UNIVERSITE DE BORDEAUX III
U.E.R. de Lettres et Arts
RECHERCHES sur le VOCABULAIRE de la SATIRE SOCIALE
chez ARISTOPHANE
GREKOU Zadi
1983
THESE
pour le Doctorat d'Etat de Lettres Classiques
CEtudes grecques)
Directeur:
Monsieur le Professeur Paul BURGUIERE
Co-Directeur :
Monsieur le Professeur Jean-Marie JACQUES
A la mémoire de mon père.
A la mémoire de mon Frère ainé.
A ma Mère.
A mon Epouse.
A mes Enfants Estelle-Barbara,
Dimitri-Hugues-Gildas,
Aristide-Edwin.
A mes Frères et Soeurs.
A tous les Miens.
A mes Beaux-Parents.
\\
A tous ceux qui m'ont apporté leur soutien moral
et leur
précieux encouragement.
ABREVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=
On trouvera dans la rubrique "Notes" les références dé-
taillées des travaux auxquels nous avons eu moins fréquem-
ment recours. Nous donnons ici une liste d'abréviations qui
concernent seulement les ouvrages le plus souvent cités
dans cette étude ou commodément cités en abrégé.
En effet, pour ne pas grossir démesurément le présent
"corpus", nous nous sommes servi
des sigles en usage dans
LSJ 9
et Bailly (à propos de certains noms d'auteurs),
qui sont suffisamment familiers ou clairs par
eux-mêmes.
Pour ce qui concerne
- les auteurs
B.P. = Buck et Petersen (voir infra, Bibliographie)
Kr.
= Kretschemer (voir infra, ib.)
T.
= Taillardat (voir infra,
ib.)
N 2
= Nauck
(voir infra, ib.)
F.V.S./V.5. = Diels (voir infra,
ib).
P.P.F. = Diels (voir infra, ib.)
- les dictionnaires
D.E.G. = P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la
langue grecque (voir infra, ib.)
O.E.L. = Ernout et Meillet, Dictionnaire étymologique de
la langue latine (voir infra, ib.)
- le lexique
Hesych. = Alexandrini Hesychii Lexicon (voir infra, ib~)
- les pièces
Ach. = Les Acharniens
A.F. = L'Assemblée des Femmes
Cav. = Les Cavaliers
Gren. = Les Grenouilles
Gu. = Les Guêpes
L. = Lysistrata
Nu. = Les Nuées
O. = Les Oiseaux
P. = La Paix
Pl. = Ploutos
Thesm. = Les Thesmophories
Nous avons utilisé les éditions des Belles-Lettres,
a~xquelles nous empruntons habituellement la traduction
des passages cités.
Les références aux revues sont données au moyen des
abréviations usuelles.
A V A N T
PRO P 0 5
On connatt le rôle que jouent les fêtes périodiques
dans la vie grecque antique. Les cérémonies qui accompa-
gnent ces festivités agraires sont considérées comme des
sortes de retraites permettant à l'esprit de se délasser
pour un instant
avant que le cours normal de la vie
quotidienne reprenne ses droits. Pour tout dire
la
méchante comédie rachète la tragédie. D'où la double
tendance à l'obscénité et à la satire, dont les pièces
d'Aristophane sont un vivant exemple.
Remarquons cependant que, si variée et intense qu'ait
été son oeuvre, celle-ci n'aurait figuré qu'un songe entre
deux néants, comme du reste celle de ses prédécesseurs,
contemporains et parfois rivaux dont il ne reste que des
fragments,
si
onze de ses comédies dans lesquelles il
apparalt comme un grand écrivain n'avaient été conservées.
Grand écrivain à sa manière, qui est unique: son
génie, en effet, n'est pas seulement dans la phrase, le
choix des mots,
••• , mais encore dans son pouvoir de
ressuciter le passé, de le faire en quelque sorte à ja-
mais présent et vivant pour chaque spectateur, voire
pour chaque lecteur, en un mot, de rendre les portraits,
les vices ou les défauts, intemporels.
Aristophane a vécu librement et a ri librement de
ses comptemporains, certes, à l'instar des autres poètes
comiques, mais avec pour seule et unique règle, secrète
et informulable au demeurant, celle de choisir la seule
couleur, la seule note, le s~ul éclairage aptes à donner
la vraie vie, la vie posthume à bien des personnages et
à bien des travers sociaux engloutis par sa verve comi-
que.
Témoin de son siècle, Aristophane est aussi poète
de son siècle. Il le crée, pour ainsi dire, en le moquant
plaisamment; il en fait une oeuvre d'art et c'est à
travers elle qu'il dure.
Et pourtant, d'après l'état présent de la recherche,
rares sont les études qui concernent proprement le vo-
cabulaire de la satire tant chez lui que chez tel ou
tel de ses prédécesseurs ou contemporains. Les travaux
récents de Taillardat et de Spyropoulos (voir Bibliogra-
phie, infra), par exemple, de caractère général, enten-
dent donner un aperçu général de ce vocabulaire dans
l'oeuvre du poète comique. C'est assez dire qu'il s'agit
d'un domaine qui offre à la recherche un champ vaste
et varié, qui reste encore incomplètement exploré.
Voilà pourquoi nous avons entrepris ce travail qui
vise à décrire certains aspects du t~~o5aristoPhanien.
Cette étude comprend quatre parties et porte sur les
mots-véhicules de la pensée d'Aristophane.
Différentes raisons nous ont guidé dans le choix
de la méthode qui consiste à partir des notions et non
des mots, comme cela est d'usage dans les études de
sémantique historique : les témoignages périphériques
offerts par les dissertations historiques ou littéraires
éclairent, semble-t-il, l'étude étymologique et morpho-
logique et montrent mieux l'évolution sémantique que
chaque mot ou expression métaphorique est censé avoir
connu d' Homère
à Aristophane ou même après; d'autre
part, nous pensons qu'au plan de la sémantique
comme
de la grammaire,
"il n'est pas de grammaire qui ne doive
être "historique", si l'histoire ••• garantit l'authenti-
cité d'un fait de langue ou fournit une explication rai-
sonnable de son origine et de la place qu'il occupe hic
et nunc dans une chaIne continue", étant entendu que
"la valeur d'une forme ou d'un tour ne se justifie que
pour une époque donnée. Elle se déduit de la place que
cette forme ou ce tour occupe parmi d'autres" (R.l.
Wagner et J. Pinchon, Grammaire du français classique
et moderne, Paris, 1972, p. 7 et 8).
En outre, comme le sens d'un mot se définit par
la somme de ses emplois, il a fallu faire une descrip-
tion fondée sur une philologie exacte, aussi complète
que possible, entendons exhaustive, qui fait ressortir
l'emploi et la valeur des formes. C'est pourquoi nous
avons tenté de proposer dans une étude lexicographique
mise en relief par des notions une répartition sémanti-
que de mots,
de dérivés dénominaux, ou de formes déver-
bales affectés des suffixes spécifiques. Nous avons tenté
d'y ordonner la totalité des faits engagés au point de
vue de la "langue" en essayant de définir la fonction
spécifique de chaque élément suffixal.
Afin de dégager la dynamique de la verve comique
d'Aristophane,
nous n'avons pas manqué de retracer
l'éclosion et le développement de telle ou telle ter-
minologie
avant tout technique et scientifique, due
à une sorte de provignement, à une poussée par groupes,
où l'on voit surgir des mots de base une infinité de
rejetons.
Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que l'étude
des formes apparentées à chaque famille de mots nous ait
parfois entratné fort loin. En effet, sans avoir voulu
dresser une liste exhaustive des verbes et substantifs
dérivés, des composés dont chaque groupe est constitué,
on ne s'est pas toujours abstenu de citer des mots ou
expressions de beaucoup postérieurs au Ve siècle
parce
que précisément leur signification présente de l'intérêt.
Ainsi se trouve illustrée par la force même des choses
la variété de ce vocabulaire et son aptitude à se renou-
veler.
En vérité, Meillet n'a pas eu tort de remarquer
quelque part que les études lexicographiques sont des
"monstres dévorants", si l'on en juge par la série accu-
mulative d'exemples pourtant nécessaire, mais qui parat-
tra fastidieuse à plus d'un lecteur. Or, même si elle
ne souligne pas toujours clairement l'importance respec-
tive des catégories constituées, elle permet tout au
moins d'extirper tant le scrupule que le soupçon d'avoir
éludé certaines difficultés de classement et d'explica-
tion. N'est-il pas patent qu'à travers la masse des
matériaux colligés, des problèmes se posent, multiples
et complexes, qui touchent parfois aux principes mêmes
de la sémantique ?
Il va sans dire qu'on ne peut se flatter de n'avoir
rien omis. Notre connaissance de l'allemand étant très
limitée, pour ne pas dire insuffisante, nous avons dû
renoncer aux nombreux emprunts qu'offrent les textes
en allemand. On a tenté chaque fois que cela a paru possi-
ble de pallier cette carence linguistique par la substitu-
tion d'un document en anglais ou en français.
Point n'est besoin de dire que nous portons seul la
responsabilité des opinions émises ici. Mais qu'il nous
soit permis
en terminant, d'exprimer notre profonde
t
en terminant, d'exprimer notre
t
reconnaissance à ceux qui ont facilité notre tâche.
Monsieu~ Paul Burguière, notre MaItre, qui, nous ayant
proposé ce sujet, a orienté nos recherches et nous a
aidé à les circonstrire ; il-
nous a aidé à reviser le
manuscrit, il a discuté avec nous des principales diffi-
cultés , il nous a fourni une foule de suggestions ingé-
nieuses et profondes: le meilleur de ce qu'on trouvera
dans ce travail vient de lui. Qu'il en soit infiniment
remercié !
Monsieur Jean-Marie Jacques, notre second Maitre,
qui en a vu le manuscrit, et nous a suggéré bien des
améliorations évidentes, a veillé à la correction du
grec et à la convenance des traductions, nous a proposé
de judicieuses modifications jusqu'au dernier moment.
Nous n'avons jamais fait appel en vain à son autorité,
à son inlassable bienveillance. Nous sommes heureux de
pouvoir lui exprimer ici notre gratitude.
Il nous est impossible de nommer toutes celles et
tous ceux qui nous ont apporté leur aide, d'une manière
ou d'une autre. Nous tenons pourtant à dire de quel
secours précieux nous ont été les conseils de Madame
Germaine Aujac, Professeur à la Faculté des Lettres de
Toulouse-Le Mirail, de MM. Jean Taillardat, Professeur
à Paris-Sorbonne, François Trouillet~ Maitre-Assistant
à la Faculté des Lettres de Poitiers.
l N T R 0 DUC T ION
2
En qualifiant la comédie attique de "miroir de la
vie", les Anciens ont voulu sans doute signifier qu'elle
reflète à maints égards les multiples "facettes intempo-
relles" de la condition humaine. Entendons que la comédie
attique, en général, et celle du dernier quart du Ve siè-
cle, en particulier, paraIt être, selon Jaeger (1),
"l'épopée [même] de l'existence quotidienne". Car, "plus
que tout autre art [poétique, elle ]est liée, ajoute encore
Jaeger (p. 411), aux réalités du temps et de l'endroit".
Cette caractéristique la rend intéressante au plan de
l'histoire puisque dans toutes ses manifestations la comédie
vise à représenter certains aspects intemporels de l'humani-
té que d'autres genres poétiques tels que l'épopée et la
tragédie, qualifiées de "nobles", et qui sont censés
présenter une humanité supérieure ont passés sous silence.
On s'aperçoit effectivement que si la tragédie et la
comédie sont présentées comme deux expressions dérivant
du même instinct naturel d'imitation, celle-là n'est pas
moins définie comme
résul tant,à en croire Jaeger (lb.) /
"du désir éprouvé par les âmes nobles de copier les grands
hommes, les hauts faits et les vies illustres" (2).
Ne lit-on pas, en effet, dans Aristote (Poet. 6. 1449
b 24)
:
"Donc la tragédie est l'imitation d'une action
de caractère élevé et complète, d'une certaine
étendue, dans un langage relevé d'assaisonne-
ments d'une espèce particulière suivant les
diverses parties, imitation qui est faite par
des personnages en action et non au moyen d'un
récit, et qui, suscitant pitié et crainte,
opère la purgation propre à pareilles émotions".
3
C'est assez dire implicitement qu'au commencement de
la comédie fut l'instinct naturel du simple et vulgaire
humain de singer ce qui paraIt mauvais, blâmable et mépri-
sable. Comme Aristote (ib. 2. 1448 b 24 cf. ib. 2.1448 a 1)
le révélait déjà en ces termes:
"La poésie se divisa suivant le caractère propre
des auteurs: les auteurs à l'âme élevée imitaient
les belles actions et les actions des hommes de
mérite; les auteurs vulgaires imitaient les
actions des hommes vils, composant d'abord des
"blâmes" comme d'autres composaient des hymnes
et des éloges".
r,-
Autrement,. di t, . si tragédie et comédie sont ~es
t'-'-
~E: '- ~
au meme tl tre que les autres genres poetiques,
la première serait plutôt une ~~r-"\\~\\..~ lT~~E:W~ ~rr()vSo({c{S
entendons l'imitation d'une action (rrfâtSl.s) qui,
sou-
4
ligne
Butcher
(o.c •. , p. 241)
, n'est "ni ridicule
(O~ÂO~~)' ni moralement triviale (toC.~11)'" et donc
a rapport avec une fin grave qui n'est autre que le
bonheur (~0~ol""rOV~~)' ce bien-être qui est la vraie fin
de la vie. La tragédie serait en quelque sorte la peinture
de la destinée humaine •. Pour tout dire, son caract~re
grave et religieux donne au po~te quelque chose de sacer-
dotal et d'éminent.
Nous lisons quelque part dans Aristote (ib. 6.1449
b.2S)
:
"J'appelle "langage relevé d'assaisonnements"
celui qui a rythme, mélodie et chant ; et
,
j'entends par "assaisonnements d'une espece
particuli~re" que certaines parties sont
exécutées simplement à l'aide du m~tre, tandis
que d'autres, par contre, le sont à l'aide du
chant".
Sans rejeter systématiquement la dichotomie aristo-
télicienne, il n'est pas interdit d'observer cependant
que définir la tragédie voire l'épopée par des"règles"
de composition et de style semble artificiel. Il est bien
vrai
que chacun de ces genres dits "nobles" est né dans
un contexte et à une période bien déterminés: c'est
5
l'avènement d'une société "théorique" et d'une aristocra-
tie guerrière qui a engendré l'épopée; en revanche,
la
tragédie est née des préoccupations tant religieuses que
morales des cités grecques. Ensuite, comme Hodgart (3)
le note,
:
"Chacun s'est établi ( ••• ) dans un cadre
conventionnel, chacun a été codifié par des
critiques littéraires et imité par des géné-
rations d'écrivains de telle sorte que les
normes de l'épopée et de la tragédie se sont
maintenues pendant des siècles".
Toutefois
ce ne semble pas être une gageure de
dire que toutes les formes de poésie agressive (la morgue
ou l'invective, l'insinuation subtile visant les vices ou
défauts de l'homme) peuvent se donner
libre cours dans
n'importe quel genre poétique. Par conséquent, nous ne
pensons pas que le monde homérique ait été privé d'hommes
capables de traduire avec une sensibilité exquise les
différents aspects de la société de cette époque: à savoir,
l'expérience de l'amour et de la mort,
les délices et les
misères ••• Car~il est indéniable qu'une société, fût-elle
"lettrée" ou censée "illettrée", "possède une haute culture
littéraire où presque tous les genres de littérature savante
apparaissent plus ou moins distinctement, présentés parfois
avec une adresse poétique ou narrative", relève avec perti-
nence Hodgart (o.c., p. 15). Dans ces conditions, rien
d'étonnantà ce qu'on y relève
rro<..e cit rr\\o~<t>OKC<xV
des morceaux satiriques soit très visiblement, soit parfois
fragmentairement dans des séquences sentimentales et mélo-
dramatiques.
L'exemple le plus simple de la première espèce (invec-
tive, moquerie) est d'abord le nom même de Margitès . qui
6
"
...
,
'"
....
4
fait allusion a la fois au poeme attribue a Homere
et au
héros proverbial de même nom qui désigne,
selon La Souda,
un type de lourdaud ridiculisé parla comédie.
On relève ensuite "contre toute attente",
dans l'Iliade,
quelques morceaux satiriques qui peuvent para!tre comme
des témoignages de comédie populaire. Il va sans dire que
les personnages qui en sont la cible sont décrits comme
des êtres ubuesques. Nous avons, à cet effet, deux exemples
assez significatifs:
- Thersite (c'est-à-dire l'Effronté) présenté comme
agitateur vulgaire et hideux est livré aux rires malicieux
de la populace, celle des Argiens (2.212-219, 244 sqq).
C'est sans doute une certaine manière de flatter les ins-
tincts de la foule.
- les Olympiens eux-mêmes se transforment en un audi-
toire amusé qui assiste à un spectaële comique. Comme en
témoigne la farce divine qu'Arès amoureux et Aphrodite
sont bien malgré eux obligés de jouer (21.416-417)
(5).
Quelles réflexions suggèrent ces témoignages ?
On sait que pour les Anciens Grecs tout être doté
d'attributs humains peut éprouver une "émotion héroïque"
et des sentiments emprunts d'une grave dignité, mais
disposer aussi de la faculté et du désir de rire. Or, les
dieux que la pensée grecque considère généralement comme
tout-puissants
sont moqués ici comme dans un drame comique
qui plus est, ces divinités se mettent à rire comme de
simples et vulgaires humains. Par conséquent, l'humeur joy-
euse de ces divinités homériques nous induit à penser que
la comédie n'est pas un genre réservé uniquement à une
7
humanité inférieure au point de lui assigner dans son
ensemble une valeur artistique et une portée spirituelle
moindres que celles de la tragédie.
En outre, ces témoignages démontrent, en dépit des
assertions d'Aristote (supra), que finalement toute vie
peut être interprétée à la fois comme une tragédie et
une comédie (Plat., Phlb. 50 b). C'est donc à juste titre
que Platon (Le Banquet
223 d) fait dire à Socrate que le
vrai poète doit, dans son art, mêler les tires et les
larmes.
Bien sûr, réagir au monde par un mélange de rire et
d'imagination est loin d'être le comportement le plus
noble, encore moins celui qui favorise le plus les bonnes
oeuvres et le grand art. Et pourtant, depuis des millénai-
res, chaque époque n'a pas manqué d'hommes dotés d'esprit
mordant, déterminés à venger leurs contemporains par ce
mode d'expression verbale. Ici, ils sont qualifiés d'au-
teurs comiques, là, de poètes satiriques, ailleurs, de
moralistes, "pas de moralistes pathétiques et touchants,
mais de moralistes profonds et accusateurs: réformateurs" (6).
Fait curieux ! En effet, le premier des poètes sati-
riques du Ve siècle, dont l'oeuvre (Il comédies) nous a
été conservée à la différence de ses confrères (prédéces-
seurs, contemporains et parfois ses rivaux) qui furent
pourtant souvent plus heureux que lui aux concours,
fut Aristophane qui sut exploiter avec ingéniosité toutes
les recettes satiriques dans ses drames.
Mais
au fait,
qu'entend-on par "satire", expression
au demeurant polysémique ?
8
Primitivement
à Rome, satura (sc. lanx) puis satira
(à l'époque impériale) a désigné par dérivation en litté-
rature une sorte de pièce dramatique, où il y avait un
mélange de musique, de paroles et de danse. Les satires
d'Horace et de Juvénal en sont les exemples.
Pour l'essentiel, il s'agit d'une "oeuvre littéraire
d'une espèce particulière où le vice, les folies,
les
stupidités, les malhonnêtetés, etc., sont tournés en ridi-
cules ou rendus méprisables" (7).
En fait, si l'on fait fond sur l'explication des
anciens
relative à ce mot, -"mais qui a chance d'être
d'étymologie populaire"-, comme Ernout et Meillet (qui
citent les sources) l'ont dit (D.E.L.), satura (sc. lanx),
c'est proprement "une macédoine de fruits, de légumes,
un mets composite".
Selon le Littré, la satire est un "ouvrage en vers
fait pour censurer, pour tourner en ridicule, les 'vices,
les passions déréglées, les sottises des hommes".
A quoi le Larousse encyclopédique ajoute : "Par exten-
sion, simple écrit ou discours dans lequel on tourne
quelqu'un ou quelque chose en ridicule".
Et le Petit Larousse de renchérir:
"Blâme indirect :
certaines louanges sont des satires". Le mot, y commente-
t-on, "peut aussi être appliqué collectivement à toute
oeuvre littéraire de ce genre et à l'art d'écrire ces
ouvrages".
Enfin, le Shorter Oxford English Dictionary livre
l'acception suivante:
9
"Emploi oral ou ~crit du sarcasme, de l'ironie,
du ridicule, etc., pour dénoncer, d~voiler ou
railler le vice, la folie,
les malhonnêtet~s
et to~ts de toutes sortes".
Autrement dit, un proc~dé applicable à tous les modes
d'expression, tant il est vrai que les frontières de la
litt~rature ne sont jamais très exactement définies.
Par cons~quent. la satire ne constitue pas, semble-t-il,
une cat~gorie bien d~finie. Bien au contraire! C'est une
expression commode qui couvre bien des oeuvres ayant des
caract~ristiques communes. Cependant
elle appara!t le
plus souvent dans la com~die. Aussi pensons-nous qu'il
serait légitime d'appliquer aux pièces d'Aristophane les
acceptions propos~es par le Larousse ou le 5horter Oxford
English Dictionary. C'est-à-dire d'une manière g~n~rale,
l'art de brocarder tel ou tel individu, telle ou telle ins-
titution. En fait,
le 'fd1~SqUi se sert du sarcasme, de
l'ironie ou du ridicule pour fustiger le vice, les person-
nalit~s ••• na!t d'un ~tat d'esprit critique et agressif,
de l'~coeurement suscit~ par les travers des contemporains.
On comprend donc que si les occasions de railler ne man-
quent pas ses ressorts paraissent ceux de la nature humaine
au point même de les rattacher quelque peu à quelque chose
de plus ancien, comme la psychologie des ani~aux.
On sait, en effet, que les animaux ne s'attaquent
g~n~ralement qu'à leur propre espèce, et que la hi~rarchie
qui assure le fonctionnement de leur groupe est ~tablie par
des attaques ouvertes qui s'engagent entre eux, tels que les
coups de bec, les parades menaçantes qui s'achèvent par la
soumission de l'inf~rieur. Tout porte donc à croire que
certaines expressions du mépris humain, à savoir, la moue,
le rire moqueur, semblent provenir de là, et que l'instinct
satirique se rapprocherait alors sans doute beaucoup plus
10
de ce comportement agressif que des rapports conflic-
tuels entre lesdites espèces animales. Nous en donnons
pour preuve le fait que conscient de sa supériorité,
l'auteur satirique, et plus singulièrement le poète
comique, tend à modifier sa colère dans ses drames, car,
note Hodgart (P. Il sq)
, "il veut faire perdre la face
à sa victime, et le meilleur moyen de l'humilier est de
lui infliger un rire méprisant".
Pour ainsi dire, la critique des individus et partant
de la société, dégagée de son support habituel, se trans-
forme en une sorte de jeu supérieur qui révèle au poète
comique ses responsabilités sans pour autant lui retirer
les plaisirs gratuits de la fiction. Car, il ne dépeint
pas objectivement, on s'en doute, ce qu'il constate puis-
que le réalisme serait accablant. En fait, ce qu'il propose
•
habituellement à son auditoire
est une sorte de travestis-
sement destiné à attirer son attention sur la réalité
tout en lui permettant d'y échapper. En vérité, le poète
comique doit combiner l'attaque furieuse avec une vision
fantastique du monde. Certes, son but est d'amuser, mais
aussi de persifler plaisamment les problèmes vitaux de la
société et montrer, souligne à just~titre Hodgart (p.13)
"des j ardi ns imagi n ai res pl ei n s de ct,apauds t rè s réel s" •
C'est un fait que la fantaisie grotesque et le réalis-
me suggestif grâce auxquels Aristophane a su créer dans
ses comédies ce mélange particulier de réel et d'irréel
sont les deux éléments originels de l'orgie dionysiaque,
dont on perçoit l'écho dans la comédie antique, en général,
et dans celle d'Aristophane en particulier, représentée
aux grandes dionysies.
N'est-il pas manifeste que ce komos d'ivrognes qui
marque les fêtes agraires repose sur l'idée fondamentale
1 1
selon laquelle les lois, les interdits, les règles morales
d'une société, qui sont censés protéger l'édifice social
paraissent intolérables parfois ? Aussi
le rejet périodi-
que de ces tabous constitue-t-il une sorte de catharsis
après laquelle la vie normale reprend ses droits et lesdits
tabous s'imposent plus que jamais. Rien d'étonnant à ce
qu'en ces occasions
il soit permis de tenir les propos les
plus scandaleux sur les lois et sur la politique de la
Cité-Etat. Ça et là, ce sont les plaisanteries débridées
du choeur, les sarcasmes lancés au public, les interpella-
tions de certains individus aux fins de déverser sur eux
un torrent de brocards injurieux. Les dieux ·eux-mêmes n'y
échappent pas : les scènes relatives à la procession
solennelle qu'on effectue lors des fêtes de Cérès ou à la
célébration des Mystères d'Eleusis en sont un éChantillon (8).
En un mot, toutes ces fêtes,
nombreuses du reste à Athènes,
impliquent le blasphème, l'obscénité et la sub~ersion dans
l'ordre social
puisque même les femmes et les esclaves
recouvrent pour un instant toute liberté de parole. Elles
présentent sous forme de mimes et de chansons des parodies
de ce que la Religion et l'Etat traitent le plus sérieuse-
ment. Pour tout dire, l'essence du komos ici,des Saturnales
ou du Carnaval, ailleurs, semble être la glorification de
l'irresponsabilité, voire de l'anarchie.
Il convient peut-être de relire ici les explications
de Paul Mazon (ap. Zimmer, o.c., p. 13-14) relatives à la
nature même de ces fêtes :
" ••• Toutes sont des fêtes agraires, où l'on
cherche à provoquer la fécondité du sol par
des cérémonies magiques, symbolisant l'union
des femmes avec le démon chthonien d'où dépend
la fertilité des terres. On comprend aisément
dès lors que toutes les formules se rapportent
à la reproduction. Mais, peu à peu, le sens
12
primitif de ces formules s'est perdu et les
fidèles les ont transformées en improvisa-
tions ordurières. Et c'est là un état d'esprit
qwi s'observe dans bien des religions. Les
fêtes sont des sortes de retraites: les
fidèles se séparent pour un temps de la socié-
té, et par là même, ils éprouvent une tendance
à croire qu'ils font preuve d'autant plus de
piété qu'ils rompent plus brutalement avec
les usages de cette société, qu'ils conservent
moins le respect des autres et d'eux-mêmes,
les égards dus aux préjugés mondains et à la
simple pudeur. D'où une double tendance à la
satire et à l'obscénité. Quand cet état d'es-
prit n'est pas corrigé par un enseignement
doctrinal qui le détourne dans un autre sens
et le transforme en mysticisme ardent, il
tend au contraire à l'animalité. Il est en
tout cas piquant de constater que ce qu'il y
a de plus grossier dans la comédie antique
est justement ce qu'elle doit justement à son
origine religieuse."
Par conséquent, les poètes comiques ne doivent plus
se contenter d'attaquer avec fureur les gens et les
moeurs qu'ils jugent répréhensibles, mais de créer égale-
ment un monde de rêve, qui est une inversion ou un tra-
vestissement fantastique
du monde réel. Comme cette cité
imaginaire, "cette utopie ou anti-utopie", dirait Hodgart
(p.24), où les femmes n'hésitent pas à s'emparer du gou-
vernement démocratique dans Lysistrata. Ou encore dans
l'Assemblée des Femmes (vv. 24 sqq.), pièce dans laquelle
Aristophane imagine une plaisante conséquence de la dégra-
dation des affaires de la cité.
13
On y lit (9) que "celles-ci, déguisées en hommes,
doivent, sous la conduite de l'une d'entre elles,
Praxagora, se rendre à la Pnyx, aujourd'hui-même et
proposer aux citoyens, appelés à délibérer, un décret
ayant pour objet de confier désormais aux femmes les
affaires de la cité".
Nul doute que les comédies d'Aristophane considérées
à bien des égards comme des pièces à thèse et surtout
comme les meilleurs morceaux satiriques 0nt emporté plus
d'un spectateur du Ve siècle dans le monde enchanté de
l'imagination. Mais les propos qu'il y a tenus s'étendent
au~monde réel, au monde en dehors de la scène. Il s'agit
de propos portant sur les questions politiques et morales
auxquelles l'auditoire devra faire face, une fois la
représentation terminée. En somme, le dessein d'un instant
d'Aristophane, ou même de tout poète comique, est de
"dégonfler" tous ceux qui réclament un respect indu,
entendons, les imposteurs ou charlatans , les héros de
pacotille.
Il est indéniable qu'un des traits remarquables de
son théâtre, dont la galté touche parfois au tragique
(par exemple, dans les Grenouilles), - si tant est
qu'Aristophane est doté du masque de rieur outrancier-,
est d'avoir su faire rire son public tout en assignant
comme but à sa verve comique grave et acérée l'édifica-
tion morale d'un instant de l'auditoire. Autrement dit,
de jouer le rôle de censeur à Athènes. Car, son théâtre,
- à l'instar de ses prédécesseurs
certes, mais de façon
plus tranchée peut-être -, s'identifie avec l'expression
A '
~
me me du 't'<:> D0 oS, en t ~~ don sie b1am e, 1e r e pro che, ter me
qui est l'opposé de tëlt'o(\\.V~S ou "louange", dont on perçoit
parfois cependant l'écho après que les mêmes personnages,
cible prédestinée de ses attaques, ont disparu. Bien
14
\\11'
,
entendu, à travers ce (oD~~remarquable par l'habilete,
entendu, à travers ce (oD~~remarquable par
l'audace et la vigueur sans pareilles grâce auxquelles
Aristophane se moque, comme naguère Archiloque,de ceux
qu'il désapprouve, fussent-ils les dignitaires de l'Etat,
ou met au pilori les innovations ••• , ce n'est pas le ~eo
voS:,
aristophanien qui se développe, mais au contraire
le d~mos athénien qui s'exprime. En effet, cette notable
,
\\ >< 1
proportion d'invectives personnelles (l..otr-r-'\\.I<eC,\\,..
(l..otr-r-'\\.I<eC.\\,.. lOE:o(\\...
)
et de blâmes (Ào~~o~~~\\... ) agrémentées d'un langage gros-
sier ou in jurieu/x (o(~G'"xf0?..c>r{ol) au lieu d'une délicate
insinuation (0lTo,,01.0(
,cf. E.N. 4.8.1128 a 22) paraIt
dans une certaine mesure le moyen qui permet au peuple
d'émettre ses critiques dans la Cité-Etat. Pour tout dire,
cette critique est une certaine manière pour le peuple de
se délivrer en brocardant non seulement "des hommes en
leur particulier, avec les traits curieux et individuels
de telle ou telle personnalité, [mais surtout]
des hommes
dans leur vie publique et dans la mesure où ils représen-
tent des tendances générales, et toujours valables de
l'humanité" (10).
Autrement dit, si le théâtre d'Aristophane est une
galerie de traits individuels, nul doute qu'au-delà
des particularités des individus, qui sont présentés sous
un jour spécifique, c'est le portrait-type qui est mis en
relief chez le poète comique. En fait, il s'attache à
souligner sur scène ce qui est susceptible d'avoir un
intérêt général pour mieux connaître l'homme et les sen-
timents fondamentaux qui sous-tendent les ressorts de
l'humanité. Par conséquent, les personnages qui peuplent
son théâtre doivent être sentis plutôt comme des figures
historiques, intemporelles, comme d'audacieuses allégories,
voire de. grotesques types de caractères, que comme des
individus soumis à une caricature sans pitié. Socrate,
Cléon, Euripide, sont donc des portraits-types qui
15
représentent certains mouvements en philosophie, en po-
litique et en poésie. Bien entendu, ils sont désignés
sous des noms historiques; qui plus est, quelques traits
qui rappellent les personnalités bien connues leur sont
prêtés, mais il est patent que ces figures comiques n'ont
aucun rapport avec les personnages réels. Cette vraisem-
blance poétique provient simplement de leur qualité in-
temporelle et ne réside pas dans la manière dont Aristo-
phane tente d'esquisser un portrait conforme à la réalité.
Pour ce qui concerne les figures allégoriques mises en
exergue
dans ses drames grâce à son génie et à son pouvoir
d'imagination, tout indique qu'il a utilisé avec ingénio-
sité les ressources que son époque lui offrait, c'es~-à
dire cette audacieuse personnification dont ses devanciers,
notamment Cratinos, se servaient comme moyen d'expression.
Celui-ci, on le sait, avait introduit dans son théâtre,
les N~\\,,()L et les n~~VTO\\... comme choeurs. Toutefois,il
semble qu'Aristophane est allé plus loin qu'eux dans la
conception dramatique par une pente naturelle de son es-
prit. Visant au général, il est amené à raisonner en se
fondant sur des idées actualisées. C'est ainsi qu'en
personnifiant les Raisonnements Juste et Injuste,
il nous
les a décrits comme des chicaniers du tribunal ; il incarne
métaphoriquement le philosophe dans les nuées, les
dicastes dans leur méchante colère et leur hargne, le
genre humain dans ses espoirs ailés.
La même audace vigoureuse le conduit à donner une
forme concrète aux forces et aux tendanees de l'époque,
et à les personnifier dans des individus réels. Tel
paraIt être le cas de Cléon, par exemple, qu'Aristophane
manifestement n'estimait sans doute pas assez pour avoir
éventuellement scrupule à le présenter sous un jour
ridicule. Cléon, c'est, en effet, le portrait-type du
16
démagogue, apte à remuer et à flatter les plus bas ins-
tincts d'une foule.
Il faut observer que le poète ne
peint le personnage que si son portrait peut expliquer
la politique athénienne du Ve siècle.
Dans ces conditions, rien n'interdit de souligner
que chaque pièce est un débat produit sur scène, un ~_
î(~V, au cours duquel les protagonistes symbolisent
des principes opposés. On le remarque dans les développe-
ments de la plupart des parties de la comédie (prologues,
'd..'(~", tel chant du choeur, attaques furieuses dirigées
contre tel ou tel acteur). C'est un "combat" sans doute,
mais un "combat" de dérision. Car, ces principes qui sont
confrontés les uns avec les autres, et qui ne manquent
pas d'ingéniosité, aboutissent aux conolusions les plus
irrationnelles puisqu'elles font abstraction de la cohé-
rence des parties et encore moins du discours logique du
personnage. En somme, tout donne à penser que la comédie
aristophanienne, après avoir transféré les êtres réels
dans un univers où l'on néglige la vraisemblance, les
dépouille de tout ce qui fait leur individualité ou
spécificité pour les affubler d'attributs d'une·classe ou
faire en sorte qu'ils incarnent une idée.
On comprend pourquoi, au lieu d'adopter des noms
h o
°
(V';
l'
,
l ' )
,
h Istorlques courants
l
Istorlques courants
,=v0t-~vof. OV0t"'olTII( ,
les poet es
comiques, et plus singulièrement Aristophane, préfèrent
,
(
" f
"
en creer
lf'Ç:'lto'"il;(:va{
en creer
Q"0r-ot.TcX
<lV0r-ot.TcX
).
) .
Cette tendance generale
qui consiste à "fabriquer" des étymologies fantaisistes,
au demeurant expressives, est devenue, notons-le, monnaie
courante.
Ainsi
on rencontre chez Aristophane, outre des patro-
nymes qui ont une valeur caractérisante ou spécifiante,
du type:::
nuer
oN ~~c{5 ,
[al ~ dési gn ant des esc laves, alors
17
qu'originellement il s'agissait de simples épithètes
descripti~es, - car, ~cI.,,9(ol.5 c'est "blond" et 'lr\\J\\e~o{5
"roux" -
, une série d'appellatifs étymologiquement signi-
ficatifs. Comme Dicéopolis, Evelpidès, Pisthétaire,
.
!1
,~,I
Phidippide .•. ,
survivances (ll) de l''''ol~~\\..'''''''\\ lùCi::~ ou
"satire personnelle"
considérée comme une réponse aux évé-
nements de la vie. A cette série
font écho, rappelons-le,
des noms réels du même modèle: Socrate, Cléon •••
.
1
On peut parler ici d 'un 'fJ0~oS spéci fiquement aristo-
phanien sans doute. Souvenons-nous toutefois que le premier
poète dont il y ait trace dans l'histoire de la littéra-
ture grecque après Homère fut Archiloque (12) postérieur à
Hésiode d'un bon demi-siècle, plus jeune que Terpandre,
poète lyrique de la même époque et contemporain du poète
épique Callinos. Ce poète du VIle siècle passe pour av.oir
inventé l'iambe ou l'invective (À~~~oe~«). En fait, la
célébrité de ce précurseur de la poésie personnelle
repose sur la légende selon laquelle les termes de la
poésie agressive dirigée contre Lycambe qui l'avait trahi
furent si virulents que la honte poussa ce dernier et les
siens à se pendre. Cette attaque furieuse dirigée contre
Lycambe est proférée en ces termes :
"Puissent les vagues l'emporter au loin:
puissent les Thraces à chignon s'emparer de
lui à Salmydessus, loin de ses amis et de sa
famille,
lui faire manger le pain de l'escla-
vage et vider la coupe du malheur ; puissent-ils
s'emparer de lui lorsqu'il sera tremblant de
froid,
le corps couvert de longues algues,
couché sur le ventre comme un chien, écrasé
par le ressac et vomissant l'eau de mer. Et
j'aimerais être là pour le voir, car il a
violé un serment solennel, lui qui fut mon
ami" (13).
18
Il va sans dire que ces premiers balbutiements de
1
la dramatisation du 'Y0~5, qui s'apparentent à maints
égards à l'anathème et à l'insulte personnelle, préfi-
gurent la satire politique et morale d'Aristophane,
qui invite les démagogues et tous ceux du même acabit
de changer de conduite. Mais ne nous méprenons pas !
La morale n'a aucune influence sur les moeurs, tout
au plus elle est ce que les moeurs la font. Observons
que dans ces conditions
la satire est un divertissement
inutile de l'esprit. Effectivement, la satire, pour l'es-
sentiel, doit amuser en même temps qu'elle s'efforce de
réformer. L'amusement, est-il besoin de le souligner,
vient surtout, pensons-nous, du plaisir que procurent
les moyens de langue et de parole utilisés pour arriver à
ses fins. L'agencement de l'ensemble de ces moyens, c'est-
à dire la famille de vocabulaire, se traduit par une série
de procédés. Tels que les nombreux morceaux parodiques,
la présence dans ses pièces de certains termes empruntés
au fonds commun de la langue, leur fréquence intentionnelle,
qui est relative par comparaison avec des poètes précur-
seurs, contemporains et parfois rivaux ••• Tout cela cons-
titue les particularités de son style qui permettent de
donner à sa verve comique un visage nouveau en dépit,
bien entendu, de l'influence indubitable exercée p8r les
genres littéraires de son temps. C'est un fait que les
emprunts au vocabulaire technique (métaphores médicales,
nautiques, agricoles ••• ) et l'emploi des mots dont il
étend et modifie à dessein le sens pour qu'ils puissent
servir à ses excès de langage ne sont pas négligeables,
mais, d'une manière générale, ils définissent moins l'ori-
ginalité de son style que bien d'autres procédés (parono-
mases, homéotéleutes, allitérations, alliances de mots,
jeux de mots ••• ) où se révèle l'influence profonde des
rhéteurs et des sophistes tels que, entre autres,
Protagoras, Prodicos, Hippias, Gorgias, soit que le
poète
19
les leur ait empruntés, soit qu'il les ait marqués,
comme cela est fréquen~, de son empreinte personnelle.
En vérité, Aristophane ne s'est pas privé des ressour-
ces que lui offrait la rhétorique. Il en a usé à l'ins-
tar des autres écrivains de son temps quand elle pouvait
servir ses desseins. Platon, qui se place du point de
vue moral, n'a pas manqué d'observer quelque part,
dans le Gorgias (456 c - 457 c), que la rhétorique
est bonne ou mauvaise, suivant l'usage que l'on en fait.
Et pourtant, dans le préambule du Protagoras (309-312a,
314c - 316a), il se fait le témoin agacé de la tyran-
nique domination de l'invasion rhétorique.
Les ressorts qu'Aristophane utilise et qui contri-
buent pour l'essentiel à créer le caractère original
de son répertoire, dont la variante personnelle ne
manque pas d'ingéniosité, sont fort nombreux.
Ici, c'est l'emploi métonymique des substantifs en
-~ désignant des individus, mais en fait, le résultat
du procès par opposition aux mots en -~~Squi marquent
l'action (14).
Là, pour donner plus de relief et de vigueur aux
"mots qui font balle", c'est le principe antique de la
variatio • Un fait est notable, en tout cas ! Même si
le poète comique ne crée pas stricto sensu des mots
nouveaux, au moins il a eu le mérite tout à fait relatif,
peut-on constater, de détourner le sens d'une racine déjà
connue en greffant sur elle des préfixes ou des suffixes.
Ce procédé, rappelons-le, n'est pas nouveau. Car il
s ' agit, note Huart (~, p. 26) qui ci te les sources,
"d'un usage spécifiquement grec et qui appara!t dans les
textes anciens ••• parce que ce système de la dérivation
~t de la composition, comme -[l'a remarqué] Chantraine à
propos des suffixes en ~\\.5 - ~~-T,5 - \\..\\<.<fs, a fourni
20
aux Grecs "l'équipement nécessaire à une langue philoso-
phique et scientifique".
1
Comme en témoigne l'emploi des mots en -T1~ qui
.
1
~
ont une valeur classificatrice (15), - v""..
v"" oS/_ ~"'<.wSchar-
gés d'une connotation soit classificatrice, soit spéci-
fi ante
ou caractérisante.
Ailleurs, pour obéir au besoin impérieux d'enrichir
et nuancer son mode d'expression, ce sont d'autres
.
le
le:.
le
suffixes plaisants du modèle -~V~S , - \\'ù1S, - l,.ùLOV,
1
1
_\\.0\\1,
-l'JOS,
_l.o(~, -~fLOV, qui sans aller jusqu'à
favoriser l'invention d.'un langage nouveau, du moins
permettent de revêtir les termes archalques qu'il emploie
d'acceptions nouvelles.
Il est indéniable qu'en dépit des marques de mauvaise
foi dont Aristophane publie tant de preuves dans ses
comédies, il s'est appliqué néanmoins à réaliser l'harmo-
nie entre la pensée qui s'acharne dans le faux, et dont
il ne s'est à aucun moment laissé détourner, et le style
caustique mis en relief par des mots qui, à l'occasion,
peuvent "tuer" parce qu'ils véhiculent mensonges flagrants,
faux témoignages, injures
en un mot, toute une "guerre
civile verbale" organisée pour rire plaisamment des vices
ou défauts de la société athénienne.
1
Le ~ooos n'est-il pas effectivement cette attaque
furieuse dirigée contre tel ou tel, cette critique impli-
cite d'un défaut de caractère entratnant la ruine de
quelqu'un qui l'incarne, dont on décèlera les preuves dans
la Comédie nouvelle et plus tard dans l'Avare de Molière
ou ailleurs? Point n'est besoin de souligner, hic et nunc,
que ces traits révèlent la marque d'un véritable écrivain.
21
C'est pourquoi on ne dira jamais que la com~die
d'Aristophane est une satire de toute la vie ath~nienne
du Ve siècle, surtout de la vie politique qui ~tait inten-
se à cette ~poque-là. C'est, remarque à juste titre
Zimmer (p. 71), " une revue caricaturale et po~tique où
d~filent les institutions, les id~es et les hommes,
dans un m~lange de noblesse et de turpitude, de d~licatesse,
de cynisme, de respect des traditionS et de d~sir de
changement, d'orgueil national et d'amour de la paix •••
de l'imp~rieux besoin d'avoir un mattre, et du besoin
non moins imp~rieux de le renverser ••• de g~n~reux
~lans d'enthousiasme, et d'un goût forcen~ de d~nigre-
ment ••• ".
Notre propos est donc d'~tudier de manière exhaustive
les mots-v~hicules de la critique aristophanienne, qui
s'attaque plaisamment aux problèmes vitaux de la soci~t~
ath~nienne. Et si nous avons adopt~ un classement, fût-il
artificiel, c'est afin de rendre plus instructif et plus
pertinent le d~tail de l'analyse philologique qui part
des notions pour aboutir aux mots. Autrement dit, nous
1
voulons pr~senter le ~~oos dans ses manifestations verbales.
Donc
Aristophane s'en est pris
- d'abord au d~tachement caract~ris~ de la religion
des anciens qui est le r~sultat de l'~ducation nouvelle
ayant engendr~ la décadence des moeurs. Celle-ci est
prôn~e par les Sophistes parmi lesquels il fait figurer
malicieusement Socrate qui paraIt pourtant un personnage
beaucoup plus consid~rable que' les Sophistes_:
- ensuite à la d~mission populaire. L'esprit civique
h~rit~ des "Marathonomaques" n'a presque plus droit de
cit~ dans les diff~rentes institutions (l~gislative ou
22
judiciaire, par exemple).
- à l'expansionnisme athénien attisé par la guerre
qui est voulue par des "re!tres" assoiffés de gloire.
- enfin aux questions culturelles qui sont révélatri-
ces, dans l'ensemble, de la mentalité de l'époque. Le
théâtre d'Euripide fait
foi,
à en croire Aristophane,
de l' AufkUiru ng.
Tout porte ainsi à croire que le matériel de notre
étude sera à la fois riche et complexe>et qU'il implique-
ra donc, comme .cela appara!t, la considération de mots
ou expressions divers: hapax, métaphores plus ou moins
banales, originales, créations comiques ••• tous ou pres-
,
que artistiquement agences.
En définitive, entre les multiples aspects de cette
verve comique qui n'est qu'une forme de pensée au servi-
1
ce du ~O~OS,
~o~OS, il faut retenir que c'est l'aspect intel-
lectuel qui sera mis en lumière, parce qu'il s'accorde,
comme Chantraine l'a dit.
(Etudes, ~., p. 29), "avec
l'importance de la langue et de la littérature grecques
dans l'histoire de la culture, et que c'est par là qu'il
exerce sur les langues de l'Europe une influence encore
sensible aujourd'hui".
CHA PIT R E l
LA CRISE DE LA RELIGION
24
La religion grecque est une des expressions essen-
tielles de la vie économique, politique et sociale de
la "polis". C'est, fait remarquer Pettazzoni (16),
"un aspect de la civilisation grecque; de ce fait,
elle en partage le processus formateur et le caractère
composite. Le dualisme initial de la civilisation grecque
se traduit également dans la religion".
Dépouillée de cette spécificité, qui est une de ses
raisons d'être essentielles, elle perd naturellement de
sa vitalité. Certes, nous en connaissons les rites, au
moins en partie ; mais nous ne pouvons entrer que très
malaisément dans cette religion sans textes sacrés, sans
dogmes, et "dont les ministres, loin d'avoir reçu une for-
mation particulière, sont des citoyens chargés d'assurer
la stricte observance des rites traditionnels, sans autre
condition que la dignité personnelle de leur vie".
(17)
Toutefois, entre les dieux et les hommes, il y a une
sorte de convention originelle, un échange réglé d'homma-
ges et de bienfaits d'où dépend la conservation des famil-
les et des cités. Par conséquent, l'Etat (la démocratie),
qui protège la religion
mais persécute la pensée (Pettazoni,
ib., p. 209 sqq.), se réserve le droit d'intervenir pour
sévir contre le citoyen qui viole les lois religieuses
de la cité athénienne.
En fait,
la pensée, c'est, entre autres, Hippon
(Cratin., fE. 153 des Panoptes), Protagoras (Eupol.,
fr.,
146 sq., 490), Prodicos (Ar., Nu. 361, .2.692),
Diagoras (Ar., Gr. 320), Socrate (Eupol., fr.
352, Amips.
fr.9,
Telecl., fr.39 sq., Callias, fr.
12).
Il n'est pas interdit non plus, semble-t-il, de rappe-
ler que l'Etat, à en croire Pettazoni qui cite les sources
25
(p. 209 sq), "dans l'occurrence
est représenté par
Eucrate le meunier, et marchand d'étoupes, par Cléon
le corroyeur ignorant et cagot, par Hyperbole le vendeur
de lanternes, par Lysiclès le marchand de bestiaux, par
Pi sandre et par Cléophon fabricant de lyres".
Or, l'incroyance se répand au Ve siècle (M.P. Nilsson
Geschischte der grechischen ReligioQ l
(2), Munich, 1955,
Xen., Mem. 1.4.2.). On constate ça et là que des "cons-
sciences se détachent plus ou moins
des ci tés. , [qu '}lles
n'adhèrent plus qu'à une communauté spirituelle pour qui
la religion n'a pas de contenu défini,
pas de sens réel".
(L. Gernet et A. Boulanger, ~e génie grec dans la religion -
La Renaissance du livre - Paris 1932, p. 352).
Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que le jeu
subtil des partis exploite à des fins politiques sans doute
les poètes comiques imprégnés des traditions paysannes,
et qui, du reste, ont "introduit dans le milieu urbain
quelque chose de leur traditionnalisme 'rural" (Pettazoni,
p. 183) au point de les "mettre à l'unisson du programme
conservateur" (ib.).
Aussi ceux-ci apparaissent-ils comme
prédestinés à servir de porte-paroles à l'opposition
contre toutes sortes de nouveautés. Car, si, ici, ils
s'en prennent à la pensée spéculative et à ses zélateurs,
en un mot à la crise religieuse, là, ils réunissent leur
ironie contre l'Etat.
Une constante demeure, en tout cas, dans la charge
comique dont les caractéristiques essentielles sont mises
en relief par Pettazoni (p. 210)
"La démocratie, c'est tout le marasme du pré-
sent; la Sophistique, c'est un avenir de
tempêtes, la course à l'anarchie, le cosmopo-
litisme et la ruine de la polis: la comédie
26
ne veut ni de l'un ni de l'autre. Elle opte
pour la bonne vieille coutume des anciens,
pour la tradition simple et saine. Le salut
n'est pas ailleurs".
l
- LA PENSEE SPECULATIVE CONTRE LA TRADITION
Il est hors de doute que les courants de piété qui
impliquent une certaine conception de l'impiété parvien-
nent à endiguer le mouvement de l'incroyance (Gernet,
p. 354 sq.). Contre tous les ferments qui attaquent les
cultes traditionnels, ou mettent en
cause l'existence
même des divinités, la piété ombrageuse de la multitude
n'a pas attendu, pour réagir.
En effet, le Pseudo-Aristote (Des Vertus et des Vices
7.1251A.3U définit l '~CS"~r~\\..o( ou impiété comme "une
faute envers les dieux et envers les démons ; ou encore
envers les morts, les parents, la patrie". Il convient
de rappeler par ailleurs que Platon dans Les Lois (lO.885b)
en ce qui concerne la définition de l'asébie a des exigen-
ces féroces :
"Jamais homme que les lois ont persuadé de
l'existence des dieux n'a de plein gré commis
un acte impie ou proféré une parole criminel-
le ; il n'a pu le faire qu'induit par l'une
des trois convictions suivantes: soit, comme
je l'ai dit, qu'ils n'existent pas; soit,
en second lieu, qu'ils existent, mais n'ont
aucun souci des humains; soit
enfin
qu'ils
sont faciles à fléchir et se laissent re-
27
tourner par des prières et des sacrifices".
Il s'agit, en somme, d'un mot qui a une connotation
polysémique. Toutefois, on peut retenir, comme le souli-
gne justement Gernet (p.
346),
"que toutes les fautes
religieuses ne rentrent pas dans la notion d'asébie.
Voire toutes les fautes religieuses ne sont pas poursui-
vies:
jamais le droit pénal des cités grecques n'a com-
porté d'article concernant la parjure".
Il faut qu'il y ait atteinte directe aux choses sacrées,
par exemple, le pillage des biens appartenant aux divi-
nités, déracinement d'un olivier sacré. Ces fautes qui
paraissent avoir été d'espèces diverses avaient un carac-
tère plus ou moins prononcé de gravité. Aussi sont conSi-
dérés comme de véritables sacrilèges la révélation des
Mystères Eleusiniens,
le "méfait" des Hermocopides, les
parodies sacrilèges (18).
Le décret,
inspiré sans doute par le fanatisme reli-
gieux, que le "chresmologue" Diopeithès,
"le cul-de-jatte
forcené"
(Pettazonni, p. 210), cité dans Ar., Cav.
1085,
Gu.
380, O. 988, Phrynich., fr.
9, Telecl-, fr.
6, Amips
,
-
-
"-
f r.
10 a p .
Pet t a z 0 n i, p.
l 9 R n . 51, pro po sa (D i 0 g. L. 2 • 12 )
en l'an 432 paraît avoir été le reflet des réactions
28
populaires susceptibles d'être exploitées à des fins
politiques. Ce décret stipule:
"Sera traduit (devant les Cinq-Cents et
devant l'Assemblée du Peuple)
, suivant la
procédure de l' E.Z-eroe.rr(ê').(o(, quiconque
ne croit pas aux dieux, ou donne un ensei-
gnement sur les choses célestes" (Plut.,
Pero 32.2.).
Rappelons que Diopeithès, qui passe non seulement
pour peu équilibré, mais en même temps pour un démagogue
tapageur et un orateur intempérant, fut souvent bafoué
par les poètes comiques. Comme d'ailleurs Lampon, dont
la religion superstitieuse semblable à celle de Diopeithès
gagna partout des adeptes. Le premier des Athéniens à jurer
la paix de Nicias,CThuc.
5.19 et 24., Ar.,..2..-'
521 et 988
ap. Pettazoni , p.
198
n.
50), il fut aussi celui qui
"déposa une proposition pour la réintégration du Pelar-
gikon", à en croire Pettazoni qui cite les sources.
Il est permis de croire que le fâcheux honneur que
Diopeithès eut d'attacher son nom aux premières poursui-
tes dirigées contre les impies est lié aux suggestions
des ennemis de Périclès. C'était un moyen d'atteindre
Périclès à travers son ami Anaxagore, contre qui cette
machine de guerre fut utilisée aussi bien par Thucycdide,
chef du parti conservateur, que par Cléon, chef des
démocrates avancés.
N'oublions pas non plus que dans cette seconde
moitié du Ve siècle, Athènes, certes, est le foyer de
l' E0<r"~f.>E:-Lo/ la plus archaïsante, mais en même temps des
lumi ères g énérat r i ces d' :CtS"'~\\->~ \\.0{ • En ef f et, si elle est
la patrie du pieux Sophocle, elle n'en compte pas moins
parmi ses hôtes les plus éminents fauteurs d'impiété de
29
l'époque, dont l'influence devait nécessairement tou-
cher à tous égards le milieu civique, surtout en ses
couches les plus élevées et politiquement les plus
influentes. Donc, les Athéniens de "vieille roche",
commencent à trembler pour la religion ébranlée ouver-
tement par des penseurs qui mettent en doute, ou passent
pour mettre en doute, l'existence des dieux. Continuer
dans un monde en mutation, à croire en l'existence et en
l'efficacité des dieux des ancêtres,
ne pouvait aller,
pour ces esprits audacieux, sans révisions plus ou
moins profondes.
Voilà pourquoi, de même qu'il combat toutes les
nouveautés, Aristophane se met à défendre les intérêts
religieux de la cité dont les plus respectables parais-
sent à ses yeux les traditions concernant la religion
nationale. Non seulement, parce que "sa piété fait partie
de son patriotisme conservateur", comme n'a pas manqué
de le souligner Jules Girard (19), mais surtout, parce
que la religion est, entre toutes les institutions,
celle à laquelle il est le moins permis de toucher.
Quelques réserves apparaissent cependant. Il faut
préciser que la piété ou eusébie de la cité en tant que
telle n'est point déterminée par le respect obligatoire
de la personne des divinités. Elle ne vise que le culte
de la cité doté d'un aspect impersonnel. Or, si l'on fait
fond sur Gernet (p.
351), la religion grecque "n'impli-
quait pas un système de représentations défini comme
obligatoire".
Il est donc de bonne guerre que la comédie, "qui a
justement sa place dans les manifestations religieuses"
(Gernet, p.
354), donne carrière aux imaginations les
plus libres et surtout aux moqueries les plus osées. En
30
réalité, la religion dont Aristophane se divertit, c'est
d'abord, comme dit Pettazzoni (p. 210 sq.) qui en énumère
les caractéristiques essentielles, cette religion consi-
dérée comme "basse et vulgaire" : à savoir, celle qui est
prêchée par Lampon, Diopeithès, et "l'engeance des devins".
Ce sont ensuite la croyance insensée aux démons, aux
esprits, aux prodiges et aux guérisons miraculeuses
(Ploutos, 653 sq.)
; le culte de Dionysos avec ses mani-
festations frénétiques et ses fêtes licencieuses (Lysistrata, ~
1 sq.) ••• Autrement dit, ces libertés du drame satyrique
et de la comédie montrent que ce qui est poursuivi, c'est
la négation formelle des dieux, et l'outrage à la religion
de la cité (cas de Socrate).
Aussi
pensons-nous que c'est à tort qu'on voit
en Aristophane, comme en Euripide, un adepte de
l'Aufklarung à cause de l'irrespect contre les dieux,
et en particulier celui du théâtre, Dionysos, dans les
Grenouilles, auquel le poète comique prête des vertus
et des défauts humains.
Nilsson (~., p. 779 sqq.), on le sait, n'a pas
manqué de souligner " que dans les représentations de la
religion grecque, Aristophane ne soigne pas de façon
particulière un paragraphe qui soit marqué au coin de
sa personnalité. C'est en réalité sans espoir que de
chercher chez lui une conception plus profonde à la fois
religieuse et morale ••• ". Nonobstant ce fait, Aristophane
reste néanmoins un "enfant de son temps" et qui précisément
par ce biais visera à "enterrer" les croyances tradition-
nelles. Car, poursuit Nilsson, "jamais personne n'a livré
les dieux en qui les anc~tres avaient cru et que les
contemporains vénéraient encore à la moquerie et aux rires
d'une manière si irrespectueuse".
31
C'est un anthropomorphisme poussé à ses extrêmes
conséquences: les dieux, en effet, sont présentés
comme une classe dirigeante, autrement dit comme des
dieux anthropomorphes, qui ressemblent à l'homme. Tels
Héraclès surtout dans les Oiseaux, Hermès dans la ~'
~,
Zeus lui-même dans les Oiseaux et Ploutos, cf. Cratin.,
fr.
107 sq., TelecL, fr. 49, Platon le Comique, frr."
-
-
- -
frr."
-
-
-
46 sq.
; ailleurs, allusion est faite à ses adultères,
Nu. 1080, O. 558 (voir Pettazzoni, p. 211
n. 115).
Il convient de souligner toutefois que la charge
comique consistant à présenter "les dieux affamés par
la crise des offrandes" (20) vise simplement à mettre
à nu, semble-t-ll, la diminution des sacrifices. D'autre
part, si Aristophane plaisante
Athéna (21)
(~ 829),
il s'agit de persifler 1l'o<.e' VT\\!>VO\\-o<.v
VT\\!>VO"-o<.V
la mauvaise
gestion d'Athènes et des Athéniens.
Cette représentation comique constitue, à vrai dire,
une critique féroce du polythéisme mythologique. En fait,
si l'on s'en rapporte
surtout à l'intrigue des Oiseaux
et à celle de Ploutos (22), il convient d'admettre qU'A-
ristophane va plus loin que Xénophane de Colophon
(voir Nilsson, p. 742, Pettazzoni, p. 136 sqq.), un
Ionien apatride, qui persifla l'anthropomorphisme de la
religion en le caricaturant dans ces vers :
"Si les boeufs et les chevaux et les lions
avaient des mains et pouvaient, avec leurs
mains, peindre et produire des oeuvres comme
les hommes, les chevaux peindraient des figures
de dieux pareilles à des chevaux,et les boeufs,
pareilles à des boeufs" (F.V.S., 21 B 15).
La critique de l'anthropomorphisme peut aller de pair
32
avec une haute idée de Dieu: c'est vrai dans le cas de
Xénophane, un des précurseurs du monothéisme. Mais
évidemment
la religion traditionnelle ne peut y trouver
son compte. Il n'a cependant jamais été compté au nombre
7 /
7
1\\
des o(tJ~o \\...
En l'an 430, Anaxagore de Clazomènes (voir Gernet,
p. 345 sq., Decharme, p. 157 sqq., Pettazzoni, p. 189
sqq.), l'intime de Périclès, aurait soutenu, nonobstant
une opinion si ferme et si bien enracinée, que le Soleil
n'est qu'une masse incandescente de fer ou de pierre,
et la Lune une terre, quand tout le monde à Athènes
croit qu'ils sont des divinités. L'Apologie de Socrate
26 d
dans laquelle Platon prête à Socrate une mise au
point sUr l'athéisme en est l'illustration. Si on l'accuse
de ne croire à aucun dieu, de ne pas croire, par exemple,
que la lune et le soleil sont divins, Socrate démontre
que cela est faux.
Platon ajoute que c'est plutôt
Anaxagore qu'il faudrait accuser de refuser la divinité
des astres. Mais relisons plutôt la réplique de Socrate
à Mélétos qui l'accuse d'impiété:
" ••• C'est Anaxagore
que tu penses accuser, mon cher Mélétos. Tu méprises donc
les juges, et tu les crois assez ignorants pour ne pas
savoir que ce sont les livres d'Anaxagore de Clazomènes
qui sont remplis de ces propositions".
Notons que cette idée sera d'ailleurs reprise dans
les Lois 967 a-co cf. Diog.L. 2.3.12.
L'univers d'Anaxagore est régi par le ~O~S(Esprit)
qu'il n'assimile jamais au divin. Dans une certaine
mesure
sa philosophie paraIt avoir été une métaphysique
non seulement sans dieux, mais encore sans dieu.
Anaxagore fut ainsi condamné par la justice athé-
nienne pour avoir essayé de définir la nature de la
33
substance des astres.
Citons aussi Diagoras de Mélos, O. 1073 et Scholie,
cf. Nu. 830 (Socrate •••• de Mélos), qui avait acquis
dans l'antiquité une réputation proverbiale d'asébie,
( Lys. 6. 17. v0 i r Do ver, ~., p. 200, Pet t a Z Z 0 ni, p.
207), pour avoir bafoué les Mystères d'Eleusis. Les
,
•
:J
'~
')1
4>~/.
ecrits qu'on lui attrIbue (O(1\\"~l\\Vfrl.+QVTE::S» I\\O.l~"'"
~
l~o\\' J.t'a"0\\..
) n'ont sans doute pas été mis sous son
nom avant le IVe siècle et l'époque hellénistique, s'il
s'agit de deux écrits distincts.
,..
Naturellement, les memes accusateurs conservateurs
confondent à tort ou à raison Socrate avec les disciples
d'Anaxagore - tous les philosophes étant considérés
comme des profanateurs des choses divines parce qu'ils
voient dans les astres des corps sans âme, régis par
une nécessité mécanique: Nu. 1509
lA.~:Z\\..<:rT~ ~'E:~~~S
\\ e \\
\\ e
c..
:>, 1
\\
\\o\\JS
ccovS
wS
Îi)V~.ouv.
En fait,
ils ne se soucient nullement de faire des
distinctions, mais ils englobent dans le même mépris les
philosophes de la nature, les sophistes ••• et le malheu-
reux Socrate, bien qu'il se distingue nettement des uns
(lui, il a fait descendre la philosophie du ciel sur la
terre) et des autres (il n'a cessé de combattre les
Sophistes). C'est pourquoi, ils le ravalent au rang
d'un observateur du ciel puisque pour le commun toute
science du ciel passe pour une science impie ; par consé-
quent, celui qui s' y adonne est ~eE:05. Il étai t, en
effet, de notoriété publique que des philosophes comme
Hippon
de Samos, ont contribué à saper la foi par leurs
écrits, mais en même temps
ils sont apparus comme un
péril public par leurs actes: un péril fait pour alarmer
les magistrats qui ont charge de veiller sur les insti-
tutions nationales (le décret de Diopeithès, symbole de
34
la réaction populaire). Autrement dit, les lumières
philosophiques se sont montrées délétères pour la
société.
Or, Socrate est aussi rangé parmi les ~lêTEuJ~O_
c:rO~\\..<r"\\ol~ passant pour grands douteurs qu'Aristophane
n'a eu cesse de combattre:
"
Car à nul autre [ dit le Choeur des
Nuées à SocrateJ nous ne prêterions
l'oreille parmi les sophistes transcen-
dants d'aujourd'hui [sauf à Prodicos J.
?
Cu
l~ éTE:.w ~o~o~~~,.~v
~o~o~~~"~v est une formation hapax qui
2
rappelle t'"<::'TE:Wfo~o'aOS' Eur. , fr. 913.2 N , Plat.,
.Crat. 396 C ; IA-E:TE:Weoq"K~no.$}Plat. , Rép. 488 e
~~
\\
,
It'c::T<l:w~<o,,~q-X~5
, fr.
386, Plat., Rep. 489 c,
Plu., Nic. 23, Luc., ~car. 5 ap. T 898
p. 505. Il
,
';)1
c:...
~
est a rapprocher de
éXv' 0\\0(5
~ ~ TE:\\AJ -e<:>f~VCl( Ka( S
Nu. 333, hapax dit des philosophes, porteur du sens
de "charlatans qui font des dupes en discourant dans
les nues".
Aussi n'hésite-t-il pas à accuser Socrate, nouveau
type du météorologue, d'ébranler le peuple conservateur
dans la fermeté de sa foi par l'évocation des théories
météorologiques suivantes
35
- la pluie est provoquée par les Nuées,
(Nu. 368
sqq., 1279 sqq., voir Dover, Aristophanes, Clouds,
Clarendon Press, Oxford, 1968, n. du v. 376, p. 149).
la volonté de Zeus est indépendante de la cause
des phénomènes célestes (ib. 374 sqq.). Pour le démon-
trer, Socrate utilise des comparaisons certes grossiè-
res, mais à la portée de tous, afin d'instruire le vul-
gaire
qui tenait des ancêtres que Zeus en personne
lançait la foudre,qu'il arrosait lui-même les champs des
Athéniens. Il est cependant permis de croire que malgré
l
l
.
l
Z'
c.1
l
Ah"
.
a
ocutlon
E:vs, VE::\\..,
rares sont
es
t enlens qUI
a
ocutlon
E:vs, VE::\\..,
rares sont
es
t enlens
se représentent le souverain des dieux armé d'un immen-
se arrosoir, et en train de répandre lui-même, des
hauteurs célestes, sur les cultures et les oliviers de
l'Attique, une bienfaisante rosée.
Bien sûr, c'est en sa qualité de dieux du ciel et
des phénomènes météorologiques que la pluie lui est
attribuée.
En effet, depuis Anaximandre (V.S., A.23), les philo-
sophes ioniens ont toujours tenté d'expliquer chacun à
sa manière
les phénomènes atmosphériques (vent, tonnerre,
éclair, foudre), mais en leur attribuant indistinctement
des causes naturelles.
Pour Héraclite (~., Heracl. 22 A 14), le tonnerre
provient de l'interaction entre les vents et les nuages
cf. ib.
, Thalès A 19, Anaximène A 17 ••• Anaxagore
(V.S.
, Anaxag. A 1.9) soutient, quant à lui, que la fou-
dre résulte du choc entre les nuages (pour d'autres réfé-
rences, voir Dover, ~., supra).
Cette spéculation se rapproche de la thèse de Socrate.
36
D'autre part, on a reproché à Hippon de Samos, qui
est aussi de la famille des "météorologues", d'avoir
soutenu que rien n'existe en dehors des phénomènes
de la nature (Schol. Arist. Metaph. 1.3.). Cratinos
pour le bafouer, a même écrit une pièce, -les Panoptes -,
où le choeur est composé de ses disciples qui passent
pour des gens d'un orgueil ridicule, d'une prétention
démesurée •••
Selon les Schol. Clem. Alex., Protr. IV 103 Klotz,
Cratinos mentionne Hippon comme ayant été impie. Celui-
ci enseigna que le ciel est une sorte d'étouffoir
("tfV'- OE:0~) sou s lequel, parei l s à des charbons, les
hommes sont enfermés, Schol. Ar. Nu 94 sqq (cf. O. 1001)
= Y..:..2..., Hippon, 38 A 2.
De toutes ces considérations,
nous retenons que
les Athéniens auraient été sans doute moins troubés si,
du moins, la science des choses du ciel s'était bornée
à être une météorologie, au sens moderne du terme. Or,
le Ve siècle a connu des penseurs audacieux qui ont
prétendu, selon Aristophane surtout, conna!tre la nature
de la substance des corps célestes que le commun prenait
alors pour des divinités, mettant ainsi en pièces la
div i nit é ; par c e que les "a tom i ste s " - les r- e:.T 'è w ~ 0 1~(f
1 X-"""
~(f
Hesych. M1086 Latte ~E:TEw\\o~~~Xa(\\"· ~l\\JoteoV"'T~s. T~ "4i:e~ o~\\oI."~'II_
rapportent, semble-t-il, tout à des causes dénuées de
)
raison, à des forces irréfléchies et à des révolutions
irrésistibles (Plu., Nic. 23.3-4).
Ce serait donc nuire aux divinités, pense l'opinion,
que de chercher à savoir ce qu'elles refusent de révéler
aux humains. D'abord, une folie, et pis, une impiété, que
de s'adonner à l'étude de météores célestes, cette science
nouvelle qui attribue les phénomènes du ciel beaucoup plus
37
à des lois nécessaires qu'à des volontés personnelles.
Comme le révèlent les propos tenus par Euripide (~.
913 N2) s'en prenant au peuple athénien "qui devant ce
spectacle ••• ne rejette pas au loin les tortueux menson-
ges des météorologues, dont la langue funeste formule
f
de vaines conjectures sur les choses invisibles sans
1
,
avoir aucune part à la raison".
!
raison".
f
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~tQ(."W" 1~üCSIé:" OVw r-,S r-E:T~Xou~O(,
1i
Cf. Hesych.MI088
Latte
rf:Te:w \\Ol'T~ÂW"· ,~v \\~
1
1
1
On voit sur cet exemple qu'Euripide qui en certains
i
fragments penche du côté des philosophes, se range ici
du côté de la religion traditionnelle.
En un mot, au fur et à mesure que la science se
développe durant ce Ve siècle, elle crée un désaccord
qui va croissant entre ceux qui se passionnent pour elle
(parce que très attentifs aux nouveautés des philosophes
et séduits par leurs propos) et ceux qui se méfient d'elle
(parce que fermement attachés aux traditions des ancêtres).
Ces penseurs, tels que Diagoras, Anaxagore, Hippon de
Samos, Socrate ••• , parlent de la nature indépendante, qui
ne doit aux dieux ni son organisation, ni sa vie, qui
a ses conditions propres, ses lois propres sur lesquelles
nulle volonté individuelle n'a de prise. C'est la preuve
que l'émancipation intellectuelle s'ouvre une voie de
plus en plus large.
38
II - LES OUTRAGES AUX DIVINITES
Il Y a outrage aux divinités - donc châtiment - )
lorsqu'un acte quelconque, dénoncé et prouvé, est
susceptible de tourner en dérision les "cérémonies
saintes" que les lois athéniennes faisaient pourtant
respecter - ces cultes ayant pour effet d'attirer sur
la cité et les individus les bienfaits des dieux.
Jusqu'àlors, l'impiété, celle des opinions du moins,
professée par Anaxagore ou Protagoras semblait sans agres-
sivité. Or,à l'époque de la guerre du Péloponnèse,les
perversions intellectuelles et morales nées de la sophis-
tique, le climat de contestation cultivé par une certai-
ne "jeunesse dorée" ••• ont fait glisser certains émanci-
pés de l'indifférence religieuse à une volonté délibérée
de sacrilège. Aussi est-il fort probable que ces sacri-
lèges procèdent dans leur majorité d'un rationalisme su-
perficiel "d'enfants gâtés"
cherchant à se convaincre
qu'ils ne redoutent plus l'~~r~S et ses conséquences.
Comme indices tangibles de la profanation du culte
des divinités. dont parle Aristophane, nous dénombrons
ainsi la révélation des Mystères Eleusiniens et le
"méfait" des Hermocopides.
- La révélation des Mystères Eleusiniens
Violer une des lois de la religion aes Grandes
Déesses - religion, du reste, vénérée en Grèce et plus
particulièrement en Attique -, c'est offenser les divi-
nités augustes, dont la vengeance peut poursuivre le
coupable jusque dans l'Hadès.
39
1
En e f f et, l a ~ v , CS"\\.. S (i nit i a t ion) e xi ge ait du my
m ste
ou initié qu'il se refermât sur le contenu de l'ensei-
' c
1
gnement reçu: "ce que l'on fait"
gnement reçu: "ce que l'on
(To( ùewr-f:V~) ,
"ce
,
C'
,
que l'on montre" (Tot ()E:"~VVrE:Vtl), "ce que l'on dit"
, t )
/
•
t'\\
1
("Tell "<::00r-~"cO,
dans le sanctuaIre (TCi:j\\EcrT~~\\.o" ).
Le passage suivant des Grenouilles (886 sq.) est
une allusion évidente à l'initiation d'Eschyle dont
il n'y a pas lieu de douter: les paroles qu'Aristophane
met dans sa bouche ne peuvent se comprendre autrement :
"0 Déméter, toi qui as nourri mon esprit,
fais que je reste digne de tes mystères."
Or, la révélation du secret éleusinien est non
seulement le sacrilège des sacrilèges, mais aussi un
péril pour l'édifice socio-politique athénien lui-même.
Sans doute, la pratique initiatique annuelle, aux frais
de la cité, d'un citoyen adolescent appelé l'enfant du
...,
'ob"
,
,
foyer (Tt'd..\\.? Cll
E:~T"ol.S) signifiait que toute la cite
T
se donnait pour théoriquement initiée à travers ses
représentants officiels, à telle enseigne que le secret
liait le corps civique tout entier et que sa violation
l'affectait en tant que tel. Sans quoi, comment eût-on
pu soutenir, en l'an 415, que la violation du secret
préludait à la destruction de la démocratie?
C'est pourquoi Eschyle est mis en accusation pour
avoir paru violer ce silence, mieux, divulger certains
,
1
secrets (C(T\\Oe~1To() dans nombre de ses drames, d'y avoir
porté atteinte aux lois des Mystères. Toutefois,
les
motifs précis de cette mise en accusation nous échappent;
40
to~jours est-il que nombre de versions tant imaginaires
que vraisemblables se sont donné carrière à cet effet
(Arist., E.N. 3.2.3.17 ; El., Hist. Var. 5.19).
Tout porte donc à croire que les différents chefs
d'accusation devaient être mal fondés puisqu'Eschyle,
dont on disait qu'il était pénétré de sentiments reli-
gieux, ne fut pas condamné. Il a dû s'agir sans doute
d'une imprudence de langage se traduisant par la révéla-
tion involontaire de quelque détail du culte éleusinien
dont la portée est contestable, plutôt que d'un acte
réfléchi, voire prémédité.
- Le "méfait" des Hermocopides
Cet acte impie montre que l'impiété n'est plus le
fait ni de quelques sophistes, ni de quelques "libres-
penseurs", mais qu'elle étend désormais assez loin son
action. Pour ce peuple pétri d'ombrageuse dévotion,
"la mutilation des Hermès n'était pas un fait contesta-
ble, ni un fait sans portée, un de ces excès commis dans
l'ivresse par des jeunes gens au sortir d'un joyeux
souper; le ravage était général, méthodique,
il dénotait
préméditation, concert préalable" (H. Weil, Les
Hermocopides et le peuple athénien, R.E.G.,
t.6., Paris,
1893, p.
320 sq.).
Nous ne retenons que les faits (23) relatifs à cet
événement impie qui a suscité l'effarement du peuple
athénien: un matin de printemps de l'an 415,
les Athéniens
à leur réveil, constatent avec stupeur que les piliers
d'Hermès qui se dressent très nombreux dans Athènes ont
été affreusement mutilés durant la nuit.
Le fait étant extraordinaire,
il semble évident pour
41
les Athéniens que plusieurs personnes y ont concouru
en obéissant à un mot d'ordre. Le peuple y vit l'in-.
dice
d'une conjuration (q"v"wt"-0q-{et) oligarchique ou
tyrannique, en tout cas, anti-démocratique. Aussi fut-on
enclin à déduire que cet acte sacrilège a un caractère
plutôt politique que relIgieux, en vue de renverser la
,
( '
"
t'V
..... CI
. . , , )
(
)
democratie
e:rr",.,..~
democratie
TO\\J è>,roU ~olTo(l\\\\JG'"E:l.
24.
Il est cependant difficile de dire jusqu'à quel
point les sacrilèges procèdent d'intentions politiques,
s'ils sont, par exemple, destinés à lier les membres
d'hétairies oligarchiques. Mais l'opinion démocratique
l'entendit de la sorte. Il convient d'ajouter que l'émo-
tion populaire a également, dans le cas des Hermocopides,
des motifs religieux. Les Hermocopides s'en prenaient,
en effet, "à une forme de religion essentiellement popu-
laire ; leur sacrilège sous sa forme caractérisée (muti-
lation du phallos), pouvait prendre, aux yeux du commun,
une signification magique" (Gernet, p. 349).
Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que l'im-
piété dans ce cas précis soit ressentie, note encore
Gernet, comme une "atteinte personnelle au groupe social".
La condamnation est une réaction collective. Voilà pour-
quoi, de même que, hier, Cléon s'était fait le champion
de la foi traditionnelle contre la pensée nouvelle,
de même, aujourd'hui, Pisandre et Androclès réclament
devant l'assemblée la poursuite et le châtiment des impies.
Ce ne semble toutefois pas une gageure de soutenir
que la différence essentielle entre Eschyle et les
accusés de 415, c'est que dans le second cas
il ne
s'agissait pas seulement d'un crime contre les dieux,
mais d'un crime contre l'Etat. Le peuple acquitte Eschyle
parce que, même s'il y a eu divulgation,
il ne veut pas
restreindre la liberté des poètes. En revanche, en 415,
42
il croit se trouver devant un complot oligarchique.
Il sévit donc avec la plus grande dureté. Le crime
contre les dieux (qui aurait été peut-être insuffisant)
se double d'un crime contre l'Etat. Il faut dire aussi
que les circonstances (préparation de l'expédition de
Sicile) étaient propres à exciter les esprits. Le peuple
eut l'impression qu'un immense danger menaçait la cité.
En effet, le fait que les procès se multiplient
prouve que l'esprit public tend à un conformisme plus
strict qui procède de l'évolution politique; car les
dernières conquêtes démocratiques de cette seconde
moitié du Ve siècle engendrent un conservatisme soup-
çonneux - du reste
religieux et institutionnel à la
fois - à l'égard de ce qui risque d'affecter le régime.
Or, nous savons que les menaces contre la démocratie
venaient des milieux aristocratiques sur lesquels la
sophistique ou certaines doctrines philosophiques ont
exercé une influence émancipatrice, milieux où se re-
crutent aussi bien les jeunes ambitieux soucieux de faire
carrière que les partisans d'une révolution oligarchique.
C'est donc à ces profanateurs qu'Aristophane a donné
métaphoriquement le nom patronymique de ~r~OKott[~o{~
cf. Plu., ~. 20, dans un passage de Lysistrata (v. 1094)
... ~TrvJ~(i~" ~P~C'll\\OT\\"\\...CWNV 'T e.. .. ,.., "\\\\.1
\\ l
ù
t"' \\.. ~ v\\aI.~ 0 1G:T«~ .
Cette expression se rattache à la série des créations
à sUf~ixe patronymique commun en -CS,':"
du type ~T\\o(
TvJV\\.. S,5
(Ach. 596) ,q"l\\oV~cl.fX[~,5 (~. 595), ~\\.._
<r ~o( eX
e [~
X "~
( i b.
59 7 ), a p pe Il a tif sim i tés des nom s
propres qui ont été créés avec une arrière-pensée humo-
ristique ou sarcastique (voir infra, p. 278
), et fait
écho en quelque sorte à E0r-0Â'tT[~o(\\' désignant une famille
sacerdotale d'Eleusis en souvenir d'un ancêtre mythique
du nom d'Eumolpos.
43
En ce qui concerne la formation du mot, l'on devrait
peut-être écrire avec une majuscule, mais le contexte
montre qu'il est pris avec le sens d'un nom commun qui
désignerait la fonction de "mutilateur d'Hermès". Les
hommes courent, en effet, le risque de tomber sous le coup
de leur action à cause de la ressemblance qu'ils offrent
avec les statues d'Hermès.
Pour que le passage ait un sens avec le nom propre,
C.E
'"
.
A
C.E
'"
A
i l fa ud rai t que l ' a ncet r e
f r- 0 \\( 0 no ~ appar aIS se a vec l a
valeur d'un nom parlant "mutilateur d'Hermès", et que ses
descendants aient la même fonction, ce qui n'est peut-être
pas impossible.
c..
"
Plutarque, Alcibiade 20, emploie le mot €..~r-0~OlT'l,ùr;)'
emploie le mot
Dans quel sens ? On ne peut fixer indépendamment le sens
de l'emploi aristophanien.
Quoi qu'il en soit, Aristophane tourne en ridicule
par l'emploi qu'il fait du mot
le méfait perpétré par
les profanations des choses sacrées capables, rapporte-
t-on, d'attenter aux institutions établies (Decharme,
o.c., p. 153
n.l).
-
Historiquement
le scandale de la parodie des Mystères
fut découvert à l'occasion de celui de la mutilation
des Hermès. Les deux affaires sont liées. Par conséquent,
on ne peut pas dire,
nous semble-t-il, que le procès
intenté en l'an 415 à Alcibiade et ses comparses, dont
on ne perçoit d'ailleurs aucune allusion dans Aristophane,
eut beaucoup plus de retentissement que la mutilation des
statues d'Hermès. Un véritable sacrilège, disait-on, venait
d'être commis: Alcibiade et ses amis s'étaient réunis un
,
jour dans une maison particulière, où ils s'étaient amuses
après boire, à célébrer les Mystères à leur façon -
Alcibiade assumant les fonctions d'hiérophante pour la
44
circonstance -
(voir Andoc., Myst.
Il sqq, Decharme,
p. 147 sqq.).
Thycydide, 6.28., pense, comme Plutarque, ~,
19, que l'accusation portée contre Alcibiade d'avoir
tourné les Mystères en dérision est sans fondement
véritable, et qu'elle est plutôt une manoeuvre de ses
ennemis politiques.
III - LES HARDIESSES DE PENSEE ET DE LANGAGE
EURIPIDE ET SOCRATE
Ir)
,
"
La t'ro t\\\\,~, ou l 'EV.liï~_~(:\\.Cl( est une des composantes de
l'~e~T~ civique, est tolérante à l'égard de tout ce qui
_o.
-
est extérieur à son système religieux. En Grèce, la
science ignore superbement la religion, et la religion
ne s'en offusque pas. Il y a là deux domaines entière-
ment séparés. La science est née dans les écoles philoso-
phiques détachées de la religion. La réflexion des méde-
cins
et des mathématiciens s'est poursuivie librement,
dégagée de tout lien avec des présupposés religieux.
L'existence d'une philosophie autonome impliquant l'esprit
scientifique est un phénomène déjà perceptible au VIe
siècle (voir Gernet, p. 353, Pettazzoni, p. 187 sqq.).
Mais la cité ne peut admettre que l'on exprime publi-
quement son doute, voire son hostilité aux dieux de la
communauté, car cela implique doute ou hostilité envers la
\\\\oll..'TE:[al
elle-même. Par conséquent, "l' ~<r"~r.>E:I..d. ou impiété
~
1
•
qui est l'inverse de l'éV~~~~~~_, ressort de la vie
sociale, est un défi à l'ordre social. Or, la présence
d'un ~~~oS(25), au sens de "impie", entendons "qui ne
45
tient pas compte des dieux", Pi., ~. 4.162,
Eschl.,
Eu.
_.
151, Soph.,
151,
Trach. 1036, et non pas "qui ne croit pas
aux dieux", acception platonicienne - le sens de
"abandonné des dieux" appara!t dans Sophocle, O.R. 661 -,
donné pour une souillure qu'il faut laver constitue pour
l'Etat, outre évidemment une menace de contagion;
qui
est à conjurer, un "péril" de colère céleste dont la
cité a le devoir de préserver ses enfants. C'est pour-
quoi Aristophane en veut aux impies dont il ne cesse de
dénoncer l'esprit nouveau - seeptique et scientifique à
la fois - tout en se montrant souvent lui-même d'une
désinvolture à l'égard des dieux qui eût été inconcevable
à l'époque des guerres médiques, et qui n'a d'équivalent
dans aucune autre civilisation.
Ces audaces de l'esprit sceptique s'appliquent notam-
ment aux traditions de la religion populaire qui est un
conglomérat des croyancès ancestrales.
L'absence d'une caste sacerdotale a favorisé en Grèce
le développement d'une mythologie qui à force de s'enri-
chir sans cesse en vient à comporter des éléments souvent
contradictoires entre eux, indices du croisement des diffé-
rentes mentalités. Une telle mobilité dans l'espace et
dans le temps entoure naturellement la reli~ion d'une sor-
te de parure.
La foi aux divinités nationales est atteinte
et
blessée- parce que des incrédules déclarés ont osé rom-
pre ouvertement avec la religion de leurs contemporains.
Ces esprits audacieux sont accusés de remplacer les e€O~
de la croyance commune par des ~G(~f"-~V"o( d'une espèce
nouvelle, qui ne sont autres que les forces naturelles
personnifiées, "les abstractions de la physique contempo-
rai ne s" (D e cha r me,
p • 166). Ces ~ol~ jA-0" \\., <:Il qu' 0 n pro po s e
d
"
•
(
)
'1\\/
d e venerer maIntenant
Nu. 264 sqq.
ont pour noms M~f'
'1\\/
e venerer maIntenant
Nu. 264 sqq.
ont pour noms
46
{\\~~~~, Nu. 570, Cr. 100, 311~ N<::~~ACll.\\... , .Nu. 253, 365.
Au reste, ces incrédules qui raisonnent leur "athé-
isme"
Isme" ne se dissimulent point. Donc véritable combat
entre la pensée rationnelle et la pensée mythique
mythIque dont
l'illustration ~uasi-symbolique
~uasi-symbolIque nous est offerte par
Euripide et Socrate.
- Euripide
On ne peut pas le ranger parmi les disciples des
sophistes héritiers légitimes de la philosophie précé-
dente. Ce ne sont pas eux qui l'ont formé.
Et pourtant
on peut dire qu'il est de leur race puisqu'on trouve chez
lui un écho des opinions des sophistes : le mépris des
superstitions, la recherche du vrai ou du vraisemblable
dans les choses divines ••• Ces opinions hardies et neuves
exprimées dans nombre de ses drames sont-elles d'Euripide?
Difficile à dire.
Il est bien difficile d'entrer dans l'expérience
religieuse d'un dramaturge, d'Euripide en particulier.
Car, les opinions qu'il impute à ses personnages ne
sont pas forcément les siennes. Elles sont d'ailleurs
largement contradictoires. On sait que les sophistes
réduisent le monde "à la matière et au mouvement , à une
multiplicité mouvante, sans substrat élémentaire perma-
nent, et partant sans unité ontologique" (Pettazzoni, p. 189).
Pour tout dire, la négation de la divinité a consisté à
faire abstraction de toute la pensée antérieure au point
de considérer
consIdérer comme vérité, si tant est qu'il n'est de
vérité que relative, les données des sens qui varient
pourtant d'un être à un autre. Il est vrai que Protagoras
a soutenu que "l'homme est la mesure de toutes choses, de
celles qui sont, en supposant qu'elles sont, de celles
47
qui ne sont pas en supposant qu'elles ne sont pas"
(fr.
l
Diels, F.V.S., II,
5e ed., cf. Diog.L.9.50 ap.
Pettazzoni,
p.189).
Il semble toutefois que le sentiment religieux
d'Euripide (26) oscille constamment du scepticisme à
la tradition cultuelle
et mythique aux expressions
les plus pures de la piété. En un mot, son expérience
religieuse est plus individualisée parce que plus inté-
riorisée. L'on conçoit des tensions que la confrontation
entre tradition et esprit nouveau introduit dans la
conscience collective athénienne. En outre, l'un de ceux
dont le théâtre reste un témoin qui fait foi de
l'Aufklarung est effectivement Euripide qu'Aristophane
à travers les plaintes proférées dans les Thesmophories
(449 sqq.) par la marchande de fleurs accuse d'atbéisme.
Comme il en sera de même de Socrate. Pour celle-ci,
l'impiété étalée dans ses tragédies a fait baisser de
plus de la moitié son chiffre d'affaires:
"Or donc,
je gagnais ma vie cahin-caha. Mais
à présent, Euripide qui travaille dans les
tragédies a persuadé aux gens que les dieux
!
n'existent pas; aussi notre commerce a-t-il
n'existent pas; aussi notre commerce
!
diminué de plus de moitié".
!
moitié".
t
Ce qui n'est guère surprenant, si l'on s'en rappor-
te au fait que la raison critique symbolisée par les
hardiesses de pensée et de langage fait sa percée décisi-
ve aux dépens de la tradition. Pour la première fois
48
des hommes se fondant sur les capacités de leur raison
et sur leurs techniques intellectuelles en viennent à
se détacher ouvertement de cette tradition encore
irrationnelle et religieuse qui fonde la société.
Ce mouvement intellectuel va jusqu'à mettre en cause
ouvertement l'existence même des divinités.
C'est le cas le plus fréquent. Les philosophes (27)
ne se soucient pas de pousser jusqu'à leurs plus extrêmes
conséquences irréligieuses l'exercice de leur raison.
C'est ainsi que le livre de Protagoras d'Abdère sur les
dieux commençait par les mots:
"Au sujet des dieux je ne puis dire ni s'ils
existent, ni s'ils n'existent pas, ni quelle
forme ils ont ; car beaucoup de choses nous
empêchent de le sav~ir, l'obscurité de la
question et la brièveté de la vie humaine"
( f r. 4, Cf. 0 i 0 g • L• 9 • 54 op. Pet t a z z 0 ni,
p. 192
n.2l
; voir Gernet, p. 346 sq.).
On ne peut mieux insinuer que la croyance aux dieux
est affaire de coutume (domaine où il n'existe pas de
certitude) et non de science. En d'autres termes, nous
croyons qu'il veut simplement dire que la religion
est du domaine de l'opinion et de la loi, donc non
nécessaire comme ce qui est du domaine de la nature (28).
En un mot, on ira jusqu'à promener, comme Decharme
l'a si bien relevé (p. 155), "[ sa]
vaine science et [son]
indiscrète curiosité à travers ces espaces célestes qui
ne sont pas du domaine de l'homme".
Il semble qu'on trouve un écho semblable chez certains
personnages d'Euripide accusés de tenir fréquemment des
propos scandaleux que contredisent ceux beaucoup plus
49
conformistes des choeurs.
Comme la réflexion d'Hécube (Hec. 800 sqq.) très
proche de Protagoras :
" [Pour moi,
je suis esclave et sans force
peut-être]
Mais les dieux sont forts, et aussi la loi
qui les domine. Car, c'est la loi qui nous
fait croire aux dieux, et vivre en distin-
guant le juste et l'injuste".
En résumé, Euripide considère l'existence des dieux
comme purement et simplement conventionnelle, bien qu'à
75 ans, il ait produit "avec toute la ferveur d'une
profession de foi de néophyte" (Pettazzoni, p. 196)
les Bacchantes, en l'an 407, qui sont, précise Henri
Grégoire (29), "un mystère de Dionysos, une tragédie
sacrée dont la valeur, pour la connaissance dionysiaque,
dépasse de loin celle de toutes les autres sources, de
tous les autres monuments". C'est pour lui l'occasion
d'y chanter une religion débarrassée de quelque arrière-
pensée critique, comme en témoignent les vers 199 sqq.,
325, 877, 1002, 1325 sq. cf. G. Murray in Harrison
Themis, 345
ap. Pettazzoni, p. 196
n. 43.
C'est,en somme, dit Pettazzoni (p. 195 sq.)
"le chant du cygne d'un poète que les approches
de la mort initient à la fascination d'un
50
archaïsme, lui aussi condamné, et plongent
le romantique, avant la lettre, dans une
nostalgique songerie sur ce minuscule monde
antique et ce moyen-âge en train de sombrer.
Personne plus que lui ne s'est employé à hâter
. cette heure
dans les formes de la tragédie
rituelle et divine il n'a cessé de verser
l'esprit de la nouvelle culture, irréligieuse
et spécifique, l'esprit d'un âge dont la prose
sera le langage".
Autrement dit, la foi populaire est le résultat d'une
entente particulière entre les citoyens et les législa-
teurs de chaque pays, puisque les divinités reconnues
par tous les peuples, grecs ou barbares, ne sont pas les
mêmes chez tous ces peuples. Cet argument, notons-le,
est repris dans Platon (Lg. 10.88ge). Il ne s'agit plus
d'un problème théogonique consistant à savoir comment
des dieux (considérés comme vrais) sont nés, mais d'un
problème "historique" visant à découvrir comment on en
est venu à les' concevoir.
Rien d'étonnant donc à ce qu'on accuse Euripide:
-de laisser transparaltre à dessein un agnoticisme
religieux aux contours vagues lorsqu'il se demande,
par exemple, ce que peuvent être les dieux
"Zeus, quel que soit Zeus, car je ne le
connais que par oui-dire".
c,f
?
ocr-T ... S, () V
Tt":<' \\ \\1
(fr. 480 N2)
Î
Le même agnoticisme qui se déploie dans Hercule
Furieux (1263)
51
"Zeus -
[di t Héraclès] je ne veux pas
qualifier Zeus - en m'engendrant a fait
d'Héra mon ennemie".
\\
('"",
Z
,,1
Z (cv ~ t> , o~1'\\..
o~1'\\ S
~
,
~ 1
?'
1
o
Z~v~
r-
Ï\\1Ot\\€;l;-'-'-OV
~OEL'Vo(""O
se perçoit mieux encore dans la prière d'Hécube:
"0 toi, support de la terre et qui sur la
terre as ton siège, qui que tu sois,
insoluble énigme, Zeus, soit Nécessité
des lois naturelles, soit Intelligence
humaine,
je t'adore".
~
t'V
~I
; > ,
t'V
, /
(..' C
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<ë:vS) Ë,L T
o{\\lo(n~~ 't\\J~€:~5 E\\.T€
VI!)v5
~eoOT~VJ
T\\~()\\r~IJ~o<..~",\\v q-E-. (~. 884 sqq.).
- d'aider par les interprétations accolées aux
divinités à démolir dans la conscience populaire leur
réalité substantielle. Aussi, a-t-on soutenu que,
.
..
'"
'A 1
e:b 1
parce que Zeus est quali fie tantot de
Vol'O'K'l
{V<rêW$
parce que Zeus est quali fie tantot de
Vol'O'K'l
("la Nécessité des lois naturelles"), tantôt de
No0's
( V
f?>e0-rvJ" ("l'Intelligence humaine"), et la Nature de
:rolLo{ (30), Euripide prêchait un certain \\l(JI-'-_r-o( \\l(,04.\\.."~\\/.
Comme l'indique le vers 892 des Grenouilles (voir
T 512)
: A)C\\'
, \\
l
,
")
1
1 ~
t
T 512)
: \\.~~e'
A)C\\'
fë:r- 0v
fë:r-
~~~\\I<.irot,~ot~ O~WTT"",5 qo'f0
qo'e 1'"'(j
1'"'(1 ,
passage dans lequel le premier. échantillon du \\<~r-r-o(
~~~v~v , autre forme d'irréligion, est précisément
(\\t'è~f ' qui devient une sorte de "nourriture" pour
Euripide.
c..
(1 ~. 446.31), c'est d'abord propre-
Eur.,Ph. 1126 ; et plus particulièrement
52
"le gond d'une porte", Thphr., ~.P. 5.5.4, Plu.
, ~. 23
avant de désigner figurément une langue "bien pendue",
celle d'un bavard
(voir T 512).
..
De cette formation,
on peut peut-être rapprocher \\v~o-
~TfC~fi:.~V "tenir les rênes de, diriger", Eur., Ph. 172,
(~/e
( r-
Te
0(
) , 0 l «1.<.0 <r
0 ~ E:~
E:
V
" d i r i g e r
(p r 0 pre men t
" fa ire
tourner")
le gouvernail", Eschl., Pers.
767.
,
\\ C,
f)l"V
, "
t v
- l'expression homerique ~Te~rtT1 ÙE. Q'"wq"1t' EIt"\\'" ~fOïwV
in Il. 20.
248 ap.
T 512
n.
4.
-
,,:g
-
Ailleurs, ~Tectl.O) désigne les "vertèbres", Pherecr.,
fr.
236, Plat., Ti.
74 a,b.
C'est pourquoi, Aristophane se plaisant à parodier
à
2
à tort ou à raison un vers de la Mélanippe (fr. 491 N ),
,
. 1
' .
d
' f\\ I?~,
1\\
- , -
•
ou 1
est questIon
e ••• oi\\.UE:f '
o\\..\\(.,,\\'f",-V
~\\.o.s
, f a I t
jurer à dessein Euripide par "l'Ether sacré, demeure de
Zeus"
':>/,
1 ) f\\,
?
, (
1\\
1
0tV\\Jl.A. ....
,,,,,,'Iv" o(l.O~( ) O\\.\\«'frl."
O\\.\\<'fr'l."
UlOS
(Thesm.
272)
En fa i t, A~ ~ 1§
est une in ter pré t a t ion de Zeus au
" .
,1\\
J,'
N~
l'V
meme tItre que 1-\\'1 O\\o(11V~E:WS et
()v~ ~eo"''''''''.
i..
i
1
53
Il n'est cependant pas interdit de souligner, pensons-
nous, qu'il s'agit simplement d'exprimer un doute sur
l'existence des divinités nationales.
N'oublions pas aussi qu'il assimile l'Ether, voire
le Ciel lumineux ou l'Air qui enveloppe la terre à
Zeus •• 't'l('\\, ,C\\,
1
1
0(.(1...
ol\\..O~~
T\\."'-TE::\\..
~E:) KO,o( J
, ",\\ , e"
'\\'
(
z.~vs o~ ~'" e"""n-D\\..> O'lO\\ol,'=TOl..l. fr.
En revanche,
les Erinyes sont définies comme les
hallucinations d'un cerveau malade (Or. 252). Aphrodite
d'amour -
n'est que le nom des folies d'amour
n'est que le nom des folies
,
qui égarent la raison
,
=,'
\\ ,
des mortels (Troy. 989
"T~
rv
\\
1
=,'
\\
"T~
~w~" 'Oo{f TTIX:vi E:.<r'll.\\I
'(\\t\\o~CT~
'(\\t\\o~C
re()\\O~S).
D'autre part, pour lui, la L1C~~ ne siège pas comme
le veut Hésiode à côté du trône de Zeus, mais elle est
2
la Justice qui règne ici-bas sur la terre(fr. 506 N ).
2
Elle n'en reste pas moins la fille de Zeus (fr. 151 N ).
Aussi n'est-on guère surpris d'enregistrer que de
même qu'il a bataillé contre l'intellectualisme sophis-
tique, de même Aristophane bataille maintenant contre
d ' i
' 1 ° '
1
1
cette autre forme d 'i rre Iglon ou
KO~p..oL
Kol.vt/OV
cette autre forme
rre Iglon ou
KO~p..oL
"frappe nouvelle".
Or, il ne semble pas que l'introduction de ces
dieux supposés d'Euripide ait eu un retentissement quel-
conque. Car ce sont de pures abstractions (o(,t~~r' ~0Vf=
~\\..~
,etc.) qui n'ont jamais passé pour de vraies
divinités (voir T 799). L'idée contenue dans les mots
,1 C ,
1
1
1
, C'
1
LD\\..ol. TLVE:~ q-o~.., K0f-'--r-a/ Kt4.\\;VOV ;
Gr.
890, et ••• LÙL"'" Toll....
Toll. S
...
eCè:-\\.O\\.S, ib. 891, qui expriment la charge d'Aristophane
54
contre Euripide, est la même. Il s'agit de dieux propres
à Euripide, individuels. Or, c'est ce que n'admet pas
Athènes. La religion y est collective. On ne doit pas
avoir de dieux à soi. Mais un fait est certain: les
Grecs qui ont toujours été attachés à la religion de
leurs ancêtres avaient beaucoup plus d'estime pour leurs
dieux nationaux que pour les divinités étrangères dont
ils ne niaient pourtant ni l'existence ni la puissance.
Ils les admettent même chez eux sous certaines conditions
précisées par Gernet (p. 350)
: "que le culte en soit
cantonné dans des colonies étrangères qui jouissent souvent
d'une certaine tolérance". L'Etat peut adopter de nou-
velles divinités, mais il le fait pour son propre compte
(Gernet, p. 314 et 336). Par exemple, Bendis de Thrace,
Ammon d'Egypte, Adonis de Phénicie. Qui plus est, les
groupements religieux souvent exotiques obtiennent dans
la cité les faveurs qui sont compatibles avec le bon
ordre: le droit d'acquérir un terrain pour un sanctuaire
de leurs divinités.
- Socrate
La caritature qu'Aristophane fait de Socrate et
de son enseignement ne repose pas sur des motifs ori-
ginaux qu'il aurait façonnés lui-même. En fait,
il ne
fait que refléter le point de vue populaire. Gernet
(p. 352) ne souligne-t-il pas à juste raison que "le
peuple athénien ••• ne va pas faire la distinction subtile
entre sophistes et philosophes, et ••• condamne pêle-mêle
un Anaxagore, un Protagoras et un Socrate qualifié de
sophiste".
C'est le point de vue d'Anytos, l'accusateur de
Socrate, mis en scène par Platon dans le Ménon, et dont
55
l'hostilité se marque à l'égard des sophistes.
Le Socrate des Nuées est effectivement une figure
de fantaisie dont il est difficile de=savoir si elle
a quelque rapport avec la réalité. Or, un point parti-
culier distingue fortement Socrate des autres penseurs,
et plus particulièrement des sophistes.
Socrate ne semble pas avoir fait payer son enseigne-
ment (31) à la différence des grands sophistes qualifiés
de "marchands de persuasion qui, escortés de fidèles
qui leur faisaient une bruyante publicité.
amassaient
des fortunes en tirant parti de l'engouement public"
(Humbert, o.c., p. 79).
Autre différence: pour
les sophistes, la nature et
la matière sont en proie à un perpétuel
devenir, la
conscience est réductible à des données sensibles
variables suivant les individus, pour Socrate, au con-
traire, la pensée et les concepts sont constants, univer-
sels et identiques pour tous les individus, rejoignant
ainsi, selon Pettazzoni (p. 217), "par-dessus la négation
et l'agnoticisme des Sophistes, le cours de la spéculation
antérieure. Avec cette différence qu'il l'applique à
l'homme et à sa conduite, et là réside sa nouveauté".
Evidemment, Socrate qui est donné pour le porte-parole
des sophistes.
qui nient l'action de la puissance divine
dans le monde physique
ne s'appelle plus Socrate du
dème d'Alopèce, mais Socrate de "M~los", Nu. 830 : ~w-
1
-
K~ol\\~«:> ~ M'1\\...oS ,
K~ol\\~«:> ~ M'1\\...oS
se confondant ainsi avec Diagoras
de Mélos surnommé "l'athée", personnage qui s'enfuit
d'Athènes parce qu'il fut proscrit en l'an 415 et dont la
tête fut mise à prix (Decharme, p. 131-135, 182).
56
Si on suit les principes de Winiarczyk (32), on
sera amené à souligner que les témoignages relatifs
à Diagoras se résument seulement au fait qu'il s'est
moqué des Mystères d'Eleusis. Aucun n'établit formelle-
ment qu'il ait nié l'existence de tous les dieux.
Voilà pourquoi à la fin du drame, le "pensoir"
(~ec\\l,\\.q-T{e~oV' ~ 94,128) qui à certains égards
semble, selon Humbert (lb.), "cerner la réalité d'un
trait caricatural quand il dépeint ce petit univers
clos que constitue Socrate avec ses familiers" est voué
aux flammes comme jadis, en Grande-Grèce, l'institut
pythagorique (Will, p. 574), afin que soient anéantis
les audacieux penseurs, mieux, les contempteurs des
,
dieux. Ce mot de tfO\\lT\\".q-\\'\\f\\..0Y
ffo\\lT\\".q-\\'\\f"'OY
mis en circulation par
la verve d'Aristophane évoque le cercle jugé restreint
et assez fermé d'intimes ou disciples (cr\\Jv6vTfC$.
Antiphon,
fr. 5.68 N2, Plat.
, Ap. 25e, Tht. 168 a ; ou d'amis €_
Tett'r0l.
Xen., Mem. 2.8.l., cf. Arist., Pol. 1274 a 28)
et non de dis c i p les, roi.~"~ ~
~ 140, Plat ., Pr t. 315 a,
Ap. 33 a, qui considèrent comme le plus grand bien la vie
~cratique ~ ZWKfo("n...
ZWKfo("n K~S ~[os -, que Socrate, du moins
dans sa maturité, parait avoir constitué autour de lui
à l'image des sociétés pythagoriciennes. Il est évident
que Socrate avait certes des familiers, mais nous croyons
qu'Aristophane comme le plus souvent exagère jusqu'à la
caricature (Nu. 1484 sq., 1491 sq.).
57
Une différence existe cependant. Les Pythagoriciens
se confinaient dans un cercle fermé de disciples se
réclamant d'un MaItre qui leur a révélé la Vérité, une
doctrine fixée par Lui et transmise entre disciples de
génération en génération :
,
,
:>',h
"C'est Lui qui l'a dit"
[o(VTOS
E:
o{
]
1
~
, 1
Or, le Lv.J'A..fGlT..... \\<.O~ f.>,"oS)c'est la non-science. Socrate
et ses familiers font de la recherche à jamais le grand
objet de leur vie. Ils n'ont donc pas à se défendre
contre l'extérieur parce que cette façon particulière
de vivre l'existence n'est pas dirigée par une doctrine
aux lignes arrêtées.
Le rationalisme sceptique enseigné a désormais pour
fondement la croyance en Tourbillon, 6{l"os (Nu. 380 sqq.),
roi du ciel, qui a détrôné Zeus (ib. 828), puisque l'Olympe
est organisé comme une sorte de monarchie patriarcale
(voir T 800). 6.~vos est ici un doublet dell~"1. En
effet, si pour Empédocle, ~[,,~ se di t de la rotation
rapide, B 35.1 cf. A 67, pour Anaxagore,
(Clem. Al., Strom.
2.14), ~~\\lOS
désigne, en revanche, le mouvement qui
entratne l'Univers. Il le désigne par n~e~xwe~~v(rrEe~X~~1~~S~
B9, B 12, B 13. Ce mot, ajoutons-le, évoque aussi "le
gobelet, la coupe ronde", ~. 1473, où il est à double
entente, cf. Schol. Nu. 380, Gu. 618 ; voir Dover,
Ar., Clouds, ~., n. du v. 380, p. 150.
Cette nouvelle théogonie conserve un trait de l'an-
cienne (Hésiode), la succession violente des dieux
(OUranos, Cronos, Zeus).
Ainsi
donc, à présent, la nouvelle triade qui est
désormais reconnue (Nu. 424 sq.) comme la seule hiérar-
-
1
chie des dieux comprend le Vide (XJo 5 ), les Nuées
5 ), les
(Ne.tE:~o(l.)
58
que Socrate décrit comme les grandes déesses pour les
Ir)
C'\\,' (" 1
,
t'V
oisifs, r-E:'OCllAoll- O€:D{\\-
OE:D{\\- ~"Veolq"\\..." 0(('0'0l-5
(Nu. 316),
et la Langue (rÀ~\\TcO. Au commencement de la cosmogonie,
rapporte Hésiode, dans la Théogonie (116 sqq.) fut )(~O~
ou l'Abtme ! Aristophane, comme cela arrive souvent,
a parodié ce passage dans les Oiseaux (691 sqq.). Le
poète comique y expose toutefois avec une relative gravi-
·té une cosmogonie procédant d'un oeuf né de la Nuit,
où l'on a pensé voir une conception orphique. Ce qui
n'est pas assuré.
L'introduction de nouveaux dieux (Ll~vc~) se double
d'une critique de Zeus. Il est prouvé dans les Nuées,
que Zeus ne frappe pas les parjures, mais les montagnes,
les grands arbres, et - ce qui est encore pire - ses
propres temples; qu'il n'y a pas de justice
puisque
Zeus n'a pas été puni pour avoir enchatné son père
(399 sqq - 904)
; que ce dieu est esclave de ses passions
(1080). Le mot qu'Ar i stop han e prête à Socrat~ e€-o~ 1
Co ""-tv
1Co
l
'),~"
_
l
V0r-~er'r- oV\\.(. <é<:rTl-
(247 sq.) est une facheuse
anticipation de l'accusation réelle contre Socrate,
considéré comme un athée au même titre que les Sophistes.
La métaphore a une double valeur
- que les dieux n'ont pas cours. Ils sont dévalués.
- Socrate et les siens ne croient pas aux dieux
(V'()r-[~w ). Le mot Vo'~~q-i-'-oi. désignant la monnaie qui
a cours (mais aussi l'usage établi) vient d'ailleurs de
V0r- ~1tA.1 .. Il est hors de doute que la monnaie n'est
introduite que négativement. Socrate ne connatt pas
cette monnaie-là.
Il convient aussi d'évoquer le soupçon d'athéisme
formulé dans Cav. 32 : "Crois-tu réellement aux dieux?".
59
rh'
?
~
\\
~
~
\\
C\\
(
.. , <
.. ,
TE: \\
>Go\\e 0\\1 rÔE: \\.. ocX.~ UE:oV S ;,
Tout cela peut être mis au compte d'Aristophane lui-
même et non plus des intellectuels qu'il critique par
ailleurs. Ce qui amène à dire qu'en dépit de sa défense
des traditions, en particulier religieuses, il est un
fils de son temps.
Les écrivains se montrent généralement les enfants
de leur siècle :
- soit par une acceptation inconsciente de la
croyance et de l'idéal en honneur à ce moment. En vérité,
Aristophane se montre aussi enfant de son siècle comme
Euripide, mais inconsciemment (voir surtout Nilsson,
p.
779-783).
- soit, au contraire,
par une polémique qui constitue
une réaction contre les courants de pensée de leur époque
c'est le cas d'Euripide, à maints égards.
Or donc,
de même qu'en fait d'opinion politique,
Aristophane paraIt profondément conservateur,
loyal
envers l'Etat, envers les institutions traditionnelles,
de même il l'est envers les dieux. Certains pensent, et
il ne faut pas le masquer, qu'il se moque d'eux en des
termes qui empêchent de penser qu'il y croit.
Ils s'en
tirent alors,
comme Nilsson,
en disant qu'il respecte les
cultes,
surtout ceux d'Asclépios et des grandes déesses,
porteurs des espoirs populaires,
mais qu'il méprise les
dieux.
Et qu'en cela,
il est,
lui aussi, un enfant de son siècle.
Une telle tournure d'esprit, à n'en pas douter,
lui évite de trop réfléchir sur la nature des dieux.
Aussi les voit-il encore,
pourrait-on dire, à peu près
comme Homère les présentait, à savoir, comme une classe
60
dirigeante, autrement dit, comme des dieux anthropo-
morphes, qui ressemblent à l'homme,et donc qui ont
autant de qualités ou de défauts qu'un homme. L'anthro-
pomorphisme poussé à ses extrêmes conséquences, c'est
bien ce qu'on a chez Aristophane. Comment ne voit-il
pas que cela constitue une critique féroce du poly-
théisme mythologique? En ce sens, il va certes plus
loin que Xénophane
L'intrigue des Oiseaux et celle
de Ploutos en sont de vivants exemples.
Voilà pourquoi Dicéopolis, type de l'Athénien moyen,
ne voit pas plus de mal à plaisanter sur leur compte
qu'il n'en verrait naturellement à décocher quelques
propos acerbes à l'adresse de Périclès ou de Cléon.
Aussi apparatt-il que le poète comique fait des dieux
des personnages de comédie. Car, si, ici, c'est Dionysos,
le dieu du théâtre, qui est houspillé
bien qu'il ait été
adopté par la Cité qui lui réserve des fêtes splendides,
là, traité de couard (Gr. 479 ; voir Ehrenberg, p. 253
sqq., Dover, Ar. Comedy, p. 32 sq.)
, sans que ces épi-
thètes soient considérées comme un blasphème ou une
trattrise ; ailleurs, c'est la formation hapax •••
!J.Lcis
~ \\;(.ol.-rD( \\". f?~ ,0\\'/ " Zeus
Z
Mer d0 yan t" c i t é e dan s ~ 42,
qui naït'd'un "jeu de mots forgé sur l'expression eschy-
léenne •••
Z v~.s... IKc(ïo(l.~~TO\\J (~!.~ 361) "Zeus
Foudroyant" : deux épithètes qui diffèrent à peine, puis-
que le~
manquant peut être supplée par le ~ final du
2
nom
Z1v'~S , cf. Lycophron, fr. 382 N •
CHA PIT R E l 1
LES CHARGES PUBLIQUES
62
Il ne semble pas qu'il ait été dans l'intention du
poète comique de faire introduire quelque bouleverse-
ment que ce soit dans l'institution judiciaire comme
d'ailleurs dans n'importe quelle autre institution
concernant soit le système de recrutement des dicastes,
soit leur nombre, soit leurs pouvoirs ••• , soit le pou-
voir législatif de l'Assemblée •••
Son appel,
qui est présenté en relation avec celui
de ses prédecesseurs ou de ses rivaux de la Comédie
Ancienne, aurait purement et simplement un but moral
et non pas politique. C'est une admonestation qui fait
partie de la tradition didactique s'en prenant non pas
au changement de structure sociale, mais plutôt aux
moeurs humaines, et partant aux comportements de telle
ou telle couche sociale. Nous ne pensons donc pas qu'il
soit inconvenant qu'Aristophane donne les conseils pra-
tiques suivants à l'adresse de ses concitoyens, -étant
entendu qu'en fait l'indemnité judiciaire était prélevée
sur le produit des tribunaux et donc que l' Héliée était
financée par le revenu des procès-
:
"Athéniens, comprenez bien que vous n'avez
aucun intérêt réel à cette multiplicité de
procès provoqués par les politiciens; c'est
pour eux-mêmes qu'ils les font,
et non pour
vous. N'encouragez donc pas leur zèle de dé-
nonciateurs par votre propension à condamner.
Diminuez au contraire les procès, en découra-
geant les accusateurs, et, du même coup,
renonçant à vivre avec le salaire du juge,
revenez à votre vie normale, à vos occupations
et à vos plaisirs. Athènes en deviendra plus
prospère et plus agréable à habiter" (33).
63
l
- L'EXPERIENCE POLITIQUE DES ASSEMBLEES
L'expérience politique des assemblées comporte de
façon patente, ce semble, trois motivations , pour ne pas
dire vices.
En fait,
- elle prend essor avec le système de la misthophorie
- elle est orchestrée et "mise sur la sellette" par
la professionnalisation da la vie politique, entendons
que le peuple devient l'innocente victime des démagogues-
orateurs et des calo mniateurs
- enfin, elle est ballotée par l'irresponsabilité
populaire ou l'abandon de la politique aux "plaisirs
du peuple".
1. Le système de la misthophorie
=============================
Aucune polis grecque ne se conçoit sans un Conseil,
une Assemblée et des "magistrats". Toutefois
la sépara-
tion des pouvoirs au sens juridique moderne de l'expres-
sion (entendons l'exécutif, le législatif et le judiciaire)
était une conception étrangère à la pensée grecque (34).
Car, en tant qu'ayant droit,
le citoyen athénien, on le
sait, trouve légitime d'avoir accès à tous les aspects
de la vie publique, bien qu'il ne soit souvent guère
disposé à user réellement l'exercice de ses prérogatives
qu'il revendique. En effet,
le premier trait frappant,
c'est la démission politique du d~mos ; un "désintérêt"
pour les affaires de l'Etat
dû sans doute à la crise
économique et sociale que traverse alors le monde grec
et à laquelle Athènes en dépit de sa puissance encore
64
réelle et de son passé prestigieux n'échappe pas tout
à fait. Aussi le fait d'étendre à l'Assemblée le système
de la misthophorie ou "politique du ventre" selon Taillardat
(in 685), qui prévalait depuis 60 ans à l'Héliée,
(Gu. 609,
684, 785, 813, 1121) eut-il pour but d'inciter par la
force même des choses le dêmos et plus particulièrement
les citoyens les moins aisés à prendre part à la vie
politique.
Il convient de rappeler que, sur l'institution du
r-\\"<r~~5 ~\\;(.",?,<r\\"ol~T\\..\\(o'.s ,on a des données précises chez
Aristote (Constitution d'Athènes), confirmées par Ari-
stophane
• Glotz (p. 390),qui cite les sources, note
"Agyrrhios fit d'abord accorder un jeton d'une
obole; peu après, Héracleidès de Clazomènes le
fit porter à 2 oboles; et Agyrrhios revenant
à la charge, à 3".
Par conséquent, l'Assemblée des Femmes constitue un
terminus ante quem pour l'accomplissement de cette réforme.
Or, ces indemnités (35) ont intéressé à plus d'un titre
la réflexion aristophanienne. On constate çà et là que la
notion du ~~~~~S a un retentissement sur la morale :
c'est le mercenariat politique.
Autrefois
l'Assemblée et l'Héliée, où le peuple
agissait directement,
la Boul~, où il déléguaIt ses pou-
voIrs à quelques concitoyens pour donner l'impulsion au
gouvernement et à l'administration, tenaient une place
éminente dans la démocratie.
Souvenir de l'âge d'or. Les vieux de la vieille, autre-
ment dit
les Athéniens du Ve siècle, qui s'intéressaient
trop aux affaires publiques se portaient à l'Assemblée
"en nombre restreint" selon Glotz (p.
389)
(36), même
65
si ce ne fut qU'une fraction du peuple qui assistât
généralement aux séances, soit à peu près 6000 sur un
total de 42000 qui constituaient le nombre des citoyens
en l'an 431.
Comme écclésiaste ou h~liaste, voire bouleute, on
accomplissait son devoir sans solde aucune dans l'inté-
rêt de la cité. Un passage de l'Assemblée des Femmes
(304-305) souligne ce trait de civisme:
"Nul n'aurait eu l'audace de vouloir gérer
les affaires de la cité à prix d'argent"
cf. Hesych. L~ 1868
t')
-,-.~. /
AvJ<S"~~
'V>I'V
Comme naguère, sous l'archontat de Myronidès, les
paysans arrivaient à l'Assemblée de fort loin, emportant
avec eux, à l'instar des soldats, des vivres pour la
journée: eau,
pain sec, oignons, olives (ib. 306 sqq.).
Mais à ce brillant tableau s'en oppose un autre
aux couleurs "affreusement" sombres. Aristote,
nous informe
Glotz
(p. 237), décrit quelque part l'effritement du
Conseil dès l'instant où l'assiduité à l'Assemblée a été
conditionnée par la misthophorie ; car, déplore-t-il,
"le peuple à qui l'on prodigue les misthos attire tout
à lui".
A présent, la misthophorie devient un élément essentiel
de la démocratie, même si au début du Ve siècle elle n'a
servi qu'à rémunérer des services permanents ou exception-
nels, comme Glotz (p. 148, 259 sq.) s'est plu à le relever
66
à juste titre. On n'est donc guère surpris que les magis-
trats athéniens soient assimilés aux manuels :
"A présent, si l'on vaque aux affaires publiques,
on cherche à gagner 3 oboles, ni plus ni moins
que l'aide-maçon" (ap. T. 688).
sqq. )
La péjoration de la fonction est effectivement mise
en relief par la métaphore isolée
\\,\\,,\\).0 ~()f()V'l/TE;~
l l . s'a g i t d
tt,
1 und é nom i n a tif
d é r i vé dus u bs tan tif -n' "\\A0 t
1 und é nom i n a tif
d é r i vé dus u bs tan tif -n' "\\A0
0 SI
"qui porte du mortier" PolI. 7.130, La Souda; il a donc
ie
le
sens de "porter du mortier, être manoeuvre", cf. O.
1142.
C'est un type qui rappelle l' hapax5v fO ~o\\ E;~V
Thesm. 218,
"porter un rasoir"
dit plaisamment d'Agathon
qui passe pour efféminé; mais également d'autres composés
en - (0) -
c:bo,€:tv
ap. Kr.
(37),
p. 586 sqq. du même
, \\
:;
<:'eb
rv
modele, tels que l'hapax olcr-tTLùO \\ 0ftL.V
0ff:L.V
Schol. Nu. 984,
v..€:eo/..\\otoefZv Aris~~. 2.1., Q'"T'=te>(V'''\\tcf<è.L'v
Q'"T,=te>( v 1tc f<è.L'v
(dor. ~TE:~o(Vo(tO\\E::LV
~TE:~o(Vo(fo\\E::LV ) Eur., H.F. 781, Dem. 21.51, dont
la variante est ~\\E:t(l(.voto\\€:tv Hp., Ep. 17 ap. Jungius
s.u.;u,oto'E:CZv.
(38),
Cette conception rattachée à la politique qui doit
nourrir son homme ne semblerait-elle pas transparaitre
clairement dans les propos du Serviteur du Dèmos qui
réplique au Charcutier en ces termes ?
"Ton langage me plait, mais une chose ne me
67
revient pas dans ce que tu prétends faire,
c'est que tu seras seul à avaler le bouillon
des affaires"
(ap. T. 687).
Extraits de l'apparat critique:
\\
~
, : : >
1
LI expression
10"
jvJ /A-oV €:~f'0~~~'=\\"S
est une méta-
phore culinaire. Le substanti f
~v.i ré'~ désigne en effet
"le jus, la sauce" dans Cav. 1174, P. 716, Plat., Lys.
209 d, Ath.
12.516 d,
et--;~rait ~y~nyme/de ~wr-~V,
selon Blaydes ap.
Jungius
, s.u.
1wr-0S
Ailleurs, et plus précisément dans P. 885 :
\\
'z
'
?
rv
, -
!>
' " l / J )
''0\\/
-} lAI r- 0\\1 oh) 1"~ ~ 'tT eO~
e ~~ ~ vV" E:.\\i(. .....o( 1 €. To<. L-
" •••
ïl va se jeter sur elle, [ averti t
Trygée ]
et laper tout son jus", dit d'Ariphradès aux moeurs
infâmes, 7wtci'.s a une connotation obscène.
Le mot devient ainsi synonyme d'une autre expression
à coloration scatologique employée au vers 1285 des Cavaliers,
qui fait également allusion aux immondes pratiques du
A
meme personnage :
68
"
dans les lupanars, [il souille sa
langue, débauché infâme] , par des lèchements
immondes".
Le scholiaste explique
\\
,.....,
,C
/
T,,\\"
TvJV
o(\\..ùo\\.vJ'V'04'}
Lem 0 t
~ f t ~Q S , i 1. est vrai, po rte les e ns de
"duvet naissant" et se rencontre au singulier dans Hdt.
2.68, Plat., Ti. 5ge, au pluriel dans Eschl., Ag. 336,
Soph., ~. 1208 ; mais chez les poètes
il signifie non
seulement "eau pure" , Eschl., Eu. 904
Eur., ...!...
...! :.!
... ..
:.! 255,
1192 , Hipp. 78, 127, I.A. 182, Andr. 167, Ion. 96 ;
Ar., Gr. 1339 ; mais surtout "tout liquide" : vin Pi.,
al. 7.2.
; sang,Eschl., Ag. 1390
huile,Philod.t~' 5.3 •
.,
1
Qua ntau ver be E: \\( ~ 0 t '""E:-l. 5 , no usa von s a f fa ire ici,
comme Chantraine l'a dit (D.E.G.), à un verbe appartenant
à la famille de verbes de sens familier et de surcro!t
technique, pour ne pas dire d'acception matérielle, dont
l'étymologie paraIt ambiguë.
Il se prend proprement avec le sens de "absorber,
avaler quelque chose à grosses bouchées", d'où "ingurgiter,
gober", Plat. Le Comique, fr. 149, Arist., H.A. 612 a 30.
--
--
C'est le premier emploi chez le poète comique.
, \\ '
1
J
\\
"'5
l'V
Dans Cav. 702 : 'lA..oJ...v €~t'oClb~<:ro(5 o(\\JTo~ Ett"l.
""~ffolOw
, . -
A } l ,
1
lKohl
Bothe: ~~'t\\- RV,
), E:.y.\\ot'\\~o{S
serait
une var i a nt e deI a for mat ion ha pa x ~n
e
E; ~
0 ~ ~ ~O( S a ve c
l'acception de "molester",donc métaphore relative aux
fonctions physiques (voir T 617).
69
Figurément,
il est dit du salaire des dicastes dans
,
un passage des Guêpes (v.
1118)
~\\i<.\\Of~
r
TOV
l. 'i'4'-
~~V 1r~V ap. T 686.
) -
t:.'v<~O~~
t:.'v<~o~~
est la forme adoptée par Reiske
la
leçon de~"" est
~lAt()\\~.
c. th ~
Rappelons que
fOl~L.\\1 , c'est proprement "avaler,
engloutir",
Eschl.,
Eu.
264,
Ar.,Gu.
812,
814
•
Absolument,
c'est "avaler de la nourriture",
Cav.
51,
Gu.
906,986.
Dans Hippocrate,
V.M.6.,
il fait allusion à un régime
alimentaire à base de pâtée et/ou de bouillie par opposi-
tion à f'1e~V
çsL\\~OV
ou alimentation frugale.
(.
1
Le verbe * fvt~vJ
qui est selon Photius une forme
ionienne est cité dans Ar.,
fr.
450, Hipponax,
fr.
132
et Hp.,
Ep.
7.11.
Comme composés en - eo,~vJ
ap.
Kr.
p.
595
on peut
c i t e r :
?
.b 1
"engloutir avec bruit"
Cratin,
fr.
7 D.
~"ol.e\\o\\ (êuJ
Arist.,
Me!-~ • 356 b 13, Placite 3.5.2. Diels, Lucien,
Ode
12.104,105,cf.236.
~. 1.30 = &VO(\\\\OLr~E'uJ
?
1
"déguster,
~"()~~otE.W
avaler",
hapax qu'on rencontre
dans Xen.,
Cyr.
1.3.10.
?
/
')
Jnl
~\\\\L f~otéW
(ion. ~t\\L\\eV1E:W)
"avaler en outre".
Hp.,
Acut.
24
;
"avaler avidement"
Cléarque,
fr.
l,
Theopo~pe, fr.
76.
1
\\;(o(\\o(f,otE:W
"humer,
avaler" Hp.,Loc.
Hom.
17,
Xen.,
Cyr.
l. 3 . 9.,
Ar i st.
, Pro b 1. 876 a 27 = Kal
K T0(
T ((0 ~ ~ 'V' w
Hp.,
Morb.
2.54,
59.
70
1
T\\~O fotevJ.
T\\~O
"absorber auparavant"
employé uniquement
chez Hippocrate, ~. 1.75, dont le synonyme est tt\\oeot~~~)
ib., Morb.2.54.
1
tvxoffOfe:w "boire de l'eau fra!che" Plat. Le
Comique , fr.
259.
Pour tout dire, la misthophorie appara!t comme
l'effet et le signal du déclin du civisme.
En temps de paix, la majorité est certainement composée
de citadins. Il s'agit des artisans et des marchands du
Pirée et de la ville, puisque les riches propriétaires
habitant loin d'Athènes n'avaient pas, on s'en doute, le
loisir de s'y rendre,
si ce n'est dans des circonstances
exceptionnelles. En somme, comme le note Glotz (p. 180
sq.)
citant les sources: "en temps de paix,
les campa-
gnards , habitués à vivre dispersés et ne s'intéressant qu'à
leur champ, reculaient d'ailleurs devant un voyage
quelquefois long et coOteux ••• ". Bref, on voyait rarement
à la Pnyx plus de deux à trois mille citoyens
[sur un
total de 42000J, dont "le plus grand nombre de beaucoup
étaient des citadins".
L'Assemblée est en fait-le lieu où le peuple exerce
ses droits politiques de façon manifeste; et où son
pouvoir écrasant en contrôlant le marché, les ports et la
Pnyx rend politiquement impuissants le Conseil, les stra-
tèges et ces illustres citoyens qu'on honorait au Prytanée
(Cav. 164 sqq.). Et pourtant, le troupeau, à l'exception
des prytanes qui pouvaient se disputer les meilleurs sièges
(~. 19 sqq., 40 sqq.), n'était toujours pas prépare a
suivre son meneur et à remplir les sièges de l'Assemblée
(Gu. 31 sqq. ap. T 453), parce que les Athéniens préfé-
raient flâner au marché où on devait entendre les dernières
71
nouvelles et o~ la plupart d'entre eux g~raient des affai-
res. Or, il s'avère que du jour o~ l'on fut pay~ pour
y assister, c'est-à-dire au commencement du IVe siècle,
les plus pauvres citoyens, que la n~cessit~ de gagner
leur salaire quotidien avait peut-être retenus jusque-là,
l'envahirent.
~/~
1
L'expression o<U~o\\.; \\C..ol.'T'«Çf'2;O\\l"rCé.!> dans Ach. 26 ap.
T 678
souligne lto<.e: vrrcfv'O\\" 0/..'1/
l' id~e d'empressement
de cet t e mas s e (lt'~ " ~"\\ ~ 'O!) ). Par con s ~ que nt, hic e t nu nc ,
il est fort probable que plus n'est besoin de l'ancienne
corde vermillonn~e (Ach. 21 sqq., A.F. 378 sqq.), dont le
but ~tait de conduire les gens à l'Assembl~e.
Donc, une mesure qui, à n'en pas douter,
fit pr~cipi
ter à nouveau la majorit~ de la population vers l'assem-
bl~e qui encore une fois devint une foule bruyante et
tumultueuse. D'o~ l'emploi justifi~, semble-t-il, de
1
r v f \\
1
ni
l ' exp r e s s ion fè." ,. 'f ~ () ev
e j3«t' (~. 518) : ~0 ~\\J ~1;)5 ,
comme l'a dit Chantraine, d~signant "le bruit ou le tumulte",
ou mieux, "le d~sordre ou la confusion" de l 'assembl~e
permettant d'exprimer son approbation ou sa d~sapprobation
, (\\
1
(EJJOeV~'~o{v' ,ib. 427), et par voie de cons~quence de
stigmatiser cette pression populaire dont le peuple seul
semble d~tenir le secret ; ~6ev~oS ,c'est en quelque
sorte l'engouement du plus grand nombre.
Ainsi donc, les int~rêts de l'Etat d~pendaient, pourrait-
on dire, d'une majorit~ de pauvres.
On sait de plus qu'à l'~poque le~\\..~~:s n'~quivaut
que "au salaire d'une demi-journ~e de travail, au prix
de la nourriture d'une personne" (Glotz, p. 282). En un
mot, le montant du r-\\"CI"Bo's paraissait extrêmement
modeste.
72
Ainsi, par exemple, le~\\..~~6S ~\\..v<.o(q-"T\\...\\,(.~5
(Gu. 605 sqq.) permet tout simplement de corser le dtner.
C'est pourquoi le juge athénien, mieux le dicaste, va
faire des procès son pain quotidien
persuadé qu'il n'aura
pas perdu son temps au tribunal.
Et c'est pourquoi aussi Philocléon (ib. 511) a hâte
de "se mettre un petit procès sous la dent" :
C'
1 C
\\
1
;)\\
V \\.. ~ \\.. () \\,
t
0 V
cr' r-- \\... II<. ~ 0 V
00 \\. t'-- ' 0<" .. ,
Cl( 00 \\. t'-- ' 0<" ..
Cl(
Or, la rémunération des charges publiques ( , ~\\..<r~o-
tOf(oI.) n'a pas été exempte toujours de critiques tant
de la part des aristocrates athéniens que de celle des
poètes comiques. Selon ses détracteurs - notamment ceux
de l'indemnité des juges (39) -
, la démocratie aurait
institué un système d'indemnités qui incite la multitude
à la paresse, au bavardage et à l'avidité. Et pourtant,
au commencement de l'institution judiciaire athénienne fut
l'indemnité des juges. Souvenons-nous de l'époque homéri-
que avec les gérontes qui réclamaient des piécettes d'or
aux parties qui avaient sollicité leur ar.bitrage ; ou
encore de la gent des "mangeurs de présents" qui pullulaient,
dit-on, en Béotie. Dans ces conditions, il n'est pas
interdit
peut-être
de considérer la misthophorie comme
une des mesures partielles permettant de subvenir aux
besoins les plus urgents de la cité. En fait,
par cette
indemnité qu'elle accorde à ceux de ses concitoyens qui
lui prêtent leur service, Athènes cherche sans doute à
inciter "les plus humbles" d'entre eux à prendre une part
légitime aux charges publiques, d'une part, mais aussi et
surtout à "assurer le règne de l'égalité",
une devise (40)
que prisent
par-dessus tout les Athéniens dans leur
Constitution. Comme Glotz (p. 152) le note
73
"C'est le mérite, disent-ils,
bien plus que
la classe, qui fraie la voie des honneurs
publics. Nul, s'il est capable de servir la
cité, n'en est empêché par la pauvreté ou par
l'obscurité de sa condition".
Tout indique qu'elle est donc révolue la période où
le civisme des Athéniens en tout et pour tout avait droit
de cité. C'est-à-dire la seule et unique satisfaction du
devoir accompli et ce noble sentiment de contribuer dans
l'exercice de ses fonctions au bien commun. Désormais
la cité doit payer si elle veut obtenir des citoyens les
,
.
concours necessalres.
2. La professionnalisation de la vie politique
===========================================
L'Assemblée du peuple, certes, est souveraine en
1
droit (~""f\\..«'). Elle joue le rôle de corps électoral.
pour les magistratures électives (l'élection des stratè-
ges, par exemple)
; et celui de corps législatif dans
tous les domaines imaginables , puisque c'est ,elle qui
décide lorsqu'il s'agit d'engager des dépenses publiques
ou de créer de nouvelles ressources, de décider des
négociations, de déclarer la guerre, de conclure la
paix •••
(41). Mais
par elle-même incapable de vouloir
et d'agir, elle ne peut cesser d'être une foule inconsis-
tante qu'à la condition d'être dirigée.
- Le rôle grandissant des démagogues
Dans ces conditions,
il lui fallait une âme. Par
conséquent, l'âme de l'assemblée, ce fut l'orateur, ou
74
1
mieux le démagogue -, désigné sous le nom de iTeO\\\\"To(,',\\S.,
Cl
La composition de ce mot renvoie à
\\"\\\\T"\\r-""
pris intransitivement. Il s'agit, à en croire
Claude
Calame (42), "d'un composé nominal déterminatif de la
catégorie Bahuvrthi", dont le premier élément a une
A
1
valeur adverbiale du meme type que \\T~w\\"00oVo5> g. 4.
102, Hes., Trav.
543 , et spécifie le second, qui comporte
une valeur passive ou intransitive.
1
Donc, \\T\\o<s""To("T~S, c'est celui qui a été placé! qui
se trouve en première position! à la tête de. En un mot,
c'est le chef militaire Xen., Cyr. 3.3.41., Eq. Mag. 2.2.6.
ou politique Hdt. 1.127, 5.23 ; Thuc. 3.75, 82; 4.46, 66
Ar.,~. 1128, Gr. 569 ••• , pour autant que généralement
ce dernier est placé à la tête d'un groupe. Il est vrai
cependant que chez Athénée (15.678 b ap. Calame, p. 95
n.112), le mot désigne le chef des choeurs dans un contexte
choral. En effet, en prenant comme modèle Socrate,
Xénophon. (~.
(~' 3.4.3. sqq.) , à en croire Calame (lb.),
n'avait pas manqué de souligne~ déjà, bien avant Athénée,
l'interférence analogique des trois fonctions contenues
dans l'appellatif 1T~O~\\~"'1S , à savoir)politique, mili-
taire et religieuse :
\\
1
~1~' o0~~" ett'-~L~V ~crT\\.. Xoe0G' \\~ -..<.o<.\\.. q,\\o{"n:;v-
t-
ne
01. TO 5
o ~ ~""'ot'10(, l..
\\....
Bien entendu, une telle catégorisation fut rejetée
,
C\\,
C\\'
3\\
par Socrate
pour qui, note toujours Calame,
O<')(oI.UoS ot.'I
')'
,
~I
r v
')1
1"
V
,1
€:.l.1
€:.\\...1
l1-e()<r'o(''i~S,
l1-e()<r'o(''i~S, e: ... .,....E::. AOfo~ eLT€:
'tT"Ol\\€:w.s
ELTC:::
r
çr T\\o( T~~
"1\\\\ ()
a( ToC oS
"1\\\\ ~ \\~ T€.v o\\.., •
•
1
C'est un type qu 1 rappelle \\\\f w'To ~T~\\r~)
Thuc.
5.71, Xen., Cyr 3.3.57, 6.3.24, Lac. Il.5 •••
Il ne fai t pas moins écho à l\\«feX. (l''T~'f\\S, composé
qui se prend proprement avec le sens de "celui qui était
75
placé! qui se trouve à
côté de, Eur., Rh.
506, Hdt. 6.117,
cf. Xen.,.Cyr.
3.3.59,8.1.10 ; voir Calame, ~., p. 96
n.
113.
1
Il convient de le rapprocher peut-être de XO~()~.T~'1S
(dor'X()\\o~'~'o{5), I.G. 12 (2).645.36 (Nesus," IVe a.C.),
Zonar. s.u. XO~O{ST:"T,,\\~
(p. 1856 Tittmann) ap. Calame,
p. 95
n.lll, cf.
la forme fémi~ine XO\\()~Tof.,.\\..s Alcm."
fr.
23 = fr.
l, 84 ap. Calame (Ib.). Notons que XO~O~'o(""1S
peut être interprété,comme Calame l'a dit (p. 95), comme
"un composé à rect ion verbal e du t ype 6l(~~~ 0 TO~ r Pi. ,
~~.8.96, Eschl., Eu., 626, ~9.' 1391 (Porson)] ou otKot~\\()~
[Scymn. 854, Peri pL M.
Eux. 49"J,dont le deuxième élé-
ment de composi t i on qu i
re nvo ie à G~T"1 t'- \\..
comport e une
valeur transitive et régit le premier.
D'où le sens de
"celui qui met en place! qui institue (t'<:I"'T~r-~ ) le choeur".
1
Pour tout dire,
le .lTf.()~!o(.T~ S, c'est le chef de
parti, le guide politique du peuple,
l'homme en qui,
autrement dit, en démocratie, la majorité de l'assemblée
ont pleine confiance (.!:. 684 sqq.). Ce qui lui "permett ai t
d'exercer une sorte de magistrature spéciale inscrite
dans la constitution, en somme,
une hégémonie par la
persuasion", comme dit Glotz (p. 207).
C'est lui qui dirige la politique et qui est le véri-
table chef du parti populaire. Aussi pensons-nous que la
distinction juridique établie entre "'e0q-,J.T1S> \\00' ~,~
1
I~
•
et 1t'~ ()~TDl.\\~
T,S
c:>
\\rOAE:WS
semble tant soit peu negligeable
au Ve siècle du moins, étant donné que "c'est autour des
hommes politiques, plutôt qu'autour des idées abstraites
et des programmes généraux"
(Ehrenberg,
p.
354
n.6.)
que le
peuple avait coutume de décider (43).
En fait,
il choisissait ces "prostates" le plus souvent,
soit dans les familles illustres, soit parmi les stratèges
76
chargés de veiller aux relations extérieures. Ainsi
en fut-il de Cimon, de
Miltiade, de l'Alcméonide
Périclès, qui eurent pour successeurs des commerçants
et des industriels, dont les intérêts particuliers se
confondaient avec ceux d'Athènes pendant la guerre du
Péloponnèse et qui sont loin d'avoir fait honneur à la
démocratie athénienne. Ces derniers ont pour noms Lysiclès,
le marchand de moutons, Cléon le tanneur, cléophon le
luthier, Hyperbolos le fabricant de lampes. Il est entendu
que le nom du Charcutier dont parle Aristophane dans les
Cavaliers ett une évocation
Trol.\\~ ï\\\\O'f"bo\\;(.~<xV.
Or, à maints égards, le stade d'orateur n'est qu'un
stade préliminaire à celui du "prostate". C'est pourquoi,
évidemment, ceux qui aspiraient à exercer la plus haute
magistrature usaient des moyens plus ou moins douteux
pour assouvir leurs passions. Car, somme toute, l'homme
1
qui est " mal t r e dei a tri bu ne dei a Pnyx " : Cl cr TL S ~ eol _
""lé:~ "r;;" \\o':J A[eov Tou '" -r~ TIU\\l..vL ,P.680, n'est
\\\\
-
en fait que le "prostate" du d~mos.
Voilà pourquoi les gens aimaient s'attrouper à l'en-
droit, hic et nunc, la Pnyx, d'où ils pouvaient bien
entendre les orateurs pour pouvoir prendre plaisir ensuite
à discuter les points essentiels de leurs discours ou
plaidoyers. La preuve en est fournie par un passage de
l'Assemblée des Femmes (vv. 241-244), où, à une compagne
qui s'extasie sur son éloquence, Praxagora fait remarquer
qu'elle s'est instruite en écoutant les orateurs de la
Pnyx. Notons que la même idée est développée dans la même
pièce aux vers 86 sqq., 588 sqq., et dans les Thesmophories
292 sqq., 434 sqq.
Or, l'Assemblée était un rassemblement de masse et
s'adresser à elle exigeait, au sens le plus strict, la
puissance oratoire. Précisément
parce qu'elle n'avait
77
pas de composition fixe,
parce que nul n'~tait choisi pour
y assister,
qu'il n' y avai t
pas de partis poli tiques,
ni
d'"équipe gouvernementale"~ni d'autre principe d'organi-
sation,
quiconque indépendamment du fait d'exercer une
charge ou celui de siéger au Conseil cherchait à infléchir
la ligne politique de l'Assemblée devait paraître sur la
Pnyx et exposer ses raisons.
Par conséquent,
un homme
était un dirigeant politique aussi longtemps (mais pas
plus longtemps) que l'Assemblée acceptait son programme
plutSt que celui de ses adversaires.
Finalement, le "prostate" est l'homme de tête et de
parole qui montait à la tribune avec une proposition
ferme qu'on pût discuter et voter, et qui était capable
de l'expliquer, de la défendre, de la faire triompher.
N'est-il pas patent que la démocratie avait constitué
de la sorte, en dehors même des cadres de la constitution,
par le seul jeu des forces vivantes, une nouvelle espèce
de "magistrature" (Cav. 1128 sqq., Gr. 569 sqq.) qui
compte,en somme, tous les plus grands noms de l'histoire
d'Athènes: Cimon, Périclès, Cléon, Cléophon, Hyperbolos ••• ?
Le d~mos avait certes son mot à dire, mais tout
naturellement
c'est vers les hommes cultivés et riches
- puisqu'au Ve siècle,
nous avons une assemblée où domine
une majorité anonyme de pauvres gen~, préoccupés seulement
de vivre aux dépens des riches et d'assurer contre eux le
pouvoir qu'ils sont arrivés
à conquérir -, qu'il se tourne
pour leur confier la direction de la cité ••• Ces hommes
deviennent naturellement de véritables politiciens,
habiles
dans l'art de la parole qui leur permet de gagner les
foules,
de manoeuvrer
l'assemblée
à leur guise, à telle
enseigne que des clans. de véritables factions se cons-
tituent derrière tel ou tel homme politique, tel ou tel
orateur ou financier habile, tel ou tel stratège.
Admettons
donc
qu'on aboutit ainsi à une profession-
nalisation de la vie politique, en même temps que la
78
direction de la cité devient un métier dont on acquiert
la pratique auprès d'habiles professeurs de rhétorique.
Voilà pourquoi le poète comique éprouve à maints égards
du dégoût pour cette démocratie et ses abus.
On peut considérer ces orateurs pu~lIcs comme les
véritables maitres de la politique athénienne lorsqu'on
sait qu'Athènes avait une trop longue habitude de la
liberté pour souffrir d'autres maximes que celles dont
s'était nourri son idéalisme pendant deux siècles d'une
vie féconde et glorieuse: à savoir, le respect de la
loi,
l'amour de la patrie,
l'éloge des vertus publiques
et privées
qui constitueront justement le fonds de
l'éloquence athénienne dominée surtout par la noblesse
générale des idées exprimées dans tous les discours. Donc,
l'éloquence continue d'être pour Athènes une sorte de
prédication morale, même quand le prédicateur est indigne.
Or, il s'avère que le peuple réuni en assemblée ne peut
pas délibérer sans orateurs ; le peuple réuni en tribunal
ne peut pas juger sans avocats.
Or, tout se fait à Athènes par la parole. Et, comme
l'influence de la parole s'exerçait le plus souvent au
profit de la démocratie et contre l'aristocratie, on
voit nattre, cro!tre et même s'engraisser la race des
orateurs produite par le régime populaire, par le règne
de l'assemblée et des tribunaux. Par conséquent, il va
sans dIre qu'il n'y avait pas de personnages plus raillés,
plus insultés, plus hais par les poètes comiques que les
orateurs, notamment de profession, élevés dès leur jeunes-
se dans la pratique de la rhétorIque, et qui vivaient de
leur langue, comme d'autres de leurs mains.
Une constante demeure cependant ! En toute matière
humaIne, Il y a un déchet inévitable. Ce mal, on s'en
doute, n'est pas particulier à la démocratie athénIenne.
79
Certes, la moralité privée et publique de ces orateurs
paraIt assez généralement suspecte ; et les risques de
la profession expliquent sans doute pourquoi ces soupçons
sont si facilement acceptés; car, un orateur n1était
jamais sûr du lendemain (A.F. 195 sqq.) et les hommes
peu scrupuleux devaient chercher à tirer du succès
immédiat tout le profit possible. Mais,il semble qu'il
faut se méfier des généralisations hâtives, étant donné
que les hommes qui détiennent un grand pouvoir sont
aisément soupçonnés d1en abuser. Toutefois, ce qui est vrai,
c'est que les tentations étaient nombreuses et que le
scepticisme indulgent des moeurs publiques était loin
d'élever une barrière forte contre certaines de ces ten-
tations, bien qu'il ne s'ensuive pas que, d'une manière
absolue, l'influence de ces orateurs soit mauvaise ni que
leurs conseils soient pernicieux. Il n'en reste pas moins
qu'on leur applique cependant comme défauts l'impudence
(Cav. 276 sq., 324 sq.) et l'impureté de leur vie (Gr.
