UNIVERSITE
DE
PARIS
XII
VAL
DE
MARNE·
CRETEIL
THE5E
pour le
.
DOCTORAT DE 3ÈME CYCLE
CECEYI -DI
~e~s et formulation d'un port de ~om c§lbbê
t
--
Présentée et soutenue par NtBESSO Hélène
Sous la Direction de Monsielr le Professeur Robert Jouanny
~ t:
Février 1.81

A la. mémoVLe. d' Aboli. Vé.dé.,
.f.' un de. n0.6 rrkÛtJte..6 e.n tJtadi..üon OJtale.
que. la. mOJtt v.i.e.nt de. teJtJtM-6Vl.
1
l
1
1
1
f
,

A MOn4~~ GOHOREBI Sév~~n,
~ et eotlabo~at~, 6u~ eompagnon po~ la v~e,
dont l~ eOn4e~ et l'a66ee~on ont eon~~bué a
nO~ ~o~~ l'~nd~pen4able équ~b~e mo~al du-
~ant eette longue p~~ode de ~é6le~~on.
\\

A TOUS NOS MAITRES
******************
1
1
:

1
1
r
A MoM-ie.wz. BeJr.no./l.d Zad-i.. Za.oWr.ou
t'âme. du G R T 0 e.t am.i, à. qu.<. nolUo de.VOM notJte. 60.i
da.M te. b.ie.n-60ndé. de. ta. lle.c.heJr.c.he. e.n Tllad.iüon Olla.te..
1
l.
1
l
1
i
1
l
,
J

A Mon.J.l.ieuJt Jacquv.. CHEVRIER,
qu.i, lOll.J.lqu 1i l 6ut quv..üon pouJt noUJ.l de ven.vt pouJtJ.lU.ivJte nOJ.l
é:tJJ.dv.. en FJtance, 6a.c.iUta noue .in.J.lCJr..ipüon a l'Un.iveJtûté
PaJt.u. va..e. de MaJtne en a.cceptant de d.vt.igeJt noue Mémo.vte de
Ma2u.u.e.
!
)
j
1
1
l
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1
:1
1
A noûe pèlte Kouao Anto.i.ne.,
1
i
qlU, jamaM ne ménagea -6v.. pe.i.nv.. pOM que nOu..6 ~éu..6-6~on-6,
~"11
Et qlU, en nOu..6 .i.nMJr.u.L6ant dv.. c.hOJ.>v.. anc..i.ennv..
avec. dévouement, pk.i.t une paAt ~po~tante à la
~éai..i4aüon de c.e ûava..U.

A noble m~e N'djomon Api Jeannette
A noble glland-m~e Allo Sémon
A noble Tante BOllO Efuabeth
A tOM nM pMenu,
po~ l~ ~outien et l~ a66ection
tout au long de noble longue 601tma.-
tion ~coltUJle.
1
1
,

A ta mémo~e de notJte g~and-mèke matMne.ile 0660 Adjoua,
au~è.-6 de qu~ no~ a.vo~ paA~é notJte en6ance, et qu-i.. dé-
ceda. l'année même Où no~ entJt~o~ à l'un~vM~~té.
A ce~e g~and-mèke à qu~ no~ devo~ ta baAe de
notJte éduca.:tA..on tJtarU:U..onne.ile, ta pe:U..te-6ille
toujo~~ ~econ~~ante.
1
l

!
1
A Madame Genev~ève CALAME-GRIAULE,
dont le v~6 .in.téJr.ê.t à. noble bLa.vtLil. e..t le4 enc.ouJta.geme.n.t6 ont

été. pouJt nOIUl de4 ~ .in.e4:ti.ma.ble4.
j
1
i
j
1
j
1
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1
,
1
j
i;
j
1
1
1
1
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.1
ti,
A Mo~~ Robekt JOUANNY,
no~e V~ect~ de Rechekche, dont i~ co~e~ et i'encadAement
cha1.~eu)( nOM ont pekm.w de menek à tekme ce ~ava.A.1..
,
Î
1
1
1
~
~
t
11
1
l

"La c.ompaJllU-60n, tJtop c.ormrode., du. langage. ave.c. un c.ode.,
amène. à pe.n-6~ que. la 60nc.tion 60ndame.ntale. de. la c.ommun~c.ation
Ungu.L6t-i.que. ut la tJtan.6m.w-6~on d' ~60Jr.mat.i.on. On ut c.ondu.U
à CJto-iAe. que. tout c.e. qu~ ut d~t l'ut au même. titJte., ave.c. le.
même. -6tatut d' M-6~tion.
En 6aU, lu d~v~-6u ~~c.atiOn-6 qu'app0Jr.te. un a.c.te. d'é.-
nonUation -6e. ûtue.nt -6ouve.nt à du MVe.auX tout à 6~t d~66é.Jr.e.nù.
Il fj a c.e. dont on entend e.xpUc.Ue.me.nt ~60Jr.m~ l' audUe.uJr., ma.w
i l fj a au-6û c.e. qu'on plté.-6e.nte. c.ormre. un ac.qu~ ~d~c.uta.ble. dont
on 6aU le. c.adJr.e. du d.i..ai.ogue., -6an.6 plte.ndJr.e. la Jr.upon-6aba~té. d' avo-iA
d~t".
1l
vue ROT
1
(V-iAe. e.t ne. pM d-iAe.)
1
1
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cAmNT-PRoPo8
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1
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1
1
!
1
--,

3
Awou Yiré, Téchi Awou, Kacou Cho, Ako Sèmon,
Ohokou N'tagho, N'djomon Api, Nda N'tagho et
j
N'da Bourou.

1
- A Loviguié
Mmes Léonnon, épouse Obodji Adagba,
Méné N'tagho, épouse Obodju Adagba Léon,
1
1
Apété ; Tchassonon.
1
j,
J
- A Agboville
Tano Essé Elisabeth.
1
J
1,
Toutes ces personnes, nous les remercions du fond du
1
'1)
coeur.
Nous remercions également M. N'takpé Etienne qui, à
Paris ici, nous aida à retrouver sur le plan formel, la consti-
tution de certains noms. De même notre cousin Gnangbé Félix,
1
étudiant en Troisième cycle de génétique appliquée aux plantes
1
1
qui nous a permis de mentionner dans notre travail, certaines
l
j
références précises concernant la nomenclature scientifique de
i
1
certaines plantes.
\\
J
!
J
Le concours de ces deux étudiants locuteurs abbey
~
nous a été d'un grand secours.
Nos remerciements vont aussi à M. Somsé Pierre-Achille,
,
étudiant en Troisième Cycle de Linguistique africaine, dont les
!
1.
conseils nous ont permis une bien meilleure appréhension du sys-
ll tême de la schématisation en linguistique.
j
,'1a
!
Notre étude se présente sous forme de deux volumes,

4
celui-ci et un deuxième qui constitue notre corpus. Cet autre
volume est présenté avec une introduction qui situe géographi-
quement le peuple abbey, ainsi que le système phonologique ayant
servi â la transcription des textes.
Ces textes ont eux-mêmes subi deux niveaux de traduc-
tion, l'un littéral et l'autre, littéraire.
Quelques indications pour la lecture
- Les références en langue abbey so~t phonologiques
dans le Troisième Chapitre pour les problèmes précis qu'il pose.
Ailleurs, elles sont orthographiques, c'est-â-dire en alphabet
français.
- Nous écrivons "Nom" avec une majuscule lorsqu'il
s'agit de l'Eyi-di.
lire locuteur 1 et locuteur 2.
,
1t,
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i
j
*
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j
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QNTRODUCTION
1
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1
1
1
,

6
A) LA MATIERE
==========
L'EYI-DI l '·'
l']
~,d, , c'est tout simplement RIe fait
de porter un nan R en abbey ~ mais pas n'importe quel nan. Ce
nan que l'on "porteR revêt des propriétés particulières sans
lien avec le nom par lequel le groupe social vous désigne.
Ici, il s'agit d'une con~ntion établie entre deux
femmes, ou exceptionnellement, entre un homme et une femme.
Elles décident qu'~ partir de ce jour-l~, le nom reçu de leur
famille n'existerait plus pour elles, et qu'elles adoptent un
nom qu'elles partageraient ensemble durant toute leur vie. Et
ce nom est un véritable énoncé dont le contenu est destiné ~ une
troisième personne, constamment présente dans l'esprit des deux
interlocutrices. Ce genre de nomination destiné ~ autre que soi
est très répandu en Afrique, communément désigné sous le terme
de Noms allusifs.
1
l
Mais alors pourquoi ne pas intituler notre étude "Les
Noms allusifs" ? C'est que de tous les noms allusifs rapportés
1
dans les livres, nous n'avons pas rencontré un seul dont le mode
de fonctionnement corresponde à celui qui fera l'objet de ce tra-
1
1
vail. Aussi, avons-nous préféré au terme restrictif de Noms al-
J
lusifs, celui plus général de "porter un nom" ou "se nommer", ce
qui nous permettra plus aisément d'aborder ce travail dans le ca-
dre de la nomination.
1
1
1
1
~

7
1
1
1
Nous nous intéresserons donc aux énoncés d'une manière
1
globale, c'est-à-dire non seulement du point de vue de leur con-
1
1
tenu, mais aussi et surtout, de leurs structures syntaxiques,
1
1
leurs caractères expressifs, leur émission à partir desquels
nous poserons des problèmes théoriques de la poésie en littéra- .
1
ture orale d'une manière générale, et plus précisément dans le
1
i
1
domaine des noms.
!
,
La poésie des noms en effet, constitue un des nombreux
traits distinctifs de la poésie orale africaine. Les études
faites à propos des Noms africains, pourtant en grande partie
ethnographiques, n'ont pas manqué de souligner que plusieurs
noms présentent des structures particulières et que ce sont de
véritables énoncés.
La poésie orale d'une façon générale a été três peu
étudiée par rapport au récit dont le conte est la plus parfaite
réalisation. C'est que ce genre comporte d'énormes difficultés,
1
notamment, le traitement des documents récoltés dans la phase
!
1i
de traduction de telle sorte qu'ils puissent se prêter à une
1
!
étude poétique.
!
1
i
Des études savantes et pionnières dont le but n'était
!
J
1
pas de parler spécialement de poésie, ont pourtant touché aux
1
aspects généraux du genre :
ij;
t
- G. Calame-Griaule avec La parole chez les dogons et
\\
1
Pour une étude ethnolinguistique des littératures orales ;
[
!!f!l

8
- D. Zahan avec La Dialectique du Verbe chez les
Bambara
- J. Jahn avec Muntu, ouvrage de synthèse •••
1
f
Il ya également des publications intégrales depoi-
1
,1
sie épiques chantées par des griots. C'est le cas des ouvrages
,1
consacrés a SOundjata : SOundjata ou l'épopée mandingue de,
1
f
D. T. Niane, Kala djata et Janjon ou Autres chants populaires
1
du Mali de M. M. Diabaté
d'autres ouvrages également tels que

1
5ilâmaka et P.l1lôri de C. 5eydou, la Poésie peule de l'Adamawa
])
"
:[
de J. Lacroix, et bien d'autres encore.
j
Ce qui nous a fait défaut, c'est une étude systémati-
que relative a la poésie orale. Ce manque est sans doute dO aux
manifestations multiples de ce genre. Par exemple, entre les ré-
cits épiques sahéliens Sour~jata
et ceux de l'Afrique Centrale
1
(le Mvett), il faut dire qu'il y a une marge dans la descrip-
tion et la forme (expression), bien que l'accompagnement musi-
cal soit commun aux deux types, ainsi que la spécificité qu'ils
ont de mêler la légende a l·hi~oire. Et puis dans quelle mesure
parler de poésie en général n'équivaut pas a aborder le problème
dans la production au sens occidental du terme ou bien la compa-
1
rer avec celle de la tradition écrite afro-occidentale ? Aussi,
il vaudrait peut-être mieux, au lieu de parler de poésie orale
1
!
africaine, parler plutôt de formes poétiques puisqu'on en trouve
1
aussi bien chantées (la majorité des cas) que dites comme il va
1
r

9
en être question dans ce travail.
Si, comme nous venons de le souligner, la poésie orale
en général a jusqu'ici bénéficié de peu d'études pour l'analyser
du dedans, la poésie des Noms l'est encore moins. L'une des cau-
ses de cela est due au fait que cette forme de -littératureR se
démarque três peu de la structure et du fonctionnement de la
langue courante ; et le gros du problême réside dans le passage
1
de ces textes en français oft ils subissent plus de transforma-
i
tions que dans le récit; quelquefois même, il a~rive que l'on
i
:1
;:
frôle l'agrammaticalité en essayant de sauver certaines tournu-
jl
res qui vous semblent assez typiques.
1
Donc, c'est dans ce cadre que nous nous proposons de
,
1
mener cette étude dont le but est d'abord de contribuer ~ la
,
,i
connaissance de ce genre ; et si elle est assez bien conduite,
t
l
elle pourra, nous l'espérons, être le point de départ d'autres
t
recherches.
Il
jl B) PROBLEMES DE RECHERCHES
=======================
l
1j
t
1
Ce travail que nous entreprenons est l'aboutissement
1
d'une passion.
f,
1
1
Dans notre tendre enfance, nous avons particulièrement
1
,
i
été frappée par une forme d'échange verbal entre femmes. Plus
1
1
1
1
1
1

10
tard, nous avons compris que ce discours, somme toute insolite,
couvait une réalité bien plus importante que celle â laquelle
nous avions pu songer. Savoir plus long sur cette sorte de
"communication" en l'étudiant de manière intégrale, telle est
notre motivation. Mais sans doute, le meilleur moyen d'y assis-
ter était d'en recueillir un assez grand nombre. Mais aupara-
vant, il nous fallut vérifier le bien fondé de notre option, ce
genre présentant des affinités certaines avec des poèmes nuptiaux
et funéraires (la portée sociale). D'une manière générale, les
personnes qui ont jusqu'ici suivi notre travail de près ont été
intéressées par notre exposé et nous ont encouragée à tenter
l'expérience. Il s'agit de M. R. Jouanny, notre directeur de
recherche, de Mme G. Calame-Griaule, un des ma1tres incontestés
1
j
dans la recherche en littérature orale africaine; et,de loin,
•,j
M. Bernard Zadi, stylisticien et chercheur en littérature orale
j
~,
ivoirienne. Mais la collecte ne fut pas sans problèmes.
1
l1t
1. LES DIFFICULTES DE TERRAIN
t
Donc, c'est l'été dernier que nous avons pu avoir le
maximum de nos textes, en pays abbey.
1
Nous avons procédé par une série d'enquêtes dont le
r
1
point de départ était notre propre expérience dans ce domaine.
i
1
1
C'est un genre où, à la différence du conte et surtout
1
du proverbe, il n'y a pas de maItres en soi. Depuis les enfants
1

I l
jusqu'aux vieillards, chaque individu est capable de dire au
moins un Nom. Apparemment, la collecte ne devrait pas poser de
problèmes. Mais notre souci était ailleurs. Il nous fallut nous
1
t
assurer qu'il existe une constance du genre au niveau d'au moins
t
trois des cinq tribus qui forment la région d'Agboville. Quant
j
aux autres régions o~ l'on parle l'Abbey, il ne nous a pas paru
1
,,
nécessaire de nous y rendre pour le moment, car, que ce soit à
1
1
Tiassalé ou à Daoukro, ce sont les Abbeys d'Agboville qui ont
1
i
émigré là-bas pendant la période coloniale. Ils ont conservé
1
-
1
la plupart des manifestations culturelles du terroir originel,
l
notamment le·-djidja-, fête de Purification annuelle. Et puis,
compte tenu du fait qu'ils sont en contact avec les Baoulé,
quelquefois même (en ce qui concerne l'Abbey de Tiassalé), cer-
tains phonèmes ont été transformés, si bien que certains termes
nous reviennent totalement incompréhensibles pour une oreille
mal exercée. Par exemple les tch et K sont devenus t.
Dans tous les cas, le choix que nous avons fait de ne
nous en tenir qu'à la stricte localité d'Agboville est en prio-
rité un souci d'ordre linguistique.
Donc, notre documentation s'est essentiellement faite
dans les tribus Morié à Grand~orié, Tioffos à Gbandjé et à
AnanjUié, Abèvé à Loviguié, Khos à Kassiguié et à Kessiguié.
Dans la cinquième tribu, le Krobou, on parle le Krobou et non
l'Abbey~
i -

12
Le terrain ayant été précisé, nous avons procédé à
la collecte. Les principales difficultés nous sont venues es-
sentie11ement de la recherche des circonstances de création et
d'utilisation de l'Eyi-di.
En effet, à part quelques rares Noms à propos desquels
nous avons réussi à arracher des explications concernant leurs
circonstances d'emploi, jamais personne parmi les gens qui nous
ont livré les textes de quelque
catégorie qu'il soit, n'a voulu
aller au fond des choses. Quoi de plus normal 1 Le terme de 1it-
térature n'aurait plus lieu d'être employé ici. Mais s'il avait
été possible d'avoir quelques illustrations, nous les aurions
présentées en même temps que les textes/ce qui aurait contribué
à une bien meilleure appréhension du genre. Mais ce refus caté-
gorique tient à l'existence même du genre.
1
1
\\
Les Africains en effet répugnent à dévoiler aux jeunes
1
1
1
certaines vérités. Or, nous savons que la fiction a três peu de
1
1
place dans l'Eyi-di, il n'y a donc pas d'autres moyens pour les
1
,
détenteurs de se tenir dans les normes d'un genre littéraire qui,
h
J1
bien que polémique, ne s'érige pas en tribunal. Nous reviendrons
d'ailleurs sur cet aspect du prob1ême dans les analyses propre-
1
ment dites.
L'autre prob1ême s'est situé essentiellement au niveau
!
l
,
j
des hommes. Ils n'emploient l'Eyi-di entre eux que pendant les
1
,-
moments de boisson collective du vin blanc local, et lorsque
!
f!
1
!
celui à qui le Nom est destiné est présent: si bien qu'en dehors
1
t

13
1
de cette atmosphêre il leur est difficile d'imaginer l'ambiance
1
1
et de retrouver les Noms; et d'ailleurs, ils n'en éprouvent pas
1
le besoin.
1~
Ces problèmes évoqués, il nous faut aborder ! présent
r
1
1
la question de méthodologie.
1
,
1
2. LA METHODOLOGIE
1
"
1
!
Contrairement au conte qui a été étudié par des cher-
,f
1
cheurs de toutes origines, lesquels ont proposé par conséquent
'.
J
il
des méthodes diverses, aussi savantes les unes que les autres,
la poésie des Noms, comme nous l'avons précédemment fait remar-
quer, ne bénéficie pas de bibliographie méthodologique! propre-
ment parler.
,
Les ethnologues qui ont beaucoup enquête sur les patro-
nymes d'Afrique se sont sans doute rendu compte que les noms de
personne étaient un des moyens les plus sOrs pour étudier les
termes de parenté. Il n'est que de voir le volume d'études rela-
tives aux noms individuels pour constater l'importance du problè-
me. Cependant, la plupart de ces études ont été faites du point
de vue de leur contenu, notamment, de celui de leur concours
dans la constitution de la Personne dans les sociétés oü ils
ont été recueillis. Depuis une date récente seulement, on s'in-
téresse de plus en plus! la structure syntaxique, ! la parole

14
utilisée par la nomination (1).
Dans ces conditions, l'étude que nous envisageons
d'entreprendre ne bénéficie pas a priori de modèle d'analyse.
Pour cette raison donc, la méthode adoptée est une proposition
toute nouvelle qui ne demande qu'à être critiquée et approfondie.
C. LE PLAN
=====1:::=
Cependant le plan que nous proposons est le suivant
Nous avons pensé que dans un premier temps, il nous
li
faut partir de fondements socio-culturels de l'Eyi-di. Mais
jl
j'1
l'Eyi-di faisant partie du système de nomination en général,
1
1
il nous a semblé nécessaire d'abord d'ouvrir un bref aperçu sur
~1
j
ce système dans la société abbey avant de considérer le cas par-
i
1
ticulier de l'Eyi-di 1 puis nous nous interrogerons sur la portée
1J
sociale de l'Eyi-di 1 enfin, nous aborderons le point précis de
~,
l'Eyi-di en tant que genre littéraire. Ce qui donne d'une manière
détaillée, la démarche suivante :
1
1
(1) Quelques études ont été faites surtout dans le domaine de
t
l'ethnolinguistique oü des chercheurs, sous l'angle de deux
,
domaines, ethnologie et linguistique, tentent d'analyser la
!
structure des signifiants motivant le contenu sémantique des
Noms. Nous pensons à l'ouvrage de Bisiliat et D. Laya:
Les Zamu ou Poèmes sur les Noms, en particulier la préface
qui pose des problèmes fondamentaux 1 et surtout l'article de
C. seydou, La devise peule publié dans Langage et Cultures
africaines.
t

15
- Chapitre premier
Fondements socio-culturels de l'Eyi-di.
1. Le nom, un concept multiforme.
2. Le cas particulier de l'Eyi-di
• fondement socio-culturel
• fonctionnement
• une poêsie qui s'inspire de l'Eyi-di.
3. Structure de la langue et système de l'Eyi-di.
1
j
1
~
- Chapitre II : Portée sociale de l'Eyi-di.

1
1
•]
1. Un genre populaire par
1
j
• la nature des locuteurs
j
• l'espace et le temps d'emploi
1
• la protection par la convention sociale.
t11
2. Dimension critique et politique.
1
f
J
3. Un genre féminin par excellence.
1
- Chapitre III
Un genre littéraire.
1
1. La pensée imageante.
2. Le rythme.
3. Le rire dans l'Eyi-di.
- Conclusion générale.
!
j
1

1
1
1
1
1
j
1
i
,1
:1
;ii!
CHAPITRE
1
FONDEMENTS SOClO-CULTUREL'5 DE L'EYI-OI
********************************************
r1
1
1

17
A.
LE NOM
:
UN CONCEPT MULT IFORME
R===g_========================
1
1
Comme nous avons eu â le souligner dans notre intro-
duction, les Noms de personne de plusieurs sociétés africaines
ont bénéficie d'études approfondies, au niveau de l'ethnologie
1
surtout. Nous ne traiterons donc pas de noms patronymiques en
général, c'est-â-dire chez tous les peuples africains. L'objet
r1
de notre travail faisant partie des Noms de personne, il est
1
1
nécessaire de le situer dans le système de nomination abbey. Ce-
!1
,[
pendant, il n'est pas exclu que nous fassions référence â des
.,
ouvrages déjâ existants sur la question pour donner certains
exemples précis.
Chez les Abbey, peuple patrilinéaire et patrilocal,
la nomination se fait dans la famille paternelle. L'acte de
la dation du nom est, avant tout, considéré comme un geste de
renouvellement du clan et de la lignée dans toute son intégra-
lité. Pour cette raison, le nom par lequel on identifie un en-
fant â sa naissance, est fondé sur un système d'homon~e dont
le principe de base se présente comme suit :
- Le premier enfant
. S'il est garçon, deux possibilités s'offrent : on
lui donne, soit le nom de son grand-père paternel (si celui-ci
est encore en vie) en vertu de la vie qu'on lui doit ou/et du
grand respect qu'on lui porte: soit le nom d'un cousin germain

18
du père.
• Si c'est une fille, on lui donne le nom d'une
cousine germaine du père.
1
J
Ces deux personnes, le cousin et la cousine tiennent
une place prépondérante dans la vie du pêre. Lui, est son hé-
ritier légitime, et elle, lui lavera la tête et les parties gé-
1
f
nitales A sa mort. Ces deux personnes ont auparavant assisté le
J
pêre au moment de son mariage (dans la culture occidentale on
1
les appellerait des témoins).
1
•1j
On évite de donner le nom du grand-pêre mort au pre-
1
~11
mier enfant, car cela équivaudrait A l'offrir directement aux
~~11
Morts. Mais par la suite, il pourra lui rendre cet hommage.
1
1
- Le (ou la) deuxiême enfant recevra le nom d'un
1
•l
i
cousin ou d'une cousine du pêre.
!~,
l
- Le (ou la) troisiême enfant aura le nom d'un oncle
1•,
f
ou d'une tante, d'un frêre ou d'une soeur.
,
,
On honore les cousins et cousines avant les frêres
r
l
,
et soeurs pour sauvegarder la communauté et ne pas den~ dans
l'égocentrisme.
- Par la suite, on peut donner A un de ses enfants
le nom d'un ami, de quelque contrée qu'il soit, pour l'estime
1
qu'on lui porte. Ce qui permet tout de même l'introduction d'un
1
certain nombre de noms étrangers dans la famille ou dans le clan.
1

19
1
1
- Le neuviême enfant revient de droit à la maman.
c'est elle qui lui donne un nom. Et en général, elle lui donne
le sien si c'est une fille. Sinon celui d'un de ses frêres ou
1
~1
d'une de ses soeurs. Cela a une valeur symbolique qui signifie
!
qu'on lui donne cet enfant-là.
1
Dans ce mode de nomination, l'homonyme est, aprês
1
1
les parents, le garant de l'enfant dans la vie. Son foyer est
1
le deuxiême foyer de l'enfant,
(dans la civilisation occidentale
on rapprocherait son rôle de celui du parrain). Dans le cas des-
1
1
filles, c'est encore l'homonyme qui a le devoir (théorique) de
,[
Il
constituer la moitié du trousseau du mariage.
:1
;\\
il~i:
Avant de progresser, voyons comment on donne le nom.
1:
La dation du nom
Dês sa naissance, l'enfant reste dans la chambre avec
sa mêre pendant une semaine (six jours dans le calendrier abbey)
(1). Au bout du sixiême jour, três tôt le matin, entre six heu-
1
res et demie et sept heures, aprês avoir balayé la cour, on l'a-
f
mêne au dehors pour la cérémonie de la dation du nom, pour
1~
'-'" 1)
1
l' Eyiro ( ~ 1 rv , "le fait de nouer le nom".
,f!
Sa mêre le pose sur ses genoux, son pêre prend du
1
1
r
(1) La semaine abbey est composée de six jours
éhichi, ovo,
écho, étchasso, épi, épisso.
1
1
(

20
kaolin, fait des libations. Il verse un peu de poudre de kaolin
sur le sol et invoque les génies, les cours d'eau, le Ciel et
1
1
la Terre ainsi que ceux qui veillent sur eux ; puis il appose
ses doigts couverts de kaolin sur le front de l'enfant par
1
1
trois fois et chaque fois il dit tout haut le nom de l'enfant.
Après quoi la mère retourne dans sa chambre avec son fils.
1
1
En dehors du nom qu'il vient de recevoir, l'enfant
·1
possède d' autres noms apparenunent moins importants, mais qui
.1
-entrent dans la constitution de sa personne:
~~I
"ilJ
-
A chaque nom du terroir, qu'il s'agisse de nom de
il
garçon ou de nom de femme, est lié un petit poème qui sert à
le louer quel que soit l'individu qui le porte. Un exemple-type
est décrit chez les Zarma du Niger dans"Les Zamu ou poèmes sur
les noms·, par J. Bisilat et D. Laya. Mais il reste dans l'om-
bre ; d'ailleurs, un nombre limité d'individus seulerœnt connaissent le
leur propre. Seul celui des personnages célèbres est connu à
travers des anecdotes et des chansons populaires.
- Lorsqu'un enfant nalt, il porte d'emblée et sans
cérémonies, le nom du jour au cours duquel il est né. Avant même
l'octroi du nom principal, ce nom peut déjà être utilisé, mais
très vite, il pourra sombrer dans l'oubli pour l'entourage,
les parents n'étant pas tenus d'habituer leur enfant à ce nom
1
l dès son jeune âge: il le saura plus tard de toutes les manières.
Néanmoins, le libre choix est laissé aux parents d'en faire lé
1
1
1
r

21
1
1
,
1
1
nom usuel de leur enfant. Dans tous les cas, c'est un nom de
1
i
second degré. Mais c'est lui qui, avec le nom principal, cons-
1
titue vraiment la Personne.
)
1
A part ces deux noms, selon leur rang de naissance,
1
certains enfants peuvent avoir d'autres noms en plus, qui font
1
d'eux des cas.
1
1
1
!
- Si vous êtes précédé de deux enfants de même sexe,
!
î
vous êtes TchindO (terme emprunté aux Baoulé), vous occupez une
mauvaise position. Généralement, vous êtes considéré comme de-
1
j
vant avoir un caractère difficile ; vous avez une prédisposition
"
fj,,
mystique. Il existe une série de cérémonies â subir alors pour
redevenir normal. Selon que vos parents y croient ou non, ils
vous soumettront â cela ou vous en dispenseront. Dans la civi-
lisation baoulé, on supprimait semble-t-il, ces genres de nais-
sances, faute de quoi la mère pouvait ne plus faire d'enfant.
-Si vous êtes troisième et quatrième du même sexe,
}
vous êtes respectivement N'gbesso et N'dèrè. Ces deux naissan-
~
ces également prédisposent l'enfant â des capacités mystiques.
Pour les réduire, les étouffer ou les développer, il existe des
cérémonies â subir.
1
- A partir du neuvième enfant jusqu'â la fin des ma-
t
terni tés, les enfants, qui sont considérés comme ayant un ca-
!
ractère particulièrement difficile et sont traités en conséquen-
1
,
ce, portent tous le nom de leur rang : N'goran : ge, Brou : 10e,
1
{

22
etc, etc, mais dans une terminologie baoulé (pour une question
de tonalitê).
- Si vous êtes jumeau, vous êtes N'takpê (de n'ta
·jumeau· et de yikpê "garçon" - n'tayikpê contractê donne
n'takpé).
Si vous êtes jumelle, vous êtes N'taghO (de n'ta
"jumeau" et de YighO "femme". N'tayighO contracté donne "N'ta-
ghO·) •
Quand il s'agit de jumeaux garçon et fille, N'takpé
et N'taghô supplantent le nom principal. Quand ce sont des ju-
meaux ou des jumelles, on laisse volontiers dans l'ombre leur
nom de jumeaux pour ne pas se tromper dans les désignations.
- Si vous êtes né après des jumeaux, vous êtes
N'tamon (de n'ta "jumeau" et Mon: "ce qui est avant"). On con-
sidère que l'après-jumeau est plus puissant que les jumeaux,
parce qu'i~ porte en lui la force réelle de ces derniers.
- Si vous êtes né sur les rives d'un cours d'eau,
vous portez d'abord son nom.
NOUS
laissons de Côté tout le système de substitution
au nom principal pour les cas oft on est amené à le contourner
pour ne pas avoir à le prononcer pour un tas de raisons (respect,
etc, etc). Pour nous, tout cela entre dans les termes d'adresse
et nous n'aimerions pas aborder ces questions dans ce travail.

r
f
23
1
i
Mais nous n'en avons pas pour autant terminé avec
les modes de nomination. Si dans la plupart des cas, les
1
choses se déroulent sans histoires, il est d'autres cas on
!
les parents sont obligés de passer outre la convention sociale
1
i
pour donner un nom A leur enfant. Ce rôle revient généralement
!
!
aux pr~tres totémiques.
Le nom, une question religieuse.
,
i
Les cas sont multiples et divers. Nous nous intéres-
!,
serons A deux d'entre eux, sans doute, ceux que nous connais-
1
1
sons le mieux.
!
,
1. Un prêtre intervient dans la dation du nom d'un
enfant lorsque le nom initialement reçu par l'enfant ne lui
1
convient pas. Comment le sait-on?
!!
!
L'enfant manifeste un état de santé défaillant et
l
apparemment, aucun remède ne semble le soulager. Alors, soit
qu'un membre de sa famille voie en songe l'enfant qui lui confie
r
t
f
sa pensée - il serait par exemple un aleul revenu, ou le génie
~
d'un cours d'eau quelconque, ou autre chose, et donc, il réclame
la restitution de son nom, faute de quoi il mourrait.
Pour vérifier un tel songe (peu banal A dire vrai)
on va consulter un prêtre ou un devin. S'il certifie les propos
qu'on lui a rapportés, il débaptise l'enfant et le rebaptise en
lui donnant le nom choisi. Quelque temps après, le malade devrait
retrouver sa santé.
1
,
1

24
2. Le syst~me Rougbo est d'une mani~re générale
conseillé aux couples qui perdent leurs enfants en bas âge.
Pour aller échanger votre enfant contre Rougbo, une seule con-
dition, et elle est capitale: il ne faut pas avoir eu d'en-
fants qui soient en vie et que celui que vous possédez soit
1
1
le seul dernier-né qui vous reste.
f
1
Donc, pour ne pas perdre encore une fois votre enfant,
!f
vous l'amenez au pr~tre ou à la princesse qui vous l'échange
~
1
contre autre chose, contre quelque chose qui est la même pour
1
t
!
!
1
tous, Rougbo •
.,,
Rougbo étymologiquement, c'est "tout ce qui est cuit
nature". Si c'est un légume, on peut le consommer sans accompa-
gnement spécial.
Par analogie à ce genre de repas, on dénomme ainsi
1
les enfants que l'on essaie de garder à la vie
l
1
.f
- Ce qui est "cuit nature" ne mérite pas un traitement
spécial, aussi tout le monde peut se servir. C'est
pourquoi, quand on voit passer un tel enfant (recon-
naissable aux amulettes qu'il porte au cou) on l'in-
terpelle, "Banane-cuite-nature " 1 "Ignarne-cuite-
nature" etc, viens par ici donc que je me serve 1 •••
Comme j'ai faim, Manioc-cuit-nature ! viens me donner
à manger 1 ••• etc, etc".
Ce jeu consiste à ridiculiser le sort et à décourager
1
tous les sorciers qui en veulent à l'enfant.-
r

Î
1
j
25
1
1
1
B - LE CAS PARTICULIER DE L'EYl-Dl
==============================
1
1
i
1
1. FONDEMENTS OOCIO-eULTURELS
"EYl" est un terme polysémique qui désigne ~ la fois
la "dent" et le "nom". Le contexte dans lequel il apparalt per-
met de lever l'ambigulté.
Lorsque nalt un enfant, la cérémonie de la dation du
i,
nam (que nous avons décrite) s'appelle "eyi-roh" qui est donner
-
;
i
- "roh" - un nom - eyi - mais le terme (roh) signifie "nouer"
1
dans le sens de faire un noeud coulant. Ce qui fait que "donner
un nom" prend le sens de "nouer un nom". Nous pensons que c'est
le vrai sens de la dation du Nom.
Une fois le nam donné, l'enfant le porte et le terme
qui exprime cela est "êyidi" "le fait de porter un nom" ; "di"
signifiant également "manger". "Le fait de porter un nom" -
littéralement : "manger un nom" veut dire avoir le nom en soi,
le contenir. Et si l'on demande ~ quelqu'un: "Comment te
nommes-tu ?" c'est le verbe "di" qu'on emploie: "élé fe dié"
"Comment toi manges ?". Pour le distinguer cependant du verbe
"di" (manger au vrai sens), on dira par exemple "ma fé di é" :
"quoi toi entrain de manger ?", "que manges-tu ?".
11
Maintenant, dans le cas de la devise, on emploie
1
"shi foufou" "arracher", dans le sens d'un objet suspendu ~
1
,
quelque chose et qu'on détache vigoureusement avec la main, et

26
1
l
1
[
on dit "eyi-shi-foufou" : littéralement: "le fait d'arracher
le nom", qui signifie "déclamer le nom". Ce qui explique le
1
caractère souvent abstrait ou idéal de ce genre de nom.
1
1
,
En ce qui concerne le surnom, c'est également le ver-
1
!
be qu'on emploie pour l'attribution du nom de naissance. Mais
cette fois, ce nom vous est donné pour quelque chose de précis
1
qui vous caractérise, généralement un défaut, un tic ; mais il
peut s'agir aussi d'une qualité mais sur laquelle on ironise.
1
ij
Alors on dit "eyi-roh". Et tout le monde peut vous appeler par
1
j
ce surnom avec ou contre votre gré. Parfois il arrive ~me que
!
i
le surnom éclipse le nom principal.
1
!
Mais quand un homme ou une femme a acquis une grande
1
renommée pour quelque raison que ce soit et qu'on veut dire
i
qu'on loue la~personne, on emploie le terme de "eyi-rou" - le
1
verbe "rou" veut dire "puiser", "pleurer", "tisser"
(une natte).
,
:l·
:1
Le sens qui convient dans ce domaine est celui de "pleurer",
,,
dans le sens, non de "verser" des larmes ou de s'apitoyer sur
;
'1;
le sort de quelqu'un, mais par allusion à l'acte de répétition
~
;~
de ce nom. Le terme Eyi-rou c'est aussi l'acte de nomination.
i,1
i
Il signifie "le fait de nanmer" "le fait de désigner".
î!
1
f\\
Ce bref aperçu étymologique permet de voir que chez
1
l
1
les Abbey, en ce qui concerne la nomination, i l y a un seul
i
1
terme, "eyi"
(le nom) et diverses manières de le dire, manières
liées aux circonstances de dation et de création, qui donnent
1
le nom, la devise, le surnom, etc. Où est donc la place de
1

27
l'Eyi-di objet de notre étude?
Lorsqu'un enfant apprend à parler, on le familiarise
avec le système des noms, le sien propre ainsi que celui de
ceux qui l'entourent. Petit à petit, il apprendra à faire la
différence entre "attribuer un nom", "porter un nom" : quand
sa mère se mettra à "louer son nom", il saura que c'est parce
qu'elle est satisfaite de lui. Et avec le temps, il se rendra
compte que certains noms sont plus compliqués que d'autres,
1
.1
i
ainsi que les raisons pour lesquelles ils sont composés de cette
1
1
façon. Cependant, ce qu'on ne lui apprendra pas, c'est une ca-
1
:!
tégorie de noms qui sont plutôt des catalyseurs de conflits. S'il
s'agit d'une fillette, très vite, elle remarquera que sa mère
et telle ou telle femme s'interpellent toujours par un nom dif-
férent de celui que les autres utilisent, et que très souvent,
elles s'arrêtent quelques instants pour échanger quelques mots
à propos de leur nom en adoptant soit une attitude décontractée,
soit une attitude presque sereine. Mais tant que ça l'amusera
ou qu'elle constatera que sa mère parle trop, elle n'essaiera
pas de l'imiter
lorsqu'elle se mettra à faire comme sa mère
avec ses amies, ce sera une adolescente de douze ou treize ans
et elle se posera en critique qui commence à comprendre le monde
qui l'entoure. Ces genres de nom, Agblémagnon les a appelés à
1
,
juste titre, "les noms d'allusion"
(1)
et il les a décrits de la
(1) N. Agblémagnon : Sociologie des sociétés orales d'Afrique
1
noire, pp. 82-83.
1
r

28
façon suivante
1
~Il s'agit de "parler" du voisin, de le provoquer au
l
besoin sans para!tre s'adresser à lui. Ce nom peut
être une insulte voilée, une moquerie, la manifesta-
tion d'une intention hostile, le désir de ridiculiser,
etc. Ce type de nom peut être donné aux objets fami-
liers, aux animaux domestiques. Ainsi, pour narguer
le voisin, l'Ewé appellera sa chêvre ou son chien:
Wotornyo "ils ont de la chance, eux".
Cette brêve présentation illustre parfaitement le
fondement social de l'objet de notre étude. Nous avons préféré
ne pas l'intituler "nom allusif" ou "nom d'allusion" parce que
la majorité de nos noms (et ici nous parlerons des noms des so-
~1
ciétés africaines en général, l'immense bibliographie concernant
1
j
ce sujet nous le permet) est allusive. D'ailleurs la classifica-
ii1
- tion d'Agblémagnon qui ne fait état que d'une seule catégorie de
~1
noms non-allusifs (les "noms de salutations" dérivés des noms du
t1
jour de naissance) confirme ce fait. Cependant, chez les Abbey,
1
le fait que les femmes aient érigé ces noms en système de criti-
que leur a donné une dimension supplémentaire. C'est pour cela
que nous avons choisi de partir de l'acte de parole afin d'abor-
der le mode d'emploi de ce type de nom (qui l'emploie? quand?
1
etc) aussi bien que le texte lui-même. Car, plus que le nom que
l'on porte, c'est le fait de le dire qui compte. Et aussi souvent
r

29
sera-t-il répété, le nam (qui est message) aura plus d'occasion
pour atteindre son but, faire effet sur les récepteurs visés ou
non.
2. FONCTIONNEMENT
L'Eyi-di se pratique d'une manière générale entre fem-
mes, surtout entre amies ~ entre hommes ; et exceptionnellement
i
entre un homme et une femme. Dans ces conditions, il peut pren-
1
dre une importance moindre lorsqu'ils n'ont pas l'occasion de
~1.!
se voir souvent •
1
Il s'agit donc d'une convention établie entre deux
femmes ; elles appellent cela Eyi-di (le fait de porter un nom) •
Quelques expressions qui y sont liées sont :
- "Nommons-nous .•• " lorsqu'elles prennent la décision
de partager un nom.
- Pourquoi ne commentes-tu pas le nom ?
- Telle personne et moi avons décidé de nous appeler
désormais par tel ou tel nom,
etc, etc.
Les personnes ayant droit de désigner ces femmes par
ce nom sont celles mêmes qui ont pris cette décision. Dans notre
transcription, nous avons mis en relief le caractère distique de
chaque Nom.
i

1
30
1
1
1
Soit LI et L
les deux locutrices que lient un Nom.
i
2
!
1
~
Dès qu'elles se rencontrent, l'une, disons LI' énonce le premier
1
,
membre du nom ; aussitôt, L
lui donne la réplique en énonçant
2
le second membre. Et ce sont les deux membres réunis qui for-
1
ment le Nom. Alors tout de suite après, suit un commentaire que
1
,
1
fait l'une ou l'autre, quelquefois les deux, pour appuyer ou
j
1
!
expliciter le Nom. Le petit texte qui suit chaque Nom n'est
1
donc pas une précaution de notre part pour aider le lecteur.
1
1
1
c'est le déroulement normal de l'emploi du Nom.
i
!
Un exemple
Morphologie d'un Nom.
LI
Il s'attend â la chute
de l'arbre pourri •..
L
Mais c'est l'arbre vivant
2
qui craque et tombe.
Commentaire :
Tel le Vieillard, l'arbre mort qui se dresse lâ-bas,
le vieillard ici même â propos de qui nous disons qu'ayant les
cheveux blancs, il va mourir .••
Et pourtant, il se peut que ce soit le bébé que voi-
lâ, â qui nous ne pensons pas, qui, le premier, meurt.
Le commentaire peut être un peu plus long surtout
quand les deux femmes le font â tour de rôle. Mais on veille â

31
ce que quelques instants suffisent. L'énonciation et le cammen-
taire tiennent au plus en trois ou quatre minutes. Car en fait
la beauté de la chose réside en cela. Il faut qu'en très peu de
temps, énonciation et commentaire soient eXécuté~et bien. Par
l~, on repère la performance de la langue de chacune. C'est pour-
quoi malgré sa morphologie particulière, l'Eyi-di n'a pas de mo-
ment fixe d'utilisation. C'est un nom propre et comme tel, il
assume les deux fonctions caractéristiques des noms propres :
1
la fonction référentielle et la fonction vocative, avec toute-
1
/
fois la dominance de la fonction-vocative qui seule permet l'em-
:1
'1~"
ploi total du Nom.
~
~.
Chez eux, tout se passe pendant les moments de bois-
son, autour d'un ca'12ri de vin de palme. De nos jours, il peut
1f
bien s'agir également de toutes autres boissons fortes
bière,
1
l
vin, rhum, etc. Jamais aussi ils n'emploient le Nom en l'absen-
1
ce de celui ~ qui il est destiné.
!
Quelqu'un vous a fait du mal. Généralement il a, dans
1
11
un passé récent ou lointain, prononcé quelque parole blessante
1
~ votre égard, et comme vous n'avez pas oublié le fait, vous te-
nez ~ le lui faire remarquer publiquement. Alors dès que l'oc-
casion s'offre, vous achetez de la boisson et vous conviez des
amis, parmi lesquels celui qui vous a offensé. Et très précisé-
t
ment, vous dites ~ cette personne que cette boisson est offerte
en son honneur. Lorsque la boisson est terminée, l'homme (le
,

32
r
plus jeune de l'assistance) qui a assuré le service, dit la
1
!
formule qui annonce qu'il est temps de passer aux remercie-
ments. Il se tourne vers celui qui les a rassemblés et dit :
1
,
- Nous arrivons
le vin est fini, nous arrivons.
1
Et l'autre (celui qui offre) qui, dans une situation
1
normale aurait "donné la route" en disant justement "la voie
1
est libre", répond par un Nom qu'il se donne et que les autres
.1
1
1
partagent avec lui ; à la fin de cet échange, il explique le
,
",
!
pourquoi de ce Nom. Il dira entre autres, que l'homme en l'hon-
;!
~
;i
neur de qui il a offert à boire l'avait offensé; sans doute
1
ignorait-il que lui aussi était "quelqu',un" c'est-à-dire un hom-
1
1
me important; alors pour lui prouver qu'il mérite des égards,
1
il lui a fait ce qui se doit. En fait, ce n'est pas de bon coeur
1
que l'homme a fait ce geste, il a agi de la sorte pour relever
!
le défi, et du coup laver l'affront qui lui a été fait. Quelque-
f
1
fois, après le partage du Nom, l'offensé, dans sa phase explica-
tive parle â la troisième personne et l'offenseur tire lui4nême
l des conclusions.
1
Un exemple
lj
j
î
• Naissance d'un Nom
!
Dans un village vivait un riche, très riche planteur.
Il avait une grande renommée et sa popularité dépassait les
1
frontières de son village.
1
1
t1

33
Tout près de lui, habitait un homme modeste qui ré-
coltait annuellement une tonne de cacao. Pendant que notre ham-
me riche qui reçoit de l'aide (la main-d'oeuvre) de la part du
"Commandant", récolte cent tonnes de cacao. L'homme d'une tonne
économise son argent. Mais chez le riche, débarquent toujours
des gens qui viennent le voir afin de lui emprunter de l'argent.
Si bien que très souvent, il se retrouve sans un sou. Alors il
se rend discrètement chez son voisin l'homme d'une tonne et lui
dit :
Je suis en difficulté, j'ai chez moi des gens venus
solliciter mon aide, mais je n'ai plus rien et je
ne peux pas les renvoyer.
- De combien as-tu besoin, lui demande l'autre?
l
- J'ai besoin de telle somme.
j
1
Alors l'homme modeste rentre dans sa chambre et quand
1
il en sort, il lui donne l'argent nécessaire. Ainsi, le riche
1
peut aller porter secours ~ ses visiteurs tout comme si cet ar-
gent venait de sa poche.
1
Pourtant un jour, alors qu'ils avaient une prise de
bec, le riche traita le modeste de pauvre type (pauvre dans le
sens de "sans le sou").
1
Alors un jour, comme le modeste avait reçu de la visite,
1
1
il offrit ~ boire ~ ses visiteurs. Le riche était également
1
t

34
présent a la fête. Quand arriva le moment du remerciement,
1
,
l'homme qui a assumé le service d i t :
1
!
- Nous arrivons.
"
1
Alors l'hôte dit
1
1
1
1
,
- En guise de remerciement, appelez-moi "le-champ-
,
t
est-petit".
1
!
i
Et a tour de rôle, chacun reprit, "le-champ.est-pe-
J
titRe Et le dernier demanda: "Tu dis que le champ est petit ~
dans quel sens l'est-il ?~
Alors il répond : "Oui, lorsque le champ est petit,
jamais n'y manque la nourriture. Mais quand le champ est vaste
la nourriture y manque. Quand tu te rends dans un tel champ, tu
peux le parcourir de long en large sans rien rapporter ; tandis
1
que dans un champ petit, les femmes trouvent toujours de la ba-
1
nane".
-!
1
Avec un tel proverbe et surtout une telle explication,
1
notre richard trouvera matière â méditer la nuit quand il se sera
1
,
!
couché.
Schématisation
1
f
Dans un cadre plus général, en vue de la réutilisation
1
du Nom qui vient d'être créé, on suit la démarche inverse. Le
J
Schéma se présente quelque peu différent de celui des femmes, et
!

35
c'est ce que nous avons fait apparaltre dans les textes. LI est
ici l'homme qui a offert la boisson. L ••• Ln ce sont tous ceux
2
qui ont pris part a la boisson. On partage le Nom, puis LI fait
le commentaire.
LI
"Le champ est petit"
L
Le champ est petit •••
2
LI •.• jamais n'y manque la nourriture
L
Le champ est petit •••
3
LI •.• jamais n'y manque la nourriture.
L
Comment le champ est-il petit ? ••
n
LI ..• oui, lorsque le champ est
;
1
petit ..• etc, etc.
j
1
1
C'est toujours le système binaire avec la différence
1
ici, que LI partage le Nom avec chacun des participants, et puis,
j
le commentaire est toujours fait par LI qui est le seul a savoir
1
f
pourquoi il a choisi tel Nom et pas tel autre. Les autres le
1
sauront après seulement.
1
A propos du commentaire, on remarquera le caractère
1
polémique de celui des femmes, tandis que celui des hommes est
plus réservé, disons plus philosophique. Ici, on lance des flè-
1
ches, la, on essaie d'être conciliant mais en montrant qu'on a
f
1
1
1
de la classe, de la culture. C'est ce qui justifie l'emploi des
,
f,
l
proverbes comme Noms dans la plupart des cas.
!
r
1
1
1
1

36
Mais sur tout ceci, nous reviendrons plus en détail
lorsque nous aborderons la portée sociale, et surtout la di-
mension littéraire de ces Noms.
Cependant, il nous semble ~portant de faire la part
des choses entre les proverbes en tant que tels et les Noms-
proverbes dont il est question dans ce travail. Toute la diffé-
rence se situe au niveau de l'emploi.
Notre but n'est donc pas de faire une étude compara-
tive de l'Eyi-di et du proverbe, encore moins de présenter un
long développement sur le proverbe ; de solides recherches a
propos du genre ont été effectuées et portées a la connaissance
du public.
jutilisé
Tel que nous avons présenté l'Eyi-di par les hommes
et fait remarquer que la plupart du temps ils avaient recours
traits d'une conversation que nous avons eue avec un informa-
teur
Akafou Denis, notable du village d'Ananguié
; conversa-
tion au cours de laquelle des proverbes ont été employés pour
étayer, ponctuer chaque sujet et chaque idée précise.
1. Le proverbe est donné dès le départ. C'est
lui qui pose les principes de l'idée a développer.
1
}:
t-

37
1
!
-
.
l~1
- Alors vous êtes partis à la recherche de la con-
i
t
naissance comme tu viens de le dire ?
1
- Oui.
1
- Vous êtes partis ••• Mais on dit: -Pour rien l'ar-
1
bre ne se déracine: il faut qu'il vente avant que l'arbre ne
1
J
tombe-.
'1
1
1
J
~
Les personnes importantes que nous avons là-bas, lors-
.~
qu'elles meurent nous disons: "oui, on a tué telle personne •.•
etc. Elle est morte, certes, mais elle a fait quelque chose 1
- Oui la mort n'arrive pas par hasard.
- Voilà 1 Tu es partie •.• Mais si tu n'as rien fait à
personne, comment peux-tu rencontrer la mort ?
1
- Non 1
- Mais si au village ici tu as déjà fait du mal.
1
- Oui.
1
1
1
- Si tu as déjà fait du mal ici et que là-bas tu te
mets à recommencer, ce sera la cause de ta mort.
Toi qui as été jusque là-bas et qui vis là-bas,
aujourd'hui tu n'as pas encore fini, tu apprends toujours le
métier ?
1

,
i
38
!
!
- Oui.
f
1
- Ton ami (toute personne ici) qui n'est pas! ta
1
hauteur, si tu le vois, ne le méprise pas.
1
,
- Oui.
- Tout! l'heure, quand tu es arrivée pour bavarder
avec moi, tu m'as apporté cette boisson, n'est-ce pas?
!
1
- Oui.
1
J
f
1
- Pourtant dans la société des Blancs, je ne suis rien
1
auprês de toi ; je crois que dans la société des Blancs je ne
i
1
1
suis rien auprês de toi, n'est-ce pas?
l
!~1
- Oui.
1
1
~!
- Mais au village ici, c'est moi qui te commande.
- Bien sOr.
!:
1
- C'est moi qui t'ai mis au monde. On peut dire que
j
c'est moi qui t'ai fait partir et tu as réussi.
1
.~
- Oui •
i
1
1
,
- Mais si tu arrives et qu'en me voyant tu me dis "oh
1
1
1
ce vieux Couillon-l! •.• " conunent penses-tu, en agissant ainsi,
!l que ton travail marche ? Voil! la signification des personnes qui
meurent.
t
- Oui, tout part de la maison".
( ... )

39
,
2. Le proverbe qui est tiré d'un conte est donné
1
A la fin. Mais le sujet est déjA discuté en grande partie.
1
1
1
- -C ••• ) Aujourd'hui vous êtes lA-bas C••• ). Un jour,
j
nous nous étions réunis, les autres et moi pour juger et régler
!
une histoire. Et j'ai dit: "je vais vous faciliter le proces-
sus-. Ils ont dit: -il faut absolument que nous transférions
1
cette histoire à Agboville afin de connaItre le dénouement".
1
1
J'ai dit: -non, ce n'est pas la peine d'aller A Agboville. Si
1
vous allez vous plaindre A Agboville, on vous convoquera en même
j
temps votre adv.ersaire et vous".
1
j
- Oui.
1
- "S'il s'y rend, après qu'on t'aura donné la parole,
1
il parlera à son tour, n'est-ce pas?
1
- Oui.
1
- Ce que tu diras est dans ton ventre, ce qu'il dira
aussi est dans son ventre 1 C'est l'histoire du chasseur et de
la panthère.
La panthère vivait dans la brousse Cla forêt).
- Oui.
- Et le Chasseur vivait au village.
- Oui.

40
- La panthère tuait du gibier 1 on disait même qu'il
~tait bon chasseur. Les habitants de la brousse le félicitaient.
Le chasseur du village également tuait beaucoup de gibier, et
on disait de lui qu'il était bien trop fort pour faire tout cela.
Et lui, pour prouver sa force et son audace, il dit : "le jour
oü ma mère mourra, je me rendrai dans la brousse pour tuer la
panthère et couper sa queue que je ramènerai afin qu'on s'en ser-
ve pour chasser les mouches de la dépouille, pour qu'on sache
que je suis vraiment chasseur".
Or, à ce même moment-là, dans la forêt, la panthère
faisait également ce voeu : "Oui, vous me félicitez, mais ce
n'est pas tout 1 à la mort de ma mère, j'irai tuer le chasseur,
couper sa cartouchière et la placer près de la t~te de ma mère,
pour qu'on sache que je suis puissant". Les choses en étaient
restées là. Mais un jour, pendant que la mère de la panthère ago-
nisait dans la brousse, la mère du chasseur aussi mourait au
village.
1
-
Hum
1
- L'un et l'autre ignoraient ce fait (cette colncidence).
1
Ce jour-là, dans la brousse, à l'aube, on entendit:
1~
1
"mère panthère 1 mère panthère 1 mère panthère 1" (on essayait
de la ranimer). Aussitôt la panthère dit : "la maladie de mère
1
que je croyais être sans importance est entrain de la tuer. Si
1
je reste ici jusqu'à demain, compte tenu des personnes qui
1
1
1:
,

41
viendront saluer, je ne pourrai pas aller dans la forêt et je
ne pourrai pas tenir mes promesses, et ainsi je serai la risée
de tous. Alors voilà, je pars. Si je ne rentre pas, conservez
le corps de ma mère pendant trois jours
attendez la dégrada-
tion du corps avant de l'enterrer." Et il disparut.
!,i
Pendant ce temps, au village, le chasseur prenait
!1
ces mêmes précautions avec cette précision : "On jour, pendant
que je chassais, il me semble avoir vu cet homme-là (la panthère).
i
1
J'ai remarqué ses traces, et très particulièrement la manière
dont il s'est comporté sur les fruits d'un certain arbre. Je
suis sOr que tous les jours, il passe par là. Alors, si je tourne
'-
1
autour de cet arbre pendant deux jours, je l'aurai. Ainsi, je
!
ne serai pas pris pour un menteur".
1
i
- Oui.
1
- Effectivement, il disparut lui aussi. Lorsqu'il at-
1
teignit le milieu de sa marche, le jour apparut. Au moment oà il
s'approchait d'un certain gros arbre, le ciel se couvrit
c'était
1
1
1
l'orage qui s'annonçait. Alors il s'abrita sous l'arbre.
~
Mais à ce même instant, la panthère arrivait sous le
même arbre ; il constata le même temps maussade et se dit : "Que
se passe-t-il ? avec cette pluie, comment ferai-je pour voir cet
homme ?". Il se cacha de l'autre côté de l'arbre, tandis que le
chasseur occupait l'autre partie.
La pluie tomba toute la matinée; puis lorsqu'elle
i
;
f
1

42
commença a diminuer, le chasseur qui eut envie de certain be-
soin naturel, se leva
en marchant, il cassa une branche sè-
che qui fit du bruit. La panthère qui entendit ce bruit, se dé-
couvrit pour voir ce qui se passait. Alors leurs yeux se croi-
sèrent et chacun se dit en lui-même : "le type pour qui je me
suis déplacé est donc la 1". Alors pendant que la panthère se
préparait a bondir sur son adversaire, le chasseur, très rapi-
dement, s'éloigna de l'arbre, les doigts sur la gâchette. Ils
se mirent donc a se pourchasser en contournant l'arbre. Un mo-
ment après, la panthère dit : "Chasseur, pourquoi agis-tu ainsi
aujourd'hui ?"
La panthère dit
"Arrête-toi 1".
i
Il dit
"Comment veux-tu que je m'arrête ?"
1
!
Il dit
"Attends 1 Laisse-moi parler. Ce que tu fais
m'effraie".
1
t1
Ils étaient alors distants de cinq ~tres environ - et
le chasseur visait la panthère. Ne tire pas, dit ce dernier :
il faut que tu saches. Alors laisse-moi parler.
Le Chasseur dit : "Je ne tirerai pas : je prends mes
1
,
précautions: alors parle, je t'écoute".
La panthère dit: "Si je fais ce que tu vois, c'est
1
,
1
1
pour une raison. Chez moi je reçois tous les honneurs parce que
1
c'est moi qui rapporte le plus grand nombre de gibier. Si bien
1
t
1

43
que je m'étais dit en moi-même que j'étais un mattre en matière
de chasse. Aussi j'ai fait une promesse aux gens de chez moi:
leur ramener ta cartouchière à la mort de ma mère, pour qu'ils
sachent que je suis vraiment puissant. Ma mère est morte aujour-
d'hui. C'est pourquoi je suis venu à la chasse pour te guetter
et t'avoir. Et voilà que précisément, tu te trouves ici. C'est
donc ce qui se passe".
Il dit : "Je suis ici pour les mêmes raisons que toi.
J'ai dit aux gens de chez moi qu'à la mort de ma mère,
je te
tuerais, toi, grand chasseur de la brousse, afin qu'avec ta
queue que je ramènerais au village on chasse les mouches de la
dépouille de ma mère ; cela, pour prouver que je suis puissant.
Et voilà qu'aujourd'hui, ma mère est morte. En fait, je suis à
ta recherche.
Il (panthère) d i t : "C'est ce qu'on appelle "le men-
teU/l a été avec 60n chien". Le voeu que tu as fait,
je ne l'a-
vais pas entendu, et le voeu que j'ai fait, tu ne l'avais pas
entendu. Nous voilà face à face pourtant, si tu me tires, tu
m'auras tué pour rien. Disons que tous deux, nous avons tenu pa-
ro1e. Viens 1 Voici ma queue ; coupe la longueur qui te p1a!t et
donne-moi ta cartouchière. Chacun de nous ira réjouir les siens
avec l'objet acquis; nous ne sommes venus avec personne; nous
sommes "le menteur qui est allé avec son chien". Sur ce, il posa
sa queue sur l'arbre, et le chasseur en coupa un petit bout. Ce
dernier, en retour, lui remit sa cartouchière. Chacun rentra
chez soi.

44
Panthère, lorsqu'il fut ~ l'entrée de son village,
envoya un enfant annoncer au batteur de tarn-tam qu'il était
de retour j puis il se mit ~ déclamer : RJe dis la vérité moi
J'arrive avec la cartouchière du chasseur pour qu'on sache que
je suis puissant 1"
Le batteur de tam-tam déclina son nom
"KotimO Bafoué
KotimO Bafoué 1".
Il répondit: ".I.e réponds 1 Moi, garçon 1 Je ne parle
pas pour rien 1 Si je dis une chose, c'est la vérité 1".
Puis il dansa, dansa, dansa jusque devant le public
qui l'acclamait: "Cet homme a tenu parole j il a réellement at-
trapé le Chasseur puisqu'il est venu avec sa cartouchière R.
Le Chasseur aussi rentra chez lui, fit avertir le bat-
teur de tam-tam qui déclina son nom en ces termes : RLe chasseur
a peur de la forêt, mais la forêt aussi a peur du chasseur 1".
Il répondit : "Moi je ne parle pas pour rien ! La parole que je
produis, je ne la produis pas pour la forme ln.
Lui aussi dansa, dansa, dansa et alla poser la queue de
la panthère sur le lit mortuaire. On lui dit : "Vraiment, tu as
tenu parole, nous pouvons ~ présent aller enterrer ta mère".
Quelqu'un alors remarqua: "Et ta cartouchière, l'as-tu oubliée
l~-bas ?". Il d i t : "Je ne l'ai pas oubliée. Mais croyez-vous

1
45
!
1
,
!
que l'homme dont j'ai rapporté la queue est un homme docile?
Inutile de me demander on se trouve ma cartouchiêre. La lutte
1
que nous nous sommes livrée a été de taille et il a certainement
1
•!
da avoir coupé ma cartouchiêre avant que je n'aie réussi à l'a-
battre: alors disons que je l'ai oubliée".
1
Chez la Panthêre aussi, les mêmes explications se dé-
roulaient et il a dit pour sa défense ceci : "Ne savez-vous pas
que le jeune que j'ai été affronter est plus fort que moi? Son
instrument tire à distance tandis qu'il me faut m'approcher de
mon adversaire avant de l'étrangler. Pourtant, dans cette lutte
qui n'a pas été un amusement, j'ai réussi à rapporter sa cartou-
chiêre. Alors inutile de me demander des détails jft.
On les excusa et on les félicita des deux cOtés. Qui a
vu ce qui s'était passé?
- Personne.
Depuis ce temps, on dit
ilLe menteur dit qu'il est
allé avec son chien".
Comme nous venons de le voir, l'Eyi-di, dans son uti-
lisation, rejoint le proverbe : mais i l ne se confond pas avec
1
1
lui. Leur mode de formulation les différencie. Prenons l'Eyi-di
i
1
f
chez les femmes on LI énonce la premiêre séquence et L
la se-
1
2
!
conde, avec le commentaire fait par l'une ou l'autre, ou les
1
1
deux. Ce schéma n'est pas obligatoirement suivi dans toutes les
i
r
1

46
circonstances. Quand les deux alliées (et le mot n'est pas trop
fort pour ce cadre) sont pressées, elles peuvent ne pas commen-
ter le Nam, mais se contenter tout simplement d'énoncer les deux
séquences qui le composent. Mais a la limite, c'est la première
séquence que l'on retient.
Par exemple, soient deux alliées se partageant le Nom
nO 16 : Celle qui aperçoit la première l'autre, peut l'interpel-
ler ainsi: "pORC-EPIC-QUI-TIENT-A-MANGER-DU-MANIOC 1 ••• ". Mais
-cette dernière, qui aurait dQ répondre: " •.• NE-TIENT-PAS-eOMPTE-
DE-LA-DURETE-DU-SOL I" se contente de dire: "Oui I".
Puis, si celle qui a interpellé son amie a quelque
chose a lui demander, elle le fait aussitOt sans autre cérémonie.
Ceci est possible parce que dans l'Eyi-di, la première
séquence qui est la plus importante, est sémantiquement complète
-(du moins la langue le rend ainsi), ce qui n'est pas le cas de la
deuxième qui est étroitement liée a la première. Cela explique
aussi pourquoi dans ce système binaire, seule la première séquence
fonctionne vraiment comme n'importe quel nom propre.
Pour revenir à la comparaison avec le proverbe, on re-
marque que le proverbe ne peut être scindé et rester compréhen-
sible s'il n'a subi de transformation dans le cadre de l'Eyi-di,
notamment, transformation d'énonciation. C'est ainsi que le Nom
"ACHIREKE
BANANE A FAIT DU BIEN A BICHE ROUGE ET ElCHE ROUGE

47
A RAISON (Nom 96), est l'adaptation du proverbe: "Pour rien
l'arbre ne se déracine. Il faut qu'il vente avant que l'arbre
ne taobe".
En effet, le proverbe se dit d'un trait: c'est un
"énoncé", c'est-A-dire une phrase compréhensible en elle-même
alors que l'Eyi-di, tel qu'il se présente, peut être considéré
dans la plupart des cas, comme deux énoncés.
Mais laissons en suspens ce problème pour aborder une
autre dimension de l'Eyi-di, celle d'inspirateur de poésie.
3. CREATIONS POETIQUES INSPIREES DE L'EYI-DI
En effet, l'Eyi-di sert de toile de fond A la majorité
des chants et poèmes des Abbeys, depuis les Clair-de-lune (chan-
sons des jeunes filles au clair de lune)
jusqu'aux chansons de
certaines grandes danses, telle que le N'DOLE). Et même depuis
les années 60, où on a assisté A la naissance de formations or-
chestrales "modernes" de jeunes chanteurs et chansonniers du ter-
roir, ces derniers ont commencé par reprendre ces chants et poè-
mes avant de chanter leurs propres compositions. Parmi ceux qui
ont acquis une réputation dans la région, se trouvent Assovié
Bernard dit Aspro et son orchestre, et plus récemment, Assa Léonard
di t Vis-à-vis.
Pour y voir plus clair, nous nous proposons d'étudier
la composition de trois poèmes. Quand au fond, nous le verrons
lorsque nous aborderons la partie sociale de l'Eyi-di.

48
Nous avons trois poèmes chantés de trois genres dif-
férents : une chanson de la danse N'DOLE, un Clair-de-lune et
un poème qui fait partie du répertoire du chansonnier ASSA Vis-
à-vis. Des Noms ont servi de toile de fond à ces trois chansons,
mais ils ont été employés de façons différentes les unes des au-
tres. Nous partirons de la plus simple à la plus complexe.
Le N'dolé est une danse populaire de réjouissance,
mais qu'on peut pratiqûer également en période de deuil. Cepen-
dant selon les circonstances, on fait plus ou moins varier le
répertoire des chansons. Tout le monde peut danser le N'dolé
il suffit d'en savoir les pas. Aussi n'est-on pas surpris de
constater qu'il y a ceux qui sont doués, et les autres.
Ici, pour en revenir à ce qui nous intéresse, voyons
comment est composé le poème intitulé Dabraba.
,
Sur un air connu, Awou Yiré, une brave mère de famille
![
compose de nouvelles paroles qui expriment mieux ce qu'elle res-
sent à cet instant précis.
En effet, cette femme qui vient d'être répudiée par
1
son mari, a choisi comme thème, l'Eyi-di 28 de notre corpus:
1
1
L'homme décidé à te répudier •..
1
1
te couvre de terre et de
!,
déjection,

49
Nom qui apparatt à la fin seulement après un long développement
poétique. Voici ce poème :
Da braba.
Oui ! da braba !
Da braba !
C'est Awou Yirè
Da braba 1
C'est Awou Yirè
Da braba !
C'est Awou Yirè
Da braba !
Yirè fille-des-Hommes
Da braba !
On l'avait pourtant prévenue
Da braba !
Qu'on y allait pas
Da braba 1
Elle a dit qu'elle irait.
Da braba !
o Kouao Antoine
Da braba !
o Baba Paul 1
Da braba
Je ne sais que faire !
Da braba !
Je ne sais que dire !
Da braba !
Suppliez-le pour moi !
Da braba !
A cause de mes enfants
Da braba !
o Méné Alphonse
Da braba
Supplie-le pour moi
Da braba
o Tchimou Anatole !
Da braba !
A cause de mes enfants
Da braba !
Supplie-le pour moi !
Da braba !
La fille de N'djomon Angodji
Da braba !
Me voici ! moi, fille de Mato !
Da braba
Moi, fille d'Edi Donga !
Da braba !

1
1
50
1
1
Yirê, fille-des-Hommes
1
Da braba 1
Que lui manquait-il ?
1
Da braba 1
1
Yirê aurait-elle volé ?
1
Da braba 1
!
Yirê coureuse de garçons ?
Da braba
Yirê serait-elle voleuse ?
Da braba !
Yirê, mêre de Nana
Da braba 1
o Atto Robert
Da braba 1
A cause de mes enfants,
Da braba 1
Je ne sais que dire
Da braba 1
Supplie-le pour moi
Da braba 1
Je ne sais que dire
Da braba 1
Je suis mal a l'aise
Da braba 1
Moi, mère de Suzanne
Da braba !
Mère de Marthe 1
Da braba 1
Yirê, mère de Bourou
Da braba !
Yirè, mère de N'goran
Da braba
Yirè, mère de Yagho
Da braba !
Je ne sais que dire
Da braba 1
Je suis mal a l'aise
Da braba 1
o Kouao Antoine
Da braba !
Que faire ?
Da braba
L'homme décidé a te répudier •••
Da braba !
C'est ainsi 1
Da braba !
Je ne sais que dire
Da braba 1
D'abord le titre qui sert en même temps de refrain:
.
.,
L'expression da braba est empruntée au Dioula, langue dérivée

51
1
du Malinké, mais qui est une langue véhiculaire en COte-d'Ivoire.
1
On peut la traduire par "bouche" (da) "grande" (braba), mais
"grande gueule" irait mieux pour la circonstance. Cette expres-
1
sion a été préférée au terme abbey pour son rythme: l'allitéra-
1
,
tion en "a".
Ce poème est construit sur le schéma universel de
l'Eyi-di. Le long développement correspond A la partie commentée ~
l'Eyi-di intervient seulement dans les dernières phrases, et
seule la première séquence est dite, la seconde étant supposée
non nécessaire et remplacée en fait par "c'est ainsi". D'autre
part, il faut noter que le caractère polémique du commentaire a
été respecté. On sent que tout en implorant son ex-épouse, la
femme lui lance des flèches en lui rappelant sa position sociale
("Yirè, fille-des-hanmes, mère de N'goran ••• ") .
b) Le clair-de-lune
================
Le clair-de-lune est le genre pratiqué presqu'exclusi-
vement par les jeunes filles, les adolescentes et les fillettes
y compris, bien entendu. Elles chantent en particulier leurs
amours déçues ou impossibles, leur rêve d'appartenir A tel ou
tel homme, et souvent même, de véritables déclarations d'amour A
leurs amis ou amants. Mais aussi, d'une manière générale, elles
chantent et dénoncent tous les problèmes inhérents à la vie de
femme, notamment la possibilité qu'elles n'ont pas de choisir
leur époux; et bien évidemment, l'Eyi-di représente leur

52
inépuisable source d'inspiration, lui qui est leur genre par
excellence.
Le poème que nous avons ici, a pour Wtitre W, "Si j'a-
vais su !
tempsw. Il est construit autour de deux Noms, l'un
complétant l'autre:
(1) Si j'avais su !
temps •••
je n'y serais pas allé.
( 2) Af ambéwou
!,t
a trompé la forêt et a fait
t
qu'elle s'est desséchée.
!,
!
Voici le poême
f!
1
[
~.
Si-j'avais-su-!-temps
!t
r
1
Si-j'avais-su-!-temps
ne le fait pas repousser
1
ne le fait pas repousser
hélas! mon chéri m'a trompée et conduite la.
1
î
2
Je ne savais pas
f.
qu'il allait me tromper et me laisser l!
t
qu'il allait me tromper et me laisser l!
je ne le savais pas
Afambéwou m'a trompée et laissée.
1
1
i
3
Que t'est-il arrivé
1
pour n'avoir pas réfléchi?
l
veux-tu alors que je meure auprès de mon père ?
r
Hélas! mon chéri m'a trompée et laissée ici.
i
4
La nuit n'est pas encore tombée
Et déj! je pleure
ô mère ! ô mère !
je pleure ô mère ! 0 mère !
ce mauvais esprit m'a trompée et conduite la.

53
1
5
On a tant et tant chanté son nom
!
que je décidai d'aller faire sa connaissance
je décidai d'aller faire sa connaissance
1
Hélas 1 mon chéri m'a trompée et conduite lA.
1
6
Le diseur, pour sa part, dit
1
Hélas 1 l'entendeur n'entend pas 1
J'étais pourtant lA,
Et je n'ai pas entendu, ô chéri
C'est pourquoi Afambéwou
1
m'a trompée et laissée lA.
7
Il ne repousse pas
mais, pourquoi ne s'ébranche-t-il pas ?
ne s'ébranche-t-il pas?
Pourquoi ne s'ébranche-t-il pas
ne s'ébranche-t-il pas?
Afambéwou m'a trompée et laissée lA.
!
8
Mbéwou oui !
C'est vraiment Afambéwou
vraiment Afambéwou
1
Afambéwou m'a trompée et laissée lA.
9
Je ne savais pas
qu'il allait me tromper et laisser ici,
me faire faire si peu de chemin
1
Mais hélas, c'est mon chéri,
porte-lui mon salut.
1
!
On chante un amour ~éçu, on reconnatt sa part de
1
responsabilité dans cette aventure et on regrette ce qui s'est
passé. Néanmoins l'accent est mis sur Afambéwou. Ici, chaque ver-
set est chanté par une jeune fille, et il est ensuite repris par
1
toutes les autres, en choeur.
!
Dans ce poème, il y a également deux autres Noms qui
ont été utilisés. Ce sont les Noms 106 et 113 de notre corpus.
1
1
1
Canme"l'honnête
homme" dans son propos, cite des proverbes pour
i
i
illustrer, approfondir sa pensée, les jeunes filles font appel
a l'Eyi-di dans leurs chansons pour asseoir leurs idées, prouvant
,,
1

54
ainsi leurs aptitudes culturelles.
Dans les Noms qui ont été employés, on retrouve le
schéma de l'Eyi-di ~ moitié. Ce qui est absent c'est le com-
mentaire. Mais à part le Nom 113 oü on retrouve LI et L2 inté-
gralement exprimés, dans les trois autres cas, L
a subi une
2
transformation. Examinons rapidement cela
(1) Si-j'avais-su-~-temps•.•
je n'y serais pas allée.
Ce Nom, qui n'existe pas dans notre corpus, compose
la première strophe. Mais ici, L
ne donne pas la réplique atten-
2
due ~ LI. Il remet plutôt en question ce qui vient d'~tre dit et
nous obtenons la formulation suivante
Si-j'avais-su-~-temps••.
• .• ne le fait pas repousser.
Mais dans cette opération, il s'agit toujours du même
Nom. L2 en se présentant .ou. cette forme, traduit mieux le dé-
1
sespoir qui est chanté: le temps, quoiqu'il soit, qu'on le re-
[
grette ou non, ne reviendra pas en arrière.
(2) Afambéwou ••.
a trompé la forêt et fait qu'elle
s'est desséchée.
C'est le deuxième Nom présent dans ce poème. En fait

55
toutes les strophes ne sont que des actualisations de ce Nom,
notamment L
qui devient,
2
m'a trompée et m'a laissée.
Et ce Nom se retrouve sous cette forme
Afambéwou •••
• •• m'a trompée et m'a laissée.
(3) La nuit n'est pas encore tombée •••
on ne doit pas s'en faire pour le
rassasiement.
Dans ce poème, ce Nom qui constitue la quatrième
strophe se trouve lui aussi actualisé par L , afin de respecter
2
le thème du désespoir ; alors le Nom peut se réécrire
La nuit n'est pas encore tombêe •••
et déjà je pleure ô mère
Ô mère
1
Encore une fois, nous constatons que dans l'Eyi-di,
la séquence qui est figée et qui ne subit aucune transformation,
c'est L , ce qui confirme son importance dans ce système disti-
l
que. Quant à L , il apparalt comme maléable, et dans ce cas par-
2
ticulier que nous venons de voir, il se présente comme le domaine
1
oQ l'artiste montre ses capacités d'innovation et d'utilisation
du matériel mis à sa disposition.
1
1
ii
,
1

56
Parmi les chansonniers de la région d'Agboville,
Assa Léonard est celui qui a le plus et le ,mieux exploité la
poésie populaire. Lorsqu'il commença ~ se produire dans les an-
nées 70, il interpréta d'abord les "Clair-de-lune" et les Chan-
sons d'un autre chanteur d'orchestre: Assovié Bernard. Puis il
imposa son genre en s'appuyant sur le rythme des "Clair-de-lune".
Dans ce cadre, il chanta ses premières compositions. Il a un ré-
pertoire varié. -Mais de plus en plus, il compose ses chansons ~
partir des proverbes et de l'Eyi-di, soit en se servant d'un seul
proverbe ou d'un seul Nom qu'il développe, soit en utilisant plu-
sieurs dans une même chanson. C'est dans cette deuxième catégo-
rie que se situe le poème que nous allons examiner.
(1) Assa Léonard sur qui nous n'avons pas mené une véritable en-
quête est un jeune homme d'une trentaine d'années. Il est du
village de Grand-Morié. A sept ans, il fut gravement malade,
ses deux jambes se paralysèrent. Lorsqu'après des mois de
soins il put recommencer ~ marcher, il perdit la vue. Il est
aujourd'hui aveugle.
Dans un poème qui raconte son histoire (qu'on appelle dans la
langue "la chanson d'Assa Vis-~-vis"), il est longuement ques-
tion de sa mère qui a parcouru tous lieux pour le guérir, lui
qui aurait voulu avoir un père, aller ~ l'école pour que ses
pairs le prennent en considération ••.
Il se fait appeler "Vis-~-vis" parce que selon lui, il dit la
vérité sans se cacher.

