur route
jusqu'au bord du fleuve Tanoe ( ... ) Ano Asseman,
membre de la famille royale accepta d'offrir sa
nièce. Les eaux se retirèrent et le groupe passa
( ... ) Pour avoir sacrifié sa nièce,
Ano Asseman
réclamait le pouvoir"
(1).
Quelle est la valeur de ce récit? Passons par
dessus les lacunes et les erreurs de détail, comme celle
qui présente les Agni comme originaires du pays ashanti,
et venons en à l'essentiel qui nous préoccupe. Ano Asoman
(Asseman) y est certes considéré comme de sang royal, mais
il n'est pas moins vrai qu'il est décrit comme un subordon-
ne d'Aka Essoin,
chef de la fraction agni du Sanwi. La pré-
sentation tendancieuse des faits,
visant à mettre en valeur
le Sanwi, est manifeste. Mais elle ne résiste pas à la cri-
tique.
Les Agni de Krinjabo,
tels que la tradition les pré-
sente,
n'ont jamais occupé une position dominante par rap-
port à Ano Asoman et à ceux de sa proche lignée.
Bien au
contraire,
ils ont toujours été au service du roi d'Enchi.
Témoin ce passage,
emprunté au Capitaine Lang,
recueilli
à la fin du XIXème siècle, dans le Sud-Ouest de la Gold-
Coast, précisément dans la région qui fut autrefois l'Aowin
(1) Rapport de l'enquête de Krinjabo,:
entretien du 21 mars
1976,
in Travaux du Comité de Recherche sur la Tradition
Orale,
bulletin du Lycée classique de Bingerville,
1974 - 75/1975 - 76,
6 p.
(p.
1).

101.
"( ... ) The Chief of Krinjabos was at time the
principal Chief of the King of Aowin Ano (Ano)
Asseman.
He was sent from Enchy further to the
South to see if a more suitable camping place for
the whole army could be found.
He travelled as
far
as River Hia,
and further on the lagoon cal-
led Ehy. Thus the town of Krinjabo was founded.
The Chief of Krinjabo and aIl
his successors
lived on most friendly terms with the Kings of
Aowin,
recognised and pa id tribute to them as
their King"
(1).
Les circonstances de la traversée du Tanoé est le
second élément du texte qui mérite quelque attention.
Elles
paraissent pour le moins qu'on puisse dire curleuses. D'a-
bord,
on saisit difficilement le sens de l'holocauste de
la nièce d'Ano Asoman,
si comme le laisse supposer le texte
du récit,
aucun danger extérieur imminent ne l'exigeait:
"Ils poursuivirent paisiblement la route jusqu'au
bord du fleuve Tanoé"
(2).
Situer ensuite le passage du Tanoé seulement en
1715 parait encore plus étonnant,
quand on sait que long-
temps avant l'attaque asante,
le territoire de l'Etat
Aowin débordait largement les deux rives du Tanoé et couvrait
la presque totalité du pays compris entre Tanoé et Bia.
Que
le génie du fleuve Tanoé,
dieu tutélaire de l'Aowin,
connu
(1)P.R.O a London, r.o. 96/229, Reports on the territories ex-
plore
by Lang,189~.
(2) Rapport de l'enquete de Krinjabo
: entretien du 21 mars
1976,
op.
cit.,
p.
1.

lU}.
-,
et adoré,
se révèle aUSSl exigeant a un moment de crise,
a
l'égard du peuple riverain,
ne peut manquer de surprendre
Ainsi apparaît-il absolument anachronique qu'à la date de
1715 et selon les autres circonstances envisagées par le
récit du Corto,
Ano Asoman traverse le Tanoé.
Force est de conclure que dans le Sanwi aussi
bien que dans le Moronou et le Ndenye,
l'on ignore tout sur
les derniers
jours d'Ano Asoman.
A-t-il survécu au désastre
de 1715 ? Préféra-t-il,
plutôt que de quitter l'Aowin,
finir
ses jours sur la terre de ce pays qu'il voulut prospère et
puissant? Probablement les traditions orales ne le diront
J arna i s .
L'hypothèse d'une retraite de la gestion des af-
fajres de l'Etat,
antérieure à la guerre contre l'Asante,
paraît cadrer fort bien avec les évènements.
En effet en
1711-1712, quand le corps d'armée as~nte, après la mise à
sac d'Ahwene Koko,demande asile et protection à l'Aowin,
il est accueilli non pas par Ano Asoman, mais par "Aowin
chief, Din::::kie"
(1).
Quelle signification accorder à cet évènement,
rapporté par Daaku ? Suggère-t-il déjà la mort d'Ano Asoman
Une disparition du Roi d'Ebrossa en 1712 paraîtrait préma-
turée. Mais il n'est pas impossible qu'Ano Asoman,
déjà fort
(1) K.Y.
Daaku,
A note on the fall of Ahwene Koko,
op.
cit.,
p.
43.

L(Ji.
r,
,
/
av arrce en
aCJ'!,
e Il VIS Cl9 e de p Cls se r
l d In ël 1.1"1 ,
pou r la direction d(:;- l'Etat,
il
quelqu'un d' au t r e , en l' ClC-
currence à Dinckie.
Nais qui pst Dinckic' '? Quels sont ses
.Liens de parellté avec Ana Asornall ?
Van Maerssen du Fort hollandais d' Awin,
sans f ou r >-
nlr de r~ponse pr~cise à notre pr~occupation, apporte CP-
pendant quelque lumi~re compl~mentaire, permettant de mieux
cerner l'identit~ du personnage. Dans sa lettre, dat~e du
27 mai 1716,
il nous apprend que Dinkje,
l'un des chefs
Aowin a acquis au profit de ses compatriotes ~migr~s une
nouvelle patrie et que ces derniers sont peu enclins à re-
venlr en Aowin.
"The Ouw i an s
are disinclined
to return to their
country,
and have set tled in a country acquired
for them byone of the Chiefs,
called Dinkje ... " lI).
De leur côt~, les traditions orales recueillies
dans toutes les r~gions du Moronou,
s'accordent à reconnal-
tre comme successeur à Ano As oman , Da n qu i. Kpanyi,
fils d o
Nyamkambi Ahou,
soeur d'Ano Asoman.
Q.
"Comment s' appelle la fortune d' Ano As oman ?"
R.
"En
v e r i t e ,
je ne connnis pas."
Q.
"Et le nom de sa soeur ?"
F~.
"S a
soeur qUI est venue avec les
au tres J.C J.
(au mo-
ment de J'émigration)
s'appelle Nyamknmbi Ahu .. . ".
(l)
A.
v an Da n tzi q ,
The Dutch
dlld
the CUillL'<:l COêi,:;\\: 167 Lj-L).rU,
op.
ci t . ,
p.
187,
NB-r:G
83,
I;'rom V,Hl !'[<l(~rssen. /\\~lm,
2 7 t 11 ~1 cly
l 7 l 6 .

104.
"Elle avait un fils qui s'appelait Dangui Kpanyi.
Ano Asoman étant mort,
en cours de route,
a l'arri-
vee ici,
celui qui hérita de lui est Dangui Kpanyi.
C'est en son temps que Agni et Baoulé firent la
guerre"
(1).
Hostains,
administrateur du N'zi-Comoé l1908-1912),
le second en poste dans le Moronou,
après le départ de
Marchand en 1908,
fait aussi allusion à Dangui Kpeïn,
Chef des Ebourésafoué :
"Le premler échelon de ces émigrants ne comprenait
que des Ebourésafoué dont les descendants directs
se nomment Ngatianou.
Traversant l'Indénie de l'Est à l'Ouest sous le
commandement du Chef Dangui Kpeïn,
ils franchis-
sent le Comoé,
et vinrent s'établir sur les bords
d'un petit ruisseau qu'ils nommèrent Moré"
(2).
La ccnsonnance étonnamment frappante du Dinckie
(ou Dinkje) du document hollandais avec le Dangui de l'ad-
ministrateur Hostains et le Dangui Kpanyi de la tradition
orale,
fils de Nyamkambi Ahou
et neveu d'Ano Asoman,
pousse à un rapprochement de ces trois personnages. D'autres
(1) Ebrin Assalé,
notable de Ndolikro,
19.04.1979, Bande nO
2,
Traduction littérale.
(2) Archives Nationales de la C6te d'Ivoire
(ANCI),
Hostains,
Monographie du N'zi-Comoé,
1912.

lOS.
arguments militent en faveur de l'identification du Dinckie
de l'auteur hollandais, Van Maerssen au Dangui de l'adminis-
1
trateur Hostains et à celui de la tradition orale.
D'abord,
le titre du personnage.
Autant pour Van Maerssen, Hostains
que pour la tradition orale,
Dangui est un Lhef,
reconnu
comme tel,
bien avant l'arrivée dans le Moronou.
Cependant,
pour Hostains et la tradition orale,
Dangui n'est pas n'im-
porte quel Chef,
i l est le Chef d'Ebrossa-Aowin,
c'est-à-
dire le successeur d'Ano Assoman.
Si Hostains le dit en
termes voilés,
la tradition orale lève à ce propos toute
.
/
equlvoque
:
"Celui qui hérita de lui
(Ano Asoman) est
Dangui Kpanyi."
(1)
Un autre témoignage des traditions orales du
Sud-Ouest ghanéen actuel dont Daaku se fait l'écho,
souli-
gne de façon médiate,
mais avec non moins de force,
le
titre exclusif de "chef de l'Aowin",
acquis par Dinckie,
antérieurement à l'émigration.
"
. Aowi n chief,
Dinckie,
granted permission (2)
to about hundred asantes to stay in his state"
Il importe de mettre en évidence ici le pos~e~if
HIS
(son),
dans l'expression HIS STATE
(son Etat) qUl sou-
,
ligne l'intention de l'auteur de révéler que Dinckie était
le véritable et seul maître de l'Etat aowin.
(1) Ebrin Assalé,
notable de Ndolikro,
19-4-1979 Bande n°
2.
(2)
1'\\. Y.
Da aku , A ]\\:ote on the f all of ahwene ko}<:o...
op.
ci t.
p .. 43.

106.
Enfin,
une dernière remarque
contribue à
l'assimilation du Dinckie de Van Maerssen au Dangui de
l'administrateur Hostains et à celui de la tradition orale
du Moronou.
En effet Van Maerssen insiste,
dans sa lettre
du 27 mai 1716,
sur la découverte d'un nouveau pays,
acquis
par le chef Dinckie au profit des Aowin~ "a country acqui-
red for them".
Quelques années plus tard,
au bout de l'émi-
gration,
le chef ébrossa-aowin qui,
selon Hostains et la
tradition orale,
foule le sol du Moronou,
a la tête du
premier groupe d'émigrants ébrossa,
a nom Dangui Kpanyi.
Une coïncidence aussi troublante entre les noms
de tous ces personnages qui sont de pert et d'autre des
chefs,
appartenant à la même nationalité et qui sont gui-
dés par le même objectif:
trouver un nouvel habitat pour
leur peuple
en quête d'une nouvelle patrie, donne quelque
raison à l'historien de croire que le Dinckie de Van
Maerssen doit être assimilé au Dangui Kpeïn de Hostains
qui n'est autre que le Dangui Kpanyi de la tradition orale
actuelle.
Ainsi Dangui Kpanyi,
premier souveraln du Moronou,
nouvellement acquis,
initié, du vivant d'Ano Asoman son
oncle et prédécesseur,
à la conduite de la CHOSE PUBLIQUE,
s'est particulièrement signalé par sa force et a fait preu-
ve d'une rare autorité,
en prenant sur lui d'accorder l'asile
au corps d'armée mutiné de Kumasi et en étant aussi à l'ori-
~ine de l'embryon d'organisation que l'on veut reconnaître
à l'émigration.

107.
2.
L'organisation de la migr ation
Effectivement la direction suivie par les fugitifs
n'a rien de fortuit,
si l'on se réfère aux déplacements
de populations dans ce bassin du golfe de Guinée. Depuis
la deuxième moitié du 17e siècle, c'est vers l'Ouest que
s'orientent tous ceux qui cherchent à échapper à la pression
des grands Etat Akan, Denkyira,
PUlS Ashanti. C'est donc
dans ce grand mouvement centrifuge que s'inscrit la migra-
tion des Morofwo.
Par ailleurs certaines VOles de communications,
en direction
d~ Sud-Ouest côtier-ou vers les sources
aurifères de Nsoko-Begho,
au Nord-Ouest,
étaient déjà
célèbres,
pour avoir été souvent fréquentées par les mar-
chands
.Aow i n • Ainsi,
lorsque se pose le choix de la direc-
tion à suivre,
en cas de revers des armées aowin,
Dangui
Kpanyi et les autres grands du royaume indiquent naturel-
lement les grandes orientations connues
la route du
Sefwi et de Nsoco,
au Nord-Ouest,
et la piste côtière vers
Poqueso (Prince-Town),
le pays N'Zima et Assinie.
Ces deux
grandes directions apparaissent déjà,
dès octobre 1715, Com-
me des éléments du projet de migration établi par les Aowin.
"The Aowin decided to fly to Encasser and Socco,·
if an Asante victory looked likely" (1)
Effectivement ce sont vers ces deux principales
directions que se dirigent Aowin et alliés dès l'annonce
J
(l) NBKG 82
W. Butler, Axim,
3 nov. et 10 déc.
1715.

108.
de la victoire asante (1).
Refoul~s par l'arm~e ennemie au-delà des limites
de leur pays,
les fugitifs aowin formaient probablement,
aux diff~rentes frontières de leur patrie dont ils s'~loi­
gnaient progressivement, des groupes encore suffisamment
compacts qui devaient s'effilocher progressivement au cours
des diff~rentes étapes. Quant à l'homog~néité du groupe
~migrant pris dans son ensemble, on est en droit d'en douter.
Parmi eux,
on distinguait d~jà, outre le noyau ébrossa et
les huit groupes sous-ethniques du Moronou actuel
(voir
supra p.
40),
des fugitifs d'origines diverses:
asante,
denkyira,
wassa,
assin qui s'étaient gliss~s dans les
rangs,
à la recherche d'un lieu plus sûr.
Ils donneront
naissance,
selon les traditions,
aux Akyé,
Abey,
et à cer-
tains él~ments des peuples lagunaires qui essaimeront en
cours de route.
Les colonnes d'émigrants répa~ties par NVILIE
(sous-ethnies),
et à l'int~rieur des sous-ethnies par
ABUSWAN
(lignage ou grande famille),
ne présentaient vrai-
semblablement pas l'ordonnance d'une armée en marche, Comme
l'insinue Tano Brou.
"Nous ~tions organis~s ; c'était une véritable
armee en déplacement"
(2)
(1)
NBKG82
W.Butler,
Axim,
3 nov.
et 10 déc.
1715
(2) A.
Tano Brou,
op.
cit.
p.
21.

109.
Cette image,
erronnee,
d'une émigration de masse,
conçue et réglée à l'avance dans ses moindres mouvements
persiste, vivace dans les esprits.
Les légendes et mytho-
logies qui ont fleuri avec abondance sur ce thème n'y se-
raient peut-~tre pas étrangères ... A défaut de pouvoir re-
constituer dans les détails le film exact de cette émigra-
tion,
il reste cependant possible d'évoquer les conditions
générales qui se sont imposées aux fugitifs Aowin,
à la
recherche d'un nouvel habitat.
L'émigration Agni,
partie d'Anyuanyuan,
a la SU1-
te du désastre de 1715 et qui s'est répétée par vagues successi·
ves au cours de la décade postér ieure,
n'a rien d'idyllique.
Elle s'est déroulée plutôt dans des conditions extr~mement
éprouvantes.
Dans cet environnement de for~t dense, couvrant
alors le Sud-Ouest du Ghana et la partie méridionale de la
Côte d'Ivoire,
rares étaient les sentiers et les voies de
pénétration.
Il fallait le plus souvent s'ouvrir,
dans
l'épaisse muraille de la for~t, le chemin à l'ALALE,
sorte
de coupe-coupe,
plus grossier que la matchette actuelle.
M~me les sentiers, quand il en existait, étaient encombrés
de lianes,
coupés de troncs d'arbres ou de marigots qui
ralentissaient sans cesse la marche et la rendaient extr~­
mement pénible,
surtout pour les vieillards,
les feMnes
et les enfants exténués. La faim était le compagnon le plus
fidèle de la route.
En effet,
on ne vivait le plus souvent
que de baies sauvages et de racines d'arbres,
d'escargots

110.
et de gibiers,
levés ou abattus de temps a autre.
Les émi-
grants disposaient en effet de PIA (la lance de jet),
d'arcs et de flèches empoisonnées dont ils excellaient
dans le maniement et aussi de fusils,
acquis,
grâce à l'or
échangé,
dans les Forts européens de la Côte.
Au cours des étapes qUl ont dû être de plus en
plus nombreuses et aussi de plus en plus prolongées -quelque-
fois des saisons entières, voire des années- au fur et a
mesure que l'écart se creusait avec le pays d'origine,
on
a pu s'offrir quelques champs de culture dont la récolte
permettait de réparer les forces usées et d'amasser des
provisions,
pour la suite du voyage.
On a pu,
à l'occasion,
sacrifier aux vieilles habitudes,
en donnant quelques coups
de pioche dans le sol,
à la recherche de l'or, ce métal
tant convoité par les partenaires européens des Forts cô-
tiers,
et qui avait valu la célébrité au marchand Aowin.
Quant au danger,
il
fut
aUSSl de tous les ins-
tants.
Ce fut d'abord l'ennemi Asante lancé à ses trousses,
pUlS
les bêtes fauves qui infestaient la forêt vierge,
les
serpents,
les insectes multiples aux dards acérés et aux
piqûres mortelles.
Comment imaginer que dans de telles conditions
la progression pût se faire en colonnes continues,
ou d'une
seule traite,
de l'Aowin a la terre d'accueil? Certes,
au

111 .
nlveau de chaque sous-groupe ethnique ou des lignages,
exis-
tait un mlnlmum d'organisation.
On s'efforçait tout en pro-
gressant de maintenir le contact les uns avec les autres,
malgré les difficultés et peut-être à cause d'elles,
afin
d'unir éventuellement ses forces,
face au danger.
A certaines étapes,
surprise agréable, des ligna-
ges entiers ont pu se regrouper.
On se retrempait alors,
pendant quelque temps,
dans la tiédeur de la solidarité
ethnique provisoirement reconstituée. Au bout de quelques
semalnes, de mois de vie commune, chaque unité lignagère
repren2it son autonomie,
en quête d'un établissement plus
favorable.
C'est ce processus d'émigration,
par "petits
paquets" et non de masse,
qUl prévalut
jusqu'au grand ras-
semblement du Moro,
pour ceux parmi les Aowin qUl parvln-
rent à ce point de ralliement.
3.
Les itinéraires
Deux grandes directions -selon le projet d'émigra-
tion Aowin- devaient être empruntées par les fugitifs,
en
cas de défaite
le Sud-Ouest et le Nord-Ouest.
Effective-
ment les débris de l'armée Aowin,
pourchassés par l'ennemi,
après la défaite,
s'orientent vers Assinie,
au Sud-Ouest et

112.
le Sefwi,
au Nord-Ouest.
De quel côté s'orienta la fraction
des Aowin dont l'~ssue finale du voyage sera les bords du
Moro,
cette mare dont apparemment ils tiennent ajourd'hui
leur nom ?
L'itinéraire SUlVl par les Morofwo n'est pas
aussi facile à retracer qu'il le paraît. En effet,
non
seulement tous les Morofwo n'ont pas suivi le même chemin,
mais encore les itinéraires suivis n'ont pas toujours gar-
dé l'orientation initiale,
empruntant tantôt des détours
tantôt des raccourcis,
au point que leur reconstitution
devient aujourd'hui un véritable casse-tête. Leur synthèse
tant soit peu cohérente ne peut être tentée,
tant qu'on
continuera à faire fi de tout esprit de méthode, dans la
façon d'aborder le problème,
complexe en lui-même.
Une
règle qui doit être de rigueur,
c'est de faire état,
pour
chaque récit recueilli, de sa source,
en précisant,
outre
l'identité du narrateur,
son N'VILlE et son ABUSWAN.
Les
divers renseignements, ainsi obtenus auprès des grands
N'VILlE de l'époque migratoire,
confrontés les uns avec
les autres,
constituent l'une des voies possibles pour
sortir de l'imbroglio des études actuelles,
consacrées a
l'émigration.
POGr la rédaction de ce chapitre,
il n'a pas été
possible de procéder selon cette méthode.
Il eût fallu pro-
longer de quelques mois l'enquête orale sur le terrain,

113.
afin de déterminer dans un premler temps les différents
N'VILlE,
au sein de chacun des neuf groupes sous-ethniques
recueillir ensuite les éléments nécessaires au chapitre de
l'émigration et enfin assembler,
après un travail de tri,
les différentes pièces du puzzle ... L'émigration n'étant
pas abordée ici pour elle-m~me, une démarche aussi longue
risquait de faire perdre de vue l'objectif final. Je me
suis donc contenté de ce que
j'avais sous la main.
Deux
types de sources étaient à ma disposition:
l'effort de
synthèse,
réalisé par les travaux antérieurs du XIXème
siècle,
ou datant d'une époque plus récente (1)
et aussi
quelques relations orales,
recueillies,
datées et circons-
tanciées (2).
De ces apports divers,
résultent deux itinéraires.
Le premier,
méridional,
d'orientation Sud-Ouest/Nord/Nord-
Ouest,
offre les grandes étapes suivantes
: Ebrosa - Sanwi -
Bettié - Mlan
Mlanso -
pays Akyé - Moro. Quant au second,
(1)
Archives Nationales de la Côte d'Ivoire
PD_1..4..6/0 15, Hos t.a.i rrs ,
Monographie du N'zi-Comoé,
1912.
Ph.
et M. A. SaIverte-Marmier, II Hi s t o i r e du peuplement 1/ in
Etude régionale de Bouaké, Ministère du Plan, République
de la Côte d'Ivoire
Abidjan,F'6)
(2) Tanou Brou, Le Moronou,
mémoire de maîtrise d'Histoire
sous la direction du Professeur Deschamps, Paris, 1970,
49
p.
S.P.
Ekanza, Origines et exode des Agni,
in Bulletin
d'information et de liaison des Instituts d'Ethno-
sociologie et de géographie tropicale,
1968, n° 1,
pp.
21-27.

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G OL F E
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Nom
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100
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200 K 11\\
1
EPHE

114.
plus septentrional, d'orientation Nord-Ouest/Sud/Nord-Ouest,
il traverse,
à la sortie d'Ebrosa,
le Sefwi,
le Ndenye,
s'in-
fléchit au Sud jusqu'à Mlàn Mlanso et se redresse après
avoir enjambé le Comoé, dans la direction Nord-Ouest jus-
qu'au point terminus du Moro.
a) L'itinéraire méridional
C'est celui auquel beaucoup de Morofwo font réfé-
rence.
Très diffus au départ d'Ebrossa,
le flux migratoire
qui prend la direction du Sanwi (Sud-Ouest),
après avoir
traversé le Tanoé, débouche sur le Sanwi,
étape fort impor-
tante o~ les Morofwo se séparent d'Ano Amalanman et de ses
hommes qui décident de s'installer au bord de la Bia (1).
Le flux des émigrants Morofwo semble s'être concentré de
plus en plus,
après l'étape du Sanwi. Les récits en effet
A
se réfèrent plus fréquemment aux mêmes objets,
aux memes
évènements (2). Toutes ces bandes de fugitifs finissent
enfin par converger à Mlan Mlanso,
à quelques kilomètres
de Bettié. L'explication en est simple.
Après mille détours
et errements,
cherchant désespérement un passage le long du
Comoé,
les différentes vagues d'émigrants débouchent toutes
à l'unique
endroit, sur une centaine de kilomètres environ
(1) Tano Brou,
op. cit.,
p.
22.
(2) On retrouve dans la plupart des récits relatifs à cette
étape les noms de ~ttie, Mlan Mlanso par exemple.

l1S.
depuis l'embouchure,
00 l'on peut traverser de façon rela-
tivement aisée le fleuve,
en presque toutes saisons.
La traversée dût se faire à l'endroit où le fleuve
offrait le moins de risques,
probablement où le l i t du Comoé
est "complètement barré par un seuil rocheux"
(1).
Néanmoins,
malgré les précautions,
la traversée ne fut pas sans périls
et accidents mortels.
"Et nous passâmes sur les rochers qui
jonchaient
le l i t du fleuve,
un peu plus au Sud de Betié.
~
Ces rochers étaient couverts d'algues qui ren-
daient le passage difficile.
Beaucoup de person-
nes y laissèrent leur vie
le passage était glis-
sant et l'eau filait sur les rochers emportant
tous ceux qui tombaient
: on appela ce lieu MLAN
MLANSO"
(2).
Qu'il y eût des morts,
au moment du passage du
fleuve,
laisse supposer que la traversée s'est faite à la
mauvaise saison,
au moment des crues
"Le l i t du fleuve avait grossl à l'époque,
et le
fleuve grondait avec fracas"
(3).
L ' itinéraire mér .i djo n aI semble avoir draîné le grou-
pe d'émigrants le plus hétérogène.
Outre les Morofwo,
on
évoque,
parmi ceux qui l'empruntèrent,
les Sanwi,
quelques
(1) Ph.
et M.A.
Salverte Marmier,
op.
ci t. ,
p.
25.
( 2 ) Tano Brou,
op.
ci t. ,
p.
22;
(3 ) S.P.
Ekanza,
op.
ci t. ,
p.
26.

116.
fractions Baoulé,
les Akyé Ngatiè et Atobrou,
les Abey Morié
et Ko d'Abevé,
qUl sont de toute apparence un mélange d'é-
léments Agni et de populations locales qui préexistaient à
l'arrivée des Morofwo.
Il eût été intéressant de savoir quels sont, des
différents N'VILlE du Moronou,
ceux qui empruntèrent l ' i t i -
néraire méridional.
En attendant,
on ne peut émettre que
des hypothèses.
Parmi ceux qui vinrent du Sud,
on pourrait
citer les Ahali,
les Amantian,
les Sawua,
les Essandané,
les Assié,
mais aussi une partie des Ngatiafwo (1).
Autant beaucoup de Morofwo,
quand ils évoquent
la migration,
décrivent l'itinéraire méridional avec ses
variantes,
autant peu parmi eux font allusion à l'itinérai-
re septentrional qui,
d'Ebrossa,
passe par le Sefwi,
le
Ndenye et le pays Akyé,
avant de déboucher sur le Moronou.
Le premier auteur qui le mentionne est Hostains
"Le ·premler échelon de ces émigrants c'est-à-dire
les Eborosafoué (un des neuf groupes du Moronou)
tr aver sèrent l' intér ieur,
de l'Est à l'Ouest"
(2).
(1) Probablement les AGOUBLA de N'zuékokoré.
(2) ANeI, DD 1l~6/0 15, lios t.a.ins j op , cit.

ln.
N' d o l i.
Anet,
le BIASOFWO
(le sacrificateur aux chaises) qui
est aussi le d~tenteur de la tradition officielle,
aupres
~
d'Ano Asoman II du Ngatianou,
abondant dans le meme sens,
r~vèle le passage des Morofwo à Nzaranou, dans le Nd~nye :
"Ils sont arriv~s dans un lieu où se trouvait
un WALE
(gros arbre ombrag~)
ils ont nettoy~
le terrain.
Les anciens appelaient ce lieu NZARA
(lieu de rassemblement). Tout le monde ne pouvait
rester là (au sens de ne pouvait contenir tout le
monde),
alors les Anyi et les Baul~ dirent:
"allons chercher un endroit où nous installer".
Alors ils sont partis . . . " (1).
Des indices de tous ordres relev~s ici et là, sug-
gèrent qu'un nombre appr~ciable d'~migrants, originaires du
Moronou atteignirent leur r~gion d'origine actuelle,
en
suivant l'itin~raire septentrional.
?'
Faisons appel a quelques uns de ces indices
1.
A Konvi And~, l'une des grandes ~tapes v~cues par
les Ndenye,
au cours de l'~migration, on fit du feu. Les
enfants y ayant jet~ des escargots,
le feu s'~teint, a cause
a
de la "bave" des escargots.
Depuis i l en/r~sult~ le proverbe
suivant
(2)
(l)
Citation empr un t eo à A.
Ko u am é ,
Origine et ~volution du
Ngatianou jusqu'à la colonisation, Mémolre de Maîtrise
sous la dlrectlon de M. Wondji Christophe,
Abidjan,
1979,
163 p.
(2) Cl.
H.
Perrot, rapporte abondamment cet ~pisode dans sa
thèse d'Etat.
Cf Cl.
H.
Perrot, Les Anyi Ndenye et le pouvolr politique
aux I8e et Ige siècle,
pp.
142-146.

118 .
BETORO SIN FEFER~ BENVA EBIYIE BE GWANOU·
Ce qui se traduit
: Quand on fait du feu nouveau,
on se
garde bien d'y jeter des escargots.
Ce proverbe, de toute évidence,
est lié à l'épisode
du feu qui se passa à Konvi Andé. si le récit de cet évène-
ment n'a pas encore été recueilli dans le Moronou, du moins
l'épisode y a laissé-une première trace -le proverbe- qui
est commun
au Ndenye et au Moronou.
Une deuxième trace
laissée par cet événement et qui est propre au Moronou,
serait le mot ANDE qui désigne aujourd'hui la plus grosse
agglomération du Sahié (Sefwi) dans le Moronou.
2.
Le dernier indice suggérant que des Morofwo auraient
emprunté l'intinéraire septentrional, c'est ce "réflexe
conditionné" qui les a presque toujours poussés à préférer
cet itinéraire septentrional, chaque fois que,
pour des
motifs fort divers (visites, commerce),
ils ont eu à effec-
tuer en sens inverse l'étape du Moronou à Ebrosa-Aowin,
le
pays de leurs ancêtres.
Au temps de l'émigration,
l'itinéraire septentrio-
nal ne fut probablement le fait que de quelques uns des
groupes Morofwo
: des Ahua,
des Sahié, de quelques Ngatiafwo
et Essandané (1).
(1) A Nguinou
(Essandané),vivent plusieurs Nvilié d'Abradé
dont l'effectif le plus important se trouve dans l'Indénié
et le Bona.

119.
si le rythme des migrations est assez'bien salsl
a la source,
il n'en demeure pas moins vral que plusieurs
aspects de cette question fort complexe demeurent entiers
le nombre des émigrants et la durée du mouvement pour n'é-
voquer que ces seuls éléments. Le mérite de ces lignes c'est
d'avoir tenté d'ouvrir des perspectives.

120.
CHAPITRE III
LES
REALITES
HUMAINES
LE
PEUPLEMENT
Comment s'est opéré le peuplement? Quels en sont
les traits caractéristiques? Avant de retracer les évène-
ments majeurs de cette tranche d'histoire du peuple Morofwo,
longue de plus d'un siècle et demi,
il importe de tenter,
après les avoir relevés, une approche de dation des
grandes étapes du processus du peuplement.
Certes,
cette
étude ne saurait se réduire à une énumération de dates
et d'évènements, mais elle devra commencer par là
; car
une chronologie fausse peut conduire à des explications
et à des interprétations globales dangereuses.
L'effort
de datation, malgré l'insuffisance de matériaux,
s'avère
d'autant plus nécessaire que la plupart des dates,
pro-
posées par les études antérieures,
ne repose le plus
souvent sur aucune argumentation sérieuse.

121.
I.- Repères chronologiques et essai de datation
Trois événements marquants de la Vle du peuple
pourraient servir de repères chronologiques
l'arrivée
dans le Moronou des premlers émigrants,
la guerre Agni-
Baoulé,
la fondation de la chefferie d'Arrah.
S'il est
facile de justifier le choix de ces trois événements, du
fait de leur importance aux yeux mêmes du peuple Morofwo,
les situer à travers le temps,
à un moment précis de l'his-
toire,
exige un long débat,
afin de rendre compte du choix
de la date qui aura été retenue.
A.
La date d'arrivée dans le Moronou
Un date ronde -celle de 1725- de préférence à
toute autre,
a été choisie par Cl.
H.
Perrot pour marquer
l'arrivée des Agni-Ndenye,
sur le site de leur habitat aC-
tuel.
Cl. H.
Perrot,
optant pour ce choix,
se fonde essen-
tiellement sur la durée de l'étape de Konvi-Andé qui,
d'après
elle,
ne peut être "en deçà d'une décennie"
"La question la plus difficile à résoudre est
celle du nombre d'années que les Ndenye passèrent
à Kônvi Andé ( .•. ) On est donc pour le moment pré-
sent réduit à des conjectures quant au temps qu'y
passèrent les Ndenye. Quand les traditionnistes
disent que leurs ancêtres y restèrent "longtemps",
qu'est-ce-que cela signifie ?"
"En faveur d'une longue durée. plaident le creusement-

122.
d'un long et profond fossé circulaire,
la présence
d'une métallurgie de fer et également le fait que
trois Chefs Ndenye ( ... ) sont censés y avoir été
inhumés
( ... ) Dans l'état actuel des connaissances
et tant que les Archéologues ne se sont pas pronon-
cés,
il serait illusoire d'assigner une durée pré-
cise à l'étape de Konvi Andé. Descendre en deça
d'une décennie ne semble cependant pas plausible" (1).
En se fondant sur le fait qu'une partie des Agni-
Morofwo chemine avec les Ndenye,
par la voie septentrionale,
plus exactement la fraction Ebrossa,
commandée par Dangui
Kpanyi -on ne s'explique pas autrement l'arrivée de la Chaise
d'Ano Asoman,
initialement confiée à la garde des Ndenye,
à
Nguessankro, dans le Moronou (2)- et en datant
de 1715,
le
(1) Cl.
H.
Perrot, Les Anyi Ndenye et le pouvolr politique
aux 18e et 1ge siècles . . . , op.
cit.,
p.
154.
(2) Il est communément admis de tous les Agni
(Morofwo,
Ndenye,
Sanwi, Ebrossa d'Enchi) que la "véritable" Chaise
d'Ano Asoman se trouve dans le Moronou.
Cl.
H.
Perrot
confirme ce fait,
noté chez les Ndenye actuels
"Le tison se trouve effectivement sur le BIA (chaise)
d'Ano Asoman à Nguessankro, Moronou".
Cette affirmation s'appuie sur une déclaration de Nana
Alou Mea, Chef de Sankadiokro,
le 8.02.1967
"Avec le tison,
ils (les Ndenye)
firent le feu;
ils en mirent un de côté,
ils l'attachèrent par le
milieu,
aujourd'hui i l se trouve dans le BIA,
ils
l'adorent
(BE 50). Il est à Nguessankro".
Cf Cl.
H.
Perrot,
op.
cit.,
p.
143.

UJ.
d~part de la premlere vague de migration Aowin, nous obte-
nons suivant Cl. H.
Perrot, comme date d ' arriv~e dans le Ndeny~,
au plus tôt l'ann~e 1725 (1).
Notons que ne sont pas intervenues, dans le calcul
de la dur~e de la migration,
les ~tapes post~rieures à Konvi
Ande,
où les Morofwo ont s~journ~, des mois, voire des ann~es
Zaranou dans le Ndenye, Mlan Mlanso (Malamaso) et Azobè
(Adzop~) en pays Aky~ et enfin Gbogbobo (Rubino) (2), en
pays Abey. En tenant compte de ces quatre dernières ~tapes
et en supposant, pour chacune d'elles,
une dur~e moyenne
d'~tape de deux ans -le temps n~cessaire pour tirer profit
du travail agricole investi et des prospections aurifères-
on aboutit à un forfait de huit ann~es qui,
additionn~es
aux dix ann~es pr~c~dentes accomplies entre Enchi et Konvi
Ande, donne un chiffre total de dix-huit ann~es minimum
d'~migration, entre Ebrossa-Aowin, et les bords du Moro, le
terminus AD QUEM.
(1 )
"Les Ndenye -c est-à-d ire les Alangwa,
les Ashua
1
et les Ndenye proprement dits quittèrent Konvi
Ande à une date incertaine,
au plus tôt au d~but
du second quart du 18e siècle."
Cf Cl.
H.
Perrot,
op. cit., p.
180.
(~) Serait-il à identifier à Gglobo, d'où Nanan Sangban,
ancêtre des Essandan~,
serait parti pour fonder
Bongoanou (Boriq ou an ou I, l'actuel Centre principal du
Moronou ?

124.
Fort de toutes ces supputations,
l'on peut rete-
nlr provisoirement,
en attendant des recherches plus appro-
fondies,
la date de 1733 comme probable pour la fixation des
premlers Agni,
dans le Moronou.
E.
La guerre Agni-Eaoulé
De quand date cette guerre? Les avis sont partagés.
Pescay avance 1750 comme date probable
(1). Tano Erou la
situe à l'extrême fin du XVlllème siècle,
au cours des der-
nières décades (2).
Kouamé Aka tient le juste milieu,
en la
situant entre 1760-1770
(3).
Sur quels éléments se fondent-
ils les uns et les autres pour choisir une date,
de préfé-
rence à une autre? Déception!
Car,
on n'use,
semble-t-il,
d'aucun argument;
on se contente d'affirmer.
Mais,
en
l'occurence,
à quels faits pourrait-on avoir recours pour
étayer son point de vue ?
(1) M. Pescay, La sociologie,
in Région du Sud-Est,
étude
socio-économique, Ministère du Plan de la République de
Côte d'îvoire, 1967.
(2) A. Tano Brou, Le Moronou, Mémoire de Maîtrise d'histoire,
Paris,
1970, On y l i t à la page 34
"La guerre entre Agni et Baoulé a pu survenir
trente à quarante ans plus tard,
soit entre 1780-
1800 ft.
(3)"Nous estimons pour notre part que cette guerre a dû se
dérouler entre 1760-1770."
Cf K.
Akè, Origine et évolution du Ngatianou jusqu'à la
colonisation, Mémoire de Maîtrise d'histoire,
sous la
direction de C.
Wondji, Université d'Abidjan,
octobre
1979, 163 p.
(p.
47).

125.
Au moment ou éclate le confit,
plusieurs localités
sont déjà mlses en place,
autour du Moro et quelquefois à
des distances fort éloignées. Boa Badjo (1), Chef Ahali
dont les troupes combattaient en première ligne,
avait déjà
édifié Adibrobo,
sa capitale (2).
De nombreuses familles,
pour des raisons diverses que nous évoquerons plus tard,
s'étaient déjà émancipées de la tutelle lignagère,
en es-
saimant sur des terres de plus en plus distantes du foyer
d'établissement initial.
De façon plus marquée, des Alangwa,
des Ahali et des Assiè échappant, dès cette époque à tout
contrôle immédiat de l'autorité centrale,
avaient créé
des campements provisoires,
loin des terres acquises,
à
l'intérieur du territoire baoulé voisin. Leurs incursions
à l'intérieur du Baoulé,
signe du dynamisme de ces groupes,
seront partiellement à l'origine du conflit.
Autre élément qui permet de mieux cerner la date
de celui-ci, c'est l'appréciation de l'âge des Chefs de
(1) S'agit-il d'un homme ou d'une femme? Les traditionnistes
d'Arrah,
contrairement à l'opinion courante,
en font une
reine,
celle qui,
au moment de l'émigration,
était à la
tête des Ahali,
lignée mère dont sont issus les Ahua du
Moronou. Cf J.L. Triaud, N.
Kodjo et S.P. Ekanza, Notes
sur Arrah in Annales de l'Université d'Abidjan,
Série l
(histoire), 1975, tome III,
p.
151,
note 1.
(2) Adibrobo existait en effet déjà,
comme l'atteste la tra-
dition recueillie par Tano Brou:
"Les Baoulé passèrent sur la rive gauche du N'zi,
en territoire Agni.
Ils marchèrent sur Adibrobo
la résidence du vieux chef".
Cf A. Tano Brou,
op.
cit.,
p.
28.

126.
l'émigration,
encore vivants,
au moment o~ survient le
conflit.
En effet,
ni Boa Badjo,
nl Dangui Kpanyi pour ne
me limiter qu'à ces seuls Chefs,
ne prennent une part ac-
tive dans aucun des combats du Conflit.
Ils sont suppléés,
au front,
par des SAMHLE (Chefs d'armée)
: Aklatia (1) pour
Boa Badjo et Tingbo (2) pour Dangui Kpanyi. Comment expli-
quer l'absence à la tête des soldats Morofwo,
des Chefs
valeureux (3) qui,
dans la tradition Akan,
quel que soit
(1) Voici quelques lignes consacrées à Aklatia,
"premier
lieutenant de Boa Badjo"
"Pendant plusieurs mois,
Aklatia résista aux as-
sauts des troupes baoulé ( ... ) A longeur de jour-
née,
le vieil homme (Boa Badjo)
jouait à l'AWALE
tandis qu'Aklatia combattait de l'autre côté du
fleuve".
Cf A. Tano
Brou,
op.
c i t . ,
p.
28.
(2)
"Le fils de Dangui Kpanyi s"appelait Tingbo ; il
était SAMHLE. Il marchait toujours à la tête des
combattants.
Il ne portait jamais de fusil.
Sa
seule arme était le GBASRO, une espèce de mat-
chette."
Ebrin Assalé,
notable de Ndolikro,
Ndolikro le 19.04.1979,
Bande n " 2)
(3) Il faut souligner ici que Boa Badjo était le premier
Samhlè de Dangui Kpanyi.
Seule la dégénérescence physi-
que aura pu l'empêcher d'être présent sur le champ de
bataille. Car,
on comprendrait fort mal que étant chef
de guerre de toutes les troupes de Dangui Kpanyi,
Boa
Badjo ait pu se dérober à son devoir de Chef des armées.
Ajoutons que les exemples abondent de Chefs Akan qui
prirent eux-mêmes la tête de leurs troupes au combat
:
Ano Asoman conquit l'Aowin et l'a2randit en guerroyant,
qu ard
cel a fut nécessaire,
à l a tete des Aowin. 0 s é i
Tutu,
le fondateur de la dynastie Asante meurt sur le
Pra,
dans un engagement contre les Akim en 1712. Opokou
Waré,
son successeur est lui-même présent sur tous les
champs de bataille,
aux côtés de ses soldats ...

127.
leur rang,
ne répugnent pas à assumer leur responsabilité
~
dans un combat ? On ne peut évoquer ici que leur grand age,
le manque de vigueur physique.
L'hypothèse n'est pas invraisemblable.
Elle per-
met d'expliquer entre autres qu'en 1712,
au moment où il
accorde le droit d'asile à l'armée mutinée d'origine Asante,
Dangui Kpanyi,
encore Jeune,
était au début de sa carrière
de Chef politique.
En effet,
peu après,
il est chargé d'une
mission,
confiée en général à des "cadets"
aller en éclai-
reur,
dans la direction de l'Ouest,
reconnaître un lieu pro-
pice qui,
en cas de défaite,
pourrait servir d'habitat,
pour
le peuple Aowin.
Dangui Kpanyi pouvait avoir,
au moment de
l'ultime combat d'Anyuanyuan,
en 1715, vingt-cinq ans envi-
ron.
On estimerait alors,
à l'issue des dix-huit années
1
d'emigration,
au moment où la première colonne de réfugiés
Morofwo prend possession des bords du Moro,
que Dangui
Kpanyi a effectivement quarante trois ans.
Nous sommes
alors en 1733. On ne peut donc valablement situer la guerre
Agni-Baoulé,
comme le fait Pescay,
en 1750, c'est-à-dire
dix-sept ans après l'arrivée dans le Moronou.
Dangui Kpanyi,
.
âgé de soixante ans et encore vigoureux,
aurait pu dans ce
cas conduire lui-même l'armée agnl au combat. Or,
ce ne fut
pas le Cas.
Ce qui laisse supposer que l'affrontement Agni-
Baoulé se passa bien plus tard,
à une époque où le ~hef des
Morofwo devait être inapte
à porter les armes.

128.
On ne peut non plus retenir la période de 1760-1770,
pour deux raisons.
D'une part,
le délai,
entre la date d'ins-
tallation des Baoulé Assabou, de loin postérieure à celle
des Agni et le début de la guerre,
paraît excessivement
bref,
pour que les bonnes relations entre Agni et Baoulé,
solidement établies par la Commune migration,
puissent être
déjà compromises (1). D'autre part,
si la guerre avait écla-
té en 1760, Dangui Kpanyi aurait été encore à même de con-
duire personnellement à soixante dix ans l'armée Agni au
front.
Quant à la date de 1800, elle paraît excessivement
tardive pour que l'on puisse en faire cas. Par contre,
la
dizaine d'années qui s'écoulent entre 1770 et 1780,
semble
la mieux indiquée pour situer cette guerre Agni-Baoulé.
C.
La fondation d'Arrah,
centre principal de la Chefferie
Ahua
Le troisième point de repere chronologique qui a
fait l'objet de notre choix porte sur la fondation d'Arrah.
(1) Une alliance,
scellée par un serment à Kondjè Boca,
si-
tuée dans la savane de Toumodi,
selon les informateurs de
Tano Brou,
intervient entre Agni et Baoulé,
au début de
leur installation.
Elle est formulée ainsi par Tano Brou:
"Nous sommes frères,
jurèrent-ils, quel que soit ce
qui arrivera,
nous ne devrions jamais en venir aux
mains. si un problème survient,
nous devrions le
régler par une palabre. Kodjè Boca, noœ
te prenons
à témoin".
Cf A. Tano Brou,
op.
c i t . ,
p.
23.

129.
Ce n'est pas que cette agglomération,
la premlere de l'Ahua,
bénéficie d'une quelconque prépondérance,
due à ses origines.
Au contraire,
la Chaise d'Arrah ne figure pas au nombre de
celles citées couramment pour illustrer l'histoire politi-
que du Moronou.
Le choix d'Arrah s'explique par sa position de
"marche frontalière" du Moronou,
à proximité du Comoé, qui
en fait la dernière étape du peuplement morofwo (1),
histo-
riquement orienté des bords du Moro à l'Ouest, vers le
Comoé à l'Est. Les informations recueillies sur les orl-
glnes de cette Chefferie nous ont permis,
dans une rééva-
luation critique de la chronologie d'Arrah (2), de détermi-
ner approximativement la fondation de celle-ci. Créé par
Ané Kpanyi,
le premier de la lignée des Chefs Ahua,
proba-
blement au tournant de la deuxième moitié du XIXème siècle,
Arrah est lié par sa fondation à la richesse en or de
l'Ahua (3)
et aussi à l'importance commerciale dont eut à
bénéficier l'axe fluvial du Comoé,
au milieu du XIXème siècle.
Aux échanges commerciaux,
plus anciens remontant
probablement
(1) Le village morofwo,
en bordure du Comoé,
fondé par des
Ahua,
originaires d'Arrah,
est Brou-Atakro,
le "port"
effectif d'Arrah,
situé à une vingtaine de kilomètres
de cette dernière.
(2) Cf J.L.
Triaud et S.P.
Ekanza, Chronologie et succession
dynastique à Arrah,
in Annales de l'Université d'AbiQjan,
série l
(histoire),
t.
3, 1975,
pp.
141-150.
(3) L'Ahua était particulièrement réputé pour le nombre et
la richesse de ses gisements aurifères.
On peut citer
particulièrement ceux de Krégbé et D~losso (Daresso).

130.
au milieu du XV111ème siècle,
époque de l'installation des
Morofwo,
et alimentés par les produits locaux et l'extrac-
tion aurifère; se greffent,
en 1843,
à partir de l'instal-
lation des comptoirs fortifiés de Grand-Bassam et d'Assinie,
de nouveaux courants commerciaux d'origine européenne.
Animés essentiellement par les commerçants N'zima (1) et
d'autres intermédiaires côtiers, cet influx commercial
européen,
s ' i l donne de l'élan et
accroît
le trafic de la
vallée du Comoé, n'en est point l'origine.
La fondation d'Arrah,
qui est à situer aux enVl-
rons de 1850, s'inscrit dans ce contexte de l'extension et
de l'intensification des échanges commerciaux,
le long de
l'axe du Comoé,
entre le Sud côtier et le Nord du pays.
II.- Les grandes étapes du peuplement
A travers ces quelques pages consacrées aux gran-
des étapes du
peuplement,
l'historique détaillé de l'occu-
pation du Moronou par chacun des groupes Morofwo ne sera
(1) Cf N.
Kodjo, Le Commerce à Arrah,
à l'époque précolonial~,.
in Annales de l'Université d'Abidjan, Série l
(histoi-
re),
tome 3,
1975,
pp.
151-156
(p.
153).
J.P.
Chauveau,
Notes sur l'histoire économique et so-
ciale de la région de Kokumbo, ORSTOM, Centre de
Petit Bassam (Abidjan),
s.d.,
26 p.
ronéot.

131 .
envisagé qu'incidemment. Seuls seront décrits amplement les
traits caractéristiques de l'évolution générale du peuple-
ment qui se laisse appréhender selon le découpage chronolo-
gique suivant
:
1) La première période de peuplement,
la plus brève,
allant de la migration à son terme à la guerre Agni-Baoulé
1733-1770
2) La seconde période,
longue de quatre vingts ans
(1770-1850),
au cours de laquelle le processus d'occupation
atteint son terme,
marqué par la fondation d'Arrah.
Tout
l'espace compris entre le N'zi et le Comoé est exploré et
habité.
Le Moronou connait approximativement sa configura-
tion actuelle ;
3) Enfin,
l'ultime phase du peuplement,
s'intercalant
entre la naissance d'Arrah et la pénétration française du
Moronou
(1850-1907)
se caractérise par un bras~age des sous-
groupes ethniques et une ouverture à d'autres peuples.
Mais la région était-elle habitée avant l'implan-
tation des Morofwo ? Telle est l'interrogation préalable
qu'il convient de soulever,
en ce début de chapitre.

A. Le Moronou était-il habité?
D'après Delafosse,
les Morofwo auraient trouvé
,
dans le pays,
/
a leur arrlvee,
les Akyé,
les Abè et même
les Adyoukrou dont l'aire d'habitation actuelle est située
beaucoup plus au Sud,
sur la bordure lagunaire
"Les inunigrants (Morofwo) traversant la Comoé,
auraient annexé ou refoulé les autochtones Attié,
Abé, Ari et Adyoukrou et auraient donné avec eux
la tribu actuelle du Moronou"
(1)
Les traditionnistes du Moronou ne sont pas aUSSl
explicites sur la question.
Ils auraient plutôt tendance à
reconnaître une origine conunune aux Morofwo et aux peuples
dits "lagunaires" dont les Akyé,
les Abè,
Alladian,
Adyou-
krou et autres
"Nous venons tous du pays Ebrossa.
Nous v i.v i one
dans ce pays il y a très longtemps ( ... ) Notre
origine vient de là ; qu'on soit Agni, Baoulé,
Allié, Abbey, Ebrié, Abouré,
Brignan, Allandjan,
Godié, Nzima, nous habitions tous ce pays."
(2)
Mieux, Abey et Akyé,
éléments de ce dernier grou-
pe de peuples, nonunés explicitement par les traditionnistes,
auraient accompli en m&me temps que les Morofwo et avec eux,
la migration, depuis le pays d'origine jusque pour ainsi
dire à son terme
(1) Le terme "Ari" désigne,
sous la plume de Delafosse,
les
Abidji.
La citation est empruntée à M. Delafosse, Essai
de manuel de la langue Agni ... , Paris,
226 p.,
p.
206.
(2) A. Tano Brou,
op.
cit.,
p.
16.

133.
"La. troupe (des émigr an t s ) remon te ver s
le Nord
jusqu'à Mgbasso puis reprend la direction de
l'Ouest,
passe par Adzopé (qui veux dire village
d'Adzo en Ebrossa) où certains (les Attié)s'ins-
tallent;
elle se dirige toujours vers l'Ouest
et passé
par Gbogbobo -l'actuel Rubino- qui veut
dire sous le petit palmier.
Là les Abbey s'ins-
tallent"
(1).
Certains parmi les traditionnistes vont même
jusqu'à nier que les Morofwo aient trouvé,
à leur arrivée,
le moindre vestige d'être humains.
L'opinion courante est
que seuls vivaient dans les forêts environnantes des AKOUWA,
des SAMLANGANGAN
(ou ABOYA) et des BOSON (génies)
(2).
Cependant en examinant d'un oeil critique certains
récits oraux,
on est forcé de remettre en cause ce dernier
point de vue,
encore émis par certains des traditionnistes.
En effet,
nous lisons sous la plume de Tano Brou,
transcri-
vant le récit de Ndoli Anet de Ndolidro
:
"Ils (les Agni) extrayaient le bon Vln de palme.
Nos voisins du Sud les Abbey venaient Commercer
chez nous et aimaient à déguster notre bon vin"
(3).
(1) Ibidem,
p.
23.
(2) AKOUWA
Etre difforme,
en général de petite taille,
vivant dans la forêt et assimilé à l'homme.
(3) A. Tano Brou,
op.
cit.
p.
25.

134.
Kouamé Aka écrit de son cSté,
sous la dictée
de N 'Guessan 'rAKI, du village d' Agoua
"Au terme de la migration,
les Anyi
(Agni)
attei-
gnirent une rivière.
Là,
ils trouvèrent les Abbey
qui extrayaient du vin de palme ( . . . ) Ceux-ci
en donnèrent aux émigrants pour étancher leur
soif"
(1).
Trois remarques peuvent être faites à propos de
ces récits
1) Ii est extrêmement important de remarquer que de part
et d'autre,
est notée la présence des Abey,
dans le voisi-
nage des Agni.
2) Les Abey sont décrits,
ici,
non plus comme des com-
pagnons avec lesquels on eut à cheminer,
au cours de l'émi-
gration,
mais au contraire comme des hStes,
pré-existants
à l'immigration Agni.
Le récit,
rapporté par K.
Aka,
est
à ce point de vue fort éclairant.
Il ne se contente pas
d'affirmer de façon explicite la présence des Abey,
à
l'arrivée des Agni,
au bord d'''une rivière",
que l'on peut
identifier au Moro; mais i l souligne,
à l'appui de cette
assertion,
le geste qui,
dans la coutume Akan,
traduit le
rSle d'hSte d'accueil,
joué ici par les Abey à l'égard des
Agni.
En effet,
ce sont les Abey qUl offrent aux immigrants
Agni,
fourbus de fatigue,
à la suite de leur longue marche,
la boisson de rafraichissement,
en l'occurrence,
le vin de
palme.
(1) Propos recueillies auprès de N'guessan 'raki d'Agoua,
Cf K.
Aka,
op.
cit.,
p.
42.

135.
3) La troisième remarque porte sur les relations fort
excellentes de bon voisinage,
la complémentarité des rap-
ports ultérieurs entre le commerçant Abey et l'Agni davan-
tage attaché aux produits de la terre. Mais ceci même est
d'un intérêt mineur dans le problème qui nous préoccupe
présentement. L'essentiel est d'avoir démontré que préala-
blement à l'avènement des Morofwo,
le pays était habité
et que d'autre part les rapports dominants que ceux-ci en-
tretenaient avec les premiers habitants du pays,
étaient ceux
. ,
de la "coexistence pacifique". Ce point de vue,
/
alnSl expose,
est assez concordant avec celui soutenu par Delafosse.
Il
n'en reste pas moins que l'identité de ces hôtes,
premiers
occupants du pays que la tradition aUSSl bien que Delafosse
désigne sous le vocable d'Abey,
fait aujourdh'ui problème.
Car les Abey ne peuvent avoir à la fois cheminé avec les
Morofwo,
pendant la migration et en être au terme pour les
accueillir. Quelle est donc l'identité réelle de ceux a
qUl la tradition et Delafosse entre autres attribuent le
nom d'Abey ?
Aujourd'hui dans la région de l'Agnéby,
à l'inté-
rleur du triangle Tiassalé,
Bécédi et Agboville,
subsistent
des villages Krobu,
quelques centaines de personnes vivant
au milieu des Abbey et des Abidji.
Seuls des bribes d'une
ancienne langue,
certains usages particuliers,
des objets
de culte et des nomS de généalogies distinguent les Krobu
des populations au milieu desquelles ils vivent,
et permet-
tent de les rattacher aux Krobu de la région Sud-Est du

136.
Ghana actuel. Selon toute probabilité, c'est au cours de la
deuxième moitié du XVllème siècle, plutôt qu'au XYlème siè-
cle -comme le soutient de Salverte Marmier
(1)- que les
Krobu s'étant senti menacés dans leurs biens et dans leur
vie,
prirent le parti de quitter le Sud-Est du Ghana,
ravagé
par la traite négrière,
à la recherche d'un lieu de refuge.
Ils s'enfoncèrent dans la grande forêt du Sud-Est ivoirien
et finirent par se stabiliser dans cette portion de la
forêt comprise entre le N'zi et le Comoé,
couvrant les pays
Akyé, Abè et le Moronou actuels.
Ainsi,
aux environs de
1733, quand les ancêtres des Anyi Morofwo,
Abè et Akyé
actuels,
abordèrent cette partie de la forêt,
à l'issue
des différentes immigrations,
ils y trouvèrent sans aucun
doute les Krobu arrivés un siècle plus tôt.
Quels furent les rapports des Morofwo avec leurs
prédécesseurs dans la région? Certes plus tard,
une fois
l'implantation achevée,
outre la guerre avec les Baoulé,
les Agni durent engager d'autres combats,
qui répondaient
à de nouvelles ambitions, contre les voisins du Sud : Abey
et Akyè, mais sur la période de peuplement,
les récits ne
font point mention de luttes armées avec les autochtones.
Munis de fusils,
achetés dans les comptoirs européens de
le Côte,
les immigrants Morofwo ont dû faire forte impression
sur les habitants qui préférèrent battre spontanément en re-
traite,
sans combats,
laissant îlots de savane et clairières
(1) Salverte Marmier, Histoire du peuplement,
op.
cit., p.
18.

137.
aux envahisseurs,
pour les fourrés les plus épais et le
coeur de la for~t vierge. En fait de rapports avec les au-
tochtones,
il n'yen eut pour ainsi dire pas. Ces derniers,
timorés,
évitèrent tout contact avec les envahisseurs.
Il est cependant fort probable que les éléments
Agni qUl optèrent de s'installer aux étapes antérieures
d'Adzopé et de Gbogbobo,
eurent des contacts plus étroits
avec les Krobu.
Avec ces derniers entre autres,
ils donnè-
rent naissance aux Akyé et aux Abey actuels.
Les Baoulé et
les Agni qui ne partagent point le m~me souci de préoccupa-
tion scientifique,
parlant de leurs voisins méridionaux,
les
appellent indifféremment de leurs noms actuels ou Krobu.
Delafosse témoigne de cette habitude du langage approxima-
tif qui caractérise encore aujourd'hui ces cultivateurs au
gros bon sens du Centre ivoirien
"Les Atye ou Akyé (Attié),
appelés Kurobu
(Kurobu)
par les Baoulé,
habitent au Nord des Ebrié et des
Bato et au Sud du Moronou ... "
(1).
Mais les Krobu étaient-ils les seuls présents
dans la région,
à l'avènement des Morofwo ? N'y existaient-
ils pas d'autres peuples? Les M'bato de Dabré-Akouré et
les Abidji de Sikensi-Bécédi sont du point de vue linguis-
tique,
très proches les uns des autres.
Par ailleurs cer-
tains liens de parenté,
par-delà les siècles, unissent
(1) M. Delafosse,
Essai de manuel de la langue Agni ... , p.
197.

138.
aujourd'hui certaines familles Abidji aux M'bato.
Or,
à
l'examen d'une carte ethnique de la région,
l'on s'aper-
çoit qu'entre Abidji à l'Ouest et M'bato à l'Est, deux peu-
pIes font aujourd'hui écran:
les Abey et les Akyé.
Comment
rendre compte de cette irruption sur le plan géographique
des Abey et Akyé entre Abidji et M'bato,
initialement regrou-
pés sur le même habitat ?L'explication paraît être celle-ci.
Les ancêtres des Abidji et des M'bato actuels
vivaient
ensemble
dans
une
zone
que
l'on
peut
situer
à la latitude de Séguié, probablement encore à la fin du
XVII ème siècle. Un mouvement de translation du Nord vers
le Sud se fit
jour,
au sein des ancêtres Abidji et M'bato,
à l'avénement des Krobu, accentué par l'arrivée des Abey et
Akyé, dans le second quart du XVIIIème siècle. Ceux-ci par-
vinrent à s'imposer et à refouler Abidji et M'bato dans
leur habitat actuel.
Des arguments supplémentaires sont nécessaires
pour étayer la thèse d'un habitat primitif pour le "subs-
trat" Abidji - M'bato,
situé plus au Nord,
aux abords du
Moronou actuel.
L'explication des haches amphiboliques dé-
couvertes à Arrah (1) et surtout des enceintes circulaires
de la Séguié,
à la limite du Moronou,
résultat des fouilles
archéologiques récentes (2),
et dont l'origine demeure
(1) R. Mauny, Contribution à la connaissance de l'archéolo-
gie préhistorique et protohistorique ivoirienne in A.U.A.,
Série l
(histoire),
t.
1,1972,
pp.
1-32
(p.
17).
( 2 ) Cl.
H.
Perrot, Comment fut découvert le site de la Séguié,
in Bulletin des Instituts de Recherche de l'Université
d'Abidjan,
1969,
nO
2, pp. 6-9.
. . .1 ...

139.
aujourd'hui énigmatique,
ne doit pas négliger les rapports
anciens des premiers Abidji et M'bato avec toute cette ré-
gion située de part et d'autre du 7ème degré de latitude
Nord.
En effet,
si Abey et Akyé,
dans leur expanslon
territoriale,
eurent tantôt a composer avec les M'bato,
Krobu et Abidji,
tantôt à croiser le fer
avec ces popula~
tions plus anciennement établies dans la région,
les Morofwo
ne se souviennent guère avoir entretenu des rapports d'un
type quelconque avec celles-ci. Davantage attirés par le
milieu de savane,. aux horizons plus ouverts et aux diver-
ses ressources naturelles,
les Morofwo s'élancèrent,
au
cours de la première période de peuplement, vers les sava-
nes Baoulé du Nord et l'Ouest du pays.
B.
La première période du peuplement
l'expansion en
désordre (1733-1770)
Ce qui caractérise cette première période de peu-
plement,
c'est l'expansion tous azimuts,
la dispersion des
Morofwo sur un territoire deux à trois fois plus étendu que
.. '/'"
J.L.
Triaud, Le site de la Séguié
: dix problèmes ln
B.I.R.U.A., 1969,
nO
2,
pp.
15-18.
J.
Polet,
Information orale à l'Institut d'histoire
d'Abidjan,
le 17 octobre 1977 in
M.S.
Bamba, Le bas-Bandama précolonial, Thèse de IIIème
Cycle,
novembre 1978,
p.
84.

14 O.
le Moronou actuel.
Cet éparpillement traduit bien l'esprit
aventureux,
animant quelques uns de ces émigrants qui ou-
blient momentanément que la survie de leur lignage et celle
de tout le groupe Morofwo étaient fonction de la cohésion
ethnique.
Autour du Moro, ce plan d'eau fortuitement décou-
vert,
au fil de leur progression,
les émigrants s'établi-
rent par cellules lignagères. Cette partie occidentale du
Moronou,
grâce à son climat humide,
à la nature de ses sols
variés et largement pourvus en végétaux utiles, offrait à
l'homme une gamme diversifiée de ressources pour son ali-
mentation et son logement.
Des premiers abris,
composés de
quelques cases,
faites de branchages et dont l'aspect d'ina-
chevé assimile davantage à des "campements",
la tradition a
retenu KASIADAGOABO
(1) comme étant la première localité,
fondée par les immigrants. L'emplacement de cette première
localité est aujourd'hui retourné à la forêt.
Situé non
loin de l'actuel village d'EHUIKRO (Amantian), dans la
sous-préfecture de M'batto,
il est considéré comme un lieu
sacré et personne n'a le droit d'y cultiver et d'y chasser.
Les habitants de la région sont extrêmement réticents même
encore aujourd'hui à en indiquer l'emplacement au visiteur
inopportun.
L'étape de Kasiadagoabo ne semble pas avoir connu
une longue durée,
bien que ce lieu ait été particulièrement
(1) ou KASSIADAKRO.

141.
comblé,
du point de vue des ressources naturelles
"Au bord de cette mare,
nos ancêtres s'adonnaient
à la culture,
à la chasse et à la prospection (sic)
d e I ' or ."
(1)
Plus tard,
les bords du Moro furent abandonnés,
au profit d'ELUBO,
village créé par D~ngui Kpanyi, dans
les environs de l'actuelle localité de Nguessankro.
On est en droit de s'interroger sur les mbtifs
de l'abandon de ce premier site,
où se regroupèrent les
Agni du Moronou.
On ne peut invoquer l'inhospitalité du
lieu,
à moins que la tradition ne soit restée muette, de
façon délibérée,
sur les ravages d'une quelconque épidémie
particulièrement violente et meurtrière
(2).
L'attrait
d'Elubo,
situé en zone de forêt,
au sol plus fertile,
propice à la culture et aux immenses ressources naturelles,
encore vierges
: cultigènes,
gibiers et autres ...
a dû peser
dans la décision. Séduit par les promesses de la zone fores-
tière proche,
le premier guide du Moronou,
Dangui Kpanyi y
èonduit les différents groupes lignagers dont l'effectif
croissait d'année en année.
C'est en ce sens,
semble-t-il,
(1) A. Tano Brou,
op.
cit.,
p.
25.
(2) Kouamé Aka signale par exemple l'irruption d'une épidé-
mie de variole dans le groupe Ngotiafwo,
installé ulté-
rieurement sur les bords du ruisseau Ettienkpasso et qui
entraîna la dislocation de l'un de ces premiers groupe-
ments Morofwo.
Cf K.
Aka, Origine et évolution du Ngatianou jusqu'à la
colonisation, MemOlre de Maltrise,
Abidjan,
1979,
163
p.
(p.
52).

142.
qu'il faut interpréter le mot de la tradition qui veut que
Dangui Kpanyi ait fondé Elubo pour fuir
le soleil,
devenu
gênant sur les bords du Moro (1).
Jusqu'à l'étape d'Elubo,
transformé aujourd'hui
en cimetière,
la cohésion du peuple semble avoir été extrê-
mement solide. La vie en commun pour tous ces lignages ne
semble pas avoir posé de problèmes majeurs. Mais bient5t
l'esprit d'aventure,
conjugué aux exigences économiques
de chasse, de culture et d'extraction aurifère,
se fit
jour
au sein de la communauté et donna le signal de la disper-
sion.
Pendant que des membres du lignage royal de Dangui
Kpanyi fondaient dans les environs d'Elubo,
certains vil-
lages tels que Wawanu,
Assalewanu, Akoawnan (2),
les chefs
des groupes lignagers essaimaient dans plusieurs directions.
Sangban,
l'ancêtre des Essandane, marchant dans la direction
du soleil,
parvient aux bords du Sokotè,
dans les collines
boisées de Bongouanou,
giboyeuses et regorgeant de fruits
sauvages,
site apprécié par dessus tout pour son abondance
en eau potable. Celui qui est à l'origine de la découverte
de ce site,
où tout ce que l'on pouvait souhaiter s'offrait
à profusion,
se nomme 1'akimanso,
le BOFUO
(chasseur) de
(1) Ibidem,
p.
39.
(2) WAWANU serait à l'emplacement actuel d'Anialesso, dans la
sous-préfecture de Bongouanou.
ASSALEWANU,
non identifié,
se situerait entre les deux
villages de Nzuékokoré et M'baoucesso.
Les ancêtres de
ces deux villages,
avaht leur dispersion,
y
habitaient.
AKOAWNAN est à placer à une faible distance de N'dolikro
(Bongouanou).

l Lj 3 .
Sangban
(1).
L'un des proches parents de ce dernier,
Kplatou
se fixe plus à l'Ouest,
à Assahara,
premier village des
Alangwa du Moronou.
Le rapprochement de cette fraction des
Alangwa du Moronou avec ceux du Ndenye est évident
(2). Mais.
(1) Un jour il partit à la chasse,
raconte le récit,
accompa-
gné des chasseurs
(bofuo-ma) du Chef.
Il était sur les
traces d'un éléphant,
lorsque débouchant sur une vaste
clairière couverte de savane,
son regard fut attiré par
le vol tourbillonnant d'oiseaux de la famille du héron
(bôgo).
Sans arrêt,
ils s'élevaient très haut dans le
ciel puis piquaient du nez vers le sol.
Il fut fortement
intrigué par le vol de ces oiseaux.
L'éléphant,
qui les
avait conduits sur les lieux,
fut abattu. Comme la nuit
tombait,
Takimaso jugea plus sage d'attendre l~ lendemain
pour percer l'énigme du vol des BONGO.
Quelle ne fut point
sa surprise,
lorsque le matin,
s'étant rendu sur les
lieux du vol des bôgo,
i l découvrit,
au pied d'un immense
fromager séculaire, une mare aux eaux limpides.
Il prit
de l'eau dans ses mains pour la porter à la bouche.
Mais le "marabout" du groupe l'arrêta dans son mouvement
et lui conseilla de creuser.
Il jaillit aussitôt une eau
pure,
claire,
intarrissablE'. I.e marabout lui dit
"Maintenant,
tu peux boire".
Et le récit ajoute
"Le sol des bords de la mare était
argileux"
(sous-entendu le terrain était propice à l'ex-
traction aurifère).
La dénomination de Bongouanou dériverait ainsi de Bôgo
(héron) et de "è,.,ranu" (lieu de savane,
clairière). Quant
à la mare,
SOKOTE à moitié asséchée aujourd'hui,
elle
traverse,
sur toute sa longueur,
la ville de Bougouanou,
la
coupant en deux parties ; elle tire son nom de Soko
(terre) et tani
(compact argileux).
Damoa Amoakon Noël,
notable et porte-canne de Bongouanou,
Bongouanou,
le 10
janvier 1981, Bande nO 4.
(2) L'ancêtre de tous les Alangwa est Boafo Nda,
le fils
d'Ano Asoman.
Au-delà du Comoé,
les Alangwa forment au-
jourd'hui une communauté regroupée autour de Bebou.
Dans
le Moronou,
l'une des plus importantes agglomérations
Alangwa,
Boafokro,
n'est pas sans rappeler par son nom,
l'ancêtre éponyme.

144.
à quel moment et pour quels motifs,
la scission intervint-
elle au sein du groupe Alangwa ? C'est l'une des interro-
gations à laquelle devra répondre la recherche ultérieure.
Les Ahali,
conduits par Boa Badjo,
le SAMHLE de
Dangui ,Kpanyi,
renommé pour sa grande bravoure,
créent suc-
cessivement Asokro,
Boakro et Abi Kouassikro,
au Sud d'Elubo.
Ebi Molo,
a la tête des Sawua s'installe à Eblie,
sur le site
actuel de la ville de M'bato. Enfin les Assiè,
ayant rejoint
les autres Morofwo,
après qu'ils se soient détachés des
Baoulé Nzipri,
avec lesquels ils avaient fait route,
d'Andjé
(Enchi)
jusque dans la région de Toumodi,
s'implantent a
Assiè-Kumasi.
En cette première période du peuplement,
la savaneJ
mieux que la forêS semble avoir exercé une attraction plus
forte sur les émigrants, comme si ceux-ci se souvenaient
du pays d'origine de leurs lointains ancêtres,
partis, quel-
que deux siècles auparavant,
de la région de Tekyman,
en
direction du Sud forestier.
Des groupes de familles quit-
tant les premiers villages créés,
s'élancèrent droit devant
eux, dans l'immense étendue de savane du Nord et du Nord-
Ouest
"Ils s'emparèrent peu à peu de la vaste r-eglon
encore inhabitée,
comprise entre le Kan et les
collines de Toumodi à l'Ouest, Didiévi et Bocanda
au Nord et le N' z i
à l'Est et. au Sud"
(1).
(1) Salverte-Marmier,
op.
c i t . ,
p.
34.

145.
Parmi les familles qui s'aventurèrent ainsi au
coeur du pays Baoulé,
il faut ci ter des As s i
des Alangwa,
è
,
des Ahali et aussi des Essandané.
D'autres familles d'ori-
gine Morofwo qui ont aujourd'hui perdu tout souvenir des mi-
grations de leurs ancêtres, s'orientèrent vers l'Ouest,
en
direction du pays Gouro. Mieux des incursions plus profon-
des atteignirent le fleuve Sassandra,en plein coeur du pays
Kru.
C'est ce qui ressort du récit de Ndoli Anet
(1),
et de
celui recueilli personnellement de la bouche d'Ano Asoman II,
en avril 1979. Je le reproduis ici tel que
je le transcrivis
alors sous sa dictée
"Les Agni progressèrent
jusqu'au fleuve BAADOMAN.
C'est au bord de ce fleuve dont le nom,
par défor-
mation,
est devenu ~andama, et non pas au bord du
Comoé,
que Pokou sacrifia son enfant,
afin d'ou-
vrir un passage à ceux de sa suite et aux Ebrosa.
Nos ancêtres marchèrent ensuite jusqu'aux environs
de Bouaflé. Là le fleuve se partage en deux.
En
voulant traverser l'un des bras du fleuve,
beau-
coup de femmes de leur suite perdirent l'équili-
bre et s'y noyèrent.
On appela ce fleuve MALAWUE
(la mort des femmes).
Ils continuèrent leur marche
jusqu'au Sassandra.
Les rlves de ce fleuve étaient
couvertes d'une épaisse forêt où vivaient des ser-
pents et des bêtes fauves.
Ils baptisèrent ce fleuve
FE A UO
(Fini la fête).
Puis ils retournèrent sur
leurs pas,
en direction de l ' E st."
(2)
(1) A.
Tano Brou,
op.
cit.,
pp.
23-24.
(2) Entretien avec Ano Asoman II du Moronou,
ancien élève de
William Pont y,
promotion 1936, 70 ans environ,
Ndolikro
le 12 avril 1979.

146.
Ce texte est intéressant à plus d'un titre.
Non
seulement il remet en question le lieu ou la reine Pokou,
selon tous les récits, dut se résoudre à sacrifier son fils,
pour le salut du peuple baoulé, mais il nous fournit en ou-
tre l'étymologie des
appellations du B,andama et
du 1"Î a r ahou e .
qui seraient,
toujours d'après ce texte,
d'origine Akan.
Par
ailleurs il surprend par l'information,
insolite,
sur l'in-
cursion des Agni
jusqu'au Sassandra. On aurait du mal à y
ajouter foi,
si ce récit n'était corroboré par plusieurs
autres
(1) dont le passage suivant sur les anc@tre des Dida,
et des Godié du Tigrou,
assimilés aux Agni. Ce récit est
emprunté à Jonas K.
Lowa :
"Les Dida seraient venus du Ghana ( ... ) Ils y
vivaient avec leurs frères Anyi-Baoulé du groupe
Akan.
Pour une raison mal définie,
ils auraient
quitté le pays bien avant le départ des Baoulé.
Après avnir longtemps vécu en pays Abbey,
ils
auraient quitté la région pour aller ailleurs en
direction opposée au soleil levant.
Après une
longue et pénible marche la bande arrive dans la
(1) Question
:"QuanJ. les Agni eurent traversé le Comoé et
s'établirent entre Comoé et Bandama,
n'allè-
rent-ils pas au-delà ?
Réponse
En devenant plus nombreux,
ils atteignirent le
Bandama. Quelques uns parmi eux allèrent au-delà
de ce fleuve;
ce sont les "mamimi"
(perdus).
L'endroit où ils habitent est Tabou."
On a dû relever l'erreur géographique à propos de l'ha-
bitat des Mamimi.
Ceux-ci habitent la partie orientale
du pays
ida et non Tabou.
Entretien avec Ebrin Assalé de Ndolikro,
le 13.04.1979.

147.
région actuelle de Yocoboué. L~ elle s'arr~te
pour manger
( ... ) Ceux qui ne mangeaient pas ayant
préféré continuer leur chemin auraient dit: Aka Goueu
zié" qui signifie "nous nous mettons ~ l'écart".
On pense que ceux-l~ auraient donné les Godié.
Ayant abandonné le reste du groupe,
les Godié se-
raient allés dans la région du fleuve Sassandra
~ Gredjibeli précisément où ils se seraient fixés
pendant très longtemps. Mais ~ la suite de plu-
sieurs différends entre Godié et autochtones,
les
Godié repartirent en direction de l'Est"
(1).
D'une manière globale,
ces deux récits concordent.
Dans le détail,
des divergences apparaissent,essentiellement
~ propos du retour des Agni, après qu'ils eussent atteint le
Sassandra.
Le récit de source agni,
émanant d'Ano Assoman II,
passe sous silence les conflits, voire les affrontements
armés,
éventuellement suscités par la présence des Agni
au
milieu de ces groupes de peuples "Krou" , qUl leur
étaient
étrangers.
A moins que le narrateur n'ait eu l'intention de
traduire,
~ travers l'image des serpents et des b~tes fauves,
l'échec, voire la défaite militaire subie
par les Aàni sur
les rivages du Sassandra.
Le passage des Agni,
dans le Sud-Ouest ivoirien
jusqu'au pays Godié,
est également confirmé par un texte
insolite de Delafosse,
écrit en 1893. Celui-ci paraît dans
la revue Anthropologie,
~ l'occasion du voyage/~ Paris, d'un
(1) J.
Kouassi Lowa,
L'origine des Godié du Tigrou in
Bulletin des Instituts de recherche de l'Université
d'Abidjan,
nO
2,
1968,
pp.

HU.
groupe d'ivoiriens de la région de Sassandra,
désignés,du
nom de "Paï-pi-bri",
par leurs voisins Grébo.
Paï-pi-bri
signifierait en Grébo,
rapporte Delafosse,
"pays des blancs"
et par extension population blanche. Ce terme est attribué
aux habitants de cette région,
à cause du teint de la
peau
relativement plus clair de ces "nègres habitant le pays Com-
pr is entre le Rio S an Pedro et le Lahou".
(1).
Mais "leur
nom véritable,
confie Delafosse,
est Agni"
(2).
Pour Delafosse,
les Agni auraient été de vérita-
bles conquérants,
à l'époque de leur pénétration sur le
territoire ivoirien actuel,
refoulant entre autres, devant
eux jusqu'au "Rio San Pedro",
les populations du Sud-Ouest
"C'est une grande famille et une race de conqué-
rants que celle des Agni
( ... ) Venus il y a envi-
ron 150 ans,
des reglons montagneuses du Sahoué
et de l'Indénié,
qui séparent le bassin du Tanoé
de celui du Comoé,
les Agni se sont répandus au
(1) M. Delafosse, Les Agni paï-pi-bri in Anthropologie,
tome 4,
1893,
pp.
402-445
(p.
402).
(2) Ibidem,
p.
402.
Le premier auteur français qui parle des
Paï-pi-bri est l'amiral Fleuriot de Langle,
en 1868
:
"Une population blanche,
à laquelle les gens de
Biribi donnent le nom de Pai-pi-bri,
fait sa demeu-
re sur la rive Nord de la lagune Glé ; les Paï-pi-
bri se confondent probablement avec les tribus qui
sont désignées sous le nom de PAW par les mission-
naires anglais du Cap Mesurado et du Cap des Palmes
et qu'ils disent être de couleur claire".
Cf Fleuriot de Langle, Croisières à la Côte d'Afrique,
ln
Le tour du monde,
2ème semestre 1873,
pp.
353-400
(pp.
371-372).
La communication de Fleuriot,
bien que publiée en 1873,
était déjà rédigée en 1868.

149.
Nord de l'Anno et l'Abron,
refoulant dans les pays
Mandingues de Kong et de Bondoukou leurs proches
parents,
les Gann~, puis au Sud repoussant sur
quelques points de la C6te les tribus d'origine
Achantie qui habitaient les cours inf~rieurs du
Tano~, du Bia, du Como~, de l'Isi, du Lahou et
enfin à l'Ouest,
occupant tout le pays de Baoul~
et forçant les Gr~bo à ~migrer sur la rive droite
du San Pedro"
(1).
Plus qu'une incursion,
les Agni,
selon le r~cit
de Delafosse,
auraient fait souche dans le Sud-Ouest.
Leurs
descendants seraient les Paï-pi-bri
"Le groupe Paï-pi-bri,
le seul qui nous occupe
pour l'instant,
est peut-être celui où la vieille
race Agni s'est conserv~e le plus purement. Les
anciens habitants du pays,
les Gr~bo, ont ~migr~
sur la rive droite du San Pedro,
laissant le champ
libre aux envahisseurs,
qui ont pu ainsi,
par un
ph~nomène assez rare, vivre sans aucun mélange
étranger dans un pays c onqu i s
'"
(2)
Il eut ~té remarquable de rencontrer cette commu-
naut~ Agni,
enkyst~e au milieu des populations Krou. C'eût
~té la preuve vivante et tangible de l'incursion Agni en di-
rection du Sud-Ouest. Des investigations plus poussées don-
neraient,
peut-être,
de meilleurs r~sultats ; mais il semble
aujourd'hui que des vagues successives d'envahisseurs Agni à
l'assaut du Sud-Ouest,
attest~es par les r~cits oraux, aucun
t erno i.n
n'ait survécu dans le paysage humain.
Ces Agni auraient é
(1) M. Delafosse, Les Agni paï-pi-bri . . . , op.
cit.
p.
403.
(2) Ibidem,
p.
405.

150.
aujourd'hui assimilés par les peuples Kru.
Hormis quelques
rares traits culturels d'origine Akan,
relevés au niveau du
langage tambouriné et du rythme des tam-tams de réjouissance,
il ne subsiste aucun vestige qui rappelle les origines Akan
de ces populations qui sont censées descendre des Agni.
Même les Mamini dont le nom à consonnance et à signification
Akan trahit un certain degré de liaison avec les Agni,
ne se
souviennent que vaguement de leurs origines Akan
(1).
Ces déplacements tous azimuts qui ont plutôt l'al-
lure d'une invasion, n'étaient pas faits pour entretenir les
meilleurs rapports avec les voisins (2). Les Baoulé Nzi-Kpli
et Agba du Nord virent d'un mauvais oeil la poussée Agni
qui menaçait de leur couper la route vers le carrefour com-
mercial de Tiassalé.
Ils en prirent ombrage,
et attendaient
le moindre prétexte pour se ruer surIes Agni et les déloger
de ce qu'ils considéraient comme étant leur territoire.
Or,
tou t en chassant et en se déplaçant constamment à la recherche
de terrains fertiles pour la culture,
les Agni découvrirent
de l'or en quantité,
aux environs de Dimbokro. Lorsque les
(1) Cf P. Zeze Beke, Origine et mise en place des populations
Dida,
Résumé de mémoire de maîtrise d'histoire,
in A.D.A.
Série l
(histoire),
tome 9,
1981,
pp.
123-137
(pp.
132-136;
(2) Salverte Marmier rapporte- par exemple que les Elomoué,
Baoulé de Tiassalé,
rentrant un
jour d'une incursion en
pays Ady ukr u ,
trouvèrent Tiassalé,
leur capitale "pillée
et dans la désolation.
Car,
en leur abscence,
un Chef
Agni des Saoua (M'bato) s'était emparé de leurs richesses
et avait emmené en captivité plusieurs femmes.
Celles-ci
ont actuellement des descendants chez les Amantian et
les Saoua".
Cf Salverte Marmier,
op.
cit.,
p.
32.

151.
Baoulé apprirent la nouvelle,
ils prirent la résolution de
chasser les Agni de leurs terres et de s'emparer des gise-
ments aurifères et des produits de leurs extractions.
Ce fut le motif réel du conflit. Tout le reste ne
fut que prétexte. L'issue de la guerre qui s'engagea entre
les deux blocs akan,
dont les différentes péripéties sont
nettement retracées par les traditionnistes (1),
fut fatale
aux Morofwo. Ses conséquences, désastreuses aux niveaux dé-
mographique et du peuplement, méritent d'être brièvement
soulignées.
On imagine que les lignes de défense morofwo ayant
été rompues et le territoire agni ayant eté envahi,
les vil-
lages et les habitations furent saccagés.
De nombreux prison-
nlers furent constitués et conduits au pays Baoulé,
sans
omettre ceux qUl sous l'épée du Baoulé périrent nombreux,
dont DanguiKpanyi,
le Chef et le guide de tous les Morofwo,
Boa Badjo,
le Chef des Ahali,
réputé pour sa bravoure,Tingbo,
le fils de Dangui Kpanyi,
et bien d'autres.
Parmi les pri-
sonniers de guerre qui firent souche dans le Baoulé,
on peut
citer parmi les plus célèbres
: Kwa Besro Kpri,
du Ngatianou
qui,
captif de la reine Baoulé Akou~ Boni,
(1) Voir essentiellement:
Salverte Marmier,
op.
cit.,
p.
34.
-
K.
Aka, Origine et &volution du Ngatianou jusqu'à la
colonisation ... , PPi 45-49.
Comoé Krou, Le jeu dans la société traditionnelle Agni,
Thèse d'Etat de Sociologle,
tome l,
pp.
1-443, t. 2,p·p.44 i
723.
Paris,
1977,
(pp.
663-664).

152.
"devint son amant et fut placé à la tê1~e de
Toumodi Baoulé,
à la place de Amon Toulougbo,
Chef alanguira (1)
deux femmes Anyi qUl devinrent respectivement les épouses
de Goli Asan,
prêtre du fétiche Goli des Nzikpli et de
Kwamé Akafou,
Chef Nzikpli
:
"Leurs descendants,
nous apprend Salverte Marmier,
vivent actuellement principalement dans les villa-
ges de BODO et de Yaakro,
sièges de la Chefferie
du groupe SRE.
Enfin Atiwa Taki,
le Chef des
Soundo ramena
avec lui plusieurs captifs Alangoua
qui forment aujourd'hui un groupe de villages du
même nom à l'Est de M'bayakro"
(2).
Et Tano Brou de préciser
"Ils installèrent les Anyi amenés en captivité
en bordure du N'zi,
entre eux et nous,
en sorte
que si demain i l y avait une autre guerre les
Agni commencent par tirer sur leurs propres frè-
res.
Les Baoulé de Kpèbo, Molonou,
Ndkokouassikro
Bocanda, Abangbo, Tiémélekro, Daoukro sont pour
la plupart des Agni à l'origine"
(2).
Beaucoup parmi les Agni eurent la vie sauve,
en se
mettant à l'abri,
de l'autre côté du Comoé,
en territoire
Ndenye.
Les Morofwo qui avaient édifié campements et autres
installations provisoires sur la rive droite du N'zi,
n'y
retournèrent
jamais. Ce fleuve devint-il ainsi la frontière
naturelle entre les deux peuples Agni et Baoulé.
(1) Salverte Marmier, Notes dactylographiées de Histoire du
peuplement,
s.d., Ui{sctO~I, Abidjan,
1'03 p.,
(p.
34).
(2)
Ibidem,
p.
34.

153.
C.
La seconde p~riode de peuplement
l'essaimage
naturel
(1780-1850)
La guerre ~clatant autour de 1770, on peut penser
qu'elle est largement achev~e aux environs de 1780. De cette
date jusqu'au milieu du XIXème siècle,
l'espace du Moronou,
amput~ des savanes et des prairies giboyeuses du Nord, de-
meurait encore suffisamment vaste pour permettre la culture
et la chasse à volont~ et aussi pour fonder de nouvelles ag-
glom~rations, après la èestruction d'Eloubo, Awanu et de
bien d'autres,
survenue au cours de la guerre.
Les principaux mouvements de population s'effectue-
ront d~sormais à l~int~rieur d'un cercle plus ~troit, bien
que la tentation demeure encore grande de d~border sur la
forêt m~ridionale qui s~pare encore aujourd'hui les Agni
des voisins Abey et Aky~ du Sud. D'où des conflits multi-
ples mais mineurs avec ces derniers. Quant aux migrations
diverses qui s'effectueront,
à plus ou moins longue distance,
tantôt elles ob~issent à des imp~ratifs ~conomiques, tantôt
elles relèvent du domaine des disputes internes.
Enfin au
cours de cette longue p~riode de près d'un siècle,
le Moronou
va accueillir quelques immigrants,
en même temps qu'il perd
quelques ~l~ments au profit de la r~gion voisine baoul~.
Après 1780,
les Agni reviennent peu a peu entre
N'zi et Como~. Ou ils r~intègrent les villages fond~s à

154.
l'époque précédente, quand ils existent;
ou ils se regrou-
pent -c'est le cas dominant- dans de nouveaux villages.
Du
groupe Ngatia,
se détache le lignage "d'Ehoussoua Bosofwo"
qui crée EHUAOSO
(1) entre les villages actuels de M'baou-
cesso et N'zuékokoré.Les Adadé,
autre branche du Ngatianou,
s'implantent à Koyonou. Le reste des Ngatiafwo se regroupe
autour d'Ekyènkpaso,
le point d'eau le plus important de la
zone.
Nanan Sangban et les Essandané de sa suite recréent
le site de Bongouanou,
après la guerre Agni-Baoulé.
De ces villages-foyers,
s'amorce un mouvement
d'essaimage qui s'effectue sur des distances et dans des di-
rections variables,
en fonction des possibilités d'expansion
offertes.
Néanmoins,
le processus de fission offre la pos-
s i b i I i té d'observer quatre Cas.
1er Cas
D'une manlere générale,
les villages issus par
essaimage du village d'origine,
étaient distants de celui-
ci,
de 5 a 10 Km environ.
Ces mouvements de faible amplitude
tiennent a deux faits
Quand un village grossit par la taille,
les champs
de culture qui au départ se situent à de faibles distances,
s'éloignent progressivement afin de permettre la rotation
(1) Village aujourd'hui disparu.
Par la consonnance et la si-
gnification,
il se rapproche de WIASO,
l'une des agglomé-
rations principales du Sefwi
(Ghana actuel).
Il signifie
"le soleil est toujours haut dans le ciel". Est-ce en sou-
venir de ce centre antérieur à l'exode que le nouveau vil-
lage créé par les Ehusua-bosofwo,
est-il ansi baptisé?

155.
des cultures.
Au-delà d'un certain seuil,
Ceux qui ont
leurs champs à la périphérie,
préf~rent s'établir dans des
abris provisoires,
les campements
édifiés à proximité du lieu de
travail.
La coutume s'instaure alors de ne retourner au
village qu'à de rares occasions,
aux funérailles par exem-
ple et à la saison morte,
afin de prendre part aux activi-
té sociales.
Au fur et à mesure que les années s'écoulent,
la surface à mettre en valeur devient importante,
puisqu'il
faut pourvoir à la consommation d'un nombre plus élevé d'en-·
fants à charge.
Les visites au village se font alors de plus
en plus rare,
tandis que le campement devient le centre pr in-
cipal des activités.
Puis le moment arrive où le fondateur
décide de s'établir définitivement dans son campement.
Fronobo fut créé selon ce processus par les Adadë de Koyonu.
A quelque distance à l'Est de ce village-foyer,
les Adadë
ayant trouvé le terrain sableux de Fronobo,
propice à la
culture du manioc,
y établirent un campement pour la cul-
ture du manioc.
D'où le nom de AGBANOU attribué initiale-
ment à Fronobo.
2ème Cas
L'activité de chasse fut aussi le point de départ
de plusieurs villages à cette époque. Le chasseur qui était
en général un homme de basse extraction,
car la chasse,
sur-
tout celle du gros gibier
éléphant,
buffle, ... , ~ctivité
périlleuse et tant soit peu magique)ne seyait point aux
"Dihye" ,
princes et hommes libres,
partait en éclaireur
explorer le terrain ; et quand il a découvert le lieu idéal
bonne terre,
qiboyeuse,
renfermant un point d'eau,
il

156.
retournait l'annoncer à son maître,
qui arrivait apres avoir
quitté le village avec ceux de son lignage et ses alliés
et bâtissait son propre village sur l'emplacement choisi.
Il en fut ainsi,
nous l'avons vu précédemment,
pour Bongoua-
nou, dont le site fut découvert par le serviteur de Nanan
Sangban, Takimaso. De même,
pendant cette période,
qui
de
court/1780 à 1850,
les Ehusofwo,
suivis de leurs alliés
Ehuaklé et Affafié et guidés par Akwé,
le serviteur et chas-
seur de Kwamé Kplë,
leur chef,
quittèrent Bocasi, village
Essandané pour Totobébo,
situé à proximité du marigot,
AKWE FETE
(étang de Akwé) , en plein territoire N'gatianou.
3ème Cas
Enfin un dernier cas d'essaimage naturel mér i te d'être
noté:
la poussée d'une mUltitude de Namuo (campements),
essentiellement sur les sites réputés pour la richesse de
leur gisement aurifère:
le Ngatianou,
l'Alangwa,
l'Asié,
puis le Sahié et l'Ahua.
L'immédiat après-guerre se carac-
térise en effet par une pénurie en métal précieux :
"Tout. l'or des Agni fut pris et emporté par les
Baoulé (après la victoire).
A Sakaso,
le village
des rOlS du Baoulé, dans la cour royale,
l'or pris
aux Agni fut enterré et sur l'emplacement fut éle-
vé un tertre.
Cet or y est toujours"
(1).
Le besoin pour chaque lignage de posséder un ca-
pital minimum de métal précieux est à l'origine de cette
fièvre d'exploitation aurifère qui se traduit par le
(1) Entretien avec Ano Asoman II du Moronou,
Ndolidro,
le 12 avril 1979.

1 c,") .
pi.i.Ll uLomo n t, de l::alllpl:::mfO'nLs ('11
pleine r o r
t..
011 est
frappé
ô
par le nombre i.mpr e s s iorm an t
de ces 'h a b i ta t i.on s
qui con-
servaient longtemps le statul~ de "campement",
sans j ama i s
accéder au ran.g de village. Cette tendance à l'individuali-
sation de l'habitat déborde largement 1850, malgré l'effort
déployé,
en Vue de modérer le mouvement à la dispersion.
En effet,
le passage du "statut" de campement au "statut"
supérieur de village,
était freiné,
grâce à l'observance
très stricte,
par les Morofwo,
de l'interdit religieux,
en
matière sexuelle.
Il était formellement
interdit de prati-
quer l'acte sexuel "en brousse".
Enfreindre a cette loi
constituait une faute grave contre l'esprit de la terre,
ASYE.
La vengeance de celle-ci était irrémédiable,
attirait
la sécheresse sur le pays,
portant ainsi préjudice a la
récolte,
voire à la prospérité générale. Cette règle s'ap-
pliquait aUSSl au NAMUO
(campement).
Pour que l'interdit
soit levé et que les rapports sexuels y soient permis,
le
Chef du village dont dépend le fondateur du campement, doit
préalablement procéder à la consécration du Namoué,
selon
un rite spécial qu'il est seul habilité à accomplir.
Une telle règle non seulement a dû contribuer a
éviter des délits d'adultèrp,
mais aussi et surtout agir
comme un
frein dans le processus de fission des villages,
les Chefs se lai.ssanL longtemps prier avant d'obtempérer ~
ta d ern a nd e .
.-,

158.
4ème Cas
Outre ces mouvements internes obéissant à des im-
pératifs économiques,des migrations d'ordre conflictuel se
font également jour au sein de la société Morofwo en cons-
titution.
K.
Aka mentionne l'une des divisions internes qui
affecta la Communauté Ngatia
:
"Le bloc d'Ehuaosso (ou de Saclatchesso) se scin-
de en deux : une partie de la population fonde le
village de M'baoussesso,
pendant que l'autre crée
N' qu ek.oko r e "
(1).
Le motif évoqué?
"Les gens de M'baoussesso considéraient ceux de
N'zuékokoré Comme leurs "horrunes"
(captifs)"
(2).
De même une partie des Sahyé,
les membre de la famille du
Chef d'Andé se détachent des Assiè,
à la suite d'un diffé-
rend dont la nature ne nous a pas été précisé (3).
On peut affirmer qu'au cours de cette deuxième
phase de peuplement,
la répartition des principaux groupes
Morofwo à l'intérieur de territoires biens définis était
en voie d'achèvement.
Les migrations d'un groupe à l'autre,
résultant de dissensions internes n'étaient que l'expression
d'un équilibre difficile à trouver,
face à une nouvelle
(1) Aka Kouamé, Origine et évolution du Ngatianou,
des orl-
gines à la colonlsatlon ... , p.
52.
(2)
Ibidem,
p.
52.
(3) Réunion publique au Hall d'information de Bungouanou r e q ro u-
pent les têtes couronnées de la sous-préfecture de Bongouanuu
le 27 mars 1978,
au cours de laquelle le différend Assiè-
Sahyé est évoqué,
à mot s couvert s.
Entretiens éqalement ;:we,'
Alexandre Koffi, Chef
d'Assiè Kokoré. Abidjan,
15-12-81.

159.
situation. Elles ne prennent pas fin;
elles S'accentuent
au contraire au cours de la période postérieure.
D - Troisième pér iode de peuplement
le brassage des
peuples (1850-1907)
Le trait dominant de cette période du peuplement
est l'intense brassage que l'on constate d'une part d'un
groupe à l'autre,
à l'intérieur du Moronou et d'autre part
entre les groupes du Moronou et d'autres groupes ethniques
de l'extérieur. Dans les limites mêmes du Moronou,
la fré-
quence et l'importance de ces déplacements est difficile à
déterminer, Car ils ont donné rarement lieu à la création de
nouvelles agglomérations. Mais ils expliquent en partie
l'hétérogénéité que l'on relève à l'intérieur des villages.
N' zanfouonou, village de fondation "NGATIA" (1),
en plein
coeur du territoire Ahua et Akakro (2) ,étape des Ahua
au milieu du territoire Essandané,
au cours de l'émigration
d'Ané Kpanyi et de sa suite vers Arrah, constituent des cas
exceptionnels d'insularité qui tendent à marquer leur "dé-
pendanc~'vis-à-vis de leur groupe d'origine.
(1) N'zanfouonou est fondé par les Agoubla de la suite d'Aka
Ouo revenant d'Enchi o~, semble-t-il,
il était allé cher-
cher de l'aide contre une attaque éventuelle des Baoulé.
Il meurt à N'zanfouonou et fut enterré dans le lit du
N' zuoko r o ,
(2) Akakro a été fondé probablement au début du XIxème siècle
(1810 ?)
au moment o~ Ané Kpanyi décide de partir du pays
Ahali.

IGo.
Au seIn de quelques villages,
les enqu@tes orales
ont permis de saisir la présence d'éléments appartenant à
des groupes lignagers différents.
A Abongoua,
par exemple,
avec les Ahua qui sont dominants,
co-existent des Wassa et
des Abradé.
A N'guinou, village d'origine Essandané,
co-
habitent Essandané et Abradé ....
Bien qu'apparemment la
.
distinction entre groupes lignagers soit
/
alsee,
les enquê-
tes orales ont prouve que la répartition lignagère soulevait
des difficultés insoupçonnées,
tant le brassage a été inten-
se au niveau du village et m@me des unités de Cour.
Outre ces mouvements internes,
on enregistre,
à
la fin du XIXème siècle,
l'arrivée de nombreux immigrants
d'origines diverses.
Ce sont d'abord les N'gan qui,
fuyant
l'invasion Abron,
au début du XIXème siècle, quittent la
région de Prikro (Anno) et se réfugient dans le Moronou.
Les N'gan dont les ancêtres sont à assimiler aux Ga qui émi-
grèrent de la région J'Accra,
dans
la deuxième mo i t i
du
ê
Xv l l èm
siècle,
en direction de l'Anno (1),
font leur apparition
dans le Moronou,
conduits par Amon Tindin.
Accueillis par
Aka Kpoli, Chef de Koyonou,
ils s'installent au bord du N'zi,
où ils fondent Nyakonkulo,
Adjekulo,
Adukulo,
Kplëkulo à
l'emplacement de l'actuel Ahongnanfutu (2).
Précédés d'une réputation de guerriers farouches,
doués de pouvoir magique,
les N 'gan se voient d'abord refuser
(1) Cf le paragraphe sur La migration N'gan et Krobou, a la
p. li 1
( 2 ) K.
Aka,
op.
e i l. . ,
p.
141.

lb 1.
l'accès du territoire Asiè,
ou ils désirent s'installer.
C'est alors qu'ils s'adressent au Chef de Koyonou,Aka Kpoli,
qui leur concède le territoire en bordure du N'zi,
apres
avoir éteint,
en leur nom,
une dette de 100 F (un ATEKPE)
dont ils étaient redevables. La présence de ces guerriers,
aux côtés d'Aka Kpoli,
revêtait,
aux yeux de ce dernier,
un
intérêt capital.
En accueillant les N'gan,
il accroissait
non seulement le nombre de ses sujets (1), malS aussl par
voie de conséquence sa puissance militaire.
En effet
les N'gan,
après s'être f i xés d an s l'ASIBO NGO au bord du
N'zi,
allaient mettre définitivement fin aux attaques répé-
tées des Ginan,
cette fraction des Baoulé Agba qui harcelaient
.J
précédemment et sans arrêt les habitants de Koyonu.
D'autres immigrants,
en l'occurence les Malinké-
Dioula,
musulmans et commerçants,
allaient faire leur appa-
rition dans le Moronou,
en cette fin du XIXème siècle. Les
Dioula,
venus du Soudan, essaiment le long des premières
routes commerciales joignant la boucle du Niger
(Djenné
notamment)
aux zones kolatières de la bordure forestière
et aux régions aurifères du Lobi,
puis au comptoir portugais
d'El-Mina.
Bien que la descente de ces éléments soudanais
soit ancienne,
le long des grands axes fluviaux ivoiriens
Bandama et Comoé (2),
leur présence,
au sein de la Communau té
(1) Hôtes de Aka Kpoli
(Asetrafwo),
les N'gan relevaient poli-
tiquement du territoire de Koyonou.
(2) Les Malinké sont solidement
implantésà Boron,
à l'Est du
Bandama, dans le dernier quart du XYlème siècle.
Ils puus-
sent
jusqu'au Ghana actuel o~ ils contribuent au renforce-
ment de Begho, mais il faut
a t tendre l' effrondremf-~nt de cel
te place commerciale, au XVIII<:-;me siècle,
pour qu\\::' les f ami
les Dioula viennent s'instëlller 21 Borid ou k.ou ,
puis à FlnUlli::'

Lb2.
Agni du Moronou,
n'est attestéo de
façon rnassive qu'~ l'é-
poque coloniale.
A
la p e r i od o antérieure,
la tradition ne
mentionne que la présence de marabouts qui,
bien que par-
tageant la m~me orlglne soudanaise, exercent une fonction
essentiellement religieuse.
Leur influence au sein m~me de
la société Morofwo était déjà très appréciable.
A
la suite des renseignements concordants que
nous avions pu recueillir,
en mars 1973,
a
la Cour d'Arrah,
Triaud a pu souligner la collaboration entre Morofwo et
marabouts,
à propos de l'extraction de l'or
" . . .
Les Agni de la région faisaient appel a des
Marabouts de Kong qui leur indiquaient les ter-
rains aurifères
( ... ) leur fonction religieuse
leur permettait sans doute,
aux yeux des Anyi,
de neutraliser la puissance magique récélée par
un tel métal"
(1).
C'est encore sur les conseils d'un marabout,
celui
du groupe Essadané,que Takimaso,
le chasseur de Nanan Sangban,
en creusant,
fait
jaillir l'eaU du Sokotè.
Bien que la pré-
sence musulmane soit incontestable à l'époque précoloniale,
il faut néanmoins attendre la pénétration coloniale pour
décéler une influence soudanaise profonde dans le Moranou
avec une prédominance des Dioula de Guinée,
d'Odienr~ et
de Kong
(2).
(1 ) J. L.
T'r iaud.
Lignes de la force de la p é né t r i'l t ion i slam ..i -
qu e
en C ôte d
Ivoi r e ,
(. 1',. 1 "
;\\ 1. 1 l ,
1
1
J
1 ~ 1',c iL,
pp. 1 ':::3 - 1oU f. Il, 1 .
(2)
Les Di ou l a de Gu in ée sont les p.r omi e r s à s'installer <:lU
Centre du Moronou,
à !3ongouanou-vilJ.e,
au début
du
sièl'l('
( 1903 ?).

IbJ.
Pr e s qu au meme mornen t , une autre l:atéçjüt~ie de
i
corrunerçants,
or iginaires de la Gold-Coast
: Fanti,
f\\!' zema
et Asante pénétrent dans le Moronou,
et proposent sur leur
passage des marchandises d'origine européenne contre de la
poudre d'or.
Ils sont concentrés à l'Est,
le long de l'axe
du Comoé et dans le voisinage immédiat.
Leur poussée a l'intérieur est liée au regain
d'intérêt,
porté à la Côte par les européens, dans la deu-
xième moitié du XIX ème siècle.
Cet intérêt se concrétise
par l'implantation des établissements commerciaux français
à Grand Bassam et Assinie (1). L'influence de ces commer-
çants,
négligeable au départ,
s'accroît au fur et a mesure
que les besoins en articles européens croissent.
A la veil-
le de la colonisation,
les commerçants N'ZOKO
-c'est ainsi
qu'étaient désignés les commerçants du Sud,
d'origine Akan-
s'installent à demeure. On peut dater de cette époque l'implan
tation des rares familles N'zima de la région,
qui ont aujour-
d'hui fait souche dans le Moronou.
Enfin,
il convient de mentionner,
parmi les apports
humains ayant contribué à étoffer et à diversifier les com-
posantes de la société Morofwo,
les stocks de captifs assez
importan ts,
en provenance du célèbre marché de Kotia Ko f f i.k r o
(Bouaké),
alimenté par les captures de Samori. Les Morofwo
( l )
1843
implantation dl~ la maison Regis à Crand-Bassél!l1.
L'arlllée suivat"lte,
eJ.le s'installait
à Assi.fli.e.

prirent l'habitude,
aux erivi r on s de 1898, de v en i r s'Y' l~d-
viLailler,
tant l'offre y était abondante.
Si l'on en croit
les
témoignages,
la
traite fut
tellement importante qu'elle
"tendit à éClipser l'ancien COmmerce de l'or et du sel" (1)
qui s'effectuait dans toute la région.
Les prix pratiqués
sur les captifs étaient tellement bas -un esclave s'échangeait
parfois contre du sel- qu'on peut s'imaginer que les Morofwu,
acheteurs occasionnels d'esclaves,
purent s'approvisionner
sur des quantités appréciables,
mais qu'il est difficile
à déterminer.
Des chefs de village et de famille influents ont
et
pu
posséder deux,
trois / jusqu'à quatre captifs.
Leur
rôle économique,
déterminant,
consistait à exécuter les
besognes qui exigeaient un effort physique soutenu
: travaux
des champs,
extraction aurifère et autres ... La mort du
maître pouvait éventuellement entraîner l'exécution du
captif,
trait cruel de la coutume Akan qui ne tolérait pas
que l'esclave survive au trépas du maître.
Néanmoins survi-
vants et descendants de ces lots de captifs se reconnaissant
quelquefois dans certains villages par les scarifications
particulières du vlsage,
ont contribué à accroître ]'effec-
tif humain du Moronou.
(1) K. AJ<,.a se fai t 1'écho de la version qui place l'adultèr~
à l'origine de l'attaque contre les Abey. On pourrait
supposer au mieux
que
celui - ci
ne fut
qu' un pr~~texLr'

1lJ r) •
Autre dPpO)-1.
eXI(-'l"V2Ur en effectifs humains,
pLu s
réduit et davantage localisé : le rapt de soixante dix femmes
Abey Morié,
qui
fut
le fait
du seul groupe
Ngatia,
Jans la
première moitié du xIXème siècle,
sous le roi Aka Kpoli.
Quelles en furent
les circonstances ? A la suite de litiges
et différends nombreux dont 12 .n n ture ne peut se résumer à un
motif d'adultère,
tel que l'explique la version courante
(1),
les Ngatiafwo décident une expédition punitive contre les
voisins Abey Morié.
A l'approche des Agni du Ngatianou,
les
Abey désertent les villages. Les envahisseurs capturent soi-
xante dix femmes et quelques enfants,
demeurés sans défense
dans les villages.
L'acquisition,
à la suite de ce coup de
force,
de femmes et d'enfants venant accroître l'importance
numérique de la population,trouverait une explication natu-
relle dans le besoin aigu,
ressenti par le Ngatianou, d'as-
surer la survie du groupe,
antérieurement éprouvé par une
grave épidémie ou une crise de nature semblable.
Le galn en effectifs humains somme toute apprecla-
ble dont fut bénéficiaire la société Morofwo,
en cette fin
de siècle,
fut largement entamé par les "départs" successifs,
enregistrés au cours de la m~me période.
Parmi les groupes
qui firent les frais de ces saignées,
on peut mentionner
les Elusofwo.
Voici les circonstances qui ont motivé l'aban-
don du Ngatianou par
les ~léments Eluso,
telles qu'elles ap-
par~issent dans cet extrait, emprunté à Kouamé Aka

16b.
Le viJJage des Elusofwo,
NgJibo fut
attaqué
par les Essandané,
leurs voisins de J'Est qui em-
menèrent en otage des femmes el des enfants Eluso.
Le Chef Eluso, Nana Kakou fut
tué au cours des opé-
rations par les Essandané"
(1).
Redoutant de nouvelles attaques,
beaucoup d'Eluso
quittent définitivement le Ngatianou pour solliciter la pro-
tection de groupes voisins.
D'autres abandonnent même le
Moronou et se réfugient
soit à ANANDA
en pays Baoulé,
soit à Prikro chez les Anno.
Un flux important d'émigrants Amantian,
difficile
a évaluer,
contribue également à alimenter la saignée humai-
ne dont souffr i t le Moronou.
Sans rejeter l ' hypothèse de
l'aide militaire,
sollicitée par les Elomwen et qui serait
~ l'origine de l'installation des Amantian dans la région
de T iassalé,
thèse exposée par Sékou Bamba (2), on
ne peut
s'empêcher d'accorder une faveur prédominante à la thèse de
la raison commerciale,
soutenue par Et yin Aka -qui n'est
d'ailleurs pas inconciliable avec la première-.
Celui-ci
expose qu'à la suite d'une visite,
rendue par Et yin Komlan
Chef des Amantian,
a son homologue Elomwe,
il lui demande
(1)CfK.
Aka,
op.
c i t . ,
p.
126.
( 2 )
"Pour faire
face à une éventuelle agression des
voisins qui enviaient leur position-stratégique,
les Elomwen ont décidé d'aller demander secours à
d'autres peuples. C'est ainsi qu'ils vont envoyer
quelqu'un dans l'Anyi pour solliciter le secours
d'Et yin Korn Lan qui était un brave quo r rie r ? •
Cf S.
821mba,
Le
l3as-lJandama précolonial ... , Thèse de
IIIème Cycle d'hjstojJ-e,·Pal~1s IV, 197n,
p.
224.

1 (J"7 •
l'autorisation
"d'envoyer quelques gens à Tiassalé,
qUl est un
centre d'affaires,
afin que ceux-ci le ravitail-
lent en sel,
tabac et poudre noire. Tiassalé a
accepté la proposition du Chef Agni,
Etien Komenan
envoya quelques hommes."
(1)
Ces transfuges Amantian,
partis essentiellement
de Djakadjokro et de Dyekabo,
dans la deuxième moitié du
XIxème siècle,
s'implantent dans deux gros villages
Morokro et Koyokro,
situés encore aujourd'hui aU Nord de
Tiassalé,
en bordure du N'zi.
En dépit de cette circulation intense des person-
nes,
en cette fin de la période précoloniale,
naît et se
développe un particularisme tribal à caractère agressif,
favorisé,
semble-t-il,
par cette mobilité accrue des person-
nes.
Mais cette violence dans les rapports entre groupes
différents,
qui émerge au moment même où s'intensifient
les échanges,
est due avant tout à la dégradation progres-
sive de l'autorité politique centrale.
En effet,
tous ceux
qui succèdent à Dangui Kpanyi,
sur la "Chaise" du Moronou,
ont manqué de l'autorité nécessaire pour s'imposer à une
population,
éprise de liberté et dispersée sur un
territoire
somme toute étendu.
Tano Babaliba (2),
qui assure la régence,
(1) Et yin Aka,
Mémoire d'histoire,
cité par S.
Samba,
op.
ci t.,
p.
223.
(2)
Il était
l'amant de Nyamkambi
Ahou
(ou Boni Ahou),
soeur
d 'Ano Asoman et
mère de Dangu .i Kpany i.
1]
f au t
se souve:l .i 1
que cho z
les Morofwo,
'hér i.t ëlge oomrne la succcss ion ;1 .l d
.. . 1 ...

16H.
pendant la minorité d t Ak a Oua,
neveu de DançJui
Kp a ny i ,
fui
un piètre administrateur,
un débiteur insolvable et
invé-
téré qui alla
jusqu'à gager comme créance des dettes con-
tractées la Chaise royale du Moronou.
Aka Ouo (1),
héritier
légitime fut un roi extrêmement craintif,
irrésolu et qui
n'eut d'ailleurs pas le temps de donner la pleine mesure
de ce qu'il savait faire.
Parti
pour quérir du renfort
contre une éventuelle agression des Baoulé,
a Zaranou,
la
capitale de l'Indénié,
selon les uns,
a Enchi selon les
autres,
il revient dans le Moronou,
les mains vides et meurt
en cours de route à Zanfwonu,
avant d'avoir regagné le
Ngatianou.
Son fils,
Aka Ahi
(ou Ahi sè) qui monte sur la
Chaise,
après sa mort, recueille le pouvoir,
en étant en totale
contradiction avec les règles de succession traditionnelle
qui veulent que le pouvoir comme tout héritage
échoit
de frère à frère et à défaut au neveu,
fils de la soeur
aînée.
Quand il meurt,
son neveu Tewa Kpoku étant trop
Jeune pour lui succéder,
s'ouvre une longue période de
vacance du pouvoir.
Face au manque de personnalité des héritiers du
premIer roi Morofwé,
ou au choix de ses successeurs qui
frise pour le moins qu'on puisse dire l'illégitimité,
bref,
devant la carence du pouvoir central,
les grands du royaume,
.1 ...
Chaise,
s'opère en ligne matrilinéaire.
La succession p ar
exemple passe de frère à
rd're
jusqu' CiU dernier je la
générat ion,
ensuite au t)(~veu,
fils de la s oe u r
aînée.
(l)
I~èc]ne probablement au Cours des quinze pr ern i è-r e s allllées
du XIX~me si~c]e.

eux av a i e n t;
)'econnu
j us quc lèl
l'{)utorité du successeur-
d'Ano Asoman,
prirellt
progressivement
leur distance par
rap-
port
~ un pouvoir central de pJ_us en plus affaibli.
l'intérieur du Ngatianou,
certains Chefs de
lignage s'pri-
gent en opposants
farouches du pouvoir central
(1).
Hostains semble avoir
fort
bien observé ce phéno-
mene de la désagrégation du pouvoir politique qUl prévalait,
~ la veille de la colonisation
"Le pouvoir autocratique et héréditaire à l'ori-
gine
( . . . ) cessa de
l'~tre longtemps avant notre
domination,
et se désagrégea pour
tomber sans re-
devenir héréditaire,
puisqu'il
fut
parfois exercé
autocratiquement entre les mains d'individus,
no-
tables par
leur énergie personnelle,
par
le nombre
de leurs parents et de leurs clients,
par
leur
richesse surtout.
Ceux-ci
ne
le détenaient ni
par
l'élection,
ni
par d r o i t
de
naissance
( . . . )"
(2).
L'absence d'un pouvoir
politique centralisé el
fort
engendra une situation de désordre
politique et social.
Aux différends entre les lignages succédaient les conflits
a r mé S,
E t
i l
é t ait
r a ne' qu' 0 n eût r e cou r s
l ' a r bit: r age d u
à
titulaire de la
"Chaise" d'Ano Asoman,
sachant que
toute
Lrit e r v on t Lon de
sa part
était
vouée d'avancea J '('-'c:l10'(_',(~r:?lllj-(
(l )
AsamoCl
Bcnziakplowë\\,
du
.L1Clllage Ascmgull),
r'éussil
'.1
e-
v inc-e r
momoru ëlllPmen\\
I , Clu t; Cl J i L P cle s
hé rit i e }'.S cl li N an .i.rn bi ; 1
r> \\
SUC('('~:;SC'lI J- S
I (~q i l iml':-'; dl' [lallqui
!\\pdI1)·i.
( 2)
An~'11 ive s
NClt i Uil (11 C s
clC'
] él
(~ éi Llc' - d ' l v 0 il- e
(;\\. [\\J .l'.
. ) ,
HOStCClillS,
fv1C1110Cjl'ê\\phLI'
du Cl'J-clc' du N'zi-('l\\rnll(~, L(ll.~.

morale ,sufris(lllLCS pour s'imposer.
Aussi
peut-on cntlsiclérer
Corrune
t.o u t; Li
fait
th eo r iquo
la
loi coutumière qui
f a i s a i t
obligation a tout sujet de se référer à la
justice "roy a Lo "
cl'Ano Asoman plutôt que de se faire soi-même
justice
(1).
Dans la pratique,
ces conflits d'autorité se re-
glaient de plus en plus,
en fonction des rapports de force
en présence et non plus selon les normes traditionnelles.
A titre d'exemple,
le conflit entre Eluso et Essandané,
rapporté par Kouamé Aka,
auquel nous
faisions
allusion
plus haut.
Les Essandané,
étant sortis victorieux de l'af-
frontement, prirent en otage plusieurs femmes et enfants
Eluso.
Nanan Allou Ekou qui était alors sur la Chaise du
Ngatianou,
informé de ce qui était arrivé aux Eluso,
consola
(1)
"Dans le monde Aqni,
s'étendant de l'Alangoua
jusqu'aux
rives du Comoé,
quand une guerre a éclaté et que l'on
s'est battu longtemps,
celui qu'on prévient,
c'est Ano
Asoman.
Alors celui-ci envoie à chacune des parties ad-
verses une délégation composée de plusieurs personnes.
Et pour que celui vers qui se dirige la délégation puis-
se avoir la certitude que l'affaire est prise en main pal
le roi,
les messagers portent devant eux l'EHOTO
(l'insi-
gne royal).
S'adressant à eux (les parties adverses),
il s
disent
"Le roi vous demande d'arrêter le combat.
Suivrc, /. , -
nous,
venez prêter le serment que vous ne r e pr e nd r oz pl u s
les armes." Si après le serment quelqu'un
(l'un d'entre
eux)
rampai t
1 a
t r ev e ,
le
roi donne alor s
l ' o r d r e
à
tou r
le monde de lui
fair-e la guerre.
Il détient
seul
tout
le
pouvoir
i l
apaise les maux.
Il est à ce titre ]e plus
grand
juge.
Tl
rèçlle un
litige,
c'est fini."
Entretien avec' Ebrin Assalé notable de Nd o Lik r o ,
L3
è 1 \\ T l l
lc)7 C) ,
bande n°
1
(trôduc'\\ inn Lit t.è r aI e ) .

7 j .
tion contee les Essand2lné.
L,('''s Eluso,
las de vi v r o dans un
tel état d' insécul-ité décijèrent de quitter pour la plupart
l
le !'1oronnu (1).
De nombreux autres conflits éclatèrent.
Des frac-
tions d'un m~me groupe en vinrent quelquefois aux malns.
Tels les habitants de Koyonou se battant contre ceux de
Nguessankro,
au sein du groupe Ngatianou.
Les m~mes habi-
tants de Koyonou eurent également à
affronter,
sous le roi
Aka Kpoli du Ngatianou,
les Assiè,
soutenus par
les Essan-
dané.
Tout cela manifeste
jusqu'à quel degré de décomposi-
tion était parvenu le pouvoir central.
Proliféra a
la m~me époque,
en l'absence de
tout
contr61e du pouvoir sur le pays,
la pratique du NRO,
qui
pourrait ~tre assimilée, mais avec toutes les nuances que
cela suppose; à
la pr ise en ot age.
A cet te époque,
on ne
pouvait pas s'éloigner des limites du territoire lignager,
quelquefois même du village
(2),
au risque de se faire cap-
turer et d'être constitué prisonnier.
On pouvait certes r~-
couvrer la liberté,
rria i s
à condition que les proches,
pn;-
venus,
s'acquittent
p r e a l ab l emeri t
d'une rançon d ori t
le !T1on-
tant variable était
fixé par celui qui vous a capturé.
Pra-
tique à but exclusivement économique,
e xtr ernemon
CDUri'illte
ï
(1)
Cf
K.
Akd,
o p .
('iL.,
p.
62.
(2)
Ert t. r o t j o n
<3V('I'
S;'nc=-'
1\\\\,'(1 ej'A]'I'rlh,
;:]qé dF' 75
illl::';
fC' t l V l l - l l ,-l ,
Ar r a h
le
L2
rua r s
1()7-1.

,
]
;
-
/ .'~ .
pOLI V u 1 r
21 LI s si_
b i.c n
au n ive au
SU p é rie u r
d e I ' 11 é r j t. j p]- ci' 1\\ru)
AS(Jlllan qu'au n iv o au des Cl1C'f~; de village.
Néanmoins,
on est en droit de se demander
Si
cette décomposition généralisée du pouvoir
n'était
pas
liée au niveau élevé d'accumulation du métal précieux,
e~-
trait des différents gisements
aurifères du Moronou.
Il en
résulta,
pour certains lignages,
un accroissement de leur
patrimoine.
D'obscurs détenteurs du pouvoir lignager,
his-
ses du
jour au lendemain au sommet de l'échelle sociale,
par la fortune,
en vinrent a supporter de plus en plus dif-
ficilement
l'autorité des Chefs traditionnels,
surtout quand
elle était exercée par des
titulaires,
désargentés et sans
envergure personnelle.
Certains Chefs lignagers,
comme
Assamoa Benziakplowa du Ngatianou,
s'emparèrent
du pouvOir
et "l'exercèrent sans autre droit que celui du plus riche
et du plus
fort."
(1)
o
0
()
Te Il e
é t ait
cla 11s
leM o r 0 n 0 u ,
a
l a ve i Il e d (, l Cl
colonisation,
la décadence socio-politique.
L'issur-" d t unr-
longue évolui-ion de p Lu s i ou r s
siècles,
qu i
a pF:I-1l11S dte'
( 1)
,li,. N . C . 1.,
1los t d i n s ,
C) p.
(-j t

1-;] .
suivre,
sur plu s i ou r s
(~t-_ëlPE'S, d e pu i s les mod o s t.e s d e bu ts
de TekymiJn,
d'OÎl s'échappell\\: quelques bandes,
le ferment
de la nation Aowin,
en direction de l'étape de l'AcJansi,
puis vers l'Ebrosa-Aowin.
Là,
naît,
sous l'égide d'Ana
Asoman,
entré désormais dans la légende,
un peuple qUl,
dans l'épreuve et l'adversité,
prend conscience de l'unité
de son destin,
de son identité ethnique.
A Anyuanyuan,
naît
la nation Agni.
C'est en quelque sorte le sommet de la courbe
décrite par ce peuple.
Puis surviennent la défaite et l'émigration. L'u-
nité du peuple se brise.
Une fraction des Agni,
les Morofwo,
parvient au bout de plusieurs années d'exode,
au bord du
,
Moro.
L'unité, momentanément resserrée,
a ce nlveau,
autour
de Dangui Kpanyi,
neveu et successeur de Ano Asoman,
est à
nouveau soumlse a dure épreuve,
apr~s la mort de celui qui
ne contrôla que difficilement les différents groupes Morofwo,
avides de savourer, avant tou t , leur liberté, dans la nouvelle
patrie.
Après Dangui Kpanyi,
c'est la déconfiture progressi-
ve,
au plan politique.
Cette décadence s'accompagne d'une modification de
la structure sociale qui devient, au fil des années, plus per-
ceptible.
Les grands Chefs de lignage prennent petit à petit
leur
distance,
Li
l'égard cie Li "Chaise" de Dangui l<pal1yi,

] ',' Il .
l:l~nte clr'; ','on,c\\
,,'
.
i. t.u
, C
o, r.) d', 'L'
.
';""j'leJ
<:-,-,
, .. ("
.J, 1
C(C'
qui n ' a pu sc:: r é aLis.o r
au n i v eau dt'" tout le Moronnu,
un
Etat.
La base de ce p r oj e t, n'est: ni la naissance,
ni le
droit.
Celui-ci repose avant tout sur l'énergie personnelle,
le nombre de la client~le et surtout sur la fortune.
En som-
me,
le Moronou en crise,
vit/quelque cinquante ans avant
l'av~nement colonial, une période "féodale" au cours de
laquelle,
a la place de la société ancienne fortement re-
mise en question,
prend naissance une nouvelle structure
sociale, morcelée autour de plusieurs Chefs autonomes et
fondée essentiellement sur la force et la richesse.
Cette organisation socio-politique nouvelle ne
laissera pas de retentir sur la répartition et la structure
de la population du Moronou précolonial. Mais à défaut de
documents adéquats,
que pouvons-nous appréhender de l'ef-
fectif de cette population et de ses traits particuliers ?

CHAPT'j'J<E
LV
LES
jŒALITES
HUMAINES
NOMBRE
DES
HOMMES
et
STRUCTURE
saCIU-ECONOMIQUE
Chercher à connaître avec pr~cision le nombre des
hommes qui vivaient dans le Moronou,
à la veille de la colo-
nisation est une curiosit~ l~gitime. Mais en même temps,
combien une telle tâche s'avère ar~ue tant les sources font
d~faut ! Mis à part les d~nombrements partiels, manquant de
pr~cision, not~s ici et là à travers les premiers rapports
administratifs de Marchand, c'est l' abeen c-e
totale de sour-
ces à ce niveau.
Bien que le bilan du chiffre de population
soi t
loin d'être satis faisant,
en l ' absence
de d~nombre-
ments plus complets,
force a ~t~ de recourir a ces donn~es
m~diocres, sans se dissimuler pour autant leur contenu ap-
proximatif.
Au-delà des chiffres de population,
nous tentons
également d'appr~hender de plus près la structure socio-
économique.
La société Agni
du Moronou semble s·~tre effri-
t~e en petites cellules domestiques, peu après l'installa-
tion dans le fvloronou,
sous la conjonct.ion de plusieurs fac-
leurs d on t
le'
moirid r «
11('
Cul
pas
la IlPcessité pour
chaq\\H:'
famille,
pour des rn(Jli(s PCOl1C1ntiques,
de s'éloiqn('l- dérillj-

t-ivernPllt_ du
v iLlaqi-
PUUI- S'.illé3tèIJlcr Sur
J'
cxploi ta t- ion
dc"" culturR ou le giSell1cnl~ aurifÈ'n-' de Scm choix. 'l'out ceci
dans un contexte de dégradation politique de plus en plus
accentuée.
A situation nouvelle,
solution nouvelle.
La cel-
lule familiale,
face aux exigences économiques de l'heure,
dans un contexte socio-politique de crise,
devient le milieu
refuge o~ l'on trouve protection. C'est aussi là o~ s'élabore
la réponse à
la crise.
En particulier une structure socio-
économique,
fondée sur
la solidarité entre membres de la
même famille s'affirme au niveau des tâches appelées aussi
bien a pourvoir aux besoins fondamentaux de la cellule domes-
tique qu'à répondre aux autres activités collectives.
Ce
sont là quelques unes des préoccupations soulevées par ce
chapitre,
I.
LA PER IODE DE
L' "HO!'11'lE RARE"
Le Moronou compte aujourd'hui 216 967 habitants,
répartis dans cent neuf localités,
occupant un espace Ler-
ritorial,
estimé à 5 570 Km2
(1).
A combien pouvait-on
(1) Selon le recensement général de la population de 1975,
le
tableau d' pnsemble du Moronou se prés(~n tl:; a i.n s i
Sous-Préfec ture
Nombre ce
Populat ion
Super 1'1 c: ie
Dc'n::; i te';
lorali uSs
Arrah
14
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467
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1 'n () .

l7! .
évaJueL- sa pcipu La tjo n , av a u t
la pénétration co l ori ia Le -~
On se perd
ici en conj~ctures. C'est le drame de la démogra-
phie historique précoloniale, qui se pose de façon critique,
pour toutes nos sociétés anciennes,
~ propos desquelles
l'historien se trouvE' dépourvu le plus souvent de documents
chiffrés.
Faut-il pour autant baisser les bras,
renoncer à
toute histoire quantitative,
en l'occurrence à toute appro-
che démographique Sur les sociétés ivoiriennes précolonia-
les ?
Tenter de se faire une certaine idée du chiffre de
population que représentaient ces sociétés, de leur évolu-
tion démographique,
en ne se cachant pas toutes les diffi-
cultés et tous les risques qu'une telle tâche suppose, sem-
ble être la seule attitude digne de l'historien,
pour qui,
tout matériau du passé mérite la plus grande attention.
Une suite de documents de la série politique EE,
conservés aux Archives nationales de la C8te d'Ivoire et
ayant trait au Moronou
a
permis de dresser un premler
tableau démographique,
incomplet,
sur cette région ivoirien-
ne.
Par ailleurs une réflexion sur la démarche suivie pour
obtenir ces éléments de démographie et une analyse appro-
fondie à propos du "gl-oupe de cases",
l'une des exprrJssions-
clefs des documents,
que l'on peut identifier à la "conces-
sion" actuelle de village,
ouvrent d'autres perspectives
Sur le sujet-.

Le ml.)Uv'·'It1tC_'n l (·If._:' c.,·{c..'.ll(:' pa. r L i o , ,.·OllC''C>·..·r·'''E' a la
0
"
_
. _
.c:>ct'..
co -
c
.. c
P 'C. -
ri od o de'
"l'honune
l-are", s t ar t i cu l e autour dE:' deux pôles
l'exposé critique de la démarche de Marchand et des premlE:'-
res données démographiques,
amassées sur le Moronou
enfin
les possibilités d'exploitation que cette source privilégiép
peut offrir pour la suite de cette étude.
A.- Exposé critique des sources, de la démarche
de Marchand et des données démographiques
Une brève présentation des sources, suivie de
l'exposé à la fois de la méthode préconisée par Marchand et
des résultats enregistrés,
est une condition indispensable
pour une saine appréhension des données démographiques.
1.
Présentation des sources
L'histoire de la démographie historique précolo-
niale,
à défaut d'autres sources, ne dispose que des élèments
de statistiques démographiques de la première période c o l o-
niale.
Les Archives nationales de la Côte d'Ivoire offrent,
dans le cas du Moronou,
les rapports politiques de Marchand,
premier administrateur de la région,
répertoriés sous les

i7'l.
côtes I
EE
138 et 1
33
1.,(14
(1).
Man::lland,
soucieux avant
tout d'attirer l'attention de la hie r ar c.hio administrative,
sur
les difficultés de la situation politique qui prévalait
dans le Moronou,
insiste sur les di,spositions des chefs du
pays,
souligne leurs attitudes,
face aux dispositions admi-
nistratives nouvelles;
mais à l'occasion il recense les pu-
tentialités économiques de la région et tente de dénombrer
la population,
afin de se faire une idée approximative du
chiffre global d'habitants.
Mais les préoccupations d'ordre démographique,
plutôt secondaires chez Marchand,
doivent nous
inciter à ne
pas rechercher,
dans les documents,
un modèle du recensement
démographique.
Quiconque,
en effet,
a
tant soit peu travail-

sur les effectifs de population de l'époque coloniale,
peut se rendre compte de la difficulté du maniement de ces
données,
tant elles sont incertaines,
fragmentaires et rlS-
quent de conduire à un bilan négatif
(2).
(1) Voici, pour chacun des deux dossiers,
les rapports les
plus importants
Arch.
Nation.
de Côte d'Ivoire
(ANCI)
1 EE 138
(1/3)
1) pièce I. Rapp. de l'administrateur-adjoint
Marchand à l'administrateur des Lagunes, Sahoua
1 el'
févr ier 19n7
2)
pièce 4.
Rapp.
du 22
février
1907
3)
pièce 7.
Rapp.
du 26 mars 1907
ANcr 1 EE 144
"1
1)
pièce 27.
Rapp.
de l'administrateur-adjoint
a ,. ,-,
le gouverneur de la C6te d'Ivoire,
Sahuua
le 2 mai 1908
2)
piè('p 32.
Rapp.
de i'\\archand à
J'aclministrateui
cl ( ,
Lùqun(.=ls,
S alloua
1 L'
n ia n v i er 190n
(2)
D.
Domergue,
"La Côte cl' Lv oi r >
:
(è'ssai de d émoq r aphi (, hi s-
torique
(190')-l C)4 5 ) " ,
i\\fri('an historicaJ
clern()(]raphy
(pl'()-
ceedings (If Cl s(,lllinar
hl"ld
in
t.h o Center of ë1frLc:an sLucli,',':
University of Edinburc]11,
2f) Ll l and lUt]) ApI-il lCJ77)
pp.
2')'-;-11()
(p.
2CJS).

lH, r ,
Cc:-'s d orm éo s d ernoq r apbi q uo s q u i
s' écllclc)lll1ellt sur
dix-huit mois, sont disséminées dans huit rapports,
t o t aI i ;
sant une ci nquan t a i no de pages environ,
réd igées d'une écr j-
ture
fine et réguli~re. Afin d'apprécier correctement ces
sources qui n'intéressent que partiellement l'historien-
démographe,
il convient de se mettre au fait de la méthode
préconisée par Marchand,
au niveau de l'enregistrement des
résultats qu'il nous propose.
2.
Comment Marchand procéda-t-il au dénombrement?
Relativement bien documenté sur le Moronou
(1),
Marchand arrive le 28
janvier 1907,
à Assoumoukro
(2),
où il
se construit un abri qui lui sert provisoirement de résidence.
Dès le 1er février,
il rend compte à l'administrateur des
Lagunes, de ses premiers contacts avec les habitants et les
chefs de la région qui,
prévenus de son arrivée,
avaient
tenu à venir nombreux le saluer,
par courtoisie (3).
Dans
(1) Binger, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Konq
et le Mossi
(1887-1889)
(Paris 1892).
Quelques pages
de cet
ouvrage de l'explorateur français qui,
au cours de
son expédition,
longe la frontière orientale du Moronou,
ont trait à cette région ; elles mentionnent essentielle-
ment Arrah et son souverain,
Abongoua,
Krégbé,
etc ...
Marchand a pu également prendre connaissance des r a pp o r t :s
géographiques
(1898-1899) et économiques
(1904) des pre-
mières missions françaises,
effectuées dans le pays.
(2) Appelé aussi Sahoua
(Sawua)
('J)
Ra p p or t de
l'adlllinistl.-i1tf'ur-adjoint Marchand a Ml' .l'adrnL-
n.i s t r a t ou r des Lagun(~ à 13:i.ngE-:'rville, Sahoua lc' I e r
fpVI'''1
19()7
; A.N.C.L,
.1
El:: lJC3 (1/3),
pipce 1.

lU l .
cC" Lte
p r erni en? cor r os ponel êlllC'l" , i 1
fa i t
e t a l
ctC'S
v i I J ,etqes
visités, du nombre d'habiLants de chacune des locaJités
et au besoin mentionne le nom du
chef de village,
suivi. d'un
ou deux mots bien frappés qUJ peignent celui-ci,
tant au
moral qu'au physique.
Un bref extrait de ce rapport suffira
à éclairer sur le style de sa démarche.
A propos de M'batto qui était, déjà à l'époque,
une grosse agglomération,
composée de plusieurs quartiers (1),
il livre la description suivante
"Ces villages sont
:
Assouakrou
(2), chef Krou Kofi, un vieillard assez
terne et paraissant avoir une autorité fort problé-
matique.
Ce village Se compose de 20 groupes de
cases et doit compter dans les deux cents
(200)
habitants,
en comptant les enfants.
Kouamekrou,
chef Kouamé,
homme dans la force de l'âge
ayant assez d'autorité dans son village
35 grou-
pes de cases,
300 habitants environ.
Le village
fait suite i~~édiatement à Assouakrou.
~
Eblie, chef Moro,
homme très influent et en meme
temps chef du groupe de Sahoua
15 groupes d~
cases,
150 habitants.
I<ouad i.o kr ou , chef Apia,
homme énerg ique et dE'-' bor.
conseil;
20 cases,
200 habitants.
(1)
Les qu a r t i o r s sont désiqnés,
dans le' texte',
S()us
Ll-'
l_L';-Jl'I'
de "vi Ll a o e s ? •
(2)
Les
n oms de qu a r tj o r
(village)
sont souliqne:-: p a r
IIOW-;.

J U.:.
M 'baLo
(1),
(,'11er
Ak a ,
Cc chef
a urie
rr,5elle rjutn-
r it.é dans son village;
celui-ci o s L €:'J)
recons-
truction
tout près de son emplacement actuel.
Il
compte une vingtaine (20) de cases et doit avoir
250 habi tants Il
(2).
Dans le courant du m~me mois de février, Marchand
se rend à Aoussoukrou,
le poste administratif du Baoulé le
plus proche, situé sur la rive gauche du N'zi.
C'est l'occa-
sion pour lui de "visiter la majeure partie des villages du
groupe amantian, quelques villages ahaly et deux gros villa-
ges alangoua"
(3).
Deux autres tournées,
accomplies plus
tard, successivement aux mois de janvier et avril 1908,
le
conduiront dans les groupes n'gatianou,
assiè,
essandané et
ahuamou.
La méthode adoptée dans toutes ces tournées,
est
identique.
Bien qu'elle ne soit nulle part affirmée de fa-
çon explicite,
elle est cependant facile à deviner
(4).
(1) Le quartier qui confère son nom à l'ensemble de l'agglo-
mération.
(2) A.N.C.I.
1
EE 138
(1/3),
pièce T,
op.
cit.
(3) A.N.C.T.
l
EE 138
(1/3),
pièce 4. Rapp.
de l'admin.
Marchand à l'administrateur des Lagunes, Sahoua le
22
février 1907.
(4) L'administration locale,
tirant d'ailleurs l~s leçons d0
cette façon de procéder et des expériences scmblaSles,
tentées ailleurs dans le reste de la colonie,
érigera,
en
juillet 1908,
après y avoir apporté quelques modifi-
cations,
cette démarche,
au rang de principe à t.enir dans
le dénombrement de la population.
Cf Circulaire du gouveJ--
neur de la Côte d'Ivoire à MM les Cornmandan ts de cercltC-!
et chefs de poste,
relative au recensement de la popula-
tion
indigène. Tiassalé,
le 22
juillet 1<:108, ,Journal
Officiel de Côt.(' d t Lv o i r o ,
1008,
pp.
2F3LJ-2Ql.
-

l LI' .
r-t ar cha nr: qUI
sc ,'3ent en confiance clans la p l u pa r t
des villages visités, se livre à l'arrivée,
une fois
les
formalités d'accueil terminées,
à l'énumération à la fois
des cases du village et des habitants de chaque case.
Dans
cette opération de dénombrement,
il faut gagner du temps.
Marchand est aidé,
on le devine,
de ses collaborateurs
les plus proches
le guide,
l'interprète et les gardes.
On ne se contente pas de prendre des renseignements sur le
village hôte,
on en recueille également sur les villages
du même groupe, qui ne sont pas situés sur l'itinéraire pré-
vu de la tournée.
A l'occasion, on ne se prlve pas de glaner
des renseignements sur les agglomérations des autres groupes
du Moronou.
Toutes ces informations d'ordre démographique,
col-
lectées ici et là,
au cours des randonnées,
puis soigneuse-
ment consignées par Marchand dans ses rapports,
permet d'é-
tablir le tableau des localités mentionnées,
selon les neuf
groupes lignagers d'origine.
Chacune de ces localités, quand
l'information existe,
est affectée à la fois du nombre d' habi-
tants qui lui
fut attribués par Marchand et du nombre de
"groupes de cases" èont elle étai t
composée.
Voici présentée sous forme de tableau la liste des
données démographiques

Ti\\J3 \\.I.AlI lES j)ONNITS 1)I+KXRAPI-j JQlJES
Groupes lignagers
Localités
d'origine
Groupes de cases
fO~]dti~
- - - - - -
- - - -
SAWUA
tvl' batto
- Assouakrou
20
200 hab i t ant:
Kouame kr ou
35
300
"
Eblie
15
150
"
Kouadiokrou ..
20
200
"
M'batto
20
250
I l
"
As soumoukrou ........
20
250
"
"
Bonikrou
........
35
350
"
"
Etienamouénou · ......
8
100
"
"
Gramassabo
·......
50
450
"
"
Koukourakrou
·......
20
150
"
"
Eounoukrou
·......
15
150
"
AMANTIAN
Diakadiokrou
·......
7
\\ 20
"
Angamankrou
·......
11
200
"
"
Asokrou
· ......
7
120
"
"
Agouakrou
· ......
6
......
120
"
"
Kourakr ou
· ......
7
12()
"
"
Ebanamouénou
·......
4
40
"
"
Ahina
·......
18
450
"
"
AoussoukrOLl
·......
7
80
"
Azémiakrou (As sémiankrou)
30
3S(î
"
Adouakakr ou
· .....
4
40
"
"
Diadoukoukrou
2
15
l '
· .....
"
Tongbakrou
5
60
I l
· .....
"
N'gussan Kad i okr ou .
8
130
"
Azémi ank rou
4
SCî
l '
......
"
N' cl akouak l'OU
· .....
S
(Jlî
"
"
Kadi ok rou
1(î
ISO
· .....
"
"
Krof'ensou
· .....
10
1St î
"

Croupes J~JI(Igt'rs
LocaLi té s
Groupes Je cases
Jlorigine
~)lllLIl io}2.
AHi\\L1.
Agllikrou
10
150 h<1h.
"
Kamrankrou
10
1SO
"
"
Amangoua
2
20
"
"
Kadioniangorankrou
9
... 120 "
"
Ahrakrou
8
100
"
"
Kassikrou
2
25
"
"
Kassi-Kokorèkrou
2
25
"
"
OJhoumi
.
19
400
"
"
ALANGWA
Asanfoué (N'zinou)
30
400
"
"
Kassiakakrou
20
190
"
"
Kouakrou
80
.. 1 000
"
"
N'drékrou
30
"
ASSIE
Assiè-Kumasi
COQ
"
Assiè-Kokoré
750
"
Anokouakrou
·......... .
.
Malankrou
·
j
.
Emaniankrou
·
j
\\
j'
Kouandènamouonou ...•.•.
'1
y angbékrou
. . . . • . . . . .. . .......•..••....... \\
Assiè-Assasso
. . . . . . . .. .
.
Dibi Kadiokrou ..... . ... .
.

~roupcs lignagers
Localités
d'origine
(;rollpes~e cases
AHUf\\Ivl0U
Krégbé
2 OC() hahitants
Koyina
I l
I l
Ehi kr ou ........••.....
~()
I l
Tano Kouamé
10
I l
Abongoua
............. ·....................
800
Arrah
............. ·...................
Z 500
"
Zanfouénou ............. ·...................
800
"
Kadiobilêkrou
........ ·....................
10
"
Senekrou
- -
..
. , . .
~
.~.
..........,.-. l '
-
Kot.ob i
Daresso
Gouabo
ESSAJ'IDAi'lE
Assoufoué
Boeassi
1
Kangandissou
1
Bongouanou
1
Bonroukrou (Broukro)
Anékrou
Dibikrou
Aerosso
Nguinou
Kotosimabo
Diadoukrou
20 hab i t anr s
Salekofikro
60
I l
Ambonamouénou •..•.....
10
I l
Kas sykrou .•.....•.....
10
I l
Nd;l t anamoué
:)0
"
~-~-~----~-+-~--- -
-
- - - - - - - -
-~--

l
, ".
'"
Groupes lignJgers
Locali tés
d'or~ine
~r~es de cases
Population
N'GATlANOU
N' zuékokor ê
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
500 habitants
Kakoubilékrou
.!.
.
400
"
Niandian
N' gue ssankrou ........................•..
600
"
Taoualcrou (Téwakro) ...................•.
100
"
Tchirnokrou
.
500
"
M' baoucesso .....•....•...............•..
550
"
Dor ikrou
.
Tanosso
.......... .,
.
Danguesso
Asokrou
Atchimokrou
1 Blenou
1 Asankrou
Briangblékrou
Bapoma
Kamrankrou
- - - - - - - - - + - - - - -
SAl-IIE
Anékrou
Andé
Tanokrou
Elenzué
Findimanou
Agbosso
Agoua
Akpaoussou
Yaboisso
Aouabenou
Aféri
Alonikro
Bénéné
Abellgouroll
Adiakadjokro

.!'
187.
3. Critique de la démarche de Marchand et des données
démographiques
a) La démarche
Au-delà des imperfections de ce dénombrement,
il
faut louer l'immense effort accompli par Marchand, qui en
l'espace de quatorze mois
(1),
a pu procéder à un dénombre-
ment presque exhaustif du Moronou.
Plus qu'à la brièveté de
temps, mis au service de l'exécution,
il faut en imputer les
lacunes à la modicité des moyens et du personnel mis en oeu-
vre.
Ni le personnel "indigène~' d'exécution de son entourage,
en nombre insuffisant, ni Marchand lui-même, ne bénéficiaient
d'une f?rmation adéquate pour ce travail.
Aussi ne doit-on
pas s'étonner outre mesure des insuffisances étalées par
ce tableau, particulièrement au niveau des rubriques cou-
rantes, qui ne sauraient être omises dans un recensement
démographique actuel
: répartition de la population selon
l'âge,
le sexe ou la profession ...
En lieu et place, appa-
raissent des rubriques inhabituelles qui tiennent compte des
spécificités locales
: répartition de la population selon
les grands lignages d'origine (2)
mention de la taille
de la localité (3), du nom du chef de village ...
autant
(1) Du 1er février 1907 au 2 mai 1908.
(2) Des erreurs de répartition sont à souligner dans ce ta-
bleau.
Par exemple Ahouna et Assiè ne constituent pas des
groupes autonomes;
ils sont traditionnellement intégrés
aux Sa\\·ma.
Chaque fois qu'il a été possible d'apporter
des correctifs de ce genre,
sans modifier profondément le
tableau, nous l'avons opéré.
(3) Marchand spécifie régulièrement la nature de la localité,
si celle-ci est un village ou un "campement", c'est-à-dire
un groupe de cases ayant la taille d'un hameau.
Il précise
auss i
le nombre de "q r ou pe s de cases
par local i té.
I l

lOU.
d'éléments d'informations certes utiles,
a l'historien de
la période précoloniale, pour la reconstitution du passé,
mais qui sont de peu d'intérêt,
au niveau du problème démo-
graphique qui nous préoccupe présentement.
Le point le plus discutable cependant de ce ta-
bleau démographique se trouve être le chiffre d'habitants
attribué au "groupe de cases", extrêmement variable d'une
localité a l'autre.
Sur quelle base se fonde Marchand pour
établir le nombre d'habitants par "groupes de cases" ? Sans
mettre en doute sa bonne foi,
on aurait cependant souhaité
qu'il indiqu~t en quelques mots sa façon de procéder. Mais
d'abord que faut-il entendre par "groupes de cases" ? Quel
en est le contenu ?
~~!~~~~~~~ : On peut supposer que, lorsque Marchand
parle de "groupe de cases",
il désigne ici la "concession
agni,
connue également sous le nom de "cour". En effet un
village agni,
encore aujourd 'hui, se décompose en un certain
nombre de cellules isolées, constituées par une cour rectan-
gulaire,
entourée de maisons ou cases.
Certains auteurs,
gr~-
ce à l'analogie que cet habitat présente avec la maison orien-
tale,
le comparent a un "patio"
(1).
En fait,
au lieu d'une
(1 ) C3te d'Ivoire, Enquêtre de nutrition,
niveau de Vle,
sub-
division de Bongouanou
1956,
193
p.
( p.
13-)
\\

1[)C) •
case,
la "concession" en offre plusieurs avec une rangee de
cuisines, bordant la concession ou la cour.
L'expression
"groupe de cases",
ambiguë et prêtant à confusion,
est irn-
propre. Quelques lignes d'explication,
pour mleux éclairer
le lecteur sbr cette réalité,
s'imposent
Bref,
la "conces-
sion" ou "cour" est le cadre de la vie quo t i.d i enno , où vivent
des membres de la grande famille,
avec leurs femmes,
leurs
enfants et des collatéraux.
Les au t eu r.s de "Enquête de nutrition, nlveau de
vie,
subdivision de Bongouanou"
qui,
pour éviter toute con-
fusion,
préfèrent utiliser l'expression "rectangle", donnent
du groupe de cases la définition suivante
"C'est avant tout l'unité d'habitation,
le lieu de
travail domestique des femmes et des enfants et
l'endroit où l'on prend ses repas,
les hommes du
rectangle se réunissent pour manger ensemble les
plats préparés par leurs femmes et le plus souvent
mis en commun"
(1).
Ainsi dans le village agni,
a chacun des groupes
familiaux menant une vie communautaire, correspond un en-
semble de bâtiments entourant une cour dont l'accès est as-
suré par un étroit couloir, souvent couvert et intégré au
corps de bâtiments.
Les auteurs de l'enquête de nutrition,
précitée,
évaluaient en 1955,
la composition moyenne du
"rectangle",
à 25 habitants,
représentant à peu près 4 ménages
(1)
lb idem,
p.
26.

"de type européen"
(1).
Y vivent hier comme aujourd'hui
le chef de la concession,
un ou plusieurs frères et soeurs,
son ou ses descendants,
Son ou ses épouses,
ses enfants,
ses petits-enfants et quelquefois m~me des alliés.
La taille
Une différence notable est cependant
-,
a souligner au niveau de la "taille",
entre la concession
d'hier,
appelée "groupe de cases" par Marchand,
et celle
d'aujourd'hui. Marchand,
n'ayant chiffré les concessions
de village que pour un nombre fort restreint de groupes de
population
: ahali ,
amantian, sawua,
alangwa,
le parallèle
ne peut s'effectuer qu'avec ces derniers.
L'effectif moyen
de la concession, à l ' époque de Marchand -le tableau 2 ci-
dessous l'indique- s'établit autour de 12,44 habitants,
chiffre inférieur de moitié environ à la moyenne de 25
ha-
bitants,
révélée par l'étude sociologique des années 1955-56.
En fait,
la composition moyenne de la concession
est variable,
dépendant des conditions d'habitat,
propres à
c t-d e s s o u s.
chaque groupe,
comme l ' ind ique 1. tableau /
Elle évolue
d'un effectif de 9,88 habitants dans leSa"~a à 15,96 habi-
tants,
dans la région ahali.
Cette réparti tion inégale de .
l'effectif moyen de la concession est liée fondamentalement
à un phénomène plus général, celui de l'individualisme exa-
cerbé du Morofwo,
qui caractérise la période proche de la
(l)
Ibid em,
p.
27.

1 ~) 1
~10YLNNE D'II/\\BIî'!\\NTS I)/\\I{ C()NCI~SSION, SLLON LLS CIWUI>LS
~
t=
G1'0 "1'."-'
1
Co n c ~s sion,! J P('l'u 1"
0 ~ __M=2'0" "c: _
1
Sa«"."
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1
2
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14S~
Amanti."
2 2SS
IS,SS
I - - - - - - - - - - - - - - - - t - - - - - - - - - - - - + - - - - - - - - - - - ; - - - - - - - -
62
990
15,96
I----~-----------'----------__r_-----------
1:51
1
620
12,36
596
7 41 5
1 2 ,44
Sou r c e s
A.N.C.I.
1 EE 138
(1/3)
et
l BE 144 Correspondance
relative
au
N'zi-Comoé
1907-1911.

1<L': •
colonisation.
C'est en effet l'époque ou le rel~chement du
pouvoir politique central donne libre courS à une segmenta-
tion,
poussée à outrance, des lignages,
sous la presslon
d'un certain nombre de facteurs essentiellement économiques
dont la recherche effrénée du métal précieux.
On n'hésitait
pas,
à l'époque, à prendre son autonomie, en se détachant
du rameau d'origine, pour s'établir Sur un gîte aurifère
que l'on jugeait particulièrement riche.
Le campement provi-
soire,
édifié à la'hâte, prenait avec le temps des allures
d'un établissement définitif, puis devenait un village,
au
rayonnement attractif,
regroupant dans son orbite, proches
et alliés.
concession qui mérite d'être souligné, c'est sa dimension
économique,
niée à
juste titre pour
l'époque actuelle,
par
les auteurs de "Enquête de nutrition,
niveau de vie,
subdi-
vision de Bongouanou" et à leur suite par Castellu (1).
Qu'en est-il pour l'époque précoloniale ? Tout pousse à
croire qu'avant le regroupement des villages,
opéré par la
co16nisation française,
il y avait colncidence entre l'unité
d'habitation
(la concession ou cour)
et l'unité de production
économique
la taille même des concessions de plus en plus
(1)
"La cour n'est pas une communauté économique, mais elle
le cadre d'échanges de repas et de
travail".
cr J .1'1. Castellu, Une écunumie du trésor
les o r arid s
planteurs du Moronou.
Tome II
(ORSTOM de Petit Bassam,
lC181 ,
13LJ p.),
p.
20.

lqJ.
r éd u .i t e
(1)
la fi~vre de la recherche de l'or qUl, a l'aube
de la pénétration française,
pousse à l'individualisation de
l'habitat,
sous forme de campements,
disséminés dans la fo-
rêt,
selon un rythme inconnu
jusque là, dans un contexte
politique favorable de rel~chement du pouvoir central. L'ef-
fectif moyen de 13 personnes par concession à l'époque pre-
coloniale semble bien correspondre à la taille moyenne de
la cellule domestique
(2),
installée à l'époque sur un pla-
'cer aurif~re ou dans un campement d'exploitation agricole.
B.- Les données démographiques de Marchand
et l'histoire
La contribution des éléments démographiques,
ex-
traits des rapports de Marchand,
est largement positive
pour une étude de démographie historique.
Sans prétendre
fournir des statistiques rigoureusement exactes,
ces don-
nées sugg~rent néanmoins des ordres de grandeur caractéris-
tiques,
une tendance générale,
plus proche de la réalité
que ne sont par exemple les dénombrements u I't.e r i e u r s des
années 1909 et 1910. Ceux-ci,
se situant à une période en-
core d'effervescence,
celle qui suit irr@édiatement la
(1) Cf Tableau p·191
Moyenne d 'habitants par c onc-e s s i on ,
selon les groupes.
(2) Unissaient leurs efforts pour le travail,
à l'intérieur
de la cellule domestiqup
le Chef de la communauté fami-
liale,
son ou
ses épouses,
2 ou 3 fr~res et soeurs, l
ou
2 esclaves, des enfants dont le nombre n'excédait gue ra-
rement le chiffre de quatre,
compte tenu de la
forte mor-
tal.ité infantile.
Un ou deux ascendants partageaient la
vir:' de la cellule domesl.igue.

J. {','l .
"pacification" de la région' (1),
obéissent davantage ~t des
préoccupations fiscales et de poljtique administrative,
D'00
les manipulations répétées des chiffres de population,
ne
reflétant qu'imparfaitement la réalité,
et qui n'incitent
guere a s'y fonder
pour l'étude de la démographie précolo-
niale.
1.
Primauté des gros villages
Des données démographiques de l'administrateur
Marchand, des informations générales peuvent êtr? induites
sur l'habitat du Moronou précolonial. On note ainsi que
celui-ci y est très concentré. Sur 112 localités
(2)
enre-
gistrées dont 58 ont été effectivemènt dénombrées par
Marchand,
on obtient une moyenne de 324 habitants,
celle-
ci ne rendant pas compte de l'existence des localités sim-
plement énumérées, mais non recensées et de bien d'autres
dont on soupçonne l'existence par ailleurs.
A côté des 21
localités
(18 %), de dimension modeste
(moins de 100 habi-
tants), dominent les agglomérations de taille moyenne,
au
nombre de 27
(24 %),
totalisant à elles seules une popula-
tion forte de 6.480 habitants,
soit 35 % de la population
totale.
Les 10 localités de taille supérieure
(plus de
(1) La conquête du Moronou s'étend sur les mois d'octobre
et novembre 1908.
(2) Cf Tableau nO
3
HéparLi. U.on de la po pu La tion du
Moronou,
par la taille des localités.

1 ~)',
I~L:I)/\\Irl' 1'1' 1UN UI: 1,1\\ IJOl'lIIAI' 1ON J>!\\I~ 1./\\ '1'/\\ 1 I.I.L UL:S
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Sources
!\\ . N . C • 1.
1 E LI:) 8
(1 / :;)
e t
l
[I~ 1 4 4 Cor r e 5 po n ci él n c (
relative au Cercle cl LI N' zi - C0 III 0 é l 90 ï -1 9 1 1 .

1() b .
SnOhabitants) du tableau,
cumulent 11.100 habitants
(60,62%)
et cr~vent le plafond des moyennes avec 1.lOC) habitants.
Peu de terroirs,
à l'~poque, y compris le pays baoul~ qUI,
apparemment, semblait plus peupl~, pouvaient pr~tendre à
une une telle performance dans la concentration de l'habi-
tat et de la population.
Une analyse,
plus d~taill~e, permet de noter l'h~-
t~rog~n~it~ de la concentration de population. Selon les in-
formations recueillies,
la concentration est plus dense chez
les Alangwa,
r~partis dans quatre localit~s d'une population
globale de 1.620 habitants,
soit une moyenne de 405 habitants.
Le Sawua vient en seconde position,
avec un chiffre global
d~ Il villages, abritant 2.550 habitants; ce qui fournit
une population moyenne de 231 habitants.
L'Amantian occupe
la troisième place avec 17 villages et une population de
2.255 habitants,
l'effectif moyen par village ~tant de
132 habitants.
Fermant la liste,
le pays ahali,
compose de
8 villages d'une population globale de 990 habitants,
accu-
se la moyenne la plus faible de 123 habitants.
2.
Une densit~ contrastée
. La r~partition g~ographique des chiffres de popu-
lation obtenus est loin d'~tre uniforme.
L'~tablissement d'une
carte de d oria i t e par
/
'
r eç:1 J un ,
me t, bien ec'Ii relief l' inégali té

de peuplement. Mais que traduit effectivement celle-ci?
L'hypotllèse d'une région occidentale,
plu peuplée,
(mis a
part l'Ahuamou),
tel que le suggère la carte,
n'est pas a
écarter.
En effet l'Ouest,
avec l'Amantian au Centre,
a
consti tué le foyer de peup'Leruen t
du Moronou.
De surcroît,
la région occidentale du Moronou,
au paysage relativement
moins touffu,
avec par endroits des îlots de savane en
plus grand nombre,
a pu maintenir,
longtemps après l'affai-
blissement du pouvoir central, une densité certaine de po-
pulation,encore effective,
lors de la pénétration coloniale.
Mais les éléments de la carte ne doivent être
considérés que Comme une hypothèse et rien de plus.
Car
le document cartographique traduit beaucoup mieux l'inéga-
lité dans la collecte des éléments démographiques,
operee
par Marchand.
Si les chiffres de population de certaines
reglons comme le Sa,vua et l ' Ahua reflètent davantage la
réalité,
c'est parce que Marchand,
y ayant séjourné beau-
coup plus longtemps
(1),
a pu mieux maîtriser l'opération
de dénombrement. Marchand ne faisant que passer dans les
autres contrées -les plus nombreuses- comme l' Ahali , le
(1) Assoumoukrou
(Sa,ma)
fut le lieu dt:' résidence de !'larchanc1.
On en déduit qu'il connaît beaucoup mieux la population
environnante. Quant aux Ahua,
il les y reçoit à plusieurs
reprises
(l'une de leurs délégations était fort
importante,
composée d'une centaine de personnes dont des notables et
des éléments de la famille royale des Ahua),
o~ il séjour-
ne plusieurs
jours,
afin de régler,
sans succès,
le litige
opposant l'administration locale à Kofi Kpri,
le chef
d'Arrah.

1~[PAHT l T ION DL LA POPlJLAT[Oj~
PAR LLS
(; 1~ 1\\i\\! \\1 » C; 1W li 1) 1: S
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- - - -

j ( ) () •
Sahié,
l'Essandané et j'en passe,
celles-cin'ontpoint b~néfi-
cié de cet avantage; et les chiffres de population qui leur
sont attribués -quand cela existe- sont beaucoup plus
sujets à caution
(1).
Néanmoins sur la base des estimations de Marchand,
une population globale de 18.310 habitants est reconnue au
Moronou de l'époque
(2).
La région occidentale (3)
avec
7.415 habitants
(40 %),
regroupés dans 40 localités, demeure
la zone la plus peuplée.
Le reste de la population,
estimé
à 10.895 habitants, se partage 72 localités, réparties au
Centre et à l'Est du Moronou,
entre les Assiè,
les Ngatianou,
les Essandané,
les Ahua,
les Sahié et les N'gan
(4).
Dans
cette dernière zone,
Sur laquelle les informations sont
plutôt lacunaires,
l'habitat parait moins concentré.
Si les
(1) Outre l'absence d'estimations chiffrées Sur le Sahié,
les chiffres de population,
fournis en particulier sur
l ' Ahal i
et l ' Essandané (130 habi tants),
sont exagérément
bas et en totale contradiction avec les estimations obte-
nues quelques années plus tard.
(2) Le "recensement" de 1901 attribuait une population ÇJloba-
les de 5.000 habitants au Moronou. Cf Clozel et Villamur,
Les coutumes indigènes de la Côte d'Ivoire (Paris, 1902),
p.
4.
En 1907,
le chiffre total du Cercle du N'zi-Comoé
dont le chef-lieu était alors Sahoua
(Sawua),
était esti-
mé à ~5.960 habitants. Cf Arch. Nation. du Sénégal,
Gouvernement général de l'A.O.F., Situation générale des
années 1907, 1908 et 1909
(Gorée,
1907-1909).
Sur cette
base,
la population du Moronou,
estimée selon les élé-
ments démographiques de t'larchand à 18.310 habi t'ants,
re-
présenterait 33 % de la population totale du Cercle qui
regroupait les subdivisions de Dimbokro, Aka-Komoékrou,
Aoussoukrou et la subdivision du Moronou dont le chef-
lieu veanait d'être transféré de Sawua à Bongouanou.
(3) f<eÇJroupe l e s : Ah a l j ,
Amarrt i an ,
Alangwa,
et Sa\\1Ua qui
forment aujourd'hui la sous-préfectu~e de t'l'batto.
(4) Sont compris en ç:lénéral clans Ip N 'gatianou.

,~ ( )1 ) •
Assi~ sont groupes dans dix villages, les Cssandané se re-
partissent dans 15 localités,
pendant que les Ahua s'étirent
dans douze villages,
sur une distance de plus de 25
kilom~­
tres,
entre Kotobi et Gouabo.
Les Sahié se partagent 15 ag-
glomérations,
tandis que les Ngatiafwo sont dispersés dans
17
localités.
si l'on fait le rapprochement entre l'habitat et
l'histoire du peuplement,
on relève que dans ces derniers
groupes de la zone orientale,
l'esprit d'individualisme a
davantage prévalu,
au détriment de la cohésion lignagère.
Cette individualisation de l'habitat est à lier étroitement
avec la découverte de gisements aurifères en plus grand
nombre et plus riche en
teneur.
Il en a résulté,
pour ces
groupes orientaux,
plus de richesse et par voie de consé-
quence,
plus de prestige pour leur "chaise", symbole du
pouvolr politique.
Ce phénomène de cumul de la richesse
et du pouvoir contribuera à attirer,
autour des chefs de
lignage,
les plus prestigieux du Sahié et de l'Ahua, qui
occupent les marges les plus orientales du Moronou, une
client~le plus nombreuse d'étrangers.
Enfin la correspondance de Marchand,
d'o~ sont
extraits les éléments de statistiques démographiques,
per-
met de supposer que dans cette région de for~t dense et
donc de pénétration difficile,
la plupart des villages Se
répartissaient déJa
l(~ lUI1ÇJ de quelques Ù.'<es de' cllIllmunicLl-
t ion ,
On peut citer la VOle à o r Lori t a t jo n Nord-EstjSud-ULH:.sL,

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01
u,

,~ ( il.
l'ancienne route des caravanes,
reliant Sawua aux Saléfu~
de Ouellé,
passant par N'zuékokoré,
Bongouanou, Andé,
Brou-
Akpaoussou.
Une seconde art~re, tout aussi
fréquentée,
à
direction Nord-Sud,
reliant N'zuékokoré au N'zi,
passant
par N'guessankro et Assi~-Kumassi, celle-là qu'emprunte
Marchand,
au mois de février 1907, pour se rendre au poste
d'Aoussoukrou
(1).
o
o
o
A la fin de cette analyse,
le bilan parait plut8t
maigre.
Les composantes démographiques habituelles
(natalité,
mortalité,
sexe-ratio,
fécondité,
espérance de vie, ... ) n'y
trouvent pas leur place.
Il n'a même pas été possible d'ap-
préhender les comportements démographiques de la population
du Moronou précolonial. Mais avions-nous la possibilité de
le faire,
à partir des sources dont nous disposons?
Par contre cette étude nous livre un certain
nombr~ de certitudes. Les Morofwo sont déjà en place sur
l'aire d'habitation qui est la leur actuellement;
ils oc-
cupent un espace géographique extrêmement étendu,
compris
entre le N'zi et le Comoé et représentent un effectif hu-
main a ppr é he nd e de 18.310 pel-sonnes, mais qui,
en réalité,
(1) ANCI 1 EE 13U
(1/3),
pièce ~, Rapport de tournée à Sahoua
et visite à AOussoU'Krou.
Assoumoukrou,
le 22
février 1907.

déborde La r q erne n t ce chi ffre,
s i
l'on
lient compte des
54 localités,
connues en 1908, soit pr~s de la moitié (48%)
du chiffre de villages recensés par Marchand
(1), mais dont·
la population n'est point dénombrée.
Enfin les rapports de
Marchand sont d'un concourS precleux par leur contribution
à la géographie historique du peuplement.
A travers ces
pages,
le Morofwo,
révélé comme extracleur d'or plus qu'a-
griculteur,
parcourt toute cette immense étendue de forêt
entre N'zi et Comoé, criblant le sol de puits et d'excava-
tions aurifères,
édifiant ici et là,
sous le couvert de la
silve, des campements ayant des attaches plut5t l~ches avec
le village d'origine.
Ainsi ce premler bilan démographique est-il révé-
lateur de cette tendance à l'autonomie de la cellule domes-
tique, caractéristique du Morofwo,
exacerbée,
à l'aube de
la colonisation,
à la fois par le vide politique et la "ruée
sur l'or".
C'est la notion-clef qui donne tout son sens aux
autres mouvements qui parcourent tout le tissu social et po~
litique du Moronou précolonial.
rr. UNE STRUCTURE SOCrO-ECONOMIQUE FONDEE SUR
LA SOLIDARITE COMl'1UNAUTAIRE
L'une dr,:,s conséquences de l' effri tement du p ou v o.ir
a
été de resserrer,
au plan s oci a j ,
les liens de solidari Ue,
(1)
Cf
le 'l'ableau na
3.

en tr o les mombr o s de c:haquE' cellule f am.i Li a le au tour de
l'aîné, chef de la cellule domestique.
Ceci s'est traduit
au niveau de l'activité économique par une étroite collabo-
ration dans la production entre tous les membres de la fa-
mille,
sans distinction d'~ge et de sexe et par une repar-
tition équitable du fruit du travail,
a charge pour l'aîné
de gerer,
au nom de la communauté domest ique,
le fonds com-
mun,
constitué du "surproduit" et des biens d'héritage.
Une telle organisation économique a pu entraîner
des abus,
donner lieu à l'aîné de gérer à son profit le pa-
r
_
1
trimoine collectif; mais d'une façon générale,
la contra-
diction fut dépassée.
A.- La structure de production,
elle est limitée
à la cellule domestique
Outre l'agriculture de subsistance et l'extrac-
tion aurifère qui occupe le plus clair de son temps,
à
l'époque précoloniale,
le Morofwo n'exerce les autres ac-
tivités
: commerce,
artisanat,
cueillette, chasse et pêc11e,
qu'à titre secondaire. Toute cette gamme d'occupations était
ouverte à tous.
La société agni ignore l'existence de castes
fermées,
de corps de métiers, comme cela se voyait,
à la
même époque,
dans les sociétés soudanaises ou baoulé,
plus
p r oc hos , dans lesquelles 110S sourc(c'S
1~6vèlent la pr o Li.f e r at.jor:

de villages de tisserands, de familles d'orfè?vres,~?tc...
(1).
Cette spécificité de la société ,I,,"~fl:
permet d'apprécier
l'éventaiJ. d'activités que l'individu était à m~me d'embras-
ser sans exclusive.
Par ailleurs autre trait non moins ori-
ginal de cette société,
toute activité de production se li-
mite au cadre étroit de la cellule domestique et rev~t un
caractère communautaire.
1.
Selon la presence effective sur le lieu de travail
L'unité de production s'identifie,
dans le Moronou
précolonial,
à la cellule domestique, constituée par le
chef de famille,
entouré de son ou ses épouses, des colla-
téraux : frères et soeurs cadets, de ses enfants et
/
even-
tuellement des ascendants vivants
: mere et père,
des tan-
tes célibataires, des neveux et nièces,
fils ou filles des
soeurs utérines. Cette cellule domestique de production s'é-
tendait aussi aux esclaves ou captifs,
le plus souvent
"assimilés" au lignage du chef de famille.
Par ailleurs
c'est autour du chef,
responsable et centre de décision
principal de la cellule de production, que s'articule
(1) Archives Nationales de C3te d'Ivoire,
2 H 4 -
IV-15
12
(3.742); PrograMne d'action sociale pour l'améliora-
tion du sort de l'indigène par le travail,
1937.
On y l i t
entre autres au chapitre,
consacré à l'''industrie'' locale
baoulé:
"L'industrie indigène ( ... ) consiste en
:
1)
l'orpaillage (et par voie de conséquence l'orfèvrerie),
TI)
la
teinturerie,
ILl)
le tissage de pagne de cuLon."
Le r o l e des Art.ou t ou de 'lournod i
dans l'urfèvrerie est pay-
ticulièrement souligné de' la façon s u i v a n t.o
"Les Attatuu
(T'oumodi ) sont Ips orr ev r e s
l(:;s meilleurs de la colonie".

l'organisation du travail don-t les formes
varient selon
la nature de l'activité. Ainsi la culture de l'igname,
culture-reine chez l'Agrci,
réunit dans une collaboration
active, dissociée dans le temps, mari,
épouses,
frères ca-
dets,
enfants,
esclaves,
bref tous les membres de la cellu-
le domestique,
contribuant chacun à son niveau et à toutes
les étapes de la plantation, à la mise en valeur des cultu-
res.
L'homme,
ayant choisi la fraction de forêt pour le
champ,
la défriche,
abat les gros arbres et s'occupe du
buttage,
tandis que l'apprêt du champ,
préalable au buttage,
le nettoyage des mauvaises herbes,
la mise en terre des
boutures de bananes et du tarot,
les semailles et la récolte
constituent la tâche de la femme.
Quant aux enfants,
ils
participent,
selon leur capacité,
aux différents travaux,
aux côtés de leurs parents.
De même l'exploitation des gîtes aurifères,
dans
le Moronou précolonial,
nécessitait l'étroite collaboration
des hommes et des femmes.
L'administrateur Hubert, en mis-
sion d'inspection dans le Moronou,
en 1914,
témoigne de cet-
te coopération fructueuse dans le labeur,
entre l'homme et
la femme
"L'exploitation
(des puits aurifères) comporte
normalement la coopération de 4 honunes et de
4 femmes"
( l ) .
(l)
Arch.
SODEMI Abidjan,
Hubert
(administl-ateur des colo-
nIes),
Etude de droi t c out um i e r
en mat ièrc des mines,
Rapport sur une mission effectuéo en mars-juin 1914.

;~Ob .
Concrètement,
la participation de chacun apparaît
au n i v e au des différentes phases d~," l'(;xtraction.
L'homm(=,
attaque au plC le matériel rocheux ou creuse le puits,
dans
le cas de couches sédimentaires détritiques.
Quant à la fem-
me,
~ l'aide d'un seau en bois, tiré au moyen d'une tige de
rotin,
elle remonte la terre,
du fonds du puits,
avant de
s'adonner au lavage.
2.
Selon les tâches
Cependant,s'il est coutume que le procès de pro-
duction associe l'homme et la femme,
celui-ci repose fonda-
mentalement sur une division sexuelle des tâches qui défi-
nit avec précision certaines activités COmme étant plus pro-
pices à l'homme et d'autres comme étant plutôt du ressort
de la femme.
Cette distinction repose,
comme l'explique
Boutillier,
non seulement sur une réalité économique,
mais
tire fondamentalement son sens de certaines grandes lignes
de l'organisation familiale
(1).
De m~me, seule la référence
a ces m~mes principes d'organisation familiale rend compte
de la formation,au nlveau du village,
de certains groupements
de travail collectif: WILl ou NOBOA, ayant survécu jusqu'~
(1) J.L.
Boutillier,
Bongouanou, Côte d'Ivoire,
Paris,
1960,
pp.
52-53.

nos Jours.
A ces pratiques d'entr'aide,
il faut associer
les prestations de service ~ caractère plus ou moins obli-
gatoire,
dues aux beaux-parents,
aux chefs de lignage ou de
village (1).
Ces formes de collaboration diverses dans le
travail dont nous ne soulignons que quelques exemples, met-
tent avec vigueur l'accent Sur la solidarit~, au sein de
l'unit~ de production, circonscrite au cadre ~troit de la
cellule domestique. Cette communaut~ de liens est encore
plus.fortement marqu~eau niveau de l'auto-consommation.
B.- L'auto-consommation et la communaut~ des liens
La finalit~ de la production a largement r~sid~,
dans certaines soci~t~s rurales de l'Afrique pr~coloniale,
dans l'auto-consommation.
D'autres,
plus nombreuses,
au
nombre desquelles il faut ranger le Moronou,
se sont pre-
occup~es assez t3t, non seulement de pourvoir à leurs be-
soins imm~diats, mais aussi d'amasser une reserve de biens,
afin d'&tre à m&me de mleux affronter l'avenir.
1.
La consommation du produit du travail,
elle est le
fait de tous les membres de la communauté
L'une des f oric t i on s essentielles de l'activité de
p r od uct. iori étèlnt de
pou r v oi.r aux besoins de chacun
et
de tous,
(l)
L~? c ho f de village qui (-~st~ en fait l'aîné du liç!liaqc 1p
plu S
an C .i lé' n
ele
.1. à c omm u n a ut é v j Il a Ci e 0 i sc' .

au sein de la COmmunau té domestique
, l' igl1ame,
la ba na no ,
le taro ainsi que les autres récoltes,
en provenance du
champ familial,
étaient avant tout destinés à la consomma-
tion.
A l'aide de ces produits,
les cuisini~res confection-
naient le plat de "foutou" qui était ensuite réparti entre
les membres de la cellule domestique,
le but du partage du
mets, cuit sur un m~me foye~ étant de raviver les liens de
solidari té.
2.
La redistribution d'une partie du "surproduit"
: elle
est opérée équitablement entre tous les membres de
la communauté
Le "surproduit" était en général partagé.
Le chef
de famille s'appropriait certains produits de cueillette,
tel le kola ou le caoutchouc qui constituaient presque ex-
clusivement,
en dehors de l'exploitation aurif~re, l'unique
source de revenu monétaire. Quant aux femmes,
par la vente
des légumes, des cohdiments,
elles pouvaient disposer d'une
relative autonomie budgétaire.
Outre la prise en charge éven-
tuelle de la dot et des menues dépenses quotidiennes,
effec-
tuées par les membres de la famille,
le chef de famille
tai t
é
tenu par la coutume de faire des "cadeaux" à
/
son epouse et CI
tous les autres aides-familiaux, y compris les enfants,
en
certajnes grandes circonstances.
Ces droits de disposer du
fruit de la vente des condiments et du surplus de certains

::~ l )'l .
vivriers,
d'attendre du cheE de famille,
gestionnaire de
l'exploitation agricole,
une "récompens(:,", étaienL fondés,
comme ,en rend si bien compte Gastellu,
sur la participation
de chacun de ses membres,
a la production,
"décomposée dans
le temps et par catégor ies"
(1).
Au niveau de l'exploitation aurifère,
le partage
de l'or extrait s'effectuait selon les règles précises,
prevues par la coutume.
A Amonkrou,
sur le N'zi,
à la limi-
te du pays n'gan et du baoulé,
les femmes recevaient,
pour
prlx de leur travail,
"un cadeau lorsque,
comme c'est le cas
le plus fréquent,
elles sont mar iées à l'un des orpai Ll.eu r s " (1 )
Par contre,
"si elles sont engagées comme manoeuvres,
elles
reçoivent pour salaire la moitié de l'or récolté par l'em-
ployeur"
(3).
A Bongouanou et dans l ùEssandané,
"le p a r t.a q e
a lieu par parts égales pour les hommes.
Les femmes reçoi-
vent environ 1/10 de ce que gagnent leurs maris,
leur sa-
laire est calculé à raison de 36,50 par 300 francs d'or ré-
col té"
(4).
Quant aux esclaves dont la présence est_ rarement
(1) J.M. Gastellu, Une économie du trésor
les grands plan-
teurs du Moronou,
tome II, L'organisaLion économique,
ORSTOM, Petit-Bassam, 1981,
p.
45.
(2) A.
SOMI, Hubert,
op.
cit.,
p.
19.
(3)
Ibid,
p.
19.
(LI)
Ibid,
p.
2U.

L l o ,
signalée sur les qîl~(=,s au ri r er os (1), ils r omot La iont. 1<:1
totalité du produit de leur
travail ~ leur maître.
3 .La garde du "trésor"
familial
-,
La destination logique du surproduit,
apres sa-
tisfaction des besoins courants et de ce qui est exigé par
la coutume, vis-à-vis des membres de la cellule domestique,
est la constitution du "trésor" familial.
Notion extrêmement
complexe,
le trésor familial couvre à la fois
l'or sous
ses formes les plus diverses
(poudre,
pépites,
bijoux),
reçu en héritage, mais aussi la force de travail domesti-
que: veuves,
enfants et les biens matériels:
pagnes, mai-
son,
plantations,
etc ...
transmis à l'héritier,
à la dispa-
rition du chef de lignage.
(1) Une controverse, quant à la participation des esclaves à
l'extraction aurifère,
est suscitée de nos
jours.
Pour
Bonnault qui rapporte en 1934,
ce qu'il a pu observer en
pays anyi,
"ce sont toujours ses
(à l'anyi)
esclaves" qui
travaillent l'or.
Arch.
SDDEMI Bonnault (D),
L'or dans
les pays agni,
1934.
Kouamé Aka,
abondant dans le meme
sens que Bonnault,
note la contribution effective des es-
claves Sur les puits aurifères
"A la fin de l'exploita-
tion,
les femmes,
les enfants et les captifS remettaient
tout le produit à l'époux-père eh sa qualité de chef de la
communauté familiale".
Kouamé {A. ), L'organisation éconu-
mique précoloniale du Moronou d'après les traditions ora-
les, DRSTDM, 1979, p.
16.
La cour royale d'Arrah que nous eûmes l'occasion d'inter-
roger,
en mars 1973, et dont Kod j 0
Niamkey se fai t
l'écho,
dans l'article ~ité ci-dessous, conteste cette façon de
voir les c hos os
"A Arrah,
le travail de l'or
(forage de
puits,
etc.)
était fait par les hornme s
Libres et non par
les o s c Lav c s . Selun les no La bl.o.s de la ville,
il s aq i t
t
LCI
d ' li n
t r Clv ail n ob le qui ne pou\\T ait. èt r e con fié à c es Cl e r-
l'liers".
I\\odjo Niaml<;:ey; Le c omrnor c e à Ar r a h à l'époque prc;-
c o Lon i a Lo ,
in Annales de J'Université d'Abidjan, Séric' .1.
L.I)IllC'
3,
EnS,
pp.
151-156
(p.
lSLJ).

.: l l. .
Toute cette ë1ccurnuJëll~i()n d o surpJ-oduil~ n'::Ct":ll1
et
ancien,
s'opère au profit d'un seul individll,
l'aîné du li-
gnage,
premier responsable et gestionnaire des biens de la
communauté familiale.
Ainsi s'opposant aux phénomènes (~e
production et de consommation à caractère "collectif",
l'accumulation
(1) ne joue qu'au profit d'un seul individu.
Aussi,
est-ce à juste titre que Castellu suggère de parler
à ce niveau plutôt d'une "unité" que d'une "communauté"
d'accumulation,
dans la mesure oü la majeure partie du sur-
produit est drainée vers un seul pôle,
l'ainé, détenteur
du trésor
(2). On se trouve ainsi, relève le même auteur,
"devant une forte accumulation individuelle et une diffé-
renciation économique"
(3).
C.- L'émergence du détenteur du trésor au sein
de la communauté
Communauté au départ,
différenciation à l'arrivée.,
tels sont les deux visages d'une même réalité,
la cellule
domestique, dans son évolution,
des phases de production
et de consonunation à la phase finale de l'accumulc:tion des
(1) Expression,
introduite par Castellu,
au niveau du phéno-
mène économique des grands planteurs du Moronou,
pour dé-
signer l'accaparement,
au profit d'un seul individu,
en
l'occurence le chef de la plantation, du surplus du tra-
vail communautaire.
(2) J .1'1.
(;asteJlu,
op.
c i t . ,
p.
L19.
(3)
Ibid.

" l .: .
b i.eris . 1-,'1lurrnunic initiale ayant éu~ r ompu o , comment se
restructurent les rapports nouveau); entre l'aîné et les
autres membres de la cellule domestique?
1.
Le monopole du trésor
L'ainé puise effectivement dans les biens consti-
tués de Son vivant,
parce qu'il en a le droit.
Les utilisa-
tions possibles du trésor sont multiples
: éteindre une
dette,
racheter des parents réduits en captivité,
rembour-
ser une mise en gage,
assurer les frais coûteux des maria-
ges et des funéraiiles.
Ces initiatives onéreuses, qui ne
sont pas loin d'être assimilées à du gaspillage,
observées
de l'extérieur,
poursuivaient un objectif somme toute lou-
ables,
celui de ne jamais laisser un membre du groupe dans
une "situation" difficile,
au nom de la solidarité commu-
nautaire certes,
mais surtout pour l'honneur du groupe.
Il
n'est pas moins vrai aussi qu'à travers ce geste de solida-
rité,
le plus souvent ostentatoire,
l'ainé qui détient le
monopole de la bourse,
en tire plus d'avantage,
sur le plan
de la considération sociale.
Ainsi en s'arrogeant l'initia-
tive des interventions,
et en ayant sur le trésor familial
un usage prioritaire,
l'aîné se distingue-t-il des autres
membres de la cellule domestique et se hisse-t-il ainsi a
un rang socio-économique supérieur. Un tel antagonisme entre
d'une part la p r od u c t.j o n eL 121 consommation,
actes à d omi uari re

c ommun aut a i r o !:?t l ' a ocumu Latio n ,
or i (~Iltée e~;s("n l_iel1emel1 t,
du moirrs en apparence,
vo r s
Ja p r omo t i on d'un .i rid iv id u ,
nr:
peu t
manquer de surprendre.
Et cepend a n I~,
ce t I~e con trad ic'-
tion n'a
jamais fait,
semble-t-il l'objet de la moindre
contestation.
2.
Le d~passement de la contradiction
Conunent cette contradiction a-t-elle ~t~ trans-
cend~e ? Pour le comprendre, il est imp~ratif de saisir
d'abord que l'h~ritage ou tr~sor familial,
dans la soci~t~
agrrl,
ne se resume pas à la notion juridique de l'h~ritage,
tel qu'on le comprend dans le monde occidental.
Celui-ci,
avant d'~tre une appropriation individuelle, est une gestion
collective de ce qui est "reçu".
A ce titre,
à tout titulaire
qui a la garde d'un h~ritage, incombe le lourd devoir de le
gerer,
non pas dans un intér~t individuel, mais au nom et
au profit de la c ommunau t e dont i l est le représentant.
En
assurant ainsi l'in té l'Ô t des membres de la communauté fami-
liale,
i l garantit la survie de celle-ci,
en tant que cellu-
le sociale, contribuant par le fait m~me à sa propre immor-
talit~.
"Car sa r~putation sera, conune l'a si bien traduit
Gastellu,
à la hauteur de la fortune qu'il aura
léguée et pour laquelle i l sera loué par ses des-
(~cndaIILs" (J).
( 1) .J. i'1.
(: a s t C' 11 u,
Cl p .
c' i t.,
P .
8 7 .

Ainsi se laisse découvrir Je vériLable sens de
l'héritage qui est avant
tout un service,
au sens
fort du
terme,
ayant pour objectif premier la survie de la cellule
domestique.
Bien que cette norme soit loin d'être toujours
respectée dans les faits,
e Lle ne contribue pas moins a
apporter un certain apaisement au plan de l'idéologie et à
résorber l'antagonisme initial.

CHAPITRE
V
L'ECONOMIE
ANCIENNE
LES
STRUCTURES
AGRICOLES
Dans le Moronou de l'~poque, a la nature foison-
nante de Vle et regorgeant de richesses naturelles,
l'immj-
grant morofwo aurait pu borner son activit~ à la chasse, a
la cueillette et à la pêche.
Au lieu de s'y restreindre,
il
pr~f~ra aussi embrasser l'agriculture de subsistance. Naît
alors une forme particulière d'exploitation agricole,
li~e
aux croyances religieuses,
marqu~e par les traditions coutu-
mières dont les droits des premlers occupants auxquels se Su-
perposent les droits d'exploitation individuels,
au sein
d'une soci~t~ à structure communautaire. Ces conditions
particulières influeront sur les objectifs de cette agri-
culture,
limit~s et pr~cis
ramasser le volume de subsis-
tance n~cessaire au maintien de la cellule domestique,
tout
en pr~voyant une marge de s~curit~ suffisante pour les pe-
riodes critiques.
Pour atteindre ce niveau minimal de sub-
sistance,
le cultivateur mor o fw o limitera l'effort de pro-
duction.
si la gamme de ses productions est relativement
étendue et l'exploitation de dimension respectable,
il n'en
demeure pas moins que le paysan mor o tw o ignorera le travail
intensif,
la culture attel~e et plus encore la culture moto-
ris~e. La force musculaire restera Sa seule ressource. Cer-
tes des modes ou Lt.u r a ux ,
or jq i.ria u x <"ct ()dapt~s comme la Ja-
chère longue et l'assolement seront int_éqrés dans 1e ay s t emo

agricole anClen,
mais le rendement de celte agriculLure de-
meurera somme toute médiocre,
celle-ci n'ayant pas Su inté-
Clrer entre autres l'élevage qu i
aurait pu
être un élément
moteur et dynamique.
1.
L'EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
L'économie ancienne,
sous Sa premlere forme reve-
lée dans le Moronou,
demeure assez modeste quant aux objec-
tifS poursuivis.
Son ambition se limite à la stricte produc-
,
tion de biens,
appelés
a couvrlr
les
besoins
les plus
urgents des membres du groupe familial.
A quoi bon produire
ce que personne ne désire
!
La
satisfaction des besoins im-
médiats étant de nécessité vitale,
i l était naturel qu'il
se tournât,
aux premiers moments de l'immigration,
vers son
environnement naturel,
pour lui demander ce qui était néces-
saire à sa subsistance.
La chasse,
la cueillette et acces-
soir~ment la pêche sont-elles ainsi privilégiées comme ac-
tivités,
d~s l'installation agni.
A.- La cueillette et le ramassage
De gamme extrêmement étendue,
allant des noisettes
et
fruits comestibles aux esp~ces destinées à l'amélioration
des Illets aJ.imentaires,
en passant
par
les plantes,
les

.~ ! 7 .
feuilles,
les
raçill(~~s et les fleurs de vertu pha r ma ceu tiquo,
les produits de Cileillette él:_cLielll~ essentiellement une acti-
vité réservée aux
femmes.
De m~me,
i l était demandé aux
f(~mmes, a l'époque de la saison des pluies, le ramassage des
escargots
(achatina achatinal,
des diverses variétés de
champignons comestibles,
croissant
tant6t Sur le tronc des
arbres morts, tantôt sur
les
termitières.
Bien que la cueil-
lette et
le ramassage, activités complémentaires,
soient
traditionnellement reconnues Comme le fait de la
femme,
ex-
ceptionnellement des hommes peuvent y
contribuer,
surtout
en ce qui concerne les plantes et les
racines médicinales.
B.- La chasse
Celle-ci,
par contre,
est considérée à part en-
tière comme propre a
l'homme.
Devenue,
au cours des derniè-
res années précédant la colonisation,
activité ~ubsidiaire,
la chasse semble avoir été fort
prisée,
aux époques plus
lointaines.
Elle se pratique seul ou en groupe.
En tant
qu'activité individuelle,
la chasse a
dG successivement
faire appel,
d'abord ~
l'arc et aux
flèches
empoisonnées
(1)
(ll Les Aw i rie
(Aov i n },
les ancêtres des Morofwo,
étaient re-
putés pour
leur dextérité dans le maniement de l'arc uti-
lisé avec des
flèches
empoisonnées.
Cf Bosman,
A Ne\\,
description of Gold Coast of Guinea,
Letter
VI,
p.
79.
L'arc est connu sous divers
noms
TA,
l'arc ordinaire
~ usaqe de sport
SAKADO,
l'arc de chasse
(ou de guerrel
CIlIÎ
S '\\ll~il:i~;<? élvee CII"'S fl(-'cllC'~; ernpo:isonn6(~s.

/ln.
.
dont le souvenir se perd dans la
/
momoi r le.',
rnême dos
plus
anciens de la société actuelle,
puis au
fusil
fusil ~î
pierre de fabrication locale
(J),
on s ui t e
fusil de traite
et enfin fusil de fabrication,
plus perfectionnée,
de rnar-
ques fort diverses,
qui attestent la liaison du Moronou
aux courants d'échanges lointains,
soudanais et côtiers.
La chasse collective,
plus souvent pratiquée,
à
l'époque précoloniale,
et qui semble avoir été une vérita-
ble profession, groupant autour du maître chasseur
(bofwo),
les adeptes à ce métier
(bofwo-ma),
donna naissance à deux
formes spécialisées
la chasse au petit gibier dont les
objectifs étaient de satisfaire exclusivement les besoins
de consommation locale,
en gibiers
(2),
et la chasse au
gros gibier
buffle,
éléphant et autres.
Cette dernière
visait,
au-delà de la
fourniture de la "viande de brousse",
boucanée le plus souvent,
de s'insérer le plus étroitement
possible,
dans le réseau commercial de traite,
en l'appro-
visionnant en peaux de b~te, en ivoire,
et autres produits
forestiers
(3).
(1)
TCHOLIBUO en agni.
(2) Delafosse témoigne de la richesse en gibiers,
de toutes
sortes,
de la zone ivoirienne comprise entre le 6e et
le 8e degrés de latitude Nord,
dont le Moronou fait par-
tie intégrante.
Il énumère une vingtaine de variétés de
biches ou antilopes,
de gazelles,
de singes de toutes
sortes,
mentionne aussi des volatiles nombreux,
etc . . .
Cf Delafosse,
Essai de manuel de la langue agni,
1901,
220
p.
(p.
5 et sq.).
(3)
La pa r t. i ci pa t i.on du Morunou au COlllmerC(': de r.r a it.o on di-
rection des po r t.s côtiers du Colfe de Cuinl~('~, essC?nUelJe--
ment de l'ancienne Gold-Cuast,
est attestée par
les pre-
miers explorateurs
français qui
Loriq orit;
la
r on tiè r o ur i en-
ï
tale cltl HorClnou :3 la
Li 1; du XIXèm0 Si;~cl r" ; Mosl~o\\,!j L~, cl
13 .i Il '10 r
(~n t, r o ël u t r es.

'1
: J').
Les récits historiques de la
tradition évoquent
souvent la chasse,
à l'époque de l'implantation agni,
comme
~ l'époque antérieure o~ leurs anc~tre~ vivaient dans le
Sud-Ouest du Ghana actuel
(1).
La chasse est à
l'origine
de la création de plusieurs villages.
Takimaso,
le chas-
seur attitré de Nana ;);:ni;b;,.n, venu à
la chasse avec les BOFWO-
MA,
découvre une clairière,
o~ le gibier et l'eau abondent.
C'est aussi
le repère des éléphants dont la présence est
signalée par une nuee de hérons
(pique-boeufs) voltigeant
sans arrêt dans le ciel.
Le courageux chasseur de Nana
Sagban ajuste son fusil et abat l'une des bêtes.
Prévenu du
bel exploit de chasse de son serviteur,
dans un site qui
lui est décrit comme idéal,
Nana :)ongbc'Il et toute sa suite
abàndonnent gblobo,
leur dernière étape:
c'est la création
de Bongouanou,
le centre principal du Moronou actuel
(2).
Ané Kpanyi,
le futur
fondateur d'Arrah,
au cours d'une chas-
se qui le conduit à la limite du Ngatianu et de l'Essadane,
établit un campement de chasse,
Anékro devenu aujourd'hui
Akakro ;
i l crée ensuite Arrah,
site de clairière,
réputé
comme giboyeux
(3).
D'autres exemples pourraient être évo-
gues ...
(1) Ebrin Assalé de Ndolikro rappelle,
entre autres récits,
celui sur le célèbre Konvo Anoki,
qui, avant d'être prê-
tre,
remplissait la
fonction de chasseur,à la cour du
DENI-\\YIRAHENE
(roi du Denl-cyira).
Cf Ebrin Assalé, Récit recueilli à Nd o Li.k r o ,
le 12 avril
1979.
(2) Damoa Amoakon No~l, Bongou~nou, 7 juillet 1967 et
11
janvier l'JAl.
(3 )
"Un chef Anyi du Moronu,
Ane Kp a nyi ,
un chasseur
vint un
jour dans la savane prochp d'Arrah.
Il
.. . .1 .,'

La
c ha s s e (ilail,
dans la
tr a d it.no n a k a n ,
une
"fonclion de cour",
à laquelle étaient .in i ti<:::;,s certains
"pages",
princes de s a nq
ou assimilés.
Des grands du
royaume,
leI Ané Kpanyi du Moronu,
n'y répugnaient pas.
Elle é~ail aussi el surloul pratiquée par des hommes de
basse "extraction" qui se hissaient,
par leur ria b i j e t
et
é
leur courage,
au rang des plus hauts dignilaires du royau-
me.
En effet,
ne se livrait point à la chasse qui le vou-
lait.
M~me le courage n'y suffisait pas. D'apr~s la tradi-
tian,
i l fallait bénéficier d'un pouvoir maglque,
afin
d'esquiver entre autres les charges éventuelles des buffles
et éléphants.
Tout cela
traduit bien la place important~ tenue
par la chasse dans le Moronou précolonial.
C.- La
p~che
A côté de la chasse,
la pêche fait pâle
figure,
dans la mesure ou elle n'a
jamais connu d'ampleur,
à défaut
d'un réseau hydrographique nourrl et régulier.
A l'excep-
lion du N'~i et du Comoé,
fleuves
limitrophes,
le Moronou
n'est arrosé que par des rlVleres au débit intermittent,
. , '/'"
lrouva dans la
rivlere quelque chose de lumineux.
Le coin plai 1-
C'1I
ou t r o lrès q i boy oux ,
on y
rencun-
trait beaucoup de gros animaux.
Il créa alors un
campement qu'il nomma Anél~rongaloa "villaçlE-' d'Anf;',
jl? reste
ici"
Cf
,1.1 ..
Tli:III\\1
Cl
S.I'.
l:k:111:~:I,
Chl-(lI1cl.1ocli.e
c'l.
SLH·Cr.'é~J.()ll
cl yn d~; \\ i Cl U I~ 21
/\\ r: 1- ah,
in /\\. U • l\\.,
1. CJ 7 ').
S (.::1· 1 C'
r.
l:_ ()1I1 C:,
T J ! •
I:J!J •
1.:1 1. - L') () •

a moi tié désséchées en saison sèche,
dont la plus .i mpo r t a n t o
est l' AçJnéby et qu i. prend sa source dans le Sahié.
En
fait,
la pêche,
act iv i.t.é e s s en ti ej Lomon t
féminine,
était rarement
pratiquée.
En saison sèche,
au moment des basses eaux,
les
femmes,
~ l'aide de récipients en bois, remplacés plus tard
par des cuvettes,
vidaient marigots et étangs,
puis ache-
vaient,
~ coups de matchette, les poissons, à moitié asphy-
xiés.
Cueillette et ramassage,
chasse et pêche,
ne re-
présentaient tout compte fait qu'un aspect mineur de l'ac-
tivité de production.
L'agriculture dominait de loin l'ef-
fort productif. Mais l'agriculture d'hier,
par ses ambitions,
la
forme d'appropriation du sol,
était fort différente de
l'agriculture industrielle,
née de la colonisation et à
objectifs commercial et monétaire.
II.
PROPRIETE ET EXPLOITATION AGRICOLE
Le système foncier,
tel qu'il ressort des habitu-
des culturales actuelles,
repose avant tout sur un certain
nombre de principes idéologiques,
liés au rôle attribué à
la
terre dans le système cosmogonique Akan.
De ces princi-
pes de base auxquels sont associés un certain nombre de
comportements,
découlent des applications pratiques qu'il
conviendra d'exposer d~ns le d~tail.

Quant ~I l'exploitation agricole,
pratiqLH~t=' selon
des
techniques éprouvées,
depuis des générations,
elle vise
avant tout une production agricole suffisante pour la consom-
mation du groupe familial,
en limitant l'effort productif.
Le cultivateur Agni savait aussi exploiter de façon remar-
quable les possibilités limitées des instruments de travail
qui étaient les siens et tirait du milieu,
selon un système
agralre fort adapté,
le maximum que celui-ci pouvait lui
donner.
A.- Le système foncier
L'objectif est de définir,
ici,
la notion de pro-
priété foncière,
dans le système agraire agni et de tenter
de prendre la mesure de la surface effectivement mise en
valeur ~ l'époque précoloniale.
1.
La notion de propriété foncière
Les mots "occidentaux" de propriété collective,
propriété privée s'appliquent difficilement au Moronou.
Ici,
la
terre est sacralisée,
un lien religieux unit celle-ci
aux divinités
telluriques et aux anc&tres,
premiers occu-
pants du sol.
Aussi les rapports qui existent entre l'homme
ou le q r ou po humain et le sol
ne sont-ils P;:IS exprimables

l
, - )
.. ' ..
J

par ces catégories qUl résultent des structures propres allX
sociétés occidentales.
Partons d'une constation générale,
encore tr~s
actuelle
dans la campagne du Moronou.
La
terre est le bien
de tous,
et à ce titre tout le monde en dispose librement
pour la culture.
Dans la religion traditionnelle agnl,
re-
sumée par les
trois cultes suivants
le culte à NYAMIEN
(le ciel),
le culte à ASSIE (la terre) et le culte aux
ancêtres de la Communauté,
celui dédié à Assiè,
fréquent
et régulier,
n'est pas un acte dont l'accomplissement se-
rait réservé a une catégorie de personnes précise,
au
prêtre de la Communauté par exemple. Chacun a la possibi-
lité de poser les gestes cultuels
d'offrande et de sacri-
fice,
dédiés à Assiè.
En effet,
en des circonstances déter-
minées,
un culte est rendu à la terre,
essentiellement avant
le défrichement d'un nouveau champ,
au début de l'exploita-
tion d'un gisement aurifère et au moment de la célébration
de
la
fête de la nouvelle ignam~. Ce culte n'a qu'un objec-
tif
fléchir
la divinité tellurique pour que son action
renforce celle posée par le cultivateur et ne la contrarie
pas,
se concilier ses bonnes grâces.
Outre l'observation
de ces rites,
l'aspect religieux intimement lié à l'acte
économique se traduira par le respect de certains interdits.
Il ne conviendra pas de travailler les champs certains jours
de la semaine,
les ANAAN
(jours néfastes).
'relIe fraction
du
terroir sera
interdite a la culture ...

,
"")
{ 1

A travers ces différents rites et interdits,
Se
saisit le rôle de la
fécondité,
reconnue à la
terre.
Il ap-
partient ~ celle-ci et également aux anc~tres, en tant que
premiers possesseurs du sol,
de q a r a n t.jr l'abondance des
récoltes,
le succès de l'entreprise.
Il en résulte que la
terre,
loin d'~tre considé-
ree comme un capital que l'on s'approprie et conserve jalou-
sement,
est perçue plutôt comme un support,
une source de
fécondité,
inaliénable. La terre sacralisée relève de la
divinité tellurique et des anc~tres
elle n'appartient pas
a des individus,
mais a la Communauté.
Le processus d'acquisition de la terre par les
anc~tres est d'ailleurs révélé par l'histoire du peuplement,
longue période d'environ un siècle,
à l'issue de laquelle,
le Moronou fut délimité,
partagé pour ainsi dire entre les
neuf Sous-groupes ethniques. Chacune des portions territo-
riales eut ainsi des limites bien déterminées,
matérialisées
tantôt par des arbres,
tantôt par des ruisseaux ou
encore
par certains accidents de terrains.
L'appartenance de la
terre au monde supraterres-
tre a pour effet que les détenteurs actuels n'en sont que
les dépositaires et les usagers
temporaires
"l.a dis p osit i on de la
terre Lr-u r ost
transmise par
les puissances supérieures el:
les a ne.. ~tres,
21
c11arq0

pour eux d' opérer
une t.r ariemi e si on idenl~ique a u
profit de ceux qui assureront la continuité du
groupe.
La
terre est moins un objet du monde ex-
térieur,
que chacun peut marquer de son empreJ.n-
te en y exerçant son talent,
qu'un lieu o~ doit
s'opérer la continuité et la
perpétuation du
groupe"
(1).
Cette réflexion de Badouin,
pénétrante,
traduit
fort bien le statut du sol,
en révélant la nature du lien
qul attache le cultivateur agni a
la
terre.
Il en découle
que les droits de la Lommunauté sous-ethnique symbolisée
par le ~hef, reconnu comme le descendant du premier occu-
pant et gérant du bien foncier,
n'étaient limités que par
ceux des membres de la Chefferie qUl pouvaient occuper et
mettre en valeur la portion de terre suffisante pour les
besoins de la cellule familiale.
L'autorisation préalable
aupres du Lhef,
afin d'exploiter un morceau de terrain,
n'a
jamais été,
semble-t-il,
indispensable.
Il suffisait de
rendre explicite son intention de défricher une parcelle,
en indiquant d'un piquet,
planté en bordure du chemin,
la
portion de terrain de son choix.
Seule la mise en valeur
du
terrain confère à celui qui en est à l'origine les droits
de propriété
:
Tant qu'elle est cultivée,
la
terre reste
sans contestation possible à celui qui la cultive,
les récoltes qui en proviennent lui appartiennent
intégralement el comme il est membre de la
(l) R.
Baclouin,
Economie rurale,
Paris,
1LJ71,
598 p.
(p.
28).

CommunC:lUt(? aCJn:L,
i l n'est
tenu de verser aucune
redevance Sur le produit de ces récoltes."
(1)
Dans cette autre formule lapidaire,
empruntée Cl
Comoé Krou et qUl souligne a contrario que seul le travail,
en pays agni,
est à la source du droit de propriété,
se
trouve ramassée toute la portée de cette notion de propriété
Tout ce qUl n'est pas strictement le fruit
d'un
travail ne peut être une propriété stric-
te".
(2)
Il en résulte par exemple que le droit de propriété
Sur les arbres fruitiers d'un champ
palmiers,
col~tiers,
orangers, . . . se limite aux arbres et ne concerne pas les
fruits tombés d'eux-mêmes au pied de l'arbre et qui peuvent
être glanés par le premler passant.
C'est là l'une de$ con-
séquences assez subtiles du droit de propriété qui était en
vigueur dans le Moronou.
On peut résumer,
en reconnaissant qu'il existait,
dans le Moronou,
une sorte de superposition des droits
Eon-
ciers ou mleux différents niveaux d'attribution de la terre
tout au bas de l'échelle la simple concession a un individu
(1) J.L.
Boutillier,
Bonqouanou,
C8te d'Ivoire,
Paris,
1960,
224
p.
(p.
59).
(2)
Comoé Krou,
Le
jeu dans la société traditionnelle agni,
Th~se pour le Doctorat d'Etat, Paris, 1977,
t
l ,
pp.
l -44 3
t
2,
pp.
LI LJ LI -
7 2 l .
(p.
B21.

.' ..' ) .
du droit de cultiver
pour une période indéterminée
p.ll.lS
haut,
le transfert global,
entre les mains du Chef de la
Communauté,
des pouvoirs Sur le terroir
villageois ou
SDUS-
ethnique;
enfin,
au sommet,
l'alliance avec la
terre,con-
clue ~ l'origine par l'anc~tre fondateur.
1
1
!
1
Conditionné par l'abondance des
terres disponibles,
ce système "foncier" a pu fonctionner,
en
favorisant le dé-
veloppement des cultures vivrières à l'intérieur du système
d'exploitation traditionnelle.
2.
L'étendue de la structure foncière
A défaut de cadastre,
on ne peut correctement
entreprendre aucune analyse de la
propriété foncière dans
le Moronou.
Tout au plus peut-on tenter de se faire une
idée approximative de la superficie totale de vivriers,
a
l'~poq~e précoloniale, en essayant d'extrapoler, à partir
de quelques données de base,
fournies par l'enqu~te sur la
nutrition et le niveau de vie,
menée en 1955,
dans la sub-
division de Bongouanou
(1 J.
Le chapitre de cette enqu~te, consacré a la struc L
ture agricole,
révèle que la dimension moyenne d'une exploi-
t a t ion
était en 1955 de 10,2 ha,
r épa r t i s de la
façon SU:ivclllte
(1) Côte cl' Ivoire,
Enquêl~e citè' nutrition, n.I.Vecll.l de vle, sub.'...
division de Bongouanou,
1956,
193 p.

5,3 ha de plantations industrielles
(cacao,
café)
en rapport
et 4,9 ha de cultures vivri~res, associant des ignames cul-
tivés en premi~re année,
de la banane en deuxi~me année et
du taro en tr~isième année (1). Cette étude rév~le d'autre
part un effectif moyen de main-d'oeuvre (main-d'oeuvre fami-
liale et manoeuvres) de 13 personnes par exploitation (2).
Que pouvons-nous
tirer de cesélémen~s ? Intéres-
sons-nous exclusivement aux vivriers,
les seuls qUl étaient
cultivés dans le Moronou, à l'époque précoloniale.
Nous ne
pouvons cependant appliquer les 4,9 ha de vivriers à l'épo-
que précoloniale,
sans procéder aux corrections nécessaires
qui s' impos ent.
En 1955,
les superficies défrichées annuellement
par chaque planteur ne dépendent paS que des besoins du
groupe familial en produits vivriers.
Le planteur fait aussi
des prévisions.
Il tient compte de la dimension à donner aux
futures plantations industrielles.
C'est alnSl que les 4,9
\\
hectares de cultures Vlvrleres,
qui représentent en fait
trois années de défrichements consécutifS,
ont été apprêtés
également en fonction de l'extension que le planteur entend
donner à ses futures plantations de cacao et de café (3).
(1)
Ibidem,
p.
61.
( 2)
l bi d em ,
p.
73.
(3)
Le cacao e t. le café,
cultures pérc-!nnes sont plantés Sur
la même parc011e et conti nuent cle subsister quand les
cultures vivrières dispar~issent.au bout de trois a
quatre années.

On peut donc supposer que la surface des vIvriers était
moins étendue,
antérieurement a la diffusion des cultures
industrielles.
Au lieu de 4,9 ha,
estimons pour l'époque
anCIenne,
la dimension moyenne de cultures vivrières asso-
ciées
(ignames,
bananes,
taros)
s'étendant sur trois ans,
à 4 hectares.
Quant à l'effectif moyen de la main-d'oeuvre de
treize personnes,
chiffre valable pour 1955,
il correspond
assez bien à celui de la cellule domestique de production,
estimée à douze personnes,
vivant à l'intérieur de la con-
cession,
tel qu'il ressort du chapitre consacré à la popu-
lation du Moronou,
à l'époque de Marchand (1).
Sur la base d'une population globale de 18 300
habitants,
attribuée
en 1908
au Moronou,
l'on peut dédui-
re
que cette région agni du Moronou regroupait un
total
de mille cinq cent vingt cinq (1
525)
exploitations,
à rai-
son d'une main-d'oeuvre de douze personnes
(2)
par exploi-
tation agricole.
Ce chiffre retenu,
i l est possible de cal-
culer la superficie totale des exploitations VIvrleres an-
nuelles,
aux environs de 1908,
que l'on peut situer appro-
ximativement à 6 100 ha.
Soit environ 1,09 % de la superfi-
cie totale du Moronou.
(1) Voir le chapitre III,
premlere partie
"La période de
J 'homme
ra r e" .
(2) Les 12 personnes de la c'cllule domestique de production.

Comme celUJ-Cl
était loin de la situation critique
de non-disponibilité de for&t dont souffrent aujourd'hui
cruellement les planteurs de la région
Occupation de fo-
rêts classées malgré les amendes, exodes,
exacerbation des
conflits fonciers,
déboisements opérés ~ vue ...
sont autant
d'indices relevés ici et l~,
et qui traduisent éloquemment,
à défaut de chiffres plus convaincants,
la situation drama-
tique de penurle de terre dans le Moronou actuel
(1).
Cette situation actuelle due essentiellement au
système de l'économie de plantation,
introduit plus tard,
à l'époque coloniale et qui atteint aujourd'hui ses propres
limites,
n'a aucun lien de causalité avec le système d'ex-
ploitation agricole ancien que nous nous proposons mainte-
nant d'aborder.
B.- Le système d'exploitation agricole
Le passage du stade de la simple et pure exploi-
tation des ressources naturelles -disons de la cueillette-
au niveau d'une véritable activité agricole,
est marque par
l'économicité,c'est-à-dire l'adoption de ceux des moyens
qui permettent de se hisser au niveau des ambitions écono-
miques
fixées.
Or,
celles-ci étant des plus limitées,
en
(1) cr: .j .M. Caslr,~llll, La Course à la forêt dans le Moronou,
multigr.,
13
p.,
ORSTOM,
Abidjan,
1978.

, JL •
économi(" de s ubsis t a nc o ,
il en résult<::,ra
la nnse en culture
de sup<?r ficies assez. peu ét(,:,ndues,
choisies t.ouj ou r s
parmi
les portions de terrains Jes plus
faciles ~
travailler.
C'est pour
une raison identique que le capital d'ex-
ploitation y sera dérisoire et que les modes de culture
connaîtront
des formes rudimentaires.
Cet aspect fruste
des outils et l'effort mesuré apporté dans le travail,
tant
soulignés a propos de ce système d'exploitation,
sont aussi
commandés par le souci de maintenir la
fertilité du sol tro-
pical que l'on sait être léger et fragile.
Ce sont là quelques unes des caractér istiques du
système d'exploitatiorr agricole qui vit le jour dans le
Moronou précolonial et qu'il convenait de rappeler,
avant
une analyse détaillée de chacune d'elles.
1.
Une aqriculture extensive caractérisée par la fai-
blesse de ses objectifs et de ses moyens
C'est le trait dominant du système d'exploitation
qUl prévalut dans le Moronou.
Mais un choix de vocabulaire
se pose d'entrée de jeu. A l'expression "culture itinérante"
qui implique une forme d'agriculture dévastatrice et source
de gaspillage,
entraînant le déplacement du groupe familiaJ
ou village verS des terres vierges,
après chaque cycle de
culture,
.i l
faut
pref o r e r
(~:clle d'''aqriculture extensive:'''

pour désigner Je syst~me d'exploitation agricole qUI
fonc-
tio nna dans le Moronou,
avec des v i L'l a q e s
fixés
il demeure::'.
At.t.e iridr e
une production agricole suffisante pour
la consommation du groupe
familial,
en limitant l'effort
productif,
telle semble ~tre la règle fondamentale de cette
agriculture.
De cette perspective étroite,
découle le syst~-
me de culture dite "itinérante",
synonyme de culture exten-
sive.
Opposée habituellement à l'agriculture intensive,
l'agricuture extensive est saisie comme celle "où les agrl-
culteurs défrichent périodiquement de nouveaux champs et
abandonnent les plus anciens.
Le terroir cultivé se déplace
sur le territoire de la Communauté,
à la manlere d'une tache
d'huile"
(1).
Dans ce système d'agriculture,
le feu est un
"outil indispensable",
bien que mal utilisé,
i l puisse ~tre
dangereux,
détruisant entièrement la couverture végétale
et les micro-organismes des couches superficielles du sol,
exagérement échauffées.
Par contre,
si le feu est bien COn-
duit,
i l ne détruit que les débris de l'abattage,
rev~tant
ainsi de multiples avantages
: coup fatal à la faune nuisi-
ble et retard sinon suppression définitive de la germina-
tion des mauvaises herbes.
Dans ce système économiqu~ où les besoins demeurent
réduits et constants,
l'effort destiné à les satisfaire Se
H.
Du p ri.o z ,
PClySctn.<:;
cl'l\\frique Noire,
Nivelles
(Belqiqllc) ,
1980,
253
p.
(p.
86).

,
1
1
}
.J

t.r ad u ir
par un ccrl~aitl nombre' d' o r je n ta t.j orus
p r a ci.qucs .
En
p r o ml e r
1 i cu,
.i L
1:e s sor t
q u e ,
dan s
Jc:c'
ch 0 .i x clu
\\: e r ]- cl .i t 1
de cult_ure,
le c r i t.e r e
rel:enu n'est pas nécessail:emf::?nt la
richesse ou la fertilité du sol. On s'orientera plus volon-
tiers vers les terres les plus faciles ~ cultiver,
les
ter-
res légères,
malS aussi lès mOlns rentables.
On évitera en
consequence les terres grasses,
marecageuses,
plus produc-
tives,
mais aussi plus difficiles à travailler,
auxquelJes
la croyance attache un caractère sacré.
Il n'est point nécessaire de recourir ici a
la
religion pour expliquer l'abandon en friche de ces zones
humides,
lieux favoris,
ou s'établissent les communications
entre l'ici-bas et l'au-delà.
Le calcul économique à lui
seul parait suffisant pour en rendre compte.
Or,
le choix
des terres légères moins fertiles,
oblige à
la culture ex-
tensive,
a la
jachère longue et à recueillir,
au bout du
compte,
une charge agricole certes suffisante à la consom-
mation de la cellule domestique,
mais dérisoire,
eu égard à
l'étendue des terres exploitées.
Par son activité agricole,
au milieu de cette na-
ture gFinéreuse qu'il était loin d
av o iu
pu maîtriser,
le cul-
v
tivateur morofwo avait enfin adopté certaines habitudes cul-
turales,
éprouvées sur plusieurs générations et qui ont Lou-
tes
tendu à sauvegarder
les qualités agrOtlOmlques du sol.
tian des cultures.