367, 666 sqq., Pl. 370).
L'aveuglement populaire
Le peuple devient ainsi l'innocente victime des
flatteurs et des calomniateurs qui sont légion
à
Athènes. Aristophane accuse les no11a~ de la Pnyx ou
ochlocratie, pour ne pas dire la masse de l'assemblée,
d'une confiance trop aisément et naïvement donnée à
ses mauvais bergers. En effet, ils avaient gardé vivants
parmi eux les hommes m~mes qui, à la première occasion,
étaient sans aucun doute pr~ts à comploter le renverse-
ment de la démocratie.
Il s'avère que le nouveau type de dirigeant politi-
que était un démagogue - expression de connotation
80
péjorative, voire abjecte pour faire allusion au mal que
,
ces personnages incarnaient - flattant le peuple a
l'Assemblée pour mieux le "lamper" , comme le souligne
Taillardat (in 695), aux dépens des plus
hauts intérêts
de l'Etat, qui les touchent moins que les questions de
personnes. Et même, lorsqu'ils s'en occupent, c'est pour
se laisser aller aux illusions de leur imagination échauf-
fée, ou aux impulsions de leurs instincts.
On sait que le peuple de tout temps ne veut écouter
que ceux qui flattent ses désirs. D'ailleurs, Démosthène
dans les Philippiques 3.4. reprochera aux Athéniens,
à en croire J. de Romilly (in Problèmes, o.c., p. 42
n.l)
d'avoir banni de leurs délibérations la vraie liberté
de parole. Donc, le flatter, c'est lui f~ire croire aux
vaines promesses, lui faire croire que ce qu'il souhaite
est possible. En un mot, c'est chercher à lui faire
plaisir. Or, la tentation engendrée par ce mal fondamental
que fut l'aveuglement populaire en ce Ve siècle
fut si
forte que les successeurs de Périclès en ont été les vic-
times agissantes.
S'il y a pléthore d'orateurs et/ou démagogues, c'est
sans doute parce que les Athéniens ne s'intéressent pas
aux affaires, pour autant qu'ils ont peur des hommes
politiques, et qu'à l'instar d'Evelvipidès et de Pisthétaire,
ils ont abandonné Athènes (O. 33 sqq.) en vue de trouver
un "endroit apolitique"
ib. 44
'T\\'Ae("JJk.~~o( <z..,'ToVVTE:
l
,
1
\\
-,
ToTIov
o(tteo<.):f-0Vo(
,loin de l'agitation politique
et des palais de justice :
,r
'l) ~
,v
p l , ')1
,
\\A.d.v ",-V
'fvTWY?;1VtfS iXtt~o(.~t-0~ 0'/'\\0<
0'/,0<
\\<"o{v
\\<..O{\\;
\\'<'f:~,,\\-
r-
V /'\\,o(
(0( -rreotrr- oV o'lTo/.
Vcp '. 0( ~~o('0 0 VO< R.).
~"'{fÂ.
L
'
•
J
.1')
,
. ' "
L e negatlf ~~e~U~
e negatlf
Ov
designe, blen sur, l'attitude
de ceux qui se désintéressent des choses publiques
préférant leur tranquillité. C'est un mot courant qui se
comprend "paisible, inactif"
et qui est particulièrement
81
dit de ceux qui demeurent étrangers aux affaires
publiques. Il est opposé à l\\oAv T\\f~'t\\A-w""qui s'agite,
se même de tout".
L'élément suffixel - WV
nous avertit qu'il convient
de le considérer comme définissant une qualité (44).
"
.
/
Effectivement, ~rr~a(Or-""\\I, comme d'ailleurs ocn-e«'Or-l>\\r\\JV,\\
(~. 1007, Xen., Mem. 3.11.16 ••• ) exprime moins un fait
qu'il ne suggère un sentiment. Ce mot se trouve donc cité
2
chez Euripide, fr. 193 N , Eupolis, fr. 8.4.0. Il a ici
une connotation politique comme chez Antiphon, fr.
3.2.1.
2
N , Platon, Rép. 565 a.
A en croire Huart (45) qui cite les sources, en
défendant sa politique, Périclès s'en était pris, entre
autres, aux partisans de la tranquillité. Pour le stratège
qui ironisait sur leurs vertueux projets, en fait, cette
tranquillité considérée, du reste, comme égoiste, n'a sa
raison d'être que par opposition au goût de l'action
(r--'=Tà Tou <D'-\\I(,Il4.<r'1"~(O\\l)'
Pis encore! Pour Aristophane (Cav. 264), le démagogue
a affaire à des citoyens heureux, certes, mais imbéciles
(c?q.....
(c?q VOK~V) surtout, dont il va exploi ter la naiveté
,
rv
~ol..v
<r\\l(.orr~~S
v\\:)",~v
V\\:)"'~V
'A
~
est une formation hapax porteuse du sens
t"" 0 't(w"
de "à l'esprit de mouton", c'est-à-dire "simples,
innocents".
Elle a été forgée en s'inspirant du sens figuré de
?
1
2
o(\\A-\\I'o~ (cf. Schol. Cav. 1.1.) "agneau"
Soph., fr.
751 N ,
.
.
-
Ar., O. 1559 ; d'où l'expression métaphorique de Paix
-
-
-
82
,
"
' 1
~I
935 : ••• O(r-'(o\\, \\lDv5> \\f0tt'~':'?, cf.
o(r-v\\..~S,
diminutif de ~r;.V'0".:>' Hermipp. fr.3.,et de KO€w)
synonyme de VOfi::.vJ, correspondant proprement à "remarquer,
s'apercevoir, comprendre"
cité chez Epicharme 35.14
Kaibel, Anacréon 4.14
Bgk, Callias, fr.
53.
Cette création aristophanienne est du même type que
-
~ol.II<._-'<'()ol" "être stupide", Cav. 396 ap. T 460, mais aussi
"être insensé,
idiot", ib. 62, cf. Corn. Adesp., fr.
1210,
Luc., Lex. 19, dérivé de Moe.v"\\<"J,, personnificati~ de la
stupidité, de l'idiotie, selon la Souda. Bien entendu,
t'V
~
l'élément
_KW'V(_
lIt.ovJ'V)
est à l'imitation des forma-
tions nominales !\\olOKciwV,'lrrTfo-..<.duJv
,ket?-~\\..~~'V'
(voir infra,
p.
276
n.116).
,.
Bien sur,
le meilleur orateur est celui dont les
motions (Cav. 1350 sqq.) sont le plus fréquemment passées
(Nu. 429 sqq.). En effet, ces orateurs qui se tenaient
sous la protection de Ze:.0.s'Ç\\rOeol~oS(Cav. 500)
cultivaient entre eux une certaine émulation dont le
vainqueur était couvert de couronnes (Ach. 626 sq., Cav.
501 sq.). Dans ces conditions, il va sans dire que c'est
cet esprit de compétition qui fait comparer les orateurs
- désormais une expression figée désignant cette engeance
qui parlait devant le peuple pour s'attirer la bienveillance
des auditeurs (Ach. 38 sqq., Cav. 428 sq., Thesm. 381 sqq.,
A.F. 243 sqq., fr.
198.4. des Détaliens) - à des coureurs
-
""" <'E~'\\'
')""
'")1
<.
,
C.I
(Nu. 430 Twv
: "A~"vJ"" €.\\..\\lot\\,
~ç AE.O~l.:" €""-O('ToV (ï\\«.OlO"'~\\..V
"~e\\..<r\\O" ) qui partent naturellement d'une même ligne de
,
;;/
J
\\
f)
1 C
,
/
,
1
depart : Cav. 1159 o(~E:S o(tro ~f?\\..\\)vJV Er-~ T~ \\\\0( .... TovTo'l\\..
••• ap.
T 580 (p.338),voir infra. ,p.
200.
Le mot ~~~~Ls (,) désigne proprement la barrière
indiquant un point de départ ou d'arrivée. En général,
au pluriel, c'est la barrière ou la borne d'o~ partaient
et o~ revenaient les coureurs dans le stade, cf. Schol.
Cav. 1159. Ensuite,
il a signifié "commencement",
83
Antiphon le Sophiste, .fr. 69 Diels, Eur., H.f. 867
1)
1 C
,1
' 1
' - h
«(?o(AP.J\\,ÙWV O(t\\a) ,
Ar. ,Gu. 548 ; d'ou
a metap ore
c.,1
l
,
/)
_C
f)
, 1
.
E:.~
rre
'tl" c:::
0 ~
~et -\\ f?' \\, ùol "'" 'n",,\\~cl.V (?>l. 0 \\J ••• in Eu r. ,
Med. 1245, ap. T.,i~.
n.l.
Le talent de parole ayant dans cette
Assemblée
athénienne, comme d'ailleurs "dans maints Parlements
de notre époque une tout autre influence que la
justesse de pensée" selon Glotz (p. 204), ce ne semble
pas une gageure de dire que cette Ecclèsia
ressemblait
davantage à un auditoire de sophistes qu'à une réunion
de citoyens qui délibèrent sur les intérêts de la cité.
La faconde était placée bien au-dessus de la sagesse
"sur l'échelle des valeurs". En vérité les hommes poli-
tiques trouvaient devant eux une masse d'auditeurs
muets ('\\'~\\"~To{\\") tant à l'Héliée qu'à l'Eccl~sia ; en
un mot, des gobe-mouches.
De plus, cette Assemblée est une réunion de
citoyens ignorants (46),et en raison même de leur
pauvreté, du moins durant la guerre du Péloponnèse,
irresponsables, qui faisaient montre d'une niaiserie
hébétée une fois assis sur le rocher de la Pnyx.
, (\\.,
C'est-à-dire remarquables par cette .~tA-oL?lC~ qui est
souvent reprochée à Cléon dans les Cavaliers 191 sq.,
si bien qu'y faire allusion peut être considéré comme un
mépris chez Aristophane :
"Mener le peuple n'est plus le fait d'un
homme instruit et de bonnes moeurs, mais cela
demande un ignorant, I,m impudent".
,
\\
C'
1
\\
:>
t v
\\~/?~
(.h v~t"o<..~uJ1\\..« O~\\ Où 1t",tis tov~\\..\\<.OV c:.: (;<:S"\\lY
':>rJ..V~~~5 ovçE: Xt\\tt"T00 To~5 'Tp6\\(o0S \\~2.~? E:l.S
,
~
...
f)
1
\\
r-ol
e
0( r-ol
0(
~ ~ 0(. ~
[=>
E: " v
0\\1 •
84
La même idée est exprimée dans A.F. 201 :
c.A
1
c.A
f V
,
(\\I
? "Iî'O
- - ; -
t\\~ Of;\\... o~
r-
~O~OS •
0( t"'" 0I.."~ ';;> ) J.. AA
"E.\\ U1" li r- 0 S ~O~OS ,
0( t"'" 0I.."~ ';;> ) J.. AA
"E.\\ U1" li 0 S
En un mot, ce sont des badauds que les orateurs
intéressés, habiles à flatter, pouvaient berner comme
ils l'entendaient, puisque n'ayant pas d'opinion propre,
ils épousaient assez facilement celle de l'orateur
(Cav. 118 sqq., P. 635 sqq., fr.
68), et vraisemblablement
-
.-
-
souvent ils suivaient bouche bée l'orateur qui s'expri-
mait le dernier, naturellement celui qui s'y connaissait
en mati~re d'éloquence, (dans les Thesmophories, 305 sqq.,
,
1. 1
'
l' ~OuJv1
~OuJv
des femmes pour decouvrir laquelle d'entre elles
était la meilleure oratrice semble illustrer ce fait,
cf. A.F. 130 sqq.), et qui aura su, selon Couat (o.c.,
p. 69 sq.), "le mieux les prendre par l'endroit sensible
au milieu du tumulte, des cris, des applaudissements
et des sifflets, tout en mangeant et en buvant, au point
que les archers chargés de la garde de l'Assemblée sont
obligés d'emporter parfois les plus tapageurs".
C'est l'écho de cette irresponsabilité populaire
qu'on perçoit dans Cav. 752-755 à travers les plaintes
du
Charcutier
"Ce vieillard est chez lui le plus fin des
hommes,mais dès qu'il si~ge sur cette roche,
il reste bouche bée comme s'il entassait des
figues s~ches" (ap. T 472).
85
Le sens de ~ ft \\\\lO<&~1'..J (47) est bien connu : c'est
"mettre les pieds dans des entraves", d'où "entraver,
•
,
,
'\\
o(S)
. '
enchalner", Hdt. 4.69 (T()\\J~ t"-lIt"
'-
. D'une manlere
enchalner", Hdt. 4.69 (T()\\J~ t"-lIt"
'-
. D'une
g~n~rale, il se traduit soit "emp~cher, contrecarrer
quelqu'un", Ar., .2.: 965, ~ 359, Xen., ~ 2.3.10,
Plat., Cra. 419 c, Isoc., Ep. 4.11, •••
; soit "faire
obstacle à , s'immiscer (dans une affaire)", Arist.,
E.N. 1100b29 ; soit absolument "faire ~chec ou obstacle
à", Arist., Pol. 1288b24.
Toute la question est donc de savoir ce que signifie
1
c.'
~
1> '~
exactement la comparaison
""<.f:X1"~" w~(Cr <:t-L'l'r~_\\.Jw"-,
dont les Anciens m~mes , à en croire Taillardat (in 4,
472), n'~taient pas parvenus à bien d~celer les contours.
Des analyses de Taillardat (ap. 472)
, qui cite les
sources, il ressort que
1. les scholies à Cav.
( l I . )
h~sitent entre trois
explications :
- "mâcher les figues" à l'instar des apiculteurs
lorsqu'ils constituent des r~serves d'hiver pour les
abeilles.
- "happer des figues au sol" à la manière des
enfants pour s'amuser en jetant les figues en l'air pour
les attraper dans la bouche.
- "~craser les figues en les pi~tinant". Il convient
de rappeler ici l'interpr~tation d'Hésychius (t: 2484
Latte) héritée peut-~tre d'Aristarque:
?
CI 'l
·
rv
f\\
t..
C',,'
le
E. r-Tr
r-
0
ù \\.. l E:. '- V
0< cr- ct ~ Dol..\\... • 0 ~
ù a
L '\\S"Xr:I..
X è) 0< S
r-
r-
01. c:s-~ q- Got\\.,
\\o(~ ~
E;:{ ~ "t""~o(. L.5 ) "'~ ~~ ~ f3E:LV
f!V
, \\ : ;
1('
\\
.,...o'-~ 1\\O~\\"
lolS
L<:jX~ào<.S.
86
2 •
pour Casaubon, Brunck, cf. Varron, R. rust. 1.141,
l'expression se prend proprement avec le sens de "enfiler
des figues pour les faire sécher".
3. pour Willems, enfin, la comparaison signifierait
"assujettir ou fixer des figues sèches", comme ces ouvriers
préparant machinalement des pains de figues sèches ou
/
jroL~o<.<I"l..oJ. (P. 574).
Finalement, de cette équivoque difficile à saisir
parce que due au sens de ~t"t\\Q~L~E:LV' il semble qu'on
peut retenir avec Taillardat que "l'intelligence" complète
de la comparaison appliquée aux Athéniens donnés pour
nalfs embrasse à la fois l'interprétation d'Hésychius
et l'explication de Willems.
A l'Héliée,
le souci de Philocléon est de "guetter,
bouche bée, le colacrète", qui le paiera après l'audience)
Gu. 695
CI"0 ~~ Xol..~ KJ5E:-L. 5
T<?>V
Il'U.v~o(K\\~T~v'
ap. T.472
p. 267~.
XcX<rK.~)';" , hapax, est la forme fréquentative du verbe
courant Xolo:rKW
"demeurer bouche béante"
g. 16.350,409,
20.168, ~. 12.350 ••• L'explication du scholiaste à ce
vers est assez claire :
~
, , 1
,
••• E
e
t
,0(
l'rI.. T, eE:~$ ') t 1~t )10'1
r- L 0<'/) 1"\\o1"E: ToV
Le même reproche est décoché à l'encontre des ecclésias-
tes. D'où les expressions courantes ci-après qui servent
à peindre l'air benêt des Athéniens et partant d'Athènes,
la "ville des jobards :
c..
1/
1
I~
Cav. 1263
1 v\\e=X.""VolLWV lToJ<.L.S ap. T 472 (p. 267),
Gr. 990
Te
(lb.)
~C::X,\\vtT(ê-S \\,-c4r-~~K\\Je()\\.ap.
et des "citoyens-gogos"
87
Ach.
374 •••
-ap. T 691.
,
t')
1
Le verbe otrrétlTOAd.W (48) signifie proprement
"vendre", Eur., ~ 1371, d'où le sens de "trafiqué"
appliqué au participe parfait passif.
ib. 635XoCvv'\\)lr()1~,o(\\" ap. 1. (ib.), qui a une valeur
caractérisante.
,
l
'),1 _
1
Cav. 261. •• K~X"" oTcX
fa i san t
cou pIe a v e c
l r-
Cl( ii ~o( l
0 V
OV \\ 01
ap.1.
(ib.).
Gu.
32 6v..\\oo\\1.Î(f"\\.~)(ë;VI
Aussi apparatt-il que le Paphlagonien - Cléon a
rencontré assez facilement dans Athènes ces types de
citoyens susceptibles d'être réduits à merci d'un croc-
en ja~be. La ~la:santerie sportive
lTO(\\~ 1TfO~~()\\,{(olV
se presente aInSI
:
" [Et c'est justice puisque tu guettes celui
des citoyens qui est sot comme mouton ••• ] ,
l'ayant fait venir de la Chersonnèse,
tu le
ceintures d'une calomnie, tu lui fais un
croc-en jambe
puis,
lui écartant l'épaule,
tu tombes sur lui de tout ton poids"
(ap. T 612).
?l'l
1
t"
"
" d
0(/
Ko'p''z.
( f
r
1 1"'\\ ~ lA. v fI." cro( oS,
par ICI Pe a 0 rIs t e e
v t l.. 1w
1
c .
'()(.rKlJ~«' , croc de laboureur, Thphr., C.P. 3.2.2.),a
le sens de "donner un croc-en jambe à quelqu'un,
faire
trébucher quelqu'un"
et appartient au vocabulaire de
la palestre et plus précisément du sport de la lutte.
88
On le trouve cité également chez Eupolis, fr.
262.
1
Par ailleurs, il est expliqué soit par Kol.\\o(TI"ol?O(\\..~ul
-
"vaincre dans
la lutte", Ach. 710, d'où figurément
"vaincre, triompher de",
in Eur., I.A. 1013 ; soit par
KJ.~'tT"T~\\..V T~" 'tr'b~cx Bekk., Anecd. 1. 32c.7 ap. Jun~iUS
o.c., s.u. ~oKver7vJ;
~oKveC7vJ; soit, enfin par v I\\O.~KE::'À'\\,~W
"donner un croc-en jambe", comme la scholie à Cav. 262
l'explique
~
J.J
Co
1
~
" " ,
, f')
r=,oI. '1.
\\1
V1TO~IÂ.C"::;~L-~~S) Ol-OV T~
o('O'K0A"fl
!A«TCl( l
., .
.? (\\_ï\\o<!'~ f ~ t vJ
"f ai re retour ner" es t un mot cou ran t
qui aide à la création de quelques expressions du type
,
(
le
\\
'V
cl..1\\O q"T~ E: f«vTE:
(l"oûel5 1-<.-'. ... XéL.PolS ,~. 22.
173, cf.
\\J)
.... 0.
'
'"
Soph., .O.T. 1154 ; Ar.,.!:..: 455 : o(tToq'\\(E;.l~\\E:: T~~ X€\\..fo(S
'N
Hd
l '
l' d>
""
1
~\\Jïw",
t.4.
88
:
o(TtO~'\\€: 1 ~v" 'TOV c<vXE;VoI..
~\\Jïw",
t.4.
88
:
o(TtO~'\\€: 1 ~v" 'TOV
:>
'î
Il..,
-
Quant
à .€:r~?"""f.Jol?E.\\.."= ~e(TolTTO('€;""" , c'est "fouler
aux pieds".
selon La Souda. Il est aussi expliqué par
" ' 1
1
1')'
<::"
(.,
1
/'1
té.n~ ~() ()"'s ~,.(,~v€:'-v'.
té.n~ ~() ()"'s
e
(
KOAol
ù~ ~ ro(~\\"\\e
Ko AQ"
à en croire Blaydes ap. Jungius s.u.). Au reste, si l'on
adopte l'explication du scholiaste, la forme verbale serait
,
1
e mplo
m
ye e pou r
K. ot T~ 1\\E \\T LN 1,;<. al. 5 •
La même connotation sportive apparaft dans le verbe
ha pa x K 0 Â é T f:J:" sig nif i a nt" p i é tin e r, é c ras e r que 1qu' un"
appliqué dans un passage des Nuées (v. 552) à Hyperbolos
rv"
\\
"
/
,
,
tv
<'
/'1
- -
'1
rv"
\\
"
et a sa mere : 'roVToV ùE;L-l\\otl..o'i Ko"E:T~wer oiE,1.. ~otl.. T,'"
I-<.otl..
t"\\TE:,o(J
passage dans lequel, selon le scholiaste, ~OÂ~TP~V relève
\\ ,
''î
d'un emploi métonymique et donc équivaut à
~o('oI.
KOAoV
1
Tu T\\'1"€::.L\\I •
Jungius (s.u.,p. 109) ad versum :"Si locus (Eq • 263)
sanus est, verbum videtur esse locutio palaestrica, sive
a bAr i s top han e for mat ume s t a s i mpl.
m
K o;z, 1~) E:. \\.. V , s ive
ante eum jam usu receptum".
89
Dans l'état actuel de nos recherches,
nous pensons
A
,
(j
1
plutot que
C;;Vt ""'0 1'1 [? ol<ro< S, comme
KU:Z"\\r~~E:I..", est
une création aristophanienne. C'est une métaphore qui
n'est attestée nulle part.
D'autre part, Lobeck (ap. Jungius, s.u.) explique
~OKOA1~~E:\\"v' par "in poplitem sive posticam impingere,
ingeniculare".
Quant au verbe lAO~lf.~E;\\..,Y , La Souda l'interprète
comme un synonyme de
rr(O<I"Ke~)\\)<::\\..v"se heurter contre".
Ajoutons enfin que pour Blaydes .. ~VE:: \\AoÀ
,
J
'p-,
,
1~o(<:ro($ serai t
1~o(<:ro($ serai
,
J
'p-,
,
un equivalent de c=.V(é\\Av f11-o(~o(S forge sur la forme
simple du comique Kv ei(3~ lE\\., V "frapper à coups de cornes,
cosser"
cité dans Cav. 272, et qui y a été prononcé par
le Charcutier pour engager la lutte avec son farouche
adversaire :
"
s'il se baisse pour s'esquiver, c'est ici,
contre ma jambe, qu'il cossera" (ap. V. Coulon,
o.c.,
p.
135).
Les
Mss
se partagent entre
et
~\\\\V~~<:rE:L
~.
Ces Athéniens, certes, sont gobe-mouches, mais, parfois,
il est vrai, ils se montrent méfiants à l'égard des
démagogues. Le passage des Cavaliers 1121 sq. semble, en
effet, donner à entendre que la moitié des gens au moins
étaient assez raisonnables, sinon intelligentes, pour se
servir des "prostates" malhonnêtes aux fins de les exploiter
(Pl. 920 sqq., voir Glotz,
p. 204 sq.). Il n'empêche pas que
99
cette assemblée reste très sensible aux flatteries. Ce
qui s'explique, pensons-nous, assez aisément.
A l'époque de la guerre du Péloponnèse
quand les
paysans se sont repliés en ville, l'assemblée est compo-
sée en grande majorité d'une population rurale
moins
cultivée, puisque le service d'hoplite, de cavalier ou
de rameur avait éloigné d'Athènes la plupart des citoyens
adultes. Or,
plus cette assemblée fut ignorante et rustre,
plus facilement elle fut en proie à la caresse et donc
moins apte à contester chacun des arguments des démagogues
auxquels elle est ainsi asservie tout en s'imaginant être
la ma!tresse de la Cité. Or, la réalité est tout autre
comme le font ressortir les propos de Dicéopolis (Ach.
371 sqq.). Car, on trafique d'eux à leur insu.
" •••
je ne sais quel plaisir éprouvent [nos
campagnards] à entendre louer et la cité et
eux-mêmes par un imposteur, à raison;
[mais les Athéniens-jobards ne s'aperçoivent
pas qu'on trafique d'eux]."
) ~lot1~v
signifie proprement "vagabond" Alcée,
fr.
31 ; mais figurément
"charlatan, hâbleur", en par-
lant spécialement des sophistes, Cratin., fr.
380, Ar.,
Ac~ 109, 135, Cav. 269, Nu. 102, 449, 1492, .~. 1045,
1069, 1120, 1121, Gr. 909, Q.= 983, 1016, et également
"fanfaron, vantard", Xen., Cyr. 2.2.12, Arist.
, E.N.
1127 a 21. D'où le sUbstant.ïf~ÂO{~OVf:~«\\'"hâbleries,
sUbstant.ïf~ÂO{~OVf:~«\\'
fanfaronnades"
Cav. 290,903,cf. Isoc.12.20 ; et le
91
dérivé
~?..ol~~,,<::.v~o{ "imposture", ~2.o('OV€;Jl.Ao{"\\ol
"hâbleries"
Ach. 63,87.
rv
Dans Gu. 326, Eschine est qualifié de ••• ,~v\\oV
T~" tE:.v~ ~~r«'fv", autrement dit de "treille de
mensonges" :
Z.
!)I
1
\\
~~ 1 ~
, \\
" ,
,
!)I
1
\\
~~ 1 ~
, \\
" ,
~7...À v
••• ~
~
TIQ~IS'"O" ~at1'TVoV E.)c{t.l"~S ~ ... 1 \\0'1
0
*
\\1D0TOV
T~"
Ev~o( ~r-o(Juv.
C'est un nom comique d'une plante signifiant
littéralement "vigne bâtarde" pour rire plaisamment
de la hâblerie, voire de l'imposture, des partisans de
clé 0 n, et qui dé r ive don c du mot sim pIe ~ 1-": _~ ~.c(~ ~ S.
dés i g n an t
"1 a v i 9 ne sou t e nue par de u x é cha las ", don t
le synonyme est
~Y'o(~€:V~f~S' si l'on fait fond sur
. ,
1tYC'
c.?
h
!)
1 t)
l
'(;;'
le sc h
sc o11aste a Gu. 326 : <:::tûos o(r-tttè~o0 ~ 6(t-<x~x~v5>
~'v ?..~"(ov~"''' ~"o(~€.v~e~Cbo( ap. T 391 n.2. (p. 222),
qui cite d'autres sources.
'~t-~t<x~l.JS est cité chez Epicharme 24 Kaibel,
Sappho, !..:.. 150, Matron de Pitana (-IVe s.)"Convivium
114. Taillardat (ib., n.3) n'a sans doute pas tort de dire
que la formation hapax "équivaut peut-être à une expression
\\
1
t')
,
('t'V
')1
:<,'
c.
comme
ToV
:? ",~ A<>\\J \\ov t'Eu ùE:\\... S A~r)v5 t\\ E:~ O\\lïo{ woS
,-' 1
)
1
~
"
e:ALv<.ol.S
O{r-ol.r-o(Sv's
•
ù"
Somme tout e, 't'<:v~o( ~ r-o{~
est un typ e qui rappelle
'tJE:V~c(TfOlf~'jV()S épithète appliquée à la Boul~ : "en
écoutant [Cléon], l'Assemblée tout entière fut pleine
d'une arroche de mensonges" (ap. T.392).
Co
r:l
"\\'
C} cl
)
,
1
~
l-:.,)ovA,,\\
Ù
o(lT"exq-
o(\\I(powp...E:V~
,
,
fi 'Co
" . . . . , .
\\ $
\\
th I~
t')
1
Ç;OE:V~Q vrr o(vTOU .fe:u o(Teol.To(3VOS T\\AE:oL
Il s'agit ici de l'application d'un nom comique d'une
plante,"fausse arroche", à une couche sociale, le Conseil,
92
comme
:\\,!èV <bot r-~ t"ol.$vv' à Eschine. Il correspond soit
à t
0<
(ë v <b 0 ?'-
?,~
0( 1.,."
soi t
à ~ tê:!J {\\ \\ o<\\1:l{, en t end 0 n s
"treille de mensonges".
,
1
~
Le mot simple est oC~~ ~o('Sv.s "arroche", Atriplex
rosea,
Hp.
,
yict.
2.54,
Thphr., H.P.
7.1.2.
ap.
T 392
n.6.,
qui comporte ees variantes telles que,
par exemple,
Thphr.
(ad?loc;)
: kS\\~tel~VS
(~Se- Eust. 539.5),
Hp., (~) 1'tJ<T"(O<
1'tJ<T"(O( ~o(fl.S.
=X
= eVo:3'"O~ot.Xo(vov"arrochell, une plante qui pousse assez
vite,
Ps.-Diosc.2.119.
Cette métaphore assez osée fait allusion
à la fois
aux mensonges de Cléon et à la naïveté du Conseil. L'expli-
cation de la scholie à Cav.
630 est assez claire :
... T1~ {;ov').1S
{;ov').1 ••• , lT€:L~OV'-~V1S €~1JE.f~S ",,~(.
""~(.
~ 1
C. '1'
\\ ,
'1 \\1
~,
ù~wS, Wc::ï\\r€;\\
\\.<.ou...
\\.<.ou
10
A.tX.XoI.."OV
0<
jêïoh....
jêïoh
On relève des formes du même modèle. Comme,
par exem-
pIe, 1
r
f:.
1 v SeX
S L <:l' T{) f~'/1:1.. 0 S , (0 ), "qui pas s e à t 0 r t pou r un
par t i san d' Ar i st 0 P han e ",
Ath é née 1. 5 b ; 'f E: v ~o( f T~ l?o{ S, nom
comique d'un Perse ridiculisé dans Ach. 91,
99
; f€:v5o{-
À~~o(."S\\os
Luc.,
Ind.
20.
Mais 'Ylê:V~o(r-~f:otïu~et \\f€:IJ~o('eo(~~JVOS sont à
rapprocher de 'fév00A\\.rrov "(lessive) faite de soude
falsifiée ou mélangée"
cité dans Gr.
710 sqq.
"Le patron de bains [en l'occurrence,
le peti t
Cligénès ] le plus coquin de tous ceux qui rè-
. gnent sur une lessive de prétendue soude
mélangée de cendres
, et sur la terre de
Cimôlos,
[n'en a plus pour longtemps à vivre
parmi nous .]"
93
Voilà pourquoi ces démagogues se contentent d'une
flatterie toute simple émaillée naturellement d'une série
de recettes adulatrices qui évoquent, à n'en pas douter,
l'éclat du passé athénien
"Auparavant, les ambassadeurs de nos alliés
qui cherchaient à vous duper vous appelaient
d'abord Athéniens couronnés de violettes;
à peine avait-on prononcé des mots qu'aussitôt,
a cause de ces couronnes, vous ne vous teniez
plus assis que du bout des fesses.
Si l'un
d'eux, après d'adroites flatteries,
vous par-
lait de la brillante Athènes, il obtenait tout
de vous, grâce à ce mot "brillante", vous cou-
vrant d'un honneur dû au menu fretin".
94
Athènes et son peuple se voient dotés de toutes
sortes de mérites. C'est d'abord l'Athènes "couronnée
de violettes" : toc:r-Tf::'l~\\I'OVS. C'est une épithète
appliquée originellement à Aphrodite dans les Hymnes
homériques 6-18, Solon 19.4 ; ensuite aux Muses,
Théognis 250, avant d'être spécifiquement appliquée à
Athènes, et partant aux Athéniens, Pi., fr.
76 Schroler,
cf. Bacchylide 5.3.
, Ar.
, Cav. 1323.
"
,
, ,i
......
,
1
:>
1 (\\
n"'-
n
D'ou la metaphore plaisante <?:tt' 04.'Afw'I/ Tw'l
Tw'i 'lTlJIfLù,"w'l
'lTlJIfLù,"W'l E:~.n;l'l~Ooo='
qui met en relief la fierté stupide des Athéniens.
Selon Taillardat (in 335), qui cite le scholiaste,
cette image est une reprise parodique d'un proverbe
t
·
, \\
l '
J>H
"'"
/
1
couran t
·
, \\
l '
J>H
"'"
/
couran
: 1\\"«'~o( Tot" l\\O(~OL !-,,-Lo(.\\/) ~'iI" o(Kpw'l/ Tw" ovu'lvJv
?
1 (\\
\\ . .
,
~ ~ ~
:)
:>:JI
\\ : )
1
~~Ic.
••• E:"" vJ V'o(l:r"\\" 'Q-<-e (lI.. ol.~~7ovE:S Eorr D(~~""" O\\luXIJJ" (3ot()L 1&1..'1/.
Ce proverbe se trouve cité dans Soph., Aj. 1230 :
t,..
t , \\ ? )
,
,
::> ~I
Co ~--
1
V t~A
€;\\..(0t
trE:L.S)
0,-
V\\o(T\\"
o{~\\vJ'I
o{~\\vJ'i f ()
\\f"c('E;LS.
Ensuite, c'est l'Athènes "magnifique, splendide"
f)
\\
,f\\(\\
1
•
'
,
A.t- T\\~ro<S ••• t-\\Q"""o{ S
,expressIon employee a deux
reprises.
Il s'agit, comme on s'en doute,
d'une épithète
favorite des Athéniens utilisée ici peut-être Tt'o<.~'~(\\d,,~)\\.~'1/
en référence aux oliviers d'Attique. Mais le poète comique
jouerait aussi
sur le double sens de l'adjectif:
"gras", Ode
15. 332, cf. Cav.
536, Nu. 1002, 1011, PL 616,
et "brillant", IL
2.44,14.186 dit d'Héra; Hes., Théog.
901 en parlant de Thémis.
C'est une métaphore banale (voir T 567). Elle avait
été employée d'abord par Pindare, 1. 2.20, fr.76.
Somme toute, AL'tïo<\\~S est un adjectif courant utilisé
figurément par les écrivains pour qualifier un endroit
95
(et plus précisément une cité), donné pour "fertile,
riche,
fécond, splendide", Hymne à Appolon 38 (X\\O~
Thé 0 g n i s 947 (l1"~A~
A s ), Pin dare, 01. 13. 110 (M.c. e ~ ~
Ol ~
Ol
'" ) ,
0)(\\
f
IC\\ IV
14.2.
(\\J~XotQ:VOS ), Pyth. 2.3. (ç.,'~\\,), 4.88
(N~J05 ), Ar. , ~. 300 ~1.(jwrE:V' A\\.n....e.~" xg~,,~ rtot.l~~~C)s,
fr.
110.2 dit de ~~'-<f-o~S ( ••• Xoe.~('€: A~trot~~" ~~nlë:~()")'
')
\\
\\
\\v
,."
1')
..
..Q...826
1\\~'t1'"oI..eO" \\'0 Xf~t"lIt
,,,,50
lT'O"'=w:>
,expressIon
employée à propos de Néphelococcygie.
Pour tout dire, dans cette parabase des Acharniens,
Aristophane s'amuse à faire des remontrances aux Athéniens
auxquels il ne ceSSe de reprocher leur fatuité.
Comme, par
exemple, dans ce passage des Cavaliers (1343 sq.)
:
"Chaque fois donc qu'un orateur entamait de
tels exordes, tu battais fièrement des ailes
et dressais des cornes orgueilleuses"
(ap. T 332).
T
I
c.1
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~ 0< V\\ ~
0 V I \\ . . <:J.. 5 .
') f\\V 0 f Tot1.~ ~IN
est une for mat ion ha pa x ( 49) qui s e t r a -
duit "battre des ailes et chanter, comme un coqll, d'où
figurément "s'enorgueillir ll
"s'enorgueillir , comme l'explique le scholiaste
)
'Ç.
\\
1
~
1
G ~'=-T~vJ\\LJOV
Ko{L
r-E:.Oo{ E.~\\O\\f€:LS.
l.\\C::fo()V\\L.~vJ est aussi un hapax qui se dit proprement
des animaux à cornes et se comprend IIdresser les cornes Il
et donc figurément porteur du sens de lI~tre orgueilleux ,
se donner des airs ll
airs
en parlant des personnes.
1
~V~\\<::L"<:'S ~~I.(."\\"
~V~\\<::L"<:'S
T;;" 'o<.~ec(\\ot~w"
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96
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K<è\\OV\\L~"·,r>'t""V, OI..\\f ./t<::\\E:V\\'\\I~\\lC..To(v
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w"·
0(. V Xf= Vov \\I,vJ "
,01.. v ~ w"
cf.
- 0 *~vX~V€rV"relever la tête", d'où "être hautain,
fier",
D.H.7.46, Philon 1.145, Plu.2. 324e, Pollux
2.135. Chez Elien (N.A. 4.29),
il est dit du coq et
signifie "dresser le cou", - sens récent, du
reste-.
~
1
,
- V~o(.vXt-vJ "se vanter, être fier" = t'-(é.'(D(2o(vXE-.vJ,
bt,\\Âote()"~v.>,
2
bt,\\Âote()"~v.>, Soph. , fr. 1106 N , Chrysippe 3.141,
Ps.
- Phocylide 62.
1
Dans Photius, on relève le substantif
~€(l!lVTL.o(~\\OS
qui signifie "hauteur".
En s'adressant à ces "Athéniens-jobards"
dans
l'Assemblée, le démagogue fait naturellement montre à
leur égard de vraies tendresses d'amant. Aussi, pour
mieux se les concilier, se plaît-il à les abreuver de
"gentils boniments bien cuisinés",
pour reprendre
Taillardat (in 703, cf.
755)
qui cite les sources.
Voilà pourquoi pour être l'ami du peuple, cette recette
est indiquée de la façon suivante
"D~mos, je suis épris de toi, je t'aime
tu est mon souci, seul je veille à tes
intérêts".
E:~t"'\\... <r~S ~ ....A:::> T~ ~<i:
~~~ 1T'Ç0r?oUA<::!JW t:~VO.s
.
)
1
L' adjecti f-substanti f
~\\o{<r\\, S
s'applique à la
passion du démagogue pour d~mos, cf. ib. 732
OlL1
r ) ' "
?~I\\rv?'
" '
....
1
~.... J"w~?w U1t )E.(à.~T,~TE.L~l. q-o~ ap. T 693, et
l'hapax ll"\\t"0XoOo~ÂE:."""in Gu. 342 ; et dans cette méta-
phore , il exprime,
pourrait-on dire,
la ferveur de
l'orateur pour Athènes et sa grandeur, dont il veut
97
voir ses compatriotes épris,
D'autres passages corroborent à mai~ts égards la
même idée tels que,
par exemple, Ach. 142 sqq., Cav.
737 sqq., 790 sqq., 1162 sqq.
(50).
1
1
L'expression lT'fOpovÂE:VW r-0voS fai t
probablement
allusion à la métaphore du démagogue qui se fait passer
pour tJ~o(.~ ~~t~LJ , une image soulignée par les mots
suivants qui moquent plaisamment la sollicitude des déma-
D "
,br'\\1
,
· · 1 '
gogues pour Demos:
gogues pour
1VAol.'iTE:\\.-
'pu'c:r"\\..v1" et aSSlml es,
T~\\~ClL,
1
-$ \\J 10< T\\~L. (Gu. 597)
Cléon,
nous est-il rapporté,
s'évertue à chasser les
mouches du dicaste, entendons les autres orateurs poli-
tiques (voir T 694) qui ne cessent d'importuner le juge.
C'est donc cette sollicitude de l'homme politique)- Cléon -,
pour D~mos que Philocléon évoque avec délectation en ces
termes :
"Cléon lui-même,
le maItre-braillard, il n'y
a que sur nous qu'il ne morde pas, au contrai-
re , il nous couvre des yeux en nous tenant
dans ses bras et nous chasse les mouches".
/
Le verbe li€: rI.. \\fW~~L. est considéré comme une méta-
phore euphémique. L'expression donnerait ainsi à entendre,
selon Taillardat (ib.),
"qui ne nous réduise pas notre
salaire". Pour Aristophane, en effet, il est hors de doute
que l'orateur politique (Agyrrhios),
si l'on fait fond
98
sur la scholie à Gr. 367 (ap. W.W. Merry, Aristophanes,
The Frogs, Oxford, Clarendon Press, 1884, n. du v. 367,
~
' )
.
"
p. 23), rogne (otTt"OTpuJYE:\\"
le salaIre des poetes
p. 23), rogne (otTt"OTpuJYE:\\"
le salaIre des
a son
;>\\
\\
,0
C\\,
rv
f'J
C.I
~\\v
profit: Gr. 367 ~
"rov~ t'-\\..~~(l\\J~Tw" rro,",'Tw'I -e'TW~VJ
G·t/.,.'~\\"t"O"~~Q~'-' cf. Men. 303. Non seulement parce qu'il
est mécontent d'avoir été joué aux Dionysies, voire
ridiculisé sur scène, mais aussi parce que l'argent est
le but principal des efforts de tout orateur (Pl. 30 sq.).
En un mot, ce sont des gens égoïstes et prompts à la cor-
ruption. Cette idée, on le constate, est exprimée ici
~
"~\\"
\\0(. Dl ~ , j' fT 6
oC." dan sI' e mplo
m
i d ' und e s c 0 mp
m 0 s é s du ver be
expressif
T~J,Oe:\\...\\I cité dans Cav. 1077 en parlant des
soldats pillards assimilés aux renardeaux (Cf.k~T~~~~OV
in P. 627 employé à propos des trières personnifiées ap.
T 538
n.4. (p. 31n, 641) ,/~('t~o,\\J,OE:\\..\\I sig~ifiant "gri-
gnoter", synonyme de K~E:t\\'TE:-\\...V • Par consequent, le
sens de ce verbe courant, qui fait partie de la série des
euphémismes d'indulgence se rapproche de
K').t:.Tt"'TE:.~".
La même image avait été développée déjà dans Cav.
1023 sq., 1017 sqq. ap.
T 695.
Par ailleurs,
il est manifeste que l'expression •••
\\
I ?
1
. "
~
t'V'
(.1
,olS \\A.VLO(S
ol~ClqA.uV€:l. faIt echo a
o(~O<:r'o~E:\\.. \\"ovS eiTt>,o(S
in Cav.
59 (infra).
Il convient de souligner également
que dans Gu. 607 sqq., allusion est faite d'une semblable
sollicitude dont le juge est l'objet chez lui à son
retour du tribunal.
Qui plus est, ces orateurs, bien sûr, s'empressent
auprès de Dèmos
ils l'assiègent, bourdonnent autour
de lui.
Il faut donc que l'un d'entre eux, qui veut garder
pour lui seul les faveurs du maître, c'est-à-dire Cléon,
se décide à les écarter comme des mouches avec une branche
de myrte. Comme l'attestent les propos tenus par l'un des
serviteurs du D~mos :
99
"Nous, il nous tient à distance, et ne souffre
point qu'un autre donne ses soins au maItre,
pendant que celui-ci dIne,
lui, debout, un
chasse-mouche ••• de cuir à la main, il écarte
les orateurs".
1\\~5 <i>'~Tt'"E:Ào{J,,~1..-
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KQ(,\\'c"
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t\\E:=V Ë'-v ,~Â~o{
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E.~TWS oct\\O<:I"O~G::\\.. ,OV
f,,\\TO\\
•
Voilà pourquoi, par exemple, les sycophantes pré-
tendaient être les serviteurs du peuple et des patriotes
"
,
t..
;>(
()
\\
en un mot, les bienfaiteurs publics:
en un mot, les bienfaiteurs
OL 1-'--
vJ-S O<;(I:t0r-c(l.."
(..,
" ' \\
\\ tb '1 l
'1
1
A..
QTl,. X~~~TO.s wV "o<..oll. Tl,."Qtto~l.S \\\\O(a'XvJ Kat"'vJS(~. 899 sq.),
tant il est vrai que l' adjecti f
X f11{'\\o'S est di t des
bons citoyens avec le sens de "méritant, utile", Thuc. 3.
64, ,Lys.
14.31
; et que
~1..-?-6TTOl,-s (sur les composés en
-
(0 )- 1\\0 A"S , v0 i r B. P • ) p. 16) cor r es po nd à " qui ai me
m
sa cité, patriote", Thuc. 2.60, 6.92. D'où l'expression
~,,1.6ito1L..S r~e~T,,\\
utilisée dans L. 546-547 qui désigne
le "patriotisme".
Or, il s'est avéré que leur attitude dans la société
athénienne déclenche, à n'en pas douter, une atmosphère
de méfiance générale tant à l'Assemblée qu'au Conseil, une
méfiance qui fait naItre naturellement une catégorie de
suspects. En vérité,
la grande mission de ces sycophantes
va précisément résider, comme on le sait, dans la
délation escortée de faux témoignage (Ach. 916, Cav. 279,
818, O.
1430 sq.
, A.r. 561 sq.) sur lequel se greffent
-
--
-
la corruption (!:: 645) et le chantage (Gu. 1038), le
détournement des deniers publics (fr. 219).
100
1
f?v ~~\\.."1V
r
,
~~\\.."1V
r
c..
1
e.
,
C'es-a-dire ~\\J",:"\\e ) L. \\:,-oC.S "fouet" ;mployé métonymi-
quement pour tt-v\\\\!"\\..~1V évoquant q-\\~~oc.."o" , ent~ndons
1 a " cou r
r-
0 n n e
(d'e my
m rte ?)", s i tan t e s t que
u ~ ~ \\.. ,,~
= \\,,-vef~V"\\
att.,Myrtus communis, Archi!. 29, Lysippe 9,
Alexis 98.25, Arist. H.A. 627b18, cf. Pi:l. 8(7).74, .
Eu r., Al c. 172. Cet tep 1ais a n ter i e
n'Ilot .p ~
~ p() ~~
~ 0 ~ ~ clv'
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:> "1 '1 \\
\\
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apparal t dans ~ 59 :
o(,AAc(
Bv.p ~\\..,,"\\" r:y.w"
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l'
0{
\\0(
\\ \\ 0
\\1'0 cr- 0 ~E: \\..
'TovS
~ ~10
S •
L'explication de la scholie qu'a reprise Taillardat
(in 694) en citant d'autres sources permettant de mettre
en relief l'expression imagée est assez claire
c..
c.'
~'N
ç ,
, \\
Cp v 'T$i;'p
Cp v
0(, ,
L!--LoC. VT-< .) b t\\oH';
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~ ÙE: tt'oC. ,00( \\0 l':>uP'T"O_
C ( .
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1
ù E:'V~v' <ê\\..VcL\\.. ToV V\\ AE.w '110( • €: tH::\\.. 00(, E.dH:\\.." t'-vf~\\.V~
t'-vf~\\.
'J •
Ainsi en est-il également de la valeur de l'allusion
glissée au vers 449 des Cavaliers. dit de la femme
""
~,
C.l
(
n
1
d'Hippias (51)
: \\vJv
I;:)V~~\\..V,\\s. T1~
nTtl.ou,
l':>V~~\\..'',,\\S
étant une plaisanterie "contre attente",comme le suggère,
du reste, la scholie à ce vers :
?'Et\\"c(\\..~<::- ~o(.p~ \\-<.T:{. / \\l<0(L. ï\\olf~ \\~ .,...v\\~"vov '~"o-
~}C.I
,'''''''''
f'<oJ
;)
(
. - .
Co\\
(
\\A. oC.
To v
\\\\
\\1' "'
" ' l 0 Ù
)
<.iJ rr ~ p \\' ~
() V 0 tA- 01. \\'\\..
\\ 0 v
fT ;r: 1. ° v
\\
1
,,1, \\
I I
'1'"
~
;-'= ~,'- e
€
lO Tf:.lO~ ~e~~ cl TO ••• r-;v ("f"\\. ",t" 00 V E-l. lT~V
oLvT\\...
,ov
MveeLv1") ~5 [?>V(~OiTw:t1V lTo(.~\\..V \\<wt'-'f~uJV
"\\ ~\\I
'Â Â ~ ",J'JO( •
Il est à relever que le souvenir de la tyrannie
d'Hippias est resté tellement vivant dans le souvenir
de la démocratie qu'à la fin des repas, en guise de
chanson à boire, on préférait chanter les fameux couplets
d'Harmodios (Ach. 980 sqq., Gu. 1225 sqq.). Voilà pourquoi
le choeur des vieillards de Lysistrata (614 sqq.) voit
dans l'entreprise de Lysistrata une entreprise tyranni-
) ,
'" c,\\
(
'e:..
que
coct"~eo(\\"'V0r-o(,\\... I~c;.
,,{\\\\...(:)V
'TV~~vv~ooS
(v. 618). Le verbe ~~tfe(~\\lot""'-oC.\\.. est pris figurément
101
I C I ,
comme dans Luc., Tim. 45 ap. T 653
n.4. cf. Gu.
')f
?:>
\\
<or
f
f\\ 1
.II-r:::::,
50 2
"\\ ~ G T' <ê \\... T,,\\ V'
rr
e
lT' L.
0("
0 \\.J
\\1<. cl. U1,. q" T 0( t"'" 0( '-'
\\...., e
lT' L. 0 \\.J
\\1<. cl. U1,. q" T 0( t"'" 0( '-'
\\....,
'f L
Ù~ •
On a d'autres emplois métonymiques du même type
tels que
~0t'-~o(0?.l..()L. (Ach. 866) signifiant: "joueurs de
flûte", composé comique pour
~<I"'\\«.oC.0~,,\\S "joueur de
cornemuse
", Martial 10.3, avec jeu de mots sur
(''O~ ~u ~l. ~S désignant "tout insecte bourdonnant",
d'où le bourdon dans Ar.,~. 107, Isoc. 10.12, Arist.,
H.A. 623 b 12, 629 a 29.
~ot.1Â~V'o(,$)E:. (Ach. 234), qui est un jeu de mots
établi entre ~~Â~W et le bourg de l'Attique appelé
no{'2..?~",,\\, Autrement dit, en substituant [3 à fl , on
introduit l'idée de lapidation aux vers 281-283 de la
même pièce.
?
"1
~
oC\\\\O ~OA; r-olLO S
(p. 678)
"sujet à jeter" employé pour
&iTo\\->o.J.€:v-S "qui rejette ou laisse tomber", Plat., !:...9....:-
944 b.
,
t'Y
Notons que le verbe O<n'O<;f'0l->G ...."
(ap.
T 221), c'est
"effaroucher", comme si les orateurs étaient comparés
à des oiseaux, en un mot, assimilés aux insectes, aux
mouches. Telle peut être l'interprétation du vers 460 des
Guêpes.
En outre, il convient de rapprocher
~v~<r~\\f"''' de
j->vea-oe.[<é\\()S, (~VrtïO~€:.,\\,€:'~"
et ~LJ~Q"Ott'o{~Ao{a~V, mots
qui mettent en relief la rapacité et l'avidité des déma-
gogues alors qu'ils se disent "gardiens du peuple" (ap.
T 713, voir infra, p.
102
sqq.>'
102
1
~ li ~ c:r-oi. \\.. E:.To
E:.
~
C'est le pseudonyme d'un oiseau fictif appelé
"aigle corroyeur", si l'on en juge par les passages
de Cav. 197, 203, 209. Ainsi,
note-t-on, dan
le vers
. -
,
' c . .
\\l ~'i
1
:J.
203
p-> v e<t" 0<. (... ~\\~~ r- G::.V a
01" ï Ac( o:.VJV ~C\\ G;)
Co
1
203
p-> v e
G
<t" 0<. (... ~\\~~
r- G::.V a
01" ï Ac( o:.VJV ~C\\
0\\../101;1"\\...
0\\../101;1"\\ •
En f ait, cet ha pa x dés i g ne
'ITO( ~' 5 n '0 \\/0 l. eX 'If
clé 0 n, l e
tanneur. La scholie à Cav. 197 explique:
•••
t...V,S
~V\\~O~~f'V KvJr-t'~~V '16'1 v...~~w"r/...
Soulignons qu'au vers 197, le même Cléon est qua-
lifié doublement de J?VR çrol.~ E:"roS ~l~VÂOX~A,,\\S
san s dou te, comme le suggère le scho lias te,
" ••• \\l(o<.~
~~ \\i(~~tt\\",,, Ko<.t ~PTTo{Yo{ TCJ'I/ KOl.V~V••• ~")('\\I\\~~c(S
\\ "
\\
0
"
'"'>,
,
L. V
1 ~
1/
T~s x:.C:-l:"eo(S
T~s
E.XwV
n('~.s
t:LV
10
K~E:t\\\\E:L" Ko(\\.. ~rrol t: •
Ainsi s'explique peut-être l'adaptation de l'épico-
lyrique ~O\\,(.vÂOX~Â1.s ,cf. ib. 204 sq. :
Le Charcutier .- Et pourquoi "à la serre crochue ?"
Le premier Esclave .- Le mot le dit bien, parce que
de ses mains crochues il ravit, emporte.
Cette image est complétée par Cav. 205 sqq., 801 sqq.,
en revanche, ~'
~. 925, Gr. 361 sous-tendent la même idée.
On dénombre des composés du même type (voir B.P.,
,
p.
478)
: 0"(' u rr·~ L. E:.\\() v 5> " ai g l e - q ri f f 0 n", ~. 929,
~Â\\..o<:éE.To5 (~Ât..~Ié::TQS est poétique), "aigle de mer",
2
peut-être "orfraie", Eur., fr.
636 N
, Ar., O. 891,
Arist., H.A. 619 a 4.
103
pv (~O~t'VE:C'~
C'est "préparer le cuir, être corroyeur ou tanneur",
.Pl. 167 ; cf.l:>V(C"ob~f"\\~
"corroyeur, tanneur", çav.
44, .Nu.
581, Plat., Le Banquet 221 e ; ~V(q-o()\\Tt.,Â1S' ~.
136, 139, 740, 852, P.
270, 648.
Comme composé en - (0) - ~~*,€:tV/- ~èt1~ , on
trouve ci té dans Pl. 514 ~V\\VAO~e:.\\f'<::LV"être
~V\\VAO~e:.\\f'<::LV
corroyeur".
BV
B ~ ~0 ~€:. f E:LV
E:L
est un mot qui a ppar t i en tau v0 cab u-
,
1
l air e pop ulai r e et ra p pe Il e d 0ncIe co mp
m 0s e ~ lJ \\ Ir 0 rra \\., oS )
Dinarque, fr. 89.19.
~~ue~o\\\\ol tA~ ':6~V
Hapax qui est porteur du sens de "tanneur paphlagonien",
surnon de Cléon, dans un passage de Cav.
(v. 47)
:
"Le corropaphlagonien rampant aux pieds du
mattre se mit à se trém~usser en l'adulant
et en le flagornant"
(ap. T 695
p. 404)
La même image se trouve dans Eschine 3.116. Il
convient de rappeler que Cléon est aussi surnommé
1
1
p.>Vecs""Ol.<.ol t'tt\\os,peut-être
~ve"t"o~o(~~'À~S chez Com.
Adesp. 61.
,
, SOUlig~ons,:~e
soulig~ons,:~e l'épithète f=>v~~()\\To{tÂ~;r~v~vait
ete an non cee de J a par lever s 44 , ou
e
0 n
Il t
~ rr L 0( 10
~oVJ.o" \\->lJe~O~~~,,\\" , n(l(fÀo(ytv~ , image plaisante
et non moins péjorative qui est reprise dans Nu. 581
ru ~::"o~~'\\'1V \\\\olfo< o~vo(,
-
104
La même image est renouvelée dans l'emploi de l'ex-
pression •••
rVe~OT\\~Â\\~ :; no(tAo(O~" in Cav. 136
ap.T702.
La structure des nombreux composés que nous venons
de citer fait appara!tre l'immense possibilité qui s'offre
aux poètes comiques, - et notamment à Aristophane -
,
de créer un mot ou une expression aux fins de susciter
quelque rire. En vérité, ~v~~orro('Ao(O~" semble en
être l'illustration si l'on fait fond sur le scholiaste
... <:r\\l\\l~t'-~YG T6 r~V05 ~ol~ l"~V "Tr/.A
"Tr/. "l'/'
A
T~ T~o(l-
Nul doute que l'emploi de T~\\~o(L in Cav. 716 ap.
T 708 (P. 414 ) l'let également en relief l'image du démago-
gue nourricier du peuple athénien. La même idée se trouve
développée dans Cav. 1037 sqq., 1227 sqq ••
C'est un mot courant qu'on rencontre, outre chez
Aristophane,
(cf. Thesm. 609), dans Plat., Rép. 343 a,
Thphr., Caract. 16.12, 20.5.
Dans le dialogue entre le Paphlagonien et le
Charcutier (Cav. 906 sqq.), il s'agit, en revanche, pour
les deux protagonistes
de rechercher la faveur populai-
re, de s'efforcer de plaire au peuple. Or, à maints
égards, le spectacle de cette adulation paraIt grotesque,
voire outrancier; en un mot, comme dit Taillardat (in
695), une "adulation sans retenue ni vergogne". Ce dia-
logue qui montre ce qu'en vaut l'aune permet d'apercevoir
à quel point le poète comique s'amuse des facéties séduc-
trices des deux personnages, où dominent des termes
hypocoristiques
' ) /
c-'1
Je
-'~
hypocoristiques comme \\.<"Vl\\. .... X....
X OV 'G:A\\AVÙ~\\.o< ,IuJ -
e~Â t-~~~~ .
i
.
105
Le Charcutier .- Et moi,
je te donne un petit pot
d'onguent pour frotter les petits ulcères de tes tibias.
Le Paphlagonien • - [Et moi, en enlevant tes cheveux
blancs, je ferai de toi un jeune homme. ]
Le Charcutier .- Tiens,
prends une queue de lièvre
pour essuyer tes yeux mignons.
f.\\ 1\\ .
)E.
\\
"l'
' 1
"
~I
V
~/~wJ.'.
QW
~VI\\L.;('/l.O'l/ GE: <rOI.. ~O(\\" l ri. f ra( \\,1(.0
\\.
\\
l.
__:~~
__
__::~~_c::'!
__
__ ~~~:_~ ~}J~~_Q~ ~__
~ ~~~~~tl.~__~~_~~~~_~_~_t~L.V.
A/\\/\\~o0 ~~xo\\J K~\\KOV Ao(O::1 T~eo(Ât\\.~(u) rT~el.i'1"·
KvA(X"lOV
"petite coupe" est le diminutif de Kv_
~CX""\\)
,
dérivé de ~0~L.Y
Alcée 41.2, Ar.,
fr.
498.
Il est p~oche de rrV~[~LO\\l, diminutif de tTV~CS ,
dérivé de 'ttvfoS
qui désigne "la boite pour remèdes
ou pour diverses substances"
qu'utilisent les médecins,
Luc., ~. 12, Philops. 21 •••
,
Comme termes apparentes, on note K\\J "
Al. XVL'
S
,
on note K\\J "
Al. XVL'
S
ci te
2
chez Achaeos, fr.
14 N , Antiphane 208, KvÀ-~~\\.oV , dimi-
1
- .
nutif de Kv~\\.~
,Thphr.
H.P.
5.9.8., Lycophron, .!!..
2
.)
2.1. N •
<:.EAKSS"Lo(
cité aussi dans Hp., Art.
63, est le
\\
c.1'î
diminutif de
~ A K O.s "b les sur e ", 1 1. 4. 190 , Pi., PYth.
Y
2 .91 ,
Eur., Troy.
1232 (employé au pluriel).
Enfin, T~ t~al r-L~~l.ù' dimi nuti f de ~ <f ~~:z r- 6s
6 )
paraIt un hapax.
Dès lors, on comprend assez aisément que tout démago-
gue en général,
- et Cléon en particulier -, veuille
,s 1 é r i g e r en" chi end u peu pIe", pou r mie u x cou ver lep eu pIe.
106
Rien de surprenant donc à ce que des épithètes imagées
présentent le démagogue comme impudent, aboyeur, pêcheur
de thon, perturbateur, mettant ainsi en relief leur
cynisme.
. le cynisme des démagogues
le démagogue, c'est d'abord l'impudent.
Dans la mentalité grecque, le chien était donné pour
le symbole de l'impudence (Il. 6.344 ••• ). Or, il est rappor-
té quelque part dans Cratinos (fr. 241) qu'Aspasie, comme
aussi la courtisane Cynna (Cav. 765), avait des yeux
impudents de chienne (voir T 969
n.2). Or, nous avons
soutenu par ailleurs que Cléon, et partant tous les déma-
gogues, trompaient le peuple avec des arguments spécieux
pour masquer leur forfaiture. Aussi est-il donc compréhen-
sible que Cléon soit traité de personnage au regard impu-
dent (~. 1017, Gu. 954, 1042, ~. 363) et qu'Aristophane
lui applique
T\\ol~~ T\\~Oq'~O\\Â~o(" dans~. 1032,
comme dans
C
1
~
J'th
dans P. 755, l'expression ...
°
ùÇ;\\..VOlo(\\ol\\..
0<1'1
-
&cl.1t~"
1
&cl.1t~" \\<.Jv""s ~'A'~\\I€:S.
Si l'on en croit le poète, la constitution athénienne li-
vrerait au premier coquin, à la langue exercée, l'honneur
des citoyens les plus respectables. Ce sont de beaux
parleurs qui empêchent de voir le vrai (voir J. de
Romilly, l'Assemblée ••• , o.c., p. 247 sqq.). Et précisé-
ment, cette nouvelle classe sociale qui naItgrâce à la
rhétorique judiciaire perfectionnée par les sophistes est
composée essentiellement de coquins irrespectueux de la
' \\
t'V
C'
1 ' : > ~
tradition: - .!:!.. 186 lê:rw "'o~o(\\JTo( ù\\J\\lo(To~ E:\\..I(- (ë\\..~
)\\
~
w" nOE:\\..V,; proclame Ploutos. En un mot, ce sont
'
,
1r::.....J
d es personnages petris d'une impudence (o<voJ.l"c)E:\\..",,)
sans
107
égale, - un trait de caractère propre également aussi
bien au tyran qu'au démagogue -, parce qu'elle est sous-
tendue par l'habitude de plaider le pour et le contre;
par le besoin et le désir de s'enrichir par les affaires,
par l'intrigue, par la calomnie, qui ont développé leur
scepticisme naturel, accru leur effronterie et les ont
rendus capables de tout. En effet, chefs véritables de
la politique, les orateurs ne sont, somme toute, que la
voix éphémère d'une majorité changeante.
Rien de surprenant donc à constater que les cavaliers
osent apostropher dans les termes qu'on va lire Cléon,
affectant à son égard le mépris du riche pour ceux qui
font métier de leur éloquence. En effet, de même qu'aux
vers 276-277 le Choeur des Cavaliers avait indiqué l'enjeu
de l' l:<O~v entre le Charcutier et le Paphlagonien, pour
payer ce dernier de sa hâblerie (ib. 266-268)
:
"Eh bien, si tu l'emportes sur celui-ci par
tes cris, ténella, los à toi! Mais s'il te
surpasse en impudence, à nous le gâteau"
(ap. Coulon, o.c., p. 136)
tlJ. ~ ~~" ~
~'= V~'I\\~ \\~ f->0~) ~"tèÂ?.~
~
;1 tlJ. ~
;1
:1 ~~"
~ é"Tol. ~'= V~'I\\~5 \\~ f->0~) T~"tèÂ?.~ Q"'o •
:>,,, S:> J"ol\\..~E:~~ l'"o(e~J.gn Q"', îr-~TE:\\O~ ~ rrU
rr (o(r-
U
co0S
(o(r-
(Cav. 276 sq .)
le
même Choeur lui adresse ces vers non sans une
nuance d'ironie moqueuse
"Est-ce que, dès l'origine, tu n'as pas
montré cette impudence qui est la seule
règle des orateurs ?"
108
"impudence", Il. 1.149, Ode 22.424,
-
-
Archiloque 78, Hdt. 7.210, cf. 6.129, Soph., El. 607,
est l'un des pôles du
~6r~' C'est l'Impud~ce per-
'f"
C
8 5
. .
, f \\ ' C , c
sonni Iee, Xen.,~.
. 3 , par OpposItIon a
sonni Iee, Xen.,~.
. 3 , par OpposItIon
t\\\\"'ÙW J
désignant "le sentiment de l'honneur", g. 15.561, 657,
Sapphô 28, Démocrite 179 .•• , qui est la Vénération per-
sonnifiée, Pi., 01.7.44,
la Miséricorde personnifiée,
Soph.,
O.C. 1268, cf. Paus • 1.17.1., PlaL, Lg. 943 e.
Par rap;~~ à l' od.~~.s , qui, en général, fa~couple
" ha r mon i eux" a ve c l a n0 t ion de 1\\e0
e G" Tc(\\ €: ~", - ce qui
n'est pas sans rappeler la moralité des "vieux de la
vieille" - l' ~Vo< ~~€:l- 0(,
se caractérise naturellement
par les vices inhérents aux citoyens de cette nouvelle
classe politique: hâblerie, flagornerie,
avidité,
rapa-
cité, vénalité, corruption ...
C'est donc à dessein qu'Aristophane associe les deux
mots à connotation antinomique pour persifler une mora-
lité pernicieuse infuse dans la société athénienne, mais
aussi pour faire rire.
Comme "chien du peuple", Cléon est évidemment "bon a
)
f\\1
Col')
<V
ab
Sr]
0 Ye r "
:
Gu. 904
0( loi. !J 0
0 Ye r "
:
Gu. 904
0( loi. !J
v ~D( ~ 'r <:: \\... v ...
Gd}
fi'
Le verbe
Vl\\c(\\.<.\\'E:, .... v
n'est employé qu'au présent et
à l'imparfait, sauf chez Lucien,
Nécyomancie 10, où il
est à l' a 0 ris t e (6 A~ ~
'"'"î Q'"a( ). Ils e t rad u i t "a boy e r "
et se dit des chiens,
Il. 18. 586, cf. Xen, Cyn. 3.5.,
9. 2.
Il est employé transitivement dans Gu.
1402
e,d.-
109
t'V
\\
1\\,
( . . ' 1 / . , . . .
'A.0uJV
r-
<rE; ~O{
\\Ad.. '"'
<rE; ~O{
\\Ad..
E: tlv cr "\\ "TI-?
V ,\\0(. v<.
të::: \\.-
et également dans Isocrate 1.29 et Théocrite 6.29.
Utilisé figurément ici et donc dit d'un homme comparé
c."
'"
à u n chi en, V
à u n chi en,
A ot K "ft:; L. Y
s e t rad u i t
" h url e r,
br a i Il e r " ,
:J
,
\\ : >
\\
,
IV
, ' - ' )
t'V
cf. Eu po 1., .!.E.. 207 ,
r-
CÂ vol.. ~C(~
Ol(e c: rr.... To \\->~
v 1.0( ..-. TE:\\..
ll""E;('I..\\ef:x. vJV
:
,[ Quand il parle, Syracosios
ressemble aux roquets qu'on voit sur les murs] : une fois
sur la tribune, il y court de long en large en aboyant Il
(ap. T 697
n.4, voir infra, p. 122
sq.,
139
sqq.)
D'où lIpousser des cris terribles ll
terribles ,
particulièrement
des cris de fureur, Soph.
, El. 299 ; de colère, Eur.,
Alc. 760. Ailleurs et toujours métaphoriquement, il fait
allusion soit aux battements du coeur, Ode 20.13, soit
aux craquements de l'estomac, Maecius, A.P. 6.89.
C'est un verbe plus usuel (sur ses composés, voir
(..')
1
,
,
Kr. ~, p. 591 )
que VAoI.u.)
,
terme poetique employe
uniquement au présent et à l'imparfait, qui signifie
proprement "aboyer, poursuivre de ses aboiements", en
parlant des chiens, Ode 16.9, 162 (moyen), 20.15,
Theoc. 25.70 , mais figurément,
en parlant d'un homme,
2
"hurler", Soph.
, fr.
61 N •
a. f) 1
Notons qu'employé transitivement, vA~uJ
se comprend
"aboyer après ou hurler contre quelqu'un", Ode 16.5.,
1
-
,(
,
"
comme, par exemple, dans ib. 20.15
'v<.vwV ••••
o/..VcJP
0<.'1-
l
,
c... ') ,
\\
U
VOI..~<ro("1'"
vAoI..€:\\...
Le démagogue est un usurpateur.
D'où la métaphore
maritime eVVV"~Korr~" = "accurate observo" qu'on ren-
contre dans Cav.
313 :
110
" [ ••• toi qui as complètement assourdi
notre Athènes à force de criel' ] ,
(souligne
le Choeur), et de guetter de haut de nos
l'oches les tributs comme on guette les thons".
\\<~trd ,;;5" \\\\E:\\~~V ~Vw~E:" 'o~~ 1~~6\\J5 Bvv\\lo-
(j\\'<'O\\TWV ap. T 723.
('
1
<.If\\
C'est un type proche de ~ol'\\'l)O~\\(orr()\\' ('"'errv\\...o(L.),
p.
810 et des autres composés en - <:rKO-rrOS (52). Il
correspond donc figurément ici à "guetter comme un pêcheur
de thons", mais proprement il signifie "guetter les thons",
cf. ~VVV~~vJ
"lancer le harpon contre un thon", d'où
métaphoriquement dans Gu. 1087 :
e:tT~ ~?G:t \\\\O'~lê;q-~~ ~vv~ 'c!)vres. E:.~S> \\~0.s ~vÂ~I,«()VS
ap. T 723
n.4.-
Schol.
Gvv"~)OVT"E:S~ ~tè.VTo0"TIë.S ~S \\oJs e0V-
'Jo
r-
\\1 5
'ID(::' e;,
TeL 0 S0 \\J ~ L. ,
\\1 5
'ID(::' e;,
TeL 0 S0 \\J ~ L.
Q: To( ~ 0 \\ v\\<.. ~ S •
La même image est relevée dans Phot., p. 97.15.
D'autre part, à en croire Jungius (s.u. euvv~~w ), on
note dans Diogen. V. 22, l'emploi du verbe
eV"V~lf::.L;V
qui a la même signification.
Les démagoges orateurs sont des perturbateurs qui
usent du faux témoignage, de la corruption,
du chantage,
du détournement des deniers publics. En un mot, le déma-
gogue est l'intrigant qui "cherche à diviser Athènes",
, C ' "
t.
" "
~
If}
c:...
1
~ 41 : ToY v-n·..
v-n· "V 1~w" l-ov",<:T'oll. ()LL(t"\\o(Vo(L..
Tel Cléon accusé de déchirer la Cité, de favoriser la
d ' .
t
l
. t
\\
C " "
d ' .
t
l
. t
\\
C "
C\\
1
;>
esunlon en re
es Cl oyens : ~V
Ù
1-'\\ 'V~Vo(LCV.s
Ë-
esunlon en re
es Cl oyens : ~V
Ù
1-'\\ 'V~Vo(LCV.s
11T,,\\~ot5 ~L.'\\A~O f\\oÂ.CTo<.S 6trro~~V'o{\\... \\ ~\\.olTE:Lxt)w\\l
(Cav. 817 sq. ap.
T 701).
111
6. .... oC..T<ëLXL~w (pour les composés avec préverbe, voir
Kr.,
p.
622),
proprement "séparer et fortifier par un
mur", c'est-à-dire "séparer par un mur",
Lys.
2.44,
Polybe 8.32.2.,
est ici un synonyme expressif de ~\\...L\\rTJVo(L.
"séparer",
Xen.,
Conv.
5.6., Luc.,
Hist.
Conscr.
7.
ap.
T 702
n.4,
voir Mc Dowell,
~., n. du v. 41 ~ p. 133.
Voilà pourquoi l'activité de cette race turbulente,
le modèle même de l'intrigant,
est décriée à travers
des termes ou expressions assez significatifs.
Il apparatt
ainsi que Cléon est considéré comme un "ustensile à
\\
1
(\\
, 1
brouiller et à troubler"
: Ko(,\\..
Ko(,\\
Kv K"lUeOV Ko(L To<.eot\\o(\\eOV
(~. 654 ap. T 702).
l~ ~
e
'y( 1Q Cl V
, q u i
dés i g ne pro pre men t
l a " spa t u lep 0 ur
remuer ou servir la soupe"
est dit métaphoriquement d'un
"individu turbulent,
agitateur".
C'est un mot qui renvoie
plus souvent au verbe ~v v... '"
01.. V
'" , dont le sens propre est
"remuer"
en parlant du lait caillé,
!.!.. 5.903, Ar.,
?
cv
Ach.
671
(o<."o{KVI.<.W~\\'), "mêler une chose (\\LVL) avec
une autre", Ode
10.235, cf.
Il.11.638,
Hp.
,
Ep.
17, Ar.,
- : >
N
-
/
Gu.
1515, ~. 302 (é(Vo{ \\;{1.lY<.W~ot"), 309, 1108 (<r\\J'(\\.4.V~~G"ll(S).
\\<.vlA~\\I se prend figurément avec le sens de "fomenter,
susciter", Cav.
866, 1286, !:.. 491. D'où "semer la confu-
sion
(dans l'esprit de quelqu'un)
ou le désordre,
bouleverser"
en parlant soit d'intrigue,
Eschl., Pro
994,
soit de la Grèce entière,
Ar.,
Ach.
531
(~\\JVE'A0~d,),
,
, , , ,
:>
'"V
)11\\
\\
688
(\\o{~~TTwV \\;lo(I.. \\I(.\\J\\<.w\\l) , 939 (E-.lKI.lKo(q"\\1otL Tc(
tt"~~'(r--otTot, ,dit des sycophantes, ap. T 707,898,
voir infra,
p.
127
), Cav.
251,
363, 692, P.
270,
320,
L.
489.
T~
T ed..~ Te cV , proprement "ustensile à remuer" est
dit ici d'un homme,et signifie donc "perturbateur"
une idée qui avait été annoncée déjà dans un passage des
112
1
Acharniens (v. 936).
Il est synonyme de
TO<fo<.v<,
To<fo<.v<, TL \\,(. 0 S
"qui trouble,
propre à troubler, à agiter", Plu., Crass.
23 (1",,~ "{lu X1~ ), soi t proprement en pa~ant d'aliments
qui troublent l'estomac, Plu.
2.648 b.(Ot.VIDS), 734 sq.,
soit figurément en parlant des fauteurs de troubles,
D.H.
5.75.
1
,
Comme s yn
e
0 n yme
,on a
TO(
0 n yme
,on a
0(.\\/(.\\'\\ S
ci t e chez Lyco p h ron
43,
dont la forme poétique est
Tot\\~I.A.,we ' Esch., Sept.
572.
, 1
,
Ce mot,
bien entendu,
renvoie a Tot pot T,w plus frequent.
C'est un mot courant (sur les composés, voir Kr.,p.
665),
dont le sens propre est "remuer, agiter", Ode
5.291,
ArchiL
54, Solon 54,
Eur.,
Troy.
88,
692,
Ar.
, Cav.
43L ••
; figurément,
"inquiéter, troubler l'esprit",
Eschl., Ag.
1216 ; Soph., O.R. 483, Eur.,
Hippol. 969,
2
Ba.
1321-,-fr.
1079 4N
, Ar., Cav.
66,
358 ••• ,
"fomenter,
semer la confusion", Soph., .Ant.
794, Eur.)Ba.
797, cf.
Xen.,
Anab. ;.10.9., Ar.
, Cav.
214 (\\~ rre~Or-o(.To(
),
867 (T ~yi 1"\\0 ALV ).
Par ailleurs, T~eo<.\\/C. 'fOV est un type proche de ~~~_
?-.E:\\.. tTTf oV
"boîte
"botte à onguents ou à parfums", Ach.
1063, Antiphane 208.
Ce démagogue est aussi présenté comme "un pilon
.
l '
,
c::..
""'~
"",~
'C:::'
et une cUIl ere a pot",
Cav.
984 :
••• ùo\\.. ÙÙ
~v ùtè.
1
,
1
Tc eu" 1
,couple de mots qui f ai t
echo à
\\.o\\v~\\ \\~"
\\.<. oI.~
To<.elX \\1<,. T, oV.
6()~bv~ c'est proprement "pilon", Gu. 938 , P. 288,
~
'1
~
295, PL
711,
~. 7. Il est synonyme de O(.I\\E:ïeL~o<.VCs.
C"
l'
\\-
.r. 259, 265, 269 et 282 (0{ TeL t->«"
1\\ lé:. TeL
\\!).s , cr as e ), co mm
m e
m
le laisse appara!tre l'explication de la scholie à
113
P. 288
Mais dans ce passage des Cavaliers, comme dans ~. 288,
295,
il est fait allusion à ceux qui suscitent la sédition
dans la république, tels que Cléon et Brasidas : celui-ci
le "pilon" des Lacédémoniens, f. 282
\\<,.O(~
\\<"o(~ ""(:'S f\\oI..Kf::. f>ol\\...r'o-
V~'.j\\..~\\.'J ~U"E.T.o~I·3>~V(J~}?elui-là le "pilon" des Athén1iens,
,
,>- .~\\:>,1\\~
1
< : . " ' ) '
ib. 269 (XTt"'OÂWA
l"\\U"I.Vcl\\"()\\"'I[""\\..\\I
o(AE:"\\~\\..~,(voS.
Le substantif To,0V,,\\
qui désigne ici "l'instiga-
teur, l'agitateur"
correspond proprement à "cuillère
à pot pour "touiller" les choses en brouillant", Sophron
110 Kaibel, Ar., O. 78, Plat., Hipp. ma. 290 d.
Le dénominati f TOf0VW , du reste hapax, signi fie
"remuer et écraser avec une cuillère de bois", et se trouve
cité dans un passage des Cavaliers (v. 1172), où il est
question , à en croire le Paphlagonien, " [ d'une purée de
pois de belle couleur et appétissante], qu'écrasa de
sa main Pallas ••• Pylaimachos".
:
!)
1
<ë: To eV V E: ~'ol0'1
\\lo(~~~5 ~
1
Le verbe To~v vol vJ est un synonyme expressi f de
-ro~0VvJ , qu'on trouve employé chez Hippocrate, Int.
44, et plus tard chez Eubule 86.
La description peu élogieuse de l'activité de cette
race turbulente (voir T 701
n.l) se poursuit également
.
l '
1
~ans les em~lols de \\i\\1..'Vo(V Tes, riVol.. TE=\\\\J~~o{\\A.WS ,
E
p\\:l
t\\ \\..
t\\
\\J A<::v 0 v <ï \\.- •
k\\.~V~VT<è.S
~(~V~r-'-' co;nme le synonyme "'<.\\.~vciw, est une forme
poétique de ~E.:~clVVVr-L, qui ne se rencontre qu'au
présent et à l'imparfait, avec le sens de "mélanger le
114
vin d'eau".
Chez Homère,
il n'est employé que dans
l'Odyssée. D'où les expressions·qu'on va l i r e : 7.182,
111
,.,.....;>
/
"
10.356, \\,,-,Cè."'\\"t~ovot c ..... VoV €'\\I(.",\\V'cJ.
(€~\\"\\"o(c.('
imparfait de \\<.L.PV!<W ou imparfait thématique,
cf. \\..,~-
\\
l
"1
C /
,...
T~ ), 14.78, 16.52 \\t<.L.~,"1 té."L,,\\oeo( O\\,VOV
(~\\.\\v,,\\
(~\\.\\v"\\ = ~parfait de \\.<.\\..~V"\\ ~\\... ), 16.14 ~'- r/~S
o(.'~\\j~troC. ()'V/OV ,cf. Hdt. 4.66, PL, 1. 6(5).3, Hp.,
Mu!.
2.113.
Les plaintes suivantes sont celles d'un mal loti pro-
férées contre l'un de ses maitres
:
"Vous mêlez notre ville comme dans un cratère
et ne donnez au pauvre que par demi-setiers"
1
\\
,v... ... ~"o<."\\~5 aC)(.~
ftE:V'"\\ ~\\.,,,
ap.
T 709.
K'-~" /i.." T'=:S
a
bien entendu,
le sens pol i tique ici,
co mme\\'<'
m
0 Tu A"-1
A E:TE. Enef f et, L.( 0 Tv::t ~]uJ r e pré sen t e
figurément "donner par petites portions",
cf.
Pherecr.
168 ~"\\~~v
~"\\
KO\\VÂ'\\.7f:1..\\}) ~:tA~ KCl(Toi ~~ \\\\€;,-V
X0
X ~,,,
ap.
T 709
n.4.
Proprement, c'est "vendre par cotyles",
d'où "vendre au détail"
par opposi tion à
~ B~ 60(
rr ..... \\\\~~e:rKE:\\...V , Arist.,Econ. 1347b8.
Parmi les dérivés nominaux
,
il convient de citer
(ap.
Jungius,
s.u. "<.O\\\\JAt)W )
KO\\VÂC~\\-( \\. 0",
"petite écuelle", Ach.
459,
le terme vulgaire KvA.I..'3"~\\.oV,
- -
1
Pollux 6.98, 10.66, KOT\\JÂ~(ïIA.,,\\, diminutif de ~O,\\/J.1'
Pherecr. 69.4., l.o<.oTvA~~~o)"petite coupe", Ar., fr. 380,
mais désignant aussi "une sorte
de gâteau",
Heraclas ap.
Ath.
14.647 b,
et le "trou utilisé pour sacrifier à la
Terre",
Hesych.
K 3819 Latte.
115
,lé:: '\\.Je
,
~" 0( ,lé::
,
~" 0(
(?ol.. ~ ~ S
?
1
Le composé O(V'..t. T'(;:1\\.J~ Pcl..v(. vJ s (C av. 310) est une
formation hapax qui signifie" fomenter des dissensions,
brouiller"
et qui est un dérivé de TVf\\->~1W "troubler,
2
remuer", Soph., fr.
838 N
, Ar. ,Cu. 257 TO" rr,,\\À~v ~~_
,
~
,
Cl).
't'Cè:e
0("''(" \\'o("(al. S Tve (?ol.<r EI.$
p..t 0 \\.1 w V
ap.
T 705
n. l
(p. 142) cf. T 532
n.4. A en croire Ehrenberg (p. 355),
ce mot aurait été appliqué aussi à Périclès.
Cette métaphore est appliquée, comme on s'en doute,
à Cléon que le Choeur des Cavaliers accuse d'être un
sycophante qui" patouille
toute la cité", pour reprendre
les termes mêmes de Taillardat (in 705
p.
142).En un mot,
d'être un perturbateur.
En somme, pour le poète comique,
les démagogues
seraient considérés comme des gens qui useraient de leur
faconde pour exercer le pouvoir et naturellement assouvir
leurs ambitions personnelles. Nous avons rappelé déjà
comment le Paphlagonien et le Charcutier, l'un pour
conserver, l'autre pour acquérir la faveur de Dèmos,
luttent
à qui saura le mieux pour pourvoir à ses besoins.
D'où les marques de sollicitude et l'avalanche des promesses.
En vérité, ils sont tous deux prévenus, comme dit clotz
(p. 268), "que la direction de la Pnyx doit revenir à
celui qui le traitera le mieux". C'est pourquoi Aristophane
s'avise de montrer dans Pl. 567 sqq.,
- et notamment
au vers 570 -
, quelques conséquences néfastes du nouvel
état des choses
"Ainsi
vois dans les cités les orateurs:
tant qu'ils sont pauvres,
ils sont honnêtes
envers le peuple et l'Etat; mais une fois
enrichis aux dépens du public,
du coup, les
voilà devenus malhonnêtes, ils conspirent
contre le populaire et font la guerre à la
démocratie".
116
Etablissement du texte
:
-
~OvAE00\\J~~ cr :_~ovÀE:0oVIS"[\\j R - ~ov
ÀE:0w<!"~
v.
Il faut rappeler que la même idée est développée
dans frr.
411, 439 ; qu'on a un témoignage concordant
,
()
1
dans Démosthène 24.124,
et que l'expression E,1T\\.p>ouAE::v-
E,1T\\.p>0uAE::v-
ov<:S~ T~T~'t\\~1e~\\.se trouve citée dans Thuc. 6.60.
?
')
1
Lever bec
r'
0 mp
m 0 séE. IT\\.
0 v " €:. v e: \\- V (s u r d ' au t r e s
composés,
voir Kr.)p.
669)
est un mot courant qui si-
gnifie "comploter, conspirer contre",
soit avec le datif
de la personne et l'accusatif de la chose, Tyrtée 4.8.
( ~. < Ka{I.<.~") l\\~7-.E:\\" ), Hdt.3.ll9, 122, Andoc. 4.15,
Antiphon 1.28, Thuc.6.54,
soit avec le datif seul,
comme dans Pl.
570, d'où "conspirer
contre, tendre
des pièges à". Ailleurs, on note l'emploi d'autres déter-
minants tels que
~
'Â
T,:\\ no
E:\\.,
dans Eschl., Sept. 29, e
E:\\.,
dans Eschl., Sept. 29,
€;_
\\
dans Plat., Rép.
378 c •••
En fait,
toutes ces métaphores donnent à entendre que
Cléon, du temps de sa. puissance, comme,du reste,
tous les
démagogues du même acabit, avaient pour ambition de
"brasser pêle-mêle la cité"
(ap.
T 706), de triturer les
affaires de l'Etat. Or, à présent
on constate le renver-
sement de la situation d'antan dont jouissait Cléon. En
effet, hier, chef populaire,
aujourd'hui, un vulgaire
117
charcutier condamné à vendre des saucisses aux portes
des villes "mélangeant la viande de chien aux déchets
A
' 1
, , . . . , )
1
l
"
d' ane", Toe..
~ \\..\\,,/
..
€: ~ 0( l....... ~~ '0 Vu 5 T\\1L ~ OVE: l 0 \\,. s ~\\o(ar~~\\. v
(Cav. 1399
ap. T 706).
/
\\
f"V
Si l'on fait foi au scholiaste : <rVI-\\.~\\JPw" 'Tcl \\,\\5
1
,
c.'
, . . . '
, \\ 1 1\\
l
, ,
~o'l ~v.) oS t\\"~o(,Or-c(To() oTt.
e
li<. CIl \\..
I!>l.
t"- ol.tE:1. 0
t"- \\.. '(
l.
Tel KtE=ol. t"- \\.. V v 0 V ~L" ,
il faut admettre ici avec Taillardat (supra) que le
1
\\
substanti f
1\\\\/0( r~
fat
0{ cr LV
paraIt u~e plaisanterie
TTel
lT,oc:s-'So 'A ~~v
pour
1A\\<ê~q-L.V.
N'oublions cependant pas un fait important. Les
orateurs sont, pour la plupart, des gens qui ont de
l'ambition, de l'énergie, de l'intelligence, un don de
parole inné ou acquis, une voix capable de s'imposer à
l'Eccl~sia ou à la Boul~. Ils sont nombreux, et de ce fait,
il y en a de toutes sortes: d'honnêtes et de malhonnêtes,
de supérieurs et de médiocres, de considérés et de mépri-
sés. Or, ici
comme partout ailleurs, les hommes de génie
sont, certes, rares, mais les hommes très intelligents
ne manquent pas. Aussi mettent-ils leur art au service du
peuple pour en tirer profit naturellement. C'est pourquoi
ils se font d'abord bien voir de lui par leurs semblants
de désintéressement et leur apparent amour de la justice.
Evidemment, ils ne parlent jamais sans jurer d'être dévoués
à la démocratie, et sans mettre la main sur le coeur
"Je ne trahirai point la canaille athénienne,
mais je lutterai pour le populaire jusqu'au
dernier soupir" •
... 00X~ rr\\o~~q-w 1~\\1 ~A~îvodvJV KCÂO"l"Veï~V)
)')')\\
~
\\
~
("liA
"
oI.A..J...c:.(
t""..
t"" olX6ut....
olX6ut o(\\, rr'=.(\\" T~v ~A"\\t1,,,vS o(ev.
(Gu.
666 sq.).
118
1
Le mot
\\.I<<>~ocrvf\\OS(~) est poétique et signifie
"cohue, foule bruyante, canaille" (voir T 676). Il se
trouve cité chez Homère, Il. 12. 147 (où il désigne le
,
c:::::
rv
,C"
-~)
couple ••• cl...vv~vJ" 1ùc:: If(.vVvJV
,
cf. 13.472.
Employé absolument, il porte le sens de "tumulte,
tapage"
dans Hes., Théog. 880. D'où le dénominatif
1
{\\
----;::::;
,
\\(oÀOq"veTf;w
= OOfV(~w ~ To(\\ll(;'W
,Hesych.~.
3375 Lat te, cf. ~ o:t 0 q" V ~ T<> S = G0
G ~ v ~0 oS ,~v \\ ~ tè:\\'0:>
tè:
,
Hesych. K.
3376 Latte. Il est à peine besoin de noter
,
,
'AI\\
;'
,
que l~ metaphore
~oV
t11~o(.L.vJV \\;(o).o~Ve\\~"
est meprisante, cf. Pl. 536 \\!\\o(.\\, ~"('\\'<Do(f~vJV Vt\\O\\'\\E:.L-
,
, . , e l
'1
_1
t
t
l '
..
vvJ't/"\\w'V KCIl..\\". rpoll..ÙLWv' \\AO"()\\fV~\\Ov. ou
comme
expressIon
...
...
'..b \\
" ' ' 1 ' 1 '
ToY \\;=E:.V .;;rVe:tll(l!<.ol
ICv'
rXAAOV
dans Gu. 673 (voir
infra, p.
145
).
Le mot (f0fToI.S
(ap. T 677) = q"v~~<e:\\o'S désigne
proprement "les déchets", Hes., Trav. 606, cf. Callimaque,
Hymne à Apollon 109, Plu. 2. 97 sq., 811e, mais figurément
"la populace", PlaL, Grg • 489 c., cf. Tht. 152 C.,
Euphron 10.6.
\\ 'nt'l,
1
'
Pour tout dire, l'expression
\\'0\\1 _ti~·r'.~.\\'vJ." ~oAOtr'\\JfTOV
semble invoquer ici ce que les démagogues pensaient, et
non pas ce qu'ils disaient.
Naturellement
à travers ces beaux discours
qui
perdent et vont perdre les cités, il est manifeste, comme
le souligne Aristophane, que les "enIvrants séducteurs
des foules",
"ces gens de rien qui s'imposent au peuple par
la langue", dont la Cité est remplie pour l'enchanter et
,
la servir d'abord, pour la perdre ensuite (Gu. 474 (fouS
'1
,
S""'
l '"
,
, , : )
. - 1
l'0n\\)vS' w
t-~~où"\\t-~ KalI.. t"oVcl..~Xl.ol.5 <ê.eo(~'o{' cf.
Cav. 1330, fr.
108), cherchent à la tromper au gré de leur
propre intérêt. Car il s'agit précisément de personnages
"qui, dans leur soif de gloire, soufflent la guerre contre
119
toute justice, faisant bon marché de la vie des autres,
l'un pour être capitaine, l'autre pour se moquer des
lois après avoir pris le pouvoir, un autre, enfin, pour
s'enrichir sans un regard vers le peuple et ce qu'il peut
souffrir" (53).
Voilà pourquoi,
à l'instar d'Euripide, Aristophane
lance ses dards contre ces gens de rien pour qui le peuple
est inapte à bien gérer la cité. Il incrimine chez eux la
voracité (T;; Kol.TE:~~:Ç:l-") et l'avidité (T~~WeO~o\\o\\(;~")
voilées par la flagornerie qui, à en juger par les propos
du poète comique, permet de couvrir leurs erreurs et aide
à esquiver le châtiment (Nu.
591 sqq., voir infra, p. 137).
Leur voracité
En témoignent les emplois pittoresques suivants
qui
mettent en relief plaisamment cette voracité
des déma-
gogues héritée de l'insatiable avidité proverbiale des
Athéniens, fr.
694
ap. T 160. Cratinos (fr. 214)
ne les
qualifiait-il pas déjà de ~~O\\l"l!)~ lr~ÂE:-:;5 ~~~t)f()\\..
(Meineke) ? Entendons par cette expression "les gauleurs
deI' Et a t, v rai s fIé a ux" (a p. T 720) cf. LaS 0 u d a
6t. 1-"- 0 ~o~
, "
"1'" (\\
"""
~ "
'..... - ,
llV'
~OA€;W~ o ..... ~O~o'" \\Aol.AOve:t''' ocr: \\o\\ol ... t'"0eOo\\JS
~OA€;W~ o ..... ~o~o'" \\Aol.AOve:t''' ocr: \\o\\ol ...
\\ 0
01. bl~c(l..eOV'"
bl~cC.l..eOV'"
ç;<:>.
Photius, Berol. 94.9 :
,
/ . ,
\\
c
;t-°~O°'-' ?/T~ ,",,0\\...'10<. c)Lol~O\\'(00VTE:S \\<'ew(~ A\\Jt'-olL-
'/0 r-~"o\\"
~"OeE:5.
Tout indique que l'a d j ect i f ~ t'- () \\,,00 ~ , est ici u n
substantif dérivé du verbe tech ni que OJ. r- c::eyw (i nfra)
"cueillir" cité dans Sappho 121, Eur., H.F. 307, cf.
Apollonius de Rhodes 1.882, Com. Adesp. 437, Theocr.
26.3.
(moyen).
,
1
Ailleurs,
r-
0(
0 ~60S
désigne la lanterne qui protège
des vents, Empédocle)fr. 84 Diels, v. 3-4 ap. T 262
n.l.
120
Chez Cratinos (fr. 96), il est pressenti comme synonyme
1
1
de o<.roeO ..... S "de lin ou de pourpre" (Malva silvestris).
:;
1
Co mmet
m
e r mes a ppar e ntés, i l y a lie u de ci ter 0( ~ or 'O€:v .s
"celui qui presse les olives", Pollux 1.222, &. l"'0 eo1
" marc
m
d' 0 l ive s ", Hp., .A
. ph.
A
7. 45,
ThPhr .'> C• P. 6. 8 • 3 •
Aux yeux d'Aristophane, Cléon pourrait être considéré
comme le porte-flambeau de ceux-là mêmes qui "pressurent"
la cité et partant
les citoyens d'Athènes. D'où la série
des métaphores qui lui sont appliquées , et dont la plupart
sont synonymes de
K:2.. ~i\\TE:\\..v' :
Kl.Jotr-0T~~J
(Cav. 41)
C'est-à-dire proprement "croqueur de fèves", autrement
1
1
1
dit KVoI.t'-0V$ ',wreNV: Tewif<=I-v'(ap. T 132) portant le
sens de "ronger, grignoter, mâcher"
dit spécialement
des animaux herbivores tels que les mulets Ode 6.90 ;
du porc
.Ach. 801, 806, Gu. 155 (~"'Te~fE:"tôt,\\:.)' 371 ;
du bétail Théocr. 4.45, 9.11, mais aussi familièrement des
hommes avec le sens de "manger des légumes ou des fruits",
Hdt. 2.37, 92, 4.117, Ar., Ach. 803, 809, Cav. 51, 1077
(ap. T 641), ~ 1324, Gr. 988,.Q.: 655, L. 537, ou des
maximes en parlant d'un sycophante
?
("1
1
l i n
( '
'î
1
~V', l'\\"\\e\\..\\)\\..()V yvw!:,-ol.5
'fw'Q'oJV
o{vùE:."ET€:LÙV.s
(Nu.
932 sq.
ap. T 770).
Dans ce passage des Cavaliers (vv. 40-41), qui fait
allusion au "maître rustre d'humeur, croqueur de fèves,
prompt à s'irriter"
N IV'
\\ ?
~
,
1"
"
1 ~
~
l
'î
N IV'
\\ ?
~
,
1"
"
1 ~
~
l
lfV Ool.~ €:~\\L cH;~ttoT,~ oI.(eCL~OS 0e6'1V )'K"'c(t"'0TewJ 'o(~~Xot\\oS.
~"'o(rOTe~r s'entend, bien entendu, figurément (voix:
T 685 et 686) et fait allusion à la nomination par la
"fève", qui assure la subsistance des magistrats.
On sait que le mot \\f(~o(l0'> "fève" (Vicia Faba)
121
désigne aussi le sort par lequel les magistrats étaient
élus à Athènes et ailleurs. En vérité, ceux qui tiraient
les fèves blanches étaient choisis (54), Hdt. 6.109, Ar •
..Q... 10 22, ~. 5 37, 69 0, f r. 356, cf. Aris
A
te, Ath. , 24 • 3. ,
32.1., Xen., Mem. 1.2.9., Luc., Vit. Auct. 6, Soph.,
2
fr. 404 N •
r
Sui t
ce co mmen
m
ta ire de J u ng i u s (s. U. K vol l'" 0 T ~ ~
" ••• usurpatur
de demo, qui "vitam sustinet mercede
concionali" (Blaydes)".
Au reste, l'explication du scholiaste semble assez
1\\,:
clai/e: •••~
r~\\ ;~s é?J\\~<rE:uJ$ ,:;J," t~t"
~vo(l->--o\\"'.s
~YpwVTo
€-v
Tol~S t€:'l..PO'OVl.«l..5
\\vJ'I/
rv'
)-
,
1 \\
,1
1\\,\\ \\ )
rv'
~~XOV\\~V
K~~
~v l~l..~
~~~ 1~~~l.S'
cf. Photius:
\\-<.Vol.r-C1T\\~V· ~rrci '100
r- 0v
r- ,
C'est un type qui rappelle
tv?.'l.o'e~ï (voir B.P.,
p. 613 pour d'autres composés en - T~J,Y ), "qui mange
le feuillage", Antiphane,!..E.. 172.2 ; !!... ap. La Souda
ov C " "
1 ~:>f\\
il
Il
(s.u.)
: "\\of.\\..~V~1.. ù~
(s.u.)
: "\\of.\\..~V~1..
,ovTovS ov
KV~P.O\\~WS t'\\"T"T\\.,'A.OS
que Bergk attribue à Aristophane à en croire Jungius (s.u.).
K o(,TE:q-~~ €:~S
(Cav. 258)
\\(o(,T<=<r~~<:::LV est un mot courant pris figurément
ici avec le sens de "manger, dévorer (son bien, patri-
moine)". Il fait allusion à la voracité du démagogue Cléon
qui "dévore les deniers publics", à en croire les cavaliers,
avant même d'être en charge. Comme le souligne à juste
\\
titre Taillardat (in 708). Ce verbe est employé
i'\\o( fol
tt~o~ SO'A~o<.v'
au lieu des verbes du type ~L Ol. ~e:.~ V ,
\\\\~~T\\~LV , c'est-à-dire véhiculant la notion
"d'administrer".
"Et c'est justice, puisque tu dévores les
122
biens de l'Etat avant que le sort t'ait
rie n as sig né ',1
On retrouve d'ailleurs une connotation semblable dans
Gu.
838, 896,
1116, E.. 627 (voir T 641,648), 1117, Gr.
"
( ' ;
573, A.F.
595, Antiphane,
fr.
239 (\\0(
rr~TP~o(
573, A.F.
595, Antiphane,
fr.
239 (\\0(
)
Dem.
- - "
<)/
-
\\
1
:>
/
38.27
(""~f)""'rol.), Anaxippe, fr. 1.32 (l\\oI.\\e~olV oveI'\\,O<V ).
Proprement,
\\1<.. eX. \\E:.~~ ~ ~l.V
est porteur du sens
:
- soit de "consumer,
dévorer"
en parlant des animaux
de proie,
Il.
17.542, cf.
Ar., ~
588,
590,
d'un serpent
Il.
2.
314, cf. Ode
12.256, d'un dauphin
Il.
21.24,
de
personnes
(55);
-
soit de "ronger" en parlant de la moisissure
Hp.,
VM 19, Plat.,
Phd.
110e , Ar.,
Ach.
1111.
?
Comme
autres composés
(voir Kr.,
p.
626) en - ç:(f:...
Cu
.
\\) LW'
on a
•
~'ttl2:cr~~w "manger, dévorer", Hermippe, frr. 24, (cf.
Ar., .2.: 26), 52, Ar., Cav. 497, Gr. 984 ; "s'abstenir de
manger",
Théopompe,
fr.
62.
-
~~
f\\ l
"
"=5,E:\\t'tj~vJ "manger completement, devorer", Gu. 925
( ~~ ,;;J" rr&J..f;w'l T6 '\\1'"\\'~..'~~o" ..?E1'=~;~O~E-" ap. T 697, voir
infra,
p •. 139), cf.
Cav.
698,
700,
1032,
Epiménide,
fr.
10
Diels, Arist.
, H.A.
554 b 4.
rro(~~~~w "manger en outre ou en même temps", Hp. 16
"ronger",
Ar.,
Cav.
1026.
tZ E:tYo<..S
tY
(i b • 103)
Le sens premier de ')..Ji;~XvJ est "lécher, laper", Hdt.
4.23,
Eschl., Eu.
106, ~ 826, Ar., Cav. 1034, Gu. 904
dit des chiens, Pl.
736 des serpents
(ap.
T 131
n~l.), ou
123
simplement "lécher", Arist.,H.A. 580 b 31 (~lot).
Le sens second du verbe est ici "savourer", comme au
vers 1089 de la même pièce :
"Après avoir savouré les biscuits au sel des
confiscations, le coquin ronfle,
ivre-mort,
couché sur ses peaux à la renverse" (ap. T 708)
On constate que la même approximation imagée se
,~
1"
, . "
rencontre dans le compose
rencontre dans le
Lo(
G: ....XvJ
....
"lecher tout a faIt,
qui est une formation hapax dite du Chien Cerbère gui
dévore tout. En vérité,
" ••• furtivement,
la nuit, en vrai
chien, il lapera les plats et les fIes" (Cav. 1033
sq.,
ap. T. 695
p.404).
Si l'on fait fond sur le scholiaste, dont l'explication
est reprise, du reste,
par Taillardat (in 695
p. 405),
l' expression
T~ 5 \\I~","ov oS ~LoI..AE:txwV
est une plaisante-
rie nole~ 'lT~o<!"~()~\\.ol'\\f employée pour TC>lS X~.,..~S ~l,~~E~AvJV)
Gu., 904 (voir p.
106 sq, 139
sqq.). Elle évoque ainsi
tto(e' ~rr6"() .... ",,v les fIes qui forment la Confédération
athénienne. Le scolion à ce vers dit:
? (..
,
'7
\\ ,
T 1
... "rt'ott
...
ut\\ovo\\..,o/..v
EL.-'r\\<::
\\0<5
\\/1lf"Ou's) "T"ou
Ié~\\\\...
~.s
~\\ ~
~ ~
1
~
v~
" \\ 0 ~.s
" \\ 0
-; "\\ S 1\\ bÂ
b e.\\AI .s ~\\ ~ fOU s ~ .... ~ \\ t\\J1w v' K ol ~ \\"0 v
v"\\<r.... \\Al \\'0(.5 ~ .... 0{ e:t" c: LW V •
Parmi les nombreux composés en - 1...'ë~XU; (voir Kr.,
p. 681), qui ont un sens physique, on a : ~KÂ<::(XvJ
124
"lécher"
en parlant du miel,
Hp.,
Acut.
56.-
Corn.
Adesp.
769
.
"falt sur le
"
modele de €:r- '""
""v
..,o(.'(C\\..
,
')
' V
()
,
/1')
1\\
::>
' . J ' } "
l
€:\\A.~Oe~~~~\\.. , ~t""~o(AÀlé::I:S"I;jo(\\.., E:.~\\\\,,\\'vE:I..V
"
se on
Taillardat
(in 131
n.4).
- lTE:.\\I..J.€:.,-X w
"lecher tout
autour",
Ar.,
Pl.
736,
fr.
581,
dit d'un parasite dans
-
-
-
Eupol'l fr
• 52, Luc.) Gall.
14 ;
"ôter ou nettoyer en
-
--
-
léchant", Arist.,H.A...
605 a 4, Luc.Jlcar.
30.
ko('-o(reoX~~1~1, (ib. 82'6)
Ce verbe signifie proprement "avaler quelque chose
à grosses bouchées, gober,
ingurgiter",
en un mot
"engloutir", Hp.,
Coac.
62,
Ar.,
Cav.
357, O.
503, Anti-
- -
- - -
phane 190.6 (voir T 144).
Dans ces conditions, on ~ourrait
,
1
le considérer comme synonyme vulgaire du verbe E.1:t"
l,ri::.LV.
Lever b e sim pIe f-> fOX ~~ ~ uJ (a p. T.) i b •
n.!),
c'est
"avaler", Arist.,
Probl.
948 a 5,
"humecter
_ -
le gosier avec
... _ -
"humecter le gosier
...
quelque chose", Cléarque le Comique,
!.:... 2.
Mais
p ris fig u ~ men t i c i,
,a{ r~\\
II(
X8~~
0( ,a{ r~ \\
II( 0(
0 X
8~ E:l..V cornme
variante de
Ko<.Pl\\OV1S'~o(l.. , selon Taillardat (in 718), a
\\
•
'"'-
,
1
le sens de "avaler",
cf.
Hermippe 45.4
( E::t~
'Yc((J
~Q-
/ ()
,\\ \\ n
":)\\
/ ()
,\\ \\
":)\\
1
U \\c.I\\
'" 0 ~ \\Ar"
IAet.T€;~~OX~l..q-EV0/...'1 ''\\''
~:Î'on:OVV~~o" o{trol."J:O<V),
Athénée 6 • 2 7 0 b (
Â6'
 rI!) vS) •
Notons que ce verbe fait
pendant à
~v<..V<o{v'~~~vJV
(ib.
825)
qui est une formation hapax.
C'est une métaphore
agricole
(infra),
qui se prend proprement avec le sens de
"arracher avec la tige",
cf.
les composés
(ap.
Kr.,
p.
612)~\\\\OKo(,vJ.t~w "briser à la tige", d'où "briser net
ou corn pl è t e men t", Eu r.,
Su pp.
7 17,
Th u c.
2. 76,
au pas s i f
Hp.,
Fra ct. 45,
Art.
33.
-
ITo< e0( II<. c< v ~ t ~ IAJ
" pou s s e r
~ es
tiges latérales",
Thphr., H.P.
6.2.8.
; figurément, (ê\\l(-
V<. d...v ?...~ ~vJ
signi fie
"retirer, ôter,
enlever les bourgeons",
c'est-à-dire les profits que Cléon soutire au peuple dans
125
ses moments d'inattention.
Le texte qui établit le triste constat se présente ainsi
"Dès que tu bâilles aux corneilles, Cléon
arrache les comptes avec la tige,
comme
des choux,
les avale,
et des deux mains puise
à pleins croûtons dans le trésor public"
(ap.
T 708 et 718)
<..0
(
rv
'"
\\
1"\\
\\
tTOTo(,y'
Xcl...~L~ ,'Aoll" lov5 l.<.o(VAOVS
,::J" E:~~VVWV ~~\\A~V~~~vJ"
V<.
t-
XE\\-
Il( le( ~~o~(~E:l- J K ~ t- i()~V
(0~V
C'- v ~ T\\... À.
r-
0( T 0( \\-
\\ " WV
W
S "\\ 0 "f" ('W"
(Cav.
824 sqq.)
cb'
<b .~ ) . . .
C
1
1
lc'CJ...I',tJ...U}C/....
1\\l)h/ÙO\\AE:VT~l"o(~Gu. 35)
Proprement
trob/~O~e:0\\\\L<l(, signifie "aubergiste,
hôtelière",
Gr.
114 (ap.
T 712
n.2),
Pl.
426,
Eupol.
9
cf.
le verbe dénominatif
T\\oJ...V~OKf:.(;f!::.VJ, dérivé de
r\\!J..v bO 'lA 05
"accueillir comme hôte ou aubergiste",
Timocréon l.10,
Hdt.
4.
95, Plat., Lg.
918 e
; employé
absolument,
il a le sens de "tenir une hôtellerie ou un
hôtel garni" Thphr.,
Caract.
6.5.
En outre, t~Âo(\\.Vo( /t~::r~o(\\..\\/oi désigne proprement la
"baleine"
, Arist.,
H.A.
489b4,
521b24,
537a31
; mais
1
- -
~o(1.o(,\\"vc( représente aussi "le monstre qu~ dévore, qui
avale tout",
Gu.
39, Lycophron,
fr.
841 N • Schol.
Gu.
35 ~ 1~Â~CVo( : t~2o(,-vo( ~ ~-;T;I' KEc.târ\\ ~\\L1
~,,\\T~'S~S.
IAcl\\...
'-X9vs
Vict.
Or,
selon l 'e x pli ca t ion d u mê
m mes c h 0 lia ste, rro("~ () _
1
K E.v T \\\\... 0(
est di t
de Cléon
:
126
c
~
1
\\"6 \\<
t. \\ 1
1
c : . ,
'7 1
~
1
t. \\ 1
1
c : . ,
'7 1
\\
\\"6v
Â~
 w"0<.
w
•
Tf
r
0{ " i) () '" E:V\\~ I.~ ~ tï n"e>l\\ITClI..
0 êXO
(::V"\\. AE:r~'-'
E:
D'où,
pensons-nous,
l'association pittoresque au vers 35
des Guêpes
des deux mots
t~ÂlllLv'o( lTO(V~()\\A.E::~T~\\'~.
En effet, à cause de son insatiable voracité, Aristo-
phane,à l'ombre de Bdélycléon, fait figurément ici du
démagogue 'Cléon, une "baleine prête à tout avaler", ou
mieux,
"un physetère vorace", comme dit Taillardat (in
712, cf.
350), symbole animalier qui devient ainsi par la
force même des choses permutant métap~orique du mot ~uJe~-
~~ K oS
cf. Gu. 669 ~W~Q~O\\'('~U~\\'V, ib. 675 ~W~b-
~o e00
e <s"' \\..."
Cette image pi ttoresque serai t
donc une
00 <s"' \\..."
Cette image pi ttoresque serai t
donc
plaisanterie "contre attente".
,..
L'explication du scholiaste au vers 34 de la meme
pièce, qui présente Cléon comme un voleur semble être
assez claire à cet effet
,. Leur avidité
Tout chef populaire passe aux yeux des Athéniens en
général, et à ceux des poètes comiques, en particulier,
pour un personnage avide de s'enrichir impunément (56).
Praxagora, rapporte-t-on, est indignée de constater que
les affaires publiques sont "pourries"
"
Ce qui m'afflige et m'est pénible, c'est
de voir pourries les affaires de la cité".
127
Il convient de rappeler ici l'emploi d'autres images
parallèles du type XW~E:~ Tb rre:r~r-~ dans .!:. 509, 510,
T'ti ~~ KO""~" ~'1"t\\E:\\ (\\~~\\.ro~ KvÂ[,/Sl::Ta(t. A.F. 208 ap.
T 671.
Les profiteurs de l'Etat qui se sont crus capables de
prendre en main les affaires publiques , à en croire le
Paphlagonien s'adressant ironiquement au Charcutier:
"Ce serait du beau, oùi, si une affaire fratche
équarrie te tombait dessus et que tu t'en charges,
ce serait joli que tu la prennes en main"
1/
'1'"
):1\\
~
\\
ro-
a
1
••• V\\o(,-<.ws
a
ro-
••• V\\o(,-<.wS
o/.:{
Ov\\!
ctu
f\\~O(O~Cl( \\\\ \\ 01$' ~E:\\\\O"
?
1
\\
1
"-'
1
Xf,,\\\\)T
W \\.A.O~ i\\o(.,cl.\\A.TOV tTl:lI.~""~e( ~wV
t:<:TatxE:l...e"cro<.I...O
W \\.A.O~ i\\o(.,cl.\\A.TOV tTl:lI.~""~e( ~wV
W S
(Cav. 344 sq. ap. T 670)
les traitent à tâtons dans les ténèbres,
pour reprendre
les termes du message de Trygée dans f. 690 sqq. La répli-
que de ce dernier à Hermès révèle que Hyperbolos, le
fabricant de lampes (ÂvX "'O,(\\OLC~), est en faveur à
l'Assemblée:
"Jusqu'à présent, nous traitions les affaires
à tâtons, dans les ténèbres. Maintenant, nous
délibérerons sur toutes choses à la clarté
d'une lampe".
128
Lever be 'Y "\\'À
"\\ Dt ~~ W ad' ab0 r dIe senstechni que :
"chercher quelque chose à tâtons, ou tâtonner, comme un
aveugle", Ode 9.416
dit des Cyclopes, Ar., A.F. 315 en
parlant d'un manteau; "palper quelque chose avec la main,
toucher, caresser de la main", Pollux 1.183, Arist.,
H.A. 571 a 33, 560 a 9 (passif), Xen., Eq.2.4.
Cette
acception se rencontre particulièrement en médecine, où
le verbe t~?,ll(tJvJ est appliqué à l'examen gynécologique,
Hp., Mu!. !. 40.
Employé figurément,
comme ici, il signifie "démêler
par tâtonnement, fouiller"
• Ailleurs, il se traduit
"éprouver, examiner", Plb. 8.16.4, 8.29.8, Plu.2.589 b.
Comme composés en -'Y~Âo(t~w (ap. Kr., p. 554), qui,
du reste, ne s'appliquent pas aux affaires publiques, mais
ont une préposition comme premier terme, on retient , entre
autres : lA..c(Tolt~Âo{.llJW='f-l\\1.tY•.
lA..c(Tolt~Âo{.llJW='f-l\\1.tY ~J\\vÙ, Luc., Asin. 14.
,
1)
,h'
1
\\ . 1
- E:tn''''Yt)'''''''T-tw''tâter, manier en tâtonnant", Plat., Rép'.
360a, Protag. 310 c.
Notons qu'à l'expression imagée, mais non banale, et
,
. ,
t'\\.;
,
,
,
1
donc usuelle
~t1
<=t1 .....o<.fwr-E;V e::v l;f~oT~ Tc{ t\\Pc(.y['-cc'rol
.
\\
U'f1f1\\
,
fait écho dans A.F. 252 sq.
(ap. T.
,
supra)
: O(J<.J<.o{ Ko(\\...
,
t ' )
\\
---;:
t ,
c:::. ...
'''1
,-
,
'l."':c
-r« \\eV~A..lvo{
\\O\\ll(~wS
-r« \\eV~A..lvo{
KE=fd.(.A.<::v€:\\..'I,T1"
KE=fd.(.A.<::v€:vl,T1"
cJ'!:
~~"I.V E.v ~ch. \\<..o(.AVJ;;)
('~uis encore, que ses plats, il les façonne mal; mais
les affaires publiques, bel et bien").
KE;eo(.l.-\\..~~E.'vV serait considéré comme une variante
pittoresque si l'on fait foi aux suggestions du scholiaste
129
Toutefois, si ce verbe, proprement "être potier de
terre", se rencontre chez Phrynichos le Comique, _fr. 15,
Plat., Rép. 467 a,
••• , le sens figuré appliqué ici
au démagogue Céphalos, fils d'un potier (Schol.
: •••
'l-'
C ,
f
" t . .
k/l~ Â
~V ut KE;e()(.r-~uJS T\\ol.TeOS 0
E.Tol.
o~), en revanche,
ne paraIt pas, semble-t-il, attesté ailleurs que dans ce
passage.
Pour tout dire, ces coquins qui sont dévorés par une
avidité sous-tendue par la malhonnêteté (~\\-~ TIOV1P~rX.\\j )
~ (\\, ~
\\
<:'
C ' . . . ,
,
1
\\
, À
"fa(
Gu.
669 ~~ U OUIOI.. r-€:y
ovJ~ 0 ùo k,lh)q"",V KolYal lTC:"\\,\\'\\ov"f~ ~oL eN
(ap. T 700
n.3), cf. ~. 1065 sq. (passage appliqué par
insinuation à Hyperbolos), "tripotent" les affaires de
l'Etat
comme, souligne Taillardat (ib.,supra)
, "un potier
triture l'argile quand il tourne lin pot".
On sait que les poteries sont des spécialités athé-
niennes par excellence, et que le sycophante sévit surtout
à Athènes, d'autre part (Ach. 725, 824 sqq., Pl. 877 sqq.).
N'oublions pas, en effet,la manière dont Aristophane le
suggère quand il compare
dans les Acharniens (v. 905)
~escsyc~phantes à des poteries : ~ ~ 'tt"E:\\ \\1(. f (0( r-0\\f
f:V ù ~~Cl(. t"" ~'\\{o s ·
A maints égards, il semble que la scène de l'emballage
de la poterie - Nicarchos constitue l'illustration de cette
métaphore appliquée aux sycophantes, fauteurs de troubles
dans la cité. C'est pourquoi Nicarchos est assimilé à
di vers ustensi les, réceptacles idéaux, i\\o< eÎ Vr>6 vo\\.cX.\\1
des procès et dénonciations ourdis par tout sycophante
"Ce sera un vase à tous usages, un cratère à
nuisances, une laie à procès, une lanterne à
éclairer les comptables publics, une coupe à
brouiller les affaires".
130
Aussi,Aristophane en vient à suggérer (Ach. 723 sqq.)
- ce qui, du reste, paraIt plausible dans le monde de la
comédie -
, que les agora nomes se mettent à chasser ces
coquins de la place du marché. Dès lors, on comprend
pourquoi il ferraille contre ces gloutons en leur appli-
quant métaphoriquement des mots empruntés essentiellement
soit au vocabulaire agricole, soit au vocabulaire animal.
Les métaphores agricoles
?(\\
1
1-\\ t-E:~'fE:\\..S
(Cav. 326)
C'est la forme active d'~t'-~sr.J "cueillir" restituée
conjecturalement par Bothe (cf.~
),et qui est bien pré-
•
,
I~
ferable au moyen éJ.. r-c=:.ArE:l. "tu trais"
transmis par R,
verbe imagé lui aussi
et qui évoque l'image familière
de la "vache à lait".
T 720), cf.
"
2..
:>
/
Ainsi donc, 0( t"" E:.eO~'- ~
appartiendrai t à la catégorie
des ve~es tels que
\\A.O(~ rro0~&ol.L. (Gu. 520), eE:\\L~E::\\..v1
Te vyc( y' (2,. 1697 sqq.), qui, lorsqu'ils sont appliqués
figurément aux démagogues (voir T 716) donnés pour profi-
teurs du régime démocratique , font allusion naturellement
à la notion de "cueillir un profit".
L'explication de la scholie à Cav. 326 semble on ne
peut plus claire à cet effet :
t
f
1
1
131
~
131
1
,t
1
!
1
!
,
Tels sont les reproches que le Choeur des Cavaliers
distribue à l'encontre de Cléon à la tête de la cité
t'V
') 1
( Tf,vJTCS wY)
:
1
"C'est sur elle (sc.
l'impudence) que tu tf~
1
.
fondes pour pressurer à ton profit les riches
fondes pour pressurer à ton profit les
"Ii
f
!
étrangers"
1
étrangers"
1
1:
!
1
f
, 'A
Il convient toutefois de retenir que o<.\\-,-(:: ~w est
1
un verbe courant signifiant "traire", soit en parlant
des animaux dont on trait le lait, comme, par exemple,
les brebis Il. 4.434, Ode 9.238, les vaches Théocr. 4.3.,
soit dit du lait Hdt. 4.2., Arist., .HA.523a7, cf. 522 a
15. Ce verbe entre dans une locution proverbiale du
)
'''1
\\
1
type
oi. fA-
/A- (G"r;f;:;\\..V Tov Tfo(~oV, Polybe 33.21.1, Luc.,
Dem. 28, en parlant d'efforts vains. Quelque part dans
Théocri te (23.25), il a le sens de "boire", cf. Bacchylide
1. 48.
1
Comme composés en -0( r-f:.~OW avec une préposi tion
comme premier terme, on relève (ap. Kr., p. 557)
:
J
I?-..
<::V oc ~ <::. yw "t
" rai r e dan s " 0d. 9. 223 • -
"traire"
Eschl., Ch. 989,
"exprimer"
Eur., Cyc. 209.
r,
1
1
132
7
1
En revanche, ~~~f'OuJ
beaucoup plus rare
se
comprend "cueillir ou arracher", Sappho 121, Eur.,
H.F. 397, cf. Apollonius de Rhodes
1.882, Corn. Adesp.
437.
1
Comme synonyme expressif, on a \\..<.~ Toi.. \\(è~Ou.l, PolI.
1.225.
,
,
Notons aussi que le substantif
TouS
\\<.lXerrLt'-I!>\\J5
qui est pris figurément dans ce passage correspond à
"productifs", d'où "riches", cf. Schol •
Y'
. ,
?
1
. ,
?
C
'
'c.
To'-'~ ~vrro\\~vs \\~"
rc.vvJV
To'-'~ ~vrro\\~vs \\~"
Ù\\,.o{tr€:LE:.LS,ToV;;;>
'1
(
\\ ?
t'v
S
rt ...... OV~LOV?
K.(\\.,.
c::.V{T"O~()VV\\c:.l
•
1
Proprement, l' adjecti f ~01.~\\\\\\.. ~o5 signi fie ",qui
po rte des f r ui t s , fer t i le", Esc hl., Pr. 45 5 (6€.p 0 S ) ,
1
-
1
\\
Eur., Supp. 31 (<;f\\olXV.s), Or. 1086 (\\\\é~OV ), Hel. 112
( Y\\. al e
e
TT
e ~ t'"o!hJ S ~Tw" '-<01AÂovS)
o
, Ar., Gu. 264,
(K ~
t1" l. \\:- al
rv
1
ee.
l\\ \\ 't'et ),..!:: 1154 (~\\J
\\ftl{ L ) •
k.;.errovr-lvf T1,,'EA1~~o{ (Gu. 520)
KoC.~t'I'"00<reo{\\... est un verbe courant qui se traduit pro-
prement "recueillir des fruits de (d'un champ)" et se
rencontre dans Hdt. 2.168, Eschl., Pro 851, Supp. 253,
Plat., Criti. 118e ; mais en mauvaise part, "se procurer
les revenus de , jouir des revenus de (d'un pays, d'une
cité ••• )", d'où "piller, épuiser". Comme dans ce passage
des Guêpes, qui peut paraître comme un point d'orgue et
dans lequel Bdélycléon pose la question suivante à son
père, Philocléon :
" ••• Car enfin, dis-nous, mon père, quel fruit
te revient-il de mettre à contribution
l'Hellade ?"
133
~~ ~ot~ oV ~r-~s) 1; TT~Tlé\\1 1
,
E:VuJ
'T~" C.E1.1.~~o{.
l'
r-
\\1.. 1:"1' ' ~ '\\\\...
"f 0 L
vc. 01.. (' it'"O V
l' \\1.. 1:"1' '~'\\\\... "f0 L vc. 01.. (' it'"O
1
\\
cf. Ach. 837 sq., où le verbe relève d'un emploi
/
\\
C o '
absolu : lA.o{eiT1vJ<r~o(\\' ';(,01..\\ o{V1~
t: V Toi. OO\\~ Ka{~1 ~~ "0 5 ;
Si l'on en juge par les nombreuses approximations
imagées qui fleurissent dans les discours des orateurs
politiques (ap. T 716
n.4): Isoc. 4.133, 166, \\I(.«.i-
(\\c>~~eoC.\\... ,jv '~~~oI.V , Lysias 25.25 'L~~~ KO<{J tto\\J~~o{\\'
,
'V
1.....
rh
1
\\
Ne\\..
Tot
T,,\\S
TroA~vJS ~lJt'LToeo( 5
, Dem. 19.249 ~oi.ett()V~'\\)oC.~
()0q"~oI..S, on admettra avec Taillardat (in 716) que ce
sens figuré fait de Ko{~rr()Vt,jecX\\.. "une métaphore banale
dans tous les styles", certes, mais ne parodie pas moins
le style des orateurs politiques qui foisonnaient à Athènes.
Il semble que l'insinuation imagée liée à cette
notion de tirer un profit de quelque chose se prolonge
dans,le passage suivant des Oiseaux (vv. 1694 sqq.), où
des mots expressifs tels que ~c:et1"vq-\\... ,Te\\Jr~~\\' ,
s'appliquent aussi bien aux démagogues qu'aux sycophantes
malhonnêtes. Le Choeur des Oiseaux nous apprend, en effet,
" [(qu') il existe à Phanae, près de la Clepsydre, une
race de fripons vivant de leur langue ], qui récoltent,
sèment et vendangent
avec langue [et qui cueillent des
figues]·"
(ap. T 716 et 720, cf. infra, p.
232)
t.\\
f\\
'~
1
\\
1
{)L
tJ€.~\\..I()V tS\\..V le
K~\\..
q t\\~1... -
1
fOV~L ~O(t T\\VO~~\\. Tot'l:S "QAvJT-
To(\\.~\\.
Le verbe ~~\\~~w
est un mot courant qui signifie
proprement "faire la récolte d'été, moissonner, faucher",
Hdt.4.42, Ar., O. 506 ••• Employé figurément, il fait
fréquemment couple antinomique avec <l''lT€:~\\w, Gorgias,
f..!'. 16 Diels, Plu. 2. 394 c, Plat., Phdr. 260 d (ap.
T 716
n.5).
134
~ n:E:: ~ ~ vJ ,c ' est "semer, ""e nseme nc e r ", He s., 5c. 399
( ~ Ë: yX~
X ovoS ), Hdt.
H
4 • l 7
(~ L TO" ), Eur., fE. 12 l
(~T!J..Xv"), Ba. 264 q-.'t1r~"~~\\:"'X\\J'" dit de Cadmos.
Dans.Q.: 710,
il est opposé à e<::p[~w ; d'où proverbia-
,
(
\\
-,
" , ( \\
1
lement
, Plat. Lg.
838e €.\\,,~ 't1"E:T'eo{s, T'E. \\(.~l. A\\.U\\?VS ~TIéL.pE.L'V,
' t ' - '
' .
~
Luc., A
If)
\\.
Luc., -!!!...
A
20 <::r. II<,Il(Tcol1'E:\\"eW'/' c'est-a.,dlre €.\\.~ TrE:Ao(.]'OS
(ap. T.,
supra).
Tf v t~" signi fie ici "exploi ter quelqu'un, le mettre
à sec", Luc., D. Meretr. 1.2., B.G.U.
1855.13 (1er s; aJ:.:.)
"piller quelque chose", ~~<f T~vr,lf'o('l'r€:~ ,6\\{ -rrC:,\\.tr\\€:{'f:GJ\\I<X
(ap. T 716
n.7).
Il semble que cette connotation appara!t implicitement
- dans le vers 1339 de la Paix
dit d'Opôra,"nous
,
(
~
(
la vendangerons"
: TelJr"lq"O/--l<:V
TflJr"lq"of-.t-<:V ci..vT~v
, la forme verbale
étant ici un jeu de mots Ko<Tc){ O:S\\JVU)'I/\\J,\\~oJ.."sur le nom de
"Trygée", Tfvto(~oS , littéralement "vendangeur", cf.
Meléagre (A.P.
12. 256),~. 14. 769 (ap. T 716
n.6);
, (
~
- dans la locution proverbiale E.f'l-"-otS Tevtol..V( sc.
~\\-'-'t\\~Â.ovS ), Gu. 634, cf. A.F. 885 sq., qui a le sens de
"vendanger une vigne abandonnée", c'est-à-dire, pour
reprendre Taillardat (in 716
n.7),
"obtenir facilement
un avantage"
en parlant de quelqu'un qui se montre témé-
raire là où il ne le faut pas. Comme le suggère la scholie
à Gu.
634 :
n I ?
? ,
' » ) '
"oc',OL ~\\..O(.? (OV\\A
E'ît'"o<.5 T\\vOî~E:'-S,
~ttL
,<:.
0(6
r-v
1
c..
C - '
,':;J'II
o/.Ù~WS \\\\" iTfO<TToVTvJV) wS r1ü~"~s
-
, . . , '
l
,
1
1
1 .
. /
,
\\'el.e;,
oJ...v T\\..lIfol.T1C"'TQS,
T\\..lIfol.TIC"'TOS, ~\\l\\o(s T,'-'oi<r€:\\.v.
~I
C" ,
,
\\,....,
\\
!)
1')
1
-
"
( ~o:t" T\\;
ù
vJ"
lê:.
bI.. rro
'1
Tol =.
0( lA. rrE:l\\oVS T~\\O'-''' \\uJ
-&. t \\ oV Té q-TwS ~
135
'l\\~~v' (Cav. 392)
,
~
Le sens premier du verbe O(~O<V le plus souvent
usité à l'actif, mais qu'on trouve aussi au moyen,surtout
ses composés, est "faucher le blé", Il. 18.551, Hes.,
Trav. 480, avant d'évoquer ensuite "récolter", Plu.
-
?.,
(\\
-
?.,
1
?
1
l')..
2. 210 b ( c=.A<GVt1€:-el.ol.V
ol.rvJ~€;Uc(.), voire "recueillir,
amasser". Comme dans ce passage des ~avaliers (392 sqq.),
où il est dit de Cléon qui tire profit des efforts des
autres :
" ••• il s'est tout de même fait passer pour
un homme, en récoltant la moisson d'autrui.
Et à présent
ces épis qu'il a rapportés de
là-bas, après les avoir liés dans des entraves,
il les sèche et veut les vendre".
Allusion est faite ici à la victoire de Pylos (57)
en l'an 425 dont Cléon eut l'honneur et le profit, bien
qu'elle eût été préparée (Cav. 54 sqq.) et remportée
effectivement par Démosthène sur les Lacédémoniens.
On sait que la prise inespérée de Pylos avait rendu
les Athéniens intransigeants (58) sous l'impulsion, bien
sûr, de Cléon, l'homme qui "a l'oeil à tout, un pied à
,
"
rv
\\
, \\
, _ ,
Pylos, l'autre a l'Assemblee", €.~oP~ lO{P fXvTo5 rrcxV\\.
1" \\ ,
')IE.
\\
\\
1
1" \\
')IE.
\\
\\
1
1
\\
\\ c::.., ",-,
' . , . .,
Â
Iol.
XE:\\. Yo(f
XE:\\.
TQ
nu
(f 1;<. E:A.t» S
To It-f.V G.V
't' ,To Ù E:.TE:'O'/ fè'l
,,\\~\\o<,. 1<fl,
(Cav. 75 sq.), mieux "le marcha~ de cuir qui barattait
'-
f").
If)
c."
l
''"E'1'1/C.
l' Hellade"
0
I...J v \\'3""0 TT wA,,\\ S
C~ E KVKo{ T ~v
At\\O< ào(
e. 270 ap. T 702).
136
Rien d'étonnant à ce que le Paphlagonien, Cléon,
présente les événements de Pylos comme "une petite
galette pétrie avec de l'orge" :
, (<i>~0 ~ é: ew
e .;;r T1
Ol-
v ~(ë
~
r'V
2')~
r v ?
~~ \\WV OA wl/ \\WV €:\\A
(Cav. 1166 sq. ap. T
Il va sans dire qu'ici comme dans le passage cité
?
"V
2'1'"
,
plus haut, les expressions E:'A \\vJv OAvJVet To v 5
' / 1
c:r'\\ol..XVS
€:~<èLVI!)VS font allusion aux prisonniers
spartiates (cf. Cav. 1201, Nu. 186 sqq.).
,
,,...,
Rappelons que le sens figure de 01.. r-o(,V, au moyen
avec une valeur épique, était déjà apparu au vers 599
de la Théogonie d'Hésiode, où il était appliqué aux
~ 1') '" 1
,
t h ' : ;
l
,
frelons : ~AAOTe\\.o"
\\lC..ol.\\:,,,CfO'l/
\\1" T~\\E:e"\\v
€~ Qo(<:S'\\~f
6<'t,..
6<'t, ~"\\blL(ap. T 721 n.!).
)
rv
Ajoutons enfin que les composés de 0( ~o(V (ap. T 605
n.2, Kr.,p.
549)
, qui sont toujours au moyen ont une
acception physique. Il s'agit de :
1
"'o(."\\o(,r-al0r- olL , Soph.,
Ant. 601
kYoe.{-'-~IOt'-OI.L "arracher" (~d.,~JuJ='~o(~~q'~W), Eur.,
.Cyc. 236, cf. Ar. l:,.. 367 (TUVT€:~:>~~ot.~~~UJ).
On a peut-être la même image dans Soph., Aj. 1178,
1
(..,
(..'1-.'~
1
O€ v~v
cf. Paus. 8.7.7.
v~v S o(~ol"\\()S eL {IX" ~5 ~ r- Î ~ Ië: VoS ,
. Leur rapacité
Les symboles animaliers qui rient plaisamment des
démagogues font effectivement ressortir leur rapacité
( cf. ~ etrot
e ~
trot
dit de clé 0 n, i n Ca
C v • l 37 a p • T 714
n • 4 ,
137
1
\\
1
\\A?.e:\\'\\'\\é.LV -roe.. \\,<-O\\..Vo{
fr.
40
ap.700
n.4, voir aussi
n.6) à l'instar de certains oiseaux de proie tels que le
goéland ou l'aigle.
On constate, en effet, que la voix rauque de Cléon
,
1
(Cav.
304 K~ol~T",S, ib. 137
Ke:\\o<..~oI.\\o<.T,,\\S, Gu. 596
\\l'l~~eol~\\,~Jr-c(.S
\\l'l~~eol~\\,
ap. T. 71lt
n.4), que les poètes décri-
vent_"une mouette, bec ouvert, haraguant sur un rocher",
1')1
\\
}
, 1
('
rv
AoleOS
\\,o(.,(;;X"\\,,wS f;tt\\.. ,,~\\~o(~ ù~t'~aofw'J (Cav. 956
ap. 714)-, entratne une comparaison avec la mouette
(:; Â~ eoS
e ), 0 i se au v0 r ace ci té dan s 0d. 5. 51, Ar i st. ,
H.A. 542 b 17, 593 b 3.
D'où ce passage des Nuées (591 sq.), dans lequel
Aristophane suggère à l'ombre des Nuées de convaincre
"Cléon la mouette" de corruption et de vol, et de lui
serrer ensuite le cou dans le carcan.
~v\\" k_~_e:_'W_V_o(
k_~_e:_' _
W_V_o( _
T_6_\\J_~_~-\\t:-o_V_
_
~ ~ \\ w -J ~A6'1\\€::
A
S
v-ot ~ v. ?..
? o
.. t\\~S
e::t\\ol ~\\.-r-J, ~,,\\TE: \\o~ ToU T't ~~ Â~ \\"6V 0(0X'Vd...
Le mot ~~f()S est une métaphore populaire (voir T.
714
n.6), si l'on en juge par les emplois suivants:
Matron., Conv. 9, Timoclès 4.9., Luc., Tim.
12 (où il est
dit des sots).
La même comparaison se poursuit, notons-le, avec
l'aigle (o(tE:.:rris). D'où l'épico-lyrique
~v\\lTol.éE:\\OS
~ l
1
lA.. V A0
A AA1 s
(.c a v. 197, v 0 i r su pra, p.
1 02
).
Leur avidité débridée et leur soif de rapines offrent
évidemment l'occasion au poète de persifler à travers
des métaphores diverses le comportement des démagogues
en les traitant figurément aussi de "maltôtier" (\\"Cë:.ÂJ,,,,S),
de "gouffre" (t~~otYf ), et de "Charybde" (X~\\u~~\\.~) :
138
"
' Î '
\\
K. ~ \\,.. ÎE:. A vJ" "'\\1/ \\1<.01.. v
(Cav.
248 ap.
T 724).
-
Les Mss se partagent entre
("'(1. in ras.r)
(.<~~v ) t~~o(caoZ V' et
s.
Il s'agit t en sommet de mots courants. Car
t en sommet
de mots courants.
1
TE.A.vJ"~S
(=
lat.
publicanus)
"fermier général" ou "percepteur de droit de péage t
de douane ou d'impôts" est fréquemment pris en mauvaise
,
l
..
f
1
-,tV
part chez Xenon
e Com1que
part chez Xenon
e
t
r. 1: rrcl..v'Ië:.S TléAWVo(\\" t
T\\~ V,.. E:. S
€:. z... ~~ y C;jP\\foi.. y~ S t dit des 0 r ô pie ns t cf. Pol Yb
Y e
'J.+.
r-.-
\\ \\
U "
'î
1
t\\
1
12i l 3 • 9
€. 1'?
t'-
l!) t ~
0{ V
"" ci... \\..
TE:. A W V ~ S q G
"V V t) €: ~ ~
~o{ "Dl '-' ~ 0 S .
Le verbe dénominati f TE:ÂW Vf:.~" a une coloration péjo-
rative chez Apollodore le Comique 13.13.
Neil
(~_:_~.: t n. du v. 247 t p. 39) rapporte à tort
ou à raison qu'à l'instar des maltôtiers qui avaient
coutume d'affermer les impôts t quelques hommes politiques
t quelques hommes
t
dont précisément Agyrrhios t essayèrent à leur tour de
t essayèrent à leur tour
s'enrichir par ce moyen.
Toujours selon Neil t les vérita-
t les
bles collecteurs d'impôts furent t somme toute t ces agents
subalternes appe l '
,
,
'1
' "
(
2
subalternes appe l '
,
,
es communement
€:V<..I\\Or€:LS
I.G.L
•
76.14 t Lys. t fr. 9).
t Lys. t fr.
- Le mot ct>c:..eot.yr ({ ) dit aussi figurément de l'anus
chez Sotadès 2.2. t désigne proprement "une crevasse
t désigne proprement "une
t
un gouffre béant"t
spécialement sur un flanc montagneux t
voire un ravin t une rigole: Alcmène 60.1 (pluriel)t
t une rigole: Alcmène 60.1
Eschl. t Pro 15,142, Eur.,LT. 277, Cyc. 668), Thuc. 2. 67.
- Enfin X~fV~~L5>t c'est "Charybde", autrement dit le
gouffre sur la côte de Sicile t opposé à Scylla, Ode 12.104 t
Eur. t Troy. 436 t Thuc. 4.24. En généraIt par analogie
t Thuc. 4.24. En généraIt
par
t il
t
139
1
correspond à "gouffre, ab!me", Simomide 38 l\\O<VTo(
r-(Ql...V
tKVe.t'ToI.L- X~\\V~~I..'''' Cf. Eur.,~. 500.
Comme composés en -
(0)
- X~~v\\->~\\..S (voir B.P., p.
15) sous-tendant peut-être la notion d'avidité, on
peut citer YrJ..~T~Ox:evï->~\\.S' Cratin. 397, r-€~Ul1'"o)\\o(~0~b\\..S(~)
"Charybde de vin",
surnom donné à une femme qui boit,
Co m. Ade s p.
10 7 7 , 1\\0( V TaX~
X (' \\J ~S\\...s
S
(.,), for mer est i tué e
conjecturalement pour lTO"ToXJ\\U~SL.S)Hippon.
lTO"ToXJ\\U~SL.S)
85.1.
C'est Cléon, "bon pour aboyer et lécher les marmites",
si l'on en croit Bdélycléon, qui est évidemment le premier
à aboyer contre le chien Labès, autrement dit le stratège
Lachès du dème Aixioné, accusé d'avoir volé (~. 241, 953,
960 sq.
ap.
T 697 nn.l et 2
p.
406), 898, cf.
ib. 243
ap. T 389) et mangé un morceau de fromage de Sicile. C'est-
à-dire de s'y être laissé corrompre et d'y avoir commis
des exactions au détriment,
bien entendu, des Siciliens
(Gu. 838, 965, Scholies Gu. 836, 924 ap. T 697
nn. 2, 4
voir aussi infra p.
402
n. 233):
---~
"Car s'étant sauvé dans son coin,
il a "sici-
lisé" un gros fromage et s'en est gavé dans
l'ombre ••• et, en naviguant tout autour du
mortier,
a ôté aux cités leur croûte et l'a
mangée".
')Ç\\,~o~\\~s O~e E(S \\~V ~vJV~cXv 'V\\~V rro?.~v
V\\o(\\€:~\\..~~~L.l€: K~'\\f~rrJ.,,\\\\'~" ':tr q-\\A~'Ttf
(~. 910 sq., ap. T. 697
p. 406)
...
140
\\.\\~To(,'S"'\\..v<.E:1-~~E:l.V est une formation hapax créée par
Aristophane pour
K.o(Tc::ere~e:",y' • ·Donc, nous semble-t-il,
1
une métaphore euphémique du même modèle que lTE::\\",TewD'€:'\\"
1
?
l
" J
1
Il
V
o(t\\OI\\WÜÇ;I,..., TfvovJ~'-' \\;<..o(\\,,\\cr'~""o
\\;<..o(\\"\\cr'~",,o
•
Blaydes,
relève-t-on
dans Jungius
(p.
173),
la rend
par "desicilissare".
Cet hapax qui fait
allusion à la prévarication de
Lachès en Sicile
rappelle d'autres
formes hapax du même
type, mais de sens différent.
Comme,
par exemple
- ~o(To(,Y\\..'(oI..f'~)<::L""ôter le noyau", d'où figurément
"déflorer", Ach.
275.
- Ka( \\0(. T~ ....« KoV loVTt)f;I.\\}( Ca v. 1391), "avoi r commerce
avec les trêves de 30 ans".
Cette création comique fait
allusion,
on s'en doute,
aux c::s-'t\\ov~o(~ leLo('~O\\l'To~TL~€>
personnifiées sur scène comme courtisanes,
avec un jeu de
,
,
'''t,
' .
1
mots obscene sur 0( K()V TL/uJ,
c'est-a-dlre
TlE:fo<.\\"'\\lvJ
Corn.
Adesp.
14,
A.P.
11.
339,
Diog.
L.
2.127,
Artémid.
1. 80.
- Kot\\""te()VT[~<::L" (Nu. 857), "employer à l'étude".
Le sens de "s'occuper de"
dans Polybe 28.13.10
para!t
douteux.
c i t é dan s The sm.
12 l 5
If<. ol T~ -
La leçon du copiste de R est "<.l:ll.To(~,,\\"~l:rL considérée
comme un barbarisme.
Ailleurs,
on note
1
- ~e: ~LV,<I"\\.. (in - cr"'o
corr.
Coulon cl.
1123
1
\\ -
1
1
Q'1,...<r"o(\\'"
et 1195 Kol.eL'~"O
Kol.e\\..~O = X0(
X f \\... ~o( \\... ).
= '1
~\\,.. V f=.~V
amissa es.
Blaydes.
141
Le ver be simpl e <:n...
<:n I.,<.Ié.A~~W porte le se ns de "f a ire
comme les Siciliens", c'est-à-dire, rapporte-t-on,
"être
de mauvaise foi comme les Siciliens", d'où "jouer au
coquin", acception douteuse chez Epicharme le Comique,
,
"-'
fr.
206 ; mais synonyme également du verbe
0exov
0ex r-o(L.
"danser" chez Théophraste, fr.
92.
) ~"<X.1\\~1;'- 1\\ A1t:..:
A
(voir Kr ., p. 130 pour les composés),
est un mot courant qui se traduit proprement "remplir
jusqu'au bord", autrement dit "combler une mesure",
Epigramme ap. Luc., .Dips. 6 (où il s'agit d'un tonneau).
Mais le plus souvent, employé figurément,
il se comprend
"accomplir sa destinée",
Il. 4. 170, 8.465, Il.263, 15.
132, Ode 5.302, 13.307 (variante), Hdt. 5.4., 6.12, 9.87 ••• ,
"souiller", Ach. 847 dit d'Hyperbolos (voir T 853), cf.
Nu. 1023, Plat., ~ 32 c.
Ce fromage que Lachès a,
pour ainsi dire,
sicilisé"
faisait effectivement la célébrité de la Sicile, si
l'on en juge par ce qu'en disent les écrivains tels que,
entre autres, Aristophane (P. 250), Hermippe 63.9,
Philémon 79, Antiphane 236.
t.1
De plu s, il est man if est e que l' exp r e s s ion
[O~ TL S ]
T\\ E: ~ \\.. t\\ 1\\ E: v q-ol. S T 1''' e
v f: './
\\... 0( v est u n p e r mut a nt
'
'\\
1
\\
T\\ E: ~ \\.. t\\ 1\\ E: v q-ol. S T 1''' e
v f: './
\\... 0( v est u n p e r mut a nt
'\\
1
\\
met a -
C.I
'1 (\\ \\
'\\.
,
phorique pour
O<t"\\\\.. S
fit,\\.. €:.A\\1vJV
'Tcv TVfOV ...
CI
C '
,
I V
La scholie à ce vers explique:
ù €:oV
ù (ë
€;\\... \\'i:fE::.\\.,V
,
(\\ Il
)\\'.::::::.
'1 ,
"
"e
\\
1"ÂV
Â
U(..b{
~ ~ '{'al.V ["\\ T "1 V L
\\0<
l. II(. E: A LOC" ]
(C ~~
t\\~ \\... 1G: TT'ol.
T~V
VITc\\lo\\...r:J...V.
En vérité,
la Sicile a la forme d'un mortier, comme
le souligne Taillardat (in 697
n.4
p. 406) citant des
sources.
Une observation appara!t cependant
! Les juges nourris
par Cléon-le Paphlagonien sont ses amis et ses ~omplices ?
142
comme l'insinue l'emploi de l'expression ironique
~e~\\Ee€:S Tf"'w ï->~Â.OU (Cav. 255), qui fait écho aux
propos du coryphée des Guêpes (728 ap. T 564) appelant
Philocléon "son compagnon de thiase".
"Allons, toi qui es du même âge que nous,
ô confrère"
~1?.' :t' T1~ ~Al.\\I(~eXS 'r-~v T~~ ol0Tis q""'\\}~Lol.liI"~\\o{
cf. Pl. 508 ap. T 507
"0, vous deux, vieillards, frères en reli-
gion de radotage et d'extravagance".
~ ~
r
0
rr~ e:q-~0\\ol )
0
rr~ e:q-~0\\ol v" Bux <rJrîo( \\E>V A1
A f
1 ~ V ~o(
\\'0{ -
1 ~o(
1
L n'eX \\'0{
Tfol L t\\, v.
Autrement dit, entre le juge ignorant, vulgaire et
stupide, et le sycophante rapace et retors, il s'est
créé une association toute naturelle. En effet, les faits
quotidiens font apparattre que de même que le juge a
besoin du sycophante pour susciter les affaires, de
même, ce dernier a besoin du premier pour exercer son
métier. Par conséquent, tous les deux s'entendent à dépouil-
ler le riche qui symbolise pour l'un les trois oboles
(A.F. 308 sqq.), où les classes pauvres trouvaient un
grand attrait (Gu. 605 sqq.), pour l'autre les pots-de-
vin avec lesquels il cherche à éviter soit une dénoncia-
tion, soit des amendes,
soit la confiscation, soit enfin
l'exil.