1
t
,,
,
57
1
1
l
c'est ma faute à moi si je suis idiot
1
1
C'est ma faute à moi si je suis idiot
!1
C'est ma faute à moi si je suis idiot
t
Si je suis idiot
1
i
Si je suis idiot
C'est ma faute à moi si je suis idiot
1
Si je suis idiot
Je ne le suis pour personne.
Si tu fais un enfant
2
i
qui se conduit vraiment en inconscient
,
si tu fais un enfant
t
qui se conduit vraiment en inconscient
1
,
qui se conduit vraiment en inconscient
qui se conduit vraiment en inconscient
si tu fais un enfant
qui se conduit vraiment en inconscient
Toi, le pêre, tu es tout seul.
Si tu fais un enfant
3
qui est riche, c'est vrai
si tu fais un enfant
qui est riche, c'est vrai,
si tu fais un enfant
qui est riche, c'est vrai,
qui est riche, c'est vrai,
qui est riche, c'est vrai
si tu fais un enfant
qui est riche, c'est vrai,
qui est riche, c'est vrai,
il appartient à tout le monde,
o mêres miennes
4
Faire le Bien,
mêres miennes, n'est pas bien faire.
Kokotchiraka
le pauvre n'a pas de famille.
Mêres miennes,
mais que faire, moi ?
Tu te conduis en inconscient
tu n'as personne.
Agbrêhê
C'est vrai la pauvreté pique plus que piment
Adassê voit
le médisant ignore ce qui se passe dans sa maison.
J'ai la nausée
Oü trouverai-je de la vomissure à vomir ?
Assa Léonard
ta mêre dit qu'elle est callipyge,
elle (qui fut)
la premiêre
est la derniêre
oh oui !

1
58
1
1
1
si tu te conduis en inconscient
tu n'as personne.
Boka Damase 1
1
Ce sont nos pères
!
qui ont dit ce proverbe :
Gallinacé dit qu'il a envie de danser,
1
seulement il n'a pas d'assez gros mollets.
1
Oh oui !
;
Tu te nommes Kora
!
Tu n'as personne.
i
Tu te conduis en inconscient
1
Tu n'as personne.
i,
Ce sont nos pères
qui ont dit ce proverbe
!
,
Le singe ne fait pas d'enfant
il ne fait pas d'enfant
dont l'homonyme est un oiseau.
Mères miennes
Que faire, moi ?
!
N'gora Céline !
~
Ce sont nos pères
r
qui ont dit ce proverbe
L'eau se trouble oui mais
i
l'eau se trouble
l'eau se clarifie.
Mères miennes 1
Oh oui 1
Yapi Fulgence 1
1
Ce sont nos pères
qui ont dit ce proverbe
S'il y a des poux dans tes cheveux,
1
que tu ne les tues pas,
ta tête engendre des poux.
Mères miennes !
5
Oh oui !
1
L'eau se trouble mais
~
L'eau se clarifie.
L'Arbre mort est en position de chute
l'Arbre vivant le précède.
Adassé voit
le médisant ignore ce qui se passe dans sa maison.
J'ai la nausée (mais)
Oü trouverai-je de la vomissure à vomir ?
l
b
-h-
1
.Il..g re e
.
I?
Pauvreté pique plus que piment.
Le singe ne fait pas d'enfant
ne fait pas d'enfant
dont l'homonyme est un oiseau.
Mères miennes
Que faire moi ?
On se sert de peau d'animal -
J
1
j

59
1
f
t
pour couvrir le tambour
On ne se sert pas de la carapace de Tortue
pour couvrir le tambour.
L'idée développée dans ce poème est la suivante:
Lorsqu'un individu réussit dans la vie, il se fait beaucoup de
famille; alors que s'il échoue, tout le monde le rejette. Pour
exprimer cela, l'auteur utilise des proverbes et des Noms qui
appuient cette idée, mais aussi des proverbes et des Noms qui
traduisent son horreur face à cette réalité. Ce poème, qui est
Ide
essentiellement composé de Noms et proverbes, se présente comme
suit :
Dans une première partie (les trois premières strophes)
l'auteur expose son idée (si un enfant est riche, il appartient à
tous; s'il est pauvre, il te revient à toi qui l'as fait, tout
seul). Dans une deuxième partie (la quatrième strophe), il em-
ploie uniquement des Noms et des proverbes qui se succèdent dans
une optique logique telle que celui qui suit explicite ou appro-
fondit celui qui l'a précédé mais chaque fois il prend quelqu'un
à témoin, qui certifie ce qu'il dit. Enfin la troisième partie
(la cinquième strophe), est un ramassis pur et simple des Noms et
Proverbes qui ont été utilisés dans la deuxième partie.
L'auteur a eu recours à dix Noms et proverbes dont
la plupart se trouvent dans notre corpus. Mais dans le poème,
ils sont tous classés sous l'étiquette de proverbes. Ils ont
tous été employés, disons énoncés tels quels, sauf deux Noms

60
qui ont subi une transformation syntaxique. D'ailleurs, nous
allons les voir immédiatement.
Il s'agit des Noms 5 et 50 du corpus. Précédemment,
nous avons vu que c'était L
qui subissait une transformation
2
chaque fois qu'une actualisation du Nom était nécessaire. Ici,
les choses se présentent autrement. L
et L
sont tous deux re-
l
2
construits 1 ce qui leur donne une autre dimension.
Nom 5
Il s'attend à la chute de l'arbre pourri .•.
mais c'est l'arbre vivant
qui craque et tombe.
Ce Nom juge l'attitude de quelqu'un vis-~-vis d'un
autre. Employé dans le poême d'Assa, i l devient un constat.
L'arbre mort est en position de chute ..•
•.. l'arbre vivant le précêde.
Nom 50
J'aurais la nausée •..
. .• que je vomirais.
Ce Nom qui exprime un conditionnel va s'actualiser
dans le poème et parler au présent :
J'ai la nausée ••.
mais o~ trouver de la
vomissure à vomir ?

61
Ce qui a changé dans la re-création de ces deux Noms
c'est la situation psychologique de l'auteur. Inutile de sou-
ligner que ce poème parle d'Assa lui-même.
Pauvre petit aveugle, personne ne se souciait de lui.
Mais depuis qu'il s'est fait un nom par la chanson (sans avoir
fait fortune cependant), il est sollicité de partout. L'enchal-
nement des Noms et proverbes est révélateur :
Les trois premiers Noms situent le pauvre, le déshé-
rité dans la sociét~
puis suivent deux autres Noms qui expri-
ment l'horreur qu'il a pour tous ceux (toutes les mauvaises lan-
gues) qui se moquent des personnes sans ressources. Ensuite, il
se justifie et justifie sa situation. Il parle de sa mère ("pre-
mière et dernière) qui n'a pas pu lui donner plus qu'elle n'en a
elle~ême : les deux proverbes sur Gallinacé et Singe tradui-
sent bien cela. Enfin, il se donne de l'espoir par les proverbes
sur l'eau, les poux et l'arbre.
A travers ce poème donc, on découvre sinon l'ambiva-
lence de l'individu, du moins son évolution sociale.
D'une manière générale, ces brèves études nous ont
permis de voir que les poèmes n'ont pas de signification en eux-
mêmes. Ils ne recouvrent leur dimension réelle que dans le sys-
tème de l'Eyi-di. Autrement dit, si vous ne connaissez pas le
fonctionnement et la signification sociologique des Noms,

1
62
t
1
l'interprétation de tout poème de cette nature s'avérera su-
perficielle.
1
Ceci nous permet d'avancer que la compréhension d'une
1
production poétique de ce genre nécessite d'abord que l'on re-
!
trace l'itinéraire esthétique de l'imagination créatrice en ex-
pliquant l'encha!nement des images auxquelles il a été fait re-
1
cours.
Cependant, que pouvons-nous dire pour conclure cette
1
partie de notre travail ? Essentiellement trois choses :
1. Sur le contenu des textes
L'Eyi-di des femmes est composé en majorité d'idées
générales, mais il peut s'agir de proverbes. Dans ce cas, ils
sont soit conservés comme tels (exemple Nom 85), soit transfor-
més (exemple Nom 96) dans le but de correspondre à leur concep-
tion originelle, alors on aboutit à un résultat différent.
Chez les hommes au contraire, l'utilisation de pro-
verbes est fréquente. Ce qui permet à l'Eyi-di d'être quelque-
fois appelé "nom-proverbe". Mais ils peuvent également employer
des Noms de femmes c'est-à-dire des Noms reconnus comme créés
par les femmes.
Mais d'une manière générale, l'Eyi-di peut être appelé
"Nom-proverbe", ou à la limite, "proverbe" dans la mesure 00. le
.
proverbe est "parler par images". Mais sur ce problème nous

63
reviendrons plus en profondeur dans la deuxième partie de no-
tre étude.
2. L'Eyi-di est une poésie sans martres, diffu-
sée dans la masse
Comme nous l'avons vu tout au long de ce chapitre,
l'Ey1-di est pratiqué par toutes les catégories de la société.
- Au niveau des femmes, la petite fille, une fois
sortie de l'apprentissage de la langue et qu'elle commence â
pratiquer la langue, se met déjâ â l'utiliser avec ses petites camarades
A leur niveau, ce sont les Noms les plus s~ples apparemment et
très souvent sans commentaire comme par exemple les Noms 17, 44,
63 et surtout, ceux se rapportant aux hommes: N 26, 29, 48. Et
puis c'est également le début des "Clairs-de-lune" oft la plu-
part des chansons sont un répertoire sQr de ces Noms. Avec le
temps seulement, elles apprendront les Noms bâtis sur la méta-
phore.
- Avec les hommes, il est plus difficile de situer la
période â laquelle ils commencent â pratiquer l'Eyi-di. Ce qui
est sar, c'est que le petit garçon enregistrel'Eyi-di comme
fait social en même temps que la petite fille puisqu'a cet âge,
il vit presqu'exclusivement dans l'environnement de sa mère.
Mais très souvent, il reste indifférent â ces formes de dialo-
gues (qui le font plutôt rire)
; et lorsqu'il lui arrive de vou-
loir "porter un Nom" avec sa soeur on lui fait comprendre que
1
!

64
les garçons ne "portent pas de Nom". C'est vraiment lorsqu'il
intègre le monde des hommes adultes qu'il apprend la pratique
de l'Eyi-di : avant cela, il restera assez indifférent à ce
phénomène que très ironiquement les hommes s'entêtent à quali-
fier d'"histoires de femmes".
- Et puis il y a les chansons populaires (nous l'a-
vons vu) dont la plupart s'inspirent très largement de l'Eyi-di,
en particulier les clair-de-lune qui sont les plus connus et les
plus-chantés. En effet, ils sont le genre qui se pratique sans
circonstances particulières. Il suffit que le temps soit assez
clair la nuit, qu'il y ait lune ou non (mais plus souvent lors-
qu'il ya lune), pour que quelques jeunes filles souvent peu au
départ se regroupent derrière une case ou dans la rue centrale
du village pour animer le village. Et de nos jours encore, il
reste le genre poétique abbey qui ne soit pas en perte de vites-
se. Il a conservé ses caractéristiques les plus anciennes, mais
aussi, il renouvelle ses thêmses et son fond lexical.
1
3. L'Eyi-di ne peut exister gue dans l'oralité
i1
Ainsi présenté, l'Eyi-di tient son existence de la
1
structure de la vieille société abbey. Celle qu'on a pris l'ha-
1
!
bitude d'appeler "société traditionnelle". Nous préférons à ce
i
r
terme celui de "vieille société", car en fait, la société mo-
1
derne en place dans nos pays n'est pas l'évolution d'une société
t
t
r,
déjà existante, mais bien une société différente, une nouvelle
1

65
société "construite" par-dessus l'ancienne.
Donc pour en revenir A la place de l'oralité dans
l'Eyi-di, i l suffit de le comparer A d'autres génies oraux
mieux connus pour s'en rendre compte.
- le conte
--------
Même si dans la transposition du conte de l'oral A
l'écrit on perd le décor et le bruitage naturels, c'est-A-dire
le cercle de conte, avec la nuit, autour d'un feu de bois ou
de quelques lampes-tempêtes, avec les chants de certains oiseaux
de nuit, etc, l'histoire garde toujours son caractère captivant
et dès lors, le message que porte cette histoire prend plus
d'importance que tout le reste.
- les chansons
Ici aussi, les textes traduits,. même s'ils sont dému-_
nis de leur fond lexical, conservent toujours leur aspect poé-
tique qui ne manque pas d'intérêt.
- Si nous prenons le cas de l'Eyi-di traduit, ce qui
manque, c'est tout le fonds psychologique que l'on sent chez les
individus (en particulier chez les femmes) qui pratiquent ce
!
genre. Bien sar, on constatera le caractère polémique des tex-
1
1
tes (contenu), mais les circonstances d'emploi ou de re-création
l'
t
liées A chacun, qui permettent A l'entourage (ceux qui écoutent
!,•
sans en avoir l'air) de se mettre A la place de celui qui parle,
1
i
1
j
1

66
et qui donnent toute sa dimension à l'Eyi-di, nous feront
toujours défaut et se feront sentir. C'est pour cette raison
1
que nous disons qu'une fois la structure villageoise éclatée,
l'Eyi-di, même figé par la graphie, aura une portée moindre
pour ne pas dire qu'il ne signifiera plus rien. Car les énoncés,
hors de leur cadre sociologique, paraissent tout à fait banals.
Cependant l'Eyi-di a une chance certaine de survie
avec le développement du parler "petit nègre", sorte de pidgin
ivoirien, "français populaire", "français dégradé" canme on
voudra.
Dans ce parler, le lexique ~ppartient à la langue
française mais dont certains mots sont vidés de leur sens ori-
ginel, et la syntaxe, aux langues locales. Ces langues qui,
d'une manière générale, possèdent des structures apparentées,
trouvent dans le français populaire un lieu de rencontre.
Par exemple, dans sa pièce de théâtre intitulée
L'Oeil, Zadi Bernard a fait s'exprimer certains de ses person-
nages en français populaire. Et lorsque GRINGO et DJANGO échan-
gent ce dialogue dont nous reproduisons le début, c'est ce que
nous avons présenté comme étant de l'Eyi-di, car ces personnages
se définissent ainsi :
"GR INGO - Alors, bonhomme .•.
DJANGO - C'est moi Django 1 .•.
GRINGO - Double cadenas ...

67
DJANGO - Cent ans pour l'ouvrir 1 •••
GRINGO - Petit marteau •••
DJANGO - Cassé grand caillou 1 ••• " (1).
D'autres expressions de ce genre dont nous ne pouvons
citer les sources exactes pullulent. L'une des plus répandues
est celle-ci :
"Qui est fou 1 ...
Si c'est pas ( •.• ) qui ( ••• )".
Libre choix est laissé a L
de répondre comme il veut
2
mais dans un cadre fixe puisque les expressions par lesquelles
on doit remplacer les parenthèses sont connues d'avance. D'ail-
leurs c'est de cette façon qu'on finit par imposer une formule
unique. Dans ce cas précis, on dit très souvent:
"Qui est fou 1 •••
si c'est pas Nago (1) qui vend Kpomgbo
1
(2) et qui mange dans feuilles 1"
1
(1)
B. Zadi : Les sofas suivi de l'Oeil, Théâtre africain,
L'Ha~ttan, 1975 ; p. 85.
1
(2) Ressortissants du Nigeria qui tiennent le petit commerce.
1
(3) Assiette.
r
!t
(Inutile de parler du caractère insultant et provocateur de ces
•!
propos) .

,
,
~.

68
ou encore
"Qui est fou ? ••
si c'est pas Mme ••• qui ne fait pas
enfant et qui construit maternité".
Le dernier point dont nous venons de parler va cer-
tainement nous permettre d'aborder sans transition le chapitre
suivant qui n'est rien d'autre que la structure linguistique
utilisée dans l'Eyi-di.
C. STRUCTURE DE LA LANGUE ABBEY ET SYSTEME DE L'EYI-DI
===================================================
Nous avons montré la pratique de l'Eyi-di, et dans
cette pratique, l'Eyi-di nous apparait très étroitement lié au
langage quotidien: mais s'il est l'objet d'étude ici, c'est
qu'il s'agit d'un phénomène isolable: c'est donc pour-mettre
cela en évidence qu'il convient de montrer en quoi il se distin-
gue, du point de vue de sa structure formelle, du comportement
linguistique normal auquel il est lié.
Dans cette étude comparative, il ne sera pas nécessai-
re d'entrer dans les détails d'une description de la langue
abbey (bien que nous ayons déjà posé les jalons en vue d'un tel
travail). Il s'agit, à partir d'hypothèses que nous avons postu-
lées, de mettre en relation la structure syntaxique de l'abbey

69
tel qu'il se pratique dans le langage courant et celle obser-
vable dans ces textes.
Cependant, il faut noter que notre intention n'est
pas de recourir à une étude de la forme des textes afin de pou-
voir l'opposer à celle du contenu. Nous poursuivons notre pers-
pective qui est de saisir l'Eyi-di dans toute sa dimension, en
tant que fait social et surtout fait littéraire, en mettant en
valeur sa propre dynamique (ses propres lois et ses propres
fonctions). Ceci est une étape fondamentale pour la suite du
travail car, si nous étudions ces textes en langue française,
leur dynamique de création et d'explication, elle, réside dans
la langue abbey. Aussi une étude d'une dimension linguistique
ne serait pas mal venue.
C'est donc d~une étude du signifiant qu'il s'agit.
L'essentiel de notre approche, nous le devons à Benveniste qui
définit très clairement les deux dimensions de la langue : elle
est sémiotique et sémantique dans le chapitre intitulé "l'homme
dans la langue". Les extraits auxquels nous faisons référence,
les voici :
PP. 220-221.
"Le signifiant n'est pas seulement une suite
donnée de sons qu'exigerait la nature parlée, vocale,
de la langue, il est la forme sonore qui conditionne
et détermine le signifié, l'aspect formel de l'entité
dite signe. On sait que toute forme linguistique est

70
constituée en derniêre analyse d'un nombre restreint
d'unités sonores, dites phonèmes, mais il faut bien
voir que le signe ne se décompose pas immédiatement
en phonèmes, non plus qu'une suite de phonèmes ne com-
pose immédiatement un signe. L'analyse sémiotique, dif-
férente de l'analyse phonétique, exige que nous posions,
avant le niveau des phonèmes, celui de la structure
phonématique du signifiant. Le travail consiste ici
~ distinguer les phonèmes qui font seulement partie,
nécessairement, de l'inventaire de la langue, unités
dégagées par des procédures et une technique appropriées
et ceux qui, simples ou combinés, caractérisent la
,
structure formelle du signifiant et remplissent une
!
fonction distinctive ~ l'intérieur de cette structu-
re"
(l).
1
PP. 224-225.
1
!
1
"La notion de sémantique nous introduit au
domaine de la langue en emploi et en action ; nous vo-
1
yons cette fois dans la langue sa fonction de médiatri-
ce entre l'homme et l'homme, entre l'homme et le monde,
entre l'esprit et les choses .•• Or, l'expression séman-
tique par excellence est la phrase. Il ne s'agit plus,
1
!
(1) E. Benveniste
Problêmes de linguistique générale, II, 1974,
i
,
chap. xv.
1
j
1
1
,
1
1
1.
!
1
1

71
cette fois, du signifié du signe, mais de ce qu'on
peut appeler l'intenté, de ce que le locuteur veut
dire, de l'actualisation linguistique de sa pensée.
Du sémiotique au sémantique, il y a un changement ra-
dical de perspective ( ..• ). Le sémiotique se carac-
térise comme une propriété de la langue, le sémantique
résulte d'une activité du locuteur qui met en action
la langue. Le signe sémiotique existe en soi, fonde
la réalité de la langue, mais il ne comporte pas d'ap-
plications particulières ; la phrase, expression du
sémantique, n'est que particulière. Avec le signe, on
atteint la réalité intrinsèque de la langue ; avec la
phrase on est relié aux choses hors de la langue, et
tandis que le signe a pour partie constituante le si-
gnifié qui lui est inhérent, le sens de la phrase im-
plique référence à la situation du discours, et l'at-
titude du locuteur (1)".
Il Y aura deux parties fondamentales à traiter. D'une
part, il s'agira de relever quelques schèmes iénoncês abbey, ceux
justement qui se trouvent tels quels ou autrement formulés dans
nos textes; et d'autre part, d'étudier la structure phonématique
du signifiant de certains noms.
1
!1i
(1) E. Benveniste
Ibidem.
f.
1
1
1
1

72
Nous partons de Maurice Houis et de sa théorie sur
la description systématique des langues négro-africaines expo-
sée dans le nO 7 de la Revue "Afrique et Langage" (1).
En principe, il est prévu qu'avant de formaliser ces
schèmes ou présentations graphiques, il fallait les inventorier,
les identifier d'après leurs termes nécessaires ou "nexus" et
leurs termes annexes (expansions), ainsi que les classes de
constituants nominaux et verbaux. Nous avons fait ce travail
préalable mais pas de façon totale, c'est-à-dire_que nous n'a-
vons pas identifié tous les schèmes existants en abbey, mais
nous avons relevé les schèmes types, ceux qu'on rencontre le
plus couramment possible. Nous ne sommes pas entrée dans toutes
les subtilités pour deux raisons :
- Premièrement, cela nous serait revenu à décrire en-
tièrement l'abbey (ce qui correspondrait à faire un travail équi-
valent à celui-ci) •
- Deuxièmement, ces schèmes nous ont suffi pour expli-
quer le fonctionnement syntaxique des textes de notre corpus, ce
qui est notre but recherché.
Ces énoncés, M. Houis les qualifie de "révélateurs"
1
parce qu'ils révèlent les structures de fonctionnement de la
1
j
t
(1) Afrique et Langage, nO 7, p. 15.

73
langue et sont sous-jacents à tout énoncé dont les constituants
sont sémantiquement compatibles entre eux".
1. LES SCHEMES REVELATEURS
a) Schèmes d'énoncés verbaux
=========================
Un constituant assume "la fonction prédicative (P),
soit seul (ex. impératif), soit en relation de présupposition
mutuelle avec un sujet (S)
; de plus, le constituant assumant
la fonction P est formalisé d'une maniêre telle qu'il est apte
à assumer P et seulement cette fonction. Ce trait de monofonc-
tionnalité est définitoire du constituant verbal. Le constituant
assumant sujet est formalisé d'une maniêre telle qu'il ne saurait
se substituer dans la même position au verbal ; par contre, tel
qu'il est formalisé, il peut assumer les fonctions d'expansions
primaires objet (0) et circonstant (C). Cette plurifonctionna-
lité est définitoire du constituant nominal. Le verbal s'intègre
dans un système de morphêmes marqueurs dits Prédicatifs verbaux.
Le nominal s'intègre dans un système de morphèmes marqueurs dits
nominatifs ou modalités nominales".
(1).
Nous avons relevé trois types d'énoncés verbaux :
1
.!
la)
Pl Lv
(N)
(N)
Pl
(Prédicatif)
N
S
P
(0)
(C)
= t! ou n~
1
= "en train de"
1
l
Î
1
(1) Afrique et Langage, nO 7, p. 16.
J
1
j
1

74
Exemples :
me
moi en train de manger chose
l
l
3
4
l
2
3
4
mn~ + ml + (n) ~ = me + ~ = m!
(système d'amalgame)
m ~
d! bot!
l
2
3
4
moi
prédicatif
mange
chose
l
2 3 4
"je
mange
chose"
"Je mange".
,
me
n~
a
moi /
Prédicatif / venir
l
2
3
l
2
3
,
mn~+
n~
.1
.1
a =
+ a = nya
~
me
nya
l
2 3
,
moi
Prédicatif
a
"je viens"
l
2
3
N
Lv
(N)
(N)
forme accomplie
lb)
S
P
(0)
(C)
positive.

75
Exemple
me
di
bou
1
2
3
moi
avoir
mangé
chose
"j'ai mangé"
1
2
3
Lv
N
LN (N)
2.
Lv et LN fonctionnent
o
(C)
t_ _~t
toujours ensemble pour
assumer le Prédicat.
p
Exemple (tiré du corpus)
alob~ ~ djl
d~ n'teh
1 2 3 4 3
Alobé préd.compte sur chimpanzé.
1
2
3
4
1
"L'Alobé compte sur le chimpanzé".
!
r~
;
D'autres exemples du corpus
N4, 14, etc.
1
3 •
l
~
N
Lv
N
A
attribut.
S
p
A
Exemples
~ gheh
yt
s~
1
2
3
Homme est bon corps
"l'homme est bon"
1
2
3

76
i
1
~
a10b~ rou
-
..
1akwa
1
2
3
A10bé être généré mauvais
1
1
2
3
1
!
"L'a10bé est vilain".
1
V
(N)
(N)
4.
forme impérative
!
P
(0)
(C)
~
1
!
1
Exemple (tiré du corpus)
i
1
so
me
ca
r~n!
1
2
3
4
1
reste toi mari maison
1
2
3
4
1
"reste dans la maison de ton mari".
1
1
Remarque : Nous constatons que dans les énoncés verbaux, il
!f
se dégage deux sortes de lexèmes verbaux (Lv)
: des Lv simples
1
et des Lv complexes constitués toujours de deux membres indis-
sociables qui fonctionnent comme un seul terme. On peut les con-
sidérer comme des "expressions idiomatiques" dont la traduction
1
terme à terme ne donnerait rien.
1
1
i!
Ces énoncés ne comportent pas la présence d'un lexème
1.
1
verbal. Nous en avons relevé deux
1
1
Pron
t
1.
N ne
énoncé valable si
- P -
S
pron.= ~~ne
tUé

77
Exemples
,.
,
~
ne
ene
1
2
3
banane lui-Iâ lui ça ? "est-ce la banane ?"
-
"
1
'\\
~
",.
\\
-
ao n'de
ne
ene
a
1
1
2
3
4
1
oui banane lui-là lui-ça oui "Oui c'est la banane".
..
... '-
- me
shl
vianyoh
'\\
ne
ele
ne
1
2
3
4 5 6
de toi pè~e mouton eux-là leur ça ?
1
2
3
4
5
6
"Est""lce les moutons de ton père ?"
1
,
1
1
'\\
t
Pl = Kpe
1
,
!
Exemple :
(
'\\
Kpe
!
1
2
voici
banane
"voici de la banane".
1
3 •
Pl Nne
Pron
si Pron.= ~, ~'trt. ele
S
P
1,
'\\
Ex.
Kpe
~·d~ ne
1
2
"voici la banane".
1
j
voici banane-là
t

78
kp~
.... -
ne
ele
1
2
3
voici
banane-là
leur
1 2 3
"voici les bananes".
Nous avons dressé ces quelques schèmes qui sont loin
de rendre compte de tous les problèmes aspectuels et bien d'au-
tres concernant les structures des discours, mais d'une certai-
ne manière, ils nous aideront à mieux saisir les structures des
textes du corpus qui se révèlent en grande partie comme des énon-
cés "marginaux"
(1).
2. DES ENONCES MARGINAUX, UNE SPEX::IFICITE DU SYSTEME DE
LI EYI-DI
Mis il part les énoncés "révélateurs" dont nous avons
montré la schématisation de quelques types, notre corpus est
dominé par des énoncés que M. Houis qualifie de "marginaux" parce
que leur "schématique ne se réfère pas, ou incomplètement, aux
schèmes dégagés en morpho-syntaxe". Ils sont de deux sortes:
- les énoncés dont le tassement schématique se situe
1
il la limite d'un énoncé révélateur.
1
- les énoncés réduits il un seul terme, signe résultant
î,
1
(1) M.
Houis
Afrique et Langage, ch. 8.

79
d'un fort amalgame. En fait, ils sont en totale rupture avec
toute schématique.
Le critère de tassement schématique "dégage des énon-
cés oa certains signes sont volontairement omis pour des raisons
d'efficacité et d'économie".
Pour ce qui nous concerne ici, les signes omis sont
pour la plupart des morphèmes qui introduisent des propositions
hypothétiques de types si, de telle sorte que le premier membre
L
puisse être compris (avoir un sens) si on l'emploie tout seul.
1
Des exemples
La phase complexe comportant une proposition hypothé-
tique se réalise de deux façons :
(1) - soit par la présence des morphèmes Al~ et k~
qui introduisent les deux propositions, la principale et la su-
bordonnée.
,
(2) - soit par la présence du morphème ~ répété
deux fois dans les mêmes positions que les deux autres précêdem-
ment cités, avec la différence que dans ce dernier cas, nous som-
mes dans l'irréel.
(1) Le Nom 8
Odowoù gho arô
Sé tiasôghô gho
1
1

80
aurait normalement da se dire,
ale odowoù gho arô ne
ka sé ti asôghô gho
Quand l'habitant de la porte meurt •••
alors c'est le tour de celui du
centre.
Cette phrase s'est déchargée des mots-outils soulignés
pour ne conserver que l'essentiel, facilement maniable, ce qui
nous permet dans notre traduction de la rendre par :
"Mort l' habi tant de la porte •••
arrive le tour de celui du
centre" .
Cela permet d'autre part au premier membre (L ) ainsi
1
r~
rendu, d'être employé tout seul dans les conditions que nous
f
avons antérieurement exposées. C'est le même cas pour les Noms
il'!
32, 34, 70,
71.
1
~
~
}
(2) L'irréel donc, s'exprime par l'emploi du
1
1
morphème s~. Prenons le Nom 50.
~!
1
nyehnyeh ê le me
1
, -
1
sa mo pô vêvê neh
[
!
1
J'aurais la nausée
••• que je vomirais.

81
ce nom qui devrait être dit
Sa nyehnyeh è le me nè
,.
Sa mô pô vêvê neh
Si j'avais la nausée
je vomirais,
,
...
s'est débarrassé de ses mots-outils sa ••• nl dans le premier
membre, mais ne peut en faire autant dans le second membre
sans que le contenu se trouve modifié. Cependant, le premier
membre qui a la possibilité d'être employé tout seul peut être
compris de deux façons, toutes deux parfaitement valables
- soit pris au conditionnel "Si j'avais la nausée ••• "
(le second membre étant en permanence présent à l'esprit).
- soit pris au présent de l'indicatif "J'ai la nau-
[
sée", car sans les morphèmes exprimant l'iréel, nous avons une
réalisation identique nyehnyeh è le me
• Les Noms 22, 26,
1
!
27, 50 et 104 ont été construits sur la même base.
~'
1
1
Ce qu'il faut remarquer, c'est que nous nous trouvons
,

en présence d'une langue dans laquelle les morphèmes constituent
f
les unités de base de la grammaire. Nous verrons d'une manière
1
plus détaillée comment cette structure dépouillée de ses morphè-
mes traduit l'expressivité et l'intention des textes. En atten-
t
dant, nous allons examiner le deuxième volet des "énoncés margi-
1
1
naux" .
r
)
i•1
1

82
b) Des énoncés en totale "ruEture schêmatigye"
=====z=•• ================_=============__==
Il s'agit d'un système d'amalgame â très grande por-
tée.
Un amalgame de tons ou de voyelles est un phénomène
1
~r
assez courant dans le fonctionnement des langues africaines.
1
!
Ce qui se passe dans ce dont nous allons parler est d'un autre
1
niveau. C'est une véritable contraction d'énoncés. Le résultat
!1;
est un signe dont le signifiant et le signifié restent compré-
!1
hensibles dans les m~es proportions que ces mêmes énoncés dans
1
leurs formes initiales. Une étude de cas pourra mieux nous ex-
pliquer le système.
1
Prenons le Nom 2
1
àfâmbèwou
1
fafa lô kpa foushi
f
Afambéwou
a trompé la forêt et a fait
t,
~
qu'elle s'est desséchée.
Voyons â présent de quoi est composé LI que nous avons
laissé sous sa forme originelle.
Afambéwou
a) Ce Nom est le résultat d'un amalgame. C'est
un véritable énoncé qui se traduit par : "Celui qui m'a mis â
,
1
l'épreuve".
j

1
83
1
,
b) àfâmbewou
, dans sa formule développée donne
ceci
1
!~.
.-
apône

he
wou
~!
1
2
3
4
5
1
i
celui-là avoir trompé moi pour voir
1
2
3
4
5
1
t~i
"Celui qui m'a trompé-pour-voir",
1
ce que nous avons rendu par : "Celui qui m'a mis à l'épreuve".
!
Afambéwou, c'est le nom d'un arbre à valeur symbolique (il étouf-
i
1
1
fe tous les arbres de la zone oft il pousse). Cet amalgame struc-
!
turel et la symbolisation confêrent une três grande densité sé-
1
mantique à ce nom. Mais sur cela, nous reviendrons ultérieure-
ment. Voyons de quelle maniêre l'amalgame a été réalisé.
1
c) - "
a < '."
apone
(auteur agent d'une action)
chute de p~n~ qui entralne un
...
allongement du a ~
a
:
..
, ..
- fa < fafa
chute de
"
fa qui nous donne à ce
stade [d": fd1
- m <
m~
-
b~ < b~
.-
'"
- wou < wou.
Ce que nous pouvons remarquer pour le moment, c'est

84
1
f
1
que l'ama~9ame se fait au niveau de différentes parties du
1
J
discours (nominaux et verbaux). Nous allons voir un autre exem~
1
pIe avec le Nom 95 toujours dans LI ashêghêkpê
fi
a) Ce Nom est lui aussi un énoncé qui
!
pourrait se traduire par "Celui qui se rapproche, se rapproche
1
et se colle à toi". Nous ne l'avons pas rendu en français pour
!~
les raisons que nous allons développer.
1
b) ashêghêkpê
dans sa formule développée
1
donne ceci
1
.~
apône
ê
5hêghê meh
kpê
è
ha
e
50


ft
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
I l
1
f
Celui-là / qui / se tratne, tratne /
jusqu'à / kpê
f1
f
1
2
3
4
5
[
lui / vient / qui / reste / toi / corps /
r
t
6
7
8
9
10
I l
r!
!
,
"Celui qui se tratne jusqu'à venir Kpé 1 rester prês de toi".
!f
Dans cet énoncé, on a tout simplement opéré un choix
,
de termes en vue d'une association d'idées. Il s'agit plus d'une
,
i
1
1
simple concentration de structures. Trois termes seulement ont
,
été retenus et suffisent à exprimer ce que ce Nom veut dire
i
ap~ne (celui-là), sh~gh~ (se tralne, tralne) et Kpê. Ce que nous
1,
1
,
~
allons examiner en détail :
!
!
1
1

85
1
1
c) Dansashêghêkpê
, il Y a
,
r
- a < apône (auteur ou agent d'une action)
chute de p~ne
- shêghê < shishêghê qui est
"Le fait d'avancer en se tralnant sur son postérieur"
• se dirait â propos d'un enfant qui, au lieu de mar-
cher â quatre pattes comme les autres de son âge, se déplacerait
assis, jambes allongées •
• ou bien au sujet de paralytique qui n'aurait pas
d'autres moyens de se déplacer que cela.
Ici, Shêghê traduit l'idée de progression contenue dans
le fait de côtoyer quelqu'un de façon régulière afin d'entrer
dans toutes ses confidences.
- Kpê
est un idéophone qui rend compte du fait
,
qu'il Y a contact entre deux individus, un individu et une forme
1
inanimée ou entre deux objets. Ici, il s'agit de contact entre
1
deux individus dont l'un est le principal acteur.
1
r
Encore une fois, les termes choisis pour former ce
Nom décrivent très bien ce que l'on a voulu dire. Dans la vie

on appellerait
ashêghêkpê
toute personne qui vous est familière
t
}

86
mais qui, en même temps, A la moindre occasion, est disposée
A prêter main forte A qui cherche A vous nuire.
Un troisième et dernier cas dans ces structures
.
contractées reste A voir. Il s'agit du Nom 41 agbrê.hê
a) Ce Nam est un énoncé qui pourrait se tradui-
re par ·Comme le mensonge pique II". Il est, lui aussi, le ré-
sultat d'un amalgame, mais diffé~emment organisé par rapport
aux deux autres dont nous avons montré le mécanisme.


b)
agbrlh\\
dans sa forme développée se compose
comme suit
gbrê
é

1
2
3
mensonge 1 lui ça 1 pique
1
2
3
!
"Comme le mensonge pique 11".
i
1
c) Dans agbrê: fiê
,
il s'est produit une sup-
1
pression et un ajout :
1
1
- suppression du morphème grammatical ~ qui a pour
-
rôle de reprendre le sujet ; ce que nous avons appelé prédica-
1
tif dans le schème d'énoncé verbal; ce qui donne gbrêhê
.,
!
- ajout de i qui aurait dO. ne pas se trouver lA, mais
![
dont la présence se justifie pour une raison conceptuelle :

1
87
1
,
t.
1
~ (nous l'avons vu avec les autres cas) â l'initiale
-
1
d'un énoncé contracté, est mis pour l'agent ou l'auteur de
l'action (résultat direct d'une dérivation: dans "'ptne",
-pSne" chute et "a" est conservé: dans ces cas également, l'a-
gent ou l'auteur de l'action était une personne, alors qu'ici
il s'agit du mensonge, agent abstrait, non matérialisé. Donc
nous ne sommes pas dans des situations identiques. Cependant,
c'est le même morphème qui joue le même rOle dans les deux cas.
Il s'est passé encore une fois un phénomène d'association d'i-
dées
il s'agit de ne pas perdre de vue que chaque Nom est
créé â l'intention de quelqu'un,
(ce quelqu'un dont on décrit
le caractère). C'est pour cette raison que le mensonge dont i l
est question est identifié â son auteur. Ce n'est pas le mensonge
en soi qui est important, mais celui qui le manie. Ainsi "'a "
dans
agbrê hê occupe la place de l'agent. C'est pour cela aussi
que nous avons proposé, comme traduction : "comme le mensonge
pique 1".
Pour encha1ner dans la même direction que ce que nous
,
venons de dire, nous allons examiner le statut du phonème S dans
les énoncés marginaux non traduits.
Le phonème à placé â l'initiale de ces formes non
traduites, dans LI des Noms 2, 41, 75, 95 et dans L
des Noms 4
2
et 75, et affecté dans certains cas du ton haut et dans d'autres
du ton bas est le même phonème, et il joue le même rOle dans tous

88
les cas. Les différents tons haut et bas sont dQs à l'organi-
sation de la chaine tonale des signifiants.
- a affecté du ton bas
N
2
-~:f"
'" afambéwou
~"".bt.Wu
'"
,.....
.'-'
N 75
~ " :} n:J "'JV'Jt. an5n5 miêmiê
N 95
~!; yi'
ashêghêkpê
Il est directement influencé par le ton de l'énoncé
1
tout entier qui est descendant, et il perd le ton haut dont il
était initialement affecté.
1
1
1
1
- quant aux deux autres cas, N 4 L
aghêlê et N 41 L
2
1
agbrêhê, le phonème conserve son ton initial. Dans le premier
cas, la chaine tonale le permet, et dans le deuxi~me cas, nous
avons vu comment de façon tout à fait conceptuelle ce phon~me
se trouve dans cette position.
r
Donc, d'une mani~re générale, nous pouvons dire que
1
f
j
le phon~me'a~(haut ou bas) à l'initiale de formes amalgamées
1
!
substantivise ces formes qui ne sont pourtant rien d'autre que
1
des énoncés verbaux. Mais dans leur énonciation on n'a pas
1
1
conscience de prononcer une phrase. Ce qui compte, c'est la
1
symbolisation que cela laisse voir. C'est pour cette raison
1
également que nous n'avons tenté aucune traduction.
1
Mais il n'y a pas que ces structures compactes qui
1
;
,
soient lourdes de sens. Dans certains cas, il a suffi qu'on ajoute
l

89
un morphème qui, dans le comportement langagier quotidien, n 1au-
rait pas sa place à 11énoncé pour le faire entrer dans l'esprit
de 11Eyi-di. Ce sont ces énoncés que nous allons examiner à pré-
sent.
l,
t
Il s1 agit des Noms 12, 114 et 120. Les deux premiers
f
s 1identifient parfaitement à un énoncé verbal, mais ils sont
!
quelque peu surchargés, ce qui leur confère une autre dimen-
f
,
sion.
1
l
t.
Prenons LI du Nom 12 :
t
cet énoncé est à examiner selon deux points de vue : en situa-
~
1
,
tion de comportement linguistique normal et dans le cadre de
1
1
,
1. En situation de comportement linguisti-
que ordinaire, on aurait :
êseh
neh

dl
mbedê
1
2
3
4
5
~
Porc-épie Préd
Pron + Préd
manger manioc
1
2
1
2
3
4
5
Nous sommes dans un cas de mise en emphase du sujet.
Le nominal sujet est repris par le pronom sujet correspondant,
d'où le schéma suivant:
1

90
~
Pron = fi
Pron + P Lv
N
2
P
o
Pl -ni, pronom pré-
sentatif
P
= b~, morphème de
2
volonté
(vouloir,
devoir, falloir)
d '00 :
és\\:!h
neh
bé:
di
mbêdê
1
2
3
4
5
Porc-épie que voici il veut à manger manioc
1
2
3
4
5
"Ce porc-épie veut manger du manioc".
2. Mais le Nom 12 nous donne un énoncé quel-
que peu différent : éseh neh bé di e mbêdê.
,
La cassure intervient avec l'addition du morphème ~ qui est un
pronom complément "appropriatif" pour éviter de dire "possessif" 1
de telle sorte que le sens de l'énoncé se trouve complètement
?
changé. Du simple désir contenu dans le premier, nous passons à
un devoir à remplir dans le second.
éseh
neh bé
di
e
mbêdê
1
i
1
2
3
4
5
6
1
1
Pore-épie que voici il veut à manger "son" manioc
!
1
2
3
4
5
6
t
"Son" ici doit être compris au sens figuré. Ce n'est
pas que le manioc appartienne au porc-épie (pour la bonne raison
1
1
j

91
que c'est un animal rongeur)
~ mais il montre une détermina-
tion tellement intense dans son désir de manger du manioc qu'on
a fini par lui attribuer ce dernier, d'oü l'emploi de "son".
b~ ici marque la volonté, mais aussi et surtout, la
détermination. Deux possibilités de traduction de l'énoncé
1
1
j
1
a)
·quand~
,
si' un porc-épie veut manger du manioc ••• ".
i
l
b) ·Un porc-épie qui tient ~ manger du manioc ••• ".
(traduction convenable).
c'est le même système qu'on constate avec le Nom 120
kpata bé di e yalê
... , n'n
1 i
~
e
est
u
aussi, pronom compl~-
ment d'appropriation, mais ce qui diffère, c'est que nous ne
sommes pas dans un cas de mise en emphase.
,e complément "appropriatif" dans
kpata

di
e
yalê
f
1
2
3
4
5
,1
~
Margouillat veut ~ manger "sa" pauvreté
1
1
2
3
4
5
!
"sa", contrairement au cas précédent n'est pas le
résultat d'une certaine détermination ~ c'est la constatation
d'un état de fait. Installé dans cette situation (il s'est
appauvri) , d'oü il ne sortira probablement jamais, Margouillat
i
s'en est fait sienne au fil des jours ~ c'est comme si son état
1
j

92
de pauvre lui a ~oujours appartenu.
,
Mais pour avoir le sens complet de l'énoncé, il faut
J
considérer un autre point. Cet énoncé a été simplifié par la
suppression du morphème qui en fait un énoncé circonstanciel de
conséquence.
Dans sa forme complète que nous reconstituons, il se
1
présente comme suit :
,
alê
kpata hé
di
e
yalê
,nê
1
2
3
4
5
6
7
pour que Margouillat veuille être dans "sa" pauvreté.
1
2
3
4
5
6
ce que nous rendons par
"Si Margouillat est si pauvre ••• ".
D'autres Noms qui posent des problèmes similaires à
~,
1
ceux que nous venons d'examiner sont les Noms 46 et 108, ainsi
j
que le Nom 114 qui mérite qu'on s'y arrête un moment.
Le cas du Nom 114 tout entier LI et L •
2
1
l
bétché a tché
1
bétché a tché •••
a tché ne bé tché
Toutes les fonctions de cet énoncé sont assumées par
1
1

93
un lexème verbal tché ("comprendre") et des morphèmes à et b~,
- -
"à" étant le prédicatif lié au lexème verbal et·b~wle morphème
de volonté dont nous avons précédemment parlé, qui accumule ici
les notions de "vouloir" et "devoir". Discours! la troisième
personne du singulier qui joue sur les trois éléments que nous
venons d'énumérer.
(L )
bétché a tchê
l
bétché a tché
On constate que la même phrase a été reprise deux fois
si l'on s'en tient! la structure syntaxique identique. Mais ce
1
sont deux aspects de la même idée qui sont mis en vigueur par
r
1
la différence de ton dans le premier terme, lui-même, fruit d'un
1
amalgame puisqu'il est constitué d'un morphème et d'un lexème
t
r
verbal. Ces deux aspects qui donnent lieu! deux sens différents
l
!;
(pourtant imbriqués l'un dans l'autre) s'expliquent comme suit:
!
l.~bétché a tché' est incomplète quant ~ la structure.
1
;
tj
1
f
-~,il;
..
;
Le morphème a
(marque du passif conditionnel) en ef-
1
1
fet permet de déduire qu'il manque le morphème qui introduit
l
-1
une proposition hypothétique, soit "ale~ •. ne" ; d'où la recons-
titution de la phrase : bétché a tché 9 ale bétché a tché ne
1
bêtché a tché +=)
ale bétchê a tché ne
1
1
2
3
4
1
1
1
Si bétché préd avoir compris
1
1
2
3
4
Si "bétché lui avoir compris".

94
2. b~cj~ ~ cj~.
Ici aussi il y a eu suppression du morphême qui fait
de cette séquence une proposition consécutive, soit kpO : d'oC
la reconstitution qui donne ceci :
betché a tché ~
kpô bétché a tché
kpô bétché a tché
1
2
3
4
donc bétché préd avoir compris
1
2
3
4
donc bétché lui avoir compris.
Pour obtenir le sens exact de cette phrase à présent
que nous avons expliqué son fonctionnement, il nous faut d'a-
bord traduire les deux formes de bétché.
- D'abord, il s'agit du même mot dans les deux cas,
le changement de ton étant lié à l'aspect sémantique.
- Il se présente sous une forme compacte (nous l'a-
vons transcrit ainsi parce que c'est lui qui assume la fonction
sujet, donc il est conçu comme un nominal). Mais cette compacité
:
est différente des cas que nous avons rencontrés jusqu'ici. Cette
1
i
fois-ci, c'est une structure syntaxique à part entiêre mais lexi-
calisée, donc qui peut être traduite ; il faudrait alors la
1
décomposer :
t
1
j
~

95
bétché
+

tché
+
Préd.
comprendre
1
2
1
2
bé = morphème de volonté (ici, devoir)
+ 3e pers. singulier.
bétché (=) "lui doit comprendre".
àtché ne bé tché
/
Le seul problème qu'il pose c'est la présence de ne
-
qui ne se trouvait pas dans L . Nous sommes dans le cas ordi~
l
naire d'un énoncé verbal, mais le sujet, au lieu d'être en tête
comme à l'accoutumée, se trouve après le prédicat. Le sujet,

1
1
c'est tout s~plement ne qui dérive de apône (pronom neutre de
-
personne qui signifie agent, auteur d'une action). Cette inver-
sion du sujet place L2 dans une situation de parallélisme synta-
xique avec L .
l
a tché ne bé tché
f
1
1
2
3
4
5
lui avoir compris celui-l~ qui lui doit comprendre
1
2
3
4
5
En définitive, le Nom 85 équivaut à peu près à ceci
bétché a tché
bétché a tché •••
1
•.• a tché ne bé tché
1
r
1
f

96
(Si)
qui-doit-comprendre a compris
(que) qui-doit-comprendre comprenne •••
il aura compris celui-l!
qui comprendra.
Une expression comme bétché ne se rencontre que dans
un langage recherché comme c'est le cas ici. Elle peut donc
Itre intégrée aux autres formes d'amalgame déj! examinées.
Et ~ bien que morphême de volonté d'ordinaire, a un statut
particulier. En effet~ est !~bétché·ce que à est! àfambéwou,
! savoir que tous deux, à et bé jouent le rOle du sujet en même
-
-
temps qu'ils substantivisent l'expression qui les contient. Des
exemples :
- dans les expressions qui suivent :'bétché, bédi bénO'
respectivement bê-avoir-compris, bê-avoir~angé, bê-avoir-bu,
r
bè introduit une notion d'habitude pendant que la notion première
!
-
1
de volonté passe au second plan ; et on peut les rendre par
"qui-comprend", "qui-mange", "qui-boit" en sous-entendant "qui
a l'habitude" ou "qui aime faire telle ou telle action".
- compte tenu de ce que nous venons d'avancer, une
expression comme bédibêro, surnom qu'on donne â toute personne
qui a l'habitude d'aller â la selle juste après avoir fini de
manger, peut être parfaitement renduepar "qui mange-qui-chie",
qui est une injure. La notion de volonté est totalement laissée
1
r
de cOté.
1
r

97
1
Cependant, nous avons traduit ~ dans bétché du Nom
85 par "qui-doit-comprendre", c'est pour respecter l'esprit
mArne du genre qui se veut ambigu.
En conclusion partielle, il nous faut faire un cer-
tain nombre de remarques concernant d'abord les analyses lin-
guistiques que nous venons de faire, mais d'une manière générale
1
aussi, sur l'esprit du genre lui-mArne.
!!
1
1. De la formé dépouillée des énoncés, une
1
!
manière directe pour atteindre les individus.
1
L'Eyi-di n'est pas un genre qui se veut moralisateur.
C'est pour cette raison que nulle part n'est exprimé laucun prin-
cipe de ceux qui régissent la société abbey. Cependant, il les
fait découvrir a sa manière. Ce genre a pour but de dénoncer
t
1
sans voile les injustices sociales. On veut atteindre les gens
1
!
~
dans leur personnalité profonde; il s'agit donc de frapper
1
fort et juste, d'on il est tout a fait inutile de s'embarras-
j
j
ser de mots-outils qui alourdiraient le sens des énoncés et ris-
1
queraient ainsi de ne pas avoir suffisamment d'effet. Donc l'ex-
1
pression même de ces textes indique leur contenu
des formes
1
"rebelles" par rapport a la norme, correspondent a l'esprit du
genre qui se veut polémique. A ceci s'ajoute une autre dimension.
2. L'Eyi-di, un acte de parole
Les différents types d'énoncés qui constituent notre
corpus, qu'ils soient conformes au schéma structural abbey ou
t
1

1
1
98
1
l
qu'ils soient marginaux, comportent une dimensions sous-jacente,
non exprimée : ils sont tous assumés par MOI, première personne
de la catégorie d'expression. Cette catégorie qui, selon
Benveniste, conjointe à celle du temps "fait partie de oes ca-
tégories élémentaires qui sont indépendantes de toute détermi-
nation culturelle et oü nous voyons l'expérience subjective des
sujets qui se posent et se situent dans et par le langage" (1).
A ce titre, nous pourrions schématiser chaque énoncé
sous la forme suivante :
Moi
LI'"
L 2 ...
Benveniste traite ces problèmes de catégories d'ex-
pression dans le cadre général de toute production du discours,
de tout acte de communication qui peut être vu sous divers as-
pects. Il en distingue trois principaux qu'il analyse en fai-
sant néanmoins remarquer leur caractère dépendant. Ce sont :
1
la réalisation vocale de la langue, la conversion individuelle
1
de la langue en discours et la définition de l'énonciation dans
le cadre formel de sa réalisation.
Pour ce qui nous concerne, le dernier aspect peut le
plus nous éclairer.
!1
1
j
(1) E. Benveniste
Op. cit., p. 81.
1
~

99
En effet, par le fait que nous soyons
dans un cadre
de production particulière de discours, nous pourrions être
tentée de dire que la présence de cet échange verbal quasi-
codifié ne nous permet pas de parler de communication en tant
que telle, puisque L
sait (et LI le sait également) ce sur
2
quoi LI attire son attention, dans la mesure on la condition
1
~
i
principale pour qu'il y ait communication, est que celui qui
t'
parle (êmetteur) apporte une information â celui â qui il par-
1
,
,
le (récepteur). A vrai dire, il y a communication. Car, chaque
1
actualisation de l'Eyi-di ranime les sentiments qui ont contri-
t!
bué à la prise du Nom, fait renaltre le contexte originel donc,
[
et surtout resserre les liens qui unissent les partenaires (du
moins en ce qui concerne les femmes). Dans cet acte de communi-
1
cation, LI s'adressant à L
!
2 (et vice-versa), s'adresse, par le
biais de "Moi", à lui4nême, en visant quelqu'un d'autre, qu'il
1
soit présent ou non. Et puis il y a l e commentaire qui change
1
chaque fois de forme et donc chaque fois c'est un nouvel échange
verbal. D'ailleurs, les pronoms personnels et démonstratifs sont
considérés comme une classe "d'individus linguistiques", ceci da
au fait qu'ils naissent d'une énonciation (événement individuel),
sont engendrés â nouveau chaque fois qu'une énonciation est pro-
férée et chaque fois, ils désignent à neuf. C'est donc la pré-
sence implicite du pronom autonome "Moi" qui confère au genre
que nous étudions l'appellation de "Nom", d'on "porter un nom".
"Eyi-di", "porter un nom", c'est, nous le répétons, le "fait de
porter un nom". Et il n'existe qu'au moment on il prend effet,

100
c'est-~-dire au moment précis oü les deux partenaires (femmes)
ou les participants ~ la boisson collective (hommes) l'énoncent
et le commentent: et ~ chaque fois, c'est un nouvel acte de
parole pd$sible de produire un nouvel effet.
"Moi", précise Benveniste plus loin, répond aux carac-
téristiques d'un nom propre social. Mais si ce dernier identifie
"de manière unique un individu unique", Moi est "dans l'instance
du discours, la désignation antique de celui qui parle : c'est
son nom propre de locuteur, celui par lequel un parlant, toujours
_
et seulement lui dénomme en face de lui Toi, et hors du dialogue,
Lui" (1).
Moi, pronom autonome jouant le rôle d'un nom propre
social dans tout acte de parole, voil~ qui justifie sur le plan
linguistique le statut d'énoncés auxquels nous avons affaire ,l,de
noms propres de personne dans la mesure oü tous sont apposés de
Moi sous-entendu, mais constamment présent ~ l'esprit de ceux qui
les utilisent. Tout comme on peut dire "Moi, Pierre" ou "Moi, le
facteur", il faut entendre "Moi Souche-de-dêdê"
(N 1), "Moi, si-
le-garçon-était-mals"
(N 32), "Moi, ~fâmbèwou", etc.
Cependant, les noms ne peuvent commuter ni avec un nom
propre quelconque ni avec un autre substantif, mais uniquement
entre eux. Ce qui veut dire que même les expressions que nous
(1) E. Benveniste
Op. cit., p. 200.
1
1
1
"
4

101
n'avons pas pu traduire ne sont pas des éléments lexicaux
qu'il faut considérer sur le plan paradigmatique. Elles relê-
l<
vent du plan syntagmatique, plan
des combinaisons ~ c'est
~
j
pour cette raison que nous avons essayé de démonter
le méca-
L.." fi'
t r. .
1
nisme de la plupart d'entre eux.
1
1
1
1
j
1
1
1
!1
t
!
1
;
1
1
,
1
1

CHAPITRE 2
PORTEE SOCIALE DE L'EYI - DI
MMMMMMMMMMMM********************
il
t
1
j

103
La structure des textes précédemment dégagée, notam-
ment la suppression volontaire des mots-outils dans la plupart
des énoncés, certaines formes amalgamées qui n'obéissent à au-
cune règle de composition nominale, correspond au but que l'on
veut atteindre : dénoncer sans détour, avec vigueur et rigueur
les défauts des individus. Défauts qui représentent un obstacle
à l'harmonie de la communauté tout entière.
Mais on aurait tort de croire qu'une telle opération
est réservée à quelqu'élite détentrice de la Vér~té ; il n'en
est rien. L'EYI-DI étant essentiellement critique, il se trouve
à la portée de tous ceux qui sont capables de réfléchir sur le
monde qui les entoure. Et ceci intéresse aussi bien les enfants
que les personnes adultes, les femmes que les hommes. C'est
pour cette raison que nous ouvrons ce chapitre pour examiner les
conditions qui font de l'Eyi-di un genre populaire.
1
i

104
A - L'EYI-DI : UN GENRE POPULAIRE
=============================
1. PAR LA NATURE DES LOCUTEURS
c'est â juste titre qu'on attribue le Savoir, la
Connaissance aux Anciens dans les vieilles sociétés africai-
nes, cela étant dû au fait qu'ils ont l'expérience pour eux.
Mais dans cela il y a une part d'erreur lorsqu'on considère
qu'il n'y a qu'auprès d'eux qu'on peut avoir accès â toutes
les formes de manifestations culturelles. En réalité, d'une
manière générale, toutes les catégories sociales savent de
façon plus ou moins parfaite, parler des grands traits de leur
culture. C'est pour cette raison que pour tout travail dont le
matériau n'impose pas la présence d'un spécialiste, il est
conseillé de partir des enfants, des jeunes gens, des femmes
avant de recourir aux Anciens.
En tout cas, pour ce qui nous concerne présentement,
l'EYI-DI n'est pas l'apanage de quelque groupe ou de quelconque
communauté symbolique (1), même si le rôle des femmes y est dé-
terminant. Nous l'avons vu, des adolescentes aux femmes ~gées,
des jeunes gens qui s'en sentent capables aux hommes adultes,
(1)
Selon la terminologie de Jean Molino, une "communauté sym-
bolique est un ensemble d'individus possédant en commun des
particularités relativement simples de langue et de culture
c'est-â-dire d'organisation symbolique". Il cite comme exem-
ple les Professeurs, les Ethnologues, les Linguistes, les
Classes d'âge (Colloque d'ethnolinguistique, mai-juin 1979
au C N R S).

105
tous manient sans complexes l'EYI-DI.
2. PAR L'ESPACE ET LE TEMP S D' EMPLO l
Les Hommes eux, choisissent de préférence une ren-
contre autour d'un pot de vin de palme ou de toute autre bois-
son forte. Cela dépend de l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes.
- La raison la plus profonde est qu'ils sont três
occupés par les travaux champêtres et qu'il n'y a que les jours
de repos qui leur conviennent dans leur systême à eux. Mais ce
n'est pas ce point de vue qu'ils avancent.
- Pour eux, ils sont différents de5femmes qUi ont très
t
peu de retenue et qui racontent facilement ce qu'elles ont à
1
dire. En fait, ils tiennent à se mesurer les uns avec les au-
1
tres sur un terrain bien précis à armes égales, alors cela peut
t.,
se faire sur une place publique où ils ont l'habitude de discu-
ter ou bien chez eux tout simplement. Ce qui compte c'est qu'on
puisse s'expliquer, du moins se faire comprendre le plus clai-
1
t
rement possible, entre hommes. Et le temps nécessaire

à cet ef-
!
fet est difficile à évaluer. Tout dépend de la compétence des
1
1
participants à dénouer un conflit. Comme tout semble l'indiquer,
!i
si l'offensé a· tenu à relever l'affront qui lui a été fait de-
vant tous par le biais de l'Eyi-di, c'est bien pour que ce pro-
blême soit définitivement réglé. Aussi l'actualisation du Nom
employé peut prendre beaucoup de temps ou non. En tout cas, on
ne partira pas tant qu'on n'aura pas tout résolu ! .•.

106
Avec les femmes, c'est tout A fait différent. D'abord
elles partent du principe qu'il n'y a pas de lieu pour dire ce
qui vous touche. Et puis elles se donnent le temps de le faire.
Ici, on ne s'explique pas et on n'explique pas. On attaque 1
Après tout, toute leur vie n'est-elle pas une lutte perpétuel-
le ? Et cette agressivité par laquelle elles ont décidé de se
faire entendre, se mêle A la parole ambiante. Chaque fois qu'on
se rencontre, on prend quatre A cinq minutes qu'on consacre A
l'Eyi-di avant tout autre sujet. Et quel que soit le nombre de
personnes présentes, n'est-ce pas, A l'intention de tous que
le Nom est énoncé" En tout cas, elles ne craignent pas d'être
qualifiées de radoteuses.
3. PAR LA NON-EXIGENCE DE QUALITES ARTISTIQUES PARTICULIERES
Un coup d'oeil sur le corpus a sans doute permis au
lecteur de constater que la plupart des Noms se présentent sous
leur plus simple expression. Cela est dn au fait que pour utili-
ser l'Eyi-di, il n'est pas besoin d'un apprentissage spécial.
t!
!
c'est donc une parole accessible A tous, qui ne nécessite pas de
i
!
spécialistes dans la production.
1
~,
~,
Cependant, on ne peut pas dire que tout le monde s'ex-
!
prime dans l'Eyi-di de manière identique. Si la partie figée de
1
l'Eyi-di se récite de la même façon pour tous, la différence se
fait sentir au niveau du commentaire. En effet, c'est dans cette
1
partie que la personnalité de chacun transpara!t. Par la manière
l
!

107
de conduire sa pensée qui peut être dite de façon plus ou moins
cohérente, plus ou moins étoffée. Mais même à ceux qui exposent
leur propos sans "hésitation", cela ne confère pas un statut
particulier par rapport aux autres ~ car ce qui compte,
(dans
le cas des femmes tout au moins), c'est d'arriver à "accrocher"
et chacune s'y emploie.
4. PAR LA PROTECTION DU GENRE PAR LA CONVENTION SOCIALE
C'est ici que l'Eyi-di appara1t comme fait social et
non comme un fait émanant de quelques individus isolés. Nous
nous intéressons particulièrement à l'Eyi-di des femmes, les
hommes n'apparaissant le plus souvent que comme les défenseurs
de la morale et des principes qui régissent la société comme
nous le verrons plus loin.
Les nombreuses discussions que nous avons eues à pro-
pos de l'Eyi-di quant aux conséquences pour la communauté tout
entière, ont abouti à une même vérité: personne n'a le droit de
s'en prendre aux femmes ni à quelqu'autre usager dans ce domaine,
car ils expriment tout haut ce que beaucoup pensent et ne peuvent
dire.
Résumons: les hommes, d'une manière générale, lorsque
quelque chose leur déplalt chez une femme, ils le lui font com-
prendre sans détours. Les femmes qui en sont vexées donnent une
réponse à ces jugements par le biais de l'Eyi-di ~ et dans cette
réponse, il y a une part d'invective et une part d'explication

108
de leur conduite.
Par exemple, s'il se trouve un homme qui a l'habitude
de se montrer particulièrement blessant en parole vis-A-vis des
femmes, ces dernières peuvent adopter un Nom contre lui. Si cet
homme comprend le sens de ces paroles, il se rendra compte que
ce Nom a été pris A cause de lui. Mais officiellement, il ne peut
riposter A cette attaque: on ne l'a pas nommément désigné. Et
comme les hommes ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser l'EYi-
di tel que l'ont établi les femmes, ils disent souvent "Cette
femme, c'est une sorcière 1 elle est jalouse", etc. En réalité,
ils sont impuissants devant ce phénomène.
Cette convention sociale qui consiste à ne pas réagir
contre l'Eyi-di, confère une très grande efficacité au genre.
- convention normale, comme elle protège tout discours
qui n'est pas une communication normale entre les individus.
- convention nécessaire car l'Eyi-di pourrait dans
certaines circonstances dégénérer en dispute entre usagers et
destinataires réellement visés, puisque tout compte fait, de
l~Eyi-di à la querelle, il n'y a qu'un pas.
En fait, c'est une mesure qui correspond parfaitement
à la pratique de la critique dans la société abbey. Tout membre,
quel qu'il soit, est libre de donner son opinion sur n'importe
quel sujet qui le préoccupe. Ce que soulignent N. Kotchy et

1j
1
109
1
1
Memel-Foté dans leur communication au Colloque de Yaoundé en
1
!
avril 1973 alors qu'ils analysent la conception de la critique
i
dans l'Afrique Traditionnelle en s'appuyant sur les sociétés
sans état ni chefferie de Côte-d'Ivoire,
"Ce sont même des communautés à contestation perma-
nente. On y "palabre" souvent, de façon institution-
nelle, jusqu'à ce qu'on arrive à un consensus, à une
unanimité. Cela signifie que, quelle que soit l'au-
torité des anciens, la critique reste ouverte à
maints niveaux" (1).
Au niveau de la littérature, chaque genre dispose des
moyens propres pour montrer cette dynamique
Problème-Cri tiques-
dépassement du problème. Comment fonctionne la critique dans
l'Eyi-di sera l'objet du chapitre suivant.
l
1
On a conclu très tôt et de façon hâtive que les socié-
1
~
f
tés africaines étaient des sociétés "dogmatiques" au sein des-
!
quelles règnent les Anciens (qui "connaissent") sur tout le reste.
1
1
~<
~
(1) N'GUESSAN Kotchy et H. ~emel-Foté
: La critique dans l'Afrique
Traditionnelle in Colloque de Yaoundé, 16-20 avril 1973 sur
1
Le critique africain et son peuple comme producteur de civi-
i
lisation, p. 155
1
1
i
1
1

110
Mais on n'a pas toujours établi les raisons pour lesquelles
cette organisation apparatt si mécanique. En fait, comme nous
l'avons précédemment montré, les choses ne sont pas si simples.
Ce qui est important, c'est de pouvoir déceler les différentes
contradictions et la manière dont on les résoud.
En ce qui concerne les manifestations ou genres lit-
téraires, d'une manière générale, ce qu'on tente de faire saisir
aux gens, ce sont essentiellement les actes qui vont â l'encon-
tre des principes qui régissent la société. Alors que dans le
conte, on expose les faits en les mêlant â l'imaginaire, ce qui
donne de merveilleux récits qui ont pour but de faire prendre
conscience aux gens de la réalité, ici, la critique se situe,
non dans la base sociale qu'il reflète, mais dans sa façon â
lui de prendre position ~ par le choix des héros qui, par le
rôle qu'ils tiennent, "permettent au public de donner son avis
sur les récits qui lui sont narrés". Pendant que le Proverbe
lui, est l'art de la sagesse par excellence. Par les images et
les constructions figées, on prodigue les conseils nécessaires
à la bonne conduite de tous. Cependant la critique n'y est pas
absente. Elle se trouve justement dans les images utilisées
et le sens qu'elles donnent aux énoncés.
Dans l'Eyi-di, on ne tient pas à faire de façon glo-
baIe la critique de ceux qui tentent de détruire l'équilibre
de la communauté par les mauvais agissements. On dénonce chaque
i
./
!
1
1

111
cas, soit de manière directe, sans voile, soit de manière ima-
gée, en l'identifiant à son auteur. Ce qui donne à chaque Nom
son caractère unique. Ce qui diffère avec les autres
genres
c'est le mode d'énonciation. Ici on fait très peu de place à la
fiction. Le cadre, c'est la communauté abbey en général et l'en-
tourage ~édiat en particulier. C'est la vie quotidienne, et on
révèle par une mise en scène qui représente des moments de ten-
sion sociale, les habitudes néfastes des individus. Et c'est ce
que de façon concrète nous allons voir.
1. DIMENSION CRITIQUE DE L'EYI-DI
Cette partie de nos réflexions qui concerne la signi-
fication de l'EYI-DI est évidemment abordée sur le plan thémati-
que. Mais le caractère unique de chaque Nom ne nous permet pas
de présenter une synthèse parfaite, c'est-à-dire qui tienne abso-
lument compte de tous les Noms. Ce que nous montrons ici, ce
sont les grandes tendances thématiques sur lesquelles les Noms
mettent l'accent, chacun à sa manière.
L'EYI-DI, d'une manière générale, dénonce et de façon
violente, toutes les personnes qui sont les auteurs des malheurs
qui arrivent aux membres de la communauté ainsi que des injusti-
ces de tout genre que l'on peut constater. Et en fait, il s'agit
d'une critique des moeurs, mais on considère qu'il n'est pas né-
cessaire de pratiquer une critique globale dans la mesure où on
ne reproche pas les mêmes abus aux mêmes individus. C'est pour
cette raison qu'on voudrait abattre (et le mot n'est pas exagéré)

112
!
la psychologie des individus en les identifiant au moyen de
leurs défauts les plus flagrants. On leur fait comprendre la
1
malveillance de leurs actes ou de leurs comportements en ex-
~1
primant les conséquences entrainées.
!
L'EGOISME
1
Concerne bien entendu la préservation de ses intérêts,
f
mais aussi et surtout, le refus d'intégration des déshérités.
Quelques exemples :
Nom 13
Période d'escargot 1 •••
1
• •• on ne se connait point de famille.
Ce qui donne la signification de ce Nom, c'est le
deuxième membre, "on ne se connait point de famille", qui fait
allusion à la fonction sociale de cet animal. L'escargot (1),
C'est du gibier que l'on peut se procurer pour sa propre subsis-
tance, mais c'est aussi une grande marchandise dans le commerce
local. Et lorsqu'arrive sa période de "ramassage"
(juin -
juil-
let - aoQt) , les femmes qui sont généralement très actives dans
cette "chasse", ont tendance à cacher à leurs amies ou même à
des parents les lieux où les escargots se trouvent en grande
(1) Les escargots d'Afrique sont en général très gros, souvent
de la grosseur de deux poings réunis d'un adulte. On les ra-
masse dans les champs ou en forêt. Ils sont consommés frais
ou fumés.
j
j
1

113
quantité. Alors ce sont ces genres de personnes qu'on dénonce
en les appelant "PERIODE D'ESCARGOT". Derriêre cette appella-
tion, tout Abbey sait ce qu'on vise ~ ce qui n'est pas évident
pour des habitants d'une région oü la pratique de la chasse
aux escargots se fait autrement ~ encore moins pour ceux qui
vivent dans des régions sans escargots.
Ce Nom est le seul du corpus qui fasse référence à
l'égolsme. Par contre, nombreux sont ceux qui mettent l'accent
sur les inégalités sociales
c'est le cas des Noms l, 7, 83 et
99 que nous allons analyser à titre d'exemples.
N
1 Souche-de-dêdê
jamais les larmes ne disparais-
sent des yeux d'un orphelin .
.
N
7 Arbre-du-bord-de-chemin •..
jamais beau.
N 83 Un grand malade
n'a pas d'amis.
N 99 Enfant qui n'a personne ...
... c'est sa cause qui déplaIt.
Les deux premiers Noms, bâtis sur une métaphore,
désignent des personnes sans appui ~ ce que rendent três bien
ces images. La sêve qui coule de la "Souche-de-dêdê ", ce sont
les "larmes" qui symbolisent toutes les souffrances endurées.

114
De même, l'ftArbre-du-bord-de-chemin" qui subit tous les capri-
ces des passants - qui, lui donne un coup de matchette, tel
autre s'y torche après s'être soulagé - incarne les personnes
qu'on accUSe constamment d'être la cause des malheurs qui ar-
rivent à la communauté. Ce que confirment les deux autres cas,
beaucoup plus explicites: "UN GRAND MALADE ••• " et surtout
ftENFANT QUI N'A PERSONNE ••• ft •
Le commentaire qui suit chacun de ces Noms nous montre
avec le Nom 83, qu'on est livré à soi-même au moment même oü on
a besoin d'être entouré; bien que dans le Nom 99 l'accent soit
mis sur le type de relations qu'entretient un mari avec ses dif-
férentes femmes selon leur position sociale :
"Quand vous êtes deux et que l'une a de la famille,
il faut voir l'homme qui s'accroche, mais qui s'ac-
croche et s'accroche! Par contre, lorsqu'il sait
qu'après toi i l n'y a pas grand'chose, essaie de dire
quelque chose
cette histoire prend une tournure dra-
matique, mais dramatique alors !".
Cela concerne également toutes les autres situations
oü les individus les plus démunis se retrouvent sans soutien.
LES RAPPORTS ENTRE RICHES ET PAUVRES
Nous enchaInons immédiatement avec deux types de Noms
qui montrent chacun à sa façon, le caractère discriminatoire de
la richesse, sans toutefois être question de coupure hiérarchique.

115
Nous sommes toujours dans les conséquences que peuvent avoir
le comportement de certains env.ers,d'autres.
- Le Nom nO 81
Moi qui ne connais pas houin •.•
c'est en te couchant sur le
chemin qui mène ! la planta-
tion d'un riche que tu le
connais
est une mise en garde contre toute personne de condition sociale
modeste qui s'allie ou cherche! s'allier! plus puissant qu'elle.
"Houin" symbolise ici les souffrances et les déboires qu'une
telle alliance entralne.
- Le Nom nO 37
"ETRE NOWEAU RICHE
CA TOURNE LES YEUX"
met l'accent sur l'impertinence caractérisant certaines person-
nes qui viennent d'accéder à la richesse et donc à la puissance,
de manière parfois douteuse. "CA TOURNE LES YEUX" fait allusion
à la façon dont elles regardent et considèrent les autres.
L'AGRESSION CONTRE LA VIE HUMAINE
que nous examinons au moyen des exemples ci-dessous

116
Nom 2
AFAMBEWOU
A TROMPE LA FORET ET A FAIT
QU'ELLE S'EST DESSECHEE.
Nom 4
CE GOMBO AURAIT PU PRODUIRE •••
••• AGHELE L'EN A EMPECHE.
Nom 10
LE SOL EST TEND RE
GALLINACE S'EBAT.
ne concerne pas le domaine physique. Il s'a~it de l'agression
contre la Force Vitale (N 4) d'une part, de la trahison dans
1
1
i
les rapports sociaux d'autre part (N 2), et enfin, de l'achar-
1
nement contre les faibles (N 10).
1
Et, de fait,
le Nom 4 pose d'une manière claire le
1
[
problème de la "nuisance" il autrui. On considère en règle gé-
1
nérale que la réussite ou l'échec d'un individu dans la vie
"!
1
n'est pas un fait de hasard. Si une personne, symbolisée ici
1
par l'entité "gombo" a des difficultés pour émerger dans la
1
vie, c'est il cause du maléfice des sorciers. Tout comme AGHELE
(cet insecte qui représente ces derniers) ronge la plante de
l'intérieur, les sorciers s'attaquent au double invisible de
l'individu, ce que le R. P. Tempels appelle la "Force Vitale"
.'.
(1)
qui est en fait l'Etre même.
1
!!

(1) R. P. Tempels : La philosophie Bantoue, p. 30
Ed. Présence
Africaine, 1948.
~J
1
1
1

1
~
117
!
1
1
,
Le Nom 2 est ~ saisir sous un double aspect, mais
~
autrement présenté, comme le Nam 4 qui, en mettant l'accent
1
sur les conséquences nous montre également la cause.
!
- D'abord au niveau de la métaphor~AFAMBEWOU symbo-
1
lise celui qui joue des tours (déj~ explicité dans le corpus
et ,surtout dans le premier chapitre) donc toute personne qui a
1
tendance ~ nuire ou ~ détruire l'Autre. C'est aussi celui qui
!
dupe.
1
- Mais dans un second sens, c'est celui qui a été
1
i
trompé et dupé qu'on vise. La "FORET" dans L
("A TROMPE LA
2
!
f
FORET ET FAIT QU'ELLE S'EST DESSECHEE") renvoie bien entendu ~
1
toute victime : cependant LI (AFAMBEWOU) fait aussi allusion ~
la victime. Car c'est bien plus ~ elle qu'on pense lorsqu'on
1
s'exprime tout haut "AFAMBEWOU" ou "moi AFAMBEWOU" : on veut
1
faire comprendre que "c'est moi qu'on trompe: c'est moi qui
1
!
i
ai été dupé, etc.".
1
Le Nom 10 dénonce les actes nuisibles des uns contre
les autres, mais avec une note d'amertume dans la mesure où
n'importe qui se mêle d'être agresseur.
GALLINACE est considéré chez les Abbey comme le plus
faible parmi les animaux domestiques : le SOL TENDRE ce sont
tous les faibles physiquement, mais surtout sans soutien dans
la société. Quel est donc ce qui lie SOL TENDRE et GALLINACE?
Ce qu'on veut faire saisir aux gens, c'est que quand il s'agit

118
de personnes qui n'ont pas d'appui dans la société, qui sont
inoffensifs d'une manière générale, même les hommes sans va-
leur (GALLINACE) trouvent à dire sur leur compte. Ici "GALLINACE
S'EBAT" est tout simplement une injure et une sorte de défi. "Si
tu te crois très fort, prends-en-toi
à plus fort que moi et tu
verras les conséquences qui s'en suivront !" : défi qui est im-
plicite ici mais sur lequel nous reviendrons plus longtemps dans
l'aspect polémique du genre. Mais déjà, le paragraphe qui suit
aborde le problème.
LA MEDISANCE, LA CALOMNIE ET LES COMMERAGES
C'est un point clé de la critique qu'exerce le genre.
La médisance,
la calomnie et les commérages que nous aurions pu
regrouper sous un même titre, résument toutes les tensions qui
existent dans les rapports de tous les jours entre individus.
On dénonce les mesquineries, les malveillances et pourquoi pas,
la méchanceté qui empoisonnent ces rapports.
t
1
!
Ici on met l'accent sur le caractère volage de celui

ou/et surtout celle qui se livre aux commérages. C'est ce que
1
nous montrent les Noms 29, 30, 60, 63 et 77.
1
,~
Nom 29
RESTE DANS LA MAISON DE TON MARI .••
t
POUR TE MONTRER SI BLESSANTE
EN PAROLE
1
,
!
,[
Nom 30
RESTE DANS LA MAISON DE TON MARI ...
1
,
.•• POUR COMPRENDRE CE QUI SE DIT.
i
- 1
!
1

119
Avec un tronc commun (L 1), ces deux Noms ne s'appli-
quent cependant pas aux-mêmes situations. On considère chez
les Abbeys, ce qui est tout à fait normal, que la Femme mariée
appartient à sa famille d'alliance et que "chez elle" n'est
plus le domicile de ses parents, mais bien la maison de son
mari oü elle peut se permettre certaines libertés telle que de
se montrer insolente par exemple. Comme nous l'explique le com-
mentaire qui suit le Nom 29. Mais c'est le Nom 30 qui pose le
problème de la nécessité pour une femme d'apprendre à connaltre
et à contrôler son foyer~ ( ••• "POUR COMPRENDRE CE QUI SE DIT").
Le commentaire dit
"Tu as un mari. Si tu ne restes pas dans sa maison
comment penses-tu pouvoir apprendre ••. toutes les
histoires que tes belles-mères font entrer dans ses
oreilles, surtout s'il s'agit de coups montés contre
1
toi ?".
!i
On pourrait se méprendre et croire qu'il s'agit de
r
conseils prodigués à telle ou telle femme. En fait, c'est le
1
1
contraire de ce qui est dit qu'il faut comprendre, c'est-à-dire
t1
qu'il vaut mieux pour cette personne de s'occuper de son foyer
l
f
que d'aller se mêler de ce qui ne la regarde pas; car - et
1
r
c'est ce que spécifie le Nom 77,
1
ADASÊ VOIT
LE MEDISANT IGNORE CE QUI SE
PASSE DANS SA MAISON.