2.
L'assolement,
111<\\inl~Len de la fertilit~ du sol
Avant l'inl.coduction des cull~ures s p éc u La t ive s ,
l'Agni pratiquait un s y sU,rne de cul t ure s " l lin é r an tes sur
brGlis qui combinait assolement et
jachère longue.
Contrairement ~ une certaine tendance de mono-
c01ture qUl a pu prévaloir dans certaines régions du monde
et que l'on s'efforça d'instaurer dans le Moronou,
a
l'épo-
que coloniale
(1),
les Agni ont de tout
temps pratiqué la
culture en association ou en agrégation
(2). Chaque cellule
domestique choisissait pour son champ un pan de for~t qui
était abattu à "l'ALALE"
(3). Les branchages, encombrant
le terrain,
étaient rassemblés en monceaux,
puis l'on y
mettait le feu,
qui mobilisait aUSSl les sels minéraux ac-
cumulés dans
les végétaux.
La cendre, ainsi recueillie)ser-
vait comme fumure.Mais comme le sol
demeurait toujours pauvre,
(1) Ce fut
le cas pour le coton imposé dès 1917 par l'Admi-
nistration coloniale.
Cette culture interrompue pour ses
mauvais rendements,
sera reprise dans le Moronbu,
en
1928 et poursuivie
jusqu'en 1931,
avant qu'elle n'y soit
définitivement abandonnée.
Il faut
par ailleurs souligner que sous les tropiques,
la
monoculture expose davantage la parcelle au ruissellement
de l'eau en surface,
Cl
l'érosion,
pour la bonne raison
que le couvert végétal y est beaucoup moins dru.
(2)
Dupriez la définit comme le système dans lequel
"dans
un m~me champ l'agriculteur sème,
soit au m~me moment,
soit à des moments différents,
plusieurs espèces ou
variétés".
Dupriez,
Paysans d'Afrique Noire,
1980,
233
p.
(p.
13()).
(3)
Il
a
él.f--';
l-ernpla('p d('pui~3 p a r
Ja
ma to ho t t o ,
sorte' de
coupe-coupe.

le cul\\:ivaLeur ClCJn:L cunfec'ticlnnait des bu t t o s
p ou r
l(:'s bULI-
tures d'ignames,
afin de
faire profiter ~ celJes-ci le ma-
XJ!llum
d'apport cendré.
Au pied de la butte d'igname,
le cultivateur semait.
dès la premlere annee,
le malS et l'arachide,
puis plantait
le taru
(l ) ,
la banane èn deuxième et troisième
/
annees.
Ainsi étaient associées aux especes annuelles:
l'igname,
le malS et l'arachide,
des espèces pluriannuelles
le tarot
et la banane.
Fréquemment des espèces fruitières telles que
le papayer,
l'ananas,
les agrumes,
étaient
aussi semées, dès la première année de l'exploitation.
Ces
espèces qui se maintenaient,
au cours de la jachère,
étaient
exploitées a volonté,
selon les besoins.
L'intér~t d'une telle combinaison est multiple.
L'association donne la possibilité aU cultivateur de proce-
der aux récoltes,
a différents moments de l'année et de s'as-
surer ainsi un apport alimentaire permanent,
en quantité et
en qualité,
sur le plan agronomique.
L'association d' espÈ'ces diversifiées comporte aUSSl
des avantages agronomiques extr~mement appréciables,
permet-
tant entre autres d'exploiter,
de
façon différenciée,
la
pa rcelle mi se en va l eUI~.
En f-?f fet
les pl antes cult .i vées ayant
(1) Coluc~sia indica.

des nio r p b o Lrrqie s
r adicul air-cs el
des
bo s oins
dlimelll_di I('S
déllC'nnillés,
puisent cert:c"s les (':;Jéments nu t.r iLi f s, du ~-:;()J,
malS a des niveaux différents,
de
telle
sorte que celui-ci
est
"quantitativement el: qualitativement bien moins exploi-
L é qu' e n
p ]l a s e d e r e con s 1: i tut ion "
(1) •
. Les avantages
techniques sont
aUSSl enormes.
D'une part,
l'association culturale épargne au cultivateur
un double labeur et lui fait gagner du temps par le mélange
des cultures sur une m~me parcelle. D'autre part, certains
~ivriers comme l'igname,
le mais et l'arachide qui ont un
cycle annuel,
contribuent,
en fournissant de l'engrais vert
-,
par
le pourrissement de leurs feuilles après la récolte,
a
l'enrichissement du sol.
Enfin,
grâce à
l'assolement et à
une remarquable complémentarité des éléments du complexe
agralre,
l'humus qui avait été partiellement détruit,
à
la
suite du réchauffement du sol par brûlis,
est parfaitement
reconstitué.
Ajoutons,
par ailleurs,
que la
jachère (1),
pra-
tique courante du système agraire agnl,
permet aux diffé-
rents végétaux en friche,
d'exploiter
les éléments minéraux,
(1) Sa durée devait excéder la di~aine d'années, à l'époque
ancienne,
puisqu'à l'époqlle coloniale
(1955)
où les ter-
res commençaient à se raréfier,
elle n'était
jamais ln-
férieure à dix ans.
Cf Boutillier,
Bongouanou,
C3te
d'Ivoire,
p.
LJ9.

r : )
,
i

Jes
brasse)-
de les
t
r
cians le sol,
sous
d
o
e l : .
r
e d i s
r i b u o
for me d (c' Dl Cl l .i è r p SOt: CJ an _1 q U le' S •
:r l E' n 1-é sul L r> u Il e t r ans f Cl rrn a -
tion non seulement de la .st.ructuce des couches supc:'t-fieicl-
les,
mais par
ailleurs
"la
texture
(1) profite éqalement de l'intense
activité biomassique
(2)
en profondeur et en sur-
face:
les racines vivantes ou mortes,
les litiè-
res de feuilles mortes,
la grande activité de la
faune du sol créent des conditions hydriques et
des températures très
favorables à la microbio-
logie"
(3).
La
jachère constituait donc un élément
indispensable du
système cultural agnl.
Le cultivateur avait donc
tout
inté-
r~t à l'intégrer dans le système de culture cyclique qui
était le Slen et surtout a
la maîtriser,
en respectant
le
pr inci pe des "cul t ures d i te s
sales"
les souches,
les
débris de raClnes,
certains arbres doivent en effet demeu-
rer sur le terrain,
afin que la
jachère démarre rapide-
ment
(4).
(1) Elle est ainsi définie par Dupriez
"Arrangement des matières minéraJes et organiques
déterminant
la perméabilité:
la porosité et Ja ca-
pacité de retenir
l'eau d'un sol".
Du pr i.e z ,
op.
cH.,
p.
253.
(2)
La biomasse englobe l'ensemble des matières vivantes
d'origine végétale ou animale vivant dans un milieu,
en
l ' occurence
sur le
t e r r ai n en
jachère.
(3) Dupriez,
op.
c i l . ,
p.
99.
(4) On
perçoit
peu-~tre beaucoup mieux le danger des techni-
ques d
aq r LcuLt u r o dites IllOci(:'lI,c'S qui
t
ru> prennent
pas el,
compte l;~ biuliliJSSC' ci'E"'quiJiJJI-C el :";(' Li v r o n L incullsidl~­
cément
à des défl-icl,ernellLs exhilust.ifs,
,l
des
~:;arcl;.1qc':::;
pe r ma nC'11 t S.
\\i () i J:
d ux Tie r b.ioi.d os
11UC ifs.

J
J
\\ (
,
)
lLnp
cie:,
subsistance précul1lnialc' du MU1~(mClU jnl~éc:lrait un
é::,nsemb1f:, d' opérations
somrnr~; toute complexc's dont la cClIlc1ui-
te exigeait un minimum d'organisation.
3.
Le travail agricole,
un effort mesure
Etant donné l'abondance des for~ts, riches en
détritus fertiles et la faible densité démographique,
a
l'époque précoloniale,
la surface des
terrains exploités
annuellement était insignifiante (1)
et le syst~me de ro-
tation de cultures,
intégrant la jach~re longue,
parfaite-
ment compatible avec l'installation fixe des villages.
Par
ailleurs,
l'étendue m~me des terres mises en valeur était
fonction du nlveau des besoins de chaque cellule domesti-
que.
Pour toutes ces ralsons,
l'effort d'exploitation agrl-
cole sera mesure et modulé selon les saisons.
a) Les ralsons de l'absence d'intensité du~ travail
Effectivement,
pour
les raisons
internes a
la
société agni,
évoquées plus haut et aussi pour des motifs
tenant plus précisément à la fragilité des sols tropicaux,
( l)
lC,
1 oo ha soi 1 l, () C) ~)(, cl e
I ,1
su P Co')~ fi cie cl u 1'1 () r Cl n ou .
Vuir P.229'

c.ul t jv a t ou r
mor or wo ,
non p as comme une n(~c,='ssité, rn ais,
plut3t con~e une erreur grave (1 J.
Mais en même
temps que l'on souligne l'oisiveté
du paysan africain
(2),
on oublie d'évoquer les dures con-
ditions climatiques des
tropiques et surtout les finalités
poursulvles par l'agriculture africaine. Celles-ci,
loin
de viser la recherche du profit marchand,
avait fondamenta-
lement pour objectif la satisfaction des besoins matériels
et sociaux du groupe lignager.
Dans le cadre agraire tradi-
tionnel qui était le Slen,
le cultivateur agni avait atteint
un certain équilibre relativement stable,
une démographie
modeste et l'ordre social,
clef de voGte de tout le système
agricole ancien.
Quant aux travaux agricoles qui s'étendent sur
toute l'année ils se répartissent autour des deux opéra-
tions fondamentales
le semis et la récolte.
L'année
(l )
"( .. ,)
Bien des efforts de "modernisation"
(lire
"intensification") se révèlent comme l'expression
d'une certaine inconscience de la part d'agronomes
peu réalistes ou comme l'une des formes multipJes
de l'exploitation inconsidérée des ressources du
T-iJ'rS-trlnlîde" .
IJ LI P l' Le::::,
0 p .
( ..i 1 .,
P •
L( 1( ) •
(2)
j3acinuin,
I~:conumie r u r a Io,
!'él1J,S,
l(nl,
',Cl!]
p.
(p.
2',).

agricolE::' COmlt1E'IICC' sellsi.blell1enl~
au d~bul. èe JclilVLCI:,
Cil
pl cine
fête de ce même nom qUJ
se célèbre
trë,cl:itionne='llement Cl
Id
fin de décell1bl~e.
La parcelle ~ mettre en valeur,
une=' fois choisie,
est délimitée par un layon,
taillé ~ la matchette (1),
a
même la forêt.
Ceci,dès la
fin de la petite saison des
pluies
(2).
Sans attendre les premières manifestations de
sécheresse
(wawa),
l'on procède ~ l'abattage des arbres,
grands et petits et
au débroussaillement de la forêt et
du sous-bois,
avec ce que cela comporte de lianes,
de
branchages et de taillis.
Tous ces abattis séchés sur pla-
ce,
sont rassemblés en tas pour être brGlés,
au plus fort
de la saison sèche.
On en profite alors pour parachever le
nettoyage du champ,
en dessouchant et en sarclant,
si c'est
.
/
n ec e s s a i r e .
Il ne reste plus qu'~ attendre la chute des pre-
mleres pluies,
au mois d'avril,
pour
le buttage et
les dif-
férents senas
19name,
malS,
arachide.
Cette phase des
travaux est la plus absorbante,
dans
la mesure ou un re-
tard
important,
survenu au cours de ces opérations allant
de pair avec la période pluvieuse
(N'zutoblè),
peut
aVOlr
une incidence catastrophique sur la
récolte future.
C'est
(L)
Së'ibn' cl' ëlbal 1 i s .
(2) Clcl:ubl-e -
n ov cmb r o .

.: ·,'1 l .
f o r rno de
r e j e t ,
entl~l'~ Il::':-=; bu t t.e s ou au pied de c:clll's-c'j
A l'apparition des pousses d'ignames,
J'on s'empresse,
~
l'aide d'une
liane,
reliée ~ un tuteur,
de les y
attacher.
Aux mols de
juillet et aoGt,
l'on peut esperer les
premleres récolte~
mals et arachides dans un premier
temps,
puis les ignames précoces d~s la fin aoGt.
La récolte des
19names se poursuivra tout au long des mois de septembre,
octobre et novembre.
Hommes et fenunes y participent active-
ment,
les transportent,
après les avoir extraits des buttes,
jusqu'aux greniers
(fongo),
dressés ct cet effet,
où les
19names sont stockés et conserves.
Le mois de décembre était consacre
aux
devoirs sociaux et aux f~tes
fête de
l'igname,
funérail-
les.
C'était aussi
l'époque des travaux non agricoles
creusement des mines d'or,
construction ou réparation des
cases,
qui marquaient
ainsi
la fin du cycle annuel.
Cet effort soutenu du labeur agricole,
harmonieu-
sement
)-éparLi selon les saisons,
obéissai t
à un rythme
hebdomadaire non muins constant.
I:""acte économique,
dans
La soc i été ëlQn J.,
es t
un acte complexe qui
n'émerge qu'avec
difficulté du contexte religieux et social dans lequel
il
est
insél--é.
L,' aspec:L
r o Li qiou x
césultc~ d(~ la n ec e s s i t.é de
Sl_'
l_'UI!L.i l i o r
les pUi.SSdI1L'C'~:=; l..l.'lJul-.i.CJucès JucdJes pour CJue

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s u r t.o u L i l
imposC:'cd,au
cuLtivat.ou r
l'c)!::Jsc-,:'rvancc
o b.l iq a Loirr:
de
jours de repos,
à l' illL(~rieur dE:' IcI semalne. Le cho ix
du
Jour de
r e po s ,
selon
Id volonté des dieux
locaux,
Va-
rie r a d ' un Çl U) u p e m0 r 0 f VJ 0
a
I. 'a u t neC'.
1'1 ais
cl' u n ~; man i ère Çl (?-
néraIe,
certains vendredi et dimanche du calendrier men-
suel morofwo,
sont décrétés comme
jours d'arr@t du
travail,
valables sur l'ensemble du Moronou.
Ce sont
les
"Anan",
c'est-à-dire les
jours non
fastes,
ou le repos est prescrit.
Outre l'ANANYAet l'ANANMLO
(1),
soit le mercredi,
soit le
lundi,
selon
les coutumes locales,
est considéré aUSSl comme
Jour "férié".
Tout ce reseau d'interdrts a
pour résultat d'a-
lourdir
l'acte économique et de réduire le nombre de
Jours
ouvrables et aussi l'efficacité de l'activité économique.
Saisie de l'extérieur,
toute cette technique
agricole com-
plexe,
figée par des rites religieux,
apparaît
co~ne un
obstacle -et cela est exact- à
la
réussite économique.
La
société traditionnelle agni
semble avoir sé=rété,
tout au
long des siècles,
un Certain nombre d'institutions dont
les
intel-dits du domaine açll~aJ_rE', q ui en sont les fonde-
ments et dont
l'objectif est de protéger cette société
contre
toute transformation qui mettrait
en Cause Sa surV1C.
Pour
assurer
Sa pérenni té,
la société a
élabu]~é l' organisrl-
tion du
t r a v aiI
I:eLl(=' que 110US l'avons décrite,
dans
les
(1 )
Allan Ya
ch,~quc LL-oisi\\"I1lC vc:'nc1redi clu m"is.
1\\nal1 mIo n
clldque
t.roisirrne dim e ncbr- du
[lhJÎS.

,
,
,
pages p~écéclenLes, ê:lVfX' se::; ry thmo s S,)l,SUI11IJel-C'S fée'l.
hebdo-
niad a i r e s ,
qu a siv immu abLe s .
CetLc' ]-églemenLaLioll qu i
peul:
~tre perçue Comme cOlltrajnte, en posant cles limites a l'ef-
ficacité économique,
n'incite guere le cultivateur a une
ardeur plus grande d o n t
l'issue serail: l'enrichissement.
[,e
produit du
travail,
loin d'~tre accumulé a son seul profil,
est partagé selon des crit~res inscrits dans l'organisation
même de la société.
Ainsi apparaissent les concepts-clefs de l'orga-
nisation agricole traditionnelle
ceux d'équilibre et de
sécurité qUl ne sont nullement l'antinomie -comme on aurait
tendance à la croire- du changement et de l'innovation.
Mais
l'expansion est
toujours soumlse à l'équilibre critique a
preserver entre les institutions du système social et l'in-
dividu qui en est aussi un élément.
Ce critèredel'équilibre et de la sécurité,
[on-
dement de la surVle m~me du syst~me social, est aussi pre-
sent et commande le choix des instruments du travail
agrl-
cole.
LI.
Les
i ns trumen t s
ag r icoles,
un n:L veau méd ioc re
En effet,
le c a p it. a I d'exploilation,
d an s: le sys-·

..j .:~ .
de's
Il'esL
prie.;
:':;dns
t~"'Lrc
,
lIe cl
L cl
mocliciLé dr." la
f r act j ori
de
tC'J'Cl",
mis,t : aru iu e Llemon t. en
Vd-
leur,
afin de subvenir-
ClUX
besoins dl
la ceLlule d omo s ti.qu o .
On aurait pu cependant
imaginer que dans
le cadre de la
conununauté v i.Llaç eo is o ,
cel-tajlls individus se consacrent
à la confection d'outils relativement complexes,
afin d'ac-
croître le rendement de la production.
L'observation des
outils agricoles du passe,
dont la plupart sont encore uti-
lisé~ de nos Jours, dans les champs, nous apprend qu'il
n'en fut
rlen.
L'économie de
subsistance,
hier comme au-
jourd'hui,
privilégie la culture ~ la main.
Ignorant la
culture attelée,
le cultivateur du Moronou n'use comme force
d'énergie dans toutes ses activités,
agricoles et autres,
que de sa force musculaire.
Sans suivre Badouin
(1),
qUl
nle l'émergence de la notion de facteur de production,
au
niveau des sociétés rurales de l'Afrique précoloniale,
il
faut cependant reconnaltre que dans le cadre de l'économie
de subsistance gui
prévalut dans le Moronou,
la création
ou l'utilisation d'un outillage perfectionné,
source d'un
meilleur rendement,
fut
inexistante.
Les
ambitions rédui-
tes de la société,
malS aussi les structures sociales,
complexes,
dans lesquelles était encastrée Japratique de
(1)
"Le capital d'exploitation est
t r
s
restreint dans
è
les sociétés voisines de l'économie de subsistance
( ... ) Précisément,
l'économie de subsistance se Ca-
ractérise par des modes de culture r ud i nie n t.air e
( . . . )La n o Ljor: de facteur de productioJ: enHê'l-cje
é.îVeC"
po inr- ".
C f
I~.
flac1()uill
up.
c'i L , ,
p.

245.
la culture,
semblent avoir rendu d'une inutilité coûteuse,
l'emploi d'un outil de meilleure qualité. Les instruments
agricoles,
parvenus du fond des âges jusqu'à nous,
sont,
sans exception, d'une rusticité décevante.
En voici la nomenclature. L'outil principal du
cultivateur était l'ALALE,
avantageusement remplacé aujour-
d'hui par la matchette,
sorte de sabre d'abattis dont la
base effilée était plantée dans un manche en bois,
servant
de poignée. C'est l'outil par excellence pour l'abattage
del~for~t, le défrichement et le nettoiement des sous-bois,
et champs de culture. Le TCHEKLAN de l'époque ancienne au-
quel a été substitué l'EHUMAN,
hache de fabrication euro-
péenne,
était utilisé pour l'abattage et la taille des ar-
bres.
Pour aiguiser et rendre tranchante la lame de la ha-
che ou de la matchette,
on se servait de la lime,
connue
sous le nom de FUFU.
Enfin la daba, TOKPO,
petite houe à
manche courte,
servait à la confection des buttes et au
binage de la terre,
en cas de besoin (1).
Telle était la liste de l'outillage agricole, un
outillage fort restreint et des plus rudimentaires.
(1) En fait il existait deux sortes de houes,
une de grande
taille pour les buttes et une plus petite pour le sar-
clage et les besognes légères.

246.
III. L'ELEVAGE, UNE ACTIVITE SECONDAIRE
En Afrique Noire et tout particulièrement dans le
Moronou,
la culture et l'élevage sont des activités disso-
ciées.
Si
~illeurs le recours à l'animal de trait et l'u-
tilisation du fumier sont chose courante, dans le Moronou
il faut souligner leur absence
dans l'activité agricole.
a
C'est la raison fondamentale qui nous/poussé à présenter de
façon autonome ce développement consacré à l'élevage.
Dans une économie de subsistance,
limitée par
nature dans ses ambitions et ses
moyens,
l'élevage ne peut que participer du faible développement
général. La présence du bétail,
gros et petit, est attes-
tée à plusieurs reprises dans les tout premiers documents
coloniaux de la région. L'inspecteur d'agriculture,
Bervas,
en tournée dans le Moronou,
en 1911, c'est-à-dire peu après
la conquête militaire de cette région,
souligne l'existence
de quelques têtes de bétail,
petit et grand, dont l'expan-
sion était freinée par un obstacle majeur
: le manque de
pâturage (1). Cette situation recouvrait en fait une réali-
té contrastée. En effet,
les régions sawua,
. amantian,
alangwa,
ahali et ahua possédaient des bovins relativement nombreux
ailleurs,
on ne rencontrait surtout que chèvres, moutons
(1) ANCI,
1 RR 39, Bervas,
inspecteur d'Agriculture en
Côte d'Ivoire,
rapport de tournée dans le N'zi
Comoé.
Bingerville,
le 27
février 1911.

247.
et volailles.
Cette r~partition g~ographique du cheptel
s'expliquerait par le fait que dans ces r~gions, subsis-
taient quelques ilots de savane,
oG l'herbe,
relativement
tendre,
offrait de quoi brouter aux anlmaUx.
N~anmoins, là Comme ailleurs, les possibilit~s
offertes par les fourrages naturels ~taient largement in-
f~rieures aux besoins du cheptel (1)
la quête d'un sur-
croit de nourriture s'av~rait pour les ~leveurs une imp~-
rieuse n~cessit~ à laquelle ils ne pouvaient faire face.
Par ailleurs,
l'apparition des ~pizooties et la p~nurie
alimentaire furent à l'origine du faible d~veloppement,
vOlre de l'~tiolement du cheptel dans le Moronou.
A. La raret~ des bovins
On est plutôt agr~ablement
surprls de noter
l'existence de la race bovine, dans le Moronou, une r~gion
aussi bois~e et situ~e à une latitude aussi basse, en zone
tropicale.
L'administrateur Marchand est le premier à si-
gnaler l'existence de bovins,
dans une s~rie de rapports,
~chelonn~s entre f~vrier 1907 et mai 1908 et conserv~e
(1) Le manque de fourrage et surtout sa d~ficience sous les
tropiques est soulign~e par P. Gourou
"Une prairie tropicale de qualit~ n'a pas une grande
valeur alimentaire.
La flore du pâturage tropicale
diffère profond~ment de celle du pâturage temp~ré ;
elle est presque exclusivement à base de graminées
tandis que ce sont les l~gumineuses qui font la Va-
leur des herbages t.ernp èr é s ".
.
Cf P. Gourou,
les pays tropicaux,
édit.
1966
(1ère édit.
1947 ),
p.
79.

248.
aux Archives Nationales de C6te d'Ivoire (1). Mais nl l'ef-
fectif
(2), ni une distribution sérieuse des bovins mention-
nés, entre les diverses parties de la circonscription admi-
nistrative dont il était appelé à assumer la charge, ne sont
communiquées à travers ces documents. Tout au plus,
tient-il
le lecteur informé de la prédominance de la région occiden-
tale,
en bovins,
à cause de l'existence de quelques étendues
de savanes isolées ici et là,
sorte de prairie,
servant de
pâturage au cheptel bovin (3).
(1) On peut citer essentiellement les documents:
- 1 EE 138 (1/3),
na 4, L'Administrateur H. Mar~hand a
l'Administrateur du Cercle des Lagunes pahoua,
le 1er février 1907.
- 1 EE 144, na
27,
ais tournée d'avril 1908. L'Adminis-
trateur du Nzi"'- Comoé à Gouverneur de C6te d'Ivoire à
Bingerville, Sahoua le 2 mai 1908.
(2) Hostains estime,
en 1912, à "1 000 boeufs" le cheptel
de tout le N'zi-Comoé dont le Moronou n'est qu'un élé-
ment.
ANCI DD 146/015 Ho s t a i ns, Mo no g r aph i.e du N'zi-COlfiOé, 1912.
(3) En février 1907,
au cours de la tournée qui le conduit
essentiellement dans les régions amantian,
ahaly et âlangwa
Marchand note la présence dans les villages d'AgouaKrou,
Ahman,
Aoussoukrou,
Agnikrou et Kamrœlkrou,
occupant un
site de savane,
de boeufs, mais aussi de moutons et de
chèvres. On l i t par exemple,
à propos d'Agnikrou :
"Ce village,
situé en savane,
possède beaucoup de
bestiaux, boeufs,
chèvres, moutons".
ANCI,
1 EE 138 (1/3),
op.
cit.

249.
Ailleurs dans le Moronou,
il existait quelques
t~tes de bovins dans le Ngatianou(l), l'ASIE (2) et parti-
culi~rement dans l'Ahua
"Le village d'Arrah,
à 35 km enVlron à l'Est de
Bongouanou,
est situé en savane sur la bordure de
la for~t ( ... ) Il poss~de un fort troupeau bovin,
en excellent état"
(3).
L'esp~ce bovine présente dans le Moronou appar-
tient à la race dite "baoulé",
issue,
selon Allierie,
"de
la grande famille ibérique"
(4).
L'anc~tre lointain du
(1)
1 EE 144, n ?
27,
op.
cit.
Par ailleurs,
Kak j o Kon i.n, du
village de Niandian,
l'un des premiers représentants ad-
ministratifs,
en poste à Dimbokro,
pour avoir tué,
au
fusil,
trois boeufs appartenant à Ebrin Botoku de
Nguessankro qui venaient de saccager son Champ d'ignames,
est arr~té, lui et deux autres fr~res et mis en otage
par les partisans d'Ebrin Botoku Kadjo s'étant libéré du
carcan qui emprisonnait ses membres inférieurs,
part à
travers la for~t conter la mésaventure qui venait de lui
arriver ainsi qu'aux siens,
à Marchand dont la nouvelle
de l'arrivée à Sawua avait été colportée jusque dans le
Ngatianou.C'est dans ces circonstances que Marchand,
le
premier français,
arrive à Nguessankro,
le coeur du
Moronou.
Récit recueilli aupr~s de Eki~, fille de Kadjo Koni,
a
Bongouanou,
le 10/01/1981. Bande no3
(2) Des dégats semblables causés par un troupeau de boeufs
à Assi~-Méakro, en 1929, sont rapportés.
Cf ANCI,
1 E2 IV-4182
(3307).
(3) ANCI,
1 RR 97, Bervas,
rapport de tournée dans le district
d'Adzopé et dans le Cercle du N'zi-Comoé.
Bingerville,
le 22 février 1912.
(4) Allierie (vétérinaire en service en Côte d'Ivoire,
plus
précisément dans le N'zi-Comoé,
au cours des années 20),
La Race bovine baoulé de Côte d'Ivoire,
in Bulletin
du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de
l'AOF,
1926,
pp.
78-83.

250.
boeuf "baoulé",
conduit en Afrique Noire,
lors de l'invasion
arabe,
fait son apparition en C5te d'Ivoire,
dès le XVème
siècle,
par le coin Nord-Est du territoire,
a Bondoukou
précisément,
apres de fructueuses étapes dont le Fouta
toro sénégalais et le Mali actuel.
Plus tard,
il gagne la
zone moyenne de la C5te d'Ivoire
(1),
où il prend le nom
qui le rendra célèbre.
Dans cette zone des tropiques dont
le pays baoulé est le Centre,
il modifie profondément ses
caractères initiaux. Sa taille et son poids se réduisent
;
i l accroît par ailleurs sa rusticité et son immunité contre
les toxines et les trypanosomiases animales (2).
N'étant pas excellente laitière,
la race baoulé,
est élevée essentiellement pour la boucherie.
De constitu-
tion robuste et fort résistant aux conditions climatiques
assez sévères,
on eût pensé que le cultivateur agni aurait
eu naturellement recours à lui,
tant pour le travail que
la fumure du sol.
Il n'en fut rien.
La culture à la houe,
adaptée à la texture du sol,
se passe fort bien de l'aide
des animaux. De
'"
meme,
l'animal n'était pas utilisé dans
les transports.
Ainsi tout se déroulait comme si celui-ci
(1) La race bovine baoulé occupait toute la zone moyenne
de la C5te d'Ivoire
(Baoulé, Tagouana, Ouorodougou) et
empiétait sur la haute C5te d'Ivoire
(Kong).
(2) La racine bovine baoulé est caractéristique par sa pe-
tite t a i l l e :
1 - 1,10 m chez la vache;
1 -
1,15 m
chez le taureau.
Le poids moyen est de 200 kg pour la
vache,
210 kg pour le taureau et 220 kg pour le boeuf.
Cf Allierie,
op.
cit.

251.
n'existait pas.
Au point que Gourou a pu ec r i r e
"En Afrique
( ... ) tout se passe comme Sl la tech-
nique de la culture ( ... ) avait été mise au point
par des hommes ignorant l'élevage et qui ont eu
la révélation de celui-ci plus tard seulement"
(1).
En effet,
en ce qui concerne le Moronou,
il est
bien évident que l'élevage du gros bétail est une activité
importée,
qui a du mal,
même aujourd'hui,
à être assimilée.
A l'heure actuelle,
les seuls éleveurs que l'on rencontre
dans la région,
sont les foulani,
peuple de tradition éleveur.
L'utilité de l'élevage en zone tropicale est-elle
chose Sl évidente ? Les spécialistes des pays tropicaux,
comme Gourou,
le nient,
attribuant à l'activité pastorale,
la progression de la savane sur la forêt,
l'érosion des
sols et autres ravages (2).
Jusqu'à quel point cet aspect contestable de l'ac-
tivité pastorale fut-il perçu des populations africaines?
( 1)
P.
Gourou,
Les pays tropicaux,
1966,
p.
79.
( 2 )
"Les ravages dus à l'activité pastorale
sont im-
portants,
en échange d'avantages économiques insi-
gnifiants.
Les savanes ( ... ) sont essentiellement
dues au souci de créer des pâturages".
I l écrit encore
"Les bergers sont les principaux responsables des
incendies qui ruinent le sol".
Enfin on l i t
"La surcharge pastorale entraîne ses conséquences
habituelles,
les p~turages s'épuisent,
l'érosion
dévore le sol"
Passages extraits de P.
Gourou,
Les pays tropicaux,
1966,
pp.
80-83.

252.
Certes,
des régions comme le Soudan embrassèrent l'élevage,
mais i l faut reconnaître que la plupart des civilisation~,
nées sous les Tropiques dont celle des Akan à laquelle se
rattachent les Agni,
se sont orientées vers l'exploitation
à peu près exclusive du domaine végétal et
"cela en accord avec un milieu physique peu favo-
rable à l'activité pastorale" (1).
On comprend peut-être beaucoup mieux pourquoi les
hgni ignoraient tout de l'élevage,
jusqu'aux soins les plus
élémentaires qu'il eût été nécessaire de prodiguer aux bo-
vlns,
afin d'en améliorer l'espèce.
Il ne les soupçonna
A
meme pas.
Ainsi par exemple,
les accouplements et les croi-
sements éventuels furent le fruit du hasard.
Les quelques
rares troupeaux,
présents dans la région,
laissés à eux-
mêmes,
erraient dans la brousse,
à la recherche d'herbes
tendres à se mettre sous la dent. Jamais ne vint à l'idée
du propriétaire de bovins de tendre un épis de maïs,
un
morceau de manioc ou de toute autre tubercule dont regor-
geaient les greniers familiaux.
A la saison sèche,
devant
se contenter de feuilles
persistantes et coriaces ou de troncs
à demi calcinés,
le cheptel était alors à la merci des épi-
démies et des hécatombes.
Ainsi l'insouciance autant que
la nature hostile à l'élevage du grand bétail,
expliquent
l'échec de la croissance du cheptel dans la région.
(1)
Ibid,
p.
so .

253.
B.
La diversité du petit bétail
moutons et ch~vres
L'absence d'estimations chiffrées ne permet guere
d'aller au-delà de l'appréciation qualitative,
sur le sujet.
Les seules estimations chiffrées sont valables pour l'en-
semble du N'zi-Comoé et pour la seule année 1912
(1).
Aussi,
ne sont-elles d'aucune utilité pour une étude sé-
rleuse de ces deux esp~ces.
On peut toutefois supposer que le petit bétail
n'était pas le seul fait de l'époque coloniale,
et qu'an-
térieurement,
dans le Moronou,
"moutons et ch~vres (exis-
taient) dans tous les villages"
(2),
mieux que "tout indi-
gène,
ayant les moindres ressources,
possède quelques chè-
vres ou moutons"
(3).
A croire l'inspecteur Bervas,
Bongouanou et sa
proche région,
qui possédaient par ailleurs "quelques mou-
tons"
(4), semblaient plus favorisées en "ch~vres laiti~-
res"
(5).
(1) Le N'zi-Comoé "nourrit approximativement 10 000 moutons
12 000 c hèv r e s ",
ANCI
DD
1 46(015 Ho s t a i ns, Monographie du NI zi-Comoê,
1912.
(2) ANCI,
1 QQ 98, Le Campion (adminstrateur du N'zi-Comoé),
Esquisse sur la situation politique et économique du
N'zi-Comoé.
Dimbokro,
le 23
avril 1921.
(3) ANCI,
1 RR 39,
Rapport sur la situation agricole et zoo-
technique du N'zi-Comoé,
1er trimestre 1925.
(4) ANCI,
1 RR 39,
Bervas,
Rapport de tournée dans le N'zi-
Comoé,
Bingerville,
le 27
février 1911.
(5)
Ibidem.
"L'élevage est l'une des richesses les mOlns lm-
portantes du N'zi-Comoé~

254.
On doit cependant reconnaître,
malgré la presence
du petit élevage,
que le Morofwo n'est pas un éleveur et
que l'élevage était loin de le mobiliser
enti~rement et
d'en constituer sa "richesse la plus importante"
(1),
même
si le bétail,
gros et petit constituaient pour les habitants
"le placement ordinaire de leurs économies"
(2).
Certes,
le bétail a pu représenter un capital
pour le propriétaire qui à l'occasion en tirait,
par la
vente,
d'appréciables revenus, mais par-dessus
tout le
produit de l'élevage avait une valeur religieuse (3) et
sociale
i l servait à pourvoir aux besoins du culte,
à
recevoir amis et hôtes de marque ; enfin,
i l était sacrl-
fié à l'occasion des fêtes et des funérailles.
Al' élevage et à l ' agr icul ture ainsi qu'aux activités
de simple exploitation des ressources naturelles
chasse,
pêche,
cueillette ...
s'ajoute l'extraction aurif~re dont
le rôle fut dominant dans l'économie de l'époque.
S'il faut
en croire Tauxier,
l'élevage représente une activité extrê-
mement ancienne qui non seulement s'appauvrit du gros
bétail
ânes et boeufs,
"pour se réduire au petit élevage", mais il
(1) ANCI,
1 RR 39,
nO 156, Rapport agricole annexe,
Dimbokro,
le 25
janvier 1918.
(2) ANCI,
1 RR 39, Rapport sur la situation agricole et zoo-
technique du N'zi-Comoé,
1er trimestre 1925.
(3) Voir Comoé Krou,
Le jeu dans la société traditionnelle
agni,
thèse pour le Doctorat d'Etat,
p.
80.

2 S'S.
dUt subir chez l'Agni une régression,
a une epoque anClenne,
a l'époque de l'établissement de celui-ci en for~t. Ce der-
nler compensa alors,
soutient Tauxier,
cette perte "par la
recherche de l'or"
(1).
(1) L. Tauxier, Religion,
moeurs et coutumes des Agnis de
Côte d'Ivoire,
Paris,
1932,245 p. (p.
30).

256.
CHAPITRE
VJ
L'ECONOMIE
ANCIENNE
D E L ' EXTRACTION
AURIFERE, CON S-
T A NT E·
0 E L~E CONO MIE· AG NIA
LEX-
PLO' TAT.I 0 N
D~Ü CAO UT CH 0 U C
L'or avec la descendance représente,
aux yeux de
l'Agni,
ce qu'il y a de plus précieux au monde.
C'est pour-
quoi "l'Agni ne se d e t a i t
pas de son or"
( l ) ,
si ce n'est
qu'en de rares occasions,
à des moments critiques. L'or ac-
cumulé,
au sein d'un lignage,
sur des générations,
consti-
tue le trésor familial -la partie essentielle du patrimoine-
transmis à l ' héri tier,
à charge pour ce dernier de l ' accroî-
tre.
Depuis l'époque de l'Ebrosa-Aowin jusqu'à l'introduc-
tion des plantes industrielles du cacao et du café,
qui
supplantèrent toute autre activité dans le Moronou,
l ' extrac-
tion aurifère a tenu la première place dans les occupations
du Morofwo.
L'or a fait la réputation des Aowin,
les ancê-
tres des Agni actuels,
lorsqu'ils vivaient encore dans le
Sud-Ouest de la Gold-Coast et animaient les réseaux commer-
claux,
en direction des comptoirs européens de la CSte.
Lorsqu'à l'issue de l'immigration,
les Agni bâtirent les
premlers villages,
ils furent guidés dans le choix de leur
-'
site, presqu'exclusivement par la richesse du lieu en gisement
(1) Archives de la SODEMI (ASaMI)
Abidjan, Série 8.1.16
(régions aurifères Alangoua,
lndénié, Moronou) D.
Bonnault,
L'or dans les pays Agnis (rapport de mission),
1934.

257.
aurifère.
En outre,
au cours de cette longue p~riode preco-
loniale,
le Morofwo passait, en dehors de la poursuite de
la subsistance quotidienne,
le plus clair de son temps à
l'exploitation aurifère.
Le sol du Moronou fut-il ainsi
cribl~ de trous d'or qui t~moignent encore aujourd'hui de
cette activit~ qui fut probablement de loin dominante. L'or
et sa poursuite sont-ils ainsi une constante de l'histoire
de l'Agni Morofwo.
I.
L'EXTRACTION AURIFERE SUR LA COTE DE GUINEE
Al~ XVIIème ET XVIIIème SIECLES
La tradition orale,
recueillie dans le Denkyira
actuel et les documents d'origine hollandaise constituent
l'essentiel des sources qui ont servi à r~diger ce chapitre.
Les informations,
rassembl~es sur l'or, permettent de d~ter­
miner, malgr~ le silence qui en entoure l'origine,
les prin-
cipales r~gions productrices, mieux de pr~ciser les forma-
tions de terrains où ~tait localis~ le métal pr~cieux. Par
ailleurs, bien qu'il s'avère difficile de déterminer la
masse de la production de l'~poque, du moins est-il possible
d'obtenir des précisions quant à la nature et à la qualit~
du produit.

2513.
A.- Les reglons productrices d'or
En dépit de leur presence precoce sur la C~te
-El-Mina est édifiée en 1482 par les Portugais- les Euro-
peens,
jusqu'à la fin de la deuxième décade du XVllème siècle,
n'auront qu'une idée fort
inexacte de l'identité de leurs
partenaires commerciaux africains de la Côte et des Etats
de l ' .in t er ieur, producteurs du métal
précieux,
tant convoi té
par l'Europe du XVlème siècle.
C'est ainsi que de façon gros-
sière,
les européens vont imaginer un Etat du nom d'AKANI,
situé quelque part,
au confluent du Pra et de l'Offin, d'où
seraient originaires tous les marchands,
parlant Twi
ou
Akan
(1).
En fait ces marchands,
parlant Twi,
appartenant
au même groupe ethnique Akan,
loin de relever d'un seul et
même Etat,
étaient sujets de plusieurs Etats, différents et
autonomes.
A l'origine de l'erreur commise par les Européens,
il faut souligner la confusion,
créée autour de l'expression
"Akan",
servant à désigner tantôt la langue TWI,
parlée par
les ma r c h and s qui offraient "aux Européens l'or le plus pur';'
tantôt les éléments du groupe ethnique Akan qui débordaient
largement sur plusieurs Etats,
indépendants,
rassemblés en
une sorte de Confédération,
aux liens plus ou moins l~ches,
autour de Adansi,
"le premier Etat créé par Dieu",
selon la
(1) La confusion entre les deux termes: TWI,
terme linguis-
tique et AKAN,
nom du peuple,
a été élucidée par le
Séminaire inter-universiL(}ire CJîana - Côte d'Ivoire,
ll='IlU
enjaJlViel~ 1974, à Borid oujcou . Désormais le mot TWI devra
êtr~ réservé ~ désigner la langue eL le nom AKAN réservé
au peuple.

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11 '
CARTE
D'ANVILLE
172
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R.
Rio MAnco
A MAP OF THE GOLD COAST
trom Issini to Alampi
by
M.D. ANVILLE
April 1729
1\\)
(}1
0:>

.~ sC) •
la
tradition (l).
La connalssance européenne de l'Afrique intérieure
sera une oeuvre de longue haleine,
une construction patiente
de plusieurs dizaines d'années,
jalonnée de quelques grandes
étapes.
Le premier document européen,
d'origine hollandaise,
qui tente de donner un aperçu des Etats africains de l'inté-
rleur,
est la "Carte" de Moure, datée de 1629.
Bien que fort
utile et de présentation claire,
elle demeure cependant un
SKETCH (un schéma),
cousu d'inexactitudes,
voire d'erreurs.
En fait,
les lacunes nombreuses,
présentées par ce document,
s'expliquent aisément
il n'est qu'une compilation d'infor-
mations de seconde main,
glanées ici et là sur les pays de
l'intérieur,
leur production aurifère et autres potentialités
économiques.
Le second document marquant pour la connaissance
de la Côte de l'Or et de l'arrière-pays proche est la carte
d'Anville,
dessinée un siècle plus tard,
en 1729
(2).
Rela-
tivement plus précis et plus riche en informations,
ce docu-
ment mentionne,
entre autres et pour la première fois,
les
noms des grands Etats de la région
(Asante,
Denkyir a), mais
(1) Cf Daaku, Trade and politics on the Coast 1600-1720,
op.
cit., pp.
148-149.
Daaku mentionne l'existence d'une
"Confédération des Etats Akani" dont la désintégration
est à mettre en rapport avec l'arrivée des Européens.
Par
l'introduction des armes à feu,
et des autres articles
d'origine européenne,
échangés contre l'or,
l'ivoire et
les esclaves,
les liens antérieurs entre les Etats se re-
l~chèrent, les alliances furent foulées aux pieds, afin
de satisfaire au mieux les intérêts nouveaux suscités par
l'intrusion eu r op ée nne .
(2) Empruntée à Daaku,
op.
c i t . ,
p.
200.

aussl l'Aowin et quelques autres Etats voisins qUl graVJ.-
taient précédemment clans son sillage
Inkassa Iggina
(Sef\\vi),
Egwira,
Adom, ...
Entre ces deux dates,
les auteurs européens:
de Marees (1602),
Dapper
(1668),
Bosman
(1705) et autres,
n'ap-
portent
que
quelques appoints,
Sans renover la connais-
sance,
antérieurement acquise sur les Etats de l'intérieur.
Que pouvons-nous tirer d'utile sur les pays habi-
tés par les ancêtres des Morofwo et l'extraction aurifère
qui passe pour avoir été leur métier favori?
En dépit de leurs déclarations,
les Morofwo actuels
ne sont pas tous d'origine Ebrosa-Aowin.
Qu'on se rappelle
les fugitifs,
venus de tous les horizons,
réfugiés en Aowin,
à l'époque d'Ano Asoman, par crainte du péril Denkyira ou
de la menace Asante.
Parmi eux,
il y avait tous les peuples
voisins: Wassa, Denkyira,
Asante,
Sefwi,
Twifo, . . .
qUl
après la défaite d'Anyuanyuan prirent aUSSl le chemin de
l'exode.
A l'issue de l'immigration,
parmi les sujets d'Ano
Asoman qui abordent les rives du Moro,
on devait sans aucun
doute compter quelques éléments de ces Aowin
d'adoption
qui avaient accepté de lier leur sort à celui d'Ana Asoman
et de son peuple ...
Il était important de faire la lumière
sur ce point initial,
avant d'interroger les sources euro-
péennes.
A la place de l
Aowi n ,
f
ay an 1:
au j ou r d ' hui pour villé.'
principale Enchi
(ou Andjé selon la tradition orale),
Etat

261.
auquel se réfèrent
les Morofwo Comme étant celui de leurs
anc~tres, et dont la Carte de Moure ne fait point mention,
figurent
l'Etat d'IGWIRA,
assimilé en général
a
l'Etat-noyau
de l'Aowin
(1),
et l'INKASSA qui passe pour ~tre le Sefwi.
L'un et l'autre de ces deux Etats sont reconnus pour leur
forte production aurifère.
Nous lisons en effet sur la carte
"IGWIRA -is r ich in gold
;
( . . . ) I
am informed,
and
(1) believe it also to be true,
that the gold
that cornes from Atchyn and Abeny ,
15 miles west
of Cape Three Points,
is aIl
from Igwyra
( . . . )
Little more is said about great INKASSA than that
(they sometimes come),
occasionally passing through
Adom,
ta sell sorne gold to us at Little Commen-
do"
(2).
La renommee de la richesse en or d'Igwyra en par-
ticulier était déjà tellement
importante qu'elle attire à
la fois sur le sol du pays les aventuriers,
avides de s'en-
richir par un travail honn~te et rentable dans l'immédiat
et aussi les voleurs de grand chemin,
guettant sur les rou-
tes de sortie du pays,
afin de déposséder de leur or les
commerçants et les voyageurs isolés
:
Down
at Little Commendo there live on the
Coast two citizens who both have been with a
few
(1) Cf en particulier J.
Kumah
,
op.
c i t . ,
p.
27,
note 4.
On y l i t
"Both Aowin and Sefwi are not marked on the
1629 dutch map of the Gold Coast.
But from the position
of GREAT INKASSA and INCASSA IGYIRA on the same map i t
would appear that the latter was Aowin and the former
Sef\\v .i " .
(2)
Voir MAP 743 of the Leupen collection, The HAGUE,
25th
december 1629 in Provislonal translation of the accompa-
nying text by K.Y.
Daaku and A.
Van Dantzig in G.N.Q. ,
Il 0
9,
nov.
1 96 CC> ,
pp .
14 -1 5
(p .
l 4 ) .

2G2.
trade goods in this country -
they returned
rich,
but
there is some danger of highwaymen on
the
way "
(1).
Dapper reprendra quelques annees plus tard,
en
1668,
à son compte,
tous les récits qui circulaient en
Europe sur la richesse en métal précieux d' Ig"ryra et de la
région avoisinante
:
"On dit que c'est un pays d'où l'on tire beaucoup
d'or,
et que tout ce qu'on trouve à Albine et
Assinie et à vingt lieues par delà Cabo das tres
puntas,
tirant vers l'Occident,
vient de ce
royaume"
(2).
Le Français Tibierge,
"principal commlS de la
Compagnie de Guinée" qui accomplit le voyage d'Assinie,
atteste de son côté,
en 1692,
l'intarissable débit d'or
dans les différents comptoirs commerciaux de la Côte,
es-
sentiellement à Assinie, dont l'Aowin d'ANASCHEMAN (Ano
Asoman)
était la source
. Adou erny est un royawne distant de 4
journées
d'Edouan
;
le premier capessaire de ce pais là se
nomme Anascheman
; c'est le lieu de tous les enVl-
rons d'Issigny d'où il vient le plus d'or et pres-
que le seul d'où les nègres d'Issigny tirent le
leur"
(3).
(1)
Ibidem,
p.
14.
(2) o.
Dapper,
Description de l'Afrique,
Amsterdam,
1668
(édit.
en
r r an ç a i s de Wofgang,
Amsterdam,
1686,
p.
288).
(3) Journal du Sieur Tibierge (1692),
publié par P.
Rou s s i e r ,
L'Etablissement d'Issiny,
Paris,
1935,
C:.11
p.
(p.
62).

La
tradition orale s'accorde a reconnaître de son
côté les J_mmenses ressources de l' Aowi n en métal précieux.
L'or y était si abondant et on en faisait un tel
étalaae
dans le pays, dans la deuxi~me moitié du XVII~me si~cle,
plus précisément sous le regne du roi Ot_i Akenten,
qu'LI
suscita la convoitise du Denkyira.
C'est du moins la thèse,
retenue par la tradition,
pour expliquer la guerre survenue
entre le Denkyira et l'Aowin,
en 1677 (1) et qui s'acheva
par la défaite de ce dernier
"Under the King Gti Akenten,
they
(the Aowin) had
grown very rich,
and Boadu Akafo Brempong heard
with envy tales of magnificence of oti's palace.
He therefore determined to subdue the Aowins.
The war which followed dragged on for years and
during i t Oti Akenten died
( . . . ) The victors cap-
tured large quantities of gold"
(2)
Outre l'Aowin,
le Wassa,
pays voisin dont une
fraction fut temporairement soumise à l'Aowin (3),
renfer-
mait aussi des gisements aurif~res dont l'importance en
nombre et en teneur égalait sinon surpassait les mines d'or
de l'Aowin.
Dans le Denkyira,
le mot Wassa devint synonyme
de AWAAhTAYE
(mines d'or). MEEKO AWAAWAYE
(Je vais aux mines
d'or) y est encore aujourd'hui l'expression consacrée pour
(1)
Cf supra,
p. S2.
(2)
Appendix III, History of the Denkyiras ln J.K.
Kumah
op.
ci t . ,
p.
14 1 .
(3) Le Chef des Agoua,
dans le Wassa Amanfi,
selon Daaku,
était
]e V~ssal (Vassal) du roi Aowin. Cf Daaku, A his-
tory of Sefwi
a survey of oral evidence in Research
review,
Vol.
7,
nO 3, pp.
32-47
(p.
36).

signifier
'",Je v ais au Wassa".
Dr:
rneme le p r ov er bo T\\,lj
YEE xo ln SIV.A wo WASSA est :::;ynonyme de
"Nous allons
faire
for tune aû \\1 assa"
(1).
Autant d'expressions qUl
traduisent la situation
unlque,
au niveau de la production aurif~re, du Wassa dont
plusieurs éléments,
outre les habitants de l'Agona, Cheffe-
rie "Vassale" de l'Aowin, prirent part à l'exode Aowin,
apr~s les derniers démêlés survenus qui les oppos~rent à
leurs alliés Asante
(2).
Que les immenses reserves d'or du Wassa et de
l'Aowin aient été l'objet de convoitise,
de la part des
puissants Etats voisins,
est une certitude
qui est aujourd'hui
(1) Cf J.K.
Kumah ,
op.
cit.,
appendix I,
pp.
113 et 114.
(2) Nous avons quelques échos de la rupture de l'alliance
Asante - Wassa,
à travers ces quelques lignes,
empruntées
à Van Maerssen, Commis hollandais du Fort d'Axim, datant
de 1 718
"The Ouwiens and the Wassase think that
the Assjan-
tes will come to fight
them ...
both these peoples
are supplying themselves with powder and guns ...
the wassase say that the y will leave their country
and go to Owien ... "
Axim,
19th September 1718
"The Head-Chief of the Wassase, Tia Vanvo,
alias
Boesje, has gone to Om"ien probably to consult wi t h
the Ouwien Head-Chief on putting up resistance
against the Assjantes"
Axim,
12th October 1718
"The Wassa Caboceer Tieranvo has returned from
Ouwi~n and has made a treaty of friends hip with
them
; he paid them 20
bendas as satisfaction for
what he has robbed them of in
the Company of the
J\\ss j a rrt.y nc s " .
Axim,
llth November 1718
Cf A.
Van Dantzig, The Dutch and
the Guinea Coast,
op.
eit.,
p.
U:W.

établie.
Par ailleurs
les Européens,
tentés d'acc6der ~ux
mines d'or ou d'entreprendre des exploitations,
essuyerent
des échecs.
Plut3t qu'aux résultats des exploitations nlini~-
res,
peu encourageants,
il faut le reconnaître,
c'est a
l'hostilité permanente,
opposee par les habitants du pays
qu'il faut attribuer les revers successifs, enregistrés
par les Portugais,
les Hollandais et les Anglais.
B.- Les mlnes d'or
croyances et activité
extractive
1.
Les croyances sur l'or
.
. ,
Entre 1623, date de la première expérience mlnlere
européenne, en Aowin et 1720,
retenue comme date de l'ultime
vague migratoire Aowin,
l'on enregistre sept missions euro-
péennes soit d'inventaire,
soit d'exploitation effective de
gisements aurif~res (1). Si,
au cours de cette longue période
d'environ cent ans,
les reconnaissances des lieux eurent pour
résultat de repérer quelques rares gisements aurif~res, dans
(1) Sur les sept missions européennes envoyées à l'intérieur
des terres,
pour la reconnaissance ou l'exploitation des
mines d'or,
une est portugaise (1623), cinq sont hollan-
daises
(1653,
1673, 1700, 1706 et 1720), et une est an-
glaise (1698).
Pour les détails sur le déroulement de cha-
cune de ces missions et de leurs résultats,
voir le pas-
sage "Les tentatives européennes d'exploitations des mines
d'or"
in A.
Van DantzicJ,
Les Hollandais sur la C3te de
Guinée,
op.
cit.,
pp.
92-102.

la majorité des cas,
ce fut l'échec
total
(1).
Car l'on
préféra,
pour éloignc::'r les étrangers, entrei~enir le mystère
autour des gisements aurifères.
Quant ~ l'exploitation, en dehors des Portugais,
qui se vantent d'avoir extrait,
en 1623, de la mine d'Aboasi,
située au Confluent de l'Ankobra et de la Duma,
plus de
2.000 livres d'or
(2),
elle dut se solder,
pour les autres
europeens,
par un échec cuisant.
N'y fut
sans doute pas
étrangère l'hostilité ~ l'égard des entreprises européennes
qui se traduisit par le refus de toute collaboration de la
part des habitants.
Cette hostilité est fondamentalement liée ~ la
conception dont les habitants se faisaient de l'or et des
gisements aurifères.
Pour eux,
l'or n'est pas inerte,
il
est vivant et sacré (3)
et le sol qui le renferme -les mines
(1) Barbot et Bosman en particulier insistent sur le fait que
les Africains préféraient garder le secret sur les mines
d'or.
- J.
Barbot, A description of the Coasts of North and
South Guinea, London,
1732,716 p.
(p.
229).
- W. Bosman, A new and accurate description
of the Coast
of Guinea,
London,
1705,
édit.
1967, 577 p.
(p.
80).
( 2 ) Cf A.
Van Dantzig, Les Hollandais sur la Cate de Guinée.
p.
94.
(3 ) Van Dantzig rapporte ainsi les croyances qui étaient atta-
chées ~ l'or
"On croyait que l'or poussait dans les rochers
quand on avait fait une découverte très importante,
on
faisa i t
des
sacr .i f ices et quelquefois on enter-
r ait à nouveau une
l-rès cp-osse pépite ou on laissait
un très riche filon
inexploité
à partir de ces
"mères de pépites" l'or SC"
l~égénérait".
Cf Ibidem,
pp.
gO-cn.
., '/'"

d ' Clr -,
11 a bit é par llO) " g pnie" deI' o r ,
a au s s i
u li C Ctr a ( l Fc r c
sacré.
L'activité extractive devient dans ces conditions un
acte complexe. Aux considérations techniques,
aux mobiles
économiques,
se mêlent des aspects religieux et d('s c out r ai.rr-
tes sociales. Aussi n'est-il point permls de laisser la libre'
initiative de n'importe qUl se manifester sur un gisement
aurifère,
au risque de provoquer le mécontentement du génie.
Les catastrophes et les accidents survenus dans les mines y
ont été interprétés comme une manifestation de la colère du
génie,
à la suite d'une violation de l'ordre établi
(1) .
./' ..
Le caractère sacré de l'or est aussi signalé par Bosman
qui écrit
"Nor do l
believe that any our people have ever
seen one of them
: which you will easily credit,
when you are informed that the Negroes estem them
(treasures) sacred"
Cf W. Bosman,
op.
cit., p.
SO.
(1) En 1636, rapporte Claridge, dans la région de l'Ankobra
o~ les Portugais avaient ouvert une exploitation minière,
il y eut un tremblement de terre et la mine s'effondra,
tuant la plupart des travailleurs étrangers qui avaient
été embauchés sur ce gisement.
Les quelques survivants
furent pris et sacrifiés à l'esprit de la montagne,
à
l'exception d'un rescapé
qui porta la nouvelle au Fort
d'Axim.
Cf Claridge, History of the Gold Coast, London,
1915,
t.
l,
p.
S7 et sq.
Van Dantzig conteste le fait du tremblement de terre et
substitue une autre explication à l'abandon de la mine
"Nous n'avons trouvé aucune autre mention d'un
tremblement de terre dans cette région en 1936.
Les Portugais abandonnèrent peut-être la mine après
y avoir trouvé de l ' "or blanc"".
Cf A. Van Dantzig, Les Hollandais sur la Cate de Guinée ...
19S0,
p.
95.
D'après la tradition,
lorsqu'on trouve de l'''or blanc",
c'est-à-dire de l'électrum ou de l'argent,
cela est in-
l; (:' r pré
c omm e l e s i. 9 ne cl' u Il ln a \\l v ais au gu r e . L' u li 0 U
l'autre de ces deux faits -tremblement de terre ou .. '/'

Mais au-delà des croyances
traditionnelles li~es
a l'or,
et de l'attachE:Jncnl qu a a ic r o Liq ir-u x qui
lui
e t a i t;
voue,
i l est .i nd en i ab Le que le~3 mobiles ~conorniques aient
aussi pes~ de façon d~cisivc dans l'attitude hostile ~
l'~gard des exp~riences minières europ~ennes. D~sirant
conserver le monopole du commerce de l'or,
les autochtones
se refusaient à courir Je risque de mettre,
à la port~e des
europeens,
les sources du m~tal pr~cieux dont ils tiraient
tant de b~n~fices (1).
2.
L'activit~ extractive
Comment s'effectuait l'exploitation? Grâce aux
sources ~crites, il est possible de se faire une id~e pre-
cise du mode d'exploitation.
Le travail de production diff~rait,
./' ..
d~couverte de l'''or blanc"- quel que soit le point de
vue adopt~, contribue à renforcer les croyances tradi-
tionnelles à propos de l'or.
(1)
"Comme les nègres sont
jaloux de leurs mines,
ils
en racontent force fables pour empêcher les ~tran­
gers de s'en saisir,
ils disent qu'on y entend du
bruit,
et qu'on y voit souvent des spectres, qui
maltraitent les mineurs.
Hais i l suffirait,
ce me
semble, de dire la vérité,
pour
inspirer ce d~gout"
Cf O.
Dapper,
op.
cit.,
édit.
1686,
pp.
293-294.
Albert Van Dantzig rappelle à
juste titre qu'en 1623,
lorsque les Portugais tentèrent pour la première fois
d'exploiter la mine de la colline d'Aboasi,
ils furent
reçus "à coups de flèches empoisonn~es" de la part des
habitants qui virent "d'un mauvais oeil cette tentative
de concurrencc,:' directe".
Cf
l'l.
Van Dantzic],
Les Hollandais Sur la C8te de GUlneo. .. ,
1980,
p.
cU.

selorl les occurrences aurifères.
Celles-ci se présentaienl
sous truis
formes
le filon,
les éluvions et les alluvions.
De ces trois formes dont l'existence est
attest~e dans
l'Aowin-Wassa,
l'or alluvionnaire,
m~lé au sable des rivi~-
res ou lié à des roches détritiques,
précipitées dans le
li t
des fleuves,
étaient le plus répandu
(2).
Il étai t
ex-
trait sur les bords des rivières du pays,
traversant des
terrains aurifères.
Les hommes plongeaient au fond de la
rlvlere,
recueillaient,
dans les cavités du l i t , du sable
ou des fragments de roches,
censees être particulièrement
riches en poudre d'or.
Ramenées en surface,
les alluvions
étaient confiées pour lavage et tamisage
aux femmes.
Des
auteurs du XVllème siècle,
comme Dapper et Barbot, donnent
des descriptions saisissantes de cette "pêche" de l'or
"Comme
il Y a des rivières dont les sources passent
au travers de ces veines et des mines d'or,
elles
en enlèvent des morceaux par la rapidité de leur
cours,
et ces peU tes
pièces tombent ensuite par
le propre poids de ce métal,
dans les endroits,
ou l'eau fait une cascade fort haute et fort per-
pendiculaire.
Les Nègres y viennent faire le plon-
geon,
portant à la main une cuve de bois, qu'ils
remplissent de tout ce qu'ils peuvent emporter du
fond du l i t soit pierre,
terre ou sable.
Quand
(1) L'or, offert par les Aowin, se caractérise par sa fines-
se et sa pureté (fine and pure gold).
Cf W. Bosman,
op.
ci t . ,
éd i t.
1967,
p.
79.
(2) P. Sonnendrucker,
ingénieur-géologue, dans un historique
consacré à la production aurifère du Ghana, écrit
"J usqu 1 en
l ~)On,
l'or extr ait p r ov ien t
en presque
totali té des alluvions et éluvions exploitE-?c='s p a r
les Africains".
Cf Arch.
SODEMT, Abidjan,
P.
Sonnendruc)\\.(:,r,
F<appc>Jt n "
l'U
de novernbrp 1967
SynthF.'se Sur l'or en Côte d'Ivoire c,C---
il u
(;1la na,
1 C) 6 7 .

ils sont n::'moIlU~;s sur Je-' CLVaCjC,
i i.s
f orit;
u n o lavu-
re de
tout ceJa,
ot. s'iJ
y
a de l'ur,
il
tombe au
fond
jls en
trouvent quelquefois des morceaux
de la grosseur d'un poids,
d'une f~ve, du poucp
d'autrefois,
ce fl'est qu'une poussi~re menue qu'on
a bien de la peine à séparer du sable ( ... ) Les
rivi~res d'Atzin et d'Igwira sont celles o~ l'on
voit de ces plongeurs"
(1).
L'exploitation de l'or filonien était tout aussi
complexe et difficile.
Les puits ou les galeries des mlnes
descendaient quelquefois à de très grandes profondeurs
vingt mètres,
parfois au-delà.
Ces boyaux étaient étroits,
n'ayant pas plus de deux mètres de largeur.
Dans les parois,
étaient taillés des troncs,
o~ les mineurs pouvaient lnse-
rer les orteils, pour descendre et remonter.
pics de fer,
paniers ou calebasses, munis de corde pour la remontée du
minerai,
constituaient l'essentiel de l'outillage plus que
rudimentaire, mis au service de l'exploitation aurifère.
D'autrefois,
le flanc de la falaise,
dans lequel s'enfon-
çait le filon,
était attaqué directement à coups de marteaux
et de ciseaux.
Toute cette description s'accorde fort bien
avec le récit,
rapporté par le "maître mineur" hollandais,
Meytens,
après sa visite en Eg\\ryra,
en 1701
"Les gens y creusent des puits d'une profondeur
de douze hornme s
avec de peti ts outils de fer et ils
en extraient ainsi LI
onces d'or en trois ou quatre
heures"
(2).
(1)
o .
Dapper,
op.
l'iL.,
('clil:.
Ib[~C), p. 2(,3.
(2)
N.B.ICC.
29,
Nuyts il l'Assemblée des oi«
24
avr-il 17()6,
cité par A.
Van Dantzicl, Les Hollandais sur la C()tl::' de
Cuinée,
L91l('l,
p.
<i.l ,
n o t c- 37.

)7 L.
Inutile d'ajouter que ce travail qUl n'était
pas
,
accompli par des professionnels,
/
/
ma J.S
r esel'V eaux ('?,sel av('s,
s'effectuait dans des conditions extr~mement pénibles
,.
Un grand nombre d'esclaves y périt par la
puanteur,
l'infection de l'air,
la peine et le
travail,
et surtout par la terre qui s'affaisse,
lorsque les mines crèvent"
(l)
Le nombre d'esclaves,
exigés pour la remontée du
minerai,
pouvait s'élever,
selon Rodney,
jusqu'à soixante
personnes,
par puits.
Ceci nouS donne une idée de la masse
de main-d'oeuvre nécessaire à une extraction,
tant soit
peu rentable.
Aussi,
est-il fort probable que les Aowin
aient abondament utilisé au XVlème siècle,
pour ce travail
extrêmement exigeant,
les esclaves achetés par les Portugais,
au Bénin et revendus sur la C ôte de l'Or,
à Elmina. Rodney
estime deux de ses cargaisons d'esclaves,
vendus en avril
1529 et en août 1535,
à 2.140
individus
(2)-.
L'injection de cette main-d'oeuvre étrangère,
constituée en proportion fort
importante de femmes,
dans
les populations Akan,
a eu entre autres pour conséquence
démographique d'accroître l'effectif de la population et
de réhausser,
.'
,
sur le plan economlque,
le niveau de rendement
des exploitations.
L'exportation de l'or portugais,
en
(1)
Cl,
Dapper,
op.
cit.,
p.
294.
(2)
hl.
Rodney, C~()ld and Slaves on
U\\(:, Cold Coast,
in
Transactiuns of
the j'listoriccl1 Society of Chana, X
(1gb"),
pp.
14-29.

F12.
p r o vell a n c e cl e l ' A f r i qUE:' cle J' ( )u c'st,
s' lé' Il )- es sen t i t-.
[: J Je
était,
à la fin du XVlème s i cc Le , d e 2.()()() à J.ooel p ourid s ,
p a r
an,
soit l'équivalent de lCJ().(J()()b sterling
(l).
Cette
fourniture d'or,
d'origine africaine,
représentait Cl l'épo-
que le 1/10ème de la production mondiale,
en métal précieux.
Le profit en était si important pour l'économie portugaise
que cette puissance coloniale tenta d'en monopoliser le
Commerce (2).
Au XVIIlème siècle,
la contribution en or
)
de la Gold-Coat,au soutien des différentes monnaies euro-
péennes,demeurait encore assez forte.
Selon Bosman,
l'ex-
portation aurifère de la Côte de l'Cr s'élevait à une so~ne
globale annuelle de 7.000 marcs
(3).
(1) K.Y.
Daaku, Aspects of precolonial Akan economy,
in
The international Journal of african historical studies,
V,
2 (1972),
pp.
235-247
(p.
239).
D'après P.
vilar,
le rytrune de la moyenne annuelle des
exportations d'or,
en provenance d'El-Mina,
au profit du
seul roi du Portugal,
Sans tenir
compte de l'or des parti-
culienserai t pour la première moitié du XVI ème siècle
:
1504-1507
433,368 Kg
1519-1522
411,864 Kg
1511-1513
413,922 Kg
1543-1545
371,578 Kg
1517-1519
443,676 Kg
Cf P.
Vilar, Or et monnaie dans le monde,
Paris, 1974,
439 p.
(p.
65).
( 2 ) K.Y. Daaku,
op.
cit., p.
239.
(3 )
Elle était ainsi répartie par Compagnies et par nations
-
la Compagnie hollandaise des Indes Occidenta-
les..
..
1.500 marcs
-
la Compagnie anglaise d'Afrique......
1.200 rna r c s
-
les In ter lopes z e l and ais. . . . . . . . . . . . .
1.500 marcs
-
les Interlopes britanniques........
1.000 marcs
-
les Brande_bourgeois et les Danois
(ensemble)
.
1.000 marCS
-
les Portugais et les Français
(ensemble) . . . .
.
.
800 marcS
C 1: hl. Bos man,
0 p .
(-. .i t .,
éd j 1.
1 C)67,
P .
3 C) •
Sonnendrucker,
s'appuy~nt sur plusieurs documents anciens
citant des v a Le u r s d 'expl)rtal- i ons et se j-érérant l"ssen-
.. '/'"

Cl?lLe explo:itat.i.oll cturj[~'[e, somme Loute active,
a laquelle collabor~rent étroitement les Aowin jusqu'~
l ' ém:i çJl~ a t i on,
f u l- e Il r; P(J Ll r s Ll .i. vie par
ces der nie r s,
clans
leur nouvel habitat?
II.
DE L'IMMIGEA'T'IUN A L'LXPLOITATION DU CAOUTCHOUC
173.)
-
1874.
Le goGt pour l'or,
doublé d'un attachement quasi-
religieux,
qui en Aowin caractérisait les anc~tres des
Morofwo,
se perpétua à travers ces derniers,
longtemps en-
core après l'immigration.
Captivé par la recherche et l'ex-
ploitation de l'or,
le Morofwo dans le choix du site de son
habitation,
se déterminera essentiellement en fonction de
la richesse du lieu en gisements aurifères.
Son activité
principale,
outre l'approvisionnement en biens vivriers,
nécessaires à la subsistance,
sera axée sur l'extraction
du métal précieux,
thésaurisé,
au besoin transformé en bi-
Joux d'apparat,
mais dont on n'use que de façon parcimonieuse,
en gUlse de monnaie,
quand
la nécessité se fait sentir
(1) .
. 1 ...
tiellement à N.R. Junner, Gold in the Gold Coast,
Benham,
1935,
76 p.
(Memoir of the geological survey of
the Gold Coast,
Ll),
avance Comme chiffre de production
aurifère pour l'ensemble du Ghana,
de lLl71,
date de l'ar-
rivée des Portugais,
à 1750, c'est-à-dire pendant 280 ans,
à 3Ll8 tonnes,
soit une production annuelle de 1.250 Kg d'or.
( 1)
L' Cl r
é t a .i l clc's li n (-5 il p a y (, I~ l p s r a n c;Ci, 1S
(J n
s' e n
s e r v ail
aus s i
Comme monnaie d'échange,
pour S(:, procurer ll"s arti--
cles r ar e s , cl' origine européennne.

c es hab .i tu d f.::' ,,; C a r Clclé ri s l .ique s cle l ' Ag1-1 .i vis - à - V 1 S Cl C:' J' ()r
résisteront a J'effort économique colunial,
visant à subs-
titu~r, aux occupations anciennes, de nouvelles activités,
jugées plus rentables pour le Commerce coJonial.
A.- L'or et le choix du nouvel habitat dans le
Horonou
Le regroupement des Agni aux bords du Moro ne dure
qu'un temps.
Des incitations diverses poussent à la disper-
slon
: l'esprit d'aventure et le désir d'une plus grande
autonomie certes, mais aUSSl et surtout la recherche de
terrains aurifères plus riches.
Plusieurs groupes Morofwo
se laissent ainsi tenter par les vastes étendues de savane
de la région baoulé. Les prospections antérieures,
effec-
tuées par des avant-postes du groupe morofwo,
laissaient
espérer de fructueuses exploitations aurifères, dans ce
milieu de transition entre for~t et savane, qui offrait,
outre le gibier et diverses sortes de cultigènes, de l'or
et de l'eau en abondance.
Effectivement les groupes morofwo
parvenus Sur les rives du N'zi, découvrent de l'or,
aux en-
virons de Dimbokro
(1) et décident de s'y implanter.
(1) Cf Ph.
et M.A.
Salverte-Marmier
(de), Histoire ~u peuple-
ment,
Etude régionale de Bouaké, Ministère du Plan de la
C6te d'Ivoire,
1963, p.
34.
1\\.
TëllîO
ElI~ou p r ecis o q ur> 1 'UII des puints d'installation
agni de J'époque est aujourd'hui occupé par la mairie dr
D'im'box r o .
C [
A.
Tano Brou, Le !'loronou,
1970,
p.
2f3.

. ) . }
:-
":.1
J ..
Quelguf':'s élémenLs p a r mi
les Morof\\\\'o r r anr.h i s s on t
le N' zi ,
pén~trent en teccitoires N'zi Kpli et raafou~ ; certains
parviennent,
selon Salverte Marmier,
dans la péciphéJ~j,::, de
la ville actuelle de Bouaké (1).
Les disputes et les r1xes,
ayant éclaté entre vil-
lages voisins,
provoqu~rent une tension extr&mement violente
entre les deux communautés
: Agni et Baoulé. Ce fut le début
du conflit agni-baoulé de 1770-1780
(2) dont on connait la
suite.
Les Agni battus furent refoulés en deça du N' z i . Les
prem1eres terres aurif~res, convoitées,
échappèrent ainsi
aux Agni.
Il fallut en trouver d'autres.
Les Agni tournèrent
leurs regards vers le Comoé.
Ce fut la nouvelle orientation
du peuplement Morofwo qui,
donnant le dos au N'zi,
se fixa
pour objectif les rives du Comoé,
o~ l'on espérait bénéfi-
cier des m&mes conditions géologiques d'exploitation auri-
fère.
En cours de route,
les différents groupes Morofwo es-
saiment sur les terrains reconnus pour leur richesse en gl-
sements aurifères.
La localisation des premiers villages Agni dont
la plupart c hanq e r on t
d'emplacement à l'époque de la "poli-
tique de la man1ere forte",
ne fut donc pas le fait du ha-
sard.
Le crit~re de choix du site villageois,
ou mieux de
l'habitat,
était la richesse du lieu en occurences aurifères.
(1)
Ph.
et 1"1./0••
Savert(:'-1'larmipr,
op.
c i t . ,
p.
34.
(2) Cf supra
p.

Fig 12 -
RtGION
tn. 80NGOUANOU
LOCALISATION
DES
PRINClf)flUX
(;ISEMf::NfS
AURIFERES
r~S~"ISSO
N'guinéou
\\ . Frondobu
' .
., . /
/1:" "··.f:'
,~~
,
.-.r.(.
t
:/'l'!(é-
i1,l. Lh[ilkr(J
1
1
Î\\
u..OUlli:l
/
Eche 1'"
LOO 000
Arch".'
Se r vic e Mines A.O.~ Dakar O. BOllnault N' 4

!
" .
1
r ,) ..
La coinc:idence de l'espace "m or o f wo " avec la grande Z,01l1'
scllisteuse d'origine sédimentaire,
c omp r i s o
orrt r e
le N'zj
et le Comoé,
reconnue aujourd'hui comme la formation geCl-
logique par excellence des occurences aurifères dans l'Est
ivoirien
(1),
est en effet frappante.
Le Moronou fut couvert
sur toute Son étendue d'exploitations aurifères. Les enquê-
tes personnelles, menees dans plusieurs secteurs du Moronou (2),
pour constater DE VISU les anciens puits aurifères,
et les
m1ss10ns géologiques de l'époque coloniale (3),
ayant réper-
torié de nombreuses occurrences aurifères en alluvions, qui
se regroupent de façon plus ou moins dense en un certain
nombre de "nuages",
permettent de définir six grands foyers,
désignés,
d'après les sous-groupes locaux du Moronou (4)
1°) Le foyer Alangwa
(Assahara,
Assalékro, N'drikro)
2°) Le foyer Sahoua (Assiè - Agbessé)
3°) Le foyer Ngatianou (Koyonou, Amonkro, N'guessankro,
Niandian, M'baoucesso)
4°) Le foyer Essandané (Nguinou , Bongouanou,
Ehuikro,
Assaoufoué)
(1) Le géosynclinal éburnéen, vaste dépression caractérisée
par d'épaisses couches sédimentaires
(les flysch) dont les
schistes détritiques,
est le lieu par excellence des occur-
rences aurifères.
Il couvre la totalité du Moronou.
(2)
Enquêtes du Département d'histoire d'Abidjan,
en mars 1973,
sur les anciens gisements aurifères d'Andé.
Enquêtes per-
sonnelles à Bongouanou,
Kangandissou
(Essandané),
à Krégbé,
Arrah, Abongoua
(Ahua),
à Niandian, N'guessankro (Ngatianou
entre 1974-1978.
( 3 ) citons entre aut.r o s
: la Mission C:Jordan 1904
la 1'1 .i.ssi on
Hubert
en mars- juin 1011:1
la Mission Auberl: de lC1 1~L1(~
L 926
la 1'1 .i s s i on Borm a u l. L 1934.
(4)
Entre parenth~ses, sont cités quelques placers parmi
les
plus importants.

277.
6 0 )
Le foyer Sahié (Andé, Afféri,
Brou-Akpaoussou,
J3énéné)
La distribution de ces différents gisements du
Moronou s'ordonne avec celle des mines de l'Indénié à l'Est,
dans une bande orientée Est-Ouest,
appelée LINEAMENT AURlfERE
MERIDIONAL OUEST-AFRICAIN
(1) dont le prolongement, dans la
direction Sud,
serait les mines du Ghana cStier,
c'est-à-
dire,
le pays des ancêtres Aowin.
On ne peut manquer de souligner au passage la COln-
cidence des habitats successifs des Aowin-Morofwo,
comme
d'ailleurs de tous les autres Agni,
issus de l'Aowin,
avec
les formations géologiques contrSlant les occurrences aurl-
fères.
Il résulte par ailleurs des études de prospection
minière,
entreprises à l'époque coloniale, que l'or dans
le Moronou se présente a l'''état d'or natif"
(2),
formant de
petites paillettes,
rarement des pépites,
sauf dans la région
d'Assiè-Kumasi
(3). Ces paillettes et pépites de dimension
modeste sont renfermées dans des fragments de quartz mélan-
gés à des morceaux de schistes altérés.
L'hypothèse génétique
(1) Arch.
S.O.D.E.M.I.
Abidjan,
P.
Sonnendrucker,
Etude de
synthèse sur l'or en CSte d'Ivoire,
Rapport de mission,
f év r i e r
1 969,
39 p.
da c t y L,
( p.
9).
(2) Arch. S.O.D.E.M.I. Abidjan, M.E. Aubert de la Rue, Recher-
ches géologiques et prospections minières effectuées dans
le N'zi-Comoé, Ra pp o rt
tl-imesl~del na i , 1926, p. 7.
(3)
Ibidem,
p.
7.

:'7U.
l a plu s
prob a b le,
i ncl u .i l-_ 0
21
p Clr t; .i r cl 1C::' S 0 b s 0 r vat i 0 Il san L (~-
rleures,
est que les filons cle quartz,
cl~mantel~s, ont r~-
duit on fragments les couches de schistes et lib~r~ par la
"
meme occasion l'or qu'ils renfermaient.
Après quoi,
11'5
fi-
Ions de quartz auraient ét~ dissous par l'action des eaux
circulant dans les schistes,
puis auraient subi derechef
une seconde précipitation,
provoquant ~ son tour une con-
centration de l'or
(1).
Il en a r~sulté que l'or, dans le Moronou, au
lieu de se pr~senter à l'~tat filonien,
est au contraire de
nature ~luvionnaire, ~tant
contenu dans des roches d~tri-
tiques,
ou alluvionnaires,
lorsque ces d~bris de roches sont
localis~s dans le lit d'un courS d'eau. Son exploitation a
exig~ en cons~quence une technique appropri~e, parfaitement
maîtris~e, au cours des ans, par les habitants.
B.- L'extraction aurifère
technique, droit
coutumier et destination du produit
Face aux formes particulières de l'or dans les
gisements du Moronou,
les descendants des Aowin vont adop-
ter une technique d'exploitation appropri~e. El' exposer los
grandes lignes ainsi que le droit coutumier qui en a r~gi
(l) Th('se suu tenue par rvl. [.
Aubo r L d r
la J:ZUl;.
Cf M.C.
Rue
(Aubert de la),
op.
cit.,
p.
7.

l'exploitation,
avant èlr::> tl~'lltJ,'r' cie s o f ai r o une .id eo de la
masse d 'or e t. de son ui.i : is a t ion ,
tels sont les grands points
que nous nous pr opo s on s cl' '.lbuJ~c1er.
1.
Mode et technique d'exploitation
A l'intérieur du placer,
situé en général dans une
dépression,
ou accroché au flanc d'une hauteur,
sont creuses
plusieurs puits circulaires
(1),
ayant une ouverture de 80
centimètres environ.
Quant a la profondeur,
elle peut varier
de cinquante centimètres ~ une vingtaine de mètres (2). Les
puits sont reliés entre eux par d'étroites galeries.
Sur les
parois du puits,
étaient pratiquées des encoches pour poser
les pieds dans la descente et la montée.
De ces puits sont
extraits les débris de schistes,
riches en fragments de
quartz.
Mais cette couche exploitable est recouverte d'une
épaisseur variable de morts terrains.
A
la surface,
apres
avoir décapé la couche végétale,
épaisse de 30 centimètres
environ,
l'on rencontre une couche d'argile, de couleur
jau-
ne ou rougeâtre,
de riau t eu r
variable,
en continuité avec une
couche de sable fin,
sous laquelle se présente une couche de
(1) Le placer couvrait en général une surface assez importan-
te de 2 hectares environ,
renfermant une centaine de
puits.
(2) Certains puits signalés par Bonnault, en 1934, atteignaient
30 mètres de profondeur.
En général,
la hauteur moyenne
des puits dans Jp Moronou était de 15 m~tres.
A r L h •
.s. 0 . D • E • Iv) . 1., i.J • )3 ()n 1l ,1U 1\\, L.' 0 J' clanS les p a y s il, g ni ,
(Rapport de mission),
193~.

_' Ut),
quartz roulés dans l'at-cjile,
clésiCJnée du nom cie 1'1CUAF3CJUO (O;n
Agni.
Au-dessous cI'elle,
se djssimuJe une argile pJ_ëlstique,
très
fine,
de couleur blunche uu ÇJrise,
dénommée EFA.
ï::nfin
l'on atteint la couche utile de schistes.
Creuser les puits et les galeries souterraines,
travail fort pénible,
réservé aux hŒwnes,
libres ou esclaves,
n'étai t
qu'un aspect de l ' exploi ta tion qui étai t
consti tuée
de trois autres opérations
l'extraction du minerai,
son
transport
jusqu'au KPLOHlJtvlAN-SO,
le point d'eau aménagé
pour le lavage du minerai,
dernière opération.
A ces trois
dernières phases de l'exploitation concouraient femmes et
enfants,
usant de la m~me technique et des m~mes outils connus
des an·=~tres F~-JWin, et
consti tués essentiellement de re-
cipients en bois,
de formes et de dimensions diverses
AKPANGBA, cuvette en bois à fond p l a t ; ASIKAHOLO, cuvette
à fond creux; N'DEHIA et TRO,
cuvettes de dimension plus
modeste,
successivement utilisées pour parfaire la battée,
ultime opération du lavage.
2.
Droit coutumier en matière d'exploitation
Quant aux principes du droit coutumier,
en matière
d'exploitation aurifère,
ils ont varle aussi bien à travers
le temps que ri' un qr oupr. 1'1uruf\\vo a
l'autre.
Néanmoins cer-
t.a i no s
l'èçlle:3
communes ]-éClissaiE:-'nl: J' exploitaLLon mint rr e .

Pa]~ exemple, dans les limites du
t e r r ai n villageois,
SI
tous les ha b i tants avaient le droit ch:' se livrer aux r0cner-
cnes aurifères,
toute exploitation de la part d'un étranger
était néanmoins soumise ~ l'autorisation préalable du cheE
du village.
D'autre part,
l'exploitation se pratiquait en
général par association entre membres de la m~me famille ou
plus exactement éléments de la m~me case (1).
Des alliés
pouvaient à l'occasion coopérer à l'exploitation.
Dans ce
cas,
un Chef de placer désigné unaniment - i l était toujours
le plus ancien- coordonnait les différentes opérations.
On
jurait par ailleurs publiquement sur le fétiche d'~tre ré-
ciproquement loyal, dans la coopération,
les uns envers les
autres.
Enfin,
le partage du produit aurifère s'effectuait
d'après des règles bien déterminées,
variables selon les
groupes ethniques, voire les villages,
entre le Chef de
village,
l'inventeur et les di.fférents extracteurs asso-
c iés (2).
(1) Hubert souligne la fonction économique de la "Case" unité
de production,
en pays Agni,
~ l'époque précoloniale :
"Généralement pour la recherche de l'or,
les gens
restent groupés par famille ou case".
Cf Arch. S.O.D.E.M.I.
Hubert,
Etude du droit coutwnier
en matière des mines
(Rapport sur une mission effectuée
en mars-juin 1914).
Ceci constitue un argument supplémentaire qui
corrubure
le point de vue exprimé dans les différents Rapports
de l'administrateur H. Harchand,
exploités à propos du
Chap.
II,
paragraphe intitulé:
"La période de l'homme
rare",
p.
(2) Un tiers du p r od u i t. revi ent aux femmes et les 2/3 aux
hommes.
Cf An 11. Nat.
de la Cê)te d' Lv o i r o , 1 EE 139(7)
Cc' r c 1 e
CI uN' z i - ComCle , nO
7 2Cl, 1\\a pp 0 r t
sur l a s .i tua L .i0 Il
uçJricole et économique du N'zi-Comoé,
2èrne t r j m.
1921.
Voi r
au s s i
Arc 1"1 • S,O. D. E . f'l • 1.
Hub e rt,
E tu d e CI u d r Cl i. t
cou t umi e r
e ri mat i ère cles min es,
L 9 1 -cL

2U::'.
3. QUf:"'l est le volume c1'ur exLrait ?
Est-il possible d'avoir une id~e de la quanLit~
d'or extraite dans le Moronou ? EvaJ_uer de façon preclse
le volume d'or,
produit entre les premières ann~es d'immi-
gration et le d~but de l'occupation française est une gageure.
L'extraction,
r~alis~e par les Agni, ne fut jamais comptabi-
lis~e et aucun document n'autorise à avancer de chiffre.
La seule estimation chiffr~e -20 tonnes d'or de production-
fournie par Sonnendrucker, n'a qu'une valeur de repère.
Elle a trait à la production cumul~e totale de toute la
Côte d'Ivoire, depuis le XVlllème siècle jusqu'à nos Jours (1).
Par rapport au Ghana qui,
pendant moins d'un siècle et demi
en a produit 776,923
tonnes,
la Côte d'Ivoire n'apparalt
pas être, du point de vue historique,
un pays aurifère (2).
(1) Arch.
S.O.D.E.M.I., Abidjan, Rapport n°
222 de f~vrier
1969 présenté par P.
S onnendrucker.
(2) Arch.
S.O.D.E.M.I.
Abidjan,
P.
Sonnendrucker, Synthèse
sur l'or en C6te d'Ivoire et au Ghana (Rapport nO
193
de novembre 1967). On y relève entre autres le tableau
de pro~uction aurifère suivant pour le Ghana :
' - - -
~~---~--~------
Periode
duree -t---JrOductlon
Productlon
annuelle
par p e r i od e
- - -
1751 -
1800
50 anS
310 Kg
1
16 tonnes
1801 -
1850
50 ans
1250 Kg
62
t.ormo s
1851 -
1880
30 ans
775 Kg
23
tonnes
TOTAL
130 ans
776 923 l\\g
101
tonn(::,s

NU.
Par ailleurs il s' av
r o e x t r emomont d if f i c i Lo ,
-,
è
a
partir du chiffre global des 20
tonnes de production aurif~re
ivoirienne, de déterminer la part qui revient au Moronou.
Aussi sommes-nous réduits à recourir à des indices,
relevés
ici et là et qui ne témoignent que de façon imparfaite de
la production de cette région.
Le Moronou à l'instar des
autres
"pays" Agni,
était présenté comme très riche du point
de vue aurifère. Cette réputation,
répandue par les premiers
prospecteurs européens,
se fondait sur les bijoux massifs
et les belles pépites portées par les Lhefs et notables
(1).
Cet or représentait les plus belles pièces accumulées au
courS des ans,
dans le DJAH (trésor familial),
jalousement
gardés,
thésaurisées.
L'administrateur, Le Campion, dans le
Rapport politique et économique du N'zi-Comoé de 1921, sou-
lignait les ressources aurifères dont disposaient,
avant la
pénétration européenne,
Agni et Baoulé de la circonscription
administrative dont il était le Lhef
"Jadis les indigènes dans toutes les circonscriptions
du Cercle,
particulièrement à Bongouanou, Y~nous­
soukro, Toumodi, Ouellé,
se livraient à la recher-
che de l'or. De nombreux captifs leur procuraient
une main-d'oeuvre à bon marché.
Certains puits creu-
sés suivant les méthodes du pays atteignent une
profondeur de 30 mètres et par endroits ils sont
(1)
"Aujourd'hui encore,
on y
(dans le pays Agni) voit por t.é s
de belles pépites et des bijoux massifs,
et tout le monde
s'accorde pour raconter que les Chefs de régions,
les
Chefs de villages,
les Chefs de famille,
possèdent des
réserves d'or contenues dans des canaris (poteries indi-
c]ènes)" .
Arch.
S.U.D.E.M.I.
Abidjan,
D.
Donnault, L'or dans les
pays Agnis,
1"'1 p.
(p.
1).

si pres l'un de ] 'autre gue le terrain prend l'ap-
parence d'un véritable crible.
A la
faveur de cette
exploitation par main-d'oeuvre servile, des réser-
ves d'or r e I a t i vem~?nt impor tan tes puren l~ à la lon-
gue se constituer dans les
familles Baoulé et Agni,
En certaines cérémonies,
les indigènes hommes,
fem-
mes,
enfants font parade de bijoux en or
: p~pites,
bracelets,
bagues,
c ha i rie s , plaques,
e t.c ... "
(1).
Se fondant en parti sur la réputation de richesse
dont jouissait le Moronou,
l'Administration coloniale impo-
sera,
à la fin de la conqu~te militaire de la région, une
forte somme d'argent,
perçue en or,
au titre d'amendes de
guerre.
Celle-ci,
forte de 28,500 kilogrammes d'or,
fut
collecté~ en l'espace de quelques semaines, en décembre
1908 (2).
A la m~me date,
furent perçus par Hostains,
le
Commandant de Cercle du N' zi-Comoé dont Bongouanou était
alors le siège, 12.867,50 F soit l'équivalent de 4.460 gram-
meS d'or à titre de sanctions pour des arriérés d'impôts,
que refusaient de verser quatre des neuf sous-groupes du
Moronou
:
les Ahua,
les Alangwa,
les Essandané et les
Sahié (3).
Deux années auparavant en 1906, Koffi Pri,
le
Chef des Ahua s' acqui t tai t
auprès de Clozel, gouverneur de
(1) Arch.
Nat.
de Côte d'Ivoire
(A.N.C.I.),
1 QQ 98.
Esquisse sur la situation politique et économique du
N'zi-Comoé par l'Administrateur Le Campion,
Dimbokro,
le 23
avril 1921.
(2) A.N.C.I.
1 EE 141(2) Tél.
nO 979 du 19 novembre 1908
A~ministrateur du N'zi-Comoé au Lieutenant-gouverneur
à Bingerville ;
et rapport nO 306 au Lieutenant-gouverneur de Côte
d' Lv o i r o a/b sanctions infligées dans le Moronou.
FJon-
gouanou le 1S déc(:mbl-e l ll()U.
(3)
Ibidem.

.: U ~l ..
la C~t0 d'Ivoire,de l'époque, d'une amende de 25.000 fi
soit l'équivalent de 165
tas d'or ou 8,60 I\\g d o r
t
(1).
La valeur des réserves d'or,
au niveau des fanlil-
r.
les du Moronou était-~lle aussi importante qu'on a voulu
le faire croire,
à l'époque coloniale? Bien que les sorties
d'or et l'étalage tapageu~ qui en
fut fait quelquefois, soient
loin d'en exprimer le volume total,
ils permettent cependant
de s'en faire une certaine idée,
somme toute modeste.
4.) La destination de l'or
Mais quels étaient les mobiles de cette activité
effrénée, déployée à la recherche du métal preCleux ? L'or
extrait connait une triple destination.
Il est à la fois mon-
naie et marchandise et surtout i l contribue à grossir le
trésor famil .i a L,
a) L'or, monnale et marchandise
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
A c6té des monnaies usuelles
:cauri, manille, ...
servant aux petites transactions quotidiennes,
la poudre
d'or était de loin la monnaie la plus appréciée,
celle à
(1)
Anonyme,
La Pacification de la C6te d'Ivoire - Méthodes
et r
su rt a t.s , extrait
du Bulletin du Comité de l'AFriqwc'
é
française,
octobre l<:Ho,
pp.
1-3CJ(p.
10,
2éme col).

laquelle on
r ec our a i t; pour
les échanges de valeur. "w:;qu'~)
I ' i nt r od u c t ion mas s ive d e I a mon na J_ e
f id u c i a .i r e
pa r
l' LId rn .i -
nistration coloniale
(1), coincidant avec la création du
poste de Sawua ,
la poudre d'or était de loin la monnale
la plus utilisée dans l'acquisition des articles de grand
prix. Jordan note,
a
son passage à Assaoufoué,
que contrai-
rement au SanvJi et a
l'lndénié où "la poudre d'or a à peu
près complètement cessé d'~tre employée comme monnale d'é-
change,
elle est au contraire d'un usage courant dans la
région d' Asaoufoué Il
(2).
(1) Les quantités de numéraires en circulation dans le Moronou
sont établies COmme s u i t :
Année
Nom du
pièces de 1
Autres
billon
Obser-
possesseur
5 F
monnaies
vations
division-
naires
1908
Agence
34 500 F
28 F en
45 cent
800 F en
spéciale
p i ec cs de
billets
2 F
AOF
jvJ aison
200 F
50F en
10 F en
Roussillon
pièces de
pièces
dit Bailly
1 F
de 50
cent.
1909
Agence
20 035 F
7 617,50f
99,15
spéciale
J'v! a i s on
1 210 F
25
F
17,10
Roussillon
dit Bailly
Cf ANCI
l
QQ 41 Circulation monétaire
-Tél n°
192 A du ') mai
1909 de !-Iostains au q ouv e r nou r de la Côte d' Lv oir e à Bu iq o r viLl.:
aiS des monnaies existantes au 31
di:-Sc.
190f3
;
FZé1p.
nO JU93
Etat indic;uant
les quantités d o numéraire en circulation clans
le N'zj-Comoé au 31 déc.
1909.
(2)
Arch.
SODEMl, ,.J()rdan,
l'<apP(lrt:
de' rni~,si()11 ,3
La ci;t(_, cl' ïvoir o
L9wl
-
p.
2t).

..~ ; i ~;.
L'uniLé monétaire était Je 'L'A qui équivalait cl
52 çjcamrnes d'or,
(C,t valaiL encorc:-: en l'jOu,
156 I~' cil:' f r ar«:
lourd
(1).
Le TA comportait plusieurs muLtip Le s
et sou::;-
mUltiples
(2),
en fonction desquels la poudre d'or,
préala-
blement pesée,
était constituée en BORO
(petits sachets)
pour les différentes transactions.
En tant que marchandise,
l'or était échangé contre
les articles rares et précieux:
fusils et poudre,
alcools,
tissus de coton, . . . Jusque fort tard au XIXème sièCle,
les
Morofwo s'orientèrent vers la Gold-Coast,
essentiellement
~ Gwa (Cape-Coast),pour se procurer ces différents articles.
Avec l'implantation des comptoirs français d'Assinie et de
Bassam,
au milieu du XIXème siècle, quelques unes des cara-
vanes de commerçants Morofwo prirent le chemin de ces villes
côtières ivoiriennes. Mais en général les commerçants occa-
sionnels d'origine Morofwo préfèrent effectuer leurs tran-
sactions a Gwa,
plutôt qu'~ Assinie et Krinjabo, o~ non seu-
lement les marchandises coGtaient plus cher,
mais o~ ils
risquaient de se faire arr~tèr et constituer prisonniers (3),
(1)
Le gramme d'or équivalait
3
F.
CfM.
Delafosse,
E~3sai
à
de manuel de langue Agni,
Paris,
1901,
208 p.
(p.
36).
(2)
Ibidem,
p.
36.
(3)
University of Cape Coast L'i b r a r y , Co 96/225
(microfilm)
Capt. J.
Lang to the Governor, Gold Coast Colony,
19 September, 1892, On l i t :
"They do Ilot go to I<r injabo because Lne goods t.hor e
c1earer than at Cape Coast.
The Morenous are much
d i.s Liked and
if they worit. to Kr j n j a bo , t.ho y wou l d
be sE'ized and del:ainec1
t.hor o ': .

28e.
Beaucoup plus tard, dans la dernière décade du
XIxème siècle, certains villages du Comoé-Bettié et surtout
At t.akr ou , devinrent pour les Morofwo des Centres d' approvi-
sionnement de premier ordre,
où l'or du Moronou s'échangeait
contre les marchandises d'origine européenne,
remontées de
Cape-Coast par les Appolonien,
attirés par la richesse du
Moronou en métal précieux (1).
b) L'or,
trésor familial
Mais l'or n'est pas que monnaie et marchandise.
Résultat du processus d'exploitation à laquelle collaborent
tous les membres de l'ABUSWAN (la grande famille).
l'or est
avant tout destiné à enrichir le patrimoine familial.
Conser-
vé sous forme de bijoux ou de poudre,
tant6t dans des BDLD
(sachets),
afin d'être immédiatement disponible;
tant6t
dans le DJA,
tant6t encore dans des BUA (canaris) dont la
destination première est l'approvisionnement en eau ou en-
core dans des TDMDA
(gargoulettes),
l'or acquis,
enfoui tou-
jours dans un endroit secret,
n'avait qu'un but:
parer aux
difficultés éventuelles frappant la Communauté familiale
ou l'un de ses membres:
(1 )
"Moronou is a large terr i tory and,
from ail counts,
very rich in gold ... Most of the gold shipped from
Cape Coast is brought from Moronou".
Cf.
Ibidem.

289.
"
L'or trouvé n'est pas mls en circulation.
Il
ne sert qu'à augmenter la fortune familiale.
Le
Morofouè ne se sert de son or que quand il a un
grand besoin d'argent,
sinon il le cache religieu-
sement"
(1).
"Dans ces conditions,
thésauriser est un gage de
survie", comme l'écrit Cl. H.
Perrot (2). L'ABUSWAN Agni,
dépourvue d'or,
était privé non seulement des moyens d'assu-
rer la protection physique de ses membres, mais aussi d'ac-
croître, par l'achat de captifs,
ses effectifs numériques.
Les conséquences de la pauvreté,
au plan politique,
ont eu,
dans l'histoire du Moronou, des conséquences extrêmement
catastrophiques pour certains lignages qui initialement dé-
tenaient le pouvoir. La "Chaise" de la famille,
symbole du pou-
vo i r politique,une fois mise en gage pour cause de dette, échap-
p~ à l'héritier insolvable et à son lignage, pour devenir
la "propriété" du nouvel acquéreur.
L'exemple d'Aka Ahi,
successeur d'Aka Ouo neveu
de Dangui Kpanyi, qui mourut cousu de dettes,
est le cas
classique (3). Le Chef de Koyonou, s'étant offert à payer
(1) A.N.C.I.
lRR 39, Rapport économique d'ensemble nO 136
du poste de Bongouanou.
Bongouanou,
le 31 décembre 1913.
(2) Cl. H.
Perrot, Les Agni Ndenye et le pouvoir politique,
op.
cit., p.
210.
(3)
"En route, Aka Ouo meurt. Aka Ouo fut enterré dans
le N'zuékoro (l'eau rouge).
Le fils d'Aka Ouo,
i l
s'appelle Ahi. Une fois rentrées,
les femmes de la
Cour royale (Ml a ngbanyi) dirent:
"Aka, voici les
enfants et les hommes de la maison, veille sur eux".
Puis elles partirent à Amantian-Ehuikro.
On leur
indiqua la fosse creusée pour servir de tombe à
... /' ..

290.
le montant de la dette/due par l'héritier de Dangui Kpanyi,
acquit depuis un certain droit de regard sur la désignation
de l'héritier à la Chaise "Centrale" du Moronou.
L'or, devenu synonyme de richesse dans la société
précoloniale Agni,
fut un élément déterminant dans la dif-
férenciation sociale. Cette importance accordée à l'or, ins-
trument principal de la stratification sociale,n'a pas man-
qué de retenir l'attention de Delafosse qui situe,
au sommet
de l'échelle sociale Agni,
en même temps que les vieillards,
"les gens riches"
:
'Ue place ensemble les gens riches et les vieil-
lards parce que les, Agni ont autant de respect, plus
même, pour la richesse que pour l'âge. Généralement
ce qui fait qu'un héritier naturel est écarté, c'est
qu'il n'est pas assez riche.
Plus un homme est ri-
che, plus il a d'autorité"
(1)
... / ...
Aka Ouo. Elles déterrèrent l'or et le donnèrent à
Ahi, afin qu'il ne manqua de rien et qu'il pût faire
face à sa charge de roi ...
Aka partit à Koyounou, il y resta trois ans et mou-
rut. Après sa mort,
les dettes qu'il y contracta
étaient si énormes qu'il ne resta pas suffisamment
d'argent pour les éteindre. Les femmes de la Cour
dont Ama Kpro partirent trouver le Chef de Koyonou,
Aka Kpoli et ceux de sa cour
: Aka Bouadi, Aka
Kouamé. Elles furent bien reçues.
Aka Kpoli ne leur
donna pas l'occasion d'exposer le motif de leur
voyage.
Il leur dit : "Partez,
je vous rejoindrai
le samedi avec le corps du défunt~ Elles partirent
et le samedi,
il arriva.
Les femmes de la Cour lui
en surent gré. Elles firent connaître publiquement
que c'est grâce à Aka Kpoli que l'on doit d'être
encore en possession de la Chaise. Aussi, conclu-
rent-elles, désormais celui qui désignera l'héri-
tier de la Chaise sera Aka Kpoli."
Ebrin Assalé, N'dolikro, 19.03.1979.
(1) M. Delafosse, Essai de manuel de la langue Agni, Paris,
1900, p.
208.

291.
L'or occupa ainsi une place prépondérante dans
la société du Moronou. Monnaie et marchandise, l'or fut sur-
tout "thésaurisé, caché ou enfoui" (1), pour être l'instru-
ment et la marque de l'autonomie et de la souveraineté de
l'ABUSWAN.
En gUlse de conclusion, demandons-nous quand
prend
fin l'extraction aurifère dans le Moronou. A cette question
l'on ne peut fournir de date précise. La suppression de
l'esclavage en A.O.F., suivie de la raréfaction de la main-
d'oeuvre civile, marque un premier ralentissement dans la
production aurifère.
Interviennent ensuite les campagnes
de récolte du caoutchoùc et de la kola (1908-1917)
jugés
plus rémunérateurs et qui ont un impact certain sur la di-
minution du volume d'or produit dans le Moronou. Beaucoup
plus tard,
l'adoption des cultures du cacao et du café, au
cours de la troisième décade du siècle, contribue à une dé-
saffection définitive à l'égard de l'activité aurifère.
Malgré cette concurrence active,
l'exploitation
aurifère se poursuit presque sur toute la période de cette
étude. En 1912, elle est jugée encore fort rémunératrice
pour les habitants (2). A la fin de la grande guerre,
(1) A.N.C.I.
1 EE 139(7), nO 720, Rapport du 2ème trimestre
1921 sur la situation agricole et économique de Bongouanou.
(2) A.N.C.I.
1 RR 9, nO
201, Rapport économique d'ensemble du
poste de Bongouanou, Bongouanou le 31 décembre 1912.
"Le métal précieux existe presque partout ; chaque
année, de nouveaux placers sont découverts. Les
... /~I ..

292.
l'activité aurifère subsiste, plus dynamique que jamais et
fait l'objet d'une réprobation de la part de l'administra-
tion locale
:
"A mon sens, cet or les (Les Agni)
fascine trop
complètement et les empêche de se livrer à la mise
en valeur des inépuisables ressources forestières
et agricoles de leur pays"
(1).
Dernier écho de l'activité aurifère "indigène",
l'année 1927. Quelques placers encore en activité
dans le
Moronou sont signalés par le géologue Auber de la Rue,
en
mission d'enquête dans la région:
"L' exploi tation de l'or,
par les indigènes a- presque
partout cessé. J'ai vu encore quelques placers en
activi té dans les environs de Bongouanou"
(2).
En 1934, Bonnault, à l'issue de l'enquête géolo-
gique entreprise dans le Moronou, dans le cadre d'une étude
plus vaste au niveau de l'ensemble de l'A.O.F., conclut à la
quasi-disparition de l'activité aurifère,
laissant cependant
entrevoir toutes les bonnes dispositions de la part des Morofwo
à reprendre, s ' i l en était besoin, l'exploitation des mines (3) .
. ../ ...
indigènes fouillent l'or chaque année et certains,
les plus heureux, s'acquièrent de fortes sommes, soit
en pépites, soit en poudre.
La fouille de l'or procure en général à tous les
indigènes qui la pratiquent un gain rémunérateur".
(1)
A-.N.C.I.
1 EE 139(7), n> 720, Rapport du 2ème trimestre
19
1921 sur la situation agricole et économique de Bongouanou.
(2) E.
Rue (Aubert de la), Contribution à l'étude minéralogi-
que de la Côte d'Ivoire,
in Bulletin du Comité d'Etudes
historiques et scientifiques de l'A.O.F., 1927, pp.
193-
216
(p.
195).
(3) A.
S.O.D.E.M.I.
Abidjan, D.
Bonnault, L'or dans les pays
Agni, 1934, p.
6.

Ill. - L'EXPLOITATION DU CAOUTCHOUC, UNE DIVERSION
1874 - 1913
L'étude de l'économie ancienne du Moronou serait lncom-
pIète, si quelques autres produits, telles les peaux de singe
et la cola, mais surtout le caoutchouc, très en vogue dans la
région ~ la fin du 1ge siècle, n'étaient évoqués. L'insuffisance
de documents ne saurait dispenser d'y consacrer quelques lignes,
en soulignant en particulier tout l'engouement dont a été
l'objet le caoutchouc, dans le dernier quart du siècle.
L'émergence de ce dernier produit dont les beaux jours
sont à situer dans le Moronou entre 1900-1913, est à lier à la
pénétration, dans le pays, des Poyofwè
(récol teurs de caoutchouc»
d'origine ashanti, au cours des deux dernières décades du 1ge
siècle. Libérés, après la défaite de Fomena en 1874, d'une
longue série de guerres soutenues, depuis le début du siècle,
contre les prétentions coloniales britanniques, les sujets de
l'ancien royaume de Kumasi pénètrent dans le Ndenye, puis en
territoire morofwo, à la recherche du caoutchouc dont le besoin
se fait cruellement sentir, à la même époque sur le marché
mondial
(1).
(1)
Le début de l'indu~t~ie du ~aout~hou~ en Eu~ope e~t à situer
en géné.~al en ] 820, date à laquelle le benzol, le "véri table
solvant pratique du caoutchouc",
e~t inventé pa~ Ma~into~h.
Cette p~emi~~e dé~ouve~te e~t ~uivie)dix-neu6 an~ plu~ ta~d
(1839), de la dê.c ouv eat:e ,
pa~ Chard.e» Goodfjea~, de la vul~a­
ni~ation pe~mettant d'in~en~ibili~e~ le ~aout~hou~ aux
va~iation~ de tempé~atu~e. Mai~ il naut attend~e, en 1887,
l'invention du pneumatique pa~ J.B. Dunlop, le développement
de la bicy~lette, pui~ de l'automobile, pou~ que ~e p~odui­
~e ~u~ le ma~~hé inte~national une demande ~~oi~~ante de
~aout~hou~. cn. a~t. "Caoutchouc", in M. Mou~~e, Di~tionnai~e
en~y~lopé.dique
d'hi~to;"~e
en 8 voL.
Pa~i~ 1978.

294
Au contact des ~~fwe, venus de Gold-Coast, les Agni
s'initient ~ la récolte du caoutchouc. Celui-ci est si rentable,
comparativement au profit retiré de l'extraction aurifère,qu'il
se produit une véritable désaffection vis à vis de cette der-
nière activité (1).
L'attrait pour le caoutchouc a été si
irrésistible que des Morofwo durent quitter, au cours des der-
nières années du 1ge siècle, la région pour le Ndenye dont les
forêts étaient particulièrement reputées iiches en essences de
caoutchouc. Des familles entières s'y établirent définitivement.
La tradition orale (2), mais aussi les rapports administratifs
de la première époque coloniale en témoignent. Certains villages
d'origine morofwo, autrefois simples campements d'exploitation
de caoutchouc, implantés le long de la voie du Comoé en terri-
toire ndenye en sont aujourd'hui le témoignage éloquent.
,
Dans ce mouvement d'expansion du caoutchouc, une date
est à retenir, celle de 1898, marquant l'expulsion des Poyofwè
de l'Indénié, à la suite de la révolte de l'Assikasso (3). Chas-
sés de l'est de la colonie, les récolteurs de caoutchouc affluent
(])
Le pnodu~t aun~6~ne, né~olté pan battée~ dan~ ~a jounnée
pan une 6emme,éta~t e~t~mé, en 1914, à 1,25 g.
Le gnamme
d'on valant en moyenne 2,65 F, la né~olte jounnal~~ne ~e
~h~66na~t â 3,31 F â népant~n entne tno~~ tnava~lleun~
(la laveu~e et deux pu~~at~en~), ~o~t 1,70 F pan pen~onne.
Cé.
ASOVEMl, Hubent,
Rappont .•• 1914. On, a la mê.me pén~ode,
la ~hange de ~aout~hou~ (34 Kg) ~e venda~t ~un le Comoé,
à
la 6nont~~ne du Mononou,
à
90 F (~o~t 2,65 F le Kg)
et â
725 F la m~me change ~un le man~hé d'Abo~~~o, apn~~ 12 joun~
de manche.
(2)
Se né6é.nen aux nombneux campement~ (KabnanKnou e.n t»:« autne.~J
établ~~ pan de~ Mono6wo, le long du Comoé,
dont témo~gne
B~ngen en 7888. Cl.
H.
Pennot ~nd~que poun ~a pant : "Pen-
dant l'ère du caoutchouc (fin du 1ge s.),·ies habitants du
Moronou, venus en récolter, s'établirent dans des villages
ou campements du Ndenye : l'un d'eux Méa devient l'''étnangen''
du chef d'Atiame (Zaranou) qui lui donna sa soeur en mariage!l
C6.
Cl.
H.
Pennot,
Le~ Any~-Ndenye et le Pouvo~n aux 78e -
] 9 e ~ ~ è ~ le- 0. ••
1 5 7
0
0 p .
ciTi--: p 0
0
(3)
A.N.C.L

295
dans le Moronou.
Leur progression se poursuit bien au-delà, PU15-
que dans la première décade du 20e siècle,
les poyofwè sont
répérés dans l'Ouest ivoirien, en pays wè où ils représentent
une forte colonie de
1 500 individus
(1).
En attendant i I s
atteignent, après avoir traversé tout le territoire morofwo,
Tiassalé et sa région, en 1897
:
"L'e.xplo.-t:ta:t.-toYl du c.aou:tc.houc. Vt'a c.omme.nc.é
daVt~ la ~ég.-toVt de. Th.-ta~~alé qu'il y a d.-tx mo.-t~,
mai~
e.lle. y e.~:t appe.lée. à UVte. g~ande. e.x:te.n~.-ton,
pa~ ~u~:te.
de. la va~.-té:té de.~ e.~p~c.e.~e.:t de. l'abondanc.e. de. c.e.
p~odu.-t:t.
Le.~ .-tnd.-tg~ne.~
on:t déjà ~e.c.onVtu qu'e.lle. c.on~­
:t~:tue. pou~ e.ux uVte. .-tmpo~:taVt:te. ~ou~c.e. de. ~.-tc.he.~~e. e.:t
.-tl~ ~'y l.-tv~e.n:t ave.c. a~de.u~" (2).
Le Centre Commercial de Tiassalé,
l'un des premIers
de l'époque coloniale, incrusté à l'intérieur des terres, à
l'extrémité du bief navigable du Bandama, bénéficie largement
des apports de caoutchouc, en provenance du pays baoulé,
(3)
mais aussi du Moronou voisin
(4). A l'autre extrémité du Moronou,
à
Bettié sur le Comoé,
le regain pour le caoutchouc, après la
brève interruption de 1898, battait son plein.
"Pou~ e.xploi:te.~
le.~ l.-tane.~ c.aou:tc.houc. de. ~on :te.~~.-t:to.-t~e."(S) 1 Beniè Kouamé, chef
(1) ACe C i ,
P.V. de. la 8e. ~éaVtc.e.
(1e.~ d ê.c., 1912) .-tn BuLL
de. la Chamb~e. de. Comme.~c.e.,
1912,
pp.
180~182.
(2)
J.O.C.I. du le.~ ju.-tlle.:t 1899, Re.n~e..-tgne.me.n:t~ c.olon~aux, p.6.
(3)
J.O.C.I. du le.~ av~il 1898, Re.n~e.igne.me.n:t~ c.oloniaux p. 3
(4)
EVt:t~e.:tie.n ave.c. Eb~.-tn A~~alé de. Ndol.-tQ~o.
Ndol~Q~o,
19 av~if.
1 979.
(5)
J.O.C.I. du. 15 ma~~ 1898. Re.Vt~e.~gne.me.n:t~ c.oloniaux, e.x:t~aij
d'un ~appo~:t de. l'Adm.-tn.-t~:t~a:te.u~
du Ce~c.le. de.
li Indén,i.é,
p.
3.

2')7.
CHAPITRE VII
L'ECONOMIE
ANCIENNE
LES
EXPEDITIONS
COMMERCIALES
DANS
LE
MORONOU
PRECOLONIAL
Il serait plus propre de réserver le terme
d'''expédition''aux:échanges commerciaux qui prévalurent dans
le Moronou précolonial. Meillassoux, qui est à l'origine de
cette expression, présente 1 "'expédi tion" comme l'une des
premières formes d'échanges,
"entreprises non par des marchands professionnels,
mais par des paysans qui vont,
avec des produits
de leur crû, acquerlr au loin une marchandise pré-
cise, destinée à leur propre usage"
(1).
Quant à l'objectif de l'opération,
i l vise non
"pas la réalisation d'un bénéfice marchand, mais
l'acquisition d'un bien dans les termes les plus
avantageux" (2).
Et Meillassoux de préciser
"Lorsque le produit acquis est thésaurisé ou consom-
mé sans entrer dans la production des biens servant
à son acquisition, il y a rupture du circuit" (3).
(1) Cl. Meillassoux, L'évolution du Commerce africain depuis
le XIXème siècle en Afrique de l'Ouest,
introduction à
l'ouvrage collectif pour l'I.A.I.
par Oxford Press 1971,
reproduit dans Cl. Meillassoux, Terrains et théories,
Paris, 1977, 344 p.
(p.
243).
(2) Ibidem, pp.
243-244.
(3) Ibidem, p.
244.

298.
Cette opération est fondamentalement différente
du Commerce ou négoce dont le but principal est l'acquisi-
tion de biens poursuivis "non plus pour leur valeur d'usage,
mais pour leur valeur d'échange" et donnant lieu à un béné-
fice
(1).
Etant essentiellement orientés vers l'acquisition
des biens de consommation,
effectués par des paysans qui
restent subordonnés au calendrier agricole,
les échanges
commerciaux du Moronou ancien se rapprochent davantage de
l'''expédition'', telle qu'elle est décrite par Meillassoux.
A l'issue de ces voyages toujours éprouvants et périlleux,
dont l'objectif principal est de se procurer des biens de
consommation, les Agni acquéraient, en échange des produits
du crû, des biens à usage personnel ou familial,
rares et d'o-
rigine étrangère. La performance et la permanence de ces
échanges "à longue distance", pendant toute la période co-
loniale,
laissent supposer que ces derniers reposaient sur
des fondements solides et durables
: une longue expérience
qui s'enracine dans le passé lointain et s'appuie sur des
ressources d'échange inouis et toujours convoités des parti-
sans commerciaux.
Après avoir brièvement exposé les fondements des
expéditions, nous nous proposons de décrire les grandes li-
gnes de ces échanges anciens qui eurent pour acteurs les
(1) Meillassoux, op.
cit., p.
244.

299.
Morofwo de l'époque précoloniale.
1. -
Les fondements des expédi tions commerciales
Sans ressources et sans motivations durables, privé
de l'acquis stratégique, affiné au cours des âges,
le courant
d'échanges commercial qui vit le jour dans le Moronou préco-
Lonia I "
aurait tourné court.
En évoquant lCl les fondements
de ce commerce ancien auquel l'expression "expédition" semble
le mieux convenir, nous en retenons deux éléments. Le passé
commercial des Aowin en est le premler. Les Morofwo, descen-
dants privilégiés des Aowin partenaires commerciaux par
excellence des européens dont les Hollandais,
installés sur
la Côte de Guinée,
aux XVrlème et XVlllème siècles, s'ins-
pirerontdesméthodes et moyens de leurs ancêtres.
Les res-
sources économiques du pays dont le produit aurifère -second
élément- méritent aussi d'être évoquées.
Sans insister, nous
soulignerons cependant au passage l'excentricité géographique
du Moronou, situé en dehors des grands axes commerciaux de
l'époque, qui loin d'être un atout,
fut plutôt pour la région
un désavantage certain.
A. Le passé commercial des Aowin
Les Morofwo n'étaient pas des nouveaux venus dans
le domaine des "expédi tions".
Leurs ancêtres Aowins s'étaient
illustrés dans les échanges commerciaux, à l'époque où ils

300.
habitaient encore l'Aowin.
La proximité des Comptoirs euro-
péens de la Côte -l'Aowin se situerait à quelque 124 Km
d'Assoco (1), comptoir français de la Côte,
au XVlllè~e siècle-
et le contrôle de la voie commerciale descendant de Begho et
des régions aurifères du Nord (2) avait fait de l'Aowin un
point stratégique du Commerce à longue distance de l'époque.
L'Aowin parvint à contrôler toutes les caravanes commercia-
les qui reliaient le Soudan à la Côte ,et qui empruntaient cette
vOle occidentale.
Le conflit Denkyira-Aowin de 1677 peut
être interprété comme une lutte pour la domination du Lommerce
dans le Sud-Ouest de la Gold-Coast. De même,
après l'éviction
(1 )
"Quand ils ont fait leur trai tte avec les Commis de
la Compagnie,
ils portent leurs marchandises à Edouan
où les nègres d'Adouemy les viennent chercher pour
traitter. Edouan est un village éloigné de Soco de
10 ou 12 lieues et Adouemy est un royaume distant
de 4
journées d'Edouan".
Cf Journal du sieur Tibierge, 1692, publié par P. Roussier,
L'Etablissement d'Issiny, Paris, 1935, pp.
62-63
(p. 62).
Interprétant ce texte dans lequel "Adouemy" est à juste
titre identifié à l'Aowin, Cl. H.
Perrot estimant la
lieue de terre à 4,4 Km et la journée de voyage~ effec-
tuée par un commerçant à 20 Km, évalue la distance entre
Assoco et Enchi,
la Capitale de l'Aowin, entre 124 et
132 Km.
Cf Cl. H.
Perrot, Ano Aseman : mythe et histoire, Bondoukou
1974, p.
11.
La distance entre Axim,
le Comptoir hollandais le plus
fréquenté par les Aowin à l'époque et la frontière Sud
est inférieure à 70 Km environ.
(2) I. Wilks a identifié cette voie commerciale au Sud de
Kumasi à la GREAT-ROAD (grande voie) nO VIII qui se sub-
divise en deux,
au niveau de SARAHA et qui est prolongée
au-delà de Kumasi par la Great-road n° l, passant entre
autres par Bererekum, Bonduku et de là vers le Soudan.
Cf 1. Wilks, Asante in the Nineteenth Century, Cambridge,
1975,
8 00 pp.
( p .
Il).

JOI
du Denkyira de la sc~ne politique, la sourde rivalit~ qui
naît entre Aowin et Asante et qui d~bouche sur le conflit
de 1715, n'avait pour principal motif que l'âpre concurrence
pour la possession des sources aurif~res de la zone souda-
naise. Tout ceci pour souligner la pr~pond~rance du Commerce,
dont les Aowin ~taient l'un des principaux agents, dans leurs
rapports avec les Etats voisins.
Mais l'atout majeur de l'Aowin dans le Commerce de
l'~poque fut sa prod~ction aurif~re, l'une des plus impor-
tantes par le volume et surtout par la qualit~
"From the inhabitants of this Country (Awine) we
formerly used to receivelarge quantities of fine
and pure gold"
(1)
Outre l'or, les Aowin tiraient aussi parti de
quelques produits de chasse, essentiellement des d~fenses
d'~l~phants.Selon Bosman, l'Aowin ~tait l'un des plus gros
producteurs de "dents d' ~l~phants" qui alimentent depuis tou-
jours le Commerce europ~en de la Côte d'Or (2).
En ~change,les Aowin se procuraient divers arti-
cles d'origine europ~enne : fusils et poudre à canon, tissus
chatoyants de coloris divers dont le rouge et le vert exer-
çaient un attrait particulier sur les Aowin (3).
Ils se ra-
vitaillaient aussi en sel marin, extrait des marais salants
(1) W. Bosman, op.
cit., p.
79.
(2) Ibidem, p.
243.
(3) K.Y.
Daaku, Trade and politics on the Gold Coast, Oxford,
1970, p.
39.

de la Côte d'Or, de qualité médiocre, auquel était souvent
mêlé du sable et des impuretés d'autre nature (1).
Par ailleurs leur honnêteté et leur courtoisie
dans les transactions commerciales étaient reconnues et
louées de leurs partenaires commerciaux européens
:
"
They beLng the Civilest and fairest dealers
of all the Negroes, we traded with them with a
great deal of pleasure"
(2).
Cette longue expérience commerciale de leurs an-
cêtres sur la Côte de Guinée sera mise à profit par les
Agni, après leur installation dans le Moronou,
où l'exer-
cice de l'activité commerciale s'appuiera entre autres sur
un élément objectif
: le produit aurifère.
B. A la recherche du métal précieux, produit de base
des expéditions commerciales: des rivages du N'zi
aux bords du Comoé
Accumuler par l'extraction,
en quantité suffisante,
le métal précieux,
afin d'alimenter le réseau commercial,
pousse les Agni à rechercher dans le choix de leur habitat,
(1 )
"Le peu de soin qu v i Ls ont de choisir l'eau net te
fait qu'il y a toujours un peu de sable dans ce sel,
ils en ont un grand débit chez leurs voisins,
sur-
tout ches les Aouesny"
Cf Journal du Sieur Tibierge,
in P. Roussier,
op.
c i.t.; , p.6·
(2) W. Bosman,
op.
cit., p. ï9.

jO].
les terrains propices aux gisements,
a s'implanter sur les
placers les plus riches.
Attirés d'abord par les mines d'or
des rives du N'zi et probablement aussi de Kokumbo, dans la
région voisine de Toumodi,
les Agni tentent vainement de s'y
implanter. Continuellement harcelés par les voisins baoulé,
ils durent se résigner à abandonner définitivement les gise-
ments du N'zi,
après la défaite militaire devant l'armée d'Akou
Boni.
Les gîtes aurifères du N'zi, mais aussi le contrôle du
fleuve leur ayant échappé,
ils donnèrent le dos au Bandama et
à son affluent le N'zi et progressèrent en direction du Comoé,
essaimant en cours de route sur les mines d'or de l'interfluve.
Ainsi donc la poursuite de l'or répondait-elle entre
autres a un objectif commercial, de même que l'accès au Comoé
et à sa vallée,
la grande voie de communication entre le Nord
soudanais et le Sud côtier, permettait au Moronou d'être relié
au monde extér ieur et d'être surtout en possession des produits
du Commerce inter-régional.
Il est en effet frappant de noter
l'absence totale de marché,
en tant que lieu d'échange dans tou
le Moronou précolonial. On ne peut l'expliquer que par la situa
tion géographique excentrique de cette région,
placée en dehors
des grandes routes caravanières reliant le Soudan à la Côte.
si l'on voulait remédier à cette situation extrêmement préjudi-
ciable au Moronou,
sur le plan commercial en particulier,
il étaiL
nécessaire de tenir l'un ou l'autre des points du Comoé.
Brou-
Attakro et Kabrankro entre autres,
créés sur le fleuve fron-
talier de l'Est du pays,
avaient fondamentalement pour objec-
tif d'y capter les produits du commerce extérieur et d'y en-
tretenir une certaine vie commerciale.

II. - Un commerce essentiellement orienté vers
l'acquisition des biens de consommation
L'expédition, étant la forme privilégiée du
Commerce en pays Agni,
fait appel à un certain nombre de
produits du cru, échangés,
grâce à l'or ou à d'autres moyens
monétaires, contre les marchandises d'origine étrangère.
Celles-ci étaient acquises au bout de longs et périlleux
voyages, effectués sur les pistes caravanières de l'époque
recélant mille dangers.
Les articles d'échanges rapportés
répondaient à des destinations précises, prévues en général
par la coutume. Tantôt répartis sous forme de dons,
tantôt
consommés à l'occasion de certaines fêtes, ces objets qui
ne contribuaient pas à la production des biens servant à
leur acquisition, rompaient ainsi le circuit.
C'est, par
rapport au négoce,
l'un des traits distinctifs des expédi-
tions auxquelles se livraien~ à la morte saison, les paysans
du Moronou.
A. Produits et moyens d'échange
La gamme des produits d'échange offerts par les
Morofwo était relativement réduite, malgré la contribution
de tous les secteurs d'activité. Les marchés locaux et ré-
gionaux, qui donnaient lieu à des échanges réciproques et
complémentaires,
étaient alimentés par les produits de chas-
se et de cueillette. L'huile de palme,
les escargots et le

305.
BOFUAN (l'~corce de l'antiaris africana morac~es) ~taient
propos~s respectivement aux voisins du Sud : Abey et Aky~
et aux Baoul~ du Nord. Les peaux de singe livr~es à Gwa
(Cape Coast), dès les premiers ~changes avec la Côte, puis
plus tard l'ivoire,vinrent compl~ter la gamme des produits
d'origine Agni.
Sur ce courant ancien,
se greffent au XIXème
sicèle deux produits de cueillette extrêmement pris~s : le
Kola et le Caoutchouc. Le Kola, pr~cieux
pour ses fonctions
sociales, rituelles et m~dicinales dans les pays sah~liens,
~tait activement recherch~
par les marchands malink~, haoussa,
descendus de Kong, de Marabadiassa, d'Odienn~ voire de
Guin~e (1), tandis que le Caoutchouc à la r~colte duquel
les Agni seront initi~s par des "sujets" britanniques :
fanti et ashanti, prenait quant à lui la direction des
Comptoirs europ~ens de la Côte.
En retour,
le Moronou s'approvisionnait en sel
gemme, venu d'abord des pays sah~liens, sous forme de barre
(Ngin-Yobuo),
auquel fut substitu~ le sel marin dont Tiassal~
fut l'un
des centres de ravitaillement les plus actifs.
Outre le sel,
les fers de Kong et de Bobo-Dioulasso, les
~toffes dont le KOUNDOU et le KASSA (couverture) du Soudan
et les diff~rentes vari~t~s de pagnes, extrêmement recher-
ch~s, du Baoul~ (2), trouvaient acqu~reurs dans le Moronou.
(1) Les premiers MALINKE,
~tablis à Bongouanou par exemple,
sont originaires de la Colonie française de Guin~e. Leur
pr~sence est attest~e dans les documents coloniaux de la
subdivision, dès l'ann~e 1908. A la même ~poque, les
Haoussa se livraient au colportage de village en village.
(2) Il en existait diverses vari~t~s, du "KPOKOU DJASIN" de
couleur bleue et noire au YAMELE FUFWO de coloris blanc,
en passant par l'ETAN-MILE.

306.
Enfin,
à partir des guerres de Samori,
les captifs,
achetés
au marché de Kodiokofikro,
parvinrent dans le Moronou.
Au-delà du circuit régional,
l'or, extrait des
gisements locaux,
offrait la possibilité d'obtenir plusieurs
articles d'origine européenne.
Trois courants principaux ont
successivement canalisé, au cours des siècles,
les échanges
lointains : Cape-Coast et les comptoirs européens de la
Gold-Coast au XVIIIème siècle
le Sud côtier ivoirien
(Assinie, Bassam et Grand Lahou) à partir de la deuxième
moitié du XIXème siècle;
enfin les
entrepôts ou 1 es
agglomérations-entrepôts de Tiassalé à l'embouchure du N'zi
et du Bandama à l'Ouest, et celui d'Attakrou sur le Comoé
à l'Est,
à l'extrême fin du XIXème siècle{1).
Parmi les marchandises acquises en échange de
l'or,
on distingue,
outre les étoffes,
les alcools,
les
armes et munitions,
les trois postes dominants des expor-
tations européennes,
les feuilles de tabac séchées,
les
verroteries et autres pacotilles. Du point de vue de l'ori-
gine, venaient en tête les marchandises anglaises, suivies
des articles hollandais,
allemands et enfin français dont
la rareté frappa aussi bien Binger qui longea la frontière
orientale du Moronou en 1888 que le commerçant Moskowitz.
Ce dernier après avoir visité,
en 1893, quelques unes de
ces agglomérations situées le long du Comoé dont Bettié,
Aniansué et Attakrou,
laissa éclater sa déception:
(1)Cf
infra P·327.

JO?
"Aucun produit français ne se vend dans cette
contrée, ce qui est regret table. Il
(l)
Quant aux monnaies dont plusieurs avaient cours,
à la m~me époque, en Afrique Occidentale : cauris, perles,
manilles, etc ...
il faut reconnaître que seule la poudre
d'or était utilisée dans le Moronou (2).
Pour certains
achats effectués sur les marchés extérieurs, l'acquéreur
Morofwo avait recours à ces différentes monnaies. C'est
ainsi que dans le Sud ivoirien, à Bassam ou à Dabou, l'on
(1) A.N.F.
231 MI papiers Marchand, Bobine 2, Pièce 32,
Lettre de M. Moskowitz à Gauthiot, secrétaire général
de la société de géographie commerciale à Paris, Bettié
le 10 août 1893.
(2) Question : "Avec quoi les Agni se procuraient les mar-
chandises européennes ?
Réponse
Avec de l'or. Ceux qui avaient du métal comme
moyen d'échange, c'étaient les habitants de
Dabou. Ce métal s'appelai KAHA. Autrement le
seul moyen d'échange était l'or."
Plus loin, il ajoute :
"Pour tout achat il fallait avoir de l'or et rien
d'autre" .
(entretien avec Ebrin Assalé, N'dolikro 19 mars 1979)
Kouamé Aka informe que dans le Moronou,
"Les marchands se déplaçaient avec leur balance et
leurs poids métalliques à valeur fixe.
On pesait
une certaine quantité de poudre d'or,
l'équivalent
de la valeur de la marchandise".
Cf Kouamé Aka, L'organisation économique précoloniale
du Moronou, d'après les traditions orales,
Rapport de stage, ORSTOM, Sciences humaines,
Abidjan, 1979,
23 p.
(p.
17).

)08 ..
avait recours au XIX~me si~cle aux manilles, anneaux en al-
liage de bronze et de zinc,
fabriqués à Liverpool, Manchester
et Nantes et dont la valeur était de 23 centimes pi~ce (1).
Fondé sur l'or, en tant que valeur de référence
universelle, un syst~me pondéral et monétaire fut élaboré,
dont les fondements selon toute vraisemblance, se rattachent
au-delà de la période Aowin,
au mitkal arabe (2).
Le recou-
pement des sources orales et écrites (3) permet d'établir
une liste des valeurs monétaires qui, bien que non exhaus-
tive,
permet la comparaison avec les monnaies équivalentes
d'origine européenne, usitées à l'époque et connues des Agni.
Nom du poid s en Ag ni
Poids en gramme
Valeur en franc (année 1900)
Kpesa ba
0,04
0,125
Dei n (ta ku )
0,16
0,50
(ou bakon)
Ba l e (ba nu)
0,82
2,5
Ta ku bru
1,66
5
Meteba (a kè )
2
6
Mokuè
2,66
8
N'zanzan
3,83
la
Ku abo
5
15
Asan
10
30
Anan
16
50
Anan-nyon (once)
32
96
Ta
52
150
Nda-Nyon (Ta-nyon)
104
312
(1) L.G.
Binger, Transactions, objets de commerce, monnaie des
contrées d'entre le Niger et la Côte d'Or. Société de géo-
graphie commerciale de Paris 1889-90, pp.
77-89 (p.
79).
(2) T.F. Garrard, Studies in Akan goldweights. The origin of
the Goldwei~hts system. Transactions of the Historical
society of Ghana (THSG), Vol.
XIII,
nO 1,
1972' pp.
1-2().
(3) M.
Delafosse, Essai de manuel de langue Agni, 1901 , pp.36 et Yi

3ù9.
Outre la poudre d'or,
acceptée dans tout le Moronou
co@ne monnaie d'échange, certaines marchandises dont le sel,
la feuille de tabac (BOSRONYAMA),
le baril de poudre (A1RE
BOREKON ),
avaient valeur de monnaie,
à l'extr~me Ouest du
Moronou, dans la zone de contact avec les Baoulé de Tiassalé.
Ainsi le DJIN TYE (panier de sel) qui était évalué à 5 F, à
Tiassalé en 1894 (1),
ne valait plus que 2 F en 1859. A cet-
te date, selon Delafosse,
le prlx d'une chèvre variait à
Tiassalé de 1 à 3 paniers de sel,
tandis que le mouton coû-
tait,
la m~me année, de 3 à 5 paniers. Dans la région de
Toumodi,
le boeuf était estimé, selon la taille, à 2 ou 3
barils de poudre (2). Mais petit à petit, la monnaie d'ar-
gent (GYETE)
s'est substituée à la poudre d'or,
au cours
des premières années de l'occupation coloniale.
Monnaies de compte, poudre d'or et monnale divi-
sionnaire en argent laissent deviner quelque peu la comple-
xité des échanges précoloniaux. Mais quel était réellement
le mécanisme des échanges ?
(1) Bibliothèque municipale de Saint-Maur 6002-1, Pobeguin
1894. Cité par M.S.
Bamba, Le Bas Bandama précolonial,
Thèse de IIIème Cycle, Paris l, 1978,
t.
l, p.
149.
(2) M. Delafosse, extrait d'un rapport ais des rensei~nements
économiques.
Toumodi,
le 1er juillet 1899, J.O. Cote
d'Ivoire du 1er août 1899, pp.
3-4.

Jiu.
B. Corrunerçants et différents tyPes d'échanges
Bien que le marché,
au sens géographique du terme,
sis tantôt à l'extérieur de l'agglomération,
tantôt à l'in-
térieur de la cité,
tel qu'on en rencontrait a l'époque,
dans la zone soudanaise, ait été étranger au Moronou,
la
société Agni connaissait et pratiquait les échanges à l'é-
chelle villagoise. Les échanges ordinaires portant sur les
denrées de première nécessité ne s'effectuaient pas à date
et lieu fixes,
corrune en certaines régions d'Afrique. Au
contraire,
les marchandises étaient exposées quotidiennement,
le long de la rue principale, sur des étals,
ou encore sus-
pendues à un piquet par une corde. Par contre, les transac-
tions de grande valeur,
portant sur l'achat ou sur la vente
d'un bijou en or,
se concluaient à l'abri de tout regard
curieux, dans le secret des cases. Leur volume assez réduit
était à la mesure des besoins de chaque famille auxquels
celle-ci pourvoyait en général par sa propre production.
Quant au corrunerce régional et aux expéditions, au
mécanisme plus complexe, confrontés au problème fondamental
de la sécurité des personnes et des biens transportés au
cours des voyages,
ils durent,
par l'organisation de leurs
structures,
apporter la solution aux maux qui constituaient
un obstacle sérieux
à leur développement.

Les risques des voyages d'un village à l'autre,
-,
a plus forte raison au-delà des limites du Moronou,
étaient
grands,
à la dimension des dangers courus
Question
"Avant vous, existait-il déjà un commerce en
direction du Nord
(pays Baoulé) ?
Réponse
" Oui, mais il était périlleux. On risquait de se
faire arrêter,
BE KI N'RG
(de se faire prendre en
otage). Quand cela arrivait,
les membres de ton
ABUSWAN devaient payer le N'RD
(le prix de l'otage),
avant que tu ne sois libéré. On pouvait se faire
arrêter en cours de route,
en pays Agni, même au
sortir d'Arrah,
comme à l'étranger. On pouvait
perdre la vie."
(l)
Le N'RD (prise d'otage),
ce risque permanent des
voyages, comment pourrait-on le définir? C'est une prati-
que fort ancienne, dont l'existence est signalée dans la
Gold-Coast des XVllème et XVlllème siècles.
Elle y est bap-
tisée du terme de PANYARRING, sous la plume des historiens
du Ghana moderne (2).
Cette pratique paraît déborder large-
ment des limites du monde Akan auquel appartiennent les
Aowin et leurs descendants Morofwo.
Elle est en effet men-
tionnée dans la zone soudanaise, chez les populations peul
et malinké que visite l'explorateur écossais Mungo Park,
à la fin du XVIllème et au début du XIXème siècle (3).
(1) Entretien avec Kwa Sènin d'Arrah, vieillard de 80 ans
environ, Arrah le 18 mars 1973.
(2) On pourrait utilement se reporter au mémoire de maîtrise
de S. Tenkorang, British slave trading activities on the
Gold and Slave Coasts in the 18th Century (M.A.
London,
1964), pp.
25-26.
(3) Mungo Park, Travels in the interior districts of Africa
in the years 1795, 1796 dnd 1797 - London 1799
id, The journal of a mission to the inLerior of Africa
in the year 1805, London 1815.

J 1,~ •
L'historien anglo-saxon,
Fage, note déjà au Xvème
siècle,
l'existence du PANYARRING qui, selon cet auteur, don-
nerai t
naissance à un type particulier d'économie, "the eco-
nomy slave", propre à l'Afrique ancienne (1) antérieure à
la pénétration européenne. Ce type particulier d'économie se
superposerait, continue Fage,
à la traite négrière qui lui
est postérieure.
Fage semble oublier qu'avant la pénétration por-
tugaise de l'Afrique,
au xvème siècle, celle-ci avait été
déjà envahie par les Arabes depuis la seconde moitié du
Vlllème siècle (2) et y avait instauré un trafic régulier
d'esclaves à l'intérieur du Continent, des rives méridiona-
les du Sahara en direction du Maghreb et du Moyen-Orient.
Ce vieux "démon" de l'histoire africaine, surgi
au passage,
demeure entier.
Nous n'avons nullement l'intention de l'exorci-
ser ici. Qu'il soit antérieur à la pénétration étrangère du
Continent ou qu'il ait été suscité par celle-ci, le PANYARRING
que nous retrouvons dans le Moronou,
sous le nom de N'RO, y
était déjà chose courante.
Cette pratique consistait à guetter le long des
pistes villageoises tous ceux qui se hasardaient à sortir
du territoire lignager,
à les capturer à des fins exclusi-
vement économiques, semble-t-il. On devenait en effet captif
(1) J.D.
Fage, An introduction to the History of West Africa
London 1959, 233P'
(2) R.
Hauny
, Tableau géographique de l'Ouest Africain au
Moyen-âge.
Dakar 1961,5 88 p.

J1J.
de cette façon et pour être libéré,
les proches se devaient
de payer nécessairement une rançon
(N'ro).
Le danger du
N'RD permanent dans le Moronou ancien a persisté jusqu'à
le colonisation :
"Le Commerce est peu développé", notait l'admi-
nistrateur Marchand à son arrivée à Sawua
en
1908. Et il en attribuait la cause au "manque de
sécurité des routes"
(1).
Afin de réduire ces risques inévitables,
le Com-
merce régional et les expéditions vont s'appuyer sur deux
organisations secrétées par le fonctionnement même du Com-
merce, dont l'efficacité sera fonction de l'intérêt que la
société portait à l'activité commerciale. Ce sont:
les
caravanes et le système d'alliances.
(1) A.N.C.I.
1 EE 144, nO 27, Rapport de tournée de l'Admi-
nistrateur-adjoint Marchand, Sahoua,
le 2 mai 1908.
Quelques années auparavant, en 1892, le Chef des commer-
çants appolonien implantés à Attakrou, se plaignait amè-
rement des taux extrêmement élevés des rançons dont lui
et ses compatr iotes appolonien devaient s' acqui t ter
pour
recouvrer leur liberté.
"Our people are obliged to pay large surns of money
as ransoms
( ... ) There is a great deal of go Id in
the Country, and we have paid ransoms as high as
200 oz.
( ... )"
Parmi les Morofwo, ceux qui leur causaient le plus de
tort, dont ils avaient le plus à souffrir étaient les
Ahua de Kregbé et d'Arrah.
Ils les guettaient et les
dépouillaient de leurs biens même en dehors du Moronou,
en territoire Indénié.
Cf University of Cape Coast Library, microfilm Co 96/225.
Capt. J.
Lang to the Governor, Gold Coast Colony, 19
septembre, 1892.

J 1,'••
Les Caravanes
Les expéditions étaient loin d,gtre le fait d'un
individu ou même d'un ménage,
au sens occidental du mot.
Au
contraire la tendance devenue coutume était d'associer dans
J
,
,
ce voyage à but commercial et plein de risques, tous les élé-
ments jeunes et valides de la grande famille,
y compris les
alliés et les "esclaves".
A la tête de l'organisation cara-
vanière,
se trouve placé l'Awlo-Kpanyi ou à défaut l'un de
ses héritiers, qui a la responsabilité des préparatifs et de
la conduite pratique de la caravan~ en cours de route.
La colonne groupait dix à qUlnze personnes, quel-
quefois un effectif plus important. En tête et à l'arrière,
marchaient ceux qUl portaient les fusils,
précaution néces-
saire pour intimider et au besoin pour parer aux agressions
éventuelles. Les hommes armés encadraient les autres voya-
geurs, placés au milieu de la colonne et chargés de TROWA
(bagages). Comme le voyage était long -du Moronou à Cape-
Coast,
il ne fallait pas moins de trois mois pour le voyage
aller et retour- l'on emportait de quoi manger: du DKONON
(galettes de maIs et de bananes) et du NGBAOU (galette à
base de manioc râpée et de banane) qui se conservait fort
bien sur plusieurs semaines.
Les voyageurs devaient par ailleurs être vigilants
en cours de route,
en refusant tout risque inutile. Toutes
les précautions étaient prises pour rendre extrêmement discret

j1 5.
leur passage dans les villages et les campements, quand on
ne pouvait éviter ces derniers.
Dans ce cas,
les voyageurs
se dissimulaient dans les bois,
à l'orée du village et at-
tendaient la nuit.
Les Alliances
Le second procédé qui facilita le commerce, en
diminuant les risques de voyage,
fut les alliances, conclues
en général de façon tacite, entre familles de villages dif-
férents.
Quand un voyageur "allié" arrivait dans un village,
il était pris en charge par un SIKEFWO (hôte). Celui-ci qUl
était le plus souvent un notable de la localité prenait le
voyageur sous sa protection, se chargeait de l'écoulement
de sa marchandise et au besoin se substituait à lui dans les
litiges éventuels qui pouvaient l'opposer à un membre de la
Communauté villageoise.
Quelques rares Morofwo se sont illustrés dans ces
expéditions commerciales. On cite volontiers dans le Moronou
les noms de Gwabo Assalé (1), originaire d'Abongoua ;
d'Assoumou Baka,
fondateur d'Assoumoukro, près de Sahoua,
le
village qui accueillit le premier poste administratif provi-
soire du Moronou ; de N'guessan Kouamé du Ngatianou qui
(1) Il fut aussi le premier, selon la tradition orale,
à in-
troduire,
le cacao dans le Moronou,
ayant rapporté des
cabasses de ce fruit,
acquis au cours de ses voyages suc-
cessifs en Gold-Coast.

316.
contrairement aux deux premiers, préféra Tiassal~ ~ Gwa
comme Centre d'approvisionnement. Tiassalé, situé au carre-
four du N'zi et du Bandama, promis à un bel avenir (1),
était
surtout plus proche par la distance et lui offrait de sur-
croit les meilleures garanties (2).
Des Morofwo ayant pris
goût à ces longs et périlleux voyages ayant pour objectif
fondamental l'acquisition de biens de consommation,
il a dû
en exister bien d'autres, moins célèbres certes (3)
mais
le nombre réduit de ces commerçants occasionnels dont le
souvenir demeure encore vivace dans les esprits est le signe
du rôle exceptionnellement rare tenu par le Commerce dans la
vie du Morofwo d'origine.
(1) Aux environs de 1894, après que le Capitaine Marchand ait
pris possession de Tiassalé et du pays environnant,
il en-
visage de faire de cette localité, située à l'embouchure
du Bandama et du N'zi, un des centres commerciaux les plus
importants de l'Afrique de l'Ouest, en détournant essen-
tiellement sur le Centre les caravanes qui, des pays de
Kong, Diamala, Djimini et autres avaient l'habitude de
descendre sur la Côte, en territoire britannique. Effec-
tivement,
à partir de mars 1894, s'ébranlent, des pays
nordiques, de nombreuses caravanes, composées chacune de
plusieurs centaines de marchands malinké (Dioula) en di-
rection de Tiassalé.
Cf M. Sékou, Barnba, Le Bas-Bandama précolonial, Paris,
1978, t.
2, p.
355, citant ANRFCI, DD 125, Toumodi,
le
16 juillet 1894.
(2) Le fondateur de Morokro,
l'une des étapes les plus impor-
tantes du voyage était son frère.
Cf K. Aka, L'organisation
économique précoloniale du Moronou d'après les traditions
orales, 1979, p.
18.
(3) Ibidem.
L'auteur cite, à la p.
18,
"Nanan Kini et un cer-
tain Kaj 0 du S aoua (S awu a ) '", Marchand rapporte pour sa
part au Kuadio Bilé, neveu de Kofi Kpli,
le Chef d'Arrah
"est un jeune homme très riche et dont la clientèle de jeu-
nes gens se livrant au commerce, désire servir en paix, POu!~
pouvoir plus aisément trafiquer".
Cf ANCI, 1 EE 144, na 32, Rapport de Marchand administrateul
adjoint ~ l'Administrateur du Cercle des Lagunes, Sahoua,
le 8 janvier 1908.

Par contre les commerçants étrangers: n'zima (ap-
polonien),
fanti,
ashanti qui affluent dans le Moronou,
à
partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, est extr~me-
ment considérable. Plus on progressait vers la fin du siècle,
plus leur nombre grossissait,
au point que les Centres com-
merciaux implantés aux frontières du Moronou et drainant les
produits de cette région,
insignifiants à l'origine, prirent
de plus en plus de l'importance.
On peut c i t e r : Aniansué
et Attakrou sur le Comoé à l'Est, et Tiassalé au confluent
du N'zi et du Bandama à l'Ouest.
Le nombre des commerçants,
installés à domicile
en ces Centres commerciaux, suffirait à nous donner une idée
de leur importance.
Le Capitaine Lang, de passage, en 1892,
dans la zone orientale de la Côte d'Ivoire,
à l'occasion du
tracé de la frontière Est, entre la Côte d'Ivoire et la
Gold Coast, estimait le nombre des sujets britanniques ap-
polonien,
implantés dans la seule localité d'Attakrou, pour
des motifs commerciaux, à plus de cent personnes
:
"It appears that the Appoloniens et Attakrou
number more than 100" (1).
Cette Colonie de commerçants appolonien devait y
~tre assez puissante j elle était représentée au Conseil du
village par son Chef qui avait "voix au chapitre"
(1) University of Cape Coast Library. microfilm Co 96/225
Capt. J.
Lang to the Governor, Gold Coast Colony
19 September, 1892.

310.
"They have t hei r
own Chief,
and have a v oic e nl
the government of the village"
(1).
A T iassalé,
le c h i.f f r e total des commerçants con-
fondus est estimé dans les toutes premières années du siècle
à 290 personnes sur une population totale de 855 habitants,
soit 33,91 % (2). Quant aux maisons de commerce gui y avaient rai
souche,
elles se répartissaient ainsi à la même date : cinq
maisons européennes, quarante six maisons de commerce de
détail appartenant aux Africains dont vingt et une appolo-
niennes, dix-neuf sénégalaises, six fanti
(3).
C.
Les routes commerciales
A cette prospérité générale dont jouissaient les
centres commerciaux situés à la limite du Moronou,
la con-
tribution de celui-ci, en tant qu'arrière-pays,
riche d'une
gamme variée de potentialités naturelles,
ne fut pas étran-
gère.
si
les centres de Tiassalé, Attakrou et Aniansué
ont
pu tirer parti de cette situation, c'est parce qu'ils
étaient reliés au pays profond, producteur de métal précieux
et des autres denrées si convoitées du Commerce, par un ré-
seau de communications relativement dense,
tant i l est vrai
que la prospérité d'une contrée repose en partie sur l'exis-
tence de ses voies de liaison, nombreuses et faciles.
(l)
Ibidem.
(2) M. Sékou Bamba, Le bas-Bandama précolonial, Paris, 1978,
tome 2,
p.
357.
(3) Ibidem, p.
359.

Au niveau du Moronou anc ien, il serai t
e r r orm e de s' ima-
glner de véritables routes comme celles dont bénéficie la
campagne
actuelle.
Les
voies
de
cornmun i.c a t i on étaient
plutôt "rudimentaires". Aussi parler de pistes et de sen-
tiers serait plus exact.
Il faut attendre l'année 1908 pour
que,
sur la demande de Marchand, premier administrateur de
la région,
"les sentiers les plus fréquentés" soient débrous-
sés sur une largeur de trois m~tres environ (1), afin de ren-
dre la circulation plus aisée.
Malgré l'état plutôt déplorable de ses voies de
communication,
le Moronou pouvait se vanter de disposer d'un
réseau de pistes et sentiers qui loin de l'isoler, raccor-
daient les agglomérations principales de la région aux grands
axes extérieurs.
La répartition des principales "routes" révèle
une orientation privilégiée Sud-Nord des communications ;
les liaisons Ouest-Est, voies de pénétration, bien que fort
importantes, sont réduites quant à leur nombre.
Les mailles
du réseau sont plus serrées dans la partie Occidentale du
Moronou, de peuplement plus ancien et dessinent une véri-
table toile d'araignée autour de ce qu'on pourrait appeler
le foyer d'expansion: Ehuikro-Sawua--Assiè. La partie orlen-
tale du pays est nettement défavorisée ;
il semble que les
(1) ANCI, 1 EE 144, nO 27,
op.
cit.

320.
voyages nombreux et plus anciens en direction du Comoé et
de la Côte aient tous emprunté le même itinéraire,
immuable,
au cours des siècles.
Encore faut-il pouvolr atteindre ces grands axes
seuls les chemins vicinaux,
plus denses, mais aussi plus
mobiles selon les déplacements successifs des agqloméra-
tions,
ont permis le véritable "désenclavement" du Moronou,
en le "branchant" réellement sur le monde extérieur.
Voici les voies de communication qui ont servi
aux échanges conunerciaux,
telles qu'elles s'offraient à
Marchand,
lors de la prise de possession du Moronou par
l'administration coloniale.
Parmi toutes ces voies,
émergent les deux routes
d'orientation Oues-Est ; elles comptent non seulement parml
les plus anciennes mais aussi parmi les plus importantes
par le trafic desservi.
La plus méridionnale d'une longueur
d'environ 110 Km, entre Sanguibonga, situé à l'extrême Sud-
Ouest du Moronou et le terminus Nord-Est à sa sortie du
Moronou,
traverse sans exception sur son parcours les ter-
ritoires des différents groupes Morofwo.
C'est effectivement
la voie de pénétration, préexistante certes à la colonisa-
tion mais qui fut utilisée par le colonisateur pour s'intro-

321.
duire et opérer dans le Moronou. Elle est surtout d'un grand
intér~t du point de vue économique, reliant les deux fleuves
limitrophes du territoire Morofwo
le N'zi et le Comoé. En
effet cette voie, de loin la plus fréquentée,
fut empruntée aus
si bien par les autochtones Agni, commerçants occasionnels, dans
leurs opérations d'échange que par les commerçants appolonien,
bambara et autres qui successivement eurent à déferler sur
le pays.
Cet itinéraire est enfin important, par ce qu'il
donne naissance à d'autres voies de communication perpendi-
culaires, orientées Nord-Sud ou au contraire Sud-Nord, de
moindre importance et qui contribueront à accroître son
trafic.
Citons quelques unes des grandes étapes de son
parcours. Orientée Sud-Ouest/Nord-Est, cette voie, baptisée
de "route caravanière du Moronou" par Marchand,
traverse
successivement Sanguibonga, Sérébissou et N'drossou en ter-
ritoire Ahaly ; Anoumaba en pays amantian ; Gramassabo,
Sahoua et M'bato dans le Sahoua.
Dans le N'gatianou,
Anialesso,
l'ancien Wawanou, N'zuékokoré, M'baoucesso cons-
tituent des étapes importantes de son parcours. Elle longe
Kangandi en pays Essandané,
puis atteint Kotobi en pays
Ahua, avant de déboucher sur le Sahié où elle dessert en-
tres autres locali tés
: Agoua, Yoboisso et Bènènè. S'étant
engagée en pays Salifuè, elle coupe la voie caravanière du
Baoulé reliant Attakrou sur le Comoé à M'baniakro, peu apres
qu'elle ait franchi l'étape de Daoukro,
la premlere du Baoulé

sur son parcours. Enfin elle débouche sur le Comoé à Akako-
moékrou.
L'autre voie longitudinale,
de moindre envergure,
part d'Ahounian foutou à l'Ouest,
passe par Ménou et Tiémé-
lekro où elle sera enjambÉe quelques années plus tard par le
Chemin de fer.
Elle poursuit sa course en pays Ahaly,
en
traversant Kommabo, Diekabo, Diangobo et Gohino, puis pénè-
tre en territoire alangwa.
Ici ses étapes les plus importan-
tes sont les suivantes
: Tano Kakoukro, Koakro et enfin
N'drikro,
où elle rejoint la piste secondaire qui deviendra
quelques années plus tard la grande voie coloniale Dimbokro-
Bongouanou.
2~ -Les voies latitudinales
Dans le Sens Sud-Nord,
trois VOles relient le
Moronou au pays Baoulé. La première,
la plus occidentale,
longeant senaiblement le N'zi,
traverse tout le pays Ahali,
de Sérébissou au pays Agba.
Elle dessert Ahouanou, Ahounian-
foutou, Kore-Koressou, Tomidanou et Diamalabo.
Au niveau de
ce village, elle se partage en deux pistes,
avant de péné-
trer en territoire Agba. La piste occidentale se dirige di-
rectement sur le N'zi qu'elle atteint à Dimbokro,
tandis que
la seconde prolonge de quelques kilomètres son parcours en
territoire Ahali,
passant par Frondobo et Télébo avant de
joindre Ebimolossou en pays Agba.

La deuxième voie,
parallèle à celle-ci, orientée
également Sud-Nord,' part de M' bato-Sa\\vua , dessert les vil-
lages amantian de Diakadiokro, Ehuikro, Assalekro, Assémian-
kr o , entre
en
terri toire
al anqwa où elle est
jalonnée de
plusieurs localités
: Aduakoakro, Koakro, Boafokro. Deuxem-
branchements
sont à signaler sur cette transversale,
l'une
des plus importantes de l'époque précoloniale : la piste de
croisement Ehuikro-Gohinou-Songasou et celle qui de Koakro
fait un bref détour dans le Ngatianou par Fronobo, Karnrankro,
Amonkro, puis franchit le N'zi avant d'atteindre Bengassou et
le futur poste administratif d'Aoussoukrou.
La dernière transversale de sens Sud-Nord relie
le Ngatianou au Baoulé,
après avoir traversé le territoire
assiè.
Les grandes étapes en sont
: Nzuékokoré, Niandian,
Nguessankro, Kinimokro et Assiè-Kumasi et le pays Baoulé.
Enfin il faut signaler deux autres transversales
orientées Nord-Sud,
en direction des pays Abey et Akyé : la
voie Anoumaba-Agbanou-Mgblibo-Ciéchi-Treinou et enfin celle
reliant M'bato, Assiè-Akpessé en direction de Morié (pays
abey) ou d'Afféry (pays Akyé) qui est le prolongement de la
grande voie vers le Baoulé.
Ce sont essentiellement par ces voies auxquelles
étaient reliés les chemins vicinaux que s'effectuèrent les
voyages pour les échanges commerciaux d'un point à l'autre
du Moronou et les expéditions commerciales aux pays Baoulé,

J') J
Jt-.
Aky~ et Abey ou encore dans les r~gions plus lointaines de
la CSte.
Par elles, p~nètrent dans la r~gion les articles
~trangers, essentiellement d'origine europ~enne dont le
besoin se faisait de plus en plus sentir,
au sein de cette
s oc i ét.é agni.
D.. - Destination des produi ts acquis
Les commerçants appolonien et les colporteurs
bambara, qui se pressaient sur les pistes du Moronou pour
~couler leurs marchandises, ne poursuivaient qu'un objectif
le profit. Les ambitions de l'agni ~taient diff~rentes,
lorsqu'au terme de ses "exp~ditions" en pays baoul~ ou
sur la CSte,
il rentrait charg~ de caisses d'alcool, de
cotonnades baoul~ ou d'origine europ~enne, de mousquets et
de poudre à fusils.
Le produit acquis est consomm~ ou th~-
sauris~
il entre rarement dans la production des biens
servant à son acquisition. La cons~quence c'est qu'à ce
niveau la rupture du circuit commercial est totalement
consomm~e. C'est la diff~rence fondamentale avec le n~goce
qui "s'effectue par l'acquisition de biens non plus pour
leur valeur d'usage mais pour leur valeur d'~change" et
qui donne lieu à un b~n~fice (1).
(1) Meillassoux, L'~volution du Commerce africain depuis le
XIXème siècle en Afrique de l'Ouest (Introduction à
l'ouvrage collectif pour l'I.A.I.
par Oxford Press,
London, 1971, p.
244.

Le produit de l'expédition destiné à être consommé,
était remis entre les mains du Chef de la famille,
à charge
pour ce dernier d'assurer une répartition équitable des
biens. Le retour de ces expéditions,
s'effectuant en géné-
raI pendant la morte-saison, coincidait avec la fin de l'an-
née culturale, marquée par la grande fête de nouvelle igname.
Le retour des paysans -trafiquants était l'occasion d'une
première distribution des denrées périssables,
tel le sel
et le tabac, rapportées de l'expédition.
Les sacs de sel
éventrés,
le produit était réparti en tas,
en fonction du
nombre de foyers regroupés à l'intérieur de la cour. Chacune
des femmes-cuisinières s'appropriait un lot de sel. En com-
plément,
il était offert à chacune d'elles un assortiment
complet de pagnes,
auxquels s'ajoutaient des mouchoirs de
tête, des boucles d'oreilles, des bracelets, des perles de
toutes couleurs, de formes et d'usages divers
(1).
Outre les produits alimentaires,
les vêtements et
les parures, d'autres achats reflétaient davantage les besoins
liés à un meilleur rendement du travail agricole. On peut
citer i c i :
les SAKPUNE
(matchette dont l'extrémité de la
lame était évasée),
les FUFU (limes),
les daba,
les BOTIKI
(seaux), mais aussi les fusils,
les cartouches et la poudre
à fusil
(tuiaire).
si la chasse constituait une source de
ravitaillement en viande, elle n'était pas moins une néces-
sité de protection des cultures contre les animaux et les
(1) Filières de perles
(afilié nyama),
colliers de perles
(afilie Komi nyama) ceintures de perles
(afilie bonyma).

oiseaux déprédateurs. Enfin le fusil constituait aussi une
arme de protection et de lutte contre les ::auves gui avaient
l'outrecuidance de faire de temps à autre des apparitions
inopinées dans le village,
en quête de proie.
Les alcools ramenés de la Côte et les pagnes de
prix répondaient à des nécessités cérémonielles et cultuel-
les,
baptisées de "dépenses somptuaires". En effet à l'oc-
casion
de certains grands événements de la vie sociale
naissance, mariage,
funérailles,
l'on offre des pagnes, des
couvertures de fabrication baoulé (baoulé-bomo), des draps,.
en guise de cadeaux, à la jeune épousée ou à la famille du
défunt. Au cours de ces cérémonies et aussi pendant les ju-
gements coutumiers,
l'on consomme le gln,
le rhum,
l'ani-
sette et les autres boissons fortes dont les bouteilles Vl-
des servent à démarquer la tombe du défunt.
Les funérailles
qui fournissaient l'occasion de manifestations les plus
spectaculaires étaient souvent repoussées à la fête des
ignames qui clôt la fin de l'année, pour que leur célébra-
tion revête le faste rendu possible par l'afflux des mar-
chandises acquises.
De tr~s importants échanges constitués
en totalité de produits de trafic avaient lieu entre parents
et alliés,
contribuant à resserrer les liens de solidarité.

E.
-
QUELLE CHfWNOLOCTE POUl~ LE COrvlMERCE ?
Malgré une documentation des plus limitées,
la question
TIl é rit e
d 1 ê t r e posée.
Les Mor o f wa , clans lié cha n g e des pro d LI i t s d LI
cru contre les articles de consommation courante,
à travers les
expéditions, se sont adressés à plusieurs centres commerCIauX.
Selon les différentes sources consultées,
il apparatt que les
Morofwo tant6t sVapprovisionnent à Cape-Coast (dont le nom
agni, Gwa,
signifie "Le. malLc.hé.") , t a n t
t
empruntent la voie du
ô
Comoé pour se ravitailler à Alépé, Grand-Bassam et Krinjabo.
Quelques rares récits oraux font allusion à Assinie, placé à
l'extrémité de ce m~me axe. Enfin une dernière série de docu-
ments, à la fois écrits et oraux, nous renseignent sur le trafic
en direction de Tiassalé et du pays baoulé. Est-il possible,
entre ces différents courants d'échange, de déterminer un ordre
chronologique et par voie de conséquence les produits spécifiques
véhiculés sur chaque axe commercial ?
1 -
L'Axe Moronou-Cape-Coast
1733 -
1787.
C'est l'axe le plus anCIen.
Il est aUSSI - autre
caractéristique - celui qui bat le record de durée dans le
temps.
Fréquenté en effet, dès les premières années dPimmigra-
tian, il se maintient bien au~delà de la première moitié du
dix-neuvième siècle, bien que sa plus belle période se situe
entre la date dVinstallation des Morofwo et l'établissement des
premiers comptoirs européens, sur le rivage catier ivoirien (1).
(JI
La mai~on Ré.gi~ ~'in~talle a Ba~~am en 1842 et a A~~inie
en 7843.
Le 60lLt de Vabou c.on~tlLuit palL FaidhelLbe POUlL la
plLotec.tion du commelLce lagunailLf! date de 1853.
Quelque 66 an~
aupalLavant,
le6
FlLançai6 avaient tent~ d'Œdi6ielL,
une 6acto-
IU'.!l( ('.
à
L(<11 0 U ,
a p /1 è ,~ a v o i./1. COl'I cl U LUI t.n a; Di ,
en 1 7 g 7 cl V ('. L
cette localité. - C6. J. HalLglLeave~, We6t A6lLica : The FOlLmelL
0'u' nc h~-ta .((',6,
Engl (',wo 0 ci Cf i 6ci,~
1967.
p. 67.
------------

J~~S •
Cette route qui aboutit ~ Cape-Coast, en traversant
le sud-ouest de la Gold-Coast, "te palj'~ d e: A1'1 c êt,'le.6 " , suit
d'assez près l'itinéraire - Nord de l'émigration.
l:n effet,
en remontant la piste dans le sens Ca p e ; C:oast/~'loronou, lion
passe par Ng r a , situé à 2 jours cie marche environ de Cape-Coast,
puis l'on aboutit à Kumasi,
la ville capitale de
l'Asante.
Ensuite l'on rejoint Essanu par Debisso. D'essanu,
l'on traver-
se l'Indénié par Zaranou, Abengourou et Brou-Attakrou. Au
niveau de cette dernière localité,
située sur le Como
l'on
é
,
rejoint la route"caravanière"Nord-Est/Sud-Ouest du Moronou,
allant de Krégbé à Sawua, en passant par And
Kotobi, Bon g o ua-
é
,
nou et N'zuékokoré.
Le voyage,
long
(1)
et périlleux sur cette première
voie,
achemine en direction de Gwa
: la poudre d'or, et acces-
soirement les peaux de singe et l'ivoire.
Pour le retour, on
s'approvisionne en fusils,
poudre à fusil,
alcools,
tissus et
autres marchandises européennes . . . .
2 - Le commerce en direction du Bandama et de
Tiassalé
1787-1842.
Tiassalé,
situé sur le Bandama au sud du pays baoulé,
ouvert sur la mer, grâce à cette voie naturelle de
navigation,
semble avoir exercé de tout temps une attraction si forte~ sur
les peuples environnants; que Pe r s o n a pu baptiser cette localité
et le pays proche de "golée baulé"
(2).
Jusqu'au 17e siècle,
Tiassalé et sa région ont servi de VOle de passage aux marchands
soudanais qui venaient offrir, aux naVIres européens de la
(1)
T~oi.6 moi.6 é~aient néc.e.66ai~e.6 pou~ eé6ec.tue~ le voyage
alle~/~etou~, en~~e le Mo~onou et Gwa (Cape-Coa.6t)
( 2) Y.
PERS 0N, SaHl0 fI. i , u l'l(!. tr é vot LI ;f:i.o li DUuta,
DClRa !L,
3 t (1 IiH' ô
( t .
1 1 1,
1 9 7 5,
P .
1 6 g 3 f . - - - - - - - - -

Côte, entre autres articles "te-,j hab.<--téJ de. co-ton. qU'O!'1 appe-tte.
d'o~din.ai~e.
~obe~ de. Quaqua,
e.-t qu~ ~on.t compo~~e.h
de 5
ou 6 bande.éJ c ou e u e.s e.n s emb :»."
(1).
Mais l'émigration akan au début du 18e siècle et la
fixation,
en cette zone stratégique, du conquérant baoulé,
semblent avoir mis définitivement fin aux échanges antérieurs,
en repoussant les influences soudanaises plus au nord et en
déro.utant le commerce vers l'Est, essentiellement en direction
des comptoirs européens de
la Gold Coast, antérieurement
connus.
En effet tout au long du 18e siècle,
les échanges avec
les Européens passent par une phase si dépressive que ni l'an-
cien trafic des étoffes, cependant si appréciées au cours du
siècle précédent, ni le commerce d'or et d'ivoire n'atteignent
un niveau suffisant pour justifier l'édification d'une factore-
rie, dans cette zone occidentale du pays.
"Il tj a Que.lque.6oih à -t~ai-te.~ ]00 cap-ti6f.J à
à la 6oih,
pe.u dlo~ e.-t de mo~phil,
cela ne. vau-t poin.t
enc.o~e. la pe.ine. d'un. é.-tabtihhe.me.rl-t"
(2).
Ainsi se résument les observations de M.
de Bussy,
dépêché par la France, aux environs de 1760, pour s'informer
secrètement des possibilités commerciales de la région de
Lahou. Si le volume des esclaves fut assez tentant pour inciter
les Français à conclure, vingt sept ans plus tard en 1787
(3),
(1)
O. VAPPER, Ve.hc.~ie-tioVl de. l'A6~·lq~,
op.
ci:c,
p.
217.
(2) M.
BUSSY,
"dernier mémoire secret sur la Côte d'Afrique"
(6
[u i.« 776])
in. Mun.g e~ A6~ican.a Lib~aJty No-teh,
3,
1977,
~e.p~odui-t pa~ T.C. Weih~e.l, The P~e.colonial Baulé. : A
Recon.h-t~uc-tion.,
C.E.A.
1 3)
J.
HA RGREAVES,
0 P •
c.i. t.
p .
6 7 .

:j)O.
un traité de commerce avec La h ou , cette
intention
n'eut
j am ais
de suite.
Le courant négrier,
sur la côte de La hou , a l i me n t.é
probablement par les guerres de conquête baoulé,
tarit-il
précocement? Serait-ce le signe de
la
fin de
la conquête
baoulé et doit-on considérer ici ce phénomène nouveau COlllme
une preuve supplémentaire, venant corroborer la thèse de la
cessation de
la guerre Agni-Baoulé,
avant la décennie 1780-
1790 (1)
?
Quoiqu'il en'soit, un changement s'opère dans la phy-
sionomie des échanges commerciaux,
dès la fin de
la deuxième
décade du dix-neuvième siècle
(2).
Grand-Lahou renaît au
commerce.
Cela est dû au
rétablissement des relations commer-
ciales entre cette localité côtière et l'arrière-pays baoulé.
Les voyageurs anglais
Robertson el. Hutton, en visi te sur cette
côte, au début du siècle,
en témoignent. Non seulement ils
rapportent des chiffres extrêmement flatteurs sur le volume
du Commerce qui s'effectue â Lahou, malS indiquent encore que
l'Angleterre projette d'y construire des comptoirs commerciaux,
afin d'y détourner le commerce du Gyaman,
l'arrière-pays de
l'Assante
(3).
(1)
Ch' ~upfLa c.h.p II
P. 1~8
(2)
R. G. RQbe.JL,t>~on, un VOY:;'C;Gur
ang~ai,~
de pa-6,~age à GfLand La/lOu
en 181q y -6ou~igne l'expan-6ion du c.ommefLc.e qui -6emble datefL
déjà
de plU-6,leUfL'~ année-6
:
"Cape Lahoo has long been famous
both for the extent of its trade and
its sedulous pursuit
by the inhabitants. More business is done here than in the
who l e cl i s tan c e f r 0 In Cap e fvlo u n t
t 0 Sa j n tAn d r e ws ;
T11 e
quantity of gold and ivory solcl annually is greater that
at any of the european settlements, Cape Coast and Aura
excepted". Cn. G.A. RobefLt-60n, Note-6 on AnfLic.a.
London,
1819,
p.
82,
c.ité
pafL
T.
Wei-6~el, The PfLec.olonia~ Bau~e
A Rec.oi1.-6t!T..uc.tion,
i.n
C. E.A
XV"'-4f'72( 1978) ,PP'503-560
(3)
G.A.
RobefLt-60n,
Note-6
on
A6fLic.a.
LondoVl
1819,
p.
82
W.
tiut.r.o «,
A v o ua ç e to
A{fLl~~~-.-Loi1.doVL, 1821, pp. 36-37.

331 .
Quelle est la part du Moronou dans ce commerce qUI
renaît à Lahou et dans l'arrière-pays baoulé, plus précisément
à Tiassalé
'?
Halgré l'orientation nouvelle du commerce, élU
dix-neuvième siècle, vers l'huile de palme,
les palmistes et
les produits agricoles,
l'Agni du Moronou demeure obstinément
attaché à l'or, à l'ivoire, bref aux articles de
luxe qu'll
continue d'échanger épisodiquement sur le marché de Tiassalé
contre le sel et les ma r c ha n d i ses européennes stockées, en ce
point de rupture de charge,
à la périphérie de notre région
qui)
après l'éclipse moment,ant:8du 18e siècle,
s'est à nouveau
adjugé le titre d'entrepôt commercial.
Centre d'approvisionnement en articles manufacturés
d'origine européenne, Tiassalé le demeurera encore longtemps,
à l'égard du Moronou,
jusqu'à llaube de la colonisation. On
peut néanmoins penser qu'avec l'implantation des comptoirs
commerciaux sur la Côte-Est ivoirienne, à Bassam (1842) et à
Assinie
(1843),
les expéditions commerciales en direction de
la Basse Côte,
le long de l'artère fluviale du Comoé,
loin
de mettre un terme à l'attraction commerciale de Tiassalé,
ne constituent qu'une diversion.
3.- Liaisons commerciales avec la Basse-Côte
1842 - 1909
Les maIsons commerciales européennes de Bassam et
d'Assinie, quelles soient françaises ou britanniques,
tout en
rayonnant dans la région lagunaire,
implantent quelques succur-
sales le long des voies navigables. C'est ainsi qu'Alépé sur
le Comoé, Aboisso sur la Bia, bénéficient d'abord du passage
régulier de chaloupes affrétées spécialement pour le Commerce,
en attendant que ces
centres de l'arrière-pays soient
définitivement dotés de
pont.ons
achalandés, puis de factoreries ...

Les pop u lat ion 5 s i tué e s
loi n ::i l' i n t é rie li r des ter r e s - cie s t
1e cas des Mor 0 EW 0
-
s' y
r e ncl r 0 n t
ré g u l i ère men t pou r I a ven te
de quelques produits du cru et aussi pour s'approvisionner en
fusils,
en étoffes et en alcools ... D<Jl1s les deux dernières
décennies du siècle,
ce seront plutôt les traitants étrangers
Nzima,
Fanti ... , à la solde des grandes maisons de commerce ou
pour leur propre compte, qui feront leur apparition dans les
villages du Moronou, chargés de
la pacotille européenne.
Le
long du Comoé,
à
la hauteur du pays agni, à Abradine,
Aniansué,
Bettié et à Attakrou se multiplient les colonies de
commerçants, venus proposer les produits de
traite:
sel, poudre
à
fusil et gin contre 1 ' 0 1' du pays.
Progressivement l'un après llautre disparaîtront,
après l'occupation coloniale,
tous ces centres d'approvisionne-
ment situés à la périphérie,
au profit des centres d'achat
et de vente,
implantés dans les principaux centres du Moronou.
La date de 1909, celle où la maison Bailly s'établit à demeure
à Bongouanou,
peut être choisie comme la fin des expéditions
commerciales.
o
o
o

JJJ.
Au terme de cette partie consacr~e au pays, aux
hommes et à l'économie ancienne,
fondements de l'essor agri-
cole futur,
caractéristique du Moronou colonial,
il est pos-
sible de faire ressortir quelques uns des traits majeurs de
cette région qui nécessairement influeront sur sonidévelop-
pement ultérieur. L'analyse du milieu naturel, en mettant
en évidence, malgré la variété extérieure du relief,
l'uni-
cité du substratum (1),
laisse supposer à quelques nuances
près l'identité des cultures, dans les différentes parties
du Moronou qui se distingueront néanmoins,
à partir de la
colonisation,
selon deux grandes régions agricoles. Par
ailleurs,
l'analyse démographique, bien que d'un
niveau
approximatif, permet néanmoins de s'appuyer sur un chiffre
global d'effectif humain,
auquel on peut valablement s'en
tenir,
à défaut d'autre donnée plus précise. L'organisation
socio-économique,
fondée sur la solidarité communautaire,
structure originale qui apparaît comme une réponse adaptée
au contexte socio-politique de l'époque, n'est pas l'un des
traits les moins significatifs de cette société morofwo de
la fin XVlllème et début XIXème siècles,
en pleine mutation.
(1) Les études géologiques sur le Moronou et la région envi-
ronnante,
synthétisées par J.
Bonvallot
et B.
Boulangé
dans l'article cité ci-après, ne mentionnent aucune dif-
férence dans le substratum,
entre la "chaine" centrale
et les plateaux environnants.
"Partout se rencontrent,
écrivent les auteurs, les
schistes birrimiens à "faciès arkosique ou indif-
férencié"" .
Cf J. Bonvallot et B.
Boulangé, Note sur le relief et son
évolution dans la réqion de Bongouanou.
Cahier DRSTDM,
série Géol.
(1970),
II,
2, pp.
171-183
(p. 173).

)3.', .
Enfin,
en dégageant les grandes orientations et les tendan-
ces économiques du passé
: exploitation agr icole,
ex.t r ac t i on
aurifère et commerce lointain,
axé essentiellement sur J'ac-
quisition des biens de consommation,
nous entendions souli-
gner les habitudes et les structures permanentes qu'aucun
développement ultérieur tant soit peu réfléchi ne pouvait
19norer,
sans compromettre l'avenir.

DEUXIElvlE
PARTIE
LES CONDITIONS ET LES AGENTS DETERMINANTS
DU PROGRES AGRICOLE
o
0
C
a
o
0
c
o
0
o

L. e s t roi s dé c nd e s <1 u l
s' é cou l en t
deI 909 ~j 1 9::' 9 5 0 n t
marquées pélr d'importantes transformations qui s'opèrent au
niveau du Moronou. A la conquête
militaire du pays,
achevée
définitivement en novembre
1908, f a i t
sui te une période de mise
en valeur.
Si le rythme du progrès économique est r e La t i vement
lent, voire freiné par la réticence de la population qui n'cIl
perçoit pas toujours le bien-fondé, celui-ci s'accélère au len-
demain de la crise de 1929, sous l'impulsion du gouverneur Reste.
On enregistre alors la fin des disettes,
l'intégration de pro-
duits agricoles de
plus en plus nombreux au marché international.
Produire toujours davantage et produire mieux,
tel est le maître
mot et plus que jamais la notion de progrès est à l'ordre du
jour.
Cette mystique du progrès dont l'initiative et l'ani-
mation reviennent avant tout à l'administration coloniale, est
aussi le fait d'un certain nombre de sociétés ayant des rapports
plus ou moins proches avec llagriculture.
Eclairer les exploi-
tants morofwo,
au besoin les contraindre par la force à une
production accrue et de meilleure qualité dans la perspective
d'une commercialisation plus rentable sur le marché internatio-
nal, voilà leur t~che primordiale. Ce zèle agronomique en terre
ivoirienne pousse quelque peu à un rapprochement avec l'oeuvre
physiocratique du 18e siècle .•.
La Chambre de Commerce de Côte-
d'Ivoire et les Sociétés de Prévoyance régionale font preuve
d'un grand dynamisme.
Leur influence bien qu'incontestable et
les principes qu'elles prônent ne trouvent pas toujours hélas
un prolongement sur le terrain,
auprès des exploitants mo r of wo ,
comme cela se rencontrait déj~ dans d'autres régions de la
Colonie.

DEUXIEME
PARTIE
LES CONDITIONS ET LES AGENTS DETERMINANTS
DU PROGRES AGRICOLE
o
0
C
C
c
0
c
o
0
o

337.
CH API'I'HE
VIII
LA
CONQUETE
COLONIALE,
CONDITION
NECESSAIRE
AU
DEVELOPPEMENT
COLONIAL
Le Moronou n'était que très peu connu de l'admi-
nistration coloniale,
avant l'installation de l'administra-
teur Marchand à Sawua,
en février 1907. Quelques rares mis-
sions d'exploration française s'étaient contentées de le
traverser,
en glanant ici et là quelques bribes d'informa-
tions plus erronnées qu'ex8ctes,
sur les limites de l'éten-
due du territoire,
les populations qui le composaient et
les chefs du pays. M~me les renseignements économiques qui
peignaient le Moronou sous un Jour extr~mement favorable,
demeuraient vagues et n'avaient pu susciter l'occupation
effective du pays;
de m~me que l'exploitation des essences
rares et nombreuses
(1) et l'or qui faisaient du Moronou
"une source de richesse considérable"
(2)
avaient jusque
là laissé indifférent le colonisateur français.
La soumission militaire et effective du pays,
rendue néessaire dans le cadre de la "pacification" générale
(1) Outre le colatier et le caoutchouc qui sont mentionnés,
les études géographiques de la mission Houdaille (1900)
font allusion à la for~t du "Morénou-Indenié" qui
"semble renfermer de l'ébène, du santal et d'autres bois
précieux".
Cf Anonyme, Les Etudes géographiques de la
mission Houdaille,
La géographie,
tome l,
1900, pp.
335-
336
(336).
(2) ANCI 1 EE 138,
nO 848 G,
Situation politique du Cercle
du N'zi-Comoé.Bingerville,
14 octobre 1908. On y relève
entre autres: "Ce cercle est riche d(.::' diverses manières.
Les prospecteurs,
en particulier,
n'attendent que le mo-
ment d'y porter leurs pas".

33<).
de la colonie,
se réduira à une "parade militaire" qui ne
manquera pas pour autant de frapper
l'attention des habi-
tant s.
La fIC ampagne du l'-1oronou",
une su i te de simples ope-
rations de police,
s'ach~ve au bout de quelque quatre semai-
nes.
La fin des hostilités se solde néanmoins par l'arres-
tation des principaux chefs du pays,
1'~me d'une résistance
militaire qui s'étouffa,
avant d'avoir eu le temps de s'ex-
prlmer.
L'obstacle politico-militaire aplani,
la voie de-
venait libre,
pensait-on,
pour la "mise en valeur du pays".
Mais c'était sans compter avec les barri~res idéologiques
qui pour ~tre de nature différente,
n'étaient pas une résis-
tance moins difficile à vaincre.
Tant que l'Agni ne fut point
convalncu du profit qu'il pouvait tirer de l'effort de déve-
loppement qui lui était demandé,
ce fut peine perdue, malgré
,
les violences et les pressions de toutes sortes qu'il eut a
subir.
1.
LES MISSIONS D'EXPLORATION DANS LE MORONOU
Elles sont au nombre de cinq et s'échelonnent de
façon discontinue sur àix huit années,
de 1889 à 1907. Elles
avaient pour objectif de recueillir des renseignements géo-
graphiques,
économiques et au besoin de nouer des contacts
avec les populations locales.
Le bil3n des informations,
recueillies et conservées à titre de sources archivistiques,

339.
plut3t maigre,
se réduit à deux documents cartographiques (1)
et a quelques lignes glanées lCl et là sur chacune des mis-
slons.
Cartes et écrits permettent de se faire une idée
assez peu précise sur l'étendue géographique du Moronou,
ses localités,
ses potentialités économiques et aussi sur
l'attitude de la population et de ses chefs à l'égard de
la pénétration française.
Quelles étaient ces missions
d'exploration?
A. Binger à la frontière orientale du Moronou
en 1889
Les premières informations écrites, que nous pos-
sédons sur le Moronou,
remontent au Commandant Binger qui
longe celui-ci sur sa bordure orientale,
en suivant le cours
du Como e , d' At.t akr ou à An i an su e , en mars 1889, dans le cadre
de son long périple africain qui le conduit du "Niger au
Golfe de Guinée"
(1887-1889). Mais ni Arrah,
l ' aggloméra-
tion principale de l'Ahua tout proche,
ni Brou-Attakro,
situé sur le Comoé,
ni aucune des localités du Moronou
mentionnées par l'explorateur français,
ne reçoivent la
visite de celui-ci,
à l'exception de Kabrankrou, 'campement
fondé par Kabran,
chasseur de profession et Agni morofwo
d'origine,
qui accueille Binger pendant deux jours,
les
(1) La carte des régions traversées par Binger,
au cours de
sa randonnée africaine, du Niger au Golfe de Guinée,
et
annexée à son ouvrage,
Du Niger aU Golfe de Guinée,
Pal-ls,
1892. La carte,
"Le Projet de ch(,"min de fer de la Côte
d'Ivoire",
in Supplément au bulletin du Comité de
l'Afrique française
(SBCAF),
1900, nO
2.

5 et 6 mars 1889
(1).
Les informations rapportées par Binger
bien que limitées,
sont d'un grand intér~t
"Le Morénou,
beaucoup mOlns étendu
(que le Baoulé)
a pour limites au Nord et ~ l'Ouest le Baoulé, à
l'Est le Comoé et l'indénié,
et au Sud l'Attié.
Ce pays n'aurait qu'un chef nommé Tangouao et
l'héritier présomptif se nommerait Cassiquouao.
Les villages principaux du Morénou d'apr~s nos
informateurs sont
: Abangua,
Créby, Daresso, Andé
Arrah,
qui serait la résidence de Tanqouao"
(2).
Les limites géographiques du Moronou apparaissent
ici de façon relativement précise, m~me si l'auteur omet
de localiser,
à la frontière Sud du Moronou,
le pays Abey.
Par ailleurs les renseignements fournis sur les personnalités
de la région,
les principaux villages sont précieux,
"
,
meme Sl
ceux-cl sont quelque peu entachés d'erreurs.
On aura relevé
entre autres que pour Binger,
le Moronou se réduit au seul
groupe Ahua limitrophe du Comoé. En effet,
indépendamment
d'Andé, village Sahié,
toutes les autres localités énumérées
appartiennent au territoire Ahua.
Il n'est pas étonnant
alors qu'il accorde à Tano Kwa (Tangouao),
chef du groupe
ahua,
une place prééminente dans le Moronou que la tradition
ne lui reconnait pas en réalité (3).
(1) L.G.
Binger, Du Niger au Golfe de Guinée,
Paris,
1892,
t.
2,411 p.
(pp.
2b5-267).
(2) Ibidem.
Ce passage a été rédigé par Binger,
le 25 marsl889.
(3) La chaise (bia) de N'guessankro,
celle d'Ano Asoman,
est
la plus ancienne et la plus prestigieuse du Moronou,
et
m~me de tous le pays Agni. Ndenye et Sanwi compris.

Ces renseignements politiques d'une utilité pra-
tique vont orienter pendant longtemps l'action administra-
tive vers Arr ah et l'Alma,
considérés comme le Centre du
Moronou. M~me les renseignements géographiques datant du
passage de Binger,
portés sur la Carte en annexe de son
ouvrage,
où apparaissent quelques campements de la f r a nqc
orientale du Moronou,
le long du Comoé,
seront encore prl-
vilégiés quelques dix annees plus tard par la mlSSlon d'é-
tudes,
confiée à Houdaille.
B.
La mlSSlon topographique Houdaille dans le
Moronou (1898-1899)
Chargée d'effectuer une étude topographique pour
le tracé du futur chemin de fer
ivoirien, celle-ci couvre
une superficie de 20.000 km2,
du littoral ivoirien au 6° 50'
de latitude Nord.
Elle eut à parcourir le Moronou et rappor-
ta
de son passage dans cette région,
un lever
topographique
plus précis de la partie Est du pays,
plus exactement de la
zone de I~abrankrou et de Daresso, explicitement mentionnés
dans le compte-renu de la mission,
publiée par la revue
de Géographie,
en 1900
(1).
Plusieurs éléments de cette mission seront exploi--
tés ailleurs,
essentiellement par le supplément au bulletin
du Comité de l'Afrique française
(2)
et par M. Delafosse
(1) Anonyme,
Les études géographiques de la mission Houd a i I j o ,
Géographie,
tome I,
1900
(1er semestre),
pp.
335-337.
(2) Carte du projet de chemin de fer de la eSte d'Ivoire,
S.BCAF,
na
2 (février),
1900.

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343.
dans son Manuel de la Langue agnl,
paru en 1901
(1). Le do-
cument cartographique rapporté de cettemlsslon et reproduit
par le Supplément au bulletin du Comité de l'Afrique française,
sous la dénomination: Projet de chemin de fer,
est riche à
plus d'un titre, pour la connaissance géographique du Moronou
ancien. Outre la frontière Sud-Est du Moronou et de l'Akyé,
dessinée avec plus de netteté, y apparaissent plusieurs 10-
calités du Moronou, disparues pour quelques unes de la carte
régionale actuelle; mais dans l'ensemble,
les principaux
villages,
figurant sur ce dOcument cartographique,
subsis-
tent encore aujourd'hui sensiblement au même emplacement,
malgré le nombre des années. Si Goliéso, Katimasson et
Gadammanson ont disparu de nos jours, d'autres villages
tels que les trois principales agglomérations Assiè (2),
Aquaoussou (Akpaoussou ou Kotobi), Abongoua, Agbossou, Afri
(Aféri), Arrali (Arrah), Darosso (Dalosso), et Kabran
Bourouattakrou (Brou Attakrou) de l'autre côté du Comoé,
comptent encore aujourd'hui parmi les localités du Moronou.
Par ailleurs quelques villages de culture,
anony-
mes,
au Sud d'Arrah sont indiqués.
Il en est de même d'un
autre village abandonné signalé sans autre précision, entre
(1) Esquisse au 1/4.000.000 sur les différents peuples par-
lant la langue agni. Le document porte exclusivement la
mention de Moronou.
C'est tout.
L'espace occupé par le
Moronou sur la carte est vide de localités et de toute
autre information. Mais l'emplacement de la région est
relativement exact,
situé entre le N'zi,
affuent du
Bandama à l'Ouest et au Nord,
les pays abey et akyé au
Sud,
le Baoulé au Nord.
(2) Assékokoré (Assiè Kokoré)
; Assékouassé (Assiè-Kumasi)
Asséoussou (Assiè-Assasso).

Assiè-Assasso au Nord-Ouest et Gadammanson (Ehuikro ?) au
Sud-Est. Selon toute vraisemblance, ce "village abandonné"
est à assimiler au village actuel d'Ahoresso.Sont également
/
marques sur ce document cartographique les voies fluviales
l'Agnéby et les monts d'Agbossou où cette rivière prend sa
source,
le Comoé et le N'zi. Enfin, dernières indications
de la carte,
les pistes vicinales reliant la plupart de ces
villages les uns aux autres.
C.
Les missions Crosson-Duplessis et Jordan :
leurs apports pour la connaissance du Moronou 1904
La mission Crosson-Duplessis, effectuée en 1904,
est suivie quelques trois semaines plus tard du passage de
l'ingénieur des mines, Jordan qui a laissé de sa mission en
Côte d'Ivoire, un rapport dactylographié de vingt cinq pages
où le Moronou figure en bonne place. Si la mission Crosson-
Duplessis, qui s'inscrit dans le cadre des études prélimi-
naires au tracé du Chemin de fer,
note incidemment le litige
opposant Katimanso (Assafoufoué ?) à Bongouanou, au sujet
du meurtre d'un colporteur bambara, Jordan se fait fort de
souligner,
outre le modelé et la composition schisteuse du
sol du Moronou,
l'abondance des puits d'or,
le long des
sentiers de la région.
Au moment où l'ingénieur des mines,
Jordan, visitait la région,
les puits d'or "étaient pleins
d'eau" et représentaient un danger permanent pour le voya-
geur
;
"car,
on risquait à chaque instant -et nous n'avons
pas échappé à ce péril- de mettre les pieds dans un puits,

3/f5.
en croyant le poser sur la terre ferme"
(1).
A la suite de
sa mission, Jordan,
attire l'attention sur la circulation
de l'or dans le Moronou,
en tant que monnaie et fait remar-
quer entre autres que si "dans le Sanwi et l'Indénié la
poudre d'or a à peu pr~s compl~tement cessé d'~tre employée
comme monnaie d'échange,
elle est au contraire d'un usage
courant dans la région d'Assaoufoué"
(2).
D.
La pénétration administrative 1904-1907
Elle préc~de de peu l'installation administrative
et empi~te sur les débuts de cette derni~re. Rappelons en
bri~vement les temps forts. La pénétration administrative
s'ouvre par l'envoi
de Boa Kouamé,
notable de M'basso
(Indénié), comme agent de renseignements aupr~s de Koffi Pri,
chef d'Arrah (3).
Ce fut un échec.
Boa Kouamé fut saisi et
enchaîné sur l'ordre du chef d'Arrah qui ne consentit à le
libérer qu'apr~s que sa famille ait acquitté une rançon de
(1) ASOMI Abidjan, P. Jordan, Mission a la CSte d'Ivoire,
1904,
25 p.
dactylo
(2) Ibidem,
p.
24.
(3) C'est l'administrateur Laye de Zaranou, dont le Moronou
relevera jusqu'à l'arr~té général du 31 décembre 1907,
qui charge Boa Kouamé de cette mission.
Cf ANCI XIII-17-205/1687-1699
(149), Rap.
nO 4248 de
l'Administrateur Cloix,
commandant le cercle de l'Indénié
au gouverneur de la Côte d'Ivoire,
ais de la libération
sous condition du nommé Boa Kouamé,
chef de M'basso.
Ab~ngourou le 6/11/1937.

346.
2.800 F. Le gouverneur Clozel réagit,
en imposant à Koffi
Pri une amende de 15.000 F dont le tiers devait ~tre reversé
comme "indemnités" à Boa Koamé et aux autres "porte-canne
n'denien,
envoyés à Koffi Pri ( ... ) et maltraités par celui-
ci." (1).
Ceci date de 1904.
Trois années plus tard,
au mois d'avril 1907,
l'ad-
ministrateur d'Aoussoukrou,
le poste administratif du pays
agba voisin,
créé deux années aup ar av an t. en 1905, croyant que
les villages assiè,
alangwa et n'gatia,
riverains du N'zi,
relevaient de sa juridiction, y effectue une tournée de vi-
site de y perçoit à l'occasion l'impôt de capitation (2).
(1) Archives Nat.
du Sénégal (ANS) 5 G 48,
plece 33, Rap.
424
au gouverneur général à Dakar,
ais de la pénétration en-
tre N'zi et Comoé. Soumission du Moronou, Bingerville
le 26
juillet 1907.
(2) ANCI, 1 EE 140 (312), Rapport politique du poste
d'Aoussoukro (N'zi-Comoé) pour le mois d'avril 1907.
Le rapport politique du mois de mai de la m~me année
révèle
:
"Pendant le mois écoulé,
les Agni Alangoua et les
Agni Kohuénou sont venus faire leur soumission à
Aoussoudro.
Dans ce but, Aséri Kouassi, chef des
Alangoua,
accompagné d'une trentaine de notables,
est venu au poste,
le 7 mai
( ... ) Il a été entendu
que l'impôt serait payé dès cette année.
La répar-
tition par village qui a été aussitôt établie,
a
été acceptée par tous les chefs de villages présents.
Trois de ces derniers ont payé depuis la sormne qui
leur a été demandée".
A propos des Ngatiafwo,
proches du N'zi,
on l i t dans ce
m~me rapport :
"Agni Koffi,
neveu d'Aka Kouamé,
chef des Kohuénou
(tribu qui comprend quatre gros villages) est venu
au poste,
le 20 mai.
La répartition par village,
aussitôt établie,
a été acceptée par tous les nota-
bles présents. Un de ceux-ci, Molo Kouakou, chef
de Tronobo,
a payé séance tenante,
l'impôt de son
village" .

En janvier 1907,
l'administrateur Marchand arrive
dans le Moronou avec mission d'y créer un poste administra-
tif.
Tant6t seul,
tant6t accompagné de Lamblin,
administra-
teur du Cercle des Lagunes,
son supérieur hiérarchique,
Marchand parcourt le Moronou,
prend contact avec les habi-
tants,
procède au dénombrement de la population et édifie
le poste de Sahoua. En juillet 1908, Marchand malade,
est
obligé de rentrer en France,
afin de "rétablir sa santé
ébranlée"
(1).
Il est alors remplacé à la tête du poste
administratif du Moronou par l'administrateur Hostains.
Un bilan de ces premlers contacts avec le Moronou peut
être établi.
En dehors de l'incident fâcheux,
malS localisé,
survenu a Boa Kouamé et aux notables de l'Indénié,
à l'oc-
casion de leur mission auprès de Koffi Pri d'Arrah,
les
rapports entre l'Administration coloniale et les habitants
du Moronou ont été plut6t cordiaux :
"Aucune agitation malveillante nulle part dans le
poste ( ... ) Les chefs se montrent toujours bien-
veillants à notre égard
( . . . ) Les populations ne
donnent aucun signe d'antipathie à notre égard.
Persuadées de trouver en nous des protecteurs di-
gnes de toute confiance,
elles s'adressent à notre
justice pour en réclamer l'impartialité sur les
différends déjà
jugés par les chefs indigènes et
dans lesquels le plupart ont succombé arbitraire-
men t"
(2).
(1) ANCI 1 EE 138, Rap.
848 G sur la situation politique du
N'zi-Comoé.
Bingerville,
le 14 octobre 1908.
(2) ANCI 1 EE 140
(3/3),
Rap .
Sur la situation po L'i t i qu e du
poste de Sahoua,
pendant le mois de mars 1908.

Cet esprit de conciliation noté encore au mOlS de
juin 1908, est la note drnninante qui prévaut dans le Moronou
jusqu'à la fin du séjour de Marchand
"L'attitude des chefs est bonne.
Ceux du groupe
Sahoua ont été prévenus du désir de monsieur le
gouverneur de les voir payer l'impôt, dès cette
année et de faire procéder immédiatement au recen-
sement de leurs villages,
ils n'ont pas paru trop
étonnés de cette mesure" (1).
Quant au bilan sur la connalssance de la région,
il est également positif.
Des renseignements géographiques,
démographiques et économiques,
obtenus ici et là, bien que
néanmoins
lacunaires,
permettaient/à l'administration de se faire
une idée approximative de la nouvelle circonscription admi-
nistrative du Moronou.
1
II.
L'INTERVENTION MILITAIRE (1908)
Suscitée par l'hostilité de certains chefs du
Moronou et d'une partie de leur entourage immédiat à l'im-
plantation coloniale,
l'intervention militaire, qui en fait
se résume à une simple opération de police,
fait appel a
une troupe de deux cents tirailleurs qui ne séjourne dans
le Moronou que l'espace de quelques semaines,
le temps de
(1) ANeI 1 EE 140 (315), Rap.
sur la situation politique du
poste de Sahoua,
pendant le mois de juin 1908.

produire une forte impression sur les différents groupes de
populations,
réputées turbulentes et soupçonnées de se pré-
parer à un soulèvement. Le passage des troupes s'achevant
par diverses sanctions et en particulier par l'arrestation
des plus "récalcitrants" parmi les chefs du pays,
suivie
de leur internement,
suffit à ramener le calme dans le
Moronou.
A.
L'hostilité des chefs, motif de l'intervention
militaire
A l'arrivée, à la t~te du N'zi-Comoé, de Hostains,
"administrateur énergique",
fortement soutenu par le gouver-
neur Angoulvant, homme à poigne, correspond un changement
brutal pour le Moronou.
Alors que jusque là l'administration
s'était
bornée à "relever le pays et à étudier ses habi-
tants"
(1),
désormais celle-ci devra manifester une plus
grande fermeté,
"poser et maintenir" le principe de l'auto-
rité coloniale. concrètement,
selon les directives données
à Hostains, cela devait se traduire
"de la part des indigènes par un accueil déférent,
un respect absolu de nos représentants quels q~'ils
soient,
le paiement intégral de l'impôt, un concours
sérieux donné à la construction des pistes et des
routes,
l'acceptation du portage retribué,
(1) ANCI,
1 EE 138, Rap 848 G,
ais situation politique du
Cercle du N'zi-Comoé,
Bingerville le 14 octobre 1908.

l'observation de nos conseils relatifs à la neces-
si té du travail,
le recours à notre justice" (1).
Une politique aUSSl rigoureuse qui mettait en
cause l'ordre ancien,
qui restreignait les libertés,
privait
les habitants des villages de revenus relativement substan-
tiels qu'ils avaient coutume de se procurer,
en rançonnant
les voyageurs
; qui privait les chefs de sommes importantes
obtenues en rendant la justice selon les coutumes du pays
toujours défavorables aux faibles et aux pauvres ... , ne
pouvait s'appliquer,
sans susciter des remous.
En effet,
trois mois à peine après qu'il eût pris le commandement du
Cercle, Hostains rendait compte, au gouverneur de la colonie.
du mécontement général,
suscité par l'application des nou-
velles mesures:
le chef d'Arrah, Koffi Pri refusait de
verser le reliquat -soit 2.000 F- de l'amende qui lui avait
été infligée quelques deux années auparavant par Clozel,
le
prédécesseur d'Angoulvant
; Téhoua,
le chef de M'baoucesso
"appelé à Sahoua pour régler une affaire de justice" (2),
(1)
Ibidem.
(2) ANCI,
1 EE 138, Rap.
848 G,
op.
cit. Voir aussi ANCI,
l
EE 141
(2), Réponse nO 103 à la lettre nO 40 T de
Hostains au gouverneur de la Côte d'Ivoire.
Sahoua.
août 1908
: -
"Un nommé Goa (N'goan ?)
a fait appel au tribunal
du Cercle d'un j~gement de M. Marchand qui le con-
damnait à payer a Tahoua, chef de M'baoucesso une
somme de 1.800 F.
L'affaire me paraissait mériter
un nouvel examen,
je fis convoquer Tahoua ( ... )
Le lendemain,
j'appris qu'ayant su pourquoi je
l'appelais,
ce chef s'était ravisé et refusait
catégoriquement de se présenter".

refuse non seulement de r~pondre à l'appel de l'administra-
teur,
mais
"fait prendre les armes a ses hommes et enVOle
des ~missaires dans les villages voisins pour
~xhorter tous les Agnis à se soulever" (1)
le
chef alangwa Tano Kakou "laissait entendre qu'il ~tait
r~solu à se r~volter" (2) et envoyait des messagers dans
tous les groupes agnl pour rallier des partisans ...
En fait,
toute la population ~tait loin de parta-
ger cette attitude hostile à l'~gard de l'administration et
de ses repr~sentants. A Bongouanou, dans l'Essandane, la
plupart des villages refuse de suivre N'ganza,
le chef de
Kangandi qUl,
avec l'aide de ses partisans,
avait ourdi un
complot,
afin de massacrer les administrateurs Poujade et
Vallon ainsi que le d~tachement de dix-sept personnes qui
surveillait l'avancement des travaux de construction du
futur poste administratif de Bongouanou (3).
A Assafoufou~,
Kassi Amana,
le neveu et h~ritier de Ban,
le chef du village
(1) A.N.S.
5 G 48,
pièce 40
: 848 G au gouverneur à Dakar,
ais situation politique du N'zi-Como~. Bingerville,
le 14 octobre 1908.
Voir ANCI,
1 EE 141
(2),
op.
cit.
qui ajoute:
"Il avait essay~ de lier par le f~tiche (ce qui
équivaut à signer un trait~ d'alliance offensive
et défensive)
le village de N'zu~kokor~ qui avait
refus~. N~anmoins il avait r~ussi à d~cider un
nombre considérable de jeunes gens à venir le re-
j oindre en armes".
(2) ANCI,
1 EE 138, Rap.
848 G,
op.
cit.
(3) ANCI,
1 33 140 (3/5), Rap.
sur la situation politique
du poste de Sahoua,
pendant le mois d'aoGt 1908.

352.
désavoue son oncle,
l'âme de la révolte contre l'administra-
tion, dans cette partie du Moronou (1). Dans l'Ahua,
Benuakon TanO de Dalosso, qualifié de "chef suspect" par
Hostains, qui "n'avait pas jusqu'alors payé son impôt,
s'est empressé de le faire"
(2), pour dégager sa responsa-
bilité,
semble-t-il au cas où ceux du groupe ahua se com-
promettraient avec Koffi Pri , qui refuse de payer l'impôt,
mals aussi pour marquer son désaccord avec les partisans
d'un soulèvement (3).
Dans l'Alangwa, Tano Kakou semble
avoir eu recours à la violence, pour parvenir à décider
certains villages à le suivre, dans sa révolte contre le
pouvoir colonial. Ce fut le cas à Ahnia, village situé à
deux heures de Sahoua, où seule la brutalité eut raison
de la réticence des habitants (4).
(1) ANCI, 1 EE 141
(2), Rép. nO 103 à la lettre nO 40 T,
op.
ci t.
(2) ANCI, 1 EE 138, Rap.
848 G,
op.
cit.
(3) Ibidem.
(4)
"Avant-hier,
trois Amantian du village d' Ahnia se
sont présentés à moi couverts de sang,
ils m'ont
raconté que Tano Kakou s'était transporté avec soi-
xante deux hommes armés dans un village du sien et
les avait convoqués au nombre de cinq devant sa
justice pour le réglement d'un différend qu'ils
auraient eu avec son propre fils
( ... ) Tanou Kakou,
au lieu de régler le différend lui-même,
s'en est
remis à des hommes de sa suite qui ont commencé par
extorquer aux défenseurs des sommes exorbitantes.
Ceux-ci ayant déclaré qu'ils viendraient s'en plain-
dre à moi- ont été aussitôt frappés de coups de bâ-
tons et de coups de couteaux ( ... ) Trois d'entre
eux ont pu s'enfuir, deux sont restés entre les
mains des assaillants".
Cf.
1 E: €
141
(2), Rap.
nO
207 de l'Administrateur du
Cercle au Lieutenant-Gouverneur de la Côte d'Ivoire.
Sahoua,
le 29 septembre 1908.

353.
Bref on peut affirmer que d'une manlere g~n~rale,
la masse du peuple ~taitassez bien dispos~e à recourir à
la justice coloniale,
souhaitait l'ordre social nouveau
et que "seuls certains chefs et leur entourage imm~diat qui
pr~c~demment tiraient de gros profits de leur autorit~
personnelle"
(1), refusaient de se soumettre.
Pour ~touffer dans l'oeuf cette hosti1it~, l'admi-
nistration d~cide alors un "déploiement de forces" dans la
r~gion (2).
B.
Les op~rations militaires
moyens et
d~rou1ement
1.
Les moyens
En fait plus qu'une promenade militaire,
l'on dé-
cida de mener de v èr i t.ab l e s opérations
de guerre où rien
ne devait être laissé au hasard.
Une stratégie minutieuse
appuyée à la fois sur une connaissance cartographique appro-
fondie du pays,
la position exacte des "villages turbu-
1ent.s" (3),
et consistant à d e t.r u i r e l ' une après l'autre
les "poches de résistance",
avait été préalablement arrêt~e,
afin que cette opération fut "foudroyante et absolument
(1) ANCr, 1 EE 138, Rap.
nO
848 G,
op.
cit.
(2)
Ibidem.
(3) ANCT,
l EE 138, Rap.

848 G,
op.
cit.

décisive"
(1).
Le gouverneur Angoulvant décida de se rendre
personnellement à Sahoua,
afin d'étudier,
le ~oment venu,
"les meilleures dispositions à prendre pour faire rentrer
dans l'ordre les dissidents"
(2).
Sur sa demande,
deux cents combattants, sous le
commandement du C api taine Dél ibéros,
furent affectés à cette
opération par l'autorité militaire de la colonie. Ceux-ci
se décomposaient,
selon leur provenance,
de la façon sui-
vante : soixante tirailleurs arrivaient de Bouaké,
soixante
dix de Kodiokofi,
trente de Toumodi,
auxquels i l faut ajou-
ter quarante miliciens prélevés sur les forces de police
du Cercle. Toute cette troupe était encadrée, outre le
capitaine Déliberos, par deux officiers français,
les
lieutenants Vian et Raymond
(3).
Outre les moyens humains,
le gouvernement colo-
ni~l mit; à la disposition du Cercle pour cette action mili-
taire, 250 F et fournit les approvisionnements et les vivres
nécessaires
(4).
(1) ANCT, 1 EE 141
(2) T.O.
nO 389 G d'octobre 1908 à l'admi-
nistrateur du N'zi-Comoé.
(2)
A.N.S.,
5 G 48,
Pièce 37
Rap.
n° 914 G au gouverneur
général à Dakar,
ais situation politique du N'zi-Comoé.
Bingerville le 26 octobre 1908.
(3) ANCT, 1 EE 141
(2), T.O.
nO 389 G d'octobre 1908 à l'admi-
nistrateur du N'zi-Comoé à Sahoua. Voir aussi ANS,
5 G 48,
pièce 37,
op.
cit.
(4) ANCT, 1 EE 141
(2), T.O.
nO 389 G d'octobre 1908, op.
cit.

355.
2. Les différentes opérations
Le déroulement des opérations ne dure qu'un mois,
du 18 octobre au 18 novembre 1908, date à laquelle la colo-
nie militaire,
après mission accomplie,
se disloque.
Quelles
furent les différentes phases de l'opération militaire?
Le 17 octobre au SOlr,
toutes les troupes sont
rassemblées à Sahoua. Le lendemain,
18 octobre,
la première
opération,
comprenant une section de tirailleurs et une au-
tre de gardes,
s'effectue contre le village d'Assiè-Akpessé,
proche de Sahoua et "connu pour son arrogance"
(1).
Les ha-
bitants,
étonnés par cette attaque-surprise,
se rendent sans
coup férir.
Les principaux meneurs sont arrêtés et conduits
à Sa_wua. L'après-midi, le chef de ce village
venait
pre-
senter sa soumission (2).
(19-23 octobre 1908)
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Le 19,
les deux cents hommes de troupe s'ébranlent
en direction de Tano Kakoukro,
la résidence du chef alangwa,
Tano Kakou,
"l'un des plus menaçants et des plus arrogants" (3).
(1) A.N.S., 5 G 48,
pièce 60, Rap.
nO 36 G au Gouverneur géné-
ral,
ais situation politique du N'zi-Comoé. Bingervielle,
le 14 novembre 1909.
(2) ANS,
5 G 48,
pièce 37, Rap.
n° 914 G,
ais situation poli-
tique du N'zi-Comoé.
Bingerville le 26 octobre 1908.
(3) ANS,
5 G 48,
pièce 37,
nO
914 G,
op.
cit.

Al' étape d' Assémienkro,
si tué à une h eur e de marche,
des
émissaires de ce dernier, venus aux devants de la colonne
mi L'i taire,
se présentent pour "demander pardon"
(1). Dès
lors,
l'action militaire devenait inutile.
Néanmoins,
la
troupe pénètre dans Tanokakoukro, désertée par les habitants.
La troupe y bivouaque du 19
au 23 octobre;
elle en profite
pour fouiller les taillis et les fourrés des environs, où
étaient cachés les habitants. Quelques uns de ces derniers
sont ramenés au village
ils étaient tous armés. Ce qui
confirme que Tano Kakou et ses sujets étaient décidés à
résister. Mais impressionnés probablement par le déploiement
des forces,
ils se ravisent. Tano Kakou s'était déjà livré
spontanément,
le 20 octobre. Les
jours suivants,
les chefs
alangwa qui avaient fait cause commune avec Tano Kakou,
sont
convoqués pour se voir infligés une amende de 150 tas d'or (2).
Le calme étant revenu dans l'Alangwa,
la troupe
lève le camp.
(25-26 octobre 1908)
Dès le 25 oct.obre,
le détachement commandé par le
lieutenant Raymond quitte Tano Kakoukro,
en compagnie de
l'administrateur-adjoint Vallon,
en direction du terrritoire
(1) ANCI,
1 EE 141
(2), Tél.
207 du 26 octobre 1908 du
Capitaine Déliberos au Lieutenant-Gouverneur.
(2) ANCI,
1 EE 141
(2), Tél.

8 du 26 octobre 1908 de
l'Administrateur Hostains au Lieutenant-Gouverneur de la
C6te d'Ivoire,
à Bingerville.
ais soumission de Tano
KaJ-ç:ou.

assiè.
Une amende sévère leur est infligée : la construction
de la route entre le groupe de villages Assiè et Bongouanou.
De surcroît,
l'administration procède au remplacement du
chef du groupe Assiè "par un autre jugé plus dévoué" (1).
Le reste des troupes demeuré à Tano-Kakoukro,
apres le départ du détachement du lieutenant Raymond pour
la région Assiè, quitte l'Alangwa,
le 26 octobre,
en direc-
tion du N'gatianou. La colonne arrive le 27 au matin,
à
Boadikro,
le premier village du N'gatianou.
Elle y séjourne
deux jours durant lesquels les messages de proposition de
paix affluent de tous les villages. Aux conditions qui leur
sont imposées ils n'opposent aucun refus
bien au contraire
ils proposent à l'avance de se soumettre à toutes les exi-
gences. Et cependant tous les villages du N'gatianou,
a
l'exception de Niandian, N'zuékokoré et Nguessankro avaient
refusé auparavant de s'incliner devant les ordres de l'admi-
nistration.
Ebrin Boto de Ngessankro,
l'un des principaux
agitateurs de la région,
pris de peur à l'approche de la
colonne militaire, guidée par Koidio Koné de Niandian (2),
(1) ANS,
5 G 48, pièce 60, nO 36 G au gouverneur général,
ais
situation politique du N'zi-Comoé.
Bingerville, le
14 janvier 1909.
(2) Pour avoir abattu des boeufs d'Ebrin Boto, qui saccageaient
régulièrement ses cultures, Kouadio Koué et son frère Boa
Koa de Niandian, sont arrêtés et constitués prisonniers
(bè b61e bè kanhu) par Ebrin Boto qui de surcroît détruit
le village de ces deux victimes et pille les biens de tou-
te leur famille.
Cf Entretien avec Ekiè,
fille de Koidio Koné,
née en 1906,
Bongouanou,
le 10/01/1981.
Bande nO 5.

J'):' .
qUl eut à souffrir quelque temps auparavant de
ses s~vices,
se donna
la mort par pendaison (1).
e) La soumission des Essandan~ (29 octobre -
I l novembre 1908)
La colonne,
après avoir quitt~ Boadikro le
29
octobre, arrive le soir même à Bongouanou,
où se tient
le lendemain une r~union de tous les chefs essandan~. Plu-
sieurs de ces derniers sont arrêt~s : Nganza de Kangandi,
qui avait projet~ de massacrer au cours du mois pr~c~dent
l'administrateur Poujade,
chef de poste et l'administrateur-
adjoin Vallon;
Ban d'Assafoufou~ "qui avait insult~ Vallon
et menac~ de l'attaquer,
le 26
juillet dernier"
(2)
Ehoumankon,
conseiller et chef militaire essandan~ ; Kinimo
Kpeïn et Bassa Kouadiç,
tous deux notables importants,
"connus
( ... ) pour leurs sentiments hostiles
contre les
français et leurs d~clarations incendiaires"
(3).
La colonne,
après être rest~e jusqu'au I l novembre
à Bongouanou, gagne Arrah.
(1) ANCI,
1 EE 141
(2),
T~l.no 12 du 2 novembre 1908 de
l'Administrateur du N'zi-Como~ au Lieutenant-gouverneur
de la Côte d'Ivoire.
(2) ANS,
5 G 48,
Pièce 60,
nO 36 G au gouverneur g~n~ral,
ais situation politique du N'zi-Comoé. Bingerville,
le 14
janvier 1909.
(3) ANS,
5 G 48,
Pièce 60,
op.
cit.

J5'.i .
f) La
réduction
d'Arrah
(12-18 novembre 1908)
Les troupes pénè.::trent à Arrah dans l'après-midi
du 12 novembre,
sans la moindre résistance.
On y proc~de
aux arrestations de Koffi Pri,
chef du groupe ahua
; de
Benuakou Tano,
chef de Dalosso ; de Kadio Kumano et Boni
Kakou,
neVeuX de Koffi Pri ; de Assoumou,
conseiller de
Benuakou Tano, qualifié de "très mauvais esprit" et de
Beda Aondiou,
notable d'Arrah et conseiller de Koffi Pri.
On procède également,
séance tenante,
a la nomi-
nation de Nuaman Tehoua,
l'un des plus jeunes neveux de
Koffi Pri,
"passant pour avoir bon esprit"
(l)
et "qui a
mérité à diverses reprises les éloges de Monsieur l'Admi-
nistrateur Lamblin"
(2),
à la Chaise du groupe Ahua, en
remplacement de Koffi Pr i,
Pour
justifier ce
changement de titulaire à la
"Chaise" des Ahua,
plutôt précipité, Angoulvant écrivait au
Gouverneur général,
son supérieur hiérarchique que la troupe
trouva à Arrah "des
restes nombreux de victimes assassinés
ou exécutés par Koffi Pri".
En conséquence, ajoutait-il,
"la fin de sa tyrannie criminelle sera favorablement appré-
ciée et ressentie dans toute la région,
où aucun indigène
ne pénétrait sans terreur"
(3).
(1) ANCr,
1 EE 141
(2), Tél. 457 du 23 nov.
1908 de Hostains
au Gouverneur à Bingerville, ais opérations militaires
dans le MoronoLl.
(2) ANS,
5 G 48, Pièce 60,
op.
cit.
(3) ANS,
5 G 48,
pièce 35, 64 TG au gouverneur général,
ais situation politique du N'zi-Comoé.
Bingerville,
le 7 décembre 1908.

360.
La
t~che, qUl avait été assignée a la colonne
militaire,
étant achevée,
celle-ci se disloque le 18 novembre
au matin.
Tandis que le Capitaine Déliberos,
à la t~te de
la moitié de l'effectif des troupes,
se dirigeait sur le
pays akyé,
le Lieutenant Raymond,
étant resté quelques
cinq jours de plus à Arrah avec un peloton de tirailleurs,
regagna a son tour Bouaké,
le 23 novembre 1908.
Ainsi s'acheva la conqu~te militaire du Moronou
Sans qu'il y eut un seul coup de feu de tiré. Le seul dé-
ploiement des forces militaires avait eu raison des rodo-
montades des chefs du Moronou.
Quelles furent les sanctions prises à l'endroit
des chefs reconnus coupables et de l'ensemble de la popu-
la tion ?
C.
La fin des hostilités
arrestation et inter-
nement des principaux meneurs
; amendes et autres
sanctions
; érection du poste administratif
de Bongouanou.
1. Arrestations et internements
Au cours de la
tournée effectuée par la troupe
ou peu après,
ceux des chefs qui avaient été convaincus
de rébellion furent arr~tés et conduits ~ Bingerville,
la
capitale de la colonie,
en attendant que l'on statu§t sur

3C1.
leur sort.
En JUln 1909,
J.P verdict intervint.
Les chefs et
notables du Moronou inculp~s -onze ail total- furent condam-
nés à ~tre internés pour une période de dix ans, soit en
Mauritanie,
soit au Sén6gal
(1).
En attendant leur transfert
aux différents lieux d'internement,
ils furent provisoirement
gardés à Bingerville,
où épuisés par l'âge et aussi par les
conditions défectueuses d'internement,
les moins vigoureux
succombèrent (2).
En 1910, seuls huit d'entre eux purent bé-
néficier de la grâce gouvernementale qui
prononça, par mesure
de
clémence,
la remise en liberté,
à la date du 1er novembre
(1) Arrêté nO 673 bis du gouverneur général de l'AOF,
en date
du 21
juin 1909. Art.
l
"Sont internés pour une période
de 10 ans,
dans la colonie du Sénégal et aux résidences
ci-après,
les nommés
-
Dans le Sine-Saloum:
Tano Kakou, Gamza,
Benuakon et
Coffi Pr i
- A Podor
Kadro Koumano et Bassa Kadio
- A Matam : Tchilimo Pin et Boni Kakou
- A Bakel
Assoumou,
Beda Aoundion et EhoumanKou,
chefs
et.notables convaincus de rébellion contre l'autorité
française et de manoeuvres tendant à susciter des trou-
bles politiques graves dans la Colonie de Côte-d'Ivoire".
(2) Ko f f i
Pri,TanoKakou,mais aussi Ban,chef d'Assafoufoué,arrê-
té en
même temps que les autres chefs et qui n'est pas
mentionné par l'arrêté gouvernemental,
devaient mourir
à Bingerville. Un quatrième chef, Téhoua de M'baoucesso,
interné successivement à Bingerville et Dabou,
bien
avant le passage de la troupe dans le Moronou,
devait
se suicider dans sa prison de Dabou,
le 15 octobre 1908.
Cf ANCI,
1 EE 141(2)
Tél. 485 de Ducos à l'administration
des lagunes,
daté de Dabou le 15 octobre 1908.

362.
1910,
des chefs et notables du N'zi-Comoé (1).
2. Amendes et autres sanctions
Outre les arrestations des chefs, suivies de leur
internement, prononcés par les instances coloniales,
i l fut
infligé un montant total de 95 214 F.
d'amendes à la popula-
tion du Moronou
; la presque totalité de cette somme fut
exigée en or
(2).
(1) Arrêté na 421 bis du gouverneur général en date du 15 août
1910,
portant remise de peine à des chefs et notables du
N'zi-Comoé. A~ticle 1
"Les chefs et notables du N'zi-Comoé dont les noms
suivent: Ganza, Bassa Kadio,
Tchilemo Pin, Benuakou,
Tanou, Boni Kotou, Assoumou,
Veda
(Beda), Aondion,
Kadio Koumano,
internés à Bingerville, seront remis
en liberté,
par mesure de clémence,
à la date du
1er novembre 1910".
Quelques sept mois auparavant,
l'arrêté du gouverneur
général en date du 3 février
1910, commua en une peine
à subir à Bingerville, l'internement prononcé le 21
juin
1909,
contre les chefs et notables du Moronou.
(2) Voici la liste des amendes infligées,
telle qu'elle fut
dressée initialement par l'Administrateur du Cercle,
Hostains
:
"Liste des amendes infligées
:
1) Tano Kakou et consorts 150 tas,
soit
22.500 F
2) Tribu des Ngatianou pour la part qu'elle
a prise au commencement du soulèvement
fomenté par Téhoua, Chef de M'baoucesso ..
15.000 F
3) Benuakou Tano et Koffi Pri
. 15.000 F
4) Ban, Chef d'Assaoufoué
.
4.150 F
5) Village d'Assiè-Akpessé
.
700 F
6) Gamza, Chef des Essandané . . . . . . . . . . . . . . • .
15.000 F
7) Aka
Pri Kof f i , Chef d'Aféré
.
6.000 F
8) Groupe Assiè pour participation aux
menées de Ta no Kakou
.
3.997 C'L
"De plus j'ai doublé le chiffre d'impôt de tous
les villages qui avaient refusé de le payer, ce qUI
... / ...