Hermès (Gu. 644 sq.) dévoile la vénalité de ces ora-
--.--
teurs politiques ou des sycophantes
en ces termes :
" ••• Mais, eux, les étrangers,
[voyant de
quels coups on les frappait]
, bourraient avec
de l'or la bouche de ceux qui se livraient à
ces pratiques".
143
(.
'01
• ••
I!) t.
.'PE:VOL
l
,
"$V"0V\\1 "
ro<
10(
"
VTo<. 1\\0 \\. ou" Tw 1/ $V"0V\\1
"
10( VTo<. 1\\0 \\. ou" Tw 1/
-ro q"To
La même remarque est faite dans Pl. 379, où on lit
Tà
" ,
1
1
- -
Co
~
Tà \\!" T 0 ~ <:rr \\. ~v q"b(S K E': \\ t'"oltr'LV ,:J:Jv -e "\\ TC \\ vJ "
(ap. T 725).
""
1
Notons que le verbe
\\->VV€:t.V,
synonyme de f?>vvJ
Notons que le verbe
\\->VV€:t.V,
synonyme de
,
cf. S\\..o(\\->VV~vJ = ~\\..ClI.(b0uJ , Hp., Superf. 5, est un hapax
créé par Aristophane. Le verbe ~6€.L.V est technique,
...
1
,
1
" b
r-
0
b u r r e r", 0 d. 4. l 34, Hdt.
H
6. 12 5 T 0
"t" To
c(
E: ~ e ~ V ~ Ta
(sc. xetJ~()Ù
), "obstruer, tamponner", Hp.,Morb. 3.14,
cf. Arist., H.A. 632 a 18.
Tous ces faits mettent au grand jour le déclin du
civisme des Athéniens. Et pourtant, comme le souligne
Claude Mossé (59), " ••• [il]n'en reste pas moins vrai
qu'une loi prévoyait que quiconque tenterait de corrompre
les juges pouvait faire l'objet d'une graphé devant les
thesmothètes. La corruption pouvait d'ailleurs prendre
une autre forme que l'achat des juges. Tel politicien
influent, tel stratège glorieux pouvait intervenir en fa-
veur d'un ami, peser sur la décision des juges. De telles
interventions n'étaient pas rares, comme en font foi les
nombreux plaidoyers qui nous sont parvenus".
Mais on n'est guère surpris lorsqu'on sait que l'argent
est le but principal de leurs efforts. En effet, tous les
revenus de la cité finissent par tomber dans leurs mains
souples et profondes. Car, s'ils se mettent à faire enten-
dre le tonnerre de leur voix contre des alliés infidèles,
c'est pour leur extorquer, par exemple, cinquante talents
(Gu. h69 sqq.). Cela donne à entendre que leurs déclara-
tions patriotiques cachent des vues intéressées, et qu'ils
144
épargnent ceux qui les achètent. Or, nous savons aussi
par ailleurs qu'ils règnent en mattres dans les assem-
blées, qu'ils peuvent provoquer des mesures législatives,
faire voter des décrets, soulever des procès, et même
agir sur la politique générale, bien qu'ils n'aient ni le
maniement des finances,
ni la direction des armées. Effec-
tivement
l'orateur-démagogue de race se reconnatt par
la franchise de son cynisme, dont il n'a d'ailleurs
cesse de se targuer, comme le fait apparattre Cléon à la
face du Charcutier dans l'intention de démontrer sans
,
sans
doute son incontestable supériorité: C.ll\\J..OA()t~ KA<::Tr\\'=~V
(Cav. 296). Cette triste réalité apparalt en outre dans
les propos qu'Aristophane fait tenir à Bdélycléon, qui
s'adresse à son père en ces termes
"
Car
toi, mon père, c'est eux que tu
choisis pour te commander, abusé par ces
pet i tes phrases. [Pui s ce sgen s -1 à ex torqu ent
aux cités des cinquante talents à la fois,
avec des menaces de cette sorte pour les
terrifier: "Vous paierez le tribut.,ou je
tonne et renverse votre ville". ]
Et toi , tu te réjouis de ronger les rognures
de ton beau pouvoir (ap. T 130). Quant aux
alliés, voyant bien que la racaille populaire
fouille dans l'urne à suffrages et n'a prati-
qlJement rien à croquer (ap.
T. ib.), ils
t'estiment, toi, autant que le suffrage de
Connos, tandis qu'à eux ils apportent [en
dons pots de salaison, vin, tapis, fromage,
miel, sésame, coussins, coupes, manteaux,
couronnes, colliers, vases à boire] , riche
santé. Et de ceux à qui tu commandes, toi,
Après tant de souffrance et sur terre et sur
mer, pas un ne te donne ne fût-ce qu'une tête
d'ail pour assaisonner tes petits poissons"
(Gu. 667 sqq.).
145
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~-i~~-~~-ï-l--~-(~v--
,
c ,'è"
,
\\
\\
,
'V
' 1 ' ) \\
("'~'c..
e:r
w"
)
0 v
V
w" 01. e~~~s TtQ?.~Cl( \\'"'iN f:.'1 O~ l T\\Q A ""eX ~ E; \\ V-
Oe~ if\\. TuÀ~~~o(S
00<SE;~S o~<Sè ~n<.o\\f>~ou l.<E:to(21lJ rote:> ~t,TO~1ii"\\.. ~~
1lJ rote:> ~t,TO~1ii"\\..
~vJ ~L. V.
Extraits de l'apparat critique:
o(te<::~ f;f"oJ..v,~V R ~ o<.~,€:\\:S o(0T00 '\\J r
\\\\E:e\\.\\\\lè~ett::~S S~ RV ~ "t\\E.~L lTe: r- ~~c=~~ R'J r.
C'est un texte remarquable par l'avalanche des
métaphores expressives et qui, dans une certaine mesure,
peut être considéré comme le "noyau" de la critique
aristophanienne proférée à l'encontre des profiteurs de
l'Etat.
')/
c...
IV
T "J
Il semble que l'expression o<fX€:LV
<:Xl- ff:\\"
~o(.V oU
fait allusion ici aux manigances électorales effectuées
par Cléon et d'autres comparses, que, l'accession aux
charges publiques ne pouvant être réalisée par le tirage
au sort, eurent recours au vote grâce à la complicité de
leurs partisans, s1 l'on en croit par ailleurs Mc Dowell
146
(~, n. du vers 668, p. 223).
Le participe aoriste passif trE:f\\.\\Te;&E:~> repose
,
/
sur iT"E: el,.. TrG:fSfrw/ 'lité:: \\\\..1\\E:,'T'\\w
,qui signi fie "faire
cuire tout autour", d'où "dorer par la cuisson". Cette
acception propre n'est pas attestée. Donc, sous l'accep-
tion figurée,
il est l'équivalent du verbe
~t\\o(T~v'
, ';:e
1
(voir T 400) - dont le compose E:~~tretTolW
(voir T 400) - dont le compose
,
Cav. 49, est
plus fréquent -
, se comprenant "tromper, abuser" Il. 9.
344, 19.97, Ode 17.139, si l'on fait fond sur le scholiaste
~lflll.",,\\~~~S~ot~
~lflll.",,\\~~~S
'.<.eÂcl'AE:vGE:(5 li<..ot.t
~E::ro<.trE:V~~~.s.
nE:e\\.lT~TTu) signifie alors "déguiser, revêtir de belles
,
1
1
apparences". Comme, dans Pl. 159 Q"o~o(,ï\\' \\\\E:\\",T\\"E:'TTOv~\\.;
-r~v t-0X~1~LcJ.v ,dit des honnêtes citoyens; le
,
C o '
l i '
fragment 321...
t\\<:: \\\\.. lT E: TTov~L
O(v 'rolS rre()~ lJ e: \\Ol.. S ,
où il est question de femmes qui "se parent de toutes
sortes d'ornements postiches" (T 400), en un mot, qui
portent perruque.
Il en est de même chez Plu., Mar.
37 et Baton, fr.
7.6.
(ap. T 400
n.4).
D'où au passif, le sens de "tromper par de belles
apparences"
appliqué ici à la métaphore ïo~S. f1-t'-ol.T(O\\.,.S
1'tE:e\\.. rre: t~E:~ ~
autrement di t
"cajolé/ abusé par de
petites phrases".
Cette connotation apparatt également dans Corn. Adesp.
338 (ap. T 400
n.l
p.
226), Plat. Lg. 886 e, Xen., Econ.
1.20
(ap. T., ib. n.4.).
1
Rappelons qu'on dénombre d'autres composés en - lT"E: TTw
(
)
, ' . , -
<.
-
,
ap. Kr., p. 665 )
, ' . , -
<.
-
ap. Kr., p. 665
avec les preverbes oC.vo(
,
(,)\\,..0(
)
E.'.<..
?
_
_
c.
_
€:
r-
Tt' 1..
) 'K «. T~
, \\\\\\0
1 ~ V
,~ V " 'i: v.
, v'" E: \\
•
147
Point n'est besoin, ce semble, de démontrer que le
c.
,
suffixe diminutif -\\..0\\/ qui caractérise ~'t'"o(,T'-OL.s
( cf. Ca
C v. 216, N~1.
N
9 4 3, P.
534) vis e à r i d i cul i s e rIe
-
-
-
raffinement outrancier du style des démagogues et
leur subtilité tâtillonne. Comme en témoigne, entre
autres, le vers 216 des Cavaliers, où il est conseillé
"de toujours se concilier le peuple en l'assaisonnant
de gentils boniments bien cuisinés".
\\
• ••
1.<.. al-. \\.,
·~:rrro~)..u \\!.o([vwV f~r-o(\\~OL S
(ap. T 755, cf. 703)
Souvenons-nous que Platon range la politique parmi les
,
1
art s deI a cui sin e (0<. ~ TV \\\\,.. \\1( 1 ).
La même image, notons-le, est développée dans Ach.
444 et 447 (ap. T 770).
Quoiqu'il en soit, ce mode d'expression était
monnaie courante (60) en l'an 425 •
c..
A
1
Le verbe
Le
\\.1\\\\00
vKo(l.V'vJ signifie littéralement "adou-
cir un peu", d'où figurément "amadouer ou cajoler".
L'explication du scholiaste est assez claire:
c...C 1
l
, , ' ) '
~\\
1
r-
C)\\J<r t"()(.~'-
xe vJ
1C)\\J<r t"()(.~'- xe
E:Vc~ \\l'<.o(\\.. O(fl'v ~O('f\\.. \\i< \\..
Ko:tQ{ Kç:[o(\\., s.
(.
,')
1
LIa j e c tif
V 'lTo .(~ V lA v S " do uc e r eux" se r e ncon t r e
chez Hp.
, Mul. 1.109, Athénée 14.652 a.
Le verbe simple yJ..,!l,(o(~"w "rendre doux, donner une
saveur douce à" est plus fréquent au passif avec le sens
de "devenir doux" , Hp., Aër. 8, Arist., Ph. 244 b 23 •••
148
Par ailleurs, nous pensons qu'on trouve la même
approximation imagée dans l'emploi des mots ou expres-
sions suivants qui décrivent les démagogues ou les syco-
(.,
II.
1
phantes comme flagorneurs
: ~. 342 0 U1r'-01.oOo~J,~w"
"Cléon flatteur du peuple" est un hapax créé par Aristophane.
Il s'agit d'un surnom donné par le choeur des Guêpes à
Bdélycléon pour faire entendre peut-être que c'est un
orateur de carrefour.
an pou rra i t peu t - ê t r e r a ppro che r de cet y pe k0)..,0(, \\.< ~ "\\J fA. 0 oS
Ob. 592). C'est une déformation plaisante de
k).E:~"\\Jt'-0.s
,
,
/, :e
ou Cleonymos, surnom ou entre le mot 1,<..01\\.0(,':)
"flatteur",
Gu. 419, 683, 1033, P.
756, cf. Lys. 28.4.
D'où la série accumulative des termes subtils dans
le passage des Cavaliers (48 sq.),
qui révèle que
"C .. notre Paphlagonien-tanneur, se faisant plat devant le
maître],
se mit à le flatter, cajoler, flagorner,
berner •••
avec des bouts de rognures de
.
"
CUIr ••••
CUIr
Lever be ~?\\... \\i(. ~l IN qui ne s' e mplo
m
i e qu' a u pré sen t
et
à l'imparfait
se dit proprement des chiens avec le
sens de "câliner, cajoler", Eur., Andr. 630, Plat.
le
Comique 21 D. Employé figurément comme ici,
il se traduit
"flatter, plaire". D'où les locutions suivantes qu'on
•
'
\\
,
0 /
"
1')'1
trouve CItees dans Cav.
211 To< ~E:.V
ot"
.....
o(\\..\\i(.o(""~\\'" ~E:)
Thesm. 869 àÀÀ' ~~tté\\ O((Ktt.2.A.EL. IL Ko(f~~Q(V ~t"-1v.
GWT\\E:0 \\Al
est un verbe courant,
"flatter, caresser",
Ach. 657, Soph., O.C. 1003, 1336, El. 397,Eur., Heracl.
- -
---
--
- -
---
983; dit proprement des chiens, Arist., Phgn. 811 b 38,
d'un cheval Xen., Eq. 10.13, Cyn. 6.21
; ~voie à e~t
149
"flatteur", Hdt. 3.80, Antiphon le Sophiste 65 Diels,
,
f\\,
a OuJTrE:vr-O<
Gu. 563, cf. Eur., Supp. 1103, Plat., Rép.
590 c, Plu. 2.823 c, à ~ vJ ,,~V ~~ rto{ (T~ ), Ca
C v. 788.
, c'est "être flatteur", Plat., Rép.
538b, Grg. 521b, Antiphane 144.2, Diod. le Comique 2.34.
Mais c'est aussi"flatter", Andoc. 4.16, Xen., H.G. 5.1.17,
Isoc. 4.155.
,
D'où le rapprochement avec les composés en -
(0)
- KQ-
'Àd~
(;oir B.P. 615 sq.) tels que:
-,+,wr-0 \\/(0 ~o<.y, une création d'Aristophane, !E... 167, cf.
Philémon 8, Sannyrion le Comique la, d'où le dénominatif
tardif ~w ~OV<..OÂotKE:~W, Philippide le Comiqae 8 (IV/Ille
s.p. C.).
"parasite", Corn. Adesp. 1074.
-K"
- ~ ~6Ao(.~
L ~ ~6
L
(ta
( r di f), As i usIe Lyr i que l (VII e / VIe
s.p.C.), cf. Phrynichos l'Atticiste (Ile s.p.C.) P.S.
p.
81 B.
Corn me
m
var i a nte, 0 n a au s s i "<vi <ro \\i( ~À-o<.~
À-o<.
qui est une for me
m
restituée conjecturalement par Kaibel.
Le verbe ,~~o<rrcX~w (sur les composés en _o(<<o(T~uJ,
voir Kr., p. 553) appartient, ce semble, au vocabulaire
affectif. Il évoque "tromper ou séduire". C'est un compasé
très courant et donc apparalt comme une métaphore banale
)1. 9.371, al. 9. 414, Pi., ~ 1.29, Hdt. 1.153, 2.114 •••
On le rencontre très fréquemment chez Aristophane (61).
L'expression
\\i(J.0(f"\\;(.v, \\o(T~~L.S ~'v<f0\\'~l,. fait, bien
e:tendu, pendant à E:~,\\ITo<To( • Ko(S"~vÂ~Ol'\\~()LS qui rappelle
~~t-ol..T~()LS et d'autres mots hypocoristiques du même
modèle est une formation hapax créée par Aristophane avec
le sens de "rognures de cuir"
(voir T 515
p. 295). Cette
150
création comique désigne ironiquement les bribes de
flatterie que le tanneur Cléon offre à son patron ~1r-0s .
Comme en témoigne l'explication du scholiaste à ce vers:
. , - , ; )
0"
,
"
cXer€:A.O~~DVS ïlE{\\..'euJr w
H .
-400S
cXer€:A.O~~DVS ïlE{\\..'euJr
;>
/ "
Le mot
()(~OE:AO~O\\'est
()(~OE:AO~O\\'
un hapax qui désigne proprement
les déchets inutilisables de la peau de mouton qu'on
livre aux bêtes
(voir T 130
p. 84).
Schol.
: ~fO~::Z0tOL 1~.p Tq'S ~~)\\wT15 aL rr~1;E:S)
c..'
C
('...,'
1)
f"oJ
\\
, , , " , ,
':>/
o v5
"l\\Q t> ~ W vo( S K. 0( -<. 0 v <:r L ) ""0<. \\...
0 \\J 'T 0 l.
O<:)<..f ~q-TO \\.. •
Mais,
en fait,
figurément,
cette création évoque "les choses
.viles,
inutiles",
en un mot,
elle désigne "le rebut"
'"
Schol.
\\
\\
")/
Schol.
I<X
1TEeL\\\\ol
\\'<o(L
~\\~~To(.
Dans ces conditions,
il conviendrait peut-être de
rapprocher cette formation de
:
- 'Tt E: e'-
e l' t'-~ r-oti<li "fr agment s " emplo
m
Yé
Y
fig u r é men t
che z
Plat., Hipp.
mi.
304 a
(T{;Jv A~QW" ).-
l'hapax &rrOKvC<:rr-O<IO< "écorchure" , d'où "rognure"
dans
P.
790.
-
-<rl.<eo(,\\l.t~~~~s "futilité, puérilité", Gr. 1497 \\l\\O(~
.çr"'cXf l. ~~~ t'-~~~L :Z~euJv.
1
Dans Schol. Nu.
630,
on relève l ' emplo i
de <1 ~o(\\l..~"\\-
lA. 0("'\\0(.
~
\\ -
1
f\\
/ ) "
- l ' h ap a x
ve
Q" ' " ~ Âol..
t"(j,ï\\..l( J~. 630 e:r V\\0l. ZoU::! V ~ ~ 0(. ,. L
0( T _
T
r-
0(
~er-
L
K r~ t'- cl" ~~ V vJ "
,
d i min ut i f
de <r' \\.1<. 01.. A0( \\:) ~ e
L
K r~ t'- cl" ~~ V vJ "
,
d i min ut i f
de <r' \\.1<. 01.. A0( \\:)
al. Tot
cité dans Hesych. ~ 805 Schmidt et Photius,
151
et enfin de q-r-~A~vtcl., Gr. 819 <:rK\\."~o(A~~v..", \\~ rrdeot
rrde -
~~"r..o{ q-~\\..l<='-'r-cl..To€:~rf)V
(voir T 515). On constate
que
q-\\l..€:.Vl:'otTCO~\\OOV est la forme restituée conjectura-
lement par Heiberg. En effet, la leçon du copiste de
'}
1
1
RV
- ?:)I
RVMUS est ~l .... AE:V~d.'o{ (-Toi.
) \\
EfowVet
celle
")
l
')":)1
de
A
<rr-\\.....
<rr-\\. \\E:Ur-ot..T
....
f::.f.QvJV.
Dans l'expression
lô"" "'~~o(e[o\\l A"'~o(fL~o't'E.V'O\\l
( a p. T 130)
l e s e n s du ver be Â.
e
0( l'oC.
~~ E:. q'" ex. \\... sem bl e
douteux dans ce texte, même si,
bien sûr, on le considère
co mm e und é ri v é ~ el' adj e c tif ~ cl.. 00( '\\ 6s
sig nif i an t
:
- "creux, efflanqué" (voir T 130
n.3)
en parlant
des flancs d'un animal
Xen., Cyn. 4.1. ; du ventricule
droit Hp., Cord. 4 ; des ventres-creux affamés
Ar.,
A.F. 1167, Philostr., .!..!!!..: 2.21. ••
- mais aussi "mou,détendu, flexible" en parlant du
cou
;1
\\
0
\\
\\
\\
\\
.,.... '. 1
cou
Xen., Eq. 18 o..vx.~v I\\o{'{o<.eov 10 '\\.(c)/:l~ '°r' ~vO\\<.O(r-\\\\'y)
des chameaux Diod.
de Sicile 2.54.
Et pourtant les diverses interprétations se dégageant
du dénominati f
?.Q(,Ool...e~~é<:rgo(\\., ne facili tent pas, comme
l'a fait remarquer à Juste
juste titre Taillardat (supra),
la compréhension du passage. En fait,
comme le souligne
Taillardat, si l'on fait foi à la scholie
à Gu. 674 :
"'1
<z '
, \\.
\\.
")
\\ : >
{\\ 1
-
<..1
,
, ,
Ar:J...~O(,e\\"l'or-'<vov ù€::
TeX.
TeX
I\\<X.C«'~o(
I\\<X.C«'~o( té.~\\h..
té.~\\h ()"To() () E:~TLv
"
\\.
;)
")
<é\\J
~otv"S""To(. "'alL. ~\\JTE:A~ T'-VoI..)
le sens premier du verbe serait "se nourrir de déchets",
autrement dit "gagner une pauvre vie de l'urne à suffrages".
Suggestion qui ne repose, soutient Taillardat, sur aucune
des accepti on s de lo{ Tel.. fOS, tant il est vrai pa rai Il eu r s,
note-t-il, que le substanti f
I~ Ao('6o<.\\~
y paraît un
hapax.
En revanche, si l'on tient compte de la conjecture
de Didyme rapportée dans la même scholie (ap. T 130)
\\. r \\.
:JI
:>
\\. f)
1 ~
(\\
e-'
1
•••
To
OE:.
l\\..oI.OcX.(\\"tE:crOo(\\...
E:.Té(OV Tl..
E: DL KE:.v
E.~-
152
t od"EV. ,?",P '" .... pJT,\\S MV~
M t'-1 "''''V g,,t, rrov!;. - .;<V\\~
('
1'"\\
1
\\
:JI \\
C\\ ? ~
"V
\\.
rv
,
tb "'Je...
\\ov
~\\"iJo<.A~J€.'-V rX.(d... iTo'\\J 1Jt-€:.I.S
Kot'-
\\,,\\~ O\\() \\~..;>
t ') ""'
\\
r'>'
\\
"'c..
t ')
\\
r'>'
\\
"'c..
l
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Tcv Xov'I/
v<.ol.T~
Tcv Xov'I/
',,\\.;)
K<:;
o<.A,,\\S
KoI.Tolr-,,\\'fQ"To(L
Ao(OO<-
~
V
1
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•
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L ~ W S 0/...'1
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~ To L. f: 'Â.
~
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'~'
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~
' , /
_ t ' V
t'~
'~'
t'V
' , /
_ t ' V
r.-f\\\\,/
\\ v J "
O'-t')(~\\..wv 11l\\S
'Ifl
ov o{f'(o
vo'l/'rol .Tov ~'-~ t'av
r.-f\\\\,/
\\ v J "
O'-t')(~\\..wv 11l\\S
'Ifl
ov o{f'(o
vo'l/'rol .Tov ~'-~
\\
J.
U"
\\
1
r)
" "
l
'"'~\\....
€;)
OllaOLJ5 T\\....Vo.s t\\ A~\\<\\OV •••
 ~ acX. f ~} ~ q- &0(
& l- se rai t peu t - ê t r e p0 rte u r dus e ns d e
"racler,
gratter",
cf.
Pherecr.
121,
voire de "creuser",
connotation faisant écho
au
premier sens de
Âo('Qo(.e cis
"creux".Allusion serait faite alors à la manie de fouiller
(~Ko(.Â~0e\\..v) l'urne à suffrages aux fins d'en retirer
le triobole.
Or
donc, /\\1){ '(eX. fcis
se prend aussi proprement et
figurément avec le sens de " ma igre,
efflanqué".
Aussi
pensons-nous que Taillardat,
comme d'ailleurs Willems
(ap.
T.,
ib.
n.4),
n'a peut-êtré pas eu tort d'appliquer
à la métaphore le sens de "vivre maigrement de l'urne
,
,
•
C)
\\
~
~""
(\\
1
a suffrages", c'est-a-dlre AO<OcX.eoS élVoÜ. 7wV ~~ '.<,,\\Oo(f\\..OÙ.
Autrement dit,
Â.D(.Qotf\\..~6rE:VO" serait, comme le note
Mc Dowell
(o.c.,
n.
du v.
674
, p.
224),
un permutant
métaphorique pour
T\\~1'~t"E::VOV.
,"
Î
1 <z
1
\\o«j(.L Teo<. rO<Al.
~ ~\\f
10V ïeX T6 r- lil
10V ïeX T6 r-
T~
T cl. 00( A~
A ~ t.V " r
~
0 n g e r,
dé v 0
0 n g e r,
dé v
e r" est a p par e n t é à
T~~rw
"mordre,
grignoter"
(voir T 132
n.9
p.86,
voir infra,
p.
410
n.247).
La suggestion de la scholie à ce vers apparaît assez
"
•
c..1
~\\
Î'"
t j
l
';)1
\\.
'~
revelatrlce
:
\\,<rw,S
a<.V
ou'!
A€.Oov
")\\0\\'''' \\<.O(\\" E
')1
\\
'")
'V
~
c...
l
'1
o(od'"0vS TL\\/o~
TevJ-
T\\AE:Y\\Tov, rOLCY
0
1I(00(T'o(A~S)
')
~ 1
c . . : > ' ,
ÔolA
Ô
\\' lo('-E::\\lo'l/) vJS
o<V
\\\\~\\/~To(.
Cette forme
hapax suggère peut-être un rapprochement
153
~
1
a ve c T fJ(· roc. ~o(
a
l. 0 S
Ac h. 8 0 8 • - 'Te 0(
l. 0 S
Ac h. 8 0 8 • - 'Te
11:- 0< , e n gé né raI
au plu rie l c
Te
0 mm e
~ '00(. ÂL. cl
Ac h. 109 l, Gr. 510 ; Xe n. ,
An. 2.3.15, Dioclès, .!..:.. 141, Plat., Rép. 372 c, Plu.
190.996.-Tec(r1t'"o(T[1 vJ
Arist., E.N. 1175 b 15, plus
fréquent au moyen, Menandr. 518.14, Thphr., Caract. Il.4
Ath. 4. 140e.- le substantif Teo(r1r-o{T\\"'(I"t'-6 S
Arist.,
fr. 104 .-T~vJ~ÂLo( PL, !.!:.. 124, Ar.,~. 772,
~~798,
Philodemos le Philosophe, ~. p. 76 K, Plu. 2.133 c.
k6vvou
Connas ou Connos cité par Hesych. K 3530 n Latte
( Kov'vos· Ol.AC::\\~5 1--\\5 ,ko,,"o.s· o(A~T,,\\5 Pt
: FIor.
Christianus) comme un célèbre cithariste (Plat., Menex.
235 e, Euthyd. 272 c, ap. T 455
n.l), certes, mais donné
aussi pour un imbécile. En effet, Taillardat <'ib.),
qui cite des sources, note
"
De fait, Socrate qui prenait avec lui
des leçons de cithare, en parle toujours avec
ironie. Connos est un sot ou un homme insigni-
fiant,
de l'avis de Bdélycléon qui dit à
,
son pere· : ... " .
Mais rappelons aussi que le même Connos mourut dans
la misère (Cratin. 317, Ar. Cav. 534), d'où le proverbe
\\<6VVou e(L'ov'
faisant allusion à sa misère cité par
Callistratos (ap. T 509
n.3)
dans la scholie à Gu. 675,
mais altéré en Kbvvov 'i'q'~ov par Aristophane, c'est-à-
~
\\
C l
dire, comme suggère le scholiaste, " ••• OlaV To \\,,",\\0'="
"
tant il est vrai que ~~tos
signifie "suffrage".
. k'
1\\
C' \\
rv
1
~I
"
'
Schol.:
ovvo~
Schol.:
\\l<.LliJo<.fuJùoS
~" VE.aS. (e~Tl,.. c)E:; rrolpoL_
k
1
)
\\
' "
C' ,
;>?~ 1
1
1
C' \\
\\.
t'-'-o<. IélTv TvJV t'-1.0
t'-1. E:;V ~ .... wv.
ol~:<'L.~Tf.o(T()S QE. \\\\o(fOL-
'\\[0('1/ ~"\\.q-~ 1 K6v'l/OV ~elOv'· n~p' ~V 1Toit~E:l,... E0tP6vL-
~c:, b~ ) '6Tl.. ~?.~Xe1 SL.~ T6 1'S~'y T\\..Vol -rl~" k6v~o" et-
'Vtb
c \\
":t'"
(' \\
\\
\\
C'
,,1
r-J
.1
"ri.. \\., ... t'~
"ri.. \\., ...
10"" ù é
E.\\.. tt e
th.Cl( \\ 0 \\TE:., L. ÙL. \\o(.o(~Tov
1\\ E: 'OELV • )
154
La même idée, ce semble,
se dégage de Gu.
436
~S
~Q~ rTolÂ~" &~oJIrc(S ol~cI, ~e~vJV T6v t6~
(ap.
T, supra),
dans lequel la locution proverbiale
(\\
1
\\
\\/ J 1
•••
0e\\..uJ'I' ToV rotov fait passer les menaces des Guêpes
à Bdélycléon pour du bavardage: "Je connais, [dit ce
dernier],
pour l'avoir entendu,
le pétillement d'un tas
de feu i Iles de
fig u i ér .
ïTA()v ev '!'-- ~ ~ rX V
Le mot
1TAov8vO\\.-f:~o( "santé et prospérité",cf. ~.731,
renvoie à
T('~()~TO.s.
Pour Taillardat (in T 541),
l'expression
... \\\\J.()U~':"~~f:L~vcitée dans Cav. 1090 sq. :
"En rêve, [rapporte le Paphlagonien],
je crus
voir la déesse en personne, versant avec une
louche richesse et santé sur D~mos".
f \\ ,
1
\\
t)(;e>S
O(V'T,,\\
6< \\ v TC( [v ~ TIÂQv ~lJott Lo(v'
1
n'est autre que la parodie comi que de
it'~o~Tov' Ko(,\\E:XE:VE:.
qu'on rencontre dans Il.
2.670
:
I.<.ot.(,
q-~\\.V ~~e:r't\\~({'I.()" T'l"AOVToV Kcl..T/;X€:.Vf:. keov[wv,
c.
""
"J , 1)
Notons que l'expression
v O\\..E:.\\.. ~ OA ~oS , Pi.,
01.
7.55 est synonyme de
TT'ÀOV8V OCE::LD<'.
O
Le verbe
TrI.. \\uÂ<::Jw
est évidemment un dérivé de
IT~rvÂos , dont le sens premier est "coup de rames",
Eur.,
I.T.
1050, 1346, Troy.
1123, Hp.
ap.
Gal.
19.131,
155
Ar., fr.
84. Dans EschL, Pers. 976
~v~ i\\\\..\\0?~
employ~ figur~ment, ~quivaut à une locution adverbiale
au point de signifier "d'un seul coup, tout ensemble ll
ensemble •
C'est une m~taphore sportive correspondant à lI man ier
les larges avirons, faire force de rames rapides", autre-
ment dit "peiner à ramer" :
5 c h 0 L
: 'TT ~ Tv Â0 S K
~ ~~
~ ~
0( Â €: LlO< l,
1" \\1<.0{ Tc( f?> oA~ T ~~ '-<J.J 1\\~ •
voire une m~taphore de pugilat dont la preuve nous est
fournie par Corn. Adesp.
3D, où le sens du verbe est appa-
rent~ au sens premier de lT\\..\\VA~'vJ , c'est-à-dire lIfaire
des mouvements r~guliers des bras comme avec les haltères ll
haltères ,
(GaL 6. 133, 144)
lIAllez,
hardi
en vrai boxeur, sue vaillamment,
distribue comme coups de poing ta tirade
entière, ~branle le public"
3. L'irresponsabilit~ populaire
----------------------------
L'ochlocratie
Un ton nouveau semble appara!tre ici dans l'expérience
politique des assembl~es, où le d~magogue ne conduit
pas le peuple, mais au contraire le suit. ~n effet,
d'innocente victime qu'il a ~t~, le peuple est devenu
subitement le grand être collectif irrationnel, qui domine
parmi le ~6~vl->0S , menaçant et violent. En v~rit~, cette
expression d~signe les manifestations ext~rieures de
l' 6eo1 ' qui est ce sentiment d'ardeur passionnelle,
156
violente, dont seuls quelques hommes sans scrupules
vont se servir pour s'imposer
sans recourir à une
grande habileté
puisqu'ils épouseront par la force même
des choses ces passions. Or, le rôle d'un chef populaire
ou "prostate"
devrait consister à corriger de telles
impulsions, si tant est qu'il possède quelque autorité
personnelle, afin d'être à même, sans y perdre son crédit
naturellement, de s'opposer le cas échéant
aux tendances
du peuple.
Une telle réalité, hélas, ne semble pas se manifester,
par exemple, dans l'Oreste d'Euripide (VV 696 sqq.), où
le poète tragique fait tenir à Ménélas les propos suivants
" ••• C'est que le peuple au plus ardent de sa
colère est pareil à un feu trop vif pour être
éteint. Mais si tout doucement
l'on donne du
mou pour céder à sa véhémence, en épiant le
bon moment, peut-être s'apaisera-t-il, et, son
souffle apaisé, tu pourras sans peine obtenir
de lui ce que tu veux. Il est capable de pitié.
Il est capable de fureur, et pour qui guette
l'occasion, il n'est pas de bief! plus précieux"(62)
Ce qui n'est pas sans rappeler le phénomène communé-
ment appelé la psychologie du groupe, qui appartient sans
nul doute à tous les temps. Ne serait-on pas alors enclin
à penser que la politique a été abandonnée aux plaisirs
du peuple ?
Ces démagogues du dernier quart du Ve siècle,
dénoncés tant par Thucydide (2.65.10) que par Aristophane,
certes, étaient dans l'ensemble demeurés fidèles à la
politique dont Périclès avait tracé les grandes lignes
mais d'origine sociale plus modeste,
n'ayant pas la
hauteur de vues du fils de Xanthippe mort en l'an 429, il
157
leur fallait donc tenir compte davantage des désirs de
la foule auxquels ils se soumettaient plus qu'ils ne les
inspiraient. Or
donc, I l 6~o1 ' - en liaison avec ~vp.rfs
désignant en général la passion, c'est-à-dire un sentiment
i rra t ion ne 1 (6 3 ) (~. 567, 649) - mou ve men t pur e men t
affectif, est exclusive de toute réflexion. Il semble que
la réflexion de Glotz (~, p. 174), qui cite les
sources est assez pertinente à cet effet :
" ... Il est même faux de parler d'une consti-
,
tution ; car elle change sans cesse au gre
des passions, et il y en a autant qu'on en
demande sur le marché. En résumé, la démocratie
aboutit fatalement à l'ochlocratie,et la
dénomination de cette bête monstrueuse qu'est
C\\
1
1
\\
,
1
la multitude (Ofe:~t'"o( ~€O~ ~oC." L(f'xVe OV )
n'est qu'un réveil de la nature titanique
("T\\o{ÀDh,~ OL.rc(VT\\..~1 t~~\\.~)"·
Voilà pourquoi cette sorte d'irresponsabilité populaire,
mieux cette grande force irrationnelle, ou "ochlocratie",
rend instables les décisions de l'Assemblée, pour autant
que le peuple athénien, à en croire Aristophane, est
,
,
()
' )
mene plus par la colere
0eQ'
mene plus par la colere
et le manque de culture,
voire la grossièreté que par la force de sa OvJJ ~ II).
(64) ou "jugement". Or, comme le souligne Huart (~,
p. 504), "la victoire d'Athènes à la fin de 431, - car
c'est une véritable victoire que d'avoir pu préserver la
cité de l'invasion péloponnésienne- , ne fut pas celle de
la '{vJv ['-1
' et ce qui est encore plus extraordinaire,
de la rv~r-1
d'un seul homme, en face du décha!nement
de la foule;
car, son plus dur combat, Périclès eut à le
soutenir, non pas contre les ennemis, mais contre ses
propres concitoyens".
Rien de surprenant donc qu'Aristophane les qualifie
158
de "vite décidés", Ach. 628 ~\\..o<~«l~6~të.V'o~ ~'U1T6
\\~" ~X~f~" ~,,)~Q'1"tl~O"S5\\~Xl1~O~Âo"-5, mais-vaussi de \\
"vite ravises", ib. 630
O(iTO\\.(e\\.."bl~~\\" ~E:\\"~'- '\\IV",,-
rrf6S '~~,\\vo(~ovs ~E:Tot[èo0'ÀOV.s
t"-E:Tot[èo0'ÀOVS • Il s'agit là de
deux épithètes visant sans doute à faire rire, mais qui
ne cherchent pas moins à mettre en relief les traits de
caractè,e des Athéniens (Thuc. 3.36-50 ap. Starkie, ~,
n. du v. 630 > p. 133 sqq., à propos de l'affaire de Myti-
lène), et partant les défauts inhérents à l'Assemblée
et au Conseil que les poètes comiques dont, entre autres,
Eupolis (fr. 205 ap. Starkie, ~.,p. 134), Aristophane
(Nu. 587-609 , A.F. 220 sqq., 474 sqq., 584 sqq.) n'ont eu
--
-
--
cesse de persifler : à savoir, les décisions irréfléchies
et imprudentes qui sont souvent prises au cours des débats.
En un mot, c'est le règne de la déraison (Cav. 1055 sqq.)
des Athéniens dans le Conseil et l'Assemblée.
L' adjecti f Tot.XVJ~()0~o l~ est un hapax porteur du sens
de "hâtifs dans la délibération" et opposé à l'autre hapax
~ E; To( f->'~0Â
0 0
 \\,. S "r a vis é s ", a Il u s ion é tan t
peu t - ê t r e fa i t e
ici au vote concernant Mytilène (Thuc. 3.36).
Comme modèles du même type, on a les composés en
- ~ ~ v ~ 0 5 (a p. B. P •> p. 373) et - ~ 0 \\JA~c( Ci b • , p. 140 ) :
~\\.r()vÂ05 conservé par Hesychius (~954 Latte s.u.
~Lé{~CVÂOS-[
~LO(~CVÂOS-[ ~\\.o<'~ou:<'OL-· '&\\..TT"~o't. ~[~()VAOL]
.-
<'oV~(hOV~~o(.Eschl., Sept. 802, ~, 160? ~ Soph., ~nt. 95,
1269,
ê.~401, Ar., ~. 587. -\\<.M.\\<\\Q~Q\\JÂo5 Soph., fr. 592 N'2,
Eur.,
Ba.401,
Ar.,
CAyo 1055. - \\(o(,~o(ho",).lo(
Diog. L.
~I
.
7. 93 .- Evl->0vÂ0.5 Théognis 329, Hdt. 8.110, PL, Ol.
13.8, Bacchylide 14.37 , Thuc. 1.84, Ar., P. 689, Andoc.
1.140, Plat., Rép. 428 b, Arist.
, LN. 1141 b 13. - E0-
~~HJÂ(o(
Eschl., Pro 1035,1038, Soph., Ant. 1050, Thuc.
1.78, Isoc. 9.46, Plat., Prt. 318e, Arist. E.N. b 6 •••
Elles sont nombreuses, en effet, les preuves de cette
~V<!'~OU')..~o(' de cette fragilité du jugement, dont on
159
perçoit d'ailleurs l'écho dans les propos que Thucydide
(2.61.2. ap.
J. de Romilly in Problèmes de la démocratie,
~., p. 26 sq.) fait tenir à Périclès:
"Votre attitude a consisté à vous laisser
con-
vaincre quand vous n'aviez pas subi d'atteinte,
et à le rejetter aussitôt éprouvés: dans la
fragilité de votre jugement, mes raisons ne
vous apparaissent pas comme valables, parce
que les causes d'affliction pour chacun se
présentent déjà aux sens, tandis que l'évidence
des avantages, pour tous, fait encore défaut".
On en trouve les tableaux hauts en couleur dans les
Cavaliers et l'Assemblée des Femmes, par exemple.
On constate çà et là que les grandes affaires de l'Etat
touchent moins les Athéniens que les questions de personnes.
Certes, il peut ad~enir qu'ils s'en occupent, mais c'est
pour se laisser aller aux illusions de leur imagination
"échauffée" ou (pourquoi pas ?) aux impulsions de leurs
instincts. C'est pourquoi Thucydide (3.38.4-7
ap. J. de
Romilly, ib., supra, p. 27)
fait tenir à Cléon, qui repro-
che aux Athéniens de ne pas s'en tenir aux décisions prises
la veille, les propos suivants qui
semblent souligner
l'incapacité d'une démocratie à gérer un empire:
"
La faute en est à vous, mauvais organisa-
teurs de ces joutes; vous qui vous faites tou-
jours spectateurs des paroles et auditeurs des
faits,
qui voyez les faits à venir d'après les
beaux parleurs qui les donnent pour possibles ••• ,
vous qui, pour être trompés par un argument neuf,
n'avez pas vos pareils ••• , bref, des gens
dominés par leur plaisir d'écouter, semblables
160
à un public installé là pour des sophistes,
plutôt qu'à des citoyens qui délibèrent de
leur cité".
Or , le prix du poisson dont ils se nourrissent vient-il
à baisser, cela les intéresse (Cav. 672) évidemment bien
plus que de faire la paix avec Lacédémone
"Nous n'avons que faire d'une trêve
que la
guerre suive son cours !".
o~ ~€:6t'-E:~o< ~t\\o,,~{;Jv'· ~ n6A€::t"-0.s
(ib. 673 ap. T 636).
Naturellement les hommes auxquels les Athéniens s'aban-
donnent sont forcément les pourvoyeurs de leurs besoins
et de leurs plaisirs. Aussi est-il patent qu'ils les
écoutent, tant qu'ils servent leurs passions; en revanche,
ils n'hésitent pas à leur donner congé dès qu'ils en trou-
vent d'autres plus empressés à leur tenir la table prête.
C'est pourquoi, force est de constater que les Athéniens
préféreront le charlatan qui leur promettra de bonnes
sandales et une tunique chaude pour l'hiver, à celui qui a
pris Sphactérie en l'an 425, c'est-à-dire à Cléon le
Paphlagonien, dont la victoire à Pylos issue de la relance
de la guerre avait mécontenté ceux qui aspiraient à la paix
et qui avaient donc vu leur échapper une occasion de la
conclure en des termes plus qu'honorables (Will, ~, p.
329 sqq.)
"N'est-ce pas trop fort,
en vérité,
[rétorque
le Paphlagonien à Démo~,
que des souliers
aient tant de pouvoir,
[et que moi, tu m'oublies,
quand je t'ai rendu tant de services ?" ]
161
\\
(\\ ')
CO
\\
"...
C;;...
C;;
' ~ L.L ~<So<SS TO~()VTCV~
Vv
\\)e:~\\I()V O()V 0 l' ~
(Cav. 875).
)
1 C
J
1
Le mot Cë:\\:" ~ùol.S (E:t'- ~\\..\\fuJ) qui offre un "exemple
de métaphore usée" (cf. ib. 872
1~VooS...
1~VooS
it'-~bw"
ap. T 269) est un mot courant qui désigne une sorte de
chaussure grossière en usage chez les Béotiens, Hdt. 1.195.
A Athènes, elle est utilisée soit par les vieillards (65),
soit par les gens du peuple, Isée l'Orateur (IVe s.a.C.)
5.11.
)
/('
Le diminutif ~r-~ÙLOV se rencontre dans Gu. 600,
Pl. 847, 941.
Une constante demeure dans la conduite de l'Assemblée
le peuple est las de son dernier courtisan et sourit
au nouveau, parce que son égoïsme naturel est surexcité
fréquemment par les flatteries de ses ministres. D'autre
part, comme ses décisions se prennent
en général
sous
le coup des réactions du moment, il est clair qu'elles
n'obéissent jamais à une réflexion d'ensemble. Il en résulte
donc qu'aussi impitoyable dans sa rancune qu'aveugle dans
sa confiance, le peuple athénien est capable de transformer
son idole d'aujourd'hui en victime demain
(Archippos,
fr. 14). Il s'agit effectivement d'un peuple simplement
spectateur, dont il a été dit et dont on ne dira jamais
assez qu'après avoir accepté une mauvaise proposition sug-
gérée par l'orateur du moment, il se met ensuite à blâmer
l'assemblée dont il a été membre lui-même parce qu'il aurait
été nourri, dit-on, d'une nouvelle expérience (in Com. Adesp.
12(b) D = 45P (a) ap. Ehrenberg, o.c., p. 350).
Le constat est éloquent et décevant à plus d'un titre.
Car, n'est-il pas manifeste que c'est en vain que le favori
de la veille s'évertuera,à force de servilité, à conserver
162
les bonnes grâces du peuple (Cav. 904 sqq.), d'une part
et qu'en vain il se mettra à ses pieds et lui offrira
sa tête pour qu'il s'y essuie les doigts après s'être
mouché (ib. 909), d'autre part?
"Toi, Paphlagonien, qui prétends m'aimer,
tu m'as exaspéré. Et maintenant, rends mon
anneau; tu ne seras plus intendant chez moi".
Le verbe
G'"Ko~o~t1w est pris figurément dans le
passage avec le sens de "exciter, exaspérer" et apparait
donc, note Taillardat (in 9), comme une "métaphore
empruntée aux coqs de combat qu'on excitait en leur donnant
de l'ail «(rK6f\\O)~OV ) à manger", cf. Ach. 166, Cav. 494.
Le sens propre "nourrir avec de l'ail" dit de ces
coqs de combat qui étaient bourrés d'ail avant de combattre
na!t de cette pratique, Schol. Ach. 166, Schol. Cav. 494,
Xen., Conv. 4.9 ap. T 738.
D'où <rKOfo~~Ar-1 "brouet de
saumure à l'ail", .Cratin. 143, Ar., Cav. 199, 1095,
A.F.
291.
Le substantif <rK~eO~Ov' (Allium sativum) cité dans
Hdt. 2.125, 4.17, Hp.
, Acut~ 37 (au pluriel) aide à
former bien des expressions telles que : <r'KOf~'vwv KE._
to(À~S ••• , Pl. 718, cf. Gu. 679, ••• \\OL~ ~"'Oe~~O\\..5fkl
'f\\À'-":.LÙ/O(TE
= ~Ko\\o'ù~1E:.TE: ,~ 502 .- t'lot. ,",,-~TTOTE:
\\
l I e
c\\
1
/ "
l
1~ ~~oeoùo<, r-~ùE
K\\JO{~()\\lS
r-€'Ao{VotS.
\\
1
~
En outre, \\0< <:n<.o,o
0(
cité dans Eupolis (fr. 204)
désigne "le marché à l'ail"
163
'"lA
;)
,
1
C'
\\
\\
1
rrê\\\\..~"ljO" ~\\..S
rrê\\\\..~"ljO"
Tc< q-'-<O\\ovD(
KeOre-VO(
l.I<,o(\\..
T~
Kot.'t
TiJV A\\..f->o("w\\"~") KE:.0G0 l'(;jV 6<eWt-~\\u.JV
,
1
Si l'on admet que ,,,.{ \\l<.f.0p...!"-vo{
désigne ici le marché
aux oignons,
l'expression ,(;;" &.evJfA--~lwVferait peut-
ê t r e a Il u s ion au marc
m
h é à
l a far i ne
(,6< ~Â t l,\\01. ) , sil' 0 n
en croit,
d'une part,
Schola
Ar.
P.
1158 et Bekk.
,
Anecd.
1')
1
C' " ,
,
"~')!-.
' t
450. 23
A.E=Oov~n..
A.E=Oov~n c) ENLOl, 'Aoc(,\\. \\W lXoo',,"iol
lXoo',,",ol ~~,",\\:,""'Tai., d'autre part,
f\\.
)
f
•
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1
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\\
He s y ch. t-\\ 7604 Lat t e : oc..~ w t'- CIl \\"0{
\\"0<.
ex. ~ 0 T ~ L cl. ~ 0( Tc( , V<. 0( L 0( rr ()
\\00' ~~oCfv Î~ ~Â~\\.."'o( ottTW ;{~OCè"'oh .• ~o~OKÂ1~ :>AKe\\.q-~~
2
" .
,
\\
(\\
1
) . '
(fr.
72 N ) et La Souda
cX.pvJy....{T.,(,
01..1 To(
t1\\Jt'-Lo/~c(To( é-
, - ' "
1
5'")'1'
~ c.\\
,-
Yo\\.l<1"I..
Yo\\.l<1"I "
o\\.. t\\,..,.\\.lI<..<H..
t\\,..,.\\.lI<..<H ,«AAcl.,.«
E:.~Tfo(,er--<=VO«sata), cf.
Lobeck.
, Phrynich.
227.
Le diminutif ~'-<.o~b~l.oV se rencontre dans Pl. 818
?
1
l\\
<: 7
?
'1 1 f\\
;)1
of..\\\\O~0r-~q"\\7o(, Ù
oU
A\\...t}\\!)\\..S
ET\\..
&. 1.1~
e
' î K a (' 0 ~ ~
~ ~
0 \\- S
0 t\\ ci T ev ~Vi'
È; \\AC: q"' \\" 0 \\ E:- •
La scholie à ce vers suggère
:
q-'AOP\\')~~o\\..~ 0rrci -r.pvt1s ~ \\o~S ,:;)" crKof~~vJv'
\\
'\\
1
\\ )
,
.-v
1
S
~61À.OLS' (YE:A()\\,..w S o(VT"L Tov q-o(fol.VOl.
q-o(fot-vOl.
, •• ):..,
'\\..'.f~~ b~ ~KOeO~~O\\..s) T"'(:'S ,wV q-~ce~~uJv Kc.<vÀOl. S.
Si g nalo ns e nf i n les emplo i s de c:r K (:) fO ~(J 1\\~Â.,S da ns
Schol.
Gu.
678,
PolI. J. 198 et de l'hapax ~'A.0f'0~~
TTo("/~o~e:.lJTf\\..ClC.rTOtt"u.>ALS
TTo("/~o~e:.lJTf\\..ClC.rTO
"gargotière"
dans L.
458.
Toi, ~ l. êv E:t.Vest un verbe courant employé proprement
C'est-à-dire "être trésorier,
intendant,
contrôleur",
'1
~
~
ib.
,959,
Gu.
694,
Thesm.
419
(olVT'o(\\..~ Toit'-LE:V~«:L
"
t'V
\\l(.OU,. . . . . .
:Tot..~Lé:V(1o{L
\\l(.OU,. . . . . .
est la,correction que propose
Reiske,
cf. .A.F.
600
: To(~L"=U€:~ea(.l., moyen, est la leçon
de R.),
Dem.
24.
129, Ariste, Pol.
1282 a 31, Plu.
2.842
Sq.
Pour ainsi dire,
ces citoyens donnés pour ignorants
sont habitués à se considérer comme les mattres de tout,
164
et rapportant ainsi tout à eux, ils approu~ent implici-
tement les exactions dont ils profitent, favorisent
les spoliations qu'ils partagent et enfin font de la loi
la complice de leurs lois. En un mot, la versatilité des
Athéniens demeure, constate Glotz (p. 268), "une véritable
tyrannie exercée sur les magistrats" indistinctement.
Glotz (p. 269) qui cite les sources nous éclaire éloquemment
sur ce point :
"Les cités, comme Xénophon le fait dire à un
Athénien, en usent avec les magistrats comme
moi avec mes domestiques.
Je veux que mes
serviteurs fournissent tout ce qu'il me faut
en abondance et qu'ils ne touchent à rien;
les cités entendent que les magistrats leur
procurent le plus d'avantages possible
et
qu'ils s'abstiennent de toucher à quoi que
ce soit".
Dès lors, rien d'étonnant à ce que D~mos, nourricier
des chefs populaires, au demeurant voleurs, oblige ces
,
,
'À'~
t'V
der nie r s a d ego r ge r
("eX.
\\.."
E: '7 E: t <:-L")
der nie r s a d ego r ge r
("eX.
\\.."
E: '7 E: t
leu r s ra pin es,
pour autant que démagogues et tous ceux du même acabit
peuvent être considérés à certains égards comme des victimes
nourries pour être sacrifiées (Cav. 1135 sqq., 1207 sq.,
Pla t ., Ré P'.1
P
565 cap T. 711
n. 3)
:
"
ensuite je les force à dégorger tout ce
qu'ils m'ont volé, en leur enfonçant une urne
dans le gosier".
'€;tt'E:L\\
o<Yo<.O- l '
,
?
,
l
,
?
,
~
!I '1
'€;tt'E:L\\
o<Yo<.O-
11<.0/.,...,)
T\\Olt''\\\\...V
c.'
"1
,
\\
'1
1 dl
' / .
0 ( . \\ \\ / ~v
Y\\E:~Ao1vJq-,- (OU)
(Cav. 1147 sqq.).
165
Le verbe ~~ ~ ~ lètV qui se di t ici de l a concussion
a le sens de "rendre gorge en restituant les biens mal
1
1
~ Il').. l
,~I E: f:V
acquis", cf. Ach. 6 To'r~ rrE:VïE: Tc(AlII."'TOL~ o\\.s V' G;uJ'I/ ~)~r- ~
(ap. T 711). Proprement') il se comprend "rejeter en vomis-
sant, vomir, rendre gorge", Ode 12.237,437, Hes., Théog.
497, Ar., Ach. 586, ~. Il, Plat., Rép. 406 d. Comme autres
-
1
composés
(voir Kr. 573), on a rr~o~E:~~t'-E:W Plu.2.524a,
(f'\\'1\\/E:~E:r~WArist., H.A. 547 a 27.
Le verbe
If<.c(Toi" r-"\\').~w signi fie proprement "enfoncer
une sonde"
pour ausculter les blessures ou plaies, La
Souda, Photius, ou pour faire vomir, Phrynich. Corn. 62,
(ap. T., supra, n.4), cf.
le composé 1"\\eor,,\\ÂJvJ
,Hp.,
Fist. 5.
· 1 1
Notons que le verbe simplet'-,,\\ÂCw <t"~A1)' c'est
proprement "introduire une sonde dans une plaie", Hp. 1
.~. 1.6. ; en médecine "auscul ter la vessie", Rufus
d'Ephèse (médecin du Ile s.
p. C.)~ Ren. Ves.12, - donc
sens récent -
; mais figurément,
"examiner une affaire",
,
"
1
Cic., Att. 12.51.2., cf. o(\\lt(t",,\\l\\ovJ
Cic., Att. 12.51.2., cf.
,
h. Merc. 41
(Ruhnken).
Le substantif r-~?.IJJ(!"l.S désigne soit l'action de
sonder, Hp.
, Fract. 31 (pluriel), soit l'usage de sonder,
Hp., V.C. 10.
\\
"1 rY
La métaphore "", t'"0V I;(.O(T'olt""\\"'w V qui est un synonyme
expressif de l'expression 'tt'~),L.V ~5e:~E:"t\\lse traduit
"enfoncer comme une sonde (dans la bouche d'un concussion-
naire pour lui faire rendre gorge) l'urne à suffrages
d'un juge", autrement dit
"faire dégorger à un prévari-
•
cateur ce qu'il a dérobé". Cette approximation imagée est
développée dans le fragment 614 ~
c/
-r;v ~~~v'(ot r-,\\Â~" ~00 ~\\c(XlA~S E:5E:L r- 6
r- Vbl.S.
166
A maints égards, le vers 404 des Cavaliers dit de
Cléon semble se rattacher à la même idée :
"Puisses-tu dégorger les bouchées aussi
aisément que tu les attrapas!" (ap. T.
, supra).
Cela ne constitue, est-il besoin de le préciser,
qu'une partie de ce tableau aux couleurs ternes, pour ne
pas dire sombres. Qu'en est-il alors des attributions de
l'Assemblée en matière de législation?
La mobilité d'imagination
Sous un régime démocratique, le peuple qui est souve-
rain en principe
peut tout. Entendons par "souveraineté"
ou KVe~o(. , d'après l'acception aristotélicienne du terme
(in Pol. 6(4)
• Il.1 ap. Glotz,
p. 190 sqq.),
"le droit
de paix et de guerre avec le droit de conclure et de dénon-
cer les alliances, le droit de faire les lois, le droit de
prononcer la peine de mort, l'exil et la confiscation, le
droit de recevoir les comptes". Aussi apparalt-il, d'après
l'analyse de Glotz (p. 191) que l'Assemblée contrôle
quatre secteurs de la vie politique athénienne: à savoir,
les relations extérieures, le pouvoir législatif, la
partie politique du pouvoir judiciaire, le contrôle du
pouvoir exécutif, c'est-à-dire la nomination et la surveil-
lance de tous les magistrats.
On retiendra,en tout cas, que l'Assemblée avait
l'initiatIve des lois, entendons toutes les lois et surtout
les lois constitutionnelles de Dracon, de Solon et de
Clisthènes, et que, bien qu'elle ne pût pas décider une
mesure contraire aux antiques nomoi de la cité, elle
pouvait cependant promulguer les décrets ('Y,t:I:I"t'-.{\\o(),
167
qui avaient force de loi. Autrement dit, comme le fait
remarquer Glotz (p. 193), "en principe, par scrupule
religieux, l'Eccl~sia ne s'arrogeait pas le droit d'abo-
lir formellement les lois existantes et de faire des
lois nouvelles
mais elle savait tourner ce principe
et trouver les formes nécessaires pour légiférer par
décret" (66).
On peut, en tout cas, déceler dans cette Assemblée
aux pouvoirs très étendus
la même mobilité d'imagination
qui la pousse à désirer toujours ce qu'elle n'a pas.
La seule constante, c'est la mauvaise qualité de ses
chefs (A.F. 176 sqq.), notamment les successeurs de
Périclès, Cléon en premier lieu, Alcibiade ensuite, qui
préféraient suivre les passions du peuple
plutôt que de
risquer leur popularité en luttant contre elles. Ainsi
don c , . mû par ~ n dés i r plu sou moi nspa s s ion né ("'È:.
ev
TI" \\..
TI"
t'- ~o( ),
ce peuple convoitera aujourd'hui Pylos, demain la Sicile,
ensuite Carthage (67). Son manque de culture, en effet,
lui fait croire que tout est possible et l'encourage à
tout bouleverser. Or donc,
ici comme ailleurs, ces gens
sont
loin de se figurer que gouverner puisse être autre
chose que faire et défaire sans cesse les lois,
puisqu'il
apparatt qu'ils rejettent le lendemain les mesures qu'ils
s'étaient hâtés d~ prendre la veille, jouant pour ainsi
dire avec les décrets comme des enfants avec des ballons.
Platon le Comique (~. 22) renchérira à son tour,
puisqu'il constatera, d'une part, que "les lois ressem-
blent chez eux
aux toiles d'araignée qu'on déchire d'un
coup de balai
et qu'une nuit suffit à reconstruire
" ;
et, d'autre part, lorsqu'il fera la remarque suivante:
"Quittez Athènes pendant trois mois, et vous
ne le reconnattrez plus" (fr. 220).
Avec une telle méthode,
on est loin de s'attendre à
168
ce que la commission des nomothètes ou conseil de
législation (Glotz, p. 194 sq., 209, 386-389) qui avait
été désignée au lendemain de la restauration démocratique
en l'an 403, et dont le but était de procéder conjointe-
ment avec la Boul~ à une révision complète des lois -
à savoir modifier des lois existantes ou en adopter de
nouvelles -; sur instructions de l'Assemblée dont elle
émanait stabilise la vie politique et par voie de consé-
quence fasse triompher le règne des lois, à en croire
Aristophane, qui voit la réalité sous la convention. Car,
ne lit-on pas dans l'Assemblée des Femmes (VV. 137 sqq.)
qu'il compare la série des décrets promulgués par l'Assem-
blée à des actes commis en état d'ivresse?
"Aussi
tous leurs décrets, quand on rpfléchit
à tout ce qu'ils ont fait,ressemblent-ils
à ceux de gens ivres, empreints de démence. Il
(ap.
...
,
tv
r:l...1..1 IvJV)
{,.I
uJ~"ITte
1
~I
~
1
L'expression
uJ ~ rrf::e
~<:r\\t "oI\\g(lIE:\\\\A~O~f:Vc{
r-E:.\\)V ov,w\\f ~<:r\\t
r-E:.\\)V OV'WV
(68) paraIt, ce semble, isolée, si l'on se fonde sur
l'analyse de Taillardat (supra).
Quoi qu'il en soit, ces nomothètes qui ont fonctionné
de l'an 410 à 404 (Thuc. 8.97.2) après la chute des
Quatre-Cents, puis de 403 à 399 (Andoc. Sur~_Mys_tère~,
83-84) après celle des Trente,
ne sont encore, précise
Glotz (p. 209)7 que "des auxiliaires chargés par le peuple
lui-même d'une tâche temporaire et spéciale", par rapport
aux nomothètes du IVe siècle, qui auront pour tâche essen-
tielle de "restreindre le pouvoir législatif de l'Assemblée".
169
Mais
n'oublions pas que nous sommes dans le monde
comique qui est l'univers de la d~rision, tant il est
vrai, comme le note Glotz (p. 195), Il (qu')en v~rit~, on
n'a pas le droit de dire que l'Assembl~e ath~nienne usait
de son pouvoir l~gislatif à la l~gère".
De plus, on a un autre t~moignage qui semble confir-
mer, du reste,
le premier: l'attitude de la majorit~ de
l'Assembl~e des Femmes (v. 456 sq.) qui ne se fait pas faute
d'applaudir à la proposition jug~e saugrenue (69) de
Praxagora parce que c'est la seule nouveaut~ qui n'ait pas
encore ~t~ essay~e :
Je,
\\
'"
1
:;
,...,.
...... ''1
E.()olo<.€:~ 'Qc<.e TovTo f.-'..oVOV
f.-'..OVOV
ev \\~ \\\\OAE:.\\I
?/
~
\\
()V 1TvJ
r<=. rE:. V~~QO( \\.,.
Pour Aristophane, ceux qui avaient la raison - qualit~
dont d~pendait le salut de la cit~ et que naturellement
Athènes et les Ath~niens s'employaient à acqu~rir -
~taient minoritaires dans l'Assembl~e des Femmes (v. 433
sqq.). Ce qui naturellement em~êche leur avis
de pr~va
loir (~. 727 sqq.). Mais plutôt que d'un persiflage
des d~fauts constants inh~rents à la cit~ et à ses habi-
tants, il s'agirait sans doute,
hic et nunc,
pour le poète
d'~taler subrepticement ses d~sillusions, dans la mesure
où tout changement devrait viser en principe un mieux-
être. Or, à en croire Ussher (in Aristophanes, Ecclesia-
z~, 0 xfor d, Cl are ndon Pre s s, 1973, p. 139), il ne par ait
pas qu'il y ait ici regain d'espoir dans le gouvernement
des femmes. Car, pr~cise-t-il, ici comme ailleurs (A.F.
571 sqq.),
il faut prendre soin d'~tablir une ligne de
d~marcation entre le poète comique et le th~oricien ou
penseur politique •
•
170
II - LA DEGRADATION CIVIQUE EN MATIERE DE JUSTICE
La souveraineté judiciaire athénienne est
- animée par le triomphe de la scélératesse habile,
- favorisée par la morphologie même du système
judiciaire, où règne en permanence l'esprit de chicane,
- rendue dynamique par la gent des sycophantes.
1. Le triomphe de la scélératesse habile à l'Héliée
================================================
Le thème de la parabase (épirrhème) des Acharniens
(702 sqq.) est le scandale des tribulations des vieillards
devant les tribunaux aux prises avec des jeunes gens à la
langue bien pendue. Il s'agit évidemment de gens apparte-
nant à une autre génération :
"Est-ce raisonnable qu'un homme tout voûté, de
l'âge de Thucydide, ait succombé dans un
engagement avec ce désert scythe qu'est le
fils de Céphisodème, le synégore bavard
'[ap. T 428 J. Aussi ai-je essuyé des larmes de
pitié en voyant un noble vieillard (sc.
Thucydide) malmené par une brute d'archer
(sc. Euathlos) [ap. T 429], lui, qui,
par
Déméter, au temps où il était le réputé
Thucydide, n'aurait pas aisément supporté
"Achaia elle-même" ; mais il vous aurai t,
je
vous assure, battu à la lutte d'abord dix
Euathlos, aurait abruti de cris et de braille-
ments trois mille archers et aurait écrasé
de ses traits les congénères du père d'Euathlos
[ap. T 428
n.5 J. Eh bien, puisque vous ne
171
permettez pas aux vieillards de dormir en
paix, décrétez du moins que les causes seront
séparées, de manière que le vieillard ait
pour plaider contre lui un autre vieillard
édenté, et le jeune homme un infâme prostitué,
un bavard , le fils de Clinias. Il faut
éliminer désormais, et sous peine de sanction
pour qui s'y sera refusé, un vieux pour un vieux,
un jeune pour un jeune".
703
06
09
12
15
18
172
')If,.
('
1
~"0eo( ~V~ tb 1
1
1
L'adjectif I;<.V T()~ ('.I<.VfïT\\AJ, v(/ë;t,.<v~o( ) est un mot
courant signifiant proprement "courbé en avant, voûté,
bossu", Ode 2.16, Ar., Pl. 266, Hp., .Art. 41. Il s'agit
donc ici d'une image physique: c'est l'âge avec sa
\\
\\
cohorte d'indices anatomiques (cf. Ach. 681 \\o<.wtovs lI(otl"
\\t'ot\\<::~,,\\vÂÎr-~VOV..s
), qui rend voûté, et non pas la
douleur. A quelques égards, cette comparaison renvoie à
une autre toute différente dite des Spartiates courbés
par la douleur :
"Nous souffrons et nous marchons par la ville,
tout courbés, comme des porteurs de lanternes"
'JI C"
1
L'expression o(.vùfo<.
\\l<v1'0V annonce et explique d'une
•
. '
~I C{)-1 TT"
' T . 1
. '
certa1ne man1ere
o(Vù, .....
\\\\(é,(,~U
1v c1te
certa1ne man1ere
o(Vù, .....
\\\\(é,(,~U
1v
quatre vers
plus loin, et paraIt la reprise du dénominatif:r1~0!,3i?~K~1..J
(infra)
, qui avait été cité déjà au vers 678 :
ale ~o<r
r-€;~e) Of:> ~ r-~v )~À'J.~ ~ E:\\..\\I~ \\I~~i\\ o~
0 ~o<r
0
\\,(,00 r-€;~e) Of:> ~ r-~v )~À'J.~ ~ E:\\..\\I~ \\I~~i\\
€:v.
Ce verbe qui se traduit "nourrir ou soigner tendrement
dans la vieillesse"
est appliqué spécialement aux parents
dans leur vieillesse, Eur., Med. 1033, Alc. 663 ; mais
,
.
é gal e men tau x en fan t s (,...€: 1.<.. va{ ), De m0
m ph., Sen t. 43.
1
Le verbe 61fOTeOrE:W lui serait apparenté dans Isée,
l'Orateur (IVe a. C), 1.39, PlaL, Menex .248 d, de même
1
,
quey"eoK0r-E:W employe de façon absolue chez Trag. Adesp.,
2
fr.
25 N , mais avec l'accusatif dans Callimaque, ~. 51,
Lucien, TOX.22.
Ce passage, comme on le constate, repose sur des
1
173
insinuations. La preuve en est fournie par les expressions
'"
<::
( \\ " , , '
1
:JI
<:"
1
qu'on val ire : T"
~ \\i( v ,\\}W\\I Ef'" r'- \\, 'j'C /' et. '1 OPo{ tt~ e;q- BV-
./
c..
, ?
C
\\
'€
\\
. /
\\
,~V)
v T\\
b(V' v et> S
T0'7 DI Cl V
'Â V \\1< vJ ~ E:: V 0 v
qui appartiennent au vocabulaire de la brutalité, mieux
qui paraissent des symboles de brutalité, voire de
"sauvagerie". En fait,
dans l'expression "Scythe"
semble
se percevoir, comme suggère Taillardat (in 428), l'idée
de "sauvagerie". L'explication de la scholie au vers 703
est assez claire
,
,
En effet, le substantif abstrait ~f~r'-L~ est du même
type que la série accumulative en -r-<:x qu'on rencontre
dans l,es Ois~:ux (v. 431) :q-~~~q-tol' K/~ft'-o(
'Te\\:'ttt-o(
1\\oLl.1\\ot."'~t"'?oJ...oV ,ou encore cr \\vJ['-v r-o(To( "bavards",
Gr. 92, A~fO~
"niais", Plat., Phdr. 72 c, Men., Epit.
60 ••• ,
qui désignent par métonymie des individus (70). Par
conséquent
il est fort probable que cette locution pro-
verbiale soit équivalente, de l'1J €f1r'-'f
z'-<0Bf\\ ' tant il
est vrai que l'adjectif ~~"\\.A.O.s
"solitaire, isolé, seul"
"
\\\\
J ) ' "
A
est dit des ~ t r e s v i ,van t s,
t \\,
1 S 0 ph.,
Ph. 228 E f Î r- 0'1/ K 0( t
1 S 0 ph.,
Ph. 228 E f Î r- 0'1/ K 0(
0 V
El. 1405 <rï€:yD(.l..lcfl..'ÀvJV
:>E:~\\t'-()l. ,"privé de", Ant. 919
7
" Uttb''î
,
(
6f1lAO
6f1l 's rrfos T\\,AWV
, c f . Xen., ~. 2.2.14 Ef1~Lo(
t{AvJV
,
~I
, \\
1
La scholie au vers 704 suggere :
€~T\\.. c) E:. iT()('p'Ol../.l..u~.
Co
(\\ l'V'
1
1
, l
')'
\\
\\
~ 2.V,-\\}'VvJ'I €.elt'-\\'o(lTovT<::'~\\\\.." E:.\\~~oV o\\{\\"o(.
Ce proverbe a , du reste, été conservé par Hesychius ~ .
<.
f \\ t ' V )
, .
1
1161-1163 Schmidt
'- 'A.vtJwV
EP"\\f\\..t
\\'\\0( po .... \\"\\..« ) .•.
If\\
l '
"
, . . . , '
\\
1
. /
c..
X
"
T\\..
T\\ UCô:.\\o( v
10\\.. \\lvV €;1\\\\"
TwV
E.e~ \\:",ov r-€:.vwv
V rro
T ...VuJ v.
174
Par ailleurs, on sait que l'archer
Scythe de la
police (71)
et
partant la qualité même du métier
a
toujours été le plastron des écrivains, Schol. Ach. 710,
Soph., ~j. 1120, Eur., H.F. 159 ap. J 429. Par conséquent,
la fréquence péjorative du mot qui évoque dans la menta-
lité grecque de cette époque ce type "d'esclave étranger,
violent et à peine dégrossi", comme dit Taillardat, est
réalisée à dessein. Elle vise à transformer plaisamment
Euathlos qualifié, au demeurant, d'archer (Schol. Ach. 710,
!:.E.: 411), entendons "brute sans ami" , en un symbole de
cette fonction tant méprisée. Ce n'est sans doute pas par
hasard qu'on a reproché à Euathlos (Schol. Ach. 710
ap.
~~/v'\\c....')~"
\\
;)
Vi
,
,
T 428
n. 5 :
~ '" \\ Ù
1
<.A.V
'Ko<. \\..
C:J..''{EV
S ) et a son pere
Céphisodème, d'être des étrangers et peut-être d'être
Scythes.
1
~
Le participe KvKvJ~E:VOVqui repose sur \\(v\\i<.o(.v
met
en évidence la brutalité du sycophante et renvoie ainsi
à l'activité de cette race turbulente que forment les
démagogues ou sycophantes que nous avons vu décriée (voir
' l \\
1
supra, p. 109 sqq.) tels que
supra, p. 109 sqq.) tels
KVK,\\tJeE>V
,"'T'Q(fC(\\I<.TfOV
et
assimilés, et dont on perçoit encore l'écho dans Ach. 688,
où la série accumulative des participes met en relief
l'agression verbale des jeunes impudents:
~"~eol T\\.~wv'~v <r\\lo{e6<TTWV KoI.~ \\o(\\~T"'w\\l ~ot~ I,,(vV<~"
(ap. T 597).
2. rro<.e~ T'TvJV
a une connotation morale, comme les
deux autres images. C'est figurément "attaquer", ~ 641, Plat.)
Rép • 539b ap. T 618, en un mot,
"brutaliser en actes ou
en paroles", comme ici.
Mais proprement, c'est "déchirer, fendre",
spécialement
en parlant des chiens, d'animaux carnivores et assimilés,
175
Eur.,
Med.
1217, Ar.,
Cav.
729
~otTE;~ \\To(. fà~o(T€: ,Gr. 424,
XVoJ..
X
q- ~ 1.1
1 ~ l.ex q-iTot ~~~E:" •
Les deux derniers verbes de la série accumulative
sont,
notons-le,
deux expressions qui font
souvent couple,
~. 251, J:.:. 320, Cr a tin. min. 7. a p. T., su pra
n • 3 •
L'ajectif E0fjlt"fw'.I<.TOS est une création aristopha-
nienne qui met en relief l'impureté de la vie de la "gent
avocassière".
Il se traduit "au large anus" et se rencontre
fréquemment dans Ach.
716,
Nu.
1084, 1085, 1090, 1092, 1094,
Thesm.
200,
cf. Eub.
120.7.
;1
1
On a le substantif E\\J~vrreJJKï\\.O( dans ~ 843, Gu. 1070.
1
C'est un type qui rappelle l 'hapax Xo(.V\\lorr~vJ'.I<."To.s,
1
\\
' \\ r
? 1
Ach.
104, 106 ••• XO(vV'O'IT~uJ~TOVS
Ach.
104, 106 •••
Tov5
rJ...ovo/..S t\\t(fC::l.'
cf.
Xo(.V"01TO~CTolS' Ach. 635.-
1")
1
,..
,
,
Ao<.l.i<:lI<:.otr~W~\\o.s
"infame debauche"
Ar.,
Nu.
1330, CalI.
Corn.
Il, Cephisodor.,
fr.
3.4.
; Cf.Ag{II<\\(O<r\\i(,.ol.'(\\~e~s= ÂolII<-
KI>
e
"\\T
vJ ~ To ;,
,C 0 m.
Ade s p.
13 6 2 •
Chez Aristagoras 6,
Rufus,
Onom.
106, se trouve cité
),.o(~~C:\\TE:.b()" , synonyme du mot scrotum, mais sous la forme
i\\ol~~lT~~o\\l dans Pollux 2.172. Si l'on en croi t Jungius
(s.u. E.0e~\\TeWK\\05 ,p. 138), ce mot serait peut-être
un permutant métaphorique employé plaisamment pour 6r}\\~rrE;<Dov
"la région des bourses",
d'où "les bourses", Cav.
772, 0.443,
-
-
-
Pl. 956.
1
En outre,
on peut le rapprocher de
Ao('-<KO~X.f:o<.S
,r
,
"aux b ourses flasques"
( O~I')\\E-.OS, scrotum, etant synonyme
176
de A~
A K K 0 5> ), Luc., Lex. 12, PolI ux 2. l 72 (;(0{ K 0 X~o(~)
q"X
~o(
q"
,
Ruf., Onom. 107.
Tout donne
à entendre ici que la vieille génération
qui s'était jadis et naguère illustrée par de nombreux
exploits est relevée,
hic et nunc,
par de jeunes rhéteurs
connus pourtant pour leurs relations pédérastiques, qu'on
considère désormais comme les meilleurs orateurs. Aussi
n'est-on pas surpris de découvrir que le Charcutier reproche
au Paphlagonien-Cléon d'avoir dénoncé des jeunes gens qui
pratiquaient la débauche la plus scandaleuse :
"N'est-ce pas trop fort,
en vérité, que tu te
fasses inspecteur des derrières et te vantes
d'avoir réprimé les derrières ?"
(\\"
"
c,."
'"
C'
l '
UvlA,ov
q"E:
\\:)"\\'0(, To(vTo( Ù€LVOV
~~\\I..
t'V
l ' ,
1
ï\\otl,) tr"o<.\\..
t-'
tr"o(.\\.,
TE:.
TlOv S
K LVOV
éVOVS ..;
Etablissement du texte
\\_1.
1
n M~
~\\.V()vt"~vouS
"'n
Le composé 1\\rW~T<:>!1f{:~v est un hapax , dont le sens
est "inspecter les derrières".
1
Schol.
: rrew',,(,\\~V ~\\'\\I..T,,\\~~tv .,..~" \\TQ\\"E:.v0r-~"uJ".
Il faut signaler l'emploi de IT~vJ""\\QrrE:.VTE:T,e~dansP.876.
Le verbe simple T"fE:tv
qui est plus souvent employé
est porteur, entre autres, du sens de "prêter attention à,
épier, observer", Cav. 1145, cf. Gu.
364, P. 146, cf. Plat.,
-
- - -
-
- -
Rép. 442 a, A.F. 946, Thuc.4.60 ; "guetter quelqu'un ou
quelque chose"
avec un participe, Soph.,~ 808, Thuc.
1.134, 6.2 .•.. , Dem.
53.17.
Naturellement, à entendre Aristophane à l'ombre de
177
Praxagora, les goûts crapuleux de ces jeunes gens témoi-
gnent de leur vocation :
" ••• Car, di t-on, ceux d'entre eux qui se sont
le plus souvent prêtés au plaisir des autres,
sont aussi les plus habiles à parler".
/\\ f: rovq:\\..
\\\\Â~~ q-Tot.
(A.F. 112 sq.).
Le verbe c:rrro1)~uJ qui se prend figurément ici a
une connotation obscène. Il est donc apparenté à
"avoir commerce avec", A.F. 908, 942, 1016, Thesm. 492.
Mais
proprement, il évoque "manger goûlument, dévorer,
broyer" (voir T 193), f.. 1306, Pherecr. 55. Ajoutons que ce
verbe signi f ie aussi "réduire en cendres ou en poussière ';
d'où "briser, détruire" (72).
De plus, cette forme verbale assez courante rappelle
la formation hapax ~"ITO~~q-~'J,.o(vfo(.(1) "péripatéticienne",
Corn. Adesp. 1352.
En fait, c'est le triomphe de la scélératesse habile
à l'Héliée. Car la "gent avocassière" s'y est multipliée
comme une peste; elle y a germé comme une hydre, pour le
malheur de la cité et des honnêtes citoyens, évidemment.
Elle y entoure Philocléon et le cajole (Gu.
553, 567, 571,
573,
580,
582,
590) en tant qu'à la fois avocat et synégore
ou syndic, c'est-à-dire procureur de la République, à-la
langue acérée, qui foule aux pieds l'honneur des citoyens
<-,
(
,,...,
1 es plus respectables, Ach. 680
vrro "'f::.o(v .... f;S~W"
E:o<.TE:.
l;(o(To<.OE:.'À.~~~\\.. f1'r~\\vJv'
. La même idée est développée
dan s ~. 58 4 s q q •
En effet, malheur au citoyen qui s'expose à les avoir
pour adversaires! Fût-ce un homme à cheveux blancs,
178
l'honneur de la ville, on saura bien le faire choir dans
une chausse-trappe, dans un procès de trahison ou de con-
cussion. Que sera-ce donc si, au lieu d'un personnage
défendu par son nom et ses services, il s'agit d'un paysan
impliqué par innocence dans une mauvaise affaire?
Voici comment un de ceux-là raconte (Ach. 676 sqq.)
lui-même son procès, qui paraIt, fait remarquer Taillardat
(in 892
p. 497),
"un débat judiciaire décrit en des termes
imagés tels qu'ils supposent un emprunt au vocabulaire de
la rhétorique". Z Tfor~0~o~S 'rot~ f1 ~o( ~ LV
, q-Ko{V~6<-
A {\\ ')(.
\\
,
..v
.
~tJf
\\,~Tc;.S E ttvJ\\{
,par exemple, en fournissent la
preuve :
"Nous
les Vieillards,
les Anciens, nous faisons
des reproches à la Cité. Au lieu d'être traités
et nourris par vous d'une manière digne de nos
exploits sur mer de jadis, notre sort est malheu-
reux : vous nous impliquez, à notre âge, dans les
procès, et nous laissez railler par de tout jeunes
orateurs, contre lesquels, sans voix et muets comme
des flûtes usées Cap. T 494J, nous ne pouvons
rien, nous qui n'avons d'autre Posidon pour appui
que notre bâton. Balbutiant d'une voix sénile,
debout près de la table de ~ierre, nous ne voyons
rien,
ne percevant de la Justice que •••• ses
ténèbres Cap. T 8l3J.
Ouant au jeune homme, cependant, qui a mis son
point d'honneur à être son propre procureur, il
ouvre le combat en nous frondant,
à coups rapi-
des, de jolis mots bien ronds Cap. T. 502, cf.
892
p. 497 J.
Puis
il nous traIne sur
l'estrade et nous tend
les pièges de ses mots
si bien que Tithônos est
par lui mis en pièces, troublé,
bouleversé. Le
pauvre vieux peut à peine prononcer quelques mots
179
du bout des lèvres
puis il se retire avec
une amende. Alors
il sanglote, pleure •••
et dit à ses amis: "Ce qui devait payer mon
cercueil paiera l'amende avec laquelle je me
retire !".
676
79
82
85
88
91
180
Extraits de l'appar~l critique:
687.
<r~oI.\\lb~AÎ~eJ ~~\\~S \\ ~ q-V-t>:vSd.?.\\e\\~IfTolS R
'f"
,,~&
v<-c;{
A~
A Ge:>
r\\ .
:>~ rr~v R r ~ c:::>
~\\\\\\"\\w V
689.
t"'''-\\o(e'''j"''"
t"'''-\\o(e'''j<=" R 1 SzRÀ
690.
A0~E:L RAr S \\?,~~E;L):
Si l'on fait fond sur le scholiaste à 681
:
Tt"o<.e~~\\VÂit"'·&VI!)VS ~'t.~ r-E.\\o(tot~S ,(;j" lTo(J,o(l-WV ci.0?":;;,,
\\.<..~~ ,cxxe ~ (wV. 'f</V.f~vJ.sr à\\ neX \\~~/\\ V1~\\3~L ~ ~ 00V\\0( \\... o(~A~~
o \\...
~
1"0( S
ÔÂw ~ cr-
f 10'r-
L. ~
1"0( S
ÔÂw ~ cr- L. c( s <'v L E;- f f 10' c; V 0 \\... • Î
la métaphore entraînée par la formation hapax paraît
isolée, voire "glosée par Aristophane lui-même",
selon
Taillardat
(in 494, 894).
En effet, ce mot expressif signifiant "flûte usée"
et dit du vieillard est expliqué et annoncé par l'adjectif
banal
Kw <P190S appliqué indi fféremment à une personne
aphone et à un instrument ou à une chose qui résonne
sourdement,
scholie :
Kwto0 S .
[1~14.16 ]
1
~<..
r-
\\1( v
oCT l.
Ce sont là, ce semble, deux exemples,
entre autres
(voir T. 894), de "matérialisations d'images"
fréquentes
A
'Î
l
' Î ' V
chez Aristophane du meme type que
1\\E.ITTo\\o(ToL
A1eo L
(~. 359), crlÂL\\I~~AO\\t-()l- (Gr. 819, cf. Nu. 130),"l'"TL\\I'O~
rreL.V\\.-V'()L, l '
1
1
l
1
1
1
th
Ç l
1(;:~OVT~.s , rre
1(;:~OVT~.s,
L. V\\.- V()L,
O<ïE:'O<t'-0VE:S
O<ïE:,O<t'-0VE:S ••• cr €.v ()o(r-VL.V'OL
T
(Ach.
180 sq.)
(73).
Quant au participe IOV~Of0)oVTE:S, il repose sur \\(Yv'eo-
"parler indistinctement, marmonner",
Gu. 614, ~olTo{-
181
~
l
')1
1
\\
1 ~
fo(<I"~r-E:\\lO~ \\l(.o<.~ T~VtjO~v~o{$)O(,AÀ,,\\\\1 t"-"l r-0L. Tci.XV rO(/~
Gr. 7 4 7,
"glousser,
roucouler",
fr.
298.
t'V
~ho1. : t\\~ ~~~ fB€: 'rt~ ~Iê:VO\\.. )'~ Vrr~Te()l""Ol-
V
;T'~ XrcL
X /..,,\\ V(LlJovv',E; S.
Comme composés en - ToV Boe0~vJ , dont le premier terme,
est une préposition (voir Kr.,
p. 624), on abl-olTOV~~\\V~W)
synonyme expressif de '-oV~o\\0ivJ , D.C. c.73.8. - 0;0-
0;'0-
"'o\\l~Cl~~1w (parfois écrit incorrectement vrrolovGo~L.~W
dans Lib., Decl. 43.60), Luc., Merc. Cond. 26, Bis. Acc. 4,
;)
c.. 1
Nec.
7 (~ÏÎ'f0,\\I).
Il est de règle que dans les procès, étant entendu
que chacun doit s'exprimer pour son propre compte, de donner
la parole au demandeur et au défendeur.
Une catégorie sociale
constituée d'incapables,
de femmes,
mineurs, esclaves,
affranchis et métèques,
se faisait représenter toutefois
soit par un tuteur légal ou martre,
soit par un patron
(Glotz,
p. 287). Or,
il peut advenir que le plaideur soit
incapable de soutenir sa propre cause. Dans ces conditions,
il doit commander son plaidoyer à un homme de métier,
un
logographe,
quitte à l'apprendre ensuite par coeur.
Il
convient de signaler qu'avec l'assentiment du tribunal,
un "roué de la parole" peut parfois prêter assistance à
l'accusé ou à l'accusateur, ou même le représenter (Glotz,
p. 287 sqq.). Or,
le jeune homme dont il est question aux
vers 684-685,
"a été formé,
selon Taillardat
(in 502
n.3
p. 283), à la rhétorique et n'a pas besoin de synégore
il sait parler lui-même et le montrer,
[en fait],
le syné-
gore est un homme dont l'éloquence soutient la cause du
demandeur devant un tribunal". Tout semble donc indiquer
que l'exp re ssi on
<:r Tt ov CSek <r'tX. 5 ~ u ""ll.offëtv a pp are nt ée
à ~~~~~~~E:.\\.:V..
~~~~~~~E:.\\.:V T\\O\\.~~v' IL
,c'est-à-dire "s'appliquer
à faire quelque chose par point d'honneur", ou
à ~vV~.v.(!t'E.~v'
,...,
1
.
.\\;)
\\
''t 'w<,.lll,"lor't', Soph., Trach. 814, cf. Isoc. 14.3. ap. T.,
~~., prépare et explique le vers suivant dans lequel les
mots sont assimilés aux balles de fronde et ont ainsi favo-
risé la matérialisation d'images:
t
1
' ' e l
11\\
-
p' 0{
'"
E:.
~ ,.~os l\\ot.LE:.\\" ,vl/ol,,\\'\\\\wV <::rT~OrOUAO\\.S To\\.S "r- q"\\..
E:.
~ ,.~os l\\ot.LE:.\\" ,vl/ol,,\\'\\\\wV <::rT~OrOUAO\\.S To\\.S "r-
•
182
En effet, on a comme l'impression de se trouver dans
un univers de bataille, si l'on en juge par les différentes
.
acceptIons des verbes
'~/".
1I0(.l-'"=:(..
et
\\Jve(n--TI.>J,v
,
qUI
'~/". appar-
;)
1
tiennent au vocabulaire du pugilat, voire de l' 0... "(,.J<J'V ,
ou bataille oratoire.
,
En fait,
le verbe 'Tlo<.\\...€.\\...\\f
est un mot courant. Il
signifie proprement "battre, frapper"
soit avec la main
ou une corde, soit avec une autre arme, Hdt.
3.137, cf.
Eschl., ~. 1384, Ar., ~. 1125, Q.:. 1187, ap. T 502
n.6
p. 283. Dans ~. 874 et 898, on a une connotation obscène.
Figurément, c'est "atteindre", Soph., Ant.
1274.
,
_ v Vo{ \\TT f;.l-V
"nouer ensemble"
véhicule ici une idée
d'hostilité avec le sens absolu de "engager le combat".
Ce sens se perçoit dans Hdt.4.80. En effet, l'expression
<r"vV~TITÇ;;.\\...V r-~X~v' (ap. T. 502
n.4
p. 283) se trouve
citée chez Hdt. 6.108, EschL, Pers.336 (q-T~o(TE:.0\\:,-o{'Tl.),
cf. Eur., Heracl. 808.
Dans ces conditions, il est fort probable que l'expres-
J ' ]
tv
C-t'V
'
,
sion erTf'0~Kv,,?\\...~ T(}l-S f~r'-o(.~l-V
(74) empruntee a la
Rhétoriq~e apparaisse "o(~ 'Jrr6vol-o(V , comme l'a souligné
Taillardat, comme un permutant métaphorique de
1Tcl~ E:.\\...\\f
~TP0~t.jÂo\\.\\..-? \\o(~S q-~tvCStvo<.\\.. S
,ca~ le~ Pierr,es de
fronde étaient rondes (Xen., .S9..: 4.4. ~\\\\t>OOvÂo\\... Âl~C>\\...
).
0 1
t-
t'V
, Ç \\ )
\\
" J
' "
\\ . 1 ' )
' l ' y "
_"!.A.-'?~vJV\\~S
0 1
t-
t'V
, Ç \\ )
\\
" J
' "
\\ . 1 ' )
' l ' y
_"!.A.-'?~vJV\\~S ovOf:.v E;\\.. t-"\\ '1 S
'1
ù\\...\\I(,,\\S T,\\v
1 AVn,,\\V
,\\·tz. ~ ~."\\
sig nif i e " 0 mb
m r e " (v 0 i r T 8 13 ) •
Hesych. \\ ~ 390 Latte. ~Â&O"\\· <:r~L.~. Ko(t ~t\\.·e\\\\JOL~r-~.s
-2
1
1
(:;;.'t\\l-<:r''K l-o{~ r-0':> ) (S""~O\\o~.
'l")'
\\
\\
,
SchoL
~Au01 YlX.\\ To q' V<:ol'oS.
?
,
E«"\\;(.oT\\..~ r-€:c.VO V •
183
?....
1 ~
D'où le verbe composé E.ï\\."/,vrO{-,E.L.V
"ombrager" =
,
'<-z.
ç;:'ITI..-c:;rKOTL./E:.LV
,Thuc. 6.36, Plat., Lys.
207b, El., N.A.
4.7 (récent), cf.
3.16.
L'adjectif ~t~v~
est cité dans Eur., Cycl. 680.
Somme toute,
si l'on fait foi au scholiaste, l'expression
' . .
T~S b[~1~ "'~II ~~~~.'v'. est une plaisanterie "contre
attente" pour
~Y~f~1TWS T~\\I ~Â0l"\\V.
Schol.:
f->o(~0\\1E:.\\o(vco 4. . \\Tol.p~ !~\\ '1" A0'X,,\\V, rr;<€:o-
''z.
\\ ,\\
\\
( ' ,
c:::\\,
...,
cY
Vc1..,c:::'v \\0 'Î' "cleo( \\te°q-Ù()~\\..o{v cH:. €:\\...'ITe. "T,,\\S ÙI..K,,\\S) •• '
Il n'est peut-être pas inutile de signaler cette
remarque de Glotz (p.
288)
selon laquelle
"jusque vers
390, les dépositions des témoins doivent être orales;
[et que ~epuis, elles sont rédigées à l'avance par écrit
et lues par le greffier.
Défense est faite à chaque partie
et à ses témoins d'interrompre l'adversaire à moins qu'il
y consente formellement ou leur pose lui-même des questions,
auquel cas sa clepsydre continue de fonctionner." Par
conséquent,
il est fort probable que les vers 687-690 repro-
duisent la singulière animation qui était parfois imprimée
aux débats judiciaires.
C/~ ÎI
,e. ,
, "V V
Ainsi,
l'expression q"Ko<.\\lc)O(,1'1tlf
L~T«S Iét\\W
est, ce semble,
une métaphore empruntée au vocabulaire
de la chasse {voir 1. 393).2'v<oI../~~~,,\\~~O", c'est
proprement "la tige servant de détente à un piège",
PolI. 7.114, 10.156. Autrement dit, ce jeune homme,
note
Taillardat (lb.),
"rompu, [pour ainsi dire] , aux finasse-
ries de la sophistique ruse avec son adversaire", qui est
un "vieux de la vieille". Photius, p. 516.1 ap.
Jungius
s.u. q-Kc<V~~Âl8e
8 o( , p. 289-290, attribue cette métaphore
eo( , p. 289-290, attribue cette
à Cratinos, fr. 457.
184
La même approximation imagée est développée dans
\\.
{
' 1
"-
PolI.
10.15(, :
To
I:-'-:v·,-Ol..'
<:::'VL- ~To( I:-Ee-\\fOv'
l(){cS
r-V~Qtc.(\\,S 1TC>(T\\~ÀL-OV ~~oI..V~~A"\\~eoV Ko<.AE:~\\o(I..'.
Comme termes apparentés ou synonymes, on a
'\\["KJ.,,~01.?..OV
qui désigne un "piège ou filet placé vraisemblablement
pour des animaux", P. Cair. Zen. 60S.7 (Ille s., a.c.),
terme transcrit (SV<..d.,,~~VvJ" au génitif pluriel. Chez
Alciphron 3.22 (épistolographe du IVe s.
p. C.); on note
<rKo'.v'~AoI.
<rKo\\v'~AoI. ap. Jung ius s. u., p. 290 • - et ~6ï\\\\pOV , c'est-
à-dire "le bâton formant la détente d'un piège", d'où
En définitive, pour Taillardat,
qui cite les sources
(ib.,
nn.
l
et 2),
il ne s'agit pas ici d'une image unique
la métaphore des filets du chasseur appliquée aux sophismes
lui serait apparentée.
Quant à la formation hapax r-o( ~\\o<. f&1 uJ dite du
vieillard, combattant de Marathon, elle reprend et ponctue
encore davantage, ce semble, l'idée exprimée par TQV~Oe~?OVTfS
(voir supra,
p. 1S0 sq ). C'est "mâchonner", comme quelqu'un
qui a la bouche pleine. Le sens de "mâcher" est confirmé
par les explications d'Hesychius et de Photius. Hesych. ~I
3 51 Lat te. It
01
01.. q- T'o( ~
E:. \\.. v·
LA.
X~~ ~o(
0( q" T\\..X
~~ \\.. ( den t i bus
l
\\ '
,\\
~ C "-J
f,~endeo'rvcf. Hes.:.,' Sc. 389).
Ko(L. ''fE:r-l:.LV.
~ q-TOù\\w~)
~ ""0( ~ vJ S k et crc:( <r êo<. 1.- •
\\
, J
N
Phot.
(ap.
Jungius,
s.u., p. 222)
l\\~~é~" )O<OvJ"U~,"
(anxius sum).
Ce ver be est s y non yme
m
d e ~ 01.. <l'" .,-~
.,- ~ vJ = t:' al
~ ~o(
q"" ~
q""
\\,
Nic.,
~. 918. Mot<:r~<ï~L.(ap. T 139) signifie proprement "mâcher",
Cav. 717, P.
139.
Comme synonyme de
~<I'"&~~L" , il est cité
185
dans Gu.
780, Thesm.
494 (~L.o(-), A.F. 554, Pl. 321.
1
Le substantif
r-~q-To(~ = ~ \\"0 ~o< °d.
° 4. 287, 23 •76 ,
Alcm.
144, Lye. 687.
Enfin,
le sens premier de A~~vJ
est d'abord "avoir
le hoquet",
Hp.
, Horb. 3.10, avant de correspondre à
"pousser des sanglots, sangloter violemment de crainte
(ou de froid)", Arist., Pro 962 b 33.
Schol.
•••
Tov\\~':{""TL" ~~lr-oVE:'è'. (Â~~/<::'l.'
'\\
\\
<V,
1
)\\
1')
" "
tvJ"',"
TIo\\, 0(,'"
TIo\\,
T\\'9(€:Lol,.V
<X~\\..1~\\..V' "\\ (\\VOr-~ ~VVl::.XE:.\\oI...lv'
Le composé ~Vol.'ÀJ~w signifie littéralement "avoir le
hoquet", d'où "sangloter", Luc., Somn. 4.
Peut-être allusion est faite ici, comme dans les
vers qui suivent, à l'un des nombreux incidents qui,
selon Glotz (p. 288), "dans les affaires criminelles et
politiques, parfois même dans certaines affaires civiles,
produisaient une émotion intense et surexcitaient les
passions". En effet, comme renchérit Glotz (lb.),
"
dans les procès publics,
l'accusateur qui se désistait
était condamné à une amende de mille drachmes et privé du
droit de déposer une plainte de ce genre".
Somme toute, on a là deux textes qui mettent plus ou
moins en relief la dégradation civique en matière de jus-
tice, dont les causes originelles sont, ce semble,
la
morphologie même du système judiciaire athénien,
entendons
les prérogatives des tribunaux ou dicastères athéniens
et de celles de la confrérie des juges, ensuite,
l'action
jugée néfaste des sycophantes considérés comme une vérita-
ble plaie sociale.
186
2. La morphologie du système judiciaire athénien
=============================================
L'Etat athénien du Ve siècle ignore le "ministère
public" apte à représenter la souveraineté populaire (75).
Autrement dit,
la justice ne se saisit pas elle-même des
délits; les juges prennent très rarement l'initiative
d'une poursuite; en outre,
il n'y a pas de "chambre de
mise en accusation".
Bref, désormais,
il n'y a aucun intermédiaire entre
le peuple souverain et les justiciables : un bouleversement
historique qui résulte de la réforme de l'an 462 conférant
au premier la prérogative judiciaire. Aussi,
apparaît-il,
comme le note Glotz (p. 272),
"[qu']en même temps que sont
br i sés les pouvo i rs de l'Aréopage,
le smag i s t rat s se vo i en t
réduits à l'hégémonie, c'est-à-dire à une simple délégation
en vertu de laquelle ils reçoivent les accusations,
procèdent
à l'instruction et président les tribunaux compétents".
Dans ces conditions, si force fut en principe a tout
citoyen,
"celui qui le veut" (ès ~OIJA6r-E:.\\I05),
de s'éle-
ver en accusateur contre tel ou tel membre de la communauté,
dont le comportement peut paraître à maints égards soit
suspect, soit alors susceptible de compromettre le bon
fonctionnement de la démocratie,
nous pensons qu'il y a
cependant des distinctions à faire.
C'est lorsqu'il s'agit
d'un acte qui porte atteinte à l'intérêt commun que n'impor-
te quel citoyen peut intervenir. En cas de crime, ce sont
les plus proches parents de la victime qui doivent se faire
ses champions. Par conséquent, l'activité des tribunaux
populaires, ou dicastères - expression désignant à la fois
un tribunal et son personnel -,
qui sont loin d'être pris
pour de simples cours de justice, mais plutôt pour de
véritables organes de la vie politique, constitue un des
187
~l~ments essentiels de la vie de la cit~. Cette activit~
qui est un aspect non n~gligeable de la vie politique
athénienne ne fera que s'affirmer d'ailleurs au cours
du siècle et plus encore au siècle suivant. Car, il semble
qu'Athènes ne serait plus Athènes
si on ne voyait aucun
juge en séance (Nu.
207 sq., ~ 505, O. 41)
(76),
étant
donné que seule la campagne abritait la semence d'anti-
héliastes
~\\\\1~\\,o(q-TJ (~.110).
Epops.- Seriez-vous héliastes?
Evelpidès.- Non, mais au contraire anti-héliastes.
En.
M:J"
1Â\\'oZ~T~;
EY.
M~1Â~
M
~~ Tc!::P()U TP~ttoV,
~ i\\~Â ",(J(<:r T~ .
')
\\
\\ 1
ny Mr
M
Les Mss ~e partagent entre cx:rr1A\\'o(~\\ol K
et
~\\\\"\\A~O(G:"T~~ AU.
En fait,
l'Héliée se recrute bien évidemment en ville
dans les classes moyenne et inférieure. Le ~\\..~~tis ~\\,y<'o(q'\\\\.I,(,~~
n'est pas assez substantiel pour permettre au paysan de
se priver d'une journée de travail.
:>
f'\\
1
Le mot o(.\\\\,,\\"\\'O(S~·T,,\\S est donc une création aristopha-
nienne par opposition à ~I"A,,\\ALo(c!"T~S, Gu. 88. Il désigne
"celui qui fuit les héliastes ou l'Héliée", c'est-à-dire
•
,
"
~f) LOc..
ennemI des proces, avec peut-etre jeu de mots sur
\\~
~
LOc..
ennemI des proces, avec peut-etre jeu de mots sur
\\~
(entendons "qui n'aime pas prendre le soleil").
Schol.
(R).-
r-\\'lI""~/S\\'~OL. T~ t-L.~6~\\'KO'"
C'est un hapax qui vise à exprimer plaisamment une chose
nouvelle à peu près inconnue à Athènes. Il s'agit donc
d'une plaisanterie
TI" o(e~
rreo~~o"'( 0<.'1/ • On s' attendai t
en effet à
&~,,\\Â\\'ol..(r"·T~. Dans une certaine mesure, on pourrait
peut-~tre le rapprocher des m6fs employés par Théopompe
. .
?lb'
)
[\\
""
))
'1
l'HIstorIen 308:
l'HIstorIen
<X1(élol..\\...e0\\... ,o<.\\\\o("1.\\I'o(\\...O\\,) OI..I'T'OA"LTo(\\....)
rejetés, en tout cas,
par Pollux, 3.58.
188
?
()
1
Mais
o(.\\\\"\\"\\...()(<:r\\~S ne rappelle pas moins des formes
du même modèle. Comme, par exemple
:>
'î
1
:)1
O<T\\,,\\"l.WTf=>
O<i\\,,\\"\\..vJTfS> (avec ou sans o<.V'(;t"-0S
"vent d'est", Hdt.
4.22, 7.188, Eur., Cycl. 19, Thuc. 3.23, par opposition
à 7~tvfoS' Arist., Mete. 363b13, cf. Mu. 394b 23, Vent.
973 a 13 •••
cf. ~11ÂL\\"~Jl-IS ~ 14.1308, Catulle 26.3, Sénèque Q.N.
5.16.4, Aulu-Gelle 2.22.8.
:J
1 r)
~V_T~ALOS "exposé au soleil", c'est-à-dire,"qui regarde
le levant". Il se rencontre toujours chez les poètes
tragiques, Soph., Aj. 805, Eur., Ion. 1550, Eschl., Ag.
-
-
519 dit des statues des dieux à la porte de la maison
<:....
1
,
'r-,
2
r-
( c)0l.
°
L r-
( c)0l. L
0 v €: ~ ~vT
~
4
vT "
4 L L- ), cf. Eu r ., f r. 538 N • Lem 0 t
~'J~~ÀLOS se rencontre pour la première fois chez
Théopompe l'Historien 367
avec le sens de "produit par
la réflexion du soleil"
; enfin f\\f:.!.Jv...\\.\\{T'\\oS"aux chevaux
blancs, aux blancs coursiers", Ibyc.
16, Stesich. 86, Pi.,
Pyth. 4.117, Soph., El.
706 ; dit de Perséphone, Pi.,
-
-
Â!)
1
al. 6.95
; d'une contrée, PL, Pyth. 9.83 (
• eXOVLo(\\..).
Rien de surprenant , somme toute, dans le comportement
de Philocléon ! Car, comme le souligne Bdélycléon, cette
frénésie de juger est innée dans la cité depuis fort
J
?
l '
Ir)
J
'"
longtemps :
•••
Vo~OV oI..excl..l.-cl,;V fè'l \\~ ITOl\\E:\\... E:VTf:T'o(\\.(\\Jlo{V
(Gu. 651).
:J
Le participe €VTtToJ..'KV~cX." (77) qui est la correction
de Reiske (R\\) r ~'fT'=-T()v"vl:'lX." , Valckenauer gaoE: o0\\.<"v'L,oI.V
cf. ~v Ald), met précisément en évidence, ce semble, le
fait que la cité a succombé à une maladie humaine conta-
gieuse.
Il est par conséquent révélateur qu'il y a une
sorte de symbiose entre la personnalité de Philocléon en
tant qu'individu et les différents aspects du système
judiciaire, qui sont la cible des poètes comiques. Ce
n'est peut-être pas sans raison que ce goût prononcé de
189
l a pro c (. dur e j u d .i c i ,1 ire, 0 u plu tôt
] Cl Pe r mCl
m ncne c d ccc t
esprit de chicane, est demeuré vivace chez les Grecs
anciens,
si l'on en juge sur les remarques suivantes émises
par Glotz (p.
294)
"Jadis, les adversaires se cherchaient les
armes à la main, et l'on voit pendant tout le
VIe siècle encore la vendetta couvrir l'Attique
de sang. L'abus de la chicane remplace l'abus
de la force et témoigne que les citoyens
réfrènent leurs passions pour les assujettir
à la loi".
Le désir obsessionnel de juger
Il est patent que c'est dans les tribunaux que les
pauvres éprouvent la joie unique de disposer de la fortune
et de la vie des citoyens les plus haut placés. Car, obli-
gés à respecter au dehors et à redouter les nobles et les
riches,
ils se vengent à loisir au tribunal de cette humi-
liation. Aussi
les tribunaux deviennent-ils une sorte de
spectacle où beaucoup de gens pauvres,
notamment les
vieillards (Gu. 195, 223 sqq., 540 sqq.,
551 sqq.),
se
disputent les meilleurs sièges. Comme en témoigne le
vers suivant des Guêpes (90) dit de Philocléon :
(
t ~\\
\\
? "
' "
(
(\\1 <z.
~ l ')
e:rT~\\f€=\\..
~" t'-"\\
e:rT~\\f€=\\..
~"
<. i\\L > IOV T\\fwTOV 't<,C<OLt"\\Tc(\\,.. ,ut\\.()U)
passage où il appara!t au moins comme un envieux prompt
à satisfaire ses humeurs aux dépens de la justice.
Est-ce là
ce qu'on attend d'un juge?
En effet, si empressement il y a,
c'est parce que,
précisément,
les héliastes ne voient dans l'exercice de
leurs fonctions qu'un moyen de satisfaire leurs passions
- = - - _ .
-
et leurs préjugés.
A en croire Aristophane, Philocléon
190
est le type m~me du juge ath~nien ~goIste, ~tranger a
l'id(~c du bien ct du mal. (;\\1', en examinant les charges
contr(~ lui,
dans une certaine mesure, on pourrait. dire
que Dic~opolis, Tryg~e et Pisth~taire ne sont que des
fats.
En fait,
si Philocl~on brûle de l'envie de se
rendre au tribunal,
ce n'est pas simplement pour aller y
exercer un pouvoir arbitraire et irresponsable, mais
c'est surtout l'occasion pour lui d'y faire quelque tort
Gu.
322...
L-<o( V(bv T .....
\\\\O~~o( \\.. • Or, il est pr~sentement
prisonnier de son fils Bd~lycl~on qui cherche a l'en dissua-
der
(lb.
340 sq.). C'est pourquoi il se plaît à r~v~ler
ses ~tats d'âme au choeur des
guêpes (~. 318 sqq.), dont
la compagnie au tribunal ne lui aurait pas d~plu. Bien au
contraire
!
Lorsque Tryg~e a eu l'intention de s'~lever vers
l'Olympe,
il s'est fait traiter tout de go de fou par son
t. C i l
\\
1
esclave , -P. 54 0
Ù€:,q-1tOI"lS
!:"-ou r-o(\\.VE:T<l(\\..- "'0<. ....'10\\1 Tforrov-,
même si par la suite cette ~pithète d~pr~ciative ne lui
fut plus appliqu~e lorsqu'il eut ramen~ la paix. Or, on
constate que :
- Philocl~on reste mentalement atteint de cette
maladie aussi longtemps qu'il est obnubil~ par le d~sir
obsessionnel de juger :
1
\\
L
\\
''11'\\
1
)
fV
,,.
t;I""E:1'V
Gu.
71 VO'\\f'ov O«.e 0
rrlXT,,\\~ d./\\AOv...OT~V CX\\JIO\\JV O
CX\\JIO\\JV
- l . )
cf.
ib. 87, 114 ap.
T 307.
L'adjectif ~?..A~'o<..()TO~
(78), c'est proprement "de
nature ou de forme peu commune", d'où "exceptionnel,
,
1
inhabi tuel",
avec le g~ni ti f Soph., Ph. 1191 (0( )..'),0 KOluJ
1
1
- -
\\
,"wt~ ,~" \\TlXe0 :»
; "~trange, monstrueux", Hp., Fract. l,
Crat. Corn. 43, mais aussi "~trange, grossier", dit d'un
.
,
'1'1 1
,1
mot, Plat., lht.
182a (o(AAOKoTov o"0r-ot
),
en parlant
de personnes, Plat., Euthd.
306e.
C'est un type qui
1
.
ra p p e Il e V E:. 0 K. 0 Tc S, Esc hl., Pel' s. 257, Sep t. 803.
191
-
milis,f1u-i
plus est,
.\\
la
fin
de
la
pièce',
i.]
devient
" J '1 -)
<::: 1
) ';j 1
1 : : >
1
fOll
(ib.
1486
r-""A.-\\O\\f OE:
'ô \\-~vJS t"O(v~o(S O<.fX1
lorsque son insatiable agressivité atteint son paroxysme.
Rien de surprenant,
par conséquent,
si nous rêvons
à cette phrase de Dicéopolis (Ach.
376)
selon laquelle,
devenus juges par la force même des choses,
ces vieillards
"ne voient qu'une chose: mordre avec leur vote"
:
) c: \\
r1r") 1
?/
'1 \\
C
("v
av ùE
\\_ Â €: no V~\\..v cl.?-J. 0 TI" A"l\\f
h~~ ùo( K E:. LV.
Le verbe,*,~~1.~Kf!::~V est une création d'Aristophane.
Elle est aussi la leçon de z'n B , celles de R.A
est t1fo- )
et de 1 f\\ttl. z. A~cl. À
'V1f yJ .
Glotz (p. 289), comme on s'en doute,
nous livre des
informations précieuses sur le vote par la voix du héraut
de ces juges qui restent muets et passifs durant les
débats. Autrefois,
y relève-t-on, le vote se déroulait
sans délibération
pour autant que le secret en assurait
la liberté. Durant le Ve siècle, il se fait avec un petit
coquillage (X0\\..r[V1
ou avec un caillou ('f~~()S)
que chaque juré dépose dans l'une
des deux urnes selon
sa conscience. Après l'an 390, on lui remet deux jetons
de bronze, dont l'un plein (l'acquittement), l'autre perce
(la condamnation), destinés à être déposés soit dans une
urne en bronze (",0~\\.OS::lf~~OeE;~;) pour }'épreuve, soit
dans
une urne en bois ( O(Y<V~oS O(t"-~OeE:\\JS ) pour la
contre-épreuve. Ajoutons que le jugement qui est fixé à la
majorité simple est prononcé par le président après
proclamation du scrutin par le héraut.
Il est fort probable que ce soit la même image de har-
gne et de pugnacité qui ait fait présenter les dicastes
t'V
comme des essaims piquants d'abeilles (Gu. 425 <rr-"\\vo~ ,
• b
7 ?
1
L.- 110
e:~t"-0.s
, voir T 380
n.3).
192
1
Gu.
1107
q-U),:{f: O~VTC~
:>
E:.l~
T~V ~~~\\It c\\ .
J r
:\\ 1
J
9 1
H.
~' "l' /
de 0(\\1
~1\\f1
"frelon, guêpe"
i
' ;
~' "l' / l 0 V , dé r i vé de 0(\\1 ~1\\f1 "frelon,
i
' ;
l 0 V
, dé r i vé
(Nu. 947, cf. Arist.,H.A.
628 b 32), signifie "nids de
guêpes, guêpier", cf.
ib.
1080.
Il est également dit de Sophocle chez
Philostr. Jun
.,
lm.
13 = ~~~_~~~~~. 22.
C'est une métaphore qui semble donner à entendre que
ces juges amenaient avec eux la nécessaire provision de
colère pour mieux importuner (Cav.
347 sqq.,
367 sqq.,
- -
,-,
')/
443 sqq.). On note que dans Gu.
243
,,\\KE:\\-V
<'=XOV1D.(5
e,..
"v
J
\\
'"V
1
l '
.
~
l'v
~\\-lE:fvJV 0P'O,!v'TfLWV ~ov1fo{V'
expressIon 1r-E:fvJ'/
?o~o~" \\fL.~" \\\\o\\r~rv est calquée s~r celle qui figure
dan sIe sor d r e s d e m0
m b i lis a t ion (K "\\ f V'Q r tl To() con c e r na nt
les trois jours de vivres que le soldat partant en campa-
gne doit emporter. Comme,
par exemple, cette allusion dans
7'
(.1
l
')
(..
rv
(\\;'
P.
312
:
~X0" loi..5> 11.< E; I..'v' q- L TL
1~
1 ~ \\ \\AI V .,...\\ L W v.
Elles sont, en vérité,
nombreuses les images qui
traitent de guêpes les juges athéniens et d'individus
prompts à la colère. A preuve,
par exemple, dans les Guêpes,
1')1
{\\.'L'
/ ' J e
c.'
les ver s 2 24 • •• € ~ Q
0 lA- 0 \\_ 0 V
cr l'h ~ \\J( \\. 0{
,
e t
l 0 7 s q. li> c::rttE: ~
1 l
? ,\\
\\ , \\
,
\\ ....\\
....
-.!
",',':e
\\ ,
' 1 '
~E:.I\\\\."TT '\\ ~ E:.\\...q"c::exE=1btL vrro "nl... ~ ovu") L. ~"\\e~>v cAVr}.. \\iC::tt",\\ E:\\I!::l5;,
dit de Philocléon qui "a l'air d'une abeille ou d'un
bourdon, quand il rentre chez lui avec de la cire [la cire
de ses tablettes] sous les ongles" (ap. T., supra
n.2).
B()t'·"P>V?.L~S "bourdon" se trouve chez lsoc. 10.12,
Arist., H.A. 623 b 12, 629 a 29. Il est conservé par Hesych.
8 802 Latt"; : \\->o~~v~,--~s· rr('.:-,·~.<c...: 1~VflS,~o<.T~ t"-L\\(r~V
, ,
• c.'f'l
C
\\
\\
i '
(.,
"1
l\\.
~\\ol.7~VT"o~ OIJ€:v Ù\\..O( \\OV1Xev
\\OV1X
t!\\vTIA.l KC::KA.*OC(l.(Antisth.
p. 20,1
193
Il peut être rapproché de
~ol..(.~otS~\\...DS (Ach. 866),
mot forgé par Aristophane pour
~<s'" Ko<.~~1.S , avec jeu de
1 ()
l
")/
mots sur B0t:-(00 ..... LO\\..,
t-:t.:<"\\.,TT«..L,
O(reL.t>(L,
, c'est-
,
r::,\\-
\\
N
)
fJ
~
a-dire
\\:)0t'" \\-,/~VV\\E:.'> 0(0,,",0\\"5, comme Jungius l'enseigne
(s.u.
~\\')t~o(VÂLI"..
~\\')t~o(VÂLI", p. 67).
Ce que suggère la scholie
II')
r \\ ? ' l
l
"<'"
1 r ' ) : 1
\\-> '" ~A,.. r; ~
r
0 1\\.
0\\... ..
A,,\\;-;- \\....
0
1.. 0\\... ..
1..
~ 0 A,,\\;-;- \\.... Toc) E; r~ l-Â-
\\J 1\\ \\... ~ s
S
G:. V
t\\po~&E::.~<è\\" TOU 0(. tf:~"\\ (?)0t'- rbolV~'-oS, tr~L.I.z.~v
\\
'\\
,
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(.l...
1/ t)
1
c:: "~
( ~ 7 1
tt'"o<. i:> cJ....
' " 0\\1
ot û A 0 V.
\\ _ 0 ~ I~ v A LOS
Ù €:
\\c LOS
~ €: \\ \\.. <r-
,-\\
, ? r
\\.
~"
rv
cr"'.;;> ) \\<,ol..L.
E:.\\., ~,""o<..l.-
rrot.~a- \\"0 ~0t'- t3E:\\..V.
En fait,
c'est une création comique dite des flûtistes
que Dicéopolis traite de guêpes
,..
"[Assez!
Au diable!
Vous les guepes,
voulez-
vous bien quitter cette porte !] D'où ce vol
de maudits bourdons de flûtistes,
engeance de
Chaeris, est-il venu s'abattre à ma porte ?"
{\\~\\t~v rr\\ô<r~rrTO\\l&:> c..
AJ
OL
'Âo('v<.vJ S
rr\\ô<r~rrTO\\l&:>
:1~\\\\(. '~"
,~" B0e~\\1 't\\D\\... Xo(L.~\\..CS~S
(Ach. 863 sq.
ap.
T 789)
Not
() r
0 n s
que lever be r~ () ~
E:tv est dit des a be i Il e s
dans Arist., H.A.
535b6, 627 a 24, Theoc.
3.13, Plat.,
Rép.
564 d.
Comme autre image se rattachant à la comparaison des
jurés athéniens aux guêpes, on relève dans Gu.
1111 :
<..1
..
1
'
~
1
-
J
vJlt"rrr.:f e\\.. ~KWÀ"'iKE:S
E.V Tt!lL~ KV\\'oI,.fOLS \\I(\\..VOUr'-E:V()L
(ap. T 380), expression appliquée vraisemblablement à la
foule grouillante des dicastes athéniens qui emportés par
leur passion de juger s'entassent "en si grand nombre" dans
les assemblées judiciaires "qu'ils ont peine à remuer,
194
comme des larves dans leurs cellules" (ap. T 662
, cf.
380 n.4).
Les e n s pre mie r d e <r "" ~ :( 1.~ est " ver", par tic u l i ère -
ment "ver de terre", l!..: 13.654, avant de désigner
"asticots ou larves d'insectes", Ar.,
f..!:.. 583, Nicophon
le Comique (Ve/IVe s.,
a.C.),
fr.
l,
Thphr.
~8.10.4,
Arist., H.A.
489 b 8, cf.
G.A. 733 a l, H.A.
506 a 26,
551 b 2 ••• D'autre part, chez Platon le Comique (f~ 25),
il est interprété comme un terme éolien employé pour
1
\\AoÀc ~vfA-o( "vague haute, mais sans crête", ci té dans Cav.
692 (ap.
T 343) à propos des menaces furieuses de Cléon.
cf. Bekk.)Anecd. 114.9
ap.
Jungius s.u. ~KJJ:C.,,'e
, p .
'\\
/
l\\
' 1 /
.1
,t'V
t'l;1
29~ :
, 0
tt'cX.v0t'-e::vov
IJo<"AOl..q-<rLOV
\\A,I.Jt""'~ V<oI.~ 0(\\-
X()'('''''vov.
.
\\ '
rv
'V
')/c
"V.fI.
1')
/
Phot.
(.:..!:.)
:
\\ 0
npos T~ l~ OLÛ,,\\t-o{
\\,"\\S \\Jo/...ArX'f'-
•
"è'
, \\ ,
""'
_1
<S'"'\\S
()
ne
e
L 6 "
TO
ne
L 6 "
TO
o ~ol..
ct. r;r~ c V
V\\ v t'- "'- .
D'où le sens de "vague qui s'allonge".
Par analogie,
il est porteur du sens de "fil qu'on déroule"
chez Epigènes, fr.
7. Dans Alciphr. 6,
il désigne une sorte
de g~teau en forme de ver.
En outre, on a le dénominati f
\\'f"K.vJ ?.,,\\~~~l.V "se tortil-
ler comme un ver"
conservé par HesychiusZ1209 Schmidt :
~\\.<.w),,,\\~~~I!)Vlo(l,· v<.LV~~\\I\\ol.L. ~S ~t q-\\i\\JJ~\\ ""E:S.
L'acception récente "se mouvoir lentement comme un ver"
en parlant du pouls se rencontre dans Gal. 8. 553.
est donc une image banale.
Z v,~l\\~
Z
k ~ TTa( eo5 , c'est proprement ici la "cellule de guêpe
ou d'abeille"
(voir T 16), cf. Arist.
, H.A. 551b5, 554 a 18,
555 a 1.
Scho1. P. 199.
1
1
199. ~V'\\'ol.\\"~ : \\;\\.V\\To(\\l!>v~
T' :;:;V
:;:;
o;r ~ \\\\, ~ :.0V
"'-cl To( T\\,,\\~<èLS .•.
1')')
Etablissement du texte :
(
\\-<.VTT~~,t)\\-S f.\\t~. ~ \\A\\.TToI.~()I.-S
\\.o<.VTJ~o\\"S V.
Mais, Aristophane étant coutumier des matérialisations
d'images (voir T 894, cf. 16), ce mot banal a fini par
désigner métaphoriquement "la voûte du ciel"
dans P. 199
"au fin fond,
tout simplement, de la calotte
du ciel"
\\
\\ 0 "
Soulignons qu'une équivoque difficile à saisir est
,
due au sens de ~Vl\\ol~()" (à moins qu'il faille lire
1
~VT\\ol.\\OS) dans Thesm. 516 :
,
'\\
1
f\\
••• ~«.\\"
To
ITo(>\\1I..QV
ITo(>\\1l..oV
rvo
<V
l
, , '
e..t
/
T't'
~vr t\\\\(J~O\\"""OLÛ",~T~<:::~"DVwlt"ilE:, ,,<vTTo<.e DV
,,<vTTo<.e
(ap. T94)
En effet, si l'on fait fond sur les scholiastes de
1
Gu.
~ll
~ 11 ...
. . .
~q-TL
~ q- TL S~
S~
ITVéA~S -1 ITE:\\LI.<E:L~~V1
To<.LS
~olÂclVù\\"S.
t
d
Th
( . b)
c-
(
<' '\\
,
\\
' V
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\\
~m.
~ . . . .
0l""-o,-wS
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10
TlwlA-oI.
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E:r~o(\\l\\lo<.\\" ~ r:olAo<.voSI
c./
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1 . "
\\
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1
orrc=, VV\\{
o('K..ov<r\\~oV
\\Té\\,'- OC((' c(I.-ÙOLOU
c(I.-ùo\\.OU
AE:Oh.
/
~v T1al.. ~\\!)\\f peut être considéré comme synonyme
r
T1al.. ~\\!)\\f peut être considéré comme synonyme de
J1ol.-
V o S ,
Ar., L. 413, Arist., H.A. 493 a 27.
l 'Ir,
En revanche,
si l'on se conforme aux suggestions
de la scholie
a P.
199
G~~+f',(<r\\aS b~
[H.P.
3.3.8 J
l-<ve éwS A~OE::\\...- 1T('o~V&,,\\<:r'~V ILVo<.
.,.. '"
-
E;;. 0 1.( <c
"
rv
1
( . . 1 '
\\
,,\\S
1\\
,,\\oC)
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TlLTvoS) II'\\\\I.-S E:.<r'IV';
(..1
1
\\ , , ?
l'
vJ~"'=e ~TolXLiS t'vil"-J'OS ~V<. r-I::rot:<'wv 1\\Vf~V
S'\\(J",1.-\\t~lA-f:v'<950 ~È: tJu?:OI. "'o~T'eX. \\...- \\<.d.~ ~1\\.()i\\~11-
\\
~
l
,....,
C-
S'\\(J",1.-\\t~lA-f:v'<950 ~È: tJu?:OI. "'o~T'eX. \\...- \\<.d.~ ~1\\.()i\\~
\\
~
l
,....,
C-
~I.- 0"'0"'; ou"'; O('fo~,,"~OE::.s.
le mot désignerait la pomme du pin: acception que
Taillardat juge, somme toute,
plus plausible que la
première.
Dans la pensée grecque archaïque,
le nom de guêpes
fait écho au mauvais caractère, et par voie de consequence
1
2
la colère du guepler (q-t~V\\\\.-o<' ,Soph., t!:... 778 N , Eur.,
Cycl. 475)
passe pour proverbiale. Ce que fait ressortir
à juste titre l'analyse de Taillardat (in 379) relative
au vers 475 de Lysistrata.
Lysistrata, nous y apprend-on,
ne demande qu'une chose
se tenir tranquille "pourvu, [ dit-elle J, qu'on ne se mêle
pas de toucher au guêpier, de prendre mon miel et de
~\\
1
(.1
\\
')1
,
r\\l'1.
m'irriter",~v ~"\\ TI.-5 uJ~\\fE:f ...~,I.<.va(" [=:'''I.-TTn r-c:: I;<.~f€th.î~·
On peut se demander s'il n'y a pas une résonnance du même
ordre de <S""~111\\1.-~ à Gu. 224 appliqué aux vieux dicastes :
"Mais, drôle,
la race de ces vieillards,
si on
l'irrite,
est semblable a un nid de guêpes"
~~'~L~ appartient au vocabulaire de la tragédie
~~'~L~
(supra).
Il s'agit donc d'une image familière.
Par ailleurs,
il semble patent que le vers 560 des
Guêpes redonne également relief et éclat à l'image banale
de l~ colère assimilée, comme le fait remarquer Taillardat
1':17
(in 353),
tantôt il "une hc(\\ve fol ie',' tantôt ,1 une "attilque
d'épilepsie". En vérité,
l'exercice proprement dit de
ces fonctions de di caste
est des plus réjouissants,
voire
des plus alléchants. Car, dès que Philocléon est installé
sur son siège, rien d'étonnant à ce qu'il ne puisse pas
s'y prélasser jusqu'au soir, eu égard à l'avalanche de
compliments, de supplications et de promesses des prévenus
dont il est assailli. Ce que Philocléon lui-même révèle
en ces termes :
"Puis,entré au tribunal, après qu'on m'a bien
supplié, et qu'on m'a essuyé de ma colère,
une fois à l'intérieur,de toutes les promesses
je n'en tiens aucune ••• " (ap. T 353).
'"
Il
8
?
, ' )
?
, '
'
«: L -r ' E: ~ ~ E:.'1. \\J ~v ~\\f IL ~oA,\\~~ ~ ~
~
o\\l~"
1,(.0( ~
1,(.0(
T1"
0( rra tO(;{ hS
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c:
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l
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1
v:...oI..
(;:1/ ùoV TouTLÙ"
~v O(V ~"'-~"'w tfd..VTvJV bU ûf:::-v T\\E:1\\C~
1
(Gu.
560 sq.).
\\
,
\\ ,
t\\
1
L'expression T,,\\v DfD~V O<i\\0r-0~Xtl~I...S
est, ce
semble, du même type que la série d'images qualifiées
d'originales, mais qui ont été"glosées"par Aristophane
lui-même (ap. T 894
n.2)
:
')
1
( 1
rh'
Ac~. 181 O(TE::e<l(,\\o~~S'" (<f~E:-VOo..~VLVOL), ib. 681 '.<.1AJ 0VS
1
I.(~\\, 't\\ol.eE:~ÎUÂ1
 t'-E::VOVS (supra).
1t'-E::VOVS
?
Il \\
C'''
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L / ou le moyen
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des mots familiers qui se comprennent
"(s' )essuyer" soit des larmes Od. 17. 304, Ar., Ach. 706
(moyen), soit du sang~. 5.798 (actif), soit de la sueur
Ach.
696 (moyen), soit de la poussière IL
23.739 (moyen)
ap. T 353
n.2.
ln
Par conséquent,
i'
est fort probable, comme le sou} i-
\\
)
\\
7
( ) I
gne Taillardat, que
''''IV 0rXî\\! o(t\\oy.0ext1hS
soit une
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au point d'être un permutant
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7
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métaphorique de
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o<lI0-r,.ùfXcr~~_s
tant i l est vrai aussi que Ï>e01
et Xo11
paraissent
des synonymes (~. 66,.h. 466
ap. T 353
n.3).
Dans ces
conditions, cette métaphore serait isolée.
Tout indique finalement que ce sont des juges sans
scrupule , avec pour seules et uniques règles leur
caprice et leur intérêt. Philocléon se platt à juger a
tort et à travers, qui plus est, en violant le sceau
d'un testament
" •••
nous envoyons ••• a tous les diables le
testament et la coquille qui avec une gravité
imposante recouvre le cachet".
1
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1
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Ko(~ \\~ KOlX~ \\~ lTo{Vv
(Gu.
584 sq.)
En résumé, ce passage met en relief, si besoin était,
le manque de scrupule de ces juges qui n'étaient en somme
que des jurés. Mais
en meme temps, on enregistre
"l'extinction" du sentiment de la responsabilité profes-
sionnelle des "vieux de la vieille" au profit de l'orgueil
d'une souveraineté professionnelle, puisque désormais la
loi n'a plus cours dans les tribunaux.
198
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tant i l est vrai aussi que ~eQ1
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ap. T 353
n.3).
Dans ces
conditions, cette métaphore serait isolée.
Tout indique finalement que ce sont des juges sans
scrupule , avec pour seules et uniques règles leur
caprice et leur intérêt. Philocléon se plaît à juger à
tort et à travers, qui plus est, en violant le sceau
d'un testament
" ••• nous envoyons ••• a tous les diables le
testament et la coquille qui avec une gravité
imposante recouvre le cachet".
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584 sq.)
En résumé, ce passage met en relief, si besoin était,
le manque de scrupule de ces juges qui n'étaient en somme
que des jurés. Mais
en même temps, on enregistre
"l'extinction" du sentiment de la responsabilité profes-
sionnelle des "vieux de la vieille"
au profit de l'orgueil
d'une souveraineté professionnelle, puisque désormais la
loi n'a plus cours dans les tribunaux.
199
La vanité vulgaire
En effet, le juge athénien voyait dans sa fonction une
,
, ?
' 1 /
sorte de royaute. Qu'on se rappelle le debut de l' 0( OvJv
des Guêpes (546 sqq.), dont les deux premiers vers consti-
-
1
tuent le
Ko( 'roi.. K E:}.E:0'l" ["OS :
"Allons, [encourage le Coryphée], ô toi qui vas
soutenir contradictoirement toute la souverai-
neté qui est nôtre, c'est le moment d'essayer
résolument toute sorte de langage".
)r\\:l..1.? ~ Trf:.\\~ T{~ lI~",\\S r-~'À"vJ" ~ot"....1€:.~oI.S ~"T""~o01<I"hV
\\~~ ~\\:,~T~,o(~ 1 "vV'~ G""'f\\~V nd...'S"~v r~.:JT\\olv' ~O('S"~V""~~'
A un moment donné,
il est apparu qu'Athènes avait été
fière d'avoir proposé le dèmos comme souverain dans chaque
Etat d'abord (Ach. 642 sqq.), et ensuite le même dèmos
athénien comme le "monarque de toute la Grèce" :
Cav:,133~ ~f2~~~\\E:. 16'-1 T~,":>C.E./',A.~ço.s ~~~v ~01.~ T'1S
o"\\'=' \\1<rS~
t'-0VoI.\\Xov.
Or, avec le déclin général de la politique athénienne,
on constate le changement de l'attitude du peuple. Certes,
dans l'Assemblée,
le dèmos exerce indirectement sa souve-
,
1
rainete (K~~TOS) par le vote des lois et des décrets, ou
encore par le choix des candidats aux charges publiques,
mais c'est surtout dans les tribunaux que les pauvres
SavOUrent
le plus voluptueusement possible
les délices
de leur souveraineté.
Rappelons-nous encore de quelle manière Philocléon
nrêt à plaider la cause de la démocratie répond aux
200
encouragements du coryph~e
"Oui - da,
tout de sui te, dès le départ sur
la piste,
je montrerai que notre pouvoir ne
le cède ~ aucune royauté"
ou encore les propos qu'il a tenus avant d'entrer ~
l'Héliée,
tout fier et de surcrott "bouffi d'orgueil"
" N'est-elle pas grande ma puissance, et en
rien moindre que celle de Zeus,
puisqu'on
parle de moi tout comme de Zeus ?"
'Y I\\~) ~~ rf:r~2Î" &ex\\v ;:exvJ
;:ex
c. f
c.
~
l , f i l , C.I
l..
(
l..
Cl~TL S 0{ "< 0\\.1 W
'Tot. V IJ
0( \\TE: \\
0
Z E:-US ~
(Gu. 620 sq.).
Autrement dit, Philocléon se nourrit)remarque
Tai 11 a r da t
(i n 698), de \\' l ' i 11 us ion de te n irA t h è n e s
sous sa coupe lbrsqu'il siège ~ l'Héliée comme dicaste".
La souveraineté de l'Héliée apparatt surtout dans le fait
qu'il n'y avait pas d'appel d'un jugement populaire par
les citoyens-juges. Aristophane, convient-il de le relever,
partage ce point de vue. C'est ce qui ressort de l'éloge
qu'il s'adresse ~ lui-même dans la parabase des Acharniens
(496 sqq.). Alors, de sa part, éloge ou critique?
En fait,
Philocléon compare la fonction de ~\\"Ko(~Ti/S
'JI
a celle des "d..fj,ùVTfc:'J
;
bref, une fonction qui prend un
201
autre relief puisque ce juge jouit d'un statut qui lui
confère une certaine immunité
"Et tout cela,
nous le faisons sans avoir de
comptes à rendre, quant aux autres,
ils n'ont
aucun pouvoir".
Effectivement, les stratèges sont dispensés de l'épreu-
ve ordinaire de la reddition des comptes, soit parce
que les opérations militaires les retiennent éloignés
d'Athènes, en juillet, soit, parce qu'ils sont confirmés
dans leurs pouvoirs bien avant cette épreuve, en dépit,
bien entendu, de leur absence prolongée. Toutefois, si
reddition des comptes il y a, l'épreuve est provoquée soit
à la sortie de la charge du stratège, soit lorsque
l'Assemblée mécontente de ce dernier le dépose par "l'épi-
cheirotonia"
ou "vote à mains levées sur la gestion des
magistrats". La procédure se déroule par devant les thes-
mothètes assistés sans doute "des logistes pour la vérifi-
cation des pièces compt~bles". Ces thesmothètes, notons-le,
ont pour seule et unique mission d'instruire le dossier et
de déposer leurs conclusions devant le tribunal. Car, ici
comme ailleurs,
le verdict populaire est ma!tre (Glotz,
p. 267).
?
1 [\\
L' adjecti f
rAY\\} i\\E:.v tlvvo.s
signifie proprement "au~delà
du contrôle ou de la critique humaine"
en parlant de
choses, Hp., Praec. 7, Epicur., Ep.
3p 65 U. Mais dit des
personnes et plus particulièrement de magistrats ou de
" pro s t a tes",
il s e t rad u i t
"n 0 n a s s u jet t i à une
€. ~ ~v V0( )
irresponsable" et se trouve cité également chez Plat.,
,
'
.
J "
!::.9...:..
761 e, d ou
!::.9...:..
~. 875b 0(. d.fXG::\\...\\1
,Arist., Pol.
1295 a 20, (= allusion au dictator dans Plu.,~. 3).
202
C'est une forme (79) qui rappelle &VÇ:0~\\JVOS "t:l ui
he rend pas de comptes, irresponsables"
par
opposition
,c..,.
ff\\
7
a V "\\TÇ:.VlJI.1VOS, Hdt.3.80, Arist., Pol. 12 l a 5, Thuc.
3.43.
On peut déceler des témoignages plus ou moins nombreux
de déférence du peuple à l'égard de ses serviteurs, ses
magistrats, tant il est patent que les écrivains, et singu-
lièrement les poètes comiques,
n'ont eu cesse de les vili-
pender. Ici, c'est le stratège Lamachos (Ach.
593 sqq.), là,
c'est Cléon Bouleute (Cav.
774).
Les magistrats sont les "exécuteurs temporaires"
de la volonté du peuple souverain. Aussi ce dernier les
soumet-il à une "surveillance incessante et minutieuse','
afin de se "prémunir contre [tout ]abus de pouvoir"
(Glotz, p.
197, 263).
Il s'agit de charges comportant, bien
entendu, diverses responsabilités: d'une part, financière,
morale et politique d'autre part.
On sait que tout magistrat qui gérait des fonds publics
,
(
,1 C\\
)
,
•
d evai t
presenter ses comptes
'èv'ïJvvcJ......
a chaque prytanle
à une commission permanente de la Boulè, celle des logistes
ou auditeurs des comptes, qui étaient tirés au sort par ledit
Conseil dans son sein (Arist., Ath. 48.3, Lys., ~.5), et
dont le nombre fut d'abord,
à en croire Glotz (p. 197,
263-268),30 au Ve siècle, puis 10 au IVe,
auxquels on a
adjoint 10 synégores ou procureurs également tirés au sort.
Les détails de l'épreuve que Glotz (p. 265 sq.) expose
font apparaître que la tâche des logistes consiste, une
fois que les dossiers à rendre sous trentaine ont été
répar/is entre eux dans des chambres de comptes ou
Âo «t.-
q-;,,\\~l,..o<.
à s'assurer de la conformité des comptes ou
~Ol0l,.. avec les "documents officiels conservés dans les
archives du Mètrôon", et, si nécessité il y a, à exiger
203
d'autres documents justificatifs. Leurs conclusions
devaient faire apparaître si la gestion est :
- soit parfaite. Dans ce cas, ils établissent un
certificat d'apurement qu'ils déposent devant le tribunal,
seule instance apte à donner décharge si tant est que la
décision finale est prise (procès ou pas) par un jury
d'au moins 501 membres.
- soit sujette à caution, entendons une comptabilité
répréhensible.
Il revient aux synégores,sur ordre des
logistes,
la mission d'introduire le dossier. Après avoir
réuni les pièces à conviction, ils intentent devant un
tribunal d'héliastes un procès dont les chefs d'accusation
peuvent être soit le détournement (KAOI\\"~~ ~~r-()It"~vJ'{ Xe~-
~~'W'{ ) ou la vénali té (~~\\vJ"), soit la forfaiture
(o<.~\\,.I.o{{OV[sc.~~"""\\ ] ).
Il convient de rappeler que c'est un tribunal doté de
plusieurs caractéristiques
- sa décision est sans appel et peut revêtir trois
aspects essentiels :
• Simple négligence
dans la gestion des fonds
publics? Le magistrat doit restituer la somme au trésor •
• Faute grave? La condamnation est décuplée.
Décharge ? La souveraineté judiciaire du peuple
et l'inviolabilité du droit attique couvrent le magistrat
\\ C ' \\
\\
\\
)
\\
\\
rv
:;;
rv
~"\\ ù\\,.~ t\\~os Toy cJ..VTOV \\'lE;et..
TvJV
cX.V'rv..JV
non bis contra eundem in idem (ap. Glotz
, p.
266).
- il est présidé par les logistes.
la fonction de ministère public est assuree par les
synegores.
- tout citoyen a le loisir d'y faire une déposition
relative aux actes du magistrat comptable sur la demande
du héraut des logistes.
204
Cette épreuve
, on s'en doute,
est une certaine
manière de rendre chaque magistrat responsable (~r;r.1ë.0 &V\\fOS)
de tout déli t ou faute commis dans sa gestion. En
" f i
c...
If\\
tant qu'adjectif opposé à d,vf::.v t1vvO~ , V\\\\E:I.JUuVOS
signifie "soumis à une reddition de comptes, qui doit
rendre compte de sa gestion (financière, politique ou
autre)".
<..
c..
Le substanti foL.
'8
Le substanti foL.
c..
VIH::V
vvo'v (Cav.
259, ~. 102,
2
Antiphon, fr.
6.43 N , Andoc.
4.30~désigne à Athènes
les magistrats qui, à leur sortie de charge, devaient
rendre leurs comptes par devant les "redresseurs" ou
E: 'U~VV()~/
'U~VV()~, au nombre de 10 par tribu aidés de deux asses-
seurs ou parèdres , Decr. ap. Andoc.
1.78, Plat.hJl.
945 a sq., Arist.
, Pol. 1322b 11, Ath:
48.4 ; s'ils
avaient eu à manier des fonds publics, fournir le compte
de ces fonds dont il avaient eu la gestion par devant
les au dit e urs 0 u log i ste s
(A0 '0" q-T« ~ ). Cet ter e ddit ion
des comptes dans l'acception vague du terme a pour nom
" {\\
/
'
.
. .
A
~ v tJ 'J '10(
e mplo Yeau SIn g uI l e r dan s r
~ v tJ 'J '10(
e mplo Yeau SIn g uI l e r dan s
. , Gu.
571, Lys. 10.
27, Arist., Rh. 1411 b 20 ; mais plus fréquemment au
pluriel, Ar., Cav. 825, Lys.
24.26, Dem. 19.82 •••
,
, {\\ 1
D'ou l'expression <::'u!j\\JVoLS (~:h. S~\\Io1. ~ "rendre des comptes",
Ar., P.
1187, Andoc.
1.90.
Effectivement, à sa sortie de charge, tout magistrat
doit rendre des comptes, d'abord financièrement,
mais aussi
moralement et politiquement, si on l'accuse d'avoir forfait
à ses devoirs.
Glotz
(p. 266-267)
fournit les détails de cette procédure.
Aux heures de marché,
les euthynes assistés de leurs
assesseurs "siègent devant la statue du héros eponyme du
héros de
[leur tribll] ", pour enregistrer les plaintes des
particuliers qui veulent engager des actions privées ou
205
publiques contre le magistrat déjà jugé! Si, après
instruction, ils les jugent recevables,
ils doivent en
saisir les instances compétentes. S'agit-il des affaires
strictement privées, cela relève de la compétence des
juges des dèmes. Les actions publiques? Il appartient
aux thesmothète~,s'ils jugent la plainte fondée, de
l'introduire "devant le tribunal populaire dont la décision
est naturellement souveraine".
Comment alors ne pas se pâmer de plaisir à user d'un
si vaste pouvoir, à jouir d'une telle magistrature (~~X~) ?
Car, devant la barre comparaissent les premiers personnages
de l'Etat, dans les affaires capitales que l'Assemblée et
le Conseil ont renvoyées (Gu.
590 sq.) à l'Héliée. C'est le
cas, par exemple,
lorsque la pénalité prévue n'est pas assez
forte.
Qui plus est, il s'agit, à en croire Philocléon,
des plus hautains personnages qui se font tout petits
devant l'héliaste:
. . .
~v"S\\"'5 t-~r~?Q\\- KoI.~ TE:T€,,,·n-t XhS
TE:T€,,,·n-t
•
(Gu. 553, cf. Gr. 1014).
-
-
-
TE:T(oI.rr1x€:\\...s
est un mot banal qui signifie "longs de
4 coudées (6 pieds)", Hdt.
7.69
en parlant d'hommes
"6 pieds de haut"
pour désigner des individus de grande
taille, Plat., Rép. 426 d.
Et pourtant, ce pouvoir dont se targue Philocléon
n'est qu'un pouvoir illusoire. En fait,
le pouvoir
réel est aux mains des hommes politiques, qui ont fait
et continuent de faire de ces juges leurs esclaves, en
dépit de toute la sollicitude dont ils sont entourés et des
paroles flatteuses qui sont proférées à leur endroit
"N'est-ce donc pas, [rétorque Bdélycléon à
Philocléon J, un grand esclavage de voir tous ces
gens-là investis de magistrature, eux et leurs
flatteurs salariés ?"
206
La même idée avait été exprimée déjà dans un autre
passage des Guêpes, v.
517 : &.1J.<X
S()u:l.e~wv ?~?..\\~o{S
ap. T 691.
Dans ces conditions, on peut se demander si c'est à
tort ou à raison que Dover (in Aristophanic Comedy, ~'
~,
p. 129 sqq.) a soutenu que la hargne des vieux juges et leur
manie invétérée de mettre d'avance leur suffrage dans l'urne
des condamnations sans avoir au préalable entendu la cause
seraient une sorte de compensation logique du statut
"d' exploi té" dont iJ s pâtissent.
De plus, ces héliastes qui se disent "maltres d'Athènes"
parce que,
proclament-ils, ils ont le loisir de tempêter,
tonner contre les prévenus, paraissent, somme toute, des
citoyens qui accomplissent, comme dit Glotz (p. 302),
"leur devoir de juges avec leur coeur d'hommes". Car, point
n'est besoin, ce semble, pour les convaincre, d'user d'argu-
ments spécieux. Bien au contraire ! Il suffit simplement de
savoir trouver le chemin de leur coeur. En fait,
à en croire
Aristophane, on ne peut attendre aucune justice des juges
athéniens, parce qu'ils ne sont pas consciencieux et encore
moins désireux de bien juger. En vérité,
leur manque de
culture et leurs préventions leur font rendre des arrêts
arbitraires en matière de pénalité reposant, en général,
sur la sensibilité. Elles sont diverses les méthodes aptes à
susciter l'émotion du tribunal. Il semble que l'écho de ce
qu'on pourrait considérer comme de l'inconscience se perçoit
dans le constat suivant
qu'établit Aristophane à l'ombre de
Philocléon :
207
"Si
rien de tout cela ne nous
touche,
aussitôt
il fait monter ses marmots,
filles
et garçons,
les traînant par la main;
et moi
j'écoute,
et
eux,
se penchant l'un vers l'autre
[ ap.
T 422
n.
2],
poussent des bêlements.
Puis
le père
en leur nom
me supplie comme un dieu,
en trem-
blant,
de l'absoudre du grief de mauvaise
gestion ••• "
(Gu.
568 sqq.)
Etablissement du texte
.2: v
.2: cv:.!.Jrrï\\AJ ,c'est proprement "se pencher en avant,
cv:.!.Jrrï\\AJ ,c'est proprement "se pencher en
s'incliner ensemble",
d' où particulièrement "se pencher
l'un vers l'autre"
("pour
se parler de bouche à oreille",
note Taillardat
(ib.)),
cf.
Arist.,
H.A.
572 a 23 "I""". ï'\\poS
' / ,
---
\\
o<.ÀÂ,,\\À oCS
en parlant de
juments. Mais
en mauvaise part,
"conspirer,
comploter".
Cav.
854
(ap.
T.,
ib.),
Hdt.
3.
--
-
--
82,
7.145,
Phryn.
Com.
3.6.
(ap.
T 422
n.3).
On dénombre beaucoup de composes en - \\;«(,tTTw(voir Kr.,
p.
h63),
dont le premier terme est soit une préposition
208
,
~J -
:>
- ,
c
_ ?
:J
du type c/..Voc.
d..VTL
, 0<."\\\\0
, ùl.-o(
,
E:.
-
Ü
,E'K.
Ü
.•.
, soit une locution prépositive telles que
~Lcl.Vo(-, J:..lToNO(-, KO<,E':fTL-, q"V\\/oI..\\/o(-, q"VVSlIéK-•••
On sait qu'il était d'usage que l'accusé fasse monter a la
tribune ses jeunes enfants pour apitoyer les juges.
Le verbe f->A'\\)\\~<rful.appliqué ici aux jeunes enfants
en pleurs signifie "pousser des vagissements". Schol.
n \\
\\),
(,1
,-)
l'V
n \\
(..,
,-)
l'V
:J '1
1
r r
01.. r cJ.