120
..
ADASE ou "celui-qui-cOtoie", c'est celle qui est sta-
ble, posée, qui s'intéresse à la vie de son entourage immédiat,
tandis que le MEDI~NT lui, dans les rapports qu'il entretient
avec les autres, ce qui l'intéresse, ce sont les fausses notes
qu'il peut déceler chez les gens et qu'il peut commenter à loi-
sir en en rajoutant, bien entendu. De telle sorte qu'il finit
par être un "colporteur" de fausses nouvelles, ce que les Noms
60 et 63, pour leur part soulignent explicitement.
Nom 60
QUI A ENTENDU LES PROPOS DE COMMERAGE •.•
••• VA FAIRE LA NAVETTE.
Nom 63
COMPRENDS BIEN D'ABORD .••
AVANT D'ALLER RAPPORTER.
Illustration du caractère instable et léger du per-
sonnage. Et puis on enchalne sur les conséquences (toujours) qui
peuvent découler de ce genre de comportement qui n'est rien d'au-
tre que la pratique de la calomnie dont les Noms 85 et 88 consti-
tuent des exemples-types.
Nom 85
CALOMNIER
FAIT PLUS MAL QUE COUPER LA
CHAIR A VrP
Nom 88
LA CALOMNIE
PART DE TA PROPRE MAISON.
Ils soulignent le caractère intime de la calomnie.
1
1
1

121
Ce sont bien les plus proches parents qui vous attirent les
pires ennuis en permettant aux autres d'avoir des indices vous
concernant.
Le Nom 62 en rend bien compte
QUI EST RENSEIGNE SUR MON COMPTE ...
••• SE METTRA A M'INJURIER
ce qu'exprime de façon imagée le Nom 51
CÉ QUI ME CONCERNE
EST AUSSI SUCCULENT QUE
L'EMBALLAGE DU SEL.
D'autres Noms tels que les Noms 17, 44 et 92 devien-
nent plus concrets et font voir de quelles façons se pratique
la calomnie :
Nom 17
LES YEUX NE SONT PAS POISON •••
• .• LES ABBEYS M'AURAIENT TUE
Et le commentaire dit
"Elle couche avec Wawa 1 •••
- Elle est par ici, chez ses amants 1 •••
- Elle est par là, en train de faire telle chose 1 •••
Chaque jour qui passe, je suis dans la bouche des
femmes et hommes de tout Agboville.
S'il ne s'agissait que de fermer les yeux pour me tuer,
:'

ce-serait fait 1".
1
j
l

122
Ici l'accent est mis non sur ce qui se dit -longuement
présenté pourtant- mais sur le rôle du Regard et son intention
~!
malfaisante.
Nom 92
LA RAILLERIE TUERAIT •••
QUE JE SERAIS MORTE.
1
!
Comme le nom précédent qui relève l'heureuse incapaci-
té du Regard a détruire physiquement un individu, celui-ci in-
1
siste sur le pouvoir non moins vain de la raillerie de tuer,
malgré son caractère virulent que rapporte le Nom 44,
JE M'ABSENTE UN INSTANT
JE SUIS DISSEQUEE DERRIERE.
Ce qui est a noter d'une manière générale dans ces
dernières analyses, c'est qu'on veut faire saisir la nocivité
de la calomnie et du commérage en décrivant le caractère de
ceux qui se livrent a ces pratiques, et leur intention (faire -
du mal) qui apparait dans leurs propos, et se lit dans leur Re-
gard. Mais l'EYI-DI ne se veut pas un genre qui se propose de
constater et de dénoncer les méfaits. C'est pour cette raison
que l'essence de chaque Nom finit par ne pas avoir d'importance.
r
Seul le dépassement compte. Et il se fait de trois manières es-
sentielles : le défi, la mise en garde, le mépris et l'injure
1
f
que contiennent de façon implicite ou explicite tous les Noms.
!
C'est ce dont il sera question de façon plus détaillée dans ce

123
que nous appelons la dimension polémique. Pour l'instant, nous
poursuivons l'analyse critique en abordant la portée philosophi-
que de ces Noms, car l'EYI-DI c'est aussi une manière de conce-
voir la vie et les choses.
CONCEPTION DE LA VIE ET DES CHOSES
Statut des individus
On souligne l'égalité fondamentale de tous les hommes
dans la vie quel que soit leur rang dans la hiérarchie sociale.
Pour prouver cela, on prend tout simplement comme point de ré-
férence le sol sur lequel nous marchons.
- Il appartient ~ tous, nous dit le Nom 38
LE RICHE LE POSE .•.
• •• ET PUIS LE PAUVRE LE POSE AUSSI
- Et puis les empreintes que l'on laisse en marchant
!
ne relèvent d'aucune identité (N. 39)
1
!
SANGA SANGA SANGA
1
,
LES TRACES LAISSEES PAR LES
1
PIEDS DU RICHE ET CELLES
1
LAISSEES PAR LE PAUVRE SE
!
CONFONDENT.
1
En fait l'égalité fondamentale dont on parle veut dire
r
que c'est chaque homme qui assume tout seul sa vie, et qu'il ne
craint personne, aussi pui~sants que soient les gens en face.

124
Rapport entre individus
Les Noms 9, 21, 85, 96, 101, 102, 117 sont ceux qui
le mieux, posent~ce problème. Nous allons en examiner quelques-
uns. Ce dont il s'agit ici, ce sont toutes les relations teintées
d'hypocrisie, toutes celles guidées par l'intérêt, qui font que
dans une certaine mesure, malgré l'entente apparente, on se re-
trouve tout à fait seul.
Le Nom 101 dit
TU N'ES PAS ENCORE EN ETAT D'ETRE A
LA CHARGE DE QUELQU'UN?
IL PRETEND QUE TU ES SON
FRERE !
Cela veut dire que tant qu'on n'a besoin de rien,
on est entouré d'amis, on est affectionné, materné même par
des personnes qui vous comptent parmi les membres de leur fa-
mille. Mais lorsque les difficultés surgissent, le monde qui
grouillait autour de vous disparalt et parfois on vous renie:
"Ces gens-là, d'où est-ce que je viens avec eux ?" précise le
commentaire. C'est également le même problème que soulève le
Nom 9 mais en s'appuyant sur un cas précis, la Justice.
ON TE JUGE? .•
TU SAIS QUI EST TON ENNEMI,
TU SAIS QUI EST TON AMI.

125
On fait état non de la nature de ce qu'il y a à juger,
mais de ceux qui jugent et du verdict parfois arbitraire qu'ils
donnent. Le commentaire commence ainsi :
"Supposons que j'aie une affaire sur le dos. Pendant
qu'on la règle, s'il se trouve quelqu'un qui ne m'aime
pas, bien que ma cause ne soit pas mauvaise, dès qu'il
arrive, il oeuvre à mettre les torts de mon cOté".
Ce qui est un moyen efficace pour savoir les sentiments
réels que nourrissent les gens à votre égard. La justice n'étant
pas un domaine réservé à quelques individus, son exercice aussi
f
peut ne pas être impartial lorsqu'on considère les liens qui
!
unissent ceux qui jugent et ceux qu'ils sont en train de juger.
D'autres rapports non moins abusifs sont à noter:
1
ce sont ceux qui existent entre une certaine catégorie d'indi-
vidus que sYmbolise le Lémurien (N. 117) et le reste de la com-
munauté.
ALOBE COMPTE SUR CHIMPANZE ...
. .• POUR CRIER A TUE-TETE.
A1obé, ce sont tous les jeunes et autres personnes de
condition modeste qui se montrent arrogants et agressifs vis~à-
vis de dignitaires et autres personnes de hiérarchie élevée (les
lions, loups, panthères, etc., du commentaire) parce qu'ils sont
couverts par plus puissants qu'eux.

126
l
Rapports de privilêge aussi ceux qui unissent. Poutou.
j
1
et Pêtê, ce couple symbolique présentant, le premier élément ce-
1
t
lui qui travaille et rapporte, et le second, celui qui ne s'est
1
pas donné de la peine, mais qui profite, jouit des biens que
j
l'autre a acquis. Le Nom N° 102 s'exprime donc ainsi:
1
1
J
,
"POUTOU RECOIT •••
• .• PETE EST HEUREUX.
Le commentaire qui accompagne ce Nom n'est, pour une
-
fois, pas impersonnel. C'est une des rares fois oft quelqu'un
1
explique les raisons qui l'ont amené à choisir un Nom.
1
1
"
( ••• )
A cette époque,
j'étais la soeur d'un digni-
1
!
taire: C'est comme si c'était moi qui avais le pou-
1
voir" .
1
1
1
Mais d'une maniêre générale, il s'agit de liens qui
1
1
1
s'établissent entre les grands chefs de famille et ceux qui
~
1
jouent le rôle de "courtisans". Tandis que les premiers ont
~•,
~_­
le prestige, les seconds sont en réalité ceux qui exercent le
~
1
1
'!
pouvoir réel. Ils servent quelquefois d'intermédiaires entre
ces chefs de famille et ceux qui hésitent à leur parler di-
rectement, mais parfois ils donnent de préférence leur opinion
sur les problèmes qui se posent. Ces genres de liens qui se
retrouvent de nos jours sous d'autres formes
les personnes
de conditions sociales élevées ayant pris la place des grands
chefs de famille - sont le plus souvent précaires, car il suffit
f

127
r
que ce qui entretient le prestige cesse pour que toute la
suite se disloque. En cela, nous rejoignons la critique de
l'hypocrisie que nous avons examinée sous d'autres aspects.
Dans cette rubrique qui traite des rapports entre
individus, on n'accorde pas une place spéciale aux problèmes
i,
familiaux. On examine la parenté de sang en abordant la paren-
té par alliance. Des exemples types sont les Noms 32 et 87.
1
!,
C'EST LORSQUE TON BEAU-FRERE T'AIME •••
1
QUE TU PEUX ALLER CHEZ TA
t!
SOEUR.
!,~
DONNE TA FILLE EN MARIAGE A
î
fr
QUELQU'UN
!~
LE LENDEMAIN,
IL TE PREND
!1
1
POUR SE CURER LES DENTS.
(
1
On considère que les relations d'alliance telle que
le mariage, ne favorisent pas la cohésion de la famille. Dans
L
du Nom 32, on ne dit pas
" ••• QUE TU PEUX ALLER CHEZ LU In
2
mais "... QUE TU PEUX ALLER CHEZ TA SOEUR". C'est qu'avec un
beau-parent on entretient des relations perçues comme artifi-
cielles. On n'est lié à lui que par la présence de la soeur,
aussi les termes utilisés pour exprimer cette alliance passent
par ton lien avec lui par le biais de la soeur. Comme pour ren-
forcer l'idée que le mariage n'est pas fait pour entretenir les
meilleures relations entre alliés, le Nom 87 met l'accent sur

f
128
1
!
1
,
l'irrespect des gendres A l'égard des beaux-parents : "IL TE
PREND POUR SE CURER LES DENTS". Le cure-dents est un bout de
1
bois qui sert A se nettoyer les dents et la bouche chaque ma-
1
1
tin avant toute consommation de nourriture. C'est la "brosse
1
A dents" dans nos villages. Et le fait que le gendre avec im-
f!
pertinence, se réfère directement â vous, beau-père ou belle-
1
1
mère chaque fois qu'il se dispute avec sa femme, votre nom alors

!f.
dans sa bouche, est semblable au cure-dents, objet banal de la
J
1
!
vie quotidienne. C'est pourquoi le commentaire dit
"Tu donnes aujourd'hui ta fille en mariage A quelqu'un
1
demain, il insulte ta fille, et même, il t'insulte,
!
1
toi-m~me. Après-demain, il insulte ta fille, et en
f
plus, t'insulte toi-même".
[
l
Ce qui veut dire d'une manière générale, que, lorsque
1
vous ~tes liés par ce genre de rapports, le gendre vous prend

1
pour son égal, dans la mesure où il ne se soucie pas de vous mé-
nager.
LES CHOSES DE LA VIE
Nombreux sont les Noms qui résument l'opinion des gens
sur les évènements de tous les jours mais nous ne présentons
que quelques-uns, ceux qui sont revenus plusieurs fois au cours
de notre collecte.
Les choses de la vie sont

129
- fatales
(Nom 89)
CE QUE TU N'AIMES PAS
TE COTOIE.
!
- contradictoires, paradoxales (Nom 5)
1
IL S'ATTEND A LA CHUTE DE L'ARBRE POURR I •••
1
r
\\
••• C'EST L'ARBRE VIVANT QUI TOMBE.
!~
1
Ce Nom est la dêformation (consciente) d'un proverbe
1
~.
que le jeune artiste ASSA VIS-A-VIS a employê dans son poème que
l
i
nous avons prêcêdemment êtudiê. Ce proverbe d i t :
tt
r!
"L'ARBRE POURRI EST EN POSITION DE CHUTE •••
r
C'EST L'ARBRE VIVANT QUI TOMBE".
1
!!
Ainsi exprimê, i l signifie que le plus souvent, les
F
ti
choses auxquelles on ne s'attend pas sont celles qui arrivent
i
1
les premières et vous surprennent. Idêe que l'EYI-DI a expres-
rf
;
sêment transforrnêe afin de rester fidèle â son objectif.
!!
Alors que le proverbe pose un problème gênêral, l'EYI-DI
1
s'adresse prêcisément â quelqu'un qui aurait l'habitude de sou-
haiter malheur â autrui. Le commentaire qui suit ce Nom a choisi
1
l'exemple de la mort qui frappe aussi bien les jeunes que les
vieux mais, i l aurait pu porter sur tout autre sujet de la
1
;
1
vie, tel que souhaiter les pires ennuis â quelqu'un avec lequel
on ne s'entend pas.

130
- non sélectives (Nom 14)
LIEVRE A DES TRACAS •••
• •• ECUREUIL A DES TRACAS.
Ce Nom a deux niveaux de compréhension possibles.
Le lièvre et l'écureuil sont tous deux des ron-
geurs (1). Ils ont le même aspect: à cette différence près
1
!1
que le pelage du lièvre comporte trois rayures blanches sur
1
le dos. Une seule chose les oppose, le lièvre vit sur terre
et· l'Ecureuil dans les arbres.
1
Alors d'une manière générale, on se sert de ces ani-
maux pour exprimer le fait que les ennuis, cela arrive à tout
le monde. Mais l'EYI-DI les ùtilise autrement. Ici, on vise
1
les individus qui se réjouissent des malheurs des autres en
1
leur disant qu'ils feraient mieux de penser à eUX4nêmes, ce
1
que le commentaire a tenté de rendre en s'appuyant sur un fait
1
1
historique. La personne (une femme) qui a commenté le Nom a eu
1
à intenter un procès contre quelqu'un et l'affaire a été jugée
1
1
par le dernierC'chef spirituel»des Abbey, M'Bassidjé qui s'est
illustré de son vivant par sa cruauté.
1
1
~
f
f
,.
f
(1) En fait ce que par erreur on a jusqu'ici appelé lièvre chez
[
les Abbeys est en réalité l'écureuil terrestre. C'est le
1
héros des contes abbey.
i
1
1
1

131
"Ce jour oil tu me vois,
avec toute ma maisonnée disparue,
tandis que tes enfants te comblent de belles
constructions,
tu ris, tu ris et tu ris jusqu'à te rouler par terre.
n'Pendant qu'on me tralne devant M'bassidjé, qu'on me
ligote et me fouette,
tu es en paix.
Mais le jour oil viendra ton tour,
Il se pourrait qu'il n'y ait personne pour t'aider à
i
te tirer d'affaire".
1
1
- Formatrices (Nom 115)
1
1
1
LE JUMEAU SURPREND
l
j
L'APRES-JUMEAU NE SURPREND PAS.
!
Ce Nom porte une critique aux personnes qui font preuve
1
de mauvaise foi face aux situations qui se présentent à elles
i
1
J
lorsqu'il s'agit de prendre une décision, ou encore à celles
1
qui ne tirent pas de leçons de situations antérieures. Pour il-
lustrer cela, les images, JUMEAU et APRES-JUMEAU tiennent la
place d'une première situation et d'une autre qui arrive à la
suite de la première mais qui ressemble fort bien à celle-ci.
Dans les coutumes abbeys, la mise au monde de jumeaux
et de leur cadet (sans distinction de sexe) nécessite de véritables

1,
132
~
1
épreuves pour les parents. D'abord la naissance des premiers
1
vous bouleverse complètement la vie. Les oeufs font partie des
repas quotidiens, et puis, les poulets, chaque fois qu'on es-
time qu'ils en ont besoin, et c'est au moins une fois par se-
maine (1). Le jour de leur naissance (voir le calendrier abbey
1
dans la première partie) est strictement observé: c'est pour
eux une sorte d'anniversaire. Ce jour-lA ils mangent seuls un
repas que leur mère fait spécialement pour eux et leur Double.
1
tf
Jusqu'A ce qu'ils marchent, ne doivent les toucher ni les fem-
f
mes en période de menstrues, ni les personnes qui ont eu A la
l
j
naissance un sixième doigt, ni les gauchers. Et quand on pense
1
1
que les cadets ont droit A plus de soins que les jumeaux eux-
1
mêmes, c'est dire qu'il faut se préparer solidement (financiè-
1
1
1
1
f
rement s'entend) pendant qu'on attend leur venue.
1
D'une manière générale donc, on voudrait faire saisir
1
1
le fait que, lorsqu'on est observateur, les évènements qui ar-
!
l!
rivent ne doivent pas vous paraItre étrangers dans la plupart
1
1
1
des cas. C'est pour cette raison que bien des Noms mettent l'ac-
. cent sur l'attitude à prendre devant les choses:
1
- Celles qu'on ne peut réaliser
Nom 98
1
l
FOTRÊ FOTRÊ
1
MAIS EST-CE QUE TU PEUX PARLER ?
1
t
r
l,
(1)
Il faut noter que la consommation des volailles, et d'une
1
f
manière générale, des animaux domestiques, ne se fait qu'en
~
des occasions exceptionnelles. Sorte de repas de luxe.
1
1

133
i
c'est le type même de Nom qui exprime la résignation.
l
1
c'est le seul en son genre que comporte notre corpus et le fait
J
qu'il n'ait pas été commenté est assez révélateur.
1
FOtrè, fOtrè ! Cet idiophone évoque pour les locu-
1
ll
teurs abbeys l'idée d'étouffement. Lorsqu'on a le rhume de cer-
1
veau ou qu'on a une crise d'asthme et qu'on respire difficile-
1
ment, cette respiration par saccades est traduite par "fOtrè
1
l
j.
fOtrè" qui rend dans l'esprit des abbey l'étouffement qu'occa-
,
!
sionnent les choses à caractère répressif.
~
,
1
i,
- Celles qu'on tient à réaliser
Nans 12 et 20
1
PORC-EPIC QUI TIENT A MANGER SON MANIOC .••
1
NE TIENT PAS COMPTE DE LA
DURErE DU SOL.
OREILLE DEC IDEE A ALLER AU GABON ...
1
NE SE PREOCCUPE PAS DE SAVOIR
t
QUE LE CHEMIN DU GABON EST LOIN.
1
1
Ces Noms renvoient tous deux au problème de la dé~
,!
-~
termination, mais sous différents aspects. Dans le premier cas,
il s'agit de n'importe quel individu à l'esprit déterminé,
(Porc-épie animal de la famille des rongeurs) décidé à faire
une chose donnée, coûte que coûte; la "dureté du sol" symbo-
lisant les difficultés. Dans le deuxième cas, on s'adresse à
toute personne mal intentionnée qui considère que des propos
f

134
1
i
1
tenus ailleurs, loin du lieu où elle se trouve, la concerne.
1
1
!
1
Ce qu'il faut noter, c'est que dans l'un et l'autre des cas,
l
i
f
il est question d'actes dont on n'ignore pas le caractère prê-
1
1
·1
1
,.
!
judiciable pour autrui, mais qu'on fait quand même, comme nous
:,
le montre le commentaire du Nom 20.
"Si quelqu'un, là-bas, dans la rue, parle pendant
que nous sommes ici avec lui, son envie de querelle
l'amène à porter l'oreille là-bas.
1
!
Si la personne se trouve à l'autre bout du village
!
et qu'elle parle, lui, a l'oreille là-bas, tout le
f
(
temps. Il n'entend pas ce que nous disons ici. Comme
1
il a envie d'aller se quereller, il n'entend que ce
i
1
qui se dit dans la rue".
!
LES ACTES
1
r
r
t
On pense de façon générale que rien de ce qu'on fait
n'a de secret pour personne. Alors à quoi bon agir dans l'ombre
1
,
1
,
dans le seul but de nuire aux autres ? Deux Noms dénoncent ex-
1
plicitement cela
1
1
Le Nom 97
f
i
CE QUE QUELQU'UN FAIT .••
~
IL CROIT QUE PERSONNE NE
LE VOIT
j
s'adresse particulièr~ment aux personnes qui voudraient paraître
1
1

135
intègres aux yeux des autres en prenant soin de dire, chaque
fois qu'elles en ont l'occasion, comme elles sont, ce qu'elles
1')
font et ce qu'elles ne font pas. Mais c'est peine perdue, puis-
t1
que les autres apparaissent toujours mieux informés qu'elles,
1
comme le précise le Nom 73 :
1
1
TU AS BEAU TE CACHER POUR ALLER •••
1
!
CE QUE TU FERAS LA-BAS SUIVRA
!
1
TES TRACES AU GRAND JOUR ET
VIENDRA TE SURPRENDRE ET TE
CONFONDRE,
qui confirme du coup le caractère non dissimulable des actes.
1
1
LES MAUX
1
!1
Leur origine (immédiate) est toujours intime. Si ce-
lui qui vous veut du mal n'est pas directement un proche parent,
1
1
c'est un étranger qui, pour vous atteindre, passe par un de
!
1
vos proches parents ou amis, comme en témoignent les Noms 74 et
1
1
95
:
1
C'EST TA PROPRE HOTTE
1
1
QUI TE NOIE.
1
!!
ASHEGHE KPE
~
C'EST TON AMI QUI TE TUE.
1
Le premier est une métaphore et laisse une marge plus
1
[
1

136
grande d'explication et de compréhension. "Ta propre hotte"
dont il est question, peut être le parent propre, l'ami in-
time, ou tout simplement, vos propres paroles. Le commentai-
re d'ailleurs a choisi de porter sur les deux premières suppo-
sitions.
f
!
"Toi, tu te dis que cette personne-la est des tiens.
i
Aussi t'engages-tu a lui confier tes pensées les
1
7
plus secrètes. Mais dès qu'elle te quitte et se re-
!
1
l
!
trouve la-bas, elle dit: "Hier,
j'ai entendu telle
1
1
personne dire ceci, dire cela, dire ceci et cela".
f
1
Ces personnes donc peuvent vous perdre (noie) sociale-
ment s'il s'agit d'une question de position sociale, moralement,
si c'est une histoire de réputation, ou physiquement si c'est la
vie qui est impliquée. Mais les paroles que l'on prononce, par-
fois sans mesure peuvent également attirer des ennuis considé-
1
rables. C'est tout cela que rend la "hotte", sorte de porte-
bagage que l'on porte en bandoulière pour l'usage.
1
Cette malfaisance des proches est reprise dans le deu-
1
1
xième cas avec le Nom 95, mais bien déterminée cette fois : "C'EST
!
TON AMI QUI TE TUE". Ce Nom dont nous avons montré le mécanisme
1
de construction dans le premier chapitre est célèbre dans l'EYI-DI.
1
Il nous a été cité et commenté une dizaine de fois. Le commen-
i
f
taire que nous avons choisi de présenter dit ceci :
1
f

ti
1
137
1
!
!
1
"Aujourd'hui où tu es, c'est moi qui suis ton ami.
1
1
l
Mais tout comme tu es, si on veut t'atteindre mor-
1
t
t
tellement, c'est ~ moi, qui sais que toi et moi
r
1
,
!,/,
1
sommes amis, qu'on confiera la chose en disant:
~'
~
"c'est toi qui es son ami. Va lui faire telle chose".
J
1
,
1
,
Si je vais te faire cette chose, aussitôt tu meurs,
1
1
tué par moi".
i
1
~
Tous ceux dont on se sert comme agents de renseigne-
1
ments ~ quelque niveau que ce soit, sont des "ACHEGHEKPE", et
!
1
dans tous les cas, ce sont des personnes habituées aux endroits
t!
1
1
dans lesquels on les envoie.
1
1
LES TORTS
1
,
1
!
1
De même que les actes sont non-dissirnulables et que
1
les maux sont intimes, les torts eux, sont indélébiles. Deux
1
1
1
Noms 47 et 84 vont nous aider à cerner cette conception des
1
!
1
l
~
torts.
1
î
i
,
!
1
f
JE PARDONNE
f
N'A PAS DE DEPOTOIR (N. 47).
1
!,
UNE MAUVAISE PAROLE
!
l'
NE FINIT PAS DANS LE
1
VENTRE (N. 84).
1
Un soir, pendant que nous travaillions avec un groupe
1
de femmes, nous avons observé une pause pour discuter sur la

138
vision réelle de ces Noms, puisque (c'est ce que nous leur
avons dit) tout compte fait, ils présentent une vue bien pes-
simiste des choses. Alors l'une d'entre elles a donné en guise
de réponse, le Nom 47 que les autres ont trouvé être la meil-
leure réponse pour exprimer leur engouement pour l'EYI-DI.
Il est clair -et les termes de comparaison employés
ne sont pas neutres â cet effet- que jamais on n'oublie un af-
1
1
front qu'on a subi même si, véritablement, on a décidé de pas-
l,
ser l'éponge sur l'incident qui s'est produit. Car, la mauvaise
parole immatérielle ne peut être jetée ~ la différence des or-
dures, matérielles qui elles, peuvent l'être au dépotoir, comme
le souligne la fin du commentaire.
"Lorsque le coeur te rappelle l'histoire, tu t'en
souviens aussitôt i
(tu te souviens de ta rancoeur)".
1
r
Le Nom 84 d'aill~urs, traduit en termes clairs ce
1
1
qui a été exprimé par image dans le Nom 47 ("Une mauvaise parole/
i
i
Ne finit pas ••• ") •
~
LA SAGESSE
Un seul Nom (76) y fait référence de façon explicite
et il s'adresse aux personnes qui n'en font qu'~ leur tête,
i
refusant tout conseil, de quelqu'endroit qu'il vienne.
l
1
1
~
C'EST BIEN PLUS TARD
ii
QU'ON SE REND COMPTE DE LA
REALITE.

1
j
j
139
1
1
j,
Et le commentaire renchérit
!1
l1
"Tant que tu
1
y es, tu saisis mal le genre de vie que
l
tu mènes.
Mais au fur et ~ mesure que tu avances, si ta vie est
médiocre, tu le sais; si elle est bonne, tu le sais".
c'est donc sur le caractère tardif de la sagesse qu'on
t
insiste. On voudrait faire saisir le fait que la sagesse n'est
,
J
pas ~ la portée de tout le monde, mais seulement l'apanage de
!
i
ceux qui ont consommé de l'âge.
,,
,
1
LA PENSEE
1
!
Elle est secrète, inaccessible, connue exclusivement
1
1
1
par celui qui en est l'auteur. Le Nom 23, seul du corpus, ~ en
f
faire état, nous la définit.
1
HISTOIRE-DU~VENTRE
l
PERSONNE D'AUTRE NE LE SAIT.
1
t
i
l,
.1
On considère, d'une manière générale, que le ventre
~i
est le siège de la PENSEE. La notion de coeur comme siège de
l'essence morale, dans certains contextes, est assez récente,
1
empruntée dans la plupart des cas au christianisme.
t
!1
Un Nom comme celui-ci n'intervient que pour exprimer
1
un regret: le fait que la pensée ne soit pas visible par tous.
Car très souvent lorsque deux personnes se disputent et que l'un
prend quelq~'un d'autre ~ témoin il lui dit: "Si vous pouviez
(
1

140
voir (l'intérieur de) mon ventre, vous sauriez que ce que je
1
dis est vrai 1" pour s'assurer de sa bonne foi.
1
j
~1
IMPORTANCE DE LA VIE ET DE L'ESPOIR
J!
1
1
Etre en vie, pouvoir manger et dormir, est bien la
;
1
!,
p~us belle richesse qui soit 3 la portée de chaque individu.
i
c'est la signification du Nom 42.
t
~
TU ES PAUVRE 1
j
NE T'EGORGE PAS.
1
1
Les Abbey, d'une manière générale, condamnent le sui-
cide ; et tout mariage avec un descendant d'une famille qui
compte en son sein un suicidé est fortement déconseillé aux
1
jeunes filles. Car le sang qui a été versé (même s'il s'agit
d'une pendaison) coule dans les veines de tous les membres de
1
la famille, et tôt ou tard, il peut pousser quelqu'un 3 faire
1
la même chose. Mais ce n'est pas tant sur le caractère néfaste
1
du suicide ou sur les conséquences qu'il peut entra!ner que le
Nom est bâti.
Ce qu'on veut exprimer par cette référence au suicide,
c'est le fait que tout état de détresse est passager. Que l'on
soit démuni de biens matériels ou sous tout autre coup du sort,
l'important c'est d'espérer et de ne pas se laisser aller; ce
que le commentaire n'aborde qu'à peine (cela arrive) . Mais le
Nom 106, lui, insiste sur cet espoir qu'il faut nourrir, l'avenir

1j
141
l
j
réservant des surprises quelquefois agréables.
ji!
1
J
t
TANT QUE LA NUIT N'EST PAS TOMBEE •••
1
ON NE DOIT PAS S'EN FAIRE
POUR LE RASSASIEMENT.
j
j
1
Dans l'ancien temps, on ne prenait qu'un repas, le
\\j
soir ~orsqu'on rentrait des champs. Très tôt le matin (plus
vrai pour les hommes que pour les femmes) on partait et au
cours de la journée on cassait la croûte avec ce qu'on trouvait
a la plantation (banane ou igname qu'on braise) • Ceci reste en-
core valable en grande partie dans la vie des paysans abbey.
1
Alors la métaphore sur laquelle est construit ce Nom
joue sur le cycle d'une vie: "LA NUIT N'EST PAS TOMBEE", c'est
1
!r
la fin de la vie, c'est la vieillesse ~ le "RASSASIEMENT"
~
c'est la satisfaction (des besoins). Ce qui veut dire que, tant
1
qu'on n'est pas encore vieux, i l existe toujours la possibilité
!!
d'avoir ce qu'on désire, comme on peut s'en rendre compte à la
fin du commentaire :
"Mais comme la nuit n'est pas encore tombée,
il arrivera, ce moment
!f
oil Rougbo sera rassasié
oil Rougbo aura une maison pour s'abriter
1
oil Rougbo sera assis, lui aussi. •.
1
Et celui qui le verra, ne saura pas que c'est lui,
1
le pauvre qu'on insul tai t " .

142
Cependant, il n'est pas exclu que ce Nom qui exprime
si bien l'Espoir dans la Vie, ait été créé uniquement pour ren-
dre compte du domaine de la subsistance alimentaire. C'est pour-
quoi il s'adresse avant tout â toute personne qui se plaint abu-
sivement de n'avoir rien â manger: puis dans un deuxième temps,
,
à tous ceux qui s'éternisent â s'apitoyer sur leur sort.
1
1
1
1
LA MORT
1
l1l
Quatre Noms
(8, 43, 94, 119) nous font saisir les dif-
férents aspects que 'revêt la Mort
- Elle est (presque) toujours provoquée (Nom 94) •
L'ORIGINE DE LA MORT D'UN ABBEY •.•
l
NE RETOMBE PAS SUR LE NEANT.
Mais il ne s'agit pas d'un constat neutre qui affir-
!
1
1
merait le caractère nop-gratuit de la Mort : ~n dénonce la ma-
1
r
nière dont elle est justifiée, manière qui, parfois, laisse â
l
!
désirer :
"Si l'enfant de quelqu'un meurt, toi qui n'as rien il
1
y voir, on te dit que c'est toi qui l'as fait mourir
f
que tu as usé de sorcellerie et l'as tué
!
que contre lui, tu as lancé des imprécations et l'as
t
tué".
1
,
Dire que les gens ne croient pas aux sorciers et aux
i
J

l
143
lancuers de sort serait mal les connaltre. Ce qu'ils voudraient,
c'est qu'il y ait un peu de place pour la Mort naturelle qui,
somme toute, devrait pouvoir exister.
- Elle est fatale: deux Noms y font référence, l'un
(43)
insistant sur sa fatalité, l'autre (119) sou-
lignant son indifférence devant le statut social
des hommes.
(N.
43) HOTE EN PROVENANCE DU PAYS DES MORTS •••
JAMAIS NE DEBARQUE CHEZ UNE SEULE
PERSONNE.
(N. 119) HOTE EN PROVENANCE DU PAYS DES MORTS ••.
•.• NE TIENT PAS COMPTE DE TA PAUVRETE.
La mort est comparée a un visiteur, bien particulier,
qui arrive dans un village à l'improviste. sa famille? Tous les
r
habitants de ce village. Dans le Nom 119, le symbole joue sur
j
les conditions habituelles d'accueil de l'étranger chez les
J
Abbeys. L'étranger a droit au meilleur entretien possible (mets,
l
couchette exceptionnels, etc). La Mort, elle, ne se préoccupe
1

pas d'être bien nourrie, ni d'être bien logée.
Ce qu'on exprime ici, c'est l'impuissance de l'Homme
i
devant la Mort mais aussi et surtout, on rappelle aux personnes
j
1
Î
qui se réjouissent très vite des malheurs des autres que pour ce
qui est de la mort, il n'y a pas de quoi, car personne n'y échappe.
\\
j
1
1

144
Voilà briêvement présenté le point de vue de l'EYI-DI
sur les relations entre les individus, sur leur vie et les évê-
nements qui leur arrivent. Ce qui correspond à un aspect de la
vision que les Abbeys ont du monde dans lequel ils vivent. En
1
effet, il n'est question que de la vie en communauté, le décor,
le monde extérieur qui comprend le Ciel, la Terre, les Astres,
etc, est absent. Mais l'EYI-DI a fait un choix, et nous l'avons
souligné avant d'analyser les Noms qui expriment de façon appa-
rente un ensemble de messages philosophiques. Il tient son ori-
ginalité de la maniêre qu'il a d'entretenir une certaine polé-
mique entre des membres de la Communauté, afin que les uns et
les autres tirent leçon des évènements et modifient leurs compor-
j
tements si besoin est.
i
1
C'est cette caractéristique de l'Eyi-di que nous al-
1
Ions examiner beaucoup plus en profondeur maintenant.
1
~
2. DIMENSION POLEMIQUE DE L'EYI-DI
1
1
,
En présentant les choses par leur revers, c'était
pour les Noms précédemment analysés une façon subtile de pra ti-
quer la critique. Ils expriment une idée mais c'est le contraire
qu'il faut saisir et c~prendre.
Cette série de Noms que nous allons aborder a la par-
ticularité de ne pas entretenir l'ambiguité quant à la significa-
1
tion. Ici, on vise en priorité le mari et la coépouse (surtout
cette dernière), et également toutes les mauvaises langues

145
environnantes qui n'attendent que la moindre occasion pour se
mettre en route. Alors c'est une succession de défis et de
mises en garde qu'on lance, c'est le mépris et l'injure qu'on
crache.
1
LE DEFI
1
1
Ce sont les Noms 15, 54, 59, 60, 65, 67, 72 et 91.
1
1
L'examen de certains d'entre eux nous permettra de voir la ma-
1
1
!
!
nière dont le discours qui est tenu, met en scène des person-
nages qui sont des adversaires.
1
Les Noms 15 et 72,
1
CES YEUX QUE NOU S PORTONS
1
NOUS LES PORTONS UNIQUEMENT
POUR VOIR.
EMPLIS LA MALLE DE TON ENFANT ...
... AVANT DE PRENDRE LA PAROLE
1
i
EN PUBLIC,
~
s'adressent A des personnes qui ont l'habitude de se vanter
!,i[
et de parler de leurs possessions. En cela, ils critiquent la
f1,,
vanité d'une manière globale. Mais le commentaire qui suit cha-
t
e
cun de ces Noms et le premier membre du Nom 72 nous indiquent
de quel genre de personne (homme ou femme)
il s'agit précisé-
ment : ces Noms ont été créés par des femmes et pour parler de
préférence des femmes.
J
1
1

146
On les invite (ces vaniteuses) â concrétiser leurs
1
dires si elles en sont capables ! Et la meilleure occasion
pour une femme abbey de se faire voir, d'étaler ses posses-
1
sions c'est lorsqu'elle marie sa fille. Les noces durent trois
jours et les manifestations ont lieu au domicile de l'époux. Le
1
premier jour,
(c'est ce â quoi font allusion ces Noms, et en
1
particulier le 72), un cortège composé essentiellement de fem-
mes part de la maison des parents de la fille pour celle de l'é-
poux, entre quinze heures et dix-sept heures. Des filles d'hon-
neur, toutes des cousines et soeurs de la mariée, portent sur
1
leur t~te une malle contenant les vêtements de la mariée, et
j
des bassines dans lesquelles est rangé le reste du trousseau,
c'est-â-dire de la vaisselle, des canaris, des mortiers et des
1
pilons, ainsi que d'autres objets que la mariée emporte chez son
mari. Les deux jours suivants, elle est parée de toutes sortes
1
1
de bijoux et perles (cha!nes en or, etc) et elle sort, passe
!
1
t
dans les concessions en compagnie de ses amies filles d'honneur
j
i
afin que tout le monde la voie. Inutile d'ajouter que la somptuo-
,
1
sité de la cérémonie dépend des capacités financières des parents.
c'est pour cette raison que "EMPLIS LA MALLE DE TON
1
ENFANT ••• " qui aurait pu rester une simple critique de la ri-
!
chesse discriminatoire dans la réalité sociale, â cause du fond
1
culturel qu'il connote, est un défi que des femmes lancent â
1
d'autres qu'elles savent incapables de faire ce qu'elles pré-
r
t
tendent faire. Et le commentaire, lâ-dessus, est explicite:
~
1
,j
"Toi, tu es pauvre, tu n'as rien, et quand tu sors
1
1

147
1
dans la rue, tu dis des paroles blessantes ••• ".
1
Les Noms 54, 59, 67
GNAGNACHOUE •••
SI TU NE M'AIMES PAS, VIENS 1
ENROULE LA TERRE
DECOLLE LA
TERRE 1 DECOLLE LA TERRE,
ENROULE-LA, PRENDS-LA DANS TA
MAIN, EMPORTE-LA POUR QUE JE NE
MARCHE PAS DÊSSUS !
1
MAIS SI TU N'ENROULES PAS LA
1
!
1
!
TERRE, DESSUS, HOUON
HOUON
1
HOUON ! JE MARCHERAI
t,
1
!
!
1
(59) TU GEMIS A CAUSE DE MOI ...
1
f
SI TU VEUX T'OCCUPER DE MOI,
1
1
IL T'ARRIVERA UN JOUR DE TOURNER
1
1
l
,
SUR TOI-MEME ET DE TOMBER. TES
1
!-
AMIES ALORS TE RAILLEROt-.'T.

,
~
f1,
(67) CREUSE LA TERRE POUR M'Y METTRE ...
,,
~.
•.. AFIN QUE TE REVIENNE LA VIE.
[
A travers ces Noms, il n'y a pas de doute, c'est à
la co-épouse qu'on s'adresse 1 mais également à la belle-mère
ou à la belle-fille. Plus qu'un défi, c'est d'une provocation
qu'il est question. Il est facile alors de comprendre que c'est

148
une situation tendue qui a donné naissance ~ ces Noms. De tels
1
Noms ont pu ~tre constitués ~ cause de l'atmosphère de tension
!
qui règne, dans la plupart des foyers abbey. En effet, dans les
foyers polygames, il est rare de voir les diffê~entes épouses
vivre en collaboration les unes avec les autres, c'est-~-dire
1
partager ensemble les corvées domestiques
(cuisine, entretien
1
,
de la maison, etc) et champêtres ~ la différence d'autres peu-
1
pIes, tels les Gouro et les Bété par exemple chez lesquels les
secondes épouses sont prises pour aider les premières ; et tant
que les nouvelles n'exigent pas de s'établir ~ leur propre compte,
elles vivent réellement ensemble. Chez les Abbey, quand une nou-
velle épouse arrive, elle s'installe avec un statut autonome
vis-~-vis de sa coépouse, première femme. Dès lors dans tous
i
les domaines, c'est la concurrence et la rivalité. Si bien qu'~
la moindre occasion, les esprits s'enflamment et ce sont les
1
disputes qui parfois dégènèrent en bagarres.
1
,
1
1
Dans certaines familles oü les belles-mères ne s'en-
1
j
tendent pas avec leurs brus, subsistent également des situations
J
;1
semblables ~ celles des coépouses : une autre rivalité.
1
i!
Les Noms 54 et 59 qui n'ont pas été commentés se
1
!
suffisent ~ eux-mêmes pour traduire ces relations très peu ami-
!
1
cales, ce que complète le commantaire du Nom 67 :
1
"Mais si tu ne me mets pas ~ l'intérieur de la terre,
1
tu seras bien obligé de me voir ; tu seras bien obligé
de parler avec moi ; tu seras bien obligé, quand tu

149
mangeras, de me voir moi aussi me procurer à manger".
Encore une fois on
défie
l'autre de vous faire ce
que visiblement personne ne peut accomplir : décoller le sol
sur lequel on marche, ou encore creuser une tombe pour y en-
fouir l'autre vivante etc; domaine de l'irréalisable, mais on
veut faire comprendre à l'adversaire que si elle en est capa-
ble, qu'elle ose venir vous affronter.
DIS-LE-MOI EN FACE
AFIN QUE JE TE REPONDE (60).
Tout ceci est une façon de mépriser l'autre, de l'i-
gnorer, en un mot de l'injurier tout comme l'a fait la première
série de Noms précédemment analysés. Car, demander à quelqu'un
d'étaler ses richesses tout en sachant qu'il n'a rien, est tout
simplement une injure, voilée, mais injure quand même. C'est
1
dans des conditions identiques qu'on dirait le Nom 33,
t
QUE LE DJA DE TON PERE SOIT PLEIN •..
1
1
AVANT QU'AU DEHORS TU NE TE
j
J
1
l
COMPORTES AVEC DESINVOLTURE.
,1
]
1
Sauf que dans ce dernier cas, on s'adresse forcément
:11
à un jeune et de préférence à un jeune homme que l'on sait hé-
1,
las de souche modeste.
1
J~
"Etant donné que tu sais que dans sa demeure, ton
,[
l
père ne possède pas de dja comparable
i
à
un poing,
1
1

150
si tu vas t'exprimer en public et que ton adversaire
déclame, décline ses titres, que feras-tu ? •• ".
Mais le mépris à l'égard des autres apparalt mieux
encore dans les Noms 45, 48, 50, 56, qui méritent eux aussi
d'~tre analysés.
LE MEPRIS
(N 45) J'ENTENDS (CE QUI SE DIT) •••
... MAIS JE MARCHE DESSUS.
(N 48) CE QUE JE VOIS
CE QUE JE TOISE.
1
(N 50) J'AURAIS LA NAUSEE
j
QUE JE VOMIRAIS.
1
En effet, le Mépris est largement exprimé par ces
Noms, par l'emploi de la comparaison.
Jj
l,
L'insouciance devant la médisance est rendue dans
le Nom 45 par la mauvaise parole que l'on compare à un objet
sans importance sur lequel on marche
pendant que dans le
Nom 50, ce qu'on déteste est comparé à tout ce qui est nauséa-
bond. En fait, on regrette que les sentiments antipathiques
que l'on éprouve à l'égard de quelqu'un ne soient pas matériels
afin qu'ils puissent être rejetés comme on rejette de la vomis-
ij
!
sure.
;
1
1

151
Quant au Nom 48, il n'utilise pas de comparaison
mais par la référence au regard (JE VOIS, JE TOISE) il traduit
le désespoir de ne pouvoir se débarrasser de ce qui ne convient
pas, de ce qu'on n'aime pas, comme le décrit le commentaire:
"Quand je vois les enfants de certains, et ce qu'ils
font, ils apparaissent à mes yeux comme des perles
d'ordures qu'on trouve dans les ordures, et dont les
ouvertures sont bouchées par le sable".
1
D'une manière générale, les Noms que nous venons de
considérer sous l'aspect polémique se démarquent quelque peu
1
des premiers que nous avons rangés sous la dimension critique
bien que ces deux dimensions se complètent en réalité; ici,
1
l'injure qu'ils expriment, constitue une sorte d'agressivité
r
1
directe d'un individu spécifique vis-à-vis d'un autre indivi-
t
du spécifique lui aussi. Un exemple dans lequel l'injure appa-
1
rait clairement est le Nom 58 (qui n'a pas été commenté)
1
1
DEHANCHE-TOI, DEMENE-TOI EN VAIN •..
J
1
EPARGNE-MOI CES DEMARCHES,
1
OUI ! DEMARCHE DE RICHE ?
1
DEMARCHE DE PAUVRE?
1
1
1
1
Ce Nom, tel qu'il est formulé, constitue une réponse
1
1
'j
1
à un acte passé.
i,
1
!
1
En effet l'expression abbey (J bdi n:> ) que nous
'1
)
,
1

,
~
152
!t
avons traduite par "déhanche-toi, démêne-toi en vain", se
1
présente littéralement comme "Qu'est-ce que c'est que cette
it
façon de marcher la ?" ou "Comme tu marches ln. Mais la lais-
1
ser sous cette forme affaiblit sa portée et ne permet pas de
voir toutes les descriptions contenues en elle. C'est pourquoi
1
nous lui avons préféré une expression qui a l'avantage de res-
pecter l'intention de ce Nom construit a partir de la démarche
insolite de quelqu'un qui se présente comme un adversaire.
On considêre que dans la vie, il existe ~eux façons
essentielles de communiquer, par parole et par gestes. Ici on
montre que certaines démarches suffisent a elles seules a défier
l'adversaire, il rallumer une dispute, et c'est ce il quoi, ce Nom
répond, en affirmant être au-dessus de tout cela.
1
D'autres faisant état de la supériorité de ceux qui
J
les utilisent par rapport il leur adversaire, sont ceux que nous
1
avons regroupés sous la rubrique MISE EN GARDE parce qu'ils
r
révêlent une agressivité moindre par rapport il ceux que nous
J
-1
,
venons d'examiner. Il s'agit des Noms 66, 69, 70, 71 et 114.
(66) TU CROYAIS ME LE FAIRE A MOI ...
..• C'EST A TOI-MEME QUE TU LE FAIS.
(69) TU CHERCHES NOISE 1 ...
. .. ON TE LA SERT.
(70)
TU ES RENSEIGNE SUR MON COMPTE ? ••
SACHE QUE MOI AUSSI JE SUIS
RENSEIGNE SUR TON COMPTE.

1
153
1
1
(71) TU ES DANS L'AISANCE 1
!
MAIS NE DIS PAS DU MAL DE
TON AMI.
1
!
i
Nous sommes toujours dans la ligne du défi lancé
dans les paragraphes précédents, mais ~ présent avec une note
modératrice. Cependant on pourrait se méprendre et penser
qu'il s'agit de conseils que l'on prodigue aux autres; en fait,
il n'en est rien. Le fond comporte toujours la même tactique,
et ce sont les commentaires qui, encore une fois, relèvent l'am-
bigulté. Comme exemple celui du Nom 71 dit :
"Comme la vie t'a souri, ~ toi,
Si tu vois que ton ami, lui, traîne à terre,
Se couvre de poussière, vit dans l'angoisse, ne sait
quoi se mettre sur le corps,
Ne reste pas là-bas à te moquer de lui".
Encore une fois c'est ce que sous-tend ce texte qu'il
faut prendre en compte.
1
~.
Ce n'est pas que celui à qui est adressé ce discours
baigne dans un bonheur incomparable. On lui dit au contraire
1~
que sa vie n'est pas meilleure que celle des autres (longuement
l
!
j
décrite) et qu'il vaudrait mieux pour lui de se tenir tranquille,
i
à sa place.
1
~-
Comme nous pouvons le constater, le ton polémique
1
j

1
1
154
n'est pas absent
même dans le Nom 69 qui semble ne poser
aucun problème à la compréhension, il domine le commentaire.
1
"Si tu ne vas pas provoquer les gens, personne
ne te dira quoi que ce soit.
Mais si tu vas provoquer les gens
Si tu vas les ennuyer, même un tout petit peu,
c'est alors qu'ils se font entendre".
Ce commentaire dans un premier temps, est à compren-
dre comme "On ne reçoit que ce qu'on mérite". Mais dans un deu-
xième temps (et c'est ce qui est important), il couvre la sa-
tisfaction certaine de celui qui utilise ce Nom qui signifie en
réalité, "c'est bien fait pour lui".
Quant au Nom 70, s'il rejoint la conception des actes
que nous avons exposée dans les problèmes généraux (caractère
;
1
indélébile), il en diffère néanmoins par son mode d'expression
f:
i;
qui oppose Toi et Moi. Ce qui n'est donc pas une idée neutre,
mais une épreuve de force engagée entre deux individus comme le
1
précise le commentaire.
1
"Ne crois pas que tu es au courant de mes problèmes
i
f
î
sans que je sois au courant des tiens.
*
!
î1
Je vole. Je fais quelque autre chose. Soit. Tout cela

1
est au grand jour. Mais tu crois peut-être que j'ignore
r
ce que toi tu fais? Il n'en est rien. Je sais tout ce
qui se passe i absolument tout".
)
1
!

1
155
i
1
"
c'est ce mode d'expression, cette façon de parler de
1
1
soi pour parler d'autrui, d'énumérer ses défauts pour mieux
1
exposer ceux de l'autre, de détailler ses conditions sociales
propres afin de mieux décrire la pauvreté de l'adversaire,
qui fait que l'EYI-DI est la systématique de la querelle chez
1
les Abbeys, cette phase cruciale dans les dissensions entre
personnes, qui peut les amener a en venir aux mains. Tout com-
me la tragédie classique cornélienne ou racinienne présente un
état de crise aiguë mais théorique, l'EYI-DI illustre une que-
relIe a blanc; c'est sans doute cette raison qui fait de lui
un genre prisé par les femmes.
1
,
1
-!
:1
En effet les femmes sont le principal créateur de
l'EYI-DI. Leur univers domine le vocabulaire utilisé et le mode
d'expression lui4nême qui reste três proche de la réalité est
leur initiative et leur vouloir. Mais avant de décrire le rné-
canisme de composition, objet-du Troisième chapitre, nous con-
tinuons d'examiner la portée sociale du genre mais cette fois
dans ce qui en fait un genre féminin.
3. L'EYI-DI, UN GENRE FEMININ PAR EXCELLENCE.
1
j
Le statut de la femme dans la société abbey et les
~
raisons pour lesquelles l'EYI-DI doit son existence en tant que
genre aux femmes, vont faire l'objet de':cette partie.
Demandez a un Abbey ce qu'il pense de la femme d'une
1
- - - - - - - - - - - - '

l
1
l
156
~
4
,
1
1
,
j
manière générale en la comparant ~ l'homme, il vous répondra
"La femme, ça ne compte pas 1"
1
Si les hommes parlent ainsi de la Femme, c'est qu'ils
j
lui accordent une toute petite place ; et cela doit son origine
j
1
~ l'existence de l'institution dotale.
i
La dot, c'est ce que la famille d'un prétendant donne
1
~ celle de la femme qu'il a l'intention d'épouser, et elle est
composée d'éléments suivants (1)
1
- cinquante grammes d'or ou chighata, capital du ma-
1
J!
riage qui doit obligatoirement être remboursé en cas de divorce.
- une certaine somme d'argent qui varie selon les épo-
ques (de nos jours elle va de douze ou vingt ~ cent mille francs).
1
c'est un cadeau fait ~ la belle-famille; n'empêche qu'il peut
1
être remboursé lui aussi en cas de divorce.
j
- quelques feuilles de tabac pour réaffirmer une fois
1
encore l'attachement ~ la belle-famille (on leur en a déj~ donné
au moment des fiançailles) et surtout, pour remercier les vieux
de cette famille.
l
- du sel pour souhaiter le goût et l'amour de la vie
aux futurs époux.
1
1
3
l
1
t
t
f
li
(1)
N'GBESSO Hélène: Société et Tradition: Rôle du Conte tra-
1
ditionnel dans la Société abbey ; Mémoire de MaItrise,
1
1
Université Val-de-Marne, 1977 ; p. 140.
!
1

157
- un canari de vin de palme qui symbolise la solli-
citation d'une bénédiction totale par les Anciens.
A partir de ce jour, il reste la cérémonie officielle
1
1
pour que la femme intègre son nouveau foyer.
Cette dot, un acquis ou une garantie ?
La question se pose en effet lorsqu'on cherche à sa-
voir la signification profonde de ce pacte. La réponse que l'on
reçoit n'est jamais précise et catégorique; en tout cas, selon
la personne à qui on a affaire, la réponse penche d'un côté ou
de l'autre.
- Pour un père qui a marié sa fille, il n'a jamais été
question de "vente" : la dot est une simple compensation. Compen-
l sation pour le vide que crée dans sa maison le départ de sa fil-
le ; compensation pour le travail qu'elle fournira et aussi les
1
enfants qu'elle fera dans l'autre famille; mais avant tout,
c'est un signe qui devrait rappeler sans cesse au mari qu'il n'a
pas "ramassé" sa femme sur la place publique, mais qu'il l'a re-
çue des mains de ses parents.
i~
Cependant que dire de ce "signe" lorsque son contenu
1
atteint des proportions considérables? et même si c'est moins
1
i
le fait que l'argent soit en cause n'est-il pas suffisant? En
1
,
tout cas, c'est de ce point de vue que les hommes qui se marient
considèrent la chose.
1

158
- Pour eux en effet, la Femme n'a pas de réalité,
elle assume deux fonctions principales : faire des enfants
et fournir du travail dans les champs et ~ la maison. Pour le
prix auquel ils l'ont acquise, c'est la moindre des choses, de
1
telle sorte que pour peu de chose, on entend parfois proférer :
1
"Ne t'ai-je pas épouséeavec de l'argent ?"
1
1
Mais cet argent, n'est-il pas remboursable? Bien
!,
sar que si 1 et c'est ce qui intéresse les femmes.
j
- Pour ces dernières, la dot est une garantie. Rem-
1
,~
boursable, elle ne doit pas être une raison pour l'homme de les
j
i
considérer comme SA CHOSE. Ce qu'il reste ~ faire alors, c'est
1
de tenir dur.
,~
j
Mais c'est ~ armes inégales qu'elles se retrouvent
1
dans cette bataille dont le champ s'étend sur toute la vie
1
J
puisque, d'une manière générale, toute l'économie de la famille
t
et du clan repose sur le travail des femmes et de ceux qu'on
lf
nomme "cadets". D'OÙ la mise en place de structures qui les
j
utilisent sans qu'elles ne s'en rendent compte. Une situation
semblable est rapportée par Cl. Meillassoux dans son ouvrage,
l'ANT~ROPOLOGIE ECONOMIQUE CHEZ LES GOURO DE COTE-D'IVOIRE, dans
lequel il montre notamment comment la dot permet de perpétuer
1
,
la hiérarchie ancestrale dans la société gouro et d'en faire en
j
1
.,
1
1

159
fin de compte un système essentiellement phallocratique (1).
1
1
Nous ne nous sommes pas encore posé la question de
1
savoir comment les femmes gouro réagissent à leur sort. Mais
1
pour ce qui concerne les femmes abbey, elles ont depuis tou-
1
jours montré (chaque fois qu'elles en ont l'occasion), qu'elles
\\l
ne sont pas dupes et même qu'elles savent que ce sont elles les
1
!
victimes de la structure politique qui régit la communauté glo-
!11
baIe:
- le langage tambouriné (qui s'exprime en code) ne
comporte pas de noms de femmes. Mais, les femmes ne savent que
faire du prestige dont les hommes pensent que c'est un droit
leur revenant exclusivement;
t,
1
,
- lorsqu'une femme et son fils (une fois que ce der-
1
nier est sorti de l'enfance) se déplacent, c'est à l'enfant
~
1
qu'on demande des nouvelles, car, dit un proverbe abbey, "il
t
n'existe pas d'homme enfant" ~ c'est-à-dire que tout homme quel
l
l
que soit son âge, est supérieur à la femme, et il est censé poser
les problèmes mieux que la femmè.
Et pourtant,
(ironie du sort), d'une manière générale}
1
1
1
la femme est la véritable détentrice de la connaissance chez les
!
Abbey, du moins tel que l'expérience l'a montré et que les hommes
1
"
j
1
(1) MEILLASSOUX Claude: Anthropologie économique des Gouro de
Côte-d'Ivoire ~ Mouton ~ 1964.

1i
1
160
1
1
sont les premiers a reconnaître. Les grands évènements qui ar-
1
1
rivent, c'est elles qui les conservent mieux en mémoire; et
j
l'expression "Nous allons chez la vieille femme" est devenue
légendaire. Lorsqu'au cours d'un procês les hommes tournent
1
sur eux-mêmes, incapables de débloquer la situation, c'est
1
1
très souvent une femme d'un certain âge qui, bien que n'ayant
1
•1
pas droit a la parole, appelle en apparté quelqu'un a qui elle
i
j
suggère la solution en fondant ses analyses sur des faits pas-
1
sés dont certains ont pu n'avoir pas fait d'échos a l'époque,
1
1
mais qui s'avèrent nécessaires présentement pour clarifier la
j
1
1
situation. Puis, forts de ce conseil, les hommes continuent les
1
débats et tranchent l'affaire. Et dans les contes populaires
1
abbey, c'est par milliers que l'on compte le nombre de récits
1
!
qui font référence a "la Vieille Ferrane" source de connaissance.
Î
j
i
Cette dernière intervient toujours au dernier moment pour sau-
1
i
ver une situation, mais son rôle est déterminant pour la com-
l
préhension profonde de l'ensemble du récit. Donc on a toujours:
f
~
"nous allons chez la vieille femme" mais jamais "nous allons
chez le vieil homme". Ce qui devait en principe donner a la
ferrane une place plus honorable que celle qu'elle occupe dans
la hiérarchie sociale. Mais il n'en est rien. L'horrane ne peut
accepter de hisser la femme jusqu'a lui, en faire son égale,
1
j
parce qu'il l'a dotée. Mais rien de tout cela n'ébranle les
1
1
-,
femmes. Pour elles, se faire considérer, cela s'arrache. Aussi
f
compte tenu du fait qu'elles ne disposent pas de plusieurs pos-
sibilités de se sortir de cette situation, elles se servent du

161
moyen le plus immêdiat : le pouvoir de la parole. Et mieux:
la parole qui sait faire mal. Et les hommes savent que s'ils
r~gnent sur leurs femmes (1), ils ne les possèdent pas, leurs
pensêes et leurs sentiments ne leur appartiennent pas.
Par l'EYI-DI donc, les femmes, en s'êlevant contre
les hommes, leurs maris, rêagissent contre les structures de
la sociêtê globale. Avant même qu'il ne touche à tous les au-
tres probl~mes dont certains ont fait l'objet d'analyses tout
au long de ce chapitre, il se présente comme une lutte perpê-
tuelle entre deux catêgories sociales
celle des hommes et
celle des femmes, catêgories appelêes à vivre ensemble pour
que la sociêtê existe, l'une ayant le pouvoir et l'autre n'i-
gnorant pas son importance dans la conduite générale des af-
faires. Tel est le vrai fondement de l'EYI-DI qui se présente
à nous comme un jeu verbal auquel participent les femmes aus-
si bien que les hommes. C'est pour cette raison que cette par-
tie de nos rêflexions consacrêe au caractère_fêminin du genre
consistera aussi à voir la nature des noms qu'utilisent les
hommes.
(1) Nous parlons des femmes de la vieille sociêtê abbey i les
femmes d'aujourd'hui, dans leur grande majoritê, s'exposent,
n'ont plus la discrêtion de leurs a!nêes i le monde s'est
élargi et elles ne savent plus rien. C'est ce que pensent
la plupart des personnes (surtout des hommes) avec lesquelles
nous nous sommes entretenus sur la question.

162
La meilleure façon pour les femmes de se défendre,
c'est donc d'attaquer: mais il ne s'agit pas de le faire d'une
manière générale et vague. Il faut s'occuper chacune de son
cadre de vie, de ce qu'il a de contraignant, de ce qu'il a de
plus pénible à supporter. C'est pourquoi sans entrer dans les
détails cependant, l'EYI-DI est un discours psychologique à
travers lequel apparaissent très clairement les sentiments que
les femmes nourrissent à l'égard de leurs maris qui, non satis-
!
faits de les "utiliser", leur a donné en plus une coépouse. Les
1
Noms 24, 25, 26, 27, 28, 46, 49, 52, 53, 55, 57 que nous regrou-
pons sous le titre de "Déception dans la vie conjugale" sont les
exemples sur lesquels nous allons nous appuyer pour aborder en
profondeur cette question.
~
i
!i
La critique porte essentiellement sur trois points
~
*
1
Les femmes expriment leur regret de ne pas
t
,
avoir choisi leur mari.
t
1
C'est ce que montrent clairement les Noms 26 et 27.
1
!1
(26) SI LE GARCON AVAIT ETE MAIS •••
1
J'AURAIS ENTR'OUVERT SES
r
BALLES POUR EXAMINER SES
t
GRAINS.
i
1
1
j
1
1
1
i
J

1
163
(27) SI LE GARCON AVAIT ETE VIN DE PALME •••
1j
JE L'AURAIS <DUTE D'ABORD.
1
1
1
On parle du mals encore dans les champs, sur sa tige,
j
1
et qui est prêt A être cueilli. Dans les villages, la période
des pluies (en gros, été des pays tempérés), c'est aussi la
période de la maturité des céréales (riz, maïs, etc.). En cette
période, on ne mange au déjeuner dans les plantations, que du
mals frais. Et en général, pour ne pas cueillir un épi non en-
core A maturité, aux grains frêles ou épars, on prend la précau-
11
j
tion de les vérifier avant de cueillir l'épi. C'est ~ cette opé-
1
l
ration que les femmes font allusion :
!
Les grains de maIs, tout comme le goOt du vin de palme,
symbolise le caractère de l'homme. Et toute femme aurait voulu y
avoir accès avant de se lier avec l'homme.
Mais ces deux Noms ne s'arrêtent pas A l'impossibilité
pour qui que ce soit de connaltre d'emblée le caract~re de son
semblable, ils mettent l'accent sur le fait qu'il est regrettable
que ce soit une fois mariées seulement que les femmes découvrent
l'homme qui est leur époux et elles en sont déçues ; ce qui motive
le regret dont elles font part publiquement sous forme de souhait.
Poursuivons nos analyses pour voir ce qui fait l'objet
j
de déception de ces femmes.
f

164
li
1
t
Les femmes ne sont pas suffisamment rêcompen-
1i
sées du travail qu'elles fournissent.
Les Noms 46, 52 et 57 sont ceux qui correspondent
1
1
ii ce jugement.
1î,
(46) JE VEUX M'APPLIQUER A BIEN FAIRE ...
••• N'EST PAS TOUJOURS FAIRE BIEN.
(52) JE VEUX M'APPLIQUER A BIEN FAIRE ••.
..• C'EST PURE SOTTISE.
(57) DANS LE TEMPS JE FAISAIS ..•
MAIS MAINTENANT JE NE FAIS
PLUS RIEN.
(55) J'AIME L'HOMME •••
• •• L'HOMME NE M'AIME PAS.
1
J
!
En fait la référence au travail ici, n'est qu'un pré-
1
1
,
1
}
,
texte.
~
,1
t
1
.~
Dans nos sociétés, on ne loue jamais publiquement un
j
1
!
individu pour sa capacité à accomplir
les choses.
Le
1
1
cas des enfants, lorsqu'ils sont encore très jeunes est excep-
i
1
tionnel. Nous l'avons montré dans le chapitre premier, dans la
1
1
.1
.1
présentation de la devise, il s'agit de les couvrir de caresses
1
,
t
et de flatteries afin de les exhorter à aimer le travail. Nous
j
ne parlons pas bien sûr des occasions où un homme reMporte un
~,i1

165
vrai trophée,
(il a abattu un gros gibier ou est revenu vic-
torieux d'une guerre tribale)
: c'est tout à fait normal à
ces occasions qu'il reçoive un accueil particulier et cela se
fait partout.
Mais pour ce qui concerne le travail dans sa maison,
dans son foyer, cela sonne faux de prodiguer des félicitations
à qui que ce soit et chacun le sait. Même dans les relations en-
tre parents, recevoir des cadeaux d'un pêre, d'une mêre, d'un
frêre ou d'une soeur est tout à fait normal, de sorte qu'on n'a
pas besoin de les remercier. On ne remercie qu'un étranger,
J
c'est-à-dire celui qui n'a pas de lien de parenté avec vous.
1
1
l
Donc c'est à tout autre chose que renvoient ces Noms.
~iJ,
De tels Noms sont choisis par deux catégories de
i
)
femmes : celles qui sont plusieurs à avoir un même mari et
J
celles qui, bien qu'étant toutes seules ne s'entendent pas par-
1
~
1
\\
j
faitement avec leurs be11es-mêres. Cette derniêre se posant
1
~.
!
l,
1
parfois en véritable "coépouse" dans la conduite du foyer.
!
1
![
Donc, ces femmes reprochent à leurs maris de les né-
gliger en leur accordant peu ou moins d'intérêt par rapport aux
1
premiers moments de leurs unions: d'où cette référence à leur
1
!
travail qui ne compterait plus aux yeux de leur mari. En somme,
!
c'est une question de jalousie, qui se trouve résumée dans le
1
f
Nom 55 et son commentaire :
t
"Si moi,
je t'aime
1
et que toi tu ne m'aimes pas,
1
.~

166
je m'abstiens 1
1
1
Quoi de si grand aurais-tu à me donner pour que
1
si tu ne m'aimes pas, j'en souffre
1
Si tu ne m'aimes pas, mOi-même, je m'aime 1"
Ce commentaire exprime le contraire de leurs réac-
tions car si les femmes dénoncent le manque d'affection dont
1
1
elles sont victimes, c'est bien parce qu'elles en souffrent 1
Elles estiment d'ailleurs d'une maniêre générale que la poly-
gamie est source d'inégalité et d'injustices dans le foyer:
entre autres, le fait d'être soumises, pour les plus défavori-
sées, aux caprices du mari comme l'indique le Nom 28
(28) L'HOMME DECIDE A TE REPUDIER ...
TE COUVRE DE TERRE ET DE
DEJECTION.
j
t
Ce Nom nous rappelle des souvenirs assez émouvants.
1
,
Il nous a été donné en deux temps par une femme qui venait
d'être divorcée. La premiêre fois, il nous a été livré, à tra-
vers une chanson, celle que nous avons présentée dans le premier
chapi tre sous le titre de "Dabraba". La deuxième fois, c'est un
an plus tard,
lorsque nous constituions notre corpus. Il traduit
à l'évidence tout ce que la divorcée a da souffrir.
En effet, Awou Yirè a été répudiée par son mari, un
bigame, pour une histoire qui aurait pu trouver une solution
dans d'autres cas; mais il s'en est débarrassé purement et

167
simplement parce qu'il voulait faire un mariage religieux
avec sa deuxième épouse. Mais ce qui chagrine la "victime",
c'est que pour réussir son dessein, son mari s'est employé
â la salir. C'est ce qu'évoque cet extrait du commentaire qui
l!
suit ce Nom.
,
l
"Mais s'il s'agit de celui qui veut te répudier,
1
tu peux n'avoir rien fait de mal
1
1
tu peux n'avoir rien dit de mal
1
A propos d'une histoire banale sur laquelle vous vous
1
1
expliquez, toi et lui, il déclare : "Hier, pendant que
1
toi et moi étions couchés, n'est-ce pas que tu as
1
,"~
1
déféqué ?
l
1
~
1
,
n'est-ce pas que tu as uriné? n'est-ce pas que sur
1
moi tu as pété ?".
1
!
Bien entendu, ces propos présentent sous forme d'image,
1
1
1
!
,
les proportions de la calomnie dont cette femme a été l'objet ~
,
et cela fut pour elle d'autant plus dur â supporter qu'elle a
j
î
1
vécu plus de trente années de vie commune avec son mari. En
tout cas,
c'est dans ce sens qu'elle voudrait que nous compre-
nions ce Nom.
1
Donc c'est cette vie qui permet aux hommes de pren-
!
j
dre autant de femmes qu'ils le veulent, de telle sorte que les
1,
femmes se trouvent obligées de vivre dans une atmosphère de ri-
1
valité qui consiste â rechercher le plus possible d'affection de
1
1

168
la part de leur mari commun, que ces derni~res déplorent. Et
la conclusion qu'elles en tirent est toute résumée dans le
Nom 24.
SE MARIER
EST SOUFFRANCE
EST RANCUNE
EST EGALEMENT MORT
AVANT D'ETRE MOQUERIE
CA N'A PAS DE SENS
JAMAIS.
D'une mani~re générale, l'EYI-DI dirigé contre les
hommes fait de cc genre le terrain privilégié des femmes. L'idée
n'est pas d'elles; partager un Nom ensemble c'est ce qui se
fait depuis toujours ; mais elles ont érigé cette pratique en
système de critique avec des thèmes comme elles le veulent. Mais
l
malgré cette tendance,
les hommes utilisent l'EYI-DI.
1
,
,
les hommes
==========
En fait,
les hommes boudent l'EYI-DI tel que le pra-
tiquent les femmes. Du genre,
ils retiennent deux aspects: son
caract~re satirique, et l'idée du partage de Nom qui fait mieux
passer toute critique et qui existe depuis toujours.
Il faut
dire que leur souci est de faire passer les idées générales, de

169
défendre l'idéologie de la communauté et donc nécessité de ne
pas tomber dans les querelles de personnes instaurées par les
femmes. De là leur préférence pour les proverbes ou les Noms-
proverbes. Car les douze derniers Noms du corpus recueillis au-
près d'eux sont presque tous des proverbes, à l'exception du
Nom 110. Mais il leur arrive d'utiliser des Noms de femmes;
ceux qui ne sont pas dirigés contre eux, bien sar, toutefois
précédés de cette formule introductive : "vous savez, les fem-
mes se nomment en disant ••• " et ils énoncent le Nom, soit la
première séquence simplement, soit les deux, mais par le même
individu. Le moins que l'on puisse dire, c'est que dans ce même
genre, hommes et femmes ne voient pas la même portée. Les fem-
mes ont créé un genre polémique, les hommes l'utilisent pour
rappeler à l'ordre établi tous ceux qui essaient de s'en écar-
1
ter, autrement dit, pour faire la morale.
1
l1
Prenons comme exemples les Noms 43 et 119. Le premier
nous a été livré par une femme et le second par un homme. Ap-
1
paremment, c'est.le même Nom, "ROTE EN PROVENANCE DU PAYS DES

!
MORTS" mais la nuance introduite dans les deuxièmes séquences
en fait deux Noms distincts.
Le Nom 43, très certainement créé pour répondre à une
offense, ou attaquer quelqu'un qui aurait tenu des propos incon-
venants à l'encontre d'un tiers en difficultés, probablement en
deuil, d'où ce Nom qui met l'accent sur le fait que la Mort n'est
l'hôte exclusif de personne.

170
HOTE EN PROVENANCE DU PAYS DES MORTS ..•
JAMAIS NE DEBARQUE CHEZ
UNE SEULE PEROONNE.
Un Nom dont la dimension polémique est mise en évi-
dence dans le commentaire :
"Si aujourd'hui, i l a débarqué chez moi,
demain,
i l débarquera chez toi ;
Après-demain,
i l arrivera chez un de tes fr~res
Le sur-lendemain,
i l arrivera chez un autre de
1
tes fr~res".
1
1
l
l
La fatalité de la Mort est encore mieux présentée
i
i
par le Nom 119. Ici on fait comprendre que devant la Mort
f
i l n'y a pas de distinction, et on explique le comment, en
1
établissant une comparaison entre cet "hôte" qui fait fi des
\\;
honneurs auxquels a droit tout étranger, ce qui donne
i11~ HOTE EN PROVENANCE DU PAYS DES MORTS•••
NE TIENT PAS COMPTE DE TA
PAUVRETE.
Et un extrait de ce qui tient lieu plus d'une ex-
plication que d'un commentaire d i t :
"Même si tu es pauvre et qu'il vient chez toi,
i
ce jour-là, i l y aura de la richesse chez toi.
1
Mais s ' i l s'agit d'un vrai étranger, nous disons
1
-
1
qu'un vrai étranger est arrivé chez moi ;
je lui ai

1
171
j
1
demandé les nouvelles, il les a données. Et je me
1
,
dis: "Voyons 1 ma maison est peu présentable ••• "
1
Et comme il est de mes meilleurs amis, je vais voir
i
,
1
quelqu'un comme ton père et je lui dis : "Antoine,
j
j'ai un étranger. Mais comme ma maison est peu pré-
1
sentable, prépare-lui une couchette, je t'en prie".
1
Il s'agit l~ d'un vrai étranger. C'est un étranger de
notre monde. Mais s'il s'agit d'un h~te mortuaire qui
dit qu'il est arrivé, mais que c'est toi qu'il est venu
trouver, pour ce qui est de ton départ, c'est fait
~ tout prix, tu dois partir".
Comme nous pouvons le constater, rien dans ce commen-
taire ne nous renvoie ~ la polémique. Et c'est l~ que se situe
l'écart entre l'Eyi-di des hommes et celui des femmes. Les hom-
)
i1
1
mes feront volontiers référence aux valeurs symboliques de la
t
société pour mieux asseoir leurs idées. Ils en donneront tou-
jours la signification sur deux niveaux, apparent et profond.
C'est pour cette raison que la collecte avec eux doit se faire
~ pas lents, n'ayant pas leurs Noms comme les femmes sur le bout
de la langue. Ils se les rappellent au fur et ~ mesure que les
situations se présentent. Ce qui explique également le nombre
relativement limité de Noms recueillis auprès d'eux: une ving-
taine dont douze ont été exploités au cours de nos analyses.
i,
i
1
1
Recueillis hors-situation, ces Noms ne peuvent que
1
1
1

172
parler de problèmes généraux, toute exception faite du Nom 110
qui rapporte un exemple réel de création de Nom. Ces problèmes
1
sont ceux qui ont trait aux relations entre des membres de la
1
communauté, et que nous avons déjà analysés pour la plupart dans
1
la partie qui parle de la conception de la vie et des choses.
1
,
Néanmoins, nous nous arrêtons sur quelques probl~mes importants
1
i1i
qui n'ont pas été abordés:
i
- Le Bien, avec le Nom 112, poss~de un caract~re
double. Lorsque vous faites du bien ~ quelqu'un, vous pouvez
être ~emercié de deux façons : ou bien on vous en est recon-
naissant et on vous exprime sa gratitude, ou bien on n'en tient
pas compte et on peut même vous faire du mal en retour, comme
t
c'est le cas dans ce Nom 112 :
rj
!
FAIRE LE BIEN EST BON
i
MAIS FAIRE LE BIEN N'EST
PAS BON,
1
1
,
à prendre non du point de vue de celui qui accomplit l'acte,
mais de celui qui en bénéficie.
- L'Entr'aide, point clé du système communautaire
est illustré par le Nom 111,
ZABORI COUPE
BORIZA COUPE.
1
Le conflit qui oppose Bache à son Manche, très fidè-
~j
lement rapporté et surtout le mot de la fin,

173
"
Nous avons des bras, n'est-ce pas?
- Oui.
- La main gauche lave la main droite
- Oui.
La main droite aussi lave la main gauche.
Deux frères, n'est-ce pas?
ij
1
j
Aujourd'hui, ce que j'envisage de réaliser, si
11
tu ne m'aides pas, pourrai-je le réaliser?
- Jamais !
- La Hache a été aidée par son Manche",
montre combien la volonté de puissance n'est souhaitable pour
1
personne, puisqu'elle paralyse les activités des uns et des
1
i
autres; d'où ce qu'il faut, c'est de s'entr'aider afin de
1
maintenir la cohésion du groupe et être productif.
1
-
La Femme, elle est la source des malheurs de l'Hom-
1
!
me. C'est un des thèmes favoris des hommes. Pour eux, les fem-
1
l-
!
i
mes sèment la zizanie parmi les gens et leur façon de se nommer
t
tl
~
1
dans l'EYI-DI en est une illustration. Mais le Nom 120 qui parle
~
ii
1
1
,-
1
,
de la femme fait également référence à d'autres valeurs de la
,
1
t,
!
société abbey telle que la notion de richesse.
i
,
!
1
1
j
SI MARGOUILLAT EST PAUVRE
1
j
i
1
,
C'EST A CAUSE DE SA FEMME.
j
1
1
- C'est la femme influençable, avide de confort qui
entra!ne la ruine de son mari.