Par ailleurs l'arricirci de l'imp8t de capitation
de l'ann~e pr~ccidente, l'ex~cution de certains travaux
comme la construction de la route Assiè-Bongouanou,
furent
exig~s ~ la m~me occasion. Par ailleurs la confiscation des
armes prescrite fut progressivement réalis~e. L'op~ration
de sa isie fut co ns i c ér ~e comme d~fi ni ti vment achevcie, en
novembre 1909
(1).
Enfin l'on procède,
après destruction)
au regroupement de plusieurs campements et villages. Ainsi
Anoumaba et Anguanou reconstruits à proximit~ de la voie
ferr~e, sur l'ordre de l'Administration, regroupèrent-ils
"les B~da diss~min~s auparavant dans dix campements"
(2).
Tous ces imp8ts et prestations de tous genres
suscitent de vives r~actions au milieu de la population,
dont la moindre ne fut point l'~migration. L'Indéni~, limi-
trophe du pays Ahua,attira en particulier de nombreux ~l~-
ments de ce groupe qui,
d~sireux d'~chapper à l'imp8t et
de mettre en sûreté leurs biens, à lOapproche de la troupe,
passèrent dans le Cercle voisin (3).
Bien entendu l'autorit~
a produit une amende suppl~mentaire par tribu:
Ahuamou 3.192,50 F, Alangoua 1.190 F,
Essandan~
3.027,50 F,
Sahié 5.457,50 F."
Cf ANCI,
1 EE 141
(2), Rap.
306 de l'Administration du
Cercle du N'zi-Comoé au Lieutenant-gouverneur,
ais sanc-
tions infligées dans le Moronou.
Bongouanou,
le 15 décembre
1908.
(1) ANCI,
1 EE 147, Rapport du poste de Bongouanou pour le
mois de novembre 1909.
(2) Ibidem, Rap.
de novembre 1909.
(3) ANCI,
1 EE 141
(2),
Tél.
16 du 6/11/1908 de l'Adminis-
trateur du N'zi-Comoé au lieutenant-gouverneur ~ Binger-
ville,
ais op~rations militaires du Moronou.

coloniale tenta d'enrayer ce flux migratoire:
"Afin de
barrer le chemin aux fuyards du Moronou"
(l) ,rapporte 1; admi-
nistrateur de l'Ind~ni~, Prouteaux administrateur-adjoint du
Cercle est envoy~ à Attakrou, accompagn~ de "vingt clnq gar-
des,
pour tenir la
frontière du Cercle"
(2).
3.
Erection du poste administratif de Bongouanou
La
fin de la
conqu~te militaire est aussi marqu~e
par l'~rection du nouveau poste administratif de Bongouanou (3),
en remplacement de celui de Sahoua.
Dot~ en 1908 d'un premier
cr~dit de 3.000 F, imput~ au budget local pour les débuts
des travaux,
puis successivement de 2.200 F et 1.500 F,
l'ann~e suivante, à r~partir entre Bongouanou et Dimbokro,
"pour l'achèvement des postes de Dimbokro et Bongouanou"
(4),
(1) ANCr,
1 EE 141
(2),
T~l. 763 du 7 novembre 1908 de l'Admi-
nistrateur à Zaranou au Lieutenant-gouverneur à BingervillE
ais op~rations militaires du Moronou.
(2) Ibidem.
(3) Arrêt~ local nO 697 bis àu 18 d~cembre 1908. Par ce même
arrêt~, Bongouanou est promu Chef-lieu du Cercle du N'zi-
Como~. Deux ann~es plus tard, en d~cembre 1910, le Chef-
lieu du Cercle sera transf~r~ à Dimbokro. Cf Arrêt~ local
n° 678 du 3 d~cembre 1910. L'arriv~e du rail qui faisait
de Dimbokro un carrefour et un Centre commercial important
ne devait pas y être ~trangère.
(4) Cf Arrêt~s locaux 263 et 264 de 1909, Journal Officiel
de la Côte d'Ivoire (J.O.C.I.),
1909, p.
170, 2ème oo l onn o .
L'arrêt~ local 531 de 1908 avait autoris~ préalablement
une d~pense de 3.000 F pour la construction du poste.
J.O.C.I.
du 15 octobre 1908, p.
398,
2ème colonne.

36 ~j.
le poste administratif de Bongouanou,
oeuvre de Hostains et
joyau de l' a r ch i tecture coloniale,
est pratiquement achevé,
en octobre 1909.
Il est visité,le 19 octobre de cette année-
là, par le gouverneur Angoulvant qUl en admire le site de
hauteur,
la pureté des lignes du b~timent et le confort de
l'aménagement
(1). L'accueil du Chef de la Colonie a
Bongouanou, qui coïncide jour pour
jour au premier anniver-
saire du début de la tournée militaire dans la région, peut
être valablement retenu comme la fin de la conquête colonia-
le du Moronou.
i
Cette date est d'autant plus signifFative qu'elle
marque aussi le début de la politique de développement agri-
cole que le gouvernement colonial désirait promouvoir dans
le Moronou.
En effet,
l'après-midi du 20 octobre,
"en présen-
ce de tous les Chefs du Morénou ( ... ) et d'un concours consi-
dérable de population"
(2),
le gouverneur Angoulvant, après
(l)
"Dès le 20 (octobre) au matin, M. Angoulvant visi-
tait en détail le nouveau poste de Bongouanou,
fort
bien construit par M. Hostains,
avec un souci remar-
quable de l'hygiène et du confort.
Il félicitait
l'administrateur du Cercle de l'effort qu'il avait
accomplit pour édifier ce poste en pleine forêt,
au sommet d'un mamelon élevé ... "
Cf Tournée du Lieutenant-gouverneur dans les Cercles du
Baoulé-Sud et du N'zi-Comoé. J.O.C.I., du 31 octobre 1909,
p. 485,
2ème colonne.
(2) Tournée du Lieutenant-gouverneur dans les Cercles du
Baoulé-Sud et du N'zi-Comoé. J.O.C.I.
du 31 octobre 1909,
p. 485,
2ème colonne.

:366.
avoir compliment~ les habitants de leur attitude actuelle,
toute d' ouverture et de compr~hension;'encouragea les Chefs
~ pousser les habitants des villages aux cultures produc-
t.i ves et à l' exploi ta tion des richesses for estièr es"
(1).
Il leur promit par ailleurs "que des conseils allaient leur
être donnés pour la mise en valeur de leur sol, dont les
ressources sont,
jusqu'ici,
restées inutilisées"
(2).
III. LA RESISTANCE A L'EXPLOITATION DES RESSOURCES
NATIJRELLES ET AGRICOLES
La conquête était un préalable au développement
agricole.
L'Administration, qui en était consciente,
avait
tout mis en oeuvre pour y parvenir. La
paix obtenue,
après
l'extirpation des éléments de trouble",
i l restait à mettre
le développement sur les rails.
Tant d'obstacles demeuraient
encore à vaincre.
La divergence,
au niveau des objectifs
et des moyens à mettre en oeuvre pour
tirer parti des res-
sources naturelles,
constituait un premier obstacle qui
trahissait,
au-delà des conceptions théoriques inconcilia-
bles,
l'opposition des intérêts entre colonisateurs et co-
Ionisés.
Enfin l'image que l'on avait les uns des autres et
les sentiments consécutifs qui en résultaient,
représentaient
autant de "barrières idéologiques" à une véritable promotion
agricole.
( l )
Ibidem,
p. 485,
2ème colonne.
(2) Ibidem,
p.
485,
2ème colonne.

A.
L'économie de traite,
un système d'exploitat:.ion
économique OPPOS(~ aux intérêts du Morof\\vo
Hormis les activités d'extraction aurifère et
de commerce lointain,
le cultivateur agnl s'était contenté
jusqu'ici, au niveau de l'exploitation agricole,
de produire
ce qUl lui était strictement nécessaire pour subvenir aux
besoins de sa famille.
Désormais on lui demande de produire
non seulement ce qui est nécessaire à la consommation de la
cellule domestique, mais aussi de fournir un surproduit
pour la vente, mieux, d'étendre Son activité à des produits
nouveaux de vente,
appelés à alimenter le circuit du commer-
ce de
traite.
1.
L'introduction de l'agriculture de traite
dans le Moronou - 1911
En 1908, le Lieutenant-gouverneur de la Côte
d'Ivoire,
exploitant les possibilités commerciales du riz
à l'intérieur de la Colonie (1) et à l'extérieur,
exigea sa
culture à grande échelle dans la plupart des Cercles déjà
"Le riz est entré dans la ration des tirailleurs
( ... ),
le riz est donc dès aujourd'hui un produit
commerçant (sic) dans le vrai sens du mot,
puisque
des transactions et un mouvement étendu s'en sont
emparés".
Cf ANCI,
1RR 12, Minute du Lieutenant-gouverneur au
gouverneur général à Dakar, ais réorganisation du service
de l'agriculture,
1908 (sans autre précision de date).

]6EJ.
ouverts à l'administration
(1).
Dans le Moronou,
les premiers
ensemencements de riz,
sous le contr61e du service de l'Agri-
culture,
sont op~r~s en 1911, c'est-à-dire trois ann~es apr~s
que le calme se soit d~finitivement ~tabli dans le pays. La
r~partition de grains de riz, destin~e à l'ensemencement
et portant sur une tonne de paddy,
s'inscrit dans le cadre
du programme de diffusion de cette c~r~ale, recommand~e par
le gouverneur An.qou Lvant. Sur ce volume de semence,
c i nq
cents kilogrammes sont destin~s "aux chefs de groupes ou de
villages les mieux dispos~s de la circonscription de
Bongouanou"
(2).
Quant au reste,
i l devra être r épa r t i. "au
gr~ de l'Administration, de façon à permettre la plus grande
diffusion de la "pr~cieuse c~r~ale". (3)
En 1917,
l'importance commerciale du r1Z,
malgr~
.
la r~pugnance de l'agni pour cette c~r~ale (4),
/
est neanm01ns
remarquable.
En effet,
Sl
les ignames,
les maniocs et les
autres cultures vivri~res servant presque exclusivement à la
-,
nourriture des habitants,
ne donnent pas encore lieu a
(1) Le lieutenant gouverneur insistait particulièrement sur
le pays b aou Lé ,
essentiellement "à Bouak~ S ak.a s s o ,
Ti~bissou et Kodiokoffi" Cf ANCI, 1 BR 12, minute du
Lt gouverneur au gouverneur g~n~ral, 1908.
( 2 ) ANCI 1 RR 97,
nO 1 164 AA du Lieutenant gouverneur a l'Ad-
ministrateur du N'zi-Como~, ais de la Culture du riz
Bingerville,
le 20 mars 1911.
(3)
Ibidem
(4) D'apr~s une vieille l~gende, recueillie en 1910, les
Agni refuseraient de se livrer à la culture du riz,
parce
que "cette graine aurait la propri~t~ de faire disparaître
l'or du sol" Cf ANCI l
EE lLJ7 (2/2) Rap.
du poste de
Bongouanou,
pendant le mois de septembre 1910.

"un trafic exterl---e"
1
(1),
le0 r._ L z_ dont la p r oduc t i. on t-0t a l e
au nlveau du cercle atteint à cette date 200 tonnes environ,
"pourrait,
selon le rapport agricole annuel,
acquérir,quelque
importance."
"Si les indigènes se décidaient à cultiver les
maralS ( ... ) cette culture décuplerait" (2)
D'autres cultures nouvelles) exclusivement destinées
à la vente extérieure, sont recommandées et effectivement
pratiquées dans le Moronou, au cours des premières années
de la colonisation. On peut citer le colatier,
l'arbre à
caoutchouc,
le bananier,
le
palmier à huile.
Quant aux cultu-
res vivrières dont l'extension est encouragée depuis plusieurs
années,
elles connaissent en 1913,
à la veille de la première
guerre mondiale, un tel développement que la population appro-
visionne,
outre le marché local de Dimbokro,
les villes de la
basse Côte. Le rôle du chemin de fer qUl attire, dans la
zone occidentale du Moronou, de nombreux travailleurs, et
l'ouverture des "travaux neufs"
(construction de route,
chantiers forestiers)
ont contribué de façon positive à
accroître l'étendue des champs vivriers et par voie de con-
séquence le surproduit destiné à la commercialisation (3),
Enfin,
l'ouverture du marché mensuel de palmistes
à Dimbokro, en juin 1914 sur l'initiative de l'Administration,
1
(1) ANCI 1 RR 39, nO 691 Rap.
agricole du N'zi-Comoé pour
l'année 1917, DimboJuo, 1er janvier 1918.
(2)
Ibidem
(3) ANCI 1 RR 39, nO 3932 Rap.
économique et Agricole àu poste
de DimboJuo pour le deuxième t.rimestre 1914.

j'/O.
drainant régulièrement vers le centre commercial,
en dehors
des palmistes, du caoutchouc mais aussi des vivriers et des
objets artisanaux de fabrication locale
: cuillers en bois,
nattes (ékô),
soufflets pour activer le fe~ etc ...
(1) cons-
titue un foyer non moins dynamique de diffusion de l'économie
de traite.
2. L'économie de traite contre les
intér~ts du Morofwo
Le succes de cette expanslon de l'économie de trai-
te ne fut point obtenu -on s'imagine- sans difficulté. Ce
résultat fut "la résultante de la pression constante, de
l'influence personnelle, exercées par les administrateurs,
aux fins de faire leur éducation commerciale"
(2). Ce ne
fut point chose aisée et ce n'est qu'à la suite du "dressage
des indigènes" (3) que l'on parvient à inculquer les habitu-
des culturales des nouvelles plantes introduites dans le
contexte de l'économie de t r a i t e :
"L'effort demandé aux Agnis en vue de l'extension
de leurs cultures
et de l'exploitation des produits
de cueillette (~ .. ) n'a malheureusement rien de
spontané"
(4).
(1) ANCI,
1 RR 39, nO 372, Rap.
de l'Administrateur du N'zi-
Comoé au Lieutenant-Gouverneur,
ais du marché de palmis-
tes. Dimbokro,
le 7
juillet 1914.
(2) ANCI,
1QQ 98, Rapport sur la situation économique et
commerciale du N'zi-Comoé, 4ème trimestre 1922.
(3) J.O.C.I.,
1910, Situation économique et agricole du dis-
trict de Bongouanou,
pendant le troisième trimestre 1910,
p.
157
(1ère colonne).
(4) ANCI,
1 RR 39, Rap.
nO 429 du Chef de poste de Bongouanou
ais situation agricole pendant le 2ème trimestre 1915.
Bongouanou,
le 26
juiJ.1et 1915.

Til.
Par ailleurs cette nécessité de vendre,
qUl aurait
dû provoquer un accroissement sensible du volume de produc-
tion et un changement radical dans les méthodes et la tech-
nlque de travail,
ne modifia en rien la situation antérieure.
Enfin -et il est important de le souligner- jusqu'à la pre-
mière guerre mondiale et même au-delà,
le commerce de traite,
dont i l est relativement aisé de suivre le mouvement de
progression (1) et auquel dut s'adresser le cultivateur
agni pour la vente de ses produits,
répond plus à une con-
trainte administrative qu'il n'est motivé par la persepecti-
ve d'un gain monétaire. La nécessité de s'acquitter de
l'impôt par exemple ou encore la crainte de la "chicotte"
pousse davantage l'Agni à embrasser les cultures nouvelles,
introduites par le canal de l'Administration . . .
Quoi qu'il en soit,
on constate une superposition
de deux économies
l'économie de traite et l'économie de
subsistance,
ou plutôt une greffe de l'économie d'échange
sur l'économie de subsistance. Mais cette greffe est loin
d'être parfaite et totale.
Car la divergence entre les deux
systèmes est. extrêmement patente.
Certes, les "expéditions"
de l'époque
antérieure,
telles que nous les avons analysées,
permettent,
par le système d'échange des produits de cueillette
(1) L'un des premiers marchés de la région fut le marché men-
suel de palmistes de Dimbokro,
créé en juin 1914, par or-
dre administratif.
Les Agni du Moronou effectuaient entre
30
et 100 km à pied pour le ravitailler.
Ce qui représente
plusieurs jours de marche entre Arrah par exemple et
Dimbokro. Cf ANCI,
1 RR 39.
Voir particulièrement le rap.

255 A de l'Administrateur de Dimbokro ais création d'un
marché de palmistes à Dimbokro.
Dimbokro,
le 27
3vril 1914.

de l'or et de l'ivoire entre autres contre la verroterie et
la quincaillerie européennes,
une bonne transition vers le
système de l'économie de traite qui prend désormais le relais.
Mais la mutation demeure néanmoins profonde tant au nlveau
du contenu de l'échange -celui-ci revêt désormais l'allure
d'une transaction entre produits agricoles bruts et marchan-
dises industrielles élaborées- que de l'espace économique.
En effet, de type domestique dans l'économie de subsistance,
celui-ci devient pluricontinental dans l'économie de traite.
Cette dernière opposition entre les deux systèmes
quant à l'espace économique dans lequel chacun d'eux s'expri-
me,
est soulignée de façon particulièrement vigoureuse par
Badouin,dans son étude récente sur l'économie rurale:
"A l'échange direct. entre l ' homme et la nature
qui caractérise l'économie de subsistance, elle
(la traite)
substitue une série de transactions
qui se situent dans un espace intercontinental" (1).
Par voie de conséquence l'économie de traite donne
naissance au traitant qui en devient lepivot
(2).
Dans le
Moronou,
on distingue,
pendant la période coloniale,
le
traitant d'origine africaine
Sénégalais , Bambara ou
Nzéma et le traitant d'origine méditerranéenne: Libanais
ou Syrien.
Il est l'intermédiaire entre le con@erce interna-
tional et l'agriculutre de subsistance.
Il exerce son activi-
té en relation avec les maisons d'import-export,
représentées
(1) R.
Badouin,Eccnomie Rurale,
1971,598 p.
(p.
72)
(2) C'est le traitant qui a donné son nom au système "il est
considéré comme le personnage central,
celui dont le raIe
et l ' at ti tude déterminent le f on o t j onnement du système".
Cf Badouin op.
cit.
p.
72.

j'/ J.
par des succursales d'abord ~ la limite du Moronou,
à Dimbokro
et Tiassal~, puis à Bongouanou et plus tard dans d'autres
centres du Moronou,
pour le compte desquelles il effectue
des op~rations de ramassage et qui lui assurent le financement
n~cessaire aux op~rations de collecte.
Ce r~gime d'économie de traite, qui après avoir
travers~ toute la période coloniale, subsiste encore de noS
jours,
n'a nullement ~t~ favorable au cultivateur. En effet
celui-ci occupe toujours dans cette op~ration une position
subordonn~e. N'étant point parvenu à modifier sa technique
de production toujours aussi archaïque,
il n'a pu accroître
en cons~quence le volume de sa production.
Il est donc toujours
qu~mandeur, lié au traitant, surtout en p~riode de soudure.
En effet dans les p~riodes de disette,
i l se tourne vers le
traitant pour racheter une fraction des produits vivriers dont
i l s 'est d~barrass~ ant~rieurement, a la p~riode de r~colte,
par sous-estimation de ses besoins ou plutôt par d~sir de se
procurer un pécule ~lev~.
Par ailleurs étant peu au fait des techniques et des
habitudes d'échange,
le cultivateur morofwo s'est fait
"roul~" a maintes reprises dans les diff~rentes op~rations
d'achat et de vente.
Ainsi le traitant bambara ou appolonien,
mieux int~gré au système, plus "fût~", a toujours r~alis~
en sa faveur aux d~pens du cultivateur morofwo,
les op~rations
d'achat et de vente.
Ainsi le cultivateur agni est d~favoris~,
quand il vend au prix de gros el rachète au prix de détail,
en p~riode de disette.
Il effectue également une op~ration

'~~I ,
./ (I...
déficitaire,
en vendant ~ terme alors qu'il ach~te au
comptant.
Enfin,
nt::' sachant ni lire ni écrire,
le cultivateur
agni s' e s t, fai t
cons tammen t; "roule r"d ans les pesées de sa
récolte.
La somme empoc1lée après vente a été dans la plupart
des cas inférieure au montant réel du poids enregistré.
Au cours de la troisième décennie du siècle,
aux environs
des années 1921-1922, ce fut le grand scandale du Commerce
à Dimbokro, chef-lieu du cercle du N'zi-Comoé, à propos des
"procédés malhonnêtes employés par les maisons de commerce"(l).
La liberté du commerce donne lieu en effet à des
procédés abusifs que le Commandant du cercle n'hésite pas
à qualifier de "liberté de voler" (2). On lit par exemple
sous la plume de Burger, Commandant de Sinfra dont les
administrés fr~quentaient régulièrement le marché de Dimbokro
"Des vols sont pratiqués sur les charges des
produits acheminés des points de la subdivision
sur Dimbokro.
Par exemple,
sur 1 tonne de marchan-
dises expédiées,
il n'en ~tait r~ceptionné que
400 Kg au maximum"
(3).
Ou encore
(1) Libellé de la C6te archivistique ANCI,
1 QQ 20
(2) ANCI,
1 QQ 20,
P.V.
de la séance du 25
février 1922 de la
Chambre de Commerce de la C6te d'Ivoire,
ais adjudications
de produits à Dimbokro.
(3) ANCI 1 QQ 20, Lettre de Burger,
chef de poste de Sinfra-
Oumé à l'administrateur du Cercle des Gouro, Sinfra,
le 6 août 1922.

j'15 ..
"La vente libre donne lieu au vol de la part des
commerçants qui paient en-dessous du prix équi-
valent au poids marque par la balance"
(1).
L'administration craint alors qu'~ la suite de
ces procédés malhonnêtes de la part des commerçants locaux,
l'on aboutisse ~ des conséquences désastreuses auprès des
producteurs,
~ une absence de motivations entre autres.
(1) ANCI,
1 QQ 20, Lettre nO 113 de Burger,
chef de poste de
Sinfra-Oumé,
~ l'administrateur du Cercle des Gouro.
Sinfra,
le 1er juillet 1922.
Inutile d'ajouter qu'~ la suite de ces abus de confiance,
les commerçants étaient assez mal vus dans le Moronou,
en particulier les traitants "dioula".
Bien que le com-
merce les considérât comme de "précieux auxiliaires"
(Cf P.V.
de la séance du 25
février 1922 de la Chambre
de Commerce de Côte d'Ivoire),
ils n'étaient pas moins
"des voleurs",
selon l'opinion personnelle de l'Adminis-
trateur du N'zi-Comoé,
en 1921-1922. L'Administrateur
étayait son opinion,
en révélant que les dioula "paient
~ l'adjudication les colas, ~ raison de 30 ~ 40 (noix)
pour 50 centimes".
ANCI,
1 QQ 20, Observations personnel-
"
, .
. "
les,
notees au crayon sur le proces-verbal lmprlme de
la Chambre de Commerce de Côte d'Ivoire (séance du
25
février 1922).
Pour expliquer les sentiments des Morofwo ~ l'égard des
dioula,
i l faut se ranpeler entre autres qu'en août 1908,
le complot ourdi par Gamza du groupe essandané pour mas-
sacrer ~ Bongouanou, l'Administrateur-adjoint Vallon et
le Chef de poste Poujade ainsi que le détachement de
17 tirailleurs,
chargés de "veiller sur les travaux" de
la construction du nouveau poste administratif,
ne fut
éventé et révélé ~ l'Administration que par des "dioula
de passage".
On l i t
" ...
A la suite de ces réunions l'affaire ~ trans-
piré, des dioulas de passage ont été avisés et en
ont fai t
part ~ l'interprète de M. Pouj ade. '",
Cf ANCI, 1 33 140
(3/5), Situation politique pendant le
mois d'août 1908.

En fait, la réaction de la population du Moronou à l'égard
de la politique coloniale du développement est loin d'avoir
été uniforme tout au long de ces preJni~res années de contact
colonial. L'attitude du colonisé morofwo a varié selon les
périodes et les régions,
en fonction de la vision qu'il
se faisait du développement.
Il s'est aussi déterminé en fonc-
tion des cultures nouvelles introduites,
par rapport à ses
convictions morales et religieuses, disons idéologiques.
Quant à l'administration, elle d~termine~ son opinion, ses
sentiments voire son comportement,
selon ces variables de
l'attitude du Morofwo.
B. vision du développement et Réactions diverses
si le développement de l'économie de traite impli-
que en premier lieu l'extension des cultures destinées à la
commercialisation,
i l ne suppose pas moins la réalisation
d'une infrastructure minimum,
indispensable aux échanges
commerciaux,
en l'occurrence la construction et l'entretien
de nouvelles routes et la mise en état des pistes de l'époque
antérieure.
Bien d'autres réalisations sont encore indispen-
sables,
surtout quand il s'agit d'un pays neuf:
construc-
tion de marchés,
ouverture de chantiers divers . . .
Face à
ces exigences multiples,
quelle fut l'attitude de la popula-
tion ?

J~17 .
1.
Un état d'esprit favorable au développ(~ment économique
Les dispositions de la population,
au cours des
premlers mois qUl suivent le passage des troupes dans le
Moronou,
bien que mitigées,
sont. relativement bonnes à
l'égard des exigences de d~veloppement, émises par l'Adminis-
tration.
Aux prestations demandées: construction du poste
de Bongouanou,
achèvement du village des représentants (1),
construction de la route Bongouanou-Anoumaba "de trois mètres
de large,
en dos d'âne,
avec des fossés de chaque côté pour
l'écoulement des eaux"
(2), comme aux autres réalisations
d'infrastructure,
la population répond de façon positive,
parce qu'elle sait que toute manifestation de résistance
risque d'être sévèrement châtiée.
Ces réalisations sont
cependant coûteuses en efforts physiques,
d'autant plus
pénibles à supporter que les habitants n'en voient pas
toujours la finalité et le profit qu'ils pourraient en tirer
dans l'immédiat. Ces travaux sont au contraire perçus comme
une tracasserie à laquelle ont peut difficilement se dérober.
En prendre son parti et laisser jouer le temps,
telle fut
l'attitude adoptée par la population.
(1) Pour éviter les abus que commettent les messagers
chargés de convocations ou de messages dans les différents
groupes,
"chaque tribu, chaque gros village enverra une
famille dont les membres serviront de messagers entre le
cercle et leurs congénères".
Cf ANCr 1 EE 147 Rap.
du
poste de Bongouanou pour le mois de mai 1909.
A ceux-là
est réservée la désignation de "représentants" dans la
hiérarchie administrative.
(2)
ANCI 1 EE 147 Rap.
du poste de Bongouanou pendant le
mOlS de novembre 1909.

)78.
2.
La r~sistance du Morofwo aux premières tentatives
de d~veloppement
N~anmoins quelques tiraillements se faisaient Jour
de temps à autre,
ici et là (1)
auxquels l'administration
répondait toujours par des mesures disciplinaires,
"en vue
de les amener à r~pondre et à ex~cuter avec plus d'empresse-
ment les ordres administratifs"
(2).
Parmi les prestations,
celle qui suscita peut-être le plus de réticence fut le
portage.
Pour y ~chapper,
les habitants du Moronou n'hési-
taient pas à se mettre à l'abri,
en désertant les villages
reconstruits le long des prlnclpaux axes routiers,
pour les
campements de brousse (3). Le portage, cette corvée abhorrée
par dessus tout, devenue de plus en plus intensive,
au fur
et à mesure que progressait le développement,
posa les pires
difficultés à l'administration qui eut de la pelne à faire
-,
face a toutes les demandes.
Le seul poste de Bongouanou
(1) Quelques remous sont signalés en quelques endroits du
poste de Bongouanou,
en décembre 1908 et en juin 1909,
au point que le chef de poste envisage momentanément
de porter l'effectif de la brigade de cercle de 79 à
1CO hommes, mesure qu'il croit urgente.
Cf ANCI l
EE 147
Rap.
du poste de Bongouanou en décembre 1908 et en JUln
1909.
(2) ANCI, 1 EE 147, Rap.
du poste de Bongouanou pour le mois
de juin 1909.
(3)
Ibidem, Rap.
du poste de Bongouanou pour le mois de JUln
1910. Cette tendance de la population,
à abandonner le
village pour le campement,
persistera
pour ainsi dire
jusqu'à la fin de l'année 1912.
En mai 1911, i l est noté
"les indigènes d'ici ont une tendance très marquée à aban-
donner leur village pour s'installer dans la brousse en
prétextant qu'ils s'occupent de leur plantation. La cause
de cette installation dans leurs campements est plus grave
C'est pour ~~happer à l'autorité du chef de village et
surtout pour éviter les corvées de portage et le nettoyage
des routes" Cf ANCI, 1 EE 147, Rap.
du poste de Bongouanou
pour le mois de mai 1911.
En septembre 1912, des sawua sont signalés dans "la zone
d.éser te"
au Nord des Abbey et des AJ'C1,é,
pour "écha}~p(;r i1
l'autorité du chef de poste".
Cf ANCT,
1
EE
J.47.Pëlp.
du
poste de flongou arrou pour le mois de seph:,mhl-e l g} 2.

réclama régulièrement
jusqu'en juin 191Cl,
un chiffre total
de 250 porteurs par mois.
A la fin de 1912,
le poste voisin
de DimboJ\\.ro,
qui faisai t
p artiellemen l. appel à des por I.:.eurs
originaires du Moronou, enregistrait par mois plus de quatre
cents porteurs. Embrigader autant d'hommes pour le portage
fut
jugé excessif de l'avis m~me de l'administration loca-
le (1).
Aussi certains administrateurs comme J acotot,
le
chef de poste de Bongouanou, n'hésitèrent pas à plaider la
cause de leurs administrés
:
"il serait de toute équité de laisser un peu de
tranquillité à ces populations qui en maintes
circonstances nous ont donné des marques de leur
dévouement,
en particulier au moment du désar-
mement"
(2)
De m~me que les Morofwo manifestèrent de la
/
repu-
gnance pour le portage,
de même ils s'opposèrent à certaines
cultures comme le riz,
la kola et le caoutchouc,
n'ayant
pour tout argument que la méconnaissance de ces plantes au
seln du monde agni
(3).
Ils se
révélèrent particulièrement
réfractaires à la culture du riz qui,
selon une vieille
légende "aurait la propriété de faire disparaître l'or du
sol"
(4).
On ne peut comprendre la réticence du Morof\\vo
à la culture du rlZ,
si l'on ignore le degré de ferveur
(1) ANCI,
1 EE 148 (2/3) Rap.
sur la situation politique du
poste de DimboJ<:.ro,
pendant le mois d'octobre 1912.
(2) ANCI,
1 EE 147 Rap.
du poste de Bongouanou pendant le mois
de juin 1910.
(3) ANeI 1 EE 147, Rap.
du poste de Dongouanou pour le mois
de septembre
1910.
On y lit
"ils refusent de cultiver
le riz,
la kola et le caoutchouc,
déclarant ne pas conna1-
tre ces cultures".
(4)
Ibidem,
op.
cit.

religieuse dans laquelle l'Agni morofwo tenait le m~tal
.
/
p r ec i cux .
Une autre culture,
le coton n'~tait pas non plus
dans les bonnes grâces du Morofwo.
Lui ayant ~t~ impos~es
a son corps d~fendant, sous la f~rule du tirailleur trans-
form~ en garde-chiourme, ces deux dernières cultures, le
rlZ et le coton, n'obtiendront que de m~diocres r~sultats (1).
Par contre à l'~gard de la kola et du caoutchouc, l'Agni
parvint à surmonte~sa r~pugnance et à embrasser momentan~-
ment ces cultures.
3.
L'attitude favorable aux cultures d'arachide;du
palmier à huile et du cacao
Mais autant le Morofwo ~prouva de la r~pugn2nce
presque physique pour le coton et le riz,
autant il accueillit
à bras ouverts certaines plantes comme le palmier à huile,
l'arachide et le cacao pour ne citer que celles-là.
A propos
de l'arachide dont un premier essai de culture date de
septembre 1913,
l'administrateur de cercle du N'zi-Como~,
après avoir rendu compte que les semences ont ~t~, dans
tous les postes, mises en terre,
rapporte
"Ce travail a ~t~ fait avec empressement par les
indigènes entre lesquels elles
(les semences)
avaient
~t~ r epa r t i s s " (2)
(1) La culture du riz dans le Moronou n'a gagn~ du terrain
qu'après l'ind~pendance.
(2) ANcr 1 RR 39, Eap.
N° 267 A de l'Administrateur du
N'zi-Como~ au Lieutenant-Gouverneur de la eSte d'Ivoire,
ais sementes d'arachides Dimbokro le 1er mai 1914.

Faisant allusion ~ la cuJture du palmier ~ huile,
chez les Agni-Ahali,
le chef de poste de Dimbokro,
de
Coutouly ~crivait en octobre 1914
"J'ajoute que ceux-ci
(les Agni-Ahali) semblent
s'&tre mis r~solument a l'exploitation des palmiers
~ huile. Et les apports en amandes de palme aux
march~s p~riodiques de Dimbokro qui se chiffraient
le mois dernier ~ 1 227 kg ont plus que doubl~
passant en effet en octobre à 3 510 kg"
(1).
Quant à la culture du cacaoyer,
"accept~e de bon
gr~ à l'inverse de ce qui se passe pour le cotonnier" (2), ses
d~buts remontent en 1911, lorsque "quelques chefs de la r~gion
Sahoua-Bongouanou ont manifest~ le désir de recevoir des
cabosses et d'entreprendre cette culture"
(3).
Afin d'encou-
rager ces initiatives qui se manifestaient pour cette culture,
quelques ann~es seulement apr~s la conqu&te, le gouverneur
de la Colonie recommande en 1915,
l'envoi d'une d~légation
de notables,
dans l'Ind~nié où le cacaoyer ~tait déjà large-
ment diffusé. Une
"caravane de chefs et notables des villages agnl
moréfoué int~ressés, plac~e sous la direction du
chef de poste,
Vieillecazes"
(4),
se rend effectivement dans l'Ind~nié, afin de s'initier à
(1) ANCI 1 EE 148 (217), Rap.
sur la situation politique et
les tourn~es du poste de Dimbokro, pendant les mois de
septembre et octobre 1914.
(2) ANCI 1 RR 39, Rap.
sur la situation agricole:
le Cacaoyer
dans les cercles d'Assinie,
de l'Ind~nié et du N'zi-Comoé
(tournée du 7 déc.
au 7
janv.
1918).
(3)
Ibidem, Rap.
de tournée de l'inspecteur d'agriculture,
Bervas dans le N'zi-Comoé -Bingerville le 27
février 1911.
(4)
Ibidem, minute 4 612 AA du Lie~tenant-Gouverneur de la
C8te d'Ivoire à Mr l'Administrateur du N'zi-Comoé ais mise
l~n valeur du distr ict de BOl\\Cjouanou - Bingerville le
23 sep tembre FllS.

l~ culture du cacao et a la pr~paration de son produit (1).
4 . La r~action de l'Administration locale
Autant ces dispositions favorables furent appr~ci~es
par l'Administration,
autant celle-ci s'acharna à combattre
sans piti~ tout autre ~t2t d'esprit à l'~gard du d~veloppement.
Beaucoup moins de parti pris à l'~gard du Morofwo et de la
race noire aurait conduit le colonisateur à un jugement plus
serein et juste. Mais le pouvai t-il,
alors que l'on baignait
à cette époque dans une atmosphère de racisme aveugle ?
Ne point c~der aux jugements trop faciles, pr~conçus à
l'égard du colonis~ était le trait distinctif de quelques
rares esprits, missionnaires et administrateurs qui,
comme
le père Aupiais plus tard au Dahomey et Maurice Delafosse
en Côte-d'Ivoire,
s'int~ressaient r~ellement au colonisé
africain pour lui-même.
Les administrateurs du Moronou furent pour la plu-
part victimes du courant racial de l'~poque. Pour eux, les
chefs coutumiers du Moronou n'~taient pas suffisamment vifs
à leur goût. Pr~sent~s Comme nonchalants, apathiques,
mauvais esprits,
incapables de mobiliser les habitants pour
l'oeuvre de d~veloppement, les chefs -cela fut souhait~­
devaient être remplacés à la tête des différents qr oupemerrt s
par des él~ments plus jeunes, dynamiques (disons soumis) et
.
.
.
, /
,,~
acquls aux ldees du progres colonlal.
(1) Ibidem,
op.
cit.

)6),
Dans les propos tenus par les administrateurs,
à
l'endroit de la population,
dominaient les st~réütypes de
l'~poque. Ainsi Andrieu, chef de poste de Dimbokro, ~cri-
vait en avriJ. 1914,
~ propos des Agni-Ahali
"Des Aari,
il y a peu ~ dire: peuplade forestière,
ils sont,
pris dans leur ensemble,
arri~rés, mal-
propres et mous, mais dociles,
parce que craintifs
et veules"
(1).
Gustave de Coutouly,
jugeant insuffisante une année
plus tard en 1915,
la participation du même groupe ahali ~
l'exploitation des produits de cueillette,
stigmatisait
"l'indifférence atavique des interess~s", leur "torpeur"
contre lesquelles l'Administration devait r~agir, si l'on
voulait obtenir l'exécution des ordres donnés (2).
Vendeix
qualifiait également les Ahali de "groupement de gens pares-
seux, de mauvais esprits"
(3) dont la "paresse invétérée"
constituait un obstacle au triomphe de la politique de déve-
loppement
(4).
L'appr~ciation de Sargenton, le chef de poste de
Bongouanou,
n'était pas plus flatteuse ~ l'6gard des autres
(1) ANCI 1 EE 148 (216).
Rap.
sur la situation politique et
les tournées du poste de Dimbokro,
pendant le mois de
mars 1914. Dimbokro,
le 3 avril 1914.
(2) ANCI 1 RR 39, Rap.
428 sur la situation agricole du dis-
trict de Dimbokro, pendant le deuxième trimestre de 1915.
Dimbokro,
le 26
juillet 1915.
(3) ANCI 1 EE 148 (1) Situation politique du poste de Dimbokro
pendant le premier semestre 1917 -
Dimbokro,
le 25
juin
1917.
(4) Ibidem,
situation politique du poste de Dimbokro, pendant
le troisième trimestre 1917.

groupes
agnl de la région
"Le !'1oronou est un pays riche,
malS les habitants
sont des fainéants et ils ne tirent pas tout le
profit qu'ils pourraient retirer de leurs riches-
ses"
(1).
Evoquant d'une façon générale la "paresse infran-
gible,
réfractaire à l'appât du gain"
(2) des habitants du
N'zi-Comoé,
la note sur la situation politique et économique
du poste de Ouellé de juillet 1917 soulignait par ailleurs:
"Mettre en valeur les territoires qu'ils occupent
mécontente ( ... ) profondément les indigènes.
Ils s'y soumettent cependant à la condition d'~tre
suivis de très près et de sentir peser sur eux une
contrainte toujours en haleine"
(3).
Qu'à cela ne tienne!
si "les indigènes assouplis
sévèrement"
(4) acceptent l'ouverture de leur pays au progres
économique,
il faut s'y résoudre. Telle pourrait se résumer
la conduite adoptée par l'administration à l'égard des Morofwo,
pour les inciter au développement agricole.
Seules les lns-
tructions de l'Administrateur du Cercle, Aubin, de 1915,
constituent la seule note discordante, dans cette symphonie
de jugements pour le moins qu'on puisse dire assez peu lau-
datifs sur le caractère du Morofwo et de sa mentalité à l'é-
gard du progrès économique. Sans se départir totalement de
certains jugements stéréotypés,
l'Administrateur Aubin
(1) ANCI 1 RR 9, Sargenton, Rap.
économique et agricole du
poste de Dongouanou,
pendant le troisi~me trimestre de
1913.
Bongouanou,
le 30 septembre 1913.
(2) ANCI 1 RR 97, Note sur la situation politique et économique
de Ouellé - Dimbokro le 27
juillet 1917.
(3) Ibidem,
op.
cit.
(4)
Ibidem,
op.
cit.

b·j c'
-'-'
reconnaissait
cependant au Morofwo c e r ta i.rie s pr éd is pos i ti.ons
au travail et recommandait ~ ses subordonnés, tout en se
montrant ferme à son égard, d'éviter la brutalité:
"Si en pays aqn i ,
i l est utile de se montrer t.r e s
ferme avec les indigènes,
i l est par ailleurs
indispensable de subordonner a leurs tendances et
à leur tempérament,
l'effort à exiger en toutes
choses ( ... )
Les Agni du district de Bongouanou sont anlmes
de bonnes dispositions,
la situation politique y
est des plus favorables.
Cependant intelligent,
palabreur, peu enclin au travail, d'esprit indépen-
dant,
se déplaçant pour la moindre cause,
l'indigène
demande à y être suivi de très près,
à être sur-
veillé,
guidé et tenu très ferme,
mais sans la
moindre brutalité.
Prévenir à ce sujet le personnel
indigène que je suis décidé à réprimer très sévè-
rement toute brutalité à l'égard de la popu Lar i oriv f l :
Malgré les préjugés,
les susceptibilités et les
lenteurs,
enregistrés d'un côté comme de l'autre,
l'inter-
vention administrative tantôt brutale,
tantôt souple, eut
finalement raison de la résistance sous toutes ses formes,
opposée à l'implantation de l'économie de traite.
On peut
supposer,
avec la fin de la premlere guerre mondiale,
qu'une
nouvelle page de l'histoire socio-économique du Moronou venait
d'être tournée.
Le Morofwo avait désormais pris conSClence
du profit qu'il pouvait tirer du développement agricole.
C'est donc avec un esprit nouveau,
ouvert au "progrès" que
s'ouvre la période de l'après-guerre,
celle des grandes cul-
tures industrielles.
(1) ANC r 1 EE ILl 7 (1/2), Aubin,
Ln s t.r uct ions
ln Par.
du poste
de BOllgouanou,pour le deuxi;=:-me trimr::'.'3tre d o l'année 1916.
Ditl1bol~ro, le 15
juin 1.c)16.

:<.'j,
CHA PITHE
IX
LES
GRANDES
OPTIONS
DE
L' /\\GRICULTUHE
COLONIALE
La
fin de la conqu~te du Moronou, suivie de l'apai-
sement des esprits,
coIncide avec le lancement d'un vaste
programme de développement agricole dont le début,
en ce
qui concerne le Moronou,
remonte en 1912.
Produire davantage
pour
juguler les famines et disettes et doter la colonie d'un
budget substantiel, mais aussi pour
répondre aux besoins de
la Métropole en produits exotiques divers,
tel est le maître
mot de l'administration locale.
Cette mystique du progrès,
qui anlme les différents
gouverneurs qui se succèdent à la
tête de la
colonie, culmine
en 1931-33 avec l'avènement du gouverneur Reste qui imprime
un nouveau départ au développement agricole, au lendemain
de la crise de 1929. Administrateurs,
agents d'agriculture,
sociétés diverses à vocation économique,
écloses dans la
colonie,
s'emploient à éclairer cultivateurs et planteurs
et à leur
faire prendre conscience du bien-fondé de l'ex-
tension et du soin à apporter à leurs exploitations et au
conditionnement du produit,
dans la perspective d'une valo-
risation plus accrue des récoltes.
Une série d'instructions administratives échelonnées
entre 1908 et 1939 permet de se rendre compte des grandes
options arr~tées en matière de développement agricole.

Il faudr~it evoquer
toutes les formes d'incit~tions
administratives en faveur des cultures nouvelles,
les conseiJs
répétés Sur les f~çons culturales, les soins à donner aux
plantes,
afin de lutter efficacement contre les parasites
et améliorer toujours davantage le produit.
Pourtant de la
multiplicité des
thèmes soulevés par les circulaires,
quatre
se dégagent essentiellement
le développement des cultures
arbustives,
l'extension et l'intensification de la production,
le développement de l'usage du mat~riel agricole,
l'amélioratio
de certaines espèces cultivées et une meilleure présentation
du produit.
Enfin,
joignant la pratique à la théorie
pour
une action plus efficace,
l'administration procède à des dis-
tributions gratuites de semences sélectionnées,
concourt a
créer des pépinières et à participer concrètement Sur le
terrain,
par l'intermédiaire des agents de l'agriculture,
à
toutes les opérations exigées par les nouvelles cultures,
depuis le semis jusqu'à la phase finale de la
récolte,
en
passant par l'entretien nécessité pour le développement de la
plante.
1.
DU BON AMENAGEMENT DES PEUPLEMENTS SPONT2\\NES
AUX CULTURES ARBUSTIVES
(1911-30)
Le Moronou regorgeait avant l'implantation coloniale
d'immenses ressources naturelles
arbres a caoutchouc,
k o.l a t i.e r s et palmiers à huile croissaient abondanunent dans
l'immense forêt qui couvrait l'étendue de ce pays. Les

J,:' '7.
hab i tants qu i
en avaient 'soupçonné l ' .i.mpo r tance pour lé'::
commerce de traite extérieur
(l),
se livraient déjà à La
cueillette de ces produits,
bien avant la pénétration fran-
çaise. Mais le résultat de cette forme d'exploitation plut6t
"primitive" été.lit dérisoire.
Le p r erni e r
objectif de l'Adminis-
tration fut donc d'inciter les habitants à accroître leur
production,
afin de tirer le maximum de profit de ces peuple-
ments spontanés
(2).
(1) Les récolteurs de caoutchouc étrangers
Fanti, Ashanti
étaient déjà présents dans le Moronou et récoltaient
le caoutchouc. Les Agni,
aussi bien ceux de l'Indénié
que du Moronou,
semblent s'être mis à leur école,
à la
fin du 19ème siècle.
Il semble que la demande britannique
en caoutchouc se soit intensifiée,
après la victoire de
Fomena
(1874) sur 'les Ashanti.
Le pays asante davantage
ouvert à l'influence européenne,
essentiellement au commer-
ce de traite,
s'adonne à la production de caoutchouc,
à
grande échelle. D'où le rush des sujets de l'Asantehene
(Roi de l'Asante) dans les pays agni de l'Ouest,
riches
en caoutchouc,
et considérés comme des
pays satellites,
depuis la conquête de l'Aowin
(1715).
Les Morofl-lo tiraient aussi déjà parti des peuplements
naturels
de Kolatiers.
Les marchands dioula venaient
acheter
la
cola,
pour
la
revendre à l'extérieur.
(2) "Les Morofwo sont bien partagés au point de vue des ri-
chesses naturelles qui existent et qui ne sont pas ex-
ploitées aussi considérablement qu'il le faudrait
( ... )
"Les richesses de la forêt ne sont pas également suffi-
samment exploitées.
Dans les immenses parties de la
forêt
du district,
existent de nombreux peuplements de funtumias,
là encore l'indigène peut gagner de l'argent
( . . . )
"Les Kolatiers sont aussi nombreux dans la forêt ;
là encoJ:'
l'indigène pourrait obtenir un gain rémunérateur de son
tr avai 1. "
Cf ANCI 1 RR 9,
Sargenton, Rap.
économique d'ensemble
n > 280 du poste de Bongouanou. Bongouanou le 31
décembre
1912.
On note encore:
"la densité du funtumia est suffisante
dans la forêt et dans les cultures anciennes,
sinon pour
une exploitation immédiate intensive,
pour assurer un
repeuplement complet.
Il suffit d'engager les indigènes
à aménager
tous les funtumias qu'ils rencontrent.
Ce
Conseil leur a été donné et il y a commencement d'exécu-
tion Sur les bords de la route Bongouanou-Sahoua,
tous
les funtumias sont dégagés"
Cf ANCI
1 RR 39, Rapport d(=~
tournée dans le N'zi-Comoé de l'inspecteur de l'agricul-
ture, Bervas
Bi.nç:le:r.ville,
le 27
février
1911.

A.
La
recherche et l'am~nagementdes peuplements
naturels de col~tiers, d'arbres a caoutchouc
et de palmiRrs à huile -
1911
Diffuser des cultures nouvelles,
par un apprentissage
patient et m~thodique, ~tait sans aucun doute plus payant à
long terme. Mais dans l'imm~diat, il fallait parer au plus
pressé, maintenir et au besoin accroître la production,
en
am~liorant la technique traditionnelle d'exploitation des
produits arbustifs. Ainsi successivement le colatier, puis
l'arbre à caoutchouc
(1)
et enfin le palmier a huile feront
l'objet d 'iun e pr éocc upa t i on soutenue de la part de l'Administra-
tion.
1.
Le Cola tier
Les peuplements naturels de cet arbuste,
dont les
noix traditionnelles pris~es par les peuples soudanais, ali-
mentaient toujours le trafic commercial entre le Nord et le
Sud de l'Afrique,
furent activement recherch~es et am~nag~es,
afin d'en favoriser
l'extension.
D~barrass~s des lianes
parasites et de la
v~g~tation envahissante de leurs abords
imm~diats, ces peuplements revêtaient plutôt une allure
attrayante.
Nombreux dans toute la
forêt du Moronou,
les
Colatiers
naturels abondaient particulièrement chez les
Sa,vua,
les Amantian et les Es s a nd a n
Du commerce con.s~quent
é
,
auquel Sa
noix donnait lieu,
les habitants
tiraient un
(1) Il existe deux sortes de caoutchouc
la Lia ne a oaou t.c.ho..c
dite liane gohine,
la
plus répandue a
l
époque dans le
1
Moronou et l'arbre à caoutchouc.

cer lain p r o f i t
(1).
Mais la r~gion o~ furent d6couverts les peuple-
ments naturels les plus prometteurs,
est sans conteste le
Sahié.
Dans la proximité du villë1ge d'Andé,
deux peuplements
spontanés particulièrement productifs dont le premier,
riche de "280 jeunes colatiers cle trois ans au plus" et
le second "de 330 colatiers environ"
(2), firent les beaux
jours des habitants de ce village.
Outre le colatier, d'autres essences à vocation
commerciale dont l'arbre à caoutchouc avaient fait du
Moronou leur
terrain d'élection.
2.
L'arbre a caoutchouc
L'étendue et la densité de cette essence en avaient
fait une proie privilégiée à la fois pour les habitants et les
récolteurs étrangers attirés dans la région par un galn rému-
nérateur.
Il était cependant nécessaire, pour préserver l'ave-
nir,
d'êviter une exploitation par trop inconsidérée. Contre
l'abattage effréné de l'arbre à caoutchouc,
procédé jugé
plus facile et plus rapide dans l'extraction du latex,
ou
contre une saignée à outrance des funtumias,
l'administr~tion
s'éleva avec véhémence et donna les instructions nécessaires
aux moniteurs d'agriculture PoUY combattre ce procédé d'ex-
(1) ANCI
l
RR 9,
na }03, Rap.
économique et agricole du poste
de Bongouanou, pour le deuxième t r i.mers t r e
1912 - Bouq ou an ou ,
le 30 juin 1912
(2) ANCI
1 RR 97, Rap.
de tournée dans le N'zi-Comoé de l'Ins-
pecteur d'Agriculture,
Servas -
Bingerville le 22
juill eL
1911l .

ploitation qui ne voit qu~ le profit imm~diat (1). De sur-
croit les recommandations,
les conseils et les indications
de proc~d~s furent largement dispens~s aux habitants ju
Mor on ou ,
pour évi ter le "ma ssacre"
des essences latici fères
(2).
Apparemment de bons résultats sont obtenus,
à la
fin de 1912, au niveau du proc~dé d'incision de l'arbre
à caoutchouc. Au lieu d'être sacrifié,
désormais les funtu-
mias sont "saign~s raisonnablement" (3 ). Le péril étant éloi-
gné,
ils "ne se dessècheront plus et donneront chaque ann~e
du la tex"
(4),
notai t
le chef de poste de Bongouanou,
en
septembre 1912.
3.
Le palmier a huile
Répandu un peu partout dans le Moronou,
particu-
lièrement dans le Sawua,
l'Amantian et l'Ahal-j
(5),
au sol
sableux,
où il se présente par
endroits en peuplements
extrêmement denses,
le palmier à huile n'avait jamais fait
(1) ANCI
1 RR 97, Rap.de tournée de l'inspecteur d'agriculture
dans le district d'Adzopé et dans le Cercle du N'zi-Comoé
Bingerville le 22
février 1912
(2) Afin d'arrêter le saccage des arbres à caoutchouc, Bervas
l'inspecteur du service de l'agriculture,
après une tournée
en 1911, dans le Moronou,
~crit
"Les conseils de circons-
tance ont été donnés à ce sujet et le moniteur Tigori,
en service à Bongouanou, a d~jà obtenu un r~sultat appr~­
ciable. J'ai insisté,
au cours de ma tournée,
pour ~le
les funtumias soient am~nag~s et que leur exploitation
soit plus raisonnable".
Cf ANCl
1 RR 39, Rap de tourn~e
dans le Nzi-Como~ de l'inspecteur de l'agriculture, Bervas
Bingerville,
le 27 f~vrier 1911.
(3) ANCl
1 RR 9, Rap ~conomique et agricole n° 161 du poste de
Bongouanou pendant le troisième trimestre 1912.
(4) l b idem,
0 p .
ci t.
(5) Cf ANCT
1 RR 9"1,
n > 3 085 f\\ Rap.
de l'Administrateur du
N' zi-Como~ au Lieutenant-Gouverneur ~l Bingervillc-'>, a/s d o.:
renseign:?ments sur les produits n a t u r o j s Ii i mbok r o 1916,-'

l'objet d'un entretien 00 d'un am6nagement rationnels,
avant
que l'Administration n'incite le Morofwo à s'engager dans cette
voie.
Par ailleurs,
en dehors du vin de palme dont l'Agni
r a f r o La i t , celui-ci ne demandait rien d'autre au pa Lrn i or .
M~me l'huile de palme, cet ingr6dient n6cessaire à son ali-
mentation,
~tait essentiellement produite par les Aky~, le
peuple voisin du Sud à qui i l s'adressait pour Son ravitail-
lement
(1).
Grâce à l'~nergie et à l'activit~ d~ploy~es par
Sim~oni, chef de poste de Bongouanou, de 1914 à 1916, les
"jeunes palmeraies qui existent en grand nombre"
(2)
furent
am~nag~es. L'op~ration consistait à "abattre la brousse qui
entoure les palmiers et à nettoyer la tige"
(3).
La patience
dont
fit preuve Sim~oni fut r~compens~e. En effet des progrès
sensibles furent not~s dans la subdivision, acc616r6s par
la suppression du vin de palme et l'obligation d'alimenter
r6gulièrement le marché de palmistes de Dimbokro (4) .
.../ ...
(sans autre pr~cision). Voir aussi 1 RR 9, nO 75 du poste
de Bongouanou pour le 2e trimestre 1914 et nO 2 197 de
l'Administrateur du N'zi-Comoé à l'Inspecteur des Colonies,
L.
Mérat à Bingerville - D'i.rribokr o , le 25 d6cembre 1924.
( l ) ANCI
1 RR 9,
n v
75 Rap.
6conomique et agricole du poste
de Bongouanou,
pour le 2e trimestre 1914 -
Bongouanou,
le 30 juin 1914.
(2) ANCI,
1 RR 9,
nO 46 12 A du Lt-Gouverneur de CSte d'Ivoire
à l'Administrateur du Cercle du N'zi-Com06 ais mise en
valeur du district de Bongouanou -
Bingerville,
le 20
septembre lQ16.
(3) Ibidem,
op.
cit.
(4)
Ibidem,
op.
ci t .

B.
Les premières cultures arbustives
(1912-13)
Autant il était nécessaire,
pour soutenir la
production et au besoin l'accroître,
de protéger le peuple-
ment existant des essences naturelles,
autant i l était prudent d.
/
preparer l'avenir, en se livrant à une cul ture systématique de ces
plantes.
1.
Pépinières et premleres expériences de cultures
Des pépinières sont donc très rapidement pratiquées.
Celles du funtumia elastica sont réalisées,
dès 1911, dans
plusieurs villages. A cette époque,
on comptait entre autres
les pépinières de funtumia "d'AkikoraJ<akro et de M'baoucesso" (1:
celles de colatiers,
"mises en stratifications,
au poste
( ... ),
en de petits paniers fournis par les chefs de cases"
(2).
Tou-
tes les noix de cola, préalablement "triées et achetées" par
les soins du chef de poste sur le crédit accordé pour la
culture du
Kolatier"
(3),
et qUl auront germé,
sont distri-
buées aux chefS de cases,
dès les premières pluies"
(4).
A la suite des pépinières,
des plantations sont
réalisées ici et là,
suscitant d'immenses espoirs de la part
(1)
Lire plutôt Atil<ora Akakro - Les pépinières de ces
deux villages furent "mal établies sur un sol de
qualité
inférieure".
La
faute sera réparée,
lors de la tournée
de visite de l'inspecteur Bervas dans ces deux villages,
en février
1911.
Cf ANCI 1 RR 39, Rap.
de tournée dans
le N'zi-Comoé de l'inspecteur d'agriculture Bervas.
Bingerville,
le 27
février
1911.
(2)
ANCI 1 RR 9, Rap.
économique et agricole nO 95 du poste
de Bongouanou,
pour le troisième trimestre de l'année
1913 - Bongouanou,
le 30 septembre 1913
(3)
Ibidem,
op.
cit.
(4) Ibidem,
op.
cit.
. ...-

-.:
d~ l'Administration (1)
"La culture du funturnia
(~t du kolatier qu i
nécessite
moins de peine,
ne les repugne pas tant et a plus
de chance de réussir"
(2)
Effect.ivement à la
fin de l'année 1911, Sargenton,
le chef de poste de Bongouanou f a i s a i t
remarquer avec beaucoup
de satisfaction
:
"De n ombr eux vi lIages on t
en ce moment des semis
de ~oo à 300 kolas plantés près des villages en
des allées sous bois"
(3).
En mars 1912,
i l fera B nouveau savoir
1
"Durant le trimestre, plus de 4 000 noix de kolas
ont été semées en des allées sous bois,
aux vil-
lages d'Andé,
Elinzué,
Findimanou, Agoua, Brou-
Akpaoussou, Agbosso,
Diakadiokrou et Angamankrou.
Ces noix ont eu à souffrir de la
grande s~cheresse,
mais de nombreuses ont germé et les premières pluies
qui ont commencé faciliteront leur développement"(4)
Ainsi simultanément l'administration tenta-t-el1e
l'expérience des cultures du colatier et de l'arbre à caout-
choue avec le Morofwo.
Il est intéressant de suivre pas à pas
ce dernier
dans l'apprentissage des techniques p r opr e s à ces
deux cultures.
(1) L'administration notait encore que "ces àeux cultures
entreprises de façon rationnelle,
donneront de beaux
r ésul ta ts et cons ti tuer on t
une bonne source de r .i ch es s e"
Cf ANCI,
1 RR 9,
na 62
du 1er trimestre pour le poste de
Bongouanou -
Bongouanou,
le 31 mars 1912.
(2) ANeI
1 RR 9 na 276 Rap.
économique et agricole du poste
de BonJouanou - Bongouanou le 31 décembre 1911.
(3) Ibidem,
op.
cit.
(4) ANeT I RR 9, Rap.
na 62
du poste de Borlgouanou,
pou r
IR premier
trimestre 1912 - Bongouanou,
le 31 mars 1912.

2.
Technique de cuiture
En g~néral,
les plantations de cola tiers de caout-
choue: qUJ_ étaient co t t ec t i vos ,
se localisaient à pr ox.i mi r.é
du village,
"presque toujours sur les routes,pour plus de
surveillance"
(1).
Sur les
terrains choisis,
de bonne
nature,
argileux et profonds,
ombragés mais sans exc~s, des allées
d'un m~tre de largeur sont ouvertes à m~me la végétation,
espacées les unes des autres de dix m~tres enVlron. Sur
chacune des allées,
sont pratiqués des tr ous d'un m~tre de
profondeur, distants également les uns des autres de dix
m~tres. Ces trous, creusés en saison s~che, sont comblés,
apr~s les premi~res pluies, de terre meuble prise en sur-
face,
à laquelle sont mêlés feuilles mortes, cendre en
détritus divers,
pour servir d'engrais.
Il ne reste plus
alors qu'à mettre dans chaque trou,
le jeune plant de pépini~re,
"de telle façon que son sommet se trouve un peu en-dessous
du
niveau"
(7.).
Avec la
terre des environs,
on remplit
le trou,
"en tassant lég~rement et en laissant le niveau
en cuvette"
(3).
En juin 1912,
apr~s une visite des plantations
villageoises qui venaient d'~tre achevées,
et Sur lesquelles
(1) ANCI,
1 RR 9, Rap.
économique et agricole nO 103 du
poste de Bongouanou,
pour le deuxi~me trimestre 1912.
Bongouanou le 30 juin 1912.
(2) ANCI,
1 RR 97,
Ra p ,
de tournée dc:' l'inspecteur d'agri-
culture Bervas,
dans le district d'Adzopé et dans le
cercle du N'zi-Comoé -
Bingerville,
].e
22
février 1912.
(3)
I b .i c1 em .

,( ; t ;
, / . ' /
"il a été fait dix trous pen homme recensé"
(1),
l'impression
générale,
recueillie par Sargenton,
est ainsi
traduite :
"Les indigènes semblent s'intéresser à ces nouvelles
plantations et avoir compris qu'elles étaient
faites dans leur propre intérêt"
(2).
Bien que l'ins~ecteur d'agriculture Bervas ait
relevé sur les plantations quelques lacunes,
dans l'application
de ce nouveau procédé de culture imposé à l'Agni,
on peut
cependant retenir que progressivement assimilés,
les nouveaux
procédés culturaux finirent par
être définitivement adoptés.
Par la sui te le Morof"\\vo en sut tirer parti pour créer de
nouvelles parcelles et accroître dans des proportions remar-
quables ses plantations de caoutchouc et de colas.
Un regard
rétrospectif permet de mesurer l'étape parcourue,
entre 1913
considéré comme le sommet de l'effort consacré aux cultures
de caoutchouc et de la cola et l'année 1911 qui en est le
déj:mt
(3).
3. Le bilan
Du stade de la pépinière en 1911, suivi des t~tonne-
ments,
voire des échecs enregistrés,
au cours des premiers
(1) ANcr 1 RR 9, Rap.
économique et agricole n° 103 du poste
de Bongouanou,
op.
cit.
(2) ANCI
1 RR 9, Rap.
économique et agriCOle n° 103,
op.
cit.
(3) "les Morofoué,
depuis 1911,
ont entrepris des plantations
de kolatiers et y
ont ajouté en 1912 celles du funtumia
elastica
( . . . ) Ils tirent de beaux revenus de leurs kola-
tiers.
En ce moment ils font un peu de caoutchouc". Cf
ANCr 1 RH 9 n° 37 Note succin te sur la situation agricole
du poste de Bongouanou.
Bongouanou,
le 5 avril 1914.

mois de l'année (1),
l'on accède à des r6sultats plus probants,
durant la seconde moitié de l'année 1912
: 30 747 plants de
funtumias et 23 613 colatiers,
tel était déjà en septembre
1912,
le bilan de l'effort de culture (2).
Par ailleurs,
l'on relève que
"toutes ces plantations sont régulières,
faites
en des allées sous-bois. Les trous ont 1 mètre
de diamètre et 0,40 m de profondeur et sont
remplis de terre meuble prise à la surface"
(3).
,
Ces progrès notables sur les mois antérieurs méri-
taient d'être soulignés.
En 1913,
le bond accompli,
encore
plus impressionnant tant au niveau des méthodes culturales
que de l'extension prise par les différentes exploitations,
(1) En avril 1912, l'inspecteur Rei~hart observait à propos
du N' zi-Comoé : "Ces essences
(caoutchouc et kolatier),
malgré l'étendue et la densité de l'aire de dispersion,
sont à multiplier partout et i l est regrettable de cons-
tater que ces tentatives faites dans ce sens aient échoué"
Cf ANS 4 G 13 Mission d'inspection Reinhart en Côte d'IvoirE
a vr i l 1912.
En août de la même année,
l'Administrateur du N'zi-Comoé
portait, à la connaissance du gouverneur de la Côte d'IvoirE
que des plantations de funtumia du district de Bongouanou,
seules deux d' entr e elles,
"cell es des villages de
F'r oriob o.
et Boadikrou,
faites en terre rouge forte sont
en bon état et viennent bien".
Cf ANCI 1 EE 138, nO 524 Administrateur du N'zi-Comoé au
gouverneur de Côte-d'Ivoire, ais rapport de tournée -
Dimbokro, le 26 août 1912.
(2) ANCI 1 RR 9, nO 161 Rap.
économique et agricole du poste de
Bongouanou, pour le troisième trimestre 1912, Bongouanou,
le 30 septembre 1912.
(3) Ibidem.

]9'7.
ne pouvait passer inaperçu.
En effet la progression de la
culture du funtumia elastica culminait en 1913.
De 27 747,
en 1912,
le nombre de plants passait à 318 977 en 1913,
tandis que celui des cola tiers,
pendant la même période, se
hissait de 17 563 à 30 253.
Une répartition des différentes cultures par sous-
groupe ethnique permet de dresser le tableau suivant :
Sous-groupe
Funtumias
Kolatiers
Ahua
8 780
5 670
Alangwa
800
500
Amantian
3 170
4
350
Assié
3 146
3 997
Essandané
5 051
3 026
Ngatianou
6 800
3 500
Sawua
4 150
3 200
Sahié
6 010
TOTAL
31 897
30 253
Source
ANcr 1 RR 9, Rap. du 30
trimestre 1913.
L'absence du groupe Ahali
de ce tableau est frappant.
C'est la première remarque dont l'explication,
loin d'être
recherchée dans une dispense quelconque des travaux de déve-
loppement dont ce groupe aurait été bénéficiaire, est due
à un fait bien plus simple. L'effort de développement des
Ahali
dont. la majeure partie est rattachée jusqu'en 1914
à la subdivision voisine de Tiassalé, n'apparait nulle part
dans les rapports économiques du poste de Bongouanou qui

398.
regroupait tous les autres groupes agni du Moronou.
Par ail-
leurs, dans les rapports économiques de Tiassalé de la même
période,
la contribution des Ahali
a l'effort économique se
dilue dans les chiffres globaux relevés au niveau de cette
subdivision. Voil~ le seul motif pour lequel les Ahali
ne
sont point mentionnés dans ce tableau.
L'examen de celui-ci révèle d'autre part la diver-
sité des situations régionales.
En effet la contribution
au développement des cultures arbustives des Essandané,
Ngatiafwo et Assié,
regroupés au Centre du Moronou,
est de
loin la plus importante en 1913,
avec 14 997 pieds de fun-
tumias
(47 %) et 10 523 plants de kolatiers
(34,78 %).
vient ensuite, dans l'ordre d'importance de l'effort accompli
pour la promotion des cultures,
la zone orientale habitée
par les Ahua et les Sahié. Celle-ci totalise 8 780 funtumias
(27,52 %) contre Il 680 kolatiers,
soit 38,60 % de la
totalité
des kolatiers plantés dans tout le Moronou.
Fermant la liste,
la région occidentale comprenant les groupes Alangwa, aman-
tian et Sawua,
offre 8 120 pousses èe funtumia
(25,45 %) contre
8 050 kolatiers
(26,60 %).
Une conversion e~ superficie des plants d'arbustes
étant possible (1), une analyse plus détaillée permettrait
d'obtenir le classement des individualités régionales,
selon
(1) Selon les normes de cultures imposées par le Service de
l'Agriculture et qui furent dans l'ensemble bien suivies,
chaque plant d'arbuste (kolatier ou arbre ~ caoutchouc)
était distant du voisin de 10 m.
Une surface de 100 m2 ou
dam2
(0,01
ha)
regroupait donc 4 plants. Sur cette base,
i l est possible de calculer la superficie occupée par
chaque groupe d'arbustes.

)99.
leur participation effective au progrès des cultures arbus-
tives
(voir tableau infra).
Selon l'ordre d'importance des
superficies cultiv~es, se situerait en t~te de liste l'Ahua,
avec une superficie totale confondue de
30,12
ha, plant~e
de kolatiers et d'arbres à caoutchouc.
Puis viendraient le
Ngatianou (2S,7.5ha),
l'Essandan~ (20,1~
ha),
l'Amantian
( 18,85 ha),
le S a wu a
(
18 ,37.
ha),
l ' Ass i~
ha)
leS ah i ~ (
1 5 , 0 2
ha) et enfin l'Alangwa -( 3,25 ha).
Etat des cultures arbustives en 1913
Sous-groupes
Nbre de plants
Nb de plants
Total arbus-
Superfi-
funtumias
kolatiers
tes cul tivés
cieen ha
Région
Ahua
8 780
5 670
14 450
3b,12
Es t
Sahié
-
6 010
6 010
15,02
Région
Essandané
5 051
3 026
8 077
20, 1 ~
Centre
As s i é
3 146
3 997
7 143
1 7 ,85
Ngatianou
6 800
3 500
10 300
25,75
Région
Sawua
4 ISO
3 200
7 350
1 8, :Sï
Oues t
Amantian
3 170
4 370
7 540
18 ,85
Alangwa
800
500
1 300
3,25
" - - - -
Total
Moronou
31 897
30 253
62 150
155,42

zoo.
C. La culture du cacao 01915)
A peine avaient-ils adopté ces premières cultures
arbustives et commençaient-ils à s'habituer aux techniques de
culture,
exigées par chacune d'elles que survient, en 1913,
la
crise du caoutchouc, dont les effets furent particulièrement né-
fastes pour le commerce local
(1). Si,
au niveau des cultures,
elle eut pour conséquence de susciter l'apparition de nouvelles
,
plantes de substitution, elle ne fut pas moins pour autant dé-
sastreuse pour la poursuite de l'expérience,
en matière de
culture de caoutchouc. Celle-ci, compromise par le mouvement de
baisse irréversible qui affecta le prix de ce produit, devait
être abandonnée. Quant à la culture du colatier,
après s'être
maintenue quelque temps, elle s'essouffla à son,tour.
Or, peu après en 1915,
au moment où l'Administration,
pour compenser l'abandon du caoutchouc,
frappé par la mévente,
tentait d'imposer le coton, culture impopulaire qui n'eut ja-
mais de succès dans le Moronou,
"dans quelques villages( ... ),
divers individus"
(2),
tentaient de leur propre chef des plan-
tations de cacaoyers (3). Ces initiatives,
bien qu'encore timi-
des,
étaient le signe que la culture de cette plante, déjà con-
nue chez les voisins immédiats de l'Indénié et de Tiassalé,
rencontrerait les meilleures dispositions auprès des Morofwo.
(1) La crise entraine entre autres la fermeture,
à Dimbokro,
de deux factoreries et la suspension des achats de caout~
chouc, cf ANCI 1 RR 39, Rap.
économique et agricole du poste
de Dimbokro,
pour le deuxième trimestre 1913.
(2) Abongoa,
arrdh,
Kotobi et Diakadiokrou cf ANCI 1 RR 97,
nO 4 612 AA du Lieutenant-Gouverneur à l'Administrateur du
N'zi-Comoé,
ais mise en valeur agricole - Bin,gerville le
23 septembre 1915.
(3) Ibidem,
op.
cit.

Le premler responsable
de la Colonie recommanda donc,
à
l'Administrateur du N'zi-Comoé, de "suivre attentivement"
ces entreprises et de "les encourager par tous les moyens
possibles"
(1~ Afin de soutenir plus concrètement ces bonnes
dispositions,
l'Administration procède à la répartition, dans
quelques villages, de cabosses de cacao dont les graines sont
semées immédiatement en pépinières. Celles-ci permettent ainsi
de diffuser plus largement la cacao dans le Moronou. A cet
effet est crée·au chef-lieu à Dimbokro "une petite planta-
tion indicative" (2). Une autre,
implantée peu après à
Bongouanou,
eut pour vocation d'être la "plantation modèle".
En 1916, l'Administration décide d'entreprendre
sur une vaste échelle la culture du cacao dans le district
de Bongouanou (3). Afin de guider les habitants dans la
culture de cette plante somme toute nouvelle pour les Morofwo,
l'Administration désigne, comme moniteur d'Agriculture,
,.
Brou Coffi C'Angbanou qui "aurait déjà pratique, en tant
qu'ouvrier,
la culture du cacaoyer, à Tiassalé et y aurait
assisté aux enseignements pratiques qui y furent donnés en
1914-1915 par monsieur l'agent d'agriculture/Dellas" (4).
(1) Ibidem,
op. cit.
(2) ANCI,
1 RR 97, na
4 612 AA, op. cit.
(3) ANCI,
1 RR 9 , na 11 du Chef de poste de Bongouanou
à l'Administrateur du Cercle du N'zi-Comoé à Dimbokro,
ais de la désignation d'un moniteur de cacao -
Bongouanou, le 27 février 1916.
(4) Ibidem,
op. cit.
\\

Par ailleurs, plusieurs dizaines de Morofwo, con-
duits par le chef de poste de Bongouanou,
se rendent à la fin
d'août 1916 a Abengourou, où If ils visi teront les plantations de cacao
et achèteront sur place les 3500 cabosses nécessaires" (l)à l' exten-
sion de cette culture dans le Moronou. En 1917, un premier bilan de la
cul ture cacaoyère est établi pour une partie du Moronou, les cantons
Amantian, Ah a ln ", Alangwa et Salrua qui,
depuis 1915, relèvent
de la subdivision centrale de Dimbokro
25 162 plants de
cacaoyers sont en 1917 comptés à l'actif de la région occi-
dentale du Moronou (2). Sur la base de 625 plants de cacaoyers
à l'hectare en moyenne, nous obtenons, à la date de 1917, une
surface d'environ 50 hectares de cacaoyers pour les quatre
cantons mentionnés plus haut (3).
Bien que les chiffres manquent pour se faire une
idée précise de l'extension de cette culture dans le reste
du Moronou, on peut néanmoins tenir pour certain que les
résultats les plus brillants de la culture cacaoyère, enre-
gistrés à cette époque,
se rencontraient dans la circonscrip-
tion de Bongouanou (4).
L'Administrateur du N'zi-Comoé,
(1) ANCI 1 RR 9, Tél.
officiel, Anoumaba,18 août 1916, de
l'Administrateur du N'zi-Comoé au Gouverneur à Bingerville.
(2) Les 25 162 plants de cacao en pépinières se répartissent
comme suit, selon les quatre cantons: Alangwa (7 villages):
2 467 plants; Amantian (Il villages)
: 22 545 plants j
Ahaly (21 villages)
: 6 613 plants; 5awua (5 villages)
3 637 plants. Cf ANCI 1 RR 39, Tableau indiquant le nombre
de plants de cacao en pépinières pour le N' zi-Comoé
1917.
(3) D'après l'estimation approximative des surfaces réparties
selon les cantons, nous obtenons,: Alangwa : 4,5 ha j
Amantian
: 23,25 ha
j
Ahali
: 16,25 ha ; Salrua
: 5,75 ha -
Cf ANCI 1 RR 39,
op. cit.
(4) ANCI 1 QQ 98, Esquisse de la situation politique et éco-
nomique du N'zi-Comoé par l'Administrateur Le Campion
Dimbokro,
le 23
avril 1921.

Le Ca~pion, écrivait en effet en 1921
"L'Administration depuis huit ans surtout,
a
déployé un gros effort pour répandre la culture
du cacao dans le Cercle ( ... ). Les Agni de Bongouanou
qui ont gardé des liens de parenté suivis et étroits
avec les Agni de la Gold-Coast,
frappés du dévelop-
pement pris par la culture de cette exploitation,
furent saisis d'un véritable engouement et créèrent
de nombreuse~cacaoyères" (1)
D'autre part, de l'avis même de l'Administration,
si le cacaoyer pouvait être considéré en 1921 comme une
culture "désormais lancée" dans la circonscription de
Bongouanou (2),
il ~tait loin de connaître le même degré
d'essor dans la partie occidentale du Moronou,
rattachée
à la subdivision de Dimbokro.
Ici le mouvement fut plus lent.
Une culture de ce produit "sur grande échelle" (3) ne s'esquissa
qu'à partir de novembre 1921. Néanmoins les cacaoyères, dans
cette zone,
se multiplièrent à un rythme accéléré,
l'exemple
des habitants de la subdivision de Bongouanou et l'influence
de certains planteurs pilotes exerçant un effet contagieux
dans cette région du Moronou (4).
(1) ANCI 1 QQ 98, Esquisse de la situation politique et éco-
nomique du N'zi-Comoé par l'Administration, Le Campion -
Dimbokro le 23/04/21.
(2) Ibidem,
op. cit.
(3) ANCI,
1 RR 39, Tél.
n> 1 288 de l'Administrateur Le Campion,
Commandant le N'zi-Comoé au Gouverneur à Bingerville,
ais des cultures et des soins à leur donner ~ Dimbokro
lE: 4/11/1922.
(4) ANCI l RR 39, Rap.
sur la situation agricole et zoo-
technique du N'zi-Comoé,
2e trimestre 1923.

/,.o/~ •
Dans le rapport du troisième trimestre 1923, l'ad-
ministrateur du N'zi-Como~ souligne au niveau de son Cercle
"l'engouement pour le cacao" et l'existence de "cacaoyères
nouvelles dans teus les villages" (1). Mieux,
il annonce
que "le tonnage de la petite r~colte qui vient de finir,
atteint 51
tonnes"
(2).
A la fin de l'ann~e 1923, il note
,
a nouveau
:
"L'essor de la culture du cacaoyer dans le cercle
est continu et l'exemple des Agni de la subdivi-
sion de Bongouanou a fait tache d'huile un peu
partout ( ... )
Les terrains d'~lection du cacaoyer sont à n'en
pas douter les subdivisions de Bongouanou, Ouellé
et toutes les portions de la subdivision de Dimbokro
qui s'allonge à l'Est et à l'Ouest de la voie
ferr~e, entre
Anoumaba et T i~m~lékro" (3).
Bref, l'année 1924 peut être retenue Comme celle
de la fin de l'initiation des Morohro à la culture cacaoyère.
D~sormais intégré à la gamme des cultures connues et appré-
ci~es, le cacao y connait un développement remarquable.
Le passage ci-après,
emprunté à l'inspecteur Mérat,
en mission
dans le N'zi-Comoé en 1924,
est fort significatif à ce point
de vue
:
"Le cacao est la culture reine du Cercle et l'essor
qu'il a pris est tout à fait remarquable. Son terrain
d'élection est sans conteste la subdivision de
(1) Ibidem, Rap.
sur la situation agricole et zootechnique
3e trimestre 1923.
(2) Ibidem,
op.
cit.
(3) ANCI,
1 RR 39, Rap.
sur la situation agricole et zootech-
nique du N'zi-Comoé, 4e trimestre 1923.

Bongouanou et plus particuli~remenL le pays des
Ahuamou (Abongoua, Arrah,
Zanfouénou, Ko t ob i.c-Akpa ou s s o:
où cette culture progresse d'année en année;
mais
elle fait
tache et des plantations se sont créées
et se multiplient chez les Ahris,
les Amantian,
les
Sahoua
(tous de race agni comme leurs fr~res
-,
de Bongoua riou ) ,
dans la reglon comprise a l'Est
-,
et a l'Ouest de la voie ferrée,
entre les stations
de Tiémélékro et Anoumaba.
Par ailleurs la bonne con-
-tagion a gagné les Ouellé
( . . . ) et jusqu'aux Baoulé
de Toumodi
( . . . )
Il Y a là une évolution d'autant plus à retenir
qu'elle est l'oeuvre d'initiatives spontanées,
sans
qu'il y ait eu la moindre pression administrative
et qu'en ce qui concerne les Agni de Bongouanou elle
se traduit par le retour de nombreux indigènes qui
avaient émigré à la Gold-Coast"
(1).
Le cacao adopté,
i l ne restait plus qu'à former
le Morofwo à la taille,
à l'entretien des cacaoyères,
à la
fermentation du produit,
bref à
"maintenir le bon renom du cacao de la région,
en
veillant à la parfaite préparation du produit"
(2).
D.
La
culture du café
(1926-30)
Répandu dans la
forêt du Moronou en peuplanents
sauvages,
le caféier n'y avait
jamais été cultivé
avant
(1) ANCI 1 QQ 104,
n° 2197 de l'Administrateur de D'i.mbok r o à
l'inspecteur des Colonies,
chef de mission, MERAT -
Dimboklo
le 25/12/1924
(2) ANcr 1 QQ 98, ESquisse sur la situation politique et éco-
nomique du N'zi-Comoé par l'Administrateur Le Campion.
Dimbokro,
le 23/04/1921.

1926
(1),
ou il fait l'objet de recommandation de la part de
l'administràtion auprès des habitants,
sous les variétés
LIBERIA et INDENIE,
reconnues comme étant plus résistantes
au scolyte (2).
Quelque quatre ans plus tard,
en 1930, après
les premières expériences de cultures et l'aménagement de
99 peuplements na tur o i s , le ca fé.Ler.
connut "une extension
fort intéressante" tant dans la subdivision de Bongouanou
que
dans celle de Dimbokro qui englobait la partie·occiden-
tale du Moronou (3).
Il semble que les recommandations
d'Auguste Chevalier, de passage dans la colonie ivoirienne,
en 1930, ~ la t~te d'une mission agronomique (4), ne fut pas
étrangère à l'intégration du caféier au programme des cultures
(1) L'Administrateur du N'zi-Comoé écrivait en 1924 à propos
du caféier:
"Nous n'en sommes encore qu'~ la période des
essais, mais il y a tout lieu de penser que la culture du
caféier Se développera parallèlement à celle du cacaoyer
chez les Agni de la subdivision de Bongouanou et des
cantons Sud de la subdivision de Dimbokro (00.) Il m'est
revenu que des pépinières avaient été aménagées cette
année par les chefs d'Arrah, Abongoua et que de son côté
l'interprète principal Bilé, qui possède ~ Tiémélekro
une plantation de cacaoyers de fort belle venue s'était
mis aussi à la culture du caféier"
Cf ANCI 1 QQ 104, n o'2 197 de l'Administrateur du N'zi-
comoé à Mr l'inspecteur L. Mérat à Bingerville -
Dimbokro,
le 25/12/24
(2) ANCI 1 Ql VI-4-193
(3 384), Rapport Sur la mise à exécu-
tion du plan quinquennal, 1932
(3) ANCI 1 RR 39, Rap.
sur la situation agricole et zootech-
nique du N'zi-Comoé,
2e trimestre 1930
(4) ANCI 1 Rll
XI-39-405
(882), Rapport de mission
d'A.
Chevalier au gouverneur général à Dakar,
ais Culture du caféier, 19300

ivoiriennes et a son intensification toute particulière dans
le N'zi-Como~, reconnu parmi d'autres comme l'une des zones
de choix pour cette culture
(1).
Par ailleurs "l'active propagande"
faite en sa
faveur par le gouvernement local
(2)
et surtout le prlx
r~mun~rateur, sup~rieur à celui du cacao, offert à ce produit
par le commerce,
au cours des campagnes 1930 et 1931
(3),
contribuèrent de façon positive à l'expansion de sa culture.
En effet,
en 1930,
les Agni du Moronou plantent
"environ 200 000 pieds de caf~iers" (4). En 1933, 1076 000
semences de caf~iers sont distribu~es dans tout le cercle
du N'zi-Como~ (5). La même ann~e, il est d~nombr~ pour l'en-
sèmble du cercle un total de 21
588 600 plants de caf~iers dont
1 714 200 pour la seule subdivision de Bongouanou et 4 481 500
pour la subdivision de Dimbokr 0 (6).
Ce même rapport,
c ons a cr é
(1) "Cette zone est
( . . . ) couverte de forêt dense et possède
un r~gime de pluie abondant;
elle se distingue
( ... ) par
la fertilit~ et la nature argileuse de son sol; c'est la
r~gion des terres à couleurs fonc~es dont les téintes
varient du jaune au rouge.
C'est incontestablement;
de
toute la Côte-d'Ivoire,
la zone la plus fertile".
Cf M.
Laplace
(ing~nieur agricole et d'agronomie colo-
niale), à propos du d~veloppement de la culture du caf~ier
à la Côte d'Iveire, in l'Agronomie Coloniale, mars 1931,
nO 159, extrait conserve aux Archives de la Chambre de
Commerce d'Abidjan,
Sous la côte 9.1
(culture et produc-
tion) .
(2) M. Laplace,op.
cit.
Voir aussi Arch.
de la Chambre de
Commerce d'Abidian
(ACCA) 9.1
Extraits du Congrès des
cafes et thés des colonies française,
organis~ par
l'institut colonial de Marseille les 22
et 23
septembre
1936,
s~ance du mardi 22 sept. 1936.
(3) ANS 2 G 30-44 Rap.
annuel du Service de l'Agriculture de
Côte-d'Ivoire 1930.
(4) ANCI 1 RR 39 Rap.
sur la situation agricole et zootechnique
du N'zi-Com06, 4e trimestre 1930.
(5) ANCI 1 R 12
- VI-20-212
(5 300),
ais semences de caf6iers
envoyés dans le N'zi-Como6,
1933
(6) Ibidem,
op.
cit.

40::; .
~ la r~partition des cultures, permet de suivre annee par
ann~e la progression des superficies cultiv~es en caf~iers
Superficies des plantations de caf~iers en hectares - 1933
Subdivisions
Total des
1 an
2 ans
3 ans
4 ans 5 ans
superficies
et
plus
Subdivision
166
30
39
52
37
8
de Dimbokro
Subdivision de
280
97
58
48
47
30
Bongouanou
Subdivisions de
-Bocanda
-Toumodi
341
138
75
66
50
12
-Ouell~
Total Cercle
N' zi-Como~
787
265
172
166
134
50
Source
ANCI
1 R 12-VI-20 - 212
(5 300)
A
Ce tableau est int~ressant ~ plus d'un titre, meme
s ' i l n'apaise pas toutes nos pr~occupations. Il permet avant
tout de prendre la mesure du bond accompli par la culture du
caf~, en l'espace de cinq ans (1928-1933), tant au niveau de
l'ensemble du N'zi-Como~ que de chacune des subdivisions qUl
composent ce Cercle.
Il est particulièrement int~ressant de
connaitre quel pourcentage de superficies cultiv~es repr~sente
le caf~ au niveau de Bongouanou,
la subdivision principale
au Moronou.
Mais comment d~terminer la somme d'~tendues
cultiv~es qui revient ~ la totalit~ du Moronou, dans la
mesure o~ rien ne permet de distinguer la part qui revient
aux cantons agni,
au niveau de la
subdivision de Dimbokro ?

Aussi sommes nous obliçJés de nous en tenir aux surfaces inch-
quées pour la subdivision de Bongouanou et de nous dire qu'un
pourcentage relativement
important des surfaces portées à l'acti
de Dimbokro revient au Moronou.
Bre0 quoiqu'il en soit,
le caféier
occupe,
en 1934,
"une place de premier plan dans l'économie de la colonie"
Cl)
Une année plus tard en 1935,
le rapport économique
du Cercle de Dimbokro relève à propos du caféier
"Il n'est plus nécessaire à présent de faire une
propagande quelconque à ce sujet, tant les indigènes
ont compris tout l'intér~t qui s'attache à cette
cu 1 t ure"
(2).
La
culture du café était désormais solidement implan-
tée dans le cercle, y compris les cantons agni du Moronou,
administrativement rattachés à Dimbokro.
II.
EXTENSION ET INTENSIFICATION DES CULTURES
(1931-1939 )
"
La circulaire du gouverneur Reste,
en date du
4 avril 1931, concernant l'intensification de la production
agricole et pastorale en C8te Ld'Ivoire,
complétée de celle
du 28 de ce m~me mois de l'année 1931 Sur l'éducation sociale,
(l) ANS 2 G 34 - 50,
aperçu Sur
l'année agricole en Côte-d' Lvoir c
1934
(2) ANCl 1 Q 2 -
IV -
15 -
120
(3
743),
Rapport économique de
D'i mbok r o , 1er semestre.:: de 1935.

fiscale,
sanitaire,
commerciale et agricole,
auxquelles i l
faut ajouter maintes autres instructions dont les recomman-
dations de la Conf6rence 6conomigue de la France métropoli-
taine et d'Outre-Mer
(1),
permettent de dégager
les grandes
orientations de l'agriculture ivoirienne dans son ensemble,
au cours de la période de l'entre-deux guerres.
La crise de
1929,
autant que l'impérieux devoir
"d'apporter a la Métropole
les matières premières de plus en plus abondantes et les den-
rées de consommation (cacao,
café,
banane etc . . . ) dont elle
a besoin"
(2),
mais aussi la nécessité de ntexporter "que
des produits d'excellente qualité et d'une présentation
parfaite"
(3),
conduisent l'administration coloniale à se
préoccuper de l'extension et de l'intensification des cultures
de la colonie.
Dans ce domaine,
on s'efforce d'atteindre
(1) Celle-ci a lieu en décembre 1934 à avril 1935. L'un des
objectifs fondamentaux de cette Conférence était de
"tracer, au vu des besoins et des ressources,
des urgences
de l'heure et des possibilités de l'avenir,
un plan
d'économie impériale destiné à coordonner et à développer
les économies particulières de toutes les parties qui com-
posent le domaine de la Grande France".
Cf Conférence
économique de la France métropolitaine et d'Outre-mer,
déc.
1934 - avril 1935. Rapports généraux et conclusions
d'ensembie - Paris,
1935
2tomes
396 p.
et 444 p.
(tome l,
p.
3). Les conclusions générales stipulaient
entre autres de rétablir l'équilibre de l'économie fran-
çaise par l'accroissement des échanges franco-coloniaux,
en permettant aux colonies d'être à même "de produire.
les matières premières qui manquent à la métropole et
dont l'achat à l'étranger grève si lourdement sa balance
commerciale".
Cf Ibidem t., 2, p.
222.
On peut aussi valablement se reporter à ANSOM, Affaires
politiques,
Carton 854 : Conférence économique de la
France d'Outre-mer.
(2) Circulaire du Gouverneur des Colonies Reste sur l'inten-
sification de la production agricole et pastorale en
Côte-d'Ivoire - Bingerville,
le 4 avril 1931,
in JOCI
1931 pp.
224 - 243
(p.
225).
(3) Allocution du gouverneur Reste,
en réponse à celle du
président de la Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire,
~ l'occasion de la réception organisée à l'arrivée du
gouverneur Reste en Côte d t Lv cir e ,
in Bull.
de la Charnbr o
de Commerce de la Côte d'Ivoire ...
p.
996.
-

.J,li.
un triple objectif:
accroitre et am~liorer le produit
d'exportation industriel,
intensifier "les cultures vivrières
dont l'importante est capitale pour l'alimentation des po-
pulations indig~nes"
(1)
et enfin d~velopper l'usage du
matériel agricole.
A.
Accroître et am~liorer les cultures d'exportation
De la gamme des produits d'exportation dont l'ex-
tension fut pr~vue dans la zone sylvestre à laquelle appar-
tenait le Moronou,
deux cultures
le cacao et le café y
connaîtront un eSSor effectif.
Cultures essentielles cons-
tituant encore aujourd'hui la renommée du Moronou,
elles
méritent qu'on s'y arrête.
Certes,
la crise de 1929 qUl
fut un phénom~ne
universel,
affectant particul{~rement le march~ des mati~res
premi~res, exigeait que la production de ces denrées fût
accrue,
afin de compenser quelque peu la perte que faisait
subir aux producteurs la baisse de leurs prlx. Mais ce qui
justifie ~minemment l'incitation administrative à la produc-
tian, c'est l'urgente n~cessit~ de prévenir les besoins
de la Métropole en mati~res premi~res (2).
Pour y parvenir,
(1) Circulaire du gouveroeur des Colonies Reste,
en date du
4 avril 1931 op.
cit.
(2) Voici quelques citations de l'exposé des motifs expliquant
l'incitation à la production
"les nécessit~s de l'heure pr~sente nous font un imperleux
devoir d'augmenter la production dans toute la mesure du
possible ( ... ) La crise que traverse le monde entier et
qui a affect.é si durement le rnar oh é
des ma t i e r e s premiè.res,
a ouvert bien des yeux
( ... ) Notre devoir est d'apporter
2i la Métropole des ma t i.è r cs premières de plus en plus
abondantes et les denrées de consommatJon
(café,
cacao,
JXH1an(~S, etc) dont elle a bos o i n:: . Cf Circulaire du
/

~.12 •
l'on se fixe un tripJ.e objectif:
étendre les plantations,
leur donner
les soins nécessai.res et améliorer la qualité
du produi t.
1.
Etendre les plantations
En premier lieu il convenai t
de souligner, tout
en révèlant aux producteurs ivoiriens de café et de cacao
l'importance des débouchés qui ne demandaient qu'~ ~tre
conquis,
~ la fois dans la Métropole et auprès des autres
clients du monde occidental,l'avenir prometteur de ceS deux
productions
(1). Contre certains esprits chagrins qui dans
la
colonie propageaient entre autres que la consommation
mondiale du cacao avait atteint son maximum (2),
le gouverneur
... / ...
Gouverneur des Colonies Reste,
du 4 avril 1931, sur l'ini-
tensification de la production agricole et pastorale,
Op.
ci t.
La France importait en 1931, annuellement pour Sa consom-
mation 170 000 ~ 180 000 tonnes de café. Les colonies ne
lui en fournissaient,
~ la m~me date que 5 ~ 6 000 tonnes.
De m~me la Métropole consommait, en 1931, 40 000 t.
de
cacao et les colonies ne lui en fournissaient au total
que 33 000 tonnes environ.
Cf Circulaire Reste du 4 avril
op.
cit.
p.
232 et 234.
On comprend peut-~tre mieux la mo-
bilisation pour la production de ces denrées.
Cl) L'industrie chocolatière qui connaissait
l'époque un
à
développement considérable -
elle avait quintuplé,
en
l'espace de 29 ans
(1.900-1929)-était le faitdeplusieurspay~
dont les Etats-Unis,
l'Allemagne,
l'Angleterre,
la France,
la Suisse et l'Espagne . . .
(2) Puthod,
le secrétaire général de la Chambre de Commerce
d'Abidjan,
écrivant au président de cet organisme,
en
février 1931,
relevait:
" . . . i l est un fait incontesta-
ble qu'il y a aujourd'hui surproduction de cacao.
Cette
surproduction amènera les acheteurs d'Europe et d'Amérique
~tre plus exigeants sur la quali té". Abidjan, le 25
à
février
1931
BMCCCI ...
p.
1025.

rétorquai t.,
preuves a l'appui,
que la consommation mondiale
de ceS deux ·produits avait été,
depuis trente ans,
en aug-
mentation constante.
D'autre part,
i l soulignait à leur
intention les différentes mesures douanières et autres tendant
à favoriser l'exportation de ces deux denrées en direction
de la France (1).
Augmenter les superficies cultivées du café et du
cacao,
dans les limites de la colonie,
le gouverneur Reste
en avait fait pratiquement un point d'honneur
"Mes prédécesseurs,
en créant les cacaoyères,
ont doté la colonie d'un capital énorme dont nous
Sommes les dépositaires. Non seulement nous devons
les conserver intactes,
c'est un devoir impérieux
pour nous, mais encore nous devons l'accroître"
(2).
La réalisation de cet objectif supposait deux
grandes orientations
: étendre les plantations déjà existantes,
mais aussi Se préoccuper d'en créer de nouvelles,
en se
rappelant que les premières plantations de la colonie
re-
montent
à 1908 et que la production cacaoyère décline au
bout de trente cinq ans environ
(3).
(l)
Les cafés coloniaux bénéficiaient d'une forte détaxe doua-
nière de l'ordre de 100 %. De plus,
une prime spéciale
fut attribuée aux planteurs de caféiers au prorata du
café exporté.
(2) Circulaire Reste du 4 avril 1931,
op.
c i t , JOCl p.
234
(2e colonne)
(3) Ibidem,
op.
Cl~. p. 235 (l~re colonne).

2.
Soigner les plantations
Mais il ne suffisait pas de creer des plantations
et de leur donner des superficies considérables.
Encore
fallait-il veiller à ce qu'elles soient bjen entretenues.
L'administration antérieure ne fut pas,
semble-t-il,
suffi-
samment vigilante sur cet aspect de la question,
au point
que l'état des plantations laissait plutôt à désirer,
au
moment où le gouverneur Reste prenait la succession à la tête
de la Colonie.
"J'ai constaté,
au CGurs de mes tournées que bien
des cacaoyères étaient envahies par la brousse.
Quelques unes n'avaient pas été débroussaillées
depuis plusieurs années"
(1)
Puhhod,
à la même date,
faisait les mêmes constata-
tions
"les indigènes,
pour
la plupart, ne soignent pas
assez leurs plantations en rapport qu t i Ls débrous-
sent incomplètement ou pas du tout,
négligeant
de tailler les arbres,
de détruire les chenilles
et autres parasites et se désintéressent des
maladies possibles"
(2).
Aussi allocutions, mémoires et circulaires accor-
dent-elles une place importante aux soins à donner aux plan-
tations.
L'administration engage de façon continue les plan-
teurs à tailler les arbres,
à les débarrasser de toutes les
branches mortes et des rejets gourmands qUl empêchent la
(1) Circulaire Reste du 4 avril 1931,
op.
cit.
p.
234
(2e
colonne) .
(2) Puthod,
Lettre au Présid<:?nt de .La Chambre de Commerce é:î
Abidjan, Abidjan le 25 février
1931, BMCCCI p.
1025.

/~1~:.
fructification.
Elle les invite aussi constamment à lutter
contre les diverses maladies des plantes.
Mais selon qu'il
s'agit du caf~ier ou du cacaoyer, l'administration toujours
soucieuse d'obtenir les meilleurs r~sultats, dispense les
conseils les plus appropri~s. C'est ainsi par exemple que
l'am~nagement d'une plantation de caf~iers exigera la
pr~sence
"d'arbres entiers à
feuillage plus ou moins
l~ger, qui constitueront l'ombrage n~cessaire
à la
future ca f~ière" (1).
Enfin i l est indis-
pensable -toujours à propos de l'entretien des
caf~iers- de combattre avec t~nacit~ le redouta-
ble scolyte,
en d~truisant autant que possible
aussi bien les fruits atteints sur pied que ceux
t.ombé s à terre"
(2).
3. Am~liorer le produit
L'un des objectifs essentiels ~tant la valeur
marchande du produit,
on ne pouvait manquer d'apporter un
soin tout particulier à sa bonne pr~paration. La politique
diffère ici selon la natu~e du produit.
En ce qUl concerne le caf~, un problème de choix
se posa,
au d~part, entre les diff~rentes espèces, cultiv~es
dans la colonie.
Fallait-il donner
la
pr~f~rence à l'une
d'elles? Ou au contraire devait-on les cultiver toutes?
Il convenait de rechercher et de recommander les vari~t~s
(1) Circulaire Reste du LJ avril 1931, op.
c i t ,
p.
232
( 2e
colonne)
(2 ) Ibidem,
op. c i t,
p.
233
(2e colonne)

les mleux adapt~es aux conditions locales, celles qUl assurent
le plus de profit,
tant sur le plan du rendement que Sur celui
de la qualit~. Ainsi à l'arabica qui donnnait le
meilleur
café mais dont le rendement était faible,
en raison de la
mauvaise qualité du sol,
furent préférés le robusta et l'excelsc
qui donnaient "d'excellents résultats" presque partout (l).
Mais le liberia et l'indénié furent parmi les espèces qui
jouirent,
à cette période,de la plus grande vogue dans le
Moronou,
compte tenu "des conditions éminemment favorables" (2)
qu'ilS y
trouvèrent
et surtout en raison du "rendement
considérable" que l'on pouvait
obtenir de ces dernières
espèces
(3).
La préoccupation commerciale,
on le voit,
y est
manifeste.
On opta en attendant pour le liberia et l'indénié,
dans la mesure où le producteur pouvait vendre davantage
avec l'espoir que "la culture,
la sélection des espèces,
la formation d'hybrides permettront d'améliorer la produc-
tion locale"
(4),
dans un avenir proche.
A propos de la préparation du cacao,
l'attention
fut particulièrement portée sur une triple opération,
par-
ticulièrement délicate :
la
fermentation,
le séchage et
l'ensachage. Afin d'amender le procédé de fermentation,
décrit
comme particulièrement défectueux,
i l convenait de faire
prendre conscience aux producteurs qu'ilS pouvaient,
par une
(1) Circulaire du Gouverneur Reste,
en date du 4 avril 1931,
op.
cit.
p.
232
(2e col. )
(2) Ibidem,
op.
cit.
p.
232
(2e co
v)
ï
(3) Ibidem,
op.
cit.,
p.
232
(2e col. )
(4) Circulaire du Gouverneur Reste,
en date du 4 avril 1931,
op.
cit.
p.
232
(2e coL).

/~. ! '7ft
utilisation plus rationnelle et plus judicieuse,
parvenir
à une meilleure pr~paration du produit. Recommendations et
conseils abondent pour mettre en garde le planteur contre
le laisser-aller,
l'usage pour
la
fermenta tian de "tout.es
sortes de vieilles caisses et tines en fer blanc,
dans
lesquelles i l entasSe les fèves et les laisse ainsi cinq,
six ou sept jours au petit bonheur,
sans
leur
faire subir
aucune manutention"
(1).
Le manque de soins dans le séchage,
autre op~ration
délicate,
est tout aussi
flagrant.
Exercer un contr81e cons-
tant auprès de l'exploitant devient une préoccupation perma-
nente pour les agents de l'administration.
Le séchage soulève
les plus grosses difficultés,
du fait que la récolte coïncide
avec la petite saison des pluies.
'''Le cacao mis au soleil doit être retiré fréquemment
et mis à l'abri à chaque ondée ou,
quand i l est
laissé sur place,
recouvert avec des
feuilles ou
des nattes qui le protègent mal contre la
pluie
ces façons de.procéder n'empêchent pas
le cacao
de recevoir,
chaque fois,
une certaine quantit~
d'eau.
Il s'écoule de ce fait,
un temps infini
entre le commencement et .I a
fin du séchage et
très souvent les fèves enfin sèches,
conservent
une teinte grisStre,
signe de moisissure ext~rieuro
que l'indigène ne prend pas la
peine de faire
disparaître et qUl,
l~ encore, donne une présenta-
tion des plus défectueuses"
(2).
Puthod, Lettre au Président de la Chambre de Commerce ~
Abidjan,
op.
cit.,
p.
1025.
( ? '
- ) Ibidem, op.
cit.,
p.
1026.

Enfin après le s~chage, le cacao est souvent vendu,
Sans que l'on se pr.éoccupe de lui
faire au b i r
le moindre
triage.
Et cependant,
comme le note Puthod,
"il y a
( ... ) les fèves plates qui ne contiennent
aucune matière marchande qui seraient à ~carter et
qui sont parfois
très nombreuses"
(1).
Il r~sulte de tous ces proc~d~s d~fectueux
"qu'il y a autant de qualit~s de cacao ( ... ) qu'il y a de
"
producteurs"
(2). Aussi la Chambre de Commerce de la Côte-
d'Ivoire sugg~ra-t-elle, pour rem~dier à toutes ces diffi-
cuItés,
la création dans chaque centre producteur d'une usine
qui serait chargée de traiter le cacao (3).
Inspecteur et
c ontrôleurs r~gionàux apporteront de surcroît leur concours
au bon conditionnement des stocks et veilleront à la qualit~
du produit vendu.
Cette ardeur qUl anima le colonisateur dans l'ex-
pansion des cultures industrielles,
fut également mise au
service de l'intensification des cultures vivrières.
B.
Intensifier les cultures vivrières
Bien que quelques unes des plantes ~ivrières qUl
croissent aujourd'hui dans le Moronou, y aient ~t~ intro-
duites à la colonisation,
la plupar.t d'entre elles y étaient
cuJtiv~es,bien avant la p~nétration française. L'innovation
(1)
Ibidem,
op.
ci t. , p.
1026
( 2 ) Ibidem,
op.
ci b. , p.
1026
(3 ) Ibidem,
op.
ci t , , p.
1026.

,1,1',_ •
réside dans l'expansion et l'intensification des
vivriers
sur l'ordre de l'administration et aussi dans l'amélioration
de quelques unes des espèces aujourd'hui connues,
par hy-
bridation.
La
justification de leur extension n'est pas dénuée
de tout profit égoIste, au bénéfice des fins poursuivies
par la colonisation, bien que l'Administration ait continuel-
lement mis en avant des raisons d'humanité,
extrêmement dé-
sintéressées,
comme la poursuite de "la bonne alimentation
des indigènes"
(l),
la préservation ou mieux la
promotion
de la race (2).
En fait,
l'approvisionnement du marché métro-
poli tain et le ravitaillement des cercles de la Basse Côte
où affluaient les travailleurs des entreprises agricoles
et
industrielles appartenant à des colons d'origine européenne
et ceux des chantiers publics,
n'ont
jamais été absents
des vrais motifs qui guidèrent l'administration dans l'~xten-
sion
des vivriers.
Effectivement le sol du Moronou,
profond
et relativement meuble fut particulièrement propice à la
diffusion des différentes cultures agricoles,
au point que
cette région fut considérée à juste titre comme l'un des
greniers des agglomérations urbaines et des chantiers coloniau~
de
la Basse Côte.
(l)
Circulaire du gouverneur Reste,
en date du 4 avril 1'931
op.
cit.
p.
238,
1ère colonne.
(2) Circulaire du Gouverneur Reste,
en date du 4
avril 1931,
op.
c i t . ,
p.
238,
1ère colonne.
Les ob j ect i.fs
réelS de la promotion de l"'agriculture, indi-
gène"
tr ,jnspa ra issen t a vec net teté dans les p r incipes qui
orientèrent les études de la CŒnmission générale de la pro
duction
préparatoire à la Conférence économique impériale.
Cette Commission posa entre autres comme principe "l'amélic
ration de l'agriculture indigèrie pour assurer
l'alimentatic
régulière,
développer le bien-être des populations locales
en
faire pr a t i quorn sn t , par leur
tr a va i L et leur
en r i c h is s ...
ment des procluc~etJrs c=,t.,des con~:)Jllmcll~ellrs utiles à la Fr(}ill
t.o t.a Lo': .
Cf AN~")()1'1l\\ffCl}-res pOIJ"'t.J,ql.le.s Carton 854,
do s si o r
'nlilrnic:;':;;'innnpn(.~I-r11r:'(](" 1;.-, nr"ductioll (8 clér.::.
193<1 - 1=1
'ian\\'.!')

Comme exemples de cultures dont l'essor est à rat-
tacher à l'action administrative,
on peut citer les diff~rentes
espèces de mais, originaires d'Am~rique latine, qUl s'adaptèrent
fort bien dans le Moronou dont le climat chaud et ensoleill~
et le sol perm~able r~alisaient les conditions d'expansion
les plus favorables à cette plante.
Afin de permettre à la
Côte d'Ivoire de contribuer à l'approvisionnement du marché
m~tropolitain, des "semences de maïs durs"
moins farineux,
et par conséquent plus r~sistants aux attaques des charançons
~galement, "plus faciles à c ons cr vc r et à transporter"
(l),
furent mises dans chaque poste administ.liatif,
pour "être
distribu~es aux agriculteurs indigènes"
(2).
Le manioc,
cultiv~ essentiellement pour les besoins
locaux,
~puisant pour le sol, fut l'objet d'une s~lection.
Les "espèces les plus riches en f~cule, à rendement ~lev~" (3)
furent retenues.
Bien que le riz ait fait l'objet,
au niveau
de l'ensemble du N'zi-Como~, d'une attention
particulière
de la part des services de l'Agriculture,
sa culture ne fut
jamais un succès dans le Moronou,
à l'~poque coloniale, pour
les raisons pr éc éd emmen t. expOS~eS(4)_
Enfin,
pour
favoriser
l'extension des diff~rentes
cultures et promouvoir la qualit~ du produit,
i l fut n~cessaire
de mettre à la disposition de l'agriculteur un minimum d'ou-
tillage perfectionn~.
(1) Circulaire du Gouverneur Reste,
en date du 4 avril 1931
op.
cit.
p.
237,
(?e colonne)
( 2 ) Ibidem ,
op.
ci t. , p.
237
( 2e colonne)
(3 ) Ibidem,
op.
ci t. , p.
237
( 2e colonne).
(4 ) Cf p. 379

i .>..
t
1.
C.
L'outillage aqricole
Soucieuse de "fournir régulièrement, sans à c oup ,
a l'industrie et au cornme rc e métropolitains,
les matières
premières dont ils ont besoin"
(1),
l'Administration coloniale
pousse à la promotion d'un outillage perfectionné et à l'emploi
raisonné des amendements qui seuls peuvent permettre d'obtenir
de la terre le maximum de rendement.
Faisant oeuvre de vul-
garisation,
elle encourage l'introduction et l'emploi,
en
lieu et pla ce de la, "houe classique" du cul ti va teur a fr i-
cain,
"des charrues,
extirpateurs, herses,
rouleaux,
semoirs"(2:
Deux raisons semblent aVOlr motivé la diffusion
du matériel agricole.
En premier lieu l'idée du progrès.
Sans
souhaiter profondément,
par
l'introduction de la
machine,
alléger l'effort quotidien du travailleur africain,
le gouverneur Reste entend néanmoins secouer le poids de la
routine séculaire et ouvrir l'Ivoirien aux techniques nouvel-
les
(3). Mais sur~out il demeure sensible, bien que cela
apparaisse rarement et de façon confuse,
à la
notion de
productivité,
de rentabilité, grâce à Putilisation et à la
diffusion d'un matériel mécanique destiné à pallier une
(1) Circulaire du gouverneur Reste,
en date du 4
avril 1971
op.
cit.,
p.
238
(2e colonnef
(2) Circulaire du gouverneur Reste,
en date du 4 avril 1931
op.
cit.
p.
238
(2e colonne)
(3) Il écrivait par exemple:
"ne c r oy ez pas que l'indigène
tienne par-dessus
tout à ses vieilles coutumes.
Il aime
le progrès.
Vous voyez par exemple des cOlonies voisines
(Guinée notamment,
o~ l'usaqe de la charrue est si répan-
du".
Cf Circulaire du 4
avril 1931,
op. cit.
p.
239
(2e c ol
Dans le même document,
i l écrivait enCOJ:e : "iil me propose
de mettre des charrues et divers autres instruments aratoil
à la d i s po si tion de[:,; a q r icul b:?urs indig(~nes". Cf ibidem
p.
239
(2e co i . }.

main d'oeuvre d~faillante (1).
Quelle fut l'attitude de l'Ivoirien et en particulier
du Morofwo face à la diffusion du machinisme agricole?
Le matériel m~canique agricole fait son apparition
dans le Moronou en 1914, avec l'introduction des moules
pour la ~abrication du caoutchouc en plaquettes. En nombre
plutôt r~duit -il en existait vingt pour la subdivision de
Bongouanou- les moules sont r~partis dans les principaux
villages
(2).
En 1915, deux villages du Moronou, Arrah
et Abongoua, se rendent acqu~reurs, chacun, d' .un
c onc-a s s eur
à palmistes (3). Ces premières machines semblent avoir obtenu
un accueil fort favorable.
En effet,
à la suite d'Arrah et
d'Abongoua, des gens d'Assiè-Kumasi se rendent,
quelque
deux semaines plus tard,
au chef-lieu de Dimbokro, pour se
procurer à leur tour de
concaSseurs
(4).
Dans quelle mesure,
ces machines pour le traitement des produits agricoles con-
naissent-elles r~ellement une large diffusion ? Il est dif-
ficile de se faire une id~e pr~cise sur la question. Cependant
on peut deviner que le mauvais usage qui en fut fait,
dG
(1) La crise de la main-d'oeuvre,
permanente dans la colonie,
sensible tant au niveau des entreprises europ~ennes que
dans les grosses plantations africaines,
atteint son apogée
en 1936, date à laquelle dans certains cercles producteu~s
de cacao et de caf~ ; comme l'Agn~by et l'Ind~ni~ auquel
~tait rattach~ le Moronou, l'on souffre de la p~nurie de
main-d' oeuvre-Cf ANS 2 G 36 - 57
(1), Rap.
annuel du Service
de l'Agriculture de 1936.
(2) ANCI 1 RR 39,
nO 409 de l'Administrateur du Nzi-Como~ à
Mr le Gouverneur de la Côte d'Ivoire à Bingerville ais
fabrication du caoutchouc en plaquettes.
Dimbokro,
le
21
juillet 1914.
(3) Ibidem, Let tr e n° 28 A de l'Administra teur du Cercle du
N'zi-Como~ au gouverneur à Bingerville, ais utilisation
des concasseurs à palmistes par les indigènes - Dimbokro,
le 5 juin 1915.
(4) Ibidem, Lettre n v
94 I\\A de l'Administrateur du N'zi-COlllOé
au gouverneur à Bingerville, ais ConcaSSeurs palmiste -
Dilllbokro,
le 15 juin 1915.

~ l'inexp~rience des utilisateurs et surtout le manque d'en-
tretien du ma t.éri e L ont largement contribué à mettre rapidement
hors d'usage moules et concasseurs. Toujours est-il qu'en
1935, nos documents sont absolument muets Sur la survivance
de ces premières acquisitions.
En lieu et place,
l'on d~couvre
pour l'ensemble du N'zi-Comoé une moto-presse et un moto-con-
casseur, montés sur un camion parcourant les principaux
villages du Cercle,
où sont rassemblés et traités les pro-
duits agricoles
(1).
Par ailleurs,
en marS 1935, au chef-lieu de Cercle
de l'indénié auquel la subdivision de Bongouanou venait
d'être rattachée,
une année auparavant,
avaient été récep-
tionnés)par le Service de l'Agriculture~"douze groupes de
machines pour la préparation du café"
(2). A propos de leur
affectation,
le rapport du mois de mars 1935 précise
"Ce matériel sera installé dans les Centres
les plus im~ortants, au moment de la prochaine
récolte"
(3)
Enfin,
en 1938 nous découvrons, dans les principaux
villages de la subdivision de Bongouanou,
le matériel agricole
(1) Dans le rapport politique du troisième trimestre du N'zi-
Comoé,
on apprend que le concasseur est laissé ~ la dis-
position de Bongouanou,
pour terminer de concasser les
noix palmistes,
rassemblées à
Andé, Br ou-Akpaoussou,
Arrah, Bongouanou et Kotobi.
Dans ces principaux villages,
un total de 96,458 tonnes de palmistes.
Cf ANCI 1 E3 W- 44/7
(3 308), Rapport poli tique du
N'zi-Comoé pour le truisième trimestre 1933, ais tournée
du 17 août au 26 août.
(2) ANCI 1 RI ~I-46-349
(860) Rapport agricole de l'indénié
pour le mOlS de mars 1935
(3) Ibidem.

suivant:
2 d~pulpeuses GM, 2 d~cortiqueurs, 2 d~pulpeuses PM
pour le traitement du cùfé et 1 moto-concasseur pour le
traitement des noix palmistes
(1).
A l ' ~gard de la techniqu e moderne, le Morof,vo
fit preuve de souplesse et accepta sans difficult~ aucune
ces diff~rentes innovations. Il fit preuve de la même atti-
tude envers lQusage des engrais,
et ce,
malgr~ les obstacles
multiples.
En effet les habitudes ancestrales de culture
extensive,
la diss~mination des parcelles mises en valeur,
enfin l'ignorance même de l'engrais en g~n~ral y compris
l'engrais naturel, de son efficience et de sa rentabilit~
constituaient autant de difficult~s préalables qui auraient
pu annihiler toute tentative. Les premiers essais d'engrais
chimiques sont entrepris en 1935 dans le Cercle de l'ind~ni~,
auprès "des planteurs susceptibles d'appr~cier la valeur
de ces produits et le rapport qu'ilS pouvaient en tirer"
(2).
A l'occasion on utilisa, d'après le rapport du Service
de l'Agriculture du Cercle de l'Indéni~, les engrais sui-
vants
: "sulfate d'ammoniaque, sulfate de potasse et phosphate
bicacique en m~lange" (3).
(1) ANCI 1 R3 XI-46-332
(805),
nO 144 Rap.
agricole du
Cercle d'Abengourou pour l'ann~e 1938 ais affectation
du petit mat~riel pour le traitement du café.
(2) ANCI 1 R
XI-46-349
(860),
le mois agricole du Cercle
1
d'Abengourou, Abengourou,
le 12 octobre 1935.
(3)
J bi d em,
op.
ci t.

Cependant malgr~ les bonnes dispositions des
planteurs agni qui constituaient unmarch~ potentiel impor-
tant,
la diffusion des engrais,
loin de s'étendre aux cul-
tures vivrières, se r~duisit aux plantes industrielles du
cacao et du caf~, dans les limites du Moronou. La propagande
des fertilisants au niveau des vivriers fut inexistante
mais si l'exp~rience des engrais ne fut pas tentée à ce
niveau, cela est dû essentiellement au coût nettement
élevé des engrais organiques. ou rni n e r a ux commer c i a Li s ée ,
par rapport au rendement de ces cultures
(1).
Il en r~sulte ainsi que les différentes expériences
j
tent~es, en matière d'outillage économique
engrais mais
aussi outils mécaniques,
limités à un secteur de
l'économie,
le moins popularisé, demeurent superficielles et n'ont qu'un
impact extr~mement mineur sur la sociét~.
(l:, "L'indiqène n'a pas une trésorerie suffisant.e pour acheter
·des engrais et attendre sa r~colte". Cf ANCI Q-XVII-9-19
(3
063),
Problème des engrais en C6te d'Ivoire.

CHAPITHE
X
DES
TECHNIQUES
ET
DES
HOMHES
Compl~tant et mettant en pratique les directives
th~oriques ~manant tantBt du gouverneur de la Colonie, tan-
tBt de Dakar ou encore de Paris,
l'action administrative du
Chef de poste et de ses adjoints imm~diats, appuy~e sur la
collaboration efficace des services de l'agriculture et fi-
nanc~e par les cr~dits affect~s de temps à autre à la pro-
motion de quelques unes des cultures nouvelles introduites,
engage l'agriculture coloniale sur la voie du progrès.
Dans
cette tâche de longue haleine où la tenacit~ et l'unit~
d'action s'avèrent indispensables,
l'influence de certains
agriculteurs "progressistes", v~ritable aristocratie rurale,
fut d'un secours inestimable.
1.
L'INTERVENTION DE L'ADMINISTRATION LOCALE
Fortement hi~rarchis~e même au niveau du poste,
l'Administration locale,
en tant qu'animatrice de l'action
du gouvernement colonial,
eut à
jouer un rBle de premier
plan, particulièrement au niveau de l'exploitation des res-
sources agricoles. Cette action,
consid~r~e à juste titre
comme une "mission",
a ~t~ sobrement r~sum~e dans la phrase
suivante de Vendeix,
l'Administrateur-Adjoint du N'zi-Como~,
en 1917

l
':1,'
i;""-. ! oC.
"C'est justement notre rôle à nous,
administra-
teurs de conduire, d'éduquer et forcer ces grands
enfants à travailler leur
terre et à mettre en
exploitation méthodiquement les diverses ressour-
ces dont est peuplé leur pays"
(1).
A. La hiérrirchie administrative
Outre le Chef de poste (2), représentant de
l'Administrateur du Cercle et premier responsable de la
Subdivision,
le pouvoir administratif colonial était partagé
par une série de subalternes "indigènes"
chefs administra-
tifs,
interprètes, gardes et représentants qui exécutaient
chqcun à son niveau,
avec la plus grande promptituàe,l'ordre
émanant de l'autorité supérieure.
Les chefs traditionnels,
descendants des premiers guides de l'émigration,
élus selon
la coutume locale,ayant été jugés trop mous et sans aucune
influence réelle,
furent remplacés pour la plupart (3) par
(1) ANCI, 1 RR 97, Rap.
sur les ressources du sol du N'zi-
Comoé, Dimbokro,
le 27
juin 1917.
'( 2) De 1907 à 1939, se succédèrent à la tête de la Subdi vi-
sion de Bongouanou : H.
Marchand
(1907-1908), Hostains
(1908-1909), Jacotot (1909-1910), Sargenton (1911-1914),
Siméoni (1914-1916), Ro~ues(1917-1918), Braud (1918-1920),
Pecarrère (1925-1927), Thaly (1927-1928), Van Kempen
(1928-1930), Rogues(1930-1935),
Ph.
Battesti (1935-1937),
E.
Ponsot (1937-1939).
Il faut noter que de 1920 à 1924,
le poste de Bongouanou
demeura sans titulaire. La surveillance du poste,
au cours
de ces quatre années de vacance,
fut confiée à l'interpré-
te Messou N'guessan.
(3) Le problème de la Chefferie fut l'un des plus complexes.
Afin de parer à la carence de leur autorité qui fut abu-
sivement généralisée -
l'Administration cbloniale recon-
nut en effet parmi les Chefs traditionn~ls du Mor6nou de
très fortes personnalités, comme Assoumou Baka du Sa,roa,
Diakakio,
chef des Amantian pour ne citer ces deux ... /' .

des "chefs administratifs",
choisis en général non pas selon
le critère traditionnel de succession, mais "parmi des hommes
énergiques et intelligents ou parmi des anClens tirailleurs
dégagés de tout fétichisme"
(1).
"La création de chefs administratifs causera sans
doute un certa in bouleversement,
au point de vue
des coutumes indigènes, mais aux circonstances
spéciales doivent correspondre des mesures spécia-
les" (2).
Instaurer un nouveau système politique,
afin de
parer à la carence de l'autorité traditionnelle,
tel est
l'objet des différentes réformes sur "le commandement indi-
gène" qui s'échelonnent de 1919 à 1935
(3). Mais c'est
.. .1 ...
exemples pris parmi les chefs de la premlere génération
coloniale (Cf ANCI,
1 EE 148 (1), Rap.
sur la situation
politique du poste de Dimbokro,
1er semestre 1917) - i l est
décidé, dès 1909, d'''affermir''
leur pouvoir, en leur don-
nant "l'autorité et le prestige qui leur manquent"
(ANCI,
1 EE 148 (2/1), Rap.
politique mensuel du poste de Dimbokro
septembre 1909). En fait,
il n'en fut rien.
Après avoir
procédé,
à partir de 1918, à une enquête sur leur aptitude
au Commandement, beaucoup parmi eux furent évincés.
En
1923,
l'on opère déjà dans le Morohou à la nomination des
"thefs administratifs",
sans référence à la coutume et à
la tradition.
Ce qui provoque mécontentements,
exodes de
plusieurs centaines d'habitants en Gold Coast (le pays
d'origine)
et d'autres remous dans la région.
Cf ANCI,
2 EE 7 (36), Extrait d'un rapport de l'Inspecteur Bourgine
sur les chefs indigènes du N'zi-Comoé,
1923.
(1) ANCI,
1 EE 148 (1), Rap.
politique du poste de Dimbokro -
4ème trimestre 1918 -
a/s autorité des Chefs.
(2) ANCI,
1 EE 148 (1), Rap.
politique du poste de Dimbokro -
4ème trimestre 1918.
(3) Décret du 21 mai 1919, organisant des Conseils de notables
en AOF
; dépêche ministérielle c.d.
10 du 9 octobre 1929
a/s du Commandement indigène
; Circulaire du gouverneur
général nO
279 bis,
A.P.
2 et 312 du Il
octobre et du 26
novembre 1929 et na
415 A du 27
septembre 1932 sur le même
sujet ; Circulaire locale du 28 avril 1931 sur la réorgani-
sation du Commandement indigène.
r:

l'arr~t~ local du la ocobre 1934, portant constitution de
l'administration indigène qui en représente le sommet(l).
Ce texte instituait les chefs de village administratifs re-
levant des chefs de cantons,
placés à la t~te d'un groupe-
ment de villages ou de
territoires plus vastes.
Au niveau
du Moronou,
furent constitués quatre cantons.
La subdivision
de Bongouanou en regroupait deux,
en 1932
: le canton des
Ahua qui rassemblait outre les Ahua,
les Sahié et le canton
des Ngatianou ou se retrouvaient les Ngatifwo,
les Essandané
et les Assiè.
Le dernier canton du Moronou, baptisé "Canton
des Agni" et relevant de la subdivision de Dimbokro,
rassem-
blait en 1932 les quatre groupes: Ahaly, Amantian, Alangwa
et Sawua
(2). Les premiers titulaires des quatre cantons
étaient: Nuama T~houa pour le canton des Ahua, avec rési-
dence à Arrah ; Ahonzi Kokora pour
le canton Ngatia avec
résidence à N'guessankro ; Krou Kaménan pour le canton des
.
/
. d
'
d' /b
( 3 )
Agnl avec reSl ence a San ~e ounga
.
Parmi les adjoints immédiats du chef de poste :
interprètes, gardes de cercle,
représentants,
extr~mement
mobiles selon les nominations,
i l y a seulement lieu de re-
tenir
les noms de quelques
inter pètes influents dont la m~-·
moire collective n'a retenu que leurS exactions ou leurs
méfaits.
Parmi ceux de la première heure qui ont fait leur
(1) Arr~té n° 3206 B.P.
portant Constitution de
l'Administra-
tion indigène en CBte d'Ivoire du la octobre 1934. J.O.C.I.
1935, pp.
64 -67 .
(2) En 1932,
le Canton des Ahua regroupait 25 villages,
celui
des Ngatianou 21
villages et celui des "Agni" 35 v i Ll aq os .
(3) Décision nO 2778 B.P.
du 31
octobre 1932 nommant des chefs
de Canton du Cercle du N'zi-Comoé.

apparition dans le Moronou en m~me temps que la conqu~te
coloniale ou qui ont suvi de tr~s peu la pénétration fran-
çaise,
on peut citer
: Koffi Yao,
Franço~ Ettien, originaire
d'Assikasso,
ancien él~ve de l'école d'Aboisso, qui est nommé
en 1911,
en tant qu'interprète stagiaire,
en remplacement
de Koffi Yao (1). A la même période,
l'interprète principal,
en service à Bongouanou,
était le fameux Tano,
condamné le
4
juillet 1910,
par le tribunal de province de Bongouanou, à
un mois de prison et à rembourser plusieurs sommes d'argent
extorquées aux habitants
(2).
Il faut aussi nommer l'inter-
prète Bilé,
courageux, qui fut blessé de plusieurs balles,
lors de la conqu~te du pays Ouellé, en 1910 (3). Par la
suite,
i l s'installera à Tiém~lékro, à la t~te d'une plan-
tation de cacaoyers et de caféiers.
Puis' se succéderont à
cette fonction:
Messou N'guessan
(1921-1933), craint et
respecté,
celui qui laissa peut-être le souvenir le plus
contesté dans le Moronou
Sapim Kouao
(1934-1937) originai-
re de l'Indénié et enfin Gustave Koffy
(1937-1939),
fils de
,
.
la reglon.
(1) ANCI,
1 BB 71,
Tél.
22 du 6 février
1911, de l'Adminis-
trateur Teveux au gouverneur à Bingerville.
(2) Ibidem.
Tél.
n° 158 du 3 aoGt 1910 de Téveux,
ais inter-
prète Tano.
(3) ANCI,
1 BB 71, Tél n° 158 du 3 août 1910 de l'Administra-
teur Téveux au gouverneur à Bingerville.
Voir aussi ANCI,
1 BB 71, Tél.
165 du 12 juillet 1910.

/,j1.
B.
L'Administration et le progr~s agricole
Bien entendu,
au sein de ce groupe,
les responsa-
bilit~s, le degr~ d'engagement et de la perception des objec-
tifS à atteindre varient,
et l'on voit se dessiner les diffé-
rents rBles assum~s par chacun à son niveau.
1. L'administrateur,
chef de poste
Le gouverneur Reste,
en d~signant la tourn~e admi-
nistrati ve comme ~tant le noeud de t.ou t e animation de d~ve-
loppement, retrace avec clart~ ce que l'on attend du chef de
poste.
Pr~sent au d~but de toute entreprise de d~veloppement,
celui-ci doit être à même de la suivre et de la guider
jus-
qu'à son achèvement. D'où la n~cessit~ pour l'administrateur
de "visiter les villages,
situ~s sur les routes accessibles
aux automobiles", mais aussi les "agglom~rations dispers~es
dans la brousse"
(1).
C'est en ~tant "en contact permanent
avec les indigènes", ajoute-t-il que celui-ci "marquera aussi
à nos administr~s tout l'int~rêt que nous leur portons"
(2).
Conseiller les habitants dans le choix des terrains propres
à chaque culture,
les guider dans l'aménagement des planta-
tions, dans leur entretien et aussi et surtout dans la pr~-
paration et la pr~sentation des produits tels que le cacao
et le caf~, voilà r~sumées les principales tâches, en matière
de d~veloppement agricole dont devra fid~lemenf s'acquitter
le premier responsable de la Subdivision administrative.
(1) Circulaire du gouverneur Reste,
en date du 28 avril 1931,
J.a.c.I. 1931, p. 354 (2ème coL).
(2) Ibidem,
op.
cit.,
p.
354
(2èrnecol.).

Une telle oeuvre ne fut point de tout repos.
Cepen-
c1ant, malgré les difficultés multiples
(1),
i l semble que
les différents administrateurs qui eurent à se succéder à
Bongouanou,
le principal poste du Moronou,
s'acquitt~rent
dans l'ensemble avec beaucoup de rigueur de
leur tâche et
enregistr~rent succ~s et félicitations. On lit dans le rapport
du Service agricole du Cercle d'Abengourou,
en 1938
"En vue d'encourager la production des différentes
denrées agricoles d 1 exp or t at i on ,
tel que le cacao,
l'activité de l'administration locale s'est notam-
ment manifestée dans le domaine de la persuasion,
c'est-à-dire en incitant les planteurs à créer de
nouvelles cultures dont la pioduction devra suppléer,
dans quelques années,
à la déficience des vieilles
cacaoy~res.
(1) Par exemple,
l'Administration eut à exercer un contrôle
extrêmement rigoureux,
secouant la négligence à la fois
des commerçants et des planteurs pour obtenir une meil-
leure présentation des produits.
.
Ceci "sans considération d'obédience et de couleur dvépi-
derme",
à coups de proc~s-verbaux dont le nombre s'élevait
pour la seule année 1938 à mille (1.000),
au niveau du
Cercle d'Abengourou.
Cf ANCI,
1 R3 XI-46-332
(805), nO 144,
rap.
annuel agricole du Cercle d'Abengourou,
1938.
Effectivement, l'essor des cultures dans le Moronou,
la
vitalité en général dont fit preuve cette région furent
en partie la résultante "de la pression constante, de
l'influence personnelle,
exercées sur les indig~nes par
les administrateurs
( . . . ) Tâche ingrate,
car il n'est pas
toujours facile de faire I2roduire (souligné dans le texte)
et de sauvegarder les interêts desindig~nes que nous
contraignons à produire".
Cf ANCI,
1 EE 139
(9), Rap.
sur la situation économique
et commerciale du N'zi-Comoé, 4~metrimestre 1922.

'i)).
Par a i LLou r s
la plus grande vigilance fut exercée
quant à la surveillance des
travaux intéressant les
cultures existantes et en plein rapport.
Effective-
ment des mesures sont prises en vue d'orienter l'in-
digène vers un judicieux entretien des plantations" (l
On note
d'a~tre part dans le même rapport, des ré-
sultats fort encourageants,
obtenus par l'Administration,
au
niveau de la présentation des produits
"Nous avons obtenu une amélioration notable de la
qualité des produits"
(2).
A l'échelon inférieur,
les fonctionnaires subalter-
nes locaux
interprètes, gardes de Cercle et chefs adminis-
tratifs eurent à jouer un rôle appréciable dans le processus
de développement agricole.
2.
Le rôle des fonctionnaires subalternes
Parmi les fonctionnaires subalternes,
émerge l'in-
terprète, personnage-clef des rouages administratifs.
Faisant
la
jonction entre administrateur et administrés,
de par la
nature même de sa fonction qui est de transmettre verbalement
les ordres du chef de poste aux villageois,
il est parvenu
à jouer souvent un rôle de premier plan. Accompagnateur fidè-
le du "Commandant" dans les tournées villageoises,
i l bénéfi-
cie assez rapidement du prestige attaché à l'autorité de ce
dernier.
Son influence grandira d'autant plus et sa contri-
(1) ANCI,
l
R3 XI-46-332
(805),

144,
rap.
annuel agricole
du Cercle des Abengouroll,
1938.
(2) Ibidem,
op.
c i t .

bution dans le processus d'adoption et de développement des
cultures nouvelles sera d'autant plus importante qu'en maintes
occasions,
il se substituera aupr~s des villageois planteurs,
au Chef de poste,
emp~ché par d'autres t~ches administrati-
ves.
Outre la surveillance et le contr61e du bon entretien
des cultures,
on peut S'interroger sur la nature de ses au-
tres interventions. Certains parmi les interprètes,
conscients
de la limite de leur connaissance en mati~re agricole, S'aSsu-
raient judicieusement, au cours de leur mission,
de la colla-
boration du moniteur d'agriculture.
Ce fut le cas pour l'in-
t.e r pr è t e Messou N'gessan,
"l'intelligent auxiliaire" à qu i.
fut confiée "la surveillance" du poste de Bongouanou,
pendant
quatre années enti~res, de 1920 à 1924, en cette période où
l'administration eut à souffrir d'une pénurie aiguë de per-
sonnel. Messou N'guessan,
au cours de la vacance de poste,
où i l devint le premier personnage de la Subdivision,
eut
à effectuer,
au m~me titre que le Commandant,
les tournées
nécessaires dans les villages. Mais plus particuli~rement il
veilla,
secondé du moniteur d'agriculture du poste,
à la
bonne préparation du cacao,
"parfois insuffisamment fermenté
ou plus souvent encore insuffisamment sec"
(1).
(1) ANCI,
1 EE 139
(9), Rap.
sur la situation économique et
commerciale du N'zi-Comoé,
pendant le 4~me trimestre 1922.
Voir aussi ANCI,
1 QQ 104, nO 2.
197, Administrateur de
Coutouly à Mr l'inspecteur L. Mérat à Bingerville,
Dimbokro,
le 25/12/1924. Le Commandant de Cercle, de
Coutouly,
insistait aLlpr~s de lui
"J'insiste à nouveau
pour que tu t'emploies par tous les moyens à ce que lors
de la récolte de 1923 il ne soit acheminé sur Dimbokro que
du cacao de premi~re qualité,
parfaitement fermenté et. sec."
Cf ~NCI, 1 QQ 104, n° 80, pi~ce annexe, note n° 2, de
Cout.ouly à l ' .i n t.e r pr è t e Messou N'gl1essan à Bongouanou, ais
prépara t ion du cacao.
Dimbokro,
le 16
janvier 1923.

Les autres fonctionnaires subalternes
: gardes de
Cercle,
repr~sentants et Chefs administratifs, brillent plut6t
par l'absence de tout esprit de coop~ration , en matière agrl-
cole.
Le garde de Cercle, appel~ à surveiller des travaux
d'utilit~ publique (confection d'ouvrages d'art, r~fection
de routes)
ou d'int~rêt collectif (plantations de coton comme
ce fut le cas entre 1927-1930),
outrepassait bien souvent
ses
droits.
Il pratiquait) sans aucun remord de conscience)
l'exaction auprès du villageois sans d~fense dont il exigeait,
sans compensation aucune,
vivres,
poulets,
voire fruits de
la vente de ses produits
(1).
Il savait aussi manier avec
beaucoup de sadisme la chicotte contre certains planteurs
"récalcitrants" qui pr~f~raient se consacrer à leurs planta-
tions plut6t que d'aller
trimer dans le champ collectif de
coton,
culture peu rentable pour le sol du Moronou et envers
laquelle i l nourrissait à juste tire la plus grande aversion.
Les repr~sentants et les chefs administratifs n'ayant
ni armes, ni influence personnelle le plus souvent,
pour se
couvrir du prestige des autres agents administratifs,
plus
(1) ANCI,
1 EE 139
(8),
Rap.
du N'zi-Como~ pour le troisième
trimestre 1922, ais punitions infligées.
Dimbokro,
le
30 septembre 1922.
Dans certains cas,
le garde de Cercle
empoche le paiement des prestations de plusieurs
jours,
puis recrute des travailleurs qu'il r~tribue avec une
partie du montant des rachats.
Cf ANCI,
1 D7-VI,
13/1
(3038).
Lettre de Kouam~ Houagnini, Edja Koissé et
Ass~mian Koutou, planteurs à Assoikro, district de
Bongouanou,
à Mr le Gouverneur de la C6te d'Ivoire à
Abidjan,
ais d emarid e pour rachat des prestations.
Bongouanou,
le 15 novembre 1935.

soucieux de leur avancGnent personnel,
pr~taient davantage
l'oreille aux sollicitations de l'autorité supérieure qu'aux
besoins de ceux qu'ils étaient censés représenter auprès du
Chef de poste.
Dans leur désir de se couvrir de gratifications
et de récompenses·,
cer tains parmi eux se révélèrent "plus
royalistes que le roi".
C'est ainsi qu'en 1935,
le Chef de
Canton ahua , Nuaman Téhoua s'opposa farouchement à des plan-
teurs de plusieurs villages qui désireux de "porter tous
leurs soins aux cultures de cacaoyers et caféiers"
(l),
dé-
cidèrent de "racheter en argent" les prestations en nature,
au lieu de les exécuter
(2).
Dans une lettre, datée du 5 avril 1935 et adressée
au Gouverneur de la Colonie à Abidjan,
les habitants de la
Subdivision de Bongouanou, après avoir exposé leurs doléan-
ces,
concluaient
"Dans tout l'Indénié les prestations se rachètent
par tout indigène solvable. Nous croyons qu'il ne
peut y avoir deux poids et deux mesures.
Nous Savons par ailleurs que c'est le Chef de Canton
qui s'évertue à nous forcer à effectuer les presta-
tions en nature,
car i l en profite pour
faire tra-
vailler les prestataires dans ses plantations
( . . . ) Nous vous prions, Monsieurs le Gouverneur,
de
donner les ordres nécessaires à notre Chef de
(1) ANCI,
1 D7-VI- 13/1
(3038),
nO 116 B/P du Lieutenant-
gouverneur à l'Administrateur à Abengourou. Abidjan,
le 10 avril 1935.
(2) L'arrêté local 2303 CiD du 20 n ov emb r e 1930,
art.
7 sti-
pulant que "les p r cs t.o t.i ons peuvent être acquittées en
nature ou en argent au gré des contribuables,
leur en
donnait le d ro it.'! ,

::.3'/ .
Subdivision de nous autoriser à racheter nos pres-
tations,
afin que nous puissions préparer la pro-
chaine traite q u r s t anrior.c e très bonne"
(1).
Une telle attitude n'a pu ~tre que négative pour
le développement agricole. Ainsi autant le Chef de poste ani-
me et •.?ntretient l'expansion du cacao,
du café et des autres
cultures dans le Moronou,
autant ses collaborateurs immédiats
en freinent le mouvement de façon plus ou moins consciente.
II. IiI, COLLABORATION DU SERVICE D'AGRICULTURE
ET ANNEXES
Dans le processus de développement agricole, quel
fut l'apport du Service de l'Agriculture?
Depuis les premières tentatives de développement,
le Moronou avait été rattaché à la Circonscription agricole
de l'Est qui regroupait en outre l'Indénié,
l'Agnéby,
le
Sa nwi
et la région de Bondoukou.
En dépit du nombre extr~-
mement réduit de son personnel,
le Service de l'Agriculture
avait pu progressivement étendre son rayonnement et contri-
buer ainsi au fil des années au développement agr icole du
Moronou.
(1) ANCI,
1 D7-VI- 13/1
(3038). Lettre des habitants de
la
Subdivision de Bongouanou à Monsieur le Gouverneur de la
Côte d'Ivoire à Abidjan, Bongouanou,
le 5 avril 1935.

A.
Un personnel insuffisant
Bien qu'il ait été prospecté sur toute _ son étendue
par l'inspecteur des services agricoles de la Colonie,
entre
1911-1912, apr~s qu'il ait été ouvert ~ l'action administrati-
ve,
puis fréquenté réguli~rement, d~s 1913, par le Chef de
la station agricole d'Assikasso,
centre de la ~irconscrip-
tion agricole de l'Est,
le Moronou ne s'attache cependant en
permanence que les services d'un personnel technique extrê-
mement réduit et d'un niveau de formation plutôt moyen:
un
moniteur d'agriculture secondé d'un apprenti,
tous les deux
ayant acquis leur
formation sur le tas.
Ces deux agents étaient solidement encadrés tantôt
par un conducteur de travaux,
tantôt par un ingénieur d'agri-
cuture d'origine européenne.
Celui-ci se rendait,
une fois
le trimestre, dans le Moronou,
inspectait les travaux et
faisait la mise au point avec ses adjoints.
Par ailleurs,
bien que les tâches aient été distinctement répartis entre
les deux moniteurs,
on ne peut se féliciter que de l'étroite
collaboration qui a toujours prévalu entre les deux repré~
sentants du service d'agriculture.
De 1911 à 1921,
les plan-
teurs du Moronou furent réguli~rement suivis pa r "le moni teur
de caoutchouc Tigoli"
(l)
et par "le moniteur de cacao"
(1) ANCr,
1 ~R 39, Rap. de tournée dans le N'zi-Comoé par
l'inspecteur d'Agriculture Bervas,
ais conclusions sur
les ressources diverses.
Bingerville,
le 27
février
1911.

Brou Coffi,
du village d'Agbanou
(Amantian)
(1).
D~sign~s
n omrnémen t; pour initier les JVlorof\\vo,
chacun dans la spécia-
lité qui lui était propre,
ils ne limit~rent point leur
mission dans un domaine d'activit~ aussi étroit, mais assu-
mèrent des responsabilités bien plus importantes. Au mois
de juillet 1914,
lorsque Dellabonin,
le seul agent d'agri-
culture européen,
resté dans la Circonscription,
rentre en
France,
les moniteurs d'agriculture.,
laissés partiquement
à eux-mêmes,
donn~rent la mesure de leur compétence, en
poussant activement à l'extension des diverses cultures.
On doit mettre à leur actif l'établissement des premi~res
cocaoy~res villageoises, la création des plantations de
colatiers et de funtumia.
Par ailleurs ils initi~rent les
habitants du Moronou à "la saignée rationnelle et à la
préparation du caoutchouc"
(2).
Les moniteurs ®uollo Ouattara et Kouamé Kouakou,
qul leur succ~dent dans le Moronou, ne sont mentionnés pour
la premi~re fois qu'en 1922 et 1923. Il reviendra au tandem,
Ouollo Ouattara - Kouamé Kouakou/de parfaire l'oeuvre de vul-
garisation commencée par les prédécesseurs et de conduire
progressivement les planteurs du Moronou a une plus grande
maitrise des techniques culturales.
(1) ANCI,
1 RR 9, Lettre n° Il du Chef de poste de Bongouanou
à l'Administrateur du N'zi-Comoé à Dimbokro, ais situation
d'un moniteur de cacao. Bongouanou,
le 27' février 1916.
(2) ANCI,
1 RR 39, Rap.
de tournée dans le N'zi-Comoé par
l'inspecteur d'Agriculture Bervas. Bingerville, le
27 février
1911.

B.
Une contribution appréciable
Tout en parachevant l'éducation des planteurs par
une intervention directe de ses agents auprès de ces derniers,
le Service de l'Agriculture,
assure une formation permanente
pratique et solide auprès des
jeunes agriculteurs dans le
cadre des fermes-écoles.
D'autre part,
les stations agricoles
de la Colonie mettent,
à la disposition des villagesois, des
plantes et des va.riétés nouvelles et à l'occasion organisent
des stages de formation gratuite à l'intention des planteurs-
stagiaires.
1.
L'éducation des planteurs
Faire adopter le cacao,
le café et les autres cul-
tures nouvelles au Morofwo représentait un énorme progrès.
Mais encore fallait-il s'assurer de la maîtrise de l'ensemble
des procédés nécessaires pour conduire convenablement une
plantation.
Il revint au Service de l'Agriculture de consti-
tuer,
tant au niveau de la Subdivision que des divers Cantons,
des pépinières suffisamment étendues pour hâter le développe-
ment des cultures,
de diffuser les bonnes variétés sélection-
nées e t. connues, d'initier le Morohlo au bon conditionnement
des produits,
bref de stimuler la production.
Pour cela,
les agents d'agriculture effectuent des
tournées périodiques, afin de se rendre compte de l'état
des plantations.
A
l'occasion de ces prises de contact avec
les planteurs,
des conseils sont dispensé~ suivis de démons-

.' '1
(.Lt ••
trations pratiques sur le terrain (1).
Ils veillent particu-
li~rement à ce que les normes de culture soient respect~es
et. "que les récol tes soient effectu~es en totali té en temps
voulu, afin d'obtenir des produits de qualité"
(2).
Parall~-
lement aux conseils de bon entretien et d'intensification
des cultures, l'agent d'agriculture attire l'attention du
planteur sur une préparation dé plus en plus soignée du
produit,
afin de l~ valoriser toujours davantage sur le mar-
ché international.
2. La
formation permanente
Malgré la vulgarisation sur le terrain de ceS mé-
thodes "simples, pratiques, palpables"
(3),
en vue d'obtenir
de meilleurs résultats,
on constatait toujours ici et là une
répugnance,
voire une "réelle mauvaise volonté à suivre les
exemples et les conseils des agents de l'agriculture"
(4).
(1) Un rapport de tournée agricole extrêmement circonstanciée,
effectuée du 28
janvier 1937 au 5 février de la même année,
dans la Subdivision de Bongouanou,
permet de suivre au
jour
le jour,
le conducteur des travaux E.
Ba~ly, dans ses vi-
sites sur les diverses plantations villageoises. Cf ANCI,
1 R3 XI-35-383
(893), nO 42, Rapport de tournée du 28
janvier 1937 au 5 février 1937, Subdivision de Bongouanou.
(2) ANCI,
1 R11-XI-45-153
(801), nO 897 AA/AE aux Commandants
de Cercle, ais des cultures industrielles, Abidjan,
le
11 août 1939.
(3) ANCI,
1 Rl-41-346-349
(860). Le mois agricole:
chroniques
mensuelles,
1935,
ais méthode de modernisation culturale.
(4) AC CCI,
23.4, 373 IP du président Lasserre à Mr le gouver-
neur de Côte d'Ivoire à Abidjan,
ais propositions envisa-
gées pour améliorer la qualité des produits,
s.d.

./)
}
'J--'+-"

La
position 3doptée fut de reaglr vite et de façon efficace.
L'on envisagea de prononcer de sévères sanctions contre ceux
qui négligeraient les conseils et les avis des agents de
l'agriculture (1). En m~me temps,
l'on décid~
d'augmenter
le nombre des fermes-écoles,
appelées à recevoir "à la fois
des é~èves réguliers et des agriculteurs (2).
Ce projet de formation agricole,
annoncé en 1931,
vit effectivement le jour sous plusieurs formes.
Outre l'en-
seignement technique agricole, dispensé dans les différentes
stations agricoles de la Colonie (3),
pour la formation des
moniteurs de l'agriculture,
un enseignement agricole de type
plus général était largement diffusé à la fois dans les écoles
rurales,
régionales et dans les écoles
expérimentales popu-
laires.
Tandis que dans les écoles rurales,
l'enseignement
se résumait à des travaux pratiques,
effectués dans le jar-
din ou le champ d'expérimentation attenant au "domainesco-
"
laire", dans les écoles régionales,
coexistent. des sections
pratiques agricoles dispensant un enseignement agricole
plus 'développé. Enfin,
les écoles expérimentales populaires
étaient davantage orientées vers un programme agricole encore
(1) ANCI,
1 R1-XI-346-349
(860),
op.
cit.
(2) Circulaire du gouverneur Reste concernant l'éducation so-
ci
ciale,
fiscale,
sanitaire, commerciale et agricole des
indigènes,
en date du 28 avril 1931, J.O.C.I.,
1931,
p.
357
(2ème col. ).
(3) Les stations agricoles de Bingerville, de Bouaké et de
Soubré,
issues de l'arrêté général du 1er
juillet 1913,
créant l'organisation et de la vulgarisation agricole,
contribuèrent à former les moniteurs d'agriculture.

plus poussé et vers la pratique des proc6d~s de culture per-
fectionnés
(1).
Dans le N'zi-Como~, l'enseignement agricole popu-
laire, repr~senté par la "plantation-école" et les "planta-
tions modèles", s'efforça d'atteindre le plus grand nombre
possible de planteurs de la région.
En effet dans la
"planta tion-école" de D'imook r 0,
tous les dimanches et souvent
certaines matinées de la semaine étaient consacrées à des
séances de causerie, qu i
rassemblaient plusieurs groupes de
villageois,
et aussi à des travaux pratiques,
au cours des-
quels l'on apprenait à établir des planches pour les semis,
à exécuter les semis, à repiquer,
à biner, à sarcler, à tail-
1er et à r~colter ... D'autre part, furent aménag~es, le long
des grands artères du Cercle, des plantations modèles de
cacao et de café. En 1934, i l en existait trente deux dans
le Cercle, d'une étendue de 1 à 4 hectares. L'objectif était
d'inciter les villageois, par la vertu de l'exemple, à créer
des plantations semb~ables à ces réalisations collectives qui
par leur existence même constituaient déjà un enseignement
vivant et concret (2).
(1) Cf Sem~-Bi Zan, Equipement public et changements socio-
économiques en Côte d'Ivoire 1930-1937, 3 tomes,
1019 p.,
clactylographiées. Thèse d'Etat soutenue à l'université
de Paris VII, décembre 1981. Tout particulièrement les
pages 381-397.
(2) Cf ANCI,
1 Q2-IV-15-120
(3743), Rapport économique du
Cercle du N'zi-Como~ pour le deuxième semestre 1934.

3.
Les autres interventions du Service d'Agriculture
Prodiguer des conseils sur les façons
culturales,
guider les planteurs dans le choix des semences et la prépa-
ration du produit de la récolte,
réaliser à leur intention
des plantations modèles,
afin de susciter en eux le phéno-
mène d'imitation,
tout ceci ne représente qu'un aspect des
différentes opérations,jéployées par le Service de l'Agricul-
t~e,pour provoquer le progrès agricole dans le Moronou. Il
faudrait ajouter, sans prétendre faire
le tour de toutes
les réalisations,
les interventions ponctuelles,
accomplies
ici et là qui ont contribué en outre à diffuser les diffé-
o
rents préceptes agricoles dans la campagne.
En dehors de la
distribution gratuite ou de la vente à perte des semences
de qualité,
de matériel moderne,
on se doit d'insister parti-
culièrement
sur le concours inestimable apporté par les équi-
pes phytosanitaires dans la lutte permanente contre le
sahlbergella singularis,
cette maladie du cacaoyer,
provo-
quée par le manque d'entretien de la plantation,
ou le lasiodi-
plodia theobromae, cette autre affection du cacaoyer qui
fait
surtout des ravages dans les terrains marécageux ou réguliè-
rement inondés.
Le concours de ce Service spécialisé de
l'Agriculture est également à mentionner dans le combat
mené
contre
les différentes maladies du caféier dont
le scolyte du grain (stephanoderes)
(1).
(1) Les sauterelles
(zonocerus variegatus) constituent aussi
un fléau.
Elles causent d'énormes dégats dans les planta-
tions
; de surcroît i l est très difficile de les détruire.
Pour lutter contre elles,
des traitements à l'arsenate de
plomb étaient nécessaires.
Cf ANCI,
1 R1-XI-346-349
(860).
Le mois agricole dans l'Indénié
:
janvier et février
1935.

. "
,1 i- _.' ..
a
,
Enfin les agents du Service zoo-technique,
au courS
de leurs
tourn~es, multiplient les conseils Sur l'hygiène
des animaux et les proc~d~s curatifs.
Leur
tâche fut d'autant
plus lourde qu'ils avaient à va~ncre pr~jug~s et supersti-
tions.
On peut dire que l'un des buts,
partiellement atteint,
a ~t~ d'imposer dans ce domaine le v~térinaire à la société
rurale du Moronou.
Parmi les maladies du b~tail, le Service
o
zootechnique se penche particulièrement sur la peste et la
péripneumonie bovines qui à périodes r~gulières déciment
les troupeaux (1).
Outre l'examen des troupeaux et l'isole-
ment pratiqu~ en cas d'épizootie,
l'unique moyen de lutte
contre ces affections se résume à la vaccination,
pratiquée
de temps à autre,
par le v~térinaire du Cercle,
lors de ses
tournées.
III.
LES PIONNIERS DE L'AGRICULTURE COLONIALE
Complétant l'action du Service de l'Agriculture et
celle de l'Administration dont souvent elle fait partie,
une
élite de planteurs pratique une culture fondée sur les prln-
cipes pr~c~demm~nt évoqués.
Ils poussent l'Agriculture dans
la voie du progrès et servent de modèles aux autres habitants
du Moronou.
Lnf r i eu r
la
é
v pa r
le nombre de ses "p i onn i e r sv r à
(1) 1917-1918
; 1924-1925 ; 1927.
Cette année-là,
la peste
bovine cause dans la subdivision de Bongouanou,
"la perte
d'environ 250 t~tes de bétail Sur les 1.000 qui composaien l
le cheptel de cette région".
Cf ANCI,
1 RR 39,
rapport Sur
la situation agricole et zootechnique du N'zi-Comoé,
2ème trimestre 1927
;
1928
; 1929.
r

!
1
l.i.J ..' ) ~
régiofl voisj_lle de l'Indé)li~, v~ritable p~pini~re de cet"te
aristocratie rurale,
le Moronou renferme n~anmoins quelques
uns de ces novateurs qui
fraient la voie du progrès.
Ces
hommes en assurent à l'occasion la renomm~e dans les con-
cours et les expositions organis~es, au niveau de l'ensem-
ble de la Colonie (1),
le repr~sentent dans les instances
les plus r~put~es du monde agricole. Ils sont cit~s en exem-
pIe dans la presse coloniale.
Bien entendu,
au sein de ce
groupe,
le degr~ de comp~tence et d'ouverture d'esprit,
les
qualités agronomiques, mais surtout la capacit~ productive
li~e aux possibilit~s d'investissement varient. Ainsi voit-on
se dessiner deux cat~gories de planteurs-pionniers correspon-
dant à deux niveaux du perfectionnement agricole.
Quelle fut l'influence r~elle des uns et des autres
sur la soci~t~ du Moronou ? Une ~tude sur ces planteurs pion-
niers devrait nous permettre de r~pondre à cette question et
à bien d' autres :,pr~occupations, comme par exemple de d~terrninel:
le nombre exact de ces premiers planteurs et de pouvoir sui-
vre l'~volution de leur effectif, au cours de la p~riode
~tudi~e. Par ailleurs quelle ~tait l'~tendue de chacune des
(1) En 1934, à la première foire d'Abidjan, sur un montant to-
tal de 15.050 F accord~s aux agriculteurs m~ritants, le
Cercle de l'Ind~ni~ (y compris la subdivision de Bongouanou
s'approprie 5.725 F soit 44,68 % du montant total des
primes distribu~s à l'ensemble des Agriculteurs de la
Colonie.
Si l'on ajoute aux 6.725 F le montant de 300 F
de primes enlev~ par le N'zi-Como~, qui englobait une
partie du Moronou,
nous obtenons,
pour les deux Cercles
de l'Ind~ni~ et du N'zi-Como~, la somme de 7.025 F. Ce
qui repr~sente 46,67 % de la totalit~ des primes.

I.;J,.? •
exploitations? Comment celles-ci étaient-elles conduites?
La
production de ces entreprises était-elle rentable? Au-
tant de questions auxquelles nous sorrunes en droit d'attendre
la réponse de la documentation.
Celle-ci lacunaire ou au
contraire variée mais disparate,
ne saisit que rarement
l'information de détail qui permet de réaliser des synthè-
ses ultérieures.
Force est cependant de nous satiSfaire des
éléments archivistiques,glanés ici et là à travers plusieurs
séries de documents et de recourir à l'occasion à des consta-
tations personnelles.
A.
Les sources
Le Journal.officiel de la CBte d'Ivoire de 1935,
récapitulant "les primes accordées aux agriculteurs exposants"
à la première foire d'Abidjan -celle-ci eut lieu en 1934-
fournit par la même occasion une liste des planteurs parti-
cipants.
Bien qu'il souligne la proportion écrasante des
planteurs de l'Indénié (1) auquel administrativement la ma-
jeure portion du Moronou
venait
d'être rattachée,
ce docu-
ment est à
la limite inexploitable pour une étude circons-
crite à
une région, même aussi importante sur le plan géogra-
phique que le Moronou,
dans la mesure où i l est absolument.
(1) Sur 230 "agriculteurs exposants" ayant bénéficié d'une
prime,
le Cercle de l'Indénié se détache de loin en tête
avec 112 planteurs exposants,
soit 48 % du total des agri-
culteurs primés de tout le territoire ivoir~en qui englo-
bait,
en 1934,
une partie de la République vOltaIque ac-
tuelle (Bobo et Koudougou particulièrement).
Cf Primes aux agriculteurs exposants in J.O.C.I.
1935,
pp. XXIX-XXX.

impossible de déterminer,
sur la liste des 112 agriculteurs
exposants de l'Indénié,
à combien s'élève effectivement le
nombre des planteurs installés dans le Moronou.
La même remarque est valable pour les trois plan-
teurs du N'zi-Comoé,
primés à la même foire d'Abidjan.
Qui
de ces trois agriculteurs exposants du N'zi-Comoé est effec-
tivement implanté dans le Moronou ? Les nomS des planteurs
eussent pû servir de critère de répartition,
si les nomS
agnl du Moronou n'étaient pas aussi proches,
voire identi-
ques a ceux portés par les Baoulé qui constituent l'autre
fraction de la population du N'zi-Comoé.
Les sous-séries 1 R l , I R 3 et 1 R 12, conservées
aux Archives Nationales de la Côte d'Ivoire a Abidjan,
of-
frent pour leur part des possiblilités d'utilisation. La
sous-série 1 R 1 - XIII - 38 -
28/160
(60),
bien qu'elle
omette de fournir la liste nominative des planteurs,
livre
tout au moins,
pour chacune des trois Subdivisions composant
le Cercle d'Abengourou,
à la fois le nombre des villages vi-
sités et le nombre des planteurs pour l'année 1936. Ainsi
avons nous
Subdivision de Bondoukou,
20 villages visités,
1.001 planteurs recensés;
- Subdivision de Bongouanou,
25 villages visités,
1.310 planteurs recensés.

Lin autre dossier de la même
sous-série 1 R 1 - IV -
17
- 46
(3.722) mentionne l'existen-
ce de deux grandes plantations, sises dans le Moronou et dont
l'ancienneté remonterait pour l'une ~ 1924 et pour la seconde
~ 1928. Ce sont:
-
la plantàtion Harambat et Bardon ~ Arrah : 98 hectares
plantés de cacao, café et bananes et dont la création
daterait de 1928
;
-
la plantation Ernest Dadié à Tiémélékro, de 17 hectares
environ,remontant ~ 1924.
La sous-série 1 R 3 - XI
- 47 - 489
(924) consti-
tue également une source précieuse,
dans la mesure où elle
révèle en 1939 l'existence d'''une plantation de 75 hectares,
située ~ Kotobi
(Bongouanou) et appartenant ~ Beuglot". Elle
mentionne aussi l'existence d'une plantation de 35 ha de
café appartenant ~ Harambat.
La sous-série 1 R 12
- VI -
20 -
252
(5300) re-
tiendra davantage l'attention dans la mesure où elle rappor-
te,
en 1933, une liste nominative de tous les
planteurs
autochtones du N'zi-Comoé avec ~ l'appui la localisation,
ltéte~due et l'âge de la parcelle cultivée. Ce document permet
de nocer qu'en 1933,
le N'zi-Comoé renfermait soixante six (66)
planteurs dont l'exploitation appartenait au Moronou et
totalisait 445 hectares de cacaoyers,
74 hectares de caféiers
et 170 pieds de colatiers.

.' f.,-"
/ , ..' \\ ! •
Les sous-s~ries
2 D 3 - XII - 33 -
50/156
(451)
et D -
IV -
53
-
22
(2.970) offrent des informations simi-
laires, mais in~gales, dans la mesure où elles n'indiquent
pas toujours pour chaque propriétaire la superficie de l'ex-
ploitation :
- Plantation E. Harambat au kilomètre 32 de la route
Dimbokro
Bongouanou,
de 15 hectares
(café,
bananes)
- Plantation Bernard Yao (1).
Enfin,
pour la premlere fois,
la sous-s~rie
Q -
IV -
15 -
120 (3.743) mentionne en 1939 l'attribution
de titres fonciers à cinq planteurs,
originaires du Moronou
-,
Titre foncier nO 75 accordé a Ebi Ettien
planteur a Anoumaba
Titre foncier nO 76 accord~ -,a Ena Ettien
planteur a M~nou
Titre foncier nO 77 accord~ a Fossou Aka
planteur a Alongo
Titre foncier nO 78 accordé à Sadiè victor
planteur à Ti~m~lokro.
Certains témoignages; oraux, attestés par les vesti-
ges d'anciennes exploitations,
relatent l'existence de plan-
tations de café et cacao,
florissantes à notre ~poque et ayant
appartenu à des individus dont les rapports archivistiques
(1) Sans autre pr~cision. Cf ANCI,
D-IV-53-22
(2.970),
L'ex-
ploitation de Bernard Yao, Alangwa du Moronou,
~tait situéo
au IZm 25 de la route Bongouanou-Dimbokro,
à l'emplacement
actuel de Ya ok r o.

n'ont point retenu les noms.
On peut citer:
J'interprète de
l'Administration Bil~ qui cr~e une plantation de cacao et
caf~ à Ti~m~l~kro ; Athanase Tahi dont l'exploitation caf~ière
fructifia à I\\plohoumanso(Bongouanou). Les t.émo.i qriaq e s oraux
retiennent aussi le nom de Gouabo Assalé,
originaire d'Abongouël,
"le premier mor o rwo" ayant introdui t
le cacao dans la r éq ion ,
B.
L'effectif
..
.
Bien que nous soyons conscients d'atteindre non
pas une parfaite exactitude, mais une r~alité plutôt appro-
ximative,
on obtient,
en relevant le nom des planteurs men-
tionn~s, les résultats suivants.
1.
Les Planteurs europ~ens
Ils sont au nombre de quatre,
pendant toute la
p~riode ~tudi~e : Edgar Harambat, Bardon, Beuglot et Georges
Dr~vet. si Harambat possède en association avec Bardon, une
exploitation de 90 hectares,
sise à Arrah,
i l détient par
ailleurs à titre individuel deux autres parcelles, l'une
de 35 hectares de caf~ en 1939 (1) et une deuxième de
15 hectares dont 5 en bananes,
encore visible en 1937 à
Soungassou, Km 32 de la route Dimbokro-Bongouanou. La
(1) ANCI,
1 R 3 - XI - 47 - 489
(924), Rap.
du conducteur
d'agriculture, Andra à Monsieur le Chef de la s/section
de l'Ind~nié, a/s Service de l'Agriculture de l'Indénié.
Abengourou,
14 septembre 1939.

concession rurale de Beuglot,
sise a 11 km de Bongouanou,
à Kotobi, d'une étendue de 75 ha, était plantée de caféiers.
Quant à la concession rurale de Drevet d'une étendue de
50 hectares en 1927, elle était localisée-à Bongouanou (l).
Ce groupe de planteurs d'origine française repré-
sentait la catégorie la plus élevée des exploitants ruraux
du Moronou.
Incontestablement ils donnaient le ton et diri-
geaient leur plantation avec beaucoup de soin, bien que les
planteurs européens de la Colonie dans leur ensemble ne soient
point cités comme des modèles dans le domaine
(2). D'une
façon générale,
par leur conception de l'exploitation et
les résultats acquis,
les planteurs européens du Moronou
sont en avance sur le planteur africain. La spécificité de
ceux-ci découle de caractéristiques communes
: ils bénéfi-
cient entre autres de l'aide administrative dans le recrutement
(1) ANS,
2 G 27-31; Rapport annuel du Servie de l'Agriculture
de la Côte d'Ivoire. Année 1927.
(2) L'éminent agronome, A. Chevalier du Muséum de Paris,
en
mission en Côte d'Ivoire en 1930, aurait confié à de
Coutouly, administrateur du N'zi-Comoé, qui l'aurait re-
çu dans sa circonscription, que les planteurs européens
connaissaient mal leur métier.
"Il siétonne de voir entre-
prendre la culture du cacao et du café par des gens qui
n'y sont nullement préparés
( . . . ) Il leur reproche aussi
de soigner surtout de la "façade"
(sic) Sans chercher
vraiment à faire une o~uvre belle et durable. Mr Chevalier
n'admet la plantation européenne qu'à condition qu'elle
puisse sarvir de modèle à la plantation indigène ... ".
Cf ANCI,
l RR 39, Rapport sur la situation agricole et
zootechnique du N'zi-Comoé,
pour le 3ème trimestre 1930.

/~ _'.13.
de la main-d'oeuvre, à une p6riode o~ la p~nurie de l'ouvrier
rural se faisait cruellement sentir dans toute la Colonie (1).
Mais le fondement essentiel de leur prosp~rit~ comme de leu~
importance r~side dans l'exercice d'une activit~ à la fois
agricole et industrielle. Ces industries agricoles,
en parti-
culier la coupe de bois de chauffe pour le chemin de fer,
supposent des investissements et une gestion qui n'ont rien
de COmmun avec la direction d'une exploitation "indigène".
A l'~chelon inférieur, se situe le planteur afri-
caln "progressiste".
Sa position offre moins d'éclat et i l
ne remplit que certains des traits d~finissant le personnage
pr~cédent du planteur européen.
2.
Les planteurs "progressistes" africains
On peut citer ici les pionniers des cultures du
cacao et ~u café du Moronou dont les noms n'ont pas ~té né-
cessairement retenus par les documents archivistiques:
Gwabo Assal~ (2) d'Abongoua qui alliait de façon active le
(1) Les manoeuvres arrivaient dela Haute-Volta actuelle ou
des Cercles du Centre et du Nord ivoiriens et sont orien-
t~s sur les plantations européennes. Cf ANCI, 1 Q 2 - IV -
15 -
120 (3.743), Rap.
du Cercle du N'zi-Como~, pour le
deuxième semestre 1939.
(2) Son nom Gwabo vient de Gwa ou Cape-Coast en Agni. Ce
surnom lui fut donné à cause des rapports commerciaux
extrêmement suivis qu'il eut avec la Côte de l'Or,
essen-
tiellement avec Cape-Coast.
On lui attribue l'introduction
du cacao dans le Moronou, bien avant que la culture de cet-
te plante ne soit tent~e à grande échelle.

commerce a l'exploitation agricole
l'interprète de l'admi-
nistration coloniale, Bilé,
qui se tailla tout un immense
domaine agr icole ,de ca fé et de cacao,
en pays ahali ,
dès les
premières tentatives de cultures coloniales dans le Moronou.
Il n'est pas à douter que ce N'zéma ,
originaire de la Basse-
Côte d'Ivoire,
ait été en liaison avec la forte colonie appo-
Ionienne et fanti de Tiassalé,
carrefour commercial et ville
coloniale de la première heure/à l'embranchement du N'zi et
du Bandama.
En effet,
c'est de cette ville o~ s'illustrèrent J
dans la culture du cacao les éléments fanti et appolonien,
~
dès la première décade du siècle,
que le cacao fit irruption
en pays Ahali
et de là dans les régions voisines.
Il faut
aussi mentionner un autre appolonien, Athanase Tahi,
venu
sur le tard dans le Moronou et qui s'approprie le site en
hauteur d' Etouéyéngé,
en t r e Bongouanou et Kotobi,
pour créer,
à la veille de la deuxième guerre mondiale,
l'une des exploi-
tations de café et de cacao les mieux entretenues du Moronou.
Mais comment évaluer,
en l'abSence de toute estima-
tion chiffrée,
l'étendue et au besoin la production de ces
exploitations? On ne peut donc se référer qu'à ceux qui sont
nommément cités par les documents d'Archives et sur lesquels
nous disposons de quelques r en.s e i.qn eraen t e écr i ts et chi ffrés.
Ernest Dadié figure parmi les premiers planteurs
"progressistes" dont les Archives ont gardé le nom
(l).
Implantr
(1) Cf ANCI,
2 D 3 - XII
- 33 -
50/156
(451).
Programme d'ac-
tion sociale,
ais principales plantations 1937. La mention
de l'exploitation rurale de E.
Dadié figure déjà dans les
Archives Coloniales dès 1925.
Cf ANS,
2 G 25 -
25, Rap.
annuel du Service de l'Agriculture de la Côte d'Ivoire,
Année 1925.

à Adibrobo, pres de Tiemél(~1no, sur la ligne de cb emi n de
fer,
i l emploie en 1937 pour son exploitation de cacao et
café, mesurant 17 hectares,
dix manoeuvres.
A Bernard Yao,
qui pendant l'entre-deux guerres
est a la tête d'une exploitation agricole,
est réservée
une place sur la liste de ceux qui en 1936 sont recensés
comme planteurs au niveau
du N'zi-Comoé.
Il est représenté
à côté des "capitaines d'agriculture" réputés du Cercle comme
les Beuglot,
les de Kersabiec,
les Reinach,
les Delpeyroux
à Dimbokro,
les Jouffroy à Yamoussokro ... Mais en dehors
de la référence à son nom,
pas une ligne de plus sur 'lui
dans les Archives. Tout ce que l'on sait par ailleurs à son
sujet, nous le tenons des témoignages oraux.
Il incarne par-
faitement le type du planteur Morofwo de l'époque qui associe
à l'exploitation agricole d'autres activités comme celles
du commerce et du transport.
Autres individus entreprenants en ces premières
années de cultures industrielles,
révélés par la documenta-
tion écrite : les cinquante huit planteurs recensés en aoGt
1933 et dont l'étendue ainsi que l'âge des exploitations.
ont été enregistrés par le Service de l'Agriculture (1). A
la lecture du tableau ci-contre,
l'on est frappé de prime
abord par la répartition géographique de ces planteurs,
orlgl-
naireS dans leur majorité~du Moronou Occidental (2) et répartis
comme s u i t :
37
dans l'Amantian, 9 dans l'Ahali, 3 dans
(1) ANCI,
1 R 12
- VI
-
20 -
252
(5.300).
(2) 51
Sur 58
planteurs,
soit 87,93 %.

Planteurs et cultures industrielles recensés dans le Moronou en !933
Sroupe
NOIll
du
Nombre
Parcelles
Parcelles
Total p I a nt a t .
Agni
village
de
de cacao
de café
en
ha
plan teu rs
en ha
en ha
Arnantian
Ahnien
2
25
25
Ahounan
3
17
17
Alongo
3
49
14
63
Angaman1{ro
2
4
4
Angbanou
13
150
18
168
Anoumaba
7
73
21
94
Diekadiokro
7
30
2
32
Alangwa
As s ah ar a
3
9
4
13
Ahal)
Ad i b r ob o
3
3
3
Ménou
5
5
Tiémelékro
5
43
4
47
Sawua
As s oum ou k r o
5
5
Gramassabo
6
6
Res te du
Moronou
Abongoua
3
4
4
Kotob i
5
5
Assiè Kokoro
3
17
17
Total
58
445
63
508
Sources
ANCI 1 RI2-VI-20-252
(5 300)

l'Alangwa et 2 dans le Sawua.
Sur les sept autres planteurs
enregistr~s, 4 sont originaires de l'Ahua (1), 1 drAssi~.
Aucun planteur du Ngatianou,
de l'Essandané ou du Sahi~
n'apparait sur ce tableau.
On est ~galement frapp~ par l'exiguit~ des super-
ficies mises en valeur selon le tableau ci-après, seules 14
parcelles cultiv~es de cacao et 1 de caf~sont sup~rieures
à 10 ha. Plusieurs parcelles forment cependant une seule et
R~partition des parcelles cultiv~es selon les
villages et la taille
Villages
0 -
10 ha
10 -
20 ha
plus de 20 ha
/ '
cacao
caf~
cacao
caf~
cacao
. oa f é
Anownaba
3
2
2
1
2
-
Angbanou
8
6
2
-
3
-
Adibrobo
3
-
-
-
-
-
Atnien
-
-
2
-
-
-
Ahounan
3
-
Alongo
1
2
1
-
1
Assahara
2
2
-
-
-
Assoumoukro
1
-
Di~kadio1uo
7
1
Angamankro
2
Gramassabo
1
Ménou
1
Tiémelekro
4
2
1
Abongoua
2
2
Kotobi
1
1
As s i
-Kok or o
3
è
Source
ANeI 1 R12-VI-20-252
(5 300)
(1) Abonç:roua
(3
planteurs) et Kotobi
(1
planteur).

memc exploitation.
Perçus sous l'angle de la propriét~ appar-
tenant à un m~me planteur, ces domaines agricoles rev~tent
une dimension plus respectable.
Ainsi 6 exploitations sont
d'une taille sup~rieure à 20 hectares, 6 autres s'échelonnent
entre 15-20 hectares et enfin 4 ont une superficie comprlse
entre 10 et 15 hectares.
(C fL,ableau cie la page 457)
Par ailleurs la moyenne d'âge de ces plantations
en 1933 ~tait de 7 ans. Seules quelques râres parmi elles
accusaient entre 10 et 15
ans d'âge.
Ce qui sous-entend
que la crÉation de la majeure partie des plantations remon-
terait à 1926,
les plus vieilles (15
ans d'âge) datant de
1918.
A cet avant-garde de planteurs progressistes,
i l
convient d'ajouter les quatre planteurs de la zone occidentale
du Moronou
: Ebi Ettien, Ena Ettien,
Fossou Aka et Sadi~
Victor
(1)
auxquels furent accord~s en 1939 les titres
fonciersd~finitifs de leurs exploitations. Par contre les
1 310 planteurs de la subdivision de Bongouanou,
recens~s
en 1936
(2),
appartiennent sans ambiguit~ au bataillon des
cultivateurs-planteurs, d~pourvus de grands moyens et qui ne
~
peuvent apporter à leurs exploitations toutes les am~liorations
,
/
,
necessalres.
En fait la démarcation est ~ort mlnlme entre ces
deux catégories de planteurs.
Celle-ci ne tient ni à la
(1)
ANCI 1 Q2-IV-15-120
(3743),
Rappo r t
du N'zi-Comoé pour
le deuxi~me trimestre 1939.
(2) ANCI 1 R1-XIII-38-28/160
(60), Rapport du service agricole
d~ l'Indénié pour l'année 1936.

!.,5') •
dimension ni à l'ancienneté des plantations.
La différence
résiderait plutat dans un certain savoir-faire et la puissance
des moyens.
C.
Les fondements de l'influence des planteurs
pr oqr-e s s is t.e s
Impossible à mesurer,
l'ascendant qu'ils exercent
sur leurs contemporains est cependant incontestable.
A des
degrés divers,
ils servent de modèle,
à tout le moins éveillent
les esprits à un certain nombre de problèmes, même si ceux-ci
ne reçoivent pas toujours une solution. La grande exploitation,
propriété en général européenne, doit avoir une fonction
exemplaire, du moins se plait-on à le croire. Banc d'essai
des nouvelles techniques et de nouvelles cultures, elle doit
être la source de référence pour les plantations limitrophes,
en sorte que son influence puisse s'étendre sur tout le voi-
sinage. Si elle suscite des imitateurs dans les rangs des
exploitants pionniers, son raIe fut néanmoins limité. Témoin
les échos désabusés recueillis à propos des cultures de
l'époque:
"Nombreuses sont les plantations privées et adminis-
tratives auxquelles l'indigène pourrait se référer
en dépit de ce qu'il observe,
il n'en dégage rien,
nous en voulons comme témoignage irréfutable l'état
de quasi-abandon de ses cultures" (1).
(l)
ANCI 1 RI-XII 1-3 8-2 8/160
(60) .Rappo rt. agr icole de l' Lnd én i é
1936.

1;.60.
Quel r6le pr~cis jouent à leur tour les planteurs
pionniers d'origine africaine? Donnent-ils une impulsion
r~elle à la culture industrielle dans le Moronou et contri-
buent-ils à l'orienter dans la voie de la modernisation?
Les atouts ne leur manquent pas.
Premier trait
distinctif, ce sont des "lettr~s" pour la plupart: inter-
pr~tes administratifs à la retraite; moniteurs d'agriculture
ayant mis à profit dans une exploitation personnelle les
connaissances techniques et l'exp~rience,acquises au cours
d'une longue carri~re dans le pass~ ; maîtres d'~cole qui, en
pr~vision d'une retraite plus heureuse, ~tablissent sur une
portion de la forêt du village natal la plantation personnelle
dont ils suivent tant bien que mal le fonctionnement,
au gr~
des affectations. Beaucoup d'autres parmi ces planteurs
progressistes comptent à leur actif plusieurs s~jours pro-
long~s dans les villes de la basse-C6te où ils ont ~t~ quel-
que peu "d~grossis" par le contact permanent avec la
"civilisation". Ce sont des ouvriers du chemin de fer ou du
port ou encore des commerçants. Ce sont enfin les anciens
combattants de 1914-18, revenus du front.
certains parmi eux
h~ritent, en guise de récompense, d'anciennes plantations
collectives (1).
(1) Les plantations collectives "faites m~thodiquement et de
belle venue",
remontant pour la plupart d'entre elles à
1916-17 et destin~es au départ à devenir "le moyen de
vulgarisation", devaient être r~serv~es, selon une idée
du chef de la subdivision de Bongouanou,qualifi~e
d'''excellente'', à "des tirailleurs r~form~s". Cf ANCI
1 RR 39,
le cacaoyer dans les Cercles d'Assinie, de
l'Indénié et du N'zi-Comoé, Tournée du 7 décembre 1917
au 7
janvier 1918.

Le planteur progressiste africain,
par sa formation
et son expérience personnelles,
est donc bien disposé au
progrês.
Il s'équipe,
selon ses ressources, d'outils agri-
coles "modernes", crée des exploitations "faites en lignes,
à écartements réguliers" (1).
Les arbres fruitiers:
oranger, mandarinier,
avo-
catier, manguier etc ...
largement diffusés dans la Colonie,
pendant l 'entre-deux-guerres,
tiennent aussi une grande place
et disputent le terroi au caféier et au cacaoyer ...
Ces agriculteurs n'ignorent pas le rôle des engrais
pour forcer le sol;
ils s'ouvrent les premiers à l'emploi
des engrais verts et aussi des engrais chimiques dont la
diffusion fut,
il faut le reconnaître,
plutôt parcimonieuse,
à cause de leur coût élevé à l'achat.
Tout cela aboutit à une élévation des rendements
qui sont toujours supérieurs à ceux du planteur ordinaire
et aux moyennes fournies,par les autres enquêtes agricoles.
Par exemple,de son exploitation de 17 hectares plantée de
café-cacao, E.
Dadié retire "5
à 6 tonnes de produits" (2).
Sans être une récolte extraordinaire, cette production re-
présente cependant en 1937 un record,
/
comparee au taux de
rendement obtenu sur les autres établissements.
Cette agriculture en VOle de devenir "intensive"
repose évidemment sur un minimum d'investissement. Elle exige
(1) Bacs de cacao
(2) ANCI 1 RI-IV-17-46
(3 722), Rap.
sur l'état des planteurs
de l'ensemble du Cercle du N'zi-Comoé.
s.d.

par ailleurs une certaine technicit~ et surtout elle fait appel
à des ouvriers de plus en plus nombreux que la main-d'oeuvre
ne peut sUppl~er. Cette carence de la main-d'oeuvre, permanente
sur les plantations industrielles du Moronou,
au cours de
notre période,
devient fort
aiguë durant les dernières années.
En 1939,
l'Administration du Cercle soulignait:
"Le planteur indigène se trouve maintenant devant
des superficies en rapport qui d~passe sa faculté
de travail, celle de ses parents et même de sa
clientèle,
au demeurant peu laborieuse. La grande
propriété indigène,
si elle veut subsister, doit
s'organiser. On n'attirera plus, on n'a déjà plus
attiré cette année, des gens d~sireux de travailler
en leur donnant pour tout salaire quelque argent
de poche et même en l'admettant au grand plaisir
de manger le foutou patronal à la table familiale"(l;
Ainsi investissements de plus en plus coûteux, pénu-
rle de main-d'oeuvre de plus en plus prononcée causent "déjà
des ennuis" et deviennent,
à la veille du conflit mondial,
une menace grave et un frein à l'expansion des cultures
pérennes du cacao et du café
"De plus en plus,
le planteur indigène -"le patron
noir"- devra s'imposer, parallèlement à ses
bénéfices, des dépenses d'entretien et de personnel.
A ce prix, mais à ce prix seulement, son effort
de ces derniers temps ne sera pas s·térile" (2).
(1) ANCT 1Q2-TV-1S-120 (3 743) Rap.
économique du N'zi-Comoé
pour le 2e semestre 1939 -
ais main-d'oeuvre.
(2) ANCT 1 Q2-TV-1S-120
(3
743), Rap.
économique du N'zi-Comoé,
pour le deuxième semestre 1939,
ais main-d'oeuvre.

CHAPITRE
XI
LES
SOCIETES
A VOCATION
ECONOMIQUE:
UNE CONTRIBUTION IMPORTANTE AU
PHOGRES AGRICOLE
Créées en vue d'aider,
dans l'intérêt commun,
au développement de la production agricole,
au conditionne-
ment du produit de récolte,
dans la perspective d'une valo-
risation plus grande de ce dernier sur le marché international,
les sociétés à vocation économique,
essentiellement la Chambre
de Commerce de Côte-d'Ivoire
et les sociétés de prévoyance
font preuve,
au cours de la période coloniale,
d'un grand
dynamisme. Au-delà des antagonismes de personnes doublés
de frictions politiques,
elleS concourent effectivement au
progrès agricole et dans une moindre mesure à l'amélioration
des conditions de travail des individus.
l
- L'INFLUENCE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE LA
COTE-D'IVOIRE
Instituée à Grand-Bassam par arrêté du gouvernement
général de l'AOF,
en date du 23 décembre 1908,
la Chambre
de Commerce de la Côte-dtlv0i~e, regroupant en son sein tous
les secteurs d'activité économique de la Colonie, se réunit
périodiquement tous les mois en séance de travail.
Là sont
prises et consignées par procés-verbal,
adressé au Lieutenant-

Gouverneur,
toutes les décisions nécessa ires à la bonne marche
économique de la Colonie,
à charge pour
le gouverneur colonial
de les appliquer,
s ' i l les
juge utiles.
L'éventail de SeS
interventions dans le domaine agricole,
fort important,
s'étend de la production
jusqu'à la
commercialisation,
en
passant par l ' inci tation au travail et la recherche des moyens
adéquats pour atteindre les objectifs fixés.
A.
Création,
organes et attributions de la Chambre
de Commerce
1.
Création et Organes de la Chambre de Commerce
Issue de la Chambre consultative du Commerce et des
mines,
créée en 1903
(1) dont elle prend définitivement la
relève,
cinq ans plus tard,
en 1908
(2),
la
Chambre de
Commerce de la Côte-d'Ivoire est l'un des organismes de dé-
veloppement économique les plus dynamiques de
la Colonie.
Elle se compose de quatorze membres titulaires et de onze
membres suppléants
(3),
élus par un Collège électoral,
ras-
semblant tous les commerçants payant une patente annuelle
(1) Arrêté local du 22
octobre 1903 -
Cf B.O.C.I.
1903
p.
577
(2) Arrêté du gouvernement général de l'AOF en date du
23/12/1908
(3) Ces membres étaient ainsi répartis:
1) 9 membres titulaires et 6 membres suppléants citoyens
français
2) 3 membres titulaires èt :: membres suppléants de natio-
nalité étr~gère européenne ou assimilée possédant
une connaissance suffisante de la langue française
3) 2 membres titulaires et 2 membres suppléants indigènes,
sujets fr~nçais, lisant et écrivant le français.

, ~ ,.
Ll·oj.
d'au moins 150 F.,
les directeurs des compagnies europeennes
de Commerce, d'exploitations agricoles,
les agents de change,
les capitaines au long cours et les maîtres de cabotage (1).
Elus pour
trois ans et renouvelables par 1/3 tous
les ans,
les membres,
titulaires et suppléants,
procédaient,
d~s la premi~re séance, à la mise en place d'un bureau composé
d'un président, d'un vice-président et d'un secrétaire-tré-
sorier.
Des membres correspondants,
établis dans les diffé-
rents Cercles de la Colonie,
étaient désignés et agréés par
le Lieutenant-Gouverneur.
Pierre Kipré,
dans les quelques lignes consacrées
à l'évolution chronologique des membres électeurs de la
Chambre de Commerce, de 1928 à 1939, démontre que le pourcen-
tage des citadins au sein de cet organisme était de 95 %
en 1928 et de 97,8 % en 1935 (2).
Il révèle ainsi a contrario
que
le nombre des adhérents non citadins,
c'est-à-dire
les sociétaires pouvant être classés comme propriétaires
ruraux,
vivant à la campagne à la tête d'une exploitation
de café ou de cacao par exemple,
décroît de 5 % en 1928 à 2,2 %
en 1935. En soulignant la faiblesse des adhérents ruraux,
i l
convient de noter qu'il eût été intéressant de connaître J
sur ce peti t
nombre qu t i Ls r epr és en t en t.j I.e pourcentage des
planteurs d'origine africaine.
Pour ma part,
je n'ai relevé
(1) Voir pour une information plus complète l'article de
Sami-Bi Zan,
la Chambre de Commerce de la Côte-d'Ivoire
et la croissance économique ivoirienne 1908-1940. Godogodo,
Bull.
de l'Institut d'Histoire,
d'Art et d'Archéologie
Africains,
n° 3
(janvier 1977) pp.
(2) P.
Kipré, Les villes coloniales de Côte-d'Ivoire,
1893-1940,
Thèse POUY
le doctorat ~s lettres, paris VII, 1981, 1012 p.
(p.
1} 59 ) .

dans aucun dor-ume nt. le nom d'un Africain,
habitant le MoronoLl,
qui ait a ppa r tenu à un moment quelconque à cet orga nisme (l).
Sans doute la situation économique médiocre des
planteurs
ivoiriens explique leur abscence de cet
organisme.
Mais étaient-ils beaucoup moins intéressés pour autant par
les problèmes agricoles qui y étaient débattus ?
On peut
se demander alors quelles étaient les intentions réelles de
la Chambre de Commerce qui passait pour défendre
les intérêts
des Africains en général ...
"Le commerce a
toujours eu en vue,
au
contraire
l'intérêt de nos populations indigènes dont souvent,
trop souvent même,
il a dû prendre la
défense"
(2)
2. Attributions
Des attributions consultatives,
administratives
et
financières étaient dévolues à la Chambre de Commerce.
Par
exemple ses attributions consultatives lui conféraient le
droit de présenter au lieutenant-gouverneur ses vues sur les
moyens d'accroître la prospérité de la colonie,
de donner son
opinion sur l'exécution des travaux d'intérêt général:
r ou t es
chemin de fer,
bâtiments publics . . . .
L'exercice de ces droits donne lieu à des relations
extrêmement tendues entre la Chambre de Commerce et le gou-
vernement
local dont l'un des sonunets sera le conflit ouvert
à partir de 1913, entre Barthe, président de la
Chambre de
(1) Pendant l'entre-deux guerres,
Sendral,
puis E.
Harambat
sont les cor r espondan ts de la Chambr e de Commerce pour 1(':
N' z i -Comoé.
(2) Procès-verbal sur la Jutte contre l'alcoolisme - BMCCCI
octobre 1912,
p.
3.

L~.D7
Commerce (l) et Angoulvant,
a propos du recrutement de la
main-d'oeuvre locale.
En mal 1913,
des observations ayant ~t~
rapport~es
à la Chambre de Commerce sur la brutalit~ de quelques adminis-
trateurs et certains de leurs comportements qui frisaient
l'ill~galit~ et dont la port~e pouvait être pr~judiciable
à la production agricole et au commerce (2),
la Chambre de
Commerce ~crit au lieutenant-gouverneur, afin d'obtenir de
plus amples informations sur ces diff~rents incidents. Le
gouverneur Angoulvant,
jugeant que la Chambre de
Commerce
outrepasse ses droits,
fait preuve,
dans la lettre qu'il
adresse à celle-ci, d'un ton qui,
pour le moins
qu'on puisse
(1) Le premier pr~sident de la Chambre de Commerce de la Côte-
d'Ivoire fut Porge (1908-1912)
; i l est remplac~ en 1913
par Barthe qui
demeura pendant une quinzaine d'années
à la tête de cet organisme.
(2) A Lahou,
des billes saisies par l'Administration ont ~t~
mises
à l'eau par les habitants des villages de la
r~aion sous la surveillance du Chef de poste, aid~ de
se~ miliciens et de ses interprètes, sans que les habitants
aient touch~ "aucune r~mun~ration, pas même de nourriture".
Cf Lettre de Goudard,
secr~taire-tr~sorier de
la Chambre
de Commerce au Lt-gouverneur de la Côte-d'Ivoire, B M CCC l
1913 p.
20-21
(p.
20)
A Fresco, des habitants "ont ~t~ r cc r u t és de force par le
Chef de poste ( . . . ) et dirig~s sans escorte,
accompagn~s
d'une feuille de route administrative,
sur les ~tablisse­
ments de l'huilerie de Drewin" Cf Ibidem,
op.
c i t ,
p.
20
A Bingerville, des palmeraies appartenant aux habitants
des villages de Saut~ et d'Adjam~, auraient ~t~ abusi-
vement exploit~es, avec la complicit~ de l'Administration
locale,
par M. Blachon.
Enfin à Bouak~, arrivent journellement sous la conduite
de miliciens,
des caravanes portant des charges de riz
achet~es par l'usine locale à vil prix, 0,10 F le kg.
"Il serait .i n t
r e s s an t,
lit-on dans la lettre de Goudard
é
envoy~e au Lt-Gouverneur, de quelle façon les indigènes
sont
amen~s à faire 10 ou 15 jours de route aller et
retour pour une somme aussi minime,
alors que,
travaillant:
au portage pour le commerce,
ce même effort serait r~munêré
3 ou 4 foi s
d a van ta ç:r e".
Cf lb idem,
op.
ci t .
P . 2 l .

dire,
est extr~mement vif. Ironisant Sur le rBle dont, à son
avis,
s'arroge la Chambre de Commerce, Angoulvant é c r i t :
"Beaucoup des électeurs de l'intérieur
( . . . ) consi-
dèrent votre Compagnie,
non point comme un organe
représentatif et consultatif des intér~ts du
Commerce, mais comme une sorte de comité de salut
public,
placé à cBté du gouverneur et de ses
collaborateurs,
pour surveiller
leurs actes,
les
critiquer,
les dénoncer et sonner de temps à autre
le toscin d'alarme"
(1).
Poursuivant sur ce m~me ton, Angoulvant ajoute
plus loin
"Je n'ai,
en effet,
de compte à rendre de ma gestion
qu'au gouverneur général dont je relève"
(2)
En
janvier 1922,
à l'occasion du banquet offert
a messieurs les députés Proust et Valude en mission
(3) et en
présence du gouverneur Antonetti,
successeur d'Angoulvant,
la Chambre de Commerce revenant sur le conflit qui l'oppose
à l'Administration, définit sans ambiguité et par la voix
de Barthe,
son président,
le rBle qu'elle entendait jouer
dans la colonie :
"En ce
moment,
tout le pouvoir des colonies est
entre les mains d'un gouverneur assisté d'un
Conseil d'Administration dont la majorité est
(1) Lettre du Lieutenant-gouverneur de la CBte d'Ivoire à
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce à Grand
Bassam, Bingerville le 29 mai
1913,
in Bull.
de la Chambre
de Commerce de la CBtp d'Ivoire
(EM CCC 1) 1913, p. 22-25
(p.
22)~
(2) Ibidem,
op.
cit.
p.
22
(3)
Membres de la mission parlementaire en v i s i t_e en AOF en vu:
de fournir à la Comm isa i on Coloniale tous les renseignemenl
nécessaires pour
la mise en \\TaleUl
des Colonies Ollest-
a f r ica ines.

form~e de fonctionnaires. Ce Conseil n'a aucun pouvoir, le
gouverneur pouvant passer outre à ses avis.
Nous
sommes donc
commerçants,
industriels,
indigènes,
taillables et corv~ables
à merci.
"Des arrêt~s sont pris augmentant d'une façon
consid~rable les taxes actuelles, sans que les intéress~s
ou la Chambre de Commerce soient consultés.
" ( . . . ) Nous voulons être a pp e Le s à discuter l'op-
portunit~ des taxes. Nous voulons pouvolr obliger l'Adminis-
tration à r~duire les d~penses de certains chapitres de son
budget.
"Nous voulons en quelque sorte deux pouvoirs
l~gislatif et ex~cutif, tout comme en France.
Le premier pourrait être confi~ à une assembl~e
locale nomm~e par les commerçants,
industriels,
indigènes lettr~s citoyens français. Le pouvoir
ex~cutif serait confi~ naturellement au Gouverneur
de la Colonie"
(1).
Comment mesurer effectivement l'influence de la
Chambre de Commerce Sur le progrès ~conomique de la
Côte
d'Ivoire coloniale? Ayant mis,
au premier plan de ses
pr~oc-
cupations,
la
tenue r~gulière de s~ances de travail et d'in-
formations,
auxquelles prenaient activement part la maJeure
partie des membres,
soucieux de confronter leurs points de
vue et de se tenir inform~s, la Chambre de Commerce détient
encore aujourd'hui dans ses archives,
les feuilles de son
(1) Discours prononcé par Barthe,
président de la Chambre
de Commerce,
à l'occasion du banquet offert à rnessieul:s
les d~putés Proust et Valude et au ÇJouverneur Antonetti,
l e 6
janvier 1922, BMCCC 1,1922,
p.
1-8
(p.
2).

1~70 •
bulletin mensuel,
ou se trouvent consign~ chacun des proc~s-
verbaux de ses assembl~es. Ceux-ci constituent pour l'historien
une source inestimable,
permettant d'appr~cier chacune des
interventions de cet organisme.
B.
Rôle de la Chambre de Commerce dans la production
agricole
1.
L'incitation à la production
Pour alimenter le commerce,
les produits agricoles
~taient indispensables. La Chambre de Co@nerce incite donc à la
production. A d~faut de produits de culture, elle pr~conise,
au d~but de la colonisation, les produits de cueillette dont
essentiellement la cola.
Le voeu ~mis, par la Chambre de
Commerce "de voir les indigènes se livrer à la culture inten-
sive des colatiers"(l),
est largement r~alis~ en 1912, par-
ticulièrement dans la circonscription agricole de l'Est dont
fait partie le Moronou.
Et le gouverneur Angoulvant se plaît
particulièrement à le souligner dans une lettre adress~e au
pr~sident de la Chambre de Commerce, le 1er d~cembre 1912
"L'indigène, mleux éclairé sur ses véritables int~­
rêts,
se consacre à la culture méthodique de ce
produit
(la cola)
( ..• ).
Les administrateurs et
(1) Lettre du Lt-gouverneur de la Côte d'Ivoire au président
de la Chambre de Commerce à Grand-Bassam - Bingerville,
le 4 aoGt 1912,
rappelé dans le procés-verbal de la séance
du 1er décembre 1912 in BM CCC l
1912.

chefs Je poste font proc~der au d~broussement des
peuplements naturels situés à proximit~ des
v.iLl aq cs "
(1).
En cette premi~re période de colonisation ivoirienne,
contre les mesures restrictives dont on cherchait en 1912,
à "entourer la récolte ou l'exploitation du caoutchouc et de
l ' aca j ou"
(2),
la Chambr e de Conunerce met en garde l ' Adminis-
tration Coloniale.
Non seulement,
rappelait-elle,
ces res-
trictions "ne sauraient être considérées conune un accroisse-
ment de la richesse des .i nd i q è n ea "
(3),
mais elles représen-
teraient un danger réel pour "la situation économique actuelle
de notre colonie"
(4).
Plutôt que de restreindre les cultures de la colonie,
i l faut au contraire les diversifier. Aussi encourage-t-elle
les efforts louables du gouvernement local,
déployés en 1912
au service de la diffusion du cacaoyer.
Mieux tout en stimu-
lant les initiatives individuelles à embrasser cette culture,
la Chambre de Conunerce sugg~re à l'Administration locale de
doter le service de l ' agricul ture de moyens plus importants"
afin que cette derni~re "soit compl~tement à la
hauteur de
sa tâche"
(5).
Outre l'exploitation des produits de cueillette
et la culture du cacaoyer,
la Chambre de Conunerce pousse
(1) Lettre du Lt-gouverneur de la Côte-d'Ivoire au président
de la Chambre de Commerce à Bassam, Bingerville,
le 4 août
1912, P.V.
du 1er d~cembre 1912 in B CCC l
1912.
(2) ACeI, Rapport sur la culture du cacaoyer in BM CCC l,
Vol
de 1911 à 1919,
p.
17/~
(3) Ibidem,
op.
cit.,
p.
174
(4) Ibidem,
op.
cit.,
p.
173
(5) ACCI,
Rap.
sur la culturp du cacaoyer - BM cec l ,
vol.
1911-1919,
p.
174.

/ ' i ')
"';·1"_1
successivement aux cultures du cotonnier,
et aUSSl à l'inten-
sification des cultures Vlvrleres (1).
Afin de rendre compéti-
tif sur le marché extérieur chacun de ses produits,
la Chambre
de Commerce participe aux cBtés de l'Administration à la créa-
tion du corps spécialisé des contrBleurs de produits dont la
finalité est -comme nous le verrons plus loin- d'inciter
le planteur à améliorer la qualité marchande de son produi t.
2.
La défense des intér~ts des producteurs
De m~me que la Chambre de Commerce eut à encourager
la production,
de m~me elle prit la défense de tous ceux qui
à un degré quelconque y concouraient, dans la mesure où ces
derniers subissaient dans leurs intér~ts de graves préjudices,
pouvant compromettre l'avenir m~me de la production.
En 1912, mille cinq cents récolteurs de caoutchouc
d'origine ashanti,
accusés de "ravager les arbres à caoutchouc"
et de se livrer à de "nombreuses rapines" dans le Haut-Cavally
et le Haut-Sassandra,
font l'objet d'une mesure d'expulsion
(1 ) Cultures du, cotonnier (1913), du piment
(1917), du caféier
et du bananier après la crise passagere de 1921-22. Le
maïs et le manioc bénéficient en 1921, grâce entre autres
à l'intervention de la Chambre de Commerce d'une détaxe
à leur importation dans la Métropole. Ce qui encourage
la production ivoirienne.
Après la crise de 1929-33, on
assiste d'autre part à un encouragement des cultures
vivrières auprès des cultivateurs africains.
Cf Semi-Bi Zan,
la Chambre de Commerce de la CBte d'Ivoire et la croissance
économique ivoirienne 1908-1940,
op.
c i t . ,
p.

1 <r:
/!
c .~.I •
du
territoire ivoirien
(1).
Sans attendre,
la Chambre de
COMnerce adresse successivement au Lieutenant-Gouverneur
un
t~l~gramme, puis une lettre, demandant à ce dernier de
rapporter d'urgence celte mesure d'Une rlgueur excessive
à ses yeux (2).
En effet la Chambre de Commerce fait
remarquer
que "l'indigène indolent laisse la plupart du temps les
richesses naturelles inexploitées" et que "sans les Ashanti
bon nombre de régions seraient improductives"
(3).
Elle
souligne d'autre part
"Il n'est pas niable que ces étrangers aient été
d'excellents éducateurs et si certaines qualités
de caoutchouc,
COmme le manoh twist,
sont hautement
appréciées sur le marché international, c'est aux
Ashanti qu'on le do it"
(4).
De même pour sauvegarder les intérêts des produc-
teurs de palmistes du Moronou, du N'zi-Comoé et même des
Cercles limitrophes tel que celui des Gouro' qui ravitaillaient
le
marché de Dimbokro,
la Chambre de Commerce demande en
1922-23,
la suppression radicale des pisteurs,
"ces véritables
parasites,
fainéants et peu scrupuleux"
(5) qui courent au
(1)
Procés-verbal de la séance du 7 mai 1912,
ais récolte du
caoutchouc par les Ashanti in BMCCCt
,1912
(2) Procés-verbal de la séance du 6 avril 1912
(Se séance)
ais réclamation des Commerçants de Mankono concernant
l'expulsion des récolteurs ashanti -
BM CCC l 1912
(3) P-V de la séance du 7 mai 1912,
ais récolte du caoutchouc
par les Ashanti - BMCCCI
1912
(4) Ibidem,
op.
cit.
On l i t par ailleurs:
"le caoutchouc qu'il
récoltent est de tous les caoutchoucs africains celui qui
a l~ plus de valeur: 12,50 F.
à 13 F.
le kilogramme
actuellement,
après qu'il ait été vendu à 20 F.
-
22,50 f.
en 1910".
Cf P-V de la séance du 6 avril 1912,
op.
c it..
(5) P-V,
rapporté sans précision de date dans les numéros du
BMCCCI
_ regroupés dans le volume 1911-1919,
ais pisteurs
p.
173.

devant des produits et
fraudent sur le poids,
en payant un prlx
très inférieur ~ celui marqué par la balance (1).
Enfin,
dernier exemple témoignant de la sollicitude
de la Chambre de Commerce pour les producteurs,
la condamnéltion
sans fard de la politique confusionniste de l'Administration
qui sans discernement impose en 1928 la culture cotonnière
aux planteurs de cacao et de café du Moronou.
Non seulement
l'expérience a prouvé précédemment que le sol forestier
convenait peu à la culture du coton, mais les Morofwo ont
toujours manifesté la plus grande répulsion à l'égard de la
culture cotonnière.
Pour avoir fait fi des leçons du passé,
l'essai de cette culture se solda à nouveau par un effet
catastrophique
:
"Il s'ensuit que la plus grande confusion règne
dans l'esprit des agriculteurs en ce qui concerne
les graines à semer,
les quantités,
les espèces,
les zones propices.
Les ordres et les contre ordres
se succèdent,
les expériences les plus vaines sont
entreprises. On a vu à Bongouanou, 500 indigènes,
hommes,
femmes et enfan ts,
couper des hectaresdde
forêt pour y planter du coton ( ... ) Il est extra-
ordinaire que monsieur l'inspecteur des textiles
prenne de pareilles initiatives qui auraient pour
résultat de compromettre la culture si intéressante
du cacao et du café et d'amener l'exode des popu-
lations indigènes sur la Gold-Coast"
(2).
(1) Cf ANCT 1 QQ 20, Lettre 336 de la Chambre de Commerce à
Mr l'Administrateur du N'zi-Comoé à Dimbokro,
ais
adjudication des produits, Abidjan,
le 3 mars 1923.
(2) Extrait du P-V de la séance de la Chambre de Commerce du
16
juin 1928,
ais p o Ld tjqu e du coton -
BMCCCI
p.
880.

3.
La Chambre de CornmeLCt? et le r ec r u t enrerrt de la
main-d'oeuvre
La position de la Chambre de Commerce à l'égard
de la main-d'oeuvre ne saurait ~tre appréciée sans nuance.
Elle a varié au cours de la période étudiée,
essentiellement
en fonction des intér~ts de ses membres adhérents qui ne sont
autres que ceux-là m~mes qui sollicitent les services de la
main-d'oeuvre locale.
Pendant la premlere période coloniale qUl s'achève
approximativement en 1921,
la Chambre de Commerce épouse
parfaitement,
contre l'Administration coloniale,
la cause
du producteur ivoirien.
C'est la phase du démarrage des cul-
tures spéculatives, postérieure à l'exploitation des produits
de cueillette,
ayant prévalu, des premiers moments jusqu'à
la fin du premier conflit mondial.
Pendant cette période,
point n'est besoin d'une main-d'oeuvre nombreuse,
pour
répondre aux exigences du con@erce et des autres entreprises
coloniales dont le volume d'affaires est encore faible.
La
Chambre de Commerce prend donc fait et cause,
jusqu'en 1921,
pour des récolteurs de caoutchouc ashanti,
menacés d'expulsion,
en 1912.
Elle réagit violemment contre les réquisitions
d' "indigènes",
opérées/ ici et là, (1)
par l ' administr a tion ....
au profit de quelques exploit.ants dont la seule préoccupation
est de réaliser en temps record de gros bénéfices,
sans
(1) Cf Procés-Verbal de la séance du 6 avril 1912 de la
Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire,
BMCCCr
~, op. ci t. ,
Voir aussi Lettre de Goudard,
secrétaire-trésorier de la
Chambre de Commerce,
au Lieut_enant-gouverneur à Bingerville.
Bassani le 17 mai 1913
BMCCCI
p.
215 et sq.

/~.'i {J •
respect des termes de contrat d'embauche passés avec les
"indigènes" du pays ...
Afin de mettre fin aux abus,
Barthe, président
de la Chambre de Commerce,
invite en 1922 l'Administration
locale à réglementer le travail de l'''indigène'' et à instituer
une "inspection de la main-d'oeuvre"
(1).
Mais dès cette
date,
la situation économique de la Colonie subit une profonde
mutation.
A l'incitation de l'Administration et à la lumière
des Conseils du Service de l'Agriculture,
les habitants de
la zone forestière
(y compris les Morofwo) dont le sol est
fort propice à la culture du cacao,
s'étaient mis hardiment
à cette culture nouvelle.
Ailleurs,
l'on fait fructifier
toutes les autres cultures recommandées
riz,
caoutchouc,
palmiers à huile,
colatiers ... Toutes ces cultures, bien plus
rémunératrices que la solde payée sur les chantiers privés,
retiennent les habitants,
au grand dépit des exploitants
forestiers et des grosses entreprises coloniales qui tentent
momentanément de résoudre la pénurie en main-d'oeuvre,
en fai-
sant appel
aux moyens mécaniques
voies Decauville,
tracteurs
à chenilles,
tr acteurs à roues,
treuils..
(2 )
Devant l'échec des moyens envisagés et face à la
crise persistante de la main d'oeuvre qui met en péril la
(1) Discours de Barthe à l'occasion du banquet offert aux
députés Proust et Valude et à Mr le Gouverneur Antonetti,
le 6
janvier 1922, BMCCC I,
pp.
358-359
(2)

923
- Lettre de Mr le Président de la Chambre de
Commerce à Mr le Gouverneur p. i.
Brunot,
à Bingervillr::' -
Abidjan,
le 23
avril 1925 BH CCC r , p.
641.

"
v t e
meme des erit.r e p r i s e s d e la colonie (1),
la Chambre de
Commerce change d'attitude. 'Hostile jusque là au recrutement
de la main-d'oeuvre locale qu'elle
trouve contraire aux in-
térêts du commerce,
la Chambre de Commerce s'ouvre progressive-
ment au problème de la pénurie en main-d'oeuvre dont souffrent les
entreprises de la Colonie.
En 1925,
elle finit par épouser
le point de vue sur la question des exploitants forestiers,
des agriculteurs et des patrons des autres entreprises,
tous
membres adhérents de la Chambre de Commerce
"Vous pouvez être assuré, Monsieur le Gouverneur,
que je n'ai pas prlS partie "à la légère" dans
cette grave question de main-d'oeuvre, mais bien
après mûres réflexions et après avoir pris avis
des membres de notre assemblée et de tous les
intérêts en cause"
(2).
On l i t plus loin,
dans la même lettre adressée
au gouverneur Brunot,
très réticent au recrutement de la
main-d'oeuvre locale,
au profit des en treprises pr i vées de la
Colonie
:
"I l n ' a
jamais été dans l ' espr i t
de la Chambre de
Commerce que l ' Administr a t i on doit recru ter par
force des manoeuvres pas plus pour les exploitants
forestiers que pour le commerce et l'agriculture.
( l )
"Certaines entreprises sont totalement arrêtées dans leur
développement par ce fait".
Cf Rapport de Mr Sterlin,
membre de la Chambre de Commerce,
s~ance de la Chambre
de Commerce du 26 mars 1924.
BMCCCI
p.
554. On l i t dans
le même document
"on voit actuellement une grande partie des exploitants
forestiers passer à grands frais des mois entiers,
à la
recherche d'une main-d'oeuvre qu'ils ne trouvent qu'avec
les pl us gr andes di ff icul t
s ".
Cf ibidem op.
ci t.
p.
555.
é
(2) n ?
923 Lettre de Hr le Président de la Chambre de Commerce
à Mr le Gouverneur p.i. Brunot- Abidjan,
le 23
avril 1925,
op.
ci t.
p.
641.

/ ' l':

l '
. . . .
nous savons tous que le manoeuvre est libre et
ne peut ~tre contraint au travail forcé. Mais nos
indigènes sont de grands enfants paresseux et 1n-
souciants et comme tels doivent ~tre conseillés
et dirigés,
au début surtout,
d'une main paternelle
mais ferme.
Nous devons apprendre a travailler à nos
races primitives et leur apporter la possibilité
d'évoluer grâce au produit de leur travail.
Les exploitants forestiers,
en allant chercher
en pleine for~t des manoeuvres à moitié sauvages,
certains m~mes anthropophages, de les avoir amenés
sur la voie ferrée ou au bord de la mer,
d'avoir
appris à parler français à plusieurs d'entre eux,
de leur avoir enfin inculqué le travail régulier,
leur ont rendu un très grand service"
(1).
En notant au passage le relent raciste,
propre
a l'époque,
de ce passage,
l'argument d'infériorité raciale
invoqué qui n'est somme toute qu'un prétexte avancé pour
expliquer le recrutement,
il convient d'enregistrer l'évolution
opérée dans l'attitude de la Chambre de Commerce à l'égard
du recrutement de la main-d'oeuvre.
D'autre part i l est à souligner que par rapport
a l'Administration,
la position de la Chambre de Commerce
évolue à l'inverse de celle adoptée par cette dernière.
En effet,
tandis que l'Administration,
jadis partisane
du recrutement de la main d'oeuvre,
se fait désormais en la
personne du gouverneur Brunot,
le défenseur acharné des inté-
r~ts des Ivoiriens, essentiellement des planteurs tournés
(1) na
923 - Lettre de Mr le Président de la Chambre de Commerce
à Mr le Gou verneur p. i. Brunot à Bingerv i Ile -
Abidjan,
le 23
avril 1925,
op.
cit.,
p.
642.

résolument vers la culture du cacao,
la Ch ambr e de Commor oe ,
plus sensible aux pressions des solliciteurs privés de main-
d'oeuvre,
se pr~te volontiers ~ leur jeu et fournit ~ l'occa-
sion sa collaboration.
De fait,
face ~ la crise permanente
de la main-d'oeuvre,
sévissant dans la Colonie,
la Chambre
de Commerce,
la première,
propose de s'adresser au réservoir
de la main-d'oeuvre voltaique.
Et ceci,
dès 1924
"Les entreprises forestières et agricoles ont de
plus en plus besoin d'une main-d'oeuvre sûre et
régulière ( ... )
Il serait bon que les colonies du Haut-Sénégal
Niger et de la Haute-Volta aient une conception
plus large de tous les intérêts de l'AOF,
inté-
rêts qui sont d'ailleurs connexes,
et favorisent
chez elles le recrutement des équipes nécessaires
~ l'exploitation de nos chantiers forestiers,
de nos huileries et de nos plantations de cacao.
Actuellement, une bonne partie de la main-d'oeuvre
de Haute-Volta se dirige sur les plantations de
cacao de la Gold-Coast.
Nous demandons qu'une partie de cette précieuse
main-d'oeuvre soit affectée aux travaux de chemin
de fer,
aux entreprises agricoles et industrielles
de notre Colonie qui manque de bras pour sa mise
en valeur"
(1).
(1) Document annexe au Procés-Verbal de la séance du 26
juin 1924,
ais main-d'oeuvre - BMCCCI p.
572.

"
.--,
(~ '.1 ,~J ..
C.
La Chambre ch:_' Commerce et la Comrue r c i a Lis a t i on
des produits
Pour ~tre concurrentiels sur le march~ ext~rieur,
les produits ivoiriens devaient ~tre conditionnés,
subir
une inspection rigoureuse,
bref rev~tir les m~mes normes
et ~tre d'une qualité irréprochable, à la sortie. Cette
valorisation du produit marchand, dernière étape d'un long
processus qui comprend l'incitation,
l'accroissement de la
production et la fourniture de la main-d'oeuvre indispensable,
préoccupe tout autant la Chambre de Commerce qui s'y attèle
avec la m~me ardeur.
1.
Le Conditionnement des produits
Il porte sur plusieurs produits. Les produits dérivés
du palmier
l'huile de palme et les palmistes en sont les
premiers concernés.
L'huile de palme et les palmistes
Des fraudes sont constatées,
dès 1913,
sur l'huile
de palme et les palmistes. L'huile récèle des impuretés,
tandis que les sacs de palmistes contiennent des matières
étrangères
coques,
terre,
pierre,
pour plus de 5 %.
Que faire?
La Chambre de Commerce suggère les solutions
suivantes.
Pour les palmistes,
au lieu de détruire le lot
qui contient un pourcentage trop élevé de matières étrangères,

l, ;:, 1 •
il faut
obliger les producteurs à "assainir leurs Lo t s de
palmistes et s'ils refusent leur dresser une contravention"(l).
Quant à l ' hu ile de palme,
la mesure arrêtée pour en amél iorer
la qualité,
est la suivante
"parvenir à réduire le pourcen-
tage des corps étrangers de l ' huile à 1 %"
(2).
Le cola
Le conditionnement de ce produit devient urgent
en 1923. La commercialisation,
au cours de la campagne
précédente,
avait connu une hausse considérable sur le marché
sénégalais,
où les colas de Sierra-Leone avaient été fortement
désavantagés, du fait de la hausse de la "livre"
(3).
L'appât du gain pousse donc à récolter en Côte d'Ivoire
jusqu'aux noix vertes,
insuffisamment mûres,
qui se rident
très facilement.
Ces noix de mauvaise qualité, mélangées
avec des noix de valeur provoquent le "brûlage"
(4).
Pour
éviter que de pareils inconvénients ne se ren ouv ell ent)
l'on décide d'opérer désormais l'inspection de ce produit,
avant emballage, dans les grands centres de production :
Abidjan, Dimbokro, Agboville
:
"Les noix de cola devront aVOlr l'enveloppe intacte,
r-
sans aucune trace de coupures ni de c i s a i Ll emerrt s " (C::, •
(1) Procés-Verbal de la séance du 22
avril 1922,
ais palmistes
BM CCCI, p.
420
(2) Ibidem,
ais huile de p a.Lme ,
p. 420
(3) Monnaie qui avait cours dans cette colonie britannique.
L'allusion à la hausse de la livre et à la situation désa-
vantageuse faite à la cola de Sierra Leone est exposée
dans le Br"'j CCC r
, p. 551
(4) La fine pellicule qui recouvre la noix se détériore et
celle-ci prend la couleur brunâtre
(5) Cf BM CCCI,
p.
551.

/!.(:.;.~ .
La Chambre de Commerce accepte de prendre la respon-
sabilité de l'opération d'inspection.
Le cacao
Produire,et beaucoup,
tel a été surtout le mot
d'ordre,
à propos du cacao. Mais rien ou Sl peu avait été
réellement fait,
avant 1931, pour améliorer
la qualité
de ce produit.
Le planteur de cacao emploie,
pour la fermentation,
toutes sortes de vieilles caisses et tines en fer blanc dans
lesquelles il entasse les fèves et les laisse ainsi cinq,
SlX ou sept jours,
sans aucune manipulation.
I l en résulte
une fermentation hétérogène;
et les fèves obtenues d'une
telle opération deviennent et restent noires,
présentant
un aspect désavantageux.
Le séchage,
autre opération délicate,
offre la plus grosse difficulté, du fait que la récolte
colncide avec la petite saison pluvieuse. Mal abrité
de la
pluie,
le cacao met du temps a sécher et une fois les fèves
sèches,
celles-ci conservent une teinte grisâtre,
slgne
de mOlSlssure extérieure.
Certes l'aspect extérieur de la
fève n'a rlen à voir avec sa qualité,
seulement le cacao
qUl aura une couleur homogène plaira davantage au marchand
et obtiendra un meilleur prlx.
Quelles mesures envisage-t-on pour obtenir un
cacao impeccable? La Chambre de Commerce suggère d'intervenir
au nlveau du stockage du produit.
Afin de soustraire le
cacao aux intempéries, dans les divers
points d'achat qui se

sont. multipliés,
en 1924-1925,
la Ch arubr e de Commerce décide
de créer des magasins de stockage.
Ceux-ci seront le point de
départ des premières concessions commerciales au plus p r o f orid
des zones productives de cacao.
Dans le Moronou, Bongouanou,
Kot.obi-Akpaoussou,
Arrah,
Andé et Krégbé sont choisis conmle
postes d'achat, dès l'année 1925. Le nombre limit.é de ces
cent.res facilitera,
malgré les inconvénients nombreux qu'il
entraîne pour le vendeur
(1),
le contrôle des produits auquel
participe la Chambre de Commerce.
2.
Le contrôle des produits
C'est la mesure complémentaire et efficace qui
achève de parfaire la qualité du produit.
Pour atteindre cet
objectif,
il fut décidé de créer un corps d'inspecteurs de
produits.
Déjà en 1913,
la Chambre de Commerce demandait
que "deux inspecteurs indigènes assermentés,
nommés par elle
et agréés par le gouverneur local,
soient chargés de la véri-
fication de la qualité de l'huile et des palmistes" (2).
Cette institution étend son rayonnement,
en 1921,
aux autres
produits:
cola,
caoutchouc,
cacao ... ,
sur la jemande expresse
du lieutenant-gouverneur Antonetti
(3).
En 1922, une reconnais-
sance officielle du corps des contrôleurs de produits sanctionn~
(1) Entre aut.res le transport,
sur la tête, des charges de
50 kg environ de cacao,
du village au centre d'achat.
Ce qui les empêche,
pendant. ce t.emps, d'en cueillir,
récol-
ter ou préparer de nouveaux.
(2) Le mont.ant de la solde de ces employ~s est pay~ sur les
ressources ordinaires de la Chambre de Commerce.
Cf.
BM CCC r, p.
203
(3) BM CCC l,
p.
352.

l ' aui:..or i té de ces agen ts E~t ét.end, Sl besoin en étai t,
leur
influence. Cette année-li),
la Chambre de Cornmer c e ,
apr e s
étude de la question,
procède a une meilleure répartition
du personnel dont le nombre est fixé à qUlnze moniteurs
indigènes,
travaillant sous l'autorité directe d'un
inspecteur
européen.
Le Cercle du N'zi-Comoé avec le Moronou accueille
4 moniteurs contre 1 pour Aboisso-Assinie,
2 ~ourAbidjan-Lagune
2 pour l'Indénié (1).
Quant à leur activité,
le tableau de la page suivante,
bien que discontinu,
en donne une petite idée. Ainsi par exemple,
au cours de la campagne 1929-1930, 10 710 tonnes de cacao
(soit 48 %),
sur une production totale ivoirienne de
22
240 tonnes,
ont pu être vérifiés.
Il en est de même pour
3 319 tonnes de palmistes (soit 30 %) sur une production
totale de 10 964 t.
;
et aUSSJ_ pour 2 930 t.
d' huile de
palme (soit 45,50 %) sur 6 439 t.
Au cours de ces dix mOlS
de vérification de produits -du 1er septembre 1929 au 30
juin 1930- 318,951 t
de cacao (2,97 %), 75,836 t.
de palmistes
(2,28 %) et 5,625 tonnes d'huile de palme (0,19 %) ont pu
être reconditionnées.
Il a été saisi,
pendant la même période
33,815 t.
de cacao (0,31 %), 3,834 t.
de palmistes (0,11 %) et
2,044 ~ d'huile de palme (0,06 %). Enfin 129 procés-verbaux
(1) La répartition complète des moniteurs de contrôle des
produits,
pour l'ens(:m1ble du territoire ivoirien,
se
présentait en 1922, comme s u i t :
Aboisso-Assinié 1
; Bassam 1
; Lagunes-Abidjan 2
Agboville 1
; Indénié 2, Dimbokro 4
Bouaké 1
; Lahou 1
Sassandra 1
Tabou 1
Cf BH CCC r , p.
551.