01..
fi, '1. '{.t... Ta( \\.,:
CL ri. V
~ L>J V ~v' 0( Al L. "\\li" '- V E:. 1\\ E:. E. l VÎ V•
?
C' ':
~~,
J
,..,
\\
1
' V
~"', Olé Tf' 0(<>,'1.\\00 tvJv1S
~').o't T,\\V ffC(XE:~o<.V TwV
'\\TeLl. bwv
iÂ.\\- ~ L. oN.
La même idée est développée quelques vers plus loin,
c'est-à-dire aux vers 976 sqq ••
Ailleurs aussi "bêler"
en parlant d'enfants, Pl.
293, 297.
En effet,
le sens premier de ce verbe est "bêler" en
parlant de moutons et de chèvres (voir T 485), P.
535, fr.
-
-
-
387.5, Plu. 293.297, Theoc. ;6.92 où la forme (!.')."\\XO~VIO,
qui parait dériver de
\\-,lÎXl:-0r-oI.L. , est une variante pour
f-> l, '\\X l''/'nJ·
Lem
f),
0 t
a été con s e r v é par He
H s ych.
: B
7 2 7 La tt e f 1_
X/XTcI..'v· 'fvJv'<é7:' et ~ 730 : ~~1X~~<1"~I.· ~s Tï~6~Ya,! !-'0iIJO(l,,)
autrement di t
~':\\ A.~a~LV.
..
Par conséquent, c'est un type qui rappelle le substantif
~7'Îx.~ désignant proprement les bêlements des moutons,
~. 12.266, cf. Hesych.b726 Latte~ ï->"'\\X~·fW"1 iï~D~TvJV
(Od.
12.266) vgPp., des brebis, Eur., ~. 48 ; et par
extension les vagissements des nourrissons, Eschl., Sept.
348.
Mais i l rappelle également f->1,,\\ X~~ f:: LV
ci té chez le
poète comique Autocratès,
fr.
3 = "balo" (dit de
tblAlV~ npo_
1
" ) ,
c'
"/~
(...,
'1 1è=")
\\
~o<.TuJ"
)
:
ol.-r-vc\\... Of:. r"ÎxO{,OVIJL.V urr J
urr o<.ao<.I\\O(Î L cX.S
(ap.
Jungius,
p. 64).
209
1 <,.
.
On a la même alternance
r"\\
dan s
r
,
dan s
~o( '( .~ 1)
Nic.,
Al.
,
204 et
r- '\\ Kol0 r-0( '-' " bê1er" dit des moutons Il. 4.435,
1er"
Od. 9. 439
(dit des chiens),
18.98
(dit d'un homme).
On peut se demander si on ne pourrait pas rapprocher
le sens de f->A1X~O~o(\\" de celui de [?>1'
' c'est-à-dire
•
(
)
\\
\\
"V'
( V , I
comme note Junglus
s.u.
,
"
Tc
comme note Junglus
s.u.
,
"
r-LI-'c'l'Lv(OV T,,\\"" TvJv
\\\\PO-
,
~
"')\\
\\,,'
'A
""l
\\
~TW" 1"""1> o"N"
~TW" 1"""1> O\\lN" [?>cl.l.. 1\\<=''01:10/.1.-
\\'LV<.W,S (E. M.
196.7)".
Ce
substantif se trouve cité dans Cratin.,
fr.
43
:
L. C " , ')
{\\
'-'
l
'"
""
' l '
-
(' 1 Z
o \\)
,\\AL\\]1..0S wq-rrE::~ "~O~e/."O" 1:'''
~'\\ A'C"(vJV
~~Ol-I <2L-. )
l
''1
\\
'1
1
. .
1 1
et dans Ar.,
fr.
642
VE:. ..... v
VE:.,-v
('-E: f-\\-E:.AA.E:-t.. \\o<.OlL. K€:/d:::V<;:-L. r-I
A&Q0:.\\.V.
l''V''
\\
l
'
cf. Bekk .·/ Anecd.
86.3
:
t-:';'\\
1T'f/)~o(\\WV
l-'À Xl'
X
r
1
He s y ch. ['\\
5 4 5 Lat t e
r~ l l-' ~v'
TIf /) ~c(T 0v,
0
)
')
(
Qua n tau ver b e
0<. V' TI.. ~ 0 A 1:: 1 .,,"J.,
.,,-J., c' est un verbe fréquent
en comédie
porteur du sens de "s'approcher comme suppliant,
prier quelqu'un de faire quelque chose",
en un mot "supplier".
Il se construit soit avec l'accusatif de la personne (80),
soit avec l'accusatif suivi de l'infinitif
(81).
On le trouve
aussi employé absolument (82)
ou comme tournure stylistique
du type "je t'en prie",
avec (83) ou sans régime (84).
Dès lors,
on n'est guere surpris de constater que ces
juges soient "toujours prêts à pardonner" :
"Alors,
que voulez-vous? dit le bonhomme
Philocléon,[en sa faveur],
nous sentons la
rigueur de notre colère se relâcher d'un cran"
(ap. Glotz,
p.
302)
(Gu.
574).
,
Le sens premier de I,<.OAJ.0r
est "la cheville ou la clef
210
d'un instrumpnt il cordes", Od.
?1.407,
cf. Plat. Il(~r.
531
b.
De plus, si l'on fait foi aux scholies R et V a ce
~
meme vers :
C\\,
" J
r-
••• lj~:Z€:\\" o0V
,
' V
\\
,
" - - - '
o0V
E:.",rrt ... \\1
10
~\\'""r':vJlo(\\OV l''1 S O\\Gî'":>'
R. \\'Il.\\!T~ '1ov 1\\" T~<t"\\.." "r~";) ~eo1'":l ))~ Id "f"\\'""ff:~'ro('o'J
' "
(..
' V
)
\\
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\\
\\
l
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KO{"ri>(
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IAOA"O'trOS,,,\\ Ko(. ...
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("r,,\\~ )\\O\\, ÙÎ~ ] ~o<.??-.o"tt"oI. -'1V KQ;(-
V
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l
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\\ . .
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7 I)n--~
7
• • •
0f01 S
0f01
ovV
~OA?.Q'tro( o(.YI\\.- lCV T"lv' -; -J'-'_,J 115
°e'a\\'":l') hfr"s :h'Ur0\\! .xo<.~~r-E:v, V.
la métaphore aristophanienne qui se prend proprement avec
le sens de "relâcher la cheville de sa colère", c'est-à-
dire "se calmer") paraIt une plaisanterie rrolf~ 1\\fo<r""i)()>,(.~o<.l/.
Elle pourrait être rapprochée peut-être d'autres expressions
d'acception physique du même modèle employées proprement
l
' "
-'
>,.,'
dans Arist., P.A. 691 a 1 (To{~ .... S Tou
o"'<r"0io<.00\\)
dans Arist., P.A. 691 a 1 (To{~ .... S Tou
), cf.
664 a 32,
Stoic. 2.96 T~I:S"E::I.S \\~e;, tvJv'~5 désignant la
tension ou l'élévation de la voix; en musique, Plu.
2.
1020 e
, cf.
1133 c
; en parlant de l'accentuation D.H.,
1
.
.'
'Î
1
C' (
Comp.
19
TOl"-é\\..S
tW"1~ ,l(.~ \\;(.o(.AO"'!:"E,vo{L.- "eÙ<r~O\\.lXL \\
Ath.
2 53 a
b~E; Lel. T~~ .... s. "accentuation aiguë".
1
Mais l-<O~J ot
..
désigne aussi le "cuir très dur du cou"
soit des boeufs Ar.)~. 646, soit d'un porc, fr.
506.3
(ap.
T 209).
Schol.
•••
\\OVTO ....
21I
Il est donc sans doute permis de penser, comme
Taillardat l'a souligné déjà (in 760)
,
que le mot
K~AÀ.OtTv in!!.. 646 : otro<v o~e o(~\\~" Kb:Z~Q""L \\~"L\\.(riV(,(L
est appliqué plaisamment à Eschyle pour insinuer proba-
blement qu'il est d'un caractère "trop dur". Comme en témoi-
gnent les commentaires de E.M.
526.20 et Anecd.
Par. Cram.
IV 75.4 (ap.
T 760
p. 444)
:
l
' 1
( ' \\
( ' \\
\\
'
\\
'"
C I
L.<.OJ..ÂO~é~· •• ' E~E:CE::TO ùEc. -..<ol\\.. To VWI\\.<Y..\\.ov ùE:"(t'-DC. 1
C ' \\
l'~'
'V
1
f\\
r.J(\\
'1\\
...
OLol
T"6 '\\" V<o).J.ol..V E:.) d..v'TOV Q'"VE:«"i:)o(.\\... O'Q~V \\~e o;rTO-
lb'
0
\\
, , 1
f\\,
'''1
;
C'
,
".h
1<t-v'\\.:> 'il/' q-~Aî(O\\,\\'1o( t\\\\.«"Xv"ov E:VùE;\\.KVVt'-E:VOS €:::r1'
\\-<., T.1.
C'est aussi un terme qui rappelle l<,o??..()tTli::..!.Jw
"être
débauché", Plat.
le Comique,
fr.
186.5
KE.I.<.O?.A.6TT~VKo/S·
TOLrG\\eC~V f{\\We ~<n::\\.. • Il~t ainsi synonyme de~/::J\\6-
lSV voS
,c'est-à-dire pathicus, cinaedus,Myrin.
(A.P. 6.254), cf. Lib., Decl. 12.42.
Dans le commentaire relatif au même fragment (supra),
Jungius (s.u. KoÂ?.olTE:0w,
p.
189)
ajoute l'observation
suivante :
1
"KOÂÂOTH:.S
Eubul. Eustath.
1915.17 Diphil.
43.22
figurate dicuntur b<vbe6'(vVOL , homines
exoleti,
pathici.
Eustath. 1915.17 v<.6~J.o"lTo(
" " "
\\
1
l
\\
, ?
"-'
Il
Kol ..... OV<I"1.-
10'1'
ïfE:\\LTeE:xo'v-nx Koc.\\. ~To(L\\()V"To(.
En un mot, ~~?.').oi\\E:s.
se comprend "mignons" (voir T .209).
Acception qui n'est pas sans rappeler KO?.Â.OTTO~\\.~I<,T,\\S
(voir infra,
p. 363,
443
).
Voilà pourquoi, ces juges, mieux ces jurés, peuvent
absoudre (&.TTQÂ~~\\,.) tel coupable et condamner tel innocent
selon leur plaisir, puisqu'en recourant à l'éthos et au
pathos le logographe essayait de les prendre par leur faible,
212
qui plus est, d'exciter les passions. Nous avons là, si
hesoin était, une preuve de plus qui illustre la curieuse
manière
dont. "la jurisprudence, [note Glotz
(p.
302)J
n'a cessé n'amender la loi et de s'amender elle-même par
la philanthropie".
Par conséquent, toutes les méthodes ont, pour ainsi
dire, droit de cité pour attendrir ces héliastes.
Ici,
ils peuvent se laisser toucher par les prières de
l'accusé parce qu'ils auraient un garçon ou une fille,
dont
la vue réjouit sans doute le vieux juge.
"Puis, le pere en leur nom me supplie comme
un dieu, en tremblant, de l'absoudre du grief
de mauvaise gestion ~ "Si tu aimes la voix d'un
agneau, que la voix d'un garçon excite ta pitié".
Et si, [en revanche l
j'aime les petites truies,
c'est à la voix d'une fille qu'il me prie de
céder".
J
clï\\o _
J-,
rv
("'\\
\\
r
t
vJ \\1 ~ ) TI
\\/1
0{ \\- \\)0 s
tvJ V
-'GoA€:. ~~o(s »
J
~vGo/\\e~S t~v~ ~~
TI \\.. ~«. q-~o( 1.. •
(Gu.
570 sqq.)
Les Mss se partagent entre
et
Xo~\\~~~.s R.
213
Ce passage repose, ce semble, sur des mots à double
entente
puisqu'on sait que quelques-uns des animaux
évoqués ici jouissent d'une renommée toute spéciale
(voir T 451), et par voie de conséquence apparaissent
comme des métaphores courantes. L'agneau, comme le mouton,
<.-1
:}
( [ I , , ' ' ) ' ) I ' )
, / '
\\
\\
1
(P. 935
vJ<I"'" :>Eo<r0r~Q o(",,,,,,\\"OI..<:r"I..V cxt'"vov TovS 'eotto\\JS
ap. T 453
n.4), c'est le symbole de la douceur (Philippid.
J I
I " l l
T . )
A .
29
o(elll..ov ~o(A«KWT~eO~ ap.
.,!.!!.. . Or, meme Sl cette
autre forme d'amour qu'est la pédérastie ou l'amour des
garçons n'a pas, semble-t-il, véritablement conditionné
la civilisation grecque, néanmoins, elle en est "sans doute
une efflorescence contingente et passag~re" (85). Les
Grecs ont toujours été tr~s sensibles à la beauté physique,
qu'elle fût masculine ou féminine (86). N'oublions pas
non plus que la société grecque est presque exclusivement
une société masculine,
pour tout dire un "club d'hommes".
Dans ces conditions, on n'est gu~re surpris de constater
que les Grecs anciens reportent "sur de jeunes garçons
toutes leurs capacités d'affection, de tendresse et d'amour"
(87). Parce que, renchéri t Flaceli~re, "femmes et jeunes
filles leur apparaissent comme des êtres inférieurs, incul-
tes et incapables de beaux sentiments, tout juste bons à
assurer leur descendance". L'écho de cette pratique est perçu
dans Hdt. 1.135, Xen., Cyr.
2.2.28.
On peut donc se demander s'il n'y a pas une plaisanterie
\\T«.e ':;T\\~VO\\.f:i\\V de la relation charnelle entre hommes et
adolescents à Ath~nes et dans beaucoup d'Etats doriens, si
tant est que
le dicast~re peut être assimilé, hic et nunc,
à la palestre où se formaient ces "amitiés particuli~res".
Autrement dit, ,n: y aura~t-il pas dans ?xf";S
la connotation
"d'aimé" par reference a "amant" ?
Le mot
Xel,..el.<;~O\\...s(88) est une forme qui rappelle
cité dans Ach. 740, 747, 749, 777, 808.
214
'"
Ce sont deux des diminuti fs de
r
X()I-
o~
symbole, di t-on,
(ap. T 451), du manque de culture ét 'partant de la stupidi-
té (Pl. 308, 315). Mais x/'~e"s
est un mot
à double
entente. Certes,
il désigne le pourceau,
le porc engraissé
destiné à la boucherie (89)
(plus jeune que ~èÂ. ~o(~ cité
dans Ar. Byz.
ap.
Ath. 9.375 a, Cratin.,
fr.
3)
j
il est
,.v
-
généralement synonyme de vS, q-v5
"truie", Mnesim. 4.47,
Plu., U,s.
(ap.
T 108). Mais x0Z'eoS est aussi enveloppé
d'une certaine connotation obscène au point de désigner
fréquemment chez les poètes comiques les parties de la
femme (pudenda muliebria). Ceux-ci, en effet,
n'ont eu
cesse de plaisanter sur ce mot et ses composés ou dérivés,
qui est, si l'on en croit La Souda,
un emploi corinthien.
On le rencontre notamment dans Ach. 767 795, Thesm.
289,
538,
540, A.F.
724,
cf. porcus in Varron, R.R.2.4.10.
Notons que dans Pl.
305 et 315, allusion est faite aux
débauches de Philonidès et de ceux du même acabit avec la
Circé de l'époque, Lais.
En ce sens,
il convient peut-être de le rapprocher des
composés du type :
Xol-e6,&À.l't"littéralement "tripoteur de truies", autrement
'd it "d é bau c hé"
ci t é dan s Gu.
1364
l'n
~
'1:
- C "
~L. ouToS El\\JIOS) TV~E:.OO(VE:.
x()'- f0K.0I-'-E;~OV' terme à double entente.
Proprement, c'est la cage d'osier pour les petits cochons,
'
,
,
'./
Gu.
844. Le mot a ete conserve par Hesych./, 597 Schmidt
Xo ~()
1-
v<.o t"- E::t'"0'1 • ÂE:i'n&v II- rrÂE;'J(.T~V ~ e;;, -b ~"I..~~)OT\\O~<='ê'o".
cf. La Souda.
Mais figurément
avec une insinuation obscène,
il
désigne un "bandage pour les femmes",
L. 1073 cf. Hesych.
X°l-(o'w(,()l:"-E:.~()"·'(v"cXI-\\(,E:~O" Tt'E:~/I.~uJr-o( ap. T lOB.
;i l ')
En d~finitive,
c'est avec raison que Taillardat
(in 109) a pu soutenir que cette seconde entente
a favorisé la connotation obscène des diminutifs
X°l.- e'-<;;(~'- s et '1"6 XOL peov'
dans Gu.
1353
l ,
\\
"[Pourtant, si tu veux n'être pas méchante
femme à présent] , moi,
quand mon f ils sera
mort,
je te rachèterai et t'aurai comme
concubine, ma petite truie".
') E1~ q-', ~ TIé '-S~" 0 0t' 6s. v t ~ s
'). v<r~ t ç:
't!f
'/0 S
uJ
IToI..'AJ.o<. 1.<: ~Il, J:)
On a la même approximation imagée avec X0\\.- \\OTl'A/)\\'ê(V
"se prostituer"
cité dans Plu., Provo 92 (ap. Jungius, s.u.).
A d'autres occasions, ce sera parce que les paroles de
tel accuse auront fait rire les héliastes qu'ils seront
indulgents
" •••
les autres nous content des fables
,
[précise Philocléon~ d'autres, quelque facétie
d'Esope ; tel autre plaisante pour me faire
rire et déposer ma col ère:'
..
01.-
...
o\\.-
Le verbe sim pIe '\\l'" K Jy tfTW ne se r e ncon t r e pas dan s
Homère, mais on a au contraire le composé T\\o(eO(~\\(~1T'\\vJ,
h.
Cer. 203.
216
1
Comme, dlltrps c()mpo~e~ pn - <r\\.<."'HT,,J (voir hl'.
,
p.(,(,4)
comportilnL une pr~p()sitlon comme premier terme, Oll l'l'lève
~
1
:>
-
oI.'ITOq-lÂvJTI"IW Plat.,
Th~
174 a
.- E:IT\\.-
,T\\.V~ Xen.,
Mem.
4.4.6., Tl.
ib.
3.11.16, Plat.,
Euthphr.
Il c,
Xen.,
Conv.
1.5.
Il est employé absolument dans Gr.
375
,
où il
~ couple avec XAE:v<i1tl.,'j , Arist., Rh.D79 a 29, Xen.,
~ 1.3.7. - Kol.To(,- Hdt.2. 173, mais surtout employé
péjorativement,
ib.
3.37.151.
z.1I\\.~rr\\"=:.\\,V employé absolument, comme ici, c'est "plaisanter,
badiner".
On le trouve chez Cratin.,
fr.308,
Ar.,
Cav.
525,
-
--
....
? "
1
<' \\
1
..,
..
<:
1
t
\\
flu.
296 (ov t-"\\ (fl.<w *(2'-.5 1-"-1 ùc:. 'IT~ ,~~\\..s O'.trE:e OL T~v'(O\\)ol"\\"f)"E::'> ovTC'l.
l
';.
1
)
~. 542, 1320 ("fl-(wT\\\\\\>JV OI.Q~()l.,\\(I.VS
,
Gr.
392,
Pl.
557
(fait couple avec 'AvJt"~<i)~~" ), 886, 973.
C'est aussi
"être amusant"
par opposition a "être
sérieux",
Eur.,
~. 675, Xen., Banquet 9.5.
Ailleurs,
on note que si 'f"v..JJt'rTf:LVest parfois employé
en bonne part avec le sens de "badiner,
plaisanter",
Hdt.
2.121,
d'une manière générale,
il est pris péjorativement
et signifie "railler,
se moquer de,
se gausser de".
Ce
.
'
)C~"
sens est exprIme dans Ach.
854,
Nu.
350,
540
(ovo E;<flo<vJ'\\'E:
"
'7
1
\\OV~ ~o{"'otlo<e()VS ),992, 1267, P. 740, 745, O. 96, Gr. 58,
417,
A.F.
1005,
1074.
Autre raison d'indulgence:
un acteur tragique,
Oiagros,
)\\
O?I
LI
\\
(...
1
-
(Scho!.
Gu.
579 v..OI..V
LC\\'O(<:JS
OT\\..
T~()(.rL.Io(OS VtTo\\.<.f\\"'\\S
L.
("'vI
'} 1
(
) )
1
'
.
'
(
()
Vl...ol.'((QS E:'-.e,\\'D/1.
rreOIE:e0v'
,
-
eur aura recIte
quelques beaux vers.
" Et si Oiagros comparaIt en accusé,
il n'est
pas absous avant de vous avoir récité une tirade
de la Niobé,
et il choisit la plus belle,
cela
s'entend".
217
c..P~<{'"LV Â~r<=\\..v'
(ib. 1095) dit de l'expression ou
du passage d'un écrivain, spécialement de la tirade d'une
pièce, est une tournure courante. On la trouve avec l'épi-
thète
l"'-o(KeJ chez Eschl., Supp. 273, Ar., Ach. 416, Plat.,
~
.
'
...
c..",
,.....,..,
Rep. 605 d. Cette expressIon est opposee a f~"LS ~ro(xE:\\..o(,
2
c..",
'lI
Soph., fr.
64 N . Ailleurs
f~<:t"LV l\\f::.à€:Lv'
a le sens de
"parler sur quelque chose,
prononcer quelque chose", Eschl.,
2
Ag.
1322,~. 615, cf. Soph., fr.
142.20 N.
Rappelons,
après le scholiaste, qu'il y avait deux
tragédies intitulées Niobé,
l'une de Sophocle, l'autre
d'Eschyle
En somme, Oiagros, sur qui l'on ne possède aucun
document, aura été acquitté, grâce à son talent d'artiste
qu'en raison du bien-fondé de la cause (voir Mc Dowell,
~,n. du v. 579
p.210).
Enfin, à d'autres occasions, ce sera aussi parce que,
au sortir de l'agora,
l'accusé aura joué au juge un bel
air de flûte
"Un joueur de flûte gagne-t-il sa cause, pour
récompense il met sa mentonnière et joue une
sortie aux dicastes quand ils se retirent".
218
Les joueurs de flûte appartiennent, si l'on en croit Glotz
(P. 259 sq.) qui fournit les sources, à la catégorie des
employés salariés comprenant la multitude de petits
c.
secrétaires et de sous-greffiers (vt\\C'(~c(t""t-c(T~'rS) dési-
,
, • •
(..,
t
. . . .
gnes peJoratI vement V!\\""\\fE:.\\o(\\..
•
Leur fonctIon aupres des
principaux magistrats consistait à "rythmer les sacrifices
offerts sous leur présidence", en revanche,
les hérauts
étaient chargés des appels et des proclamations (Gu. 752).
- 1
Par conséquent
un des buts possibles de la
~o~~<::c..o(
semble
exprimé dans l'expression ~v 9'0ff-.~"-~_
: la tOf0>~\\..~
désignant, comme Chantraine l'a dit (D.E.G.),
"une sorte de
"chevêtre" ou de "muserolle", faite de lanières de cuir,
entourant la bouche des musiciens et qui permet de tenir en
place le hautbois à deux tuyaux". C'était en somme une
"sourdine".
5
' À ' l
rJ
l '
\\
ç 1
.,.-
..,.-~)
chol.
E.v
10\\[bE:\\..~ :~O\\l-'h(Ü E.c..q""\\...\\o( ÔE:.\\t.... c.(\\Q( I~
\\
\\
l
' 1 )
IV
C
1
~/é\\.L- ;oJ.. ~~O~o(To( Y::;:;\\f oI.\\JA",\\\\WV \\I\\ocrùE::<r't"-~VO~E,Vo()
0",-",;,
cA\\!
çr"\\Jt'-r-E:.\\~OV ,6 rrvE:.0t'-«.. ïlE:~1Tcir-E:\\foV ~~(,:('o(v
T~v ~wv~v 100' OZ0Â'Ôv 1fO\\.~(I""'(\\.
cf. Simonide 177 in Plu. 456 bc (ap. Mc Dowell,
n. du v.
582 p. 211).
2
Mais
ailleurs, dans Soph., fI. 768 N
in Cie.
, Att.
2.16.2.
(ap. Mc Dowell, ib.),
le passage
rt>v<rq( 'Y~.p oJ ~r-\\.-
N
,
~ ,
' 1 ) '}"I ,)
1
dJ 1
T,t.,
\\
U .....\\
,1
Y\\.~o\\..q-'-\\I d-VA\\..q-KO\\..:;' e.\\\\.. )«..." o(OeLo(L's TVcro(\\..(("\\. To Pr--E:\\.()(.5 o(Tée
donne à entendre que le joueur de flûte souffle dans un
fifre sans ce frein,
autrement dit, qu'il émet des sons
trop lourds, voire disgracieux, discordants.
21'1
1
Il est vrai que le sens premier de
cf e
<!)
l:'~Lo(.
est
"licou pour attacher un cheval au râtelier",
Xen., Eq. 51,
Arist., Pol. 1324 b16.
En définitive, ici le détail peut signifier simplement
qu'on a affaire à un aulète professionnel (équipé comme tel).
On a une image identique appliquée a un autre joueur
de flûte déguisé en oiseau dans O. 861
"[ ••• Voilà, par Zeus,
(s'exclame Pisthétaire),
un spectacle, que moi, qui ai vu tant de prodig.s],
je n'ai pas vu encore: un corbeau emmuselé".
H
OvtTw
Etablissement du texte :
? . . \\ . ,
'r-2. ,
,
rh
E:r-ïT€:TO\\PE-.LWr-<:::v'OV
: E:.tto'fLl..vt-E:Vov'
R.VTS.
,
dl
rv
Le verbe
€
r- 1" ce [-'E:.U)VV employé intransi tivement,d 1où
le passif ~~to~f->(~)\\..OV"~C(L. (Kr., p. 116),est une
formation hapax. C'est "garnir d'une sorte de muselière
à l'usage des aulètes", c' est-à-dire
tO\\0E:L~V ~VIL~~Vo(~.
,
,
, 7
L
1 1
Schol.€:t"iTE:.to~l->I.-W~tVOV:toe~E:.L.o(, E:.~TLV 0 XrX.ALVOS.
On note dans Eustath.
(ap.
Jungius, s.u.)p.
121)
: d:>OPI?>E:L~1
"
\\
\\
f
( u N \\ t
'''(QVV
To Y<.ol.\\..
\\"I€:(L'fl0t'-LOV
K<:(~ q-T0r-L OV. O'iJE:V Ko<.l.
<..
' r v
t'J?
(
o rr ol~~ \\~ \\.{ w r- l. \\.( ~ E: r- trE: ~o\\ ~E:L w r- E:V'O S .
,/ e <
'') 'V
~elevons enfin que l'expression '=~ 000'1/ <x\\JAE:.L'J (90)
"jouer une finale"
est ici une métaphore empruntée au
contexte dramatique. On note, en effet, dans Cratin., fr.
276 (ap. Mc Dowell,
ib.)
:
)~ CI
c.-
'"
- ; ;
)
, 'l l'V
\\
t)OÜL<lVS
Vl'-L\\/
L.V
ri.vAvJ
IOvS
220
3. La gent des sycophantes
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Après qu'on lui eut accordé le plaisir d'être l'arbitre
souverain de toutes choses, disposant ainsi par son vote
des charges publiques et des commandements, le peuple,
naturellement,
ne voulut plus y renoncer, pour autant
que ce pouvoir auquel il est si attaché lui avait coûté
plus de peine et qu'il s'en trouvait moins digne. Aussi ce
dèmos fut-il réduit à être jaloux, soupçonneux, ennemi de
toute supériorité. Finalement, dans sa crainte des tyrans,
il devint tyran lui-même. Car,
n'est-il pas apparent que
pour peu qu'un citoyen riche déplaise aux gens de la der-
nière classe, aussitôt ils voient en lui un prétendant à
la tyrannie ?
<-
Gu.
488
w~
~d..~ f v ViN 1;-6Te>( L.- •
Il est vrai que le ~ vVvJ r-b\\~S / q-vVlJJ't~\\1S, c'est
"celui qui est lié par le serment,
le conspirateur ou con-
juré, le complice" (91).
Du reste, on ne parle à Athènes que de conjurations.
Selon Bdélycléon (ib. 489 sqq.), la tyrannie est à la mode,
elle a cours sur le marché,
elle y est "moins chère que le
221
poisson salé". En un mot,
le nom de la tyrannie est
prononcé partout.
Nvv Q~ ïlo).1:.J \\O~ 'o(P~Xf)IJ.s ~.q-T~V &~'-vJ\\~r)
.
,
\\
(\\
) )
"l'
C
~q-TE:: '>"-ol..(. 'S1 IO(fVQr-) oI.((T'?\\S té" o<.Oo,? -'<'VAI..-'Jùf:'Ioiv
(ib. 491 sq. ap. T 434
n.4).
Le marchand de boudins dénonce Cléon comme un tyran :
\\
l
"""'
ib
1
\\
" - '
C
1
~. 448 T()v ïfoZttttov E.Lvol.\\.. T"I~'" <rou
TwV oo~utoevJv.
On sait en effet que les '00evt~e0\\..."porte-lances" (Xen.,
An. 5.2.) passaient pour les gardes des tyrans et des rois
(Hdt. 1.59).
Voilà aussi pourquoi le choeur des vieux juges athéniens
flaire en Bdélycléon un tyran
parce qu'il veut empêcher
,
son pere de juger :
Gu.
447
' "
( ' ' ' ' ' ?
C'
\\
Tcl.v 1'01.
Ù -'1 T
cu.:> IÇ\\. Voi
N'est-il pas manifeste, par ailleurs, qu'à maints
égards
les invectives proférées par ces mêmes juges contre
le jeune aristocrate Bdélycléon semblent être le résumé
de bien des discours des démagogues? En effet, n'entend-on
pas "vociférer" çà et là
"N'est-ce pas l'évidence même pour les pauvres
que la tyrannie à mon insu s'insinuait sourde-
ment .•• 7"
. ...:>
(lb. 463 sqq.).
222
CP n'(~st pas ~dns r.lÏ~on qU(~ le poi~tc comique rit
plaisamment du comportement général
des Athéniens. Clr,
sans nier le fait
(réel ou pas), il conviendrait peut-
être de l'expliquer.
L'absence du ministère public dans l'Etat athénien
a permis d'instaurer la justice populaire avec force procès
généralement intentés à des hommes riches. Il faut savoir
en f ai t
que le r-l.(f&6~ SI, v<..oI.c:rn..",6s étai t prélevé sur le
produit des tribunaux. L'Héliée était donc financé par le
revenu des procès (Glotz p. 296). Ainsi don~
avec les proces,
on aboutit à la sycophantie, forme un peu particulière de
la délation. Or,
la dénonciation devient alors une arme
redoutable dont les citoyens se servent les uns contre les
autres:
les pauvres contre les riches, les démocrates
contre les aristocrates,
les orateurs contre ceux qui
assument les charges publiques. On constate, en effet, que
cette sycophantie paraIt avoir été une plaie notamment pen-
dant les années troubles de la guerre du Péloponnèse, à
telle enseigne que dans les images nautiques filées dans
Cav. 431 sqq., figure même un vent imaginaire, mais non
•
in
1
"
mOlns redoutable
ayant pour nom q-Vl.<0"fo(.\\I':,-_o{S (sc. o/,Ve:.-
r- oS ) "vent de délation" devant lequel il vaut mieux
carguer les voiles.
"[Veille au grain et choque l'écoute,
(conseille l'esclave au Charcutier'
J. Car voici
que souffle un vent de bise et de délation"
(Cav. 436 sq.
ap. T 431).
Z. VV'.0toe."T~o{S est une création comique faite sur q'"\\JKO_
~cf\\lT,\\S 1(JV\\.<:.O~O(I/T~c::( • Il est fort probable, comme le
souligne Taillardat (ib.),
qu'Aristophane l'ait forgée par
223
1
sou c i
il n il l 0 l] i Cl li e
a v e c v. c~ ~ K", IX. S •
Il
t 0 \\1 t
C.1 5 •
i l s 1 '\\(1 i 1
1
d'une forme qui
rappelle bicn dcs form.1t iOlls Cil -
lcO<S '1" i
d~signent les noms des vents (92), telles que, entre
)
(
autres, o(\\lol..eKTl.lXS "vent du
nord",
Arist., Mete.
363 b 14,
2
Thphr.,
Sign.
2.35 cf. ~1ï~Pve;\\l.OS Lycophron)!L.. 27 N
.-
, -
\\
E:'vI.VE:~(o(S "vent qui souff~e d'un golfe", Alex. 46.5,
Arist.,
Mete.
365 a l,
cf. VE;to~ !l.: 4.275, Soph.
, &.
1148,
Ar.,
Nu.
288,
Plat.,
Ti. 49 c
j
etc •••
On comprend pourquoi Aristophane traite les sycophantes
non seulement de d~nicheurs de procès, d'où : tt"ecl.·n"'''.C\\()~~~II,:>
(Q. 1424), ~ VB'E:/~t oI.lOS iToÂÂ~~ 1,0<.0(\\0/ ïH::ITI.VI.<~S ~ ~ lAc( S
Ci b •
1429),
~'J~t()1.5 IT~E:fo~':l\\t~f""-'<'~S~ \\(E:('XV~~()~ (~~
1453 sq.), '~\\-,v~OI,o<.0t'-"IV (fr. 733), l::olo"uJ\\\\OOO(~\\()~vJ" 1f:::\\/OS
(~. 1695 sq.), mais surtout d'êtres malfaisants et venimeux
(l"V",", 0 t~,,'Tov ~hrt>(TO S(~.
885),
'ra\\:' s
~ïT"1... ek ;{ o~ ~
(Gu.
J038).
Les d~nicheurs de procès
Il
s'agit,
comme on le constate,
d'une s~iie d'~pithètes
d~pr~ciatives permettant au poète comique de camper les
d~fauts des sycophantes sous nos yeux.
"Non,
par Zeus. [r~plique le Sycophante à
Pisth~taire ] Je suis huissier près des Iles,
sycophante •••
et d~nicheur de procès".
-------------------------------------------
""c(~ rr\\oI.l\\=cI..\\O~~~
(0.1422,1423)
\\<J"f\\{~
En gén~ral, K?iT~\\
est synonyme de ><'~\\V~ , Eschl.,
224
~. 622 ; d'où figurément, en parlant de Tydée, l'expres-
sion ')E.~,,-v0o.s \\IC.. ';l'év~c~teur d'Erinye", E~ch~. ,
Sept.
574. Mais 'f.:.'I,,,\\T'\\e
deSlgne surtout "le temOln
d'une assignation,
le témoin que l'on cite pour attester
qu'une assignation a été faite à une personne appelée
devant un tribunal", Ar., Gu.
1408, O.
147,
Dem. 40.28,
Plat.,
Lg. 846 c.
cf.
- Schol. 0.1422
\\1
\\
'1 1
L
Ko{J.::J"
E:2 ';:, T~ ~\\..Ko(-
,""Â,,\\\\~( E:(t-\\... .. l"1îT~~ '<'€:l~To(.\\.. '0
1
t i C ' 2 c.. '1 t~
\\
.,... \\
~~p
I!"T,,\\f''-oV
tnl(.V'"\\o(S. <r~I-'-O(\\.. VE:\\..
Ù<:o
~ "Ié:)l.~ ..... «.\\.., Ir::N ~
\\ -
\\
\\
c\\~
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L.
\\
\\VP~. V~~'-vJTVV;_o5 0"'- () TovS loLS ",,\\(;OVS Q\\..'Â.OvV'\\D(S
\\ , \\ . ,
cv
" \\ : )
C
1
)1
ç;:Vv:..O,cl..VIWV
"'Dl\\...
~\\..S o\\..,'Â.o(.<t"',,\\f\\..oV OlluJv.
- Hesych.
k 2980 Latte
oc.. E::èS
\\«-?-,,\\'\\~~'
S~'A,,\\,I KoI.2<~Jv) 0 v.:?",,\\1c::0wV) lI<o(~
I V "
)
C"
~
....o'-S
v<..o(",ov~,,-v €::l-S
O'-''-''"\\,,.::.peut-etre
r-"'-,TV e~"
Hesych. ap.
jungius
s. u.
\\i(?\\,\\T~\\ 1 p. 185. ~
~?"\\\\·~fE:S ~\\- 1 Xv ~~~ T~S ~~V<.«S ïr\\O\\l(O(~OVVIc{\\....
f
C'est sans doute pourquoi le ~À~T"\\e ' c'est-à-dire
l'huissier qui cite à comparaItre en justice est comparé
plaisamment à un âne (Gu.
189,
1310),
peut-être à cause
de sa voix perçante. Donc un jeu de mots forgé sans doute
sur KoI.?.~~\\I"appeler, convoquer" en parlant d'un huissier,
et "braire" dit de l'âne, si l'on en croit Taillardat
(in 29, cf. 293). Cette image liée au "baudet" ou "asinus
onerarius"
se rencontre à deux reprises dans les Guêpes.
Au vers 189, la métaphore ne paraIt pas isolée, au
dire de Taillardat (in 29),
parce qu'elle repose sur la
double acception de ~A1~'{ , et donc l'insinuation percep-
tible assez aisément :
225
"Il (sc. Philocléon) me fait tout à fait
penser,
(note Bdélycléon), à un petit âne
de la chicane"
(ap.
T.,ib.)
-
L I ? ')f
•••
wq-T
f::r-0'-Û)
'-
1
0r-~l\\.. 0 To!.ToS. 1.<?1;T~\\OS
La suggestion de la scholie paraft intéressante a plus
d'un t i t r e :
Au vers 1310, en revanche, il s'agit d'une plaisanterie
proverbiale fondée sur la légende selon laquelle l'âne
serait le "symbole d'une joie débordante", à en croire
Taillardat (in 293). Rien d'étonnant donc à ce qu'une
telle comparaison ait été appliquée au comportement de
Philocléon "mis en belle humeur par le vin d'un festin"
"[Tu ressembles, vieux, à un "nouveau riche"
phrygien]
ou à un baudet échappé dans de la
paille".
Comme mot apparenté a cette notion de "baudet, il
226
convient de citer notamment
\\;(oI.VB~ÂL()S qui désigne
proprement "l'âne de bât", Ar.)~ 290, Hermipp. 9, Xen.,
Cyr. 7.5.11, Plat., Banquet 221e, Grg.
299 b j mais figu-
rément correspond à "âne bâté, sot
lourdaud", Lysipp.7
A
(ap. T 452). Le mot K~,,9I,oJV = ~ol."tj~ÂLOS et signifie
"bête de somme", particulièrement l'âne, Ar.,Gu. 179,
Palladas (A.P.
Il.383), Apollinaire (A.P.
Il.399).
["\\ ec{'(t'
~.~ ~'\\
0( '1 0
s
,
C'est u,n hapax qui rappelle t~Xo('10');Z~c(S (93) (~. 790),
E:ec:: ~S)L1al.""(NU. 192) et ~LIJ(.Q~(~"tS (Luc., Lex. 9). C'est
littéralement "qui fouille, cherche les procès, les affai-
res", c'est-à-dire "chicaneur". cf. ~\\.~~u.J Il. 16.747,
Hes., Trav. 374, Call. ,Epigr.
33, cf. fr.
165.
Schol.
ne~Qr-o(TO~~~~S " rr\\~n'·c(T~ l::.f€:.VV(;;V \\;(o(~ ~ÎT.:JV.
Vict.
Somme toute,
i\\~o<.~r-o('To~[~",\\~ est une épithète qui
qualifie de façon très précise cette confrérie des syco-
phantes à côté de la confrérie des juges qui vit, comme
on le sait, des procès.
Et naturellement
pour demeurer fidèle à la déontologie
du métier, le sycophante,qui cherchE à acquérir des ailes
pour parcourir plus aisément les Iles, continue avec cette
profession de foi
:
"Non, par Zeus. Mais c'est pour éviter d'être
ennuyé par les pirates, et pour revenir de là
avec les grues, après avoir, en guise de lest,
avalé force procès".
(9-.
1427 sqq. ) .
227
Une légende (94) deux fois séculaire et dont le
plus ardent adversaire fut
, au IVe siècle, Aristote
(H.A. 8.14.5 = 597 a 32 ss Van Daële) veut que les grues
et les abeilles soient censés avaler des pierres comme
lest "pour tenir en équilibre dans les airs",
note H. van
Daële Ob.).
L'écho de cette légende est perçu dans~. 1136 sq.
?
(
fi
/
";::'
(.
/
E. ~ t-
r-
t: V
IflC:. {"- ~v '\\ ~ ~ ~ <:l'li <Al STe L. It'" V eL. 01..,"':
•
oE:.\\o(VOL,
GE::t-E:.::UOVS KO<Yc(. tH:.tT'"uJ'.<.V\\:'o<'.v 1L8ovs
L'explication de la scholie au vers 1429 semble
accréditer cette légende:
' l ' l '
\\
,
1
• • •
(ï\\'J .... "c(~L.s
Ocx.e ~01..'-- ..-T"l\\I..Orol..TOS
ttlC:.(\\..~e:.~Ol..!~L. To0S 1.LBovs dl:: Of=f:o<.-JOv
t-~ n-""\\,>l t ~ (E:o~Go( v È,(V ~ t-0L.S.
Or, Aristophane est coutumier des contradictions. C'est
pourquoi,
en inscrivant cette légende dans son système
de dérision, il n'hésite pas à créer, hic et nunc, une
plaisanterie 1\\o(.p~ \\lpors~~""~a{I/' au point même de transformer
,[\\),-/
\\
\\'1\\
\\.
"1
O(Vo
E:. P \\-Lo( lOS Ir 0 AAo( S
K e:t. TO< te E:: i\\w \\t<.. LV S
Ù v lA 0( S
en une métaphore isolée :
:1
(\\, '-/
" ' V
Schol.
Ol..V\\J
G::t't'-o(loS
~ ol.VI'\\...
Tcv A[~ov. ~ lH:;~
\\f
J
r->
(
,
:>'
Ov
fc. V
T't'
~T()to(Tv 'V~tOI..! ~ ~X~v~vV. )
(
ç 1
si tant est que, à en croire Taillardat, V<olTo(l\\L._V~~V 0\\..\\(,,,
peut être considéré comme une image banale.
cf.
Gu.
1367
~S 1~d\\JJ5 t~00I..S ~v ~ ~()\\JS ~~I.<,,\\,J
ap. T. 896.
228
\\1
1
\\e,
<V
l
"
"'SoS
t\\ovî0\\"s
t\\--r~e0'-s 1..,<::(>0('-'0.5. 1 KE:e.x,V~
On sait que les oiseaux de proie tels que, par exemple,
c.. 1
~
l'épervier,
<..~eo()
(Cav. 1052, sq. ap. T 713), l'aigle)
:J
1
• •
c..,)
'V
( ' - )
1
o<.L.CTo.s
(Cav. 197 ap. T.
lb.), le ml1an}o \\..~T"\\.\\lOS 0 l-.<.TI..V
- -
1
(Q.. 892, 1624 ap. T.) ib.), la mouette (; ;(o(f0.s
(Cav. 956,
Nu. 591, O. 567
ap.
T. 714) ••• , sont donnés pour le
symbole de l'avidité et de la rapine à la fois.
On compren-
dra donc assez aisément pourquoi le sycophante souhaite
avoir les ailes d'épervier ou de crécerelle qui lui permettent
d'être partout à la fois et multiplier ainsi les délations.
Relisons les supplications du sycophante proférées en
ces termes
Il
Allons, donne-moi (sc. Pisthétaire) des
ailes rapides et légères, d'épervier ou de
crécerelle; que je puisse, après avoir cité
les étrangers, soutenir l'accusation ici et
ensuite revoler là-bas".
Ne serait-ce pas aussi parce que ces oiseau~ sont
particulièrement rapides? Chez Homère, les épithètes
d
(.of
'(;
' 1 )
, "
,....
e 1.E:~or-.~
sO,nt WK~S' l.Vl.<.virTE:e0's, 1AJ1.<.L.~\\oS tle."TE:,,\\VuJV
( I l .
15.238), EJ,o(,teOToI..TOS lTE:TE:-,\\VwV
(lb.
22, 139),
cf. Hes., Trav. 210
lJl<.vrr~T,\\S)~f1~)To(VVIfI..\\t'TE:fOS~eVI..S.
Cela va dans le sens de
~Ç)\\Jt0I..S 't\\TE:eC~S' D'Arcy
Wentwork Thompson, A glossary of greek birds, Londres et
229
Oxford, 1936, p. 115, n'a pas manque de faire le rapproche-
ment.
La crécerelle (Falco tinnunculus) qui est un falconnidé
- en grec moderne elle
c.
1
' . "
•
se nomme
L~eO\\.\\,(L--
-
merlte eVldemment
les mêmes épithètes.
J ~pv<;o\\<~~
La création comique JA\\-,v~OIA.6r-~S(!!:.: 73/Ç\\toV~OIA.~r-ÎJ )
éclaire d'une lumière nouvelle les méfaits que n'a cessé
et que ne cesse d'engendrer dans la cité athénienne la
gent des sycophantes. Les auteurs anciens précisent qu'elle
a été créée sans doute lTrJ...e>(;trdvo'vd...V
aux habitants
d'Abydos (Hesych.A 923 Latte ~1Ç\\\\->tJ~OS' 'lTb~L.S TfuJLI.<.CJV
C,El1.,\\<:t'\\T6v,OV (Il. 2.836»
qui auraient eu tendance à
dénoncer les étrangers.
Il convient de rappeler que Taillardat (in 729) a juste-
ment évoqué cette légende en citant les sources.
Mais on notait déjà dans :
;> fi
ç:
\\
-'
th (
~I
ç \\
- Zenobius 1.1.
hr~vÙÎv'ov E:t\\~,()flr-o('" E:Lf"tTO<'l. OE:
t.
I,J
\\ ; >
\\
rv
c.
1
;>
" J
' ( \\ '
Î
rro(~OLr-'-"'- 1<.0( .... O(tlo lOV Vtt"
C(vl:"\\AJV
(Sc.
rtrVÙ,-
V~,,) q-V\\l(O~IX.VTE:.~q-&c(L-- To~S f~v~tJ.s ...
- Bekker., Anecd. 215.6 et 332.31
)A~V~O\\(6\\1S 6- ~tr~ TqJ 'rl)\\.<oto(V\\E::~V I(O~"\\"~Y'
T
t v
\\
'-'1\\ P,
C'
1
Ol.OVTOL--
10l..e OL-- t"\\-VÙ"\\\\I0L.
- Hesych. A 925 Latte ) A~v~ù\\.(6r-o(S· ;; ~rr~ \\~ q"1lv..Q t-'IIhV
\\<.0't~" (Ar. , !.!.. 733) q.
cf. Eustath. 357.1, Hermipp. 58.
Il semble toutefois qu'Aristophane a forgé :>f\\\\->vS'oK6\\:'"ÎS
sur l' a na log i e deI a par 0die du nom pers e c. ~ \\3 fO '-<.b\\:'"0( 5 ci té
dans Hdt. 7.224. Soulignons que chez Euripide, l'épithète
230
<.
1
est précisément
DI.~e0\\(O~{S (Ion 920, I.T.
Ma~s' f\\~v~O"'~\\l~ est un ;ype qui rappelle d'autres
composes en -
(0)
-
Kor1~ /- K0r-oI.S (ap. B.P., p. 6).
Comme par exemple
1
1
,
,
,,<,,\\rrQKQt"-o{SCom. Adesp.
34 D .-
K\\.<:\\~O'-<.O~~$ epithete
de Dionysos dans h. Hom. 26.1. -~ <X.V~OK~t"\\S =~o(.ve6~e~
Hes., fr.
135.5, PL, ~ 9.17, Theoc. 17.103 (avec comme
variante...!. -'<01;"-0 5
cf. Opp., f...2.165,
3.24)
'-<r\\~o(~""ÀoIo<.6~c(S
2
Soph.,
fr.
1099 N
ap. Poll.2.23 qui proscrit le mot.
cf. Hesych. Z 1948 Schmidt
l:S'\\~rJ.[~><'J...OK~r-cJ..V o6J.o\\(6r-~V.
0
? E.l-I.+:<'vJT'Olalc;r-T6ewv "(ç{VOS
Point n'est besoin d'insister sur le fait que le
passage des Oiseaux (1694 sqq., voir supra p.
133)
, remar-
quable par l'accumulation de mots ou expressions dépréciatifs
dont certains sont à double entente, fait mieux apparaître
l'essence même du métier de sycophante:
"Il existe
à Phanae, pr~s de la Clepsydre, une
race de fripons vivant de leur langue,
[qui
récoltent,
sèment et vendangent avec la langue]
et qui cueillent des figues"
(ap.
T 716 et 720).
Extraits de l'apparat critique:
è:v ~<X.Vo<.~~v ~: ~t-to<.,,()(t<f'v R\\f
'l:: o-ll).W TTO~()(q-T6\\""l\\j R-V ur E:.0- to~uJ\\\\Orq"T6
00
JÇ,-.NV
A.
C'est d'abord la toponymie qui nous guide plus sûrement
car, elle semble constituer un moyen de suivre les progrès
211
de la conquête des sycophantes, d'en retrouver les traces,
d'en délimiter l'expansion.
~d.."<xLcr-\\.., c'est-à-dire Phanae, est un port de l'ile
de Chios.
Schol.
••• ëpc(v'!l{~ "S X~ùv xwe~o'l/ (voir T 716
n.!).
Mais le toponyme est évoqué ici par pure allégor ie, ~01..-
Vd-.."L q-\\...
suggérant ainsi par plaisanterie l'idée de
dé non c e r
( <fOl ~ \\lE:. L \\1 ).
1
Schol.
~é:<r: T\\.- b ' ~V CPC(Volê'<:r1.- " .... \\ToI.JL~€.\\" ~~ ));LoI.et"VCulV
t'V
) ( \\ ( \\
l
"
'd>'
Tv.JV
P\\\\:;),\\volLWV
TiD0s q-u~oto<.VTo(S)Tnx\\ol 10 \\cX\\..-
"..
\\
rv-
, \\
, \\
vfCL'I/
~o(l.- <t"V\\,(O~o<..VTE::.I.-'I/ ol0TovS liée\\... "\\D(.
't; \\... ""'-CÀ. T~ ~
q""
Lo/... •
H. van Daële (n. du v.
1694) et Taillardat (in 716)
n'ont pas manqué de reprendre cette même version de la
scholie.
En fait,
comme le relève H.
van Daële, allusion est
faite ici à la "tribune publique d'Athènes". C'est donc
fort de la même résonance allégorique
qu'il n'est peut-
être pas interdit d'arguer, comme le scholiaste, H. van
Daële et Taillardat, que si, originellement K';('"f~~~O<
désigne la fontaine située sur le flanc nord-ouest de
l'Acropole (..!:.. 913 \\.<.àl?\\.CfToi. ~,nov) A()Vq-oI.~~V,", T~ 'Kl~f~~~ ),
le mot évoque allégoriquement ici, pensons-nous,
"l'horloge à eau" (Ach. 693, Gu. 93) limitant dans les
tribunaux et dans l'Assemblée le temps des harangues
(Glotz, p. 288).
L'explication de la scholie parait assez claire à
ce propos :
?'
~ C \\
l'Î
C ,
'
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E: Olé.
'(tO(A\\.:v'
ù\\.,o(<:S"v\\wV
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t-\\O,\\VolLOV:
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IvAO()\\...\\I«()VS) E..1T<G\\.,
1I<.o<.t.
E:..V Tu.>
O\\...~l>lq-T,\\\\L 1
<:S"-
T~ 1.(?...c;,.'Jç.0~\\o(.) \\l(o(To(q-I<.c.0o(q-,\\~ ~I.- ~q-i\\é( 0JfO-
"0 tt- ...... -.<. oV,
232
Ensuite, nous avons au plan de la nomination des peuples
ou ethnonymie, qui habitent ces endroits un tant soit peu
)
"recommandables"
aux yeux du poète comique,
l'ethnonyme ~
XAWTT0'fol.~T6~vJv' (cité" qu~lqueS vers plus ~Oi~J' 1702),
1
dont la mission est explIque par les verbes tH::e" t\\...y'
,q"\\H::,--
f?lé:vJ
'Tfvr;r;jv
(voir supra, p. ? 133) et
V\\,(~~hV.
Si l'on fait fond sur le scholiaste :E.OO?.wITOroll[-r~fvJV:
\\ '
/
d"
l '
l'oI.fol.. TO~~ E:. D'x.E:'- fO 'Oo{l;JT0(bl;' autrement / l t,
re eve;t-~n
\\
dans Junglus (s.u.)p. 107), E:YY).vJTTQYIX"f"TwP rr«po<. '10 bu><
'1
1
\\
C'
"
') 1
U U/
1\\.
U.
\\
\\
rAvJq~,,\\S It<-D{l. ù,-ol AOTuJv' TCE:t8I\\Jll(.l. ln E.M. 309.51,
il s'agit donc d'une création comique forgée effectivement
:1
/
sur l'analogie avec E:.DX<:<\\...fo1ÇoI<rTW~ "qui se nourrit du
travail de ses mains"
cité dans Cleanth.
ap. Clearch. 16,
-
1
Zonar.
=/ "[oI.<s 1 (OXE:.'-'
Str. 8.6.11, E.M.
221.
Notons que
X€:.LRo~o(<rTOfC::S désigne la pièce du poète comique Nicophon
(Ve/IVe s.a. C.), mais que le nom commun se rencontre chez
Hecat.
367 J.
) E.QOAWTTOO~~TO\\E:S
est u~ mot expressif considéré
comme synonyme de
OAw TT0'OoI.<rTOfE:S .
/
\\
PolI.
2.108 (ap.
Jungius,
s.u.)
: 'Y~WTTC':(o(~\\O,pE:S rto{PO(
'V
IV'
' - ,
,
' "
" ( 1 /
Uc.
B
(,l.
\\
\\
\\o\\..S I,.('"",\\."',,\\o(.O\\..';, 0'- o(no ''\\?
U"""TI,,\\J
l-I.C"'VT'E:s,.
En un mot, cette expression imagée qui fait allusion aux
dénonciateurs signifierait littéralement "qui a son
ventre dans sa langue", entendons "qui mange grâce au
travail de sa langue", c'est-à-dire des délations, acception
mise en relief par E.M.
309.51.
Enfin, c'est un type (95) qui suscite quelque rappro-
chement avec ?€;r~':~wTToTvttlé:-~\\f , littéralement "faire
claquer sa langue comme pour déguster du bon vin", c'est-
à-dire "vanter quelque chose, vanter sans cesse", mieux
"forger des discours à coups de langue", selon Taillardat
(in 765 n.2).
Il s'agit d'une création hapax dérivée de
*QAvJ'TO'10 troS ' mot reposant lui-même sur QA~'ï ,0(
et T01\\TE:\\..V. Cette formation se trouve citée dans Cav. 782
233
Etablissement du texte
? E6'
RV M':> ~V'tAWT\\O\\VilE:t\\/ R
oA.v.J TTQlvtrE:.~v'
JE:." r w IC Tv TH_~v V
E:.0 VÂw TTC> tlOI.- ~~ V \\0,' 'Tv-
T\\'c~V) r~.
Le sens de cet hapax est encore éclairé par les
explications du scholiaste :
)
( '
\\
'O..-û"CAwrcolv,r€:t'v
~ \\~v' ry'J.wq"~ol..l/ \\lJot,E:.~V T~
r\\
~ 1
\\
\\
'10
\\,1
1" /
\\
( ' v
\\,(ol..tJoP
vJt«\\o(. \\o<..ol..l.- ~'ë.kVC"/'Oyrc.LV \\0( ~'v<.f::.I...VuJV ù(ol.\\...
")
'\\
\\ 2
\\
cv
1)
1
\\.
"
~
Dtl<:.\\.-
E.t\\I...
I,,\\~ lA. W ï T ,\\S Cè.XE:.I.-\\l.
Comme termes apparentés (96), on a le verbe t'Iv.) r-'Cl-
\\v\\:(~r-;:V
Thesm. 55, et l'adjectif lVvJt'-010i10S
Nu. 950, Gr. 877.
2. v K~~ &V<:r'l"
Ce verbe appartient à la série de
métaphores
agricoles déjà évoquées. Il est à double entente, comme
~VV\\.OAOot~V, ~v~'O". Proprement, c'est "cueillir des
figues",
Xen., ~ 19.19. Naturellement, il y a ici jeu
de mots sur <('v~otd..V\\E;LV, verbe courant, qui signifie
"faire métier de calomniateur"
(97).
Schol.
:
'1 1
c ( \\ )
\\
rv
~
t1"
e:rVl.<o(. OVq"I...
T<é:-:
~lS E:.\\I\\.- 1EWPOWV .... vk -
'1'
> \\
""'"
/ : ;
\\
( V
)
~C::L\\I Ûd- P E:q-\\\\.- 1'0 (J"vli<.o( E:1t<.A.E:lE::\\...\\I oU"\\'C) TvJv
1
\\.
'\\
\\
J,
rv
J
/
C"'\\...,
~vv::..C:fv v<:..o<..l.- Tc ~vV:,OTo<.VTE::I.-V. E:.VE:r--E.LVE::: 012: 1'1\\
Teûï\\~'
Mais dans ~\\.I\\i\\,~~€:I.-V se perçoit aussi une connotation
obscène qu'on trouve exprimée chez Stratt., fr.3 ap.
Jungius
s.u.
~V\\Z~~E:I...V , p. 305 : "<01.~ 11''1 I\\rXY:~~KoI..V T'y' )1\\'10-
p'
1..... .....
\\
c..
l'V
U
l
"1
K,olIOUS
nol.Al'\\oll.<.'f'
E:.vfE::LV
tE:. rrv'Â-éi.7 0v'f"o/,.v.
234
<
He s y ch • ..::', 2220 5 c hm i d t :
La même ambiguïté obscène apparaît également dans le
verbe
~IJ'A.OÂO((E:~V (voir T 113, 177) porteur du sens
de "cueillir la figue",
cité dans P.
1348
?
1
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" ) " , , -
OL.\\'<'II\\«"l'::.\\,E:
+OVV
Ko/.AW>
?
\\
1
) ) /
) ')
()v IT~o(.rt-d"
~Af)V\\fc..'::> ) o{A-
7--~ <rvv-.OÀ.Q l00VIE:S'
Comme dans le mot
T6 q-;Jv...ov (ap. T., ib.) signifiant
-
''-v
"figue" Od.
7.121, Hdt.
2.40, mais synonyme de cù,ÙQI.OV
-;::;
C I e '
"fV'
~VVc("''''E:\\..cV dans~. 1352
T~S 0 ~ùv 1"0 (f"v~oV.
,
",' 0 /
,C' \\ rv
\\ '1
1
•
cl
(" \\
,
Schol.
10 I"\\S
rrweo<.S o(Lt)ù\\".oV
AE:OE:L.
otto<. oE: 'v<o(v
"\\6'::> T6 ~6VO\\o( 'i"q's) 0 tr~~c{.s T6 -rüv..ov A~ O~L.·
, )
le.
(
Le compose
6(t\\o<r"VIt\\ci. 1f=t..V ap. T. 717), c'est proprement
"cueillir des figues",
c'est-à-dire TfIJod:v ou ficus legere.
Chez Ameipsias (fr.
33)
la forme verbale
lx.tto~€:.~0\\;(,o("\\o(\\,,,
est expliquée pa;-TE:TP.) 'Y1'ïoll., mais Hesychius (A 6611)
\\
~
U?
/
<)
[\\1
l'explique par
T~ q:V \\1<.0( C( t\\0 (-'E: ~A,,\\ ~E:
revJ \\tE:,vTo( •
cf.
Bekker.,
Anecd.
435.9,
~ 125.49.
Mais
figurément,
c'est " tâter des figues"
pour
juger de leur maturité en parlant des dénonciateurs,
1
avec" bien sûr,
jeu de mots sur <t"V"'()~ol.V'T'lo(. L'explication
de Jungius
(s.u.
p.
45)
conforte,
pensons-nous,
cette
assertion
?
Ilz.
"
0( tro<t"v KC{,w
apud Aristophanem in Eq.
v.
259
metaphorice usurpatur de explorando b ~E:V~~V{)VS
possitne il lis pecunia extorqueri necne".
235
Le reproche est fait en ces termes:
"[Et c'est justice, puisque]
tu (sc. Cléon)
récoltes comme des figues les comptables
publics en les palpant pour conna!tre
ceux
d'entre eux qui sont verts ou mûrs, ou en voie
de mûrir" (ap. T., ib.)
1
c:.
{\\/
r-J"
""~ it"O<!"V"'~)hS IILE:1"",v 1005> vii~V\\JvI/OVS <:r\\<..o1rWv}
(..':-"'''''-\\...<''''
ol.v-' -'-w"'"
''<'kO'S 1 T "
'-'
' . J
\\
v
V'\\
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~\\ ."..\\}...-,.r\\
, \\ \\ ' - \\ \\ V"'V:>~
V
\\
I.A.~
\\
\\
\\\\~l\\vJV
(Cav. 259 sq.)
La même approximation imagée est développée dans
Gu.
145, 897
"l
'
/
( "' .... w OS '!"v ....\\.'l/l>Sap. T 726).
\\
Z0v<.LVD;' , c'est proprement "de figuier",
Hp., Ulc. 12
«!"'~\\~"À()V)' Plat., Hipp. ma. 290 d sq. ('o~6V~).
Or, la tradition veut que le bois de figuier soit consi-
déré comme bon marché et donc sans valeur. Cette légende,
soulignons-le, est passée en latin, Hor.
, Sato 1.8.1. ap.
T. 726 n.l
821.
C'est pourquoi .:r.!.J K\\.VClS se prend figurément avec le
sens de "inutile", de "vaurien",
in Pl. 946
ap.
T 821.
Sc h0 l .
,...
\\
1
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rv
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(\\
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~vv...\\.v,,\\ E.tfl.-v:.ovfl..o() 0'..1/,.... IOV O(.,.\\JE.v,\\s v:.cI..\\.. ol.VW 1::"î"JJJ
1
N'oublions pas par ailleurs que la flore a favorisé la
métaphore appliquée aux individus de grande taille, dont on
a l'écho dans Eupol.,fr. 102, Plat. Le Comique, frr.
64,
184.3
-
-
ap. T 889. Voilà pourquoi,Cléonymos qui n'est pas moins de
236
haute taille et de surcroît sycophante ~. 88, 352, 844,
Cav. 958, Nu. 352, Gu. 19, Schol. Gu. 592, est comparé
-
-
singulièrement à un figuier,
entendons à "quelqu'un sans
importance"
dans O. 1473 sqq.
"Il
a poussé un arbre extraordinaire, assez
loin de Bravecoeur, le Cléonymos
qui, s'il
n'est bon à rien, est tout de même ••• lâche
et grand. Au printemps, il ne manque de bourgeon-
ner et de pousser ••• des délations. Avec le
retour de l'hiver, il jonche la terre de ses •••
boucliers"
(ap.
T 726).
"t.-
1
- <r Tl.-
r~{J 'b'O.v'Spcv TI"E=. rbJ'-<~~
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f:IA.Tl'lre-oV
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' ) ( '
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I\\\\"\\~'-r-°v t"€:V
I!JVùec.V) o(;{-
Aw 5 '6 ~ ~ €: l.-1 ~v V< 0( ~ r- ~ 00< .
[00 Ta <. Tov >r-~v ~ eos ~E ~
~~~~T~V~L K~~ ~V~O~~VI~~,
""5\\
rv
,.,1
\\
1"01.1
E: XE:.'-t-uJvos
rCd..lüV To<.S
~ 'S"" ,,-[., bc( s ~ \\./).). 0 f f 0 E-~ •
En résumé, si l'on en juge sur la fréquence des plai-
santeries faites sur ~v v.... 0 ~OI...VTC::~\\I, <::r V IA/x..7<ê.\\..V et leurs
assimilés, Cratin. 69, Alexis 182, Axionicos 4.15, Corn.
Adesp.
77.251, 905 ap. T 726 n.3,
il faut sans doute
admettre que cette tournure stylistique para!t monnaie
courante chez les poètes comiques.
Ainsi, par exemple, dans Cratin.
, ~. 69
t~w fO"t ~v~O_
T\\~<OL 'ÀE: ,<:TVIo<01\\É~lA().S signifie, certes, litteralement
"aux talonnières de figues", mais avec jeu de mots sur I:f"vKO_
~ol..V T E:~V
, le mot se prend figurément avec le sens
de "délateur".
237
C'est un type fait sur le mode homérique )\\\\V(fOÎ\\~'Sl-1(,SI
épithète d'Héra, Od. Il.604, Hes., Theog. 454 ; mais
celle d'Eros dans~PPho, fr. 18 Diehl. Le mot <:r\\JKOIï~~LÀOS
convient-il de le souligner, est conservé par Hesych. ~
2747 Latte
6..w\\o~, ~V\\l\\OTï~<;;....ll;:·
TïO \\.. " 'r- cl. -ru) v .
Il faut aussi rappeler que ce substantif servira d'élé-
ment parodique à Aristophane dans Cav. 529 pour rire
plaisamment d'un passage de Cratinos :
"Il n'y avait pas à chanter dans un banquet
autre chose que "Dôrô aux sandales de sycophante''''.
A
'V
1 <'"
')
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1
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q-VIAOT\\ce:.OvAE:: i'\\~o(\\\\..Vé>\\J tE:.1--!>vS
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""'-'
\\
Çf"0""-D \\"oI.V'\\o,,/
T I ' ) V \\ O
E.Lrrev.
De plus, les sycophantes sont des êtres malfaisants
et venimeux.
Voilà pourquoi, ils sont comparés aux scorpions,
~
Eupol. 231, Dem. 25, 52 ap. T 727
n.2, symboles memes
de la méchanceté, Corn. Adesp. 678, 734, Cephis., fr.
7,
ap. T.
(ib.).
Précisons que le mot
t;f"K.o(rr[oS qui est une image banale
ne se lit pas dans Aristophane mais que les termes de
~v 'KO_
~~V\\,,\\S
(Pl. 885) e,t de fir~e (Thesm. 530) qui
viennent à sa place f\\o(,fc( l\\e~c"~()\\'<'\\.cl."dans ces passages
l'impliquent. Or donc, les faits et gestes des sycophantes
sont susceptibles de déclencher une conséquence identique.
C'est pourquoi, Carion s'empresse de détromper le Juste du
238
Ploutos (v. 885) qui considère
comme apotropaIque
"l'anneau-talisman" acheté chez Eudamos :
"Mais on n'en achète point contre la morsure
de sycophante"
;""1"1 ')
,~,
. 1 "
1
C I
U\\.'\\.I\\.
ovùÇ;.V
~<r'T\\.. <rVI,(.O~oi..\\lYOV b1.Cr-O(TOS.
1
) ( ' 1
? ; ; /
L'expression ovù~v ~~IL serait, observe-t-on, la
correction de Coulon
; celle de Willems adoptée par
,<:' ",
Taillardat
in 727) est o\\.Jù€:,v
E\\I<=<r"Tl...
La leçon de
RVcfS, en revanche, est oê,~;>~VE:q"II.- .li~Or-<x-ros"
c'est la leçon de R<f S ; le copiste de
V
donne ~1.-'l')Gl
\\"-o(\\O~.
C<v
1
Lem 0 t
Ù ~ '6 t'" 0(. (TO),
"m 0 r sur e, da rd"
est un mot
courant, Xen., Mem. 1.3.12, Arist., H.A. 604 b 21. On le
trouve employé figurément dans des expressions du type
~; ?.0ltiS Esch1., Ag. 791 .- S. ~fW\\O~ Soph., fr. 841
N
.-<i:>. tVX15 probablement dans Luc. , Promo Es.2 •
.?
'C
Le composé o(Vo<. O~ ytMll, "morsure" est ci té dans Hp. ,
Ep. 2.3.1. en parlant des moustiques ("'~vwtc'E:.~).
-
Il est également hors de doute que la locution prover-
\\!
/
....
' ' 1 ' ( \\
'1
' C I
c.1
J{\\
biale VITO /\\l.fJ'(J 'Oo({ ilol..VTI.- rr00 X~'\\\\ t"\\ 00<."<.";\\ ~,,\\TW~ OCO~E-~v
reproduite dans Thesm. 529 sq., souligne la similitude
existant entre rhéteur et sycophante :
" [J'approuve l'antique proverbe ]qu 1 i l faut
regarder quasiment sous chaque pierre, crainte
d'être mordu par •.• un orateur" (ap. T 727).
En fait,
il s'agit, note H. van Daële, Les Thesmophories,
Les Belles Lettres, Paris, 1928, n.7 du v. 529, de "la paro-
die d'une chanson qui disait:
"sous chaque pierre un
scorpion
j
ami,prends garde'''', si,par ailleurs,
l'on fait
foi au scholiaste :
')
' V
')
<Cv,-
1",,1/
E; ... S
1
t-€:. VvJv
?ToI.\\::'~8
i
Â~&OY
1
l
i
On a de semblables approximations imagées dans Soph.,
1
2
,
\\
cD
"'-'
'1 1 r\\
fr.
37 N
<ê. Il
TTtX v' TL
CL
1 f ~ v f <::- L
A '- tr ~
r
Ath. 695 d, Com. Adesp.
790 ap. T 727
n.l.
[
Une image proverbiale identique est maintenue dans
!
Hesych -
•.::..1116 Schmidt
l
')
f
..
q"KO
(~) 1\\\\..05 O\\;<,\\"VJIToI..JS
(\\o<.fOLf-'-[CX:" <rK.C(-l-
1
)
1
J
1
\\
~
\\
\\\\Lr:rv
0"" TvJ t\\o\\.J\\f
E:.1E:""'Cê.\\.. S.
Par ailleurs, point n'est besoin, semble-t-il, d'insister
sur le jeu subtil de la taxinomie. Car, si, hic et nunc,
r
le mot Â
,
~eo~ fait plaisamment allusion à la "tribune
de la Pnyx" sans doute, Ach. 683, ~ 680, A.F. 87 ap.
T. 727
n.2. (p. 425), ailleurs,
le même toponyme est
,
dénommé parlT~T\\o(' Cav. 313, 754, 783 ap. T 714
n.5.
Nous savons qu'un sycophante était un personnage qui
généralement accusait les autres non pas pour avoir souffert
lui-même quelque tort ou injustice, ni forcément parce
qu'il les croyait coupables, mais tout simplement parce que,
pensons-nous, il visait, soit à extorquer de l'argent en
usant du chantage, soit à acquérir une renommée d'homme
politique ou d'orateur (98). Tout indique donc que leur
présence, et partant leur prolifération, suscite alors
quelque remous à Athènes, à un point tel qu'elle y est
donnée pour un cauchemar, impression soulignée d'ailleurs
par l'emploi de l'expression ToL:'5
1tT'..... ~:z.~\\..S "frisson"
en relation, du reste,
avec TO~ST\\v eE:'r\\;~CïlV se tradui-
sant "fièvre".
240
Ce lien, ajoutons-le, semble être encore plus percep-
(..1
c. ?'
1
.v
/ ("'
t i b1 e dan s f r.
332
: 0< r- 0( D "1 TI La(" 0 S rru eE:"\\ 0 v rr(' 0 l) \\ 0 ~"'- 0 S )
entendons "le frisson qui annonce la fièvre".
<V'
,
' "
Schol. Gu. 1038
TOLS
1"\\.-0(,,0L.5
'V
.-v
/
T" u
\\ Î v \\. E: 10 v
'" f voS,
1
!
C' est donc à ces monstres ou TE:. Po<. Tc(, Gu. 1036,
1
\\ -
P. 7 59 - 1 e mot T E:. ~ol. s é tan t un ter me ban a 1 qu' 0 n t r 0 uv e
f
cité dans le sens concret dans Il.
5.742,
h. Ap.
302,
Eschl.
~. 354, Sapho , Troy. 1098, Eur.,~. 806 •• -7que le poète
comique, Aristophane, a osé s'attaquer, si l'on en juge
par les propos du coryphée des Guêpes (1038 sqq.)
:
1~~
" [N 0 t r e po è te] as sai Il i t,
l' and e r nie r, ces
l
démons de fièvres froides et de fièvres chaudes
f,
qui,
la nuit, étranglaient les pères, étouffaient
les aïeux, s'attaquaient à ceux de vous qui sont
!
d'humeur paisible et, penchés sur leur couche,
f
collaient ensemble prestations de serment, cita-
f
tions et témoignages"
(ap. T 728).
1
/
J
\\
~\\<r"~V TE: t'Cê.'T?oI,.'JIDV ]
1
\\
'V
'"
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T ~ L.
ïTG:\\u~v" v...:~
".:>
1, tt
10LS
1.- 0( ';( 0 L. 5
E; '\\\\.,XE: l.o \\ i ...al \\...
.l\\"veCëT'OL"''''V
t.\\
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~L, TovS \\\\<>(I"E:.'\\o(,ST ~\\'oXo" VVK\\vJ~ II\\~L. T\\!)v,S tro<\\\\'-
"()v~ é(t\\ E=T\\VL YOV,
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1
e.-
T () L.';~- '- V
0(. ï\\ \\0( '{ r- ~ <:;r L V
v r-':::; V
" ' 1 /
,
KoZl.-
l\\e0l:.>K ..... ïq"(:;.LS
\\1\\0(.(..
~o<.~TV\\LCXS
, ,
<rvVE: v<.O::tAw'/.
241
,
1
1'\\
L'étymologie populaire donne à ~i\\\\. ri.. A.o,S le même sens
?
1 1")
r
/ '
1 ?.
'
J
')
que
,",~l..o<.AT·r;) 11T'"\\..ol ",c:,
(Chantraine,
D.LG.
s.u. 1"\\.ci,,",OS)
~11",~J.''\\S) signifiant "cauchemar", personnifié dans
•
')
1..,
1..
\\
l
,
Sop ron 68 Kalbel:
~t\\\\."otA.,\\c:, 0 I~V l'Tot"-E:eo{ TrVl,"O"JJI/
ap.
T 728 n. 4,
mais aussi dans fr.
70
\\-\\ rrl..o(l"\\TO( (acc. ).
,
Chez Herodien
(Ile s.,
p.
C.),
on note l'emploi de 1\\\\1..-
~Â,\\~ (Gr. 2.518), terme récent, bien entendu.
'é<\\H"~:{'l~ ,notons-le, appartient à la catégorie des
suffixes abstraits en - T,,\\S (99).
Mais
;rr-~o(ÂOS' c'est d'abord la fièvre (paludéenne)
intermittente,
le frisson
de fièvre,
Thgn.
174,
Hp.)
Superf.
34,
Ar.,
fr.
384.
Au pluriel,
on a le couple
?
/
"
\\
, d
H A "
3
' \\ i\\1.. Dl '" \\0 \\..
lA.oll..
1\\Ve~TOl.
ans
p.
,
...!:..
.
,
CI
, / ' )
,
~'expression
o(,,\\i)'OvuJV
~tT"l.otA.o.squi se prend figurement
avec le sens de "qui donne le frisson aux rossignols"
se dit d'un mauvais poète chez Phrynichos le Comique
(fr. 69).
D'où le dénominatif 1i'I.rJ..ÀÉUJ
"avoir la fièvre
ou un accès de fièvre" dans Ach.
1165 et Arist.,
Pro
947 b 21.
,
/
'1
En outre, ,,\\~'-ol .... o5, c'est aussi le cauchemar considéré
comme un démon,
au sens judéo-chrétien du
terme.
Comme ici,
si l'on en juge sur l'explication de Didyme
(in Schol.
ap.
T 728
n.4)
:
7 '
' I I
J
c::..
J
c.' 'II
TE)~5 ,\\rn.. ol.ÂoL.S ~ ntn.. o<.:(oS .•. ()o(.l.r wV) oY MTlI..-
' "
, /
\\
'V~
\\
C"
( V
o(.AV\\.V
IA.~I..
TI.. '"(uV
v:..o<.l,
c.voi\\ocy
~olÂ()v\\ïL..
La même idée apparaît dans Phrynich.
Soph.
73,
7
Borries (ap.
T.
ib.)
, \\-\\ \\t" '" ~?. "\\CZ:> •
~ ~ t\\~ i\\ Tw'l/ \\;(.Ol (
"'O"'t-wt"~VO\\...5 ~o(Lt-ùJv.
242
Une ambiguité difficile a saisir est due, en tout cas,
1
au sen s d e tr E: f'J er~V. Tou tel a que s t ion, e nef f et, est
de savoir ce que recouvre exactement ce mot. On en discute
(voir T 728
n.3, Mc Dowel1, Ar., Wasps, ~., n. du v.
1038- p. 267) et, de ce fait,
les explications qu'on a
données de ce passage sont loin d'être convergentes. Bien
au contraire !
Les Nuées ont été représentées (Gu.
1043 sq.) aux
,
Grandes Dionysies de l'an 423,
l'expression
ït"E: (V <:11.-\\1
"l'an passé" pourrait faire allusion aux Lénéennes de la
même année,
sans qu'on sache pour autant dans quelle comédie
il s'était attaqué aux sycophantes.
Aux yeux de Mc Dowell,une telle argumentation parait
peu convaincante
-même si ce passage sous-entend que les trois
pièces militent toutes pour la restauration de la paix,
rien n'indique de façon patente que chacune d'elles
persifle Cléon et Lamachos. En effet, toujours selon Mc
Dowell, Lamachos ne se lit pas dans les Cavaliers. Il est
fort probable qu'il en soit de même pour Cléon dans C.O A_
~~<Ù<::.S •
243
?
1)
1
-au vers 1037, l'expression I.A..<::T o<.l..1ToVest
loin d'insinuer que Cléon y a été attaqué aux Lénéennes
de l'an 423. En revanche, allusion serait faite sans
doute aux Cavaliers (424) dans la mesure où il est admis
l
,
,
?
1')
que n~evG\\."ne se refere peut-être qu'à 1 rr ",«.II.OLS. On
entendrait alors:
"Hormis le fait d'avoir attaqué Cléon
[en l'an 424] , il s'en est pris l'an dernier ••• "
-il se peut qu'en énumérant les pièces,
Platnauer ne se plie pas à un ordre chronologique rigoureux.
,
<"0') 1ç
"
,
-enfin, a supposer que
A,-,o<.O(1;S ait ete repre-
sentée aux Dionysies de l'an 422, il est alors fort
probable que cette comédie ait permis à quelques égards
de moquer plaisamment aux Lénéennes de 423 les sycophantes,
dont les activités sont, pensons-nous, décrites au vers
;)
1
\\.
.....
f
,
1041
. ',VTvJr-oO<t'1.. o(,S
\\i<..clL-
\\('(O<;;I.{A,,\\<rE:-l.S
1A..cl..l.
t"-o(e-
ï
u ~ L('. ~
(J'v V (:;; lA. 6ÀÂ u.J V •
En vérité, en leur qualité "d'incubes", comme le sou-
ligne Taillardat (in 728), les sycophantes n'avaient eu
1
cesse de malmener (~<=L'=l.V) les citoyens athéniens
paisibles :
,1
~ 1
' "
l ')
,
th 1
.1
e;~E:LoV1 ~rovv xe,\\\\:,"clT } 1IT'€;vAOVV, E:q"VIA..O_(i("'ovv
(fr. 219 ap. T 719).
2. Pour Willamowitz (Berl.
Akad. S.B. 1911, p. 468
,
1
ap. L,ib.), liE: eVI['l.V ne se réfère qu'aux Nuées. En fait,
comme le souligne Taillardat, "pour les besoins de la cause,
le poète donnerait ici une portée et un sens tout nouveaux à
1 ,A
,
c.1
" 1
agon des Nuees : l ' '1 T"TvJ V 1\\0,0 S
cf. Schol. Gu. 1038
symboliserait non seulement l'art des Sophistes, mais
celui des sycophantes.
244
3. Willems (t.I., p. 571) suggère re:Wf~ , comédie
dont la date de représentation généralement admise est
les Dionysies de l'an 424, cf. Plu., Nic. 8.4. En revanche,
pour O. Musso (in Stud. Ital., XXXVI
1964
80-9 ap. Mc
Dowell, ~.), il s'agirait plutôt de 421, c'est-à-dire
l'année même de la représentation de la Paix.
1
Quant à rrUfE:TO's
':.)
(T':<;~)' c'est d'abord la chaleur
brûlante, ardente, Il. 22.31, avant de signifier "fièvre",
Hp., Aph. 2.26, Plat., Ti. 86a, Arist., Pre 866 a 23.
1
Comme composé proparoxytonique en - C\\V~€:-T~S(ap. B.P.,
p. 480 sq.), on peut citer , entre autres, o<.l\\V~C:TO.s "sans
fièvre", Hp., Aph. 4.20,
"qui ne provoque pas de fièvre"
- -
1
en parlant de régime (~I...OlI.."o(), Hp., Art. 69, Antiphon.
,
1
, ) '
-
226.6 (f->I.O~ • Dan s Theophraste, Caract. 3.6., 0( \\TV \\ €:U ToS
A
f '
1"
,
1
est peut-etre fauti
et a
1re
g(, t'""v e"ToS •
1
Le dénominati f
n'V f€:."f'q""w
(ion. att., -TTu.»
,
"avoir
la fièvre,
tomber malade d'une fièvre"
se rencontre
chez Hp., Aph. 2.28, Eur., Cycl. 228, Ar., Gu. 284, 813.
Le dérivé
eE:
\\('1.1
\\""~VuJ= rrv el:: er<rw est ci té dans
Hp., V.M.17, Ep. 4.7. Le moyen sans doute fautif est
, : - -
, -
c. t
~
ci t,e egalement dans Hp., Fract. 11
0 <ra(
<ru Ve:. X'" t'rV ~ <2;-
-rel \\, ""\\ \\cl \\" •
Somme toute, ce qui fait l'importance de l'Héliée
dans l'histoire d'Athènes, ce qui fait d'elle un organe
de la démocratie, c'est que tout acte de la vie publique
peut déclencher une action judiciaire.
Or, ce qUi,à chaque pas de son activité, se dresse
devant ce citoyen athénien qui s'aventure dans la vie
245
publique, c'est, à coup sûr, le spectre de la justice
populaire, que n'importe qui peut mettre en mouvement
pour peu qu'il le veuille.
CHA PIT R E
III
LA VIE MILITAIRE
247
Si l'Athènes du Ve siècle, mieux l'Athènes périclé-
enne, est loin d'être une "cité idéale", elle n'en est
pas moins une communauté concrète et complexe à la fois,
parce que tissée précisément de contradictions multiples,
sociales, politiques, religieuses même. Une communauté
qui, en dépit de ces contradictions, trouve cependant sa
cohésion dans certains sentiments simples et profonds ~
du reste eux aussi contradictoires -
: l'amour de la paix
et de la prospérité, mais aussi l'orgueil d'une puissance
dominatrice assise sur un appareil guerrier , et dont la
seule existence risque, à n'en pas douter, de compromettre
cette paix et cette prospérité.
Bien sûr, par opposition à la paix ou à la trève qui
s'inscrivent comme des temps morts dans la trame toujours
renouée des conflits, la guerre représente dans les rapports
entre cités l'état normal, parce que les Grecs de l'époque
classique y voient l'expression normale, voire naturelle,
de la rivalité qui préside aux rapports entre cités, non
seulement jalouses de leur indépendance, mais aussi
soucieuses d'affirmer leur suprématie, comme le souligne
d'ailleurs Dover (in Aristophanic Comedy, ~., chap. VI
Peace and War, p. 85 ; voir Plat., Lg. 626 A). Autrement
dit, il ne semble pas que le concept antique de la guerre,
tel qu'il est perçu dès cette époque, c'est-à-dire à
l'apQgée de la cité grecque, recouvre tous les phénomènes
de violence sociale
la guerre n'étant pas un violent
maltre, ni ne rendant les hommes brutaux et sauvages au
point de pouvoir détruire l'harmonie qui règne dans l'Etat.
En revanche, ce concept "implique, selon Yvon Guerlan (100),
un affrontement entre communautés distinctes, exigeant de
ceux qui y participent à titre collectif un engagement
global
il suppose d'autre part que les communautés aux
prises manifestent le souci et soient en mesure d'imposer
à leurs représentants le respect d'un certain code de la
?41:J
guerre qui fut aussi contraignant dans son principe que
flou dans ses applications ••• ".
Or, la politique extérieure athénienne de l'époque
verse manifestement dans
la démesure. Car, à en croire
des voix inquiètes de citoyens en vue, cette ivresse
impérialiste s'entête, malgré tant de revers cuisants,
tant de pertes subies, se regonflant d'un espoir enfantin
à chaque succès partiel nouveau. Ces émouvantes adjurations
donnent à entendre que, si dans l'esprit d'Aristophane
comme dans celui des hommes importants de son temps,
la
Grèce n'existait pas encore en tant qu'Etat, on pouvait
néanmoins parler de peuples grecs
et, dans cette optique,
cette guerre n'était rien d'autre qu'une guerre fratricide
entre Grecs,
qui a peu à peu vidé l'Hellade du meilleur de
son sang, offrant ainsi une proie toute prête aux conqué-
rants Barbares; un suicide de la Communauté grecque qui,
en dépit de toutes les apparences, constitue cependant une
entité sociale ayant des caractères et des intérêts communs
(101). En effet, ces traits caractéristiques qui unissent
tous les Grecs entre eux et leur font un devoir de rester
alliés ont pour noms: communauté de race, de langue, de
religion et de civilisation.
Dès lors, il est aisé de comprendre pourquoi dans
Lysistrata (411, Dionysies)
(102), comédie représentée
dix ans après la ~ (421, Dionysies), Aristophane insiste
encore sur le salut de tous les Grecs (~ 342, 525), des
llol..V~Â.~~\\I~~' terme qui n'apparaIt que dans la Paix.
En fait, si l'on constate une telle insistance, c'est,
semble-t-il, parce que l'unité de la Grèce paraIt profon-
dément enracinée dans son esprit, et parce que précisément
elle est pour lui comme pour tous une question capitale.
Non seulement tous les Grecs sont unis par la communauté
culturelle dont, à en croire le poète comique (L. 1128-1134)
les sanctuaires d'Olympie et de "l'amphictyonie"
sont les
249
témoignages. Mais encore les Grecs sont conscients de leur
originalité culturelle face aux Barbares qu'Aristophane
considère comme leurs véritables ennemis (Hdt. 1.1-5, G.
Mathieu, o.c., p. 18 sqq.) et auxquels Athéniens et
Spartiates doivent faire la guerre comme autrefois aux
Thermopyles (L. 1133) ou à l'Artémision (ib. 1247-1261)
-
--
au lieu de s'entretuer. A cet égard
donc,
la pacifique
f\\uCfL t""~' prônée par Trygée, qui rendra la prospérité
matérielle (P. 993 sqq.) et la rendra également à tous
.
C.O
1
(.lb. 1321 sqq., cf. ~. 887) n'est autre que l'
r-0VOI..~
panhellénique consistant à "penser de façon semblable"
c'est-à-dire cette aspiration à la concorde panhellénique
souhaitée dans la Paix en l'an 421 et dans Lysistrata dix
ans plus tard, qui devait tôt ou tard être aux prises avec
les réalités imposées par les disparités socio-économiques
accentuées par la guerre, et qui par la force même des
choses y feront obstacle. Il n'en demeure pas moins qu'à
maints égards l'oeuvre du poète comique comme plus tard
celle d'Isocrate peut être donnée comme le plus vibrant
appel
à la paIx, pour autant que "souvent cet appel
s'appuie sur l'idée de la communauté d'intérêts de tous
les Grecs"
(G. Mathieu, p. 20) fondée essentiellement sur
le renforcement de la solidarité grecque (P.
302-303) suscep-
tible sans doute d'endormir les suspicions réciproques.
Or
l'inégalité des fortunes est un mal social et donc
il ae peut y avoir de concorde, encore moins de confiance,
entre des citoyens qu'opposent des disparités économiques
trop criantes.
Somme toute, cette expression poétique d'une aspiration
populaire ne pourra se réaliser que par l'union de tous
les paysans grecs (E: 508-511) et ne deviendra permanente
qu'avec l'égalité politique, pour ne pas dire grice au
partage de l'hégémonie, entre Sparte et Athènes (~ 1082),
autrement dit il est temps que ces deux cités "enterrent"
leur antagonisme pour faciliter l'union de toute la Grèce.
250
Certes, les idées de concorde, d'amitié et de confiance
entre les Grecs, de lutte contre les Barbares, et les
souvenirs des exploits guerriers du passé sont les éléments
essentiels de la pensée et de l'oeuvre d'Aristophane devant
les désastres de la guerre du Péloponnèse. Mais tout nous
indique qu'à l'intérieur comme à l'extérieur des cités,
l'appel à la concorde panhellénique est un signe des temps,
de temps où les réalités politiques et les disparités socio-
économiques font,
hélas, de ce plus grand de tous les biens
un mot dangereusement vidé de son contenu. Car,
sans remon-
ter aux exhortations soloniennes, il serait bon de rappeler
que quelques années auparavant déjà des écrivains s'étaient
adressés aussi au public athénien pour une prédication
analogue à laquelle, pensons-nous, Aristophane aura fait
sans doute plus d'un emprunt (Voir G. Mathieu, p. 16 sqq.).
Ce sentiment panhellénique, en effet, avait été exprimé
notamment par :
- Pindare qui, par exemple, dans la 1ère Pythique,
s'est plu à réunir dans un même éloge tous ceux qu'il
considère comme "les champions de l'hellénisme"
: Hiéron
(Isthm. 75»les Athéniens,
les Spartiates et les Syracusains
(l2. 76-80, Isthm. 5.49, Dithyr., .f.!:.: 5 in ~. 1604.
Pour le détail des textes, G. Mathieu,
p. 18).
- Eschyle qui dans les années de tension qui suivirent
la réforme d'Ephialte (462/1), lance,
à la fin des
Euménides (VV 858-866), en l'an 458, l'un des plus vibrants
appels à la concorde civile de son époque, même si son
langage par rapport à celui de la génération suivante,
humanisé et rationalisé, est encore ce1ui du sacré puisque
placé dans la bouche d'Athéna. Ce thème, est-il besoin de
le rappeler, sera repris par les Erinyes elles-mêmes aux
vers 976-987. Pour le poète tragique, en effet, seuls le
1
1
~espect (~(éf-'d,.~ ) et la crainte (~Q~aS) des dieux sont
a même de retenir les citoyens devant l'anarchie et le des-
potisme.
251
C'est pourquoi, Aristophane met au service de son
'1' 6yo s, ent endons le pouvo i r de l' ag ress io n verbal e
directe ou indirecte, toute une série de recettes expres-
sives (hapax, termes hypocoristiques ••• ) afin de susciter
quelque effet comique,
naturellement. Ces mots ou expressions
que le poète comique emprunte parfois aux autres écrivains
ou qu'il n'hésite pas à inventer visent, certes, à rire
plaisamment des bellicistes, mais, par la même occasion
à dénoncer, pensons-nous, les ravages de la guerre.
1. La triste peinture de l'armée athénienne
========================================
Rappelons-nous qu'Aristophane est coutumier des contra-
dictions. Ainsi
d'un côté,il lance en guerre l'amour
de la paix contre l'opposition à la paix, en d'autres
termes, l'ivresse de gloire sanglante; mais, d'un autre
côté, il déplore le déclin des vertus martiales et la pusil-
lanimité des entrepreneurs guerriers.
Le déclin des vertws martiales
Une telle antinomie est considérée, du reste, comme
un trait propre à la comédie (V. Ehrenberg, The people of
Aristophanes, ~., p. 305). Rien d'étonnant, par consé-
quent, à ce que l'aspiration à la paix tranche sur ses
admonitions à la flotte,
bien que la conversation pleine
d'entrain entre les trières personnifiées plaisamment dans
la seconde parabase des Cavaliers (1296 sqq.) constitue une
ardente attaque des bellicistes et de leur grotesque impé-
rialisme. Pour s'en rendre compte,
il suffit de relire les
propos tenus au cours du "prétendu conseil"
par la plus
âgée d'entre elles (YE:~o{~T~~o(
, v . 1301) et notamment
les vers 1302-1304 remarquables par la série d'adjectifs
servant à comparer
252
"VOUS
ne vous informez meme pas,
jeunes
femmes,
de ce qui se passe en ville? On dit
qu'un homme demande cent d'entre nous pour
une expédition contre Carthage, un mauvais
citoyen, Hyperbolos la Piquette".
Il n'est pas défendu de rappeler, ce semble, qu'en
,
/
somme nous avons ici deux termes, OE::e""~ïE:fOl,.
(v.
1301)
et ~~f~~VO~ , qui sont la traduction logique et patente
de ces attributs humains (voir T 647) appliqués métaphori-
quement aux choses (cf. ~ 1067 \\.<.uvtX.~J,l\\E::I.<c( ap. T 648)
et qui ont parfois une valeur catégorisante comme ici.
A preuve (ap. T 646, cf. ib. 77) les épithètes suivantes
-
" l i
1
accolées à la trière censée avoir des "yeux" (O;O«Ât'"01.- ),
/
1
des "j
ml" ),
0 u es"
('tTbtP E; \\.. 0<.\\... ), un" f r 0 nt" (\\"- E: 'r"W
des
,
\\ / e
\\ ?
/'1
"oreilles" (étTv.JTI.- ùE:S
),
des "tripes" (Til(
""OKO\\...I\\.I.-o()
du reste, terme médical désignant les intestins, Diod. de
Sicile 1. 91).
Il apparait , en effet, que la trière est une femme
qui s'adresse à d'autres femmes. Ce sont les anciens,
notons-le, qui très souvent font entendre leur voix dans
les assemblées. C'est donc parce qu'il s'agit d'un conseil
qu'elle parle. Et toutes partagent son avis, parce qu'elle
est la plus sage. Evidemment, ce sera aussi l'occasion pour
le poète comique de moquer Hyperbolos, sa cible favorite
après la mort de cléon.
253
?1Ç\\"~eol r-0A~~e6" iTC1~\\f
Par cette expression
dont l'image se retrouve dans
Thuc.
8.73.3, entendons "citoyen méprisable"
comme Cléon,
rv
cf.
Lucien,
Timon 30. Comme
rrcv,,\\eOLS
(voir infra,
p.
300
) désignant les ci toyens malhonnêtes, rO)\\~1 ~civ'
appliqué ici à Hyperbolos se rattache à la série des
1
adjectifs en -~eoS tirés des substantifs primaire à finale
vocalique e/o- et désignant un nom abstrait. Par rapport
aux suffixes en -eo~ ajoutés à des thèmes nominaux à
finale vocalique pour consti tuer des désinences - oteO- ,
ueo- , V~Q , le suffixe en - ~(05 paraît avoir connu
la plus grande extension
(Voir Chantraine, La formation ••• ,
p.
232,
B.P.,
p.
312).
Moxe~f6s ,est, en effet, tiré non pas du verbe déno-
minatif
\\,,-C)(e€;W
Il. 10.106, Alc.
18.5, Soph., O.C.
351,
Eur.,
Ion 135,
Ar., Pl.
518,
556
, Thesm.
2.39,
Pherecr.,
fr.
10~ais de ~&X~os
(voir T 780)
"peine, effort, 1
difficulté"
qui repose sur le terme ancien et rare
t"00o.s
"peine, fatigue"
pourvu d'un suffixe
- eo~. Il en est
A
,
1
de meme,
notons-le"
de
rro"", et) ~
qui est tir~ de
1\\0'105
et non pas de TfoVE:w
. Proprement, r-llXa~e05 c'est
"qui supporte patiemment une épreuve,
infortuné"
en parlant
de personnes, Eschl.,
Sept.
257,
Soph.,
Ph.
254, Ar.,
Ach.
165, 517, O.
493,
Gr.
1175,
"pénible"
dit d'une
--
- - -
situation,
Hdt.
7.46,
Eschl.,
Ch.
752,
Ar.,
Thesm.
781, et
"
. '
l
-
c . . /
mauvalS etat" en par ant d'un objet,
Cratin.
207
(1.t'-et."rL()V
r-0A~"\\(~v' ) Ar., Cav. 316 j mais pris figurément comme ici,
254
il se traduit "malhonnite, mauvais", cf. L. 576, Gr. 1011,
~. 391, 1003. Comme dérivé, nous avons ~OX~~ftc(---qUi
signifie proprement "misère, état pénible", Democr. 187
Diels, mais métaphoriquement,"perversité, méchanceté",
Cratin. 188, Ar., L. 1160, Gr. 421, Pl. 109, 159.
Par ailleurs,
tOXe~t~.s entre comme second terme
de composés en - {o) - r-o)(G-i~()5
(ap. B.P., p. 323)
dans ~tro t"'~x~'e()S "un peu méchant", Com. Adesp. 476.-
t\\..Â.0t'-~A~'\\~OS "qui aime les méchants", Philonidès, fr. 13.
Somme toute,
~oX(j,\\\\6~
est un mot courant.
Hyperbolos, nous apprend-on,
(R.A. Neil, ~.)n. des
vers 1303-1304, p. 169, H. van. Daële, Les Cavaliers, Les
Belles Lettres, Paris, 1923,
n.l du v. 1304,
p. 137) fut
un démagogue partisan de la guerre et donc de ceux qui
travaillèrent à renforcer la flotte de Sicile en vue de
conquérir Carthage, bien que l'opinion publique ne parta-
geât pas cet avis. C'est pourquoi, Aristophane l'appelle
,
.
aussi
O'~V1V ,c'est-à-dire "piquette", autrement dit
"vin aigri", mais figurément "homme acerbe". Cet adjectif
1
C'
se rattache comme Tr~ ... v",val. et q-t~vùol~V\\.VOL (infra)
à la famille des dérivés nominaux ou adverbiaux en - LvaS
qu'Aristophane invente quelle que soit la structure des
1
noms. Comme
\\o<..0eot'-<.I.\\!'OU5 (Cav.
1053) dit d'un corbeau,
mais qui, par ailleurs, désigne toujours un poisson salé
à bon marché, Epich. 44 Kaibel, Ar., ~ 560 , Philyllius
13.3, Alex.
lB,
Numen. ap. Ath. 7. 308 e, Arist., H.A. 610b
5. Lobeck (in Proleg. 211 ap. Peppler, Com. ter.
in Ar.
and the com. frr.,
~.,P. 44) soutient qu'Aristophane
,
1
1
a transforme l'expression KOeo<.II<.olS ou \\;\\O~oe..~\\.,q-\\.«)v.s
en KO~c(-"<'[V()U.s. pour l'effet comique. En vérité, il est
possible de considérer
Kof.'o.: l.<.[vou.5. comme un nom de personna-
ge créé à partir de
K6eoL 5"
2'>'>
La valeur propre du suffixe qui doit sans doute avoir
un caractère familier est d'indiquer soit l'origine, soit
la nature ••• En fait,
ces adjectifs qui, originellement,
désignaient la matière au sens large de l'expression, en
sont venus à exprimer la similitude. En un mot, ce suffixe
permet au poète comique de créer des adjectifs servant à
comparer (Chantraine, La formation ••• , p. 200 sqq., B.P.,
p. 260 sqq.). En effet, de même qu'avec ~~~~ , nous avons
~~'J,.~ ï~vo5 "doux comme le miel", de même a-t-on tiré
de 'b~()~
"vinaigre",
reposant sur :::,rJ,S
mot d'un vaste
champ d'emploi
(Chantraine, ib.,p. 342 sq ., B.P.,
~.,p. 21,
J un g i us,
o. c ., p. 247),
l' adj e c ti f 'b~~ V" 5
qui,
au pro pre,
signi fie
"sûr, aigre"
en parlant du vin, Hermipp. 91, Hp.,
Vict. 2.52 (au pluriel ~~~v.,(.\\...
) ,
Thphr. 9.20.4, Diphil.
82 ap. T 358
n.4. Rapprochons de cette acception le mot
T~6~ "vin, piquette" qui, à en croire Chantraine (ib.,
p. 5), "risque d'être un emprunt à des parlers méditerranéens
comme les autres noms relatifs au vin et à la vigne". Au
figuré,
il a le sens de "aigre et coléreux", pour ne pas dire
"aigre comme le vinaigre'!
dit à propos de personnes de
,
fi.
\\
,~ ,
1
caractere maussage, acerbe (Gu. 1082, UVf<lV 0)1.11,\\" lTE:rrw~oTE:S
ap. T 358), dont Hyperbolos serait le vivant exemple, à en
juger par les allusions d'Hermippe
et de Philonidès (fr. 12).
Cette dernière connotation rappelle 'c>~J ~1.Jr-0S Eschl., ~.
575, Eur., Med.
319, Ar., Gu.
1105.
Aristophane,
"laudator temporis acti"
Aristophane, c'est avant tout le "laudator temporis
acti"
parce que la Cité constate le déclin des vertus
martiales. Dans la Grèce archaïque, le soldat et le citoyen
ne font qu'un. Car, "seul est pleinement citoyen celui qui
a le droit de porter les armes, seul a droit de porter les
armes celui qui a un bien à défendre, ce bien étant d'abord
256
sa terre ct sa maison"
(103). Or, a 1'6poqlJe cLassique,
bien qu'on constate ici et l~ que l'Assembl~e de l'arm~e
joue encore le même rôle d~libérant que l'Assembl~e des
citoyens dans les cit~s grecques, il y a peu ~ peu amorce
d'un divorce entre le citoyen et le soldat dans les cit~s
marchandes surtout, dont Athènes est le plus typique exemple
un divorce sous-tendu par l'~volution ~conomique , d'une
part; et d'autre part,
par le rôle de plus en plus pr~pondé
rant jou~ dans la cit~ par les hommes qui, n'ayant pourtant
ni terre,
ni maison, n'en d~tiennent pas moins entre leurs
mains une partie de la fortune publique. Qui plus est, on
voit acc~der à la pleine citoyennet~ des hommes jugés indi-
gnes de porter les armes, qui servent dans la flotte,
comme
rameurs, mais qui, paradoxalement parce qu'ils sont la majo-
rit~, tiennent entre leurs mains les destinées de la cit~.
Enfin
le divorce achève de s'accomplir lorsque la misère
née de la guerre, le bouleversement des rapports sociaux
traditionnels, la profonde transformation des esprits,
détournent de plus en plus les citoyens de la vie militaire
tandis que s'acquiert progressivement l'habitude de recourir
au service des mercenaires (voir infra, p.
332).
Aussi
le poète comique se met~il ~ comparer deux
époques de l'histoire d'Athènes pour faire honte aux gens
de la deuxième (c'est-~-dire ses contemporains) des vertus
de la première qu'ils ont laissé perdre. Car, la célébrit~
(~b~ol. ) et la gloire (\\i<.Â~oS), les deux vertus cardinales
de la vie de la soci~t~ grecque tendent ~ disparaître
complètement~ et par voie de conséquence
on assite à
l'affaiblissement de l'esprit martial et h~rorque de
liAthènes antique, qui a façonné les combattants de Marathon.
On retrouve là ce type d'Ath~nien, symbole vénérable des
traditions militaires des plus grandes périodes du passé,
toujours prêt ~ servir et jamais ~ l'affût d'une solde
élevée; en un mot, l'image vén~rable des vertus d'une
r~publique paysanne encore teint~e d'esprit aristocratique.
257
C ' t
.
d'
•
"
C
1
es
pourquoI pour
enIgrer ll"D( ecl. T-rv' iTe0<S" 00""- L ..J"
.....
sa propre génération qui se singularise à présent par la
ridicule et "liche"
réputation (comique, cela s'entend)
poussée jusqu'aux nues du sophiste et de l'orateur habiles,
Aristophane rappelle à dessein les grandes périodes du
passé, notamment le temps des guerres médiques qui eurent
lieu entre 500-479 (Will.~~., p. 10, 54, 83 sqq., 89 sqq.).
Ce sont les vieux, les gens des générations précédentes qui
incarnent ce temps-là. Ils sont présentés comme q"T\\o"'tr'T~L)
lf~L"I.I/OV) ot..TE:.~col.r-0V~~)
'1
l
"
q-fE:VDo(.t'-"\\..V'Ol.
,
qui constituent
une série d'images matérialisées du même type que les mots
suivants (104)
: lfK\\.."~').oI..~O\\"
Gr. 819 cf. Nu. DO"
"copeaux de bois" dit des bavardages subtils À~trToTQ\\,TOl.
'2~~o\\" (Nu. 359), 'Y.zCcrxeos fj:. 431 "avide" d'un avare,
llol\\f:~'VÂir-~~S Ach. 681 "flûte usée" en parlant d'un
vieillard aphone •••
"[ .•• Mais ils ont flairé l'affaire,
les vieillards
(dit Amphithéos à Dicéopolis)] : des Acharniens,
des vrais,
des badernes en charbon durci, du
coeur d'yeuse,
des hommes qui ont la rudesse
des combattants de Marathon, des hommes en bois
d'érable"
(ap. T 371)
' / \\
1
_
, , 1
,
J-\\Xo(.,V\\..KOv 1 II"" \\ LTITov
O~\\ovré:S 1 "ITfvVLVO\\.,)
~Te.~~t"0Vf:s.) Mo(\\o{~vJVOl~Xo{\\-'<:.rt~v~~r-"l-"O\\'"
(Ach. 180 sq.).
Il appara!t ainsi que c'est pour faire ressortir la
dureté de caract~re des "vieux de la vieille"
qu'Aristophane
en vient à utiliser non seulement des métaphores classifi-
1
catrices, du reste, des mots courants, telles que <rï\\.~TQL
p
1
et 0(. TE.fo<. r-0VE:S, mais également des images plaisantes,
à savoir
Trf [v\\.. V O\\, et q-t e;v ~~ r-Vvvo L..
258
z.,.. \\..,. \\0 ~
Il correspond proprement à "foulês aux pieds", Soph.,
Ph iloct.
33 <:fi\\.. ïf'T1 ~v~,::t~ S = l ectu s e f oli i s cal c at} s
Dans quelques-unes de ses tragêdies,
on a
q-Tél. T\\ToS
comme variante.
Figurêment,
il est porteur du sens de
,
"forts" faisant peut-être êcho 1ïoC.e" J'ITb'lo<",oI.V à ... TI. iTTul.
:JI
f\\
..
..
..
l
'
0(, \\ft' ~ot '\\.(, €.S>
Thp hr.,
~. 37, ex pre ss 1 on equ 1 va ant a
'Tt"E::i\\oi.T"\\t'-ÉVOl. = calcati
; par consêquent
synonyme de
crTE:e<ê~5 "dur, ferme, sêvère" f2:..: 17. 493 (f-'oéo<l..),
Ode 19. 494 (<r. J.~~o~ 1È: cr-~~,,\\PClS
),
Hdt.1.52 cf.
183,
"
l'V
\\
Eu r • ,
He 1. 854 (~ft'o(, <r. r (5
) cf. Xen ., Cy n. 9. 16 •
1
~T::'f'.. tos,ThUC' 6.101, sera;t synonyme aussi de <J'"TE.'EDS
selon Jungius,
s.U.
<;rT l. \\'riOS.
1
Notons que <l'''T\\..'{tTo\\..
est,
bien entendu,
un adjectif
verbal en*" te
(ion.
att.,
- ToS
),
dêrivê du verbe
1
cr T ~ \\.. ~vJ sig nif i a nt" fou 1er, ma r che r sur, pou r r end r e
solide, dur,
compact",
Il.
11.534, Ode
6.92,
Xen., An.
-
-
--
1.9.13, d'o~ "êcraser, fouler aux pieds"
si l'on s'en
tient au sens originel de la racine.
Dans ces conditions,
il est fort probable que ses dêrivês
et singulièrement
q-lo\\..~1
(Gr.
1178) dêsignant "la bourre" relèvent,
comme Chantraine l'a dit
(D.E.G.,
s.U. <l''TE::~r-'''''' voir aussi
La formation ••• ,
p.
299 sqq.),
"d'une notion de "serrê,
pressê" exprimêe dans des adjectifs signifiant "raide,
rigide,
solide" avec labiale
sourde." Tels que les compo-
..
~I
T
ses en - c::rTE:\\..\\TToS/- ~Ln-ToS
(ap.
B.P.,
p. 505) ot.q'"Tl.iT oS
1
"TT"
..
Soph., Philoct.
2.-
~v~TE:l."To.s conserve probablement
par Hesych.~ 2699 Schmidt sous la forme
<l'''VVTE::(...îTG\\f.
,
1
C'est un doublet athêmatique de Cl('rE:\\oc.~vo:' "qui
ne se laisse pas attendrir"
au sens physique,
d'o~ "dur
à cuire, cru", Thphr., H.P. 2.4.2., 8.8.6. , ~. 4.12.8.
et mêtaphoriquement,
comme ici,
"durs,
inflexibles", cf.
259
Gu. 730
en parlant des dicastes, Plat., ~ 853 d, 880 e
(lOS).
Ces images plaisantes qu'Aristophane utilise sont
empruntées au vocabulaire de la botanique et par conséquent
permutent de façon humoristique avec les noms des arbres
ou arbustes qui font écho Tiol.P' :;Tï~\\lOL tJl.V
à la notion de
"
\\ 1"'9
.
\\
q'\\( .... "\\~ov
1 os. (VOIr T 371, cf. 14, 349). Il s'agit
de TI"\\"V,-VOl. et de
<t'"_tE:V~~~'l/L.'VO\\...
ne~VI. VOl.-
Il est aussi pris figurément ici avec le sens de
"en coeur d'yeuse", comme dans ~. 877, autrement dit
"durs comme l' yeuse".
La
même approximation imagée est
développée dans Gu.
383, où on lit
~r-uvovt"-~'I/ <fOl.- 'ï~V
1T\\ 1.",,\\~/51 QlIt6V ~\\'\\ o(.v TE~ K o(.<t <fI)(vT€: ~ a p. T 371, cf. 897.
Ailleurs, il est employé proprement et se traduit
"f a~t d' yeuse" (1Tf~VOS
).
Il sert aussi d'épithète
à "(\\,,1\\,\\ ~ qui désigne la pièce de bois à laquelle est ajusté
'
';)1
(\\
l e coutre de la charrue, Hes., Trav. 429, a 0<."0,0< ve..G:.S)
Ach. 668.
'V
C'est un adjecti f dérivé de
1T~\\"'''O S
désignant soit
le chêne
vert ou l'yeuse (Quercus Ilex), Hes., Trav. 436,
Ar., Gr. 859, soit le chêne kermès (Quercus cocci fera) ,
Eupol. 14, qui est considéré comme un mot d'étymologie
obscure. Il aurait été emprunté peut-être à un parler
d'Asie Mineure comme le toponyme
nf~Vo(.q-<;I"OS'
Donc
emploi inattendu d'un adjectif courant. Comme
dur est e
cf'" Â~ fI.\\10 yi (..2...:. 1377 a p• T 738 n.6) appliqué
br(..
à Ci nés i as)
viv' ) ~ fE." ~~ r- \\1 \\. \\/0 L. ..
260
~ *~vS~r-v\\..,,~~_
C'est l'adjectif hypocoristique tiré de
q-t~v~o(.t'"VOs.
(Acer monspessulanum), Thphr., H.P. 3.3.1.
(passage
reposant sur une conjecture).
z ~~vSo(r-vos "érable" est interprété (Chantraine, La
formation ••• , p. 216) comme un terme d'emprunt aux parlers
du bassin méditerranéen, mais qui a été déformé, semble-t-il,
par l'étymologie populaire
au cours des siècles. C'est
sans doute pourquoi on le rapproche généralement du terme
expressif, du reste obscur, <r'tO(~e:k1w
signifiant
proprement "se cabrer" dit à propos d'un cheval,
"gigoter,
s'agiter", mais figurément "~tre excité, s'agiter". Aussi
fait-on/entrer <r~~~lW, dans une vaste famille de mots
c:r~E:.Y~OVl (l06), e:t"tfovbv?1 Ar.,E. 1077 (comme variante,
on a ~iÏoV~0~,,\\ ap. Hesych. ~ 1551 Schmidt), q-~OV~~ÂoS
Ar., Gu.
1489.
En revanche, l'élément
- t V - considéré comme une carac-
téristique commune à toutes les langues du bassin méditerra-
néen se retrouve dans le vocabulaire des noms de plantes
<DLl-<.lo<.r-voY "dictame", Çf~tVQS "buisson" (P. 1298,
.2.. 615) ; ou dans le toponyme M1ev 1v o( "Méthymne", une
ville de Lesbos,
(aujourd'hui Molivo} ••.
Du point de vue morphologique, tout indique que
<:r~EY-
<o&\\;",,'>VOl.
est sans doute un jeu de mots
\\.<. 0( T~ I:SvVvJ_
Vv ~ \\. <:Xv
formé sur l'analogie avec
rr~[ V\\.V()~ comme
le souligne Starkie (~' n. du v. 181) p. 49} avec le
sens de "résistants, durs", métaphoriquement cela s'entend>
puisque,
proprement, Cratinos (fr. 301) l'avait déjà
appliqué aux r\\~rr€:~c(l. (voir T371
p. 205-206).
Finalement
on peut se demander si le terme M«~9vJv0t""~o(\\...
n'est pas une expression proverbiale pour évoquer un certain
261
"bon vieux temps", Ach. 695-700, Nu. 986, Gu. 711, 1060-1062,
fr.
413, Hermipp.,
fr.
81. Par conséquent, ce passage que
les "contemptores temporis acti" donnent à tort
ou a
raison pour "le symbole, vénérable
sans doute, mais un peu
ridicule, d'un idéal réactionnaire",
(Will.,p. 99)
véhicule,
somme toute, une ambivalence historique à l'époque de l'im-
périalisme maritime athénien. Car, si Marathon, ce souvenir
glorieux qui devait tôt ou tard subir les assauts de l'esprit
partisan est d'abord la première victoire grecque des guerres
médiques, il est aussi et surtout la dernière manifestation
athénienne d'une certaine société militaire, la communauté
hoplitique, dont l'importance et les prérogatives allaient
être entamées par la montée des rameurs. En effet, dix ans
après, l'éclat de Salamine associant un plus grand nombre
d'Athéniens
éclipsera effectivement celui de Marathon,
qui apparaitra finalement comme la victoire d'une cla~se
sociale. Et pourtant, symbole du vrai soldat-citoyen,
l'hoplite, rapporte-t-on, se montrait fier envers ses congé-
nères, parce qu'il jouissait d'une discipline libre permet-
tant de le distinguer non seulement des Thètes qui avec
les Zeugites appartiennent aux deux classes inférieures dans
la répartition des classes censitaires créées par Solon,
mais aussi des soldats conscrits de Sparte, et surtout des
Ioniens dotés d'un esprit peu martial, dont on disait
(Eupol.,tt. 256) qu'ils emportaient avec eux pour effectuer
les campagnes, leur épouse, leurs enfants, et de surcroit
une baignoire. On comprend assez aisément pourquoi les poètes
s'intéressaient davantage à leurs prouesses, aux batailles
engagées sur terre et représentées notamment par le vaillant
Myronidès, qui combattit comme stratège (A.F.
305)
à Platées
en 479 , à Mégare en 459, fut vainqueur à Oenophytes (L.
801 en faisant fond sur le scholiaste), qu'aux victoires
navales contre les forces perses de la même période, telles
qu'Eurymédon et la victoire de Salamine de Chypre qui n'ont
jamais été citées (Ehrenberg, p. 299).
262
Il est toutefois assez patent que l'évocation de
ces combats glorieux sur terre et sur mer des générations
passées est aussi vague tant dans les Acharniens (677)
que dans les Cavaliers (565 sqq.). Ce ne semble donc pas
une gageure de songer, par exemple, à cause de Marathon
dont la valeur métaphorique est claire, aux batailles
navales dites de l'Artémision ou de Salamine sans doute
datant de l'an 480, bien qu'elles ne soient pas précisément
citées. Cet enchevêtrement des exploits glorieux du passé
permet néanmoins de songer également à des batailles plus
récentes. Comme l'épisode de Byzance (Gu. 236, Thuc. 1.
94.2) qui eut lieu en 469.
On rapporte (Thuc.,~.) que sous le commandement de
Pausanias
les forces alliées s'étaient emparées de
Byzance aux mains des Perses au printemps de 479. Mais il
est également rapporté (Thuc. 1.131.1) qu'un ou deux ans
plùs tard,
les Athéniens envisagèrent la reprise de la
guerre sur mer contre Byzance où le roi Pausanias exerçait
une influence occulte consistant à susciter la sécession
de Byzance •••
Quoiqu'il en soit, il est manifeste que celui qui eût
pris part à l'une ou l'autre de ces opérations aurait
presque plus de 60 ans en 422, date de la représentation
des Guêpes. Mais cela n'est pas incompatible avec les données
de la pièce.
Il est donc fort probable, comme le souligne Mc Dowell
(~., n. du v. 236] p. 163) qu'Aristophane se souvienne ici
d'une garnison athénienne stationnée à Byzance après sa
révolte contre Athènes en l'an 440/39.
A ce trait d'exagération comique lié aux souvenirs
des guerres médiques incarnés par des "vieux de la vieille",
les vieillards des Acharniens, des Guêpes et les ancêtres
~.... ,,~-=--~ ...
263
\\
'c...""
des Cavaliers (v. 565 Tcv~ Ï\\O('\\E:~olS 1\\:-vJV
), appartient
l'allusion à Phayllos de Crotone (Ach.
215, Gu. 1206),
célèbre coureur contemporain des guerres médiques,
quali fié de T~~~ rr\\Jel.()V~~,,\\S
en souvenir de ses
victoires pythiques (Pi., Pyth. 9.1.,
Hdt. 8.47,
voir Mc
Dowell, ib./n. du v. 1206). Il aurait eu, dit-on,
(Hdt.,
ib., Pausanias 10.9.2) à Salamine en 480 le commandement
d'une trière en provenance d'Italie. Il est évident que
si l'on fait droit à Pausanias, ce serait à tort qu'on
le qualifierait sur la foi du scholiaste (Schol. Ach. 214)
de 'OÂv\\", iT\\..OV~1.C:.1~ autrement dit Phayllos IHympinique,
Pi.Ol. 6.4., Hdt. 5.47.71, Andoc. 4.33. Remarquons l'emploi
de T~\\..<S"OA"'\\lT\\..C""~~,\\S
dans Pi.
, 01. 13.1.
Il est patent qu'en "bon propagandiste"
de sa généra-
tion
Aristophane emploie ici à dessein deux adjectifs de
fréquence courante, qui sont sur le même modèle que NEt"-E:.O-
V~~\\S
(1on, Schol. Pi.
N.
7.
ll8"'\\tr'er-LOv'(,K,,\\~
Bac c h y li de 9. 26 , cf.;) 1~ ~ t' ... 6VI. \\0\\'. 0 S , i b. 1. 46 •
Comme autre élément d'exagération comique
lié aux
souvenirs des guerres passées
qu'il faut,
certes, prendre
pour tel, mais qu'on ne peut pas mettre sur le même plan
que les souvenirs des guerres médiques, nous avons, bien
entendu, l'évocation des événements relatifs aux dernières
décennies du VIe siècle. Anachronisme? Nous ne le pensons
pas. Car, souvent
dans Aristophane, il apparaît que le
Choeur est la conscience de la cité dans l'ensemble de son
histoire, donc sans âge, autrement dit sans souci de
chronologie personnelle.
Rappelons-nous, en effet, que le siège de Lipsydrion
(L. 665) eut lieu en 513. Il va donc sans dire que les
vieillards qui forment le Choeur de Lysistrata, pièce
représentée en l'an 411, n'avaient pu assister à cet
2 (,4
événement qui remontait cl 100 ans.
Il en est de même avec le Choeur des Guêpes (1076 sqq.)
se vantant d'avoir livré bataille pour l'Attique, et qui,
à cet effet, parle du ciel obscurci par les flèches des
ennemis (ib. 1084), une histoire bien connue d'Hérodote
(7.26.1)
si l'on en croit Mc Dowell (n. des VVe 1078-1088,
p. 271), où l'allusion se rapporte pourtant à la défense
des Thermopyles (480).
Somme toute, tous ces développements auxquels Aristophane
accordait une importance prépondérante ont le même but,
pensons-nous,: montrer le courage des Grecs d'hier et inciter
ainsi celui de ses contemporains , idéaliser en quelque
sorte l'état d'esprit des Grecs de ce moment, et enfin
mettre en relief par des métaphores plaisantes leur désir
d'union
et leur décision pour la réaliser en dépit des
disparités socio-économiques.
Ce ne semble pas une gageure d'affirmer que la victoire
de Salamine fit d'emblée concevoir à Athènes et aux Athéniens
les profits a tirer d'une éventuelle thalassocratie compor-
tant bien des rouages tant militaires que politiques.
Désormais
donc, l'appréciation de la vertu militaire va
être orientée vers une autre direction, qui traduit par ce
fait même une transformation sociale générale.
Hier, c'est-à-dire à la période des guerres médiques,
c'était essentiellement l'évolution de l'hoplite; aujour-
d'hui, ce qui préoccupe la cité, c'est celle du rameur,
) 'î ') ')
<./
;)
f
:Jf
r
J :1/
~. 1097 sq •••• eX"' .....
O(]'"ïLS
E\\EI1S
E- \\q"Ot..T
!X\\,,-<:rTOS .
Le peuple grec connait la mer. Il est naturel que nous
relevions dans Aristophane des expressions métaphoriques
\\
, f
usees
\\(a(TO<
TrfO~ùo\\<'-oI.." de l'inaptitude générale, mais
faisant précisément allusion au maladroit canotage de la
265
cité donnée pour un navire.
"Pourquoi battre l'eau et barboter ?"
(ap. T 532, cf.
ib. 530)
I~ ~oI.~c(TTOl(.E:~~ 1.i<.01.~ ïi'20(TVr~~e'-s.j
(Cav. 830)
C'est un mot familier (cf. Libanus le Sophiste,
(Ile s. p. C.), ~. 26.18 Foerster) qui a été inventé
sur le même type que les verbes dénominatifs en -(0)-
1
~otr~w
(ap. Kr., p.
582) ou assimilés, avec la voyelle
thématique 0 devant la consonne initiale de deuxième
1
terme: à savoir, lTOJ..I..\\OKOlTEoW Antiphon le Sophiste 113,
~E:"~e0I<,Ott"uJXen., Mem. 2.1.13, ~ueOKOl\\'é.w Gu. 1254.
. '
') c. tt '''0
-11/ '
Cl'
.
Il est applIque TTc(,
v
Ov
L.V\\
a
eon et renVOIe
donc, rapporte Taillardat (in 530),à "l'idée de frapper
sans résultat la mer du plat de la rame"
selon l'explica-
tion du scholiaste.
1ï2~,..vr[ ~ E:L.S
Il est tiré de T\\;<o{T0S "large, étendu, plat"
si
1
ce n'est d'après TtÂc(\\b(OE:W
"claquer, faire, un bruit sec",
autrement dit, d'après Jungius (s.u. rrÂCl{\\VOl,W l
p. 268) =
manu plausum edo, Theocr. 8.8., = feriendo strepitum edo,
Bion. 1.4., Antip. Sid. 27 (A.P.),du moins d'après 'tt'TE.~IJOL~w
"agiter les ailes comme les jeunes oiseaux pour prendre
leur vol", à en croire Chantraine.
On sait que les formations verbales en - L)w appartien-
nent au langage familier.
Comme en témoignent les formes
citées dans Gu.
609 rr<l(.i\\"1\\~~w de lT~"IT"\\To(5 , et ib. 652
1\\ol-rE:\\~,w de 1T<XT1 f (108). Voilà pourquoi, af in de
266
déclencher le rire,
Aristophane n'hésite pas à transformer
n'importe quel nom,
voire n'importe quelle locution
prépositive en verbe au moyen de ce suffixe.
Ainsi
les
locutions suivantes
qui,
à l'exception de ~r-t\\..o(.Vo(.~.,..~'w
Cratin.,
fr.
67, Ar.,
fr.
59,
sont considérées comme des
h a p a x.
Il ~I agi t , no t ~ e nt, de ~ K eo< f?>SL1E: \\...V ( L. 5 7 6) ,
,
(..1
( '
)
tire de eO(~()OS (sur le verbe simple, voir infra'p. 331
,
~VT~I..\\uJv~luJ' Cav. 1189, KoI.To(" ....ol.KOVTOVc.TL1u)' ib. 1391-
Ou encore des dénomi nati fs
simples du type
fI. rd lE:L. (G.!.-.
360) de f\\.lT~S , métaphore (voir T 634), relative ~ l'incen-
die de la guerre
(voir infra, 311
sq.), Tfol"'~L.q-oc.S
(Gu.
44,
infra,
p.
329)
fait sur TPol..V~~S
"qui bégaye,
-
~'
\\
parle difficilement",
cf. Teo(v
L.l0t-oI.L.
Archippos,
fr.
45.
Si l'on retient l'explication de la scholie, ï\\AO(ïVaL~E:.L.S
signifie proprement "battre l'eau du plat de la rame",
c'est-à-dire "barboter".
Comme le note d'ailleurs Jungius
(s.u.):
"Proprie 1T/",tTVO~~vJ
est extremo remo,
quae
pars illius lata est,
ferire mare et strepitum
edere"
(Casaub.).
Rap pelons que 1TJ..~ïv ~1 /rr;(~ TL.O~ conservé par
Hesych J\\2484 Schmidt = 1\\Â~I~
(lata pars remi)
désignant
généralement la rame,
Eschl., ~. 695, Soph. Aj; 358, Eur.,
~. 39, que rrÂ.iTvr5 se rencontre chez Lob~ Phryn. ,
p.
72 ap.
Jungius (s.u.).
Mais figurément, lIAoI.\\VO~1W est porteur du sens de
"faire du
bruit sans résultat".
Par conséquent,
il ne
semble pas que Taillardat (in 532)
ait eu tort de reconnaî-
tre à ce verbe le sens de "patauger"
(au propre et au figuré)
dit à propos d'oies et de canards, en d'autres termes de
1 .
'
'"
"1
'%
\\
1
pa mlpedes, X",Vo<.
"'Kl\\o(TVOl.-,O"T~
\\,(.0(1..
\\1<.4;1',\\"01"'0<. l
"une oie barbotant et ouvrant le bec"
ap.
Eubule 115 =
3.260 (Jungius,
s.u.)
in T 532
(cf.
alors
'\\\\Â.o<TE:.L.t<.7w
267
chez Théocrite
[5yrac.] 15.88, "parler avec la bouche
largement ouvertc ll ).
Or, comme il s'avère que ce n'est plus ni à ses
hoplites, ni à son commerce florissant,
ni à sa marine
marchande, qu'Athènes doit son hégémonie politique
sur
les autres cités et son rayonnement universel, mais exclu-
sivement aux forces navales, ma!tresses somme toute de la
mer, qui sont placées sous la protection spéciale
d'Athéna (Cav. 1186), nul doute que dans l'Athènes de
Périclès et dans celle de ses successeurs, "d'o~ venaient
les belles trières"
selon Evelpidès (~. 108), la marine
prétende se donner pour le modèle de la valeur et de la
vertu militaires ou guerrières.
Dans de telles conditions, il va sans dire que les
rameurs qui sont censés garder l'Etat «(f"vJ~[l\\O?I..S) aspi-
rent à jouer un rôle en politique. Voilà pourquoi, en
tant que groupe social, ils ne tardèrent pas à s'acheminer
manifestement vers le pouvoir, comme le laissent transparai-
tre les propos de Dicéopolis faisant allusion au peuple
des Thranites, protecteur de la cité (Ach.
162 sq., Schol.
~. 1106, Thuc. 6.3). L'explication du scholiaste à ~
162, en effet, donne à entendre
qu'à l'expression t
l\\
l
'1
1
0fo<."lT"S "c=wS
fait écho une autre expression antinomique
6 VolVTl..l.<.ÔS ()..E:...fJS) désignant les marins.
Gî'lI." ~'"\\5
ou "rameur du banc supérieur" est tiré de
ç,,ôCvoS "ba nc, si è g~ ". A sa ra c i ne donc, Ar i s top hane a
ajouté le suffixe - \\.,.',,\\'::>
qui désigne un éthnique (~.
42) lorsqu'il est greffé sur le radical du nom d'une cité,
d'un pays ou d'une localité ••• ,par opposition aux créations
en -T1~ constituées généralement de composés presque tous
tirés de verbes primaires, qui désignent des noms d'agents
~
comme
1
E 1'1'\\.. (=>0( T1 S •
268
Les rameurs, nous apprend-on également, se répartissent
en trois classes opposées, dont la première formée par les
9fo(V'~'o{"" domine les deux autres, a savoir les ~1.10\\.'\\cil
et les
eo<. ?.t.. lA- v 0 \\.. .
\\
:J
1
( ' " \\ ,
' "
~
......
\\
SchoI. Ach. 162 •••
EOK
t"c<:.eovs OE: 10 '1\\0<." E:\\..l\\E:. TwV' 0"',
,
/
c..
\\ : J I : > /
f\\
N
E:.(J<ê: T To\\! TwV
O\\..
k- lbV
O<VvJ
E..pE: TTovTE:S
~\\~" L 'T'blL.
1) f..
<- <:: ,
\\. ,
?
'"
\\ <.\\ C',
/
(\\
(') 1
AE.1oVTo(, .... ,O\\.;
0 E:
~ E:<ro 1... }v'Q \\.To(, v , D \\.. \\lE: Ko<. Tu) \\1o(Ao( r-L 0 L •
A en croire Starkie (~, n. du v. 162, p. 44),
les
G~o("'r't"ol\\; étaient appelés à fournir beaucoup plus
d'efforts que les autres à cause de la longueur de leurs
rames, et, de ce fait, étaient donc mieux payes.
Il est manifeste que
(ïv.J<S"~l\\OA\\..S a ici une connota-
tion ironique. On se rappelle que les propriétaires
fonciers conservateurs avaient pour adversaires redouta-
bles les habitants du Pirée qui étaient dans l'estime
d'Aristophane. Or, il s'avère que l'invasion étrangère
n'altérait en rien leurs prérogatives. Bien au contraire
Par conséquent
ils étaient évidemment opposés à l'avène-
ment de la paix et prêts ainsi à soutenir toute sédition
menaçant la sécurité intérieure et extérieure de la cité
en un mot, c'étaient des gens décidés à tout, même à la
trahison formelle,
pour assouvir momentanément leurs
ambitions. Nul doute que leurs partisans qui étaient recru-
tés parmi les marchands de miel et de fromages
(Cav. 853)
formaient le parti de Cléon ; qui plus est, la majorité des
démagogues était des leurs. En tout cas, en politique
extérieure, il ne semble pas qu'ils soient opposés à toute
politique de guerre et d'expansion coloniale qui faisait
la prospérité financière d'Athènes au milieu du Vème
siècle. Or, ce développement impérialiste qui fait vivre
20.000 Athéniens (.f.!:!.. 709) aux dépens des alliés est la
cible du poète comique
parce qu'il entraîne les désastres
de la guerre. A preuve
le désastre final de la guerre du
Péloponnèse ; en un mot, le péril que cette expansion a
269
fait courir à l'Attique même. Autrement dit, la politique
d'expansion à la fois athénienne et hellénique était loin
de rencontrer une approbation unanime parmi les Athéniens,
si l'on en juge par les violentes critiques de Thucydide,
dont Plutarque (Per. 12) a gardé l'écho, et d'Isocrate
(Sur la Paix, 75-88), par exemple.
Certes, il a existé
entre la marine et la démocratie
une sorte de communauté réciproque d'intérêts, en ce sens
que si la démocratie faisait construire la flotte, cette
dernière, en juste gratitude, devait la soutenir. En effet,
comme le souligne Ehrenberg (p. 301 sqq.), il est fort
probable que ce soit dans cette atmosphère qu'ait eu lieu
la demande de rapatriement des citoyens exilés, notamment
des ennemis oligarchiques de la démocratie de l'heure.
Leur requête faisait apparaître :
- que même les esclaves qui avaient contribué à la
victoire des Arginuses (Gr. 33, 91) en l'été 406 avaient
reçu le droit de cité comme les Platéens considérés comme
les fidèles alliés d'Athènes depuis les guerres médiques
(lb. 694)
;
- que ces exilés comme leurs ancêtres s'étaient souvent
illustrés dans les batailles navales (!...IL. 698).
Les caractéristiques du déclin de l'esprit belliqueux
Or, aujourd'hui, c'est le déclin de l'esprit belliqueux
caractérisé par l'ère du soldat vantard, l'antithèse~des
MQC.~o\\'~W\\l'0t-~XolL.' idéal du passé; l'indiscipline des
soldats, ~a aémobilisation et la désertion au sein de
l'armée. Signe des temps que cette nouvelle mentalité
apparaissant dans les
entreprises guerrières
!
270
Ce sont des soldats aux allures de bravaches qui
vantent leurs exploits prétendûment qualifiés de glorieux.
A cette engeancer plus orgueilleuse de ces faits d'armes
que de sa sagesse, - Euripide, on le sait, a proféré_une
critique identique dans les Troyennes (1158 sqq.) à
l'adresse des Grecs- , appartient le lâche Dionysos,
"
,
~'
,
d"
fier d'avoir ete un
t:'I"I'\\..1 oI.-r,.s
ou "combattant a bor
,
un appellatif, si besoin en était, qui permet de le dis-
N
,...,
:J
CI
tinguer du matelot (Gr. 48
TfOl.
0' ~ o("t\\E:O, r""'~.;
).
A en croire Merry (109), la réponse de Dionysos aurait
"surgi"
d'un quiproquo. Celui-ci, en effet, aurait considéré
(v'
<&'
IV
l'expression l'rOl. D1~ olTf~ 11-'-€:\\,!:.
sous son acception tech-
nique: à savoir, "dans quel pays étranger as-tu été accom-
plir ton service ?". C'est pourquoi la réponse de Dionysos
ne se serait pas fait attendre :
"J'avais embarqué au service de Clisth~ne
comme soldat de marine (s.e. à la bataille des
Arginuses)"
?
1
E if E:. \\->0<. .,.. E: v 0"
Cette intention est effectivement traduite par l'emploi
,
, : J
B6t
(
metaphorique du verbe denominatif ~ttG:r- TE:IJOV
voit T
181) tiré de ':>~\\T\\.. ~JT",\\':> (110), "soldat de marine" lui-
~'V
'
A
,
,
,
meme derive de E:'tn" 1- _\\,V€:\\.
"monter a bord d'un vaisseau",
autrement dit "s'embarquer". Remarquons que dans L. 100 sqq.,
allusion est faite au service à l'étranger.
Rappelons-nous, toutefois,que ce type de guerrier,
soit l'officier de l'acabit de Lamachos, soit le simple
soldat-citoyen, était à l'Ancienne Comédie, ce que le
soldat fanfaron ou "miles gloriosus"
servant comme merce-
naire sera plus tard à la Nouvelle Comédie. Représentons-
nous, en effet, une esp~ce de bravache - dont le strat~ge
populaire Lamachos (Ach. 591) est l'illustration - coiffé
d'un casque énorme à triple aigrette, ayant les sourcils
271
en accent circonflexe, la voix tonitruante. Celui-ci ne
parle jamais que de tailler l'ennemi en pièces. Par
la mort! Par la tête! Par le ventre ! (i~. 1070 sqq.).
Et pourtant, à la fin de la pièce,
(ib. 1190 sqq.), ce
héros revient d'une campagne, non point blessé par l'ennemi,
mais victime d'une chute ridicule dans un fossé (ib. 1178-
1179)
, tandis que Dicéopolis retourne triomphalement d'un
dtner.
Si cette dernière scène des Acharniens montre à quel
point le soldat de carrière Lamachos a pu être ridiculisé
"injustement"
parce qu'il a compté au nombre des négociateurs
de la paix de Nicias et parce qu'il a eu une fin héroïque,
- mais son nom le désignait comme cible, comme le symbole
du militariste -
, cette scène est toutefois loin d'être
considérée comme une critique profonde de la conception
militaire grecque de l'époque. Souvenons-nous qu'Aristophane
est coutumier des contradictions. Ainsi
nous constatons
que, après sa mort,
le même Lamachos
qui pourtant avait été
si cruellement persiflé durant sa vie dans les Acharniens
(Ill) et la Paix (473, 1290, cf. Thesm. 841) est célébré
comme un héros (Gr. 1039, cf. Ach. 575, 578), comme il
a eu aussi une mort héroïque au cours de l'expédition de
Sicile (Plu., Nic. 18).
Une
constante demeure donc! Elle revèle qu'Aristophane
n'est pas, bien entendu, un critique des institutions
de son temps. Il est patent, qu'elles sont acceptées,
qu'elles ne sont pas remises en question par lui, puisqu'il
n'en a pas d'autres à proposer. Certes, comme le peuple
jthé~i~n en général, il reconnaît que la paix somme toute
est plus agréable que la guerre, mais à une condition
seuiement, lmpérieuse : on ne peut pas jouer à la légère,
au nom de ladite paix, avec la prospérité des Athéniens
"iurtout aver l'hégémonie d'Athènes sur la Grèce et
~'ieilade en~ière. Ce point de vue est développé dans un
272
passage des Cavaliers (1330), où Dèmos, la personnification
du peuple athénien, est invoqué par le coryphée comme
"le monarque de la Grèce et de l'Hellade entière". Qui
plus est, au vers 1333
, i l est pris pour le "roi des
Grecs" (1l2).
Cette désagrégation du mode de vie militaire d'antan
fait apparaltre qu'alors qu'Athènes se trouvait pour ainsi
dire sur la ligne de front,
le peuple, nous apprend-on,
(~ 555 sq., 558), était incommodé de voir des
hommes
armés de pied en cap marcher à grands pas sur la place du
marché. Evidemment, cette stupidité passe pour de la folie
aux yeux des Athéniens. En somme, ces bravaches sont des
niais qui déraisonnent ( r"ol,-v0t'-ivt>vS). Voilà pourquoi
Lysistrata en est venue à les comparer à des Corybantes,
cA
k
1
L.
558 •.•
Wlt"lt"E:.f
0fvp>l)(.VTE:.S.
C'est un substantif qui a donné naissance au dénominatif
" -
\\.\\0fv ~v'T\\.-o(,v' (~. 8) "être possédé par les Corybantes",
qui paraIt une image banale à en croire Taillardat (in 479).
En d'autres termes, il s'agit de soldats,qui sont travaillés
de "l'état d'agitation voisin du délire".
1
A l'origine, le suffixe dénominatif
_L.o{w n'avait pas
de sens spécifique (113). Mais plus tard
il en eut un dans
une série de mots. Il dénotait la maladie, habituellement
une maladie corporelle : -'bt~olÂr-\\'~W
"souffrir des yeux"
Hdt. 7.229, Hp., Aph. 6.17, Xen., H.G. 2.1.3., Ar., Gr.
192, fr.
129 .- ~OV~l.r-l.ckw "souffrir d'une faim de loup"
Ar., Pl. 873 cf.
Xen., An. 4.5.7., Arist.,~. 887 b 38 .-Vof.v-
/
TLol.uJ
"avoir le mal de mer" Ar., Thesm. 882, Plat.,
Tht. 191 a, ~. 639 b, Corn. Adesp. 637 ... -f:.~7..\\,'Yy...!l.w/~'J..-
ï)-
.
1
0 U:;>
1
.,
'" ",f:(w
"avoir le vertige" Ach.
581, 1218,
vJXfl..a{v.!
\\ .. 14) "être pâle"
Hp., Ep.
17, Ar., Nu. 103, Gr.
307,
CO~. ~desp. 342. Notons qu'à l'imitation de ces verbes
dénominatifs, quelques verbes en -~w ont le même sens.
273
Il s'aqit notamment de rro~O\\1'~~W "avoir la goutte"
(':!.. 559), r- '"'A0(.D'xo ÂJ w "ê t r e fou" (2..- 14, PL 12, 251,
366,
903).
Cette acception, évidemment, a permis aux poètes
comiques, et particulièrement à Aristophane, de créer
librement bien des mots faisant allusion aux tendances
anormales procédant d'un déséquilibre psychique chez tel
ou tel individu, en somme, des mots qui mettent en relief
une obsession.
1
Ainsi
donc, ajouté au radical d'un terme, - L.«vJ
contient à la fols la notion de "dépérir", mais aussi celle
de "soupirer après quelque chose", de "désirer ardemment
quelque chose". Autrement dit, ce suffixe exprime une obses-
sion maladive. Sans doute cette connotation se perçoit ainsi,
(\\
1
A
A
par exemple, dans r--O(O~ïl,..o<.W
(Nu. 183) "je bruIe d'etre
disciple"
(de Socrate), expression qui traduit l'impatience
de Strepsiade de réaliser son grand désir et qui est forgée
sur l'analogie avec les termes vulgaires
OVe,TI-O<W
"avoir envie d'uriner" (Gu. 807, cf. Arist.
, Pro 878 b 33)
et XE:~'ï\\..~W "a~oir envie d'aller à la selle" ~ui est un
désidératif deXE:71V, Nu. 1387, 2-- 790, ~. 8, A.F. 313,
345,
368. La même approximation imagée est développée
1
dans ~ol<rTLD""oLw"je me languis du coup de fouet", Eupol.,
fr. 429.
Si l'on constate, cependant, que, plus tard, la
connotation pathologique s'est"effritée" au profit de
l'idée d'obsession, il appra!t que
KOeV f-'ol.VT\\.~1AJn'a pas
perdu sa valeur pathologique : "être possédé par les
corybantes"
est une certaiRe manière de dire "être fou",
avec l'accent porté sur les manifestations physiques de
la folie. Le verbe ne veut pas dire "désirer être corybante"
comme ~llCê,T"".lw "désirer être disciple".
274
Ce n'est guère surprenant, somme toute, de constater
un tel état d'esprit. Car, ce ne sont pas des soldats de
métier, mais des citoyens soldats. Par conséquent
leur
comportement instaurera au sein de l'armée un certain
nombre de conduites telles que l'indiscipline, la démobi-
lisation et la désertion.
L'indiscipline
D'abord leur indiscipline. Euripide, note-t-on,
parle quelque part (Hécube
607 sq., cf. I.A. 1000 sqq.)
de la débauche et des commérages malveillants de l'armée
et de la flotte. On sait qu'ils n'étaient pas des soldats
de métier. Aussi
est-il manifeste que beaucoup d'entre
eux rejettent en bloc le mode de vie militaire: le
l
""
casque ( ~eC(\\lOvS), le fromage (TvfoV
),
les oignons
1
(\\(eo~t'"vuJ", E..: 1128 sq., cf. !..!?. 368), qui, s'il faut
en croire le scholiaste au vers 1129 -(argument développé
par Taillardat in 277
n.4)- font partie généralement de
l'ordinaire de tout soldat en campagne, et dont ils se
plaignent ouvertement, puisqu'ils n'apprécient pas
d'emporter avec eux pour 3 jours ces provisions de vivres.
A h
197
..l'
':>
'"
1
,
...
rv
.....,.
C
•
~""\\. t"'1
1T1.'"~C2'''''
"l'"\\.Tl"
1r-efwV 'f~WV)
cf. ib. 1182.
Si l'on fait fond sur le scholiaste à ce vers:
1
~
r - . '
, 1
• • •
q"1o<" w1\\TtG~
00'11
TovTo
To
<rT~eJ..""1al. \\0<. 0'11 ~(o(o-
rj
< . . : J e
,
\\
' "
' : 1 /
J>
l\\
'"
ocaAt-o{, vJ5 o(1 0E.:' ~o(\\. ~fV ""Ol.:' L.,1"1':> €Oïïl.t1vt""0V~l..
':1
<V
/
l'V
on admettra que·
l\\l..T1fE:\\.Y,
forme apocopee de 1é't'l"\\.T,,\\(E:LY,
signifie ici "guetter (l'ordre portant sur) les 3 jours
de vivres". En' fait, ~rrL.T1fe:l:'v' traduit simplement
l'angoisse du soldat-citoyen qui redoute de voir appara!tre
l'ordre maudit.
275
11
COIIV ient
peut-être de rappeler que dans.f.
539,
on relève l'expression - hapax
~~0r-l"-'vo~vf€:rt'-'::o(S
qui
d~signe le "r8t acide d'oignon". Elle qualifie l'haleine
puante du sac du soldat personnifi~ de Tryg~e (voir T.
277) par opposition à celle de Th~8ria qui est donn~e
pour douce au coeur, suave •••
(~. 525 sq.).
Pour tout dire, un tel recrutement fait perdre à l'armée
toute vertu militaire. Car, aux chefs énergiques d'autre-
fois ont succ~dé des petits mattres. Ainsi donc, au lieu
du vaillant Myronidès (L. 801, A.F. 303), ce mâle héros
au corps robuste et aux-fesses noires (r-,""Â~t'-iTV(fO~1.. 801
sqq. ap. 1. 314), au lieu de Phormion (~v. 562, !:: 348 ,
~. 804, frr.
86,
382), ce rude soldat, qui mangeait,
assis
à terre, un oignon et trois morceaux de poisson confit dans
de la saumure, on a aujourd'hui des chefs aux fesses blanches
( Âli::v\\l(.6'ITv OoS ), dont l'allure efféminée ressemble à celle
d'une courtisane ionienne en campagne avec tout un attirail
de cuisine.
L'armée,naturellement, suit leur exemple. Voilà pourquoi,
des femmes la suivent comme chez les Barbares.
La démobilisation
A cet état d'esprit s'en ajoute un autre,
la démobilisation.
Un bref examen de la réforme constitutionnelle athénienne
révèle que le système décimal dont la réforme tribale
est la base fait en effet répartir l'armée en dix régiments
tribaux" o<é Tc!c.~E:t..S " commandés chacun par un taxiarque
tribal élu ; que le commandement supérieur appartient à dix
stratèges également élus à raison d'un par tribu; et que
l'archonte polémarque reste chef militaire suprême.
276
Il faut donc supposer que cette atmosphère de
démobilisation est sans doute liée au mode de recrutement
fait et orchestré par les taxiarques qui, chargés à
Athènes de recruter les troupes, usaient de leur pouvoir
de la manière la plus scandaleuse en cultivant le favori-
t!s~e soul~gné par les termes l'le..Te.D&fol.t~~E:Tol\\. (C~~. 1370)
et ~~oI.~E:\\.-tOVTE:S (P. 1181).