1
174
1
- C'est aussi et surtout une manière de faire compren-
1
!
dre aux gens que, pour être "riche", il faut être solide, ou
plutôt, il n'est pas donné ~ tout le monde d'être "riche". Aussi
1
pensons-nous qu'il serait important de nous arrêter sur ce que
recouvre la notion de richesse chez les Abbeys, afin de lever
1
toute équivoque concernant des Noms tel le 38 qui posent le pro-
1
blème.
1
~
f
1
.
Nos récits, contes et autres légendes ont très sou-
1
vent eu pour personnages principaux, Dieu, un Riche, Lièvre, ce
i!
dernier qui incarne le pauvre est toujours opposé aux deux pre-
miers et il emploie toute son intelligence à les ridiculiser i
1
ce qui lui vaut d'être synonyme de la ruse et de l'intelligence.
1
Parfois aussi Dieu, c'est le Riche. Mais qui pouvait-on appeler
}
Riche ~ cette époque ?
J
1
Il est courant de rencontrer des chefs de famille
1
!
J
!
j
puissants. Le système d'alliance permet cela. En épousant plu-
,
1
f
l
i
sieurs femmes ils font beaucoup d'enfants, parfois ils ont du
1
bétail en quantité considérable i ils attirent à eux des mem-
p
~
1
l
bres de leur famille ou de son clan qui estiment que sous leur
1
toit ils sont plus en sécurité, entendons, ils sont mieux en-
1
t
1
tourés. Tout cela leur permet de jouir du prestige auquel ils
r
ont droit. Ce sont eux qui participent à des conseils de clan ou
1
;
1
,
de village, ils sont sollicités pour régler tels ou tels conflits,
1
etc. Mais, ils ne s'appellent pas encore Riches.
i
1
Le Riche c'est celui qui, compte tenu de son importance

175
dans la société (il peut remplir les conditions que nous venons
d'énumérer) décide d'asseoir sa puissance. Et cela se fait par
j
l'acquisition d'un choeur d'olifants en ivoire, constitué de cors,
1
du nom de "ngofé" ou de "éhé" ; il peut acheter ces ivoires ou
1
1
se les procurer lui-même par la chasse, et se les faire tailler
1
en instruments de musique.
Le rôle du ngofé, est de célébrer l'individu qui le
1
possède. de chanter l'histoire de sa famille ainsi que la sienne
1
!
propre. C'est une question de richesse morale et de prestige.
ii
Lorsqu'on possède N'gofé, on s'est fait un nom pour l'éternité
L'argent occupe très peu de place dans cette organisation,

cette époque le système monétaire n'existait pratiquement pas
d'ailleurs) .
Dans l'histoire des abbeys du moins, pour ce qui
1
1i
reste de la mémoire des gens, três peu d'individus ont pu se
j
donner ce titre dans leur vie.
!
1
>
,
1
~
j
[
l
~1
~
*
~

1
f
f
j
En conclusion à ce chapitre, nous disons que les Noms
constituent des instruments de critique sociale. Mais d'autre
1
part, par la manifestation de cette critique, les individus
1
opêrent sur eux-mêmes et sur la société tout entière une sorte
1
1
de cure psychanalytique appelée aussi méthode cathartique ayant
j
J
effet d'épurer les rapports sociaux et le sens moral des
J

176
1
1
j
!
partenaires impliqués dans la vie communautaire. Cependant,
nous n'avons pas explicitement développé ce dernier aspect,
les Noms n'ayant pas été recueillis dans les circonstances
naturelles de leur production.
1
l
1
1
}
1
!
J
1
1
,
]
l
1
1
-]
j
j
1
t
1
1
1
1
1
1,
1
1
l'
,
i
!
1
,
1
t
1
1

1
,

.11t,
1
1
1
1
1
1

CHAPITRE
3
L'EYI - DI, GENRE LITTERAIRE
*******************************
i
i
i,
,ti'
,
f
f'
~!
!
r
.1
1
,
1
1
!,!
i
1
1
!
,
,
1
1
1
,
,
1
1
1
1
1
1
1
i

1
11
178
1
!
1
1
Le fait littéraire, qu'il soit écrit ou oral, est
1
1
l
toujours un projet esthétique.
1
1
Face au langage quotidien conçu dans toute la sé-
1
1
l
cheres se d'outil de rapports objectifs entre les individus,
les peuples choisissent d'exprimer leur sensibilité par des
moyens où les préoccupations esthétiques supplantent cette
1
sécheresse de la parole de tous les jours. Telle est, schéma-
t
tiquement défini~ la littérature.
!1
j
1
1
Et c'est sous ce caractère que se présente l'EYI-DI.
1
Ji1
1
Les Noms étant toujours conçus, élaborés sous une
1
certaine tension, sous inspiration en quelque sorte du fait
i
1
qu'ils apparaissent essentiellement nourris du vécu des indi-
1
1
!
vidus, du vécu aux multiples aspects contrariants, l'EYI-DI
j
!
se situe en totalité dans le domaine de l'émotion, c'est-à-dire
1
~
1
l-
r
~,
de la poé.sie, de la littérature.
!~
1
Et de fait, malgré son caractère polémique (ou peut-
i[
li
être, à cause de ce caractère polémique), il veut plaire, i l
~
1
,
veut plaire tout de même.
i
Donc, il entend charmer l'esprit, toucher la sensi-
1
bilité et même distraire à certains égards. Aussi, privilégiera-
t-il la pensée
imageante et l'expérience rythmique et prévoira
en son sein, une certaine part de distraction. Ces trois facteurs
1
constituant les structures objectives par lesquelles s'opère la

J
compréhension des Noms.
1
1

!!
1
179
1
!l
l - LA PENSEE
lMAGEANTE
j
====================
1
i
1
L'EYI-DI vise avant tout à créer des images. Et celles-
,
ci doivent être colorées, prégnantes. Car elles doivent amener à
!
une appréhension à la fois aisée et immédiate des choses, c'est-
1
1
à-dire à la compréhension des messages des Noms.
!~f
Ainsi, le genre recourt à maints procédés de style
t
i:i
parmi lesquels les plus importants, par la fréquence et par le
~,1
caractère consciemment esthétique sont la métaphore, la compa-
1
raison, le paradoxe, l'opposition, le parallélisme, le chiasme •••
1
,
A. LA METAPHORE
1
De toutes les figures de style utilisées dans les
1
i
textes, la métaphore est la plus courante. Comparaison sans
1
~
termes comparatifs, elle permet de saisir les choses par rico-
i'
r
chet. Elle est le souci des peuples de ne jamais livrer direc-
!
. ~:!
tement leurs pensées, mais de mettre l'intelligence de l'in-
terlocuteur à contribution.
1
1
Dans l'EYI-DI, la métaphore tient ce rôle par lequel
i
~
elle constitue un moyen pour toucher à la fois la sensibilité
l
1
!
et l'intelligence de l'individu.
Î
1
1
l
Elle s'y présente sous quatre formes principales li-
,,
vrant la clef de la compréhension des Noms :
1
l1

1
1
1j
180
1
1
!
~1
1
1
1. Les deux membres de la comparaiso~ implicite
1
1
~
sont exprimés et ils se situ~nt chacun dans une
i
i
1
!
séquence
!
1
1
1
c'est le cas du Nom 1
1
j
!1,
SOUC HE-DE-DEDE
!
i
JAMA IS LES LARMES NE
l,
f
DISPARAISSENT DES YEUX DE
L'ORPHELIN.
Ce qui caractérise une Souche-de-dêdê, c'est la sève
qui lui coule continuellement le long du tronc et c'est â cela
que renvoient "les larmes de l'orphelin", larmes symbolisant
tous les méfaits que subit tout déshérité.
Autrement dit, cette métaphore donne â comprendre
cette caractéristique de la souche de dêdê qui l'assimile â
l'orphelin.
De la même façon les Noms 3 et 95 donnent â saisir
par ricochet leur message.
. .
Nom 95
ACHEGHEKPE
C'EST TON AMI QUI TE TUE.
"Achêghêkpê", ce mot composé, dont nous avons expliqué
le mécanisme de constitution dans le chapitre premier et qui,
traduit, donne à peu près ceci,
"gui se rapproche, se rapproche
j
--~.

181
et se colle à toi", contient l'idée de "être avec" qui est
aussi en Abbey celle de "ami", "celui avec qui tu manges".
1
Mais "Achêghêkpê" renferme à la fois le sens de côtoyer et
1
i,
l'intention de nuire, et c'est également le sens de "c'est ton
-j
1
ami qui te tue".
1
Achêghêkpê est une expression motivée (en Abbey et
1
j
linguistiquement parlant). Ce mot permet de visualiser le mou-
j
vement d'un individu allant irrésistiblement vers un autre,
1
mouvement-que seuls les gestes peuvent représenter.
;
j
:;
D'une manière générale, ce que nous pouvons dire sur
cette série de métaphores, c'est que, objets-repères et objets
évoqués sont exprimés, et ils se partagent la structure disti-
que. Cela est très important.
En effet au niveau de la compréhension, l'analogie
t
sur laquelle est bâtie la métaphore n'a pas forcément besoin
d'être relevée pour les locuteurs. Les deux séquences LI et L2
sont tenues pour des expressions équivalentes. Ainsi on peut
dire "Achêghêkpê" c'est (signifie)
"c'est ton ami qui te tue"
ou encore "Portion-de-forêt-malheur" c'est "la mauvaise forêt
cache la bonne forêt".
2. Un seul membre est exprimé, l'autre est apparent
1
1
Noms 7,8, la, Il, 12, 21,31,74,86,117, etc.
1
1
j

182
j
Nom 7
1
1
ARBRE-DU-BORD-DE-CHEMIN
1
JAMAIS BEAU.
1
Î
Le terme exprimé c'est "Arbre-du-bord-de-chemin". Il
1
permet au locuteur et ~ l'interlocuteur de saisir en même temps
ce qui les caractérise dans la réalité - coupé de son environ-
1
1
1
nement écologique il est ~ la merci de tous les passants comme
nous l'explique le commentaire qui suit le Nom - et ce ~ quoi
1
il renvoie, tout déshérité social en qui on ne trouve aucune
1
,.
1
qualité.
1
!
1
'1
1
Les séquences LI et L
constituent en fait le premier
2
1
terme d'une comparaison qui est celle-ci :
Arbre-du-bord-de-chemin n'est jamais beau comme tout
déshérité social.
1
j
1
!
l
t
~,
Nom 8
,
"
1
!
j
L' HABITANT DE LA PORTE MORT
f
1
C'EST LE TOUR DE CELUI DU
1
~
CENTRE.
1
Les séquences LI et L
constituent le premier terme
2
1
1
d'une comparaison dont on saisit le sens seulement lorsqu'on
sait que les mots "Porte" et "Centre" appartiennent au domaine
guerrier et que dans les temps anciens, habitaient près des
portes les hommes qui devaient défendre les villages ; on

183
comprend alors par rapprochement analogique que "l'habitant
de la porte" peut représenter toute personne qui détient un
pouvoir quelconque et "celui du centre", son successeur le mieux
placé.
Ce qui caractérise ces Noms c'est le fait que, con-
trairement aux précédents, les deux séquences L
et L
qui les
l
2
!~~
expriment sont d~pendantes. L'une et l'autre ne peuvent être
1
comprises indépendamment. Ce que traduit la structure syntaxique
1
appropriée.
,
1
!
3. Le Nom est constitué d'une seule métaohore située
dans une seule séquence
1
!~
C'est le cas du Nom 87
1
ï
1
DONNE TA FILLE EN MARIAGE A QUELQU'UN ...
LE LENDEMAIN IL TE PREND POUR
SE CURER LES DENTS.
Les membres de la comparaison sont te (toi) ~is pour
les parents de la femme et cure-dents ("curer les dents").
Pour comprendre une telle métaphore, il suffit pour
le locuteur de la langue de se rapporter ~ l'action de se curer
les dents qui fait partie des pratiques quotidiennes d'hygiène
des peuples (chez les Abbey et d'une manière générale chez les
Africains) .

1
184
1
i
J
1
j
Ainsi,
lorsqu'un individu se réfère abusivement à
quelqu'un ou à quelque chose, on peut rapprocher cela de la
1
pratique quotidienne du cure-dents. Et précisément, certains
gendres prennent l'habitude de remonter avec insolence aux
1
beaux-parents toutes les fois qu'ils se disputent avec leurs
épouses. Les beaux-parents deviennent ainsi comme leur " cure -
1
dents" du matin, c'est-à-dire des gens devenus quelconques et
qu'on n'aménage pas.
Dans cette catégorie qui ne comporte que ce seul
exemple, les deux termes de la comparaison analogique sont
exprimés, mais à l'intérieur d'une seule séquence.
4. Le Nom est c~nstitué de deux métaphores situées
chacune dans une séquence, avec les deux termes
de la comparaison exprim~s dans chague mé~aphore.
c'est le cas du Nom 25
UN MARI EST UNE BAGUE
UN FRERE EST UN BRACELET EN
[
IVOIRE.
!
[
Ce Nom signifie que le frère a plus de prix que le
mari.
t
t
1
Pour accéder à cette signification, on a fait appel à
1
,
deux parures féminines
la bague
(en principe en or)
et le

185
bracelet en ivoire. Or de ces deux parures, c'est le bracelet
en ivoire qui est irremplaçable en cas de fracture,
la bague
1
elle, métallique, pouvant être soudée. Aussi le bracelet en
ivoire symbolise-t-il l'importance du frère,
irremplaçable par
rapport au mari remplaçable, en cas de décès.
1
lÎ!
Dans cette série c'est en fait le rapprochement entre
i
1
les deux métaphores qui donne son sens au Nom. Le deuxième exem-
1
pIe du corpus qui est le Nom 14 le montre d'une autre manière:
j
j
LIEVRE-A DES TRACAS
ECUREUIL A DES TRACAS.
Ce qui lie Lièvre
(en réalité Ecureuil terrestre)
et
Ecureuil, c'est qu'ils appartiennent tous deux à la même famil-
j
le ; cependant le pelage de Lièvre comporte trois rayures sur
1
,
1
le dos, aussi ce dernier vit sur terre tandis qu
Ecureuil vit
1
!
!
1
dans les arbres. Et c'est surtout leur individualité que le Nom
t
!
1
!
voudrait marquer. C'est pourquoi le sens général de cette méta-
l
1
,
phore est que tous les individus sont contraints
à un certain
1
1
ordre naturel des choses, ou encore, tous les hommes,
quelle
.~
!
i
que soit leur position sociale, ont des problèmes.
f
1
!
!
f
1
Autre figure de style employée par l'Eyi-di
la
1
comparaison.
1
B. LA COMPARAISON
1
!
1
La comparaison est très courante chez beaucoup de
i
peuple~d'Afrique, de sorte qu'elle perd dans bon nombre d'usages
1
1

186
ll
,
sa pertinence stylistique. Mais on l'utilise quelquefois 3
!
dessein lorsqu'on veut produire un effet particulier sur l'in-
1
!
terlocuteur. Dês lors, elle permet d'expliciter la pensée.
1
j
c'est le cas du Nam 35
1
1
HISTOIRES DE LA MAISON PATERNELLE ...
!,
PLUS NOMBREUSES QUE LES
1
FEUILLES DE M'BA.
1
,i
Cette comparaison donne une indication sur le carac-
têre innombrable, indéchiffrable des intrigues au sein des fa-
milles, tel que le premier venu, l'étranger, ne peut ni les
comprendre, ni les dénombrer comme on ne peut dénombrer les
feuilles de l'arbuste M'ba.
Dans le Nom 51 également la comparaison explicite
sa compréhension.
CE QUI ME CONCERNE
EST AUSSI SUCCULENT QUE
L'EMBALLAGE DU SEL.
On sait que l'emballage du sel est "doux dans la
bouche" de certains animaux domestiques comme par exemple les
moutons et les cabris. Aussi à cela compare-t-on les tracas dans
la mesure oü ils font jaser tout le monde comme le montre le
commentaire :

187
1
/,
1
1
"Dês qu'on est informé ~ qu'on dit qu'il s'agit de
1
moi, i l faut voir alors que dans tous les sens, on
!
s'emploie à faire des arrangements,
1
qu'on ajuste ~
1
que ce qui n'est pas à dire, on le dit en plus,
1
on l'embellit, comme si c'est un emballage de sel
!
que l'on mangeait!".
La comparaison se présente dans la structure distique
1
!
du Nom par le fait que ses deux termes se répartissent sur les
1
deux séquences IL, et L2) du Nom.
1
Les deux exemples que nous avons relevés sont les
seuls du corpus qui illustrent le procédé comparatif.
C. LE PARADOXE
Le paradoxe est une figure de style par laquelle
s'exprime la pensée en heurtant le bon sens. Par le rapproche-
ment de termes contradictoires ,- i l frappe l'imagination pour
révéler le caractêre parfois fatal des choses de la vie.
l'
~
Ces idées contradictoires constituent les deux sé-
,
quences du Nom.
t
C'est le cas du Nom 5
!
IL S'ATTEND A LA CHUTE DE L'ARBRE POURRI . . .
1
!
. . . C'EST L'ARBRE VIVANT QUI TOMBE.
1
1
J
-~-- J

1-·_·
i
1
1
\\
188
li
1
j
1
Les deux termes contradictoires sont "arbre pourri"
!
l1
1
(qui ne tombe pas) et "arbre vivant" qui tombe.
i
1
,
Ce Nom est en fait un proverbe
(comme nous l'avons
1
1
indiqué plus haut) • Ce proverbe
1
1
"L'arbre pourri est en position de 6hute mais c'est
1
l'arbre vivant qui tombe".
Proverbe que les femmes ont transformé pour être
conforme ~ l'esprit polémique de l'EYI-DI en le personnalisant
("il s'attend ... ").
Donc c'est la référence au proverbe qui révèle réel-
lement le caractère fatal de la Mort symbolisée ici par la
chute;
"arbre pourri" pouvant être toute personne âgée ou au-
trement en état de quitter la vie et "arbre vivant", quelqu'un
en pleine vitalité.
t
Autre exemple de paradoxe,
le Nom 89
CE QUE TU N'AIMES PAS
TE COTOIE.
Les deux idées mises en rapport contradictoire sont
"ne pas aimer" et "côtoyer".
Les Noms 47, 75 et 112 analysés permettent également
de mettre en évidence des rapports contradictoires, c'est-~-
dire des paradoxes.

189
11j
D. L'OPPOSITION
i
1
c'est une figure de style qui consiste à présenter
le rapport entre deux choses,
Beux idées divergentes.
Elle se manifeste de deux manières différentes dans
nos textes.
1. La pertinence stylistique de l'opposit!on fait
figurer au sein d'un même Nom deux vérités
contradictoires
c'est le cas du Nom 53 •
.
ADASSE VOIT
LE MEDISANT IGNORE CE QUI
SE PASSE DANS SA MAISON.
Le jeu se situe d'abord sur le plan phonique avec
une recherche dans l'emploi du lexique avant d'être concrétisé
au niveau sémantique. "Adéssê" et "dessegho" ont été choisis
plutôt que des syntagmes verbaux, pour jouer sur les sons "d"
et "sn. "Adassê", celui qui côtoie, s'intéresse véritablement
à tous ceux qui l'entourent: dans la première séquence (L )
;
l
' \\
\\
et d ~J~ro
, terme savant pour dire le médisant, dans la deu-
xième séquence (L ).
2
1
1
1
1