Etat des produits vérif.iés par le Service du Conditionnement (en tonnes)
palmis tes
huiles
de
palme
caf é
'::::.::;'::;1133.815110 964 1 3.319
75,83613,83416439
2 930
5,62512,044
445
9 895
8 009
1
513
,157,9
5 912
244
30,18
5,06
4 165
65,14
!
1
1
du
l e r
!
i
oct
]933
1
au
;3 i 28 616
13,9411254
4 500
4 273
2 068141
3 181
1 621 20,8
Je;:
30 sepe
i
193 <'+
1
1
j
1
171
335
147721445,7
21 376
7 836
2 174149,89
6 176
688147
i
1
_..•.._---~
Sources
Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire Bull. mensuel pp. 973,
1 102,
1237 et 1 257.
4 ·..... ~
c\\~
"
,

ont été inflig~s.
Pour l'ensemble des périodes cumulées sur lesquelles
nous disposons des chiffres,
l'inspection des produits enre-
gistre des résultats encore plus satisfaisarits.
Ont subi
la vérification 47 335 t.
de cacao,
soit 66 % du tonn~e
total vérifié
7 836 t.
de palmistes,
soit 36,65 %. Sur
la production totale du café qui fait une apparition tardive
parml les cultures ivoiriennes,
1 664 t.
(45 %) des 3 672 t.
de la production totale,
ont vérifiés par le service d'ins-
pection 455 tonnes du tonnage vérifié (27 %) subit un
reconditionnement, tandis que 8,092 t.
de produit sont
salsles,
soit 0,48 %. Pour parvenir à ce résultat apprécia-
ble,
il aura fallu dresser,
d'après les statistiques consul-
tées,387 procés-verbaux.
II.
LES SOCIETES DE PREVOYANCE
A - Création et objectifs
Crées en AOF, en
juin 1910,par le gouvernement géné-
raI
(1),
puis modifiées a plusieurs reprises sous certains
de ses aspects
(2),
les sociétés indigènes de prévoyance, de
(1) Décret du gouvernement général de l'AOF en date du 29
juin
1910
(2) Un second décret intervient à la date du 8 janvier 1915
apportant certaines modifications dans le statut général
de ces sociétés.
Puis interviennent le décret du 4 juillet
1919, celui du 9 novembre 1933 qui apportent chacun
des
modifications partielles dans le texte original.

secours et de pr~ts mutuels agricoles,
apres avoir d'abord
vu le jour au S~négal, sont généralisées dans toutes les
colonies de l'AOf
(1).
Bien que la première circulaire du lieutenant-
gouverneur,
pour sensibiliser les administrateurs des dif-
férents cercles à la nécessité de créer des sociétés de
prévoyance, dans leurs circonscriptions administratives,
date du 24 décembre 1913,
il faut attendre le troisième
trimestre de 1932 pour que des dispositions pratiques soient
prises pour la mise en place de la première société de pré-
voyance,
au niveau du N'zi-Comoé (2).
En réalité,
son fonc-
tionnement ne sera effectif qu'à partir du 1er janvier 1933.
Cette société,
la première du Cercle,
est composée de
"notables indigènes,
choisis principalement parmi les agrl-
culteurs
( . . . ) par les indigènes des villages"
(3).
Elle
est dotée de deux structures fondamentales
: la section
locale,
créée au niveau de la subdivision et le conseil
d'administration qui regroupe des délégués de chacune des
sections du Cercle. Trois des membres, délégués en 1939
au Conseil d'Administration de la Société de prévoyance de
l'Indénié,
et originaires de la subdivision de Bongouanou,
nous sont connus, gr~ce au Journal Officiel (4).
(1) Cf ANCI 1 RI
- XVII - 9 - 19
(3063), Note sur les sociét~s
de prévoyance,
s.d.
(2) ANCI
IV-50- (3323), Rap ,
politique du N'zi-Comoé,
pendant le troisième trimestre de 193~
(3) Ibidem,
op.
cit.
(4) Ce sontAka Assoua, Manon Kan et N'da Kouassi.
Cf liste
des membres des Conseils d'Administration des sociétés
indigènes de prévoyance appelés à désigner les délégués
de ces sociétés au sein de la Chambre d'Agriculture et
d'Industrie. JOCI,
1939, p.
564.

" ;_:(\\
J•• '....1~~. '"
Quels étaient les objectifs de la Socjété de
Prévoyance? Outre les buts généraux,
la société de prevoyance
poursuivait dans le Moronou,
cette région à vocation cacaoyère,
des fins spécifiques
: faciliter
"dans de grandes proportions
l'intensification de la production et l'amélioration de la
qualité des produits" (l).
Plus particulièrement "son acti-
vi t_é s'exercer ad' abord sur le cacao et sur les palmistes" (2).
Mais encore,
il reviendra à la société de prévoyance
de "faire acquérir aux planteurs, hier encore paysans frus-
tres,
la technique de la culture rationnelle"
(3).
Dans cette
perspective,
il était recommandé en 1936, que la société
de prévoyance de l'Indénié reçoive un indigène de chacun
des villages en stage, d'une durée d'un mois,
sur une plan-
tation modèle".
Au cours de ce stage,
"il apprendra à
s'initier de façon plus substantielle aux travaux afférents
à chacune des cultures pr at.Lquoe s " (4).
B - Les réalisations
L'analyse des rares documents consacrés aux sociétés
de prévoyance permet de souligner quelques unes de leurs
r éa t i.s at i on s . Soucieuses de promouvoir le progrès agricole,
(l)
ANCI
IV-SO-S
(3323) Rap .
politique du N'zi-Comoé pour
le 3e trimestre 1932
(2)
Ibidem,
op.
cit.
(3) ANCI 1 RI - XIII-38-28 1160
(60).
Rapport du Service de
l'Agriculture pour l'année 1936.
ais de l'Orientation
agricole
(4) Ibidem,
op.
cit.

les suciétés de prévoyance interviennent de façon efficace dans
trois directions:
elles concourent ~ l'introduction et
à l'usage des machines agricoles dont elles financent l'achat
sur leur propre budget.
Enfin aux conseils sur les méthodes
culturales,
le conditionnement des produits,
elles
joignent
la pratique,
en procédant de temps à autre à des distributions
gratuites de semences sélectionnées.
1.
La diffusion des machines à traiter les produits
Faisant oeuvre de vulgarisation,
les sociétés de
prévoyance encouragent dans le Cercle l'introduction,
la
diffusion et l'usage des appareils de concassage pour les
palmistes, des dépulpeurs à café,
la vulgarisation des bacs
à cacao ...
Dans l'Indénié,
aux environs de 1936 et grâce
à la Société de prévoyance, le Cercle est doté d'une moto-
presse, de trois dépulpeurs et de quatre déparcheurs.
Par
ailleurs une usine de traitement du café,
installée en 1938
au Chef-lieu de Cercle,
à Abengourou,
apporte sa contribution
à la préparation du café (1).
Dans le N'zi-Comoé,
à la même époque, deux moto-
concasseurs, montés sur camion,
parcourent les villages pour
traiter les noix de palme (2).
Les trieurs,
les bacs à cacao,
les séchoirs,
les décortiqueuses pour le café se rencontrent
régulièrement dans les villages.
Un agent. du service de
(1) ANCI,
1 R3-XI-46-332
(805),
na
144 Rap.
aq r i oo l.e annuel
du Cercle d'Abengourou 1938 ais Société de prevoyance
et extension des cult.ures industrielles.
(2) ANCI RR1-VI-12-219
(3575) Rap.
sur la situation économique
de l'année 1935,
ais Sociétés de prévoyances.

J'Agriculture en assure la surveillance.
Certes l'idée du
progrés,
mais surtout celle de rentabilité qui apparait
encore assez confuse au niveau des exploitations,
en justifient
la diffusion.
Pourquoi ne pas utiliser les avantages de l'ou-
tillage mécanique pour améliorer le rendement et surtout pour
pallier le manque de bras à une époque où l'abscence de
main-d'oeuvre se fait cruellement sentir
2.
Les autres interventions économiques et sociales
Outre l'achat de l'outillage mécanique propre
à traiter les produits agricoles,
les sociétés de prévoyance
inscrivent à leur programme la distribution de semences et
des plants sélectionnés,
en vue d'augmenter et d'améliorer
la production.
Des milliers de plants et des tonnes de semen-
ces,
pour accroître les performances tant des cultures ln-
dustrielles que des Vlvrlers,
sont à mettre à l'actif des
sociétés de prévoyance (1).
Par ailleurs le concours de ces
organismes au niveau de l'enseignement agricole pratique, de
la réalisation des plantations modèles,
fut d'un secours pré-
cieux pour l'impulsion économique du Moronou.
L'alignement
correct des plantations,
l'écart judicieux respecté entre
les plants constituent autant d'enseignement pratique qui
ont eu les meilleurs effets sur les planteurs de la région.
(1) En 1937,
l'entretien et la création de cultüres et pépiniè-
res,
au niveau du budget de la Société de prévoyance,
s'élevait à 15 000 F.
les pépinleres forestières à
25 500 F.
19 000 F.
avaient été aussi inscrits à ce m~me
budget pour les semences de coton.
Cf.
ANcr
2 H4 - IV - 15
125
(3 742),
Programme d'action sociale pour l'amélioration
du sort de l'indigène par le travail,
ais Société de
prévoyance.
Cercle de Dimbokro,
1er octobre 1937.

Enfin l'idéal social n'a pas été perdu de vue
par les Sociétés de prévoyance, même si l'action dans ce
domaine fut limitée.
Des forages de puits ont pu être effec-
tués ici et là
ou à défaut de "spécialistes" demandés
au Nord Ivoirien et dont l'arrivée se faisait longuement
attendre,
les citernes remplaçaient les puits (1).
L'impré-
voyance de certains cultivateurs,
a l'époque de la soudure,
était palliée toujours efficacement par la fourniture de
l'igname ou des grains nécessaires.
En 1937,
la Société
de prévoyance de Dimbokro achète 40 tonnes de malS qu'elle
vend ensuite "aux meilleures conditions",
aux populations
du Cercle atteintes par la sècheresse (2).
Cependant les sociétés de prévoyance ne semblent
pas avoir toujours rempli le rôle que l'on attendait d'elles.
Témoin les vives critiques adressées en 1935,
à l'endroit
de la Société de prévoyance de Dimbokro,
par Codé,
l'inspec-
teur du Service de l'Agriculture,
en tournée dans le Cercle:
"Ces organismes dont on pourrait attendre une action
très bienfaisante ( ... ) constituent trop une forme
d'assujétissement des sociétaires et des fonc-
tionnaires des cadres techniques ( ... ).
"Pour l'instant, ces sociétés se limitent surtout
à une vulgarisation intensive de la culture du
caféier et les agents agricoles,
au lieu de rester
les conseillers,
sont de simples employés de
ces sociétés qui en fait se substituent au service
(1) ANCT 2 H4....; IV - 15 - 125
(3
742),
Programme d' action sociale
pour l'amélioration du sort de l'indigène par le travail,
ais Société de prévoyance - Cercle de Dimbokro, 1er octobre
1937.
(2) Ibidem,
op.
cit.

de l'agriculture.
Chaque Cercle se livre avec les
moyens financiers de ces s oo i étés à des improvi-
sations,
des expériences qui ne sont pas toujours,
tant s'en faut,
justifiées par une docwnentation
préalable"
(1).
Malgré le défaut de coordination avec des organlsmes
similaires,
tel que le Service de l'Agriculture qui poursuit
les mêmes objectifs,
et certaines autres erreurs,
imputables
à l'inexpérience de
ses membres,
il faut cependant reconnaître
le dynamisme des Sociétés de prévoyance qui ont été pour
beaucoup à l'origine du mouvement économique imprimé à tout
le Moronou.
3.
Le financement des réalisations
Mais bacs de cacao distribués gratuitement au départ
aux planteurs villageois,
achats de véhicules et autres moyens
mécaniques,
nécessaires au traitement de la production agri-
cole,
exécution des programmes d'action sociale,
autant
d'activités qui ne peuvent se réaliser sans un minumum de
budget. Quel est le volume de celui-ci et comment évolue-t-il ?
(1) ANCI l
R3-XI-46-343
(859),
extrait du rapport de Mr Codé,
en tournée dans le N'zi-Comoé.
Dimbokro,
le 10 décembre
1935. On l i t ailleurs
"Dans les palabres
,
au chef -1 ieu
du Cercle comme dans les hameaux,
on a porté haut le rôle,
le but de la Société de Prévoyance. Mais on a parlé plus
qu'on a ag i ".
Cf ANCI 2 H4-IV-15-125
(3742),
Programme d'action sociale
pour l'amélioration du sort de l'indigène par le travail,
ais Société de Prévoyance.
Cercle de Dimbokro, 1er octobre
1937.
/
"

Une salSle globale des diff~rents budgets, en
l'occurence le budget de la Sociét~ de prévoyance du N'zi-
Comoé et celui de la Soci~té de prévoyance du Cercle
d'Abengourou,
eGt été l'idéal. Mais les lacunes, dans les
deux séries de documents qu'une recherche active dans les
différents Centres de documentation n'a pu combler,
rendent
la chose plutôt malaisée.
En effet, si la série des budgets
annuels du N'zi-Comoé est relativement compl~te -seul manque
le budget annuel de 1939- dans le N'dénié,
nous n'avons pu
recueill ir que les données des années 1933, 1934 et 1935.
Que suscite-t-elle la vue des budgets de ces deux
sociétés de prévoyance ? La premi~re réaction est de pouvoir
déterminer la part d'investissement prévue ou réalisée de part
et d'autre,
au profit du Moronou. Mais le peut-on? Le Moronou,
compris dans sa globalité dans le Cercle du N'zi-Comoé jusqu'à
la fin de 1933, est désintégré à cette date (1).
Si la partie
Ouest,rassemblée aujourd'hui dans la sous-préfecture de M'bato,
demeure toujours liée administrativement au Cercle du N'zi-
Comoé,
la subdivision de Bongouanou à l'Est est rattachée au
Cercle de l'Indénié,
d~s janvier 1934. Cette répartition
administrative qui détruit l'unité politique du Moronou ancien,
a entre autres une incidence sur la répartition des budgets
des Sociétés de prévoyance des deux Cercles,
en 1934. Ceci
explique,
à l'examen des deux budgets,
le fléchissement inter-
venu au niveau du budget de la Société de prévoyance du N' zi-·
Comoé,
et le gonflement enregistré au niveau de celui de
(1) Arr&té gén~~al AOF nO 1865 du 16 décembre 1933.

--------.-.----~----------- -------------T------------T--------------·-------T--------~------\\
i
1
]933
j
19J4
19)',
1
1936
1937
1938
i
- - - - - - - - - - - - - r-----
-
1
1
------------ 11
l ndénié
87 575 F
461 952
51' ~4~
1
- - - - - - - - + - - - - - - - t - - - - - - - - j
N' zi -Comoé
196 080
168 616
231 174
3 17 865
289 705
346 469
1
-----+----+-------~
-1
1
1
1
1
Total Cô te
i
d'Ivoire
4 875 462
8005 677
9392 805
1
f
1
1
Sou rces
ANCI 1 Q2 Rap.
économique Cercle de Dimbokro
1er semestre 1938
ANCI RRI-VI-12-219 (3 575)
Rapport situation économique 1935.

III. QUEL BILAN?
Pour achever cette longue malS nécessaire étude,
Sur les sociétés baptisées ici de l'expression "à vocation
économique", qui par moments a pu donner l'impression d'~tre
une répétition de ce qui a été déjà exposé au chapitre pré-
cédent sur l'intervention de l'Administration locale et la
collaboration des services de l'Agriculture,
il suffit de se
demander si les objectifs fixés ont été atteints.
Par leur
action théorique et pratique,
la Chambre de Commerce de la
Côte-d'Ivoire et les Sociétés de Prévoyance ont contribué
à bien d'égards,
au niveau ivoirien et dans le Moronou en
particulier,
aux progrès du secteur agricole.
Elles ont joué
un rôle positif en introduisant les plantes industrielles,
en initiant l'Ivoirien aux soins exigés par l'entretien de
nouvelles cultures spéculatives. Afin d'améliorer les ren-
dements,
les sociétés à vocation économique ont aussi diffusé
les techniques et les machines de traitement du cacao, du café
et des autres produits de culture industrielle. Mieux,
les
méthodes et les moyens préconisés ont été,
les sanctions et
les mesures disciplinaires aidant,
rapidement assimilés et
adoptés.
On aurait souhaité le perfectionnement des instru-
ments de travail traditionnels,
la transformation de l'ancien
système de culture,
lié avant tout à l'approvisionnement de la
subsistance quotidienne.
Au lieu de cela,
l'on s'est orienté
'presqu'exclusivement vers la recherche du rendement,
la
croissance de' la production indu~trielle qui au mieux a permlS

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ciuLanL une:'
réc:'11(-:? modification des conditions de travail et par :c;uile
une amélioration du bicn-êt_re matériel.
Aussi est-on en droit de se demander quel
en est
l'impact réel,
sur la société du Moronou de l'époque.
UriE
nouvelle économie, celle de plantation naît,
se superposant
à l'agriculture traditionnelle de subsistance. Lentement
mais sGrement la société du Moronou se transforme.
L'orpailleuJ
de l 'Aowin, le chercheur d'or du Moronou préco10nia1 se mue
lentement en planteur.
Bien que dans la vie quotidienne,
le
changement soit peu perceptible,
on peut néanmoins le tenir
pour certain.
On peut admettre que l'économie de plantation,
qui se greffe sur l'économie traditionnelle sans interpéné-
trationprofonde,
à l'avènement de la colonisation "ouvre"
l'Agni sur -le monde extérieur,
crée à l'intérieur même du
Moronou un flux de capitaux (encore peu important certes!),
de personnes,
en l'occurence les salariés ruraux des Cercles
du Centre et du Nord ivoiriens et aussi de produits qui pro-
gressivement
finissent par rompre les formes anc i.er.ne s d 'i ,':;u--
lement.
A ce niveau là,
on peut admettre que. les ~30C iétés
à vocation économique
Chambre de Commerce de la Côt.e cl' I Vt)L l'
Soc Ü?tc~s de Prévoy anc(:"
ma is
aussi les di f férent_s serv Lees
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TRAVUCTI ON LIBRE
NotUJ -UJtUJ .te-.6 Agrti, .te Uw., où. I10tUJ ha..bdi..of'l!.l -UJlJ..-6, e-.6.:t An.je,
dans .te Ghana. actuei.. (••• ) Le6 c.haM es qui e.x.,Wta.J..en..:t à .t' é.poqu.e é.ta.J..ent
au. n.omblte de .:t!to.u. : .ta chai» e d' MO A~ oman. ; .ta .6econd». é;t.a.j;t c.eUe de
Tumi..n. Jaka.li, à.ta .:tête du. gltou.pe Van.k.yVta ; .ta .:t!to.u...i..ème, c.eUe d' Ab.tan.

501.
Pofwu, à- fa :tUe.. de.,6 BaoU-té. A c..e..:t:te.. époque.. -fà-, i l n' e..w:taft auc..u.l1e.. oiün.e.
c..ha.M e.. ; fe-6 MMe.,6 qu.,.,l ~m<-e..n:t, émi-e..n:t à- fa :tUe.. d' E:ta.t.J.J m-i..n.u6c..u.f.e-6 ;
mcw /.) e..u.f.e.,6 t.es bwJ.../.) pOM édaJ...e..n:t une.. Jtée..f.f.e.. au;toJU.,té e..:t émi-e..n:t paJtve..n.u.e-6
à- /.) 1 J...m po/.) e!l. au.x. au.tn: e.,6 (...)
Ce..fuJ... auqu e..f. M émi-e..n:t M u..rttU, é:taA;t f e.. MUV e/l.aJ..11 d 1 Anj
Le..
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/.)OUVe!l.MI1 d' Al1j e.. é;ta.d;. unJ... aux. deux. au.tne»: If. ~ e..n. que..f.que.. MUe.. fe..
/1 /.) e..c..Jt~e.."
du. gJtoupe.., tarteLiA qu e.. fe.. MUVeJuUn. baoU-té tj j OUW fe.. Jtôfe.. de.
Il mJ...wbLe",
Ccs bLa~ cf-za.A:A e.,6 émi-e..n:t f e.,6 /.) e.uJ..C!../.) •
JOSEPH EBRIN ASSALE, Notabfe..
à NOOLIKRO. N'VOLIKRO, LE 13 AVRIL 1979
o

:>02.
A N N E X L
2
LES AOWIN, ANCETRES DES MOROFWO AU 17e SIECLE
Awine must not here be forgotten.
1 take
it to be the very
first on the Gold Coast, and to lie far above Axim. From the
Inhabitants of this Country we formerly used to receive large
Quantities of fine and pure gold ; and they being the civilest
and fairest
Dealers of a Ll the NegftoeJ.>, we traded wi th them wi th
a great deal of Pleasure
; but the Vin~iftanJ.>, who would lord it
over aIl their Neighbouring Nations, subdued this
since which
time we have not received much Gold of them.
In the Conquest of
this Land, the Vin~iftanJ.> made a brave and obstinate Resistance,
and had no doubt been subdued themselves if the Natives of Awine
could have been unanimous
; for the Vin~iftanJ.> in one Battle with
a Governour of theirs lost above two·Thousand Men,
and left the
mentioned Governour" such an Absolute Victory, that there was not
a single Person left to carry the News to Vin~ifta, they being aIl
killed with poysoned Arrows ; which the AwineJ.>eknow very weIl
how to use. Vpon this Defeat the Vin~iJtan~ got together a large
Army ; which the Victorious AwineJ.>e understanding, sent to his
Country-men for farther Assistance ; instead of which he met with
nothing but Derision,' they accusing him of Cowardice ; and re-
plying, that he was able to Beat the VinkiftanJ.>
; but if he was
heaten then it was their turn to come and fight them Man by Man."
Thus fighting one against one they lost their Country and themsel-
ves intirely, almost in the same manner that the ChineJ.>e were
coqquered by the Taft~aftJ.> ; whereas if they would have united they
might e a s i I y have beaten the V-<.nkùwnJ.>.
W. BOS~1AN, A New accurate description of
the Gold Coast. Let. VI, p. 79, éd.1967.
Traduction :
L'Awine ne doit pas être oublié ici. Je le considère
comme étant le premier Etat de la Côte d'Or,
situé loin d'Axim.

503.
Des habitants de ce pays nous aVlons l'habitude de
recevoir
d'immenses quantités d'or fin et pur;
ils passaient par ailleur5
pour @tre les plus courtois et les plus honnêtes de tous les
commerçants nègres
; aussi avions-nous grand plaisir â conlmercer
avec eux. Mais les Vin~i~a qui furent appelés â s'imposer en
maTtres â toutes les nations voisines, ont interrompu cet échan-
ge. Aussi depuis cette époque nous ne receVOI1S plus de leur part
autant d'or.
Dans la conqu@te de ce territoire, les Vin~i~a renCOJ1-
trèrent une résistance extrêmement acharnée
; et nul doute qu'ils
eussent été vainc~si les habitants de l'Awine avaient été unis.
En effet au cours d'un combat qui opposa les Vin~i~a â l'un de
leurs chefs, ceux-ci perdirent plus de deux mille hommes. La
victoire remportée sur eux par ce chef fut si totale qu'il ne
survécut personne pour porter la nouvelle de la défaite aux
Vin~i~a, ceux-ci ayant succombé jusqu'au dernier sous les flèches
empoisonnées dans le maniement desquelles les Awine sont très
habiles. Après cette défaite, les Vin~i~a unirent leurs efforts
pour mettre sur pied une armée puissante. Ayant été mis au cou-
rant du projet de ses adversaires, le chef Awine victorieux
sollicita a~prês de ses compatriotes une plus grande as~istance.
Pour toute réponse,
il fut tourné en dérision. On l'accusa par
ailleurs de couardise, en lui faisant comprendre qu'il était à
même d'écraser les Vin~i~a ; au cas où il essuirait une défaite,
â
tour de rôle d'autres engageraient le combat. Ainsi pour avoir
refusé d'unir leurs forces,
ils perdirent ~on seulement le
contrôle de leur pays mais leur propre liberté, de la même maniè-
re que les
'Ta~ta~e~ ; tandis-que s'ils avaient uni leur force
ils eussent pa facilement battre les Vin~i~a.
W.
BOSMAN, A New accurate description
of the Gold Coast, Let. VI, p.79,
éd.
1967.

A N N E X E
AOWIN ET DENKyrRA AU
17e SIECLE
Boadu Akafo Brempong fought the first of the great wars which
made Denkyira into an empire, against the Aowins. This was about the middle
of the seventeenth century \\~len the Denkyiras \\vere alréady amongst the stron-
gest of the Akan people. 111e Aowins then lived south-east of Sehwi, in the
area now inhabited by the Wassaw Amanfis. Under the king oti Akenten they
had grown very rich, and Boadu Akafo Brempong heard with envy tales of the
magnificence of Oti 1 S palace. He there fore detennined to 'subdue the Aowiris .
111e war which follorved dragged on for year s and du ring i t Oti Akenten died.
His successor Abiri Mmuro carried on the war, but received a crushing defeat
by the Denkyiras, and the Aowin power was completely destroyed. The victors
capture d large quanti ties of gold ,
Texte oral, recueilli le 14 aoÛt 1964 auprès de Nana Boa
Amposem III, le chef suprême du Denkyi ra , par J .K. Kumah
et reproduit en appendice dans l'ouvrage, Denkyira : 1600-
i)30.Legon, 1965.
Traduction :
La première grande guerre qui fit du Denkyira un empire, fut
conduite par Akafo Brempong contre l'Aowin. Elle eut lieu au milieu du
17e siècle, au moment où les Denkyira comptaient déjà parmi les plus forts
des peuples Akan, Les Aowin vivaient alors au sud-Est du SEI-IVH, dans la
région aujourd'hui habitée par les Wassaw Arnanfi. Sous le Roi Oti Akenten,
ils étaient devenus très riches, et Boadu Akafo Bren~ong écoutait avec en-
vie les récits sur la magnificence du palais d'Oti. Il résolut alors de
soumettre l'Aowin. La guerre qui s'ensuivit dura de longues années. Oti Aken-
ten mouDit. Son successeur. Abiri Mmuro poursuivit la guerre, mais les Denkyira
lui infligèrent une cuisante défaite qui mit définitivement fin à la puissance
Aowin. Les vainqueurs s'emparèrent aIou; d'immenses quantités d'or.
Texte oral, recueilli le 14 août 1964 auprès de Nana Boa Amposern
III, le chef suprême dUDenkyira, par J .K. Kimah ,

A N N E X E
il
ORIGINES
ET
INSTALLATION
DES
MQROFWO
Les Agni Morofwo paraissent avoir fait leur apparition dans le
Moronou un peu avant que les Agba ne se soient fixés sur leur territoire
actuel. D'après leur tradition, ils sont originaires d'Ebouré Sanou, territoi-
re situé à trois jours et demi au nord-est d'Aboisso, sur le Tanoé, en terri-
toire anglais, d'où ils émigrèrent à la suite d'une guerre probablement à la
même époque que la reine Pokou et les Baoulés. Le premier échelon de ces
émigrants ne comp rena i t que des Ebourésafoué dont les descendants directs se
nomment actuellement Ngatianou.
Traversant l'Indénié de l'est à
l'ouest sous le commandement du
chefIDangui Kpeih, ils franchirent le Comoé et vinrent s'établir sur les bords
d'un petit ruisseau qu'ils non®èrent Moré, où ils fondèrent tout près du
village actuel. le Sahoua, dans une savane aujourd 'hui envahie par la forêt,
un village du nom d'Eloubo. C'est du nom de ce ruisseau que le Morenou qui
était désert à cette époque a tiré son nom.
De là ils essaimèrent, furent rejoints par de nombrel~ congénères
et commencèrent à coloniser le pays vers l'ouest. Mais les Agba d'Agbaboblénou
étant entrés en conflit avec eux au sujet de la possession des rives du N'zi
sur lesquelles ils voulaient s'établir~ une guerre éclata, au cours de laquelle
Dangui Kpein fut tué; les Agni battus s'enfuirent et repassèrent le Comoé
m~is Akessé Kpeîn, fils ou neveude Dangui Kpein et son successeur, resta
dans le pays avec une poignée d'hommes déterminés, résista courageusement aux
Agba et finalement les contraignit à la retraite. Peu à peu il fut rejoint par
les fugitifs et régna sur eux.
Les familles des différents chefs ou notables qui étaient revenus
se regrouper autour d'Akessé Kpein, se disséminèrent alors et devinrent la
souche des sous-tribus qui peuplent actuellement le Moronou et qui

506.
sont du sui au nord : les Sahoua, les Amant.ian , les Al.angoua , les Ass i è , les
Nga t i.anou, les Essadané, les Sah iê ,
Toutes ces sous-tribus sont encore en relations de parenté avec
leurs tribus mères habitant la Gold-Coast.
ANCI DD 146 0 15, Host.a ins ,
~1onogr aphie du N' zi -Comoé, 191 2.

50'/ •
1\\ N N L
X r:
c-
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LE COIVllVlE'RCE DE L'OH, ACTIVrI'E PRThCIPALE DES ANCIENS
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5013 •
TRAVUCTION LIBRE
NLtlLe.6oL6, f' ctetivdé ptr..-mupale. des Avuji é;ta..{;t f' e.x;tJtae-:Uon
awU6ën: e.. Out/te. c. e. mWeJt , i l i -6 e. liv/1.aie.YLt , à f' iM.taJr.. deh N' zima, au
c.omm eni: e, e.n éc.hang e.ant c.o nt»: e. f' 0/1. ta ute.-6 -6 ord:es de. p/1.0dlL-i;t6 .
Leh PeJr1eh
aiMi que. f eh yYL ocLu..;;U du.
c. /1. cl
étai e.n.t é.c.hangê.s c.o YLtJt e. .ie. f' 0/1., fa
monnaie. ptcJ..nc.ipafe., t.enue. poWt te.ffe. é.gafe.me.n.t pM teh Mante.. Le. c.ommeJtc.e.
/1. e.yYLioe.nto.-.a a.J.1/.;-6i une. ae-:Uvdé. maj e.u.!te..
Joseph Ebrin Assalé, notable à Ndolikro -
Ndolikro,
le 13 avril 1979.

509.
A N N E X L
6
CHEFS DE POSTE DE LA SUBDIVISION DE
BONGOUANOU
1907-08
H. Mar c h a nd
1908-09
Hostains
1909-10
.Iac o t o t
1911-14-
Sargenton
1914-16
Siméoni
1916-18
Braud
1918-25
Poste vacant
1926-29
Pec::trrèrc
1929-34
Thaly
1934-35
Carlton
1935-37
Ph. B::tttesti
1937-39
E.
Ponsot

510.
A N N L X L
7
LISTE DES INTERPRETES ADMINISTRATIFS ET
MONITEURS D'AGRICULTURE
1/ Liste des interprètes
1 907
Tano/Koffi Vao, interprète-adjoint
'"
1910
Bilé/François Ettien, interprète adjoint
1 921
Mossou N'guessan
1934
Sapim Kouao
1 937
Gustave Koffy
2/ Moniteurs d'agriculture
~---.---.---~.~.~-.~.--~.----.--
1 91 1
Tigoli, moniteur de caoutchouc
Brou Coffi, moniteur de cacao
1922
Ouo110 Ouattara
Kouamé Kouakou"

:511 •
TABLE
DES
ANNEXES
-=-=-=-=-=-~-=-=-=-
Pages
L'Antériorîté de la chaise d'Ebrosa .
. . .
499
2
Les Aowin, ancêtres des Morofwo au 17e siècle.
502
3
Aowin et Denkyira au 17e siècle
504
4
Origines et installation des Morofwo . •
505
5
Le Commerce de l'or, activité principale des Anciens..
507
6
Chefs de poste de la Subdivision de Bongouanou . •
509
7
Liste des Interprètes administratifs et moniteurs
d'agriculture de la Subdivision de Bongouanou .

510·
0 0 0 0 0 0

512.
TABLE
DLS
FI CUI<.ES
PREI\\lIEHE
PARTIE
CHAPITRE
PREMIER

Le Moronou dans la Côte-d1lvoire
U'
2
Les différents groupes agni du Moronou . . . . . . . . . . . . . . . •
3'
3
Le relief du Moronou
4'
4
Le Moro nou . Carte de végétation actuelle
6'
5
Le Moronou. Carte de géologie . . . . . . . . • . . . . . . . . ....•...
8'
6
Abengourou.
Précipitations annuelles 1920-1939 ..••••..
14'
6' Dimbokro. Précipitations annuelles 1922-1939 ..••.•••••
7
Abengourou. Moyennes mensuelles 1920-1939 .•. .•.•••••.•
17'
8
Dimbokro.
Moyennes mensuelles 1922-1939 ..•.•••.•••••.
18'
CHAPITRE DEUXIEME
9
Carte hollandaise de Moure
.••..
44'
10 Les Aowin
: différentes étapes migratoires à travers
le temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
113'
CHAPITRE QUATRIEME
11 Densité de population du Moronou 1908
200'
11' Carte d ' Anville 1729
258/
CHAPITRE SIXIEME
12 Région de Bon~o~anou. Localisation des principaux
gisements aur i f
r e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • • . . • . . . • .
275'
è
DEUXIEME
PARTIE
CHAPITRE HUITIEME
13 Carte des chemins de
fer
342



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J)ES
Iv! AT 1 l:1\\ E::;
Pages
INTRODUCTION
1
• • • • • •

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• •
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• •,
• • •


• . • •
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ABREVIATIONS
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..
XIX
PREMIERE PARTIE:
LE PAYS, LES HOMMES ET L'ECONOMIE
DU MORONOU PRECOLONIAL .........•..••....
CHAPITRE 1
LE MILIEU PHYSIQUE ET LES POTENTIALITES DU
SOL ET DU SOUS-SOL . . . . . . • . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
3
1. Une topographie variée . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . • . . .
4
Il. Un sol ferra"itique moyennement désaturé et
relativement r i c h e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
III. Un climat subéquatorial nuancé
13
A. Le volume des précipitations . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . 14
B. La répartition des pluies .•..•....... . . . . . . . . . ~ .. 18
IV.
Une nature aux immenses ressources végétales et
animales
22
A. Le problème de la végétation . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . 22
B. L'homme et le milieu naturel
27
C. Ressources animales . . . . . . • . . . . . . . . • . . . . . . . • . . . . . . 29
CHAPITRE II
LES REALITES HUMAINES:
L'HISTOIRE DU PEUPLE
AG N1 ( é ta p e s de f 0 rma t ion J
émi g rat ion) . . . . • .. 3 2
1. La formation du peuple:
les grandes étapes .•.•.•.
33
0
A. L' h i s.toi r e an té rie ure à 1 6 77 ...•......•••....••.. :3 8
1..
Le TI 0 Y a u A 0 \\\\Ti TI
..............,...............................................
3 9
2. La période 1629-1677 .•....•.•......•..•...•.•... 44
a) Les Awianwian dans l'Adansé .......•...•.••... 44
b)
Les Anwianwian dans l'Aowin
. . • . . . . . . • . . . • • . . . 49
c) La guerre Denkyira-Aowin . . • . . . . . . . . . . • . • . • • . . 52
1
-
La da te
.,.....................................................
52
2 - Les motifs de la guerre . . . . . • . . . . . • • . . . . . . 5S
3 - La guerre . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . • • . • . . . 58
B. 'L'Ao\\Vin-Ebrosa,
Etat dépendant 1677-1720
60

Sh.
1.
L, r j\\ 0\\" .i 11,
E t ici r
t ri b LI t ail" eUe n k y i r ici
16 7 7 - 1 7Ul . • ••
b 0
2.
L' A 0 wi 11
sou S LI cl 0 min a t .i0 11 a s :J 11tel 70 1 - 1 7 2 1 ....
7 0
a)
La période
1701-1715 • . . . . . . . . . • • • • • . . . • • • • • •
70
b )
J..,'affrontcmcnt de
1715 • • . . • • • . • • . . • . . • . • • • . •
7S
Il.
L'émigl'ation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . • . . . . . . . . . . . . .
80
A. Quand lBS Morofwo émigrent-ils ? •.••••.....•..•.
80
1.
Les émigrations antérieures à 17·15 ••••••••••.••
81
a)
L emigration Ngan
et Krobu,
fin
XVIIème s i è c l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
81
b)
L emigratiol1 d'origine Denkyira
83
2.
L'émigration Aowin-Ebrosa 1715-1720 ••••••••••••
84
a)
La première vague migratoire Aowin :
10 décembre 1715 -
7 avril
1716
86
h)
La seconde période migratoire
:
a 0 Û t
1 7 1 6 - 1·7 20 ••• " ••• " " " ••••••• " • " •••••••• " •
90
1- La vague migratoire d'août 1716 •••••••••.
91
2-
L'expédition militaire àowin contre
l'Asante et l'émigration de mars-avril
17·]8
92
3- L'émigration autour de 1720 •.••••••••••••
94
B. Emigration:
conduite et itinéraires SUIVIS ••••••
96
1.
La conduite de l'émigration: Ano Asoman
guide de la migration?
~..
97
2.
L'organisation de
l'émigration ....•..••••.••.
107
3"
1.1' i t i 11 r·a i
é
1"es" .. .. .. " " " " .. " .. .. " " " " .. .. .. " .. .. .. .. .. .. .. .. .. " .. ....
1·1 1
a)
L'itinéraire m ê r i d i on a L,
114
h)
L'itinéraire septentrional ......••••.•••••.
116
CHAPITRE TIl:
LES REALITES HUMAINES:
LE PEUPLEMENT •••••• 120
I .
Repères ch r 0 no log i que 5 et essai de datation........
1 21
A. La date d'arrivée dans le Moronou ........•••••.••
121
13.
La guerre Agni-Baoulé . . . • . . . . • . . . . . . . . . . . . . . • . . • . 124
C. La fondation d'Arrah, Centre principal de la
Ch ef fe ri e Ahua . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . • . . . . . . . • . . . . . .
120

JI.
l.e s grandes
étapes du peUpleIll8Jlt..................
130
1\\.
Le Mo r on ou était-il habité?
\\7>2
B. La première période du peuplement:
l'expansion
en désordre (1733-1770]........................
139
C. La seconde période de peuplement;
l'essaimage
naturel
(1 780 - 18 50) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
153
D. Troisième période de peuplement: le brassage
des peuples
(1850-1907)
159
CHAPITRE IV
LES REALITES HUMAINES : NOMBRE DES HOMMES
ET STRUCTURE SOCIO-ECONOi\\lIQUE...............
175
1.
La p
v
ê
r i ode de l'homme rare
176
A. Exposé critique des sources, de la démarche
de Marchand et des données démographiques
178
1. Présentation des sources . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
178
2. Comment Marchand procéda-t-il au dénombrement?180
3. Critique de la démarche de Marchand et des
données démographiques .....•.•..•....•...••... 187
a)
La d.êma l'che. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . . . .. 107
b ) Le" g r 0 u p e de cas es", une no t ion - c l e f . . • . . .1 8 8
B. Les données démographiques de Marchand et
l'histoire
."
e
193
1. Primauté des gros villages .•..•••.•••..••.•.•• 194
2. Une densité contrastée . . . . . . . • . . . . . . . • . . . • . • • .
196
II. Une structure socio-économique fondée sur la
solidarité communautaire . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • • . . . . . . 202
A. La structure de production, elle est limitée
~ la cellule domestique .......••..•.....•........ 203
1. Selon la présence effective sur le lieu de
t r av a i I
r
• • •
o . o
• • • • • • • • • • •
2l)r{
2.
Selon les
tâches
2()6
B. L'auto-consommation et la Communauté des liens ... 207
1.
La consommation du produit du travail, elle
est le fait de tous les membres de la
Communauté...................................
207

) 16.
2. La redistribution d'une partie du "surproduit" :
elle est opérée équitablement entre tous les
membr e S ct e laC 0 mm un a u t é . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
208
3.
L a g a r cl e cl u ' , t rés 0 r Il f ami 1 i a l . • . . . . . . . . . • . . . . . . ..
2 10
C.
L'émergence du détenteur du trésor au sein de la
Communauté
2îl
1.
Le monopole du trésor
212
2. Le dépassement de la contradiction . . . . . . • . . . . . . . •
213
CHAPITRE V
L'ECONOMIE ANCIENNE: LES STRUCTURES
AGRICOLES •••••••••••••••••• " " , , . . . . . . . . . . . . . . . .
215
1.
L'exploitation des ressources naturelles
216
A. La cueillette et le ramassage . . . . . . . . . . . . . . • . • . . . . .
216
B. La c h a s s e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
217
C.
La p c h e
•••••••••••••••
220
ê
0
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
II. Propriété et exploitation agricole . . . . . . . . . . • . . . . . . . .
221
A. Le système f o n c i e r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
222
1. La notion de propriété foncière
..•......••....••.
222
2. L'étendue de la structure foncière
.•.....•••.....
227
B. Le système d'exploitation agricole . . . . . . . . . . . . • . . . .
230
1. Une agriculture extensive caractérisée par
la faiblesse de ses objectifs et de ses moyens ....
231
2. L'assolement, maintien de la fertilité du sol .•..•
234
3. Le travail agricole, un effort mesuré . . . . • . . . . . • .
238
a) Les raisons de l'absence d'intensité du
travail
. . . . . . . . . . . . • . . •.• . . . . . . . • . . •. . .• •. •.•• .
238
b) Le calendrier agricole . . • . . . . . • . . . • . . . . . . . . . . •
239
4. Les instruments agricole~, un niveau médiocre ....
243
III. L'élévage, une activité secondaire ...•.•..•.••.....
246
0
A. La rareté des b o v i n s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
247
B. La diversité du petit bétail: moutons et chèvres ...
2S3
CHAPITRE VI : L'ECONOMIE ANCIENNE: DE L'EXTRACTION AURIFERE,
CONSTANTE DE L'ECONOMIE AGNI A L'EXPLOITATION
DU CAOUTCHOUC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . . . . . . . . 2S6

'j 1 ';' •
J.
L'extraction aurifère sur IH Côte de Guinée aux
XV r I
2 S
è
111 e
et XV l II è IH e siècles.............
Î
0



,





A.
Les régions productrices J'or
258
B. Les mines d'or:
croyances et activité
extractive
' . . . . . . . . . . . . . . . .
265
1.
Les croyances s u r l'or
265
2.
L'activité extractive........................
268
Il. DE L'IMMIGRATION A L'EXPLOITATION DU CAOUTCHOUC
1733 - 1 8 7 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
27'5
A. L'or et le choix de nouvel habitat dans le
Mo r 0 n ou. • • • • • • • • . • • • • • • • . • • • • • . • • • • • • • •
274
0


"




B. L'extraction aurifère: technique, droit coutu-
mier et destination du produit
.
.
278
1. Mode et technique d'exploitation . . . . . . . . . . . • .
279
2. Droit coutumier en matière d'exploitation .•..
280
3. Quel est lev 0 l um e d' 0 r ex t rai t
?
•..•••••••••
282
4. La destination de l'or
.
285
a)
L'or, monnaie et marchandise . . • . . . . . . . . . • . .
285
b)
L'or,
trésor familial
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • .
288
III. L'exploitation du Caoutchouc, une diversion 1874-
19 1 3
••••••••••••••••••••••••.•••••••••••••••••••••
CHAPITRE VII
L'ECONOMIE ANCIENNE: LES EXPEDITIONS COMMER-
CIALES DANS LE MORONOU PRECOLONIAL '"
....••
297
I.
Les fondements des expéditions commerciales •..•..•.
299
A. Le passé commercial des Aowi n . . . . . . . . • . . . . . . . • . •
299
B. A la recherche du métal précieux, produit de
base des expéditions commerciales
: des rivages
du N'zi aux bords du Comoé . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
302
II. Un commerce essentiellement orienté vers l'acquisi-
tion des biens de consommation . . • . . . . . . . . . • . . . . . . . .
jOl,
A. Produi ts et moyens d r échange . • . . . . . . . . . . . . . . • . . •
j04
B. Commerçants et différents types d'échanges
.•••.•.
310
C.
Les routes commerciales
310
1 . Le s d eux v 0 i e s l o.n g i t ud i n ale s ......•.......•..•
320
2.
Les voies I a t i t ud i n a Le s
)22
D. Destination des produjts acquis

-
') 18 -
E.
Quelle chronologie pour le commerce?
327
1. L'axe Moronou-Cape-Coast 1733-1787
327
2.
Le commerce en direction du Bandama et de
Tiassalé 1787-1842
328
3.
Les liaisons commerciales avec la Basse
Côte 1842-1909
33'
DEUXIEME PARTIE
LES CONDITIONS ET LES AGENTS DTERMI-
NANTS DU PROGRES AGRICOLE
335
CHAPITRE VIII
LA CONQUETE COLONIALE CONDITION NECESSAIRE
AU PROGRES AGRICOLE
'
,
337
l
-
Les missions d'exploration dans le Moronou 1889-
1907
338
A.
Binger à la frontière orientale du Moronou en
1889
339
B.
La mission topographique Houdaille dans le
Morono~ 1898-1899
341
C.
Les missions Crosson-Duplessis et Jordan :
leurs apports pour la connaissance du Moronou'
1904
344
D.
La pénétration administrative 1904-1907
345
II.
L'intervention militaire
(1908)
34
A.
L'hostilité des chefs,
motif de l'intervention
mili taire
34
B.
Les opérations militaires : moyens et déroule-
ment
35
1. Les moyens
353
2.
Les différentes opérations
35
a)
La prise .d'Assiè-Akp~ssé 18 Octobre 1908
35
b)
La reddition de Tano KAkou et des Alangwa
(19-23 octobre 1908)
35
c)
La promenade militaire chez les assiè
25 - 2 6 oc tobre 1 908)
35
d)
L'occupation du N'gatianou
(26-29
octobre 1908)
35

e)
La
SOUIIl]SS1Un
des
ES:;;jncl:lné
(29
octobre-
1·1
novembre)
,
j53.
f )
La ré cl u c t ion d 1 /\\ rra h
(1 2
-
1 8 nove In b y e l 908 ).
.j 59 .
C.
La fin des ho s tiLit.ê s
360
1.
Arrestations et
internements . . . . . . . . • . . . . . . . . .
j60
2.
Amendes e.t autres sanctions...................
.j62
3.
Erection du poste administratif de Bongouanou.
j64
III. La résistance â l'exploitation des ressources
n a tu r e Il e s e t a g r .i col e s ( 1909 - 1911)
A.
L'économie de
traite, un système d'exploitation
économique opposé aux intérêts du Morofwo .••.. . • .
j67
1.
L'introduction de l'agricuJture de traite
dans le Mo r o no u 1 911 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • ••
j67
2.
L'économie de traite contre les intérêts du
Morofwo. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . • . . . • • • • . . •.
j70
B. Vision du développement et réactions diverses . • • • 376
1. Un état d'esprit favorable au
développement
.
~
economlque
,
"
1.
e
.
377
2.
La résistance du Morofwo aux premières
tentatives de développement . . . . . . . . . . • . . . • . • . .
378
3.
L'attitude favorable aux cultures d'arachide,
du palmier à huile et du cacao .. • . • • . • . • . • • . . •
JSO
4.
La réa ct ion deI' 1-\\ dm i ni st rat ion 10 cal e . . • . . . . .
382
CHAPITRE
.IX
LES GRANDES OPTIONS DE L'AGRICULTURE
COL 0 NIA LE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • . . ..
)8S
1. Du bon aménagement des peuplements spontanés aux
cultures arbustives
(1911-30) .••••••••••••••••••••
386

1\\.
Lé]
recherche ct l "am n a g eme n t
d e s peuplements
ê
naturels de colatiers,
d'arbres J caoutchouc
et ·c!e palmier ;) hujlel91 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
388
.,.
Lee 0 1 <:1 t i e r . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • . . . . . . • • • • • . •
J 88
2.
L' ct T br e ;1 cao ut ch 0 u c
389
0












5.
Le palmier;:} huile
.
390
B.
Les premières cul tures arbustives
lI912-13).....
jS2
1. Pépinières et premières expériences de
cul t ur es. . . .. .. .. .. . . . .. .. . . .. .. . .. .. .. .. . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . .. .. .. .
~'j~;(:
2. Technique de cult.ure
3';i~_
3.
Le b i l a n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
395
C.
La Cul ture du Cacao 1915 ..•.• ~
-/1-00
D.
La Cul ture du Café
(1926-30)
-405
II. Extension et intensification des cultures
(1931-
1 9 3 9.) .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. • .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. • .. .. ....
iJ,. 09
A. Accroître et améliorer les cultures d'exporta-
t Io n . .. .. .. .. .. .. .. .. . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ....
411
1.
Etendre les p l an t a t i o n s
j,.12
2.
Soigner les plantations . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . .
-414
3.
Am é l i 0 r e r I e pro du i t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . ..
41 :;>
B.
Intensifier les cultures vivrières
~18
C.
L'outillage agricole . . • . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . .
421
CHAPITRE X : DES TECHNIQUES ET DES HOMMES ........•.......
426
L,
L'intervention de l'Administration locale . . • . . . . . .
426
A.
La hiérarchie administrative
42'1
B.
L'Administration et
le progrès agricole . . . • . • . . .
431

1.
L'Administrateur, chef de poste . . . . . . • . . . . .
kjl
,~3J
Z.
Le rôle des fonctionnaires subalternes .....
I l .
La Collaboration du service d'agriculture et
annexes
c
• • • • • • • • • • •
A. Un personnel insuffisant
.
438
B. Une contribution appréciable
.
440
1.
L'éducation des planteurs . . . . . . . . . . . . • . • . • •
Z.
La formation permanente . . . . . • • . . . . . . • • . . . . .
3. Les autres interventions du service
d'agriculture
4)+)
I I 1. Les p ion nie r s del'A g r i cul tu r e colon i ale. . • • . • . •
445
A..
.L e S sou.r ces .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
.41:,.7
B..
L' effect if
~
c
..
451
l .
Les planteurs européens . . . . . . . . . . . . . . . . . . • .
,~51
2. Les planteurs "progressistes" africains ..••.
453
C.
Les fondements de l'influence des planteurs
progressistes . . . . • . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . • . • . • •
l,59
CHAPITRE XI
LES SOCIETES AVOCATION ECONOMIQUE : UNE
CONTRIBUTION IMPORTANTE AU PROGRES
AGRICOLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
1.
L'influence de la Chambre de Commerce de la
Côte - (1 ' Iv 0 i -r e
~ ..
46 J
t
"
..

..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..

..

..
A. Création, organes et atributions de la Chambre
de Cornm e rce
L~64.
os ..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
1. Créa t ion et 0 r g il ne s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
i~6!~

2.
At tri. but ion s .. , .. .. .. • . " " " .. e .. " "
/f'S()
0
"
"
"
"
..

"


"



"
..
..
B.
Rôle de la Chambre de Commerce dans la
production
agricole. . .. . . . . . .. . . . • .• .. • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
470
1.
L'incitation à
la production . . . • . . . . . . . . . . . .
L,,70
2.
La défense des
intérêts des producteurs.....
/;.'7~2
3.
La Chambre de Commerce et
le recrutement de
la main-d'oeuvre............................
/+75
C. La Chambre de Commerce et la Commercialisation
• des p r o d u i t s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
/+[50
1.
Le c on d i tionnement des produi t s , . • • . . • . •. . . .
/;.130
L ' hui le de pal me. . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • • . .
480
-
L a Co la. . . . . . . . . . • • • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • .
/;.8 1
-
Lee a cao
."...".."..".."....."""........".....
ll.32
2.
Le Contrôle des
produits...
48j
I T
L
. ~
~
d
P ~
4i36
.
es socIetes
e
revoyance . . . . . . . . • . . • . • . . . . . • • . . .
A.
Créa t ion e t
0 b j e c tif s . . . ... . . . . . . • . . . . . . . . • . . . . .
486
B.
Les réalisations.. . . . • . . . . . . . •••. . . . • . . .•.•. ..•
488
1.
La diffusion des machines à traiter les
produits."
"
" .. """
"
,,...
4~·)9
2.
Les autres interventions économiques........
490
3.
Le financement des réalisations.............
Lé92
III.· Quel bilan?
. . . • . . . . . . • . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . .
4~!3
Table des Annexes
511
Table des figul"CS
Table
des matieres
513
• •
Cl
..


"


..
"


..

lJ

"
"
"

524.
l'
T ROI SIE M E
PAR T l E
--------------------------------
--------------------------------
L'INSERTION DE L'AGRICULTURE DANS L'ECONOMIE DE MARCHE
I~ •
il
!CONSEIL-AFRIC;I~ ET ~LGACHE:\\
'\\ POUR l'ENSEiGNEMENT SUPERIEUR
C. A. M. E. S. -
OUAGADOUGOU
l Arrivée
'l
\\,~nregj5~~~-=~~~-~~tt9JJL~·.&: '
,; ..

5~5.
L'insertion de l'agriculture ivoirienne dans son
ensemble,dans l'économie de marché,enregistre à la.fois des
éléments positifs et négatifs qui nlont pas manqué d'avoir
des retentissements certains auprès des planteurs du Moronou,
ignorant tout des mécanismes complexes du marché international.
L'insertion de
l'agriculture ivoirienne dans l'économie de
marché signifia d'abord,pour le planteur du riche terroir
agricole du Moronou,
un surcroît de travail,
afin d'étendre
son exploitation et d'améliorer la qualité du produit de sa
récolte,
dans une perspective plus compétitive de
son café et
de son cacao.
La crise de
1929, qui frappe de façon sévère
l'économie mondiale dans son ensemble et plus particulièrement
les produi ts coloniaux dont le ca fé et le cacao,
a
un effet
négatif sur la courbe de la production ivoirienne,
même si les
planteurs du Moronou ont particulièrement bien " e ncaissé" la
baisse du coût des produits.
Mais le marasme général des affaires
suscite néanmoins un émoi,
des réactions spontanées ou organisées
qui,
dans un autre contexte, auraient pu dégénére~ en crises
sociales aigües.
Il s'imposait donc de retracer les fluctuations de la
courbe évolutive du développement agricole,
en commençant par
ouvrir un chapitre sur les fluctuations,
enregistrées par les
prix des différents produits.

5~6.
CHAPITRE XII
LES FACTEURS CONJONCTURELS ET COMMERCIAUX
Si l'administration et les sociétés à vocation econo-
mique ont milité en
faveur de l'extension des surfaces cultivées
et d'une meilleure présentation du produit commercialisé, encore
fallait-il que le planteur du Moronou fusse réellement motivé.
Prendre conscience qu'il pouvait trouver son compte,
en vendant
la récolte de son café,
de son cacao et les autres produits,
fut
un facteur déterminant dans l'ardeur déployée sur son exploitation.
Le planteur a,
dirons-nous,
l'oeil constamment fixé sur les mer-
curiales.11 est extrêmement sensible aux fluctuations de la conjonc-
ture.
C'est la raison qui explique ce chapitre consacré aux mou-
vements cycliques tels qu'ils furent "perçus" dans la région.
Produire,
c'est bien,
encore faut-il être assuré de
pouvoir écouler le produit de la récolte.
Les routes et pistes,
autant que le chemin de fer,
construits par les soins de l'admi-
nistration,
vont contribuer à décloisonner,
inégalement il est
vrai,
les villages et rendre plus aisé l'acheminement des denrées
vers les centres de redistribution:
marchés,
centres d'achat ou
de consommation.

5'2.'1.
-
l
-
LE MOUVEMENT DES PRIX
Avant de
déterminer la tendance et le rythme d'évo-
J.ution générale des prix,
il importe de s'attacher à étudier
dans le détail le mouvement particulier des grands groupes de
produits rencontrés dans le Moronou colonial.
A - LES PRODUITS DE CUEILLETTE.
De ce premier lot de produits,
se détachent de loin,
par l'importance de
leur trafic,
le caoutchouc,
le cola et les
palmistes.
Quelles sont les sources principales de l'étude des
p r i x des pro d u i t s dit s de" eue i 11 e t te tl? Que 11 e e n a été n 0 t r e
démarche? Enfin,
quelles sont les grandes tendances que l'on
peut
tire~
de l'étude de ces prix?
l
- SOURCES ET METHODES.
Faute d'une information suffisante,
il n'est pas pos-
sible de suivre les fluctuations du cours des produits dits de
"cueillette", durant l'ensemble de notre période.
Cela tient au
mode de
vente particulière de l'époque.
Avant l'organisation du
marché de Dimbokro,
en 1915,
par l'administration locale,
le caout-
chouc,
le cola et les autres produits en provenance du Moronou,
écoulés vers les factoreries de Tiassalé ou acheminés en direction

Fig. 14 - MOUVEMENT DES
PRIX
MOYENS ANNUELS
DES PRODUITS DE CUEILLETTE
(Caoutchouc
Cola
Palrllistesl 1917 -1939
Base
1917::: 100
ET
VARIATION
DES
PRIX
D'APRES
LES
MOYENNES
MOBILES
1
25 °1
..........\\
...--'f,
\\
/
-,
\\
i
l
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1
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Prix
moyens
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\\
\\
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1
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i Moyennes mobiles
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1
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1
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- r ' - T ' - - ' - - - ' - - - - 1 - - - ' "
30(
.11
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j3
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Je-,
:11,
37
38
'939
n
24
:'Ci
:!(i
27
'9:U~
;'~I
\\.)1
l\\.
ce

de Brou-Attakrou et le pays baoulé, échappent au contrôle de
l'Administration (1). Aussi,
les
mercuriales de cette époque ne
font-elles pas état des produits du Moronou.
Il faut attendre
1917 pour obtenir, gr~ce aux Bulle~in~ e~ Rappok~~ agkicole~
du N'zi-Comoé (2), des chiffres annuels. Encore, doit-on se
contenter de renseignements épisodiques,épars.
Le cours des
produits effectivement pratiqué au niveau du Moronou est souvent
sacrifié au profit du prix général retenu pour l'ensemble du
Cercle. Par ailleurs,
nous ne disposons pas toujours de données
continues couvrant toute la période étudiée. Recourir aux mercu-
riales générales de l'ensemble ivoirien ou même d'un Cercle voi-
slnpour parer aux lacunes, eGt été la solution. Mais la disparité
des prix, enregistrée d'une région productrice à une autre, est
si importante qu'il a fallu y renoncer,
de peur de trahir l'orien-
tation spécifique des prix de
la région.
Pour toutes ces raisons,
nous avons tenu à en esquisser fidèlement - avec toutes les
lacunes - l'évolution générale.
(figure nO 14).
(1) -
Cek~, ie chen de po~~e du Bongouanou me~onne~~-il l'ex~~ence
d'un ~aMc 6M~ impM:ta.nt de colM et: au~u pJtoduiu en d.i.Jr.ec:tion
du ~ud cô:tiek et: vek~ le Baoulé. S' il tent». d'en évaluek, de .te.mp~
à. ~e, le volume, il ome~ de Uvkek le pkix de veiU:e de cu di66é-
.kenu pJtodulU. PM exemple, nOM fuOM, daM le ka(.>pM~ meMuel
du po~~e de Bou,gouanou, au mo~ d'oc:tobke 1913, que "de nombreuses
charges de colas sont descendues soit sur Abidjan,
Bassam
et le Sénégal, soit sur Dimbokro" .Ou encOke, nOM IJ appkenOM
qu'en
quinze jOM~, à. Sawua, le che6 de pM~e lIa pesé 2.740 kg de
colas achetés et emportés par les Dioula (commerçants)
sur Abidjan et Bassam". Au po~~e même de. BongouMou, le volume
de colM ache~é u~ évalué à. 4.239 Qg, pOUk le ~eul mo~ d'oc:tobke.
C6. ANCI 1 EE 147 (2/5) nO 113, Rappok~ d'Oc~obke 1913. M~ nulle
pM~ n'u~ indiqué, :tou~ au long de ce kappok~, le COM~ de. la cola.
(2) - A.N.C.I. 7 QQ 98, Rappok~ ~Uk la ~i~ua~ion économique e~
commekciale génékale du N'zi-Comoé e~ de~ po~~e~ de
Bongouanou, Ouellé, VimboQkO e.t: Bocanda, 1915, 1920-24.
A.N.C.I.
7 QQ 704, Rappok~ économique de la mi~~ion d'in~­
pec~ion Loui~ Méka~ 7924. A.N.C.I.
7 RR 39 - Rappok~~ éco-
nomique~ de~ dinnéken~~ po~~e~ du N'zi-Comoé, 7912-1933.

5jO.
La construction de séries continues de prix n'a pas
été sans poser de problèmes. Plusieurs démarches s'imposaient.
Se référer à la fois aux mercuriales de Dimbokro,la subdivision
centrale qui englobait une bonne partie du Moronou,
à celles de
Bongouanou regroupant le reste du Moron6u et,
apres 1933, au
cours des produits en vigueur au Chef-lieu de Cercle d'Abengourou,
quand ils n'étaient pas spécifiquement déterminés à Bongouanou,
a été une démarche, opérée de façon systématique pour le calcul
du prix moyen mensuel de chacun des produits.
Il a fallu ensuite
déterminer le prix moyen annuel,
puis l'indice de chacun de ces
prix, avant de procéder à l'obtention de la moyenne des indices
annuels.
Enfin,
malgré l'originalité de comportement de chacun
de ces produits,
force nous a été de les considérer globalement,
compte tenu des lacunes repérées dans les séries individuelles.
La synthèse de toutes les informations obtenues sur chacun d'eux
a donné naissance à une courbe des prix unique.
2 - LE MOUVEMENT DES PRIX
L'examen de la courbe des prix des produits de cueil~
lette permet de tirer deux constatations immédiates. D'une part,
se dessinent avec netteté trois grandes tendances fondamentales
une première phase de
hausse des prix qui culmine en 1925, puis
une phase de baisse de longue durée qui persiste !jusqu'en 1934;
à partir de 1935, nouveau renversement de la tendance caractérisée
par une deuxième phase de hausse- la seconde apparaît plus accen-
tuée que la première - encadrant une période de baisse.
D'autre
part, soulignons l'allure plus heurtée de la courbe dans sa
première phase de
hausse
(1917-1925).
Après 1925, elle affecte
au contraire une allure très molle, elle s'émousse.
Précisons ces caractères généraux, en étudiant l'ampli-
tude des phénomènes constatés.

531.
Evaluation des mouvements de longue durée
Il s'agit de souligner, au-delà des fluctuations annuel-
les des prix,
le mouvement de longue durée,
autrement dit,
la
tendance majeure à la hausse ou à la baisse,
telle qu'elle a
pu appar~!tre au regard des contemporains. Nous recourons ici
au procédé désormais classique des moyennes mobiles, afin d'éli-
miner les fluctuations cycliques.
Ayant repéré,
au total, sept
cycles sur la courbe des produits de cueillette,
nous en avons
arrondi la durée moyenne à trois ans pour calculer la moyenne
mobile;
puis adoptant le point de vue du Morofwo contemporain,
n ou s a v 005
tenté d'évaluer le mouvement de longue durée tel qu 1 i l a pu le
percevoir (1). C'est en effet cette perception qui guidera l'activité du pro-
ducteur morofwo, le stimulera ou au contraire, jouera en sens inverse.
La courbe du mouvement de longue durée,obtenue
d'après les moyennes mobiles,
fait ressortir avec plus de netteté
le phénomène précédemment constaté:
l'existence de deux ten-
dances fondamentales à la hausse encadrant une longue phase de
baisse.
Jusqu'en 1925i la courbe offre un caractère d'irrégula-
rité marqué par un mouvement de hausse quelque peu ralenti par
le "piétinement" de courte durée des années 1920-22. En effet,
entre 1917 et 1922, la croissance des prix est de 6,4% par an,
tandis qu'elle atteint un taux de 22% entre 1922-25.
Néanmoins,
dans l'ensemble,
les années 1917-1925 sont considérées comme une
période de hauts prix.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
\\1 1 E. LabJtoLtMe. Uu.me. QUe. t' hM:toJt..te.YI. doc: -6e. pJtéoc.c.upe.Jt davantage. du mou-
veme.n.t du pJt..tx te..f
QUe. te.-6 C.On.tempOJtMY1.-6 t' ovu: Jte.-Me.YI.·tt Ou ont: CÂu te.
Jte-6-6e.nt..<..Jt, QUe. du mOuveme.n.t du plt..tx te.l.-6 QU'..<..1-6 -6e. -60Yl.t man.i6e.-6té.-6 Jtée.t-
te.me.n.t. Ce. Qui pe.Jtme.t de. Yl.e. pM 6MJte. ..tn.te.Jtve.n.iJt daY1.-6 te.-6 c.a1.c.uL~ tu
aYl.Yl.ée.-6 6utuJte.-6. Autlteme.n.t cü;t, ta moye.Yl.Yl.e. mob..<..i.e. -6e.Jta. c.a.l.c.ul.ée. e.YI. 6a...i..-6a.Yl.t
ta.
-60mme. de.s plt..tx aYl.Yl.Uw de. t' aYI.YI.ée. c0YI.-6..tdé.Jt ée. e.t de.s deux armée.-6 an.té-
Jt..te.uJt e.-6 •

53~.
Une longue chute des prix s'amorce dès 1925, atteignant
en 1934 son plus bas niveau, avec un taux de croissance de - 8%
par an. La croissance reprend en 1935 et se prolonge jusqu'en
1938 avec un taux annuel de 65 %. Elle ne subit qu'un léger flé-
chissement en 1939 à la veille de la deuxième guerre mondiale.
Pour apprecler l'amplitude du mouvement de longue
durée, comparons les moyennes mobiles au dêbut et à la fin de
chaque phase.
Phase de
·Ecart
Taux de crOlS-
longue
Minimum
Maximum
Ecart g
sance moyen
absolu
0
durée
annuel
1
1917-1925/
99
236
+
137
1 +
137,33
+
17 ,46
1
!
1925-1935 1
54
236
182
! - 182,33
18 , 2
1935-1938/
54
160
+
106
+
106
+
35
1
Notons que malgré l'ampleur du mouvement d~ baisse
de l'ordre de 182 %, celui-ci n'annule ni les 137
% de hausse
de la phase 1917-1925, ni celle plus modérée de
106 % de la
période postérieure à la crise de 1929-34.
Si nous attribuons la base 100 à la moyenne mobile de
l'année 1917, nous obtenons
1 91 7
100
1925
236
] 935
54
1938
160.
(J)
Il e~t calcul~ ent~e l'ann~e initiale et te~minale d~ chaque
cycle.

533.
On ne
peut conclure le chapitre des prix des produits
de cueillette en ignorant la période antérieure à 1917, même
si celle-ci,
à défaut d'informationschiffrées,
n'est point
prise en compte par la courbe des prix.
Les renseignements
qualitatifs ne manquent pas sur ces années antérieures, décri-
tes comme une période de "hauts prix",
"prospère"
pour l'ensem-
ble des produits de cueillette.
De tous ces produits,
le caoutchouc semble être le
premier auquel les Morofwo aient voué le plus grand intérêt,
et ce,
bien avant la période coloniale.
Déjà à la fin du
siècle dernier,
la frange est du Moronou,
la région ahua de
Brou-Atakrou voit défiler mensuellemen~en direction de la
côte,
des centaines de charges de caoutchouc
(1).
La contri-
bution desMorofwo à la production du caoutchouc,
contrôlée
par l'administration coloniale,
parait déjà vraisemblable à
cette époque.
Toujours est-il qu'en 1901,
le Moronou est men-
tionné par le Gouverneur Clozel comme l'un des fournisseurs
de caoutchouc le plus apprécié de la Colonie,
en l'occurence
le Hard Cake
(2).
Celui-ci, contrairement au Lump ou caout-
chouc en grosses plaques,
se présente sous forme de petites
galettes noires.
Pour l'une des rares fois,
le prix du
kilo-
gramme de hard-cake nous est donné:
il vaut 4 F.
à Bassam,
c'est-à-dire une fois acheminé jusqu'au port d'embarquement.
Mais à quel prix était-il acheté,
à la même date dans le Mo-
ronou ? Le document observe sur la question un mutisme
complet.
[ 1J Ex:tJr.ait d'un. Je.apPMt de M. le Caocta.in». Dean.e, admùl'<'~:tJr.a:teUJ!. d~
CeJr.~l~ de l' In.dérz..<.é et de Bondoukou, daté d'A~~'<'k~~o, le 9 jan.v'<'eJr.
1889 Ln. J.O.C.I. du 1eJr. 6é.vJe.'<'eJe. 1899, p. 3.
(2) Ou:tJr.e le hMd ~ake et le lUJr}p, d' au:tJr.~ vM.<.été~ de ~aou.:t~hou~ étMen.t
6abJe.'<'Qué~ daM la ~ol0':l.<.e -<'vo.<.Jr.'<'el1n.e. On. peut men.uon.n.eJr. : le N'<'ggeJr.,
le !ted-Yl.-<.ageJr. et le tW-<.~t••• -te hMd ~ake pJe.oven.ait de l' An.n.o, du
MoJe.on.ou,
e l'A:ttié et du Baoulé. Il va:ea~t 4 F. le k'<'lo à B~~am,
tandi:« Que l~ au:tJr.~ Qua.i'<'téJ.> de eaou tehoui: J.>' Ij ven.daierz.:t à 2,85 F.
C6. C.<.Jr.~u.iaiJr.e n. 0 21, Je.e.iative aux pJe.'<'n.~'<'pau.x :typ~ de ~aout~houc.,
Je.é~oltéJ.> daM .ta Colon.'<'e du GouveJr.n.eUJ!. Clozel aux adm'<'n.~:tJr.ateUJ!.J.> d~
CeJr.~l~ de l'In.dén.'<'é, Bon.doukou, Kon.g et Lahou, B'<'n.geJr.v'<'lle, le 27
août 1901. J.O.C.I. du 37 août 7907, p. 8.

534.
La deuxième mention sur le cours du caoutchouc,
datant de 1910, est purement qualitative:
~Le~ Cou~~ llevl~ du caoutchouc ont ltl une de~ cau~e~
~de l'act-i.v-i.tl -i.naccoutumle dan~ la p~oduct-i.on de cette gamme
~ 1••• ) On peut, ~an~ exagl~at-i.on, lvalue~ à 10 tonne~ la quan-
~t-i.tl de caoutchouc expo~tl ~u~ le~ ma~chl~ de t-i.a~~all,
~ Abo-i.~~o et lJ..i.mboktr.o ~ (1).
Cette phase de prospérité du caoutchouc s'étend prati-
quement sur les douze premières années du vingtième siècle.
L'activité du caoutchouc connait même en
1912 un véritable
Yboom~qui doit être mis en rapport avec le coGt élevé de ce
produit. L'engouement pour le caoutchouc est tel que le Morofwo:
qui ne voit que le profit immédiat,saigne littéralement a
blanc l'arbre àcuoutchouc, condamnant ainsi celui-ci à périr.
Par ailleurs on relève à la même époque le départ de
plusieurs
habitants du Moronou en pays gouro et même jusque dans le
Cercle de Sassandra à l'Ouest de la Côte d'Ivoire,
en vue
d'exploiter les essences à latex de
l'immense forêt qui couvre
cette région ivoirienne
(3).
III S-i.tuat-i.on économ-i.que et ag~-i.cole du d~~-i.ct de Bongouanou, pendant
le ~o~-i.ème ~-i.m~~e 1910. J.O.C.I. 1910, p. 557, l~e colonne.
(2) Vo~ enlke au~~ ANCI 1 RR 97, Rappo~t de to~nle de l'I~pecte~
d'Ag~-i.cultuke da~ le d~~-i.ct d'Adzopl et da~ le C~cle du N'z-i.'Comol.
B-i.ng~v-i.lle, le 22 olv~-i.~ 1912 .
...:.,,',
., (3) Co. Chanti~~ aecMd~ à deux M-i.g-i.~e~ de BongouanoLl po~ l' explo-i.-
taUon d~ M~enc~ de latex. J.O.C.I. 1913, p. 643. U ~'ag-i.t dl!
A~~al.i.. Vou. lA.6.&a.ié. Adou), M-i.g-i.~e de Bongouanou, à la tê.te de 21
~lcolte~~ de caoutchouc qu-i. obt-i.ent l'auto~~at-i.on d'explo-i.t~ le
caoutchouc da~ une po~t-i.on de oo~ê.t ~~e da~ le Haut-SM~an~a. Le
~econd che6 ~lcolte~ de caoutchouc ~t Angoa Ehu-i. qu-i. blné6-i.c-i.e d'un
p~m~ d'explo-i.taUon du caoutchouc à S-i.n6~a, en pay~ Go~o.

535.
Mais dès le premier trimestre de
1913,
les effets de
la crise mondiale du caoutchouc se font sentir dans N'zi-comoé:
les maisons de commerce suspendent tout achat de caoutchouc,
des magasins se ferment
(1);
les récolteurs de
caoutchouc du
Moronou,
en particulier les Ahua,
rentrent des rives du Comoé,
"dé.c.ouJtagé.~ e.t c.Jt.i..b.f.é.~ de. de.tte.~"(2).
A l'arrière-plan,
l'on
devine la baisse du
prix du caoutchouc,
conséquente à la
mévente mondiale de
ce produit.
La crise du caoutchouc aura aussi pour effet de
tour-
ner le regard des habitants du Moronou vers d'autres produits
dont lCi
cola.
Dès 1912, les Morofwo "6ou.i...f..f.e.f1t .f.a 60Jtêt pouJt
dé.c.ouvJt.i..Jt .f.e.~ c.o.f.at.i..e.Jt~ e.f1c.OJte. .i..f1C.0f1f1u~"[3J ,et quand un
colatier est découvert,
il est débarrassé
de
toutes lianes
parasites et "pJte.f1d a.i..f1~.i..,
au bout de. que..f.que.~ af1f1é.e.~,
Uf1 p.f.u~
gJtaf1d dé.ve..f.oppe.me.f1t"[4J .Déjà à cette époque, les habitants du
pays "t.i..Jte.f1t Uf1 c.e.Jtta.i..f1 pJto6.i..t de. .f.e.uJt~ c.o.f.at.i..e.Jt~"(5).
Si,
en
1914,
".f.e.~ gJtaf1d~ é.vè.f1e.me.f1t~ dOf1t .f.'EuJtope. e.~t à .f.'he.uJte.
ac.tue..f..f.e. .f.e. thé.âtJte.', Of1t ma.f.he.uJte.u~e.me.f1t
e.u .f.e.uJt Jté.pe.Jtc.u~~.i..Of1,
aif1~.i.. qu'.i...f. é.ta.i..t à pJté.vo.i..Jt, ~uJt .f.a v.i..e. é.c.of1om.i..que. du d.i..~tJt.i..c.t",
(6)
le mouvement commercial reprend quelques mois plus tard,
en
octobre 1914, essentiellement orienté sur le cola qui
demeure jusqu'en 1915,
".f.e. ~e.u.f. pJtoduit que. .f.e. MoJto6wo C.Of1~e.f1­
t.i..t à e.xp.f.o.i..te.Jt " [.1 ) .
(1) A.N.C.I. 1 RR 39 RappoJt~ agJt.i..c.o.f.~ d~ quatJte. tk.i..m~tk~ de. 1913.
(2) A.N.C.I. 1 RR 39 f10 152, RappoJtt du po~te. de. BOf1gouaf1ou e.f1 date. du 28
6é.vJt.i..e.Jt 1914 .
(3) A.N.C.I. 1 RR 9, f10 161, RappoJtt é.c.of1om.i..que. e.t agJt.i..c.o.f.e. du po~te. de.
BOf1gouaf1ou pouJt .f.e. tko~.i..è.me. tk.i..m~tke. 1912, BOf1gouaf1ou, .f.e. 30 ~e.pte.mbJte.
1912 .
(4) Ib.i..de.m, op. c..i..t.
(5) Ib.i..de.m, f10 103, RappoJtt é.c.of1om.i..que. e.t agJt.i..c.o.f.e. du po~te. de. BOf1gouaf1ou,
pouJt .f.e. 2è.me. tk.i..m~tke. 1912. BOf1gouaf1ou .f.e. 30 ju.i..f1 1912.
(6) C6. A.N.C.I. 1 RR 9, f10 111, RappoJtt é.c.of1om.i..que. e.t agJt.i..c.o.f.e. du po~te.
de. B0f1gouaf10U pouJt .f.e. tko~.i..è.me. tk.i..m~tke. 1914. BOf1gouaf1ou .f.e. 30 ~e.p­
te.mbJte. 1914. Au c.ouJt~ de.~ mo~ d'août e.t ~e.pte.mbJte. 1914, "les transac-
tions ont été nulles ou à peu près"daM .f.e. pMte. de. BOVl.gouaf1Ou.
C6. Ib.i..de.m, op. c..i..t.
(7) A.N.C.I. 1 Q.Q. 98, RappOJtt é.c.of1omique. et: agJz..i..c.o.f.e. du pMte. de. BOf1gouaf1ou
pouJt .f.e. de.ux..i..è.me. tk.i..me.~tke. 1915.

A l'exploitation de la cola,
le Morofwo joint en 1915
la récolte du
palmiste.
Le marché hebdomadaire de Dimboko,créé
en 1914,est ainsi régulièrement alimenté par les'habitants de
Bongouanou,
dès cette année-là.
Les exploitations de palmistes,
de plus en plus importantes,
s'écoulant par les différentes
gares du Moronou
(1),
sont fort
bien accueillies par le commerce
En 1916,
la tonne de palmistes est enlevée à 275 F. environ(2).
L'évolution postérieure du
prix des
produits de
cueillette, suffisamment mise en lumière au travers du mouve-
ment de longue durée,
souligne les trois grandes étapes sui-
vantes
:
Une hausse des
prix,
entre 1917-1925,
d'environ 136 %,
soit une croissance annuelle de 17%,
se manifeste" de façon suffi·
samment heurtée à travers les fluctuations cycliques de grande
amplitude qui,
faute d'informations suffisantes,
n'ont pu être
toutes décrites.
Au cours de la décennie suivante
(1925-1935),
le ren-
versement de la conjoncture fait apparaitre un
mouvement de
baisse de longue durée particulièrement importante par son am-
plitude de l'ordre de
-182 %. Cette période correspond dans
sa deuxième partie aux annees sombres de la crise prolongée
de 1929,
pendant lesquelles l'ex~loitant morofw~ découragé
par les bas prix offerts à sa production,
refuse de
se livrer
ou t r e - mes'u r e à l are c he r che des
pro d u i t s d e cu e i Il e t te
(3).
( 1) D-<.mbofvl.0 ,Al1ownaba; T-i.é.mé.,fé./ul. 0 •
(2) Soc: 0,27 F. ,fe.. flg, pJl.ù. -i.1i.6é.Jr.-i.e..uJl. a c.e..fu-i. pJl.atiqué. UI1e.. al1l1é.e.. p,fu...6 taJr..d,
e..11 1917 : 0,40 F.
(3) L'admil1~:tkate..uJl. Vuvignac.q,de.. Oue..,f,f~ é.c.k-i.t, e..11 1931, à pkOpO~ du makc.hé.
aux paf.m~te..~ de.. Vaou~o, lJmirxnnhe.. de.. ,fa ~ubdiv~iol1 de.. BOl1gouàl1ou e..t
e..11 ~ljmb-i.o~e.. ave..c.,fïz..-6 .mCUl.c.h~ du.. MM0I10U: "Quant au marché de Daoukr o ~ les
prix proposés sont tellement aèrisoires que les indigènes n'apporteront
de palmistes que par contrainte. Ce n'est pas du reste le rôle de l'ad~
ministration locale que de seconder le commerce dans cette politique à
courte vue du bas prix".P,fu...6 ,foin- , ,f'adm-i.n.M:tkate..uJl. ajoute.. :"L'indigène
en face des prix qui lui sont offerts est peu enthousiasmé pour apporter
ses produits, car il n'a pas encore eu l'occasion de constater une bais-
se correspondante des produits manufacturés".
A.N.C.I. Q-VI-33-84/85 (3561 ),Rappokt ~uJl. ,fa ~-i.tua:t.i.OI1 é.c.ol1omique.. e..t
c.omme..kc.-i.af.e.. du N'û-Comoé.,
pe..l1dan.t,fe.. :tko~-i.è.me.. :tk-<..me..~:tke.. 1931.

Fig, 15 -
PRIX
MOYENS
ANNUELS
DU CACAO
1920 ' 1939 = indice 100
200
100
"" ....\\
""
\\
...... /
\\
..... ""
\\
...-
\\
\\
\\
\\
,
- J
1
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---r--,-!-----,---.
1
i
1
-----.------.-..
1
. , ' - - - - . - - - ,rr:
1920
Z1
22
23
24
25
26
27
28
29
1~IJO 31
32
33
34
35
36
T7
38
1939
\\JI
'v.:
--J
.

5.38.
La période 1935-1939 est marquée par un mouvement
inverse;
la hausse reprend, avec une expansion beaucoup plus
mesurée que dans la première phase,
de l'ordre de 106%.
L'augmentation des prix est lente,
ré~ulière, sans à-coups
jusqu'au maximum de 1938. A la veille
de la guerre,
le prix
moyen des produits de cueillette, sans atteindre le sommet
de 1925, est néanmoins d'un bon niveau.
B - LE CACAO
Le prix dù cacao, obtenu à partir des mêmes sources que
précédemment,
révèle des variations annuelles fréquentes,
se
traduisant par une courbe relativement plus hachée (Fig.
nO lS)~
Nous retrouvons les trois grandes tendances fondamentales,
signalées à propos des produits de cueillette,
à la différence
qu'elles sont précédées ici d'un mouvement de
baisse de courte
durée.
L'évolution de
la courbe se présente ainsi:
une phase
de baisse de courte durée s'achevant en 1921,
puis une longue
phase de hausse culminant en 1928;
la courbe des prix décroît
ensuite de façon brutale, entre 1928-1931; puis c'est l'amorce
d'un second mouvement de
hausse, marqué par quelques hésitations
entre 1931-1933 et surtout par le long tassement de 1933-36.
La montée qui devient nettement franche à~partir de 1936,
accuse un léger fléchissement au cours des deux dernières
années
1937-1939.

539.
L'analyse du mouvement de longue durée,
confirmant
ces différentes tendances,
livre:
Phase de
Ecart
Taux de
Minimum
Maximum
Ecart %
longue durée
absolu
croissance
moyen
annuel.
1920-1921
35
99
- 64
- 65
- 65
1921-1928
35
80
+ 45
+ 45
+ 6,42
1928-1931
16
80
- 64
- 64
- 21 ,3
1931-1939
16
45
+ 29
+29
+ 3,6
Que constatons-nous? Nous notons une tendance très
forte a la baisse à la fois entre 1920-1921, au moment de la
crise passagère enregistrée par les prix mondiaux et au cours
de
la période 1928-1931. L'ampleur de la hausse enregist~ée
entre 1921-1928 (+ 45,
soit un taux de croissance de 6,42%),
plus modérée entre 1931-1939 (+ 29,
taux de croissance + 3.6%).
soit + 74 au total, ne peut compenser la forte baisse (-128 au total),
accusée par le mouvement du prix du cacao, pour l'ensemble de la pé-
riode 1920-1939.
Etudions en détail chacun de ces phénomènes. Le mou-
vement de hausse qui s'affirme dès 1921, après la chute initial~
de
1920-21;est interrompu momentanément,
au cours de la période
1922-24 (1).
Il reprend avec beaucoup d'intensité au
cours de
l'année suivante.
En effet,
le cacao passe de l'indice 40 en
1924 à l'indice 55 en 1925, soit une augmentation de 15%.
L'amplitude de la courbe des prix,
entre 1925-1928, est suggérée
par le pointillé marquant la distance séparant ces deux années.
Elle est fort importante:
l'indice du
prix du cacao s'élève
de
55 en 1925 à 80 en 1928, soit une augmentation de 25 corres-
pondant à un taux de croissance annuel de 8,3%.
C'est la belle
époque du cacao,
"ia. c.uituJte. Jte..trLe. du Ce.Jtc.ie.".
(1) Le. p./t.tx du c.a.c.a.o d~~oZt de. - 4%, e.n ~~a.rLt de. i'.tf'ld.tc.e. 44 (1922) a.
i'.trLd.tc.e. 40 [19241, ~o.tt UrL taux de. d~~o.th~a.YLc.e. a.nYLUe.i de. - 2%.

540. .
La baisse des prix s'esquisse en 1928 et se prolonge
en 1931. La chute ininterrompue jusqu'à cette date, comme le
suggère le pointillé comblant la lacune entre 1928-1929, atteint
- 64%,
le taux de décroissance - 2'1,33%. Déjà, au quatrième
trimestre de
l'année 1928, s'annonçait déjà la période de réces-
sion et des vaches maigres. L'administrateur de N'zi-Comoé,
parlant des planteurs de cacao de son Cercle,
note en effet
» Gatt~ l'an de~nie~ pa~ de~ cou~~ exce~~i6~ et ~u~p~i~
» cette annte pa~ de~ bai~~~~ucce~~ive~ lpui~que le cacao e~t
"pa~~t de 5 F. le k.ilo, p~ix auquel on le payait au dtbut de
»
la t~aite, à 3,40 F.:pou~ ~emonte~ à 3,70 F., p~ix actuel!,
»
le~ indiglne~ ont ~tock.t dan~ l'e~poi~ d'une hau~~e de~
»
c 0 u~ .s " lI) •
Néanmoins portés par l'espoir d'une remontée des prix,
les Morofwo accentuent l'effort de
production, même quand les
prix continueront à dégringoler, au cours des périodes de
traite des années 1929 et 1930.
Le rapport du troisième trimestre de 1930 révèle
» Convaincu~ dt~o~mai~ de la ~iche~~e que peut leu~
"p~ocu~e~ le cacao, il~ augmentent continuellement le~
»~u~6ace~ dtjà plantte~"l2J.
Malgré la baisse continuelle des cours qui se poursuit
durant le quatrième trimestre,
période de traite,
le moral de-
me ure en cor e ha u t
che z le s p I a n t e urs m0 r 0 f w0,
à la fin de
l'année 1930
lI) A.N ..C.1. 1 RR 39, RappMt ~~ la. ~aua.tion ag~icole et zootechnique
du N' zi-Comot po~ le 4lme :tJt-<.mu:tJte 1928.
(2) A.N.C.I. 1 RR 39, Rappo~t ~~ la. ~itua.tion ag~icole et zootechnique
po~ le 3ème :tJtime~:tJt e 1930.

541'.
" Malg~l l'e66ond~ement de~ cou~~ du cacao, le~ indi-
"glne~ n'ont nullement abandonnl leu~~ cacaoy~~e~. Ce~te~,
."le~ p~ix dl~i~oi~e~ payl~ cette annle ne le~ incitent pa~
"à. plante~ de nouveaux cacaoye~~, mai~ on peut' compte~ qu' il~
"continue~ont à. entJteteni~ le~ plantation~ dljà. exi~tante~"llJ
Une année plus tard, le problème devenait plus délicat. Face à
la dégradation des cours, de
plus en plus accélérée, enregis-
trée au quatrième trimestre de l'année 1931, l'Administrateur
souligne le découragement des planteurs qui risque' ~ de para-
lyser la vie économique
:
" En tout ca~, l'indig~ne hl~ite à. appo~te~ de~
"p~oduit~ dan~ de telle~ condition~ et nou~ avon~ 6o~t a
"6ai~e pou~ lui 6ai~e comp~end~e qu'il a intl~it à. le~
"vend~e quand mime" 12J.
Fort heureusement,
la tendance se renverse à partir
de 1932; mais la reprise est modérée,
hésitante jusqu'à 1936
(+ 4%,
soit un taux annuel de 0,8%).
Après 1936, la remontée
particulièrement brutale,
avec une ampleur de 25% en trois
ans,
offre un taux de croissance annuel suffisamment élevé:
8,3% •
C - LE CAFE
Les fluctuations de détail ne doivent pas cacher
l'orientation générale à la hausse qui caractérise la courbe
du prix du café, dans toute son évolution,
de 1930 à 1939.
11 J A.N.C.I. 1 RR 39, Rappo~t ~~ la ~ituation ag~icole et zootechnique
du Cvr.cle du N' z.c-Comoé , po~ le qua.tJc.ilme tJr.im~tJr.e 1930.
12J A.N.C.I. Q-VI-33-84/85 (3 561 J, Rappo~t ~~ la ~ituation lconomique et
commvr.ciale du N' z.c-Ccmoê , po~ le quatAilme tJr.im~tJr.e 1931.

Fig. 16 - PRIX
MOYENS
ANNUELS
DU
CAFE
1930
1939::: indice 100
200 J
1
1 00 ~1
1929
J
. - - ' f - - ' - - ... : -- . - ) - - - .• ---r--
o -t----.
1920
21
22
23
24
25
26
27
28
30
31
32
33
34
35
36
37
38
1939
<r
+--
N

543.
Ceci même est nettement démontré par la courbe du mouvement
de longue durée,
qui affecte sans aucun fléchissement la forme
d'une ligne rectiligne montante,
depuis le début jusqu'à la
fin de son parcours.
L'amplitude de la courbe est de 24%,
son
taux de croissance de 3,3%.(Cf.fi9 16)
Dans une premi~re étape,
de 1930 à 1933,
la courbe
du
prix du café est de 30%, soit un taux de croissance de 10%,
malgré le long palier de 1930 à 1932. Apr~s le plafonnement
de 1933, un recul d'intensité moyenne
(-27%)
et graduelle
s'amorce et prend fin en 1936
(1).
En fait,
le prix du café
demeure à un
niveau extrêmement élevé et ne
ressent que faible-
ment l'impact de la crise dont les effets persistent,
a cette
date tardive,
sur bien d'autres marchés
(2).
Le prix relativement rémunérateur de ce produit n'est
sans doute pas étranger à l'engouement que lui vouent les
planteurs ivoiriens et particuli~rement ceux du Moronou, a
cette période de détérioration générale des prix
(3).
L'augmentation du
prix du café reprend d~s 1936 : 8,5%
de 1936 à 1938,
34% de 1938 à 1939 où
il atteint l'un de ses
sommets.
(7) EntA~ 7933-36, f~ taux d~ d~Q~o~~anQ~ annu~f ~~t d~ - 9%.
(2) p~~~ LEON ~~fèv~ QU~ fa ~~~ bo~~~~~, QU~ d~but~ ~n OQtob~~ 7929
aux U.S.A., 6ut fon9u~ ~t a66~Qta ~UQQ~~~v~m~nt f~ 9~and~ natio~ du
monde. "Elle lfa ~~~) atteignit son paroxysme lorsque la production
tomba au plus bas, 1931, en Grande-Bretagne, 1932 en Allemagne, 1933
aux Etats-Unis et 1935 en France. Les différents rouages de la vie éco-
nomique furent successivement touchés". C6. P. LEON, H~to~~ ~QonolûQu~
~t ~OQ~af~ du mond~, tom~ 5 : Gu~~ ~t C~~~ 7974-7947. P~~ 7977,
p. 745.
(3) En 7934, ~f ~t not~ QU~ f~ QaM~M "prend une place de premier plan
dans l'économie de la Colonie". C6. A.N.S. 2 G 34-50, Rappo~t annu~f
d~ f'Ag~~Qu~~ po~ f'ann~~ 7934.
V~jà, ~n 7930, f'Adm~n~tAat~~ du N'z~-Como~ no~t à p~opo~ d~ fa
zon~ p~oduQtA~Q~ d~ Qa6~ d~ ~a Q~QO~~~ption, Q' ~t-à-d~~ .f.~ MMOnDU
. ~~~nti~U~~nt : "Cette culture est tout à fait nouvelle dans la
région et très en faveur aux jeux des indigènes, parce que, proportion-
nellement,plus rémunératrice que celle du cacaoyer".
C6. A.N.C.I. 7 RR 39. Rappo~t ~~ fa ~~.tuation a9~~Qof~ ~t zoot~Qhn~Qu~
du Nrû-Como~, QuatA~èm~ :tJt~m~~:tJt~ 7930.

544.
EVOLUTION DE LA CROISSANCE DES PRIX
DES PRODUITS EN %
Produits de
Cacao
Café
cueillette
1918 - 1921
(1)
+
2,4
-
-
1921 -
1924
- 10
- 13
-
1924 - 1927
- 13,4
+
10,33
~
1927 -
1930
- 13
- 6,67
-
1930 - 1933
- 2,6
- 15, 33
-
1933 - 1936 ~
+
30
+
11,21
- 4,66
(1)
Les dates indiquées représentent des moyennes triennales
1918 couvre les années 1917,
1918,
1919 et ainsi de
suite.
La
période 1918-1921 a un
taux de croissance relati-
vement élevé,
exclusivement représenté ici
par
les
produits
de cueillette.
De 1921 à 1924,
la progression des
prix est
interrompue:
c'est la décroissance particuli~rement sensible
pour lé cacao.
Durant la
période triennale suivante,
tandis
que
le prix du
cacao accuse une croissance manifeste,
ailleurs
au niveau des produits de cueillette,
la
décroissance se
poursuit atteignant son maximum.
Entre 1927 -
1930,
la décrois-
sance n'épargne aucun secteur;
elle se prolonge
jusqu'en 1933.

545.
Il est à noter cependant que le rythme de décroissance n'est
pas identique. Si entre 1927-1930,
le recul est plus net dans
le domaine des produits de cueillette,
en revanche ceux-ci
enregistrent un taux de
décroissance plus faible au cours de
la période postérieure 1930-1933.
Le prix du cacao,
à l'in-
verse,
connait,
entre 1927-1930,
une baisse relativement mo-
dérée qui s'amplifie au cours de la période 1930-1933. La
dernière période triennale est marquée par une orientation
majeure à la hausse à la fois
pour les produits de cueillette
et le cacao
(1),
à l'exception du
prix du café qui accuse
une poussee négative.
Nul doute que l'exploitant morofwo,
stimulé par
l'Administration,
saura tirer parti des variations cycliques
et de
croissance subies par ces principaux produits.
Il reste à rendre compte de l'absence des vivriers
dans ce chapitre où
ils auraient dû
naturellement
trouver leur
place.
D'y être passé sous silence n'est pas un oubli.
Toute
la difficulté a été de trouver des informations chiffrées en
nombre suffisant pour expliquer l'évolution des prix des igna-
mes,
du maïs,
de la banane,
du manioc et.des autres vivriers
qui entrent dans la composition de la nourriture quotidienne
de l'Agni.
C'est pour la même raison d'insuffisance de séries
continues,
quant aux prix offerts aux
producteurs,
que nous
nous sommes permis de regrouper,
le caoutchouc,
la cola et les
palmistes sous la seule et même rubrique
les produits de
cueillette.
En effet autant le cacao et le café ne
souffrent
pour ainsi dire d'aucune omission dans les mercuriales,
autant
les autres produits de
traite,
marginalisés,
dont la nécessité
ne
se fait sentir qu'aux
périodes de crise,
apparaissent avec
moins,
,
,
beaucoup/de regularite a travers les documents commerciaux et
les rapports administratifs.
Quant aux vivriers,
ils n'ont
laissé pour ainsi dire que des traces fugaces
ici et là,
dans
la documentation écrite.
Aussi s'est-il avéré impossible de
reconstituer l'évolution des différentes séries.
( 1) E/.!t à notvr. la pou,Mé.e. e.xtJtè.me.me.nt po/.!.<..tive. du. pJt'<"x de.s pJtodu.<..t/.J de.
~ue.'<"lle.tte. : ~aout~hou~, ~ola e.t pa~n.t/.Jte./.!, dont la pJtodu~tion e./.Jt à
nouve.au
6oJt t e.me.nt e.n~ouJtagé.e. pM l' Adm'<"n.t/.JtJtatA..ol1 C010 nA..ale., e.n Mn
de. pé.Jt.<..ode..

546.
Certes,
un aperçu global sur la courbe des prix de
chacun de ces produits n'eût pas manqué d'intérêt.
Leur resti-
tution,
bien que nécessaire,
n'est cependant pas d'une pre-
sence indispensable pour la suite du
débat.

~47 .
- II -
MOYENS DE TRANSPORT ET CIRCULATION DES PRODUITS AGRICOLES
Il ne suffisait pas de produire;
encore fallait-il
être a même d'évacuer les produits de traite jusqu'au port
d'embarquement. Ainsi apparaît la nécessité des voies de
communication,
l'un des principaux éléments de
prospérité
de toute région.
Doté d'un réseau de pistes relativement
important à l'époque antérieure,
le Moronou colonial, tout en
améliorant la qualité de celui-ci,
se préoccupera aussi d'en
accroître l'étendue.
Parcouru d'autre part,
à son extrême
frange occidentale,
par le chemin de
fer Abidjan-Niger,
sur
une quarantaine de
kilomètres (1),
le Moronou bénéficiera de
deux stations ferroviaires fort actives par leur trafic,
Anoumaba et Tiémélékro, auxquelles il convient d'ajouter la
gare de Dimbokro
, le Chef-lieu du Cercle.
Celui-ci draîna,
en effet,
tout au
long de la colonisation,
la quasi-totalité
de la production de la partie orientale du Moronou.
Ev 0 que r I e r ô1 e é c 0 n.o mi que des r 0 ut e s du Mor 0 n0 u
et celui du tronçon de chemin de fer qui traverse ce dernier,
tel est l'objet de ce chapitre.
11) Le kaif ~avek~e tout fe Cekefe du N'z~-Comoé ~Uk u~e fO~9ueUk
d r e~v~o~ 100 km et do~~e ~~a~ee, ou~e fe~ deux 9M~ du MMOMU
IA~oumaba et T~éméfékkoJ, à V~bok.ko, No6ou et Ndokou~~k.ko.

Fig.17 -
VOIES
K,ègbe
S A H Y E
A
HUA
r----/
<.
_ _-
. .
_ARRAH·
-
tLZ/
; /
IOUllllndilllOU
Korekolesou
"-
__
MBATO
/ )
1
1
Route et sentier
\\
I/S.houa
Bonikr.;'-o}ssiè.A kp.,sè
/
Menou
/
(
GrBnlasaboÇ>- "./
J
\\
.\\
/
Voie ternie
J
-,
\\
.1 ~/
/
Kassikro
,
'(' /
1
,
~/ /
limite de tribu
\\ '? /
Anou anuu
\\
/
/'
~
Y
1
la·km
1
Ser ehi ssou
Ndrosoll
S<lnguilJanga
~ers Tlfl!'i~illfi
\\.Tl
.p-.
(Xl

549.
A - LE RESEAU ROUTIER, UN EQUIPEMENT AU SERVICE DE L'AGRICULTURE
Les voies de communication n'étaient pas inexistantes
à l'époque précoloniale (1). Néanmoins, si, par leur nombre
et même leur état,
les pistes"caravanières"ou de
rayonnement
local, étaient fort adaptées aux échanges conjoncturels, elles
se révélèrent inaptes au trafic plus important de l'époque
coloniale
:
" Le.~ ./toute.~ n'e.x..i.~te.nt pou./t a..i.n~..i. d..i../te. pa~ 1... li
" ie.~ pont~ so nt: c.on~t./tu..i.t~ d'une. 6aç.on dé.6e.c.tue.u~e.. Pa./t60..i.~,
" on oa..i.t tombe../t ttn a./tb./te. au_de.~~u~
d'une. ./t..i.v..i.è../te. «t. ie.~
" ..i.nd..i.gè.ne.~ ~ont obi..i.gé.~ de. pa~~e../t ~U./t c.e.t a./tb./te. pou./t ~e.
" «e.n ds:« d'une. v..i.iie. à. i'aut./te."
121.
La politique coloniale,
dans le domaine des voies de
communication terrestre}, sera de prolonger les anciennes pistes
tout en les élargissant pour en faire de véritables routes,
d'en ouvrir de
nouvelles et de
les entretenir de façon perma-
nente,
afin qu'elles puissent répondre aux besoins du trafic.
l
-
LA FIN DU CLOISONNEMENT ENTRE LES VILLAGES
Ouvrir de
nouvelles routes,
afin d'accroître le trafic
de la voie ferroviaire
(3) et rendre par la même occasion plus
(7) voi» p./te.m.{.e.Jr.e. pMÛe., ie. c.hapilie. VI c.oMac.Jr.é. à. i'é.c.onom..i.e. anc...i.e.nne.,
i~ e.Xpé.d..i.ûoM c.omme.Jr.c...i.a.i~, ie. pa.Jr.ag./taphe. : i~ ./tout~ c.omme.Jr.c...i.a.i~
pp. 376-320.
121 Ce.tte. ./te.mMQue. é.mane. de. Ba...i.lllj, c.otnme.Jr.ç.ant e.U./topé.e.n de. .ta. ./té.g..i.on qu..i.
-<.mp.ta.nta., dù i~ p./te.m..i.è.Jr.~ anné.~ de. ia pé.né.tJr.a.t..i.on 6./tanç.~e., une.
m~on de. c.omme.Jr.c.e. à. Bongouanou «t. à. Abe.ngoU./tou. Cn. B.M.C.C.C.I.
Ip./toc.ù-ve.Jr.bai de. .ta. 8è.me. ~é.a.n.c.e.)
7e.Jr. dé.c.e.mb./te. 7972.
(3) CO, nO 392 b~, M./t~té. ioc.ai du 7 août 7908, po./tta.nt c.Jr.é.a.t..i.on de.
./toute.~ e.n.tJr.e. D-<.mbok./to [Pont du N'z..i.1 e.t BonkoU./tou e.t e.ntJr.e. Ag&ov..i.iie
e.t Za.Jr.anou. J.O~C.I. 7908, p. 379 12e. c.oi.l.

550.
aisés les échanges commerciaux,
tel est l'objectif fondamental
que s'était fixé l'Administration
(1).
Cette perspective ambi-
tieuse supposait l'existence potentielle de
2.850 kms environ
de pistes de circulation,
antérieures à la pénétration fran-
çaise.
Deux routes~caravani~res~(2) d'une longueur de 210 kms
environ reliaient, grâce au
commerce,
le Moronou au Soudan
d'une part et au Golfe de Guinée d'autre part.
L'AdministrationJ
au cours des premi~res années, sut tirer parti de ces routes
caravani~res»g~n~AalementpAaticable~"(3). Un service de
traversée par bac, destiné à prolonger ces routes,
au-delà du
Moronou,
à leur jonctio~ avec les deux grands fleuves du Cercle,
le N'zi et le Comoé,
fut créé,
comprenant un droit fort modique
de péage pour les commerçants(4).
Deux bacs furent ainsi ins-
tallés,
le premier à Amonkro,
à la fronti~re du Moronou et
du pays ~g~a, sur le tronçon de la route caravani~re Aoussou-
krou-Sawua vers le pays abey.
Le second service de
bac,
installé
sur le Comoé,
à Brou-Attakro~, prolongeait la route Sawua-
Bongouanou-Daoukro vers l'Indénié.
Cinq axes secondaires,
reliés à ces deux voies prin-
cipales, d'un développement de 200 kms,
complétaient assez bien
lI) Que l' ouvMtMe de nouveUcw voicw pu-w~e avo-Ût Uf1 e66et hewr.eux ~wr.
le commMce n' ~chappâ.t point à l' Admif1-WtJz.ation locale Qui ~OUÜgVla.Â..t
en 1934 : "Elles llcw AOutCW) sont une certitude d' exploitation maximùm".
A.N.C.I. 1 Q2-IV-15-120 (3743), RappoAt~conomiQue du CMcle de VimbokAo
powr. le deuxième tJz.imcwtJz.e de 1934.
(2) L'Admin-UtJz.ation lcw bapwait encMe : "grandes routes commerciales"
en 1912.
(3) A.N.C.!. 1 BB 71, nO 25 T~l. du 15 janviM 1909 de l'Admin-UtJz.atewr. du
N'zi-Como~ au Lieutenant-GouvMnewr.. Ce ~ont : la ~oute Sawua-Bongouanou-
Vaouk~o-Aka Como~k~ou da~ le ~e~ ~ud-oucwt/no~d-~tet la ~oute No~d­
Sud d~cendant d'Ao~~o~~ouk~o
Ip~j~ baoul~) ~wr. Sawua, en d-Ûtection
du pay~ Abey.
( 4) Taxe powr. pM~onne chaJl.g~e : 0, 10 F.; taxe powr. peti~ avu.maux : 0, 15 F.;
powr. g~o~ animaux: 0,40 F. C6. A.C.C.C.I., 49.1, Le~ bac~ de deuûè.me
cat~gMie 1912.

551.
,
( ) \\ ' ,
,
"
,
ce reseau
1 . Debrousses sur une largeur moyenne de 3 metres,
ils sont désormais portés à un état d'entretien permanent. A
ces liaisons de date ancienne viennent s'ajouter deux autres
voies de création plus récente:
la route Dimbokro-Bongouanou,
longue de 70 km,
reliant Bongouanou,
le Centre du Moronou,à
Dimbokro,
le Chef-lieu de Cercle. Quant à la seconde route,
créée également au début de
l'implantation coloniale, elle
reliait Arrah au
pays Akyé,
débouchait à Bonaouin,
situé sur
la grande route coloniale Agboville-Abengourou.
La répartition des routes en 1910 (Fig.l? P.548)
montre une orientation privilégiée est-ouest des communi-
cations;
les liaisons sud-nord, desservies par des tronçons
de pistes anciennes, simplement élargies,
sont moins aisées.
Les mailles du réseau) plus serrées dans les parties occiden-
tale
et centrale du Moronou,
convergent presque toutes vers
Bongouanou,
le poste administratif. La partie orientale,
en
particulier le Sahié, est nettement défavorisée} malgré l'exis-
tence de
la route caravanière Sawua-Daoukro, qui,
la traversant
sur toute sa longueur,
pallie partiellement à l'insuffisance
de l'infrastructure routière dans cette zone relativement
accidentée du Moronou.
Encore faut-il
pouvoir atteindre cette voie et aussi
toutes les autres du pays;
seuls les chemins vicinaux sont en
mesure de décloisonner les campagnes,
de mettre fin au
portage,
cette corvée entre autres impopulaire, et aussi de permettre
une évacuation plus aisée et plus importante des produits du
cru,
Durant la première décennie de l'entre-deux guerres,
le
rythme de construction est remarquable,
l'accent étant mis sur
les chemins de grande communication. Les habitants qui ont pris
lI)
Nb de. k.mJ.l
PJ!..{nc..{paux v«fuge.J.l
.t'tav e.Jz.J.l é.-6
Bongouanou-Anoumaba
55
N' zué-k.ok.OJ!.é-, SMIlla
Bof1gouavLOu - Amo n.k.Jz.ou
50
AJ.lJ.l.{é--a.J.lJ.la.J.lJ.lO
-
AJ.lJ.l.{é
KwnM.{
MJ!.ah-KJ!.égbé
40
VaJz. e.sJ.l 0
MJ!.ah-NzaI160uénou
25
Tano KCLk.ouk.J!.o-FJ!.onobo
30

552.
conscience de l'intérêt des liaisons faciles et aisées entre
les villages, en prennent quelquefois l'initiative. C'est le
cas pour la région ahua où les chefs de villages souhaitent
avoir chacun "-6a. Jtoute.".
Pour présenter leur requête,
ils se
rendent en force durant le quatrième trimestre de l'année
1922 au
Chef-lieu du Cercle
:
"Tou-6 le.-6 che.6-6 de. la. Jttgion -6ont ve.nu-6 d VimbokJto,
"voici une. quinzaine
et. m' ont de.ma.ndt de. vou.s -6a.i-6iJt dl uJt-
"ge.nce. de. la. que.-6tion"l 1).
Devant l'Administrateur du Cercle,
ils "pJtome.tte.nt
le.uJt concouJt-6 le. plu-6 e.ntie.Jt pouJt 60uJtniJt la. ma.in-d'oe.uvJte."!21,
nécessaire à leur construction. De cette époque, date la cons-
truction de la route Kotobi-Arrah qui prévalut sur un premier
projet de liaison Bongouanou-Arrah par Kangandissou et Abongoua
(3).
L'autorisation de construction de la route Kotobi-Arrah
ayant été accordée,
en 1925, par le Gouverneur de la Colonie,
Nuama Téhoua,
le chef agni d' Arrahest chargé ..deson'exécution ..
Les travaux de cette route seront intégralement accomplis par
la main-d'oeuvre prestataire du Moronou
(4).
11) A.N.C.I. 1 EE 139 (9). Ra.ppOJtt du N'zi-Comot pouJt le. qua..:tJtième. Vt-i.me.-6Vte.
1922. VoJ..Jr. le. cha.pi:tJte.:Le.-6 voie.-6 de. communication.
(2) A.N.C.I. 1 EE 139 191, Ra.ppOJtt du N'zi-Comoé. pouJt le. Qua..:tJtième. Vt-i.me.-6Vte.
1922, voJ..Jr. le. cha.pi:tJte. : Le.-6 voie.-6 de. communication.
(3) Ibide.m,op. c.d. "Deux itinéraires sont possibles : 1) Kangandissou-
Abongoua-Arrah (24 km de route à construire). Ce qui mettrait Arrah à
27 km de Bongouanou et à 89 km de Dimbokro. 2) Kotobi-N'zanfouénou-
Arrah (18 km de route à construire). Ce qui mettrait Arrah à 33 km de
Bongouanou et à 95 km de Dimbokro. Et tout de go je plaide l'adoption
de ce dernier tronçon, en raison de ses 6 km en moins à construire".
(4) "Le chef agni Nuama Téhoua a demandé ce travail et l'exécutera avec
les prestataires de la région".C6. A.N.C.I. 1 EE 139 (14), Ra.ppOJtt du
N'zi-Comoé., pouJt le. de.uxième. Vtime.-6Vte. 1925.

55].
A cette date,
le probl~me essentiel est le ~dt~encla­
vement~ des villages, c'est-à-dire leur raccordement aux grands
axes de circulation. La plupart des villages étaient concernes;
mais il n'était pas question que chacun d'entre eux puisse,
dans l'immédiat,
bénéficier d'un débouché. Ce n'est que de
façon progressive que le réseau des chemins vicinaux du Moronou
prendra de
l'ampleur et se perfectionnera,
pour le plus grand
profit des planteurs. Pour la majeure partie des agglomérations,
il faut attendre la décennie suivante et même pour les derniers,
ce n'est qu'apr~s la seconde guerre mondiale que le probl~me
de la viabilité sera résolu
(1).
En attendant la préoccupation sera à partir de 1933,
"l'entJtet-i.en et l'amtl-i.oJtat-i.on du Jtt~eau Jtout-i.eJt ex-i.~tant"l2J.
2 - L'ENTRETIEN DU RESEAU ROUTIER,
UN TRAVAIL DE SISYPHE
,; Le pJtoblê.me Jtout-i.eJt e.st: gtntJtalement mal càmpJt-i.~.
"Je. con~tate que pendant tJto-i.~ mo-i.~, on pJtocè.de à. la JttpaJtat-i.on
"de~ Jtoute~ qu-<., le mo-i.~ ~u-i.vant, ~ont -i.mpJtat-i.cable~. Je
"m' oppo~e à. ce que ce tJtava-i.l de J-i.~yphe, qu'on entJtepJtend
"depu-i.~ de~ annte~, ~o-i.t cont-i.nut. Je dt~-i.Jte que Jtoute~ et
~pont~ so cen: ~uJttlevt~ de naç.on à. n'ê.tJte pa~ -i.nondt~ ... Je
"ne veux plu~ de ce~ tJtavaux -i.nut-i.le~ qu-i. exa~pè.Jtent le~ -i.nd-i.-
"gè.ne~, tel~ que Jttnect-i.on de~ pont~ chaque annte, Jttnect-i.on
"de~ Jtoute~, etc. Il naut na-i.Jte du dé.n-i.n-i.t-i.n, tout le monde
"y JtetJtouveJta ~on compte : -i.nd-i.gè.ne~, commeJtç.ant~ euJtopé.en~,
l1 J A une date cuu>~-i. taJtd-i.ve que 1937, l'on env-wage "pour des raisons
d'ordre économique",fa Jté.nect-i.on de l'anc-i.enne p-wte entke M'bato et
Anownaba, abandonnée quelqu~ anné.~ aupaJtavant pouJt ne p~ pJtovoqueJt
le dé.clin du commeJtce à. V-i...mboI2.Jto. Il ~t JtappDJtté. daM le pJtogJtamme
d'act-i.on ~oc-<.ale aJtJtê.té. pouJt le N'z-i.-Comoé., en 1937 : "Elle doit, per-
pendiculairement à la voie ferrée, apporter la cola de la région de
M'bato à Anoumaba, avec bretelle vers Tiémélékro. Elle est à l'étude;
le Commandant du Cercle ira sous peu sur place et rendra compte".
Cn. A.N.C.I. 2 H4 - IV-15-125 137421. PJtogJtronme d'act-i.on ~oc-i.ale pouJt
le CeJtcle de V-i...mbol2.Jto. 1937.
(2) A.N.C.I. 1 Q2 - VI - 4 - 169 (3.379J, RappoJtt é.conom-i.que ~uJt fa Côte-
d'Ivo-tlte. vol». chap-i.:tJte : Vo-i.e~ de commun-i.cat-ton 1933-34.

554.
Il 6onc.t.ionna..iJte.~II. 11)
Ce tableau,
datant de
1933, brossé par le Gouverneur
de
la Colonie,
qui est,
en quelque sorte un reproche adressé
à l'administrateur du N'zi-Comoé, traduit bien la situation
de désolation permanente du
réseau routier dans le N'zi-Comoé
et singuli~rement dans le Moronou. Apr~s l'effort de construc-
tion des routes,
tous les probl~mes étaient loin d'être résolus;
les points noirs ne manquent pas.
L'état des routes laissait
à désirer: rampe trop raide (2), sections défectueuses,
terrains bourbeux,
ponceaux de fortune ... Bref,
la consulta-
tion des rares lignes, consacr€es
aux voies de communication
dans les rapports économiques du Cercle, donne l'impression
d'une situation précaire sur maints chemins vicinaux et même
sur les gr id e s r 0 u tes " colon i ale s '",
Fr é que mm en t
r a vin é e spa r
les pluies torrentielles,
ces routes en terre battue devenaient
impraticables.
Il n'était pas rare de rencontrer,
surtout en
saison plùvieuse, des chaussées effondrées,
sans moyen d'écou-
lement -pour les eaux de
pluie.
Cet état de
dégradation permanente des routes commandait
des travaux constants de
réfection.
Les efforts d'entretien ne por
tent pas également sur les différentes catégories de routes.
L'accent est mis sur les routes à grande circulation, essentiel-
lement sur la route Dimbokro-Bongouanou,
en direction de Ouellé,
dont la vocation fondamentale est de permettre l'évacuation du
cacao sur Dimbokro,
le principal centre commercial du Cercle.
l1 1 A.N.C.I. 1 Q2-VI-16-238 \\5.2&5), nO 26, L~e. du L.ie.ute.na.nt-GoUve.kne.i~
a t'Adm.i~~~tate.uJt du Ce.kcfe. du N'z.i-Como~. B.inge.kv.ilfe. le. 7 déc.e.mbJte.
1933.
(2) PM e.xe.mple., a SoungM-60U IKm20) de fu Jtoute D.imboR.Jto, B~ng~ua.nou, -0,pe.n-
te. ~ta..it te.lte.me.nt Jta..ide. que. le.J.> ca.m.io~,e.ncoJte e.n 1925,e.~ent ob~ge.-6 de
v-ÎJie.k le.uJt C.MgWO!t de .::.a.c.u.O au. JtC'..WuJt de. Bongou.a.nou. PouJt rJMCJt à
cet: .inconvérA.'2.nt, il oa.Uu-t appJtooond.<A
fu bta.nch~e du col à. cet e.ndJto.<.t
connu dé/.,oJtma.Âh -60M lQ. nom cé.lè.bJtc de. "montagne Je Soungassou".
C6. A.N.C.I. 1 EE 139 (14), Ra.ppOJtt ~conom.ique du N'z.i-Como~, pOM le.
2è.me :tJc..ime.J.>:tJc.e. 1925.

555.
Les chantiers,
établis en permanence en divers
endroits de la route, ont pour fonction,
outre le remblai des
ravins,
la réparation des ponceaux,
la pose de? buses pour le
drainage des eaux. Une description empruntée à l'Administrateur
du N'zi-Comoé,
commandant le Cercle en 1933,
permet de se
faire une idée du mode d'exécution des travaux de réfection
"Van~ toute la cikcon~ckiption, a ~t~ in~tauk~e une
"nouvelle m~thode de tkavail ~uk le~ koute~ : de~ ~quipe~
"ont ~t~ con~titu~e~ de dix homme~ chacune, qui ~'occupent
"toujours. du même ~ecteuk d'envikon 10 km, ~ou~ la dikection
"d'un che6 d'~quipe. Le~ ~Quipe~ tkavaillant ~uk une koute,
"~ont toute~ plac~e~ ~ou~ la ~ukveillance d'un gakde du Cekcle
"toujouk~ le même, qui conna.tt ain~i ~on tekkain d'action
"et dik i:9 e ~ 0 n 0 uvka 9 e " ( 1 ) •
Ce texte,
évoquant la durée de la prestation dont
s'acquittai~nt les équipes, nous informe que "le~ pke~tataike~
~ont lib~k~~ exactement a la 6in de leuk~ dix jouk~ de pke~ta­
ti 0 n~ " ( z) •
Peut-on mesurer l'importance de ces travaux,
en
appréhender l'intensité? En théorie certainement,
grâce au
nombre de journées de prestation dont les rapports adminis-
tratifs trimestriels font mention,
annéeapr~s année. Evidem-
ment,
nous ne
possédons pas la liste compl~te des journées de
prestations,
consacrées aux travaux de réfection de routes,
mais seulement une série lacunaire de chiffres globaux trimes-
triels,
limités aux années 1921,
1922,
1923 et 1924. Par
ailleurs,
les renseignements portent exclusivement sur les
travaux d'entretien effectués sur la grande voie "coloniale",
Dimbokro-Bongouanou,
débouchant a Daoukro apr~s avoir traversé
le Moronou d'ouest en est.
(7) A.N.C.I. 7 E7-TV-77 - 33 13.3701, RappMt poutique du N'û-Como~,
pOM le deuxiè.me u~~ue 7933.
[Z) A.N.C.I. 1 E7 - TV-77-33 (3.370), RappMt poutique dLL N'û-Comoé,
pOM le deuxième u.un~ue 7933.

TABLEAU DES JOURNEES DE PRESTATIONS POUR L'ENTRETIEN DE LA ROUTE DIMBOKRO-BONGOUANOU
=====================================================================================
Journées de
Journées de
Journées de
ANNEES
Journées de
1
,
prestations
1
prestations
prestations
prestations
Total annee
1er trimestre·
2e trimestre
3 ème trimestre
4 ème trimestre
1921
25.000
25.000
,
1
1
1
-
1
1
1
1922
12.000
28.000
40.000
27.313
29.321
65.000
18.500
32.000
81.358
TOTAL
39.544
18.500
39.313
114.321
211.678
Source
A.N.C.I.
1 EE 139.
Vl
Vl
0'

",557-.
Le··~·t,~·~;!:~~~gIL~:.~,~!l!!.pa,g:~;;;p5Ç5 s oumîs .ànotreexanien ·n' a
qu'une pr~.~en'tÙ)~ ':celi';' de t.r a'du ir e fid:èlem~nt le contenu
des documents'<éc'ri't~rd'isponiblessur l:è nomb.re de journées
de p~estations, cqnsaçr'ées à l'~ntret.i~n de la route prin-
cipale du Moronou, à l'époque coloniale. Sans être exhaustif,
ce document est n6anmoin~ ~uffisamment éloquent su~ le sujet.
Pendant quatre an n è e s j : de 1921 à 1924, 211.678 journées
ont été consacrées par. les Morofwo à la réfection de cette
route. Ce qui ve~t dire qu'en raison de dix journées par tête,
21.167 personnes; soit toute la population active du Moronou
(1), en l'espac~ de quat~e ·ans, aurait donné au moins une fois
de son temps et ~e sa peine pour l'entretien de cette route.
Par ailleurs, i.l est à noter que le nombre de journées
de prestations a progressé de façon continue, de 1921 à 1924
25.000 journées (11,8%) en 1921,40.000 journées (18,8%) en
1922,
65. 000 .. j oul'né e s
(30, 8 %) e n 1923 et 81. 358 j 0 u l'nées
(38,4%)
en 1924. Enfin, soulignons que le quatrième trimestre
est de loin celui au cours duquel l'entretien des routes exige
le plus de bras. Il a~sorbe 114.321 journées de prestations,
soit 54% contre 39.544 journées (18,6%) pour le premier tri-
mestre, 39.313 journées (18,5%) pour le troisième et enfin
18.500 jou~nées (8,7%) pour le premier. On n'est nullement
surpris que le record des journées de prestations soit détenu
par le quatrième trimestre qui correspond à la tranche de pé-
riode venant immédiatement après la petite saison pluvieuse
(troisième trimestre). En effet, plusieurs t~onçons de la
route, ravinée par les pluies et creusée de fondrières par
endroits, exigent naturellement de constantes réfections, au
cours de ce trimestre marqué par la sécheresset2) •
. .
:'::' ""'.':'
'-.
"
..
#
• • :
(7) L'e.x.p/te.M.ion."popula.Uon. a.c.:tive." é.W.t -inc.onn.u.e :.d(U~.e./.lt1Jna-t;.pM de.
.f' é.poque. c.o.forûa...e.e.. On fu-i plté.ü é.Jta-U c.e.Ue. de. "popu1a,.t.[oni iJnpo~a.b.fe.". La.
popula.Uon. -impo~a.b.fe. du'Mo/tonou é.W.t e./.ltimé.e. e.n. 7937 a 27~807 hab-i-
ta.~ e.t .fa- popula.Uon. .g.foba..fe. (v-i~~ e.t e.nüa-~ c.omplt~) a
33.248 hab.ita-n.~. Cn. A.N.C.I. 7 El - IV-SOiS (3.323), Ra-ppo/tt po.f-i-
:tique. du N' z.i-Comoé. poU/t .fe. tlto~.ieme. tIt-ime./.ltlte. 7932.
Le de r-nie r trimestre de l'annôe y c omjr is le mois de; janvier. Cf fiC.
a
7 0 Q.
In' ~ IR'
n ,:~ , o: (), péJ.é:;es
( e l-
.(J


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..
'., .
;.:.:- .
-. ,"
" '} .'l.f·," '.: ",
.
'Led'ë'irlier m'o t
sera résér.vê·à:·'fà'i·r.~;·.·:t"e,p o In t sur la
~, :~'" '.:
.: ~ ·~.,.I·.
"
. .
·.qlJ~stion r outi èr-e ; en· reç:oûrahtà'r~"s,'o"Vs;~~sé"r;1'ê: iQ2 des Ar.;.
. _

l
'
.:,.;7':
"~"~
"/~"";'."~".:.
, . '
" ' . , . .
c:~iv.e's n at Lo n'aLe.s de la Côte-d' IvoLre , ·'.IL'e,$Lr:·p.6ss·ible ,grace
. ,
- '
.
,
.
:'
' . !
. ~.
.
-).-.

a ce document,
d"operer· en.1933 unbilal1~. d~~u·~,.'voies de commu-
hic,~:tion du Moronou .s·~f1t c'Las s ée s da>ns' la:·.:c~,i~gorie des voies
.-
, . , "
'.
.'
.
: . ' .
.
' . ! .. : ' . ' '
.
. .... :
.,..
.,' .;:;,.,. . ..
.
d'e 9 ra n de r.c omrnu nLc a t ion, . d Lt e s \\ ,"rout~s:co'l(j'(i\\~':c3:-1e Sil. Ce sont :
B'ongouanou-Dimbokro (75 ;'km)' et B~ngôua~rioui"~.~~6-u:k~(j (60 km).
D·I u'n~ longueur. totale de i35' km,':ce~ d~u·~'.~';Q·Jt;-e~ co~ptent, en

'
.

",
.
: v. • -, ~~;:
,-
: ~
.
1933, à leur actif., 128 kmve n pleine vi-,alJil:j!;~:,~··(i). Les
routes d'intérêt local,
au nombre de d~.ux:·.B'éf~gou'anou-Anoumaba
(55 km)
et I<otobi-Arrah
(20 km),
relativeme,n,t.',bien entretenues
sur la longueur de leur parcours ,to'talJsent à- -La même date
48
km de voies en bon état
(2).
Ce bilan,
somme toute assez flatteJt,
était le fruit
exclusif du
travail prestataire de la p~pùlailon du Moronou(3).
Tant d'efforts dépensés,
le plus souvent ~u détriment des
plantations individuelles,se justifi~ient-tls ?
l1J A.N.C.I. 1 Q2-VI-16-238 l5.285J, Rappo~t économique et comm~~ du
N'zi-ComoépoM le. qua..tJr.ième :tJtime-o:tJte 1933.
l2J Ibide.m, op.cit.
l31 La pMt du budget local e-ot pfutôt in-6igMniante daM .ea ~éa1.tJ.>aüon
de. l' oe.uv~e ~ouüèJr.e daM le. Mo~onou. Que.lque-o chin n~e-o de dépeMe-o,
e.n:tJta2née-o pM l' e.n:tJte.üen dM ~oute.-o ivo..iJr.ie.nne-o, -6Un 6..iJr.ont à. nOM
e.n donn~ une. idée.
19301.575.595 f.
1931 : 1.569.035 f.
1932 :2.996.532 f •.
1933 : 3.008.340 f.
SM le. budget ivo..iJr.ien de. l'année. 1933, une -6omme. de. 93.836 f. était
allouée. au C~e.ee. du N' z.c-Comcê , SM ce mon.ta.n.t g,f.6bal, il e-ot dinnic.ile.
de. con~e. '.ea pMt qui 6ut anne.c:üe. à. .ea -6ubdiv-L-6ion de Bongoua.nou et
à. l'e.Me.mble duMo~onou. Cn. A.N.C.!. 1 Q2-VI.,.4';'169 l3.379J. Rappo~t
économique. -6M .ea Côte-d'Ivo..iJr.e. 1933-1934. Vo~ ~péeia.ee.ment le. chapi:tJte.
. Voie-o de. commuMcation.
.

559.
3 - LE RESEAU ROUTIER ET L'ACTIVITE ECONOMIQUE
Il n'est pas dans notre intention d'appréhender dans
le détail la nature,
l'intensité et les variations des produits
agricoles au
niveau du trafic routier,
dans la mesure où,
à
l'époque, aucun recensement de la circulation routière ne fut
effectué. Qu'il suffise de dire qu'en dépit des fluctuations
possibles,
les produits du sol:
produits de cueillette,
puis
à leur suite cacao et café et dans une moindre mesure, produits
vivriers,
représentent les composantes essentielles du trafic.
Le choix de Dimbokro, marché principal du Cercle ou des sta-
tions ferroviaires du Moronou,
en
tant que poste~d'observation,
le confirme.
b) Les différents facteurs du trafic
Quant au mouvement de
la circulation de ces produits
agricoles,
il sera la résultante de quatre facteurs principaux:
une constante, à savoir le rôle des marchés et des centres
d'achat,
et trois variables:
la conjoncture,
la nature de la
production et la structure des transports.
Il eût été inté-
ressant d'analyser le trafic sur les différentes routes de la
région,
ses hauts et ses bas,
selon l'évolution conjoncturelle.
Mais les recensements font défaut.
Force est donc de
reconnaItre
l'impossibilité d'une telle étude au
niveau du Moronou préco-
lonial. On peut tout au plus suggérer l'inégale densité du
trafic d'une route à l'autre, selon l'activité économique et
les types de production des grandes zones traversées. Ainsi,
letrafic du cacao fut-il
plus intense sur la voie coloniale
Bongouanou-Dimbokro et sa section Kotobi-Arrah(l), constituant
11 ) La. to:ta.Li;té des dix p!te.nU.Vte/.> tonne/.> de. cacao .su N' zc-ccmcè e.n p!tove.-
n.a.n.c.e. de. Bongoua.nou e.my.>Jtun.:te.n.:t fa. voie. Bongoua.l'l.ou-Dimbofuto. De. m~me.
le/.> 31 tonnes de. 1921, p!toduae/.> pM fa. m~me. !tégion E!.lt du MMonou,
!.lon.:t a.c.he.minée/.> !.lM D-<.mbofuto pM la. m~me. !toute..

560.
".fa vo'<'e. d'é.vac.uat.<.oV!. du c.ac.ao" dont le centre principal de
production était la partie est du Moronou
(1).
Tandis que les
chemins vicinaux de la partie Ouest de la région catalysaient
les palmistes et les autres produits de cueillette.
Les rares documents statistiques à notre disposition
r
,
sur le trafic routier permettent encore de faire ressortir la
,
conjoncture économique locale,
au cours des premières années
de la création du marché de
Dimbokro. Ainsi sont offerts en
1914 sur ce marché, créé la même annee,
"uV!. pe.u de. c.aoutc.houc.
e.V!. p.faque.tte.~"
et d'autres menus objets de fabrication locale
(2),
contre 265 tonnes de
palmistes en
provenance de la subdi-
vision de
Bongouanou
(3).
En 1917,
la production des palmistes
de Bongouanou,
vendus à Dimbokro,
n'est plus que de 66,880 t.
En 1921, le volume de
palmistes acheminés par la même route et
écoulés à Dimbokro atteint difficilement les 25 tonnes.
Ainsi,
la route exprime avec fidélité la situation
locale; l'essor d'un produit autant que son déclin se reper-
cutent aussitôt sur le trafic.
Mieux encore,
la route va modi-
fier
progressivement les structures de
transport avec l'avène-
ment de l'automobile.
( 1) AJutah e.t .fe. pay~ ahua.
(2) A.N.C.I. 1 RR 39, V!. 0 372, RappoJtt de. .f'Adm'<'~tJtate.Wt du N'û-c.ot1loé. à.
MOM'<'e.Wt .fe. GOUVeAV!.e.Wt à. B'<'V!.geAville., al« du mMc.hé. de. palJ11~te/.l.
V.<.mbokJto, .fe. 7 juille.t 1914.
13 J l b'<'de.m, V!.° 255 A, RappOJtt de. .f' AdJ11'<'~tJtate.Wt de. V'<'mbokJto au GouVeAl'l.WJt
de. B'<'V!.geAville., al.s c.Jté.atioV!. d'uV!. mMc.hé. de. palJ11~te/.l à. V-iJnbokJto,
V-iJnbokJto,
.fe. 27 avJtil 1914. OV!. ut, pM aille.Wt~, daM ce m~me. doc.tUlH?J'lt
"
un mouvement favorable à l'exploitation des palmistes se dessine
dans le cercle. Ce mouvement doit être accentué •.• ".

5b1.
L'introduction de
l'automobile dans le Moronou va en-
traîner,
outre les nombreux effets d'ordre économique (1),
d'immenses avantages humains.
L'automobile fait son apparition dans le Moronou en
tant que moyen de transport,
en
1925 (2).
Dès cette date,
le
Cercle est doté d'une camionnette Panhard 12 H.P.
pour les tour-
nées et les transports administratifs. Celle-ci ne dut pas
rester de longues heures immobilisée. En effet,
dès le 15 mars,
c'est-à-dire quelques quatre à cinq semaines après sa récep-
tion, elle accusait déjà 5.749 km (3).
Emboîtant le pas à la
voiture administrative,
plusieurs camions se lancèrent sur la
route coloniale du Moronou,
assurant "de.pu-i.6 le..6 pJte.m-ivl..6
jouJt.6 de. déQe.mbJte. u~ va-e.t-v-ie.~t QO~t-i~ue.l pouJt l'évaQuat-io~
du QaQao de. la Jtég-io~ ag~-i"l4J .Au début de 1925, le nombre de
camions circulant sur cette route était de 8 à la; au 31 décem-
bre de la même année,
ils étaient 35
(5).
Et le même rapport
du quatrième trimestre d'ajouter
Il
"Et -il e.~ aJtJt-ive. Qhaque. jouJt de. ~ouve.auxl6J.
II J E.6.6e.~ue..u.e.me.~ le. gaJ..~ de. te.mp.6 à. fu 6o~ pouJt le..6 Qomme.Jtç.a~ e.t
le..6 p.f.a.n.:t.e.uJt.6. E~ dO~M~ fu pM.6-ibilité aux Qam-ioM d' attu~dJc.e. fu
Jtég-io~ ag~ pJtoduQtJt-iQe. de. QaQao, Q'e..6t du même. QOUP .6UppJt-<.me.Jt le.
poJt:ta.ge. e.t "permettre à plusieurs milliers d'indigènes de se consacrer
utilement au déveioppement de la production de cacao".
C6. A.N.C.I. 1 EE 139 III l, ~o 631. RappoJtt pofiuque. du pJte.m-ie.Jt tJt-<.me..6-
tJte. 1923.
(21 Le. pJte.m-ie.Jt voyage. e.~ automob-<..te. e.66e.Qtué .6uJt la Jtoute. D-<.mboQJto-Bo~goua~ou
date. de..6 23-24 6évJt-ie.Jt 1923. L'Adm-i~tJtate.uJt du Ce.JtQle. aQQompag~t
le. dOQte.uJt Je.~dy e.~ touJt~ée. méd-iQaie. dal~ la .6ubd-iv~-io~ de. BO~gOWU10U.
C6. A.N.C.I. 1 EE 139 Ill) ~o 631. op. Q-it.
(3) A.N.C.I. 1 EE 139 (10), ~o 1.134, RappoJtt dL!. N'û-Comoé pOuJt le. Zème.
tJt-<.me..6tJte 1923 •
(4) A.N.C.I. 1 EE 1391131, RappoJtt du N'z-i-Comoé pouJt le. 4è.me. tJt-ime..6tJte. 1924
(51 A.N.C.I. 1 EE 139 (14), RappoJtt du N'û-Comcié, pouJt.f.e. 4è.me. tJt.une..6tJte.1925
{61 A.N.C.I. 1 EE 139 1141 RappoJtt du N'z-i-Comoé, pouJt le. 4e. tJt.une..6tJte. 1925.

56.'2.
L'entrée en scène de l'automobile, en tant que moyen
de transport fut un gain appréciable à tous les niveaux. L'Ad-
ministrateur du N'zi-Comoé,
de Coutouly, mesurant le chemin
parcouru depuis l'utilisation de
l'automobile,
saluait en 1924
l'apparition de celle-ci comme une "gJta.n.de. v'<'c.to'<'Jte." sur le
portage considéré comme un
poids excessivement lourd pour la
population (1). A cet égard,
l'Administrateur du Cercle faisait
déjà remarquer,
dans son rapport du second trimestre 1923,
que le portage à tête d'homme avait diminué "da.n.-6 de. -6e.n.-6'<'b.te.-6
pJtopoJtt'<'on.-6"(2).Il souligne en particulier
"A.toJt-6 que..te. de.ux'<'lme. tJt'<'me.-6tJte. 1922 -6e. c.h'<'66Jta.'<'t
"pa.Jt 368 poJtte.uJt-6, .te. -6e.c.on.d tJt'<'me.-6tJte. 1923 n.'e.n. tota..t'<'-6e.
"p.tU-6 que. 227, -6o.<.t un.e. é.c.on.om'<'e. d'un. t'<'e.Jt-6" 13) .
Encore une fois,
bien qu'il soit malaisé de saisir
le chiffre global des porteurs appelés à acheminer sur Dimbokro
les produits de la subdivision de Bongouanou,
il est néanmoins
possible de se référer à ce qu'écrivait en 1924, a ce propos,
l'Administrateur de Cercle. Au regard du seul produit du cacao
et pour l'année 1923, il notait:
"En. 6'<'xa.n.t à. 100 ton.n.e.-6
le.t c.'e.-6t un. m'<'n.'<'mum) .te.
"ton.n.a.ge. de. c.a.c.a.o a.ppoJtté. .t'a.n. de.Jtn.'<'e.Jt de. Bon.goua.n.ou e.t a.
"25 kg .ta. c.ha.Jtge. moye.n.n.e., n.ou-6 tota..t'<'-6on.-6 4.000 poJtte.uJt-6 e.t
(1) A.N.C.I. 1 QQ 104, N° 2 197, Ra.ppoJtt de. .t'Adm'<'n..<.-6tJta.te.uJt du N'z.<.-Comoé.
à. .t'IYl.-6pe.c.te.uJt L. Mé.Jta.t à. B'<'n.ge.Jtv.<..e..te.. D.<.mbo~o, .te. 25 dé.c.~nbJte. 1924.
(2) A.N.C.I. 1 EE 139 (10), n. 0 1 134, Ra.ppoJtt du N'z'<'-Comoé., pouJt .te.
2ème. tJt.<.me.-6tJt e. 1923•
l3J Ib'<'de.m, op. c..<.t.

"12.000 J.:JJ.. n.ouJ.:J e.n.vJ..J.:Ja.ge.on.J.:J .te.J.:J 300 ton.n.e.J.:J quJ.. J.:Je.Jr.on.t e.e.Jr.ta.J..-
"n.e.me.n.t dépa.J.:JJ.:Jée.J.:J e.n. 1925, e.'e.J.:Jt-à.-dJ..Jr.e. .ta. pJr.e.J.:Jque. tota..tJ..té
"de. .ta. popu.ta.tJ..on. J..mpoJ.:Ja.b.te.l 1 ) de. .ta. J.:JubdJ..vJ..J.:JJ..on. pJr.odue.tJr.J..-
"e.e. 121."
Nul doute que les habitants du Moronou surent appré-
cier ce nouveau moyen de
locomotion qui,
tout en les soulageant
du portage,
leur permettait de se livrer plus utilement à
la culture du cacao et des autres produits. La preuve qu'ils
avaient compris tout l'intérêt qu'ils pouvaient en tirer,
c'est que,
dès cette période,
ils se mirent "à. a.e.he.te.Jr. de.J.:J
e.a.mJ..on.J.:J"13J,avec le gain de
leurs récoltes.
11 J N' e./.)t pJr.-We. e.n. e.ompte. J..e.'<' que. .ta. J.:Je.u!e. po pu.ta.tion. mâle. de. .ta. J.:JubdJ..vJ..-
J.:JJ..on.. OutJr.e. .ta. e.Mvé.e. de. pMta.ge. de./.) pJr.odu-<.u e.omme.Jr.e.-i.a.ux, -<..t 6a.ut
note». auMJ.. .te. pMta.ge. pOM .tu J.:Je.Jr.v'<'e.e./.) e.'<'vili e.t e.e.fuJ.. pOM .tu
J.:Je.Jr.VJ..e.e.s milita..-<.Jr.e,s , Un. Jr. e..te.vé. du MdJr.e.s de. Jr. 0 iüe. , e.11Jr.e.9-WtJr. é.J.:J à.
.t'Age.n.e.e. J.:Jpé.e.-<.ale. du Ce.Jr.e..te. du N'z.<.-Comoé.,
.t.<.vJr.e. .te./.) e.h-<.66Jr.u de.
pOJr.ta.ge. J.:JuJ..va.n.tJ.:J :
Al1I1éu
Se.Jr.vJ..e.u e.'<'vili
Se.Jr.v'<'e.u m-<..t.<.ta..<.Jr.u
i919
234
852
1
1
1920
145
989
1
j
1921
353
086
1922
397
389
1923
261
496
1924
1 073
376
Totaux
7 463
5 188
Cu. A.N.C.I. 1 QQ 104 n. 0 2 197. Ra.ppMt de. .t' AdmJ..n.-WtJr.a.te.M du N' z.i»
1
Comoé à. .t'Il1J.:Jpe.e.te.M L. Mé.Jr.a.t à. B'<'n.ge.Jr.ville.. V'<'mbolvlO, .te. 25 Vée.e.mbJr.e.!
1924.
l2J A.N.C.I. 1 QQ 104 n.0 2 197. Ra.ppoJr.t de. .t'Adm.<.n.-WtJr.a.te.M du N'zJ..-Comoé
à. .t'Il1J.:Jpe.e.te.uJr. L. Mé.Jr.a.t à. B'<'n.ge.Jr.ville.. V.<.mboQJr.o .te. 25 dée.e.mbJr.e. 1924.
(3) Cu. A.N.C.I. 1 QQ 104. op. e.J..t. Le. ka.ppOJr.t e.J..te. e.n. e.xe.mp.te. .te. e.a.J.:J de.
Nua.ma. Téhoua., .te. e.he.u de. e.a.I1tOYl. du Ahua..

B - LE CHEMIN DE FER : LA PROMOTION DE
L'ACTIVITE COMMERCIALE.
Largement bénéficiaire du développement du reseau
routier,
l'agriculture peut-elle tirer autant de profit du
chemin de fer ? Tout en évoquant le rôle du chemin de fer dans
la cornmer c La l i sa t i on
agricole,
nous soulignerons aussi les consé-
quences économiques et sociales suscitées par l'arrivée du
rail dans le Moronou. Mais auparavant,
rappelons brièvement
l'histoire du chemin de fer et de
son passage à llextrême
ouest du Moronou.
l
- LE CHEMIN DE FER DANS LE MORONOU
Le rail nia
jamais été,
dans le Moronou,
un élément
familier du paysage.
La ligne de chemin de fer Abidjan-Niger
qui longe la bordure occidentale du Moronou,
n'y pénètre
qu'en 1908
(1).
Trois stations y sont desservies: Anoumaba,
Tiémélékro et Dimbokro qui,
par sa fondation,
est plutôt à
rattacher au
pays agba
(baoulé)
voisin.
Deux
traits majeurs
caractérisent le rail dans le Moronou:
il est fort excentrique
par rapport au
territoire du Moronou et dlautre part,
l'on
est frappé par la brièveté du circuit ferroviaire
: exactement
43 km entre Anoumaba et Dimbokro,
les deux points extrêmes
de son parcours.
lI)
Avwumaba CUlt !.l-i..tué. au po-i..nt 140 l2.m de. fa tête. de. ugne. Ab-i..djan. If
CUlt ouv~t à l'e.xpoktation pak akkêté. local du 10 octobke 1908. T-i..é.-
mé.lé.k.o kepké.-6ente le. po-i..nt 162 k.m, Le CUlt ouven: à l'expMtat-i..on pak
~êté. local du 25 dé.cembke 1908. V~bok.ko, po-i..nt 183 k.m, CUlt OUVekt
à "1'exploitation régulière, à partir du 1er juin 1909", pM Mkêté.
local du 26 ma.-<.. 1909. Mw f' -i..naugMilio n de la gMe de V-ilnbok.ko
n'atika ueu que le Il !.le.pt8nbke 1910. Cette -i..naugMilion !.leka couplé.e
avec celle du pont !.lM fe N'z-i... C6. E. MaCUltk-i.., Le chem-i..n de.
ek en
Côte. d' Ivo~e h-i..!.ltM-i..que, pkobfèmUl techniquCUl, -<..n
ue.ittCQ.J.l !.lOC-<"
CUl,
économ-i..quCUl et cü1.tMe.ilCUl. Thè..!.le de doctokat 111eme cycle, ti: en.
Pkove.nce, 1976, Vol.
1. I-XVII
,1-448 p.
(p.
229).

)65.
2 - LE RAIL ET L'EMERGENCE DES CENTRES
COMMERCIAUX.
Les centres commerciaux d'Anoumaba,
Tiémélékro et
Dimbokro,
implantés le long de
l'axe ferroviaire,
s'ils ne doi~
vent pas leur fondation au chemin de fer,
furent-ils du moins
favorisés dans leur expansion par l'avènement de celui-ci.
DIMBOKRO,
fondé,
selon les récits oraux,par Djengbo,
11 un des chefs agba de
la sui te de la reine Pokou,
à la lisière
de la savane arborée et à proximité de l'affluent du Bandama,
'le N'zi,
bénéficie, en dehors de ces facteurs géographiques
relativement favorables,
d'un concours de circonstances qui
contribueront à accroître l'essor de
cette localité baoulé.
Situé à la croisée des pays baoulé et agni,
Dimbokro constitue
par sa position un carrefour idéal qui sera éminemment exploité
par l'Administration Coloniale.
En prévision de
l'arrivée du
chemin de fer,
le poste administratif d'Aoussoukro,
créé
quelque· cinq ans auparavant,
y est transféré en 1908 (1).
Deux années plus tard,
en 1910, Dimbokro devenait le Chef-lieu
du N'zi-Comoé à la place de Bongouanou qui avait, depuis la
création du Cercle en 1907 (2), assumé cette fonction.
En 1912,
il y est créé, en outre,
un
poste militaire permanent
(3).
Mais, c'est l'arrivée,' en 1909, du chemin de fer en gare
de Dimbokro qui provoque peut-~tre la transformation la plus
profonde.
(1 1 AJutê.té. ioc.M dLL 14 dé.c.e.mbJr.e. 1908.
l2 ) AJutê.té. gé.nVr.M du 31 dé.c.e.mbJr.e. 1907.
l3 ) nO 1326, cutJ1.ê.té. gé.nVr.M du 9 ~e.pte.mbJr.e. 1912.

566.
En effet,
petit centre commercial de médiocre enver-
gure
(1),
Dimbokro devient à partir de cette date,
bien avant
Bouaké,
le carrefour commercial
le plus important du centre
de la colonie.
Y convergent,
de fait,
les
pistes et les routes
nouvellement créées,
aussi
bien à l'intérieur qu'à l'extérieur
du Cercle.
Ainsi,
permettent-elles d'intégrer a Dimbokro non
seulement l'arriêre-pays du
Moronou,
mais aussi les pays baoulé,
gouroet même bété
(2).
Dans le meme temps,
le chemin de fer
y attire les
maisons de commerce,
exclusivement installées,
avant l'arrivée
du rail,
sur le rivage côtier.
Toujours à l'affût d'affaires
juteuses,
elles s'implantent en force dans cette zone de tran-
sition entre forêt et savane,
encore inexploitée.
Grâce à l'ar-
rêté du
22 août 1912 de
l'Administration locale qui,
désireuse
de trouver,
dans
la vente des terrains,
une compensation aux
lourdes charges d'aménagement du
site de Dimbokro
(3),
attribue
des lots de construction aux commerçants,
il est possible d'être
fixé sur
le nombre de ces derniers. Quatorze au total en 1912,
le nombre de ces maisons commerciales d'origine fort diverse(4),
(1) "A part le centre de Dimbokro, le commerce est pour ainsi dire nul ( ... )
Encore est-il fort peu prospère dans cette localité". C6. A.N.C.I.
C6. A.N.C.I.
1 RR 39, Rappo~t ag~~~ote et é~onom~Que du Cap~ta~ne
S~h~66~. Bongouanou, te 7 ju~n 1909.
(2) Vo~~~ énum~é~ QuetQu~ une d~ p~~n~~pate~ vo~e~ ~et~ée~ à D~boQ~o
D~boQ~o-Toumod~; D~bo~o-Bongouanou; D~mboQ~o-Bo~anda; D~boQ~o-Datoa
IHaut-S~~an~aJ, p~ Townod~, Yamo~~ou~o, Boua6té.
(3) L'évaWauon du ~oût d~ Uavaux d'aménagement du ~~te ~e ~h~66~ut à
138.000 F. en 1913, auQuet ~t 6aut ajout~ 18.000 F. po~ t'addu~uon
d'eau et 15.000 F. po~ t'éte~u~6~~~on de ta v~tte. C6. P. K~~é,
t~v~~~oton~at~ de côte d'Ivo~e, é~onom~e et ~o~~été 11893 à 1940:
2tome~. Th~ed'Etat d'H~to~e. P~~ VIT. 1981. Tome 1 p. 274-276.
(4) P~m~ ette~, on d~uVl.guUt deux mwoM b~~tanMQue~, douze mwoM
6~aVl.ç.w~ ~e p~tageant Quant à te~~ M~g~ne~ enue BMdeaux et
M~~e~tte.

5b?
varie fort peu au cours de
la période coloniale:
12 en 1912,
14 en 1921
(1),
ce chiffre demeure sensiblement le même jus-
qu'à la fin de
la période étudiée,
en 1939. Par contre celui
des commerçants moyens et des
traitants africains n'arrête pas
de
se multiplier pendant ce laps de temps.
(2).
Dimbokro sera ainsi,
grâce à tous ces commerçants,
à
l'origine d'une activité commerciale intense.
Le caoutchouc,
la cola,
les palmistes,
puis le cacao et le café ainsi que les
vivriers de
l'arrière-pays agni et baoulé,
ou en provenance du
Haut-Sassandra,
et accessoirement du \\.Jor'odougou, destinés à la
Basse-Côte,
de même que le sel,
les boissons et alcools,
les
tissus ainsi que les matériaux de construction,
remontés par
chemin de fer
pour les régions environnantes,
passent nécessai-
rement par Dimbokro. Celle-ci devient-elle ainsi une véritable
plaque tournante.
l11 La n.àuve.Ue. mwon. oa-L6an.t J.>on. appaJt-<'tion. e.n. 1921 «st: de. Te.J.>J.>-<'èAe.J.>.
Vo-<.c-<' la i-<.J.>te. comptète. de. ce.J.> m~oYl.J.> e.n. 1921 : Compagn.-te. 6~an.çwe.
de. t'A6~-<'Que. Occ-<'de.n.ta1.e. lC.F.A.O.I; Soc-<'é.té. Comm~c-<'aie. de. t'Oue.J.>t-
A6~-<'c~n. lS.C.O.A.I; Compagn.-te. Bo~de.t~e. de.J.> Compto~J.> A6~-<'ca-tYl.J.>
(C.B.C.A.); Compagn.-te. Gé.n.~ale. de. t'A6~-<'Que. F~an.ç~e. IC.G.A.F.l;
Compagn.-te. F~an.ç~e. de. Kon.g IC.F.K.I; Compag.u.e. F~an.ç~e. de. la Côte.
d'lvo~e. IC.F.C.l.l; Compagn.-te. Comm~c-<.aie. de. la Côte. d'A6~-<'Que.
1C.C.C.A. 1; Soc-<'é.té. Comm~c-<.aie. e.t 1n.dUJ.>~ie.tte. de.J.> Palm~a-te.J.> ISC1PA);
Compagn.-<.e. Comm~c-<.aie. e.t ln.dUJ.>~-<'e.Ue. de. fa Côte. d'Ao~-<'Que. lCC1CAI;
de. Te.J.>J.>-<.èAe.J.> lde. T.l; Cohe.n. F~èAe.J.> lC.F.I; Soc-<'é.té. Comm~c-<'aie. Ao~-<.­
ca-tn.e. lS.C.A.J; W.V. Woodin. an.d Co lW.V.W.I; RichaJtd Kin.g an.d Co lR.K.l.
l2J CitoYl.J.>, paJtmi te.J.> comm~çan.tJ.> moye.Yl.J.>, d'o~-<'g-<'n.e. e.~opée.n.n.e. : de. K~J.>a­
b-<'e.c, HaJtamba..t, Vufout, Cados.e.i., Ve.fpe.y~oux, e.tc. Ce.J.> paJtticuü~J.> Qu-<.
J.>' -<'Yl.J.>taiie.n.t à V-<'mboMo po~ ta pfupaJtt daYl.J.> ta dé.ce.n.n.-<'e. de:s aYl.Yl.é.e.J.>
vin.gt, J.>e. ~e.~ouve.n.t ave.c de.J.> comm~çan.tJ.> t-<'ban.a-é.J.> ou J.>y~-<.e.Yl.J.> don.t ta
Soc-<'é.té. Salomon. Maouad e.t J. Zoua-tn. entxe. au~e.J.>. Quan.t aux ~a-<.tan.tJ.>
a6~-<'ca-<.Yl.J.>, on. compte. paJtm-<' e.ux de.J.> J.>oudan.a-é.J.> Id-<.oulaJ, de.J.> J.>é.n.é.gai~,
de.J.> Appoton.-<'e.Yl.J.>. lû oMme.n.t db, ce.tte. épOQUe. de.J.> communauté.J.> oMt
d-L6tin.cte.J.>, étabt-<.e.J.> daYl.J.> de.J.> QuaJtti~J.> J.>é.paJt è.s . If e.x-L6ta a-tYl.J.>-<' à
V-<'mbok~o, un. QuaJtti~ V-<'oula, un. QuaJtti~ J.>én.é.g~, un. QuaJtti~
appoton.-te.n. • • •

568.
Le rail ne
fut
pas ~tranger à ce d~veloppement commer-
cial du Chef-lieu du N'zi-Como~.
Il n'aura pas moins contribu~
à faire ~galement de Dimbokro une v~ritable métropole, la
ville coloniale par excellence,
cosmopolite,où se retrouvent
dans un
splendide isolement les divers ~l~ments de la soci~t~
coloniale.
A une moindre ~chelle, ANOUMABA et TIEMELEKRO, plac~s
aussi sur le rail,
vont profiter de la croissance du trafic
ferroviaire.
Le rayonnement de ces deux localit~s du Moronou,
dû essentiellement au
passage du
Chemin de Fer,
va y attirer
ainsi que dans leur voisinage imm~diat, une population flottante
impressionnante.
D~s 1908, les Chantiers de Construction de la
ligne ferroviaire
y drainent une
population d'immigrants,
esti-
mee a 600 personnes environ et dont "une pa~t~e v~t de d~66é­
~e.ntJ.J pet~tJ.J c.omme~c.eJ.J ou ~nduJ.Jt~~eJ.J"1 1 l.
La cohabitation n'est pas toujours ais~e avec ces
~l~ments ~trangers, vivant "de ~ap~neJ.J", "allant pu~ement et
J.J~mplement p~end~e danJ.J leJ.J c.hampJ.J, ~gnameJ.J,
bananeJ.J, J.JanJ.J leJ.J
paye~ b~en entendu, J.J~non à c.oUPJ.J de bâtonJ.J, Quand le p~o­
p~~éta~~e J.Je mont~a~t ~é.c.alc.~t~ant" 12 ) •
Les rapports de
l'~poque t~moignent de comportements
encore plus violents exercés par l'él~ment ~tranger à
,
l'~gard
de l' habi tant,
qui
contrastent avec l' atti tude paisible dont ce
dernier faisait
preuve
(3).
Faut-il voir,
dans
le cloisonnement
des habitats,
~tablis selon les ethnies, qui caract~rise les
agglom~rations coloniales de la r~gion, une mesure de préven-
tion contre les rixes éventuelles ?
(1) C6. A.N.C.I. 1 EE 141 (2), nO 187 G, Rappo~t de l'Adm~niJ.J~ate~ du
N'z~-Comoé au L~eute~nt-Gouv~ne~ à B~ng~v~f.f.e. 1908 lJ.Jan).) au~e
p~é.c.-i.J.J~on de date). La population d' ~.mm~g~é.J.J ut pMtic.!.L-Ü.èAement.
6o~te à Agbanou, le 6~e6 deJ.J Bé.da, ~J.JJ.JuJ.J deJ.J Sawua de M'bato. C6.
l bcd , op.
c.~t.
(2) Ib~dem op. c.~t.
(3) PM exe.mple, dan).) de.ux dü~ v~.Uage.J.J de fu ~é.g~on d'AgbavlOu
"situés à
l'ouest de la voie, toutes le~ cases sans exception étaient occupées
par des étrangers de diverses races soudanaises qui en avaient expulsé
les habitants". C6. Ib.i..de.m, op. c..i..t.

569 -
LE MORONOU ET LES PRINCIPALES
VOIES DE COMMUNICATION DE LA
COTE D'IVOIRE COLONIALE 1935
Figure
18
lep.
INGERVILLE
~an)BassartL
-~
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Asson,e
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Raut. carro ••• ble
Extrait
d.:
MISSION
BAGOT
IG35
RAPPORT
NO 811,
R
13.
(A NF -
SOM:
COTE
D'IVOIRE, TRAVAUX
PUBLICS,
O.N.C

570.
A Tiémélé~o, où les commerçants d'origine soudanaise
affluent en masse,
au moment de l'installation du rail et de
la gare, un quartier distinct est concédé à ces derniers par
l'autorité coutumière.
L'Administrateur de la subdivision de
Dimbokro, s'étant rendu dans le "v-<".t.tage. d-<"ou.ta" à l'occasion
,
d'une tournée à Tiémélékro,
en juillet 1914, y dénombre "35 à.
40 c.aJ.le.J.l" II J.
C'est reconnaitre l'importance de la communauté
soudanaise qui,
à cette date encore précoce, pouvait être
estimée entre 150 et 200 personnes environ,
à raison de 5 habi-
tants par case
(2).
Particulièrement actifs,
les commerçants soudanais,
selon l'administrateur du
poste de Dimbokro,
"ltaljon.n.e.n.t dan.J.l
tOute. .ta Itég-<"on. e.n.v-<"lton.n.an.te., ac.he.tan.t .te.J.l de.n.ltée.J.l aux -<"n.d-<"gèn.e.J.
e.t .te.J.l e.xpéd-<"an.t e.n.J.lu-<"te. J.lult V-<"mboQlto, Agbov-<".t.te.
e.t Ab-<"djan.
poult .te.J.l Ae.ve.n.dlte. e.t ltéa.t-<"J.le.1t a-<"n.J.l-<" deJ.l bén.é6-<"c.e.J.l"l3J. Quel
est le volume de leurs transactions? Sans être exhaustifs,
les renseignements que nous fournit
à ce sujet l'Administrateur-
adjoint, de Coutouly,
à la suite de deux tournées effectuées
successivement en Juillet 1914 et en mars 1915,
dans cette ré-
gion du Moronou,
permettent de s'en faire une idée.
Pour la
première quinzaine de
juillet 1914,
les dioula
(commerçants)
de
la région expédient 28 tonnes environ d'ignames,
de bananes
et de maïs,
v so Lt: à.
Ab-<"djan., so i.t: à. Agbov-<".t.te., Ou V-<"mboQlto" l4 J.
(1 J A.N.C.I. 1 EE 148 (2/6), Rappoltt po.e.-<..t-<..Que. du pOJ.lte. de. V-<..mbo~o, poU/t
.te. mo-<..J.J de. j~e.t 1914.
(2) Ce. c.h-<"66lte. de. 5 hab-<..tan.tJ.l paA c.aJ.le., e.J.lt-tmé c.omme. baJ.l, e.J.lt Ite.te.n.u du
6a-<..t QUe. .te. c.omme.Jtçan.t J.loudan.a-<..J.J, e.n. c.e.tte. plte.m-<..èJte. pélt-<"ode., éta-tt
ItMe.me.n.t ac.c.ompagn.é de. 6e.mme.J.l e.t d'e.n.6an.tJ.l. I.e. tJtavuUa-<..t pfutôt e.n.
aJ.lJ.loc.-<..at-<..on.
ave.c. p.tuJ.l-<"e.UltJ.l c.ompagn.oVl.J.l.
l3) A.N.C.I. 1 EE 148 (2/6), Rappoltt po.e.-<..t-<..Que. du pOJ.lte. de. Vhnbo~o pOUlt
.te. mo-<..J.J de. ju-tUe.t 1914.
l4J Ib-<"de.m, op. c.-<"t.

57"'!'.
Le rapport de mars 1915, sur la tournée en pays ahali et
amantian,
révèle par ailleurs une très forte progression du
mouvement commercial animé par les commerçants dioula,
au cours
des mois précédents.
Du 15 décembre 1914 au 15 février 1915,
soit en l'espace de
deux mois,
72,862 tonnes d'ignames et de
bananes sont canalisées sur les deux gares de
Tiémélékro et
d'Anoumaba
(1). Ces denrées,
qui proviennent en totalité de
l'arrière-pays, sont destinées aux villes de
la Basse-Côte.
Le développement commercial des deux stations ferro-
viaires
du Moronou,
dû essentiellement à la présence active
des commerçants d'origine soudanaise,
ne manque pas de
provo-
quer des conséquences économiques bénéfiques pour la région.
L'exploitation des cultures vivrières connait particulièrement
un essor considérable. En effet stimulés par les bénéfices ap-
préciables retirés de la vente,
les habitants accroissent les
surfaces cultivées.
Ils peuvent ainsi satisfaire non seulement
la consommation locale, accrue du fait de la concentration des
travailleurs du rail,
mais approvisionnent en denrées le marché
de
Dimbokro et les villes de
la Basse -Côte
(2).
L'importance prise par ces deux centres contribue par
ailleurs à asphyxier les centres commerciaux,
autrefois pros-
pères, comme Sandié-Bounga,
à la limi te du Moronou et du pays
de
Tiassalé,
"Baouté ~t Agn~ dé6a~~a~~nt t~uk~ bagag~~ POUk
éQhang~k t~Uk~ pkodu~t~"(3J.
Même Tiassalé,
le célèbre carre-
four commercial de
la première époque coloniale, en
èst af-
(1) A.N.C.I. 1 EE 148 (3), Rappokt d~ t'Adm~n~tkat~M-adjo~nt, d~ Coutouty
à t'Adm-<"~tkat~M Aub~n, Commandant t~ N'û-Comoé, V-<"nibolvl.O t~ 10
mM~ 1915.
(Z) A.N.C.I. 1 RR 39, nO 393, RappMt éQonom~qu~ ~t agk-<"Qot~ du pMt~ d~
V~bOQkO, pOM t~ d~ux~èm~ tk~~tk~ 1914.
(3) A.N.C.I. 1 EE 148, Rappokt po~t-<..qU~ du po~t~ d~ V~bOQkO, adk~~é a
t' Adm-<"~tkat~M Aub-<..n, Commandant t~ CMQ.f.e. V-<"mbOQkO, t~ 10 mM~
1915.

573.
fecté. Les liens commerciaux, plus que séculaires, qui unissent
ce dernier centre au
~loronou, ser-ont, progressivement rompus.
Autre conséquence,
plutôt désastreuse pour le bon
ordre,
Anoumaba et Tiémélékro deviennent le lieu de refuge,
"une. J.JOIC.te. d'aJ.J-ile. pOUIC. le.J.J vagabondJ.J ve.nant 'de.J.J Ce.IC.c.le.J.J
d'Agbov-ille., T-iaJ.JJ.Jalé e.t d'a-ille.uIC.J.J"IZ).En effet, si Anuumaba
et Tiémélékro se hissèrent au niveau de centres commerciaux
relativement importants, tout demeurait à entreprendre au plan
de
l'organisation urbaine et du fonctionnement administratif.
En particulier les mesures de
police, dans cette zone du Moro-
nou,
à une époque où prenait à peine corps l'infrastructure
administrative,
se révélèrent plutôt difficiles. Aussi,
vaga-
bonds et malfaiteurs s'y sentaient à l'abri de
toute mesure
de
rétorsion
(3).
Ces désordres altérèrent à peine la vie commerciale.
Celle-ci afficha au contraire beaucoup de caractère dans le
mouvement du trafic des produits agricoles.
11) "Cette marée montante vers la voie ferrée devait inéluctablement tuer
les transactions avec Tiassalé".C6. A.N.C.I. 1 EE 148 (3). RappoIC.t de.
l'Adm-i~tJc.ate.u!c'-adjo-int du pOJ.Jte. de. V~nboQJc.o ~ l'Adm-i~tJc.ate.u!c'
Aub-in, Commandant le. N' û-Comoé. V-imb 0 fvtO , le. 10 mMJ.J 1915.
1Z) l b-ide.m, op. c.-it.
(3) "Ils savent parfaitement qu'aussi bien dans l'une et l'autre gare, le
Commandant souvent passe ... mais rarement s'arrête".
C6; A.N.C.I. 1 EE 148 (3), op. cet:

,
Fig .18 -
E VOLUT/ON
DU TRAFIC
FERROVIAIRE PAR STAT/ON
1921 - 1926
(Base
1923 -- 100)
400 1
300
200
. / / r - - ; ' -
«-:0/
of/
100< 1
~ _
Q#!" /r-----
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i
Y
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--... -...-.----
--
... /
~
-- /
T.
-
-:
/
1921
22
,
..------,--------- ... -.-..-.,--------J
o +------,-------- - -
23
24
25
1926
\\Jl
-...J
~

575.
3 - L'EVOLUTION DU TRAFIC DES PRODUITS AGRICOLES
L'analyse du trafic des produits agricoles ne se
révèle guere aisée,
car les données sont fragmentaires.
Les
chiffres des exportations disponibles ne couvrent que Quelques
années:
1921, 1922,
1923, 1924,
1925 et 1926 (1).
Que
pouvons-nous en tirer?
Prffions d'abord la mesure du trafic des différentes
s t a t ion s fer r 0 v i air e s
(c f , fig ure
n OlS').
Di mb0 k r 0, des
trois gares du Moronou,
l'emporte de
loin pour le volume des
exportations. Cette station ferroviaire vient en tête,
pendant
toute la période de 1921-1926, aussi bien pour l'exportation
du cola,
des palmistes, du caoutchouc,du coton que du cacao (2).
Elle ne
le cède que pour les produits vivriers:
le maIs d'une
part,
le manioc,
les ignames et la banane d'autre part. Au ni-
veau des vivriers,
la gare de Tiémélékro se détache en tête,
suivie d'Anoumaba avec laquelle rivalise Dimbokro pour la
seconde place. (3)
La primauté de rang détenue par Dimbokro pour les produits de
traite(4) s'explique. La gare de Dimbokro êtend son aire d'approvisionnement,
au-delà du Moronou et du N'zi-Comoé,
aux Cercles du Haut-
Sassandra,
des Gouro et accessoirement de Séguéla auxquels
elle est reliée par de bonnes voies.
Tandis que Tiémélékro et
Anoumaba se contentent d'accueillir les seules productions du
Moronou.
( 7) S~tiquu, 6ouArUU, pa.Jl. le.-6 a.Jl.c.h'<'vu, de. .e.a. ChambJte. de. Comme.Jtc.e. de. .e.a.
Côte. d'Ivo.<.!te..
l2J Vo'<'c.'<' e.xpJt.<.méu, e.n % que.fque.-6 une.-6 du, e.XpOJt:ta.tioM de. .e.a. ga.Jl.e. de. V'<'mbo-
QJto :
1921
1922
i923
1924
1925
1926
Co.e.a.
----=pj
- p [
~
~,4 ~,8 ~,6
Cao u:tc.ho uc
100
100
99,9
100
99,8
99,8
P~n.<.-6tu,
99,9
99,8
99,7
99,4
97,8
99,6
(3) En e.66e.t, -6'<' le. volume. du, e.XPOJt:ta.tioM de. marUoc., '<'grnvnu, e.t bananu,
d'Anoumaba u,t plU-6 .<.mpoJttaVl.:t e.n 1921, 1922 e.t 1925, V.<.mboQJto -6uApa-6-6e.
c.e.tte. de.JtrUè.Jr.e. pOuA
lu, au:tJtu, annéu, : 1923, 1924 et: 1926. If e.n e..,~t
de. même. POuA le. ma2/., au rUve.au dUQue.l Anownaba dé.tie.nt le. plM 60Jtt
pOuAC.e.Vl.:tage. d'e.xpoJt:ta:U..oM, e.n 1921, 1923 e.t 1924, tand.<.-6 Qu'e.lfe. -6e.
c.lcw-6e. e.n tko.<.-6'<'ème. po-6.<.:U..on, apJtè-6 V.<.mboQJto, pe.ndant lu, annéu, 1922,
1925 e.t 1926.
14J Cac.ao, c.oton, p~n.<.-6te.-6, c.o.e.a., c.aoutc.houc..

576.
Quant au mouvement du trafic,
loin d'être régulier,
il offre
au
niveau de chacun des pro~uits une évolution inégale.
Pour l'ensemble du trafic des trois stations,
nous obtenons
le tableau 0.E' l'cll!neXG n0 ,C'(~).-- ',').
Les
exportations, fort modestes en 1921,
prennent
progressivement de l'importance. En 1922,
les exportations
triplent à peu près leur volume. Après une légère tendance a
la baisse en 1923,
la courbe des exportations reprend son
ascension dès 1924 et se poursuit au cours des deux dernières
annees.
Malgré un parcours extr~mement réduit en territoire
agni,
le chemin de fer a exercé une influence incontestablement
po s i t ive sur la pro duc t ion a gr i col e.
Il a permis
l e t r ans p0 r t
de la production du Moronou jusqu'au port d'embarquement.
La
pénétration du rail dans l'extrême-ouest de
la région,relati-
vement plus défavorisée sur le plan des communications, a rendu
possible le développement des cultures commerciales de
traite,
essentiellement des vivriers.
Le surplus de la consommation
des ignames, du manioc,
de la banane plantain et du maIs a pu
désormais être commercialisé, grâce au
débouché que lui assure
le rail.
Une ouverture plus grande et surtout plus rapide est
par le fait même offerte au
Moronou.
Bref,
le chemin de fer
permet a ce dernier de s'intégrer à l'économie de marché.

577.
- III -
LE PROBLEME DE LA COMMERCIALISATION
MOYENS MONETAIRES,
MARCHE ET CENTRES D'ACHAT
La pratique du commerce n'était pas ignorée du Moronou
précolonialj elle y avait même atteint une certaine performance
(1).
Les produi ts di ts de luxe,
ivoire, or,
caoutchouc ... , ache-
minés sur les pistes de l'époque,
débouchaient en
particulier
sur la Côte de Guinée,
où les européens,
partenaires commerciaux
privilégiés, avaient ed Lfi
des comptoirs.
Les produi ts du cru y
é
étaient échangés contre les marchandises européennes:
tissus,
alcools et armes à feu.
Cette forme de commerce ancienne,
d'une autre époque,
celle du mercantilisme,
pouvait-elle se poursuivre à l'époque
coloniale? L'Administration Coloniale, désireuse de voir
naitre de nouvelles structures commerciales, de mieux intégrer
l'économie coloniale à celle de
la Métropole,
opte pour les
mesures les plus adéquates:
suppression des cauris, des
manilles (2),
en tant que moyens monétaires en même temps
qu'elle introduit la monnaie fiduciaire.
D'autre part, elle
opte,au niveau de
toute la colonie,
pour la création de centres
d'achat et de marchés locaux pour l'approvisionnement des den-
rées du pays et aussi pour la diffusion des articles de l'in-
dustrie occidentale.
Tout ceci provoque des réactions diverses,
tantôt
d'ouverture,
tantôt de résistance,
bref de
vie commerciale
en définitive fort positive dans le sens du resserrement des
liens entre 11 économie col.onial.e
et celle de
la métropole.
( 1) C6. Ch.apille. VII
: -t' éc.onom-i.e. aYLc.-i.e.YLYLe. : -te.).) e.xpéd-i.tioM c.ommVtc.-i.a.-te.).)
daM -te. ~~OJtOYLOu. pJtéc.o-toYL-i.a.-t, pp. 297-334
12l MoYLYLcUe. mé:ta.i.LlQu.e. e.n 6oJtme. de. bJtac.e.-te.t.

578.
A - L'INTRODUCTION DE LA MONNAIE FIDUCIAIRE FRANCAISE
L'introduction de
la monnaie fiduciaire supposait au
préalable la suppression des moyens monétaires "indigènes"
ayant eu jusque là cours dans les différentes régions de la
colonie.
Dans le Moronou où toutes les transactions s'opéraient
à base de
poudre d'or et accessoirement en ayant recours à la
monnaie anglaise ou encore au billion
(1),
la solution parais-
sait théoriquement simple;
il suffisait de favoriser la circu-
lation abondante du billet de banque français.
Dans les faits,
le problème s'avérait plus complexe.
Chasser la monnaie
anglaise et au
besoin interdire l'usage de
la poudre d'or en
tant que monnaie,
s'avérait peut-être nécessaire,
mais la
mesure ne suffisait pas. Le temps se révélait encore plus
indispensable pour rendre familier l'usage des billets de
banque et vaincre la résistance psychologique rencontrée.
Enfin et surtout,
l'Administration ~oloniale devait parer a
une dernière difficulté:
l'insuffisance des billets diffusés
à l'époque dans la Colonie,
face aux besoins de
plus en plus
grandissants du Commerce.
1 - LA SUPPRESSION
DES 11101"lNAIES "INDICEI"lES"
Les plus couramment répandues,durant les premières
annees de la colonisation française,
étaient le cauri,
la
manille et le sombé
(2).
Leur suppression fut une longue et
lI) Mon~~ d~v~~on~~ d~ Quiv~~ m~f~ ou non d'akg~nt qu~ av~t d~jà
QOM!.> dan» f~ MMOnou ,dè.!.> fe.-ô p~~m~Me.-ô ann~e.-ô de. f' ~n!.>~on 6~an­
çai!.>~ ~n Côt~-d'Ivo~~.
(2) D'ap~èJ.> un~ ~nqu~t~, Qonduit~ ~n 1913 pak P~Qhot, f~ Ch~6 d~ po!.>t~ d'O-
d~~nn~, f~ !.>omb~ /.)~~t 6ab~~qu~ ~XQfM~v~m~nt dan!.> f~ Qantovt na6ana
(!.>ubd~v~~on d'Od~~nn~) pak de.-ô 6o~g~on!.> fOQaux. Mai!.> fa t~Qh~qu~ d~
fa 6ab~~Q~on,6o~t anQ~~nn~, e.-ôt à ~attaQh~ à Mankono(S~gu~fa) !.>~
!.>~~~n.t ~nilié..-6, qu~fque..
qu~nz~ an!.> aupakavant, fe.-ô p~~rrU.~!.> 6Mg~On!.>
d~ fa ~~g~on d'Od~~nnL L~ po~dJ.> du !.>ombé., mon~~ mé.tafüqu~, ~tMt
~n 1913 d~ 12,5 g~amme.-ô ~nv~on. Quant au QOMJ.l du !.>omb~, a ~tMt va-
~~abf~. If !.>~ v~ndait ~n g~n~af pak paqu~tJ.> d~ 20, app~fé..-6 SRI. L~
QOM!.> f~ pfM ~f~v~ ~tait d~ 4 SRI POM 5 F., !.>o~t 16 !.>omb~ POM 1 F.
c6. A.N.C.I. 1 QQ 42, nO 53 A du Ch~6 de pOJ.>te. d'Od~~nn~ à .e'AdIllÙt,0~­
UcUe.M Qommandant f~ C~Qf~ d~ Touba, Od~~nné., f~ 26 !.>~pt~mb~e. 1913.

difficile opération,
assez discontinue dans le temps
(1).
La
première interdiction des monnaies métalliques d'origine locale,
dans les diverses transactions,
remonte à 1914 (2).
Cette me-
sure fut fortement soutenue par la Chambre de Commerce de
la
CSte-d'Ivoire q~i mettait en avant les abus et les inconvé-
nients divers auxquels leur usage donnait lieu
(3).
Elle fut
par contre difficilement acceptée par les habitants des régions
où leur usage était fortement répandu.
Même certains commer-
çants européens,
soucieux exclusivement eu profit personnel,
tentèrent de battre en brèche l'interdiction gouvernementale(4)~
[ 1) UYl. aJUtê.té .toc.ai du 5 0 «to bJc. e. 1914 J..Yl.te.Jc.dU .e.a c.-iAc.u1.a;t,{.0 Yl. du> maMUu>
e.Yl. Côte.-d'Ivo-iAe.. L'Adm..<.~:tJc.a:te.uJc. de. Touba, Le. CaJnpJ..ov~J..Yl.:te.Jc.dJ..t au
Yl.J..ve.au d'OdJ..e.Yl.Yl.é
.t'~age. du> ~ombé,d~ 7911 (C6. A.N.C.I. 1 QQ 42
Yl. 0 829 AdmJ..~:tJc.a:te.uJc. Le. Camp~on,au LJ..e.ute.Yl.aYl.:t-Gouve.Jc.ne.uJc. à BJ..nge.Jc.v..<..e..e.e..
Touba, .te. 14 oc.tobJc.e. 1913). L'J..Yl.:te.Jc.dJ..c.:t..<.on du> ~ombé e.t de. toute. autAe.
moMa..<.e. méWLi.que. "J..ndJ..gè-ne.", o66J..c.~ée., u>t gé.né.Jc.~ée. à .t'e.Yl.-
~e.mb.te. de. .e.a Côte. d' Ivo-iAe. (AJc.Jc.ê.té .toc.ai 230 A du 27 maJc.~ 19751. ~
c.ompte. te.rw. du> ":tJc.oub.tu> éc.onomJ..quu> y.JJc.o6on~", c.a.uh~ daM C.e.Jc.:ta..<.M
Ce.Jc.c..tu> : OuoJc.odougou, Haut-S~~andJc.a, e.tc. • .te. Gouve.Jc.ne.me.nt autoJc.~e.
.t' ~age. de. .e.a to.té.Jc.anc.e., vooce: ~~pe.nd pJc.ov~o-iAe.me.Yl.t .t' aJUtê.té du 27
MCUt~ 1975, daM .ta pfupaJc.t du> C.-iAC.OMc.Jc.J..p:t..<.OM admJ..~:tJc.ativu> de.
.t'Ouu>t J..vo-iAJ..e.n. C6. A.N.C.I. 1 QQ 42 : Té.t. 87A du 27 avJc...<..f. 1915 à
.t' AdmJ..~:tJc.a:te.uJc. de. Vaioa; Té.t. 9T du 8 ma..<. 1915, de. .t' Adm..<.n~:tJc.a:te.uJc.
COJc.Jc.e.Mon au LJ..e.ute.n.ant-Gouve.Jc.ne.uJc.; m..<.rw.te. 58A du Il ma..<. 1915 à .t' AdmJ..-
~:tJc. ateu«, c 0 mmandaYl.:t .te. Ce.Jc.c..te. de. gué.e.a •
(2) EYl. 6a..<.t, apJc.~ .te. le.Jc. ju..<.t.e.e.t 7911, tout e.uJc.opée.Yl. de..ta c.o.toYl.J..e. quJ..,
daM .se.s :tJc.aMac.:t..<.oM, avaU Jc.e.c.ouJc.~ à une. "au:tJc.e. moYl.Yl.cUe. que. c.e.Ltu>
qu..<. oYl.:t pouJc. b~e. .te. ~!f~tè.Jne. déc.J..mai" ou que. pJc.évoJ..e.Yl.:t .tu> COYl.Ve.Yl.:t..<.OM
J..Yl.te.Jc.na:t..<.onaiu>, é:ta..<.:t J..p~o 6ac.to p~~J..b.te. du> pe.J..nu> y.JJc.évuu> pM .e.a
.toJ... C6. A.N.C.I. 1 QQ 42, Yl. 0 557 du TJc.J..buna.f. de. lè.Jc.e. IM:taYl.C.e. de. GJc.aYl.d-
B~~aJn au Ue.u:te.naYl.:t-Gouve.Jc.ne.uJc. à BJ..nge.Jc.vJ..lie.. BM~am, .te. 6 j u..<.Yl. 1914.
(31 En:tJc.e. «atxes, le. c.ouJc.~ de. ce,s monna..<.u> vaJc...<.a..<.:t 6Jc.éque.mme.Yl.:t ~u..<.vaYl.:t .te.
bon pl.a..-W-iA du> J..Yl.:te.Jc.médJ..aVtu>. Ce. qu..<. C.OM:û:tucUt, ~e..tOYl. .tu> J..M:tanc.e.~
~upé.Jc.J..e.uJc.U> du Comme.Jc.c.e. de. .ta Co.toYl.J..e., une. 60Jc.me. d"e.xp.toJ..:ta:t..<.OYl. de.
.t'J..ndJ..gè-Yl.e.".
C6. A.N.C.I. 1 QQ 42, Ex:tJc.a..<.t du Compte. Jc.e.ndu de..e.a llè-me.
~éanc.e. de. .ta ChambJc.e. de. Comme.Jc.c.e. de. .e.a Côte. d'Ivo-iAe., 6 Ju..<..e..e.e.t 1913.
Vo-iA
a.uh~J.. A.N.C.I. 1 QQ 42, Ex:tJc.aU du Jc.appoJc.t po.e.Lt..<.que. du Haut-
SM~andJc.a pouJc. .te. mo~ d'avJc.J...t 1914.
(4) GJc.e.nou..<..e..f.e.au, age.nt de. .t' A6Jc.J..c.a..<.ne. 6Jc.al1ç-we. daVL~ .te. Ce.Jc.c..te. du> GouJc.o,
"emploie pour son commerce des sembé", "donne des sombé à des indigènes
et se fait remettre de l'argent en échange". Ce.c.J.. maigJc.é .t'aJUtê.té d'J..Yl.-
te.Jc.dJ..c.:t..<.oYl..
C6. A.N.C.I. 1 QQ 42 114 G, Le.:t:tJc.e. du CapJ..:ta..<.Yl.e. Fa.uh~a:t,
CommaYl.dant .te. Ce.Jc.c..te. de.~ GouJc.o au LJ..e.ute.vW..Yl.:t-GoLtVe.Jc.ne.uJc. à BJ..Yl.ge.Jc. v..<..e..e.e..

580 ..
Le Moronou suivit de
loin ce "remous" monétaire et
n'y fut mêlé qu'indirectement dans la mesure où Dioula, Gouro
et Bété du nord et de
l'ouest ivoirien,
venus pour vendre
leurs produits ou se procurer quelques achats à Dimbokro et
dans les autres centres du Moronou, eurent a nouer des transac-
tions avec les habitants de la région.
Par contre,
le Moronou
fut immédiatement touché par les mesures d'interdiction à
l'endroit de la libre circulation de la monnaie britannique,
dans les limites de
la colonie ivoirienne.
2 - LA PROSCRIPTION DE LA MONNAIE ANGLAISE
La monnaie anglaise,
connue bien avant la période colo-
niale
(1) et d'un usage courant dans le Moronou,
continuait
de
"p~ime~ la monnaie 6~an~ai~e" dans toute la région est (2)de
la Côte d'Ivoire,
jusqu'à une date aussi tardive que l'année
1911.
Le chef de
poste de Bongouanou,
Sargenton,
soulignait
en
1911 la position précaire de la monnaie française,
victo-
rieusement concurrencée dans sa circonscription par la monnaie
anglaise
:
"Au village d'A1l.~ah ( ... ) le~ indigè.ne~ 1l.e.6u~aient
"d'ac.c.epte1l. l'a~gent 6~an~ai~ et ~e 6ai~aient paye~ c.e qu'il~
"vendaient avec. de l'a~gent ang.tai~"(3).
(1) La liv1l.e ~teJLling ~tait de loin app~~c.i~e p~ ~appo~t à la mon~e 6~an­
~~e qui, p~ mépriS, ~tait d~ign~e de l' exp~~ion piquiili 1petite
monnaie) .
(2) La mê.me ~itua.t.ion p~~va.la);t da~ l~ CeJLc.l~ de l' Ind~vU~ et d 'A~~ivUe
où. "la monnaie anglaise continuait en 1909 non seulement à circuler,
mais encore à primer la monnaie française". C6. A.N.C.I. 1 QQ 41, n° 8,
Rappo~t de. l'I~pec.teU1l. d~ a66~~ admi~~ativ~, Nebout, au
Lieutenant-GoUVeJLneU1l. à BingeJLville, a/~ mon~e angl~e. Z~anou, le
4 6~v~ieJL 1909.
(3) A.N.C.I. 1 EE 147 l2/3), Rappo~t politique du po~te de Bongouanou, pOU1l.
le mo~ de juillet 1911.

Le peu d'estime dont jouissait l'argent français
constituait une gêne énorme pour le commerce, dans la mesure
où ".f.e.-6 ha.b"<'t.a.nt.-6 Jte.uu-6e.nt. d' é.c.ha.nge.Jr. .f.e.uJt-6 a.Jtt."<'c..f.e.-6 de.-6t."<'né.-6
~ fa. ve.nt.e. c.ont.Jte. de. .f.'a.Jtge.nt. nJta.nça."<'-6"( 7). Les commerçants
s'en plaignirent au Gouverneur
(2).
Des mesures s'imposaient.
Il fallait écarter la monnaie par "une. "<'nt.e.Jtd"<'c.t."<'on uoJtme.ffe.
e.t. gé.né.Jta.fe."(3).
Celle-ci tardant à venir, des réunions d'explication
se tiennent ici et là, conduites par les administrateurs, afin
de dissuader les habitants à recourir à la monnaie anglaise.
Malgré tous ces efforts, malgré aussi
les répressions,
l'on
déplorait encore en 1916,
le trafic des esp~ces "na.t."<'ona.fe.-6"
(4), cédées ou vendues à un prix dépassant leur valeur légale
"-6uJt une. tltè.-6 fa.Jtge. é.c.he.ffe., non -6e.ufe.me.nt. ~ GJta.nd-Ba.-6-6a.m, ma."<'-6
e.nc.oJte. da.n-6 fe.-6 Ce.Jtc../:e.-6"
t 5) •
C'est progressivement, à force de patience et de
conseils,que l'on finit par évacuer des échanges commerciaux
la monnaie anglaise.
17) A.N.C.I.
7 QQ 47,
Le.t.t.Jte. du ge.ne.Jta.f ma.na.ge.Jt, 20, Copt. ha.ff
a.ve.nue., London,a.u Gouve.Jtne.uJt de. fu Côt.e. d' lvo.ou: ~ B"<'nge.Jtville..
London, 70 né.vJt"<'e.Jt 7903.
(2) Ib"<'de.m, op. c...<.t.. Ce. c...tt.oye.n bJt"<'t.a.nn..<.que. dont. fe.-6 a.nna..ve.e.-6 de.va.J..e.nt. PJtO-6-
pé.Jte.Jt ~ fu Mol1Ûè.Jte. de. fu Gofd-COMt. et: de. fa. Côt.e. d'Lvooie., e.-6t. f'un
de:s pJte.tMe.Jt-6 c.omme.Jtça.nt.-6 ~ -6e. pfu..<.ndJte. du Jte.nM oppMé. pM fe.-6 ha.b..<.ta.nts
de. fu Jté.g..<.on E-6t. ~ a.c.c.e.pt.e.Jt fu monna...<.e. nJta.nça...f..-6e., du na...tt. que. c.e.t.t.e.
a.t.t...<.t.ude. pOJtt.a...tt. pJté. j ud"<'c.e. a. -6e.-6 a.n na..ve.e.-6 • If va. j Mqu ' à. -6ug gé.Jte.Jt a.u
Gouve.Jtne.uJt de. "forcer les habitants à accepter l'argent français".
13) A•N•C• 1. 7 QQ 4 7, nO 8, 0 P• c...<.t. •
(4) Ma.nça...f..-6e.-6
(5) A.N.C.I. 7 QQ 43, Le.t.t.ke. nO 775 du PJtoc.uJte.uJt de. fu Ré.pub.f...<.que. a.u L"<'e.u-
t.e.na.nt.-Gouve.Jtne.uJt ~ B"<'nge.Jtville.. a./-6 tlta.n..<.c. de.-6 e.-6pè.c.e.-6. GJta.nd-Ba.-6-6a.m
fe. 77 a.oût. 7977.

58;( .
3 - LA RESISTANCE PSYCHOLOGIQUE
Mais il ne suffisait pas de "chasser" la monnaie
anglaise, encore fallait-il que la monnaie française,
qui
était appelée à se substituter à elle,
fût adoptée!
Or,
celle-ci, sous sa forme de billets de banque~fut difficilement
acceptée. Ceci, malgré "le.J.J c.onJ.Je...i.lJ.J donné.J.J aux ..i.nd..i.g2.ne.J.J paJt
le.J.J adm..i.niJ.J:tAate.uJtJ.J e.t c.he.6J.J de. PoJ.Jte."llJet malgré aussi
"l'obligation d'e.66e.c.tue.Jt la majoJtité. de.J.J pa..i.e.me.ntJ.J e.n b"<'lle.tJ.J
de. banque."(2).

Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer
~
cette résistance à la circulation de la monnaie française dans
le Moronou et d'une manière générale dans le milieu "indigène"
ivoirien.
D'une part les Ivoiriens soupçonnaient à peine ce
qu'était un billet de banque, que ce "papier" puisse avoir la
même valeur que les pièces d'argent ou d'or.
Ils éprouvaient
par ailleurs un certain nombre de craintes à l'endroit de ces
"papiers"qu'ils ne savaient pas manier:
ils appréhendaient
de les salir ou de les déchirer,
de les brûler ou de les perdre.
Bref,
ils ne voyaient vraiment pas les avantages qu'ils pou-
vaient en retirer.
Habitués préalablement à transporter les
pièces de monnaies ,nouées dans un coin de leur pagne,
sans
aucune inquiétude,
ils étaient désormais soucieux que le pagne
se dénoue,
sans qu'ils s'en aperçoivent et qu'ils perdent leur
argent" Enfin,
a u t.r e inconvénient,
les colporteurs acceptaient
difficilement les billets de banque, à cause de la difficulté
du change d'une colonie à l'autre (3).
11) A.N.C.I. 1 QQ 42, Le.ttJte. nO 5026 A du L"<'e.ute.na.nt-Gouve.Jtne.uJt a.u PJté.J.J"<'de.nt
de. la. Cha.mbJte. de. Comme.Jtc.e. à. GJtand-BMJ.Jam, alJ.J monnaie. 6"<'duc."<'a...tJte..
S.P. le. 15 nove.mbJte. 1916.
(2) Ib"<'de.m, op. c.il.
(3) A. N•C.1. 1 QQ 42, C..<.Jtc.uf.a...tJte. du Ue.ute.na.nt-Gouve.Jtne.uJt p. i . à. toM le.J.J
Ce.Jtc.le.J.J, alJ.J de. la. c...<.Jtc.uf.a.tion 6"<'duc...ta.iJte . B"<'nge.Jt ville. , J.J e.pte.mbJte 1916
l J.JaM ao.o:« PJté.c...tJ.J"<'on de. da.-te.).

Même dans les limites du Cercle,
les habitants
éprouvaient encore en 1915 des difficultés a se procurer
des articles dans les magasins,
contre les billets de banque·
a cause du
refus systématique rencontré auprès des boutiquiers
(l) .
Tant d'obstination de la part des administrés du
Cercle révèle à quel point,
il est difficile d'évacuer les
vieilles habitudes. Mais c'était sans compter avec la détermi-
nation du Gouvernement colonial de voir triompher coûte que
coûte la monnaie française sous toutes ses formes.
III L'Adm~~~ateun Aub~~ du N'zi-Como~ d~me~t ~e 6ait, da~ u~e l~e
a..dJtu,-6~e au L~eutena.nt-GouvVt~eun, le 1Vt 6~vJt~Vt 1915 : "Contrairement
aux bruits qui courent, les boutiquiers du Cercle n'ont jamais refusé
les coupures de 5 F. Interrogés individuellement les boutiquiers de
Dimbokro ont confirmé le fait". C6. A.N.C.I. 1 QQ 42, L~e ~o 38 A
de l' Adm~~~ateun du N' û-Como~ à MOMieun le Ueutena.nt-GouvVt~eun
de la Côte-d'Ivo~e. Vimbo~o, le IVt 6évJt~Vt 1915.
Le CapUaA:.~e Va~ge, Commandant du ~amp nu..ü~e de V.{.mbo~o, a66~me
poun -6a paJtt, le ~o~we de ce QU' é~~t l' Adm~~~ateun du CVt~le.
Va..n..6 deux lettJr.u, Que MM ~~to~ pfu4 bM, i l -6ouûe.nt -6u~~u,-6~ve.me.nt
QUe. "les tir:.ailleurs n'acceptent qu 1 avec défiance (les billets de ban-
que) sans ~Jute parce qu'ils éprouvent des difficultés pour les échan-
ger dans les boutiques indigènes, où ils dépensent ordinairement leur
argent". C6. A.N.C.I. 1 QQ 42, LettJr.e du Cap~:ta.A.~e Va~ge à L'Ad~~­
~a.t.e.un du CVt~le. du N'û-Comoé. V.{.mbo~o le 14 ja~v~Vt 1915.
Va~ u~e. deux~è.me dat~e du 10 mM-6 1915, i l Jtev~evl.t -6un lu, mêmu,
6aA..:t6 : "Les tir ailleurs font preuve de défiance à l'égard des billets
de banque. Cela proviendrait de la difficulté qu'ils éprouvent à écouler
ce papier-monnaie chez les boutiquiers indigènes".
C6. A.N.C.I. 1 QQ 42, LettJr.e ~o 1240 A au Comma.ndant militWe. de. fa
Côte-d'Ivo~e. à Ab~djan. Vimb ofGJt 0 , le 10 maJt-6 1915.

4 - LA MISE EN CIRCULATION DE LA MONNAIE
FIDUCIAIRE FRANCAISE,
Progressivement le gouvernement colonial injecte,
dans le circuit des échanges ,de la monnaie française en
quantités variables selon la conjoncture, mais toujours
suffisantes pour permettre au
papier-monnaie de
ravir la
première place dans les échanges et de s'imposer finalement
dans les limites de la colonie.
Dans la mesure où la progres-
sion du volume monétaire,
au niveau du Moronou, traduit d'une
certaine manière le degré de participation des habitants aux
échanges commerciaux,
il peut être intéressant de
suivre les
grandes étapes de
la mise en circulation du papier-monnaie.
Le Moronou comme point d'observation,
n'eussent été les défi-
ciences de
la documentation, eût été le meilleur choix.
L'ana-
lyse de la mise en circulation des monnaies dans le cadre de
,
l'évolution générale de la C6te d'Ivoire permet néanmoins de
"
jeter de temps à autre
des coups d'oeil sur la situation
particulière du Moronou.
Jusqu'en 1908,
le stock des espèces monétaires, mises
en circulation dans les limites de la Colonie,
était plutôt
faible
(1).
En tenant compte des espèces de p r o v e na nc e s diverses,
aussi bien celles contr61ées par l'Etat que celles détenues
par le commerce et les particuliers,
la totalité des monnaies
mises en circulation, en
décembre 1908, sur l'ensemble du
territoire ivoirien,
se chiffrait à 3.188.871 F.
(francs cou-
rants)
(2).
Selon la nature des espèces,
les billets de
banque
totalisaient 1.419.410 F.
\\ 1) Le. toM de. l' e.nc.a.-W.6e. de. .ea. tAé..6OJr.vr.-i.e. de. B-i.ngvr.ville. a.C.C.MaJ.t pM
e.xe.mple., au 30 .6e.pte.mbJte. 1907,2.137.575,55 F. \\6Jta.nc..6 c.ouJtant.6) dont
12.150 F. e.n b-i.Ue.t.6 de. ba.nQue. de. FJta.nc.e., 421.875 F. e.n bille.t.6 de. la.
Ba.nQue. de. l'AOF, 7.120 F. e.n 0Jr. 6Jta.nça.-W e.t 20.000 F. e.n 0Jr. a.ng~ ...
C6. A.N.C.I.
1 QQ 41, Véta.-i.l de. l'e.nc.a.-W.6e. de..ta. ~~é..6oJtvr.-i.e. de. B-i.ngvr.-
ville. au 30 .6e.pte.mbJte. 1907.
(2) dont 2.073.871 F. c.ontAôlé..6 pM le. TJté..6OJr. et: a.ppJtox-i.ma.-t<:vc.me.nt 1.115.000
F. pM le. c.ommvr.c.e.. C6. A.N•C. I. 1 QQ 41, Mùu.ae. au. Gouvvr.ne.l11e.nt de.
l'A.O.F. à. VakM, a./.6 Sto C.Q dcu cupè.c.cu e.n c.-i.Jtc.ula.-t<:o n da.l'v~ ,fa. co.êon-i.e.
de. .ta. Cô,te.-d' l vo.o:« au 31 déc.e.mbJte. 1908.

585.
Quel était le pourcentage des monnaies mises en circu-
lation dans le N'zi-Comoé,
à la m~me date? Evaluant le montant
des monnaies existantes dans le N'zi-Comoé,
au 31 décembre 1908,
dans un télégramme adressé au
Gouverneur de
la Côte d'Ivoire,
le 5 mai 1909,
l'Administrateur Hostains estimait avec tous
J
Le s détails à l'appui} que celui-ci étai t
égal à 58.829,25 F.,
y compris les
sommes détenues par le commerce et les particu-
liers
(1).
La seule Subdivision de Bongouanou, qui était
encore a cette date le siège de l'Agence spéciale du Cercle,
détenait à elle seule 35.589,45 F.,
soit 60,5 % de la totalité
de
la monnaie en
circulation dans le Cercle.
En 1909,
le montant total des sommes mises en circu-
lation dans le Cercle passait à 66.184,35 F.
(2).
L'augmenta-
tion, au
bout d'une année,
était appréciable:
7.354,7 F.,
soit 12,50%.
L'absence d'informations chiffrées ne permet pas
de suivre hélas!
au-delà l'évolution ultérieure de
la diffusion
monétaire,
à l'intérieur du Cercle. On devine tout au
plus,
à travers certaine:
correspondance
(3),
la menace d'une pénurie
monétaire de petites coupures et de monnaie métallique qui
s'annonce pour tout le territoire ivoirien dès le début de 1916
,
et à laquelle on tente de
parer par un dispositif approprié:
"Tou/.) le./.) bUJte.aux de. po/.)te. de. la c.olon..{.e. /.)e.Jton.t
".{.n.v.{.té./.) à n.'e.66e.c.tue.Jt à l'ave.n..{.Jt,
tou/.) le.uJt/.) pa.{.e.me.n.t/.)
"qu'e.n. b'{'lle.t/.) de. 25 F.
e.t /.)uJttout de. 5 F.
"Il/.) gaJtde.Jton.t paJt de.ve.Jt/.) e.ux le. n.umé.Jta.{.Jte. qu.{.
"e.n.tJte.Jta, pouJt le. ve.Jt/.)e.Jt dan./.) le./.) age.n.c.e./.) /.)pé.c..{.ale./.),
!ld'où '{'l /.)e.Jta d.{.Jt.{.gé. /.)uJt n.oUe. c.a.{./.)/.)e. pouJt la c.on./.)t'{'tut'{'OI1
"d'un.e. Jté./.)e.Jtve. ( ••• 1
( 11 Vo.{.c..{. le. dé..:taJ.1. de. fa Jté.PMUUOn. dQ./.) mon.lUUQ./.) :
II Age.n.c.e. /.)pé.c..{.afe. de. Bon.gouan.ou : •••••••••••••
35.329,45 F.
2) vost». d'Ak.a-Comoué.fvtou : •.••••.•••••••••••••
4.130,20 F.
31 C.F.A.O. à D-i.mbofvto :
15.000,00 F.
4) Mwon. ROU_Millon. dd BM.Lttj à BOl1gouan.ou : .
260,00 F.
51 Ma-Won. KM/.)tj Alzomba à Ak.a-Comoé.fvtou : •••. ..•
115,00 F.
61 PMuc.ul.ieA/') du po/.)te. de. DJ...mbofvto : .•••••...
4.000,00 F.
,.OTA L : •.•..••.....•..••.•••••...•••.••.••••
58 . 834, 65 F.
(2J A. N. C.1. 1 QQ 41, n. 0 3893 Etat .{.n.d.{.quaYl.t lQ./.) quan.W~ de. n.wné.JtcUAe. e.n
c.-lJtc.ufa-uon. da.vw le. N'û-Comoé., au 31 dé.c.e.mbJte. 1909. Bon.gouan.ou, le.
31 dé.c.e.mbJte. 1909.
l3) VO-lJt A.N.C.I. 1 QQ 42, Le.ttJte. n. 0 999 A au tJt~oJt.{.eA-paye.uJt.de. la Côte.-
d' lvooie., 12 6é.vJt.{.eA 1916 (/.)a.vw pJté.c.~.{.on. d'aute.lUt e.t de. lie.u).

c.c: .:
) O Q .
"I.t va. ê.tJr.e. pJte.J.lc.Jt..i.t à. toute.J.l .te.J.l a.ge.nc.e.J.l de. .t'-i.nté-
"Jt-i.e.uJt de. ne. oa.-i.Jte. .te.J.l pa.-i.e.me.vttJ.l que. da.nJ.l .te.J.l pJtopoJtt-i.onJ.l
"de. 3/4,
7/2 Ou 7/4 e.n b-i..t.te.tJ.l, J.le..ton .te. de.gJté d'a.pPJtov-i.-
"J.l-i.onne.me.nt de.J.l -i.nd..i.glne.J.l"lll.
Cette crise de pénurie monétaire, malgré les précau-
tions,
frappe
effectivement la C3te d'Ivoire à des degrés di-
vers ,selon les régions.
Elle se fait sentir épisodiquement
dans le N'zi-Comoé avec une pointe en 1921-1922. Mais dès
1923,
une large diffusion de bons de Caisse en atténue les
effets (2).
La diffusion de
la monnaie ne
sembla pas avoir été
arrêtée,
au cours de
la crise de pénurie de petites coupures;
elle
poursuit au
contraire une marche ascendante: 9.877.045 F.
sont injectés en 1916 dans le circuit des échanges,
17 millions
de francs en 1919 et 80.041.445 F.
dont 41.317.975 F. en
coupures de 5F.
(3). La progression est des plus remarquables,
au cours de ces dernières années.
(4).
(1 J A.N.C.I. 1 QQ 42, Le.ttJte. nO 999, op. c.-i.t. Vo..(Jt a.u.J.>J.l-i. A.N.C.I. 1 QQ 42.
Té.t • n0 64 A à. tau.J.> Ce.Jte..te.J.> du 14 6é.vJt..i.e.Jt 1916 a. / J.l d-i. 00u.J.>-i.0 n b-i.Lte.tJ.>
de. ba.nque..
(2) A.N.C.I. 1 QQ 104, nO 2 197, Ra.ppoJtt de. .t'Adm-i.n-i.J.>tJta.te.u.Jt du N'z-i.-Comoé
à. .t' l Y/.J.lpe.c.te.u.Jt MéAa.t e.n v..tJ.l..i.te.. a].s qUe.J.>uon moné.ta.-i.Jte.. D-<Jnbolv!.O, .te.
25 déc.~nbJte. 1924.
Au 31 ma.JtJ.l 1923, .t'e.nc.a.-i.J.>J.le. de pe.t..<.te.J.> c.oupu.Jte.J.> da.Y/.J.l .te. N'z-i.-Comoé
n'éta.-i.t pW que. de. 1.419 P. "En raison de l'impôt, des affaires qui
se traitent à Dimbokro, de la demande du commerce et des besoins des
subdivisions", .t'Adm..i.n-i.J.>tJta.te.PJt J.lollic...i.te. .t'e.nvo-i. de. 10.000 P. de.
boY/.J.l de.
1 P. e.t de. 0,50 P•. CO, A.N.C.I. 1 EE 139 lll), Ra.ppoJtt du
1e.Jt tJt-<Jne.J.>tJte. 1923, a./J.l e.vtc.a...i.J.>J.le. de. pe.ute.J.> c.oupu.Jte.J.>.
(3) Vo..(Jt A.N.C.I. 1 QQ 42, Le.ttJte. du 10 nove.mbJte. 1916 a.u. Gouve.Jtne.u.Jt à.
Daka.Jt e.t A.N.C.I. 1 QQ 43, Ra.ppoJtt J.lu.Jt .te. oonc.uonne.me.nt de. .ta. ba.nque.
pe.nda.nt .te. mo..tJ.l de. ma...<. 1925.
14J Le. ta.u.x d'a.u.gme.nta.t-i.on a.nY/.Ue..t a. été de. 2.374.318 P. e.ntJte. 1916-1919
e.t de. 10.506.907 P. e.ntJte. 1919-1925.

537.
Cette "inflation" de monnaie aussi bien que la crise
de pénurie de petites coupures constituent deux manifestations
d'un m~me phénom~ne ;
la situation prosp~re de toute la colonie
qui traduit elle-même l'adoption définitive du papier-monnaie
d'origine française.(l).
,8 -
MARCHES ET CENTRES D'ACHAT
Assurer l'écoulement régulier de la production rurale,
a l'époque de la promotion des produits de cueillette,
tel est
l'objectif poursuivi par l'administration, en créant en 1914
le marché de Dimbokro. Quelques années plus tard,
quand les
cultures de traite seront en plein rendement et à même d'alimen-
ter les circuits commerciaux,
des centres d'achat seront crees,
en quelques points stratégiques, pour collecter le cacao,
le
café et éventuellement le coton,
avant leur évacuation au
port d'embarquement.
Le marché de Dimbokro,
ainsi que les Centres d'achat
seront a l'origine de l'implantation des succursales des
grandes maisons commerciales de la Colonie,
des boutiques
et des magasins de distribution,
autour desquels gravite
tout un monde bigarré de traitants,
"vé.Jt-é..tab.te..o paJta.o-é..te..o"(2)
qui,
tout en animant une vie commerciale de
plus en plus
intense,
n'ont qu'un seul objectif:
s'enrichir rapidement
et au détriment du producteur.
(1) On note., paJt e.xe.mp.te., e.n 1925, .te. Qomme.nta-é..Jte. .ou-é..valtt.oU./t .t'é.m-é...o.o-é..on
de..o 80.041.445 F. m.w e.n Q-lJtQu1a.Uon : "malgré cette proportion très
forte, la banque est toujours démunie de ces derniers billets ( ... ).
La situation économique de la côte d'Ivoire est 'actuellement des plus
prospères. Le tonnage des articles et produits importés et exportés
ne cesse de croitre". Cn. A.N.C.I. 1 Q.Q. 43, RappOJtt .oU./t .te. nonQUon-
n~ne.nt de. .ta. banque. pe.ndant .te. mo.w de. m~ 1925.
l2J A.N.C.I. 1 Q.2 -IV-15-120 (3.743), RappOJtt é.Qonom-é..que. du Ce.JtQ.te. de.
D-é..mbOR.Jt 0 , poU./t .te. de.ux-é..è.me. .o~e..otJte. 1934.

588.
l
- LE MARCHE DE DIMBOKRO
Marché hebdomadaire,
à fonctions polyvalentes,
Dimbokro donne la possibilité aux habitants de chacun des
postes du Cercle d'offrir au
~mmerce, mais aussi aux
consommateurs particuliers,
le fruit de leur travail quotidien:
produits de consommation courante et aussi produits de traite.
Des opérations auxquelles les denrées donnent lieu,résultent
en
particulier "de.J.> abuJ.> de. c.on6ianc.e. e.t du vol. au déu-i.me.nt
de.J.> pJtoduc.te.uJtJ.>" lI) ,qui auraient été susceptib 1es d'arrêter
le mouvement commercjal,sans l'intervention énergique et effi-
cace de l'Administration (2).
a)
- La vocation de Harché
L'intention de créer le marché de Dimbokro remonte
au mois d'avril 1914. Ce marché,
dans l'esprit de l'Adminis-
trateur Aubin qui en eut l'initiative, devait être mensuel et
se spécialiser dans la vente des palmistes avec une "pJt-i.me.
d'e.nc.ouJtage.me.nt pou~ l.e ve.nde.uJt ayant appoJtté l.a p1.uJ.> gJtande.
quant-i.té de. c e pJtodu.it" (3 J. La tenue effective du marché a
lieu,
pour la premi~re fois,
le 2 juin 1914.11 connaIt un
,
succ~s qui dépasse tuutes les esperances :
"Il. a été :trpoJtté e.t: ve.ndu d-i.Jte.c.te.me.nt au CommVtc.e.,
"J.>anJ.> auc.une. -i.nte.t ve.nt-i.on de. 1.' Adm-i.n-i.J.>tJtat-i.o n , un peu
"p1.uJ.> de. 22 tonnc) de. pa1.m-i.J.>te.J.>.
\\7J A.N.C.I. 1 QQ 20, p~oc.èh-ve.Jtba.1. du 25 6évJtie.Jt 1922, de. fa. ChambJte de
Comme.Jtc.e. de. fa. Côte d' Lvo.oc«, alJ.> adjudic.o..ûonJ.> de. pJtoduili à. D-Dnbo/zJto.
( 2 ) A pJtopoJ.> de. fa. J.>uJtve..i,Ua..nc.~ e.xe.Jtc.ée. J.>uJt 1.e.!.> adjud-i.c.a..t<.onJ.> pM 1.' AdJ1l-i.-
n-tJ.>:tJtilion, -i.1. Mt ,'tappOJt:té. : "si ce contrôle était supprimé, l'indi-
gène ne ferait plus rien et le commerce de Dimbokro subirait une
forte crise".CO. A.N.C.I. 1 QQ 20 op. c.a.
( 3 ) A.N.C.I. 1 RR 39, nO 313 A de. l.'Admin-tJ.>:tJta.:te.uJt du N'z-i.-Comoé à. ~~ l.e
Gouve.Jtne.uJt de. fa. Côte d' l vo.cce: à. B-i.nge.Jtville.. D..unbofvto, 1.e. 9 j Lt.A.-n 1914.
Quant à. 1.' aUOC.iliOH de. fa. pJt..une. au ve.nde.uJt ayant pJtéJ.>e.nté fa. ptt.v~
gJtande. quantité de. ,LYtim-tJ.>te.!.> J.>uJt 1.e. mMc.hé, eUe. 6ut Mxée. à. 5 F.
Co. A.N.C.I. 1 RR 39, nO 255 A Adm-i.n-tJ.>:tJtate.uJt du CeJtc.1.e. de. D-DlIbolzJto au.
L-i.e.ute.nant-GouveJtne..tL.'t à. B-i.nge.Jtville., alJ.> de. fa. c.Jtéa.tion d'un mMc.hé.
de. pa.fu-tJ.>te.-6 à D..i.mbat~Jto. D-DllbolvtO, 1.e. 27 ~vJtil 19 14.