Il apparaît, en effet, qu'il y a une pratique blâmée
çà et là : lorsque les citoyens se trouvaient inscrits
A
)
' ) /
)
sur les roles du recrutement (6.'1 \\.(o(ib<.AoYw , Cav. 1369 ,
U 1
-
beaucoup d'entre eux essayaient:
- soit de nouer de très solides relations
( KCll. ïà q-m>v~~5 ) avec ces officiers précisément, afin
que par de faciles interversions dans l'ordre des noms,
ceux-ci puissent les affranchir de la corvée.
C'est pourquoi, venu à résipiscence, Oémos, qui est la
personnification du peuple athénien, se propose de réaliser
cette importante réforme de recrutement.
- soit de les soudoyer alors que le Conseil
avait décidé qu'une levée partielle serait faite et qu'elle
avait même fixé le chiffre des soldats à engager. Or,
attentifs aux requêtes de la populace, les taxi arques ne
reculaient pas devant de telles complaisances
puisque, à
en croire Aristophane, il leur arrivait de choisir les uns
et d'oublier les autres. Comme l'indique, du reste, la
scholie
à p. 1181 qui nous révèle que si des noms sont
effacés de la liste officielle, d'autres, en revanche, y
font leur apparition. Tout indique donc que f:.~ot:""'[to"T€~
est la traduction même de cette complaisance.
Le mot
K"'T~ÂOrOS désigne le registre officiel des
citoyens inscrits pour le service militaire (Schol. Cav.
1369)7entendons, d'après Neil
(~, n. de VVe 1369-1371,
1'77
p. 179), soit les cavaliers (Arist., Pol. 49.2, Lysias
16.3), soit ceux qui jouissaient des droits civiques
sous les Trente, soit la flotte, mais plus spécifiquement
•
'
'-
"II
)
f i ,
)
les hoplltes. Par consequent
.•• OT\\A\\.\\1'=' ~VTE:Q~\\.'":> ~v
K~T<KÂJtr qui fait allusion aux hoplites inscrits sur les
rôles est loin de s'appliquer, pensons-nous, aux volontaires
ou aux mercenaires. Aristote, en effet, dira plus tard
que cet enrôlement obligatoire a causé beaucoup de pertes
humaines à l'aristocratie athénienne (Pol. 8(5) 3.7. 1303
a 9, i!l . 26, ap. Neil, ~.).
Constat affligeant ! Pratique "cynique" ! Aussi pensons-
~
1
C
nous que nul autre terme que f\\.~o(er'tt\\..ù"'5 (f.. 1186, cf. ~.
353 dit à propos de Cléonymos)
ne caractérise mieux cette
fresque sombre : e~'fjerlT\\.~E;S' mot-phrase, qui est, bien
·
.
,c.
1
)
(\\
1
en ten du, une
1
pal s an ter 1 e 1ToI.~ v 'l'T 0 VO,-ol\\/
pou r C=X 0 fO \\..-
C'est pourquoi, semble-t-il, Couat (115)
n'a sans doute pas
eu tort de proposer à cet effet la traduction suivante :
"[ ••• Voilà ce qu'ils nous font à nous, paysans,
tandis qu'ils épargent davantage ceux de la
ville] , ces ennemis des dieux et des hommes,
ces lâches qui jettent leur bouclier".
La comédie, on le sait, se plaît à choisir ou à inventer
pour ses personnages des noms qui décrivent leur nature
ou expriment quelques-unes de leurs caractéristiques.
C'est ainsi qu'Aristophane exploite constamment les noms
propres en mettant en relief leur signification étymologique.
Mais lorsqu'il n'y a pas de noms aptes à traduire l'intention
visée, il est de bonne guerre qu'Aristophane en invente, soit
,
,~~
en employant en compose un membre, comme dans
I"\\t"'VOlAvJ\\I
(Cav. 264 )(l16).)où l'élément - K[;JV
(-K~~V) est à l'imita-
tion des créations nominales I\\o(ov..~w\\l. ,Co t~noK.ciw"
; soit
en se servant du suffixe formateur de noms, le suffixe
patronymique vulgaire - L~~ ~ , dont la caractéristique
278
distinctive est de former (les noms propres d'I10mmes :
c.
,<,
au nom br e d e ces der nie r s
i l f a u t
ra ng e r
~\\ ta K 0 ",lol)o( '-'
( I l 7 )
(!:.: 1094), q-\\t()V~ex~~"s Ach. 595, q-T(o<.TW\\,[~'S , ~. 596,
r-~I1"~exL~,s., !2.: 597, 1ïo<.\\lOVfb\\..itlTolfXt~1s ,ib. 603.
Le suffixe - t~~s
dénote la subordination et l'appar-
tenance ; en revanche, le suffixe -~~,~ a été fréquemment
employé pour former des termes indiquant une appartenance
(
1
géographique. Ce sont des dérivés secondaires de - \\"S /- c(.S.
1
I~
Le suffixe _01..5/ - o{c)oS, notons-le, sert notamment à
désigner des groupes féminins attachés au service d'un
dieu ou d'une déesse du type Dryades, Orestiades, Ménades.
On peut donc retenir que si les signifiants en -lo~ _/_01.?>_
évoquent souvent les traits sémantiques "féminin et collectif")
ils représentent aussi toùjours le trait "appartenance
géographique/familiale".
En fait,
le suffixe - L~1~ (118) est pris généralement
avec le sens de "appartenant à, se rattachant à"
et dési-
gne :
- soit les fils : 'ATfE:'~~o('-
"le.s fils d'Atrée",
c'est-à-dire Agamemnon et Ménélas • ~ 'AOo(ît:: r-VC\\l~~"S
"le fils d'Agamemnon", c'est-à-dire Oreste, Od. 1.30,
Soph., El. 182.
ou petits-fils:
'Àl.o(K~~,\\S
"petit-fils d'Eaque",
en d'autres termes, Achille.
n
- soi t
les des c end a nt sen g é n é raI :
~?. 0 no~<;;0( L-
"les fils ou descendants de Pélops", pour ne pas dire
Agamemnon et Thésée.
Notons que par analogie x~ewv.o1TLbG(" pris proprement
avec le sens de "débiteurs insolvables, banqueroutiers"
a fini par désigner particulièrement les trois amis nobles
de Solon qui ont profité des avantages de la "sisachtie"
279
parce que ce dernier avait pris soin de les informer
auparavant du projet de ses réformes (Plut., Solon 15).
Toutefois, ce suffixe a servi aussi à la formation
des patronymes amusants créés sur le modèle du radical
d'un nom dans le type des termes emphatiques appliqués
aux citoyens honnêtes, en Ach.
595-597 (voir B.P., p. 442).
Z 'Tl'oV~oI.rX~~ 1S , pat ro nyme
c'est
~ q-rrou~:C1w'll lIt\\~
La scholie, à ce vers,
Cette création comique ,relève-t-on
dans Jungius,
•
'JI
("
c:::. ~ :J
(s.u.), se rencontre chez Eupolis, fr.
234 c..:q-Trov()o~ c) 0/.-
.v.~p <:f1'tOV~o(~X~~ov 'ÂoI.v,L.AJV , et plus tard chez
Libanus le Sophiste, Ep. 394
Foerster et Eustathe,p. 199.
34. Dans Aristote on a~::' q-TCOV~C(~)(\\"~"TES (~ol, 5.5.),
tandis que Photius, p.
532. 12, note
<r~O\\./t>«~)<..\\..o('E:I..\\I ,
enfin, toujours d'après Jungius, ~~Ov~o(ex~~s = candidatus
dans Xen., Conv. 1.4.
-
Il appara t t toute fo i s que r- 1.-<r9ol ~XCS~S est ic i la
correction de Coulon; car, ailleurs, on a ~\\".q-~oI.P"[~~S
\\ <:"l:' e.(
Co
1
\\
f\\
\\
1 c:
ap. Jungius (s.u,)
:q"\\J
D E:)
oTovrre:e0'ITI)E.rosr-'"~t1D(f"I.Ù1!'
qui est une forme restituée conjecturalement par Meineke
tant i l est vrai à son avis que r-l..cr~o(,~X~~1S paraIt une
280
formation vulgaire, mais sans doute préférable, pensons-
nous, dans l'occurrence. Ainsi donc, ce patronyme voudrait
dire, à en croire Jungius,
"filius
r-..<rB~ev~v "("fils
de mercenaire"). En vérité, ~~.. ec(evos/ t"q-êo<.ev,\\s et
leurs dérivés sont attestés. D'où:
~~\\\\~o(CIOS( r-"<:f"~~S, ~fVI.lr-oI.L. ), c'est "le salarié,
le mercenaire", terme conservé dans Hesych .'n 1297 Schmidt
(s.u. ilE.Â.,(To(l. ), mais cité dans Pollux 4.48 .- Ml.qo(Mtl\\/1S
se lit dans Photius, La Souda, Hesych.~ 1453 Latte .-
Ml.q-~~vç;,:" c'est "travailler à gages, être mercenaire,
salarié") Soph., Ant. 302, Hp.
,~ll, Plat., Rép. 346 b,
Dem. 18.49 ; en mauvaise
.part, "faire trafic" (de son
corps) en patlant des prostituées ou des courtisanes) Dem.
59.20, cf. Eschine 1.154 .- M"q'~o(ev~ot
"travail à gages,
travail mercenaire", d'où la condition d'être mercenaire)
~em. 18.50, Luc., Fug. 17 .. - Ml.(1""901.e v \\..\\o<.6S
"d'homme
a gages, de mercenaire", Arist., Pol. 1337 b 13, E.E. 1215
a 31.
Enfin, lToI.YOVrOl.l1'm<.rxL~o(.s équivaut à 1TO(.VO~~OvJY trr-
1\\~~XuJv' vto0S
,c'est-à-dire "les fils de la noble
race de coquins hipparques". Aussi,
pensons-nous qu'au
lieu de voir forcément dans cet appellatif qu'Aristophane
a inventé pour susciter un effet comique une allusion
à Hippocrate, neveu de Périclès, qui aurait reçu, à en
croire Starkie (n. du v. 603, p. 126), 20 talents lors
d'une expédition à Thrace,
il faut plutôt accoler à cette
expression le sens de "fils d'hipparques coquins".
Même si tout indique, hic et nunc, que finalement le
radical est l'élément le plus important d'une formation
primaire ou secondaire (entendons les patronymes) et non
pas le suffixe donné pour une simple marque qui aide à
créer des substantifs,
il faut admettre cependant qu'en
inventant cette expression comique et les autres (supra),
remarquables par leur morphologie vraisemblablement
281
intentionnelle, Aristophane.n'a pas tenu grand compte
de la métrique, à savoir le trimètre iambique, pour
autant que celui-ci n'explique pas leur morphologie.
Il est normal toutefois qu'il les place en fonction de la
structure du vers. Car, les possibilités de substitution
rendent le trimètre iambique très souple. En un mot, ce
n'est pas le choix du vers qui peut expliquer les cons-
tructions. Tout au plus
la place de tel mot dans le vers.
Par exemple, ces mots longs ou patronymes (119) en - ~~1S
(au nombre de ces derniers
on pourrait ranger E:0e\\..t\\t~ls
A.F. 825, 826,829) 1 - ~';),s.
en fin de vers du type '<:1''''''''''-
~vÂ\\..o<:rV'JJ.~~T~<O~
(Gr. 841), c'est-à-dire tt"Twt'"\\lA~c(S
(n~~as loquac:s) q"VAÂ~rW\\l, et fo(K~OI;UffO(T\\Ta'l~", (lb. 842)
= fc(l(\\..c(. <:rVeec(.ttTw\\l ("pannosos reges in scenam produxerit"),
mots ronflants par lesquels Eschyle caractérise le style
d'Euripide.
La désertion
A maints égards, une telle attitude se rapproche
assez
,
' ( '
1 )
etrangement de la dosertion
o(Il"T~o(""'E:l.o{
,autre
signe des temps, naturellement.
, f\\
1
t--\\<:rTelXT€::\\..o{
a deux sens - dont l'un doit être dérivé-
dans Aristophane. Le sens le plus courant est "refus de
servir" (Cav. 443). Mais dans P. 526, "exemption" (absence
--
-
de campagne), on a un sens qui semble isolé (et repris
seulement par Philon (1er s. p. C.) sans doute avec une
valeur elle-même figurée ("non engagé"
(dans les luttes
religieuses ou philosophiques), 2.373). En effet, même si
la désertion considérée effectivement comme méprisable
(Pl. 1150) passe pour une accusation beaucoup plus infamante
q:; celle de lâcheté ou ~€.,-Â[ol , il est cependant assez
paradoxal de constater que bien des gens sont plus fréquemment
282
moqués de s'être dérobés au service militaire (~. 443,
cf. Nu. 692 et Schol.) que d'avoir déserté les champs de
bataille. Relevons néanmoins que l' appellatif 1\\01c1t'"0Âo~
désigne le transfuge,
le déserteur qui passe d'un camp
dans un autre (120). D'où le verbe dénominatif o<0\\Oto~E1'\\1
porteur du sens de "déserter" (121).
N'est-il pas d'ailleurs assez patent que Dionysos
se comporte comme un vulgaire Athénien qui cherche à
se dérober lorsqu'il déclare, pour ne pas être enrôlé,
dans les forces navales, qu'il n'est ni rameur (~~Â~TTE:vIOS),
ni salaminien (E.!. 204 sq.
6<~o<.AoI.r-[IILO s ), comme la
scholie l'indique assez:
,1'\\"11
( \\ 1 ' ) ,
'"
\\ "
1
0( t:1cl.l\\oI. ...TE:.vToS:
(OE:.A'=,-
€.l.lTE;\\..\\f)
\\'Î uJ'I/ Volv"'\\'l,(,oS.
(4~oI.:Z~T''=-ÙT'CS~~ ~oi~ 6l~oI.AoI.t'"l.VI.O.s To(~n"6\\1 ~~IL\\I).
Autrement dit
qu'il est "terrien" et non pas "sala-
minien"
afin de faire croire naturellement à une quelcon-
que maladresse ou plutôt à une prétendue inaptitude.
Or, d'après le témoignage des scholies dans les Taxiarques
d'Eupolis, Dionysos avait été formé à la vie militaire
auprès de Phormion, le plus fin tacticien naval de l'époque
(~. 562), le vieux stratège athénien aux moeurs austères,
Phormion qui, selon le scholiaste à Cav. 562, remporta
mes victoires navales sur les Lacédémoniens, et plus parti-
culièrement celle de l'automne 429 sur la flotte péloponné-
sienne considérée comme la plus brillante victoire de la
guerre. Mais aussi bien, il désertait (Eupol., fr.
254).
Par ailleurs, lorsqu'on sait que les résidents de
Salamine étaient donnés pour des marins consciencieux,
il faut supposer, comme le souligne Merry (~., n. du
v. 204, p. 16) et comme l'indique la même scholie (supra),
que le passage évoque soit la célèbre bataille navale de
Salamine; dans ces conditions, ~&o(~~"'T'=-\\J'OS serait
alors le répondant de MO(eo(~wv'0r~xcol.l. (Ach. 181, Nu. 986)
283
soit une nouvelle allusion à la décadence de la flotte
athénienne dans laquelle avaient été enrôlés beaucoup
d'esclaves ou de mercenaires.
En outre, qui dit désertion évoque implicitement
la notion de lâcheté, qui était un défaut courant. Or,
on reprochait à ces mêmes citoyens leur couardise dont
ils ne se cachaient d'ailleurs pas parfois:
- l'oracle (Schol. Ach. 1128) de Lamachos appliqué au
vieillard des Acharniens (1129). A en croire Starkie
(n. du v. 1129, p. 220), une telle charge lui aurait été
imputée sans doute devant les stratèges entourés des
taxiarques et des phylarques en guise d'assesseurs
- les charges contre Cléon (Cav. 368) après Sphactérie
en l'an 425. Les chefs d'accusation, rapporte-t-on, ont
pour noms ~~Teo(.'''''(o(; ~~l-:Uol. et ~\\"l\\OT~~LO"
"abandon de poste" (Neil, ~, n. du v. 368, p. 58).
Notons que l'expression courante est ~\\"rro'oI.~~OV of~t1
(Dem. 21.103), mais qu'on a dans Ar., fr.
808, ~\\"-rrOTC>I.~~OU
employé de façon absolue.
Il convient de rappeler, d'autre part, qu'une fausse
accusation portant sur la lâcheté était passible d'une
amende de 500 dr. (Lysias, 10.12).
En un mot, on dénombrait, pour ainsi dire, beaucoup
de gens braves, voire "excellents" partout, sauf sur le
champ de bataille,· Com. Ade~l9.
451 (Ce fragment a été assigné
à Eupolis , mais on ne sait, en fait, à quel type de comédie
il appartient (Ancienne, Moyenne ou Nouvelle». Tel
ëet officier supérieur qu'on nous présente (P. 1171-1179) en
train de marcher majestueusement ( 'r~f:t~ Î..6tov5 ~XO,,\\o< )
en habit de pourpre éclatant (K,oCt t0\\..'i\\.Kt~ 'b5E:~«" T\\!A.vv)
284
mais qui devient aussitôt jaune, voire blême .••
( . . .
~~~lTIo{v P->~r'-f-'-o( kui\\..\\(~V'-K6\\1)
Quelques observations s'imposent, pensons-nous
Substantif thématique à vocalisme 0
de la racine,
mais dont l'étymologie est plus ou moins établie (Chantraine
1
'A
.
La formation ... ,p.1I sqq.), le mot "oI0~ signifie cepen-
dant proprement "nuque" dit à propos d'un homme (IL 10.
573) ou d'un cheval
(ib. 23.508), d'o~ figurément "crête"
en parlant d'un oiseau ou d'une colline,
"crini~re,
panache".
Il y a donc ici une sorte de transfert métaphorique
pour autant que .z~1>0VS
est à double entente: "hauteur"
et "aigrette", comme dans IL 6. 469,15.537,16.138.
Dans P.
395,
le mot est dit de l'orateur populaire fanfa-
ron et lâche, Pisandre, qui, n'a de terrible, pourrait-on
dire, que "ses aigrettes et ses sourcils", comme les
arrivistes de son esp~ce (122).
On sait par ailleurs que dans l' ~O~\\I
engagé entre
Eschyle et Euripide, ce dernier qualifie ses termes
c.. (
,
rv~'
, '1' '"
(~~t""ol,oi) de Off vS ~Xo"'T"oI Ko(,\\. 1\\° 01.15
(Gr.
925).,
1
Ajoutons qu'on a de nombreux co;posés en - 0t~vs ou - otfvs
( v0 i r B. P • , p. 2 1) dut Ypel< v~ vot f v S , Thé 0 c. 3. 18 ,
17.53, r-~~ot\\v.s
Cratin., fr.
430.
Notons que la flexion thématique a permis de constituer
tr~s librement des dérivés nominaux et verbaux. Ainsi
a-t-on la série d'hapax suivants tirés de ;(~tos
: à savoir,
- ;Z~tw~,-s "crête, huppe", 0.291, inventé avec le
suffixe désidératif - ~'-S sur le mod~le, renchérit
,
1
Chantraine, de él(E:.TwI:fI..S "entablement". C'est un type qui
285
1
rappelle rrT~ewq-~s., 0_.94, 97, Arist., H.A. 564 b 2,
1
cf. 601 b 6, P.A.
642 b 24.
S'y attache l'adjectif Î.oA>wq"O~
- ,
,
1
l
peut-être ;(0fw1"OS (crista praeditus) = E.Tn... IT"\\\\,,,OS conser-
vé par Hesych./\\ 1299 Latte.
-
le verbe dénominatif :z.o~~w
(P.
1211).
Si l'on
fait fond sur le scholiaste, Aristophane aurait forgé
,
ici un verbe en _o/.IJJ
qui indiquerait une "maladie" au
sens moral de l'expression, mieux, une obsession,
comme
7
,
dans
~""V\\O\\O( (P. 270)
dit de Cléon,
à l'imitation des
ï
c.~
,
verbes en - l,.cXw
(supra),
tels que,
entre autres, VOE:fLO(W
"j'ai une hydropisie", Hp.,
Coac.
447, Anon.
ap.
5tob.
--
"
4.31.84.,~A~,,\\.cl.W"j'ai mal à la rate", Arist.,
P.A~ 670b9,
Pr~ 890al0,
Plu.,
~rh. 3,
Hip~latr. 40.
Cf.~'ttÂ~" Hdt. 2.47, Hp., ~~~22, Ar, !.~esm.3, fr. 506.4
Antiphane,
fr.
222.8. Ainsi donc ce verbe signifiera
figurément "avoir .l'il. maladie du plumet", mais proprement
"pousser une crête,
porter une huppe",
acception influen-
cée selon Babrins 88.4 (ap.
Chantr. D.E.G.,
S.u. Â~tos )
sans doute far celle de K0t""~W
"porter les cheveux longs",
de O€:\\fE:l..OlVJ
"se la~sser pousser la barbe". En fait,
certains verbes en - ~w (indiquant simplement un rapport
avec une notion nominale)
ne prennent une valeur psycholo-
gique que d'après le contexte. Par exemple,
ici, Aom~w
1
t'JC\\I
T,
comme ailleurs ~fo<z.o(l.V ,ÂlUO<vJ
••• tandis que _l.èi_w
(en rapport avec -
L.T~S, nom de maladies) est plus
spécialisé médicalement.
- :<'0* l..~ S "crinière" Gr. 822 •- J.01/o'tt'"vJ:<f:~V "vendre
des aigrettes" Ar.,
fr.
812
.- 'A0tOl\\Ol.. oV "fabricant
de panaches" P.
545.
~eX 't\\\\'
~t- ~ \\.\\
l)\\, \\..
V ~ \\, '0<.1,'II \\.. '0<. /, '1/
Après avoir expliqué kV7"" \\.(.1v\\..\\o<.~" , la scholie à
2., 1176 ajoute
1
rv
t.
\\
K ~
\\
. . .
TElvTE:<r'\\\\..
lo<.olTol<fX1t""0\\fE:I... Ol. r~
v?",K1 VO I.
~n~ ~€:~Â~c;' Ko(~ ~,,'A~T,\\T\\.. ~KvJr-'i~OV'll""o.
?H6
Le même point de vue, précisons-le, est exprimé
par Dover
(Aristophanic Comedy, o.c., p. 80, 134) à
propos de Lamachos.
P-:> ~ \\->01. rrTa{
F->~ r-
L.
t'- 0( kV 11. \\1<"\\ Vl- \\A.~\\1
est la fig u re
étymologique bien connue dans laquelle ~~r-o( , comme
les mots du passage en - ~~, désigne selon Benveniste (123)
"l'objet dans lequel s'incorpore le proc~s, tandis que
les substantifs en -~~S expriment la notion abstraite du
proc~s conçu comme réalisation objective" , entendons que
-~L.S véhicule une connotation désidérative.
1
En eff~t, (?>o<r-t"c1.
désigne la teinture comme résultat
réalisé, ~,\\,l.S indique, en revanche, le fait de "plonger"
du fer, de l'acier, dans l'eau, d'où "trempe du fer ... ",
~~~~er~T~ (Eupol., fr. 117.8, voir infra, p.
306) fait
allusion à la "racaille de la terre"
selon La Souda, mais
K~Bol.~q"I.s. désigne la "puri fication". La même opposi tion
pertinente s'observe dans des mots comme "n"f~~1..5 (1ïf:iOlo('
Tfot,\\t"ol /Tlo[1~'-S) r-~~~t'"o( / ~~9,\\"L.s) rû'r-o{ !r0<rL 5 ...
En vérité, ~~r-tol. comme les hapax X:0e~E:0r-o('To(
et 1wtEJr-oI.ï« employés
""oLf~ 1\\f0<t'~O""UX"
exprime
sous la forme d'un nom
une pensee qu'une forme verbale
correspondante serait à même de traduire. Par conséquent,
ces dérivés originaux créés librement conf~rent plus de
"solennité" (comique, cela s'entend) au passage,d'une
part; d'autre part, il paraît évident que l'emploi du
neutre inventé pour l'effet comique au lieu des mots
1
familiers en - ~I..s ou en - l.o(
contribue} ici comme ailleurs,
à donner au contexte une "teinte" dépréciative , voire
ironique.
Aristophane /
inventé XOfSe0r-ol'ieX. (~ 315) au
lieu de Xo\\~o(\\... (Ach. 1040, 1119, Nu. 455, fr. 461)
sans
287
doute dans le but d'obtenir un mot qui se rapproche plus
1
de par sa forme de KoI,TTV!:-oI.To( (124)
(Cav. 315). Comme
, <AI \\"" E:0 r-ol 'ï~
(C a v. 279) au lie u de '7] vJ t'" 0 ~
( Ca v.
357,
1174, 1178)
, mot qui para!t important à la fois dans
la pensée et le langage de verdeur du Charcutier, afin
d'instaurer, certes, plus de ressemblance morphologique
avec 1~t'-o( Tc{ , entendons 6"r\\o~J,t"-oC.Y~ , mais surtout
"d'ampouler" le texte sur des modèles tragiques.
y aurait-il alors quelque "influence" d'Euripide sur
Aristophane, comme semble l'attester par ailleurs la
structure d'autres créations comiques emphatiques, voire
ronflantes en -\\",,0{, d'où transpire un air prétentieux
et de dignité: à savoir, \\->Wt'-0Â6XêVr-o( (employé uni;uement
au pluriel, Cav. 902, ~. 748, cf. Cav. 1194 (f-'wt"-0Î..0Xti'lJ,
T€:rll.'T€.vr-o(
(b.:. 762, cf. ~. 318), &-~o(~~VE:vt-o(. (Ach. 63,
87, cf. 290, 903, voir Peppler, ib.)P. 451, 464, 465),
substantifs qui sont plus fréquents que ceux en -~~ tirés
des mêmes racines? Ou Aristophane vise-t-il à rire
plaisamment du style d'Euripide en cherchant à "l'imiter"
?
Certes, il est difficile de démontrer, ici comme
ailleurs, une "influence" quelconque d'Euripide, mais
lorsqu'on se rappelle que le poète comique a "avoué"
quelque part qu'il a emprunté à Euripide ses tirades
serrées (fr. 471)cf. Schol. Plat. Apol. 190), voire la
concision de son style, on peut se demander si "l'imitation"
est intentionnelle ou pas. Mais n'oublions pas qu'Aristophane
est coutumier des contradictions.
Par ailleurs,
point n'est besoin de souligner que
l'expression kV1L.II<",\\Vl. Kciv
qui quali fie
~~t:: rio<.
est
une invent/on comique faite à l'imitation de
p.;o(r-\\,,-c< ,2o(f-
~\\..o(.VvKOV (Ach. 112,.!J 1174, cf. ~. 523 qui à maints
égards contient la même image), dans laquelle le suffixe
288
1
ethnique - ~\\(,o" comporte une valeur spécifiante. Il
vise, en effet, à mettre en relief plaisamment les apti-
tudes ou les dispositions des officiers.
Quoi qu'il en soit,
il ne semble pas que le persi-
flage de ces officiers supérieurs rarement popu~aires
soit quelque chose d'assez nouveau. En effet, déjà chez
Archiloque (..!.!.. 93 L. B.== fr. 60 Diehl == 58 Bergk) , on
relevait des éléments descriptifs de cette couardise :
"Je n'aime pas un général à la taille élancée,
à la démarche élastique, vain de ses cheveux
frisés et rasé sous le nez.
Il me faut un
homme trapu,
je lui veux des jambes cagneuses,
des pieds bien plantés en terre,
le coeur
solide" (ap. F. Lasserre et A. Bonnard, Paris,
Les Belles Lettres, 1958, p. 30)
Mais il n'y a pas que les militaires qui soient moques
pour leur lâcheté. Il y a aussi les jeunes nobles.
Rappelons que ceux-ci usant de leurs relations se procu-
raient des situations sociales lucratives vraisemblablement
comme ambassadeurs,
hauts magistrats civils ou militaires
à l'étranger (Eupol., fr.
100), tandis que des vieillards
étaient au front (Andoc.
, Ale. 4.22).
Voilà pourquoi Aristophane les présente comme
~\\..«_
289
<DE:~ e0( '" 6T,,(S (Ach. 601), qu 1 il les traite de T~L.q-o<_
~"'VOfol\\..V~'l1"~US(ib. 603) et re,\\1TO~E:O~~\\Cl~5 (~
605),
les qual~fie , outre de
rro(.vov\\O\\.rrtToI.\\X~b.l.S' de
À LO~E:\\..d.A~)oVo(.s (lb. 605).
Presque toutes ces formations comiques sont des
hapax ; qui plus est, elles sont remarquables par leur
"longueur", autrement dit par leur caractêristique ron-
flante. Or, les mots jugês longs,
pour ne pas dire les
patronymes, êtalent considêrês comme plus nobles et
plus empreints de dignitê que les termes courts donnês
plutôt pour vulgaires, en un mot, rêservês aux pauvres
ou aux esclaves (Peppler, Com. ter. in Ar. and the com.
frr.,
p. 48-49).
1). L. 01. ~ ~ ~\\ol. \\.(.6 Ta( S
C'est le participe parfait de
~\\..oI.. <;)L. <f>~~~K e.L.V
"s'enfuir" (Ach. 601, Schol. Gr. 1114, Hdt. 8.75, Thuc.
7.85), qui appartient à la sêrie des verbes inchoatifs
renforcês par <:r'K -
et qui sont rêpartis en deux
groupes (125)
- ceux qui sont renforcês par - \\!'K
(- \\"lf~ - après
consonne) du type -&.V'a{Â~<:rKW "je dêpense", €:0\\~\\t"KW
"je trouve" •••
- ceux qui sont renforcês par _~~ avec redoublement
,
J
t..
1
au present : Tl. -T~W - ~Kw "je blesse", vITO - ~L. - t'-v~ -
<rKuJ
"je fais souvenir" et les nombreux composês en
- ~,-b\\~a"~vJ (ap. Kr., p. 628) caractêrisês par les
êléments prépositionnels comme premiers termes tels que
~.'..I -
~
-
;)
-
-
.....v.....
1 ..... '\\\\0
, E: \\1(.
}
Q""uVo<. .. 0
) • • •
On remarque que ~L.a(.~E:~\\~~~TclS, expression de
l'êcoeurement de Dlcéopolis, symbolise le refus d'admettre
290
toutes responsabilités, soit militaires, soit politiques.
Car, cette formation a été interprétée diversement. L'ex-
pression désignerait soit les irresponsables de tout
acabit, soit les débiteurs malhonnêtes, soit enfin les
poltrons des champs de bataille.
Aux dires d'Eschyle (Gr. 1013 sq.), le théâtre
d'Euripide aurait façonné des citoyens pleutres (126).
"Voici donc quels hommes il avait reç~s de moi
au début, des vaillants, hauts de quatre
coudées,
non des citoyens qui se dérobent ••• "
,
c.'
f
(t"' \\A.lê:.
0(.....
c 1. ou S
~z. OéVVo(,[OVS
Bekk.
, Anecd. 34.20, d'après Jungius (s.u.), fournit
l'explication suivante:
<v 1.- cl~ Pol.<f"L iro À[Ti~ ;;- ~I.-.,(.~ '-~\\ ~cr-KwV I~ T1~ ïnL
()
~
1
f'J
" )
' \\
'1/
"~vVS UTTOV<:Ol.- cx
r"\\
5
\\ l\\él.-\\OV,OL.o(S
KI)(\\.
~ovt'\\O_
lA
'
,...,:>
1
t'V
" "
\\ E:\\fcS
E:.v
To\\.S
o<.v'oi.OKo(~()I.-S \\<.olL'OI.-S
\\To(.(E:"'Vo{~
~ \\\\Ccre L~ '"' .
~l n'y a pas d'autres mots en (~,o-.) ~po<U-.l.~-.par
consequent, il s'agit d'un hapax. Toutefois, c'est un
type qui rappelle les composés suivants en -(o)-rro~~T1S
(ap. B.P., p. 554)
: Xo(vvotro~~j"b(.5 "citoyens-mouches",
Ach. 635
ap. T 472, cf. KE:X1Vo(t"o~ Cav. 1263 .- t"-I.-KeQ -
TTO~[TolS
Cav.817.
291
Si donc ~~o{~E:~~ol.~lrc(s est porteur du sens de
"poltrons", allusion serait faite ici sans doute à
la déroute d'Etolie à laquelle Lamachos est censé avoir
pris part selon Thycydide 3.98 (Starkie,
n. du v. 601,
p. 126).
Pour notre part, nous pensons plutôt que la première
acception semble traduire l'intention du poète comique.
Sans doute Aristophane cherche à ridiculiser, hic et
~, ses adversaires politiques, ceux du "parti de la
guerre", qu'ils soient généraux, ambassadeurs, ou
encore
hauts magistrats civils ••• ,dont l'influence semblait avoir
décliné après le triomphe du "parti de la paix". Or, on
sait qu'en 426/25
Aristotélès, Eurymédon, Démosthène,
Hiérophon, Hipponicus, Nicias, Prodès, Sophocle •••
(Starkie, ~, n. du v. 600, p. 125) figuraient parmi
ces généraux dont la plupart étaient partisans de la guerre -
et donc d'opinion démocratique -, qui monopolisèrent le
pouvoir après la mort de Périclès.
Rappelons-nous, toutefois, que nous sommes dans la
comédie, et que, c'est évidemment pour Aristophane
l'occasion d'entasser dans un même passage (Ach. 603-605)
des hapax qui sont une forme d'expression au service du
t~ooS .
C'est une galerie de personnages fort irréels, imagi-
naires. Car, en fait,
il s'agit de patronymes fictifs
applicables à toute espèce de personnages glorieux et
qui ne préjugent donc pas du patronyme réel, mais dont
le but est de faire ressortir quelque spécificité ou de
déc r ire 1 a na t ure du pers 0 n na g e. Ain si, ces ~ toot ~ eDl.'Ir'" rra A.~\\ot l.
.qui sont à l'affût du gain sont campés sous nos yeux comme
T€:.~~o(.t'-E:.V'°1O(\\"'\\lLttn~vs, re.'f~ToêE:ob~rouS.
?'J?
La première épithète dépréciative est un composé forgé,
certes, mais dont les deux éléments (* TE;l.~~~li::.VO- et
*~Cl{"v<tTlTou.s h croyons-nous, sont sentis comme des
ï
1
,
noms propres.
,e:\\..~o(t-€:VOS, c'est un personnage reel ;
c'est le nom du père d'Acestor (Gu. 1221 , Schol. Gu.
1221, O. 3l).crlll~V'1.tT'i\\OS
, c'~ celui de l'illustre
ancêtre de la famille de Callias et d'Hipponicus (Hdt.6.
121 ap. Starkie, n. du v. 603, p. 126). Or,
selon l'expli-
cation du scholiaste au vers 603, Phainippos est moqué
pour sa laideur et ses tendances pédérastiques, Tisaménos
par ce qu'il passe pour étranger et fripon.
.
Même si quelques-uns voient dans *_l\\>ol\\.V[tTlT()VS une
allusion à Hipponicus et interprètent * Tél.\\fol.r-E:\\lo .....
comme le surnom du même personnage, à en croire Starkie
(ib.), nous pensons néanmoins que cet hapax désigne sim-
plement par insinuation la double coquinerie des jeunes
Athéniens, bien que le composé soit fait d'éléments plus
ou moins consistants. Aristophane a sans doute inventé
\\
cette expression comique pour év i ter le tour " Tou S
1
\\
1
c.I
T<ë::I,,<I"ol.\\:,-lè.vovS T()vS ~o(\\'V0t-E:VOV5 L.lTtTouS ". Dans ces
condi tions, le premier terme du composé, * TE.\\..<J"ol.~E:VO~
représenterait alors le participe aoriste moyen du verbe
,..~vw sig ni fiant proprement "s' acqui tter d'une obligation"
l.L 18.407, Od. A.348, 14.166, Eschl., Pro 985, Soph.,
O.C. 635,
Xen., Mem. 1.2.54, et péjorativement correspon-
- -
--
dant quelquefois à "accorder une faveur à quelqu'un"
(Leonidas d'Alexandrie, A.P.
7.657). Allusion serait
alors faite ici à ces jeunes gens privilégiés qui ont
été affectés à l'étranger et qui n'affichent pas moins
un comportement hautain.
D'où sans doute -*toC.l.VLt'tTTOU S considéré, somme
toute, comme un appellatif prétentieux qu'Aristophane
•
t"
\\
"'lb 1
.
'
a lnven e Il(lTO ToOu ,oll.VE::l.V ••• , auquel Il a ajoute,
comme à l'accoutumée, l'élément
LTT'tt' (I..'tTTro~), marque
293
distinctive des noms des grandes familles aristocratiques
d'Athènes.
Il n'est pas impossible que ce second terme
de composé ait été inventé sur le modèle de XJp \\.. i't rra\\!
-
1
(\\
\\
ou de =- oJ.." t1\\..Tt"rrov' (Nu. 64). Dans Ach. 1206, on consta-
te que le pauvre Lamachos est ridiculisé. En effet,
élevé plaisamment d'abord à la noblesse puisque sur son
nom a été greffé l'élément - l:trlT"", i l perd soudain ce
titre comme le montre l'emploi du diminutif - ~ov . D'où
le surnom
/\\.d- r-<xX C't'r1\\l-O\\!.
"Hourra ! hourra ! salut mon petit "cavalier
Lamachos'"' (ap. Coulon, .~., p. 142)
Etablissement du texte :
1\\r..:,:Î.. ro(.x~rrrrLO\\!
Ç\\ r2.R
Sou!ignons que -~nif~s'observe également dans des
patronymes en - \\.,~'S consti tués sur le type<f"'=L~l.TrTl'"~çj S.
C'est ainsi que nous relevons dans Aristophane les
créations originales suivantes : &l\\o<i>~o<.lI"l.lTïrtl>,>(Gu.
185) inventé pour remplacer
b<.T\\O~Pa'cr«'L 't\\o(VI:>I.JP1I.lTlï«'PXL<i>o<s,
,
, f
\\c:..
1
\\
c..1!
expression equivalant a TiO(\\I6V~OvJv' LTT'Tt"OCfXW
VLOV S
(Peppler, Corn.
ter.
in Ar.
and the corn. frr.,
p. 50).
Finalement
l'expression donne à entendre, pensons-
nous, qu'il s'agit de personnes se pavanant à cheval.
En revanche, même si dans l'appellatif rE;f,\\TOBE:o~~rov.s)
on a voulu voir une allusion à Proclès, fils de Théôdoros,
qui aurait participé à la déroute d'Etolie (Thuc. 3.98,
ap. Starkie, n. du v.604,
p. 127)
; et même s'il ressort
de l'explication du scholiaste qu'il semble s'agir plutôt
ici de la molesse de ces jeunes nobles, ~fï'=l.<t"
I(.o(~ ~ts
l"'"-al.'J..o(.\\iI.[oI."ç~'=f?>~ÀÂIé:TOr~n~ ~O(~ eE:O~W(JO~1 Ko(.~
cJ
:J
C
\\,
OT\\..
fC:~ OOVAuJ'v".?
294
quelques réserves peuvent néamoins être émises.
D'une part, ce mot comme les autres dénominatifs
(supra)
fait partie de la série des termes ronflants
qui cherchent à conférer plaisamment beaucoup de solemnité
au contexte et par voie de conséquence du "sérieux" à
la critique du poète comique. Or, les éléments inconstants
dont ces expressions sont constituées suscitent le rire
et donc rendent 'ridicule l'emploi de l'expression.
D'autre part,
nous pensons qu'il s'agit ici d'une trans-
formation comique du nom de Théôdoros le vénéré ou le
chauve devenu riche.
Il convient peut-être de souligner ici que l'épigramme
de Nicarque (11.17) nous intéresse directement, puisqu'on
y voit un
jardinier du nom de Stephanos, changer de nom
au gré des étapes de son ascension sociale
il s'appelle
dans un premier temps Philostephanos, puis - ce qui
fournit un parallèle aux formations aristophaniennes -
trrrrO\\.(,.fotï\\"rrlTl.~S.,:;.ce nom suggère des chevaux victorieux,
et "même,comme fils d'Hippias, une parenté avec les
Pisistratides" , note Aubreton.
enfin, lll.ovl.lcrl.<lrr1VD{v'o~~fO~
t . '
\\
'
I f l
(J
,
Nicarque précise
ù\\.. 0{ Tri \\f"l\\o(.To{A1 v "à cause de ses
débauches", mais dont le nom convient a un jardinier
enrichi.
Mais à travers la formation hapax r~~1 TC> &"=0 ~~tou S
Aristophane songe peut-être aussi à la vénalité de ces
jeunes gens occupés à s'enrichir.
C'est sans doute pourquoi il les qualifie de
ITQ(V-
over\\"tt"rr«ex~~e{5 et de ç,l.O~€:L,o{Âo(.~bVD{S.
295
6 ~ 0 t;:~ L. 0{ Ad..j ~VoL S
C'est un nom propre qui pourrait être interprété
1
:> 1
<r.. 1
comme une transformation comique de  I.0t'-€:LO(:'
TO~~ iil Ao(1 0Vo(S,
c'est-à-dire "les vAntards
de Dioméies". En fait,
selon
Bonfante
le mot
~:<'ol~J.JV "n'est autre chose que l'emploi
comme nom commun du nom de tribu thrace légèrement modifié,
;) A7-...01... ~ ~ v€:5
" (C han t r ., D. E. G. ). Dan s ces con dit ion s ,
le nom comique soulignerait la hâblerie de ces jeunes
nobles, une hâblerie héritée, pourrait-on dire, des
Dioméiens qui passaient pour hâbleurs (Starkie,
n.
du v.
605,
p.
127).
1 En
effet, ~Ao(~~v' appartient à la série des mots en
wV/..!. vJV, qui, à l'origine, désignaient des êtres
vivants ou assimilés, mais qui,
parfois, font allusion
à des défauts, voire à des vices souvent décriés par les
poètes comiques (B.P.,
p.
247 sqq.)
:
-
~~o(~~ V qui ad' abord signi fié - sans doute par
,
'1 1
"jeu de mots" avec ol.Ac(0t-oll,.."errer", qui est différent -
"vagabond", Alcée,fr. 31, avant d'avoir le sens de
"imposteur", et de "vantard, hâbleur" (127).
1
- Tf l. f?>wv pr is proprement avec le sens de "manteau
grossier" (128) mais figurément se comprend "retors"
(129)
,
cf. T\\l.[?>uJVL.K~S (~. 1132).
Toute allusion à Démosthènes, pensons-nous,
serait donc hors de propos, comme Starkie semble l'insinuer.
Ce ne semble pas une gageure de souligner, d'autre
part, que leurs lieux d'affectation ne sont pas moins
significatifs et donc chargés d'une connotation comique.
Nous relevons ainsi, entre autres, X~e,Tl.' XO<C(1"\\"V
(~. 604), k04.~o(.~(v~ ,r~Â~ ,ko(ToC.O~?.~(ib. 606).
296
x~ ~ '\\Tl.-
Charès est un personnage réel qui est moqué pour
son ignorance.
C' \\
X1
: J , ?
/\\ t e l '1')
Schol. Ach. 603 ••• t
ùE:
~e,s <ê'tT'l. o(~.,(th.~ ù~~f3a{I\\AE-TO.
On le cite comme commandant de l'armée athénienne pendant
le siège de Mytilène (Schol. Cav. 834).
Il est également considéré comme un des compagnons
de Cléippide à avoir été dépêché à Lesbos en mai 428
(Thuc. 3.3.2., Diod. 12.35). En dépit de cette réalité
historique, nous pensons en tout cas, comme Starkie,
qu'il est fort probable que X~~~""'L.' comme d'ailleurs
Xo<..l..p~clS(Gu. 687), a été créé pour faire calembour
\\
-
"
avec le verbe xcJ.. .... rG:~V "se réjouir". En d'autres termes,
cette expression fait écho à un certain dilettantisme.
x~ocs\\.,v
Le patronyme X~ o1f\\..V, en revanche, évoquerait,
semble-t-il, les moeurs infâmes de ces jeunes nobles,
contrairement à l'assertion de Starkie, à en juger par
l'allusion étymologique. Car, ce mot qui désigne un
peuple d'Epire
au dire du scholiaste
ressemble en vérité
1
y
A
,
(
au verbe
XCllCS" KE:l.
"etre beant"
Cav. 78 n.).
Ef '
·k
1
r /'1..J
'
••
,
n ln, SI
0(.1;0( e~v~ , 1 E: A r
designent sans am~igu1te
de s vi 11 e s de 5 i cil e,
l' ide nti fic a t ion de
k 0( Ta< '0'= ';<. ~
semblerait poser quelque problème. Or, il est patent que
Ka!. \\O"'r~Âi est une évocation tïo(~~ trfo~~o\\o<.~o(Y pour
Ko(,-r~v~ (Catane), une autre viUe de Sicile. Par consé-
d'
1
quent 1 1I\\<ll. To(~E:~ç(
résulte d'un jeu de mots sur le nom
géographique
rJ:to{ et le verbe Kollo(Q?:=Â':;V"se moquer de">
comme l'indique assez clairement,du reste,
la scholie,
et qui vise à moquer ces jeunes gens et partant les
stratèges.
297
Qui plus est, quelques-uns de ces jeunes nobles savaient
même comment disparaltre sans devenir soldats.
C'est cette pratique ignoble qu'Aristophane dénonce
,
(
à travers l'emploi de l'adjectif oll{"'Tfol.TE:uToS(Cav. 117,
cf. ib.
1119, P. 526 ap. T 277 qui exp-riment la même
-
-
idée)
"qui n'a jamais porté les armes", un lexème qui
fait apparaltre le souci du poète comique de vivifier
ses oeu~res par des allusions perceptibles aux événements
contemporains, procédé qui ne pouvait manquer d'impressionner
les auditeurs, dont aucun n'ignorait quoi que ce fût,
dans cette démocratie directe, de ce qui se passait au
jour le jour. Rien d'étonnant donc à ce que les personnages
aristophaniens parlent à volonté de ce salaire qui
assure la subsistance de toute une petite famille et qui,
par conséquent, est donné pour un aliment, comme le dit
Taillardat (in 686, 687).
:> (\\
1
Par ailleurs, on note que dans les
t-\\"ïTfclTE:Vi'Ol"
(fr.
31 K = 31 sqq. 3 0 ap. Ehrenberg, o.c.
, p. 304
-
--
n.
2) Eupolis précisément décrit les renâcleurs comme
des androgynes.
,
rv
Il est fort probable que le verbe
c(.vc< lXI.l\\T'(' E:I."
"
Co
( . 1 1 (
(EupoL, fr.
394), autrement dit,
"~eT él..v aK"I<;' ~TrrrE:uCid.,;y
)
d'après Jungius (s.u.), fasse allusion à l'attitude des
cavaliers dont on disait qu'ils avaient été enrôlés
malgré eux. Autrement dit,
les éléments constitutifs du
,
' ) (
c..
1
mot donnent a entendre
Q{Vo(.r"'" \\'\\
v \\\\ rr E::v fi=. LV •
Notons que l'écho de la contrainte, de l'oppression
traduite par les mots
"
?
co u ran t s oWa{
'lz
O~Î / ri..vot.. '0 \\1(.0<. lAJ
qu i
298
est perçu,
semble-t-il,
dans cet hapax créé par Eupolis
,
, ?
1
T l"
s'observe egalement dans le compose
u<.,Vol..rKO~\\. o~ que
Cratès (!!.., 44, cf. Nicostr. Corn. 32) applique aux
parasites,
épithète péjorative signifiant "qui mange par
contrainte",
c'est-à-dire sans choisir,
"qui attrape
ce qu'il peut".
la même notion se dégage des formations suivantes
~Vo<r~()T~ot&ZV "être soumis à un régime? de nourriture",
co;me les athlèt~s, Epict., Ench. 29.2 .- o(Vo<.OI.o<.0folOhV
= Q(Vo(O~CTeO~€:\\..V Arrien (Ile s.p. C.), Epict. 3.15.3,
Philostr.
(Ile/Ille s.p.C.),
V.S.
2.17
,
-
donc récent -,
mais figurément "endurer,
supporter,
tolérer"
, Théopompe
?
"
,
l'Historien (IVe s. a. C.),
282 o<.Tol trec(n.. O("re(.- O<Vo<r-
\\1<..0 cf 01. O[ 01..
qui désigne le régime forcé de nourriture
en parlant des athlètes,
Arist.,
Pol.
1339 a 6.
?I\\
''"l
1
1
1--\\ v 0<.'0 KOCn.. lOS est une forme qui rappelle
0 ~ \\.. 00 q"L lbS
"qui mange peu ou modérément",
Pherecr.
, !!:.. l, Phryn.
,
'")
fV
Corn., .!.E.. 23 j cf. OA,-YO'i"LTE:\\..V
Hp.,
Fract.
27,
U
1
,.
Plu. 2.129 sq.
j -
* toVoq-LTO~ ~ \\,,-ovo~L'r\\..ol
dési-
gnant l'action de ne manger qu'une fois par
jour, Hp.,
IE..:. 2.2.1. A noter l'emploi du dénominatif r-0vo\\t"\\.. T~W
signifiant soit "manger une seule fois
par jour", Hp.,
V.M.
10, Acut.
11, Plat.
Corn., fr.
207,
Xen.,
Cyr.
8.8.9.,
- -
-
- -
1
soit "manger seul", Alexis Corn.,
f r .
269.1
• -KoI..l.o<.o<l"\\..To~
"sans appétit",Hp., Steril.
215,
Eub. 17, Plat., Rép.
475 c
- 1\\oÂ0 'if"L ToS "abondant en blé ou en vivres"
dit des personnes,
Xen.,
Vect.
5.3.,
d'un pays,Thphr.,
H.P.
8.6.6.,
"qui mange beaucoup""Theocr. 21.40. le dérivé
'tfoÂv\\!"\\..Té«. "abondance de blé ou de vivres" est cité
dans Xen.,
H.C.
5.2.16, mais avec le sens de "gloutonnerie,
' -
Co
1
voracité"
on le rencontre chez luc., ~. 16 •• - 0r-0~L ToS
"qui mange avec", Hdt. 7.119,
d'où le verbe dénominatif
5tt()~L.Trl:.w appliqué aux femmes dans Hdt. 1.146.
299
De plus, si certains désiraient amasser de l'argent
pour s'équiper sans être capables d'aller à cheval,
d'autres, en revanche, cons~déraient le fait d'aller à
cheval pendant la procession des Panathénées comme l'une
de leurs prérogatives (Eupol., fr.
268).
Les entreprises guerrières
Comment s'étonner alors d'entendre moquées les entre-
prises guerrières? Entendons l'organisation militaire
(les stratèges) et les disponibilités financières (l'équi-
pement, la solde des équipages).
Dans le modèle de la cité hoplitique,
il n'y avait
pas d'armée de métier,
ni mercenaires étrangers, ni
surtout catégories de citoyens voués spécialement à la
carrière des armes. En d'autres termes, l'organisation
militaire s'inscrivait sans coupure dans l'exact prolon-
gement de l'organisation civique.
Par conséquent, les stratèges qui exerçaient le
commandement étaient les plus hauts magistrats civils,
élus comme tous les autres, sans qu'on exigeât
d'eux une
expérience particulière dans l'art du combat. Or, à en
croire Aristophane, les choix de ces stratèges sont
déplorables (Ach. 1078)
parce qu'au lieu de citoyens
mûrs, capables de faire honneur à Athènes et aux Athéniens,
"on choisit de jeunes ambitieux, pour ne pas dire des
enfants, qui commandent maintenant aux hommes", selon
Eupolis (!J. 310), parce qu'au lieu des représentants les
plus distingués de l'aristocratie, on choisit soit des
inconnus, soit des transfuges de l'aristocratie qui, par
ambition toujours, ont fait cause commune avec des démocra-
tes et incitent le plus ardemment à la guerre. A certains
égards, semble-t-il, le
Choeur des Cavaliers qui glorifient
300
Athènes considérée comme supérieure à toutes les autres
cités par la guerre, la poésie et la puissance (581-594),
pourrait être défini comme un des "maillons" du "parti
de la guerre".
Rappelons-nous, en effet, que Dicéopolis, adversaire
de Lamachos et malgré tout Athénien moyen,était de ceux qui
enviaient aux officiers, aux ambassadeurs et aux digni-
taires de la Cité leur haut revenu et les autres avantages
matériels dont ils pouvaient jouir (Ach. 608 sq.). Il
n'y a donc rien de surprenant à constater que lorsque
Lamachos endure force interrogatoires de la part de
Dicéopolis sur sa solde d'officier, en démocrate presque
convaincu, il en appelle aux principes de la démocratie,
en s'exclamant
"0 démocratie ! vraiment,cela est-il tolérable ?"
1"'.n. <è~t0l.<..\\o(l<o(, To(vT"ol.. CS?\\T? tivol(f"Xér~.J
Entendons par cette expression que tout citoyen
devait avoir droit de vivre de l'Etat. Il apparaltra
effectivement qu'une génération plus tard
trente mille
citoyens recevront leurs repas de l'Etat
organisés par
Praxagora (A.F. 1132 sq.).
C'est pourquoi)Aristophane raille les électeurs
(qualifiés, du reste, de sots) qui provoquent par leur
vote l'avènement des incapables qui gouvernent la Cité,
au nombre desquels il est aisé de ranger des gens de rien
( T()~S S~ xcC.'À KO~C:> ), des étrangers (~GVOL.~), des
esclaves ( ".u~~Lo(~S) et des gueux ( rrov"~I?'t'~). En un
mot, les rebuts de l'humanité.
301
"
el nous employons à toutes fins
[relève
le Coryphée j ,
les mauvaises monnaies,
les
étrangers,
des rouquins, des gueux issus de
gueux, derniers venus; or,
la cité jadis
ne les eût pas pris facilement au hasard même
comme victimes expiatoires".
Remarquons que le même écho se perçoit dans Eupolis
(!!.: 117.8, voir infra, p.
305
s q. ) •
" "
~
l'V
Si l'expression TOLc:, Xci..
\\(OL~ désigne généralement
les mauvaises pièces de cuivre ayant cours dans Athènes,
comme l'indique d'ailleurs assez c~airement la scholie,
on remarque ici cependant qu'il y ~ transfert métaphori-
.
t.
1
que, puisque cette expression est ~ppliquée IT«f'V'TfOVOLo(V
aux~~()II<.~r-0I..S et aux ï-'~E:J..v~o~S, c'est-à-dire
aux citoyens "méprisés" et "impudents".
Schol. Gr. 730 a (130)
1
•
T('OlioV
Xo<.';(KO(:'S : ~SI!)K~t0I..S) R>SE:AVeO~S T~V
c '
d "
/'1
VO ~I..\\f"-
<...~ Xr/..Âv<.o'l:s) ù E: <::: T\\~V wS E;'tt"'L 1'01...v A wV
r- fA'vJV.
1
En revanche, l'expression \\\\VffLol\\..S que le coryphée
emploie au lieu de lTvf\\()(:'S "roux" appartient, quant à
302
/ -
elle, à la série des hypocoristiques en - L,olS qui
visent à moquer plaisamment tel ou tel trait d'un
personnage. En effet, depuis l'époque classique, le
1 -
suffixe - l. 0( S s'emploie volontiers non seulement pour
désigner un personnage par un trait caractéristique,
mais aussi pour mettre en relief un terme de reproche (131).
1 -
Rien d'étonnant à ce que le suffixe - l.~S qui se prêtait
ainsi à former des sobriquets ait connu une extension
beaucoup plus grande que les autres suffixes que les
poètes dramatiques inventaient pour susciter quelque
effet comique sur scène. Tout indique donc que la plupart
de ces mots qui comportent souvent une valeur comique
sensible sont des hapax qu'Aristophane invente volontiers
sans doute à l'instar de Cratinos chez qui on relevait
déjà (ap. Peppler,
ib., p. 38-39)
\\->o{~"'q"r-o(T~a(S"grand
marcheur" (f.!:.. 392), création comique d'après les noms
C.
1
abstrai ts en - r- 0(
(cf.
0r-0 t"-o{q"TI..'X'Lo{~ "compagnon
d'esclavage" SE. 756») T\\I.. <rq"OKwV~oI.S ,yA~1~ ::.1TLI:rq-O\\(J,"'1TO~ t'~o,)
fr.
364.
Notons que pour rire du
débit cacophonique de quel-
qu'un, Eupolis emploie quelque part (fr. 412)
le mot
' 1
f..
::1
' "
')
1
~\\:,"\\"c(.S= 0
<ê::t,.. lê""'I,.\\.~.OS 1 éuE:t'iS in Eust. 996 ap.
Peppler, ib., p. 39.
Ce dernier aurait-il été influencé par Aristophane?
Tout indique en tout cas que Cratinos (antérieur à
Aristophane) a ouvert la voie.
On constate çà et là que ce suffixe a fourni un assez
grand nombre (Peppler, ~>p. 40, 60)
1
- de noms d'animaux: K.Olt'C\\"e(."t'Lo(.5 Nu. 23, 438, fr. 42
. - b~ot[olS ~. 206.
303
- de noms de vents
Cav. 437
, 1\\
1
- de noms propres,
dont,
entre autres,
t-\\ ~tJ v .... 01.. S
?
l ,
\\?(
(Cav.
570)
au lieu de
o<.r-VVT'LI.<.OS forge sur
«~vvo(
.-
k.ol.TI'"vt~~(Gu. 151) emprunté à Cratinos (fr. 334)
-
1
-
sans doute,
mot tiré de 'Ko(.T\\VoS"fumée" et qui était le
surnom appliqué au poète Ecphantidès peut-être à cause de
ses manières passées de mode ou de son style donné pour
obscur
• - nu e~ ~ D(.I,. S tiré de rrvee0'(:'S (~. 900)
l 'tt'vf<ro~~ (dérivat~n à partir du thème de lrVe
), qui
a le sens de
"rrvee0\\,S, mais l'apparence d'un nom propre.
n,e
\\
, \\ / \\ " " " "
"V
Dans Gr.
901, K,oll-
V1 ~L.
"'IV ré Tov"nl
V~eCllV)X~~Tc t~-
le mot [1vf~~"S~ov qui évoque la même réalité est 'le
"r
surnom appliqué à Cléon.
c:.
""
Notons que le verbe dénominatif
u TiEe rrv ~~L. 0<.. V
Co C "-
c "- C
1
t!-
c : . . V
' , . )
(Gr.
308
~ ()L.
u~ è)cea.~o{,;;;> ut\\E:\\E:rrv~f.. D(.lS"e<rov signi-
fie "devenir rouge,
roux".
Concernant nve~tc(,\\-S, il s'agit, par conséquent,
d'un nom de personnage forgé avec sa signification étymo-
logique.
Il faut supposer qu'en employant cette expression
imagée qui désigne sans doute par insinuation les esclaves
- et donc correspond par métonymie
à ~o0 Ao\\, S, si l'on
en croit le scholiaste -
le coryphée a voulu
jouer sur
l'existence du nom propre nv~~(c(,S, terme générique
employé à propos des esclaves thraces.
304
Remarquons que le même argument est repris dans
Tzetzès 730 d, comme suit:
n
f
C
/')
. "
\\
(
"""
\\)\\\\",0(,\\...5: VOÙAOL';:>
D'lOto<.
Oo(~ 10,<:: TOl.S
~
n
1
,
f(\\
'1'
TI ~
\\/
1
vov';tov~ ~ T\\..t!E:V"'-O
U~\\Lo(V'
\\. \\,::.. LO\\.-)
V\\o{~l.-
uJ V E: Sl 1 Mc(.vo<.L:'
2. 1.<. ~ BA v 0( \\.- , fl \\. T0 Âo<. v , fl olp-
1
c-/ )
\\ -
\\
~ 0 Kol \\"
~c(. t
G: TE: \\ c(. •
Sans rejeter les affirmations des scholies, il semble
cependant qu'en fait la conception dominante dans ce
passage d'Aristophane où parmi les rebuts de l'humanité
figurent les roux est celle, pourrait-on dire, non de
laideur, mais d'étrangeté. On sait que la rousseur est
assimilée aux défauts de la constitution. Comme en témoi-
gne un passage d'Eupolis, fr.
276.3 (de la Race d'Or)
:
T\\~~ I\\IO? 5" ~ rrv\\\\~'>, ~v..ïoS oc:.. 3"'«:q"T~o(r-
\\:.'- '=" V 0 ~ •
La même idée est reprise (132) dans Meineke II.537.
Toutefois, si l'on fait fond sur un texte d'Adamantius
(Physiognom.)p. 394 Forster), on doit considérer qu'il
est malaisé de dégager la notion physique de rousseur
des idées morales qui, pour les anciens, y étaient
associées.
La même ambiguïté se trouve, pensons-nous, dans
l'emploi de ~ol~~cl.~I9~c::rL'I'~o(~r-ot~~S, c'est celui
qui sert de remède ou de "bouc émissaire"
, c'est-à-dire
qu'on immole en expiation des fautes d'un autre, particu-
lièrement des fautes d'une ville, Hippon. 5, lster
(historien du Ille s. a. C.) 33 (F.R. G.). Par analogie,
ce mot a fini par signifier "scélérat, misérable"
chez
Ar., Cav. 1405, Lysias 6.53.
'--
Autrefois, les collectivités imposaient leurs fautes
à une victime innocente. Pour ce faire,
il est fort proba-
ble que le choix était porté sur quelque pauvre hère
contrefait et de surcro!t incapable de se défendre.
305
Marie Delcourt (133) qui cite les sources fait remarquer
que "Tzetzès (Chil. V, 729) relate, d'après Hipponax,
.
f V . " "
')'
Co
\\ 1 \\
..
"
qu'en Ionie
TVJV TfJ...\\lTvJV ~Oe±OTE:to" ",l'cv vJ~ n-~o~ '\\Ju'(f....,t:J..v.
'p., ~o~~6ïE:~OV
peut vouloir dire ici "laid" ou
"di fforme",
comme dans Hdt. 1.196.
Un scolion d'Aristophane à ce vers, qui semble signi-
fier que la cité sacrifiait "les misérables et ceux
qui ont été maltraités par la nature")relève Marie Delcourt
(ib.,p.
31), décrivait déjà les traits de cette pratique
On peut retenir de ces deux textes que la première
qualité, semble-t-il, a une valeur religieuse, tandis
que la seconde est chargée d'une connotation rationnelle.
En fait,
pour Aristophane, le mot
to{f~c( 't<,Q?:<:f'l.\\J recouvre
les deux réalités. Car, note Marie Delcourt (p. 34),
"dans son mépris complexe, il e.t malaisé de distinguer
la note morale, la note sociale et même la note esthétique.
Le pharmakos
laidet pauvre est un rebut d'humanité, même
si à son abjection naturelle ne s'ajoute aucune faute
précise."
Ce langage tenu par Aristophane n'est somme toute que
l'écho du langage d'Eupolis (lE. 117.8) ; deux langages
qui résument assez bien la plainte amere de l'aristocratie.
Eupolis, en effet,
ne s'écriait-il pas:
306
"1 ••• l'Etat étaIt solide 1 ; mals mainten<lnt,
faut-il faire campagne,
nous choisissons pour
stratèges des ordures" (ap. Couat , ~.,p. 85 sq.)
\\ c.1)
cJ
1
... Vu"" .... V
') oioN
Tuxwr-(êV,
1
{ \\ ,
C.
1
f\\t
'\\l Te
K
Cl( "\\ E:v 0t E: <{' lJ
0<. \\.. \\,0 v t- E:.vo 1.0
~n10<. et'- 0{ To<. 1q-T'~o(-
"'~OOVSI
le même reproche est proféré dans Eur., 1.T. 1316.
Quelle conséquence humoristique se dégage finalement
des descriptions relatives aux réalités que le poète se
plaIt à satiriser ?
la détérioration de l'esprit civique oblige à consi-
dérer les entreprises guerrières sous un jour nouveau.
Autrefois, on enregistrait les disponibilités de l'Etat
qui partageait avec les triérarques la charge de construire
et d'équiper les bâtiments, de payer la solde des équipages.
Effectivement, en tant que service spécial, la liturgie
- ,
À/ë:\\.. Tov~O [c:J... - consiste pour un riche à consacrer
gracieusement (et temporairement) ses ressources au
financement d'un service public. Ce n'est donc pas à tort
que Will (~' p. 459) a pu souligner que "si la démocratie
avait multiplié les dépenses en faveur des citoyens pauvres,
elle se rattrapait sur le dos des riches". A maints égards
donc, le système des liturgies peut être donné pour un
bel exemple de l'exploitation démocratique d'une survivan-
ce aristocratique. Certes, tout le monde reconnaissait que
les liturgies coûtaient cher, mais il est patent qu'elles
permettaient néanmoins de conserver, de l'antique mentali-
té aristocratique,
le double désir, non seulement d'asseoir
son prestige
sur l'ostentation de sa richesse matérielle,
mais encore de s'affirmer le meilleur dans la compétition
,
1
(ou O<rwV) sociale. Aussi constate-t-on que des
triérarques, ce sera à qui équipera le mieux son navire
307
(Thuc. 6.30.3)
; quant aux
chorèges, évidemment, chacun
aspire à entendre son nom proclamé avec celui du poète
vainqueur.
Or, à présent, que constate-t-on ? Les riches triérar-
ques auxquels
incombait le devoir de gréer et d'entretenir
pendant un an une trière se montrent indolents à équiper
les trières, parce que sans doute des relents d'hostilité
à la démocratie flottaient parmi ces riches las de se
ruiner personnellement alors que la cité n'était plus en
état de financer la guerre.
Un passage des Grenouilles (1065-1066) met plaisamment
en relief ce manquement au devoir patriotique. Bien entendu,
c'est une conséquence humoristique tirée par Eschyle,
personnage de la comédie,de la pratique dramatique d'Euri-
pide qui pour renforcer le sentiment de pitié des specta-
teurs montre des héros mendiants et loqueteux malgré leur
qualité royale. Eschyle en tire plaisamment cette conséquen-
ce : c'est apprendre aux riches à dissimuler leurs richesses
et à se prétendre pauvres. Cela n'est pas sérieux. Par
conséquent, ce passage des Grenouilles vaut comme témoigna-
ge sur les réticences des riches à assumer les liturgies.
Mais on ne peut faire à Euripide le reproche que lui
fait Eschyle.
Il en est de même du passage des Cavaliers (913-918).
Il ressort des propos du Paphlagonien adressés au Charcutier
qu'une fois nommés triérarques,
leurs ennemis personnels,
pour leur faire dépenser beaucoup d'argent (~vo{Â~\\t'I-<.OVTcX.
T::JV 1trol.UTOV) leur livraient souvent un vieux bateau
' \\
\\
,J
~
')(
')
( l"tolAoi.~l)(\\/ vO{VV fê.XOVT
).
Enfin, comme autre témoignage illustrant la réticence
des riches Athéniens à assumer les liturgies, nous avons
308
,-'
1
C,
au s s i
u n pas s age deI a Pa i x , v.
l 2 34
v Vo<. r 1 'ô' 0( -
Il <V'
1
,., , - -
' "
1 c.
I\\w
TrVTr~ rtot \\l(AE:i\\Tl.J'V T"\\ S Vf:;w.., 1
Il s'agit pour le triérarque de carotter sur la paye
des rameurs, et non de sabotage. En effet, grâce à
l'obturation du Te~t\\"\\~o( ou "sabord de nage", il pourra
garder l'argent du poste supprimé
comme l'explique la
scholie :
Cette escroquerie va de pair avec ce11e de la
cité qui oublie de payer la solde des équipages après
la campagne. C'est pourquoi D~mos prend l'engagement
de verser cette solde en entier une fois la paix rétablie
"D'abord à tous les rameurs des vaisseaux longs,
dès leur rentrée au port,
je paierai la solde
entière".
""'
\\
c.
1
l\\(uJTov"
t-E:V
ûrro"l"'"OL.
1
\\
k 01. ïo(YO t.... <::.VQ\\..~
ToY
(Cav.
1637).
,
-
1
t: VT~1,\\~
"complet"
qu'on rencontre également chez
Thucydide 8.29 (~~o(,x~1)' 45, 78 (',ct1) est, en
309
effet, le terme courant, voire officiel, utilisé pour
désigner soit la solde, soit le ravitaillement (Thuc.
6.45, Eschine 2.175), soit les forces
(Eschl., Ch. 250)
fournis dans leur intégralité.
2. Le dégoût de la guerre
===~==================
Aussi
par la force même des choses
les Athéniens
en viennent-ils à être dégoûtés de la guerre. Car,on
sait qu'Aristophane n'a eu cesse de décrier plaisamment
cette guerre abominable, terriblement mangeuse d'hommes,
cause de ruines sans nombre, fratricide, qui avait été
voulue et entretenue par l'orgueil insensé de l'impéria-
lisme athénien. On peut en prendre pour témoignages la
Paix (302-304, 473-474, 623-624) et Lysistrata (29-30,
342,
554, 1005-1006),
deux comédies qui sont sous-tendues
par un très noble idéal éthique ou politique
à savoir,
mettre fin aux querelles entre les Etats grecs (P. 993-999)
èt "dénouer l'écheveau" (L. 570) définitivement.
Voilà pourquoi dans la Paix (v. 247) Polémos est assi-
milé à un cuisinier en train de préparer, comme dit
Taillardat (ln 637), une "effroyable
capilotade avec les
cités grecques".
"[Ah ! Mégare, Mégare], comme tu vas sur
l'heure être pilée et toute entière réduite
en capilotade !".
,c:.'
,
f\\ ,
,
1
... w~
E.rr~ T,vtE:'1'"U <X.\\JT\\..~«'
~ lfcL~~ ~cL
r-
VTo(
K 0( Toi. ~r v T Tw T E.v
E:. '\\/0{
310
kol.TolfVTTvJTE:0E:LV (voir T 598)
, c'est "hacher menu";>
pour ne pas dire "mettre en capilotade". C'est une for-
mation hapax comme le verbe simple ~v TTIAJ \\E:0~I.V, une
image qui décrit les atrocités de la guerre, et dont le
préverbe
KaC. ,0{ -
accentue,
pensons-nous, cette connota-
tion de destruction totale - cf. Ach.
160 "'o(n<iïE.ÀT~q'OVTo(l.,
Nu. 857 Kol.Tol"iTli::1'\\~"T~~où, semble-t-il , la même idée
apparalt ~' par opposition, bien entendu, à r-v TT"'" TE:0E:\\..V
dit de Cleon dans Gu.
63
"Nous n'allons pas de nouveau accommoder
notre homme en capilotade"
(ap. T 598)
,c ,
ov ~
.•.
""f'\\
\\
?
\\
,1
C
.J
1
o(.3~\\..s I~V «'\\lT'Ov o(vù~V\\, .r-VTTwTE:.v<r0r-E:v.
MVTTvJTE:0€:l."V,
c'est aussi "hacher menu,
réduire en
bouillie".
1
En fai t,
fv rTvJTe:vc::I..\\I est un verbe dénominati f
tiré de r--VTTWT~.5 avec le- sens de "sorte de salmis
de gousses d'ail et d'olives noires", Hippon. 35.2,
Ananius 5.8, Hp.
, Loc. Hom. 47 (la forme
t'"Uq-q-l-ÛTC:S
ne se rencontre que chez cet écrivain), Ep. 2.6.28,
Eupol.
179, A.r., Ach. 174, Cav.
771, E-. 273. MVTTwTcis
est un mot familier sans étymologie certaine selon
Chantraine (La formation ••• ,
p. 205 sq.), mais qu'on
311
1
interprète cependan t comme un dér i vé en
- tA) To5, su ff ixe
qui a fourni des dérivés nominaux et verbaux.
On observe en tout cas que l'élément
~v- se retrou-
ve dans des formes appartenant au vocabulaire ordinaire
du type ~~1Âo\\" "poissons", Ar., fr. 414 ; ~v:Z:Zo(~vw
"faire la moue" dit de Théophrastos dans Gu. 1315, qui
'
.
A
A
(t.'-"(::, ('
't;'
,
)
pa~se neanmOlns pour etre de bon go ut
wS o~ OE.'11..0~
..
<"
C ' ... .,
l
,
ov,o$ ù~ O~~rVAJ\\.cI."VE:V) r-v~T~el..o{ (134), d'ou r-VIf"-
cv
T"'\\e'-' ~vJ"
dans Ach. 747.
l
')
,
Or, certains verbes en - UTTw, par exemple,1fAoll/viTuJ
,
'1.
l
,
(.Q.: 3 ), aIt e rat ion co mi que de TI/'ID(. \\/0( 0 ~ol \\.. "s' e car ter d u
but"
en faisant fond sur le scholiaste- rrÂol.'IIJ,.Tol-'-"=V:
(\\
1
C'l_
~
< " ,
1
1.
~ A r:J.. "w r- E: 00l· 'II<.. 0 t'- .... ~ w '2>
0 E:.
E K T Q:. T c:- To<. \\., • -
comme du reste,
les formations verbales en -
vÂJ.. w
(135)
telles que ~~o(Tt"o(T0:u.vJ (~. 657, Cav. ll44»diminutif
comique de
~-rotlTo(,TJw, sont données pour des expressions
vulgaires,et donc rendent comiques ou au moins hplaisantes"
ces formes originales.
Il se peut que cette intention ait été introduite
implicitement ici, si l'on examine les éléments constituants
des deux mots. En somme, ce sont deux mots forgés à partir
d'éléments disparates, certes, mais qui ne rient pas moins
plaisamment d'une même chose, au demeurant atroce, la
guerre et ses méfaits.
l'ambition et l'esprit d'aventure des démagogues
bellicistes
C'est pourquoi aussi, tout en proférant des cris
d'alerte répétés (136)
de "pacifiste convaincu", Aristophane
ne cache pas aux Athéniens à la lumière des événements ce
qu'il pense, non seulement de cette foule d'hommes du parti
312
démocratique - Périclès, Cléon, Cléophon, Pisandre •.• - ,
avides de combats, pour ne pas dire, comme Taillardat (in 636),
"meneurs de c6mos sinistre", qui sont opposés à la paix,
et qu'il va poursuivre de toute sa haine j
mais encore de
cette cruauté voulue par des "reitres"
ivres de gloire
sanglante :
~'l.? &vf:fE:L ~€:\\.,
e.~
~'tT1.~V
KO( t
fI. TT" ~~e...... K <i:>w'l -t~L W"
t'- ~V
(.E.!.. 360 ap. T 634).
Dans ces conditions, tout indique pourquoi Aristophane
se met à persifler quelques-uns de ces bellicistes. Le
poète comique les combat, parce que le parti de la guerre
est mû non pas par des idées politiques sérieuses et des
sentiments patriotiques, mais uniquement, semble-t-il,
par l'ambition et l'esprit d'aventure de quelques démago-
gues notamment (~ 441-443, 450-452). Dès lors, il est aisé
de comprendre pourquoi dans les Acharniens Aristophane
conseillait aux Athéniens de ne pas prendre des décisions
à la légère et de ne pas laisser les démagogues se compor-
ter en impérialistes envers les alliés.
Mais ne nous méprenons pas sur le sens qu'Aristophane
accorde au concept de "pacifisme", mot dangereux qui impose
des idées tout à fait contraires à celles du poète comique.
En fait,
note Dover (Ar. com., p. 84), "ni dans les
Acharniens,
ni nulle part dans Aristophane, n'est évoqué
le problème du "pacifisme",que nous entendions par ce terme
le désir de subir des exactions, ou celui de les voir
endurées
plut6t que d'être homicide. La conclusion qui
s'en dégage est qu'il est utile de continuer la guerre pour
en tirer un bénéfice incertain et "marginal"
lorsqu'il est
possible d'établir la paix à bon marché".
Naturellement , pour mettre en relief sa diatribe
plaisante, il raille quatre groupes représentant en somme
J 1 J
l'ensemble de tous ceux qui soutiennent la guerre, autre-
ment dit des entités qui symbolisent ce "parti de la guerre".
Le premier groupe comporte indistinctement des hommes
politiques et des chefs militaires, évidemment, dont,
entre autres', Périclès, Cléon, Pi sandre , Cléonymos,
Cléophon, Alcibiade. Nul doute, à en croire Aristophane,
que les Athéniens donnent Périclès surnommé 0:; Â0r- tTLc5
"l'Olympien" (Cratin.
,!.!.. 71, Telecl., fr. 17, Ar.,
Ach. 530) la cause de tous leurs malheurs.
"Là-dessus, colère de Périclès: l'Olympien
lance l'éclair, fait gronder son tonnerre,
bouleverse l'Hellade"
Aussi rejette-t-on sur lui la responsabilité de la
guerre. C'est pourquoi, même si cet
appellatif pourtant
dépréciatif
que la scholie à~. 529 éclaire, entre
autres, -
n
/
Co,
n
'0" 1
c./
.. Z
\\
~~ .... ~AE:,,5 ovÂvt'-'tt'l.o!> ~ l\\f~ToS
Avt"TI"l...oS.OTI.. 0
E:vS
'''l'
' 1 , . . , '
l
,
1)/
"
\\J
v\\,,-ltl.OS \\l(oe. ... ~:l."l"Cl(I..) ~tT"Irol~ To "c:r'T"{'O(lTTE:V, E: \\->fC'ITC{-
se résume ainsi (137)
:"
Le surnom d'Olympien avait été
donné à Périclès
pour la gravité de sa mâle éloquence,
pour les monuments dont il avait embelli Athènes, pour sa
supériorité dans le gouvernement et le commandement des
, ,
'
0«''1 1
A
armees "
nous pensons neanmoins que
v"vr-Trl.05 doi t etre
considéré comme une épithète employée ici avec ironie
dans le but non pas de faire allusion à la sereine majesté
du souverain des Dieux, mais plutôt de rappeler, semble-t-il,
314
que l'Olympien
Zeus est aussi le maître de l'éclair
(~~-reo("Ii
;)
1
TeE:) ) et du tonnerre (E~foV ro< ), "instruments
de sa colère".
La même approximation imagée, remarquons-le, apparaît
,
t")
1
?
:J
\\
~I
dans Cav. 626 :
éAO<"~~f0'V'T
o(VoCfe'\\lV'VS !Co\\(""\\
(ap. T 698)
, passage dit des discours de Cléon
qui
domine la Boul~ par sa jactance mise en relief (ib. 696,
cJ
1'1
,
t")
' "
~
If)
~
ap. T 699)
par ~1S"t1'1/
o<.l't"ê~I\\O(\\..S, €.rE:Aol.'t"ol
*01\\0-
1
1<.0t'""Ii~ O(,~S.
Le mot ,\\,oÂo K0r-tr~oI.l..S est un hapax qui se traduit
littéralement "jactance enveloppée de fumée, vaine jactance"
par jeu de mots avec l'expression 'V07..6e..~5 Kléfotl/vris
Od. 23.330, 24.539, Hes., Théog. 515. Autrement dit,
"verbiage menaçant", c'est-à-dire "discours creux".
Les éléments constituants de cette formation hapax
'')
,(\\Ir,
donnent à entendre que 'Y0I\\Os. = o(\\..\\:Iol"'''1
"suie", d'après
Jungius (s.u.), terme qu'on rencontre chez Eschl., ~.
24 N2 , et qu'en renvanc he K~r rra S. est plu s courant.
\\<61tTt"oS, c'est proprement "vacarme, choc", Il. 11.417,
12.149 dit d'un sanglier qui aiguise ses défenses; en
parlant du bruit des pas d'un danseur ~. 8.380, d'un
métal Eur., Rh.
383. Mais figurément, c'est "fanfaronnade,
vantardise" , Esch1.
, Sept. 425, 473, Ag. 613, 1031,
Soph., Ant. 127, ~. 96.
Remarquons ici qu'on voit apparaître en filigrane
l'amplification de la fabulation. En effet, la signification
symbolique qui est d'ordre psychologique parce qu'elle sous-
tend l'activité intentionnelle des divinités anthropomorphisées
315
se substitue au sens allégorique. On sait que les divinités
solaires et lunaires n'ont eu cesse de se disperser en
de multiples personnifications, chacune se trouvant, de
ce fait, caractérisée par des attributs spécifiques.
D'où les nombreuses fables relatives aux aventures de ces
divinités humanisées qui, certes, "dépassent de loin les
anciennes allégories relatives aux cours des astres, mais
qui demeurent pourtant codéterminées par le cadre de
l'ancienne signification cosmique ou météorologique" (138).
Par conséquent,"Zeus qui lance l'éclair", c'est d'abord au
plan de la signification météorologique, une simple allé-
gorie, mais, si l'on tient compte de l'amplification,
cette expression paraIt un symbolisme au plan de l'interpré-
tation psychologique: Zeus est alors le symbole de l'esprit
en revanche, l'éclair lancé symboliserait, comme note Diel
(lb.),
"l'éclaircissement de l'esprit humain, la pensée
illuminante (l'intuition) imaginée comme envoyée par la
divinité secourable, source de toute vérité".
Or, il est rapporté que Périclès avait jeté la Grèce
dans la guerre pour une cause futile (l'enlèvement de
deux courtisanes à Aspasie) dans un mouvement de colère.
Par conséquent, il semble qu'il y a dans ce surnom le
désir de dénigrer Périclès, certes, mais il y a plus dans
la comparaison avec Zeus: l'idée que le démagogue comparé
au dieu suprême est investi d'un pouvoir souverain.
Comme, du reste, dans cet autre sentiment pourtant
jamais attribué à l'homme d'Etat quO est Périclès, mais
qu'Aristophane lui prête cependant parce que prévenu contre
1 · '
.
d,'P.,
(
9"
Ul. : a savol.r, le
\\"o,I:lS
f..606
<:\\...10<.
nf;P 1. ,..,'
K'<'E.,,\\S
th
( \\ ,
\\
,
...
,
\\ ,
r 01-'1 t7E:'- ':> f"\\ \\,,-E:To(~X()\\... T,,\\ ~ TvX1 s )" la fray eu r", c' es t- a-
dire, comme dit Pierre Huart (139), "ce sentiment de peur
irraisonnée
qui
n'atteint pas certains personnages
de
l'acabit précisément de Périclès
qui se distinguent par la
fermeté de leur pensée ou de leur caractère".
316
Or, il ne résulte pas du fait que Périclès a éprouvé
une crainte dans une circonstance particulière que Périclès
est un peureux. On ne peut donc pas parler d'épithète
de nature à propos de l'emploi qui est fait de t0f>,~E:[S.
Rappelons que Cratinos l'avait par ailleurs surnommé
- non seulement \\,(E:tolÎ.10E\\~ToI..l/ou "rassembleur de
têtes" (!!.. 240) forgé sur VE:t(ë110(ëe~ro{ Il. 1.511,
Empédocle 149 Diels (P.P.F.).
Co
l
'1
- mais également
o
q- X,-vo \\1<.'" ~o(AO S
entendons "à la tête d'oignon", !!.. 71, ap. T 698
n.2, cf.
Plu., Pero 3.13, PolI. 2.45.
C'est un terme qui appartient à la série des composés
en -(0)- K~ebo{?OS (ap. B.P., p. 359 sq.) du type KvVO-
1
~
l
1
KE.to.. oS
Ar., Cav. 416 .- t'-d.~eOKE:ra0.s Hp., SJ:!..
2.1.8, dit d'une tribu scythe Hes., fr. 62, Hp. Aër.14.
D'autre part, on peut le rapprocher de
b~V Io(~to(::to S
Schol.0.1295, Thesm. 168 (voir T 70).
Cratinos, soulignons-le
également, avait déjà proféré
une pareille accusation dans le Dionysalexandros, oeuvre
datant de l'an 430/429, qui aurait été dirigée, dit-on,
contre Périclès, comme l'insinue une notice sur le
Dionysalexandros apportée par le témoignage (140) du
papyrus n 0 40 POXY.663.
Il Y eut, certes, avant l'éclatement officiel de la
guerre du Péloponnèse
en automne 432
toute une série
d'incidents susceptibles de déclencher un conflit. En
446, les cités d'Eubée s'étant révoltées contre Athènes,
elles furent soumises par une unité à la tête de laquelle
était Périclès (Thuc. 1.114). Il est fait allusion à cet
317
événement dans les Nuées (211-213, 859). Mais il semble,
à en croire Aristophane, que l'affaire la plus sérieuse
fut celle du châtiment de Mégare. Tout donne à entendre
ici qu'en reprenant à son compte l'opinion publique, le
poète comique est en quelque sorte le premier à affirmer
que le "décret sur Mégare" a bien été le réel "casus belli",
l'étincelle ((fÏÏ\\...vG:reol
in!:. 608 sqq. ap. T 634) avec
laquelle Périclès a embrasé la Grèce entière. Athènes,
- pour ne pas dire Périclès - aurait interdit aux Mégariens
en 432/431 l'accès de tous les ports et marchés de l'alliance
athénienne. Or, pour une cité comme Mégare
le commerce
était une importante source de revenus. Donc
Dicéopolis
se plaiht ici (Ach. 530-534) que Périclès ait, selon
Taillardat (in 674), "promulgué des lois rédigées comme des
chansons de table"
:
,
1
{\\
€: Tl. tr€:: l.
Il est évident que l'exploitation de la relation des
faits historiques empruntés à Thucydide (1.67.4, 139.1)
se tranforme, ici comme ailleurs, et naturellement à dessein,
en une sorte de chanson bacchique, et même en la parodie
d'un poème de Timocréon, oeuvre perdue (fr. 5 Bgk), mais
conservée dans sa partie qui nous
-
intéresse pour préciser
le texte d'Aristophane grâce au témoignage du scholiaste
des ~charniens (in T 674
p. 385), Périclès,renchérit
Aristophane, n'aurait pas décrété le blocus pour des raisons
de stratégie concernant l'isthme de Corinthe, mais pour
punir les Mégariens d'avoir enlevé deux prostituées
d'Apasie (~. 527) : - à savoir précisément Cynna et
Salabaccô/Salabaccha (Cav. 765), que le scholiaste a Ach.
527 présente de la manière suivante :
318
Pour appuyer cette remarque
le scholiaste ne dispose
probablement de rien d'autre que le texte d'Aristophane.
En outre, la même thèse est soutenue également dans les
Guêpes (1368 sq.).
Ce qui ne semble guère surprenant, car, à en croire
Callias (fr. 23), les courtisanes de Mégare étaient
tellement célèbres qu'elles avaient même été surnommées
t'\\~Ool.f\\.KoC.~ ~t{.O~E:S.
Il va sans dire qu'en dehors d'Aristophane, aucun
autre écrivain n'eût envisagé une telle hypothèse. Par
conséquent,
il convient d'observer qu'il s'agit simplement
d'une invention d'Aristophane. En effet, la manière dont
il raconte différemment les faits dans la Paix montre qu'il
ne suit pas une tradition, mais qu'il invente sua parte.
C'est pourquoi, nous ne pensons pas que ce soit une étio-
logie populaire, à laquelle son simplisme vaut plus de
succès qu'à l'étiologie "véritable"
de la guerre qui aurait
été une manoeuvre péricléenne de diversion (Ach. 515-522).
Et pourtant
Plutarque (141) en est à se demander si
Périclès n'a pas encouragé à la guerre:
- soit parce qu'il y voit la solution la plus "sage"
- thèse à laquelle semble se rallier Thucydide -.
- soit parce qU'il était aveuglé par une confiance
présompteuse.
- soit enfin parce que le déclin de son influence
lui fit voir dans la guerre une diversion propre à la rendre
indispensable.
Or, Aristopbane
est coutumier des contradictions.
Ainsi, quand il envisage les causes de la guerre dans la
~' (605 sqq.), il oublie la version des Acharniens et
319
donne une autre explication. Ce passage donne à entendre
que pour mieux l'abattre, les adversaires de Périclès
lui
auraient intenté (soit avant soit surtout à partir dp
433, période de tension mù il a subi les assauts de
Thucydide, fils de Mélésias rentré d'exil, ou ceux du
démagogue Cléon et de ses comparses) une série de procès
dont, entre autres, ceux de Phidias en l'an 438,et d'Anaxa-
gore ••• Ce serait alors pour noyer ces agaçantes attaques
dans une sorte "d'union sacrée"
que Périclès aurait provoqué
la guerre par une manoeuvre dont le décret mégarien aurait
été le pivot.
Cela permet d'estimer à son juste prix l'étiologie
avancée dans les Acharniens : histoire forgée de toutes
pièces pour le rire d'un instant.
C'est également a cette intention qu'obéit, pensons-
nous, le sort réservé à Cléon.
Nous sommes dans la sixième année de guerre. C'est
donc Nicias et Cléon qui se partagent la place du fils de
Xanthippe,
"l'homme à la t~te allongée et
piriforme"
')1
'II
'Î
1
•
(l\\ofoS
,
cf. Aot()y 'Ao(T-l:l.A,,\\ ~W$ ln .Q: 279 ap. T 70).
Et pourtant, ce sont deux hommes formant à coup sûr un
couple antithétique malgré un point de jonction toutefois,
leur conservatisme religieux fait de formalisme et de
superstition. En un mot,
ils sont le symbole même des
incarnations de politiques contradictoires entre lesquelles
Athènes sera ballotée : des différences qui tiennent à
leurs origines sociales (et donc à l'audience qu'ils
étaient censés recueillir), mais aussi à leurs tempéraments.
A tort ou à raison, Nicias aurait été pris pour le
représentant d'une tendance oligarchique et pacifiste.
C'était un riche aristocrate de vieille tradition, donc
bon représentant de l'arrière-garde traditionnelle de la
.3?O
société athénienne. A preuve
d'une part, ses conceptions
dans la conduite de la guerre (0.363), puisque, à ce
-
possédant écouté des terriens, ses propres intérêts
et ceux de cette catégorie d'Athéniens ont constamment
dicté une prudence défigurée encore par ses scrupules reli-
gieux et son caractère timoré (~. 358, cf. Plu., Nic.4).
La scholie à .9...363 (ap. Tzetzès, o. c. ), on le sait,
fournit la présente justification:
D'autre part, sa pensée au jour de la paix lorsque la
mort de Cléon eut permis de baisser le tonus guerrier
d'Athènes • N'est-ce pas encore cette fortune (E.~ TVX&")
qui lui valut d'attacher à son nom la gloire de restaurateur
de la paix conclue au printemps de 421 entre le roi de
Sparte Pleistoanax et lui?
Cléon, en revanche, serait le représentant d'une faction
ultra-démocratique et belliqueuse. C'est le stratège
(~. 586 sq.) qui continue par la force même des choses
la politique péricléenne de guerre avec toutefois la
vigueur d'un homme sans subtilité, et qui, bien sûr, comme
les citadins ses semblables, n'a rien à perdre à l'intensi-
fication de la guerre et au renforcement de l'impérialisme.
En effet, sans envisager de changer de stratégie (car,
contrairement à ce qu'on avait pu espérer en 431, les
péloponnésiens ne se lassaient pas ; qui
plus est, la "peste"
aussi les
encourageait
à tenir bon), il se contentait
donc d'être, entres autres, braillard, puisqu'il n'apparte-
nait pas au milieu où se recrutaient les chefs militaires.
321
Aussi
peut-on dire que le surnom de
"<.t:K~a(~\\.o~~ro'-S
(Gu. 596) qu'Aristophane lui a appliqué s'explique autre-
ment, par sa voix criarde, comme l'indique précisément
la scholie à ce vers
si l'on en juge par le témoignage d'Aristote dans la
Constitution d'Athènes 28.3 :
" [Après la mort de Périclès, le chef des gens
en vue fut Nicias, celui qui périt en Sicile];
celui du parti démocratique fut Cléon, fils
de Cléainétos, qui paraIt avoir le plus corrom-
pu le peuple par ses emportements et qui le
premier cria à la tribune, y employa les injures
et parla tout en se débraillant, alors que les
autres orateurs gardaient une attitude correcte"
(ap. G. Mathieu et B. Haussoulier, Les Belles
Lettres, Paris, 1922).
Comme
\\<,,0eKOfvo~v'(infra), KE::\\lC.eo<.~\\.~rc(5 est un
mot expressif à redoublement reposant sur une onomatopée
qu'Aristophane a composée pour rire plaisamment de Cléon.
C'est une combinaison artificielle formée sans doute sur
le modèle des mots créés par Pindare tels que, par exemple,
AE:OI/To~r-'S(!.!.: 53) "qui dompte les lions", ~V'<ÔfO~~t'-Cll5
322
.
~ (
(N. 3.37) "qui dompte les hommes". En fait, -
o<.r-o<.5,
dont 1'- ë\\- final n'est pas ionien-attique, est accolé,
pour les besoins d'un nom "ronflant", au
K€:Kf~l..- qui
porte le sens "braillard".
Mais
comme le verbe dénominatif .k1o< Â~)w (Pi.,
2
~. 7.37, Eur., EL 855, Eschl., fr. 57 N ), le mot
est tiré de
Ke.k~w et appartient ainsi à la série des
verbes en -~w . Or, on sait (Chantraine, La formation,
p. 281) qu'à une époque ancienne, dans des dialectes
autres que l'ionien-attique, à savoir, par exemple, le
crétois, le syracusain, l'épidaurien ••• , entre autres,
on a généralisé dans les verbes en - l~
un thème à
gutturale :~ , notamment aux thèmes du futur, d'aoriste.
Cette caractéristique, du reste, est perceptible dans les
noms abstraits, dont on en observe quelques exemples dans
1e .~réto i s (~rro Â~ OoL~ \\,,51 "r e lâc h~') .et l' ép ~ daur i e n (<:T TJ.._
"(.l~\\"S,"le fait de découvrir", ~o(tl..~{,..s=:'f1t\\.<:T\\..S voir
B.P., p.
574 Sqq.).
Toutefois, il n'est pas moins vrai que ce type de
présent avec la conjugaison en ~
est caractéristique,
comme l'a dit Chantraine, des verbes exprimant un cri.
Plus tard, ce suffixe s'est répandu sur la forme - ~I..S
à telle enseigne que la structure du dérivé tendit à se
calquer sur celle du verbe. Ainsi, à partir du Ve siècle,
on a eu le sentiment que sur n'importe quelle racine
verbale il était possible de créer librement une forme de
dérivés en -~L5 désignant soit des idées abstraites, soit
des noms d'action.
A maints égards, cette épithète péjorative pourrait
s'appliquer (et pourquoi pas ?) à des personnages d~
même acabit que Cléon : à savoir, Pisandre qui, comme on
le sait, travailla à établir le gouvernement des Quatre-
J?3
Cents en l'an 411 (Thuc. 8.53, 65, 68 ap. H. van Daële,
La Paix, Les Belles Lettres, p. 115
n.2). Comme
les arrivistes de son espèce, il ne cessa de provoquer
,
1
\\
:>
1
du remue-ménage et du grabuge : O(€;v
Tl.vo( \\l(0fKO~V~f)" €;\\< v~wV
(L
491 ap.
T 639).
Rappelons que la même idée se trouve exprimée dans
les Oiseaux (1556-1559,cf. Schola O. 1556) et le fragment
81 des Babyloniens.
,
Du point de vue morphologique, KOft<.0fvl1v' "fracas,
tumulte guerrier" (Eschl., Sept. 345 ap. T 639) est
constitué sur le même modèle qu'une catégorie de substantifs
-
~
1
en - Q, qui ont un élargissement en - ~ - : 0{ f''tîO< 0'1
(142)
h. Merc. 45, Ar.,O. 925, désignant le scintillement,
1
-
'oÂoAvC1 (143). Cette gutturale est donnée pour partie
intégrante de la forme verbale comme semble en témoigner
Co'~
' ' ' l
la structure des verbes suivants : OI,~l"I"'c(-fW (144),
0"'"0-
r ' ) / ' t
(
)
•
'
1\\ V ,\\JJ
145
"pousser des cris algus et prolonges".
1
Or, la plupart de ces mots en - "(1
qui se trouvent,
bien entendu, en liaison avec les verbes en -1~ désignent
soit un cri, soit un bruit. C'est pourquoi, du point de
vue sémantique, nous pensons qu'on pourrait rapprocher à
1
juste titre 'K0f KO f U o4V de ce groupe de mots /xpressi fs
à redoublement du type &;tOlAoi 01 tiré de ?cÂol:{O< reposant
sur une onomatopée (Chantraine, ib.,p. 401), et dans
lesquels il est malaisé de distinguer le suffixe et la
racine pour autant qu'ils constituent un groupe cohérent.
)
1
En outre, associé ici avec
é KvKwV qui a ici une
valeur psychologique (p. l85,
3e7, cf. K0K,e~O"
"pertur-
bat e ur",.f.. 6 54 a p • T 7°2 ), K.0 f 11<.0 ( v O~ V'
nef ait que
mettre plus en relief encore, naturellement, la bravade de
Pisandre décriée plus haut.
J?4
Autres cibles d'Aristophane:
- Cl~onymos "le Falstaff"
de la Com~die Attique,
constamment raill~ pour sa lâchet~ (Cav. 1372, Nu. 353 sq.,
--
--
Gu. 19, 592, 822 sq., P. 446, 673-678, 1295 sqq., O. 290,
1473-1481).
- enfin, le d~magogue d'Athènes, Cl~ophon, d'origine
Thrace par sa mère (Gr. 679, 1533), belliciste convaincu,
consid~r~ comme le plus repoussant du monde politique
ath~nien (Thesm. 805, Gr.1504). On nous apprend (ap. Merry,
Aristophanes, The Frogs, o~., n. du v. 678, p. 33)
qu'il
repoussa à trois reprises les offres de paix après les
batailles de Cyzique en l'an 410, des Arginuses en 406 et
d'Aigos-Potamos en 405.
Bien entendu, comme autre t~moignage sur cette fanfa-
ronnade
un tant soit peu contagieuse, on peut ~voquer la
menace des belliqueux Acharniens prof~r~e contre ~ic~opolis,
qui paraissent le hair beaucoup plus ardemment que Cl~on,
l'ennemi de la population rurale (Ach. 299-301
ap. T 596).
D'autre part, la même id~e se trouve d~velopp~e ~galement
dans la même pièce aux vers 305 sqq., 506 sqq., 978 sqq.
Et pourtant, les faits d~montrent que les populatioBs
citadines
se sont montr~es indiff~rentes aux souffrances
de la population rurale. En effet, tant
que les sardines
furent bon march~ et qu'il y eut une intense activit~
~conomique et une vie "industrielle" (Ach. 544-554) par
exemple, les citadins ne pensèrent pas à faire la paix
(Cav. 671-675) et donc se souciaient fort peu des int~rêts
-
~
, 1 \\ . . \\
1
et des souffrances de ces "honnetes" (0<00(0'0,", o€:wfl0'"')
et riches paysans qui avaient perdu leur propri~t~ durant
les invasions de Sparte (Ach. 1022 sqq.). Il n'est peut-être
--
.
.
pas superflu de noter que la même id~e est exprim~e dans la
Paix (626 sq. ap. T 648).
Par ailleurs, les op~rations de Pylos effectu~es au
325
printemps de l'an 425 allaient servir de prétexte a
Cléon pOlIr élargir son horizon guerrier. [n effet, après
qu'il se fut déchainé contre l'incapacité des stratèges
(et surtout contre celle de Nicias) qui conduisaient les
opérations au point de les traiter de lâches, et après
qU'il eut lancé à l'Assemblée un pari qui se résume à peu
près en ces termes - s'il était stratège, lui Cléon,
l'affaire serait réglée en moins de vingt jours; il
ramènerait alors vivants à Athènes les Lacédémoniens
de Sphactérie (Thuc. 4.23, 26-28), Nicias n'hésita pas a
lui effrir sa place ••• Autrement dit, Nicias n'a rien fait
d'autre que de mettre Cléon au pied du mur en lui abandonnant
ses pouvoirs. D'où la nomination de ce dernier
comme
stratège hors rang, une promotion qui lui fit recevoir
n
1
,
1
( ' 1
la
<:fI.. T,\\!"'-~ ("V
~IJTolVE:.I.'ret la lr~OE:c)el..o( • Et pourtant,
Sparte, on le sait, offrait le retour à la paix de Trente Ans,
et même son renforcement par l'alliance, c'est-à-dire une
hégémonie partagée sur la Grèce. Or, rapporte-t-on,
(Thuc.
4.17-22) Cléon fit rompre les pourparlers.
C'est sans doute de cette gloire due simplement à la
-v
1
1
1 \\ "
1
chance ( T,,\\5 TlJX1~ Xo(.fl.V
, cf. Pi., Pyth. 3.95 l.\\1...0~ xo<el.V)
qu'Aristophane plaisante dans les Guêpes (62 sq.) et c'est
elle dont le souvenir transparaît dans l'emploi ironique
1
de cette autre métaphore culinaire, r-IJTTvJTE:IJ<r\\)r-~V(supra),
porteuse du sens de "mettre en capilotade"
• Point n'est
besoin d'insister que la même image est déployée dans
1:: 247. Or, à en croire Mc Dowell (o.c., n. du v. 62 ,
p. 137 sq.), il s'agirait plutôt ici soit d'un succès récent
(le procès contre Thucydide), soit de tout autre événement
datant de 423, que de la victoire remportée à Pylos en
425. Aristophane en évoquant ce succès prodigieux dans
les Cavali~rs aurait, argue-t-il, fait le serment de ne
plus faire de Cléon la cible principale de son 't'tiOOS.
Faire foi à de tels propos tenus surtout par le poète
J? 6
comique, c'est oublier, pensons-nous, de considérer
Aristophane comme "champion" des contradictions.
Quoi qu'il en soit, un pareil succès devait apparaître
scandaleux dans les cercles que le poète comique avait
l'habitude de fréquenter,
(~. 507-511).
Par conséquent, c'est naturellement pour le bien de
tous les Hellènes que le vigneron Trygée veut s'envoler
chez Zeus pour l'inviter a "cesser de vider l'Hellade
a coups de balai"
:
,r\\
"
•
~ot, ,0( Oou TO KOf1r-~
Il ressort de l'explication de la scholie à propos
d
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6f1r-0v o\\'~,TolwV "lïo~vJV b ...o{
TWv'
Tïo?€::
t-wv ,
et le même scholiaste d'ajouter cette autre explication:
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l\\
1
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<:rv Je»> ~OV;\\O r-E:VOS 10 ~(()1V
&"l't"O 'A É- ~ ~c( l- q' ") t:- 0( 'If0( l-
Rappelons
que le témoignage dU papyrus nO 114 P. Genav.
155 in Austin, C.A.F. = Georg. 1-87, n'illustre pas
l'explication du scholiaste relative à Aristophane.
Il fournit le texte de Ménandre, Gêorgos cité par le
scholiaste. Si ce témoignage paraît peu convaincant à
Platnauer (~' n. du v. 59] p. 72), Rutherford (lb.),
qui, bien entendu, prête à tort ou à raison à Aristophane
cette intention, suggère au contraire de transcrire
\\l\\.oÜ.
,.
. '
1
KO~WV
apres Ol-~"\\Toewv • Extrapolation sans doute!
Car, no u s pen son s que l' exp r e s s ion
T ~" ' E.l Â~b6(
a S5 ume,
somme toute, cette connotation.
Il apparaît toutefois que la tentative de Trygée
s'est avérée vaine, puisque les dieux, dégoûtés des
ln
dissensions grecques, ont d~m~nag~ (f. 203 sqq.). Et
donc Pol~mos a acquis un "mortier à broyer les cit~s"
1
, ? . . . . ,
f '"'1
l":I,
'1
1
_J
(lb.
231 "\\O\\..f'?;>E.,-\\1
~v oI.v""'~ To<5 lTOAE:\\.S \\_OVJl.E:VE:T""l..)l
-
\\
\\
l
,
f
dont le marchand de cuir Cl~on qui barattait (E.\\I(VlAo()
l'Hellade (ib. 270) et le stratège Spartiate
Brasidas
-----
1
1
(Gu. 288 sq., 475, P. 640) sont les pilons (O(Â'=-lel.~O<V'O"').
'A?-.~T\\~~O\\vo~ est un hapax dot~, selon Taillardat,
(in 898)
, d'une "puissance suggestive", du m~me type
,
~
~
que
K~o{\\,,\\~ 1I<.""~vJV (Ach. 937), ~e.T~weotê\\fOh<lé~ (~.
333) et assi~il~s tels que t'-e.T'E:We0q-0tl.'lf"otl~(NU. 360),
r-E:.TéW\\OAf:«"X~S(fr. 386).
Si l'on fait fond sur le scholiaste, il s'agirait
de l'équivalent asiatique du mot ~I?t~v~ (Cav. 984 ap. T 702)
forg~ à partir de :
''1
1
- o{Aéw
"moudre", peut-~tre verbe populaire (146)
Dans Homère (Od.
20.109), on ne le trouve employ~ qu'en
compos~ ( KolTol.Â~W).
\\
1
- To Tf\\. ~oI.VQV glos~ aussi ~~ KV Bo\\l (Hesych.
T 1346 Schmidt)
"burette à hui le", qui d~signe, selon
Chantraine,
"un morceau de bois que l'on frotte contre un
autre pour obtenir du feu". C'est un des nombreux d~riv~s
du verbe courant T\\~j-'W signifiant "frotter , ~craser".
Par cons~quent, rien de bien ~trange à ce qu'Aristophane
montre Pol~mos (la Guerre) qui cherche d~sespérément ces
pilons.
Il lui est, en effet, impossible d'emprunter le
leur aux Athéniens.
Ils l'ont
p.erdu
!
(l:. 269 ap. T 702),
comme, du reste, ont perdu le leur les Lacédémoniens,
(ib.
281 sq.). Ceux-ci, après qu'ils l'eurent dép~ché
en Thrace en 422 pour le pr~ter à d'autres, l'y ont perdu
aussi. Tous les deux, à ce qu'il semble, seraient tombés de-
vant Amphipolis à la fin de l'été 422, Amphipolis qui peut
328
être considérée comme le dernier combat de la "Guerre
de Dix ans".
Enfin
le dernier membre, et non des moindres, du
"parti de la guerre", est Alcibiade. Certes, Aristophane
reconnalt en lui un mal nécessaire (Gr. 1431b- 1432), mais
les propos empreints de pessimisme qu'il laisse échapper
par l'intermédiaire d'Euripide (ib. 1427-1429) en apprenant
son retour (ib. 1422-1423) à Athènes au cours de l'été 407
nous induisent à penser qu'il ne semble pas l'avoir "aimé
particulièrement". A
sesyeux, en effet, Alcibiade n'est
qu'un pis-aller, à en juger par l'opinion émise par
Dionysos
~ tt-~V c:rOtW'5
(ib. 1434)
La notice de H.
van Daële (in Gren.,
p. 152
n.4),
ajoutons-le, accrédite cette thèse.
Alcibiade, fils de Clinias, c'est l'infâme débauché)
Schol. Cav. 716
X..1J kÀE:l..v~ov ~ .?A.A~l..~l..~~1'1 T~V
\\.<.A<::l.V~OV ~ 5> Ko('\\"o(.1T0 '00Vo( Kw t""t' ~ovc:n.. V.
mai s c ' est au s s i l e ba var d (À~;( oS, Ca v. 716), don t le
langage apprêté est ridiculisé dans les Détaliens (fr. 198),
Ces témoignages complétés par celui des Guêpes (44-45) donnent
à entendre qu'avant d'être célèbre, Alcibiade passait déjà,
à maints égards,
pour familier du public athénien en tant
qu'orateur dans l'assemblée et dans les tribunaux. Toutefois,
il ne semble pas que dans le passage des Guêpes Aristophane
moque explicitement le personnage politique, mais au
contraire l'un des défauts inhérents à son langage qualifié
de "lambdacisme" et qui consiste à prononcer le f
,A .
C'est ainsi qu'en voulant persifler ses manières théâtrales,
Aristophane en vient à plaisanter de son zézayement
(Tf otv ~ ~~O(~) mis en r elief par les t émoi gnages sui van t s :
c...
e l * ,
rv
(.'1'"
C\\ 1
A
1
No
1
o~et-S >~ OA~S) - €'W\\os > oE.w 05) KOfO(KOS) KOI...l\\o{O~.
329
Te<Â.vÂ[~o{!:> est un verbe dénominatif (cf. p. 266 )
fai t
sur Teo(.v:).o'S qui appartient au même type des mots
expressifs en - ~o (ion.att. _AO) - du reste, suffixe
primaire,
dans lequel les adjectifs primaires désignent
- soit des infirmités
(147)
: TufÀris. "aveugle"
ci té
une seule fois dans Homère,
Il.
6.139,
cf.
h.
Ap.
172,
mais fréquent chez les autres écrivains
(148),
tiré de
1
•
' . h " l '
(
)
TvtvJ "enfumer, obscurclr" (149), cf. E:~TuT"oW
150,
,
~
TV~OOE:eW" (Nu. 9,08, ~ 335 sq.) peut-etre avec jeu de
mots sur TVr-~O~E:(wVAr., fr.
55 D,
Com. Adesp.
un
.- cfo(.~Â()~ "sans valeur" en parlant, par exemple,
des choses
Eur.,Supp.
317,
Ar., Cav.
213,
L.14,
Plat.,
Rép.
368 c,
Phlb.
19 a •••• -
Teol.v?..d 5
avecle vocal isme
a
"qui bégaye, parle difficilement",
Hp.,
Aph.
6.32,
Callias,
fr.
19
j
particulièrement dit des enfants
Hdt.
4.155,
-
...
,
'1
X "'l'
•
cf. VnOT(cXVAOS Hp., Ep. 7.3 .. -
wAoS
"bolteux"
(151).
- so i t
des défaut s
: ~E:l- ~6s "1 âche" , parent de bE.L~w }
'J'')
par opposition à
O{AK"'['-OS
(152).
- ou des qualités: t€;l...~vJÂc1s "économe", Ar., Pl.
237, Eupol.
, fr.
154,
Democr.
228 Diels,
Plat.,
Rép.
554 a.
En fait,
- À6S forme des adjectifs quasi-verbaux sur
divers radicaux
, souvent producteurs de verbes.
Il s'agit, en somme,
d'un zézayement qui, au dire de
Mc Dowell
(~, n. du V. 44
ap.
Plut.
, Alc.1.6)
donnait
un éclat supplémentaire à son charme naturel.
Il n'en reste
pas moins que,
personnalité politique la plus célèbre à
Athènes
après Cléon, et de surcroît orateur persuasif et
démocrate fanatique,
Alcibiade se mit à instiller peu à peu
330
au peuple l'idée d'une guerre de conquête de la Sicile.
C'est sans doute Cette folle audace qui est implicitement
persiflée au vers 181 des Cavaliers
\\
1'1
1
c . ,
' J 't;':J
rv
'7' ~~ ~ Or" <ru S.
OT"'", TrOV,\\eOS \\.(,.0(, oVOO,O(S E; ...
Ainsi donc, à force de croire aux serments d'un tel
orateur qui égare le peuple par ses arguments spécieux,
la cité parvint à accepter de sacrifier sa fortune et
ses hommes,
et surtout son idéal le plus cher, sa cons-
cience démocratique. On lit, en effet, quelque part dans
Alexis Solomos, Aristophane vivant, Hachette, 1972, p. 163,
en quels termes il persuada l'Assemblée de Sparte d'envoyer
une armée en Sicile frapper ses compatriotes
"En envoyant en Sicile une partie de vos forces,
vous protégez vos intérêts, vous détruirez
la puissance actuelle et à venir des Athéniens,
vous vivrez dorénavant en sécurité et vous
dirigerez toute la Gr~ce ••• ".
Une telle ambition guerri~re, voire expansionniste,
est naturellement acceptée et applaudie par ceux auxquels
profite la permanence des batailles, et plus spécialement
aux fabricants d'armes qui sont légion.
Il s' agi t
notamment du fabricant de lances (~o~u~6S ),
et par voie de conséquence du marchand de boucliers
1
Â
'
1<:::
( Kcl."tf '\\ 0':> Olcrn l. OvJ" , ~
447 s q .,
1210 s qq • ),
du fa br i c a nt
de panaches ( T~V ÂotOlT(l1.. 6'1 ,~. 545), mais aussi de
cuirasses ( ~v..Ifcl.\\o<orr01..6S' ib., 1224-1239), de trompettes
(~o(.Âl\\l.o3'0\\TOl..~5,ib. 1250-1254), de casques (\\4,.\\·... .;(;,\\O\\,,~.i •
ib. 1250-1254), qui une fois"
la paix
revenue seront ramenés
au rang de " Kwf;" Tif6q-v,tnlI",
c'est-à-dire de personnages
insignifiants.
Effectivement, lorsque la paix sera rétablie dans
la cité, ce sera une nouvelle génération de citoyens qui
jouiront des bénéfices matériels octroyés par l'odeur
331
plutôt suave que puante de l'Eiréné (ib.
525 sq.). Tout
ceci évidemment est conçu sur le mode bouffon. Aristophane
n'a pas imaginé les reconversions possibles. Certes, les
paysans en regagnant la campagne
renouent avec la
vie heureuse des périodes pacifiques avec la cohorte des
avantages matériels (153). C'est-à-dire la réouverture du
commerce au marché (Ach. 623-625), l'importance redoublée
des produits étrangers (Ach. 916, E..: 999-1005). Mais ce
sont surtout les fabricants d'instruments agricoles qui
peuvent à présent les vendre à des prix élevés (P. 1200 sq.).
En définitive, parler de paix, c'est y associer les
affaires ou l'aisance matérielle (~. 202) et le plaisir,
la Réconciliation pacifique (~~~ÂÂ~~,) appartenant sur-
tout à Aphrodite (~ 456) et à Erôs (Ach. 991).
Paradoxalement, on peut inclure parmi ceux qui pro-
fitent de cette guerre des citoyens qui par des pratiques
malhonnêtes avaient réussi à détourner les deniers publics
destinés à la poursuite de la guerre. Nous pensons qu'à
certains égards
la métaphore des touffes de laine que
Lysistrata (~ 567-570 ap. T 684) applique aux affaires
publiques pourrait être appliquée aussi aux pratiques de
ces mauvais citoyens. En fait,
si l'on constate que
Lysistrata et ses compagnes, à en croire le Commissaire,
"traitent les affaires par triques et pelotes"
~,
< : '
"
'"
~ 1 t.z
, ' 1
1
ov~ovv Of="VQV 'eXu\\'1. T.,c.vTotS fd.p>o'-Jf:'-V KoU... To"v iïE:VE: ...V
(~ 587), comme s'il s'agissait des écheveaux de laine,
ce geste obéi t,pourrait-on dire,
à un intérêt général et
non pas particulier : r~unir le peuple athénien en une
seule qllenoui llée après avoir apaisé le désordre qui règne
dan s 1 a ci té. 0 r ,
h i ~e t ~~~~,
1e s c i t 0 yen s mal h0 n nê tes
oeuvrent, au contraire, pour leur intérêt particulier.
c. Pot.(-'b ~ ~E:L.V
(voi r supra, p.
266), c'est "carder",
comme ici, mais ailleurs, c'est "battre de verges", Pherecr.,
f r.
50.
\\ 1,'
1
En revanche, To?.v1TE:v€:LV
"enrouler ou pelotonner
de la laine autour d'une quenouille" est un verbe du
vocabulaire épique
qui correspond figurément à
"machiner, tramer, ourdir", Qi.. 19.137 (kr~ ~~ ~~A~v5
ToÂ.v1H:&uJ) en parlant de la trame de Pénélope (avec un
jeu de mots sur le sens littéral), ~' 1.238, 4.490, Eur.,
Rh. 744
dit de la guerre; par extension
"endurer",
Il. 14.86, 24.7.
Comme composés en - To ÂvlT'€:JvJ
(ap. Kr.,
p. 671),
,
")
1
on relève
lë ..... Tol\\vTrEl.n.J
Hes.,
~' 44, Eschl., ~ ap.
T 684
n.l
p.
394 .- -lE- <rvVToÂ.\\JtT~J<::I."non
attesté.
Les alliés "objectifs" du "parti de la guerre"
Une telle attitude prélude, bien entendu, à l'avènement
des données nouvelles. On enregistre çà et là
l'introduc-
tion des troupes mercenaires qui, répétons-le,
ne sont
encore à cette époque qu'une force d'appoint. Autrement
dit, elles constituent "les éléments d'infanterie légère
que le recrutement ne prévoyait pas dans les cités" (154).
C'est ainsi que dès le déclenchement de la guerre du
Péloponnèse
on avait enregistré la présence des mercenaires
Thraces (Ach. 153 GP<:J..v..::J" ~~Qvo:'
, i b . 170 fait allu-
- -
\\1
sion à leur solde).
Finalement, qu'ils soient de bonne ou de mauvaise quali-
té, ces corps de mercenaires remplacèrent l'armée régulière
des citoyens. Tel est sans doute le cas du corps de merce-
naires (Pl. 173, voir Ehrenberg, o~, p. 314 sq.)
que
le général athénien Iphicratès laissa à Corinthe après qu'il
eut battu les Lacédémoniens au printemps de l'an 390.
Enfin, ce ne semble pas une gageure de prendre pour
des partisans, certes,
"innocents" de la guerre, mais qui
333
ne jouissent pas moins de ses avantages, d'un côté,
toutes les personnes qui tressent des couronnes pour ga-
gner leur vie et celle de leur famille
(Thesm. 448) et
qui,
ne demandent pas mieux peut-être que les combats
continuent de faire rage parmi les cités; de l'autre,
la cohorte de tous ceux qui peuvent être ravalés au rang
d'esclaves. C'est-à-dire, d'abord vraisemblablement ceux
qu'on louait, moyennement un revenu quotidien,
"à des
entrepreneurs possédant des concessions dans les mines
d'argent du Laurion"
(155).
Il n'est pas exclu que ceux-ci
aient pu profiter de cette période de tension et surtout
de l'absentéisme des propriétaires pour s'enfuir afin
d'éviter d'être peut-être enrôlés dans l'armée. C'est
aussi les autres catégories d'esclaves, voire des servi-
teurs,
dont le statut paraissait quelque peu amélioré
depuis l'avènement de la guerre. Car,
tant que les troupes
occupaient la campagne, ils furent dispensés des travaux
des champs. Ce dont semble se plaindre Strepsiade (N~.5-7)
même s'il ressort de l'explication du scholiaste à~Nu.5
, '
-
que le terme
OvKE:,o(l"
est une expression générique
désignant ici les serviteurs et la famille,
entendons,
nous semble-t-il, les esclaves et les hommes libres
indistinctement (156). Sous cette acception, O~\\oC,~To>(,S et
~~~~rrOVT~S seraient alors pris pour des synonymes si l'on
en juge par le passage de Lysias (7.16 ap.
Dover, Aristophanes
Clouds, ~, n. du v.
5 J p. 92). Or, le contexte des
Nuées ne favorise pas une telle interprétation et plus
précisément le vers qui exprime le sentiment de Strepsiade.
Par conséquent,
nous pensons comme Dover (ib.) que le
terme OZ-KÉr.,(1. n'a pas ici une connotation pol;;émique
mais qu'il désigne exclusivement ici les "serviteurs" (157).
334
Les horreurs de la guerre
Cette guerre entraine naturellement avec elle sa
cohorte d'horreurs.
En effet, le prix de la guerre
payé
par Athènes était lourd, pour autant qu'il en découlait
des conséquences sociales et économiques. Car,
une cons-
tante demeure. La cité avait beau refuser aux pratiques
militaires un statut spécial, désormais la guerre n'en
comportait pas moins ses exigences propres j
l'emploi de
la violence avait sa logique.
Sans doute ressort-il de la règle relative aux droits
du vainqueur sur une ville conquise que Xénophon (~
7.5.73 ap. Raoul Lonis, ~., p. 31) place dans la bouche
de Cyrus l'Ancien s'adressant à ses troupes que "c'est
une règle éternelle chez tous les hommes que dans une cité
prise sur des ennemis, la personne des habitants et leurs
biens appartiennent à ceux qui l'ont prise. Il n'y a pas
d'injustice à détenir ce que vous détenez, et il vous
suffira de les laisser disposer de quelque chose, pour ne
pas manquer à la philanthropie" ; mais il apparaît que le
moral de la population fut bas durant ces années de la
guerre du Péloponnèse où la majorité de la population de
l'Attique, sur ordre de Périclès, abandonnant ses terres,
envoyant ses troupeaux en barque vers l'Eubée, vint s'en-
fermer à l'intérieur des Longs-Murs, tandis que l'armée
dirigée par le roi Archidamos dressait ses tentes dans
l'isthme, attendant que les Athéniens s'aventurent hors
des remparts. Nul doute que la ville se remplit des réfu-
giés de tous les dèmes environnants, les parents,
les
cousins pullulant dans tous les quartiers.
Il était donc
manifeste que ceux qui ne trouvaient pas de maison pour
s'abriter, ou couchaient dans les grottes ( ~" TQ~S
<rn",,\\ÂodoI..S), les temples, les bâtiments publics, ou
dressaient leurs tentes partout où ils pouvaient déco~vrir
335
un endroit libre.
Un passage des Cavaliers (792 sq.) où sont entassés
1
(\\ 1
des terme; hypocoristiques ('OViTolf\\.()I..S, T\\\\."c<~Vo(l..<r\\.",
1\\\\.)eOI.~l.OLS) brosse quelque peu les conditions miséra-
bles de la population rurale,
réfugiée à Athènes elle-
' .
""
/
r v ; J
,
même demunle :
T,:\\
Q"lTol\\/E..1.-
Twl/
Q\\... ~1 ~al'rwV ,
à en croire le scholiaste.
Ce constat affligeant,
soulignons-le, établi égale-
ment par Sophocle (O.L 1461), Euripide (Hec.
12)
et
Thucydide (1.142), est stipulé en ces termes:
"Et comment se peut-il que tu l'aimes? toi
qui le vois habiter dans ces misérables
tonneaux,
nids de vautours et tourelles,
depuis sept ans et n'en as point pitié !"
Il
\\ "
'"
c.'
N
(..
f"V
~
N
,
,
Y\\olt
irwS
crv ~I..AE:.\\.e;, )05 "ïovToV 0fwV OI.-'Kov"T €:.V
Ta(~~ T\\\\...G~'K"a(\\...crI.-V (~o(,~ 'a'V1To(e~O"'S Ko<t iTverl...S~OLS
')1
')/
C
.1
'
? '"1
l
""
€.ToS
00ÙOC>v
OVIi<..
E..AEo<."'e€:\\..;>·
(Cav. 792 sqq.).
Extraits de l'apparat critique:
lT\\..~~'KVo(l.- I!"\\..V (W.el. : ïfL9~'K Vo(l...<;f'1. RV t
rr \\.~~ II\\. Voi. \\.. S S ~ \\.CS:'.,'\\o( I/ol "'I!"I.-
Bru nc k Cl. z.. AQ..à. ••
Cet emploi de diminutifs jugé sans doute immodéré
a pour but de produire un effet comique. On sait, en
effet, que les diminutifs traduisent généralement la
familiarité, et souvent, la gaieté de coeur et l'esprit
enjou~. Par conséquent, rien d'étonnant à ce qu'ils aie~t
droit de cité dans le langage du menu peuple - et partant
336
de la comédie - plutôt que dans le vocabulaire de
l'aristocratie, ou des gens cultivés. A l'origine,
ils
indiquaient la "petitesse" au sens physique et matériel
de l'expression. Or,
il est patent que les êtres jugés
petits ou minuscules font souvent na!tre en nous des sen-
timents confus, voire divers. Sont-ils beaux et séduisants,
par exemple,
ils suscitent tendresse et attachement, au
point même de nous émouvoir parfois jusqu'à la pitié ou
à la compassion lorsque ces personnes sont malades ou dans
la détresse! Au contraire, sont-ils vils,
ils provoquent
le ridicule et le mépris
!
Il appert ainsi que les diminu-
tifs recouvrent des connotations qui ont pour origine soit
la tendresse,
soit la pitié, comme en témoigne le présent
passage des Cavaliers.
D'où l'observation suivante
Puisque la même chose peut être appréciée différemment,
tout donne à entendre que l'écrivain doit certainement
couver en lui ces sentiments et être capable de les
exprimer dans la mesure où la chose ou l'événement est
apte à les produire, étant entendu que tout dépend naturel-
lement de son état d'esprit,
de son engagement politique •••
en un mot de ses motivations. Pour ce faire,
son langage
doit être libre et effréné comme celui de tous les jours
pour qu'il puisse donner libre cours aux sentiments qui
naissent de son observation partisane ou contemptrice.
Ici, c'est l'aversion pour les bellicistes et la pitié
,
pour la population rurale réduite a la misère. Car, ces
gens se contentent par la force
A
meme des choses :
A en juger par l'indication de la scholie, cette
expression serait une forme hypocoristique de ~~Keot~ rr(ec~S.
337
Mili5 ce mol qui 5iqllifie "petil tonfll'.III" l'5l S,1I1S doule
un d(~rivt', de * Ti~Çjol.~ douhlet de tI~~o.s (158) "jdl're"
sur lequel Aristophane a greffé le suffixe -~~- à
l'origine (-Y1
ion.att.), qui y joue le rôle d'un morphème
primaire (Chantraine, La formation ••• , p.
195).
Notons,
à cet effet, que le suffixe - 'Y\\O
(- VO) paraît
la caractéristique morphologique d'un groupe de noms de
coupes qui ont souvent un sens diminuti f
, du type KV';(~X'l~I.S
"petites coupes"
(Ar.,
fr.
498,
Alcée,
fr.
41.2,
cf.
' 1 /
) - ,
1 ' ) ' 0 -
.
~. 906 K-vA"'XIIl-O'l/
tire de
KoJ"\\.ié)
"coupe", qUI est
un mot courant.
- soit de "(petits) nids de vautours"
(6VlTo«(~O"'S)'
Ce qui désigne peut-être,
populairement, des "recoins
(de maison ... )" ou des "trous de murailles",
autrement dit,
fàtt remarquer Jungius (s.u.), rr:;(q-o(
~T€;'V1 Ko(Tk~\\/q-l.~.
I l
r
ressort en tout cas du commentaire d'Hesychius
1
•
1 ' )
fV
f\\f')1
1
1019 Latte 'tv Tt"1
KO"''''W~d. 01S. 'Ooc"ot t'"1 ° 1vNt.oi.
que le sens de cette forme hypocoristique de 0 6 1\\1
"nid
de vautour"
pourrait être rapprochée assez aisément de
cel u i, de 80(, A.~ t'" "\\
"ab rio Il gît e d' un an i mal", v0 ire de
KolÂV~1 "cabane, gîte" (Thuc. 2.52.2 ap. Neil, ~.,
n.
du v. 793) p.
114).
1
Rappelons, d'autre part, que le suffixe - O{fl.OV
qui a fourni essentiellement des diminutifs est assez
rare à la p~riode classique et a une valeur très banale.
Il appartient donc au langage familier
(159).
- soit enfin des tourelles (l1\\,Ifr'" StOl-S).
Tout indique, semble-t-il, que ce mot est une expression
338
1
hypocoristiquc de 1\\\\Jf'00l-S (1(,0)
"tOlll'S"
~;1I1' 1.)(]lI<'ll<'
le po~tc comique cl greff~ le suffixe - L~(OL~. Comme
1
verbe d~nominatif, on a 1\\\\Jfo0uJ
pris proprement dans
Od. 11.264, Hom., Epigr. 4.3, Orac. ap. Hdt.
1.174, Eur.,
Ba. 172 ; et figur~ment dans Bacchylide 3.13, Ar., P. 747,
Gr.
1004.
En v~r i t~, le suff ixe - ~~ lOV
a connu une grande
fortune dans la constitution de certains diminutifs du
genre inanimé~ Car, on l'a ajouté à toute espèce de mots,
dont on observe quelques exemples dans les créations
comiques suivantes :
'{rv o"~~wv~. 1>38 (où il y a un l~ger mépr is exprimé
sous une forme badine)
, Cav.
1368 (passage qui traduit
la piti~) fait sur li'\\JO~ --;fesse" .- SI.K~~)lo" (Cav.
347, Nu.
1109, Gu.
511)
tiré de ~[1o<.1 .- Â,r-cl.K[~h'OV
(C a v.
823) dé ri v é de
6. ~ t'" 0(~
, f 0 r me vu 1 gai r e de.6 ït'- 0 c:. ,
employ~ par le Charcutier considéré comme de basse extraction.
cf. ~~t'"~~LO" ~. 726, 1199.
En définitive,
si l'on fait fond sur le scholiaste
de Cav. 793, on admettra que le choix des termes et notam-
ment des deux derniers qui se rattaphent au monde des
oiseaux est motivé par le souci du poète comique d'assimi-
ler le mode de vie de ces Athéniens démunis à cause de la
guerre à celui des oiseaux. Il est donc fort probable
que c'est à dessein qu'Aristophane a entassé des permutants
métaphoriques,
puisqu'il appert, au dire du même scholiaste,
que
t{'\\.. ~~~v'ol.l.(nV
fait écho à
cfwÂéO~S' oVlT"o(f~o\\..S
à lo<,.oI.ÂL. o(~S
et
n"V~OL~~OL.S à <rTE:Vo~s XW([,o\\,,!:l.
Voilà pourquoi,
le poète comique se plalt également
à comparer la cité à une ruche (voir T 722). Cette métaphore
empruntée au vocabulaire agricole est mise en relief plaisam-
ment par
~~~TT€:l.S (Cav. 794) pris figurément avec le
339
sens ne "voler au peuple son miel",
c'est-à-dire "le
pressurl"r"
J.'ÀA~ Kol ~E:~ r~otS d...èrr.61/ p->'H.\\r~1.. s;
ap. T n?
Dans Plat., Rép.
564 e ap.
T 534
n.l,
le
verbe est dit des "frelons" de la cité qui volent les
riches.
Cléon, partisan farouche de la guerre,
est donc
considéré
ici
comme un "apiculteur criminel", parce
qu'il aurait fait d'Athènes une ruche.
En fait,
l->Â~T\\"'-LV ,c'est proprement "presser un
rayon de miel, exprimer du miel", autrement dit "chitrer
une ruche"
(voir T 534), comme cela apparaît dans Soph.,
fr.
778 N 2,
Arist., H.A.
554 a 15,
627
b 2.
Par ailleurs,
la notion de "dérober" apparaît également
dans le composé
~ l\\()~Â~iT€:.\\.V "exprimer, faire sortir
en pressant", d'où "voler, emporter"
dit d'un tire-laine
qui dépouille les passants dans les Oiseaux (498)
t ~)&\\T~~Â\\.~~ eO{r-~T\\.OV t""0l../
Il faut souligner que le verbe
l->?.C TTE:.l-V appartient
à la série des mots empruntés au vocabulaire agricole
qu'Aristophane a appliqués métaphoriquement aux profiteurs
de l'Etat donnés pour gloutons lorsqu'il s'est mis à
"ferrailler" contre eux (161).
Il s'agit, entre autres,
,
1
,
~
de ol~E:~O€:\\.S "cueillir" (Cav. 326
ap T 720), EKII\\O(V~[{WV
"arracher" (ib. 825 ap.
T 718), ~r-~v
"moissonner"
(ib.
392 ap.
T 721).
A
En outre, meme si rien n'est dit des victimes de la
guerre
et des dangers qu'entraîne la guerre, puisque
seule la Cité-Etat pouvait parler de sa douleur - l'évocation
des pertes cruelles subies à la guerre était, en effet,
peu appropriée à la comédie et donc méritait d'être
340
l ,
1
(~t()lIff(~I' (1. 590 <r\\... roi. , \\:'""\\ ~"'~'"' Kol~1"f'f\\S ) - qllel qlll'
part, cependant,
il est noté qu'on.J enrcqislré des
pertes cruelles durant la guerre Ob. 589 sq.) et que
des meres désiraient ardemment protéger leur fils
(A.F.
233 sq.),
vraisemblablement pour éviter autant que
possible de se compromettre avec le parti de la guerre.
Mais n'oublions pas que nous sommes à une époque où la
paix est revenue. Par conséquent
le raisonnement ne vaut
que rétrospectivement,
bien qu'allusion n'y ait été faite
qu'une seule fois:
" [A h
! si
les femmes avaient alors eu les
commandes
••• ]: d'abord étant mères elles
auraient à coeur de sauver les soldats".
C-
,
uJ S
"'ov.s
<r+ 1Gl.\\I
En somme, c'est une guerre qui occasionne des
ravages,
suscite des exactions; en un mot, une guerre
comme toute guerre accompagnée de pratiques ahurissantes
dont Aristophane masque la férocité par des images filées
plaisamment et introduites de façon gracieuse.
En effet,
les armées en campagne dans l'Antiquité
vivaient généralement sur le pays en se procurant sur place
des vivres. Par conséquent,
le plat-pays était particulière-
ment exposé aux déprédations qui sont considérées comme
la première raison du pillage. Or, ce pillage pouvant
s'accompagner éventellement de dévastations (Ach. 232,
512, Thuc.
2.18-9),
il était aisé de constater que ces
soldats :
- ravageaient les vignes comme des renardeaux
,
'1
1
( c( 1\\ W "(\\ E:. K \\" 0 \\.\\t"I.)
341
" Au x r e nil r ci f' <Ill xiI
(s c.
Ih~mos) .1 s s 1111 i 1t' 1(' S
soldats
1 di t
le Charcutier J parce qu 1 ils
mangent des raisins dans les propriétés".
?Ç\\~vJ1\\E:.\\t\\~o"<r... To0~ <{"T\\~""l".~To(S nKoL<rE:V
X
1
1
~
""
l
"-
c.o' ' ' '
~o""evS TfW'Q0v<r\\..V EV To"e:,
w~>o\\..;;;>
(Cav.
1076 sq. ap. T 641)
La même idée apparaît dans P. 626 sq. ap.
T 641 et
648, Thuc. 4.45.
- ou déterraient les pieds d'ail comme des mulots
, ?
N
1
(Tw~_ ~~WfClL()l" r-vES), si l'on en juge par les propos
suivants tenus par le Mégarien à Dicéopolis (Ach. 761 sq.),
qui ne sont pas sans rappeler les allusions de Plutarque
(Per.
30)
:
"Vous autres, Athéniens, vous ne manquez
jamais, à chaque invasion, de faire les mulots,
en d(:terrant au bâton nos pieds d'ai 1" (ap.
T 46 J. )
c.ly "
I V
TvJV
... ! r-E:S
i
\\
,
.
IV
1
Tw~ o(\\vJ~c{L.O" r-Vf:S
~~0 ~ &q- ~ E:lE: .
7(\\
fV
t-\\fvJrCll.I.OI"
est une forme qui rappelle
(~.F. 317) employé pour
'K6rre'- oS.
La morphologie des deux mots que nous venons d'analyser
,
1
induit a penser que le suffixe - L.O,-S est un suffixe
du langage familier, dont la fonction essentielle a été
de former des adjectifs dérivés (163)
tels que, par
J4?
exemple, les ethniques créés par Aristophane : 'OTOI~~l..O\\'
(0.1042) fait sur le futur de b'OT0~",q-~o<.\\' "se iamenter"
'o,o,~~€:<r'9ct\\'(L. 520) nécessaire pour rejoindre O?.O-
1'>0
.)
-
~V)l. OL.
(~1041) désignant les habitants d'Olo-
phyxos, ville proche du Mont Athos.
Comme autres ethniques,
Klrr~E:\\..oS (Cav. 899, A.F.
On constate néanmoins que d'autres mots ou formations
semblables apparaissent chez des auteurs tout autres que
comiques (cf.
n. 161). Il va donc sans dire qu'elles
paraissent des emplois ridicules.
A l'origine, ces mots poétiques qui relevaient du
style noble, voire sublime, visaient à conférer au
contexte un ton empreint de dignité. Or, n'oublions pas
que nous sommes ici dans le monde de la comédie, et par
essence, le domaine de la plaisanterie. C'est donc à
dessein qu'Aristophane les emploie à la place des termes
vulgaires et non recherchés afin de susciter le rire.
Par ailleurs, on constate que ces
\\
brûlaient les récoltes (Ach. 986
TotS
'1 \\
<"t'\\ "l
7
'" -
1
lT'"o Av
t'-«A~O\\f '
~ TI, I~ 1T'lJ ~ l.
) .
Lorsqu'on sait que l'Attique n'est pas particulièrement
boisée,
pour ne pas dire que le bois y est assez rare
~ 1234 sq.,où l'on voit que
les paysans attiques se
servent pour leur feu des souches déterrées pendant l'été,
cf. Thuc. 3.70), on devine assez aisément la valeur consi-
dérable de ces échalas, et notamment en cette période de
crise.
En effet, c'était chose courante qu'au Ve siècle les
dévastations revêtissent quelquefois un caractère de
343
brutalité inouie. Ainsi, en 431, Archidamos qui envahit
l'Attique sema une telle désolation dans le dème
d'Acharnes que les Athéniens, à en croire Thucydide
(2.21), en furent consternés:
"Les plus jeunes n'avaient jamais vu pareil
spectacle, les plus vieux non plus, sauf à
l'époque des guerres médiques" (Raoul Louis,
~., p. 87).
Dans ces conditions, comment ne pas imaginer les
conséquences économiques qui découlent de ces ravages
matériels?
Car, cette guerre qui s'achève en l'an 404 fut à
maints égards un désastre financier non seulement pour
Athènes , mais pour toute la Grèce. Aussi pour assainir
1
la situation et bien qu'il y eût déjà le e:po('oS (163)
ou tribut des alliés entra!nant de nouveaux relèvements,
eut-on recours par la force même des choses à d'autres
ressources sous le nom de contribution de guerre en
promulguant une série de décrets. En effet,
sans oublier
qu'en 428/7 , pour la première fois l'Assemblée et partant
les Athéniens avaient été obligés de recourir à l'impôt
,
1
di r e c t 0 u
Ë \\.. cr cf 0 fa(
(Cav. 924, l.. 654, An ti pho n l '0 rat e ur
2.2.12, Lysias 30.26, Thuc.
3.19), autrement dit à la taxe
de
guerre, on se rappellera toutefois le décret dit
de "Cléonymos" (426/5), mesure de coercition, qui appar-
tient à l'époque où la guerre du Péloponnèse commence a
Jeter Athènes dans des difficultés inextricables. Ce
décret impose aux cités d'élire des percepteurs responsa-
bles dont les noms seront enregistrés par la Boul~
athénienne.
Or, auparavant, non seulement il y eut le décret dit
de "Cléarque 'l (449/8) sur la réforme monétaire ; mais
344
surtout celui dit de "Clinias" (448/7>
qui chargeait
simplement certains magistrats athéniens en résidence
dans les cités, appelés tantôt ~rr[q-K.OrrOl,,"surveillants",
tantôt ~fXo"'rf:S "magistrats", de veiller à ce que le
tribut soit perçu annuellement et envoyé à Athènes, sans
nullement se préoccuper de la manière dont l'argent sera
rassemblé par les alliés. Cela porte donc
à croire que
.,
1
ces €1\\v'\\ïK.ot{"Ol"
qu'Aristophane qualifie à tort ou à rai-
son de dénonciateurs publics paraissent avoir été des
répondants du Conseil athénien. Car, sans être ni des
ambassadeurs, ni des consuls,
ni des agents de renseigne-
ments, mais tout cela à la fois sans doute,
ils exerçaient
néanmoins par leur présence une pression politique sur
les cités où ils résidaient (O. 1022 sqq., 1030).
Ce serait sans doute à tort qu'on pourrait reprocher
à Aristophane de traiter avec légèreté un thème aussi
sérieux que celui de la guerre. Mais ce serait oublier
aussi, semble-t-il, que l'humour aristophanien a pour
tâche de souligner précisément cette importance capitale
du problème. Il s'agit, en fait,
pour le poète comique,
d'alléger par le rire d'un instant ce qu'il ressent, de
riposter à l'horreur par l'humour noir, une des formes
de pensée au service du ,\\-,6r05
aristophanien. Qui plus
est,
les critiques d'Aristophane sont inhérentes au genre
comique. C'est pourquoi, nous pensons qu'il n'y a rien
d'étonnant à ce qu'Aristophane pourfende plaisamment les
dieux et la vie religieuse en général, les ressorts des
activités culturelles de son époque (la poésie tragique,
chorale,
la musique,
la danse ••• ) et même des poètes comi-
ques donnés pour prédécesseurs ou contemporains, enfin
tous les rouages des charges publiques, entendons,
non
seulement
l'appareil judiciaire comprenant la confrérie
345
des juges ou dicastes, celle des sycophantes et des
orateurs publics, mais aussi l'appareil législatif où il
apparalt que le peuple devient, certes,
l'innocente
victime des flatteurs et des calomniateurs, mais qu'en
juste retour, la politique est abandonnée toutefois aux
plaisirs de ce même peuple.
CHA PIT R E l V
LA VIE CULTURELLE
l47
Nous savons que les transformations politiques et
sociales vers la fin du Ve siècle ont été accompagnees
d'une lente et profonde décadence marquée par un système
électoral qui met les fonctions publiques à la merci
des caprices populaires
j
la politique qui apparalt
comme un moyen d'enrichissement personnel ou une occasion
d'exercer le népotisme •.• Une sorte de monnaie nouvelle
( \\I(~ t~ol \\,(cl.LV~V)
-allusion étant faite aux pièces
frappées en 406 (voir T 799)-, celle du démagogue ou
de l'orateur populaire, commence alors à pulluler, qui
fait naltre naturellement une pléiade d'accusateurs à
gages dont le souci premier est de dénoncer au peuple
les gens en place ou le cas échéant de se faire payer
le silence. C'est dans ce contexte historique bien déter-
miné qu'apparaissent les sophistes. Il n'en reste cepen-
dant pas moins vrai que le mouvement des idées et l'évolu-
tion socio-politique semblent alors conjointement aboutir,
vers le milieu du Ve siècle, à un moment crucial, celui
où la raison critique fait sa percée décisive aux dépens
de la tradition, percée de la raison critique dont les
sophistes furent les principaux artisans.
Or, l'éloquence qui tenait lieu d'honnêteté, d'intel-
ligence et même d'argent,
et dont les sophistes passaient
pour être les maltres,
devenait,
à n'en pas douter, le
plus essentiel des instruments d'action politique. Tout
porte à croire que les sophistes n'avaient jamais perdu
de vue le but d'une éducation qui était et restait fonda-
mentalement politique. Le facteur décisif fut que les
nouvelles idées, à savoir notamment l'individualisme
et l'opportunisme politiques, furent répandues, pour
autant qu'elles se mariaient non seulement avec le progrès
général des facteurs économiques et le matérialisme
économique, mais aussi avec l'extension grandissante
d'une nouvelle classe de "gens de main". Par conséquent,
comme en toute période de crise, la guerre du Péloponnèse
va procurer à l'enseignement de la sophistique un terrain
348
malade, une atmosphère viciée permettant ainsi à des
techniques de servir à des fins que sans doute elles
n'impliquaient pas nécessairement: à savoir, tout
justifier par des raisonnements spécieux,
bousculer
la tradition, mépriser la loi, contester l'éthique des
Anciens •••
Contre cette redoutable invasion d'idées et de senti-
ments réputés pernicieux et destructeurs,
la société
athénienne, conservatrice d'instinct dans sa grande
majorité, va réagir par Aristophane interposé qui prodi-
guera ses sarcasmes aux novateurs. Aussi le poète comique
s'en prend-il au désordre nouveau, aux belles lettres
(les poésies tragique et comique), à la musique et à la
danse.
1. Aristophane, contempteur du désordre nouveau
============================================
Inquiété par les résultats de la sophistique sur
la jeunesse, Aristophane a donné une place considérable
aux problèmes de l'éducation en faisant ressortir notam-
ment les éléments de la bonne éducation ancienne pour
flétrir ceux de la mauvaise discipline nouvelle (Ach. 444,
Cav. 216, 547, Gu. 1044, P. 534, 750).
La charge comique fait apparattre la part de respon-
sabilité de l'enseignement de la sophistique qui déploie
une technique amorale pour des fins immorales auprès d'une
jeunesse qui y trouve le moyen de contester l'éthique
des Anciens, entendons l'ancienne éducation, le vieil
absolu de la "polis" (Simonide 53 Diehl ap. Ehrenberg,
~., p. 292). Or, dans l'optique traditionnelle, ce qui
349
,
1
faisait le bon citoyen, c'était l'c(~~T,,\\. C'est-à-dire
le dévouement à la chose publique, le courage militaire,
••• en plus des vertus privées (modestie et décence,
pitié, tempérance, discipline ••• ), le tout étant affecté
évidemment d'un coefficient d'excellence et d'efficacité.
En un mot, c'est grâce à cette éducation qu'Athènes a
obtenu la victoire de Marathon (Nu. 958 sqq.)
(164).
Voilà pourquoi les Athéniens pouvaient parler assez
aisément de la palestre qui fut pourtant dénoncée avec
d'autres absurdités érotiques (~. 414 sqq., 1002 sqq.,
voir infra,
p.
454 sqq.). C'est pourquoi aussi les
avocats de cette éducation qui avait pour but de façonner
de bons citoyens modestes et pieux, tempérants et vigou-
reux,
disciplinés et courageux, réagissent contre l'éduca-
tion rationaliste qui, selon eux, fait abstraction de la
morale (Cav.
333 sqq., voir R.A.
Neil, n.
des vers 333
sqq., p.
53).
Aussi
Aristophane prodigue-t-il ses sarcasmes aux
novateurs. Ce qui apparaît comme une sorte de manifesta-
tion contre cette redoutable invasion d'idées et de senti-
ments destructeurs propagés par les sophistes dont la
"physionomie"
sera dénaturée à dessein.
Les traits répréhensibles de leur caractère
Un sophiste est défini comme un homme de métier, un
homme qui sait, architecte, médecin,
politique ••. , en
un mot,un homme qui possède à fond une certaine
technique
et essaie d'en tirer légitimement profit (165)
(~• .331 sqq.).
Or, rien n'échappe à l'étude technique, pour autant
qu'il faut du métier pour être auteur dramatique,
poète,
350
musicien, mathématicien, orateur .••
; en d'autres termes,
tout peut s'apprendre, et donc s'enseigner. Mais il n'est
pas nécessaire de savoir soi-même pour enseigner. Car,
les faits quotidiens semblent démontrer que l'audace
supplée souvent à la science vraie et le savoir-faire
à l'honnêteté. Aussi
le terme de "sophistes" finit-il
par désigner bientôt des gens de toutes sortes. Ainsi la
critique aristophanienne atteint par contre-coup soit
des savants consciencieux pourtant honorables soit au
contraire ceux qui sont qualifiés de charlatans (&~ot~~V~S)
et d'illusionnistes, entendons les orateurs populaires
et les politiciens de la cité démocratique.
Ce sont de faux démocrates vulgaires qui trompent le
peuple et qui sont légion à Athènes
~~~orr"'~~lI\\uJv est une cré~tio~ comique utilisée 1Tolf~
'tt" t0<:rc;Q ~I..O<v
pou r CS 1r- 0( 'Q""'ooS l\\1..~1 \\(. os, car les i ng e
(~I..~~\\(.OS) était donné pour le symbole de la fourberie (166).