190
2. Le jeu st~listigue consiste ~ opposer un même
~~~2~ gui f!~~re de part et d'autre de la structure
~1~~1s~~~.s~us la forme affirmative dans la gremiê~~
gésuence lL}l et sous la forme négative dans 1~
seconde lL l.
2
c'est le cas des Noms 55 et 115.
(55) J'AIME L'HOMME
L'HOMME NE M'AIME PAS.
Ce Nom montre d'autre part une opposition sémantique
dans un jeu de parallélisme.
1
1
"Je" et "l'homme" respectivement sujet et complément
~
dans la premiêre séquence
(L ) deviennent complément (me) et
1
1
i
sujet dans la deuxiême séquence
(L ).
1
2
(115)
LE JUMEAU SURPREND
1
L'APRES-JUMEAU NE SURPREND PAS.
~1ï
Ce Nom joue sur l'appellation que reçoit d'emblée
i
,.
f
tout jumeau (";,t~) et son cadet, "aprês-jumeau" (A t~ m ~
f,
l
mais aussi sur ce qui les distingue des autres enfants. Ce sont
t
[
des naissances exceptionnelles.
1
Quelquefois,
l'opposition peut être renforcée par une
locution conjonctive exprimant un contraste.
1
i
C'est ce que montre le Nom 116

191
ESCARGOT DIT QU'IL S'EST CACHE •••
ALORS QU'IL NE L'EST PAS.
Une autre catégorie d'opposition est celle qui
consiste à représenter sous deux affirmations deux vérités,
comme nous le voyons dans le Nom 103 :
LA FAIM APPORTE GEMISSEMENT
LA NOURRITURE APPORTE LE RIRE.
Ce qui renforce cette opposition, c'est que dans
la première séquence (LI)'
le sujet et son attribut s'opposent
respectivement au sujet et à l'attribut de la deuxième séquence.
FAIM -
GEMISSEMENT
NOURRITURE- RIRE.
E. LtCHIASME.
C'est une figure ne style formée sur un croisement
de termes.
Dans l'EYI-DI, i l se présente de deux manières
1. Croisement de termes.
2. Croisement de syllabes à l'intérieur d'un même terme.

192
1. Croisement
_ _ _ .
a a
de termes
A .
C'est le cas des Noms 49 et 70
(49) POUR RIEN JE DEMEURE
JE DEMEURE POUR RIEN.
(70) TU ES RENSEIGNE SUR MON COMPTE •..
MOI AUSSI JE SUIS RENSEIGNE
SUR TON COMPTE.
Dans le premier cas (Nom 49), il s'agit d'un croise-
ment de termes.
La locution adverbiale "Pour rien" placée en tête de
la première séquence (L ) se trouve en finale de la deuxième
1
séquence (L ).
2
Dans le second cas (Nom 70), TU (sujet) et ~ (moi)
s'opposent dans la première séquence (L ) comme JE (en fait
1
,(moi) et ton (en fait tu)
s'opposent dans la seconde séquence.
C'est-à-dire, schématiquement
tu
es renseigné'
sur
ton
compte
(Je)~seigné
(mon)
compte
(moi)
(moi)
l
i
j
1
1
j
1

193
c'est le cas du Nom 111.
ZABORI COUPE
BORIZA COUPE.
Ici, cela se joue ~ l'intérieur du terme qui tient
lieu d'actant (celui qui fait l'action de couper). Za ~ l'ini-
tial dans la première séquence (LI) se retrouve en final dans
la seconde séquence (L ).
2
F. LE PARALLELISME
Le parallélisme est une ressemblance suivie entre
choses comparables.
Dans l'EYI-DI il consiste ~ reprendre dans la seconde
séquence (L ) l'idée exprimée par la première séquence (LI).
2
C'est le cas des Noms 34, 48, 93 et 102 que nous
examinerons les uns après les autres.
Nom 34
TON FRERE CHERCHE FORTUNE
TOI AUSSI CHERCHE FORTUNE.
L'idée reprise par la deuxaème séquence (L ) et qu'a
2
exprimée d'abord la première séquence (LI) est celle de "cher-
cher fortune" qui est ~ comprendre comme une exhortation au tra-
vail et ~ l'entreprise.

194
Nom 48
CE QUE JE VOIS
CE QUE JE TOISE.
L'idée commune aux deux séquences LI et L
est celle
2
du regard. Mais il est exprimé dans la seconde séquence (L )
2
avec une nuance de mépris que traduit le verbe toiser.
Nom 93
LÀ OU SONT LES BIENS
LES BIENS Y VONT.
1
Idée commune aux deux séquences: celle de "biens".
Sa reprise par la deuxième séquence exprime une évidence.
1
1
Du moins cela est ainsi admis par tous depuis que
l'expérience a montré que c'est aux personnes comblées (sur
1
le plan matériel) qu'on a tendance à offrir des biens, à ren-
1
dre service sans hésiter, etc.
1
f
1
Affirmer donc que "Là oa sont les biens/les biens y
1
vont" évite de rentrer dans les détails, et confère du coup à
fi
l'énoncé un sens profond.
1
1
1J
1
,
Nom 102
POUTOU RECOIT
PETE EST HEUREUX.
Ici l'idée commune aux deux séquences est celle de
recevoir des biens, des honneurs, mais sous-entendue dans la

~
195
1
![F
deuxième sêquence (L ). Disons que nous aurions da avoir
2
1
"Poutou reçoit des honneurs, des biens ... Pêtê, son alliê
,
est heureux" (parce qu'il reçoit aussi ces mêmes honneurs
ces mêmes biens) .
Encore une fois,
la forme dêpouillêe par laquelle
nous est rendue cette idêe lui confère une expressivité accrue.
Après avoir fait le tour de tous ces points, que
pouvons-nous conclure ?
Il est clair que les procêdês de style utilisés par
l'EYI-DI rendent ce genre tantôt explicite (tel est le cas de
la comparaison), tantôt en font un langage proprement allusif
par lequel les Noms donnent â saisir leur message comme par
osmose.
Cette_dimension de l'EYI-DI est complêtée dans la pra-
tique par le rythme qui l'aide â mieux exprimer son impact af-
fectif .
II - LE RYTHME
=========
Nous soulignions dans notre première partie que l'EYI-DI
en dêpit de la critique ouverte qu'il représente pour la sociétê,
n'est pas êrigê en tribunal.
1.
1
1
1
1
-----~

1
196
c'est qu'il ne s'agit pas d'un acte de parole comme
on s'exprime ordinairement, quotidiennement.
Nous venons de voir de quelles manières les Noms
sont construits pour aussi bien être lourds de sens que tou-
cher l'affectivité. Mais cela n'aurait certainement pas suffi
~ le faire admettre de tous comme tel (une parole neutre qui
ne vise personne en particulier) s'il n'était exprimé de façon
~ plaire ~ tous.
En fait, c'est lâ préoccupation de toutes les formes
de littérature. Elles évoquent des aspects de la réalité mais
de manière voilée. Et dans les littératures orales africaines,
c'est principalement la fonction rythmique qui assume ce rôle
qu'en ces termes, le chercheur ivoirien Bernard Zadi définit
comme un rôle régulateur de la Parole :
"L'enrichissement du signifié aurait engagé la parole
africaine dans une crise continue s'il n'avait été
suivi d'un traitement tout aussi spécifique et cons-
cient du signifiant. Il en est ainsi parce que la
simple projection de l'axe paradigmatique sur l'axe
syntagmatique qui fonde en théorie la fonction poéti-
que -degré suprême de la parole et qui est universelle-
ne saurait suffire ~ régulariser les rapports entre
contenu du message et forme du message. C'est par la
fonction rythmique que le négro-africain résoud cette

197
contradiction" (1).
Dans l'EYI-DI, nous pouvons dire sans exagérer que
c'est la fonction rythmique qui, au fil des temps, a modulé
cette façon d'appréhender les faits sociaux en un genre lit-
téraire.
En effet, par la conception dualiste de son énoncia-
tion et par son caractère oral, l'EYI-DI est un genre particu-
lièrement rythmé qu'on peut étudier, d'une part, d'un point de
1
,
vue discursif et d'autre part, du point de vue de l'oralité.
1
A. RYTHME DES STRUCTURES DISCURSIVES
1
1
Il se présente essentiellement sous une forme cadencée
i
que l'on peut analyser au niveau de sa structure énonciative,
de la combinaison des voyelles et de diverses catégories de
1
!
,
,
rimes qui se manifestent en lui.
i
L'EYI-DI se présente sous une structure distique exé-
cutée par deux partenaires qui disent chacun une partie (ou sé-
quence). Le deuxième locuteur tient un rôle de répercuteur qui
r
1
rythme ainsi la parole du premier locuteur. Nous avons traduit
f
1
,
!!!:
(1)
ZADI Zaourou : Expérience africaine de la parole in Annales
f
de l'Université d'Abidjan. Série D. Lettres 1974, Torne 7,
pp. 62-63.
1
ti

198
cet aspect par des points de suspension.
En effet, L
saisit presqu'au vol la parole de LI
2
qu'il prolonge en la répercutant,
soit pour l'expliciter, soit
pour la compléter.
al ~2 répercute et explicite
Lorsque les deux séquences sont équivalentes comme
c'est le cas dans les Noms l,
3 et 95, oa le deuxi~me locuteur
reprend en d'autres termes ce que vient de dire le_premier.
bl
~2 répercute et compl~te
Lorsque la premi~re séquence se présente sémantiquement
incompl~te, ou qu'elle apparalt sans rapport apparent avec la
seconde.
-
la première séquence sémantiquement incompl~te:
c'est le cas de la majorité des Noms dont voici deux
exemples
Nom 4
C'EST LA FAUTE AU PIED
SI LE SABLE NE LE RESPECTE PAS.
Nom 32
SI LE GARCON AVAIT ETE VIN DE PALME ••.
.•. JE L'AURAIS GOUTE D'ABORD.

199
-La première séquence sans rapport apparent avec la
seconde:
c'est le cas des Noms 14, 25, 48, 75 et 103.
Nom 25
!
UN MARI EST UNE BAGUE
1
UN FRERE EST UN BRACELET
1
EN IVOIRE.
!t
1
- Cette structure binaire, dans un cas comme dans
l'autre, traduit fort bien le circuit classique de la commu-
nication chez les Africains chez qui la parole a toujours be-
soin d'être ponctuée.
Ce circuit, en effet comme le souligne B. Zadi,
"comporte toujours et nécessairement trois personna-
1
- ges et non deux. Le destinateur,
le destinataire et
1
!
entre les deux, un agent rythmique"
(1).
Dans l'EYI-DI, L
répercuteur joue le rôle de cet
2
agent rythmique dont la fonction est ici double.
,j
i
Premièrement,
i l donne la réplique a LI p~emier
1
énonciateur et provisoirement le destinateur (puisque les
!
1
î
ft
r
1
j,,
(1) B. Zadi, op . ci t., p.
63.
;

200
!
1
positions peuvent s'inverser) mais aussi complète ce qui vient
\\
d'être dit afin de satisfaire au système du partage de Nom.
Deuxièmement, il galvanise L
et du coup, les met
l
!
tous deux en condition pour alors s'épancher par le commentaire
1
qui fait toujours suite au Nom, et ainsi se faire comprendre
du destinataire apparemment absent mais en fait présent dans la
1
personne de la société globale.
1
l
Cette régularité dans l'énonciation est complétée au
niveau des éléments purement textuels par l'harmonie produite
1
par la combinaison des voyelles.
Cette analyse portera essentiellement sur les textes
transcrit~ autrement dit sur les particularités rythmiques de
1
la langue elle-même.
1
D'une manière générale, on note une certaine recher-
che euphonique dans l'énonciation de chaque Nom, selon l'idée
que l'on veut faire passer. Ce qui donne à la prononciation une
1
harmonie, une fluidité.
Nous nous bornerons à examiner quelques exemples,
compte tenu du fait que nous ne sommes pas en mesure pour le
moment de prêsenter une synthèse du phênomène.

201
Dans le Nom 2,
l
l
1
1
}
1
,
Pour pouvoir employer le terme fâfa
("tromper")
1
•\\
dans la deuxième séquence, on a eu recours au terme
;;'/;";'/':w;'
\\
1
1
dans la première séquence ce qui permet une sorte d'allité-
1
!
ration en "f" et en "a".
1
l
En fait, ce Nom se réalise sur une chaIne tonale mé-
1
1
,
Iodique oa il n'y a que des tons montants et des tons descen-
1
!i
dants (mais l'Abbey compte trois tons ponctuels: un bas, un
i
1
:
moyen, et un haut). Ce qui donne le schéma suivant :
j
1
i
1
Ce schéma, nous le retrouvons à peu près dans le
il
Nom 41
1
Dans ce Nom, c'est le terme J.,:' ("piquer" à la ma-
nière des épices) qui est le terme central. Autour de lui,
des mots terminés par la même voyelle (e ouvert) vont contribuer
à réaliser une parfaite hanopponie en "e" ouvert.
D'oa il se passe ici deux phénomènes d'harmonisation

202
- Une régularité des voyelles dans les deux séquences
Q
é E.
àéEeE.
- Cette recherche d'expressivité au niveau des voyelles
s'est appuyée par le jeu des tons mélodiques, ce qui donne le
schéma suivant :
Cette constance de voyelles due à la structure sylla-
bique des termes choisis comme c'est le cas dans l'exemple ci-
dessus, peut être parfois provoquée/quitte à friser l'agramma-
ticalité. C'est le phénom~ne qu'on note dans le Nom 113.
I - y ' - / J -
h. E... l ~ fit.· ••
Q
... ~j~ li /: J~'
1
Dans ce Nom,
les deux séquences L
et L
présentent
1
2
des traits d'agrammaticalité.
1
Dans la premi~re séquence,
le pronom sujet pluriel lié"
f
lieux" n'est pas à sa place. C'est en fait le pronom sujet singu-
f,
lier. Pour obtenir une phrase correcte, on doit dire
:
,
\\
le K étant la marque du pluriel. Mais i l a été ~upprimé parce

1
203
que consonne forte
(occlusive vélaire sonore) au milieu de deux
spirantes, l'une vélaire sonore (t),
l'autre glottale sourde
(h) dont les réalisations (prononciations) passent presqu'ina-
perçues; il casse le rythme de la fluidité recherchée.
De même dans la deuxième séquence (L 2) la négation Oé
est la marque du singulier. La marque du plurie 1 se dit k~ (:
"eux ne pas". Mais encore une fois k~ a été écarté ~ cause de la
présence du K pour la raison ci-dessus évoquée.
-
Il s'est donc passé un phénomène de substitution vo-
lontaire d'un pronom sujet pluriel ~ un pronom sujet complément.
Ce qui a donné la structure de ce Nom. Comme quoi, parfois les
mécanismes pour atteindre l'esthétique échappent aux règles de
la syntaxe ordinaire. Ici on a préféré opter pour ("les diseurs
luL (Ll) disent" ... ).
Cependant ce Nom pouvait être dit de deux façons tou-
tes deux correctes :
- soit au singulier
"LE DISEUR DIT
L'ENTENDEUR N'ENTEND PAS".
1
,
Mais alors la combinaison des voyelles reste non
i
t
pertinente. Le passage du 0, voyelle postérieure mi-fermée ~ e,
1

1
204
t!!1
mi-fermée mais antérieure est difficile ~ coordonner et sur-
!
r
tout la chaIne tonale des énoncés n'offrent pas d'effets par-
!
ticuliers.
- soit au pluriel,
1
1
l11
"LES DISEURS DISENT
LES ENTENDEURS N'ENTENDENT
PAS" •
Ici aussi, la chaIne tonale ne représente aucun in-
térêt pour l'audition i elle est réalisée sur le même ton moyen.
Mais l'expression retenue, c'est-~-dire le Nom 113

1
offre une certaine pertinence dans la réalisation de l'énoncé.
!!
En effet, il y a une régularité des voyelles et des
f
tons dans les deux séquences.
1
1
Les voyelles sont toutes antérieures, réalisées avec
une ouverture moyenne : deux mi-fermées sont encadrées par une
mi-ouverte au début et ~ la fin dans LI:
!
1
1
!
!
1

205
Cette régularité est appuyée par la chaIne tonale,
régu1iêre elle aussi dans les deux séquences : deux tons moyens
suivis d'un ton haut. Ce qui donne le schéma suivant:
i
Ici précisément, il se produit une amorce de musica-
lité que nous allons mieux observer dans les analyses qui sui-
vront.
Dans les Noms 14 et 19, les tons ont été vo1ontaire-
ment changés pour satisfaire â la recherche de la mélodie.
Etudions le Nom 14. Le phénomêne se passe au niveau
du premier terme de chaque séquence, terme qui est le même.
'- 1 ,/ t"
, ,/
_"4 L""V· ..
'- 1 ,/ ~'"
'1
'
d 1') ~ (L
OKf:)
"LI EVRE A DES TRACAS
ECUREUIL A DES TRACAS".
à:.~':' (ordinairement~h~ affecté d'un ton bas et d'un
ton moyen)
le ton moyen est remplacé par un ton haut. Le ré-
su1tat est que sans le ton moyen, la chaIne tonale de l'énoncé
est tout â fait mélodique

206
Ce schêma qui est appuyê par la rêgularitê des
voyelles
~ ~ L aV···
Cette succession de voyelles traduit le fait que
sur le plan rythmique,
le Nom 14 joue sur la ressemblance du
Nom des deux animaux
(comme le plan sêmantique est construit
sur leur appa~nance ~ la même famille) afin de crêer cette
harmonie qui fait que l'ênoncê est agrêable ~ entendre.
Mais toute régularitê de voyelles dans les deux sê-
quences qui crêe l'harmonie et produit certains effets musi-
caux ne correspond pas toujours ~ l'interprêtation sêmantique.
C'est la situation dans le Nom 75.
, , ,
t
Q"~n~ ''V~ ~/i .. ...
j
\\
,
..
'-
1
d,,~,,5 KÜ#{Ü
1
1
("QUI-MARCHE MIÊ MIÊ
1
1
QUI-MARCHE KOUKOU".)
1
j
Ici la succession de trois tons bas dans LI reprise
dans L
ne produit aucun effet particulier. C'est la cassure
2
qui intervient avec les deux tons moyens qui rythme ce Nom,
comme les termes qu 1 ils distinguent, ft'Iji rrj~ (la prudence) et
k;:; k;:; (l'imprudence) traduisent le parallélisme de comportement
i
1
t

207
entre deux individus qui font pourtant la même chose.
Nous ne pouvons donc pas parler dans le cas pré-
sent d'une chaIne tonale mélodique. Cependant dans l'enchalne-
ment des séquences, nous retrouvons cet entrain de la voix qui
fait que cela est beau â l'audition.
Mais revenons encore â la musicalité dont le Nom 39
représente l'exemple le mieux construit de ce corpus.
1
-Il s'agit plus précisément de la premiêre séquence de
ce Nom.
1
1
!
!
LES TRACES LAISSEES PAR LES
1
!
PIEDS DU RICHE ET CELLES
LAISSEES PAR LES PIEDS DU
1
1
PAUVRE SE CONFONDENT.
1
Ici, nous nous trouvons réellement â la limite entre
f
la parole et le chant.
fi
- Une chaIne tonale parfaitement mélodique (par
définition, elle mêle les tons bas et les tons hauts) .
Pour la réaliser, on note une recherche dans l'énon-
ciation (en une seule émission de voix). Recherche également
dans la construction des mots. Un seul mot dont la reprise

208
(trois fois) exprime diffêrents niveaux de comprêhension
1
'-
,
1
- 5 a34 (avec des tons bas), signifie "le fait de
1
mêler": (un verbe)
;
'\\
'\\
1
- S~1d ~J'; c'est "l'Hat de ce qui est mê1ê" ;
j
(un qua1ificatif~et il a êtê volontairement crêê un troisi~me
~
,
1
terme qui exprime en même temps ces deux êta ts de fait: ~ J.
Â
1
,
(affectê de tons hauts) qui ne s'emploie pas dans le langage
ordinaire.
c'est donc cette façon de dire en même temps la
même chose et une chose diffêrente qui se traduit dans le rythme
que crêe la succession de diffêrents tons haut et bas. Cette sé-
quence est en tout cas d'une grande expressivité.
,
l!
Nous allons continuer d'examiner cette étude rythmique
1
non plus en nous intéressant à des cas particuliers, mais en prê-
1
'·1
1
sentant une sorte de synthèse à partir des sons qui terminent les
!1,
séquences LI et L
1
2 , c'est-à-dire l'êtude de la rime.
lii
3. La rime
=======
1
,
La rime, comme on l'étudie en poêsie, est une disposi-
1
tion de sons identiques à la finale de mots placés à la fin de
1
i
:
deux unités rythmiques.
:
Dans l'EYI-DI, cette disposition se complexifie et
donne aux Noms quatre points de cadence selon notre corpus (quoi

l
209
1
1
!
qu'un corpus plus large puisse révéler d'autres points rythmi-
ques)
a) Cadence 1
Les deux séquences
(L
et L ) sont terminées par une
1
2
même voyelle :
-------- Vj--------- ~
C'est le cas du Nom 34
1
"- 1
n :>JI.
~
1
ou encore du Nom 41
-
Et d'autres encore, obéissant à la même règle: Noms
1
12,21,38,53,70,91,98,111,112,120,114,115, etc.
i
Parfois i l s'agit d'une même terminaison, mais sou-
1
vent c'est le même mot dans les deux séquences. C'est une façon
de mettre l'accent sur l'unité de sens le plus important du Nom.
b) Cadence 2
La première séquence est terminée par un son ou un
1
1
terme repris par la seconde séquence à son initiale :
t
1
-----~_ V/ ~
_
f

j
210
j
Exemple type
le Nom 36
1
c) Cadence 3
La premiêre séquence est terminée par un son ou un
terme repris par la deuxiême séquence ~ son initiale et ~ sa
finale. D'Oü le schéma ci-dessous:
-------v/ V
:
Exemple
le Nom 79.
Dans ce cas d'ailleurs, en plus du son é
qui rythme
le Nom, on note une allitération en ! qui accentue la cadence.
Les autres Noms qui satisfont plus ou moins bien ~
ce schéma, sont les Noms 58 et 65.
Le Nom 58
n.J
!
,
1
1
1
1

1
211
!
!
d) Cadence 4
ir
La premiêre sêquence commence par un son ou un terme
1
repris à l'intérieur de la seconde séquence et à son initiale.
1
v---
/v
!
V
_
~
C'est le cas du Nom 3
l
't' 1 1
~I.­
Kfa
l. KO
n1~W~···
L'autre exemple qui est le Nom 14, satisfait à moitié à
ce schéma.
' l I t "
/
~h~
L O r ' ;
Ici le terme rythmique se trouve à l'in~tiale de cha-
que séquence.
1
D'une manière générale, cette étude de la cadence est
1
!
importante dans la fonction rythmique dans la mesure où elle
1
permet d'avoir une certaine classification dans la recherche
1
de l'expressivité.
Mais nous n'aurions certainement pas touché à tous
les points essentiels qui concernent le rythme si nous laissions
de côté le débit et l'intonation. Aussi allons-nous aborder ce
!~.
-
dernier aspect quoique de façon plus théorique que les autres.
l
t

212
B. RYTHME DE L'ORALITE
Cet aspect de l'étude concerne le débit et l'intona-
tion.
D'une mani~re générale, nos informateurs ne nous ont
pas fourni les Noms dans les conditions habituelles de pratique
de ce genre. Pour la premi~re fois, elles se sont retrouvées
(~ chaque séance) réunies par cinq ou par dix pour "réciter"
ce qu'elles savaient comme EYI-DI. Elles n'ont pas été gênées,
mais prises ~ froid, comme ce fut le cas, elles manqu~rent
quelque peu d'inspiration.
L'EYI-DI dit dans des conditions idéales, c'est-~-dire
lorsqu'il s'agit de partenaires dans la vie
(en ce qui concerne
les femmes surtout),
les deux séquences
(L
et L ) sont tr~s
1
2
accentuées, dites avec passion. C'est ce dynamisme qu'on retrou-
ve dans le commentaire et qui aurait affecté la forme des phra-
1
ses si cela avait été le cas ici.
1
,
l
Cependant même ~ ce niveau d'écoute qui était le nôtre,
1
on ne reste pas insensible ~ l'intonation et au débit qui se
manifestent sous différents niveaux :
1
t
f
1. La grande majorité des Noms s'énonce sur un ton
montant (moyen ou haut),
tr~s peu se terminent sur un ton bas.
1
2. Nous avons remarqué que plus les secondes séquences
1
,
sont longues, plus elles sont dites intensément.

1
213
1
Les Noms 54 et 58 constituent des exemples-types de
ce cas. Ici, la r~plique est en elle-même un mini-commentaire.
Nom 54
GNAGNACHOUE
/
SI TU NE M'AIMES PAS VIENS 1/
/ "
ENROULE LA TERRE 1/
~
(a)
DECOLLE LA TERRE 1 /
DECOLLE LA TERRE, ENROULE-LA,
PRENDS-LA DANS TA MAIN,
(b)
EMPORTE-LA POUR QUE JE NE

MARCHE PLUS DESSUS 1//
MAIS SI TU N'ENROULES PAS
=========================
LA TERRE, DESSUS, HOUON 1
(c) ========
====== =====
HOUON
HOUON
JE MARCHERAI 1 / /
=====
-----
-----
============
Ce Nom a ~tê si bien déclin~ que même sous la traduc-
tion française on peut suivre les diff~rentes ~tapes de la voix
sous l'~motion
(a) La mise en train ou l'introduction constituêe
par les trois premières sêquences,
t
- les flèches indiquent l'ascension de la voix,
- le trait oblique qui s~pare les s~quences indique
1
qu'il y a une lêgère pause.
t1
(b) la deuxième phase_est dite dans un seul souffle sur
1
1

1
214
1
r1
un ton moyen.
Ici, c'est la "colêre qui est ~ son paroxysme ~ les
deux traits indiquent une réelle pause dans la voix (aprês que
l'essentiel
eut été dit).
(c) C'est la troisiême phase. Ici on n'a pas besoin
de monter la voix. Tout en maintenant le ton au niveau moyen
qu'on dégrade progressivement, on appuie sur chaque mot,
(nous
avons souligné toute la phrase pour traduire ce fait).
Ces différents degrés dans la voix nous montrent que
sous une certaine émotion, apparaissent des longueurs de sens
et des mots qu'on voudrait chargés de passions, de grande af-
fectivité.
1
,j
l
Au contraire, lorsque les secondes séquences sont
1
1
courtes, et c'est la majorité des cas, c'est dans le commen-
i taire qu'on laisse exploser sa "colêre" ~ c'est lui qui permet
la simulation de la querelle comme elle se pas~e réellement
dans la vie.
Mais encore faut-il que le Nom soit dit dans les con-
ditions réelles de la pratique, c'est-à-dire par de vraies parte-
naire~mutuellement imprégnées donc de l'histoire, du vécu de
leur Nom. C'est donc cette dimension (il est vrai qui est l'e-
xistence même du genre) absente au cours de notre collecte qui
explique la maigreur de certains commentaires tels que ceux des
Noms l, 26, 27, 78 et bien d'autres encore dans lesquels on décèle

215
un certain manque d'entrain, un manque visible de motivation.
Dans la réalité, comment les choses se passent-elles ?
Nous nous trouvons âun stade 00 deux personnes en
désaccord sur un point ne se contrôlent plus. Alors elles se
lancent des paroles violentes, elles se disent des choses bles- .
santes. L'EYI-DI dénonce donc les scènes insupportables en les
re-présentant. C'est ce que nous appelons la querelle simulée.
Dans la vie en effet, lorsque deux personnes s'af-
frontent â ce niveau, on assiste â toute une pléthore d'injures.
Parfois, avant d'injurier son vis-â-vis, on prend soin
de décrire ses propres défauts physiques et moraux afin que
l'autre n'ait rien â dire ou pour moins ressentir la douleur
quand on les entendra dire. Quelquefois aussi, c'est tout juste
après avoir lancé les insultes qu'on renchérit en rappelant ses
t
1
propres manques.
i
,l
i
i
Mais toutes ces précautions ne désarment jamais les
\\
j
f
adversaires (ils connaissent la tactique) car dans cette situa-
j
1
~
tion de tension aiguë
il y a toujours matiêre â traiter; et
1
J
i
quand on n'en trouve pas, on en invente (c'est cela même qui
•j
blesse).
j
j1
Toute la beauté (et sa valeur aussi) du commentaire
j
dans l'EYI-DI consiste â saisir le problême que pose le Nom et
r
â polémiquer dans ce sens en montrant les deux niveaux que nous
"

216
venons de dêcrire à savoir
dire ses propres manques et atta-
quer l'autre.
Un exemple-type parmi d'autres
le Nom 64
"Ne le fais qu'à moi
Ne le fais pas à un autre.
Ne va pas faire à quelqu'un d'autre ce que tu me
fais, là.1 Car les enfants de celui-là que tu vois
sont "sortis" : ce sont des haut-placês : des avo-
cats, des ministres, des dêputês, les enfants de
celui-là que tu vois.11
Oserais-tu agir avec la mêre d'un dêputê comme
tu agis avec moi ?I
Moi, comme tu vois que je n'ai pas d'enfant, que
je n'ai pas de frêre, que je n'ai personne,
1
,
'f
,
C'est sur moi que tu dêploies ta force 1 ••• //".
l
C'est en une voix tonnante que cette locutrice, à
la capacitê imitative extraordinaire, a dêbitê ces phrases,
presque d'une seule haleine. Les doubles traits obliques in-
diquent ses vêritables pauses.
En outre, nous lui devons une dizaine de Noms du
ï
corpus.
1
t!
Un deuxiême exemple, commentê cette fois par une
if
t
autre femme, c'est le Nom 70
!1
1
1
1
J

217
"Tu es renseigné sur mon compte 7 •••
sache que moi aussi je suis
renseigné sur ton compte.
Ne crois pas que tu es au courant de mes problêmes
sans que je sois au courant des tiens./
Tel que tu es,
je suis au courant de tout ce que
tu fais, absolument tout./
Je vole. Je fais quelque autre chose. Soit. Tout
cela est au grand jour. Mais tu crois peut-être que
j'ignore ce que toi tu fais 7 Il n'en est rien ( ... )"//.
Cependant, comme on a dû le constater, tous les Noms
n'ont pas été uniformément commentés. Tout dépend du sens de
chacun :
- s'il s'agit d'un Défi, le commentaire est semblable
1
1
aux exemples ci-dessus ;
l
1
1
-
s'il s'agit d'un point de vue philosophique, le
i,1
commentaire sera lui aussi une réflexion "neutre", quoique dans
;]
~l
'!
tous les cas, i l soit question d'une critique sévère, d'une at-
,1
taque même, comme nous le montre le Nom 94 :
"L'origine de la mort d'un Abbê ••.
ne retombe pas sur le néant.
Si elle retombe, c'est sur quelqu'un.

1
218
"Si l'enfant de quelqu'un meurt, toi qui n'as rien
~ y voir ,/
On te dit que c'est toi qui l'as fait mourir
/
que tu as usé de sorcellerie et l'as tué ~ /
que contre lui, tu as lancé des imprécations et l'as
tué.//
Surtout, si c'est l'enfant d'un riche qui meurt et
qu'on raconte ces choses,
N'importe comment, on finit par t'en faire endosser
la responsabilité"//.
Dans un commentaire comme celui-ci, on s'efforce de
mettre le ton de la détresse. La parole ne devant pas être
aussi fluide que s'il était question d'un sujet plus léger.
Ici, les barres obliques indiquent le souffle entrecoupé qu'a
adopté la locutrice.
Les situations que nous venons d'exposer concernent
l'énonciation dans les secondes séquences et dans le commentaire.
1
\\1
Quant aux premi~res séquences, celles que nous avons
!
i
décrites au chapitre premier comme étant le pivot de chaque Nom,
i
nous avons remarqué qu'elles tiennent presque toujours en une
1
seule émission de voix. Cependant, on y décèle des temps forts
1
qui correspondent au nombre .de syllabes de la séquence.
1
On constate ainsi que d'une mani~re générale, dans
!
tous les Noms,
les premi~res séquences ne dépassent pas le nom-
!
1
bre de six syllabes.
1

219
1
Cette régularité des temps forts nous permet d'expli-
quer en partie la présence des formes amalgamées telles que
1
les Noms 2, 41 ou 95 et les autres que nous n'avons pas tra-
duits. Car s'ils devaient être conservés sous leur construction
originelle (décrite dans le Chap. I),
jamais ils n'auraient
pu s'intégrer dans l'EYI-DI.
Ainsi donc, l'EYI-DI est essentiellement rythmé. Cela
lui confêre un caractère propre, et contribue ~ l'~bellir de
maintes façons.
C'est que les Noms étant par nature, lourds de sens
et de conséquence, un traitement spécifique de leur formulation
a toujours paru êminemment nécessaire aux yeux de leurs usagers.
C'est aussi, du reste, pour cette même raison que
le rire, la gaieté n'y est jamais absente, venant tempérer,
1
t
comme un véritable catalyseur social, cette expérience de parole
tendue par essence.
1
1
*
1
i1
1
1
i
1
1
l,
1
1
1
r
i
'J
i
1
1
1

220
III - LE RIRE DANS L'EYI-DI
=====================
A. FACTEURS DU RIRE
Le rire ici, n'est pas toujours le gros rire que
peut provoquer par exemple la narration d'un conte. Dans
l'EYI-DI, il s'agit plus généralement d'un sourire, d'une dé-
1
tente d'humeur essentiellement issue de l'ironie et de l'humour.
L'ironie est connue comme la maniêre de se moquer de
quelqu'un ou de quelque chose en disant le contraire de ce que
1
l
l'on pense. Précisément, dans l'EYI-DI, elle se manifeste par
1
le fait pour quelqu'un de s'attribuer un nom destiné en réalité
1
1
j
~ tel ou tel individu, ou ~ la société tout entiêre qu'on en-
1
1
;
tend critiquer.
1
!
Le rire ou le sourire alors vient d'une part, des
,,
images purement littéraitres -essentiellement la métaphore et la
comparaison- et d'autre part, de l'ensemble des attitudes d'é-
J11
nonciation des Noms.
,j
•i
Le rire de la métaphore nait du fait de la transla-
l
tion, du réel dans l'imaginaire par cette figure de style, du
J
fait de rapprochements toujours insolites.
Et tous les Noms étant d'une rnaniêre ou d'une autre
1
ii,

221
symboliques, autrement dit, métaphoriques, tous provoquent le
rire ou le sourire.
Quelques exemples
Noms l,
2,
20,
87.
Nom 1
A
A
SOUC HE-DE-DEDE
1
JAMAIS LES LARMES NE DISPARAIS-
SENT DES YEUX DE L'ORPHELIN.
1
Nom 2
AFAMBEWOU
J
A TROMPE LA FORET ET A FA rr
'li
QU'ELLE S'EST DESSECHEE.
Dans ces deux cas,
le rire provient du fait qu'on
ait choisi de s'appeler ainsi, c'est-à-dire de prendre pour Nom
un arbre. On s'en prend à la société tout enti~re dans le premier
cas et à tel ou tel individu qui a coutume de tromper ses congé-
naires dans le second cas.
Nom 20
1
OREILLE DECIDEE A ALLER AU GABON .••
NE SE PREOCCUPE PAS DE SAVOIR
1
t
QUE LE CHEMIN DU GABON EST LONG.
1
i
1
i
~
"

222
Nom 87
DONNE TA FILLE EN MARIAGE A
QUELQU'UN
LE LENDEMAIN IL TE PREND
POUR SE CURER LES DENTS.
Le rire ou le sourire vient également dans ces cas
présents du fait qu'on assimile un individu â une oreille et
un autre â un cure-dents, et aussi qu'on choisisse de s'appe-
1er par ces images,
somme toute,
insolites.
*
ii!
Dans la comparaison, c'est le m~me mécanisme qui
j
1
s'opère comme nous allons le voir dans les Noms 35 et 41.
i
1
j
Nom 35
1
1
HISTOIRE-DE-LA-MAISON PATERNELLE ...
PLUS NOMBREUSES QUE LES
FEUILLES DE M'BA.
Le rire ici, vient d'abord de l'exagération des faits.
ii
Les feuilles de M'ba étant habituellement nombreuses,
on ima-
1
gine
éventuellement
la quantité de ces histoires. Et puis un
1
1
')
individu décide de s'identifier â cette réflexion alors qu'ainsi
1
~~
il entend dire aux curieux,
â ceux qui cherchent toujours â
"
savoir ce qui se passe chez les autres, que jamais ils ne
viendraient â bout de leur dessein.

223
Nom 51
1
CE QUI ME CONCERNE
!
EST AUSSI SUCCULENT QUE
1
L'EMBALLAGE DU SEL.
Le rire provient, dans cet exemple aussi, des deux
1
niveaux déjâ relevés: on compare les déboires d'un individu
!
avec un objet salé d'une part, et d'autre part, on s'identifie
1.
â cette image. Ce qui, en effet, sort de l'ordinaire et fait
rire par sa "bizarrerie".
Dans les Noms qui ne sont pas explicitement métapho-
riques,
le rire vient du fait qu'on les porte comme nom alors
que ce sont des individus ou la société qu'on voudrait mettre
en cause pour ce qu'ils font de mauvais.
1
,!
Quant aux autres facteurs d'agressivité qui provoquent
1
le rire mais qui ne sont pas liés â la textualité, ils sont
1
1
1
,
constitués parfois par des gestes, mais dans la majorité des
1
cas, par les intonations. Ces derni~res qui sont également des
modalités du contenu, font qu'on peut rire ou se mettre en colère.
Cependant, nous ne pouvons les étudier de manière systématique,
car elles appartiennent intégralement au domaine auditif.
Si l'ironie, tout en "agressant", divertit, l'humour
n'est pas moins un facteur de rire.
__________---.l

225
Ce Nom qui concerne les relations entre les indivi-
1
dus fait partie de la conception de la vie et des choses.
1
De façon ironique, il d~crit les amis peu sûrs et
s parents irresponsables. Son commentaire tourne ces derniers
1
jperfide
3~rision en mettant l'accent sur l'ambivalence de leur ca-
ractère. Le ton d'énonciation renferme la détresse.
"Quand tu n'es pas encore a la charge de quelqu'un,
il d i t :
"Bien sQr que oui 1 Ces gens-la, leurs mères
et mon père sont tous des frères et soeurs".
Il dit
"C 'e s t vrai 1 Même père
; même mère 1..• "
j
1
Il dit
"Voilà mon neveu 1•.• ".
1
1
Mais le jour où tu lui reviens
le jour où tu es
~
dans les difficult~s, il d i t : "Où est-ce que je le
1
connais ?
j
Ces gens, d'où est-ce que je viens avec eux 71
1
,
Ils peuvent vous anéantir, ces gens Il
Quoi 1 Ceux-là ? Mais ce ne sont pas des hommes
Si tu les vois, cache-toi 1 ••• ".
Un autre type d'exemples que représentent les Noms
1
54, 56, 64, 65, 67, 70, 79 et bien d'autres encore, concerne
1
1
les rivalités entre individus ou entre coépouses, et aussi les
i1, problèmes de commérage. Le ton adopté est celui du défi.
'1
\\
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225
1~
Ce Nom qui concerne les relations entre les indivi-
!
dus fait partie de la conception de la vie et des choses.
De façon ironique, il décrit les amis peu sûrs et
1
les parents irresponsables. Son commentaire tourne ces derniers
1
jperfide
en dérision en mettant l'accent sur l'ambivalence de leur ca-
ractère. Le ton d'énonciation renferme la détresse.
"Quand tu n'es pas encore ~ la charge de quelqu'un,
il dit : "Bien sftr que oui 1 Ces gens-1~, leurs mères
et mon père sont tous des frères et soeurs".
Il dit
"C'est vrai 1 Même ?ère ~ même mère ! ... "
Il dit
"Voi1~ mon neveu ! ... ".
Mais le jour oQ tu lui reviens
le jour oQ tu es
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1
dans les difficultés, il dit : "OQ est-ce que je le
~
connais 7
li
Ces gens, d'oQ est-ce que je viens avec eux 71
1
,
1
Ils peuvent vous anéantir, ces gens !!
1
Quoi ! Ceux-1~ 7 Mais ce ne sont pas des hommes
Si tu les vois, cache-toi ! ... ".
Un autre type d'exemples que reprêsentent les Noms
54, 56, 64,
65, 67, 70, 79 et bien d'autres encore, concerne
1
les rivalités entre individus ou entre coépouses, et aussi les
1
j
problèmes de commêrage. Le ton adoptê est celui du défi.
1
\\!
,1
!i

t1
227
1
!
Et c'est d'une voix presque suppliante,qu'elle est commentée
"Ecoute. Si tu attrapes par exemple une maladie et
qu'on consulte un maitre-devin, on dira par exemple
que c'est tel génie qui t'en veut parce que tu ne
lui as pas offert des oeufs sacrificiels.
Demain, c'est tel autre génie: tu ne lui as pas
offert de poulet ; tu ne lui as pas offert de mouton.
Or, m~e en faisant toutes ces adorations, si le génie
a décidé de te tuer, il te tuera â tout prix".
Au total, l'ironie et l'humour dans l'Eyi-di consti-
tuent les principaux facteurs du rire qu'ils provoquent par di-
verses images.
Et précisément, on peut se demander quel est, sur la
vie pratique, l'impact du rire exercé par ce genre.
B. LA PORTEE DU RIRE
L'EYI-DI joue en même temps sur deux attitudes contra-
j
1
dictoires qui consistent pour un individu donné â prendre tel
j
l,
ou tel Nom pour attaquer un adversaire de son choix ; mais dans
le même temps, à la manière des souris des cases qui rongent le
1
1
pied du dormeur en soufflant sur la blessure, il tempère ses
1
1
,
attaques par le rire afin que ne soit blessée la cible.
1\\
1
c'est là un des traits de la sagesse africaine qui
1
1
!
1
~
~
l
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1

1
227
Et c'est d'une voix presque suppliante,qu'elle est commentée
"Ecoute. Si tu attrapes par exemple une maladie et
qu'on consulte un maitre-devin, on dira par exemple
que c'est tel génie qui t'en veut parce que tu ne
lui as pas offert des oeufs sacrificiels.
Demain, c'est tel autre génie: tu ne lui as pas
offert de poulet : tu ne lui as pas offert de mouton.
Or, même en faisant toutes ces adorations, si le génie
a décidé de te tuer,
i l te tuera à tout prix".
Au total,
l'ironie et l'humour dans l'Eyi-di consti-
tuent les principaux facteurs du rire qu'ils provoquent par di-
verses images.
Et précisément, on peut se demander quel est, sur la
vie pratique,
l'impact du rire exercé par ce genre.
B. LA PORTEE DU RIRE
L'EYI-DI joue en même temps sur deux attitudes contra-
dictoires qui consistent pour un individu donné a prendre tel
ou tel Nom pour attaquer un adversaire de son choix : mais dans
le même temps, à
la manière des souris des cases qui rongent le
pied du dormeur en soufflant sur la blessure,
i l tempêre ses
attaques par le rire afin que ne soit blessée la cible.
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c'est là un des traits de la sagesse africaine qui
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1
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CONCLUS/Of{, {jENERALE
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1
J
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1
J
1
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1
,
!
\\!
1
-
---------------'

230
Nous devons conclure, et ce sera une brêve mise au
point des différentes rubriques qui ont fait l'objet de ce
travail.
1
Dans un premier temps, nous avons essayé de présenter
l'EYI-DI dans toutes ses ramifications. D'abord dans sa prati-
que effective par les hommes et femmes, puis dans d'autres
formes sous lesquelles il se retrouve, en particulier dans la
poésie populaire chantée.
Et puis dans un deuxième temps, nous avons choisi de
porter nos analyses en grande partie sur la pratique du genre
par les femmes. Leurs textes ayant été plus faciles â collecter,
nous disposons d'une documentation plus fournie les concernant.
En plus, l'EYI-DI pratiqué par les femmes, est de loin le plus
accessible à tous.
Nous avons fait ce choix pour une question de rigueur
méthodologique.
Notre objectif premier en entreprenant ce travail était
de découvrir les règles de construction et de compréhension de
l'EYI-DI ; et nous avons trouvé à notre niveau deux points
essentiels
1. La langue y est dépouillée des mots-outils dans le
but de frapper sans détour l'esprit du destinataire. Ce qui en
fait, sans conteste, un genre poétique tel qu'il est défini
dans l'Oralité.

231
2. Chacun des Noms constitue un message particulier,
1
mais dans l'ensemble,
ils pratiquent tous la critique de la
société abbey par ricochet,
l'utilisation des images,
de l'iro-
nie et de l'humour étant leurs armes principales. De sorte que
dans la plupart des cas, c'est le contraire de ce qui est ex-
primé qu'il faut entendre.
Nous pensons néanmoins que la présente démarche ne
constitue que la prerniêre étape d'un processus qui reste ~ com-
pIéter,
~ parfaire. Car, l'étape suivan~devra consister ~
expérimenter les résultats de nos réflexions dans le milieu
1
o~ nous avons fait la collecte. Et c'est l~ notre deuxiême ob-
1
1
jectif.
l
i
1
j,
Il s'agira pour nous de recueillir l'avis de per-
i
sonnes les plus susceptibles d'entrer dans des détails d'ana-
1
}
lyses de textes relatifs ~ nos hypoth~ses de travail, afin de
1
i
les amener ~ leur tour ~ émettre des hypoth~ses, ~ poser des
l
problêmes théoriques sur l'EYI-DI en tant que genre littéraire
en particulier, et en général, sur toute création littéraire et
artistique. Ce qui nous permettra d'être vraiment fixée sur la
1
i
problématique de l'Esthétique de l'EYI-DI et de la littérature
j
1
abbey.
1
1
Nous préconisons une telle démarche pour deux raisons
1
fondamentales
:
1
La premi~re est que nous pensons que tout travail en
1
littérature orale doit tenir compte des deux mondes différents
1

t
i
232
!
qui coexistent : celui qui produit la matière et qui livre
globalement son message sans entrer dans les détails de la
production; et celui qui la recueille en tant que critique,
celui-là qui a besoin, lui, de retrouver les mécanismes de
la création et de la pensée mis en oeuvre, afin d'~tre mieux
apte à expliquer et à retransmettre. Là est toute la finalité
du problème, là également réside la deuxième raison qui nous
anime.
- Il s'agit de l'utilisation immédiate des travaux
de recherche.
Au moment oü en Côte-d'Ivoire, cadre large d'inclu-
sion du monde abbey, il est question d'enrichir les programmes
scolaires, le matériel oral mérite d'~tre convenablement
traité. Cela veut dire qu'il faut lui donner toute sa dimen-
sion originelle afin de mieux l'apprêter à l'utilisation par
la vie moderne.
1
,
J
1
1
J
1

1
1
l
1
1
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1
j
GJJIBLGJOfiRAPHIE
!
1
tj
lj.
,

2
1\\
l
- OUVRAGES THEORIQUES
===================
1
1) APPROCHES METHODOLOGIQUES DE LITTERATURES ECRITES
OU ORALES.
1
BARTHES
(R.)
-
Introduction
à
l'analyse structurale des récits
Communications, 8, 1966.
1
BREMOND
(C.)
- Le message narratif, Communications, 4, 1964.
1
t
Logique des possibles narratifs, Communications,
8,
1966.
CALAME
GRIAULE
(G.)
-
Pour une étude ethnolinguistique des l i t -
tératures orales africaines, Langages,
18,
juin
1978.
COLIN
(R.)
- Littérature d'hier et de demain, ADEC,
1967.
CRESSOT
(M.)
- Le style et ses techniques, PUF,
1974.
DERIVE
(J.)
- Collecte et traduction des littératures orales.
Un exemple negro-africain, les contes ngbaka-ma'bo
,
(RCA), Selaf, Paris.
1
DUCROT
(O.)
- Dire et ne pas dire, coll savoir, éd. Herman, Paris.
1
1
FINNEGAN
(R.)
- Oral literature in Africa, Oxford Clarendon Press,
1
l
1970.
1
~
FREUD
(S.)
- Le mot
d'esprit et ses rapports avec l'inconscient,
l
Idées-Gallimard.
1930.
GREIMAS
(A.J.) -
Sémantique structurale, Larousse 1966, Paris
- Du Sens, Paris, Seuil, 1968.
GUIRAUD
(P.) KUENTZ
(P.)
- La stylistique, Klinksieck, Paris,
1970.
HADJINICOLAOU Nicos - Histoire de l'art et lutte des classes
Seuil, Paris.
JOUSSE
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- Anthropologie du geste, Gallimard,
1974. Vol 1
Chap 1 : le rythmisme. Vol 3.
L'ARC, 72,
1978
Molino
(J.)
Sur la situation symbolique
Godelier
(M.)
: La part "idéelle"
du réel
LERVOI-GOURHAN - Le geste et la parole 1, technique et langage,
1
Albin Michel,
1964.
}
i
LEVI-STRAUSS - Anthropologie structurale, vol 1 et 2, Paris,
1
Plon,
1958,
1973~
i

3
LITTERATURE, 12, décembre 1973
Codes sociaux et codes litté-
raires.
- DUBOIS
(J.)
: Code,
texte, métatexte
~
- LEENHARDT
(J.)
: Modèles littéraires et idéologie
1
dominante
!
- Françoise GAILLARD: Code(s)
littéraire(s) et idé-
ologie.
1
LITTERATURE, 18, mai 1975
Frontières de la réthorique
\\1
- KUENTZ
(P.)
: L'enjeu des réthoriques
1
-
REY
(J.M.)
: Le doublet de la métaphore
\\
~
1
MAZALEYRAT
(J.)
,
Eléments de métrique française,
coll. U.
j,
SARTRE
(J.P.)
- Qu'est-ce que la littérature?
1
Gallimard,
1948
1
1
SENGHOR (L.S.)
- La parole chez Paul Claudel et chez les Négro-
i,
africains, NEA, Dakar,
1973
!
POETIQUE, 19,
1974
- LARIVAILLE
(P.)
: l'analyse
(morpho)
logique du
récit.
ZAHAN
(O.)
- La dialectique du verbe chez les Bambara. Mouton,
1963.
2) APPROCHES LINGUISTIQUES
BALLY
(Ch.)
- Linguistique générale et linguistique française,
Francke, Berne,
19.
BENVENISTE
(E.)
- Problèmes de linguistique générale, T 2, Paris,
Gallimard,
1974.
BOUQUIOUX
(L.)
- Enquête et description des langues à tradition
THOMAS
(J.C.)
orale, 3 vol, Paris, Selaf, 1975,
2è édition.
GUIRAUD
(P.)
- La sémantique, PUF,
1979.
HOUIS
(M.)
- Plan de description systématique des langues négro-
africaines in Afrique et langage,
7,
1è semestre
1977.
JAKOBSON
(R.)
- Essais de linguistique générale, minuit,
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LANGAGES,
1, Recherches sémantiques, Larousse,
1966, Paris.
1
- TODOROV
(T.)
: Recherches sémantiques
- APRESJAN
(J.)
: Analyse distributionnelle des signi-
1
j
fications et champs sémantiques struc-
tures.
!
LANGAGES,
18, juin 1970, L'ethnolinguistique.
f
r
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- Pottier
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: L'ethnolinguistique
(introduction).
1
1
1

4
LYONS
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MARTINET
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- Ecrits sur le signe, Seuil, Paris 1978, P. 120-141.
SAPIR
(E.)
- Le langage, payot, 1953, Paris
(dernier chapitre).
SAUSSURE
(F.)
- Cours de lingustique générale, payot, 1973.
ZADI ZAOUROU
(B.)
- Expérience africaine de la parole. Problè-
mes théoriques de l·application dé la lin-
guistique à la littératurè in Annales de
l'Uni~ersité Q'A~id3an Tl, 1974.
- L'oeil in Les Sofas, l'harmattan 19r5.
1
1
1
[
1
!
\\r
1
>,
1

5
II - OUVRAGES HISTORIQUES
====================
Il s'agit essentiellement d'études théoriques et
pratiques en littérature orale africaine.
1) OUVRAGES DE SYNTHESE
AFRIQUE ET LANGAGE,
2ê semestre 1976
- CAUVIN
(J.)
: Préalable à une recherche parémiolo-
gique.
AFRIQUE ET LANGAG~,
2ê semestre 1978
- HOUIS
(M.)
Pour une taxinomie des textes en ora-
lité.
BOWRA CECIL
(M.)
- Chant et poésie des peuples primitifs payot,
1906.
CAHIERS D'ETUDES AFRICAINES
(spécial littérature orale)
n030 1968 et n 0 45 1972.
CALAME-GRIAULE
(G.)
Essai d'étude stylistique d'un texte
dogon, JWAL,
IV 1, 1967.
ESSO BELINGA - La littérature orale africaine, les classiques
africains, Ed. St Paul 1978 Paris.
JAHN
(J.)
- Muntu, Seuil, 1958, Paris
- Manuel de littérature négro-africaine, Seuil, Paris
N'GUESSAN KOTCHY
(B.)
- La critique dans l'Afrique tradition-
MEMEL FOTE
(H.)
nelle,
in le critique africain et son
peuple comme producteur de Civilisation.
Colloque de Yaoundé Avril 1973. Ed.
présence Africaine 1977.
2) ANTHROPOLOGIE, ETHNOLOGIE
BISSILAT (J.)
- Les Zamu ou poèmes sur les noms
LAYA (D.)
C.R.D.T.O., Niamey, 1972.
CALAME GRIAULE
(G.)
- Ethnologie et Langage, la parole chez
les dogons, Gallimard,
1965 Paris.
-
in Recherche pédagogique et Culture
22,
(la langue, la parole dans l'adapta-
tion au milieu par les enfants.
GANAY
(S.)
- Les devises des dogons, Travaux et mémoires de
l
l'institut d'ethnoligie XLI,
1941 Paris.
r
SEYDOU (Chr.)
- La devise dans la Culture peule
_évocation et invocation de la personne; in
1
i
Calame Griaule
(ed), Langage et Cultures afri-
caines, Maspéro,
1977 Paris, PP. 187- 214.
1

6
NDOUTOUME
(T.N.)
- Le Mvett 2 vol, Présence Africaine 1970 et
1975.
NIANE
(D.T.)
- Soundjata ou l'épopée manGlingue,
Présence
1
l
Africaine,
1960.
1
1
DIETERLEN
(G.)
- Les Ames dogons, Travaux et Mémoire de l'ins-
1
titut d'ethnologie,
112, 1941, Paris
1
- La personne chez les Bambara, Journal de psy-
!
chologie normale et pathologique, 45,
1947
1
1
DUPlRE MARGUERITE - Peuls nomades, Paris, Travaux et mémoire
i
de l'institut d'ethnologie LXIV,
la cérémonie
d'imposition du nom i
1962
!
1
GOMILA (J.)
- Le système d'appellation dedik'in Note sur l'eth-
FERRY
(M.P.)
nographie des bedik, Journal de la société des
Africanistes, 1966.
HOLAS
(B.)
- Remarques sur la valeur sociologique du nom dans
la société traditionnelle de l'ouest africain,
Journal de la société des Africanistes.
1953
HAUENSTEIN
(A.)
- Noms accompagnés de proverbes chez les
Ovimbundu et les Humbi du sud de l'Angola,
Anthropos,
57, 1962.
HOUIS
(M.)
- Anthropologie linguistique de l'Afrique Noire,
PUF, 1971, Paris.
- Le nom individuel chez le Mossi, Dakar,
Ifan,
1963.
LE BOEUF
(J.P.)
- Le nom chez les Fali, Journal de la société
des Africanistes,
9, 1939.
PAULME
(D.)
- Les noms individuels chez les dogons.
LITSCHITZ
(D.) Mélanges ethnologiques, Ifan, Dakar.
PALOU-MARTI - Notes sur les noms et les lignages chez les
Sabré
(Dahomey-Benin), Journal de la société
des Africanistes,
1968.
i
,i
RETEL-LAWRENTIN
(A.)
- Les noms de naissance, indication de la
HORVORTH
(S.)
situation familiale et sociale en Afrique Noire,
1
Selaf, 1972.
1
1
1
AGBLEMAGNON
(N.)
- Sociologie des Sociétés orales d'Afrique
Les EVE du Sud-Togo.
1
,
MEILLASSOUX
(Cl.)
- ~thropologie économique des Gouro de
Côte d'Ivoire, Mouton,
1964
___ ~
--------l

7
REY-HULMAN
(D.)
- Signification sociale d'un rituel féminin:
Le kurubi chez les Tyokossi du Nord-Togo,
Journal de la société des Africanistes, T. xlv
TEMPELS (R.P.)
- La philosophie bantoue, Présence Africaine
1949.
THOMAS
(J.M.C.)
- Contes, proverbe, devinettes ngbaka ma'bo,
Paris Klinksieck-Selaf 1970.
DE LA VERGNE DE TRESSAN: Inventaire linguistique de l'Afrigue
occidentale française et du Togo,
Ifan,
1953,
Dakar.
DELAFOSSE
(M.)
- Vocabulaires comparatifs de plus de 60 langues
Leroux,
1904, p.
42-65

CJ'ABLE
GfJES üJ1ATIERES
1
,
1
ii
i

f
1
AVANT- PROPOS
• • • • . • • • • • • • • • • • • • • • • . • • • • • • • . • • • • . • • • . • •
p.
t

INTRODUCTION
• • • • • . • • • • . • • • . • • • • • • • • • • • • • • . . • • . • . • • • • .
p.
5
1
1
AI La matière
p.
6
t
BI Problèmes de recherche . • . . • . . . • . . . • • • . . . • • • . . p.
9
1. Les difficultés de terrain •.•......•.••. p.
10
1
2. La méthodologie . • . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . p.
13
l
CI Le plan
p.
14
p.
16
AI Le nom: un concept multiforme .•...........•. p.
17
1
!
BI Le cas particulier de l'eyi-di . . . . • . • . . . . . . . . p.
25
1. Fondements socio-culturels . • • . . . . . . . • . . . p.
25
2. Fonctionnement
p.
29
1
,
a)
L'Eyi-di entre ferrunes
. . . • . . . . . . . . . . p.
29
1
b) Quand les horrunes se mêlent de
l'Eyi-di . • . • . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . • . p.
31
3. Créations poétiques inspirées de
1
1
l'Eyi-di . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . • . • . . . . • . . . p.
47
!
,f
a) Le poème du N'dolé
p.
48
~
l
~
,
!
b)
Le clair~de-lune . . . . . . . • . . . . . . . . . . • p.
51
1
1
c)
Poème du chansonnier Assa Léonard •• p.
1
56
i
1
- Sur le contenu des textes ..•••. p.
62
1
1
1
L'Eyi-di est une poésie sans
1
1
r
~
maitres diffusée dans la masse • p.
63
- L'Eyi-di ne peut exister que
dans l'oralité
p.
64
CI Structure de la langue abbey
et système de
l'Eyi-di . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • . • • p.
68

1. Les schèmes révélateurs . . . . . . . . . • . . . . . • . • p.
73
1
f
a)
Schèmes d'énoncés verbaux .•.•••...•. p. 73
b) Schèmes d'anoncés nominaux ..••••.... p.
76
2. Des énoncés marginaux, une spécificjté
du système de l'Eyi-di
p.
78
1
a)
Tassement schématique et énoncé
t
1
révélateur • • . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . • . • p.
79
1
1
b)
Des énoncés en totale "rupture
schématique Il •••••••••••••••••••••••• p.
82
11
- De la forme dépouillée des énon-
j
cés, une manière directe pour at-
teindre les individus
p.
97
1
1
- L'Eyi-di, un acte de parole . . . . . p. 97
1
PORTEE SOCIALE DE L'EYI-DI
p.
102
==========================
1
1
1,
AI L'Eyi-di : un genre populaire .. .. .. .. .. . . . . .. . p. 104
1
l
1-
Par la nature des locuteurs . .. . .. .. . . . . . . p. 104
t
1
2.
Par l'espace et le temps d'emploi .. . . . . . . p. 105
3 . Par la non-exigence de qualités artistiques
1
1
1
particulières
p.
106
l.
4. Par la protection du genre, par la conven-
tion sociale
p.
107
1
BI Dimension critique et polémique ..............• p. 109
1. Dimension critique de l'Eyi-di . . . . . . . . . . • p.
111
- L ' égoïsme
p.
11 2
- Les rapports entre riches et pauvres. p.
114
- L'agression contre la vie humaine . . . . p.
115
- La médisance,
la calomnie et les com-
r1
1
mérages
. . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • p.
118
1

conception de la vie et des choses
..•• p.
123
- Les choses de la vie
p.
128
-
Les mots
. . • . . • . . . • . • . . . . . . . . . . . . . . • • • . p.
135
- Les torts • . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . • p. 137
La sagesse . . . . . . . • . . . . . . . • . . . . . . . • . . . • p.
138
1
j
- La pensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . p.
139
t1
-
Importance de la vie et de l'espoir .,. p.
140
1
-
La mort
.
p.
142
2. Dimension polémique de l'Eyi-di . • . . . . . . . . . p.
144
1
- Le dé fi
. p.
145
- Le mépris . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.
150
3. L'Eyi-di, un genre féminin par excellence
p.
155
1
a)
Statut de la femme dans la société
j
abbey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • p.
155
b) L'Eyi-di, diatribe contre les hommes
p.
162
1
j
c)
Bien que genre féminin,
l'Eyi-di est
.j
pratiqué par les hommes
p.
168
t
1
I. La pensée imageante
p.
179
1
AI La métaphore
p.
179
1. Les deux membres de la comparaison
11
implicite sont exprimés et ils se si-
tuent chacun dans une séquence
p.
180
1
2. Un seul membre est exprimé, l'autre
est apparent
p.
180
1
'J
3. Le Nom est constitué d'une seule méta-
phore situé dans une seule séquence
p.
183

1
4.
Le Nom,
est constitué de deux métapho-
res situées chacune dans une séquence,
avec les deux termes de la comparaison
exprimées dans chaque métaphore
p.
184
J
\\
BI La comparaison
p.
185
1
1
CI Le paradoxe ................•........•...... p. 187
1
DI L'opposition ..•.•........................•. p. 189
1.
1
1. La pertinence stylistique de l'opposi-
1
tion fait figurer au sein d'un me me Nom
deux vérités contradictoires . . • . . . . . . • p.
189
2. Le jeu stylistique consiste à opposer
1
un même verbe qui figure de part et
d'autre de la structure distique,
sous
1
la forme affirmative dans la première
séquence
(L ) et sous la forme négative
1
dans la seconde
(L )
p.
190
1
2
1
,
El Le chiasme
p.
191
j
l
1. Croisement de termes
p. 192
j,
2. Croisement de syllabes à l'intérieur
d'un meme terme
p.
193
FI Le parallélisme
p.
193
1
II. Le rythme
p.
195
AI Rythme des structures discursives
p.
197
1
1. Rythme et énonciation
p.
197
2. Combinaison des voyelles et des tons
.. p.
200
1
,
3. ~La rime
p.
210
t
BI Rythme de l'oralité •....................... p. 212
1
j

III. Le rire dans l'Eyi-di . .. . . ... . .... .. .. .. . .. p. 220
1
AI Facteurs du rire . .. ... . . . . . . .. .... . .. ... p. 220
1 • L'ironie
........................... p. 220
2. L'humour .. .. . .. . . ... .... . . . . .. ..... p. 224
1
BI La portée du rire .. .. . . . . .. . .. . ... . . . . . . p. 227
!•1, CONCLUSION GENERALE ••••••••.•••.••...•....•••...••.•• p. 229
1
BIBLIOGRAPHIE ... ..... . . ...... ........... . .... . . . . . ... p. 233
TABLE DES MATIERES
1
f
Î
1

1
!
,
1
,
îJl
J

1
Peuples de cultivateurs, les Abbey vivent en grande
en zone forestiêre, dans la région d'Aqboville au sud
t
.
Cete-d'Ivoire. Ils sont d'une maniêre générale comptés
,i-
les peuples la~aires de Cete-d'Ivoire. Dans Inventaire
linguistique de l'A.O.F. et du Togo, De Lavergne de Tressan
prêcise leur domaine :
·Appelés Bes,sma par les Agwa, Mnon par les Akyé,
Abbê par les Baulé et par eux-mêmes, ils occupent
la subdivision d'Agboville, cantons Tioffos, Abbey-vé
(Abbé du sud), Morié (Abbey-ru - Abbé du nord),
Rhos (= lourd, nombreux)
: dans la subdivision de
Tiassalê, ils occupent le canton dudit A N'dousi,
Nianvoué, Boussoukro, 'Kodimassou-Abbévé, Kanga-Nyami,
~
1
Bodo, Ahiguié : dans la subdivision de Bingerville,
le village d'Azaquié Blida: dans la subdivision de
1
Bongouanou, la pointe~sud".
La collecte de notre corpus s'est déroulée dans dif-
fêrents villages des quatre cantons d'Agboville, A savoir
Ananguié et Gbanguié dans le canton Tioffos, Loviguié 'dans le
canton Abbey-vê, Grand-Morié dans le canton Morié, Kessiguié
r et Kassiguiê dans le canton Rhos.
t
Notre souci premier pour nous être limitée â la seule
région d'Agboville a êté d'ordre linguistique.
En effet, la langue Abbey de Tiassalé, â cause de la

2
très forte influence qu'elle a subie des langues Agni et
Baoulé (car à Tiassalé vivent également d'autres peuples
t~
dont les Agni et les Baoulé) se présente comme une variance
dialectale de l'Abbey parlé à Agboville.
Si la structure syntaxique d'une manière globale
reste la même, bon nombre de mots-outils et surtout l'accent
1
présentent des différences considérables. Par ailleurs, cer-
f
tains phonêmes ont disparu de cette langue: c'est le cas de
!
Ici réalisé Rtch R qui est remplacé par ft/. D'autres n'appa-
raissent plus dans certains contextes : par exemple la laté-
1
ralel qui deyient r à l'intervocalique.
Exemple :
tolo
"sauce" en Abbey d'Agboville
...
se dit
Ira
en abbey de Tiassalé.
Disons en résumé que c'est par souci d'assurer une
transcription homogène que nous avons volontairement omis de
recueillir des textes à Tiassalé.
\\
Quant à Azasuié-Blida situé en pleine région Akyé,
à une cinquantaine de kilomètres d'AzaSuié-Awa (canton Khos)
d'oü les gens sont partis, on y parle pratiquement le même
Abbey_
Par contre, nous n'avons pas eu l'occasion de nous
rendre à Bongouanou pour y rencontrer des Abbeys qui habitent
1
cette région, le temps dont nous disposions pour notre collecte
ne nous ayant pas permis de le faire ; rnaix aux dires des gens,
.. - ..__ ..~.. _------~,-

3
on n'éprouverait aucune difficulté à comprendre l'Abbey qui
se parle là-bas, en pleine région Agni.
Cependant, notre travail tient compte des Abbeys
dans leur ensemble, car même ceux qui n'habitent pas la
région d'Agboville sont partis de là et ont emporté avec eux
les us et coutumes dudit lieu. Nous savons d'autre part qu'ils
observent le calendrier et la fête de Purification (Djidja) com-
munément connue sous le nom de Fête des Ignames.
Quant â la langue abbey elle-même, elle ne bénéficie
pas encore d'études approfondies. De Lavergne de Tressan précé-
demment cité/la classe dans le groupe Kwakwa avec les autres
langues des lagunes: l'Ebrié, l'Adjoukrou, l'Abidji, etc.
Avant lui, Westermann lui donna l'étiquette de lA, Kwa, 22.
Pour transcrire les textes de notre corpus, nous
avons pris contact avec des membres de la Société Internationale
de Linguistique (S. 1. L.) qui, depuis trois ans au moins,
travaillent sur bon nombre de langues de Côte-d'Ivoire dont
l'Abbey. Et le tableau phonologique que nous présentons est
celui qu'ils ont réussi à établir il y a deux ans.
- - - , . - -

du é&fr!;~.tt."'5~1.'!1JtO'h:tf~:~
roi
1
,
l
....,
,.
~ .
\\
1",
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./~ ~"'I-----......:l\\.\\ ).f '.~ "-~
:
1t-~
•.

4.
1
1
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1
1
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~.
\\
:.: Lo....t:liA .,,:U.,__
• Lo ...t:,.. ........ e•.·.....

1
j
4
1
1
1
r
1
1
1
j
Phonêmes
Orthographe
[
1) Voyelles orales
l
L
V
U
i
eh
oh
ou
1
l
1
e.
ê
0
0
J
1
1
ê
e
ô
,1
1
~
~
a
1
cl
1
1
1
J
1
2) Voyelles nasales
~t
...,
""
1
-
in (comme en anglais)
[
1)
U
oun
l
...,
...
in
on
é
::J
..,
an
Q
1
!
1

-----~._- ....... ,-.:<~.,..~-"'"........,_._._-~~
"'~.--~".-"-' .........~._...~_............~'~
~
...,
~'''''''~",...,.''''"_'''~,v....~....,:...,~_·_·_·-
...... ''"'
__~•.~_ _._,."'"
t
"
3) CONSONNES
=========
Bilatérales
Lab. dent.
Dent.
Palat.
Vélaires
labo vélo
sourdes
p
t
c
k
kp
OCCLUSIVES
sonores
b
d
j
9
gb
sourdes
rnp
nt
.?rn
PRENASALES
sonores
rnb
nd
ngb
NASALES
n
Yl
sourdes
rn
f
s
MEDIANES
f
sonores
v
z
j
{(
LATERALES
l
VIBRANTES
r
SEMI-VOYELLES
w
l
,
V1
,
1
L.~~~_
.. ~'. ,. ......,...,.,.,''''''''''''"'''~~",.,._~-._~'''......,~.~..,.~ __._~,.."
~..,.._-..~......~_. __.~,
. . - > ' r ' - - ~ ~ ~ " " '
"""

6
1

j
l,!
Seules quelques consonnes de ce tableau s'êcrivent diffêremment
1
~
t
,!
en orthographe.
1
J
1
l
!
!
1
Ce sont
1
t
1
l
!
1
t
~1
j = dj
= ch
1
!
1
1
,
y = gh
1
1
1
,
r = ny
1
1
1
j
= y
1
J"
f
Jnw= gm
1
j
i
l
1
1
j
)
l
1
1
1
1
1
j
1
1
,l,
iJi
1
j
1
1
~~1

1
7
L'abbey est une langue à trois tons
le ton haut
,
-
,
( y ), le ton moyen ( V ) et le ton bas (y )
mais ces tons
peuvent également se combiner par deux, rarement par trois, dans
!
la formation des syllabes. Ce qui nous donne à peu près:
!
i
'i
r
!
1
(haut-bas)
V (bas-haut)
Y (haut-moyen)
i
\\0.
.J
~
1
(bas-moyen)
(moyen-haut)
V
(moyen-bas).
CV
V
1
1
1
r
Ces différents tons, nous les avons fait figurer
'j
j
dans les textes de la première série de notre corpus, c'est-à-
1
1
dire les cent vingt et un Noms ; mais les textes de la deuxième
1
1
série qui sont les poèmes auxquels nous avons fait référence
dans nos analyses ne portent pas de marques tonales. Cela est
1
1
1y
~
1
"
dO. au fait que ces textes étant chan·tés, et faute pour nous
1
de pouvoir y distinguer la prononciation, nous avons préféré
1
1
1
les laisser sans trace de tonalité.
1,1
1
l
1
1
1
1

8
LE CLASSEMENT DES TEXTES
========================
1
Nous avonstravaillé sur un fond de 300 Noms environ,
mais nous n'en présentons que cent vingt et un. Ce sont ceux
1
i
1
fréquemment cités par nos informateurs. Pour une grande partie
j
1
de ces textes, l'ordre de présentation n'est pas gratuit.
1
1
1
En effet, les Noms 1 à 109 dits par les femmes pro-
1
gressent des objets vers les idées abstraites. Pour cela, nous
J
i
avons tenu compte des premiers termes de chaque Nom. C'est ainsi
1i
que les Noms 1 à 10 concernent les arbres, les forêts et les
lieux, les Noms I l à 14, les animaux et les oiseaux, les Noms
15 à 23, les parties du corps, et les Noms 24 à 109, des pro-
j
j
blêmes généraux.
1
Quant aux Noms 110 à 121, reuciellis auprês des
!
~
1
hommes, nous ne les avons pas classés en raison de leur nombre
t
restreint.
1
,
Nous avons adopté cette présentation pour nous per-
mettre de nous retrouver assez aisément dans les références.
1
!
!1
!
!1
t
j
1
1

N. ,
Souc.he-de-dêdê. •. (' 1
•.. ]amai4 le4 la~Me4 ne di4pa-
~ai44ent de4 yeu~ de l'o~phelin.
Lui, un homMe ? un ê~e hUMain ?
San4 pl~e ni ml~e, ni qui que c.e 40it 9
Cependant, dan6 le Village il vit, il e4t tenu pou~ ~e4pon-
4able de tout c.e qui ne va p44 1
1
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"" p'l t"l ~uru te. rc:rc. ~ d 1. \\uu
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6
0Jt ph e.lùl. la~~e.4 ne. pa4
6i.n~
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2 3 4
lui. ye.ux.
5
6
Souehe. -de. -d ê.dê.
4e.nt de.4 ye.ux de. l'o~phe.li.n.
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M~i" ri kivi
Que.l ho~~e. e.4t-i.l ?
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~~ .1r '(~ ~~ ci '(~ b1.J~; d
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f"i. \\ bu \\oH k'e \\"\\~ 'O~Q VI';
e.t pou~tant dan4 le. vi.llage. où
p' j~ k'~ y: I~
a vU
" ,\\ '
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I<\\vdpou e."::.~
tout ee. qui. 4'y pa44e.
k'd~ 1;;' ..ç~
e' u t lui. qui.-le. 6ai.t.
1
1
1

3
N.
2
A6alllblwou • ••
qu'elle ~'e~t de~~lchle
en un l.ieu en d.i~ant : "C'ut .ic.i que je veux IIl'ltablu",
Lu Aut-te~ lu.i d.i~erlt : "Pa~ quut.ion ! Tu U
a~oc.iale,
tJr..op a~oc.iale 1"
Elle peJr..~.i~te : "Ca, .il 6aut que je m'ltabl.i~~e .ic.i pouJr.. que
la 6oJr..ê.t ~o.it pJr..o~p~Jr..e".
Et lu AutJr..u : "Tu U
a~oc.iale, t-top a~oc.iale !"
Et elle: "Il 6aut pouJr..tant que je IIl'ltabl~~e .ic.i a6.in qu'elle
Ma.i~ une 6o.i~ qu'elle ~'.in~talle et ach~ve d'ltendJr..~
~e~ bJr..anche~, La pJr..elll.i~Jr..e heJr..be qu.i po.inte ~e~ 6eu.ille~, ~'apla­
t.it. La mo.indJr..e heJr..be qu.i po.inte ~e~ 6eu.ille~, ~'aplat.it, ld,
Pendant qu'elle, A6alllblwou, ~e dJr..e~~e, pu.i~~ante !
r
1
11) AJr..bu~te de~ 6oJr..ê.t~ tJr..op.icale~ d.i66u~ant une ~ub~tance
f
phytox.ique qu.i ne 6avoJr...i~e pa~ l'lpanou.i~~elllent de~ au-
1
tJr..u plantu.
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Annexe (vou 6eu.ille ~u.ivantel
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... 'f-c~ ~c3
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-4'u li 0-
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t~ompe~
[pa~~i61
6ai~e (pa~~i6)
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2
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6o~êt de~~lehe~ (pa~~i61
3
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a t~ompl la 6o~êt et 6ait qu'elle
1
~'ut deulehle.
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Lo~~que A6amblwou pa~t et qu'il
dfdl4lCle\\(.1U d P'r::l el )1 ""1. ...
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t; ~~ ~w, b~ \\i \\{ ~ji"
~e pointe quelque pa~t en di~ant
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~~ So e \\o\\l.
"e'e~t iei que je veux ~e~te~",
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il~ lle~ aut~e~l di~ent : "non tu e~
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h~ tr{.J;
bien ~op a~oeial".
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\\~ ~ 'ri;7>0
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Il dit : "non il 6aut que je ~e~te
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iei pou~ que la 6o~lt ~oit bonne".
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Ci +~~; t~ { c.4{
Il~ di~ent : "tu u
bien t~op a~oeial".
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~ ~;> sc.\\ë ~
Il dit : "a 6aut pou~tant que je
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kr~ 'YI' \\o~ izs{ ~'!o~
~e~te iei a6in qu'elle ~oit bonne".
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~j~ .,~ d";)i, 'M~ \\\\
Mai~ quand il ~'in~talle ~ aehlve
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" . . .
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ce \\'Id dbd\\d V'c..
d'ltend~e ~e~ b~anehe~,
l'he~be qui pointe ~e~ 6euille~,
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qt; V'~ ~i l('ci rt ....~ ~ {( J~
ce~~e he~be-la A'4pl4~i~ ; l'he~be
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Qh t'o ri) 0<, f:a J'
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qui poin~e AeA 6euilleA
d~~ ~ 'Ilâ kJ ~\\"o\\ ~r j~
è-:.i o~ü Mi kei 'b'; ,,,,,cf
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~~t~ 6tuLllt~. E" tout e4~, j'4~ p~~~ l4 dle~~~o", mo~, dt l4~~­
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~t~ to.bt~ toutt~ lt~ .~t""t~, 46~" qut lt ptu dt "OU~~~tu~e que
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E66eet~vt.e"t, lo~~qu'4~~~ve Reteho l4 g~4"de ~4~~O"
~lehe, A64mblwou b~u"~t e"t~l~e.e"t ~e~ 6eu~lle~, ee qu~ ~"t~~-
gU4 lu 4ut~U.
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t4"d~~ que eelle~ d'A64mblwou demeu~l~e"t ~"t4ete~, et qu~ p~o­
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VOqU4 l'~"d~g"4t~O" de~ 4u~e~ et eette que~t~o"
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tombut p4~ ?
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~'exclamè~ent : "Ah 1 il nou4 a donc ~ompl4 1"
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8
N.
3
Po~tion-de-6o~êt-malheu~ ...
la bonne 6o~êt.
1
,
Tel que tu le voiJ., tu c.~oü que c.'eJ.t tel qu'il ut.
!
.~
Maü
l'aJ.
tel qu'il Hait au"a~avant !
j
tu ne
"U vu
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1

9
\\
\\ ,
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'1
....
pd ti.-ko 'M0JWC
1 2 3
6o~êt po~t~on malheu~
1 2 3
6o~ët mauva~~e couv~e 6o~ët
1
2 3 4
bonne la vue
5
6
Po~t~on-de-6o~êt Malheu~ 1
la mauva~~e 6o~ët cache la
bo nne 6o~êt.
, .
"
" \\
q~( t€ ~'ô t~ LuÜ "3 Vi ~
aujou~d'hu~ tel que tu le vo~~
IM~ .ç. 5 k-5 ~ ~t
tu c~o~~ que c'e~t tel
qu'~l ut
que tu vo~~
....
' 1 ' -
,""\\
\\
.-
\\ Cil .,') (. Y\\1> VI
ma~~ tel qu'~l ~ta~t avant
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.ç "
, ,
d \\.vu ~
wè:
tu ne l'a~ pa~ vu.

10
N.
4
Ct gombo au~a~t pu p~odu~~e ...
... Aghêlê l'en a empêch~
Vo~~-tu, je ~u~~ venue dan~ la ma~~on d'Obodj~
-a~lleu~~ ne m'ayant pa~ ~~u~~~- me d~~ant que la, je pouva~~
Alo~~ ~uü-je venue.
Ma~~ quelque cho~e a ~~pandu je ne ~a~~ quo~ ~u~ me~
en6ant~ qu~ n'a~~~vent pa~ a ~e 6~aye~ le mo~nd~e chem~n - comme
le gombo (1) que, lo~~qu'~l e~t beau, Aghêlê (2) coupe. Aghêlê
1
le ~onge, le ~onge et le ~onge, et lo~~que vou~ euayez de le
!
i
touche~, ~l ~ompt et ne pa~v~ent plu~ a ~epou~~e~.
1
l
i
(1 )
Plante a~bu~t~ve a 6~u~t~ allong~~, come~t~ble~. Ce~ 6~u~t~
~'appellent eu~-même~ "gombo" et donnent une ~auce 6~lante.
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/
/
,
j
( 2 J Aghêlê (àfE.h 1 : InHcte de la 6amUle de~ MthoptMu, qu~
i,
~'attaque ~p~c~alement au gombo.
1
1
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11
2
3
4
d)'~\\~ ~s ~ ~~~\\'f
2 3 2
Aghêlê l'en a e~pêch~.
:S ~ri .f~ M-1~ "'d'
Vo~~-tu, je ~u~~ uenue dan~ la ~a~~on
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,.,
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obDle. re..""l
d'Obodj~
. "
,
,bo'" r~ h ""'ci' ~\\: WI~
k~ NI.1q" ~ci \\\\. ~; hf
h \\àl~ Ile' bc[ j~ ~~ ~~
en6ant~ qu~ ~~u~~~a~ent.
h~ ~: ",~k; ,"~"~!ü ~~~i
Et je ~u~~ venue. Ma~~ quelque cho~e
-~[~i~ ':)~; h \\~ k~ 't(~
a ~lpandu je ne ~a~~ quo~ ~u~ ~e~
lv~ Jl'3b~ S~ \\~
en6ant~ qu~ n'a~~~vent même pa~ 4 ~e
le , \\'"
- 1
-
C
t)C,
\\"'Or- u lu u
6~aye~ un chem~n ...
.
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.ri ~e- c::::l h.l VIC' ~
Tout comme un gombo (plantel
que
~
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1
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~{'li {) dr\\h ~ !t ~ h \\\\t~r~
(lo~~qu'~l e~t beau) Aghêlê coupe.
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1
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... '1'- " \\ ,'-
Zl le ~onge (le t~onc) le ~onge, le
,
Co
r\\. 'i. e. Y'i.. \\.
1
",
'/'-
-
"'6'1-
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~ a'\\. 'i.. M-tt +~ c.e. Ci 'z.
~onge et quand vou~ voulez le (gombo)
ri -;i la'" kr~ ~ \\cci" ~3 k
touche~ alo~~ ~l ~e ca~~e et ne pa~-
rc: KjOd ~e..' h~~; ~é. V'~ a~.f
v~ent plu~ a ~epou~~e~.
i
1

12
N.
5
Il 6'attend a la chute de
l'a~b~e pou~~i •.•.
c~aque et to~be !
le vieilla~d ici même a p~Op06 de qui nou6 düon6 qu'ayant lu
cheveux blanc6, il va mou~i~ ...
Et pou~tant, il 6e peut que ce 60it le blbl que voila,
a qui nou6 ne pen6on6 pa6, qui, le p~emie~, meu~t.
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13
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bd .k,; fb' dh~
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4
4
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MetJl (JlUIl) aIL bile poulllli. yeu x. •••
2
3
4
j UJl qu'a a allblle vi.vant c.llaque
2
3
4
tOMbe
5
Il Jl'attend a la c.hute de
l'allblle poulllli.
Mai.Jl c.'eJlt l'allblle vi.vant qui.
c.llaque et tombe 1
,
,
<.
~
( -
b
L'allblle Jlec. qui. eJlt debout la-baJl,
-t,i.. l<'rd-e' 1\\110 S'\\J 'M5" JL <a- ~
f\\ f~;' vjé' H[ h~';"i.- ':>.;'
tout c.omme Vi.eux. qui. eJlt i.c.i.
~Ie' h~ k;-...j2 oY'~ f~~ti ~- à
a pllOpOJl duquel nouJl di.JlonJl qu'i.l a
~s e bJoà'rS 0'" Ha'
leJl c.heveux. blanc.Jl et qu'i.l va moulli.ll,
~sc: cÜ~c.l.' hi; C::",,;
,
"ô sô' 'J~O'
C'eJlt peut-êtlle le blbl qui. eJlt la
1
!
et a qui. on ne penJle paJl
qui. peut, le pllemi.ell, moulli.ll.
,
r
1
!
1
1

14
N.
6
Bacallba . .•
L'oi~eau ne mange que
de beaux 6IluU~.
Quand une 6emme e~t laide, aucun homme ne
l'applloche ? N'e~t-ce-pa~ ?
Ve mime, quand un homme e~t laid, aueune 6emme
ne l'applloehe.
1

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llo~~e4u ne M4nge que de be4ux
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Jir:i ~L 0 rti Idkw; ,,~
. ,
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~l ~rè ré hd"!l.'L ~u
4ueun homme ne l'4pp~oehe n'e~t-ee
pu ?
. ~
jt kfè' "';)~ ~ ~ IdklcJ';"'~
Ve même qU4nd un homme eU ldU
i!
iir~s~ 't~~(Sikrt\\\\â~~lV~ 4ueune 6emllle ne l'4pp~oehe.
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N.
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A~b~e-du-bo~d-de-cheM~n ...
1
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jalllaü
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beau.
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S~ quelqu'un pa66e et qu'~l le vo~e, ~pa ! ~ l'en-
ta~lle. S~ l'on 6e 60ulage non loin de la, c'e6t 6u~ lui qu'on
6e to~che.
C'e6t, di6on6-le, quelqu'un qui n'a pa6 de chance.
1
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1
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!
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on dlc~lte que c'e6t lu~ qu~ en a 6ait ~age t
Toi qu~ n'a6 pe~6onne,
1
C'e6t to~ qui e6 a~b~e-du-bo~d-de~chelll~n.
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Route-bolld allblle
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Allblle-du-bolld de ehem~n .•.
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S~ quelqu'un pa~~e et qu'~l le vo~t
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kpa ! ~l l'enta~lle.
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S~ l'on ~e ~oulage non lo~n de la,
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on ~e tOllehe ~ull lu~.
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Il ~'ag~t de quelqu'un, qu~,
~J~ r1: rei i{ ..;
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d~~on~-le n'a pa~ de ehanee, et
Mr;- t J \\~ ri. \\Id ""'"i ~~
pu~~qu'~l n'e~t ll~en, tout ee qu~
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K\\vqklv4 ~ov c..ct
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~e pa~~e, tout ee que le~ gen~ 60nt
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e'e~t lu~ qu~ le 6a~t ;
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~'~l ~'ag~t de ~olleellell~e, lu~ qu~
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n'a ll~en a y VO~Il, e'e~t lu~ qu~ en
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aUlla~t u~ ~ •
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To~ qu~ n'a~ pell~onne,
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c'e~t to~ qu~ e~t Allblle du bolld de
la lloute.
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N.
8
L'habLtant de la po~te Mo~t ...
... a~~~ve le tou~ de
eelu~ du eent~e.
S~ tu Meu~~ alo~~ que tu te ~ouve~ a la po~te,
alo~~, MO~ qu~ Me t~en~ ~MMld~ateMent ap~~~ to~, je ~a~~
que e'e~t Mon tou~ de MOU~~~.
A quo~ bon jete~ out~e Me~~e de~ ~ega~d~ autou~
de MO~ ?
1

19
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o OUlU D ~ Y',:)
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,
Se ..tf a~:::t~ ~d
2
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4
2
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4
app~oehe (leI tou~ m~l~eu
L'hab~tant de la po~te mo~t ...
a~~~ve le tou~ de eel~ du eent~e.
,
.
/11~ t')' k ~ p~ .;et~\\()~ ~~ :; ~'
S~ e' ut lou que tu te t~ouvaü
~.; 5 .tà r.:i à "'~ k)O; WI~ y\\~'
a la pMte que tu U moU, alMJ. mo~
~~ ~d' .çà ';)-i, io VI~' Yi \\; /\\MJ
qu~ demeUH tout p~~J. de to~, je J.aü
AM'lf Ji r~ Mà k.J ~r M.t~ \\-\\'i
que e' u t mon tou~ de mou~~~.
""""~' I('F d ~( r: 'odb~ ~h~
pou~quo~ Hga~de~aü - j e autou~ de
mo~ ?
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20
N.
9
011 te. juge. 1 •••
Tu ~ai~ qui e~t ton ennemi,
qu'oll !a ~lg!e, ~'i! ~e t~ouve quelqu'un qui ne m'aime pa~,
bien que ma cau~e ne ~oit pa~ mauvai~e, dl~ qu'L! a~~ive, i!
oeuv~e a met~e !e~ to~t~ de mon côtl.
N'e~t-ce pa~ !ui mon ennemi?
Mai~ celui qui m'e~time d~a aux juge~
"Pa~ ju~te !a ju~tice que vou~ avez ~indue !
- C'e~t ju~te ! Vou~ voyez bien que c'e~t ça !a vl-
~i.tl !~enchl~i~a !'aut~e qui veut !a peJtte de mon p~ocl~ ... ".
Celui-ta e~t bien ton ennemi.

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Jugeur. - pl4c. e
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où tu c. 0 nn4.ü ton ennelll..i
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où tu c.onn4..i~ ton 4111..(.
6
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On .le juge ?
tu ~4..i~ qu..i e~t ton ennelll..i,
tu ~4..i~ qu..i e~t ton 4111..i.
k'; f\\ ~~cl .(.( h1 ~
Suppo~on~ que j'4..ie une 4664..i~e ~~
ki YI: ~~ ~kd b ~'C"'
, ,
le d04 et pend4nt qu'on e~t en t~4..in
~
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:::Wü i. '(L k:'fiL 0
de l4 ~~gle~ ~'..il ~ 4 quelqu'un qu..i
Y'-k'l\\
" " \\

oQ
010 M1 a ,I\\o1Il ~ I\\~ I\\.\\.u..
ne 1II'4..illle p4~ b..ien que Illon h..i~to..i~e
0 / ' , , .
,
~~!l~ k'l>t'~ t) e.~~ bi r;' j{
ne 40..it p4~ 1114uv4..i~e d~~ qu'..il 4~~..ive
: ~ü ~\\e M-\\~ ~v( Ü"
..il 64..it tout pou~ que le~ to~t~ ~o..ient
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h~ kd \\,..; h~ \\:ï I\\M i
de Illon c.ôU
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M.\\d \\,i IA~)O; j\\<;1 k'v'...ci
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4lo~~ que Illon h..i~to..i~e n'e~t p4~
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22
n'e~t-pa~ lui mon ennemi?
Mai~ eelui qui m'e~time di~a
"La mani~~e dont vou~ av~ez jugl
n'e~t pd~ ju~te".
,
., ,
~$ë ~r~V\\~ t~ ~~,}- \\'\\~
,
Et l' au~e ~enehl~it : "C 1 u t ju~te
d~'; ~~~ b~ ~i"w~~ ~!oc.-
vou~ voyez bien que e'e~t la vl~itl ... "
e.\\: ~ù.tI5" ~~\\l.~ t"~ ,,~
Celui-ld e~t bien ton ennemi.
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1.

23
N. 10
Le ~ol e~t tend~e ?....
. .. Gallinac~ ~'~bat.
En e66et, a l'end~oit où il e~t tend~e,
il 6aut voi~ comment 60ukê / 60ukê / 60ukê / ... 6ait la poule-
qui-couve.
Mai~ la où i l e~t du~,
Elle bute ~e~ ongle~ qui n'a~~ivent pa~ a l'~g~atigne~.
Lo~~que tu e~ d'un temp~~ament calme,
ce n'e~t pa~ pen~able comme a ton ~ga~d, le~ gen~ peuvent ~e
mont~e~ violent~.
1
1

24
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Sol lui
(êt~el .ou
la, gallinac~ pouvoi~ bouge~
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aillu.
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Le ~ol e~t tend~e ?
Gallinac~ ~'~bat.
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En e66et la où il
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e~t tend~e
~ Mit YI;) V1UiL.~'-~,-
~a' w~ ~è a-;~~ r5\\<wi è. \\,;'
i l 6aut voi~ comment la poule couvant
, ,
, ,
1
~uk'"l. ~u~\\. {u\\('\\.
6ait poukl, pouqu~, pouqu~ ...
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e~i \\\\~~ <5 c\\ kt'-Kt'i \\\\:i'
Mai~ la où il e~t du~
ë. j( ë bd' r~M) 't<";16 e. -"S r~\\
elle va ~ bute~ ~e~ ongle~
' - " ,
~.,;
e ~~ l(e. ",cl wu
qui n'a~~ivent pa~ a l'~g~atigne~.
, ,
+.;- MO' ~d ~~ k~"i. ~~
Lo~~que tu e~ d'un temp~~ament
.
,
\\
/
1
+)(- ~ .... M.t~I5' \\'\\~ ri:" ~ '-':i
calme le~ gen~ ~e mont~ent violent~
a ton ~ga~d
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on ne peut le c~oi~e.
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25
N.
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mémé.
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j
S'en 6ut dan~ le~ champ~ pou~ ~e ~epaZt~e.
i1!
Il eut le co~p~ enti~~ement couveAt de momo.
1
Ain~i couve~t,
il ~evient au village.
1
.j
"Comment ~e peut-il ? Voila donc que le mémé a couve~t le co~p~
de ce pauv~e agneau qui n'a plu~ ~a m~~e en vie 1 di~-tu.
Eh bien, d~ba~~a~~on~-l'en 1"
j,
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KPO
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KPO
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KPO.
u ~ en
~ a~~a~~e~.
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60i~_que tu 6ini~ de le nettoye~, que ~on co~p~ ~edevient p~op~e
~
comme aupa~avant,
1
Voila pou~quoi il 6aut lai~~e~ le mémé empo~te~ l'a-
1
J
gneau Mphelin
1
1
On ne 6ait pa~ du bien a un agneau.
!
1
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1
Quand un homme e~t dan~ la mi~~~e,
1
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En e66et, ~i tu te di~ qu'il e~t de~ tien~,
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26
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qu'il e~t ton en6ant, qu'il e~t ta m~~e, qu'il e~t ton p~~e,
1
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et que tu mette~ tout en oeuv~e pou~ lui ven~ en aide, une 6oi~
t
HtabU, i l dU
l
1
"Cet homme, qui e~t-il, lui ?"
1
Et lo~~qu'il 6ait ~e~ dlje~tion~, il ~ po~e ton vi~age.
1
1
C'e~t pou~quoi l'on dit: "Si l'agneau o~phelin e~t
j
l
~ouve~t de m5m5, que le m5m5 le tue 1"
1
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on ne. pa~ e.nl e.v e.Jt lui mômô
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Agne.au-oJtphe.lin
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a ne. 6aut pa~ Jt e.tiJt e.Jt ~ e.~ mômô.
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Un agne.au oJtphe.lin qui n~a pa~ de. mlJte.
1
d J1lJ ·h. "'" 'ft k. l:) VI~ ~
dd~/i( krd"(~ ~bO' ~['ou
e.~t all~ e.n bJtou~~e. pouJt mange.Jt
j~~
il avait le. ~oJtp~ e.ntilJte.me.nt ~ouve.Jtt
l
M.\\l' ~)W\\.) ~{~ M1~'VVI~
,
1
1
.pi à AM-; \\.'\\4; h' ;; '\\M C
de. mômô ; tout ~ouve.Jtt de. mômô il
1
b~ ~,~ba
Jte.ntJta au village..
~~ V}~t'~ ~t.. ~i M~ ~d k'r~\\
1
"Quoi don~ ! voilà ~e. pauvJte. agne.au
~t
'D't M;- \\A.i:::; p~ ~ l~' \\M:;Y"1;
qui n'a pa~ de. mlJte. e.t dont mômô
1
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\\
1
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1O~Y'ob~ \\l\\L ~ i. ~ e. \\\\ ë\\.
a e.ntilJte.me.nt Jte.~ouve.Jtt le. ~oJtp~".
1
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,. ~ ~ ""
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"" L \\\\t. d
Bie.n, d~baJtJta~~on~-le. de. ~e.la".

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~ kpl! kr~ ~r~ ç~ v.(~i d'" Pui~ kpô 1 kpô ! kpô ! quand tu 6.i..ni~,
i
- "" ,,\\,,\\ ...... \\
~)N~ ~ 'ML ~~ \\l\\i. \\\\i. d ....~I"'t \\a.~
1
de. le. d~baJtJta~~e.Jt e.nti~Jte.me.nt de.~ mômô,
~~ be' bd 5" luèf ,~ \\~~; que. ~on ~oJtp~ tout pJtopJte. e.~t ~omme.
1
!
~"
'"
,
\\ ,
J
_
LrL k'q \\--u 11"'i. olu.ç~
avant, il ~e. Jte.dJte.~~e. e.t te. ~haJtge..
d'rift!n Y~~\\'b ~t ~fZK..
Voilà pouJtquoi quand un agne.au e.~t
1
\\; "",,;\\\\,\\;; "';: ~ ~
oJtphe.lin il 6aut lai~~e.Jt mômô le.
1
k~ (e." \\; vjc\\l'';' ~~ \\:L ~;-
tue.Jt ; on ne. doit pa~ 6aiJte. du bie.n
,,:",_
~.\\
'-.1 . . . .
,1
cr. ki VI h VI~ 'A.~ce ~ô 3
à un agne.au.
Quand un homme. e.~t dan~
i~l~ ~ ~ \\\\~ ~( ai~l':;: "'~
la mi~lJte. qu'il ~ou66Jte., lai~~e.-le.
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28
~i K'î K'~t' "'1\\: '(f
Quand tu di~ qu'il e~t de~ tien~,
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. ,
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1\\'12) ~ ~~ V1~ "'~
qu'il e~t ton en6ant, ta ml~e,
Mi st
,
ton pl~e,
MeL'
I l ' '
V (-
~"....
"
\\~ "\\A.)';) II M4l ~~ \\~ 'Ml..
que tu 6ai~ tout pou~ lui ven~ an
b.~ \\~ r.:- V\\~ \\, k;-
aide, ~'il e~t ~oulagl i l dit
ç; t;~: b..,il' 'i.~ ~L ~ 'e'.çë
"Cet homme-la qui e~t-il, lui ?"
,
,
.
\\
Co V'o
V J'- Y\\~
,
et lo~~qu'il 6aLt ~e~ dljeetion~
~ boa' ~à ~io~ c.l. r~ ~
-
il Y po~e ton vi~age.
.,
\\ . ,
~
\\
k~ V~drbh. 1\\M~~h M.\\;~~
Alo~~ on dit que ~i l'agneau o~phelin
\\
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c ~\\. ~ k'r~ ~
e~t eouve~t de mômô, qu'il (mômôl
~{o
le tue.
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Po~c-lpic qui tient a
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mange~ du manioc ...
ne tient pa~ compte de la
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d~eU du ~ol.
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1
1
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1
Quand ~lvit Rltcho (1) et que le ~ol e~t tout 6endilll,
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le manioc que doit mange~ le po~c-lpic ne manque jamai~.
1
1
Si cle~t Polo (2) qui dlve~~e ~e~ pluie~, le manioc
!
que doit mange~ te po~c-lpic ne manque jamai~.
1
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1,
1i
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1
(Il G~ande ~ai~on ~~che qui couv~e ta pl~iode allant de dlcem-
b~e a ma~~.
1
(2) Petite ~ai~on de~ pluie~ allant de ~eptemb~e a novemb~e.
1
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tui.. I/Iani..oc
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ne pa6 6avoi..~ que 60t êt~e du~
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du I/Iani..oc
1
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ne ti..ent pa6 cOlllpte de ta
1
du~et~ du ~ot.
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1'.,
1
1
Quand R~tcho 6~vi..t et que te ~ot
e~t tout 6endi..tt~, te I/Iani..oc que
jalllaü.
Si.. c'e~t poto qui.. d~ve~~e ~e~ ptui..e6,
ne I/Ianque jal/lai..~.
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1
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N.
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1
1
1
On ne ~e eonna~t pa~
1
de 6am.ille !
"MoL, aujou~d'huL,
je n'y vaL~ poLnt
1
Aujou~d'huL, je ne vaL~ pa~ aux ehamp~ 1
1
Pu du tout !
1
!
Eh bLen ... e'e~t-a-dL~e que ... j'~aL 6aL~e me~ ~emaLlle~. Je
!
n'~aL pa~ aux e~ea~got~ pou~ que toL et moL puL~~Lon~ y
li
,
alle~ !" dù -tu quand tu lu voù a~~Lve~.
1
MaL~ ~L toL, tu dL~ : "BLen. Comme tu n'y va~ pa~,
rl
je vaL~ m'oeeupe~ done a aut~e eho~e ... ",
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ToL au~~Ltôt pa~tLe,
elle~ ~'emp~e~~ent d'alle~ a la
1
j
eha~~e aux e~ea~got~.
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1
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eux ne p4~ eonn4~~e 64mille.
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2
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Pl~iode d'e~e4~got /
\\
OK ne ~e eonn4~t point de
64",Ule.
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k;' f''5 ji- kf 5 V~~ que tu le~ voi~ veni~
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fi- 1"13 ~"" l 1"16 JIJDO wi,. 1
tu di~ : "",oi 4ujou~d'hui je ne
" " ...... /'" /
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6,"l. ,..,6 J' ~T'j' wo
v4i~ p4~ la-b4~ du tout
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4ujou~d'hui je ne v4i~ p4~ 4U eh4"'p
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Jcfe- ,.,~:f ~!'.;.Jï'
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t. ,.'r,' bü ",;;!~Jlybô /"5
Voila e'e~t-a-d~e que je v4i~ 4ll~
~/t' ,.,;; Il fIl he:j'-
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1
pou~ que toi et ",oi 4llion~
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1
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Si tu di~ : "bon pui~que tu ne V4~
!
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Lilu~e 4 de~ t~4e4~ ...
. .. Eeu~euil 4 de~ ~4e4~
Ce jou~ où·tu me uoi~,
1
1
jr
,
1
Pend4nt qu'on me t~4lne deu4nt M'BASSIVJE,
Qu'on me ligote et me 6ouette.
Tu u
en l'4ix.
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M4i~ le jou~ où viend~4 ton tou~,
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Lilv~e a de~ t~aea~ ?
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Eeu~euit a de~ ~aea~.
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Aujou~d'hui où tu me voi~
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je ~ui~ ta, et que te~
1
gen~ que j'ai eu~, tou~
j
it~ ~ont mo~t~,
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-1 ~
1: / (',
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de~ mai~on~ pou~ toi
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i: ~ rtJ. nd
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",z fi Iï fif; lë fi ~(
fe' jT ~-; d~"j( 1.
te ~outM pa~ te~~e.
Pendant qu'on m'emmlne ehez Mba~~idjl
Kt.-,,:, ci mëi ;;'bdf'fc'~"ï
...
,
-J.b$
qu'on me tigote et qu'on me 6ouette,
lu '1<. !J;),,{ "., â : le' It'I ~ ~b~(è.
toi, tu e~ en paix.
è .5~ f,,- !JI n( fj j'-
t.-,j;" fje ,,0' b~ ft' f~ ,.,~ l'Ii
Mai~ te jou~ où ton tou~ viend~a
~5~ f.J' ft hi ri /[
i t ~e pou~~ait qu'it n'~ ait pe~~onne
1
b:' h[ /3 f~l,t
pou~ t'aide~ a te ~é~oud~e.
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1
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N. 75
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Ce6 yeux que nou6 po~ton6 ...
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pou~ voi.Jt...
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En e66et, 4i tu p044lde4 quelque cho4e, tu au~a4
)
l
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a l'expo4e~, tu au~a4 a en pa~e~ ta 6ille Ile jou~ de 4e4
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nocu) ...
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Inutile de veni~ nou4 6ai~e de4 de4c~iption4
1
1
pou~ nou4 le di~e.
1
j
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Vl4 que tu te mett~a4 a l'oeuv~e, que tu 6e~a4 de4
1
acte4, le monde entie~ ve~~a.
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J
L'o~eille n'a ~ien a voi.Jt.. la.
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Yeux c.eux-ld vou~ appoJ!.teJ!. • ••
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c.la-LJ!. ~eulement nou~ pouvo-LJ!. vo-LJ!.
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3
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5
Cu yeux qu-ê nou~ poJ!.ton~ .•.
nou~ lu
pOJ!.tort.~ urt.-Lquement
pouJ!. vo« •
En e66et, c.e que tu po~~~de~,
tu va~ l'expo~eJr., en paJ!.eJ!. ta 6-Llle
Ce que nou~ c.on~tateJ!.on~ tou~
Inut-Lle de ven-LJ!. vou~ le dlc.J!.-LJ!.e
pouJ!. nou~ en -Ln6oJ!.meJr..
V~~ que tu te mettJ!.a~ d l'oeuvJ!.e
le monde ent-LeJ!. veJ!.J!.a c.ela
C'e~t lOJ!.~que tu te pJ!.l~enteJ!.a~ en
publ-Lc. que nou~ veJ!.J!.on~ c.e que tu

37
N.
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L'a~ de ne pa6 vo~ . ...
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... C'e6t la pauv~etl
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Mai6 voila qu'il t'a~~ive un eoup du~,
1
il
et tu ne me VOi6 pa6 une 6eule 6oi6 de te6 yeux.
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•j
Tu ne me VOi6 pa6 du tout
"Comment done / di~a6-tu. Tel 6~~~e et moi
1
avon6 eheminl en6emble. Voila qu'avee ee qui m'e6t a~~ivl,
il ne 6'app~oehe plU6 de moi !"
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ehM (1 1•
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(Il Cette t~ade po~te 6~ tout malheu~ eonee~nant la pe~te
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d'un p~oehe.
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L'a~ de ne pa~ vo~ ?
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e'e~t la pauv~etl.
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E.
de moi..".
(di..~u-tu)
1
~"".stf' ",-6jLj~ Il.... ni1ttJ
Saehe alo~~ que e'e~t pa~ee que je
k~ d/",,)'- /5'",~ !S;;'/S/i ~ui..~ pauv~e a. tel point que je n'o~e
même pa~ t'app~oehe~.
1
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39
N. 11
Le~ yeux Ke ~OKt pa~ POi~OK 1...
... Le~ Abbey M'au~aieKt tut 1
"Elle couche avec Wawa 1...
- Elle e~t pa~ ici, chez ~e~ amaKt~ 1...
- Elle ut pa~ la, el,l ~ain de 6a~e telle cho~e J ••• "
Chaque jou~ qui pa~~e, je ~ui~ dan~ la bouche de~
6emme~ et homme~ de tout Agboville.
S'il ne ~'agi~~ait que de 6e~me~ le~ yeux
pou~ me tue~, ce ~e~ait 6ait
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yeux ne p4~ êt~e po~~on
2
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4
~~non ~l~ tue~ mo~
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2 3 4
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le~ yeux ne ~ont p4~ po~~on ! . . .

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... le~ Abbey m'4~4~ent tu~.
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Elle eouehe 4vee W4W4 !
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Cf ~ 11~I';'W"'W'" 0
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:. rriij"/ [J'ï~:lcf~ ;,,:,;
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~ n iJJe. ",ë ,c:i.
elle e~t p4~ la en ~4in de 64~e
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b~ hf["t 0-
telle eho~ e.
l1
/
/
/
, /
" 1 . ' -
/
C, n~ ~' ~ WI ~ Kà ,,'1J
Ch4que jou~ qu~ p4~~e je ~u~~
j
iJbO J,IÀ V'{~ li Vi-kt:
d4n~ l4 bouehe de~ 6emme~ et homme~
1
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d'AgbouUle.
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1~" dM ",~ Kf~ /(~ Dj;A
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le~ yeux pou~ me tue~,
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N. 18
!
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O~eilIe,
po~nt de ell 1...
. .. Je 1'4u~4~ bouelle 1
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S~ je eon4t4te que ee que ~4eontent le4 gen4
~e dlpl4tt, 4U44~tôt, k40 1 je I4 bouele
1
et Me voila t44nqu~lle.
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3
4
OJI. eiLt e c. ell e - .ta l'l'a
pu c.le6 •••
2
3
4
~il'lol'l moi bouc.le~ la
2 3 4
O~e~le, poil'lt de c.le6
je l'au~ai~ bouc.lle.
/
'le /
.Sei "",J
!pt
Si je c.ol'l~tate que
ci'/,~ /'ft,.{ yi r: hi
c.e que le~ gel'l~ ~ac.ol'ltel'lt
~-,;iy~J 14/.;~~ m~tAf
1'1 e me
pla!t pa~
wC; I<p~ kp~"" kf~
alo~~ auuitôt
I~ f<Y-b ,.,~' k6(: fJ 5
~~o ! je la bouc.le (o~eillel
mJ k1 cf ",J 6mù So(
et je ~ui~ ~al'lquille.
WJ; f'

43
N.
J 9
S~ l'o~e~lle pouva~t êt~e kpavl (JI ...
je la 6umuaü.
S~ je ne veux pa~ entend~e celu~ qu~ ~e mett~a~t
a pa~le~, je t~e~a~~ la po~te, je la 6e~me~a~~.
Lo~~, je ne l'entend~a~~
pa~, ju~qu'a ce qu'~l dlc~de de ~e
Ma~~ ce n'e~t pa~ kpavl ...
S~ quelqu'un pa~le, que ce que j'entend~
ne me plaZt pa~, et qu'a mon tou~, je ~lpl~que, alo~~ vo~la
la quuelle.
1
1
!r1
1
(JI Po~te 6a~te de planche~ de pa~a~~ol~e~
1
~.
!~

44
,
~
r:fltt ,,: 1: let ..vI ...
1
,
.,
. . . ,
-
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i
2 3 4
". ,.,~ p~ rL. ~ CfA
1
2 3 4
5
l
1
1
O~eille elle (cond~ pouvoi~
2
êtu
kpavé
1
j
3
4
l
alou moi (condel U~H lui 6e~me~.
l
1
2
3
4
5
1
:1
Si l' o~eille pouvait êt~e kpavé
••. je la 6e~me~ai~
( ... ) Celui qui ~e mett~ait a pa~le~
quelqu'un pa~le. que ce que j'entend~
ne me pla~t pa~ et que moi au~~i je
me met~ à ~éplique~ alo~~
c'e~t la que~elle.

45
N.
20
O~eitle dlcidle a alle~ au Gabon ...
ne ~e p~loccupe pa~ de
~avoi~ ~i le chemin du Gabon
ut long.
Si quelqu'un, la-ba~, dan~ la ~ue, pa~le pendant que
nou~ ~omme~ ici avec lui, ~on e~vie de que~elle l'am~ne a
po~te~ l'o~eille la-ba~.
Si la pe~~onne ~e ~ouve a l'aut~e bout du village et
qu'elle pa~le, lui, a l'o~eille la-ba~, tout le temp~. Il n'en-
tend pa~ ce que nou~ di~on~ ici." Comme il a envie d'alle~ ~e

1
l
46
j
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,SIc{ 'II 6{.j; J j:' 6~ ...
~!
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2
3 4 5
6
{tA MiJJi: ,:lbo/&h~ ; ~b(
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wo-
1 2 3
4
5 6 7
O~e~lle celui-là va alle~ ~on gabo •••
2 3 4 5 6
• •• ne pa~ ~avo~~ que gabo monte
1
2 3 4
5
e~t lo~n
6
7
O~eale déc~dée à aUe~
au Gabon
... ne ~e p~éoccupe pa~ de ~avo~~ Û
le chem~n du Gabon e~t long.
5~"( .sô ',,~!ik'- ".iJj;'l€
Là où a
e~t. ~~ quelqu'un e~t
!Ji.JI>~ ,,14' ~hi $,I'i
daM ta ~ue tà-ba~ en tuü de pMle~
'" ~~'J'"
/ . . .

L '
~;M.J~ n~ nO'"d/"j~ o~
pendant que nou~ no~ t~ouvon~ i.c~.
Ilr~"J rJ~5~~~ ,.'iJ~ comme U a envie de H que~eUe~. ~l
à /1 ~q'v W~j' Jb~ 1"
a l ' MeUle là-bu.
""
,
.. n'fi
S~ la pe~~onne ~e t~ouve à l'aut~e
1
l '
\\.1 _
~
.....
A I '
,
"~/I. mt:>. ona ".:Ut:J"~
bout du v~llage en .t~«n de pa~le~, ~l
.lp~
.,.;.Jb~ ;'/:'5 ",;; l'If ~/; li,,~ a i' MeUle tout le temp~ là.- ba~. ce
r~:;i~t:;,,~ witi~..:Jj,:
que nou~ düon~ ü~, ~l ne l'entend pa~,
- ,
oC.
,,~
maü ce qu~ ~e d~.t daM la ~ue, pa~ce
b:jl-!E.-b:'Jlf/~"''(f''''~
qu'a Il envie d'IlUe~ ~e que~eUe~, c'e~t
,~,/_
l ,
...,
....
m"it. oe n~ ~ 'je nd
ce qu'~l entend.

47
N.
2 J
C'e~t ld 6dute dU pied ...
. .. Si le ~dble ne le ~e~pecte pd~.
Si, ce jou~, p~o ! p~o ! p~o ! p~o ! je le p~end~
et le po~e ~u~ le ~ol, n'e~t-ce pd~ le ~dble (ld pou~~il~eJ
qui ~'y dlpo~e~d ?
et qu'il ~e couv~dit, pd~ de doute. le ~dble n'du~dit pu ~'y
dlpOH~ !
C'e~t le Cd~ d'une pe~~onne âgle a qui un en6dnt
mdnque de ~e~pect.
Si cette pe~~onne âgle
en ltdit une digne de ce nom,
Si elle ltdit ndntie,
L'en6dnt qui ld ve~~dit. dU~dit pou~ elle de ld con~idl~dtion.
Mdi~ elle n'd pd~ (de bien~, d'en6dnt~) ; elle n'd pd~ le
~embldble de cet en6dnt
C'e~t pou~quoi il lui mdnque de ~e~pect.

'f',....1> ' /
...
o c.e.
"
0",;;
1
2
1/ ... , ,
...
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~ "Y•.I:J Wu
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1
2
3
4
3
pied lui-même
1
2
dit ~able c.on~idlJl.e lui ~ot
1
2
3
4
3
C'ut la 6aute au pied
...
... ~i le ~able ne le ~e~pec.te pa~.
î
t
1
1
l'en6ant qui. la ve~~ait pou~~ait
avoi~ de la c.on~idé~ation po~ lui.
Mai~ elle n'a pa~ le ~emblable de c.et

49
c'e~t po~ cette ~4~~O"
qu'~l lu~ m4"que de ~e~pect.

50
1
1
1
N. 22
1
Si Phallu~ ltait tab4ti~~e...
1
1
Si le phallu~ ltait tabati~~e,
l'homme l'ayant p~i~ pou~ te ~ejoind~e, alo~~ qu'il ~e
1
!1
p~lp4~e~4it a ~ejoind~e la eolpou~e,
1
ee jou~-la, (ma eh~~e) la tabati~~e ~e~te~ait int~ouvable 1
,
Tu la ehe~ehe~ et la ehe~ehe~ ; tou~ en~emble, vou~
1
la ehe~ehez, ehe~ehe~ et la ehe~ehez, ju~qu'a ee que l'homme
r
dleide de ~'en alle~.
1
1
Alo~~ toi, tu ~e~te~ la, ~anquille
î.
1
.1
Et tu t'en ~e~~, ~t tu t'en ~e~~
!
ju~qu'a ee qu'a~~ive (a nouveau) ton tou~ et que l'homme ~evienne
1
"Vi~ done ! C'e~t iei que ~e eaehait la tabati~~e que nou~ avion~
!f
tant ehe~ehle 7"
i1
Eh oui ! e'e~t toi qui l'avai~ eaehle !
1
1
;
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orG I.J cU
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2
3
·..
Phaau.~ ê.t~e (cond~
:tabatihe •••
·.. alo~~ moi cache~ la.
1
2 3 4
Si Pallu.~ ltait tabati~~e•••
·..
La où je ~u.i~ ~i
Phall~ ltait tabati~~e,

52
N. 23
••• p~~onne d'aut~e ne le ~a~t
Faü un u6ant.
!
Lu cho~e~ auxquelle~ ~l pen~ e, tu ne peux le ~avo~
1
a plu~ 6o~te ~a~~on ~'~l ~ 1 ag,il (~~IIIplelllentl de ton 6~~~e
a plu~ 60JLte ~a~~on ~'~l ~Iag~t de ton lIIa~~ ;
a plu~ 6o~te ~a~~on ~'~l ~Iag~t de ta III~~e ;
a plu~ 6Mte ~a~~on ~'~l ~Iag~t de ton alll~.
COllllllent peux-tu ~avo~~ ce qu'~l pen~e ?
1
1
1
1
1
1
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53
1
1
!
...
.... /ce.'" I{ ,.,~ .i W;
1
2
3
4
ventlte hütoilte
2
... on ne pa~ ~avoilt ça
2 3 4
Hi~toilte du ventlte
pelt~onne d'autlte ne le ~ait.
f;,'" JD ,,{ f,)"'$~ J/, f f't
Toi tu e~, 6aü un en6ant.
1
...,
-
, le \\y.- ./
'/.5 '1~-I'" Qf>u J ~ ~
Ce a quoi .il pen~e tu ne le ~auJta~ pa~
_
/
... /
\\ ~",-
• IL lu. J/', l, /Ille. ,.,~ (., fié
~ plu~ 60Jtte Ita.<.~on paltlelt de ton 61t lit e,
?&1 '/';/1.'",., (..d c.;fJ'.&
a plu~ 60Jtte Ita.üon paltlelt de ton malti,
b:' /,-It ~
/111
lit ~ "0f.J~
a plu~ ~oltte Itai~ 0 n paltlelt de ta m~lte,
h:,/,;/1' ",: ~à ciw'ü /J~- a plu~ 60ltte Itai~on paltlelt de ton am.<.,
~ 1I[ nt ri nJ lE-Ii
et de c.e qu'il pen~ e, c.omment le
Ir;;'
J
-
M'fJ ~
~aulta~-tu ?

54
N.
24
Se 1IIa.~.i e~ •••
ut SOlL66~a.nee
ut Ra.neune
e~t 19a.lelllent Mo~t
a.va.nt d'êt~e MoqlLe~.ie.
Ca. n'a. pa.~ de ~en~,
j a.1lla.Ü •

i
55
1
1
i
,
1
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JiÎ<f; VI
...
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... 1: fia
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/, 0fÙ Itwc'" <;
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'" Ic/
"-
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ta cl r3.s~
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& ' b - /"
., f/ .'f/ / /-
:> J ;"
., ~ JO fi JO U ~ 0
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l'.;
.' / ~ fI' -
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~ ! t ,., 'V ;:> ~ , Wo
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f'.. 10'
i::t
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tl!
1
!
Galtçon épou.selt
...
f
1
2
1
e.s t .sou66ltance,
1
...
,
(.se malt.ielt)
e.s t ltancune,
1
e.st ~gatement MOltt,
1
.l1
avant d'~tlte /.4oqueltle.
l,\\
·1,
Ca n'a pa.s de .sen.s
1
1
jamaü.

N. 25
Un ma~~ e~t une bague ...
S~ je po~te une bague et que ~e ea~~e eette bague,
Je peux en aehete~ une aut~e.
Ma~~ ~~ mon b~aeelet en ~vo~~e ~e ea~~e,
~e t~ouve-t:~l quelqu'un qu~ vende de~ b~aeelet~ en ~vo~~e
pou~ que j'a~lle m'en aehete~ un aut~e ?
Se t~ouve~a~t-~l quelqu'un qu~ ta~lle de~ b~aeelet~ en ~vo~~e
pou~ que j'a~lle m'en aehete~ un au~e ?
pou~ toujou~~.
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57
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Mati u t bague
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·.. 6ILhe ut bILacelet-en-ivoilLe.
1
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Un mati e~t une bague
·..
un 6ILlILe e~t un bILace!et en ivoilLe.
·..
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1
i
!
Si je pOILte une bague et que
!
cette bague ~ e ca~~ e
i
je peu~. je peu~ alleIL acheteIL une autILe. ,1
Mai~ ~i mOn bILacelet en ivoilLe ~e ca~~e
e~t-ce qu'il ~e tILouvelLait quelqu'un qui
vende de~ bILacelet~ en ivoilLe POUIL que
1
j'aille en acheteIL ?
f
t
E~t-ce qu'il ~e tILouvelLait quelqu'un qui
f
R
taille de~ bILacelet~ en ivoilLe POUIL
1
alleIL en acheteIL ?
~
Le bILacelet en ivoilLe ~'il ~e ca~~e.
1
il tA t cau é po uIL to uj 0 uU •
,,,
1
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1

S8
N. 26
(S~) t'homme ava~t ltl

ma.(.<!l •••
<!la batte pou~ exam~ne~
J'au~a~<!l ent~'ouve~t et ent~'ouve~t <!le<!l batte<!l !
Cetu~ qu~ e<!lt beau, avec de~ coute~<!l b~en 6~xle<!l, cetu~ qu~
u t m~gnon,
C'e<!lt cetu~-ta que j'au~a~<!l a~~achl

59
...
GaJl.çon êtJte ma'<:~
...
1 2 3
aloJl.~ moi ouvJl.iJl. dent voiJl.
2
3
4
5
(Sil l'homme avait ltl Ma'<:~ •••
... j'auJl.ai~ entJl.'ouveJl.t ~a balle
J'auJl.ai~ entJl.'ouveJl.t et èntJl.'ouveJl.t
lu balle~ et e' e~t eelui qui e~t
beau avee de~ eouleuJl.~ bien 6ixle~,
bien mignon
C'e~t eelui-là (ma'<:~l que j'avai~
aJl.Jl.aehé.
Mai~ il (gaJl.çonJ n'e~t pa~ Ma'<:~.

60
N. 21
(Si) l'homme avait ltl vin de pa!me ...
je !'au~ai~ goûtl d'abo~d
Ju~qu'a ce que je t~ouve lequel e~t ~uc~l, doux
dan~ !a bouche : c'e~t celui-la que j'ach~te~ai~ pou~ !e boi~e.

6 1
J,1r.,~ Il ~'jr
~
1
2
·.. 5i ,.,S ft i 5.,} WU
2 3 4
3
5
Ga~çon êt~e v~n de pal~e •.•
2
3
·.. alo~~ moi goûte~ lui voi~
2
3
4
5
(Si) l'ho~me avait ltl
vin de pal~e
·.. Je l'a~ai~ goûtl d'abo~d,
ju~qu 1 a t~ouve~ ce qui e~t ~ uc~~,
doux d~n~ la bouche et c'e~t cela que
j'a~ai~ achet~ pou~ boi~e.

62
N. 28
L'homme d~eid~ a te ~~pudie~...
te eouv~e de te~~e
et de d~jeetion.
Tu ~ai~, ~i l'homme ne tient pa~ a te ~~pudie~,
~'il t'aime, quel que ~oit le nomb~e de te~ 6aute~, quel que
Mai~ ~'il ~'agit de eelui qui veut te ~~pudie~,
tu peux n'avoi~ ~ien 6ait (de mal)
tu peux n'avoi~ ~ien dit [de mal).
A p~opo~ d'une hi~toi~e banale ~u~ laquelle vou~
vou~ expliquez, toi et lui, il d~ela~e : »Hie~, pendant que
toi et moi ~tion~ eoueh~~, n'e~t-ee pa~ que tu a~ d~6~qu~ ?
n'e~t-ee pa~ que tu a~ u~in~ ? n'e~t-ee pa~ que ~u~ moi, tu
a~ p~t~ ?"
V~~ qu'il ~'e~t exp~im~ ain~i, le lendemain, il te
~emet le eaillou (1).
(1) Ge~te ~ymbolique pa~ lequel on ~igni6ie a la 6emme ~a
~~pudiation.
Le eaillou ~ep~~~ente le 6oye~ ~u~ lequel eui~ine toute
6emme. C'e~t le ~ymbole de la vie eonjugale.

1
63
1
1
li
·..
J
,
j
,
·.. ~ji ~/i li '!lE.' li' 1: Ir ~t"
7 2 3 4 5 6 7 8 9
1
1
ga~çon va d~vo~ce~ to~
·..
1
7
2
3
4
,
lu.i p~end te~~e et d~ject.ion
J
·..
l
2
3
4
5
lu~ met to~ co~p~
6
7
8
9
L'homme déc~d~ d te
~~pudie~
·..
·.. te couv~e de te~~e et de d~ject~on.
i~
/
/
1-- /
f.'
.... l /
'~.ft

dlfll( Jo IEn( l~ .so a-j'T'
AujoMd'hu~, la où tu e~, H.
1
1
o.".I'.jt-":j1;; ft w:nd.... l'homme n'~p~ouve pa~ l'envie de
1
."
/ k / 1'" L"/ ~ Ir" ...
j,'lcfi" 11.J
0(0
r~ nt3L"d cl d.i..vo~cH ~'avec to.i, ~.i cet homme
:ifvf-v ~ dt ~ /:,~ nJj J; t'a~me, quelque ~o~t le nomb~e de
le '"
"
.......
-)i
A
Z
WcUtW4 fOÙ
~f.:J:>
te~ 6aute~, quelque ~o~t tout ce que
If"" hi:..si
J
iifE,-": 0 r~- tu a~ 6a~t a d.iu.imule tout ça.
J~-b"./I:' -t-j,J J:j-;'c/ftJ\\ Of
Maü lO!L~qu'.il ~'ag~t de celu~
l
116-6; I,~ (d'fZ MoU
quo{. veut d~vo~ce~ d'avec to.i, tu peux
1
.......,- /f'
1
L/...-
ôl'l~ nd ~)":~
ne ~.ien 6a.i!Le du tout, tu peux même
J
;!
~Ia~ l'ùjf Jh'E frli b{
n' avo.i..!L !L.ien d~t, pou~ une hüto~!Le
\\
1
/cd la....
banale ~M laquelle vou~ vou~ expl~quez
!
1
1
,
"
.b~ ~.$ë /l.é..c.ï n ~ mi"lt to.i et lu.i, .il dU : "h~e~ pendant que
(tIF l':;"j'.F,"'SI<~""
to.i et mo.i H~on~ couch~~ je C!LOÜ bien
t
1
"
.........
.... '-""'/:\\
,....
., que tu a~_dé6équ~, que tu a~ M.in~,
1
1'0 Jf: 0 M:J1f.:)
J ro~o '" n»
j
j
j

64
1f15~~.fi>'!J/~'I
je c.lt.Oill bien que tu all "pété" llUIt.
It,. .'
ma i" •
ÎIIId'
u
lendemain il te It.emet le c.aillo
t
>
1
il

65
N.
29
Re~te dan~ la ma~~on de ton ma~~ ...
pou~ te mon~e~ ~~
ble~~ante en pa~ole.
Ma~~ to~, pou~quo~
te ~et~~e~-tu chez te~ pa~ent~ ?
Quand tu te t~ouve~ la-ba~, tu te que~elle~ avec te~ belle~­
ml~e~, tu te que~elle~ avec te~ belle~-~oeu~~, tu te que~elle~
avec tu 6~hu.
S~ tu ~e~ta~~ dan~ la ma~~on de ton ma~~, alo~~ to~
au~~~ tu pou~~a~~ te mont~e~ 6emme, te mon~e~ ~~ ble~~ante en
pa~ole comme tu le 6a~~ avec te~ belle~-ml~e~.

66
![
1
!
1
1
l
Mai~ toi, pou~quoi
1
te t~an~po~te~-tu ~hez te~ pa~ent~ ?
Quand tu y e~, te~ belle~-m~~e~ et
toi vou~ vou~ düputez : tu belle~-
~o eu~~ et toi vou~ vou~ düputez :
t u 6~hu et toi vou~ vou~ düputez.
Si tu ~e~tai~ dan~ la mai~on de
ton m~i, à ~e moment-là toi a~~i
tu pou~~ai~ te mon~e~ 6emme, te mon-
t~e~ ~i ble~~ante en pa~ole ~omme tu
le 6ai~ ave~ te~ belle~-m~~e~.

67
N. 30
Tu 4~ un 11141t,{.
S,{ tu ne Ite~te~ p4~ d4n~ ~4 1114,{~on,
c~lIIlIIent pen~e~-tu 4ppltendlte •••
Toute~ le~ h-i~to,{lte~ que 6eltont entltelt te~ belle~-lIIllte~
d4n~ le~ olte-ille~ de ton 11141t-i, COlllment pen~e~-tu le~ 4ppltendlte ?
Peut-êtlte e~t-ce d4n~ ton -intlltêt ? peut-êtlte e~t-ce contlte to,{ ?
COllllllent pen~e~-tu êtlte Iten~e-ignle ?

68
1
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;; le ':i~ ci~~
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1
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!l.e~ te toi maJli m4i~on
...
1
2
3
4
puü toi c.omp!l.end~ 4664üe
2
3
4
1
(hütoüe)
1
1
Re~tt d4n~ .t4 m4i~on
de ton l114!1.i
...
1
!
po U!I. c.omp!l.end!l.e c.e qui ~ edit.
1
1
1
Tu 4~ un m4!1.i
!t

1
Comment pen~e~-tu pouvoi!l. 4pp!l.end!l.e •••
~!
Toute~ .te~ hi~toi!l.e~ que te~ be.t.te~-m~!l.e~
1
6e!l.ont entJr.e!l. d4n~ .te~ o!l.ei.t.te~ de
to n m4!1.i
1
c.omment pen~e~-tu !e~ 4pp!l.end!l.e ?
peut-êt!l.e e~t-c.e d4n~ ton int~!l.êt,
peut-êt!l.e e~t-c.e c.ont!l.e toi,
1
1
c.omment pen~e~-tu en êt!l.e !l.en~eignée ?
1
1
!l
.

69
N.
31
SoupU e l u bananu...
(J 1
pou~ coup~ celle qu~ e~t
Quand tu a~~~ve~ et qu'~l e~t pench~,
pou~ que ~~ la banane e~t a te~me,
banan~e~ et 6eu~lle~ ~ont pench~~ de
t
~o~te que tu ne vo~e~ pa~ la banane elle-même, {quel emba~­
[
t
1
~a~ Il. Peut-êt~e ce banan~e~ n'a-t-~l pa~ donn~ ? Peut-êt~e
1
!i
ce banan~e~ a-t-~l donn~ ? Peut-êt~e la banane e~t-elle mû~e ? •••
i
!
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1
o~ vo~la que tu coupe~.
!
~
1
f
1
~ont que du 6eu~Uu. (Pa~ de bananu II
!t~
Alou
Idü-mo~1
ce ~ont ce~ 6eu~lle~ que tu va~
!
r
!
(J)
Il ~ 1 ag~t du ~~g~mu de bananeoO "lanta~n
ft c'e~t en 6a~t le banan~e~ que l'on coupe.

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c~u IIa<
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...
2
·.. If f' wii ~J'$Q:f /jï
1
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5
6
Soullve et ~oullve le~ banane~•••
1
2
pui~ toi voi~ bonne po~ eoupe~
·..
1
2
3
4
5
6
·.. po~ eoupe~ eelle qui e~t a te~~e.
Cette banane-la, lo~~que tu a~~ive~
et qu'elle e~t peneh~e, tu doi~ ~ai~i~
le~ 6euille~ et le~ leve~
a6in que ~i la banane e~t a te~me tu
Mai~ ~i banane et 6euille~ ~ont
peneh~e~ ~i bien que tu ne voi. pa~
la banane elle-même, peut-êt~e ee
bananie~ n'a-t-il pa~ donné, peut-êt~e
ee banan~e~ a-t-il donn~, peut-êt~e la
banane e~t-elle mû~e ? et voila que tu
le eoupe~.
gai~ une 6oi~ eoupée tu d~eouv~e~ que
ee ne ~ont que de~ 6euille~ de bananie~~
alo~~ e~t-ee ee~ 6euille~-là que tu
6e~a~ eui~e pou~ mange~ ?

7 1
N. 32
(C'~tl loJl.~que. ton be.au-
6Jl.lJt e. t' a.ill e. •••
• •• (que.J tu pe.ux alle.Jl. che.z
ta ~oe.uJl..
Quand ton be.au-6Jl.lJl.e. ne. t'a.ille. pa~, tu te. Jl.e.t.ie.n~
a jalla.i~ d'alle.Jt che.z lu.i.
S.i tu
e.64cUU d'y aUe.Jl. que. tu apuçoü ~a tête.,
.illllld.iate.lle.nt tu Jl.e.v.ie.n~ ~UJl. te.~ pa~.

72
~ '/6'
M~ j'
• kolo(;;
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1
2
3 4 5
... :s f~J'(trI~ n;-jrJ'lft ~"f
1
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3
4
5
6
(c.ondl
Ton beau- 61LVl.e tu-<. a.irnelL to.i •••
2
3 4 5... alolL~ to.i attelL to.i ~oeulL ma.i~on
3
4
5
6
Ic'e~tl tolL~que ton beau-6lLllLe
t'a.irne
•••
... (quel tu pen~e attelL c.hez ta ~oeulL•
Quand ton beau-6lLllLe ne t'a.ime pa~
tu te lLet.ien~ d'attelL ta-ba~ 4 jama.i~.
S.i tu e~~a.ie~ d'~ attelL, que tu
apeILç.oü ~a tê.te
.imméd.iatement tu lLev.ien~ ~ulL te~ pa~.

73
N.
33
lQue) le dia de ton p~~e ~o~t ple~n ...
avant qu'au-deho~~
tu ne te compo~te~ avec
dl~~nvoltu~e.
Etant donnl que tu ~a~~ que dan~ ~a de~eu~e, ton
p~~e ne po~~~de pa~ de dia (7) compa~able a un po~ng, ~~ tu
va~ t'exp~~me~ en publ~c et que ton adve~~a~~e dlclame, dl-
1
cl~ne ~e~ t~t~e~, que 6e~a~-tu ? ••
i
~
1
l
l
Ma~~ ~~ en ~n~pectant le dia de ton p~~e, tu vo~~
!r
qu' ~l u t ple~n, en publü,
le 1 ut au u~l que) quo~ que tu
6a~~e~, lo~~que ~e pla~gnent le~ gen~, ton p~~e alo~~ ~e
1

Uve ! ...
\\1<
!
1
1
,
f,
1
ll
(7) Somme d'a~gent nlce~~a~~e pou~ dote~ une 6emme, ma~~ au~~~,
j
une me~ u~e d 1 o~.
1
1

74
lII'ft' f~ 'i.1
...
.
1 2 3
4
5
:. Ii ffJi-fj:;':' fi ~ b$"
1
2 3 4
5
6
toi ph.e dja lu..i Itulplbt
·..
2
3
4
5
puü toi allelt (puû61 Itue
·..
2
3
4
paltlelt paltole
5
6
(Quel le Vja de ton pllte
~oit plein
·.. avant qu'au deholt~ tu ne te
c.o "'po Itt U
avec. dl~involtulte.
titlte~l que 6eltu-tu ?
Maü ~i en Itegaltdant dan~ le dja
de ton pèlte tu voü qu'il e~t plein,
en allant en public. quoique tu pa~~e~
to It~ que le~ gen~ ~e plaindltont ton
, ./
rOT'"
pllte alolt~ ~e llvelta !

75
1
1•
N. 34
Ton 6~~~e ehe~ehe 6o~tune
? ••
1
1
f
t
... ato~~ toi au~~i, ehe~ehe
6o~tune.
f:
t
Aujou~d'hui, tette que tu me voi~,
f
{
tu
j
e~oi~ que j'en ~ego~ge.
i
IO~), en ent~ant dan~ ma ehamb~e, Je peux ne ~ien y t~ouve~
\\
pou~ que te jou~ je ~e~ai mo~te, gi~ant ta,
a ptu~ 6o~te ~ai~on pa~te~ de ee qui te ~eviend~a eomme h~~itage 1

76
..
,,'Sft .è ,~-
...
1 2 3
· .. Icf ·:,- f~ S~ y/È- 0
1
2 3 4
Fit he lui. c.heltc.he
1
2
3
alOlt6 toJ.. au.uJ.. c.heltc.he
·..
2
3
4
ton 61th e c. helt c. he 60lttune '1....
·.. alOlt6 toJ.. aU66J.. c.heltc.he 6olttune.
Aujoultd'hui., dan6 l'ltat où je 6ui.6
tu t'J..magJ..ne6 que j'en aJ.. pleJ..n
en entltant dan6 Ma c.haMblte je
pOultltaJ..6 ne ltJ..en tltouvelt poult que
le jouit où je 6eltaJ.. moltte, ltendue la
on puJ..66e me le mettJte 6U1l. le C.Oltp6
a plU6 60ltte ltaJ..6on paltlelt de c.e quJ..
te ltevJ..endlta c.omme hlltJ..tage.
1
,L
i
J1r
j-
I-
1

77
N.
35
Hi~toi~e de ld mdi~on pdte~nelle...
plu~ nomb~eu~e~ que
le~ 6euille~ de m'bd.
pe~~onne d'dut~e ne peut le ~dvoi~.
Ce dont vou~ pd~lez, to~ et te~ 6~~~e~,
pe~~onne d'dut~e ne peut l'dpp~end~e.
(de~ méme~ p~~e~ l,ce qu~ ~e dit ent~e vou~, ~e~te ent~e vou~.
1
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78
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2
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pVte III/liA°n a 66aLte
·..
1
2
3
beaueoup plUA IIIba 6eu.iUu.
·..
2
3
4
H.it.toÙteA de la lIIa.iA °n
pate~nelle ••••••
·.. ·.. plUA noIIIb~euAel. que leA 6eu.iUu
de Mba.
Ce qu.i Ae paAAe danA la IIIa.iAon de pl~e,
A.ut~u.i ne peut le Aavo.i~.
Ce dont tel. pl~eA et to.i
tel. lIIè~eA et to.i vouA pa~lez
pe~Aonne ne peut l'app~end~e.
Ent~e vouA qu.i êteA deA 6~l~eA
vouA qu.i êteA deA en6antA ee que

79
N.
36
avo~ un 6~l~e e~t capital.
Voila donc Rougbo dan~ la ~lgion d'Ananguil.
Si ~a ml~e, ap~l~ l'avo~ mi~ au monde
avait 6ait un ga~çon en plu~,
avait 6ait une 6ille en plu~.
la vie ~e~ait toute a lui.
1
1
(
Mai~ aujou~d'hui, le voila. Il e~t tout ~eul.
1
Ceux qu'il appelle ~e~ 6~l~e~. ~ont ceux-la même~ qui
1
l'ont jetl au 6eu ; qui ont dit qu'il n'e~t pa~ de~ leu~~.
!1
1
C'e~t cela, "Me~ci 6~l~e 1"
t!~1
1.
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1
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80
Voila que Rougbo
e~t dan~ la ~~gion d'Anangui~.
Si ~a m~~e ap~~~ l'avoi~ mi~ au monde
avait 6ait un g~çon en plu~,
avait 6ait une 6ille en plu~,
la vie ~e~ait a lui.
Mai~ aujou~d'hui,
1
la où il ~e t~ouve
il e~t tout ~eul.
1
Ceux qu'il appelle ~e~ 6~~~e~
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~ont ceux-la même~

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qui l'ont jet~ au 6eu, qui ont dit qu'il
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n'~tait pa~ de~ leu~~.
1
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C'e~t cela, me~ci 6~~~e.

8 7
N. 31
Et~e nouveau ~iehe ...
. .. Ca tou~ne le~ ifeux.
(L'a~gent), dl~ que tu eommenee~ a l'avoi~,
e'e~t eomme ~i tu avai~ at~4p~ une petite 6olie.
Qui que tu voie~, tu ne le p~end~ pa~ pou~ quelqu'un.
Etant donn~ que l'aut~e que tu voi~ la-ba~ e~t tout
pauv~e,
Ton ~tat te ~end impe~tinent
tu n'~p~ouve~ que l'envie de
l'in~ulte~.

82
a4gent avo~4 nouvellement ...
2
3
Ca tou4ne le~ ~eux
2
3
1
Et4e nouveau 4~~he ...
1
... Ca tou4ne le~ ~eux.
1
:) J\\4à kf:5f~ t à- ~:),,~ e.Sc..
1
-
"0...".
/
{\\. \\<'~vi. 1'L. e.. kci ru
C'e~t ~omme ~~ tu ava~~ att4ap~ une
!
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petüe 6oUe.
f~ M.tLrl
~-
,
- -
,
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Tu peux VO~4 n'~mpo4te qu~
~a. Wu Y'\\, Y\\\\4]q: ~u
1
1
tu ne le p4end4a~~ pa~ POU4 un Homme.
,ç~ r: b{ ~ 'té. \\~\\\\. ~C" w~
Comme l'Aut4e que tu vo~~ la-ba~
e~t tout pauv4e,
1
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ton ~tat te 4end ~mpe4t~nent
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et tu n'a~ env~e que de l'~n~ulte4.
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!,
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83
N.
38
Le ~~ehe le po~e ...
et pu~~ le pauv~e le
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po~e auu~ 11)
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1
!
J
Tout ~~ehe que tu e~, e~o~~-tu qu'ap~~~ avo~
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po~l ton p~ed, je ne dev~a~~ pa~ po~e~ mon p~ed de pauv~e ?
1
lC~o~~-tu)
1
que je dev~a~~ lv~te~ la t~aee la~~~le pa~ ton
i
püd de ~~ehe ?
1
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po~e, mo~ au~~~, mon p~ed de pauv~e
1
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11) Il ~Iag~t de~ pa~.
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84
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Le 4iehe le po~e (11
j
t
et pui~ le pauv4e le po~e au~~i.
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1- (
\\ p'
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\\
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(~ oÎ\\Jt-~ Md kf3' I\\M') \\4.). ~c..
Ka
qu'ap4è~ avoi4 po~~ ton pied je
t; c.:' AUj( idl~ Ço ré
ne dev4ai~ pa~ po~e4 mon pied de pauv4e ?
\\" \\
,
"
" -
... cl
~r. +~ ~ 'fi. I\\M a kd
que J e dev4ai~
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~J -rje" b\\~\\A(~l tG
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~vite4 la t4aee lai~~~e pa4 ton pied
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de 4iehe ?
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~d \\A.t do s.~ 'M~ t.d
que tu po~e~ ton pied moi au~~i je
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~; .~~\\~ -(Li \\\\~
po~e4ai mon pied de pauv4e.
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85
N.
39
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~ '-0 'ru e. C-:>t') Oa 0
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9
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11
Sanga Sanga Sanga
~iche lui ~on pied avec pauv~e
3
4
5
lui ~on pied avec tou~ il~ m~langent
6
-
7
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9
10
11
Sanga Sanga ~anga
du pauv~e ~e con6ondent.
f!
J
1
J~'1
.
1

86
1
j
N. 40
1
!
1
En6ant de pauv~e.,.
i
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1
1
1
,
t
J
,•
ii
ne l'aillle pa~.
1
1j
Pou~quoi ?
Son p~~e ne lui achetant pa~ de~ vêtement~ en quan-
tit~ illlpo~tante pou~ ~a toilette,
1
1
Î
pelle a lui en lui di~ant : "Revien~. Re~te. Je n'ai ~ien, je
1
i
n'ai pa~ le ~ou. Ne ~o~~ pa~.
J<ute ~~~ de IIIoi", il dit:
'f
v
,
"J'ai envie de 6ai~e de~ cho~e~ qui Ille plai~ent. Mai~ mon p~~e
t
ne m'aime pa~ du tout",
l1
1
Quand il voit ~e~ ami~, le~ un~ avec de belle~ chau~-
~u~e~, le~ aut~e~ avec un beau chapeau, d'aut~e~ enco~e avec
un beau collie~, il a66i~me que ce ~ont le~ aut~e~ qui ont de~
p~~e~ qui le~ aiment.
Et pou~tant, lui au~~i, ~on p~~e l'aime.

87
ô; w~ ~ë ~l
\\
\\
'\\
"
Pauv4e (~onl en6ant
\\
'-
ne pa~ ~aVo~4 que ~on p~4e a~me lu~
,
"l.
\\
If
S'"
1
1
En6ant de pauv4e
1
j
1
ne ~a~t pa~ que ~on p~4e l'a~me.
1j
,~
Quand ~l 4ega4de ~on p~4e ~l t40uve
.: UlÜ ~r K. \\(0';
1~ r.; k~l~
que ~on p~4e ne l'a~me pa~.
'V\\;J'
~~bu'~;i ~
PoU4quo~ ?
l'tt!.ë ~~ ri v~ ~\\~ ~b~ ,~
Comme ~on p~4e ne lu~ a~h~te pa~ de~
re: \\~ ri di.' ~-\\. ~ {"
pagne~ en quant~té POU4 ~'hab~lle4,
,
/ ' ' ' ' . ,
l\\
o I)fe Jl Bq 0 .li.
et que l04~qu'~l ~o4t ~on p~4e
Î
;., .(.W; I~ k;"w,d r
~-
le 4appelle et lu~ d~t : "v~ena ~~~,
\\
\\ \\
1 - " , . ,
M,) "a';" .li oq- ~ )' d ~C
Je n'a~ pa~ d'a4gent, ne va pa~
1
t d s~w..{ v-;: ~~
te ballade4, 4e~te p4~~ de mo~",
1
\\M6 s~ 1~~
l '
'"
' \\ -
l{ k~ M:/ ~~""'L e
~
~l d~t "j'a~ env~e de 6a~4e
1
'"'~ ~ü b~
!
\\(
le~ ~ho~e~ qu~ me pla~~ent,
ma~~
1
~~ d~~ rd \\(~\\~ "'~
mon p~4e ne m'a~me pa~ du tout".
1
t
,
\\
1 " ,
_
,
\\
\\ - .
e ~ o.'-'.7i e. \\<fL c......""'u c.. ~
Quand ~l vo~t ~e~ am~~
i~
':~è ~'b",,~~wd \\i
qu~, ave~ de belle~ ~hau~~u4e~, qu~,

1
l
~~\\~
ave~ un beau ~hapeau
!
1
\\
\\
\\
,. '\\
",
\\ ~
t1M~ ~ kt. k~ ~~, '" '"
qu~, ave~ un beau ~oll~e4,
1!

alo~~ il dit que ee ~ont le~ aut~e~
qui ont de~ p~~e~ qui le~ aiment.
et pou~tant lui au~~i ~on p~~e l'aime
1
t
1
1
1
&
i
1
,
1
i
ii'
1
t!1

89
N. 41
la pauv~etl p~que plu~
que le p~ment.
La pauv~etl, j'a~ l'~mp~e~~~on d'êt~e ~eul a la
eonna~t~e, alo~~ que nou~ ~omme~ ~nnomb~able~, nou~ qu~
~omme~ dan~ ee ea~.
La pauv~etl en e66et ne ta~~t pa~.
[
O~, lo~~qu'en mangeant, le p~ment te p~que, pou~vu
!
1
que tu a~~ête~ un ~n~tant (de mange~l,
1
(OuI, ~~ pa~ ha~a~d tu e~ un eh~queu~ de tabae, ~l te ~u66~t
1
d'en mett~e un peu dan~ la bouehe
1
1
pou~ que tu ~oi~ ~oulagl.
l1~
Ma~~ la pauv~etl, une 6o~~ que tu en e~ ~mb~bl,
[
e'e~t ju~qu'a ta mo~t.
t!
1

lj
l
1
90
1
l
1
,
'J~\\~ \\;. <.~è
2
3
pauv~et~ pique plu~ que piment
2
3
4
la pauv~et~ pique plu~ que le piment.
i1! -
~--,
,
-
\\
..;l0:)
e ~ ;: e. V\\ _ '\\11II "
Nou~ qu~ ~omme~ ~c~ en ce qui conce~ne
~dl\\~ Nt~ 1Wi-5 \\(~ ",,~ ~~~~'S
la pauv~et~ j'ai l'imp~e~~ion d'êt~e ~eul
... - , ... -
\\
') ...... '
M1e UJl.I ~ e.~e. M\\ \\
... ~
rl~
a la connaZt~e alo~~ que nou~ qui ~omme~
~ ~(~ MA(. \\'; i~~~
dan~ le même ca~ nou~ ~omme~ innomb~able~.
i.dl~ M;Ù\\MÙ te{ "[li ~~~
La pauv~et~ en e66et ne ta~it pa~.
\\
\\
\\
1
f i '
,
\\ / v
\\
C:~ë: K';:) \\A4~,\\) ;; '\\";> te. c5~ 0 \\'\\~
Mai~ lo~~ que tu e~ ent~ain de mange~
f - ~lli i 'n~ tS \\M~ \\ël ~::
et que le piment te pique, pou~vu
,
,
b; ~ il"b.: ~r 1e'
que tu ce~~e~ un moment (de mange~),
\\ ,
'\\'
ks f~ 'Ië: Q~'-l li rb' ~q
~i pa~ ha~a~d tu e~ un chiqueu~ de tabac
L
'
\\ ' \\ 1 •
,
1
..
\\
'~I
-
O~
1
q ~ cl :Je .. \\(l./rL 'e,,.tJ ~ l
...
il te ~u66it d'en mett~e un peu dan~
1
j'Il I\\M~ i ka;" '-'''''
fi
f;>'
e
la bouche pou~ êt~e ~oulag~.
"
~
e.~~ )dl~ è: "'W McZ dt '\\4ê)'
Pa~ cont~e la pauv~et~ une 6oi~ que tu
.f.~ d( i é ~(fS\\~.f~ t":l/{"
en e~ imbib~, c'e~t ju~qu'à ta mo~t.
,
1
1
ii

9 1
N. 42
Tu e~ pauv~e ? ••
. .. Ne t'lgo~ge pa~.
Aujou~d'hu~,
je ~u~~ dan~ la pauv~etl.
Chaque jou~ qu~ pa~~e, je t~ouve de la nou~~~u~e, je mange.
S~ je n'en t~ouve pa~, je me couche. S~ je t~ouve de l'eau,
j'en pu~~e et la bo~~.
Ma~~, vo~ant que je ~u~~ pauv~e, dev~a~~-je d~~e
"Ca, non! Je ~u~~ t~op pauv~e, ~op, t~op pauv~e !
La~~~ez-mo~ alle~ me t~anche~ la go~ge et mou~~~ pou~ êt~e
~anqu~lle une 6o~~ pou~ toutu" ?
S~ tu demeu~e~ et que tu a~e~ de quo~ te nou~~~,
,
n'e~t-ce pa~ id une ~~che~~e dan~ laquelle tu ba~gne~ ?
r1
:1
'},
j
1
]
!
t;

92
Aujou~d'hui je ~ui~ dan~ la pauv~et~.
Chaque jou~ qui pa~~e je ~~ouve de la
nou~~itu~e je mange, ~i je n'en t~ouve
pa~ je me couche ; ~i je t~ouve de
l'eau je pui~e et je boi~.
Mai~ vo~ant que je ~ui~ pauv~e
1
J
dev~ai~-je di~e : "non, non,
j
1
l
je ~ui~ beaucoup t~op pauv~e
1
lai~~ez-moi alle~ m'~go~ge~ et mou~i~
a6in d'êt~e t~anquille une 6oi~ pou~
toute~" ! '
Si tu ~e~te~ la et que tu a~ de quoi
te nou~~i~, n'e~t-ce pa~ une ~iche~~e
dan~ laquelle tu baigne~ ?

93
N. 43
1
!
Hôte en p~ovenanee du
paq~ de~ mo~t~ ...
1
!
1
jamai~ ne déba~que ehez une
~eule pe~~onne.
1
!1
Si aujou~d'hui, il a déba~qué ehez moi,
1
Demain, il déba~que~a ehez toi
1
Le ~u~-lendemain,
il a~~ive~a ehez un au~e de te~ 6~~~e~.
1
Aujou~d'hui, tu app~end~ qu'un tel a pe~du quelqu'un.
Le lendemain, tu app~end~a~ que la-ba~, a Gouabo, tel aut~e a
pe~du quelqu'un ...
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ne pa6 a~~ive~ ehez une pe~6onne.
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Hôte en p~ovenanee du pa~6
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jamai6 ne d~ba~que ehez une 6eule
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pe~6onne.
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Aujou~d'hui où il a d~ba~qué ehez moi,
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~c.( bjâl' tt t~
demain il d~ba~que~a ehez toi,
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ec.t. e}1. IOJ.It te.. ~~\\
ap~è6-demain il a~~ive~a ehez un de
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le lendemain il a~~ive~a ehez un aut~e
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de te6 6~è~e6.
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Aujou~d'hui tu app~end6 que un tel
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la-ba6 un aut~e a pe~du quelqu'un.
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95
N.
44
Je m'ab4ente un in4tant ...
En ~e moment où nou4 nou4 t~ouvon4 i~i.
où tu me pa~lu.
Si je me llve (et pa~4) pendant que nou4 nou4 ent~etenon4.
tu d~u : "Maü ~ette Léonno-la ! ... Cette Léonno ... VÜ
don~ ! elle e4t in4igni6iante, ~elle-la 1... et~. et~.".
Et tu me po~te4 a nu.

96
1
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~J.'
MAd Mi,
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1
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AM ~ V'~
1
2
moi bouge~ (pa~~i6) un peu ...
2
3
2
3
Je m'ab~ente un in~tant ...
Tout de
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~uite où toi et moi nou~ t~ouvon~
+~ rd-i M~ t\\AA~ \\\\ fi\\,
~~ ~ë
meme ü-i
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r1. ...;: ":'b:i" 1IIS" r. ,,;: ~li ". ,. .. <n , ...in d< pu,.. 1d< m< pu'''' 1
~ rrt~~~'\\~ ~~ \\~ 'r":V1;;~.) pendant que nou~ pa~loM, ~i je me l~ve
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.....; K. \\e.:5"Y\\$' l'l"'ll. I:I~ ~~ ~
tu di~a~ : "mai~ c.ette Léonno là ... maù ... '
..... ,... les'hi" ~ rZ ~,,~
Llo nno. .. dù d one ceU< - ta
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eUe e~t iMigni6i4nte ! Il etc. ... etc....
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et tu me po~te~ à nu.
~~ ke( blMfi 'aq'a;' +.:
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97
N.
45
J'eltteltd~
!ce qu~ ~e d~t) ..•
. .. Ma~~ je ma~che de~~u~
n
nOn a d~t cec~ a ton ~ujet ! On a d~t cela a ton ~ujet
S~ tu v~en~ (me ~aconte~ ce~ cho~e~) je ne te con~~dé~e~a~
même pa~ ! Et ~~ tu te met~ a donne~ de~ expl~cat~on~, je
ne voud~a~ même pa~ en entend~e pa~le~, a plu~ 6o~te ~a~~on,
te demande~ de quo~ ~l ~'ag~t.
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98
1
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1
o'tU
Mo~ entend~ quand me me
1 2 3
et mo~ p~~t~ne ça
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2
3
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J'entend~ (ce qui ~e d~tl ...
f!!1f
1
[
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3 f~ c.i" \\~ ,+ti cs \\(;; c:.
Toute, on ~aconte tout autou~ que
"ou~, vo~la ce qu'on d~t (a ton aujet)"
kp~ M..t'n~ t~~~ ~t \\~ 'f\\t ë
etc, ~~ tu v~en~, je ne te con~~d~~e~a~
~~ ~q" ltM ~ ~~ 1.0 ~-t,;)- ~~
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me me pa~
wo rL" ~td \\\\ {~ 'V\\,!.
1
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et ~~ tu te met~ a t'expl~que~
li i) ~~ ~~ \\~
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je ne voud~a~ pa~ en entend~e pa~le~, a
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6o~te ~a~~on te demande~ de quoi ~l
lit I\\M,J V~-t~ \\~
~ 1 ag~t.
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99
N.
46
Je v~ux m'applique~ a
1
blen 6aüe ...
1
,
... n'e~t pa~ toujou~~ bien 6ai~e.
f
Faü tout;
1
Tue ton pl~~ et ta ml~e,
1
066~~-le~ a mange~a lton- homme)
1
!
066~e-le~ a mange~ a (ta) 6emme,
~
t
S'li ne veut pa~ de toi,
(~i elle ne veut pa~ de toi),
C'e~t peine pe~due.
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Mo~ 6a~~e pu~~ êt~e b~en ...
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... ne pa~ avo~~ b~en
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Je veux m'appl~que~ a
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1
bùn 6aüe
1
n'e~t pa~ toujou~~ b~en 6a~~e
1
Fa~~ cec~ et cela,
tue ton p~~e et ta m~~e,
donne-le~ à l'homme pou~ mange~,
donne-le~ à la 6emme pou~ mange~,
S'~l ou elle ne veut pa~ de to~,
C'e~t Z~~O.
1
1
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101

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N.
41
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1
]' ai. paJtdortnl •••
1
• •• n'a pa6 de dlpotoi.Jt.
Vl6 qu'on te demande paJtdon, tu di.6 : "Je paJtdonne.
,
)
1
Voi.ci. Iltvle61 me6 mai.n6 1" (11 aloJt6 que c'e6t dan6 ton coeuJt.
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"
!
La place de "Je paJtdonne", c' e6t dan6 le coeuJt,
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(Le gJti.~61, jamai.6 tu n'i.Jta6 le jeteJt au dlpotoi.Jt

,
1
"
1
1
!
LoJt6que le coeuJt te Jtappelle l'hi.6toi.Jte, tu t'en
1
1
6ouvi.en6 aU66i.tôt ; Itu te 6ouvi.en6 de ta JtaftcoeuJtI.
1
t1
1
III Ge6te de juJtement cen6l atte6teJt la vlJtaci.tl de ce que
l'on di.t.
------ -î---- -- --

102
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r~ ~I~ ~'-f~
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1
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Mo~ la~~~e tombe~ (aJ te~~e ...
2
3
4
ne pa~ avoi~ dépotoi~
2
J'ai pa~donné
n'a pa~ de dépotoi~.
V~~ qu'on te demande pa~don tu
di~
~je pa~donne ; voici me~ main~~,
alo~~ que c'e~t dan~ ton coeu~.
La place de ~je pa~donne~ c'e~t
le coeu~, jamai6 tu n'i~a~,
(l'hi~toi~eJ au dépotoi~ pou~ la jete~.
Lo~6que tu e6 et que le coeu~ te
~appelle cette hi6toi~e, tu t'en
~ouvien6 aU~6itôt (la ~ancoeu~J.

103
N.
48
Ce que je voi~ 1 •••
. .. ce que je ~oi~e
QU4nd je voi~ le~ en64n~~ de c~~4in~, e~ ce
qu'il~ 6on~, il~ 4pp4~4i~~en~ a me~ ~eux comme de~ pe~le~
d'o~du~e~, qu'on ~~ouve d4n~ le~ o~du~e~, e~ don~ le~ ou-
ve~~u~e~ ~on~ bouch~e~ p4~ le ~4ble.
··r---

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104
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moi voù
moi ILegaILde
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Ce que je voù
ee que je toi~e.
t144à ""e' :id ~Lr e" I.(r~ ~ ","''t(L
LolL~que je ILegaILde le~
~~~ c..i 1t. \\~ s 'av' R~[ c.i: en6ant~ de eeILtain~, et ee qu'il~
'"
la' é ~d \\; ~à d~~ ,ft[
, \\" '" ",
ci'J-h.-p\\.) I\\MA3J MC;-- \\"1:
eomme une peILle d'oILdILe qu'on tILouve
' \\ ' ' ' '
\\ ,
/
.qlq hpu ~ "1~~i ti.. ~
dan~ le~ oILduILe~ et dont le~ ouvelLtulLe~
~
J ' "
ML M4L"'l.
~ont bouehée~ paIL le ~able.
r--