_ 589.
_
"L'op~~at~on n'a donn~ l~eu d aueune ~~elamat~on,
"J.lO~t deJ.l ~nd~gè.neJ.l,
J.lO~t du Comme~ee" l 7 ) •
Au second marché,
le 6 juillet, on relève sur les
étals, outre les apports de palmistes, La
presence de"v~v~eJ.l
ou objetJ.l de la 6ab~~eat~on deJ.l hab~tantJ.l
l ... J un ee~ta~n
(sic)
nomb~e de pouletJ.l, quelqueJ.l peu/de eaoutehoue en plaquetteJ.l
p~ovenant de la ~~g~on de Bongouanou, du J.lavon ~nd~gè.ne, deJ.l
eu~lle~J.l en bo~J.l, deJ.l natteJ.l, du p~ment, du tabae et deJ.l
J.lou66letJ.l pou~ aet~ve~ le 6eu" (2).
Cet approvisionnement spontané du marché en produits
divers:
palmistes, mais aussi ravitaillement et produits
artisanaux,
est souligné avec satisfaction par l'Administrateur
du Cercle. Ce fait,
écrit-il,
"d~note l'~tat d'eJ.lp~~t 6avo~able
ehez l'hab~tant"(3).
La spécialisation était loin d'être de
rigueur. Au
lieu d'être exclusivement,
selon sa vocation initiale,
un
marché de palmistes, Dimbokro devient aussi un marché de ravi-
taillement, destiné à fournir aux habitants de
la ville "pou-
letJ.l","p~me.ntJ.l" et autres denrées de consommation courante.
b)
~~~~9~~!~~!!~~_~~_~~~~~~
Comment était organisé le marché? Il a lieu le lundi,
parce que ce jour-là, "V~mbok~o eJ.lt pa~t~eul~è.~ement 6~~quent~
pa~ leJ.l ~nd~gè.neJ.l"(4). D'autre part, à la vente aux enchères
des produits,
pratiquée ailleurs dans d'autres Cercles,
l'on
préfère à Dimbokro,
pour les premiers marchés,
"le J.lljJ.ltè.me de
la p~~J.lentat~on d~~eete deJ.l p~odu~tJ.l aux aeheteU~J.lr'(5).
lI)
A.N.C.I. 7 RR 39, 373 A,op. e~t.
(2) A.N.C.I. 7 RR 39, nO 372, Adm~MJ.luateM, Commandant le N'û-Como~
au L~eutenant-Gouv~neM de la Côte-d'Ivo~e à B~ng~v~e, a/J.l makeh~
de pa1.tll~te./.). V~bo~o, .te 7 juillet 7974.
(3) Ib~dem
l4) A.N.C.I. 7 RR 39, n0255 A,op. e~t.
(5)
Ib~dem.

590.
Concrètement, l'Administrateur Aubin en conçut l'organisation
de la façon suivante :
"Le.-6 ve.nde.uk~ -6e. p.f.ac.e.kont dan-6 .f.'-i.nté.k-i.e.uk de.
".f.'e.nc.e.-i.nte. c.on-6t-i.tuant .f.e. makc.hé. -i.nd-i.glne. e.t pké.-6e.nte.kont
"a .f.'ac.he.te.uk plac.é. a .f.'e.xté.k-i.e.Uk, .f.e. pap-i.e.k dé..f.-i.Vké. pa~
".f.e. Ce.kC..f.e. e.t -6uk .f.e.que..f. -6e. tJr.ouve.ka -i.n-6c.k-i.t .f.a po-i.d-6 de.-6
"pa.f.m-i.-6te.-6 c.ompo-6ant .f.e. .f.ot. Apkè.-6 ac.c.okd -6uk .f.e. pk-i.x e.t
"ve.k-6e.me.nt du pkodu-i.t de. .f.a ve.nte. e.ntJr.e. .f.e.-6 ma-i.n-6 du ve.nde.uk,
".f.e.-6 pa.f.m-i.-6te.-6 -6e.kont .f.-i.vké.-6"llJ.
Une annee plus tard,
en avril 1915, on revient sur
cette première forme d'écoulement des produits ,en adoptant
une nouvelle,
la vente aux enchères. Ce second procédé, après
des essais probants,
semble avoir eu la faveur de l'administra-
tion
:
"La ve.nte. de.-6 pa.f.m-i.-6te.-6 aux e.nc.hè.ke.-6 pub.f.-i.que.-6, -6oute.-
"nue. pak .f.a vé.k-i.6-i.c.at-i.on de. .f.a pUke.té. de. c.e. pkodu-i.t, a donné.
".f.e.-6 me.-i..f..f.e.uk-6 ké.-6u.f.tat-6
: .f.e. pkodu-i.t,tJr.è.-6 c.oté., e.-6t d-i.-6puté.
"au po-i.nt que. -6a va.f.e.uk 127 F • .f.e.-6 100 kg) atte.-i.nt un c.ouk-6
"-i.nc.onnu a-i..f..f.e.uk-6 dan-6 .f.a. c.o.f.on-i.e."12).
D'autre part,
un système de ravitaillement par
roulement,
slapp~yant sur la liste des villages de
chacun
des postes du Cercle, est soigneusement mis au
point:
le
poste de Bongouanou alimente le marché le premier lundi du
mois,
Ouellé
le deuxième lundi,
Dimbokro
le troisième
lundi et Bocanda le quatrième lundi
(3).
(1) A.N.C.I. 1 RR 39, nO 255 A, op. c.-i.t.
(2) A.N.C.I. 1 RR 39, Note. 136 de. .f.'Adm-i.n-i.-6tJr.aûon Aub-i.n, Commandant.f.e.
N'û-Comoé. a tOM .f.e.-6 pO-6te.-6, al-6 mMc.hé. de.-6 pahn-i.-6te.-6. V-i.mbokJr.o,
.f.e. 4 aVku 1915.
13J Ib-i.de.m.

)91.
Cette réorganisation de l'approvisionnement,
venant
étayer la vente aux enchères,
tout semble marcher pour le
mieux.
Palmistes, caoutchouc et autres produits écoulés sur
le marché augmentent effectivement de volume,
particuliè-
rement au cours des derniers mois de l'année 1915 et pendant
tout le premier trimestre de
1916, après un passage à vide
enregistré durant le second trimestre de 1915 (1).
En effet,
l'apport de
palmistes, après la chute à 32 kg au second tri-
mestre 1915, remonte au mois d'août de la même année à 654 kg
et atteint en septembre les 1.227 kg(2).
Poursuivant sa marche
ascendante,
la production de palmistes,
vendue sur le marché
de Dimbokro, accuse pour le premier trimestre de 1916,
187.792 kg
(3).
Mais dès cette période,
tout est remis en cause.
Les
commerçants de Dimbokro, mécontents du système de vente par
adjudication,
jugé contraire à leurs intérêts, attaquent (4).
et exigent la liberté de commerce.
Ils en saisissent la
Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire en même temps qu'ils
recourent à l'Arbitrage du Chef de la Colonie (5).
Par faiblesse,
le Cabinet du Gouvernement prête
l'oreille aux revendications des commerçants et laisse faire.
La situation se dégrade. Une réflexion de l'Administrateur
du N'zi-Comoé, Le Campion,
le confirme.
( 1) L' appOte.t dUl pa.imi.6tUl c.hu.te. à. 32 kg, duAa.n.t le. de.ux-i.è.me. :tJt'<'mUl:tJte. de.
1915. C6. A.N.C.I. 1 RR 39, Ra.ppo~t du po~.te. de. V~nbo~o, pOuA le. :tJto-i.-
~-i.è.me. :tJt-i.mUl:tJte. 1915 •
l2) A.N.C.I. 1 RR 39, Ra.ppo~t du po~te. de. D-i.mbo~o, pOuA le :tJtoi.6-i.è.me.
:tJt-i.mest».e. 19 15 •
(3) A.N.C.I. 1 RR 39, Le.~e. 830 de. l'Adm-i.~:tJta..te.uA du N'z-i.-Comoé au
L-i.e.ute.~n.t-Gouv~~e.uJl. à. B.<.ng~v.<.lfe.. a./~ pa.imi.6tUl, 1916 (~a.~ a.u:tJte
pJ(éc.i.6-i.o~ de. da..te.).
(4) LUl c.omm~ç.a.~ ~oulig~e.n.t .t' a.c.ha..t dUl pa.imi.6tUl pM a.djud-<.c.a.tio~
c.omme. "extrêmement défavorable"à. .te.uJl.~ -i.~,tVtê.u et: .te. qu.aLt6-i.e.n.t e.~:tJte.
a.u:tJtUl d III abus" . C6. A.N. C. 1. 1 QQ 20, P. V. de. la. ~éa.~c.e. du 25 6év~-i.~
1922 de. la. Cha.mb~e. de. Comm~c.e. de. .ta. Côte. d'Ivo~e.. al» a.djud-i.c.a.tio~
dUl p~odu~ à. V~nbok~o.
(5) C6. l b-i.de.m •

59;(.
Elle quali fie la liberté de commerce de
,i".f.ibe.ftté. de. vo.f.e.ft" lI).
c)
La liberté de commerce: abus de confiance et fraude.
Entre autres procédés auxquels donne lieu la liberté
de commerce,
deux d'entre eux sont particulièrement remarqués
le vol et la fraude.
Les "pisteurs", ces agents de commerce qui se portent
~u-devant des convois,s'illustrèrent essentiellement dans le
vol des produits.
En effet,
se portant à plusieurs kilomètres
au devant des convois,chargés
de palmistes et autres produits
du cru,
destinés au marché de Dimbokro,
les pisteurs qui
sou-
vent ne sont autres que les commerçants eux-mêmes,
se disputent
s'arrachent les porteurs de
produits qu'ils finissent par en-
trainer de force,
disloquant ainsi le convoi en plusieurs
tronçons.
Le transporteur de produits, ainsi manipulé,
débous-
solé,
ne sait plus à quel saint se vouer.
Les agents de commer~
ce "peuve.n.t a..f.Oft.-6 c.omme.ftc.e.ft tout à. .f.e.Uft a.i.-6e"(2) , d'autant plus
que dans ces occasions,
aucun contrôle ne
peut s'effectuer
ni par l'Administration,
ni par le vendeur de produits,
"n.e.
.-6a.c.ha.n.t n.i pe.J.le.ft n.i c.ompte.ft"[3J.
Il arrive ainsi qu'une partie des charges de produits,
ainsi convoy~s,disparaisse, sans jamais être réceptionnées ~
( 1) EUe. e.-6t n.oté.e. di-6c.Jr.Ue.me.n.t au c.Jr.a.yon., daM fu mMge. du 6e.u.<.Ue.t du bu.f.-
.f.e.un. de. fu Chambfte. de. Comme.Jr.c.e. de. fu Côte. d' l vcin«, fta.ppoJr.ta.n.t fu J.lé.a.I1.-
c.e. du 25 6é.vftie.Jr. 1922 de. c.e.tte. MJ.loc.ia.tion.. On. lit à. fu J.lu.<.te. :"Elle
[fu libe.Jr.té. de. c.omme.Jr.ce.J conduit à l'asphyxie de l'apport du produit
et, par voie de conséquence, du commerce". C6. A.N.C.l. 1 QQ 20, P.V.
de. fu J.lé.an.c.e. du 25 6é.vftie.Jr. 1922 de. fu Chambfte. de. Comme.Jr.ce. de. fu Côte.
d'lvoifte., a./J.l adjudica.tiol1.-6 de. pftoduit-6 à. VimbokJr.o.
(2) A.N.C.l. l QQ 20, Lettre nO 113 du Chef de Poste de Sinfra-Oumé à
Monsieur l'Administrateur, Commandant le Cercle des Gouro, à Bouaflé-
Sinfra, le 1er juillet 1922.
(3) Ibidem.

593.
l'arrivée à Dimbokro
(1). On devine aisément que dans cette
~6oike d'empoigne" ,o~ le contrBle des produits devient impos-
sible, il est hors de question d'orienter le convoi sur la
maison de commerce susceptible d'offrir le meilleur prix.
Il
en résulte que le producteur autochtone est pillé et volé (2).
Autre pratique abusive à laquelle donne cours la
vente libre,
la fraude sur le poids des produits. A. l'arrivée
des convois à Dimbokro,
personne n'étant là pour contrôler
le poids exact des denrées apportées par les producteurs,
~l' ache.t.eu»: -6' akkangeait de maniè.ke à. c e que le y.Mix total
qu'il payait lui donne une moyenne bien au-de-6-6oU-6 du pkix
qu'il avait o66ekt et e~ kappokt avec. le-6 limite-6 qui lui
~taient 6ix~e-6"(31.
III "Sept convois transportant 20.175 kg de palmistes furent dirigés pendant
le mois de juin sur Dimbokro. Il ne fut réceptionné par les maisons de
commerce que 13.491 kg, soit près du tiers de manquant"C6. Ibidem.
Le c.he6 de pO-6te de Sin6ka ~c..kiva.it enc.oke le 6 août 1922 : l' ••• i l
était fréquent que sur une tonne de produits expédiés, il n'en était
réceptionné que 400 kg au maximum". C6. A.N.C.I. 1 QQ 20. Le:t:tke du
Che6 de pO-6te de Sin6ka, en date du 6 août 1922 à. l'Admini-6:tkateUk à.
Boua6.f.~
(21 A.N.C.I. 1 QQ 20, Le:t:tke 113, op. c.it.
(31 A.N.C.I. 1 QQ 20, nO 1400. Le:t:tke de l'Admini-6:tka.:teUk du N'zi-Como~
au Lieutenant-GoUVekneUk à. Bingekvi.f..f.e. Dimbo~o, le 21 novembke 1922.
On appkend, pM cU.UeUkJ.> qu'à. la. mê.me date, le paiement du poicL6 de!.>
pkodui:tJ.> ~:ta.i:t "bien inférieur à celui apporté par l'indigène"ique,
pM cU.UeUk-6 l'certains commerçants peu scrupuleux" n' hé.-6i:ta.ient pa.!.>
en c.ompeMa.:tion à. o66k~ daM c.e!.> C.M "des prix manifestement hors
de proportion avec les cours du moment". C6. A.N.C.I. 1 QQ 20,
nO 336, op. c.d.

594.
Les consequences de cet abus de confiance furent
désastreuses pour le commerce. A la suite de ces procédés
malhonnêtes,
lion enregistre "i'a~phyx~e de i'appo~t du
p~odu~t"lll,finalement
une diminution du mouvement
commercial
(2). Les commerçants locaux tirèrent alors la
sonnette d'alarme. Le Président de la Chambre de Commerce de
la Côte d'Ivoire s'adressa en 1923 à l'Administrateur du
N'zi-Comoé, en
le suppliant d'exercer un contrôle plus strict,
afin "d'é.v~te~ ie~ 6~aude~ QU~ ~e ~OYl.t p~odu~te~"(3J, tandis
que les agents de commerce européens du Cercle suggéraient, à
l'Administrateur Le Campion, d'obliger "ie~ ~Yl.d~ge.Yl.e~ à. appa~te~
ie~ p~odu~t~ à. V~mbof2.~o",
car, insinuaient-ils,
"de ieu~ p~o­
p~e mOUVemeYl.t, ~i~ Yl.'appo~te~oYl.t ~~eYl. ou p~e~Que ~~eYl."(4).
(1) A.N.C.I. 1 QQ 20, Ext~a~t du P.V. de ia ~é.aYl.c.e du 25 6é.v~~M
1922 de .fa.. chamb~e de COmmMc.e de .fa.. Côte d' Lvoot«, a/~ a.djuCÜC.atioM
de p~od~ à. V~bo~o.
\\ 2) Dé.-6Mm~ "i' appMt du p~odMt 1••• ) n ' a üeu Que pM C.OYl.tJtUn.t~ et
mena.c.~ o..drrU..n.MtJtativ~". C6. A.N.C.I. 1 QQ 20, Ex:tJtail du P.V~ du
25 Fé.v~~M 1922. op. c.~.
(3) A.N.C.I. 1 QQ 20, Lettke 336 du P~é.-6~den.t de .fa.. chamb~e de COmmMc.e a
M. i'Adnu.n.MuateM du N'z~-Comoé. à. V,{.mbo~o, al» a.djud~C.atioM d~
p~od~. Ab~djaYl., ie 3 mM~ 1923.
(4) A.N.C.I. 1 QQ 20, Letue de i'AdlniYl.~uateM Le Camp~oYl., à. M. Ra.fa..Y/.d,
agen.t gê.Yl.~ai de .fa.. ~ac.~é.té. c.ommMc.~aie de i' Ou~t a6~~c.cUYl. à. Ab~djaYl.,
eYl. ~é.poMe à. UYl.e c.o~~poYl.daYl.c.e du 20 mcU 1923, ~.d. et ~. i.

)95.
2 - LES CENTRES COMMERCIAUX
Outre le march~ de Dimbokro, cr~~ pour faciliter
l'écoulement des produi ts du Cercle, des
centres Commerciaux
voient progressivement le jour dans le Moronou. Surgis au ha-
sard des op~rations de commerce, ils furent par la suite
contrôl~s et limit~s quant au nombre. Par ailleurs au rôle
d'~coulement des produits du cru, ils ajouteront un second,
celui de la r~partition des articles de traite dans la campagne
environnante. Cette dernière fonction deviendra si pr~pond~­
rante qu'à la fin de
notre p~riode, elle ~clipsera pour ainsi
dire la fonction initiale de ces centres,celle de
l'~coulement
du cacao, du caf~ et des autres productions de traite.
a)
~~~_~~~~~~~_~~~~~~~~~~~_~_~~_~~~~!~~~~~_~~9~!!~~_~~~
~~~~~~~~-~~_!~~!~~
La première fonction des centres commerciaux est d'as-
surer un d~bouch~ permanent et relativement proche du domicile
du planteur,
aux produit~ de traite: cacao, caf~, palmistes
cu..LL.ures
,
/
. .
t une vence
et coton a l'occasion dont les prodUctlons permet-t-en
.
",
~chelonn~e pratiquement sur plusieurs mois de l'ann~e. D'où
l'origine de l'expression consacr~e "Centres d'achat", attribu~e
abusivement à ces places commerciales.
Les premières op~rations de commerce font leur appari-
tion dans le secteur est du Moronou,
à Bongouanou et à Kotobi,
au cours du premier trimestre 1925 (1),
en pleine p~riode de
traite.
Quelque
six mois plus tard,
au troisième trimestre
de la même ann~e,
le commerce ~tend son rayonnement à Arrah
et And~ (2). En 1927, d'autres centres d'achat naissent. Cette
ann~e-là, l'on d~nombre au d~but de la traite, quatre-vingt-
trois
(83) op~rations commerciales, figurant aux rôles des
(1) A.N.C.I. 1 EE 139 lI4), RapPOJtt -6M -ta. -6.au.a.-ti.OI1 é.c.ol1om-tque. et: c.OlmllVl.-
c.-i.a1e. du N' zc-Comoè., pOLU1. .te. p.'te.m-te..1t .t't..i.me.-6;tJt.e. 1925.
(2) A.N•C• 1. 1 EE 139 \\ 14 J, Ra.ppOJtt -6UA .fa. -6..i.wa.-ti.o 11 é.c.ol'wnu.que. e.t c.OlllmV(-
c...i.ai.e. de. N' z.L-C omoé. pOM .f.e. :Ut.o~..i.è.me. :Ut.-üne..-6:Ut.e. 1925.

596.
patentes,
dans les limites de la seule subdivision de Bongou-
anou
(1). Ces opérations de commerce représentent environ
cent
(100)
boutiques,
implantées dans les villages,
le long
des axes principaux,
dans des constructions de fortune,
appe-
lées à disparaître,
à la fin de la période de traite (2).
En 1928, le nombre des "centres d'achat" connaît un
léger fléchissement.
De quatre-vingt-trois,
l'année précédente,
il tombe à soixante_dix_huit en 1928. Par ailleurs, alors
qu'ils étaient installés dans douze localités,
désormais ils
ne sont plus représentés que dans dix villages
(3).
Que
s'est-il passé?
Une rivalité commerciale âpre,
engagee depuis 1925
et coïncidant avec l'accroissement de la production cacaoyere
en particulier, aboutit en
1928 à la disparition de quelques
unes des maisons de commerce,
les plus petites. De fait,
dès
1925, devant la multiplication des points de traite,
les com-
merçants européens patentés, mais aussi les traitants "indi-
gènes",
préalablement installés dans la région,protestent.
11) A.fJ.C.I. 1 R Il - IV - 39-16213.442), rUé.gJtrorune.-.f.e.Wi.e. flo 3.834
de. .f.'Admi~tJtate.uJt du N'zi-Comoé. au Lie.~e.naflt-Gouve.Jtfle.uJt à Bifl-
9e.Jt ville. , al-6 mu.f.:U.p.te..-6 0pé.Jtatio M de. bJt0ILM e qui tue.f1t .f.e..-6 gJt 0-6
Qe.fltJte..-6. VimboQJto, .f.e. 6 dé.Qe.mbJte. 1927.
(2) Ibide.m.
(3) La wte. de..-6 opé.JtatioM Qomme.JtQia..f.e..-6 de. .ta. -6ubdivi-6iofl de. BOflgOuaflOU
Jte.gJtoupait, e.fl 1927, .f.e..-6 douze. .f.OQa..f.ité.-6 -6uivante..-6 : BOflgOuaflou, Kotobi,
KJté.ghé., Afldé., AJtJtah, BJtou-AkpaOUh-60U, FJtOflObo, BJtoukJto, Boa.dikJto,
Banabo, N'Zué.kokOJté., Aboflgoua. C6. A.N.C.I.
1 R 'Il - IV - 39 - 162
(3442),
Li-6te. de..-6 opé.JtatioM Qomme.Jtua..f.e..-6 de. fu -6ubdivi-6iofl de. BOflgoua-
nou. Efl 1928, .f.e..-6 Ce.f1tJte..-6 d' achat , e.fl .se Jté.dui-6aflt à 78, fle. -6oflt p~
Jte.pJté.-6e.~é.-6 que. daM dix vi.f.fuge..-6. C6. A.N.C.I. 1 R Il - IV-33-84185
13561 ) , RappOJtt -6uJt fu -6ituatiOfl é.QOVl.omique. et: Qomme.JtQia..f.e. du N' z.è-
Comoé., pouJt .f.e. tJtoi-6iè..me. tJt-Dlle..-6tJte. 1928, al-6 COflQuJtJte.flQe. QOI1ltne.JtQia..f.e.
à BOflgOuaflOU.

597.
Ils réagissent violemment, accusant l'Administration de
complaisance
(1) et en brandissant,
parmi d'autres arguments,
la quasi-impossibilité d'assurer désormais la vérification des
produits et par voie de conséquence l'amélioration de ceux-ci.
La solution,
préconisent-ils, est de
limiter les centres
commerciaux
(2).
En fait la raison fondamentale de cette réaction
extrêmement vive du Commerce, c'est la concurrence impitoyable
entre les différentes maisons de commerce,
née avec le~boom"
des affaires et qui se traduit par la qualification des centres
d'achat.
Pour les maisons de commerce,
petites et moyennes,
la multiplication des points d'achat est synonyme d'augmenta-
tion des frais et des risques de
commerce,
en un mot de
faillite et de disparition.
Par contre
cette opération,
encore soutenue en 1925 par l'Administration
(3),
se traduit
par d'immenseJavantages pour les planteurs autochtones.
Pour
ces derniers,
la multiplication des "Centres d'Achat" signifie
d'abord la fin du portage.
Désormais,
ils peuvent vendre sur
place les produits,
précédemment transportés sur la tête sur
des dizaines de kilomètres jusqu'au marché de Dimbokro.
(1) "Les européens patentés protestent que tout le monde peut y acheter
des produits, que l'administration est complaisante à ces errements".
C6. A.N.C.I. 1 EE 139 l 14), Rappo~t ~Uk ta ~~on ~eonom~qu~ ~t
eomm~eW.~ pOUk f~ tJto~~èm~ tJt-ûn~tJt~ 1925.
(2) C6. A.C.C.C.I. 23-4, L~ttJt~ d~ ta C.F.A.O. au p~~~~nt d~ ta Chamb~~
de: Comm~e~ d~ ta Côt~ d' I vo-ou: à. BM~am, al ~ fu.ita,;t,{.on d~ C~n,t't~
d'Aehat, Ab~djan, f~ 26 ~~pt~mb~~ 1928.
(3) R~6utant f~ po~nt d~ vu~ d~ age~ d~ eomm~e~, ~t-Unant ~n 1925 qu~
f~ C~ntJte.J.:J COlnm~e-<.aux ~tM~nt pM tJtop ~pMpill~, f'Adm~~tJtat~lU/.
du N'z~-Como~, ~M~VMt : "Cette conception me parait procéder de la
théorie un peu poussée du mondre,effort pour le commerce: le pro-
ducteur indigène a tout à gagnera être sollicité jusque dans son village'
On Ut ~n not~ d~ e~ m~m~ doewn~nt : "la présence de boutiques dans
des centres situés à 70 et 80 km de Dimbokro est excellente et peut
seule pousser l'indigène à produire". C6. A.N.C.I. 1 EE 139 (14).
Rappo~t ~M ta ~~tu.atA:.on ~eonom~qu~ et: eomm~eW.~ du N' z.c-Comoè pOlU/.
f~ p~~m~~ tJt~<utJt~ 1925.

Fig.l-Ç!). SUBDIVISION
DE
BONGOUANOU
INSTALLATIONS COMMERCIALES
_..)
;
C·'.'
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"'~''''')
1
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1
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Brou Akpàoussou
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Arrah
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\\
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C·S
14
'<,
13
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12
10
Nombre de commerce
{
9
6
5
1
(,
L~
o
Wkm
1
__- l
'.
~
V>
'0
CO

Autre avantage non moins appréciable sur le plan
~conomique, les producteurs locaux n'étant plus soumis à
"c.e. poJttage. qu'Le.-6Jte.doute.nt",emploieront le temps qu'ils y
consacraient autrefois à "c.ue.~ll~Jt, Jtéc.olte.Jt e.t pJtépaJte.Jt de.
nouve.aux pJtodu~t-6" Ill.
Cette crise d'opposition d'intérêts entre commer-
çants et producteurs locaux se résoud au profit des premiers.
Les C'entres d'achat subissent une forte réduction.
Limités à
six postes d'achat, en
1931
(2), dans le cadre de la subdivi-
sion de Bongouanou,
ils sont portés en 1~35, au nombre de
neuf
(3) compte tenu du dynamisme commdrcial de la région.
,
Ce sont: Bongouanou,
Arrah,
Kotobi,
Assié-Kumasi,
Banabo,
Brou-Akpaoussou, Etroko,
Krégbé,
Kotobi et N'guessankro, aux-
quels il faut ajouter Anoumaba et Tiémélékro,
relevant de la
subdivision de Dimbokro,
pour obtenir la liste complète des
centres d'achat du Moronou.
En 1939, cette liste sera recon-
duite sans modification majeure,
à l'exception d'Etroko
qui disparait
(4) des centres d'achats.
b)
~~~_~~~!~~~_~~~~~~~~~~~_~_~~~_~~e!~~!~!~~~_2~~2~~e~~9~~
~~~!~~~!~~_~!_~~_~~~~~~~~~~!_~~~2~!'
Comment les centres commerciaux se répartissent-ils
su r lié t end u e d u Mo r 0 nou ? La fig ure n 0
1 9
(p. 598
)
ré v è leu n
net contraste entre la partie orientale o~ ils constituent un
semis relativement serré,
et la partie occidentale o~ celui-
ci est bea~coup plus lâche. Pratiquement l'ouest du Moronou,
(41'cn. nO 288 AE, AJtJtê.té Wnaant le.-6 centres d'achaT, où le.-6 pJtOdMU du
enii -6own--W au c.ond~Ûonne.me.nt pe.uve.nt n~e. i' obje.t d' OpéJta,t{OM c.om-
me.Jtc.~e.-6, Jte.pJtodMt ~n ACCCI 23.4 Ce.n.tJte.-6 d' Ac.ha.-t6 et. mMc.héJ.>.
Te.xte.-6 Jtégle.me.~e.-6.
II t A.C.C.C.I. 23-4. Lim~taüon de.-6 Ce.n.tJte.-6 Comme.Jtc.~x. -6.d.
l2 1 Ce. -6ont Bongouanou, Kotob~, Andé, AJtJtah, Ban.abo e.t A-6-6~é-Kuma-6~. Cn
MJtê.té loc.ai du 20 ocrobne. 1931 -6uJt la wl~taüon ae:s Ce.n.tJte.-6 d'Ac.hat
de.-6 pJtOdMt-6 du
c.Jtû de.-6tinéJ.> à i' e.xpOJttaüon.
(31 Cn. nO 224 A.E. du 24 janvJe.Jt 1935, MJtê.té loc.ai 6~xant le.-6 Ce.n.tJte.-6
d'Ac.hat de.-6 pJtodu~U du c.Jtc, de.-6ÛnéJ.> à l' e.xpOJttaüo VI. pouJt l'année. 1935
vot» J.O.C.I. 1935 p. 249.

606.
rassemblant les sous-groupes
3awua,
Alangwa,
Amantian et Ahali,
en est totalement dépourvu,
hormis Anoumaba et Tiémélékro qui
tiennent dès cette époque une place de choix en tant que "Cen-
tres d'Ac.hats"
(1).
Ils se concentrent a u t o u r Ld.e s-: deux grand.es
métropoles:
Dimbokro,
chef-lieu de Cercle et gare ferroviaire
de premier ordre du Centre-Est ivoirien
(2)
et Bongouanou,
Chef-lieu de Subdivision,
véritable métropole administrative
et économique du Moronou.
La localisation des lieux de transaction répond
largement à des impératifs économiques et techniques étroite-
ment liés
(Voir tableau page suivante).
Le dynamisme d'un
éentre commercial,
sa forte activité,
son influence sur
l'orientation du trafic,
rendent compte de la répartition géo-
graphique des autres points d'échange moins favorisés.
C'est
le cas pour Dimbokro qui rassemble en son sein quatorze suc-
cursales des plus grandes maisons de
commerce de
la colonie
(3).
171 Anownaba e.t T-i..é.mUé.fvtO J.>O nt de.ve.YUL-6, b'<'e.n avant 7924, " de. pe.titJ.> c.e.n:tAe..ô
·commVl.c.-i..aux où sow: -i..Mta..U.é.J.> de..ô bouuQtUVl.J.> -i..nd-i..gè.ne..ô pate.nté.-6".
C6. A.N.C.I. 7 QQ 704 nO 2797 Adm'<'n.<.J.>:tAate.Uk de. V.<..mbo~o à t'IMpe.C.te.Uk
e.n v-i..J.>-i..te., Lou..<..J.> Mékat, à B'<'ngVl.v~e.. V.<..mboQ~o, te. 25 Vé.c.e.mb~e. 7924.
12) E. MAESTRI, op. c.d. Tome. l, p. 330-338.
l3) En 7927 soni: dé.jà· -i..Mtalié.J.> à V.unbo~o, 74 mWoM de. c.ommVl.c.e. e.Ukopé.e.n
dont de.ux angtwe..ô. Ce. J.>OJ'Lt : C.F.A.O., S.C.O.A., ta Compagn..<.e. BM-
de.i.cvWe. de..ô
Compto~J.> A6~'<'c.cUvw 1C•B.C•A. ), La Compagn..<.e. Gé.nékate. de.
t'A6~'<'Que. 6~ançwe. IC.G.A.F.), ta Compagn..<.e. 6~ançwe. de. Kong IC.F.K.J,
ta Compagn..<.e. 6~CU1ÇWe. de. Côte. d'Ivo~e. IC.F.C.I.), ta Compagn..<.e.
6~ançwe. de. ta COte. d'A6~-i..Que. IC.C.C.A.), ta Socié.té. CommVl.c..<.a.te. e.t
I ndu.J.>:tA-i..e.lie..ô de/.) patmVl. ue..ô a6~'<'c.a..<.ne.s 1S •C• I •P•A• ), ta C0mpagn..<.e.
CommVl.c..<.a.te. e.t Indu.J.>:tA'<'e.lie. de. ta Côte. d'A6~'<'Que. IC.C.I.C.A.l, de. Te..ô-
J.>'<'~e..ô, Cohe.n F~~e.J.> IC.F.I, ta Soc..<.é.té. CommVl.c..<.a.te. a6~'<'c.une. IS.C.A.I,
Wood-i..n and Co, R-i..c.h~d K~ng and Co. C6. ANCI 7 QQ 98, EJ.>Qu-i..J.>J.>e. J.>Uk ta
J.>-i..tu.a.t.<.on pot-tuQue. e.t é.c.onom-i..Que. du N'z'<'-Comoé.. V.unbo~o, te. 23 av~-i..t
7927 •

MAISONS DE COMMERCE ET CENTRES COMMERCIAUX DE LA SUBDIVISION DE BONGOUANOU - 1933 - 1936.
BON COU
BROU
N'GUES-
KRIiCBE
ANOU
KOTOBI
ARRAH
ANDE
Al<PAOUS-
BANABO
ASSIE
SANKRO
TOTAL
SOU
DELPEYROUX
1
1
1
1
---------------------- ---------- ----------
----------
---------- ----------1-
4
-------
de TESSIERES
1
1
1
1
1
1
---------------------- ---------- ----------
---§---
DULOUT
1
1
1
1
1
----------
---------- ----------
--_?_-
GNANDO
1
1
1
----------------------
---------- ----------
---~--
HARAHBAT
1
1
1
1
1
1
1
1
----------------------
---------- ---------
----------
---------- ----------
---~---
D. de KERSABIEC
1
1
1
1
1
1
1
----------------------
---------
---------- ----------
---~---
Jean
I<OUM1E
1
1
1
----------------------
---------- ----------
---~---
1<01010 ET KONE
1
1
1
1
1
___ 5
---------- ----------
----
N'DRE J.P.
1
1
2
----------------------
IHAHDO
1
1
1
1
4.
----------
S.C.O.A.
1
1
1
1
1
5
---------------------- ----------
---------
-------
CADORET
1
1
1
3
---------------------- ----------
---------
----------
-------
AI'1AtHEU
1
1
1
1
1
5
----------
---------
----------
----------
-------
YAO Bernard
1
1
1
1
1
1
1
7
---------
----------
---------- ----------
BEUCLOT
1
1
1
1
1
1
6
---------- ---------
-------
C.F.A.O.
1
1
1
3
---------------------- ---------- ---------- ---------
-------
C.F.C.I
1
1
1
1
1
5
---------------------- ---------- ----------
----------
C.I.C.A.
1
1
1
1
4
---------------------- ----------
----------
SOUCAIL
1
l
1
1
4
---------------------- ----------
J. ADICRA et P. ABEY
1
1
1
1
1
4
~---------------------
TOT A L
17
12
12
1
13
12
10
11
5
93
Source
ANCI 1 QI-V-II-267 (5004) Répertoire commercial de la subdivision de Bongouanou 1936.
0'·
a
- '

602.
Il en résulte pour ce centre commercial un tel rayonnement
que d'anciens marchés,comme Tiassalé situé à une centaine
de kilomètres environ,souffrent de son voisinage
(1).
Il
emp~che aussi l'implantation de centres commerciaux impor-
tants ou stérilise les lieux de transactions de
l'époque
antérieure,
situés dans la partie du Moronou proche de
son
orbite
(2).
,..
De meme Kotobi annihil~ aux environs de 1930 pour
longtemps,l'effort de développement commercial,
amorcé dans
les "eentres d'achat" voisins,
antérieurement prospères
d'Abongoua et d'Andé
(3).
Il en est de même pour Bongouanou
dont le développement en t2nt que place .commerciale est un
obstacle majeur à l'éclosion du centre commercial de Broukro,
distant de quelque
six kilomètres de la grande métropole du
Moronou.
1 1 J La pJto-6péJr.aé. du ée.n.:tJz.e. èommeJtc.-ta1. de. V..unbokJto de.v'<'e.n;t dè/., 1912,
-6e.lo~ la. Cha.mbke. de. CommeJtc.e. de. la. Côte. d'Ivo.<.ke., u~ ob-6ta.c.le.
-6éJr..<.e.ux pOM le. dé.lJe.loppeme.n;t uLtéJr.'<'e.M de. l' a~ue.~ mMc.hé. Qu'il
a.-6phyx.<.e. pkogke.o-6.<.ve.me.n;t pM la ké.duc.t.to~ du volume. de.o a66~e.o
ké.~é.e.o daM c.e.tte. deJtMèAe. pla.c.e. c.ommeJtc.-ta1.e.. Le.o c.ommeJtç.ant-O
de. c.e. pO-6te. -6'e.~ pla..<.g~e.n;t e.t "insistant pour que la route Oumé-
5infra soit ouverte le plus tôt possible",a6'<'~ QUe. T'<'a.-6-6alé. -6o.<.t
al-Une.n;té. pM le.o pJtodui:t.o e.~ pkOVe.M~C.e. du pay-6 gOMO. C6.
B.M.C.C.C.I., Pkoc.è/.,-veJtbal de. la. Sème. -6é.a~c.e. (leJt dé.c.e.mbke. 1912)
al-6 mMc.hé. de. T.ta..o-6alé..
ln Il -6'aga pké.c..-i...6é.me.~t de.o zo~e.o agM du Sawua., Aha.li, Aman;ûan
et: Alangwa., -6'<'tué..o à. la. péJr..<.phéJr.'<'e. de. V..unbokJto don;t e.Ue.o ke.lè.Ve.~t
adm'<'nMtJc.a.t.tveme.n;t, dMant la. maje.Me. pMt.te. de. la. péJr.'<'ode. c.olo~e..
(3 J Abo~goua., d-L6tMt de. 7 km· de. satob«, .é.ta.i:t e.~C.Oke. e.~ 1927 u~ c.e.n.:tJz.e.
6Mt ac.t.t6 d' achat» de. pkodui:t.o du cau, V.<.x ma.-WoM de. c.ommVtc.e.
pOM l' achai: y é.ta..te.n;t ke.pJté..oe.n;té.e.o. A~dé. e.~ ke.~6 eJtma..tt é.gale.me.~t
d'<'x. C6. A.N.C.I. 1 R ll-IV-39-162 (3442J. L-L6te. de.o opéJr.a.t.tOM
c.ommVtc..<.a1e.o de. la. -6ubd.<.v-L6'<'o~ de. Bo~goua~ou. E~ 1933, Abo~goua. e.t •
A~dé. d-L6pMaM-6e.~t de. la. C.Mte. de.o œn.:tJz.e.o commVtc.'<'a.ux du MMO~OU.

603
Facteur technique enfin, c'est le problème des
communications qui peuvent jouer de
façon contradictoire.
Si l'on explique aisément la présence de la majorité des
centres commerciaux le long de
l'axe principal du pays ou a
un noeud de communications - c'est le cas pour Banabo et
Kotobi particulièrement - le cloisonnement des pays aSSle
et ngatianou qui demeure encore vrai de nos jours,
justifie
l'implantation des centres commerciaux de N'guessankro et
d'Assié - Kumasi,
permettant les échanges au
niveau local.
En revanche,
la rareté des centres commerciaux dans le Sahié
entre autres doit être imputée à des liaisons aisées avec
Brou-AKpaousso,
sinon Krégbé et Kotobi,
centres commerciaux
de taille relativement importante]situés dans le voisinage
du pays sahié.
L'interférence de ces éléments variés concourt a
l'instauration d'une hiérarchie entre les différentes places.
Est-il possible de la mesurer? Les fiches de renseignements
commerciaux de la subdivision de Bongouanou,
dressées entre
1933-36 (1), assorties à la fois du montant des patentes
acquittées par chacune des maisons de commerces,
du montant
des chiffres d'affaires et de la valeur des marchandises
en magasins ,nous t;jn donnen c une
certaine idée, en d e p I t
du
laconisme et des déficiences de
la documentation.
En 1936,
les places commerciales se distribuent
en trois groupes.
Deux d'entre elles, Dimbokro et Bongouanou
se détachent du lot commun,en raison du nombre élevé des
maisons de commerce qu'elles renferment et surtout de leur
qualité.
En se fondant exclusivement sur l'existence des
succursales des grandes maisons commerciales de la colonie,
11)
COI1-6e.Jtvé. aux AJt chf..ve.-6 Na.t-tol1a.le.-6 de. la. Côte. d'Ivo-tJte.,
-6ou.-6 la. c.o t:«
1 QI
- V -
Il
-
267
(5004)

604.
l'on en rel~ve 14 à Dimbokro (1). A &ongouanou o~ sont aussi
représentées quelques unes de ces dernières,
prédominent
les maisons de commerce de taille moyenne ou petite, apparte-
nant à des européens ou à des traitants africains (2).
Mais ce qui retient essentiellement l'attention, c'est la
valeur locative des immeubles de commerce,
relativement plus
élevée à Bongouanou que dans les autre~ ~entres ~ommerciaux;
ce qui témoigne de
la dimension plus importante des maisons
de commerce sises dans cette ville coloniale et surtout
du rayonnement bien plus considérable dont jouit cette der-
nière et à un degré probablement supérieur Dimbokro,
par
rapport à l'ensemble des autres centres commerciaux de la
région.
Viennent ensuite les places commerciales de dimension
moyenne au
rang desquelles figurent Brou-Akpaoussou,
Kotobi,
Arrah,
Krégbé et Assié-Kumasi. Enfin la dernière catégorie
est marquée par la modestie sinon la faiblesse des opérations.
Elle est formée par des Centres Commerciaux comme Banabo,
N'guessankro,
Broukro et Fronobo dont l'influence se réduit
au voisinage immédiat et ne dépasse guère deux ou trois
villages.
Si la diversité et l'abondance des articles d'origine
européenne ont contribué à asseoir la réputation de quelques
unsde ces centres commerciaux, à la veille du conflit mon-
dial,
il nous est cependant difficile de prendre la mesure
de
la quantité des articles diffusés dans le Moronou,
bien
que lion devine que la nature de ces derniers ne devait pas
différer de
beaucoup de ce qui se rencontrait à la même
( 7) ('6. p. 5 7 9 note. 3. Vé. j à. e.n 7924, .t' AdJnin-WVc.ate.uA de. V-iJnbolvLO é.CA-tvait
à. pfLOpO.6 de. c.e. Ce.nVc.e. :"Dimbokro augmente son chiffre d'affaires
d'année en année. Depuis deux ans surtout le cacao a mis beaucoup
d'argent dans le pays et dès 1925 ce produit constituera pour le
Cercle une véritable richesse".C6. A.N.C.I. 7 QQ 704, nO 2 797 Adm-t-
Y'MVc.ate.uA de. D-i.mbolvLO à. .t' l Yl..6pe.c.te.UJt e.n v~-tte., LOLL~ Mé.Jr.at, D-iJn-
bOQfLo, .te. 25 dé.c.e.mbfLe. 7924.
(2) C6. ta.be.au p.605. Ce. sow: :.fa.. SCOA, .fa.. CFAO, .fa.. CFCI, .fa.. CICA pOllA.fa
C.até.gOfL-te. de..6 gfLande..6 m~oYl..6 de. c.omme.Jr.c.e.j Ve..tpe.YfLOUX, de. Te..6.6-tVt.e..6,
HMambat, G. de. Ke.Jr..6ab-te.c., cadone«, Dubout, SOLLC.W poUJt .te..6 m~oYl..6
e.UJtopé.e.nne..6 de. ta,tUe. moye.nne.. Le..6 boutique..6 at\\fL-tc.aÙH?./~ appa/l.tie.nne.ftt
à. B. 1/0.0, Gnando, N-tando, Aman-te.u, Ad-tgfLa e.t Abbe.y, Ko'<'do e.t KOIté..


605.
epoque,
sur les autres places commerciales de la colonie (1).
Les seuls éléments quantifiables à notre disposition
permettant d'évaluer l'importance des maisons commerciales
sont:
la valeur locative des immeubles,
le montant des
patentes et taxes exceptionnelles et le montant des chiffres
d'affaires.
En dépit de
l'indigence de la documentation,
nous les avons cependant utilisés;afin d'établir une hiérar-
chie entre les maisons de commerce représentées dans la
subdivision de Bongouanou.
HIERARCHIE
DES MAISONS DE COMHERCE DE LA SUBDIVISION DE BONGOUANOU
CATEGORIE DES
MO~TAIH DES
VALEUR
MONTANT
MAISONS DE
PATENTES
. LOCATlVE DES
ANNUEL DES
BENEFICE
COMMERCE
ANNUELLES
IMMEUBLES
CHIFFRES
NET
PAR AN
D'AFFAIRES
GROSSES MAISONS
l - HARAMBAT
3.533 F.
50.000 F.
380.000 F.
326.467 F.
2 - GNANDO
1.083 F.
2.000 F.
275.000 F.
271.917F.
3 _ DULOUT
1. 200 F.
11.500 F.
250.000 F.
237.300 F.
4 - CADORET
1.067 F.
2.000 F.
227 .000 F.
223.933 F.
5 - G. de
KERSABIEC
1.934 F.
23.000 F.
210.000 F.
185.066 F.
6 - BEUGLOT
1.867 F.
2.500 F.
189.500 F.
185.133F.
7 - AMANlEU
1. 600 F.
5.500 F.
185.000 F.
177.900 F.
MAISONS DE
TAILLE MOYENNE
l - B. YAO
1.697 F.
11.150 F.
148.000 F.
135.153 F.
2 - C.F.A.O.
917 F.
37.750 F.
134.500 F.
9?.~S 33 F.
3 - C.F.C.I.
1.067 F.
90.000 F.
131.335 F. '
4 - SOUCAIL
867 F.
3.400 F.
104.000 F.
90.268 F.
5 - C.I.C.A.
934 F.
5.250 F.
60.000 F.
53.816 F.
MAISONS PEU
IMPORTANTES
l - KAIDIO ET \\(ON
1.067F.
17.000 F.
50.000 F.
31.933 F.
2 - DELPEYROUX
1.234 F.
21.500 F.
49.000 F.
26.266 F.
3 - de TESSIERES
1.167 F.
2.000 F.
49.000 F.
45.833 F.
,
4 - J. ADIGRA et
1. 300 F.
1.)00 F.
44.000 F.
41. 200 F.
P. ABBEY
S.C.O.A.
694 F.
20.000 F.
22.000 F.
1. 306 F.
J. KOUAME
867 F.
1. 500 F.
10.000 F.
7.633 F.
J.P. N'DRE
667 F.
500 F.
10.000 F.
8.833 F.
E. rÜArlDO
1.433 F.
2.000 F.
7.000 F.,
3.567 F
Source
ANCI l QI-V-11-267(5004). Répertoire Commercial de la Subdivision
de Bongouanou 1936.
Il) A.tc.oo.t6 et: bo-<hJ.>orw, W'~M, plLodu.Lw aLUne.Yl-ta.-Ute.-~ 16aJt.trte., J.>ucJte.,
~, J.>e-t), pltod~ d'e.n..tJte..t.<'e.rt (M.VOrt) e.t pltodu.t,u de. c.orwvwc.tiOrt
1c.-Ûne.rt-t, 6Vt ) •

G06.
Trois remarques s'imposent face a ce tableau. En premier
lieu,
il apparaft que les succursales des grandes maisons de
commerce de la Colonie ne tiennent pas nécessairement le
premier rang par le volume des affaires brassées dans le
Moronou.
Bien au contraire, elles y jouent un rôle commercial
fort secondaire, étant classées pour la plupart dans la caté-
gorie des maisons de taille moyenne,
autrement dit bénéficiant
d'un renom assez limité; même l'une d'entre elles,
la S.C.O.A.
la prestigieuse maison commerciale de l'Afrique de
l'Ouest (1),
y est reléguée, malgré sa factorerie de grandiose dimension
sise à Kotobi, au
rang des maisons de commerce de peu d'impor-
tance.
Il est par contre à noter la taille considérable
de quelques unes des affaires commerciales tenues par des
Africains. C'est le cas de Gnando qui occupe, avec un montant
de chiffres d'affaires brut de 275.000 F.
par an,
la seconde
place des maisons commerciales,
immédiatement après la maison
Harambat venant en tête avec 380.000 F. Le dynamisme de
B.
Yao est tout aussi frappant:
il réalise un
bénéfice annuel
net de 135.153 F. monnaie courante, après s'être acquitté de
la location de ses immeubles de l'ordre de 11.150 F.
par an
et d'une taxe commerciale de 1.697 F.
par an,
l'une des plus
fortes redevances,
versée par un particulier.
Dans la dernière
catégorie,
figurent indistinctement commerçants africains
mais aussi européens dont le chiffre d'affaires annuel n'excède
pas les 50.000 F.
Enfin, on ne peut s'empêcher de constater que,
malgré tout,
de beaux bénéfices commerciaux ont dû être
( 1)
C.
Coq u e./L y - V-L d IL 0 v i;t c h ,
L' i. mp a c t: d e .s -<. YI ;t éIl ê t s c oi: 01'1i.ct u x
S . C . 0 . A.
e ;t C. F . A . O.
d a 11 0 .e.' 0 U e s :
a 6IL i. c ct i.n ,
1 9 10 - 1 9 6 5,
-ut
J.A.H.,
XVI,
4
(1975),
pp.
595-621.

bO?
réalisés
(1) ,surtout quand on met en regard le montant somme
toute faible,
des patentes et autres redevances,
versées au
titre de
la location immobilière,
et les chiffres d'affaires
plutôt élevés pour l'époque,
réalisé dans le Moronou.
( 1) "1 f IJ a. da.n-6 .ea.. Jl.é.g-i.o n tout un fot de.. Vr.w.a.~ :tant e..UJl.O pé.e..n-6 QU' -i.nd-i.-
giLneh, vé.Jl..i:ta..bfeh pMMaeh, me..:t:ta.nt fe.. pay~ e..n c.oupe.. Jl.é.gfé.e.. ( ••• ) Iû
pJta.t.i.Que..nt deh c.OUJl.~ ~UJl. feh d.i66é.Jl.e..nU mMc.h~ QM ne.. pJte..nne..nt pM e..n
c.on-6.idé.Jl.a.t.i.on feh c.OUJl.~ gé.né.Jl.cwx [ ••• ) Leh pJl..ix ~ont fe.. 6a.-U d' e..nte..nte..~,
d' .iY!Wn.ida.t.i.on-6 ou de pJl.a.t.i.QUeh 6Jl.cwdufe..Meh. De.. .ea f' .inc.ohé.Jl.e..nc.e.. des
pJl..ix pa.y~ cwx .ind.igèneh "- C6. ANCI 1 Q2-IV-15- 120 (3143) Ra.ppDJl.t
é.c.onom.iQue.. du Ce..Jl.c.fe.. de: D-imbofvtO, pOUJl. fe.. pJl.e..m.ie..Jl.
Vr.-imehVr.e.. 1934.
A pJl.OpM deh mê.mesc.omme..Jl.ç.a.~, ~UJl.tout "e..UJl.Opé.e..n-6 cwxQuw il ne.. 6aut
PM dema.nde..Jl. de c.on-6.idéJz.e..Jl. f' .inté.Jl.ê.t gé.né.Jl.af" f' Admi..~Vr.a.:te..uJl. de.
D-imboMo, é.c.Jl..iva.-U da.n-6 ~on Jl.a.ppDJl.t é.c.onom.iQue.., pOUJl. fe.. 4e.. Vr.-imehVr.e..
1934 :
"Au-de..lit. du c.afc.uf d'un pJl..ix de.. Jl.e..v.ie..nt fe.. pfM ba» pM~.ibfe.. et: d'un
PJl..ix de verds:
a.M~.i é.fe.. vé. Qu'il pe..ut f' 0 bte..n.iJl., il [fe.. c.omme..Jl.ç.a.nt e..UJl.O-
pé.e..n
J pe..Jl.d p.ie..d e..t ne.. c.ompJl.e..nd pfM Jl..ie..n. Ceh c.omme..Jl.ç.a.n:t..6 e..UJl.Opé.e..n-6
donc. opèJl.e..nt avec deh mé.:thodeh de. gJl.oupe..me..nt e..t e..nte..nteh QM pe..Jl.de..nt
de.. fe..UA e..66.ic.a.c.aé. Qua.nd
.iû ont e..n 6a.c.e.. d' eux deh e..UJl.Opé.e..n-6 é.duQu~
e..t ~ouve..nt gJl.OUp~ a.u,.,M.i, m~ QM Jl.ehte..nt ma..e.6~a.n:t..6 Qua.nd ili ont
a.6 na..iJl.e.. QU'à. deh .ind.igèneh 1~.ic.) •
S-i. feh Vr.~ .ind.igèneh ne.. ve..na..ie..nt te..mpVte..Jl. ce.s e..nte..nteh, fe.. pa.y~
ne.. Vr.a.va.il.e.e..Jl.a..i:t pfM QUe.. pOUA fe.. pJl.o6.(t d'un gJl.oupe.. d' .ind.iv.idM" •
Cn. ANCI 1 Q2-IV-15-120 l3143), Ra.ppoJl.t é.c.onom.ique.. du Ce..Jl.cte.. de.. V-imboIVlO,
poUA f e qua.:tJr..ième.. Vr.-imehVr.e.. 1934 •

60&.
CHAPITRE XIII
LES PROGRES DE LA PRODUCTION
Dans quelle mesure l'insertion de
la production
agricole du Moronou dans l'économie de
marché s'est-elle
traduite par des progrès, tel est le problème que nous
abordons présentement.
Nous disposons pour cette étude de
sources fort
diverses, essentiellement des rapports économiques trimes-
triels et annuels du poste de Bongouanou ou de
l'ensemble
du Cercle, classés aux Archives Nationales de la Côte
d'Ivoire,
dans les séries Q et R (1).
Mais ces différentes
sources sont-elles dignes de
confiance ? Elles témoignent
en effet parfois de
tant d'indigence,
voire d'imprécisions
et de
contradictions internes. Malgré les erreurs évidentes
qu'elles comportent, il était impensable de
négliger cette
source archivistique irremplaçable. En s'entourant de cer-
taines précautions et à condition de
ne
pas accorder à nos
documents une valeur exemplaire,
il était possible de
s'appuyer sur eux.
Lorsque les données statistiques semblent erronees,
nous n'avons pas manqué de
le signaler.
Par ailleurs, quand
nous disposions de témoignages parallèles d'origines diffé-
rentes,
nous les avons toujours confrontés les uns avec les
autres.
Enfin,
nous nous sommes surtout attaché à l'étude
de
la tendance générale,
aux mouvements fondamentaux.
Si
la précision n'a pas été toujours présente, du moins les
risques d'erreur ont-ils été,
nous le pensons,
éliminés.
III Centai~ k~ppokt4 tnaita~ d~ que~~o~ ~gk~Qoi~ et éQo~om~qu~
e~ gé~ék~ sons: QiM~~ pM ekkeM, ~e.mbie-t-il, d~~ i~ ~éJt~e E.

6"09.
L'une des caractéristiques majeures de cette agri-
culture,
c'est son adaptation aux besoins métropolitains
certes
mais aussi aux conditions du marché international.
En effet, suivant la demande "extérieure", certaines cul tures
ont été "poussées" ou au contraire abandonnées et remplacées
par d'autres produits dont l'écoulement était assuré. Ce
critère d'adaptation témoigne ainsi d'une agriculture spécu-
lative,
commercialisée, largement ouverte sur l'extérieur.
1
DE L'INDIFFERENCE A L'ENGOUEMENT POUR L'EXPLOITATION DES
PRODUITS"DITS DE CUEILLETTE"
Pour évaluer les progrès de
l'agriculture,
notables
durant la décennie 1928-1938, il importe de
prendre en compte
l'effort déployé,
depuis les premières années de
la pénétra-
pour
tion coloniale,/
exploiter les produits de cueillette,
jusqu'à la maîtrise des cultures industrielles de cacao, en
passant par l'extension des cultures vivrières qui ont eu
pour effet immédiat de juguler les disettes chroniques.

610.
A - LES PRODUITS DE CUEILLETTE : UNE EXPLOITATION
---------------------------------------------
DIVERSIFIEE, MAIS DE FAIBLE TONNAGE - 1908-1928.
------------------------------------------------
Est-il possible de
prendre la mesure des richesses
naturelles du Moronou à l'époque de la pénétration française?
Quel parti en tirait l'habitant à cette époque?
Le Moronou était doté d'immenses richesses naturelles
Celles-ci abondaient partout et étaient pour ainsi dire
inexploitées.
"Van.o .te..o -<.mme.n.oe..o paJtt-<'e..o de. .ta 6oJtê.t du d-<..otJt-<'c.t,
"e.x-<'.ote.nt de. nombJte.ux pe.up.te.me.nt.o de. 6untum-<'a.o l ... 1
"Le..o c.o.tat-<'e.Jt.o s ont: au.o.o-<. nombJte.ux dan.o .ta 6oJtê.t" l1 1.
Quant au palmier à huile,
"-<..t e.x-<'.ote. dan.o tout .te.
Ce.Jtc..te.. TJt~.o c..ta-<'Jt.oe.mé
dan.o .te..o paJtt-<'e..o e.n .oavane., -<..t
atte.-<'nt .te. .tong de. .ta Comoé,du Bandama e.t du N'z-<', a-<'n.o-<. que.
dan.o .ta Jtég-<'on de. Sahoua, à 25 ~m NoJtd-E.ot d'Anoumaba, une.
de.n.o-<.té c.apab.te. d'e.n Jte.ndke. .t'e.xpto-<'tat-<'on -<'ntéJte..o.oante."{21.
Peut-on se faire une idée du volume des produits
exploités à l'époque des peuplements naturels? Il parait
difficile d'évaluer même approximativement les quantités de
cola,
de caoutchouc ou de palmistes,
fournies par le Moronou,
avant les premi~res estimations chiffrées des années 1920.
Les appréciations qualitatives,
par contre ne manquent pas
sur les productions extrêmement variées auxquelles se
livrent déjà les habitants du Moronou,
en ce début de la
colonisation.
{JI ANCI 1 RR 9, nO 280 - RappoJtt éc.onom-<'que. d'e.n.oe.mb.te. du po.ote. de.
Bongouanou, Bongouanou .te. 31 déc.~nbJte. 1912.
l21 ANCI 7 RR 94, nO 3085 A - AdminÜVta.te.uJt dLL N' z-<--Comoé au L-<'e.ute.na.nt-
Gouve.Jtne.uJt à. B-<.nge.Jtv-<'ile., a/.o Jte.Me.-<'gne.me.nt.o .ouJt .f.e..o pJtodu-<.t.o na.tuJte..t<
V-<'mbo~o, .te. 30 nove.mbJte. 1916.

611.
l
LE COLA
A propos de ce produit,
Bervas,
l'Inspecteur du
Service de l'Agriculture,
livre en février 1911
:
"On pe.ut c.on~-idéJte.Jt une. ve.nte. loc.a.le. de. 2 ou 3
"tonne.~ pe.nda.nt le. mo-i~ de. déc.e.mbJte. e.t ja.nv-ie.Jt de.Jtn-ie.Jt~
"c.omme. un m-in-imum"l7 J.
Une autre information isolée nous apprend en
.1
février
1912~ que la quantité de noix de colas produite par
le Moronou,
au cours de la derni~re saison (1911)
(2) ?
"ne. do-it pa.~ ê.t»:« -in6éJt-ie.uJte. à. 5 ou 6 tonne.~"13J.
Fort de
cette information,
on peut concevoir une production supérieu-
re aux six tonnes pour l'année 1912. En effet,
le Rapport
économique d'ensemble du
poste de Bongouanou rév~le en dé-
cembre 1912
:
"Ce.tte. a.nnée. (7972), le. c.omme.Jtc.e. de.~ c.ola.~ a. pJt-i~
"une. Jtée.lle. -impoJtta.nc.e. e.t le.~ -ind-igè.ne.1.> e.n ont t-iJté de.
"be.a.ux béné6-ic.e.I.>. Le.~ t/t-ibul.> Qu-i I.>ont le.I.> p,tu~ 6a.voJt-il.>ée.1.>
"l ... J ~ont le.~ Sa.houa., ie.~ Ama.nt-ia.n e.t le.I.> Sa.h~é. Cha.Que.
"a.nnée. a.ve.c. le.uJtI.> c.ola.l.>, -il~ ~e. 60nt de. 6oJtte.1.> l.>omme.l.>"l4J.
Sargenton,
le Chef de poste de Bongouanou, ayant
remarqué de son côté que les habitants,
apr~s avoir pris
goût à la récolte de la cola,
fouillent
la forêt pour en
11 J ANCI 7 RR 39, Ra.ppMt de. toUltnée. da.M le. N'z~-Comoé de. l'Il'v~pe.c.te.uJt
de. l'AgJt~c.ultuJte. Be.Jtva.!.>. B-inge.Jtv~e., ie. 27 6évJt~e.Jt 1917.
12J En I.>e. 6onda.nt ~UIt lu ;.n6Mma.t-toM a.Jtc.~v~uQuu et. ~-i I.>UIt
l'e.xpé.Jt-ie.nc.e. a.c.tue.Ue, .' e.nc.Me. e.n c.ouJt~ da.M le. A~oJtonou, l'on ~~e.
la. pé.Jt-iode. de. Jtéc.oUe. du no-ix de. c.ola., à. la. 6~n du Qua.tJt~è.me. t/t-imu-
tJte.
de. l'a.nnée.. L'a.nnée. de. pltoduc.uon e.nv~a.gée. da.M c.e.tte. étude.
c.oJtJtupond donc. à. l'a.nnée. Jtéc.oUe..
(3) C6. ANCI 1 RR 97, Ra.ppoJtt de. touJtnée. da.M ,te. d~tJt-ic.t d' Adzopé (Ce.Jt-,
c.le. du La.gunu) et: da.M le. Ce.Jtc.le. du N'Û-COIllOé, au L~e.ute.na.vLt­
Gouve.Jtne.uJt à 73~nge.Jtv~e.. B-inge.Jtv~e., le. 22 6évJt~e.Jt 1912.
(4) ANC l 1 RR 9, nO 201, Ra.ppoJtt éc.onom-iQue. d' e.vl/~e.llIble. du pMte. de.
Bongoua.nou. Bongoua.l1ou le. 31 déc.e.mbJte. 1912.

612.
découvrir de nouveaux peuplements,
note en 1912
"Le~ indig~ne~ du di~tkict tikent un cektain pko6it
"de~ cola~ et la pkoduction augmente chaque annte. Tou~
"ce~ cola~ ~ont achett~ pak le~ dioula~ [ ..• ) et ~ont
"Uan~poktt~ ~uktout ~uk Vimbokko, POUk ê.ue cOlpoktt~ vek~
"le~ Cekcle~ du Haut. Quelque~ chakge~ ~ont pOktte~ ~Uk
"Abidjan"
(1).
Pour les annees 1913 et 1914,
nous recueillons in-
cidemment les quantités de colas produites pour le
mois de
septembre
la production qui était de 735 kg en septembre
1913, chute a 27 kg pour le mois correspondant de
1914.
Le motif? La guerre de 1914 a des répercussions néfastes
sur le commerce.
"Le.~ uan~action~ ont ttt nulle.~ ou à peu
pk~~"(2). Aussi la production de cola n'a pu ~tre achetée par
le commerce.
Une autre estimation partielle,
la production du
troisième trimestre de 1915,
2,5 tonnes,
nous est livrée par
le chef de poste de Bongouanou, Siméoni
(3).
Pour 1916,
nous
disposons encore d'une estimation partielle} chiffrée,
valable
cette fois-ci pour les quatres premiers mois de
l'année.
Elle est connue
grâce à la Note sur la situation agricole
du poste de Bongouanou,
datée du 27 avril
"La ktcolte de. noi..x de. cola ~e 6ait toujouk~ da..n~
"le.~ mê.me~ c.o nd-ct.Lo ns , Six tonne.~ e.t: demi ont ttt expoktte~
"du di~tkict, depu--L~ le. moi~ de janviek"(4J.
(1) ANCI 1 RR 9, nO 161, Rappokt tconomique d'e.~e.mble du po~te. de
Bongouanou pOUk le lko~i~me lk~n~lke. 1912. Bongouanou, le 30
~e.ptembke 1912.
l2 J ANCI 1 RR 9, nO 111, Rappokt tconomique. agkicole du po~te de BongoLLa-
nou, pOM le lko~i~e lkimulke de 1914. BongouanoLL, le 30 ~eptemblLe
1914.
\\3J ANCI, 1 QQ 98, nO 800, RappMt tconomique du po~te de. BongouanoLL
pOUk le. lko~i~me. lkim~lke. 1915.
(4) ANCI 1 RR 9, Note ~uccinte ~M la. ~itLULtion aglLicole. du po~te. de.
Bongouanou. Bongouanou, le 27 aVlLil 1916.

61 J.
La récolte,
tirée des peuplements naturels de cola-
tiers en 1917, est
~stimée pour l'ensemble du Cercle du
N'zi-Comoé à 202,500 tonnes
(1).
La contribution du poste
de Bongouanou est de
75,500 tonnes,
soit 37,3% de la produ~­
tion totale.
En additionnant le pourcentage de
production
qui revient au
poste de Bongouanou et celui de Dimbokro,
renfermant le Sawua et l'Amantian,
les deux régions du Moronou
qui accusent la presque totalité de la production de
la
subdivision de Dimbokro,
nous obtenons environ 110,500 tonnes
de
production totale pour l'ensemble du Moronou.
Ce qui
correspond à 54,5% de la production du Cercle.
Six annees plus tard,
en
1923,
la production du
Cercle semble avoir fait un bond prodigieux,
à en juger par
la récolte obtenue au
cours d'un seul trimestre,
le quatrième,
chiffrée à 94 tonnes, soit 18,5 tonnes de' plus que la produc-
tion totale de l'année 1917
(2).
Les lignes du rapport du
quatrième
trimestre 1923 qui annoncent ce taux de
production,
sont plutôt flatteuses
:
"Apltè.-6 le.-6 Ce.ltc.le.-6 du Haut-Sa-6-6an.dlta e.t de. Man., le.
"N'z-t-Comoé. e.-6t c.e.ltta-tn.e.me.n.t le. plu-6 gltO-6 c.e.n.tlte. de. pltoduc.-
" t.i.o n de. l2.ola-6 de. la Côte. ai tvo i».« ave.c., palt os â».« d'-tmpolt-
"tan.c.e., le.-6 tlto-t-6 lté.g-ton.-6 de. Sahoua, de. Bon.gouan.ou e.t de.-6
"Aman.t-tan.. V' un.e. an.n.é. e. -6ult l' au t:«e. e.t. POUlt le. tlt-tme.-6tlt e.
"c.Oltlte.-6pon.dan.t, la pltoduc.t-ton. a 6a-tt un. bon.d de. 94 ton.n.e.-6"l3
l1 J La pltoduc.üon. du Ce.JtC-le. -6e. lté.pa.Jtût c.omme. -6u-tt
- Bon.goua.n.ou
75,500 t.
Boc.an.da
2,000 t.
Oue.llé.
60,000 t.
V-imb aIvtO
35,000 t.
YaJ1IOM -60uf2.ltO
25,000 t.
Toumod-t
5.000 t.
TOTAL
202,500 t:
C6. ANCl, 1 RR 9, n. 0 691, Rappoltt aglt-tc.ole. de. 1917. V-i..mbof2.lto, le. 1e.Jt
jan.vùA 1918.
l2 ) ANCI 1 RR 39, Rappoltt -6Ult la. -6-ttuat-ton. aglt-tc.ole. et zootec.hn.-tque. du
N'z-t-Comoé., pOUlt le. 4e tJt.tme.-6tJte. 1923.
(3 ) ANCI 1 RR 39, op. c.-tt.

614.
En 1924, une autre appréciation,
de nature qualita-
tive,
est saisie à travers les
lignes du rapport,
adressé
par l'Administrateur du N'zi-Comoé à l'Inspecteur Mérat
:
~La p~oduetion aeeu~e aux eou~~ de~ ~ix de~nil~e~
~anné.e~ une eou~be a~eendante~l1 J.
Il est à. noter que depuis 1917
c'est-à-dire, six
annees après les premiers essais de culture colatière,
les
premières
sterculiacées
sont entrées dans la phase.de rendement
et que les chiffres de production des années 1923 et 1924,
dans la mesure où ils sont exacts,
englobent à la fois la
production des peuplements naturels et celle des cultures
arbustives.
2
LE CAOUTCHOUC
Le funtumia elastica qui peuplait à profusion le
Moronou
(2), était déjà,
bien avant la colonisation, âprement
exploité, autant par les autochtones que par les poyofwe
(récol teurs de caoutchouc) étrangers, ashanti ou fanti,
de
il) ANCI 1 QQ 104, nO 2 197, Admi~tAate~ du N'zi-Comoé. à Mo~ie~
f'I~peete~ L. M~at à Bing~viffe. VimbokAo, fe 25/12/1924,
La ~~ie de ehinn~u de ~oduetion du anné.e~ ant~ie~~, an6~ente~
à f'e~embfe du N'zi-Comoé., d'o~~e ~eendant, eo~~obo~e ee point
de vue: 226 tonne~ {1919J, 273 c. 11920J, 314 t: 11921J, 429 t:
(1922),516 t: (1923J, 343 c. (1924). C6 Ibidem, op. cet:
l2J "Le d~tAiet de Bongouanou e~t ~~ez ~iehe en 6untumia e~tiea. On
~tAouve eet Mb~e en peupfemen~ naturels da~ fa nMêt et a(lJ.)~i ~~
~f'emp.e.aeement âes aneiennu eu..Uwt~". Cn. ANCI, 1 RR 39, RappMt
deto~né.e de f'I~peeteM d'Ag~ieuf~e, GERVAS , a/~ ~~ene~ à
eaoutehoue, Bing~viffe, fe 27 6é.v~i~ 1911.

615.
la colonie voisine de la Gold-Coast
(1),
si
l'on en juge par
ce qui restait comme essences à caoutchouc dans la forêt et
par "les traces d'incisions",
relevées sur celles-ci
(2).
Malgré les signes extérieurs d'une production à
outrance de cette matière,
la quantité de caoutchouc récoltée,
à lire les rapports de la première époque, était "très minime",
Selon le Capi tai ne Schi ffer,
l' adjoi nt au; Commandant du Cercle.
elle aurait même tendance à décroitre,
fld'autan.t pfu-6 QUe. le.
d~6~~~he.me.n.t de. la 6o~êt pou~ le.-6 plan.tat~on.-6 l'a 6a~t d~-6­
pa~aZt~e. pe.t~t li pe.t~t" l3) •
Le produit coagulé est. préparé sous forme de cakes
(g~teaux). "Ce.ux-~~, pe.~~~-6 e.t t~ave.~-6~-6 d'un.e. l~an.e., 6o~me.n.t
de:s ~hape.le.t-6"
(4), débités soit à Dimbokro, soit a Ti a s sa l
de
è
préférence(5). Mais dans quelle proportion? Quel est le volume d'expor-
tation de ~~ produit? Les détails abondent sur les lieux de destination
du ~aoutchouc en provenahce du Moronou, que 'l'on retrouve essentiellement
sur les marchés européens de Bordeaux et de Liverpool(6). Mais pas un mot
pour éclairer le lecteur sur le volume de la production du
caoutchouc,
hormis
les remarques d'ordre qualitatif qui sont
loin d'être satisfaisantes en la matière.
1
II ) "Ve..o ~n.d~v~dM -6aM -6~upule., e.n. gé-n.MM ~uan.gM-6 li fu Côte. d' ivooie ,
-6a.).gn.e.nt li bfun.~ le..o Mb~e.-6 li ~aout~hou~, li de.s pM~ode.-6 ~ù jMte.me.n.t
fu -6~ve. mon.te.. A~M~ même. -6~ l'Mb~e. n.'e.-6t po~n.t tu~, ~l pMd n.~an.mo~~
un.e. pMtie. de. -6a v~~t~". C6. C~~u~e. du GOUVMn.e.M G~n.MM Clozd
e.n. date. du 31 jan.v~M 1912, a/-6 ~n.tMd~~tion. de. fu -6a.).gn.~e. de..o Mb~e.-6
li ~aout~hou~, ~n. J.O.C.I. 1912, p. 120.
(2) ANCI 1 RR 39, Exua.).t dü ~appo~t ag~~~ole. du Cap~ta-i.n.e. S~h~66~, ad-
jo~n.t au Comman.dant de. CM~le. du N'z~-Como~, -6M un.e. tOMn.~e. e.x~~ut~e.
du 17 au 26 ma.). 1909. Bon.gouan.ou, le. 7 ju~n. 1909.
Ve.ux an.n.~e.-6 piM tMd, e.n. 1911, BMVa-O, li fu -6U~te. d'un.e. auue. tOMn.~e.,
a~~ompüe. daM le. MMOn.OU, ~e.le.va.).t ;"Tous les sujets rencontrés sont
saignés à outrance; beaucoup d'entre eux ont péri, d'autres sont dépé-
rissants et très peu enfin conservent leur vigueur".C6. ANCI 1 RR 39,
Rappo~t de. tOMn.~e. daM N'zi-Como~, de. l'IMpe.~te.M BMVa-O. B~n.g~­
v~e., le. 27 6~v~i~ 1911.
(3) ANCI, 1 RR 39, Exu~t du Rappo~t du Capita-i.n.e. S~h~66~, op. ~it.
(4li ANCI 1 RR 39, Rappo~t de. tOMn.é.e. de. i'IMpe.~te.M B~Va-6. Bon.gouan.ou,
le. 27 6~v~i~ 1911.
(S) Ib~de.m, op. ~it.
l6) Ibide.m, op. ~it.

616.
En fait,
il semble que les saignêes outranci~res
de la pêriode antêrieure,
qui ont êtê largement poursuivies,
longtemps encore apr~s l'installation coloniale, aient portê
un coup sêv~re à la production.
La crise mondiale de surproduction traversêe par
cette mati~re dont les effets se firent sentir, d~s 1913,
de façon aigüe dans le Moronou,
ne
fut
pas non plus êtrang~re
au
dêclin de la production locale.
Durement êprouvês par la
mêvente,
les poyofwe du Moronou s'adonnent plutôt avec molles-
se à la rêcolte du caoutchouc dont le niveau de
production,
selon l'Administrateur du Cercle, avait encore peine à fran-
chir) en 1916 le cap des 5 tonnes) par an
( l ) .
J
En 1917,
la production,
stationnaire,
n'exc~de pas
les 5,650 tonnes au
niveau de la subdivision de Bongouanou,
tandis qu'elle accuse 24,2 tonnes pour l'ensemble du N'zi-
Comoê
(2).
L'on constate ensuite une ênorme lacune dans la
sêrie chronologique de la production annuelle,
due à l'indi-
gence de la documentation.
Ni 1918,
ni 1919 ne
sont affectêes
d'aucune production chiffrêe.
Lorsque s'ordonne à nouveau,
à partir de 1920, la sêrie annuelle de la production de
caoutchouc,
la contribution du Moronou se dilue dans le chif-
fre global du Cercle,
sans possibilitê de distinguer la part
rêelle qui
revient à notre rêgion
(3).
il) "De. PU--W ce.s dVt vU.èJl.e.s a.Jtn.ée.s , l e.s e. 60Oltu
c 0 YL.6-i.d éAable..6 de. l' Adm-i.n.u -
tAation. pOUJl. la Jte.C.OYL.6titution. de. c.e..-6 pe.uple.me.n.u 1de. c.aoutc.houc.) ont:
ame.n.é de..-6 Jté.6u.e.tat.6 pVtme.ttan.t d'e..-6péAVt QUe. d'-i.c.-i. Que.lQue..6 an.n.é.e..6,
.te. c.aoutc.houc. oOUJl.rUAa au c.ommVtc.e. loc.al du CVtc.le. un. appo-i.nt appJté.-
c.-i.able..
"La pJtoduc.tion. e.n. p.iaQue.tie..-6 tAaYL.6luc.-i.de..-6 n.e. dépaMe. pM e.n ce. mome.nt
4 à
5 ton.n.e..6 pM an.". C6. ANCI 1 RR 94, n. 0 3085'A Adm-i.n-LotAate.U!l da
N'û-Comoe. au Ue.u.te.YLan.t-Gouve.Jtn.e.UJl. à B-i.n.gVtville.. V-i.mbofuto, le. 30
n.ove.rnbJte.
1916.
(2) La pJtoduc.tion. de. c.aoutc.houc pOUJl. le. N' û-Comoé .6e. JtéPMtit Mrv.~-i. e.n.
1917 : - Boc.an.da 1 ton.n.e., Bon.gouan.ou : 5,650 t., Oue..e..e.é 10,230 t
Vhnbofuto : 2,300 t., YamoU.6.6oufuto : 4,000 t., Toumod-i. : 1,000 t.
Co. ANCI 1 RR 39, n. 0 691 - RappOltt agJt-i.c.ole. da N'z-i.-Comoe., pOLlA
l'armée. 1917 .
(3) PJtoduc.t-i.ol1.6 agJt-i.c.ofe..-6 pOUJl. le. CVtc.le. du N'z-i.-Comoé : 7 t. (1920);
7 t.. (7921); 3,500 t.,lI922l, 604 Izg (1923); CO, ANCI 1 Q.Q. 98, pM-U,-
c.uüèAe.me.n.t fe..6 JtappOltu tA-i.me..6tA-i.e.R..6 pOUJl. c.hac.an.e. des an.n.é.e./~ C.OI1Ce.Jt-
n.é.e..6.

617.
3
LE PALMISTE
L'évolution de la production palmiste à l'époque
~
de
l'exploitation exclusive des peuplements naturels,
n'est
pas moins caractéristique.
Jusqu'en 1912,
l'unique profit
tiré du palmier à huile,
répandu ici et là
(1) dans le Moronou
est le vin de palme dont l'extraction fût extrêmement préju-
diciable aux peupl~ments naturels (2).
Vne question préalable se pose.
Ces divers peuple-
ments de palmiers offrent-ils un intérêt pour le commerce
et l'effort investi dans la production en vaut-il la peine?
A cette question,
l'Inspecteur Servas répond par
la négative,
en 1911
:
"Ce. pe.uple.me.nt n'a pa-6 une. gltande. vale.ult pOUlt le.
"c.omme.ltc.e., paltc.e. que. Sahoua e.-6t élo-tgné du Che.m-tn de. oe.lt
"(25 R-tlomè.tlte.-6 au mo-tn-6)"\\3).
Une autre raison qui dut implicitement influencer
l'opinion de Servas,
c'est la proportion fort importante
des palmiers mâles,
stériles,
par rapport aux pieds femelles,
seuls productifs,
relevée sur la majorité des peuplements
de palmiers du Moronou
(4).
(1) PMûc.ulièAe.me.nt le. long de. .ta vo-te. 6e.Jr.ltée., e.ntlte. T-téméléfvLO et:
KOUM-6-tfvc.o, e.n pM-6aYl.t pM N-ta.méfvc.o et: Ménou; la zone c.omplt-<.-6e. e.ntlte.
Sé.Jr.éb-<.-6-6oU e.t N'dJr.o-6-6oU e.t -6Ulttout le. tlt-tangle. Ad-tbltobo-V-te..tabo e.t

Gohynou ave.c. V-tangobo au,Ce.Yl.tJr.e.. Co. ANCI 1 EE 148 (3), Le.ttJr.e. de.
L'Adm-t~tltate.Ult-Adjo-tnt de. Coutouly à l'Adm-tn-<.-6tltate.Ult de. Ce.Jr.c.le.
à V-tmbofvc.o, a/ -6 toUltnée. eh«: le..-6 Agn-t-Ahali - V-<.mb ofvc. 0 , le. 10 mM-6
1915.
'
.(2) SUlt la 6ablt-tc.aûon du v-tn de. p~ne., une. e.nquête. me.née. e.n 1915 é.tab.e.-<.t
que. c.haque. année. 945.000 pa.f.m-te.Jr.-6 à hu-tle. -6ont abattu-6 daYl.-6 toute. .ta
Côte. d'Ivo-<.Jr.e., dont 10.000 \\ 1,05%J daYl.-6 le. N'z-t-Comoé.
Co. ANC l 1 RR 104. RappMt e.n -6éaYl.c.e. du Co Yl.-6e.u d' Adm-tn-<.-6tltaûon, .te.
8 ma-<.
1915, a/-6 -tnte.Jr.d-tc.ûon de. .ta ve.nte. du v-tn de. p~ne..
(3) ANCI 1 RR 39. RappMt de. toUltné.e. daYl.-6 le. N'û-Comoé. de. l' t Yl.-6pe.c.te.Ult
de. l'aglt-tc.uUuJr.e. Be.Jr.VM, Ct/-6 p~n-te.Jr. à hu-tle.. B-tnge.Jr.ville., .te.
27/2/1911.
(4) Ib-tde.m, ai» c.onc.lU-6-toYl.-6 -6Ultle..-6 lte..-6-60tLJr.c.e.-6 d-tve.Jr.-6e..-6.I3-tnge.Jr.v-tl.te., .te.
27/2/1911.

618.
Autant de motifs qui vont lourdement peser sur le
rendement de la production fort peu encouragée par l'adminis-
trateur,
à cette époque. En 1911"
on note en tout et pour
tout un apport extrê~ement bas de 300 kg de palmistes,
livré à Dimbokro par l'ensemble du Cercle.
Devant
".te. pJt..tx' aval1tage.ux,"
(1 J,offert pour ce produit par le com-
merce,
l'administrateur livre sa déception:
"I.t e.J.>t Jte.gJte.ttab.te. qu'ul1 pJtodu..tt J.>..t 6ac...t.te. à. J.>e.
"PJtOc.uJte.Jt, e.t: J.>..t abol1dal1t, so i : a..tI1J.>..t pe.Jtdu, tal1t pouJt
".t'..tl1d..tg~l1e.
qu..t l1'e.11 c.ol1l1aZt paJ.> .ta va.te.uJt, que. pouJt .te.
"c.omme.Jtc.e. de. V..tmbokJto e.t .te. c.he.m..t11 de. 6e.Jt qu..t auJta..tt .tà.
"UI1e. l1ouve..t.te. J.>ouJtc.e. de. tJtal1J.>poJtt"(2).
Un élément fort important qui va
jouer en faveur
de
la production du palmiste,
sera la lettre reçue de Liver-
pool,
le siège social, de l'une des maisons de commerce bri-
tannique,
représentées à Dimbokro. Cette lettre soulignait
à l'intention de l'administration locale, la qualité excel-
lente des "pa.tm..tJ.>te.J.> de. V..tmbokJto c.ol1J.>..tdé.Jté.J.> c.omme. .te.J.> m..te.ux'
Jte.pJté.J.>e.I1.té'J.> d e. t.ou s .te.J.> .totJ.> pJtove.l1al1t de. .t'A.0.F."13J. Par
la suite,
l'institution du marché de
palmistes de Dimbokro,
en avril 1914
contribuera de
façon notable à accroitre
1
la production.
l1J
ANCI, 1 RR 39, RappoJtt é.c.ol1om..tque. e.t agJt..tc.o.te. du pOJ.>te.
de. VIMBOKRO,
pouJt .te. pJte.m..te.Jt tJt..tme.J.>tAe. 1912. V..tmbokJto,
.t e. 3 1 maJt J.> 19 12 •
12 ) l b..t d e. m, ,0p , ' c...t t •
[3) ANCI
RR 39,
Le.ttJte. 11°
305 de. .t'adm..tI1..t).)tJtate.uJt du N'z..t-
Comoé. au L..te.ute.l1al1t-Gouve.JtI1e.uJt à. B..tl1ge.Jtv..t.t.te.. aiJ.> qua.t..tté.
de.J.> pa.tm..tJ.>te.J.> du Ce.Jtc..te.. V..tmbokJto, .te. 23 ju..t.t.te.t 1915.
Ce.tte. .te.ttJte. tJtal1J.>me.t .t'appJté.c...tat..tol1 J.>uJt .ta qua.t..tté. de.J.>
pa.t'!1..tJ.>te.J.> de. .ta Ma..t).)ol1 de. Comme.Jtc.e. de. L..tve.Jtpoo.t (sic) au
Gouv e.Jt l1e.uJt.

·619.
Mais déjà,
en 1913,
la gare ferroviaire de Dimbokro
expédie sur Abidjan 41
kg de palmiste
(1).
En 1915, au
marché de Dimbokro,
les seuls habitants du
poste de
Bongoua-
nou transportent,
au cours du
troisième trimestre exclusive-
ment,
20,5 tonnes de palmistes
(2).
En 1916, ce sont 550
tonnes de palmistes que l'ensemble du
N'zi-Comoé expédie par
chemin de fer sur Abidjan
(3).
En 1917,
le Cercle exporte
651
tonnes,
soit environ 100 kg de plus
(18,4 %) que
l'année précédente
(4).
1919 représente le sommet de la
production de palmistes,
fondée sur l'exploitation des peu-
plements naturels.
En effet,
dès 1920,
c'est le déclin de
la production.
Celui-ci se fait
sentir durablement au cours
des cinq a·nn~es à venir,
avec une
phase de d~pression accus~e
en 1921,
l'impact probable de la crise que traverse momenta-
nément l'économie mondiale
(5).
La lacune de la documentation est flagrante par la
suite pour les trois années successives 1925,
1926 et 1927.
En 1928,
les statistiques de la production réapparaissent.
Mais entre enligne de compte désormais la production des
premiers sujets,
plantés ou
tout au moins aménagés,
recevant
soins et entretiens,
à partir de 1915.
(6).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - _ . - - - - - -
(1 J C6. ANCI 1 RR 94no3085 A Adm~n~~~~Uk du N'z~-Como~ au L~~ut~nant­
GOUVVtn~Uk à B~ngVtvill~. V~bokJto .t~ 30 Nove.mbJt~ 1916.
(2 J ANCI 1 Q.Q. 98, nO 800 RappOJtt ~c.onom~qu~ du pOJ.lt~ de: Bongouanou, pOUk
.t~ tJto~~è.m~ tJt~~~~ 191 5 •
(3) C6. ANCI 1 RR 94, nO 3085 A, op. c.~t.
(4J C6. ANCI 1 RR 39, nO 691, RappoJtt agJt~c.o.t~ pOUk .t'ann~~ 1917, a/~
o.t~ag~n~ux. V~bokJto, .t~ IVt janv~Vt 1918.
(5J Vo~c.~ .ta ~~~~ annu~~ d~ .ta pJtoduc.tion pa1.m~t~ : 1200 tonn~(1923Jj
675 t.. (1920Jj 256,6 t.. (1921)j 458 t.. (1922Jj 648,8 t . (1923Jj
350 t: (1924 J. C6. ANCI 1 Q.Q. 104, nO 2197, Adm~~~~~Uk V-ilnbokJto
à .t' I nJ.)p~c.t~Uk d~ CO.tOM~, L. m~~ à B~ngVtvillL V-ilnbokJto, .t~
25 d~c.0mbJt~ 1924.
(6J I.t 6~t c.omptVt 10 à 12 anné.~ au pa1.m~Vt 6~m~U~ de .t'~poqu~ pOUk
qu'il donn~ ~~ pJt~m~Vt~ Jté.g-il)J~. C6. ANC I 1 RR 39, RappOJtt de:
tOUkn~~ d~ .t'InJ.)p~c.t~Uk BVtv~, op. c.~t. B~ngVtvill~, .t~ 27/2/1911

620.
B
LES CULTURES ARBUSTIVES SECONDAIRES 1928-1939
---------------------------------------------
Une documentation plus riche aurait sans doute
permis une saisie plus complète de l'évolution de l'exploi-
tation des ressources naturelles.
Peut-on en espérer mieux
avec les premières cultures arbustives?
On entend ici par "pJte.m-i.è.Jte.~ c.u.e.-tuJte.~ aJtbu~t-i.ve.~"
le colatier,
l'arbre à caoutchouc (le funtumia elastica) et
le palmier à huile
dont on se contentait,
avant 1912, de
soutirer le produit,
sans qu'ils aient été plantés, entretenus
bref,
fai t
l'objet du travail de
l' homme.
Désormais, ces ar-
bustes sont "cultivés" dans des terrains de
choix et sont
l'objet de soins continus de la part des planteurs du Moronou(l:
Premières dans l'ordre d'apparition dans la région,
ces
cultures le cèdent cependant en
importance devant le cacao
et le café,
qui deviennent déjà dès cette époque les princi-
pales cultures du pays.
De là viendrait le qualificatif de
"secondaires" qui leur est attribué.
Tributaire de l'indigence de
la documentation,
nous
ne
pouvons suivre} de
façon quelque peu continue, l'évolution
des cultures arbustives secondaires qu'à partir de 1928.
J
l
-
EVOLUTION DE LA SURFACE CULTIVEE
UN PROGRES INEGAL
Les cultures arbustives ont tenu une large place
dans l'agriculture qui voit le jour dans le Moronou colonial.
Pendant une vingtaine d'années environ,
de
1908 à 1928, elles
ont assuré la prospérité du Moronou,
procurant à la fois aux
II ) Né.al1moùl.~ .t' e.xpJte.~~-i.OI1 c.ol1~ac.Jté.e. "pJtodu-i.t~ de. c.ue.-i..t.te.tte."
~e.Jtv-i.Jta à dé.~-i.gl1e.Jt pe.l1dal1t toute. c.e.tte. pé.Jt-i.ode., .te.~
Jté.c.o.tte.~ de. c.e.~ aJtbu~te.~.

621.
planteurs du terroir un revenu substantiel et au
budget
local des sommes relativement coquettes
(1).
Les planteurs
du Moronou.
étaient d'autant plus incités à accroitre ces
cultures que la conjoncture dans les années vingt leur
était favorable
(2).
Par la suite, ces produits "de cueillette",pour uti-
liser le terme encore en vogue à l'époque,
connaitront des
destins différents.
Tandis que le cola et le palmiste main-
tiennent un rythme de progression satisfaisant,
le caoutchouc
périclite en 1913. Les plantations acquises continuent de
produire. Mais les superficies ne sont pas agrandies pour
autant.
Tout au plus se contente-t-on d'aménager et d'entre-
tenir les anciennes plantations du funtumia elastica.
Grâce au recensement général des cultures de 1933
et aux différents rapports économiques annuels et trimestriels
nous pouvons mesurer les grandes étapes parcourues par cha-
cune de ces cultures.
COLA
Comment a évolué la superficie réservée a cette
culture? Si l'on se fonde sur les données des différents
recensements agricoles,
opérés au cours de la période
étudiée,
on constate que de 1913 à 1933,
la culture du
cola accomplit un bond prodigieux dans le Moronou
(3).
(7) Co. ANCI 7 QQ 98, R~ppo~t ~uA ta ~~tu~on ~~onom~qu~ ~t ~omm~~~~
du N'z~-Como~, POuA f~ qu~~~m~ ~~n~~~ 7922.
(2) A p~OpM de.s MI~nd~ d~ pWn~ pM ~xempf~, f~ Comm~nd~nt du C~~f~
not~ ~n 7923 :"Le chemin parcouru est immense pour qui surtout a
"connu une époque encore récente où les indigènes jetaient leurs
"amandes dans la brousse plutôt que d~aller les vendre à Dimbokro.
"Il est vrai que le coOt particulièrement élevé (1 F le kg en moyenne
"( .•. ) était fait pour encourager les plus paresseux".CO. ANCI 7 RR
3~ - R~ppo~t ~uA ta ~~~on ~g~~~of~ ~t zoot~~hl~qu~ du N'z~-Como~,
POuA f~ 4~m~ ~~~~~ 7923.
( 3 J L' ~ÜJmtio n d~ 797 3 ~nd~qu~ 30.253 p.ta.nu i .te. ~~~e.Me.m~nt de ~uLtw1.~~
~ndM~~~U~~ de 7933, 758.854 ptanU pOuA f'e.M~mbf~ d~ ~~l'ltOM
oMm~nt f~ Mo~onou lAhu~, Ng~~nou, Agn~ de. V~nbolz.~o «: AhiliJ .
C6. ANCI, V-IV-78-73 (3739), R~~~M~me.nt de.s ~uLtwr.~ Ùl.dM~~dl.~~
7933.

==cr'!' '~!wr. . . -,==œtw:s;=:· M1U;;P"me:pj'-@"fI""iëii""'l'arn~·'?f!.'lilt
•• ~~"'lf
622.
1913
1933
1935
1938
-
30.253
MORONOU
153.854
113.155
-
plants
plants
plants
178.628
213.795
150.000
CERCLE
-
plants
plants
plants
L'augmentation de 123.601 plants (Cf.
tableau
ci-dessus), au cours des dix années(1913-1933),
représente
une progression annuelle de 6.180 plants (1),
soit un taux
de 20,4%. La superficie de colatiers totalise en 1933,
"l'année-top" de cette culture dans le MOronou,
153.854
plants,
soit 87% de la superficie totale des colatiers du
N'zi-Comoé.
La pression exercee par l'administration au début des
-cultures, et
un prix relativement rémunérateur offert à la
vente,
justifient l'expansion
du
cola.
Néanmoins,
elle
allait péricliter dans le Moronou, de 1933 à 1935, forte~
ment concurrencée par le cacao,
"la culture-reine" de
la
région.
L'absence de
statistiques, après 1935, est signifi-
cative.
L~ culture du colatier y disparait au profit du
cacao et du café.
La culture du colatier qui se maintient
cependant dans le Cercle,
demeure l'apanage de
la subdivision
de Ouellé, de la zone forestière de Bocanda et accessoire-
ment de la région ouest du Mor 0 n 0 u , relevant de: - :Dimbokro •
D'où la baisse de la superficie cultivée de colatiers de
29,8% entre 1935-1938.
il)
15,4 5 ha ,

62J.
PALMISTE
Bien que le N'zi-Comoé ne soit point une "terre
d'élection" du palmier à huile (1), celui-ci y était cependant
largement répandu.
Plutôt que de
mettre l'accent sur l'ex-
tension de cette culture,
l'on se préoccupe davantage d'amé-
nager les palmeraies naturelles et de les entretenir de
façon régulière
(2),
afin de permettre aux palmiers un dé-
veloppement rapide et une production accrue.
En même temps,
l'on abolit la récolte du vin de palme qui est un fléau pour
l'arbuste. Cette protection,accordée au
palmier,contribue
également à accroître le nombre des sujets encore jeunes.
Toute cette politique aboutit à creer de réelles
plantations de palmiers dont la superficie totale, pour l'en-
semble du Cercle est évaluée en 1934 à 2.600 hectares (3).
}
L'effort persévérant des habitants à dégager de la
végétation et à aménager les peuplements naturels,
sur
les conseils avisés des services agricoles compétents,
sera
récompensé quelque
deux années plus tard,
en 1936,
par l'ac-
quisition de 477,450 hectares supplémentaires
(4).
Même en
supposant que la superficie en palmeraies pour l'année soit
le double de ce chiffre,
c'est-à-dire 954,9 hectares,
nous
n'enregistrons pas moins un recul de 1645 hectares sur l'an-
née 1934. L'ampleur du mouvement est considérable:
le taux
(1 J Le. pahn-teA an ne.c.ÛOYlYle. paJtûc.uliè.Jz.e.me.n.t le. /.>ol /.>able.ux de. la BM/.>e.
cete, le. long de. la lagune. «t. du ü:t:to!l.a.f.
l 2) En 1916, le./.> pahneAaie./.> n.a.:twz.e.Ue./.> /.>0 nt /.>y/.>témaûque.me.n.t dégag ée./.>
de. la végétation e.nvahi/.>/.>an.te., dai1/.> tout le. N'z-t-Comoé. Deux année./.>
plu/.> :taJtd, e.n 1918, un g!l.oupe. d'hab-t:tan:t/.> O!l.-tg~~e./.> du CeAc.le. e./.>t
e.nvoyé à. la /.>tation ag!l.-tc.ole. de. B-tngeAv-tUe., "aux
n-ti1/.> d'y naiJr.e. un
/.>:tage. e.t d' Y ê.tJr.e. -tMûé à. la :ta-<.Ue. de./.> pahn-teA/.>, à. la !l.éc.olte. de./.>
!l.ég,tme./.> " • C6. ANCI 1 QQ 104, nO 2197, AdrrU.M/.>:t!l.a:te.LL!!. du N' û-Comoé
à. l ' 1i1/.>pe.c.te.LL!!. des Colon-te./.> L. Mé.Jr.a:t à. B-tng eA ville. , DhnbofutO, le.
25/12/1924.
(3) ANCI 1 Q2 -IV-15-120 (3743J, RappO!l.t éc.onom-tque. du CeAC..te. du N'û-
Comoé, pOLL!!. le. de.ux-tème. :t!l.,tme./.>:t!l.e. 1934.
14) C1ûnn!l.e. e.i1!l.e.g~:t!l.é à. la n-tn du pJr.e.m-teA /.>e.me./.>:t!l.e. 1936.
Cn. ANCI 1 Q2-1V-15-120 (3743J. RappO!l.t éc.onom-tque. du CeAc.le. du N'û-
Comoé, pOLL!!. le. p!l.e.m-teA /.>e.me./.>:t!l.e. 1936.

624.
de
régression est de -
31,6%.
Comparée à la superficie glo-
bale de la palmeraie ivoirienne,
estimée en
1935 à 700.000
hectares
(1),
les 477,450 hectares de
palmeraies du N'zi-Comoe
ne représentent qu'un pourcentage insignifiant,
soit 0,13%.
Cet àbandon progressif de la culture du
palmier,
assez nettement marqué à la fin de notre période,
n'est pas
sans rapport avec la conjoncture extrêmement défavorable au
palmiste.
Relégué au second plan,
au même titre que tous les
produits de cueillette,
devant la percée irrésistible du
cacao et du café,
au
niveau de tout le Cercle du N'zi-Comoe
{2),
le palmiste subissait,
outre une régression dans la de-
mande,
une baisse importante de prix à la vente (3). On con-
çoit alors que le palmiste, devenu de moins en moins rentable,
la culture du palmier soit progressivement délaissée.
Le recul du palmier au
profit des cultures remune-
,
ratrices du cacao et du café, prouve que le planteur du Moro-
nou se plie aux vicissitudes du marché.
2 - LE MOUVEMENT DES PRODUCTIONS ARBUSTIVES
Les courbes représentant le mouvement de chacun des
produits récoltés,
au
cours de
notre p~riode, sont extr~mement
heurtées et affectées de variations d'une année sur l'autre.
Elles refl~tent l'extr&me irrégularité de la production.
11) Gouveknement Génékai de f'A.O.F., fa Côte d'Ivo~e, 6~e~eufe pubf~é
pM f'Agenee éeonom~que de f'A.O.F., 23 p., -6.1. 1935.
(2) y eompJt~ fe-6 l1~g,{,On-6 baoulé de Boeanda, Oue.f.ié, Jta.Ua.ehée-6 au N'û-
Comoé et qM sovd: beaueoup mO~M 6avOJt~ée-6 pM fe elimat et fe
-6of.
(3) "La production de cola est depuis longtemps très abondait.e on peut
" joindre la glu et les palmistes qui sont sans doute'plus négligés,
"mais uniquement parce que demandés par le commerce local, en quanti-
"té inférieure à la production et payés à un cours très bas".
C6. ANCI, 1 RR 39, RappOJtt -6uJt fa -6~:tua.tiOI1 agJt~eofe et zooteeh.~que.,
pouJt fe 4ème. tJt~ne.-6tJte. 1938.

625
Fig.19'-CERCLE DU
N"ZI
COMOf
1I10UVEMENT DES
RECOL TES
DES PRODUITS DE CUEILLETTE DE COLA CAOUTCHOUC ET PALMISTES
Indices
calculés sur la base
de
1926 - 100
100
\\'
"
-o \\
-,
;}>
\\
\\
, \\\\ \\\\, \\
\\\\
50
\\ \\\\
\\ \\
\\
,.~
--,------''''''t-----r---------,-- ~-
o
- -_--J1
1917
20
23
26
1929
35
38

626.
C'est que les produits secondaires de traite demeurent
dépendants des aléas du marché extérieur;
par exemple,
la
chute brutale de
1933-1934 qui affecte l'ensemble des produits
souligne l'impact de la crise mondiale de 1929 dont les effets
se font sentir de
façon
plus précoce ailleurs dans la plupart
des puissances occidentales.
Passée la crise,
le mouvement
d'évolution varie selon la nature des différents produits.
COLA
Le mouvement des récoltes du
cola est celui dont
l'évolution subit le moins de
fluctuations.
Jusqu'en 1930,
la production demeure à un bon niveau. A défaut de statisti-
ques,
nous possédons les appréciations des contemporains.
Ceux-ci nous donnent la tendance de l'évolution antérieure
"La pJtoduc.t-i-on de c.ola eJ.>t depu-i-J.> fongtempJ.> :tJtè.J.> abondante"(l),
écrit en 1930 l'administrateur du
N'zi-Comoé.
Le recours aux
seules exportations de cola des trois gares du Moronou
(Dimbokro,
Anoumaba et Tiéméléko)
confirme cette tendance
régulière à la hausse,générale à l'ensemble du Cercle (2).
De 1930 à 1935,
le mouvement est pratiquement a s œ nc,
dant avec un pourcentage d'augmentation de 13,2% et un taux
de croissance annuelle de
2,6%.
De 1935 à 1939, la progres-
sion est arr~tée et lion relève meme en 1936 et 1937 l'absence
totale de production.
En fait ce "trou" dans la série des
chiffres de production est dû
olutôt à la déficience de
la
documentation. Enfin,
une légère hausse est notée en 1939,
en fin de
parcours,
après le fléchissement
brutal de
1938
qui
n'a d'égale
que la chute de l'année 1934.
(1)
ANCI 1 RR 39, RappoJtt J.>uJt la J.>-i-tuat-i-on agJt-i-c.ole et zoo-
tec.hn-i-que du N'z-i--Como~, pouJt le 4è.me tJt-i-meJ.>tJte 1930.
(2)
C6. le tableau ~e l'~volut-i-on du tJta6-i-c. 6eJtJtov-i-a-i-Jte pouJt
leJ.> tJto-i-J.> J.>tat-i-onJ.> du MOJtOl1OU,
annexe s ,». ~4,..

627.
PALMISTES
Le mouvement des quantit~s r~colt~es de palmistes
offre une tendance fondamentale à la baisse) de l'ordre de
88,2%,marqu~e,au cours des quatre premières ann~es,
(1928 - 1931) par une descente successive par palie~,
d'allure relativement mo d é r e (1)
(Cf. figure n
é
?
19', p. 625)
Après une tentative de remont~e en 1932 (1.043,16 t.), c'est
le d~clin brutal, ininterrompu, malgr~ l'effort de ressaisie
assez faible,
il faut le reconnaitre,
qui s'amorce en 1935
et se poursuit pendant quatre ann~es cons~cutives jusqu'en
, 1938.
Le recul de
la production amorc~ en 1933 et accen-
,
tu~ en 1934, s'explique. La subdivision de Bo n q o ua nou , "PJto-
duetJt~e~ d~ p~fm~~t~~ pouJt pfu~ d~ fa mo~ti~ du tonnag~ du
C~Jtef~"(2)est détachée du I~'zi-Como~, en décembre 1933.
,
.
Tout l'effort de production de cette subdivision n'est donc
plus comptabilisé dans les statistiques de
Dimbokro.
D'autre
part, il faut du temps à l'administration pour se ressaisir,'
porter la production du Cercle au niveau antérieur,
en
mobi-
lisant les habitants de cette partie du Moronou qui demeure
rattachée au N'zi-Comoé et surtout les paysans de la savane
baoulé du Cercle où il existe "p~u d~ pafm~Jtai~~ Jtieh~~"l3).
Les résultats de cette impulsion administrative,
qui se font
tardivement sentir,
ne
sont pas évalués quantitativement en
1936 et 1937. Une estimation qualitative sur la reprise de
( 1 ) 1928
14 13 t., ,
1929
1.313,3 t.. ;
1930
1.103,9 t.
193 1
817 t.
[ 2 ) ANCI
RR 39- Con~id~Jtation~ g~n~Jtaf~~ ~uJt f~ d~v~fopp~-
m~nt ~eonom~qu~ du C~Jtefe. d~ Dim b0 Il Jt 0 • 4è.me. tJtime.~tJt e.
1933.
(3)
Ib~de.m, op. c.I:t ,

628.
la production de palmistes nous est cependant livrée~
dans le rapport économique du premier semestre de
1936
Il
La. pJtoduc.t'<'on du pa..tm'<'~te. e.~t e.n tJtè.~ ne.tte. pJtogJte.~~'<'on"(7).
Néanmoins les résultats sont loin d'être convaincants,
la production étant confrontée,
à cette date, à une "Jtéc.e.~­
~'<'on de.~ c.ouJt~ Jte..ta.t'<'ve.me.nt ba.~II(2)pratiqués
pa~ le commerce
,
local.
De surcroit les habitants du Cercle de Dimbokro,
de
plus en plus sollicités par les produits riches comme le
cacao et le café, manifestent de moins en moins d'intérêt
pour le palmiste
(3).
Aussi l'année 1939, fin de la période,
est-elle marquée par une tendance à la baisse, signe que
les agriculteurs de la région savent tirer la leçon qui
s'impose de la conjoncture nouvelle.
CAOUTCHOUC
La belle époque du caoutchouc est antérieure à
1913, à la crise de mévente qui frappe sév~rement ce produit
et qui en ralentit progressivement le rythme de production.
La documentation,
tr~s avare de statistiques sur les récoltes
annuelles,
rend malaisée l'étude de leur évolution.
Les
,
chiffres de production,
obtenus pour quelques rares annees,
entre 1927 et 1939 (4),
montrent,malgré les graves lacunes
de
la série statistique,
le recul progressif enregistré par
le caoutchouc.
La baisse est particuli~rement sensible entre
1927 et 1930. La production chute, en l'espace de
trois ans,
de 84,76%,
soit un taux de
régression annuelle
de 28,25%.
(7)
ANCI 1 G2 -IV-7.5-720 (3743) - Ra.ppoJtt éc.onom'<'que. du Ce.Jtc.te.
de. V'<'mbolzJto,
pouJt .te. pJte.m.<.e.Jt ~e.me.~tJte.
7936.
(2)
Ib'<'de.m
l3)
L'a.dm'<'n'<'~tJta.te.uJt, ~ou.t'<'gna.nt e.n 7936 te. ma.nque. d''<'ntéJtlt
pouJt .te. pa..tm'<'~te. a.upJtè.~ de.~ ha.b'<'ta.nt~, éc.Jt'<'t : "le palmiste
reste encore le produit préparé par les femmes et principalement
par les enfants" C6. ANCI 7 Q2-IV-15-720 (3743), Ra.ppOJtt éc.ol'Wm'<'que.
du Ce.Jtc..te. de. V.<.mbolvl.O, pouJt te. pJteJn-i.e.Jt ~eJlle..-6tJte. 1936.
(4) 7927
795 tonne..-6i 7930 : 29,7 t.i 7937 : 59,7 t.i 7933
76,6 c.
7939 : 22,5 t.

629.
Certes la production se hisse,
en
1931, à 59,7 tonnes, encou~
,
ragee par la loi du 31 mars 1931 qui accorde une prime aux
planteurs pour les quantités de caoutchouc produites
(1).
Mais cette hausse de
la production ne dure qu'un temps.
Effectivement, deux années plus tard en 1933, la produc-
tion tombe à 16,6 tonnes.
Et ce, malgré la prime de
1931 et
le fonds de soutien au caoutchouc créé en 1932 (2).
La
conjoncture qui prévaut entre 1934-1938, ne semble pas non
plus avoir été favorable à la production du caoutchouc.
L'activité de production dans la région du Moronou est tour-
née avant tout en direction du cacao et du café qui,
aux
yeux des contemporains,
présentent de meilleurs atouts, même
si, momentanément,
les cours de ces produits ne sont pas
toujours aussi rémunérateurs que ceux du caoutchouc (3).
En 1939, une légère hausse de la production du N'zi-Comoé
est cependant à noter.
Elle traduit entre autres le regain
d'intérêt manifesté à nouveau par le commerce local pour le
caoutchouc,
regain qui connaitra des proportions plus impor-
tantes,
lorsque les besoins de
la Métropole exigeront en
1941 une production plus accrue de cette matière (4).
l 1 J Cu. ACCCr 45.1, Le~ me~u~e~ de ~out~e~ de la p~oduct~o~
colo~~ale.
12J Lo~ du 26 av~~l 1932 me~t~o~~ée pa~ ACCCr 45-1. Le~ me~u~e~
de ~out~e~ de la p~oduct~o~ colo~~ale, 1944.
(3)
Rappelo~~ qu'e~ août 1939, lo~~que le cacao et le ca6é éta~e~;
acheté~ au p~oducteu~ ~e~pect~veme~t a 1,95 F et a 6 F le kg
a Ab~dja~, le caoutchouc a la m~me époque y éta~t acheté a
7 F. l~ kg. Cu. ACCCr 53, Va~~at~o~ de~ p~~x de g~o~ et de
déta~l à Ab~dja~,
1940.
14 J C~A~ulai~e ~o 313 A.E 1941 du Gouve~~eu~ H. De~champ~ à
tou~ le~ adm~~~~t~ateu~~ de tou~ le~ Ce~cle~ et ~ubd~v~~~o~~,
a/~ de la cue~llette du caoutchouc.

630.
II
LE CACAO ET LE CAFE
UNE POSITION DOMINANTE
1928-1939
Le cacao,
"la c.ultuJte.-Jte..in.e. du MOJton.ou" (11 et
le café tiennent,
dès la fin de
la première décade coloniale,
une place essentielle dans la production du Moronou,
finis-
sant par supplanter toutes les autres cultures, au terme de
notre période.
Il n'est pas exagéré de dire que leur appa-
rition dans le Moronou entraîne dans les méthodes culturales
et aussi, dans les moeurs tout court,
une véritable révolu-
tion. Celle-ci se traduit par le retour en terre natale de
"n.ombJte.ux .in.d.igè-n.e..6 qu.i ava.ie.n.t ém.igJté à. la Gold-Coa.6t" (2).
Préférant "p0.6.6éde.Jt au v.illage. de. le.uJt pè-Jte. un.e. pian.tat.ion.
b.ie.n. à. e.ux" (3),plutôt que de continuer à louer leurs ser-
vices dans les cacaoyères de la Gold-Coast voisine,
les
Morofwo,
réfugiés en
Gold-Coast, à l'époque des opérations
successives de recrutement militaire et des autres prestation:
de
la première période coloniale,
non seulement regagnent
le Moronou,
mais décident de
s'y fixer et d'y créer leurs
propres plantations.
Entre autres effets,
celles-ci dévelop-
peront en eux le sentiment de
propriété.
Par ailleurs,
les
cultures du cacao et du café aident les exploitants agni à
franchir un pas décisif dans la voie des cultures de
traite
commercialisées. Fondées sur l'utilisation optimale des
capacités du sol,
elles éduquent les agni,
restés toujours
à l'âge de la culture primaire, l~s forçant à secouer le
joug de
la routine.
Elles habituent ces derniers à un tra-
vail régulier,
les oblige à acquérir de
nouvelles méthodes
de
travail,
dans la mesure où leur adoption conduit à des
rendements rémunérateurs.
Non seulement l'extension et
l'entretien régulier des surfaces cultivées s'imposent,
mai sen cor e l a pré par a t ion d' u n pro d u i t so i gIl é
d e vie ntau s s i
une nécessité,
car il y va
de
l'intérêt même du producteur
de
n'offrir au
commerce que du cacao et du café de qualité,
qui soient payés a un prix rémunérateur.
( 1 )
ANC l 1 QQ 104, n. 0 2197, Adm.ivU-.6ua.te.u.Jt de. V,unbol2.Jto a f.' l Yl..6pe.c.te.u.Jt
de.6 Colon..ie.6, Mé../ta.t. V,unboI2.Jto, le. 25 déc.e.mbJte. 1924.
(2)
Ib.ide.m, op. c.it.
[31
Ib.ide.m, op. c.it.

631.
A
LA DIFFUSION DU CACAO ET DU CAFE
Contrairement a la plupart des régions ivoiriennes,
ce n'est point par "la méthode de l'obligation" que le cacao
et le café font
leur apparition et se répandent dans le
Moronou.
LE CACAO
Particulièrement la culture du cacao est "l'Oe.UVlle.
d'~n~t~at~ve.~ ~pontanée.~"( 1 J dont les débuts remontent en
1911
(2). S'appuyant sur elles,
l'Administration tente en
1915 les premières pépinières~"administratives"et les plan-
tations villageoises modèles
(3).
En 1916, à la suite Je
la visite accomplie par le Chef de la Subdivision de Bongoua-
nou,
accompagné de plusieurs chefs du Moronou,
à Abengourou,
centre déjà actif de diffusion du cacao (4),
la création de
plantations collectives se généralise dans le Moronou.
Selon le rapport agricole de 1918, qui recense,
au niveau du Cercle,
l'effort de culture en matière de cacao,
les plantations de la subdivision de Bongouanou "~ont 6a~te.~
méthod~que.me.nt e.t de. be.lle. ve.nue."(51. Certes les soins dans
les plantations de la partie occidentale du Moronou laissent
à désirer
(6).
Il n'en reste pas moins cependant que trois
ans plus tard,
au tournant de 1921-22, les résultats de la
culture cacaoyère sont plutBt flatteurs dans le Moronou.
La
situation est particulièrement brillante dans la subdivision
de Bongouanou.
(1) ANCI 1 QQ 104, nO 2197 - Admi~tnate.uA du N'z~-Comoé à l'I~pe.Qte.uA
d~ ColoM~, Qhe.6 de. rn-WJ.>~on, Lou.<....1 Méllat. D~bolvtO, le. 25 déQemblle.
1924.
(2 l "De.vant l~ ll~ui..ta..U oiitenu» à T~~aié,
que.iqu~ Qhe.6~ de. la llég~on Sahoua-Bongouanou ont ~6~té le. d~~
de. lle.Qe.vO~ d~ QabO.M~ et d' e.ntne.plle.ndJte. Qe.tte. Qul:twte. ( ••• ) AMn
de. donne.Jr., da.n6 une. QeAtaA.ne. m~uAe. ~~6a.c.ti.on aux ~nd~gè.n~ qM
ont QOrmle.nQé de. pllépaJte.Jr. des teJtJtu~ à Qe.t e.66e.t, on poU!lJta le.uA 6~'
lleme.ttne. 20 Qabo.M~ de. cacao , pM e.xemple.". C6. ANCI 1 RR 39, Rappollt
de. toUllnée. da~ le. N' z.c-Comcê de. l' l ~pe.c.te.wr. BeAvM, al .s c.uitulle. du
c.a.c.aoye.Jr.. B~nge.Jr.v~e., le. 27 6évll~e.Jr. 1911.
l3J ANCI 1 RR 97, nO 557 M, L~e.uteme.nt-Gouve.Jr.ne.wr.à l'Adm~tnate.Ull
du Ce.Jr.c.ie. du N'z~-Comoé à D~boQJr.o, B~nge.Jr.v~e., le. 23 ~e.pte.mblle. 1915.
(4) ANCI 1 RR 9, Téi.o66~~e.l du 18 août 1916 au L~e.ute.lutnt-Gouve.Jr.ne.UJr.
à B~nge.Jr.v~e. pall l'Adm~tnate.Ull du N'z~-Comoé.
l51 ANCI 1 RR 39, Rappollt ~Ull la ~~on agll~c.ole. de. 1918, a/~ CaQaoye.Jr.
d~ Ce.Jr.c.i~ d'A~~~~e., Indé~é e.t N'z~-Comoé, 1917
.
(6) "A Dimb0l~:;:'o,e.li~ ~ont 6cU.-te...o avec mO~M de. ,~oÙL-6"~6. lbcdem, op.
c.ct .

6J2.
"L'admini~t~ateu~ depui~ huit an~ ~u~tout, a
"dtployt un g~o~ e66o~t pou~ ~tpand~e la cultu~e cu cacao
"dan~ le Ce~cle. Van~ quelque~ village~ appa~tenant aux ci~­
ncon~c~iption~ de Toumodi, Vimbok~o, Yamou~~ouk~o, on ~en­
"contAe de~ cacaoyè.~e~ intt~e~~ante~, mai~ c'e~t dan~ la ci~­
"con~c~iption de Bongouanou que 6u~ent obtenu~ le~ ~t~ultat~
"le~ plu~ b~illant~. Le~ Agni de Bongouanou qui ont ga~dt de~
"lien~ de pa~entt ~uivi~ et ttAoite~ avec le~ Agni de la Gold-
"Coa~t, 6~appt~ du dtveloppement, p~i~ pa~ la cultu~e du cacao
"en cette colonie, alltcht~ pa~ de~ btnt6ice~ tlevt~ et 6acile~
"a ~eti~e~ de cette exploitation, 6u~ent ~ai~i~ d'un vt~itable
"engouement et c~tè.~ent de nomb~eu~e~ cacaoyèAe~. Cette cul-
"tu~e en pay~ de Bongouanou e~t dt~o~mai~ lancte"ll l.
Les progrès de la culture du cacao sont aussi nota-
bles dans la zone occidentale du Moronou
:
"Ve mê.me chez le~ Amantian, le~ Sahoua, le~ Agni-
"Ah~i a l'E~t et a l'Oue~t de la voie 6e~~te, enue. le~
"~tation~ de Titmtltk~o e.t d'Anoumaba, le.~ cacaoye~~ ~e mul-
"tiplient. Pou~ tou~ ce.ux-ci, l'in61ue.nce. de~ Agni de. Bongoua-
"nou
e~t p.tu~ lointaine., mai~ il~ ont e.u l'e.xemple d'indigè.ne.~
"heu~e.u~ement in~pi~t~, comme. le. notable. Kouamt Tokou a Anou-
"maba, l'inte~p~tte. Bilt a Titmtltk~o, qui ont ~eti~t chacun
"ce.tte. annte deux tonne~ e.nvi~on de. leu~~ plantation~"(2J.
Bref, on peut dire qu'en 1923,
le cacao est large-
ment répandu dans tout le Moronou.
Qu'en est-il du Café à
cette date ?
(1 J ANCI
1 QQ 98,
E~qui~~e ~u~ la ~ituation politique. e.t tco-
nomique. du N'zi-Comot. Vimbok~o, le. 23 av~il 1921.
(2) ANCI 1 RR 39, Rappo~t ~u~ la ~ituation ag~icole. e.t
zoote.chn).que. du N'z).-Comot, pOlOt le. de.uxiè.me. uime.~t~e.
1923 .

633.
LE CAFE
D'introduction tardive dans le reste de la colonie.
~1), après les premières tentatives d'Elima, au siècle der-
nier,
le café antérieurement existant dans le Moronou,
sous forme de peuplements spontanés
(2),
y est encore en
1923,
au stade de la culture expérimentale (3).
Les premières
plantations y voient le jour en 1927; elles sont le fait
de quelques habitants qui,.
soit se sont procurés par eux-
mêmes des plants à la station agricole de Bingerville, soit
se sont établis à titre individuel leurs propres pépinières l4 ),
(1) A u»~ dat~ au~~~ t~d~v~ qu~ t'a»»~~ 1923, ~~ ~a6~ ~»
tard: qu~ ~u.f..:twt~ demCWJt~ ~»~omm dctYL6 t~ N' zc-Comoê U üttéJta1.em~»t
dans tout t'ou~t b~~, g~o~~~ ~~g~o» p~odu~~~~~ d~ ~a6~ d~ »o~
jOM~. E» 1923,~et aJlb~t~ ~t ~~ut~m~»t ~» ~xt~M~O» daM t~
e~~t~ d'A~~~~~, I»d~~~, Ag»~by, Lagu»~ u Lahou.
e6. ANS 2 G 23-31, RappMt a»YlU~ du S~v~~~ d~ t'Ag~~c.uLtwr.~ de: fu
Cot~ d'Ivo~~, pOM t'a»»~~ 1923.
,
(2) L~ p~upie.m~~ sl'ont.ané·s,;é.ta,.i~»t paJlu~uüèJr.em~»t d~M~ MM fu
~~g~o» baout~ du N'z~-Como~, au ~ud-ou~t d~ Townod~, ~'~~»dait
p~uptem~»t d~ 200 h~~taJL~ ~»v~o»~ C6. ANS 2 G 34-50, Rappo~t
a»YlU~ du S~v~~~ de: t' Ag~~~u.f..:twt~ d~ fu Cô~ d' l vo~~, pOM t r aYm~~
1923, a/.s vutgaJl~a;üo» daM t~ c~~t~ du N' û - Comoê . L~ ~Milio M
o~a1.~ ~o»t ~ga1.~m~»t u~~~ à ~~~o»na2~~ t'~~t~»~~ d~ p~upt~­
m~~ ~pon:ta.n~ d~ ~a6~, a»téJt~~M~ à. fu ~O:iOVL.-u,atiO».
(3) L'Adm~~~M~M du N'z~-Como~, ~CJt~vut ~Yl. 1924 : "nous n'en sommes
encore qu'à la période des essais, mais il y a tout lieu de penser
que la culture du caféier se développera parallèlement à celle du
cacaoyer chez les Agnis de la subdivision de Bongouanou et des can-
tons sud de la subdivision de Dimbokro. Des conseils pressants ont
été donnés dans le sens de la circulaire locale du 19 décembre 1923
qui ne sont pas demeurés lettre morte. Il m'est revenu que des
pépinières avaient été aménagées cette année (là) par les chefs
d'Arrah, Abongouà et que de son côté, l'interpréte principal Bilé
( ..• ) s'était mis aussi à la culture du caféier".C6. ANCI 1 QQ 104,
»0 2197, Admi~~MCWJt du N'z~-Como~ à. M. t'TMp~~tCWJt L. MéJtM
à B~»g~v~~. D~bo~o, t~ 25/12/1924.
(4) ANCT 1 RR 39, Rappo~t ~M ta ~~a;üo» ag~~~ot~ ~t zoot~~h~qu~ du
N'z~-Como~, pOM t~ 4~n~ ~~~~~ 1927.

634.
Stimulée par le cours extrêmement rémunérateur de
la fin de la décennie,
lac u l t ure duc a f é con n ait dan sIe
Moronou une extension prodigieuse.
En l'espace de trois ans,
de
1927 à 1930, cette culture qui est cependant "tout a 6a-Lt
nouv~~~~ dan~ ~a kég-Lon" , est adoptée partout (1), au point
qu'il n'est plus nécessaire de
faire la moindre propagande
à ce sujet, tant les habitants ont compris tout l'intérêt
qui
, s 1 y
a vcacne , .
Las e u l e 0 mbr e qui sep r 0 fil e
à l'horizon en 1930, c'est le problème de
"~'out-L~~ag~ mé~a­
n-Lqu~ né~~~~a-Lk~ à ~a dé~okt-L~at-Lon d~~ gka-Ln~"(2).
En 1935, la culture du café est définitivement adop-
tée.
L'administrateur de
Dimbokro,
soulignant le progrès de
cette cul ture, écri t
:
"1~ n~ k~~t~ p.tu~ qu'à ~~~ (~~~ adm-Ln-L~tké~) gu-Ld~k,
~~Uk -Lnd-Lqu~k ~~~ bonn~~ méthod~~ à ~u-Lvk~ pOUk ~'éta­
"b~-L~~~m~nt ~t ~'~ntk~t-L~n d~~ p~antat-Lon~,
.t~~ ~o-Ln~ à
"donn~k aux j~un~~ p~ant~"(3).
Parlant de
la culture du café comme d'une oeuvre
du passé, il note plus loin dans le même document:
"L'-Lmp.tantat-Lon d~ ~a ~u~tUk~ du ~a6é ~~t ~'O~uVk~
"d~ m~~ pkédé~~~~~Uk~ qu-L ont ~~kUpu~~u~~m~nt ~u-Lv-L ~~~
"-Ln~tku~t-Lon~ du Ch~6 d~ ~a Co~on-L~. A ~ux ~~u~~ ~n k~v-L~nt
"~'honn~uk ~t -L~ n'~~t pa~ m-Ln~~. Aux -Lnd-Lgln~~ du C~k~~~
"-Lkont ~~~ pk06-Lt~ ~t -L~ Y a tout ~-L~u d'~~pék~k qu'-L~~
"~~kont ~on~-Ldékab~~~, ~-L ~'on ~n jug~ pak ~~ nombk~ d~
"p-L~d~ d~ ~a6é a~tu~~~~m~nt p.tanté~ dan~ ~~ N'z-L-Comoé"(4).
11 ) Ib-Ldem, RappMt ~uJt ~ ~-Ltua.t-Lon agk-L~o~~ ~t zoot~~hn-Lqu~ du N'z-L-
Comoé, pouJt ~~ 4lm~ tÜ.JnMtk~ 1930
12 ) Ib-Ldem, Rappokt ~uJt ~ ~-Ltuat-Lon agk-L~o~~ ~t zoot~~hn-Lqu~ du N'z-L-
Comoé, pouJt ~~ tko~-Lè..m~ tk-LmMtk~ 1930.
13 ) ANCI 1 Q2 -IV-15-120 137431, Rappokt é~onomiqu~ du C~~~~ d~ D-Lmb0IVL0,
pouJt ~~ 1~ ~emMtk~ 1935.
(4) Ib-Ld~m, op. ~~t.

6]6.
Pu i s au c une st a t i s t i que a g r i col e ne prend en
c 0 mpte
les superficies cultivées,
jusqu'en 1933. A cette date,
deux
séries de documents de
nature diffj'rente
: le l
R 12-VI-20-
..
~1
,
252 (5300) et le IV-II-I07 (3765)
ournissent des donnees
numériques à la fois pour le cacao et le café. Enfin,
nous
trouvons dans la sous-série D-IV-18-73
(3739),
datée de
1933, des références sur ces mêmes cultures, classées selon
les différentes catégories d'âges(~).
Autre difficulté:
les chiffres établis par les
diverses sources divergent assez souvent de l'une à l'autre.
Cela tient à leur hétérogénéité, mais aussi au
mode d'éva-
luation des superficies,extr~mement variable. TantBt l'on fait
référence exclusivement aux pépinières,
tantBt aux pépinières
et aux plants à la fois,
ou encor~ aux plants et aux arbustes
en plein rapport.
D'où les résultats aberrants auxquels on
aboutit,quand on est confronté aux sources coloniales.
Nous
avons adopté le principe suivant simplifiant les données:
aucun compte nia été tenu des pépinières; entrent exclusive-
ment dans le calcul des superficies,
les jeunes plants et
les arbustes en rapport.
Enfin,
lorsque l'estimation de la
superficie est donnée en nombre de plants,
nous avons toujour~
opéré la conversion en hectares.
Considérons présentement l'évolution de la surface
cacaoyere.
l
- LA SURFACE CACAOYERE
Notons d'abord son augmentation extraordinaire,
entre 1917 et 1929,
tant au
niveau du Moronou que de
l'en-
semble du Cercle,
en second lieu l'importance des variations
de la superficie d'une année sur l'autre.
L'amplitude des
fluctuations témoigne de l'aspect spéculatif de cette culture.
l~) 1) moin~ de 5 an~; 2) plu~ de cinq an~; 3) jeune~ plant~;
4) akbu~te~ en kappo~t.
~ 1) le 1 !( 12-VI-:20-~2)~(5300) est classé CL}l;:; La s:rl~ (les docurne..vs ill;r:L-
co i.e s el- le~?)-IV-11-10'7U'7G5) da,,::; La s:lit: i.~, ré::;ervée aux o ocurne nt.a
"iconomlqut::S"

Fig. 20 - CERCLE
DU
N' ZI
COMOE
EVOLUTION DE LA
SURFACE
CULTIVEE
EN CACAO ET
EN CAFE
Indice
100'- 1935
>5oj
~//-~
100
1
1
1
i
1
1
1
1
1
- --- - -- ----- - -- - - --
1
i
CAFE
1
---,
o
r - - . - - -. ---r------.-------·-r-·----,-·-~-·-.----~___r--·---...,__~-I·--
-T-·----r---·-,~---.______T J
1917
18
19
20
21
22
n
24
25
26
27
1928
2 9 . \\ 0
31
32
3.1
34
35
36
37
38
1939
0'
Iv.;
~
.

6]8.
Plusieurs phases apparaissent: de 1917 à 1929, le
mouvement de progression,
parallèle pour le Moronou et le
Cercle, extrêmement accentué, est à multiplier par 56 pour
le premier et par 77 pour le second
(1).
Freiné dès 1930,
il subit une forte régression dont le plus bas niveau se
situe en 1933
(2). C'est l'effet de la crise en 1929 qui se
fait cruellement sentir dans la région.
Les producteurs de cacao du Moronou,
dans une mauvai-
se passe entre 1930 et 1933, en raison de la baisse du prix
,
,
offert au cacao,
sont peu encourages a augmenter la superfi-
cie de cet arbuste (3).
De 1934 à 1938, l'essor est à nouveau spectaculaire.
Pour l'ensemble du NI zi-Comoé pour lequel' nous disposons
de chi ffres,
"
le triplement est plus qu'a~quis, meme si l'on traverse une
période intermédiaire de
recul en 1936 (4). A cette période,
marquée par l'étendue des terres cacaoyères, correspond une
phase
de hausse du prix du cacao,
hormis 1937, année critique
et de vives ~ino·(,ions dont
on a des échos à travers les rapports
(1) I~ ~t v~ai que ~'On p~t d'un niveau mod~te : 1917, 63 ha pOUk ~e
Mo~onou et 67,5 ha pOUk ~'e~emb~e du N'z~-Comoé. 1929 : 3.550 ha
pOUk ~e Mo~onou et 5.250 ha pOUk ~e N'z~-Comoé.
(2) p~ ~appo~t à 1930, ta ~édue~on de ta ~up~6~e~e ~t de 78,3% pOUk
~e Mo~onou et de 72% pOUk ~e C~cle du N'z~-Comoé.
(3) Le gouv~neUk R~te éCAti en 1933 qu'il a "constaté le dépérissement
d'un grand nombre de plantations de cacaoyers dans la zone d'extension
de cette culture. Leur disparition risque d'avoir des conséquences
importantes dont les moindres ne sont pas : le manque à gagner par
les planteurs, une rupture d'équilibre dans l'économie de la colonie".
Au,M~ p!topo~e-t-u ~'ex.te~~on d~ ptan.ta;t,{.o~ 6aee à ~'aJ1.Jl.ê.t momen-
tané.
eMeg-wué da~ l~Uk mouvemenZ de p~og~~~~on. C6. ANCI 1 R3-
XI -46-343 (859),
C~c.uhUAe du Gouv~neUk R~te aux. admÙU.!.luateUk~
commandanZ ~~ C~c.~~. B~ng~ville, ~e 4 novemb~e 1933.
(4) "Relativement nombreuses sont les cacaoyères atteintes de vétusté
( •.. ). Depuis 4 ou 5 ans, les indigènes s'abstiennent de créer de nou-
velles plantations eu égard aux cours pratiqués".C6. ANCI 1 R1-XIII-
38-28/760 l60J Rappo~t du S~v~c.e de ~'Ag~~c.~e de ~'Indénié. pOUk
~'anné.e 7936. Rappe~o~ que ~'année 7937 ~t "tac.u~e".
r:

639.
trimestriels de
l'Indénié avec lequel une partie du
Moronou,
la subdivision de Bongouanou, est en étroite
symbiose
(1).
2 - LA SUPERFICIE IlES CAFE;I~RES
La surface consacrée au café, (cf . fig. 20, p. 637)
aussi bien dans le Moronou
que dans l'ensemble du N'zi-
Comoé, a constamment augmenté de 1929 à 1938, à l'exception
du recul momentané, enregistré en 1932, au niveau du Moronou.
Cette expansion continue, due essentiellement au haut prix
pratiqué sur le café qui a eu pour contrepartie une désaf-
fection régulière vis-à- vis des autres cultures (2), est ca-
ractérisée par trois phases inégales: de 1929 à 1930,
période antérieure à l'apparition des effets de la crise dans
la région,
le rythme d'accroissement est de
l'ordre de 84%;
il prend plus d'ampleur,
3.866%, soit un taux de croissance
annuel de 773%, au moment où la crise s'installe localement
et dans les années qui la suivent immédiatement dans le
Moronou. Ainsi le café semble constituer ici un palliatif
pour les difficultés de l'heure.
Quoique stabilisé au cours
des quatre dernières années
(1935-1938),
le rythme d'accrois-
sement n'est pas négligeable entre 1935-1937 : 250%.
A quoi est dû le sucees de cette culture? On peut
y voir trois raisons:
en premier lieu,
l'impulsion adminis-
trative, créant des pépinières aux niveaux des cantons et
des villages et choisissant pour
cette culture les meilleures
terres,
préalablement préparées
(3),
contribue à accroître
la superficie consacrée au café. Par ailleurs la population
(7) Au co~ du ~~cond ~em~tn~ 1937, l~ plant~~~ d~ la ~ubdiv~ion
de: Bongou.a.nou, mé.cont~~ de: la chut~ des y.Ytix o66Vt-t-~ a. .t'a..c.hat d~
p'LOd~ du. C}l.U, )té.a.g.Ü-6~n..t ~n ~tockant enoie. OJ.d)te.6 .ea. pJtoduc.ti.on
de: ca.c.ao. I.th Jté.du..ü~n..t :fJa.Jt a..-Lte.e.U!z..6 .ee.6 aehat:« daM l~ m~g~~.tM.
L~ c.o~~Vtçan..t~ focaux rnan...t6~te.nt aloJt~ d~ l~~ côté, l~ mé.cont~n­
tem~nt. C6. in6Jta, le cha~itne 15 : La ~uboJtdi~on au rnaJtché,p.
(2) "Les bas prix pratiqués, l'extension officielle donnée à la
culture du caféier ont amené les cultivateurs indigènes à négliger, à
abandonner parfois leurs cacaoyères".C6. ANCI 1 R3-XI-46-343 (859),
~o 1556 du SVtvice de l'AgJticuftu'te au Che6 de la d~uxi~ne ciJtcoM-
CJtiptio~ agJticole de. VimboQJto. Bi~gVtville le 6/12/7935.
[3) ANCI 1 E3 - IV - 44/7 13.308), RappoJtt politiqu~ du N'zi-Cornoé, po~
le tno~iè.me tn-ul1~tne 1933.

640.
réserve un accueil extrêmement favorable au café ,
culture jugée
plus facile et de surcroît fort adaptée au climat de la plus
grande partie du Moronou (1). Enfin la conjoncture économiquees~
très favorable au café, "le .6eu.l pJtodu-<-t .6uJt lequel le.6 -<-nd-<-gè-ne..6
pu.-<-.6.6ent nondeJt l'e.6po-<-Jt de be.ne.n-<-c.e.6 .6e.Jt-<-eu.x"
(2) pendant la
/
période de crise.
Ainsi le café apparaît-il une source d~ profit indé-
niable
son
extension se justifie pleinement.
C - LE MOUVEMENT DE LA PRODUCTION
Le mouvement de production du cacao et celui du café
(Fig. n° 21_fJ; 642)
comptent parmi les plus spectaculaires. En
26 ans, de 1917 à 1933, date où l'unité du Moronou se rompt
par le rattachement de
la subdivision de Bongouanou au Cercle
de l'Indénié,
la production cacaoyère du N'zi-Comoé passe de
deux tonnes à 7 873
tonnes;
la récolte du café du même Cercle,
de 100 kg à 15 tonnes environ, au cours de la même période.
L'on obtient la même progression vertigineuse, durant la
période postérieure (1934-1939), pour les deux productions
cacao/café,
tant au niveau de
la subdivision de Bongouanou
(1)
ANCI 1 R3-XI-46-d43
(859),
Vlo
1596
Adm-<-Vl;'.,stlLate.ulL Ca s t.a i.nç ,
Commandant le. N'z-<--Comoe. au L-<-eutenant-GouveJtne.ulL a B-<-ngeIL-
v -<-li e , V-<-m b0 {lit 0, 1. e 9 j u,.i..n 1,'JJ3
(2)
I bi.d o.m ,
op.
c i:t.,

641.
que de l'ènsemhle du N'zi-Comoé (1)
auquel demeure liée
la destinée du reste du Moronou. En vingt-deux ans, la quanti-
té de cacao récoltée a été multipliée par 4 406 fois
; celle
lI) P~oduction6 du cacao et du ca6~
\\
Subdivi6ion
Ce~c-te du
de Bo ng ouanou
N'Zi-Como~
1
CACAO
2.500 t.
9
-
3
CAFE
...
20
4
t.
...
..,.
..,.--., -~-~~~~~~-~----~-~.~~-- ~-----~---~~~---~-..,...,.... --..,.----~---
1
9
CACAO
-
6.909 t.
3
5
CAFE
-
96 t.
----- ~~--.--~--~~---~-~-~-~- ~~-~-~-~-------- ~-----~-~-~----
1
CACAO
9-
-
-
3
CAFE
6
-
...
----- --- ... -- ... -------.,.---- ... -- ----~---~-~----- -~-------~-----
J
CACAO
9-
6.000 t.
4.000 t.
3
CAFE
7
200 t.
200 t.
~""!"'-~- .-~-~~~~-~~---~------- -----~---------~ ----------~----
1
9
CACAO
6.500 t~
6.600 t.
3
CAFE
8
250 t.
480 t.
---~-
---------~---~---~-------------------- ---------------
1
CACAO
9-
7.000 t.
8.812, 5 t.
3
CAFE
9-
-
1 .090 t.
1

635.
Par rapport aux premières années de leur apparition
dans le Moronou en tant que culture,
l'extension géographique
du cacao et du café,
les deux cultures dominantes de la
région,
constitue, à la veille de la deuxième guerre mondiale,
un progrès indéniable. Celle-ci a pourtant ses limites,
liées aux exigences intrinsèques de ces cultures:
l'entre-
tien régulier de surfaces de plus en plus étendues,
fait
appel à une main d'oeuvre qui devient de plus en
plus coûteuse
et rare.
En outre,
les fluctuations conjoncturelles de prix
qui caractérisent ces deux produits, durant les dernières
années de notre périod~ ne sont pas sans influence sur l'es-
pace réservé à chacune de ces deux cultures.
B - EVOLUTION DES SUPERFICIES CULTIVEES
La connaissance de l'évolution de la superficie
consacrée à chacune des deux cultures,
cacao et café,
les
quantités récoltées,
les rendements,
posent un certain
nombre de problèmes. Ils s'expliquent par le mode d'évalua-
tion qui varie d'une source à l'autre (1) et aussi par les
enquêtes,
importantes certes!
par le nombre,
mais d'inégale
valeur.
Ou celles-ci ont été toutes effectuées à la même
période, ou ont été orientées sur une seule et même zone du
Moronou.
Il est donc difficile dans ces cas de
pouvoir dis-
)
)
poser de séries continues. Sur la période antérieure à 1917,
nous possédons,
grâce au
rapport agricole annuel,
dressé à
l'occasion de "l'inten4i6ication de4 culta~e4 pou~ la d~6en4e
nationale",un premier recensement indiquant .'le nomb~e de
p{ant4 de cacao en p~piniè~e~" pour l'ensemble du N'zi-Comoé.
[1 ) Pa~ exemp~e, ~a ~upe~6icie cultiv~e e~t tantôt ~valu~e
en hecta~e~, tantôt en ~~6~~ence au nomb~e de plante~
cultiv~e~.

Fig_ 21
CERCLE DU N- ZI COMOE
PRODUCTIONS
DU CACAO ET DU CAFE
1n dlce s c et c u lés sur la
base
Cacao
1927 --: 100 Café
1937 = 100
500
\\
\\
400
\\
\\
\\
o
\\
Cl:
U
\\
Cl:
U
\\
300
\\
LU
U.
\\
~
U
200
)
100
/
/
/
/
/
o
,
1
~
1
- .-------.-
1917
20
21
22
23
24
25
26
27
28
1929
30
31
32
33
34
-35
36
37
38
1939
.R'
1\\.)
.

643.
du café par 10.898 fois en
huit ans.
Il s'agit là d'une véri-
table révolution culturale qui reflète le degré grandissant
de la commercialisation du secteur agricole.
Le cacao et le
café,
produits de traite,
sont destinés dans leur totalité
à la vente et leur sort est lié aux aléas du marché extérieur.
l
- LE CACAO
La courbe de
la production de cacao épouse dans
son allure générale celle de la superficie. Malgré les
lacunes de chiffres pour certaines périodes:
1918-19 et
1925-1926 (1),
on constate la progression régulière et fort
importante de
la production du N'zi-Comoé jusqu'en 1933.
Celle-ci est marquée par différentes phases successives au
rythme variable.
Très accéléré ~endant la première phase,
celle du démarrage du cacao,
1917-1926, il accuse un taux
de
croissance prodigieux de 3.722% contre 64,8% pour la
période de
1927-1933 correspondant à celle de la prospérité
du cacao.
Quoique ralenti au cours de la dernière période
1934-1939, le taux de croissance demeure élevé: 48,8%
2 - LE CAFE
Le mouvement de production du café,
plus encore que
celui du cacao, est marqué par une hausse exceptionnelle, à
taux de croissance extr~mement accéléré, de 1931 à 1934~ il
est effectivement de 14.847%. Entre 1934 et 1937, l'ampleur
de progression,
quelque peu ralenti,
accuse néanmoins le
taux de
croissance suivant
: 250%. Au cours des deux dernières
années,
malgré la poursuite de
la progression,
le taux de
croissance de la production subit un ralentissement; il tombe
à 63,5%.
l 1 J On. pe.ut .6upp-tévr. .<.U à. la. .e.a.c.un.e. pM le..6 e.X.PO!l.ta..tiOM de..6 tJr.o-i...6
gaJte..6 6VUtov~e..6 du MO!l.on.ou 1Vhnbolvc. 0 , An.ownaba. et: T.<.é.mUélvl.O J
1925 : 317,725 ton.n.e..6, 1926 : 671,994 ton.n.e..6.

'644.
Malgré la tendance a la baisse enregistrée
par
les productions du cacao et du
café,
à la fin de
notre période,
ces deux cultures conservent néanmoins
leur supériorité par rapport à toutes les autres cul-
tures et témoignent de la vitalité de l'agriculture de
traite dans le Moronou et le N'zi-Comoé.
Qu'en est-il
des cultures vivrières?
III
LES VIVRIERS
DES CULTURES EN PROGRES
Les progres des vivriers,
notamment au
cours
des deux décennies qui suivent la fin
de la première guerre
mondiale,
résultent de l'action concertée de l'Administra-
tion incitant à l'augmentation des surfaces cultivées et
d'une saine réaction des habitants qui,
face à la pénurie
alimentaire,
accroissent spontanément les productions de
première nécessité.Que représentent superficies cultivées
et productions vivrières,
au cours de la période coloniale?
La série de rapports agricoles annuels,
essentiellement
les tableaux de cultures vivrières,
dressés successivement
en 1926,
1933 et 1938
(1)
fournissent à ce sujet des indi-
cations précieuses.
l1) Tabteau d~ Quttuk~ v~v~~èk~ de t'année 1926. Enquêt~ ag~~Qote~
de 1933, ex~gé~ pM t a c~Qu~e du Gouvenneu): Re~te et QeUe~
e66eQtué~ en 1938, à ta ~u~te de ta C~Qu~e 208b~ C du Gou-
v~ne~ Mondon. a/~ p~og~amme d'aQ~on ~oQ~~e po~ t'amét~o~a~on
du ~o~t de t'~nd~gène pM te ~av~t.Ko~hogo, te 21 6év~~~ 1937.

645.
A
JUGULER LA FAMINE ET LES DISETTES
Juguler la famine et les disettes,
en produi-
sant suffisamment de vivriers pour assurer la subsistance
quotidienne,
telle est l'invitation fondamentale,
lancée
à la population du Moronou, à l'époque coloniale. Cet
objectif est-il atteint et comment y parvient-on?
Bien que la production vivri~re, à l'époque
précoloniale ait été une préoccupation constante du
Morofwo
(1),
celui-ci ne
fut
pas toujours à l'abri de la
famine et des disettes
(2).
Outre l'imprévoyance des habi-
tants qui
se livrent à des gaspillages inconsidérés,
au
cours de la
période d'abondance
consécutive à la récolte
II J VO~Q~ quelqu~ extAai~ du B~e~n Agk~Qole et CommekQial du
Po~te de Sahoua, le pkem~ek du MOkonou, en 1908, tendant à montkek
l'aQ~v~t~ ~nte~e d~ploy~e pak le QU~vateUk du MOkonou pk~Qolo­
Mal
MaJt~ 1908·: "Les .irid.iqène s sont tous occupés à leurs plantations
dont ils se dépêchent de terminer (sic), afin de ne pas
être surpris par les pluies".
Avk~ 1908 :"Les indigènes n'ont pas encore terminé leurs plantations
qui depuis trois mois font leur unique occupation".
Mai 1908 :"Les indigènes sont si peu expéditifs dans leurs travaux
de culture qu'ils sont occupés à leurs plantations".
J~n 1908 "Les indigènes du pays ont enfin terminé leurs plantations
"et profitent du mauvais temps pour se reposer".
Aoat 1908 "Les indigènes ont commencé à cueillir des bananes et
ignames plantés, il y a environ trois mois et demi, dont
la récolte paraît abondante".
Cn. ANCI 1 RR 39, B~e~n agk~Qole et QommekQial du po~te de
Sahoua, pOUk l'ann~e 1908.
(21 L~ k~Q~~ de la tAad~~on Male 60nt QOUkamment a11.lu.~on à la 6am~ne
[Eho) et aux d,wett~ dont "les hommes d'autrefois" ~taient v~Q~m~.
Au QOUk~ de Q~ p~~od~ de c.Jr..,we a.Li.mentaike, l' une d~ meill.eUk~
k~~OUkQ~ auxquûl~ l'on a keQOUk~, est. le boluo ll'~gname ~auvage;
~tt~alement, l'~gname de la 6okêtJ, po~~ant ~pontan~ment à l'~tat
~auvage, ~a~ avo~ 6~ l'objet d'une QuitUke pk~alable.

646.
annuelle de l'igname,
la denrée de base
(1),
d'autres motifs
interviennent dans la pénurie alimentaire chronique caracté-
risant les régions tropicales de l'Afrique précoloniale
:
sécheresse prolongée,
précipitations surabondantes,
invasion
de sauterelles ...
Pour
~arer au déficit alimentaire, l'administra-
tion coloniale,
tout en mettant l'accent sur les cultures
secondaires,
négligées jusque là
(2),
introduit des espèces
et variétés
nouvelles de vivriers:
riz,
arachides ... En éten-
dant ainsi la gamme des cultures,
l'on nourrit le ferme es-
poir de mettre un terme à la crise alimentaire chronique.
En fait,
cette politique obtient des résultats positifs,
dans un
laps de temps relativement bref.
Le riz, après
avoir
rencontré une brève opposition au cours des premières années,
(3) est cultivé en 1914 dans plusieurs plantations
(4).
Ce-
pendant,
l'adoption de cette culture y est loin d'être défi-
nitive,
en 1917
:
"Le. ft.-i.z pouftfta.-i.t ac.Quéft.-i.ft Que.lQue. .-i.mpofttan.c.e.,
".-i.l -6'e.n. e.-6t oa.-i.t 200 .ton.n.e.-6 e.n.v.-i.fton. e.n. 1917. S.-i. le.-6 .-i.n.d.-i.-
"gèn.e.-6 .s e dè.ccda ce.n; à c.ult.-i.vvl. le.-6 mafta.-i.-6
( ••• ) c.e.t.t:«
"c.ultuft e. déc.uple.fta.-i.t" ( 5 J •
Il )"Parmi les plantes vivrleres cultivées en Côte d'Ivoire, l'igname
"occupe une place de choix. Si l'on considère les principales produc-
"tians alimentaires: banane plantain, manioc, taro, maïs, mil, sorgho,
"arachide, patate, les surfaces qui lui sont consacrées représentent
"environ 20% de l'ensemble ( ... ) Dans de n'ombreuses régions, elle
"constitue la base de la nourriture indigène".
CO. J. MIEGE, Le.-6 .-i.gn.ame.-6 e.n. Côte. d'Ivo.(Jte., 1953, Ext!ta.-tt fte.pftodu.-i.t
daVl.-6 ACCCI, dO-6-6.-i.e.Jt 48.2.
12 )MaVl..-i.oc., ma.L6, dé.-6.-i.gn.é.-6
comme
"cultures de soudure".
(3)Le.-6 hab.-i.tan.~ de. la ftég.-i.on. étaie.n.t pe.u d~po-6é.-6 à c.e.tte. c.uituJte.. En.
1914, l'IVl.-6pe.c.te.Uft
Be.Jtvcw éc.Jt.-i.t : "Jusqu'à présent, le riz n ' a pas
"été cultivé dans le N'zi-Comoé; les indigènes croient qu'il ne pous-
"serait pas.". CO, ANCI 1 RR 39, ToUftn.ée. daVl.-6 le. N'z.-i.-Comoé de. L'IVl.-6-
pe.c.te.Uft d' Agft.-i.c.ultuJt e. BVI. vcw, a/ -6 de.s ft e.-6-6 0Uft C.e.s di.ve.Jt-6 e.-6 daVl.-6 l e.s
d~tJt.-i.c.~ de. Bon.gouan.ou e.t Dhnb olvr. 0
(4) ANCI 1 RR 39, Rappoftt du Se.Jtv.-i.c.e. d'Agft.-i.c.ultuJte. -6Uft le. N'z.-i.-Comoé,
Ab.-i.djan., le. 28/2/1914.
l5) ANCI 1 RR 39, n. 0 691. Rappoftt agft.-i.c.ole. du N'z.-i.-Comoé pOUft 1917.
Dhnbokfto, le. 1e.Jt jan.v.-i.e.Jt 191&.

647.
A. lire.. 1 e ra pp 0 r t
sur l a s i tua t ion a gr i col e de
l'année 1924,
il semble que
la culture de riz ait enregistré
une forte
régression dans la région
:
"On. a dê.Jà., -6an.-6 .!l.ê.-6u.-ttat, e.n. 1912 Ou. 1913,
"e.-6-6aljê. de. -tan.c.e..!l. c.e.tte. c.u.-ttu..!l.e. (-te. .!l.i.z).
L'he.u..!l.e. -6e.mb-te.
"ve.n.u.e. de. .!l.e.c.omme.n.c.e..!l. c.e.t e.-6-6ai. i.n.6.1l.u.c.tu.e.u.x" ( 1).
Des résultats
plus positifs sont néanmoins
obtenus ailleurs) essentiellement avec les cultures plus
anciennes:
ignames,
bananes,
manioc et mais
(2). Et ceci
quelle que soit l'incidence locale des intempéries.
D'autre
part,
l'on rompt désormais avec la tradition,
l'objectif de
la
production ne
se limitant plus exclusivement à la consom-
mation.
En prévision de la commercialisation,
les champs sont
agrandis.
Cette extension de la production vivrière,
propre a alimenter le courant commercial,
est fortement
encouragée par l'Administration
qui,
de surcroît,
facilite
le transport du
surplus commercialisable vers les centres de
Bongouanou et de Dimbokro,
en introduisant des monoroues,
biroues et des charrettes
(3).
Le bénéfice assez substantiel,
(1)
ANCI 1 RR 39, Rappo.!l.t -6u..!l. -ta -6i.tu.ati.on. ag.!l.i.c.o-te. e.t zoo-
te.c.hn.i.qu.e. du. N'zi.-Comoê.,
pou..!l. -te. t.!l.oi.-6i.~me. t.!l.i.me.-6t.!l.e.
1924.
(2)
"L'indigène possède en abondance
les vivres nécessaires à
"son alimentation".ANCI
1 RR 39,
Rappo.!l.t du. Se..!l.vi.c.e. de.
-t'Ag.!l.i.c.u.-ttu..!l.e. -6u..!l. -te. N' zi.-Comoé.. Abi.dJan., -te. 28 6é.v.!l.i.e..!l. 1914
(3)
ANCI 1 RR 39, Rappo.!l.t du. Se..!l.vi.c.e. de. -t'Ag.!l.i.c.u.-ttu..!l.e. -6u..!l. -te.
N'zi.-Comoê.. Abi.dJan., -te. 28 6é.v.!l.i.e..!l. 1914.
o

648.
retiré de
la vente des vivriers,
représente également,
autour des années vingt du moins,
(1)
une incitation non ne-
gligeable dans
l'extension des surfaces cultivées,
dans la
mesure où
les chantiers du chemin de fer et la région côtière
proche drainant une masse importante d'ouvriers, offrent un
débouché "naturel" à la production vivrière de
notre région
( 2) •
On peut affirmer que le spectre de
la famine
disparait définitivement du Moronou,
autour des années vingt,
m~me si subsistent, par la suite, ici et là, les disettes
et les problèmes de
soudure.
Cette amélioration de
la situa-
tion alimentaire n'est-elle pas à mettre en liaison avec
l'accroissement des surfaces cultivées?
(1) En 1920, pak exemple, l'~gname éta~t eXQe~~~vement Qhek.
"Il coûtait jusqu'à 8 F.
les dix à Ouellé, et 7 F.
les
"huit à Bondoukou".
Cn.
ANCT 1 EE 139 [7 J, nO 720.
Rappokt ~uk la ~~tuat~on agk~Qole du N'z~-Comoé pOUk le
2è.me tk~me~tke
1921. Et le kappokt d'ajoutek
: "Et les
agni allaient dans ces localités pour s'en procurer",ANCT
1 EE 13917, nO 720 op. c ct.,
(2)
En 1922, une année qu~ ne nut pa~ .pakt~Qul~è.kement
bk~llante pak ~a kéQolte v~vk~è.ke, l'adm~n~~tkateuk du
N'z~-Comoé éQk~t : "C'est par wagons complets qu'ignames
"et maïs ont pris le chemin de
Bouaké où
la demande est
" c o n sidérable,
tant en raison des troupes noires qui vont
" y être stationnées au
lendemain du recrutement que des
"travaux d t a v an c e men t
du rail".Cn.
ANCT 1 EE 139, Rappokt
~uk la ~~tuat~on agk~Qole et zooteQhn~que du N'z~-Comoé,
POUk le 4è.me tk~me~tke
1922.

649.
B -
EVOLUTION DE LA SURFACE CULTIVEE
Les données font
défaut pour pouvoir indiquer,
même très approximativement,
les superficies cultivées,
en
produits vivriers,
avant 1926. Après cette date,
l'examen
de
l'évolution des surfaces devient possible,
grâce aux
enquêtes réalisées successivement en '1926,
1933 et 1938.
La première constatation,
extrêmement frappante,
c'est l'augmentation des surfaces cultivées de
tous les vi-
vriers,
au niveau du Cercle du
N'zi-Comoé,
entre 1926 et
1933.
Voici les chiffres:
Ignames/bananes
Mais
Manioc
Riz
1926
1.200 ha
400 ha
800 ha
60 ha
1933
18.970 ha
1.250 ha
7.000 ha
1. 392 ha
+
1.481 %
+
212 %
+
775 %
+
2.220 %
On remarquera l'essor exceptionnel de toutes
les surfaces cultivées,
pendant cette période,
sans omettre
de souligner les pourcentages d'augmen'tation extrêmement
élevés,
d'abord du
riz
(+
2.220%),
puis de l'igname/bananes
(+
1.481%), ensuite du manioc
(+
775%)
et enfin du maïs
(+
212%).
A quoi est dû
cet essor fantastique
des cultures
vivrières? On peut v voir trois raisons:
en
premier lieu,

650.
l'incitation administrative qui ne l~sine devant aucun
moyen
(1);
les gains substantiels retir~s de la vente des
exc~dents dont le d~bouché fut assur~ de façon permanente,
pendant ces ann~es; enfin la régularit~ des pluies favorisa,
au
cours de ces annees,
une récolte suffisamment abondante
pour la consommation locale et aussi pour la vente exté-
rieure.
Après 1933,
le rythme de la progression s'es-
soufle.
Si l'augmentation des surfaces se maintient pour l ' i -
gname et la banane plantain ainsi que pour le maïs,
c'est au
contraire la diminution -
et dans des proportions extrêmement
importantes -
pour le manioc
(-40,7%)
et le riz
(-49%).
La comparaison des chiffres des enquêtes de 1933 et 1938
montre l'~volution de ces diff~rentes cultures:
Ignames/Bananes
Mais
Manioc
Riz
1933
18.970 ha
1.250 ha
7.000 ha
1.392 ha
1938
33.500 ha
10.500 ha
4.150 ha
700 ha
+
76 %
+
813 %
- 40,7%
- 49,7%
( 1)
Le. kappMt agk-tc.ole. de. 1926 kappMte. : "Dès janv ier, les habitants
"commenceront les grandes cultures, des ordres ont été .donnés pour
"que les cultures vivrières ne soient pas négligées, des surfaces
"importantes seront plantées en ignames, mais, manioc. Des efforts
"seront en outre faits pour encourager la culture du riz, partout
"où elle est pratiquée".ANCl 1 RR 39, Rappokt!.lWl. la !.l-t;tuwon agk-t-
c.ole. e.t zoote.c.hn-tque. du N'z-t-Como~, pOWl. le. 2~me. tJr.-<-me.!.ltJr.e. 1926.
POWl. c.e.tte. de.Jr.n-tèAe. c.uituJte., le. k-tZ, pkopagande., k~c.ompe.Me. aux.
be.iie.!.> k-tz-tèAe.!.> e.t au!.l!.l-t pO!.l!.l-tb~t~ de. c.Jr.~d-tt aupk~!.l du Gouve.Jr.ne.-
me.nt, !.le.Jr.ont uW-t!.>u pOWl. e.1'l ac.c.Jr.oZtJr.e. la !.lWl.oac.e.. Co. ANCI 1 RR 39,
Op. C-tt. 3~me. tJr.-<-me.!.>tJr.e. 1924.
En 1930, l'Adm-tn-t!.>tJr.ate.Wl. de. Ce.Jr.c.le. -tM-t!.>te. à nouve.au !.lWl. le.!.>
c.ultuJte.!.> V-tVk-tèAe.!.> :
"Si l'on ne doit point distraire des forces pour une autre culture
"industrielle que le cacao, on peut se permettre de porter un effort
"particulier aux vivriers. Les Agni vivent essentiellement d'ignames
"et de bananes, alimentation pauvre. C'est pourquoi je proposerais
"d'y adjoindre la culture C••• ) qui aura le double avantage d'in-
"traduire un aliment complet dans la nourriture des indigènes et
"de leur apporter un bénéfice accessoire, presque aussi élevé que
"celui du cacao, aux cours actuels tout au moins". CO, ANCI 1 RR 39
Rappokt !.lWl. la !.l-t;tuat-tonagk-tc.ole. e.t zoote.c.hn-tque., 4e. tJr.-<-me.!.>tJr.e. 1930.

651 .
C -
PRODUCTIONS VIVRIERES ABONDANTES
l
-
~E MOUVEMENT DES QUANTITES RECOLTEES
Avant 1926,
l'exportation des vivriers disponibles
sur la Basse Côte-d'Ivoire,
par
chemin de
fer
(1), laisse
supposer que la production excédentaire,
a largement cou-
vert,
pendant la période 1921-26,
les besoins de la consomma-
tion locale.
Par ailleurs,
le mouvement des exportations,
irrégulier d'une année à l'autre,
traduit en chiffres les
fluctuations de la production,
sév~rement soumise en 1923
et 1924 aux aléas climatiques
(2)
et aux
invasions de sau-
terelles.
De 1926 à 1938, le mouvement de production est
continuellement ascendant pour les ignames/bananes et le maïs,
avec des taux de croissance annuelle inaccoutumés de 284%
pour les ignames/bananes et 93% pour le maïs.
(3)
La courbe de
production de riz offre une forme
plus tourmentée.
La produc-
tion de riz,
de tendance haussi~re entre 1926 et 1933, subit
apr~s 1933 une diminution de l'ordre de 53% (4). Ce déclin
est imputable pour une bonne part à la prospérité dont jouit
alors la région.
Le cacao et le café,
apr~s les mauvaises
années de crise,
sont de plus en plus prisés sur le marché.
llJ C6. Ta.bf.e.au de/.) e.XPaJr.:ta;t{.OM.a.nYl.LLe.Ue/.) pM f.e/.):tJr.o.iv6 gMe/.) du MaJr.o-
nou, Ànnexe 8, P.847.
(2) La. ~~Qh~e.~~e., qu~ ~~v~t de. m~~ju~e.t à d~but ~e.pte.mb~e. 1924 Qomp~o­
m~t fa. ~~Qof.te. a.nYl.LLe.Ue. de/.) ~gna.me/.). C6. ANeI 1 QQ 104, nO 197, Adm~­
~:tJr.a.te.~ du N'z~-Como~ à f.'IMpe.Qte.~ de/.) A66~e/.) Adm~n.iv6:tJr.~ve.~,
Lou.iv6 M~a.t. Dimbo~o, f.e. 25 d~Qe.mb~e. 1924.
(3) VO~Q~ f.'~vof.u~on de/.) p~oduQ~oM du N'z~-Como~ e.n y ~nQf.ua.nt po~
f.'a.nn~e. 1938, f.a. pMt de. f.a. ~ubd~v.iv6~on de. Bongoua.nou.
~
Igna.me/.)/ba.rta.ne/.)
M~
1926
7.160 t.
1.000 t.
1933
54.856 t.
875 t.
1938
251.000 t.
455 t.
(4 ) De. 600 tonne/.) e.n 1926,
à 455 tonne.~ e.n 1938.

652.
Il en résulte que le riz qui n'a
jamais été très apprécié,
en tant que culture,
est délaissé au profit du cacao et du
café,
cultures reines au Moronou.
Cependant,
on doit reconnaître que d'une manière
générale, de 1926 à 1938,
l'essor fut constant,
les récoltes
abondantes,
les fluctuations à la baisse inexistantes,
excepté le déclin de 1938 enregistré au niveau de la produc-
tion du riz,
trop isolé pour donner des inquiétudes.
2 - ACCROISSEMENT DES RECOLTES ET
BAISSE DES RENDEMENTS.
Ûn ne
doit évoquer qu'avec beaucoup de circonspec-
tion l'augmentation des rendements ou productivité
(1)
pour
~
rendre compte de l'accroissement des récoltes.
Car les sta-
tistiques qui en témoignent n'ont qu'une valeur toute rela-
tive.
En effet,
dans la mesure où celles-ci représentent une
moyenne de rendement entre zones de nature différentes,
celle-ci risque de ne
pas refléter la réalité.
La diversité
des situations,
notion fondamentale en agriculture,
ne
peut
être traduite par une donnée aussi générale qu'une moyenne.
C'est pourquoi la variation des rendements,
selon les enquêtes
de 1926 et 1938, entre des zones de fertilité aussi tranchée.
la subdivision de Bongouanou,
favorisée par la nature et
l'ensemble du N'zi-Comoé renfermant la partie occidentale
du Moronou,
relativement plus déshéritée,
parait si infime,
à l'examen du tableau suivant.
(7) Le ~al~ul du ~oduit ~g~~~ole p~ he~~e de ~up~6~~~e ~g~~~ole
pMmet de fu dé.tMmÙt~.

653.
RENDEMENT A L'HECTARE DES PRINCIPAUX PRODUITS
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
1926
1938
!~~~~~~{~~~~~~~
Subdivision de Bongouanou
6t/ha
8,5t/ha
Cercle du N'zi-Comoé
6t/ha
9t/ha
Mais
Subdivision de Bongouanou
3,4t/ha
l,5t/ha
Cercle du N'zi-Comoé :
2,5t/ha
l,lt/ha
Manioc
- - - - - -
Subdivision de Bongouanou
5t/ha
7t/ha
Cercle du N'zi-Comoé
5t/ha
Riz
Subdivision de Bongouanou
lat/ha,
0,8 t/ha
Cercle du N'zi-Comoé
lat/ha
0,6 t/ha
Il en ressort essentiellement qu'en 1926,
le rende-
ment est identique dans la subdivision de Bongouanou et dans
l'ensemble du N'zi-Comoé,
pour chacune des récoltes mention-
nées,
à l'exception du maïs dont le produit moyen à l'hectare
est supérieur de pres du
tiers dans la subdivision de Bongoua-
nou,
par rapport à la performance moyenne obtenue dans le
reste du Cercle.
En 1938, la démarcation est relativement
plus nette.
Les écarts sont notés au niveau de tous les pro-'
duits:
ignames/bananes:
5,56% de rendement supérieur au
profit du N'zi-Comoé; maïs:
36% a l'avantage de la subdivi-
sion de Bongouanou;
r i z :
33% au profit de la subdivision
de Bongouanou.
Au-delà de ces précisions,
il parait intéressant
d'examiner l'évolution des rendements,
récolte après récolte.
Si les rendements des ignames/bananes et du manioc augmentent
à la fois dans la subdivision de Bongouanou et dans le reste
du Nl zi-Comoé,
pendant les douze années qui s'écoulent de
1926 à 1938, de 49% environ,
il est au contraire à la baisse,
aux deux points d'observation,
pour le mais
(-44%) et pour
le riz
(-93%).
En utilisant le procédé de l'indice synthétique,

654.
nous obtenons une tendance fondamentale de l'allure générale
des rendements négative
(-57%),
au
cours de cette douzaine
d'années (1).
A quoi doit-on attribuer alors l'augmentation
progressive entre 1926 et 1938,
des différentes récoltes?
Ce n'est sans doute pas à un rendement intensif des sols,
à la productivité qui, au lieu de s'accroltre, décline. L'aug-
mentation des récoltes est imputable. essentiellement à
l 'a c c roi s sem e n t des sur f ace s,
con tin u e,
pen dan t
ces d 0 uze a n -
nées où il nous a été donné d'en suivre l'évolution.
Les
cultures vivrières ont été activement poussées,
grâce à un
concours de plusieurs facteurs,
évoqués dans cette citation )
empruntée au rapport agricole du
N'zi-Comoé,
pour le
premier semestre de l'année 1938:
"La pJtopago.n.de.. adm"<'n."<'J.dJtat..<.ve.. paJtaZt «v oI». poJtté.
"J.le..J.l nJtu..<.tJ.l.
La han.t..<.J.le.. d'un.e.. d"<'J.le..tte.. a é.gale..me..n.t joué..
"En.n..<.n., .t'''<'n.d''<'gè.n.e.. t..<.e..n.t à. Jté.J.le..Jtve..Jt J.lon. aJtge..n.t pouJt d'au-
"tJte..J.l dé.pe..n.J.le..J.l que.. l'ac.hat de..J.l mat..<.è.Jte..J.l al"<'me..n.ta"<'Jte..J.l.
Ila
"ma"<'n.te..n.an.t d'autJte..J.l be..J.lo"<'n.J.l e..t "<'l J.le..n.t auJ.lJ.l"<' l'augme..n.ta-
"t..<.on. du c.oût de.. la v"<'e.."(2).
A ces motifs,
il faut ajouter les conditions clima-
tiques extrêmement favorables dont
jouit la région,
à la fin
(1) NoUJ.l l'avoYl.J.l obte..n.ue.., J.laYl.J.l te..n...<.Jt c.ompte.. daYl.J.l le.. c.af.c.ul de..-ô Jte..n.de..-
me..n.tJ.l du man...toc. :
1926
1938
'ïotar. des Jte..n.de..me..n.tJ.l de.. toute..-ô
1e...J.> Jté.c'oU~ •••••..•..•...••...••
37,9 ha
21 ,5 ha
Moye..n.n.e.. .........................
6,3 ha
3,6 ha
In.d"<'c.e.. de.. moye..n.n.e.. ...............
100
57
(2) ANCI 1 Q2-IV-15-120 l3743), RappoJtt é.c.on.om..<.que.. du Ce..Jtc.le.. de.. V~nboQJto,
pouJt le.. pJte..m"<'e..Jt J.le..me..-ôtJte.. 1938.

655.
de la période étudiée
(1)
et aussi
la suppression des presta-
tions administratives qui
lib~rent de nombreux bras pour les
travaux des champs.
Baisse de la productivité et augmentation concomit-
tante des récoltes,
c'est le trait majeur de l'agriculture
extensive des
pays tropicaux qui,
au détriment de la rentabi-
lité,
étend démesurément son domaine territoriaL,
par l'ex-
ploitation outranci~re des forces productives. Ainsi, llagri-
culture vivri~re du Moronou colonial portait-elle déjà dans
ses structures,
les germes de son sous-développement.
Le progr~s de l'agriculture du Moronou colonial
s'av~re indéniable. Il est manifeste à la fois dans le secteur
des cultures de traite et des produits vivriers.
Ce tableau
de l'évolution agricole de notre région ne doit pas cependant
faire
illusion,
bien des aspects du
progr~s agricole n'ayant
pu être correctement abordés,
voire effleurés.
Il en est ainsi
des disparités régionales dont on
soupçonne,
au-delà du
progr~s général, l'existence. De même l'élevage, malgré son
insignifiance à l'époque coloniale,
aurait mérité de
trouver
sa place dans ce chapitre.
Tous ces éléments,et j'en passe,
ne pouvaient que contribuer à enrichir le développement de
ce chapitre,
consacré au
progr~s de la production, si une
documentation suffisamment étoffée avait pu être exploitée.
(1 J L'année 1938 ~t ~econnue comme une année pluv~e~e : 1.159 mm de
pfu~e cordne. 557 mm pOM 1937, eMe9,wtlté~ à. D~bolvto. "La saison
sèche (janvier-février) n'a pour ainsi dire pas existé et la végéta-
tion n'a pas été déssèchée comme à l'ordinaire".C6. ANCI 1 Q2-1V-15-120
{3743J, Rappo~t économ~que du N'z~-Comoé, pOM ~e p~em~~ ~em~tlte
1938. L~ condilioM c.Li..matiqu~ f~ p~ J.>at-W6a-Want~ é~ent
~é~é~ pOM f~ cuftM~ v~v~~èk~.

656.
CHAPITRE XIV
LES FRUITS DE L'EXPANSION
REVENUS E'l' SALAIRES
Tenter d'appréhender la réalité du
revenu du
planteur Morofwo et celle du
salaire du manoeuvre qui est
à son service est une gageure. Comment restituer ces diffé-
rentes réalités,
en l'absence de toutes sources privées sur
les entreprises de
l'époque coloniale,
aussi
bien européen-
nes qu'africaines? Dans la meilleure des hypoth~ses, nous
ne
disposons que de sources de comptabilité théorique,
au-
trement dit
des
notions générales,
universellement appli-
cables,
mais
jamais on
n'atteindra le revenu ou
le salaire
concret d'un planteur ou
d'un ouvrier agricole de l'époque.
r
LE REVENU AGRICOLE
UNE APPROCHE DE LA REALITE
Le débat du
revenu agricole,
tel qu'il se pose aux
historiographes occidentaux,
est loin d'avoir reçu de nos
jours une solution satisfaisante,
en dépit des méthodes
d'analyse et d'investigations relativement poussees,
utili-
sees pour restituer cette réalité dans
le passe
(1).
C'est
dire la difficulté,
quand il s'agit d'une telle étude à pro-
pos des sociétés du
tiers-monde,
en l'occurence du Moronou
,ê~lonial, caractérisé par l'absence de toutes sources privées.
(1 1 J. Pope~en, l'Etude h~~to~~que de la comptab~l~té de
l'ag~~cultu~e : l'exemple de l'Ind~e et Lo~~e, Revue
H~~to~~que, Octob~e-Vécemb~e 7967, pp. 303-332. G. Vé~e~t,
le~ pay~an~ du Calvado~, 3e pa~t~e, II, le~ ~evenu~,
pp. 838-7076.

657.
Prenant le risque de
tenter cette aventure,
il importe
de souligner au départ qu'il n'est point question ici d'en-
visager d'autre revenu que celui tiré du cacao et du café,
à défaut de toute trace de comptabilité sur les cultures se-
condaires et vivrières.
C'est une lacune de taille, compte
tenu de la place occupée par ces dernières, parmi les acti-
vités à la campagne.
A - LE PROBLEME DE L'ETABLISSEMENT DU REVENU
M~me en nO~s en tenant aux cultures du cacao et
du café,
il nous a paru impossible d'établir de façon sérieu-
se le revenu net.
Trop d'obstacles s'accumulent sur notre
route
: sans envisager des questions pratiquement insolubles
d'amortissement du capital d'exploitation,
des plus-values
apportées à la terre
(amendements,
drainage},
constatons que
chacune des composantes permettant de passer du
revenu brut
au
revenu net,
est une source de difficulté.
Ainsi, en va-t-il des charges salariales.
Elles
varient déjà à l'époque dans des proportions notables. Toutes
les situations existent entre deux extr~mes, du modeste
planteur,
exploitant son champ avec une main-d'oeuvre essen-
tiellement familiale,
mais qui a besoin de faire appel au
groupe de villageois de
sa génération,(l)
quelques jours par
an
(au moment du concassage des cabosses de cacao ou de la
récolte de
café),
au
gros planteur utilisant une main-
d'oeuvre en permanence.
Il faudrait en outre distinguer entre
frais fixes et frais variables,
autant de facteurs rendant
complexe le calcul de la charge salariale, complexité accrue,
si l'on veut distinguer entre la fraction des rémunérations
(7)
Le. Wi.f...f..IJ" et: le, noboa
.s o nt: e.11C.OJte. de. no s jouJt-6 de:s 6oJtme.-6
de. tJtava~.e. c.ouJtavtte.-6.

658.
versées en argent et celle représentée par la nourriture et
les autres obligations.
Enfin,
l'établissement d'un budget
type,servant à mesurer les dépenses d'une famille, demeure
relativement théorique,
car certains postes incompressibles
à nos yeux, voire à ceux des contemporains résidant en
ville,
peuvent devenir à la campagne du superflu.
"L'homme
de i~ tekke ~ ~ouvent tend~nQe, Qomme i'~Qk~t R. Hub~Qhek,
~ ne p~~ ~'~utok~~ek piu~ qu'~i ne iu~ p~k~~t n~Qe~~~~ke et
~ kognek ~uk un Qekt~~n b~en-ê.ue" II ) .
l
- HOMOGENEITE SOCIALE ET DIFFERENCE
DE REVENUS
Pour toutes ces raisons,
les résultats auxquels
on peut aboutir ne peuvent guère dépasser le stade du revenu
brut, calculé sur les seules exploitation~ cacaoyères et
caféières, cultures dominantes.
Comment appréhender en effet
la part ~respective dévolue aux cultures vivrières et aux
cultures de cueillette, quand les documents de l'époque ne
mentionnent que le seul büdget des exploitations cacaoyières
et caféières
!
Encore des calculs obtenus sur ces dernières
sont-ils davantage la traduction d'une moyenne que le reflet
fidèle de la réalité.
D'autre part, ces budgets théoriques,
dressés en
1936,1937, 1938,par les services administratifs
compétents,s'ils sont dignes de confiance,
reflètent beaucoup
plus les caractéristiques de l'entreprise européenne et de
l apI a n t a t ion a f r i c a i ne " m0 der n i sée" que c e Il e s deI a m0 yen ne
des entreprises africaines locales. Le premier exemple est
l'illustration de la plantation caféière moderne,appartenant
au colo~Ç bénéficiant au départ d'un capital relativement
important.(2)
lI) R. Hub~Qhek, i'Agk~Quituke et i~ ~OQ~~t~ kuk~ie d~n~ ie
F~~-de-C~i~~~, du m~i~eu du 19~me ~~~Qie ~ 1914, Akk~~,
1980, t.
II, p. 521.
(2)
V~tekm~n~t~on du ~k~X de kev~ent du c~6~ pubii~e p~k
ANCI,
1 RI-XI-346-349
(860)
1936.

659.
VEPENSES
celles-ci sont établies pour une plantation de
100 hectares.
Première annee
1) F~a~~ d~ eon~t~tut~on :
Enregistrement du titre provisoire
1. 000 F •
-
Délimi tation
• . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8.000 F •
-
1 mmatr icu lat ion
.
6.000 F •
- Mutation
.
2.250 F •
-
Bornage et redevance annuelle
..
700 F •
17.950 F •
2) F~a~~ d'étabf~~~~m~nt d~ fa pfantat~on :
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
-
Abattage
• . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24.000 F.
-
Tassag e de l' aba t t i s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
4.800 F.
-
Brûlage . . . . . . . . . . . . . . . ... . . . . . . . . . . . . . . . .
6.720 F.
-
Piquetage,
trouaison
14.000 F.
-
Plantation
6.000 F •
- Prix de revient des plants
. 20.000 F •
- Etablissement des voies de communication
.
8.000 F •
-
Plantes de couverture
2.000 F •
-
Sarclage
.
8.000 F •
95.520 F •

669.
Habitation - magasin - potager - jardin
.
50.000 F •
- Campements des manoeuvres
10.000 F •
- Outi lIage
.
5.000 F •
-
Camion
:
.
30.000 F •
-
Fr ai s de
Dire cti on
.
30.000 F •
- Frais généraux ... . . . . . . .. . . .. . . . . . . . .. . . .
6.000 [ .
131.000 F •
Deuxième annee
-
de
direction
.
30.000 F.
- Frais généraux
6.000 F.
122.000 F.
5)
Troisième annee
- Frais die ntr etien ••.••...•••.•...•.•..•..
28.000 F .
- Fr ai s de dire ction ••..••••...••.........• 30.000 F .
Fr ais generaux
• . • . • • . . . . . • • . . • . . . . . . . . . . .
6.000 F .
64.000 F .
6)
Quatrième annee
40.000 F •
- Fra i s dl entretie n . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
30.000 F .
- Frai s de dir ection • . • . • . • . . • . . . . . . . . • . . . •
30.000 F .
Frais généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.000 F .
106.000 F .

661.
RECAPITULONS LES DEPENSES
1ère année
.......................... 244.470 F•
2eme
année · ...........................
122.000 F •
3ème année ·...........................
64.000 F •
4ème année ·...........................
106.000 F •
TOTAL
.................... ..... 536.000 F•
Cet engagement de 536.000 F.
est à amortir en
vingt ans,
soit 26.800 F.
par an.
Il faut y ajouter l'inté-
rêt annuel,
estimé à 5% de la somme immobilisée, soit
26.800 F. Il faut donc prévoir un amortissement total de
53.600 F.
En escomptant une récolte de 500 kg de café
marchand par hectare,
la récolte totale s'élève à 50 tonnes.
Les frais,
à partir de la cinquième année/s'élèvent dont:
- Amortissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . •
53.600 F .
-
Frais de
direc ti on
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . • 30.000 F •
- Frais d'entretien
30.000 F .
-
Frais de récolte, de
préparation et
d'ensachage
pour 50 tonnes
.
70.000 F .
-
Frai s généraux
• . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.000 F •
188.600 F .
Le prix de revient du
kilogramme de café a la
plantation: 188.600 : 50.000 = 3,7 F.

662.
RECETTE DE LA RECOLTE
Si en 1936, le prix d'achat au
producteur est
de 4 F. le kilo
(1),
la récolte annuelle de 50 tonnes peut
être estimée à 200.000 F.
(francs courants).
BENEFICE
11.400 F.
soit 114 F. a l'hectare.
Le budget de l'exploitation du cacaoyer est iden-
tique à celui du caféier,
pour la grande exploitation euro-
péenne
: "le~ 6k~i~ d'~t~bli~~tment de l~ pl~nt~tion ~ont a
"peu de cho~e pk~~, ~g~ux a ceux Qu'exige une pl~nt~tion de
"c~6~ jU~Qu'a l~ Qu~~i~me ~nn~e"[2J.Les frais d'entretien
d'une plantation de cacao étant moins élevés,
les dépenses
se répartissent comme s u i t :
Dépenses de
la 1ère année
·...... 244.470 F.
Dépenses de
la 2ème
année
· . . . . . . , 122.000 F .
Dépenses de la 3ème année
·...... 64.000 F.
Dépenses de la 4ème année · ......
86.000 F .
516.470 F.
A ce premier lot de dépenses,
il faut ajouter les
frais de la récolte et de la préparation du
produit, au
moment où le cacaoyer
entre en rapport.
Les dépenses enga-
gées pour la préparation d'une tonne de cacao
(3) sont les
suivantes
[1) C6. le t~bleau de~ pkix moyen~ ~nnuel~ de~ pkoduit~
Annexe 11, p. 851.
[2)
ANCI 1 RI-XI-346-349 [860), d~tekmin~tion du pkix de ke-
vient du c~c~o.
1936.
[3) Le kendement moyen pOUk un hect~ke ~t~it ~v~nt l~ guekke:
une tonne de cac~o "chi66ke 6~cilement ~tteint et 6k~­
Quemment d~pa~~~rl. C6.
Ibidem, op. cit.

0 0 ) .
- Ré.c.o.tte. et. c.onc.aJ.lJ.lage. ..••...•...••
100.000 F.
- M~J.le. e.n bac., J.lU~ve.~.t.tanc.e. du bac.
e.t: du sè.ch oc« •.....•.....•...•.•••
40.000 F.
- Bo~J.l a b~a.te.~ pou~ .te. J.lé.c.ho~~ •••••
20.000 F.
- Ac.hat de. 10 J.lac.J.l ••.••.•.••••••.•••
40.000 F.
lota.t pou~ .ta p~é.pa~at~on d'une.
tonn.e. de. c.a.c.a.o
. 200.000 F.
Récapitulons les dépenses engagées pour les
cinq annees
:
lè.me. anné.e. · .. ·. · · .. ·.... ........... 240.470 F •
2è.me. anné.e. ·. . . .. · · ...... ...........
122.000 F •
3è.me. anné.e. · .. · . ··.. ·........... ....
64.000 F •
4è.me. anné.e. ·.. · . ·. ·......... . ... . . . . . .
86.000 F •
5è.me. anné.e. ·.. · ... · . ·............... 200.000 F•
TOTAL · ...................
716.470 F •
Amortissement du capital
(716.470-F:)
et de
l'ilüérêt,
à paritr d
.La Sème année
71.647 F.
è
- Frais de
direction
30.000 F.
- Frai s dl entre tie n
20. 000 F.
-
Fra i s
ge neraux
6.000 F.
TOTAL frais de revient pour 100 ha
127.647 F.
Frais de
revient d'un kilogramme de cacao sec a
la plantation
1,275 F.
Recette de la récolte de cacao pour 100 ha,
en 1936
l
F. x 100.000 kg = 100.000 F.
P E RTE:
1.276,47 F.
- 1.000 F.
= 276,47 F. par hectare (1)
llJ SanJ.l c.ompte.~ .te. p~~x de. t~anJ.lpo~t de. .ta p.tantat~on au
Ce.ntAe. d'Ac.hat e.t .te. p~~x de. .ta ma~n-d'oe.uv~e. né.c.e.J.lJ.la~~e.
pou~ .ta J.lU~ve.~.t.tanc.e., m~n~me.,~.t e.J.lt v~a~.

En effet,
les bas prix pratiqués au cours des
dernières années
(1)
"ont jU.6te. pe.ltm-t.6 à. la. plupa.ltt de..6
colon.6 de. *te.n-tIt*"12J, c'est-à-dire de faire face aux
dépenses occasionnées par la récolte du cacao et d'assurer
en partie l'entretien de leur plantation. Quant à la rému-
nération du capital, elle n'a pu être qu'infime dans quelques
cas très favorisés et pour tous les autres, inexistante (3).
L'établissement d'une prime à l'exportation
(4), ayant pour
but d'encourager les cultures du cacao et du café,
n'eut,
pour ainsi dire,aucune influence auprès des planteurs eu-
ropéens qui préférèrent,
pour la plupart, quitter la région
et se convertir à la cul ture- de bananes,
plus rentable en
Basse Côte d'Ivoire.
Le troisième
exemple correspond à "la. pla.nta.t-ton
-tnd-tgè.ne." de cacao, de taille relativement importante pour
l'époque:
10 hectares
(5).
Ici la nécessité d'une mise de
fond
importante ne s'impose pas dans la mesure où la terre
est concédée au planteur autochtone à titre gracieux, en
tant que membre de la communauté villageoise (6) et où ce
dernier est dispensé de faire appel à une main d'oeuvre sala-
riée pour l'exécution d'un certain nombre de travaux~ Ainsi
les frais de débroussaillement et,
plus tard du désherbage
de la plantation,
ainsi que la récolte du
produit,
travaux
exécutés soit par la main-d'oeuvre familiale,
soit par des
11 1 E~e.nUe.Ueme.nt de. 7933 à. 7936.
121 ANCI 1 R7-XI-346-349 18601 PIt.tx de. Ite.v-te.nt au ca.6é e.t du caca.o e.n
Côte. d'Ivo.i.Jte.. 7937.
.
13 J La. plteuve. fa. p.f.u.6 pa;te.nte. a. é.té l' a.b.6e.nce. de. tout»: pfa.nta.tion f1.OU-
ve.Ue. .tmpOIt~te. e.t .6é1t-te.u.6e. da.n.6le. Moltonou, au COU/t.6 de..6 c-tnq de.Jt-
n.<.è.Ite.s a.nnée.s de. fa. péltLode étu.d).ée. •
141 La. moye.nne. de..6 pIt.tme..6 poU/t le. Kg de. ca.6é pa.It e.xemple. .6' étab.ü..t comme.
.6ud poU/t le..6 4 de.Jtn-tèlt cs année.s a.n.-tVt-te..U/t e..6 à. 1937 : 0, 78 F. 17933 );
0,56 F. 179341; 0,32 F. 179351; 0,22 F. 179361., c..6. ANCI 7 R7-XI-346-
34918601, PIt-tx de. Ite.v-te.nt du ca.6é,1937.
.
.>....
' .
-
. -~' ~;I;
151 ACCCI doM-te.Jt 8.2, COM d'une. pfa.n;ta.t.{.on -tnd.<.gè.ne. de. 70 he.ctMe..6,
a.ItIt-tvée. e.n lta.ppOltt 7936.
16 J Il e.st: d~pe.Yl..6é uJU-{. des 6ltw d '.tmPOUtiOll 1e.nlte.g.0~t1teme.nt du
titlte. 60nc-te.Jt, dé~on, boltnage. e.t Ite.de.va.nce. annue.Ue., ~-t­
cufution •• . )

665.
amis de
la même génération,
sont payés en nature.
De même
l'ouverture et l'entretien de la piste conduisant à la
plantation, voie d'évacuation à l'occasion du produit, sont
assurés collectivemnet par tous les planteurs qui l'emprun-
tent régulièrement.
D'autre part,
il n'est pas acheté d'en-
grais ou très raremènt,
ni de
légumineuses de couverture et
d'ombrage,
certains arbres de la plantation assurant natu-
rellement par leur ombrage, ce rôle de protection des arbus-
tes contre l'ardeur des rayons du soleil. Enfin les semences
et les soins phytosanitaires sont fournis gracieusement au
planteur "indigène" par les services compétents de l'Agricul-
ture.
Dans ces conditions,
le budget du
planteur est le
suivant
DEPENSES
-Construction du campement
.
5.000 F.
-
Débrousaille~ent,
abattage
.
5.000 F .
-
1mpl antation
.
1.500 F .
- Con struction de séchoirs
.
7.500 F .
-
Entretien pendant 4 ans
.
8.000 F.
'L7.000
F .
- Frai s de
réc olte
"
.
2.500 F .
-Frais d'entretien
... .. . . ...... .... . . . . . . . . 4.500 F.
-Amortissement des 27.000 F.
de
frais
d'établissement en 15 ans,
soit par an
1. 800 F .
-Imprévus
.
1.000 F .
9.800 F .
Etant donné que les 10 hectares de plantation four-
nissent 10 tonnes de
cacao,
le prix de
revient d'un Kg de
cacao = 9.800 F.
: 10.000 = 0,98 F.

666.
RECETTE DE LA RECOLTE
---------------------
_ l F. X 10.000 Kg = 10.000 F. pour 10 ha
BENEF.ICE
10.000 F. - 9.800 F. = 200 F. pou~ 70 ha,
~o~t 20 F. pou~ 1 ha.
Môlgré la réduction des dépenses engagées,
les
gains réalisés demeurent somme toute peu flatteurs.
Les exemples précédemment évoqués définissent
deux types de culture. Les deux premiers incarnent l'agricul-
ture de type moderne "avancé"; celle-ci peut être qualifiée
"
d'intensive;
en effet,
l'importance accordée aux engrais,
aux plantes de
couverture,
l'utilisation d'un outillage per-
fectionné
(1) affirment le caractère moderne de ces deux
premières exploitations.
La seconde exploitation, correspon-
dant au dernier exemple,
ne
peut prétendre rivaliser avec
celles-là au
plan des moyens financiers et techniques.
Elle présente de nombreux traits traditionnels, malgré
l'effort d'adaptation. On notera par ailleurs que les charges
pesant sur cette dernière sont beaucoup moins lourdes, et
surtout que les structures sont beaucoup mieux adaptées dans
le dernier exemple d'exploitation, surtout si l'on se réfère
à la conjoncture
de
l'époque.
Le résultat se traduit par
un profit légèrement supérieur,
réalisé dans ce dernier type
d'exploitation.
Que vaut une telle conclusion ? Et sommes-nous à
même, à partir de ces budgets théoriques, d'aboutir à autre
chose qu'à une saisie très partielle des revenus?

667.
2
- REVENU ET NIVEAU DE VIE
La vue très approximative que nous pouvons avoir
des revenus de l'époque,
n'est,
somme toute, qu'un inconvé-
nient mineur.
Reconnaissons en effet que la majorité des
planteurs du Moronou,
hier comme aujourd'hui,
ne s'attarde
pas à distinguer revenu brut et revenu net,
faute de pouvoir
appréhender correctement le prix de revient.
L'important c'est
la valeur atteinte par la vente des récoltes; aussi a-t-on
constamment les yeux rivés sur les mercuriales
(1).
Evoquer le problème du revenu dans le Moronou co-
lonial, en s'en tenant exclusivement à la rémunération
retirée des exploitations du cacao et du café,
serait es-
camoter le problème. On doit prendre en compte ici d'autres
éléments:
les ressources recueillies des produits dits
"de cueillette",
des cultures vivrières dont une partie est
écoulée sur le marché local,
mais encore des produits de
chasse et de ramassage qui offrent à la majorité des familles
du Moronou dont la vie est à prédominance rurale,
d'autres moyens
d'existence que l'on ne
peut appréhender par le seul examen
du revenu,
issu des exploitations industrielles.
On voit ainsi éclater la notion traditionnelle de
revenu, assimilé ordinairement au
niveau de vie,
voire au
train de vie.
La relation établie entre revenu et niveau de
vie
(2) est ici illusion, même si, dans la ville coloniale
de l'époque, il est possible d'inférer du revenu du fonction-
naire ou de l'ouvrier son niveau de vie.
En effet si le
salaire perçu en ville constitue pour ce dernier son unique
( 1J " L"e.xp.t.oaa..nt est: p-fu.6 J.>e.M-i.b.f.e. au pJtoduU bltut qu'au p/toduU ne.t"
R. HubJ.>che.Jt, op. cU., tome. 2, p. 526.
( 2) La' co/t/tUa:Uon entxe. lte.ve.n.u ei: MVe.au de. v-i.e. est: pate.nte., J.>Ulttout
daM .f.u> agg.f.oméJtatioM Ultba-<.nu> de. .f.' Ocude.nt du 19è.me. J.>-i.è.c.f.e. :
"Les exemples littéraires abondent au 19ème siècle, chez Balzac
et Stendhal. Tel revenu permet d'habiter à tel endroit, d'avoir tel
nombre de domestiques etc. Il situe socialement l'individu autant
que la f or tune't.R, HubJ.>che.Jt, op. cU. T.2 p. 526.

668.
moyen d'existence,
il en va
différemment du paysan Morofwo
dont le mode d'existence,
parce que plus étriqué, est mieux
assumé,
grâce à toutes les possbilités précédemment évoquées,
à lui offertes, qui lui permettent ~e dépasser le minimum
vital,
à peine assuré autrement, étant donné les aléas de la
r~munération attendue des produits industriels.
Ainsi va-t-il de soi que l'on ne peut ignorer toutes
ces composantes et s'en tenir aux seuls produits industriels
du cacao et du café,
pour apprécier le revenu du paysan moro-
fwo.
Cependant, malgré toutes ces réserves,
nous ne pouvons
écarter l'étude du revenu;
mais plutôt que de chercher à en
tirer des résultats faussement précis,
nous nous attacherons
à
déterminer les grandes tendances de son évolution.
La suite de cette étude nous conduira à analyser
les fluctuations du produit brut de trois secteurs fonda-
mentaux, celui des plantes industrielles et des produits
de cueillette;
nous aborderons ensuite l'évolution des
salaires.
B - LE PRODUIT BRUT DES RECOLTES DU CACAO ET DU CAFE
(1)
Analyser le mouvement de longue durée perçu de la
valeur des récoltes du cacao et du café eût été souhaitable;
mais la tâche, s'avérait irréalisable.
Il suffit d'évoquer
les difficultés à saisir une évolution ininterrompue des
deux productions, faute de
séries continues} au cours de la
période où il nous a été donné de les suivre.
Il n'était donc
pas possible de construire une moyenne mobile.
Dans ces con-
ditions,
nous nous sommes contentés de suivre l'évolution
des indices, car, au travers des fluctuations annuelles, se
dégage malgré tout une tendance générale.
1
"
lI) Nou~ nou~ ~é6é~on~ rou~ ~~ ~har~t~~ au r~odu~t b~ut g~oba~
d~ tout ~~ Ce~~~~ du N'z~-Comoé.


Fig. 22- CERCLE DU N" ZI COMOE
.
.
MOUVEMENT
ANNUEL
DE LA
VALEUR- DU
CACAO
(Base
1928:100)
500
1
1
1
100
1
"......
,,/
.....
c~
" V
V
• •
_ / / '
~,
1
,~, .~
··-c··--~ ,.-.---~ ~
1920
21
22
,
23
24
25
26
27
28
1929
30
31
32
33
34
35
36
37
38
1939
CJ'
0"'


(/70.
l
- LE CACAO
Une pre mi ère ph a se
(F i g .2 2P .669 ) s ' in div i d u al i se
nettement de 1920 à 1930, marquée par une tendance franche
à la hausse. Certes le point de départ est modeste, mais
la croissance est tout à fait remarquable. Elle atteint, en-
tre 1920 et 1928
(1),
Il,03%,
l'ampleur de la hausse étant
estimée à plus de 99%.
La courbe de valeur du cacao est
assez originale. Loin d'épouser une allure identique à
celle
des prix, elle évolue selon des traits spécifiques,
présentant une relative autonomie par rapport à ceux-ci.
A
1920, année de haut prix pratiqué sur le cacao,
correspond
le plus bas niveau du produit brut de cacao
(2).
D'autre
part,
de 1921 à 1928, la courbe de la valeur du cacao se
caractérise par un mouvement de hausse ininterrompue culmi-
nant en 1928. Ceci en dépit des fluctuations du prix de ce
produit qui, malgré son bon niveau, connait en
fin de période
une chute de - 25% par rapport à l'année 1920.
Les rendements continuellement orientés à la
hausse,
ne sont pas étrangers à cette situation, de prospê-
rité.
C'est le signe du succès de cette culture auprès des
planteurs du Moronou qui ont su résister au découragement,
devant l'avilissement relatif du prix du
cacao.
De 1928 a 1934,
s'ouvre une ère de graves difficul-
tés.
La courbe du produit enregistre un fléchissement notable
avec une diminution de 66% de la valeur de la production,
entre 1928 et 1934. Le taux de décroissance représente -11%.
L'effondrement du produit global brut,
notamment de 1930 à
1934, est un véritable désastre, malgré la brève remontée
des années 1932 et 1933. Ce sont les années noires de la crise,
(1 J Nou~ po~~édon~ en 1920 et 1928 de~ e~timation~ chiü6kée~;
le taux de ckoi~~ance e~t calculé a paktik de~ indiee~
de ce~ deux date~ extk~me~.
(2J Cela ~e eompkend dan~ la me~uke où la cultuke du cacao
e~t encoke a ~e~ début~ dan~ le N'zi-Comoé.

Fig.23-CEBCLE DU
N'ZI COMOE
MOUVEMENT ANNUEL DE
LA VALEUR DU
CAFE
(Base
1938 : 100)
500
400
300
200 ~
100
i
o ·+---·~---'----r----·---'-··----r---- ---1"- _o. T" . - ----,--
-, .. -- - -f
- ---1
1920 7.1
22
23
24
25
26
27
?P.
1929
30
31
32
33
34
0'
--J
-"

672.
Cependant le fléchissement du
prix
(1) et l'effondrement
du produit global brut n'ont pas raison de la tenacité des
producteurs qui,
loin de baisser les bras, augmentent les
superficies cultivées et accroissent la production (2). On
peut déjà affirmer que pour bon nocibre~ de planteurs de notre
région,
le cacao est devenu une source indispensable de re-
venus.
Effectivement dès 1935, c'est la prospérité qui
ne met pas en cause le fléchissement de 1938. A partir
de 1937, la progression du produit brut de cacao est très
rapide et en 1939 tous les records sont pulvérisés, avec une
récolte atteignant 35.262.000 F
(francs courants).
La courbe du
produit met en~aleur cette rentrée d'argent
massive dans notre région dont les consequences sociales
seront
soulignées plus loin.
De 1935 à 1939, la valeur de
la production cacaoyère s'accroit de 410%.
Non seulement
le niveau des belles années antérieures à la crise est re-
trouvé,
mais il est dépassé de 398%. L'extension des super-
ficies cultivées,
la remontée du
prix du cacao, à partir de
1936, en sont à l'origine.
2 - LE CAFE
L'évolution de la valeur de la production de café,
pré sen t e une cou r b e d'a Il ure t r è s sim p Le (F i g. 23, p. 671 c. ).
De 1932 à 1939,
la progression ininterrompue, en dehors du
fléchissement momentané de 1934 est de l'ordre de 287%.
Causes structurelles et facteurs conjoncturels expliquent
cette orientation générale. Un examen plus détaillé montre
l'inégalité de la vitesse de croissance. Dans une première
étape, de 1932 à 1935,
le taux d'augmentation s'élevant à
15,4%, soit une croissance annuelle de 5,1%, demeure relati-
vement modeste.
Une seconde étape de progression,
plus remar-
quable s'instaure à partir de 1937, atteignant un record iné-
dit,
en 1939:
le taux d'augmentation se hisse de
l'indice 41
en 1937 à l'indice 290 en
1939, soit une croissance annuelle
(7/ La dé~o~~ce du ~~ du cacao entke 1928 et 1934 e4t de~3,8%.
12 ) De 1932 a 1938, ta ~up~û~c~e giobate de4 p~o~ de cacao du
N'z~-Comoé, ~e de 1.320 hectaA~ a Il .800 hectaA~, ~o~ une
augmenta-tion de 894% (taux de ~o~~ce : 149%). Qua.nt. aux !r.écoU~
de cacao, e.U~ ont ~~ dén~l1ce p!r.og!r.~-6é d'une année a i'autlte
de 1930 a
1939, hO!r.m~ ie ûiéclUMe.ment de 1934. Cn.• ie tabiea.u de
ta plt0dtLwon du cacao du N' z~-Comoé. An ne xe 14 p. S '54 .
- - - - - - - - - - - - - - " - - -

i-
Fig. 24 - CERCLE DU N/ ZI
COMOE
MOUVEMENT ANNUEL
DE LA
VALEUR
DES
RECOLTES
DE COLA
ET PALMISTES
(Base 1923 =100 )
300
200 ~
i
100.,
co\\-.I';
. /
/ '
,..
,..
:----
,. /'
----
,.
" ,
CJ'.
-..J
19
20
21
22
23
24
25
26
1927
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
1939
W

674.
de 124,5%. Cette forte croissance résulte essentiellement
de
la combinaison de deux facteurs
: élévation des rendements
et surtout hausse des prix de 23%.
Le climat étant à l'eupho-
rie,
tout incite les planteurs à developper cette culture
rémunératrice.
"
C - LE PRODUIT DES CULTURES DITS DE CUEILLETTE
Le mouvement de la courbe de
la cola et celui des
palmistes,
les deux plus représentatifs des produits dits
de cueillette (1), offrent plutôt un aspect désordonné
( Fig .;(4
p .673 ). C' est 1er é sul t a t
deI eu l'gr and e var i a b i -
lité d'une année a l'autre, entrainant des sautes de
prix
tout au
long de la période. Mais examinons les,
l'une après
l'autre.
l
- LE
COLA
Cinq phases approximativement d'égale durée déter-
minent son évolution: d'abord une brève poussée suggérée
plutôt que représentée par les estimations des deux dates
extr~mes : 1917-1920 (1); ensuite une régression de deux
ans,
avoisinant 47%,
correspondant à la crise des années
1921-22. A partir de 1923 se dessine un mouvement de hausse
de grande ampleur
(156%) qu'il est impossible de suivre
au-delà de 1925, à cause des lacunes de nos sources. Il faut
attribuer cette forte progression à la fois à la poussée de
la production et à la hausse des prix.
Il ) Nou~ ne po~~~don~ a not~e di~po~ition que le~ e~timation~
de~ deux date~ ex~ême~ : indice 23 en 1917, indice 96
en 1920.

675.
,
Au-delà des annees 1926-1930, caractérisées par
l'absence totale de
toute documentation susceptible de per-
mettre le tracé de la courbe de
la cola,
les sources offrent
a nouveau la possibilité de suivre l'étape ultérieure de
l'évolution
de
son produit brut_
• On note alors le
recul impressionnant de la valeur du produit global brut,
entte 1926 et 1931
(l),irecul qui se prolonge jus~u'en 1935,
marqué tantôt par des remontées comme celles des années 1932
et 1933 (2),
tantôt par des baisses dont la plus caractéris-
tique est celle de l'année~1934 (3). Quoiqu'il en soit, la
phase 1931-1935 correspond à une période de régression,due
essentiellement à la chute des prix
du
cola. Car, contrai-
rement au volume de la récolte qui se maintient a un bon
niveau
(4),
le prix de ce produit a pro~ressivement diminué
dJu~e anhée ~ l'autre, de 1931 à 1935 (5).
Le redressement qui s'opère probablement apres
cette date, mais qui n'est observable qu'en fin de période,
sur les deux dernières années
(6), s'explique uniquement par
la forte rémunération de la cola dont le prix atteint les
meilleures
performances des années antérieures à la crise
(7).
111 I~d~~~ 256 ~~ 1925, ~~d~~~ 36 ~~ 1931·
121 I~d~~~ 58 ~~ 1932 ~t ~~d~~~ 41 ~~ 1933~
131 I~d~~~ 15 ~~ 1934.
l41
La p~odu~t~o~ d~ 1932 att~~~t 794 to~~~~ ~~v~~o~, ~,~~t­
à-d~~~ u~ ~~v~au ~up~~~~u~ à ~a p~odu~t~o~ d~ 1923,
~'u~~ d~~ a~~~~~ p~o~p~~~~ d'ava~t ~a ~~~~~ d~ 1929.
151 1,75 F ~~ 1931; 1,45 F. ~~ 1932; 1,32 F. ~~ 1933; 1,27 F.
~~ 1934; ~t 0,88 F.
~~ 1935.
161 I~d~~~ 64 ~~ 1938, ~~d~~~ 84 ~~ 1939.
[7)
5,12 F. ~~ 1938 ~t 4,61 F. ~~ 1939.

676.
2 - LES PALMISTES
Le profil de la courbe du produit des palmistes
ressemble étrangement à celui de la cola
: énorme variabili-
té d'une année à l'autre, mais reflétant ici moins les sautes
de prix que l'inconstance du volume de production. Hormis la
régression des années 1921-1922
(-12%),
le produit des
palmistes traverse,
au cours d'une première étape,
longue
de huit années
(1917-1925)
(1),
une période de prospérité
relative, remarquable par son taux de croissance de l'ordre
de
32,5%. Cet accroissement du produit global brut est le
fruit du travail constant des habitants du Cercle du N'zi-
Comoé qui aménage plusieurs palmeraies naturelles dont l'en-
trée en rapport a un impact extrêmement favorable sur le pro-
duit global brut de c~tte ressource supplémentaire dont béné-
ficient les habitants du N'zi-Comoé.
Au-delà de la période lacunaire des années 1926-
1930, la valeur des palmistes traverse une phase de récession
d'autant plus frappante qu'on la compare nécessairement a
la période de hausse précédente des années 1917-1926.
Cette période de récession de moyenne durée - 5 ans - d'abord
frappée par la stagnation
(1931-1932)
(2),
est prolongée par
un mouvement de baisse vertigineuse,
soulignée par les creux
des années 1933 et 1934 (3) que ne
remet point en cause la
remontée toute relative survenant en 1935.(4).
11 ) In.eU..c.e. 2,6 e.n. 1917, ~n.eU..c.e. 263 e.n. 1925•
12 J Ln.cUc.e. 31 e.n. 1931 e.t 1932.
(3) In.d~c.e. 1 e.n. 1933 e.t ~n.d~c.e. 0,7 e.n. 1934.
14 ) In.eU..c.e. 9 e.n. 1935.

677.
Les dernières années de la période étudiée mettent en
lumière le marasme qui continue de frapper les palmistes.
La baisse du produit brut des palmistes est le signe patent
du déclin d'une production, qui n'a jamais été en
honneur
et qui ne parvient pas à ~tre sauvée de la disparition par
la hausse dont bénéficie son prix, en
fin de période.
II
COMPOSANTES ET MOUVEMENT DU SALAIRE
DES TRAVAILLEURS AGRICOLES
L'Administrateur du N'zi-Comoé écrivait en
1939
dans le Rapport économique de son Cercle
"La. gJta.n.de. pJtopJt.<.é.té. '<'n.d'<'gè.n.e., ~.<. e.Lfe. ve.ut ~ub~'<'~­
"te.Jt, do.<.t ~'oJtga.n.'<'~e.Jt. On. n.'a.tt'<'Jte.Jta. plu~, on. n.'a. dé.jd plu~
"a.tt'<'Jté. c.e.tte. a.n.n.é.e. de.~ ge.n.~ dé.~'<'Jte.ux de. tJta.va.'<'lle.Jt e.n. le.uJt
"don.n.a.n.t pouJt tout ~a.la.'<'Jte. Que.lQue. a.Jtge.n.t de. poc.he."[7J.
Ainsi,
l'un des graves problèmes auquel se trouve
confrontée l'agriculture spêculative du Moronou,
aux premiè-
,
res annees de Son extension, a été essentiellement celui de
la main-d'oeuvre et de sa rétribution.
17}
e t: (2) ANCI 7 Q2-IV-75-720 13743J,op. c i.r., 2è.me. ~e.me.~:tJte.
7939. a./~ de. la. ma.'<'n.-d'oe.uJtve..

b'l'd.
"Ve. pfu-6 e.Vl pfu-6, -tVl-6-t-6ta.-tt da.Vl-6 c.e. même. fLa.ppofLt
"f'Adm-tVl-t-6tfLa.te.ufL de. V-tmbolzfLo, fe. pfa.Vlte.UfL -tVld-tgè..Vle. - fe.
"*pa.tfLOVl VlO-tfL* - de.VfLa. -6'-tmp0-6e.fL,
pa.fLa.ff~fe.me.Vlt a -6e.-6
"bé.Vlé.6-tc.e.-6, de.-6 dé.pe.Vl-6e.-6 d'e.VltfLe.t-te.Vl e.t de. pe.fL-60VlVle.f"l Il
Accepter de maintenir d'immenses surfaces cultivées
implique nécessairement l'entretien d'une main~d'oeuvre
abondante
(2),
c'est-à-dire un facteur d'amoindrissement de
revenu.
Le planteur du Moronou était-il prêt à assumer
cette lourde charge salariale? Ainsi s'ouvrait dans le
Moronou,
au moment de l'eclosion des grandes plantations spe-
culatives du cacao et du café,
une nouvelle page d'histoire
des rémunérations des travailleurs ruraux.
Malgré la valeur inégale des sources dont les
Rapports annuels sur la main-d'oeuvre de la Côte d'Ivoire,
conservés aux Archives Nationales du Sénégal
(3) constituent
l'élément dominant,
celles-ci permettent néanmoins de s lin-
terroger sur quelques uns des problèmes fondamentaux posés
par la rémunération des salariés ruraux
: les modes de rému-
nération et les grandes étapes de l'évaluation des salaires
distribués.
III ANCI, 1 Q2-IV-15-120 (3743l op. cct . 2~me. -6e.me.-6tfLe. 1939.
a./-6 de. fa. ma.-tn d'Oe.UVfLe..
(2) VO-tfL AfLC.h-tve.-6 na.t-tona.fe.-6 du Sé.né.ga.f e.-6-6e.nt-te.ffe.me.nt fe.-6
~otes : 2 G 36-32; 2G 37-40 e.t 2 G 38-34.
l3J Vé.jà. e.n 1937, da.n-6 fe. MOfLonou, "fe.-6 pfa.nta.t-ton-6 -tnd-tg~ne.-6
e.x-tge.nt 2.000 ma.noe.UVfLe.-6 e.nv-tfLon poufL fa. tfLa.-tte. du c.a.c.a.o".
cn. ANCI 2 V3 XII-33-50/156 (451), PfLogfLa.mme. d'a.c.t-ton
-6oc.-ta.fe. pOUfL f'a.mé.f-tofLa.t-ton du -60fLt de.f'-tnd-tg~ne.
pa.fL
fe. tfLa.va.-tf, a./-6 ma.-tn d'Oe.UVfLe. du N'z-t-Comoé..
1937.

679.
A - DIVERSITE DES MODES DE REMUNERATION
Les modes de rémunération variés,
sont fonction de la nature
du travail accompli. On distingue une rétribution fixe pour
une période déterminée, soit l'année,
le mois,
la journée
et une rétribution proportionnelle à la quantité de travail
fourni ou salaire à la tâche.
l - LES MODALITES DE PAIEMENT
Plusieurs systèmes ont coexisté.
L'ouvrier travail-
lant sur une exploitation européenne,
perçoit d'ordinaire
un salaire mensuel. Celui-ci qui correspond au
12ème du
montant annuel moins "ia Jte.te.VLUe. me.n~ue.iie.
e.n vue. de. ia
c.on~t.Ltution du pé.c.uie." [ 7 ) ,est effectué "e.n gé.né.Jtai ie. .pJte.- .
mie.Jt ou ie. de.uxième. dimanc.he. du moi~"(2). Cependant en
1936,
il fut décidé que le paiement ne sera effectué que
"ie. de.Jtnie.Jt dimanc.he. du mo;~, a6in d'é.vite.Jt ie.~ 6uite.~"(3).
Mais le salaire mensuel,
bien qu'étant de pratique courante,
n'est pas le seul usité,
même sur les exploitations européen-
nes. En 1937, sur ces mêmes exploitations, des travailleurs
contractuels sont loués pour des périodes fort brèves, soit
à la journée, quand il s'agit "de.~ homme.~ 6ai~a.nt. paJtt.ie. de.
ia popuia.t.ion 6iot.tante."[41, soit pour faire la récolte du
cacao et du café, quand les travailleurs "appaJttie.nne.~t aux
viiiage.~ e.nviJtonnant.~"(5).
( 7 ) Le. taux du pé.c.u1.e. es: 6ixé. e.n 7936 à. 7 F. pM j ouJt pouJt i~ :tJr.avaU-
ie.uM de. .sexe mMc.wn et: à. 0,50 F. pouJt i~ 6e.mm~. I.e. n ' est: ve.Jt~é.
au :tJr.ava.U.e.e.uJt qu'une. 6o~ de. Jte.touJt daM ~on vUiage., apJt~ avoilt
a.c.c.ompü fu duJté.e. de. ~On c.on:tJr.a.t. C' é.t.a-i.t. un moye.n dé.touJtné. pouJt
i ' e.mpioye.wz. de. üe.Jt ie. :tJr.ava.il.e.e.wz. à. .s0 n ~V!.vLee, En 7938, ie. toW
du. pé.c.u1.e. a.ma-Mé. pM i~ 8. 668 :tJr.ava.U.e.e.uJt~ mo~i d~ e.xpioita.ûOM
pttivé.u , de. Jteto uJt au pay.s , à. fu 6in de. ie.uJt con:tJr.a.t., ~'Ue. vac; à.
2 mUüOM de. ÜJtanM counard:«, C6. ANS 2 G 38-34. RappoJtt. annue.f. ~uJt
fu main d' oe.uvJte. de. fu Cô:œ d' 1»o.oie, 7938.
(2) ANS 2 G36-32, RappoJtt. annue.f. ~uJt .e.a ma.-i.n-d'oe.uvJte. de. .e.a Côt.e. d'Ivoilte.,
7936.
(3) Ibide.m, op. c.,tt.
(4) ANS 2G37-40, RappoJtt. annue.f. ~uJt fu ma.-i.n-d'oe.uvJte. de. ia Cô:œ d'Ivoilte.
7937.
(5) ANS 2G36-32, RappoJtt. annue.f. ~uJt .e.a ma.-i.n-d'oe.uvJte. de. .e.a Côt.e. d'Ivoilte.,
7936.

680.
Sur les plantations "indigènes", où le propriétaire
"pJté-nè.Jte J.>e pJtoc.uJteJt .f.a ma-i.n-d'oe.uvJte au jouJt .f.e jouJt
l ... I,
"en c.onJ.>-i.dé-Jtat-i.on du c.ouJtJ.> deJ.> pJtodu-i.tJ.>"! 1 l,le travailleur
agricole est payé immédiatement, dès l'accomplissement de
la tâche
(2),
bien que certains planteurs autochtones aient
te n t é à lié po que,
san s gr and suc c ès, sem b l e - t - il, d' en gag e r,
sur contrat dûment établi devant l'Administrateur, des tra-
vailleurs agricoles et de ne
leur verser leur salaire qu'à
la fin de la période prévue par le contrat
(3).
Bref,
la distinction n'est pas à établir en fonc-
tion de l'employeur,
mais essentiellement entre les ouvriers
de passage,
engagés à la journée et ceux qui,
liés par un
contrat,
sont tenus de demeurer au service d'un patron jus-
qu'à la fin du contrat.
2 - DU SALAIRE A LA TACHE A L'ABOUSAN
(ou système de métayage)
Outre le salaire fixe,
d'autres formes de salaires
apparaissent dont le salaire à la tâche.
Le défrichementd~un~
parcelle de forêt,
destinée, les premières années,aux cultures
vivrières puis servant ensuite à abriter les cultur~s spécu-
latives de café et de cacao;
la préparation des buttes d'igna-
mes,
le décorticage et le triage du café constituent dans le
Moronou quelques unes des formes privilégiées du salaire a
la tâche. Mais par dessus
tout, ce mode de rétribution,
II JANS 2G37-40, op. c.-i.t.
12J ANS 2G36-32, op. c.-i.t.
13J "Quelques planteurs ont essayé d'engager des travailleurs
"sur contrat écrit,
visé par l'Administrateur. Mais ces
"rares tentatives ne
prouvent point que lion puisse géné-
I1 r a l i s e r
la méthode.
Car le planteur craint de ne point
"pouvoir tenir ses engagements". Cn. ANS 2G37-40, op.
c.-i.t. 1937 alJ.> du NombJte de tJtava-i..f..f.euJtJ.> c.ontJtac.tue.f.J.> et
deJ.> modeJ.> d'engagementJ.>.

681.
proportionnel aussi bien a la quantit~ qu'à la difficultê
du travail,
s'applique à la rêcolte du
cacao et du cafê.
D'autre part,
s'il fait son apparition dans le Moronou avec
l'av~nement du cacao (1), il ne s'y vulgarise qu'à l'extr~me
fin de la pêriode de
crise
(2)
et ne s'inscrit dans les moeurs
et habitudes qu'autour des annees 1937-1938
(3).
Ce travail à la tâche revêt diverses formes.
Il
peut être accompli individuellement, de façon isolêe;
mais en général il s'effectue par équipe,
sous la houlette
d'un chef d'équipe qui recrute des compagnons pour l'aider.
Une fois
l'exécution du travail achevée,
l"enveloppe" de
rémunération est remise au
Chef d'~quipe qui proc~de à la
répartition.
A la fin de cette pêriode, il semble que tout en
poursuivant l'expérience de la rétribution à la tâche,
l'on s'oriente vers une nouvelle forme de rémunération,
l'A BUS AN ( le contrat au
1 / 3)
(4),
s y s t ~ me proche du métayage,
dont la s i mi I i tude avec le mode d'expIai t a t L» n auri f
r e en
è
vigueur dans le Moronou précolonial est plus qu'évidente
(5).
l 1) C' «s« e.n. 1925 pké.c..ü~me.n.t que. pouJr. .fa. pke.m-<.e.Jr. e. ûo-L6, .fe. kappaJr.t
é.con.om..i.que. du N' z"~-'Comoé. me.n.t..i.on.n.e. .fa. pJtatique. de .fa ké.u..i.buüon. a.
.fa. tâche., a. pJtopoJ.> du cacao, daM .fe. MOkOn.OU :"Les Agba de la région
"de Bocanda se louent en effet chaque année comme travailleurs chez
les planteurs agni de la région de Bongouanou et ils ont rapporté chez
eux des graines qu'ils ont p'lan~tées Et l' expér ience de la culture qu'ils
ont vu faire". Cû. ANCI 1 EE 139 (14), Rappokt J.>uJr..fa. J.>..i.tua.tion. êco-
n.om..i.que. e.t comme.Jr.c..La.fe. du N'z..i.-Comoé., pouJr. .fe. de.ux..i.~me. u..Lme/.)ue. 1925.
(2) "Les œxpLo i t at Lcns agricoles ( •.• ) exigent déjà une main-d'oeuvre
considérable. Au cours des années qui vont suivre, la récolte du café
et du cacao en particulier, exigera de nombreux travailleurs sai-
sonniers". Cû. ANCI IV-20-88 (5086), n. 0 658 C AP/AE, a/J.> mMn.-d'oe.uvke.
votta2que.. 'B..i.n.ge.Jr.v..i..fle., .fe. 22 a.Vk..i..f 1933.
(3) Le. kappokt an.Yl.Ue..f de. 1937 J.>uJr. .fa. mMn.-d'oe.uvke. ..i.vo..i.Jr...i.e.n.n.e. me.n.üon.n.e.,
e.n. pM.fa.n.t de/.) e.mp.foye.uJr.J.> agk..i.co.fe/.) ourochrone:« : "ils sont arrivés
ainsi à conclure des arrangements portant sur une t§che déterminée
à un prix convenu ou $ur cession d'une partie de la récolte".CÛ. ANS
2G37-40, Rappokt an.Yl.Ue..f J.>uJr. .fa mMn.-d'oe.uvke. de. .fa. Côte. d'Ivo..i.Jr.e..
1937.
l4 J V..i.e.n.t de. .f' Agn...i. Abu i pMta.ge. ) et: N' zan. i uo-L6), AbuJ.>an. Mgn...i.û..i.a.n.t
é.tymo.fog..i.que.me.nT: .fe. pMta.ge. e.n. bio..L6.
(5) Se. ké.û éAe.Jr. au Chapme. VI: .f' e.xUac.üon. a.uJr...i.û èJte.. p':'-256-293 (p. 280)

Liant l'c-lployeur agni et le manoeuvre,
l'Abusan ou contrat
au
tiers est conclu en période de récolte et pour la durée
1
de la récolte. La tâche du manoeuvre ou de l'équipe de manoeuvres au
service de l'employeur consiste, pendant la saison de la récolte à entre-
tenir les superficies en rapport, à récolter les cabosses de cacao ou les
cerises de café et à procéder à la préparation du produit. En contre-
partie,
les manoeuvres perçoivent le 1/3 du
produit récolté,
soit directement en nature,
soit en
especes.
Toute cette période d'intense d'activité qui s'étend
/
en
g é né r a l
de fin
sep t e mbr e a-u moi s de f é v rie r,
co I ncid e
avec la saison de traite.
Celle-ci terminée,
les manoeuvres
"Jz.e.jo-<'gYle.Ylt .ie.uJz. patjJ.J d'oJz.-<'g-<'Yle. ave.c., dan.J.J .ie.u/1. poc.he., .i'aJz.-
g'2.n.t de. .i'-<'mpôt"( 1).
Si le travail à la tâche,
rétribué en salaire,
demeure la règle,
l'Abusan connait cependant un
incontestable
développement.
On pourrait s'imaginer - comme c'est le cas
aujourd'hui
- qu'il concurrençait déjà victorieus,ent le
travail à la tâche,
du mains sur les grandes exploitations
agricoles de l'époque qui souffraient de la pénurie de main-
d'oeuvre.
Quelles sont les raisons de
ce changement? D'abord
la crise de main-d'oeuvre agricole dont souffre la région,
à la veille de la deuxième guerre mondiale (1;, et dont les
manoeuvres prennent conscience.
Ils veulent vendre plus cher
leur force de travail,
ayant le sentiment que maintenant ".ie.J.J
patJz.oYlJ.J" Ollt besoin d'eux. Ils se montrent désormais exigeants.
L'a t t i t u d e con cil i a n t e de que l que sun s,
n' est qu'une
e x cep -
tion; elle s'expliquerait par des liens étroits et profonds,
de nature en général différente de ceux qui
lient
Il J 'ANCI 2 V3-XII-33-501156 (451), PJz.ogJz.amme. d'ac.tioYl J.Joc.-<'a.ie. pouJz. .i'amé.-
t.{.oJz.at.{.on. du J.JoJz.t de. .i'-<'n.d-<.gèn.e. paJz. .ie. tJz.ava-<.i, alJ.J ma.{.Yl-d'oe.uvJz.e. du
N'û:"Comoé..

12J C6. e.n. paJz.t.{.c.ut.{.e./1. ANCI 1 Q2-IV-15-120 (3743), RappoJz.t é.c.on.om-<'que.
e.t agJz.-<'c.o.ie. du N'z-<'-Comoé., pouJz. .ie. de.ux-<'ème. J.Je.me.J.JtJz.e. 1939, alJ.J ma.{.n.-
d'oe.uvJz.e..

683.
habituellement employeur et ouvrier (1). Quelquefois
~
meme,
l'espoir
de devenir un
jour le gendre du
patron dont il courtise la
fille,
est un motif suffisant pour faire accepter à l'ouvrier
un travail à la tâche, de préférence à l'Abusan
:
"Che.z l'-i.nd-i.gè.ne., le. manoe.uvJr.e. ac.c.e.pte. une. /.)olde.
"d'e.ngage.me.nt tac.-i.te. e.t ve.Jr.bale.. Il e./.)t nouJr.Jr.-i., logé. e.t
"Jr.e.ç.o-i.t e.n ù-i.n de. tJr.ava-i.l une. /.)omme. ùOJr.ùa-i.ta-i.Jr.e.,
100 F. e.n
"gé.né.Jr.al. Il n es : pa/.) Jr.aJr.e. qLL'une. l-i.a-i./.)on /.)'é.tabl-i./.)/.)e.
ï
"1 ••• ) e.ntJr.e. lu-i. e.t une. ù-i.lle. de. la ma-i./.)on, paJr.tant e.n/.)u-i.te.
"I/.)-i.c.) ave.c. lu-i. a/.)/.)e.z /.)ouve.nt c.omme. ùe.mme. lé.g-i.t-i.me.. Ce.t
"e./.)po-i.Jr. ùa-i.t ac.c.e.pte.Jr. un /.)ala-i.Jr.e. mo-i.ndJr.e." (2).
Un autre reproche formulé à l'encontre du travail
à la tâche tient dans le fait qu'il donne lieu à des "Jr.é.c.lama-
t-i.on/.)" ou à des"Jr.e.cta.:Jr.d.'J.) appoJr.té./.) dan/.) le./.) pa-i.e.me.nt/.)"13)-et
quelquefois même à des procès retentissants. A ces raisons
largement
développées dans les rapports de l'époque, il
en
fau~ ajouter une autre : le travail à la tâche correspond a
une nécessi~é inéluctable. Dans la conjoncture économique de
a
l'époqueo~,!l'agriculture du Moronou subissant une mutation
pro f 0 nde, l'on assigne de sorma.is comme but pr1rllOl'iiit:ü le pluLL 1. commer-,
C!h.l, i l éta.i t n';;cessaire pour 1", FLOQUC teur d ' aborue r le marché dans .Le s
conditions optimales, en cherchant comme une priorité la
,
réalisation du meilleur
profit. En confiant,
à défaut d'une
main-d'oeuvre familiale suffisante, une parcelle de plantation
à faire fructifier à des travailleurs agricoles étrangers,
on espère en tirer quelque bénéfice, alors qu'en refusant
d'embaucher une main-d'oeuvre extérieure,- on se condamne
à enregistrer une"pe.Jr.te. ~èc..he.."
Mieux vaut s'accomoder de
l'Abusan, en réalisant un
gain rémunérateur de sa plantation, si petit soit-il, que de
ne rien en retirer du tout.
11 )Le...6 pla.nte.uJr./.) "n'ont aucune difficulté à recruter leur main-d'oeuvre
"le noir ne trouvant pas dans un autre noir un patron, car il peut
"vivre plus intimement avec lui, ayant l'illusion d'une deuxième vie
"de famille".CÙ. ANCI 2 V3-XII-33-50/156 (451), PJr.ogJr.a.mme. d'a.c.ûon
/.)oc.-<.a..e.e. pouJr. l'a.mé..e.-i.oJr.a.t-<.on du /.)OJr.t de. l'-i.nd-i.gè.ne. pa.Jr. le. tkava.-t.e.,
a//.) ma-tn-d'oe.uvJr.e., p. 1937.

(2) Ib-i.de.m, op. c.-tt.
(3) ANCI 2 V3-XII-33-50/156 1451, op. c.-tt.

68l;..
B - ORIGINALITE DU SALAIRE AGRICOLE
LA PLACE
DE LA RETRIBUTION EN NATURE
Si le salaire en argent est le principal moyen de
r~tribution, son usage n'est cependant pa~ universel et le
salai~e en nature demeure encore largement pratiqu~ en 1939.
l
- LE DECLIN DU SALAIRE EN NATURE
Jouant un r61e essentiel à l'~poque pr~coloniale,
puis r~duit au d~but des cultures sp~culatives, le salaire
en nature subit un lent mais constant d~clin au cours des
derni~res ann~es de notre p~riode, en tant qu'instrument
privil~gi~ de paiement. En revanche, en tant qu'~l~ment
d'appoint de
salaire en esp~ces (sous forme de nourriture par
exemple),
il se maintient davantage. Sur les plantations
"indig~nes", il a pu s'appliquer encore largement dans le
cadre de l'Abusan
et probablement à d'autres activit~s,
surtout pendant les ann~es où le Moronou fut durement ~prouv~
par la crise
(1).
Il en ressort qu'en cette p~riode, marqu~e parti-
culi~rement par la raret~ du num~raire, le salaire en nature
a ~t~ plus largement utilis~ par les petits planteurs (2),
disposant de
liquidit~s restreintes que par les gros planteurs
de la région:
europeens ou africains, ayant à leur portée
une masse de numéraire plus importante. Cependant malgré les
( 1 J Cn.
ANCI
2 V3-XII-33-50/156
(451),
op. c.-tt. voL« le.
c.hap-ttAe. c.o~~ac.ké à la ma-t~-d'oe.uvke., où -tl e.~t na-tt
me.~t-to~ de. " p a i e me n t de parts en récolte",e.~ pakla~t de.~
OUVk-te.k~ agk-tc.ole.~.
{2 J ilLe paiement en salaire est la règle, même chez le plan-
"teur indigène.
Toutefois, en cas de crise, dans les
"mauvaises années,
l'argent,
notamment toujours chez l'in-
"digène, est remplacé par le paiement en nature".
Cn. ANCI 2 V3-XII-33-50/156
{451 J,
op. c.-tt.

avantages et les services nombreux qu'il pouvait rendre,
le salaire en nature
fut
au
fil
des ann~es d~laiss~ au pro-
fit de la r~mun~ration en argent. On peut supposer qu'il est
progressivement abandonn~, au fur et à mesure que les diff~­
rentes
parties du
t'loronou s' insèrent fortement
ù.antl L' aconomt s
de ma r c h é
(1).
Parmi les diff~rentes raisons qui expliqueraient
son dêclin,
il faut
souligner les transformations êconomiques
de cette fin de p~riode, la prosp~ritê des affaires et sur-
tout la masse importante d'argent inject~e dans le pays qui
provoque une ceraine effervescence dans la
rêgion
(2).
Il
devient beaucoup moins intêressant d'~tre payê en nature,
II )L'a.dopûon du -6ai..cUJte. e.l1. CU1.ge.nt
, e.n tant que. mode. de. 1l.é.u-i.bu.ûon,
-6e.mb-fe. -6'ê.ue. gé.néAaL0~é. cl PCU1.·tùr. de. 1937, -6u.Jt -f' e.Me.mb-fe. du te.M-i.toJ..1l.e.
-i.voJ..1l.-i.e.n. C6. ANS 2G 37-4Ù, op. c-i.t.
(2) La ua-<.te. de. 1938 no:tamme.nt, mw aLW!.l-i. ce.Ue. de. 1939, da.Yl.J.l -fe. N'z-i.-
Comoé. e.t., pCU1.tant -fe. MO/tonou, est: dé.C1l.de. comme. une. véA-i.tab-fe.
"apothé.b-6e." pM -f' Adm-i.n.-<.J.>ua.:Uon du Ce.Jtc-fe.. Vo-i.c-i. e.n que.-fque.J.> ugne.J.>
comme.n.t e.Ue. e.J.>t dé.C1l.-i.te. ;"11 (le cacao) avait dépassé 4 F. - Dimbokro
entrepôt commercial avit réalisé un chiffre d'affaires supérieur à
trente millions. L'indigène surpris par tant d'argent inespéré, avait
dépensé, qui pour boire, qui pour faire des maisons et acheter des
camions. Le commerce local dépassé, n'avait pas assez de marchandises
et n'avait pu contenter la demande. La fin de traite avait marqué
l'apothéose de cette belle période". Un pe.u p-W.!.> -fo-i.n -f'adm-i.n.-<.J.>ua..te.u.Jt
1l.e.v-i.e.nt -6u.Jt -fa p1l.0!.lp~'l.-i.té. de. fu 1l.é.g-i.on due. e.J.>-6e.n.ûe.Ue.me.n.t à. fu
maJ.l!.le. d' CU1.ge.n.t accumu.-e.é. daM .te. MMo nou :
"A l' heure actuelle, selon les r-ense i qnement s fournis par
"les maisons de commerce, celles-ci ont un chiffre d'argent rentré
"lègèrement supérieur à celui de l'an dernier, à la même époque".
"EnMn, i l note. e.n ce..Ue. Mn de. péA-i.ode., "une augmentation
"des achats", e.66e.ctué.J.l pCU1. -fe.J.> ha.b-<-tan.tJ.l, "en matière de vêtements
"et de chaussures", en "matériaux de constructions", et aussi
"en produits pharmaceutiques".C6. ANCI 1 Q2-IV-75-12Ù (3743), Ra.ppMt
!.lu.Jt fu -6-<-tu.a.ûon du Ce.Jtc-fe. de. D-i.mbo Q1l. a, pou.Jt .te. 2è.me. u-i.me.J.>ue. 1939.

dans
la mesure ou avec l'élévation de son nivea!J,
l'ouvrier
se transforme en acheteur de produits manufacturés et o~ il
lui est difficile de régler ses dépenses,
s l i l ne
dispose
pas suffisamment de
numéraire.
Ainsi tout travailleur
agri-
cole qui accepte de continuer à ~tre paye en produits locauxJ
se voit-il pénalisé considérablement.
Enfin,
un dernier facteur a pu contribuer à préci-
piter son déclin:
l'obligation générale faite
à tout sujet
français,
y compris l'ouvrier agricole,
d'acquitter son im-
pat et celui de toute sa maisonnée,
en esp~ces. _
2 - LA RESISTANCE DU"SALAIRE NOURRITURE"
Par c6ntre la nourriture fournie
par le patron,
assimilable a un paiement en nature,
résiste avec succes
et est loin d'avoir disparu en 1939. Son usage est général
sur toutes les exploitations tant européennes qu'africaines
et les travailleurs de toutes catégories en bénéficient.
Dans quelle mesure ce principe a-t-il été
favorable
aux ouvriers agricoles et comment l'accueillen~ils?
Pour y répondre,
énumérons d'abord
la composition
de la ration alimentaire de l'ouvrier.
Avant la modification
survenue en 1938, elle était exclusivement composée des
quatre éléments suivants
soit 1.400 grammes de maIs,
mil,
soit 2.500 grammes de patate,
banane ou igname,
soit
encore 700 grammes de riz pour l'élément de base auquel
s'ajoutent en complément 200 grammes de viande fraîche ou
salée ou de poisson frais,
soit 50 grammes de boucanée ou
de poisson sec,
les deux autres éléments qui interviennent
en complément de la ration alimentaire,
sont le sel
(20 g.)

Oi:, 1 •
et l'huile ou
le beurre vê9~tal d'un poids ~quivalent a 40
grammes
(1).
Cette ration alimentaire journali~re, fix~e par
arrêt~ local du 24 d~cembre 1935, modifiant elle même une
situation ant~rieure, datant du 15 mars 1927, malgr~ une l~­
g~re augmentation par rapport au pass~ et un ~ventail plus
grand de vivres offert au travailleur,
s'av~re insuffisante
pour des organismes us~s par un dur labeur physique quotidien.
Il en r~sulte des plaintes (2), l'abandon des exploitations
(3). . .
On tente alors d' Y r ern d Le r
: "fe.-6 e.mpf0!:fe.uJt-6 f' ont
é
compJti-6 e.t ont augme.nt~ d'e.ux-m~me.-6 fa Jtation ou on.t che.Jtch~
a 60uJtlûJt de. fa nouJtJtituJte. de. me.iffe.uJte. quafit~" (4).
On a essay~ à l'~poque de chiffrer ce compl~ment
dus a 1 air e a g ri col e;
i 1 a ~ t ~ suc ces s i \\€ men tes t i m~ à l, 8 5 F.
en
1936,
2 F.
en
1937 et 2,50 F. en 1938
(5),
pour tous
les travailleurs des exploitations priv~es.
En d~finitive à la fin de notre p~riode, cette va-
riante de la r~mun~ration, demeure toujours pratique
courante tant elle correspond à une r~alit~ profond~ment
ancienne de la "brousse"oafricaine et aux donn~es ~conomiques
de l'heure.
lI) C6. ANS 2G37-40, op. cit. voiJt f'anne.xe. nO 4, JtappoJttant f'aJtJt~t~
focal 405 U A.E du 4 d~ce.mbJte. 1935. Se. Jté6~e.Jt au-6-6i à S.P. Ekanza,
.ta. ma.i.rr-o ' o<::uvreivoiJtie.nne. dCUl e.n.tJr.e.pJti,oCUl pJtivéCUl pe.ndant f 'e.n.tJr.e.-
de.ux""guVl.Jl.(J.d 1921-1939, in A.U.A., -6~ie. l , tome. IX, 1981, pp. 71-97
p. 95.
(2) Be.cw..coup de. tJtavailfe.uJt-6 juge.nt tJtè...-6 maigJte. cecte. Jtation et: déciMe.nt
à. f'~poque. "qu'elle n'apaise pas leur faim".C6. ANS 2G 37-40, RappoJtt
ann.ue.f -6uJt
.ta. main d' oe.uvJte. de. fa Côte. d' l vo-ou: ,
\\
(3) Se. Jt~6~e.Jt au JtappOJtt de. f' l Mpe.Cte.uJt KaiJt e.n.tJr.e. autJte. qui me.Yl.Üonne.
p-f.u.-6ie.uJt-6 CM de. 6uite.-O dCUl chaYl.Üe.Jt-6 e.t dCUl pfantatiOM. C6 AN~:),
4G29, pièce 18~.
(4) ANS 2G37-40, op. cit.
(5) ANS 2G36-32, op. cit.j 2G37-40, op. cit. e.t 2G38-24, op. cit.


/"
.. , ,
O,~,() •
C - COMPLEMENTS DU SALAIRE ET PROBLEME DE
L'EVALUATION TOTALE DES GAINS.
Comment évaluer le gain véritable du travailleur
agricole,
étant donné les différents modes de
rétribution
qui lui sont appliqués? D'autre part,
il est permis de dou-
ter que
le salaire nominal théorique,
fixé par la légis-
lation,
ait été pourtant respecté ou régulièrement perçu,
sur toutes les exploitations du Moronou de l'époque.
Autre
difficulté,
on a dû souvent juxtaposer pour le même travail-
leur,
salaires en nature ou en argent,
à la journée ou à la
tâche.
Dans ces conditions,
comment établir une moyenne qui
néglige cette grande diversité de
situation? Ainsi apparait
la difficulté dans laquelle se débat le chercheur,
quant il
tente d'appréhender le salaire effectif,
cette réalité plus
complexe qu'elle ne
paraIt au premier abord.
l
- LES DROITS
Le salaire réel est d'autant plus difficile à
appréhender que les rares données chiffrées néglignent tota-
lement les avantages dont bénéficient les travailleurs ruraux.
Ces prérogatives,
qui ne sont autre qu'un complément au
salai-
re,
se présentent sous deux formes,
soit des prestations
patronales,
soit des avantages en
nature.
Bien que modestes
elles ne sont pas sans attrait. On peut mentionner les frais
de déplacement du lieu d'engagement,
en général le village
d'origine,
au lieu de travail, entièrement à la charge de
l'employeur;
les dépenses en nourriture au cours du trajet,
désignées sous le nom d"inde.mnLté..6 Jte.pJté..6e.ntative..6"ou de
"c.ompe.n.6atJtic.e.",évaluées à une somme forfaitaire dont le mon-
tant journalier s'élève à 2 F. en
1937 et 2,50 F. en
1938(1).
(1)
ANS 2 G 37-40, op. c.it. e.t 2 G 38-34, op. c.it. Ajouton.6 que.
le..6 dé.plac.e.me.nt.6 d'une. e.xploitation à une. autJte. explo~~~­
tion .6ont é.gale.me.nt pJt~.6 e.n c.haJtge. paJt le. maZtJte..

Une autre disposition l~gislative, intervenue en
1937, gratifie l'ouvrier agricole d'un autre II~uppl~ment de
~ala~~e".En effet le taux minimum par journée de travail, fixé
en 1927 à 2,50 F.
pour la première zone à laquelle appartient
le Moronou
(1), est majoré de 0,50 F.
à condition que l'en-
gagement soit d'une dur~e sup~rieure à six
mois
(2). Certes
on ne
peut niev que l'idée de lier plus étroitement le
travailleur agricole à l'employeur, a larqement inspiré le
législateur, mais il n'est pas moins vrai que ce "droit"
nouveau a été fortement apprécié par le travailleur agricole.
Au fil des annees,
les travailleurs s'attachent
fortement a ces usages, devenus des "droits" et aucun patron
ne peut s'aviser de les remettre en cause sans qu'il soit
rappelé à l'ordre par l'Office du Travail
(3).
(1)
La Côte d'Ivoine de lr~poque ~~ p~tagée en deux zon~ d~~nQt~
a.uxque.11~ .s ' appliquuent d~ tcvr.~6~ b~en d~t~m~n~ pOM l~
~~~o~ ~v~~~ e66eQtu,ees .. Va~ la p~em~è.Jte zone ou zone A,
~tUent ~eg~oup~ le N'z~-Como~ et l~ C~Ql~ ~u~va~ : AbengoMou,
Ab~djan, Agbov~e, B~wn, Bouak~. Valoa. G~and-Lahou, Ko~hogo,
Man, SM~anMa et Tabou, Q' ~t-à.-dine p~~que la totaüt~ de la
Côte d'Ivoine aQtue.11e. La deux~ème zone ou zone B Qomp~en~ to~
l~ auu~ C~Ql~, fj Qomp~~ ceux de la pCU1.~e de la Haute-Volta,
~attach~e à la Côte d'Ivoine.
(2) ANS 2 G 37-40, op. Q~. Annexe nO 3 ~ep~od~ant l'A~êt~ 346/OT du
27 /9/1937 ~M le taux m~n.{mum des ~a1.cuA~.
l3l On pOuMut u..tiLement. ~e ~~6éJt~ aux d~66éJtent~ "letu~ d'ob~~­
v~o~" a.ciJr.~~~~ p~ le Gouv~nement de la Côte d' tvoine., ~M
~appo~t d~ I~peQteM~ du T~av~, à. d~66éJte~ planteM~ 6~6~,
en 1936 au d~but de l'~~tallation de l'066~Qe CenUal du T~av~.
p~ la ~~, p~~eM~ P~oQè..-6-v~baux pOM ~n6~aQ~o~ seso«: M~­
.sé.s, d~ pOuM~t~ engagé~ QOnUe l~ emplofjeM~ 6au~6~. C6. p~~­
Quüè.Jtement ANS 2 G 36-32, op. ~ .• le Chap. III ConUôle.