Dans Bekk., Anecd.
34.18 ap.
Jungius (s.u.), est notée
l'explication suivante:
:; ~~o('lToI.ï~" ""'~I/ ~,r-0" 'o<.ol\\. 9W'lT<:0wv KO~a(~\\..K~S.
,<:::
1
Le rapprochement suggere
Ù~\\Ol\\c(~,",~'T1~(Eur., Hec. 143),
~~t"0\\(,61o{~ (D.H. 6.60, Luc., Dem. enc. 31), ~el..rrvolt'{~1\\<.~S
(Corn. Adesp.
321).
(167).
Ce sont les parvenus originairement de basse extraction
(Cav.
1~8 sqq.) qui devenaient démagogues (~. 217 sqq.).
Comme Hyperbolos donné pourtant pour illétré et ignorant
j ') 1
qui s'avisait néanmoins de prendre des leçons de rhéto-
rique
(~874 sqq., cf.
ib.
515 sqq.,
1065). Appartiennent
à la même "engeance maudite" les jeunes gens altérés par
la nouvelle éducation moderne qui se croyaient savants et
intelligents
(~43 sqq.) : ••• VE.o(V~cl..5 ~O~"C«(<rO~OS.
~ 0 ~"\\~~ q-0 tO.s ( An t i ph0 nIe 50phi ste 105) est un t yPe
qui rappelle
TE:etLxo~()5 (~.9.525.2/0). Mais il semble
être un ancien datif/instrumental de ~o~",q-\\..S (cf. Chantr.)
D.E.G.), ce qui explique qu'il soit souvent écrit dans
les Mss
~OIA.~q-€:1.-
1
Sur le même modèle,
on a ~OIA. ~(n.. ~6~\\..e~ "qui se croit
habile,
avisé"
(Pherecr.,
fr.
154, Callias le Comique,
fr.
27)
(168).
Tous ces gens évidemment sont accusés
(~. 433 sqq.)
de cultiver la ruse
(T6 c:r"~E:,\\,O~\\..K~<ro/.\\,) et l'esquive
des devoirs sociaux
(T~ ~\\. 0 1,-q-~E:~I/ ).
Cette ruse est,
en effet,
décriée à travers les mots
suivants
: IfT~E:'Yo~"v..1"alI.7 T\\V"<.V6TcXTol/ ~~Vol.'bo;-, \\.(\\~Tc(.~OV,
et l'avalanche de formes en - ~o( telles que
c:rod,\\"q"t'"o(.)
1
rv
l
'1
KV~r-<>l 'e\\..
l
r-t'"'o( 1 i\\o(\\.. \\T~'A~lo( .
2 'ie E:îO b\\.. ~1.c:rcX L-
On constate que
q-.,..~~'\\l0~\\,o\\(~W , création du poète
comique,
apparatt comme le dénominati f
d'un il- c;rTeE:i'b<Ù\\..~05
non attesté proche de
:
- <r\\~E:'t' lL)
,forme du premier terme volontaire-
ment"archalque"
(le type n'étant pas productif à date
classique)
:
1
I:I" T eE:'t'oC.VX1'"
"au col tordu"
en parlant d'un vase,
Theop.
Com., fr.
54 .- q"T('E:'V~ l"'oI..Â.:<o5> "à la toison
entortillée",
d'où "captieux",
d'it de l'art d'Euripide
352
~~"-. ~\\~E:'\\'~t-""Â~QS ,,;... T~X"1" E3e\\. T\\L~,,~ Ar.,
~. 63A ap. T 517. C'est un composé avec un premier termp
sigmatique désignant l'action et qui rappelle donc les
composés suivants
: \\t'\\Oe:.<r~ \\,,"at.l~05
"à l'épaisse toison",
Il.
3.
197, ~ece.lI<.oV"-r61-t-<xA:{Os. "hérissé", Eschl., Pr. 799,
1
\\
1
X~v'\\\\'"E:O~"'Â;).os,Eur., EL 724/ A{'V<rO(:'-ol'lloS. (169) ib.,
Or.
9911.
Aussi
pensons-nous,
comme Taillardat
(ib.),
que cet
hapax "apparatt comme le renouvellement d'une image banale"
contrairement aux assertions d'Eustathe(1638.17)
selon
lesquelles le mot est une métaphore connue des Anciens
:
'1"
J I ' )
. . . "
\\
\\
<rTeE::f\\.\\,cl.
AOU~
€:.'V-olAOVV
01...
1ïlXA!X'-OIJ
TavS
"1'),,,
. "
t'V
J
\\ ; ) /
TrÇ; (1.. "'-0{ A
v""
'0
\\<1.. S
\\ 0
<:r \\IÇ vJ t"- t Il(.
oCtTo
Eo\\ 1... vJ'V <rvV'=-
1
k
1 1"\\ .,
\\
:>
l
" c . I
<r\\eolt'-t'"e:VOV~ ~ <::.... A"-OUS €'XOVlvJ'I/
Ko{\\.,
o V l w
~v<rA~ TvJ" •
2ïeE.'eO~I.-"'Oi\\ot"ove'(io( (Q.. 1468) qui est un assembla-
ge antinomique
(~~lA..o{'-o(
et
lïot vove or,{, ) créé par
Aristophane dans leque~ * II"TfE::* D (q-ï\\f:~vJ , ..!. 0t"-ot.'- )
rappelle ~l..tf~~E.\\...v'. Cet hapax qualifie les faits et
gestes du sycophante considérés comme la perversion de la
justice par de mauvaises chicanes.
- fVq'"('--) :fU~~ï\\~'),\\"S "protecteur de la cité",
Eschl. ,~. 129 • ~ ev ~\\"l-'\\tJ't0S "protecteur des autels",
Eschl.,
Eu.
920
.-
f V 1I"1. <i>l..teos "qui dirige habilement
un char", Pi.
I.
2.21.
D'autre part,
on relève d'autres composes de type
désidératif/intensif avec -~ -
,
dont,
par exemple,
TeW~~fr,\\c:> "Ronge-pa~n'" qui es; le nom -d'une sou~is
dans la Batrachomyomachle 2A
.- TevJ~I.t"0S = '\\vJlAïO!:>
\\
"qu'on peut manger cru, mangeable",Theocr.
1.49,
cf. l<:>l
"'e~~I..r-al "endives", Hp.,Int. 30, 34.
On sait que le verbe
~Te~i'OCS\\'",,~crol\\..exprime les
souhaits de Strepsiade (le nom propre présente le meme
radical) qui de ce fait cherche donc à s'inscrire a
l'école des sophistes. C'est finalement
un mot-phrase
utilisé pour" T00
<;[,Te~toll.. ~~ ~L,...o(s" si l'on
fait fond sur le scholiaste à Nu. 434.
Le terme de renard (~AJ,rr~~
fait généralement
allusion à quelqu'un de rusé.
Donc
K~Vo{~oS (neutre),
qui est le nom sicilien du renard (Schol. Theocr.
5.25,
Callias le Comique, fr.
ID
ap. T 405),
comme &Â~l'f,\\'§
désiqne figurément u;-fourbe (Soph.,Aj.
103, Andoc.,
J
.~t. 99, Dem. 18.162 et 242 ap. T,ib.
n.4). Ainsi
la
métaphore
\\f\\J\\<.v6Tol..TOV \\(,~"ol~o.s citée dans.2.: 430, cf.
Nu. 448,signifie alors "le plus fin renard".
\\(~ ~ïc(Â()" (Nu. 260)
C'est un mot courant signifiant proprement "cliquette"
h. Hom. 14.3, PL, fr.
79, Hdt.2.60, Eur., ~. 1308,
mais dit figurément des personnes, comme ici, cf. ~. 448,
Eur., Cyc. 104 (dit d'Ulysse) et qui se comprend "crécerelle"
(170). C'est, dit-on, une des vertus que Socrate promet à
Strepsiade : à savoir,
le rendre intarissable, ou encore
un roué de la parole (T~'(:t'"t'"d..). A cette même idée fait
pendant celle que le poète comique a exprimée dans les
Oiseaux (v. 431)
qui apparaît comme un constat
"
/'1
)
,.tf)
~o,\\>v~\\",-al ,KI.J~Ic(.
'''\\r-
1
T~\\:r-t-oI., "\\to(l.Tro(
0 "0'1
(ap. T 410).
La série de ces formes imagées en - \\,,-01..
qui désignent,
somme toute,
les qualités que les sophistes promettent de
faire acquérir à leurs élèves (Nu. 260)
font allusion ici
plutôt à une personne qu'à une chose avec une valeur
dépréciative (le genre neutre para~t intensifier ce ton
dépréciateur). En effet, ces formes qui apparaissent en
quelque sorte comme une force comique propre a
Ari-
stophane
,née du reste de la métonymie et de l'homéo-
téleute,
désignent donc par métonymie des individus (171)
en se substituant aux noms concrets auxquels ils se rap-
portent (172).
C'est proprement "l'habileté, l'adresse"
en médecine,
Hp., Loc. Hom. 41, mais figurément,
il désigne l'artifice,
la ruse chez Eur., Ba. 489, cf. Hec.
258,
l'argument cap-
tieux, la chicane des mots,
le sophisme chez Ar.
(ib.),
Ath. 1.11 b ap. T 410 • C'est donc une métaphore courante •
.KJ~r--~
Il est pris figurément ici avec le sens de "intrigant,
retors", car, proprement,
il se traduit "ce qu'on rencontre
ou trouve", d'où "butin, proie, dépouille", Il.
5.488, 17.
' 1
-
272, Od.
3.271, 5.473, 15.480, cf. oI.\\I(,VPJA,«.ïo(
conservé
K
' (
\\ l ,
1
)
par Hesych.
2704 Latte (o(KVetDl.To{·
oC'rro'E:UQ~oC •
Donc métaphore unique apparaissant comme le renouvelle-
ment d'une image banale,
comme l'a soutenu du reste
Taillardat (in 410).
Il y a une relation de sens, d'après Taillardat (in 414),
(
avec '~v\\"\\ signifiant figurément "vieux routier, vieux
roué"
(Nu. 448), mais proprement "cavité" (Schol. Nu. 447),
- /
et avec Tp ... P.>uJ"
"retors", Eur.
, Rh. 625, Ba.
716, Ar.,
\\
1
-
- ,
Nu. 869 sq., où le mot serait l'équivalent de
E:v"Tf \\..r;'~ Kol.t
<>/
( ) '
1-
6.'t'rrE:"'~O.s
173. Donc une metaphore courante,
bien qu'on
ne la rencontre que chez Aristophane.
Mais T~~tt.c( apparatt dans une série de composés (174)
ayant comme premier terme une préposition. Il s'agit de
iTE:,e~T("ttal. Nu. 447, Dem. 18.~27" Corn. Adesp. 889 .-
r\\~()~Tel".ttet Esch., ~ 395 .- Vn-OT~"t"to{ Hp., Vict.
(..
1
..
2.56, Ar., A.F. 292, cf. VT\\OTe"'t'-r-ol'r\\.. oV Telec1., fr.
1.
Il Y a une sorte de relation de sens entre le mot
..
1r)
(
dit ici metaphoriquement des hommes et tto(.",Wd.."1
Nu.
260)
porteur du sens de "astucieux, subtil", que les lexicogra-
phes glosent explicitement, d'après Jungius
(s.u., p.
253),
f'\\
.,
,
"
,
"
"
'
par .... E:tr":('o "'<JOas, I\\E:\\I\\o5> i\\E;el, \\0 AE;rE:I".V, et proprement
"la fine fleur de farine"
(Nu. 262). Par conséquent, les
deux désignent
lt'ole':Jtr6VOl,r:J.,V
l'homme subtil et fin
(175).
En revanche,
l'esquive des devoirs sociaux, qui est
considérée comme le second trait répréhensible des sophis-
tes est soulignée par ~1.0Â"'It'~t;:~V (Nu. 433 sqq.), T~V
("
,
<' ç 1
1
1
. -
\\,A""\\~E:V ol teo {)I". \\)OV'To{ ("°0°") (1 b. 244 sqq.).
Aux yeux de l'opinion athénienne conservatrice'~LoAI".~Q&~v)
verbe considéré comme une métaphore du gymnase (voir T
579), traduit une pratique anti-sociale.
En effet, que
<Ôl".o?.l".er'd-~\\1 signifie proprement "glisser à travers" (Hp.,
Art. 40, 63) ou qu'il ait figurément le sens de "échapper
à, esquiver"
comme ici, il se dit en tout cas de la ruse
donnée pour une sorte de compétition.
Cette métaphore de prise se distingue cependant de ~~-
ol\\"<S"'~JVE::\\..v'
se comprenant, certes, proprement "glisser
hors de" (!l.. 20.470), d'où "dévier ou s'écarter en
glissant"
en parlant de la pointe d'une arme sur un corps
dur (Eur., f.b... 1383), "s'échapper" (Hipponax, fr. 37, Ar.,
~. 141), et figurément "échapper à, glisser insensiblement"
(Cav. 491, A.F. 286 ap.
T 579
n.3
p. 336), mais paraIt
-
--
avoir une connotation beaucoup plus morale que technique.
356
Quant à l'expression
\\6" ~,b~v ~\\iO<5~~~"Tc( (~6roV),
elle évoque cette sorte de
'f"0t~o( qui permet à tout
homme formé à l'école des sophistes d'échapper aux fou-
dres des créanciers en ne payant pas ses dettes (Nu.
244 sq(j.).
Remarquons que la même idée est développée abondamment
dans les Nuées (116 sqq., 657, 738 sqq. 747, 305 sqq.).
D'autre part, on a la même approximation imagée dans
Ach.
391 sqq. et Nu.
770 , 782.
Entre autres traits originaux, ces sophistes sont
,
1
ridiculisés comme sales (<ë.~~vl'\\'"u>oJ , 2..: 1282) , tout
Comme d'ailleurs Socrate et ses intimes (Ulou\\()v , Nu.
836 sq., Q... 1554 sq.),
(176), qu'Aristophane considère
naturellement comme l'exemple du type comique du sophiste
charlatan, bien que cette épithète ne leur convienne pas
à tous égards. Car, si Socrate semble s'être prêté au tra-
vestissement au point d'être considéré comme un partisan
des oligarques
(O. 1281) à partir des traits et du compor-
tement du véritable Socrate (Nu.
359 sqq.)
(177), il est
manifeste qu'Aristophane dans les Nuées tourne en dérision
un Socrate qui n'a jamais existé, et néglige ainsi à
dessein quelques-uns des traits les plus saillants, sans
doute nouveaux et exaspérants à la fois,
du personnage
historique.
Rien d'étonnant donc à ce que Strepsiade (~. 100 sqq.),
qualifie ces sophistes de \\A-E:P'-t'"VO'l'ov\\\\.<rTod., les
.
d
?J"I
'
1 c.
1"
d ' - '
\\
~
rv
T-,
traIte
e Ql"Ao(, oVci..;;;J
,
es
ecrIve comn.<=: wXp .... vJv ""~'
?
("' l
, .\\
i::J.."v 1\\()Ù,TOUS,
~eOVT\\.<rT'S Nu. 266, 414, Xen., Conv. 6.6, Mem•
._-"
--
4.7.6., Plat.,~ 18b, r-E:e ... t-""ÎT{~
Eur., Med. 1226,
existent , de même que leurs dérivés respectifs. Mais il
357
n'y a que le composé plaisant d'Aristophane avec le sens
de "penseurs minutieux" ou
\\(:~I..\\'II,\\To(~ Ka(~ tLOV'ï\\.qoTo(~.
Notons que le suffixe - T,\\5,
- T«l!> (le thème du
masculin étant en ~) a une fonction classificatrice (178).
Le composé plaisant du même type paraIt r-~TE:W~o...otI.ItTCld.
(~ 360), auquel,s'apparentent l:"""'TE:W{ot~Vcl'KE:~ (ib.
333),
~E::.TE:W~OÂE:q-)(,\\~ (fr. 396) que Taillardat (in 898
p. 505)
définit comme "des métaphores réalisées".
7 A)..,oL.~~Vol..S a ici le sens de "charlatans", cf. Cratin.,
fr.
380 et non pas le sens propre de "vagabonds"
qu'on a
dans Alcée (fr.
31)
(179).
,
tV
,
1
Quant à WX~l..w"''''al.S, forme participiale de WXfl.ol.w
,
1
,
il correspond
=
à "être pâle, blême", Gr. 307,
UlXfoe.w
Com.
Adesp.
342,
cf.
Hp.,~. 17. Il est l'équivalent
de &, xeJ~
"devenir jaune ou pâle"
(~. 11.529). Il
s'agit donc d'une métaphore médicale, certes, mais d'une
expression courante (180),
somme toute •
•
'
(;.1
Enfln,
0<.'1/'-' troû"l'ovS
est un mot usuel
(Epich.
108,
Lysias 32.16)
qui signifie "nu-pieds" dit des philosophes
et des Spartiates.
Le contenu de leur enseignement
Le peuple athénien réagit contre le contenu de l'ensei-
gnement des sophistes qui se caractérise, à en croire
Aristophane, par la YVuJ\\,,-oÂor[o<..
(Plat., Phdr.
267 c),
ou "l'action de parler par sentences", mieux "le style
sentencieux",et la TE:e"'TOA()O~al(Isoc. 15.285) ou "la
hâblerie".
358
La pensée grecque, mere de la dialectique, à n'en pas
douter, a précocement fonctionné à l'aide d'antithèses (181).
Car, de même que l'éthique sociale a fourni les siennes,
?
f\\
1
1
en opposant les bons aux mauvais (o(.'YQl..Oo~ / Kol-'<'Ol" ) ,
,
n'l'
,
U
1
~
l' honorable au honteux (f=r:s'OAfNj cC.1.<:rXf0V' ), de meme la
pensée philosophique en avait fait autant, opposant ainsi
l'être au para!tre (",tV'o<.c../~OKE:L'V), la vérité à
l'opinion (ck1~~E:I...d./~~~lX), le fait à la parole (~foOV/
Â60o~,), le juste à l'injuste (~~\\I(o{\\"OS/g[~\\'KCS)...
Or, si les sophistes sont loin de s'être faits les porte-
paroles de la critique philosophique,
ils n'ont pas moins
été au contraire les exploitants de ce qui en pouvait
avoir une portée pratique,
parce qu'ils sont avant tout
des praticiens tournés vers les problèmes concrets de l'homme
et des relations humaines. Or, par ailleurs, fournir
surtout les outils de toute critique et de toute justifica-
tion,
- ce qui appara!t a posteriori audacieux et fécond -
apparaissait dangereux et condamnable au grand nombre.
D'où les réactions. Car le sophiste, que Platon quali-
fie de marchand, fabrique les sciences qu'il vend (182).
Autrement dit, c'est un inventeur qui ne méprise pas les
inventions pratiques, au nombre desquelles il faut encore
ranger l'art d'énoncer des maximes (1 l"wr-oÂo~)
et les
inventions mensongères (c(.t TE:~o(TOÂ0oCcl.Ù, entendons la
technique et l'habileté, les deux piliers de l'enseignement
des sophistes, mises au service de toutes les causes.
C'est d'abord leur style sentencieux.
La dialectique des sophistes est une technique de raisonne-
ment dont les éléments sont vraisemblablement empruntés à
des pratiques diverses, et non pas une doctrine originale
et autonome. En un mot,
les sophistes étaient considérés
comme des fabricants de sentences au service d'une philoso-
phie déjà donnée,
la conviction philosophique de l'impossi-
bilité d'accéder à une autre vérité qu'à la vérité d'opinion,
étant entendu que chaque opinion (~~~«) n'est vraie que
J)~
pour celui qui l'a formée et communicable uniquement par
persuasion. Voilà pourquoi ils professaient qu'il était
possible de persuader de n'importe quoi et de son
contraire.
C'est donc une dialectique polémique, par ce qu'elle
vise à anéantir l'adversaire,
à
le confondre plutôt qu'à
l~ convaincre en démontrant l'impossibilité qu'il a de
défendre la thèse qu'il soutient, en particulier par de
fréquents recours à la réduction par l'absurde.
C'est pourquoi Aristophane persifle ces sophistes a
1
travers une série accumulative de formes en -
\\.. KaS
(Cav. 1375 sqq.) qui se suivent immédiatement et qui pré-
sentent une similitude de structure grammaticale, comme il
en existe souvent chez Aristophane, et où la répétition
1
du suffixe - ~kOS favorise l'allitération
à savoir,
1
1
1
(
~V "€;fn .. l<.o~/ l'rE: ~olVTo..I<.OS, O'/""'t"0TV lT l..l(oS / K, oV ~TL \\(0 5,
'Aot""~'X,,\\n"i\\'I(~S/ ~O\\V~1'LI;(.o';f.
Il s'agit, en effet, d'accumulations savamment orga-
nisées et artistiquement travaillées (183), dont, par
exemple :
... <rTWltvA.~o<:rv1ÀE.'o<.T~~,I.··fo(Kl..Oq-~ffQcrrT"~b1
(8:... 841 sq.), où la répétition du suffixe -o(~1 instaure
l'allitération.
Vo(.V()~v"'t~
dl
,<:.
:J
(
("CV
) q"l "eO(J""'/ o(lTOK"~~t""oI.To{) r-1Xo<V"o OLTo(S
Ob.
790).
360
- les accumulations des é1dJcctifs
Ach.
390
Gr.
1014
ib. 826
- enfin,
les formes verbales au présent de
l'indicatif dans un passage des Thesmophories (53 sqq.)
K~~lïTE:l. b~ ." IT~ Cbé ~o~",=6e\\..lT~ ~é. \\o<oJ..;'O-
~G:~E:~ llo<.Ol~ OVvJtOTU'rr"=~ Kà{VTOV0r-t<.~E:'" 1Ko(,L •••
,
Ces adjectifs en - \\,,\\AoS, pures ,créations
rr~f~ Tr(o<:r_
~Olo<. Lol~
tels que o;rvvé f Tl-I.<O.5>/ <ruv'G:{'Io(T\\.\\.(.OS, êlO ev-
Pl", '\\'- 'o<.OV
,ou premiers emplois littéraires d' adjecti fs
\\-
'
1
"techniques" de philosophes ('TT"Iè{....V'T\\.K05, ÛVwt'"oTU't'!"\\.,KOS,
1o<.~()uq-\\\\..\\o<..~S' '.(o(Tc,(J."\\Tt"I\\..\\<.6S, Goev ~"rr\\.l.<ov )
ont une signification d'aptitude dérivée du sens d'apparte-
nance.
,
Originellement, en effet,
le suffixe - l.<.u,S, habituelle-
,
ment - v - \\<.oS , appartenait au vocabulaire de la pensée
scientifique et de la recherche philosophique; en d'autres
termes, ce suffixe servait à former des mots savants
Il
y aurait donc une certaine incongruité en l'accolant a des
termes populaires, entendons des mots qui désignent les
choses ordinaires de la vie quotidienne; en un mot,
les
termes familiers ••• Or, nous sommes dans le monde comique.
C'est donc à dessein qu'Aristophane a non seulement multi-
1
plié ces mots en - \\AoS, mais créé surtout des hapax comiques
de dérivation dans le but de ridiculiser le langage de la
Jeunesse dorée athénienne de l'époque et des individus de
l'acabit de Phéax, fils d'Erasistratus (Neil,
n.
du v. 1377,
p. 180). Ceux-ci, en effet, affectionnant de pareils termes
et expressions à cause de leur résonnance érudite, se plai-
saient à les employer à volonté et indistinctement (184).
361
Dans ce passage des Cavaliers qui persifle le style
des sophistes et également des philosophes et par voie
de conséquence leurs imitateurs, D~mos rapporte les propos
des petits jeunes gens qui bavardent au marché aux parfums
en vantant les mérites de Phéax,
brillant élève des
sophistes :
"Quel talent que ce Phéax
et qu'il eut de
l'esprit de ne pas mourir
Comme il est habile
à argumenter et à conclure ! A forger des
sentences ! Comme il est clair ! Habile à char-
mer, à hypnotiser mieux qu'un autre habile
interrupteur".
<:.
-
"
1
c.. ÙVE:.R it<.. T\\.'.~.oS glose comme" <;fVVIê:(''T''lI\\oS'', non attesté
par ailleurs,
il est compris "qui encharne facilement ses
arguments"
(q-v VE:.L e", ), d'où "à la parole facile", selon
d'autr,es,
"dont les raisonnements sont pressants"
(CfVV~~OuJ,
If\\JVE:l. er->J ).
Etablissement du texte
,
<1\\J\\I~~'T\\'~O,5 <."
~
Ald.
f'=v~T\\.--"<'Ô5
S (SA
n€: ça{vT\\- J5
'0(.
C'est le premier emploi littéraire d'un adjectif
"technique" de philosophes qui signifie "habile à conclure".
On relève, en effet, dans Bekk.,Anecd.
(P. 60 Il ap.
362
Jungius s.u.)
l'explication suivante:
,
1
}
G \\
T\\E:.ec(."1"\\..."'~S ~i:w\\' ri:; Tt"~fc(~ TO~S Ao Oo\\"5 ",nI.."Tl. €; .... s,
~" ïd.~S ~lTO~E:I.'5E: ~\\... <DL~ ~~v~ t'vI ?..60'""''''·
Ce mot rappelle
'{"VÂAOO\\"IrY\\,,~()$(Arist. , APr. 4-2a36 ••• ),
1
puisqU'appliqué à un raisonnement, Tr~fo(l"V'=.I..V
a le sens
de "conclure,
inférer,
induire"
(ib. 4-1 a 23).
1
D' autre part,
comme
Tt"E: eoC\\..IIE:-1.. V a
une signi f ication
obscène analogique avec celle de
~\\"v€:~v (Artem. 1.80,
D.L.
2.
127
, Com. Adesp.
14-, A.P.
Il.
339),
il se peut
.
'---7
qu'on ait aussi dans
TrE:'ot.VYl. \\<.os> une connotation obscène.
On relève,
par ailleurs,beaucoup de composés en - rrE:-~~V~
(ap.
Kr.,
p.
638)
avec une préposition comme premier terme
•
"
"
.>
1
exprimant l'Idee d' achevement,
dont,
par exemple, E.\\<. TrE: ell(\\..Vw
"conduire à terme, accomplir,
achever,
terminer",
Eschl.,
U.
2
78 N
, Eur., H.F.
4-28
.- ~h.. otrrE:\\odvvJ
"mener à terme",
Eur., Andr.
333.
rVwr-0 ',__.)'t'n.. \\<6S
1
Hapax de dérivation tiré de l ' aqjecti f
"'(V
r-
v.)
0 i'vtrOS
(.,..& ""Tw) sig nif i a nt" qui for g e des sen t e nces, sen t e ncie u x " ,
Nu. 952, g. 877. D'où le verbe dénominatif Ovw\\:"c""V'Trf:;'\\;V
"forger des sentences"
(Thesm.
55),
forme qui rappelle
les verbesr-~'Âo,v'trE:'(:'V (Eschl., Ag. 1153) et 6VW\\:"OAOOE:-'è'v,
terme classique,
cité dans Arist.,
Rh.
1394- a 21,
Rh.
Al.
14-39 a 3.
r"vJ\\:"OTV'tn.. 't<..o's
se comprenant "habile à forger des
sentences",
il y aurait donc,
semble...;t-il,
écho sémantique
, ....
l
"
C
1
l\\ot.e v'tro'lo.... oI.." a YlI'wrov\\..w"".,.,S(Cratin., fr. 307) qui a
le sens de "amateur de sentences".
Cette dernière forme rappelle d'autres formations du
même type
363
KOÀÂO~O~~~~"S(Schol. Nu. 347), nom comique donné
à un débauché grossier (cinaedorum captator) .- K\\ll<SO-
~~~~T,,\\~
"Court-après-la-fumée (ou le fumet)
des viandes",nom donné à un rat dans la Batrachomyomachie
234.
,
Il faut
noter l'emploi de composés en -
(0)
- Tv'IToS
,
~
du meme type que lVv.Jr-0'ïl..ltros. (185),
soit paroxytoniques
XIi:.'-- t"WvoTJlTOS"qui fouette avec le vent ou la pluie
?
,
d'orage",
(Eschl.,
Supp.
34), O~Q~v,,"'OS "qui bat le
flanc d'une montagne"
(Eschl.,
Se"pt.
85),
soit proparoxy-
tonique
X\\V"S'"~Tl..ltto.s"fait d'or battu" (Eur., El. 410).
1
C'est,
comme
'({"E:~O(:"'~'-<.o~ , le premier emploi litté-
raire d'un terme "technique" des philosophes dit figurément
ici d'un rhéteur ou d'un sophiste.
Il est porteur du sens
de "frappant,
impressionnant".
lIsera repr is plus tard
par Lucien
(Dem.
Enc.
32).
Cette acception se retrouve
rv
dans
K~oV<n...V'
"artifice oratoire,
chicanerie" (Nu.
318).
Il se pourrait,
à en croire Jungius (s.u.), qu'il Y
,
1
ait ici aussi un sens obscene comme dans Ke~vuJ
(A.F.
990
sqq.).
L'explication suivante
(ap.
Bekk.,
Anecd.,
p.101.26
in Jungius,
ib.,
p.
201)
semble le sous-entendre:
'\\
'\\
<V
"
t'V
fi
,
KoI.\\..
~ol\\ol \\0\\.1 ~oI.K'=-~t~IO\\J ËV' '1\\ <;fV/V,,\\U€:\\..~
' N
N
:>
rv
rl
1 0
\\!C..,ov<t"o(,\\..
~"'L. To<.L. ,o{\\f'r\\.
IO\\.J
q-UaOE:'\\f€:<r 1;]o(\\....
l
'"
Enfin,
K\\OV<rT\\..KO~ apparalt comme second terme dans
un certain nombre de composés comportant une préposition
comme premier tefme
(186),
dont,
par exemple, 1Toleo(~~OVI.rT\\..~6s
= i\\ol.~o(KO"lïT\\.Io<.()5"qui frappe l'esprit, qui trouble la
raison"
(Hp.,
Prorrh.
1.11)
.- 1r~()CS"K\\OV~I~\\<.~5"choquant,
offensant"
(Scho1.
Ach.
316).
364
Premier emploi littéraire d'un terme philosophique,
il signifie "apte à retenir" • C'est un mot auquel se
rattache
\\.<.ol.,..JA"\\'\\J\\.V(ti~ 31B,cf. Huc. 3.33) pris figu-
rément avec le sens de "prise, assaut).
80\\\\1 ~"\\T.... ~00
Hapax de dérivation forgé
sur eo~v~~vJ "faire
du bruit, vociférer", dit spécialement des foules,
des
assemblées (Hp., Ep.12, Ar., Cayo 666, Gu. 622),
il se
traduit "tapageur, turbulent", mieux "habile interrupteur".
Il est fort probable que Socrate ait hérité de la
sophistique l'outil dialectique, c'est-à-dire cet art de
conduire un raisonnement de façon méthodique, qui devait
lui servir plus tard pour atteindre, d'accord avec l'inter~
locuteur, ce qu'il tenait pour la vérité, et aussi une
confiance illimitée dans l'intelligence humaine.
Dans ces conditions, on s'expliquerait assez aisément
qu'Aristophane et les autres comiques aient pu considérer
Socrate et ses intimes comme des sophistes. Or , le dialo-
gue socratique, mis au service non plus de la virtuosité
ou de l'intérêt personnels, mais de l'âme, vise à découvrir
les vérités qui éclairent l'âme et la nourrissent. Par
conséquent, représenter Socrate comme l'homme du Raisonne-
ment Injuste (::>(A.~\\..\\AOS /\\60°5> ), c'est-à-dire des
tendances nouvelles, en face de l'éducation traditionnelle
incarnée dans le Raisonnement Juste (I1~Ko(,\\.oS f\\~OQ5 )
n'a rien qui puisse étonner ni indigner, surtout chez un
poète comique comme Aristophane.
Aussi s'en prend-il à leurs argumentations captieuses
\\"
'1
1
(ol.\\..
TE::eo(TO "~~\\.ol.,,).
365
Les sophistes sont avant tout les martres dans l'art
de la parole, des techniciens de la parole, à laquelle
ils ont fait faire des progrès qu'il serait aussi absurde
qu'injuste de méconna!tre. Mais à leurs yeux, le Logos
- du reste puissance qU'ils manient à leur gré - est l'une
des techniques auxquelles ils s'intéressent vivement, une
technique qui doit avoir un rendement dans la vie pratique.
Or, parler utilement, c'est convaincre, c'est soutenir
une thèse, et le procédé technique est d'autant meilleur
qu'il permet de défendre une cause en apparence plus déses-
pérée. L'avocat formé par le sophiste innocentera le cri-
minel et confrondra l'innocent (~. 113 sqq.). Autrement
dit, la cause la plus mauvaise (ib. 244.sqq., 882 sqq. 936)
est celle qui lui plaira le plus, puisque son art y éclate
avec plus de perfection (ib. 1105 sqq., 1114 sqq.).
D'où l'avalanche des mots (187)
(Nu. 316 sqq.) employés
par Socrate qui définissent les fonctions des Nuées à
Strepsiade : TE:~cl..TE:.~.,(" l "E:~~~e-~\\..v, Kf0û'cTl...") \\<.c(.I4.A1.'f LV )
qui ont une connotation dépréciative.
En effet,
1
TéfO(IE:t..D<:.v'
désigne "le récit d'histoires merveilleuses
et invraisemblables"
(Isoc. 12.1) et fait donc allusion
à la hâblerie des sophistes.
1I"'e~1f~I.V est un hapax de dérivation qui signifie
1
"langage verbeux", une forme qui rappelle l'hapax rr~e~~~J~lV
(Hermipp., fr. 92).
C'est un substantif verbal en -~\\..S exprimant l'action
ou l'état formé sur le même modèle que
rv v«~ Kt.. \\;1'"\\- S
"action de se déguiser en femme,
travestissement de femme"
(Thesm. 863), dérivé du verbe
"ovve.<.,- K~ )E:LV "agir comme
une femme" (Hp., Aër. 22, Ar., Thesm. 258),
6<rrcl tV~L::>
( Gu. 558), Âci tw ~ \\.. ;. (.Q.. 29 l ) •
366
Comme composés en .!.. A<:::~"'~
(ap. B.P., p. 603) avec
une préposition comme premier terme, on peut citer ~~~-
1~~I..v'
(Nu.
317), à.V'I~Â"'~I..S (Hp., Decent. 12).
( V
~eov ~,-v'
On a ici le sens figuré de
1
KfOVf:~"
"frapper les
mots les uns contre les autres,
les choquer"
qui semble
avoir été usuel dans la Sophistique (188). En effet,
K~OVcr-I..S désigne proprement "l'action de heurter" (Epicur.,
Nat. Herc. 1431.16, Plu., Aem. 32), mais métaphoriquement
"l'artifice oratoire, la chicanerie". Comme en témoignent
les explications suivantes
Phot.
\\\\(Jl,.f QÂo "('- <:t' t-~S>
Hesych. K 4238
t'V
•
\\
\\
~\\OV~I..S
,,,\\V'
"(05
,
:> c..
'S"rc ~'- \\1
0(.\\1 TI.. \\ el cr\\... V
rv
Par conséquent,
\\o(.,ov<:t'\\..oV paraIt traduire l'image
du mot-projectile.
Soulignons que l'élève du sophiste étant un roue
de la parole ('e~tt~)' i l va san~ 1 dire que la métaphore
plaisante
~T~OOOVÂ.o'-'::> ToeS f1tolq,-" (Ach. 686, cf.
T 502, 798) est appliquée
trol.( bTf6"ol..oN à son style.
~OCï~?.'1~
C'est un mot qui désigne proprement "l'occupation"
en parlant d'un royaume (Isoc. 9. 69, Dem. 19.21), mais
qui rep~ésente figurément ici "la prise, l'assaut". Entendons
367
"l'action de saIsIr,par l'intelligence,
la conception,
la
compréhension"
(Zénon le Sophiste 1.10,
Luc., 'par.4),
c'est-à-dire "l'art d'empaumer".
Donc,
emploi littéraire d'une expression "technique"
de philosophie.
Strepsiade dans les Nuées ne désire-t-il
pas ardemment
A
,
l
,
et r e
E:ù r" <rI.. lOirr "\\ S
( Nu.
447),
c' est - a - d ire "ver b eux"
(verbosus)
ou "bavard"
(loquax),
alors que le Raisonnement
Injuste projette "d'anéantir" le Raisonnement :Juste par
ce qu'il appelle
r't"-cl..T~o\\"(n." \\1<..0(\\,.\\10(:5 Ob. 943), c'est-
à-dire de petites phrases et des idées nouvelles.
Platon,
on le sait,
exprime la même idée dans le Théétète
(180 A).
E0~'l<i"1. €: tt{S
proprement c'est "qui trouve les mots,
qui a la parole facile"
(Pi.
01.
9.80).
Il
s'apparente du
point de vue morphologique à E.0pE:<>~V.c<.I.<Q5 (Schol. Med. 407),
,
l ')
\\
E:.V\\~q"'-A()OOSterme récent qu'on trouve pour la première fois
dans un papyrus du IVe siècle (p.
C.),
POXy 71
i
9,
cf.
PHasp.
153.32
(VIe siècle p.C.),
et dont la variante est
E.~e"\\\\l'~?()OO~ (Cornelius le Philosophe, N.D. 31, D.L. 4.37)
Eù~E:~1. IE:X'IOS (Orph., ..!:!..=. 32.14).
,
,
1 c...
A
On den ombre quelques composes en - E.'tf"\\;;>
du meme modèle
:
Cob
1
'\\ v E:. t't"\\ S
" au do u x par 1er,
au do u x la n gag e " , Il.
1. 248,
Pi.,
N.7.21 cf.
A.P.
9.525.8 et plus spécifiquement "au doux
langage",
dit de la lyre Pi.,
01.
10 (11).93, 'd'un chant
Pi.,
N.
1.4, Soph.,
O.T.
151.
Employé au féminin pluriel
poétique,
il est appliqué aux Muses Olympiennes dans Hes.,
Theog.
965,
1021.
Ko(~~I.E:tT'5 "qui parle bien, à la parole agréable",
Thesm.
49
(dit d'Agathon),
60,
Epigr.
Adesp.
497.
368
Rappelons que dans Trophonius, pièce dont il ne reste
,
que des fragments, Cratinos plaisante des oe.~Oveo \\'<'OlT\\..q'-
T,~~ Â1",,'/(!E..: 226).
La caricature de la culture de fraîche date
Cette peinture caricaturale donne une vision globale
des invectives aristophaniennes disséminées tant dans les
Nuées que dans les Guêpes où sont persiflés les sophistes
et les nouvelles modes de l'époque, bien que chaque pièce
repose sur un thème précis.
En effet, si les Nuées mettent en scène les sophistes,
les Guêpes l'organisation judiciaire (1-1121), en revanche,
les Acharniens sont un plaidoyer pour la paix,
les Cavaliers
one attaque acerbe contre Cléon et les démagogues, tandis
que Lysistrata et l'~~~~blée des Fem~~s ridiculisent les
femmes qui se donnent pour novatrices.
La nouvelle sorte d'éducation se définit ainsi par le
raffinement de l'esprit et l'apprêt du langage aiguisé
cultivés tant par l'homme de société que par la société
élégante elle-même à l'instigation des sophistes.
Le raffinement de l'esprit
Les Banqueteurs (6oi\\.To(Âe:t~, une satire des moeurs
nouvelles datant de l'an 427, qui résultait du contraste
entre deux frères "l'un docile à la discipline paternelle,
l'autre épris de nouveautés, sectateur, et adepte des sophis-
tes, beau parleur, sycophante et débauché"
(M. Croiset,
~, p. 48), avaient déjà mis en relief ce qu'Aristophane
détestait surtout chez la jeunesse contemporaine, la chicane
}(,')
et l'oisiveté (fr. 198), mis en scene la perversion
morale, que le poète comique donne pour la synthèse
d'un ensemble de tendances en passe de corrompre le
naturel athénien.
Nous constatons, en effet, que dans ce fragment
qui met en présence le père et le fils,
le jeune novateur,
disciple des nouveaux maîtres (189) se sert des mots à la
mode qu'il s'avise pourtant d'attribuer à son propre génie
au grand étonnement de son père. Car, il y a, semble-t-il,
(
un faisceau de coincidences (190)
: q-0e~:t?,,\\
"vieux
sarcophage" , surnom d'un vieillard décrépi, est la marque
de Lysistratos, un démogogue en faveur
j
,-<<<Ta( TT~l.o1Q'"E:1..
celle des rhéteurs
j
&"OI,«.e:[ .."'To(l..
celle d'Alcibiade,
,
...,
:>
f'lrv
le chef de la jeunesse doree de ce temps ; K«AO\\.(.o(Ocl..O~I...V
a été emprunté à Thrasymaque ou à quelqu'un du même acabit.
En outre, il est révélé qu'en négligeant l'étude
d'Homère (fr. 222) et en ignorant les vieux poètes nationaux
tels qu'Alcée ou Anacréon, ce fils est passé maître en
chicane (fr
223).
Le même mauvais sujet, ailleurs (!r.. 221), sait
jouer de la lyre et s'y complaît, mais la musique
qu'il
aime, c'est évidemment celle du jour.
Point n'est besoin de dire que ces expressions récemment
inventées et de surcroît affectées telles que les orateurs
et les sophistes les employaient sont évidemment considérées
comme une sorte de langage raffiné'et artificiel comparable
à la fonte et à la forge du bronze (fr. 699).
L'apprêt du langage
Il s'agit de la parodie de l'élégance et du caractère
artificiel du langage et du style, d'une part, des sophistes,
370
et d'autre part, de la société élégante (son éthique et
ses composantes).
Ces critiques sont mises en relief
- soit par des hapax
f\\~ <!"vJ tn..~~v) ~~O~Tc::.\\,\\"'\\..-\\<~5) '5E:~"""1T~ \\I<.::;)S) t:~-
1
f\\
1
fV
o<.~",\\ï'-~OS, "vt'"0~ot~"'WTo(ToV1 \\'<"0r-tE:uP~tr~lI<uJS,
1
C
~
\\ ,
"ov f->u ..T~ 11<.0'1/) -rro(~ \\)() T\\~~~ \\1<.. W S ) ira( (' 0 \\." ~ II<. vJ Tel To S )
\\\\o').~\\:"o Aol. \\"",jXc(\\; ~~v 1tr~o t"l~\\"\\(Ws. 1lt"l"f«'T"I aL \\(..:J's ,
Te'- f-l w ,,'- 1.<. w~'.
- soit par les premiers emplois de termes destinés
à devenir "courants".
, C ,
. . '
,1'\\
t'V'.. 1
ol"O~\\.l.<.vJT~T()"
et asslmlles, ol.Vr:J ~ trI" K~") 0( (XoI. ~ ~ }
1E:VV" I.<.W T«To"
OVlVol~T\\"lI<.vJ ~, E:V~«\\.t'-0V"II<.W.s,
J
, 1 \\
N
1\\
l '
' Î '
rv
€;v"\\.t)\\,\\I(w5,
Uw'tt"\\.l.<.ol.. .... )
I.<.O(II'T .... A..0gL.KOS, ~oI.OE:L.e"Kw5)
l
,/,
1 "
'
~"l\\O,,'-'\\(,QS 1 v€'o(V\\,l,<vJTo('Iov
et assimiles
"cv ~v<r'T'-\\o(,~ 5 ,~v t Ire TL. \\< ~S ~r:I.. ~ '3 u Vov ~\\, 01. <rT \\. K 65 )
rr}E;q-~vT"""'O~ )
2.0~ol.\\\\" \\\\,\\<oV' , XE:L.\\OTEXVd.(W-
lolTOV's.
Le poète comique s'attaque aux sophistes à travers
Socrate considéré à dessein comme le représentant de la
sophistique. D'où l'inventaire des termes suivants qui
font partie de leur vocabulaire.
~()v\\.v:.ds
Cet adjecti f employé dans Nu. 483 est opposé à
~ V1-
r- w "
(i~ 414). 0 nI' are ncon t r é pou rIa pre mi ère
fois dans Cratinos (fr. 154) avec son sens littéraire
"qui a une bonne mémoire"
en parlant de personnes. C'est
un mot du vocabulaire psychologique comprenant généralement
"qui ~oncerne la mémoire". D'où l'expression T~ r-V,,\\~OV\\.\\o(.6\\1
= \\,,-,If,\\\\:,-,,\\
"mémoire", Xen., Oec. 9.11 cf. Arist., Top.
159 b 29.
371
Strepsiade se met à l'école des sophistes et donc
fait partie en quelque sorte des intimes de Socrate.
C'est pourquoi, à l'instigation du coryphée
(ib. 476),
Socrate qui va dispenser à Strepsiade les premiers rudi-
ments de son enseignement s'avise de lui poser la question
'1'
,
1"
suivante:
"As-tu bonne mémoire ?" (" ~v~r-0V\\"lA.o5 E:L;),
en usant pour les
besoins de la cause d'un ajectif en
1
-
"'''''051
dans l'intention de faire de son personnage un
sophiste.
Le préalable laisse présager que Strepsiade aura beau-
coup de choses à apprendre (si du moins l'on se réfère aux
vers 658 sqq.), dont,
par exemple, la faculté de discerner
parmi les animaux
ceux qui sont proprement masculins.
Or, nous savons qu'auparavant
(ib. 414 sqq.)
le
coryphée avait exhorté Strepsiade a "avoir bonne mémoire"
1
( r-V'1 r-w'l) s'il voulait apprendre ses Nuées la grande
sagesse; par conséquent, rien d'étonnant à ce que le
campagnard qui n'est même pas encore le sophiste en herbe,
1
en guise de réponse, emploie le mot courant
r-"i ~w"
(lb. 484, cf. Od. 21.95, Esch1., !:!:. 789), qui semble
révéler qu'il n'est pas encore atteint par la contagion
sophiste.
C'est-à-dire "être habile à frustrer", mieux "avoir
une idée frustratoire",
qualité que Socrate exige de
son nouvel élève qui vient d'être admis au "pensoir"
(lb. 486 sqq.).
La même idée est reprise par l'expression utilisée
fièrement par Strepsiade lorsqu'il eut trouvé un moyen de
.
1)1
1
1 : )
1
frauder: EXwV To\\.<oV
(ÇV'Wl-'-i" ol..\\TO~T~f,1"L\\(1V
J 7?
(ib. 747), qui a la même signification que
'u-.,,"()q-\\ef1\\~~~0{ (lb. 730) :
"[Hélas!] qui
jettera donc sur moi (sc.
Strepsiade) des peaux d'''ânon'' dont je puisse
tirer une idée frustratrice"
(191).
')
1 ('
0{ lTO"'TE~, ' \\ \\. i)o( j
~n~"'\\E;\\î\\l.~o( Ald.
On retrouve dans la traduction "ânon" (= ah
! non ! ..• )
')
l
,
tVl\\.
l'écho du jeu de mots
él~V'o{~\\'5
"peau d'agneau" / o((\\/E:\\.~Uo(\\,
"nier".
1
D'autre part, la répétition des finales en - t~vJV/
- ~~~ , du reste séries accumulatives , favorise l'alli-
tération.
Souligons aussi qu'en tant qu'ignorant Strepsiade
n'osait pas encore employer comme son maître une forme es
- Lyc..~.s, dont l'utilisation n'est réservée qu'aux gens
lettrés. Il apparaît dans ce passage que Strepsiade consi-
,
"
le
dere
,Vwt,'" o(no~TE:~,\\''''~\\.ùol. comme une belle jeune
femme prenant forme dans ses étreintes sous les couvertures.
En d'autres termes, cette personnification est permise
par l'emploi du suffixe féminin du nom dlagent,~"'rrO""ïE:;P,\\ï~E,
,
;1
1
\\
(Plat., Rep.
344 b, Com. Adesp. 109), o(TTOI3'""\\E:~'rreI..S
étant l' adjecti f féminin apparenté à ~:lToq-TE: tr::.~V (~
487). Dans ces conditions,
il est fort possible que
l'expression annonce le vers 734 de coloration scatologique.
Mais, à en croire Dover (Ar., Clouds, n. de vv. 729 sq.
p. 190), ~noq-\\E::.e'\\\\eLbo{ n'est pas la seule manière
possible de former un féminin correspondant à ~tt()"'TE:\\'\\'1S,
ni le seul adjectif féminin possible apparenté à ~tT()q-.,..E:. ee:'r.",
373
)
1
Somme toute, oI.TI"Oq"T~\\",'\\..I,(OS qui, au plan de la
structure morphologique,
peut être rapproché des huit
adjectifs cités déjà (Cav.
1378 sqq.)
ou de \\->c(~\\,q",\\.. \\1<..~5
(Gr. 128), a, comme eux, une valeur classificatrice.
Enfin, il n'est guère surprenant de constater que
Strepsiade qui fut un cas désespéré fut naturellement
remercié par Socrate (Nu. 789 sqq.) et se fait remplacer
par son fils Phidippide (ib.
794 sqq.),
qui devient ainsi
élève des sophistes malgré lui. Or donc, celui-ci a
certes cédé aux injonctions de son père à son corps
défendant, mais il refuse d'employer les substantifs
,
en - \\,""o~, ne serait-ce qu'une fois. C'est pourquoi,
lorsque son père qui garde encore le souvenir de son
passage au "Pensoir"
réprouve sa folie et lui révèle que
"d'
,
d
d
rb
rv
/
• •
1
ses l
ees sont passees
e mo e : \\ F0Y'(;;\\, ~
oI..rxol. 1.. ~c<.
(~. 821) , Phidippide usera de l'adjectif
~fXo<.ê'oS
(lb. 1469) et non pas de
6c.exo<i.:Ko'S
(cf. Eup., fr.
139)
dans les circonstances identiques. Comme,
par exemple,
dans le débat entre le Raisonnement Juste et Injuste
(ib. 915, 984), dans le dialogue entre Strepsiade et
Phidippide (ib. 1357)
(192),
dans les propos de Philocléon
(~. 1336) et de Chrémyle (Pl. 323).
, f\\
• •
1
1-\\ ~Xo(.\\..lI<.oS
qui signifie "démodé" dans ses manières
(193)
est, en fait,
un mot bien connu (Phryn., fr.
28,
passage altéré par interpolation) et n'est donc pas une
création du poète comique.
I l faut remarquer toutefois que Strepsiade aura appris
à jurer par le Brouillard (ib. 814) et par l'Air (ib. 667).
-
-
I l sait que Tourbillon règne à la place de Zeus (ib. 828).
)~01.. e",\\"'-\\..'«.~ s (Nu. 1172)
"E~ ~,,"oS existe (Nu. 1230, Antiphane le Comique,
fr.
5.51,
Andoc. 1.12), mais 'X;
1
'"' ,o(\\'I/,TI..I,(OS est une
374
création d'Aristophane porteuse du sens de "apte à nier".
')
1')
1
En revanche, 1..<.al.VT\\-A0't\\.-\\.<OS
Ob. 1173) paraît
être un premier emploi littéraire d'un mot de la Rhéto-
,
rique ou de la Sophistique avec le sens de "apte a
contredire"
(Isoc. 15.48, Ph. 1.112).
Ces deux adjectifs montrent que Strepsiade commence
à s'adapter à sa nouvelle vie de sophiste. C'est par ces
termes, en effet, qu'il accueille tout comblé son fils
qui revient d'assister au débat entre le CS~ K-cX 1.. 0 s A~/(o~
,1 C
'1 1
V
et l' oI..O\\...KOS Ao'Où5
• Strepsiade est d'autant plus
soulagé que ce fils,
espère-t-il, a été bien instruit
')1 ("
'")
,
par l'
01.. i)\\... ",oS
/\\.°0°51
,
Soulignons que, comme les adjectifs en -
LKoS dont
elles sont généralement dérivées,
les formations adverbia-
rv
;>
{\\
rv
les en -
\\-""vJS..:, dont, par exemple'~\\l\\..KW.s (N~. 1258),
""ottEv~\\..TrI..\\(w5(Cav. 18) moquent aussi le langage
apprêté du Ve siècle.
E0'~I..K-;;Js relève simpleme~t d'un emploi recherché.
Comme, par exemple, I.<.ol~'ï~~\\.-K.o.s "persévérant" (Amips.,
.fr. 9 ,du Connos, cf.
Isoc. 8.109) employé au lieu de K-O(.~_
\\~ eo5
dont le sens premier est "fort,
ferme,
solide"
(Il. 5.592, 13.316, Ar., Gr. 464), épithète que ses
-
-
camarades penseurs ( t~ÛV\\\\...<;I"Tod) qui composent le choeur
de la pièce représentée en l'an 423 appliquent à Socrate
lorsqu'il fait son apparition. La même idée,
notons-le,
est exprimée dans Xénophon (Mem. 1.2.1.). Dans cette comé-
die, en effet, Socrate est présenté dans son
I~ ~ ï->wv'
"manteau grossier", soit comme un acteur,
soit comme un
coryphée.
kor-t E:v fI.. T\\\\...~ ~5, c' est-à-d i re
f'J
\\
11<0 ~'t'wS ~,,(\\...
l\\""'S\\.- 'l.<.W S ' se comprend "avec une élégance digne
375
d'Euripide",
fait
allusion en mauvaise part aux subti-
lités d'Euripide.
Il Y aurait donc abrègement pour "'or-tE:Vfv1TI./t)l.)Io<~S
disent les dictionnaires.
En somme,
une syncope qui
rappelle des abrègements du même modèle:
à savoir,
~\\"'fOf<::~5(Eur., Cyc. 327, Hd;. 4.163, Ar., Nu. 1203,
Pl. 807,
frr.
299,593)
pour olf-~l.t()\\t0S'- Q'VvJ t'\\..-
~\\.-~I.<.T,,\\S
(Cratès,
fr~ 155) pour OVvJt"\\.~\\...o S\\"'\\~J\\("~S,
Cette syncope serait due aux nécessités métriques.
Mais dans
\\<.0t"f<::Vel.-n"'KWsne peut-on s~~pçonner une faute
"voulue",
en raison,
par exemple,
de E.Ve"1\\05
signifiant
"ventilateur"
(Cal.
10.
649) ou "être versatile"
(Poll.
6.121,
Eschin.
3.90,
Arist.,
E.N.
1167 b 7)
?
Enfin,
un hapax,
qui a une valeur caractérisante ou
spécifiante comme \\t"OA~q'''''OÂolj-'-''lXo(~K~''(Ach. 1080) etX€:\\..fo-
TE:Xv'l.'I/~.W\\~TOI.JS
(Cu,
1276), peut être considéré comme
- - -
?(
un
jeu de mots aristophanien sur
E.vr\\...lToc;, et s'apparente
au plan sémantique à ~<!>r-t()'n'eE:"~S
(Nu.
1030),
une création
du poète
(194).
Remarquons que cette subtilité est décriée n-ol~' ::'''6''0\\''''''''1
dans l'hapax
E.(,rl.ït'-'~o(fv~'O~Ol"~)WV (Cratin., fr.307).
La société élégante
Bdélycléon,
-
le type du jeune Athénien à la mode de
l'époque -
veut séduire son père par l'attrait d'une
"existence plus digne"
(~' 1168 sq.) en l'amenant a changer
ses habitudes
(ib.
1470 sqq.).
Comme,
par exemple,
le
d!ner chez Philoctémon
(ib.
1250 sqq.)
autrement dit le
symbole de la bonne société gagnée elle aussi au nouveau
parler.
Il est manifeste que l'intention affirmée d'un
fils cl la mode de convertir son père cl son éthique
apparaît ici comme l'écho contraire de la situation
décrite dans les Nuées.
Strepsiade, en effet, y forçait
son fils à fréquenter l'école des sophistes.
Rien d'étonnant à ce que dans la scène de préparation
(i b.
1122-1164) à la grande conversion de Philocléon
( i b.
--- 1265 sqq.), Bdélycléon emploie, à n'en pas douter,
1
un certain nombre de mots en -
\\..\\I<..o~
(195) qui appar-
tiennent évidemment au vocabulaire des intellectuels
et dont le but est de former son père aux belles manières.
Ce répertoire lexical nous révèle qu'il s'agit d'une vie
guidée par une certaine éthique:
'Tp\\.- ~W"I..I.(WS ) :x.\\!-
(\\
N ' C
1
\\ \\
1
O~vJrr\\.-'A.w" 1 oI...vt>(vI.(,W\\o(.TO\\l] Ve:.oI...VI-v;,wïo<.YoV J
~Vt'-troTI..\\o(.O=, 1.<..01..(. ~\\JVOV~l-oll:t"ll-v;,6.s.
Lt:..t?vJV\\.II<.~S~ (Gu. 1132) est un ~apax qui comporte un
jeu de mots sur le double sens de 'f-'" p>vJV se traduisant
"expérimenté, vieux routier"
(ib.
1429, ~. 869 ap. T
410
n.3) et "vieux manteau, manteau grossier"
(Ach.
184,343, Gu.
lUI)
(196). D'où le sens de "en homme
expérimenté".
'I\\veevJrr,-\\(~v(Gu. 1179)
A en croire Mc Dowell (o.c.,
n. du v. 1179, p. 283),
,
f'\\
"".r
' " t " f
-t""f d
,J:\\
1
o(Vl::1evJt't"\\.l.(.w v
,genl. l.
par l. tl.
e
ol"'<:l~uJrr\\.lI<.o~, terme
"courant", n'est qu'une correction de Meineke pour
&V-
e l ,
evJ T\\\\.-v"vJ" , forme adoptee dans son apparat cri tique
et qui est la leçon de
R.V r. Or, nous relevons pourtant
chez Phrynichos (in Bekk.
, Anecd. Gr. 21.14 ap. Mc
DoW~l1, ib.) ~ve\\uJttl-""~s. tveos' ;; "E-.\\~ ~v~e.v
"1T'"E: 1- WV
1ï',,(Ûr- 0\\.Twy.
Ce qui paraît douteux. Car, les deux adjectifs anciens
?
1'\\
1
sont
é(VUfw Tt"e:-...0S, -qui est un mot du vocabulaire tragique
377
(Esch1.
,Pers. 706, Ag. 937, Soph.
,Aj. 132) et qu'on
rencontre néanmoins. chez Thucydide (1.22, 2.47)
: il
,
1\\
,
signifie généralement "humain"
; - et o(.V'1"('wlT'- V0 5
corres-
pondant proprement à "conforme à la nature humaine"
qui
est employé en comédie et en
prose après Platon, qui
utilise plus fréquemment
~vGeJJ\\(II:'-OS(197).
01..
, \\j(\\ p,', -.Vo c-
Or
donc,
bien que l'opposition entre
~\\~\\, v
~
et ~v~ew rrv.,j5 ne soi t pas très franche, ~v~~w tt"'-I.<.OS
"qui concerne l'homme",
terme au demeurant d'emploi
beaucoup plus rare et d'acception plus restreinte, à en
croire Chantraine (Etudes ••• , o.c., p. 146), comporte
cependant la notion de classification (Platon le Sophiste
286 d, Arist., E.N. 1163 b, 24), entendons l'appartenance
à la catégorie des hommes par opposition à celle du divin
tandis que ~v9\\J,l\\'-vos. ferait plutôt allusion à une
"qualité naturelle".
J
(\\
,
En d'autres termes,
o<,vlJ\\vJ"t'r'-\\,I(.OS qualifie des oeuvres
ou des paroles et ~v~~J,tT\\..V()S se dit de la vie, comme
Chantraine l'enseigne (p.
145 sq;).
?A"~t'- ~J.JToI..\\OV (Gu. 1199)
'I\\v<Se\\.."'~'r"crov et ~V~e€:,-6To('O"(ib. 1200) appar-
,
)
tiennent tous les deux à la série des dérivés de ON"",
?fJ.."~e€::~os. figurément, c'est "d'homme" (Eschl.,
2
!.!:.' 124 N , Ar •• A. F. 75), mais proprement "viril,
courageux" (Hdt.
7. 153, Thuc. 2.87).
?l\\vS r-I-C.C:S est courant et désigne "ce qui appartient
à l'homme, ce qui lui convient" (Hp., Mu1.1.62, Lys. 21.1. .. ).
?
<::
1
Mais o{"ù~... \\.<..oS
semble indiquer nettement ce qui appar-
tient à l 'homme(l98), à l' ~"~e ' en un mot, il fait
allusion aux vertus spécifiques du mâle; dès lors,
il
est chargé d'une signification précise et souvent expressive
chez Aristophane notamment même si Peppler (199)
et
,
C
1
Neil
(200)
soulignent tous les deux que
IX"\\)~L-\\,(..()S est
,
-,< '"VS
plus ou moins un terme de bas etage par rapport a ~VÛ(é~O
.
En effet,
sous les formes
adverbiale
(Cav.
451,
599)
et adjectivale
(Gu.
1077,
1090), ~"~~\\'Kci~-a- le sens de
"comme un homme",
autrement dit "viril",
lorsqu'il s'agit
d'animaux.
, , ,
1
,
Ailleurs,
o(.vù~" KO S
sous-tendant toujours l'idee
de virilité est employé tantôt avec une valeur physique
,..,..,
")
c:
n J
(~. 451, Gu. 153 (Eu
Ko/,VÙ~\\..KW$ cf. Cav. 379, ~. 450
ap.
T 603), 1:.: 514 sq.), tantôt une valeur morale (Gu.
1197 sqq.,
cf.
Cav. 81),
comme le révèle le dialogue
entre Bdélycléon et Philocléon.
-
,
~
l
,J
Nous y constatons qu'a l ' <:1.." f\\..\\!\\w'T'blTOl "(un exploit
de jeunesse)
tout à fait viril" -
symbole de l'usage du
1
suffixe en -
l;I.(ÛS
traduisant la manie de l'intellectuel
besogneux -
Philocléon répond par le terme usuel
&VSfE.L-
!:J Ttl/. TcV
"(un trait)
le plus courageux
(de mes
exploits)"
(ib.
1200),
qui
relève et reprend en quelque
sorte la pensée de Bdélycléon
(201).
Néo( V~ K~ "TO( ToV
NE:Cl\\.\\I\\, K65
appartient à la série des dérivés de
Co.
J
1
noms communs du type
l;l'Tl'T"l.(oS,
\\/0(\\1\\\\,\\.<.05
•
C'est un
mot courant qui a été appliqué d'abord aux choses avec
le sens de "fougueux,
puissant",
Hp., Prorrh.
1.134,
2
Eur.,
Hipp.
1204,
fr.
185.6 N •
Mais Aristophane l'emploie souvent de façon
plaisante.
1
Ainsi, VE":o(VL-\\I(.o!:> au sens de "brillant,
pimpant"
est
employé par la
jeunesse d'Athènes à propos de ce qu'elle
approuvait comme bon style.
C'est pourquoi à son retour
379
du "sénat"
apres sa brillante prestation, le coryphée
,
1
salue le Charcutier en ces termes
• • •
\\'("o/.\\-
Vf=oI..V~KvJToL\\<=
" ••. ô le plus crâne 1 des hommes] " (Cav. 611).
Ici, Aristophane fait répéter
a dessein à Philocléon
le mot de Bdélycléon créant ainsi une méprise. En effet,
tandis que
"E:.cl..v'-IA.~To{\\QV signifie "le plus hardi"
pour Bdélycléon (Gu.
1204),
pour Philocléon (!E.. 1205),
au contraire, ce terme - dont l'emploi, du reste, est
une exception puisqu'il se met à parler comme son fils -
a le sens de "le plus grand,
le plus beau"
(202).
Comme autre exemple attesté dans la bouche de Philocléon,
?
' -
t'V
i l convient de citer
vJ ()\\..\\i(.wS (lb.
1239) qui fait appa-
1
-
ra!tre qu'il a été gagné à certains égards à la cause des
sophistes.
1
Rappelons que le verbe dénominatif
V~ol.V'-\\<.~w se
rencontre chez Eupolis (fr. 109).
-::
\\ , 'l:;>
1
_
v~ tT"o 1\\..11(0:'
K-cl.v 1VVOVq'\\-0<.<::rï\\-'v<,OS
Ces deux termes traduisent les exhortations que
Bdélycléon lance à son père avant que commencent les
instructions sur le code de la tenue en société.
"Assez. Mais étends-moi et apprends auparavant
à itre bon convive et un homme qui sait vivre
en société".
(\\01.0 Î • ~'J.Â~ Sev~~
~Vr-1\\OT,-\\.<.65 E..tvo/..~
(Gu.
1208 sq.)
Avec l'impératif T\\,0t'-~V~o{VE: , qui est la forme
restituée conjecturalement par Dobree,
- la leçon de RVr
380
étant
:rreo~~~Y~o{"Ii:. -, tout semblerait port~r à croire
que Bdelycleon vient d'apprendre un autre precepte.
Le préverbe rr~o-
signi fiant "d'avance" n'il de, sens que
par opposition à i\\~oS:-"en outre". Dans 'TI"~O~o("QolV€:}
en effet, il a le sens de "en plus de ce que tu sais
déjà" [pour être plus habile]. Or, tel ne semble pas
le cas au contraire dans ce passage des Thesmophories
(v. 20)
N\\
A " C . / ( '
\\
'\\
i ï
T~" ~l, "ooto(.l" rE: TovIL.
f
~~"
0 <:q..\\.o{
où tTeocr-t'-o{~""''' fait allusion à une première leçon
"Par Zeus,
je suis ravi d'apprendre en outre •.. ".
,
(
('l
•
Par consequent, l\\~O~O(\\f\\7cl.\\IE!: apparalt un peu comme une
sorte de point d'orgue; il introduit quelque mise en
garde avant que les véritables leçons commencent.
(
v\\"" \\\\011..\\<.105 est le premier emploi d'un terme destiné
à être courant qui est pris ici figurément avec le sens
de "convive agréable, bon convive", mais proprement,
c'est "qui concerne un festin ou des convives" dans
"
,
,
Ach.
1142
Q'"v 't1\\011..1.<..0(. Tot 'tt~o(n"'o(To(, qui est ~ a r ep,li q u,e
plaisante de Dicéopol is à l'expression )(E:L- t"E':,\\L.o{ Tal 'tt"fOr-alT~
(ib. 1141) employée par Lamachos.
Il en est de même de ~VVOV <l''Lol.<:S" 'TL. '...<.~ S
se compre-
nant ici "sociable, qui sait vivre en société", mais
ailleurs "libertin" (Philon d'Alexandrie 2.22, philosophe
de l'an 40 p.C.
- donc le sens est récent).
Soulignons que,
d'une manière générale,
le suffixe
1
-
~~T"Io(,O.) paraIt formateur des adjectifs de coloration
philosophique et notamment classique (203)
que le verbe
,
'l.z.
denominati f crv'l/ovQ'"l"oI.1€:L.V signi fiant "être ensemble",
spécialement "avoir des rapports sexuels" (le mariage
n'entrant pas en ligne de compte) se rencontre chez
Théophane l'Historien 65.
JHl
Les deux adjectifs décrivent de façon allusive
l'atmosphère du dîner, mieux de la société à la mode
où Philocléon doit se rendre, une société avec tout son
cortège de rituels : le bon maintien, le langage affecté
surtout que Philocléon entendra vraisemblablement.
L'homme de la société
Bdélycléon s'avise donc maintenant d'instruire son
père. Nous percevons cette intention dans l'emploi de
l' hapax A~ <l"û,I"tr .... "'6\\1
et des expressions de fréquence
" J
c::..
,
courante comme
O'"'r-Volq"TI,., v...vJ 5,
,,:::::uf->o<.\\\\.. T\\..II<..OV}
••
p->
fV
(
"
0
'1
'"'1 vlrT\\..l.<.vJ 5, \\\\~\\O\\..V\\..Io<l.VTo(.\\05) ~O(O/L."'v.J5>
Xf:: \\.. (0 lfi::.X:"L. II<.. vJ Toi.TCh) S
et
9vt'"0~o1\\.. \\.(IN \\oCToV .
~VolO('I""'o<.~S (Gu. 1212), qui fait partiel de la série
des dérivés formés sur le dénominatif
yut"-vo<10 to<L,
"s'exercer aux exercices gymniques"
paraît le premier emploi
littéraire d'un mot philosophique.
(
Cette forme adverbiale de
OUlV"o(~Tt,\\.(.O.s :_"doué
pour la gymnastique" (Hp., ~. 1.3.) est employée ici
pour la première fois pour exprimer l'appartenance à une
catégorie de façon spécifique. Par conséquent, elle
présente une valeur catégorisante.
Bdélycléon enjoint ainsi à son père de s'étendre sur
le lit de repos avec le plus de nonchalance possible, en
adoptant une attitude décontractée
comme un athlète
éprouvé (ov r-VoLl3"'rl\\<.:;'~)•
" ,
" " l
' - L '
'
t-\\ .... crvJ'tT .... KOv' "(,"""'()':..OV~""T .... \\I<.O"(~.
1259)
Ptt '"vJ TT"L.'~~V na 1t d' un jeu de mot s sur le fa bulis t e
[sope. C'est une création analogique avec Zv~o<.e\\..,\\..v:...6",
mot devenu courant plus tard (Mnésimaque, t'L. 6, Elien,
382
V.H. 14.20), et 1\\~or"\\\\t\\..",~s (O. l511),qui est un hapax.
Ce sont deux adjectifs qui présentent nettement une
valeur catégorisante. Dans un passage des Guêpes
(v.
566),
.. c., '"
(
'f).
.
•••
01"
ù
t"\\L-q"W\\\\ov
II..- -r=.....Q\\..ov' , il apparal t , en
revanche, que Philocléon ne se met pas encore à parler
comme son fils.
Nous constatons le même état d'esprit
dans les Banqueteurs (fr.
216), ou un père qui blâme son
fils d'épouser les innovations des sophistes prend soin
,
l
,
d'eviter tous les mots en - \\..lI<.oS. D'ou,par exemple:
:z.v [->0( f \\..
I.<ol.~
'r Cbol5 \\" ') lé Gw 1/0( S
X'\\::()V
~\\<. ÂO<Kd..l-V';;(V
1\\0( Kc1..l,Vd:V ::: /\\ot ......
[lAvA.é",wvJ'
vJ VI- "'~"
dont le nominatif pluriel est
1\\~ ......ol.\\..VcJ..1..- [K0ÂV\\A.E:~ J(204).
Notons, d'autre part, qu'il est rapporté dans Mc Dowell
(n. du v. 1259 , p.
294)
que les récits d'Esope ont
trait aux animaux, tandis que les histoires Sybaritiques,
-Mnésimaque (fr. 6) qui les donne pour
des histoires courtes
et concises l~ qualifie de 2.V~e~TI-~e:S-' se rapportent
aux êtres humains (Gu. 1427-1440). Conjectures, sans doute
,
--
Car, il ne semble pas que
nous soyons amplement informés
sur les contes sybaritiques en dépit des précédentes allu-
sions qui ne sont pas considérées comme des exemples
authentiques.
De même que Philocléon s'est mis à parler comme
son
fils
à la grande satisfaction de ce dernier, comme
-'
IV
semble l'attester l'emploi des adverbes En"L-C::l..\\(wS (Gu.
1249) et
1J~vK~.s (Ib. 1239) prononcé du reste avec empha-
,
-
se, de même, à leur tour, d'autres personnages, Xanthias,
le Choeur ••• , vont être obnubilés par ce nouveau parler.
Le serviteur Xanthias ou Sosias qui à son retour du
banquet s'est trouvé contaminé par le contact avec ces
Athéniens de haute volée et entraîné par la conversion
de son maître aux nouvelles manières de l'époque se met
1li 1
1
à employer maladroitement des formations en - \\,KOS/
l ' V
1
tels que
vou ~v~T'-' I.<vJ S l 1Tol.e01.. \\11.. 1,«. vJ \\01. \\OS.
Nou0v<:rT\\, I,(.~ S
(Gu. 1294, cf. Cratinos le Jeune, fr.
7.5 dit des philosophes et des sophistes).
l'V
C'est un terme de bas étage qui repose sur
VOU S
"e s prit" et\\-,0 \\Al "b 0 ur r e r " , co mmeC han t rai ne l' en sei g ne
(205), et qui se traduit "avec une tête bourrée d'esprit",
expression chargée d'une arrière-pensée ironique. Les
esclaves, en effet, se pâment d'admiration après le
message du poète dans la parabase.
1
Cet adverbe, synonyme de Vou Vfi:.xoVTWS "sagement,
prudemment" (Isoc. 5.7, Men. 1043), Q"'u I/f:.T~S "avec
intelligence ou prudence" (Eur., I.A. 466, Ar., Gu. 633),
est tiré de l'adjectif Vovfbvc;r~I..,«d~, c'est-à-dire,
N
1
1-
1
V
"
ov f?'E.~u~r-E.V"S, Vov '\\\\E:.1\\"À'\\fwrG:-\\IOS" "plein de
bon sens,
prudent".
Dans un passage de l'Assemblée des Femmes (v. 441),
l'expression employée par Praxagora aux dires de Praxagora,
N
?
~I
A
rrfcl.~l-'-
... V'ovr->ve:t"\\"'-"'Ov "[la femme] est un etre
1
bourré de bon sens", sans doute forgée sur V6~ f-'E(=>Uq-t"''''''ov
1
1
+
par analogie avec ~"\\el..'r f3e. p->vQ'"r'-E:.VOV (Thesm. 506), paraIt
l'expression d'un dédain,
d'un mépris,
non seulement avec
l'emploi du neutre, mais encore avec le mot
lTe~Or-o(
signifiant de façon générale "chose", mais fait allusion
à "la chose réelle, la réal i té, l'être",
par opposition à
N
xe"\\~o(
qui désigne "la chose dont on s'occupe, l'affaire",
mais aussi "l'espèce, la catégorie"
, et peut se dire d'un
c..
individu. Comme, par exemple, dans Lysistrata (v. 677 ~lTir~-
1
t'V
\\;(wToCT~V
••• Xf1r-o(
ap. T 200), où i l qualifie la
femme capable de s'occuper des chevaux, tandis que le
superlatif a ici le sens d'aptitude, c'est-à-dire une
valeur technique et non pas une valeur classificatrice (206).
384
f"J
A en croire Ussher (207), l'em~loi de neoC.Q't"O/.
serait
peut-être motivé par X~,,\\\\,<>(.TOlT<l\\.. O" (ib. 442), expression
qui ponctue l'idée de la femme dispensatrice de biens,
des femmes qui ne sont pas moins ridiculisées par le
coryphée comme
ÇjvJlT\\"lI<..ot~ ou "flatteuses" (L. 1037) -
-
1
l'explication de la scholie (R)
: ~oÀ..I.l<e:vï\\.\\.<ol\\". est
assez claire -, parce qu'elles prétendent introduire
quelque innovation dans la société athénienne entant que
représentantes des nouvelles manies et modes.
A preuve un autre passage de Lysistrata (v. 1116)
\\<.cl.~ t'-~ xo(2E:rr~ ,..~ x€:\\.e~ ~1'5' o(ôéo(~\\"\\,(~ ,
où Lysistrata pour exhorter ses compagnes emploie au lieu
de cA.6 ~J ~~S, terme coura nt, le mot 0( 3Qot.~\\,. l.<.o'S plu s recher-
ché évidemment qui est un hapax. Car, on attendrait diffi-
)r\\I<"
1
cilement
d..v~oU)E;\\" xE:l..-e\\.. (que s'est permis Eschyle dans Pro
64 avec <r~,,\\"6S OvJ..Gos
"la mâchoire d'un instrument
de torture impitoyable"). Rien d'étonnant à ce que Lysistrata,
- "de toutes la plu s br ave" selon le Co ry phée (~ ll08),
mais aussi le porte-parole , ou mieux le symbole du fémi-
nisme, donc le porte-flambeau des conceptions novatrices -,
utilise une telle expression comprenant " ••• non d'une main
dure et présomptueuse"
qui ponctue encore davantage les
étapes de sa mission.
Remarquons que
~1AI",\\..I.<.01..~ est un adjectif dérivé du
nom ~~* "flatteur" pris comme adjectif parfois (Hdt. 3.80)
et qui a le même sens que ~WlT'E;.vï\\.\\i(6S "disposé à flatter"
(Plat.,!::...9...
634 a, Arist., H.A. 488 b 21).
Le dénominatif
GwrrE:0vJ
(208) est synonyme de
~~TI'" T \\Al cité dan sEschyI e (Pr. 937, f r. 234 N2 ) •
Le suffixe dénominatif - 1.,.11<.65 a ici une valeur spéci-
fiante ou caractérisante, comme dans
lo<.e,\\T\\..\\.<i>v
(Eupol.,
fr.
311.2, Ar., Thesm. 730), f o \\,Vv\\,(I.'o<6S (Epich. 54,
385
1
Hdt. 6.47, Thuc. 6.46, Ar·'IE.: 303), t'"'-K~OlTO;;{L\\d<'O~1
(Ar.
, fr.
819), y(,.o\\.lTol.VI.,II(.OS
(Ar., !L.. 492), <rVVfOO'I.,y(,.05
( Gu. 691), 1\\ cA '" vJ v'- II(. 0 ~s (A. F. 356) (209).
~ol.R0I.I/I..II(~'roi.ToS (~. 1300), "qui est ivre" est un
hapax appartenant à un mètre comique, l'iambe. Il est employé
1
ici au lieu de la forme correspondante de 1'\\0{ ~o\\..,,\\..oS , c'est-
,
' : J /
'J 1
a-dire
rrol.~ O\\."~ wV
,
(Ach. 981, Schol. Gu. 1217, 1231
dit des chants bacchiques), apocryphe pour
l\\~ e~\\..VoS
(~...~~wt'rOS
cité dans Pratinas le Lyrique 1.8, Lysias
4.8.
Une nuance sémantique identique semble se percevoir
1
dans les emplois de 2 ~o<.~X\\.oS "qui concerne Bacchu~"
(Soph., fr.
255. 2N , Eur., Hec. 686) et f-'olKXl,,\\<OS "animé
de transports bacchiques"
(Arist., Pro 922 b 22).
Comme dérivés, on a
rroie0\\"V'€;~V
(Ar., A.F. 143,
Antiphon 4.1.7, Lys. 3.19), \\'t'o(fo .... v[o( (~)
.' (Lys. 1.45,
Dem. 19.198 ), 1\\ole0\\'V\\..~~vJ
glosé (Hesych.H 969 Schmidt
~
1
•
c..
l
' ) C '
N
\\Icke0\\"V\\"6l.~o<.l,,
V\\->~\\..<:ro(l", AOLÙOfi<rol.L. ).
Les conséquences de la même contagion se rencontrent
avec le choeur notamment dans l'emploi de deux superlatifs
/
f\\
1
XE:\\..~Oï"E:.,\\"l. K\\Alio(TOV.s(~. 1276) et \\Jvr-0q"o~,-~W\\oI.To"
(ib. 1280), qui sont appliqués aux trois fils d'Automénès
dans la seconde parabase des Guêpes (1265-1291).
Automénès eut, dit-on,trois f i l s :
l'aîné, Arignotos,
l'ami d'Aristophane, fut un excellent citharède (Cav. 1276-
1279)
; le cadet, un bon acteur (Gu. 1279)
; le troisième,
Ariphradès,
"la honte de la famille"
(Cav. 1280 sqq., Gu.
1280 sqq., ~ 883 sqq.), bien qu'il fût donné pour un
disciple d'Anaxagore (Ath. 5.220 b).
S'agirait-il ou non du même personnage dans l'Assemblée
des Femmes (v. 129) et dans le fragment 63, ou alors d'un
386
autre qu'on donne pour écrivain comique (Arist./Poet.
1458 b 31) ?
En tout cas, s'il s'agit du même personnage, il est
fort probable qu'Aristophane l'ait ha! en tant que rival,
si l'on en croit Degani (210),
pour qui le pôète comique
détestait Ariphradès à cause de ses opinions philosophiques
(en tant que disciple d'Anaxagore) et politiques.
xc= l.fo""'f:oXV'l.~WT~ Tou';> , superlatif de xE:\\'eOlf:oxV'\\'\\.(~S.
signifiant "hès habiles d-e leurs mains" est le premier
emploi littéraire d'un terme du vocabulaire de la philoso-
phie (Plat., ~ép. 425d, Pol. 259c, Phil. 55d). Il fut
d'abord appliqué aux trois fils d'Automénès indistinctement
et comporte une valeur caractérisante j
ensuite,
le super-
lati f
~O<:r"O t.... \\.(~"'rol.TO" de l' ha pax ~vr-oq-"O~\\,\\.(~.s avec 1e
sens de "d'une nature très intelligente" ) selon Chantraine
(La formation,
o.c., p. 390), désignant plus spécifiquement
Ariphradès, célèbre pour ses moeurs infâmes et ses immondes
pratiques (P. 885).
l
, ( '
\\
\\
On noter; que le fragment 644 (tvJ"o(~d)"••• ttJc) .... \\.(~" ~l.
Kot..r-"t\\\\\\...\\.(oV
) avait sans doute pour but de ridiculiser
quelque bellâtre qui passe pour l'avocat des conceptions
nouvelles.
1
Une autre occasion de forger des mots en - \\.Jo lAO S
na!t du conflit entre le personnage animé d'une volonté
"progressiste", un personnage "moderne", ou aspirant au
bonheur ou tout au moins aux choses meilleures, en un mot,
le novateur, et un autre qui est plutôt accroché au passé,
réfractaire aux innovations et donc aux conceptions nouvelles
de l'époque. Autrement dit,
le développement des formations
1
•
en - v\\l(.oS apparalt dans la guerre des intérêts qui naît
entre novateurs et conservateurs.
387
Ces tendances novatrices contre lesquelles Aristophane
s'insurge ont pour porte-paroles les femmes,
le type du
parvenu. Elles apparaissent aussi dans la confrontation
des thèses pacifistes et bellicistes.
Le Charcutier semble être défini comme un parvenu
et à certains égards comme un des derniers produits de
l'époque. Aussi
relève-t-on dans son langage non seulement
des dérivés à valeur sociale et néanmoins d'usage rare:
,
('
N
,
C i l
1
1
fI.." 0e \\..1.<. IN 5
/ oN' ù~" '-<.w Tc( 'rO( ) O'E: vIII.. '-<.wTotTo" ~ \\E:o(~ )Véd.. '1/1. II(.;JToLTE: 1
mais également des hapax tels que
'i'\\c("Ç'Q"ï'(" ~,,~{;J!» "T~cl.I"l-
rV'
t\\
t'V
~
, C
<'V
l
'O\\..~vJ~ 1 ~(O\\îl:tl.IA.W5 ) E:ü
\\l(.O(VÙel..~WS.
7?t'l~~1.~~=- /t\\"S~l.If,.Jn--O(ïo{(Cav. 451, 453)
L'idée de virilité est "enveloppée" ici du sens
physique. Le choeur, en effet,
lui enjoint de frapper
,
:>
C
"'c-
Ie Paphlagonien. D'ou
at.v o~'" I.<.w""
est porteur du sens de
"virilement", tandis que
&"~\\\\..IA.~\\"'To( signifie "le
plus virilement possible".
r
1
1
\\ 'é::"'hll<.wloC'\\ov
""eE:oI..S (Cav. 457)
C'est le nouveau vocable par lequel les cavaliers
saluent leur nouveau maître, de même qu'ils s'étaient
0/
adressés au Charcutier en utilisant l'apostrophe
UJ
S~\\"~TcX.TOV ~~c(.?
(lb. 421).
r
i
)
C
1
1 fê"Vl.'w(oS
est courant comme
oI.l/OC\\"~o5
et appartient
à la série de dérivés de mots présentant une valeur
sociale. Comme, par exemple,
~ovÂ"'lI<cf~ "qui appartient
ou qui convient à l'esclave" (Eschl.,~. 1084), SE;~-
1'ïo'l L 'vC. e5 5
" qui con c e r ne lem a t t r e " ( Pla t., Lg. 697 c)
(211). C'est un doublet rare et insistant du mot ordinaire
N
YE:VVo(\\,. 05
"noble" dit des personnes (212)
l ,
t'V
F ina l ement,
"(e:"V\\"K05
est a OE:.VVol.L 0';> , ce que
~"CZ>f\\"~6Sest à &v'~eE.l:'o,;> ;&'"S('E:L6\\,o(.TC< (Cav. 453)
semble fausser le parallélisme ici.
j li li
Ajoutons que dans son commentaire sur Cav. 457,
Neil (o.c., p. 69) se plaît à définir Oli:I/\\I\\..~6~ comme
un terme comique appartenant au vocabulaire platonicien
(Tht. 144 D, Phdr. 279 A). Tout indique, en tout cas,
que cet adjectif a été employé plaisamment en association
humoristique avec
"
\\;\\ef:o<.S, un lexème qui appartient à la
"
1
l '
. "
langue populaire. Car, To K~~o(S
" a vlande des anlmaux
est considéré surtout dans ses implications culinaires,
bien que le mot puisse se dire dans la langue populaire
du corps humain (213). Il y a par conséquent,
non seulement
un accouplement de termes franchement mal assortis, mais
aussi l'emploi du suffixe en - ~KJS rend plus frappante
encore l'opposition avec le terme grossièrement matériel,
1
voire d r un emploi populaire, à savoir
KeEo(S.
En un mot,
nous avons une équivoque burlesque, si
nous "jouons"
sur les deux sens accolés dans l'expression
1
1
Q'e:VVv KwTO(TOv' Kebll.S,
"noble corls" et "grosse viande".
Toutefois, l' absurdi té de 'réVVI.. )lC,wToCrOy sous son accep-
tion littérale du moins est adoucie par l'expression
W
'
,:J(
. • •
1 I.JX,f" T 0( f\\.. <:rTE:. .
Naturellement,
l~ mots comme ~o(rel..~\\..W<.o(:'5 (Cav.
216, cf. ~ol.OE;\\..e\\..~WS Ach. 1015, Cav. 376, f... 1017, fr.
138), ~1t"-e(OvJOl..Ko((Cav. 217), ~"~el.K~S (lb. 379), qu'uti-
lise l'esclave Démosthène mettent en relief l'atmosphère
regorgeant de louange liée à la notion de
r€:.VVU<'\\:: 0 S.
Parce que le Charcutier passe pour un puits de sagesse
et de science surtout, selon le Premier Serviteur (Cav. 482
sqq. ) •
Voilà pourquoi i l est qualifié de"
}; t~~ïblT' ~v'bp{;:J"
,
1
\\
'Aoll..
V€:olV\\.. Kw '«TE:
" ( l b .
611)
•
C'est pourquoi aussi, en juste écho,
nous avons
rr<X\\..~OT\\\\..(?\\..\\IC.~S
(lb.
492).
389
Seul l'adverbe semble propre à Aristophane.
Car,
nous avons
:
(
-
des adjectifs en - Te"!?" ~o.s
(ap.
B.P.
,
p.
641)
ç
, r
(
du modèle lToI. v OQ'Tel.(=>'v\\<.05 (sc. TEXV")
) qui n'existe
que sous cette forme
(Isoc.
15.181, Arist., Pol.
1338b7).
Comme,du reste,
Âv80T\\'- \\->\\,,11<.1
(sc. ""~XV'1-·-)-cité dans
Lysias
(fr.
69).
-
des composés dérivés du type
ilo(\\..bOT\\[(3iS (AntiPhon
3 • 3 • 6, Pla t ., Pro t.
312 b,
Ar.,
~. 9 7 3, a v e c
ï ~ 1. ~1~
comme second terme
(ap.
B.P.,
p.
3), dont
tot:ft"'o(\\o<.o'el.(?'iS
(Dem.
48.12).
1
- des verbes dénominatifs en -
Tel.~~W
(ap.
Kr.,
p.
559) qui sont des expressions médicales signifiant
"écraser",
- à
l'exception de
troC. 1. ~OTe'- ~~uJ
se comprenant générale-
ment "exercer, éduquer"
(Dem.
25.7,Plut.
2.795e)
et figuré-
ment "instruire"
(Plut.,
Comp.
Cic.
Dem. 4)
-,
mais dont
la plupart sont des formations tardives ou récentes.
I l s 1 agi t
donc d' un hapax employé au lieu de-
6<. AG- L-
'"
,.
T\\_T\\J',,(uJS
"comme un maître de gymnase" si l'on fait
fond sur le scholiaste à ce vers
:
?
,
:J
(V
01..\\1 Tt.,
To Cf
ct. ':l.E:.1.- ïlTL v<.vJ 5 •
11<.0( ';( () <;;VT01. v
ot &.iJ.. €; L \\\\ Tc( 1.. Y< ott
Il est forgé sur ïïo(l.~OI\\~~,,\\s. "maître de gymnastique"
(Chantraine, La formation,
p.
30) et fait allusion à la
notion contenue dans l'expression "en homme de métier",
c'est-à-dire littéralement "en style professionnel",
comme
f'J
r-0(a E:'ve1.\\0(;:',5(Ach • 1015, Cav. 376, P. 1017 ap. T 603),
-
-
fV
r-ol..\\IT\\; Kw S
(~... 1026) et sous forme comique 'Tf'-j->wV'\\..\\o(w,S
(Gu.
1132).
390
En effet, lorsque l'esclave Démosthène suggere au
Charcutier de graisser son cou avec du lard afin de
pouvoir en glissant entre les griffes de Cléon échapper
ainsi à ses calomnies, le Charcutier à son tour reconna!t
l'ingéniosité du
stratagème et déclare qu'il est digne
d'un martre de gymnastique, en d'autres termes, "homme
averti".
Comme dans les Oiseaux (v. 362) où Evelpidès applaudit
la prudence et l'imagination de Pisthétaire d'avoir
improvisé des ustensiles de cuisine comme arme à la manière
,
~,
N
..
d'un stratege : E:v •••.
Ka<.\\..
c;;rT\\oI..T"rf'''~WS,
qUl est un
premier emploi de l'adverbe.
Tout comme plus tard, Pisthétaire (ib. 1511) exprimera
sa joie en entendant les conseils simples mais subtils
de Prométhée lui enjoignant de se dérober aux regards
de Zeus sous un parasol.
Dans ce passage, en effet, Pisthétaire s'adresse à
Prométhée lui-même qui est donné pour le symbole de l'intel-
ligence (Eupolis, fr.
456, Platon le Comique, fr. 136).
. -
..
,.~,
C 'est pourquoi Arlstophane a forge l'adverbe 'O;\\:} •• ,
K 0<."-
lt'e0t""\\~\\"'IA.~S avec jeu de mots sur le Titan Prométhée pour
désigner quelqu'un d'intelligent.
Tout porte donc à croire ici comme ailleurs que
l'intelligence fait na!tre une admiration à laquelle peut
se mêler parfois une pointe d'envie plus ou moins incons-
ciente (214).
Nous avons lT~0r-Î~~VT\\"'~WS(Eust. 1375.60). Il existe
des substantifs du type i\\e0\\"~~E\\-o( Pind.,!!..-11.46, 1.:1.40,
Hdt. 3.36, tt~0t""l&[~ qu'on rencontre par nécessité
métrique chez Sophocle (215) et Euripide (216), et le verbe
dénominatif
rreo r-1.~é.o r-o(~ (Eschl., Pr. 381, Hdt. 2.172 ••• ).
391
Finalement, ces trois phrases, auxquelles on peut
...,.,
' C
...,
d'ailleurs joindre E:v
KoI." Cl~" KWS (Cav.
379, ~. 153,
450), se singularisent par la fréquence d'une formule
~
stylistique particulière un tantinet originale,
EO
l
' "
.._ -
~«.\\" + l'adverbe en - \\.\\<.w5 , qui donne à la locution
adverbiale une tournure prétentieuse et rehausse ainsi le
ton de l'argumentation qui aboutit à une conclusion
presque scientifique.
Or, la formule courante - qui se rencontre néanmoins
1""
~
ç
1
chez Aristophane (Ev
\\<.OlV0eE::I-W5,
Thesm. 656)
(217)
-
7
'
est
~v KoI..lI
+ un
autre adverbe,
fréquent dans le dialo-
gue platonicien (~3' \\(oC.t. ~"â.ws-, Rép. 503 D, Lach. 188 A).
Par conséquent, en substituant au second adverbe,
- du
reste mot d'un emploi courant, donc terme populaire -,
t'V
un adverbe en - lIKWS
appartenant à un style apprêté,
donc savant, Aristophane communique ainsi
, à une locution
simple originellement, un cachet érudit par la force des
choses.
Les tendances novatrices sont apparues aussi dans le
"heurt" des thèses pacifistes et bellicistes, deux concep-
tions qui s'affrontent, en effet, dans la dernière partie
des Acharniens.
Nous avons,
d'un côté, les partisans de la guerre
avec Lamachos comme avocat (Ach. 620 sqq.), autrement dit
le
l\\O'ÀE::t'-I-K6S "le belliqueux"
; de l'autre, Dicéopolls,
l'inventeur d'une espèce de paix (ib. 971 sqq., 1037 sqq.)
à caractère plutôt privé, Dicéopolis qui peut être défini
,
l
,
comme l' E:\\.f"\\Y'I.\\I<.OS
, c'est-a-dire "l'homme de paix".
Ce sont deux mots qui ont une valeur spécifiante ou
caractérisante.
392
Autrement dit,
le dialogue entre Lamachos et Dicéopolis
fait apparattre à travers les ordres parallèles et antithé-
tiques des deux personnages le divorce entre les joies
,
1
de la paix et les misères de la guerre. Les mots
ELe~II'\\.. \\(.o~
et 1\\oÂE('-"-l4clS. font ainsi couple.
Il faut donc souligner que si parmi les tenants dè
ces deux thèses antinomiques, les uns - dont Lamachos,
- peuvent être considérés comme le symbole du conservatisme
accroché au passé ; les autres - dont précisément Dicéopolis
et tous ceux du même acabit (Trygée, Blépyros, Chrémyle)
- représentent au contraire les manies et les modes nouvelles.
Observons toutefois qu'il est hors de doute que Trygée
et Blépyros traduisent l'opposition entre l'antique richesse
et la nouvelle. Ainsi
relève-t-on dans leur langage
la
..
1
~~
frequence d' adjecti fs et adverbes en - 1,,'" oS /- \\... ~ W ;;>
suivants : 1\\0?-'" t'-oÀd.r~o<.i.:. ~~Y, ~ ~\\t'V"T"- ~wS
qui sont
des hapax, \\:1"\\.J\\,'trO\\\\.\\I(,.él(,
r-olOE."-('''-KWS , mots courants.
n0A~fa J...c!r-'llXo<.\\:' K~"(Ach. 1080)
1
1
C'est un composé hétéroclite (tt"oAe, 'lOS, Afx 'to{XOS et
..
,
;>/\\
..
1"
l'epithete hypocoristique
~X()(I..-KO
)
qu'Aristophane
a créé et mis dans la bouche de Dicéopolis pour ridiculiser
plaisamment Lamachos et ses ambitions belliqueuses. Cette
expression signifierait littéralement "une armée (q''''e~T<:V~)
Lamach ..• alquéenne rangée en bataille". Ce qui apparemment
semble dénué de sens.
Quant aux formations adverbiales
r-:O€:L. e"K:1$( Ach. 1015,
cf. Cav. 376 , P. 1017) et ~E:"-\\T1f1'" Kw S (i...!:.: 1016)
forgé par analogie avec
t'-o( OE.l..-e"~~S' elles appartiennent
au répertoire culinaire et ont été employées par le choeur
pour décrire non seulement l'habileté de Dicéopolis à faire
~
la cuisine (r-olOé\\.. f" I.<.W,S) , mais aussi pour vanter les
minutieuses préparations de la fête
(~e.\\.\\T'''f\\''''~~S, cf.
l' hapax t"E:Â?..o<t,E;,\\..'t\\I/O'I.-\\I(~v' A. F. 1153), lorsqu'il s'est
393
mis à souligner le bonheur et à exalter la richesse dont
Dicéopolis jouissait après avoir conclu la paix.
Précisément, on constate que l'emploi des suffixes
,
t'V
- V~OS/- l.\\«,vJS ne souligne pas le hiatus entq~ les vieilles
fortunes et les nouvelles, dont on célèbre l'avénement par
les mots courants E:6&e."'t:0v" ..... ~.s
(lT~J''ïE:l..) (!:.. 856, cf.
Xen., ~. 3.2.9) et eJSot.\\..t"0"\\.. ~" afv~eoJtT<:>V
(A.F.
1134,
cf. Arist., E.N. 1099 b 3). En effet, de même que le
choeur dans les Acharniens (971 sqq., 1037 sqq.) avait
chanté le "bonheur bien doux" que Dicéopolis avait dans
\\
sa trêve, de même le choeur dans la Paix emploie
rr~e~
1t"eC)q-bo\\A.~Q/.V
sans doute par contraintes métriqu~s,
comme Peppler le dit (ib.,p. 438
n.l), l'adverbe EV&L._
t"C"l..K~S au lieu de lé.~bot.\\..~6"wS (Eur., 2.E.:. 601,
Ar., Pl. 802, Arist., Pol. 1281 a 2) pour parler du bonheur
-
--
d'un autre novateur, Trygée qui a sorti la Paix de sa
cachette et descendu Richesse du ciel pour en faire sa
fiancée.
, é
\\
?/
1\\
Quant à l'expression
E: V.)O( L. ~c v\\..V<.oY cl.. v'devJii<:>V
c'est une image banale que la coryphée applique ici à
Blépyros, le mari de Praxagora, lorsqu'elle découvre
l'abondance de ses biens.
Rien d'étonnant donc à ce que Chrémyle, cet "aristocrate
moderne", se distingue par l'emploi de la métaphore banale,
7'
~
/
mais peu usitée
O)(.\\c,S
ileeq-f->v'Tl.''(oS
(.El... 786 sq.) au
.0
:JI
t')
•
lieu de rreeq-~vlvJv 0)(.\\<:>5
(Gu. 540) pour qualifIer la
foule de vieillards qui fourmillent autour de lui et se
rendent ridicules par leur sollicitude dès que la nouvelle
de son bonheur est connue.
Chrémyle, constatons-nous, a tourné le dos au passé
,
puisqu'au banal" XlX\\.fe,\\.V" ou "bonjour" (Pl. 322), il a
•
•
)
I~
0(
su b stitue
le terme savant et affecte "i)(c:r"{l"~ 10l L." ou
394
"je vous salue" (Ib.
324,
cf. Nu.
1145,
O.
1377,
Pl. 1042,
Eupol., fr.
308).
Autrement dit,
il a su observer les préceptes des
sophistes en se forgeant un langage raffiné et artificiel,
dont l'importance est soulignée dans les Gu~pes (1174 sqq.)
et les Grenouilles (900 sqq.).
Par ailleurs, tout indique qu'il est en passe de jouir
du bonheur (Pl.
783,
802 sqq.)
à présent que Ploutos a
recouvré la vue et est venu habiter avec lui. D'où les
plaintes traduites par l'adjectif
1
'\\T \\ e o::r- (?>v'r\\.. -'<'0 5>.
Nous savons aussi que depuis que Ploutos a été guéri
de sa cécité (ib. 968 sqq.), la vie du jeune ami de la
Vieille s'est transformée elle-aussi. Car, lui aussi est
devenu riche (ib. 1004). Ce qui n'est pas sans conséquences.
Il change alors de régime alimentaire Ob. 1004 sqq.)
,
repousse sa .premi~re amie (ib. 1006 sqq.), son "antique
amie" ( lJ.~Xo(~cI.. ~~11
ib-.-1042) comme il se plalt à
la qualifier.
Voilà pourquoi aussi,
lorsqu'il voit le public (ib.
1082 sqq.),
il s'écrie:
,...,
'iL \\\\O"\\01T~~E:\\..~OV \\,(o(~ ~E.ot
Ob. 1050).
Cette vieille femme au visage ridé est en effet traitée
ironiquement de
~E.\\' fo(K~q-K1"fillette" Ob. 963, cf.
Gr. 411)
- h a pa x qui est und i min u tif der- E:~fa<.~ (2 18) -
parce qu'elle s'habille et affecte de parler comme une
petite fille.
Peppler (219)
souligne quelque part sur la
foi du scholiaste qu'Aristophane avait déjà employé dans
les Détaliens Ur. 235) l' ex~ressi/on ~e\\...~6Y",r-~Le~I.<.\\...O" K6~1'
Il ajoute par ailleurs que
lAJe\\.-v..o'sl1our weo(.\\..OS (Ach. 1148,
395
Gr. 291, 514) se rencontre pour la première fois d'abord
chez Cratès (fr. 40), et ensuite dans la chanson phallique
empreinte de gaIté des Acharniens (271 sqq.).
2. Aristophane, critique des belles-lettres
========================================
L'esprit de changement et de liberté avait permis de
renouveler la philosophie, puisque le .philosophe ne cherche
plus que dans sa conscience les règles de la morale. En
juste retour donc, le même esprit souffla aussi sur la
littérature puisque le poète ne va s'inspirer que de sa
fantaisie.
De pareilles tendances,
évidemment, étaient un signe
de dissolution aux yeux des conservateurs. Or donc, les
m~mescauses produisant les mêmes effets - jusqu'~ en
croire leurs détracteurs les novateurs pr~chent le renver-
sement des autorités et des croyances traditionnelles - il
fallut admettre que ces m~mes novateurs n'auraient eu aucun
respect pour l'art ancien. Entendons les anciens poètes et
la vieille poésie qui fait partie de cet ensemble d'institu-
tions qu'une "haine aveugle",soutenaient les conservateurs,
s'efforce de détruire (220). En un mot, c'était un des
soutiens de la cité qui s'écroulait ou allait s'écrouler.
A preuve
dans les Nuées, Socrate, lui dont le nom
symbolise l'esprit nouveau, enseigne ~ la fois, dit-on,
le mépris de la religion et de l'art ancien. Phidippide,
son nouvel élève, après avoir
reçu ses leçons, bat son
père (~ 1321 sqq.) et ne veut plus entendre parler ni de
Simon ide (ib. 1359 sqq.),
ni d'Eschyle (ib. 1377 sqq.),
représentants d'un art démodé ~ ses yeux.
396
La Poésie comique
On relève chez Aristophane le désir de ridiculiser
les rivaux et l'écho des inimitiés ou "jalousies personnelles".
Les écrivains abondant comme les orateurs, il est
clair qu'à tous égards la mêlée littéraire était sous-tendue
par la même ardeur que la mêlée politique. Certes, il y avait
beaucoup de poètes, mais peu de théâtres et de représentations.
Or, être couronné à la représentation solennelle des
Dionysies,
par exemple, fait du poète le premier citoyen
d'Athènes,
une gloire qui permet de graver son nom sur le
marbre et lui confère en quelque sorte une certaine immor-
tali té.
La convoitise d'une telle renommée semblable aux fonctions
de stratège n'est donc pas sans susciter dans les coulisses
du théâtre d'Athènes brigues, rivalités, cris de colère
parmi les concurrents. Ce n'est alors pas une gageure de
dire que l'histoire littéraire se faisait au théâtre -
le théâtre étant pour Aristophane une tribune où il développe
avec une verve égale sa thèse et la thèse contraire -, et que
la poésie comique tenait lieu de feuilleton dramatique.
Car, chaque représentation est une occasion de "vider
les querelles" nées de la représentation précédente.
On constate, en effet, qu'il n'y a pas de pièce
d'Aristophane où ne se rencontrent tout à coup, au moment
où on l'attendait le moins, quelques jugements littéraires,
exprimés sous les formes les plus diverses, tantôt une
citation spirituellement inexacte,
tantôt une attaque directe
et il est manifeste qu'aucun des écrivains connus alors n'y
a échappé. C'est ainsi qu'on enregistre la dénonciation
des concurrents dont Eupolis (voir infra, p.
414 ), qui
tâchent de s'assurer des partisans,
puisqu'on les voit se
promener dans les palestres (Gu. 1025 sqq.)
cherchant à
397
s'assurer les sympathies des jeunes gens, comme le proclame
le coryphée (f... 762 sqq.)
Il
Car,
jusqu'ici, après avoir réussi comme
je l'attendais,
je n'allais pas séduire les
jeunes garçons en courant les palestres, mais
pliant mon bagage,
je me retirais aussitôt
[après avoir causé peu de chagrin,
beaucoup de
gaieté et avoir fait en tout mon devoir] •
,
1"'"
,..,'
KaC\\""(
VOVI! O\\J XI.,
i'rc(A~~crT~~
Tl€: (' \\. V O<r 'TwV
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V
1 0... A'1,
o(eolt'"G:"O~ "v <3'"KE:U,1" ,E:Vt:J ;;>
'êxWeOuV
L' expression 1\\~6TE:.eOV irek~o(s fait effectivement
allusion aux premiers prix remportés en l'an 426 avec les
~abyloniens, en 425 avec les Acharniens, en 424 avec les
Cavaliers et en 422 avec les Guêpes.
Par ailleurs,
l'expression
T\\t~.~c(s \\;(.c(Td. vo'J'V avait
été employée déjà au vers 549 des Cavaliers.
l
,
,
Ailleurs, \\\\E;~L"O"f\\E:W est employe avec iTE.~L.
,
plus
précisément dans Thesm. 796
'ITE.{~ 'T~S 'v<.'À~vo(s lr'=e,-VOq-TWV
(221).
Une constante demeure
! Autant les poètes comiques
étaient divisés quand il s'agissait de la comédie,
- chacun
alors combattant pour sa propre réputation -, autant ils
savaient s'unir contre les autres poètes qui leur disputaient
la faveur du public. En effet, ils ont beau s'injurier
entre eux, se jeter à la face les sarcasmes les plus blessants,
tous sont d'accord pour décrier leurs rivaux, musiciens,
auteurs de d1thyrambes,
poètes tragiques, dont les oeuvres se
jouaient comme les leurs au théâtre ••• C'est évidemment
398
par esprit de corps qu'ils le faisaient,
afin de nuire
aux renommées qui les inquiétaient, mais aussi parce que
la musique et la poésie lyrique et tragique avaient un
rôle prépondérant dans l'éducation de la jeunesse.
Or
donc, chacun combattant pour sa propre réputation,
il fut de bonne guerre que les poètes comiques fussent
divisés. Dans ces conditions, on comprend pourquoi
Aristophane s'acharne avec tant d'ardeur aussi bien contre
ses rivaux (~VT~rrol.~oL.) les plus importants de la
première génération de la comédie ancienne (Magnès, Cratès,
Cratinos) que contre ses émules (Eupolis, Phrynichos,
Hermippe, Ameipsias).
C'est dans les allusions brèves mais franchement
antipathiques qu'Aristophane caractérise ses prédecesseurs
qui ne sont autres que Magnès, Cratès, Cratinos.
~~2~~:
Dans la parabase des Cavaliers (517 sqq.)
relative a
l'histoire de la comédie, mais qui est en même temps
l'occasion pour lui de persifler l'inconstance du goût
du public athénien, qui tantôt a loué, tantôt désavoué
ses prédécesseurs poètes, Aristophane cite Magnès qui
est donné pour l'un des premiers poètes (222)
a avoir
inauguré l'Ancienne Comédie (Aristote, Poétique, 5.1448
a 33)
(223).
A l'en croire, les comédies de Magnès n'obtinrent
qu'un pâle succès en fin de compte bien que les inventions
amusantes et enfantines dont elles étaient émaillées
pourtant aient d'abord fait les délices d'un public peu
exigeant. Comme en témoigne le passage suivant des Cavaliers
(522 sqq.), bâti sur des insinuations:
399
"Il
(sc. Magnès) eut beau vous faire entendre
des accents de toute sorte,
faire "le joueur
de luth",
l'oiseau "battant des ailes",
"jouer
le Lydien",
"le puceron", se teindre en vert
"grenouille",
il ne put se soutenir ••• "
:J
ov
:1 ':e; 1
\\.<.
E::'),,\\\\~E:q-E:v' )0'.
L'emploi "absolu" de
'P~:J-.').w (224), verbe opposé
à
'II<.\\..~ol..l(~ ~w (Hdt. 1.155) est déjà connu d'Hérodote
(ib.). Mais ce mot évoquerait peut-itre une comédie de
M~nès, P-:>o\\.,\\~~TurToc!~ou "Les Joueurs de luth".
Dans
\\TTIé.('VO~~Wv'qUi évoque proprement "agiter
les ailes comme les jeunes oiseaux pour prendre leur vol"
(!L. 795, 1466), mai s fig ur é men t "b a t t rel e s a il e seo mme
un coq qui chante"
en parlant des personnes
(Pl.
575)
(225),
il Y a une intention de jeu de mots
suggérant
que Magnès "bat des ailes",entendons qu'il fait de vains
efforts.
Ici
aussi,
la ~ormation désignerait :>IO tv \\..t1G:S ,
une pièce perdue de Magnes.
Quant à
Âv~~~w'l/, il signifie "imiter les moeurs des
1
Lydiens", mieux
"jouer au Lydien"
en parlant de Magnès,
allusion à sa pièce intitulée 1\\ \\J ~~~ (Les Lydiens) ;
mais aussi,
"parler lydien" chez Hipponax (in P.5.I.9.1089.1).
N'y aurait-il pas ici aussi une intention de jeu de mots
suggérant que Magnès "parle lydien"
, c'est-à-dire "écorche"
le grec ?
400
Le verbe
~~"~,w correspond ici à "mettre en scène
des moucherons", allusion étant faite aux 't'-r"'~S, "Les
~oucherons", ou "Les Gallinsectes", une comédie de Magnès
appelée ainsi. Mais
le senS obscène
"user par
frottement"
(Com. Adesp.
12) et donc la synonymie avec
P)~~é~V sont peut-être sous-jacents. C'est un dénominatif
,-
1
(
tiré de'\\J,,\\Y, ~1voS "gallinsecte" (Cynips Psenes), sorte
de mouche qui vit dans le fruit du figuier sauvage et du
palmier mâle (226).
Enfin, l'expression
[->0<. \\fol..XE.lOl.S suggère r~~Teo<.x°L.
"Les Grenouilles". Le scholiaste,à en croire Neil (n. dé
vv.
522-3) p. 77), rapporte qu'originellement
le visage de
l'acteur était barbouillé de Î-'0C'eo<.xE: ('-)oVV"teinture ,
colorant vert"
avant l'invention des masques. Observons
que, malgré la correction de (Kühner-) Blass, on peut
,
,
1
S
preferer ~T~o(XE-l. Ol.
(- Xl
(. - r ) ,
qui est la leçon de
RVep. En fait, ~o{Teol.xE:LO~r;:..,rappelons-le, c'est le
datif pluriel de ~a(TeolXE::(l.)ouS, connu par le neutre
~ T(d.XE:(I..) or;:" (cf. LSJ 9).
Cratès
Dans la même parabase (537 sqq.), Aristophane raille
plaisamment Cratès qu'il présente comme un poète divertis-
sant son public avec un régal assez maigre, et qui finit
donc par encourir son courroux. Aussi
Aristophane applique-
t~il l'image du cuisinier - assez courante du reste (227) -
à Cratès qui avant lui, note Taillardat (in 753),
"pétrissait la pâte comique pour les spectateurs athéniens"
"Et Cratès, que de colères de votre part n'a-t-il
pas essuyées, et que d'avanies,
lui qui d'un
simple déjeuner, vous renvoyait régalés à peu
de frais,
pétrissant d'une bouche des plus déli-
cates les plus ingénieuses fictions"
(ap. T., ib.).
401
~!> ~rr~ <I"t'""'\\A~~'=>
1
~rr~ ~\\cI.\\~OT«TOV
1
t'- fè. \\l'TO v
~T\\Jt<èl.\\...Ot'"Cl~'=' "mauvais traitements, abus" est
un hapax fait sur
~TV~<::Â- l.r- (considéré comme base
de
q" T'v ~€: A~~ vJ
,
généralement "mal trai ter"
(228)
avec
, 1
'Î
c.""
Cr")
\\",OS(comme
-1\\."'Ot'-0,Ssur
EA\\...TTw
(E.1\\.\\...\\/<.-
]
).
?
,
"'l
C-
1
Le scholiaste explique le mot par
o'(Çol..S, AOl..ùof\\.olS,
Cl
1
ù~eE::\\...~) r-<Gr-t"'-I..~·
, C
1
C'est un mot qui
rappelle
~ÛvJ\\/LoI..~~OS(!:.: 389).
, 1\\
l 't../
. ,
, : > / , ,
t"\\e\\... cr-T\\...lvJ'V , verbe denominatif tire de o(,f\\..~Tov
"repas du matin",
Il.
24.124, Od.
16.2,
est en relation
,
--
--
avec
~cl TTVol", verbe courant (229),pris figurément en
parlant des réflexions,
comme,
par ailleurs,dans O.
463
f)
1
c.\\
C "
() 1
-
( ... "opOS/
cV
ù\\...o!.t"-ol.TTf:LV OV KWI\\V(ë:\\. ap. T 573
n.4).
Car,
p--c(T'T'~\\...V c'est proprement "pétrir, masser"
dit
spécialement des gâteaux de blé qu'on bassinait et consommait
sans les faire cuire au four.
,
1 <z.
Somme t 0 u te,
0{ f \\... <!f' \\1.. l-J V illustre la métaphore assez
familière du
banquet (Ar.,
fr.
313,
Athen.
8.347 el.
Or,
à en croire Lesky (p. 421), Aristote qui
privilégie
l'intrigue dans le théâtre l'estime au contraire.
Selon
407
la Poétique (5.1449 b 7) Cratès est le premier poète
comique à abandonner les attaques personnelles. En effet,
si la comédie de Magnès peut être définie comme celle
des vieux ou de la légende animalière, la comédie de
Cratinos l'ancienne comédie de l'attaque individuelle,
personnelle j celle de Cratès, en revanche, semble préfigu-
rer la nouvelle comédie, c'est-à-dire une comédie de moeurs,
comme nous le montrent à quelques égards les fragments
qui subsistent de son oeuvre, et qui sont dépouillés d'at-
taques personnelles. Donc, somme toute, une innovation
par rapport aux autres poètes et surtout par rapport à
Aristophane dont les Cavaliers, par exemple, sont l'illus-
, ' \\ : > < : . '
A
tration meme de ce qu'on appelle communement
~o(.~ ~1.. ~"\\ \\.ùE;o{
Et pourtant, comme Lesky le souligne,
si l'abandon des
attaques personnelles semble avoir rendu plus fade la comédie
de Cratès, cette comédie est caractérisée néanmoins par une
intrigue et une structure logiques.
?
1
N'oublions pas, en outre, que l'orO,,",
est le plus
souvent l'attribut des foules athéniennes qui ne contrôlent
guère leurs réactions affectives et qu'on voit souvent
s'abandonner à la colère. Par conséquent,
les propos tenus
ici à l'ombre du coryphée ne traduisent pas moins, ce
semble,
l'opinion d'Aristophane sur les Athéniens.
Effectivement, les Athéniens expriment cette colère
lors de :
- la révolte des Mityléniens (230) en l'an 428
- l'affaire de Pylos (231) en 425
- l'expédition de Sicile (232) en l'an 425
j
- du scandale des Hermocopides et de la parodie des
Mystères (233). L'Assemblée, on le sait, considéra oes
deux faits comme des défis aux traditions les plus vénérables.
Aussi la colère des Athéniens contre les profanations
des Mystères s'accompagna-t-elle d'arrestations de suspects.
403
Cratlnos
C'est toujours dans la même parabase des Cavaliers
(562 sqq.) que nous saisissons le portrait très individuel
de Cratinos, poète qui l'emporta longtemps sur tous les
autres par la véhémence de ses invectives, la puissance
de son style et l'éclat de son lyrisme. En un mot,
Cratinos aux belles heures de sa gloire était le poète
comparable à un torrent (234).
"Puis
[notre poète J se souvenait de Cratinos
qui jadis regorgeant de louanges roulait
pareil à un fleuve à travers les plaines unies,
déchaussant sur son passage chênes, platanes
et adversaires, et les charriait extirpés
jusqu'à la racine".
Mais
avant tout, Cratinos c'est le vieux poète comique
rival et donc la cible favorite des allusions mordantes
d'Aristophane. Le passage des Acharniens (848 sqq.) contient
à lui seul, pensons-nous, tous les éléments de cette
moquerie.
"Et tu ne rencontreras pas non plus sur ton
marché,
[dit le Choeur à Dicéopolis J, flânant
et t'accostant, Cratinos aux cheveux perpétuelle-
ment tondus à ... l'adultère avec le rasoir,
l'Artémon infâme,
le musicien bâcleur,
qui pue
horriblement des aisselles,
comme son pere Tra-
gases-les-Boucs".
404
G0~?~"\\\\J'(~" ~v TJvop~
,.
, 1\\
CIO
\\ 1
ïI(O~C::'- <t"\\... <:s'Ov
ï->otÙL.)WV
K
w
7
'\\
1
po(l\\..VOS
O(..E:v
~E:lI<..o(Pr-<:.VOS
\\
\\
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1
\\
t'-
X
\\!) \\.-
ov'
t"- \\,. ~
lA- 0( yD( \\,. f C?< ,
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1
~
,r.-.
A
Il
o "TT€: P \\.. rrO\\!", PO S>
PIE:: I-t..WV ,
<-
\\
\\
')1
\\
\\
\\
\\
1
S -rcl..Xv S Di..~cJ..\\1 1jV r-°V ~ \\,. I.<j\\1 )
O~vJ" '\\ ~o(Ii<.OV TW",. ~e>(\\\\Xo<.ÂWv'
lT Cl( T~() =-
T~ ol"(cI.. (îo( .... 01...1 •
La dévotion de Cratinos à Bacchus est bien connue
pour qu'Aristophane moque cette ivrognerie à plusieurs
reprises :
- soit à travers des propos tenus à l'ombre du choeur,
qui paraissent l'imprécation on ne peut plus professionnelle
(Cav. 400)
"
Si je ne te (sc. Paphlagonien) hais,
je
veux itre peau de mouton chez Cratinos"
~
1
,
k
1
r- \\..q" W ) (] E:. '10 Lt""1'1 €;'V
(01.1"'\\.\\/0 LJ
- soit encore à travers ceux qui ont été tenus dans
la mime pièce par le coryphée aux spectateurs (ib. 534 sqq.)
"[Baderne, il erre par les chemins ••• Jet mort
de soif; quand il devrait, pour prix de ses
victoires passées, "boire" au Prytanée 1 et, au
lieu de divaguer sur la scène, s'asseoir au
théâtre , l e v i sage 1 u i sant, près de 0 io ny sos ".
,.....
c::::
'\\
'\\
Xf,,\\\\1 OU( 10(5
ilev ,0(. ~<::t tf t
1\\..\\\\0(\\01/ ttol.._
Le verbe
r:r~Vf:.\\..'I/est évidemment une plaisanterie tTalf~
40':>
t\\~ <!)\\S"<D 0 11« r::J...V puisqu'on s'attendrait plutôt à l'emploi
de
5e:.\\..\\\\vG::~\\/. Tout comme dans Ploutos (v. 972)
où
~I
, ? C' 1
~T\\ .... Vf=S
est employe pour
Ë.O'-Ii<..~I"S "tu jugeais".
- soit enfin à travers ce que Trygée dit a Hermès
(P.
702 sq.)
:
"[Ce qu'il a eu?
Une défaillance] : il ne
put supporter de voir briser une jarre pleine
de vin"
'>1
1
o .... Vo\\,)
""::{E;wV. (235)
Le poète, cependant, défend les dons de la comédie,
étant profondément convaincu que l'homme qui ne boit
que de l'eau ne fera rien de remarquable (fr. 199). Les
Athéniens semblent avoir été du même avis que lui,
puisqu'aux
Dionysies de l'an 423, sa pièce, La Bouteille (nV,[II,\\),
l'emporta (236) sur les Nuées, tandis que celle d'Ameipsias,
Le Connos, obtint la deuxième place.
On sait comment le vieux poète se défendit en écrivant
La Bouteille, pièce dans laquelle il attaquait à son tour
Aristophane, l'accusant d'être le plagiaire d'Eupolis
et l'imitateur d'Euripide. D'où le surnom plaisant de
~0f\\'TI"v~oc..rl"a-,ot~"t~w\\fappliqué à son rival:
,
,-1
~I
f\\
1
Co,
') 1
('
T ~ s Sc:. q-~.; '0<. 0t'-t 0:', TI. ~ E: f'_01.'" 0 tlE:c('''\\S, V;'O "" E: l'TiO .... °OQ-J ,
'«(Vw r- 0~I" v6 ~ \\",~ , E:.ve
t
1.. tn... ~oI. Co a- TO
0( V .... ,
W V
(fr.307.2).
Dans ce fragment
donc, Cratinos qui ne reconnatt pas
dans Aristophane un conservateur de bon aloi, dégagé de
toute mauvaise accointance, disait ceci en parlant de lui
"[!l raille Euripide] et qu'est-il lui-même?
40(,
Un écrivain, au langage subtil, un chercheur
de pensées, un euripidaristophanisant" (237).
Entendons par l' expres sio n inattendue e.0 el. i\\\\.~o(e..~Totc(vt1w"
qu'Aristophane, comme naturellement Euripide, sa cible
favorite, appartiennent tous les deux à la nouvelle généra-
tion et au nouvel esprit; et sont donc considérés à juste
titre sans doute comme responsables d'avoir fait acquérir
au peuple athénien de nouvelles idées et de nouvelles maximes.
Euripide n'était-il pas admiré pour ses propos remarquables
et originaux, et également pour ses "pirouettes"
stylistiques
(Gr. 96 sqq., fr.
~3(a) D = 42(a) P in Ehrenberg, The
-
-
--
people of Aristophanes, ~., p. 285).
I
'1
\\ '"
l
....
.l>
\\
1
L'expression '\\~d..T\\-VOS o{E; .... KE:~ol~~"=VO~
~OI.XO" ~ ...~ roe~I.r.<
"Cratinos aux cheveux perpétuellement tondus à l'adult~re
avec le rasoir" donnerait à entendre qu'il est totalement
chauve, à moins qu'elle ne fasse allusion à une vie crapu-
leuse, comme disent les scholies (238).
Par ailleurs, Aristophane représente Cratinos comme
,
"'l'
1
;l\\
un vieillard (239) croulant (~. 533 ",lAc<. OE:~vJv oJV
\\t'G:ec.. G.~e<::~
ap. T 74
n. 2
p. 64, cf. Ach. 1172),
à la démarche pénible. D'où l'emploi de l'expression 6
1
'r\\
1
..
/
ll"€::~\\-\\\\Ov"\\eo 5
1""1 ~TE: r-wv. Notons que TlE:f\\..t\\OV"If0.sest
fait sur les modèles ttCê:eL~oI.:{).'S dit des femmes uniquement
Il. 5.389, 16.85, Od. Il.281, mais des hommes d'abord
h. t~erc. 323, 397, 504, des yeux d'un homme <2!' 13.401,
433 ; pour tout dire, en général, dans Homère, il est
employé pour qualifier les choses Il. 1.603, Od. 1.153 •
,
- -
- TfE:t\\,Ko<.1S
cité dans Hp., Coac. 154, 223, ~ 5.62.
1
'1'\\
1
Il aplaraIt comme jeu de mots sur iïE:~l.tof'l\\()5> l1e'TE:t"vJV
(TC€::~\\-fO~"\\'T"OS signifiant "porté en liti~re"), sobriquet
appliqué malicieusement, dit-on (240), à Artémon de
Clazom~nes , ingénieur militaire, contemporain de Péricl~s,
qui était boIteux, en juste écho à la même épithète - mais
407
évoquant "Artémon l'infâme" - donné à un autre Artémon
perdu de mauvaises moeurs.
Cratinos est aussi un poète qui bâcle ses oeuvres
1
Co
\\
'JI
\\
o
TdXV S
cI..~o(.V
\\",,\\1/
r-0VCI"\\"''v<.",\\V'
\\
1V
Il est fort probable que l'expression T"rl
t"-0\\l~\\...~1
donne à entendre, comme le suggère du reste Starkie
(n. du v. 851, p. 176),
- soit la "comédie", comme c'est le cas parfois, s'il
s'agit d'un poète comique (Eupol., fr.
357)
- soit que peut-être Cratinos fut disciple de Phrynis
de Mitylène (241), citharède des temps médiques, dont les
,
<:..
fil
i '
d"
\\i<.clr'"""oL\\...
ov<r"""o .....OIl<.lll.rl'ïTo\\.,express on qUl se
lt a
propos d'une chanson modulée désagréablement, étaient
fréquemment ridiculisées en comédie, parce qu'à l'époque
d'Aristophane la musique est en pleine transformation.
Jadis, le chant se poursuivait régulièrement , en
droite ligne
pour ainsi dire; or, aujourd'hui, il suit
1
one courbe capricieuse mise en relief par les mots
Kolt"-iT"1)
K~t '\\\\1<::\\...'1 et leurs dérivés qui désignent péjorativement,
fait remarquer Taillardat (in 784
n.l), "les courbes
capricieuses d'un air ou les inflexions de la voix".
On sait qu'Aristophane n'a eu cesse de s'élever contre
ces innovations musicales, Comme le révèlent les propos
mêmes du Juste dans les Nuées (969 sqq. ap.
T 784)
:
"Si quelqu'un se permettait une fioriture
dans le goût de ces inflexions compliquées
à la mode aujourd'hui chez les disciples de
Phrynis, on le rouait de coups pour vouloir
~b~lir les Muses".
408
r:. ? C';. __. c...
,rv
')
1
.... ::>
969
Cv
ù~ \\ -.;> d..vTvJV ~uJ\\~O.-\\0XE:U~oI.\\.\\
1
î ~!.t~"""'PE:I..E:Y TI...Voi. \\<.oI.~tr1")
(•.1
..
rv"'"
\\
.-.,J
~J
0\\.0(,5
0 .....
-..Ivv
"TI)(,~
~a(\\O<
e0"'-V To(.v'ï,,(S, l''lS
~v<r'''''''O~() 1;<.~r:1\\\\OVS
~
,
,
\\
(,.
\\ "" 0
~t\\~\\~\\.. (='€:TO
TVI\\IO t"'Vo~ tT"()1~o{ ~ vJ S laS
1 9 -
Ct"o(,S
~to(,,~~vJ".
Le vers 969 serait absent
(242)
de t'\\ et (\\4' voire
du texte connu du compilateur de ZR
958.
D'autre part,
Valckender
(dont Brunck
"épousera" la suggestion)
resti-
tue conjecturalement après ce vers en s'inspirant de La
Souda
(X 296)
un autre doté des memes caractéristiques
prosodiques
:
o(~ T6S '()E-~~Cl{& ~Y <::.. 8' > a(l-\\.OY~ 0( \\., S Xl..!<1wV ~\\
\\:r\\.. ~v\\..&~vJ".
l
,
Le composé
~V~KOÂO'Aol.t""rr'roUSfaitécho à eX~c(\\lt~w"
Il n' y a,
notons-le,
que deux composés en
~vQ" 11<.0"0-"
tou s
deux ch ez Ar i stop hane,
do nt Su q-I"<,, 0)..0 Kot ~V" qu i
. . .
" r , " ) ?
(.1
trouble le sommeil"
cIte dans Nu.
420
o<..-\\A
OVV~l"<,,o( ...
~vq-"'O')..OKO~\\ov TE: ~ç;;\\Cr-\\l",\\S.
?
1
C'est un type qui
rappelle <f~I-'-d..\\olAo(r"'roiS"tourneurs
de chants"
(Nu.
333)
en parlant des po~tes tragiques et
- -
?
1
dithyrambiques
(243).
D'où le verbe dénominatif~~t""ol.TOKoI.t'"rrE:W
(Tzetz~s in
An.
Ox.
3.339
• Il l ' a pris naturellement à
Aristophane étant donné qu'il est du XIIIe siècle).
,..,. f\\
(
'le
"'a-t'"d.. ,o(.IO.=" TO (tfùu,» signifiant "chanson", spécia-
lement "ode lyrique,
hymne"
est relativement rare,
comme
..
,C;:,
les composes
j
en revanche, ~ù"\\ est courant.
En premi~re partie de composé, sous la forme ~<r r"'o(. 1'0-
..
,
on denombre trois rubriques seulement
(dont celle d'Aristophane
:>
1
et celle de l'emprunt de Tzetzès) Q(.\\t'k-ol.'rot'\\"Ol.oS(Ath.
5.181
e).
\\
, \\
1
Comme verbe dénominatif on a ~\\Ir-o(. \\oÂoOE:W(Artem.
1. 76) •
409
Du reste,
les modes hdruare,
phrygien et lydien,
tendent à évincer les modes nationaux; qui plus est,
:>
/
les ,instruments asiatiques (~oll~ ~U\\l\\.~ "harpe (?)",
T~v 'twVOV"triangle") supplantent les instruments
nationaux.
Dans ces conditions,
le passage des Cavaliers (528 sqq.)
accréditerait cette thèse.
Enfin, Cratinos, c'est aussi le rival malpropre et
qui sent le bouc de surcro!t : :lb7w\\l lo'<:.o(l.1l,,6\\1 r-o((I"Xo{À~V
Le verbe ':>~~<::.....v'
est un verbe courant (244)
, de même
que les expressions assez fréquemment citées chez Aristophane,
,
.
B '
/
:lie:,; .1
:>1 k
/
a savoIr,
•••
l"ive~"'\\CO \\l<.Ol.Io<.I,.<S"\\o\\l O(:>v (Cav. 892), O,f;'- \\1(0{-
l,<. ..... tr\\oV •.•
~v~~~S (Gu. 38).
Le mot
Tfc<.~c(q-oI..~ovsuggère peut-être un rapprochement
- d'une part, avec la plaisanterie étymologique du
•
~
'\\
'\\
l
')
c...
vers 808 des Acharnlens :
~ooO(rrot. ,0( XI!lI..'l.
.J wS
T~ llI.lol. CI"0(~ ci.. ~ Cl(~ \\f "=:.\\el \\" ,
Il y a , en effet, dans l'emploi comique de Teot. OCll q"o(\\:"o{ ,
/
a !lus ion à la fo i s au ver~e Te 01, 'Of:\\.. \\1 "c,roquer"
et à la
ville de Troade ou de MYSle,
TecX.Oc{IiO/,L.. (245). L'explication
du scholiaste semble corroborer cette assertion •
'\\
c...
? '
<'V
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~
C.I
co ,
bl.rro, \\O~
Tew'YE;\\..\\1
\\<.0< .....
vJS
G,t\\o(. .....
~V> o(r-ol
01<-
k ~o "oÀ E:wS ~
- d'autre part, avec la plaisanterie homonymique
"décochée" dans la Paix (v. 814) à l'encontre de Morsimos
et de Mélanthios, filsde Philoclès et petits-neveux d'Eschyle
leo(.~cr0f->ol.v t'-\\...I,eo[ )T~o(00r-~<t""Xo(:Zot, tx9IJO~Vr-olL,
(246) •
Nous recourons là encore au témoignage du scholiaste :
t'V
cO',
0/
c.
\\
fV
,
t
"
T~d..OclC{'o(\\..O~ ()e. e:\\..lTE:. 0 .... 0( TvJV Teol.O"'>V· e)vq"wÙl.ol.v'.
410
Sou lig non s que l' hap ax \\~ ol..1o<.'J.. ~) vJ (Gu. 674) es t app arenté
à le ~ OÇ:.,,-V (247).
Rappelons qu'une plaisanterie semblable se rencontre
non seulement dans les Cavaliers (v. 899) avec Ko'treE;\\..OS
mais également dans l'Assemblée des Femmes (v. 317), où on
l i t
Ka it" \\ €: Dt\\;' 0 s.
Quoiqu'il en soit, il y a dans ces deux jeux de
1
mot s allu sio n au mot
\\.<.0 rr eo S "fami er"
et au dème at ti que
Kopros.
Quant au génie défunt de Cratinos, Aristophane se platt
~:.le vanter ironiquement. Or, l'audace et la vigueur de
Cratinos étaient universellement connues, bien qu'il nous
reste peu ou pas de fragments de ses oeuvres, comme ceux
des X€:"-\\,,,cl.){r=c::VOl.,
une pièce q~i remporta le second prix
après les Acharniens ; ou des Zo(Tve0l".,second prix après
les Cavaliers. Mais sa vigueur renouvelée et le succès
remporté l'année suivante avec La Bouteille qui triompha
des Nuées·montraient brillamment que son époque n'était pas
encore révolue. Toutefois,
il se peut que l'intrigue
qui
sous-tend
La Bouteille, à savoir, l'abandon de son épouse
Kw t'-'î'~~d, par M~e"\\ "Ivresse", ait été suggérée par le
passage des Cavaliers (v. 517)
:
"L.
mais notre poète estimait que faire jouer
une comédie est de toutes les tâches la plus
ardue]; bien des gens en ont tâté, mais à bien
peu elle fut complaisante".
\\
C'\\
1
:>
\\
/ ' 1 /
~
00(.\\ 0,,"\\ ITE:l...eC(q"O<.Vlu)V «.vT,,\\V /01<.1.. 0°\\..;;;;;>
Xc/. f \\.. (f"o(lS"~o{ \\.,.
Or,
tout semble porter à croire que l'image du vers
a été employée par Cratinos si l'on se réfère au fragment
186, qui est une sorte de réplique à Aristophane (248).
41 1
A présent donc, Cratinos est un vieillard radoteur,
image traduite par ~'f> f::....\\/
avec l'acception de "chahter
,
la même chanson", autrement dit, "se répéter" ou "parler
pour ne rien dire"
(249).
Il n'est plus en l'an 424 qu'une vieille lyre "disjointe
et impropre à tout service" (250). Comme le coryphée le
le déclare aux spectateurs dans ce passage des Cavaliers
(531 sqq.)
"Et aujourd'hui que vous le voyez radoter,
vous n'avez point pitié de le voir divaguer,
pauvre lyre dégarnie de clefs, aux cordes lâches,
aux joints béants" (251).
oI.0\\~" O(;:;'''Tfè:S (\\o(\\<:X.A,,\\('00VT?
00", 'É:?.E: c:: t'lE: ,
~?~ lATp t-VV 'v<. o(~ To û' T6-
\\ VOV
c0'IA~'T'g"6vTO:::'
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f\\ ') Co
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•
Tv.J"
\\J
ol't""0V\\..WV
c.J\\..oI.Xç(.~KOV'S'W"
Il faut noter que le composé
CS,-cl..Xc("1" KOVf{'0J'I/ qui se
traduit "bailler, ouvrir la bouche toute grande, être béant"
(Thphr., Hp. 3.9.1) appartient à la série des composés
-
?
..
:>
:>
incoha}i fs de - XJ.<s"KvJavec préverbes (0(t"11.':""", ot.~o<-, Ey;"
E:~-:,f:rr~y-; ~olTo{.-, r-G::To(.~ ITE;~\\..-; rre0q-;- \\JTtC-) ,
mais qu'il jouit ici d'une certaine priorité par rapport
aux autres.
Mais n'oublions pas qu'Aristophane est coutumier des
èontradictions. En effet, nous savons qu'après qu'il fut
mort, Aristophane a décerné pourtant un solennel éloge à
Cratinos qu'il railla de son vivant. C'est ainsi qu'il lui
1
(' \\
applique l'épithète de To(.V~C~o(.yO.s(~. 357 """1 0 Ç; \\(Pol-
,
N
1
Il
0
rv , :).
7...' e,\\
\\\\.."00
Tov
'T"ol.VeO~o(.rov '0 uJïT~~ F->o(II<.XcE:\\..
<:TE: "=~ ,),
un terme d'acception obscure ici, puisqu'il s'agit d'une
épithète de Dionysos lui-même (Soph., fr.
668 N2 ap.
2
L.S.J.
9 = 607 N
ap.
T 757).
412
Cette métaphore suggere, comme le souligne Taillardat
(ib.), un rapprochement avec cette autre image dite
plaisamment d'Eschyle au vers 1259 des Grenouilles,
•••
\\
t'V
';)1
d
•
•
ToY ~o( KXel.OV o(V'oI.\\,o(.\\'cr. ou " [ce ]rol de l'art bacchlque".
:>
1
•
Il n' y a pas que Cratinos comme
o(VIL i\\olAoS,mais aussi
des émules qui ont pour noms Eupolis, Phrynichos,
Hermippe
et Ameipsias.
~~e~!!~
Il fut le rival le plus sérieux d'Aristophane. En effet,
hier son ami, aujourd'hui, il était son rival.
N~ en l'an 446, Eupolis était à peu pres du même âge
qu'Aristophane. Sa première comédie fut présentée en 429
et depuis cette époque jusqu'en 412, soit dix-sept ans
durant, il remporta quatre victoires aux Dionysies et
trois aux Lénéennes. Donc jeunes tous les deux, Aristophane
et Eupolis étaient liés,à ce qu'il semble, par la communauté
de leurs idées. On sait qu'il y eut collaboration entre
Aristophane et Eupolis tant qu'ils furent des amis. Mais on
ne sait jusqu'où alla cette collaboration qui ne dura guère.
Car, en l'an 422, c'est-à-dire deux ans après la représen-
tation des Cavaliers, dont,
rapporte-t-on, Eupolis écrivit
pour son ami la seconde parabase, les deux amis-poètes étaient
brouillés.
En effet, en l'an 420, Eupolis ayant à peindre Hyperbolos,
Successeur de Cléon, dans son Maricas,
l'aurait fait,
soutient-
on, assez semblable à l'Agoracrite des Cavaliers. D'aucuos
disent même qu'il n'aurait pas craint de reproduire quelques
passages, ou même le plan des Cavaliers comme si cette
comédie lui appartenait. C'est pourquoi dans la parabase
des ~s (553 sq.) Aristophane lui reproche d'avoir copié
413
(ÂWi\\O~VIIë\\:'V,Cf.ÂWït"O~JI"\\S ap. T 773 n.5) sa pièce
en la défigurant :
"Eupolis, tout le premier s'attifa sur la scène
de son Maricas ; il s'était contenté de retourner
nos Cavaliers, le pauvre, pauvrement"
(ap. T 773).
E.
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t'V
1
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~rro'J..,,~ r-'=V ToV
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1r-të\\'E:: \\ 00 S
'tirre:o/.S K"f~ oS '0<.....11<.
~.
Or, dans les BJnTc(1. ou "Les Purificateurs", pièce
datant de 415, Eupolis affirmait le droit que lui donnait
sa collaboration d'autrefois. C'est pourquoi, il se dit
l'auteur des Cavaliers
"Moi qui ai composé ces fameux Cavaliers,
avec ce chauve, et qui lui en ai fait cadeau
ensui te".
Il est rapporté, en outre, dans le fragment 54 de
,
' . ; : ' ,.-'"
l' Anagyros, ou on lit
~ \\1\\ ù l:::
1 S tr-1''ô XÂo(\\I~~OS
,
~
le
~
'-~I2~e;, 0(" A ··1'
se fit trois courtes
Gl. o~5 Ti'Ol.wV, qu'Eu Poli s
p~lerines du manteau d'Aristophane.
Selon Taillardat (in 773), ces trois pèlerines pour-
raient faire allusion au Maricas
datant de l'an 421,
peut-être aux Flatteurs
et sans doute à l'Autolycos,
deux pièces représentées en 420. Du reste, l'image d'ample
manteau est reprise et développée dans le fragment 55, où
Aristophane le riche reproche à Eupolis le pauvre d'emprunter
les éponges de son rival, c'est-à-dire ses inventions
414
comiques, parce que, renchérit Aristophane,
" [ saJveine
indigente est vite épuisée"
(252).
On sait aussi que dans ses comédies postérieures à l'an
422, Eupolis s'est plu à flétrir avec force les riches
personnages qui entretenaient des jeunes garçons. Or, on
constate qu'il semble avoir fait amende honorable acheté
sans doute par l'un d'entre eux. Voilà pourquoi Aristophane
dans un passage des Guêpes (1027 sq.) qualifie la muse de
son ri val d' entremetteuse (1Tfoo<.o""06S), pour signifier
qu'Eupolis tourne autour des palestres dans l'intention de
Séduire les jeunes gens (253). C'est une métaphore, souli-
gnons-le, peu courante:
" [•••
il (sc. Aristophane) ne tourna pas autour
des palestres en séducteur
••• car J il a un
certain tact et qu'il refuse à faire des muses
qU'il fréquente ses entremetteuses".
,
) ';)/
,
V. rv
.... )'vwt'iv' T\\..V té.'fvJV ~\\t'\\.. €:.\\..
" \\ )
c./
1.. V rJ...
T~S ~oJcr-oLS <xter\\.v .x(\\To{v t'-~ tt~oo(-
"(\\IV tO~ S OLTrO ~~ V~.
A Phrynichos comme
à Ameipsias, autres émules,
Aristophane reproche la trivialité de leurs plaisanteries
(Gr. 12 sqq.)
:
"Pourquoi alors me fallait-il porter ce bagage,
si je ne peux rien faire de ce qu'ont coutume de
faire les Phrynichos, les Lycis, les Amipsias,
quand ils portent des bagages, à tout coup, dans
une comédie ?"
415
Etabllssement du texte:
Les vers 13 à 15 sont les restitutions conjecturales
de Coulon d'après ZR'! Ald ; car, la leçon de R.V~S est
<p~0"\\'XoS l··· f\\Jv.I..S A,(.~t'-e~~~o(s l<r~€;~"\\ ~G\\OV~'
(RV
mg. U ,<f'.<.E:u'\\10eov<:r
V 1-\\ \\Y\\ S).
,
1
L'expression Kot ~€;\\"t\\'..(,I..Sest un nom propre. Toutefois,
c'est un type qui rappelle (254)
(mais avec une intention
,
1
evidente)
tr'vepL.o(S
n
\\ .
:> CI
•
IV'
' " ,
1
1
\\
HesYC~.'1 4461 SchmIdt. rrv~el..otS
Tw"
01E:WV T\\..S ..... tro
Xew Itel..';0 oS •
rv
et
~Â.E:t\\"O(SqUi désigne une sorte de poisson = Ke:~ol.Â.VIOS
Dorio ap. Ath. 7.306 sq.
Et pourtant, lorsqu'Aristophane fut le concurrent malheu-
reux avec la première version des Nuées, Ameipsias obtint
au contraire le premier prix avec une pièce bâtie sur un
.
k (
sujet identique, appelée
oV'l/0S, comportant le personnage
1
de Socrate et un choeur de ~e0'l/T\\..q-TolL. "penseurs".
Connos, rappeloBs-le, a également servi de plastron à
Phrynichos, si l'on en croit Taillardat (in 455), qui fait
remarquer par ailleurs qu'un certain Connas, - dérivé péjo-
ratif de Connos, a été raillé par Cratinos (fr. 317).
Qui plus est, ce même Ameipsias obtint aussi le premier
prix avec sa comédie intitulée, V\\Wr-oI.cr"'Tol.(. "L~~_Joy~~
Convives", ou "Les Viveurs", tandis qu'Aristophane ne prit
que la deuxième place avec ses Oiseaux, Phrynichos la
troisième place avec le tv\\O'l/6Te0tfoS"Le So!..it.aî.re",
une
autre pièce d'évasion.
Dans les vers 555-556 des Nuées, c'est la bassesse
du priapisme de Phrynichos qui est décriée en ces termes
Le Coryphée .-" [Eupolis tout le premier s'attifa sur
la scène de son Maricas ••• ] en y ajoutant une
416
vieille ivre,
pour le cordax, personnage depuis
longtemps cr~~ par Phrynichos ••• "
t'V
f\\1
t'V
1 C'rJ
1e«.vV tLE:.,h)I1'y\\v' ,ov ~oS Ù''''' - \\
t-
,
c . 1 ,
c.,
Ko,:>
() \\J
E:X ) "\\ v
l
')
irE:\\\\() "1 X ,."
Il se peut qu'il s'agisse dans l'emploi de l'expression
Oe~VV l"-~(Mc:r1v' de la mère d'Hyperbolos, dont l'ivrognerie
~tait une plaisanterie courante à l'encontre des femmes
(Ar., Thesm. 628 sqq., Pherecr., fr. 143, Platon le Comique,
!.!:.: 174).
Le cordax est une danse propre à la com~die, mais
jugée indigne parce qu'on la donne pour bouffone et
licencieuse (Nu. 540 .••
' "
E>VÙ<ë
1
C
\\<O,c)o(.X :>
(../n
e: .....
"
,,\\<Vq"e:
)
(255).
~~:~!~~~
Quant à Hermippe, il lui reproc~e son manque d'invention.
Car, dès qu'il eut appliqué dans les Cavaliers (309 sqq.,
864 sqq.) l'épithète péjorative, du reste unique, de
"picheur en eau trouble"
(256)
au démagogue Cléon, aussit6t
Hermippe - et les autres rivaux à sa suite -, à en croire
Aristophane, se mit à lui subtiliser la comparaison appliquée
aux anguilles pour l'accoler à son tour à Hyperbolos, le
successeur de Cléon, et démagogue-chef d'Athènes, dont nous
entendons parler pour la première fois dans les Acharniens
(845 sq.),
les Cavaliers (1304, 1362 cf. ~. 1066), les
Guêpes (1007) et la Paix (681-692). A la mort de Cl~on,
en effet, on le représente (~. 681) comme le plus influent
démagogue de l'Assemblée (ib. 921, 1319).
C'est pourquoi sur trois vers Aristophane persifle dans
la parabase des Nuées (557 sqq.) ce plagiat et par voie de
417
conséquence,
il revendique la "paternité" de l'expression
proverbiale en passe d'~trc populaire.
"Puis, ~ son tour, Hermippe prit ~ partie
Hyperbolos, et tous les autres de taper sur
Hyperbolos, en m'empruntant ma comparaison
des anguilles "~Cap. T 705).
Il est ~ noter que la plupart des comédies d'Hermippe
portent le nom des personnages politiques qu'il attaque.
Ainsi
nous avons Hyperbolos, Pisandre, Cléophon.
1
En revanche, son Hellas (c;.E AJ.oLS ) dépasse les questions
purement personnelles et traite des questions générales de
la politique grecque (257). Cependant,
la pièce dans laquelle
Hermippe ridiculise Hyperbolos est, selon la scholie de (-(VE ,
'~~TO t\\"vJJ..L~Q:s "Vendeuses de pain", où un personnage repré-
sente la mère d'Hyperbolos constamment attaquée: un passage
des Thesmophories (842 sqq.),où elle est considérée comme
usurière, et le fragment 9, en sont un vivant exemple.
La Poésie tragique
La crise de la fin du Ve siècle a touché le domaine
religieux par plusieurs côtés.
D'une part, en tant que crise politique, elle a ébranlé
les structures sacrées de la société et la confiance dans
418
les dieux traditionnels. D'autre part, en tant que crise
intellectuelle et "humaniste"
, elle a impliquê un dêtache-
ment de la pensêe religieuse traditionnelle.