105
N.
49
Pou~ ~ieK je demeu~e...
je demeu~e pou~ ~ien.
Telle que je ~ui~, je K'ai pa~ de 6~l~e,
Je K'ai pa~ de pl~e (en vie), je K'ai pa~ de ml~e (eK vie),
Je K'ai pa~ de ma~i - iKutile de pa~le~ en6aKt.
C'e~t moi, toute ~eule que tu voi~.

106
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" . J '
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~~ t'\\L. Mt~ ~~ Mt ~ 00 ~')~ 4
Tette que je ~ui~, je n'ai pa~ de 6~~~e
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..,\\'.:::-
' y
-
I144c) '(":) le: d
Mt. 1(., Y'l5 ~
je n'ai pa~ de p~~e, je n'ai pa~ de m~~e
\\
, - , , . ,
/\\.1Itc) y~ c..d ..,J oll~ be. h.
Je n'ai pa~ de ma~i, inutite
., -
, \\-
...'
M.,[ ~ ~ I\\M. cl V\\O) ~
de pa~te~ d'en6ant !
'(~ li' ""'~ ~~. k'r~'x'p' c.~c.e' c'e~t moi toute ~eute
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1 \\\\.t~' k,J ~.: ki
qui ~UÜ ta.
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107
N. 50
J'au~ai~ la ~a~~e•••
. .. que je vomi~ai~
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1
Si j'avai~ ~u que eette eho~e devait me donne~ la
i
1
nau~~e, je l'au~ai~ vomie ...
1
1
1
Et elle me donne la nau~~e - et quelle nau~~e !
Et pou~tant ne me monte le vomi~~ement pou~ que je la
vomi~~ e.
Et, gbougd-~-~
elle me ~e~te a la go~ge
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Mau~~e (condl elle 6ai~e moi ...
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ato~~ moi (condl vom~ jete~
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J' au~aù la nau~ ~ e
Que je vomi~aü
1
!
M1~ ~~ jë bü \\-)\\1;" b~ \\~ 'M~
Si je ~avai~ Que cette cho~e devait me
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J",-r, ~d
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1\\.\\1:) r~ V'V"L
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donne~ la nau~~e je l'au~ai~ vomie.
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~ ~è ~ ~~ \\~ I\\M~ !'~r~
et cela me donne la nau~~e et Quelle
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, t ' et ~ou~tant ne me monte la vomi~~u~e
k'\\J\\"'\\4 ~sè \\\\V~ re \\<'à Ye. Md
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... \\....
"'"
~ ..
, - ,
pou~ Que je la vomi~~e ; et cela
i
iWIa \\ I\\.(.c tl. v" ~ \\0\\'- et e. 1.< ~-
.
' \\
c4d" ~r M\\:i \\(~k'ë"')~ ~~h.
me ~e~te a la go~ge gbougnèèè.

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N. 51
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Ce qui me conce~ne ...
j,
e~t au~~i ~ucculent que
l'emballage du ~el.
V~~ qu'on e~t in6o~m~, qu'on dit qu'il ~'agit de moi,
il 6aut voi~ alo~~ que dan~ tou~ le~ ~en~, on ~'emploie a
de~ a~~angement~,
qu'on aju~te ;
que ce qui n'e~t pa~ a di~e, on le dit en plu~, on l'embellit,
Comme ~i c'e~t un emballage de ~el que l'on mangeait!

110
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6eu~lle.
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Ce qu~ me eonee~ne
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e~t au~~~ ~ueeulent que
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~
l'emballage du ~el.
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V~~ qu'on ~a~t de quo~ ~l ~'ag~t,
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~l 6aut vo~~ alo~~ que dan~ tou~
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le~ ~en~ on ~'emplo~ a de~ a~~angement~,
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qu 1 on aju~te,
1(r5 1(':- ~~ b~ \\ (
~pS ~~&1~ ~d- \\~ h"\\. :. Tl que ee qui n'e~t pa~ a d~~e on
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le d~t en plM,
qu'on l'a~~ange,
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Kf~ f'{ ~ ~ i, ~~~oci' di:" '"(V'.: Comme ~~ on ~tait en t~ain de mange~
un emballage de ~el.
1
1

171
N.
52
Je veux m'4pplique~ a bien 64i~e...
... C'e6t pu~e 6ott~e.
Tu 64i6 l'impo66ible - 46-tu le 6entiment,
O~ e'e6t pou~ ~ien que tu le 64i6.

11 2
AMa' li l~ b~ i~
2
3
4
5
Moi 6ai~e PUi6 êt~e bien ...
2
3
4
5
êt~e 60ttùe
2
.,
Je veux m'applique~ à
i
1
bien 6aüe
,
~
C'e6t pu~e 6otti6e.
1
1
Tu C~Oi6 que tu 6ai6 l'impo66ible
alo~6 que c'e6t pou~ ~ien
que tu 6ai6 tout ~a.
l
ii
1
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1
,
1
j

11 3
N.
53
...
Au moment où celle~ de mon age et moi ce 6ut
notlLe temp~,
C'e~t moi qui, la pILemi~ILe, me ~ui~ maILi~e, ~ta~ devenue
quelqu'un qui gouveILnait une mai~on.
AujoulLd'hui, voild : je ~ui~ devenue Fe~~e~
je ILe~te la
d eILnilJL e.

114
j
1
1
j
1
Ifto-i devant
1
1
2
JJ .
2
3
1
~
,
Mo-i qu-i 6u~ la p~em-i~~e.•.
;
1
l
,li
1
1
Au moment où me~ am-ie~ et mo-i
1
M]è MA; c::~w~ ~ \\~ 'M à \\'t-
Ce 6ut not~e Temp~,
~ ~ \\~ bd ~J O~- Y1~
M\\ '\\
I\\M
C'e~t mo-i qu-i la p~em-iè~e
~ â M.\\~ Y'~pi"if
\\
.,
"""cl ~ ~ vi.
--'
\\
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' " : ' -
éta-i~ devenue quelqu'un qu-i
~ Mtd Kd<:.L ~LI(l. M6"
1... ~ \\ " " /'Y
\\ \\ , .
\\
d-i~-igea-it une ma-i~on
"0
~ Jl u5 o~o \\Il) c:.
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"
-
1...
-
\\
vo-ild aujou~d'hu-i,
\\<''f'e.
oq\\Ml
~~e V\\f1. Wfe.
tvr\\ ~
- \\ '\\ \\ \\ " mo-i je ~u-i~ devenu Fe~~e
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I\\M ~ k ck.c:. QY'\\J l(':)
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kd A: i, -e.~ tl


l
715
i1j
l
N.
54
1
{
1
1
!
f
Gnllgnllchoul ..•
... Si tu ne m'llime6 p1l6, vien6 ; en~oule III
te~~e ! dlcolle III te~~e ! Vlcolle III te~~e, en~oule-la,
p~end6-la dlln6 tll mllin, empo~te-lll pou~ que je ne mll~che
pu deuu6 !
houon
houon ! houon ! je mll~che~lli !
1
rr
1
j
!
j
1
Y
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116
Gnagnachou~
vien~, en~oule, décolle la te~~e
1
décolle la te~~e en~oule-la p~end~-la
j
,
dan~ ta main et empo~te-la
j
j
a6in que je ne ma~che pa~ ~u~ elle.
r
je ma~che~ai la-de~~u~ houon
houon ! houon !

Il 7
N.
55
J'4ime l'homme ...
. .. l'homme ne m'4ime p4~.
,
Si moi, je t'4ime
j
et que toi tu ne m'4ime~ p4~,
1
"f!!1
1
1
~i tu ne m'4ime~ p4~, j'en ~ou66~e !
\\j
Si tu ne m'4ime~ p4~, moi-même, je m'4ime
J
1
1
j
1
,
1
1
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118
2
3
4
moi aime l'homme
2
3
homme ne pa~ aime~ moi
2
3
4
J'.a.ime l' HOlf!me
l'Homme ne m'aime pa~.
Si moi je t'aime
et que toi; tu ne m'aime~ pa~
je m'ab~tien~ !
Quoi de ~i g~and
au~ai~-tu a me donne~
pou~ qu'en ne m'aimant pa~
j'en ~ou66~e !
Si tu ne m'aime~ pa~
moi-même je m'aime.

119
N. 56
Si je me tai~ ain~i ...
.•• Je me tai~ pa~ pauv~et~.
Je me tai~ pa~ humilit~.
1
Je ne me tai~ pa~ pou~ tout ee que tu po~~lde~.
j
j
C'e~t pou~ ma p~op~e mai~on. Ce ~ont le~ p~obllme~
de ma mai~on, le~ p~obllme~ que j'ai qui m'obligent a me tai~e .
... Si je me tai~ ain~i,
Ce n'e~t pa~ pou~ le lot de ~iehe~~e~ que tu po~~lde~ ;
Ce n'e~t pa~ pa~ee que tu e~ t~l~ 6o~t et que tu va~ me batt~e
Je te ~ega~de, tu n'e~ pa~ une pe~~onne ! Tu n'e~ même pa~ un
animal! Je ne ~ai~ pa~ a quoi tu ~e~~emble~. C'e~t pou~quoi
tout ee que tu 6ai~ me ~emble lointain. Au~~i, me ~ui~-je tue.
Ce n'e~t pa~ du tout pa~ee que j'ai peu~ de toi

120
!
1
i!t
1
1
,
je me tai~ pa~ pauv~et~,
je me tai~ pa~ humilité,
je ne me tai~ pa~ pou~ tout
Ce que tu po~~ède~.

121
C'e~t pou~ ma p~op~e mai~on,
le~ p~obU.me~
que j'ai qui 60nt que Je me tai~.
ce n'e~t pa~ pou~ toute ta ~iche~~e
que tu po~~~de~.
ce n'e~t pa~ pa~ce que tu a~ la 6o~ce
et que tu va~ me batt~e.
Je te ~ega~de, tu n'e~ pa~ une
pe~~onne,
tu n'e~ même pa~ un animal,
Je ne ~ai~ pa~ a quoi tu ~e~~emble~
c'e~t pou~quoi tout ce que tu 6ai~
me ~emble lointain, au~~i je me ~ui~
tu.
Ce n'e~t pa~ du tout pa~ce que j'ai
peu~ de toL

122
N. 51
Alo~~ qu'aupa~avant,
~'e~t moi qui ~endai~ moulte
qui mangeai~ et en donnai~ a l'en6ant.
Que l'homme aille me ~he~~he~ pou~ lui 6ai~e tout
1
1
1
1
~ela ...
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1
Mai~ lo~~que j'a~~ive ~hez lui, voila (qu'il e~timel
1
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que je ne (~ai~l ~ien 6ai~e de tout ~ela ...
i1·
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123
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2 3 4
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MA ~ 0 ~ \\<' fd '( t...
W ~ \\'\\C)
~
7
8
9
10
i
1
Mo..i.. avant 6a..i..Jr.e
1
j
j
2
3
•,
puü ..i..l aJtJt..i..ve templl ac.tuel
,
1
2
3
4
5
%
,
i
mo..i.. ne pall enc.oJte ne pall 6a..i..Jr.e
1
1
!
5
7
8
9
10
Vanll le templl Je 6a..i..lla..i..ll •••
ma..i..ll ma..i..ntenant je ne 6a..i..ll plUli Jt..i..en.
e\\~è. t.J ~:: ~bo 'M~
AloJtll qu'aupaJtavant c.'ellt mo..i.. qu..i..
\\ 1',,,,,,, '"
~ ~J':)r:) e ct~
Jtenda..i..ll beauc.oup de lleJtv..i..c.e,
~;-- \\1\\1 ~ \\M~ ~L .d ~
mo..i.. qu..i.. éta..i..~ tJtèll c.ouJtageulle,
-
"l'"
\\'
~":) \\Mt. a
mo..i.. qu~ tJtava..i..lla..i..ll énoJtmément,
lQv "'~ r~v
M\\;: ~{bu "Mi \\~ 1-~~
qu..i.. mangea..i..ll et en donna..i..ll à l'en6ant
'."
\\ .
esi" ~{l(f' bL ~L e: hi \\M~
que l'homme a..i..lle me c.heJtc.heJt pouJt que
~~~ \\{ \\\\d ~ ~t\\~ ê: ~~ je v..i..enne lu..i.. 6a..i..Jte tout ça !
\\
p~\\~ b~ ~è 'M~ \\\\4~ \\{ \\a~
à la maüon,
vo..i..là que je ne 6a..i..~ Jt..i..en
de tout ça.

1
124
j
j
N.
58
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1
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1
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1
~':) I\\U~
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M~ ~S '.o\\~\\M ~h~ "'~
2
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Jd'~
1
'YI:)
MA~
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2
3
4
5
Mallc.he apll~ll
2
ne pall mallc.he moi beaut~ d~mallc.he
3
4
5
ne pall mallc.hell mo~ Ilic.helllle d~mallc.he
1 2 3 4 5
ne pall mallc.hell moi pauvllet~ d~mallc.he
3
4
5
V~hanc.he-toi, d~m~ne-toi
en vain !
Epallgne-moi c.ell d~ma~c.hell, oui
V~mallc.he de Ilic.he ?
V~mallc.he de pauvlle ?

125
N.
59
Tu glmi~ a edu~e de moi ?. ...
mou~i~ et mou~i~, i! ne te
~e~te~d que le~ o~ !
Si tu veux t'oeeupe~ de moi,
i! t'd~~ive~d un jou~ de tou~ne~ ~u~ toi-même
et de tombe~. Te~ dmi~ dlo~~ te ~di!!e~ont.

126
"L
'~\\
' I
,
... 5
2
3
-i":i)
noS }1~o
~'l'
1 2 3
5
6
7
8
P~end~ a cau~e de mo~
g~mü
t
i
j u~ qu'a ... a
va ~e~te~ to~ o~
4
5
6
7
8
tu _~mü à cau~e de
'? ?
mo,(,. .....
tu va~ ma-i.g~~~, tu va~ mou~~~ et
mou~~~, a
ne te ~e~te~a que .e.e~ o~.
S-i. tu t'occupe~ de mo~
-i.l t'a~~-i.ve~a un jou~ de tou~ne~ ~u~
to-i.-même et tombe~ pa~ te~~e. Te~ am-i.~
a.e.o~~ ~e mett~ont a te ~a-i..e..e.e~.

127
N.
60
d' un du:tJL e..
1
que. ~u VOi6 ld-bd6, ce. qu'il6 d~cide.~on~ de. ~e. 6di~e., que.
pOU~~d6-~U con~~e. ?
1
1!
1
1
!i
i

128
2 3 4
5
6
~ega~de-moi, 6ai~
2
3
2
3
4
6
de l'aut~e
5
Ne le 6ai~ qu'a moi
11
ne pa~ le 6ai~e a l'en6ant d'un aut~e.
!
1
11t,.' t{ ~~ \\\\~ \\::' 100 ~6' ,,;
Comme tu a~ d~cidé d' agü aü~i
tj
c::{~~~ "-'à s.ÙK'r';kr5"II;IM~SV' alo~~ moi tout Hul qui ~uü .ta,
"M~ '(3' te 2: ""'~ '(~ ~r .f
qui n'ai p,,~~onne, qui n'a pa~ de p~~e
\\
-
\\
qui n'ai
M1a
pa~ de m~~e, qui n'ai pa~ de
(~.,,~ cl ~ '(~
'f\\~1( ~
k'r"5 t~ p";r~ \\cft Vt\\~ S.~\\(r3"
donc, ~ega~de-moi tout Hul
\\~ t~ b~' la-"
et 6aü-le moL
(1 ~ ,~
-
,
J
} \\
,
-t-~ K-rcoJ Cc. ~ bC"",bl
(Maü 1 ~i tu te tou~ne~ ve~~ l'en6ant
é ~~ .,~ "::lb',-ho" ~\\~ ~~\\,,( du ~ühe que tu voü la-ba~, ce qu'a~
<.~ l\\c:' I~ {à 1\\' ~.\\.i t~ Ië:
d~cide~ont de te 6aüe, que pouMa~-tu
cont~e ?

129
N.
61
Qu~ a entendu te~ p~opo~
de eOlllmlJtag e •••
. .. va 6a~~e ta navette.
a eolpo~te~, ~l pa~~e pa~-e~, ~l pa~~e pa~-la.
Il te p~ovoque...
c'e~t eOlllllle la 6alll~lle A~~a et Illon IIIa~~ Jean.
Ille vo~ent, ~l~ Ille g~attent pa~-e~, III'~ne~tent pa~~la,
d~~ent eee~ ou eela,
~
Ju~qu'a ee que je pa~le.
1
Alo~~ ~l~ eou~ent le lu~ ~appo~te~.
1
J
1
}
1
4

130
\\
c.je' dS~j ~ ~bi
. \\
'r~~
2
3
3
entend~ comm~~age pa~ole ...
2
3
2
3
comme il a entendu le~ p~opo~
de comm~~age
i l va ~e mett~e à 6ai~e la navette.
, .".
.
~ <.)(. );:- té: V\\t..' c.1:
S' i l entend düe qu'à tel end~oit
\\.\\..
'-
' -
~c:\\~\\. :!,:)
k'r
't'l'\\) et
i l !J a ~uj et à colpMte~
ë ~{ fri :. '(~ ,bi'
Il pa~H pa~-ci, il pa~H pa~-la
~ ci' av jè ~~r~ -toi'
i l te p~ovoque pa~-cL
J<ci la" .ft ~sJ \\'i' \\=c
c e~t
1
comme le~ Aua et
MA"i c...a 3.:i lâ ~ ~~r~
mon maÜ Jean.
t1.Uà 1-;;- 3J' t; \\z ~ ~{~~ /. Si j' ai de~ hütoüe~ avec Jean
, /
\\
d~q \\à Cod w~ """~
et que le~ Aua me voient
il~ me g~attent pa~-ci,
m'incitent pa~ là,
di~ent ceci ou cela,
ju~qu'a ce que je pa~le
alo~~ il~ cou~ent le lui ~appo~te~.

737
N.
62
Qu~ e~t ~en~e~gnl ~u~ mon compte ...
1
ij
Comme je n'~ pe~~onne, tu m'a~ ~c~utle, et (comme)
~,
1
,
telle que je ~u~~, je ne ~e~~emble d ~~en ; (comme telle que
1
je ~u~~) je n'a~ pa~ a~~ez de p~~x pou~ to~,
Une 6o~~ ~en~eignl (~u~ mon compte), tu te mett~a~ d m'~n~ul-
1
1
te~.
Vl~ que je pa~~e ~c~ ou Id,
,
Tu m'aecu~e~ d'avo~~ d~t cec~ ou cela.
f
1
1
j
!
1
!

132
2
3
4
1
avoi~ app~i~ mon co~p~ a66ai~e ...
1
2
3
4 ...
(lui)
va ùtju~ie~ moi
1
l
2
3
1
qui e~t ~en~eign~ ~u~ mon
compte
1
~e mett~a a m'inju~ie~.
~
1
J
ij
j,
lMa-" 1lN\\~\\ '(~ Q( ~' wu' Via'
Comme je n'ai pe~~onne,
;r
1
1
~~ ~rtk"f( \\\\1~ ~~i"
tu m'a~ ~c~utée et (comme)
1
~~5 0 ",,( 'M~ ~~ti
de la mani~~e dont je ~ui~
1
v,, _ ...\\
1
je ne ~e~~emble a pe~~onne et (que)
!lM Q
b~ 'ft.
d
t
, '-
,
\\
N.1~ ~~ ~~ .ç~ ~b~ ~L ci""
je ne ~ui~ pa~ a~~ez bien pou~ toi
l~,
r~ b~ fci Cj'( .
i
,
.;
-
voila pou~quoi étant ~en~eigné
'"
'\\,,~
\\
IM~ d'Y"d "\\'Q Y' dl Mo{ :i""'
tu va~ m'inju~ie~.
1
1
1
t\\tA~ ab"
1

V~~ que je pa~~e pa~-ci
11j
(I~,... ~\\~L~-\\:- "
tu m'accu~e~ d'avoi~ dit ceci ou cela.
"\\'1. ""..
Y\\...
~. w '" ~"A '- Q
j
1
!
1
1
1
!

1
1
f!
1
l
1

1
133
1
1
i.
1
1
N.
63
1
!
1
t
f
j
Comp~end4 b~en d'4bo~d ...
1
1
1
1
1
4
1
,
... AV4nt d'4lle~ ~4ppo~te~.
1
1
1
!
l,
To~, V44-V tout doucement 1
1
i
,
la.
Et 4i (tu m'entend4) d~~e ton nom,
dit)
?
Si tu V44 le ~4conte~, comment veux-tu 4voi~ ~4i4on ?

134
i
;
1.
[
2
3
4
1
1
1
c.ompJr.end!> apJr.~!>
2
1
pu~!> tu va!> alleJr. d~Jr.e
2
3
4
1
1
1
CompJr.end!> b~en d'aboJr.d
avant d'alleJr. Jr.appoJr.teJr.
1
1
!
~,
1,
f~\\+G S~ Jr b~ tt
To~, va!>-~ tout douc.ement ;
!
b~ r~\\<; h,q' t; ~~ ~~
i
aJr.Jr.ête-to~, met!> b~en te!> oJr.e~lle!> la
~~\\\\\\.;~r b~ r;\\(; bd c.~
1
, , , , _ ,
1
. , . /
et !>~ je d~!> ton nom
MU. \\\\K\\\\L ~d ru t~ e.JL
,,\\... ~, ;,'
\\
a c.e moment tu peux c.ouJr.~Jr. et
q "t. ~d c..e. Wl\\.,ü ~
1
aHeJr. düe.
-t;{~\\'~
k'; -t~ L)[ 't~ ~~ ~J
Peut-êtJr.e n'a!>-tu pa!> b~en c.ompJr.~!>,
l ' l e ' ",'L'"
1'1;:-
"Te
e.
~lOU ~ 't\\ ~
!>~ tu va!> Jr.ac.onteJr. (c.ela)
c.omment veux-tu avo~Jr. le de!>!>u!> ?
é..\\~ -fcf ~ \\ou i" ~rr ';3'

t
135
f!
t
N.
64
[
1
l
Ne le 6al6 qu'a Mol ...
. .. Ne le 6al6 pa6 a un aut~e.
Ne va pa6 6a~e a quelqu'un d'aut~e ee que tu Me
Ca~ lu en6ant6 de eelul-la que tu voù 60nt "6o~ti6" : ee
tl6,
Ile6 en6ant6 deI eelul-la que tu VOl6.
Mol ?
Mol, eOMMe tu VOl6 que je n'al pa6 d'en6ant, que
je n'al pa6 de 6~l~e, que je n'al pe~6onne,
C'e6t 6u~ Mol que tu dlplole6 ta 6o~ee J •••

136
Ce que tu me 6a~~ là,
1
ne va pa~ 6ai~e de même
l
!
à quelqu'un d'aut~e !
1
1
Ca~ ~elui-ld, ~e~ en6ant~
1
j
~ont ~o~ti~, ~e ~ont de~ pe~~onnalit~~
1
!j
~elui-ld que tu vo~~.
~
!
1
O~e~ai~-tu agi~ de la ~o~te
!
1
enve~~ la m~~e d'un d~put~ ?
!
Mai~ mo~ qui ~ui~ i~~,
Ît
tu me voi~,
je n'ai pa~ d'en6ant,
1
11
1
1

737
je n'ai peJt60nne
ato~6 e'e~t ehez moi
1
(quel tu dlptoie6 ta 6o~ee
1
l
1
1
l
1
1

138
N.
65
Vi~-le-moi en 6ace ...
. .. A6in que je te ~~ponde.
Si v~aiment tu a~ du culot, pou~ ce que je t'au~ai~
6ait et qui ne t'au~ait pa~ plu, ~e~te en 6ace de moi et pa~le.
avec in~olence.
Mai~ ~i tu te met~ dan~ ton coin pou~ pa~le~, ~ui~-je
la-ba~ pou~ t'entend~e ? ••
1
1
c'e~t donc pa~ce que tu a~ peu~ (de moil que tu t'e~
mi~ dan~ ton coin pou~ pa~le~.

139
3
4
5
6
7
~e~~e moi devan~ di~
3
4
pui~ mo~ au~~i moi di~ donne~ ~oi
1 2 3 4 5 6 7
Vi~-le moi en 6aee
a6in que je ~e ~~ponde.
\\/'"
\\
d
a ra ~~ .f~ .çs"\\'~ ~ 1; ~
où ~u e~, ~i v~aimen~ ~u a~ du eulo~_
\\ '
;
\\ '
" - '-
~u /}\\, Mt~ J'a teS .c\\ !L TL
po u~ ee que j e ~ au~aü
1
6aü e~ qui ne
\\
t~ ()'rl> "~~~. ,=-1(r;- t~ ~Q\\ ~' au~aü pa~ plu - aloH ~e~~e en 6aee de
t1Mà etr~\\t ~à ~\\. td ~~ moi e~ dü-te. Si ~u me le dü,
à\\; \\\\1à ;) \\\\~
ee qui pou~~ai~ êt~e dit avee in~olenee,
. _
1
\\
1
............
~
lM)e ~a q w\\." ~ ~ Of\\!
moi auui ee que j 1 ai dan~ te eoeu~
1.. \\ ,
,
b J 1 1 \\ -.( J
""'~ ~"1> MA~
~ l'Ii. .;>
a
je ~e le düai.
,
f i " ;
\\ -
c=.~e 'Td ~l "50' c:.~ t."L
Maü ~i tu te meth dan~ ton eoin
~ -Ç-c:: ~\\ AM.~ Ylb ejoa tà-ba~ pou~ t'ex.pümH, ~uü-je là-ba~
\\~ ~d' c.~e
pou~ entend~e ?
la' rJ'è \\. .f.a\\ rje' -i f-J ~{
C' e!.>t done pMee que tu a!.> peu~ que
~~ c.~c.~ +8 f'i:. t. ~ ~~ tu t'eh dan!.> le eo'<'n pou~ pMle~.

140
N.
66
Tu c.lloya,u me le 6aille, d moi ...
C'e~t d toi-même que tu
te 6aü.
Ce que tu e~ en tllain de 6ai.lle, c.e n'e~t pa~ d moi
- que tu le 6ai~
- Quoi que tu 6a~~e~ : que tu t'oc.c.upe~ de
moi, que tu me gallde~ Ilanc.une ...
-Je m'en vai~ me pendlle", d€c.ide~-tu ?
Si tu va~ te pendlle et que tu meUlle~, tu ne m'em-
polltella~ pa~
Si tu boi~ de la "Gamaline" (1) et que tu meUIlU,
tu ne m'empolltella~ pa~.
C'e~t toi, et toi ~eut, et toi-même qui ~ella~ mollt.
Moi,
je demeullellai ~Ull telllle, c.on~ommant ma pallt de
noullllitulle, ju~qu'd c.e que je pallte d mon toull.
(1)
Plloduit c.himique d'entlletien de~ ptante~ (c.ac.aol. Toxique.

74 7
2
3
4
5
2
3
4
5
6
Tu d~~ to~ en t~a~n de 6a~~e
2
3 .
4
mo.(.
5
to~ meme to~ 6a~~e to~ meme
2 3 4 5 6
Tu e~oya~~ me te 6a~~e à mo~ 1...
... e'e~t a to~-même que tu te 6a~~.
b~ K.'-\\C: .f. \\~' é
Ce que tu e~ en t~a~n de 6a~~e la
ri I.{Mot ~ h~ ~ tè 1&' Mil." ee n'e~t pa~ a mo~ que tu le 6a~~ 1
t~ \\~ t~ b~ l~ l~\\
quo~ que tu ~a~~e~, que tu
~J'c\\ ~.ri ~ J7é
te t~aea~~e~ a mon ~ujet,
1 - ' \\
, \\ ... _
1
t).;>
C)ru~Wc. c:.. ~\\u
que tu me ga~de~ ~aneune ...
'"\\
_ . J ' "
"
/
.-
I\\4\\d r~ Jl. e. ~&JL e. rS
"je va~~ alle~ me pend~e mo~"
(d~e~de~-
tu ? 1
S~ tu va~ te pend~e et que tu meu~e~
tu ne m'empo~te~a~ pa~.
S~ tu bo~~ de ta ., gamat~ne"
et que
tu meu~e~ tu ne m'empo~te~a~ pa~.
C'e~t to~ ~eul et to~ ~eut et to~-même
qu~ ~e~a~ mo~t
quant a mo~ je ~e~te~a~ ~u~ te~~e,
mange~ ma pa~t de nou~~~tu~e ju~qu'a
ee que je pa~te mo~ au~~~.

142
N.
61
C~eu~e ta te~~e pou~ m'y met~e ...
... A6in que te ~evienne ta vie.
Mai~ ~i toi tu ne m'aime~ pa~, ato~~ tu c~eu~e~ ta
te~~e, tu vien~ au~~itôt m'att~ape~, et tu va~ m'~ mett~e toute
vivante. Et pui~, tu me couv~e~,
et tu ~etou~ne~ continue~ a
viv~e.
tu ~e~a~ bien obtig~ de me voi~ ; tu ~e~a~ bien obtig~ de pa~-
te~ avec moi
tu ~e~a~ bien obtig~, quand tu mange~a~, de me
voi~ moi au~~i me p~ocu~e~ a mange~.

1
743
't
1
l
~~ ~~I li" ",'i
1
i
\\~ .t~' ba- \\ ~ .. h5"
2
3
4
o 0
1
2
3
4
5
1
CJte.Ulle. te.JtJt e. me.tll mo-i.. • ••
1
7
2
3
4
e.t to-i.. pJte.ndJte. v-i..e. v-i.. vJte.
2
3
4
5
CJte.Ulle. la te.JtJte. pouJt m'q me.ttJt e. •••
... a6-i..n que. te. Jte.v-i..e.nne. la v-i..e..
Ma-i..ll ll-i.. to-i.. tu ne. m'a-i..me.ll pall
aullll-i..tôt m'attJtape.Jt toute. ~-i..vante., e.t
tu vall me. me.ttJte..là-de.danll ; pu-i..ll tu
me. c.ouVJte.ll
a v-i..vJte..
l'-i..nt~Jt-i..e.uJt de. la te.JtJte., tu lle.Jtall obl-i..g~
a mange.Jt.

144
1
1
IV.
68
1
1
Tu a~ ~ai~on 1...
1
1
Tu peux di~e de moi tout le
1
l.
mal que tu veux
!,i,
Aujou~d'hui, nou~ voila tou~ ici. Tu va~ a la
1
,
plantation ; a ton ~etou~, tu p~end~ une douche, tu mange~,
!
tu te couche~ en toute qui~tude et tu do~~.
1
O~ moi, qu'e~t-ce que j'app~end~ ? Qu'entend-on
dan~ le~ ~ue~ ? - Moi !
Toujou~~ moi, qui 6ai~ ceci
"Oui 1 c'ut ce qu'06oqigho a toujouu 6ait
Oui ! ce
~ont le~ en6ant~ d'06oqigho qui ont 6ait ceci ou cela 1
_ C'e~t ~u~ le~ en6ant~ d'06oqigho qu'on a mi~ la main et
qu'on empo~te la-ba~ ... ".
Alo~~, toi qui e~ la-ba~, et qui n'a~ pa~ de
p~obllme~, n'a~-tu pa~ ~ai~on de te moque~ de moi?

145

,/
/
"
1'" ,
,
Aujoulr.d'hui nou~ voila tou~ ic.i,
r~ -Il M(l. CoL h: Co """t ~ 5" e.. ~O'
, 'f'
-f
",:\\."
Co 'V)~ t;) M.\\~
2J'" Jt ~ ...i.F
toi.., tu va~ aUelr. a la plantati..on et
~L /q; Jü \\\\4t ~\\ '('l!~;'
d~~ ton Ir.etoulr. tu pJr.endlr.u une douc.he,
\\Mi fJ ~t ~ 'pb ~t fc{ ri Jr tu mangeJr.l1~, tu te c.ouc.helr.a~
~);r; ~ë;: td'c.c:t- ~\\ ci" 2
en toute qui..étude et tu dOlr.mi..Jr.a~.
..
\\
'"
" ' . ,
\\
esë d"tL
Quant
\\U~ c..Jè= esè c.~
a moi qu'e~t-c.e que j'applr.end~ ?
be' c.jt fjq-oLd ~~~ ~~
Qu'e~t-c.e qu'on entend dan~ le~ Ir.ue~ ?
,
..."
~~
"
\\
\\.\\k"f'i" V1~ bG" t"~"'L Krc. \\\\15
moi...
Toujoulr.~ moi qu~ 6ai~ c.ec.i, moi
I\\M~ \\a' ii ë ë
è
c.'e~t c.e que 060qigho a toujoulr.~
Ofo~ir~" e- 'p~ ",,{ e.,.... \\~ V1~ Oui,
6ait
è
; oui, c.e ~ont le~ en6ant~
~t'~ ~~jer{ ti 1: cl"je:'
c.ti \\~ bù ~)\\L 0-
d'060qigho qui ont 6ait c.ec.~·;
~ kr~ 6foj,";'; }~ i ~
oui, c.'e~t l'en6ant d'060yigho qu'on
~( c~ \\{ c.: ~ ~c: ~~
a ~ai~i et qu'on empolr.te là-ba~ .••
:3 -t~ ta' ~~ ~ 0- .f-jë \\t~
Alolr.~ toi.. qui.. e~ là-ba~ et qui n'a~ pa~
bd -fi j~ ~~ _crè t{-ft ~
de plr.obl~me~ n'a~-tu pa~ Ir.ai~on de te
t~ Ç[~"
moquelr. de moi ?

146
N. 69
Tu che~che~ no~~e •..
. .. On te la ~e~t.
Tu e~ la.
S~ tu ne ~a~ pa~ p~ovoque~ le~ gen~, pe~~onne ne te d~~a
quo~ que ce ~o~t.
S~ tu va~ le~ ennuqe~, même un tout pet~t peu,
C'e~t alo~~ qu'~l~ ~e 60nt entend~e.

tu e~ t~anquille, ~an~ hi~toi~e~,
1
tj
Si tu ne va~ pa~ p~ovoque~ le~ gen~
)
j
f
pe~~onne ne te di~a quoi que ce ~oit.
j
1
Mai~ ~i tu va~ p~ovoque~ le~ gen~
1
,
j
~i tu va~ le~ touche~, même un petit peu
~.
c'e~t alo~~ qu'il~ ~e 60nt entend~e.

148
1
1
N.
10
9
Tu e~ ~en~elgnl ~u~ mon compte ....
1
Sdche que mol du~~l je ~ul~
1
~en~elgné ~~ ton compte.
1
1
lf,
Ne c~ol~ pd~ que tu e~ dU cou~dnt de me~ p~obllme~
j
1
~dn~ que je ~ol~ dU cou~dnt de~ tlen~.
1
1
J
i
Tel que tu e~, je ~ul~ dU cou~dnt de tout ce que tu
1
6dl~, db~olument tout.
1
"!
Je vole. Je 6dl~ quelque dut~e cho~e. Soit. Tout celd
1
,j
1
1
e~t dU g~dnd jou~. Mdl~ tu c~ol~ peut-êt~e que j'lgno~e ce que
1
toi tu 6dl~ ? Il n'en e~t ~len. Je ~dl~ tout ce qui ~e pd~~e ;
i
db~olument tout.
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149
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1
2 3 4
5
6
7
g
9
Ne e~oi~ pa~ que tu e~ le ~eul qu~ ~o~~
au eou~ant de me~ p~obl~me~.
Comme tu e~. tout ee que tu 6a~~
a~lleu~~. ab~olument tout
j'en ~u~~ au eou~ant.
Que je vole ou que je 6a~~e aut~e
eho~e. tout eela e~t au g~and jou~. Ma~~
tu e~oi~ peut-êt~e que j'~gno~e ee que
tu 6a~~ ! ~l n'en e~t ~ien. Je ~a~~
tout ee qu~ ~e pa~~e. ab~olument tout.

150
N.
11
Tu e~ dan~ l'a~~anee ...
. .. Ma~~ ne d~~ pa~ du mal de ton am~.
Comme la v~e t'a ~ou~~, a to~,
S~ tu vo~~ que ton am~, lu~, t~a~ne a te~e,
~e eouv~e de pou~~~~~e,
v~t dan~ l'ango~~~e, ne ~a~t quo~
~e mett~e ~u~ le eo~p~,
Ne ~e~te pa~ là-ba~ à te moque~ de lu~.
- t
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-- !
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151
.... b / f$ ...... /
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h1J c.e",,, ~$>~ Wo
1
2
3
4
5
ê~e toi bien ...
2
3
... ne pa~ di~e toi ami mauvai~
2
3
4
5
Tu e~ dan~ l'ai~anee 1...
... Mai~ ne di~ pa~ du mal de ton ami.
Comme la vie t'a ~ou~i à toi,
~i tu voi~ que ton ami lui,
t~a.tne a te~~e,
~e eouv~e de pou~~iè~e,
vit dan~ l'angoi~~e,
ne ~ait quoi mett~e ~u~ le eo~p~,
alo~~ ne ~e~te pa~ la-ba~
à te moque~ de lui.
j
i
1

1
1
152
1
N. 12
1
Empl~~ la malle de ton en6ant ...
1
l
Avant de p~end~e la pa~ole en publ~~.
1
1
1
Tu ne po~~~de~ au~une malle ave~ quo~ ta 6~lle a~lle
}
~hez ~on ma~~ ;
La nu~t venue, tu va~ ~he~~he~ ta 6~lle et, pa~~ant
pa~-de~~~~e le~ ~a~e~, tu va~ l'a~~ompagne~ ~hez ~on ma~~. Et
1
1
ave~ ça, tu v~en~ te 6a~~e vo~~ dan~ la ~ue
C'e~t l'h~~to~~e du pauv~e.
1,
l
To~, tu e~ pauv~e, tu n'a~ ~~en, et quand tu ~o~~
1
1
dan~ la ~ue, tu d~~ de~ pa~ole~ ble~~ante~ ;
\\1
1
Le ~~~he que tu ~en~ont~e~, tu l'~n~ulte~.
1
t
Comme tu l'~n~ulte~, eh b~en, to~ a~~~, empl~~ la malle de ta
6~lle !
S~ tu empl~~ ~a malle et qu'ave~ ~ette malle elle ~e mont~e en
publ~~, alo~~ tu e~ une 6emme, lune 6emme) qu~ peut p~end~e la
pa~ole.
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6a~~ ton en6ant malle ...
2
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... et pu~~ to~ va~ ven~~ dan~ la ~ue
2
3
4
pou~ pa~le~ pa~ole
5
6
Empl~ la malle de ton en6ant ...
... avant de p~end~e la pa~ole en publ~c.
Tu ne po~~~de~ aucune malle pou~ que
ta 6~lle a~lle chez ~on ma~~ avec
au cou~~ de la nu~t qu~ a~~~ve tu va~
pou~ l'accompagne~ chez ~on ma~~ i et
avec ça tu v~en~ te 6a~~e vo~~ dan~
la ~ue. C'e~t l'h~~to~~e du pauv~e.
To~, tu e~ pauv~e, tu n'a~ ~~en
et quand tu va~ dan~ la ~ue
tu d~~ de~ pa~ole~ ble~~ante~,
1
le ~~che que tu ~encont~e~ tu l'~n~ulte~.
1
1
Comme tu l'~n~ulte~, to~ au~~~
empl~~ la malle de ta 6~lle i
~~ tu empl~~ ~a malle et qu'elle
~e mont~e en publ~c avec ça

754
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155
1
1
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N.
13
t!
1
Tu a~ beau te cache~ pou~ alle~..•
1
•• ; Ce que tu 6~a~ la-ba~ ~uiv~a
1
1
te~ t~ace~ au g~and jou~ et
1
viend~a te ~~p~end~e et te
1
con6ond~e.
1!
Où tu e~, ~i, ~an~ b~uit, miê ! mil ! miê ! tu pa~~
1
,
1
,
en cachette, te di~ant que pe~~onne ne ~a~a ce que tu 6e~a~
,1
.,;
la-ba~, dl~ que tu tou~ne~ le do~, le~ gen~ ~ont d€ja
in6o~m€~
!
de ce que tu a~ 6ait la-ba~.
Si aujou~d'hui, en pleine 6o~êt, tu tue~ quelqu'un,
1
pe~~onne n'e~t témoin. N'e~t-ce pa~ ?
Mai~ dl~ que tu au~a~ to~n€ le do~, et avant même que tu
On au~a d€jà
~u que tu a~ tué quelqu'un.
La Mouche au~a déjà appo~té la nouvelle.

156
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~ c1f:.dr../L e .J"" / d ert!..nl
1
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6
2
"lui",
en douceu~ "lui" p~n~t~e
2
3
4
toi "'ai~on
5
6
Tu a~ beau te cache~ pou~ alle~ ...
ee que tu 6e~a~ la-ba~ ~uiv~a te~
t~ace~ au g~and jou~ et viend~a
te ~u~p~end~e et te con6ond~e.
~au~ait, "'ai~ d~~ que tu tou~ne~ le
do~ (tu a~ 6ini), le~ gen~ en ~ont
d,.,[j' kf'~O" h~ fL
Si aujou~d'hui en pleine 6o~êt tu
TL ft ",fJ
tue~ quelqu'un, pe~~onne ne le ~ait
d.-hf
n 1 e~t-ce pa~ ?
Mai~ d~~ que tu tou~ne~ le do~ et avant
meme que tu n'a~~ive~ ici on au~a d~ja ~u
que tu a~ tué quelqu'un, la mouche au~a
d~ja appo~t~ la nouvelle.

157
N.
14
c'e~t ta p~op~e hotte .••
• ••
Q.u.i te noü.
Toi, tu te di~ que cette pe~~onne-la e~t de~ tien~.
Au~~i t'engage~-tu a lui con6ie~ te~ pen~~e~ le~ plu~ ~ec~~te~.
Mai~ d~~ qu'elle te quitte et ~e ~et~ouve la-ba~,
elle dit :"Hie~, j'ai entendu telle pe~~onne di~e ceci, di~e
cela ; di~e ceci et cela".
San~ cela, cette tie~ce pe~~onne n'au~ait jamai~ pu
devine~ ce que tu a~ dit .••

158
To~ qu~ te d~~ que eette pe~~onne la
e~t de~ t~en~ a~n~~ tu t'engage~ a
Ma~~ dl~ qu'elle te qu~tte et ~e ~et~ouve
la-ba~ elle d~t : "la vellle j'a~ entendu
dl~e et eeel et eela".
...
/ .
11,] m'T.JJ~-
San~ eela eet aut~e-la n' au~a~t
jamai~ pu dev~ne~ ee que tu a~ dit !

159
N.
15
Qui ",alLche ",ié
mii ! ...
• •• Qui maILche kou ! kou
Il ~ a celui qui, au dépaILt, ~e 6ait un nom.
Il ~e 6ait un nom, ~'enlLichit et ~'enlLichit.
Mai~ quelque temp~ aplL~~, il meulLt, ou alolL~ ~e lLuine.
PaIL contILe, tu peux êtlLe pauvlLe, ~ou66lLilL pendant
longtemp~ et au 6UIL et à me~UlLe que le temp~ avance, tu peux
acquélLilL de~ bien~.
Toi qui maILche~ mié
mié! - c'e~t-à-dilLe doucement,
tout doucement - tu e~ ~ÛIL de menelL une belle v~e.
Mai~ celui qui malLche ROU ! ROU
kou ! ROU
lLencontlLe
tIL~~ v~te la mOlLt.

160
Il Y a ~elu~ qu~, au dlpa~t, ~e 6a~t
un nom. Il ~e 6a~t un nom, ~'en~~~h~,
~'en~~~h~t ma~~ quelque~ temp~ ap~~~
~l meu~t ou alo~~ ~l ~e ~u~ne.
Pa~ ~ont~e tu pen~e ét~e pauv~e,
~ou66~~~ pendant longtemp~ et
et au 6u~ et a me~u~e que le temp~ avan~e
tu peux a~qul~~~ de~ b~en~.
To~qu~ ma~~he~ m~é m~é -~'e~t-a-d~~e
dou~ement dou~ement- tu e~ ~û~ de mene~
une belle v~e.
~en~ont~e t~~~ v~te la mo~t.
1
f
~,l'
~;
f
f!
!,,
1

161
N.
16
c'e~t b~en plu~ ta~d•••
. .. Qu'on ~e ~end compte de la ~~al~t~.
Tant que tu y e~, tu ~a~~~~ mal le gen~e de v~e
que tu m~ne~.
ij
l
Ma~~ au 6M et à me~ Me que tu avance~, ~~ ta v~e ut
l-
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m~d~oc~e, tu le ~a~~ ; ~~ elle e~t bonne, tu le ~a~~.
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162
qu'on ~e ~end eOMpte de la ~~alit~.
~
P~~~entement, pendant que tu q e~
1
tu ~ai~i~ mal le gen~e de vie que tu m~ne~.
1
Mai~ au 6u~ et a me~u~e que tu avanee~
~i elle (ta vie) e~t mauvai~e
1
tu le ~ai~, ~i elle e~t bonne tu le ~ai~.
1
1
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163
1
N.
11
1
Ada~ê vo~t •••
1
,
Le méd~~ant ~gno~e ee qu~ ~e
1
1
pa~~e dan~ ~a ma~~on.
1
i
1
i
;,
Le~ gen~ qu~ hab~tent a~lle~~ ~gno~ent ee que nou~
d~~on~ ~e~ ; n'e~t-ee pa~ ?
S~ to~, d'~e~, tu ne va~ pa~ le le~ ~aeonte~, pe~~onne ne
~au~a ~'~l ~'e~t d~t quelque eho~e.

164
Aduê voi.t
1~.1'1
le m~di.~ant i.gno~e ~e qui. ~e pa~~e

.
dan~ ~a mai.~on.
.
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'11(; n<. n"tJjjd- Jl:>O nJ
Le~ peHonne~ qui. habi.tent ai.UeuH
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d,,~ nJ e.. n"tJj~ e n~ 'né flJ
~e que nou~ ~om,"e~ en t~ai.n de di.JLe i.~i.
mr kèf:",,;,5 wi"
eUe~ l'i.gno~ent, n'e~t-~e pu ?
P-J ~{. fji'!d)h~ wt 'Il Si. toi. d'ùi. tu ne va~ pa~ le lui. Jld~onte~
iiad /YI -cfj"ë Ic~ }~:~w~ peuonne ne ~auJld ~i. quelque ~hOH ~ e~t
1
d1.t.

165
l
N.
18
Que ,"âehe~-tu "....
. .. Je mâehe la ~aneoeu~.
1
1
Cependant, toi, mâehant eette ~aneoe~, ~i tu ne
~ai~ pa~ la bien mâehe~, e'e~t toi-même qu'elle tue~a.
1!
Pa~ moi.
C'e~t en vain que eont~e moi, tu maehe~ ta ~aneoeu~
1
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166
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2
quoi toi'mâche~ ?
2
3
moi mâche ~ancoeu~.
2
3
Que mâche~~tu ?
je mâche la ~ancoeu~.
Mai~ toi, en mâchant cette ~ancoeu~
Si tu ne ~ai~ pa~ bien mâche~,
c'e~t toi qu'elle va tue~
Ce n'e~t pa~ moi.
C'e~t pou~ ~ien qu'a cau~e de moi
tu mâche~ ta ~ancoeu~.

167
N.
19
Ill. 0 nt dit •••
... Mail. ill. dù ent qu' ill. n'ont
pu dit.
N'el.t~ee pal. iei même qu'hie~ tu al. dit que j'avail.
Voilà que le moment venu, je t'inte~oge, tu me ~~pondl.
n'avoi~ ~ien dit de tout eela.
Ga~de tout eela,
Et ton malhe~,
Et ta mal~dietion,
1
Et ta l.o~eelle~ie !
1
-!
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168
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2 3 4
5
Eux d~~e (pa~~~6)
2
eux d~~ent eux eneo~e ne pa~ d~~e
2
3 4 5
Il~ ont dü
ma~~ ~l~ d~~ent qu'~l~ n'ont pa~ d~t.
~
1
1
f
tu a~ d~t que j'ava~~ 6a~t telle eho~e ?
i.,
1
Vo~la que le moment venu je t'~nte~~oge
t
et tu me ~~pond~ que tu n'a~ ~~en d~t
de tout eela.
Ga~de tout eela,
et to n malheu~
et ta mal~d~et~on
et ta ~ M eelle~~ e.

169
N.
80
Fa~deau d'enn~6 ..•
... Mo~-même l'a~ che~ché et
empaqueté.
Lo~6que je le con6t~tua~6. ce 6a~deau, me6 pa~ent6
m'ont d~t : wCe 6a~deau va pe6e~ 6u~ to~w.
J'a~ d~t : wJe va~6 le po~te~. Je peux le po~te~. Je va~6 le
po~te~; je peux le po~te~".
PU~6 ~l6 me l'ont cha~gé 6u~ la tête. Ce 6a~deau me
pe6ant, je ne t~ouve pa6 de ~ela~6 po~ me décha~ge~.
Me6 pa-
~ent6 q~ au~a~ent pu me décha~ge~,
ce 60nt eux qu~ m'ont p~é­
venu que le 6a~deau éta~t lou~d, et auxquel6 j'a~ d~t que je
pouva~6 le po~te~. Et ~l6 me l'ont po6é 6u~ la tête.
pou~~a~6-je alle~ le décha~ge~ ? Il ~e6te qu'~l
do~t me pe6e~ jU6qu'à ce qu'~l me tue 6'~l peut me tue~.

170
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omii' J- "'~ Jé 0 fJ1~ 1~/'t! c> 0-
2 3 4
5
hi~to~e-juge~ bagage ...
2
3
moi-même qui moi ehe~ehe~
(pa~~i6)
2 3 4
5
moi po~te~ (pa~~i6) lui
6
7
fa~deau d'ennui~ ...
moi-même l'ai ehe~eh~ et empaquet~.
Ce 6a~deau,
lo~~que je l'avai~
eon~titu~, me~ pa~ent~ m'ont dit, avant
que je ne le eon~titue, "ee 6a~deau-la
va pe~e~ ~u~ toi",
J'ai dit
"je vai~ le po~te~, je peux
le po~te~, je vai~ le po~te~, je peux
le po~te~".
Pui~ it~ me l'ont eha~g~ ~u~ la tête.
Ce 6a~deau me pe~ant,
je ne t~ouve pa~
de ~elai~ pou~ me d~eha~ge~.
Me~ pa~ent~
qui dev~aient me d~eha~ge~,
ee ~ont eux
qui ont dit que le 6a~deau était lou~d
/
l
,
c.c E.. n.}
mai~ j'ai dit que je pouvai~ le po~te~.
f'tlt
/
l
, - .
Ct'" 6t~~ J'YJ~ oro/~, AlM~ il~ me l'ont po~é ~u~ la tête;
Jma

171
pou~~ai~-je «lle~ le dlcha~ge~ ?
il ~e~te qu'il doit .e pe~e~ ju~qu'a

172
N. '1
Moi qui ne conna~ p~ houin 1•••
... C'e4t en te couchant 4~ le
chemin qui mlne a la pl4ntation
du ~iche que tu le connai4.
Mai4 couche-toi aille~4 pou~tant : tu ne le
conna.tt~a4 pa4.
Si po~ do~mi~ tu dlcide4 de te couche~ 4~ le chemin
de la plantation du ~iche - peut-êt~e aujo~d'hui, c'e4t le
village tout entie~ qui 4e ~end a 4a ~izil~e ou qui pa~ lui
6ai~e 4e4 butte4 d'igname4 - 4i tu va4 te couche~ la et qu'on
te piltine, n'e4t-ce pa4 toi qui l'a~ai4 che~chl ?

773
b~:Jbl€r7~/yb5: fa~
2
3
1 2 3 4 5
-Pe (l'T\\. ~ 5 Ô
6
7
8
1010'<' ne pa~ conna.ttll.e hou'<'n • ••
2
3
Il'<'che plantat'<'on Iloute que to'<'
2
3
4
couchell. to'<' conna.ttll.e lu'<'
5
6
7
8
Mo'<' qu'<' ne conna'<'~ pa~ hou'<'n • ••
C' e~t en te couchant ~ull. le chem'<'n
qu'<' m~ne 4 la plantation d'un
i
\\
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lI.'<'che que tu le conna'<'~.
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Maü pall.tout aaleull.~ couche-to'<',
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f~"" (~ Mi) .f w~
tu ne le conna.ttll.u pu.
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nJ.... p..... ë fJ ri. 0 fi ko l'Hi.
S.<. POUll. doll.m'<'lI. tu dlc'<'de~ de te
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b/~~b"!"/r!J!f.Jb$',,$
couchell. ~Ull. le chem'<'n de la plantat'<'on
1
l1
k3ff ,{"",( 01,0 f"fyt,kt....
du lI.'<'che,
peut-êtll.e qu'aujoull.d'hu'<' c'e~t
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1
1
0'if d s~k"'J~"0 ke'jl-j/; tout le v'<'Uage qu'<' pall.t POUll. ~a lI.ü'<'lJLe
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Jo::> / ~)' rE. "
ou qu'<' pau lu'<' 6aüe de~ butte~ d' '<'gname~
1
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k~ tàft' fs 1;; c>'
et qu'en allant te coucheJL ta on te
!~ I~ f<! WlÜ~-/J'y/"
,,'<'lUne, n'e~t-ce pa~ to'<' qu'<' l'aull.aü
chell.chl ?
\\ 1
1

174
N.
B2
c'e~t lo~~qu'on te 6a~t de~ blagu~ ...
••• Que tu en 6a~~ to~ a~~~.
Aujo~d'h~, où tu e~, tu ~~ : "VeM~n, je v~end~~
t'appo~te~ une p~lce de v~ngt-c~nq 6~anc~. En cette pl~ode de
6aaine, tu t'achlte~a~ de quo~ mange~ ;
Ap~l~-dema~n, je v~en~a~ t'4ppo~te~ cent 6~anc~ (1), tu t'a-
chlte~a~ de quo~ mange~ ••• ".
Ma~~ ~~ tu ne m'appo~te~ ~en, c~o~~-tu que je ne te
6e~a~ pa~ de blague~, mo~ a~~~ ?
Suppo~on~ que je ~o~~ en t~a~n de 6a~~e la c~~~ne.
Je te d~~a~ : "Aujou~d'h~, je va~~ 6a~~e la c~~~ne. Il 6au-
d~a~t ven~~ mange~ avec mo~".
Avant que tu ne ~o~~ Id, j'a~ déjd mangé.
Vl~ que tu a~~~ve~, Je te d~~ : "Mo~ ••• je n'ava~~
6a~ que pla~~ante~ ! Je n'a~ ~en t~ouvé d cu~~e."
(1)
1 6~anc CFA éq~vaut d 0,25 cent~me (F. F.).
,
il

175
Homme lu~ blague to~
2
3
4
alo~~ to~ au~~~ to~ ap~~~ blague~ l~
2
3 4 5
6
c'e~t lo~~qu'on te 6a~t de~
blague~
que tu en 6a~~ to~ au~~~.
Aujou~d'hu~ oa tu e~ tu d~~ : "dema~n
v~ngt-c~nq 6~anc~, en cette pé~~ode de
~am~ne, tu t'ach~te~a~ de quo~ mange~.
Ap~~~-dema~n je v~end~a~ t'appo~te~
cent 6~anc~ tu t'ach~te~a~ de quo~ mange~.
Ma~~ ~~ tu ne m'appo~te~ ~~en c~o~~-tu
mange~ avec mo~".
Le temp~ d'êt~e la j'ai déja mangé.
V~~ que tu a~~~ve~ je d~~ : "
.
ma.{.~ ...
je n'ai 6ait que pla~~ante~ je n'ai ~ien

176
tJLouv~ a c.u-iJr.e".
de/, blague/,.
!
1
t .
j
1
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l -
1

177
N. 83
Un 19~and)
malade •••
. •• N'a pa~ d'am'<'~.,
Aujou~d'hu.<., d'<'~on~-le, c'e~t pa~ce que tu e~ malade
que tu te ~et~ouve~ a'<'n~'<'.
Et, tel que tu e~, qu'<' peut ~e déplace~ et ven'<'~
ju~qu'a to'<' et te d.<.~e, en cette p~~'<'ode de 6am'<'ne
"T'<'en~
ce~ c'<'nq 6~anc~. Achète-to'<' de quo.<. mange~" ?
N'e~t-ce pa~ cloué à ta place que tu e~ condamné d ~e~te~ ?
Pou~tant, d l'époque, quand tu ~ta'<'~ en pa~6a'<'te
l
,
~ant~ et que "Mato! Mato! Mato !" on clama.<.t ton nom, pa~
de doute, le~ gen~ ~e p~e~~a'<'ent con~tamment autou~ de to'<'.
Ma'<'~ ma'<'ntenant, n'e~t-ce pa~ tout-~eul que tu te
blott'<'~ dan~ ta ma'<'~on en ~u'<'ne~ ?

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178
J
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1
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t~
1
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1
Malad~e po~~e~~eu~
1
2
ne pa~ avo~~ am~~
1
2
1
Un g~and malad e
1
,
n'a pa~ d'am~~.
Aujou~d'hu~, d~~on~-le, c'e~t pa~ce que
tu e~ malade que tu te ~e~ouve~ a~n~~.
1
Ma~~ tel que tu e~, qu~ peut
1
~e d~place~ et ven~~ ju~qu'a to~
1j
et te d~~e -dan~ cette p~~~ode de 6am~ne-
1
i
"vo~c~ c~nq 6~anc~ p~end~
1
et aeh~te-to~ de quo~ mange~" ,
1
n'e~t-ce pa~ clou~ a ta place que
,J
j .
tu e~ condamné a ~e~te~ ,
1
Pou~tant dan~ le temp~ quand tu
j
l
~ta~~ en b~nne ~ant~ et qu'on clama~t
l
ton nom Mato
Mato
! Mato ! je c~o~~
1
!
1
J
b~en que le~ gen~ ~e p~e~~a~ent autou~
1
t
de to~ ~on~tamment.
Et ma~ntenant n'e~t-ce pa~ tout ~eul
que tu te blott~~ dan~ ta ma~~on en ~u~ne '

179
N. S4
Une mauvai~e pa~ole ••.
• .. Ne 6init jamai~ dan~ le coeu~.
Tu ~ai~, la oa nou~ ~omme~, ~i tu m'ad~e~~e~ une
bonne pa~ole, celle-la, je l'oublie~ai t~l~ vite.
Mai~ ~i tu me di~ une pa~ole mauvai~e, peu impo~te
1
~a p~o6onde~, c~oyant me 6ai~e une plai~ante~ie,
Cette pa~ole-la ne 6ini~a pa~ dan~ mon coe~, j~qu'a ce que
je meu~e.
j
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180
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!( r"~rt. °fu Wdo
2
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2
ne pa~ 6~n~~ vent~e dan~
1 2 3
Une mauva~~e pa~ote
Tu ~a~~, ta nou~ ~omme~, ~~ tu
m'ad~e~~e~ une bonne pa~ote eette-tà
1
j
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1
1
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1
ee que je meu~e avee.
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!
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181
N.
85
Ca.lo mnieJ[ •••
... Fa.it plu~ ma.l que coupeJ[ la. cha.iJ[
à vi 6•
AujouJ[d'hui (pa.J[ exemple), ~i quelqu'un ~OJ[t ~a
matchette et m'inci,e une pla.ie, il couleJ[a. bea.ucoup de ~a.ng.
En cette péJ[iode (modeJ[ne), on me 6eJ[a. de~ injection~ intJ[a.-
veineu~e~, on me nettoieJ[a. la. ble~~uJ[e, on me la. pa.n~eJ[a., et
d'ici une ~ema.ine,
Cette pla.ie gué.l[.(.J[a..
Ma.i~ lOJ[~que quelqu'un te ca.lomnie,
Tu n'oublie~ pa.~ cela. ; tu le con~eJ[ve~ en toi en mouJ[a.nt.

182
di I;/~
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o
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nE
3
4
Caulle. t-iu elL
2
6a-it mal plu~ que pla-ie -inc-i~elL
2
3
4
Calollln-ielL
6a-it plu~ mal que coupelL la cha-ilL
il v-i6.
1
AujoulLd'hu-i ~-i quelqu'un ~OlLt ~a
1
,
matchette et m'-inc-i~e une pla-ie, -il
i1
coulelLa beaucoup de ~ang, palL ce~
temp~-c-i (modelLne~)
on Ille 6elLa de~
p-iqûlLe~
l-inject-ion~J
on me la netto-ielLa
et me la pan~elLa et d'-ic-i une ~ema-ine
cette pla-ie gU~lL-ilLa.
Ma-i~ lolL~que quelqu'un te calomn-ie,
tu n'oubl-ie~ pa~ cela ju~qu'à ce que
tu meulLe~ avec.
,

[
1
!

183
N. 86
ojiYo Jbd'- ajiro
h-j' l ,1' 1':'
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~ KWd. ~ "'''; e
à
cr (J d
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2 3 4
5
6 7 8
boue gllande boue
2
3
toi évitel. eUe jUl.qu'd toi
2
3
4
5
tomb el. danl. eUe
6
~ S
7
Boue-deI. -bouel. immenl.el.
tu al. beau t'évitell, tu 6inil. pail y
tombell.

184
N. E7
Vonne ta 6i!!e en ma4iage à
que!qu'un ...
Le lendemain, i! te p4end
POU4 ~e c.U4e4 !e~ dent~.
Tu donne~ aujou4d'hui ta 6i!!e en ma4iage à quelqu'un,
demain, i! in~u!te ta 6i!!e, et même, i! t'in~u!te, toi~même.
Ap4è~-demain, i! in~u!te ta 6i!!e, et en p!u~, t'in~u!te toi-même.
04 aupa4avant, !o4~que tu ne lui avai~ pa~ donné ta
6i!!e en ma4iage, pouvait-il t'uXili~e4 c.omme c.u4e-dent~, tou~
!e~ jouH ?

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(s,~t~f;jJ-:
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p~end~ en6ant donne~
2
3
quelqu'un lui ma~ie~
4 5 6
2
3
toi cu~e~ dent~.
4
5 -
Vonne ta 6ille en ma~iage
à quelqu'un
le lendemain il te p~end pou~ ~e
cu~e~ le~ dent~.
Aujou~d'hui tu donne~ ta 6ille en
ma~iage à quelqu'un. Vemain il in~ulte~a
ta 6ille et même il t'in~ulte~a toi-même.
en plu~ il t'in~ulte~a toi-même.
Mai~ avant, lo~~que tu ne lui avai~
pa~ donn~ ta 6ille en ma~iage pouvait-il
t'utili~e~ comme cu~e-dent~ tou~ le~
jou~~ ?

1
!
186
1
1
j
N.
88
1
.
1
j
La c.alo mni e •••
.~
~\\
•.. pa~t de ta p~op~e mai~on.
Telle que tu e~ aujou~d'hui, toi qui e~ une 6emme
ma~i~e, ~i quelqu'un tient d te c.alomnie~, c.ela pa~ti~i de ta
mai~ 0 11. même.
Tu peu~ l'le pa~ c.ommett~e d'adultè~e
lpa~ e~emple),
mai~ quelqu'un peut a~~ive~ et di~e :
- Vite~ donc. ! Cette 6ille-la, je l'le ~avai~ pa~ qu'elle
i
1
6aü aU c.ela !
j
1
- Qui donc. ? di~ont le~ gen~.
1
Î
- C'e~t Ec.ho, la 6emme de Mo~i.
 l'in~tant même,
elle ~e t~ouve ld-ba~, en t~ain de
c.ouc.he~ avec. un homme. Je vien~ de la p~end~e en 6lag~ant-d~lit,
to ut de ~ uite même !
Vivo~c.e d'avec. elle, ~i tu veu~.
Pou~tant, tu n'a~ peut-êt~e pa~ 6ait c.ela.
lEt) il ~e peut que c.e ~oit c.hez toi même que c.ette
pe~~onne a invent~ c.ette hi~toi~e ~u~ toi.

787
/ '4f'- - / '-... " b' /-
~ fJ~ J 50101" ""~'" ndM cl ~
7 2 3 4 5
6
lu-i.. qu-i..tte to-i.. IIleme ma-i..~on dedan~
1
3
4
5
6
1
La c.alOllln-i..e
1
j
pa~t de ta p~op~e IIla-i..~on.
Aujou~d'hu-i.. où tu e~
to-i.. qu-i.. e~ une 6emme ma~-i..ée
"1
~-i.. quelqu'un t-i..ent à te c.alomn-i..e~
Ca pa~t-i..~a de ta ma-i..~on meme.
1
Tu peux ne pa~ c.ommett~e d'adul.t~~e
1
ma-i..~ quelqu'un peut a~~-i..ve~
et d-i..~e : "V-i..te~ donc, cette 6-i..lle-ld
je ne ~ava-i..~ pa~ qu'elle 6a-i..~a-i..t cela !"
Il~ d-i..~ent : "qu-i.. donc ?"
"C'e6t Echo, la 6emme de Mo~-i.., a
l'-i..n~tant même elle e~t ld-ba~ en t~a-i..n
de couche~ avec un homme ; tout de ~u-i..te
même je v-i..en~ de la p~end~e en 6lag~ant-
dél-i..t, ~-i.. tu veux, d-i..vo~ce d'avec elle".
pQu~tant tu n'a~ peut-êt~e pa~ 6a-i..t cela
1
-i..l ~e peut que ce ~o-i..t de chez to-i.. que
1
- 1
cette pe~~onne a-i..t -i..nventé cette h-i..~to-i..~e
;
-
~ (lJr toi.
i

188
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89
1
1j
Ce que tu n'aime~ pa~ •••
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'111
... te côtoù.
Tel que je ~ui~ aujou~d'hui, ce que je n'aime pa~,
c'e~t cela même qui me côtoie.
Mai~ ce que je dé~i~e a~demment et qu~ e~t dan~ mon
coeu~, cela, je ne pou~~ai jamai~ l'avoi~.
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Cho~e celle-la to~ ne pa~ a~me~ ...
2
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4
elle pa~~e to~ end~o~t
2
3
4
Ce que tu n'a~me~ pa~
te côto~e.
Aujou~d'hu~ dan~ l'état où je ~u~~
ce que je n'a~me pa~ c'e~t cela même
qu~ me côto~e.
et qu~ e~t dan~ mon coeu~, cela,
je ne pou~~a~ jama~~ l'avo~~.

190
N.
90
ll
Celu-i.-la qu-i. pUH •••
j
j
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... ne clloi~ pa~ que c'e~t un
gallç.on bien.
1
1
j
1
Peut-êtlle que tel qu'il pa~~e, et que tu le clloi~
ga-Ilç.on bien,
1
~
Il a l'int~llieull du ventile au~~i noill que du challbon.
1
1j
S'il ~e met à te 6aille du mal !! ...
1
ii1
Vonc ne d~ pa~ que c'e~t un gallç.on bien.
tij
Tel qu'e~t l'autlle, tel celu-i.-là au~~i e~t. Ne
i
j
l
l'appelle pa~ gallçon bien.
t
1
j

19 1
Peut-êt~e que tel qu'il pa~~e,
et que tu e~oi~ qu'il e~t un ga~çon bien,
il a l'int~~ieu~ du vent~e au~~i no~
t
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192
IV.
91
Fa. c..i.l e a 6a..i.Jte '1....
••• Eh b.i.en,
6a.ü-le to.i. a.U6Ü
Aujou~d'hu.i. c.'~ta..i.t mon tou~, tu e6 venu t'.i.n6-
ta.lle~, tu t'e6 6e~v.i. et tu a.6 bu, tu t'e6 6e~v.i. et tu a.6 bu,
t'e6 6e~v.i. et a.6 bu•••
j
!
Ma..i.ntena.nt, c.'e6t ton to~. Appo~te to.i. a.u66.i., que
j
te6 a.m.i.6 bo.i.vent !
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Fac.ile Il 6a.iJle ?
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Ce joUll-là. c.' Haü mon toulL ; tu
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Ta Ji Y'~ Ji S"l. 5\\. ~'1.. ç0- ~tf i\\\\:l e~ venu t' inUaUelL ; tu t' U
HILVi et
!
+050' i V\\~ te ~J è V\\-{ \\'\\.l
tu a~ bu ; tu t' e~ HILVi et tu a~ bu,
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t' e~ HILVi et bu ...
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dWit tl,..(. d "'.;)
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Auj 0 ulLd 'hui c.' eU to n to ulL, toi
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~i"\\Z \\\\1~ (i'v~ ~I~ b~"~è au~ü
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apPOILte, te~ amù vont bo.iJle.
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794
N.
92
La ~aille~ie tue~ait •••
• .• que je li e~aü mo~te.
Ma ch~~e 6ille, lli v~aiment ~aille~ tuait quelqu'un,
moi que tu VOill, il au~ait llu66i que je me d~place, que j'~~i­
ve jUllque la-ball
(pa~ exemple), pou~ qu'ap~~ll moi, la conve~lla­
tion qui lie dé~oule, me po~te ll~ le plateau:
"06olJigho, cette voleulle ~hont~e, qui n'ut pall ceci, qui n'ellt
pall cela ! ... "
Alo~ll, moi, une 60ill la ~ue atteinte, je lle~aill tomb~e.
"Que lui a~~ive-t-il ? (demande~aient lell genll ~tonn~ll).
Que lui a~~ive-t-il ? Que lui a~~ive-t-il '1. ... .
"
O~ c'ellt pa~ce qu'en mon abllence, on lie lle~ait moqué de moi
Maill puillque tout cela ne tue pall, on me ~aille
et cela ne me tue palle

195
;
1
- f,
tuait quelqu'un, moi qui ~ui~ la (i~iJ
il au~ait ~u66it que je me d~pla~e
pou~ a~~ive~ ju~que la-ba~,
~ou~ qu'ap~~~
moi la ~onve~~ation qui ~e ~e~ait d~~oulle
au~ait ~t~ à mon intention, ou m'au~ait
po~t~e ~u~ le plateau :
"060~igho ~ette voleu~e qui n'a meme pa~
honte,
qui n'e~t pa~ ~e~i et qui n'e~t
pa~ ~ela" ; alo~~ moi, une 60i~ la ~ue
atteinte, je ~e~ai~ tomb~e.
1--"
1.... --
....
1
lU
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/
I\\\\4d e.
~ ~ 0
Wlq e.
d c:.. 0
"Que lui a~~ive-t-il ? que lui a~~ive-
'Md ~ Is- ë: ë ~ iib- Y)e r)è t-il ? que lui a~~ive-t-il ?" C'ltait
~ ~ kd
pa~~e qu'ap~~~ moi on ~'était moqu~ de
" 'l1V té t'i:V')~ \\M~
; f~ M~ 1); ~: ft: Wu Vl~
moi
Mai~ pui~que tout ~ela ne tue
\\\\4{ c..;. ~~t'j~ u.à K;y"~ ~~~
pa~ alo~~ on me ~aille et pou~tant
C:. "'~ Iu!{ \\ue.-
~ela ne me tue pa~.
-1J

196
N.
93
La ~ont le~ bien~ ...
. .. le~ bien~ y vont.
Là où tu te ~ouve~, ~i tu n'a~ pa~ de 6ille,
quelqu'un peut-il pa~ti~ d'ici, te p~épa~e~ un coli~ de
gibie~ et te le po~e~ ?
Quelqu'un peut-il pa~ti~ d'ici, avec de l'a~gent et te le
l
po~te~ ?
1
1
Quelqu'un peut-il pa~ti~ d'ici, en cette pé~iode de 6amine,
1
1
avec un ~égime de banane~, le t~an~po~te~ chez toi a6in
i
1
que tu le mange~ ?
i
1
1
Mai~ ~i tu avai~ une 6ille que couAti~ait quelqu'un,
1
f
tu au~ai~ toute~ ~o~te~ de cho~e~ ; tu po~~éde~ai~ tout.
L'a~gent même, il pOuA~ait t'en donne~.

797
",
O"l;
2 3 4
":) b ù e.
i
2
3
1
i!
cho4e elle êtlle
1
2
3
4
alOll4 cho4e elle apll~4 elle allell
t
2 3 4 5 6
1
j
1
40nt le4 b.i..en4
j
le4 b.i..en4 y vont.
To.i.., là tu te tllouve4,
Së 5 tà ~é V10
tu n'a4~e 6.i..lle quelqu'un peut-a
fg l~!\\. ~l~~"" \\.U~ ë rLKl ~ û
\\(.; rj; +~ f. k~ \\~ \\~
un col.i..4 de g.i..b.i..ell et te le pOlltell ?
"~)~::. ~~\\~ 'bé Kd" b~ c.ë ~d-
n~t 'ai k~ ~ji" "toë. .L k..i" loi quelqu'un peut-a palltü d' ù.i.., avec
de l'allgent et te le pOlltell ?
Sit~ b~ kti" 'b~ c.ë: t~
~'[Kr b~ kcipjl'"bi" ~ Kei r~ quelqu'un peut-a pd!ltü d'ù.i.. - en ce:t:te
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dt"\\> VIL u e b~"~ .rL '" ClE
p~ll.i..ode de 6am.i..ne - avec un Il~g.i..me de
~b~~u 'a~ k'; c..:' k f~- S{
banane4, le tllan4polltell chez to.i.. a6.i..n
que tu le mange4 ?
~~ K.::r ~r
• 1
Ma.i..4 4.i.. tu ava.i..4 une 6.i..lle que
~sè: bJ Id' f~~'; t~ ~lr-S 0
_
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'"
Ol. Mc:.. ~q Yi,;) nu,,~ I.<w~\\(w~
quelqu'un coallt.i..4e tu aUlla.i..4 toute4
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- - b'
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rou T~ luu ~ u"a POlJ..I';JQ 4ollte4 de cho4e4, tu pou~dellaü tout
(\\
"
"
"PL fS'
lird 6::>'0-5' ~a ~l. b~1:l\\ ~";\\;-tS même l'allgent, a poullllaü t'en donnell.

198
N.
94
L'o~igine de la mo~t d'un Abbl ..•
1
... ne ~etombe pa~ ~~ le
néant.
11,~
1
Si elle ~etombe, e'e~t ~~ quelqu'un •
.
Si l'en6ant de quelqu'un meu~t, toi qui n'a~ ~ien à
y voi~, on te dit que e'e~t toi qui l'a~ 6ait mou~i~ ; que
!
tu a~ u~é de ~o~eelle~ie et l'a~ tué;
j
que (eont~e lui) tu a~ laneé de~ imp~éeation~ et l'a~ tué.
Su~tout ~i e'e~t l'en6ant d'un ~iehe qui meu~t et
qu'on ~aeonte ee~ eho~e~,
1
N'impo~te eomment, on 6init pa~ t'en 6ai~e endo~~e~ la ~e~-
r
1 •
pon~abiUté.
1
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1
abé (~a) mo4t (~a) téte
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L'o4igine de la mo4t d'un
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Abé
...
!
1
ne 4etombe pa~ ~u4 le nlant.
!1
1
Si elle 4etombe, c'e~t ~u4 quelqu'un.
1
~é' r-> ~J ~~ ~{ r[ i~bo~J
!
~
dia ~LkI t\\ ~ r{ :. .f~
Si l'en6ant de quelqu'un meu4t, toi
1
!
!
j
qui
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n'a~ 4ien à y voi4 on te dit
~ \\\\..\\1J' -{ (~ ~':>è c.~
!,1,
1
que c'e~t toi qui l'a~ tué,
~~ MS +5 ~~ ~~ i. 0
1
r
que tu a~ u~l de ~o4celle4ie et
.ç~ .ç~ ~L k\\~\\J s
f& ~e. 'L i;'
tu l' a~ tul,
~>- .(.; j[ JuJo èJfo
que tu e~ allé lance4 de~ imp4lcation~
:; +à ~~ of 0
et tu l'a~ tué.
') " bl' .....6 \\ . \\
SU4tout ~i c'e~t l'en6ant d'un 4iche
cl a
: 1.t.4"O ~ i- .t<t. 'i.
\\
" A L - "
v ' \\ . ' "
'"
Q
Y'~ o,,'t. V\\L. C':) 'f;) V\\ ~ e..
qui e~t mo4t et qu'on 4aconte ce~ cho~e~.
Mi c: u' bi' r~ t\\: i"
Quoi qu'il en ~oit, on 6init pa4 te
)L rc{ \\t1'~6;; 'r:

1
200
1
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N.
95
1
1
,1
Ac.hêghêkpê •••
/ pJr. 0 pU.
•••• C'e~t ton am~ qu~ te tue.
AujouJr.d'h~ où tu e~, c.'e~t mo~ qu~ ~u~~ ton am~.
Ma~~ tout comme tu e~, ~~ on veut t'atte~ndJr.e moJr.-
tellement, c'e~t à mo~, qu~ ~~~ que to~ et mo~ ~omme~ am~~,
qu'on c.on6~eJr.a la c.ho~e en d~~ant
am~. Va l~ 6a~Jr.e telle c.ho~en.
S~ je va~~ te 6a~Jr.e cette c.ho~e, au~~~tôt tu meUJr.~,
tué paJr. mo~.

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c'e~t ton ami p~op~e qui te tue.
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d~L.. sc; T"'L.I1L -té) s.; e. Vl~
Aujou~d'hui où tu e~
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M1~ \\"i. ~~ \\"{ ~ ~{ ~
c'e~t moi qui ~ui~ ton ami.
"
,
esè: .ç~ 'Sc +0 \\'lé' Sè ~\\:: Maù tout comme tu e~, ~i
\\
,.
\\
r5" t>c. tl ~5 e~ë \\M~ 'OS
la mMt doit t'avoü, c'eU à moi
I\\M~ I\\M~ ~ë wf \\~ (.;) \\~ :if\\l~ qui uù que toi et moi ~omme~ amü
~
U n
~o Ov ~ 'u,
e'''e- ~·L-\\'l:- \\.: \\ .~ \\-: ~o ~ ~ ;:-
_~~
à qui l'on con6ie~a quelque cho~e
\\~ kf~ t~ +i \\~ ë ~(
en dùant : "c' u t toi qui eU ami
hi cë: \\ a ~
avec lui va lui 6aüe ceci".
I\\M.d c.: \\M.! b; là ti ~~e- Si je vaù te 6aüe cela au~~üôt
J\\Me: KJ \\ : t.3
je te tue.

202
N.
96
AchüHl. ••
Banane a 6a~t du b~en a la B~che­
Rouge et la B~che-Rouge a ~a~~on.
(En ~lal~tll,
c'e~t le vent q~ a 6a~t du b~en a
la B~che-Rouge, c'e~t pou~quo~ la B~che-Rouge a ~~~on !
Ma~~ l'on p~ltend que c'e~t la Banane q~ a 6~t du b~en à
la B~che-Rouge et que la B~che-Rouge a ~~~on.
S~ le vent n'ava~t pa~ 6a~t tombe~ Banane, comment
B~che-Rouge au~a~t-elle pu la mange~ 7 C'e~t lo~~que le vent
6a~t tombe~ la banane que la B~che-Rouge la mange.
Alo~~, le~ gen~ q~ ne ~avent pa~, d~~ent que la
Banane a 6a~t du b~en a la B~che-Rouge et que la B~che-Rouge
a ~a~~on. C'e~t le vent qu~ a 6a~t du b~en à la B~che-Rouge
et la B~che-Rouge a ~a~~on.

1
203
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~d~ \\ci ~b\\Od ~{ 5
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achLH.H
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banane 6ait biche ~ouge bien
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2 3 4
1
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j
biche ~ouge « ~ai~on
5
6
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Banane a 6ait du bien a Biche
~ouge et Biche ~ouge « ~«~on
1
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Mv\\.V~ \\; ~bwd ~~
C'e4t le vent qui a 6ait du bien à Biche
1
~b\\o~ d5 t{
~ouge. C'e~t pou~quoi Biche ~ouge a
f
~~i c:.::;K;" ..,(::1:' -t
~ai4on ! mai4 on dit que c'e4t Banane qui
I~' ~ b~~ i~ ~ ~\\o,"".à
"a 6ait du bien à Biche ~ouge et Biche
1
d5'.f.{ ~\\J~V\\. 'V.~
~ouge a ~ai4on". Si le vent n'avait pa4
rd fo' ~d~ ~~ rd \\J\\i ~r3" 6ait tombe~ Banane, comment Biche ~ouge
1
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\\M weil
be..;Si.. ~
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~v;v;' V\\~ ~ 'fU' ~Jé \\\\;;
C'e4t lO~4que le vent 6ait tomb~ la
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1~ lL '::l \\M..'O\\od 0-;) dL ~
banane que Biche ~ouge la mange.
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que Banane a 6ait du bien
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à Biche ~ouge
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d ~ f{ ~\\..;~. vi
et Biche ~ouge a ~ai4on. C'e4t le vent
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1~ \\M.~ \\..V ~ ~t -5'
qui a 6ait du bien à Biche ~ouge et
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cs ':) i"i.
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204
1
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N.
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1
Ce que quelqu'un 6ait ...
1
1
.•. il e~oit que pe~6onne ne !e voit!
t1l
1
1
1
Tu e~oi6 ee~tainement que ee que tu 6ai6 !d-ba6,
t
ton ami qui e6t iei ne le voit pa6. O~, tu a6 beau 6ai~e eee~
ou eela, tout le monde voit ee que tu 6ai6 - bien que tu di6e6
que tu ne 6ai6 ~ien.
1
1
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Z05
Tu c~o~~ ce~ta~nement que ce que tu 6a~~
là-ba~
ton am~ qu~ e~t ~c~ ne le
vo~t pa~ ; ma~~ tu a~ beau 6a~~e
j
1
!
cec~ ou cela tout le monde
vo~t ce que tu 6a~~
f,
1
b~en que tu d~~e~ que tu ne 6a~~ ~~en.
l

206
N.
98
:) {~ ~C: \\~ {;/ ~~
1
2 3 4
5
6
mai~ toi avoi~ moyen pui~ toi pa~!e~ ?
2
3
4
5
6
mai~ e~t-ce que tu peux pa~!e~ ?
1
1
1
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1
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1
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1
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1
1
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1
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207
1
1,
1
j
N.
99
L'en6ant qui n'a pe~~onne.••
1
l
i
..• C'e~t ~a cau~e qui d~pla!t.
1
!
1
1
r
1
/ête-6
1
Oui ma ~oe~,
quand ~ou~ deux (coépou~e~) et qu'une
1
a de la 6amille, i l 6aut voi~ l'homme ~'acc~oche~, mai~ ~'ac­
1
l
c~oche~ et ~'acc~oche~ !
1j
1
J
1
1
Pa~ cont4e, ~'il ~ait qu'ap4è~ toi il n'q a pa~
1
j
1
g~and'cho~e, e~~aie de di4e quelque cho~e. Cela p4end une
\\
1
l
to~n~e d4amatique, mai~ alo4~ d4am~tique ! Tu n'en 4evien~
f
pa~.
1
1
!
1
l
Mai~ quand tu a~ de la 6amille, ce que tu di~ e~t
1
+
t4ait~ avec douceu4.
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J
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1
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208
1
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1
pi:: MA.;; \\1\\~.fi ~/1"~ .;~ if
Oui ma II 0 eUIl, quand v 0ull êtell deux,
1
é~cf ,:>ci '(L"l K~~~h;'IL et que t'une a de ta 6amate,
1
'kl(~~ 5'y:,j cà~/ V'~ ru' jet
a
6aut voü t' homme qui ll' ac.c.lloc.he
1
~
J~ ~~{ "'~
maü qui ll'ac.c.lloc.he et ll'ac.c.Jtoc.he !
,
1 • ,
1
e~è ~§ \\'l'ô kr[ +~ e.~L ~b~ Pail c.ontlle, t01ll>qu' a lla.{.t qu' apll~ll toi
j
rc;i' ji sC; wë" -t?~ 15 t~ fè an' IJ a pall glland' c.hOlle, ellllaie de d.i.Jte
j
j
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.. ~ f;;- \\ 1 d'-...=I ,• .:::::-
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~o t~ ~~
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que~que c. olle, c.ette
~llto~lle pllen
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~ \\'3 m ~ ~L é \\'5 ""~'::>t:. ~ ,,:> toullnulle d1ldmatique maü dllamatique
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, , r- b \\
1
\\
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" /
l'''..H-~ l. Tl
\\.) V\\L IO~ \\M l V'l
~ ~ë .ç 5' Yi: \\\\~
Maill quand tu all de ta 6amitte
f)~ \\\\~ b~\\-t. ~f é"~ci"~ c.e que tu dill ellt tllaitê avec. douc.eull.
1
i
1

j
1

209
N.
100
La cau~e de l'en6ant de~ aut~e~ •••
1
••• e~t bonne a plaide~.
i
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t
1
1
!
i
,
,
Comme vou~ ête~ me~ en6ant~, tout ce qu..t vou~
1
1
1
conce~ne,
je le cache.
1
j
!
1
l
r
Mai~ ~'il ~'agit de~ aut~e~, c'e~t moi qui
1
1
~
commente.
1
':~
î
Vè~ que quelqu'un pa~le, moi, je commente, j'ampli-
1
1
l
6ie. Vè~ que quelqu'un pa~le, a~~itôt, je commente, j'ampli-
1
1
6ù ...
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Aut~ui ~n6ant a66a~~
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(lui)
bi~n pa~l~~
1
2
3
1
1
La ~au~~ d~ l'~n6ant
1
i
1
d~~ aut~~~
1
~~t bonn~ à plaid~~.
1
1
1
1
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Vl~ [l'a' \\{ 'Ma ~~ \\a' ~~
Comm~ vou~ êt~~ m~~ ~n6ant~
1
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tout ~~ qui vou~ ~on~~~n~
~
1
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1
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~2 b\\.~t ht-.!t ~ ~\\
j~ l~ ~a~h~.
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pl~ Q ~[-{",j ë: V\\ 5'
}
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L...'
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\\M.e.
~~ e. ~d b q ~'t. ë. b~ C'~~t moi qui l~ ~omm~nt~
rt:'k[ b~ ~c: ~së
dl~ qu~ qu~lqu'un pa~l~
1
!
AMë \\<ci" b~b~ ~{
~
moi j'a~~ang~
~
([kr bé' ~~
d~~ qu~ qu~lqu'un pa~l~
41e ~ cf 'bdh~ ~ {. i5
au~~itôt j'a~~ang~.
!f

211
N. 101
1
Jl
Q~and t~ n'e~ pa~ en~o~e
1
1
en ltat d'êt~e à la ~ha~ge de q~elq~l~n ••.
j
... Il p~étend q~e t~ e~
~on 6~~~e.
Q~and t~ n'e~ pa~ en~o~e à la ~ha~ge de q~elq~l~nJ
il dit : "Bien ~û~ q~e o~i ! Ce~ gen~-làJ le~~ m~~~~ et mon
Ji
1
Il dit
"C'e~t v~ai ! même p~~e ; même m~~e ,
. ..... ".
1
Il dit
"Voilà mon neve~ ,
. .. .... " ..
i
1
f
Mai~ le jo~~ où t~ l~i ~evien~ ; le jo~ où t~ e~
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1
.,
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Il~ pe~vent no~~ anlanti~J ~e~ gen~ !!
1
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Q~oi ! ~e~x-là ? Mai6 ~e ne ~ont pa~ de~ homme~
il
Si t~ le~ voi~J ~a~he-toi ! ... ".
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212
S~ tu n'eh pah en état d'êt~e à la
~ha~ge de quelqu'un ~l d~t :
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\\
~I;; ~ L "
o I(''f'(. Q k'1.- ri. ~k Oct
"b~en h~~ que ou~ ~eh genh-Ia
leu~ m~~e et mon p~~e hont tOUh
é ~~ \\~ "jt St \\~ r~~
'.1..'
\\
.
~':)J 'z
Ô
Il dU : "~' eht v~a~, meme p~~e, même
I~ kf~ wr~ Ji kf5"
~~ k\\f;
m~~e".
\\~ K'f'i ~./ ~~ ~i h. 'r\\L 0-
Il d~t
"vo~la mon neveu ... ".
I{. kf~ 'v\\ë)f \\'\\~}{ ~t Y\\l: 0
Il dU
"vo~là mon neveu ... ".
"'" l' c.L V\\~ ë b2 r5" tt Pa-
cl~<i V\\~ b~ ~L f~ L{.
~l d~t : "oa eht-~e que je le ~onna~h ?
Il
, , , -
'l. K' 5" V\\ ~ 'M ô
"":)
\\i4Kf" tv-t K:~C b<i' jq
r~
~~ 'li: k~\\i l~ f): ~
je v~enh ave~ eux ?
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1
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Si tu le~ voi~ eaehe-toi !"
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214
N.
102
Pou.t:ou ILeç.oit •••
• •• Pété e~t heUILeux..
"Quand-Poutou-lLeç.oit", c'e~t Jacque~.
C'était alolL~ Jacque~ qu.<.. ILégna-i..t.
i
1
i
Van~ la ville d'Agboville, ~c~, c'était lui qu~
1
avait le~ pouvoilL~.
IVe paILtoutl, tu entendai~ : "Mon~ieulL Jacque~
Mon~ieulL
... .
1
Jacque~ , Mon~ieulL Jacque~
,
If
~
;
i
A ce moment où on chantait ~on nom, ~a vali~e à lui,
t
c'était moi.
i,
r

r
AlolL~, dl~ qu'on lance: "Quand Poutou ILeçoit",
f
je ILépond~ : "Pété au~~i e~t heuILeux. '"
1
i
,
C'était lu.<.. Poutou et moi, Pété.
!f
1
A cette époque, j'étai~ la ~oeUIL d'un dign-i..taiILe
r
c'e~t comme ~i c'était moi qui avai~ le pouvoilL.
f
,
J
i.
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~d ~'i.. YtL g Ji-
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Poutou avoiJL
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alolL~ p~t~, COILp~ lu-i.. ~oulageIL
1
2 3 5
4
1
1
,
Po uto U IL eço-i..t
PU~ e~t heuILeux.
"Quand poutou ILeço-i..t", c'e~t Jacque~.
En ce~ temp~-là,
c'~ta-i..t Jacque~
i
qu-i.. ava-i..t le pouvo-i..lL.
1
j
Van~ la v-i..lle d'Agbov-i..lle -i..c-i.. c'~ta-i..t lu-i..
t1
qu-i.. ava-i..t le pouvo-i..1L ; tu entenda-i..~ :
}
"Mon~-i..eulL Jacque~ ! Mon~-i..eulL Jacque~,
M.
Jacque~ !"
Au moment où on chanta-i..t ~on nom

)
"Mon~LeulL Jacque~,
Mon~-i..eulL Jacque~",
j
j
~
,
paILtout où nou~ pa~~-i..on~ ~a val-i..~e à lu-i..
j
1
l
1
AlolL~ d~~ qu'on cIL-i..e "quand poutou ILeço-i..t"
l
l
je ILépond~ "p~t~ au~~-i.. e~t heUILeux".
1
C'éta-i..t lu-i.. Poutou et mo-i..
j'~ta-i..~ p~t~. A cette époque-là
j'~ta-i..~ la ~oeuIL d'une peIL~onnal-i..t~, c'e~t
comme ~-i.. ~'~ta-i..t mo-i.. qu-i.. ava-i..~ le pouvo-i..lL.

216
N.
103
La 6aim appo4te gémi~~ement•••
Quand la 6aim te p4end, il n'q a même pa~ po~~ibilité
de 4i4e un peu
Mai~ dè~ que la nou44itU4e e~t la, que tu mange~ a
~atiété, tu 4i~ tant et tant que te~ en6ant~ voient te~ molai4e~.
Peu impo4te que tu ~ où en deuil
POU4VU que tu mange~ ;
le 4epa~ accompagné au be~oin d'un peu de v~n : tu te c4oi~
En e66et, même ~i tu e~ en deuil, tu a~ beau pleU4e4
et pleu4e4 - on te dit : "mange un peu d ' abo4d ! ... " Et toi :
"Non ! Non
Je ne mange pa~ ! ... Je ne mange pa~ ! ... Je ne
mange pa~ !" - d~~ que tu mange~ un peu, le m04t, tu l'a~ déja
oublié -! ...

217
\\
d~-G
l'
\\
1 '
S~ 'M e.
1
2
3
Faim appo~te g~mi~~ementooo
2
3
nou~~itu~e appo~te ~i~e
2
3
La 6aim appo~te g~mi~~ementooo
la nou~~itu~e appo~te le ~i~e.
Quand la 6aim te p~end
~ t-G 1é~~ t; ",d
fi
~ \\
1
l ' -
\\.
~.q'Ml e... tl \\Mj~
Mai~ tu ne peux même pa~ ~i~e
,
-
(1 \\
1....
-
\\
1 \\.
/
C~e t.;) "'fl M.\\fU f\\~
Maü d~~ que la nou~~üu~e eH la
+~\\ JL" ~f~ IJA~ t~ ~[ ~rG ~r~ que tu mange~ ju~qu'à ~atiH~,
.-Çë -t[ ~)d' \\M{ \\M~ ~\\. ,~
tu ~Ü tellement que te~ en6ant~
1
l \\.\\.Iù t~ è~( ~t' ~\\. ~5 jë
voü te~ molaüe~, peu impoHe Û
tu
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"
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OL r~ iS ~'i.. t:) ""-fô
t".) t.l \\JIl e~ en eu.<.l, pou~vu que tu mangu
1
"-oL' r ~ \\ ~I l.J1'.r"" ~: u":
~
~o O. ~ j)~ YI~
au be~oin accompagn~ d'un peu de vin,
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1
~ ~
t~ ,,\\) \\'"-t rl
tu te c~oi~aü d Pa~i~
r~ Yl.- e' '" ~ ~ ~ uo~..,.,.'. \\al." ,,~ fi,:'
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. . .
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~J U
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En eooet meme ~.<. tu e~ en
eu.<., tu a~
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l
, , /
"
-
1
ru e 1"3 k'e. rv e. \\ML c."L
1
beau pleu~e~, ple~e~, ~i on te dit
1
"mange un peu d'abo~d",
et toi, "non! non! je ne mange pa~,
1
je ne mange pa~,
je ne mange pa~"
i
1
mai~ d~b que tu mange~ un peu, celui
1
qui
f
e~t mo~t, tu l'a~ d~jà oubli~.
\\

218
j
i
N.
104
j
j
~
j
Pagne de village ét~ange~•••
• •• coule~ toujou~~ belle!
Ma ch~~e ~oe~, voi~-tu,
celui que j'ai ~u~ le co~p~
en ce moment, je décide d'alle~ en vo~age, je le lave
j~qu'à le ~end~e p~op~e, et je pa~~.
J'a~ive là-ba~, on me ~e~t de l'eau pou~ le bain, je me tave.
Quand je le po~te, il a une bette coule~.
Alo~~ que lo~~que je t'avai~ ~u~ le co~p~ ici,
(de~ commentai-
~e~ et de~ commentai~e~) : "C'e~t (toujou~~J le même pagne
qu'elle po~te / •.• C'e~t ltoujou~~l le même pagne qu'elle
po«e ! •.• Elle, jamaü elle ne change de pagne! ••• ".
t!
o~ c'e~t le mëme pagne que je po~te ici, q~, po~té
la-ba~, a cette belle coule~ !

219
\\~-
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-t'v :; C~+~
1
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2
3
~~~ -e. Yi S~ 'D
!
2
3
1
1
Village autJr.e pagne
î
1
2
3
oeil lui ( e~t)
beau
2
3
Pagne du village ~tJr.angeJr.••
couleuJr. toujouJr.~ belle.
1 \\
, , , _
g '
M-1 d Y):>~ k'r1. k'rc: lA ~\\o\\L 0
Ma ch~Jr.e ~ oeuJr. VOÙ -tu, ce-<..U-(. que
p;;;- u ... ~
-
~:''''
" \\
j"ai ~uJr. le coJr.p~ en ce moment,
\\ (" "v \\M.~ s,c. c.. ~~ \\01~
",\\t~ti K\\\\t.' ô"v'\\M~ ~\\.c.'" ~~ ce pagne que j'ai ~uJr. le CDllp~ -
J
1
IV.~ ""'~ ~jc." Ji: '!i" \\'\\~ MA(.
(je quitte ic.i pOU1t alleJr. ju~qu' à-à-à)-
1
1"