2 - LES PRESTATIONS PATRONALES
Diverses r~alisations, accomplies gratuitement en
faveur du travailleur agricole,
doivent ~tre consid~r~es
comme un complément s'ajoutant au
salaire nominal,
une sorte
de rémunération indirecte.
C'est ainsi qu'ont été ~difi~s
sur les exploitations,
quelquefois "e.n maté.Jt;'cwx. duJtable.J.:J"ll),
des bâtiments d'habitation plus connus sous le nom de"campe-
ments",
à l'intention des travailleurs et de leur famille.
A l'instar de ce qui se pratique de nos
jours
(2),
des pans
entiers de
for~t villageoise sont c~d~s gratuitement ou lou~s
à des prix tr~s mod~r~s pour une annee, quelque fois pour
une période plus longue,
afin d'y faire pousser les cultures
vivri~res,n~cessaires à sa subsistance quotidienne et à
celle de sa famille.
Enfin,
l'employeur ou
sa femme
assure des soins m~di­
caux a ceux des ouvriers pr~sentant des affections b~nignes.
Lorsque l'effectif des ouvriers pr~sents sur l'exploitation
exc~de la centaine, le propri~taire est tenu d'y entretenir
à ses frais un
infirmier,
"c.haJtgé.
de. ve.;'lle.Jt J.:JuJt l'é.tat
J.:Jan.;.ta;'Jte. de.J.:J tJtava;'lle.uJtJ.:J"(3). A cet effet, dans chaque
exploitation de
taille un
tant soit peu importante,
une infirmerie est construite,
comprenant:
une salle ge
consultation,
une salle de pansement,
un dortoir et une
chambre d'isolement
(4).
(1 \\ ANS 2 G 37-40, op. W.
(2] A AgboJ.:JJ.:Jou, v-i..Ua.ge. de. la. J.:JouJ.:J-PJté.6e.c.tuJte. de. Bongouanou, "la terre
est louée" au manoe.uvJte. é.tJtange.Jt. "le s sommes versées à cette
occasion varient entre 5.000 F. et 15.000 F.".En Jte.vanc.he. à N'gu;'nou,
autJte. loc.ilité. de. la.
mê.me. J.:JouJ.:J-PJté.6e.c.tuJte., "les terres sont prêtées
gratuitement". C6. PvMane. Vje.to, La pJtoblé.matique. de. l;r~pla.ntation
é.tJtangèJte. daYl.J.:J le. MoJtonou lRappoJtt de. J.:Jtdge. de. l'ORSTO , Ce.n~e. de.
Pe.tit BaJ.:JJ.:Jam, Oc.tobJte. 7977, 38 page.J.:J, (p. 22).
(3) ANS 2 G 36-32, op. c.~. c.hap~e. : J.:Jo;'Yl.J.:J mé.d;'c.aux..
l4J Ib;'de.m, op. c.;'t.

691.
Sur la plan social,
on
ne peut qu'appr~cier cet
ensemble de mesures qui assurent une certaine promotion au
travailleur agricole.
Mais quel
pourcentage du
salaire
nominal reprêsentent ces divers avantages dont b~n~ficient
les ouvriers agricoles? Il parait difficile de
se pronon-
cer,
de même qu'il
parait hasardeux de vouloir ~tablir un
salaire moyen.
Malgr~ les lacunes de ce chapitre, il aura
eu
le m~rite de mettre en relief la complexit~ et la vari~t~
du salaire agricole.
D -
L'EVOLUTION DES REMUNERATIONS
Si la distinction entre salariés de sexes diff~rents
ne
nous est point possible,
à cause des lacunes des sources,
celles-ci permettent cependant la distinction entre salaire
nominal et le compl~ment au salaire représent~ par l'indem-
ni té de vivres dont b~n~fïcie
tout travailleur agricole. Les
renseignements obtenus
,
à partir des Archives du S~n~gal,
complét~s de ceux recueillis à travers le rapport nO 2197
de la série 1 QQ 104 des Archives Nationales de Côte d'Ivoire
(1),
bien qu'ils ne couvrent pas la totalité de la période,
permettent cependant de dégager une évolution globale,
mise
en ~vidence par le tableau du mouvement des salaires ci-
contre.
(1 ) VO~k le kappokt nO 2 197, Adm~n~~tkateuk du N'z~-Comoé
~ Lou~~ Mékat, In~pecteuk Adm~n~~tkat~6 ~ B~ngekv~lle.
V~mbokko, le 24 décembke 1924.

692.
MOUVEMENT DES DIFFERENTS SALAIRES
En francs courants
(1)
Salaire nominal
Indemnitê en vivres
Avant 1924
1,37 F.
1,00 F.
1924
1,62 F.
1,0'0 F.
1936
2,00 F.
1,85 F.
1937
2,50 F.
2,00 F.
1938
3,00 F.
2,50 F.
En indices
Avant 1924
100
100
1924
118·
100
1936
146
185
1937
182
200
1938
218
250
Taux de progression salariale
En %
Avant 1924-1924
+
18
+ 0
1924-1936
+ 28
+
85
1936-1937
+
36
+
15
1937-1938
+
36
+
50
(1)
Le montant du salaire ne représente que le minimum
prescrit par la
IJgislation.
Il se peut que sur certaines
plantations,
ce taux ait été dépassé.
P.
Kipré avance le
taux de 7 à 9 F. de salaire journalier, payé "avarLt 1936
paJr. fe.-6 ptarLte.uJr.-6 de. f'IrLdé.rL..té." aux ouvriers agricoles.
Cf.
P. Kipré,
les villes coloniales de Côte dilvoire
1893-1940, op. cit.
p.
947.

En premier lieu,
il y a une similitude d'orientation
pour les deux cat~gories de salaires sur lesquelles nous dis-
posons des renseignements chiffr~s. Cependant soulignons la
faiblesse de la hausse au
niveau des deux cat~gories de sa-
laires jusqu'en 1936. Llaugmentation du salaire nominal,
estim~ à 18%, ne doit pas faire illusion, car l'on ignore
sur combien d'ann~es elle se d~veloppe. Quant à la hausse
de 28% relativement importante,
enregistr~e entre 1924 et
1936,
on
ne
peut convenab.l.ement.
l'apprécier
sans
la r a p pr o ;
cher du
taux de croissance salariale annuelle,
plutôt faible
de l'ordre de 2,3%.
L'examen de l'évolution de l'indemnit~
de vivres permet de souligner que l'accroissement est nul
jusqu'en 1924, mais que la progression,
au
cours de la
periode postérieure
(1924-1936)
est très forte:
85%, même
si le taux d'accroissement est relativement faible
:7%.
Comparativement à la p~riode ult~rieure (1936-1938),
ces chiffres de croissance sont loin d'impressionner, malgr~
leur bon niveau.
Avant 1936,
les instances coloniales,
à
tous les niveaux,
s'int~ressaient fort peu au sort du travail-
leur "indigène"(l), en dehors de 11intermède 1924-25, où le
Gouverneur Brunot r~agit fortement contre le travail forcé
et surtout contre les brimades dont était victime le travail-
leur ivoirien.
La défense de celui-ci dont il fut
le prota-
goniste lui valut la colère des colons du
pays et le front
uni que ceux-ci lui opposèrent,
savamment orchestré par la
Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire,
dirigé par Louis
Barthe,
son puissant et intraitable Président.
(1)
"L'européen fait peu pour intéresser l'indigène à son
" t r a v ail,
pou r
qu : i l s e pla i se dan s son 1 i e u de
t r a v ail" •
C6. ANS 2 G 36-32, or. c.-i.t. Cha.p. : Amé..t-i.oJta.t-i.Of1 de.-6
COf1d-i.t-i.of1-6 de. :tJta.va.-i..t. Ce.tte. Jté.6.te.x-i.of1 qu-i. da.te. de. 1936
tJta.du-i.t b-i.e.f1 .te.-6
c.of1d-i.t-i.of1-6 d-i.66-i.c.-i..te.-6 qu-i. é.ta.-i.e.f1t c.e..t.te.-6
du tJta.va.-i..t.te.uJt
a.6Jt-i.c.a.-i.f1.

Parall~lement, à cette querelle qui s'ach~ve par
le rappel du Gouverneur Brunot à Paris,
se d~veloppe un mou-
vement de baisse des recrues du
"deuxi~me contingent"(l).
Faut-il trouver un lien de cause à effet, entre l'~viction
du Gouverneur Brunot de
la Colonie,
protecteur des Africains et
la r~ticence manifest~e par ceux-ci a s'engager comme manoeu-
vres sur les exploitations coloniales? Toujours est-il
qu'au d~but de l'ann~e 1936, le taux de recrues de main-d'oeu-
vre avait atteint un seuil si alarmant que l'autorit~ colo-
niale crut gravement menac~e l'~conomie du pays. En effet,
où trouver les bras nécessaires pour entretenir les diff~ren­
tes exploitations priv~es et maintenir la prosp~rit~ de la
colonie qui traversait une p~riode de d~veloppement sans
pr~c~dent (2) ? Il fallait r~agir.
On d~cida de changer de politique en appâtant la
main-d'oeuvre ivoirienne par un certain nombre de
mesures
"bienveillantes" dont celles visant à am~liorer les conditions
mat~rielles des travailleurs
: le taux minimum du salaire
nominal, ayant c hu t
morne n t enérne n t
à 1,21'".
(3),
est rapidement
é
relev~; la ration alimentaire fut, par ailleurs, augment~e.
C'est ce qui explique la hausse salariale de.36%,
r~alis~e
d~s 1936. Le salaire sera augment~ dans la
même
proportion
entre 1937 et 1938. Par contre l'indemnit~ de vivres
croit selon un rythme moins r~gulier : 15% de 1936 à 1937
et 50% de 1937 a 1938, et tout compte fait
beaucoup moins
rapide
(4),
même si la croissance totale est tr~s forte,
pendant la p~riode 1937-38 (50%).
(1)
Lenombke de tk~v~illeuk~ ivoikien~ de~ exploit~tion~
pkivé.~ pM~e de 17.9.50 en 1927 à. JO.390. Cn. S.P. Elzw1Z~, la.
m~n-d'oeuvke ivo~iénne d~ enlkepk~~ pkivé.~, pend~nt l'enlke-deux
guekk~ 1921-1939, op. cil. voik l~ p~g~ 81 et 88.
(2) "Le développement de l'activité économique est surtout sensible
dans les domaines agricoles et forestier. Mouvement aux ~.buts assez
modestes, éprouvé durement autour des années trente par les effets de
la crise de 1929, l'activité' agrico~e. parla suite, eu~ un r~~9me ae
plus en plus accéléré, culminant en 1936, année particulièrement
prospère ••• "Cn. S.P. EIz~nz~, l~ mun-d'oeUvke ivoikienne d~ e.nlke.-
pk~~ Mivé.~ penMnt l'enlke-deux-gUekk~, op. cil. p. 74.
(3) Au dé.but de l'~nné.e 1936. Cn. ANS 2G36-32, opZ. cil. Voik le chapilke.
Amé.Uokilion des con.cLi.;UoM de tk~vw.
(4) 72%pOUk le. ~~e nomi~ e.nlke 1936-38 conlke 65% pOUk l'~ndemnité.
de. ViVk~, M coUk~ de la m~me. péJr.iode.

- 695 -
MOUVEMENT DE PRIX DU CACAO ET DU
CAFË AU PORT D'EMBARQUEMENT n'ABIDJAN
En francs courants
Cacao
Café
Prix du kg en
francs courants
Avant 1?33
2,Ol F
3,82 F
1933
1 , 2~ F
4,82 F
1936
2,05 F
3,59 F
l ~:) 3 ~;
2,36 F
5,24 F
En indices
Avant 1933
100
1 00
1933
64
126
1936
101
94
1 939
117
137
En pourcentage
Avant 1S33-1 933
- 36
+ 26
1933-1936
+ 37
- 32
1936-1939
+
16
+
43
- - - - - ----_--:...-_----- .._----- _._--_....:.-...-._------
Sources
ACCCI, 22 :
N0 6357 CA Ad min i s t rat e ur - mai r e cl e laC 0 iii mune 1=1 i X f, e '::' ,1\\ ':1 l.; jan à
Mr. le Pr~sidcnt de la Chambre de Commerce d'Abidjan.
Abidjan, le 11 Août 1%2.

- 695 bis -
L'analyse de ces chiffres autorise une conclusion
ultime: l'indemnité de vivres, bien qu'elle subisse une
augmentation plus tardive, s'est néanmoins accrue plus
rapidement, au cours de la période où il nous a été donné
de suivre l'évolution des deux catégories de salaires. Pour-
quoi? A partir de 1936, lorsque l'autorité coloniale prend
conscience de la nécessité de "pousser" le développement
du pays, les vivres nécessaires pour refaire les forces
des ouvriers deviennent à ses yeux un élément esserttiel
du salaire. Mettre l'accent sur la quantité et la qualité
de ces derniers devient une priorité par rapport au gain en
espèces. Ainsi s'expl ique l'écart entre les deux catégories
de salaires qui, de 18 % en 1924, passe à 32 % en 1938.
Quoiqu'il en soit, reconnaissons la poussée remar-
quable des salaires, tout au moins dans les dernières années
de la période étudiée, qui ne peut êt~Q contestée, si elle
est ramenée à de justes proportions, compte tenu du niveau
de départ extrêmement modeste. De m~me il nous faut affirmer
que, par la vente des produits du crû: cacao et café essentiel-
lement, une masse d'argent de plus en plus importante a été
injectée dans le Moronou.
Comparée aux mouvements des prix de cacao et de café,
payés à la production au port d'embarquement d'Abidjan (1),
plu tô t en" de.n ts des cie",
(V 0 i r l e t ab l eau
de l a pa ge ci - con t r e ) ,
(1) Les prix payés à l 'exp8 r t at i on intègrent les frais de transport entre le
lieu de production et le wharf d'embarquement de Port-Bouêt. Ils sont par
ailleurs presque toujours alignés sur les prix CAB payés à l'extérieur,
en l'occurrence au Havre. Au cours de la période antérieure à 1933, c'est-
à-dire en période de crise, ceux-ci chutent sur le marché du Havre. Par
exemple d'octobre 1931 à janvier 1932, le cours du Havre tombe de 37,6 %
Of février à décembre 1S32, il baissera encore de 7 %. Cf. P. Braibant,
L'Administration coloniale et le profit commercial en Côte d'Ivoire, pen··
c:ed la crise de 1929, RFHüM. T. LXIII (1976), nos 232-233, pp. 555-5711
(pp. 563-564).

- 695 ter -
la courbe du salaire de l'ouvrier apparait surprenante dans sa progres-
sion régulière et constante, au cours des dernières années de la pério-
de étudiée où il est donné de l'examiner. Face à ce déséquilibre entre
le salaire payé à l'ouvrier agricole en constant progrès et les prix
offerts au cacao et au café à la production, relativement inférieurs,
reflétant les fluctuations du marché extérieur, le commerce local
serait-il en difficulté? Le déficit enregistré par celui-ci ne peut
être qu'apparent. Pouvait""'"il en être autrement dans "l'échange inégal"
qui s'instaure en pays de colonisation? La rémun§ration avantageuse,
offerte au travailleur agricole, constituant un "manque à gagner" pour
le propriétaire de l'exploitation agricole, est largement compensée par
les allègements divers dont bénéficie, au même moment, la commerciali-
sation du cacao et du café (1), deux productions particulièrement encou
ragées oar l'administration locale (2). De cette "générosité", liée à
-
profit
là conjoncture tirentYies exploitants agricoles dont la plupart ont
opté, comme activité secondaire, pour les échanges commerciaux. Quel-
ques uns parmi eux se sont même hissés à la tête du commerce local.
Au contraire, l'épargne monétaire durement accumulée par
l'ouvrier agricole, est vite épongée par le biais de l'impôt de capi-
tation entre autres dont le taux progresse inlassablement à l'époque
coloniale. Ainsi plutôt qu'à un accroissement réel de son pouvoir
d'achat, l'on assist~ à notre période, à une paupérisation de la main
d'oeuvre agricole.
Néanmoins l'expansion du salaire est incontestée dans le
Moronou. A qui profite-t-elle ? Au Morofwo d'origine certes qui par les
exploitations drainent la quasi~totalité du produit de vente. Mais
aussi à la main-d'oeuvre, en majorité étrangère au Moronou et qui
rapatrie, sans en faire profiter notre région, la totalité du salaire
perçu, légitime rétribution du travail effectué.
(1) Les frais de commercialisation du cacao par exemple "sont réduits
de près d'un tiers", à la suite des mesures administratives et
aussi de décisions privées (baisse du tarif- du fret". Cf.P.
Braibant, op.cit. p. 651.
(2) Cf. Circulaires successives du Gouverneur. Reste en 1931 et en
1933 à propos de l'intensification des cultures.

696.
CHAPITRE XV
LA SUBORDINATION AU MARCHE
LE MORONOU FACE A LA CRISE AGRICOLE
Confronté aux difficultés qui assaillent l'économie
coloniale de traite,
à la suite de
la crise mondiale de 1929,
le secteur agricole du Moronou sera l'écho sonore et ampli-
fié de l'agriculture coloniale ivoirienne.
Au moment o~ la
crise frappe durement la colonie ivoirienne,
le Moronou,
rattaché partiellement par la subdivision de Bongouanou à
l'Indénié,
en subit d'autant plus intensément les fluctuations
que le Cercle de llIndénié auquel se trouve désormais lié le
sort de
la majeure partie de notre région,
est sans aucun
doute l'un de
ceux qui,
dans la colonie,
par son avance eco-
nomique,
se trouve le plus fortement inséré à l'économie de
marché.
L'auteur des
II~ou66~ance~ de l'ag~icultu~en et des
maux de la population
?
Un bouc émissaire est vite trouvé,
l'ennemi commun,
dit-on,
c'est le commerce local.
Ignorant
tout des mécanismes de l'économie de marché et des causes
complexes de
la baisse des prix du cacao,
du
café et des
autres produits,
le planteur du
Moronou,
sans chercher plus
loin,
désigne le commerçant du
pays comme étant le seul
responsable de la mévente de sa récolte ou
encore l'accuse
de
refuser de
payer celle-ci au
juste prix.
Le remède?
Mobiliser les esprits pour exprimer avec vigueur les reven-
dications et les protestations.

697.
Quelques chefs du pays,
soutenus en coulisse par
des ".tnd.tge.ne.~ é.vo.e.ué.~",les intellectuels de l'époque,
prennent la tête du mouvement.
Celui-ci se traduit par une
attitude de
défiance et d'hostilité à l'égard de l'adminis-
tration locale ,suspectée de sacrifier les intérêts des pro-
ducteurs.
Pour ce faire, les planteurs tentent d'infléchir
en
leur faveur la politique agricole coloniale,
en s'organi-
sant en un véritable groupe de
pression.
L'élite intellec-
tuelle de la région dont les intérêts sont étroitement liés
a ceux du monde paysan,
s'efforçant d'apparaitre comme le
porte-parole et l'expression légitime des planteurs de la
région,
va
chercher à rassembler sous sa bannière, en un
front commun,
l'ensemble des producteurs menaces.
l
L'IMPACT DE LA CRISE DANS LE MORONOU
Avant d'aborder les tentatives de
lutte contre
la crise,
il convient d'examiner la façon dont les contem-
porains l'ont ressentie et expliquée.
Baisse des prix,
flé-
chissement de
la production,
le Moronou n'échappe pas à ce
phénomène.

A
RECUL DU PROFIT, MOUVEMENT DE PRODUCTION
VARIABLE.
L'indice annuel du
kilogramme de cola et des pal-
mistes au
producteur d~cline à partir de 1931 et atteint son
minimum en 1934,
celui du
cacao subit la meme tendance à la
baisse à partir de 1930,
connait son plus bas
niveau en 1931,
puis après une tentative de hausse en 1932,
retombe
pour
trois ann~es (1933-35), avant d'amorcer une nouvelle hausse
en 1936
(1).
Ainsi,
les ann~es a n t e r Lc u r e s
(l928-29)':'sont à
consid~rer comme des ann~es charnières entre une prosp~rit~
sans nuage
et la crise à venir.
Dans la plupart des
secteur~
on d c l e , autour de 1928
(2), un essouflement,
a c c e n t u
en
é
è
é
1930.
A partir de 1931,
la croissance est pratiquement inter-
rompue.
Seules exceptions,
la production du
cacao et celle
du
caf~ poursuivent leur mouvement ascendant (3).
l1 J Cn. 6-{.guAe.S nO ~
14 e.t. 15,
pp. 5~è"
e.t: ~';53.r!.
l2 J Le. JtM.e.Y/..tU-6e.me.nt pe.Jtçu daM fa v-te. éc.ononUque. et: c.omme.Jtc.cle. du
N'z-t-Comoé, au de.ux-tè.me. tJt-tme.-6tJte. 1929 lCn. ANCI 1 Q2-VI-33-84 l3561J,
RappOJtt -6uA fa -6-t:tua..ûon éc.onom-tque. et: c.omme.Jtc.-ta.fe. du N' zc-Comcê ,
POuA fe. 2e tJt-<.me.-6tJte. 1928 J, -6e.mbfe. n' avoi». auc.un JtappOJtt avec fa. c.Jt-t-6e.
mondcle. qu-t éc.fa.:te. une. année. pfu-6 ta.Jtd, e.n1929. If -6'e.xpf,{.que. palt
f' altJtêt ab-6ofu de.-6 e.XPOJtta..ûOM de. boc«, e.n Jta-t-60 n de. fa ne.Jtme.tuAe.
de. tou» fe.-6 c.hanûe.Jt-6 du N' z.c-Comcê.,
(3) Cn. Tabfe.cw. de.-6 pJtoduc.ûoM du c.ac.ao et du c.a6é..
An'
14
854
nexe
, p .


6lj9.
Effectivement,
dans un climat économique de moi, s
en moins favorable dès 1928
(1), des facteurs spécifiquement
locaux,
liés essentiellement à une
technique de culture 'parti-
culièrement défectueuse(2),
annoncent les années difficiles,:
en 1929,
le tonnage des amandes de palme décline passablemen~
passant de
1.413.050 kg a 1.317.805 kg.
Fait plus grave,
durement ressenti par les producteurs autochtones,
la produc-
tion de
glu
(3),
pour les mois de
juillet et août 1930,
s'élevant a 12 tonnes,
trouve difficilement acquéreur dans
le Cercle
(4). Outre la mévente de certains produits,
tels
que la glu et le palmiste
(5~, le prix du kg de cacao, chute
de
50%,
dès le premier trimestre de 1930.
l 1 J I.e. 6au.t -se J(appe.-tVt fu 6Vtme.tuJt e. de. t» u..J.J ie.J.l C.ha.I"l.-t.tVtJ.l de. b0 -w du
N'z'<'-Comoé., A Abe.VLgOUJ(Ou/e.t daM i'In.dé.vûé. pltoc.he., on. e.Me.g-WUe.
e.n. 1928, p~ plté.c..<.J.léme.n..t au. qua.tJt'<'è.me. u.<.me.J.lue. de. i' an.n.é.e. un.e.
1
bwJ.le. du PJ(ù. du c.a.c.a..o et: pMaLf.è.i2me.n..t un. mMMme. d~ iu a66we.J.l.
C6. ANCI VI-33-84/85 l3.561 J, Exua..<..t du J(appoJ(t J.lU)( .ta. J.l.<..tua..t.<.on. é.c.o-
n.om.<.que. et: c.orronVtc..<.a1e. du N' z.<. -Comoé., poU}( ie. 4è.me. u.<.me.J.lue. 1928.
Au vûve.au. de. .tou;te. .ta. c.oiovûe., on. J(e.-tè.ve. d~ 1928 ie.J.l e.66e.u d'un.
c.Vtwn. I71CVl.Mme. gé.n.éJr.a.i, yJVtc.e.ptibie. au. vûve.au du
pJUx du cacac , dû.
a fu J.l.<..tua..t.<.on. du ~~c.hé. mon.d.<.a1 :
"Après avoir atteint le prix de 7,10 F. le k], une baisse sensible
"s'est produite en fin d'année, le cacao n'étant plus coté en décembre
"que 4 F., baisse résultant de la situation du marché mondial".C6.
ANS 2 G 28-36, SVtv.<.c.e. de. i'AgJ('<'c.ultuAe. de. .ta. Côte. d'Ivo.{.J(e.,
RappoJ(t ann.ue.-t poU}( 1928.
l2 J Le.J.l pfun..tJ.l sow: pMtic.uLi.è.J(e.me.n..t J.le.Mé..J.l e.t J.louve.n..t é.:ta.blli d~ de.J.l
.te.Ma..<.M qu.<. n.e. c.on.v'<'e.n.n.e.n..t pM toujouM aux d'<'66éJr.e.n..te.J.l c.u1..tu.Jr.e.J.l.
Ii e.n. J(~ qu'au. bout d'un. c.Vtwn. n.ombJ(e. d'an.n.é.e.J.l, pluJ.l c.oU}(t
que. ie. c.yc.ie. n.oJ(mai, ie.J.l pfunta..t.<.OM e.Y1..tJ(e.n..t e.n. dé.c.J(é.p.<..tude.. C'e.J.lt
ie. c.M d~ i'EJ.lt e.t ie. Ce.n.Ue. Ivo.{.J('<'e.n., y c.omplt-w ie. MOJ(on.ou, e.n.
1928. C6. ANS 2 G 30-44. SVtv'<'c.e. de. i'AgJ('<'c.u.f.tuJ[e. de. .ta. Côte. d' Ivo.{.J(e..
RappoJ(t ann.ue..f 1930.
l3l Un. ava..taA du c.a.ou.tc.houc"
l4l ANCI 1 Q2 VI-33-84/85 l3561 l, RappoJ(t J.lU}( ta J.litua.t.<.on. é.c.onomique.
du N'z'<'-Comoé. poU}( ie. 3è.me. u.<.meJ.ltAe. 1930.
l5 J L'Adm'<'n..<.J.l,tJ(a..te.U}( Rogue.J.l, Che.6 de. voste. de. Bon.goua.n.ou é.c.J(.{..t :
"le commerce des grains de palmistes n'a pas connu également une
"grande vogue de la part des commerçants".

'100.
Bref,
la situation se détériore en 1931. Effecti-
vement,
les prix continuent de dégringoler
(1). Les achats
de glu,. en
particulier, qui subissent une tendance continue
à la baisse, laissent désemparés les producteurs. Payé à
4 F.
en 1930,
le kilogramme de
glu ne
vaut plus que l,50 F.
dans certaines zones du Moronou
(2). Quant au
kilogramme de
palmiste, à la suite d'une conférence regroupant les princi-
paux commerçants locaux,
il est fixé à un
prix plancher mini-
mum de 20 centimes
(3). Si ce prix"minimum est respecté dans
les gros centres d'achat comme Bongouanou,
ailleurs,
il ne
l'est pas toujours. C'est ainsi que le rapport sur la situa-
tion économique et commerciale du N'zi-Comoé,
pour le troisiè-
me trimestre de 1931,
souligne que le prix offert à Daoukro et
probablement dans les zones limitrophes du Sahié,
"n.'e.xc.é.da-it
pa~ 15 c.e.n.t-ime.~"(4J. Mais, même à ce prix extrêmement bas,
les charges de produits apportées jusqu'au centre de vente
par les villageois,
ne
sont "e.n.le.vé.e.~" qu'avec beaucoup de
difficulté. Les produits abondent,
mais les cours demeurent
toujours bas. Même le cacao n'est point épargné par cette
tendance à la baisse des prix. Payé l,50 F.
le kilogramme à
Bongouanou, au
cours du dernier trimestre de 1930,
le cacao
ne vaut plus que 0,73 F.,
une année plus tard à la même
période.
"L'-in.d-igè.n.e. hé.~-ite. a appoJtte.Jt de.~ pJtodu-it~ dan.~ de.
te.lle.~ c.on.d-it-ion.~". (5J.
il J "La baisse des cours des divers produits du cru a continué dans de
"telles proportions que dans les centres élpignés, ils n'offrent plus
"à l'indigène une suffisante rémunération de son effort". C6. ANCI
1 Q2-VI-33-84 (3561 J, RappOJtt ~U/t la ~Ü:uation é.c.onom-ique. et: c.ommVt-
c.-ta1.e. du N' z.c-Comoè , poU/t le. 4è.me. tJt.{.me/.},Ute. 1931.
12 ) Ib-ide.m, op. c.-it. 3è.me. tJt-iJne/.}tJt e. 1931 •
(3 ) Ib-ide.m, op. c.u. 3è.me. tJt-ime/.}tJte. 7937 •
(4 J ANCI 7 Q2-VI-33-84 (35671, RappOJtt ~U/t fu ~-ituation. é.c.on.om-ique. e.t
c.ommVtc.-ta1.e. du N'z-i-Comoé., poU/t le. tJto~~-iè.me. tJt.u}Je/.}tJte. 7937.
15) l b-idcm ,op. c.-it. 4è.me. tJt.{.me/.}tJt e. 793 7•

701.
La chute des prix a des répercussions flagrantes
sur la production. Mais en 1931,
seuls quelques produits en
sont affectés:
les arachides,
la cola et les palmistes(l).
L'année 1932 est marquee par une légère améliora-
tion de la situation.' La crise continue,
certes, mais on re-
lève ici et là une certaine stabilisation. Au niveau de
l'ensemble du N'zi-Comoé,
les cours du cacao et du café
connaissent une hausse relative
(2). Mais on enregistre sur -
tout avec soulagement,
parallèlement à la baisse des prix
d'achat des produits,
une baisse corrélative des articles
manufacturés qui semblaient jusque là ne
pas être atteints
par l'érosion générale des prix
(3).
En 1933,
la régression des prix prévaut, même si
une hausse sensible apparaît à ce niveau,
au cours du dernier
trimestre de
l'année.
Le rapport politique du premier trimes-
tre en particulier met en évidence la dégradation des prix
offerts aux produits du cru:
le cours du cacao,
lit-on,
continue de baisser dans l'ensemble du Cercle, exception
faite
pour Bongouanou où le kilogramme de
ce produit monte
à l
F.;
le palmiste qui "à V-lmbokJr.o a. nOJr.te.me.n.t ba.-l/.)/.)é. l ... )
o/.)~-llle. e.n.tJr.e. 0,18 F. e.t 0,15 F., /.)e.lon. le./.) ma.-l/.)on./.) de.
~omme.Jr.~e."l4J.
Enfin,
solJligant le ralentissement de
la vie
commerciale du Cercle,
le rapport relève la fermeture de
nombreux "po/.)te./.) d'a.~ha.t"(5).
(1 )
PJr.od~
1930
1931
V-l6né.Jr.e.n.~e.
AJr.a.~h-lde.
32,644 ton.n.~
22,682 ton.n.~
9,962 ton.n.~
Cola.
670,013 ton.n.~ 411,461 ton.n.~
258,552 ton.n.~
Pa.bn~te.
1.103,964 ton.n.~ 817,720 ton.n.~
286,244 ton.n.~
Cn. ANCI 1 Q2-VI-33-84 (3561), Ra.ppOJr.t /.)uA la. /.).{;tuilion. é.~oJ'l.Om-lqu.e. et:
~omme.Jr.~-la.fe. du. N'z-l-Comoé. pOuA le. 4è.me. tJr.,{m~tJr.e. 1931.
(2J Le. pJr.-lX mOIje.n. du. ~a.~a.o pOuA l'e.n./.)e.mble. du. N'z-l-Comoé. ~t de. 0,74 F.
pJr.-lX l~gè.Jr.e.me.n.t /.)U.pé.Jr.-le.uA à ~e.fu.-l pJr.iliqu.é. (0,73 F.) l'a.n.n.é.e. pJr.é.~é.­
de.n.te., da.n./.) la. /.)u.bd-lv~-lon. de. Bon.gou.a.n.ou..
(3) ANCI 1 Q2-VI-16-234 (5014), Ra.ppOJr.t /.)LIA la. /.)-ltu.iliOVl é.~on.om-lqu.e. du.
N' z-l-Comoé., pOLlA le. 2è.me. tJr."i..me./.)tJr.e. 1932.
(4) ANCI 1 E3-IV-17-33 (3370). Ra.ppoJr.t pO.utA.qU.e. du. N'û-Comoé., pOuA le.
1e.Jr. tJr.A"m~tJr. e. 1933.
(5) Ib-lde.m, op. ~-lt.

702.
L'horizon ne
s'éclaire réellement qu'en 1934. Au
cours du
premier semestre,
progressivement,
les boutiques
s'ouvrent,
les planteurs reprennent les travaux agricoles,
avec "une. vé.Jtitab-Ze. aJtde.uJt", soulignée au
niveau
rIde. .f.a majo-
Jtité. de.~ canton~ pouJt .f.e.~ cu.f.tuJte.~ de. ca6é. e.t d'aJtachide.~"11 1.
De même les tonnages de cacao,
de palmistes et les autres
produits retrouvent progressivement le chemin des centres
d'achat.
Enfin,
il faut souligner que contrairement à l'éro-
sion générale des prix offerts aux produits et à la baisse
générale de la production,
le cacao et le café
ont fait
preuve,
pendant toute
la période de crise,d'une vitalité
exceptionnelle.
A aucun mo me n t ,
le mouvement de ces _ deux
productions n'a fléchi
(2). S'il existe un mot plus adéquat
pour caractériser les manifestations de
la crise dans le
t-1o r 0 n 0 u,
c' est cel u ide ",~ uJt pit 0 duc ti 0 n". En e f f e t
le cac a 0
et le café ainsi que la plupart des produits dans leur ensem-
ble y abondent,
tandis que les prix demeurent obstinément bas.
Comme le note à propos,
d~s l'année 1931, le Commandant du
Ce r c l e :
Il .f. ' a..-t 9 e.n t
de. vi e.n t Jt aJt e. 0 u ~ e. cac he.".
13 J •
Sous une forme semblable,
cette crise se répétera
dans le t~oronou en 1937, avec des conséquences beaucoup moins
étendues.
Au cours du
second semestre de cette an~ée, alors
que ".f.e.~ couJt~ du cacao ~e. ma.inte.na.ie.nt Jte..f.ative.me.nt ba~JlI41,
l'on assiste à une poussee forte et réguli~re des prix des
pro d u i t sim p 0 r tés.
D' a b 0 r d sur p ris par la" chu t e. du p,'t i: x du
II)
ANCI 1 Q2-IV-15-120 13743/, RappoJtt é.conomique. du C~'tc.e.e.de. D.<.mbo~o,
poU/t .f.e. pite.nU.Vt ~e.me.-6tJt e. 1934.
12/ Vo-Ut .f.e. tab.f.e.a.u de.s pltoduction.6" Annexe °14 , p. 854.
131 ANCI 1 Q2-VI-33-84 13561/, Rappoltt ~U/t la. ~.<.tua.tion é.conomique. e.t
COT1D'l1Vtc-&û.e. du N'zi-Comoé., poU/t.f.e. 3ème. bt.<.me.-6tJte. 1931.
141 ANCI lE3-IV-43/5 133041, Ra.ppOJtt politique. de. .f.'Indé.n.<.é., poU/t .f.e. 2e.
~eme.-6tJte. 1937.: P. Kiplté. é.ta.bLU un tie.n e.ntJte. la. b~e. de.-6 p,ûx de:s
pit odu-d:« .f.ocaiLx dont .f.e. cacao et: la. dé. va.1u.a.-ûo n "Vince. nt AU/ti oi: " à.
.f.'automne. 1936. C~e.-ci eut e.ntJte. a.utJte.-6 poU/t e.66e.t de. pJtovoquVt
e.n Côte. d' I vo.<.Jte., cont.<.n.ue. P. Kiplté., "une hausse des prix brutale des
produits d'importation ( ••. ) Face à cette hausse, le Ministère des
Colonies pense que s'instaure un déséquilibre trop prononcé entre
les produits importés et les produits locaux qui, eux, ~voluent
lentement". C6. P. KipJté., Le.-6 ville.-6 co.f.orUa.1.e.-6 de. Côte. d'Ivo-Ute.,
é.conomie. e.t ~ocié.té. JI893-1910I, Théhe. d'Etat d'H~to~e.. Pa.Jt~ VII,
3 tOme.-6 dactyl. II.
p. 720 •

70).
eaeao"17l,les planteurs r~agissent, en stockant la production, en pr~vi­
sion de
la mont~e des prix. Dans le m~me temps,
ils rêduisent
leurs achats en produits manufacturés auprès du commerce lo-
cal.
Ce qui provoque le mêcontentement de
la
part des commer-
çants " Qu-i. ava-i.e.n.t aeeumuté. de. tJtè.J.:> gJtoJ.:> J.:>toe!zJ.:> de. maJtef-l.an.-
d-i.J.:>e.J.:>, e.J.:>pé.Jtan.t un.e. tJta-i.te. e.xtJtême.me.n.t bJt-i.ttan.te." (2).
Au delà de cette chronologie de la crise,
qui met
en relief le recul
du
profit et aussi le tonnage variable
des diff~rentes productions,
il est possible de pousser
plus loin l'analyse,
en distinguant les diffêrents niveaux
de
retentissement de
la crise,
à l'intêrieur du
Moronou.
B -
L'INEGALE REPERCUSSION DE LA
CRISE DANS LE MORONOU
Les documents disponibles
permettent de saisir
deux secteurs qui sont particulièrement expos~s à l'impact
de la crise:
le monde agricole et le secteur commercial.
l
-
DES PLANTEURS EPROUVES
Le
secteur agricole apparait comme
le plus vuln~­
rable à la crise.
La mévente des
produits et le mouvement
de baisse prolong~e des prix engendrent une certaine langueur
11) C6. ANCI 1 E3-IV-43-15 (3304), RappoJtt pO~Que. de. t'In.dé.n.-i.é., pOUft
te. de.ux-i.è.me. ~e.meJ.:JtAe. 1937. Le. PJt-i.x du eaeao oJ.:>e~e. e.n. 1937, e.n.tAe.
2 F. e.t 2,50 F. a Abe.n.goUftou, Che.6-.e-te.u de. Ce.Jtete., aloJtJ.:J QU'-t.e eJ.:Jt
a 3 F. a Bon.gouan.ou, oèntre'p Jt-i.n.e-i.pat du MOJton.ou.
(2) ANCI 1 E3-IV-43/5 (3304), RappoJtt po.e-tt-tQue. de. t' In.dé.n.-i.é., pOUft te.
2ème. J.:>eJneJ.:JtAe. 1937.

70~.•
du secteur agricole qui laisse appr~hender, d~s 1931, d~cou­
ragement et d~sarroi chez les producteurs. L'Administrateur
du N'zi-Comoé rendait compte de la situation en ces termes
"L' ac.t,[ol1 agJt,[c.ole. de. l'Adm,[n'[~tJtat,[ol1 aupJtè.~ de.
"l' ,[l1d,[gè.ne. Jt,[~que. d' ê.t»:« paJtaly~é.e." t 1 ) •
Mais la crise va
frapper avec une inégale intensité
les r~gions du Moronou. La zone occidentale, celle des
cultures moins riches comme la glu,
les palmistes et la cola,
est la plus durement touch~e. L'entente r~alis~e en 1930 par
les commerçants locaux,
pour maintenir les bas prix déjà dé-
risoires,
pratiqués sur certains produits,
y aggrave davan-
tage les difficult~s. La glu et les palmistes invendus sont
stockés dans les magasins.
Lorsque le commerce se décide à
les acheter ,les prix proposés sont tellement
bas que le pro-
ducteur est peu enthousiasmé à apporter sa production(2).
Le Lieutenant-Gouverneur de la Colonie,
dans une
lettre adress~e en f~vrier 1930, au Président ue la Chambre
de Commerce de la CBte d'Ivoire,
laisse poindre son inquié-
tude.
Il évoque la situation de plus en plus d~plorable de
certains secteurs agricoles,
l'aggravation du mal qui risque
de se généraliser et,
finalement de
porter préjudice à toute
l'économie du
pays,
sans ~pargner le commerce (3).
lI) ANCI 1 Q2 -VI -33-84 (3561), RappoJtt ~M la. ~~OI1 é.c.ol1om,[que. «:
c.omme.Jtc.-Ut1e. du N' z.c-Comoê , pOM le. tJto~,[è.me. tJt-ûn~t·'1.e. 1931.
\\ 2) ANCI 1 Q2 -VI -33-84 \\ 3561 J, RappOJtt ~M la ~,[tuatiOI1 éc.ol1Om,[que. e.t
c.omme.Jtc.,[a1e. du N' z,[-Comoé., pOM le. 3è.me. tJt,[m~tJte. 1937.
(3) ACCCI, Do~~,[e.Jt 11° 8.2, 184 B.P. L,[e.ute.nal1t-Gouve.JtI1e.M de. la Côte.-
d' tvo.oce. au PJt~'[de.11t de. la ChambJte. de. Comme.Jtc.e. à Ab'[djal1. B,[l1ge.Jtville.
le.
20 6é.vJt,[e.Jt 1930.

705.
Les craintes de l'Administration à propos de l'ar-
r~t de toute activitê êconomique ou tout au moins de son
ralentissement,
sont pleinement justifiêes. Certains plan-
teurs,
parmi les plus lésés, décident en effet de ne pas
vendre leurs produits et de laisser pourrir la récolte sur
pied,
en délaissant les plantations (1).
"
La partie orientale du Moronou, regroupee autour
de
Bongouanou,
riches en cacaoyères en pleine production et
disposant d'autres ressources importantes (2), semble avoir
été beaucoup moins éprouvée par la crise. Bien que le cacao
ait été payé, pendant toute cette période, à un taux extr~­
mement bas, la subdivision de Bongouanou put tirer profit
de ce produit, l'un des rares à ~tre encore apprécié par le
commerce.
C'est ainsi qu'en 1933, sur les 7.833 tonnes de
cacao:produit par le N'zi-Comoé, la subdivision de Bongouanou
fournit à elle seule "p!l.è~ de. la mo-<.t-<.é de. la p!l.oduc.t-<.on"(31,
ce qui représente une rentrée d'argent assez coquette de
3.720.675 F. de l'époque (4). De m~me sur les 64 tonnes de
palmistes sortis du Cercle, en 1933, Bongouanou en produit
la moitié (5). Le montant en est estimé à 6.080 F. courants(6).
l71 ACCCI, Vo~~-<'e.Jt 8.2., nO 784 B.P., op. c-<.t.
(21 Ce.tte. !l.ég-<.on, e.nt-ièJte.me.nt c.ouve.Jtte. de. nD!l.ê.t, dcspos«, oiüxe. le. c.ac.ao
e.t le. c.ané, d~ c.u1tuJte.~ de. c.oton, de. palm-<'e.Jt à hu-<.le., de. c.ola, de.
caoiüahoiu: et: aut!l.~.
(31 ANCI 7 Q2-VI-76-238 (5285J, Rappo!l.t éc.onom-ique. e.t c.omme.Jtc.-<-af du N'z-<'-
Cowoè., pOUl!. le. 4ème. t!l..<.m~t!l.e. 7933.
(4) ~e. P!l.-<.x du k-<.log!l.amme. de. c.ac.ao ~'élève. e.n moye.nne. à 0,95 F., pOUl!.
-f...'année. 7933.
(5) ANCI 7 Q2-VI-76-238 (5285), Rappo!l.t éc.onom-ique. e.t c.omme.Jtc.-<.al du N'z-<'-
Comoè., pOUl!. le. 4ème. t!l..<.m~t!l.e..
(6) P!l.-<.x du kg de. p~t~ : 0,79 F.

706.
D'autre part,
dans la région orientale,
le chef
de poste de
Bongouanou,
pour compenser le manque à gagner,
exécute,
dès les derniers mois de 1933,
une bonne partie du
plan de redressement
(1),
décidé par le Gouverneur Reste au
niveau de toute la colonie:
9.000 hectares sont ensemencés
de coton,
au cours des six derniers mois de l'année 1933;
plusieurs centaines d'hectares de
nouvelles palmeraies sont
aménagées;
enfin la culture de l'arachide,
exclusivement
conçue jusque là pour la consommation locale,
est envisagée
désormais à grande échelle,
pour le commerce d'exportation(2).
Le parallèle entre l'agriculture de traite et
l'agriculture vivrière est également riche à plus d'un titre;
il fait ressortir que cette dernière a été aussi sévèrement
touchée par la crise.
L'analyse de la courbe de
production
vivrière,
dont la progression ne
s'était
jamais démentie
auparavant,
révèle que celle-ci épouse encore en
1928 un
mouvement ascendant.
Effectivement,
le volume total des
vivriers produits en 1928 est nettement supérieur de
235,683 tonnes
(58,5%)
à celui de 1927
(3).
Or,
dès 1929,
elle donne déjà des signes de faiblesse.
Par exemple,
la pro-
duction de
mals qui a toujours été croissante jusque là,
le
cède en 1929 de 71,711 tonnes par rapport au volume de pro-
duction de l'année précédente
(4).
Après le mals en 1929,
ce sont les arachides,
les bananes/ignames et à nouveau le
(1) ANSOM, 200 MI 1755
(2) ANCI 1 Q2-VI-16-238 (5285), RappMt é.c.oI1Om-i.que. et: c.ommVtc.-<.a1. du N'û-
Como è., pOuA te. 4e. bt.-i.mUlbt. e. 1933.
(3) ANCI 1 ~2-VI-33-84, (3561 ~, RappMt J.luA ta J.l-Ltuation é.c.onom-i.qLte. et.
c.~mmVtc.-<.a1.e. du N'z-t-Comoe., pOuA te. 2e. bt.-<..JnUlbt.e. 1928. Ce. doc.wne.l'z;t
ÜV1t.e. tUl voiwnUl de. p1t.odumolU v-i.V1t.-i.è.Jr..Ul J.lMVante..,~ :
P1t.OduŒ
1927
1928
BananUl/IgruvnUl
339.821 ~g
498.390 ~g
M~
54.210 ~g
119.371 ~g
AJt.ac.h-i.dUl
8. 512 ~n
20 465 1
TOTAUX
4Ù2~543-~~-
638~226-~~
l4J P1t.oduc.uolU de. m~ : 205.751 ~g e.n 1928 C.OVl-tft.e. 134.040 Ilg e.11 1929,
so.c: une. d-i.mùw..:t-i.on de. 71.711 ~g. CO. ANCI 1 Q2-VI-33-84 l3561),
RappMt J.luA tCt J.l.t-wcU-lon é.c.onom-i.que. e.t c.omnHU1.c.-<.a1.e. du N'û-Comoé. e.n
1929.

707.
mals dont le volume de production accuse en 1930 une diminu-
tion par rapport à 1929. Cette affirmation est étayée par
la comparaison du volume des productions,
pour les six pre~
miers mois des annees 1929 et 1930, qui penche en faveur de
l'année 1929 (1).
Produits
1929
1930
Arachides
32.899 kg
4.675 kg
Bananes/ignames
937.265 kg
843.413 kg
Mals
76.852 kg
70.318 kg
Riz
10.303 kg
15.801 kg
TOTAUX
1.057.319 kg
934.207 kg
( 2 ) .
Clest le signe que la crise, après avoir frappé
la
production vivrière,
une année auparavant,
s'est davantage
accentuée en 1930.
Désormais,
la totalité des vivriers
cultivés dans le Nlzi-Comoé - hormis le riz - accuse effec-
tivement une perte considérable de leurs productions. Le
mouvement de baisse de la production vivrière se poursuit
jusqu'à la fin de la crise en 1933.
On enregistre au premier
trimestre de cette année-là,
une perte encore sensible de
quelques produits vivriers sur le trimestre correspondant de
l'année précédente:
le volume des arachides,
des bananes/
ignames 'de 1932,
l'emporte de loin sur le premier trimestre
de 1933 (3).
l 7 ) La l.>e.u.fe. e.xc.e.ption «s: le. volwne. de. pJtoduc.tion de. Jt-tz l.>UpéJz.-te.uJt e.n
7930. Ce..ta l.>e. c.ompJte.nd : l' -Lmpu.f.J.>-Lon nouve..Ue., donnée. à la c.u.f:tuJte.
de. c.e. pJtodu-Lt, Jte.mon.:te. à l'appM-Ltio/1 de/.) pJte.m-Le.Jtl.> l.>ymptôme/.) de. fu
QJtiJ.>e., c.'e/.)t-à-d-<.Jte. e.n 7929.
(2) ANCI 7 Q2-VI-33-84j85 [3567 J, RappOJtt l.>uJt fu l.>-L:tuation éc.ol1om-Lque.
ei: c.omme.Jtc.we. du N'z-L-Comoé., pouJt le. 2è.me. :tJt,olle/.):tJte. 7930.
(3 ) pJtodum
7e.Jt :tJt,olle/.):tJte 7932
7e.Jt :tJt,olle.st». e. 1933
AJta.c.h-Lde/.)
74.460 hg
5.078 hg
Ban.a.11e/.) j l giUUlle/.)
526.440 hg
416.862 hg
Co. ANCI 7 E3-IV-77-33 (3370), Tableaux. de .e.a )Yl.OdLtC.tiOI1 du Ce.Jtc..e.e. pouJt
le.I e.Jt :tJt,olle/.):tJte. 7933.

70S.
Moins directement concernes par les vicissitudes
du marché international,
les vivriers n'en subissent pas
moins pour autant le contre-coup. Théoriquement assurée,
l'a-
limentation de
la population rurale ne donne aucune inquié-
tude,
pendant la période de crise, même si la courbe de
la
production vivrière tend inlassablement à la haisse. Il faut
noter cependant qu'il en va
différemment dans le Moronou et
l'ensemble de llIndénié, en 1936, au début de
la "péJt'<"ode.
6.<..évJte.u.-6e. de. .ta:tJr.a.<..te."
où le cacao et les "autres produits
de traite connaissent momentanément une "hau.-6.-6e. éf1oJtme." de
prix
(1).
LI igname et les autres produits vivriers,
"dé.ta'<".-6-
.-6é.-6",
semble-t-il, traversent alors une période "dé6.<..c..<..:ta'<"Jte.",
pendant laquelle on eut à redouter la disette(2).
2 - LE COMMERCE EN DIFFICULTE
La crise,
par ses effets,déborde le domaine agri-
cole et atteint aussi le secteur commercial.
Jusqu'à la fin de 1929,
l'on est frappé par la
prospérité et surtout par la vitalité dont fait preuve le
commerce dans le N'zi-Comoé
: des édifices de commerce,
nombreux se construisent encore ici et là, dans le centre
de
la ville de Dimbokro,
le chef-lieu du Cercle
(3).
Plu-
sieurs commerçants de la ville,
depuis plusieurs années,
se paient régulièrement des vacances en France, où selon l'ex-
Il
pression du Commandant du Cercle,
ils vont se dorer comme
des margouillats au
soleil "(4).
( 1)
ANC l 1 E3- IV-43 /5 (3304), RappOJt:t.-6uJt .ta .-6duatiof1 pouuque. de. .t' I)1-
dén.<..é, pouJt .te. de.ux'<"ème. .-6e.me..-6:tJr.e. 1936.
( 2 )
l b'<"de.m, 0 p c.'<":t.
(3) ANCI 1 0.2 -VI -33-84 (3561), RappOJt:t .-6uJt .ta .-6.<..watiOf1 éc.of1olûque. «:
c.ommeJtc..<..a..f.e. du N'z'<"-Comoé, pouJt .te. 3è.me. :tJr..<'Jne..-6:tJr.e. 1929.
(4)
Ibidem.

709.
Une année plus tard,
changement de décor;
le
commerce donne des signes d'essoufflement:
les lots de glu,
apportés des villages,
demeurent invendus et stockés dans
les magasins des centres d t a.c ha t . La raison? "Le.J.> age.ntJ.>
de.J.> ma~J.>onJ.> de. ~omme.k~e. dé~take.nt que. te.J.> age.ntJ.> g~n~kaux
ava~e.nt t~m~té J.>tk~~te.me.nt te.UkJ.> a~hatJ.>". (1) .Les charges de
palmistes, à la m~me date, n'ont pas plus de succ~s. Seul
le cacao, reconnaît l'administrateur de Cercle,
intéresse
encore "te.J.> ma~J.>onJ.> de. ~omme.k~e. de. ta pta~e. de. D~mboQko".
Puis,
il ajoute
:"ta ptupakt de.J.> bout~que.J.> *de. bkOUJ.>J.>e.* J.>ont
6e.km~e.J.> au mo~J.> d'avk~t".
(2)
Le rapport sur la situation économique et commer-
ciale du premier trimestre 1931 mentionne à nouveau
"La ~k~J.>e. ~~onom~que. pe.kJ.>~J.>te. e.ntkaZnant ta 6e.kme.-
"tuke. de.J.> bout~que.J.> un pe.u paktout. Le. makaJ.>me. de.J.> a66a~ke.J.>
"~ont~nue."
(3),
L'
e x p.l.Lc-at.Lo ru de
cette si tuation désastreuse,
c'est que le commerc~ atteint par la chute des valeurs
boursi~res des firmes coloniales, et privé de tout crédit,
est hors d'état de payer au juste prix les produits du cru.
Comment faire face à la crise? L' "Ente.nte.,,(1,)e consti tue en-
tre commerçants européens pour faire payer la crise aux
planteurs.
"La ba~J.>J.>e. de.J.> d~ve.kJ.> pkodu~tJ.> du ~kU a ~ont~nu~
"danJ.> de. te.tte.J.> pkOpokt~onJ.>
que. danJ.> te.J.> ~e.ntke.J.> ~to~gl1~J.>
,,~tJ.> n'o66ke.nt ptuJ.> à t'~nd~gè.ne. une. J.>u66~J.>ante. !t~mun~­
"kat~on de. .s on e.6·6okt"'(5).
(1) ANCI 1 Q2-VI-33-84 (3561), Rappokt J.>M ta J.>..LtuatiOI1 ~~onom~que. e.t
~omme.Jt~.{Me. du N' z.c-Comcé , pOM te. tJto~~è.me. tJt~me.J.>tJte. 1930,
(2) Ib~de.m,op, ~~.
(3J ANCI 1 Q2 - VI-33-84 (3561), RappMt J.>M fu J.>..Ltuation ~~onom~que. e.t
~omme.Jt~.{Me. du N' z~-Comoé, pOM te. 1e.Jt tJt-<.me.J.>tJte. 1931.
\\ 5) l iiidem, op. ~~t. 4e. tJt~me.J.>tJte. 1931.
cri Ligue cr~ëe pc.r les [J.l:incipalc:;s Haisons de comme r-ce de Li Côte d' Ivoi-
re dont l'un Lies obj c:;ctifs pri nc i paux était d' ache ce i
au plus bas prix
les jJr()~(uit~:; .1<:: t.l:ait.e.

710.
Mais le commerce n'avait point prévu qu'en ne payant pas
aux planteurs leurs produits, ils privaient ceux-ci de
tou-
tes ressources dont ils disposeraient pour les produits ma-
nufacturés des factoreries.
Le marasme s'installe progres-
sivement dans les affaires:
les unes après les autres,
les
boutiques se ferment après avoir licencié leur personnel
:
"Le..6 maJr.c.hé..6 .60YLt Jr.é.du'<'t.6,
taYLt pouJr. .te..6 quaYLt.<.té..6
"que. pouJr. .te..6 dé..ta'<'.6 d'e.x.é.c.ut'<'OYL;
e.t .te..6 a66a'<'Jr.e..6 .6e. ke..6-
".6e.YLte.YLt de. c.e.tte. pJr.ude.YLc.e., toute. C.OYL.6t'<'tut'<'OYL de. .6toc.k
"Jr.e.pJr.é..6e.YLtaYLt UYL Jr.'<'.6que. dOYLt,
e.YL 6'<'YL de. c.ompte., .te. pJr.o-
"duc.te.uJr. pa'<'e. .t'a.6.6uJr.aYLc.e., .te..6 c.ouJr..6 pJr.at'<'qué..6 é.taYLt ma'<'YL-
"te.YLU.6 au p.tU.6 ba.6"[1 J.
Autre consequence
: le malaise engendre dans cer-
tains centres des litiges entre producteurs et acheteurs et
donne même lieu à des fraudes
(2).
A l'intérieur du secteur commercial,
frappé par
la récession,
règne une grande inégalité.
Si les grandes
firmes,
représentées dans la région,
r~duisent le nombre
de leurs comptoirs ouverts avant la crise,
on ne constate
à leur niveau aucun cas de faillite,
par contre le petit
et le moyen commerces,
ainsi que les intermédiaires accusent
plus sévèrement le contrecoup de
la crise.
Il eût été inté-
ressant de savoir combien disparaissent,
soit pour faillite,
soit pour "c.e..6.6at.<.oYL de. c.omme.Jr.c.e.",
pendant la période de
récession:
Il apparait clairement que les intermédiaires
ainsi que les entreprises individuelles,
liés directement
au
milieu agricole,
connaissent les difficultés les plus
sérieuses
(3).
( 1J ANC t 1 Q2 -V1-16 - 238 (5285), RappMt é.c.o nOtûque. et: c.omme.Jr.c.'<'a..t du
N'û-Cornoé., pOM .te. 3e. tJt..<"me..6tJr.e. 7933.
(2) ANCI 7 RR 39 COM.<.dé.Jr.a.tioM gé.YLé.Jr.a..te..6 .6M .te. dé.ve..toppe.me.YLt é.C.OYLO-
m'<'que. du Ce.Jr.c..te. du N'z'<'-Comoé., pOM .te. 4e. tJr...<"me..6tJte. 1933.
(3) P. K'<'pJr..é "' .6e. .6'<':tu.aYLt au MVe.au de. .t' c-Me.mb.te. '<'vo.<.Jr.'<'e.I'I., Vl.Ote. à. pJr.OpM
de. ce.s c.omme.Jr.ç.aYLt.6 "'<'ndé.pe.YLdant.6" touc.hé.-6 peUl. .ta c.Jr.~e., que. .ta pfupMt
d'e.YLtJr.e. eux -6' M'<'e.Vl.te.YLt e.x.c.fu/.J'<'ve_me.nt "ve.Jr.-6 f.e..J.l ac.tiv.<.té...o agJr.'<'c.o.te.-6
(p.taYLta..uoMJ, UYLe. 6o~.ta. c.Jr.~e. PM-6é.e.'; C6. P. K'<'pJr.é., .ta. c.Jr.~e. ècono-
tûque. daM .te..J.l c.e.YLtJr.e..J.l MbMM e.n Côte. d' ivo.oie , 1930-35, Calûe.Jr.-6
d'E:tu.de..J.l A6Jr.'<'c.a..<.YLe..J.l, vo.t.XVI, 1976, pp. 119-146 (p. 733).

711.
II
LA SENSIBILITE DES ESPRITS A LA CRISE ECONOMIQUE
A partir de quel moment les
contemporains ont-ils
eu
l'impression d'un malaise sérieux,
mettant un terme aux
belles années qu'ils avaient connues? On peut suivre le
phénomène de
prise de conscience, d'après les documents
d'archives,
mais aussi d'après les récits recueillis auprès
des planteurs villageois et des commerçants ivoiriens, en
poste dans la région et contemporains de la crise. La plupart
d'entre eux sont "-ôuJt le. ta-ô" et donc bien placés,
pour
saisir à la source les changements éventuels.
A - LA PERCEPTION DE LA CRISE PAR LES CONTEMPORAINS
Tous les témoignages s'accordent à reconnaître un
ralentissement dans la vie commerciale au milieu de l'année
1928; mais bientôt,
tout repart,
les cours se redressent:
"Tout e.-ôt ac.he.té. c.omme. aupaJtavan.t"l 1 J .Mais ce n'est, sem.:..
ble-t-il ,qu'un intermède,
car, quelques mois plus tard,
en
1929,
le pessimisme prévaut. Envisageant le mouvement des
prix,
pendant cette première phase,
nos témoins ont le
sentiment d'une dégradation de la situation:
"le. c.omme.Jtc.e.
6a-i..-ôa-i..t n.'-i..mpoJtte. quo-i.." ou encore :"le. c.omme.Jtc.e. paya-i..t le.
pJt-i..x qu'-i..l voula-i..t"(2).
(1) En.tJte.tie.n. ave.c. VaJt-i..u-6 An.gbomon., an.c.-i..e.n. c.om~ de. la SeOA, 65 aYl.-6,
Jte.tJtatté. à Bon.gouan.ou. Bon.gouan.ou, le. 5 août 1977.
(2) En.tJte.tie.n. ave.c. VaJt-i..u-6 An.glomon., an.c.-i..e.n. c.omm~ de. ta SeOA, 65 aYl.-6,
Jte.tJta-i..té. à Bon.gouan.ou. Bon.gouanou, le. 5 août 1977.

712.
Malgr6 l'exagêration de ces remarques,
elles sont
intêressantes,
dans la mesure où elles traduisent la percep-
tion que les contemporains avaient de
la crise
: un senti-
ment de dêsordre,
le plus complet,
dans les prix pratiquês
par le commerce.
La fin de l'annêe 1929 confirme effective-
ment le ralentissement des transactions,
consêcutif à la
baisse des prix,dêcidêe par l'Entente. M~me si l'administra-
teur du N'zi-Comoê ne
se joint pas aux autres administrateurs
de la deuxi~me rêgion agricole de l'Est Ivoirien (1),
pour
dênoncer,
en octobre 1929,
l'entente du commerce,
il observe
cependant que la crise est bien rêelle dans son Cercle,
que
les cours des produits y ont subi une baisse de plus de
moitiê
(2).
En 1931,
le doute n'est plus possible;
la crise
est entr~e depuis dans une phase aigUe. L'administrateur du
N'zi-Comoé souligne
"fe.J.> p.ta..-i.nte.J.> nombJte.uJ.>e.J.>"observées un
peu partout.
Celles-ci ont atteint un tel degrê de paroxysme
qu'il est devenu nêcessaire d'user d'''une. pJtopa.ga.nde. a.c.t.-i.ve.
e.t c.ont.-i.Vlue. pouJt .-i.nc..-i.te.Jt .t'.-i.nd.-i.g~ne. a c.onJ.>e.Jtve.Jt J.>e.J.> p.ta.nta.-
t.-i.onJ.>, a .te.J.> é.te.ndJte. e.t a .te.J.> Jte.mp.ta.c.e.Jt"(3).
Rompre le front de l'Entente et parvenir a fixer
aux produits des prix plus rêmunêrateurs,
tel est le but
des efforts dêveloppês dans la colonie.
Tandis que le
Lieutenant-Gouverneur signale à l'attention du commerce
(1) En oc.tobJte. 7929, .te..o a.dm.-i.n.-i.J.>tJta.te.uJtJ.> d'Abe.ngouJtou, d'Abo~J.>o, d'Agbo-
ville. "dé.c.we.nt f' é.ta;t de. CÂ~e. dé.nonç.a.n.t .t' Ente.nte. du Comme.Jtc.e.".
Cü. R. GoJ.>J.>e.z, Go.td COa.J.>t e.t Côte. d'Ivo.-i.Jte. a .t'é.pJte.uve. de. .ta. CÂ~e.
mond~e. (1929-7931) pp.673-677 (p. 674) Co.e..e.oque. .-i.nte.Jtun.-i.ve.JtJ.>.-i.ta..-i.Jte.
Gha.n.a.-Côte. d'Ivo.-i.Jte., Le..o poputa.t.{.on.J.> c.ommune..o de. la Côte. d'lvo~e. e.t
du Gha.na., Bondoukou, 4-9 ja.nv.-i.e.Jt 1974.
(2) ANCI 1 Q2-VI-33-84/85 (3561), Ra.ppOJtt J.>uJt.ta. J.>.-i.tua.t.-i.on é.c.onom.-i.que.
et: c.omme.Jtc.~e. du N'z.-i.-Comoé., pouJt .te. tJto~.-i.è.me. tJt.une..otJte. 7929.
(3) Ib.-i.de.m, op. c..-i.t. 4ème. tJt.une.otJte. 1931.

71 j.
"Le m~contentement P~ovoQu~ chez le~ planteu~~ indig~ne~
"pa~ la bai~/~e de s cou~~ du cacao et l'Entente
·é.aLt/~~e pa~
".eè .0 C 0 mmVL ça. nt.s , des che f s l 0 cau x I n sis t e n t d a li s leu r s
dol~ances, sur la situation ruineuse qui est la leur
"Le cacao ne paie plu~ ~OI1 homme, avec. le p~ix. de l'Entente,
"il n o u.s e.s :
impo~~ible de oo.q e»: le~ manoeuv/te~"
(1).
Les facteurs d'approfondissement de cette crise, tels qu'ils
ont ~t~ perçus par les contemporains, ne manquent pas a'int~rêt, car
laissant de
c6t~ les causes g~n~rales, il montre l'inter-
vention d'~l~ments purement locaux dans le processus de d~­
gradation de
la situation.
Le
ralentissement des
transac-
tions,entrainant une offre sùpérieure à la demande, serait
imputable au Commerce et aux difficult~s dans lesquelles ce-
lui-ci se d~bat à l'~poque.
Les
planteurs sentent aussi
les
effets de la distorsion entre
les
prix des marchandises
import~es et les frais d'une production de moins en moins
r ému n é r a trj.ce
que
par
le
p a s s
L'usure du
pouvoir d'achat
é
,
pr~sente pour les planteurs autochtones une extrême gravit~;
elle provoque un
v~ritable malaise financier, reflet de l'ab-
sence de capitaux de
roulemelll ou
tout au
moins de
leur
insuffisance
(2)
li ) ACCCI, Do~~ùJ!. 8.2, LeUAe de Boa Koua...Mi - Che6 SupéAieM de
l' Ind~~é. à Mo~ieM le P~é..-6.wen.t. de la. Chamb~e de COmmVLc.e de la.
Côte
d'IvoiAe. AbengoMou, le 24 novemb~e 1931.
(2) ACCCI - nO 184 B.P. Lieutenan.t.-GouvVLneM de ~ Côte d'IvoiAe au
P~Wden.t. de la. Chamb~e de CommVLce. à Abidjan. BingVLville, le 20
6é.v~~VL 1930.

,
713.
Aux yeux du
planteur Agni,
un
autre élément
pese sur les prix
la spéculation,
provoquee par le
commerce et dont il est la victime.
Elle se pose en
termes de rapport de force:
marchands et négociants,
a
cette époque de
crise,
sont dans une position favorable,
il
n'y a pas lieu de
précipiter les
achats.
La
pression de
l'offre oriente les prix à la baisse et les commerçants
peuvent spéculer sur l'obligation de vente qui est faite
aux planteurs.
Le plus complet désordre qui
règne autour du
prix des produits du
cru,
sera habilement exploité par le
Commerce.
Outre le coGt des transports variables en fonction
des distances dont
jouent abusivement les commis de commerce,
une autre cause,
intervenant dans la formation des prix,
est à mettre en évidence:
la qualité du
produit.
Celle-ci
servira de prétexte au commerce pour marquer la distinction
entre un
prix de
"pJr.odu-i.t de. c.ue.-i.t.te.tte." et un prix de
"pJr.odu-i.t de. p.taI1tat-i.o;1'"
ce dernier étant exclusivement re-
servé aux planteurs européens.
Certains commerçants,
profi-
tant de cette si tuation,
selon Cossez, "expédiaient" au HavJr.e.
l ... ) .te. bon pJr.odu-i.t ac.he.té aux AùJr.-i.c.a-i.n~ au pJr.-i.x c.ouJr.ant
mé.tangé ave.c. .te. "tJr.-i." )tama~~é à v-i..t pJr.-i.x" l l l . Très critique
à l'égard de la malhonn~teté des commerçants européens,
Cossez observe
"De. .tà à d i».« que. .te.~ AùJr.-i.c.a-i.11~ étct-i.e.nt -i.nc.apa-
"b.te.~ de. pJr.odu-i.Jr.è. de.~ pJr.odu-i.t~ de. quaLtté c.o ns r.ant:e , .te.
"pa~ éta-i.t »ct.e. nJr.anc.{ü a.tO)L~ mê.me. que. toute. .t'ac.t-i.on,
v c onc e s tè e
de s p.tante.uJr.~ anJr.-i.c.a-i.n~, dë s
1929,
qu,t débou-
"c.h o.n o: apJr.è.~ gue.Jr.Jr.e. ~LtJr. .te. Synd-i.c.at AgJr.-i.c.o.te. AÙJr.-i.c.a-i.n,
"poJr.te.Jr.a ~uJr. .ta quaLtté" (2).
Mais en attendant,
le planteur Africain,
en situa-
tion d'infériorité,
est contraint d'accepter les exigences
du
commerce.
La surproduction relative de la
période de crise
renforce encore sa dépendance.
Il J R. Gd~~e.z, op. c.-i.t. p. 675.
(2) Ib-i.de.m, p. 675.

Enfin,
les facteurs
purement
psychologiques ne
doivent pas ~tre sous-estim~s. On craint les brimades
comme
la destruction
des produits a p po r t
s
é
ç
dec i dèe selon l'humeur
des inspecteurs
locaux des produits;
on
appr~hende les
pénalit~s de toutes sortes, inflig~es à tort et à travers,
selon que la
t~te du producteur revient ou non à l'Inspecteur
des
pro du i t s.
Som met 0 u te,
l a c 0 n j 0 net ure
ne
par ait 9 u ère
favorable au
progrès de
la
production.
Ainsi
facteurs
~conomiques, sociaux et psychologi:
ques se m~lent ~troitement pour conf~rer une coloration loca-
le à un
ph~nomène d'ordre g~néral. Bref, le sentiment g~néral
est celui d'un malaise grave,
injustifi~, comme en t~moigne
le slogan suivant
"on. n.oUJ.> a tJtop vof.é.i' .(1 J.
B - LA RECHERCHE DES RESPONSABILITES
Confront~s à de grave~ difficult~s, d~sorient~s
par le caractère insolite de la crise,
les
planteurs de
la r~gion cacaoyère de l'Est ivoirien dont le Moronou
ont cherché des responsables.
Comme dans ces cas,
lorsque
les esprits sont frapp~s d'inqui~tude, les maux dont on
souffre sont attribu~s à des
forces malfaisantes,ext~rieures
à la communaut~. D~signer des coupables est le moyen d'~viter
de s'interroger sur ses
propres faiblesses et favorise
le
maintien de la coh~sion du
groupe.
Pour clarifier le d~bat, nous examinerons successi-
vement les griefs,
~nonc~s contre le commerce, puis ceux
contre les
pouvoirs publics.
(1 ) Le tJta~t d'un.~on., oJtgan.e f.oQaf. de f.a SFIO, f.~vJta~J.>on. du
22 d~QembJte 1932. Ce J.>f.ogan ~ta~t ~n.J.>p~Jt~ paJt f.'aQtuef.
PJt~J.>~den.t de f.a R~pubf.~que de f.a Côte d'Ivo~Jte, F~f.~x
Houphouet-Bo~gn.y, m~deQ~n. anJt~Qa~n,af.oJtJ.> en. pOJ.>te a
Aben.gouJtou. Cn.
FJtateJtn.~te du 17 jan.v~eJt 1964.

715.
1 - LA MISE EN CAUSE DU COMMERCE
D~nonc~ comme le principal responsable du
marasme,
le commerce est mis en cause sous un double motif
on
lui reproche d'abord de se livrer à la sp~culation,
en
refusant d'acheter les produits du
cru. On lui fait d'autre
part. grief,
quand il
consent à p r o c d e r
a des transactions,
é
de ne
pas acqu~rir les produits au
juste prix,
alors que dans
le m~me temps,
il maintient les articles d'importation à un
taux jugé extrêmement ~lev~.
Un homme a j o u e un
rôle d t e r rn i n a n t , dans cette prise
é
de conscience du
d~s~quilibre instaur~ entre les prix d'achat
des produits locaux et les prix de vente des articles manu-
factur~s, clest le roi Boa Kouassi, Chef Sup~rieur de l'In-
d~ni~. Il lance,aux planteurs Agni de la r~gion Est de la
Colonie,
l'appel du
9 novembre 1931 de ne
pas vendre leur
cacao.
Ce point de
vue rallie davantage l'opinion g~n~rale
qu' un" C. 0 n.6 e.n.6 U.6 Un-î. vVI..6 e.l " s' ~ t ait d ~ gag ~ au s s i b i end ans
le pays agni de
la Côte d'Ivoire que dans la population
voisine,
d'origine commune,
habitant de L'autre côt~ de la
frontière
s~parant la Gold-Coast de la Côte d'Ivoire.
L'autorit~ coloniale française
sien ~mut d'autant plus que
quelques semaines auparavant,
le conflit entre la cocoa
Federation et le Pool
form~ par les maisons de commerce
orientales,
repr~sent~es dans laGold -Coast britannique,
venait de se solder par quarante tu~s (1). Enfin, le point
de
vue du Roi Boa Kouassi retient davantage l'attention de
l'Administration locale que peu auparavant,
dans l'Agn~by
et dans le Bandama,
d'autres planteurs influents s'~taient
fait
remarquer par un appel semblable cl leurs compatriotes,
incitant ces derniers à refuser de vendre les produits de
leur r~colte (2).
(11 CO. 1 Q2-VI-33-84/85 (35611, Rappo~t.6Uk la .6-i.tuation éc.onom-î.que. e.t
c.ommMc.-i.ale. de. l' l ndén.-lé , pOUk le. 4e. ~-<..nle..6~e. 1929 '. vot». CW,.M-î. R.
GO.6.6e.z, op. c.-lt. p. 674.
l2) Obodj-î. Soboa, Che.o Supék-î.e.Uk de..6 Abé à Agbov~e. e.t Lamb~t Ac.Ra à
Lahou. Co. ACCCI dO.6.6-î.M 8.2 nO 1347 AE L-î.e.ute.nant-GouvMne.Uk au
P~é.6-î.de.nt de. fu Chamb~e. de. Comm~c.e. de. fu Côte. ds lvooie , a/.6 Cacao
et: c.ampagne. du .6-î.e.Uk Lamb Mt Ac.Ra conoce. fa ve.nte. de. fu ~éc.oUe..
B-î.ngMv~e., le. 2 nove.mb~e. 1911.

'/16.
2 - LA RESPONSABILITE DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE
Si
le commerce a une lourde responsabilité dans
la situation de l'agriculture, celle-ci se trouve aggravée
par une certaine complicité tacite de l'Rdministration
coloniale.
Reconnue coupable, cette dernière n'est pas
dénoncée avec moins d'acrimonie.
L'administrateur constitue une cible de
choix,
car
la politique coloniale est rendue responsable de la crise
et de sa persistance. Avant tout la législation coloniale
en matière de
commerce est m~se en accusation; on reproche
à cette dernière de faire la part trop belle aux maisons de
commerce
(1). S'agit-il de
traiter avec le commerce
(2)
d'un
litige ou
d'une affaire importante se posant dans la colonie,
le Gouvernement colonial est suspecté soit de lui accorder
des avantages trop substantiels, soit de montrer trop de fai-
b1esse face
à ses exigences. De toute façon, dans un cas
comme dans l'autre, c'est au détriment du
secteur agricole.
Bref,
l'administration coloniale est accusée de connivence
ëvec
le commerce et de brader les intérêts des planteurs.(3).
11 J L' ho/.)-UWé. c.on.bl.e. te. COrmlVtc.e. U!t paJtuc.uL<..è/teme.nt maru.6U!tée. ~
uYle. pé..UUo Yl ads.e.Mée. au MA..rU.-6:tJr.e. dU! CoroMU! , MM.u.w Iv!oLdte.t, de.
~age. 'en
1936 a Abe.Ylgo~ou. Elie. U!t /.)~gYlé.e. e.xc.~~ve.me.Ylt
d'lvo~~e.Yl/.) o~~g~~U! du CVtc.te. de. t'lYldé.nié. e.t ~e.p~oc.he. ~/.)e.Ylue.1­
teme.Ylt a t'Adm.i..rU.-6:tJr.a.-ÛoYl de. Yle. pM ptr.Ue.vVt,/.)~ t~ "bél'l.é.6~c.~ C.OM~­
dMabtu!", ~é..a..fué,.J.) paJt tu! ma-WOYl/.) de. c.OrmJVtc.e. op~aYlt daM fu
~é.g~OYl,UYl "..unpôt toc.ai." qui pouJVr.cU.t c.oYl:tJr.~buVt aux d~vVt/.)Ul c.haJr.g~
du CVtc.ie.. Le. GouvVtYle.uA de. fu COtOMe., MondoYl, dan/.) un ~appo~t
a.dJr.~/.)é. te. 18 août 1937 au GouvVtYle.~ Gé.Yl~a-i a Daaa«, Jr.e.C.OYltuût te.
b~e.Yl-6ondé. de. c.e.tte pé.~OYl. Co. ANSOM CMtoYl 568, do~Vt 21 [Re.ve.Yl-
d~~oYl/.) du Com~ du CVtc.te. de. t'lYldé.nié.) Rappo~t Yl o 412. Cab~Yle.t du
GouvVtYle.uA de. ta Côte.-d'lvo~e. au GouvVtYle.uA de. fu Côte.-d'lvo~e. au
GouvVtYle.uA Gé.YlMa-i a ûaaa«, Abwja.Yl, te. 18 août 1937.
(2) La. ChambJr.e. de. CommVtc.e. de. fu Côte. d'lvo~e. ~~gé.e. à c.e.tte. é.poque. paJ!.
.s0 Yl bo~ p~é,.J.)-U:fe.nt, L. BMthe., é.:to.Â.:t c0 Yl/.)-i..dM é.e. c.omme. te.
v~~ta.bte. pouvo~ e.Yl Côte. d'lvo~e..
(3) L~ /.)~gn.a.;t:a;;r.~ d~ Jr.e.ve.YlcU..C.a.UOM ,~é,.J.)e.Ylté.U! paJ!. te. Com.aé. de. t' lYldé.-
YUé., /.)ouL<..gna..-<..e.nt à j Mte. titJr.e. que. t'unique. dUé.gué. de. ta Côte. d' 1voi.-
~e. au COMe.a Supé.Jr.~e.~ de. fu F~a.Ylc.e. d'O~e.-MVt (F.O.M.l é.:t.oJ.;t Uyl
"~ e.ptr.é,.J.)e.nta.rtt du mo nde. c0 mmVt c.<.a.1.", e.yl -f.' 0 c.e.uJr.e.ylc.e. Ve.1mo nt • C6•
ANSOM, CaJ!.ton 568 Côte. d'lvo~e., a66~~ poiiuqu~, Rap. 412.
Cab~ne.t du GouvVtne.uA de. ta Côte. d'lvoike. au GOUV~~Yle.~ Gé.Yl~a.i à
VakaJ!.. Ab-i..djan, te. 18 Août 1937.

717.
On reproche également au pouvoir colonial de mal organiser
la politique de mise en valeur économique,
d'avoir mesurer
les investissements d'infrastructure dans les campagnes et
d'avoir sacrifié d'une manière générale,dans les modalités
d'application de la politique de mise en valeur régionale,
les intérêts des ruraux au profit des commerçants
(1). Et
dans la crise qui s'abat sur la colonie,
la responsabilité
des pouvoirs publics est d'autant plus grave que "-6an-6
~~ette pot~t~que de m~-6e en vateu~ ~conom~que, te-6 adm~n~-6­
~ateU~-6, ~c~~t P. K~p~~,av~ent ~t~ dan-6 t'obt~gat~on de
ta~-6-6e~ toute ~n~t~at~ve aux pet~t-6 n~goc~anL-6 et aux en~e­
p~~-6e-6 *~nte~coton~ate-6* - SeOA, CFAO, CFCI, Wood~n, etc -
p~~OCCUp~-6 de t~~e~ te max~mum de p~o6~t-6 comme~c~aux à
cou~t te~me et à mond~e 6~a~-6"12J.

-
LES CAUSES DE LA CRISE
Quelle valeur faut-il accorder aux arguments
développés pour expliquer la dépression ? Refusant de
recourir au déficit de la balance commerciale pour en
rendre compte,en rejetant l'hypothèse de facteurs climatiques,
cause de la chute du
tonnage des produits, Pierre Kipré,
dans un important article de synthèse (3), retient à juste
titre l'existence d'un mouvement long de baisse des prix agri-
coles,
s'insérant dans un
processus global de régression des
prix (4). Il est lié essentiellement~ au Krach de Wall Street
qui engendre des chutes de prix successives qui se
Il ) PM exempte dasu. .fa ~~paJc.tiüon de-6 COI1C~OI1-6 et toc.a.UOI1-6 de
tVtJl.cUl1-6 MbcUl1-6 et -6enU..-Mba..-<.M pM c.a.:œ~O~~e-6 -6oe-io-p!Lo6e.-M~ol1l1eile-6
au IUvea.u du Mo~onou , p!L~domi.nen.t te-6 -<..ntVLê.U corrrn~c...i..au.x..
(2) P. K~p!L~, fu CJc.-we ~conomi.que da.n..6 te-6 Ce~e-6 MbcUl1-6 en Côte
d'Ivo.vr.e, ·J9'JiJ-fm~-··'ô-. c.a.'
:·1'l~·.·' :,.~
.... --.,
.... ,"""
,,' .-'.'
:
.:.:-_"....
..... ,,0:
p
p
(3) d
P;JK~~~, .L_~?;::c-,,f-65'~" ~.c~p~qu_~ ~~rrr~e-6f-' .~~-~~_....~~b~~J~l~:~e;
.:.r_vg~'l;, •. .J9~..,v,.::/ -,' L..c.A. 61-6"L AV.L r -2J 1970, pp. 11-1-1'+6.
14} M. F.f.a.ma..n;t et J. S.i.ng~-K~et, C1-0e-6 et ~~Ce&6~OM é.conom~que-6.
PM-W, 1968.

'718.
répercutent sur les matières premières d'origine coloniale(l),
Commencée effectivement en 1929,
la baisse des
prix n'est réellement sensible dans le Moronou qu'en 1930.
A partir de
cette date,
le mouvement ira en s'accélérant.
D'un mois à l'autre, les prix 'des denrées subissent une diminution
de plus en plus forte (Cf. tableau 'p'. 719
). Il en résulte un recul
de la production des produits dits secondaires du Cercle (2) : pal-
mistes, puis cola. Les planteurs de cacao, dans l'espoir de voir
revalorisé ce produit, en arrêtèrent momentanément la vente. Mais
tout ceci n'y fit rien. D'une manière générale, en l'espace de trois
ans (1930-193:3), les prix dégri~golèrent de 60% au moins. Les années
1932 et 1933, suivant' les produit~ représente~t le creux de la vague;
puis progressivement les prix se stabilisent. Mais la reprise ne
se situe que beaucoup plus tard, en 1936.
{1 l U. e.nge.ndtr.a, -6e..f.on P. tèo«, "une. nouve.Ue. chute. du plt.{;x de. 1929 à.
1932, comPMaD.f.e. à. ce.Ue. qu..{; avaLt eu üe.u e.n 1920-21". C6. P. Lé.on
H~to.{;Jte. é.conom.{;que. e.t -6oc~e. du monde., tome. 5 (Gue.Jtlte. e.t c.It~u)
1914-47. PM,w,1947, p. 297.
(2) Vè-6 1929, .f.u p~tu accU-6e.n.t une. Ité.glt~on notab.f.e. pM Itappoltt
à..f.a. pltoduct.{;on de. 1928 (1.413,050 tonnu e.n 1928 e.t 1.317,805 tonnu
e.n 1929) -6o.{;t une. d.{;m.{;Y!.Ut.{;on de. 95,245 tonn~ {6,7%J. La pltoduct.{;on de.
1930 (1.103,964 tonnu) accU-6e. pM Itappoltt à. ce.Ue. de. 1931
(817,720 tonnu), une. d.{;m.{;n.ution de. 286,244 tonn~. -60.{;t 30%. Au
pit e.mle.Jt u2me/.>u e. de. 1931, quand .f.e. pa..f.rn-i..ote é.tait e.ncolt e. ve.ndu
daM .f.e. Ce.Jtc..te., on n o:tai.t une. pltodu.ct.{;on de. 85,8 51 toru;~,. MOIt-6
que. .f.a. pltoduct.{;on du. u.{;me/.>ue. coJl!te/.>pondctn:t de. 1930, é.;ta,i;t de.
ZU5,868 tonne/.>, -60.{;t une. lté.glte.-6-6.{;on de. 119,987 tonn~ 158,2%) •
La b~e. de..f.a. pltodu.ct.{;on de. co.f.a. es: be..cw.coup pfuJ.> ta.!tci.{;ve. daM .f.e.
Ce.Jtc..te.. EUe. -6e. -6-Uue. -6e.u1e.me.n.t au 1e.Jt u.{;me/.>ue. de. 1930. Une. compa-
It~on de. .f.a. pltoducuon de. co.f.a. pou.Jt .f.e. plte.rrU.e.Jt -6e.me/.>Ue. ces
anné.e/.>
1929 e.t 1930, Ité.vè.f.e. une. b~e. tltè-6 60ltte. de. .f.a. co.f.a. e.n 1930,
(1929 : 430,616 toYl.Yl.Uj i930 : 275,268 tonnu) de. 155,348 toYl.Yl.U,
Ce.ue. clu.Lte. de. .f.a. pit0ducuo n de. co.f.a. -6e. pO!.lJL6u..<.t pe.ndant toureLo:
pélt.{;ode. de. c.It~e.. En 1930, e.Ue. e/.>t de. 670,013 tonne/.>j' e.n 1931, de.
411,461 tonne/.>. P~ e.U.e. Ite.glt~e. dé.6.{;rz..{;t.{;ve.me.n.t.
C6. ~e.n.Ue.Ue.me.nt ANCI 1 Q2 -VI -33-84 13561 h.'.f.e/.> d.{;66é1te.n.t-6 Itappolt-u
-6u.Jt .f.a. -6-Uua.t.{;on é.conom.{;que. e.t comme.Jt~e. du N'z'{;-Comoé., au cou.Jt-6
de/.> a.Yl.né.e/.> de. C!t~e..

PRIX MOYENS PRATIQUES DANS LE MORONOU DE 1930-33 (E~ F~a~Q~ Qou~a~t~)
-
DATE
PALMISTE
CAOUTCHOUC
COLA
CACAO
CAFE
COTON
.GLU.
3ème t~~me~t~e 1930. · . . . . . . . . . . · . . . . . . . . . . . . ·........... · ............ · . . . . . . . . ........... ... 4,87
4ème ~~me~t~e 1930
·........ ..·.. . .........·............ 1, 16
3ème t~~me~t~e 1931
0,36 . . . . . . · . . . . . . . . . . . . ·.. 1,75 . . . . .
1,06
4ème ~~me~~e 1931. · .......... · ............ ·........... · . 0,79
1e~ t~~me~t~e 1932 . · . . . . . . . . . . · . . . . . . . . . . . . · ............
0,77
4ème t~~me~t~e 1932
· . . ........·............ ·.......... · 1,075
D~mbok.~o)
1e~ ~~me~~e 1933 . · 0, 16 . . . . . · ............ ·.. 1
.....·. 0,9 .- ..... ·........ .... 0,70
2ème t~~me~~e 1933
• 0 , 23. • • • • • · ............ ·.. 1,69 . ..·. 1 ,04 ..... ·. 5,41 ..... 0,85
4ème t~~me~t~e 1933
.0, 14
-...)
.....
-..0
.

720.
Le phénomène de baisse n'est pas propre aux pro~
duits du c~d·. Les marchandises manufacturées d'importation
en sont également atteintes
(1).
De cette situation nait de
surcroit un marasme dans les affaires.
Les habitants de la
subdivision de Bongouanou,
par l'intermédiaire des Chefs
de tanton, venus trouver l'Administrateur,
Chef de Poste,
font savoir nqu'll~ ne comp~enalent pa~ que le~ mal~on~
de comme~ce n'appllquent pa~ la ~ègle du p~lx unlque aux
ma~chandl~e~ comme au cacao"
12J et qu'en conséquence,nll~
~ont d~cld~~ a ~~dul~e leu~~ achat~ dan~ le~ boutlque~
au ~t~lct mlnlmum n l 3J.
11 J Klp~~ ~tlgmatl~e cette a66al~e au nlveau de l'en~emble
lvol~len de la 6açon ~ulvante : "la moyenne cumulée du
prix à la tonne pour les principales importations de
1931-35 est inférieure à celle des années 1936-39, sauf
pour les boissons,
le ciment et les engrais
( .•. ). Le
mouvement de baisse débute fin
1931;
la reprise s'amorce
à partir de
juillet 1936 pour tous les produits importés
d'Europe".C6.
P. Klp~~, la C~l~e ~conomlQue dan~ le~
Cen~e~ U~baln~ en Côte d'lvol~e, 1930-35, op. clt.
pp. 125-126.
12J et 13J ANCI 1 RR 39, Rappo~t ~u~ la ~ltuatlon ag~lcole
et zootechmque
du N'zl-Como~, pou~ le 4ème t~l-.
me~t~e 1929.

721 .
III
LA PROTESTATION DES PLANTEURS
Les annees de crise
(1) vont être marquees par une
nette politisation des actions conduites par les planteurs,
contrastant avec la période antérieure.
Elle traduit le
souci de créer un courant d'union des intérêts agricoles
menaces. Les manifestations des planteurs revêtent une
ampleur particulière à l'occasion des réunions, des réceptions
officielles, afin de peser sur les décisions prises au
sommet.
Le problème de la main-d'oeuvre et des prix des
produits sont au coeur des débats,
car, de l'avis de tous,
ils conditionnent le relèvement et la survie même de l'agri-
culture d'origine africaine.
Fer de lance de la contestation,
les associations multiples,
aux objectifs divers,quivoient
le jour,
prennent fait et cause pour la population agricole
et s'expriment d'autant plus librement sur
les problèmes
agraires qu'elles bénéficient du consensus de presque toute
la population'~ Les difficultés économiques provoquent elles
aussi une radicalisation de cette région productrice des
denrées de traite. Les membres de ces différentes association~,
sortant de la réserve imposée par la colonisation, font
entrevoir les possibilités d'une action concertée pour la
défense de leurs intérêts, conseillés et aidés en cel~,
semble-t-il,
par certains "~nd~gène~ plu~ évolué~"(2) de la
(1)
1929~1933 et 1936-1937 6o~ment p~e~qu'une cont~nu~té
à l'except~on de~ année~ 1934 et 1935 où la tendance
à la ba~~~e ~e ~enve~~e, au~~~ b~en pou~ le~ p~~x que
pou~ la p~oduct~on.
l2J ANCI 1 E3 -IV-43/5, Rappo~t pol~t~que de l'lndén~é, pou~
le 2ème t~~me~t~e 1936.

722.
colonie britannique voisine
(1).
Faute de structures d'accueil propres pour exprimer
ce mécontentement,
les associations diverses
(2),
vont servir
de cadre à la protestation rurale.
Ce rôle
inattendu va relé-
guer au second plan leur vocation naturelle,
à savoir, la
poursuite d'objectifs littéraires et artistiques,
le resser-
rement des liens fraternels,
l'intervention charitable auprès
des membres nécessiteux. Ce rôle nouveau leur confère bien
entendu un regain de vitalité.
Il va de soi que leurs d Lr L,
geants,représentant l'élite nouvelle,
vont en tirer bénéfice
et leur poids social s'en trouvera accru.
Pour eux,l'opéra-
tion est payante, surtout si la lutte pour la défense des
intérêts agraires recoupe opportunément chez certains une
opposition politique.
lI) La. 6JtOWMe. "c.o.torU.a1.e.': e.n:tJr.e. fu Go.e.cf.-COM.t et: fu Côte. d' Ivo-iAe.,
qui Jte.je.:ta.it
de. pa.Jtt e.t d'~e. e~ ~.t~me.~ du même. gJtoupe. e.:thn{qu~
n'e.x..i...-6:ta.it pM pouJt a.iYl.-6i d-Ute. pouJt .t~ populatiom. Le. pa..6!.la.ge. de.
fu 6JtOn-UMe. da.Yl.-6 .t'un ou .t'a.u:tJte. !.le.Yl.-6 ~:ta.it une. pJl.a.tique. cousance,
vo-i1te. quotidie.nne. pouJt .t~ populatiOYl.-6 6JtOn.:ta.UM~. L' impfun.:ta.üon
d~ ha.bda.n:t!.l de. fu Go.td COMt da.Yl.-6 .t' l nd~n{é é:ta.i:t pMtiC.UÜMe.me.n.:t
6oxte , !.luJt:tout de.p~ .te. d~but de. fu c.Jt..i...-6e. êconorrU.que.. L~ 3/4 d~
e.mp.to..i...-6 du c.omme.Jtc.e. de. .t' l ndén{é, !.le..ton .t' Impa.Jttia..e de. fu Côte.-
d ' Iv 0 -iAe. , é:ta.ie.n.:t déte.Yl.U!.l e.n 193 7 pa.Jt d~ Jt~!.l OJtfu!.la.ili de. :e:a:
c.olorue. bJtda.nn{que. vo..i...-6ine.. TJt:è.J.l inüfue.~ da.Yl.-6 .ta. Jtégion, .t~
!.luje.:t!.l bJtda.nn{qu~ I:f a.va.ie.nt c.Jtéé une. "Soc.ié:té." ~gJtcic.e. à. .ta.que.Ue.
i l i pJta.tiqua.ie.n.:t .t' évic.tion d~ a.u:toc.h:ton~ d~ e.mp.to~ du c.omme.Jtc.e.,
e.n 6a.ve.uJt de. .te.uJt!.l pJl.0 pJl. e.s conc.UoI:fe.Yl.-6. Cü. L' impa.Jtü.,a..e de. fu
Côte. d' Ivo-i1te., ~ouJtn.a1. d~inboJtma.tion e.:t de. dé.fie.Yl.-6e. d~ -<.Yîté.Jtê.:t!.l
gé.né.Jr.a.ux de. l' A F. n0 8 du j e.ud-<. 15 a.vJtLe 1937 (a.Jttic.le. : Le fi oui:
Jté.a.gVc. ) •
l2) ANSOM, Côte. d'Ivo-i1te. i66a.-Ute. po~que. Ca.Jt:ton 567. Ra.ppoJtt po~que.
de .t'a.nnée. 1938. Ce. Jta.ppoJtt Jt~vè.te. qu'e.n 1937, on d~nombJt~ pouJt
.t'e.Yl.-6e.mb.te. de. fu Côte. d' l voin«, 101 M!.lOC.~OYl.-6 qM .se Jt~pa.JtW!.la.ie.n.:t
a.iYl.-6i : 35 !.louéfu !.lpOJttiv~, 6 !.loc.ié.:t~ de. !.le.c.ouJt!.l mu:tuw; 19
!.loc.iét~ à. but a.Jtwtique. et: U:t:télta.-Ute.; 37 M!.loc.ia.tioYl.-6 mu:tue.il~
et: 6Jta.:te.Jtne.Ue. et: 4 dive.Jt!.l.

Qu'elle provienne de l'autorité traditionnelle
ou de
l'élite nouvelle~11a critique à l'égard de l'Adminis-
tration devient une réalité. C'est là un grand changement
par ra~port au passe: cet esprit, avoue le Gouverneur
Mon-
don parlant de l'une de ces associations,
le Comité du Cercle
de l'Indénié,est "un nouve.au té.mo'<'gnage. de. .f.'é.vo.f.ut'<'on
de. .f.a Côte. d'Ivo'<'~e. e.t p.f.u~ ~pé.Q'<'a.f.e.me.nt de. Qe.~ta'<'ne.~ ~é.g.<.on~
de. ce.ct:« Qo.f.on'<'e. Où. .f.' é..f.é.me.nt ùLd'<'gè.ne. avanQe. t~è.~ ~ap'<'de.me.nt"
12 ) •
Certes,
la masse rurale ne sort pas encore de sa
réserve en 1937, et les notables demeurent toujours à cette
période des porte-paroles assez discrets, même s'ils captent
à leur profit le mouvement de
revendication.
A - L'ORGANISATION DES ASSOCIATIONS EN
GROUPE DE PRESSION
A la faveur de la crise économique,
plusieurs
associations d'entraide et groupements professionnels,
reconnus ou clandestins,
font leur apparition et exercent
des pressions à plusieurs échelons,
afin de faire aboutir
leurs desiderata.
Quelles sont les possibilités et la nature
de leurs interventions ?
il)
"Nombreux sont les jeunes gens qui ont été jusqu'au Sé-
"négal pour suivre avec succès les cours des grandes.Eco-
"les de l'A.D.F.I', ob~~ve. e.n 1937 .f.'ImpMt.<.a..f. de. fu Côte. d'Ivo~e.,
à. ~opo~ de. fu ~é.g.<.on Agni de. .f.'E~t .<.vo~'<'e.n. C6. L' MÜQ.f.e. : .<..f.
6a.u.t J.té.ag~. L' hnpMt.<.a..f. de. fu Côte. d' l vooi«, nO 8 du 15 av~.<..f. 1937.
. .
~
12) ANSOM, Côte. d'Ivo~e., A66~e. Po.f..<.t.<.que., CMton 567, Vo~~'<'~ 21,
RappMt 412 au. Gouv~ne.M Gé.nMa..f. à. VakM. Ab'<'djan., .f.e. 18 aoû.X. 1937.

724.
l
- QUELLES SONT CES ASSOCIATIONS ?
Il faut reconnaitre que l'existence des associations
ne date pas de la crise, même si celle-ci favorise leur dif-
fusion: Bien qu'elles soient de tendancesfort diverses,
elles
ont au moins ceci en commun
: le rejet plus ou moins
conscient
du colonialisme ou de tout ce que celui-ci secrète;
leur ardeur à défendre et à protéger les éléments les plus
déshérités de la société colonisée contre l'injustice et
l'exploitation.
La première association du N'zi-Comoé ,connue du
point de vue chronologique,
remonte en 1923.
Il s'agit d'un
gr 0 u pe cl and est in, for rr. é de que l que s i n tell e c tue l s "i nd i g è ne s,"
manifestant des "te.ndanc.e.-6 ne.tte.me.nt c.ommun.t-6te.-6"
1l)et
tenant régulièrement des "k~un.ton-6 -6e.c.klte.-6", à Dimbokro,
au domicile de
l'un d'entre eux,
le boutiquier Engolah(2).
Ils étaient au
nombre de sept,
connus de l'administration,
surveillés discrètement mais étroitement dans leurs déplace-
J
}
ments
(3).
En fait,
ces jeunes Ivoiriens, dont quelques uns
sont originaires du N'zi-Comoé,
appartiennent par leur for-
mation et leur fonction à l'élite intellectuelle du pays.
C'étaient des instituteurs, des boutiquiers et des employés
de l'administration.
(1) ANCI IV-17-34 (632), nO 20 C du Commandant du Ce.kc.fe. du N'z.t-Como~
au L.te.ute.nant-GoUVe.kne.Uk à B.tnge.kv~e., a/-6 de.-6 me.n~e.-6 c.ommun.i-6te.-6
IConn.tde.n.t.<.e.f) - V.imbokko, fe. 7 aVk~ 1923.
(2) Ib.tde.m, op. c.d.
l3) Vo.tc..t fe.-6 nOm-6 de.s .tnfue.-6-6~, te.~ que. nOU-6 fe.-6 aVOM ke.fe.v~, Mgu-
kan.t -6Uk une. photo '}'Jk-i4e. à f' ~poque., ja.un..ie. et: d~la.v~e., ma..i-6 où f' on
d.i-6ungue. e.nc.Me. fe.-6 v~etge~-6 e.t la. te.nUe. Ve.-6t.ime.n.ta..ike. à f' e.Ukop~e.nne.,
.impe.c.c.abfe. de.-6 -6uje.t-6 rnaux-c.of ou c.kavate., Ve.-6te., panta.fon e.t c.ha.u-6-
-6Uke.-6 J. Ce. sow: : 1) f' -LMUtute.Uk Anoma AOU-6-6.t, f' -Lnn.ikm.te.k 13Jz.alla,
Ekn~.6t KDua.f.J~.t~ c.omptabie. à fa CFAO, BM.tfe. B~~, c.omptabfe. à la. ~OA
Engotah, G~a.n.t de. la.Soc..t~t~Comme.kc.~e. Ank.tc.a..ine. le.x-ma..i-6on MAN:
SOUR), V.tC.tok Aouah, a..ide.-bouuqu.ie.k de. la. Soc.-L~t~ Comme.kc.~e. ank.t-
c.a..ine. e.t Abdou TOmM-6.t, t.ik~e.Uk de. de.ux-Llme. c.fM-6e. ann~c.té à f'~­
poque. à la. 4ème. Compagn.te. de. V.imbokko. Cn. ANCI IV-17-34 (632),
nO 20 Commandant du Ce.kc.fe. du
N'z-L-Como~. V.imb okk0 , fe. 7 aVk~ 1923.

725.
En 1930,
a la faveur de la crise économique,
la
surveillance s'exerce de façon
plus étroite à leur égard.
Plusieurs feuilles qualifiées de "subversives" sont alors
saisies au domicile de quelques uns d'entre eux.
Parmi ·les
journaux confisqués,
on retient des titres reconnus - à
l'époque -
pour la diffusion des idées pan-nègres et antico-
loniales.
Ce sont:
La race Noire,
l'Ouvrier Nègre,
la
Dépêche africaine.
A côté de ce premier groupe dont l'action semble
davantage orientée vers les problèmes politiques que sociaux,
coexistent plusieurs associations d'entraide dont l'action
s'inspire à la fois des clubs de détente,
créés par les Euro-
péens dans les centres de l'intérieur,autour des postes
administratifs et des formes traditionnelles de solidarité
villageoise.
Ainsi virent le jour les associations de sport,
de danse,
les amicales diverses à base ethnique et poursui-
vant des objectifs sociaux,
de Dimbokro,
Bongouanou et
d'autres c·entres de la région.
Par ailleurs,
à la faveur de la crise, apparaissent
en 1930 les premières organisations professionnelles de la
région dont l'existence ne
sera reconnue que plus tard en
1937 par les premiers administrateurs,
issus du Front Popu-
laire
(1).
Celles-ci constituent la réplique de l'Entente,
ce groupe de pression informel,
rassemblant en son sein les
représentants des grandes compagnies commerciales,présentes
dans la Colonie
(2).
L'Entente essaya,
comme on
le sait,
17) Le Gouvekne~ Génékal J. de Coppet a Vakax, le Gouvekne~ G. Mondon
a Ab~djan, ~~pe~~vement ~~talf~ en ~eptemb~e et novemb~e 7936,
).)ont d~ pek).)onn~ ~è..o p~o~h~ du Ui.~~e de.s ColoMe).), le socia-
~te Max~ Mou~et.
[2) On peut ~itek fa CFAO, fa SCOA, l'A6~~~~ne 6~anç~e, fa CFCI, de
Tw).)~èJc.~ et fa CCAF.

726.
de
"6ai~e paye~ la c~i4e aux planteu~4 a6~icain4" Ill,
en réduisant au
plus bas les prix d'achat des différents
pro d u i"t s :.
"
Enfin,
dans les milieux ruraux du Moronou,
les dif-
ficultés dues à la crise économique ont aussi favorisé les
bonseils villageois et les autres structures traditionnelles,
propres à mobiliser les esprits et à créer l'union entre
membres d'une même communauté.
2 - LA NATURE DES INTERVENTIONS
Quelles sont les possibilités et la nature
des interventions des diverses associations dans ce contexte
de crise? Tout d'abord, chacune d'elles agit dans sa sphère
d'influence.
Un problème est-il posé? La première réaction
est de sensibiliser et de mobiliser les esprits.
Puis, au
cours d'un débat, en séance extraordinaire, chacun se fait
entendre.
Les différentes thèses,
devant servir de plate-
forme revendicative;
sont alors précisées,
et quelquefois
publiées et diffusées par la presse locale. L'expression de
ces doléances revêt la forme,
tantôt de protestations,
tantôt
de
pétitions
(2),
s'achevant le plus souvent par une liste
relativement nourrie de signatures.
111 R. G044ez, Gold-Coa4t et Côte d'Ivo~e a l'é~euve de la ~~e mondiale
11929-1931 l, Colloque int~uni~ak4i~e Ghana-Côte d'Ivo~e, Bondou-
/zou 1974 p. 6.••
121 Un exempte de p~otutaûon : le 6ameux aJl.ûcle "On nOM a tlto/? volé.4"
datant de 1932 et 4igné. de Houphouet-BoigYUj, alO!t4 medec-<.n a6~-<.cun
en p04te dan4 l' Indénié auquel une paJl.ûe du Mo~onou lia 4ubdiv~ion
de Bongouanoul 4~a admin~tltaûvement ~attachée, 6in 1933. Un exempte
de péûûon : le d~co~4 de ~evendicaûon4 du Comité. indig~ne du
C~cle de l' Indénlé, p~ononcé en 1937, à l'occa4ion du pa44age du
Mi~tlte de4 Colonie4, M. Mouttet. C6. ANSOM Côte d'Ivo~e A66aike4
Poliûque4, CaJl.ton 568, d044i~ 21.
"

7').7.
La nécessité de conférer plus de force à la reven-
dication a poussé -quelquefois
le regroupement des planteurs
à rechercher 11 alliance ou l'appui de quelques "l ettrés",
pour une mise en forme plus adéquate des revendications.
De même,
des prises de contact avec cert~ins partis métropo-
litains ou tout au moins des représentants de ces partis
ou encore avec des membres de la presse locale, ont facilité
l'organisation et amplifié llaudience des revendications.
L'idée d'une nécessaire union entre tous les plan-
teurs d'une même zone aboutit parfois à des serments féti-
chistes, à des amendes infligées à tout planteur,tentant de
rompre le front commun, en vendant en cachette le produit
de
sa récolte
(1).
De même il est décreté de boycotter les
marchandises d'importation
(2).
(11 UAdm-i.rvL6br.a.t.e.uJt Va.ze.ille.-6 du CeAc.le. de. l' Il1dé.ru.é. dOI1I1e. l'"éc.ho de.
l'ul1 de. ee.6., -6Vtme.I1U oé.Ûc.h-i.-6te.-6 qu'il dé.-6-i.gl1e. -tmpJl.opJl.e.me.l1t de.
l'e.x-plte.-6-6ùJn
"El1te.l1te. de.-6 pful1te.uJt-6", -6c.e.Ué.e. "-6uJt le.-6 C.OMe.~ de.
le.uJt-6 c.he.o-6". Il ob-6Vtve. paJ1.ûc.ul-i.èJte.me.l1t : "l, 1 Administrateur doit
intervenir auprès d'eux (planteurs) pour faire cesser cet état de
choses préjudiciable à la liberté du commerce : certains chefs
faisant pression sur leurs administrés pour faire respecter leur
Entente".CO. ANCI Q IV-33-84/85 \\3561 l, Ex-br.a.-<.t du lta.ppO/tt -6uJt fu
-6-i.tua.ûOI1 é.c.ol1om-i.que. e.t c.ommVtc.-i.a1e. du CeAc.le. de. l'Il1dé.I1-i.é., pouJt le.
4è.me. br.-tme.-6br.e. 1928.
\\21 Il -6e.mble. qu'il oa.-i.Ue. lte.liVt à. cet: é.tat. d' e.-6plt-i.t fu ma.ru.oe.-6ta.ûol1
de.-6 bOY-6-c.u-i.-6-i.ru.Vt-6 de. Dhnboklto, le. 3 ma.-<. 1938, -6u-i.v-i.e. d'ul1e. Ite.quête.
d'a.ugme.l1ta.ûol1 de. -6a1a.-i.Jte. à. la. -6uae. de. la. c.hVtté. de. fu vi«, v-i.ve.me.J1t
1te.-6-6e.I1Ûe. à. c.e.tte. é.poque., da.M fu lté.g-i.ol1. Co. ANCI A D7-IV-48/5
(29181, 11° 27 C \\CoJ1o-i.de.l1ûe.ll Adm-i.rvL6br.a.t.e.uJt DuJte.pa.-i./te., Comma.l1da.l1t
le. CVtc.le. a.u GouvVtI1e.uJt de. fa. Côte. d'Ivo-i./te. - Ab-i.dja.l1. Dhnboklto, le.
4 ma.-<. 1938.

7 ? "
.
zo .
Une derni~re forme d'action m~rite d'~tre mention-
n~e, car elle se situe à un tr~s haut ~chelon et frappe l'ima-
gination
: c'est l'intervention directe et personnelle du
roi Boa Kouassi, membre du Conseil de l'AOF,
aupr~s du Gouver-
neur G~n~ral à Dakar. Il transmet en 1930 au Gouverneur
,
1
G~n~ral à Dakar, les dol~ances des ~lant~urs du Cercle de
l'Ind~ni~.
B - LE ROI BOA KOUASSI ET LA DEFENSE DES INTERETS
DES PLANTEURS DE LA REGION EST DE LA COTE
D'IVOIRE.
Non seulement le Roi Boa Kouassi se fait le porte-
paroles des planteurs de la r~gion est de la Côte d'Ivoire,
aupr~s de la plus haute instance de la F~d~ration de l'AOF,
'mais en outre,
il est à l'origine de deux autres initiatives
qui laissent ahuri le commerce local.
En effet,
sur l'insti-
gation du Qhef ~up~rieur de l'Ind~ni~, les planteurs du Cer-
cle "ne. ve.nde.nt te.uJt c.ac.ao que. pouJt Jtéc.upéJte.Jt que.tque. aJtge.nt
e.n vue. d'une. ut~t~~at~on ~mméd~ate. : 6unéJta~tte.~, maJt~age.~,
voyage.~"(1 1. "La maje.uJte. paJtt~e. de. ta Jtéc.otte., appJte.nd-on,
e.~t ~toc.Qée. dan~ t'atte.nte. de. c.ouJt~ ptu~ avantage.ux" (2 1 •
Les recommandations de l'Administrateur de Cercle
de vendre le cacao dont le prix,
selon lui,
"e.~t a~~e.z Jtému-
néJtate.uJt"(31, demeurent sans effet. Le milieu commercial,
exasp~r~,juge une telle attitude "~ntotéJtabte.",surtout de la
part de Boa Kouassi,
d~sign~ comme le principal responsable.
(11 ANCI 1 V7-IV-48/5 (29181, nO 17C
Con6~e.~e.t AE, Note. pouJt MJt te.
Che.6 du BuJte.au dU! A66ahiU! poUûquU! e.t admùu-6:tJtativU! - Ab~djan,
. te. 10 déc.e.mbJte. 1937.
l2l Ib~de.m, op. c.~.
(3 ) Le. pJt~x pouJt t' e.Me.mbte. du Ce.Jte.te. de. t' 1ndéMé o~c.-Ui.a.li e.n 1937 e.n:tJte.
2 F. e.t 2,50 F. te. Q~ogJtamme. de. c.ac.ao. It é~t e.66e.c.ûve.me.n:t pt~
Jtémuné.Jtate.uJt "PM JtappaJtt au C.OuM dU! annéU! pJtéc.éde.ntU! qu.i é~
de. 0,90 F. - 1,10 F." daM te. mê.me. Ce.Jtc.te.. C6. ANCI IV-43/5(33041,
RàppoJtt poUûque. du Ce.Jtc.te. de. t' IndéMé., pouJt te. 2e. ~e.mU!:tJte. 1937.

"Boa Koua.6.6-i, éC.J1.-iva-it Fe.J1.nand Ff.e.LLJ1.e.t, c.omme.J1.ç.ant à Abe.n-
gOUJ1.0U, e.nt-ilJ1.e.me.nt .60U.6 f.'-in6f.ue.nc.e. de..6 je.une..6 -inte.f.f.e.c.tue.f..6
"e.xaf.té.6 l •.• J me.t e.n véJ1.-itabf.e. c.oupe. J1.égf.ée. toute..6 f.e..6 popu-
"f.at-ion.6 dépe.ndant de. .6on J1.e..6.60J1.t" 1 7 J.Le Chef de la Colonie
slêmeut à Son tour des "tJ1.oubf.e..6 .6-ignaf.é.6 .6uJ1. f.e. maJ1.c.hé du
c.ac.ao"(2)à Abengourou. Craignant lleffet de la contagion,
il recommande aux Administrateurs des Cercles voisins "f.a
pf.U.6 gJ1.ande. v-igkf.anc.e."
l3l. Il exige par a i Ll e u r s q u i o n lui
rende compte "d'uJ1.ge.nc.e. de. tOLLt mouve.me.nt du ge.nJ1.e." (4) qui
parviendrait à leur connaissance.
A la circulaire du
Gouverneur,
l'Administrateur de
llIndênié rêpondra
:
"Le..6 -ind-igène..6 .6atuJ1.é.6 d'aJ1.ge.nt pe.ndant f.a de.J1.n-ilJ1.e.
"tJ1.a-ite. e.t paJ1. .6u-ite. nuf.f.e.me.nt pJ1.e..6.6é.6 de. .6e. débaJ1.J1.a.6.6e.J1.
"de. f.e.uJ1. pJ1.odu-it, ont atte.ndu f.a hau.6.6e. de..6 c.ouJ1..6 au début
"de. [anv Le.« 7938"(5).
Enfin,
la seconde action
de Boa
Kouassi qui.
pour
"
être tout aussi insidieuse ne fut
pas moins efficace,
fut de
c o n s t Lt u e r
une "c.a-i.6.6e. no-iJ1.e. Agn-i", en vue d' lI une. te.nt<l.t..i.,-,~
d~J1.e.c.te. d'e.xpoJ1.tat-ion du c.a6é J1.éc.of.té dan.6 f.'Indén-iê"(6).
A cet effet,
des fonds
nécessaires d1un montant de 80.000 F.
(francs courants)
sont recueillis,
"payé.6 paJ1. tOU.6 f.e..6 Agn-i.6
pf.ante.uJ1..6, e.mpf.oyé.6 de. c.omme.J1.c.e., manoe.uVJ1.e..6"(7).
l7l ACCCI, DO.6.6-ieJr. 8.2, Le.ttJr.e. de. FeJr.nand Ff.e.UJ1.e.t, c.ommeJr.ç.ant à Abe.ngou-
J1.ou à M. f.e. pJ1.é..6-ide.nt de. .e.a ChambJ1.e. de. Comme.Jr.c.e.. Abe.ngoUJ1.ou, f.e.
7e.Jr. ju~e.t 7938.
12J ANCI 7 D7-IV-48/5 (2978).
l3 e.t 4) Ib-ide.m.
(5) ANCI-IV-43/5 (3304), RappoJ1.t po~que. du Ce.Jr.c.f.e. de. f.'Indén-ié pOUJ1.
f.e. 2e.
.6éme.6tJr.e. 7937·
l6J L'un de.6 pJ1.-inc.-ipaux pJ1.omote.UJ1..6 de. c.e.tte. ac.t-i.on out, .6e.mbf.e.-t--i..e., POI1.6,
.6oc.~te. SFIO, déf.égué pOUJ1. .e.a J1.ég~on de. f.'E.6t Ivo~-ie.n.
l7J ACCCI, Do.6.6~e.Jr. 8.2, Le.ttJr.e. de. Fe.Jr.nant Ff.e.UJ1.e.t, c.omme.Jr.ç.ant à Abe.ngoUJ1.ou
à M. f.e. PJ1.é..6-ide.nt de. f.a ChambJ1.e. de. CommeJr.c.e. de. f.a Côte. d'Ivo~e.. Abe.n-
gOUJ1.0U, f.e. 7e.Jr. j~e.t 7938.

p
7)0.
C - UN OBJECTIF SOUHAITE
: LA REPRESENTATION DU
MONDE AGRICOLE AFRICAIN AU CONSEIL SUPERIEUR
DE L'A~O.F.
C'est le sens même du Mémoire destiné à Monsieur
le Ministre des Colonies en 1937,
par le Comité indigène du
Cercle de l'Indénié.
Voici un extrait de ce texte,
reproduit
intégralem~nt en Annexe
"Nou).} vou-ton).} ).}avo-i..Jr. aujouJr.d'hu-i.. ).}-i.. -ta dé-tégat-i..on
"au Con).}e.-i..-t SupéJr.-i..e.uJr. de. -ta FJr.anc.e. d'OutJr.e.-Me.Jr. de. -ta Côte.
"d'lvo-i..Jr.e., Jr.e.pJr.é).}e.nte. ).}e.u-te.me.nt -ta ChambJr.e. de. Comme.Jr.c.e. d'A-
"b-i..djan ? Ou b-i..e.n ).}-i.. e.-t-te. Jr.e.pJr.é).}e.nte. toute. -ta ma).}).}e. -i..nd-i..gène..
"E).}t-c.e. -té.g-i..t-i..me. que. 1839 pe.t-i..t).} c.-i..toye.n).} étJr.ange.Jr.).} au pay).}
"-i..mpo).}e.nt -te.uJr. vo-tonté à. un pay).} qu-i.. c.ompte. quatJr.e. m-i..-t-t-i..on).}
"d'ame.).} ? La Côte. d'lvo-i..Jr.e. e.).}t un pay).} e.).}).}e.nt-i..e.-t-te.me.nt agJr.-i..-
"c.o-te..
Et -te.).} be.).}o-i..n).} de. ).}e.).} pJr.opJr.e.).} e.n6ant).} d-i..66èJr.e.nt de.
"be.auc.oup de. c.e.ux du c.omme.Jr.c.e. -toc.a-t. Nou).} ).}omme.).} de.).} pJr.oduc.-
"te.uJr.)'}, nou).} avon).} be.).}o-i..n d'un Jr.e.pJr.é).}e.ntant, ou p-tutôt d'un
"dé-t égué pouJr. -ta dé6 e.n).}e. de. nos -i..ntéJr.ê.t).} " ( 1 J •
Nul
doute que,
si
le monde agricole y était repré-
senté,
les revendications de celui-ci seraient reprises et
amplifiées devant cette instance. Le délégué du monde agricole
donnerait ainsi une caution officielle à la protestation
rurale. Une pression plus forte s'exercerait ainsi sur les
pouvoirs publics. Parmi les tâches les plus urgentes attendues
de sa part,
l'organisation des pétitions tiendrait une place
importante. En raison de son poids sccial et politique,
il
aurait eu les meilleures chances de se faire entendre et de
collecter les signatures,
rôle que jouera plus tard avec
beaucoup de succès,
le Président du Syndicat Agricole africain.
III ANSOM Cl A66a-i..Jr.e.).} Po-t-i..t-i..que.).}, CaJr.ton 568, Vo).}).}-i..e.Jr. 21,
Jr.e.ve.nd-i..c.at-i..on).} du Com-i..té du Ce.Jr.c.-te. de. -t'lndén-i..é. 1937.

7j1.
En attendant,
la requête du Comité indigène de
l'Indénié, malgré la justesse de ses revendications, est
assez mal accueillie par l'autorité administrative de la
Colonie et même par le Roi Boa Kouassi qui se sent quel-
que peu débordé sur sa gauche par l'élément jeune et intel-
lectuel de la région Agni
:
"Il f1e. -6e.mble. pa.-6 QUe. le. Com..i..té. du CVl.c.le. de. l r I f1-
dé.f1..i..é. -6o..i..t nOf1dé. à pa.~le.~ a.u f10m de. toute. la. Côte.-d'Ivo..i..~e.
"e.t: c i es« Uf1e. de.s ~a...i..-60f1-6 e.n t»:« be.a.uc.oup d'a.ut~e.-6, qui avai.t .
"c.of1du..i..t le. Che.n Supé.~..i..e.u~ de. la. Ré.g..i..of1, Boa. Koua.-6-6..i.., a.
"-6'OppO-6e.~ à la. ~e.m..i..-6e., à MOf1-6..i..e.u~ le. M..i..f1..i..-6t~e. de.-6 Colof1..i..e.-6,
"du mé.mo..i..~e. p~é.pa.~é."( 1 J.
Incontestablement,
la crise économique a fait pren-
dre conscience aux planteurs de la force qu'ils représentent
et favorise leur organisation, même si celle-ci ne débouche
pas encore sur une formation syndicale. Diffusant dans la
masse des cultivateurs confrontés à de
sérieuses difficultés
des mots d'ordre mobilisateurs,
jouissant d'un large consen-
sus,
les associations régionales se transforment en groupes
de pression;
Administrateurs de Cercle, commerçants, ~olons,
doivent tenir compte de leurs exigences.
Nul doute que les
associations de
planteurs de l'Est servent de cadre ou
tout au moins inspirent les promoteurs du Syndicat agricole
a f r i c a i n don t
la plu par t
des me mb r e s f 0 nd'a t eu r son t
de p r ès
ou de
loin des attaches avec la région de l'Est Ivoirien,
l'une des premières à avoir donné naissance à l'esprit d'éman-
cipation qui anime,
à la veille de la guerre, la jeune élite
intellectuelle ivoirienne.
11 J ANSOM, Côte. d'Ivo..i..~e.,A66a...<.~e.-6 pol..i..t..i..Que.-6,Ca.~tOf1 568,
dO-6-6..i..e.~ 21, Re.ve.f1d..i..c.a.t..i..of1-6 du Com..i..té. du Ce.~c.le. de. l'If1-
dé.f1..i..é.o Ra.po 412 du Ca.b..i..f1e.t du Gouve.~f1e.u~ a.u Gouve.~f1e.u~
Gé.f1é.~a.l à Va.ka.~o le. 18 a.oût 1937.

QUATRIEME
PAR T l E
=================================
UNE SOCIETE EBRANLEE DANS SES FONDEMENTS ET DANS SES
STRUCTURES, A LA RECHERCHE D'UN NOUVEL
EQUILIBRE
0 0 0 0
0 0
c

733.
Les mutations de l'économie coloniale ivoirienne dont
participe l'économie régionale du Moronou -~ubo~d~nat~on g~and~~­
~ante de l'ag~~~ultu~e au ma~~hé, ~~éat~on p~og~e~~~ve d'explo~­
tat~on~ ~ndu~t~~elle~ de ~a~ao et de ~a6é- ne manquent pas de lais-
ser des traces sur la population et la société.
La population; grâce en particulier aux soins médic~ux,
connaft une croissance de plus en plus rapide, alors que l'urba-
nisation de l'ensemble de la colonie, accélérée par le développe-
ment et la création des centres administratifs ou économiques de
la basse Côte,
(1) favorise les mouvements migratoires qui se su-
perposent aux migrations, suscitées par les exigences administra-
,tive~ diverses
(~e.~~ute.me.nt m~l~ta~~e, mob~l~~at~on à la ve~lle
de la gue~~e., p~e.~tat~on~ d~ve.~~e~). La pénurie de main-d'œuvre,
devenue une préoccupation permanente des planteurs, tant européens
qu'africains, suscite de la part de l'Administration une politique
de recrutement massive de main-d'œuvre.
Celle-ci, venue essentiel-
lement du plateau mossi, s'implante de préférence dans la région
lagunaire, autour des grands centres d'Abidjan et de Bassam et dans
la zone de production cacaoyère et caféière de l'Est ivoirien (2).
Quelle proportion représentent à l'époque les planteurs
qui éprouvent le besoin de faire appel à la main-d' œuvre
exté-
rieure ? Un nombre insignifiant certes
mais dont l'influence
au sein de la société se mesure moins au nombre qu'à la richesse
acquise, grâce aux cultures spéculatives et au prestige que leur
confèrent la réussite et une certaine participation à la civilisa-
tion du colonisateur. Par leur réussite sociale,
ils en imposent
aux autres couches de la société, aussi bien à la hiérarchie an-
cienne qu'à la masse de la population.
(1)
Ab~djan e.t ~a ~ég~on a~tuelle..
(2)
Pa~ exe.mple e.n 1937, ~u~ 4 928 t~ava~lleu~~ o~~g~na~~e.~ de
la Haute. Côte.-d'Ivo~!Le. (Haute-Volta),
2454
(49,79
~) s'implan-
tent dans le Cercle des Lagunes ~'e6t-à-d~~e d'Ab~djan et le.~
2 474 aut~e.~
(50,21
%)
dan~ le Sud-e~t ~vo~!L~e.n (Agnéby,
A~~~n~e. et: Indén~é)v C6. S.P
EKANZA,
opo
o
c.i:t , p.
91.

734.
D'autre part, l'apparition de nouvelles structures
sociales, issues de la colonisation: gardes de Cercle et autres
fonctionnaires de l'Administration, comptables de maisons de ~om­
merce et artisans contribue à modifier l'ordre social ancien.
En effet si la masse de la population rurale continue de mener
une existence pour ainsi di~ identique à celle du passé, les
nouvelles catégories sociales, issues de la colonisation, accèdent
à des conditions d'existence plus enviables
travail moins ha-
rassant, nourriture régulière, plus abondante et plus variée ...
L'aspirntion à un sort meilleuT est le dénominateur commun de
toutes ces couches modestes, même si le succès n'est pas toujours
au rendez-vous.
Petit à petit, la fortune qui était jusque là le pri-
vilège des grandes familles de la classe dirigeante traditionnelle,
change de mains. Accuser l'ancienne chefferie dirigeante du
Moronou d'€tre
réfractaire aux innovations serait inexact et In-
juste.Certains éléments de cette couche supérieure de la société,
très ouverts au progrès, adoptent les cultures nouvelles et font
fructifier de belles et immenses exploitations, consolidant ainsi
leurs privilèges. Mais c'est l'exception. Beaucoup parmi eux, da-
vantage attachés au trésor familial,
représenté par l'accumulation
de l'or, acquise par les générations successives, manifestent mOIns
d'empressement à posséder des superficies de cacao et de café de
taille raisonnable,
leur permettant de subvenir à leurs propres
besoins et à ceux de leur clientèle.
Ils accusent ainsi progres-
sivement par rapport à l'élite nouvelle, propriétaire d'immenses
plantations, un net retard dans l'accumulation des richesses éco-
nomiques, nouveau critère de différenciation sociale.
Société profondément ébranlée dans ses fondements et
dans ses structures, à la recherche d'un nouvel équilibre, tel
est le sens de l'évolution du Moronou pendant la période coloniale.

7"35.
C H AP .IT R E
XVI
EVOLUTION DE LA POPULATION ET lES STRUCTIJRES SOCIO-ECONOMIQUES
AU COURS DE LA PERIODE COLONIALE
L'implantation de la main-d' œuvre extérieure dans le pays, en même
temps qu'elle influe sur l'évolution de la population, provoque un éclatement
de la structure de production agricole traditionnelle, tandis
qu'émergent et
s'affirment de nouvelles structures socio-économiques, produits du contexte
colonial: agents du commerce européen ou assimilés, artisans, interprètes et
gardes de Cercle de l'administration coloniale •.•
Toute cette population bigarrée, d'origines diverses, se caractérise
par des traits démographiques spécifiques. Sans doute l'on continue comme par
le passé de naître, de nouer des unions et d'être frappé par la mort. Mais ces
phénomènes ne sont plus vécus, ressentis, selon le même rythme et par conséquent
de la même manière.
Autant de faits nouveaux et divers, caractérisant cette population
coloniale du Moronou, auxquels nous sommes confrol1tés dans ce chapitre. Une
condition fondamentale pour appréhender ces structures et phénomènes qui émer-
gent à l'époque coloniale: les données de nos sources. Celles-ci sont-elles
crédibles et permettent-elles de restituer la population dans ses divers
mouvements et activités ?
o
0
o

l
SOURCESETME1HOŒ D'APPROCHE
Tributaire de ses sources, l'historien ne peut manquer par souci
d'honnêteté de rendre compte de sa démarche, surtout lorsque confronté à un
certain nombre de difficultés, il est conduit à opérer des choix.
A. - LE PROBLEME DES SOURCES
Les premiers effectifs de population du Moronou datent de 1907, l'épo-
que de l'administrateur Marchand. Les éléments démographiques, issus des dénom-
brements partiels et des sondages, opérés par Marchand? ne peuvent prétendre au
ti tre de "lLe.C.e.1t6 e.me.VLt", au sens où l'entend la science démographique actuelle (1) .
Les autres dénombrements postérieurs, d'origine administrative (2), ne réalisent
pas davantage les critères de l'enquête statistique organisée. Aussi décevants
que tous les recensements coloniaux de l'époque, les dénombrements effectués
dans le Moronou offrent les mêmes déficiences, déjà stigmatisées dans leurs
écri ts par certains administrateurs contemporains (3), et à leur sui te par les
historiographes de notre époque (4).
(7) Cn. -tn6lLa c.hp. IV, -€e
HomblLe. d e.s homme,) pp.
175-196.
(2) VO-t/t A. N. C. L, t.e 60nd!.l "Administration générale", ,) vue. D, lLe.glLoupaVLt
toures .t~ éva.tuatiolt6 e.66e.e.t.ué~ e.n Côt.e.-d'Ivo-tJLe., à .t'époque. C.O.tOMa.te.,
paJttiC.~è.lLe.me.VLt .t~ "recensements" de. 7904, 7927, 7926, 7937, 7936 et. 1938.
(3) R. GRIVOT, Le. Ce.JLc..te. de. Lahou, -tn Bu1i..
I.FoA.N
o
o, -!)étie. B, 7942>
4,
vrol- L1 ,
pp.
1-154
(p.
46).
.
. . .
H. LABOURET, Pay,)alt6 d'A6tiqu~0c.cide.ntale.
P~ 7947, 307 p., c.hp : L~ dénomblLe.me.i1M.
(4) V~ VOME~UE, La Côt.e.-d'Ivo-tJLe. : ~,)a-t de. démoglLaph-te. ~t.O!L-tque. [7905-
7945) -tn An!L-tc.an ~t.o~c.a.t de.m6glLaphy op. c.-tt.. 7977
Ao TIREFORT, E-!),)a-t de. démoglLaph-te. C.O.tOMa!e. : .ta popu.tation e.UlLopée.nne. de
Côt.e.-d'Ivo-tJLe. [7902-7940) A6!L-tc.an ~t.otic.a.t de.moglLaphy, Ce.~~e
06 an!L-tc.an -!),tu.d-te.,) UMVe.May 06 EdinbUlLgh, 1980, 21 p.

7j7.
Ces imperfections tiennent, corrnne le souligne Tirefort, aux"6011c.M.0YL6
e/.J~e.YLÜe11.e/.J du. Jte.c.e.YL6eme.YLt" (1). Celui-ci sert en effet à établir les rôles de
l'impôt de capitation, à contrôler les perceptions et enfin à procéder au
recrutement militaire. Ainsi perçus corrnne une des manifestations du pouvoir
colonial, mal accueillis, les recensements développent presque toujours des
réactions de franche hostilité, "de. 110mbtLe.Me/.J a6~c.e.I1c.~ (•• 0) malgJté la date.
du. Jte.c.e.YL6 eme.YLt al1l1ol1c.ée. à l' aval1c.e." (2), et l'interdiction explicite d'aller à
la plantation, à la pêche ou à la chasse, bref de vaquer aux occupations coutu-
mières.
A cette premlere série de difficultés s'ajoutent la modicité des
moyens (.3) mis en œuvre , "le. 11011-Jt~pe.c.t de-ô Wtc.u.lwe-ô admif'lJ-6tJta.;t..2v~, l' éga-
Jte.me.YLt de. c.e.Jt.ta.iYL6 dOMieJt~ e.t. l~ 110mbJte.M ~ di6 béJte.I1c.e-ômYL6 la dive.Maé
de-ô CJtdèl1JUJ Jte.t.e.I1M et: daYL6 l~ méthod~ d' évalualiol1" (4).
Ces dernières remarques nous amènent à aborder le contenu même de
nos sources. A cet égard, on est d'abord frappé par la divergence des chiffres.
Ceux-ci présentent des variations extrêmement sensibles selon que les sources
sont d'origines politique, économique ou que les informations proviennent des
statistiques médicales ou encore des rôles de l'impôt. On constate d'autre part
des estimations surprenantes. Ainsi la population des deux cantons de la
subdivision de Bongouanou, de 21 586 habitants en 1921, grimpe brutalement
à 26 661 habitants en 1926, puis dégringole à 22 371 habitants en 1931, avant
(1) A. TIREFORT, op. c.a. p. 2.
r2) R~ GR l VOT, 0 p. ut.
p.
(3)
011 baU appe.l e.11 110mbJte. iYL6u6 t~aVLt à d~ e.l1quê-te.u.M plM ou moiYL6 c.ompé-
te.YiU e.t. ~ouve.YLt de. moJtalité dOu.t.e.Me.. Labou.Jte.t. Jtévèl(mt que. res Jté~~
~oYLt "faussés dans beaucoup de cas par le jeu des intérêts .indivi.duel s'",
~ou.ligl1e. "les augmentations surprenantes mais erronées dans certaines
contrées", du~ aux c.he.6~ qui iYLte.Jtvie.I1I1e.YLt, abil1 d'''obtenir des félicita-
tions", e.t. ouss; "une ristourne plus élevée". D' oiun.es 60~ au eovünasn«,
i l i e.xe.Jtc.e.YLt UI1e. ~J6c0~iol1 aLq:J!l.è~ des Jte.c.e.YL6e.~, aMI1 qLte. c.e.ux-u "omet-
tent de porter sur leurs listes un nombre élevé d'habitants, de manière à
provoquer un dégrèvement substantiel des impôts".
Ct. H. LABOURET, Pay~aYL6 d'AbJtiqLte. op. ~t. pp. 37-38
(4) A. TIREFORT, op. c.d.
p.2.

738.
de poursuivre une progression plus régulière, à partir de cette date (1). Que
s'est-il passé dans la subdivision de Bongouanou, de 1921 à 1936, qui puisse
rendre compte de ces fluctuations subites? Aucun évènement qui puisse nous
mettre sur la piste d'une explication plausible de cette variation irrégulière
et particulière à la courbe d'évolution de la population de cette subdivision.
Par ailleurs d'autres déficiences sont à signaler : les êta.ts de
populations des cantons ou de la subdivision, établis à partir des évaluations
par villages sont présentés le plus souvent sous forme de tableaux raturés,
aux totaux inexacts, ne correspondant pas toujours à la somme des composantes.
Quelquefois même les estimations globales de population, au niveau de la
circonscription administrative, prêtent à confusion, à défaut d'une distinction
suffisamment claire et rigoureuse entre par exemple : population "in.cügè.n.e" et
population étrangère, deux catégories que l'on se proposait au départ de
suivre distinctement.
Enfin, il serait superflu de noter que les estimations sur la natali-
té, le mariage et la mortalité ne tiennent qu'une place restreinte dans les
sources ayant trait à notre région. L'Etat-civil ne fait son apparition dans
le Moronou qu'à l'extrême fin de notre période. Encore n'a-t-il que peu de
succès auprès des autochtones.
B. - !V1E1HODE
D'APPROCHE
Devant le risque d'erreurs dans l'utilisation de tels chiffres, la
prudence est de règle. C'est pourquoi, outre la rectification des résultats des
différentes évaluations partielles qui s'imposait, il a été procédé, étape
après étape, chaque fois qu'il a été possible, au contrôle de la démarche
suivie par l'agent recenseur, dans la formation des chiffres de s)~1thèse de
population. Par la suite ces derniers ont été confrontés les uns avec les
autres. N'ont été retenus que ceux qui, ne s'écartant pas d'une suite logique,
paraissent plus conformes à la réalité.
[1)
Vo-<Jr. tableau de .f' <?\\JOlLL-UOn. de la pOpLL.tatiOn. du MOfLOn.OU. AnYl.exe } i , p.
S 26.

7j9.
Quoi qu'il en soit, ces chiffres de population ne veulent rien
traduire de plus que d'être le reflet des grandes tendances de l'évolution de
la population, à l'époque coloniale.
Envisageant l'évolution des mOlwements naturels de la population,
quelle place pouvait-on accorder aux phénomènes de natalité et de mortalité,
dans la mesure où l'Etat-Civil était quasi-inexistant dans le Moronou ? Il
paraît absurde de vouloir obstinément se référer aux registres de l'Etat-Civil,
étant donné que la célébration de chacune de ces cérémonies, en milieu africain
de l'époque, se référaient à des prescriptions particulières, propres à
chaque ethnie (1). La coutume n'ayant pas force de loi, ces cérémonies ne
pouvaient être enregistrées à l'Etat-Civil. Seuls quelques rares sujets à notre
époque sollicitent l'intervention de l'officier de l'Etat-Civil. DaDs ces con-
ditions, il paraît difficile de trouver des vestiges de célébration de baptême
ou de mariage, selon la coutume africaine, dans les Cahiers d'Etat-Civil. Tout
au plus pourrions-nous nous reporter aux registres paroissiaux des missions
chrétiennes. Mais combien de Morofwo avaient embrassé le christianisme, avant
1939 (1) ?
La difficulté méthodologique a été cependant tournée partiellement,
en ayant recours aux appréciations qualitatives des différents chefs de poste
administratifs et surtout en faisant appel à certaines sources démographiques
"J.J1.cL-<Ae.c;teA", essentiellement à l'estimation quanti ta tive de la population,
traduite selon des catégories fort à -la mode à Il époque coloniale : "population
,unp0f..able." regroupant les hommes et les femmes dits "aduJ:'.J:.eA", âgés de plus de
10 ans ; et "population 11.011. A..mp0f..able." comprenant dl une part les enfants,
âgés de moins de 10 ans et d'autre part les vieillards et les infirmes. Ainsi
il eût été possible, en se référant à la catégorie de la "population J.Jnp0f..able."
des deux sexes, d'établir le sex-ratio et d'aboutir à W1e certaine approche
(1) Le. mM-<-age. peut e.xemple. f..e. conclua,U à l'é..POQLLe. p!Lé..COlOlUafe., pM le. pa-<-eme.nt
d' LLne. dot, VelLf.. êe. pM la 6~e. du ma!LA.. à cille. de. ta 6e.mme., d' Lm montant
tIlèf.. peu é..le.vé.., daM la f..oué...:té.. aglU. AilleuM che.z t~s mcLtJ..n/zé. pM e.xemple.,
i l f..u66~a,U de. qUÛQLLeA l1.O-<-x de.'oolcL
(2) SA.. le. M&'Lonou comp.:te. QLLÛQUeA chJté.:ti..e.I1.f.., dë s 1916, f..cL pCl!lO~M. ca.:thouQue.
de. Bongouanou, la plM anUe.nne. du lvlo/Lol1.Ou, est. 60vl.dé.e. e.n 1939. Ce.pe.l'tdavu:
i l 6aud!La a-t-te.Vl.che. 1943 pOUfL voin. f..' lj A..l1.f..taUelL Le. ):J/Le.mù./L pltêt!Le..

740.
de la nuptialité~ d'autant plus que dans le contexte africain de l'époque, le
mariage est une nécessité qui sirnpose à tout homme et à toute femme parvenus
à l'âge adulte.
~~is ce qui nous préoccupait ici, c'était d'appréhender les phénomènes
de natalité et de mortalité. Grâce aux sources archivistiques, essentiellement
aux rapports du service de santé et aussi aux sources bibliographiques récentes,
il a été possible d'aboutir à quelques résultats positifs. La nécessité de
dégager tout au moins la tendance générale de la population nous a déterminé
à recourir à un certain nombre de procédés "VWVl. dM-6ique./.)", peu conformes
aux voies orthodoxes, utilisées habituellement en démographie historique. Pour
plus de commodité, nous nous sommes réservé d'en rendre compte en lieu opportun.
0 0 0 0
II
.JvPlJV)3\\1ENT. NATUREL ET MI GRATI ONS
Malgré les données fragmentaires, VOIre discutables (1) de certaines
de nos sour ces , ont pu être apprêhendêes les grandes tendances des mouvements
naturels et quelques uns des courants migratoires qui ont affecté la popula-
tion.
A. - LES COMPOSANTES DEJvŒAAPHI QUES
En 1939, le Jvloronou compte 40 284 habitants contre 18 310 en 1908, soit
un accroissement de 120 % tout à fait remarquable, nettement supérieur aux S3 %
(1)
Le./.) avi-6 -6U!1. fe./.) déVl.ombJtbne.VlM de. fa péJtiode. c.ofoVLiale. -6OvU: pCULtagé-6 c
Cb.1.dwe.f, à c.aMe. des obje.c.ti6-6 60!Lt ivU:éJtU-6é-6 de. c.e..t.te. opéJtatiOVl. -
but 6i-6c.al - méc.oVl.Vl.CÛÂ: f' utililé des déVl.ombJte.me.11fJ.l (C6. J. C. Caldwe.ll,
Oto-0.S-6d.I1c.e.démogJi.d.pru. ue. et· évofu«oVl. -6ouo-éc.oVl.oyni ue. e.Vl.. A Jti ue. de.
l'Où.~t, New-YoJtb. 1973 p.B V osünes , c.omme. Sautie.Jt
e.U!L Jte.c.OVl.Vl.CU,Me.vU:
UVl.e. c.e.JttaiVl.e. vale.U!1. (G. SAUTTER,V e. f J AilaVl«qtLe. aLL 6fe.uv e. COVl.go, ttVl.e.
gé6~aphie. dù.~o~~péupfe.me.vU:. PaJt~ 1976, t. II, p.26.

741.
du taux colonial ivoirien (1). En fait la progression ne s'est pas effectuée
de façon uniforme: de 1908 à 1926~ elle est de 5?2 %et de J926 à J939 de
0,98 %. S'il Y a accélération du phénomène~ au cours des dix-huit premières
années de l'implantation coloniale dans le Moronou~ les treize années qui s'é-
coulent de 1926 à 1939 sont au contraire marquées par un mouvement de décélé-
ration. Par ailleurs, les effectifs de la population évoluent différemment,
selon les cantons, comme l'indiquent les chiffres suivants:
EVOLlITION DES INDICES DE LA POPULATION DANS LES
CANTONS DU M)RONOU
Année de référence: 1908 : 1.000
,
Canton agni
.Pér icde
de la
Canton Alma et
subdivision de Dirnbokro
N'
.
. . ..gat i anou
1908
/r
1 000
1 000
1926
1 250
2 447
<1931 .
1 544
2053
/
1933 .
1 614
2 120
:.1936
l 652
2 496 ..
:1939
/
J
. .
1 675
2584
Sources
AoN.C.I.
5 V- VI -11/5 (3036), Re..6 uLtaU du Ile.c. e.Yl-6 e.me.VLt 1926
"
V-IV-18-73 (3 739), R"2.C.e.Yl-6e.me.VLt du popu.1cvti.OYl-6 du N'h-
Comoe., 1933 0
"
5 V3_XIII-26-9/65~67 (172), Etcd c.ompan~6 du popul~oYl-6
du Ce.!lc.fe. d'Abe.Vl.goUflou, 193 7
"
V-XIII-44-104/895-916 (121), EtaU c.ompallcvti.6.6 du popu-
l~oYl-6 du Ce.!lc.fe. d'Abe.Vl.goUflou, 1936, 1939.
"
? V-8-203 (3 373), Voc.ume.VLt~oVl. pOUfl l'e.xp0.6itiOVl.
c.olo VLia1.e. iVLteJt Vl.~O Vl.a1.e. de. PCVli.6 , 1931•
"
1EE 138 e.t 1EE 144, Rappollt.6 de. l' Adrni..vU..6uate.Wt MMc.haVl.d
1908
"
lE3-VI-17/6 (4077),' Rpo polit. du N'zi-Comoe. pOUfl le. 4e.
:t!limu :t!l e. 1933
.
.
? IV-43/5 (3304),
Rap. po~que. de. l'iVl.de.l1ie. pOUfl le. le.1l
.6 e.m u tn.e. 1935
A.N.C.I.
lR3-XI-46-343 (859), c.o!l!lupoVl.daVl.c.u agllic.olu du N'zi-
Comoe., pouA le.
er: .6e.mu:t!le. 1935.
ï
( 1) V' apJtè..6 .tu MUflC.U du .6e.Jtvic.e. de. SaVLte., .tu c.hi661lu de. popu.1cvti.on de. la
Côte. d'IvoifLe. .6ont : 1 532 000 habital1t.6 e.Vl. 1907 e.t 2 350 000 e.n 1939.
C6. :O.VOMERGUE, op. c.a.
p. 327.

74~.
Tous les cantons du Moronou croissentde façon spectaculaire, aussi
bien ceux de la région occidentale, désignée administrativement sous le nom
de "caMoVl agni", que ceux de L'Ahua et du N'gatianou, formant la subdivision
de Bongouanou. Cependant, tandis que le canton agni (67,5 %) offre une crois-
sance ininterrompue de 1908 à 1939, les cantons ahua et n'gatianou qui réalisent
une performance plus étonnante encore (158,4 ~) en fin de période, piétinent
passablement de 1931 à 1936, après avoir connu une phase de hausse initiale
dont le
sommet se situe en 1926.
1. - LA POPULATION ENFANTINE
A priori on peut penser que le mouvement naturel contribue pour une
bonne part à cette remarquable croissance. Mais est-il possible de le vérifier,
étant donné que la série des moyennes annuelles de naissances fait totalement
défaut (1) ? S'il n'est pas possible d'obtenir le nombre de naissances annuelles,
du moins est-il à notre portée de mesurer l'évolution des effectifs d'enfants
en bas âge (2). Les états de dénombrement de population, d'orientation purement
démographique ou agricole, (3) nous en donnent la possibilité. Ils opèrent en
effet, dans la présentation des résultats, une distinction judicieuse entre
population "imp0-6abfe." et population "VloVl-imp0-6abfe." (4). Il suffit alors de
calculer le taux de la population enfantine. En prenant pOlIT base une population
de 1 CX)() habitants, celui-ci s'obtient en rapportant l'effectif des enfants en
bas âge à la population totale. On obtient ainsi les taux de population suivants
(1)
NOLL6 Vle. dL6p0-60VLô que. d' Uvl seui: cvu66/le., iVLôOWe., fQ./.) 329 J1CÙ,MaVlcQ./.)
e.~e.g~~éQ./.) à f'Etat Civif de. BOVlgouaVlou, au ~e. de. f'aVlVlée. 1936. C6.
A.N.C.J. 4 V5~XJJ-Z,-15/48 (,00), Etat Civif iVldigèVle. de. f' LVldé~é 1936).
Si ctpp/léuabfe. qu'if /.)oit, compaJLé aux outn.e: du66/lQ./.) de. Vlw/.)aVlcQ./.),
Obte.VlLL6 aux nive.aux dQ./.) /.)ubdiv~ioVLô d'Abe.11g0u./lOU (99 VlWUtVlCQ./.)) e.t
de. BOVldoulwu (Z8 Vlw/.)aVlcQ./.)), fQ./.) deux cwt/lQ./.) wcoVLôC-!liptiOI1/') ctdrru.~t!laUvQ./.)
du Ce.Jlûe. de. f' I-Vldénié, ce. chi6 6/le. ~adu.d davantage. fQ./.) bOVlVlQ./.) habiludQ./.)
)~Q./.) pM Les habita~ de. fa Subdiv~ioVl de. BOVlgouaVlOlt de. /.)e. /lé6é!le.Jl au
bu./le.au de. f' état uvif pOu./l fQ./.) déûMaUoVLô de. Vlw/.)al1cQ./.) qu 1if Vle. ~adu.d
fe. chi66/le. /lée-f.. de. I1w/.)al1cQ./.) de. cette. WCOVLôC-!lipuol1 ctdrru.I~~aUve..
(Z)
If /.)'agit d'e.Vl6a~ dQ./.) de.ux /.)e.xQ./.), âgé/.) de. moiVLô de. 10 aVLô.
(3)
EVl 6ail, otün e. CQ./.) de.ux ccdégOlliQ./.) de. dél1Omblle.me.nU, f' 011 d~til1gu.ail EQ./.)
déJ1omb/le.me.nU à bLLU 6~caf e.t ~tai!le..
(4) La popufaJ"...A.-ol1 "imposable" /le.g/loupail EQ./.) adltUQ./.) des de.ltx /.)Q.XQ./.), âgé/.) de.
pELL6 de. 10 aVLô. Let popuEatiol1 "non imposable" comp!Le.vtd EQ./.) Q.Vlnan-U de. moiv/'-~
ct 10 aVLô e.t Ee/.> vi~a!ld/.).

qui traduisent bien le mouvement d'évolution de la population enfantine
EVOLUTION DU TAUX DE POPULATION ENFANTINE (pour 1 000 habv)
1
Période
Canton agni
Canton Alma
Canton N'igatianou .Moronou
Cercle ..
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1
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1921
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3,35
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330
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1
'Sautées
A.N.C.L
~ 98, El.>qu.A.!.>l.>e. I.>UJt fa 1.>au.a:UOVl. po.t.{;t,lqu.e. e;t ê..C.OVl.omJ..qu.e.
du. W'u-Comoê... V.-Unbofvto fe. 23/4/19_21
EE 139 (J 4), Rap. poü;to du. N' zi-Comoê.., poUJt fe. 3e. t'l.-Un.
1925
5 V-VI-J /5 (3036), Rê...6uLtw du. !Le.c.e.Vl..6e.me.rU: de. fa popu.fa)).;OVl.
auto c.ht.o Vl. e. LI.> u.j et6 6!LaVl.ç.a..à) 1 926
V"""XIII-44 ...104{895 ... 9J6 [J2l) E;ta;t c.otrJpaILa:U6 pM c.aVLtoVl..6
'cL. dê..Vl.om6!Le.me.nX de. fa popu.fa:UOVl., .6LUvanX fe.-6 tte.c.e.Vl..6e....
me.fU:!.> de. 19Z6 e;t 1936.
O-IV-J8-73 (3739), Re.c.e.YL6e.me.nX de. fa popuia:UoVl. du. N'u-
COrhoê...J.933.
4 V5-XII ... 27-E/8 (700), Tabfeau. pM Ce!lUe.-6 e;t l.>u.bdivùioYL6
du Vl.ot11b!Le. d' aUe.-6 d r Etat uvil de. fa Côte. d' l veine.
Notons au niveau de l'ensemble du Moronou que le talŒ de population
enfantine régresse entre 1921-1926 (-109 %0). Au contraire, entre 1926-1933,
(1) Moye.Vl.Vl.e. de. fa Su.bdivùioVl. de. Vimbo~o
(2) Moye.Vl.Vl.e. de. fa Su.bdivùioVl. de. BOVl.gou.aVl.ou.
(3) Moye.Vl.Vl.e. pOlIA 11 village.!.> du c.aVl.toVl. (3e. t'lMn. 1925)
(4) Nombtte. de. Vl.cU"M(U'lC.e..6 e.f1JLe.giht'lée.-6 à f' Etat-uvil pOM fa Su.bcLi-vù,{oVl. de.
tsonoouanou,
(5) Nombtte. de. Vl.cU.MaVl.c.e.-6 e.Vl.!te.gih.tJtée.-6 à f' Etat-Civil du. Ce!lc.fe. de. Vimbol~/to
(Vl.OVl. c.ttompJtù fa Sllbd,{u.0üon de. BOVl.gOU.CU1.0lt) •

74.
le mouvement s'inverse, accusant une légère augmentation (17 %0 ) ; puis se
produit un nouveau décrochement avec une tendance à la baisse (-11 %0), entre
1933-36. Ainsi l'évolution de la population enfantine, entre les deux dates
extrêmes où il est donné de la suivre, se caractérise-t-elle par une forte
baisse de l'ordre de 103 %0. Ce mouvement de chute de l'effectif des enfants
en bas âge, enregistré dans le Moronou, reflète dans ses variations celui
relevé au niveau de l'ensemble du N'zi-Comoé, bien que les écarts d'amplitude
soient ici plus prononcés
182 %0 entre 1921-1926, + 29 entre 1926-33 et
-56 entre 1933-36.
L'évolution n'est cependant pas homogène au niveau des différents
cantons du Moronou, comme le montre la comparaison des taux de population
enfantine, tels qu'ils figurent dans le tableau ci-après:
. Périodes.
Canton agni.
Cantonahua.
Canton N'gatianou
1
1921.,1926
.,146 .
., . 71
?
1926",33 '
,+46,
-38
?
.. , . . .
. , ,
1933-36 "
+ ,11
6
- 39 .
'
,
Si la régression est générale, au cours des cinq premières années
(1921-26), elle est cependant plus accentuée dans le "c.an-toYl. agJ'L-<'-" (-146),
suivi de l'Ahua (-7.1). Entre 1926-33, le canton agni est ell progrès (+46),
tandis que l'Ahua subit à nouveau un léger fléchissement (-38). Enfin, au cours
de la dernière période, le canton agni, toujours en progrès, connaît cependant
Wl certain essoufflement, pendant que l'~lua et le N'gatianou sont, à des
degrés divers en recul.
1
Le taux de natalité n'est pas sans avoir une influence sur l'évolu-
tion de la population enfantine, même si d'autres facteurs, telle la maladie,
y interviennent. Bien qu'il ne soit point connu de nous, on peut néanmoins
supposer qu'il est en net recul de 1921 à 1926, qu'il connait une remontée
épisodique de cinq années (1926-33) , suivie d'un second fléchissement plus
atténué, entre 1933-36. Bref, on peut dire que pendant l'entre-delL\\.-guerres,

745.
le Moronou traverse une période de dénatalité (1).
2. LAM:YRTALITE
Au niveau du Moronou, la mortalité est encore plus difficile à
appréhender à travers les sources écrites coloniales. Aussi sommes-nous ré-
,
.
duits à recourir, outre les appréciations qualitatives, à des données quanti-
tatives générales? certes utiles mais qui ne permettent pas de cerner conve-
nablement ce phénomène, au niveau local.
Le taux de mortalité pour l'ensemble du territoire ivoirien est
évalué en 1906 à 40,6 %0 (2), il est réduit approximativement à 35 %0 en
1934 (3), puis tombe à 21%0 en 1938 (4). Comparativement· la population euro-
péenne de la Colonie semble en apparence témoigner d'une plus grande résistance
aux causes de la mortalité. Le taux de mortalité européenne, selon Tirefort,
passe de 27 %0 entre 1905-07 à 15,5 %0 en 1936 (5). D'autre part les enfants
sont extrêmement exposés à la mort: 30 % des décès, en 1934, concernent les
enfants de moins de 7 ans, tandis que l'on enregistre un taux de mortalité
infantile trè s élevé, de l'ordre de 126-230 %0, "e.Yl J 937 pOU!!.. qlUYlZe. villQ..))
.6Wl lQ..))que1.1.e..6 Oyl a qLte.lqUeA !Le.Yl.6ugYleme.nto poJ1.tiw"
(6).
( 1) Se.lOyl leA Q..))umilioYl.6 OOWlvU.eA pan. P. KIPRE, le. Ylomb!Le. d' e.Yloanto de. moiYl.6
de. 15 aYl.6, a l'éc.heloYl de. .ta ColoVI,ce., dù,u_Ylue. p!Log!LQ..)).6iveme.n..:t, de. 1921
a 1936. I.t.6 "représentent, écrit-il, 25,9 % de la population totale en
1921 ; 21,7 % en 1926 ; 20,7 % en 1931 et 16,02 % en 1936". Co. P. KIPRE;
L~v~e..6 c.olo~~ de. Côte. d' IvoilLe. - 1893-1940, op. cit. p~ 393
(2) ANSOM 200 Mi 1648 (2 G 8-23), RappolLt du Se.JLvic.e. de. San..:té pou.!L 1906.
(3) P. KIPRE, LQ..))ville..6de. Côte. d'IvoilLe., op. cct . p. 395
(4)
Calc.ulé pOWl 29 c.he.o~-ue.ux de. c.i!Lc.oYl.6c.!LipuoYl adYl'li~t!Lilive..
Co. P. KIPRE,
op. cit. p. 396.
(5) A. TIREFORT, E~~~t de. démog!Laphie. c.o.tovU.ale.
.ta populilioYl e.u.JLopée.YlYle. de.
Côte.-d'IvoilLe. (1902-1940), op. cit. p. Il
(6) P. KIPRE, op. cit. p. 396.

'146.
Bien que toutes ces informations nous soient d'un précieux secours,
elles ne reflètent pas de façon précise la situation locale du Moronou, où
"vU le/.) YUuJ.>.6 anc.e/.) vU le,o déc.è.6 ne .6 ovu: décl.aJté.6 au. CeJ1.c.le" (1). Tout au plus
relève-t-on de temps à autre, ici et là, à travers les différents rapports
administratifs, quelques cas de décès quiiont frappé 1 t opinion par leur
caractère exceptionnel. Il en est ainsi des épidémies qui sévissent dans la
région. En janvier et février 1923, neuf décès, survenus à la suite d'une
épidémie de grippe, sont signalés successivement à Tanosso et à N'zanfouénou(2).
Une année auparavant, en juillet-août 1922, une première "épidémi..e de gJtippe
e/.)pagnole" avait fait dans les régions ahal i et amantian "un« vingtaine" de
victimes (3). En 1924, trois autres décès, survenus dans le Cercle, retiennent
1 t attention du médecin-chef de Dimbokro qui les consigne dans le rapport
médical du mois de décembre de cette année-là (4). Il s'agit de "uoi.6 ivldigène/.)
incKgevtt.6" : un homme travaillant sur les "c.hailie.M des c.ou.peu.M de boi.6" (S)
et deux femmes. Enfin en 1928, à la suite d'une épidémie de coqueluche,
localisée à Adibrobo, près de Tiémélékro, dont sont atteints tous les enfants
du village, cinq d'entre eux
trouvent la mort (6).
Voici suggérée indirectement l'une des causes de la mortalité enre-
gistrée dans le Moronou : les épidémies devant lesquelles la population semble
totalement désemparée. Si en tête de liste des maladies, se dé tachent les
épidémies qui ont surtout frappé l'opinion par leurs caractères soid ai ns et
violents, on ne peut manquer de mentionner les affections gastriques,
. pulmonaires (7) et aussi le paludisme, "ce tLLeM d' ennavtt.6", fortement
(1) ANCI
1 H-IV-17-26 (3726), RappoJtt médic.af du. CeJ1.cl.e du. N'zi-Comoé, POM
le moi.6 de déc.e.m6Jte
1924.
(2) ANCI
1 EE 139 Pl), nO 631 'RappoJtt
poLLûqu.e du. N'û-Comoi!., POUlt te 't on.
bWne,oue 1923, als .6du.ation .6andailLe.
(3)
A.N.Cr.
1 EE 139 (8), Rap. poLU. du. N'zi-Comoé, POM le 3e tJtime/.)tlte
1922, al.6 .6du.alio n .6 avUtaiJte.
(4) ANCI 1 H-IV-17-26 (3726), Rap. médic.al du. N'zi-Comoe, POLW le moi.6 de
déc.e.mbJte 1924.
(5)
Ibidem, op. c.a.
(6) Ibidem,
Rap. dLL .6eJtvic.e de .6amé du. N'û-Comoé, POLLJt le moi.6 d' (LOÛ- 1928.
(7)
EvttJte 1929 et 1932, "elles représentent 54 % des entrées dans les dispen-
saires de la voie feTrée et causent 93 %des décès déclarés". Cn. P.
KIPRE, op.
c.a. p.396.

747.
répandu dans toute la Colonie et contre lequel la lutte est à peine ébauchée,
à une date aussi tardive que l'année 1931 (1). Mais, outre toutes ces maladies,
le Moronou se caractérise par le "tJUple. teJl.JL{ble. Oléau'l, constitué par la
syphilis, le ver de guinée et l'alcoolisme (2). Déjà en 1922, l'administrateur
de Cercle soulignait les ravages de la syphilis, au sein des populations de
sa circonscription
"LeA maladieA vénéltie.nVLeA, c.oVl!.l éque.nc.e. de. la débauc.he.
et de. l 1inc.Ull.A..e. deA Ôe.mmeA baou1.éJ.J -6 évi.6-6 e.nt aVe.c
inte.Vl!.lué aUM-<- b-<-e.Yl daVl!.l leA c.e.VL.:ttteA que. daVl!.l la
b!l..OUM e." (3).
En 1924, la situation sanitaire ne s'était pas améliorée; elle
avait même empiré, semble-t-il, auprès des habitants du Moronou, désignés de
"IJopufmon e.n dé:t!LeA-6e.", (4) triste constation faite par la Commission mobile
de recrutement militaire, lors de son passage à Bongouanout :
"If es t: malfie.WLe.LL-6 eme.nt c.eJttMn que. la -6 IJphilM a c.aLL-6 é
de. tout te.mp-6 c.he.z eux des !wvageA ; i l est: pM aiUe.uAJ.:,
"cndén-<-a6le. qu'ili -6ont .:tAè.-6 o/tagileA des poumoVl!.l
et des
voi:es IL e.s p.<.ttMo-<-tteA et que. c ' e.-6 t t 0uj 0uAJ.:, che. z e.ux que.
la gtLippe. eAt la plLL-6 maligne." (5).
Le ver de guinée, "le. -6 e.e:o nd gILand e.nnem-<-, aptLè.-6 la -6 IJPhili.6, de.
la popufmon du N'zi-Comoé" (6), fait encore, en 1924, des ravages considéra-
bles ; et ce, "malgtcé le.-6 c.OVl!.lUl-6 donné-6 de.pui.6 plu).) de. v-<-ngt aVl!.l à ce.s
po pufmoVl!.l -6 WL la oaçon de. -6' e.n pILii-6 e.tLv en" (7). Quant à l'alcoolisme, autre
cause non moins flagrante de la mortalité et de la dénatalité, contre lequel
l'administration se déclare impuissante en 1929, il était fortement répandu
dans notre région :
[1) C-<-tLc.uf~e.du gouve.tLne.U!L ReAte., e.ndOvte. du 28 avILi l 1931, c.hClpo:
Ac..:t-<-on -6an-<-tcUtLe., c.ilant le. méde.e:-<-VL géVLéILc~ SOILe~. -<-VL JOCI de. 1931 po 355.
(2) ANCI IV - 4-182 (3 307), Rap. po~t. du N'Z-<--Comoii pOLm le. le.tL ttLimeA.:tAe.
1929, a/-6 -6-<-.:tumoVL -6a~e..
(3) ANCI
1 EE 139 (8), Rap. pofil. du N'û,-Comoé ai : -6i-tUOvUOVL -6an-<-t~e.,
pOWL le. 3e. :t!LJ..nle.-6.:tAe. 1922.
(4) ANCI lEE 139, Rap. pofil. du N'û-Comoé, pou/L.te leI(. tA-éme.-6.:t!Le 1924.
(5) Ib-<-dem, op. c.il.
(6) ANCI 1 EE 139 (9) VLo 34 RappolLt poLU" dLL N'û-Comoé., pOLLIL le. 4e. :UUmeAtILe.
1922, a/-6 -6UUOvUOVL -6af~OvétLe.
(7) ANCI lEE 139, Rap. po~t. dLL N'Û-CCJ/1lOé, pOU/L i.e. 2(L t.JrA-me.-6.:tILe. 1924,·
a/ -6 -6 uucUio VL -6 aVL,{;UUtLe. •

748.
"LeJ.J CVUlUé-6, A.J1.te.J1.CÜ./.,an.t daYLO le N'û-Comoé.. la ven.te de
toU/.) aicoot.s œ;(Jr.ava.e aux indig èYl.eJ.J, demeMen.t- inopé..-
nard» du oava. que la même in.te/ldic.tion ne .6' é..tend pM
pM exemple aux WC.OYLOWptiOYLO f.<.Jn,f;uwpheJ.J de l~ABnêby
et de l' Indé..vtié.. où. le gin, c.et é..pouvantable poi.6on,
.6 ' ês:o u.fe pM m<.f.Lle/l.6 de c.ai.6.6 eJ.J
QueUe que
0
.60 d
VLO ttL e
bonne volon.té.. et leJ.J meJ.JMeJ.J de .6Mveiffanc.e é..dic.té..eJ.J,
noU/.) ne POUVOYLO empê.c.hvl. la c.onttLebande et i l ut
mafheMeU/.)emen.t indé..niable qu'une oJLaude ac.tive .6' eXeJLc.e
notammen.t c.hez lu Agni de la .6ubdivi.6ion de Bongoua-
nou"
(7) o
Ainsi à l'alcoolisme, à la syphilis (2) et aux autres maladies la
population du Moronou paie un lourd tribut, d'autant plus coûteux que les
structures sanitaires, embryonnaires à l'époque, ne peuvent le stahiliser.
La forte mortalité, sentie plutôt que saisie, à travers ces lignes pessimistes
sur l'état sanitaire, a de toute évidence un impact négatif sur l'accroissement
naturel de la population. Tout en admettant avec le médecin général Sorel que
"la 0é..c.onddé.. du mè-fleJ.J indigè.neJ.J ut flemMquable" (3), force est de nous ren-
dre à l'évidence que le taux élevé de la mortalité, surtout infantile, face à
une natalité de plus en plus en régression, ne permet guère à la population de
se renouveler de l'intérieur.
Un tableau aussi sombre de l'évolution naturelle de la population
est loin de confinner l'impression première donnée par les chiffres bruts de
croissance. On ne peut donc expliquer le mouvement ascendant de la population,
perçu dans les dernières années. de notre période par le mouvement naturel.
Quels sont les facteurs qui ont influencé cette évolution ?
B. - LES MIGRATIONS
L'ouverture du Moronou sur l'extérieur en 1908, à la suite de la
pénétration coloniale, l'exploitation des produits de' traite et l'introduction
(1) ANCI IV-4-182 [3 307), Rapo poLLUqlLe du N'û-Comoé.. pOM le 1eJL ;(Jr.imu;t/le
1929, a/.6 .6duation .6avtdaifleo
(2) "D'après les constatations faites au dispensaire, la syphilis est un facteur
grave de mor ta l.i tê dans la région". Co 1 H-IV-17-26 (3 726), L'Etat
soru.ta.ou: d0S il1.digè.nu du N'û-Comoé.., atL C.ouM aL moi.6
de juin 1928 .

749.
des cultures spéculatives dans la
région, la conscription et les réquisitions
répétées seront à l'origine de plusieUrs mouvements de population de significa-
tion et de portée fort diverses. On en distingue en général trois de nature
différente
les migrations à l'intérieur du Moronou ; les migrations dans une
autre région de la colonie, vers les pôles attractifs, essentiellement dans
les centres urbains de la basse Côte-d'Ivoire et enfin les migrations à
l'extérieur de la Côte-d'Ivoire, orientées principalement sur la colonie
britannique de la Gold-Coast, le pays de leurs ancêtres.
1. - LES MIGRATIONS INTERNES AU MJRONOU
La mobilité a été un phénomène caractéristiq~e de la population du
Moronou, au cours des prenuere s années de la colonisation fr ança i se , "Cl.e.6 de.
voil:te. de. t.out:« fa po.t.Lt<.que. du CeJLde." (1) du NI zi-Comoé, elle a constitué un
écueil sérieux à une réelle administration, dans la mesure où l'on eut du mal
à la maîtriser. Signalée dès le mois de juin 1910, dans la Subdivision, elle
se manifeste par "fa déMULÛOn. des v,u1.age./.) e.t fa c.OY1.J.JWu;t{.OJ1 de. c.ampe.me.Yd-6
dan.de./.)uYL6" (2). En effet, pour échapper au "pillage. dom ili é:to.A.e.m v-i-c;ûme./.)
de. fa pa.Jtt de./.) :tUt.am-e.uJ!.J.J de. paJ.J~age." (3) et aux réquisitions, en particulier
à "fa 6oUltMtuJte. du gILan.d MmbILe. de. poJLte.u!L~ e.ugé~" (4), les habitants
s'éclipsent au coeur de la forêt ou "s e fupe.Me.m aux. qua)Ae. c.o-i-YL6 du Ce.JLde."
(S). Que faire pour mettre fin aux déplacements continuels de la population?
(1) ANCI 1EE 139 (10), RappolLt po.t.Lt<.que. du N'û-Comoé, pOlllL.te. 4e. ;tJu.me./.)t!Le.
1923.
(2) ANCI lEE 147 [2/2),' RtppolLt po.t.Lt<.que. me.YL6lLe.f du po~te. de. Bon.gouan.ou.
JtUn. 1910.
[3) e.t (4) ANCI 1EE 142 (2/2). On. appILe.n.d pM aille.lL!L~ : "Le gros ravitaillement
des troupes stationnées dans le Sas sandra est assuré par des porteurs
fournis à la fois par les postes de Bocanda et Bongouanou"
C6. ANCI 1EE 148 (2/3), Rapo pO~qLLe. me.YL6ue.f du po~.te. de. V-i-mbofvl..O,
jtUn. 1912.
(5) ANCI lEE 139 (7) Rap; de. touJwée. de. f'Adm-t~-tILate.cLIL du po~te. de. V-i-mboR!l.O.
V-tmboRfLo,
f~ le.JL Aoil:t 1921 0
EVl 1911, fe. c.he.6 de. posre. de. Bon.gouan.occ, SMge.l1tOI1 éc.~ à pILOpO~
de./.) N' gaVl : "Les indigènes d'ici ont une tendance trè s marquée à aban-
donner leur village pour s'installer dans la brousse, en prétextant
qu'ils s'occupent de leurs plantations. La cause de cette installation
est plus grave; c'est pour échapper à ll autorité du chef de village
et surtout pour éviter les corvées de portage et le nettoyage des routes".
C60 ANCI 1EE 147 (2/3), Pap. poUuque. me.l1~clc..[ du po,).te. de. B0l1g0LLCU10ll.
Meu:. 1911 0

750.
L'administration procède au regroupement des villages le long des
principaux axes rou~iers du Moronou. Tout ceci ne va pas sans difficulté. Les
,
.
.
habitants disséminés en majorité dans de minuscules hameaux, répandus ici et là,
sous le couvert de la forêt (1), opposent une vaine résistance. Les anciennes
agglomérations sont détruites, certaines d'entre elles se déplacent et changent
de site. En lieu et place surgissent de nouveaux villages, bâtis pour la plu-
part sous la surveillance des gardes de Cercle (2). Dans cette tache, certains
chefs, acquis à la cause coloniale, ne sont pas en reste. Tel Aonzi Kokora, le
chef du N'gatianou, successeur de Dangui Kpanyi sur la chaise du Moronou qui,
prenant les devants, mène à outrance "la gueJUte. aux c.ampeme.vt:t6" (3) :
"Aonz.« Kofwtw. s' es« mU é.l1eAgJ:.que.me.nt e.11 c.ampagl1e. et j'M e.u fa jOYe.u.-
.6e. .6U!LpWe. au vJ:.f.f.age. de. BoadJ:.kJc.o ( ••• ) de. bl.OUVVl UI1e. C.e.ntMI1e. de.
peJu.>Ol1l1e..o 1Zi.. où ul1q moJ:..o pfu.6 tiJt j e.11' avaJ:..o ILe.I1c.ovWté. âme. quA:. v.cve.,
Le. mo li. veme.vL-t e..o t dé. c.le.11ché. et d' aiun:e..o IL é..6 U!L!l.. e.ilio 11.6 de. la Mtu.IL e. de.'
c.e.lie. du vil.-fage. de. BoadJ:.kJc.o 11e. mal1quVlo nt pM de. .6 e. pILO diu): e , MaJ:..o
110u..6 de.VOM I1OU.!.> éé.uwVl que. c.ute. v~ble. C.hM.6 e. à l' homme. so.c;
c 0l1dude. pail.. le..o c.h e. é.6 de. btJ:.bu..6 e.11 pe.M01111e. , c.aIl.. e.lie. .6 e.ILa be.auco up
plu..6 e.nMc.ac.e. et sun.tou.: J:.l1nJ:.l1J:.me.nt mte.ux ac.c.e.pté.e." (4).
Ainsi progressivement les MoroDvo finissent par se stabiliser défini-
tivement dans des "vil.-fage..6 J:.mpolLtavt:t6", entre 1921-25 (S), l'adoption des
cultures pérennes du cacao et du café, accélérant le processus : . '
(J) PM e.xemple. le..o Bé.da e..o.6Mmé..6 plLé.c.é.demme.nt daM eUx c.amreme.vt:t6 .6ont ILe.gILoupé..6
à Al1ou.maba et à Agbal1ou. C~ ANCT lEE 147, Rap. po~. du pO.6te. de. BOl1goual1ou
110vembILe. 1909. Le..o N' galianwo, é.c.helol1l1é..6 .6U!L UI1e. P0u..6.6J:.èJLe. de. c.ampeme.i1M
e.11bte. N' wé.fwR.oILé. et Tal1O.6.6o, soni: ILe.gILoupé..6 daM quelque..o vJ:.f.f.age..o.
(2)
"De nombreux indigènes qui étaient dans les campements de brousse ont réin-
tégré leur village et y ont construit leurs cases. Dans de nombreux villages,
les cases sont réparées ou refaites entièrement. Il existe encore assurément
de nombreux campements ; mais ils sont découverts et évacués au fur et à
mesure des tournées du chef de poste" Cn. ANCT lEE 147 (2/3), Rap. politique.
me.Muel du pO.6te. de. BOl1goual1ou pou.Jr.. le. m6J:..o de. Se.pte.mbILe. 1911.
(3) ANCT lEE 139 (7), Rap. po~o du N'zJ:.-Comoe., pOu.!l.. le. 2e. t!l..J:.me..otILe. 1921 0
(4) TbJ:.dem, op. W.
(5) DaM le. ILappoILt poUtJ:.que. du N'zJ:.-Comoé. rou.Jr.. le. 4e. t!l..J:.me..otILe. 1921, l'Admt/1J:..o-
btate.u.Jr.. du CVlc.f.e..6e. éiliwe. du "très sérieux effort ( ..• ) tenté partout
pour la reconstruction des villages. Plu..6 10J:.11, il é.c.Jr..d"J'ai plaisir à le
noter à cette place, il a été couronné de succès". EI16J:.I1, il C.OI1c.f.ut : "Quoi
qu'il en soit, lecarnpement clandestin qui constituait encore la règle au
début du troisième trimestre, n'est plus aujourd'hui que l'exception". ANCT
lEE 139 (J), Rap. poUtJ:.que.du N'zJ:.-Comoé., pouILle. 4e.t!l..J:.me..otILe.1921. "Dans
le Sahoua et l'AriJantian, non seulement les populations sont rassemblées dans
de "gILO.6 v~ge..o", mais ceux-ci sont bien entretenus et les routes reliant
les villages aux villages sont en bon état, de nombreuses cases ont été
refaites". Le. c.he.é de. PO.6te. de. BOl1goual1Ou qUA.- nappord». .ce..o éOvuJ.:, e.11c.oUJl.age.a~t/.'l,
c.ol1c.lut : "11 est à souhaiter que les autres t.r i.bus du district imitent celles-
ci". Cn ANCT 1EE [2/3), fur. poUtJ:.que. me.vi.ouu du pO.6te. de. Bo I1g 0UC1I10U ,
NovembILe. 1911,

751.
On devine, à travers les sources coloniales, l'étendue du phénomène
migratoire qui se circonscrit à l'intérieur du Moronou. Malheureusement,on éi
peine à le mesurer, si ce n'est à travers l'apparition de nouveaux villages~
au nombre plus restreint, mais de taille de plus en plus imposante, aux "C.Me/.l
c.onôolttable/.l e;t bien CÜ1lPO,f)é.u, le long de lMge/.l vo.ce» bie..n. enbte..te..n.u.u" Cl) ,
rempi~%ant désormais la poussière de campements qui s'égrenaient précédemment
dans la forêt. Jusque là, la population habitait "de nU.nMC.u.lu et mWéltablu
hameaux, ne totaLàant pM UVl.qu.a.lrte ..tmp0,f)able/.l" (2). La taille croissante des
villages, rassemblant de plus en plus une forte concentration de population,
permet de prendre quelque peu la mesure de cette migration interne. La réparti-
tion des agglomérations entre 1909 et 1914, à partir des recensements partiels,
effectués dans le poste de Bongouanou, est de ce point de vue significative
REPARTITION NUMERIQUE DES VILLAGES SELON LEUR TAILLE
(nombre d'habitants)
20
50
100
200
+1000
Total
Période
50
-, 190,
200
500
1909.·.·.
J,.,.
I,
..:J 2
r :
,
•••
42
)",,,
"."',
..
13
18
.42
\\"
1910
, \\ . .
-,
2
.. ... ,.8.,
"'6
.11
2
30
Source
1 EE 147, Rapport mensuel du poste de Bongouw1ou 1909-1918.
Il convient de noter la dispÇlrition des agglomérations minuscules
de moins de 50 habitants. De même les villages dont le nombre d'habitants
s'échelonne entre 50 et 500 habitants, diminuent. Par contre, fait remarquable,
les agglomérations de 500 à 700 personnes triplent. En 1910, le Moronou ne
compte ni village entre 700 et 1 000 âmes, ni agglŒnération de plus de 1000
âmes ; en 1914, i l en existe 6 de 700 à 1 000 habitants et 2 de plus de 1 000
habi tants , Le fait le plus marquant est cependant la concentration des grosses
(1) ANCT lEE 148 (2/6)
Rap. poUûque. me.f1/.)u.Û du. po/.)te. de Dvnbofuto
Juillet
Q
o
1914.
(2) ANCT lEE
139 ln, Rap. poUlique du N'û-Comoé., pouA.te s« lAi.muttte 1921.

752.
agglomérations dans la partie est du Moronou, dans le Sahié ~ l' Ahua et l' Assiè
(1). Cette redistribution de la population dont les origines sont antérieures
au fait colonial, s'opère certes! au profit des zones reputées riches en
gisements aurifères mais aussi propices aux cultures spéculatives.
2. - LES MIGRATIONS INTER-REGIONALES
Bien que la mobilité de la population du Moronoujen direction des
autres régions ivoiriennes et vice-versa/n'atteigne point l'ampleur de celle
circonscrite dans les limites du Moronou, celle-ci n'est cependant pas négli-
geable. Est-il possible de quantifier le volume des déplacements dans l'un ou
l'autre sens? L'analyse de ces mouvements migratoires de sens opposé dont les
causes sont relativement bien saisies, ne nous permet pas cependant d'en
appréhender l'ampleur, dans la mesure où nous n'avons pas une vision correcte
du solde migratoire, résultant de la différence entre le taux d'accroissement
réel de la population et le taux d'accroissenlent naturel. Une seule
référence
archivistique, isolée, par conséquent d'aucune utilité, permet d'apprécier quel-
que peu, en 1935, les différents courants Inigratoires qui traversent l'ensemble
du Cercle de l' 1ndénié auquel se trouve rattachée la Subdivision de Bongouanou.
L'immigration apparente, à cette date, portant sur 7 392 individu~ le cède
quelque peu sur l'émigration, estimée à 8 621 personnes (2).
Mais quelles sont les caractéristiques principales des migrations
inter-régionales? Liées à diverses causes, les émigrations s'orientent dans
plusieurs directions, provoquant un flux migratoire impressionnant de Morofwo.
Les causes de ce mouvement sont multiples. L'impôt de capitation, la conscrip-
tion, le portage, les prestations sur les routes, bref la moindre exigence
(1) ValU te Sani.é., 0 f1 peut cj;tVL : An.dé : 1 393 habdcou:/.l en. 191 4, Eün.zué
610 habdan.:t!.l en. 1914, A66VLé : 906 habdal'lM e.n. 1914. VaVl.J.> t'Ahua, on.
én.umvce: Atuz.ah
: 1 532 nabdanM en 1914, Abon.goua :871 hb. en. 1914.
Le!.l ouarn». aggtomêJr.ati.oVl.J.>
CLM-Z.è (Kwncu-Z., A,~!.lcu.60, Kofw!Lé et ':MéaruLO)
!Leg!Loupé- 8do.:to.L<A e.n;t, en. 1914, 1329 habdaf1M. C6 ANCI 1EE 147 (2/2),
Rappo!L:t po~que meYL6uû du p0.6te. de. Bongoualiou.•
(2)
Le "total des étrangers provenant des territoires étrangers voisins, y
compris des autres Cercles mais autres que des colonies
françaises est
de 7 392 hommes. Le total des habitants du Cercle partis à l'étranger
est de 8 621" Co ANCr IV-43/5 (3 304), Rap. poLLuque. du CVLcte. de. t'.lndé-
rUé, pOU!L .te. IVL !.Je.me!.l.t!Le. 19.35.

'153.
administrative donne lieu à des départs massifs :
"Un JUeJ1 pfLOVOque. l'e.xode. du. nabdaYLt6
l'annonce. d'un palabfLe.
de. l r admùuJ.>bLate.M ou d'un che;ù de. Subcüv,{J.>.{on, l'aJl.fÛvée. daVL6
le. village. d'un OfLMe. pfLu.c.!Uvavz,t l' e.xécution de. cvdM:VL6 bLavaux
daVL6 lu. cacao yèAu., lu. palmeJtMu. <dc.,. en de.mandavz,t du.
pfLU..:ta.;taM.U.. Je. ne. pMle. peu de. la pfLépaJi.ation d'un fLe.c.JtLÛeme.vz,t

qu;. a pOM e.ùù<d d'aùùoleJi. complèteme.vz,t la population, au po.{vz,t
que., pOM
ÙMJt plM vde. ave.c le.ww ùe.mmu., lu. hommu. abandonne.vz,t
pMù 01A le.uJt!.l eJ1ùaYLt6" (1).
Les nécessités économiques sont aussi à l'origine des émigrations.
Ainsi les populations riveraines du N'zi : Alangwa et N'gan, mais aussi
N'gatianvo de .Fronobo et Assiè quittent leur pays d'origine, à la recherche
de terrains plus propices à la culture cacaoyère, dans "la SubcüvlAùn de.
Bocanda, à Va.oufvl.O"
(2) et même sur "lu. bOfLcLo du Comoé." (3). De même, plusieurs
morofwo, particulièrement des sahi.ê , des Ahua et des Essandané partent dans le
Guro et l'rndénié, "6~e. du caoutchouc (4). Ce mouvement dont les origines
remontent en 1912, s'accentue au cours du second semestre de cette année, où
l'on estime à 400 personnes le nombre des agni présents dans le pays gouro (5).
Le flux migratoire devient si sensible dans certains villages que les chefs
s'en "plMgne.ru:" et "Muhwe.ru: vo.i». ce. mouveme.nt e.Vl!tayé." C6~, tant il porte
préjudice aux localités du Moronou. Et le chef de poste de Bongouanou d'ajouter
"Il .6e/lW ~e., je. ClLolA, d' aJtJi.Ue/1. ce. mouve.me.ru: <d de. l' empê.cheJt
même., CM la pfLé.6e.nce. du. MOfL060uè.6 e..ot né.cu..6~e. daVL6 le. MOfLonou,
mMru:e.navlt que. nou.6
avoVL6 .6Ouve.nt de..o plavz,tatioVL6 .{ncügènu. :
6uvW.i.m;.a
<d k.oleu" (7).
Effectivement des mesures administratives sont prises pour empêcher
les Morofwo d'aller récolter du caoutchouc à l'extérieur de leur territoire.
Quant à ceux qui se trouvant déjà dans le Guro et l'Indénié, dépoun~s d'un
laisser-passer, ils sont pourchassés, arrêtés et ramenés de force dans le
Moronou (8). D'ailleurs cet engouement pour la récolte du caoutchouc, lié au
(1) ANCT 2 EE7 (26), ExbLMt d'un fLappoJtt de. BoufLg.{ne., a(.6 des che.6.6 .{ncügène..o
du N'z.{-Comoé. 1923.
.
(2) ANCT lEE 139, Retp. poid. du N'û-Comoé, poMle. 3e. tJUmu.tJte. J924.
(3) Tb'{de.m, op. ~.
(4) ANCT
lEE 147 (2/4), nO 92 Rap. poid
me.VL6u.e.l dlL past:« de. Bongouanou. Aht
Q
191 2.
(5) ANCT lEE 147 (2(4), 11°139 Rap. poid. me.V!J.>lLU du pO.6te. de. BongouanolL,
j~e.,t 1912.
(6)
Tb'{dem, nO 92 Rap. poid. me.VL6uU du post». de. Bongouanou, mM 1912,
(7)
Tb'{de.m, op. c.{t.
(8) C6 ANCT 1EE 147, le..6 fLetppo!d.!.:J pOLUtqlLe..o me.l'l.6LLW POLW res molA de. mcu, jlW1.
e.t j u..-tUe.t 191 2.

754.
" boomque connaît ce produit, tombe brutalement, dès les premiers signes de la
crise du caoutchouc en Côte d'Ivoire. En janvier 1914, le chef de poste de
Bongouanou annonce le retour des premiers récolteurs de caoutchouc.
"Le.6 MoJto6wo qui éA:aieYlX eVL palJ.6 goWLo pOWL 6aitte du c.aoCLtc.houc.
JteYlXJteYlX tOu..6 eVL c.e momeYlX daVL.6 le MOJtOVLOU, le p~x peu ~lev~ de
ce pJtod.u.-U le.6 60JtçaYlX à JteverUJr.. daVL.6 leWL palJ.6" (1) •
Les derniers récolteurs de caoutchouc morofwo à rentrer au bercail
sont signalés en septembre 1915 (2).
Enfin, des Morofwo sont engagés, à leur corps défendant ~ "POWL affeJt
tJtava);U.eJt loiVL de c.lïez eux" [3', précisément sur des chantiers de coupe de
bois ou des exploitations agricoles, européennes ou africaines, situées dans
des Cercles voisins. Combien sont-ils? Il est impossible de chiffrer les
Morofwo affectés sur les différents chantiers de la Colonie, encore moins de
suivre l'évolution des recrues annuelles fournies par le Moronou (4). Il eût
été cependant intéressant de connaître la contribution du Moronou sur les
différents effectifs des travailleurs fournis au niveau du Cercle.
Outre
les chantiers publics et privés ~dŒaînant une partie des
travailleurs morofwo, les centres de la B'asse-Côte';'t' Abidjan et Bassam attirent
les jeunes gens qui y "tJtouveYlX 6ac...U.emeYlX à loueJt leuM .6eJtvic.e.6" (5) :
(1) ANCl lEE 147 [2/6), 1'7.°6 RappoJtt po~,. meVL.6uef du pO.6te de BOVLgouaVLou,
pOWL le moi.o de jaVLvieJt 1914.
(2) lf.o .60YlX au VLombJte de quatoJtze. C6 ANCl lEE 147 (2/7) Rap. polit. meVL.6uef •
.6 eptembJte 191 5•
(3) ANCl lEE 147 (2/4), RappoJtt polit. meVL.6uef du. p0.6te de Ba VLgouaVLOLt, oe.tobJte
191 2.
(4) PM exemple eVL 1928, il e.6t expuwe.meYlX meVLtioVLVL~ que la SubMvi.6ioVL de
BOVLgouaVLou 60WLVLU uVLquaYlXe tJtavailfeuM au ChemZVL de 6eJt. C6 ANCl lV-
17-27 [9 268), TJtavailfeuM Jtec.JtCLt~.6 daVL.6 la .6UbMVi.6ioVL de. Ba VLg ouaVLOU ,
peVLdaYlX le 2e Wme.6tJte 1928. Mai.o ou.tJte c.e.o uVLquaVLte tJtavailfeuM
Jtec.Jtu.te.6 au titlte de la .6UbMvi.oioVL de BOVLgouaVLou, quelle a ete la C.OVLtfti-
blLt-tOVL de tout le MOJtOVLOU .6WL l' eVL.6emble de.o 31 042 tJtavaUfeuM, 6oLtJtVLi.o
iVLdi.oûVLe.temeYlX c.Ute aVLVLee là pM le N' zi-Comoe, aux. eVLtJtepJti.6e.6 pJtivee.6
et aux. c.haVLtieJt.6 pubuc..o de la ColoVLie ? (C6. lEE-lV-17 (9 268), TJtavail-
leu.Jt.6 Jtec.JtCLte.6 daVL.6 le N'zi-Comoe peVLdaYlX l'aVLVLee 1928). 01'7. VLe le .6aWLa
[amai.s , daVL.6 la me.oWLe le.6 fute.o de.6 tJtavailfeu/l..-6, 6oWLVLie.J.> pM le.o
.60WLC.e.o, VLe meVLtioVLVLeYlX pM toujouM avec. VLUtete l'o~giVLe Jtegiol'7.afe
de.6 tJtavailfeuM au VLiveau du CeJtc.fe.
(5) ANSO~j Côte-d'lvo-uLe, A66CÛlte.o pouuque.o, Cardov: 567, RappoJtt aVLVLltel .6WL
la .6-<-tu.atiOVL pouuque 1938.

755.
"L<66 je.un.<66 aban.don.n.e.vU: .te. :tJtavw. daf1..6 .te.!.> p.tavr;ta;tlof1..6 6am-ilia.t<66
pouJt aUeJt -6 e. ocuJr.e. e.mbauc.heJt daf1..6 .tM C.e.n.:tJtM uJtbcUf1..6 c.omme.
c.hauooe.uJt-6, e.mp.toljé.-6 de. c.ommeJtc.e. ou de.ve.rU!t c.hôme.wu," (1).
3. LES MIGRATIONS EN GOLD-COAST
A côté des migrations internes ou des déplacements ternporaires r
circonscrits dans les limites du territoire ivoirien, le courant migratoire en
direction de la Gold-Coast tient une place considérable.
Les premiers mouvements migratoires, au "palj-6 de.!.> an.c.WtM" (2),
se dessinentJpeu après ".ta c.on.quUe. nU.li:ttUJte." du Moronou, au moment où s'opère
le désarmement (3). Refusant de se laisser désarmer, certains éléments de la
population préfèrent quitter le Moronou. Ils passent dans l'Indénié, le terri-
toire agni voisin et de là gagnent la Gold-Coast. Outre la tradition orale,
explicite sur ces faits (4), le rapport politique mensuel du poste de Bongoua-
nou confirme implicitement ce premier exode pour la Gold-Coast, quand il
souligne, en décembre 1911 que "que..tque.!.> SalUé.-O de. ceux qLÙ avcu:.e.vU: qlU.-Ué .te.uJt
thibu, -6 0 vU: ~e.venU-6" (5). Dans ce même rapport politique mensuel, il est noté
par ailleurs une augmentation sensible du chiffre de rentrée des impôts que
le chef de poste, Sargenton, attribue à la "te.n.dan.c.e. p~on.on.c.é.e. c.he.z .t<66
EMan.dan.é e.t que..tque.!.> Sarué à in.tég~eJt .te.!.> village.!.>" (6) Q
()) ANCI 7ErIV-43/5 l3 304), Rap. poUtique. de. .t' Tn.dén.ié.
en. -6eJne.!.>~e. 1938.
ï
Le. gouveJtn.e.uJt Mo ndon. -6ou..U.gn.e. pouJt !.la pCVlt : "Région particulièrement
fertile, le Cercle d'Abengourou connaît cependant de nombre~~ exodes
vers Abidjan" C6 JE3-IV-43/S (3 304), n.°350 APA/I, GOUVeJtn.e.LUL Mondon à
Adnù11M~ate.uJt à Abe.ngouJtou. Abidjan. Le. 14 ec.toon». J 938.
(2) Ex.p~e.!.>-6,con de. .ta ~adiilon. o~a.te. popu.twe. agM p0uJt dé.-O,cgn.eJt .ta Go.td-Coa.ot.
( 3) U a ue.u e.n. Octo b~e. e.t nov e.mb~e. 1909. Co 1EE 147, Rap. poUt. me.n6 ue..t de.
n.ove.mb~e. me.n.t,(.onne. e.x.puwe.me.vU: ~ "L' opération de saisie des armes peut
être considérée comme achevée, dans le district de Bongouanou".
(4) "Quand nous étions plus jeunes, certains de nos pères nous avaient précédés
àinglésa (de English, mot agni pour désigner la Gold-Coast, le pays où
l'on parle anglais), au moment où le Blanc voulait prendre leurJfusils.
Moi-même, je prendrai le chemin pour inglésa quelques années plus tard".
Eonan Me.!.>-6ou, An.gaman b0-6-606wo, 82 af1..6, de. Bongouan.ou. En.:tJt~ten.te. 70
jan.vieJt 7987.
(5) e.t (6) ANCI 7EE 747 (2/3), Rap. pota. me.V!J.lue.-f du post». de. BovLgou,C010LL,
déc.e.mb~e. 797 7•

756.
Le flux migratoire en direction de la Gold-Coast, après un répit en
1911, reprend en 1912, se poursuivant sans interruption durant toute l'année
et en 1913, malgré le contrôle sévère, exercé par l'administrateur Chéruy à la
frontière de l' Indénié et de la Gold-Coast, pour arrêter les Morofwo "qui .0e
fupo.ocU.e.VlÂ: èi PCUl.oeJl e.n. Gold-Coa6t" (1). Par ailleurs, bien qu'il soit général
au Moronou, il est davantage accentué chez les Anohu d'Aféré, les Sahié et les
Ahua, tout particulièrement de 1915 à 1918, au moment où se développent les
recrutements militaires successifs (2). Il est aussi marqué notamment chez les
Assiè entre 1918-20 (3). Mais il faut attribuer l'affolement de ces dernières
années, qui s'empare de quelques éléments
de population de la région, aux
rumeurs qui circulent sur de nouvelles levées de troupes et surtout à l'horreur
suscitée par la vue des premiers blessés de guerre, revenant du front.
Si l'on signale encore, ici et là en 1923, des départs pour la
Gold-Coast, suscités par le mécontentement produit dans la population, à la
suite de "n.om;'n.cvûon. de. c..he.6.o adm;.n.;..otJtali6.o, .oaVLi Jté.6éJte.n.c..e. à la c..o{dtime. e.t à
la tJta~on." (4), il est à noter cependant que le courant migratoire s'est
déjà inversé, à partir de 1921, par la rentrée dans le Moronou de quelques uns
des "tJtan..onuge,6". Le relevé systématique des plus-values, opéré par l'administra-
tion, au moment du paiement de l'impôt de capitation, sans prétendre cerner le
volume exact des émigrés, permet néanmoins de se faire une idée approximative
du nombre des réfugiés qui décidèrent de retourner dans leur pays d'origine.
4. - L'IMMIGRATION
Mettre en évidence les résultats statistiques des dénombrements
effectués à propos des transfuges morofwo, rentrant de la Gold-Coast et aussi
du courant d'immigration étrangère, tel est l'objet de ce chapitre.
(1) ANCT lEE 147 (2/4), An.n.e.xe. du Rappou po.t;.:t. me.n..oue.f du po.ote. de. Bon.gouan.ou.,
jLUUe.:t 1912, poJt:taVlÂ: .o;''gn.a:tu.Jte. de. l' adm;.M.àtJtate.M HO.o:tcU.Vl~.
(2) ANCT lEE 139 [10),
fup. poUt. du N'z;'-Comoé. pOM le. 4e. ~mu:tJte. 1923.
(3) Tb;.de.m, op. c..;.;to
(4) ANCT 2 EE7 (26), Ex:tJtMt d r un. Jtappou de. l r ùv.~pe.c..te.UJ1. BOUJ1.9'cn.e. .oU./t l(J~
c..he.6.o ;'n.d~gèn.e,6 du N'z;'-Comoé., 1923.

757.
En nous fondant sur les estimations chiffrées? extraites des rap-
ports administratifs, l'on dénombre 200 immigrés morofwo, venus de Gold-Coast
en 1921, 698 en t923 et 648 en 1929, soit 1 556 morofwo, rentrés définitivement
au pays, entre 1921 et 1929 (1). A défaut d'estimations chiffrées au-delà de
1929, force nous est de nous contenter d'appréciations qualitatives, pour
appréhender le courant d'immigration postérieure. Ainsi en 1930, l'administra-
teur du Cercle relève ~"Le,6 agM qu..-t avMe.vd qtU;tté te. CVtc1.e. du N'û-Cc1moé POUfL
ta Gotd-Coa!.Jt, il y a ptM-te.UM avmée,6, sow: fLe.ve.nM a!.J-6e.z nombfLe.Ux. ( ••• ) pM
p~ gfLoupe.-6"(2). En 1935 puis en 1939, les documents archivistiques men-
tionnent à nouveau "te fLetoUfL à Bongouanou de. que.f..que,6 6amil1u ( ••• J pMt--te,6
e.n Gocd-Coasr , il y a que.f..qUe.-6 annéu" (3).
Qu'est-ce qui attire les fugitifs d'hier dans le Maronou ? La fin
des recrutements militaires (4). Mais aussi le fait que les cultures spécula-
tives connaissant W1 bel essor dans le Maronou, ils avaient compris qu'''il
vaf..a--tt m--2e.ux. tJtavaittVt POUfL e.ux. et ~he.z e.ux. piutôt que. d'êtJte. de. t'au.tJte. ~ôté
de. ta 6fLOVLÜèfLe. tu -6~é-6 du au.tJtu" (5). Enfin, les intéressés eux-mêmes
invoquaient la cherté de vie dans la colonnie britannique et la difficulté de
trouver un emploi rémW1érateur (6).
(1) Cô. ANCT lEE 139, tu fLappof1..t/.) po~quu du N'zi-Comoé pOUf1.. te,6 année,6
1921 et 1923, et ANCT 1 E2-TV-4-182 (3 307), Rap. po~. du N'zi-
Comoé. te». et 2e ~utJte.-6 1929.
. .
(2) ANCT B4-TV-I0-67, ~oVlôide.VLt.9C de. t'Adm--2vU.-6tJtate.Uf1.. de. CeJt~te., de. Coutou.ty,
a/-6 m--2gfL~On-6 VimboQJ1..o te. 20/1/30
(3) ANCT 1 E3-VT-14/2 (4014), RappoJtt po~que. du Ce.fLc1.e. d'Abe.ngoUf1..ou, pOUf1..
te. leJt -6e.me.-6tJte. 1939. Vo~ aU/.)-6i ANCT 1 E3-TV-43!5 (3 304), Rap. po~.
du CeJtc1.e. d' Abe.ng OUf1..0U, pOUf1.. te. 1eJt -6 e.mutJte. 1935 0
(4)
"Nous avons qui tté la Gold-Coast, lorsque nous avons appris qu'il n' avai t
pas été demandé de tirailleurs dans la Subdivision de Bongouanou". C'e,6t
ta fLêpOM e nOUILMe. pM tu 'ûnm--2gfLaru, tOMqu' W
étMe.nt Ùl.tVtJ1..ogé-6 paIL
t ' adm--t ~ tJtat e.Uf1.. de. CVtc1.e. •
Cn. ANCT lEE 139 (7), Rap. po~. du CeJtc1.e. du N'û-Comoé, pOUf1.. te. 2e.
~utJte. 192 1•
(5) ANCT B4-TV-I0-67 Conô;de.VLt. 9C de. t'Adm--2~tJtate.l~ de. Coutou.f..y. V;mboQJ1..o
te. 20 janvieJt 1930.
(6) ANCT lE rTV.:..4-182 (3307), Rap. po~. du N'z;-Comoé, pOUf1.. Le. 2e. ~MtJte
1929.

758.
Qui sont les autres immigrants et pour quels motifs s'installent-ils
dans le Moronou ? Il semble que le développement des cultures spéculatives mais
aussi la richesse des reSSOUICes naturelles, à peine entamées au début de la
colonisation : caoutchouc et cola, aient attiré très tôt dans le Moronou une
population d'immigrants d'origine composite.
Dès l'instauration de la paix coloniale dans le Moronou, les marchands
soudanais qui étaient déjà présents dans le pays, davantage rassurés sur la
liberté et la sécurité du commerce (1), vont et viennent sur les routes et
pistes du Moronou," pénétrant dans les moéndres villages pour offrir leur
pacotille. En 19ü8J Angbanu, agglomération agni, composée de sept villages,
fief des Beda, lSSUS de Sawua, "at:t<.Jte.. 500 à 600 ébtangeJ1/.) doYlÂ: une.. pCUl.-tie.. vU
du c.ommeJLc.e.. e;t d' indl.l-6.tJUeJ.J, alhne..YlÂ:é-6 pM .teJ.J btavai.t.te..U!L6 du c.hemin de. 6eJL"
(2). De même à Tiémélékro, une forte colonie de Dioula, "JLe..gJLoupé-6 daVl-6 30 à
40 c.a-6eJ.J", anime un "c.omme..JLc.e.. .:tJtè-6 aili6" entre Dimbokro, Agboville et Abidjan
(3). Ces populations soudanaises, formant des ilôts au milieu de la population
autochtone agni, le long du chemin de fer, à Anoumaba, Tiémélékro et dans les
grands centres de DjJnbokro et Bongouanou, contractent quelquefois mariage avec
des femmes agni. Liés désormais par des attaches familiales, ils se fixent
alors de façon définitive dans le pays (4).
D'autre part des Ashanti, des Fanti, orlglnaires de la Gold-Coast,
parcourent la forét du Moronou, riche en essences à latex, à la recherche du
caoutchouc. Ce sont les "Poy060uè" des rapports administratifs dont certains
éléments, fort actifs, s'étaient infiltrés jusque dans le Haut-Sassanc1ra.
( 1) A .t'époque.. pJLéc.o.tonia.te.., .ta u'beJtté et; .ta -6 éc.u!u'):é du c.omme..JLc.e. daVl-6 .te..
MoJLonou. n'étaA.e..YlÂ: pa-6 :toujOU!L6 bie..n a-6-6u.JLéeJ.Jo C6 • .te.. c.hap VII
c.oVl-6ac.JLé
au c.omme..JLc.e.. pJLéc.o.tonia.t et; aux -6.:tJtuc.:tu.JLeJ.J -6péc.i6iqueJ.J m-i.-6 eJ.J è.n p.tac.e.. pOUA
a-6-6 u.JLeJL Lo: pJLo:te..c.lio n du c.omme..JLc.e... Même.. au c.OU!L6 des pJLe..miè.JLeJ.J année.-6 de.
.ta c.o.tovti-6alion, .te.. daVLgeJL était è.VLC.OJLe.. pe..JLmane..YlÂ: -6U/l .teJ.J JLou.:teJ.J. Témoin
.t'a-6-6aMiVLat, e..n déc.embJLe.. 1910 d'u.n diou1.a, pJLè.-6 du
village.. de.. TanoMo,
-6u.JL .ta JLOu.:te.. Ic.MavaVLièJLe.."Bongouanou/VtmbolvLO, pM
"deux indigènes" qu.-i-
avaie..n:t "l'intention de dépouiller leur victime qu'ils croyaient porteur
dune forte somme". C6 ANCT 1EE 147 [2/3), Rap. po.td
me..n-6ue...t du pO-6:te.. de.
o
Bongouanou, janvie..JL 1911.
(2) ANCT 1EE 141 (2), n0187 AdmiVLi-6.:tJtatr_u.JL du N'û-Comoé à Ue.u.:te..nant-gou.Ve..JLvHW!l.o
1908 (-6aVl-6 p.tLiJ.> de. pJLéw-Lon de. date..)
(3) ANCT lEE 148 (2/6), Rap. -6u.JL.ta -6i:tualiOI1. poW,i-que. e.,t.teJ.J :tou.JLnéeJ.J e.66cc-
:tuéeJ.J dans .te.. pO-6':te. de. VimbolvLO, ju.-U.te.:t 1914.
( 4) ANC T 1QQ 98, E-6 qu.-t.o-6 e. -6 u.JL .ta -6dUaliOVL poUlique. e.: ê.eo nom-i-qu.e. riuN' z.i:-
Comoé.- umbolvLO, .te. 23 (WW 1921 0

759.
L'effectif des récolteurs de caoutchouc, originaires de la Gold-Coast, était
particulièrement impressionnant: 1 500 personnes au total, en 1912, dans
l'ensemble de la colonie ivoirienne.
Outre les Malinké et les sujets britanniques, d'autres peuples font
leur apparition dans le Moronou, pendant la colonisation, précisément à la
période de l'éclosion des grandes plantations de cacao et de café. Ils viennent
pour un but bien détenniné : louer leur service auprès des planteurs de la
région. Cette main-d'œuvre est d'autant plus appréciée que les surfaces
cultivées augmentent progJessivement d'une année à l'autre. Ce sont en général
les Baoulé, voisins immédiats, mais aussi plusieurs éléments des populations
de l'ouest ivoirien: Bété, Guro, Wobè et Gagu.
L'approche démographique de cette population d'irrtrnignmts, partiel-
le, ne couvre qu'une partie du Moronou, la subdivision de Bongouanou et seule-
ment l'extrême fin de la période étudiée, pour la,quelle
nous disposons de
documents chiffrés. En 1935, la majorité d'entre eux (45 %) est originaire du
pays baoulé, quelque 20 %du pays bété, 15 %du pays guro, 10 %de la région de
Man et 10 %du Soudan (1). En 1937, c'est-à-dire deux années plus tard, le
nombre d'immigrants fait plus que triplé dans la Subdivision de Bongouanou.
En effet de 1 000 individus, l'effectif passe à 3 199. La fin de la période de
crise, suivie d'un intérêt plus grand porté aux diverses cultures et aussi
de la reprise des affaires dans le Moronou, exerce, semble-t-il, une attraction
plus forte sur la population étrangère, fixée dans le pays. S'il ne nous est
pas possible de répartir géographiquement, dans la Subdivision de Bongouanou,
la population d'immigrants, du moins est-il à notre portée de procéder à sa
composition etllnique.
En 1937 ~ le groupe le plus important est touj ours formé par les
Baoulé avec 2 000 personnes, soit 62,5 %du total. Les 20 sujets britanniques,
originaires de la Gold-Coast (0,6 %) viennent loin derrière. Quant aux autres
(1) Population d'-imm-églLaYL-to de. fa Subd.-év-w-éon de. Bongouanou, c.f.Ct6-6é.e. pM
e;thn.-ée.6 :
Baoulé: 450 -énd.-év-édu!.J, Bé.:té : 200, wobè : 100, GLUw : 150, V-éoula
100.
C6. 1E3-IV-43/5 (3 3(4), Rappo~ po~que. du Ce.JL~fe. de. f'-éndén.-éé, a/-6
c.f.Ct6~e.me.n:t pM lLa~e.6 cie. fa popu.fCttiOVl lLe.~evl.~ée.. leJL ~eme.6:tJLe. 1935.