Mais il serait toutefois exagéré de parler de "crise"
pour ce qui est des arts. Car, il s'agirait plutôt d'une
évolution,qui s'amorce avant que n'êclate la crise politique
et dont on marquera le plus aisément le sens, pensons-nous,
en la rapprochant de celle que semble révéler l'oeuvre
d'Euripide dans la tragêdie.
Nous y notons, en effet, la tendance du poète à prêter
plus d'attention aux problèmes mineurs, et notamment à ceux
de la psychologie passionnelle fêminine, qu'aux grandes
questions mêtaphysiques qui faisaient la matière des pièces
d'Eschyle et de Sophocle. C'est une attitude qui implique,
de la part d'Euripide, un certain détachement critique
(nullement irréligieux en soi)
à l'endroit de la tradition
religieuse. Un passage d'Aristote (Poêtique 6.1450 a 25)
permet de fournir un parallèle, où le philosophe loue
Polygnote (contemporain d'Eschyle)
d'avoir su exprimer un
èthos qu'il ne trouvait plus dans Zeuxis (contemporain
d'Euripide)
; autrement dit, l'art du premier aurait diffusê
une sorte d'enseignement religieux et moral dont le second
se serait dêtournê pour se concentrer sur l'étude de l'humain
en soi en empruntant des thèmes mythiques comme chez Euripide.
En d'autres termes, si Polygnote peut être dêfini comme le
peintre de la grande époque tragique, Zeuxis, en revanche,
serait celui de l'époque sophistique (258).
Or, l'évolution de l'art du dernier tiers du siècle
ne saurait toutefois s'expliquer exclusivement par des
considêrations d'ordre religieux bien que ce fait même soit
d'importance pour l'état d'esprit de l'époque. En effet,
il était inéluctable que mettant un terme à l'austérité
politique et matêrielle de plus d'un siècle de luttes, la
419
paix et la prospérité qui règnent, du moins à Athènes,
à partir du milieu du siècle, s'accompagnassent d'une aspira-
tion à quelque détente. Par exemple, les grands travaux
péricléens entrepris au moment où s'ouvre cette période
apparaissent comme l'aboutissement et la sublimation de
l'esprit de l'époque antérieure, pour ainsi dire,
sublima-
tion péricléenne et phidiasique de l'esprit des temps
cimoniens.
La revue comique des poètes tragiques figurants
Pour le poète comique, en tout cas, le nouvel esprit
qat pénètre dans la tragédie, et donc menace la simplicité
de l'ancienne éducation, est que l'incrédulité y remplace
la foi,
et qu'au lieu d'y chanter la gloire des dieux,
on y apprend à les calomnier. On sait que Carcinos, c'est
avant tout le poète tragique qui est souvent raillé par
Aristophane d'avoir introduit dans un de ses drames - sans
doute
La Souris si l'on fait fond sur le scholiaste (259)
de R à ~ 794 - , qui paraît une comédie - des dieux
qui se lamentaient (Nu. 1259 sqq.).
Autrement dit,
le théâtre achève ce qu'ont commence
l'Assemblée et l'école,
parce que la tragédie touche à son
déclin après une période de progrès ininterrompus, et ce
d'autant plus que l'art s'y affaiblit.
Ainsi donc,
sous le fallacieux prétexte de servir la
bonne cause alors qu'en fait il s'agit de sa jalousie
personRelle, Aristophane va se jeter avec fureur sur ses
confrères, les poètes tragiques, qualifiés, comme Taillardat
élit (in 761),
"d'auteurs impuissants de tragédies", dont le
nombre impressionnant ne semble du reste pas suffire à faire
oublier Sophocle et Euripide.
420
Relisons donc,
à cet effet, la comparaison caustique
de Dionysos appliquée aux poétereaux ravalés au rang des
grapillons qui risquent d'absorber la sève au détriment des
raisins déjà formés s'ils ne sont pas épamprés à temps:
Héraclès (A Dionysos)
.- "[N'y-a-t-il pas ici d'autres
petits gamins qui font des tragédies, plus de
dix mille,
qui dépassent Euripide d'un stade
en bavardage?
]
Dionysos .- Pousses gourmandes que tout cela,
purs
bavards, académie d'hirondelles, des propres
à rien, tout de suite vidés, si seulement ils
obtiennent un choeur, pour une fois qu'ils ont
lâché leur eau sur la muse tragique. Mais un
poète créateur à la voix généreuse, on l'eût
cherché en vain" (ap. T 733, 761).
Les métaphores ou expressions irrévérencieuses telles
que ~l\\\\'~~?),~~éS, I:fTwr-,0J.~o{To{,X~?. .... ~~"WV t"0v<r<::'t'o< ,
~uJ(b~'To(\\" TE::XV,,\\S
,meritent, pensons-nous, quelques
remarques.
'E\\"~·\\·tvÂ~~SE:S
Proprement, il correspond à "grapillon, petite grappe
qu'on laisse sur la vigne" (Corn. Long. 6.191 (~.)),
4?1
mais ici dit m~taphoriquement des mauvais po~tes, autrement
dit des rimailleurs (5chol. Gr. 92, D.H.,Rh. 10.18), et
signifiant "pousses gourmandes que tout cela". En d'autres
termes, ce sont des "petits jeunes qui ne produisent rien
qui vaille".
On lit quelque part dans Merry (260) que Fritzsche
)
"l"'l'<'
<v,,,
1
interpr~te e.rr"tvAAvÙE:S To(vT €:.~Tc.. dans ce sens, tandis
que L5J 9 "~pousant" le point de vue du scholiaste rend la
m~taphore , awons-nous soutenu, irr~v~rencieuse, par
"grapillons qui ont surv~cu à la vendange".
C'est un type qui rappelle (261) T~1. ~\\ll).'l[S = b~o(Â~s
"oxalide surelle" (Dsc., Eup. 2.60 codd.)
; mais aussi des
termes récents en -(~)- ~v?lL.S tels que Olê:AvJTt~\\lÂÂ""S
"chanvEe indien, Cannabis sativa"
cit~ dans Plin., H.N.
24.164.8, l'accusatif pluriel 0"rrotvl'J..L~o{.s, variante de
)E.rrl..t\\lÂÂ~~o(,S' (LXX Ob.L5).
Comme d~nominatif, on a ~lTl..~lJ?-..Â.~ 11.0
"grapiller"
qui se prend figur~ment avec le sens de "chercher avec un
soin m~ticuleux" (Lxx La. 1.22, 2.20), et qui a pour varian-
,
1
- - -
te
E:lT\\.~ollJÂ\\..~W (lb.).
Ce mot d~signe par m~tonymie un individu et a le sens
actif de "bavards" qui sont assimil~s à des oiseaux, et
notamment
à la pie (~~ T ra( ) •
D'où la m~taphore animali~re X6Â\\..~~"vJ\\f ~OVI3'"f:~o{.
En effet, si le texte transmis est X€:AL.~~"'-"\\f ~ovcrE:(:'e(, -
les hirondelles ~tant considér~es comme des oiseaux dont
le chant (~ 681 sqq.) est le type même du discours barbare,
voire non hell~nique, - on relève toutefois dans le texte
2
du fragment A8 N
d'Euripide, Alcm~ne, l'expression &",\\<i>~"vJ"
r--0\\J<ï<ë~O" désignant une "académie de rossignols", une
422
qualifier
, ~ \\
E:V1v",s
On notera aussi qu'Euripide,
à en croire Aristophane,
est un collectionneur de stupidités (Gr. 939 sqq.), dont
les pièces ne sont autr·es que des X~A\\.~~Vv.JV r-0v<rE:l:'c:(
c'est-à-dire par transfert d'image hirondelle/pie, des
"Conservatoires de pies"
(262), comme Taillardat l'enSeigne.
C'est ainsi qu'en voulant accuser un démagogue, Cléophon,
d'être étranger, Aristophane le donnera pour une hirondelle
thrace, perchée SUr ses lèvres (Gr. 681 sqq.). Pour les
Grecs, en effet, toute langue barbare n'était que pépiement
d'oiseaux (Eschl., ~. 1050 sqq.).
t\\ \\AI 01To(~
f\\ w \\J "\\To{ ~
n'est attesté que chez Aristophane et
signifie "qui font tort à leur métier". C'est un mot qui
a pour synonyme ?.wf->"\\'~~ signifiant "qui outrage,
insulteur" (Il. 2.275, 11.385), mais généralement "qui
fait périr, qui ruine ou détruit
(par exemple, les
Erinyes)"
(Soph., Ant. 1074).
Comme verbes dénominatifs (ap. Kr., p. 103), on relève
Âw~Jo r-olv ayant pour variante Âw ~l()~\\' (Hp., Art. 35)
qui signifie "outrager, maltraiter" (U:... 13.623), et
spécialement "mutiler" (263)} et le préverbe à la forme
?
'1
1
passive
e:\\I<.,"'w~o~oI..l., "recevoir une injure grave" (Soph.,
Ph. 330).
1
C' "\\
/
Par conséquent, l'expression "60"1. r-ev ùE: ttO\\- ","'t'","
(dont un passage de Lucien, Rh. Pro 23 : rO,,\\.~wTtfeo( ~E:vé.~
<r~vJ ~ QÀ~I:t"~ paraît, à maints égards, un calque) désigne
\\
c::.
' . 1
A
j,("olToC.
tre'!l~ oo",-\\-D{v Aristophane lui-meme qui se donne pour
"créateur fécond"
par opposition aux autres considérés comme
"stériles, vains", donc
~VE. ~\\..olt'~v (Plat., Tht. ISle).
423
Ovide exprimait à pelJ pr~s la m~me id~e dans Les Pontiques
(4.2.11 sqq.) à propos du poète Cornelius S~v~re
"Ton esprit est f~cond et de tous ceux qui
cultivent l'H~licon, nul n'obtint une moisson
plus abondante".
Fertile pectus habes interque Helicona colentes
uberius nulli prouenit ista seges.
Rien de surprenant dans ces conditions que la Muse
comique - ~ ~w\\~~o<SI.'f'I<.d.).~c(- refuse ses faveurs à ses
rivaux (264)
"
beaucoup la courtisent ; mais elle accorde
a bien peu ses faveurs"
(ap. T 733)
l\\o2J.~" O~e ~\\ ilE::I.(d.\\i~"TW"01..&'1;" ~~L00I.~ Xol.\\~trclc:r~o{l.
<,C a v. 517)
Ce sont des personnages grotesques, n~anmoins amusantes
silhouettes d'~crivains, que l'on voit passer dans ses
pi~ces ; qui y font quelques gestes drolatiques et disparais-
sent. En somme, des figurants,
pourrait-on dire.
Il s'agit de
Hi~ronymus, Th~ognis le Tragique, Morychos, Sth~n~los,
Philonid~s, Philocl~s, Carcinos, X~nocl~s, Morsimos, Acestor,
M~lanthios, Agatho~.
~!§:~~~~~::
Il est raill~ à cause de sa tignasse. D'où l'~pithète
<rKOTo<i>ol.lf"'JtTVKIIO"fI.XCI(
citée dans Ach.
390, qui se
comprend "aux poils sombres , ~pais et serr~s", c'est-à-dire
"impénétrables", en somme. C'est un grand composé qui
conf~re plus de dignité (265) au contexte qu'un--mot court,
une cr~ation comique comme Aristophane a l'habitude d'en
façonner, malgr~ Starkie (n. du v. 390, p. 86)
pour qui
424
cr~oTO~~..V lTV\\l(.V~"e'-xo{ f ai t partie des composes qu'on
trouve souvent dans les dithyrambes; en d'autres termes,
le mot,hapax pourtant, appartient à la phraséologie des
poètes dithyrambiques qu'Aristophane a persiflés dans les
Nuées (332 sqq.). Peut-être,
renchérit-il, Hiéronymus
avait-il été récemment ridiculisé pour l'emploi de tels
termes.
Quoi qu'il en soit, on constate, en tout cas,
que ce
mot se singularise par l'accumulation même: <l''lI<..o-ro--
+
~oI..<r
T,
V -
'ITV \\Â \\/<:l
~Xo<. .
*Z'o<.6""O~fl.~ est inexistant mais on a dans les composés
en -d)- Ç}~l.~, -T~\\.Xl>S(ap. B.P., p. 621), ÂE:~.J\\<.b~eL~
Eu r ., Ba. 112, Ar. ~ 9 7l, Ca 11 i m., Ce r. l 20 • - "0 e06GeL~
(Eschl., Cho.32).- l;"-'-:Zo\\..v6êe"'~ (Hp., Ep. 1.19) .-t\\I!ll.II{O_
?..J ~eL~
(Eur., A~. 584).
En revanche, 1>oe.q-0~\\L~ (Theoc. 7.15, Simmias (A.P.6.113),
Nonn., Q.... 48.673) et
rrv'-<.vJO~\\'~ (Nonn. 36.302) sont
tardifs et très rares.
En définitive, Hiéronymus, c'est le poète lascif et velu
(~~c:rLOS) comme un centaure (~. 348 sqq.), dont les
"sombres"tragédies , selon Aristophane,
sont remplies
d'apparitions terribles (266).
Quant à ~~~~2~~~_!~_!~~~!9~~' il est si ennuyeux et
si fr7id
('fVXf6S, Thesm. 170) - d'où le surnom de "Neige"
( X~ wV, 5c h0 1. Nu. Il) - que laThra ce" a u ci el dé j à peu
clément" se couvre de neige et que les fleuves charrient
des glaçons le jour où l'on représente ses pièces (Ach.
138 sqq.)
(267).
~~~~~~~~ était réputé pour sa gourmandise (Gu. 506,
425
1142, !:: 1008). Le passage suivant des Acharniens (885 sqq.),
qui est aussi l.a parodie du style tragique
en est l'illus-
tration.
Le Thébain
(Ouvrant un panier)" ["Doyenne
des cinquante filles CopaIdes", sors de là, et
fais des grâces à l'étranger.
]
Dicéopolis .- 0 bien aimée enfant, si loggtemps
regrettée,l Tu réponds donc aux voeux ••• des
choeurs de comédie
,1 Toi, chère à Morychos !"
'Y D.
~ \\- AT~ T,,\\ \\ï0
1\\~Ao(L. 1I0~OÙr-~""\\'
~1.~~5o \\\\O~E:\\. V1
Te V 6~~\\.KO~.s xoeo~S,
~L1,\\ ~~
A maints égards ce passage rappelle assez étrangement
d'ailleurs les scènes de reconnaissance qui donnent du
relief à l'intrigue des pièces des trois poètes tragiques
et qu'Aristophane s'est plu à parodier parfois: Eschyle,
Les Choéphores (235 sqq.), Sophocle, Electre (1223 sqq.),
Euripide, Electre (578 sqq.), Hélène (623 sqq.) - drame
parodié du reste dans les Thesmophories (912 sqq.) -,
Ion (1437), Iphigénie en Tauride (795 sq.)
(268).
Une semblable exclamation tragique de joie, rappelons-le,
est exprimée dans la Paix (520 sqq.).
On remarque également que rrO~E: 1..\\11 1 rro~të:'-- v~ S
comme mot du répertoire tragique (Soph., Philoct. 1454,
El. 1104 ; Eur., I.T. 515) se rencontre aussi dans P. 556,
-
--
--
O. 696 ; qu'un passage des Grenouilles (v.84),:
' - ,
f\\\\
\\
\\
1\\
,
A,'A
' V
c.
Ql.Ool~05> \\("0",\\1",,\\50
\\l\\c(\\.
't\\OUE:\\".'!oS
\\~,-e;,
1'"
~\\.;;J'
qui paraIt une évocation semblable, est un passage qui n'est
pas sans liens avec les Phéniciennes d'Euripide,
plus
précisément avec le vers 320 appliqué à Polynice par Jocaste
4?G
...
pour le regret de tes
amis".
Sthénélos a dû avoir la réputation d'être borné et de
---------
composer des tirades un peu fades,
puisqu'on conseille de
"tremper ses passages dans du vinaigre ou du sel" (269).
D'autres allusions au personnage
révèlent aussi que
la misère et les échecs le contraignirent à vendre sa
défroque dramatique (Gu. 1313, Platon le Comique, frr. 67,
128) •
---
Philonidès
C'est le poète de la trempe d'Euryclès, de Callistratos,
à qui Aristophane aurait prêté sa voix (Gu. 1018-1020
ap. T 763). Et pourtant, Philonidès, c'est le poète comique
qui en l'an 427 prêta son nom à Aristophane qui n'avait pas
concouru sous son vrai nom (270). Mais Philonidès , ce fut
aussi le chef de choeur aux Lénéennes de 422 des Guêpes
et de Proagôn, pièce perdue; a celles de 414 d'Amphiraos,
pièce également perdue ; enfin
à celles de fin janvier 405
des Grenouilles (271).
En outre, s'il est donné (Pl.
179) pour robuste
1
rv
1
. - (,. 1 c:::
•
"
( \\,,"G:.Oc(.~ Î't' ~uJ~o(\\l, ), porCIn (V,vJ~\\s.) et rIche (E:u ttoeoS ) ,
i l passe surtout pour un stupide (,,\\?.d:h.cs
) comme un
âne (Platon le Com;9.ue, fr.
64, Théopompe, fr.
4.5).
Le mot courant ~Â\\.~h.. o5
, soulignons-le, est un mot à
la mode puisqu'Aristophane l'applique au Choeur des Acharniens
(v. 443, cf. Eur., Cyc.
537) et à Chrémès dans un passage
de l'Assemblée des Femmes (v.
765).
Philoclès
Fils de Philopeithès et neveu d'Eschyle, par sa mère
(Schol. O. 281), i l est raillé comme c(t(f"xeri~ (Thesm. 168),
477
c'est-à-dire "laid" et KOrV~~~ (~ 1295) désignant
proprement "l'alouette huppée, Alauda cristata" (272),
mais qu'Aristophane emploie ici métaphoriquement et à
cause du crâne en pointe de Philoclès (273).
On remarquera par ailleurs que dans les Oiseaux (v.
279)
, C . I
1"' '1 f
')
AIl
'1/
Co
/
un oiseau huppe (E:\\E::.eOS o(lJ "ot0\\{ ~ol\\E:\\'''''''\\iù.l$\\\\.oS O~\\I'I.S ClVTOq-" )
est dit "fils de Philoclès et d'une huppe",
ib.
281-281
O~TOCS"~ 'Ç--~V ~"t"T'-- ~\\.oÂ()'v\\1~()U51'k~ '~tto'iT'oS.
\\<oo\\J~6s ,soulignons-le, a donné naissance à la
\\
C\\
,
,
1
A , f l f _J
locut ion prover bi al e
\\/<.0f'" ù05 E V oq...... O\\J~O\\,S i \\:t"=ODE:T"l L.
qu'on trouve citée chez Eustathe 1072.40, se traduisant
"au royaume des aveugles les borgnes sont rois".
En outre, comme composé plaisant, mais récent, on a
~~go~o~v~~S' dont la variante est b~~O'A6flJ70S(ap.
B.P., p. 440), signifiant "alouette huppée" (A)ciphr.
3.48),
surnom donné à quelqu'un qui a une voix fluette et désagréa-
ble.
Mais Philoclès est moqué surtout comme l'auteur de
vers rudes, mal agencés, un plagiaire présumé, dit-on, de
Sophocle dans son Térée.
Quoi qu'il en soit, il est généralement persiflé par
ses confrères comme un poète hargneux (Scholl. Gu. 462,
0.281 ap.
T 770
n.6).
D'où le surnom de b C.lX"LL~uJ"OS)
-
f
r~
.
une épithète forgée sur ., &Â~,,\\
"l'eau de mer servànt à
mariner" (Hdt. 2.77, Ar.)Gu.
1515, fr.
416) qui se prend
figurément avec le sens de "Fils d'eau de mer", entendons
? c:.
,
donc par cette plaisanterie trole
vtrOVO .... oI..v
son style
rude et âpre. D'autres évocations, rappelons-le,
illustrent
428
la même idée : ~ 281, Thesm. 168, cf. Cratin., fr.
292,
Tel ec 1 ., f r. 14.
On sait par ailleurs que Cratinos (fr. 6) applique une
---
~I
métaphore voisine à Archiloque, à savoir
T;" 00(<("[«''11 o(,Âl"-~V
(ap. T 358
n.
1
p. 198), qui
évoque "la marinade
de Thasos".
Les mélodies de Philoclès,
nous apprend-on aussi,
sont le reflet des chansons modernes. C'est pourquoi donc,
e
Bdélycléon déclare
l'toi.
JT\\6\\10 I.-o{v qu 1 une diète de ses
chansons aurait rendu le choeur plus rude et plus violent.
Un passage des Guêpes (461 sq.) nous le dit assez implici-
tement (274)
:
"Mais, par Zeus, tu (sc.
le second Serviteur),
ne les aurais pas aussi aisément mis en fuite,
si par hasard ils s'étaient repus des mélodies
de Philoclès".
'~1:t~ \\:"~ ~~' "0 ~'j<b~vJS o~'\\vJ5 ~v' o(~\\'oJS <i>l.~~VO~/~}
~~\\TE::\\ ~\\vX.0'll "\\{;Jv t:E::A~V \\~v ~~J'O"KÂ~Où~ ~~~.O\\€::.s
Le pas s ag e des Nuées (v. 92 4
Ov..!Jr-at5 \\e~l'u.lV nol.V~E:A.E:'TE:{l)IJS
ap. T 770) parait une image voisine sous-tendue par
l->l.-
(?e~c:r~w .
Dans ces conditions, on n'est guère surpris de constater
qu'auparavant (c'est-à-dire ~ 220, 269), le choeur des
Guêpes préférait entendre fredonner les vieux airs - au
demeurant plus doux - notamment ceux de Phrynichos - qui
leur rappelaient leur prime jeunesse.
L'idée générale qui semble se dégager de ces deux
passages serait la suivante,
si l'on en juge par les
429
commentaires de Mc Dowell (n. du v. 462, p. 196)
:
"Quelle chance pour nous d'avoir ~t~ ~duqu~s
par les mélodies de Phrynichos et non pas par
quelques-unes de ces mélodies modernes. Car,
pourrait-on dire, vous auriez ét~ asphyxiés
par des émanations de gaz".
Carcinos
--------
Il est pr~senté comme ~:{~<r<rLOS
(~. 1518), parce
qu'il fut l'un des trois gén~raux commandant une flotte
athénienne qui livrèrent bataille sur la côte du Péloponnèse
en l'an 431 (Thuc. 2. 23.2). Ce surnom lui a été appliqué:
- soit à cause du commandement qu'il dut
assumer lors de la confusion politique. Comme le soutiennent
méchamment quelques poètes comiques :
,
\\ '
(
\\
K 1
71
....
(Vi:..
e
E:V Q'OI..{ 01. t""'t>(o(, VL. "Îl
\\«.. 0(, L.
~
0(
~ \\..va ~ E: t- t""0 ('E: ,\\.. ~ Î ~
(Com. Adesp.
52).
- soit aussi à cause des victoires remportées
en tant qu'amiral (Gu. 1518 sq.).
X~noclès
Une version rapporte que Carcinos eut trois fils
:
l'atné, Xénoclès ; le cadet, Xenotimos, du nom de son
grand-père, est donn~ pour messager du roi de Bosphore,
à Athènes (Isoc. 17.52) en l'an 390 ; le troisième est
dénommé tantôt Xenarkos (Schol. P. 781), tantôt Xenokleitos
eSchoI. Gr. 86).
Mais d'autres versions se fondant notamment sur les
Gu~pes (1502, 1511) soutiennent qu'il en eut un quatrième
du nom de Datis. (Pherecr.
,f.!:.. 14 cité par la scholie de \\Ir
~ Gu. 1509), qui aurait été poète tragique (Scholl. Gu.
1502, P.
289, Gr. 86).
t...
J
Or donc,
dans Guêpes 1502, le terme
0
~~"'ol.ICS,
qui est l a I e ç 0 n d e Vr, ceIl e deR é tan t r- € lS"ol{, '\\0<.TCS l
semble être loin de donner à entendre que Carcinos eut
•
'-
1
qua t r e fIl s ide plu s, lever s lS Il (0
t'"
<:("
~'1.<. to \\'eX.,05 ,
c."
c, V
eN
oS T~~ \\'e~O~O'-~
~o ~) - si tant est que ce vers est
authentique - donne à entendre simplement que l'un d'entre
eux écrivit des tragédies.
Sans toutefois rejeter a priori la thèse soutenant que
Carcinos eut quatre fils, mais dont un pour une raison ou
une autre aurait encore été dans l~ombre jusqu'en l'an 422,
nous pensons avec Mc Dowell (n.
du v.
1501, p. 327)
qu'il
est fort probable que le terme "Datis" est purement et
simplement un surnom de Xénoclès.
Quoi qu'il en soit, Xénoclès est le mieux connu des
fils de Carcinos qui sont souvent cités comme danseurs.
D'o~ l'image de "toupies" faisant allusion à leur virtuosité
"chorégraphique", KoI..f-'<'~"OI.J q-""f~ï-'1.4QI.(G~ 1517 ap. T 793,
P. 864 ap. T 792
n. 6
p. 463).
Ailleurs, ils sont surtout traités de 1""'1Xo(v'O~\\::to(v
(P.
790 ap. T 734
n. 4, 792 n.S), hapax qui signifie
"chercheurs de trucs".
L'explication du scholiaste est assez claire à cet égard:
k
'
-
"1'"
t.
C
rv
-
Ç:VO""A,,\\~
0
eXeK\\.,VOV
c)O'l.<.<::~
c:'
1/-
1
{ \\ ,
.,.o~~ \\)i>o(~oJ.~\\.;V 1 1V\\.. KD{
OE:oùS
\\A-'
\\~"
I ! J
j~EV'Ov'j "1 l,,(olï~~XOtGVOVS E:'-<.
0(,1.1. 0
ï~ 10\\,.. OV IOV.
Ici, pas de disconvenance entre les deux termes. Sans
doute,
imitation d'emphase. C'est un type qui rappelle les
hapax
431
Suit ce commentaire de Jungius (s.u.)
"Vocabulum
imita tus est Theophylact., !pist. 24".
- rr~c(,1r'-"'TO~L~~~ (275) "chicaneur"
cité dans 0.1424.
- ~l,~o~L~,\\c:> qui se trouve c~é chez Luc., Lex.9.
Soulignons que le verbe simple 'c>\\..~Cllv' se rencontre dans
Il. 16.747, Hes., Trav. 374, Call.
,Epigr. 33, cf. fr.
165, Thphr., Caract. 10.6.
Nous savons que dans les Grenouilles (v. 1327), Aristophane
s'en était pris aux mélodies d'Euripide composées"à la mode
de Cyrène aux douze trucs", ~v~ \\6 'SvJ ~€: '«. al t""1Xc<.vov 1
Kv~~""\\.5 tE:Âorrel..::J" (ap. T 734).
Proprement, SW~E:I.<.Dl.r1.xol\\lov' se comprend "qui connait
2
douze arts ou ruses"
(Eur., !.!... 755 N
dit des constellations).
Mais figurément,
par emprunt volontaire et plaisant à
Euripide (276) en parlant d'une courtisane, comme ici,
"posture"
(Schol. Gr. 1327). Voilà pourquoi Platon le Comique
(fr. 134) s'appuyant sur le calembour Carcinos-Crabe et
s;:;; <ïTeb\\->\\"ÂoS, à en croire Taillardat (in 792
n.6
p. 463) applique,
lui aussi, ce surnom à Xénoclès (ib.)n.4).
En tout cas, on dénombre beaucoup de composés de valeur
caractérisante ou spécifiante.
1
1
- soit en -(0)- t'"'''\\Xc<.voS (dor.
~~Xot..VO.s) du type
~o(.\\O(Qr~xo("OS (Il. 6.344, Od. 16.418) avec le sens de "qui
fabrique d'odieuses machinations", d'o~ "fourbe"
; mais
"coquin, malveillant"
en parlant de choses (Il. 9. 257)
•
'C
, .
-
- «'OI..V(.0t"1.Xol..VOS"artis,an d'injustice ou de méfait"
(Ar., !.E.. 697) .- ~O~oOt""iKIIl"OS "qui machine des ruses, des
fourberies"
dit d'Arès (Simon. 43, cf. Theoc. 30.25).
e
- soit en - (V) - r--1Xo( vo S tels que
ecl..Q"'V t1XoC.VOS
4 .1;>
"aux desseins hardis", dit d'Héraclès (Pi.)Ol. 6.67),
des lions (~.,.!:!..4.62) .- lT'o?.vr--\\XO<\\fOS "a~énie inventif,
industrieux, fertile en expédients", épithète d'Ulysse,
(Il. 2.173, cf. Soph., Ph. 1135), mais aussi d'Apollon
-
(h. Merc. 319).
Mais Xénoclès est moqué comme médiocre poète tragique
l)\\
( .•• W\\I
Kol. ",ci S \\<,.oI.lItw!:o l'rOI. f:L:) Thesm. 169, cf. Gr. 86),
dont les pièces, à en croire Aristophane, sont remarquables
par leur mise en scène considérée comme mauvaise évidemment.
Ainsi donc, dans les Nuées (1264 sqq.), Aristophane se
mettra à parodier sa pièce intitulée, Likymnios, dans
laquelle les propos suivants auraient été tenus par Alcmène
(Pi., 01. 7.27 sqq.), demi-soeur de Likymnios lorsque
Tlepolemos le tua (IL 2.661 sq.) - meurtre donné pour
involontaire (Pi., ib. 50 sqq.)
"Dure divinité, sort qui brisas le char
Traîné par mes coursiers! Pallas,tu m'as perdu !"
Ce texte appelle quelques observations.
En fait,
que le passage ait été emprunté selon les
différentes scholies, à savoir celles de RVE (277), soit
au Likymnios (d'après celle de RV), soit au Tlepolemos (si
l'on fait fond sur celle de E), il se présente ainsi (du
moins dans le fragment l de Nauck (!!:.. l N2»
:
.~
"1
' C
rv
.,,.,..
1
1
vu
~KA'eE: ~o{\\..\\:,"ov} W IUX';"'V
Xfl.J~c(.r-'lTI.JII<.E;S
KT Â.
La même évocation est perçue dans les Phéniciennes
433
d'Euripide
(v.
850).
Notons que <r1A.?-~~tS a été employé pour la premi ère
fois par les Tragiques (278).
Enfin
il faut citer parmi les autres poètes tragiques
considérés comme de piètres personnages sur lesquels les
poètes comiques se sont acharnés, Morsimos, Mélanthios,
Acestor et Agathon.
Toutefois, un peu au-dessus de ces inconnus, quelques
noms semblent néanmoins se distinguer. Celui d'Ion donné
pour le poète brillant et pompeux que le public, parodiant
le début d'une de ses oeuvres, se mit à comparer ironiquement
à Un astre (P. 834 sq.).
Celui d'Iophon, fils de Sophocle, pour qui Aristophane
témoigne quelque estime (Gr. 73 sq.).
Morsimos
qu'on présente comme le fils de Philoclès
(Gu. 462)
est ridiculisé comme un poète méprisable. Non
seulement c'est un supplice d'un genre nouveau, rapporte-t-on,
lorsqu'on "apprend a chanter sa partie" dans une de ses
pièces (Cav. 401, J:: 80l). Mais surtout, c'est un crime
au demeurant sévèrement puni aux Enfers d'avoir joué dans
une de ses tragédies (Gr. 151).
Mélanthios est moqué comme ayant "une voix fort aigre",
1 : > . 1
l
' ; > / ?
tT\\'K~OTO(,TîV olT'O{ r~\\Vl.T"D(,"TOS 1\\(oVl1" (~. 805).
/
L' ajecti f T\\l.- ""eo S
est employé proprement ici et di t
généralement du son avec le sens de "aigu, perçant", Soph.,
Philoct. 189, O.C. 1610, Eur., Eh: 883,
Troy.
1227 _Mais
métaphoriquement, en parlant des choses, il se traduit
"âpre, dur, cruel" (279).
434
En fait, collaborateur de son frère Morsimos, certes,
mais surtout acteur,
il avait joué le premier rôle dans
une tragédie écrite par le même Morsimos, Médée, dans
laquelle précisément il était censé avoir chanté de sa
"voix fort aigre"
les monodies de Jason.
Et quelques vers plus loin (ib. 810 sqq.),
lui et son
--r
1
,
1
frère sont traités avec mépris de
oPry'OVE:!:>
o\\IJo~a("fOl,
D..
C.
l
,,1(\\
\\ 0,
"'(
1 QI
'
\\oJ<XT'1.00q"KO"lTOI.
t\\~'tt"v\\'~\\'
'O(C:(O<::I"0F->oe.\\, t"-l.o!.f0\\, ,
Tec(.00r-~q-Xc(Âo\\' txBvo'J.vr-«\\' . Il s'agit ici d'une série
accumulative de formes qui se suivent immédiatement et qui
présentent une similitude de structure grammaticale comme
il en existe souvent chez Aristophane (voir supra, p.
359
sq.). Ces composés plaisants, on s'en doute, requièrent
quelques commentaires.
r i ' 1
0er0V'E;,5, O~l, "Gorgones gloutonnes"
'0
J> 1
r 0 To<.'Qe>S c'est "qui aime la bonne chère" tels
.
\\\\
Il
que l e pOlsson et autres mets, gourmet, gastronome.
On le rencontre également chez les comiques du Ve-IVe
siècle, à savoir Céphisodore (tL.9), Antiphane (fr. 190.5)
et Eubule (fr. 88).
Par conséquent, la convergence de ces comiques semble
montrer que la "création" d'Aristophane est peut-être
emploi d'un mot à la mode.
:>
1
Comme verbe dénominatif, on a Oro te( r€:.w "aimer la
bonne chère" (Nu. 983, cf. Arist., H.A. 625 b 21).
Bol.T\\.. ~()~KblTo\\'"~~rru~o(L. "Harpies guetteuses de raies"
Ce surnom comprend "qui guette les raies, friand de
raies", d'o~ la métaphore se comprend "Harpies guetteuses
de raies".
Ici
le type (280) est très proche de
435
_ ~VV'\\foq-l.<~lTOS "qui quctte
les
thons" Arist., H.A.
537 a 19, Plu. 2.980 a ; Cf.eu·J\\lOq"~()lt"~", Cav. 313 api
T 723.
- a(, vJ Vo<\\"" K6 rro SEur., ~. 500 : - 6f/\\. 8oq- 1.<61\\05
Soph., Ant. 986.
et d'autres composés assimilés.
La relative surprise,. pourrai t-on dire, est dans 0c<l\\.~o-:-
(1.,
l
,
Le mot ,_olT<- S
est, en f ai t, ci te, outre chez Aristophane
(Gu. 510), chez d'autres comiques du Ve siècle, comme,
par exemple, Epicharme (frr.
59.1, 90.1), Hermippe (fr. 45.2).
Il Y a là une raison
! La raie épineuse semble un mets de
luxe.
Or, les Gorgonnes et les Harpies étant considérées
bien sûr, comme les symboles de la goinfrerie (281), il va
sans dire qu'Aristophane fait allusion
l\\I(.o(T~ rr~olr'~()~lri...V
à leur grand appétit.
Extraits de l'apparat critique:
Bce.,l.bOerK~lt"OI. Van Herwerden
cf.
O\\oI.O~~~1.Richter .- <r'~~o(l,..' Rv r.
T~c(OO r-~~Xd.'J.o\\" V : - r-- ~\\T
Rr.
Xo(ÂOI,..
1
Il n' y a pas d' autre/s mots en - <r'0p',S connus, mais on
a, par exemple, ~V\\. o <f'0r'oS "celui qui chasse les mouches"
chez Paulus Silentiarus (VIe
p. C) dans A.P.9.764 ; et
1
-
le nom d'action correspondant r-V(L) o (fo(?>1
"chasse-mouche,
436
moustiquaire"
qui est cit~ chez les comiques des IVe/
Ille siècle (a.r.), Mén~ndre (fr. 503), Anaxippe (fr.7)
-
-
et qui est dit d'une longue barbe chez Ammien (A.P. 11.156).
Ici donc, la métaphore appliquée figurément à la chasse
signifie "misérables coureurs de vieilles". Lorsqu'on sait
que le dénominati f ~o ~€:tV' évoque souvent "essayer d' attra-
per/faire fuir un oiseau ou un insecte"
(282), mais que
chez Aristophane il a le sens de "chercher à capturer une
personne"
quand on la compare à un oiseau (Gu. 211, 0.34)
..
---- , - ~'"
ou a un insecte (Cav. 60, ~. 460 sous la forme
él.1T"Q~O t_€:LV
(283), il faut supposer que cet hapax semble être synonyme
de red. 6f l. ÂOS si l'on en juge par l'explication du
scholiaste à 1:: 812 (ap. Jungius, s.u"
p. 80)
:
. . . . '
""~"
?
,
,
\\
rv
\\\\~~... O,\\..oI..W," "'('''''''01.. E.'ITT()îr-c<::vo~, oi.V'n... \\0\\..1
O~d-V~ 0Xfé.uwV.
Te ~ '!o r-~~x ol~Ol..
1
Il n'y a, semble-t-il, avec -
~o(.(3'"X..v.os, que des
composés possessifs dont le premier terme est adjectif ou
préposition/adverbe. Par conséquent, la création aristo-
phanienne (284) est manifeste, et l'adjectif résume à lui
..
~\\
~I
seul, peut-on dire, toute une phrase: a savoir,
oS <aXé\\"
/",
"-
1
rv
!:'-ctIJXc(.AIlI.;> TfollOV' autrement dit l->ew~wV"puant"
(Al., Ex.
7.18)
(285). Et le scholiaste à P. 811 d'ajouter
.•.
~"TG T"'O' 1>0(3'"Oq"r-0~'
-
1
Ces composés en -
tet..Q""XIll.'A05 (286) sont:
't\\oÂ.., ~~ "Xo<.ÂO S "à plusieurs aisselles ou ramifications"
en parlant d'arbres (Thphr., H.P. 3.8.4, 3.10.2, 3.12.3)
et T.b ~t\\0t'"~crXcao'4 désignant ~ut-être un porte-feuille
mis en bandoulière sous le bras (P. Oxy. 1923.4 datant du
Ve - VIe siècle
p. C.).
437
\\~N'00r-~q-)\\~1,()1.-"aux a:sselle~ de bouc" es,\\ un ty~e qui
s'apparente il quelques egards a l'adjectif
O(,,,,... ~""TO)\\evJS
"couleur de farine",
qui est un hapax dit d'une tête
chenue, ~1.b"\\lx:(puJT()5 ~E:~?.'S(~ 553), cf. Photius,
,)~'
•
" " ' " l
fV
SeroI. 84.9 : 0(
l'-ïOX~wTOS T"lS AE:U"",,\\S (287).
On se demandera en quoi cette valeur spécifiante
ou caractérisante peut être attribuée aux fils de Philoclès.
1
C'est que, par extension, l'expression
Tfavo0r-cUS"Xo(AOv
signifie "qui a une odeur de bouc sous les aisselles",
autrement dit "dont les aisselles
(ont une odeur) de bouc",
pour faire allusion à quelqu'un de malpropre. Or, nous
savons qu'un homme poilu peut être traité de sanglier
1
(\\lC.o(\\t"\\oS)
(288). D'où cette métaphore méprisante qui donne
à entendre que les fils de Philoclès sont malpropres.
Ici,
- 0 -
est une voyelle de"liaison" (par extension
du type à premier terme en -*e/o .. » du même modèle que '0\\/""1";0-
T"'rre-~ ) <:f"T~~'Yo SI,,'-'1:'c:r-oI..\\, , q"T\\'éto~"IoC,.Oi\\b{VOlJffeo!.
Il est notable que - :2.~t""Î S form,e quelques composes a
premier terme autre que le vulgaire "XBv (0) - - d~nc
surprise, pensons-nous,
- tels que (289)
: ~"~O::tv f-"\\S
"celui qui détruit par des procès", entendons "fléau de
la justice", c'est-à-dire "mauvais chicaneur" (Com. Adesp.
859)
• - ~ouco n"c(lo(l.oÂ0~~S
"celui qui corrompt la musique
ancienne" cité chez limée (Pers. 229).-
t\\o(\\.. So'À~t"'"o{S
noté dans Eschyle (Ch. 605).
Cet hapax peu élogieux désignant littéralement "le fléau
des poissons", est, en fait,
une épithète comique appliquée
originellement à tout ichtyophage vorace. Comme l'explique
du reste assez clairement Phrynichos (ap. Bekk. 43.23 in
Jungius , s.u., p. 159)
:
438
Enfin, Aristophane exprime son mépris à l'encontre
des deux frères par une métaphore empruntée, pourrait-on dire,
"à la fonction physique la moins noble", selon Taillardat
(in 573), traduite par
~ol.io(.xre-r-'YCIl.l4~",(I~.: 815), formation
hapax, certes, mais qui ne diffère pas des autres composés
1
deX~E:t"'ï\\\\()t"'otl.(290)
"s'éclaircir la voix, crier et
cracher, tousser" (Eur., Cyc. 626), spécialement avant de
faire un discours (Hp.
, Ep. 5.14, Ar., Thesm. 381, Eup.,
!.!.. 163) : à savoir, ~\\\\Ol\\e~t"rrroFI.':cracher,expectorer"
(Hp.,Acut.
58, Loc. Hom. 14) .- GII<..X\\"t"-tiTa~a(lJ'cracher"
(~, ~. 2.26) .- ~':.ll(."c(Xt~r-T\\'T'or-cl.\\.."expectorer"
(lb., Loc. Hom. 14). - Vt\\0X~<=t'-ïrïorot\\.. "crachoter"
(lb., ~. 2.27, 3.15).
Taillardat (in 575) n'a peut-être pas tort de souligner
que l'emploi du mot permet au poète comique de renouveler
l'image usée contenue dans
\\.<.al.'T'oI.lfT0'=.,,-V. Ici donc,
Aristophane invite la Muse à "cracher" sur le froid poète
tragique Morsimos et son interprète, son frère Mélanthios.
Acestor
Contre qui tous les poètes comiques se sont acharnés,
parce que d'origine étrangère (~~vo5, Gu. 1221).
?
,
,
"
J,
?A;-
~ ,
Schol.
~;t\\~l. Kol..~ o!.v'loV ,0V'
kE;l;I"TO to<.
I~VOV
KvJ t"'-"I' ~ av ~n...
Il voulait à tout prix obtenir, dit-on, la citoyenneté
athénienne (.Q... 31 sq.). Selon Métagène (fr. 13), i l l'aurait
obtenue en fin de compte. C'est pourquoi on l'appelait
souvent 2:~lI<ol.S(Cratin., fr. 85, Callias, fr. 13, Ar.,
0.30), mais parfois aussi ~d~~O~(Théopompe-,-fr. 60),
439
surnoms qui soulignent sa pr~tendue origine 6trangèrc.
En vérit~,
les Sakes seraient un peuple vivant à l'est
de la mer Caspienne, tandis que les Mysiens seraient
situés au nord-ouest de l'Asie-Mineure.
Par ailleurs, Eupolis (fr. 159) le donne également
pour escl ave et para si te (II<..6'Âol;).
~2~!~~~
Aristophane fait contenir le personnage d'Agathon
dans quelques traits simplifiés. Il s'agit notamment de
quelques grosses plaisanteries sur ses moeurs efféminées
<1...1092,
Thesm. 30 sqq.),
(291),
badinages obcènes
ordinaires, du reste, à la comédie.
,
1
Il aurait r dit-on, le culte du distingué, E.ut\\f",rr,\\s
(Thesm. 136 sqq. cf. b
645,
Thesm. 253, §!... 46) (292)
et entretiendrait aussi le souci évident d'être original.
Par conséquent, rien d'étonnant à ce qu'il nous soit
présenté sur deux vers des Thesmophories (191-192) comme
~n élégant (lë.0tïf~~\\I">l~oS) à la figure rasée (e~vr1t"~v05),
au teint blanc (Àe:vIl<.C~) - d'où par extension "lâche,
1
efféminé", appellatif opposé à ~E:.1-oiS "basané", d'où aussi
"vaillant" (293)
-
,
"
a la voix de femme
'~
(ÔVVCtl_Io<.01WIIOS).
C'est aussi un personnage dél icat , ~ rro(~~, terme
employé ici en mauvaise part et évoquant "mou, doux, faible".
La même idée est développée également dans Gu. 554, P. 351,
O. 668 et dans Cratin., !!... 183.
Quant à son art, Aristophane se plalt à l'avilir déli-
,
bérément. En fait, il ne le considère pas comme un T~I.<.Tu.l",
entendons un génie bâtisseur , mais plutôt comme un poète
qui fabrique,
bricole; en un mot, l'art d'Agathon est
440
dépouillé de génie créateur, comme d'ailleurs celui des
poétereaux.
D'où les métaphores suivantes appliquées à ses tragédies,
qui évoquent le travail du charpentier de marine, du
menuisier ou du charpentier.
Le ServI teur. - "Car, il va, l' homme aux beaux
vers, Agathon, notre chef •••
poser des chantiers, fondement d'un drame.
Il
cambre des vers en forme de jantes inédites,
ici,
il met les uns sur le tour, là, Il colle
les autres, aIlleurs, il forge des sentences,
oppose des mots, coule la cire, arrondIt,
jette en moule" (Thesm. 49 sqq. ap'';; T 758)
GE.
- soIt du charpentier de marine mis en relief par ~ee-)~-
f\\ 1
1
Xt!lvS
T\\.t1~Vol.\\...} \\i<,.O(t'"rr\\~,-.
En effet, les <i) e~ 0 X0l.-
désignent les chantiers, ou
poutres sur lesquelles s'établit la quille d'un vaisseau en
constructIon (Od. 19.574) (294).
441
K~ ~ rr:E.~ pris figurêment ici a le sens de "plier,
faire flechir"
(cf. IL. 4.486), d'où "cambrer".
1
1
Sou l i g no ns que
\\.< al. ~ <ri'"" comme lI<,ol.t" iT~ en t a nt que
terme de musique dêsigne pêjorativement chez les Comiques
les courbes capricieuses d'un air ou les inflexions de
la voix. Il se traduit alors "faire des inflexions de voix".
D'où les locutions suivantes (295)
1
Pherecl'. 145.15 : l.<.olt"'IT\\'vJV t:-E. -'<'d..~ ~T\\ftuJ" ~~",v' ~l.~teof~"
(sc. Phrynis)
.-
"1
1
, ;)\\
1
Nu. 969 : Gt
'S~ I\\..S o(V\\WV ~vJl:"oA0x:~vq-et.L.T "'\\ ~c(t'"-
1
1
't'€: \\.. €:V TL Vd.. 1.<. c\\ \\:-\\T",\\V • -'tJ.
'
l
.Thesm. 68
\\'<.d..'To{~cl.r--ttTEl." ToI.~ <fTeo1-~' où le compose
est employê figurêment avec le sens de l'laisser flêchir",
mais chez Euripide (~. 1252), i l signifie "voir ses
espêrances dêçues".
Cette image prolonge la mêtaphore du modeleur pour
autant qu'Aristophane moque la poêsie d'Agathon considêrée
comme molle. Agathon, rapporte-t-on, doit sortir de chez
lui lorsqu'il s'apprête à composer ses mélodies ravalées
au rang de la cire peu malléable pendant la saison froide (296).
?
/
A cette racine se rattache l' hap;x
~1t"\\",-o(TO lAoll-" i\\\\"1 S
(Nu. 333). Le mot courant ~oI.r-'rr\\'LKOS"flexible" (Arist.,
H.A. 493 b 28, Spir. 484 b 13), rappelons-le, est cité
dans Arlstophape (fr. 644, twv~e'-ov \\,(.ol.r-tT',..I.:\\l<,.Ov).
- soit du menuisier ou du charpentier révélé certes
par la série accumulative des formes verbales (citées plus
haut), mais souligné notamment par
r O(v€:0 C:;l", et \\.<.o'Â.?o-
t""'-Â. E:~ •
442
1
ToevE:,V€:l,...
Avant tout,
il
a le sens de "travailler au tour,
tourner"
(Eur.,
Cyc.
661 dit du charpentier),
"tracer
au compas" (Plat.,Critias 113 d,
Thphr.,
Hp.
4.2.7.). Mais
employé figurément ici,
puisqu'il est appliqué aux vers,
il signifie "tourner", comme plus tard dans Plutarque
(~. 37).
D'où le long composé plaisant TOfV'EN'rO ÂVfol ~trl..<;OTt"~'(o~
(Q..
491)
porteur du sens de "fabricants de lyres et de
boucliers faits au tour" dans lequel l'écho du sens premier
1
de
TO\\,/~uvJ
semble être perçu.
K oÂlo t~').E:\\:
signifie "ajuster les vers les uns aux
autres".
kt?.ÂoI. "gomme" (Hdt. 286, Hp., Art. 33), d'où
"colle"
(Arist., Mete.
4.4.),
est à la base de tout
le groupe
1
et par voie de conséquence le dénominatif
KO:2.1..o(W
(297)
(Pi.)~.7.78, Plat., Tim. 82d, Plu.; Symp. 1.2.6).
1
Tout se passe comme s ' i l existait un composé * K(l;;l.;tO_
t'-'i:.ÂoS,
- oS,
- oV
(I~qui colle le vers") dont le dénominatif
serait
lA 0 À.AO r- 'é.. 1. t.w .
Ce type est à rapprocher par "rime" au moins de O~Âo~c>-
~Ié:: J.. É:vJ
dont le sens est pourtant de nature
différente.
Car,
ce dénominatif se traduit "faire des
chansons comiques".
Il est cité chez Leonidas (A.P.7.719).
D'autre part,
si l'on suppose, comme le fait Jungius
(s.u.,
p.
189), qu'il a été substitué à * r-€.ÂOK()À~-::
~~'l" lI<,oÂÂZ", ou même a été le sy nonyme, KQÂA 0 r-a a~
peut alors s'apparenter à quelques égards à r-"'ÂO'TV t\\G:.~\\f
(Eschl., Ag.
1153),
~E:Â.(lVfOE:tV(SChOl.rec: Theoc. ll.l
sq.), r-~ÂOTTOl.E:tV (~1328).
443
- soit enfin du poète passé maItre dans l'invention
poétique et littéraire. Sans doute allusion implicite à
rv
l'influence des sophistes. D'où
yvvJ r0\\'vttE:.\\" (298)
"il forge des sentences", type qui rappelle les adjectifs
1
1
)/VvJ~OTv\\t'\\_\\.o\\o5(Cav. 1379) et
'OVwtoïVtt"OS
(Nu.
950,
Gr.
877).
1
Il apparaIt que le sens de OVvJ t'""\\
(qui est sous
"(VvJ't0-) est très spécialisé. Nous en prenons pour
autres exemples rvw\\""o ~\\" ~'o<. '''\\ S
ci té chez Cratinos
(!.E..: 307), - auquel font écho ailleurs KoÂÂ,orrOSI..~KT"\\c;.,
patronyme comique appliqué à un infâme débauché, Schol.
:>
(
.
Nu.
347,
Eust. 1915.16, La Souda, s.u.
0(0\\1..0V5> ,
-;v'\\.~o 'S\\"~~T,,\\S, nom donné à une souris dans Batr.
232 -
'O'VWt'-0ÀOnE:';::'\\f(Arist., ~. 1394 a 21, Rh. Al.
1439 a 3), cf. l"-E:l0Tvn-tëZV(Eschl.,
Ag. 1153), ~OY~WïTO-
\\ v "tT €; ~ V
( Ca v.
782)
(299).
D'autre part, Aristophane critique son style chargé,
,
I~ ~ " -.-.... ,,or> I~ !.Jl.,.t:..,
soutient-il, d'antitheses : ~ , terme de
rhétorique avec le sens de "il désigne par antonomase".
Comme l'explique assez clairement la scholie à ce vers
:)(
' } '
:J
J
(\\
,
oV'o\\",ol
0(. V 'n..
oV'0t"-o(,,\\OS
'T'\\.."~Vo(,l..
Chez Thucydide (6.4),
)OV0r-J~w
signifie "appeler d'un
nom différent".
C'est un type qui rappelle
r-é\\OV'O~~~w qu'on trouve
ci té chez Hérodote (4.189,
5.69).
Il faut remarquer que cette méthode adoptée par Agathon
ressemble assez étrangement au travail du modeleur comme le
soulignent métaphoriquement les trois verbes suivants
'o(1.~O'«.vTE:.~, 10or\\J1e~ et
XoO<Vf:.0E;\\".
k'l'.(: 0 K v Te';:'
C'est un dénominatif tiré de * \\o(.1~6XlJro5 "modelé en
cire"
faisant couple avec QorO~ÂCi:L. et signifie ici
444
"il modèle comme avec de la cire". C'est lin premier emploi
du mot, puisqu'il sera cll~ chez Hippodamus (Ille siècle
p.C.)
ap. Stob. 4.1.94
DOO).
rO~1~Aié L-
"Il arrondit". Selon La Souda, i l a été substitué
à r-éTo{<rTe~~\\'" à OOOOuA('1E-1.. si l'on en croit Porson.
En tout cas, il est glosé chez Hesychius
764 Latte:
000'00 ?-J.<éL-V· q"V~Te~t6\\.'1( peut-être t:rverl\\~'t~I.'J).
,
Comme dérivé avec préverbe , on note "l"VO'(OOGv?"Âw
"arrondir"
(L. 975, Thesm. 61). En outre, se rattachant
-
1
à la même racine
on a
<:t" \\~OIOvÂ.Â.€:.\\"V
qui est ci té 1 chez
Léonidas de Tarente 78 (in A.P.
7.7.26), q-v~reOOOUAÂW
chez les comiques du IVe/le s.a.C.
: Alexis (f~ 246.4),
Nicomaque (~. 3).
Par ailleurs, J(0To0ÂE-\\.est un type qui rappel~e
l'adjectif '(o000ÀoS
"rond" synonyme de q-1~OOOuAOS
2
"rond l' (Eschl., fr.
199.7 N , Soph., Ichn. 297, Ar., P.
-
- - -
28).
D'où la plaisanterie
tto<.,':;rr<Jv'O\\..o{v portant sur
:1
f
"1'
~
1
/1)
l'expression
Eh.. ~ T""XO S lIO( 1.. E:I... ., v Vol. lT TwV ~T\\ 000V;\\O\\..S
lot!> ~Ù~ol-:r .... V
(Ach.
686)
(301).
Ce passage qui suggère les mots bien tournés dont la
connotation est renfermée dans le dénominatif aooo~J.(CL
est dit certes du jeune synégore formé à la rhétorique,
mais vise surtout et nettement les élèves des Sophistes.
'2..Teo000J..o~ signi~ie proprement "rond, sphérique",
par opposition à
rr~""T\\JS (302) "circulaire", lequel est
"
'\\
? f 1 ' (
oppose a 'oE:.VUU
Plat., Men. 74 d, cf. 75a, Ti. 73 d).
-
-
Mais employé figurément en parlant des mots ou expressions,
en un mot du style, il se traduit l'ramassé, ferme, précis"
(303).
445
XOol..vE0E:L
Xoo<. v e.0fi: ,,'1/ , proprement c'est "fondre un métal,
verser un métal en fusion",
c'est-à-dire "jeter en moule"
(cf. Thesm. 62).
C'est un premier emploi du mot, puisqu'il sera cité
plus tard chez Pausanias (8.14.8).
Le verbe étant employé sous une forme imagée,
nous
pensons qu'il renvoie ici à l'idée de "réunir".
1
Le substantif XDol.V,,\\
se rencontre chez Aristophane
(Thesm. 19) et Phérécrate (fr. 108.31).
~
1
Et pourtant, sans etre un TE.\\.(. ,wV
au sens aristophanien
du terme, Agathon écrit, dit-on,
ses pièces avec un soin
extrême. La poésie qui se dégage de ses tragédies n'est-elle
pas donnée pour molle et raffinée à la fois?
Voilà pourquoi on le range parmi les écrivains de
décadence, qui "à défaut d'autre vertu,
ont le culte du
distingué et l'horreur du convenu" (304).
Et pourtant,
en dépit de ces accusations plaisantes
relatives à l'immoralité personnelle - du reste recette de
la Comédie Ancienne -, Agathon sera loué après sa mort par
le poète comique. Un passage des Grenouilles (83 sqq.),
où on devine une sympathie personnelle en est le témoignage.
Après avoir cité le "misérable"
Euripide parmi les poètes
défunts, Aristophane rend hommage à Agathon, mort lui aussi,
en ces termes :
Or, si Aristophane avait été conséquent avec lui-même,
Agathon n'aurait pas mérité tant de bienveillance. Ainsi donc,
il a les honneurs des Champs-Elysées,tandis qu'au contraire
446
ceux qll'Arlstophane consid~rc comme m.luvais po~tes et
ses ennemis ou rivaux (~'I/'~l'P>I.ÂOI..) sont précipités
dans le marais des Enfers avec les criminels.
Il est patent d'ailleurs de noter que Platon dans son
Banquet (196e) a réservé une place à Agathon, et qU'il lui
fait prononcer un éloge sophistique et charmant de l'amour,
c'est-à-dire Eros qui va devenir ainsi le personnage
principal de la tragédie
"Tout homme devient poète, même s'il n'a jamais
connu les Muses, dès qu'il a été touché par Eros".
Le même écho relatif à ces paroles proverbiales se
perçoit également dans la Sthénébée d'Euripide (fr. 663 N2)
\\
C? 0'
i\\O\\..~T,,\\v" Ù
0(,0(
.:l'tevJS ~\\..~~Q"KE:I..)
La lutte d'Aristophane contre Euripide
Attaquer Euripide, c'était naturellement continuer la
campagne engagée depuis longtemps contre l'esprit nOUVeau.
Euripide, à n'en pas douter, a fréquenté de très près
les esprits les plus éclairés de son époque,
"ces quelques
cerveaux dont le noyau constituait l'âme de l'Etat-Major
péricléen" (305). A savoir le philosophe Anaxagore de
Clazomène s , l' homme du Noe' S, c'est-à-dire l' Espr i t qui
ordonne toutes choses; l'historien-voyageur Hérodote;
le
physicien Archélaos de Milet ; les fameux sophistes
Protagoras d'Abdère et Prodicos de céos, dont le rôle
dans l'enrichissement de la langue et la diffusion du savoir
fut si considérable.
447
Il est fort probable qu'Euripide ait été aussi un
auditeur familier de Socrate. En effet, vivre dans Athènes
de cette époque-là
sans approcher Socrate eût paru en
tout cas difficile, pour peu qu'on eût quelque valeur
intellectuelle. Le problème, toutefois, est de savoir dans
quelle mesure Euripide a été influencé par l'enseignement
socratique, la méthode socratique, entendons la Maïeutique.
Nous en savons fort peu de choses. Mais l'agencement de
éertains dialogues stichomythiques (par exemple, dans
les Suppliantes, l'interrogatoire d'Adraste par Thésée,
vv. 110 sqq.) permet d'accréditer à certains égards la thèse
de l'influence du MaItre de la Maïeutique, ou mieux de
penser qu'Euripide a parfaitement assimilé cette méthode.
C'est pourquoi ses détracteurs (Mnésimaque, Callias,
Aristophane) prétendent que Socrate et Euripide ont
collaboré étroitement. D'où la légende qui le donne pour
un "auteur de tragédies bavardes, charpentées à la manière
de Socrate", pour ainsi dire, ""un" Euripide chevillé par
Socrate".
On relève effectivement dans Téléclide (frr. 39-40,
fragments d'une attribution incertaine du reste)
Autrement dit,
la persistance des insultes d'Aristophane
n'apparaît donc que comme un épisode de la guerre qu'il
avait déclarée aux sophistes et à Socrate. C'est pourquoi
bafouer (~V<>l.c:r'=ÂOo(~"e,-") Euripide devient une des formules
de la comédie aristophanienne où l'on relève un certain
nombre d'allusions malveillantes, éparses. Il est notable
que le rigide défenseur de la Morale traditionnelle ne
désarmera jamais, même lorsqu'il aura a~pris la fin tragique
448
de son plastron. Ainsi avec un souverain m~pris d'une loi
de Solon (Plu., Vie de Solon 21.l) qui d~fendait "au nom
de la pi~t~, de la justice et de la politique"
de dire
du mal des morts, Aristophane trouvera bon de railler
une dernière fois sa victime dans les Grenouilles (771 sqq.)
en s'évertuant à le pourchasser jusqu'au-delà du seuil
d'Hadès.
Du reste,
il fait la même chose avec Cléon (P.
313 sqq.).
C'est évidemment un procédé jugé par lui fort commode
et dont il se servira dans presque toutes ses pièces. Car,
c'est une certaine manière de se venger de toute supériorité
intellectuelle que de chercher à ridiculiser tout ce qui
est éminent
parce que le peuple
(~~r0s.) le veut. On
sait, en effet, que la Comédie Ancienne, et plus particu-
lièrement la comédie aristophanienne)a eu pour proies de
choix des poètes novateurs tels qu'Agathon et surtout
Euripide contre qui il va diriger des attaques pour le
dénigrer.
Les trois comédies suivantes dont Euripide est la cible
privilégiée pour chercher à égayer son public (308) en sont
l'illustration.
Les Acharniens (335 sqq., 393 sqq.), où encore adolescent,
Aristophane débute par une satire d'Euripide (309).
Les ~hesmophori_~.ou plus exactement Les Femmes célé~rant
la fête des Thesmopho_I,'}e.~ (383 sqq.) sont pour lui l'occasion
de ridiculiser, de critiquer et de parodier le poète
tragique (310).
Enfin, après la mort d'Euripide, les Grenouilles,
représentées en l'an 405, lui serviront de prétexte pour
faire une critique littéraire de l'oeuvre du poète tragique
449
que Dionysos, le dieu du théâtre,
n'ayant plus de grands
poètes, veut aller chercher aux Enfers (814 sqq.)
(311).
Somme toute, à en croire Aristophane, les tragédies
d'Euripide sont un enchevêtrement d'idées révolutionnaires
et d'innovations poétiques. Voilà pourquoi, elles seront
appréciées tantôt sur un ton condescendant, tantôt avec
un sens critique véritable où se mêlent l'admiration et
la réprobation (Gu.
58 sqq.).
,
?..
1
Les attaques dirigees T\\Ol..e IJttoVOl.oI.,v contre Euripide
pour le dénigrer sont sous-tendues, d'une part, par des
injures personnelles qui n'éclaboussent ni la réputation
personnelle, ni l'honneur d'Euripide,
puisque, à en croire
Murray (o.c.,p. 108), à aucun moment il n'a été accusé
rii de débauche ou de mollesse,
ni de corruption ou d'avarice,
ni de lâcheté ou de sycophantie, ni de quelque autre méfait
d'autre part, par des sentiments, pourrait-on dire,
diffus,
pour ne pas dire contradictoires, à l'égard de l'homme et
de son oeuvre poétique.
Car, autant il semble apprécier cette poésie au point
même de parodier certaines tragédies avec délectation
sans doute et adresse,autant il parait la rejeter parce que,
selon lui, elle fait partie des innovations destructrices
au nombre desquelles il faut ranger Socrate, les sophistes
en général, ou d'autres idées qualifiées de progressistes,
comme l'égalité entre les hommes et les femmes prônée par
les philosophes.
Les injures plaisantes
Nous savons que les allusions à la vie privée d'Euripide
constituent un sujet inépuisable d'injures sans cesse
répétées et dont évidemment personne ne semblait se lasser.
4'>0
Aristophane a reproché maintes fois à Euripide
d'avoir pour mère une marchande de légumes (Âol..Xc(VOTrWÀ1T~Lo{)
Thesm.
387), mot sur lequel se sont constitués ~:<'~\\'TÙ
i\\~?\\."\\\\e\\..t>l. (Pollux 6.37), c:r'TE:t~vO~WÂ~'\\lc((i~ 7.199).
Donc Aristophane est le modèle. D'autre part,
il y a
foisonnement de verbes dénominatifs en - rrwÂ~vJ (312)
relatifs à des activités professionnelles, dont la plupart
." ne sont attestés que chez Pollux (compilateur du Ile s.
J
' l '
' ' ) 1
p. C.)
: 0((,0 trwA~vJ, ib. 7.21 ,E::'\\.O'rr'-"A'2W, ib. 7.28 ••• ,
mais re:1.rOlTvJÂ~vJ"brocanter" est cité chez Hermippe
(fr.
13).
En un
mot, Euripide, c'est le fils d'une marchande
d'angélique ou de cerfeuil, pour tout dire,d'herbes, au
pied de l'Acropole (313), devenu un intellectuel qui se
délecte des finasseries,
d'ergotages, de situations drama-
tiques nauséabondes ou guignolesques.
Il nous importe peu que son père ait été boutiquier,
ou que sa mère
ait
vendu de l'angélique ou du cerfeuil
au pied de l'Acropole, puisque d'autres sources non moins
crédibles rapportent qu'il aurait joué le rôle d'échanson
au Prytanée du sanctuaire d'Apollon Délien - preuve,
peut-on dire,
d'éminente considération -
; et qu'il aurait
possédé une abondante bibliothèque, autre signe d'aisance
manifeste.
Finalement, tout cela semble bien contradictoire,
et au fond de peu d'importance quant à l'essentiel (314).
Aristophane se moque de lui de n'avoir pas été heureux
en ménage. Il se serait marié deux fois et aurait connu
deux fois l'infortune conjugale.
D'autre part, si l'on en
croit toujours Aristophane fidèle à son talent de revuiste,
le même homme, Céphisophon, était donné à la fois pour son
collaborateur (Gr. 944)
(315) et l'amant de sa femme.
451
Ces quelques allusions peu charitables induisent donc
à penser qu'Euripide a dû être un grand homme malheureux.
Voilà pourquoi Aristophane l'a si copieusement bafoué sur
ce thème dans un passage des Grenouilles (1047 sq.)
"Oui, par Zeus, c'est bien cela. Car les désordres
que tu imputais aux femmes d'autrui,
toi-même
tu en as souffert".
Notons que les méandres de la suspicion des Athéniens
de l'époque d'Aristophane sont décrits aussi bien dans
les Thesmophories (395 sqq.) que dans les Grenouilles (980 sqq.).
Bien que nous sachions fort peu de choses sur la vie
privée d'Euripide - comme d'ailleurs sur celle de la plupart
des grands hommes du Ve siècle, et notamment sur celle de
ceux-là mêmes qui, comme Plutarque et Diogène Laërce plus
tard, ont été les biographes des autres - il faut admettre
cependant que l'inépuisable source d'Aristophane pallie a
certains égards cette carence ; et donc son témoignage
a une valeur humaine.
Dans ces conditions, à qui sinon précisément à Euripide
et a son théâtre pourraient s'appliquer alors ces propos
qu'Hérodote (1.207) met dans la bouche de Crésus-le-Lydien
"Mes infortunes, si elles n'ont rien d'agréable,
ont été pour moi des leçons".
Autrement dit, pour reprendre l'adage,
"La souffrance
conduit à la connaissance" ; ou mieux "Il faut avoir souffert
4 '>7
pour comprendre ••• ".
A maintes reprises,
il s'est moqué de sa longue barbe
l
, ')1
blanche (tiw(ÇW" 'ë;X:JJ, Thesm. 189 sqq.), de son extérieur
négligé (ib.
169 sqq.).
En outre, il le donne pour triste et sév~re. Une "Vie
d'Euripide" de Satyros (316) lui prête,en effet, "un aspect
chagrin, méditatif et sév~re, le présente comme ennemi
de la plaisanterie et se gardant des femmes". On y rel~ve
aussi la remarque suivante :
"On sait aussi qu'il se tint rigoureusement en
dehors de la chose publique. Il haissait les
démagogues. Ce grand rêveur vivait à l'écart
de la foule,
trouvant ses joies essentielles
en lui-même. Il affectionnait de se retirer seul
au bord de la mer, dont il ne se
lassait pas
d'écouter des journées enti~res le bruissement
innombrable".
rv
Mais
Aristophane le qualifie surtout de rrO(\\fOvf~OS
"fourbe" (Gr. 80), et donc tr~s différent de Sophocle,
dont le po~te comique se plaît à vanter au contraire la
~
"JI
'1
bonne grace "E.Vll'tOAOS" (ib. 82).
On se demandera si Euripide qui d'ailleurs n'aimait
pas les poètes comiques ne visait pas implicitement et
Sans doute explicitement Aristophane lorsqu'il dit
Ur.
2
495 N )
:
"Il Y a beaucoup de gens qui veulent faire rire
et cherchent à plaire par la raillerie ; pour
moi,
je hais ces mauvais plaisants qui ôtent
le frein à leur bouche pour insulter les sages".
Euripide, la cible du poète comique
Aux plaisanteries absurdes s'ajoutent des mobiles qui
peuvent paraltre un tantinet personnels. En fait,
tout donne
à entendre que la place éminente d'Euripide doit faire de
lui la cible favorite du poète comique. Euripide jouit
d'une très grande popularité en dépit de l'indépendance de
ses idées et:de sa vie.
Ce qui, du reste, n'est plus à démontrer puisque
- c'est à lui que va la génération montante, plus
ouverte, très éclairée, séduite par la nouveauté de ses
oeuvres (~. 1371 sqq.)
Cet engouement peut être interprété comme une certaine
manière de récompenser - assez tardivement bien sûr-
l'oeuvre intelligente et probe de ce grand esprit qui n'a
qu'un tort, pourrait-on dire, celui de devancer trop bril-
lamment son siècle.:
- l'indifférence du public se muant en une ferveur sur
laquelle se greffe une admiration qui ne fait que crottre,
c'est encore lui que la foule recherche pour le pathétique
de ses tragédies,
la variété de ses inventions, la hardiesse
de ses idées (Gr. 779 sqq.).
Peut-être, à présent, conviendrait-il de dégager les
éléments constitutifs du débat contradictoire d'idées
entre Eschyle et Euripide ?
Ce grand combat littéraire (Gr. 830-1410) où sont entassés
les critiques sur la nature du génie d'Euripide, et qui
comporte cinq phases (la logomachie d'introduction,
l'évaluation de leurs apports à la littérature, la comparaison
de leurs prologues, celle des chants choraux et des vers)
(317),
454
évoque, en somme, la batalile épique entrc Eschyle, dont le
génie, i
en croire Aristophane, est marqu6 par ia puissance
- d'où l'épithète E:e\\..(3fE:r-~1b/.S(Gr. 814) (318) -
etE uri p ide , don t
la po é sie
n ' est que su b t i l i tés, cr t"- 1...),~u
t"o(.TOEet00
1~vJT6~ (~ 819) (319) et bavardages,
c:r\\{Lv'~""Â~r-uJ""'~ ~~o(~oV\\.(1l (lb. 819) (320).
En effet, avant que les deux poètes ne contestent les
défauts que leur adversaire leur reproche,
- chacun pourtant
i Son tour les considère comme des qualités -, le choeur
nous donne un avant-goût de ce combat satirique. Les termes
,
1
mêmes du passage en font une joute oratoire, un
o<.OwV.
En un mot, cette critique fondamentale avant la lettre
peut être considérée comme un défi accompagné d'insultes
que, par choeur interposé, Euripide et Eschyle "poète au
génie bâtisseur" (321) et "constructeur" (322), selon
Aristophane, se lancent mutuellement avant d'engager le
combat littéraire.
Le texte (Gr. 819 sqq.), dont certains mots méritent
quelques observations, se présente ainsi
" ••• Et dans un miroitement de casques, des
discours à panaches se dresseront contre des
subtilités fines comme des échardes contre-
faisant l'essieu, lorsque le héros faiseur de
ciselures prétendra repousser le poète au génie
constructeur et ses mots campés à cheval".
4~~
Il S'agit de mots de couleur épique.
~ 1tTn-OÂ~~vJV lE: ?.i.Kw_~
(..
1,...,
lb
'
L' adjecti f \\,ttno A() TOS appl ique ici aux mots corre~-
pond à "grandiloquent".
Il aurait pour variante Jtl.ÂO~W'"
d ,
h '
vc:::. Ald.
h
h'
,
Ce que
It le sc ollaste de
~
, y p o t ese reprIse
par LSJ 9
(s.u.). Mais proprement trrtt"~Aotossignifie
"garni d'une crinière de cheval"
(U. 12 (2).129 (Mitylène)
9
ap.
LSJ
= I.G. 12.2.129.4 ap. B.P., p. 404).
On dénombre quelques formations très proches ayant
c..
comme premier terme
l.-IT Tfo -
:
e-
1
-
L-TI"\\\\OKr1 r"V()~"emphatique", formation hapax" cité
par Aristophane dans Gr.
929
:
~1r-ol.&'trr"(f61.(.\\~t"Vd t~\\ cs\\Jt'-~o(~E:~V 00 f~b\\' ')~v'. (323)
1
cf. Io<.\\~r-"olTOl. 0 S
, Nu. 1367.
e"
1
- \\, 1\\\\'\\0 f->tlI.~IJJV proprement "qui s'avance à cheval"
(Eschl., Pro
804, Soph.,
Trach.,
1095);.
mais figurément en
parlant de termes,comme ici,
"pompeux" ou "haut placés".
C'est également un mot qui rappelle l'épithète homérique
ttrn-6I11.o\\",oS"garni d'une crinière de cheval", Il. 13.132,
13.339,
16.797, Soph.,
Ant.
116.
Ko\\v~o(~o1o<. VE:~\\i(L
'v\\O~U~ol~o'Ao{ est employé métaphoriquement ici. En fait,
KO~V~O([oA()S signifie proprement "qui agite la crinière
de son casque",
c'est-à-dire "guerrier,
impétueux". C'est
une épithète d'Hector (Il.
2.816)
et une seule fois celle
d'Arès
(Mars)
(Il.
20.38).
C'est ainsi qu'on donne
K 0 pù-
(1.
l
, , -
{\\ 1 •• '(;'
~o..\\.. ÙAOS
pour un synonyme de
00<. \\.. 'J
(I 1. 22. 13~ ) •
456
Z ~\\'VSQ(st~t='''''J\\1 lE:: iTcA.\\4~v~o{
On a '{"\\I(I.I/~~Âatr-o.s(ion.att.) et q-X\\'v~~Âol.r-0s (att.).
Le mot qui qualifie la langue d'Euripide est employé
figurément ici avec le sens de "arguties, subtilités".
La même idée, soulignons-le, est exprimée dans Nu. 130
1.6 'Qw'v' ~ v<e \\,\\->.::;" t;rXL.V~ol. Â~ \\QV S ~ol.G'I;f"0't-o(l..-.
Mais
proprement
<r1A.L.\\f<;;~'À.o(r-0~ se traduit "copeau,
écharde"
(Hp., ~. 2.133).
Pour tout dire,
les tragédies d'Euripide sont des
"dissertations"
sottes et inutiles comme les copeaux
qui
tombent du rabot.
Comme composé plaisant, il convient de citer erKL.V~~c(t"'0tf~erï,\\S
"qui ne dit que des subtilités", littéralement" des choses
menues comme des éclats de bois, des pointes d'aiguille"
cité chez l'épigrammatiste Agathias (11.354).
Par ailleurs, on note dans Coulon (p.
72)
que "Radermacker
, (
C ' l '
met une virgule apres V<é.L.l.<l
et lie q-v..\\.V~"c(tw"
(=
q-I.<V'/~~?.ol~ol.. T\\otr-~~VL.ol.l à q-tL.A~~t'-ol;o( ,
dépendrai t
grammaticalement le géni ti f
tvJTOS "
~~ \\. 'J-. E; v t:ol \\0 ~ f'fr'0 ~
Il s'agit d'une forme restituée conjecturalement par
1
Heiberg. Car, en fait,
les Mss se partagent entre 1Or-",ÂE:Uf-l.o(""'~
oy
? ')'
")
1
,:JI
\\A1
(-Tel t"\\
) T
E,OWV
RVMUS
et
q-r-L......f:U~o(T E,'luJV
.
Cette forme épique pour q-r-I..Â~U\\,,-ol.TOlJfoo\\lfaitesans
,
doute sur le mêm,e modèle que l'épithète homérique ~"r-\\' o~froS
pour ~~t'-\\'Ol.JeOo5(Q..2.. 17.383, 19.135) appartient
à la série
des verbonominaux par opposition aux juxtaposés nominaux
(trr'TI6' - Â010~ et assimilés tels que 'f""QO- r-~q-Xo(.'AOl.
\\",01- r- r-~ - \\<ù~Ol., q"~CT()- ~O<\\rv- 1\\\\)\\1..,,6- T({l.X"" )
du type 'S"TO\\""t:A T- QVe'nO;=:> "artisan de paroles, beau diseur"
(~. 826)'~eGl\\''''v'OVe:005 (Pherecr., !!:.. 130.2, Ar., .E..548)
dans lesquels - ove'O~ S
est une fonction adjectival~ qui
Ee-
figure dans des verbes dérivés mais sur un radical
D~10r-o(L. (324).
/
Ajoutons que comme autre type verbonominal, on a q'T(E:fL.-
~"" ').Â.oS.
Employé métaphoriquement ici, q"t'-I.,,).€:\\J t"-o( To E:('(00 (325)
est porteur du sens de "oeuvre bien ciselée", car, proprement,
<i'r-l.'ÀE:0tol'-C< censé dériver de Q'"~~'J."\\
"couteau"
selon
Chantraine (D.E.G.) signifie "entaille dans la pierre", d'où
"éclat de pierre ou de marbre". Comme l'explique assez
clairement le scholiaste au vers 819 :
()
(
C ' \\ "
1)'11
:J,
Ir')
~t\\."E;Vr-""To( 0'0 TO( ElA ~c(AA0r--<:Vo{
<rtl. ...
(){'tTQ
,S(326).
En vérité, si la leçon généralement retenue est q"l-\\.L.AEU_
l
';)1
\\
1
\\
~ol. ,eX \\" ') E:~OWV
(cf. q-r-I.ÂE;VTol ("(\\ol.~t'-""""'o() ap.
Dsc., A.P. 7411 in Jungius, s.u.), expression analogique
avec 1 ; ; plu riel s <:n<. L. V~?.~ t'-""''' tro{ea,!tv\\.qf.) il a pp ar a 1t
ici, comme le ~ouligne Coulon (ib,), que l'emploi de q"t"""J.ev-
r-- c\\. To €. f 'Go U
0 bé i t
à des co ntrai ntes mét r,ï ques , de
même que,
sembl e-t - il, cel u i de q""TO r-ot Toùe00's( dan s
Eschyle, Sept. 447 on a <i'r~~o(.~OoS)
cité quelques vers
plus loin (ib. 826), où il fait allusion au débit facile
(327)
et au style brillant d'Euripide dépendant des subtilités
"qui ne font que voler bas comme des copeaux de bois autour
de l'essieu d'un char de combat" (328) plutôt que de l'intel-
ligence.
Il est vrai que cette approximation imagée est développée
au vers 876:
A"'t\\'ToÂ.600V~~VVE;Tà.S te~V'o(S.
458
l'V
Par cons.:quent,
J d
mi,tdphorc q-TO\\[)(\\-O"'~aOS"bouch.,
experte" ()29) s'oppose alors à tee:VOT~\\I'I.TOVOS ~"~e65()30)
(ib. 820) qui évoque "le poète au génie bâtisseur", une
expression qui définit Eschyle comme "le charpentier de
l'esprit" (331).
Rien d'étonnant alors à ce qu'Aristophane appelle ses
'-
Ir')
lb
'
discours l.'tT'tn:>AO LC\\' puisqu 1 ils sont, soutient-il, "prononces
hautement et superbement"
au point d'être même comparés à
un coursier empanaché qui se pavane.
L'acte d'accusation
Si Aristophane reproche à Euripide sa rhétorique et
son immoralité, c'est parce qu'il pense que celui-ci a
méconnu la loi fondamentale de l'art qui est de rendre les
hommes meilleurs.
Or donc,
le poète étant l'éducateur de la jeunesse,
il ne doit mettre sous ses yeux que de nobles spectacles
et ne lui donner que de bons conseils.
Tous les grands
poètes d'autrefois ont,
en effet,
compris cette mission,
qui a con sis té, selon Esc hYl e (~. 1030 s q q. ), à en sei g ne r
aux hommes les inventions utiles,
le respect des dieux,
à leur inspirer le courage. Mais la Muse d'Euripide a failli
au contraire à cette mission (ib. 1069 sqq.).
C'est pourquoi, pour avoir élargi le champ de l'inven-
tion dramatique, Euripide est critiqué tant pour la forme
que pour le fond de ses tragédies.
Aristophane en veut d'abord à son style. Aussi lui
reproche-t-il d'être un poète bavard.
459
Le caquet d'Euripide est mis en exergue par la
formation hapax <:rTvJl-'-vJ.\\.Oq-IJÂÂE:\\<'''~~~(Gr. 841), qui est
,
un mot-phrase, mieux une variante pour q"'"1u)t""Ù~[.o(S q-v,:{ÂE":Ou,lV
(332), entendons "collectionneur de bavardages".
,
' I V
1')
.. ,
'1'1'"
Schol.
: o("'T~
Tov
q"TuJr-V .....o. fit'-o(lbI., q-v ..........€:Ow .
C'est un type qui annonce l'hapax imitatif d'Athénée
(IIe/IIIe s. p. C.) r€:\\IE.Loe:rVÂÂE:IATc1.~ol.l,(4. 157 b)
"qui collectionnent les barbes". D'autre part, comme calque
du mot d'Aristophane, on relève chez Eustathe (XI/XIIe s.
p. C.) AoOo q"v?.'J. ""''-'\\ \\à~~s (1309.2) qu i se t r adu it "collection-
neur de phrases,
plagiaire".
C'est aussi une formation qui s'apparente à quelques
formes en - J~~s (333) de nature différente telles que:
~eXOD~V'ITT~b,~ "fils d'un individu à l'affût de
situations" (Com. Adesp. 84)
• - <rcâ.lTt..000J,.00Xu rr,\\v~ Sc< l.
"hommes à grandes barbes munis de trompettes et de lances"
(Ar., ~ 966) • -,,,,,01. ~E:I,\\q"l.~~,S "qui court après la vertu"
cité chez l'historien du Ile siècle (a.C.), Hégésandre
(Epigrammes 2).
Le sens de "fils", remarquons-le,
a disparu dans ces
deux dernières formes.
Co
1 C
~d.~t..Oq"vf'Q,1rTol.Û~ (Gr. 842) "le rapetasse ur de haillons"
c..'
,
dit d'Euripide, qui est une variante pour fo(K\\.o( <TVe("~l\\\\u,lV
d'après Peppler (334).
La scholie explique :
t.
,
<-1
1
o le<. ~oI.\\I(,,\\ <rv Uo< trlwV
•
"
, . .
IC'
D'où l'express10n "ITTwx0'rrol.6. I.<c(\\. fc(,~I.O~\\JeeO{\\(''ïo<.o,\\
fait écho à l'expression latine detritos pannos consuens,
d'après Jungius (s.u.
fo(~l.O-'" p. 283).
Certes, les tragédies d'Euripide débordent de bavardages
pertinents, mais ce sont, à en croire Aristophane, des
bavardages parfois oiseux
(Ach.
444, ~
534)
a cause
de leur prosaïsme indigne de la tragédie.
D'où l'étiquette
(j"Twl"-v)..~TI.IIV"'babils" (Gr. 943), terme opposé a IOlvJ-
~\\lÂ'~cXV "verbosité" employé au vers 1069 de la même,
pièce (cf.
Polybe 9.20.6)
et qui fait couple avec
/...0/..?.1..01.-../:
"Ensuite tu
(sc.
Euripide)
as enseigné ~ cultiver
le bavardage et le verbiage"
En revanche,
dans un autre passage des Grenouilles
(v.
92 cité du reste
par Denys d'Hallicarnasse,
~. 10.18),
<r'wr-JÂ[-'-al.1o<. désigne par métonymie des personnes,
~ l'ins-
tar de la série accumulative des autres formes
imagées
en -~ (335) qu'on rencontre dans les Oiseaux (v. 431)
,
•
ru
l
If)
1)"
'"
a saVOIr
,\\~I.t t'-o(. , Kve r-«><
,TrO(V'rrDC.A,,\\\\,,-o(, Q""tl
'-q"t""""',
1
ou encore de Â~.x,,~o( (Soph., Ant. 320). Il se traduit
It
-
;)
le
alors "moulins ~ paroles, bavards" (336), ~\\1"I.<hvÂÂ,-ù€;S
(V
?::>
\\
\\,
Ir')
\\
To(v\\
é<r'TI,.,
10<.0( \\..
<;:>T"'-' \\,,"v" r-o<.To< •
Rappelons que dans Gr.
954,
,:)~ \\l"'E:\\. Tc( Tov TOulO'l, ~o(:(~LV
~~~~o<.~oC, , se perçoit---:-ne raillerie d'un des traits
attribués ~ Socrate et ~ ses intimes.
2.1\\.vl"-v1t"-~'Tu)v est, bien sûr, un substantif appartenant
~ la série des dérivés de IOTWr-~?.Clc;. qui signifie "qui parle
facilement,
bavard",
épithète appliquée ~ Télèphe (337)
dans Ach.
429,
dont le verbe dénominatif
Il'"TuJ~0A.AW
"babiller, déblatérer"
(Nu.
1003,
passage dans lequel le
grand composé Te'-\\->OÂ<::v:.T~~"~Ào( "arguties" (338) exprime
la même idée parce qu'il y a
q"TWr-0?,:Â.uJ; Gr. 1310 dit des
oiseaux).
Mais il est employé plus fréquemment au moyen
(Ach.
579,
Cav.
1376,
Thesm.
461,
1073,
Gr.
1071).
Dans Paix 995,
il signifie proprement "déblatérer contre
quelqu'un".
4 (, 1
Toujours selon Aristophane,
les drames d'Euripide
paraissent des babils inutiles parce qu'on y perçoit
la familiarité d'un dialogue vulgaire qui s'abaisse volon-
tiers aux détails les plus insignifiants. En un mot,
Aristophane en veut à son lyrisme sans souffle,
sans gran-
deur,
sans conviction, mélange incohérent de digressions
artificielles et de platitudes. D'où l'emploi du mot
rr~f~-
lT~T()\\..-S
(Gr. 942) faisant couple avec les diminutifs
'€.lTv'À'À ~()1..5 "peti ts vers", d'où "versicules" qui repose
? '
'1 1
sur létt'<J~ (Ach. 398, P. 532) et TE:VI"\\.IDI..<:r~
(fr. 130),
diminutif d~ la for-;;;-e de
Tlé.0TAov
(ion.), et plus
tard q"e.VTÂev (att.)
, qui signifie "bette ou poirée,
Beta Maritima" (Batr. 162, Hp., Art. 63).
Notons par ailleurs que ce mot est courant en comédie
et se trouve cité notamment chez deux comiques du IVe siècle,
Antiphane (fr. 181) et Eubule (fr.
35)
; qu'il est employé
plus fréquemment au pluriel chez Phérécrate (fJ:. 108.12),
Aristophane (~1014)
et plus tard chez Eubule (fr.
37.93).
Il s'agit, comme on le constate, d'une accumulation
expressive des suffixes diminutifs en -LoS/-LaV.
En effet, ici comme ailleurs, c'est-à-dire au vers 953,
1
irE: e\\..Troll0 l..S a le sens de "discussions, débats philosophiques")
entendons "la conversation
pendant la promenade", mieux
Co
Il
\\
"les digressions"
(Baton 2.3). D'où les expressions E.w'/I.VOS>
T\\E':~[rro(Tes
, SE:l..ALV~S \\\\E:e~tto(IOS qui désignent
les noms donnés par Aristote à ses entretiens du matin
et du soir, si l'on en croit Aulu-Gelle (20.5.5.), grammai-
rien latin (Ile s.p.C.).
1
Mais proprement
Tle.e.iï()(T 0 S signi fie "promenade
hygiénique"
(Plat., Phdr.
227a, 228b)
; d'où figurément
le sens de "exercice"
(339) chez Hippocrate (Ep. 6.5.5.)
et Astydamas (fr.
7 N2 ).
- -
462
Tout semble donc indiquer qu'il appartient au
vocabulaire médical surtout si l'on en juge par la série
accumulative de certains termes du passage censés être
de coloration plus ou moins médicale.
Il s'agit de
:
0''''~f)r;:;~~" qui se dit proprement d'une enflure
due à la maladie,
d'où "s'enfler,
se gonfler,
grossir"
(Q!. 5.455, Hp.,~. 7, Ar., Gr. 1192), avant d'être
appliqué métaphoriquement à un style ampoulé ici et plus
tard chez Plutarque (Cic.
26)
(340).
') 1
:>
1
L.~XVo<"o{
tiré de
'v~X"d..\\"VvJ • Proprement (341), c'est
"réduire une tumeur
(enflure,
bosse,
fluxion)"
(Hp.,
Liqu.6,
~. 5.25). Mais figurément, comme ici, c'est "affaiblir,
décourager"
(cf.
Esch1.,
Pro
382),
"apaiser"
(Eur.,
Q..!.. 298).
1
XV AQV
qui désigne proprement "le sirop ou la
tisane obtenue par la cuisson",
d'abord chez Cratinos
(fr.
297)
et Hippocrate
(Acut.
6),
et plus tard chez les
comiques du IVe siècle,
Ephippe
(13.6), Anaxippe
(1.46 au
pluriel).
Mais ce mot évoque "le jus" en général
par
c./(:.
opposi tion à V Ow e ' et désigne ainsi, peut-être, soi t
"le suc de la plante"
(342),
soit "la décoction"
(Dsco)
Eup.
1.55).
D'où le dénominatif XV?.~uJ
"réduire en
jus"
(Hp., Mu1.
2.209).
Certains termes,
à en croire Taillardat (in 779),
sont soupçonnés,
en revanche,
d'être de simples déformations
•
A '
l e . . I
comlques.
USS1,
pense-t-on,
par exemp e,
que
f1r'"cX\\WV
..
, c . .
1
V
..
f ait echo a fE:'-'t'-ol.TuJ
"humeurs"
ou "ecoulement d'humeurs",
,
( '
J..'l/..
,c. l
"
d ' 0 u " f lux,
rh ume"
3 4 3 ),
c<:: TI v
" \\" 0 \\. S des i g ne ire( e v"{'{" ()V <h.. 0(v
c..
t"J1J
(
( A " "
..
•
E:P'ttv",,\\..o\\.-~
retee,
medecln du Ile S.
p. C.,
C.D.
1.3.),
\\
CI
. -
sy nonyme de
(;.e tïvÂÂoS (thymu serpy11 um L.) si gni fiant
"serpolet" (Cratin.,
fr.
98,
Ar.
,
P.
168,
Thphr.,
H.P.l.9.4)
et que T€:vTA~() '-50 fait écho à TE:\\J-rek)évJ employé-;;;solu-
ment avec le sens de "être affairé,
empressé"
(Telecl.,
fr.
36, Plat.
Com.,
!!:..: 89) ; enfin ~t..~?.~vJVà I\\V~:;(~WV-
463
"ordonnances, bol d'une certaine contenance",
synonyme de
b~~~o(,tEl\\l(HP" Int. l, Mul. 2.109, Alex. 142 ap. T.)ib}.
Mais conjectures, nous semble-t-il
!
Relisons donc ce passage qui paraIt une sorte de parodie
de la profession de foi artistique d'Euripide. Car, celui-ci
s'y flatte d'avoir ramené à la santé après une cure énergique
la Tragédie dont "l'accablante bouffissure ( I.<.0t'- i\\OI.~t'-':(,ïW")
d'Eschyle avait rendu les traits méconnaissables"
(344).
Eschyle.- Et toi, détesté des dieux, qu'est-ce
donc que tu représentais ?
Euripide .- ••• Mais de prime abord, dès que j'eus
reçu de toi la tragédie épaissie de bouffissures
et de mots pondéreux, avant tout je me suis mis
à l'amaigrir et à l'alléger au moyen de versicules,
de digressions et de bettes blanches, en lui
administrant une décoction de fadaises exprimées
d'un tas de livres.
EY.
( .... )
(Gr.
936 sqq.).
,
464
Or, voici qu'Euripide reproche à son tour à Eschyle
de parler de façon décousue; en d'autres termes, d'avoir
une langue sans retenue. D'où les épithètes dépréciatives
suivantes (~. 838) qui sont loin d'être des créations
aristophaniennes :
"[ •..
je le connais,
je l'ai depuis longtemps
percé à jour, l' homme .•• ] avec sa langue sans
frein,
sans retenue,
sans barrières".
,
, )
fI')
1
.1
0(, K\\ol.lE:S) o<.'TfvAvJT~v
q- '0 '('-0<. •
:> ~X~A\\"VQS>
qui signifie proprement et figurément
"sans frein" est une image banale (345) puisqu'il était cité
déjà chez Euripide (Ba. 386, H.F.
382, cf. Plat., Lg. 701 c).
-
',T
'1 ,
-
D'où la locution verbale
il..XcJ.AI.-VoJ,
Af:=Ofi=.'-V
(A. Pl. 4.223).
On sait en quels termes poétiques et imagés le choeur a
chanté les caractéristiques des deux adversaires en
presence ; mais aussi comment ce même choeur a notamment
raillé la langue d'Euriride (ib. 827) qualifiée de
(... A~q-t\\1
(346)
1
4Â~<i"<t"? ,~VE:?.I...<i"q-0r-~v"\\, 4'~OV'E: eo~s KI...VOU\\S"o( Xo<Al..vevS.
c'est-à-dire "une langue polie par l'usure et virevoltante,
secouant le frein de la jalousie", autrement dit qui
"lâche la bride à la jalousie" (347), passage dans lequel
l' expression \\I\\\\.\\I()~ercl. XO(~\\..\\lo0S équivaudrai t, d'après
Taillardat (in 514), au dénominatif
~TlOXcx.Î..\\."oiJ" qu'on
rencontre dans Plutarque (2.794 c).
1\\
l
,
t"\\ II<..fd.TE: 5
es t
un mot courant,
qu' 0 n trouve employe
avec le génitif de l'objet chez Eschyle (Pr. 884), Hippocrate
(Morb. 1.3.,2.6, Art. 48), Thucydide (3.84) et qui est
porteur du sens de "qui ne se contr61e pas, intempérant".
Ici, il est employé absolument avec une connotation
morale, à savoir "qui n'est pas maItre de soi ou de ses
passions, intempérant". Ce sens moral se rencontre également
chez un poète tragique du Ve siècle, Aristias (fr.
3 N2)
et plus tard chez Aristote (E.N. 1145 b Il).
Donc, il s'agit d'une métaphore banale comme du reste
&lT~ 'J...wToV "sans barrières" qui est ci té chez Xénophon
(!:!.:..f.. 5.4.20).
Aristophane accuse aussi Euripide d'être un poète à la
langue acérée.
En effet, au moment où Eschyle et Euripide vont
s'affronter dans une joute oratoire,
le choeur qui préfère
Eschyle compare toutefois la rage d'Euripide à "celle d'un
sanglier qui aiguise son boutoir", comme dit Taillardat
(in 508). Il va donc s'agir en quelque sorte d'un combat
de massue et de rapière. D'où les propos suivants proférés
,a l'ombre du choeur (Gr. 815) :
c..
1
? , \\
, 'f; l
')
;;-;
'/~
() (
, C' (
''If\\..'" d...V 0:rVAd..A<;::N tn=\\ \\"01\\ tl.."1i<:>VYOS où<:>"Yo(
,
1
•
d..vIL T'ë.X',,"olJ
On remarque ici que 6~0?-.oI,J,o" , création d'Aristophane,
correspondant à "qui a la langue pointue"
est une variante
d'images homériques du type ~~~ t\\eO'L~~~" (ad. 5.393),
,~\\;I
1
':e\\
0) v :!-..< 0\\.1 fèl:V
CU. 17. 256, cf. Pla t ., Lg. 927 b ), ° i V
Va €: l.\\1 (:~. 3.374) •••
L' ajectif ~<&VAJAoS (348) = 1~v'Ao'00.5
appliqué aux
t~6rO~"" "bruits" (I.G. 12(7) 95.4 (Amorgos» a dû
se r v i r de bas e à sac réa t ion. Tou t e foi s , =b~ ~ Â0( 'Â cS est u n
type qui rappelle aussi b~0~v~oS. ci té chez le comique
Epicharme (fr. 281), Euripide (Med.
319), Eschyle (Eu.705),
-
-
-
Aristophane (Gu. 406, 455, 1105) et plus tard chez
Aristote (~ 1368 b 20) .- l'hapax ~vt"-~\\,.. t'"VOS (Gr. 877).
466
,
l '1
")
On peut le rapprocher peut-être de o<.r-~"'''ol''OS(Gr. 979),
')1'1
"
2
""
')
formation hapax,
O<.AotAOS (Esch1.,
fr.
60 N ), E.vAc{AOS ,
épithète d'Apollon (A.P.9.525.6 = Hymn. Apoll. (IX.526.6)),
de l'Argonaute (Orph~A. 244), enfin de
gU:LAo<AOS.
{Méléagre 91.95 (V.177.178)).
Le verbe ~+O'.., est "un vieux mot concurrencé par ~~0-
VvJ
, e t surtout ~~ovJ.w,
&~ovL1W
(qui) dispara!t
en grec moderne", comme Chantraine l'enseigne (D.E.G.).Il
signifie proprement "aiguiser, affûter" et se rencontre
d'abord chez Homère (Il.
Il. 416, 13.475), avant de se
trouver cité dans Hésiode (~. 388), Euripide (Ph. 1380, Or.
1036, C~ 242), Eschyle (Ag. 1262).
Mais figurément, 9,'OvJ c'est "exciter", voire
"aiguiser" (Pi., 01.10(11).20).
{\\,
'~f
1:>
_ 1 . 1
L'expression
0"\\'0°"105
OÙ()v\\"o(
oI..'11l\\.. IE:.'f-'JOV
est une image banale. Elle correspond à l'image homérique
~~OvJ\\I 1€:\\l~6\\/ ~~t"To<. (11.11.416) (349), même si elle
parait, à en croire Taillardat (350), "le rajeunissement
1\\1
...
' ) ( v
de l'image usuelle
\\)"\\O"'\\,\\/ T1" QAWITa('I"affiler la langue"".
Aristophane lui reproche d'aimer les détails précis
et les phrases ciselées, pour autant qu'Euripide est très
minutieux et travaille longtemps ses vers avant de les
écrire. En un mot,
il lui reproche l'abus des distinctions,
des divisions, son art de "couper un cheveu en quatre", les
analyses minutieuses et captieuses auxquelles se livrent
ses personnages sous le coup de la passion la plus violente
et dans les situations les plus tragiques.
Au vers 826 des ~renouilles, Euripide n'est-il pas
quaI i fié pé jora t i vement de "bouche ép l ucheuse de ver s", ~~_
,
" < " ?
V I.~Tf\\..ot
€;
'tïw\\l ,
467
L'hapax
(=>oI.<>O(\\I[q-T~l..c{, féminin de (Ool~\\I\\."\\~S(-T~f)'
plus courant, se traduit "qui met à la question,
bourreau"
(Antiph. 5.32, Dem. 37.40, Plu. 2.498 dl. Il Y a ici reprise
discrète,
pourrait-on dire, de la métaphore du poème-
édifice appliquée au théâtre d'Euripide (351), qui se
trouvait évoquée déjà dans les vers 799-802, et plus singu-
lièrement dans les vers 801-802 :
"
Car Euripide prétend essayer les tragédies
vers par vers".
Le verbe ~~o<.vL~w signifie proprement "essayer avec
la pierre de touche" (Plat., ~. 486 d), d'où "éprouver"
(Arist., G.A.
747 a 3).
Mais, pris figurément ici, il évoque "mettre à l'épreuve"
(cf. Ach. 110, Hdt. 1.116, 2.151).
Ailleurs,
(Gr. 616, 618, Antiph. 2.4.8, 5.36), i l a le
sens de "mettre à la question,
torturer".
.
'~
On releve beaucoup de verbes en -
ï->o(q-oI.VI..,W
av~c comme
premier terme une préposition (352) du type SLcX -) E:K- ~
E:r--) ~oI.TcX- ) l''-E:TO(- ~ IT"fO- ) \\\\\\,oq-- •
Et plus loin,
ne relève-t-on pas à propos de sa langue
'-1
<:.
l
"'l
'"l
1
~,t"- do.\\"0<. 0o(.l.. 0 t"-l:V',,\\ KolTollI.(:I\\TOII.00Î<OE:L (~. 828) ? Entendons
"une langue qui dissèque les mots et détruit tout par
des discours subtils".
Le verbe KOl'o<.~lê.'tt""OAl)O~~V est, bien entendu, une
formation hapax qui signifie "réduire ou détruire par des
discours subtils, pulvériser" (353).
4 (,/-j
Il repose sur
'ÀE.ttTo9..60'0S (Gr. 876, cf. Philostr.,
V.S. 1.21.1), d'où le dénominatif
~ei\\\\oÂoO~t'1/ (Nu. 320).
Comme autre dérivé du même modèle, on a l'hapax b\\..o(-
AtiT,o?.o'Oo0lf;oC..l, (Nu. 1496). Notons que le verbe S\\...01.-
\\"'v K~O?00e..'\\;'<r~oI.\\.est cité chez Plutarque (Sol. 30).
Et pourtant, Euripide se vante d'avoir introduit dans
ses pièces toutes ces caractéristiques • Comme nous le
révèle le passage suivant des Grenouilles (954 sqq.)
"Ensuite à ces Athéniens-là,
j'appris à bavarder -
( ...... )
à appliquer des règles délicates, à mesurer
les vers à l'équerre, à réfléchir, à voir,
comprendre, aimer à retourner, à soupçonner
le mal, à considérer toutes choses".
(
)
956
957
Il est notable que :
'1
(V'
"
,
_ le vers 956 , ""{;;iTlwV TE:
'v<.~l/oVvJ'I/ Evq-l->0A~S
,
l '
E:'trCJ" Te 1WV\\..o(q-r-cv5, suggere le rapprochement avec
les vers 799-801 :
Le Serviteur .- Et l'on apportera des règles,
des équerres à mesurer les vers, des châssis
4 (.~
d'assemblage •••
Xanthias .- pour faire de la brique alors?
Le Serviteur.- ••• des mètres, des coins.
01.
~""v6'Vols ~~O~~OV"ÏI" ~ol~
1\\Âot ~ .. 0{
1..
~ J r- 'IT11;(.Toi. -
-A.
nÂl..vgE:0~ov~\\.. r J\\)
OL
~a(~ ~I..o{r-~"t"f::()v.s \\l<O{~ q-~~v'olS.
?
'1 1
Toujours est-il que le mot
<=.\\..~~o.....alS qui rappelle
l'introduction des règles subtiles et la manière d'agencer
les vers suggère un autre rapprochement avec un passage des
Suppliantes, plus précisément le vers 92 prononcé par Thésée
1
\\
:J
f) ,
C.
t'V
~ ("I:vJV
°rw
TI.. X,1r-0{ ~ Kol"Vc(S C=I.<:I"[?>OAol.S
Ou
...
- le verbe
Tf:xvJ~f:.\\"V (354) a ici le sens de "user d'ar-
tifice, de ruse" (Ach. 385, T_hesm. 94, Hdt. 3.130, 6.1).
Ailleurs, il signifie "employer tout son art à"
(Arist.,
LN.
1140 a 11).
c.
" , f \\ . ; )
Je.
" , { \\
\\
- le verbe ul'('oTott€:I.<r\\)llI.(
Kot.,)(
\\J'rroïO"lTE:\\.,l;I"ljo(\\..
"
~o<.'Âo(
e
~
~
~
N d
VTI'ûT01TELq"
oI..l..
) est le moyen de
v'ITOTO'rrE.LV,
forme peu attestée dans la prose attique. En fait,
le verbe
généralement employé était
vn-o TOT\\E:~W ci té chez Xénophon
(Hier. 2.17), Lysias (l.10)
avec le sens de "être
-
soupçonneux, défiant".
Ce dénominatif signifie néanmoins "soupçonner une chose"
(Hdt. 9.116). Il se trouve parfois accompagné d'un infinitif
(355).
470
Est 6qalcment reproch6e ~ Euripide sa volubilit~,
persifl~e à travers ce p~ssdge des Grenouilles (v. 904)
Crv
' 1 f ) ' . ? ' )
C'J(\\
~
<'V
<:rV~ KE:.i)Ol..V ITOAAo(S tX.AL-\\!Ù'1,U\\,o(S EtTW\\!.
?(\\Â\\..v~~~eo(.S
est employé m~taphoriquement ici au
sujet des trag~dies d'Euripide dans le sens de "mots qui
se d~roulent avec volubilit~" • Ce qui corrobore l'explica-
tion du scholiaste :
..., c~
1 C'
(
 €; n To ~ 00~ al. S) \\ï 0 II\\.~& lev l::Vel..'itLÙOÙ
356).
Dans Ach. 687,
notons-le,
se trouve exprim~e la même
approximation imag~e
dite des finasseries des sophistes (357)
C 1
( \\ . ) ' ,
\\
~
t'V
<:t" \\1<..0(.1/ 00(').1 Uf
L-<rTciS
E.\\rWV.
Mais
proprement, en parlant des chevaux, &2\\..1/~~~fo<.
se traduit "emplacement pour se rouler"
cit~ chez Phrynichos
l'Atticiste (Ile s.p.C.
(P.S.
p.
5 B».
Soulignons, a cet effet, que le suffixe - ~F~
est
un suffixe de nom de lieu :
Ke'=t'-~~eo{ (~. 218, cf. Arist., ~. 1412 a 14), KO;(ùt~'&~o(
" p i sc i ne"
( Pla t ., R~ p. 453 d, D. S • Il. 2 5, Ale x. 300, K olJ.l.'Vb~~
"manège des chevaux" = 6<~L.I/~,efo(
cit~ chez Elien
(N.A.
3.2.),
donc terme r~cent ;
- -
,
d\\
mais aussi d'instrument : o{tro~o('Jeo<. "échelle de débarquement
ou d'embarquement" (Hdt. 9.98, Thuc. 4.12, Luc., D. Mort.
10.1) •
Ce suffixe suggère un rapprochement avec les mots ~~~~I..~~
(employ~ au singulier dans Hdt. 6.126, cf. Hp., Art. 4, e~
,
au pluriel dans Eur., El. 528, Ar., ~ 729),
ITo(L-Q"Teo<
"lieu où l'on joue" (Herondas, 3.11.64).
On relève comme dériv~ verbal ~Â~../bc:.<r~o(.l.., en gén~ral
sous forme participiale (Plu. 2.396 e, Nic., Th. 156, 204).
Les formes simples du verbe à'A\\.."b~u) "se rouler, rouler
471
?
1
('
comme un cheval", plus tard
o/..?.v\\I C)W
- dont le présent
n'existe qu'au passif - ne se rencontrent que chez Hesychius
A
' ':c;' 1") 1
3019) et dans La Souda. D'ou
€,o(A\\,..q'"o<.S
(Nu. 32).
Le nom d' action
à:<~",~,,\\q-1..S est ci té chez Hippocrate
(Vict. 2.64, 3.68).
Cette métaphore donne à entendre que tel un cheval se
roulant par terre, en guise de soulagement, Euripide en sa
volubilité se pla!t à dérouler une suite indéfinie de paroles.
Or, nous savons que le dieu de ce temps était le Verbe,
2
le Logos, ce dieu dont l'autel, dit Euripide (fr. 170 N ),
est dans l'esprit de l'homme. Rien d'étonnant donc à ce que
sa d~vinité
tutélaire soit qualifiée figurément de O~~\\~,,\\S
eot
q ' \\
1..0"~ (Gr. 892) (3 58) "1 eGo nd deI a l a ngue". Ce
n'est pas une Im~ge unique, puisque chez Phérécrate (fr.
236) et Platon (Ti. 74a)
<rT~6~1..0~
désignant proprement
"le pivot" (Eur., ~. 1126) ou "le gond d'une porte"
(Thphr., ~. 5.5.4) est appliqué a la colonne vertébrale.
Voilà pourquoi ses tragédies ressemblent souvent à
des exercices de rhétoriquè.
Cette volubilité qui l'aide à déraper dans une série de
digressions l'entra!nant de plus en plus loin de son sujet
est sous-tendue par la casuistique qui n'est autre que cette
subtilité sournoise et "anémique"
due à l'influence des
sophistes. Euripide, en effet, n'est-il pas qualifié de
<r'O t ~s , c' est - à - dire "h a bi le" ?
\\
\\
\\
t . - . . " ,
dl l
"'"
<:: ') t.l C
..J
To" \\",E:V 'Qote 1lovr-o<.l." q-c I0'l) ,~ è)
'1 ù0r-.... L..
En vérité, le choeur des Grenouilles (901 sqq.) attendait
sans doute d'Euripide cette perfection du style (359) lorsqu'il
proclamait
47;'
"On peut donc attendre de celui-ci quelque
sentence spirituelle et travaillée à la lime".
D'où la série des épithètes suivantes qui décrivent
le travail du style et font plus précisément allusion aux
arguments des sophistes fondés sur la thèse et l'antithèse.
Comme, par exemple,
les expressions du type:
ib.
775. ,,(;J'II
,
'1
t'V
, ' l
" " ,
~ev"
clV\\"v Aoryl..w'I/
\\i(.0(1,
AVQ..'-<rf-'-W"
10(0(1. ~~o
""'.,(360).
•
u
,
?' ~
n
1
lb. 881. Tt"oI.fo<nel..<I"l"-o(T
EttvJV
•
o(eO<l'ïfl..<rr-ot\\"o(
proprement
"résidus
[lTo<.~ ]
de sciage, copeaux" est un terme
technique. Le mot fait écho à
~t\\6ttp"q-~o( "sciure", proba-
\\
~I
blement cité dans Aristote (Mir.
841 a 16), E:~tt~\\..'t"t'-o{
(Arist., G.C.
316 a 34).
L'astuce vient de l'emploi dans
le domaine littéraire "de la sciure de vers". Ce mot est, en
tout cas,
le symbole des
ÂE:\\TTOA.0'O{o(l"
d'Euripide (361).
,
' ' 1
Le fragment 638
1.<..0<.1..
<r"Tf"=fl.. F~A.(>~
cité par le scholiaste (362)
a ~. 775.
Le mot
~'~E:'\\'~to(AAOS est expliqué par Eustathe
(1638.17)
de la manière suivante:
1.
' )
\\
\\
P
<:rI
<=t
~'l.1ovs ~'II<.!t...1.ovv Ou lTo(Ao(LOI" 'ovs. \\'rE:\\~-
'ÀoI.9-0&V'o(l,,}~ &t\\~ ~e[vJ\\I <:r\\JVE:c!"Teo(lt'-~VouS ~o(U.o0S
E.X~YlvJV Ko(~ tJ:f'lu.) SV<I"A0\\w'l,
C'est un mot proche de
\\'ï,\\OE:er[r-CllÂÂQS(!2:..
3.1971'Xfv~6-
~o(,:A.:t05
(Eur,,~. 998), mais qui rappelle
~"r\\E:to-
CS~ "'E:~"
(Nu. 434). Ce terme paraît être l'actualisa-
tion d'une métaphore banale.
473
Aristophane en veut aussi à la composition négligée
de ses pièces.
Sa versification serait fondée sur des recettes,
à
telle enseigne qu.e ses prologues sont toujours coulés
dans le même moule, et donc remarquables par leur naiveté
et leur monotonie.
Voilà pourquoi Aristophane moque le bavardage redondant
1
d'Euripide en le qualifiant de ~.,.\\!)" l-> 1)
(Ç,r,. 1178 sq.)
"Si je (sc. Euripide) dis deux fois la même
chose et que tu (sc. Eschyle) aperçoives de la
bourre hors du sujet, conspue-moi"
-
(
Proprement, q-\\O"'~,,\\ désigne "la pimprenelle épineuse",
Poterium spinosum" (Hp., ~2.186, Thphr., H.P. 6.1.3.),
dont les branches servaient de balais (Hipponax,
fr.
51),
mais aussi de bouchons (363). Le sens figuré qui évoque le
"délayage , le remplissage"
semble avoir figuré chez
Eupolis (fr. 409), mais se rencontre chez Philodème (Rh.
-
-
2.40 5)
(364). Il ne s'agit donc pas d'une image propre à
Aristophane.
Et pourtant, il apparaît qu'au vers 1197, Euripide
traite Eschyle de poète radoteur : A"\\e~t:'S
,verbe assez
courant, dit d'une personne à l'e;sprit malade,
"délirer"
(Hp., Ep. 1.26
). Le mot est donc employé en mauvaise part.
(
\\
' j t V
Comme l'expression...
\\f{O<:r'r-"\\~O(S TfOlO\\.KOV "~eo"
(Gr. 1005)
(365), entendons Eschyle "fabricant de tragédies
--
sans valeur, spécialiste des niaiseries",et donc ses drames
sont des radotages.
474
En effet, Â~~os
signifie "objet sans valeur,
bagatelle" (ib. 809, ~. 589, Antiphane, !.!:.. 232.1, Xe n .,
.A n.
7. 7. 4 1 ), "0 b jet f r i vol e, b a b i ole s"
(A r., f r.
320).
Quant à l'expression elle-même, elle n'a rien d'original
puisque
V<.O'lI'"r-e:.tv parait être un verbe couramment appliqué
à une oeuvre littéraire dans h. Bacch. 59, chez Pindare
(01. 11.13 sq.), Euripide (Med. 576), Isocrate (5.27,
Epist. 9.6)
(366).
En outre, on constate chez Eschyle que son amour pour
les mots l'entra!ne parfois à des reprises inutiles, voire
à des longueurs injustifiées; comme, par exemple, dans
le premier vers des choéphores
cité dans les Grenouilles
(v.
1153)
:
"Me voici de retour dans mon pays,
je suis
revenu de l'étranger".
. .'
T .''10'''-
\\<) 'f
.
, .
A en croire Aristophane,
l'on peut facilement
- substituer un morceau de l'un à un morceau de l'autre.
Ainsi
l'expression T6 ~'\\I(,~e\\...oV'(Q!...
1246), proprement
"petite fiole",
qui fait allusion à la solennité du langage
(367),
"colle (selon Dionysos) aux prologues d'Euripide
comme le fic aux yeux":
,:>,
'"
' "
/ [ ' \\
\\
I V
,\\1
1
.\\
10 A1~v OLOV JrXP Toù T
€:,'tTl. ...
'Dl..S
"g'AO'QO\\".t;I"L..
q"'OV
t".1
,
, \\ ,
\\
rv
)
th C\\
IV
':if h
w<::t"ttE:e To(
crvlit
€:tTl..
'TO\\"'q"\\".1/
°100<. r-0~S '=\\0.
- ou ajouter assez aisément à n'importe lequel de ses
vers :
• soit l'expression "A,,\\~0~l..OV ~\\T~ÂE:<rE:V" (368)
qui est,
du reste, une expression à double entente. Car,
proprement
elle correspond à "il a perdu sa petite fiole",
47'>
mais figurément
elle se traduit "il a perdu son emphase".
Or, le style d'Eschyle serait remarquable par son enflure,
sa grandiloquence excessive (369).
soit toute autre stupidité sans briser pour
autant ni le vers ni la syntaxe. Comme dans Méléagre.
Mélanippe, Phroixos, Oinéas, Iphigénie en Tauride,
Sthénébée •••
,
( '
1')
)
,
Quant aux melodies
T~ ~éA~
,
elles sont bon marche
et remarquables par les grossièretés de leurs airs choraux
1
(Gr.
1309 sqq.). Et pourtant, les "q-To(~l.~o(
"d'Eschyle
sont souvent monotones,
bien qu'Aristophane soutienne
que les plus beaux chants écrits soient d'Eschyle.
A preuve
ua passage des Grenouilles (1264 sqq.), qui
peut être défini comme un assemblage de vers. Or,
la poésie
chorale d'Eschyle continue la tradition d'Orphée, d'Homère
et des poètes lyriques (ib. 124 sqq.).
Certes, il ne les imite pas, mais il essaie même
- prétend-il et "faussement d'ailleurs"
(370)
- de ne
pas puiser à la même source que le vieux poète tragique
Phrynichos (!2.. 1298 sqq.).
En outre, sa poésie peut être définie comme un assemblage
des modèles les plus bizarres et du plus mauvais goût.
Car, souligne Aristophane dans les Grenouilles (1301 sqq.),
non seulement
il se met à imiter les scolies de Mélétos
( rs\\(.oÂ~vJ" Me:.1'TOU) (371), les airs de flûte de Carie
(ko..~\\..\\(.~'J o(0À,\\~~'w") qualifiés de tristes et mélancoliques
(Plat., Lg.
BOOe), mais même les chansons d'hétaïres; qui
plus est, il emprunte les thèmes et les airs choraux de
toutes sortes.
476
En conséquence, ce n'est pas une lyre qu'il faut à
ses
mélodies, mais plutôt un instrument plus grossier
(
""
1
)
comme les castagnettes
To\\,s
oq-T~o(KOI.S
,
pour autant
qu'il est peu exigeant sur la qualité de ses chants (372).
Ainsi donc,
les artifices mélodiques d'Euripide rappellent
à maints égards les douze astuces amoureuses de Cyrène,
la
,
...
. ' ' ' ' '
"-
celebre prostItuee. D'ou la metaphore assez banale
IrO
~w~ "= lAc;.. r~xo( V<l \\f (~ 1328) (373).
Son rapport à l'art tragique
Avant lui, la tragédie ne racontait que des aventures
et des souffrances héroïques.
En effet,
les personnages
d'Eschyle et de Sophocle - au demeurant demi-dieux et héros
au coeur de lion - restent des héros dans leur chute, et
par là ils sont plus grands et plus admirables.
C'est pourquoi Eschyle fut le premier à affirmer la
grandeur du discours théâtral (avec l'emploi de ~
titanesques) et à embellir l'expression tragique. Aussi se
mit-il à gonfler la tragédie de mots gros comme "le Lycabette
et le Parnasse"
(Gr. 1056 sqq.)
(377)
:
"Quand donc tu (sc. Eschyle) nous débites des
Lycabettes et des mots hauts comme le Parnasse,
est-ce là
[demande Euripide]
enseigner des
choses honnêtes,
au lieu d'employer un langage
humain ?
c.'
oV
477
Comme le "tophlotothratt" (ib. 1286), ces mots
titanes1lues qui ont pour but d'exprimer les grandes id~es
(t2. 1058 sqq.) de la tragédie v~hicul~es par des personnages
farouches,
Achille, Patrocle, Kyknos, Memnon ••• , cr~~s
par Eschyle, et qui portent javelots, lances, casques,
et panaches blancs (ib. 1016 sqq.).
Or, ceux d'Euripide sont simplement des hommes, tels
que les font ordinairement le malheur et la misère, et
par là ils sont plus touchants.
Donc
en s'~cartant de
cette tradition,
il aurait avili la trag~die. Ainsi, pour
avoir mieux que quiconque,
su pr~senter dans ses pièces
ces al ternati ves de la fortune (-rJy",,\\)
et montrer les
profondeurs de la faiblesse et de l'abjection humaines,
Euripide a ~t~ trait~ plaisamment par Eschyle de "fabricant
de boIteux" Ob. 846 T~v AWÂQ1'\\OL~" ) et de "raccommodeur
de hardes"
(ib. 842 ~o'.~LOIfVe~~"Tt.~",\\
(375).
L'ajectif XuJÂotrOI..~" est un type qui rappelle d'autres
oompos~s en -(0)- ilI)L6S tels que ~OÙÀO'tTOL~S> (Schol.
Eur. Or. 488), €::t<EhJJ'À.OT\\OLC!S
"qui produit des images
ph a ntas ma g 0 r i que s " (P 1 a t.. 5 ph. 2 39 d), -& O~ L ° t'ill \\. ~:,
( Gr.
837
dit d 1 Eschyle) 'ifT\\.'JX01\\OLo'S (ib. 842), X~"'\\r-o<.TOTïOl.~V
(A.F. 442), dans lesquels - iiOLo'5 a un caractère très con-
cret (et "artisanal")
(376).
Et pourtant,
à en croire Aristophane, Euripide serait
rest~ indiff~rent aux grandes vertus de l'art dramatique
en abusant des effets de path~tique. Car, pour donner une
image r~aliste de la vie et ainsi ~mouvoir plus facilement
le public,
il a cherch~ des situations extraordinaires,
recouru
à divers moyens,
jug~s un tantinet grossiers,
en ~talant au th~âtre les contrastes du bonheur et de
l'infortune,
les catastrophes fameuses,
certes recettes
ordinaires de la trag~die, mais auxquelles il faut conserver
leur caractère de grandeur. Comme le soulignent les propos
tenus par Eschyle (Gr. 1053 sqq.)
478
" ••• Mais le po~te est tenu de cacher le
vice, non de le mettre au jour, de le produire
sur la sc~ne. Car pour les petits enfants,
l'éducateur, c'est le maître d'école; pour les
jeunes gens, c'est le po~te. Nous avons donc
l'absolu devoir de ne dire que des choses honnêtes".
Dans quelques vers auparavant
(1008 sqq.), rappelons-le,
la même idée avait été exprimée déjà.
Or, que constatons-nous?
Euripide présente sur scene un défilé de puissants
personnages (377) qui poursuivent les spectateurs de leur
complainte nasillarde.
Il s'agit notamment de héros boiteux
'À 1
1
"Xw El{." (Ach. 411), pa~~res "TrTuJXOL" (ib. 413,~. 1063),
vêtus de haillons "T~ ~o(.V<:,,\\ " (~ch. 415), tels que, entre
autres, Bellérophon (ib. 426 sq.), Philoct~te (ib. 423 sq.),
Thyeste (ib. 433).
Il est peut être pertinent de préciser que Philoct~te
fut le héros favori des po~tes tragiques comme Eschyle,
Sophocle, Antiphon qui en ont fait des tragédies du même
nom. Un hémistiche emprunté au prologue de la pi~ce perdue
(fr •. 788, l, qui est l'hémistiche originel = fr.
786 N2 ),
, C '
' c . /
,..,
>'
Co
' ) '
~
(luûE:\\I 'O""e ouTw lo<.v-e0V uJS Q(.V"If E:TV)
est parodié dans un passage des Grenouilles (v. 282) sous la
forme suivante :
479
) C' '
ou ù," V
D'autre part, Thyeste est un personnage des Crétoises ,
une tragédie de la même tétralogie que Télèphe. Mais
ici,
il semble s'agir de la tragédie du même nom (379).
Sur scene
sont présentés aussi des rois ou princes
de loques tout habillés pour les rendre pitoyables. Tels
que, par exemple, Oenée (Ach. 418 sq.),
(380), Phoenix
Ob. 421 sq.)
(381),
Télèphe Ob. 430 sqq.)
(382).
Aristophane prête aussi à Euripide la théorie qui consiste
toujours par souci de réalisme :
- à faire parler les matrones,
les esclaves, les chefs
de famille,
les jeunes filles,
les vieilles (Gr. 948 sqq.).
- à placer sur la scène bien des objets domestiques
,
N
1
(!..Ë.. 959 sqq.) "(H.I-C.t,I..OI. ITfo\\.Ot'"olTcX ". C'est-à-dire ces
choses-là mêmes qui précisément peuvent permettre au
spectateur de l'arrêter avec facilité si d'aventure il se
trompait en quoi que ce soit, plutôt que d'être encensé
par des mots emphatiques qui lui voileraient la réalité
des choses.
Nous savons en effet que le style d'Eschyle est remar-
quable par sa grandiloquence excessive, son enflure.
Rien d'étonnant, par conséquent, a ce que sa tragédie
soit plaisamment définie par des mots ou expressions
péjoratifs de coloration prétentieuse.
C'est une tragédie qui souffre de mots pompeux:
' C
rv
t.
,
1
Gr. 940
l.')\\,ù()uq-oI"V
(383) utro ~0t'-l\\""\\rt"-o(.T,",,1/ "une
tragédie épaissie de bouffissures [et de mots pondéreux]".
(
Le mot \\A()\\rro<.<t"t'-d..'~ qui ne s'emploie qu'au pluriel
avec le sens de "discours emphatiques,
propos vantards"
est un terme du vocabulaire eschyléen (Pr.
363, Sept. 551,
480
794
,
cf. Alex. ap. POXy 1801.51).
ib. 824
f~\\-'-ol..\\o( OO/.A- ~o 1Tc{01
Il y a ICI introduction figurée dans le vocabulaire
de la critique littéraire d'un terme technique. Car, 00r-to-
t\\"oI.. O~
signifie proprement "ajusté avec des chevilles",
mais figurément
"cliquetant (comme un objet articulé avec
des chevilles)"
en parlant des longs composés d'Eschyle
(384) •
Comme autre type de composé qui rappelle quelque peu
l'0r-~o trolo1' formation hapax dans laquelle se perçoit
l'écho du mot "cheville"
dans un mauvais vers, on a
OClt'-t~~eToS "lié ou assujetti au moyen de chevilles"
(Eschl., Supp. 846).
1
On dénombre également quelques composes en - rr~l1s
(385)
qui sont du même modèle:
,
,
rr~vJTott'o/..o1S"assemble ou construit nouvellement "(Il.
5.194,
24.267), ~l\\o<..O~S
"non fixé,
non compact", d'où
"sans rigidité, mou,
flasque"
(Hdt. 7.61), G,(,'t\\cX.O",S
"bien ajusté, bien construit" (Plat., ~. 775 c, Xen.,
Cyn. 4. 1 ., 5. 30 ) •
e. ,
I?
( ' V
~I
,
') 1
ib. ;25 (~"\\to(T"oI..) \\ O~fLJ5
E:X'ClVT~ Ko(\\.. AO~OI.JS (386),
où ~XE;I.-V A~ <fOUS
évoque "être empanaché".
9'<"
c - {
l
,
ib. 929 • f,,\\r-~
"n"rroKf"r-vo{ (386). Voila pourquoi
Euripide est traité dédaigneusement de \\<.O~l\\o~o(Kt::1orf~~O\\!O<
(ib. 839)
"fagoteur de mots ronflants". Une création
d'Aristophane que le scholiaste commente ainsi:
,
\\ , .
<:
<"
1
~I
'1 {
~,o( e e\\ 'r:wv ,,<!"'-'?.tto<.
IJ
Ko(l..
<f"\\J" ùfê:: ùE: r-~Vc( E:r\\"I /\\E:~uJV.
~d.~Ië'l.Ol..,'X~e '\\0. Ï"'o(e~o<. ,-,,,,,-t ~vl/S~b~t"-~Vo( <:\\>O\\I~o{
TvJ\\!
~VÀuJ" (387).
C'est un hapax qui suggère un rapprochement avec le mot
481
,
,
d
suivant
non atteste, * \\.<..O\\:"'it'0ft\\r-wl/, synonyme
e
,
* ~O~ 1\\016005 non attesté, mais qui repos,e sur 1;<.0t'-TiOÂOO~o<.
(Men., Proto
p. 17 D), et avec v{ol..~O\\~1r-wl/(Eschl., Ag. 1155).
') fi
,
Il va sans dire que E.vQv~e'IW"(Cic. , ~am. 12.16. 3,
PoIl. 5.119), d'où le dénominatif €:6~ue~~t'-0"E.~I/(Zenon
de Citi,on, le philosophe, 1.7.2, Plu., Demetr. 14), et
~GOol.
'Âo~~~~wv'
(Men., Proto p. 11D, Philostr., V.A.6.11) sont
un calque.
Cette tragédie est aussi un drame qui souffre de mots
pesants
,C
N
, ( .
(
,
lIrv
ib. 940 (o,-ùev<ro(,\\}) \\A.,. 01.1.• fir-oI..TWV ê,t\\oJ.XtJwV(388)
'E\\I"'~K~~S
"lourd, pesant", terme technique]est
introduit figurément dans la Rhétorique, d'après Taillardat
(389) •
\\
~'
;>
<'\\If)
ib. 941. To \\_o(,~05 ottE-'vl\\.oV, image qui annonce, selon
Taillardat (390), les métaphores aristotéliciennes dotées,
comme ici, d'une connotation péjorative
a savoir, ~o(~J5
"pompeux" (Rh. 1391 a 27),,, ~c<.~0-r,,\\5
" l a pompe" Ob.
1391 a 28).
A en croire toujours Aristophane, Euripide se vante
d'avoir fait entrer dans la tragédie l'esprit démocratique
(Gr. 952).
Il est à souligner que les principes démocratiques,
1
fondement même de la véritable n-o(.~e,,\\<r'v~ , étaient censés
être le privilège du citoyen Athénien adulte. Or, on
constate ici qu'Euripide l'étend à un domaine jusque-là
Sans privilège. Ainsi donc, comme tous ceux qui parlent
généralement de la démocratie, Euripide pâtira lui-même
de cet esprit démocratique, si du moins nous en jugeons
par la fin de l' ~O~v
. Or donc, pour Aristophane,
482
Euripide, en restant indifférent aux grandes vertus de
l'art dramatique, puisqu'il a donné des dialogues passionnés
et vantards, a ainsi brisé son rythme et en a expulsé
la véritable musique. Euripide aurait cependant eu la
nalveté de se vanter d'avoir banni l'imprécision de la
tragédie (Gr. 946 sqq.) parce qu' i l se platt à rappeler
dans un monologue (ib. 971 sqq.) les ancêtres de chacun
de ses héros.
Il ne fait pas de doute, bien sûr, que "sa sophistique,
ses courbures de phrases et ses pirouettes poétiques, en
un mot,ses chansonnettes et ses digressions dialectiques,
ses potages de bavardage
scolastique servis aux spectateurs,
plaisent aux hommes de rien, sans morale, parce qu'assurément
tous les vauriens de l'Enfer en feraient volontiers leur roi"
(391).
En vérité, Euripide aurait nourri de monologues l'art
tragique et contribué à la création d'un style en présentant
des règles esthétiques recherchées et en "mesurant la poésie
à l'aune" (Gr. 799) (392).
~
Son influence sociale
Toujours selon Aristophane, ses tragédies seraient
remplies de sentences immorales et de doutes impies.
En fait,
Euripide est accusé, comme d'ailleurs Socrate,
de faire naître dans ses pièces le scepticisme qui éloigne
les Athéniens des temples et des sacrifices. Autrement dit,
d'enseigner, comme Socrate, que les dieux n'existent pas,
puisqu'il croit aux abstractions, à l'Ether, au Discours
et à l'Esprit (Gr. 889 sqq.). Par conséquent,
il a une
influence détestable sur la morale privée et publique, bien
qu'il se soit donné pour mission de rendre le peuple meilleur
483
par ses conseils (ib. 1008 sqq.).
Car,
il a mis la Logique et l'Intellectualisme à la
base de l'art tragique, de telle sorte que les hommes
connaissent et devinent tout, et se mêlent de tout examiner.
En somme, Euripide se flatte d'avoir appris aux Athéniens
à penser ("o",ty) , à observer (ii~;Zv), à comprendre
~
l ,
f.J..
~ rv
,
(,1.1 \\/1.E:VollJ ),
a raisonner (('''ree:TE:L.V €:fo(V)
et, a soupçonner
le mal ( 0l\\OTOi\\S~~Go(" ), à envisager ( TE:XYot.) E:...,V )
rv
el
et
à concevoir toutes choses (TrE:.e'" Vo'ë....v Q{ \\Cd..'l/ToJ. ), puisque,
soutient-il, jusque-là les Athéniens étaient tous des sots
auxquels il a ouvert les yeux :
1
'
f\\
\\(f::X~ l/oTE:S ~t'-o(~\\llJo\\.. J
't~Â\\..\\~bt.(" \\(.o(.~~,rro (Gr. 990 sq.) (393)
Le mot f-'-.o(\\"-r-~'A.u~osest le titre d'une comédie sans
doute plus ancienne (394). Certes, * ~l.JeOS n'existe pas,
mais i l est proche de KG0 &w, verbe poétique, évoquant
"cacher, renfermer
dans son sein
", particuli~rement en
parlant d'un tombeau,
(Od. 3.16), d'où au passif "être
renfermé" (11.23.244), de la terre (Od. 6.303, Eschl.,
Pro 570, Soph., O.T. 1229, Eur., Hec.
325,880). Par
conséquent, le mot semble donner à entendre "qui se cachent
[dans le giron] de leur maman".
Quant à ~E:.A.\\.. T~~l., il s'agit d'une expression prover-
biale désignant à Ath~nes un type d'idiot.
La forme
ME:;1~TL~\\.. citée chez Lucien (Am. 53) parait
être le patronyme de M~Â,,\\ToS. Mais R et V donnent comme
leçon
ME.A"TL~,sle faisant ainsi dériver de ~ÉA\\.. , bien
que la seconde syllabe soit longue d'apr~s la métrique,
comme le note Taillardat (395). Soulignons, par ailleurs,
qu'on conna!t mieux Mél~tos - dont le nom est écrit tantôt
M~1.,\\TOS, tal"ltôt M~1.\\..ToS -, comme écri vain de scolies
ou chansons des beuveries que comme un des accusateurs de
4114
Socrate. Aristophane ne moque-t-il pas, dans les Grenouilles,
les choeurs d'Euripide qui sont empruntés,dit-il,aux mauvais
lieux et aux lamentations funèbres?
(396). Mélétos, en
effet, sert habituellement de plastron (cf. Plat., Apologie
de Socrate 23e) à Aristophane et aux autres poètes comiques
qui le prennent pour un piètre poète tragique.
Or, en fait,
dans ses pièces, Euripide n'a appris
aux citoyens qu'à bavarder de façon compliquée aux dires
d'Eschyle (Gr.
1069) et ainsi de citoyens honorables
1
-
' "
(Xe~~\\ol-
) et magnanimes ("(fè.'l/Vd...\\.. () t..
)
qu'ils étaient,
il les rendit citoyens dégénérés (I-'\\-()X~'PO"rkïOIJS) :
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(Gr. 101l).
Ce mot a ici une connotation morale et correspond
figurément à "pervers, coquins, méchants". Comme dans L.
576, Pl. 391, 1003 et également chez Thucydide (8.73),
Platon (Men. 91 e).
Mais Euripide, nous apprend-on aussi, a façonné des
citoyens grossiers, bons à rien et ridicules, oublieux
de leur devoir (lb. 1013 sqq.)
(397).
On peut donc constater assez aisément que non seulement
Athènes s'est vue remplie de bavards (ib.
1071 ••• "r~V
r-'='-~al~~v.1" e:rTv.Jt"-IJÂÀ()t'-~'l/uJV ) et de faux démocrates,
trompeurs du peuple (i.E... 1083 sqq.)
(398). Mais encore,
à cause de lui, les jeunes gens se sont mis à abandonner
l'athlétisme, et pour s'être trop usé les fesses sur les
bancs de l'école (lb. 1071), ils sont incapables à présent
de participer aux courses aux flambeaux (ib. 1087 sq.).
Qui plus est, même les marins ne respectent plus leurs
supérieurs (ib. 1071 sq.).
485
En revanche, Eschyle aurait transformé les Athéniens
en citoyens nobles, grands et belliqueux; il leur aurait
enseigné à obéir à leurs supérieurs, à vouloir toujours la
victoire, à prendre Marathon pour idéal (ib. 1021 sqq.).
C'est pourquoi, il souligne (ib. 1030 sqq.) que, tels
des mattres, les poètes doivent guider les jeunes et leur
dire les choses honorables. En effet, comme il se platt
d'ailleurs à le faire remarquer, Orphée nous a enseigné
les Mystères et l'art d'échapper au meurtre; Musée la
mantique et des recettes contre les maladies
; Hésiode nous
a donné des conseils pour le labourage et la cueillette
des fruits,
Homère la parade, les vertus militaires et
les techniques de l'armement.
Ainsi donc, en les prenant pour mattres (ib. 1040 sqq.),
Eschyle pense être parvenu à fabriquer des Patrocle et des
Teucros héroïques qui toucheront tous les citoyens et leur
donneront le désir de les imiter le moment venu.
Bien entendu, ses conseils et ses exemples - dans les
Perses notamment - seraient les seuls capables de sauver
Athènes et d'assagir les sots.
Euripide, un systématique contempteur des femmes
Au commencement
les premières diatribes sur les
femmes furent,
pensons-nous, celles des grands précurseurs
comme Homère, Hésiode, Eschyle ••• , qui n'avaient eu garde
d'oublier la femme parmi les causes des grandes catastrophes
tragiques.
La période achéenne qui peut être donnée pour le fond
de l'épopée n'eut point de réputation d'excessive humanité.
Or, Homère apparatt généralement tendre pour les femmes,
486
compréhensif, plutôt porté à la pitié (Il. 9.337 sqq.,
cf. 19. 270 sqq.,
où se rencontre la même "manifestation
de touchante sensibilité",
à en croire Meremans (~, p.82)).
Mais il prête à l'ombre d'Agamemnon dans l'Odyssée (11.
441 sqq) des paroles amères qui sont la rancoeur d'un homme
qui,
posant les pieds sur les dales de sa haute demeure
apres tant d'années d'absence,
se voit égorgé comme un
boeuf à l'étable (lb.
11. 411)
(399).
Quant à Hésiode, il se révèle, lui aussi, un contempteur
de femmes qu' il traite d' "engeance maudite" ('bÂ~ l.oV •••
1
r€c."o~) dans la Théogonie (590 sqq.). Et Hésiode de ren-
chérir en faisant ce constat accablant (ib. 593)
:
"Elles s'accommodent difficilement de la
pauvreté odieuse, et n'apprécient que
l'abondance"
C'est pourquoi dans les Travaux et Jours (372 sqq.),
il conseille la méfiance à son frère Persès.
Un fait paraIt significatif cependant.
C'est qu'en ces durs temps du Moyen-Age grec où des
femmes restaient étroitement confinées au gynécée, il y
en eut,des Ionniennes, qui respirèrent non seulement la
grâce, la tendresse et la fantaisie,
le sourire, mais
surtout la subtilité de l'âme. Parmi elles, nous avons
Sappllô de Mitylène (VIle siècle), chantre d'Une civilisation
aimable, où la femme joue un rôle non négligeable, parfois
même prédominant :
"Pour moi, dit-elle, la plus belle chose du
monde, c'est, pour chacun, celle dont il est
épris".
487
et Aspasie de Milet (Ve siècle)
, qui brillait à Athènes,
aux côtés de Périclès dont elle fut la Muse et la Mattresse,
au centre du plus prodigieux cercle de grands esprits
qui furent jamais peut-être.
Dans les Sept contre Thèbes (181 sqq.), Eschyle qualifie
les femmes ~ '''intolérables créatures" ( ••• ee ~ ~ t- 0<. T ') oJL<.
~Yo<.q"Xlé;\\o(.
),
même s'il se vante d' avoir réservé peu
de place à
la peinture de l'amour dans ses pièces (Gr. 1044)
" ••• et nul ne peut, à ma connaissance, citer
une femme que j'aie jamais faite amoureuse".
,
)
')
1
TlvJ 1\\01"
E: tto \\. '\\ lf"ol
al.Jv'o{~'.<.o(.·
Et pourtant , Aristophane, le chef de file des auteurs
qui se sentirent le plus offusqués de l'attitude d'Euripide
à l'encontre des femmes, n'a pas moins hésité dans son
théâtre
à les présenter dans les conditions les plus
défavorables, les plus équivoques, voire les plus obscènes.
La preuve en est fournie par les vers 1014-1015 de
Lysistrata, bien qu'on ait été tenté de dire que ses
propos ont seulement le but de faire rire. Ne tient-il pas,
à l'ombre du Coryphée, les propos suivants
"Il n'est point de bête sauvage plus indomptable
qu'une femme, point de feu non plus, point de
panthère aussi impudente non plus".
488
Il faut remarquer que d'autres scenes d~veloppent la
même idée (ib. 369, 469 sqq., 626 sqq., 672).
Euripide ne fut pas le seul grand poète à dire du
mal des femmes, mais il fut tout au moins la mauvaise
conscience de l'Antiquit~ a l'~gard des femmes.
L'inégalité de statut des personnes était le principe
moral et social de la soci~té athénienne. Rien d'étonnant
à ce que la femme grecque de cette époque soit donc confinée
dans le gyn~c~e d'où elle ne sort la plupart du temps que
pour assister
à certaines fêtes comme les Panath~n~es
ou les Thesmophories. Non seulement elle est recluse et
cloItr~e, mais également priv~e de ses droits. En matière de
mariage, par exemple, elle ne choisit pas librement son mari,
il lui est impos~ au contraire.
Les propos tenus par Médée (~. 230 sq.) semblent assez
révélateurs à plus d'un titre:
"De tout ce qui
a vie et pensée, c'est nous,
les femmes,
la gent la plus misérable".
Ayant été le premier à avoir eu le courage de mettre
à nu l'angoissant problème de la pénible condition de la
femme en enrobant le traitement du cas social dans le
contexte plus vaste des défauts reprochés de toute éternité
aux femmes,
il est ainsi resté fidèle à la tendance réaliste
qui lui est propre.
Dans ses pièces auxquelles on peut prêter l'intention
de secouer les conceptions établies, il a, en effet, chanté
les désarrois de l'être, - dont Sapphô de Lesbos fut le
premier chantre (400) -, montré la passion coupable.
489
C'est-à-dire les grands problèmes du coeur humain, pour
ne pas dire les cas pathologiques, dans leur vérité crue.
Bn un mot, il a peint les femmes avec un réalisme si juste
et si cru qu'elles apparaissent sur scène telles qu'elles
étaient dans la vie d'un chacun: les épouses, les
soeurs et les filles des spectateurs étonnés et choqués.
Une telle franchise jugée sans doute trop brutale,
qui enfreignait à tous égards la consigne du silence observé
par le "club des hommes"
qu'était la société du Ve siècle,
ne pouvait que faire hurler de pudique indignation tout
Athènes, voire la famille athénienne traditionnelle qui
évidemment refusait de s'y reconnattre (401). Car, "le
poète,dit Aristophane, a pour devoir de cacher le vice,
non
de l'étaler et de le porter à la scène ••• " (Gr. 1053 sq.).
Or, certaines de ses tragédies comme les Troyennes,
Andromaque, Oreste, Iphigénie à Aulis, Hécube ••• , apparais-
sent en quelque sorte comme des tribunes qui lui fourniSsent
l'occasion de "décocher"
des réquisitoires vengeurs contre
la femme adultère, réaction vengeresse d'une ime meurtrie -
parce que déçue du commerce des femmes - doublée d'une
tendance certaine à l'excès d'esprit d'analyse.
Quoi d'étonnant donc à ce que de telles invectives
aient attiré les foudres violentes d'un Aristophane?
Parce qu'Euripide sait pertinemment que le sexe féminin
a de nombreux défauts et qu'il n'a jamais choisi pour
héroïne une femme normale et vertueuse comme Pénélope, si
tant est qu'il y eût encore des Pénélopes. C'est un fait
que lorsqu'Euripide n'est pas aveuglé par le ressentiment
personnel, et surtout lorsque la cuisante blessure de ces
malheurs intimes ne saigne pas trop,
le "chirurgien du coeur"
et "poète-philosophe-sociologue"
à la fois sait reconnattre
4~0
que "celui qui met toutes les femmes dans un mime sac
pour les blâmer en bloc est un sot, non un sage. Car,
[ dit-il] , parmi elles, vous en trouverez de perverses,
tandis que d'autres ont su garder une âme g~n~reuse".
(\\
1
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fê~cv~oJ..V E:u'OE:-VE:S.
2
(fr. 657 N
du Prot~sllas).
Aossi pensons-nous que les griefs de misogynie syst~ma
tique sont injustement port~s contre lui, mime si cette
influence d'Euripide sur les femmes qu'Aristophane juge
d~testable se perçoit sans doute mieux dans la galerie des
vedettes f~minines de son th~âtre, où pourtant un certain
nombre de bonnes avoisinent avec les mauvaises. En effet,
puisqu'Euripide aurait eu le tort de peindre les passions
de l'amour, il lui est reproch~ d'avoir repr~sent~ des
1 /1
entremetteuses "T\\~Oo(.!wOOV5(Gr. 1079) (402). Par exemple,
dans Hippolyte notamment, en la personne de la "Maia",
la Nourrice de Phèdre, l'itre qui lui est le plus d~voué
et en qui elle a le plus de confiance.
C'est pourquoi, dans l'intention d'aider sa maîtresse
qui s'~tait laiss~e envelopp~e jusqu'au d~règlement par
"les aimables souffles d'Aphrodite"
et qui lui r~v~la son
bouleversement (ib. 347 sqq.)
(403), cette femme s'empressa
de sa propre initiative - non sans l'avoir au pr~alable
Insidieusement souffl~ à Phèdre, la marâtre aux sens
affol~s (lb. 476) - d'aller tout raconter au très pur
Hippolyte qui fut d'ailleurs terrifl~ par la proposition.
En fait, cet excès de zèle de celle qui, toute sa vie
a ~t~ pour elle à l'~gal d'une mère et s'est crue, à ce
491
titre, habilitée à agir, sera seule cause du drame.
L'infortune de Phèdre,
pourrait-on dire, est essentiellement
due à une tragique confusion des sentiments qui la boule-
versent.
,
Il lui est reproché aussi d'avoir présenté
1
i
- des femmes,
telle Augé, qui accouchent dans les
1
temples (Gr. 1080).
Dans une de ses pièces, Augé,
la prêtresse du
même nom
rendue mère par Héraclès, avait été accouchée d'un garçon
1
Télèphe, dans le temple d'Athéna. Ce qui était un sacrilège
1
aux yeux des Grecs (L. 742), mais elle s'évertua néanmoins
1
à se justifier devant la déesse.
!!
Soulignons que la même idée se trouve développée chez
Thucydide (3.114)
(404),o~ on relève après la purification
et la bénédiction de Délos l'interdiction suivante:
I ?
1"\\,
:>
""
' "
~,,\\T€: G::t\\olVo(,lj"nlI"'Ké\\..\\f E.Y \\';\\ "",\\q"~ f"'",\\TC:: E\\.<,T\\.."<.Te:LV.
1
- d'autres femmes qui sont amoureuses de leur frère
1
Ob. 1081).
!
C'est l'amour incestueux (Nu. 1371, Gr. 850, 1475) de
--
- -
1
Canacé, fille d'Eole, et de son frère Macarée
représenté
,
i
dans l'Eole.
!