1
~ dl~[ lM'; ~i ~\\.t~ ~~ 0'
auj oUJr.d' hui je vaù alleJr. en vo liage.
~j
~'f;F \\-( l) \\M.~}l \\U:rl~ë Je le lave ju~qu'a te Jr.endJr.e pJr.opJr.e
1V..i~ i(~l \\o\\l~ Je 50'
et je paJr.~. J't1Jr.Jr.ive et
c.e.' \\~ /'k.t~ M-1i\\("1: A.V.~ ru's~ on me donne de l'eau pouJr. me laveJr..
\\ML)/' t \\"lL { Kei' ~~ë
Et quand je te pDllte
\\ " .
.
~~î ~..; Jl 5.{ 0"
i l a une belle couleuJr..
' -
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" 1 \\ .
( ' / '
\\
e.~~ '\\"\\\\) """21 s,,- ol.{0JL jëë>è AtoH que lOHque je l'avaù ~uJr. le
"C'e~t le m~me pagne qu'elle pOJr.te !
C'e~t le m~me pagne qu'elle poJr.te !
elle,
elle ne change jamai~ de pagne !"
au village ici qui,
poJr.té la-ba~

220
a cette belle couleu4.
La ~~gni6~cat~on
conce4ne le~ 6emme~
quant a celle~ de mon v~llage ce ne
~ont pa~ de~ 6emme~".
Pu~~ l04~qu'on
t40uve que le~ 6emme~ de ~on p4op4e
v~llage vou~ pla~ent tout de même.

221
N.
105
Le ~ommeil igno~e le malhe~..•
C'e~t pou~quoi on a~~ive a
le do~ml~ malg~~ tout.
Le ~ommell qu'on appelle ~ommell, même ~l
ton en6ant e~t mo~,
même ~i ton p~~e e~t mo~t,
même ~i ta m~~e e~t mo~te,
et que tu e~ en t~aln de te lamente~,
- e~t-ce que tu peux do~ml~ ?
Et po~tant, quand tu e~ en ple~~ et que tu t'a~~ête~
un moment, alo~~ que t'entou~ent te~ amie~, le ~ommeil
(tout doucementl t'empo~te.

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222
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Sommeil ne pah havoi~ malheu~ ...
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lui nait toi quand même do~h lui
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4
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Le hommeil igno~e le malheu~...
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C' eht pou~q(Loi on M~ive il le
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pi ~\\=' wJ \\t~ \\'I~ d~t k~ Le hommeil en tant que tel, même hi
f'l. ~ Ci
ton en6ant eht mo~t.
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k~ ~'b 'Vl:> Y';:) 0
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o 1~ '!:oc> ta oe.. ,,0).(0 \\\\a
et que tu ~ehteh en t~ain de te lamente~
~~ kfd- c...ei ""\\~
peux-tu do~mi~ (le hommeil) !
~~ë tè'~ ~d- rJ 'Mc:' l~
Et pou~tant, alo~~ que tu pleu~eh,
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' l' / b 1(- \\ -
eJ\\.\\M ù Y).) 1"0
qJi ,~~
d~h que tu cehheh un moment de pleu~e~,
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' \\ -
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'"
Mt ~ Ct.wu e. a 'SLSL 1'".) \\."i..
pendant que teh amieh hont autou~ de
~~ê ~~ ~\\d
toi, le hommeil (tout doucement)
t'empo~te.

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223
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N.
106
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Tant que ta nuit n'e~t pa~ tomb~e.••
,
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1
on ne doit pa~ ~'en 6ai~e
1
!
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pou~ te ~a~~a~iement.
1
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1
1
E~t-ee te ~oteit qu~, tout a t'he~e a pa~u et b~ittl
1
1
f
1
1
qui te 6ait di~e qu'it va 6ai~e nuit et que tu ne mange~a~ pa~ ?
1
"Tant-que-ta-nuit-n'e~t-pa~-tomble", e'e~t
1
j
ton p~~e Rougbo et moi.
On ne veut pa~ de nou~.
1
It~ ont de ta 6amitte
1
It~ ont de~ 6~~~e~, it~ ont de~ ennant~,
1
It~ ont toute~ te~ eho~e~.
t
Pa~tout nou~ pa~~on~, it~ nou~ inte~di~ent de
pa~~e~.
Mai~ eomme ta nuit n'e~t pa~ eneo~e tombée,
i t a~ive~a, ee moment
où Rougbo au~a une mai~on pou~ ~'ab~ite~ ;
où Rougbo ~e~a a~~i~, tui a~~i.•.
Et eetui qui te ve~~a, ne ~a~a pa~ que e'e~t tui,
te pauv~e qu'on in~uttait.

224
1
1
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"
Ct
K'u
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1
3
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kè '(:. \\{ ~~~ é
~L1l
2 3 4
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1
1
Temp~ ne pa~ ~omb~e enco~e...
1
2
3
4
on ne pa~ 6a~e ~a~~a~~e~ p~e~~e~
ii
2 3 4
3
11
j
Tant que la nuit n'e~t pa~
1
1
j
tomb~e
1
on ne do~t pa~ ~'en 6a~~e pou~ le
;; +~ c.{ V\\'O 'fi\\-(: db~ \\,~
Ecoute,
e~t-ce le ~olea qu~ tout il
1
1
kei' -=-~.... ~Q'" )1v-
1
et \\-d :; t~ 'IG l' heu~e a pMU et b~alê qu~ te 6aü düe
1
c..( V1~ ~~ kv"e" 'Ai ~€ di." ho qu a
1
va 6aüe nuü et que tu ne mangeM~
1
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pa~ ?
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J
Ci t~- Ku ~e Wu Y\\:>
~
"Tant que la nu~t n'e~t pa~ tombfe"
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' ~.\\ '1
l-
lA.4~ ~ ~ II 'rU~bo' ~
c'e~t ton p~~e Rougbo et mo~,
c.ë \\~ ~\\a tI" \\
on ne veut pa~ de nou~.
C~ ~::: ~i\\-('C
l ü ont de la 6am~lle
c...s ~~' \\\\'S~'- \\ ~
1l~ ont de~ 6~~~e~
c.~ ~{ \\t 'à
J..ü ont de~ en6ant~
!
c.-s~:>' b~ 'VI; ~w; F~e.' a~ ont toute~ le~ cho~e~.
1
~~ë ~b: (~ ci'
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~ ~.dl ("V ô ...... \\00
de ne pa~ alle~ lil-ba~.
,
,.
r
..... _
1
e..'S.ë "'ô c.i.. âti kû Sc."'z. e..
1
bé' '()~ )J :. kù /ll\\2J1 VI')'
tomb~e ~l a~~~ve~a ce moment
1

226
N. 101
••. Qu'e~t-ce que ~a 6ait mal!
Aujo~d'hui. on te dit
"C'e~t toi qui a~ 6ait
mou~i~ mon en6ant 1"
Vemain on te dit : "C'e~t toi qui a~ 6ait mo~i~ mon en6ant
Ap~~~-demain. on te dit : "C'e~t toi qui a~ 6ait mo~i~ mon
1
Cela ne te 6e~a pa~ ~ou66~i~ ?
Cela ne te 6e~a pa~ mal ?
1
1
]1
1
1

227
So~e~tt~~~~ h~~to~~~
2
~tt~ 6a~t mat l~ eo~p~
1 2 3
? • • •
qu'~~t-e~ qu~ ça 6a~t mat
1
Ci. bé v-t t~ bé \\~ {:;
Aujou~d'hu~ on t~ d~t : "C'~~t to~
qu~ a~ tu~ mon ~n6ant".
f~ \\'e." ,w~ ~~ 0-
L~ t~nd~ma~n on t~ d~t : "C'~~t to~
~ c..t '{i b{ \\~ .(--5
.t.,) kt
qu~ a~ tu~ mon ~n6ant".
~~ ~ ~
''''l't', -\\"",
e. c.l
c
t.. ~L. oc. \\~ .çS
L~ ~u~t~nd~ma~n on t~ d~t
"C'ut to~
1 1 \\ \\ /
- t ' -
qu~ a~ tu~ mon ~n6ant".
",a ~e. ~~ J~ c
t;. r~ Kd' t~ ~i,.f~-~{
ri' fi Y'~ tù'
C~ta n~ t~ 6~~a~t-~t pa~ mat?

228
N. 108
Si VieuJ veut que tu me~e~ •••
... alo4~ tu me~~.
Si Vieu n'a pa~ décidé de ta mo4t
que (cont4e toil l'on ~e de poi~on,
que l'on appo4te ton nom à un cou4~ d'eau
que l'on te 6ait quoi que ce ~oit,-
- Tant que tu viv4a~ au nom de Vieu en te di~ant
que Vieu ~eul peut t'ôte4 la vie - pe4~onne ne po~4a
te 6ai4e mou4i4.
Mai~ ~i Vieu t'a déjà tué, alo4~ l'homme a~~i
peut te tue4.

225
\\.
\\ .
1
-
e se d"-tL Kcl' e i.
il ~e~4 ~4~~4~i~ (Rougbol
\\.
e~; K~1~; ~~~ <;;,~'û
il 4U~4 une m4i~on pou~ ~'4b~ite~
-
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e.~t 'd ~~ ~d ':>0 i k r~:
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0(. \\O\\\\.
e. wlI 5' e.si: '6d~\\)ji' et celui qui le ve~~4 ne ~4U~4 p4~
~ MS \\~ i~\\~ '60' ~O
que c'e~t lui le p4uv~e
\\<e' rd V\\~ YI~
qu'on in~ult4it.
\\.v cr ~
1
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229
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2
3
4
r::> 0
4
Vieu dit toi mou~i~
2
3
4
alo~~ ap~~~ toi mou~i~
2 3 4
Si Vieu veut que tu
meu~~
alo~~ tu meu~e~.
,
Ofo ~d \\;;:' t-;S" '('-:{ wè:'
Si Vüu n'a pu d~c.idé de ta mo~t
'([~[ e\\~ c:!. te- ~~C
que l'on utilüe du poüon,
rCkt e c..è: \\5"" ~L 'o;) '(~'
que l'on t'appoUe a un c.ouU d'eau,
rCkt è 'S -Ç-5 b\\i r~~
que l'on te paue toute~ ~oUe~ de c.hOH~,
,,..( ...... L.' f.,.' YI\\>' ~'o'" ",\\ ... 1 ~I..../.::.-
~ ~
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d '
fl~.n
t~
~T
"Q-~gd ~
~an~ que tu v~v~a~ au nom
e V~eu en
~3" KS 6re;- :5 b \\'ë "0 tc:t- düant que Vieu Hul peut te tue~,
~ ~é t{ tou"",~ OC t5 ~ci.
~ 'il ne te tue pu peuonne ne pouMa
b 1 \\ - r 1
.1.
,
~ "'c. t"~ wO" e Se:- =to-
te tue~. Maü ~i Vieu
.q tti {S rC ri:~b~-
t'a d~ja tué alM~ l'homme au~~i peut
~c:: {d-
te tue~".
j
,
1

1
230
1
-!
1
N.
109
1
Un glnie veut te tue~ "....
1
1
••• Ll. t'embête
1
1
!
Ecoute. Si tu att~ape~ pa~ exemple une maladie et
J
qu'on con~ulte un maZt~e-devin,
on di~a (pa~ exemple),
1
que c'e~t tel glnie qui t'en veut pa~ce que tu ne lui
1
1
a~ pa~ o66e~t de~ oeu6~ (~ac~i6iciel~).
1
!lj
Demain, c'e~t tel aut~e glnie : tu ne lui a~ pa~
1
!
o66e~t de poulet; tu ne lui a~ pa~ o66e~t de mouton.
j
1
(O~J, même en 6ai~ant toute~ ce~ ado~ation~,
~i
1
t
le glnie a décidl de te tue~, il te tue~a a tout p~ix.
1
1
1
1
1
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1

231
,
,
'lo(~ëtà
~rya Y'Ho'
- /
:) e
2 3 4
5
2
génie qui veut tue~ toi
1
2
3
4
5
c'eAt lui embête toi
2
3
4
Un génie veut te tue~ ?
alo~A il t'embête
Aujou~d'hui la où tu eA
Si tu contacteA une maladie et qu'on
conAulte un "cha~latan"
on di~a que c'eAt
tel génie qui t'en veut pa~ce que tu ne
Vemain, c'eAt tel aut~e génie
tu ne
lui aA paA envoqé de poulet ;
tu ne lui aA paA envoqé un mouton ...
Même en 6aiAant touteA leA ado~ationA
il te tue~a a tout p~ix.

232
N.
110
Tu vo~~,
(un jo~) autou~ de !a bo~~~on, !e~ gen~
~'éta~ent donné de~ nom~.
I! Y av~t un homme d'Amagbeu, nommé Akpa~~a.
Akpa~~a et ~a 6emme ~e~t~~ent ma~é~ pendant !ong-
temp~, p~~ ~! !a ~épud~a. Un homme de Pet~t-Yapo, nommé Abê
~'éta~ amu~é avec elle. I! ~e 6âcha et !a ~épud~a.
Quand on eut 6~~~ de bo~~e et que ce 6ut !e moment
de te. ~eme~c~e~ (pou~ !a boü~on), ~! d~t : "Reme~c~ez-mo~ de
!a 6açon ~u~vante :
"Akpa~~a B~angou ! Que
t'a 6a~t ta 6emme po~ que tu
!' aü~ ~épud~ée '1....
J'a~ ~épud~é ma 6emme.
A!!ez !a che~che~ po~
!'épou~e~."
- Ma~~ ~~ tu n'ava~~ pa~ ~épud~é ta 6e.mme ?
A!M~ ~! d~t : "B~en. S~ je ne !'ava~~ pa~ ~épud~ée ?
Ma 6emme et mo~ v~v~on~ e.n~emb!e ~c~ même avant que
je ne !a ~épud~e. C'e~t p4~ce qu'elle m'a 6~t quelque cho~e
q~ m'a déçu que j'a~ déc~dé de !a ~épud~e~.

233
1
1
ij
Et vou~ me demandez
"Que t'a 6a~t ta 6emme pou~
1
1
1
que tu t'a~e~ ~lpud~le ?"
1
1
S~ je me met~ a conte~ ce qu'ette a 6a~t, j~qu'a
j
tout d~~e, pou~~a~~-tu ta p~end~e ?
Et mon a~gent (de dot], n'e~t-~l pa~ pe~du ?
1
1,
o~, ~~ je ne conte ~~en et que tu v~en~ la che~che~,
1
J
ce qu'ette m'a 6a~t, ~~, une 6o~~ avec to~, ta-ba~, ette te te
j,t
J -
l
f
!
1
1 -
1 -
1

234
Tu voi~, autou~ de la boi~~on
(un jou~1 de~ gen~ ~'étaient pa~tag~
un nom.
~~b~t/Z' nt Id Il-
Il Ij avait un homme d'Amagbeu nommé
;;'~Sd .,~ ~?d.s~ ~/i
Akpaua. Akpuu et
J~/{ kt' v( w,( fIl.
~a 6emme ~ont ~eUé~ ma~ié~ pendant
~~
longtemp~ pui~ il la ~épudia.
fl-'ld./'.0!J't ci' /t.'-
Il Ij avait un homme de Petit Yapo nomm~
&5'!,1. c1b~\\ bdJd-"S ~ ~a'
Abi!. Ab~ ~ 'était amu~é avec ~a 6emme,
crli k3jIJi'.ikd/,s""(: il H 6âcha et divMç.a d'avec elle.
"-
C
1"-
-
/1-
~ n.J mr~ MC. lE.
Quand on eut Mni de boi~e et que ce
,.)111L.
'- _
'1:11_
~ b~ od "dSl",) E.. I(:J
6ut le moment de le ~eme~c.ie~, il dit
-
J~
1
~ ~ ~J
~eme~ciez-moi (comme ceci)
:
i,
j
j
tl
1
Akpa~~a B~angou qu'e~t-ce
r,
que ta 6emme t'a 6ait pou~
J!,
1
que tu l'aie~ ~épudiée ?
1
j'ai ~épudié ma 6emme.
!i
Voilà ma 6emme là-ba~ ; allez
la che~che~ pou~ l'épou~e~.
1

j
1
l
1
235
1
\\
i
1
l
ta 6emme ?
1i1
Alolr./J il dit : "Bien.
Si je ne l'avai/J pa/J Ir.épudiée ?
1
avant que je ne divolr.ce d'avec elle.
1
J
c ' e/J t palr.ce qu'elle m'a 6ait quelque
cho/Je qui m'a découlr.agé que j'ai décidé
de la Ir. é pu d-i..elr. !
Ai. 0Jr. /J vou/J me demandez : "qu'e/Jt-ce que
.ta. 6emme t'a 6ait pOUIr. l'avoilr. Ir.épudiée ?
Mai/J /Ji je me met/J a contelr. ce qu'elle
a 6ait jU/Jqu'à ce que je conte le tout
Et mon alr.gent, n'e/Jt-il pa/J pelr.du ?
Olr., /Ji je ne conte Ir.ien
Et que tu vien/J la chelr.chelr., ce qu'elle
m'a 6ait !Ji elle palr.t là-ba/J et qu'elle

236
N.
111
- Le vin e~t 6ini 1
- Oui
Nou~ ,tll.ll.ivon~ 1
Zaboll.i c.oupe •••
... BOll.iza c.oupe •
- Mai~ ~i c.e n'était pa~ Zaboll.i qu~ c.oupait ?
Oui.
r
La Hac.he (!e 6ell. de hac.hel dit que c.'e~t elle qu~
i
1
abat !e~ all.bll.e~.
1
Et !e Manc.he de hac.he a ~on toull., dit : "Hac.he, tu
Il.ac.onte~ de~ men~onge~ 1 C'e~t bien moi qui abat~ !e~ all.bll.e~ 1"
I!~ di~c.ut~ll.ent !ongtemp~,
!ongtemp~.
!ongtemp~.
I~ di~c.utèll.ent
pendant !ongtemp~.
1
i
On vint Il.etill.ell. Hac.he de ~on manc.he. On !a po~a à
1
t ell.ll. e •
On pll.it !e manc.he de hac.he qu'on appliqua à un all.bll.e.
1
~
On 6ll.appa, 61l.appa et 61l.appa !'all.bll.e : auc.une éc.oll.c.e ne tomba.
t
En~uite. on pll.it Hac.he elle-même. On !'appll.oc.h~ de

1
237
1li
l'a~b~e. On actionna, actionna et actionna (cont~e l'a~b~el
aucune éco~ce ne tomba.
Alo~a on~p~it la Hache et on y en60nça le Manche, et
kpaa 1 kP4ft 1 kpan 1 juaqu'd ce qu'il aoit bien ent~é.
On le maintint avec une pointe d'acie~, et on a 'attaqua
a l'a~b~e : Kpaho 1 Kpaho 1 kpaho 1•..
Vea deux, qui eat le plua 6o~t ?
!
- Vea deux? Noua ne aavona paa.
!
- Tu ne aaia paa ?
- Non.
- Tu ne aaia paa lequel eat le plua 6o~ ?
Je ne aaia paa lequel eat le plua 6o~t.
1
- Noua avona dea b~aa, n'eat-ce paa ?
- Oui.
- La main gauche lave la main d~oite.
1
Oui.
1
i
- La main d~oite auaai lave la main gauche.
Veux 6~~~ea,
n'eat-ce paa ?
Âujou~d'hui, ce que j'enviaage de ~éaliae~, ai tu ne
1
m'aidea paa, pou~~ai-je le ~éali~e~ ?
1
~
~
t
- Jamaia 1
~
\\
- La Hache a été aidée pa~ ~on Manche.
1
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238
....
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fY) r' J
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- Le v-i..n e~t 6-i..n-i..
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Nou~ a.ILIL-i..von~
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1.
1 / /
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DOrlz.aJ'
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t
Za.bolL-i.. coupe
1.
bOIL-i..za. coupe
1
1.
~si' ni rd li
Z';1>6r/d- ~j(w$~
Za.boIL-i.. qu-i.. coupa.-i..t

Ou-i..,
f
i
k~~ If kS ,,:;
t
Ha.che d-i..t que c'e~t elle
-
/
1--
ne ru Il
qu-i.. a.ba.t le~ a.ILbILe~.
fIt I<~M2.f,-n~
Pu-i..~ le ma.nche de Ha.che a.uu-i..
lE. ku~jJ tÜtff~d/
d-i..t : "Ha.che tu ILa.conte~ de~ men~onge~
./r.5 mS ~~ y-rf f, n6"
C'e~t b-i..en mo-i.. qu-i.. a.ba.t~ le~ a.ILbILe~ '"
kl--d/';AiJbd .kf$" c./.t./cJ.
Kf-'--df ~AfJ~
longtemp~ ; -i..l~ d-i..~cut~ILent penda.nt
,'/
M ( l l
longtemp~.
On v-i..nt ILet-i..ILeIL Ha.che de ~on ma.nche,
et on la. po~a. à teILILe.
On pIL-i..t le ma.nche de Ha.che
qu'on a.ppl-i..qua. à un a.ILbILe

239
\\
1
/ 1 / J.- 1 ' l.- l '
c~ o~ ,~ "
le "
,~
li f,-
on 6~appa,
6~appa,
6~appa l'a~b~e.
'- 1
, )(.-
X r
dl(,> Od 0"
Aucune ~co~ce ne tomba.
En~uite on p~it Hache elle-m~me,
on l'app~ocha de l'a~b~e
on coupa, coupa, coupa (l'a~b~e)
aucune ~co~ce ne tomba.
Alo~~ on p~it la Hache et on ~
en60nça le manche
Kpan ! kpan ! kpan ! ju~qu'à
ce qu'il ~oit bien ent~~ ;
on le maintint avec une pointe
et on ~'attaque à l'a~b~e
et kpaho ! kpaho ! kpaho !
!
i,,
Ve~ deux, qui e~t le plu~ 6o~t ?
- Ve~ deux ? Nou~ ne ~avon~ pa~.
- Tu ne ~ai~ pa~ ?
- Non.
~....
/
\\.
/
1- /
-
ri
- Tu ne ~ai~ pa~ lequel e~t le plu~ 6o~t ?
/ -. '"''V
J'IL Kvr..
....
/
\\ / 1 - / -
h1d ,..,v ft. ne.. J("lJY'cl
Je ne ~ai~ pa~ lequel e~t le plu~ 6o~t.
I l .
.... f . / /
-
Dd t.
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- Nou~ avon~ de~ b~a~ n'e~t-ce pa~ ?
1,5
- Oui.
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-
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MOd IfW~ e.r~ ""O~Ml
- le b~a~ gauche nettoie le b~a~ d~oit.
h~
- oui.
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.... -
1
/6 - /-
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", o-"'L CI J~ e. Iv '"' cllfWd
le b~a~ d~oit au~~i nettoie le b~a~
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gauche, deux 6~~~e~ n'e~t-ce pa~ ?

240
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Aujou~d'hui, ce que j'ai envie
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- Ja,"ai~ !
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Alo~~ Hache, ~on ,"anche l'a aidée
c'e~t de la que vient ce no,",
ne ~e quittent jamai~.

241
N.
112
Fa~~e le b~en e~t bon ...
. .. Ma~~ 6a~~e le b~en n'e~t pa~ bon.
V'où vient cela?
Il ~ ava~t un homme du nOm de Yogé.
C'e~t lu~ qu~, aut~e6oi~, appo~ta~t tout ce qu~
manqua~t ~c~ ; qu'~l ~'ag~~~e de l'o~ ou d'aut~e~ cho~e~ de
luxe. Il le~ ~appo~ta~t du pay~ baoulé.
Le~ Baoulé q~ hab~ta~ent là-ba~, ne conna~~~a~ent
pa~ le ~el. Et l'homme ~'appela~t Yoyé.
Le~ aut~e~ homme~ qu~ éta~ent ~c~, ne vo~agea~ent
pa~. C'éta~t Yoyé -en Eghech~ [lI, cela ~e d~t Wata ! Ma~~ nou~
le~ Abbé, l'appelon~ "comme~çant"- c'éta~t lu~ qui vo~agea~t
pa~tout. Et quand ~l t~ouva~t le~ belle~ cho~e~, ~l le~ ~appo~­
taü.
Le~ Baoulé ne conna~~~ant pa~ le ~el, ut~l~~a~ent
l'~nté~~eu~ de~ ~on~e~~. Avec l'~nté~~eu~ du ~on~e~, ~l~ 6ab~~­
qua~ent du ~el pou~ le~ u~age.
(1)
Nom ~avant de~ peuple~ baoulé et du pay~ baoulé chez le~
Abbe~.

1
1
242
1
!
(Alo~~) Yo~é leu~ appo~ta~t du ~el
po~ 6a~~e du t~oc.
Il pa~ta~t, ~evena~t, pa~ta~t, ~evena~t.
Pendant longtemp~, ce 6ut a~n~~, pu~~ un jou~,
étant
allé, a ~on ~etou~, a~~~vé à Kôkoumbo - cte~t a Kôkoumbo que
~'échangea~t l'a~gent : le pa~~ baoulé qu'on nomme Kôkoumbo.
C'e~t que ~e t~ouva~t l'o~ qu'on ~amena~t - a~~vé la, ~l
pa~~t po~ Toumod~ qu'~l dépa~~a po~ Kpakobo.
Ma~~ ent~e ce pa~~ et Toumod~, on ava~t coutume de
céléb~e~ le N'gbê (7).
Lo~~qu'~l a~~~va là, on vena~t de céléb~e~ le N'gbê,
on vena~t de b~ûle~ pa~tout la ~avane, et le~ gen~ éta~ent
pa~tù
Et même, la ~avane n'ava~t pa~ 6~n~ de b~ûle~. Il
~e~ta~ enco~e une tou66e autou~ de laquelle b~ûla~t le 6eu.
Alo~~ Yo~é d~t : "Vo~là que ce~ gen~ ont abattu de~ ta~ de
g~b~e~ ! S~ je le~ ava~~ t~ouvé~ la, je le~ a~a~~ p~~ de
l'agout~. Au mo~n~,
un. Ma~~ vo~là qu'~l~ ont tout 6a~t, et
Il ~ega~da et v~t (donc) que la tou66e de ~avane
éta~t entou~ée de 6lamme~. Alou ~l ~e d~t : "On ne ~a~t ja-
ma~~ ; ~l ~e peut qu'un agout~ ~o~t caché là-dedan~. Jeton~-~
(7) P~at~que de b~ûl~~ de ~avane pou~ ~e p~oc~e~ du g~b~e~.
Le
mot e~t baoulé.

243
un coup d'oeil pou~ voi~•.• ".
Il monta 6~ un te~t~e et voici qu'un g~o6 ma~gouil-
lat à tête ~ouge 6e t~ouvait au cent~e de la tou66e (71.
Le ma~gouillat cou~ait de pa~t et d'aut~e. Où qu'il
aille, il y avait du 6eu. Il ne 6avait pa~ où pa66e~ pou~ q
échappe~ et 6'en6u~.
Yoyé le voit et dit : "V~ donc ! Ce ma~gouillat a
de6 d~66iculté6
! Si ce 6eu qui b~üle 6~nit pa~ l'atte~nd~e,
~.ien à 6ai~e, le ma~gouillat e6t mo~t !"
Il alla che~che~ une b~anche de ~on.ie~ à moitié ~on-
gé pa~ le6 61amme6 et l'appo~ta. Il la plante au mil.ieu de la
tou66e. Alo~6 le ma~gouillat cou~ut pa~tout, pa~tout et a~~.iva
p~~6 de la b~anche de ~onie~. AU66.itôt, .il 6'q ag~.ippe
c~oyant
g~.impe~ à un a~b~e. T~~6 v.tte, .il l'e6calade et Yoqé le p~ojette
jU6que 6~ le 601 ~b~e où, gbao ! .il tomba avec b~u.it.
Le ma~gouillat aU66.itôt tombé, kp~ê-~ê-~ê, 6a.i6.it un
a~bu6te,
q g~impe.
(Pu.i6) .il d.tt : "Han! - .il ne conna~66a.tt pou~tant
pa6 l'homme - e6t-ce to.i qu'on nomme Yoyé 7"
Et Yoyé : "Oui! c'e6t mo.i qui me nomme Yoyé"
"Han! tu a6 6ait un g~o6 t~avail aujo~d'hui
Ca,
6.i tu
(7)
Le ma~gouittat e6t une va~iété de téza~d.
Le mâte a ta tête
~o ug e.

244
n'~ta~~ pa~ a~~~v~, le 6eu m'au~~t con~um~
- Ou~ ! Cela e~t b~en. C'e~t que mo~ au~~~, je c~o~a~~ pouvo~~
t~ouve~ du g~b~e~ la. Et quand j'~ jet~ un coup d'oe~l, je
t'a~ vu en t~a~n d'êt~e b~ûlé pa~ le 6eu. Alo~~ je me ~~~ d~t
qu'en 6a~~ant ce que j'a~ 6a~t, le 6eu n'alla~t pa~ t'atte~n­
d~e. C'e~t pou~quo~ j'a~ ag~ a~n~~ pou~ to~.
- Tu a~ 6a~t un t~ava~l bon et lou~d.
S~ v~a~ment, ce jo~, tu n'éta~~ pa~ a~~~v~, ce 6eu
m' a~a~t tu~.
E~t-ce to~ q~ te nomme~ Yo~~ ?
- C'e~t mo~ qu~ me nomme Yo~~, ~~pond~t l'aut~e.
Et le ma~gou~llat :
- C' é - ~ - ~ - • •• ça ! (11.
Cependant, nou~ qu~ ~omme~ ~c~ - ka6~ê ! kp~l~ ! ...
(21
- nou~ ne conna~~~~on~ pa~
(alo~~1 la l~p~e. La malad~e
q~ ~e nommel~p~e,
nou~ ne la conna~~~~on~ pa~. Seul Yq~~ la
conna~~~a~t. Elle ex~~ta~t en Eghéch~.
Ma~go~llat d~t : "Pou~ le t~ava~l que tu v~en~ d'ac-
compl~~, je ne ~a~~ quo~ te 6a~~e. Alo~~, je te donne la l~p~e".
Yo~é (31 tou~na ~~ lu~-même.
Il ne ~ut a quo~
( 1) C' e~t-e~t-e~tô .. ça.
(2)
Fo~mule p~op~t~ato~~e qu'on énonce avant d'émett~e une
pa~ole capable de "p~ovoque~ de~ cata~t~ophe~".
(3) mot baoulé ~~gn~6~ant "6a~~e le bien".

245
Il dit:
"Han ! C'e~t ~ette pa~ole que tu p~onon~e~ a
mon ad~e~~e pOM ~e que j'ai 6ait pou~ toi ?',
Il ~'avan~e dan~ l'intention de mett~e la main ~M
Ma~gouillat, mai~ ~elui-~i ~aute de l'a~bu~te a te~~e, et ~e
met a ~oMi~. Il pOM~uit M~gouillat ju~qu'a ~e que Ma~gouil­
lat g~impe ~M un pa~a~olie~ et ~'in~talle au ~ommet de l'a~b~e.
Il n'avait pa~ empo~té de 6u~il pou~ ti~e~ ~u~ Ma~­
gouiUat.
Il ~ep~it le ~hemin et, tout en ma~~hant,
pen~ait a
~ette hütoi~e.
Alo~~ ~a peau ~e mit a le démange~.
Il ~e g~atta le ~o~p~, ~e g~atta le ~o~p~, le 6~otta
même ~ont~e le~ a~b~e~ pendant toute ~a ma~~he. Le temp~ d'a~­
~ive~ a Tia~~alé, toute ~a peau 6ut a~a~hée et meu~t~ie. Il
~'é~~oula a te~~e.
Cette démangeai~on ~e pou~~uivait ~an~ a~~êt. C'était
la l~p~e que Ma~gouillat lui avait donnée - mai~ pe~~onne ne
~onnai~~ait (en~o~el
~ette maladie.
Le~ gen~ ont tout e~~a~é : de l'e~a ~haude pOM lave~
la peau ... Il~ ont 6ait n'impo~te quoi, mai~ kôkôkô !! Se~
o~teil~ et ~e~ doigt~:6u~ent tou~ ~ongé~.
Il avait la lèp~e.

246
Le~ gen~ ne ~avaient pa~ que cette maladie ltait
dange~eu~e. Il~ ~e ~e~vaient de~ objet~ qui ~e~vent a Yoyl
pou~ ~e~ bain~. Il~ ~e ~e~va~ent de~ même~ a~~~ette~ dan~
le~quelle~ il~ lui donnaient a mange~.
Ain~i de ~uite j~qu'à-à-à •.. gbou ! quand la maladie
le tua, elle ~'attaqua à quelqu'un d'aut~e.
Quand lui a~~i en ~ou66~e et qu'il me~t, vient le
tou~ d'un aut~e. Quand celui-ci en ~ou66~e et qu'il meu~,
vient le to~ d'un aut~e•..
Le~ gen~ n'y comp~enaient ab~otument ~ien.
Yoyé ne leu~ en avait pa~ pa~ll~
o~, comme nOu~ le~ Abbé, c'e~t ~eulement la boi~~on
que no~ aimon~ - ca~ lo~~que, vo~ageant, quelqu'un nou~ 06-
6~e a boi~e, a~~itôt nou~ nou~ in~tallon~ chez lui - alo~~
lo~~que tu e~ de pa~~age, toujou~~ dan~ le cad~e de cette boi~-
~on, le~ gen~de Tia~~alé, qui ~ont de~ male4gen4, p~ennent ce
qui a ~e~vi d'objet~ de toilette au dé6unt pou~ te le donne~ ;
p~épa~ent ta couchette à l'end~oit où a do~mi le dé6unt.
(Et)
dè~ que tu ~evien~, déjà, la lèp~e ~'e~t attaquée
à toi.
Voilà d'où vient la lèp~e qu'on t~ouve chez le~ Abbê.

247
~i
~.se tl'-fd- kf!j€.~~
2
3
4
6
Bien el!t bon
2
Mail! Bien ne pa~ enco~e êt~e bon
2
3
4
5
6
Fai~e le Bien el!t bon
V'où cela vient?
Un homme du nom de yoyl.
avant. pou~ tout ce qui manquait ~c~
C'e~t lui qui le ~appo~tait.
ou'il ~Iagi~~e de l'o~ ou d'aut~e~
cho~e~ de luxe.
c'e~t de chez le~ Baoull qu'il le~
~appMtait.
Le~ Baoull qui ltaient là-ba~
Alo~~ l'homme ~Iappelait yoyl.
Le~ aut~e~ re~~onne~ qui ltaient ici
ne vouageaient pa~. C'ltait lui qui
(en Eghechi ça ~e dit Wata
nou~ le~ Abbeu l'appelon~ comme~çant)
C'ltait lui oui vouageait pa~tout et

1
248
1
1
1
!
1
1
quand il vo~ait le~ belle~ eho~e~
1
il le~ ~appo~tait.
1
j
,
Le~ Baoul~ eux ne eonnai~~aient
1
1
1
pa~ le ~el
1
6ai~aient du ~el pou~ eon~omme~.
Yo~é leu~ appo~tait du ~el
pou~ 6ai~e l'~ehange.
Il pa~tait, il ~evenait, il pa~tait,
il ~evenait. C'était à Tia~~al~.
Pendant longtemp~ ee 6ut ain~i
pui~ un jou~ il était allé là-ba~ et
au ~etou~ quand il 6ut à KORDumbo
1
C'e~t à KORoumbo qu'on éehangeait
j
i
~
l'a~gent
le paq~ baoulé nommé RoRoumbo.
C'e~t là où i l y avait l'o~ qu'on
~amenait
il pa~tit de KORoumbo et il a~~iva
à Toumodi qu'il dépa~~a pou~
KpaRobo ; mai~ ent~e ee pau~ et Toumodi
on avait l'habitude de eéléb~e~ n'gbè.
Lo~~qu'il 6ut là on venait de eéléb~e~
n'gbè, on venait de b~ûle~ la ~avane
ra~tout pui~ on était pa~ti ;

249
même que la ~avane n'avait pa~ 6ini
de b~ûle~, il ~e~tait eneo~e une tou66e
où le 6eu b~ûlait tout autou~.
Alo~~ il dit: "voilà que ee~ gen~-là
f
ont abattu de~ ta~ de gibie~, ~i je
1
le~ avai~ t~ouvé~ je leu~ au~ai~ r~i~
de l'agouti, au moin~ un pou~ alle~
mai~ voilà qu'il~ ont tout 6ait et
1
qu'il~ ~ont pa~ti~".
1
l -
i
Il ~ega~da et vit que la toun~e de
1
~avane qui e~t la était entou~ée de
1
61amme~. Alo~~ il ~e dit: "On ne ~ait
jamai~, il ~e peut qu'un agouti ~oit
1
1
eaehé la-dedan~, lai~~e-moi jete~
!
j
un eoup d'oeil pou~ voi~".
1
f
fi
Il monta ~u~ un te~t~e et voiei
1
~
~
~
î
qu'un g~o~ Ma~gouillat a tête ~ouge
1
était au eoeu~ de la tou66e.
Le Ma~gouillat eou~ait de pa~t et
d'aut~e, où qu'il allait il y avait
du 6eu, il ne ~avait pa~ où
pa~~e~ pou~ éehappe~
(au 6eu) et 6ui~.
Voué le vit. Voué dit :
"Vi~ done ! Ce Ma~gouillat-la
a de~ di66ieulté~ ; ~i le 6eu qui b~ûle

250
Ma~gouillat e~t mo~t l"
Il alla ehe~ehe~ une b~anehe de ~onie~ à
moitié ~ongée pa~ le~ 6lamme~ et
l'appo~ta.
Il la planta au milieu de la tou66e.
Alo~-b le Ha~gouillat eou~ut pa~tout,
pa~tout, et a~~iva p~~~ de la b~anehe
il l'e~ealada et il (youé) le p~ojeta
ju~que ~u~ le -bol lib~e où il tomba,
gbao.
Ma~gouillat au~~itôt tombé Rp~~~~~~
Ma~gouillat dit : "Han 1
iil ne eonna~t pou~tant pa~ l'homme)
e-bt-ee toi qu'on appelle uo~é ?
Il dit: "oui e'e~t moi qui me nomme
YOlfé"
"han aujou~d'hui tu a~ ~ait un
m'au~ait b~~lé
l"
Il dit: "oui, ça e'e6t bien, ea~
du 9ibie~ là et quand j'ai jeté un
eour d'oeil je t'ai vu qui étai6
{
1
1
i,
f

251
en t~ain d'êt~e b~ûl~ pa~ le ~eu
le 6eu ne pou~~ait pa~ t'atteind~e
C'e~t pou~quoi j'ai agi ain~i pou~ toi".
"Tu a6 6ait un t~avail bon et lou~d
Si v~aiment tu n'étai~ pa6 a~~ivé
aujou~d'hui ~e 6eu-là m'au~ait tué.
E6t-~e toi qui te nomme6 yoqé 7"
I l dit
"C'e~t moi qui me nomme VOq~".
Il dit
"C'e6t-e6t-e6:t ... ça".
Cependant nou6 qui 6omme~ i~i,
~a6~è, kpHé ...
la maladie qui ~e nomme lèp~e
nou~ ne la ~onnai~~ion~ pa6.
{
1
Cette ~ho~e exi6tait à Eghe~hi.
Ma~gouillat dit : "~e t~avail que
tu vien~ d'a~~ompli~, je ne 6ai6 quoi
Yové tou~na 6u~ lui-même
il ne 6ut quoi tou~he~
il dit: "han ! ~e que j'ai 6ait pou~
toi,
e~t-~e ~ette pa~ole-là que tu
p~onon~e6 pou~ moi ?"
Il 6'avança dan~ l'intention d'att~ape~
Ma~gouillat, mai6 ~e de~nie~ ~auta de

1
1
252
!
1
1
!
[
!
1
~
!
"1
1
Il pou~4uivit Ma~gouillat jU4qu'à ~e que
Ma~gouillat g~impe a un pa~a401ie~
1
et 4'in4talla au 40mmet de l'a~b~e.
!
Il n'avait pa4 empo~t~ de 6u4il
a6in de ti~e~ ~u~ Ma~gouillat.
Il ~ep~it le ~hemin et tout en ma~~hant,
i l pen4ait a ~ette hi4toi~e
alo~4 4a peau 4e mit a le d~mange~.
1
Il 4e g~attait le ~O~P4, 4e g~attait
1
1
le ~O~P4, il le 6~ottait même aux a~b~e4
i
ain4i de 4uite, le temp4 d'êt~e a
1
Tia44alé,
4a peau tout entiè~e 6ut
1
a~~a~h~e et meu~t~ie,
!~
Cette d~mangeai4on ~ontinuait 4an~
Ma~gouillat lui avait donnée,
Mai4 pe~4onne ne ~onnai44ait ~ette
maladie.
Il4 ont tout e44au~,
de l'eau ~haude pou~ 4e lave~ le ~O~P4,
il4 ont 6ait n'impo~te quoi,
ju~qu'à-a-a ~o~o~o 4e4 o~teil4 et
Il avait la lèp~e.
_ _ _ _ _ ......J

1
1
253
!
!î111
Le6 gen6 ne 6avaient pa6 que cette
1
~
1
Ce avec lequel il6 6e lavaient le CO~p6
1
1
,
lui (yoyé) 6e~vait également.
il
~
Il6 lui donnaient à mange~
1
~1
1
,1
;1
Ain6i de 6uite jU6qu'd-d-d gbou
j
'~
~
quand lia maladie) le tua, elle
1
!l
6'attaqua a quelqu'un d'aut~e.
1
1
mou~ut, ce 6ut le tou~ d'un aut~e.
1
Il6 n'u comp~enaient ab601ument ~ien.
1
Il luouél ne leu~ en avait pa6 pa~lé.
j
Mai6 comme nou6 le6 Abbeu il n'y a
1
que la boi66on que nou6 aimon6
r
ca~, lo~6que nou6 voyageon6 et que
quelqu'un nou6 o~6~e à boi~e, aU66itôt
nou6 nou6 in6tallon6 chez lui
toujou~6 à cau6e de cette boi66on,
le6 gen6 de Tia66alé qui 60nt méchant6
p~ennent ce qui a 6e~vi d'objet6 de
toilette au dé6unt pou~ te donne~,
à l'end~oit où le dé6unt a do~mi
il6 p~épa~ent ta couchette.