760.
immigrants, désignés sous la rubrique "CÜVeJL6", ils représentent 1 179 person-
nes (36,8 %~ De cette dernière catégorie d'irrnnigrants "CÜVeJL6", le pourcentage
le plus important est, à n'en pas douter, représenté par l'élément soudanais,
suivi des ressortissants de l'ouest ivoirien: Bété, Wobè, Guro et Gagu. Enfin
i l faut noter un faible contingent d'Européens: Français et assimilés, au
nombre de 12 (0,04 %) (1).
Que représente l'apport allogène dans la Subdivision-Est du Moronou ?
Par rapport aux "a.u.tOC.htOVle/.)" agni, le nombre des étrangers joue, apparemment,
un rôle modeste, avec 11,7 %des effectifs totaux en 1937. Et cependant la
différence est fort nette sur ce point avec les autres circonscriptions
administratives environnantes: Abengourou et Dimbokro. La proportion d'immi-
grants, selon les résultats statistiques du dénombrement de 1937-38, est de
7,5 %dans la Subdivision centrale d'Abengourou (2) et de 9,8 %dans l'ensem-
ble du Cercle d'Abengourou (3). La proportion d'étrangers est encore plus
faible dans le Cercle du N'zi-Comoé auquel est rattaché administrativement
l'ouest du Moronou. Elle est ici de 2 % (4). Le taux d'étrangers, calculé à
(1) Population d'irrnnigrants de la subdivision de Bongouanou, en 1937 :
Baou.té : 2 000 ; Gold-CoMt : 20 ; Eu/wpée.tU. : 12 [dont 9 FJtaVlç~ e.t
3 M.6-Ùnu'.é-6)
; V;'VeJL6
: 1 179
Céo 5V3-XIII-26-9/65-67 (172), al-6 popu.-
0
lat-<.oVl de. la SubCÜV;..o~OVl de. BOVlgoùaVlou 1937.
(2) POpu.tat-<.OVl de. la SubCÜV;..o;.OVl d'Abe.VlgoUflou :
11 AgM : 24 500
21 Vnnu.gJtavtM :

- Baou.lé
-
V~oula
~~~l Mil 2 000
- V;'veJL6
100ô}
Cé. ANCI V XIII-44-104!895-916 [121), Table.au de. la populat-<.oVl VlOVl e.U}Wpée.Vl-
Vle., 1938
["3) POpu.tat-<.OVl du Ce.Jtc.le. de. l' ;'VldéMé (Abe.ngoUflouJ
:
1) Ag M:
48 565
2) ;'mnu.gJtavtM : 5 294
cn. ANCI V XIII-44-1041895-916 (121), Table.au de. la pOpL~at-<.OVl VlOVl
e.UJtOpé.e.VlVle. de. la Côte. d'Ivo~e., 1938
(4) Popu.tat-i.oVl du Ce.Jtue. de. V;'mbolvw (N' z;'-Comoé) e.Vl 1938 :
AgM
: 12 124
Baou.té: 101664
-<-mnu.gJtavtM : 2 346
Cé. ANCI V XIII-44-1041895-916 (121), Table.aLL de. la POpu.tat-<.OVl VlOVl e.UJWpée.Vl-
Vle. de. la Côte. d'Ivo~e., 1938.

761.
la même date, sur l'ensemble du territoire ivoirien qui regroupai t une bonne
partie de la Haute-Volta, n'est que de 0,7 %, autrement dit encore plus bas (1).
Ainsi la Subdivision de Bongouanou se range-t-elle parmi les circonscriptions
administratives ivoiriennes où le taux cl'immigration, à la fin de notre période,
demeure à notre connaiss ance le plus fort. Aussi devons-nous conclure que
"-
l'incidence de l'irrrrnigration sur ledêveloppement de la population constitue un
facteur non négligeable.
0 0 0
III
L'EVOLlITION SOCIO-ECONCJUQUE AL' EP~UE COLONIALE
LE REFLUX DE LA
SOCIETE TAADITION1'JELLE
Les profondes tr ansforrnat i ons survenues dans l'économie du Moronou,
les mouvements migratoires qui en découlent, impliquent des modifications sen-
sibles de la structure économique de la population active. Les chiffres manquent
pour apprécier l'évolution des effectifs des catégories socio-économiques. Dans
le domaine agricole en particulier, l' on '\\~ e.l1.t" plus que l'on ne mesure le
développement des unités économiques, plus nombreuses et surtout plus étendues
qu'à l'époque précédente.
Pouvoir subvenir à la nOl~riture quotidienne des siens, mais aussi
posséder quelques pécules, afin de faire face aux nécessités présentes, pousse
chaque adulte à être propriétaire d'w1 bloc cultural (2). L'exploitation tend
-----_._---
(7)
Popu.ta.;t:.,lon de...ta Côte. d'Ivo,{)te., ex, 19.~R : 3 983 1t!9 (y c.ompw .ta Hau.te.-
Vo.t.ta.~C6. ANSOM, CaJt:ton 567, Rap. MU!. Re-. J.J-<--wa:t}.on poVJJ..qu.e. anviue.Ue. 1938.
Popufilion étltangèJte. e.n Côte.-d'Ivô,{/[e., e.J1
793li : 29 275. Ct. D-XIII-44~
704/895- 916 (7 7.1 J, Po pu..toJvi.o J1 VI.O ;1. e.WIO pé.eJlI1.e., 1938.
(2)
i.es cU66é!l.e.l1.tM é.c.h.e.UeJ.J de. .t' O!Lga~l;:llcu;.Oi1 du tltCtva.U.. MJI1t nette.me.nt dé6ùu.e.J.J
palt J.M.GASTHLU qu}. cL<~s,ungu.e. : .ta e:Ul.c.c}1.P. ; "portion de terre cultivée
par lm seul exploitant, d'un seul tenant et qui a été mise en culture en
totali té la même année. Elle porte sur toute son étendue une culture ou une
seule association de cultures".
Unc.p.f.civu:à..Üon : "Elle résulte de la juxtaposition de parcelles
rait.oyennes , mises en cul turc à des époques diffêr errtes et se trouvant à
divers stades de production. Elles relèvent des décisions d'un même indivi-
du, le planteur".
Ce dc.ltnù!Jl ;tVUlH:', (J).)t .6Yl1.OVltjme., d'apltè.J.J Gallte.f1.u, de. "bloc de culture",
tandM que .f.' e.xplte.J.J.ô.tOJ1. "expIo i tat i.on agricole" J.J' appüqLte.ltOl'1.-t il. p.tlLô,i.C.UJt.,J
"plantations" ou (6.f.ocJ.J c.uLtLv'!.alu), J.J,{;tllée.J.J Q..Vl c'J..vc.!tJ.J -ue.ux-clJ;to au J.Jun du
te.!l.!l.OA..!!. village.o.{J.l, e;t paltôo-iJ.J d:t1'lJ.J d' ClU..fJtiV> /1.ég.tG""s du payJ.J".
Co. J.M. GASTELLU, Une. c.c.0I10I11ù. du ;t/1.~.M/1 : .tell gMLVidl.l p-C.a~l;te.Ll!7.J.J
du Md!tovlou, ;tome. 2. L' (J!L9a,·u:..~a;tÙJl1. 2c.l)J'[0rr1A.QUe. 19Si, ORSTOM vsa: BaJ.>-6QIi1,
TH p. muJ'-:t}.gIt • (p. 29T:---
-

762.
ainsi à devenir individuelle. Il en résulte que la structure de production
ancienne fait les frais de cette transformation. La collaboration familiale
subsiste, mais elle ne suffit plus dans la majorité des cas. Afin de ren-
tabiliser l'exploitation individuelle, devenue chose courante~ on fait appel
à la main d'œuvre étrangère.
Par ailleurs font leur apparition, dans cette société ùu MOronou
en pleine mutation, de nouvelles catégories sociales : agents de commerce,
-
-
cadres subalternes de l'administration qui de près ou de loin s'intéressent au
fruit du travail du planteur morofwo.
A. - LA STRUCTURE DE PRODUCTION A L'EPOQUE DES CULTIJRES SPECU-
LATIVES ~ UNE STRUCI1JRE SUPERPOSEE.
L'agni n'est pas artisan; il est encore moins doué pour le
commerce qu'il n'a exercé qu'occasionnellement et par nécessité. Quant à
l'extraction aurifère, son activité principale à l'époque ancienne, fortement
concurrencée par l'agriculture spéculative, depuis l'introduction du cacao
et du café, elle a été progressivement abandonnée. Analyser la structure de
production à l'époque coloniale, c'est donc se fonder presqu'exclusivement
sur l'agriculture, devenue l'activité dominante dans le Moronou.
L'analyse des rares sources de l'histoire du Moronou précoloniale(l),
confrontée à la réalité socio-économique actuelle dont rendent compte
aujourd'hui les enquêtes de terrain et les études anthopologiques (2), pennet
de mesurer la profonde transformation subie par la structure de production,
depuis l'introduction des cultures pérennes de cacao et de café, à l'époque
coloniale. La taille des unités de production grandissant d'année en aftnée,
il a été nécessaire de compenser le faible nombre des aides familiaux par
(1) SWll'oJLgavUJ.J~o/1 du tJLavOvÜ!-, eo-6eVLtie1..tement de let pJLodu~tioVl au.tu6èJLe,
0/1 perd utilement ~oVlJ.lut:teJL aux M~hivu de la S6dem-[ a Abidjan, V.
BONNAULT,
L'oJL daVl-6 l(Jj petY-6 ag~ (Côtè":'d'Iv6Vte) 1934 ; Hube.JLt, RappolGt
-6Wl w'te m-w-6ioJ't è66e~tuée eVl mCviJ.>":'jLLbl 1914, 1914.
(2) Se JLébéJLe.JL a tOtt-6 leo é~/Liu de GMtûlu hWl le 1\\10JLol'tou, ~~té-6 en
bibuo gJLapll~ev

763.
une main-d'oeuvre étrangère~ d'autant plus nombreuse que les superficies
cultivées sont étendues. Ainsi la structure de production qui se reduisait,
à l'époque précédente, au chef d'exploitation, aux proches et assimilés (1),
bref à "fa c.e.ilu1.e. dome6Uque." (2), se double désormais d'une "c.e.Uu1.e.
étJr.angèJte." (3). D'où son aspect de structure superposée.
1. - LA CELLULE DE PRODUCTION DOMESTI QUE
Dans le Moronou précolonial, la production est collectivisée. Sur
le gisement aurifère découvert, travaillent les membres de la grande famille (4),
bien que le nombre de travailleurs exploitant un puits soit circonscrit à un
groupe relativement ré~uit, en général à la famille restreinte.
"A N' ganda KpU, mô Am.tan e;t Les au.tJr.M 0e.mme6 de. to n 9Jtand 1 pè!Le. (5 )
tJr.avail1.Mmt c.hac.une. ave.c. "leurs" w6aVlth aid.ou): d'un pLUt;.," (6).
La tradition y est explicite. Pouvait-il d'ailleurs en être
autrement, quand on sait que certains puits atteignaient 30 mètres de
profondeur (7) et que la présence de plusieurs dizaines d'ouvriers sur un
U) En généJtal fM Mc1.avM.
[2 ) e;t (3) e.x.pJte6~,ÙI'16 e.mpJtuntéM à J.Mo GASTELLU.
r4 ) LM Jtappo~. adnU:YlÂ.-6tJr.a;U6fJ de. fa pJtemtèJte. péJU.ode. cofovU.ct-te. me.VLtionne.nt
e.ncoJte. pf~-ie.u.M m-igJtat-io ~ -inte.JtnM de. 6a.m-me6 e.Vl.-Uè!LM, d'un pface.Jt
à un aiün«, Tf e.n 6ut MM-i de. Salé e.;t de. de.ux. de. J.>M 6JtèJtM, dM EMandané,
J.>'-inota.t.tcu1;t da~ fe..Ngatianu, pJtéwéme.nt à
KOljol1Lt. PM Mf.te.u.M
f 'adm-iYlÂ.-6tJwte.u.Jt Hube.Jtt éCJ1.,Û : "Généralement pour la recherche de I.' or,
les gens restent groupés par famille" Co HUBERT, RappoJtt J.>u.Jt une. ~.t-ion
e.60e.e.-tu.ée. e.n maM-ju.-ih 1914 ASOMT Ab-idjan.
(5)
Nanan A~(wJta EKANZA de. Bongouanou., J.>ucCe6J.>e.u.Jt de. Nanan Sangban à fa
"chaise" dM EJ.>J.>andané.
(6) VAMOA AMOANKON No~, notabfe. de. Bongouanou fe. 10 janv-ie.Jt 1980.
(7) "Certains puis creusés .suivant les méthodes du pays atteignent une
profondeur de 30 mètres" Co. ANCT 1QQ98, EJ.>qLUoJ.> e J.>u.Jt fa J.>~tuct-Uon
poL0t<..que. e.;t économ-ique. du N'û-Comoé V-imbofuto -te 23/4/1921.

764.
puits était nécessaire pour rentabiliser l'exploitation? A l'époque coloniale,
le développement d'ensemble de l'économie de plantation conduit à une vérita-
ble métamorphose. Chaque adulte dispose
sur le terroir 'villageois~ d'un bout
1
de terrain, planté la première année de cultures vivrières, puis la seconde
année de cultures pérennes : cacao ou café, suivant la nature du terrain.
Il se fait fort d'organiser personnellement le travail sur sa parcelle. La
gestion de celle-ci souffre rarement d'être sous la responsabilité de deux
individus, quand même ceux-ci seraient des frères, appartenant à la même
communauté de résidence 1 c'est-à-dire habitant la même "c.onc.06-6-ton" Cl).
Ainsi est-ce à juste titre que Gastellu a mis en avant "1:'.'{:ncü.v-t-
duCL€Mme.
éc.onomque." du Morofwo. En effet contrairement à beaucoup de peuples
d'Afrique où l'activité économique estêàiïêctivisée:, mieux où plusieurs mem-
bres de la famille se
mettent ensemble pour constituer une seule et même
exploitation agricole, ici au contraire l'unité d'exploitation est composée
exclusivement, comme à l'époque précoloniale, du chef de famille, de son ou
ses épouses et de leurs enfants. Parfois cette communauté s'enrichit momentanément
d'un neveu, "fte.je;té" par son père, ou d'une sœur ayant perdu son mari. Cette
aide providentielle est d'autant plus appréciée que l'on ne peut plus compter,
comme dans l'anc~en temps, sur la collaboration des esclaves, libérés par
l'Administration.
Est-il possible de se faire une idée de l'évolution des différentes
composantes de la cellule domestique de production dans le ~'10ronou ? La com-
paraison des dénombrements de 1926 et 1936 est à ce point de ,me fort
significative. Malheureusement elle se limite à l'ouest du }10ronou, au Canton
agni de la subdivision de Dirnbokro, le seul sur lequel nous disposons
d'éléments quantitatifs appropriés
-
Période
.HoJ1!111es, . -, Penmes
:,Enfant,s.
Total
":
.1926
) ,8)7
,. .3 74,3
, ,.2 0475
.9 .045
-
1936
.3 ,8?}
,.4 .-137..
, -,
,3, .944
l1 954
'Sources
D XIII-44-1ü4/895-916 (121), Etat comparatif des
dénombrements de 1926 et 1936.
(1) CCWté de. mcù60 l1J.> 0

765.
Une approche des unités de production et aussi de la taille de la
cellule domestique de production est réalisable à partir du mode de classement
retenu par les dénombrements successifs de 1926 et 1936. En supposant que
chaque homme adulte est à la tête d'une unité de production
on enregistre~
1
entre ces deux dates
non seulement une augmentation des unités de production
1
mais aussi des chefs d'exploitation: 2 827 en 1926 et 3 873 en 1936, soit
37 %. La main-d' œuvre féminine dont l'apport dans l' exploi tation des cultures
pérenne~!femeure appréciable (1), croît pendant la même période de 394 person-
nes, soit 10,5 %. Quant aux enfants qui contribuent, selon leur force, aux
travaux de culture, d'entretien et de récolte des plantations, leur nombre
croît de 59,3 %, soit une augmentation fort
importante de 1469 individus.
Comment évoluent ces différents groupes au seIn de la structure
de production familiale, pendant les dix aru1ées où il nous est donné de les
observer ?
. REPARTITION DES GROUPES AU SEIN DE LA STRUCl1JRE· DE PRODUCTION
DOMESTIQUE (EN %)
1926
1936
Chefs d'exploitation agricole
31 ,2
32,3
Fenunes • ~ ~? .'~. • •
41,3·
32,3
Enfants . . . . . . . . . . . . . . (,
.
27 ,3
32,9
De 1926 à 1936, le pourcentage des chefs d'exploitation agricole
passe de 31,2 %à 32,3 %, soit une augmentation supérieure à 1 %, signe de
l'intérêt accrû accordé au développement des cultures pérennes, pendant cette
période. Par contre le nombre de l'aide familiale d'origine féminine est en
recul; c'est l'exception relevée au niveau de tous les groupes sociaux,
[;) TouX e.n pJtod~ant leA c.LLUU/LeA viv/uè.tLeA, leA neJnm(?,j ont pOU/L tâc.he. pJtA..n-
c.ipat.e., .6U/L leA e.xploitatiol1.6 des C.uUUlLeA pé.tLe.nneA, de. Jtéc.oUe.Jt e.:t de.
Ual1.6 poue.Jt leA gJtaA..l1.6 de. c.a6 é e.:t .teA c.aboM eA de c.ac.ao. Sal1.6 identiQie.Jt
la Jte..tation c.onjugale. à un Jtappoti d' e.mp.toyeulL à employé, .t r homme.
c.he.6 d' e.x.plo~on te.nd à ~e.tL .ta 6emme. c.omme. maA..Vl.-d' œuvJte.
Une.
0
te..t.te. .6i:tuation eAt généJta:tftic.e de. multip.teA c.onn~ c.onjugaux. qui
abo~.6e.nt que..tque.6oi.6 au divotLc.e.. En e66e.:t qu'à .ta UCU4e., .t'époux.
ome.tie. de. tLé.muné.Jte.Jt ou tLemunè.tLe. mai
,)011 ê.pou/) 12., e.n l'Le. lui ptLoc.U!Lant pa.6
.te. I1OmbtLe. de. piè.c.eA de. pagneA néc.e,)MuAe..6, celle-u mcmineAte. Mn
méconte.lue.me.nt pM .t'abandol1 du 601)C/L conjugal. If.. M/LCU4 inté.tLeA.6ant
d' étudie.Jt le. nombJte. de. divotLceA qLLL, ,) e.mb.te-t-,u, cn.oi.t: pe.ndant noue.
pé./tiode. , e.n tLappou «vec r.e déve.loppcmelu de,) CULtCt/LeA pétLe.nneA.

766.
,symptôme de la mobilité des ferrrrnes, davantage attirées par les centres urbains
du sud de la colonie. Enfin, le nombre de la population enfantine est en
hausse. La participation de cette fraction de la population à l'exploitation
des cultures, bien que bénévole n'est pas moins permanente et d'un effet
manifeste sur l'extension des plantations. Néanmoins quelle que soit l'im-
portance de la taille de la structure de production familiale, celle-ci ne
peut faire face aux tâches de plus en plus étendues et multiples~ exigées
par les cultures de profit. Le recours à une main-d'oeuvre extérieure devient
indispensable.
2. LA CELLULE DE PRODUCTION ETRANGERE
Le Moronou, grâce aux bénéfices retirés de la vente des produits
".tU.c.he..6" r fait figure d'un eldorado et attire non seulement les vois ins
baoulé (1) mais aussi d'autres peuple\\~t:rangers : ivoiriens de l'ouest et
soudanais (2). La plupart s'engagent/ les exploitations du "Moronou, en tant
que manoeuvres et constituent ainsi la deuxième fraction de la structure de
production agricole.
En s'appuyant sur les résultats statistiques de l'époque, on note
d'abord l'apparition d'une diversité d'éléments étrangers, puis une poussée
brutale de leurs effectifs, au cours des dernières années de notre période.
En effet de 1 cx:K) à la fin du premier semestre 1935 (3) l' ffectif étranger
bondit à 3 199 en 1937 (4), au niveau de la seule subdivision de Bongouanou.
(1) Le.U!l pJL~ e.YLc.e. est: .6oul-igYLée. pM ma-tYLM JLappoJLt.6 admiVLL6tJurt.-<-n.6 de. ta
pé.tU.ode. 1920-1939, Sa..tve.JLte. MaJ1.J7U.e.JL éc..tU.t de. .60 YL c.ôté. : "Pour se procurer
plus rapidement là monnaie devenue nécessaire, les habitants d'un certain
nombre de villages (baoulé) ont commencé à émigrer vers le sui et le sud-
est, et à louer leurs services à des planteurs autochtones - Agni, ~tié,
Abè (contrat Abu Nzan ou au tiers"} Cn. Sa..tve.JLte. MMmie.JL, op. Ut.
p. 57.
( 2)
Le..6 maVl.oe.UViLe.,6
mOM-<-, d' OJL-<.g-<-Vl.e. voUa2que. YLe. nO nt te.U!l appaJ1.-.LtioYL daM
te. MoJLOVl.oU qu'apiLè.6 1939.
(3)
ANCI IV-43j5 (3 304), Rap. poL.<.;t. du Ce.JLû-e. de. t'IYLdéVl.-té, pOU!l te. 1e.JL
.6e.me...ot/Le. 1935 0
(4) ANCI 5 V3 - XIII-26-9j65-67 (172), Poputa.-U.OVl. Vl.OVl. e.U!lopée.YLYLe. de. ta
SubcLév-<-.o.éol1 de. BOYLgouavwu.

767.
Pour l'ensemble du Cercle de l' Lndénié auquel se trouve rattachée, au cour s
des dernières années de la période étudiée, la région Est du 14oronou, la
poussée étrangère n'est pas moins forte. Toujours d'après les résultats des
dénorrmrements de l'époque, les étrangers, de 5 294 en 193~ passent à 6 011
en 1939 (1). Au niveau du Cercle de Dirnbokro, englobant la partie ouest du
Moronou - le canton "agni" - l'effectif étranger fléchit exceptionnellement
de 1938 à 1939 ; de 2 346 (2 %de la population globale du Cercle), il tombe
à 1 776 (1,5 %) (2).
Comment se répartj~ cette population d'immigrants? Selon les
résultats des dénombrements des dernières années, la répartition géographique
des immigrants serait la suivante :
EVOLUTION DES IMMIG~~S POUR LA SUBDIVISION DE BONGOUANOU
LES CERCLES D'ABENGOUROU ET'IDE DIMBOKRO, DE 1935 A 1939 (en %-)
- ' - - - - - - - - - , - - - - - - - - - r - - ; - ' - - - - - - - - - - r - - - - - - - - - ,
:Subdivision
,Immigrants
'
Cercle
Cercle de
-. . " .;deBon&ouanou
.:~ .d 'Abengourou
.Dirnbokro ..
:1935 ".< .193}
. ,-'
1938.1939
1938 .
1939
/
Baoulé
45
62,5
52,8
38,2
/
/
Bété
20
1 ,8
0,8
/
Wobè
10
2
1 ,8
J#ula
10
3,7
3,3
79,1
81 ,6
Guro
15
10,5
8,8
Gold-Coast
-
0,6
2,2
18,4
0,4
0,5
Bobo
16,2
13 ,3
Lobi
3,7
Mossi
15, 1
13,3
9
3,9
Maures
0,2
0,8
Sénégalais
0,3
0,8
Divers
~ 36-8
'"
4 1
"
,"
'",
'.
",,,.~
'
'
'~,'"
,,',
"',
.... -,", '
"
1 - - - - - - --. , -4'-'-'~..;....;...j..:......c_"'-'-'-'-'-'-'--I----+_---....:.------'- - - - -
[ 1) ANCI V-XI T] -44-104/895-916 (J 21), Table.au Jtéc.apuuleLtt6 de. la populeLtton nOn
e.UltO pée.nne. pM Jtac.e.-6, pOUlt l' e.YLO e.mble. de. la c.oto vl.-ée. i» o.uu.e.nne.. V' apJtè.).) c.e;tte.
).)oU/tc.e., le.-6 5 294 ébwng eM Jte.pJté).) e.n-t.e.vl.:t e.n 1938, 9, S % de. la populeLtto n
totale. du Ce.Jtc.le., e.-6Umée. à 53 839 habitan.:t-6 e.-t .tc/) 6 011 immigJta~ de.
1939, 11 % de. la populc1.-Üon globale. du Ce.Jtc.f.e., c.I'L-é66!Lre. à 54 529 habitaVL-0),
(2) Ibid0m, op. c.i.:t.

768.
On note d'abord la diversité d'origines des immigrants. Quatre
reglOns ivoiriennes sont représentées dans la Subdivision de Bongouanou : les
régions baoulé, bété, guro et wobè. Les autres éléments étrangers proviennent
soit du Soudan français ou de la zone ivoirienne immédiatement limitrophe
(région d'Odienné (1), soit de la Gold-Coast. De tous ces étrangers à la
Subdivision de Bongouanou, l'élément dominant aussi bien en 1935 (45 %) qu'en
1937 (62,5 %) est leBaoul~, suivi du Beté (20 %}, du Guro (15 %) et du wobè
(10 %), mentionnés séparément par le dénombrement de 1935 et représentés
globalement en 1937 sous la rubrique "cüve/u". A cette date, apparaît dans les
statistiques de la Subdivision l'élément ashanti ou fanti, en provenance de la
Gold-Coast (0,6 %).
Au niveau du Cercle d'Abengourou où est
représenté un plus large
éventail d'immigrants, (2)domine aussi l'élément baouléJ,m€me
s'il fléchit de
52,8 %à 38,2 %entre 1938 et 1939. Il est suivi de loin par les immigrants
d'origine voltaïque: Bobo (16,2 %en 1938 et 13,3 % en 1939), Mossi (15,1 %en
1938 et 13,3 % en 1939) et Lobi (3,7% en 1938). Puis viennent les Dyula
(3,7 % en 1938 et 3,3 %) et les ressortissants de la région ouest de la Colonie
wobè (2 %en 1938
et 1,8 %en 1939) et Bété (1,8 % en 1938 et 0,8 % en 1939).
Fermant la liste déjà longue d'immigrants, les Sénégalais (0,3 % en 1938) et
les Maures (0,2 % en 1938) se signalent par la faiblesse numérique de leur
représentation. Une place spéciale doit être réservée ici aux éléments étrangers,
originaires de la Gold-Coast dont la prépondérance numérique, particulièrement
marquée en 1939, s'eÀ~lique à la fois par la proximité du voisinage et l'attrait
de la prospérité de l'Indénié.
Dans l'ensemble du Cercle de Dimbokro, seuls les effectifs "dyul..a"
Il
(79,1 % en 1938 et 81,6 % en 1939) et "Gofd-CoaJ.:d (0,4 % e..11 1938 e...:t 0,5 % e..Vl
1939)-
sont en hausse. L'effectif de tous les autres éléments étrangers accuse
une baisse: la population mossi chute de 9 % en 1938 à 3,9 % en 1939, tandis
que l'élément guro du Cercle décline de 10,5 % en 1938 à 8,8 % en 1939.
L'-évolution
originale de l'élément immigrant au niveau de ce Cercle s'explique.
(1) If..J.J sovu: dê.~~gVlé.~ ~c.J.... Mu..6 f' e..x]JJl.~~~~OI1 de.. "Dyul a",
(2) LM pau« ou. fM !Lég~oVl..6 de. .ta c.ofovu..e. !Le.]J!Lé.~ e.11..té.~ eX.. dMUVlc...te.Il1e.Vl..t dé.,~~gVlé.,~,
sont: au l1omb!Le.. de. di:«,

769.
Le commerce et les affaires extrêmement florissants, surtout au niveau du
centre de Dirnbokro, attirent les éléments commerçants et artisans, representés
par les dyula, les sénégalais et les sujets britanniques, originaires de la
Gold-Coast ; tandis que les autres éléments étrangers: Mossi; Guro et autres,
davantage orientés vers l'exploitation agricole, dirigent leurs pas vers les
zones de gl'osse production cacaoyère et caféière de Bongouanou et d'Abengourou.
Est-il possible de déterminer le pourcentage des travailleurs
agricoles à partir de la distribution des effectifs d'immigrants? En nous
référant à la répartition, selon le pays d'origine, des manoeuvres agricoles,
issue d'enquêtes récentes, menées sur le terrain (1), i l est possible de
distinguer, malgré les faibles 'indices obtenus des sources de l'époque, celles
des populations qui exercent, dès notre période, le métier de manoeuvres agri-
coles. En transposant à l'ensemble du Moronol} les chiffres de travailleurs
agricoles, obtenus à partir de nos sources, il résulte la liste suivante :
'<,
(1) EnquUe. me.née. dan/.) .te;., village;., d' AgboMou, A6~ou.moulvto e;t KouaM~fvLO,
"auprès de 281 chefs d' exploi t.at i on , employant 789 manoeuvres pennanents"
, Pày~ cl' oJUgine.
NorilbILe
Haut.e.~VoUa
673
Côt.e. d'Ivo-iAe
78
Mw
26
2
Non-!Lépon~M
70
Tot.a.t •
7&9
Cn. J.~·L GASTELLU, Une. éc.oI10tni.e du b1.é~OIl
op. c.ct • t . 2 p. 65.

770.
ORIGINE GEOGRAPHIQUE·· DES MANŒUVRES AGRICOLES DU MORONOU (%)
Total valeur
Baulé
Région
Soudanais
Bobo
Lobi
Mossi
absolue
%
Ouest C.I.
%
%
%
%
o .
ô
1935
1 000
45
45
10
1937
3 179
62,5
35,7
3,7
1939
5 937(1)
38,7
5,3
27,7
13,4
14,7
Sàtitces
ANCI IV.,.43/S (3 304), Rae. poLét. de l'Indénié, 1er trimestre 1935
ANCI 5 D3-XIII-26-9(65-67 (172), populat , non-européenne de la
Subdivision de Bongouanou 1'936-37
ANCI
D-XIII-44-104/895-916 (121), Tableau récapitulatif de la
population non européenne de la Côte-d'Ivoire 1936
A l'examen de ce tableau sur l'origine géographique des manoeuvres
agricoles, on relève entre autres que le courant d'immigration dont le Moronou
se trouve être le centre de gravité, intéresse aussi bien des régions voisines
oomme le Baoulé,l'ouestivoirien que des régions plus éloignées, situées au-
delà des limites du territoire ivoirien : Soudan français et Haute-Volta
actuelle. Enfin l'intensité de ces courants démographiques, qui correspondent
aussi à des facteurs économiques, est fonction de la distance séparant les lieux
d'origine du Moronou, considéré comme pôle d'attraction.
B. - LES TRANSFORMATIONS DE lA SOCIETE DU !'-'ÜRONU
L'APPARITION
DE NOUVELLES CATEGOFIES SOCIO-ECONalI~lES
En même temps que le ~1ol'onu accueille des effectifs d'immigrés de
plus en plus nombreux, s'opèrent au sein de la société de notre région des
transformations d'ordre qualitatif. En effet émergent et s'affirment progressi-
vement des commerçants de métier et des agents de l'amninistration coloniale
[1)
c.1U.6oJte. gfo bal. du bLavc~e.u!V~ CtgJL.cc.ofu 0 bt.e.vw..6 au vUve.au de. f' e.Vl.6 embfe.
du Ce.Jtc.fe. d'Abe.ngoU/tou. Co. ANCT O-XIIT-44-104!895-916 1121), Tabfe.au
Jtéc.apdufa..tio de. fa popu1.at.-con VlOV! e.uJtopée.nne. de. fa Côt.e. d' TvoÂ.JLe. 1936

771.
dont l'influence est de plus en plus prépondérante sur le monde rural tradi-
tionnel du Moron6~;. Mais la transformation la plus profonde c'est la mutation
dont est l'objet le noyau de population autochtone agni: Attaché )usque-là de
façon exclusive à l'extraction aurifère, ,aux activités de chasse, de cueil-
lette et à une agriculture de subsistance, l'Agni embrasse sans réserve,
après les réticences de la première période coloniale, les cultures de la
cola, du caoutchouc et des palmistes et à leur suite le cacao et le café.
Cette souplesse d'adaptation plutôt étonnante est à l'origine du
développement tout aussi frappant que connaissent, dans le Moronou, les cultures
de profit: cacao et café. Simple extracteur d'or et cultivateur occasionnel
à l'époque de la pénétration coloniale, le Morofwo devient un planteur
convaincu des cultures pérennes de cacao et de café,dans les dix dernières
années qui précèdent la deuxième guerre mOl1diale. Comment s'opère ce changement
structurel? C'est ce à quoi s'attachent en premier lieu les pages qui suivent.
1. - LES TRANSFORMATIONS DU MJNDE RURAL'
APPROPRIATION
DU SOL ET EXPLOIT~~S.
On assiste progressivement à un accroissement numérique du groupe
des planteurs, à partir de la deuxième décennie de colonisation, à un renfor-
cement de ses assises foncières par l'appropriation du sol, notion inconnue
jusque-là. Tout ceci provoque des modifications au sein de la structure
sociale, apparemment homogène à l'époque précédente.
a) - S6ùrces et méthode
Du niveau régjonal, il convient de descendre au niveau cantonal,
afin d'analyser avec plus de finesse les changements survenus dans le monde
rural. Ils n'ont pas les mêmes car actères ni les mêmes rythmes. D'autre part
les documents cadastraux ne sont pas universellement présents. Même quand ils
existeraient partout, i l n'eût été guère possible de suivre/au travers de
plusieurs dénombrements, les transformations au sein de tous les cantons de
notre région. Aussi avons-nous pris le parti de fonder cette étude sur les
cinq gros villages du canton assiè (1). En effet ce canton a l'avantage de
( 1) Ce..60vU:
AM~è-Kltm(l.!.J~, AM~è-A.6.6Cl.!.J.60,
AM,i..r-Koyèlu1..O, k~.6,i..è-MéafvLO,
M.6,i..è-
Kolw!l..ê. •

772.
bénéficier d'un cadastre foncier (1) et, qui plus est, il por ue mention de s
premiei'est:lxploi tationa de culcur-es pérennes.
b)L'évolutioridés pàrcéll'és 'dé'cacào'étde'càfé
Un relevé, systématique' de 't ou t e s les parcelles
de cacao et de café~ créées au niveau du canton, entre 1914 et 1939,
pel~et d'obtenir le chiffre total de 460 parcelles. Leur distribution selon
la taille en hectares et par tranches d'année de création, est fort sugges-
tive.
CantonAss i
DISTRIBUTION DES PARCELLES DE CACAO ET DE CAFE SELON
è
:
LEUR TAILLE EN HECTARES 1914-1939
-,
' , '
' , " ,
.
' , ' , "
" . ' , '

' , '
'<,
-,
. •
,
-
/ .Pêriodes <,
0 "':' ,0,95;) ha
"':'
"':'
+
/ '
"
. /. J
4 ~99,ha
5
.19,99.h~.
, -, 2,0 ha
"
1-
/
1914-191 9
1
1
.'
1
-
-,
.
"
"
"
"
-,
"
. / ' ,
'
-,
,
/
,
.- 1920 - 192c
-
3
-
-
«>.
".
',,'
v
.
/
/
/1926,"':' 19,31
/
,
'<, '.
,1.0 : -, , .
.',
57
\\ .
lO
) -,
.'
/
, 1932-1939
.72
234
68
2
• ,/1
/
Total
83
.-
295
79
3
1
Source
Sous-direction régionale agricole de Bongouanou
Cadastre
des villages assiè 1952-1956
A l'examen du tableau, le démarrage des cultures du cacao et du
café paraît bien lent. Au cours de la première période de cinq ans (1914-1919),
trois parcelles seulement ont été créées: une de très petite dimension
(moins de 1 hectare), une seconde de petite dimension (1-5 ha) et une troi-
sième de moyenne dimension (5-20 ha). Aucune parcelle de taille supérieure à
20 hectares n'est enregistrée, pendant ces cinq premières années. La seconde
(1) I.e. a été dJt.eJ.l-6 é Jtéc.emme.nt e.n 1952- 56.

77j.
période de cinq ans (1920-1925) semble être une période de Jlottement ~ seules
deux parcelles de petite taille (1 - 5 ha) sont créées. Le lancement réel des
plantations dans le Canton Assiè n'est à situer qu'au cours des années
1926-1931
10 exploitations de très petite taille (~oins de 1 hectare) y
font leur apparition contre 57 de petite taille (1 - 5 ha) et 10 de taille
moyenne (5 - 20 ha-Jet 1 grande exploitation
(plus de 20 ha). 1932-39 repré~
sente la période du grand boom des cultures pérennes : 72 exploitations de
très petite taille? 234 petites exploitations? 68 exploitations moyennes et
2 grandes exploitations •
• - 1YPOLOGIE ET EVOLUTION DES PLANTEURS
L'approche typologique des planteurs de notre échantillon est aUSSI
réalisable à partir des cadastres? dans la mesure où ces derniers fournissent
des listes nominatives. En s'inspirant de la classification préconisée dans
les études récentes, réalisées tantôt sur le Ghana? tantôt sur la Côte-d'Ivoi~
re (1)? nous obtenons la liste des catégories de planteurs suivante:
(1) (On peui: WeJt poUlt t.e. Gnana : p. HI LL, TIie.Gà'fd 'Coa:!.J::t· C:oè.oa '6Mmvw, London
1956 0 0 •• e;t paJ1..tic.ulièJte.me.nt fa c.ommuMc.cUion du même. out.eu». : ~oua1. 6ac.tOM
~n Coc:oa 6aJt~ng, ~n~g~è.uttUlte.and fand ~e. ~n Ghana, é~é paJt B. WILLS,
London, 1962 pp. 278-285. Vo~ a~~~ Re.pubuc. 06 Ghana;'Ce.ntAaf 'BUJi'e.alio6
S:ta;tj./.d;'~ 1977~Eè.àliàriU.è.~Wi_~ve.1J 1972-1974, Ac.c.Jta, 172 p.
J.M. GASTELLU,
LM pla!Ua;ÛàVL~de.·Ca.è.a.oaliGha.na. (JtappoJd de. m~~~on) ORSTOM Ab~djan 1980,
mULtZgJt. 66 p. (p. 54-56)
.
POUlt fa Côte.-d'Ivo~e., wo~ e.ntJte. autJt~ : République. de. Côte. drlvo~e.
MA..~tèJte. de. f' Ag~c.uttuJte., Re.c.e.viJ.J e.me.nt vw;uonaf de. f' ag~c.uttliJte., tome. 3 :
fxpfo~on~ a9~è.of~tJtadLtiànnett~. Abidjan 1916, mutl1gJt.

774 •
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Catégories de
Nombre de
Ç.
planteurs
planteurs
0
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-
Très petits plan-
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teurs (moins de
2.1
6,3
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Petis planteurs
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Planteurs moyens
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110
33, 2
5 ha - 20 ha
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Grands planteurs
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17
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Très grands plan-
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"
RemarquOns
la diversité de situations des planteurs. wle place de
choix doit être faite aux petits planteurs qui représentent plus de la moitié
de la totalité des planteurs, (181, planteurs, soit 54,6 %). Ils sont talonnés
par les planteurs moyens (110, soit 33~2 %), suivis de loin par la catégorie
des très petits planteurs au nombre de 21, soit 6,3 %. Le trait le plus
frappant c'est l'émergence de la "c1.M-6e." des grands planteurs (17, soit 5,1 %)
et aussi de la couche de très grands planteurs, même si ces derniers ne
constituent qu'un nombre encore restreint: 2 planteurs, soit 0,6 %.
Quelle a été l'évolution entre 1919 et 1939 du secteur agricole ?
1919
1925
1931
1939
Très petits planteurs
4
17
Pet i ts planteurs
1
3
32
145
Planteurs moyens
2
18
90
Grands planteurs
2
15
Très grands planteurs
Î
'-

775.
L'ensemble de toutes les catégories de planteurs est en progression
ininterrompue entre 1919, la fin de la première période? choisie pour marquer
le début des cultures de cacao et de café et 1939, la fin de notre période.
Cependant il est à noter l'inconsistance du groupe des planteurs? au cours des
dix premières années de l'introduction des cultures pérennes. Jusqu'en 1919,
seuls trois habitants du Canton embrassent les cultures nouve±les ; en 1925~
trois autres planteurs emboîtent le pas aux initiateurs? encouragés probable~
ment par les prix rémunérateurs pratiqués sur le cacao et le café (1). Les
chutes successives de prix,
enregistrées par le cacao et le café,n'ont aucun
effet annihilant sur le gonflement des effectifs. Les planteurs de toutes les
catégories, pendant les huit dernières années, témoignent d'un robuste dyna-
misme. Il convient cependant de distinguer les différentes situations. L'aug-
mentation des effectifs est plus sensible chez les grands planteurs (650 %)
que chez les planteurs moyens (400 %). Ce dernier groupe s'étoffe à son tour
de 'façon plus importante que la couche des petits planteurs C553 %J qui
l'emporte à son tour sur la catégorie des très petits planteurs (325 %) (2).
Ainsi au seIn de la classe des propriétaires agricoles? s'ébauche
à la fin de notre période, au contraire de l'homogénéité de la société ancienne?
une stratification sociale de plus en plus complexe.
2. - L'APPARITION DANS LE MORONOUDE NOlNELLES CATEGORIES
SOCIALES
Parmi les autres catégories sociales ne tirant pas directement leurs
ressources de la terre~ nous noterons l'émergence des comnerçants et des
artisans. Il ne s'agit pas ici du secteur traditionnel préexistant du
commerce et de l'artisanat, mais des animateurs des courants d'échanges nés
avec la colonisation et crées par les besoins nouveaux. Quelles sont les
grandes étapes du commerce d'origine européenne? Après les avoir brièvement
(1) Le. pJUx du woglLamme. de. c.acao au pILoduue.utL, .:ttLè!.l hatLt, e.J.Jt e.nc.olLe. de.
4 F e.n 1928. Quant au c.a6é, i l ~'ac.hète. à 3,81 F le. woglLamme. e.n 1930,
avant d'at;tunMe. l'une. de. ~e.J.J po-tvU:e.J.J - 5,02 F le. Kg - e.n 1933.
(2) % c.alc.ulé erdn»: le. nombILe. ab~ olu de. 1931 e.t 1939 de. tou,te.J.J le.J.J c.atégoJUe.J.J
d e plal'1.;te.U!L~.

776.
d~crites, nous évoquerons quelques unes des structures similaires ou dérivées
qui font aussi leur apparition dans la société du Maronou.
Le Moronou, jusqu'à la deuxième dé\\;ennie du
siècle, demeure pour
ainsi dire fermé au commerce européen. Certes
les articles industriels~ impor~
tés d'Europe et transitant par la Basse Côte, y font déjà leur apparition,
sous la forme d'armes à feu, de cotonnades et d'alcools frelatés. Mieux, à la
veille de la pénétration française, les commerçants fanti et appol.oni.en
ainsi que les colporteurs soudanais fréquentent les villages de la région
mais il faudra attendre l'année 1913 pour que la première maison d'origine
européenne, la maison Bailly s'installe à Bongouanou. Quelques années aupara-
vant, les commerçants européens avaient afflué en masse à Tiassalé et surtout
à Dimbokro avec l'arrivée du rail. Ils guettaient à la frontière du Moronou,
prêts à y faire leur entrée dans le sillage des militaires et des administra-
teurs.
En 1927, quelque quatorze ans plus tard, on dénombre dans la seule
subdivision de Bongouanou une centaine d'implantations de boutiques, autant
dire cent boutiquiers. Sur ce nombre, seuls "qUa7Jte. v.-lng-t ;tJ1.O--l.6 pa.-le.n-t ptu.en-
-te." (1), les autres échappant au fisc. Ces boutiques sont implantées
essentiellement à Bongouanou, comptant à cette date treize maisons de commerce
et dans onze autres
centres du Moronou (2). Quelques années plus tard, sous
l'effet de la crise, certaines d'entre elles disparaissent; elles ne sont
plus que 78 au début de l'année 1929. Malgré ce passage à vide et les tracas-
series administratives (3), les maisons de commerce réapparaissellt en force
en 1936. Cette année-là, le commerce atteint le chiffre record de 93 bouti-
ques (4), payant patente.
(1) ANCT 1 R Il-TV-39-162 (3442), w-te. du op~Jta-ttOV1J.l c.omme.Jtualu de. la
Subd.-lv.-lJ.l.-lon de. Bongouanou,
1927.
( 2) FJtono bo (5 boutiquu) , BJtou-Af'paOM.6 ou (6 boc~"ttqu.e..o), Bamabo (1), Boad.-lfuto
(1), N'zu.~fwfwJte. (1), KJt~gb~ (11), Andé (10), Abol1goua (10), AJtJtah (9),
Ko-to b.-l (1 4 ) c
[3) Ve.ux aJtJtê;t~.6 .6uc.c.e..o.6.-ln.6 du gouve.Jtne.me.VL-t loc.CLf f..,i.mLfe.11.t e.n 1931 et: 1935 le..o
c.e.VL-tJte..o d' acivu: de..o pJtodcu-t!.:J du c.Jtlt.
(4) ANCT 1 QI V-11-267 (5004), Fi.c.hu de.Jte.f'lJ.:,U9Vle.mCYlt/~ c.omrne.Jte..-taltX de. la
Subd.-lvù.-lon de. BOl1goUaf'lOlC,
1936.

777.
Leh effectifs du commerce européen ont dO prendre encore plus
d'ampleur, au cours des deux dernières années de la période étudiée, si l'on
en croit les échos obtenus des deux dernières traites de 1938 et 1939, qui
furent
particulièrement prospères pour le commerce. Celui-ci n'a pas hésité
à l'occasion à accroître ses effectifs, afin de faire face à ce" boom"nouveau,
immédiatement postérieur à la crise passagère de 1937. Selon l'administrateur
du Cercle de Dimbokro qui témoigne à la fois de ce qui se passe à Dimbokro et
à Bongouanou, la traite de 1;938 fu't marquée dans ces deux centres par une telle
apothéose que pour mieux l'affronter, certains commerçants locaux durent
conclure, sur le dos du producteur, des "M.60uatiOYl/.>", tandis que d'autres
démissionnaient des grandes maisons de commerce, "poWt .6' é.ta..bfu à le.Wt
c.ompte.", bref que le commerce engagea la bataille "à e.66 e.c.:ti..6 dou.blé. pail JWp-
poJtt e.n. 1937" (1).
Poursuivons cette analyse des structures commerciales en abordant
l'évolution du commerce de détail au niveau des villages, tenu par ceux qui
dans le pays sont désignés du nom de "dyu.la" : souianais, sénégalais, maures
et autres peuples portant boubou et n'ayant en commun que leur foi en l'islam
et la profession commerciale. Dans quelle mesure ce petit commerce, dont la
survie est en étroite dépendance avec la présence dans la colonie des articles
manufacturés, dispensés principalement par les boutiques des gros centres,
a-t-il progressé? Aujourd'hui, l'omniprésence des descendants des premiers
"dyu.la", dans le secteur du petit commerce, est indéniable. Serait-ce la
preuve que, dès notre époque, celui-ci était déjà dominé par les soudanais,
les sénégalais et les maures dont portent témoignage nos sources ? Malheureu-
sement ils n'ont laissé à travers ces dernières que des traces fugaces. Aussi
sommes-nous loin de pouvoir rendre compte avec précision du nombre exact de
ceux parmi eux qui, à l'époque, embrassèrent la carrière de marchand. Pouvons-
nous tout au plus restituer, en nous fondant sur les dénombrements de l'épo-
que, qu'en 1935 vivaient, dans la Subdivision de Bongouanou, 100 dyula
(2) ~
que trois années plus tard e11 1938, étaient dénombrés au niveau du Cercle de
Dimbokro 1856 dyula et 19 maures (3). Mais sur ces chiffres combien pouvait-on
(1) ANCI 1 Q2 - IV-15-120 (3743), Rappo!Lt.6Wt la .6;';ttWUOVl c.ommeJLua1e. du
N'û-Comoé., poWt le. 2e. .6e.mehtfte. 1939
(2) ANCI IV-43j5 (3 304), RappoJtt poütiqu.e. dtt CeJLûe. de. i' IJ1.dé.nD?, pOUfL le.
1eJL .6 e.me..6 oie. 1935
(3) ANCI
V-XIII-44-104j895-916 (121), Table.au de. ta pop[Lf~ÛOVl 11011. e.ttJtOpé.e.VlVle.
de. ta Côte. d' l vo.ov«, 193 g .

778.
compter effectivement de marchands ?
b. - L'apparition dénouvéllesstructurés artisanales
L'examen du secteur artisanal n'est pas moins instructif dans la
mesure où il enregistre l'apparition de nouvelles structures. Les maçons, les
charpentiers et les menuisiers constituent, parmi les services, les groupes
les plus conséquents. Ils sont représentés par quelques soudanais, guinéens et
surtout par des sujets britanniques, originaires de la Gold-Coast. Le
dénombrement de 1937 signale la présence d'une vingtaine de ces derniers dans
le Moronou (1). Parmi les facteurs explicatifs de leur affluence dans notre
région, mentionnons la traite particulièrement prospère de l'année 1938 (2)
qui suscite l'ouverture de plusieurs chantiers de construction dans des centres
corrnne Dimbokro (3) et Bongouanou, où l'on découvre "f 1 ~fUu6 6-wanc.e. de.
maçofU, de. me.n(l.Â..-6~eM e..:t C.hMpe.n.t{.eM" (4)
La faiblesse du changement dans la mode et l'usage vestimentaires
ne doit pas faire illusion sur la présence tout aussi active des tailleurs, des
couturières et des coordonniers. Non seulement ils se manifestent dans le
Moronou, mais ils parviennent à progresser. Ainsi petit à petit, le Morofwo
se familiarise avec le prêt à porter, les babouches et autres chaussures.
Témoin "f' aLLgme.ntaUol1 deo ac.hm ~ncü..gè-neo e.n matiè-JLe. de. vue.me.YL-t6 e.t de.
c.halM~Meo" (S), enregistrée en 1939 par Harambat, le gérant de la firme Batta,
qui "6ad deo mo-w de. 15 à 18 000 6JLan~ de. ve.n;teo" (6).
(T}AiR~l-Ç fr:r...Xltl:.·..26:c.;l6~5-67 (172), PcpuJ'crJ'<'ün ViOIl e.E/:Oeé.e.nnv. deo Subcü..v.-i..-~iofU
d'Abe.ngouAou e..:t Bongouanou, 1937.
(2) Le. Ce.V1.tJi..f'_ de. VimbolvLO JLéa1-L6e. e.n 1938 "un chiffre d'affaires supcr i.eur à
trente milli.ons" de. 6Jtanc..ô pan. fa M.ufe, \\JeJ1:te. dLL CC{c.c((J. C6.
ANCT 1Q2-IV-15-120 (3 743), Rap. ~UA fa ~ilua;t.ù!Vl. c.ommehc.ùur. du. N'û-Comoê,
2e. M,me.,~tJLe. 7939.
(3) "L'indigène, surpris par tant d'argent inespéré, avait dépensé, qui pour
boire, qui pour faire des maisons et acheter de:; camions". Cf. Ibid. op.
c i t .
(4) ANCT 7Q2- TV-15-120 (.'3 743), Rap. ~LU1. ft;. ~.{;t(.La.tlon c.omme/l.c.~af..e. du N' û-Comoé,
pouJL t:e 22. .s e.me.6;ljcQ. 7939.
, r)
\\7
e.t (6) Tb~d~, op. cil.

779.
Nous pouvons conclure sur le grand intérêt que présente l'analyse
de l'évolution de l'artisanat, fidèle reflet des mutations d'un monde rural
qui s'intègre peu à peu dans un type nouveau cle rapports économiques et s'ouvre
aux habitudes et aux mentalités occidentales. Parallèlement les structures
t.rad.it.i.onne l l.es craquent et la brousse du Moronou subit l'influence du modèle
de la ville coloniale. A la fin de notre période, bien que le phénomène soit
encore peu perceptible, on note cependant SUT le plan de la vie matérielle en
particulier un rapprochement des cornporten~nts des masses rurales du Moronou
et des artisans ou des ouvriers venus de la ville, auquel contribue puissamment
la mobilité géographique. Ce phénomène est particulièrement sensible à prox~ité
des centres administratifs de Dirrbokro, Bongouanou ou encore des gares ferro-
viaires d'Anournaba et de Tiémélékro, lieux de brassa.ge de population plus
intense.
Ainsi appar aï't un décalage entre les petits centres "WtbcUVlI.l"
duMOronou, foyer de diffusion de comportements nouveaux et le pays profond.
Mais pour combien de temps ? Une chose est certaine : les transformations au
sein de la société rurale traditionnelle sont manifestes au tenue de la crise
de .1929-33, au tloment où est injectée dans le Moronou Wle masse monétaire
importante, consécutive aQX prix relativement hauts, pratiqués sur le cacao,
ie café et les autres produits de vente.

780.
CHA P. l T R E
XVII
LES CONDITIONS
D'EXISTEl\\CE DU
MORoFWO
Le Morofwo de l'époque précoloniale ne pouvait somme toute attendre
beaucoup de l'existence et devait subir fréquemment la dureté des conditions
matérielles: famines et disettes, épidémies diverses ••• Grâce essentiellement
au développement des cultures industrielles, la population voit progressivement
se transformer son mode d'existence. La diffusion des cultures pérennes change
les rapports de l'homme avec le sol et l'acquisition d'Un certain capital moné-
taire, par l'intermédiaire des nouvelles cultures, modifie profondément les
relations des hommes entre eux, non seulement au niveau du lignage, mais aussi
au niveau du village.
Cependant si de nouvelles perspectives s'ouvrent à lui, avec
l'avènement de la colonisation ce n'est pas sans contrepartie, celle-ci
l'introduit dans un nouveau système plut6t contraignant, fait de prestations
et de contributions de toutes sortes. Peut-il néanmoins espérer un avenir
meilleur?
l
LA DENSITE
DU
tRAVAIL
Les Agni du Moronou, comme tous les ivoiriens SOumIS au régime
colonial de l'époque, ont bénéficié des avantages sociaux et matériels, créBs
par le système. Mais on peut se demander si le colonisé moronvo n'a pas payé
chèrement les divers avantages dont il eut à j oui'r , en se pliant désormais à
un travail pénible, constant et aux autres obligations qui lui furent unposées
à son corps défendant, dans le cadre du système colonial. La question mérite
d'être examinée, tant il était constamment occupé, soit dans les champs vi-
vriers et de cultures pérennes, soit en tant que manœuvre administratif ou
contractuel, engagé temporairement sur les chantiers publics ou privés de la
colonie.

781.
, ,
A. - LE TRAVAIL AGRICOLE QUOTIDIEN ET ANNUEL
SA
CONSTANCE, SA REGULARITE ET SA DURETE
Deux cas se présentent : ou le Morofwo est ouvrier
agricole au service d'un patron, ou il est lui-même propriétaire
et responsable de sa p~opre exploitation. Dans le premier exemple
où l'ouvrier agricole se trouve lié par un contrat,
il est soumis
à une durée jou~nalièTe de labeur, prévue par la législation
coloniale du travail. Celle-ci a varié au cours de la période
étudiée. :Pixé à 10 h en y incluant la durée du traj et aller et
retour, au cours des premières années de la colonisation, le temps
règlementaire du travail est réduit à 9 heures en 1938
(1). En
fai t,
le travail a été "me.né de. tout te,mp-6 de. 6 h 30 à 12 h ave.c.
une. de.m-t-he.uJte. d'aJtJtê.t à B h ; e.t. de. 14 h à 17 h 30"
(2), soit
9 heures de travail effectif. Pour apprécier, comme il se doit,
l'aspect pénible du labeur soutenu auquel est astreint l'ouvrier
ag ricole,
il faut prendre en compte non seulement la durée
mais
aussi le moment de la journée. Travailler smus
les tropiques,
au
lever du jour, quand la température es; relativement fraîche,
est
beaucoup moins pénible et n'a pas la même signification pour
l'ouvrier qui peine aux heures chaudes de la journée. Même le
rendement du travail en pâtit. D'avoir imposé à l'ouvrier agricole
la reprise du travail de 14 heures, en pleine canicule, fut une
erreur monumentale autant qu'une mesure inhumaine,"c.ontJta-tJte. aux
hab-ttude.-6 du tJtavaLtle.uJt no-tJt"
(3).
(1)
ANS
2 G 38-34,
Rap.
annue.l du Se.Jtvic.e. agJt-tc.ole. de. Côte. d' IvoiJte.
Anne.xe. 3 : AJtJt~té loc.al du 14 nove.mbJte. 1938.
r 2)
ANS 2 G 36-32,
Rap.
annue.l -6UJt la main-d' œuvJte.
de. Côte.-
d ' Iv 0 iJt e.,
193 6 •
(3)
ANS 2 G 36-32,
op.
c.Lt.,

782.
La plus tardive des sources à notre disposition, dans laquelle la
durée du travail est envisagée, est la lettre du gouverneur Crocicchia/au prési-
dent de la Chambre de Commerce ,de Côte-d'Ivoire, datée du 11 juin 1940. Dans
ce document, le premier laisse entendre au second "qu'il va inc.eA-6ammeYLt poJtteJ[.
la dU!1.é.e quoticüen.ne du tJtava,(.Y_ à 10 Il'', comme par le passé et "Mt/LundJte. à
tJtavaillVL, le cümanc.he matin", aussi bien les employés à solde mensuelle que
les journaliers (1). L'application d'une telle mesure pour le moins maladroite
aura des conséquences sociales extrêmement graves. Elle suscitera entre autres
de vives protestations, auprès des corrnnunautés chrétiennes villageoises, privées
du repos dominical, soutenues dans leurs revendications par les pères de la
mission catholique (2). Cette mesure sera rapportée en 1941, sous la pression
de l'opinion générale. n n'empêche que le travailleur contractuel des exploi-
tations agricoles privées aura eu à souffrir énonnément de eette loi scélérate,
avant sa suppression définitive.
QU'en est-il de l'emploi de temps du planteur villageois, cultivant
son bien avec l'aide des membres de sa famille ou d'ur, nombre limité de manoeuvres?
n est difficile d'évaluer ici la durée réelle de la journée du propriétaire ex-
ploitant, le cas le plus généralisé dans le Moronou. En effet celui-ci doit
accomplir chaque jour, selon
la saison, des tâches déterminées; leur réalisa-
tion varie selon le rythme de travail propre à chaque individu, autrement dit
selon qu'il est lent ou rapide, suivant aussj la fr'équenee et les temps d'arrêt,
consacrés aux fu~érailles,.aux prestations diverses requises par les travaux
d'intérêt COTIm1W1 : l'érection des routes de la Subdivision, nettoyage des pistes
villageoises et autTes ..• Quoi qu'il en soit, la journée de travail de
l'exploitant agricole est fort longue. Levé au petit jour, i l accomplit souvent
une ou deux heures de marche (3), avant d'être rendu à la plantation. n s' accor-
de alors quelque moment de répit, le temps de faire le tour de la parcelle
vivrière, afin d'inspecter les pièges posés la veille, puis il entame e.ffecti-
vement le labeur du jour : débrousaillement, nettoyage de la caféière,
LT) A(;CIT, vi" Tr~r o. T aLL gouvvu1eu.Jt de ta Côte. d' Ivo.oi« Ctwuc.c.Yt_ta aLL pJté.-6i-
dent de la ChambJi..ede COmtnVLc.e. de Côte.-d'Ivo,i./r..e. Abidjan. le Il juin 19~1-Ùu
(2 J Té.moignage. /Lec.uej;tU aLLP/Lè.-6 d' LUl g/Loupe de c.hJtétie.V1J.J de. la pMoiMe. de.
Bongouanou. Bongouanou. le. 28/12/1979
(3) "La marche à pied est le moyen le plus utilisé par les planteurs pour se
rendre
aux: champs: les 2/3 pour les agni, les 4/5 pour les autres, ce
qui implique chaque jour un gTand nomhre d'heures perdues par la COlflmunau-
té de Bongouanou"
E.:tLLdè dèGéc' /l.à./jl1ie. -6 UJi.. frU 0;UrU rnjiLèY1.nc)) de. Cé!tè':'d.l l VO-0'Le- :te C.cvs de-
B""dvtgouavlO u ~b;"djan J 98() pp, 3<5. 45 Tp. -ïfTf . - - - - - - - -

78j.
cueillette des cabosses de cacao ••• tout dépend de ce qui est prévu au menu
du jour. Le milieu de la journée est marqué par un temps d'arrêt; il prend
alors son repas, frugal, composé seulement de quelques tranches d'ignames ou
de banane plantain, cuites à labraise, ou bouillie.s à l'eau. Après ~ette pause,
rarement prolongée d'une sieste, comme on aurait tendance à le croire? il se
remet au travail. Aux environs de 16 h, il s'arrête, jette un dernier coup
d' œil aux pièges posés le matin, inspecte le travail accompli par ses aides et
reprend le chemin du village, à moins qu'il ne décide de passer la nuit au
campement, quand il en existe Wl sur l'exploitation, comme c'est le plus
souvent le cas.
Quant au calendrier agricole annuel, il est presque inmuab le , quand
il n'est pas perturbé par les réquisitions administratives (1) : défrichement
et apprêt du terrain destiné à recevoir les cultures vivrières, traite du cacao,
de novembre à fé\\~ier ; butage des ignames, récolte intermédiaire du cacao, du
café, de mars à juin; récolte des nouvelles ignames, déhroussaillement des
différentes surfaces de cultures et récolte du cacao, de juillet à novembre.
Ainsi se boucle le cycle annuel des travaux agricoles, besogne déjà harassante
à elle seule, qui ne représente malheureusement qu'une partie des peines du
colonisé morofwo.
B . - I.E 1RI\\.VPJL PRESTATAIRE
Le "magIUO-tque. C/.J/.)OtL" des cultures de cacao et de café dans les
limites du Moronou, jouant en quelque sorte le rôle de "c.ow.:eAù.V7c" (2), préserve
notre région du r ecrutement de main d' œuvre excrb i tant dont sont vict imes les
(1) Ce-tte..6-U pe.uve.nt te.iUJr.. le. plan;te.u/t é.to,cgv:.é de. /.)ov:. explolia.UOVL pOM plM-te.U!L6
M.ma.rlVL~~ 1 vo,c!le. dPA moù, /.) u.tLtout lOM que. c. c de.tLVIJ..e.tL, pe.t-tt e.xplorétaVLt VLe.
pe.ut j I.t6U6-te.tL d' U.VL m,zJu.mum de. "2 hectares de café iers et de 3 hectares de
cacaoyers en 'rappor t " 0 EI1C.OtLe. L.e;Ue. me..6 U!t c de. 6ave.lUt, ai.ns ; doa- e.Ue. êÂJte.
coVl..ô,cdéAée., ne. 6ut pwe. que. b-te.n plu./" ta!Ld, apJtè.~ notJte. pé.Jtrlode., .pM le.
gouve.tLne.LUt de. Cote. d'IvorlJte., A. LatJI--<.Ue., e.n mM 1945, Cb' /"!' DAM,ÂS, Ràp~6.'Lt
. 'na "'11 '348'.6ùJi..lèl.S-tnè.idè:n.:tJ.i'<3ùJi..0e.11u.6e.n Côte.d'I'\\;o.{)Le., tome. III Ab,cdjëm965
(p.70065 )
.
(2) ""Il (.te. tLe.VUÛ.eJtle.V1;t dr. la rnMI1 d' œuvJte.) SUT toutes les Subdivisions du
Cercle à l'exception toutefois de celle de Bongouanou , oubliée à de sse i.n
pour n'y pas compromettre le magnifique essor qu'a pris la culture du
cacaoyer" ANCI 1 QQ 104,
0
11
2 197 de. .P..' Ad))"vtI1ùt!LCLteLU'l. du N' z,c-Comoé. à
f',cV'.I.lpe.c..te.LUt L01Û)) MéJtcct.
Di,..mhoR/w, fe. 25/12/1924.

78l•.
les autres Subdivisions du N'zi-Comoé et de la majeure partie des Cercles de
la Colonie. Mais ce privilège exceptionnel ne fonctionne pas de façon absolue.
Aux moments de forte pénurie de main-d' œuvre et en certaines ci.rcons tances
particulières (1), les morofwo sont enrôlés, au même titre que tous les autres
ivoiriens, dans la deuxième portion du contingent (2). Ainsi réquisitionnés,
quelquefois avec leurs familles, femmes et enfants, au profit des planteurs
européens, ils étaient obligés d'abandonner l'entretien de leurs propres plan-
tations. Bien que Lacunaires , et ne permettant pas de suivre de façon continue
le rythme des recrutements, nos documellts laissent cependant soupçrnU1er quelque
peu l'importance numérique des hommes et des fennnes qui furent contraints de
s'éloigner momentanément de leurs villages, et de se mettre de force au service,
soit de l'Etat colonial, soit des exploitations privées européennes. Le tableau
suivant est assez éloquent par lui-même :
- - - - - -
(1) L' AdnU.lt-UtJtab..uA de. V~nbolvw quA... (woue. é:tJLe.. !li'L:t2c.e.nt à pJT.oc..é..de.!l à de/.)
!le.c.!luteme.V'.;U de. ;t·'lava..i.i..-i?..e.u.M da.V1,6 c.P.J1AiU,V'..6 -6C..c.te.UJL/i de. ..sa c.cu» l'Ill CJ1..,<-pf.A~on
(doVL-t notn». !lé.gion) M. !lévè.f.e pan. coviou: tout fupMé.. à. "faciliter le recru-
tement de manœuvres quant il s' agi t d'entreprises comme celles d' El ina ou
de M' bato", .te..,s habda~~ de. son Ce.!lcl.e. sont: ,sUhc.e.p.ub.t~~ d'ape/'le.ndfle.
à
c.!lé..e.!l d(l.. no[!veJ--€'e.-6
p.e.avd...'1-t<.o;'\\.I~ U?i.te..,s bÙ..n e.:1tILUe.IU.Jz.. Cn. -i.bide..m op. uL
(2)
"l'année de travail ", ctu.f.:·'Le. e.Xp!lv,M.20Vl pOM dé.,s-igl'le.!l fe.,s JLe.c.!lUe..,s du
tJwvail nO/tc.é., pa.IL 0ppo/j.Lt.i.ovr Ci "l'armée de combat" qu.{ !le.!J!lOupe. .te.,s ,so.tda.th
do. .ta pJLe.mi..i?.!le pOit..t/o Vi •

78').
MANŒUVRES ORIGINAIRES DU NI ZI-CC1vIOE POUR CHANTIEPS PUBLICS
ET ENTREPRISES PRIVEES
";- .
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1
. Manœuvres .pour
.Années
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- - ,
1923,
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31 ....
1924
"
' , , ' . ' ,8<10., -, , -,
-, , 'l'~"
250 . " "
.".L.;: .•...
,,:1 ;
Sources
ANCI 1~ 104~ nOs 3 et 4 relevés numer i.que s des manœuvres recrutés
pour le compte de l' admi.ni.strat i on et des chantiers
privés Dimbokro192<1.
ANCI lE2-IV-4-182 (3 307), Rap. polit. du N'zi-Comoé pour les 1er
et 2e trimestres 1929.
"
2H4-IV-15-125 (3 742)~ Programme d'action sociale. Cercle de
Dimbokro, 1937
AI%
2G36-32, Iap , annuel sur la main-d' œuvre C.I. 1936
"
2G38-34 ~ Rap , annue l sur la main-d' œuvre de la Côte d' Ivoire
J938
( 1) dovt.:t 38 (te: ta Subd.tv~iovt de. BOvtgOLtavtOU
(2)
La .:to.:ta-Wé es« de. fa .6e.u.fe. Subd.tv~-tovt de. BongouanOLt,
(3) Calc.ulé Zi paJt.t--i.Jt du jOWLnéeJ., e.xéc.LLté~e.,~ e.66e.c.)j:veme.nt pM f.'e.Yl/:,e.mble. de..6
jJJtu,tataùLU du Ce.Jtc.fe., J.,WL -ta base. de. 10 joullné.f:/~ pM pJte/~:t(daùLe.. cn.
All)Lê-.:té. Loeat: nO 2672 CD de. 1936 6ùal1.t dé.6oJuna.Ü à 10 jOWLVlée..6 au ue.u.
de.
12, -te. VlomhfLe. de. jOUJu'lée..6 de. pJte..6:ta..U.OVl.6 e.x-<:g-tb.te..I.J POUIL j'e.~ pe.MGf'lVlC'~,
au I1.{.Ve.CW dLL N' z-t-Comoé.

Deux remarques ,g.' imposent : On notera la progression rrurrterrœnpue -
en dehors des anRées lacunaires - pendant dix-neuf ans, de J9J9 à 19~8, de
l'exigenc~en main d'oeuvre des chantiers publics et privés. Par ailleurs le
7
nombre cumulé de manœuvres recrutés - 39 043 en J938 ~ relativement êle\\~,
représente à cette date 33,6 %de la poplllation totale du N'zi-Comoé, estimée
à J 16 J 34 hab i t ant s (1). Autant de bras dont furent privées les exploitations
familiales du Cercle, au profit de l'Etat Colonial et des chantiers privés de
la Colonie
Tradui t en nombre de journées, ce chi.ffre de manœuvres lil'Te
réciproquement :. 2 709, 12 "avmée-6 ci' ab,5 encc", passées hors du village, au
service des entreprises privées (2) et 337 428 journées au service de l'Etat
colonial ivoirien (3).
Ainsi le flux migratoire de main-d' œuvre à l' ext êr i.eu r du Ccrcl e ,
de 19J9 à .1938, représente autant de journées perdues aux: dépens des cultures
fami l iales qu'un vér Hable chemin de croix pour le colonisé morofwo ,
000000
II
L'EVOLUTION DU NIVEAU DE VIE
L'étude du chapitre 14, consacrée auxTrui-t.svdé l'~Xp3flsion, a révélé
la rentrée d'argent relativement importante, enregistrée dans le Moronou, pal'
la vente des divers produits de culture. Dès lors on peut se demander quelles
(J)C6. ANCT ,D:;'XIIT-44-I04j895-9J6 (J'lI), Tab.te.aLt ll.é.cap,U:uta.t-i.n de. ta popùtiliol1
vIC' 11 e..U!LO rée.I1.r..e., 1 938,
(2) La dU/Lé.e. dL< c.OI1.:tJtctt de. :tAavcùJ. !.>LV!. te-6 ChLU1.Uvu. rJu::vé~ é-ta.n;t
égale. à. W1
nKMmwn de. (1 rnoù (30 j. x 6), c ' e/),t6 uJL ce...tte. ba--j e. que. r.e duo n/te. a Ur
ob.te.vl.Lt. So~t 780 JOLUt/.) paIL 5644 te. VlomblLe de. mcwCX?uVILe_ô r.m !.Je/Lv,cce cie/)
e.Yl.tJte.p!LÜ eA ]:Y'l.-i.v ée.!.> 0
(3) Ava.nt 7936, te vtom6/te. cie. jOu.JL/) de. rILe.,6.ta.Li.:ol1~ ('At c-6.:Umé à. 12 jouM C~I'L"lü.ef.,)
pM re/v~oYlVl.t2. ; (tt:)Jti2~ 7936
i l e.s : /tédud a 7(} j(JU!LVlée.~. Le.. cal.cul, opi?/L iJ.
~LUL C(JS bCL6e.,S , Ü\\llLe. .f..e cL6&/te de 337 4n jOLt/tVl.é.e./s ea--~~ée6 ~uA tC./j chcw}.J..e,-'t/.)
]xlbLù..J.:, •

787.
en ont été les incidences sur l'existence quotidienne des habitants, quelles
transformations se sont 'opérées dans ce domaine, en particulier en ce qui
concerne la nourriture, l' habi tat, en W1 mot quelle a été l'évolution du ni-
veau de vie des conches populaires. Ce problème sera essentiellement abordé
sous l'angle qualitatif, nous appuyant éventuellement sur les données
statistiques d'enquêtes et de monographies anciennes mais surtout récentes,
réalisées au-delà de notre période (1). Mai s d'abord, COITTIllent se présente la
situation ITatérielle des habitants?
A. - lJJ\\TE SITIJATION Î"1ATERIELLE EN PRCGRES
Partie d'W1 stade plutôt médiocre, la VIe matérielle progresse
assez rapidement, même si elle n'atteint pas une très haute performance.
1. - LA DURETE DES PREMIERES ANNEES COLONIALES
La VIe matérielle, antérieure i'i la colonisation et même durant les
premières années de la pénétration française, peut être caractérisée d'un
seul mot: la dureté de l'existence. En effet, à cette époques, bien que
l'igname, déj à répandu 'sous ses multiples variétés, constitue la base de la
nourriture, sa production annuelle s'avère, par imprévoyance, bieû souvent
inférieure aLDC besoins de la consonmat i on locale. Aussi durant les années de
pénurie ou les pér i.odes de soudure, plus f récuentes qu'à l'époque coloniale,
l'on a recours à l'approvisionnement extérieur (2) ou encore l'on se rab::lt de
(1) EMe.ntiei.i-emeJu,Côtè..:.d'·I06;{JLe, EVU{Llê.:te de. J'lLd/L/t;{~::i~~lYi,l'i..{.ve.aude ·v.ze.,
SubcU-0Ù.z6nde. ·BÔri9owiVl.O~, op. sti:
(2) Pan. exemplr., e.Vl. 1920, aVl.né.e de pé.1lU/ue v.zvt'v<..eite dwu ,fe Moltol1oU, le-6 Agni
/teVl.oueYl.t ave.c. le. pcvJ-6é eVl. -6' adlte-6~aYl.t, pOUlt le.LUt ltav.{.;{~~e.I.~e.Yl.t,
so.c: au
patj-6 baoulé (Oueflé.), Md. aLL patj-6 ab!1.ml (BOVl.dou(wu). Et ce , maiglt<Z .ta
c.h.eiLtê de. l'igVl.ame
I~Wt ces mcvtc.hé.-6 ébwvtgC./t.6 (8 r le.--j 70 igYlame-6 a OueUé
eX. 7 F,fe-6 70 à Bondoulwul. cn.
ANCI 7EE 739 (7),
0
vl.
720 Rap. -6Wt,fa
-6ituatiOVl. agitic.a~e ex. é.c.oVl.onuque du N'zi-Comoé., 2e t./time-6tJte 7921.

788.
préférence SUl' les Boluo (les ignames sauvages) ou les racines, les baies
sauvages et les tubercules de manioc. C'était encore l'époque où le riz était
inconnu dans la région et où l' ac1minis tration coloniale n'y ayant pas encore
fait son apparition, les habitants se contentaient, pour Ieur s champs vivriers,
de superficies extrêmement réduites, à peine de quoi porter la récolte néces-
saire à la subsistance familiale.
Les animaux domestiques - bœuf, petit bétail, volaille - existaient
certes, mais leur consommation n'était pas d'un usage courant, bien que l'Agni
consente à vendre ou à abattre de temps à autre quelques têtes de bétail ou
des volatiles pour les funérailles et autres cérémonies rituelles. C'est
que pour l'agni, le bétail clomestique constitue en quelque sorte un capital,
thésalITisé, consommé rarement et en petite quantité. La boisson commW1ément
employée est l'eau. Encore celle-ci, souvent souillée, provoque-t-elle dans les
villages de fréquentes atteintes de 'ver de guinée.
Bref, la nOlITriture assez pauvre, fortement déséquilibTée - excès
de glucides, carence en lipides et en protides - était le plus souvent à
l'origine de l'état déficient des enfants, voire des adllltes.
L'habillement est aussi des plus sorrma i res : ".ee..o e.116avt,u, dM de.ux
-6e.xu vovu: nu, c.omme. des Ve!L6" (1), écrit en 1893 Pobéguin, à propos de la
population de Tiassalé proche, par le territoire et les moeurs, des habitants
du Moronou. Quant aux honunes et aux femmes, continue Pobéguin, "ili poue.l1t.
J.),ùl1pfeme.n.t. une. bal1de. d' éC.Ü/LC.C.taVlI1é.c. ou cf' éto 66c fa/tg e. de. 5 c.entimèbLM e.I1V -0'W 11
qu'ili paM e.vt,t e.n:t!Le. te.WL-6 j OJ11b Cli e.t lLatiac.fte.r.J: devaYlt. et. deJl.JUèJte. f.,uA UI1e.
c.e.tr.J:u!l.e. 6CÙ-te. d'ul1e. l.J.mpfe. ual1e." (2). Si la population se pare d r ornements
de prix: perles, bracelets de cuivre, bijoux en or, c'est à des occaSlon5
exceptionnelles, aux j our s
de grande liesse.
Le logement laisse auss i à désirer. Rares sont a ce sujet les
comnentaires favorables. Jacotot, dqns le rapport mensuel de janvier 1910,
relève sur l'aspect des villages du poste de Bongouanou :
- - - - _.._--- -
- ' - - -
-
- '
(1) «: (2) ANSOM,
(!tur. des F!LCL~èC.~-büu/Lge_o~:»),
231 I\\A~ 8 DOM-<-VL 6,
LeJ.,;fJl(!. de.
Pobé,9uÙl pOuJ1. BMl.-ty, T-<"Ml.laLé,
189:; (,.)((.11/.) pfLL-6 de. p'léuJ.,~o!'l) •

7" 0
0 / .
" Le.s ul'16 c.o Vl.6tJtLU..t6 e.n. .e.a:t:teA Ji.eAM.mble.1'tt à de.J.J c.ampe.me.YLt6
pJtOVÙO,ti1.e.J.J oii res iYlCÜfjèneA ne. 60nt que. de. C.OuJL;tQ M.iow(/.) ; J'au.tJtu
C.Ol'16tJtLÙ.tO e.n'B-iA-ê/ Jt~:'.6emble.1'tt a des Jtt.U:neA 1 1e.J.J to-Uu!teA
. ,
e.fJ6on.c/Jtéc1 fo.-.L6-,s.e.1'tt pa!.l.6e.Jt l'e.au qui dél>agJtège.1'tt 1e.J.J mU!L6 ei: 6,{.~U.6":,,
.6e.M pM tom6Vt" (1).
Par ailleurs l'insuffisance, l'insalubrité sont cons~arrrment évoquées
les habitations sont basses malsaines et peu aérées (2).
,/
2. L'EVOLUTION DES CONDITIONS MATERIELLES
ALIJ\\1EN'TATION,
VETEMENIS ET LOGEMENT
A partir de la deuxième décennie de l'installation coloniale,
apparaissent les premiers rapports administratifs sur l'évolution des condi-
tions d'existence des populations ivoiriennes (3). Elles seront suivies des
grandes enquêtes sociales, entreprises par le gouvernement du Front populai-
re (:4), qui n'ont laissé, en ce qui concerne la Colonie ivoirienne, que peu de
traces. Rapports administratifs et enquêtes tendent tous à la même conclusion:
au contact de la civilisation occidentale, les conditions de vie des populations
colonisées s' amé l i.oront •
Effectivement, bien qu'aucune étude s)Tstématique n'ait été menée
sur ce sujet dans not.re région, i l est nêanmo ins possible de tenter une appro-
che des changernent.s survenus dans ce domaine, en ayant recours à un certain
nombre d'indices: l'augmentation progressive, tant en quantité qu'en qual i t.ê ,
de la ration alimentaire des ouvr i.ers agricoles et des chantiers forestiers
-------._--_._--- - -_._---
(1) ANCT lEE 747, Rap. poli;L me.YL6u.e..f du P0.6te. de. BOYlgouCcI10U, jan.vieJt 7970.
(2) en ANCT 7EE 747, fe.J.J !(.aPIJO/l.;tQ po-V!-ique.-s du pO.6t.e. de. Bon.gouan.ou POtLlt le!.>
moi.6 de. jLtiUe.:t, aoû;t e.:t .0epte.m(YLe. 797 1•
(3) VoJ.A e.Yl pMt--i.C.ttÜeJt ANSOM 200 H--i. 1708 à 200 ~}~l 7728 : Rappoh.t-6 po.f.J;t).qtU!~
ann.ue1-6 de..ta Côte.-d'Tvo--i.!te., de 7925 n 7929.
(4) AN50M, CMtOn. 49 .... : En.quUe..6 de. : Or_tO{Yl.e.-nove.mbJLe 1936, AVJUl-Ma--i. 7937,
FévJt--i.c.Jt-ma/i.6 1938 e.t: Mai 7939 : L'en.quête. de. Ma/l 7939, qu--i.devm
DClJ[;(:e.Jl .6Ui/. I(lA c.Qnd-i.---ûoVi.-6 deo IL;\\- tJ](I,/tn-çj' (\\/i-tvJ:e .6(I~((J]~é.e 1:1' e/tt po,{.J1..-t
1~e.li a c.aMe. de. -ta gue.J{!Le..
el/Le. nrz. 6e.U!L-U?Jl.-WUL6 795~ ,~tUl t ({j'/une.~lta-
.tJ..OI1, l' Ilab--Ua..t, -fe.-s nu.g!La..t--i.o Vl..6 ,{.I1fe;U1 e.6 à .[' Anh.lque, .te. pl'tO b.f.èmC!.
des mé.;t(/s daYl-6 lu Co.tOYl..-le/S, n'a pM .tCLlMé. de. tnac.e, e.n c e qLU
c.on.c.'.'Jl.He. .ta Côte d' Ivo.<Ae., dan__S .f.e..6 (U7.C./ÙVCL;" c.of.,(iI1ùtRe..6 c

790.
de toute la Côte d'Ivoire (1) .: la place de plus en plus prépondérante accordée,
dans l'alimentation de l'ensemble de la population des régions forestières, y
cornpns le Moronou, à la viande de boucherie et au poissoll fumé, importé des
régions lagunaires de la Basse Côte (2). Par ailleurs de nouveaux postes comme
les obligations familiales (dons, paiement de l'ùl~ôt de capitation puur un
parent, dot), l'acquittement en espèces de la prestation annuelle, apparaissent
au poste des dépenses du budget de l'ouvrier, en poste dans le N'zi-Comoé (3).
D'autre part des postes conITne ceux de l'habillement et de la santé, prennent
dans ce même budget une place prépondérante, au cours de la période coloniale (4).
Enfin des passages, relèvés ici et là, à travers les différents
rapports administratifs', confirment cette impression de progrès matériel. Le
rappor t GU· deuxième· trimestre" 1928 sur la situation" sani taire" et" l' hygiène de
-
.
"la Subdivision de Bongouanou , tout en soulignant qu'on mange "peu de vùwLde" (5)
- - - - - , - - - -
( 1) La !tè.gleme.nrta.ti'o VI. 06 6i.ue1J!.Jl de .ta ,'La.t-<-o n a.u..me~l.tahLe pflé.vue pOM la. niun-
d' œuvfle des eJ'lbtepfc}J.,e/.l plL-évé-e1l et. de t' EtoJ, 1?-i~lfle le/.J c.!UbÛfle/.J -6ui.vaVlX.6
poU!t le/.J anVl.é e.6' 19 22 «: 192} :
, "v" .
" ",'
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- -
- - - - - - - - - - - - - -
1922
1927
di66éJtenc.e
CafO!l.A..e.6
"-. " -, ", -, -. " ". "".' '" -, "" ',.. ','" "
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- - -- - - -
-
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.
1U.z
0,400 Kg
0,700 Kg
+ 75 %
350
ou igname
1,500
2,500
+ 66 %
337
oum
1,400 -
34&
ou banane
3,500 -
335
Viande -6 éc.fié-e.
0,125 .-
(l, 100 -
20 %
1i 5
Ott po"w.6on .s ec
0,125
0,080
36 %
71
HlLite de pa1Jne
0,040 -
0,040
JOCI 1922 e.t 19.27 - Go HARPY e,t Ch. RICHET, f' Af,~ne..«:ili(}11 iVLcIill~·ne
"dcivt6i;~col6fÛ~6flaVlç.cÙ.6e/.J': Peu~w 19J3; p. JUO::rTO.
(2) P. KrPRE,'s-.e.J.i~.WèJ.> de.~~E:-Côte.-d'hJC',éJLe, op. Gl.to p. 712 écM..t :
"Il faut toutefois indiquer que, la plus large commercialisation
de la viande de boucherie et du poisson fumé après 1935 et
jusqu'en 1939, notarrunent en zone fOl'estière~ permettra d'accroî-
tre légèrement la part de ces produits dans les dépenses familia-
les".
(3)
If.6 1 aga )Ylé-w rmen;t des c.eVl.tJLe/.J WlbuM de Toumodi, Boc.anda et. VhnbobJLo,
appaJL.te.navU: au N'u-Comoé.. C6. MJCI, .6?jJLie S IV-J3-1 1936 (.6aM le nO de
ptac.eme.vz.t du dOM'ie.Jt.) 0
(4)
Cb. ANCI, -6éJL,{_e 5, IV-13-1, 1936. op. c..l.t. Le pO.6te de l'habil1.emevlX
flepflé..6evz.te : 27 % du budCjC'/t Ct ToumorL.é,
16 % Ct Boc.anda e: 9,5 % Ct
Vimbo~'tO
(5) ANCI lEE-1\\/+17-27 [9 268), Rap. ,~UJl. let J.J-<.1.ua:téoVl Ml.vUWÙle C'J: f'hygièVl.I2. de.
.ta Subdi.v"wio 11 de 130 Vlg 0 lL<:Ul{) u , 2e. t/uml!/~:th. e 1928,

791 .
dans cette circonscription administrative, insiste sur l'abondruîce de la nourri-
ture de la population, qui "-:s e. c.ompo-:se. ptUnupaieme.n.t de. ban.a.I1{!.;~, d' .cgYl.OJne.J.>
e: de. maZ6" (1). Il donne aussi des indications sur la qualité excellente de
l'eau de la Subdivision dont de "nombJte.ux viUage.;., pOMède.nt des p~ où lu
habilaVlÂ:J.l vont ptUJ.,e.Jt c.ille. deVlILée. dutinée à leuM Mage.J.> domutique.-6" (2).
En 1935, le rapport politique du second trimestre de l'Lndénié,
abordant le problème de l'existence matérielle des populations des Subdivisions
de Bongouanou et d'Abengourou, présente même une vision quelque peu idyllique
de la réali té
"La -:sdualion éc.onomlque. u t d'aille.uM e.xc.e1.1e.nte. ct e.xe.Jtc.e. LtVl.e.
inO.tue.nc.e. -:saJ'.U;(:CvU1.IZ. -:SuJt Lo: poUtiqae. iJ{}.digè.ne.. La tLiC.he..Me. du
pay.o pe.Jtme;t aux indiqène.J.> de. bie.n martgeJL, de. -:se. bie.Yl vé1JJt. L~
village.;., Min;(: pJtopJte.;."
l u habila;üoVl-6 c.onÙotLtablu : be.auc.oup
-:S 0 VLt c.o M-t'lu..L-te/i à l' e.WLO pé..e.nYi.e.,
e.n ma.tétLiau.x du.Jtable.;.," (3).
En 1939, à l'extrê.me En de la période étudiée, les informations
disponibles corroborent cette impression de progrès matériel généralisé dans
la partie est du Morûnou :
"Le.;., Jee.;.,-:SOWlC.U du pC.IJ-:S assunent: u.ne. aLùne.n.taUoVl. .out)6~an;(:e. à la
po(.!ufcd..t(JVl. auto c..h.to ne." (4) •
Même 1 '~U,est du MOl'onou, la zone rattachée administrativement au
N'zi-Comoé en 1937, beaucoup moins favorisé par la natur~offre, en cette fin
de période, süus bien des aspects, un visage enviable:
"Le.-:s .z.n6aVl.-t.J ne soni: plM qUMime.rLt nM c.omme. alt»r.e.Oo~ ; Ov!.
le/.) habille de. p.tLv.\\ e.v', plM «vec goû.t (.
Le. pa..i.x ÙJtança.-0:, e.
0

)
0
a Je;tt un pe.u d' aJ.!L e.t de. lum-tèJte. PCUlml' ée.-6 . hameaux ct ce.s
c.hawûèJt{!.;.J. I.t6 sont: de.Ve-Vl.U/i plM veude.;., ct -:SOJ1..t plu/) d.{.gHe.;.,
d'abJt,é;(:e.Jt du ê.:thU humcJ.vv.J" (5).
- - - - - - - -
-. -- -
-
(1)et(2) , -i.b.i.dem, cp- c.ci..
(3) ANCI 1 B-IV-43/5 (3 304), Rapo poLU. GU. CV:.c1.e. de. .e.'I.11délué, 2( /..IcJJ1e-6.t'Le.
7935.
(4) ANCT 1E3-VI-14!2 (4014) RajJ. poUt. du Ce.-~.c..f.e de. l'lnti~n1é
10'l ;[j-V<1Y:0.<,;(:ILe.
1939,
(5) ANCT 2 H4-IV-15-125 (3 7t!2), P/wg!Lamme. d'ac.-tJol160c..éa.f.c. (.)OU!l .te. CehcJ.e. de.
Dlmbolvw,
1937.

79'1-.
Au total, en 1939, dans le domaine des conditions matérielles,
un bond avait été accompli dans le Moronou. Mai.s le progrè s était loin d'être
partout homogène et en maints endroits beaucoup demeurait encore à accomplir,
B. - L'ALCOOLISME, UN FLEAU POUR LE MORONOU ?
Les Agni en général et ceL~ du Moronou en particulier se sont
taillé une solide réputation de grands buveurs d'alcool dont témoignent les
premières sources écrites sur la région agni (J'. Dans quelle mesure la popu-
.
.
lation du Moronou subit-elle les effets de l'alcoolisme ? Il est difficile de
formuler une réponse, faute de documents statistiques précis ~ Il eût f a.lIu ,
pour apprécier correctement les méfaits de l'alcoolisme, un document aussi
exact que celui réalisé à l'époque coloniale sur le Cercle de Lahou (2). Or~
les résultats pe rni.c i.eux de ce fléau dénoncés par nos sources ne sont point
propres à notre région; ils s'appliquent tantôt à J'ensemble de la Colonie
ivoi.r i.enne , voire à l'AOF (3), tantôt au vaste ensemble régional auquel appar-
tient le Moroilou (4'.
- - - - - - --.-.-.'~'-.- - - - - -- --
CH Ve.la6o!.J',s(!. ,si9 na.f.e , dè,s J90J, .f'e.xù.te.nc.e. du 9Ùl., de. l'o..V1Me;tA:e. et
d'au..:tJte.,s liqueUJL.6 daM .fu) JtégioM agni. Cu aic.oou eIUJtC1Ù'..vz;(: déjà POUA
une. bovlVle .pan.: daVi/s :tou.:te/)
.LM c.é/l.lmon.ce-,s c.ou.tunvLèJLu, e.n (JMlicuLtVt de:
6u.nVwA)~ie.!.J'. Vepu.Û> le. c.on:ta.c.t ave..c. .c.'ELv'l..0Pe., c.e6 aic.oou ,se. ,se,'l..cUe..vd
M.b,stL:tué.,s àux bO,w801U .tÇ;c.a.L(>Â
C&. M. VELAFOSSE, j\\laVtlLe..[ de fcu'!.sue.. cLgvLi.,
0
op. c.i.;t. po 2:2.
---~- " - " -
(2)
lirivot, Le Cer e.re ae Lahou , Gbte-a'lvuLe bull. IFA1·i,T,.IV,n c 1-/:,1942,
pp.i-1 5Lf •
(3)
"L'alcoolisme fait de jour en jour, en AOF, des ravages terrifiants C11c:Z
les indigènes. L'Administration devait interdire l'alcool, l'adminis-
tration nosenas". Ex..:tJr..ai.t d'Wle.. dWbé.JtctLtoVL à la ChambJte. de)) député,s,
2l2. !.J'é.<.tVl.c.e. du J"9 dé.è.erYlbJte. J 9] 2; we. pM le. BCCC l , VLu.mé.JtO Ji.~é 1'111-1 919,
à .f'atLtic.fe. atc.oû~me. a ~a Co.te-d'IvoVLe..
(4) V'apJtè6 UVLe é.tud~ ,slL!L ~'atc.oo.e.,wme. e.n Co.te. d' IvoiJte., Jté.(~ée ~n 1912,
une. c.<VtA:e. de. ce 6~é.au peJtme..t:tJta-L:t de. cUv,wVI. .fa c.o.to VL-te. eVL deux 20 Vl~S
futiViC..te.o. Vavv.î ~a
pJte.Jn.tèJte. c.on,s:U;tué. e.. pM ~U t'té.gio l'VS c.ôLi..èAr06 et.
~'h-Ln.te.Jt~aVLd don.t .f'l.ndf.vué. et r.e. koroüou "Je s indigènes dotés de
suffi sanment de richesse, consomment énormérnent cl' alcool, le liquide qui
brû.le l~ Borge et l'estomac". Citation extraite du BCCCI, numéro relit'
1911-1 g, ;; l'article "Lutte contre l' a Icooli sme",

79.J.
Incontestablement la consonmati.on d'alcool augmente en Côte-
d'Ivoire, au contact de l'Europe et singulièrement depuis l'implantation
coloniale, encouragée par le COlltr.lerce local et même l'Etat colonial qui y
trouvent leur compte (1). En effet, l' :importation de l'alcool cormaît en Côte-
d'Ivoire, au travers des vicissitudes, une remarquable progression. Les
registres douaniers font état de 1 105 206 litres d'alcool entrés en C6te-
d'Ivoire en 1900, de 659 109 litres en 1905 et de 898 753 litres en 1911 (2).
Rapprochée du chiffre de popul.ati on ivoirienne, estimée à 1,266 million
d'habitants en 1912, la quarit i
d'alcool
à cette date et se clùf-
t ê e
i m p o r
t ê e
frant à 8 579 183 litres, paraît stupéfiante. La consommation moyenne par
habitant et par an serait de 0,70 liL:re., un chiffre record qui "dê.pM.6C de.
loin .ta c.olUomma.-tlon. de. [c.\\. FJLC\\.n.c.e., c.on..oidéAée. paterrvi. tc..6 n.o;tiolU oC.ude.YLta1.e..o
cOIPme. ce...t..e.e. où .t' 0 n. eolU o.mme. pJlO r(J·1.~O nn.eUe.me.YlÂ. te. pflL6 d r a1.c.o of" (3).
A cette consommation de l'alcool cl'iillportation européenne, il faut
ajouter le vin de paLme, de fabrication locale, dont la consommation n'était
pas moins importante. Dans le N'zi-Comoé, 10000 palmiers'et 15 000 râniers
sont régulièrement abattus par an pou r l'extraction de cette bière locale. Le
)
1
stationnement des troupes coloniales à Irimookro , chef-lieu de Cercle" où demeu-
rent en pennancnce une compagnie de t i ra.i Ll.eur s et une brigade indigène, ne
doi t pas être étranger à "f.' augme.rUation. du nomblLe. de. maltc.hanef..6 de. V;,rî de.
paxme." (4). L'absorption mmodér êe du bang'-...lÏ (vin de palme) dans les débits de
boisson qui se multiplient clans le centre de Iiimbokro , aux abords des autres
grosses agglomérations du Cercle et le Long des pistes conduisant aux pl ant.a-
tians de culture, donne lieu à des "déM/1.CVt.e..o et rtA.x.e..o mu.1):j.p.{'Q1j" (5) qUI
seront à l'origine de l'intervention administrative. L'autorité coloniale
(1) Le..o ILe.c.e;t;tQlj douaiUèlLe..o pVLÇUe..o .6U/L f';mpolLwtion d'c..1.c.ocl e.n. Côte. d'IvoiILe..,
de. 1907 à 19.11, -6'ê.tab.ua.;\\{J-Iu CLÙlJ.Ji : 3292919 r en 7907, 2739579 F CYl
190 s, 2 569 34 1 F e.n 1909, 3 456 624 CYl 19 10, 4 334 390 F cn. 19 Il
ExtJwd
0
du. BeeeI ;1° de..o ar,nê.e..o 1911.,.19, p.
166.
(2) Ctî. scccr 1912, )Jo 166.
(3) JOel 1913,
(pMtie. Yl.Ol1-ottî,éc~e.n.c), RappolLt .6UIt f'aJ'c.ooWmc., p. 1 et sq ,
(4) ANC I 1 m 104, Rappon; Cil .oé.cO'tc e du eOIU cj...f. d' cu:'JnÙî-u,JA.a,UC!I1 du g ma-é 1915,
ala de. .e' Ùtte.ILVC!jl,tlOll de fa vele/te dIt v.in. de pct-f.1nc..
(5)
l oi.dem, op. c.i.t.,

794.
s'alarme, non sans exagération, de la multiplication des cabarets.
Deux arrêtés successifs, évoquant tous ces motifs, suppTrulent
d'abord en 1915 dans le N'zi-Comoé la vente du vin de palme, puis une année
plus tard en 1916, dans les Imites de toute la colonie, "ia 6ab!Ùc.oiloVl et .ta
wc.u1cU:.{.ol1 du. É.~!!1l~ (v--2i'l. de paime) en vue de ia vente" (J). La lutte contre
l'alcoolisme se poursuit par la suite avec des résultats plus ou moins heurel~
clans not.re i:Ç'~gion (2). Temporairement s'estompe l'usage Immodêré aussi bien
du v i.n de palme que,!es alcools frélatés cl' importation. Mais pour triompher
dans cette bataille, il e~t fallu non seulement toute l'autorité morale de la
Chambre de Comnerce et de son président, l'impétueux Louis Barthes (3), mais
surtout la coopération honnête de l'ensemble du commerce. POUT n'avoir pas
toujours prêté un concours efficace dans cette lutte, le commerce doit être
(1) A·'U!.Ué loc.al 338 A du g ma.-l 1915 ..lntVtcL.0san.t .ta veY1Â.e des bOM,sOVL6 dd:.~
v..ln de. pabne, baM (,s..lc.), lLonùVUJ dan6 ie N' û~Comoé. et CVlJLê;té nO 40 A.
de janV..lClL 1916
[2) "La consommation du vin de palme autrefois considérable
a d imi nuê partout
dans des proportions permettant d'affirmer que l'alcoolisme provel1ffilt de
ce fait a pour ainsi dire été enrayé", ANCI, nO 571 A Adm..lY!M.:UwÂ.e.U!L du
N' z-<.-Comoé au Ueu..tenant-gouveJLneu.JL de Cote-d' tvo.oie. à B..lI·lgvwille-V-<)lIboivw
24 Vtc.emblLe 1914.
Van,s i'lndén-<-é y.1!lo c.he. , {'adlJu.~tJLcueuJL-c.he.ù de c.e.tie. UI[COVL6C/ÙP-
t.ion. décJU;t ia ,siluation po,stWe.U}Le. à.. .ta .6up]':Y'l.e--6,_~..lon du VÙl de. pal.me, de
.ta ùaçon ,su...lvante. : "Depuis deux années, les agni récueil1ent au contraire
1es graines de cet arbre (palmier à huile) pour en tirer l'huile qu'il5
viennent vendre au marché ou utilisent pour leur consommation persofJlelle
et ceci 8. tel point que les Attié, autrefois fourrris seurs hab i tue l s , jugent
inutile de paraître dans le Cercle". MJCI l'?R 104, nO 90 Adm-i.nMtAate.ulL du
Ce.lLc1.e. de. R.' Indén-<-é. au 90UVVLVl.eu.JL dé. ia Côte. d' l vo.oie, al,s C.OfUOil1lf1a.t.{.on d(L
V{,V!. de. paimeo
Zcvwnou, ie 25 nove.mblL( 1974.
L'adméYLÙt'tateuJt ém..lt c.ependant c.e.tte lLé.6C?Ave. : "Si les indigènes,
par crainte de punition ne s'attaquent plus aux palmiers à huile, ils n'en
ont pas POUY cela fait vœu de sobriété et dans un grand nombre de villages,
ils tirent leur boisson favorite d'un palmier du type "ban" qui ne possède
aucune val eur conmerc i ale reconnue" Cn. ib..lci.em, op. c.d..
(3) La Chûmb,'l.e. de. CommeJLc.e. plLOpoM.,e.n 1939 rOM .ta lLê.plLe.M..lOVl de. i'aR..c.ooR.Mme,
R.e.h qUCUJLe. P0..ll17.--6 ,~u...lva~ ql.U ,seJLontlLete.YLLv.~
paJl. t'au..toJL..lté adm..lvU,6-tAa.-ti.~
ve. :
1) ta p!Loh.-tb-<tion de. .e' ..lmPOfl.tO.tiOVl. des g..f..VL6
?) le. C.OVl-uVl.ge.YLte.me.nt du autJte.,s bo~,s(JfU o..tco-uqwù~
3) Lei urnLtCU--lon de/.) poùl..t6 de. \\le.nte..
C6. ACCCI, Vo/j6-ée.h 11.°3, 251 p.
[1 ~lJL .te g6uVC--'l.Vl.C.llJt de ta Côte-d' Lvcin o,
al,s lLég-tmc. de..c.'a.tc.oo.t, 1939 (,safU PR.UJ..1 de. plLéc.;.t"<'ol'l de. date).

795.
désigné CŒTh~e complice de l'échec partiel errregistré dans ce domaine (1).
C. - LE PROmES DES SOINS MEDICAUX ET DE L'HYGIENE
Des cas d'épidémies assez fréquents de variole, de grIppe; des
affections diverses, depuis le paluiisme, les maladies des voies respiratoires,
urinaires, de l'appareil digestif, considérées comme graves jusqu'aux maladies
cutanées : pian, gale, regardées comme bénignes, sont signalés régulièrement
par le personnel médical, à l'issue des tournées effectuées trop rarement
hélàs ! dans les villages et centres principaux du Moronou. Par ailleurs les
rapports médicaux laissent aussi entrevoir de temps à autre l'état général
misérable des habitations dont certaines, dans quelques sccteur s reculés du
Moronou, "amcv., in6ol7Jn~ de c.h.awne pOuJVvt, dl? bo~ ;wngé;., ( ••• ) dégageaVl.-t une
odeuJt p ~WeVl.:U..eUe" (2), n'ont de cases que le nom.
Par les conseils, les amendes infligées filaIS surtout par l~ persua-
slOn, le progrès pénètre, lentement, le domaine de la santé. Bien que les
( 1) LI? méde.c.iI1-c.apiliUne Pe:til, à l' occ.as co Il deJ.J opéJz.a;tiOY'v6 de lteeJLu..teYlient
mi.WcUAe, de. 1929, déeJU.t aiVlJ.Ji l'état sani.tair:». géné.!taf du CeJr.c..f.e :
"Triple terrible fléau, constitué par la syphilis, le vers de guinée
et l'alcoolisme. Nous pouvons ar.te indr e les deux premiers, mais nous
somnles à peu près impuissants pour lutter avec efficacité contre le
troisième C... ). Quelle que soit notre bonne volonté et les mesures
de surveillanée'édictées, nous ne pouvcns
empêcher la contrebande
et il est malheureusement indéniable quune fraude active s'exerce
notéUTUnent chez les agnis de la Sutx:livision de Bongouanou".
CO, ANCI 1E3-IV..:.4-182 (3 3(7), Rap" poUt. du N'Zi-Comoe., POWL le.
e».
ï
:tJUm~VLe 1929
(2) ANCI 1RR.'39, Rap. de touJLnée. e66ec.tuée. du 4 cm 25 aVJl.-é~ 1917, dans la
Subdiv~ion'de. DAJnbo,cuw, pM..~ 1 AdYlliYLuttLcde.ult-adjoùLt Vevu:lux.

796.
effets y soient moins visibles, ils ne sont pas pour autant plus dignes d'être
soulignés. Le développement de 1 "action médicale, mal.gré la carence permanente
des moyens d'intervention, témoigne de l'intérêt de plus en plus poussé que
l'llabitant du Moronou porte à sa santé. Outre le poste médical de Bongouanou,
doté d'une maternité en 1938, les centres de consultation d'~Jo~~aba et de
Tiémélékro voient le jour en 1937. D'autre part le nombre de consultations
augmente progressivement d'une année à l'autre: 2 744 consultations en 1933
pOlir l'ensemble du N'zi-Comoé, 4154~ en 1934, 5 493 en 1935, 12 322 en 1936 et
12 821 en 1937, soit une augmentation de 367,2 %en l'espace de quatre ans (1).
Ce qui représente une croissance moyenne annuel Le de 91,8 9Q •
Par ailleurs les habitudes de soins se modifient lentement. En
effet soit sous forme d'achats de médic~ne~ts, soit sous forme de cotisation
pour la constrùction du dispensaire et de la maternité de Bongouanou, des
centres de consultation d'Anoumaba et de Tiémélékro ou encore de participation
au financement du dispensaire d'Abengourou (2) ou des pavillons sanitaires de
l'ambulance de Dimbokro (3), les Agni du Moronou dépensent des sommes relative-
ment impertantes pour leur santé. Naturellement les formes t rad.i.tionne lIes de
la môdecine africaine, utilisant des produits locaux fort efficaces, malgré ce
que pouvaient en penser les colonialŒ de l'époque, restent fort viVlliltes ; et
les consultations de féticheurs et de pselrlo-marabouts tiennent encore plus de
place dans le budget agni. Cependant la première maison, autorisée à vendre des
(1) MJCI 2 H4-IV-15-125 (3 742), Pl1..ogl1..amme. d'ac..;t,[on soci.ai». pOlt/t t'(lJilé.UOiLO;UOl'l
du. J.!Ol1..t de l' ,Lmügène. pM le. .:t/tava.Lt. Cenci.e: de. Vimboh/to, 1Vt ouobite
1937.
(2)
Let, .:t/tCLVOl1.X du djj:>pe.nMuJte. d'Abe.vtqoU/wu e.vtgagêJ.> e.n 1935 MUt .te. budge--t
!.>pé.cùd. de f..a Colonie., sow: ac.lie.viUJ e.n ] 939. La POPUla;tiOVl du CelLc.f.c
de. -C.' ~ndéVl.ié. dont la J.Jubd~viJ.>~ovt de BOllgOLWYWU '! c.orLttùbue. pOUl!..
100 000 F de l'é.poque.. Cn P. KIPRE, L~ v~~~oloniàfe.J.J, op. c.~t.
p. 363.
.
- -
(3) Ueu x. pavil-c'oVl/., J.Jan0UU.!l.CJ.-6 : LLn pav..J.lon opé.itatOÙLe. r bapwé BobLe.nu-RDlLMel,
du Mm du. mé.de.c..-Lvt-généJta1., anccen ~e-C.t<?Jl/t du MJl.V~C.e. de. Sctvtté de. la
Colovt.ie..u
LLI'l.f'. rn~e.itVl.it~. I.to. cw: été. é~iq~iUJ .e.vt 1936, Mi1.aHc.éJ~ eCUL .ta
popéda:tio VI du N'u-Comoe., so.c: une. PM~C,{pa;tl(Jvt de. 1, 5c) F pM ,te.te.
C6. ANC l , 1H4-I V·-17 - Z6 [3 726), Vù C.OuM da rnéde.uI'l. CluûLLù,,{)te FéLü
Hotiphouë:t, à .t'(JC.c.LV:'~on de, le.LUt ~naLLgul1..ilioVL. V-unboluw, .te', 19/11/1936.

797.
produits pharmaceut iqucs , fait son appar it ion à Bongouanou , en 1936. Elle est
tenue par .Ioseph-Al.ber t Penny qui assume également la gérance de la CFCr à
Bongouanou (i). Selon le rapport du deuxième semestre du N'zi-Comoé, sur la
si tuation comrrerc i a Ie , l'on enregistre dans la région une "augme.yl-tatioVl de..6
ve.lU:e..6 de. rJ/LOdUŒ phCVLmac.ü/Â).quu" (2), l'indice d'une conscience plus nette
de la population en l'efficacité de la médecine occidentale.
La thérapeutique occidentale se conjuguant avec la médecine tradi-
t ionne l Ie , on peut penser que l' éta t de santé général de la population a été
en s'améliorant, au cours des dernièr-es almées. L'observation de nombreux
indices concourt à corroborer cette impression : le dépistage des syphi li.t i-
ques, malgré le procédé encore défectueux, existe désormais en 1939 C)) ; le
succès des premières interventions chirurgica:les a un heureux effet sur la
population et le nombre de celles-ci croît ; d'autre part les chi.ffres des
accouchements et des consultations prénatales des aImées 1936 et 1937, les
seuls disponibles, sont en nette progre s s i.on (4). Enfin d'un comnun accord, le
COlThllandant de Cercle et le médecin-chef de la région adoptent en 1937 un
plan d'action, afin d'augmenter le rendement des différents services médicaux
et sanitaires de la rég i.on. Ils prévoient pour cela un supplément de personnel,
de crédits et aus s i la construction d'un nouveau pavillon cl 'hospitalisation à
l'ambulance de Dimbokro (5).
D. - POUVOIR D'ACHAT ET RESSOURCES ]~ELJ ,ES
.Après l'appréciation de l' évolution qualitative du niveau de VIe,
est-il possible cl' aller plus avant et cl' évaluer le budget chi ménage morofwo ?
Si l'étude du .bulget a pu être conduite dans le f>1oÏ'onou, 3 la fin de la période
- -- ._-----------_._-----
(1) JOCI, ~~it~ toc.al Vl o 3333 B.P. A.S du 31 o~tob~e. 1936.
(2) ANCI iQ2-IV-15-120 (3 743)
Rc:.p. ,~,((/L ta .6~tU.CLtlOVl c.cml11e.fLc--~a..ee. du N'û-
Comoê., aa 2e_ M'Jrle;..,tfLi!.. 1939
(3) ANCI 1 H4-IV-77-26 13 726), N° 140 du. méci2.c--Ül-c.hc_D dii Ce/lc..te. de. V~r.1bofuw
a /vltr i'A.drrl-ùl..L6;L,'lCL.:!.:(w/l CCmll11(1Vldarvi: te CCJLc..c-e.. V,(;l'Ibol2.fLO te. 13/10/1939.
(4) ANCI 2 H4-IV-15-125 (3 742), PJwg!LWl1rne. d'ac.,téoYl .60C.Ùttc. POUfL t'amé.tLo,'[((,"tA·_OJ'!
du oC'~:t de. t'ùld~gr_;1(' F><l17-[C lJwvcu-t,
1937_
(5) Côte d'Iv(J,ule.,
El1quste. de. J'lldkL.-ÜCIVl, J'1,lVe.CW ,:e ~<e., Slloci-év.l.o,éoJ'7. de.
BongouaVlou, op. ~:t.

798.
coloniale, grâce à un relevé quotidien des revenus ct des dépeilses au sein du
ménage (1), la chose paraît difficile à l'époque antérieure, dans la mesure où
toute préoccupation de cet ordre est absente de nos sources. Même si nous
parvenions à préciser le budget d.u ménage, tous les obstacles ne seraient pas
pour autant levés. Il est indispensable, afin d'avoir une description exacte du
niveau de vie du Morofwo, consommant une grande partie des prcdui ts récoltés,
de connaître aussi la quantité des prcxiuits autoconsormnés. Conunent rendre
compte de cet apport personnel dans la consooonation quotidiellIle ? Mais tentons
d'abord de prendre la lnesure du revenu lnonétaire du planteur moyen.
1. - LE RE\\fE1\\l1J IvK)NETAIRE
Comnent parvenu à dê termirier le revenu du planteur morofwo ? A
défaut d'autre source, recourons au cadastre. L'analyse sel';:; limitée à celui de
nos cinq villages du cailton Assiè déj2. connu. Elle permet de d~terminer l'âge
des exploitations, leurs superficies et le nœn.bre de personnes qui vivent sur
chacune d'elles. Contrairement aux parc.elles de café dont la superficie n'a
pu être appréhendée de façon exhaustive, à défaut d'une détermination précise
de leur âge, l'analyse de ce cadastre fourn i t, sur les cacaoyères, les éléments
fondamentaux suivants, illustrés par le tableau ci-après :
Cant.on Ms iè
Evolution de la Superficie cacaoyère et
mai.n-d 1 œuvre
1926 - 1939
·'+-1-----
-,
,_J
1
,
Main-cl' œUVTe.
78
9GO
1 115,6
3,09
0, S
Soùrce : s/d.i.rcct i on régi.onale agricole de Bongouanou , cadastre des
villages Assiè 1952-55.
,1n Cô.:te. d' l vo'7Ae.r EVl.qu.~te. de. V1.UJJt..aI~n,(ve.cw cie vie., Subci;'~J.i.i,.{on de. BOVl.gOLlCt·-
V1.CL{, cp. w.

799. '
Entre 1926 et 1932, 1 115,6 hectares de cacaoyers ont été illlS en
valeur par 361 personnes actives (1) contre 1 258,9 hectares cultivées par
2 222 pe rsonnes , pour la période postérieure, 1933-1939. En rapportant la
superficie cacaoyère au total de la main-d'oeuvre, on obtient la supel~icie
par personne active, soit 3,09 hectares de 1926 à 1932 ct 0,5 hectare de
1933 à 1939. Connaissant par ailleurs le rendement moyen par hectare de la
cacaoyère familiale de l'époque (2), il est possible d'évaluer léi production
annuelle théorique, au niveau de chacune des deux péricxies (3) et de calculer
ensuite le revenu annuel, en nous référant au prix moyen du kilogrannne de
cacao à l'acheteur (4). Celui-ci est de 2 530 F de 1926 à 1932 contre 366 F
de 1933 à 1939 (5), soit une baisse substantielle de 85,5 %du revenu.
L'apport de la vente de la production cacaoyère n'est qu'un élément
dl, revenu monétaire du planteur morofwo. Il convient d' aj outer, pour en obtenir
le montant total, le produit
des ventes du café, d8s produits de cueillette
et des vivr i.er s , éventuellement offerts à la vente sur le marché local et
même à l'extérieur. L'analyse du 'cadastre ayant pennis de disposer des surfa-
ces caféières cultivées par persorille active pour chaclu1e des de~~ grandes
périodes - 0,18 ha pour 1926-1932 et 0,27 ha pour 1933-1939 (6) - la
(1)
Ij c.omptué6 liU en6a.YJ.t,~ qu.-t c.ol'l.t.tU..bue.V'ut, .6e..fon le.U/L tloltc.e., à .ta m-0~e en va-
le.UIL d~ c.uLtwte..6. If...6 .6cf'l-t c.0n1eté-6 Ù/l c.omme une. unité r/al'l!.l ,te. Vlomblte. de.
peJt!.lonYle..6 à c.hcULge.
(2) Le. /Le.ndeme.l1t moye.n de. la cacaouëne. "indigène" es : de. 400 à 500 kg à
l' he.c.taILt2.. c.ol1t!Le. 1 000 à 1 200 Kg pOWL la eacaouën e. eWlopéeml2., C6 ANS
2G 38-63, RO.PPO/Lt amuLel de. la pltoduCÂ-î.-on agtLic.ole. de/.) Subd.i'JJ~;'ol1.6 de
ro. Côte.-d'lvoJJl.e., 193t.
(3) 1 390,5 R.{..e.ogltaJ11me,,~, de. 1926 à 1932 et: 225 Kg de. 1933 à 1939.
(4) C6. ,te. ta.ble.au de. l'évo.tt..Lti.oYl de..6 )jtUx. Annexe 11, p. 851.
(5)
Le lLe.ve.l'HL annuel moye.n, théotLiqLLe., a été obte.nu e.H muUjpRJ..ani; .te.. ptr.ix
moye.n du WOWLamme. de. cacao à l' ac.he.te.uJt (c.aL~.uf.é .6 é.panêmeru: POU/L c.haquc
Vtanc.he de. pétUode.1 pM .te. Ite.ooe.me.f'l-t à .t' he.c.t.Me.•
(6)
CANTON A..<;SIE : Evo.ttd. de. .ta .6Upe.ttMue. c.a6éii2lte. pM peJL.60mle. 1926-39
I~ e lal1tall60.""
'
'
1~-1926 - 19321-·:-']933~1939 1
r-~~
1---- -
--~- -- ._---]
1
. peJL,~ 0 lifie/~ . aé;Ü0 e.-~
"
"
'" L'·'"
'12 '1
40
l~u.:)e.-l. .tè...i..e.è..abU?z':i.e.e0. h.eè..~'" •
"
2,20'.
iT;Vj -
'Ôlilfce.. ~~~ 'pM 'péd__'_'" '01~c-.~7 ,

600.
production annuelle de café par personne active, en référence au rendement
moyen à l'hectare, estimé à 450 Kg (1), peut être établie à 81 Kg pour la
période 1926-1932 et à 121,5 Kg pour les dernières années 1933-:939. A raison
de 3,87 F et de 4,75 F le ki Iogranme de café à l' ache teur , respectivement pour
1926-1932 et 1933-1939, le revenu annuel par tête est estimé à 313, 47 F de
1926 à 1932 et à 577,12 F de 1933 à 1939.
"
Que représente le produit de vente des vivriers et des récoltes de
cueillette? La question est beaucoup plus délicate. Nous ne disposons ici
d'aucun point d'appui sûr. Lesseuls points de comparaison, sur lesq~els nous
puissions nous appuyer, se situent en aval, quelque seize ans après la dernière
p..nnée de la péricde envisagée ici. Encore s'agit-il de pourcentages, fournis
par l'enquête sur la nutrition, réalisée en 1955-56, dans la Subdivision de
Bongouanou (2). L'estimation des montants de vente, attribuée alors aux
vivriers et aux produits de cueillette représentés par la cola, se chiffrait
respectivement à 4,5 %et &2 %de la totalité du re'~nu monétaire par person-
ne, pour l'ensemble de l'année d'enquête 1955-1956 (3). Tout en gardant à
l'esprit que les vivriers et les produits de cueillette devaient peser plus
lourdement dans le revenu monétaire, à la période étudiée qu'en 1955-56,
période du grand "boorn"du cacao et du café clans Ir économie régionale, et en se
souvenant que tout résultat obtenu ne représente qu'un ordre de grandeur, il
est possible de se fonder sur les pwrcentages des vivriers et des produits
de cueillette, pour tenter cl' atteindre Ieurs montants respectifs dans l'étude
de revenu monétaire du plariteur mor ofwo , à l'époque antérieure. Nous obtenons
ainsi respectivement pOUT les vivriers : 138,33 F de 1926 à 1932 et 45,88 j:;
de 1933 à 1939 et pour l'ensemhle des produits de cueillette: 61,48 F de
1926 à 1932 et 20,39 F de 1933 à 1939. Ce qui. permet de réaliser le tableau
sur l'origine des revenus
(1) Re.tldeme.n;tmoye.Yl. dv, c-ané~èAV, ,i..VI.cUgèYlv, 400 a 500 Kg. ct I\\NS 2G 33-63,
Rap. aYlYl. dLL Se,.'l.v-<-c.e. de.f-'A9tUc-uLt. de Côte-rf'Ivo-Utc- 193!5
(2) ,Côte. d' Ivo.{)1..e., EYl.qüê;te. de. flUVL.-dioi1, VU\\)e.OLL de. vi:«, SubcUv.u.,-<-oa de
BOYl90uaVlOLL, op. c~. Lpp-, ,'l.é/.)uLtat6 d!!. c.efte. eYlqLtiUe. ont été éga1.e.mmt
e.xpf.o,{';tu pan.
J.L. Bou.ti:,tUeJr.., BOVLgouaVlOLt,Côte-d'lvo,<Ju'_. PM..0:> 1960,
. .
- - - - - .
22 ~-t p.
(3) C6. J.L. BOUTILLIER, BOVlgOLtCil1DLL, Côtr.:.-d'Ivo,{)[.e..
PM-L~ 19<50, 224 p.
()J. &2. ) - - ---

Ej01 •
ORIGINE DES REVENUS ANNUELS DU PLANTEUR MOROFWO
(en franc CFA)
C Origin_e .__---.,..
.11926 " 19:;Z--f--;933- 193·9
,-_._._._,--
1
1 Vente du cacao
2 530 F
1
366 F
1
Vente du café
313 ,47 F
S77,12FI
Vente de vivriers
138,33 F
45,8817 1
, Vente des produits de
cueillette
61,48 F
20, 39
1
,
Total génér al
3 043, 28 F 1
1 cos, 39
1
-._---.._ - _...-------''-- - - - - - - - - - - - _ . _ - - - -
Quelle est l'orientation fondamentale du mouvement de reveml
Ero capi!~ ?De 1926 à 1932, le revenu monétaire du pays&~ morofwo demel~e
relativement subs tant ie l (1). Puis il enregistre une baisse de forte amplitude
de l'ordre de - 201,50 %, à Laque l Le nes t pas étrangè re la crise de 1929
dont l'effet se fait sentir durablement dans la région, à partir de 1933.
Cependant la crise dont les effets sont , sans aucun doute, dêvas tateurs , ne
peut expliquer à elle seule ce phénomène pour le moins curieux. En effet alors
qu'il y a essor de la production du cacao et du café, les deux principaux
produits de vente de la région et que la main d' œuvre active y devient de
plus en plus nombrease surtout au cours de la dernière péricxle 1933-1939, le
bien-être général y décroît. I.,'0i1 est tenté de voir dans cette évolution
caractéristique du tTend, la marque même d'une c:Lcissance discontinue du
modèle de l'" an.c...ù'-YI Jz.ég,iJne. f'..W1.opée..n.", à propos de laquelle Fernand Braudel
écri t :
"VuJl.aYIÂ: ,te. XVI e. /.':.ièc.i.e.., J.;i vaYlÂ:é (.00), e;t ju.J.Jqu' e.Vt 1620-1650, i.t
!f a e..MOIL de. .ta popu,€.aÂ:iOVl.
et: de. ,ta pltodu.c..tion., ,t' EuJz.op(? J.; e.
Jz.e.pe.upte. à gJz.an.dJ.; p~, mai6 ,te bie.n.-~te. 92n~ta-€. ~e c..ehJ.;~ d~
déc..Jto;{;t,te.." •
Puis il ajoute :
"PM de. pJz.ogJz.è.J.l '!H1.M QU.e. .ta not». n.e J.; ci.t: pc.yé.e., C'.' e--6t ,ta Jz.è.g ,te" (2).
lïn-UùU-rCFA c.. ' e.J.;,t le Jz.eve.~ mon.é.tMJz.e. aUeim pM. 1!.a !Lé.sion de. Bouai<.é,
Quefque. 30 aM pf..u.h .taJW. (7..J1 1956. C6 Enquête. a9Jz.i~o.te. pM MVldage daM ,t(?
C(7Ac1.C. de. Bcua.hê. (TeJuti.to,iAe
de ,ta Côte-d' lvo.o:«, J.;e.Jt\\.lic.e. de. fa Staij--6.t-i.que.,
COJ'L6W '.':.UpI?IL-Ù:'.LVl. d(J~ Rec.hV1.c..h~.':. Muo,togiQueJ.; ou:t!l.e-me/tJ 1955.
(2) F',~ BRAUDEL, C,i..vi-Wa;t.i.ovtmc.té:u.eUe., Ec..~!2.0m;.e. et: ~,LtC~<.\\~l2. F~Ve.-XVI l 1~
J.;-<..ec.i.e, torllC? 5":Le-.ieJl1E!;, aumovl~,---"-CUU-6 1979,6, p. (p'J3JI.

8û:.:: •
2. - L' AUTOCONSOJvMATION, UNE RESSOURCE NON NEGLIGEABLE
Nous intéressant ûu niveau de vie du Morofwo, nous fausserions les
données du problème, si nous ne prenions en considération que le seul revenu
monétaire. Il faut ajouter à celui-ci la part des produits vivrieys, cultivés
et autoconsommés par le cultivateur-planteur du Moronou. Il eÛt été intéressant
de connaître quel taux représente à notre époque l'auto-consommation par
rapport à la consommation des produits vivriers loca~~, à la consommation
alimentaire dans son ensemble et aussi à la consommation totale (1). Aucune
enquéte alimentaire, réalisée à l'époque, n'ayant poussé aussi loin ses
investigations, il est difficile de répondre :5 tO'Jtes ces interrogations.
Nous sorrnnes cependant fondés, grâce i] ce qui se vit a'Jjourd'hui sous nos yeux
dans les campagnes du Moronou, à reconnaftre qu'auto-production et auto-
consorrmation sont loin d'avoir été négligeables. Jusqu'à nos jours, la presque
totalité des ménages à la campagne se suffit en produits vivriers : ignames,
bananes et condiments de toutes sortes, nécessaires à la cOEJecticn du
i::tu. (le plat régional, f ai t de pains de banane ou cl' igname, accompagné d' une
sauce). Au besoin l'on avait recours aux produits de cueillette et de ramassage
aux escargots et aux champignons dont la valeur nutritive est reCOIU1ue supé-
rieure à celle des légumes courants.
Dans des proportions variables, difficiles à déte~iner, les ménages
morofwo ont fait appel, tout au long de leur histoire, à l'auto-consoJmnation,
sans que pour autant l'on puisse
pa r.lcr d1 autarcie. Celle-ci d'ailleurs
a-t -e l Le jamais exi.s té, à part quelques rares conmunaut ês humaines dont
l'existence fut soulignée/avec fracas pa r l'ethnologie, au début du siècle ?
. ,
Il semble que les Morofwo aient dépassé depuis lon.gtemps le stade de l'économie
"p!Un1..L.ÜVe.", selon lequel, chaque groupe fami l ial., en ce qui concerne la
nourr i ture, vit en autarcie absolue. Depui.s l'époque de l'immigra tian dans le
'nT~T955-56, l' e..tdoc.oVL6ommaÂ1ovi a11me.V'~e. JLe.rJ'lU e.Vl.taJ.;t 00 ~ de. .ta
c.oVlOommcu:-tOVl. de."j pJLod.u..-<.M VA..V!LJ.VLJ.> .tOc.cwx, e.Vl.vùwVl. 70 % de. .la c.ovl.J.>onnnCLt<.oVl
aUme.~e (de.Vl.!Lé.e.J.> .tOc.oJ!.e.,,~ pluJ.> d e.VVL2.C!.h~ ;.rrpcfl;té.e.J.»
e.,t 42 % du "total
consommé" c.' esr-a-âoce. dé.pe.VlOe/.. mor..é.;tcUAe.J.> a.t;,me.~cuJr el> U Vl.oVl.-QÜme.vU'LU!-cel>
p.tu.!.> auto c.o VlO omma;t.{o VI. C6. J. L. Boun LLI ER, BonD aLLLLVl.O LL, Côtè.-d' l VO-<.JLe.,
op. c.J.:t.. p. 33.

SCj.
Moronou, les Agni - nous l'avons montré en lieu et place - ont été ouverts sur
1 "extér i eur , ne scrait-ce que par la dens i të de leurs échanges corrrrnerciaux
avec le Golfe de Guinée ou encore avec le nord soudanais. Si, au début
de leur installation dans le Moronou, ils privilégient, dans la recherche de
leur subsistance quotidienne, la chasse, la cueillette et l'agriculture
vivrière, ils renoncent progressivement à que Iques LL.îeS de ces premières
activi tés, en
adoptant de plus en plus les cultures d' expor ta t i on. Ainsi une
partie des revenus, recuej l l i s de la vente du café et du cacao, a dû servir de
plQS en plus à leur prOCtITer une alimentation moins déséquilibrée et à faire
face à de nouveaux besoins.
3. - NOUVFAUX BESOINS ET:DEPH!5ES
Se 1ibérer des "-<-,vnpéJtati6~ aLûneYLtcr»uz.J.J cüc,téJ.> pM Le milieu.
YlatulJ.û'; en ayant recours au marché, en 'IlUC d'améliorer son régime alimentai-
re' est à la portée du Morofwo, grâce à son pouvoir d'achat relativement
élevé. Ils' adresse au commerce pour se pourvoir non seulement en aliments
riches en protéines corrme la viande de boucherie, le poisson fumé , venu du
SOW3.Ji, mais encore en légumes, en épices et arachides qui font l'objet de
transactions locales. On relève m~ne, d3.Jîs quelques centres, assez éloi~1és
des terrains cie cultures , l'achat de tubercules
\\ ignames, marri.oc' et aussi de
banane p Iant.a i n , surtout à l'époque de la soudure. C' est là l' W1e des censé-
quences de l' extens i.on des cultures spéculatives qui accaparent de plus en
plus les homme s , provoquant parallèlement une désaffection vis à vis de
cer ta ines activités anc i.ennes comme l'agriculture vivrière. Dans ce contexte,
s' éclaire tout le sens de la circulaire du gouverneu r Mondon sur 1! intensi-
fication des cultures, écrite en 1937, de Korhogo :
11 Le de.vohl
I1Ütl/~ --t.Y1.c,om6e de. rcuwev0t a u.ne. oILgavU!.>ation méthod;'que.
du :t!lavail qLU tie.nne. c,ompte. de to~ L~ 6e/:, oiM et des eug enc,~
des ~a--i.J.JOY1.J.J pOUlt o6te.v0L : pL~ de. deYlJlé~ v;'vJuÎÙLeJ.J : c,oncütion
d'
e.Vl.JVldùJ.J~ ement e;t pcvr;t.aIU du. p'LoglLè.~ mç;tértA.-e.1.. ( ••• l
IL 60ut égeLf-ement oILgavU!.>V1. mUhocüqueJ11eYl): -tu g,'LenCr..JL6 de.
IL~--6e.JtVe. de vivIL~ et de. ~e.menc,e.f.l qui ~eILont l'objet des pILé.OC,C,U-
1Ja;ti.o~ c,o~tanteJ.J des adm.Lft-iAtJtQ;t(W/w.
Ce.f.l gILeV'vi.vL~ doive.n): èt». e (LPP''lOV ùio f1né-~ ILég Ldiè.ILe.me.nt
dan» arA c,ondi-tÎ.oYlJ.J t<?1-.tc.J.J que, IWI~ ~eLLJ!.ement .f..l ~peLt're. de. la
6omine. so.c: à [amai.s yXOU/L/L-t, maù e.nC.CiJU? que Le.s rr,ome.I';;U pê.ni6leJ.J
de. fa soudune. dÙpa,'l{l-,0s~e.!U,
eux. atl/s~-<"
à
un.e époque de l' an.née

"de l'an.ytée ou 1(l...6 tJtavaux de la teNte fLéûameytt jU1JteJnent le pf.U1J
gfLO.6 e6 ~ OfLt des c.uLt,{vateUM" ( 1) •
Au chapitre des dépenses alimentaires il faut encore évoquer la
consonur.ation des boissons alcoolisées et dans une moindre mesure les produits
importés d'Europe: sel de mer, pain, conserves, lait, sucre qui reflètent
l'extension de nouvelles modes alimentaires.
D'autre part l'élévation relativement importante du pouvoir d' a-
chat du planteur morofwo se traduit, dans d'autres domaines, par une améliora-
tion spectaculaire. Evoquons les transformations vestimentaires et les
articles de toilette qui se traduisent par l'importation massive des
cotonnades imprimées aux dessins Inulticolores, des flacons de parfum aux
effluves si caractéristiques; l'adoption par la cuisinière rnorofwo de nou-
veaux ustensiles: mannites en fente, cuvettes et récipients de toute dimension,
chassant définitivement plats, pots et cruches en
terre cuite, objets fami-
liers du cadre traditionnel. Les premières bicyclettes et automobiles,
acquises paT les planteurs de Ja région, font aussi leur apparition dans ce
décor rUTal africain.
D'autres dépenses reflètent aussi des besoins nouveaux, liés au
développement de l'exploitation agricole. Il semble que l'on puisse ranger
dans cette rubrique les sommes investies daIls l'achat des fusils de chasse,
cartouches et permis, des pièges, des matchettes, des houes et autres instru-
ments agricoles. Enfin i l faut faire appel aux dépenses occasionnées par les
principaux événements de la vie sociale, ccsignés habituellement de 1: expres-
sion de 1~cf.e.peYi-Oe.o .60mpt:(La,{Jte.o" : couvertures de type "bomo" (de Iuxe) et
pagnes cl' apparat, acquis pour les funérailles ou offerts à une j eune épousée
boissons alcoolisées, consommées aux cérémonies de naissance, de mariage, aux
funérailles et jugements coutumiers. Fréquemment toutes ces cérémonies sont
(1) ACCCI 55.3, yt0 208 bi.o C du U. gouveJtyteuJt de la Cât:e-d'Ivo,iAe à !\\-lM.
le.o Ad.mùu.-ôVto..teUM Commaytdan:t,~ de COLcte c...-t c.f1eô.6 de Subd'{vù,{oi'l, ct./.6
P/(.ogfLamni(? d'ac.tioi1 .6ouafe pOM l'ame.uofLcU,{oyt du .60rv~ de-, i',(.V1.d-tgène
pM le t/tavo..J..L KOfLhogo,f.e 27 6(>_vh_A~etr.. 7937.

805.
accompagnées de festins, de danses, de coups de fusils tirés en l'air qUI met-
tent tout le village en émoi.
Il n'est pas à douter que dans le· contexte de prospérité générale,
toutes ces dépenses} liées au déroulement de la vie sociale, ont connu à notre·
époque une augmentation en valeur absolue.
E. - DES CONDITIONS D'EXISTENCE INEGAlES
En guise de conclusion à cette partie consacrée au niveau de vie,
soulignons que ni le revenll monétaire révélé dans les pages précédentes,
ni l'autoconsommation décrite, ne rendent compte de la variété de conditions
des différentes couches sociales représentées dans les limites du Moronou et
par conséquent des différences de niveau de vie. Entre autochtones agni et
éléments mmigrants , venus d'autres régions ivoiriennes ou des territoires de
l'Afrique de l'Ouest, existe une séparation très nette, inscrite jusque dans
le sol et qui tient à la fois à des facteurs économiques et socio-culturels.
L'Agni, autochtone, est propriétaire à la t€te
d'une exploitation agricole
fami LiaIe ; i l se réclame, pur a.illeurs par ses origines historiques, de la
bri1.lante civilisation akan dont le foyer de rayonnement se trouve être
Kumas i , dans le Ghana actuel. Il a conscience de sa supériorité économique,
sociale et aussi de son opposition culturelle avec] 'immigrant en général
d'origine nordique, drapé const3JTIJTIent dans un boubou et assimilé au musulman.
Le niveau de vie de l'Agni, super i eur à celui de l'inunigrartt, se
traduit à la fois par le revenu monétairèpèrcàp~ta, plus élevé et aussi par
la structure des dépenses, fort différente. Mais d'abord l'opposition est net-
tement soul i.gnêe au niveau de L'Jiabi tat , Dans les villages du ]\\'Ioronou, le
quartier habité par les étrangers, appelé habituellement ~L~l.luo (vi Ll age
dyul a) est isolé de la cqmmunauté agni. Si tué en général à la. sortie du
village, le quartier dyula se présente sous des dehors peu flatteurs : murs
des cases en banco, fissurées de partout, toitures composées d'un mélange de
palmes et de pctpo, nid privilégié des tennites. Le contraste est vraiment
saisissant avec les maisons du quartier agni, massives
cr êpd cs de ciment,
quelquefois bLanch i.es à la chaux et presque touj ours couvertes de tôle. "Ce.-t

006.
ha.b~ tneme. eA-t L« f.>-iq ne. d' u.V!. l'u.veau. de. v.ze. Mf.> e.z bCLs e-t d' ltVl.e. Ù!h-taU.atioV!.
pJwv-i-60-Ûle." (1), corme le stigmatisera plus tard Boutillier.
On peut aUSSI lffiaginer que les dépenses consacrées aUSSJ à l'alimen-
tation sont ici relativement réduites, tandis que la proportion des sonmles
destinées au paiement de l'impôt, à l'achat des hiens durables, susceptibles
dl être emportëes au pays d'origine : qutncat Ll.er-t e , bicyclettes ... demeur e re-
lativement élevée. Que les éléments des cornnunautés dl immigrants répartissent
de cette façon leurs dépenses, en comprimant au maximun celle-ci, cela se
comprend. En effet, si quelques uns parmi eux cherchent à s' installer ~
demeure, la majorité ne fait que passer dans le Moronou.Leur principal souci
est donc d'amasser ,autant que faire se peut, le maximum d' argent dans un
et
minimum de temps 1renti~er· rapidement dans leur village dl origine. Ceci même
exp l i.que le décalage des niveaux de vie entre l'Agni et l 'immigr2..nt :
manœuv re agricole, artisan, petit corrrrnerçant, qui se contente de peu dans son
habitat, son alimentation et sa mise ùe tous les jours.
Ainsi l'évolution économiqHe de la région a abouti - et c'est
l'un des traits majeurs de notre pê ri ode - à créer, au niveau des gros centres
du Hor-onou, d'importantes communautés d'immigrants qui, si elles apparaissent
très hétérogènes du
point de V'Je ethnique, n'en constituent pas moins un
ensemble homogène quant au mode et au niveau de vie et sont parfcis unies, en
face de la communauté agni majoritaire. La dépendance de ces deux communautés,
l'une vis à vis de l'aHtre sur le plan économique, ne laisse pas moins planer
des inquiétudes sur leur coexistence pacifique.
( 1) J. 1. Bo u t j: Il i è l' , 0 p. c i t. p.
1 5 2 .

807.
CHA PIT
R E
XVIII
_ _-------
..
MOBILITE
ET STRUCIURES
SOCIALES
L'un des critères qui permet de prendre la mesure du dynamisme
d'une population est sa mobilité sociale. Les populations du Moronou colonial
se caractérisent-elles en ce domaine par leur stabilité ou leur turbulence ?
L'une des meilleures réponses eût été de pouvoir faire état des mutations opé-
rées, en observant l'itinéraire suivi par les habitants. Mais à défaut de
listes nominatives dans nos sources archivistiques, force est de nous rabattre
sur l'analyse qualitative des transformations, survenues au sein de cette socié-
té.
Avec l'extension des cultures de profit et à la faveu r de la pros-
périté générale, le Moronou s'enrichit d'un apport de plus en plus considérable
d'immigrants, venus de tous les horizons. Face à la communauté agni, ceux-ci
constituent, malgré l'hétérogéneité de leurs origines, un ensemble homogène.
Les rapports entre ces deux cOlnmunautés ne sont pas dépourvus de tout germe de
tension. Si à notre époque les causes de dissension ne sont pas encore une
menace sérieuse pour la symbiose économique, réalisée entre les deux communautés,
elles ne laissent pas moins entrevoir le développement des conflits de l'époque
ul térieure. .
Au sein de la société agni elle-même, les rapports sociaux subissent
une transformation radicale : les liens traditionnels de dépendance entre la
hiérarchie lignagère et les autres membres de la communauté se relâchent,
de même que les relations de dépendance maître/esclave dépérissent, finissant
par disparaitre totalement, à la suite de la libération des captifs, décretée,
en 1905, par l'autorité coloniale. La hiérarchie traditionnelle, fondée sur
la naissance est progressivement éliminée de la vie sociale, tandis qu'émerge
une nouvelle élite rurale, dont les critères sont avant tout le montant des
revenus et accessoirement le niveau d'instruction. D'autres nouvelles catégories
sociales, produits de l'expansion de l'économie de profit, font aussi leur
appari tion dans un monde où 1 a société devient de plus en plus globalisante.
Entre l'ancienne structure sociale, hiérarchisée, fondée sur la naissance, où
le passage d'une catégorie sociale à l'autre, était ul~ensable et les nouvelles

303.
catégories sociales à base économique, l'opposition devient extrêmement vive.
L'une des sources de conflit est ent Te .aut.resTa miseien cause de l' ordre
ancien par l'apparition de nouvelles valeurs fondées essentiellement sur
l'argent. Celui-ci est en voie de tout démocratiser dans une société dont la
hiérarchie était avant tout fondée sur la naissance.
Tel apparaît le sens fondamental de l'évolution dans le Moronou
colonial: un bouleversement de l'ordre social ancien par l'avènement de
nouvelles catégories sociales fondées sur des critères économiques.
1. - UNE STRUCnIRE SOCIALE TRADITIONl\\JELLE FORTEMENT EBRANLEE
L'ancienne hiérarchie semble être la plus sévè rement touchée par
les bouleversements sociaux. Les chefs coutumiers, gardiens de la tradition,
sont non seulement dépossédés du pouvoir politique par l'administration colo-
niale, mais perdent tout contrôle sur la jeune génération, qui désormais obéit
davantage aux impératifs économiques qu'elle ne se laisse guider par les
prIncIpes de l'ordre ancien. Privés par ailleurs des anciens privilèges écono-
miques, reconnus par la tradition, les chefs tentent, vainement, quelquefois
contre toutes les règles de l'honnêteté, de réagir contre une situation dont
ils ont perdu totalement le contrôle.
Quant aux esclaves, situés au bas de l'échelle sociale, désormais
libérés, l'accession aux échelons les plus élevés de la nouvelle échelle
économique leur est ouverte. Si, au départ les chances sont inégales, la
persévérance et le courage peuvent venir à bout des difficultés.
A. - LE REFLUX DE LA HIERARO-IIE TRADITIONNELLE.
Les chefs vont être doublement atteints à la fois dans leur pouvoir
politique et dans leurs privilèges économiques.

80~' •
1. - lA PERTE DU POUVOIR POLITIQlŒ
De nombreux chefs coutumiers avaient été éliminés, on s'en souvient,
lors de la pénétration coloniale (1). Ceux qui demeurent en poste, sont
réduits au ICle de simples auxi l iai.res . Mais les "aUté.6", maintenus ou
installés, ne donnent guère satisfaction pOlir la plupart :
" Be..au.c.oup de c.he6;., Yir orU: qu' U;le autoJU.;té toute Vlomùlaf.e e;t f.e.o
.-Lvtd.-LgèVl~:' oni: dep~ lOYigte.mp6 dé.6appw l' ObÜMaVlc.e." (2).
Et cependruît d~s chefs à très forte personnalité sw)sistent ici
et là, à la tête des
différents groupes de peuples du Moronou : tel Assoumou
Baka,
du groupe Sawua, "d2-vo:.Lé e;t ftempLL de bOVlne volonté" (3) et dont la
"ligVle de c.oVldtU;{:e (UlI./VlJ., VlOM Vl'a guèJl.e va/t.-Lé dep~ " (4) ; tel aussi Dia
Kadio, chef (les Amant i an, "ilUe1X<-geM e;t éVlC/l.gique" (5). Il Y eut cependant
lm tournant dans la politique des chefs. A la fin de la première guerre
mondiale (6), lorsqu'on songe à renouveler
le personnel administratif, on
s'oriente vers la suppression progressive des chefs traditionnels, les succes-
seurs réels, selon la coutume, des premiers gui.des de la migration. Entre 1921
et 1923, la plupart des chefs, ennemis de jadis ou amis de la France, sont
(1) C60 te c.ha.p~tll.e.VIII, p. 36~362.
(2) AI~CI lEE 148 (1/1), Rappoftt poL-é-t.-Lque du. pOJ.,;te de Vhnbofvz.o, POUll. te.. mo.zo
d'aoÛÂ: 1909.
(3) ANC l 1EE 14S (1), Rap. poLU. du po6te de V.-Lmbd<Ao pouJt te p-'l.emJ..e.ft MJne.otJte.
1917, VJ..mbofuw le 25/611917.
(4) Yb.-Lde..m, op. CAXo
( 5) l b-i.d e.m ,op. .~.
(6) Ovl LU davv~ le ;-~appoll.t du po;.,te de V-ÛriboRJw, POUll. le 4(7. tll..ùncJ.JXJl.e 191S,
a!;., de l'ruttotU.;té. des c.he6':' : "Ces derniers (chefs de village) n'ont
qu'une autorité nominale et ne peuvent se faire obéir par leurs gens.
Les chefs de tribu même n'ont aUCWle influence ( .•. ). Notre administration
se trouve donc compJiq1.lée de ce fait et il sera néèessaire d'instaurer un
nouveau système politique, afin de Tai re cesser cette quas i-anar chi e"
C6. ANCI 1EE 148 (J), R.ap. politique du pMte- de V-i.mbolül.O, POUA .f2. 4('_
t.Ju.me.6:ll.!!.. 1918.

810.
éliminés (1).
Dans la mesure où ils deviennent plus enccmbrants qu'utiles à
l'administration (2), les authentiques représentants des vieilles familles
sont brisés et remplacés par de petites gens sans prestige et trop souvent
sans scrupule :
"Lt: YWU!.l oau-t donc. Y/.OM rYl.éoc.C'..u.peJt de.. c.hoi.6A..Jt des homme.6 j e..un.e6,
én.eJtg,i-quu, éc.ou-t~ pOM .te.6 me..,t:tJte..
La. -tête.. des villag e.6 U
à
.t'é.tê.me..n-t an.ue..Yl.6 tilta.M:l.e..u.!LJ.> I.leJz..a pe..llx.-êtJtc. .ta .!>OU!LC.e.. Jte..VA..-VA..--
oJ..a.n-te.. a .taque...t.te.. n.OU!.l pouJt/:..on.-~ pu.J..l.l eJt ave.c. .te.. p.tU!.l de c./UtYl.c.e.6
de. .s uccê.s" (3).
C'est ainsi que le titulaire de la "c.haùe" des Alangwa du
~bronou (4), Assémian Aka, est remplacé le 15 juillet 1919, à la tête des
Al.angwa par Koidio Konê de Niandian, dans le N'ga t i anu (S). Bien que membre
de l'une des plus vieilles et des plus prestigieuses familles du Moronou,
Koidio Koné n'était point habilité, selon la loi coutumière
de succession,
à monter SUT la chaise des Al.angwa , Mais pOUT s'être signalé, depuis les
premiers moments de la pénétration co.lonia Le , comme un loyal et dévoué servi-
teur de la France, il fut choisi, par l'autorit.é coloniale, pour être le chef
supérieur de tous les Alangwa avec comme r ês i dence le village d'Assahara.
le même, les chefs : Ettien Kwa de Ngohinu, Kadi.o Tienté dAkoun.ienu (Ahali),
-- ._-- -_._----
(1) App.tJ..c.atJ..on. .toc.a1e.. et ooJt-t -taJtdive.. du dé0~ex. du 23 oc.-tob~e.. 1904, ~e.. II,
anr.. 10, a..boW-6an.t..ta,~ ouve..!LaA..n.c-té ,thé'.oJtJ..que.. des c.he..6-6 a nJtJ..c.aJ..Yl.6 .
(2)
L'-Ln6pe.c;te..tl-'L Bou.JtgA..-n.e.. /.,ou.-ügn.e.. e..v:. 1923, au. l'ùve..au du. N'û-Comoé..... .te.6 dJ..66A..--
c.u..t-tél.l, auxque...t.te.6 -6 e he..u.-'t-te .t' admÙU-.6tJta..-tlon. c.o.toY1.-La.te.., à. -tJtouveJt de..
vé.JtJ..-tab.te.6 aliU.tJ..cUAe.6 paJu11A.. .tu cne. 6-6 dû.me..r.Â: n.ommé.-6 I~ el.oYl. .ta eoiüume.,
Le.6 habJ..-taVlÂ.6 .te..M "obéissent", n.OLU) appJi.e..n.d-il, a c..on.d.J..-t<.oVl. qu' ili ne..
soi.erd: po.i..vt:t. C.hMgé-6 de: 6a..ur.e.. e.Xéc.u,tCfl.te.6 o,~dJtC-6 de. .t'admA..-n.-u.t'Loilon.,
a.u.qae...t c.Q.;~ "ils perdent toute autorité et personne ne veut plus leur
obéir". Co ANCI 2 EE 7 (26). Ex.t'LaJ...t d'un ,':.ap. de.. i'A..-Yl-6pe..c.-tc.UJl BOtl-':.gA..-ne..,
0../-6
c.he.o-6 A..-n.digèn.e.6 du. N'Z.i....;,Comoê, 1923.
(3) ANCI lEE 139 h), Rap. ]Jo.t.JA..-qae.. da N'û-Comoé, pOtl-'l. t:« 4e. :tJthl1e...otJte.. 1921.
(4)
Un.e.. aiüne. prUl.t-i..e.. des A.taHgwa e.-~t r:.. e.-~téc. Jta..ttac.hée.. à .e.' ll'ldé..i'k.é.
(5)
ANCI 2 EE 7 (26), ExtMU,t d'un tWppOIL.t de ..e'ùv~p(?..C.-tC.WL BOUFLg.i..Iï.e.., c./o
che..ol.l du N'zA..--Comoé, 19l3_

811.
les titulaires officiels des "cha i ses" de ces deux villages, jugés, "-tn.ap-tu au
c.ommaruie.me.n.-t", sont révoqués, dès 1913,,(fuir.- l'autorité coloniale (1). Il en
est de
même d'Ani Kouamé, chef des Essandané, qui promu chef de Canton en
1920, se voit non seulement destitué de ce poste en 1929, mais perd en outre
la"cha ise"de Nanan Sangban dont i l est le successeur légitime, selon la loi
coutumière, au profit de Nglliîza de Kangandissou qui la lui subtilise par
intrigue (2).
De telles mesüres suscitent de vives réactions dans le Moro~ou~
Conunettre en effet de telles "e.ru:.O!LM..J.,'; vis à vis de la coutume, considérée
corme sacrée, revient à la bafouer, geste condamnab Ie aux yeLL'C des populations.
Celles-ci manifestent spontanément leur réprobation, en pTenant le chemin de
l' exede, en .direc t ion de la Gold-Coast, le pays des ancêtres, chaque fois que
l'occasion leur est donnée:; (3). Quant ,aux chefs, ainsi désignés, en dehors
des normes coutumières, ils se trouvent en butte à toutes sortes de difficultés
perte de toute autorité morale et par conséquent de toute influence sur leurs
sujets. Mais le préjudice le plus grave subi par le "c.he.6 a.dnU.vU~VtaU6",
imposé J la cOmITRmauté villageoise, se situe au niveau. économique.
2. - LA PERTE DES PRIVlLEGES JvLA.TERIELS ET ECONOVlIQUES
A l'époque pTécoloniale, le chef de village, en raIson de ses droits
éminent s sur le sol, perçoit toujours une redevance su," 1 "exp Ioi.t.a t ion de
teute parcelle du terrain villageois. Ainsi l' exploi tation de l'or lui procure
des ressources à deux titres : d "une part l'extraction directe du métal
précieux lui assure des gains rêmunêr at.eur s en rapport avec le nombre de captifs,
(1)
MiCl 2 EE J5, FÙ.hIUJ de-!Le.l'16ugn.e.meVlÂ.o /.ltl/l d-tve.M che.Q/.l déc.ê.dé..6,
(2) ANCI B4 - IV-l0··67, Rap.
c.oI1Q-ldcu'JX.tel 135 C de. f'Adrn-tvUJ.,b!.a-te.uJt du. N'z..-l-
Comoé. au gOttVeAVlé.tUL de. Cot.e.-d' Ivo.oie. à BÙi.ge./wille., aj.~ p.toJ.n.-te.
c.onVie.
f' -tnte!LpJtè.-te. ~~.o~ou.. N' guv.J.,/.laJ'l e.t. Aoul'iz.L Kolwh.a, c.he.6 de
Can.-tcm du. Nga-t-i.ctn.ou, BOl'lgOUOJ10U., .te.21/12/1929.

812.
dévolus à son service ; et d'autre part la redevance due par tout orpailleur,
s'adonnant âU lavage dês alluvions quartzeuses ou à l'exploitation de placers,
situés drulS les limites du terrain villageois. Celle-ci équivaut ffil tiers de
la récolte. Il est d'usage cependant que le chef accorde une partie des droi~s
perçus à l'''inve.VLte.wr.", pour le récompenser de sa découverte (1).
De même sur 1 ' ivoire, lm cer ta in nombre de droi ts sont acquis au
chef de la cOl1ll1i.unauté. Les défenses de tout éléphant, abattu sur le terrain
de chasse du village, reviennent au chef. La queue de l'éléphant ainsi que
certains morceaux qui passent pour être très appréciés comme la trompe, le
foie, reviennent de droit au chef.
Toutes ces redevances diverses, les revenus de la justice et ceux
attachés aux~~AA (jurements) (2), toutes les SOlITCeS traditiorillelles de
revenu, bref "tOM le).) avcvuag e..6 evtt.ac.héf.. à. la c.h.cU.f.J e. L<.g nagèJLe.", lui sont
supprlI!1ees <1 l'époque coloniale, du moins officiellement. De même i l ne pour-
ra plus prétendre aux prestations gra tui tes de main-d' œuvre dont ils béné-
ficiai t jadis de la part de ses administrés et des captifs.
(1) Ailc.hiver.. de, la Sodemi à. Abidjan, RappO/1.;t /JU/l Lme. miMion e.t6e.c.tuê.e e..n
maJl..J.J-jU-<-n 1914, pan. l'Adm-ùl.,0J-t'l..ate.wr. der.. c.of..OVUe.-é HubVLt, a!/.) ê.tude. du
cL'l..o.{;t cou.iumi.on. e.n mcctiè./Le. des mine/J.

(2)
I.t p(J_u.;t me dé6ini c.omme. u.n Mllme.VLt de. 6o!Lmt, 6igé-e, évoquant: un évén811e.rvt,
g/La.ve., c.a1.wslllophique, du paMé.. I.t n'ut en géVlêACU. IJfLOl':.onc.é qlL' lz.n de.6
e.-iAC.OVu.'l tanc.e» ~quer.., POUA )YloteAt0'L de. Mm imlOc.e.n.c.e, C.o;1XIle...f' injM:tù,e.
dont 011. a ét2- vÙ,,:Ü.me.. Cette. irv6.:tJL!.tiOVl. oJLiginate. et. o.nu.e.mle., Pe.!lVM,f.-i,e.
dans te MO/Lol'lou. du 19e. f..ièc.le., étad de.ve.mLc. "une source de revenu impor-
tante" Cn. G. KOmO NIAMKEY, WANI, /.)OUflC.C. hÙtO/LÙ{LLP-, Colloqu.e irJ.teJtuvù:-
v~.{;tcUttè Ghr,um -, Côte.-d' tvo-oie, ;Û~G~u.~-t~cn,~ c.O:l1mwiè.6 de. lei. Cote::cr' IVO;'/lC!
~L au-Ghana, op. e.-0t.
pp. 506-5/JI(p. )11 1
EV[ e,66c.t, ,te. NDAA qu,,{ ,'l..appûte. un meL.the.ull auavi; 6/Lllppé LW
ABUSCUAII1 (6am,Ltte.) détvill1Ùlé, /J!LOVOqlie. :tOLLjCJLv'l../) .ta :ùiac.-téoVl du c,he,6 d« c.~ttc
-6am:zu2. qu-<- Jr.éLLVld .fc, ,tJL-ébul'lal eU),{{U2l- te, j LL!L<!.,1 l!L Il ILee.oU}Lo •

81).
3... LE POIDS FINANCIER DES CHARGES ADMINISTRATIVES
Sa situation devient encore plus critique, dans l'exercice des
charges qui luisant confiées dans le nouveau système administratif, mis en
place. Contre une "JtemL6e. aLtouée. .oUJ!. l'"i.mpôt, 60Jtt "t1'L6"tgni6,.i.ante." (1), on
exige de lui la collecte de l'impôt, les réquisitions de main-d'œuvre, les
corvées à accomplir, le recrutement militaire' à fournir. De surcroît, il
doit héberger et nour.rir gratuite.ment le garde de cercle ou le fonctionnaire
en tournée, entretenir des agents ou représentants au poste de Subdivision,
chargés de lui transmettre les ordres du chef de poste. Comment faire face
décemment à des charges aussi multiples et surtout aussi lourdes ! Le chef se
"Jt~'tape.~ en infligeant ici des amendes et en pratiquant là des exactions.
Le témoignage de l'un d'entre eux, Langui Brou, chef de Dimbokro, est à cet
égard fort instructif
"Comme.nt v-<-vJtcvi..e.n.t lM c.he.66 .s ' i l l n.e. Jte.n.diUe.n.t pCv:' Ea. ju.ouc.e.,
-6 ' W
n.'.{.n.6L<g eai.eni: JJM des c:une.n.d M. IlAo"t-mê.me. appelé. v"tng t
60,,(.0 palt JOU.!t a la Ré.-6,,(de.ac.e. POUIL le..o 0..6 6cvi..Jte.,,~ de. i' AdnU.~t!'...a.­
.ÜOfl,
[e. n'cvi.. pM e.u le. temp-6 de. bCM:Jte. 6a-<-Jte. de..6 plan"ta;ti.cn,,~.
J' cvi.. touc.hé. IWO F de. t~e.m,,(.o (J~ d' .impôt : c.' Mt mo"tV'v6 que. cc que.
je. dé.pe.fU e. pOM e.ntJtUe.nÙ1. mM poJtte.-,.c.an.nf'./~ et le. ILe.pJté.-6 e.n.tan.t
du vil..ta.ge.. Pou.Jl..tan..t i l 6atit que.
je. v.ive. et -6M-6e. v-<-vJte. ma
6amille." (2).
Pauvre chef du Moronou, pris entre W1e adrni.ni s tr ati.on implacable
et des administrés, qui refusent de se soumettre à son autorité ! Il a souvent
recours à toutes sortes de procédés "ab(~-<-ü.o"J pour détourner par exemple 8
son profit la main-d'œuvre prestataire ou encore l'équivalent en espèces,
acqui tté par quelques uns de ses administrés. L' adnrirus trat i on fermer a le
plus souvent les yeux sur ces malversations, jugées "n.DILma1.M", à condition
que n'éclate aucun scandale. Ainsi bon gré mal gré, le chef devient un tyran.
C'est le cas de Nuama Téhoua dont les abus et les exactions suscitent plaintes
(1) ANCT 2 EE 7 (26), Extna..U: d' lln. MlppO/!..t de. 1..' .ùupe.c..te.u/t BOuJLg.Üle., 0../-6
c.he·6-6 "tn.d,,(gèn.M du N'û-Comoé., 1923.
(2) ANCI 2 EE 7 (26), Ex..t!LcU.,t d'l~Vl !l.appo!l.t de. l'.tYl..6pe.c.te.U!l. 13ou;'1..9ùl.e, als
c.he.6.o ù!d"tgèn.M du fJ' û··Coll1oé, 1923.

314.
et dolém1ces de la part de ses subordonnés (1). Rares sont cependant ceux
parmi les chefs qui, en usant gr z..tuitement de cette main-d t œuvre disponible,
parviennent à se créer des superficies de cacao et de café au dessus de la
moyenne (2). Bien au contraire, les détournements de la main-d' œuvre presta-
taire à son profit, bien que couverts pa r l'administration locale (3), portent
cependant llil grave préjudice au prestige de la hiérarchie traditiolu1elle,
cela d'autant plus que celle-ci n'avait. pas aupar avarrt très bonne presse.
L'une des conséquences immédiates, c'est que les administrés prennent encore
un peu plus leurs distances vis à vis de la chefferie admi rri s tr at ive ,
Ainsi la hiérarchie traditionnelle en définitive, dépourvue de sources
de revenu suffisant pour Si imposer, est "botL6C11.lé.e../I, dans le système de
J.-'ordr'e nouveau, à un rang inférieur il celui de l'élite rurale, formée de
nouveaux planteurs. Celle-ci, après s'être crée, à la force de ses bras, de
vastes exploitations de ca~ao et de café, s'impose à son tour par son influen-
ce économique et sociale.
(1) ANCT 1 Vl-VT-13/1 (3038). voi»: CYL paIL-téc.uLi.Vt : la lC!.Ule. de/.> vl.Ommé6AVle..
Kouamé et: MU-60uAmavl de. la Subdivi/.,ioVl de. BOVlgouc..nou au Léeute..Vlw'lÂ:-
gouVVtVl2.U!L à Abidjan, Abidjal'l, le.. 26 avJLil 1935. OVl IJ tü : /ILe
c!l.ef de canton Téhouo a fait arrêter les nommés Koutou, Kouamé,
Edja, sous prétexte qu'ils avaient refusé de faire leurs prestat.ions
alors que nous nous étions rendus taus à Abidjan pour '.'OLIS demander
de racheter lesdites prestations"
VoJ.A a.LL-5.6-L la leLOte.. de. demande.. p::JU!l !Lachat d(J~ lY'c(J../.,;(:a,u.OI'L0
de. tou..t un. gJtoupe. d' habitan:t0 d' k~.6o.Uüw (Boflgouavwu), e..v: dar« alt
15 l'l.ovembJte.. 1935 et e.i16in celle. du 5 avJt.u 1935, éc/U:te.. paIL .f.u
hab)):an-t5 de. la Subcüvi/.,ior.. de. BOVlgOUa.nOU daM laqttÛJ.c OVl f.d.. :
"Nous savons par ailleurs que c'est le Chef de Canton qui s'évertue
à nous forcer à effectuer les prestations en nature, car i l en
profite pOUT fai re travailler les prestataires dans ses pl aat.ations",
( 2) 10 he..ctM (J~ e.I'l.V-0'l..OVl •
(3) Le.. ch.e.n de. la Subdivi.6,éoVl de. BOVlgouanou, Car...LtoVl, .s e oct-lt tappe.1ê. paIL,Cc
goU\\:e;u'l.e..uJL '~Rute., da~~ UVle. le;t;tJte.-télé.9Jtcunme. e.1'l. da:« du 10 avn.il 19.)5,
écJU...te.. à ,Ca. .60.:te.. dt uns: le-t-tJte.. coUe.w.ve. du v.LUagu de. .ta Subd,(v~5.i.0I'1,
que. "les prestations peuvent être acquittées en argent ou en na ture au gré
des corrtr i buab Ies" C6 ANCI 1V7-VI-1311 (3038), Té..lêg!L~1!1ime..'-.f..e,Ut'l(!. cieL gOI.lVe.,':.-
VlC?UJtRute.. à ,t'adrrJ-<-VlM.t'Late.uJt à Abe..Vlgowl.(Jtt, al/) ptr.e_6t(l.téon~ des h.abi.taYl-u
de. .ta SubcUvi.6ioJ'l. de. l3ol'lgouaVWtt.

815.
B. - LA MONTEE DU "CAPTIF" DANS L'ECHELLE SOCIALE
La rupture entre les différentes couches sociales, dans le Moronou,
est totale. On naît soit "hormre. libILe.", soit esclave ou captif et on le demeure,
toute sa vie, sans possibilité de passer d'un niveau à l'autre. La suppression
de l'esclavage et la libération des captifs de case constitue une première éta-
pe de la démocratisation des rapports sociaux. Mais c'est avec l'apparition de
l'économie de profit dans le Moronou que se rompt définitivement l'étanchéité
entre gIDupes sociaux. Jusque là ont toujours existé, à l'intérieur de la
communauté villageoise, certaines obligations de travail. Des prestations de
travail, comptabilisées en journées, étaient dues au maître par les captifs et
les descendants de captifs. Il ne serait pas étonnant - mais nous n'avons pas
les moyens pour le vérifier - que cette coutume ancienne se soit prolongée au-
delà de la suppression théorique de l'esclavage, et que les premières planta-
tions de cacao et de café appartenant au groupe "domin.ant" des chefs et des
hommes libres, aient été constituées, en ayant recours à la main-d'œuvre
servile (1).
Par la suite, les rapports s'étant démocratisés, la possibilité a
été donnée au captif d'hier d'acquérir sa fortune personnelle. En effet, selon
le droit foncier coutumier, tout membre de la société agni a libre accès à la
terre. L'esclave étant devenu libre et membre à part entière de la société,
peut jouir de son droit d'usufruit sur le terrain villageois. Ainsi, soit sous
la pression administrative, soit par une volonté de libération économique,
les anciens captifs se créent d'immenses plantations, supérieures par la
taille et le rendement aux exploitations de la hiérarchie ancienne (2).
Ainsi naît l'élite sociale rurale, à côté et en face du groupe domi- .
nant ancien, dont le prestige n'est point fondé sur la naissance, mais sur
l'argent, acquis gr.âce aux cultures de profit.
(7) J.L o BOUTILLIERILévè~e., au ~ujet de. ~ ~e.~~on. d~ e.xp~o~atio~ appaJL-
te.n.aVLt aux c.he.6~ de. v,illag e. et c.he.6~ de. lig n.ag e. : "Il semble que la
dimension moyenne de leurs plantations en production ne soit pas infé-
rieure à une dizaine d'hectares, soit le double de la dimension moyenne
de l'~xploitation agni". J.L BOUTILLIER, Bortgouan.ou, Côte.-d'Ivo~e.,
op. c,U. p. 67.
(2) Ce.Ue.-U e.n. e.û6et, habiluée. à bén.é.Mue.JL g!I.a-tude.me.VLt des pIL~tatio~ de.
t!I.av~ de. ~a m~n.-d'œuvILe. ~eAvile. ou. des habda~ village.o~, ~e. voi.;t
dûotunw obligée., ave.c. ~e.U!L fuP~On., de. ILe.C.O~ à ~a mai.n-d' œuvILe.
é.t!I.an.gèILe.o OIL, c.e.Ue.-u ~e. ILMé6~aVLt, l' e.xte.I'!~~OYl e-t .t'e.Vl.-Ge-Ue.VI de.o ex.p~o~­
tatiOM ~w~evl;t de. p~u.-6 en p~u.'~ è< dé~~eA.

816.
II. - LA NOUVELLE STRATIFICATION SOCIALE.
L'ascension du captif dans l'échelle sociale ainsi que le reflux
de la hiéralChie traditionnelle, mouvements parallèles, ne sont que l'illustra-
tion de résultats antynonymiques d'un seul et même phénomène: le bouleverse-
ment introduit, dans la structure sociale, par l'éclosion de l'économie de
profit. D'autres transformations de structures apparaissent? liées aussi à ce
même contexte. Quelles sont-elles et comment se décompose désormais la nouvel-
le communauté villageoise du Moronou ? Mais ce passage d'une forme de société
à structure économique "Mc.halque" à une autre forme plus complexe, ne va pas
sans tensions gIaves et sans modification des institutions anciennes.
A. - TENSIONS SOCIALES ET MODIFICATIONS DES INSTITUTIONS
TMDITIOl\\INELLES.
Les fortes migrations dans le Moronou, suscitées par le développe-
ment de l'économie de profit, ont contribué à l'essor économique de notre
région. Mais ce flux migIatoire n'est pas sans poser des problèmes de coexis-
tence entre communautés étrangères et communautés autochtones. A cette tension
sociale s' aj outent les bouleversement internes propres à la société agni. C'est
sur cette toile de fonds de "ten6.-i..on" qui constitue en quelque sorte la trame
de la vie quotidienne que s'opèrent les mutations de structures sociales.
1. - TENSIONS SOCIALES ENTRE AGNI ET IMMIGRANTS
La coexistence entre la communauté agni, autochtone et les immi-
grants dont la prépondéJance numérique devient écrasante à Bongouanou et dans
quelques autres centres du MOIDnou, au cours des dernières années de la
coloni~ation, a engendré de nombreuses frictions : conflits de travail, litiges
fonciers, conflits de droits personnels (1). Il serait cependant anachronique
(1) PM exemple, en c.~ de maJL.-i..age, de d.{.vo~c.e, de gMde d'en6a~, ~ ya
c.on6W e~e le Mod c.oiuumi»): agM déJUvé du ~ y~tème m~néaJAe et
l~ c.ou.tu.m~ des m.{.g~a~ c.oM~pondant en géné.Jtaf au. ~y~tème p~Lné~ÙLe.
J.L. BOUTILLIER évoqué abondamment d~ c.on6~ quJ.. ont po~ thé~e le
Mo~oYloU des al1l1é~ 1950
e6. J.L. BOUTILLIER, op. c.ct . p. 204.

81 s.
d'évoquer, avant 1939, des crises de grande ampleu r, même si I es rapports
entre Agni et immigrant ont toujours été empleints, dès cette époque, d'un
certain froid dont les préjugés racia<lX sont en grande partie responsables.
Néanmoins les réactions des Agni à l'égard des immigrants ont été de toujours
des réactions de défense. La ség1égation de fait, dans des quartiers séparés,
de la pJesque totalité des étrangers ; les lenteurs manifestées à leur concéder
des terJains de culture, en sont les signes les plus manifestes.
L'agni nourrit d'autre part lm certain complexe de supériorité à
l'égard des étrangers, bien que ses jugements, très nuancés, varient cl' un
peuple à l' aut r e. En fait l'opposition ent Te ~gni et étranger s'explique à
la fois par l' histoire et les contacts cultu r el s anciens. Mais fondamentale-
ment elle repose SUT des bases économiques : décalage des niveaux de vie en
faveur de l'Ngni ; difficultés pour l'étranger 3 obtenir un ter Jain de
cu1ture auprès de l'Agni ; reta~ds apportés paT l'employeur agni dans le
paiement du salaire à l'ouvrier agricole ... Autant de motifs qui ent retiennent
,
un certain climat de tension dans les rapports ent.r.e Agni et inmi.g r ant.s .
Ces conflits larvés, il peine suggeres par nos sources, sont néan-
mOlns perceptibles à travers les rares lignes qui exposent le problème de la
main-d'œuvre êt r angè re ,
au niveau des expl.o i t.a t i ons de nct r e région. Ces
ex tr a it.s ,' empruntés au ?B-pport du second semestJ.'C 193~, consacré à la main-
d'œuvre du N'zi-Comoé, sont, à ce sujet, fort suggestifs:
"PlLL6 dilic.ate. a (L,té U .éUJLtout -6e/LLl .ta q W?./~.:tton de. la main-
d' ce.LLV!l.e. u~ ée. pM le.J.J emp.toye.LL!l./~ iVl.digène.-6 [ •.• ) On VI.' aftJJte.-
lut plu.J.J,
on n' a déjà piu-6 a.:ttitLé c.e.:t..:t.e cU'lVI.é.e, de.s geVl-6 dé.6i!l.e.ux
de. :0'tavaiiieJr en le.WL donnCLnt pOWL tout saro.oce. quâque. (Utge.nt de.
poche., et: m~me. e.n l' o.dme-Uan;t au. g''Land p.teU.J.JiJL di: mlll1g e.h le.
ooutou p~onai à ta table. 6runiliaie. ( .•. ). En paY-6 agni, ~ y

e.u déJà d e.s e.nl'1u.i-~ c.aLL6 ê.-6 pM C. U q uU ti6 Vl..6 ( ••• ).
GIL, lu h..appofL;f./.) erdn e. pf..rmte.tUL-6 ùldigè.nu e;t mav;CQ.mJIL\\?-6
demande.nt ur. ,'tè.gle.me.nt. L'.tl'/.;_\\pr_c..uon du Th..avcu:.1 auJta be.-6Oùl. de.
paM Vt pM là" (7).
- - _ . _ - - - _ . -
-
-
-
-
-- -
(7) ANCI 7Q2-IV'"-75-72G (3743), Rap< HUi.ta nICÜ_11-c!'œuvh..e du CVLc.lC'_ de.
Dimboluzo, 2e -6e.mu.t!l.e. 7939.

2. - IESORGANISATION DE LA Ca1MUNAUTE VILLAGEOISE
Au sein même de la société agni, à la faveu r du développement de
l'économie de profit, les rapports sociaux se sont aussi radicalement trans-
formés. Les liens de dépendance qui existaient à différents niveaux, essen-
tiellement entre anciens et jeunes générations, se distendent
"Le/.) jeune/.) .6' é.manupe.nt de. la ;t'mille. dô!J aYlue.f1.,!J, on .6-tgnal.e.
leLUl. e/.)pJU.;t 6tLOYlde.u/t QLÛ n'e/.)t d'a,{lle.UIt.J.J qu'un e.!:>ptz.-U d'-tMé.pe.l1-
dance. à l'é.gCUtd de..6 v~e.ux vwtable/.) " (1) .
L'opposition prend quelquefois des formes extrêmement aiguës~
"daY1..6 le/.) village/.), e.Vl;t/Le. vÙ.ux attaché..6 e.YlcoJte. aux v-te.ille..6 pttat,[qUe..6 6W-
ch-t.6té?/.) e;t aux .:tJtacü.;ttoVlJ.J" et le groupe "des f e.unu é.manupé..6 et: pMWaY1..6 du
)YtogJt~~ (.0.) ade.pte.o des mù.6-toY1..6 cIvtWe.nne..6" (2).
Même le rythme de la vie villageoise semble perturbé . Le village,
déserté pour les campements à cause des travaux de nettoyage et d'entretien
des cultures, ne renaft qu'à la t rai te, période de récolte et de vente des
produits. Tout le monde revient alors au village. Pendant ces quelques semai-
nes qui marquent la fin du cycle des travaux annuels, celui-ci conna ît W1e
intense activité sociale
féte de la nouvelle igaarne, somptueuses fULérailles,
séances irrtenninabj.es de réconciliation, de règlement des conf Li ts ... LI .int ru-
sion de l'économie cie plantation, en privilégiant cette période particuljère
de la vie villageoise, semble avoir du même coup porté atteinte à d r aut res
tra ditions
"La .6ouUé M. dé..6agJtèg e., le..6 v..-i.uU~!J coiuume: ne. .6ont pllM
Jte..6pe.ctéu, le..6 6Ue/.) .:tJta~oni1e.ile/.) ne. .6on): plM célé.b!Lé~"(3).
Dl autre part, l'affaiblissement des liens de dépendance se man i fe s te
également sous la forme (12 1 r exode rural dont ne sont po i.nt épargnées des
.régi.ons aussi riches que le Horonou. Abidjan et les autres villes co l oni al es
- - - - - ---------- -
_. - - - _.-
(1) ANSOM, Côte.-d' ivo.o:e. A6DcuAe/.) Poutique.6, CaJÛOVl 5G7j Rappo,'tt CU1Vl.;lÜ
.6U!t ta ,~-ttUc;;t.{'OVl pol,ttique. de. 1926 pCv'!. b. 90i.I.vVtne.u!L gé.J1êJtaf
Lapcû-ud.
(2) l b-tde.m . 0 po u.t.
(3) ANSOM, Cô;t<z--d'Ivo-t!u~_ A66ct,Ute..6 f-JoLi..:t<.q[i('_6, CCUdOVl 567, Rap. aVl.VlU.<Z-.f -6Ll.ltC-C(
.6~uCJvtj.oVI. )Jolj>uqu e. de. 19? 6.

de Basse Côte exercent "un. m-Utage. btompe.U!l." sur les jelmes gens qui quittent
en masse le village- natal et vont "glLOJ.!J.lVL i.e. n.omblLe. d~ J.lan/.) ,t'lavw. ou cuu,.{
des e.mpi.oyéJ.l Ilia! JtétJr.i.6üé!.l" (1).
Enfin, autre aspect de la désorgaru sat i.on sociale, la diminution
dé la prépondé-rance des "glLctYl.d~6anU;U~", face à la montée des "i.e.adeJLJ.l"
nouveaux: élite rurale, instituteurs, commis de l'administration ... Ainsi
plusieurs chefs de village du groupe/ffis;sandaRe,.
rejetant l'autorité d l An.i
Kouamé , chef de ce groupe, nommé de surcroît par l'ads.ünistration coloniale au
rang de chef·
de Canton (2), entreprennent en 1929, une démarche auprès de
celle-ci, afin que le successeur légitime de Nanan Sangblliî, le premier guide
de ce groupe, soit révoqué de ses fonctions (3). IB méme , à la même da te,
Assandé Edoukou, chef de Canton des Affé lé, mal ade , voit son autorité battue
en brèche pa 'r ses adn.in.i strés (4), au point que le chef de poste de Bongouanou ,
"J.laYl.J.l J.lon.gVt à i.e. Jt('.mptctcvi., J.louh.ai-te. J.la rLL6pwvL.t<-on. qu,.{ ,~e.JtQ. un. b-i-e.n. POU/l. le.
vili.age. d'AntéJL~ et: de. :tcn~:t i.e. Can.:tcn. qt~',Lt comman.de." (5). C'est aussi le sens
profond des plaintes, portées en 1939 par Henri Mes sou Kouamê , Alias Edmond
Kouamé , élève de la mission catholique d' Abengou mu et originaire cl' Asi è-
Kumasi, contre Manan Akou, chef du Canton Assiè (6). De même 12 protestation
du vieux chef des Sah i.é , ASSOUlllOU N' zèbo , appuyé œ toute la jeunesse du
Sahié P) contre le rattachement de son canton à celui des Ahua , dominé pu
(li ANeI JE3 - IV-43/5 (3304), n. 0 350 Apa/1 dtt GOtLVe.!tVle.U/l. IVlovldoVl à l'Adm-i-n,{-s-
btate.w1.,ommaYidan.:t Le. Ce.!tcte. d' Abe.n.goU/l.Ou. Ab-i-djan.,. i.e 74 OCtObfLe.
79.~8.
( 2) V r_yxUA 79 20,
(3) ANCI 7E2-·IV-75-724 (3 301), Ra.p. poLét. de. fa Subckvù-i-on. dr. OOI:gOU(U10U,
POtL/t le.
2e. bU.Jn~bte. 7929.
[4)
PÜUl-Le_Wl.J.l adm-i.I1J...A;t':l.é!.l, don.:t "deux habitants d'Afféré", lle.ntLMYt-f de. fu,Î.
c béA/l., "sans un ordre du Chef de la Subdivision", fvu.eux, .t'un d'e..,1/llLe. eux
"regagne la Co ld-Coas t d'où il était r'ent.r ê récerunen t", C6. ANCi 7E2-
IV-75-724 (3 307), op. Ut.
( 5) l bA~de1Yl, op. Ut.
(,,) ANC I, 7D ?- VI - 73/ 7 [3 038), Adr.t<-nJ~ ;t'IlCl.,teuJi d' Abe.l'l[j o1L!'~Ott att Gou ve.!l1'le.uJi. fi
Ab,LdJan, aj,~ Hesvu: M~J.l ou Kouamé, AJ!Ja/~ Edmo l'lei Kouamé , O!l/lg-i-ncüAe (/;~
A/~,~ù5.-Kwncv~-i- (Bcn.gouaI1Ott) POUJi pJ!_a-tvvte. c.ordn». i\\'{ctvlCtn Alwu, 7938 (MU'l,-~
au.oce. plléc.üÙJ/1 do. dcu(!-).
( ) ANCY 7E3-IV-43/5 (3 3(4), Rap. poLi..:t. de. .f'/Mê.Jü_é POUJl. le. 7('.17 '.~(!))12/..,tJle.
7935, al« c.hc6ÙCJiÙ2 de. 130n.90WlVWUv Abe.vl~IOU!I.OU te. 30/6/7935"

l' "é.YlV!.g~que-" Nuama Téhoua , vise à la fois l'autonomie de son canton, mais
aussi le rej et de l' autorité tyrannique du détenteur de la" chaise" d' Ané
Kpanyi. La lutte qui oppose, dans les années 1935, Nuama Téhoua aux Sahié,
ainsi qu'à certains ressortissants Ahua, gros planteurs de-cacao et de café,
peut être saisie sous l'angle de la rivalité pour la prééminence économique,
dans ce secteur oriental du Moronou : en effet le chef de Canton, Nuama Téhoua
s'oppose à ce que certains planteurs de sa circonscription rachètent leurs
prestations, afin de s'adonner plus librement à ±eurs plantations personnel-
les (1), et de devenir ainsi des concurrentS dans la montée sociale.
B. - TENSIONS AU NIVEAU ŒS RELATIONS FAMILIALES
Sur le plan même des relations familiales, on ne peut minimiser les
bouleversements entraînés par le passage d'une société à économie de trésor(Z)
vers une forme de société de forme plus complexe, davantage axée vers Fécono-
mie de profit, tant au niveau de la hiérarchie des intérêts qu'au niveau de
l'attitude de l'Agni vis-à-vis du DJA (le trésor familial) et de l'héritage.
1. - LE BOULEVERSEMENT DE LA HIERARŒIE DES INTERETS.
C'est un'l~~) commun de souligner que dans la société ancienne, la
collectivité prime l'individu. Cela est encore si vrai au début. de l'époque
coloniale que l'Administrateur du N' zi-Comoé, de Coutcu.ly , note que "le.
maYlda;t:a,U-r.e., c.o~ à la ve.YlÂ-e. de. la c.heur.ge. de. pa1.nU..6te., apJtè..6 l' avo~ ve.Yldue.
.6U!t le. meur.c.hé. me.f1.6ue.l de. V~mbolvl..O, Yle. pe.ut fu pM V!. übJte.me.YlÂ- de. la .6 omme.
pV!.çue., c.e.ile.-u Jte.ve.naYlÂ- "en to.tali.té. à la c.ommu~auté. v~ge.o~e." (3). Cet
exposé des faits implique, même si l'administrate~r l'omet, que le travail
de production des palmistes est collectif. De là, l'obligation morale qui
s'impose au mandataire de ne point distraire le moindre centime du montant
(1) ANCI 1E3-IV-43/5 (3 304)
tap : polit. de.l"'ùtdé.Mé. pOUlt le. IV!. .6e.me..6.tfte.
1935. op. w.
[ 2) Ex.pJte..6.6~O Yl ~f1.6 p~é.e. peur. le. ti.tJte. de. l' ouvJtag e de. J. M. ('-il.J.>te.ilu :
UYle.·é.c.oYl6mie. du.tfté.-6oJt : le..6 gJi.aYlM plaf1.te.uMduMoJtOf1OU, 2 tome..6, op. w.
(3) ANCT lQQ20, Yl o 25 AdnK~.tfta.te.UIt de. C'-oJL.to~!1
au üe.ute.Ylaf1.t-gouve.JtYle.UIt
de. la Côte.-d'Ivo-iAe. à B~YlgV!.v~e.. V~mbolvtO, le. le.Jt oc.tobJte. 1921.

822.
de vente, avant de l'avoir pr êsenté , de retour au village, au doyen de la
famille. Le fruit de la vente des palmistes, comme autrefois l'extraction de
L'or, servait à la constitution du DJA (le trésor familial).
La finalité du DJA, formé de biens de grande valeur (1), âffiassés
patiemment sur plusieurs générations, est essentiellement de garantir
l'autonomie des membres, de la communauté familiale, étroitement unie autour
du chef de lignage. Si la garde du trésor f ami.Li.al est confiée au chef de
lignage qui en a la gestion, celui-ci ne peut l'utiliser à des fins person-
nels, car le trésor n'est pas une propriété individuelle. Au contraire qu'un
membre de la famille soit menacé dans sa vie et dans ses biens, le chef
de lignage intervient limnédiatement, en ayant .recou rs au trésor familial,
pour racheter le parent Jéduit en captivité, rembourser la mise en gage ou
encore pour éteindre la dette ou réparer le dommage causé. Aussi est-ce à
j us te titre que J. L. Boutill i.er a écri t : ".ta pt.U-6.6 anc.c. et .~( JUC.he/.)M. dépen.-
dcUe.nt Vlaguèr..e. de. .t' appaJtte.nanc.e. à te..€. OLt :te..t .ugnage." (2). Or, avec le
développement des cultures de profit, progressivement ".ta h~é..'LMe.fUe. de.;.,
-intéJtw CL été bou.f.e.vVtl.> é..e." (3) •
Un certain individualisme économique de plus en plus accusé s'est
fait jour, au point que désarmais c'est le ménage, détenteur de l'exploitation
agr icole qui a pris l-a première place, "e.n tant que. cL-L6pe.VL6cUe..uJt de. Mux
A.JI1pOJtta.Yl.t.6 et ILe.nwve.f.é.ll de. !!.e.v e.YLu.!.l" (4). Même les sentiments nourr is à
l'égard de l'héritage évoluent. Certes! l'on ne met pas en cause - loin de
là - le principe de succession, fondé sur la prépondérance du lignage utérin.
Mais l'attitude des uns et œs autres, à l'endroit du trésor familial, en
tant qu' hêr i tage, se modifie sensiblement.
(1)
Le. VJA e.J.:d c.ompo,~é de. b-<'2.VL6 de. d.--tve.JL,~e.,~ natune» : de.,~ objcÂ/) .~UJte..t~
(.6:ta.wefte~~, pagJlLe...~) ; de. .t'or.. (b-<'jo[(%., pép,Lte.!.:> , pauMe.) , des po/dl.> à
peMA l'OIL, des ba1.anc.e.!.:> , de.!.:> cu..Ltf..e/t.6, eJ:. aU.M.i. de. l' Mge.Vl-t R.-<'qu-<'de.•
[2)
J.L. BOUTTLLI[R. BC/VlgouavLOu, Côte.-d'lvo-<-JLe., op. cLt.. p. 205.
(3)
l b-<'dem, cp. c.d: )J. 205.
(4) J.L. BOUTILL1FR, op, c.it. p. 205.

8;0.
2. -
ATTITUDE. AL' EGARD
DU DJA (TRESOR FPJvlILLAL)
UNE CERTAINE DESAFFECTION.
Jusqu'à l' irrtr oduct ion ces cultures indus triel1es, le trésor
familial était le seul capital dont powait disposer la communauté familiale.
Funérailles, dettes, dépenses diverses étaient assurées en totalité sur ces
f cnds , en raison des ressources per sonne Ll es plutôt insignifiantes, compara ti -
vement à cette caisse corrmune, alimentée concurremment par le produit de
l'extraction aurifère, mais aussi par les dons coutumiers de toutes provenan-
ces. Ce rapport est totalement interverti avec le développement des produits
de cueillette, suivi de l'essor des cultures de cacao et de café: l'ensemble
des revenus individuels, fruit de la vente des prcx:luits précédemment énumérés,
dépasse de loin le capital collectif, représenté par le "bLUOfL". Par a i Ll eur s ,
ces revenus se renouvellent périodiquement, chaque année, au moment de la
traite ,alors que les .res sources du budget collectif étaient plutôt irréguhè-
l'es, voire aléatoires.
Il se pIOduit donc un changement dans l'attitude des Agni à
l'égard des biens hérités. Si dans l'ancien temps, l'héritage constituait
pour L'Agn i l'unique moyen d'acquérir des biens, la création de p l ant.at i.cns
lui offre désormais la possibilité de disposer d' W1e fortune pe-rsonnelle.
L'ambition peul' le trésor familial passe au second plan, d'autant plus que les
biens acquis par héritage sont grevés le plus souvent de toutes sortes
d'obligations mo Jales : ent.ret.i en des personnes âgées, prise en charge des
veuves et des enfants du défunt, extinction éventuelle cl' amende s ct de det-
tes ... Jviême les plantations de cultures indlstr.ielles de cacao et de café,
transmises en héritage, assimilées aux biens du t'réscr , représentent dans la
plupart des cas autant de charges que de profits< Aussi s'établit progressive-
ment une certaine réticence à deveni r le dépositaire du "tJLé.holL 6C'Jn;~liaf".
Lorsqu'on est obligé de l'accepter, à son corps défendant, on préfère négli-
ger par exemple 1 t entretien des plantations héritées, qui r e tournent , au bout
de quelques annêes , à la brousse.
Par-a l Iê l.ement ô cette désaffection envers Le "tné.so« Dcuni.C-éaC" ,
cnt r a'înant un affai bl .issement des liens de dépendance de l' Lndi v .i.du ;~ L'égare]
CE la connnunau té familiale, on assiste il Lm resserrement des liens entre te
père 8t 18 fils. En effet celui-ci, vivant sous le toit paternel, crée ses

premières plantations avec l'ai de de son père et à côté des siennes. Lorsque
l'entente entre père et fils est parfaite, le fils demeure le plus longtemps
possible auprès de son père. Dans le cas contraire, il quitte assez tôt le
village de son père et sa f amil Ie (1) et rejoint le village de sa mère -
celui de son lignage - où il se crée sa prop-re exploitatien, la seule qui lui
demeurera. Car, à la mort de son pèle, toutes les plantations de ce dernier,
assimilées à lln héritage, sont dévolues en ligne maternelle, c'est-à-dire
dans lm premier temps entre les f rë res du dêfun t , puis, à l'extinction de
cette génération, entre les neveux utérins. Ainsi, cormne on le voit, la norm.e
de succession ne fait aucune place au fils. C'est pourquoi le père, en
récompense à W1 fils dont il a particulièrement apprécié l'aide, lui fait, de
sen v ivant , une donation ou prévoit pour celui-ci le legs d'une pa-rtie de ses
plantat.ions.
Ce procédé qui, sonrne toute, n'est qu' une faible compensation à
la ccntr Ibut.ion et à l'économie en salaire de manœuvre, inestimables,
apport.ée par le fils à son père, .très mal accepté le plus souvent par les
membres du lignage du père, a été, dès not re époque, à la source cl' une recru-
descence d'empoisonnements, d'actes TIlal8fiques de sorcellerie, abondamment
rapportés, par Tauxi.er (2), sur l'.Indénie voisin dont i l fut l'administrateur,
de novembre 1024 [j avril 1925. On peut admettre, sans gr and risque de se
tromper, que les mêmes actes, dans les mêmes proportions, ont eu peur champ
de théâtre le Moronou qui était sensiblement au même niveau de développement
économique.
(7) _Le. ILappolGt avtVlLLel. de. 1930, I1Mtl-6/)(2. pail. Le gouve/LYle.uJL gé.vlêJLa-t de. DC;}2.aiL au
IvltvU-6..tèAe. d' Out;u:-mVl. à PcvU.6, écJU;t o. ce. PILO/JO!.>, e.n ciéJ.>~9Vlal~ Jl.e..,~ IL(fj,(.OIU
agVJ.-Z. du Sud-Es t: ~VO~'LÀ..e.vt : " ••• Les j eunes en âge de se créer eux-mêmes
leurs plantations, quittent le village et la famille, parce que, disent.-
ils, "ils n icnt aucun .irrtêrê t il tr avai Ll.er 3 des plantations clont leurs
cous ins hé riteron t"
C6, Q ANSOM, Cô.te.-d'Ivo~e. A66cUJL21.> p(iU.uqu~~, CMton 567,Rap. M. ;)Lù'L
R.a I.>~:tua:tton pc.UU..C(ue. de. 1930.
(2) L. TAUXIER, Relig.tOI1.l.>-Ld.~œLùu
e.,t COU 4L!1J~dc.~.AgXli:2-_c!.(J'_'.fCl ..(ôt!?._::cf'JY_O,ÙLe.
(lvtdé.VJ.-Z.é, Sal1w;') , Pél!L-i.,6,
1932 245 p. Vo,Ur. PCL!L.uc_uLi.hLei)J(!.J'l.t ./'.e..-ô pp. 64 à
1?6,
[CWW;illCLV!-t cie. 6cuf!.J d« J..> (JJL('_C'.Lfut--IJ'...

V' autres conséquences enregistrées, sont à lier à l'essor économi-
que exceptionnel qui prévaut dans notre région, avec le triomphe des cultures
du cacao et du café. De nombreux et j eunes planteurs, à la mort de leur père,
ont. préféré demeurer dans le village de leur père, afin de gérer plus efficû-
caneilt les plantations qu.'ils ont eux-mêmes créées et qui leur assurent par
aille'Jrs un revenu constant, plutôt que de courir au dev2nt d'un héritage qui
est le plus souvent source de déboires. Une autre conséquence, découlant de
la première, c'est l'éclatement du lignage dans l'espace, qui conduit
nécessa i rement à lU1 affaiblissement des liens lignagers. En effet le fils,
ayant opté de demeurer dans le village de son père, souvent di fférent de
celui de la rrèr e , (li fait de l'exogamie, ne rej oint plus jamais le village
du lignage maternel. On assiste donc de plus en plus à "WH!. atoll1,tMlÙ.OYl du
lig nage., don.t n:1fj U2.Jte. e.nc.oJte. 10.. pJte..6 que. totaL<';tê de-6 ê.e.éme.I'l-0~ IJ1(v~ c.w2A:.lt6
ma'l..-téJ.> éA:o.-{evi..:t c.onc.e.rvVz.M daYl-6 que..fque.J.J COL0'tJ.l d r iA.Vl. même.. v-<-.tf.o-Çj e." (1).
Quant à la condui te qui fut obse rvêe à l'égard du ";tJtr-6 OtL 6a.11;{1.-ta1-/~
on peut dire que la légitimité des droits de lignage, selon la lignée utérine,
n'a jamais été contestée, hormis la tent.at i ve évoquée, tendant il tourner le
droit successoral, afin de donner une certaine compensation au fils. La
crainte de l'empoisonnement et ces autres sanctions tradi ti onne Ll.e s explique
la progression timorée, effectuée en/ clirec t i on de l'avenir.
C. - COHMEÎ'rr SE DECOMPOSE LA NOUVELLE SOCIETE D! ivIOH)NOU '7
Tensions socia12s, bouleversements enregistrés au niveau de la
famille mit pour effet de susciter, au sein de la société, une nouvelle
stratificat.ion sociale, qui obéit davantage au critère monétaire, aux signes
objectifs d'un niveau de vie plus élevé, bref au système de nouve l l.es va Ieurs
qui s' imposent de plus en plus. Comnerrt se décompose la nouve l.l.e société du
Morcnou ?

8~6.
1. - LES GRANIS
PLANTEURS
En haut de l'échelle sociale, se situent quelques grands planteurs,
en général autochtones ou installés de longue date dans le pays, au point
d'être désormais assimilés (1). Combien sont-ils? 5,7 %, selon les résultats
de l'analyse du cadastre des Asiè (2). Un pourcentage vraiment insignifiant
sur le nombre des planteurs, si l'on extrapole ce chiffre à l'ensemble du
Moronou. Cette catégorie de planteurs regroupe : exceptiorulellement des
éléments de la chefferie traditionnelle, d'anciens captifs et de jeunes plan-
teurs particulièrement dynamiques. Toutefois les chefs traditionnels, profi-
tant de l'tle.nnct .6WlptU6e.", au moment de l'introduction des cultures indus-
trielles, surent, mieux que d'autres, s'adapter rapidement aux nouvelles
condi tions. Ayant canpris tout le bénéfice qu'ils pouvaient tirer des nouvel-
les cultures et profitant de leur situation de domination, ils créèrent
d'immenses exploitations, aidés à la fois des membres de la famille et d'une
"we.n:tè.te." pléthorique, et en faisant surtout appel aux prestations gratui-
tes, dont ils continuent de bénéficier auprès des villageois. Dia Kadio, chef
du groupe Arnantian, 1'00 des tout premiers morofwo à s' ini tier à la culture
du cacao, a pu largement bénéficier de cette main-d' œuvre providentielle.
En effet, il se signale non seulement par son esprit d'initiative, mais encore
par la tenue parfaite de son exploitation personnelle (3). De même nos
sources mettent particulièrement l'accent sur le rôle prépondérant joué par
les chefs et les notables de la région dans l'intrcxluction et la diffusion
du cacao (4). Une quinzaine d'entre eux, accompagnés du chef
de poste de
Bongouanou, se rendent à Abengourou, en août 1916, pour constater de visu les
- - - - - - - - - - -
(1) 011 pe.td il1e..tuJte. au. gJtoupe. des gJtal1Cu p.tan:te.LUlJ.l .te/.) JtaJte/.) e.xp.todan:tJ., e.WlO-
pé.e.JU de. .ta Jté.giol1 : E. HMambiU, Bllug.tot, Eansion a-éVLO-l.. que. .te/.) nOI1c..tiol1-
VlMJte/.) de. .t r admùuAtJtatiOI1 dont: .te. vwmbJte. atiu!1t à pe.Ùl.e. .ta di.zo.cae.,
Jte.tJtadé..6 daJU .ta Jté.gio11.
(2)
2 .oUA 19 gJtal1M p.tan:te.LUlJ.l pOMède.n:t UI1e. e.xp.todCGtion, .oup~e.U!te. à 50
he.e..tMe.J.> •
(3) C6. ANCI 1RR9, Le.ttJte. 4612 A du Lt. gwve.Jtne.U!t à .t'Adnu.f'L-W-tJtate.uJ/. du N'û-
Comoé., al s nU.-!.> e e.n vafe.uJ/. du fu~c..t de. Gong oual'lO u. , Bil1ge.Jtville.,
.te. 23.9. 1916.
(4)
"Tout le monde, chefs, notables ( ... ) plante avec une ardeur qui ne permet
plus au personnel, d'ailleurs réduit, de la s ta tion
agr i.col e , cie surveiller
l'exécution cie tous les travaux" Cn. ANS 2G 14-21 (1) Côte. d'Ivo~e. - Se.Jt-
v.cu: de. .t' ag~c..uUuJ/.e.. RappoJtt de. t.ounné.e. du ch e.6 d c senvc:». d' AM-lj2cu,~ 0
(CéJtcoJU~pti'OI1 ag~c..o.te. de..t'E.6t) du 3 au 26 jLLévl 1914.

(327.
prern:ieres expériences, tentées dans la culture du cacao, un véritable succès
enregistré dans ce domaine par les habitants de l'Indénié (1).
Cependant la hiérarchie ancienne n'est pas la seule à donner le
ton pour l'importance des exploitations. JJé' j cunes planteurs, particulière-
ment entreprenants, conscients qu'à la disparition de leur père, ils ne
peuvent prétendre hériter de ses plantations, s'affranchissent très tôt de
sa tumlle. Ils créent alors leurs propres plantations auxquelles ils donnent
le maximum d'extension. Enfin les captifs et leurs descendants, pour s'éman-
ciper de leur condition d'infériorité congénitale, jouissent pleinement de
leur droit d 'usuf nJi t sur la terre, en se taillant d'immenses superficies
de cultures inmlstrielles. Ils parviennent ainsi en général à s'élever en
richesse au-dessus de l'ancienne classe dominante (2).
Comnent céfini r ce premier groupe de planteurs qui marque le pas
sur tous les autres, dans l'échelle sociale? Il eût été plus indiqué de nous
fonder, sur la p ro drc t ion plutôt que sur la superficie des cultures, pour
déterminer les grands planteurs. Mais outre que les chiffres de rendement
sont sujets à des fluctuations sai sonniè r es , fréquentes, aucune de nos sources
ne fait cas des p rcduct i ons individuelles. Les superficies de cultures, plus
fiables, ont paru donc être un indicateur précieux, caris la mesure où ils
étaient disponibles clans l' .immédi at et épargnaient un long cétour en temps
de t ravai l .
Nous avons convenu de dénorrmer " gfta l'l cU p-faVl--teu/L!.l" tous ceux dont
l'exploitation dépasse 20 hectares. Ils représentent S,? gel dans )'échantinor~
choisi. Ces grands pl@lteurs offrent paT ailleurs d'autres caractéristiques.
Ils disposent d l une main-d'œuvre relativement abondant.e , à la fois familiale
(1)
ANCT lRR9,
ToO. de l'Adm-tV'M:t!l.ctteUJL du N'û-Comoé au Ueute;1CtlU-gouvVL-
l'leUJL
AI",Ownaba, le 18 Âc'ÛÂ: 1916.
c
(2) A. Kü8BEN,
Le plal'Lte.uJl. l'lOÙL, e-ollee-t. é.tuaes ébUJLl'léel'll'le!.l, 5, IF MJ 1956,
190p.
(p. 9).

828.
et extérieure (1). D'autre part ils sont à l'abri de l'endettement, alàrs que
la plupart des planteurs éprouvent d'énormes difficultés à équilibrer leur
b~lget, que beaucoup vivent non pas sur la traite passée, mais sur celle à
verii.r (2), en r ecourant à des emprunts à court terme, auprès des corrnnerçants,
afin CE recommencer un nouveau cycle cultural. Pendant ce temps le grand
planteur parvient à épargner et à disposer de quelque excéder.t monétaire.
L'utilisation de cette épargne peut paraftre pOl~ le mOIns curieu-
se. En effet, si elle sert, par l'achat de produi ts manufacturés, à améliorer
son niveau de vie - on peut en douter - à améliorer son habitat, par l'édifi-
cation de maisons en briques (3), en aucun moment, elle "He c.oVLttUbue à
.f..' a11.oYl.gemeY'vt du dUou,'t de )Ytoduc.tion" (4). Tout au plus ser-t.-e l Le à établir
de nouvelles plantations, afin d'augmenter son revenu. Au contraire les voies
les plus utilisées sont ce l Ies di.c tées habi tue l Iement par la tradition:
dépenses somptuai .res à l'occasion des funéra.iLl e s par exemple, thésaurisation,
dans des canar i s (5), des billets de banque qui devenaient le plus souvent la
(1)
La mcUYl.-d r oeuvILe .ta. phw aboYl.dante Mt .'tec.eYL6êe !.>uIL ur:.e e.x.p.f..odo..ti:.oYl. de:
51,55 hec..:tate.M, ~al'Lt 2J maYl.ozu.VILe..o
et: 26 acdes 6am;Uaux.. PM eontn.:
une ourn«, de.to..i,.Ue. ,we.YLtique - 55,50 he.cÂ.etJ7.e..o - ne baJÂ: appel. qu'à 10
maMe.u.VILe..o
et 16 aJ..dM 6am,{;.üaux.. C6. So~.:.cLUtec..tloYl. Jiéq..con.a.f..ea.ceûè.~{cde.
13on.gouaflou,
fuda.o.:tte.e. du village d' AM.Ü.-.<.u.mM-t.
(2) Le..o au.:tte.e.o p;tp..rL-tewL,6, doté!.> de peu. de lJ1oyeno, en.gClfjent .f..eu.!L-6 pJtodt.U.t~,
b,ée.Vl. awu1.t .ta. IL êc.o.f..te , a.6..cl1. de. FJouvoJ..te. 6aJAe 6ac.e à de mu.f..tip.f..e..o obLtgaUolU,
en. pM-UC.Wc.!l. au pa.,Lement des man.c:e.uvIL~~
: j OU!LYl.ili~ et c.orv-Jtac..:tue..f...o •••
"Des maisoils de commerce leur COilsentent des prêts à COUTt terme, rem-
boursables en café ou cacao sur la base du cours le plus bas de la cam-
pagne précédente"
C6. G. ROUGfiRIE, Le..o paY-6AgViJ..duSud.:.ut d('.f..à Cô.te
d' Iv6-Ui.e nOILi?J.>.:t.lè.tLe.·, JfAN, 1951, 241 p. (p. 126) ~
.
(3)
Au -6e.c.on.d -6eme..o.:tte.e de. .f..'an.n.ée 1939, .C.'Adrn·tn;,6;tp~a.,tc.LUt deV:tmbo/2/tO n.ote
une "augmentation des achats en fait de matériaux de construction"
C6. ANCI 1Q2-IV-15-120 (3.743), Rap. éU/i. fa -6,i;tuatiOI'I. c.ommVl.c.ùt-f.e du
N'û-Comoé, e0U/t .f..{I. 2e M!.me..o.:tte.e 1939.
(4) J.M. GASTELLU, Un.e éc.on.omJ..e. dLt ,tJt~~O!I : fV:J ghaYlclf, pf.avdeuJt!.> dit
_M()ILOnOLL, op. e..-U--: tome-·r-;-p-.--Ui-:· ....
t t: \\
1 J 1
"Anci en chercheur d'or, i l est, par des hab i tude s ancestrales, accoutumé
à entasser le précieux métal et s'i} ne peut s'en pr ocur er il n'hésite pas
à placer ses économies en billets de banque clans des canar i s"
/J}!CI JQ2-IV-15-120 (3 743), c.olU,écié)wi,lOnh Oér.é..'t::u.C'/) -6u/t le. dtve.f..oppemenx
r.covl.OmJ..que du N'û-Comoé, pout/..te 1CJt ;tJl...u);r.,~,tte.e 1939.

829.
proie des tennites, à moins qu'ils ne soient échangés contre leur équivalent
en poudre d'or,symbole de puissance et source de prestige. Enfin, nos sources
suggèrent que, pour pallier à la pénurie de transport des pro dri.t s , à la
période de la traite, le planteur, se faisant occasionnellement transporteur,
investit son capital dans l'acha.t de camions (1).
2. - LES AUmES PLANTEURS
Inmê di at.ernent après les grands planteurs, vient la masse des
moyens et petits planteurs. Selon l'étude cadastrale du secteur Asiè, les
planteurs moyens, dont l'étendue dl exp l o.itation peut 'être estimée entre 5
et 20 hecta:res, représentent 33,2 f. de l'ensemble des planteurs. Bien qu'ils
fassent régul ièrement appel à une main-d' œuvre sa.l.ar-i êe , ils disposent d'un
revenu plutôt modeste. Aussi sont-ils assez régulièrement à la merci des
prêteurs usuriers, gros p l anteu rs ou le plus souvent t rai tants d'origine
af ricaine ou médi terr anéenne , Mais tout pa rticuJ Ièr ement les petits planteurs,
(54, 6 '~), qui ne mettent en valeur que quelques ne TeS, afin de faire face à
l' Impôt per sonne l et à celui des membres ce leur famille, sont la proie
désignée de ces trafiquants, profiteurs d'auta~t plus insatiables que la
victjme est sans défense.
La traite de 1939 fut par t icul iè rement "ju;t2.U.6e." pour ces intermé-
diaires qui avaient jeté leur dévolu sur le Moronou. Ces "MaJtg ou~tfa;t.p.," ,
C01T'Jl1e les appelait L'Adnri.nis tr ateur en poste à Dimbokro, étaient d'autant
plus encouragés dans leur œuvre de spolia t i on du petit pl auteur que certaines
grandes maisons conmerc i al es de la Colonie, Il pM bCVil".(?, pofA..-UC(ie. l .
te.U/t
0
. )
avaJ.:e.n.t cons anri. de. éoue.;., avancrA" (2). Il résulta du mouvement conmerc i a l ,
(1)
"L'indigène, surpris par tant d'argent inespéré, éIVaÜ dépensé, qUI pour
boire, qui pour faiTe des maisons et acheter des camions"
Cé. ANCT lQ2-1JV··15-120 (37'43), Rap . sun. ,~a h,L:tuaÜ,ol'l. cCnnnV1.ÜMiZ. du N'û-
COril]é,
pOW1. te 2e. M..me/.);tJte. 1939.
(2) ""La O:cr (Compagnie f'rança i se de la Côte d l Ivo irc) ( ... ) avait consenti.
de forres avances dans des conditions relativement avantageuses "
C6. ANCT lQZ-IV-15-1Z0 (374.')), 'Rap. hWL ,ta -t.,J..,{J.(((./-tOfl cOlllme.Jtc~i.aee. CLi N'z,i,-
Comoé. POUA te. 2c. M,mc.lJU1rl. 1939.

:_\\30.
qui frisait l'escroquerie, un véritable désastre commercial et financier: des
stocks entiers de plusieurs tonnes de Cacao et de café disparurent des maga-
sins, comme par enchantement ; des fortunes entières f~rent englouties, en
quelques jours. Même une maison, solidement implantée dans le Moronou, comme
la CI~A, fut victime dlun important détournement de 93 tonnes de cacao (1).
Rendant compi.e de ce désordre commercial qui "p!1.ovoQua un déJ.Jo!1.dfLe c.omp.t.ab.te" (2) ,
non moins important, "J.JLUv-é d'a66abteJ.J jud-éuabteJ.J" , l'Achninistrateur de
Cercle use d'expressions tout en nuances, déguisant assez mal l'énorme scandale
qui éclabousse momentanément le commerce local. Par délicatesse il attribue les
détournements de stocks et de fonds, dont sont également victimes les produc-
teurs, à ".t'embou.t.~age des magM-éV!J.J" et au "J.JU!1.menage du peJtJ.Jonne..t c.ommeJtua.i
(eU!1.o péen et -énd-ég ène J" (3).
Outre la faillite des "c.ommeJtçan..t6 ÂAo.téJ.J" de la région, les
principales victimes de cet énorme scandale commercial, sont les petits
planteurs. Démunis d'argent au cours de cette traite, ils ne purent effectuer
les achats indispensables dans le commerce. Pis, les sources soulignent un
"M!1.ê.t. momentané du p'wg!1.èJ.J" (4).
Cette "~e" de fin de période suggère 1 'hypothèse d'une mobilité
du petit planteur vers d'autres activités jugées plus rentables. La ville,
proche ou éloignée de Basse-C6te, apparaît sous un jour extrêmement attrayant
Elle offre toute une ganune de métiers extrêmement prisés: maçons, chauffeurs,
mécaniciens ••• Le petit planteur, ruiné, qui n'a pas beaucoup à espérer de
son exploitation, mais aussi le jeune aide agricole, qui apporte un
concours preCIeux à son père, mais qui se sait déjà éliminé de la succession
à l'héritage de celui-ci, préfèrent, l'un et l'autre, assurer, pendant qu'il
en est encore temps, leur avenir, en optant pour un métier de la ville. Cette
tendance "des j wneJ.J à J.J 1 a6 n!1.anc./UA de p.tM en pM de .t' a.u.t.otrdé du c.hen de.
- - - - - - ----
(1) Ib-éd. op. Ut.
(2) Ib-éd. op. Ut.
(3) ANCI lQ2-IV-15-120 (3
743), Rap. J.JU!1..ta J.Jaua;tZon c.ommeJtuafe. du N'z;'.-Ccmwé
pOU!1. re. 2e J.Je.meJ.J tJL e. 1939.
(4) Ib-éde.m, op. c.a.

Sj1.
6anu:ll.e et de c.elle du c.he6 de. vA.1l.a.gc "I 1), déjà notée par l'i3..èI1T,inistratiolJ
en 1929, s'accentue davantage, en fin de pé lia de :
"Be.aucoup vont C.hVlChVl. 6oUu.ne au. Lo,i)'I, c.oioiew: d' UHe e_~ltJrep!'vi..6e
à .€'aubte"
(2)0
Cependant, quand il en a la possibjlité, le jeune planteur opte
de rester au village, en créant sa propre exploitation agricole ou encore de,
devenir
- cas plus rare - salarié agricole.
3 ~ - LA MAJN-D' CElNRE AGRICOLE
Elle représente la troisième catégorie sociale. De souche étrangère,
destinant son épargne à son pays d'origine, la main-d'œuvre agricole est loin
d'être homogène. On distingue en effet le manœuvre ABUSAN , assimilé au métayer
et lié au propriétaire de l'exploitation de cacao et de café, pendant toute la
durée du travail, en général une saison, à l'issue de laquelle il perçoit
le tiers du produit de la Técolte. Cette modalité de travail laisse une certai-
ne initiative à l'employé, libre de ses heures de travail, de prévoir et
d'organiser les tâches à accomplir. Le choix lui est même laissé de se faire
logé et nourri par son emnloyeu Y. D'une façon générale, 11ABUSAN a pr i s très
tôt 1 1habitude de cultiver à son propre compte son champ de vivriers et d'im-
planter sa propre "c.on.c.e..o.6-to n'' r différente de celle du patron, su rtout quand
il vit, entoulé de sa femme et de ses enfants. L'employeur aussi bien que
l'employé apprécient cette forme de trdvail, relativement proche de l'entre-
prise d'association, qui assure à l'un la récolte maxima, en le libérant des
tâches de contTOle et de surveillance et à l'autre les avantages de prendre des
initiatives et d'amorcer la fOrmation de sa propre plantation.
L'Abusan que l'on pourraît déjà qualifier d'entreprise avec partici-
pation aux bénéfices. n'est consenti à notre époque, en tant que contrat de
(1) ANSOM, Côte-d' ivo.oce. A6(.,a-ULe..o po~que..o,
CCULton 567 Rap. annLLU .6U!l .€.a
.6i;tu~on po~que de 1929.
(2)
l b-i."em
op. cj;t.

8j2.
travail, qu'à une certaine catégorie de travailleurs D8 confiance, proches,
par les mœurs et l'ethnie, de l'employeur. Progressivement, même des Agni,
venus de régions voisines, ne répugnent pas à se lier par ce type de contrat.
Outre l'Abusan, se rencontre plus régulièrement le travailleur à
la tâche, journalier, surveillé et contrôlé par le planteur, nourri quotidien-
nement, pendant toute la durée de la récolte ou du contrat pour lequel il est
employé. Il y a aussi le travailleur salarié, payé sur la base de contrats
1
'.'
.
'.
mensuels ou annuels et le çp~tractuèl spécialisé dans l'une ouI~autrè des
tâches comme le défrichage, l'abattage des arbres ••. Sont engagés plus
couramment ici: Voltaïques, Lobi du nord ivoirien, Soudanais, venus momenta-
nément acquérir sur les plantations du pays agni, la somme nécessaire pour
l'acquittement de l'imp6t de capitation.
Comme on le voit, il existe autant de manœuvres qu'il y a de
formes d'embauches, liant planteurs et travailleurs. Le travail salarié sur les
plantations du Moronou a ainsi engend-ré plusieurs catégories de travailleurs
ou manœuvres. Selon que ceux-ci sont plus ou moins proches ethniquement
du planteur agni, les rapports sont soit familiaux, soit distants. Aussi
Dupire a-t-elle pu écrire que certaines "Jt e1.atiofU pVt!.lOYl.Yl.e.11.e.J.J de.. type..
po.;t;U..Mc.aJ.. 0Yl.t (••. ) empê.c.hé. Ea: ~.6aYl.c.e.. d' UYl.e.. c.OfU ue..Yl.c.e.. de.. c..ta.M e.. c.he..z te.J.J
tJtavaitfe..~ Jt~aux" (1). Il n'empêche cependant qu'une situation de classe
a pu caractéris.er les rapports entre planteurs et manœuvres. Témoin
l'exploitation dont ces derniers sont souvent l'objet. Et Thlpire d'évoquer
que ".60UVe..Yl.t (te.. pfuYl.te..U!7..) c.omme..Yl.c.e.. pM .6~6iUJte.. .6e.J.J be.J.JoifU pVt!.lOYl.Yl.W e..t
6amiüau.x, Jteme..ttaYl.t à ptu...6 tiuu: te.. Jtè.gtem erc: de.J.J maYl.œuvJte...6, qui dafU t' e.J.J po-iA
d' we.. UYl. [oun. payé..6, .6e.. Jté..6igYl.e..Yl.t à Jte.J.Jte..Jt à .60Yl. .6e..Jtvic.e.." (2).
(1) M. VUPIRE,
PtaYl.te..u.Ju5 au..toc./ueJYl.u e..t é.tJLaYl.gVt!.l e..Yl. BaMe.. Côte.. d'Ivo-iAe..
0~e..nta1e.., c.otte..c.tiOYl. é.tude.J.J é.b~Yl.é.e..Yl.Yl.e.J.J Yl.°S, IFAN, AbidjaYl. 1960,
237 po
(p. 40).
( 2) VUPIRE, on. ~;+
J
39
I~
l.AA..

.

833.
Enfin, il convient de souligner que la mobilité entre ces différen-
tes catégories sociales a été très souple, le manœuvre étant tantôt empIoyé
au tiers, se contentant tantôt d'une rétribution monétaire. Cependant la
trajectoire normale observée se dessine de la façon suivante : le travailleur
agricole commence sa carrière comme manoeuvre salarié, journalier ou contrac-
tuel, accède au système AbUSan et finit par s'établir comme propriétaire, à
la tête de sa propre exploitation. Plus d'un cas, respectant ce modèle
d'ascension sociale, nous a été révélé, au fil des conversations que l'auteur
a pu avoir à Bongouanou. Voici le récit d'une promotion type:
" Kouamê., aJ1.JUvê. du pay.6 bau.1ê., à l'âge. de. 20 aYlJ.l e.nv.vr.on, vVt-6
1930, a thavai.t.té comme. coY1.thactue.i che.z ~.6ê.mian, plante.u.n agnZ
de. Bo ngouanou, . pe.ndant plU.6ie.UM .6 ais 0 YlJ.l co YlJ.l ê.culiv M. Au bou.;t de.
unq annê.M e.nv.vr.on, lM !lappoJzM e.vWte. l'employe.u.n e;t l'employê.,
ê.tant de.ve.nU.6 plU.6 condiaux, le. pf.a.nte.u.n co YlJ.l e.nt à ~ e.!l Kouamê.
comme. AbU.6an. Il lui connie. une. p!Le.mi~!le. paJLce.f.te. de. cacao. Au bou.;t
de. l'annê.e., l'e.xplo~ation ayant !lappo!ltê. be.aucoup d'aJLge.nt, i l lui
connie. à nouveau, l'annê.e. .6u.ival~e., l'e.xplo~ation de. la m~e.
pa!lcille., p.tU.6 une. de.uu~me. pla.nta;t{.on de. cacao.
Kouamê., de.vant l'imme.YlJ.l~ê. de. la tâche., .6oU.6-e.mploie. à .6on
tou.n de.ux aLLiJLe..6 "compat!liote..6". La de.uu~me. ~e., malg!lê. l'..èm-
me.YlJ.l e. e..6poifL n0ndê. .6u.n ille., !lappofLte. be.aucoup d' a!lge.nt.
Pe.ndant l' inte.JL-.6ai.6on, Kouamê. ê.tant !le;tou.nnê. daYlJ.l .6on pay.6
d'oJLigine., .6e. maJLie. e;t !le.vie.nt ave.c .6a ne.mme.. L'e.mploye.u.n llU
n:enouve.f.te. .6 a conniance. pou.n une. tJLoi.6i~me. annê.e. e.n lui de.mandant
de. me.U J1Q. e.n valeLt!L le..6 mêmM pa!lCillM.
Se.pt aYlJ.l plU.6 t.and , ap!l~.6 la p!le.mi~e. e.xpéJLie.nce., Kouamê.
e.VLt!le.p!le.nd .6a p!lop!le. planta;t{.on, tou.;t e.n continuant de. demounen. au
.6e.JLvice. de. AMê.mian. Aujou.nd'hui Kouamê. e..6t aMimilê. e.n tant que.
me.mb!le. de. la communaU-;tê. vi.t.tag e.o~ e , lui et tOU.6 le..6 .6ie.YlJ.l. Il P0.6-
sede. .6a lJ/tOp!Le. cou.n à BongouaYl.Ou, où i l v.d: ave.c .6a ne.mme. e;t .6e..6
e.n6CtYLt.6 e;t hê.be.JLge. de. te.mp.6 à aiuru: de..6 "compatriotes" de. PCLMCtge.,
le..6 employant à l' oecas.co« comme. UCtveti.t.te.u.flJ.l .6u.n .6Ct p!lofJ!le.

"e.x.ptoilCLt<.on".
[1 )
4. - CCJvlME RCANTS ET ARTISANS.
Sont regroupés ici commerçants et artisans, attirés dans le Moro-
nou par la traite des produits d'exportation: cacao, café et aussi par le
développement des besoins de la population, consécutif à l'élévation du pou-
voir d'achat, bref par l'afflux de l'argent. Sous-prcx:luit de l'expansion
monétaire dans la région, commerçants et artisans constituéht en quelque
sorte des marginaux par rapport au noyau de population autochtone, bien qu'ils
soient désormais partie intég1a11te de la société globale du Moronou colonial.
Outre les comptoirs des grandes maisons de la Colonie, le réseau
commercial comprend quelques commerçants européens et libano-syriens, instal-
lés à Bongouanou, chef-lieu de Subdivision, dans quelques gros villages et
tout un ensemble de commerçants africains, soit ambulants, soit installés
à demeure. La gamme d'activités que recouvre le vocable de commerçants est
extJêmement étendue: acheteur de prod~its, commis traitant, commerçant de
~ ~)
cola, boutiquier, colporteu r, tablier, boucher, etc... Il peut paraître
arbitraire de rassembler, sous la même rubrique, des éléments aussi dispara-
tes et ayant des conditions de vie si différentes. Cepend~t la distinction,
qui s'impose à premlere vue entre commerçants fixes et commerçants ambulants,
s'est révélée comme peu significative, en raison de l'imbrication des activités
et aussi de la mobilité extrêmement fluide d'une profession à l'autre. Aucun
obstacle infranchissable ne sépare en effet le conmerçant à poste fixe
du commerçant ambulant. Un marchand peut exercer le colportage de village
en village à certaines péricx:les de l'année et être installé sur un marché, le
reste du temps.
A la différence des commerçants, les artisans étrangers: maçons,
menuisiers, cordonniers, mécaniciens, bijoutiers ... , attirés aussi par les
(1) Réw /le.c.uwu à Bongouanou_, te. 7 août Iqn Œip/lèJ.J de. J.B. M:oufw/la,
80 anJ.J e.nvVton, vlOtabte. du_ qéWJLUe.!l aglu..
(2)
C:taJ.s

nombreuX
débouchés, créés par l'extension des besoins, subissent beaucoup moins
de mutations. Ils Jeprésentent davantage l'aboutissement d'un processus
extrêmement long, comprenant plusieurs années d'apprentissage. Et le fait
qu'ils ne font que passer dans le Moronou où leur présence répond à des
demandes souvent ponctuelles des Agni, ne nous fournit point l'occasion
d'observer leurs tJajectoires respectives.
Bouleversement de l'ordre social ancien, rupture des cadres
hiérarchiques par l'apparition d'une nouvelle échelle sociale, consécutive
à l'adoption des valeurs économiques, imposées par les cultures de profit,
tel est le sens fondamental de l'évolution sociale dans le Moronou colonial.

CON C LUS
[ a N
A la veille de la guerre de 1939, l'économie agricole
du Moronou, après avoir été fortement secouée par les deux cri-
ses successives, celles de
1929-33 et 1937, a repris de l'élan
et poursuit un développement satisfaisant. La production ainsi
que les superficies des vivriers sont partout en augmentation.
Mieux,
les chiffres des prévisions du plan quinquennal régional,
pour certaines cultures comme l'igname, sont largement dépassés(l).
Les cultures industrielles accusent aussi "UYL Jte.YLde.me.YLt
-6ati-66ai-6eLYLt"
(2).
La Subdivision de Bongouanou produit, à la
fin du premIer semestre 1939, 7 000 tonnes de cacao, autrement
dit un tonnage plus important que la totalité de la production
de tout le Cercle du N'zi-Comoé, en 1938
(3).
La production du
café dépasse, dès juillet 1939,
toutes les espérances: 620
tonnes pour l'ensemble de la production "iYLdigè.YLe."
(4) du
N'zi-Comoé contre 247 tonnes,
l'année précédente, à la même
époque. Même les produits de cueillette, qui étaient depuis
quelques années en régression, connaissent, selon les sources
administratives, un certain regain, auprès des habitants
(5).
On peut certes déplorer que le progrès ne soit pas aussi sensi-
ble au niveau des méthodes et des instruments de culture. Mais
que de chemin parcouru depuis l'émigration d'Anyuanyuan !
(1)
ANCI lQ2-IV-15-120
(3743],
c.oYL-6idéJtatioYL-6 géYLéJtale.-6 -6UJt le.
déve.loppe.me.YLt éc.oYLom~que. du N'z~-Comoé,
pouJt le. pJte.mie.Jt
-6 e. me. -6 tJt e.
1 9 3 9 .
(2)
Ib~de.rn,
op.
c.i.r .
(3)
La pJtoduc.tioYL du Ce.Jtc.le. du N' zi-Comoé était,
e.YL 1938,
de.
6 600 tOYLYLe.-6.
C{). table.au de. la pJtoduc.tioYL du c.ac.ao,
e.YL
AYL YL e. x e. 14, p. 8 54.
(4)
A c.e. c.hi66Jte. ~l c.oYLvie.YLt d'ajoute.Jt le.-6
140 tOYLYLe.-6,
pJtoduc.iioYL
d e.s
e.xplo~tatioYL-6
e.uJtopée.YLYLe.-6
du Ce.Jtc.le.. C6 ANCI lQ2-IV-15-120
(3743),
op.
c.i:r ,
.
(5)
l ocd .
op.
c i.t.,

837.
Mais encore quelle conclusion tirer de cette étude?
Le pays lui-même a été profondément transformé sous les aspects
de la végétation, de la faune et du climat. Essentiellement par
l'action de l'homme. Quelque deux siècles auparavant,
la
région n'offrait pas cet aspect de forêt dégradée par le déve-
loppement des plantations, le long des routes et des principa-
les pistes (1).
Inhabitée pour ainsi dire, elle était âprement
disputée, sur toute son
étendue, entre la savane et la forêt
avec cependant une prédominance pour la forêt.
Il serait illu-
soire de prétendre à une restitution plus affinée de la
végétation de l'époque. Tout au plus cette étuqe permet-elle
d'ajouter que le capital forestier ira en s'amenuisant avec
comme corollaire une poussée de plus en plus importante de la
savane. Le climat, mais aussi les feux de brousse et les cultures
ne sont pas étrangers à la disparition progressive de la forêt
vierge dont les rares vestiges demeurent aujourd'hui les forêts
classées de l'Agbo, d'Arrah et autres
(2).
Une autre conséquence de l'action humaine, c'est la
raréfaction du gros et du petit gibier. En est à l'origine la
chasse,
l'une des activités privilégiées de l'Agni, qui se
multiplie avec l'importation des armes à feu. Mais à combien
peut-on estimer, à l'époque de l'immigration,
la po pu l a t i on du
Moronou ? Un point d'interrogation difficile à élucider et sur
lequel cette étude apporte néanmoins quelque lumière, du moins
pour les dernières années de l'époque précoloniale (3). Mais
combien sont-ils, les ancêtres cle ;.Iorof\\\\'o, au momen t
où ils
( 1 ) C6 CCUl:te. de -ta ~Ji? 9 é:ta:t-<' 0 n , pag e 6 '
( 2 )
C6 Call:te de -ta végé.:ta:t-<'oYl,
p.
6 '
r 3 )
C6 Chp.
IV,
-teh
!lé.a-t-<':té.~ huma,tn es
:
nombll.e d e,~
h Otntrleh
et.
o :tll. li C t. u Il e ~oc-<'o-é.conom-<'que,
pp.
175-201.

prennent possession du Moronou ? Les éléments de réponse
disponibles permettent de penser que les huit groupes d'origine
qui pénètrent dans le Moronou, au début du 18e siècle, ne
devaient pas excéder quelques centaines de famille.
Bien que
l'énoncé n'ait jamais été explicite, on peut penser que s'éta-
blit entre le milieu écologique et le volume de population un
équilibre relativement durable qui ne sera rompu que fort tard,
à l'époque de
l'éclosion des grandes cultures de cacao et de
café (1).
Sur la vie antérieure à l'émigration des ancêtres
morofwo, les pages de cet essai, malgré leurs lacunes, sont
néanmoins fort éclairantes. Regroupés dans la plupart des Etats
côtiers du Sud-ouest ghanéen actuel, autour du noyau Aowin, dans
un milieu écologique semblable à celui du Moronou,
ils vouaient
le plus clair de leur temps à leur activité favorie
:
l'extraction aurifère et la commercialisation du produit, dans
les comptoirs européens,
implantés le long du golfe de Guinée.
Connus et particulièrement appréciés de leurs partenaires
commerciaux européens, pour la pureté et la finesse de
leur or,
ils suscitent, par leur richesse,
l'envie de leurs
voisins.
L'Etat Denkyira, l'un des plus puissants parmi ces
derniers,
fut le premier à tenter non seulement de se rendre
maître des gisements aurifères de l'Aowin et du Wassa, mais
aussi de contrôler les pistes caravanières qui, des Etats Aowin
et Wassa, descendent en direction des comptoirs côtiers. La
cause fondamentale de l'affrontement entre Denkyira et les états
du sud-ouest côtier, alliés à l'Aowin, doit être recherchée à ce
niveau : la lutte pour le monopole du commerce côtier et la
(1)
LOVlg-te.mp~ apJtè.~ 1939, daVl~ r e s aVlvtée.~ 1950-1955.

possession des gisements aurifères. Battus par le Denkyira,
dans les dernières années du 17e siècle, l'Aowin et ses voisins
durent s'incliner et ouvrir l'accès des puits d'or et des
pistes commerciales du pays au maître Denkyira.
Au début du 18e siècle, l'hégémonie politique, dans
cette zone du Golfe de Guinée, change de mains. L'Asante, ayant
battu le Denkyira à la bataille de Feyiase, en 1701, s'impose
en maître à tous les Etats de la zone. C'est pour échapper à
cette nouvelle domination et préserver la liberté de son com-
merce que l'Aowin s'oppose à l'Asante. Vaincus,
les ancêtres
des Morofwo entament, dès 1715, la longue émigration de plusieurs
dizaines d'années, qui les conduit au bord du Moro.
La migration, cet épineux problème de l'histoire du
peuplement de s popu la tians a f r ic cl i ne s , e s .: ex aminé l c l
à p r op o s
des Agni,
à
la fois sous l'angle de la datation et des itinérai-
res. Les différentes hypothèses, proposées aussi bien pour les
dates des vagues migr2toires successives que pour les itinéraires
empruntés, ont' l'avantage d'être plus <convaincantes
"
parce q ue
fondées à la fois sur les sources orales et les témoignages
hollandais de l'époque.
La mGme garantie est loin d'être apportée à la date
J'ar~ivée des premiers ~migl'ants dans le Moronou. Bien que la
date de 1733 - date ronde - nous ait semblé plus probable (î),
elle ne doit être considérée que comme une hypothèse susceptible
d'être révisée ...
(1)
Cn Chp
III,
r.e. pe,up.te.me.n.t, p. 124.

Toujours hantés par la recherche et l'acquisition du
métal précieux,
les émigrés aowin, parvenus aux bords du Mo r o ,
tentent,
sous la conduite des premiers guides morofwo, de
s'emparer des riches placers, situés le long des rives du
N'zi et au-del~, en pays baoulé. Ils se heurtent aux avant-
postes baoulé et engagent un long combat dont ils sortent vain-
cus et affaiblis.
rIs se retranchent alors dans la forêt,
sur
l'aire d'habitation encore occupée actuellement. De même que
le choix de 1733 comme date d'apparition des groupes agni dans
les Moronou, loin de c16re le débat, laisse ouverte la porte â
de nouvelles recherches, de même la date de la guerre Agni-
Baoulé et la durée du conflit ne doivent être regardées que
comme des jalons provisoires qui pour le moment permettent de
mieux rendre compte d'un certain nombre de faits.
Survient beaucoup plus tard, au début du vingtième
siècle, la pénétration française avec, comme entre autres
Conséquences économiques,
l'introduction des cultures de profit.
Administrateurs, agents d'agriculture, sociétés diverses A
vocation économique s'emploient, par leur pression ou leurs
conseils et encouragements, A stimuler l'évolution agricole.
Contrairement â d'autres régions ivoiriennes 00 la contrainte
administrative fut nécessaire au démarrage des cultures, dans
le Moronou, l'initiative, pour certaines cultures comme le cacao,
revient à quelques planteurs pionniers. Séduits, au cours de leurs
déplacements soit dans les régions voisines,
soit à l'étranger,
par le succès remporté par certaines cultures nouvelles comme
le cacao,
ils s'empressent d'en expérimenter la culture et en
1
deviennent par la s ui t e I e s ardents d irf u s e u r s ,
Par ailleurs, gr5ce } une densité assez remarquable
des moyens de communications, a c qu i s c s au prix du travail pres-
t a t air e,
tan t
d e foi s déc r j
e s c a11l p a g Il e s d u ~'1 0 r o n0 u 0 n t
é
,
]
pu être désenclavées assez t ô t .
Le chemin de fer mais surtout

les pistes villageoises et les " g!L a nd e. -6 v oi.e.s" du ~1oronou
stimulent le développement des cultures commerciales.
Une certaine souplesse d'adaptation â la demande,
illustrée par la régression progressive de certains produits
comme les palmistes ou le caoutchouc qui, â la fin de notre
période, 'ne répondent plus aux nécessités de l'heure, révèle
assez bien l'intégration de l'agriculture du Moronou â l'écono-
mie de marché. D'autre part la notion du meilleur profit réali-
sable constitue la toile de fond des transformations,
survenues
dans ce domaine et témoigne éloquemment par ailleurs du
dynamisme des planteurs de la région.
Cette évolution comporte
d'ailleurs - et il convient de le souligner - ses côtés négatifs.
Lorsque survient une dépression mondiale, comme ce fut le cas,
pendant la crise de 1929-33 et celle momentanée de 1937, les
planteurs du Moronou, producteurs de matières premières, sont
gravement touchés par la "dé.té.!L-to!Lat-ton d e.s te.!LYne.-6 de. f' éc.hange.".
Le bouc émissaire à l'occasion est vite trouvé:
c'est le commer-
ce local,
le responsable de la mévente des produits.
Le mécon-
tentement se traduit par la mobilisation des esprits et un
mouvement de revendications et de protestdtions, dirigé par
quelques chefs locaux et soutenu en coulisse par des "-tnd-tgène.-6
é.vofué.-6".
Dans la lutte pour l'entretien des surfaces cultivées,
dans l'effort mené pour améliorer la qualité du produit de la
récolte,
les sociétés â vocation économiqu~, en particulier la
Chambre de Commerce intervenant par l'intermédiaire des contrô-
leurs de produits, ont joué un rôle efficace.
En incitant le
planteur du Moronou â soigner l'entretien de son exploitation
pour
une plus grande rentabilité et erl le poussant â offrir au
commerce un produit de plus en plus impeccable,
les sociétés 8

vocation économique ont contribué à favoriser une intégration
plus étroite du planteur morofwo au système économique de trai-
te.
Toutes les dimensions d'exploitations sont déjà repré-
sentées à notre époque, et contribuent chacune à son niveau à
attirer dans le Moronou une main-d'oeuvre de plus en plus nom-
breuse. La croissance y apparaît déjà étroitement liée à l'uti-
lisation d'une abondante main-d'oeuvre. Un tel modèle de
développement qui,
dans un contexte autre qu'africain, pourrait
paraître original, n'offre point ici ce caractère, dans la
mesure où la terre, accessible à tous, n'est pas considérée
comme un capital.
L'unique critère de différenciation se situe
ici au niveau du dynamisme déployé à étendre la superficie
cultivée, en s'attachant à son service un nombre important
d'ouvriers agricoles.
L'étude du revenu du planteur morofwo et du salaire
du manoeuvre attaché à son service, artisans du bond prodigieux
accompli par la production agricole, constitue llune des dimen-
sions de l'évolution sociale de cette époque. Mais comment
appréhender cette réalité ? Comment marquer les nuances de
degré de revenus entre le planteur à la tête d'une exploitation
personnelle et l'ouvrier agricole,
louant la force de ses bras?
En l'absence de toutes sources privées sur les entreprises de
l'époque coloniale,
tant européennes qu'africaines,
une telle
tâche s'est avérée comme une gageure. Prenant le risque de ten-
ter cette aventure, nous avons envisagé, à l'aide de quelques
Sources de comptabilité théorique, de restituer le revenu tité
des seuls produits du cacao et du café, à défaut de toute autre
Source de comptabilité sur les cultures secondaires et vivrières.
C'est une lacune de taille que cette étude Il'a pu pallier.

<:;43.
Cette poussée incontestable des revenus et des salaires
à qUI profite-t-elle ? Aux Morofwo certes 1~qui par les exploi-
tations draînent la quasi-totalité du produit de vente.
La
rentrée d'argent, enregistrée par la vente des divers produits,
a eu les plus heureuses incidences sur la vie quotidienne, en
particulier en ce qui concerne la nourriture,
la santé et
l'habitat. En a tiré~~ga·lerflent:. parti la main d'oeuvre étrangère
au Moronou, qui rapatrie, sans en faire profiter notre région,
la totalité du salaire perçu,
légitime rétribution du travail
effectué.
Effectivement au plan social,
l'un des aspects les plus
visibles de l'évolution réside dans l'afflux de
la main-d'oeuvre
extérieure, l'implantation de commerçants et d'artisans étrangers,
attirés par le niveau de vie relativement élevé du Moronou,
consécutif à une introduction de masse monétaire relativement
importante.
Ce sont en général les marchands soudanais, les
Poyofwè ., récolteurs de caoutchouc, d'origine ashanti et fanti
ou encore des Baoulé, Bété, Guro et Wobè du Centre et de l'Ouest
ivoiriens, venus louer leur service auprès des planteurs de la
région.
Malgré la faible proportion de ces étrangers - ils
représentent, en 1937, 11,7 % de la population totale de la
Subdivision-est du Moronou - ils jouent particulièrement un
grand rôle dans le progrès agricole de la région.
L'exploitation
familiale épousant chaque année une taille de plus en plus gran-
de, la main-d'oeuvre domestique s'avère insuffisante. Afin de
rentabiliser l'exploitation,
on fait appel à la main d'oeuvre
étrangère.
La structure de production ancienne de l'époque
précoloniale, composée exclusivement d'aides familiaux et d'une
clieritèle fort proche, fait les frais de cette transformation
économique. A la "c.e..t.tule. d omos r i.ou ».'
d'autrefois s'ajoute
désormais une c.e.Ltute. étJtangè.Jlc".
D'où la double dimension

superposée que revêt la structure de production.
La coexistence de la communauté autochtone agni
ct
des populations étrang0res opposées sous bicn de
rapports,
imposée par le développement économique de
la région,
ne va
pas sans soulever quelques frictions
conflits de
travail,
litiges fonciers et autres ...
La communauté agni elle-même n'est pas épargnée par
les changements.
On assiste progressivement à un accroissement
numérique du groupe des planteur -
ceci est particulièrement
sensible à partir de
la deuxièli1e décennie de colonisation - 2
un renforcement de ses assises foncières par l'appropriation du
sol,
notion inconnue jusque là. Que de
chemin parcouru depuis
l'époque précoloniale
!
Que de changements opérés entre l'Agni
de cette époque, attaché exclusivement à llextraction aurifêre,
aux activités de chasse, de cueillette et pratiquant occasion-
nellement une agriculture de subsistance et le planteur
conv<Jincu des cultures pérennes de cacao et de café de
ll(poquc
coloniale
D'autre part au sein de la population autochtone,
la
VJe communautaire souffre de plusieurs tensions
les anciens
liens de dépendance se relâchent, de nouveaux se
récréent,
fondés
sur des critêres autres que ceux qui régissaient précé-
d e 111 III e n t l' 0 r clr e a n cie n.
Des c 0 TIlp o r t e men t sor i gin a u x , e n g (;n C' r ~'I ]
réf r a c t a j l'es à t 0 u tee· qui
d e p r è sou de
J 0 i n r e f ] è t e l C.'
p J ~ :' é: ,
sc dessinent,
au sein même de J.(1 c o mmu n a u tê Li g n a gcr c . ,\\lê!ilC
lc s
s t ru c t ure s son t a t t e i l\\ tes p Cl l ' I ' é r 0 S ion soc i il 1 e.
l,' a n C J e n r: (::
hiérarchie d i s p a r a r
en lieu et place une n ou v c l le h ié r a r c h i .",
î
fondée c s s c n ti c l Lcm e n t
sur des
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che 1 ] c soc i
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Cl le,
cl 0 III j i \\ C' l l

845.
grand planteur dont l'exploitation est supérieure en superficie
aux 20 hectares.
Bénéficiant d'un revenu appréciable,
il peut
disposer d'une main-d'oeuvre relativement abondante. Enfin,
dernière caractéristique importante, il est ~ l'abri de l'endet-
tement, alors que le planteur moyen et l'ouvrier agricole,
autres éléments de la structure sociale, éprouvent d'énormes
difficultés ~ équilibrer leur budget, et que beaucoup vivent,
non pas sur la traite passée, malS sur celle ~ venir, en recou-
rant ~ des emprunts ~ court terme, auprès des commerçants.
Ainsi l'analyse du milieu humain, aUSSl sommalre
qu'elle soit, tend ~ montrer que le développement économique
dont nous avons suivi l'évolution jusqu'en 1939, n'a pas été
sans entraîner de profonds bouleversements sociaux qui laissent
présager, avec l'extension de l'économie de profit, des mutations
sociales plus radicales, au lendemain de
l'après-guerre.

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115 701
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84'7:
A
N
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X
E
9
LIMITATION
DES
CENTRES D'ACHAT
Dimbokro, le 20 Septembre 1928
Mon cher Président,
En séance du 4 sept, vous avez bien voulu me norrnner rapporteur
sur la question: Limitation des centres d'achats. Voici mon avis à ce sujet
Dans les légions à cacao surtout, aucun poste d'achat nouveau, ne
devrait être établi, sans avis favorable du corrnnandant de cercle qui prendrait
au préalable l'avis des producteurs et des corrnnerçants.
Dans la région de Bongouanou et sur un parcou JS de 60 kolornètres au
plus, il y a déjà corrnne centres d'açhats réunissant plusieurs corrnnerçants
et maisons de oorrnnerce : Bongouanou, Akpahoussou, Abongoa, Arrha, Andè, Brou-
Akpahoussou, Kérégbé, Daoukro, soit en tout 8 centres d'achats, dont certains
éloignés du p rêcédent de 5 Km, 8 km, 17 Km.
Ne sont pas compris dans cette liste les villages ou sont installés
un ou deux commerçants seulement. Il résulte de cet état de choses, que le
contr61e des produits à l'achat, est inexistant.
A la saison, on peut voir les commlS passer dans les plus petits
villages, avec des bascules portatives, acheter 50 kilos ici, 200 kilos là.
Le cacao étant étendu au soleil pour €tre
séché, le vendeur sollicité par l'un,
sollicité par l'autre, vend de guerre lasse son produit encore humide.
Certains corrnnerçants partent le matin de Dimbokro, avec leur camion
et une bascule. Tout le long de la route, ils achètent, donnent des rendez-
vous à l'avance et si pour le retour leur chargement n'est pas complet, ils
le finissent aux endroits ou ils ont des commis a demeure. Cette façon de faire
empêchant tout contrôle, porte préjudice aux centres naisséU1ts ou un lotissement

348.
a été fait. Le commerce se trouvant partout et nulle part, nous ne sortirons
pas du régime de la boutique de pisé couverte en chaume. La région d'Akpahous-
sou, devrait avoir actuellement de belles constructions, il n'en est rien et
ce ne sera qu'un centre raté, si la limitation des points d'achats n'intervient
pas.
La limitation des centres est d'une importance capitale, si l'on
veut assurer une surveillance efficace des produits destinés à l'exportation.
Recevez mon Cher Président, mes respectueuses salutations.
Lettre de R. Sendral, Commerçant et Correspondant de
la Chambre de.Commerce à Dimbokro, au président de la
Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire à Abidjan.
Arch. de la Chambre de Commerce de la Côte d'Ivoire à
Abidjan, 23-4 Contrôle des produits.

A N N E' X
[
10
RESSOURCES NATURELLES DU N'ZI-COMOE A L'EPOQUE DE
L'IMPLANTATION
COLONIALE
"
Le Cercle, principalement le district du Moronou est riche
en or ; depuis le mois de novembre 1908, les indigènes ont versé dans les
coffres de la colonie au titre des diverses contributions dont ils ont été
frappés, non loin d'un million en or qui a été reçu à raison de 2, 80 F le
grannne.
Les diverses
peuplades qui habitent le Cercle, toutes descendan-
tes comme on l'a vu plus haut des Achanti, grands chercheurs d'or eux-mêmes, se
sont, dès leur arrivée dans le pays, c'est-à-dire depuis 150 ou 200 ans, livré
à l'exploitation de l'or. Cette exploitation se fait à la manièIe primitive:
la terre, extraite de puits dont quelques uns ont jusqu'à 15 m. de profondeur,
est lavée dans des plats hémisphériques en bois, l'or resté au fond:, est
recueilli.
Il n'y aucune culture d'exportation; le palmier à huile qui pous-
se cependant bien, n'est pas cultivé en grand
il est extrêmement rare de
trouver un village de la forêt qui ne possède quelques palmiers, mais ces
peuplements sont de peu d'étendue; leur importance est proportionnée aux
besoins du groupement qui les possède. Leur propriété n'est pas indivise,
mais bien personnelle à telle ou telle famille qui a seule le droit d'en
prendre les fruits ou de les abattre pour en extraire sa provision de 'v~~ de
palme". Aucune palmeraie n'est entretenue, on ne prend pas soin dé la .
reproduction.
Le _~~:-nnia el as t i.ca , en agni Efounournoundou est dans la partie
forestière la seule essence productrice de bon caoutchouc, il n'est pas culti-
vé. Dans le nord du Mango, la ~~do~phia.._, ariloué niama, erragba ?-.Q!:!P~, se
rencontre mais en petite qlBntité.
Le caoutchouc extrait du funtumia se prépare sous forme de boules
de moyenne grosseur et surtout en grosses plaques rectangulaires très épaisses

350.
qui pèsent 30 à 40 Kg, namméslumps en langage commercial; les indigènes
incorporent dans les lumps les latex de plusieurs autres végétaux qui altè-
rent la qualité du produit, et en avilissent la valeur, mais qui en augmentent
le poids, seul côté de la question qui les intéresse.
Le kolatier existe dans toute la forêt à l'état isolé; il pa-
·Y'~tt pousser spontanément ; autour de maint villages il existe des peuple-
ments de peu d'importance, œuvre des indigènes. La seule tribu des Ngan qui
habitent C••• ) le nord-ouest du Cercle, cultive en grand les kolatiers: on
estime à 15 ou 20 cxx) le nombre·de kolatiers quJelle possède.
Le riz est peu cultivé; depuis trois ans sous l'impulsion de
l'administration locale, les habitants du Moronou ont commencé à faire quel-
ques plantations de riz et paraissent comprendre les avantages qu'ils peuvent
en tirer. Ces plantations ont été exclusivement faites dans les terrains non
inondés C••• )
Les principales cultures indigènes sont par ordre d'importance:
l'igname qui fait le fond de la nourriture et dont les plantations occupent
les trois quarts de la superficie cultivée; le maïs, le manioc et les
bananes.
ANCI
DD
140/015 HOSTAINS,
Monographie du N'zi-Comoé,
1 91 :2 •

851.
A N N E X E
11
Prix moyens annuels des produits au proàucteur
(Kg/Fr)
Caoutchouc
Cola
Palmistes
Cacao
Café
1917
3,8
2,25
0,40
1918
1919
1920
3
7
0,55
5
1921
2,50
0,69
1,77
1922
2,3
0,65
2,20
1923
5
3,87
1,55
2
1924
2,30
1925
7
5
1,30
2,75
1926
1927
1928
4
1929
1930
1,3
3,87
1931
1,75
0,38
0,79
1932
. 1,45
0,30
1, 19
3,87
1933
1,32
0,19
0,95
5,02
1934
1,27
0,15
0,93
4,88
1935
0,88
0,35
0,90
4,15
1936
1,62
0,37
1
4
1937
3
0,88
3,12
4,6
1938
5,12
0,86
2,28
4,67
1939
4,61
0,75
2,23
5,96

.e.na c.xe
A
t~ ~,' E
MOROIiOU
::TRAF1C
FERRO\\'lA1RE DES
PRODUITS AGR1COLES
6 47
par s~ation (en Kg),
1921-26
.'
1 9 2 1
.1 9 2 2
1
1 9 2 3
1 9 2 4
1 9 2 5
1 9 2 6
1
1 Ano urna b a
Ti~;1I61é-kro
Dimbokro
Anoumaba
T'i émé Lé k r o
Dimbo}..ro
Anou:naba
Anou:naba
TiélOélH""
Tiéinélékro
pimbokro
0i;nbokro
noumaba
Tiér.lélé-kro
Dimbokro
AnC'umat,z
THrr.éJtkro
D:imbokro
.-
1
Co] a
1
36
376
29
23 3
:H
228
179 309
67
844
403
130
183 ,68
211
357
119 624
80 769
479 909
255 25,
74
427
694
800 1
:;4, b51
S5
172
900 231
440 577
i
1
Caoutchouc
1
-
-
7 265
-
-
-
30
-
83
934
515
1 858
274 041
1 22
18
108
ZB5
1
-
e
-
"
55
700
-
.-
,
PJ}r.listes
1
22&
-
314
414
430
397.~
766
221
1 982
leO
110, ,B8
392
5 04
1145 _'98
25
540
17
45n
19~3 180
5 on
9 159
2034
:7;:,
,4
Cacao
86
361
32
632
360
1 232
110 921
134
1
4 407
110 s i 5
1 994
3 598
324
026
3 003
5 673
309 049
3 58h
11
614
6SL
792
Cot on
.27
-
6 351
-
122
1
4 415
60
-
11
508
109
. J 83
.44 049
57.
48
79
732
1 085
2 972
101
58c
~a;)i oc
]E:nao~s
7 707
sa 176
4 4 J6
5 l
R 766'
661
424
776
L-.
,1
10
299
735
37
215
29
830
85
524
190 983
29 308
225 993
165 51,
44
115
79
991
J 3 :;.'8/
Ban a n c s
1
-
- - - - 1
:'~:: j s
1
3 5,2
8G
31
320
208 640.
46
DG,
1
1
35
932
2 707
62
983
1 167
4 S34
81
295
J
.580
4 767
~6 480
5 372
9 280
113 148
:0 S22
;
Total
1
~i 9i6
1 l 5 7M
613
422
263 080
703 011
13'1 061
199 660
223 014
2108
726
374 661
356 919
3399 532
374
253
<63
231
106
4<8
076
3D>
lM05
446
3987 599
1
"
1

b52.
A
N
N
E
X
E
1 2
CERCLE
ru N' zr - C(]vIOE
PRODUCTION ANNUELLE DES PR(])UITS "DITS DE CUEI LLETTE" (en tonnes)
1917
- 1939
Armée
Cola
Caoutchouc
Palmistes
- - -
191)
202,5
24,2
651 ,6
1918
1919
226
1 200
1920
273
7
675
1921
314
7,26
256,6
1922
429
3,5
458
1923
516,946
604 Kg
648,8
1924
343 (1)
83,934 (2)
350
1925
024,662 (2)
278,900 (2)
2 221,74 (2)
1926
331,498 (2)
108,880 (2)
2 357,982 (2)
1927
1928
1 413
1929 .
1 317,3
1930
670
29,7
1 104
1931
411,460
59,783
817, 7
1932
794
043,16
1933
628,427
16,626
64
1934
239,157
48,15
1935
759
261
1936
1937
1938
250
260
1939
363
22,5
166,6
( 1) PJtodu.e..-t-to V! POUA L1.V! !JemVdAe
(2) CfU66Jtu d'expoJt-ta;U_o/u pCUl l u gCUlU du. N'û-Comoé (VimbolvtO, AnolLmaba,
T-i-émélélvto, No 6ou, Nd OfWu.aM-i-fVLo ) "

853.
A
N
N
E
X
E
13
Cercle du NI zi-Comoé : Evolution annuelle de la surface
cultivée en Cacao (en hectares)
1917
67,5
1935
11 503
1929
5 250
1936
6 000
1930
1 570
1937
1931
1 540
1938
11 800
1932
1 320
1933
446
1934
3 200
Cercle du N'zi-Cornoé : Evolution annuelle de la surface
cultivée en café (en ha)
1929
50
1934
340
1930
134
1935
4 000
1931
166
1936
1932
172
1937
4 500
1933
265
1938
4 000

A N N E X E
854.
1 4
CERCLE
DU
N'ZI - COMOE
PROOUCfION ANNUELLE DU CACAO ET DU CAFE (en tonnes)
1917 - 1939
Année
Cacao
Café
1917
2
1920
10
1921
31
1922
76
1923
105,674
1924
260
1925
317,725
1926
671,994
1927
610,026
1928
1 769,357
1929
2 243,280
1930
3 337,905
1931
3 991,961
100 Kg
1932
5 310,392
14,903
1933
7 873
44,641
1934
2 560 (1)
20 (2) et (1 )
1935
6 9,08,6 (1)
96, 121(1 )
1936
1937
4 000 (1)
200 (1)
1938
6 600 (1)
480
1939
8 812,5 (1)
1 089,86 (1)
}- ---
Sources
ANCI
1RR 39
lRR 94
ANS
2G38-63
( 1) MO-tYL6 fa pILodu..c.tiort artrtu..e11.e. de. fa SubdA:.V-W-tOn. de. Bon.gouan.ou, ILaÂÂ:ac.hée.
au. Ce.!Lde. de. f' -tn.d éru.é
(2)
PILodu..c.tion. pOM u..n. hV11e).):t!Le..

A N N E X E
1 5 (J)
Cercle du N'zi-Comoé : ~volution du produit annuel
brut de la Cola (en milliers de francs)
1917
456
1931
720
1918
1932
151
1919
1933
829
1920
911
1934
304
1921
1935
668
1922
987
1936
1923
2 000
1937
1934
1938
280
1925
5 122
1939
673
Cercle du N'zi-Comoé : Evolution du produit ar1iluel
brut du Caoutchouc (en milliers de francs)
1917
92
1918
1919
1920
21
1921
17
1922
1923
3
1924
1925
935

856.
A N N E X E
15
(III)
Cercle du N'zi-Comoé : EVolution du piOduit
artnuelbrut .depa~istes
(en 111 i Il i ers de f ralle s )
1917 .
260
1931
311
1918
1932
313
1919
1933
12
1920
371
1934
7
1921
ln
1935
91
1922
298
1936
1923
006
1937
1924
1938
224
1925
2 647
1939
125

857.
A N N E X E
16
Cercle du N'zi-Comoé : Evolution du produit annuel
brut du Cacao (en milliers de fr.)
1920
50
1928
7 077
1935
6 218
1921
54
1929
1936
1922
167
1930
4 340
19~·.
31 200
1923
211
1931
3 154
1938
29 868
1924
598
1932
6 320
1939
35 262
1925
874
1933
7 480
1926
1934
2 381
1927
Cercle du N'zi-Comoé :Evoluti6~duprOduitannuel
brut dU éafé (en milliers de fr.)
1932
58
1936
1933
224
1937
920
1934
98
1938
2 242
1935
399
1939
6 496

858.
A N N E X .1:
1 7
EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE DU MORONOU
1908 - 1933
k
-T 1908
1926
1936
1938
310
3S 706
39 1 53
40 28.t
1 Maranou
l18
Cercle du
73 650
1 23 522
1 11 575 (1)
116 134
NI z i.v Coruo ê
1
1
1
Côte-d'Ivoire
Il 1Il1 7.3 1 724 545 3 850 000 3 983 149
1 - - - - - -
--•...
Sources
ANCI 5 ~3 XIII-26-9j65-67
(172), Recensement
population de }'Indénié 1936 et 1938
ANCI5 D-VI-11j5
(3036), ~êsultats du recensement
de la population de 1926.
ANS
Gouvernement général AOF, Situation générale
1907-1909.
r 1 )
l.
:\\JOVl c..::nn{J/tiI.'Je. fa Subd,Lvi0-i.0f1 d e. BOll90LUU10U fLcLttac.I112.tl.
ci<'..puiI.'J
1934 à f'IVldéVlié.

;~ 59.
1\\ N N [
X l:
18
PRECIS CHRONOLOGIque
LES MOROFWO ET LE
MORONOU
Date
Faits politiques
Faits économiques
Fin 15c siècle
Départ, des Anyuanyuan
de Te kyrn an pour l' Ad a n s e
1fie siècle
Vie d~ns l'Adanse
-Les commerçants de l'Adanse
ainsi que ceux du Denkyira
et tous ceux des Etats envi-
ronnants, désignés sous le
vocable de "Ai<.aYl.-i." par les
documents européens de l'é-
poque, .: l i v r a i e n t
régulière-
mè n t, - aux c ornp toi r s el! r cpé en s
en t r eau t Te s P TC; d li l t s d e
.,
l'or.
16S0
Etablissement dans
l'Aowin Ebrosa
1677-1701
L'Aowin, Etat tributai-
re De n ky i r a
1701-15
L'Aowin sous la domina-
-L'Aowin était surtout reputé
tion Asante
pour sa production d'ivoire
et son or, sans mélange, le
plus pur de la Côte de
Guinée.
1 71 S
La bataille d'Anyua-
nyuan
1715-1730
L'émigration Aowin.
Eb r e s a
1730-1770
La ~remière phase du
-Extraction aurifère au bord
peuplement: l'expan-
du N'zi et en zone baulé,
sion en désordre
l'une des causes de la guer-
re agni-baulé.
1770-80
La guerre Ag n i
Baoulé
>
1780-1850
La seconde phase de
-Extraction aurifère sur
peuplement: l'essai-
toute l'étendue du Moronou,
mage naturel
du N'zi au Comoé.
18S0 -
Début de la troisième
Chasse à l'éléphant et au
période de peuplement
gros gibier.
le brassage des peuples.
-h~colte au caoutcnouc.
1889
Binger longe la bordure
orientale du Moronou, en
descendant le COffioé d'Atta
crou à Aniansué.

000.
Faits pulit.i1.l!ès
Faits écono:niqu~~
1898-1899
Mission topographique HouJail
Je dans
le Moronau
1904
Missions Cr0sson Duplessis
Des colporteurs dyula sont
e t J 0 r clan, a li t r e:.' mis 5 j 0 n s
signalés dans la r~gion
topographiques dans le Mora-
nou.
-
Boa Kouam6,
notable de
Iv1'basso
(Indénié) est envoyé
par l' Admi Tl i s t rat e u l'de Za ra -
hou,
cowne agent de renseigne-
ments auprès de Kcffi Kpli dl
d'Arrah.
Il est arrêté, battu
et gardé en otage.
1907
H. Marchand arrive> en jalivier
à Sawua , pour y creer un poste
administratif
"
1908
Intervention milit.aire, suscitée - ;:(évélation à l'Adminis-
par l'hostilité de certains cheftration, par les colpcr-
locaux. Du 18 octobre au 18
teurs dyula, d'un complot
noV~~bie1908, les troupes colo-
de meut Te ourJi par les
n i a l e s , fortes
de
200 soldats,
Essandané contre l'admi-
se déploient dans tout Je Moro-
nistrateur-adjoint Vallon.
l)OU.
t
1909

,
Î
-
Au mois de jU 1n, onze c~ers c
-
l'V~ .i se e Il ci r cul a t i 0 il d an S
Il 0 t a b 1 e s
du i-to r 0 Jl 0 U ,
con va in eus
le Mo r on o u de la monnaie
d'avoir été les instigateurs de
divisio~naire française
mouvements de
troubles à l'égard
du pouvoir colonial,
sont condam
nés à être internés pour une pé-
riode de dix ans.
En octobre, achèvement de
la
construction du poste administra
tif de Bongouanou.
1910
18 sur 11 des chefs du Moronou
En janvier, désertion des
condamnés à l'internement, béné-
Dyula habitant la région,
ficient de
l~ gr~c~~~o19Riale
à
l'Annonce de la révolte
Ils sont r ern i s en Li ber t ê •
d2s Abey. Conséquence :
arrêt momentané du commer-
ce dans le Moronou.
Début du Tegroupement des
-
La monnaie anglaise
campements et création de gros-
"plt.-f.me."
t.ou-iQur~ la,. ,
Ises agglomérations.
monnaIe françaIse,
regar-
dée avec mépris par les
Mo r o Fwo
1

Date
1 91 1
Red d i tion des "a'e./tr:-<-e/t~"
· Introduction de l'agricul-
fusils,
après la paix fran-
ture de traite dans le Moro-
çalse.
I! 0 u ,
Des che f 5 e t
cl e s no t a -
bles du MoroI1ou manifestent
le dŒsir de recevoir des
cabosses de cacao et d'en
entreprendre la culture.
~fi~nagement des peuple-
]TI.:; n t s
Il a t 11Y (:: l s
cl e col a t :i ers,
d'arbres à caoutchouc et de
palmiers d huile.
i 91 2
Premières "6u.-<-te.-6" en Gold-
· Premiêres cultures arbusti-
Coast, enregistr~es dans
ves.
Celles-ci sont précédées,
l' l'JWe1. et le Sa h i ê ,
a f i n .Ie
en 1911, p a r l'amfnagernent
s e dérober au portage et aux
de pépinières, sLivies de
I, a II t r e c; T
Y~alisations des premières
ê
q II i 5 i. t i 0 Xl s
a dmi n i 5 -
1.
t r a t i ve s .
plantations en 1912.
1
,
1 91 3
Le recrutement militaire
- Impact de la crise de
provoque un mouvement de
caoutchouc dans le MOTonou
forte émigration en Gold-Coast
1 91 4
L'ancien chef du Ngatianu,
· Première interdiction admi-
"v/.~e.D!..e.ct/td -6 aVl/~ a..u..tc/tLté.'~
nistrative des monnaies métal-
Assiêlou, est remplacé par
liques d'origine locale.
Ao n z i .. Ko k o r a "je.LLne,
/üc.h.e
e.t: ':S é./t-<- eux" .
• C'r éa ti on du ma r c h é
me ns ue I
p
i
t
à
d e
a
l
m
s
e
s
D ' i m b
o
k
r
o
1 91 5
Emigrations toujours intenses
· Les boutiquiers et autres
en direction de la Gold-Coast.
commerçants africains de la
Vadlilinistration réagit, en
région-refusent de céder leurs
arrêtant et en condamnant cer-
articles co n t r e les billets
t.ai ns r e c r u t e u r s étrangers.
de banque.
· Essai des premières plaIlta-
tiDns de cacao .
1 921
Rentrée des premiers émigrants
. Le cacao est réellement
de Gold-Coast
"fanc.é." dans l'Est du Moronou;
des plantations de cacao.
existent dans tous les vllla-
ges.
· On enregistre à la même
date une baisse de la produc-
tion de palmistes et autres
produits 6e cueillette.
:l 925
· Cr~ation de centres d'achat
à Bongouanou et à Kotobi.

Faits éconolil~~quc;~
1 9 =5
L'automobile fait son apparition
dans le Moronou, en tant que
Il10de de transport.
En janvier 1925, sur l'artère
lJrincipale Bongouanou. Dirr.bokro,
huit à dix camions y circulent
réguJièrement
; en décembre,
leur nombre était passé à trente
clnq.
1 926
Début de la culture du café
19:27
Les centres d'achat sont, dans
la
subdivision de BüHgouanGu, au
nombre de 8:1.
1929
Canton Ajsiè
: le c h ef Ko fi
. Crise économique qui affecte,
Allou est reconnu comme chef
ct è s CE: t te a nn é e - l à lem cl r c il é du
de Canton, en remplacement de 1 cacao et des autres ré co I t e s ciu
Ak e s s é
Ka k o u Ko k o r a ,
n oiarn ê
, ;'/10 ronou
par le gouverneur.
Le chef de Brou-Akpcous-
sou, Ndoli Kadio, mort en
Avril, est re~placé par son
neveu Nguessan Bongo.
Cabale contre Anni
KouamG, chef de Canton Essan-
dané, afin de le remplacer par
1(,:.(":1 Ng a za .
. Assandé Edoukou, chef
de canton des Afferé, grave-
men t rn a l ad e , est remplacé par
son neveu, Nguessan Affoumané.
1 931
Extension et intensification des
cultures
1 933
Les Centres d'achat iJassC'Iit à 03
entre 1933-36, dan s la seule
Subdivision de Bongouanou.
1934
. La Subdivision de
BongouanGu est rattachée
au Cercle de 11 Indénié, en
janvier 1934.
Le Cer-c.i e uc
Ina~lli:
.1.'
auquel La 0uooi-
vision ae Bongouanou \\Î:joronou-.e;sn:.),
1936
vient d'être r a t t.a c.hêe, est doté
d e : 1 motopresse, 3 dépulpeurs
Iet 4 d0parcGeurs.
1938
IUsine dé: traitement de café ins-
,tallé à Abengourou.

06).
SOU R CES
E T
B l B LlO G R A PHI E
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
+++++
000
+

TABLE DES SOURCES ET DE LA BIBLIOGRAPIIIE
Page
PREMIERE PARTIE
LES SOURCES
~b?
CHAPITRE -PREMIER: LES FONDS D'ARCHIVES
~ ..
86~
1.
Répertoires sur les bibliothèques, les Centres
de recherche et de documentation africanistes ...
600
II. Les Sources ivoiriennes
.
271
A.
Archives nationales de la Côte d Il vo i r e ;'1
Abidjan
.
B. Archives de la Chambre de Commerce de la
Côte-d'Ivoire à ~bidjaQ
.
C. Archives de la Société pour le développement
minier de la Côte d'Ivoire
(SODEHI)
.
~86
D. Archives de la Sous-direction agl'icole ~'
Bongouanou
.
886
III.
Les Sources sénégalaises (Ex-AOF)
.
R87
IV.
Les Archives du Ghana
893
0
V.
Les Sources françaises
..
894
A. Archives Nationales de France
(Rue des
Franc s - Bou rgeo i s)
.
89,5
B. Archives Nationales de France-Section
Outre-Mer (27,
rue Oudinot)
.
805
C.
Archives de la France d'Outre-Hel' J Aix-en-
Provence
.
8':;7
VI. Autres Sources européennes
.
A.
Public records Office,
London
.
13. i\\ Ige III e E' n
Ri j k 5 j\\ r ( hi e f , The 1l, 1g LI C
( i\\ r l: h 1 v e 5
Na t i 0 n èI les cl e s 1) ;1 y S
13;1 5
:i
L;1 11;1 y e) . . . . . . . . . . .

8" .
0;.
CHAPITRE DEUXIEiVlE
: LES SOURCES IMPRllvlEES
9J1
1.
Les publications de documents
901
A. Publications Officielles
901
906
B. Documents de c~l'actêre général
.
l 1.
Pub lie a t ion s p rio d i que s . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
ê
. 9'J'/
907
A. Inventaires chroniques, expositions
.
B.
Publications ;} p ê ri o d i c i té variable
.
III. Etudes et Ouvrages Contemporains présentant le
c a r a c t êr e de sources
.
A. Ouvrages de r
f
rence
.
916
é
é
B. Ouvrages spécifiques du sujet
.
92C
CHAPITRE TROI5IEME : LES SOURCES ORALES
'"
.
1.
Traditions orales du Mo r o no u
.
A. Groupe Essandané ~ Bongouanou
.
B.
Groupe Nga t i a nou
C.
Gr 0 u p e Ah ua. . . . . . . . . . . . . . . . . .'. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cj jO
D.
Groupe As ié
931
II. Sources Orales recueillies dans les régions
vOIsInes..........................................
9J<>
A.
En p a y s ab e y . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • . . . . . . • . • • • • • • •
.9)2
B.
Dans le Sa nwi
';:JJ
C.
Au Ghan a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9J/+

<366.
DEUX 1EM E PAR Tl E : L1\\ 13 I BLI 0 GRA PHI E. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9j 5
CHAPITRE QUATRIEME
: LES OUVRAGES DE REFERENCE...... . . . .
9j5
1.
Ouvrages bibliographiques........................
9j5
A.
Gé n ér a Li té s .•••.••••••••••••••••••••••••.••.••
9J5
B.
Af r i que . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . .
. 936
l 1. 0 u v r age S ll) é t h 0 dol 0 g i que s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
739
III. Atlas,
dictionnaires,
thèses........ . . • . . . . . . . . . . •
941
CHAPITRE CI.!i.QUIE{v1[
: LES PERIODIqUES.,....................
')45
1.
In ven ta ire s . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . • . . . . • • . . . . . . . . . .
'945
II.
Articles méthodologiques..............
945
III.
Articles
spécifiques au sujet... .•• . • . . . . . . . . . . . . .
Y46
CHAPITRE SIXIEivlE
: Ouvrages d'intérêt général et spécifi-
ques au suj et . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
1. Ouvrages d'intérêt g n r a L.
..
é
è
A.
Sur l'Afrique n oir e
..
. 95/"
B.
Sur l'Afrique Occidentale
.
956·
C.
S y I~ t h ses d i ver ses . . . . . . . . . . . . . . . • . . . • . • . . . . . . .
Col cr:
è
/ ,» 1
l 1.
0 u v r age s s p é c i f :i. que s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . • . . . . e • •
A.
Sur le mIlieu physique et les ressources
naturelles
.
95L
13.' Sur l' ag ri cul ture et
le développement . • . . . . . . . .
C.
Sur le Commerce et les
transports . . . . . • . . . • . . . .
D.
Sur la démographie et la société . . . . . • . . • . . . . . .
E.
Sur les Conditions d'existence
.

PRE MIE R E
PAR T l E
LES
Les sources, moyen de recherche privilégié, occupent une place de
choix dans cette partie réservée aux Sources et bibliographie. Elles se répartis-
sent en trois grands chapitres :
- Chapitre 1.
Les Sources d'Archives
Chapitre II. Les Sources imprimées
- Chapitre III Les Sources orales
On distingue au nIveau des sources d'Archives, sans les opposer,
sources manuscrites, assimilées à tort aux "MC.h.<.ve.h" et sources imprimées,
auxquelles se rattachent les sources dactylographiées et en nombre de plus en
plus grand les sources microfilmées, qui ne sont toutes que des formes diffé-
rentes dutexteéctit .
L'élargissement de la connaissance historique aux peuples d'Afrique,
habituellement désignés de peuples ".6ano é~e.", confère à la science his-
torique d'autres moyens d'investigation plus en rapport avec la Vle que ceux-
ci reflètent. Les sources orales , témoignages de contemporains, constituent
l'un des nouveaux types de documents, liés à la nécessaire mutation que subit
aujourd'hui la science historique. Le recours à ces deux catégories de sources
textes écrits et sources orales, a été ici nécessaire pour parvenir à une
meilleure intelligence du processus d'évolution de la société agni du Moronou.
0 0 0 0 0
0 0 0
o

CHAPITRE
PRBv1IER
LES
SOURCES
D'ARCHIVES
~==============~=========
Les fonds d'archives, nécessaires à l'élaboration de l'histoire
du continent africain, ne se limitent pas à l'Afrique. Quelques uns des fonds
les plus riches sont représentés en Europe et en Amérique. Leur existence n'est
toujours' 'pas con.nue, du chercheur débutant. Faire référence aux différents
(
répertoires qui récapitulent les établissements de recherche et d'enseignement
africanistes à travers le monde, peut être de quelque utilité. C'est la raison
fondamentale qUl nous a pousse a faire une place, en tête de l'inventaire des
différents fonds d'Archives, aux répertoires sur les Centres de recherches
orientés sur l'Afrique. Par ailleurs, la recherche de docurnentsoriginaux nous
a conduit successivement dans les différents centres d'Archives de :
- Côte-d'Ivoire
- Sénégal
- Ghana
- France
- et autres pays d'Europe
0 0 0 0 0 0 0
l
REPERTOIRE SUR LES BIBLIOTHEQUES, LES CENTRES
DE RECBERCYESEt DE DOCUMENTATION AFRICANISTES
BOISARD (M.) et NOVf1vlBE R (A.), Répertoire des P!'inci.Q9.les _j...D~.!itutipns SI inté-
ressan~?__ l' Afriglje_lloj.re. Genève , Institut africain, 1963.
CURTEN (P.D.), The Archives of tropical Africa, a recoru1aissance in Journal
of African History, vol l , n0 1
DADZIE (E.W.) et STRICKU\\ND (J.P.), 8.épertoir.~__ çles_é!!'~t0.-'ye~J~iQ.1iQ_th~l~l~s_et._
~_ol~~ __de bibli.9t)'1~COI1om~e_s]~:f)j9.I,l~, Unesco; 1966, 112 p.

DU IGNAN
(P.),
Handb oQl_QL__?_filQJ,~_Lç_;~Il_~~53_S ~ CJI_~ r ces for af ri c an
s t ud ie s , S't an f or d ,
1967,
2 1 S p . - - --------------
(Inv~ntai~l de 15 biblioth~qu~6 et ~~~hive~, aiVl.~i
({[i..e.
de lOg ,:116.:tiLLt<'OVl.6 e_(:~té6i((_6tiqu.e..~
e.t de. que.t-
qUe.6 6i~me.6
~omme.~~iale.6.)
SCJ-l.ATZ
(W.), ~ctory of_Afro=..ù!!1~l"i_ç:0}1H_[-'-C_~c)_\\,l.r_çe~: Ne w-Yo r k ,
Bowker C ,
1970, 485 p.
f
W/\\LRAET
(M.)
Les
études
afri_~i1:,t1].e~,__4a.!1~ JG__!Jl.Gnde, Bruxelles,'
r E D f"'\\ S A
1-9--7--1-; 04 "
'-'.
.
. c .
.
.
J
, 1
1..J •
0 0 0 0 0 0 0 0
II
LES
SOURCES
IVOIRIENNES
A.
- ARCHIVES NATIONALES DE LA COTE-D'IVOIRE, A ABIDJAN
lin guide sommalre, DIRECTION DES ARCHIVES NATIONALES,
Guide
de
lecteur Abidjan,
1972, 16 p.
(Ne. 6ait au~une mention de t'op~~atiDn de ~la~~emint
J!2-5
do~ume.Vl.t.5 toujou-,u \\?i1 (~OU!L.6,
Je. .teL ~é,»a~tit<.oVt de c eu x c.:
r
e.n de.ux 60ndh
: 1) le 60ndh ~~té~ieu~ a /926, a l'immeuble
"les Pyramides",
cfa,~.6(~Ii1e.I'l.t, r~d::f'v'0.
i : t' (J !1..cl 17_:2.
d o
n
;
l < z -
s
u
o.iphc:Illwé.l'...{que
2)
e.),: t e t)Oi'tdfl p(l~,:té.1Ù!_lli( a 1925, e.tlt~!2-po~é
il la -ù .<..~ e.. c t<. 0 VL d es
A~ c h-lv z.s ,\\j a.t.i.o rtal ,'/:J
(CUl c.,~ ,2. i'l.
,',1 i: rt,(..) tè. iL,~ de-
l' Int~~ieu~), c.ontinu~ de 6ai~e. l'obj~t dz ~ec.la~hc~ent.
L'o~d~e de C.lOhhi6ic.otiort, adop.:t~ ~a~~ C~ d~~nie~ ciondJ e6t
d' o x dn e. Humê.fL,i..que.
POUit
ta )J-'Lé.-6 e.n.taLi..o n ,
c es
d c.u x
DCii1.d6
s e.no n :
c.on60Yldu6.)
1.
-
Série
E : Correspond~nce
SOU S - s é rie
1 BB 3 6
:
Reg :i. oS t r e (~ (' c.or r e s p 011 d an c c a ct r ~~ s ~, ,} t~ cl u
chef dë b a tai Ll o n ,
c ornma n d a n t
i e
~~:)oulé et Ü l' ;]dililnis-
traceur commandant
le
Cercle
du
Baou.lé ,
d-..!
2 juin
i9U()
au
1 el' s e p t emb r e
1908.
-
Sü u S - s é T ù : ]
13 B 5::;
: Re g i ~. t r tê' de l~ C) r r C',' po J, d ;-H, C e ~, é Il é r a l E: .: II
Lie u t 2 i1 a n t - G1) uv e y n e LI r
e Il
t (1 u r :10 e,
cl u
2 1 j u :i. 1 J 2 t
19:j 7
a u 16 no vemb r e 1913.

(no.
- Sous-série l,BEll : Registre de Correspondance, au départ du Cabinet
du Lieutenant-Gouverneur à l'Administrateur du Cercle du
N'zi-Comoé à Dùmbokro, du 11 août 1908 au 29 septembre 1916.
- Sous-série__l BB 531 : Registre d'enregistrement de la Correspondance
(Lettres et té l.êgr anmes) , reçus, du Cercle du N' zi -Comoê , du
14 février 1922 au 23 maTS 1924.
/1
Sous-série 3 BB 105 : 'R~egistre de Correspondance au départ (tél et
lettres), du N'zi-Comoé, du 25 octobre au 3 décembre 1914
- Sous-série 3 BB 106 : Registre de correspondance au départ (tél et
lettreS) au N'zi-Comoé, du 15 mai 1910 au 21 novembre 1916.
- Sous-série 3 BB107 : Correspondance de l'Administrateur du N'zi-Comoé
au Gouverneur de la Côte d'Ivoire et au chef de poste de
Tiassalé, 1913-1915.
- Sous-série 3 BB 110 : Correspondance à l'arrivée et au départ (affaires
coTIfIàentielles) du N'zi-Comoé, du 30 mai 1921 au 19 août 1925.
Particulièrement
-Tél~officiel nO 873 du 9 août 1921, adressé par l'Administrateur
du Nïzi-Comoé, de Coutouly, aU-Couverneur à Bingerville,
a/s. Agni-Amantian.
-Tél~-officiel n° 920 du 23 août 1921, adressé par de Coutouly au
---Couverneur à Bingerville, ais A~1i-Amantian
- Lettre n° 18 Confidentielle du 8 seEt. 1921, adressée par de
-
Coutouly au Gouverneur à Bingervllle, ais enquête chez les
Agni-Arnantians et Aharis.
~Sàus~sétie 3BB 114 : Registre de Correspondance au départ du
-- poste de Tiassalé, du 24 mai 1907 au 29 juillet 1918
(incomplet)
2. - Série D . Administratiàn générale
Sous-série DD 145 (013)
~1onographies du Cercle de l' Indénié
~1905, 1911 et 1911).
- Sous-série DD 146 (015) : Monographie du N'zi-Comoé, 1904-1952
- Sous-série DD-IV-17-27 (9 268) Cercle du N'zi-Comoé : Rapports
des 1er et 2e trimes tres-1928.
- Sous-série D XIII -44-104/895-916 (121) Cercle du N' zi-Comoé :
Etat comparatirpar cantons dUdenombrement de la population
de la Subdivision de D:iJnbokro, suivarrt les recensements de
1926 et 1936. Dimbokro, le 22 juin 1936.
- Sous-série D-IV-18-73 (3 n9) Cercle du N'zi-C.omoé. Recensement
-.-dela-population, du cheptel, des cultures Ct pép.ini èr es , 1933-
1934.

871.
- Sous-série 1D1-XIII-13-20ü/1 634 (162) Coupures de journaux ~t articles
-- ---rraItant du rÔle du colon et de la prospérité de la C6te-
d'Ivoire, 1937.
- Sous-série 1 D1-IV~11~102 (2 933) Réseau routier de la Côte d'Ivoire
Instruction, corresponoance avec schémas, 1938-1942.
- Sous-série 1 D1-V-20-43 (3050) N° 400 S.E. du 13/9/1932, copie de la
-
Circulaire du Gouverneur général,a/s situation alimentaire en
A.O.F.
- Sous-sériel D3~X~10~205(1813) : Bulletins mensuels de l'Agence
économique de l'Afrique Occidentale française, 1937.
- Sous-série lD3~IV~53/82(2970) : Diverses notices sur la Côte-
d'Ivoire, 1936-cgéographie, économie, démographie, histoire).
- Sous-série 1D7~IV-48/5·(2918), Boycottage du conmer ce local par les
-- ---rndigènes, producteurs de cacao et hold-up du cacao en Gold-
Coast, 1937-38
- Sous-série 1D7~IV-49/3 (2921), Rapports politiques trimestriels et
correspondance relative à la coordination des efforts entre la
Côte-d'Ivoire et la Gold-Coast, pour lutter contre la propagan-
de anti-blanche, 1927-38
- Sous~série 1D7-IV-13/1 . (3038), Rapports sur l' ~xode des populations
en Gold-Coast 1924-1934.
- Sous-série 1D7 ~VI -13/15 . (3038) , Diverses affaires politiques et
administratives sur le Cercle de l'indénié, 1924-1943.
- Sous-série 1 D9-IV-18-6~(2 943) Journal du poste de Dimbokro, 1936-40.
- Sous-série 2D3-XII~33-50l156·(451), Programme d'action sociale pour
l'amélioration-au-Sort Ge l'indigène par le travail (différents
rapports par Cercles), 1937;
- Sous-série 2 D3-VI-15/6 (3 037), Dossier relatif à l'organisation du
service de renseignements dans les Cercles, l'emploi des gardes
à la surveidlance des cultures faites par les indigènes, l'attri-
bution des cadeaux politiques et de gratification, 1935-1943.
- Sous-série 2 -.D12-V-7-4/103 (3 31.ll, lettre du Roi Boa Kouass i au
- - gouverneur général, relative au rattachement du Cercle de
Bondoukou et de la Subdivision de Bongouanou au Cercle de
l'Indénié, 1933.
- Sous-série 4 D4-IV-42-164 (2 899), Tables quinqueru1ales des Etats-
-- -- 6vÜslnCIlgênes des Œrcles et Subdivisions de la Côte-cl' Ivoire,
1939.

872.
- Sous-série 4~5~XII-27~15/48 (700), Tableau donnant par Cercles et
Subdivisions le nombre des Actes d'Etat-Civil indigène, inscrits
en 1935, par rapport à la population de la Côte-d'Ivoire, au
cours de la même période, 1936.
- Sous-série 5 D-VI~22/4 (2 990), Tableau récapitulatif des populations
indigènes et européennes de la Côte-d'Ivoire, 1938-41.
- Sous-série 5 D~VI~11/5 (3 036), Statistiques démographiques,
1926-1941
Sous-série 5D~IV-43/3 (3 330), Dossier de recensement, 1936.
- Sous-série 5D3~XIII-44~107/939 (124), Recensement et statistique de
la population de la Côte-di Ivoire, 1926.
- Sous~série5 D3~XIII-13-201/1652 (163) Statistiques annuelles de la
population de la Côte-d'Ivoire (tableaux fournis par Cercles),
1934.
- Sous-série 5 D3-XIlI-26-9/65 (172), Tableaux démographiques, population
générale de la Côte-d'Ivoire pour 1937, avec correspondance
afférente et un état statistique comparatif des années 1936-1937.
3. - Série E : Affaires politiques.
Rappelons que la classification de cette série, malgré l'ordre qui
y a été récemment apporté, demeure encore déroutante. Si le classement
alphanumérique est assez bien respecté jusqu'à l'année 1928, le classement
topographique qui y fait suite est assez confus. En effet plusieurs côtes
sont utilisées assez souvent pour le même document.
- Sous-série 1 EE138 (1) : Situation politique du Cercle du N'zi-
_.-- ComOê, 1908, 1910.
+ ~22~I.L~:_~~~_~ du Lieutenant-Gouverneur de la Côte-
d'Ivoire au Gouverneur général de l'A.O.F. à Dakar, ais situation poli-
tique du N'zi-Comoé. Bingervillè ,le 14 octobre 1908.
-Sous-sériel EE138 (1/3), Correspondance au départ du Cercle, relati-
ve à la pôlitique-du Cercle, 1907-1917
x
Rapport nOl de l' Admirn s tr ateur-Adj oi nt , H. Marchand à Mons ieu l'
l'Administrateur du Cercle des Lagunes à I3ingerville, ais arrivée et
installation à Sahoua, renseignements sur les groupes. Sahoua, le 1er
févr .ier 1907 .
x
~2E~I!_~~~ Administrateur-Adjoint H. Harchand il Mons i.eur
l' Administrateu l' du Cercle des Lagunes ~ I3ingerville, ais tournée à
l'Ouest de Sahoua et visite à Aous soukrou , As somoukrou, le 22 février
1907.

87j.
~ 8~EE2E!_~~_~_~inistrateurH. Marchand à Monsieur l'Administra-
teur du Cercle des Lagunes, ais Divers. Sahoua, le 25 février 1907.
x
8~PE2E!_~0_2 Administrateur-Adjoint H. Marchaftd à Monsieur
l'Administrateur dU Cercle des Lagunes, ais incident de Goenou,Sahoua,
le 15 mars 1907.
x
~PE2E!_~~.:.rAdministrateur-Adj oint Marchand à M:msieur
l'Administrateur du Cercle des Lagunes à Bingerville, ais divers.
Sahoua, le 26 mars 1907.
- Sous-série 1 EE 139 : Rapports trimestriels du N'zi-Comoé 1913-1925
1:ea.c..uVia.:i..'Jte.~ ).
Ont pu être consultés avec fruit
x ~~~_E~PP~E!~_~~~_~~_~!_~~_!E~~~iE~~_l~l~
(doc..ument de 6 pag~
au total, J.mpoJttant. -6 UJt f' état d ~ pJU;t a es popui.atio YiJ.l )
X~~~~E~PP2-E!~_~~~_l~!:~_~~_~!_~~_!EiJB~gE~ _lJJ ~ (( 4 pag~ au total)
x J,~_Ié!PF~!:tA~l_~~_t!J-i.!.l~s_t.!~_l~l} (3 page.o)
x L~~ _r:~FP2I~s_ ~~~ }_e.l_ ~~ _es _~~ _t!~~s..,t!~~ _lJ}l
x J,~~ _r:.aFPQ{~S_ ~~~ _d_e~ _4.e.!.!1~~r:.s_ SE~e_sSE~~ _lJ~~
x L~~ _r:.aFPQI~s_ ~~ _l})J J. _ ~t_ J ~~t!..
---
.-
.. - .- -
.
Sous-série 1 EE 140 (3)
Rapports mensuels du poste de Sahoua, pour
- -
l 'annee 190"8:"" -
- Sous"':'série 1 EE 141 . (2) : Correspondance rel a tive avec opérations
militaires du Moronou, 1905.
- Sous-sériel EE 143 : Etat des documents topographiques existant,
relatifs au Cercle, 1911.
- Sous-série 1 EE 144 Rapports de tournées effectuées dans le Cercle du
N'zi-Comoé î90S-14
x 8~PP2E!_~~_!2~E~~~_~~_~ de l'Administrateur du Cercle au Gouver-
neur de la Côte-d'Ivoire à Bingerville. SW10ua, le 9 février 1905.
x 8apE2E!_~~_!2~E~~e_~0_~7 de l'Arnninistrateur du N'zi-Comoé
Marchand au Gouverneur de la Côte-d'Ivoire à Bingerville. Sahoua, le
2 mai 1905.
x Rapport de tournée n° 32 de l'Administrateur-Adjoint Marchand à
Monsieur l'Administrateur du Cercle des Lagunes. Sahoua, le S janvier
1905.

874.
- S6us":'sétie 1EE 147
Rapports trimestriels et mensuels du Poste de
Bongouanou :
x I9-.PPQ~~s_ .!T~n~e.?!!:ie}.?_ J. ~ lS_-J § (fa.~uvuuAe.ô)
~ ~a.ppQ~~s_ ~~l.?:~u_e1-~ _1}.9~: l s..
(ta~un.iWte.ô)
- Sous-série 1 EE 148 : Rapports trimestriels et mensuels du Poste de
DimbokTo 1909-1915.
- Sous-séti~ ·1EE 1S2_(3~) : Cercle du Baoulé-Sud Poste de Tiassalé.
x E~QQ~E!_~~E_1~_~~!~~!~~~_Q~1~!ig~~_~~6~il_l~lQ ais question des
Amant i an
- Sous-série1EE";'IV":'17":'27(9268); Rapport politique du N'zi-Comoé pour
le 1er trimestre 1928 (Vowme.nt oiu: intéJr..e.ô.6e. te. Jte.CJtute.me.nt
des tAavci<.1.1e.Wl-6 du N' zi-Comoé) 0
- Sous-série 2 EE/1 (5), Correspondance relative aux affaires indigènes
----duCercle 1908-1924.
~ Lettre n° 84 du Chef de poste de Bongouanou, Siméoni, à l'Adminis-
trateur du Cercle du N'zi-Comoé, ais demande drautorisation de départ
d'Agnis en Gold-Coast. Bongouanou, le 4 aoÛt 1914.
- Sous-série 2 EE 7 (26), Extrait d'un rapport de l'inspecteur des
Affaires administratives, Bourgine, ais chefs indigènes du
Cercle du N'zi-Comoé, 1923.
- Sous-série 2 EE 8 (15) : Fiches de renseignements sur les chefs divers
----creëêdés duDIStrict de Dimbokro, 1923.
- Sous-série 2 EE 9 (7) : Réclamation de Boa Koassy, roi de l'indénié,
-
-
-aemandan~ie-retour dans l'indénié des gens du village de
Bocass i
(poste de Bongouanou), 1916.
-Sous-série 1 E2-IV-1S-124 (3 3C7), Rapport politique du Cercle du N'zi
Comoé, pour les 1er et 2e trimestres 1929.
- Sous-série 1 E2-IV-17-33 (3 310), Rapport politique du N'zi-Comoé,
1933 (se.U16 M-gu.Jte.nt dan..6 te. doss.œ»: te.ô Jtappow des deux.
pJte.m-<-e.JL6 tAime.ôtAe.ô).

- Sous-série 1 E2-IV-17-30(3 311), Rapport politique du Cercle de
-
Dîm"bOkro,1937
-
- -
- Sous-série 1 E2 (3 313), Rapport politique du Cercle de Dimbokro, pour
-
-- le2etrimestre 1939
- Sous-série 1 E2-IV-17-31 (3725), Rapport politique du Cercle de
Diffi5okro, 1939liClë:ntique. au lE2 (3 313)0

- Sous-série 1E3 XIII-47-77/721 (83). Rapport politique trimestriel du
N'zi-comoé. 1930.
- Sous-série 1E2-IV-18-72 (3 303). L'habitation indigène dans la
Subdivision de Bongouanou, 1931 (le do~~ien ~t vide, bien qu'if
po~te e66ectivement en couv~e le ~e manqué)
~Sou~-sérié 1 E3-IV-43/5 (3I~~)' Rapport politique des Cercles de
Bassam, Assinie et
enié, 1935-38 (Manque le ~appo~ du
1~ ~em~~e 1937 POM l'indénié)
- Sous-sérié1E3~IV~44/7 (3 308), Rap. trimestriels des Cercles, 1933
IF~ double emploi avec le 1E2-IV-17-33 (3 310)
- Sous~série1E3-VI~7/3~4 (3 334), Rapports politiques des Cercles,
1938-39 t 1 ch~e, le ~appo~ du 1~ ~em~~e 1938, ~t co~a­

au N' u-Comoé, ~en ~M AbengoMou] •
- S6us~sérié1E3~VI-14/2(4 414), Rapports politiques des Cercles,
1939. (SM V-tmbolVto : l~ 1~ et 2e tUm~~~ ; ~M AbengoMou
le te»: ~~~e)
- S6us-sérié1 E3-VI-17/6 (4 077), Rapports politiques des Cercles, 1933.
-S6us~sétié1E3~VI-13/6 (4 018), Rapports politiques annuels et
trimestriels dës Cercles
-Sous~sérié5 E3-IV~29-53 (3 296), Correspondance avec l'Agent consu-
-------iaire de France à Accra, ais crise économique enCold-Coast
et de la campagne de cacao en Côte-d'Ivoire 1930-1931.
4. ~Série H : Santéét ASsistance
-S6us~sérié2H9~IV~13-20 (3 729), Enfants métis du Cercle de Dimbokro,
·1925-1928.
-SOlis~sérié1 H11~IV~17-24 (3728), Epidémies dans le Cercle de Dimbokro
--- -- 1920-1940
- S6us~sétié1H4~XVII-27-23· (6 ~31, Rapports mensuels médicaux des
-Postes, ~30-1932
- Sous-sérié 1H4-IV-17~26 (3 726), Correspondances diverses sur
_.
l'assistance médica~igène, 1920-1940.
-S6us~série 2H4-IV-15-125 (3 742). Programme d'action sociale pour
------ l'amélioration du sort de l'indigène par le travail, 1937.
1 H14-XVII -39-19 (9 086), Hygiène et salubrité. Envoi d' W1 document à
-- -- uafirsilll--rœuVTe sanitaire et hygiénique en Côte-cl' Ivoire,
1929.

376.
1 H11-XVII-35-4 (6074), Epidémies diverses signalées en 1931-32 (fièvre
jaune, variole etc .•• ) en Côte d'Ivoire, 1931-1932.
5. - Série K : Travaux publics
- Sous-série K-XII-7-39/149 : Prestations: Compte-rendus des travaux
de tous les Cercles, 1933-36.
Sous-série 1K4-XII-7-39/150, Plans de Campagne des prestations des
Cercles, 1935.
- Sous-série 1K4-XII~7-39/151 et 153, Plan des campagnes des prestations
de tous les Cercles. 1936-37
Sous-sérié 1K4~XII-7-39/152, Régime des prestations
époques de
-
cueillette et-<re- culture, ration des pres ta tai res •
- Sous-série 4 K-XIII-17~207/1729, Plans de Campagne des prestations en
---
Côte-d'Ivoire, 1938
6. - Série L : Marine et Navigation
- Sous-série 3 LVI~4-185 (3386), Rapports annuels du Service météo-
roTogique de la Colonie, 1931-32.
- Sous-sérié 3 L3~XI~41~109(807), Observations météorologiques, 1934-38
7. - Série Q
Affairés économiques
La série se compose pour l'essentiel de lettres et de télé-
grammes échangés entre le gouverneur et l'administrateur de Cercle, de
procès-verbaux de réunion de la Chambre de Commerce ainsi que de rapports
économiques et commerciaux réflétant la vie économique du Cercle et des
Subdivisions.
- Sous-sérié 1 °QQ4, Copie du Rapport et du Procès-verbal de la Commission
des mercuriales, fixant les valeurs du Caoutchoue,au niveau de
la Colonie, 1910-1919.
- Sous-série 1 QQ8, Correspondance entre le Gouverneur de la Colonie, le
président de la Chambre du Commerce et des sociétés commerciales,
ais marchandises et reprise activités de la Chambre de Commerce
de Grand-Bassam, 1911-1917.

877.
- Sous-série 1 QQ9 : Correspondance entre le Gouverneur général et le
Gouvernetrr de la Côte-d'Ivoire, 1912-1913.
~ Textes relatifs à la règlementation commerciale
~ Liste et adresses des maisons de commerce en Cête-d'Ivoire
1912-13
- Sous-sérié 1 .~ : Correspondance relative aux moyens à mettre en
œuvre pOUT développer les productions commerciales en vue
d'en approvisionner la Métropole, 1916-1917
-Soùs~sérié1 .QQ 13 : Correspondance entre Gouverneur de la Côte-
d'Ivoire et Administrateurs des Cercles, ais expédition caout-
chouc, du copal et des tannants en France, 1916-1919.
- Soùs-sétie'1QQ 18 : Bulletins mensuels de renseignements économiques
et politiques, 1920-23
- Sous-sérié 1 ~ : Correspondance échangée entre le Gouverneur et
l'Administrateur du Cercle du N'zi-Comoé et le président de la
Chambre de Commerce, ais procédés malhonnêtes, employés par les
maisons de commerce de Dimbokro pour l'achat des produits 1921-
1923.
Sous~sétié1QQ23 : Correspondance relative à l'exploitation et à
la vente du caoutchouc, 1923-27.
- Soùs",;,sérié·1 'QQ. 41 : Banque
x Circulation monétaire 1907-1914
Soùs~sérié1 '~ : Banque
~ Interdiction de la Circulation des monnaies indigènes
(manilles 1 sombë) 1910-1919 .
~ Introduction des billets de banque et propagande en faveur
de leuT circulation
1910-1919
1
'Soùs-sérié1QQ'43
Correspondance relative aux monnaies 1915-20 et
1925::T9ZS:-
.,.. Soùs"';'série 1~qg78 : Rapport sur la situation administrative et
commercIale de la Côte d'Ivoire
1892.
1
- Sous-série 1 Qg 98 : Rapport économique et Commercial du N'zi-Comoé
~ Rapport sur la situation économique et commerciale du poste
de Bongouanou 1915, 1920-24.
- ~ous-série 1 9.8 104 : Rapport économique de la mission d'inspection
Louis Merat, 1924

878.
- Sous-série 1 Q 13-XI-46-346 (860) Prix de revient du café, du cacao,
sisal, etc ... 1932-1939.
Sous-série 1 Q2~X~42-229 (1146), Effort économique accompli, de 1923
à 1928
- Sous-série Q-XVII-9-19 (3063) : Colonie de Côte-d'Ivoire, affaires
économiques production et documentat ion , échange de correspon-
dance avec le Gouverneur général et le Gouverneur de la Côte
d'Ivoire, ais des productions naturelles et de leur développe-
ment, 1936-1939.
~ ~ottprésenté-!e 4 avril 1937 à Monsieur le Ministre des
coromes Marius Mouttet, de passage à Abidjan, ~ la 'd"é1è-
gation des-planteurs et des exploitants-forestiers de la
Côte-d'Ivoire, ais de la main-d'oeuvre, des primes et des
taxes diverses sur les produits
~ ~ottn01147 de l'Administrateur d'Abengourou, de choix,
ais campagne de t Rite du cacao, 1938.
~ Déctetdu 4 juillet 1919, ais création de la Société de
prevoyance, en Côte-d'Ivoire.
~ Tableaux des produits exportés et des marchandises importées,
pour 1935, 1936 et 1937
~ Notice nO 1 sur le eacao en Côte-d'Ivoire, 1938.
- Sous-série Q~XXIII~164 (3 134), Demandes de recrutement de la main-
- -
- d' œUvre accordée par le Lieutenant-Gouverneur, 1929.
- Sous-sétieQ~XXIII~15~1 (3 135), Demandes de recrutement de la main-
d'oeuvre en provenance des Cercles, adressée au Gouverneur, 1935.
- Sous-série 191 :IV~ll., 108 (3 47D, Correspondance adressée au Gouver-
neur general, a7S prOduits sur les marchés importants de la
Colonie, 1936
- Sous-série1~1~IV~51~10(3-499) Correspondance relative au commerce
entre
es colonies du groupe de l'AOf
- Sous-série1Q1·NI-12~231 (3 624), Rapports sur les relations de
l'Européen et de l'indigène dans la production agricole, dans
les colonies d'Afrique, 1929
- Sous-série ·1â1 ~VI-8~203 (3 373), Circulaire sur l'intensification de
-
la pro uction agricole et pastorale en Côte-d'Ivoire, 1931.
-Sous~série 1Q1~VI-4~160 (3 381), Rapport sur le plan quinquenal de
prOduction, 1932.
- Sous-série '1 Q1-VI-4-193 (3 384), Production et Conunercialisation,
-
-
1932:
-
x Production 1932

et»,
~ Prix d'achat du ~fé dans les Cercles
~ Politique alimentaire et économique
- Sous-série 1~":'VI..:.4":'163 ' (33S0), Renseignements sur le Nigéria, la '
Sierra-
one, la Gold-Coast et la Gambie
pour les questions
1
économiques, 1933
- Sous-série 1 Ql-IV":'22":'97 (3761), Correspondances commerciales:
chambre de Commerce, produits du crû, conditionne~ent, relations
commerciales, au niveau du Cercle de Dimbokro, 1933-1940.
- Sous-sérielQl":'V":'11":'267 (500.il,:~daction d'un répertoire cœnmerc ial
-- -- pour 1936. Fiches de renseignements commerciaux, agricoles et
industriels, provenant des Cercles, 1936.
- Sous-série 1 Ql":'V":'20":'S7(5025), Correspondance relative aux affaires
économiques, 1933-1935
~Soùs-série '1 'Ql"':V"':29":'30 '(5 '26.8), Fiches de renseignements relatives
aux établissements agricoles et corrnnerciaux des différents
Cercles, 1936-37.
- ~ous-sériel Q2-VI-S-211-(3 370) Rapports économiques, 1930-33
- Sous-sériel Q2-VI-S-19S (3 374), Rapports économiques de la Côte-
d'Ivoire, 1937
- Sous-séti~1-92-VI-4-169(3379), Rapport économique sur la Côte-
<:fTIvoire, "1934
- Sous-série 'lQ2":'VI":'33-S5 '(3' 561), Bulletin mensuel de renseignements
politiques et économiques, 1930
Sous-série 1 Q2":'VI":'33-S4(3561), Rapports trimestriels sur la situa-
-- --'tion économique et corrnnerciale de la Côte-d'Ivoire, 1928-1931.
- S6ùs":'sériel Q2":'VI":'12..:.225 (3563) , Rapport économique de la Côte
cl f Ivo i re , 1935
- Sous-série 1 Q2-IV":'15-120(3 743), Rapports économiques du Cercle de
-- -- j)]jn'l)01(YO,1933- 39
Sous-série 1 Q2":'VI-16":'234 (5 014),:Rapports sur la situation économique,
corrnnerciale, agricole etz.oètechnique de- la Côte-cl 1 Ivoire,
1932.
S6us":'sériel Q2-Vr-16-238 (5 2S~), Rapports économiques et corrnnerciaux
des Cercles de la ëôte~'Ivoire, pour les 3e et 4e trimestres
1933.
-Sous-série
QS-VI-27-15-'(3501), Troisième foire-exposition d'Abidjan
1936
- Sous-sérielQl0-Xr":'34":'239 (?) Foires-expositions d'Abidjan, 1934-19~6

880.
Sous-série 1 Q10-VI-33-81 (3 557)1 Correspondance rapports et procès-
verbaux relatifs à la deuxième foire-exposition et à la fête
de l'enfance indigène 1 1935.
- Sous-série 1Q10~V-30~102 (5278)1 Docurnentation.générale 1 destinée
à instruire le gJand public sur l' œuvre. coloniale française,
pendant l'exposition coloniale et internationale de Paris, 1931.
- Sous~série 1Q13~rv~12~62(3768), Cours d'achat des produits du cru
à Abidjan, Liverpool et Marseille, 1933.
- Sous~série 1Q14~V~17~200(6481), Correspondance ais hausse des prix,
1936
8. -Série R : AgTicultureetElevage
- 1 RR9 : Colonie de la Côte d'Ivoire
x-Correspondance relative àû virement de crédit agricole à Dimbokro,
1913-1914
x Bulletins et rapports agricoles et économiques de la Subdivision
de Bongouanou, 1909-16 (Vo~ument la~unoAAe)
- 1 RR10 : Correspondance, rapports au sujet, de la création des sociétés
de prévoyance de secours et de prêts mutuels agricoles, 1914-16.
- 1 RR18 : Rapport d'ensemble sur la situation agricole, économique et
politique de la Côte-d'Ivoire, 1918.
- 1 RR21 : Rapport d'ensemble sur la situation agricole en Côte-d'Ivoire,
----1918-19.
- 1RR22 : Rtpport général annuel sur la situation agricole en Côte
d'Ivoire 1918-19
~1RR29 : Rapport d'ensemble sur la situation agricole de la C6te d'Ivoire,
en 1923.
- 1 RR30
Rapports et arrêtés relatifs aux structures agricoles 1922-25
.; 1RR39
Cercle du N'zi-Comoé 1905-1933 :
x Rapports et bulletins agricoles et commerciaux des différents
postes du Cercle
x Correspondance relative à l'état des plantations agricoles et à
l'écoulement de certains produits agricoles vers la Métropole
~ Rapports agricoles et économiques
- 1 ru~48 : Service de l'Agriculture de la Colonie, 1931 et 1936
x Projet de budget
~ Résultat de la crise commerciale.

881.
1 RR59
Correspondance relative à la culture cotonni.è-re dans le N' zi -Comoé et
à l'usine d'égrenage de Bouaké 1912-1917
1 RR65
Correspondance relative aux champs d'essai de coton dans les Cercles
de Korhogo, Dimbokro, N'zi-Comoé et Gour0 , 1927~1928.
RR69 : :Correspondance relative aux cultures viv~ères dans la Colonie
riz,
bananes, ignames, 1908
c
RR76
Correspondance rda tive à la culture, au développement, recensement,
'récolte et exportation du cacao de la Côte-d'Ivoire, 1910-1911.
1 RR78
Rapports, circulaires et cornespondance relatifs à la culture, à la
commelCialisation et au contrôle du caoutchouc en Côte-d'Ivoire,
1905-13
1 RR84
Instructions, correspondance, rapports" relatifs à la culture du coton,
mais, manioc, caoutchouc et de l'igname en Côte-d'Ivoire, 1911-14.
1RR87 . Circulaire portant sur la fourniture des graines de palmes et l'affer-
mage des palmerais à des entreprises industrielles dans les Cercles
d'Assinie, Bassam, Lagunes, Lahou, Bas-cavally, Indénié, N'zi-Comoé
et Baoulé-sud, 1914.
1 RR88
Correspondance relative à la surveillance et à la vérification du
caoutchouc de la Colonie 1913-1915.
1 RR90
Correspondance et Rapports relatifs à l'exportation du caoutchouc en
\\AOF 1905, 1907 - 191 5•
1 RR93 : Rapport et Correspondance sur l'amande et l'huile de palme, 1908, 1914
et 1916
1RR95
Correspondance relative à la Circulation du cacao à la frontière de la
Gold-Coast, 1915-16
1RR97
Rapports, correspondance, circulaires relatifs au développement des
produits agricoles dans le Cercle du N'zi-Comoé 1908, 1911-17.
1RR1oo
Rapports, circulaires et correspondance portant sur les cultures des
noix de cola, 1911-18.
1 RR104
Rapports, copies des arrêtés, correspondance ais prohibition fabrica-
tion et vente du vin de palme dffilS la Colonie, 1908, 1912-20
RRi08~apports ffilTIuels portant sur les cultures agricoles : café, cacao,
palmier à huile etc ... dans les Cercles des Lagunes, Agnéby, N'zi-
Comoé, Baoulé, 1921.
lB.R118 i Rappor ts , circulaires et cor respondance relatifs à la culture du
Caoutchouc dans la Colonie 1908 -1909, 1911-14, 1918, 1929.
1 RR 123
Télégrammes, Lettres, Circulaires relatifs à la culture du café, au
développement de 18 production, au traitement des plants, à la commer-
cialisation, dans la Colonie, 1924-1929,1931-33.

882.
RR126 : Correspondance relative à la culture du Caoutchouc en Côte-
d'Ivoire 1906, 1909-1914, 1918, 1930, 1938-39
Rl-XIII-38-29/167 (611, Rapport annuel du Service de l'Agriculture
pour lf annee 1935
~1-XI-45-155 (801) Rapport agricole annuel de la Côte-d'Ivoire, 1931
1 R1-XI-33-27 (823 , Plan de spécialisation des productions par Colonies
---- ----- CIrculaire ministérielle), 1926
Rl-XI-33-39 (826) ,Rapport agricole annuel, Côte-d'Ivoire, 1932
Rl-XI-33-44 (8222, Rapport agricole annuel, Côte-d'Ivoire, 1937
Rl-XI-30-191 (839), Fragments de rapports agricoles, 1937-38
Rl-XI-46-349 (860), Le mois agricole: chronique mensuelle, 1935
Rl-XI-46-350 (861), Rapport sur la situation agricole des Cercles,
1934-36
Rl-Xr.~39-400 (882), Mission d'Auguste Chevalier, a/s bois du palmier,
du cacaoyer et du caféier, 1930
·1 Rl-Xl-35-383 (893), Rapport agricole de l'indénié, 1937
Rl-XI-26-163 (1110), Rapport annuel du Service d'Agriculture, 1926
~-IV-34-117 (3 438) Rapport annuel du Service d'Agriculture, 1928
Rl~IV-17-46 (3 722), Le e.afé dans le Cercle de Dimbokro, 1930-35
Rl-VI-16-243 (5015)
x Renseignements mensuels SUT les prévisions
des récoltes 1931-32
x Tableau statistique sur les superficies
plantées et les productions escomptées 1931-32
?
V-20-88 (5086~ : Main-d'œUVTB , 1935
(Il Y ~t qu~tion de la main
d' œ.uvJte vo-UaXqueJ
lRl-X-5-91 (1 824) :
~ Circulaire du Gouverneur Reste à Messieurs les
inspecteurs des Affaires Administratives aux Conunandants
de
Cercle, de Subdivision ... 1933.
~ Circulaire relative au progrmmne d'action
éconŒnique, 1933.
R2-XI-30-193 (840), Circulaires et Instructions du Gouverneur et du
Gouverneur général, 1934.
R3-XI-46-332 (80S), Rapports agricoles
Oa108, Tabou, Divo, Sassanclra,
Abengourou, 193 S.

88)
R3-XI-46-343(S59~, Correspondance agricole du Cercle de Dimbokro,
1933-193
R3~XI-47~4S9 (924) : Troisième secteur agricole (Dimbokro)
Iris truc-
tions, correspondance, rapports ,1939.
R6-III-4-160 (4996):
~ Rapport de tournée dans le Cercle de l'indé-
nié
~ Projet de création d'une station agricole à
Abengourou, 1932.
RS~rv-ll-l07 (3765) : Questions agricoles diverses se posant à
l'ensemble de la Colonie, 1936-39
Rll-XI-45-156 (SOl) : Intensification de la culture caféière, 1932-
- - - - -
43
Rll-XI-41-117 , (S09) Production du caoutchouc (Programme et Correspon-
dance) 1930-43
Rll-XI-33-61 (S29), Action en faveur de la culture du caféier 1937-
1"946
Rll"':'VI~S~201 ' (3369) Cacao (Iocumcnta t ion économique sur le cours du
cacao, lncident survenu entre planteurs et comnlerçants de
l'indénié à propos de la vente du cacao, 1932-1934.
1 Rll~V-20-S2 (3 490), Documents divers à propos du cacao, 1933-34 :
~ Traduction du supplément de la Gold-Coast Gazette, n014
du 10 mars 1934
x Ordonnance 1934 sur la culture du cacao
~ Taxes de circulation sur le cacao
R12-VI-20"':'252 . (5 300), Rapports et répartition des cultures vivr ières
dans les Cercles, 1933
1 R15"':'VI~4-17S(3 377), Vol de saut~relles et rapport au sujet de la
lutte anti-acridienne, 1932.
2 Rl-VI~16-245 '(?), Rapports mensuels agricole et zootchnique, voies
----
de cornnunication, 1927
2Rl-VI-12-219 (3 575), Copies de la correspondance entre Gouverneur
général et Gouverneur de la Côte-d'Ivoire et chef du
service !.ootechnique1936.

884.
B. -
ARCHIVJ;S:DE LA 0:HAl\\1BRE DE COMMERCE .DE LA COTE~D'IVOIRE
A ABIDJAN.
On peut recourir au Répettoirede la Chambre de Commerce de la Côte-
d'Ivoire, guide sommaire, manuscrit, d'une vingtaine de pages. Outre le fonds,
extrêmement varié et riche sur la production agricole, la commercialisation
des produits, leur conditionnement,
les conflits de travail .•. , on aura inté-
rêt à consulter la série complète du bulletin mensuel de cet organisme, reliée
en plusieurs volumes et qui couvre une grande partie de la période étudiée
(1911-1939). L'exemplaire, mis à la disposition du public, est en pagination con-
tinu~du premier numéro au dernier. Les séries du fonds consultées sont les
suivantes :
1. - Sétiert° 8 : Cacao
- Sous~Sétie8.1~ Culture et production
~ Conditionnement du Cacao
- Sous~série~.~. ~ Revalorisation et protection du Cacao
~ Achats et ventes
2. - Sétiert° 9 : Café
- Sous-sétie 9.1.
~ Culture et Production
~ Conditionnement
* Protection et soutien
- Sous-sérié 9~2.
~ Prix des cafés
~ Exportation, marché à terme
3. ., Sérié 10
Caoutchouc
~ Production
~ Conditionnérnent
~ Glu, gomme
4. _., Série 20 :
Commerce et industrie
- Sous-série 20.9 : Mesures de guerre, mobilisation économique
- Sous-série 20.10,
Questions économiques générales:
~ Crise économique en A.O.F., 1930
~ Commissions d'enquêtes
~ Producti vi té et niveau de vie

885.
5. ~ Série 23 : Contrôle des produits
-S6uS~sétie23-4 ~ Centres d'achats et marchés
~ Textes, correspondance
6. - Sêri.e 41 :. Oléagineux
41.1 arachides
41 ~2 Huile de palme
41.3 Palmistes
7. - Série 45 :
Production - Prévoyance
45.1
~ Production, questions générales, développement, recherches
agricoles
~ Questionslocales, géographiques et économiques de la Côte-
d'Ivoire.
Engrais, défense contre les acridiens
45.2
Sociétés de prévoyance : textes et rapports.
8. - Série 47 : Produits divers:
ivoire, cola, tabac
9. - Série 48 : Produits vIvrIers
48.1
Riz
48.2
Autres produits vivriers
maïs, ignames
10. - Série 52
Santé publique :
- Comité d'hygiène et salubrité
- Assistance médicale indigène
- Hygiène rurale
11. - Série 55 : Travail et Sociologie
55.3 - Ç2~!~!!~_~~_!~~Y~!~:êIQ!!~~g~
- Affaire Bruno-Barthe (1925)
- Affaire Mondon-Planteur (1937)
55.4
~~!~:~~~~~_~_Y2~!~~9~~
- Affaire BruneI de Ouagadougou
- Recruteurs de main-d' œuvre
- Projet de décret sur la main-d'c;euvre (1937)
- Réglementation du travail indigène (décret de 1925 et textes)

886.
C. - ARCHIVES-DE>LÀ':â0GIETE~peUR.LR,1.J~V·iL0P.!'tMEWT.JVlINIER DE LA
.' cerrE. .:D..'·-:rVOtRE CSODEMr)
.
Les séries du fonds sont classées selon l'ordre géographique et, à l'in-
térieur de ces grandes divisions, par ordre alphabétique d'auteurs. Seules les
sources de la sériè 8~1 .6. ayant trait aux régions ~aurifères du Centre-Est
ivoirien : Alangoua-.hdénié et Moronou, ont été consultées.
- Anonyme, RaPaort sur les travaux miniers deM. Druart , Colonie de la
Côte- 'Ivoire T P., section des mines, Abidjan, 12 janvier 1936
- ARC~ffiAULT (J.), Lèsgi~èmènts a~ri~ètès dèla régiàn Dimbokro-
.
Abid~an~Dabàu~Divo~Bouâflé~lNàtescolémentaires à la mission
dè1 34~1
. Gouvernement general AOF, I . . . . ,
erVlce
es
MInes, Dakar, 20 nov. 1935
- ARNAUD (G.), Notes sur les travaux de M. Druart. G.G. A.O.F., Direction
des Mines, Iakar, 20 février 1937
- AUBERTdèl~RUE~E~~;RaaPortn01:Recherche~Eéol~giques et pros-
aectlons mlnleres
ans le Cercle du N'Zl- omoe, Gouvernement
e Côte-d'Ivoire, Bingerville, 1926
- Ba~ULT (D); L'àtdanslèspaysatçi G.G. A.O.F., I.G.T.P., Service
des Mines, .Dakar, 15 septem re, 1934.
- BONNAULT, Rapport sur l'or dans le sud-est de la Çôte-d' IYQ.ir~
(tournée 1934-1935), G.G.A.O.F., Service des Mines, Dakar,
10 juillet 1935
- BOUIGE (1.)., Rapport sur l'or dans la région de Bouaké,Katiola_-
Grdurtania~
Cuellé-Bocanda (Tournée 1934-1935), 1935
-HAVRE (H.) Résultatsdèsmissiàns èffèctuéespoUrlè compte de la
SE MCI,1928-1930
- HUBERT (H.), RappàttsUrUnè missioneffèctuée en mats-juin 1914
~at l'administta!èutdèsCàlàniès, Hubèrt, G.A.a.F., Dakar,
ept , 1914
- JORDAN (P.) Missiàn àla Côte-d'Ivoire (Rapport de l'ingénieur des
mines), ParIS, 14 avril 1914
D. -ARCHIVES DE LA SOUSDIRECTIDN AGRICOLE A BONGOUANOU.
Cadastre des villages assiè :
- Assiè-Kumassi
- Assiè-Assasso
- Assiè-Koyékro
- Assiè-Kokoré
- Assiè-Méakro

887.
III
: "
LE~ SOURCES SENEGALAISES
A. -
LES· INVENTAIRES
- FAURE (C.) et GIARPY (J.), Répertoire des Archives de l'A.O.F.
1) - FAURE (C.) et CHARPY (J.), série A, Actes officiels, 1817-
1895, Rufisque, 1958
2) - FAURE (C.) et CHARPY (J.), série B, Correspondance générale,
1779-1895,Rufisque, 19~ VIII-70 p.
- - - -
3) - CHARPY (J.), série D. Affaires militaires, 1763-1920
Rufisque, 1958,S7p.
4) - CHARPY (J.), série E, Conseils et Assemblées 1819-1920,
Rufisque, 1958, 37 p.
5) - cHÂRFY (J.), série F, Affaires étrangères 1809-1921
Rufisque, 1955, 57 p.
6) - CHARPY (J.), série G, Politique et Administration générale,
1782-1820, Rufisque, 1954-1955, 9 fasc.
7) - CHARPY (J.), séries H à T, Affaires sociales, judiciaires
économiques et financière~, Rufisque, 1958
8) -,CHARPY (J.), série V, Cultes, 1860-1907, Quimper, 1965
- N'DIAYE (A.G.) ,'Répertoire des Archives du Sénégal, Sous-série
.li : Rapports périodiques, 1895-1940 >DAKAR;
1967, volume 1, texte, 199 p. ; volume 2, index, 90 p.
B. - SOUS-SERIE 1 G : MISSIONS
~lG 90, Mission Binger et Treich-Laplène à Kong, 1887-88
- TG 250, Notice sur le Baoulé par le Capitaine Lemagen. 1900.
- ~2~, Miss i.ons diverses
~ Voyage de M.,'Eillotà la Côte-d'Ivoire (production et
commerce de èola) , 1905
- 1G 263, Missions diverses
x Miss ion commerciale de Lord ~1ount morrès en Côte-d 1 Ivoire,
1906

888.
- ~ 267, Mission économique de vulgarisation en AOF de M. Boulland de
l'Escale, syndic de la presse coloniale
x Rapport sur la Côte-d'Ivoire, 1909
C. - SOUS~SERIE 2 G :RÀPPDRTS' PE~IODIQUES 1895-1940
1. - Rapports d'ensemble sur l'année en Côte-d'Ivoire
Rapports synthétiques dans les différents domaines : politique
économique, social •.. Nous avons pu consulter avec fruit les rapports
sur les différentes années ci-après
-l.~4~, Rapport d'ensemble sur l'année 1904 en Côte-d'Ivoire, 116 p.
- 2 Gl0- 3, Rapport d'ensemble sur 1910 en Côte-d'Ivoire, 149 p.
-l-G 11'';'21, Rapport d'ensemble sur 1911 en Cêt.e-d'Tvo.ire , 13 p.
- l-G_-_12~6, Rapport d'ensemble sur 1912 en Côte-d'Ivoire, 90 p.
2G 13-29, Rapport d'ensemble sur 1913 en Côte d'Ivoire,
- 2 G17,.;.17, Ràpport d'ensemble SUT 1917 en C6te d'Ivoire, l03p.
- 2G-24,.;.20, Rapport d'ensemble sur 1924 en Côte-d'Ivoire, 294 p.
-2G25-16, Rapport d'ensemble sur 1925 en C6te~'Ivoire, 149 p.
- 2 G 27":'13, Rapport d'ensemble sur 1927 en Côte-d'Ivoire, 90 p.
2. - Côte-d'Ivoire: Affaires économiques
Les renseignements économiques fournis sont tantôt mensuels,
tantôt trimestriels, ou annuels dans de rares cas.
- 2 G 20/17, Bulletins de renseignements économiques mensuels, 1920
(Ju..{ilu, novembJz.e. U dé.c.embJz.e.)
- 2 G 21/20, Bulletins économiques mensuels (juin, août, ~e.ptembJz.e.,
oc.tobJz.e, dé.c.embJz.e 1921)
2 G 22/23, Bulletins mensuels de renseignements économiques, de
----janvier à Avril 1922.
- ~3/32, Bulletins mensuels de renseignements économiques
février,
mars, juillet à décembre 1923
- 2 G 25/6, Rapports éconŒniques mensuels
janvier, février, avril
-
-
-
à Décembre 1925
- 2 G 26/6, Rapports économiques mensuels, 1926

"889.
- 2 G 27/16, Rapports économiques trimestriels, 1927, 80 p.
Notices économiques trimestriels, 1928 (l~ 3 phvnt~
bUm~t!t~ de l'année, 67 p.)
- 2 G 30/1
Rapports économiques trimestriels et annuel, 1930 44 p.
- ~ ~llf~, Rapport économique annuel, 1931, 28 p.
2 G 32/4~,
Rapport économique annuel sur le commerce de la Colonie,
1932,11 p.
- 2 G 32/63
Notices et rapports économiques trimestriels et annuels,
1932, 196 p.
2 G 33/29
_._--
Notices et rapports économiques trimestriels et annuels,
1933, :322 p.
- 2 G 34/28
'Râpports économiques semestriels, (126 p.), annuel et
pièces annexes, 303 p. (statistiques et renseignements),
1934
- 2 G 35/6
Notices et rapports économiques trimestriels (les trois
- _ . " - -
premiers trimestres
58 p + 74 p. = 58 p.) et aru1uel,
1935 (187 p . )
- 2 G 36/17
Notices économiques trimestriels 1936, 186 p. (Manque le
4e bUme4t!te)
- 2 G 36/42
Rapport économique annuel, 1936, 77 p.
-~37/13, Notices et rapports économiques trimestriels 1937
(3e trimestre). Rapport annuel 1937, 193 p.
Rapport économique annuel, plus cartes et graphiques,
1938, 109 p.
2G 39/38
Rapport économique annuel, 1939, 86 p.
- 2 G 40/44
Service zootechnique, Rapport annuel, 1940, 72 p.
3. -Côte-d'Ivoire: Rapports agricoles annuels
- ~ ~7-22,
Service de l'Agriculture, Rapport du 1er trimestre 1907
- 2 G 10-29,
Service de l'Agriculture, rapport annuel, 1910, 11 p.
- 2G 11-22 , Service de l'Agriculture, 1911 :
~
Rapports trunestriels (2e et 3e), 11 p.
~
Rapport annue l , 56 p.

890.
- 2G 12.:.29
Service de l'Agriculture, Rapport annuel 1912, 21 p.
2G 14-21
Service de l'Agriculture 1914
x Rapports trimestriels (1er et 2e), 19 p.
x Rapport annuel, 54 p.
x
- 2 G15-21
Service de l'Agricultu7e, Rappo~annuel, 1915, 42 pages.
- 2G 21.:.19
Service de l'Agriculture, rapport annuel, 1921, 50 p.
- 2G 22.:.22
Service de l'Agriculture, 1922 :
x Rapports trimestriels
24 p.
x Rapport annuel
63 p~
- 2G 23-31
Service de l'Ag ri cul ture, rapport annuel, 1923, 63 p.
- 2G 24.:.32
Service de l' Agricul ture
x Rapport du 1er semestre, 9 p.
x Rapport annuel, 42 p.
- 2 G 25-25
Service de l'Agriculture, 1925
~ Rapport du 1er semestre
12 p.
xRapport annuel
17 p.
- 2G·26.:.23
Service de l'Agriculture, 1926
x Rapport du 1er semestre 24 p.
~ Rapport annuel
65 p.
-2 G 27.:.31
Service de l'Agriculture, rapport annuel, 1927, 68 p.
- 2 G28.:.36
Service de l' Agriculture, 'Iappcr t annuel, 1928, 86 p.
- 2G 29-42
Service de l 'Agricul ture, Rapport annuel, 1929, 182 p.
- 2·G 30.:.44
Service de l'Agriculture, Rapport annuel, 1930, 104 p.
- 2 G 31-52
Service de l'Agriculture, Rapport annuel, 1931 , 82 p.
- 2 G 32-61
Service de l'Agriculture, Iappo rt annuel 1932, 146 p.
- 2 G 33.:.45
Service de l'Agriculture, Rapport annuel 1933, 2 fasc.
- 2G·34-50
Service de l'Agriculture rapport annuel 1934, 253 p.
- 2 G 35.:.55 Service de l'Agriculture, rapport annuel, 1935, 3 tomes
- - - -
x t. 1
rapport d'ensemble, 302 p.
x t. 2
station expér imentale du palmier de la Mé, 145 p.
x t. 3
station expérimentale de La Mé, rap. techn.,111p.
- 2 G 36-57
Service de l'Agriculture, Rapport annuel, 1936, en 2 tomes
;{ t , 1
service général 334 p.
~ t.2
laboratoires
189 p.

891.
- 2 G 37-64
Service de l'Agriculture, rap. annuel 1937, en 2 tomes
~ t.1
Service général
227 p.
~ t~2 : Laboratoires
91 p.
- 2 G 38-63
Service de l'Agriculture, Rapport annuel 1938, 2 tomes
~ Service général 337 p.
~ Laboratoires
84 p.
- 2 G 39.:.72
Service de l'agriculture, Rap. annuel 1939, 147 p.
4. - Côte-d'Ivoire
Mirtesetgé6logi~
- 2 G 5-23
Service des travaux publics et des mines, Rapport annuel
d'~nsemble, 1905, 8 p.
- 2 G 8-4
Service des mines, 1908
~ Rapports trimestriels complets, 29 p.
~ Rapport annuel d'ensemble, 11 p.
-·2 G 9-3
Service des mines, 1909 rap. trimestriels, 23 p.
-2G10-7
Service des mines, 1910 :
~ Rapports trimestriels
11 p.
~ Rapports annuel
11 p.
- 2 G 11-3
Service des mines, 1911
~ Rapports trimestriels
17 p.
~ Rapport annuel
8 p.
- 2 G 12-4
Service des mines, 191.2 :
~ Rapports trimestriels
16 p.
~ Rapport annuel
25 p~
-2 G13-2
Service des mines, 1913
~ Rapports trimestriels
17 p.
x Rapport annuel
8 p.
- 2 G 14-3
Service des mines, 1914
~ Rap, trimestriels
13 p.
~ Rap. annuel
5 p.
- 2 G 17-21
Service des mines, Rap. an. 1917, 3 p.
- - - -
- 2 G 29-62
Service des mines, Rap. an. 1929, 22 p.
5. - Côte-d'Ivoire: Main-d'œuvre
- 2 G 36-32
Inspection du travail, Rap , an. sur la main-cl' œuvre , 1936,
59 p. (annexe : recrutement sur la ma in-d 1 œuvr e )

392.
- 2 G 37-40
Office Central du travail, Rap. sur la main-d'œuvre, 1937
~ semestriel
33 p.
~ annuel
82 p.
~ annexe CP.V. de la séance du 26 juin 1937), 57 p.
-2G38":'34
Rap. annuel sur le travail, 1938, 55 p.
D. _. SERIE Q : ECONOMIE
_.~
Mesures économiques prises en A.O.F. en raison de l'état de
guerre 1 1914-1917.
- Q 57
Ravitaillement et Production
~ Ravitaillement de la métropole ;
~ Mission Cosnier, commissaire général de la produc-
tion agricole, 1918-19
..:.~ : Alcool
Prohibition, régime en Côte-d'Ivoire, 1912-1919
E.":'
SERIE R :' AGRICULTURE
..:.R 8
Agriculture en Côte-d'Ivoire
.;t LaCôt.e-d ' Ivoire et ses produits par Solichon,
1905
.;t Cultures de l'indénié
..:.R 16
Agriculture en A.O.F .
~ L'Agriculture en Côte-d'Ivoire par le Professeur
Perr ot , 1914
~ Plantations de Côte-d'Ivoire, 1917
-R18 :
Arachides et Oléagineux
x Huileries de Côte-d'Ivoire, 1912
~ Note d'Angoulvant relative à la production des
Oléagineux et Cbrps gras d'origine végétale, 1918

893.
IV
.. ARCHIVES ru GHANA
- JEGLE (J., Research material in the Ghana National Archives,
Accra in Research Review, II (3), 1966.
J
.
.
- Se reporter également au Ghana National Archives, Annual report.
Les Archives nationales ne nous ont été d'aucune utilité
pour ce sujet, dans la mesure où le fonds de ce dép6t ne renferme que
des documents
datant de l'époque postérieure à 1850, c'est-à-dire plus
d'un siècle après le d:êpar:r- des Aowin-j<;brosa.
Par contre la Furley
~ollectionof documents, entredeposée à la Balme Library , la Biblio-
thèque de l'~niversité de Legon, à Accra, nous a été d'une aide précieu-
se.
Feu M.J.F. Furley (1878-1956), ancien Secretary of Native
~fairs du Gouvernement colonial de la Gold Coast, consacra une grande
partie de sa vie à dépouiller les Archives Hollandaises, ayant trait
aux anciennes possessions néerlandaises de la Côte de
Guinée (1).
Il transcrivit à la main et traduisit en anglais une bonne partie de
ces documents ainsi que des éléments d'archives danoises et britanniques
sur les possessions coloniales de ces deux dernières nations. Ses
notes, amassées apparemment
pour un ouvrage ultérieur jamais écrit,
ont été léguées à l'état de manuscrits à l'Université de Legon (Accra).
Elles constituent, ainsi que de nombreux autres ouvrages contemporains,
le fonds de la FurleyCollections, conservé à la Balme Library à
(1) Les documents hollandais proviennent de deux fonds:
1) Les Archives de la Compagnie des Indes Orientales. (Gelli::raele Geoctroyeer-
de West Indische Compagnie) désignée habituellement sous le sigle "W.l.
e." ;
2) et les Archives des possessions néarlandaises sur la Côte de Guinée
(Nederlandsche Bezittingen ter Kuste !~n Guinea), "N.B.K.G.". Les docu-
ments de la W.I.C. ont toujours existé aux Provinces-Unies (Hollande),
tandisque ceux de la N.B.K.G., entredeposés dans W1 premier temps à
Elmina, n'ont été rapatriés qu'à partir de 1872, au moment où les Hollan-
dais ceclèrent Elmina et son territoire aux Anglais.

894.
Legon.
Ces fragments d'archives, traduits par Furley, avaient été classés par
lui-même de façon systématique, selon les Etats africains contemporains, pour
la période 1710-1715, dans deux grands fascicules: N 37 et N 38. Malheureuse-
ment le reste de la"'lùrley collections n'est pas classé de façon aussi ordon-
née .Nêanmoins l'auteur prend soin, pour chaque série de document s , de préciser
ses sources. Nous avons eu recours particulièrement aux différentes séries
suivantes :
- Dutch Records, Blue Note Books, I, 7, 1610-57
- Dutch Records, Letters and Papers from Guinea, 1699-1720
- Iutch Records, Papers and Note Books Mi sce Lla.jieous , 1699-1811.
- Dutch and others European Records 1701-15
- English Records: East india Company, 1650-63.
00000
000
°
v
SOURCES
FRANCAISES
-Conseil intèrnàtional dès Archives. Guide des sources de l'histoire de
l'Afrique. Sources de l'histoire de l'Afrique au Sud du Sahara
dans les archives et bibliothèques françaises. (ouvrage préparé
avec l'aide et sous les auspices de l'UNESCO) l Archives, Inter
Doc. Co, Zug, 1971, 959 p.
- CARSON (P.), Materials for west african history in french Archives,
Londres, 1963, p. )-53
- LAROCHE (C.), Les Archives françaises d'Outre-mer, in C.R. de
l'AèàdérnieSèiènèesOUtre~Mer, mars 1966, p. 122-150
- TAILLEMITE (E.), Les Archives de la France d'OUtre-Mer, in Gaz-
Archives, 1957, nO 22, p. 622.
- Etat général des Fonds des Archives nationales de France (Direct.
Favier J.), tome II I, : Mari.ne et Outre-Iller, sous la di rection de
Boyer (p . ) Me"ynier (M.A.) et Taillemite C[~, Paris, 1980.

·895.
A. .AKCHIVES lfATIONALESDE. FRANCE (Rue de s Francs-
Bourgegis à Paris)
Outre le fonds "A6Jti.que.", les séries C et F, "-6vu.eJ.:> anue.nneJ.:>" du Fonds
des Colonies, sont conservées à la rue des Francs Bourgeois. Dans l'espoir de
pouvoir glaner dans ces deux dernières séries, particulièrement consacrées
aux compagnies de commerce, au Sénégal et aux C6tES' d'Afrique des 17e et 1 82
siècles, quelques renseignements précieux et inédits sur les anc@tres des
Agni, elles ont été largement consultées sur plusieurs sous-séries. Elles
fourmillent d'informations sur les activités des Compagnies de Commerce, sur
la plupart des peuples de la "Côte d'or" : Asante, Fante,
etc ... mais
rien quasiment sur les prétendus ancêtres des Agni: Aowin, Wassa et autres ••.
On peut cependant consulter avec profit, en ce qui concerne l'activité commer-
ciale des peuples côtiers, les sous-séries :
1. - Série C6
Sénégal et C6tes d'Afrique (35 ~cteJ.:»
C6 2 à 5:
Compagnie du Sénégal, de Guinée et de l'Asiento, 1690-1719
- C6 27 bis : Commendo, Takoradi, Assinie. Mémoires et Cartes de
l'Abbé Bullet. Missions religieuses, XVII-XVIIIe siècles.
- C6 29
Correspondances échangées entre les Compagnies anglaise
et française. Mémoires et projets divers, 1683-1802.
2. - Sous-série F2 A : Compagnies de Commerce (21 ahticteJ.:»
- F2 A 10 : Compagnie des Indes Occidentales et d'Occident, 17e siècle,
------Compagnies hollandaise et danoise des Indes Occidentales ,18e
siècle.
- F2 A 11 : Compagnies du Sénégal (1713), de Guinée (1685-1786)
3. - 231 Mi
Papiers Marchand (1 à 9 bob~neJ.:»
La bobine na 2 consacrée au commerce sur le Comoé (à Bettié,
Anyansué, Attacrou) est fort utile pour l'histoire précoloniale du
Moronou.
B. ARCHIVES NATIONALES DE FRANCE
Se ct i on d'Uutre--lvler
- ( 2 7, . ru e
Ou .i i Ilot à Par i 5 ~
1. - Fonds Côte-d'Ivoire
Dans la série des documents composant le fonds de la Côte-d'Ivoire,
ont été consultés :

896.
a - C6te-d'Ivoire IV
Expansion terTitoriale. Politique indigène
Dossier 3
Expansion territoriale, 1889-1895
a) Région Bettié
b) Région baoulé
- Dossier 4 : Expansion territoriale )894-1901
b) Indénié
c) Baoulé
b - Côte-d'Ivoire XIII: Agriculture et industrie
Dossier 3 B
Poudre d'or (1889-1895)
Dossier 5
1896-1900
a) Corrnnerce 1897-1899
b) Agriculture
1899
c) Produits divers 1896-1900
Dossier 6
1907, Protestation des Corrnnerçants de Tiassalé
au sujet de l'arrestation de colporteurs
- Dossier 7'
: Agriculture, corrnnerce, industrie, 1907-1908
c - Côte-d'Ivoire XIV : Entreprises particulières
- Dossier 1 bis: 1881-1930, Factorerie d'Elima, culture du
café
d - Côte-d~Ivoire, Affaires Politiques
- CartoIi..517
Dossier 4 : Tentatives pour empêcher l'exode des popu-
lations indigènes vers les pays limitrophes pour échapper à la
mobilisation, 1918-19
~Carton 567
: Rapport d'ensemble sur la situation politique
des années 1924-1941.
- Carton 568 :
x Dossier 10 : Article paru dans W1 journal espagnol sur
la famine qui régnerait en Afrique Occidentale, 1931.
x Dossier 21 : Revendications du Comité du Cercle de
l' Indénié, 1937
- Carton 2760
Administration et inspection des Colonies
~ Dossier 1, Mission Picanon : 5 Rapports sur la situa-
tion en Côte-d'Ivoir~ 1024-25.

897.
- Carton 2809 : Activités économiques et mines
Dossier 1 : Exploitations aurifères en A.0.F.
1934
1
2. - Fonds Arèhives Ptivéesdes Colonies (A.P.C.)
1 - 64A~P~C. Marchand : Sur la jeunesse et la carrière militaire de
.J .B. Marchand
2 - 68A.P~C. Treich-Laplène
3 - 83A~P.C. Papiers Mouttet (docume~ communicabf~ dep~ m~ 1980)
xCarton 1 :
doss!er 3, Questions sociales
dossier 5, Questions économiques: alimentation indigène,
1936
dossier 10, JDiscours du Ministre aux funérailles de
Binger, le 14 novembre 1936
~ Carton 4 : doss ier 110 sur la main-d' œuvre en Côte-d'Ivoire
et dans le reste de l'A.O.F.
- dossier 116 renfermant en particulier la lettre du Minis-
tre au préSIdent du Comité d'action colonisatrice et de paysan-
nat indigène, en date du 29 juin 1936
C. - ARCHIVES DE LA FRM~CE D' OUTRE_"'MER A A-IX.,.EN-PROVENCE
BOYER (P.), Présentation des Archives d'Outre-Mer d'Aix-en-Provence,
iri.~ull.de l'IHPOIvI, nOS, 1969
DEIMAS (B.), PENINE (M.), .Catalogue numérique des microfilms conservés
au dépôt des Archives d'Outre-Mer
Fasc. 1
1 Mi à 15 Mi, Aix-en-Provence, 1972
Fasc. 2 : 16 Mi à 41 Mi, Aix-en-Provence, 1973
Répertoire des publications officielles. Annuaires statistiques
conservés aux Archives d'Outre-Mer Aix-en-Provence, Août 1972, 83p.
Il est utile de rappeler que les documents de l'ex-A.O.F., conser-
vés au dépôt d'Aix-en-Provence, se présentent sous forme de microfilms.
Le catalogue numérique des microfilms, établi par B. Delmas et M.
Pénine, permet d'opérer aisément le passage d'une série de documents à
l'autre.
Bien des documents de ce dépôt, consultés ailleurs, plus précisé-
ment à partir des or i.g inaux du Centre d' Archives du Sénégal, à Dakar,
ne seront pas mentionnés ici. Voici les séries de microfilms qui ont
particulièrement servi à l'élaboration de ce travail:

098.
Série S Mï : 10 bobines reproduisant
les différents numéros du
Bulletin du Comité de' l'Afrique française de 1895 à 1931.
Sérié 14Mi 7~ (5 G 48) : Politique indigène:
Pièce 30, Instructions données à Monsieur l'Administrateur, chargé
de reconnaître la région encore inexplorée entre N'zi-Comoé, Bingerville
le 17 janvier 1907
Pièce 31 : Administrateur Marchand à l'Adnùnistrateur du Cercle
des Lagunes, ais soumission de Koffi Prie Sahoua, le 15 juin 1907
Pièce 33 : Lt-Gouverneur Clozel au Gouverneur général à Dakar,
ais pénétration entre N'zi et Comoé (Soumission du Morénou). Bingerville
le 26 juillet 19~'
Pièce 35 : Lt-Gouverneur Angoulvant al Gouverneur général à Dakar,
ais situatIon politique du N'zi-Comoé-Bingerville, le 7 décembre 1908.
Pièce 36 : Tél. n° 205 du Lt-Gouverneur Angoulvant au Gouverneur
général à Dakar ais arrestations et tournée de police dans le Moronou-
Bingerville, le 4 novembre 1905.
Pièce
37 : Rapport 914 G du Lt-Gouverneur Angoulvant au Gouverneur
général à Dakar, ais politique du N'zi-Comoé-Bingerville, le 26 octobre
1908.
Pièce 40 : Rapport n° 84SG du Lt-Gouverneur Angoulvant au Gouver-
neur général à Dakar, ais situation politique du N'zi-Comoé-Bingerville,
le 14 octobre 1908
, Pièce 60 : n° 36G du Lt-Gouverneur au Gouverneur général à Dakar,
ais situation politique du N'zi-Comoé. Bingerville, le 14 janvier 1909.
Pièce 61 : Extrait du rapport n° 85 t.g. du 17 juin 1909 sur la
situation poTitique d'ensemble de la Côte-d'Ivoire.
VI
AlJTR.ES
SOURCES EUROPEENl\\ŒS
CNRSON (P.), Mat~rial for west african histor~ in the Archiv~~
6fBelglum and Holland, Londres, 196
COOl1-lASS (W.P.), A critical survey of studies on clutch colonial
history. La Haye, 1960
--
NEWTON (A.P.), Materials for colonialh~st0!l in british archive~,
Londres, 1932.

9°0.
vue le plus souvent différente, sinon opposée aux versions britanniques des
mêmes faits. Quelques unes des séries qui ont servi de base à la publication
des sources hollandaises, aimablement comnuniquées par A. Van Dantzig, pour-
raient être consultées :
1. - Arèhives de la seconde Compagnie des Indes Occidentales (Archief van de
Tweede west inëITsëhe Compagnie, w.i.c.)
40-4î : Secreet Minuten der Vergadering van Tienen (Mînutes secrètes
de l'Assemblée des Dix), 1675-173~
54
Minuut - brieven naar de Kust van Guinea (Minutes, Lettres
reçues de la Côte de Guinée) 1652, 16f7, 1704
97, 98, 104, 110 et 111 : Brieven en Papieren van Guinea (Lettres et
documents reçus de la Côte de Guinée), 1699-1705, 1718, 1732-
37
122
Contracten en Verdragen met Naturellen (Contracts et traités
faits par les indigènes), 1659-1755
124-129 : Journal en Resolutiën van Directeur-Généraal en Raad te
Elmina (Journal et Résolutions du Directeur général et son
Conseil à Elmina) 1682-1734.
330~360 : Karner Amsterdam, Minuut-brieven naar de Kust van Guinea
- -- -- (Minutes, lettres reçues de la Côte de Guinée par la Chambre
d'Amsterdam), 1687-1720
.
484~485 : Brieven en Papieren van de Kust van Guinea (Lettres et
documents reçus de la Côte de Guinée), 1697~1735
917
Brieven van Guinea ontvagen ter Kame re Zeeland (lettres
reçues de la Côte de Guinée par la Chambre de Zélande),
1700-05
2. - Archives dés Possessions néerlandaises sut la Côté de Guinée (Archiev van
cre Nederlandsche Bezittingen ter Kuste van Guinea, N.B.K.G.),
c'est-à-diJB les Archives, conservées à Elmina, qui furent
rapportées en Hollande, après la vente de ces possessions à la
Crande- Bretagne, en 1872.
. .
1.8. : Minuten der Vergaderingen der Raad te Elmina (Minutes des
séances du Conseil à Elmina) 1702-04, 1734-1738
24,33 : Register van Brieven der Directeuren der west IndischeCornpagnie
(Registre de lettres reçues des Directeurs de la Compagnie des
Indes Occidentales), 1674-75, 1726-1735
81; 94, 98et99 : Journaal van St George d'Elmina (Journal de St
Georges d'Elmina), 1658-1709, 1732-35.

'j01.
CHA PIT R E D EUX lEM E
SOURCES
IMPRIMEES
l
LES PUBLICATIONS DE DOCUMENTS
A. - PUBLICATIONS OFFICIELLES
Outre l'inventaire des Sources imprimées, reproduit par le
Guide des Source~..• , Zug, op. cit., p. 757-830, on pourrait se reporter à
Witherell (J.W.), French speaking~~~ Africa. A guide to offi~ial-Eublica­
tians, Washington, 1967.
1. - JQ~~ê~_~!_~~lb~~~~~_2i~~~~~12
a) Colonies françaises et A.O.F.
~ Bulletin officiel du Ministère des Colonies, 1894-1945
lëonsüïié-â-ANSOM)-------------------------
x ~~b~~!~~_~~~~~~~~I~!~i_~~2_~~!~~_~~_çQ~y~~~~~~!_g~~~!ê1_~~
l'A.O.F., 1902-1904, devenu:
~~1b~!~~_~~_~Q~y~~~~~~!_g~~~!~b_~~_1~~~Q~E~19?5-
1908 (cesse à partir de 1909), imprimé à Gorée. (peut etre
consulté à ANSOM et ~~S)
~ ~~bl~!~~_;!~!~~!ig~~-~~~~~~1~q~v!~6~9~E~(annexe au journal
oIficiel ae l'A.O.F.) \\ANS P
4
85)
~ Journal officiel de l'A.O.F. : 1895-1900 et 1905-1959
\\poüïl-lM-·aniï~ëj-T9ën:T904: voVt .te. JOuJil1M o66iue.i d~
Sél1é.ga.t)
b)
Côte-d'Ivoire
;(. Bulletin officiel cie la Côte-d'Ivoire, 1900-1908
~ Journal officiel de la Côte d'Ivoire, 1895 1958

902.
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ _9~ ~ ~ ~ ~2:._ ~.~ _!_~ ~ç §~ ~ ~ ~ ~ ! Y'~ ~ !:~..
.
.
La partie non officielle - plus précisément les "Jte.MU~l1eme.nt6
éc.ol1om.-i..qu.elJ" - a particulièrement retenu l'attention ; mais la partie offi-
cielle n'a pas été pour autant négligée, dans la mesure où arrêtés et
décrets avaient directement trait à notre région.
- du ler~àat1899 (partie non officielle)
~ Renseignements économiques, extrait d'un rapport de M.
Delafosse, administrateur du Baoulé. Toumodi, le 1er
juillet 1899 pp. 3-5
- du 3_1_1~illet 1908_
~ Circulaire du Lt-gouveTneur, Angoulvant à MM les Comman-
dants de Cercle et chefs de poste, relative au recense-
ment de la population indigène. Tiassalé, le 22 juillet
1908, pp. 289-291.
- du 7aàOt1908
-
-- ------
~ N° 392 bis arrêté portant création de routes entre Dirnbo-
kro et Bondoukou-Bouaké, le 3 . août 1908, p. 319.
- du15 Octàbre1908
~ N° 531 arrêté local autorisant une dépense de 3.000 F à
imputer au chapt 17 du budget local pour la construction
du poste de Bongouanou (N' zi-Ccmoé}, p. 398 (col. 2).
- iu~l_'àètàbte-2908 (partie non officielle)
x Tournée du Lieutenant-Gouverneur dans le Cercle du N'zi-
Comoé, p. 429-431
- du 15 février 1909
- - -
~ N° 263, arrêté local mettant, à la disposition de l'admi-
nistrateur du N' zi-Comoé, un crédit de 1 500 F pour
l'achèvement du poste de Dimbokro et Bongouanou, p. 170.
x N° 264, arrêté local mettant à la disposition de l'Admi-
nistrateur du N'zi-Comoé un crédit de 1 200 F pour le
travail d'amélioration des postes du Cercle, p. 170.
- du 26 mars 1909
~-N° 375 arrêté local portant ouverture de la VOle ferrée
à l'exploitation, p. 240
- du 15 aoQt 1910
x N° 4zrDis, arrêté du gouvernement général, portant remise
de peine à des chefs et notables du N'zi-Comoé, p. 335.

903.
-du 31
OCt6bre1909
~ Tournée du Lt-Gouverneur Angoulvant dans les Cercles
du Baoulé-sud et du N'zi-Comoé
p. 485.
1
- du
15 décembre 1910
~ N° 678 arrêté local transférant à Dimbokro le chef-lieu
du, Cercle du N'zi-Comoé, p. 552
.~ Situation économique et iagricol e du district de Bongoua-
nou, pendant le 3e trimestre 1910, p. 557
- du 15 àvril1911
~ Tournée du Lt-Gouverneur Angoulvant dans le N'zi-Comoé,
pp. 184-185.
- du 30 juin 191.1
~ N° 475 arrêté portant organisation de la garde indigène,
p. 303
x N° 477 décision portant allocation des remises sur le
produit de l'impôt de capitation dans le Cercle du N'zi-
Comoé (Bongouanou). Bingerville, le 26 juin 1911, p. 308.
~ Arrêtés divers en date du 6 mai 1911, accordant des
permis d'exploration minière dans le N'zi-Comoé, pp. 311-
313 et 405-406.
- du 15févtiet 1912
~ Circulaire du Gouverneur général Clozel ais interdiction
de la saignée des lianes à caoutchouc, Dakar, le 31
janvier 1912, p. 120.
X Etude sur la culture et la production du colatier dans
les districts d'Adzopé, Bongouanou et Ouellé, p. 139.
- du 15 octobre 1912
~ Le cacaoyer à Tiassalé (partie non-officielle) p. 520
~ N° 359 bis F Circulaire ais des indigènes étrangers,
récolteurs de caoutchouc. Bingerville le 30 septembre
1912, p. 601.
- du 30 août 1912
~ Arrêtés divers accordant concessions à Dirnbokro. Dirnbo-
kro, le 22 août 1912, pp. 559-564
- du 30 février 1913
x N° 77 A. Circulaire aux Conmandant s de Cercle ais
recensement nominatif de la population indigène. Binger-
ville, le 25 février 1913, p. 136-37.

')04.
- du 30décembte 1913
~ N° 455 Circulaire à ~~. les Administrateurs Commandants
de Cercle, ais création de sociétés indigènes de
prévoyance, p. 635
~ N° 456 Circulaire à ~~. les Administrateurs. Commandants
de Cercle ais carte de circulation sur les Dioulas
p. 67fJ
~ Autorisations diverses d'exploitation des essences à
latex à des originaires de Bongouanou, p. 643.
- du 30 déc. 1913
(partie non officielle)
~ Rapport en conseil de gouvernement sur l'alcoolisme,
p. 2-4.
- du 15 janvier 19~
~ Arrêté du Gouvernement général portant modification
de la limite des Cercles du Baoulé-sud et du N'zi-
Comoé. Dikar, le 13 janvier 1914, p. 60
- du
_ 30
_
iuin
L.:::.
1915
_
~ n° 248 A Circulaire ais des permis d'occupation de
terrains à délivrer aux indigènes pour la culture des
plantes industrielles. Bingerville, le 17 juin 1915
- du 22_mars 1916 (partie non-officielle)
~ Développement de la Culture du cacaoyer au 31 décembre
1915, essais, résultats, perspectives, pp. 25-28
- du 31 mars 19~ (partie non-officielle)
~ Développement de la culture du cacaoyer au 31 décembre
1915, essais, résultats, perspectives (suite), pp. 35-
40.
- du 15 mars 1921
~ N° 17 Circulaire du Gouverneur général Merlin ais dénom-
brement de la population de l'A.O.F. pour le 1er
juillet 1921, p. 139-140.
-du 15 mars 1921
~ Circulaire ministérielle ais dénombrement de la POPUL1-
tion en 1921. Paris, le 21 février 1921, p. 140-141.

905.
- du 30 octobre ·;:,1929
~ Attributions diverses de concessions de commerce
dans le NI zi-Comoé (26 c.on.c.e1.l.6ioVl-6 e.xac.teme.n,t daVl-6
le. MOAOn.OU), pp. 742-743.
- du 30 avril 1931
~ Circulaire du Gouverneur de Colonies Reste,
Li eutenarrt-Couverneu r de la Côte-d' Ivoire, à îVM.
les inspecteurs des Affaires administratives, lès
chefs de service et les Commandants de cercle, concer-
nant l'éducation sociale, fiscale, sanitaire
commerciale et agricole des indigènes. Bingerville,
le 28 avril 1931, pp. 354-360.
- du 30 avril 1931
~ Circulaire du Gouverneur des Colonies Reste sur
l'intensification de la production agricole et
pastorale en Côte-d'Ivoire, pp. 224-243.
- du 30 octobre 1932
~ N° 2778 B.P. Décision nommant des chefs de Canton
du Cercle du N'zi-Comoé, pp. 820-821
~ N° 2778 B.P. Arrêté local port~1t détermination des
Cantons du Cercle du N'zi-Comoé, pp. 821-22.
~ Primes aux agriculteurs exposants, pp. XXIX-XXX
~ N° 3 206 B.P. Arrêté portant constitution de l'adminis-
tration indigène en Côte-d'Ivoire, pp. 64-67
- du 30 mars 1935
~ N° 579 S E Arrêté général autorisant le recours au
travail public obligatoire à la Côte-d'Ivoire en
1935. Dakar, le 18 mars 1935, p. 311
- du 15 mars 1935
~ N° 497 A.G. Arrêté plaçant la subdivision de Dimbokro
sous le régime du danger imminent, maintenant la
Subdivision de Bongouanou sous le régime de la sur-
veillance sanitaire. Abidjan, le 14 février 1935,
p. 213

')06.
- du lSn6vembre1936
::t N° 3333 B.P., par arrêté du L't-Couverneur p. i. en
date du 31 oct. 1936, M. Joseph. Albert Penny, gérant
de la Cie FCI à Bongouanou est autorisé à vendre dans
cette localité des produits pharmaceutiques, p. 1064.
2. - Annuaires administratifs
::t Annuaire colonial, 1887-1897 (ANSOM, non côté)
::t Annuaire du Ministère des Colonies, 1898-1942
(B.N.
gO LC 25 217 (12)
x Annuaire du Gouvernement général de l'A.O.F., 1900-
1922
(B.N.
gO LC 3280).
B. - DOC1JMENTS DE CAR1\\CTERE GENERAL
1. - Vues d'ensemble
- Gouvernement général de l'A.O.F., ~ituati6n générale, 1907-1909,
Gorée, 1909
- Gouvernônent général de l'A.O.F., Rapport d'ensemble ann~el,
1909~1913 (B.N. LK 19 443)
- Côte-d'Ivoire, Rat~ott d'ensemble sur la situation géné~ale de
. ·la· Colonie, ·1899~~01 .et ·1904-1907 •
- Côte-d'IVOire,Ra!port d'ensemble sur la situation générale,
Konakry, 1908, 16
p. (ANS 2 G 7 - 13)
Ministère des Colonies. Office Colonial. - Statistique de
la population dans les colonies françaises pendant l'année ...
suivies du relevé de la superficie des colonies
(ANSOM,~;. 679
1906,1911 )
Ministère des Colonies. - Agence générale des Colonies.
Recensement de la population dans les Colonies françaises, année
1921, suivies du relevée de la superficie des colonies.
(ANSOM P. 679)

l)07.
Ministère des Colonies. - Résumé des statistiques coloniales
pour 1892-1895 (1 volume)
(ANSOM P. 680)
Ministère des Colonies. Office national, statistiques coloniales
pour le Commerce: 1890-1914, 1931
(ANSOWY. 674)
~1inistère des Colonies. Office Colonial. Statistiques coloniales
de l'industrie minière
1900-04 1906-1917
'.
(ANSOM p.6nj
Gouvernement général de llA.O.F., Statistiques générales pour
l'année 1910
(ANSOM. C. 5715)
Agence économique de lIA.O.F. Annuaire statistique de l'A.O.F.,
1933-34
(ANSOM, AN 165)
Il devient :
Agence économique de llA.O.F. - Annuaire statistique de llA.O.F.
et du Togo: 1934-36, 1936-1938 [ANSOM : AN 166 et AN 167)
II
LES PUBLICATIONS PERlODIQUES
A. - INVENTAIRES CHRONIQJES, EXPOSITIONS
Dociment.ati.on officielle, fournissant tantôt une vue d'ensemble,
tantôt un aperçu très orienté, à caractère hélas!épisodique.
--L.a_.f..0!:':::.(t'JYQ:lr_e... Paris 1900, 32 p. (Exposition Universelle
de Parls)
- Rapport-.iu~~~_JVIII sur les~olonies fransaises et pays d~
protectorat (présidé par P. Maurel) à l'Exposltion universelle
et internationale de Liège 1905, 232 p.
- Gouvernement général A.O.F., La Côte-d'Ivoire Bingerv:ille,
\\91 5, 131 p.

(~;08 •
- Gouvernement général A.O.F., La Côte-d'Ivoire en 1920, Paris
16 p.
Gouvernement général A.0.F.,Rapp6rt pour le Congrès interna-
tionalde ~lviculture de Rome. P?ris, 1926, 20 p.
- Gouvernement général A.O.F., La Côte-d'Ivoire, Paris, 1929,24 p.
- Gouvernement général A.O.F., La Côte~d'Ivoire, Paris 1931
(Exposition coloniale internaTionale de 1931)
- Conférence économique de la;FÉance rnétropolitaineet d'Outre-
mer, décembre 1934 - avril 19~ 1Rapports généraux et Conclu-
SIOns d'ensemble) Paris, 1935, 2 tomes: vol. 1 : 396 p. vol. 2
444 p.
- Gouvernement général A.O.F., La Côte-d'Ivoire Rochefort-sur-mer
1936, 23 p.
B. - PUBLICATIONS A PERIODICITEVARlABLE (mensuelle, trimestrielle,
semestrielle)
Bien que ces périodiques constituent une source de premier ordre
pour la saisie des problèmes sociaux et économiques de la Côte-d'Ivoire
coloniale, on doit en'souligner cependant l'inégalité de la documentation de
l'un à l'autre. Indépendamment de la Bibliothèque nationale française qui
reçut le dépôt légal des journaux et revues de l'Afrique francophone, entre
1946 et 1959, aucune autre bibliothèque ne possède de collection complète.
Pour la presse et les périodiques d'Afrique, outre l'inventaire des biblio-
thèques américaines, dressé par Barry (R.M.), Africannewspapers in selected
americart libraties, washington, 1965, le guide de,T.homassery sur les périodi-
ques de l'Afrique francophone, constitue jusqu'à ce jour le meilleur répertoire
Thomassery (M.), Catalogue des périodiques d'Afrique noire (1858-
1962), I~F.A.N., Dakar, 1965, 117 p. A la Bibliothèque Nationale de France,
on consultera, pour le sujet, le Catalogue des-Eériodiques collect~fs, du
débu..!...-~ sièCle à 1939 (pJte6-6e. 27). Enfin, le fichier de la bibliothèque de
l'ANSOM à Paris souligne pour sa part la richesse de ce dépôt en périodiques
métropolitains ou africains de l'époque coloniale.
1. - ê~ll~~i~_~~_Ç~!!~_~~_!~~r!g~~_!r~~ç~t~~_(devenu à partir de 1909,
Bull. de l'Afrique française) (B.N.
PcvUo
Le. 12 187)

- nO 4 de 1902
~. Clozel, le recensement de 1901 à la Côte-d'Ivoire,
pp. 140-142.
- nO
de ·1903
~ Villamur (R.), La Côte-d'Ivoire, aspect général
flore
et faune, pp. 22-29.
- n° 5 de 1904
~ Jordan (ingénieur du corps des mines), La question de
l'or, pp. 269-272.
- d'octobre 1909,
~ La pénétration de la Côte d'Ivoire (~cle non ~igné)
12 p.
- de février 1910
~ La situation politique en Côte-d'Ivoire (~cle non ~igné),
pp. 60-62
- d'avril 1910
~ Le développement commercial de l'Afrique Occidentale en
1909, pp. 165-168
- d'oètobre 1910
~ La pacification de la Côte-d'Ivoire, 39 p.
- de septembre_19~
x Le Commerce de la Côte-d'Ivoire en 1911, pp. 378-380
- de novembre-décembte1921
~ Antonetti (R.), La Côte-d'Ivoire, porte du Soudan, 15 p +
cartes.
- de.Juin_19Q
~ La colonisation agricole en Côte-d'Ivoire pp. 311-312.
- de mai 1930
x Labouret (H.), La main-d'œuvre dans l'ouest africain
pp. 240-250
- d'avril 1934
~ Delavignette (R.), En Côte-d'Ivoire. Foire en Abidjan
pp. 213-217

910.
- de ~~vier '1936
x Labouret (H.), A.O.F. 1935. Un bilan positif, pp. 5-12
x L'Afrique Occidentale française en 1934, pp. 44-50
- de juin-~ille!.-1936
x Tanoust (in), Les buffles de la Côte-d'Ivoire
- de décembre 1938
x Labouret (H.), A.O.F. 1937
L' œuvre du gouverneur général
Brévié pp. 633-639
Il est à noter la richesse particulière de ce bulletin pour
l'évolution agricole et commerciale de la Côte-d'Ivoire. Il est quasiment
impossible de répertorier ici la somme d'informations puisées dans les
différents nHméros de ce périodique. Signalons que sa parution est
régulière et qu'il a été dépouillé sur toute la période étudiée, de
1911 (parution du premier numéro) à 1939.
3. - ~~!!~!~~_~~_Ç~~!~_~~~!~~~_~~~!2Iig~~~_~!_~~~~~!~!~g~~~ _~~_!~~~Q~E~
,(B C E H S)
Il devient en 1939 le Bulletin de l'institut fondamental -(ex-
français) d'Afrique noire. Crée en 1916, le BC81S a pour objet de
coordonner les recherches entreprises sous le patronage du Gouvernement
général et d'en centraliser les résultats (tnim~~~et).
- nO 2- 1916
x Chéruy (P.), Les Agni, p. 446 et sq.
x Noël (H.), Le port de la Côte-d'Ivoire pp. 233-269
- nO 4..1-1920
x~gues (L.), La question du domaine et de la propriété
foncière en Afrique occidentale française pp. 508-514.
- nO_~ 1921
x Chéruy (P.), La navigabilité du Comoé pp. 200-211.
- nO 3 (juillet-sept), 1924
x Kersaint-Gilly (de), Essai sur l'évolution de l'escla-
vage en A.O.f. ; son dernier stade au Soudan français,
pp. 469-478.
- nO~iL 222i
x Zeltner (F. de), Polissoirs et haches de pierre prove-
nant de la Haute Côte-cl ' Ivoi re, p. 615 et sq.

911 .
- nO 2, 1925
~ Coutoul)T (F. de) Gros et petit gibier en Afrique Occidentale
française pp. 217-261.
- n° ~ 1925
~ Coutouly (F. de), Gros et petit gibier en Afrique Occidentale
française (suite) pp. 559-606
- ~0_1 ,_19~
~ Allierie, La race bovine baoulée de Côte-d'Ivoire, pp.' 78-
83.
- ~1_,_1926
~ Coutouly (F. de), Gros et petit gibier en Afrique Occiden-
tale (suite et fin) pp. 84-125
- n° 2,1927
~ Ruë .(E. Aubert de la), Contribution à l'étude minéralogi-
que de Côte-d'Ivoire, pp. 193-216.
- nOs~ et 3, 1932
~ Mallamaire (A.), Les borers du
caféier en Basse Côte-
d'Ivoire (5 pl. h. t.) pp. 425-455.
-nO 1,'1933
~ Mallamaire (A.), Contribution à l'étude des maladies du
caféier en Côte-d'Ivoire. Une maladie des racines: le
folletage parasitaire (4 planches) pp. 120-128.
- n° 3
1934
-
-'---
~ Portères (R.), Etude sur le phénomène de viriscence des
caféiers à la station de Bingerville, pp. 417-427.
- nO !L 1934
~ Portères (R.), sur un indice de sécheresse dans les régions
tropicales forestières, pp. 653-665.
- nO 4, 1934
~ Portères (R.), Variations chez les caféiers libéro-
excelsoïdes (service de l'Agriculture de la Côte-d'Ivoire),
pp. 666-76.
- n ° 3, 1934
~ Portères (R.), La pluie, cause premlere du déclenchement
des floraisons des caféiers, pp. 418-432.

~ 912.
- n"
_
16·
_ ..L.' 1942
_ _
~ Trouvailles archéologiques en Côte-d'Ivoire, pp. 1-2
(AI1D I1ljme.)
6. - ~~~~~~g~~~~~!2_~212g!~~
(supplément à l'Afrique française)
- n04, 1899
~ La situation économique de la Côte-d'Ivoire, pp. 63-71
- nO .lz.. 1900
~ Agriculture et industrie, pp. 71-72.
- nO 2, 1900
x Le projet de chemin de fer de la Côte-d'Ivoire (1 ~~e., l'ul1e.
deo plLemièlteo -6Wt le. Mottol1ou)
- nO 4..1-1904
~ Crosson-Duplessis (Capit.), L'ethnographie de la Côte-
d'Ivoire, pp. 152-156.
- nO 12, 1932
~ Le pays agni, pp. 441-444
_ !!.o~, 1935
~ Houdry (B.), L'évolution des transports en Côte-d'Ivoire,
pp. 85-90.
7. - La revue coloniale
- nO .lz..~1895, Renseignements commerciauxssur la Côte-d'Ivoire,
pp. 39-41
- nO 1, iL 1899
~ Bonhoure (M.), Rapport sur la situation agricole de la
Côte-d'Ivoire pp. 24-28.
- nO 2, 6, 1899.
~ Bonhoure (M.), Rapport sur la situation agricole de la
Côte-d'Ivoire (suite et fin), pp. 79-98.
- Nouv. série 3, 1903-04
~ Cartron, mission topographique du Sanwi (Côte-d'Ivoire),
pp. 621-36
. 8. - ~~_~2~~~_~2!}~~ (nouveau journal des voyages)
- 2e s~nestre 1873

913.
~nO l
1935
z
~ Jacquier CM.), Note sur l'existence probable de négrilles
dans les foTéts vierges de l'ouest de la C6te-d'Ivoire,
pp. 57-62.
~ Portères (R.), Notes sur la riziculturetndigène du
nord-ouest forestier de la CÔte ....d' Ivo ire , pp. 92....12) ~
- n° 4,1935
x Roubaud (E.), L'existence probable des négrilles dans les
forêts de la Côte-d'Ivoire, pp. 540 et sq
- ~ 1937
(publicat. spéciale)
x Bégué (1.), Contribution à l'étude de la végétation
forestière de la haute Côte-d'Ivoire, 128 p.
4. - (~_Ç~2g[~~Œ!~~
~~11~!!~_~~_1~_~~~!~!~_~~_ǧ~8!~2Œ!~
(pt.U.-6, teJtJte., ain., me.Jt) , 1900-1939, du n° l à LXXI1. Fonné par la
fusion du Bulletin de la Société de Géographie et des comptes-rendus
des séances de la Société de Géographie. De Septembre 1931 (LVI)
à ~ 1933 (~), a paru sous le titre de : Terre..LAir, Her • La
GeographIe [BN à p~ 40 G 831)
.
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la Côte-d'Ivoi Te, pp.:3~.5 -337 .
- du 2e semestre 1902
~ Breschin (A.), La forêt tropicale en Afrique, principale-
ment dans les colonies françaises, (La forêt dans les
colonies françaises) pp. 27-31.
- nO XVIIl 1908
x Desplagnes, Exploration du bassin de la Comoé, pp. 386-88
- du 15j~i~2ll
~ Sonolet (L.), Les progrès de la colonisation
en Afrique
Occidentale française (conférence à la Société de géographie
Compte rendu analytique de M. le Moine)
5. - Notes Africaines
:1. F . ft.. N.
----------------~--~-~-===
~ Sites anciens en Côte-d'Ivoire, pp. 7-8 [Anonyme.J
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- Nouv ~ sér~~lL, .:!20~
x Lamy (P.) Souvenirs de la Côte-d'Ivoire, pp. 61-96
- Livraisons 2.:.5 du 14-.J.anv. au 4 févr-ier 1911
x Sonolet (Louis}, Le progrès de la colonisation en A.O.F.
(1ère partie)
- Livraisons 26-29 dll_1er au 2~juillet 1911
x Sonolet (L.), Le progrès de la colonisation en A.O.F.
(2e partie)
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III
ETUDES ET OUVRAGES CO~œORAINS PRESENT~~
LE Q\\R\\CTERE DE SCUOCES
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ressée au serVlce géographique del'A.O.F., sous la
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Trade arui--Eblitics ... op. cit.
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dé ~~ube de la èolbnisatibn à nosjours-l,. Abidjan, 1978,
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a èbl1ection'bfdôèUffiéntsfiorn thé general state
Arêhlve at tKéRague, Gaas':'Accra, ,G;?8, f375 p.
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Paris 1935, XXXIX-241 p.

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Gorée 1933, 20 p.
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édition 1,745-47 new impression 1968.
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avec une introduction du professeur J.D. Frage, London,
1967, 577 p.
- Dapper (O.); Déscri
ue, contenant les noms
la
5i tua t...;..l....;,.on;:..·':":e=--t::.l·
toutessespartles.
ter-
;:.,1,.....e,...:s;.:.,·=--c.....,o...,.n....,....,....,...:.,::..,..:;.:=.....L-=....!...,...--=--".--,--:......,...-.,....-....,...,--~~-
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aute- Volta; Côte..:.d t'IVoire
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Paris, 1916,395 p.
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- -
- - - -

CHA P I T K ~
THO l S l
~ N ~
925.
l
'l'RA Dl TI ON::; On.AL~S DU MOHONOU
A. - œ.OUPE ESSANDANE, à BONGOUANOU
1. - ~~EE~~_~~_~~~_~i~!~ (Juillet-AoÙt-Septembre 1967)
~Age:
70 ans environ en 1967. A pris part à la guerre de
1914-1919~ur le front français. A l'époque, il avait déjà un enfant
de son premier mariage.
- Résidence: Habite Kangandi, quartier englobé aujourd'hui
dans l'aggÏomération de Bongouanou (Centre principal du Moronou).
- E2!!~!~2!! : L'un des principaux notables du "village" de
Kangandi, où il jouit d'une grande autorité. Sa réputation et son
prestige en tant qu'''Anuen'', vénéré et respecté, dépassent le cadre de
Kangandi.
.
- Thèmes abordés
-durée
5 h d'enregistrement enVIron sur bande
magnétique, nO'6A
- sujets principaux : ~ La guerre Asante-Denkyira de
1699-1701 .
~ La guerre Aowin-Ashanti (1715)
~ La migration Aowin après la défai-
te d'Anyuanyuan (1715) et ses différentes étapes
jusqu'à l'étape finale du Moro.
Aon~ . 1967, Bande 6B (2 h).
- 10 janvier 1981, Bande SB (3 h)
- ~g~ : 65 ans en 1981
- 8~~i~~!!~~ : Bongouanou
- Fonction : Notable
à la Cour du Chef Agni de Bongouanou.
Sangbanbossof\\vo (de la famille de Nanan Sangban, l'un
des guides de l'émigration et prétendant à la chaise
des Essandané)

926.
Thèmes abordés :
x La fondation de Bongouanou
~ Les activités de l'époque ancienne
~ L'introduction des cultures industrielles de cacao et
de café
~ L'extraction aurifère
~ La fête des ignames à l'époque ancienne
~ Le différend entre Kangandi et Bongouanou
x La cueillette du caoutchouc, des palmistes
Aoù.t·
1967, Bande 6B (3h)
- 68~ : 80 ans en 1967
- ~~~!~~~~~ : Bongouanou
- Fonction:
Chef de tribu des Essandané, nommé chef de Canton
en 1920,-püIs-rëmplacé à ce poste en 1929 par Koffi N'ganza de
Kangandi , "duign.é à l'unaru:.mLté", (1) par les chefs Essandané, pour
monter sur la chaise des Sangban, sans en être l'héritier
- §~i~!~_~~Q!:q~~
~ Le peuplement du territoire Essandané
~ Les différends nés entre les différents lignages
du groupe Essandané, à l'époque du peuplement
Date
10 janvier 1981, bande S A
- ~~
S5 ans environ (1981)
- 8~~~~~~~~ : Bongouanou
- EQ~~!~Q~ : Ani II, chef des Essandané, détenteur de la chaise
de Nanan Sangban. Succède à Nanan Assémien II, en 1979, après une longue
période de vacance de 8 ans environ.
Le deuxième orateur, Damoa Amoankon Noël, notable à Bongouanou,
déjà connu.
(1) ANCI B4-I ~10-67 N° 135C de l'Adm{~~at~ du N'z~-Comoé au Lt-
gouvVtn.eWl. de Côte-d' lvo ou: à B~n.gVtville, al: plaA.-Ylte. contn.e: Me.!.:J,~ou
N' gUe.!.:J!.:Jan.. Bon.gOtLan.ou, le 21 dé.c.. 1929.