- des intellectuelles , telles Mélanippe dans la tragédie
du même nom,
qui se demandent "si la vie est mort et la
mort vie" (Gr. 1082 •••
\\.(ol.~ efo(~v;,ov~a(S00 ~ï" TO '1"j)
Notons que la même idée se trouve exprimée dans un
fragment de Polyide (fr. 638 N2) par une autre femme
2
(cf. fr. 833 N
de Phrixos) et reprise dans un passage des
Grenouilles (v. 1477) se retrouve chez Platon (Gorgias
492 E) dans les propos-mêmes de Socrate.
Il lui est enfin reproché d'avoir cree des femmes
497
malades d'amour.
Qui plus est, la conduite de sa Sthénébée, ou encore
Antée (CSl:'))/~V"'f=l..o(
, Il. 6.160)
(405), et autres
vedettes féminines du même acabit a rendu,
dit-on, les
Athéniennes si honteuses qu'elles s'en sont suicidées
(Gr. 1043 sqq.).
:
Eschyle .- •••• Mais par Zeus,
je n'ai point
représenté de Phèdres prostituées ni de
Sthénébées,
[et nul ne peut citer une femme
que j'aie jamais faite amoureuse.]
Euripide .-
[Non, par Zeus, car il n'y avait
en toi rien d'Aphrodite.]
Eschyle .- [ Et puissé-je n'en rien avoir ! ]Mais
sur toi et sur les tiens elle pesait d'un poids
,
lourd , au point que toi-même elle t'a jeté a
bas.
( ....)
, \\ A"
,ch ,<'
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1
1
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ov
Ut-
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~oI.\\.rro" G""E. lÂ.<>{r
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•
Dans ~e second drame cO,nservé C.l CI rrb Av T'oS <:rT€:!r:J...v,\\!JeoS/
cs-T€:tolVLci.S-
q'TE:~o(,\\I'\\to\\o5faisant allusion à la couronne
qu'Hippolyte offre à Artémis - Phèdre est présentée comme
une femme malheureuse, coupable, une victime, en somme,
plutôt qu'une femme adonnée à Aphrodite.
493
Or, le fait d'avoir étalé dans le premier drame,
Col rrrr~Âv ,os
V\\.",,-::Zv rr T.6 ~()~ _
\\<ot::l.v l\\T"~r-€:YOS
visant un jeu de scène - la passion imprudente de Phèdre
et les excuses captieuses qu'elle alléguait à propos de
son impudence avait été considéré comme un scandale par
le public.
Voilà pourquoi, le vertueux Aristophane se mit à cracher
sur cette Phèdre qui n'hésite pas à affronter l'impudicité
en la traitant de "vile prostituée".
Quoi d'étonnant donc à ce que l'auteur anonyme de la
Vie d'Euripide ne puisse pas donner Phèdre pour une pièce
:r
"
'(èV
;:,~v ~"'o{'vr:sXv"r~fÂ.'I/ ~G~\\.d.~~€:v,= T~" yu--
"'ci..\\.. lÂw"
(406).
Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que la peinture
de l'amour coupable fondé sur les donnés analogues soit une
évocation exceptionnelle dans le théâtre d'Euripide, puisqu'il
nous y présente des vedettes féminines
:
- tantôt victimes d'une affectivité frustrée,
telle
Médée,
la Passion faite femme,
la personnification de la
Vengeance,
le symbole du Tragique même, et dont Electre
apparatt comme la vivante antithèse en tant que symbole
de l'esprit de résistance; Hélène, symbole de l'infidélité
féminine; Andromaque, l'épouse angoissée.
- tantôt celles qui expriment le fond de la détresse
humaine,
telles Hécube dans les Troyennes ; Cassandre.
- tantôt
enfin
de pauvres filles sacrifiées, telles
Polyxène , Iphigénie (407).
Au terme de cette investigation sur les deux théâtres
- celui d'Eschyle et d'Euripide -,
où chacun déploie son
génie lexical pour pourfendre les qualités de l'autre, il
494
appert qu'il Y a toujours eu des poètes idéalistes
comme
Eschyle et des peintres de la réalité comme Euripide ;
entendons que dans chaque littérature nous retrouvons des
périodes alternatives où chacune des deux forces prévaudra
tour à tour, mais jamais ni l'une ni l'autre ne prévaudra
définitivement. Car leurs victoires passagères dépendent
du goût du public qui,
après tout, est le meilleur et
le seul juge en la matière, puisqu'il s'agit somme toute de
son plaisir.
A preuve
la réponse de
Dionysos à Euripide qui lui
reproche sa trahison après qu'il a déclaré Eschyle vainqueur
à la fin de leur discussion (~ 1475) :
"Qu'y a-t-il de honteux, si les spectateurs
ne le jugent pas tel ?"
T~ S,?
1 , 1
\\
r-v
eE-uJ t~vo\\..S ~OV'~ •
0(. \\.. CS-X (' 0 V ) 1"
r-"\\ To\\.. c::.
)
En vérité, le public éprouve plus de plaisir aux fictions
qui l'élèvent, qu'aux réalités qui le dégradent. C'est
pourquoi, l'art, sans cesser d'avoir le plaisir pour but,
le cherchera plutôt dans la transfiguration que dans la
copie de la réalité. Autrement dit, devant le public, la
morale finit toujours tôt ou tard par avoir raison.
Il est significatif que c'est sans doute l'ambiance
intellectuelle et politique de l'époque qui a fait germer
en Aristophane et en ses comparses la malveillance des
attaques dont Euripide fut l'objet de leur part: un
systématique contempteur des femnles. Or, Euripide
n'a fait
que stigmatiser les vices avérés du sexe prétendument
appelé "sexe faible", mettre en évidence leurs défauts,
comme le feront plus tard, entre autres, Racine et Molière.
Comme autres oibles aristophaniennes, nous avons aussi
les nouveaux martres tels que le célèbre astronome et
réformateur du calendrier, Méton (Nu. 610 sqq., 1506 sqq.,
~ 992 sqq., Phrynichos, f..r.. 21) (408), et, bien entendu,
Socrate, "dont les prétentions intellectuelles", note
Dover (409), seront ridiculisées dans les Nuées.
3. Aristophane, critique de la musique et de la danse
==================================================
La musique ne pouvait pas échapper au mouvement de
transformation qui emportait certains arts vers un idéal
différent et d'autres destinées.
Rien d'étonnant donc à ce que les conservateurs en
s'indignant des changements qui s'opèrent soulignent
que la simplicité de l'ancienne éducation est menacée
par les progrès de la musique instrumentale. Pour les poètes
conservateurs, la musique était devenue sensuelle et
efféminée (e"\\'),.v'5~I..~Sé~ r-~Ao.s).ce progrès infusé à
la musique contemporaine,
ou
mieux cette révolution,
est considéré comme une profanation. En effet, dans un
passage de Phérécrate, le fragment 145.3 sqq., on constate
que la Musique, personnifiée comme une femme,
se plaignait
déjà des mauvais traitements que les compositeurs modernes
comme Mélanippe, Phrynis, Cinésias, Timothée ••• , lui avaient
fait souffrir; sa pureté primitive en avait été souillée;
et donc, vierge jusqu'ici, elle venait de subir la violence.
On n'est donc guère surpris d'y relever des mots à double
entente sexuelle (410)
:
Xti..?'oI..eVJr~e<J...", T :>~rroL,c;rê Xo{~~<:x~s ~~~<:I.<.o<
(sc.
,,,,,,
~ovcrl.."t1V ).
L'adjectif Xol.)..,olfc1s est, certes, un mot courant,
mais il n'est pas moins enveloppé d'une connotation obscène,
si l'on en juge par les commentaires de Taillardat qui cite
496
les sources (411).
Quant à l'expression XapSot..~~ ~1J'5<:~~(cf. ib., v. 16
c...
\\
'"
C 1 c:..
'> ~
,:>'
)
11
€:n-'ToI.
Xor ùol..~S ùv..) ùE:X cXf~Ov'(.olS G..XvJV , e e
parah être une plaisanterie
lToI.f~ rr~ o<r·~o\\.otCoiv' pour autant
qu'on attendrait, comme le souligne encore Taillardat (412),
r-"\\Xo(v'ol~S
ou
T\\~\\\\O(,S ~J,~"'Ko{.
Les poètes comiques exigeaient de la musique une tenue
et une raideur hiératiques. Pour les Grecs, la musique
règle et façonne la sensibilité humaine, agit par le moyen
des sens sur l'être tout entier. Ainsi, soutiennent-ils,
les vibrations des instruments et des voix se répercutent
en vibrations pareilles dans l'âme des auditeurs, chacune
d'elles éveillant en somme un sentiment, voire une idée
correspondante.
Par conséquent, il faut supposer que ces timbres, ces
accords et ces rythmes ont leurs analogues dans l'être humain.
En effet, de
même que la lenteur ou la rapidité de
la course apaise ou accélère les mouvements du coeur, de
même)assure-t-on, une musique exaltée ou molle met l'exal-
tation dans les âmes ou les énerve, comme du reste une
musique mâle et grave les fortifie.
Nous en avons pour
exemple l'harmonie primitive considérée comme candide et
tendue à la fois. C'est pourquoi quelques esprits élevés
commençaient à regretter cette candide simplicité de la
musique dorienne - musique parfaitement nette et sobre -
qui pouvait produire et produisait des effets puissants.
Or, l'harmonie nouvelle était lâche, à en croire la
Musique elle-même, dont nous venons d'évoquer les plaintes.
Tout porte à croire, comme le fait remarquer à juste
raison Taillardat (413), que ces plaisanteries sont sous-
tendues par une seule et même idée : la musique nouvelle
497
est une musique efféminée, voire une femme perdue de moeurs.
Voil~ pourquoi Cratinos (fr. 256 ap. T 785
n.l) reproche a
Gnésippe de former ses choeurs avec des femmes qui
égrènent, sur le mode lydien, des mélodies obscènes.
Effectivement
tout le mépris dont l'âme de Cratinos était
pleine pour des efféminés comme Gnésippe ou ceux du même
acabit - puisque, comme Eschyle, il disait n'avoir jamais
été amoureux (fr. 97) - est étalé, pensons-nous, dans le
passage suivant et exprimé en deux mots très précis et très
' . .
'
•
C
CI
.1
't\\(' 1
( 1 5 )
caracterIstIques, a saVOIr
Ù\\, ùo(I3"'KE:\\..v et
1-\\ \\)w 1/1.-01..
ft.
"
[L'archonte qui a refusé de donner un choeur
a Sophocle qui en réclamait en a pourtant donné
un au fils de Cléomachos (c'est-à-dire à
Gnésippe)] ; moi,
je ne voudrais pas l'avoir
comme chef de choeur, même à la fête des Adonies".
Il faut donc admettre qu'à l'instar de Cratinos et
d'Eupolis aussi (fr. 139), Aristophane profère à son tour
dans les Thesmophories (130 sqq.) de semblables invectives
grossières qui ont trait à la mélodie précieuse d'Agathon
"Quel chant suave, ô Génétyllides
vénérées,
et qui sent la femme,
les coups de langue et
les baisers lascifs, à telle enseigne qu'en
l'écoutant,
j'en suis (sc. Mnésiloque) chatouillé
jusqu'au fondement".
498
L'adjectif ~",\\?.v'i>fl-~<;)€=S évoque "la chanson d'une
douceur effêmlnêe"
(Schol. Eur. Andr.
757, o~ le mot
est dit des ?.ci'00\\.,
).
C'est un type qui rappelle un autre composê en - «ft..~':s.,S
fai t sur des diminutifs en - (~ ) f l. 0 V
1\\ol
~ol ~ ~1S
L
\\ 1..
"enfantin, puêril" (414).
C'est un adjectif dit de la mêlodie d'Agathon qualifiée
Md' effêminée", voire de "prêcieuse" (415). Or, Agathon
passait, dit-on, pour un homme perdu de moeurs, et donc
paraIt le personnage favori à qui Aristophane prête des
moeurs dissolues. Dans ces conditions, cet adjectif pourrait
être à double entente. Car,
non seulement il met en relief
un des traits du personnage d'Agathon, c'est-à-dire un
"effêminé"
; mais en même temps cette expression permet de
camper sous nos yeux l'une des êpithètes rêprobatrices
appliquêes a sa poêsie.
La forme participiale
lA
\\E:JrAvJT,I....l~vo"qUi fait
couple ici avec 'rd..VCSol..?.vJT/~"(~~AO» appartient à la
rv
sêrie des dênominatifs en - l,~w formês avec O).. w..<:r~ / OAWT-
To(.
sous le schéma l... OJ.wq-<rOS /.!...OÂwTn:l~(416).
On sait que \\<"o(.\\olOÂvJTT~)Wsignifie, entre autres,
"se becquet ter , caresser de la langue" (Corn. Adesp. 882).
D'o~ l'expression employêe ici avec la connotation de
"chanson obscène". La même approximation imagée se perçoit,
semble-t-il, dans les emplois de Kolro(OÂWTTI..<rr'-~TvJVdêsi-
gnant "les caresses avec la langue" (Nu. 51), de
lI<.o(',Dt_
)"ÂW\\TL~ r--~ S (Corn. Adesp. 1027) ~t du dénominatif
simple O~WTTL~w"baiser avec la langue" (Automedon 5.128).
Il y aurait sans doute ici la suggestion d'une acception
de \\(.olTo(,oÂuJT\\~llJ. En effet, au participe parfait passif,
ce composé est dit des termes fort recherchês. Il est citê
chez Philostrate (V.A. 1.17) et chez l'historien du IV/Ve siècle
499
1
( P • C• ), Eu na pi us (V. 5 .
p. 496. 25 D). D' 0 Ù K 0/, Toi.. {À W T To 5
dit d'un style ou d'un ouvrage plein de mots inusit~s ou
recherch~s, qu'on rencontre dans Cratès (A.P. Il.218
probablement cité dans Luc., Lex. 25, D.H., ~ 53). Mais
dans Epictète (2.16.20), le mot a le sens de "qui a la
parole facile,
le style ais~" et celui de "babillard,
bavard"
chez le grammairien du Ile siècle (p.C.~,Aulu
Gelle (1.15.17).
Ailleurs dans Aristophane, KoC.ï<>lOAvJTT~~vJ se traduit
"exercer sa langue contre un autre, d~blat~rer"
Ach. 380.
~L~(.>ol.Âl<2 V'.ol~ *~VS?\\ \\o<.ol,.\\e.O'?.JJTïL.~~ t"-0U
Hesychius (K 1034 Latte) rench~rit :
\\o<.oI.To(OÂvJITC~E:\\.-v'· f->~o(q-~'\\t'-E:~V'
ou encore transitivement "r~duire quelqu'un au silence"
en parlant plus haut et plus longtemps que lui, d'où la
forme passive employ~e au vers 352 des Cavaliers :
"[Que bois-tu donc, toi (demande le premier
esclave au Paphlagonien),
pour avoir mis la
Cit~ dans l'~tat où elle est aujourd'hui]
pour l'avoir, à toi tout seul, par ta langue,
r~duite au silence ?"
c.
\\
'
vJq-\\~
"uV\\...
....
\\
' "
1
( r v
V1\\O
c:r"ov
~OVuJTo(T10U ~o(\\E:'(ÂW\\T\\...~r-E:."1Y<r'lWi\\c>l:v')
Quant à l' expression ~e("<"oolAwT/;V, comme adjecti f
d~riv~ de t-~,/Gol..?-.OS"clavette de serrure", synonyme de
[bk?..otVoS"pêne" (c'est-à-dire le morceau de fer pour assujettir
un verrou),
(Gu. 200, Thuc. 2.4.), elle se comprend "qui
verrouille" et d~signe ainsi un baiser où la langue joue,
en quelque sorte, le rôle d'une "clavette de serrure".
C'est donc à juste raison, pensons-nous, que Taillardat (417)
la fai t entrer dans la s~rie m~taphorique où O~OOAV teS
"charnière de porte" permute avec t"-~\\I'Sol.AOS dont il serait
une manière de synonyme (418).
)()()
Comme cela apparaît dans Téléclide (fr. 13 CS eE:t\\T6v,
roi. ,/bol.ÂvJT~V, '(\\... ODÂ \\.. r-wyo'l() , où l' expressio n '(\\...;rrÂI.._
\\,,:vJ ,civ fai t sans doute allusion au même genre de baiser
qui clôt la bouche.
t
•
C-
1')
1 .
~ ('
1')
,
C-
cf. PhotIUS.
r-o<..VD~AWToV
E.LÙOS
s
\\'A~\\a(TOS)W
1')
,
,
C c . . . "
,
"( \\.rY
e
A \\... t'- vJ 10 V
'" 0( L.
Ù
al IT E:. T () V
( sc r. r) \\ ~1\\10V ).
Ou reste,
la meme image avait été développée déjà dans
les Acharniens (1200-1201) à travers les propos de
Oicéopolis exhortant l'ardeur des courtisanes qu'il tenait
dans ses bras :
"Baisez-moi langoureusement, mes bijoux,
à pleines l~vres , à pleine bouche ... "
Finalement, r-ol.. V~rJ..ÂvJl~Vest porteur du sens de "lascif"
)
Co
1
en parlant d'une mélodie évoquant ainsi
rr~e
Vt:\\OVOLo(V
les baisers qui verrouillent la bouche.
Cette évocation rappelle à maints égards les termes
du langage tenu par Strepsiade dans les Nuées (51-52)
au sujet rie l'ardeur de sa femme:
"[Le jour du mariage, à table à côté d'elle,
je sentais le vin nouveau, les claies au fromage,
la laine - l'abondance] ; elle, les parfums, le
safran, les baisers lascifs - la dépense,
la
gourmandise, Aphrodite Colias et Génétyllis".
C,,...
L.
t
1
..,
t
1. Ù ,o(V t"-v,ov J K\\O ~OU ) \\i(.o( \\«''(A lA) TIL~~OC\\WV)
<;)oI.\\\\olV~5, Ào(tvar-0~' kvJAL.~~OS,r€VE.TV')J"L~os.(419).
501
En outre, il faut noter le caractère expressif du
redoublement du mot 1"e'to(~oS donn~ pour plus attique,
à en croire Moeris i que ool~aolAl..~rOS(4~0). Erotianus ,
1e cite a v e c aol eOo(?" "\\ (A r., f r. 17 5) Di Ph11 e, f r. 25, poe t e
comique du IVe/Ille siècle a.C.).
A ~ouligner également l'emploi du dénominatif
'Oolf-
"(ol ~l.. ~vJ
"chatouiller, titiller"
qu'on trouve chez
Platon (Phlb. 47a) et, au passif, chez Epicure (fr. 441),
Aristote (Pr. 965 a Il, P.A. 673 a 6).
Comme composés en - )'0{ eOo<.'),,~~w avec une préposition
(rrfO~' 0Tt~ '"'7"') pour premier élément, on a Tr"fOool~10(1~\\w
(sc. ~otV\\OV ) (Arist., LN. 1150 b 22) et 8TrE:rr-(r'~\\.~v1
Eum. 3
p. 89.
D'une façon générale, ces diverses invectives soulignent
la réaction contre l'utilisation abusive des instruments
asiatiques, les modes musicaux censés les plus passionnés
le phrygien, le lydien et leurs composés, a en croire
Platon dans la République (398e). Ce qui, dit-on, faisait
perdre à la musique théâtrale ou dithyrambique la couleur
de celle des mystères. Il semble, en tout cas, que les
propos de Platon résument assez bien
toute la polémique
des fougueux conservateurs et néanmoins poètes comiques
contre les musiciens contemporains. Or, nous savons que la
comédie n'est obligée que d'amuser l'imagination et de
chatouiller les sens. En revanche, la musique tient les
rênes de l'âme et la fait marcher à son allure. C'est pourquoi,
pour Platon, elle doit être subordonnée à la poésie, être
mâle et sévère; elle doit éviter les tons plaintifs, èn
mineur, les accords compliqués, les mouvements passionnés
et les instruments dans le genre de la flûte.
Et donc fidèle
au plus pur esprit hellénique, dont il trouvait l'expression
dans la comédie.
Platon dans la République (39ge)
se mit à renchérir sans
502
que ces propos puissent apparattre comme quelque chose
de nouveau :
"Au reste, mon ami, repris-je,
nous ne faisons
rien d'extraordinaire en préférant Apollon
et les instruments d'Apollon à Marsyas et aux
instruments de Marsyas".
.-v
fV
rro L (1) t~f:V ) JJ
\\
\\
t'V
II<. 0<. L. -r 0( .,.... \\0 V
En dépit des constats établis par Platon <Rép. 398e,
399c), du reste révélateurs, on peut arguer qu'une cons-
tante demeure cependant. C'est que ces ennemis acharnés
de toute innovation n'ont cessé de travailler au renouvel-
lement de leur art. En effet, tous se sont efforcés d'embel-
lir les parties lyriques de la comédie; qui plus est,
plusieurs se sont même vantés d'y avoir réussi. Il faut
donc bien se garder de les prendre au mot. Quoi qu'il en
soit, la querelle des Anciens et des Modernes, commencée
depuis qu'il y a une littérature, ne finira jamais; et
si les Anciens croient souvent avoir raison,
ce sont pour-
tant les Modernes qui l'emportent toujours. Car, ceux~là
mêmes qui défendent le passé sont avec eux.
Il faut donc admettre qu'aucun artiste,s'il a du talent,
ne se soustrait aux influences qui l'entourent. Certes, il
peut advenir qu'il réagisse contre l'art de son époque,
mais il ne le fera qu'en lui empruntant ses procédés.
Pour ce qui concerne les musiciens dithyrambiques,
pendant plusieurs années, certains maîtres musiciens ont été
503
le plastron et le souffre-douleur des poètes comiques
rebelles à toute innovation musicale. Tel fut le cas,
entre autres, de Cinésias, Philoxène paraissant les plus
représentatifs, Diagoras, qu'Aristophane qualifie de
"poètes-oiseaux" (421).
Cinésias, c'est d'abord l'homme faible et chancelant:
quelques traits physiques qui fournissent aux poètes d'in-
nombrables plaisanteries. La persistance de ces satires sur
sa maigreur maladive (Ar., fr.
149.10, Plat. Corn. 184 ••• )
(422), sa grande taille, sa mauvaise santé permet aussi de
le mettre au premier rang.
D'où l'emploi métaphorique de
t .... ?"0fc"voV <2.. 1378)
qui se prend avec le sens de "léger ou mince comme l'écorce
du tilleul"
(cf. Schol.
O. 1378, Ath. 12.551).
{
Mais ~c..Âv~l.VOS"de tilleul" est appliqué aussi au
mot
q"ol. V[s.,
terme désignant toute construction en planches
(Hp., Art. 47 ••• ).
Donc,
emploi inattendu d'un adjectif technique
courant :
"Nous (sc. Pisthétaire) saluons Cinésias bois-
de-tilleul.[Que viens-tu (Cinésias) faire ici
en tortillant ton pied tordu
]?"
Cinésias, c'est ensuite l'esprit movateur dont Ari-
stophane
a voulu railler la prétention de donner à la poésie
~04
lyrique plus de grâce et de fantaisie en empruntant
toutes ses métaphores soit au vent ou au nuage, soit à l'air.
Il convient de rappeler ici peut-être qu'on a pu voir
dans certaines figures aristophaniennes, le Dèmos des
Cavaliers, le Philocléon des Guêpes, de véritables aliénés
politiques, déprimés par leur impuissance face à la démagogie
impérialiste, ou en proie eux-mêmes à la fièvre de l' ~eX1.
Par
conséquent, il est fort probable que dans les Oiseaux,
pièce datant de l'an 414, ce soit le poète lui-même qui
soit saisi par une tentation d'aliénation: celle de la
fuite dans l'irréel, dans une absurdité charmante qui
s'oppose à tous égards à l'absurdité angoissante de la cité
réelle.
Il s'agit effectivement de passages où il n'est
question que d'ailes ou d'oiseaux (~ 1382 sq., 1409, ••• ,
Gr. 1437)
(423)
,
parce que, renchérit Aristophane
dans la même pièce (VV. 1388 sqq.), selon Cinésias,
le
l>
.-
dithyrambe doit être aérien (o<.€:P\\...o(
,
ib.
1389),
ailé
( lf","= ta1) 6V,", T'c(, ib. 1390), d' u~ bleu profond et sombre
\\
, -
1
\\
(q"\\<..\\J\\
\\,Vè{ lAc(.\\" Ihlal. Vo(vOIè: 0<.,
~ 1389 : <r~OT E::\\..Vo<. étant
ici la forme restituée conjecturalement par Boissonade,
\\
car, comme leçons on a
<r\\i<,~"'Lo( f{''i<\\>B <:rlA.bT'...à<Of./~tcl.
L'adjectif Tîïe: fa~~'l/1TOSqUi signifie proprement "mû
par des ailes battantes"
ou "qui agite les ailes" (!L.1402)
se dit métaphoriquement, comme ici, d'un style ampoulé,
boursoufflé.
L'emploi du mot à deux reprises à douze vers d'inter-
valle semble faire apparaItre plaisamment l'obsession
des poètes dithyrambes.
"N'est-ce pas que tu es
content d'être "mû
par des ailes"
? (demande Pisthétaire à Cinésias) "
505
\\
1
CS"v X
e
0<. \\...
t \\.. S
(lb.
1402).
C'est un type qui rappelle beaucoup de composes en
- ( 0 ) -
~ 6Vfros :
~~eO~OV~TOUS."qui se balance dans les airs" (~.1385, du
reste une leçon de RV MUr, car le copiste de A donne
C-
l
"
7
c:..
/
-Ù\\,V"\\To\\J5)
j
d'ou le denominatif
lX.E::f0cJDV<ë::0t'"'o(lo
(Schol.
Eschl.
Pr.
128).-
.- o{~ê('o56",,"'~oS"qUi s'élance dans les airs" (Manethon
4.298)
.- OVloD~~VYYTOS "aux membres meurtris" (Phrynichos,
!!:... 2 N2) ._ o(.~\\eo~~V\\froS"rendu furieux par l'aiguillon
(d'un taon)"
(Eschl.
,~. 573, Ar., Thesm. 324), cf. o (,<:l"1\\0-
c'
~
le.
O\\..\\f~TOS
(Eschl., Pro
589),
Ol.olOl~OÙO"OS (Eschl.,
Supp.
16)
• - 0~cl"TO~~V.rro.s "tissé par la navette au
mouvement agile"
(~. 943).
On a d'autres composés
(424)
de type différent,
soit
,
avec un adverbe
(6(,- privatif,rroAu-),
soit avec une
,
locution prépositive (oI.T\\é~l.-) comme premier terme.
Ma~s on a aussi lfT€('O-
comme premier élément de
composes :
1
..
c.
"
•
l '
d
i l "
-rr1E:~O\\-,«t'-uJ'" 0'10$,0, l '
qUI g Isse avec
es a"" es
(Empédocle,
20.7)
.-rrTE:.~oE::L~wv',o'l05,O'~ (Et~oI.),
"couvert de plumes,
ailé"
(Oppien.,
Cynégétique 2.190)
.-
rr\\€~~\\...t'Tnos"qui monte un cheval ailé," (Tzetzès, li..3.
164, donc mot très tardif)
.- Tf TE: eoIo<Ol{(êw qui se prend
figurément avec le sens de "couper les ailes de "
'.,
\\
(\\
,
(T","
€I\\IêV
~H:~\\..o(."
,
Com.
Adesp.
25 a 3 D).
1
Quant à ~\\Je("olVOE: 0(, son emploi ressort de l'application
d'un terme "poétIque"
à une réalité peu attendue. En fait,
506
\\.<.ÙcAVolvo~SSignifie "aux reflets d'un bleu sombre, bleuâtre"
et est soit appliqué aux sourcils "6te~~S" (Eur., Ale.
2 )
' 1
.
\\
1":>._ ' ) '
< v ?
l\\ '1
'V
'
1
61
,d'ou
'expressIon 1<x5 l;.>QA~S TuJV 0Y\\1DlA\\"WV €AT\\.. \\Aivol."olv~E:5
qu'on trouve citée chez Alciphradès (fr. 3.1), soit dit
- ' ) f \\
1
de la mer, d'où l'expression
~\\J~'IIo(,\\JOj5
f-\\r--~LlfL'T1
qu'on rencontre chez Denys le Périégète (169)
•••
1
Mai s \\Ai\\J 0(V 01.V DE: ci..
est un type qui rappelle beaucoup
d'autres composés en - o<.v~1S, dont, en /articulier (425),
tt-~Âo/.."o(, V'(15
dit de la source (Vo(<rt"'"0$) dans Euripide
(~. 153, cf. Orphée, Argonautiques SB), n-o(vo(vO~S
(Orphée, Hymnes 10.3).
Aussi définit-on Cinésias comme un esprit éthéré,
comme le poète des hautes régions (O.
1372 sq.
= Anacr.
52
D (426)):
"Je (sc. Cinésias) m'élève vers l'Olympe sur
des ailes légères, et mon vol suit tour à tour
les voies diverses de la mélodie"
(427).
En effet, comme son corps , le génie de Cinésias était
donné pour léger et diaphane,
ineffable, voire invisible.
C'est pourquoi on entend dire qu'il veut être un mélodieux
rossignol
(Â\\..~0fa()o~OS &..~~~", ib. 1380), avoir des
ailes (428) pour "fendre les guérets inhospitaliers de
l'azur" (429) et ainsi "cueillir parmi les nuées des poèmes
ailés" (430).
L' adjectif
'f..\\"~0tQol~o~ "à la voix claire" ou
"au bruit sonore"
est un simple homérisme. Dans Homère, il
507
est toujours épithète des hérauts (Il. 2.50, ~. 2.6).
Ailleurs, il· est apP'liqué soit à ol.0).\\..<fKOL "pipeaux"
(Thé;>gnis, 241), soit à ~\\lIl&~S (Bacchylide 5.23), soit
à ~E:A.I,,<I"<ro{ en parlant d'un poète (Bacchylide 9.10), soit
,
,C 1
(
•
)
enfin a o{I.JO~
Opplen, Hymnes 5.620 •
Etablissement du texte:
R
Â\\-r~t~0'6'oOS ~AV- Z À)RYV r ~RV ~J..'). ~
'À''t\\,,-oX\\ios z Rv ~U. ~ ACQJr-"~6Sl--6- V) M
; .
~\\j(\\~~~')O\\'1 (\\
rel
Cl<:l\\~d.-
\\'CV~V\\JOS ~ .f\\VOV~OX\\JO':>
superscr.
1\\]". {..L·
.
1
On dénombre un certain nombre de composés en -(V)-
+~ODO05 (431) du type \\?>ol~0t&oOOOS "retentissant"
en parlant du rugissement du lion, cité dans l'Hymne à
vénus (v. 159) et dans Bacchylide (fr. 8.9). -O;(VI.<..~t~oaooS
?/Jr...f'..
,
,
(Schol. Pi. 01. 6.162)
.-Eu,tJ000oS "qui resonne agreable-
ment,
harmonieux"
(Théognis 534, Eschl., Ch. 341, Eur.,
Troy. 127 (q"~ee\\''rS»' d'où le dénominatif E(,tg.00't~w
glosé s~r E:0(\\~O~~U.J(SchOl. Soph. 0'C.18) '-1S0,\\>ljo~aOS
applique aux TE:TT\\'OE~ (Hesych. H. 1009 Latte:
' "
_
' .
1
l ' ('
l '
.. C' (~fI
~{\\1.1ë(1.
\\.<,\\~vl.A;.€S. Keo{~\\ol.l.. IfÙOl.. [TE:\\lV~"e:.~ 1ov1~OOOà~ ],:
On a la même approximation imagée dans le composé
~~v~e:.Â~t~olo0S "dont la voix est aussi douce que le
miel"
qu'on trouve cité, selon Planude, chez Simonide
(A.P.9.571) •
Il faut donc supposer qu'Aristophane pensait sans doute
à Cinésias et aux poètes de son école, c'est-à-dire les
~\\oo~V~d.~~Ol\\OI.O~ ou "faiseurs de dithyrambes" (432),
dans ce passage de la Paix (830 sq.) où Trygée, descendu
du ciel, raconte à son esclave qu'il a vu deux ou trois
âmes de poètes dithyrambiques
"Elles attrapaient au vol des préludes lyriques,
508
de ceux qui sentent son homme nageant dans
l'azur limpide"
(433).
-
1
,
,
") \\.
/ - J
-=- \\J V ~Â6 yoVI 01.. 'IJ'b{(-' 0.0<.0( S TI0 ~w t'- e.V.... \\,
CU
(
1
\\~S ~VÙ""olE: f""O(,Ve OV1XE:Tt!)vS \\LVI:I(5.
,
~
1
La formation hapax
E:"O""o(E:~"" rl..VfO""IXE:-rov~
est la correction de Van Herwerden. Car, les Mss se
,
('
/
"
.... 1
partagent entre E."c)\\.c(~f\\..Ql,Ve.\\I.~'(-O(e.~\\..oc.VE _v
)
RVS A
Didym. !Iln.
~ i::\\Q.J., ') ~vS,",o(ee\\..c(VE:f\\..- r
et
~V~\\.oI.E\\\\'o(l.€-eL.- S~
Il apparaIt qu"il y a substitution de lettres sugg~r~es
par les mêmes lettres de la partie ant~rieure du même mot
(434). Ainsi constate-t-on qu'au lieu de la forme correcte
;l!
<:,v
1
1
_
tVOl.-aEPl.o(V€fL.
-
(-OI.€e\\..o(v
E
selon le copiste de V)
,
\\
' V
'
c::.
cf. 0{ E-. eeV',xe.,-~ (Nu. 337),' et/ ou vraisemblabJemen: EV()L-
o(.E0\\.â.\\..Efl.- ,nous avons 6V~""o(E{'\\.oI.VeO"1XE:\\OVSevoquant
"qU~ volent rapidement à travers les airs", forme restitu~e
conjecturalement par Van Herwerden et adopt~e par le texte
Budé.
Le début du mot présente des él~ments connus par
ailleurs :
c::.
1
c - /
c)""~E:~~o.s/ è)\\.o(,E.f'"'OS (en prose). Le premier se rencontre
chez Apollonius de Rhodes (2.227), le second chez Lucien
l
")
/
(Salt. 42). D'où 1>\\.o(~\\"oI. A~OE"-I..V=
r--40:Tc=wfO< /\\E:'Q€:\\..V
(lb.,
Icar. 1).
~B~o (tJ~~TO~) est employé quelque part dans Aristophane
<,S c ho 1. Gr. 1485).
Soulignons que les mots en _TeS dénotent la capacité
ou la possibilité d'accomplir une action (435).
Quant à Philoxène à qui la Comédie Ancienne reprochait
aussi ses innovations, il peut être consid~ré comme un
compositeur non moins c~lèbre après Cinésias.
509
Dans un de ses poèmes, le Cyclope - une pièce qui tient
à la fois du dithyrambe et du drame, et dans laquelle se
succèdent, dans une forme très libre, la description, le
dialogue
et la chanson d'amour (436) - il aurait écrit,
dit-on, de la musique imitative en reproduisant les modu-
lations de la flûte du Cyclope. C'est pourquoi à l'ombre
de Cari on Aristophane raille plaisamment dans le Ploutos
(290 sqq.) cette application du lyrisme à la peinture des
moeurs rustiques.
Carion, en effet, imite par plaisanterie, le chant
dithyrambique du Cyclope et la danse lubrique de Polyphème
au milieu des autres Cyclopes qui ne sont autres que le
choeur dans l'occurrence.
Notons enfin que dans le fragment 633, Aristophane
souligne l' absurdité (~ÂOOo(
des intermèdes (~(L~À\\.t-cC.)
(437). C'est pourquoi il traite les choreutes de "troupes
•
c..
(V
c.1
\\ : >
de muletJ.ers",
•••
ée:r,,,,,,'ïo<..s wt:r'ttE:P TovS, 0f€::W-
1
::>1 (\\
\\
1.<.01-'-- Ou oS
0( ~f()V oS ,
En vérit~,
le peuple étant exigeant (Gu. 1524 sqq.,
Platon le Comique, fr.
130), fréquemment on critique le
poète tragique parce qu'on le considère responsable des
danses du choeur. D'où l'emploi de ~l.o~X,\\lf"6~~"O~(Gu,
1499), forme participiale reposant sur le moyen ~LO\\XE:~<r~o(.
(~ 1481), "disputer le prix de la danse", qui fait appa-
rattre une sorte de défi.
A
La meme image, rappelons-le, est évoquée dans la Paix
(781 sqq.).
CON C LUS ION
511
Dans les analyses philologiques qui précèdent, nous
avons tenté de décrire, autant que faire se peut, les
emplois des mots inséparables des notions qu'ils véhiculent,
en dégageant les valeurs qu'ils prennent les uns par
rapport aux autres, et définir ainsi l'acception de
chacun. Au terme de cette recherche, il convient de
regrouper certaines conclusions afin de mettre en lumière
l
.
\\UI
es dIvers aspects du
"\\ 0005
aristophanien.
Dans l'état actuel de nos investigations, il est délicat,
voire difficile, de répertorier avec assurance et sans
ambages parmi les mots ou images qui relèvent du langage
familier ou populaire (~"~AE:0eté:~()<;' <2>l.~?~\\OS)celles
qui sont de pures créations aristophaniennes. Voilà pourquoi,
au terme de cette étude sur le vocabulaire de la satire
(qui, répétons-le, bien qu'elle traite souvent ou presque
des réalités "dures à étreindre" de la vie, est destinée
avant tout à nous faire rire ou sourire), on peut hasarder
de déf in ir cette forme drama tique du '-Y~OO S ar i stophan ien
- sans toutefois perdre de vue l'enseignement de la
scholie à ~ 53 (ap. T 8) : <t'
~:;(V ~~ ),...~ ~~té:l.~~~
irc(
,
"
1
....
\\
' "
c.. 1
"
1
rJ...V'd..ÀI.-~IAf:;vJ \\<..0(.1.- ~ol.ell( To\\..~ ~,\\\\O~~I..''' €:'-e,-rol.I"
lT"1:l
A..oO(L.~-
comme "l'exploitation ingénieuse" d'un fonds commun de
langue que la puissance suggestive d~ mot fondée sur la
verve inventive et la "réalisation" des métaphores ou mots
courants a rendu plus pittoresque. Entendons qu'Aristophane
passe pour un maitre Carrier.
Point n'est besoin de dresser ici et maintenant la
liste des images banales qu'il a prises à son compte pour
les rajeunir. Ce serait du reste une besogne à la fois
"
';) l
"l
lassante et oiseuse:
o(\\fOV"ITOV
O'gol.Ar-o<.
(~u_. 314).
C'est assez dire que si l'ingéniosité du poète comique
parait l'apport personnel de ce dernier à l'agression
verbale, les mots ou expressions employés dans ses pièces
ne proc~dent pas, pourrait-on dire, d'une "génération
512
spontanée lexicale" (438). Bien au contraire !
Ce vocabulaire riche et diversifié est hérité à ce
qu'il semble, d'un patrimoine lexical, et comme Taillardat
(qui cite les sources) le remarque assez clairement
(in 892
p. 497), " •.• ces images, plus ou moins banales,
appartiennent à tous les étages sociaux de la langue,
à tous ses registres littéraires: selon ce qu'exige la
vraisemblance des moeurs ou la situation dramatique de
telle ou telle scène, les personnages d'Aristophane peuvent
parler une langue figurée digne des muletiers athéniens
les plus grossiers ou des plus grands poètes lyriques grecs".
Il s'agit d'abord d'images qui sont un cliché, et qui
démontrent à maints égards, comme Taillardat dit encore
(in 13), que "la banalité d'une image est un fait de
langue,
[en revanche] son rajeunissement est un fait de
style propre à l'auteur". Ces images familières, voire
banales, ont été empruntées, comme nous avons tenté de le
montrer
au cours de nos différentes analyses, au modèle
des prédécesseurs,
à savoir, les poètes lyriques, tragiques
et les sophistes j mais aussi au vocabulaire technique
(médecine, pugilat, chasse ••• ). A preuve, par exemple,
les
expressions du type suivant qui sont les plagiats des mé-
taphores traditionnelles.
c..t")
1
()v;<.u~ t\\\\..oS
~ 529
~VTE:C1~E:" bfo~ ~e:f'-"'-Â~"IS
qui fait écho à
Z~05 6' 'O:Zvt'-\\\\\\..O$ qui lance les
éclairs.
Nu. 830. Z. w ~e~T,\\S 0 M~Â.l.oS pour souligner l'influence
néfaste de Socrate assimilé à dessein à Diagoras de Mèlos.
GU~ 1032 .... ~E:\\,V~ToCTo~ ~tÇ'6t~ol?.r-~" \\<.~"V')S ~'ÂTtVE:S
pour décrire l'impudence des démagogues.
r()
Gr. 809.
~ O~v E: S b,\\,O~JOf)\\... , épithètes appliquées à
Mélanthios et à son frère.
51 3
')
1)
1
Ou encore l'épico-lyrique ol.O\\l(VAOX'~1S(cav. 197
~Vflt"o(~'=TO~~t't(vÂoX~1~~) qui qualifie la rapacité des
démagogues se disant pourtant "amants du peuple".
Mais l'originalité d'Aristophane repose surtout sur
la verve inventive, la permutation métaphorique et le ra-
jeunissement des images banales, en un mot,
sur le renou-
vellement d'images usées, courantes.
Pour ce qui concerne la verve inventive, là encore,
il n'y a pas de créations lexicales ex nihilo. Car, cette
verve qui se singularise par des mots "ronflants" prend
appui sur une image usuelle,
une expression populaire.
Le poète veut-il persifler les sophistes et tous ceux
du même acabit,
i.J. fo:ge sur le mot courant
q"O~~lt"\\"~S
(le suffixe -T,\\~/-To(S a une valeur classificatrice)
l' hapax r-<=:\\ E:w\\O~Ù~"<t'TW" (N~. 360), fo;mation
dont
i l faut rappr,ocher
(~V'~~o(S) ~t.\\<='uJ~otE;Vo(\\,(tl(S(~. 333),
tÇ:TE:W~OA~~l\\~S(fr. 386). Ailleur~, ~Te<:'VO~"'t(~~o<.l.
(2!.: 434), denominatif d'un *q'\\~<::'l<0~"~oSnon atteste
proche de ~T\\"='t' (L)
, e t le long composé <;t"Te€:.'\\J0~\\''''O
lIc(V'ou(''Q[ol
(Q.:.. 1468) , qui est un assemblage antinomique,
caractérisent le contenu de leur enseignement.
S'agit-il de l'avilissement du peuple par la mistho-
phorie , on a la comparaison établie éloquemment par
"4ÂO ta fO~" ïE:S "aide-maçons" (A. F. 309), terme forgé
sur t\\~Â. QV "m 0 l' t i el''' (~ 1149 s qq. a p. T 891).
Vise-t-il à moquer l'irresponsabilité de l'Assemblée,
ce sont les hapax suivants tirés de - \\->ovÂ-os:
,
,~~
1
I~
Ach. 628 •.•
EV
j-\\\\.l,\\'l/o(\\..Ol.S
\\olXV~OI.JAO'-:~
ib.630
•••
IT\\6S '(.\\e''l/ol~au~
\\,,-E.Tolf?>0~AOVS._
514
Cherche-t-il à dénoncer les consequences sociales au
demeurant néfastes du théâtre d'Euripide qui forme des
citoyens pleutres, i l emploie ••• Ko(~ r-~ <D"o(,~~I:f'I.T\\OÂ[TalS
( Gr.
10 14)
for mé sur l a bas e - 1'10Â LT ~S, qui r a ppelle
-
1
\\
1
Xo<.v'IorrO'À\\..TcX.S (~. 635), r-"K~OrrOAl.lo(S(Cav. 817),
autres formations mettant en relief l'air benêt des
Athéniens, qui est persiflé ailleurs par les antonomases
rv
1
If)
1
... I~
\\,A,"'X1Vol.l.vJV rrOAE:L. (~. 1263), I.<.EX1V'OlC=S
r-o<.\\"'r-~~VeOL. (~. 990).
.
Veut-il plaisanter des citoyens
à l'affût du gain,
i l crée les patronymes f icti fs tels que T€: L.~oI.~E:"O ~o(I.V(:tT
t\\ouS 1 r"= ~,TO B",o ~~ ~OVS ~~'-O~E:I,.Ool.Â"'~~"o(S( ~ 603 sqq.).
Quant aux permutants métaphoriques, bien des exemples
ont déjà montré que cette permutation, apport personnel
du poète, a consisté à doter une métaphore familière ou
solennelle d'une force évocatrice en la substituant suivant
les situations du moment à une autre apte à susciter le
rire ou le sourire.
En voici quelques-uns qui entrent dans cette catégorie
et qui s'en prennent
- soit à la voracité des démagogues
Cav. 4/ ~vo(r-0T~J,~
, c'est-à-dire littéralement
T~wGvJ".
ib. 1034 sq.
•••
T~~ V~~()vS
emplo/ée
lTo(f~ rreoq-~O'A~o(V
AE; .....'f.vJ'J (Gu. 904).
Il faut ajouter les métaphores euphémiques du type
t\\E:eI.T~~o~l.(Gu. 597) et assimilés, Ko(TE:q-~~,,=\\." (;av.
258)
et assimilés, les métaphores agricoles du modèle EK-
<"l/Cr.
'
1
ryl
\\A.o(VA"lvJV
(Cav. 825), o(.~éerE;-"",S (~. 326}'~I\\I.\\\\E:'-S
Ob. 794} •••
515
- soit ~ leurrapacit~l
,
!:.Y. 924.
\\\\'=~I.ï\\ÀEv"'o<.S '1"
image utilis~e pour (CS~T~'=' ) rrE;~1.G:.'À91iJ"
7
( . ,
E.V
'ÂIJ KA't' .
- soit au triomphe de la "sc~l~ratesse" habile ~
l'H~li~e
est synonyme de
Ici, on a un certain nombre de m~taphores en - ~~~S
(d~signant la subordination et l'appartenance) et - ~~1S
(marquant l'appartenance g~ographique/familiale), qui font
allusion au d~clin des vertus martiales et partant a
"l'effritement"
des valeurs traditionnelles.
N'oublions pas que cette force ~vocatrice "~clate"
~galement dans les images relatives au sycophante pass~
maître dans l'art de la d~lation, au d~magogue amant du
516
peuple, vorace (avec les métaphores agricoles), avide,
rapace (avec des images animalières surtout)
; dans les
métaphores qui font du poète un architecte, l'assimilent
à un oiseau, un matelot, une abeille •••
On sait qu'Aristophane se fait remarquer dans ses pièces
par un air grave et placide, une dignité comique, une
familiarité confiante, une bonhomie narquoise, des manières
gauches et solennelles. Par conséquent, son vocabulaire
parait assez mêlé, bien qu'il soit pourtant attique pour
l'essentiel. Dès lors, il est difficile d'apprécier parfois
Ce que représente chez lui l'emploi de tel ou tel mot
(attique ou pas) particulièrement commode dans la mise en
relief de l'éreintement.
En vérité,
le texte d'Aristophane est délicat à utiliser
quand il s'agit de déterminer le sens d'un mot. Car, il se
sert du bariolage métaphorique (439), qui est, selon
Taillardat (in 897
p. 503),
"une forme d'ornement de style
chère aux poètes lyriques". Rien d'étonnant a ce que,
dans ces conditions, deux termes paraissent parfois inter-
changeables. En tout cas, le groupe de mots (mots simples
archaïques, courants, composés récents) qui sous-tendent
la force évocatrice des images est particulièrement repré-
senté. Il concerne :
- les comparaisons commandées par la situation du moment
pour signifier que les Athéniens sont des imbéciles ou des
sots,
Ach.
374
Cav.
755
Gu.
32
que l'Assemblée est irresponsable
~
?
<::
\\
1"
<:'IV
,J
1
T T ' "
Cav.875
av
ùe:.\\..vov
ou"
ù"\\' e:r-I-'O< 0<.5
o~ov () ~
~~ vc(<r~o( \\,.
517
1
A.F. 139 ...
éJert'\\'=:~ t'-~~I.J~"TuJ" ~~~ ïToled.it"E:iÎÀ"\\'O~f:vot
*'\\
( sc.
k[<ït"ol.To/.. )
ou que les dicastes sont des guêpes et prompts à la colère
c./
Gu.
107 sq . . . .
vJq"lif:=\\.
r-~?-l.TT) ~ \\->()r-(?>v).\\.,.(~s,,;
~. 1111,
.J5<t'tfE:.e 0"-
cr""JJÂ,,\\Ke:'s ~" To~':> KI.JTTOl\\O\\..~
1.<.,-, V'o u \\ ' E:Vo ~ •
En ce qui concerne le comportement des démagogues
donnés pour perturbateurs au même titre que les sycophantes
(~ 936 sqq. "·1 ~ol~ I.A~Î-. \\..~ 1 T~ T\\fJ'(r-etT? ~rv.v K~er~~) )
on a la série accumulative de termes assez suggestifs:
Par ailleurs,
les mêmes sycophantes sont assimilés a
des poteries
Ach. 905 •••
- les images (440) relatives au caractère acerbe d'un
individu (Gu. 1082
~vr-~" b~[v'1v tTe:ttwK6~~ , en
l'espèce Hyperbolos (Cav.
1304
b~~,,~"<.Yrr~er--OAo'l), à
des vieillards qui n'ont plus la vigueur d'antan, Ach.
681
\\
\\
'e
')
,
-
~vJ tO\\J~ lAc(.\\.. trO(fE.~~\\J1\\1~~vovs~aux "Marathonomaques",
. b
180
....
' 1
l
::>
1
.:......:.
sq.
<r11..t\\.C\\,
OE::~OV'\\E::S) ITf\\...Vl.'v'OI..
oI.""'E:~o<.-
r-0VE:.S . . .
q-tE:V~~r-VLVa\\...
- un certain nombre de formations verbales en - L<"w ,
- 0Â1w,
1
1
7
- v ITw, l,c(w,
Observons qUe 13 connotation pathologique des verbes
1
en - vot.w s'est "effritée" au profit de l'idée d'obsession
1
par transfert analogique avec les verbes en - O<.w qui ont
518
une valeur psychologique.
En ce qui concerne les formations nominales ou assi-
milées, on relève
:
- les mots en - r-oI, , qui contribuent à donner au contexte
une "teinte"
dépréciative, voire ironique.
1 -
- les mots en - Lol.S
employés volontiers non seulement
pour désigner un personnage par un trait caractéristique,
mais pour mettre en relief un terme de reproche.
Il faut y joindre l'emploi immodéré des diminutifs en
- I."OV, - \\...~LOV, - ~eL\\)Y, les toponymes f icti fs du type
XJf~'\\' IX~o~nv l Ko(\\oI.~~v~ \\ r~Â~ ll-<o('o(o~:Z<j<
(Ach.
604 sqq.).
1
- les mots expressifs à redoublement du tYJ3e ~OelA<:l~VQ"\\
(L. 491) dans lesquels il est malaisé de distinguer le
"'"'-
suffixe (-
-) et la racine parce qu'ils constituent un
groupe cohérent.
- les groupes expressifs en _AtS, en fait suffixe
formateur des adjectifs quasi verbaux sur divers radicaux,
souvent producteurs de verbes.
- les mots à double entente sexuelle qui décrivent
le progrès infusé à la musique contemporaine (Thesm, 130 sqq.).
- la série accumulative des formes en - \\...~~S(~. 1375
sq q. ), pu res cr é a t ions
"tt'ol.. e~ "'" ~ O'lS"<i)o\\(.lt(v', qui 0 nt une
signification d'aptitude.
- enfin
les images relatives aux tragédies du poète,
en l'espèce d'Agathon, assimilées au travail de l'artisan
(Thesm.
52-55, 66-69), à la maladie de la Tragédie,
519
notamment celle d'Euripide, collectionneur de stupidités
et d'ergotages (Gr. 814-829, 940-943).
Ainsi donc, d'Homère à la fin de la période classique,
le vocabulaire de la satire paraît stable pour l'essentiel.
On constate également que les notions mêmes que depuis
des décades les poètes cherchent à atteindre à travers
les mots n'ont guère changé.
Un autre fait non moins notable se dégage aussi.
C'est que ce vocabulaire s'est "prodigieusement"
enrichi
d'un accroissement indéniable de termes techniques et de
mots nouveaux. Cette variété est due,
semble-t-il, au
fait que dans une société où le Verbe tenait une grande
place, la poésie agressive non encore banalisée par la
série des lois, offre, on s'en doute,
une riche matière
aux créations lexicales, tant il est vrai qu'à travers
ce ~60o~, ce n'est pas le cf ~6vo~
dans les manifestations
verbales de tel ou tel poète qui se développe, mais le
peuple qui s'exprime.
Or, les mots sont inséparables des notions qu'ils
véhiculent. Par conséquent, leurs emplois et leur sens
dont l'évolution est liée souvent à des facteurs extra-
linguistiques
se développent avec elles. Par ailleurs,
c'est un fait que la langue, dont on ne peut que souligner
l'aspect diachronique et non le prévoir, a ses lois propres.
Il faut donc se garder, comme Casabona (441) le dit, de
"toute construction qui ne reposerait pas sur une étude
philologique aussi exhaustive que possible,
si l'on veut
conserver le contact avec les réalités."
Quoi qu'il en s0it, il est difficile d'épuiser les
réflexions qu'insp~re ce "voyage"
dans le monde aristophanien
qui demeure inconnu malgré tous
ses explorateurs. Mais
520
une expression nous hante. Le théâtre d'Aristophane
peut être comparé à bien des égards à un aéroport.
Dans "l'aéroport d'Aristophane", en effet, les avions,
- entendons les cibles de ses attaques -, décollent avec
leur chargement de mots et d'images. Et nous nous envolons
avec lui. La démarche du poète comique est une sorte de
thérapeutique que nous cachent les mots. Au fond,
les
images d'Aristophane nous mènent constamment vers une
surprise. Les moyens particuliers qui ouvrent cet espace
1
et qui constituent l'originalité du '\\'0005
aristophanien
semblent être l'humour, les contradictions et l'exagération
poussée jusqu'à la caricature.
L'humour aristophanien
Aristophane ne prétend rien que faire rire de la façon
la plus difficile qui soit, en faisant apparattre tout
ce qu'il y a d'inavoué en nous. Il fut, pensons-nous,
le seul à comprendre que l'humour est une arme dangereuse,
un couteau sans lame à qui manque le manche et qui blesse
d'autant plus profond qu'on ne sait pas par ou le saisir.
Il s'agit, en fait,
pour lui, d'alléger par le rire d'un
instant ce qu'il ressent,
de riposter aux vices et défauts
de ses contemporains, aux travers de la société athénienne
du Ve siècle par l'humour noir. Il faut donc bien se garder
de le prendre au mot. Aristophane n'est pas méchant, mais
il fait rire. Ses propos acerbes sont loin d'être considérés
comme un éreintement. D'une manière générale,
son
't'lacs
est net, mais observons qu'il ne va pas plus loin
Aristophane fait rire puisqu'il faut gagner. Car, être
couronné à la représentation solennelle des Dionysies fait
du poète le premier citoyen d'Athènes, une gloire qui lui
confère une certaine immortalité. Voilà pourquoi le théâtre
où se forge l'histoir~ littéraire devient le tribunal où
)21
éclate sa verve comique. Mais il est évident qu'il n'a
Jamais été dans l'intention d'Aristophane de faire
introduire quelque bouleversement dans n'importe quelle
institution concernant soit la pratique religieuse
ou les
rouages des charges publiques (c'est-à-dire l'appareil
législatif et judiciaire), soit le système militaire.
Dans ces conditions, son admonestation, si tant est qu'elle
puisse paraître virulente, fait partie de la tradition
didactique s'en prenant au changement de structure sociale.
1
Autre spécificité du 'Y000~ aristophanien
les
constantes contradictions.
Aristophane est dominé par un esprit de contradiction
qui le rend parfois (sinon souvent) ennemi de lui-même.
C'est assez dire que son imagination prend l'essor le plus
libre.
On remarque qu'il n'y a pas de pièce d'Aristophane
où ne se rencontrent tout à coup, au moment où on l'attendait
le moins, bien des séquences contradictoires qui sont
néanmoins filées plaisamment et introduites de façon
gracieuse
~ ici, le serment de ne plus faire de Cléon la cible
principale de ses attaques (cf. Les Cavaliers) est violé
(Gu. 62 Sqq.).
là, il décerne un solennel éloge à des poètes comiques
comme Cratinos (~. 357) et Agathon (ib. 83 sqq.), qui
furent naguère ses plastrons.
- là encore, il s'en prend aux femmes (~ 1014, cf.
ib. 1037)
, bien qu'il fût le chef de file de ceux qui
se sentirent le plus offusqués de la "prétendue"
misogynie
d'Euripide.
522
_ ailleurs,
l'étiologie de la guerre du Péloponnèse
avancée différemment dans Les Acharnien~_.. -515 sqq.) et
La Paix (60S sqq.) induit à penser qu'il s'agit d'une
histoire forgée de toutes pièces pour le rire d'un instant.
Car, Aristophane reprend les faits historiques à son
compte, les invente
sua parte.
Comme autre originalité de sa verve comique, nous
avons la dénaturation.
Aristophane le plus souvent exagère jusqu'à la caricature
pour égayer son auditoire:
Socrate (qualifié du reste de Mèlien) et ses intimes
ou disciples sont assimilés
à dessein aux sophistes,
à telle enseigne que le mot
<\\>e0V'ï'-<S"T~e"Ov' "pensoir" mis
en circulation par Aristophane évoque par la force même
des choses le cercle restreint de ses familiers.
Concernant les charges publiques, c'est la dégradation
civique se traduisant par le mercenariat politique, au
point d'assimiler les magistrats wthéniens aux manuels
"",,Âo~oeo~"'TE:S" (A.F. 30S sqq.), Cléon, le type même
du démagogue-glouton et non moins coquin, à un "physetère
vorace" (Gu.
35
t~Âo(\\.Vo( rroi.v~o'.<E:&T~~oO, le sycophante
considéré comme une véritable plaie sociale à une poterie
CI
1
:1
C.
l
.\\
( Ach. 905
vJ <r'trE; ~
li<. €ee>( r-0V EVÙ,,\\Q"'/il ~~ "O~. Par ai 11 e urs,
en matière de pénalité, les arrêts, du reste arbitraires,
reposent sur la sensibilité.
La victoire de Cléon à Pylos est interprétée plaisamment
comme une gloire due simplement à la chance (Gu. 62 sqq.).
C'est sur le meme mode bouffon qu'est conçu l'avènement
de la nouvelle génération de citoyens susceptibles de jouir
523
des bénéfices matériels octroyés par l'odeur suave de
l'Eiréné, une fois la paix rétablie dans la cité.
On sait qu'Aristophane a toujours cherché à ridiculiser
tout ce qui est éminent, afin d'égayer son public. Comment
s'étonner alors que Socrate soit représenté comme l'homme
du Raisonnement Injuste (?'Ç\\~\\..~oS (\\600S), c'est-à-dire
des tendances nouvelles, en face de l'éducation tradition-
nelle,
incarnée dans le Raisonnement Juste (L1ll,l(o(\\..o,? ~6~o~)
et qu'attaquer Euripide, c'est naturellement, pour lui,
continuer la campagne engagée depuis longtemps contre l'es-
prit nouveau: un dénigrement, notons-le, sous-tendu a
la fois par des injures personnelles et par des sentiments
diffus, voire contradictoires.
Notre modeste contribution a voulu montrer, en dégageant
les valeurs et le sens des mots en rapport avec les
notions,qu'Aristophane est né, et s'est fait, mieux que
d'autres et indissolublement, écrivain et "maItre du rire",
comme plus tard Rabelais (cf. T 898
p. 506).
"Maître du
rire" dans la société athénienne de son époque, écrivain
pour durer.
NOT E 5
525
1. Werner Jaeger, Pai?eia - La formation de l'homme grec -
I. LaG!,~c_~~l1i:Œqu,~ _~: L~~én i.!: d'At hè ne~. Gall imard ,
Paris 1964, p. 410.
2. La même idée est commentée par S.H. Butcher, Aristotle's
Theory of Poetry and Fine Art 4, Dover Publications,
Inc., N.V. 1951 chap. 6. The function of tragedy,
p. 240 sqq.
3. Matthew Hodgart, La Satire, Verone, 1969, p. 13.
La version française de l'ouvrage a été publiée par
Hachette.
8
4. Voir Thomas W. Allen, Margites in Homeri Opera
(t.5),
Scriptorum Classicorum Bibliotheca Oxoniensis, Oxford,
Clarendon Press 1912.
5. Sur les liens qui unissent Aphrodite à Arès, !!.. 5.355 sqq.,
Od. 8.266-366.
-
6. Bernard Zimmer, ~a Satire à travers les âges, Nouvelles
Edi tions Debresse, Par is, 1982, p. 9.
7. In Webster's New World Dictionary
ap. Matthew Hodgart,
o.c.
, p. 7.
8. Voir Zimmer, ib.,p. 13.
9. Voir Zimmer,
~, p. 71.
10. Pierre Huart, Le vocabulaire de l'analyse psychologique-
_ . , . ~ .
dans l'oeuvre de ThlJcJdide, Klincksieck, Paris 1968, p.9.
Il. Pour d'autres du même modèle, voir Butcher, ib.>p. 377
sqq.
n.!.
526
12. Voir F. Lasserre et A. Bonnard, Archiloque-Fragments,
_.~ .. -._-"..
-,----
_.__. - -
Les Belles Lettres, Paris, 1958 .- W. Jaeger, ~)p.
413 sqq.
13. Hodgart,
ib., p. 20.
14. Pour l'indication des passages ou tous ces mots sont
étudiés, voir l'Index.
15. Chantraine, Etudes sur le vocabulaire grec, Klincksieck,
Paris, 1956, p. 20 sq.
16. La religion dans la Grèce antique - des origines a
.' ------..,.--
Alexandre le Grand, Rome, 1952, p. 22.
17. J. Humbert, Socrate et les petits Socratiques, Paris,
P.U.F., 1967, p. 144.
18. Sur ces procès d'impiété à Athènes, voir P. Decharme,
~ a Cr it~tque de~.. ~~..!..ad) tJ.9~reli gi eu se s che z 1es Grec s,
- des origines au temps de Plutarque, Paris, 1904,
-- ------..
---._-_. __
---
-~
-~-'---- .._~
. ,.~ .-
- .
.
p. 141 s q q • • - Pou r i e s che f s d 1 in cul pat ion, v 0 i r
Gernet, p. 347 sq.
19. La religion dans Aristophane, La Revue des Deux Mondes,
t. 28, Paris, 1878, p. 602 • Cet argument a été repris
par Paul Decharme, o.c.,
p. 181.
20. Ar ., g. 192 sq., 9~. 1516, Pl. 1114, cf. Nu. 615 sq.
ap. Pettazzoni, p. 212
n. 117.
21. Le mythe relatif à Athéna paraît être resté intact
à maints égards en dépit de quelque "timide" ironie
comique contre elle; Cav. 1196 sq., Hermippe, fr.
1 sq.
(Une Naissance d'Athéna)
ap. Pettazzoni, ib.
n.120.
527
22. Voir Dover, Aristop~anic Comedy, Berkeley- Los Angeles
University of California Press, 1972, p. 30 sqq. -
M.P. Nilsson, A History of Greek religion, 1925
'--~-'-'''-'~-'''
(2e ed. 1949)
- L'original suédois est de 1921 -,
p. 134 sqq. - Il convient sans doute de souligner que
le correctif de l'argument de Nilsson (p. 779 sqq.)
est apporté par K.J. Dover, ~, p. 32 sq.
23. Nous n'avons nullement l'intention d'exposer de nouveau
l'historique, encore moins de reviser les actes de
cet événement impie, qui a suscité l'effarement du
peuple athénien, mais simplement d'en retenir les faits.
Concernant les dissertations de quelques historiens,
voir P. Decharme, p. 153 sq., Weil, p. 317 sqq.,
Pettazzoni, p. 207-209 .-
24. Sur cette émotion, Andocide J Sur les Mystères 1.11 sq.,
Lysias in And.,
ib.,51 ap. Pettazzoni p. 208
n. 89 ,
.- Thuc. 6.27.3
28.2; 60.1 ,
.- Cornelius Nepos,
Vie d'Alcibiade 3 : idque non ad religionem, sed ad
conjurationem pertinere existimabatur .-
P. Decharme, p. 153 sq • • -
25. Sur le sens de ~~E:oS
voir M. Winiarczyk, Diagoras
Melius, Theodorus Cyrenaeus, Bibl. Teubn., 1981, p.
XI sq.
26. Sur Euripide et ses rapports avec la religion voir
Nilsson, p. 771-779, Pettazzoni, p. 195.
27. Voir le développement de Nilsson sur la Philosophie,
p. 741 sqq.
28. Voir les réflexions de Nilsson, p. 768 sq., et les études
dl/
,
sur lvq"L5et v0r-0~ qu'il cite, p. 768
n •• 2.
528
29. Dans la notice des Bacchantes, Paris, Les Belles Lettres,
1961, p. 213 .- Voir aussi l'opinion de Nilsson à la
fin de son développement sur Euripide.
2
30. frr.
484, 487, 877, 941, 1023 N , cf. Ar., Gr. 892,
O. 1380, Thesm. 272 ap. Pettazzoni, p. 196
n. 41.
31. Voir Gernet, p. 352 .- Edouard Will, Le monde grec et
l'Orient - Le Ve siècle (510-403), t.2, Paris, P.U.F.,
1972, p. 470-518 .- Pettazzoni,
p. 214-220.
32. Voir les règles posées par Winiarczyk pour l'étude de
l'athéisme dans l'antiquité. Dans son édition, p. XI-
XIII,
il promet de revenir sur la question dans une
étude détaillée intitulée "Methodisches zum antiken
Atheismus".
Pour les témoignages, voir Winiarczyk
, t. 15-24.
33. Maurice Croiset, Aristophane et les partis à Athènes,
Coll. Minerva, Paris, 1906, p. 175.
34. Voir G. Glotz, La Cité grecque - L'Evolution de l'Humanité,
Albin Michel, Paris, 1928,p. 213 sqq., E. Will
, ~.,
p. 422 sqq., Cl. Mossé, Les Institutions politiques
grecques à l'époque classique, A. Colin, Paris, 1967,
p. 69 sqq. - Bien entendu, pour l'analyse nous nous
permettrons d'isoler ces pouvoirs.
35. Voir T. 685, Mossé,
ib., p. 37 sqq.,
J.
de Romilly,
Problèmes de la démocratie grecque,
.- Coll. Herman,
Paris, 1975, p.
14 sqq.
36. Glotz,
ib., p. 180 sq., 295.
37. P. Kretschmer et E. Locker, RUcklâufiges Worterbuch der
--_......:.----=-----.,;,...---'-=--
griechischen S~rdche Gottingen, 1963.
-=---------...:...--- 7
'29
38. C.L.
Jungius, De vocabulis antiquae comoediae atticae
quae apud solos comicos aut omnino inveniuntur aut
peculiari notione praedi ta occurrunt, Trajecti ad
Rhenum, 1897.
39. Glotz.,
ib.,p. 296, 390, J. de Romilly, Problèmes,
o.c.,
p. 16 sqq.
40. Sur les obligations qui s'imposent a la cité, voir Glotz,
p. 152-153, 390-391.
41. Voir Glotz,
p. 156 sqq., 182-190 (composition et fonction-
nement)
, 190 sqq.
(attributions), Will, ~, p. 450
sqq., Mossé, ~, p. 36 sqq.
42. Les Choeurs de jeunes filles en Grèce archaïque -
(t.l)
Morphologie religieuse et sociale - Rome, 1977, p. 95 sq.
43. Sur cette question, Glotz,
p. 187 sqq., 207 sq.,
Ehrenberg, The people of Aristophanes, ~, p. 354 sqq.
44. Chantraine, La formation des noms en grec ancien,
C. Klincksieck, Paris, 1933, p. 161 sqq.; C.W. Peppler,
Comic terminations in Aristophanes and the Comic
fragments,
Baltimore, 1902 [Les diminutifs. Suffixes
,
,.
t'V
_ -
""'~
_VJ'I/,
-l.wV, -W, -l.5, -1..0<5, -O{S,-~O().
Patronymes comiques. ]
; C.D. Buck et W. Petersen,
A reverse index of Greek nouns and adjectives arranged.
- ~ . ~ - ~ .
by terminations with brief historical introduction,
(fil ive rs it y of Chicago Press, Chicago, Illinois, 1939,
p.
216
; T 453 .-
45. ~_c: __~_~<:_~_~_~_~a i ~_~~ l'anal yse psycho 1og i que dans l' 0 euvre
de Thucydide, C. Klincksieck, Paris, 1968, p. 386.
530
46.
Pour le développement de ce trait,
J.
de Romilly,
Problèmes ••• , ~., p. 20 sqq., L'Assemblée du peuple
dans l'Oreste d'Euripide, Mélanges Cataudella Q.I.
-
Studi Classici in on
• Q.
Cataudella,
p.
246 sqq.,
Ehrenberg,
i~., p. 352 sqq.
47.
Sur d'autres composés en - T\\O~~~w
comportant un pre-
verbe,
voir Kretschmer
(Kr.),
p. 609.
48.
Pour d'autres composés avec préposition
(~L-, ~~, ITolf-'
T\\~o<:r - ) ou surcomposé
((fvVO(TT'-),
voir Kr.,
p.
549.
1 <,.
1
49.
Sur la valeur comique des verbes en - \\, ,w /- "o(\\AJ , voir
p.
265 sq.,
272 sq.
50.
Voir R.A.
Neil,
The Kniqhts of Aristophanes,
Cambridge,
1901,
n.
de vv.
1341 sq.,
p.
175.
51. Sur le personnage,
voir Albin Lesky ,
A History of Greek
_Ll!teratu!,~, Methuen, 1966, p. 472 sqq.
j
W.J.M.
Starkie,
M.A.
,
The Acharnians of Aristophanes,
Londres, 1909,
p.
68 sqq.
j
Will,
o~, p. 77, 81, 86 sqq., 91 sqq.
1
52.
Voir infra,
p.
434 sq.
Pour les dénominatifs en - q"KQl\\évJ
voir Kr.,
p.
582.
5 3. Ap.
J.
deR 0 mi Il y,
L' As sem blé e • • .,
~) p. 248.
54. Sur la nomination des magistrats par tirage au sort
ou par élection,
voir Glotz,
p.
244 à 254.
55. Od.
1.8, Hdt.
3.38,8.115,
Eur.,
~. 341, Ar q
Ach.78,
97 5,
Il 2,
Cav.
3 5 4,
3 61,
49 6,
7 °6, ~. 9 56, f. 6, 13 8 ,
386,
717,
856, .2... 82, Thesm. 570, ~. 551, 560, A.F.
1092, Pl.
1024,
1128,
1130,
1137,
1143,
1174,
fr.
630,
Ameipsias
,
fr.
6.
531
56. Cav.
66,
403,
802, 834,
996,
~ 591, 1095, Cu. 675,
~ 513, Cr. 361, fr. 81, cf. Plat., RiE... 565 a ap.
T 700
n.3.
Voir aussi Ehrenberg
,
p.
344
n.l.
57. Sur ses détails,
Thuc.
4.2-41
Will,
~ p. 328 sqq.,
336 sqq.,
381 sqq., 441 sqq.
J. de Romilly, Problèmes •••
o.c.,
p.
33 sqq.
-
Voir T 726.
58.
lb.
702,
742 sqq.,
844 sqq., 1005, 1058 sqq., ~. 211 sqq.,
661 sqq.
ap.
T 654,
L.
104 sqq.
; 1161 sqq.
ap.
T 118.
A
59.
Les Institutions ••• ,
supra,
p.
72 sqq.
Le meme constat
est également fait
par J.
de Romilly in Problèmes ••• ,
~., p. 16 sqq.
60.
C.W.Peppler,
Com.
Ter.
in Ar.
and the Com.
frr.
,
o~,
p.
23 sqq.,
B.P.,
p.
43 sqq.-
61. Ach.
114,
634,
636,
~av. 418, 633, 908, 1103, ... , ~
546,
1466, Cu.
282,901,
981. .. , .~ 217,742,1070,
. . . ,
Thesm.
343,
357,
892,
Cr.
910,
1068, 1086, 1404, 2.: 521,
1641, ~ 932, 960, A.F.
237,
238, 949
.- Pour informations
complémentaires,
voir O.J.
Todd,
Index Aristophaneus,
Cambridge
(Massachussets),
1932.
62.
J. de Romilly, Problèmes .•• , ~, p. 27 sqq., voir aussi
à ce propos Pierre Huart, Le vocabulaire de l'analyse
psychologique,
o.c.,
p.
154
n.3.
63.
Voir Huart,
ib.,
p.
153 sqq.
64.
Pour la valeur complexe de ce mot chez Aristophane,
voir également chez le même auteur
,rv~ t"'\\ chez
Thucydide et ses contemporains,
C.
Klincksieck,
Paris,
1973, p.
54 sqq.
532
65. Cav. 321, 870, ~. 719, 858, Gu. 103, 275, 447, 1157,
A.F. 47, 314, 342, 507, 633, 850,~. 759.
66. Pour d'autres informations littéraires et historiques,
Glotz, p. 193 sq ., Will,
p. 450 sqq., Mossé,
p. 51 sqq.
67. Sur les passions populaires de l'histoire athénienne,
voir J.
de Romilly, Problèmes ••• , p. 29 sqq ••
68. Sur les composés de \\",-<::e~uJ, voir Kr., p. 675, et
Sur ceux de -T\\Â~TTvJ, ib.,p. 665.
69. Pour le développement de cette thèse,
J. de Romilly,
"l'Assemblée du peuple ••• ", p. 250 sqq., Problèmes ••• ,
p.
38
n. 49.
70. Voir T 428
n.2,
infra, p.
353
sqq. et notamment p.
354
n.
172.
71. Ach. 54, ~. 665, ~ 433, 441, 445, 449, Thesm. 923, 931,
940, 1002, 1177, 1193, 1208, A.F. 143, 258.
72. Cratin., fr.
187, Eschl., Ag.
-
670, Sept. 809, Eur.,
Andr. 1129, Hipp.
1238, Ar. , Nu. 1376, Gr. 662, O. 1016,
L • 366.
73. Voir infra, p.
257
sqq.
74. Voir infra, p.
444
n.
301.
75. Voir Glotz, p. 195 sqq., 208 sqq., et surtout le chap. VI.
La Justice, p. 271-307
; Mossé, p. 39 sqq., 68 sqq.
j
K.J.Dover, Aristophanic Comedy, p. 129 sqq. j
V.
Eh-
renberg
, o.c., p.
346 sqq., Will,
p. 454 sqq.
76. Voir Glotz, p. 278 sqq., K.J.Dover, Aristophanes, Clouds,
~., n. du v,
.208, p.
123.
533
_ 1
77.
Pour les composés en -
1 \\..Ki'w ,
Kr.
,
p.
661.
1
1
78. Pour d'autres composés de nature différente en -{o}-/-{u}
-
V\\.oïoS,
ou avec une préposition comme premier terme,
voir B.P.,
p.
501.
79. Pour les composés en - <Ë~ev"oS, voir B.P., p. 285.
80. Ach.
414,
Cav.
1297, Nu.
110, Gu.
279,
571,
586,
P.
113,
A.F.
182.
81.
Ach.
147, Cav.
667,
P.
783, 884,
frr.
543.2,
625.626.1,
cf.
LM.
280.28.
,
' )
fV
82. ~. 559, 881, 978 {~cl..VTl.f>0AE:~:ïE},~. 209, 390.
83.
Ach.
431,
582,
1031, Cav.
960,
Nu.
314, Gu.
162,
975,
--
- -
-
-
~ 87, 377, 400, 0.207, A.F. 917, 1055, !!... 444, Plat.
Corn.,
frr.
43.5,173.3,
Lys.
1. 25,
29,
Xen., ~ 1.18.
84.
Cav.
109,
142, 1202, Nu.
155,
224,
Gu.
1388, A.F.
1071,
Pl.
103.
85. Robert Flacelière
, L'amour en Grèce,
Hachette,
Paris,
1971,
p.
224.
86. Voir Marie-Delcourt, Oedipe ou la légende du conquérant,
Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres
de l'Université de Liège,
fasc.
CIV,
1944,
p.
XLII-XLIII.
87. R.
Flacelière,
ib.,
p.
65.Sur cette question,
voir,
ib.,
p.
61 sqq.,
220 sqq ••
88. Ach.
521,
806,
812,
830,
834,
P.
374,
387, Plat.,
Euthd.
298 d,
Plut.,
Phoc.
28.
534
89. Od.
14.73,
Alcée le Lyrique,
Supp.
24.2 Diehl,
Hdt.
2.48;
-
2 -
Eschl.'!E.
309 N , Ar.,
Ach.
739,
764,
767,
768, 769,
771,
781,
voir T 108.
,
90. Sur les nombreux composés en -o<.vÀ€:w,
Kr.,p.
572.
91. Soph., O.C.
1302, Ar.,
Cav.
257,
452,
628, 862, Gu.
345,
-
-
483,488,507,953,
Andoc.
4.4., Lys.
12.43.
92.
Sur la formation des
noms de vents affectés du suffixe
,
*- \\,,0(.>, voir Peppler, supra, p. 38 sqq., Starkie, supra,
p.
67,
Chantraine,
La formation ••• , o.c.,
p. 95,
T 341 n.5.
93. Voir infra,
p.
431
n.
275.
94. Voir T 686
n.l
p.
397,
H.
Van Daële,
Les Oiseaux,
Les Belles Lettres,
Paris,
1928, n.4 du v.
1137.
,
1
95. Pour d' autres composes en - (0) - Oo(.c:rT'W~
mais de nature
différente,
voir B.P.,
p.
309.
96. Voir infra,
p.430 sq. n.
299.
97. Ar., ~ 828, Gu.
1096, ~ 1431, 1452, ~. 452,
562,
Lys. 22.1., 1soc. 15.23,
21.5, Dem. 53.1,
55.1., Men.,
Epit.!.
-
98.
Sur leur mentalité, voir Dover, Aristophanes, Wasps,
~, n. du v. 1038, p. 267.
99. Chantraine, La formation ••. , ~.,
p.
293 sqq.
Peppler,
Comic terminations in Aristophanes, A.J.P.
39 (1918),
p.
173 sqq.,
B.P.
,
p.
464 sqq.
100. La guerre dans l'ant~quité, Fac Nathan, Paris, 1972, p. Il.
)3)
101. Voir G. Mathieu:
Les idées politiques d'Isocrate,
Les Belles Lettres,
Paris 1925, p.
46 sqq.
102.
On
peut
penser,
rappelons-le,
les
Thesmophories
comme
Lysistrata
ayant
été
jouées
en
411,
que
c'est
plutôt
les
Thesmophories
qui
ont
été
représentées
aux Lénéennes,
Lysistrata aux Dionysies.
(Pour une
monstration convaincante,
voir Gelzer,
Der Epirrhema-
tische Agon bei
Aristophanes
Untersuchungen lur
Sthuktur der Attischen Alten Komodie,
Munich,
1960,p.
1467 sqq.,
1474).
Pour tout dire,
le thème du salut commun à tous les
Grecs convient mieux aux Dionysies (cf.
la Paix)
qu'aux Lénéennes
(cf.
les Acharniens).
-
103. Claude Massé,
Armée et Cité grecque
(A propos de Thu-
cyclide 7.77.4-5)
in R.E.A.
LXV 1963, p.
296.
104.
Ap T 894
voir supra,p. 178
sq.
105. Voir Chantraine, ~.,p. 215,
voir supra,p. 147
n.60.
106.
Il.
13.600,
Archil.
3 Diehl,
Eur., Ph.
1142,
Ar.,
Nu.
1125,0.1185,
1187,
Thuc.4.32,
Antiphane 55.19.
-
•
. 1
107. Sur ces composes en
(-0)
-Vl.~,S, voir B.P., p.4,
.
,
et les repondants en -
(0)
-'lLI,(OS,
ib.,
p.
645-646.
108. Voir Peppler,
Comic terminations in Aristophanes
A.J.P.
(1921),
p.156 pour la liste des exemples
les plus frappants qui méritent l'attention.
109.
Aristophanes,
T"e Frogs,
Clarendon Press,
Oxford,
1884,
n.
du v.
C""l,
p.6.
536
1
110.
Sur les
nombreux composés en -[2lcl..',S, voir B.P.,
p.546.
111.
VV 270,590,614,
619,
625,
722,
960,
963,
1071,
11 31 .
112.
Sur ce point,
voir Dover,
Aristophanic Comedy,
o.c.,
p.
84 sq.,
G.
Mathieu,
o.c.,
p.46.
-
-
113.
Peppler,
Corn.
ter.
in Ar.,
o.c.,
p.154 sq.
-
voir
infra,p. 284
sq.
114.
Voir
p. 357
n.180.
115.
Aristophane et l'Ancienne comédie attique
J ,
Paris,
1902,
p.87.
116.
Peppler,
Corn.
ter.
in Ar.
and
the corn.
frr.,
o.c.
p.44-53,
V.
Coulon,
o.c.,
p.136 ;
voir supra,p.8.2
-
117.
Voir p.
42 sq.
118.
Peppler,
Corn.
ter.
in Ar., o.c.,p.455, B.P., p.441-
-
442.
119.
Peppler,
Corn.
ter.
in Ar.
and
the corn.
frr.,
p.48-49,
52
;
voir
infra )p.
459
n.333.
120.
Hdt.
3.156,
Thuc.4.118.
Sur
les composes en
-
t'"0-
Âo~ , voir B.P., p. 370.
121.
Hdt.8.82,
Ar.,
~. 26, Nu. 1104 (~~-), P. 451,
L.723,
Schol.
P:.
1î50.
537
122.
Ad.
575,
586,965,967,
1074,
1109,
1111,
~. 496,
P.
561,
1173,
1178,
1214,
1222,
0.279,
290,
293,
-1366, Gr. 1038.
123.
Ap.
Chantraine,
Etudes sur le vocabulaire grec,
Klinc-
ksieck,
Paris
1956,
p.20.
On a la même
idée dans
B.P.,
p.221
sqq.
Peppler,
The suffix -~CIl in Ar.,
p.459-465.
124.
Hp
,
Ep.
5.45,
Ar.,
Ach.
302,
Cav.
315,869,
Gu.
- ,
-
1160,
Crates,
fr.
29.4
125.
Ap.
E.
Ragon,
Grammaire complète de la langue grecque,
Paris 1929,
§ 97.
126.
Ach.
109,
135,
373,
P.1045,
1069,
1120,
1121,0.983,
-
-
1016,
Xen.,
Cyr.
2.2.12.
-
127.
Cratin.,
~,
380,
Ar.,
Cav.
269,
Nu.
102,449,
1492.
128.
Eur',!E'
282.12 N', ~.184, 343, ~.1131, 1312.
129.
Hdt.4.74,
Eur.,
Ba.717,
Ar.,
Nu.869-870,
Gu.
1429,
voir
T 410
n.3. -Concernant les composés -
en
-
(0)-
t
T~v ~W'I ,B. P ., p. 251 .
130.
Ap.
J.
Tzetzès,
Commentarii
in Aristophanem fasc.3
:
Commentarium in
Ranas et
in Aves,
argumentum Equitum
ed.
W.J.W.
Koster.
Groningue,
J.B.,
Wolters,
1962.
131.
Chantraine,
La formation ••. ,o.c.,
p.
93,
Peppler,
Corn.
ter.
in Ar:.
and
the corn.
frr.,
p.38-40.
':>38
132. Ap.
Marie Delcourt,
Oedipe ou la légende du conque-
rant,
o.c.,
p.32
n.2.
- -
133. Marie Delcourt,~, chap.1.
L'enfant expose,
p.
30 sqq.
134. Héraclite 14 Diels,
cf. Hdt.2.51,
Eschl.,
fr.
479 N2,
Soph.,.!!:.
804 N2,
Eur., Suppl.
173,
Ar., ~
143,
Gu.
1363, P.
420, Gr.
159,
336,
370,
887,
Pl.
1013.
135. Voir Peppler, Corn.
ter.
in Ar.,
p.
152 sq.
136. Sur le panhellénisme aristophanien,
consulter Ehrenberg,
p.
310 sqq.,
Dover, .Aristophftnic Comedy,
p.
159,
*
161, G.
Mathieu,
p.
20 sq.
137.
In Plut.,
Pero
8
ap.
H.
van Daële,
Les Acharniens,
-
Les Belles Lettres,
Par is 1923,
p. 33
n .4.
138. Paul Diel,
Le symbolisme dans la mythologie grecque,
Payot,
1966,
p.14.
139. Le vocabulaire de l'analyse psychologique ... , o.c.,
p.129
n.4.
140.
In C.
Austin,
Comicorum Graecorum Fragmenta
i~~y
ris ~erta, Berlin,
1975. On consultera avec fruit a
ce propos le commentaire complémentaire de Dover,
Aristophanic Comeay,
p.
217 sq.
141.
In Per
. 31-32 ap. Platnauer,
Aristophanes,
Peace,
-
Clarendon
Press,
Oxford 1964,
n.
de VV.
605-611,
p.121.
')39
142.
Solon 4.13 Bgl<,
Eschl.,
Ag.
534,
Hdt.
1.2.5,
Ar.,
-
Cav.
248,
fr.
628.
-
143.
Il.
6.301,
cf.
h.
Ven.
19
(plur.),
Ar.,
0.222,
L.240,
Hdt.4.189.
-
-
144.
Il.
3.444,
17.62,
Od.10.48,
cf.5.416 •.. ,
Ar.,
Cav.
-
205,
778,
802,
Nu.
982,
P1.597.
145. ~. 4.767,
cf.
~. 445, ~. 3.450, 22.408, 411,
Eschl.,Eu.
1043;
Eur.,
Ba.
689,
El.
691
;
Ar.,
-
- , , -
Ca v.
6 1 6
(a v e c I e pré ver b e <iltr-),
1 3 2 7,
P. 9 7,
O. 7 9 3 .
146.
Nu.
1358 ap.
T787,!!:.
271,
fr.
dub.
929,
Pherecr.,
frr.
10.1,
183,
cf.
Hp.,
Fist.
7,
Steril.
230.
-
147.
Voir
Chantraine,~, p.
237 sqq.,
B.P.,
p.
354 sqq.
148.
Soph.,
O.T.
454,
fr.
838 N2 ,
Eur.,
Cyc.
697,
Plat.,
-
-
Rép.
518 C,
Ar.,
Ach.
421,
P.
1078,
Thesm.
97,
Pl.
13,
15,
48,
90,
403,
494,
634, -
665,
745,
fr.
35.
-
149.
Eur.,
Cyc.
659,
Ar.,
Gu.
457,
459,
1079,
L.
221,
222.
150.
Batr.
238,
Hdt.
4.2,
9.93,
Xen.,
Eq.
10.2,
Ar.,
Gr.
1195,
Pl.
301,
fr.
569.
151.
~. 2. 217, cf. 9.503, ~. 8.308, Hdt. 5.92.f->/, Soph.,
~. 486,
1032,
Ar.,
Ach.
411,
427,
429,
P.
147,0.1293,
Thesm.
24,
fr.
53.
152.
Il.
13.278,
Ar.,
Ach.
664,
Cav.
390,
Nu.
354,
1046,
-
-
-
0.87,
1329,
1336,
Thesm.
836,
Gr.
486,
487,
489,
500,
A.F.
679,
Pl.
123,203,439.
-
540
153.
Ach.
201
sq.,
972 sq.,
Cav.
1394 sq.,
P.
341-344,
440,
frr.
107,
109,
-
363,
364,
400 ap. -T684
n.
2
p.
394.
154.
Raoul
LouIs,
Les usages de
la guerre entre Grecs et
Barbares des guerres médiques au milieu du
IVème
siècle a.C.,
in Annales Littéraires de l'Université
de Be sans 0 n..,
Les Bell e s
Let t r es,
Par i s,
1 969,
p.
93.
155.
M.I.
Finley
,
Les Anciens Grecs:
une
introduction
.
à leur vie et à leur pensée, Maspero,
1963,
p.
65.
156.
Eschl.,Ag.
732,
Hdt.
8.4,106,142,
Soph.,TraclI.908,
Xen.,
Cyr.
4.2.2.
-
157.
Cav.
65,
cf.
Eschl.,
Ch.
737,
Hdt.
6.137,
7.170,
Thuc.
2.4.
158.
P.
613,
703,
fr.
469 cf.
Il.
24.527,
Od.
2.340,
23.305,
Hes.,
Trav.
98,368.
159.
Voir Peppler,
Corn.
ter.
in Ar.
and
the corn.
frr.)p.
11
sqq.,
26 sq.,
159.
160.
Il.
7.338,
437,
. . . ,
Ar.,
Cav.
1040,
P.
1287,
0.1162,
Gr.
130,
Pl.
180.
1 6 1.
Vo i r
su pra) p . 130
s q q .
162.
Pour des formations
du
meme modèle,
Chantraine,
ib.,
p.
33 sqq.,
338 sqq.,
Peppler,
Corn.
ter.,A.J.P.
39.
(1918),
p.
174 sq.
)41
163.
Ach.
505,643,
Cav.
312,
Gu.
657,
671,
707,
1100,
-1115, P. 621.
164.
Le concept de l'action éducative envisagée comme une
,
manière de nourriture (~e~~~~V et ses dérivés), com-
me une teinture (X~vJ~c(.Tt)E:erG«""être coloré), est com-
menté dans Taillardat 525,
526.
La première pièce d'Aristophane,
les Détaliens,
trai-
tait déjà de ce problème.
165.
Pour un commentaire assez explicite
émaillé de réfé-
rences corroborant notre argumentation,
voir K.J.
Do ver,
Ar i st 0 P han es,
CIo u d s,
~., n. des VV.
331
sqq.,
p.
144.
166.
Voir T 406.
167.
Pour d'autres formations en -!r~e1~Ojde type classique
et de nature différente,
B.P., o.c.,
p.
641.
-
168.
Voir Jungius (s.u.),
p.
102,
B.P.,
p.
581,601.
169.
Pour d'autres formes en-t'"Pl.UoS,
voir B.P.,
p.
366.
170.
Pour une étude plus commentée du symbole du bavarda-
ge,
T 510.
171.
Voir T 428
n.
2,
supra,
p.
173
n.
70,
infra,
p. 460
n.
335.
1 72.
Pep pIe r,
The su f f i x - t"'o(. in Ar i s top han e s A. J . P. 37
(1916),
p.
459-465,
voir également T 410
n.
4.
542
173.
Junqius
(s.u.),
p.
3?4-3(,),
T 410
n.
3
174.
Voir
B.P.,
p.
233.
175.
Voir Jungius
(s.u.),
p.
253,
T 413.
Concernant
l'image,
K.J.
Dover,
o.c.,
n.
du
v.
262,
p.
133.
-
176.
Consul ter à ce propos Dover,
~, n. de VV. 836 sq,
p.
201-202.
177.
On a
la meme
idée dans
ib.
414 sqq.,
421.
178.
Pour
le suffixe -T,,\\~ (-\\,q"T"\\~) des noms d'agents,
voir
Peppler,
Com.
ter.
in Ar.,
o.c.,
p.
174 sqq.,
B.P.,
p.
568.
-
179.
Voir Jungins
(s.u.),
p.
12,
Dover,
ib.,
n.
de
VV.
100
sqq.,
p.
107.
1
1
180.
Se référer
a notre étude sur
les
verbes en
-o(vJ/-\\.o(vJ,
p.272
sq.
181.
Gr.
819,
cf.
T 510,
515,
Gr.
775,
cf.
T 517
n.
4,
ib.
881
cf.
T 515,
fr.
638 cf.
T 517.
182.
Pour cette éthique développée
par la sophistique an-
cienne,
consulter Paul
Dumont,
Les Sophistes
-
Frag-•
ments et
témoignages,
Paris,
P.U.F.
1969,
p.
18 sqq.
183.
E.S.
Spyropoulos
,
Les accumulations
verbales chez
Aristophane
(Recherche sur le
style d'Aristophane),
Thessalonique,
i 974,
p.
143 sqq
;
160 sqq.,
voi r
infra,
p. 434.
543
184.
Pour des informations complémentaires,
Chantraine,
Etudes sur le vocabulaire grec - le sufixe grec
,
-l.KOS, Paris, C. Klincksieck,
1956,
p .
21,
97-159.
-
,
Peppler,
The terminaison -koS, as used by Aristo-
phanes for comic effect,
A.J.P .. 31
(1910) ,
p . 429-
444.
185.
Pour d'autres composes plaisants,
voir B.P.,
p.
395 =
Kr.,
p.
463.
1
Sur "t"uJr-0'\\'/tT,,~.Set les mots apparentés,
voir T 765
et Pierre Huart'~j chez Thucyclide et ses contem-
porains,
Paris,
Klincksieck,
1973, p.
56 sqq.
186. Voir B.P.,
p.
667 = Kr.,
p.
352.
187. Pour l'illustration du passage,
Dover,
n.
de VV.
113
sqq.,
p.
142-143.
188. Ap.
T 582
n.
2.
189.
On notera que dans les Nuées
(896 sqq.),
le Raison-
nement Fort considère presque tout l'auditoire comme
faisant partie de ces hommes "écervelés" qui suivent
les nouvelles doctrines fausses
(ib.
916 sqq.).
On a la même idée dans ib.
520 sqq., ~. 65.
190.
Voir T 798.
191. Chantraine,
Etudes sur le vocabulaire grec ... , ~.,
p.
99.
192. Voir T 787.
'>44
1 93.
Con c e r na n t
l ' id é e de" vie i Il e
b a der ne"
t rad u i t e p a r O~
~uJV
a consonnance
péjorative,
voir
T 462.
1
1 94.
Pou r d ' au t r e s co mp 0 ses en
-
(0) - t\\ee n",\\~ , B. P .,
p.
726
;
et
pour d'autres allusions au
style enphatique
1
et ampoulé,
Peppler,
The
terminaison
-KOS. ", ~,
p.
435-436.
195.
Pour d'autres illustrations,
Peppler,
~., supra, p.
438-444.
196.
Sur le mot,
voir Mc
Dowell,
o.c.,
nn.
de V.
1132,
-
p.
278,
v.
1429,
p.
316.
197.
Cf.
Philolaos Bll
p.
411,
1,
10 in Chantraine ap.
e '
~,
1
1
\\
Etudes.; ., ~, p.
146
:
El.-.J
KIlll. OVfol."'-,,", ~I.W Kol~
:c."ee""'~"'''w "[la puissance de la décade est principe
et guide]
de la
vie divine,
céleste,
aussi
bien qu'hu-
maine . . . ".
198.
Il est à noter que l'idée générale de notre analyse
a été empruntée à Chantraine,
Etudes . . . ,
p.
144-145.
1
1 9 9.
Pep pIe r,
The ter min a t ion -
\\(OS. . .,
p.
44 1 .
200.
lb.,
n.
du
v.
81,
p.
17.
201.
Pour une étude plus approfondie,
voir
Chantraine,
Etudes . . . ,
p.
145,
Peppler,
o.c.,
supra,
p.
438
n.2,
p.
440-441.
202.
Peppler,
ib.,
p.
436,
Chantraine,
ib.,
p.
149,
T 244
pour
les ~férents emplois de VE:;;ZV~~~5.
545
203.
Voir B.P.,
p.
664.
204.
Peppler,
ib.,
p.
437.
-
205.
La formation des
noms en grec ancien,
o • c • ,
-
p.
390.
Co
1
206.
Pour d'autres emplois de \\ootftTI.. k 06,Chantraine, Etudes ... ,
p.
100,
116-118,
123,
125,
141,
143.
207.
Aristophanes,
Ecclesiazusae,
Clarendon Press,
Oxford,
1973,
n.
de VV.
441-442,
p.
136,
voir aussi
n.
de
VV.
236-238,
p.
107.
208.
Soph.,
~
1003,
1336,
El.
397
Eur.,
Heracl.
983,
Ar.,
Ach.
657,
Cav.
48.
209.
Pour d'autres
interprétations du mot,
voir Chantraine,
Etudes . . . ,
p.
108,
112-114,
122,
124.
210.
In
Maia XII
[1960J
190-217 ap.
Mc Dowell,
o. c. ,
- n. du
v.
1280,
p.
298.
211.
Voir aussi Chantraine,
Etudes . . . ,
p.
144.
212.
Archil.
107,
Hdt.1.173,
Soph.,
O.T.
1469,
fr.
107.3
N',
Ar.,
Cav.
511,
787.
-
213.
Soph.,
fr.
728 N',
Ar., ~
190 sqq.
;
voir
T 65,
Neil, ~., nn.
de
vv.
421,
p.
65
;
457-8,
p.
69.
214.
Voir T 449 à propos de l'emploi proverbial des
noms
des
héros mytniques
pour désigner
les gens intelligents.
546
215.
El.
990,
O.C.
332,
104,
frr.
302.2,
950.
3 N'.
-
216.
Med.
741,
Hec.
1137,
Ph.
1466 ...
-
217.
Peppler,
ib.,
p.
439
n.1.
-
218.
Cratin.,
fr.
301,
Ar.,
Thesm.
410,
A.F.
611,
Pl.
1071,
1079.
(
219.
In the term. -~O~, o.c., p. 440 - Voir ib.,
Com.
-
- -
ter m.
i n Ar.
and the c 0 m.
f r r .,
~., p.
18 s q q ., a
propos des mots hypocoristiques comme langage naturel
de l'amour.
220.
Sur l'amplification de telles présomptions,
voir
Couat,
o.c.,
p.
314 sqq ..
-
221.
Voir M.
Platnauer,
Aristophanes,
Peace,
o.c.,
n.
de VV.
-
762 sq.,
p.
134.
222.
Malgré Horace
(Sermones I.
41 sqq.)
qui
ne reconnait
qu'Eupolis,
Cratinos et Aristophane
"Les poè'tes Eupolis,
Cratinos,
Aristophane,
et les
autres qui furent
les maitres de la Comédie Ancienne".
Eupolis atque Cratinus Aristophanesque poetae atque
alii, quorum comoedia prisca uirorum est.
223.
Voir Albin Lesky,
A History of Greek Literature,
o.c.,
p.
237,
418 sqq.
- Nous y apprenons que ses onze -
vic-
toires aux Grandes Dionysies l'ont rendu le plus heu-
reux des poêtes.
Mais malheureusement il ne nous reste
que des titres de ses oeuvres commes les Guêpes,
les
Grenouilles êc ~es Oiseaux, en somme des comédies qui se
servent des symoo~es animaliers.
Voir aussi Ne':'!,
~., n.
du v.
520,
p.
77.
547
,
\\.lJ' '\\"\\
2 2 4 • VA i r
Kr.,
p.
631
pou r I e s
corn pas e sen -lol,l\\,4\\"" a v ecu Il e
,
. .
(?""......, - ,
_ t::' j-'
-
_
_ Co
prepOSl tlon
...
,\\,., «.rro , 01..... , 6tn. , ~KTo(. , CTot~
,V-
«0-)
comme premier élément.
225.
T 531.
226.
Hdt.
1.93,
Ar.,
0.590,
Arist.,
H.A.
557 b 26,
Thphr.,
.!:!...:.E.. 2.81. -
-
Pour
les
-
formations comiques en
-l)"" ,
voir
Peppler,
Corn.
ter •..
A.J.P.
(1921),
o.c.,
p.
156-
-
157,
Chantraine,
La formation ••. ,
o.c.,
p.
397-398.
227.
Cav.
215 sq.,
343,
Nu.
-
523,
Thesm.
162,
755,
frr.
130,
T 753,
Corn.
Adesp.
12 -
151 ap.
T 752,
333 -
ap.
a
Dem.
ap.
T 751.
228.
Il.
21.
380,
512,
18.416,
Pi,",
fr.
225,
Soph.,
Ant.
-225.
-
229.
Saph.,
fr.
563 N',
Ar.,
Cav.
55,
Nu.
788
(au moyen),
-
cf.
Hdt.
1.200,
P.
14.
230.
Voir Huart,
Le
vocabulaire .•. ,
o.c.,
p.
501
sqq.
-
Sur les détails de cette
-
affaire légitimement quali-
fiée de fédérale,
Thuc.
2.59.3,
E.
Will,
o.c.,
p.
178
sqq.,
190 sqq.,
325,
502 sqq.
-
J.
de
-
Romilly,
Pro-
blèmes,
o.c.,
p.
33
-
231.
Voir supra,
p. 324 sq.
232.
Thuc.
6.
7,
Will,
o.c.,
p.
281
sqq.,
327 sqq.,
J
de
-
Romilly,
o.c.,
p.
35 sqq.
-
-
548
233.
Thuc.
6.60.2,
J.
de
Romilly,
o.c.,
p.
37,
Will,
o.c.,
-
-
p.
350 s q q .,
493 s q q .,
641
s q q.
-
Vo i r
su pra,
p 40
s q q .
234.
Pour la métaphore,
voir
T 504.
235.
Pla.tnauer, ~, n.
des
vers 700-703,
p.
127-128.
236.
Selon La Souda
(ap.
Neil, ~, n.
du
v.
535,
p.
80),
Cratinos aurait remporté neuf victoires,
tandis que
C.I.A.
(tome 2,
977 d)
ne mentionne que
trois en se
fondant
sur les Grandes
Dionysies.
237.
La me me
idée se trouve commentée chez A.
Lesky,
o.c.,
-
p.
445
j
C.H.
Whitman,
Aristophanes and
the comic
hero,
Harvard University Press,
Massachussets,
1964,
p.
13.
238.
Voir
T 74,
Starkie,
~, n.
du v.
849,
p.
175.
,
239.
Pour
l'emploi
dénigrant de r-ewv, T. 462.
240.
Voir
T 74.
p'vE
241.
Selon~
(ap.
Dover,
Aristophanes,
Clouds,
o.c.,
n.
-
-
du
v.
971,
p.
216),
il
remporta
la
victoire aux Pana-
thénées sous l'archontat de Callias.
242.
Voir
Dover,
ib.,
n.
du v.
969,
p.
215.
243.
T 738
n.
5 (p.
431),
784
n.
1.
244.
T 653,748
n.
3 (p.
437).
245.
Voir
H.
van
Daele,
Les Acharniens,
Les
Belles Lettres,
Paris,
1923,
p.
47,
n.2
;
Starkie,
o.c.,
n.
du v.
-
808,
p.
167.
549
246.
Voir
infra,
p.435,
436
n.
284 ;
voir aussi
Plat-
na ue r ,
Ar i s top han es,
P e ace,
n.
de VV.
81 0 s q .,
p.
1 38 .
247.
T 132
n.
9 (p.
86)
-
voir également supra,
p. 152.
248.
Voir
T.504
n.
2 (p.285).'cprroborant
cette thèse,
Neil,
o.c.,
n.
du
v.
526,
p.
78.
-
249.
Pour
le développement de
l'image,
T 505,
787.
250.
T 762.
251.
lb.,
supra.
252.
T 775.
253.
Voir supra,p, 396 s~
voir T 735.
Pour un
commentaire,
Mc Dowell,
o.c.,
n.
du
v.
1026,
p.
265.
254.
Voir B.P.,
p.
170 sqq ..
255.
Consulter a ce propos,
L.
Séchan,
La danse grecque
antique,
Paris,
1930,
p.
195 sqq.
256.
T 705.
257.
Voir A.
Lesky,
ib.,
p.
422,
Dover,
Ar.,
Clouds,
o.c.,
-
-
nn.
de VV.
556-557,
p.
171.
258.
Pour un développement
plus détaillé,
voir Gustave
Meremans,
Les cemmes,
Le
Destin
-
le Siècle dans
le
théâtre d'Euripide,
Edit.
Georges Beugnie et Cie,
Paris,
1972
;
\\l'iil,
~., p. 625 sqq.
550
259.
Ap.
Platnauer
in Aristophanes,
Peace,
o. c. ,
-
n.
du v.
794,
p.
136.
260.
Aristophanes,
The Frogs,
o.c.,
n.
du
v.
92,
p.
9.
-
261.
Voir B.P.,
p.
421.
262.
T 520
-
Voir
T 521.
Sur
le
babil de
l'hirondelle
passe
pour proverbial,
Merry,
ib.,
n.
du v.
93,
p.
9.
-
263.
Hdt.
3.154,
Theoc.
5.109,
Soph.,
Ant.
54,
Eur
,
Or.
-
-
929,
Ar.,
Cav.
1408 avec
le datif
(moins
fréquent
du
reste) .
264.
Voir
T 580
n.
5 pour
la métaphore
relative
au
bon
orateur capable de
triompher
de
ses rivaux dans un
débat oratoire.
265.
Voir
Peppler,
Corn.
term.
in Ar.
and
the com.
frr.,
o.c.,
p.
47.
266.
Voir
T 72 pour
la
traduction du
passage et
l'illus-
tration de
la métaphore appliquée
a
la
longue cheve-
lure comparée au
"casque d'Hadès".
267.
T 759.
268.
Starkie, .2...:..5:...,
n.
de VV.
885-886,
p.
182.
269.
Fr.
151
du Gérytadès,
voir
T 752,
Arist.,
Poétique
1458 a
18-21.
551
270.
T 767
n.3.
271.
Pour des détails complémentaires,
voir Lesky,
o. c. ,
-
p.
426,435,438.
272.
lb.
302,
472,
476
;
Plat.
Com.,
fr.
266 avec
l'accen-
-tuation proparoxytonique.
273.
Voir T 70.
274.
Pour l'intelligence de la métaphore,
T 770
n.6.
275.
Voir supra,
p. 226
n.
93.
276.
Voir infra,
p. 476
n.
373.
Pour une
image semblable,
voir p. 494 sqq.
277.
Ap.
Dover,
Ar.,
Clouds,
~' n. des vv.
1264 sqq.,
p.
243.
278.
T 367
n.5.
279.
Od.
17.448,
cf.
Ar.,
0.1045,
Thesm.
883,
fr.
597 ap.
-
-
T 557,
Eur.,
~ 399, I.A. 955, Ba. 357, -Cyc. 589,
Soph.,
Ph.
355.
-
280.
Voir
supra,
p.
110
n.
52.
281.
T 158.
282.
Plat.
Com.
20,
Antiphane 202,
14,
Men.
167 ap.
T 221
n.
2.
283.
T 221.
284.
Voir supra,
p.
409
n.
246.
285.
Voir
par ailleurs T 68
n.2.
286.
Pour d'autres composes,
B.P.,
p.
360.
287.
T 14 (p.
26),
55
(p.
52).
288.
T 68
289.
Voir B.P.,
p.
6,
Jungius
(s.u.),
p.
159. SurÂ"~e(.tve.\\f~'"
signifiant "malmener",
voir T 301.
290.
Kr.,
p.
122.
291.
K.J.
Dover,
Aristophanic Comedy,
o.c.,
chap.
13 Women
at the Thesmophoria,
p.
162 sqq.
-
292.
T 76,
866.
293.
T 314.
1
294.
Ap.
T 784.
Pour les nombreux dérivés de \\IC.~t"lT'TW avec
préverbes,
voir Kr.,
p.
663.
296.
Voir T 758.
297.
Comme terme technique qualifiant un complot qui se
présente comme une construction,
voir
T 418.
298.
Pour la métaphore,
voir T 765.
553
299.
Voir supra,
p.232
sq.
300.
Pour la métaphore,
voir
T 758.
301.
Voir supra, p. 182 n.
74.
302 .
Hp. ,
V.M.
2 2 ,
Ar t.
61 ,
Hdt.
2. 92,
Ar. ,
Nu.
67 6,
75 1 ,
1127,
Plat.,
Phd.
97 e.
303.
Ar.,
fr.
471 dit de "l'élégante éloquence d'Euripide",
-
Plat.,
Phdr.
234e dit de "l'élégante concision de
-
Lysias",
cf.
Plu.
2.45 a,
D.H.,
Comp.
7 fin.,
Isée 3
voir
T 798 (p.
470).
304.
Couat,
o.c.,
p.
334.
-
305.
Meremans,
~, p.
17.
306.
T 418,
501
n.
2.
307.
In Edmond's,
The fragments of Attic Comedy,
p.
192,
n.
4.
308.
Nous nous sommes inspiré pour l'ensemble de
l'analyse
des ouvrages de K.J.
Dover,
Aristophanic Comedy,
~.,
et de Gilbert Murray,
Aristophanes_A Study'.
Oxford,
Clarendon Press,
1968.
309.
Voir Dover,
ib.,
chap.
6 Acharnians,
p.
79 sqq.
310.
Dover,
ib.
chap.
13 Women at the Thesmophoria,
p. 162 sqq.
554
311.
Dover,
ib.,
chap.
14 Frogs,
p.
173 sqq.
-
312.
Voir Kr.,
p.
573.
313.
Ach.
457,
478,
Cav.
19,
Thesm.
387,
456,
Gr.
840.
314.
Voir a ce propos,
Meremans,
o • c • ,
- p. 14 sqq.
315.
T 779
n.
1.
316.
In Meremans, ~, p.
15.
317.
Pour une analyse plus détaillée des différentes par-
ties du discours pour la maîtrise de l'art,
Alexis
Solomos,
o.c.,
p.
222.
-
318.
Pourla métaphore relative au
Zeus des poètes appli-
,
,
quee a Eschyle,
voir T 510
n.
4,
756,
757.·
319.
T 515.
320.
T 510.
321.
T 749.
322.
T 766.
323.
Ap.
T 503,
voir
infra,
p.
480
n.386.
324.
Voir B.P.,
p.
629 sqq.
325.
T 510.
326.
T 515,
524,
B.P.,
p.
378.
'>'>5
1
327.
Pou r cr"rCl t"'J. sig nif i a nt" b 0 u che" 0 u "p 0 i n t e 0 u t r a n -
chant d'une arme",
voir
T 50t?
n.5.
328.
Coulon,
2..:..S.., p. 72.
329.
T 734.
330.
T 510 (p.
290).
331.
T 501.
1
r
332.
Sur les composes en
-l&I.(T,,\\~~Â.E:Ow"rassembler",
voir B.P.,
p.
559.
333.
Sur la valeur du
sUffixe~CS~!>donné pour patronymi-
que voir Peppler,
Com.
term.
in Ar.
and the com.
frr.,
o.c.,
p.
45 sqq.
-
Chantraine,
La formation . . . ,
o.c.,
-p. 250, 363 - B.P., p. 442 - voir supra,p. 281 n. 119.
334.
Peppler,
ib.,
p.
52,
voir
infra,
p.477
-
n.
375.
335.
Voir
supra,
p. 353
sqq.
et n.
70.
336.
T 410
n.
4.
337.
Pour
l'illustration de l'image,
T 510
n.
3 (p.
292).
338.
T 515.
339.
T 779 n.
2
(p.
452).
340.
T 779
n.1
(p.
453),
voir
infra,
p.479
sqq.
556
34·1.
T 779
n.
3 (p.
4~2). Pour l'illustration des memes
métaphores empruntées au domaine médical,
voir Merry,
o.c.,
nn.
de VV.
940 sqq.,
p.
49.
-
342.
Plat.
Criti.
115 a,
cf.
Arist.
H.A.
596 b 15,
Col.
796
a 23,
Aud.
802 a
15,
Thphr.,
-
H.P.
6.4.6.
-
343.
Hp.,V.M.
18,
Luc.,
Philops.
6,
Arist., Sens.
444 a
13, -
DSC.
1.83, Paus.
6.3.10.
344.
T 779.
345.
T 514.
346.
T 512,
649.
347.
T 514.
1
,
348.
Pour d'autres adjectifs en.! ~Â.oSet_~eUoSou composes
régressifs,
voir B.P.,
p.
358,
Kr 419.
349.
T 375
n.
7.
350.
T 508,
cf.
ib.
797.
351.
T 783.
352.
Sur ces formes,
voir
Kr.,
p.
614
;
et sur les suf-
f ixes
:_{~vJ , Peppler, Corn. term. in Ar., o.c., p.
...,;L's, B.P., p. 567.
-
1 :; 9 s q.
;.:r',S ,
353.
T 515.
557
354.
T 516.
355.
Hdt.
6.70,
cf.
Ar.,
Thesm.
496,
Lys.
9.4.
(Scal.
pour
e:.
,
V t\\"&TVtt'OUt;--'\\") ,
Hp.,
Art.
33.
-
356.
T 516.
357.
T 393.
358.
T 512.
359.
Pour
la métaphore relative à l'ouvrage qu'on lime pour
parvenir à la perfection,
voir T 776.
360.
T 517
nn.
2 et 4.
361.
T 515.
362.
T 517.
363.
Tryphon ap.
A.D.,
Conj.
247.27,
donc sens tardif.
-
364.
T 513.
365.
T 780.
366.
T 780
n.
2.
367.
T 518.
368.
lb.
1208,
1213,
1219,
1226,
1233,
1238,
1241,
1245.
-
369.
Voir supra,
p.4'1
sqq.,
infra,
p.4-79
n.
383.
370.
Ap.
T 747
n.
8.
3 7 1.
V0 i r
i n f ra,
p. 484
n.
3 96,
p. 494
s q q •
372.
T 734.
373.
Voir supra,
p.431
n.
2 7 6,
i n f ra,
p. 494 s q q .
374.
T 500.
375.
Voir supra,
p.459
n.
334.
1
376.
Pour d'autres
formes en
-
(0) -lt"Ol..o,s,
voir B.P.,
p.
92,
Kr.,p.
335.
377.
Les grandes lignes de leurs légendes sont développées
dans Pierre Grimal,
Dictionnaire de
la mythologie
grecque et romaine,
P.U.F.,
Paris
1969.
378.
Pour des détails complémentaires,
Starkie,
o.c.,
n.
-
de VV.
423 sq.,
p.
93
;
Grimal,
ib.,
p.
367.
379.
Voir Starkie,
ib.,
n.
de
v.
433,
p.
94.
Notons que
-
dans Gu.
1414,
Ino/Leucothée,
qui,
dit-on,
fut
pour-
-
suivie par son mari devenu fou
(Grimal,
ib.)p.
262)
est décrite en ces termes
-
'\\ N ' ,
C""
'10...
"K~E:~CIlr-~V'"
tt""eo~ trOO""'! E0 e\\, tt['500.
Voir à cet effet Starkie,
ib.,
p.
95,
Grimal,
ib.
380.
Pour d'autres détails,
Starkie,
p.
92 et 93,
Grimal,
p.
326.
381.
A propos des différentes
versions de la légende,
voir
Grimal,
p.
371-372,
Starkie,
p.
93.
559
382.
Voir Grimal,
p.
441-442,
H. van Daele, Les Acharnien§
Les Belles Lettres,
1923,
p.
6 et 7
n.3.
383.
T 779
(p.
453),
voir
n.
369.
384.
T 501,749 n.2,
766.
385.
Kr.,
p.
225-226.
c..1
t'i.H.
1
.
386.
T 503,
cf. e't'-cl.~ "" tTmJ(!*r-oYl((~.
8 21 ),
vo i r
su pra,
p. 455
n.
323
;
mais voir aussi
T 500,
750.
3 8 7.
Ap.
J u n g i us
(s. u . ),
v 0 i r
T 50 1
n.
4.
388.
T SOL
389.
T 501
n.
S.
390.
T 77 9 cf.
T 798.
391.
Alexis Solomos,
~, p. 230.
392.
Concernant la métaphore de la pesee de
la tragédie,
T 783.
393.
T 459.
394.
T 458.
395.
T 459,
cf.
Soho!.
Ar.
Gr.
991,
Eust.
1735.51.
3%.
Voir supra,
p.
475
n.
371.
') hO
39 7. V0 i r su pra, p. 290 .
398. Voir supra,
p. 350
sqq.
399.
Il est rappelé ailleurs
(~ 424 sqq.) que sa femme
-
~
,
aux yeux de chien ("\\ 'o<.\\J"wttI.S,terme dont le sens ge-
néralement admis est "chienne") s'éloigna calmement
sans s'inquiéter delui fermer
les yeux et la bouche
au moment où il descendait dans la demeure d'Hadès.
400.
"Voici que,
de nouveau,
Erôs briseur de membres me
tourmente,
Erôs amer et doux,
créature invincible .•. "
(L.V. 97-98 ap.
Meremans,
o.c.,
p.
53). On a la même
idée dans L.1-2 ap.
Meremans,
ib.,
p.
53.
401. Nous savons que l'Etat-Idéal de Platon tolère le con-
cubinage, à la seule condition que les hommes cachent
hypocritement leurs amies, afin de "sauver la face",
pourrait -on dire, de ne point provoquer le scandale.
Ne retenons-nous pas comme éthique courante dans cet
Etat modèle: une amie pour le plaisir de l'amour, a
côté d'une gouvernante pour la bonne tenue de la
maison ?
402. Selon les Lois de Solon,
les entremetteuses étaient
passibles de mort.
Il est à noter que dans Thesm.
1172
sqq., Aristophane fait jouer le rôle d'une entremet-
teuse
(lr~O~O~5) à Euripide lui-même sous les traits
d'une vieille femme.
403. Les chemins tortueux de la passion,
ib.
266 sqq.,
443 sqq.
404. Ap. Merry, ~.,n. du v.
1080, p.
59.
561
405.
Elle était la
femme
du roi d'Argos,
Proitos,
dont
le
bonheur fut
troublé par la venue à Tirynthe du jeune
héros Bellérophon -
hôte de son époux
-
dont la beauté
la séduisit.
Elle lui fit
alors des avances,
mais
Bellérophon les repoussa.
Irritée,
elle l'accusa se-
crètement auprès de son époux d'avoir cherché à lui
faire
violence.
406.
Ap.
Merry,
o.c.,
n.
de VV.
1053 sqq.,
p.
555
voir
-
Meremans
, ~.,
p.
49-55,
Hippolyte
(Notice,
p.
14
sqq. ) .
407.
Voir à ce propos,
Meremans,
~., p. 39, 44, 49-60,
74-81.
408.
Pour une information plus dét'aillée,
Dover,
Ar.
Corn.,
o.c.,
chap.
3 Self Assertion,
p.
36 sqq.
;
Murray,
-
o.c.,
p.
96,
149.
-
409.
~., p. 37 - Pour un commentaire plus élaboré, Dover,
ib.,
p.
37 sqq.,
Murray,
ib.,
p.
97 sqq.
410.
Pour une image semblable, cf. \\~ b""~E:"""-r'~cN,voir
supra,
p.
431
n.
276,
p.
476
n.
373.
411.
T 785
n.
4.
412.
~.,supra.
413.
T 785
nn.
1,
2,
3,
dont nous
nous
sommes inspiré pour
les grandes
lignes de l'analyse.
414.
Plat.,
Phlb.
14 d,
Arist., ~ 1270 b 28,
Metaph.
995 a
5,
Nicocharès
21.
562
415.
T 6
n.
4.
416.
B.P.,
p.
738-739,
Kr.,
p.
621.
417.
T 9 (p.
17).
418.
T 195.
419.
Pour une illustration
littéraire du passage,
voir
Dover,
Ar.,
Clouds,
o.c.,
n.
de VV.
51
sq.,
p.
100.
-
420.
Arist.,
P.A.
673 a 8,
Hp.,
Alim.
26,
Plat.,
Le Banquet
-
189 a
(plur.),
Phdr.
253 e,
Epicur.,
Fr.
412
(plur.).
-
421.
Pour la métaphore,
voir T 738.
422.
T 738
n.
6.
423.
T 738
n.
1 (p.
431).
424.
B.P.,
p.
486.
425.
Ap.
B.P.,
p.
702 et 703.
426.
Ap.
T 738
n.
1.
427.
La
traduction a été empruntée a
T 738.
428.
T 738
n.
3.
429.
T 738
n.
4.
563
430.
T 738
nn.
5,
6.
431. Voir B.P., p. 625.
432. Aristote dans la Poétique (18.1456 a 30)
rappelle
(ap. Lesky, o.c., p.
412)
qu'Agathon fut l'un des pre-
miers à
-
traiter les odes chorales comme entractes.
433. Ap.
T 738.
434. Pour des formations identiques,
voir Coulon, o • c • ,
-
p.
45.
435. Voir a ce sujet,
B.P.,
p. 469.
436.
Il est, d'autre part,
fait allusion à quelques-unes
de ses pièces comme le Banquet dans Athénée (XV,
685d), ou les Mysiens dans Aristote (Politique 8.7.9).
437. Ap.
T 796.
438. Voir T 12, 891 sqq.
439. Pour l'ensemble du problème,
voir T 6 , 8 , 9 , 1 2
n.3
(p.
22),
14. - Voir également les études spécifiques
dans notre travail.
440. Voir T 894, 895.
441.
Jean Casabona,
Recherches sur le vocabulaire des sa-
crifices en grec - des origines à la fin de l'époque
classique,
Publication des Annales de la Faculté des
Lettres d'Aix-en-Provence, Editions Ophrys,
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Pour les index,
voir aussi l'ouvrage de H.
Jacobi
(voir infra,
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Q.~~~~'!.-~~ll~_'!.-~~L~'!.-~_~~~~~~i~~~~ic~~
9-~ac_~ud solos comicos
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in Aristophanes
and
the comic
,
''-'-=--=-,'-'--
~!:.~~ents [Diminutifs. Suffixes -w~, -\\,w'I/,
-\\/J,
-\\.~,
-,tcl.S
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1
-
The
termination
- \\.(.O~ in Aristophanes,
AJP
31
(1910),
p.
429-444.
The
su f f i x - \\,-ct i n
Aris top han es,
AJ P 3 7 ( 1 9 1 6 ) ,
p.
459-465.
-
Comic
terminations
in
Aristophanes,
1
.[Suffixes
-T,,\\5,
-\\.~,.o(\\."c:.i, -'f"o(' Comparatifs et
superlatifs.
Varia],
AJP
39 51918),
p.
173-183.
On
<l
aussi
les
ouvrages de
K.
Latte et M.
Schmidt
(voir !..nfra,
III).
II
-
P ri n ~i pal e s éd i t l 0 n s d' Ar i s top han e
1.
Oeuvres complètes avec commentaires
Les éditions suiv.lntes qui
sont celles des
Belle~
Lettres ont servi de
base ~ notre étude
(dans tous ces
volumes,
textes grecs ct
traduction française,
avec
notices,
notes et notes complémentaires).
Aristophane,
édition des Belles-Lettres,
texte établi par
V.
Coulon et traduit par H.
Van Daele.
Tome
l,
Les Acharniens,
Les Cavaliers,
Les Nuées,
1923.
Tome
II,
Les Guêpes,
La Paix,
1948.
Tom e
l l l,
Les 0 i se a li x,
~s i s t rat a,
1 928 .
Tome
IV,
Les Thesmophories,
Les Grenouilles,
1928.
Tome V,
L' Assemblée des Femmes,
Ploutos,
1930.
2. Pièces séparées avec commentaires
Les Acharniens
W.J.M.
5tarkie,
M.A.,
The Acharnians of Aristophanes,
with
introduction en~~~rose translation,
critical
no tes an d corn men ta r~,
Lon d r es,
1 909 .
Les Cavaliers
R.A.
Nc.ll,
The Kni~s of Aristophanes,
Cambridge,
1901.
Les Nuées
K.J.
Dover,
F .B.A.,
Aristophanes,
Clouds, Oxford University
Press,
1968.
les Guêpes
D.M.
MdC
Dowell,
~!:..:!...~~~_~~.dnes, Was~, Oxford University
Press,
1971.
la Paix
M.
Pldtnaller,
Aristophanes,
Peace,
Oxford University Press,
1964.
Les Grenouilles
10
W.W.
Merry,
D.D.,
~!:..is~~B.hanes, The Fr~L
,
Oxofrd Uni-
vers! ty Press,
1884.
l'Assemblée des Femmes
R.G.
Usshcr,
Aristophanes,
Ecclesiazusae,
Oxford University
Press,
1973.
Pour Lysi~rat~,
les
Thesmophories et Ploutos,
dont
l'exploitation littéraire ou historique a
été moindre que
celle des comédies citées
plus haut,
on
n'a pas manqué de
consulter
toutefois
J.
Van
Leeuwen (voir infra).
3. Fragments
Th.
Kock,
Comicorum Atticorum fragmenta
(3 tomes),
tome
l,
Lipside,
1880.
C'est 1 'édition d'dpr~s laquelle nous citons les frag-
ments d'Aristophane.
Pour
les
fragments,
voir aussi
(infra,
III)
les ouvra-
ges de Austin,
Edmonds,
Kaibel,
Meineke.
569
4.
Scholies
Fr.
Dii b ne r,
~~~~l~_9.-~~~~~__ in 1\\ ris t Ophd nem,
CIJ~~~\\!~=-
~cni~-SL!:-~mmatl~~~~~ Pùris,
Firmin Didot,
1842.
C'est cette ~dition qui a servi de base pour l'~ta
blissement du texte et pOIJr les r~f~rences. Mais
on peut
~galement consulter l'~dition nouvelle due aux soins des
savants hollandais
(et anglais)
à l'initiative de W.J.W.
Koster,
et publi~es à partir de 1960 (voir infra,
III).
III - Etudes et articles d'dutres auteurs
8
The W. AIle n,
ti~\\!i tes i n Hom e riO pe r a (t 0 meV),
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190 6 - 1 9 1 0
(2 vol.)
Les
fragments des philosophes sont cités d'après
Diels,
(~~ ou '{..:..~.:J, vol. I, dont W. Kranz vient de
donner
une
6ème édition corrigée et augmentée.
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Scholia
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in Aristophanis ~itum, ed.
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vetera in Nubes,
cd.
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3.2.
~~~ll~!:..~ce~~~!:..~_~~~es, cd. Koster,
1974.
II.1.
Scholia
in
Vc~, cd.
Koster
(sous
presse).
IIIZ.
Th.
R.
Eccl.
ct Plut.
(non encore publiés).
IV Commentaire de
J.
Tzetzès
1-
Plutum,
ed.
L.M.
Positano,
1960
2.
~bes, cd. Holwerda,
1960.
3.
Ranes et Aves.
Argumentum Eguitum,
Koster,
1962.
4.
Indices,
ed.
Koster,
1964.
573
Signalons que nous devons
toutes ces précisions a
Monsieur Jean-Marie Jacques,
Co-Directeur de
notre tra-
vail de
recherche.
F.
Lasserre et A.
Bonnard,
ArchiJoque-Fra9..ments,
Les
Belles-
Lett res,
Par is,
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1<.
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Zimmer,
La Satire à travers les âge~ Nouvelles
Editions Oebresse,
Paris,
1982.
A D DEN D A
')77
Le présent travail était presque achevé lorsque nous
avons eu connaissance de la parution des ouvrages suivants
Jean-Claude Carrière,
Le carnaval
et la Politi_que_
Une introduction à la comédie qrecque suivie d'un choix
de fragments.
Annales Littéraires de l'Université de Be_sa_nçon 212,
Les Belles Lettres,
Paris,
1979.
K. J.
Dover,
Homosexual i té grecque,
Londres,
1978
(L'é(lition consultée
date de 1982- Ed.
La PenséeSauvage, Grenoble
pour la traduction française).
Il Y a donc lieu de les rajouter a notre bibliographie.
l NOE X
') 7 ')
Cet index comporte trois rubriques :
- le répertoire des mots grecs spécialement étudiés
- le catalogue des noms des personnages qui ont été
la cible des attaques aristophaniennes
- enfin
le relevé des principaux textes commentés.
Afin de ne pas allonger démesurément cet index, on
s'est abstenu d'y faire figurer,
d'une part les noms
propres qui ne sont mentionnés que d'une façon incidente,
d'autre part, les verbes et substantifs dérivés ou les
formes apparentées. Pour les noms des auteurs anciens,
on consultera avec fruit a ce propos les différents
chapitres de notre travail.
1.
Le répertoire des mots grecs étudiés
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Acestor
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Agathon
423, 433, 439-441, 448, 497, 498, 521
Agyrrhios
64, 97, 138
Alcibiade 43, 44, 167, 313, 327 - 329, 369
Anaxagore 28, 32, 33, 35, 37, 38, 54, 319, 385, 386, 446
Androclès 41
Ameipsids 398, 399, 412, 414-416
Ari p h rad (~ s 67, 386
Artémon de Clazomènes 406, 407
As pas i e 106, 487
Brasidas
113, 327
Carcinos 419, 423, 429
Cé ph d l os
129
Céphisodème 174
Cimon
76, 77
Ciné si d s
503, 504, 506, 508
Cléon
15,17,25,28,41,60,76,77,83,87,91,92,96-98,102-108,110,
111, 113, 115, 116, 120, 121, 124-126, 131, 135-137, 139, 141, 144,
145, 148, 150, 159, 160, 166, 167, 176, 194, 202, 221, 242, 243,
252, 253, 265, 268, 283, 310, 312, 313, 319-322, 324, 325, 327, 329,
339, 368, 390, 412, 416, 448, 521, 522
Cléonymos 148, 235, 276, 313, 324, 343
Cléophon 25, 76, 77, 312, 313, 324, 422
Cligénès 92
Connos
153
Cra tès
398, 400-402
CraU nos 398, 403-407, 409-412, 521
Cynnd
106, 317
Djagords le Philosphe 24,33,37,56,512
Diagoras le musicien dithyrambique 503
Diopei thès 27, 28, 33
Eschine
91
Eschyle 41,211,464,465
Esimos
127
Euathlos 174
Eucrate 24
629
Eupolis
396, 398, 412-41~
Euripidc'
1~, 22, 30, 37,46-54,59, 119,290,374,375,431,446-494.
523
H~rdcleid~s de Clazom~nes 64
Hermippe
398, 412, 416, 417
Hi~ronymus 423, 424
Hippias 100
Hippon
24, 33, 35, 37
Hyperbolos 25, 76, 77, 88, 129, 141, 252-255, 350, 412, 416, 417,
517
Laehès
140, 141
Lamachos
202, 242, 270, 271, 283, 291, 293, 300, 391, 392
Lampon
28
LysicJès
25, 76
Ma g n f~ s
398-400
M~lanthios 409, 423, 433-438,512
Méton
495
Morsimos
409, 423, 433-438, 512
Morychos
423-425
Nicarchos
129
Nicias
28, 291, 319, 321, 325
Périclès
28,32,60,76,77,80,81,156,157,159,167,267,312,313,
315-321, 512
Phéax 361
Philoclès 423, 426-429, 433
Philonidès
423, 426
Philoxène 503,508,509
Phrynichos 398, 412, 414-416
Pis d n d r e
41, 312, 313, 322
Prod ico s
24, 446
Protagoras 24, 38, 46-49, 54, 446
Socrate 15, 17, 21, 24, 32-35, 37, 46, 47, 54-59, 74, 153, 356, 364. 365,
370, 371, 373, 374, 395, 447, 460, 482, 495, 522, 523
Sthénélos 423, 426
Théognis le Tragique 423, 424
Thrasimaque 369
Xénoclès 423, 429-433
630
Il faut noter ici que la première colonne donne la
référence de l'ouvrage cité,
en revanche,
la deuxième colon-
ne renvoie aux pages de
la présente étude.
- les ouvrages de référence
Andocide
Myst.
11 sqq.
44
Aristophane
Acharniens
V. 19 sqq.
70 sqq.
38 sqq.
70, 82
104 sqq.
175
142 sqq.
97
153
332
162 s q .
267
180 sq.
180, 197, 257, 282, 517
197
274
232 sqq.
101, 340
299 sqq.
324
335 sqq.
448
371 sqq.
87, 90, 191, 516
390sqq.
360, 423, 448
444
147, 348
447
147
496sqq.
200
512 sqq.
318, 340, 522
527 sqq.
313, 317, 512
575 sqq,
271
631
591 sqq.
42, 202, 270, 278, 515
601 sqq.
278, 289, 291. 300. 514. 518
620 sqq.
391
628 sqq.
158, 513
635 sqq.
87, 93 sq., 175, 290, 514
642 sqq.
199
676 sqq.
172 , 177, 197, 257, 262, 517
684 sqq.
174, 515
695 sqq.
170 sqq., 261
716
175
723 sqq.
129 sq.
761 sq.
341
824 sqq.
129
848 sqq.
403
864 sqq.
101, 193
885
425
905
129, 517, 522
916
99
936 sqq.
111 sq. , 130, 327, 517
980 sqq.
100
986
342
1070 sqq.
271
1078 sqq.
299, 375, 392
1129
283
1172
406
1178 sq.
271
1182
274
1190 sqq.
271
1206
293
Cavaliers
V. 18
374
32
58 sq.
40 sqq.
98, 100, 103, 120, 135, 146, 514
75 sqq.
135
103
122 sqq.
117
297
136 sq.
104, 136
632
181
330
188 sqq.
83, 350
197 sqq.
102, 137, 513
214 sqq.
96, 147, 348, 350
248 sqq.
81, 87, 111, 121, 138, 235, 276, 514
272 sqq.
79, 89, 99, 107
296 sqq.
109 sq. , 115, 137, 144, 416
324 sqq.
79, 108, 130 sqq., 339, 349, 514
344 sqq.
127, 192
358 sqq.
67, 111, 192, 282, 320, 392
392 sqq.
135, 166, 339, 404
428 sqq.
82, 100, 192, 221, 222, 281, 387, 388
517 sqq.
153, 237, 348, 398, 400, 404, 406,
409-411, 423
562 sqq.
262 sq. , 275, 300, 403
626
314
630
92
672 sq.
160
692
111, 194
716
104
736 sqq.
84, 97, 106, 193, 232 sq., 516
790 sqq.
97, 338, 514
801 sqq.
99, 102, 110, 124, 290, 338, 514
864 sqq.
111 , 161, 416, 516
904 sqq.
67, 104, 137, 162, 307, 327, 517
1017 sqq.
27, 98, 104, 106, 123, 154, 158
1118 sqq.
77, 82, 89, 97, 136, 164, 267, 297
341, 514
1201 sqq.
67, 86, 104, 111, 251, 290, 514
1304 sqq.
82, 95, 117 , 118, 199, 272, 277,
359, 373, 416, 517, 518
633
Nuées
-----
V.
5 sqq.
333
94
56
100 sqq.
56, 136, 180, 257, 356
207 sqq.
45, 58, 187, 353
316 sqq.
34 sq., 46, 58, 180, 257, 276, 324
327, 349, 365, 408, 424, 442, 513
361
24
414 sqq.
58, 82, 349, 351, 353, 355, 367,
371
552 sqq.
46, 88, 103, 137, 320, 412 sq.,
416 sq.
610 sqq.
282, 495
728
371
747
372
828 sqq.
33, 55, 57, 512
943 sqq
147, 261, 282, 365, 407
1012 sqq.
31, 58, 129, 175, 349, 416
1172 s q .
374
1258 sqq.
35, 374, 432
1484 sqq.
56, 495
Guêpes
V.
19
324
31 sqq
70,87, 110,HS, 328,516, 522
58 sqq.
189 sq., 310, 325, 449, 521 sq.
107 sqq.
192, 391, 517
189
224
224
192, 196
236 sqq.
139, 192, 262, 327
318 sqq.
27, 91, 148 , 190, 257
419 sqq.
148, 154, 192
447
sqq.
101, 118, 220 sq., 427, 434
502 sqq.
72, 97, 101, 130, 132, 137, 148,
157, 177, 197 sq., 207, 212, 215 s q q .,
324, 514
634
605 sqq.
64, 72, 86, 98, 117, 126, 129, 134,
142 sq. , 148, 157, 188, 200, 206
711
261
728
142
785
64
813
64
822 sq.
324
838
122, 139
877
259
896
122
904
108, 122
910 sq.
139
924 sq.
102, 139, 515
953 sq.
106, 139
960 sqq.
139
1007 sqq.
99, 106, 110, 148, 223, 240, 261, 264,
348, 376 sqq., 396, 414, 416, 426, 517
1204 sqq.
100, 375, 378 sqq., 385, 438
1300
385
1310 sqq.
224, 426
1353
215
1364 sqq.
214, 227, 318
1486
191
1502
429
1517 sqq.
429 sq.
Paix
V •
42 sqq.
60, 190, 351
231
sqq.
141, 310, 325, 327
269 sqq.
112, 285, 327, 517
302 sqq.
111,192, 249, 274, 448
441
sqq.
271, 312, 324
505 sqq
127, 147, 187, 249, 275, 297,
348
605 sqq.
75 sq., 84, 98 sq. , 101 , 111, 122,
127, 315, 317, 324, 327, 341, 416,
517, 522
635
702 sqq.
106, 148, 397, 405, 430
810 sqq.
67, 110, 176, 249, 359, 409, 430,
433 sq., 438, 507
921
416
935
213
993
249
1082
249
1117
122
1171
sqq.
277, 285
1211
285
1234
308
1319 sqq.
134, 249, 416
Oiseaux
V •
33 sqq.
80
41 sqq.
80, 187
108 sqq.
187, 267
279
319
290
324
363
320
430 sq.
173, 353, 460
521
28
558
31
691 sqq.
24, 58
829
31
861
219
891
102
988
27 sq.
992 sqq.
33, 36, 495
1136 sq.
227
1295
427
1378 sqq.
503 sq.
1422 sqq.
99, 223, 226, 228, 236, 352,
431
1556 sqq
323
1694 sqq.
130, 133, 223, 230
636
.h~~!i~!~
V.
1 sq.
30
342
248
363
106
475
196
489 sqq.
111 , 323, 518
525
248
546 sqq.
99, 272, 331, 340
614 sqq.
100
645
439
665
263
677
383
801 sqq.
261, 275
1002
172
1014 5 q .
487, 521
1037
384, 521
1092 sqq.
42, 278, 439
1128 sqq.
248 sq.
1247 sqq.
249
Thesm~orl~
V.
30 sqq.
439
49 sqq.
360, 440, 518
66 sqq.
518
130 sqq.
439, 497, 518
168 sqq.
424, 426, 432, 452
189 sqq.
439, 452
200
175
272
52
292 sqq.
76
305 sqq.
84, 448, 451
434 sqq.
76
448 sqq.
47, 333
529 5 q .
237, 238
805
324
841 sqq.
271, 417
637
Grenouilles
- - - - - - - -
V.
12 sqq.
414
46 sqq.
270, 439
80 sqq.
432, 445, 452, 521
92 sqq.
173, 406, 420, 460
100
46
204 sq.
282
311
46
320
24
357
411, 521
360 sqq.
79, 98, 102, 312
479
60
569 sqq.
77, 122
679
324
710 sqq.
92
727 sqq.
168, 301
771 sqq.
448, 472
790
359
799 sqq.
467, 482
809
512
814 sqq.
180, 257, 360, 449, 457, 465 sqq.,
480, 519
838 sq.
464, 480
841 sq.
281, 359, 459, 477, 515
881
472
886 sqq.
39, 51, 53, 471, 482
900 sqq.
394, 471
925
284, 480
929
102, 480
936 sqq.
451, 460 sq., 463, 468, 479 sqq. , , 519
989 sqq.
86, 360, 483, 514
1005 sqq.
205, 290, 360, 473, 483 sqq., 514
1039
271
1043 sqq
451, 492
1053 sqq.
476, 478
1065 sqq.
307, 458
638
1071 sqq.
484, 490
1083 sqq.
350, 484
1106
267
1178 sq.
473
1197
473
1301 sqq.
475
1328
476
1431
b sq.
328
1504
324
1533
324
Assemblée des Femmes
v.
86 sqq.
76
112 sq.
177
130 sq.
84, 169, 517
174 sq.
127, 167
195 sqq.
79
201
84
208
127
220 sqq.
158
233 sqq.
340
241 sqq.
76, 82
252 sq.
128
303 sqq.
65, 261, 275, 513, 522
378 sqq.
71
427
71
433
168
441
383
456 sqq.
168
474 sqq.
158
518
71
561
sq.
99
571 sqq.
168
584 sqq.
76, 158
595
122
825 s q .
281
829
281
885 sq.
134
6..19
Ploutos
V.
159
146
186
106
370
79
379
143
508
142
536
118
567 sqq.
115
653 s q .
30
786 s q .
394
885
223, 237
899 sq.
99
920 sqq.
89
Scholies
Acharniens
V.
162
268
197
274
527
317
681
180
702 sqq.
173
1128
283
Cavaliers
V. 40 sq.
121
48
150
216
147
264
81
326
130 sq.
360
132
716
328
782
233
792 sqq.
338
1285
68
1304
253
1399
117
640
Nuées
v. 11
424
94 sqq.
36
360
34
Guêpes
v.
34 sq.
125 sq.
63
310
189
225
462
427
560 sq.
197
574
210
579
216
581
218
634
134
674 sq.
151 sqq.
836
139
904
123
924
139
1038
240, 243
1087
110
1111
195
1221
438
1310
225
Paix
V.
794 ( R )
419
814
409
1181
277
1234
308
Oiseaux
V.
281
427
363
320
861
219
1378
503
1422
224
1429
227
1556
323
641
Aristote
E.N.
3.2.3.17
40
Elien
Hist.
Var.
5.19
40
Eschyle
Eu.
151
45
Euripide
Ba.
199 sqq.,
325,
877,
1002,
1325 sq.
49
Hec.
800 sqq.
49
H.F.
1263
50
Troy.:.. 884 sqq.,
989
53
Hesychius
s • u •
36
s • u .
37
Pindare
Pyth. 4.162
45
Platon
~ 26 d
32
'=.!L:.. 967
a-c
32
10.885 b
26
10.889 e
50
Plutarque
Alc.
19,
20
42 sq.
Nic.
23.3-4
36
Pseudo-Aristote
Des Vertus et des V.iccs 7.1251 A.21
26
Sophocle
O.R.
661
45
Trach.
1036
45
- les fragments
Ameipsias
f r r.
9
24
10
27
642
Anaxdljor("
Fr. 1\\1.9 f.V.S.
35
Anaximène
fr.
A17 F.V.S.
35
Antiphane
fr.
236
141
Archiloque
fr.
93 L.B.
= fr. 60 Diehl = 58 BgK
288
Archippos
fr.
14
161
Aristophane
f r r.
9
417
33(a)D= 42(a)
406
40
137
55
413
68
84
81
323
86
275
108
118
198
82, 328, 368 sq.
216
382
219
99
221 sqq.
369
321
146
332
240
382
275
386
34, 327, 513
411
116, 174
413
261
431
257
439
116
471
287
614
165
633
509
638
472
644
386
646
211
643
683
114
694
119
733
223
Callias
frr.
12
24
23
318
Cornica Adespota
frr.
3D
155
12 ( b ) D=45P(a)
161
22
192
52
429
451
283
Cratès
fr.
44
298
Cratinos
frr.
69
236
-71
313, 316
107 s q .
31
153
24
199
405
214
119
226
368
240 sq.
106, 316
256
497
307
405
317
153, 415
457
183
Eupolis
frr.
31 K = 31 sqq. 3D
297
54
413
100
288
117
301, 305 sq.
139
497
146 sq.
24
159
439
205
158
644
234
279
254
282
256
261
268
299
310
299
352
24
394
297
490
24
Euripide
2
frr.
88 N
421
2
151 N
53
2
170 N
471
2
480 N
50
2
491
N
52
2
495 N
452
2
506 N
53
2
657 N
490
2
877 N
53
2
913
N
34, 37
Héracli tf'
Fr.
22A14 F • V. S.
35
Hermippe
frr/.
45.4
124
63.9
141
81
261
Hippon
Fr.
38A2 F . V .5.
38
Phérécrate
Fr.
145 3 sqq.
495
Phéliméon
Fr.
79
141
Phrynichos
Frf. 9
27
21
495
69
241
645
Platon le Comique
frr.
22
167
46 sqq.
31
67
426
128
426
134
431
220
167
Protagoras d'Abdère
frr.
1 F.V.S.
47
- - -
4 F.V.S.
48
Télécl.idès
-------
frr.
6
27
17
313
39 sq.
42, 447
Thalès
fr.
A19 F.V.S.
35
Xénophane de Colophon
frr.
A23 F.V.S.
35
21 B15 F.V.S.
31
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES
646
ABREVIATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
AVANT-PROPOS
INTRODUCT ION ...•..........•......••...•......•.............•.•...
2
CHAPITRE 1 : LA CRISE de la RELIGION
24
La pensée spéculative contre la tradition, 26 .- L'outrage
aux divinités : la révélation des Mystères Eleusiniens, 38.-
le "méfait" des Hermocopides, 40.- Les hardiesses de pensée
et de langage
Euripide, 46 ; Socrate, 54.- Conclusion par-
tielle, 59.
CHAPITRE II
: LES CHARGES PUBLIQUES ..•............•.....•......•.
62
L'expérience politique des assemblées: le système de la
misthophorie, 63 ; la professionnalisation de la vie politique
(le rôle grandissant des démagogues, 73 ; l'aveuglement po-
pulaire, 79 ; le cynisme des démagogues, 106 ; leur voracité,
119 ; leur avidité, 126 ; leur. rapacité, 136) ; l'irresponsa-
bilité populaire: l'ochlocratie, 155 ; la mobilité d'imagina-
tion, 166.- La dégradation civique en matière de justice : le
triomphe de la scélératesse habile à l'Héliée, 170 ; la mor-
phologie du système judiciaire athénien (le désir obsessionnel
de juger, 189 ; la vanité vulgaire, 199) ; la gent
des syco-
phantes (les dénicheurs de procès, 223 ; les êtres malfaisants
et venimeux, 237).
CHAPITEE III : LA VIE MILITAIRE •...........•..••...•••••.•...•••••
247
Introduction, 247.- La triste peinture de l'armée athénienne:
le déclin des vertus martiales, 251 ; Aristophane, "laudator
temporis acU", 255 ; les caractéristiques du déclin de l'es-
prit belliqueux (l'indiscipline, 274 ; la démobilisation, 275
'.
647
La désl'rUon, 281) ; I('s l'ntrl'prisl's glll'rrli"rl's, 299.-
Le dégoût dela gllerrl' : l'ambition ct L'esprit d'aventure
des démagogues bellicIstes, 311 ; les alli~s t'objectifs" du
"parti de la guerre", 332.
CHAPITRE IV : LA VIE CULTURELLE
347
Aristophane, contempteur du d~sordre nouveau
les traits r~
pr~hensibles du caractère des sophistes, 349
le contenu de
leur enseignement, 357 ; la caricature de la culture de fraI-
che date (le raffinement de l'esprit, 368 ; l'apprêt du lan-
gage, 369 ; la soci~té élégante, 375 ; l'homme de société,
381).- Aristophane, critique des belles-lettres: la poésie
comique, 396 ; la poésie tragique, 417.- Aristophane, critique
de la musique et de la danse, 495.
CONCLUSION GENERALE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
511
NOTES
525
BIBLIOGRAPHIE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
565
ADDENDA
577
INDEX
..
- le
r~pertoire des mots grecs étudiés
579
- la
liste des noms propres
628
- le
relevé des principaux passages commentés
630