927.
- Thèmes abordés
• La fondation de Bongouanou, centre principal du Moronou
par Nanan Sangban
• La création des autres localités du groupe Essandané,
relevant de la jur idi ct ion de la "c.hwe" de Nanan Sangban : Broukra ,
Assaoufouo, N'guinou, Ahoresso.
• La liste dynastique des chefs du groupe Essandané.
• Le premier cimétière du groupe Essandané, "Vacüé
bôgnan-nou" et les rites funér ai.res •
• L' ms tajl.at ion administrative à Bongouanou, à l'époque
de Nanan Adoni ,
- Date
11 janvier 1981, bande 4 B (1/2 h)
- ~~
80 ans environ (1981)
..::, :.j~§~~~~!:~~ : Bongouanou
.
- Fonction:
Planteur. A vécu pendant plus de 20 ans à Tarkwa,
Prestea CWassa)-âu Ghana. Angamanbossofwo (originaire de Niandian).
- Thèmes abordés :
x Cacao. Comment il fut introduit au Ghana par Quatchi
et dans le Moronou par "COc.o Kouamé".
~ Café : Le café à gros grain fait son apparition dans le
Moronou avec la pénétration coloniale
x Extraction aUrifère
x Culture de l'igname,
~ Commerce précolonial à Gwa
~ La pénétration française
- Date: 10 janvier 1981, bande 4 A (1/2 h)
- ~e :
73 ans, fille de Kadio Konè de Niandian, celui qui
"J..YlÂAodLU.;t .te B.tanc." dans le Mor onou.
- !3~~~~~!:~~ : Bongouanou

-928.
- Thèmes :
------
~ Kadio Konè arrive avec ".te. B.tanc." (Marchand) dans le
Moronou.
~ La construction des routes
Bongouanou s, Daoukro
Bongouanou _.Dimbokro
~ La nomination de Kadio Konè à la tête du groupe Alangwa,
à Assahara
~ Liste généalogique des chefs de Niandian
- Date: 30 mars 1981, Entretien
- 6g~:
75 ans
- ~~~!~~~~~ : Bongouanou
- f~~~!!2~ : Notable à Bongouanou
- TQ~~~_~~2E~~ : L'organisation du travail sur les plantations
- Date
30 mars 1981
6g~
75 ans
- 8~~!~~~~~ : Bongouanou
Fonction : Chef chrétien à Bongouanou, planteur, ancien "c.oml1'li6"
à la Scoa-a-Bongouanou.
- Thème abordé : Le Commerce.
~ Les sociétés commerciales : nombre et lieux
d'implantation
~ La crise de 1929 et son impact dans le Moronou.
9. - 6~~E~~_~~~_gEQ~E~_~_~hE~!!~~~_~~_!~_~~EQ!~~~_ê!_~~E~_~~_~Q~gQ~~Q~
- Date
31 mars 1981 (e~tretien)
Lieu
Bongouanou
Thèmes
~ Les premiers pères missionnaires, fondateurs de
la paroisse.
~ Les premiers chrétiens de la région.
~ Les problèmes posés par les premières conversions,
ctulS les commwlautés villageoises, les difficultés
rencontrées avec l'administration coloniale et ses
représentants.

9?9.
B. - GROUPE
NGATIANO U
- Date
AoOt 1967
- NANAN Bosson, chef de Niandian, 50 ans environ, le seul
qui puisse introniser l'héritier à la" chai se "suprême de tous les Agni,
celle d' Ano Asoman,
- BLEHOU, 35 ans, cousin et conseiller du chef de
Niandian
Résidence
Niandian, près de NdoliklD, siège de la chaise
d'Ano Asoman:-----
Thèmes abordés
~ La migration des Agni depuis Anyuanyuan jusqu'à l'arri-
vée des Angamanbessofwo dans le Moronou.
x L'histoire de la chaise d'Ano AsomaJ1, celle des Angaman-
bossofwo
~ La cérémonie d'intronisation à la chaise dtAno Asoman
x L'extraction aurifère
2. - 6~Er~~_~~~2_~~Q~Q_JJ, à Ndolikro
- Date:
Vendredi-saint 1979
- 6g~:
70 ans. Promotion 1929 William Pont y
- Résidence : N'dolikro
- Fonction: Héritier de la chaise d'Ano Asoman, la plus illustre
de toutes-ïes-chaises agni.
- Thèmes abordés :
. ~ Migration agni
x Peuplement du Iv1oronou/invasion régions baoulé et
dida-godjè
~ Guerre agni/baoulé.
~ Attaque agni contre Grand Morié et enlèvement des
ferrnnes abbey
3. - 6~Er~_~~§QI!Q_6~~~!~_~Q~~E~, à N'dolikro
- Date
Vendredj-saint 1979
- 6g~
75 ans
- Résidence: N'clolikro

.,
9,30.
~~!:~!~2!: : Notable et chef d'Eglise à N'dolikro
- Thèmes abordés
~ Les Agni dans l'Ebrosa.
~ La guerre Denkyira-Ashanti
~ La guerre Ebrosa-Asante
~ La guerre Agni-baoulé
~ Le commerce avant la pénétration française
C. - GROUPE
AHUA
- Date: 18 et 19 mars 1973
- ~~i~!~_~~2~~~2 :
~ Fondation d'Arrah par AnéKpanyi
~ Liste dynastique de la Chaise Ahua
~ Différends avec le Ndenyé au sujet d'Aniansué
~ Le commerce à Gwa, Grand-Bassam, à l'époque précoloniale
~ L'extraction aurifère.
2. - ~~EE~~_~~_~~~!:_~~~~, chef du village d'Arrah, 60 ans environ
Sujet abordé
Liste dynastique Ahua
3. - ~~E~~_~~_~~~~~~~~, fils de Kessé Kwa, troisième chef de la dynastie des
Ahua,
85 ans environ : "L' étcU/., déjà ma]eWt" 1 quand 6ut CVl.JtUé
Ka M R. pf.-<: e-he6 d' AJUtah et dé6éJlé à B-<'ng Vtville" (1908).
- ~~i~!~_~~2~~~~ :
~ Liste dynastique
~ Le commerce dans l'ancien temps
~ Le NDA (jurement)

931.
- èss : 50 ans
- Résidence : Arrah
-.Fonction : Ex-secrétaire de la Sous-section du PDCI-RDA d'Arrah
- Ih~~~_~~2E~~ : La liste dynastique de la chefferie.d'Arrah
5. - 6~rE~~_~~_Ç2~1!~~1l_~2g~~
- 6g~:
né à Dabakala, il y a 80 ans environ
- ~~i~~~~~ : Arrah où il est arrivé il y a 50 ans.
- ~2~~!i~~ : musulman, l'un des chefs Dioula d'Arrah.
- Thème abordés:
~ L'arrivée des Dioula (soudanais), musulmans et commerçants
à Arr ah,
~ Leurs rapports avec les autochtones agni
~ L'histoire de Kong
D. - GROUPE
AS IE
Enquêtes orales, réalisées par Bio Sawue, étudiant en maîtrise
d'Histoire, à Asiè-Kumasi
1. - 6~rE~~_~~_~~E2!~~_~2ggi, le 27/6/1980
- 6ge:
né à Assiè-Kumasi, en 19~9
- Résidence
Assiè-Kumasi
- Fonction:
Planteur
~ Origines des Assiè
~ Démêlés avec les voisins baoulé habitant de l'autre
côté du N'zi
2. - 6~E~~_~~_Ç~2Eg~~_~§-~~L~r~~. le 27/6/1980
- 6g~:
né à Assiè, en 1916
- Résidence
Assiè-Kumasi
- Fonction
Planteur

932.
- Thèmes abordés :
~ Quand et comment le cacao a été introduit dans le pays
assiè
~ Les premières cultures de café
~ L'extraction aurifère, une activité antérieure aux
cultures du café et du cacao
000000
0000
00
II
SOUR::ES ORALES REOJEILLIES DANS
LES
REGIONS VOISINES
A. - ENQUETES ORALES EN PAYS ABEY
- Date
Le 2 avril 1975, à Agboville (en compagnie de Edmond
Maestri, professeur d'Histoire)
- ~g~ :M.M'Bassisliè, fils de François M'bassidjé, norrmé chef
supérieur-cres Abey, en 1943. Né vers 1918, fonctionnaire
en retraite à Agboville.
M. Boa Soboa, fils de Ossohou Takpé Soboa, chef superIeur
dès Abey, mort en 1921 ; cousin maternel de M'bassidjé,
né également en 1918, fonctionnaire en retraite à
Agboville.
- ~~~~~_~22E~~ : (Bande magnétique nO 8 A)
~ Les relations entre Abey et Agni
~ Les relations commerciales entre abey et leurs voisins
(Agni-j
~ Les
relations des Abey et des Dioula (commerçants
sotd ana i s )
~ L'arrivée des Français en pays abey

933.
~ La participation des abey à la construction du chemin de fer
~ Origine, mode de recrutement des travailleurs du rail ;
la vie sur les chantiers.
~ Soboa et les Français
- .Date
2 avril 1975
- 6g~
Né à Céchi (pays abey) , en 1914.
~§~!~~~~~
Pasteur de l'église méthodiste, en poste à Aghoville
- Thèmes abordés
~ La guerre de 1910 en pays abey : causes, caractéristiques,
conséquences, assassinat de Rubino, participation des
populations voisines (agni) à la guerre
~ Les abey face au chemin de fer et à ses travailleurs.
~ Les relations entre Abey et Agni, entre Abey et Dida.
3. - 6~EE~~_~:~_gI2~~_~~_y!!!~g~~!~~_~~6~~~~~~6~~, en compagnie du
Professeur E. Maestri, apres aVOlr eté introduit par l'abbé E. Nga,
Curé de la Paroisse.
- Date : le 18 janvier 1976
- Thèmes abordés :
--------------
~ Activités antérieures à la pénétration française :
chasse 1 cueillette •.•
~ Les relations commerciales antérieures à la pénétration
française: commence avec les populations, Alladian,
Ebrié, du Sud, avec les populations du Nord; les risques
de l'activité commerciale
~ La crise de 1929. Comment a-t-elle été ressentie?
B. - DANS LE SANWI
"Rappolt-t de l' Enqu.U e de I<JUnjabo", récit sur les or rg mes du
Sanwi, recueilli à Krinjabo par un groupe d'élèves du Lycée de Binger-
ville auprès des vieux : Aka Kab Ian , Gnamien Mingra et Damo N' gnui,
rapporté dans les Travaux du Comité de recherche sur la Tradition Orale
(Le CORTO), bullet~ann,uerdeÏiaison du Lycée---Classique etMooèrne-
de Bingerville, n01974j1975 pp. 1-7

- Thèmes abordés :
~ L'origine des Agni p. 1
~ L'extraction aurifère à l'époque précoloniale~ pp. 2.
~ Diverses institutions du pays Sanwi dont la fête des
ignarnes~ le mariage
C. - AU GHANA
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. .
recueillis par K. Y. Daaku, auprès des différents groupes .1Jen~kylra
du Ghana attuel~et publié par l'Institut d'Etudes Africaines de
Legon (Accra)~ sous l'égide du Centre d'études linguistiques et
historiques de l'O.U.A.
2. - Annexes I~ II~ III et IV (sur les orIgInes et l'évolution politique~
économique et sociale de l'Etat Denkyra)~
publiés dans DENKYlRA
1600-1730 A.n.~ Mémoire de Maîtrise d'Histoire~ soutenu par
J.K. Kumah,·à l'institut d'Etudes Africaines de l'Université du
Ghana~ en mai 1965.

D EUX lEM E
P A}R"T l E
LA
BIBLIOGRAPHIE
Sélection, tantôt analytique, tantôt critique quand la nécessité
s'imposait, la bibliographie s'orcbnne autour de quelques grandes rubriques
à l'intérieur desquelles le classement des auteurs respecte l'ordre alphabéti~
que. Si les ouvrages d'histoire ont été privilégiés, quelques travaux parmi
les plus importants sur le monde rural et d'une manière générale sur les
sciences sociales voisines, y trouvent largement leur place.
CHA PIT R E
QUA TRI E M E
LES
OlNRAGES DE
REFERENCE
l
OUVRAGES
BIBLIOGRAPHIQUES
·A. - GENERALITES
1. - Les inventaires des gr~nd~s.bibl.iothèques
---_._----------------~--------------~-~--
Bibliothèque nationale à Paris. Voir particulièrement
~
Le catalogue des matières (ouvrages entrés de 1894 à
1925, particulièrement les rubriques
Côte-d'Ivoire,
Côte d'Or (Afrique).
~
Le Catalogue des ouvrages entrés entre 1936-1950
~
Le Catalogue des Ouvrages entrés depuis 1950
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'°3' /
/ o.
- Catalogue of the Colonial office library Londres, 15 vol.
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thèques spécialisées :
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acquisitions .
- CARDAN, Paris (fiches analytiques)
B." ... AFRIQl:JE
On consulteralescompte~rendus
d'ouvrages en annexe des princi-
pales revues consacrées à l'histoire africaine:
~ TheJoli.rnal of AfticanHistory (Londres, 1960 -t' )
~ African HistoticalStt.i.dies (Boston,
1967 ~
)
~ Africa, devenu
depuis 1971, International Aftican Bibliography
~ Journal de la Société des Afticanistes, 1931
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II
OUVRAGES
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rU."que!.> et men.ta.ux, est: appttéhen.dé dans cet: ouvJtage, ~e.ton.
.ta méthode quantitative, et à pMfu du
texte "document
roi", m~ aLLMi du "non-écrit", c ' e!.>t-à-diJte des ve!.>u-
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(.JJt é.,~ e.VLt.a.;üo n. du -6 0 l.LJt C.u
oJtalu ) •
0 0 0 0 0 0 0 0
III
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géographique, éd. M.D.I., Paris 1 77, 12 p.
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CHA PIT R E
SIX lEM E
OUVRAGES DI INTERET GENERAL ET
SPECIFIQUES
DU
SUJET
l
OUVRAGES D'INTERET GENERAL
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L'ère coloniale 1900-1945, éd.
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(Au t~ave~~ ~e~ t~a~t~ dom~nant~ du cont~nent
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t~ave~J.J le. monde. e.nt-<-e.~ pa~ de.J.J c.he~~he.u~J.J
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~limat, te.!.> Itégime.!.> hydltotogique!.>, ta végétation
e.t te.~ !.>ot!.>. V'abondante.!.> page.!.> de. ~e. tltavait
~otte.~ti6 !.>ont ~on!.>a~ltée.!.>
au Moltonou).
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Perraud
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multigr., 1 carte, 4 coupureS.
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de. ta Sode.mi".
Etude de synthèse sur l'or en Côte-
d'Ivoire - Les ré ions aurifères dis ersées
[Une. ~altte. méta' ogénique. e.t une. paltt~e. applté~ia­
bte. du ltappoJtt ont tltait a ta Itégion aulti6~lte du
Sud-E!.>t qui e.ngtobe. te. Moltonou.1
2. - Etudes sur le sud-est ivoirien
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cartes + 1 carte pédo à 1/200 000.
Riou
Riou

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1.
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970
INDEX
DES
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PERSONNAGES
CITES
o
o
o
o
0
o
Abréviations
ad.
Administrateur
agI'.
Agriculteur
Cap.
Capitaine
ét.
Etudiant
insp.
Inspecteur
Lt-geur:
Lieutenant-gouverneur

971
A
Ablan Pokou (Abra), 72, 94, 95, 145, 146, 148.
Abolo, frère de Ntim Gyakari, 35
Ahou (Nyamkarnbi), 103, 104.
Ajepa, 88, 89.
Aklatia,
126.
Aka Ahi -
(Ahi Sè), 168, 289.
Aka Essoin, 99
Aka Kpol i ,1 60, 1 6 1, 1 6 5, 1 7 1 .
Aka Ouo, 168
Akoua Boni, 151,304.
Akwé ,
156.
Allierie, 249
Allou Ekou
(Nanan), 170
Amalaman, ancêtre Ndenye, 66
Arnankwa Tia, 78
Amon Tindin, 160
Amon Toulougbo, 152
Anascheman, 35, 36, 56, 68
Andrieu, 372.
Ané Kpanyi, 33, 129, 159,.219,220.
Ani Kouamé,
785,
793.
Angoulvant, Lt-geur., 349, 350, 354, 359, 365, 368, 468, 470,
473,
Ano Asoman (Asseman), V,
IX, 32,35,36,37,39,43,
57,
67,
6 8,
7 2,
8 7,
8 2,
8 9,
90,
9 7,
9 8,
9 9,
100,
10 1,
10 2 ,
103,
104,
105,
106,
117,
122,
145,
147,
169,
170,
172,
173,
260,
262.
Assalé (Cwa bo ) , 315, 451, 453.
Assamoa Benziakplowa, 172.
Asan (Goli), 152.
Assandé Edoukou, 820
Assérnien Aka, 810
Assoumou, 359.
Assoumou Baka, 315, 809.
A't i wa Taki,
152.
Aupiais (Père), :)82.

972
A Lbin, 3 8 4,
568,
590 .
Avenard (J.M.), 8
B
Badouin, 351, 358.
Bailly, 776
Ban, 351, 358.
Barbot,
269.
Bardon, 449, 451
Barthes, 468, 794
Bassa Kadio, 358.
Benuakon Tano, 352, 359.
Bervas,
246, 253, 395, 406.
Beuglot, 451, 452, 455.
Bibilé, 430, 451, 454
Binger, 306, 339-341.
Bio Sawé, ét. d'histoire, VII, VIII
Boadu Akafu, roi dendyira, 54, 57
Boa Amposem, roi denkyira, 54, 63, 64.
Boa Kouamé, 345-348,
Boa Kouassi,
715,
728,
729, 73l.
Boafo Nda, 87-89
Bonnault 292.
Bosman, 52, 58,
260,
272, 302.
Boua Badjo (Boa), 33, 125, 144, 15l.
Boutillier (J.L.), 806, 822.
Braudel
(F.),
801.
Brunot, 477, 478, 693, 694.
Brou Coffi, Moniteur d'agric., 392, 439.
Burger, 374.

973
C
Campi 0 n
( Le),
2 8 3,
4°3, 59 l, 594.
Chéruy, adm.,
42,
756.
Chevalier
(A.),
406.
Clozel,
346,
533.
Como ê
Krou,
226
Coutouly
(de),
381,
383,
562,
5 70 ~ ~ ~ 1. .
Crosson-Duplessis,
344.
D
Dakon,
95.
Daaku (K.Y.)
39,
40,
41,
50,
53,
102,
105.
Dadié
(E.),
449,
454,
461.
Da ng u i
Kpanyi
(Dinkje)
V,
IX,
89,
90,102,103,104,105,
106,107,122,126,127,128,140,142,144,151,167,
173,
289,
290,
750.
Dantzig
(A.
Van),
73, 85.
Dapper
(O.),
55,
56,
260,
269.
Delafosse
(M.),
42,
132,
135, 137,
147,
148,
149,
290,342,
382.
Delibéros,
cap.
354, 360.
Dellabonin,
439.
Delpeyroux,
455
Dupire
(M.),
832.
E
Ebi Ettien,
45&.
Ebi Moro,
90,
93,
94.
Ebrin Assalé,
35,
98.
Ebrin Bo t o , 357
Ehuman Kabran,
ancêtre Ndenye,
bb
Ena Ettien,
458
Eschliman
(J.P.),
IX

974
Ettien
(François),
430
Et yin Aka,
166
Et yin Komlan,
166,
167
F
Fage, 312
Fleuret
(F.),
729
Fossou Aka,
458
Fynn,
76, 88
G
Gastellu J.M.),
Economiste ORSTOM, VII,
192,
193,209,211,
213,764.
Gourou
(P.),
251
Gyakari
(Ntim)
ou Ndoumi Dakari,
64,
67,
99
H
Ha r ambat,
44 9,
450,
4 5 1,
606
Hostains,
adm.,
26,
104, 165,
106,
169,
284,
349,
585
Houdaille,
341
Hubert,
adm.,
205
Hubscher
(R.),
658
l
Intwan,
88,
89
J
Jacotot,
ad.,
379,
788
Jordan,
286,344,345.
Jouffroy,
455.

975
K
KABRAN, 339
Kadio Kumano , 359 Il Kassi Amana, 351
Kersabiec, 455
Kinimo Kpein, 358 Il Kipré (P.), 455, 692, 717
Koffi
(G.), 430
Koffi Pri,
284, 345, 346, 347, 350, 352, 358, 359
Koffi Yao, 430
Koidio Koné, 357, 810
Kokora (Aonzi), 429,
750
Kouamé Kouakou, 439
Kplatou,
143
Krou Kaménan, 429
Kumah (J.K.), 53, 54, 58
Kwa (Besro Kpri),
151
Kwamé
(Akafou), 152
Kwamé Kplé, 156
L
Lam b lin, ad.,
34 7, 3 59
Lang, Cap., 100, 317
Langui Brou, 813
Landman, Commis du fort hollandais d'Axim,
72
Louis XIV,
roi de France, 56
Lowa (Jonas K.),
146
Maerssen (Van), 89,91,105,106
Manan Akou,
793
Marchand, adm.,
26,
104, 175 , 178 , 1 79 , 18O, 182 , 183 , 187 ,
188 ,
190,
193,
194,
197 , 200, 201 , 202, 229,
247, :; 1.3 l
319, 320, 337, 347 , 348, 736.
Marchand, Cap.
40, 4 2 •
Marees
(de),
260
Meillassoux,
297,
298
Me y t e n s , 270.

976
Miège (J.L.), Professeur, XI
Merat (L.}, i n s p . ad., 404, 6J4
Messou N'guessan, 430, 434
Mondon (Gouverneur), 723, 803
Moskowitz, 306
N
Ndoli Anet, 117, 133, 145
Nganza, 351, 358, 811
Nguessan Kouamé, 315
Niangoran-Bouah, Professeur, 34
o
Opokou Waré, 95
Oséi Tutu, 74, 95
Oti Akenten, roi Aowin, 57, 263
Ouollo Ouattara, 439
P
Park (Mungo), 311
Penny (J.A.),
797
Perrot (Cl. H.),
IX, 34, 36,87,88,98,121,123,289.
Pescay, 124, 127
Po b g u i n ,
788
é
Poujade, 351, 358
Proust, 468
Prouteaux, 364
Puthod, 414, 418.

977
R
Raymond,
Lt.,
354, 356, 357,
360
Reinach,
445
Reste,
525,
385,
409,
413,
414,
421,
431,
706
Riou
(G.),
8
Rodney
(W.),
271
Rougerie,
8
Rue
(Aubert de la),
292
S
Sadié Victor,
448
Salverte~Marmier, 83, 84, 95, 136,
275
Samori,
163
Sapim Kouao,
430
Sangban
(Nanan),
143,
156,
162,
219,
811,
820
Sargenton,
383,
393,
395,580,611,755
Schiffer
(Cap.),
615
Sevenhuysen
(Van),
65
Siméoni,
ad.
391,
612
Sonnendrucker,
282
T
Tahi
(A.),
451,
454
Takimanso,
156,
162,
219
Tano Brou
(A.)
IX,
98,
108,
133,
152
Tano Babaliba,
167
Tano Kakou,
352,
355,
356
Tano Kwa,
341
Tauxier
(L.),
adm.,
42,
254,
255,824
Tehoua,
350,
359,
429,
436,
552,
813,
821
Tewa Kpoku,
168
Tibierge,
35,
36,
43,
56,
262.

978
Tigoli,
438
Tingbo,
126, 151
Triaud (J.L.),
162
v
Valude,
458
Vallon,
351, 356,
358
Vendeix,
383, 626
V i an,
Lt .
354
Vieillecazes,
381
Wilks
(J.),
53
y
Yao
(Bernard),
45S,
606

979
INDEX
DES
NOMS
DE
LIEUX
ET
DE
PEUPLES
o
o
o
o
0
o

980
A
Abengourou,
l,
VII,
4,
15,
402,
432,
448,
489,
530,
551,
729,
760,
767,
769,
791,
796,
820,
826,
Abey,
25,
108,
116,
123,
132,
134,
135,
136,
153,323,324,
340,
550.
Abidjan,
436,
447,
481,
484,
612,
619,
730,
754,
758,819.
Aboisso
(Sanwi)
430,
484.
Abongoua,
160,
315,
340,
343,
422,
451,
453,
552.
Accra, 81.
Adansi,
44,
45,
46,
47,
50,
258.
Adibrobo,
125,456,457,
746.
Aduakoakro,
323
Adzopé,
123.
Aféré,
756,
820.
Afrique,
307,
310,
312.
Agba,
84,
550.
Agbossou,
343,
344,
393.
Agboville,
481,
551,
570
Agnéby
(Cercle)
437,
715.
Agni,
II, V,
IX,
25,41,99,
guerre avec Baoulé
(124-128),
131,252,256,275,283,290,298,497,545,572,713,
715,729,753,760,771,818,821.
Canton:
743,744,
767.
Agoua,
394.
Ahali,
7,
30,
116,
125,
145,
182,
185,190,
191-202,
246,
322,381,383,391,406,429,454,455.
Ahanta,
91.
Ahnien,
456,
457
Ahouanou,
322.
Ahouman,
456,
457
Ahounianfoutou,
322
Ahoresso,
344
Ahu a
(Ahuamou),
6,
26,
30,
118,
129,
159,
182,
186,
197-202,
246,249,277,284,339,
:)42,
352,
363,
406,
429,
436,
457,
535,
741,
742,
744,
752,
753,
820.
Ahwene Koko,
74,
102.
Akakro
(ou Anékro)
159,
219.
Akan
(Akani)
IV,
41,
42,
45,
46,
47,50,53,89,
107,12b,
252,
258,
271,
311.
Akpo,
84.
Ak wamu , 82.

Akim,
82.
Akyé,
25,
108,
113,
116,
123,
132,
136,
137,
153,
329,
324
340,
343,
551.
Alangwa,
5,
7,
11,
12,
30,125,143,144,145,182,185,190,
191,
196,
246,
276,
284,
323,
346,
351,
352,
355,
399,
4Z~, 457, 7S3, 810.
Alongo,
450,
456,
457.
Am a nt i an,
4,
7,
3 0,
1 1 6,
1 66,
1 6 7,
18 4,
1 90,
1 9 1,
1 96- 2°2 ,
246,
323,
388,
390,
399,
405,
429,
455,
613,
632,
809.
Amonkrou,
209,
323,
550.
Anaboura,
40,
49
Andé,
340,
388,
393, 483,
385.
Angamankro,
456,
457,
Angbanou,
323;
363,
401,
439,
456,
457,
758.
Aniansué,
306,
317, 318.
Anoumaba,
321,323,363,377,405,450,456,457,547,
et 1<:'
rail
564-576,
599,
600,
610,
626,
632,
758,
796.
Anyuanyuan,
III, V,
34,
35,
37,
87,
109,
127,
173,
260,
830.
Aowin-Ebrosa, V,
32,
36,
37,
38
;
format
(39-44),
45,46,
47
49,
51
; guerre avec le Denkyira
(52-60)
; Etat tribu-
taire Denkyira
(60-69),
Etat sous dominat.
asante
(70-75)
; Guerre de 1715
(75-80),
émigrat.
(84-119),
123,127,132,256,260,261,262,263,265,269,271,
273,277,299,300,301,311,838.
Aoussoukro,
323,
345,
549.
Appolonia,
78
Arabe,
312.
Arrah,
128-130,
131,
138,
162,
219,
249,311,339,340,341,
342,344,346,349,357,405,422,451,483,550,551,
559,595,599.
Asante, V,
32,
37,
44,
50,
60,
70-79,
83,
84,
86,
88,
92,
~3,
94,107,108,110,163,259,260,301,473,758,843.
Asaoufoué
(Assafoufoué),
286,
350,
357.
Assahara,
143,
456,
457,
810.
Assalékro,
323.
Assémiankro,
323.
Assiè,
VIII,
5,
10,
11,
26,
30,116,144,145,158,161,171,
185,202,246,249,319,355,399,451,752,756,771-
775,
798,820,
-
Kumasi
201,
277,329,342,
356,
3b2,
422,
820.
-
Assasso,
343
;
-
Akpessé 354
;
-
Kokoré,
456,
457.
Assikasso,
428
As s i n ,
82,
108,
Assinie,
36,56,107,11,130,287,484.
As s o umo uk r o ,
180,
315,
456,
457.

982
Attakrou,
288,
306,
317,
318,
321,
364.
Axim,
76, 85, 89,
91.
B
Baoulé,
25,116,
guerre avec Agni
(124-128)
131,145,150,
151,
166,
168,
196,
275,
283,
302,
305, 321,
323,
448,
529,
566,
572,
759,
768.
Bambar a,
5 7 2 .
Banabo,
603.
Bandama,
1 45.
Bassam,
130,
287,
307,
533,
581,
754.
Begho
(Nsoko),
45,
53,
73,
74,
86,
88,
107.
Bengassou, 323.
Bété,
759,
760,
767,
768.
Bettié,
113, 306.
Bingerville,
633.
Boafokro,
323.
Bocanda,
84,
144,
408,
590,
622,
753.
Bonahouin,
551.
BOndoukou,
437.
8ongouanou, VII,
IX,
4,
5,
JO,
]1,
23,
142,
143,154,189,
192,209,219,249,253,283,322,351,357,358,
360,
363,
364,
365,
368,
373,
377,
379,
389,
385, 390,
391,
393,
les débuts des cult.
cacao et café:
400-09,
422,
423,
429,
430,
432,
434,
436,
450,
451, 452,
454,
483,
484,
493,
530,
536,
551,
552,
554,
555,
558,
559,
560,
562,
565,
580,
590,
595,
596,
599,
600,
601
606,
et les Centres commerc.
:
603-607,
611,
612,
613,
619,
627,
et la diffus.
cacao-café
:
631~641, 647,
653,696,
700,
701,
705,
720,
725,
737,
738,
742,
747
748,
751,
753,
755,
757,
758,
761,
766,
767,
768,
769,
770,
771,
772,
773,
788,
790,
79],
796,
797,
816,
826,
847.
Bono-Manso,
40
Brong-Ahafo,
40
Brou-Akpaoussou,
393,
583,
591.
Brou-Attakro,
302,
339,
349,
529,
533,
550.
C
Cavally,
(Ht . . . )
472.
o
Dabou,
307.

983
Daoukro,
5, 84,
320,
551,
555,
558,
753.
Daresso
(Dalosso),
341,
343;
352, 359.
Denkyira, V,
38,
44,
46,
47,
48,
51,
52,
54,
55,
58,
59,
60-
69
;
73,
83, 84,
107,
108,
257,
259,
263,
300, 838.
Diakadiokro,
323,
393,
456,
457.
Diamalabo,
322.
Diekabo,
322
Dimbokro,
t ,
II, VII,
4,15,84,150,274,321,358,362,363,
372, 381,
391, 392, 395,
397,
398,
399,
412,
429,
443,
451,
473,
483,
491,
528,
534,
536,
550,
551,
554,
555,
559,
560,
562,
564,
et le r a i l :
565-573
;
le marché:
587,
595,
597,
599,
604,
613,618,619,
622,
b26,
628,
631,
634,
647,
701,
708,
724,
725,
741,
746,
758,
760,
764,767,768,770,771,773,774,793,797,821,829.
Djamala
(Diamala),
83
Djimini,
83
E
Ebimolossou,
322
Ehuikro,
140,
319,
323.
Elima,
611.
Elinzué,
393
El-Mina,
85,
161,
258,
271.
Elubo,
141,
142,144,153.
Enchi
(An d j é ) ,
34,
84,
95,
123,144,260.
Essandané,
IX,
4,
10,
23,
26,30,
116,
118,
142,
145,
154,
159,166,170,171,182,186,209,219,276,284,
351,
Soumission:
358-359,
389,
400,
429,
457,
753,
755,
810, 822.
F
Feyase,
83,
839
Findimanou,
393
Fronobo,
155,
323,
608,
753.
Frondobo,
322
G
Gagu,
759,
760.
Gbogbobo
(Rubino),
123.
Gbobo,
219.

984
Ghana
(Gold-Coast),
32,
256,
272,
299,
311,
474,
715,
749,
755,
756,
757,
759,
768,
769,
772,
811.
Gohinou,
322, 323, 810.
Gouro,
145,
473,
534,
572,
753.
Gramassabo,
321,
456,
457.
Guabo,
200;
Gwa (Cape-Coast),
287,
288,
305.
H
Hollandais,
51,91,265,299.
l
Incassa Igwijira,
44,
45,
55,
56, 86,
260,
261,
262,
270.
K
Kabrankro,
303,
339, 341.
Kangandi,
351, 358,552,811.
Kinimokro,
323.
Koakro,
322,
323.
Kokumbo,
303.
Kommabo,
322.
Kong,
305.
K0 n vi - And ré,
1 1 7,
1 18,
1 21,
1 2 2,
1 23 .
Kore-Koressou,
322.
Kotobi,
200,
321, 332,
405,
449,
454,
456,
457,
483,
552,
559,595,599,608.
Koyonou,
154,155,161,289,750.
Kregbé,
6,
341,
483,
599.
Krinjabo,
100,
101,
287.
Krobu migrat.
(81-83),
135,
137,
138.
Kumasi,
88,106.
L
Lahou,
306
Libanais,
372.
Liverpool,
308,
615.

986
Nguessankro,
122,
141,201,323,357,429,598,604.
Nguinou,
160
Niandian,
323,
357, 810.
N'zanfuonou,
159, 168,405,
746.
N'zaranu
(Zaranou),
117
N'zi-Comoé,
26,
104,
253,
283,
284,
348,
374, 380, 384,
402,
403,
404,
407,
408, 420,
423,
426,
443,
448,
449, 455,
473,
484,
487,
489,
493,
494,
495,
529,
535,
539,
585,
614~ 619, 622, 623, 624, 627, 629, 640, 643, 648, 649,
653,
654,
676, 677,
700,
701,
704,
705,
707,
708,
712,
724,749,784,786,791,792,794,797,821,847,848,
N'zima
(Appolonien),
130,
163,
288,317,371,454,770.
N'zuékokoré,
154,201,322.
o
Od i e nné 301.
Ouellé,
201,
283,
405,
408,
590.
P
Paï-pi-bri,
148,
149.
Portugais,
51,
265.
Prince Town,
91,
107.
Prikro,
160
S
Sahy
4,
10,30,
118,
158,
187,
202,
276,
284,399,
457,
752,
ê
,
755,
820.
Sanguibonga, 320,
321,
429,
573.
Sanwi,
99,
100,
113,
115,
286,344,
437.
Sassandra,
146,
147,
534,
575,
(Ht.),
472,
570.
Sawua,
4,
7,
116,144,184,190,191,194-202,276,315,319,
337,350,352,354, .355,381,389,391,405,429,457,
550,551,610,613,617,632,758,809.
Sefwi,
94,
114,
116,
260,
261.
Séguié,
7.
Sénégalais,
372.
Sérébissou,
321,
322.
Sinfra,
372.
So h i
40,
49.
é
,

987
Songasou, 319",441.
T
Tano Kakoukro,
3]8.
Tanosso,
720
Télébo,
318.
Tekyiman,
40,
46,
50,
144,
173.
Tiassalé,
150,
166,306,316,320,373,401,454,534,573,
574,
771,
788.
Tiémélékro,
11,
322,
405,
430,
449,
450,
455,
456,
457,
550,
et le r a i l :
564-573,
598,
599,
626,
631,
746,
758,
774,
796.
Tomidanou,
321.
Tourn 0 di,
1 4 4,
2 8 3,
3 0 3,
3 0 9,
3 5 4,
4 0 9,
6 2 1 .
Treinou,
323.
Twifo,
77,
260.
Wassa,
77,
86,
92,
260,
264,
269,
848
Wenchi,
50
Wobè,
759,
760,
767,
768.
y
Yafo,
6
Yamoussoukro,
631
Zaranou,
168.

988.
~BLE
DES
ANNEXES
8 -
Moronou:
trafic ferroviaire des produits agricoles ..•.•
847
9 -
Limitation des Centres d'achat .. . • • • . . . • . . • . . • . • . . . • • . .
847'
10 -
Ressources naturelles du N'zi-Comoé à l'époque de
l ' i mpla nt a t ion colon i ale . • . . . . . . . . . . . . . . . • . . . • . • • . • . • . ••
~49.
11 -
Prix moyens annuels des produits récoltés: 1917-1939 .••
8~
12 -
Production annuelle des produi ts "di ts de cueillette"...
8.52
13 -
Evolution annuelle de la surface cultivée en cacao et
en c a f é . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
853
14 -
Production annuelle du cacao et du café, 1917-39 ... • • • . •
854
15 -
Evolution du produit annuel brut de la cola, du caout-
chouc et des palmistes..................................
855
Sc:..7
J6 -
Evolution du produit annuel brut du cacao et du café. ...
J
17 -
Evolution démographique du Moronou ]908-1938 ....•. . • . . . .
858
18 -
Précis chronologique
, . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • .
859

989.
TABLE
DES
FIGURES
TROISIEME
PARTIE
CHAPITRE XII
1 4
Mouvement des prix moyens annuels des produits de
cueillette et mouvement des prix d'après les moyennes
.mobiles
o • • • • • • •
528
5)7
1 5
Prix moyens annue l s du cacao 1 920-1 939 ...•.•••.•..••...•.
16
Prix moyens annuels du café 1930-1939 ...•.......•••..•..
542
548
1 7
Voies de communica tion ,-',du Hor-onou precolOlual et coloniaL •••
18
~1oronoti~-t vot.es de' communication de la cd>. co Lcruaâ,e .1·9·38. ' .... ' • '.
569
18'
Evolution du trafic ferroviaire par station 1921-1926 ....
574
598 '
19
Subdivision de Bongouanou.
Installations commerciales ...•
CHAPITRE. XIII
19'
Cercle du N' zi-Comoé. Mouvement des récoltes des pro-
duits de cueillette: cola, caoutchouc et palmistes .••..•
625
20
Cercle du N'zi-Comoé. Evolution de la surface cultivée
en cacao et en café
.
637
21
Cercle du N'zi-Comoé. Productions du cacao et du café ....
642
CHAPITRE XIV
22
Cercle du N'zi-Comoé. Mouvement annuel de la valeur
669
du cacao
.
23
Cercle du N'zi-Comoé. Mouvement annuel de la valeur
clli caf é
.••••.••.•••..••••..•.•..•••••.•••.•••••••••••• 0 •
671
24
Cercle du N'zi-Comoé. Mouvement annuel de la valeur
des récoltes de cola et palmistes.... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 7 3

990
TABLE
DES
MATIERES
Pages
INTRODUCTION ..............................................
l
ABREVIATIONS
!lX
PREMIEREPARTIE : LE PAYS, LES HOMMES ET L'ECONOMIE
DU MORONOU PRECOLON IAL ............••....
CHAPITRE l
LE MILIEU PHYSIQUE ET LES POTENTIALITES DU
SOL ET DU SOUS-SOL
3
1. Une topographie variée
4
II. Un sol ferralitique moyennement désaturé et
relativement r i c h e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
III. Un climat subéquatorial nuancé
13
A. Le volume des précipitations
14
B. La répartition des pluies
18
IV. Une nature aux immenses ressources végétales et
animales
22
A. Le problème de la végétation . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
B. L'homme et le milieu naturel
27
C. Ressources animales
29
CHAPITRE II
LES REALITES HUMAINES: L'HISTOIRE DU PEUPLE
AGNI (étapes de formation, émigration)
32
I.
La formation du peuple: les grandes étapes
33
A. L'histoire antérieure à 1677 •••••.•••..•••.•••••• 38
1.
Le noyau Aowin
39
2.
La période 1629-1677 •••.••••••••••••.••..••••.• • 44
a)
Les Awianwian dans l'Adansé
44
b) Les Anwianwian dans l'Aowin . . • . . . . . . . . . . . . . . . 49
c) La guerre Denkyira-Aowin . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . S2
1 -
La date
'
S2
2 - Les motifs de la guerre .•...•.....•....... SS
3 -
La guerre
58
B. L'Aowin-Ebrosa, Etat dépendant 1677-1720
60

991.
1.
L'Aowin, Etat tributaire Denkyira 1677-1701 ••••
60
2.
L'Aowin sous la domination asante 1701-1721. •••
70
a)
La p§riode 1701-1715 •.••••••••••••••••••••••
70
b) L'affrontement de 1715 ••••••••••.•••••••••••
75
II'.
L t émigra tian ..•.•••.•..••••••••••...•••..•••••••••
8Q
A. Quand les Morofwo êm i g r en t
i Ls ? •..•.•.•.••••.••
80
e
1.
Les §migrations ant§rieures à 1715 ••.••••••••••
81
a) L emigration Ngan et Krobu, fin
XV l l èm e s i è cie. . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . • • . • • . . •
8 1
b) L emigration d'origine Denkyira
83
2.
L'§migration Aowin-Ebrosa 1715-1720
84
a) La première vague migratoire Aowin
;
10 d c emb r e
ê
1715 -
7 avril 1716.............
86
b)
La seconde p§riode migratoire :
août 1716-1720
90
1- La vague migratoire d'août 1716 •.•••••••.
91
2- L'exp§dition militaire aowin contre
l'Asante et l'§migration de mars-avril
1718 ••••.•••.•.•....•.••.•..••.•.•••••••.
92
3- L' êm i g r a t i on autour de 1720
94
B. Emigration; conduite et itin§raires suivis ..••..
96
1. La conduite de l'§migration : Ano Asoman
guide de la migration? . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . .
97
2.
L'organisation de l'§migration . '"
107
3.
L' i t i nê r a i r-e s . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . • . . • . . . . • . .
111
a) L'itin§raire m§ridional ......•.......•.•.•. 114
b)
L'itin§raire septentrional ......•....•.•... 116
CHAPITRE III: LES REALITES HUMAINES:
LE PEUPLEMENT
120
1.
Repères chronologiques et essai de datation
121
A. La date d t ar r i vê e dans le Moronou
121
B. La guerre Agni-Baoulé
124
C. La fondation d'Arrah, Centre p r i nc i p a l de la
Chefferie Ahua
128

992.
II. Les grandes étapes du peuplement..................
130
A. Le Moronou étai t-il habi té ? .•.....•.•••.•.••.
132
B. La première période du peuplement: l'expansion
en désordre (1733-1770)........................
139
C. La seconde période de peuplement: l'essaimage
naturel (1780-1850)............................
153
D. Troisième période de peuplement : le brassage
des peuples (1850-1907) . . • . . . . . • • . . . . . . . . . . • . . . .
159
CHAPITRE IV
LES REALITES HUMAINES : NOMBRE DES HOMMES
ET STRUCTURE SOCIO-ECONOMIQUE...............
175
1. La période de l'homme rare
176
A. Exposé critique des sources, de la démarche
de Marchand et des données démographiques
178
1. Présentation des sources
178
2. Comment Marchand procéda-t-il au dénombrement?180
3. Critique de la démarche de Marchand et des
données démographiques
187
a) La démarche
lH7
b)
Le "groupe de cases", une notion-clef. .•... 188
B. Les données démographiques de Marchand et
l' hi 5 toi re . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . .
'93
1. Primauté des gros villages . . . . . • . . • . • . . . . . . . . . 194
2. Une densité contrastée . . . . . . • . . . . . . . . • '....•... 196
II. Une structure socio-économique fondée sur la
solidarité communautaire
0. o • • • • • •
202
A. La structure de production, elle est limitée
i'l
la cellule domestique
o
• • •
o '
o .
o
• • • • • •
203
1. Selon la présence effective sur le lieu de
travail ....
204
0
• • • • • • • •
0
• • • •
0 0
• • • • •
0
• • • • • •
0
• • • • • •
2.
Selon les tâches . . . . . . . . . . • . . . . . . . • . . . . . . . . . . . 206
B. L'auto-consommation et la Communauté des liens ... 207
1.
La consommation du produit du travail, elle
est le fait Je tous les membres de la
Communauté.
207

993 .:
2. La redistribution d'une partie du "surproduit" :
elle est opérée équitablement entre tous les
membres de la Communauté .•.••..•..••.•.........••
208
3. La garde du "trésor" familial....................
210
C. ~'émergence du détenteur du trésor au sein de la
Communauté...........................................
211
1. Le monopole du trésor ...••..•••••...••.•.••.•....
212
2. Le dépassement de la contradiction .•••••• w •••••••
213
CHAPITRE V
L'ECONOMIE ANCIENNE: LES STRUCTURES
AGRICOLES., ..•.••
215
1 . 1
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
1. L'exploitation des ressources naturelles .•.••........
216
A. La cueillette et' le ramassage .....••...••....••....
216
B. La chasse ....•..•.••...•.•....•.•.••....•.•..••..•.
217
C.
La pêche
.•.•••.•••••.•••..•.....•••...••••••••.••.•
220
II. Propriété et exploitation agricole . . . . . . . . . . • . . . . . . . .
221
A. Le système foncier.................................
222
1. La notion de propriété foncière . . • . . . . . . • . . . . . . . .
222
2. L'étendue de la structure foncière .••.••••.•.....
227
B. Le système d'exploitation agricole .•......••...•...
230
1. Une agriculture extensive caractérisée par
la faiblesse de ses objectifs et de ses moyens ....
231
2. L'assolement, maintien de la fertilité du sol ....•
234
3. Le travail agricole, un effort mesuré
238
a)
Les raisons de l'absence d'intensité du
t r a v a i l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
238
b) Le calendrier agricole
~
239
~ Les instruments agricoles, un niveau médiocre ....
243
III. L'élévage, une activité secondaire . . . . . • . . . . . . . . . . .
246
A. La rareté des bovins
'.......
247
B. La diversité du petit bétail: moutons et chèvres ...
253
CHAPITRE VI : L'ECONOMIE ANCIENNE: DE L'EXTRACTION AURIFERE,
CONSTANTE DE L'ECONOMIE AGNI A L'EXPLOITATION
DU CAOUTCHOUC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . 25 o

994.
1. L'extraction aurifère sur la C6te de Guinée aux
XVIIème et XVIIIème siècles......... .... ..... .....
257
A. Les régions productrices d ' o r . . . . . . . . . . . . . . . . . .
258
B. Les mines d'or : croyances et activité
extractive.......................................
265
1.
Les croyances sur l'or . • . . . . . . . . • . . . . . . . ..•..
265
2. L'activité extractive
268
II. DE L'IMMIGRATION A L'EXPLOITATION DU CAOUTCHOUC
1733 - 1874 . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • . . . . . • . . . . . . . . . . .
273
A. L'or et le choix de nouvel habitat dans le
Moronou
..
274
B. L'extraction aurifère:
technique, droit coutu-
mier et destination du produit
.
278
1.
Mode et technique d'exploitation
.
279
2. Droit coutumier en matière d'exploitation
.
280
3. Qu el est 1e vol um e d' 0 r ex t rai t
?
•.•••••••••.
282
4. La destination de l'or . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . .
285
a) L'or, monnaie et marchandise
.
285
b)
Llo r, t rés 0 r f am i 1 i a l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
288
III. L'exploitation du Caoutchouc, une diversion 1874-
1 9 l 3
..
CHAPITRE VII
L'ECONOMIE ANCIENNE: LES EXPEDITIONS COMMER-
CIALES DANS LE MORONOU PRECOLONIAL
297
1. Les fondements des expéditions commerciales
299
A. Le passé commercial des Aow i n
299
B. A la recherche du métal précieux, produit de
base des expéditions commerciales: des rivages
du N'zi aux bords du Comoé
~
30~
II. Un commerce essentiellement orienté vers l'acquisi-
tion des biens de consommation
j04
A. Produits et moyens d'échange
j04
B. Commerçants et différents types d'échanges
310
C. Les routes commerciales
.310
1. Les d eux voies longitudinales
.
320
2.
Les voies latitudinales
322
D. Destination des produits acquis
3~4

995
E.
Quelle chronologie pour le commerce?
327
1. L'axe Moronou-Cape-Coast 1733-1787
327
2.
Le commerce en direction du Bandama et de
::':'
Tiassalé 1787-1842
328
3. Les liaisons commerciales avec la Basse
Côte 1842-1909
331
DEUXIEME PARTIE
LES CONDITIONS ET LES AGENTS DTERMI-
NANTS DU PROGRES AGRICOLE
335
CHAPITRE VIII
LA CONQUETE COLONIALE CONDITION NECESSAIRE
AU PROGRES AGRICOLE
337
l
- Les missions d'exploration dans le Moronou 1889-
1907
338
A. Binger à la frontière orientale du Moronou en
1889
339
B.
La mission topographique Houdaille dans le
Moronou 1898-1899
341
"ft
C.
Les missions Crosson-Duplessis et Jordan :
leurs apports pour la connaissance du Moronou
1904
344
D.
La pénétration administrative 1904-1907
345
II.
L'intervention militaire
(1908)
. . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • . . . . . . 348
A. L'hostilité des chefs,
motif de 11 intervention
militaire
349
B.
Les opérations militaires : moyens et déroule-
ment
353
1.
Les moyens
353
2.
Les différentes opérations
355
a)
La prise.d'Assiè-Akpe6~é 1.8 Octobre 1908 •..•.
355
b)
La reddition de Tano KAkou et des Alangwa
(19-23 octobre 1908) . . • • . . . . . . . • . • • . . . . . . . . . . . 355
c)
La promenade militaire chez les assiè
25-26 octobre 1908) . . . • . . . . . • • . . . • . . . • . . . . . . . . 356
d)
L'occupation du N'gatianou
(26-29
octobre 1908)
357

9%.·
." .: ~ .
e) La soumission des Essandané (29 octobre -
11 nove m5 r e) • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
358.
f)
La réduction d'Arrah (12 - 18 novembre 1908).
359.
C. La fin des hostilités .....•..•.••••••••••.••••••
360
1. Arrestations et internements..................
360
2. Amendes et autres sanctions...................
.:;62
3. Erection du poste administratif de Bongouanou.
J64
III. La résistance ~ l'exploitation des ressources
j66
na tu r e Il es et a gr i col es ( 1909 - 1911)
.•.....•
A. L'économie de traite, un système d'exploitation
économique opposé aux intérêts du Morofwo ...•....
j67
1.
L'introduction de l'agriculture de traite
dans le Moronou 1911
J67
2.
L'économie de traite contre les intérêts du
Morofwo . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . • . . . . . . . . . . • . • . . • . .
j70
B. Vision du développement et réactions diverses. '"
376
1. Un état d'esprit favorable au développement
.
~
econoffil·que
.
j77
2.
La résistance du Morofwo aux premières
tentatives de développement
.
378
3.
L'attitude favorable aux cultures d'arachide,
du palmier à huile et du cacao
.
4. La réaction de l'Administration locale
.
382
CHAPITRE
IX
LES GRANDES OPTIONS DE L'AGRICULTURE
CO LO NT ALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
j85.
1. Du bon aménagement des peuplements spontanés aux
cul t ur e s arbustives
(1911-30).....................
386

.997.
A. La recherche et l'aménagement des peuplements
naturels de colatiers, d'arbres à caoutchouc
et de palmier à huile 1911......................
388
1.
Le co l at i e r ...•..••..•.•••••••••••..••••••••• ·
388
2. L'arbre à caoutchouc.........................
389
3.
Le pa l m.i e r
'ah uile
.
390
B. Les premières cultures arbustives (1912-13). •...
j92
1. Pépinières et premières expériences de
cultures . . . • . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . • . . . . • . . • . . • .
~j9.2
2. Technique de cul t.ure . . . . . . • . • • . . . . . • . • . • • • . . .
3%
3. Le b i l a n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
j95
C. La Cul ture du Cacao 1915 •..••.........•.•.....•. '400
D. LaC u l tu r e duC a f é (1 9 26 - 30) • .. . . .. . . • . • .. . . . .. .. .405
. II. Extension et intensification des cultures (1931-
1 93 9) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . ..
409
A. Accroître et améliorer les cultures d'.exporta-
tion
411
1. Etendre les plantations
412
2. Soigner les plantations . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • .
414
3. Améliorer le produit.
41)
B. Intensifier les' eul t u r e s vivrières
1,18
C. L'ou t i lIage ag rieole
.
CHAPITRE X : DES TECHNIQUES ET DES HOMMES
426
1.
L'intervention de l'Administration locale
426
A. La hiérarchie administrative
427
B. L'Administration et le progrès agricole
4j1

998.
1. L'Administrateur, chef de poste .••...••••••.431
2.
Le rôle des f onct i onn a i res subal ternes. • • • .
433
i
II.' La Collaboration du service d'agriculture et
ann exe s .•..•....•.••••..••....••••.•••••.••.••.•.
4j7
A. Un personnel insuffisant
.
438
B. Une contribution appréciable
.
440
1. L'éducation des planteurs . . . . . . . . . . . . . . . . • .
440
2. La formation permanente
.
441
3. Les autres interventions du service
d'agriculture
.
443
III. Les pionniers de l'Agriculture coloniale
.
445
A.
Les
SOU.Tees. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
447
B.
L'effectif
.
451
1. Les planteurs européens
.
451
2. Les planteurs "progressistes" africains .....
453
C. Les fondements de l'influence des planteurs
pro g
.
reSS1S te s
.
L.59
CHAPITRE XI
LES SOCIETES AVOCATION ECONOMIQUE : UNE
CONTRIBUTION IMPORTANTE AU PROGRES
AGRICOLE
.
4bj
I. L'influence de la Chambre de Commerce de la
Côte-d'Ivoi re
.
4bj
A. Création, organes et atributions de
la Chambre
de Comm e r ce. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. Création et organes
.

999.
2. At tri but ion s . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . • . . • . . • . . .
466
B.
Rôle de la Chambre de Commerce dans la production
a gr i col e. • • • . . . . . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . .
4.?0
1.
L'incitation à la production ...•.••.•••.•...
470
2.
La défense des intérêts des producteurs.....
472
3.
La Chambre de Commerce et le recrutement de
la main-d'oeuvre.
.•. •....
475
C. La Chambre de Commerce et la Commercialisation
des p r o d u i t s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
480
1.
Le conditionnement des produits.............
480
L ' hui 1 e de pal me. . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • . . .
480
-
LaC 0 1 a. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . •
48 1
- Le Cacao
l..82
2.
Le Contrôle des produits
.
II. Les sociétés de Prévoyance
.
486
A.
Création et objectifs
.
486
B.
Les réalisations
.
488
1.
La diffusion des machines à
trai ter les
produits
.
2.
Les autres interventions économiques . . . . . . . .
3.
Le financement des
réalisations . . . . . . . . • . . . .
492
III. Quel bilan?
.
493
Table des Annexes
511
Table des figures
512
Table
des matieres
.. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
513

1 000.
T A BLE
DES
MAT 1ER E S
---"1111---~----
TRorsrEME
PARTIE
Page
L' INSERTIOI'J DE L' AGRI CULTU REDANS L' ECONOMI E DE MARCHE···. ..
524
CHA PIT R EXIl
LES FACTEUR$ CONJ!ECTURELS ET COMMERCIAUX
526
l - Le Mouvement des .prix
. . .
527
A. - Les Produits
de cueillette .
.527
1. - Sources et méthodes . . . . .
527
2 • - Le mouvement des prix.
530
B. - Le cacao . . . .
. . . .
538
c. - Le Café . . . • . • . . . . . . • . • . . . . . .
541
II - Moyens de Transport et Circulation des produits
agricole
547
5
• • • • • • • • • • • • • • • • •
A. - Le réseau routier, un équipement au service de
l'Agriculture
.
1. -
La fin du cloisonnement entre les villages ..
549
2. - L'entretien du réseau routier, un travail de
Sisyphe • .
553
3. - Le réseau routier et l'activité économique ..
559
a)
Le problème des sources
559
0
• •

• •
b)
Les différents facteurs du trafic .
559
c) Les avantages de la circulation automobile.
561
B. - Le Chemin de fer:
La promotion de l'activité
commerciale.
• . .
.
. . .
56l;.
1.
- Le chemin de fer dans le Moronou .
.
.
564
2.
Le rail et l'émergence des Centres commerciaux.
)65
3. - L'évolution du trafic des produits agricoles ..
)75

1 001.
III - Le problème de la Commercialisation : moyens monétaires,
marché et Centres d'achat . . . . . . . • . • . • • . . .
:577
A. - L'introduction de la monnaie fiduciaire française.
. S7't3
1. - La suppression des monnaies "-i.n.d-i.gè.n.e.~1/ •• • • •
; ~?8
• •
"
J
2 • - La proscription de la monnaie anglaise . . . .
580
3 • - La résistance psychologique . . . . . . . . . . •
- 582
4.
- La mise en circulation de la monnaie fiduciaire
française
.
584
B. -
Marchés et Centres d'Achat
587
588
1. - Le marché de Dimbokro .
.
a) La vocation de marché .
588
589
b)
L'organisation du marché . . . . . . . . .
c)
La liberté de cOJRmerce : abus de confiance
et fraude

592
2. - Les Centres commerciaux
595
a)
Les Centres Commerciaux
un écoulement
régulier des produits de traite.
.
• • . . .
595
b)
Les Centres Commerciaux : une implantation
géographique contrastée et un rayonnement
in é gal
.
.

.
.
• • • •
.
• • • • • •
599
CHA PIT R E
XI II
LES PROGRES DE LA PRODUCTION .
.
.
.
60S
l - De l'indifférence à l'engouement pour l'exploitation des
produits "d ct:s de. c.u.e.-i.iie.tte." • •

609
0
• • • • •
A. - Les produits de cueillette
une exploitation
diversifiée, malS de faible tonnage 1908-1928.
610
1.
-
Le Cola
.
. .
. _
.
611
2. - Le Caoutchouc.
.
.
.
.
614
617
3.
-
Le palmiste
.
.
.
.
..
.
.
B. - Les Cultures arbustives secondaires 1928-1939 .
620
1. - Evolution de la surface cultivée: un progrès
inégal . . .
a)
Cola.
621
623
b)
Palmiste

1 002.
2 • - Le mouvement des productions arbustives . . .
624
a)
cola . .
· . .
. ... . . . · . ..
626

b)
palmistes
· . .
· . .
628
c)
caoutchouc .
. . .
II - Le Cacao et le Café : une position dominante
630
1928- -1939
A. - La diffusion du Cacao et du Café . . . .
631
1. - Le Cacao
. .. ...
631
2 . .- Le Café.
63]
B. - Evolution des superficies cultivées • . . .
635
1. - La surface cacaoyère . • . . . . • . . • . . . •
636
2. - La superf ic i edes cafèières
. . . . .
. . ,
..639
C. - Le mouvement de la production
640
1. - Le Cacao .
.
.
.
.
.
.
643
2. - Le Café . . • . . . .
&43
III - Les vivriers : des cultures en progrès
· . . .
.6!/+
A. - Juguler la famine et les disettes .
..64.5
B. - Evolution de la surface cultivée
6!~9
C. - Productions vivrières abondantes
. ..
...
651
1. - Le mouvement des quantités récoltées . . . . . •
651
2. - Accroissement des récoltes et baisse des rende-
ments .
.
.
.
· . . . . . . . . . . . . . . . 652
CHA PIT R E
XIV
LES FRUITS DE L'EXPANSION: REVENU ET SALARIES . • . . . . . .
656
1 - Le Revenu agricole: une approche de la réalité
6)6
A. - Le problème de l'établissement du revenu.
657
1. - Homogénéité sociale et différence de revenus.
658
2.
Revenu et niveau de VIe.
.
. . .
.
.
667
668
B. - Le produit brut des récoltes du cacao et du café.
1. - Le Cacao . .
.
670
2. - Le Caf é .
.
.
. .
.
.
.
.
.
672

1 003 .
C. - Le produit des cultures dits de cueillette
.:674
1. - La Cola
674
2. - Les palmistes
.6'/6
II - Composante et mouvement du salaire des travailleurs
agricoles.
.
.
.
. . .
.
.
677
A. - Diversité des modes de rémunération
679
1. -
Les modalités de paiement
.
679
2.
Du salaire à la tâche à l'ABOUSAN (système de
mé toyage)
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
680
B. - Originalité du salaire agricole
La place de la
rétribution en nature . . . . .
684
1. - Le déclin du salaire en nature
. . .
684
2. - La résistance du ",oa!a-tJte. Yl.ouJtJtLtuJte."
. • • • •
686
C. - Compléments du salaire et problème de l'évolution
totale des gains .
.
. .
.
.
.
. . . • . . . . . .
688
1. - Les dro i ts
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
. 6g8
2
Les prestations patronales
i?9
0
-
D. - L'évolution des rémunérations
CHA PIT R E
XV
LA SuœORDINATION AU MARCHE
LE MORONOU FACE A LA CRISE
AGRICOLE .
. . .
696
1. - L'impact de la crise dans le Moronou .
.
.
. . .
.ô97
A. - Recul du profit, mouvement de production variable.
·698
B. - L'inégale répercussion de la crise dans le Moronbu.
'la)
1. -
Des
planteurs éprouvés.
.
.
70)
2. - Le commerce en difficulté
.
708
II. - La sensibilité des esprits à la Crise économique . . . .
711
A. - La perception de la crise par les contemporains . .
711
B. - La recherche des responsabilités
.

1 004.
1.
-
La mise en cause du commerce .
715
2. - La responsabilité de l'Administration
'!l6
C. - Les Causes de la Crise . .
717
III. - La protestation des planteurs.
721
A. - L'organisation des Associations en groupe de
pression . .
723
. . .
1.
Quelles sont ces associations ?
. . . .
. 724
2.
- La nature des interventions.
. . ..
726
B. - Le roi Boa Kouassi et la défense des intérêts des
.728
planteurs de la région Est de la Côte d'Ivoire.
C. - Un objectif souhaité
la représentation du monde
agricole africain au Conseil supérieur de l'A.O.f ....
,730

005.
Page
QUATRIEME PARTIE
UNE SOCIETE EBRANLEE DANS SES FONDEMENTS
ET DANS SES STRUCTURES, A LA RECHERCHE
D'UN NOUVEL EQUILIBRE
.
732
CHAPITRE XVI
EVOLUTION DE LA POPULATION ET DES STRUCTU-
RES SOCIO-ECONOMIQUES AU COURS DE LA
PERIODE COLONIALE
.
735
1. Sources et Méthode d'Approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . .
7)6
A. Le Problème des Sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
736
B. Méthode d'Approche . . • . . . . . . . • . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . .
738
II. Mouvement naturel et migrations . • . . • . . . . . . . . . . . . . . . • .
740
A. Les Composantes démographiques....................
740
1. La population enfantine . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . • .
742
Z.
La mortal i té
' . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
745
B. Les migra tions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
748
1 .
Les migrations internes au Moronou . . . . . . . . . . . • .
749
Z • Les mitrations inter régionales
.
752
3 .
Les migrations en Go Id-Coas t
.
755
4.
L'immigration
756
III. L'évolution socio-économique à l'époque coloniale:
le reflux de la Société traditionnelle
..
761
A. La structure de production à l'époque des
cultures spéculatives: Une structure superposée ...
762
1.
La cellule de production domestique
..
76j'
Z.
La cellule de production étrangère
..
766
B. Les transformations de
la société du Moronou :
l'apparition de nouvelles catégories socio-
économiques
.
770
1.
Les
transformations du monde rural:
appro-
priation du sol et exploitants
.
771
a) Sources et méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . .
?71
b)
L'~~olution des parcelles de cacao et de
ca Le
.
c) Typologie et évolution des planteurs
.
Z. L'apparition dans le Mo r o nou de nouvelles
catégori e s soc i a le s
.
775

1 006.
a)
L'irruption du commerce européen . . . . . • . . . . . . . .
b)
L'apparition de nouvelles structures artisa-
nales
.
778'
CHAPITRE XVII: LES CONDITIONS D'EXISTENCE DU MOROFWO .. . . • . .
780
1. La densité du t r av a i l .
780
A.
Le travail agricule quotaci.en e t annuel: sa const.ance ,
~a r8gu.lari t.è eT, sa dur", Lé • • • • ! .,..
• •

• •
• • •
781
B. Le travail prestataire . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . ... . . . .
783
786
II.
L'évolution du niveau de vie
.
A. Une situation matérielle en progrès
787
1. La dureté des premières années coloniales
787
2. L'évolution des conditions matérielles:
a 1 i men ta t ion, vêt e men t s e t log e men t .. . . . . . .. . ..
7S9
79'2.
B. L'alcool isme, un fléau pour le Moronou ?
.
C. Le progrès des soins médicaux et de l'hygiène
795·
D. Pouvoir d'achat et ressources réelles
796
1. Le revenu mané ta i re . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
71.)8
2. L'autoconsommation, une ressource non
négligeable
.
802
3. Nouveaux besoins et dépenses
.
803
E. Des conditions d'existence inégales
.
805
CHAPITRE XVIII: MOBILITE ET STRUCTURES SOCIALES
.
S07
1.
Une structure sociales traditionnelle fortement
ébranl ée ..... , . . . . . . . . . . . • . . . • . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . ..
80Q
A. Le reflux de la hiérarchie traditionnelle
S08
1
L
d
809
.
a perte
u pouvoir politique
.

1 007.
2. La perte des privilèges matériels et
économiques
811
3. Le poids financier des charges administratives ...
81]
B. La montée du "captif" dans l'échelle sociale
815
II. La nouvelle stratification sociale . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • .
816
A. Tensions sociales et modifications.des institutions
t rad i t i 0 nn e Il es
.
816
1. Tensions sociales entre Agni et immigrants
.
816
2. Désorganisation de la Communauté villageoise
.
819
B. Tensions au niveau des relations familiales
.
821
1. Le bouleversement de la hiérarchie des
.i.n t
821
é
r ê t s
•.•.•.••.••••.•••••••••••••••••••.•••••
2. Attitude à l'égard du dja (trésor familial)
une certaine désaffection . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . .
82::;
C. Comment se décompose la société du Moronou ?
.
B25
1.
Les grands planteurs
.
826
2. Les autres planteurs . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . • .
-829
3. La main-d'oeuvre agricole . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . .
831
4. Commerçants et artisans . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .
834
Conclusion .
.
. .836
Annexes
.
-.846
863
Sources et Bibliographie
.
Index des noms de personnes
970
Index des noms de lieux et de peuples
.
979
T'able' des annexes
.
:-·988
Table des figures ......................................
·.989
Table des matières ................................. .....
'1 001
,