254
1 / L-
/
ad ra 5~
d~jà attaqu~e à toi.
1<,; kJ-ko'bi n,J' t~r~
Voilà d'où vient la l~p~e qu'on
1
!
~... la ~bt n'o
t~ouve chez le~ Abbe~~.
1
l
1
1
!
1
1
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!
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J1
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1
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"
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255
N.
113
Le~ di~eu~~ di~ent •••
!,
i
1
~
••• le~ entende~~ n'entendent pa~.
1
- Maü ~i le~ dÜe~~ ne düaient pa~ ?
1
1
!!"1
Veux ma~gouillat~ ~e battaient.
Î
~~
Ch~en dit: "Voila deux ma~gou~llat~ qui ~e battent.
Coq ! Va le~ ~é pa~e~".
1
Coq dit qu'il ne le~ ~épa~e pa~.
1
Chien d~t : "Le combat que ~e liv~ent ce~ gen~
1
1
n'e~t pa~ bon ~igne. Va donc le~ ~épa~e~".
t
Le Coq dit qu'~l ne le~ ~épa~e pa~.
1
Il pa~~e ~on chemin.
Quelque temp~ ap~~~, Ch~en vo~t ven~~ Cab~~. Il lui
d~t
"Vo~la que le~ Ma~gouillat~ ~e battent. Va lu ~épa~e~".
Cab~~ d~t qu'~l ne le~ ~épa~e pa~.
Il pa~~e ~on chemin.
Chien, po~ ~a pa~t, deme~a à ~a même place.
Il voit veni~ Mouton.
"Mouton! Le combat que ~e liv~ent ce~ deux ma~gouil­
l.at~ peut êt~e ~ujet à commentai~e~. A~~ête-le donc", dit-il au
Mouton.

256
1
Celui-ci dit qu'il ne l'a~~ête pa~.
1
i
!
- Je n'ai ~en a voi~ dan~ le combat qu'il~ ~e li-
l
v~ent. Po~quoi le~ a~~ête~ 7
i
,
l
- Non, dit le Chien ••• le combat qu'il~ ~e liv~ent
{
n'e~t pa~ bon. C'e~t pou~quoi je te demande de l'a~~ête~. Mai~
1
Î
vou~ ~e6u~ez tou~ de l'a~~ête~. Cependant ce combat peut conti-
~
nue~ ain~i et alle~ t~~~ loin".
1
1
Mouton pa~~e ~on chemin.
Quelque~ in~tant~ ap~~~, Chien voit veni~ Boeu6-1e-
G~o~. Ca~ c'e~t Bo~u6 qui e~t le~ che6. Quand celui-ci 6ut
\\
p~~~ de lui, il lui dit : "Boeu6 ! va 6ai~e ce~~e~ le~ combat.
i1
Toi au moin~, tu e~ g~o~. Si tu va~ le~ t~ouve~, c'e~t po~~ible
\\1
qu'il~ ~enoncent a ~e batt~e.
}
,,
{
Ah ! ça ! Ce gen~e de baga~~e . . ... Ce combat peut alle~ t~~~
loin. Va le~ ~~pa~e~".
Mai~ Boeu6 ~épond : "Tu te moque~ de moi 7 Ce~
gen~ qui veulent ~e batt~e••• Mai~ toi-même, ne peux-tu pa~
alle~ 6ai~e ce~~e~ ce combat 7"
Non! Ce n'e~t pa~ ça. Si j'ai dit cela, c'e~t en connai~~ance
de cau~e. Ré61~chi~ un peu. Voilà de~ individ~ qui ~e battent,
et le combat ne ce~~e pa~. Kpata ! Kpata ! il~ ~e battent. Je
vo~ di~ de le~ ~~pa~e~, vo~ ne le~ ~épa~ez pa~.

257
1
j
Ce eombat peut ent4atne4 de~ eon~équenee~••• ".
1
En e66et, le~ ma4gouillat~ d 604ee de ~e batt4e,
1
all~4ent eogne4 l'aghêehê d'une vieille 6emme.
1
!
Aut4e601~,
dan~ nO~ village~,
on eon~t4ul~alt d la
•l
6emme devenue t4~~ vieille, une ~o4te de mal~onnette appelée
aghêehê. Et la vlellle 6emme vivait dan~ ~on aghêehê.
A 604ee de ~e batt4e, le~ ma4gouillat~ allè~ent eo-
gne4 l'aghêehê de la vieille.
Quand l'aghêehê ~'ée4oula, il tua la vieille 6emme.
1
1
;
Le~ md4gouillat~,
au~~ltôt,
gb40u 1••• p414ent la 6uite d
1
f
toute vlte~~e.
j
1
1
!
04, la vieille 6emme avait de~ en6ant~, de~ petlt~­
\\
!
j
en6ant~, de~ a441~4e-petlt~-en6ant~ vivant un peu pa4tout.
1
~
A~~l, d~~ qu'elle moU4ut, On envoya un me~~age d O~ompo, POU4
ln604me4 ~a 61lle qui ~'y t4ouve. A eelle qui e~t à Amagbeu,
on envoya un me~~age. A Rublno, an envoua un me~~age.
On envoifa de~ me~~age~ pa4tout.
Se~ petlt~-en6ant~ et a441~4e-petlt~-en6ant~ 6u4ent
tou~ 4a~~emblé~.
Se~ gend4e~ 6u4ent 4a~~emblé~.
- Que ~'e~t-ll pa~~é ? demandent-ll~.
C'e~t-d-dl4e que la vieille ... Son aghêehê ~'e~t ée40ulée

258
1i
~u~ elle et l'a tuée. C'e~t po~quoi nou~ vou~ avon~ in60~mé~
1
et que vou~ ê.te~ a~tivé~.
- Mai~ qui ~ont ceux qui ont pou~~é l'aghêlé ~~ elle?
- Ce. ~ont le~ MMgouillat4 qui, a 60~ce de ~e batt~e, ont
cogné ~on aghêchê, laquelle. ~'e~t éc~oulée ~~ elle et l'a
tuée.
1
l
;
- Mai~, ~ont-il~, ce~ Ma~gouillat~ ?
i
i
- Ap~l~ avoi~ commi~ ce 60~6ait, il~ ~ont pa~ti~
~ont en6uü.
1
- Comment !! •••• Bon !"
1
1
1
(Cependant), on le~ demanda le~ nouvelle~.
j
f
j
i
(Pui~) on dit (aux gen~)
"Répa~ti~~ez-vou~ le~
1
ét~ange~~ et logez-le~".
1
On dit : "Toi, un tel, voici ton hôte.
j
1
Un tel, voici le tien.
1
1
Un tel, voici le tien ... ".
,;
1
!
Lo~~que tou~ 6~ent ~épa~ti~, quelqu'un, comme moi
(pa~ exemple) dit: "Moi, Aka660u Veni~, je di~
"Tel jeune
homme! Voilà.
Le~ ét~ange~~ ~ont a~ivé~. Nou~ leu~ avon~
demandé le~ nouvelle~, mai~ no~ n'avon~ pa~ 6ini d'abo~de~
tbu~ le~ p~obl~me~. Seulement, comme il commence à 6ai~e
nu~t
condui~ ceux qu'on m'a con6ié~ chez ma 6emme. Un coq
j
!
e~t à l'attache, qu'elle le~ p~épa~e le dZne~ avec ça.
1i
1
C' e~t demain que nou~ entend~ono le~~ nouvelle~".
j
j

259
On alla che~che~ le Coq qu~ ~e m~~ au~~~ô~ d c~~e~
ko~o
ko~o 1 ko~o 1
j
~j
Alo~~ Ch~en demande : wQu'e~~-ce q~ 6a~~ ce b~u~~ 7"
1
1
!
l
j
On l~ ~~pond : "c' u~ le Coq qu~ c«e w.
•!
I l da :
"Ma~~, qu'e~~-ce qu.{. a~~~ve au Coq 7"
On lu~ ~~pond
"Ma~~,
c' e~~ qu'on l' a a~t~ap~. C' e~t
pou~quo'<' ~l c~~ew.
I l d~t :
wComment ~e 6aU-il qu'on l'a~e att~ap~ 7
Je c~o~~ avo~~ d~jd 6a~t allu~~on à cela 1 J'ava~~
d~t que le combat que ~e l~v~a~ent ce~ ma~go~llat~ pouva~t
êt~e ~ujet à commenta'<'~e~ e~ qu'~l 6alla~t qu'~l l'a~~ête ;
1
~l m'ava~t ~t qu'~l ne l'a~~êta~t pa~ 1
1
(Coq
1) vo~là qu'on ~'e~t empa~~ de ~o~ ! Peut-êt~e
1
a-t-on quelque cho~e d te d~~e 1 et te vo~là qu~ c~~e~. Qu'~
1
1
a-t-~l donc 7"
On emmena Coq, on le tua, on l'o66~~t d l'~t~ange~r
Le lendema~n,
telle pe~~onne d~t : "Qu'on lu~ o66~e
ce cab.ü 1" Telle aut~e d~t : "Qu'on lu~ o66~e ce mouton 1"
Pendant ce temp~, Ch~en, a~~~~ à ~a même place, ~e
nOM~~t de~ coulée~ de ~ang, au~~~ b~en que de~ o~.
Il en 6ut a~n~~ ju~qu'à la date de~ 6uné~a~lle~.
(Là),
on d~t
"Amenez le boeu6 1"

[
260
1
f
1
On ~'empa~e de Boeu6 qu~ ~e d~bat pendant qu'on
l
l'amlne. Kpoutou Il Kpoutou pou-ou Il 6a~~a~t le Boeu6.
i
Et Ch~en de lu~ demande~ : "Qu'e~t-ee q~ t'a~~ve 7
1
1
-
La IIIan~l~e dont ~l~ m' amlnent ••• Ne vo~~-tu pa~ eomme ~U
!
Ille ~a~nent 7 Tel qu'~l~ m'emmlnent, quo~ de bon me d~~ont-~l~ 7"
j
j
j
-
S'~l~ ne te düent ~~en de bon •••
1.~
C'e~t ee que j'ava~~ vu et qu~ m'ava~t 6a~t d~~e que
le eOlllbat que ~e ~v~a~ent ee~ gen~, ent~a~ne~a~t de~ h~~to~~e~
et qu'~l 6alla~t que vou~ l'a~~êt~ez. Vou~ avez ~e6~~ de l'a~­
~ête~.
j
j
Mo~, ~e~ p~~~ent, qu~ m'o66~~~a a tou~ ee~ ét~ange~~
t
j
qu~ a~~~vent 7 Mo~, Ch~en, on ne peut m'o66~~~ (po~ ~on 6e~t~n),
1
l
a un ét~ange~ 1
)
Lo~~qu'a~~~vent le~ hôte~ et que l'on vou~ tue, e'e~t
mon bonhe~ que mo~ je ehe~ehe. Véehet~, o~, je le~ mange to~
i
j
et je me po~te à me~ve~lle. C'e~t done en pen~ant à tout eela,
l]
en pen~ant que vou~ allez êt~e tu~~ que je vou~ a~ eon~e~ll~
1
d'a~ête~ le eombat. vo~ avez ~e6u~é de l'~~ête~.
Vo~la l'a6-
j
6a~~e 1 T~en~-to~ t~anqu~lle pou~ qu'on t'emmlne 1"
1
On t~a~na Boeu6 et On l'emmena.
1
î
Lo~~qu'on le m~t a mo~t, ~on ~ang eoula à te~~e et
Ch~en ~'app~oeha.

1
1 ~l mangea, mangea et mangea.
1
j
A~n~~, j~qu'à la 6~n de~ 6uné~a~lle~, lu~ ~eul ~'eng~a~~~a et
l
~
,
dev~nt éno~me ....
1
1
1
1
\\

261
Ve là on 6o~gea le p~ove~be. On a di~
"Le~ di~e~~ di~en~.
Le~ en~ende~~ n'en~enden~ pa~".

262
Yi'
,
';1'ri' y..'wo-
L
Ir
di~e gen~ eux di~ent
2
3
4
entend~e gen~ ne pa~ entend~e
2 3 4
1
1
!
i
... le~ entendeu~~ n'entendent pa~.
,1
!
i
1
1
1
1
'1
fj
Î
·1,
Veux ma~gouillat~
~taient en t~ain de
1
1
~e batt~e
Chien dit :"voill deux ma~gouillat~ qui
1
1
l
~ont en t~ain de ~e batt~e. Gallinac~,
1
i
,.
!
1
Gallinacé dit qu'il ne le~ ~~pa~e pa~.
Chien dit : "le combat que ce6 gen~
~e liv~ent n'e~t pa~ bon ~igne, alo~~
va le~ 6épa~e~".
Gallinacé dit qu'il ne le6 ~~pa~e pa~.
Ain6i de ~uite et Gallinacé pa~~a
60n chemin.
1
1

263
j
Il. d.i..t : "voila que le6 MaJr.gou.i..llat6
6e battent, il 6aut alleJr. le6 6~paJr.eJr.".
CabJr.i pa66a 60n chemin.
1
!1
Il vit ven.i..Jr. Mouton.
Il dit: "Mouton, ce6 MaJr.gouillat6-la,
1
!
l
le combat qu'.i..l6 60nt en tJr.a.i..n de 6e
!
l.i..vJr.eJr., ce combat qu'.i..l6 6e l.i..vJr.ent,
1
~
ce combat-là peut êtJr.e 6ujet à commen-
1
1
t
taiJr.e, aJr.Jr.ête-le donc",
1
1
,
1
Il dit qu'il ne l'aJr.Jr.ête pa6 :
i
1
~
~
"dan6 le combat qu'il 6e l.i..vJr.e, je n'ai
1
1
,
1
i
t'
Jr.ien a y 6aiJr.e, pouJr.quoi l'aJr.Jr.êteJr.ai-je ?
j
r
,
Il dit
"Non. ,. le combat qu'il 6e
j
ifF
1
livJr.e la, ce combat là n'e6t pa6 bon
î
1
,
1
1
C'e6t pouJr.quoi je te demande de l'aJr.Jr.êteJr.
l
!ir
J
"
CaJr. ce combat-là peut ain6i continueJr.
1
1
,
î
1
Mouton pa66a 60n chemin.
1
i
1
Quelque6 temp6 apJr.~6 il voit Boeu6 le
!
gJr.06, caJr. c'e6t Boeu~ qui e6t leuJr. che6
1
Quand Boeu6 6ut pJr.~6 de lui (chien),
1
il (chien)
dit : "Eoeu~, va 6aiJr.e ce66eJr.
leuJr. combat, toi au moin6 tu e6 gJr.06

264
1
Si tu va~ le~ t~ouve~ il ~e peut
qu'il~ ~enoneent de ~e batt~e.
Mai~ eette 6açon-là qu'il~ ont de
~ e batt~e
Ce eombat peut alle~ t~è~ loin.
alo~6 va le6 ~(pa~e~".
Mai~ Boeu6 dit : "tu te moque~ de moi".
Ce~ gen6-1à qui veulent ~e batt~e ...
Mai6 toi qui e6 là, ne peux-tu pa~
il dit: "non ee n'e6t pa6 eela
Toi, ~é6Hehü
Voilà de6 individu6 qui 6e battent
et ee eombat ne ee66e pa6
116 6e battent kpata kpata
Je vou6 di6 de le6 6épa~e~
VOU6 ne le6 6(pa~ez pa6, ee eombat
peut ent~alne~ de6 eon~équenee6".
En e66et le~ ma~gouillat~ a ~o~ee de
6e batt~e 60nt all(6 eogne~ kpo
- avant dan6 n06 village6 la vieille
t
6emme qui devient t~è6 vieille, on lui
r.
1
r
eon6t~uit une 60~te de mai60nnette
1
appelée aghèehè, et la vieille 6emme
ri
vivait dan6 60n aghèehè - à ~o~ee de
1
!
1
!

265
~e batt~e, il~ ~ont all~~ ~po cogne~
il~ ~ont all~~ le cogne~
quand l'ach~ch~ tomba
il tua la vieille 6emme
au~~itôt le~ ma~gouillat~
gb~ou
~'en~ui~ent à toute vite~~e.
Mai~ la vieille 6emme, elle,
a 6ait de~ en~ant~,
de~ petit~-en6ant~ et a~~iè~e-petit~-
en6ant~ qui vivent un peu pa~tout !
Au~~i, dè~ que la vieille 6emme mou~ut
;
~
On envoya un me~~age à 06ompo
+
:,l
a ~a 6ille qui e~t la-ba~
j
on envoya un me~6age.
1
A celle qui e~t à Amagbeu
1
.,
1
On envoya un me~~age.
j
A Rubino.
1
On envoya un me~~age.
On envoya de~ me~~age~ pa~tout.
6u~ent ~a~~emblé~ ;
~e~ gend~e~ 6u~ent ~a~6emblé~.
- "Que 6'e~t-il pa~~~ ?"
Vieille .. . ,

266
Son "aghlchl" e6t tombf 6u~ elle
et il l'a tufe, c'e6t pou~quoi
nou6 vou6 avon6 in60~mf6
et que vou6 ite6 venu6".
ont pOU66~ l'"Aghlchl" 6U~ elle 1"
- "Ce 60nt le6 Ma~gotU.llat6, qu-<.,
à 60~ce de 6e batt~e ont cognf
60n "Aghlchl"
l"'aghlchl" 6'e6t fc~oul~ 6u~ elle
et l' a tuf e " .
On leu~ demanda de6 nouvelle6.
On dit : "~fpa~ti66ez-vou6
le6 ft~ange~6 et logez -lu" .
On dit : "toi un tel vo-<.c-<. ton hôte,
un tel vo-<.c-<. ton hôte,
un tel voici ton hôte".

'1.67
Nou~ leu~ avon~ demandé de~ nouvelle~
de touehe~ a tou~ le~ p~obl~me~
~eulement eeux qu'on m'a eonnié~,
eomme il eommenee à 6ai~e nuit,
Condui~-le~ ehez ma 6emme
et il ~ a un eoq qui e~t
qu'elle leu~ p~épa~e le d1ne~ avee ça.
Et ee ~e~a demain que nou~ entend~on~
de leu~~ nouvelle~".
On alla ehe~ehe~ le eoq
qui ~e mit au~~itôt a e~ie~
"Ko~o
ko~o ! ko~o ! ".
Alo~~ Chien dit : "Qu'e~t-ee qui
nait eomme eela ?"
On dit
"C'e~t le eoq qui pa~le".
Il dit
"Mai~ qu'e6t-ee qui a~~ive
au eoq ?II
On dit : "mai~, e'e~t qu'on l'a att~apé
e'e~t pou~quoi il e~ie".
Il dit: "Comment ~e 6ait-il qu'on
l'a att~apé et qu'il e~ie ! je e~oi~
avoi~ déjà 6ait allu~ion à eela
J'avai~ dit que ee6 gen6-1à, le eombat
à eommentai~e et qu'il nallait
qu'ii l'a~~ê.te,

·1
1
268
1
11
1
il m'avait dit qu'il ne l'a~~êtait pa~.
voila qu'on t'a att~apé, peut-êt~e
a-t-on quelque cho~e a te di~e
et te voila qui c~ie~, qy'y a-t-il ?"
On amena le Coq, on le tua
et on l'o6~~it à f'ét~ange~.
/ 1
1 L- / / /
C.'YI ft. (Ent.
é
Le lendemain telle pe~~onne dit

II.
~b~c.;~jï~
"Qu'on lui o66~e ce cab~i !" là 6e~
hôte~ )
Celui-ci dit
"Qu'on lui o~~~e
ce mouton !"
Pendant ce temp~ Chien, lui, a~~i~ a
6a même place, mange ~ang aU6~i bien
que o~.
Et ain6i de ~uite ju~qu'au
jou~ où ce ~u~ent le~ 6uné~aille~.
On dit:
"amenez boeu~ !"
On att~apa boeu6 qui ~e débattait
pendant qu'on l'amenait.
Boeu6 6ai6ait : "Kpoutou kpoutou pou ou
Chien dit : "Qu'e~t-ce qui t'a~~ive ?"
Alo~6 il dit : "la mani~~e dont
on m'emmène
ne voi~-tu pa~ comme il6 me t~a1nent ?
tel qu'il~ m'emmènent quoi de bon
vont-il~ me di~e ?"
Il dit : 'ts'il~ ne te di~ont ~ien

269
de bon ...
C'e~t ce que j'avai~ vu et qui
1
m'avait 6ait di~e que le combat
que ce~ gen~ ~e liv~aient allait
ent~aZne~ de~ hi~toi~e~ et donc qu'il
6attait que vou~ t'a~~êtiez et vou~
aviez ~e6u~~ de t'a~~ête~.
Moi qui ~ui~ ici,
de tou~ te~ ~t~ange~~ qui a~~ivent
1
qui va m'o~6~i~ a un ~t~ange~ ?
moi Chien on ne m'o66~i~a pa~ a un
1
1
~t~ange~.
je ~ui~, to~~que te~ ét~ange~~
1
a~~ivent et qu'on vou~ tue ato~~
moi, c'e~t mon bonheu~
)
que je che~che ; et te~ o~,
et te~ déchet~, je te~ mange tou~,
je me po~te bien. Vonc, c'e~t en
pen~ant a ceta, te 6ait qu'on va vou~
tue~, que je vou~ ai dit d'a~~ête~ te
combat vou~ avez ~e6u~~ de t'a~~ête~,
et voila t'hi~toi~e. Tien~-toi
t~anquilte pou~ qu'it~ t'emm~nent 1"
On t~aZna boeu6 et on t'emmena.
Lo~~qu'on te tua te ~ang couta a te~~e
et Chien ~'en apr~ocha.

vo
f,'t>'f.;- dt' cl( dl
tôtôtô il mangea, mangea, mangea,
....
...
~
.... b'
, t2 ~I(
of,} v/E. ni
On dévida l'e~tomac et le~ inte~tin~
Ct
t
Cd/ ",- J 1
df al' dt
il mangea, mangea, mangea.
mi ft! mlla'a.... la'
Et Chien, Chien ju~qu'a ce
....
_
/
.....
_ / A
....
o Wo 1t'I i 0 W'o O~ 1't-
qu'on 6ini~~e de 6ai~e le~ 6uné~aille~
riS-ùkt3 s1",:)/
lui ~eul a p~i~ du poid~ tel
~lfô s~'rs ij'\\bÜ ~"'n;'
qu'il e~t devenu éno~me.
Ve la on 6o~gea le p~ove~be. On a dit
le~ entendeu~~ n'entendent pa~".

277
N. 774
ls.il qui-doU-c.omp1l.endJr.e a c.omp1l.-w,
(quel qu~-do~t-c.omp1l.endJr.e c.omp1l.enne
il. aLLIla c.omp1l.-w , c.eiI.U -là
qui c.omp1l.endJr.a
"Ta mèlte te t'a d~t.
Mo~ a.u-M~, ma mèlte me t' a d~t".
La ~~g~6~c.~on de c.ela 1
Le 6~ de Chat et te 6~~ de SouJr.-w jouent eMembte. Quant
Chat-6~ maJr.c.he jMque ~uJr. te ~abte, il. CJtù : "Qu~ doU c.omplLendJr.e a
c.omp1l.-w !". Et SOuJr.-w - 6~ : "Ii aLLIla c.omp1l.-w, c.e-f.tû-là qu~ c.omp1l.endJr.a!".
Ma~~ aupaILavant, quand ~a mèILe ne lui av~t enc.olLe
IL~en appIL~~ et que ta mèILe de t'autILe ne lui ava~t enc.olLe ~en
appILi~ égatement, c.'étaient te~ deux qui joua~ent, le~ deux qui
jouaient.
Un joulL, quand Chat-6it~ ILentILe d la mai~on, ~a mèILe
lui demande: "Avec. qui joue~-tu poU/t ne ILentILeIL d ta mai~on
qu'a ta tombée de ta nuit 1"
- C'e~t te 6~t~ de SOUIL~~, ILépond-~t.
-
- Comment !1 C'e~t avec. te 6~t~ de SouILi~ que tu joue~ et tu
ILen~ILe~ bILedouitte 1 Voqon~ ! La SouILi~, c.'eJt c.e que nou~

272
mangeon~
La p~oehaine
6oi~, lo~~que tu joue~a~ avee lui,
to!lM
~on eou et p~end~-le dan~ ta bouehe pou~ ~ent~e~. Ce
quand i l ~ent~e
"Avee qui joue~-tu là-ba~ jlùqu'à la tomble
de la nu.i.t 7"
Sou~i~-6il~ ~~pond : "C'e~t avee le 6il~ de Cha~".
Et la m~~e : "Vi~ done !! Ceux-là et nolù, ne ma~-
ehon~ pa~ en~emble
,
eou. Tu ne me l'a~ pa~ vite dit, tu a~ joué avee lui ju~qu'à
ij
p~é~ent. Mai~ maintenant, lo~~que tu joue~a~ avee lui, ~u~
i
l'ai~e de jeu, ~'il t'a~pelle, pa~~e de~~i~~e lui. Et (de pl~l,
voiei ee que tu doù lui ~épond~e••• ".
1
Il~ ~e ~et~ouvent.
Chat-6iü dit:
liA eomp~ü eelu.i. qui doit eomp~end~e"
Et So~ü-Ml~ : "Qui doit eomp~end~e a eompti~ ! Qui doit
La pa~ole que ehez toi, ta m~~e t'a eon6iée, moi au~~i,
étant allé ehez moi, ma m~~e me l'a eon6iée au~~i.
Il~ ne ~e ~eneont~ent plu~.
Il~ ne ~e ~eneont~ent plu~. V~~ ee jou~, leu~ amitié
6ut ~ompue.

1
1
273
1
1
1
1
Alo~~ Chat-6~l~ d~t : "Eh b~en, eomme not~e am~t~~
e~t ~ompue, ~l n'y a pa~ qu'un ~eul po~nt pa~ lequel on t~an­
1
ehe le eLt~on ! Pa~tout où on ~anehe le e~t~on, on obt~ent
1j,
du j~".
A~n~~, quand, pa~tout ~lle~~, on ~e met a dégage~
de v~e~lle~ toLt~e~ de papot~, dl~ qu'appa~a~t une ~ou~~~, le
ehat bond~t et l'att~ape.
1
Le Chat ne peut plu~ du tout, ma~~ pl~ du tout ~en­
1
i
t~~ la ~ou«~.
j
Ma~~ ~~ tou~ le~ deux ava~ent pe~du le~ ml~e, le~
j
amit~~ au~a~t du~é. Le Chat n'att~ape~a~t pa~ la So~~~. C'e~t
f
1
!
pa~ee que le~ deux ml~e~ ava~ent ~évélé ee qu~ ~e pa~~a~t,
ava~ent ~évélé eomment eeux-e~ mangea~ent eeux-la ; e'e~t-pa~ee
qu'elle~ ava~ent ~évélé la vé~~t~, que le~ deux 6am~lle~ ~e
1
~ont a jama~~ ~épa~ée~.
Alo~~, e'e~t exaetement eomme ton am~ et to~. Vou~
vo~ 6~équentez. Ton am~ a ~a ml~e 2n v~e. Tu a~, to~ au~~~ la
t~enne en v~e.
Pendant que vou~ ête~ en~emble, ~~ elle~ ne ~aeontent
pa~ de~ h~~to~~e~ de d~~eo~de pouvant vou~ emba~~a~~e~, ~~ l'une
de~ deux ne ~'~llu~t~e p~ avee de~ h~~to~~e~ de d~~eo~de (an-
e~ennel, eomment l'aut~e peut-elle en 6a~~e autant ? A~n~~, ~~
vou~ K'ête~ «u eo~ant d'aueune h~~to~~e de ~~eo~de (ane~ennel,
vou~ ~e~tez l~é~, vou~ ehem~nez en~emble j~qu'a ee que, dan~

274
vot~e 4miti~, vou~ atteigniez !a viei!!e~~e.
Mai~ d'4u~e pa~t, ~i l'un n'a pa~ ~a ml~e ~n vie
~ que !'aut~e n'a pa~ non p!u~ !a ~ienne en vie, qui peut
TOU6
!e~ deux, vou~ pe~~~v~~ez dan~ vo~e amiti~
tant que vou~ voulez.
1
l
1
1

275
,
b~~e'
. '"
d, ~~"
b~~~ ~ <=je
ci c.jé' y.,g" b~ cJe
1
2
3
1
1
2
3
4
5
1
1
1
1
1
!
1
J
2
3
j
2
3
4
5
1
1
1!
1
j
1
1
(que) qui-doit-eomp~end~e
1
eomp~enne
r
il au~a eomp~i4 eelui-là qui
t
1
l
1
1
"Ta m~~e t'a dit
1
!
La 4igni6ieation de eeei :
1
le 6il4 de Chat et le 6il4 de SOU~i4
1
jouent enJ.>emble.
1
Quand il (6il4 de Chat) ma~ehe jU4que
t!
\\
"il au~a eomp~i4 eelui-là qui
1
1
eomp~end~a" .
1
\\~ b~c.jé ci c:jt'"
Et l'aut~e. "J.>i qui-doit-eomp~end~e
a
1
be'cjl'~
1

276
compllenne.
Mai~ aupallavant, quand ~a m~lle ne
lui avait pa~ dit, et que la m~lle
1
de l'autlle au~~i n'avait Ilien dit,
rJ
C'étaient le~ deux qu~ jouaient,
1
C'étaient le~ deux qui jouaient.
1
t
Un joull quand il ~'en 6ut a la mai~on
1
j
La m~lle de Chat dit
"Avec qui joue~-tu
POUIl ne pa~ Ilentllell a la mai~on
ju~qu'a la tombée de la nuit ?"
Il dit : "C'e~t le 6il~ de Soulli~".
Elle dit: "Comment ! C'e~t avec le
6il~ de Soulli~ que tu joue~, et tu
t
te l~ve~ POUIl Ilevenill blledouille,
1
nou~ mangeon~ ! la pllochaine 6oi~
1
lOIl~que tu j ouella~ avec lui,plie~
1
~on cou et pllend~-le dan~ ta bouche
pOUIl Ilentllell, ce ~ella notlle noullllitulle".
J1
"avec qui joue~-tu la-ba~ ju~qu'a la
tombée de la nuit avant de Ilentllell ?"
Il dit
"C'e~t avec le ~il~ de Chat"
Elle dit : "Vi~ donc! Ceux-la et nou~,
1
j

277
1
1
'"
1
"
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'"
-
, , '
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re Yl~ tt. Ji. \\.\\Jet ~Q 'H. e.. ~
~e ehemi~o~~ pa~ e~~emble,
~'il~ ~ou~
Ki' ~cr w~ ~\\~ \\d r~ ';)'\\i
t~ouve~t, il~ ~ou~ b~i~e~t le eou,
1
~ ~:)' 'ft\\.i' "il: tlt ~~~i
tu ~e m'a~ pa~ vite dit, tu a~ joué
1
,
Ak"
1"" \\ -
,
t
avee lui ju~qu'a p~é~ent, mai~ eomme
'"u,..:
Ju K\\ ~~ ~1. V\\(;"
1
t~ kt ~f \\1~ t-l{ ~i~b~
tu a~ dit eela, lo~~que tu joue~a~
1,
i
' .
~ -
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tAJi" 0 \\'Il"e:.. ~o
aveQ lui, a l'e~d~oit où vou~ ~e~tez
1
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, "'.,
,
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c:. )'e
"\\-1'
ôbc. VI:> \\'\\a 'Ml. d 't' 1.4):;) \\. \\.
pou~ joue~, 6'il t'appelle,
1
~;; Ylà ~~ ';)~ k~' tti ~~L
1
, \\
"l"
'1'
,
Kpe \\Mh~ Y\\ël 't;) ~~~;;> \\ Y\\d
et voiQi Qe que tu doi6 lui ~épo~d~e".
c.~
r\\\\ a"ë\\ti~(
Le 6il6 de Chat dit :
1
é &~ 'fi; \\~
1
\\
"
"
" '
q
c.~c. fld be c.J ë."
\\
",.,\\,
' "
Le 6il6 de SOu~i6 dit : "qui-doi~
1
OWw;) h. "l-<i" ~e..c:le.
,
\\
,
1
~ c..j{ 'be.c.J~\\ et Co~t.'"
t
J
La pa~ole que ehez toi ta m~~e
j'ai été ehez moi, moi aU66i
l
ma m~~e me l'a eo~6iée".
1
1
1j,i~
d~~ Qet i~6ta~t leu~ amitié 6ut ~ompue.
1
J
Alo~6 le 6il~ de Chat dit : "bie~,
1
eomme ~ot~e amitié e6t ~ompue
}
il ~'y a pa6 qu'u~ ~eul poi~t pa~
1
lequel o~ t~a~ehe le eit~o~ !

27&
~hi Yl~ ~o~ 5 ~d ll~ ~ ~
Pa~tout où l'on t~anche le
J~ :l~f~\\~ \\M~t[ ~ e:'f~t
clt~on, on obtient du jua".
f't ~\\~",~ i
A
ke' ne
Alo~a al c'eat ailleu~a qu'on eat
1...
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,'101"
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en t~aln d'enleve~ quelquea vieux
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~~'::of\\) e. \\\\\\~ù ~ ~i.
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1
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papota, dèa que la aou~la ao~t
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t::l Co k'ci' c::.~ YI ~
le Chat bondit et
1
'(o\\~f: ~oci ~~ ~~ü.o e::
k cl- j~ ;;; St
il l' att~ape.
1
1/ '/.,
J \\ / '
, V' '"
-
'1_ ....
00 O~'L .e. k q 6 e.
Le Chat ne peut plua
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0",\\.0;)
vol~ la Sou~la
,
1 , -
q ~t iQlt-a' ~dtd' LoJ ~à
du tout du tout du tout.
~~~ ~\\9' ft: ki I~ .Q)~OZ:'"î
Mala al toua lea deux
1
be: '
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ce. "'~ t"~ o-e ~;l \\1~ r) YI~
avalent pe~du leu~ mè~e l'un et l'aut~e
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~~ c.e. ~'" t'br"\\) 'YI; c..i r,jf" "'~
leu~ amitié au~alt du~é
Jl
,
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'"
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'"
~
Le Chat n'au~alt paa att~apé la Sou~la.
00 o'lpt- t~ JL t:l\\.cw') \\..ùO
:t
fIt 1c,,'·H. )1~ la n~ \\a- Y'li
C'eat pa~ce que lea deux mè~ea
cl \\:s c-t. b~ \\~~~' e.: '" b~
avalent ~évélé ce qui ae paaaalt,
1
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;~è c.~ b~ è:N' c..~ \\~ ~a\\ &. ~l.' ~~ Comment lea una mangent lea aut~ea,
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j
Ct.
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jc:l!Î'ld
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qu'ellea avalent mont~~ la vé~lt~,
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Jè~VJ; V\\~ k~J[
que lea deux 6amillea aont (à jamalal
1
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1
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+à 1<; ~; c.~4.7~ ICi..
Alo~a c'eat comme ton ami et toi
i '"\\\\r2 01>'
voua voua 6~équentez.
'-'.,,..
,
\\M~ <:
Ton ami a aa mè~e,
1
't'Vu 'II Cl' ':) VI ~
.(~ s~
f,
.fa' ~~ "'~
Toi auaal tu aa ta mè~e.
i,
r!
1~ ,
' y ' ' ' \\
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,
p~ e..pa oe O"be.sc ke.
Pendant que voua êtea enaemble al
Yé bd/ JeiJcr ~ ~b~ oe"
ellea ne ~acontent paa dea hlatol~ea de
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1
""...n. __ -1 1
\\1 ~
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d ~ :..rTYl'::> ':) d ~ 1
dlaco~de voua conce~nant,
j

279
mol '1~ D'ci'o:> .GL; [~b;
Si l'une ne vient pa~ avec de~
cci" ~&'
hütoüe~ de dücO.ltde
~t-G +~ ~ b~ bo:: Se- J~j~ Comment l'autlte peut-elle en 6ailte
~ bi [
autant ?
~~ Y\\'r~ IV'; J~J~ ttMb~ w~"'~ AloH ~i vou~ n' appunez aucune hütoüe
'"pe: ~q- 75'';;Ob
de dücO.ltde, vou~ Ite~tez l-i~~,
~'-
/
.... .,
~\\
~.::; vtl Yljlt.. \\'\\~ ~~i. \\ML c:..s~
vou~ cheminez en~emble ju~qu'a ce que
~yë. k.;j h~ ~i. ë:" te..' \\.
vou~ vie.ill-iuiez dan~ cette ~üuat.ion.
....
,
'A'
~ \\ -
1/
'
d
-:~ë nfet '1?2I \\lit
,..,a.(.~
'autu paltt,
~~~""'C ~ ({Ylî
Si l'un n'a pa~ de m~lte,
c\\'f'St~\\'\\~ ~ s;;' 6.:5 Y\\5"
Et que l'autlte n'a pa~ de m~lte non plu~
,
1 ' \\
l
" \\
C)c:i' be. jd ~ Pd- c:\\\\\\'; {,
qui peut leult appltendu le pU~Q. qui
~'L.
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dQ.6eltait leuu lien-6 !
1
....., ~~~ L~ "YI êl
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~~'\\) 1\\It21 ~ra e..p":l)L
Tou~ le~ deux vou~ continuez
'v\\1~ ~ jr.:Si" b~ Sü
ju~qu' où vou~ voulez.
1
1
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1
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1
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1
1
)

280
N.
J J 5
1
L. j •••••••• p•••d .•.
1
... l'ap~~~-jumeau ne ~u~p~end pa~.
- Mai~ ~i le jumeau ne ~u~p~enait pa~ ?
Si le jumeau ne ~u~p~enait pa~ ...
Tu vien~ de la p~omenade...
!
Quand ta 6emme attend un en6ant et que tu va~ en
1
p~omenade,
tu igno~e~ qu'il ~'agit de jumeaux.
J
j
A ton ~etou~, on t'app~end qu'elle a mi~ au monde
de~ jumeaux. Alo~~ tu cou~~ che~che~ de~ oeu6~
1
Alo~~ tu cou~~ che~che~ de~ poulet~.
1
1
j
i
Mai~ un peu plu~ ta~d, ~i elle attend enco~e un b~b~,
1
ap~~~ le~ jumeaux, n'e~t-ce pa~ cela l'ap~~~-jumeau ? Et tu e~
1
au cou~ant de cet ap~è~-jumeau. Et quand ta 6emme le met au
monde, tu p~~tend~ que tu e~ ~u~p~i~ a nouveau ! N'e~t-ce pa~
1
1
que c'e~t lo~~que ta 6emme attendait de~ jumeaux que tu a~ ~t~
~u~p~i~ ? Comment l'ap~~~-jumeau au~~i peut-il te ~u~p~end~e ?
Aujou~d'hui, tu e~ venue me voi~. Je n'ai pa~ ~u la
date de ton a~~iv~e. Je peux di~e que tu m'a~ ~u~p~i~.

281
Mai~ demain. quand tu ~e~a~ pa~tie. ~i tu m'indique~
la date de ton ~etou~. et qu'a ton a~~ivle. je di~e
"Oh 1 tu m'a~ a nouveau ~u~p~i~ ! Je niai ~ien p~lvu pou~ ta
nou~~itu~e".
O~. le jou~ de ton dlpa~t. ne m'a~-tu pa~ p~lvenu
de la date de ton ~etou~ ?
Quand une 6emme attend de~ jumeaux. tu ne ~ai~ pa~
~'il ~'agit de jumeaux.
Mai~ lo~~qu'elle attend l'ap~~~-jumeau tu ~ai~ de
quoi elle aeeouehe : d'un ga~çon. e'e~t llap~~~-jumeau ; d'une
6ille, e'e~t l'ap~~~-jumeau ; a nouveau de~ jumeaux, e'e~t
1
l'ap~~~-jumeau.
1
1
1
1
l
1
1
1
f
1
1
1
1
j
1
1

Jumeau il 6u~p~end
Le jumeau 6u~p~end
,
'~..1 /.:- fi _,' -
lSt.- '710. r~ l'/'ot..
Si le jumeau ne 6u~p~enait pa6 ...
j
Tu ~evien6 de la p~omenade...
1
3
Quand ta 6emme attend un en6ant
ri
Et que tu va6 en p~omenade, tu igno~e6
;
1
qu'il 6'agit de jumeaux.
i
A ton ~etou~ on t'app~end
qu'elle a mi6 au monde de6 jumeaux
enco~e un bébé, ap~è6 avoi~ eu le6
jumeaux, cette nouvelle g~o66e66e-la
j
!A

2&3
l'appeLle?
tu en e6 au cou~ant, et quand ta 6e mme,
l'accouche, tu d~6 que tu e6 à nouveau
,
f
l!
~
1
que ta 6emme attenda~t
1
1
!
Aujou~d'hu~ tu e6 venue me vo~~,
1
1
Aujou~d'hu~ avant ton a~~~vée
!
!
,
t
~
1
1
1
!
1
6~ tu m'~nd~que6 la date de ton ~etou~
1
1
!
i
,
et qu'à,ton a~~~vée je d~6e
1
"Oh! tu m'a6 à nouveau 6U~P~~6
1
!
Je n'a~ ~ien p~évu pou~ ta nou~~~tu~e !~
!.
En ce moment le jou~ où tu pa~ta~6
1
Ne m'avai6-tu pa6 donné une date?
Quand une 6emme attend de6 jumeau~
1
!
Tu 6a~6 que 6i elle accouche

284
d'un ga~çon, ~'e~t l'Ap~~~-jumeaux,
~i elle a~~ou~he d'une 6ille,
f
~'e~t t'Ap~~~-jumeaux,
1
1
~i elle a~~ou~he à nouveau de jumeaux
c'e~t l'Ap~~~-jumeaux et de~ jumeaux.
l1
t
1
1
ij
\\1
1
!
1
,
1
1
1
1
1
1
l
1
)
!,1,1
1

285
N.
116
l'e~ea~got dit qu'il ~'e~t eaehl ...
... alo~~ qu'il ne l'e~t pa~.
Tu ~ai~, l'e~ea~got,
a pa~ti~ de einq heu~e~, ent~e
en b~ou~~e pou~ ~e eaeh~ ; et aux env~on~ de ~ix heu~e~, il
p~ltend ~'êt~é eaehl. Son do~, pou~tant, e~t a dleouv~t.
1
Pendant que ~on do~ e~t a dleouve~t, il n'e~t point eaehl
1
1
le 60nd de eela ?
f
!!
Toi qui 6ai~ un en6ant, ~i tu p~ltend~ ê~e en ~leu­
\\
1
i
~itl toi-même alo~~ que ton en6ant e~t au-deho~~ ...
!
1
!
1
la nuit, alo~~ que tu e~ eouehl, ~i ton en6ant, lui,
i
,
,
1
;
i
1
i
!
i
De la on a 6o~gl le p~ove~be. On a dit que l'e~ea~got
1
1
dit qu'il ~'e~t eaehl, alo~~ qu'il n'e~t pa~ eaehl.
j
1
1

286
1
/j.1
\\./I,,-j,-
r(;",,:>
E. nJ
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1
~Mlr!~ /cfoOf"
1
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4
1
1
2
3
1
,
i
E&c.a.Jl.got dit tui c.ac.hell
1
2
3
4
!
(pa&&i61
;
i
1
Atoll& (tui)
ne pal. c.ac.hell (pa&&i6l
2
3
L'e&c.allgot dit qu'it &'e&t
c.ac.h~
... atoll& qu'it n'e&t pal. c.ac.hé.
Tu voi&, t'e&c.allgot,
j
a palltill de c.inq heullel. it
1
,
entlle en bllou&&e POUIl &e c.ac.hell
1
et aux envillon& de &ix heullel. it dit
qu'it a 6ini de &e c.ac.hell,
poulltant
&on dol. e&t a déc.ouvellt.
Pendant que &on dol. e&t a déc.ouvellt
It n'e&t pal. du tout c.ac.hé !
Le ~ond de c.eta ?
Toi qui 6ai& un en6ant,
si tu pllétendl. êtlle
en l.éc.ullité toi-même
Quand ton en6ant e&t dan& ta Ilue •..
Pendant ta nuit atoll& que tu el. c.ouc.hé,
&i ton en6ant tui, &e pllomène dan&

287
_ r
/
e. rJ,) ,.",
R.a !tue •••
Ve ta on a dit que t'e6ca!tgot
dit qu'il 6'e6t caché ato!t6 qu'it
n'e6t pa6 caché.
1
1
i

2gg
1
,
N.
1 11
1
1
L'alob~ compte ~u~ Chimpanz~...
1
l
1
... pou~ c~ie~ a tue-tête.
1i
1
j
L'alob~ n'e~t pa~ du tout g~and. Il e~t même tout
petit. Mai~ il a la queue coup~e (Il.
Chimpanz~, lui, e~t g~and. Mai~ lui au~~i-a la queue
coup~e. Vonc Alob~ et Chimpanz~ ont tou~ le~ deux la queue
Quand tombe la nuit compl~te, l'Alob~, ~u~ ~on a~b~e,
hu~le.
1
1
1
Il in~ulte le~ lion~,
1
l1
1
Il in~ulte le~ panth~~e~.
Ceux-ci h~~itent. Il~ voud~aient bien alle~ l'attaque~
mai~ il a pou~ 6~~~e Chimpanz~.
Et Chimpanz~ e~t g~and
(O~l, Chimpanz~ a la queue coup~e
ce qui 6ait
(Il
Singe de la 6amille de~ l~mu~ien~, ~an~ queue, pou~~ant
d e~ c~ü pe~çant~ a pa~ti~ de minuit . . / :' ":
J

289
1
1
1
qu'i!~ ne peuvent pa~ in~u!te~ A!ob~. Si jamai~ i!~ ~'en
p~ennent a A!ob~, Chimpanz~ ~e 6âche~a ~û~ement et !e~ batt~a.
1
1
1
!
C'e~t pou~ cela qu'i!~ n'o~ent pa~ a!!e~ touche~
1
A!ob~.
1
1
i
A!o~~ on a dit qu'A!ob~ compte ~u~ Chimpanz~ pou~
j
lj
hu~!e~ a tue-tête.
1
Le 60nd de ceci e~t que c'e~t ~eu!ement quand tu
a~ quelqu'un de g~and qui te ~outient ;
quand un "~ocia!ement-pui~~ant" e~t avec toi
quand un int~~pide e~t avec toi
que toi, jeune, tu peux te mont~e~ ag~e~~i6.
Mai~ ~i tu n'a~ pe~~onne ~u~ qui compte~, tu
t
!
j
1
J
j
1
l
1
~
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2 3 4
5
6
1
J
Alobé lui compte 6u~
1
2
3
1
,
Chimpanzé
1
4
i
1
2
3
4
5
6
l,
j
Alobé compte 6u~ chimpanzé ...
... pou~ c~ie~ à tue-tête
1
1
t
1
Alobé n'e6t pa6 du tout g~and
1
~
i
il e6t même tout petit
;
1
1
mai6 if a la queue coupée.
Chimpanzé lui,
e6t g~and
1
,Qai6 Chimpanzé aU66i a la que.ue coupée.
ij
Vonc Alobé et Chimpanzé ont
1
tou6 deux la queue coupée.
1
Cuand la nuit tombe complètement
1
Afobé, 6u~ 60n a~b~e,
!
i
hu~le.
1
1
1
1
1
,
Ceux-ci hé6itent. 1f6 voud~aient bien
alle~ attaque~ Alobé, mai6

1
291
jj
t
1
Alobé a pou~ 6~~~e Ch~mpanzé,
et Chimpanzé e~t g~and !
Ch~mpanzé a la queue coupée
ce qu~ 6a~t, qu'~l~ ne peuvent pa~
ÙtwUe~ Alobé.
Alobé, Ch~mpanzé
va ~û~ement ~e 6âche~
et le~ batt~e.
C'e~t pou~ cela qu'~l~ n'o~ent pa~
,,
1
alle~ touche~ à Alobé.
1
ir
Alo~~ on a d~t qu'Alobé
!
1
Compte ~u~ Ch~mpanzé avant
1
1
Le 60nd de cec~ e~t que :
1
1
Pou~ p~ovoque~ quelqu'un,
~l naut que quelqu'un de g~and
te 6out~enne,
Qu'un ~icha~d ~o~t avec toi,
Qu'un ~nt~épide ~o~t avec to~,
avant que to~, un jeune,
Ma~~ ~~ tu n'a~ pe~~onne ~u~ qu~ compte~
tu ne t~aZne~ pa~ dan~ le~ ~ue~ pou~
che~che~ la baga~~e.

292
1
N. 11'
1
!
1
Pi~ge-du-bo~d-de-chemin...
j
1
,
!
!
~'il at~ape (du gibie~), on
te le ~appo~te. S'il e~t d~6ait,
on ne le ~lpa~e pa~.
Te voila pa~ exemple. Si tu en~ep~end~ quelque cho~e
qui demande beaucoup de ~ac~i6ice~, tu n'a~ pe~~onne : il n'if a
1
!
Mai~ ~i tu ent~ep~end~ quelque cho~e qui te pe~mette
1
de t'en~ichi~,
Ceux qui voud~ont en p~o6ite~ ~e~ont l~gion~.
Mai~ tant que tu ne ~appo~te~ que dette~, d~pen~e~,
Ju~qu'au jou~ où tu te 6ai~ un nom.
Alo~~, le~ un~ et le~ aut~e~ di~ent : "Oui 1 tu e~
mon en6ant 1... Oui 1 tu e~ l'en6ant-de-ma-~oeu~ , ... Oui
tu e~ l'en6ant-de-ma-g~and'm~~e... ".
C'e~t tout comme lo~~que tu pa~~ tend~e te~ pi~ge~
au bo~d du chemin (communal).

!
293
t
1
f
Quand pa66e quelqu'un qui le6 voit dl~ait6, il ne
le6 ~lpa~e pa6. Mai6 quand il6 att~apent du gibie~, il te le
~appo~te.
Il te le ~appo~te a~in d'avoi~ 6a pa~t 1...
Toi qui e6 en ~ain de pa~eou~i~ le monde pou~ ~ai~e
l'leole,
On ne te eonna~t pa6 (eneo~el,
Le jou~ où tu au~a6 de la ~o~tune, te6 ami6 6e~ont llgion6.

294
bOJr.d de ta. Itoute 140n) pi è 9e ...
2
3
4'il Ilttltllpe olf pltend poult polttelt
2
3
4
5
6
toi, 4'il qâ.te on ne Pll4 Ité plllt elt Çll.
7
8
9
10
11
12
13
Pi~ge-du-boltd de ehemin
4'il Ilttltllpe (du gibieltl o~ te le
ItllppOltte, 4'il e4t dé61lit on ne le
Itéplllte P1l4.
,( - .r. - 1 1 ;;.. J ,'1 1 J A -
~s~ pl- fa /'JOd od Q:J .e.
MIli4 4i ee n'étllit pll4 "piège-du-boltd
de ehemin ?".
Aujoultd'hui te voilà,
Si tu entltepltend4 quelque eh04e
Qui néee44ite bellueoup de 41lelti6iee4
tu n'Il4 pelt40nne.
Il n'y Il Pll4 de plt06it a Iteeheltehelt.
MIli4 4i tu entltepltend4 quelque eh04e
et que demllin tu t'enltiehi4,
Ceux qui voudltont ~n plt06itelt 40nt

295
innombJtable~,
Mai~ tant que tu ne JtappoJtteJta~ que
de~ dette~, c'e~t ton p~Jte et ta m~Jte
qui paieJtont, peJt~onne ne le~ aideJta,
ju~qu'au jouJt où tu te 6ai~ un nom
aloJt~ le~ un~ et le~ autJte~ di~ent
"oui, tu e~ mon en6ant
ou~, tu e~ l'en6ant de ma ~oeuJt
oui, tu e~ l'en6ant de ma gJtand'm~Jte".
C'e~t tout comme loJt~que tu paJt~
tendJte de~ pi~ge~ au,boJtd de la Jtoute,
quand quelqu'un pa~~e et qu'il le~
voit dé6ait~, il ne le~ ltépaJte pa~
mai~ quand il~ attJtapent du gibieJt
il te le ltappoJtte.
Il te le Jtappoltte a6in d'avoiJt ~a paJtt
Toi qui e~ en tJtain de paJtcouJtiJt le
monde pouJt 6aiJte l'école
on ne te connaZt pa~,
le jouit où tu auJta~ de l'aJtgent
te~ ami~ ~eJtont innombltable~.

N.
119
Hôte en p~ovenance du pa~~ de~ Mo~t~ ...
ne t~ent pa~ compte de
Lo~~qu'a~~~ve un ~~~ange~ en p~ovenance du pa~~ de~
M·o~t~, un lt~ange~ qu~, en venant, a dlc~dl d'alle~ hab~te~
chez to~, lo~~qu'a~~~ve cet lt~ange~, tu ne peu~ le con6~e~ a
Quand ~l a~~~ve, que tu ~o~~ pauv~e ou que tu ne
~o~~ pa~ pauv~e, ~'~l v~ent te t~ouve~ et te d~t qu'~l e~t en-
t~l dan~ ta ma~~on, (qu'~l e~t ton kôte/, tu e~ tenu de le ~e­
cevo~ ju~qu'a ce qu'on aille te ga~de~.
.
}
Même ~~ tu e~ pauv~e et qu'~l v~ent chez to~, ce
!
!
1
jou~-la, ~ ~ au~a de la ~~che~~e (chez to~/.
1
1
f,!
nouvelle~, ~l le~ a donnle~. (Et/ je me d~~ : "Vo~on~ ! ma ma~-
~on e~t peu p~l~entable... ".
Et comme il e~t de me~ me~lleu~~
am~~, je va~~ voi~ quelqu'un comme ton p~~e (et je lu~ d~~/
~entable, p~lpa~e-lui une couchette, je t'en pitie".

1
'191
1
1
1
It ~'dg~t ta d'un V~d~ lt~dnge~. C'e~t un ~t~dnge~
t
de Ilot~e monde.
1
qu~ e~t de ton dlpd~t, c'e~t 6a~t : a tout p~~~, tu do~~ pd~t~~.
{
j
~tJ

298
... /d- m-h 'J':' fi' d0~/r
2 3 4 5 6
paY6 de6 mo~t6 ét~ange~
2
ne pa6 6avoi~ que toi mange~
2 3 4
5
pauv~eté
6
Hote en p~ovenance du Paq6
... ne tient pa6 compte de ta pauv~eté.
Un ét~ange~ qui vient du Paq6 de6 mo~t6,
qui, en venant de là-ba6 a décidé
d'alle~ habite~ chez toi,
lo~~qu'il a~ive tu ne peux le con6ie~
de le ~ecevoi~ a ta place.
Quand il a~~ive
que tu 60i6 pauv~e
ou que tu ne ~oi~ pa6 pauv~e
6'il vient te t~ouve~ et te dit
qu'il e~t ent~é dan~ ta mai60n
tu e~ obligé de le ~ecevoi~
jU6qu'à ce qu'on aille le ga~de~.
,0.1 ême
~ i
tl(
e ~ pa[(v~e

29f'
1
i
!
1
qu'il vient chez toi, ce jou~-!a
Mai6 6'i! 6'agit d'un v~ai ~t~ange~
di6on6 qu'un v~ai ét~ange~ e6t a~ivé
chez moi ;
je lui ai demandé de6 nouve!!e6,
,/
'-
nUH
quelqu'un comme ton p~~e
"Antoine,
j'ai un é~~ange~
mai6 comme ma mai~on e6t peu p~é6entab!e
p~épa~e-!ui une couchette je t'en p~ie"
Ce!ui-!à c'e~t un v~ai ét~ange~
i
C'e6t un ét~ange~ de chez nou~
1
,
,
(not~e monde)
1
;
i
1
qui dit qu'il e~t a~~ivé mai6
que c'e6t toi qu'il e6t venu t~ouve~
pou~ ce qui e~t de ton
*
dépa~t '
à tout p~ix. tu palttilta6.
1
,
1
1
f
* Le dépa~t en que6tion n'e~t autlte que la mo~t, tout comme l'étltange
ét~angelt que chacun e6t obli9é de Itecevoilt !e jou~ où il entlte chez
v ou6.

300
No
120
S~ Ma~gou~ttat e~t pauv~eooo
C'e~t a cau~e de ~a 6emmeo
0 0 0
Avant, n'e~t-ce pa~ que Ma~gou~ttat ne do~ma~t pa~
dan~ une bette ma~~on ? N'e~t-ce pa~ que, tout ~~che quJ~t
~ta~t, ~t do~ma~t ent~e te~ ~co~ce~ d'a~b~e~ ?
,
Donc, ~t~ v~va~ent ta, ~a 6emme et tu~o Et pu~~, ~t~
1
fl
app~~~ent que quetque pa~t, comme a 06ompo pa~ e~empte, un de
î
teu~~ am~~ Ma~gou~ttat, ~~che tu~ au~~~, e~t mo~to It~ d~c~d~-
- En pa~tant, tu au~a~~ pu ne pa~ atte~ avec ta 6emme tooo
(Cependantl, ~t d~t : "Femme~, alton~-~ 1 »

0
It~ p~~~ent ta ~oute ; ~t~ ma~ch~~ent ju~qu'au~ po~-
te~ du v~ltage et d~ja te~ c~l~b~a~ent et te~ c~t~b~a~ent te~
n'go6~ (11 ju~qu'a teu~ acc~~ au~ demeu~e~.
It~ ~atu~~ento
(Il choeu~ d'ot~6ant~ con~tltué de ~~~ cO~~o

1
i:
t
307
1
1
On teu~ demanda te~ nouvette~, ~t~ te~ donnl~ent.
Le~ aut~e~ au~~~ donnl~ent te~ teu~~. On 6~t toute~ te~ el-
~lmon~e~ a teu~ ~ntent~on, on teu~ mon~a teu~ eouehette.
It~ attl~ent ~ange~ teu~~ e66et~, ~e tavl~ent, mangl~ent et
~egagnl~ent teu~ ehamb~e a eouehe~.
Le tendema~n,
on ~ep~~t te~ el~lmon~e~. On dl~~gna
t'hl~~t~e~ et tout te ~e~te, pu~~ on atta ente~~e~ te mo~t. La
nu~t tomba. Ma~gou~ttat et ~a 6emme ~'en 6u~ent ~e eouehe~.
Le jou~ ~e teva.
Au bout du ~o~~~lme jou~, Ma~gou~ttat d~t la ~e~
hôte~l : "Nou~ ~omme~ ta depu~~ un moment dlja. Et eomme on
a eltlb~l te t~oü~lme jou~, nou~ demandon~ a pa~t~~".
Ato~~ te~ hôte~ d~~ent : "Voyon~ ! Comment peu~-tu
r1
t
ee nant~ dleldl ? Attend~ done te~ el~lmon~e~ du hu~t~lme jou~
1
1
avant
1
de pa~t« !If
!
1
l
Sa 6emme ajoute
et pu~~ nou~ pa~t~~on~".
It~ ~ljou~nl~ent ta tongtemp~ et tongtemp~.
On eltlb~a te hu~t~lme jou~.
Et pu~~ te hu~t~lme jou~, Ma~gou~ttat "demanda ta
~oute" .
On ta teu~ donna.

302
1
Il~ pa~ti~ent.
Il~ ma~ch~~ent et a~~iv~~ent a leu~
village. Il~ ~alul~ent.
Le~ gen~ vin~ent accueilli~ Ma~gouillat et lui de-
mandl~ent le~ nouvelle~.
Il dit: "Oui. Mon ami a d~c~d~. On e~t venu me
l'an"o"ce~,
je ~ui~ all~ aux 6un~~aille~. Comme tout e~t t~­
min~, voila, je ~ui~ de ~etou~".
Le~ gen~ ~e~tl~ent la pendant longtemp~ a cau~e~,
pui~ il~ ~'en alll~ent.
La 6emme de Ma~gouillat mit de l'eau a chau66e~.
Tou~ deux p~i~ent leu~ bain et mangl~ent.
La nuit, le~ vi~iteu~~ viennent a nouveau le~ ent~e­
teni~. Il~ cau~ent, tout comme vo~ ëte~ venu~ vou~ a~~eoi~ pou~
que nou~ cau~ion~. Et comme lo~~que vou~ vou~ levez pou~ pa~ti~,
que vou~ p~enez le chemin de vot~e mai~on, a ce moment, il dit
a ~a 6emme : "Femme 1 va 6ai~e le lit pou~. que nou~ ~llion~ do~­
mi~ 1"
Sa 6emme ~e~ta longtemp~ plant~e et dit
"Où veux-tu
que j'aille 6ai~e le lit ?"
Il ~~pond : "Van~ la chamb~e où nou~ do~mion~,
voyon~ 1 Nou~ avon~ voyag~, mai~ nou~ ~omme~ de ~etou~. On te
dit d'alle~ 6ai~e le lit et voila que tu te met~ a po~e~ de~

303
que~tion~. Vepui~ que nOu~ ~omme~ pa~ti~, au~a~-tu pa~ ha~a~d
oublil l'e"d~oit ofr nOu~ do~mion~ ?"
Elle ~lplique : "Qui pa~le d'ofr "OU~ do~mion~ ? Tu
~ai~ que la ealomnie n'e~t pa~ bien. Lo~~que tu t'e~ ~endu
aux 6u"l~aille~, ~aehant que tu n'a~ pa~ le ~ou, tu au~ai~ pu
d~e la-ba~ que tu n'a~ pa~ le ~ou. Mai~ tu a~ ~aeontl que
tu ltai~ ~iehe. A ee~ 6unl~aille~, tu n'a~ pa~ vu ee qu'on t'a
6ait ? Nou~ avon~ do~mi dan~ une mai~on en tôle et nou~ ~omme~
~ev~nu~. Et voila que tu veux nOu~ 6ai~e do~mi~ ~ou~ de~ leo~-
eU d'a~b~u. (Ca !l, e'ut lo~~que tu au~a~ eon~t~uU une mai-
~On en t6le que nOu~ do~mi~on~ en~emble 1"
"Han ?I dit-il.
E~t-ee eette nuit que je doü eon~-
~u~e une mai~on en tôle? (Eeoute.) Couehon~-no~. Vemain, On
ve~~a pou~ eette mai~on en tôle".
La 6emme : "Non-on-on 1 1 COn~t~uit~ la mai~on en tôle
d'abo~d. On do~mi~a en~emble en~uite".
Il dit:
"Bon 1 ... ".
Sa 6emme do~mit a pa~t.
Il do~mit a pa~t.
Le jou~ ~e leva. Il ~l6llehit longtemp~
"C'e~t ma 6emme. Je l'ai lpou~le, j'ai vOifagl avee
elle. Mai~ à not~e ~etou~, voila eomment elle agit 1...
Cette mai~on en que~tion, ~i je ne la eon~t~ui~ pa~, que

304
l'hi~toi~e lclate au g~and jou~, ce ~e~a une honte. Vonc, allez
m'achete~ de~ t5le~ ' ... ".
Le~ neveux de Ma~gouillat, ce ~ont le~ G~enouille~.
Ma~gouillat dit aux G~enouille~ : "Allez m' achete~
du t5lu que je cori~t~ui~e une maùon '"
Le~ G~enouille~ ~'en 6u~ent lui achet~ de~ t5le~.
Il~ bâti~ent la mai~on, l'achev~~ent. Il~ 6ix~~ent le~ t5le~.
La nuü vint.
"Allon~ nou~ couch~ '" (dit Ma~gouillat il ~a 6em",el.
Elle : "Mai~ cette "'ai~on que tu a~ con~t~uUe, l'a~-
,,
tu c~lpie ? Ne ~ai~-tu pa~ que tu doi~ c~lpi~ enti~~e"'ent cette
1
"'ai~on avant que nou~ do~",ion~ lil-dedan~ ?"
Alo~~ Ma~gouillat
"Neveux
Faitu le t~avail '"
1
1
,-,1
r
t
f
1
La nuit vint.
!1,
"Allon~ nou~ couche~" (dit Ma~gouillat il ~a 6e",,,,eJ.
1
Elle : "h~~ bien pou~ lu lit~ que tu a~ achetl~.
Mai~ ~ont le~ matela~ ?
Lo~~que nou~ ~o"''''e6 alll~ aux 6unl~aille~ et qu'on

l
f
305
!
nou~ avait p~~pa~~ un lit douillet ~u~ lequel nou~ avlon~
do~ml, n'aval~-tu pa~ ~t~ content ?"
Alo~~ Ma~gouillat, a ~u neveux : "Pulaln, vo~ l~ez
achete~ et le~ matela~ et le~ lampe~, et tout et tout ...
Cette 601~-cl, achetez une 601~ pou~ toute~ ce qui
manque. "
Le~ G~enoullle~ vont achete~ ce qu'il a lndlqu~ et
Le~ lampe~ ~clal~alent toute~ le~ pl~ce~. En61n, tout
~talt au complet.
La nuit vint.
"Femme, a p~~~ent nou~ pouvon~ en61n atle~ nou~
couche~ 1"
Sa 6emme ln~pecta toute~ le~ pl~ce~.
Elle vit le~
lampe~ et le~ matela~ et toute~ le~ aut~e~ cho~e~.
EUe dit
"J'al vu tout ce qu'il y a, mal~ ce n'e~t
pa~ tout".
Et lui
"Qu'e~t-ce qui manque pou~ que "ce ne ~olt
pa~ tout" ?"
. .
Elle ~~pond : "Tu a~ 61nl de con~t~ul~e la maüon.
It Y a de~ mateta~ et toute~ ~o~te~ de cho~e~ la-dedan~. Mal~

306
où e~t le n'go6~ ? (1). Le jou~ où nou~ ~omme~ all~~ aux 6un~-
~a~lle~ de ton am~ et que le~ gen~ en joua~ent,
où ~ta~~-tu ?
Ce n'go6~ qu~ ~~~onna~t ce jou~-la, en po~~~de~-tu ? S~ tu t'en
ach~te~ un, alo~~ tout ~e~a au complet et to~ et mo~ pou~~on~
a nouveau do~m~~ en~emble".
"Han ?I ••• " d~t-~l.
Ent~~ temp~, l'a~gent ~ta~t en t~ain de 6in~~ ...
Il dit : "Neveux G~enou~lle~ 1 Allez m'achete~ le
n'go6~ 1 Si je n'a~ pa~ le n'go6~, la 6emme que j'a~ ~pou~~e,
ma 6emme va pa~ti~.
Et, vieux comme je ~ui~ devenu, au~a~-je
une nouvelle 6emme ?I Allez m'achete~ le n'go6~ 1"
Le~ G~enou~lle~ p~i~ent la ~oute ju~qu'en Egh~ch~ (2)
Il~ achet~~ent le n'go6~ (11.
au n~veau de C~otché, celle-ci ~tait en c~ue. La 6o~ét aux
alentou~~ ~ta~t ent~~~ement inond~e.
Il~ d~~ent : "Han ?I Comment e~t-ce po~~~ble ?I Ache-
te~ le n'go6~, le t~an~po~te~ ju~que ~u~ ce~ ~~ve~, et vo~ mon-
t~ toute~ ce~ eaux 1 Comment pa~~e~ la ~~v~~~e avec ce~ cho~e~
(1) Choeu~ d'oli6ant~ con~titu~ de ~~x co~~, et dont la po~~e~~~on
pa~ un ~nd~v~du ind~quait ~on ~mpo~tance dan~ la h~~~a~chie
~conom~que et ~ociale. L'acqu~~~tion de ce choeu~ con~t~tua~t
une ~o~te de ~ac~e de l'individu.
(2) Chez le~ Abbé, nom ~avant du pay~ baoulé.

307
1
lou~dea ? Mala qu' ut-c.e que c.ela veut d~e ?"
(Cependant), lla ae ~ep~l~ent : "Noua aavona nage~.
Que l'un d'ent~e noua aille ave~tl~ l'onc.le et qu'il vienne".
(Une) G~enouille ae jeta a l'eau. sê-ê-ê-ê-! il na-
gea juaqu'à l'aut~e ~lve (1), pula pa~ bonda et pa~ bonda, a~­
~lva au village. Il alla t~ouve~ Ma~gouillat.
Celul-c.l
"Voua êtea de ~etou~ ?"
Et lui: "De ~etou~ ! Noua aommea venua juaqu'au
bo~d de la ~lvlè~e. Mala lea eaux montent et toute la 6o~êt
eat inondée.
Noua avona ac.heté le n'go6é, mala noua ne pouvona
paa paaae~ la ~lvlè~e pou~ te le 6al~e pa~ven~. Alo~a noua
aommea de l'aut~e c.ôté, au~ l'au~e ~lve, et te p~lona de ve-
nl~ vol~ pou~ c.onatate~ que noua ne mentona paa.- Voila pou~­
quoi je vien a te c.he~c.he~".
Sa 6emme et lui vont ae tenl~ au~ la be~ge de la
Celui qui eat venu l'ln6o~me~ ae jette a l'eau. Il
nage juaqu'a l'aut~e ~lve pou~ ~ejolnd~e aea c.ompagnona.
Ma~gouillat demanda
"Oi eat lfn'go6é 9"
(1 ) G~enoullle c.onaldé~ée c.omme un pe~aonnage mâle.

t
1
1
30B
1
f
t
!
Il~ l~vent le~ ol~6ant~,
y po~ent leu~~ l~v~e~. Tu
1
1
entend~
"n'guikon ! n'guikon ! n'guikon ! ... ".
t
~4~ent. "H'guikon 1 n'guikon 1 n'guikon 1"
Il~ ne pouvaient n~anmoin~ t~ave~~e~ la ~~vi~~e avec
ce~ in~t~ument~.
Ma~gouillat, de l'au~e côt~, ~emue la tite, ~emue
la tite et ~emue la tite et dit: "Han ?! Cette m~~~~e qui me
v~ent, d'où me vient-elle?
C'e~t de ma 6emme."
Il n'avait plu~ un ~ou.
Il d~t : "J'a~ Mni de cOM~ui~e la ma~~on. Avec le
~e~te de l'a~gent, nou~ au~ion~ pu, tout en do~mant d4n~ la
mai~on, nou~ nou~~i~. Ma 6emme a voulu que j'ach~te un n'go6~~
Voila ! J'ach~te le n'go6~, et quand il atte~nt le bo~d de la
~iv~~~e, c'e~t la c~ue ! Il ne peut t~ave~~e~ le~ eaux pou~ ve-
ni~ ju~qu'd moi a6in que je ~oi~ po~~e~~eu~ de n'go6~. Tout
l'en~emble de l'o~che~t~e e~t ~evenu aux eaux. Me~ neveux le~
G~enouille~ ~'~go~illent la-ba~ a le~ 6ai~e ~etent~~, ne pou-
vant le~ appo~te~ ju~qu'ic~ pou~ que je le~ contemple
Comment ma 6emme a-t-elle pu me 6ai~e ça !"
Le~ G~enouille~ ~ont ~e~t~~ avec le n'go6~ dan~ l'eau

309
C'e~t de ce~ in~t~ument~ qu'il~ jouent, mime ju~qu'a p~~~ent.
Le~ eaux n'ont toujou~~ pa~ bai~~~ pou~ qu'il~ 4~nt~ent.
Voila d'où vient le p~ove~be qu'on dit
"Si Ma~gouillat e~t pauv~e, cela p~ovient de ~a
6emme".
Quand on le voit, ~'agitant, plaqu~ cont~e le t~onc
d'un a~b~e, le~ gen~ di~ent que Ma~gouillat, kpeu ! kpeu !
kpeu ! ~emue la tête (~an~ ~ai~on): c'e~t pa~ce que cette
hi~toi~e lui 6ait mal.
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... ?Je.. Jcl"
2
Ma~gouillat pou~ lt~e 60n
2
3
4
pauv~e
5
vient de 6a 6emme
2
Ma~gouillat e6t pauv~e ?
... C'e6t à cau6e de 6a 6emme.
Et 61 ce n'était pa6 à caU6e de 6a
6emme ?
Avant n'e6t-ce pa6 que Ma~gouillat ne
N'e6t-ce pa6 qu'il do~malt en~e le6
éco~ce6, tout ~lche qu'il était?
Donc, 116 vivaient là 6a 6emme et lui;
et pul6 116 app~l~ent que quelque pa~t
comme Opompo, un de 6e6 aml6 Ma~gouillat
~iche lui aU661 e6t mo~t.
En pa~tant tu au~a6 pu alle~ 6an6
empo~te~ ta 6emme !
Il dit : "6emme, allon6-u "
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c,wo ~JL V\\~ Id J.{c:t ~i.
tlr.oü'<'ème jouir. !

312
1
attend~ le~ cé~émonie~ du huiti~me jou~
avant de pa~ti~~.
1
!
huitième jou~ d'abo~d pui~ nou~
!
pa~ti~on~".
Il~ ~~jou~n~~ent ju~qu'à-à-à-à
on céléb~a le huiti~me jou~.
Alo~~ le lendemain Afa~gouillat demanda
la ~oute.
On leu~ donna la ~oute.
ju~qu'au village. Il~ ~aluè~ent.
Le~ gen~ ~ont venu~ l'accueilli~
(Ma~qouillatl et lui ont demandé de~
nouvelle~ .
Il dit: "oui, c'e~t mon ami qui e~t
et comme tout a été te~miné, me voilà
de ~etou~".

373
bava~dion~,
et lo~~que tou~ vou~ vou~
ête~ levé~ di~ant que vou~ pa~tez vou~
c.ouc.he~,
pou~ pa~ti~, il dit : "ma ~emme va
6ai~e le lit pou~ que nou~ allion~
nou~ c.ouc.he~".
J..-siWlsjMi.;'.;//k5.Jd
Sa 6emme ~'a~~êta la longtemp~ pui~ lui
,,!;;-~ "~'lé. drrw.a- ~-
dit:
"où veux-tu que j'aille 6ai~e
le lit .,"
Ii dit : "Yai~ c.'e~t dan~ la c.hamb~e
t
nou~ do~mion~ ! nou~ avon~ vo~agé mai~
nou~ ~omme~ de ~etou~, va 6ai~e le lit
et voila que tu te met~ a ro~e~ de6
t
que~tion~. Verui~ que nou~ ~omme~
pa~ti~, a~-tu oublié pa~ ha~a~d le lieu
nou~ do~mion~ ?
/{ k5 5~- è/ë ri nS ~I,f~
EUe dit : "qui pa~ie d' où nou~ dMmion~
u.- ,~É. if..... w~/~ d~'- /i/t!.- l'ti
tu MÜ que la c.alomnie n' eH pa~ bien
!~ts~ W,: ne:)"r;//°i\\.
lM~que tu e~ pa~ti, ~ac.hant que tu n' a~
/ 5' /:,;;bt(u wC: nJ(a' k~-
pa~ de ~ou tu au~ai~ pu di~e que tu
1
) hl k:>- n~7.;)~/trd!' w~-
n' a~ pa~ d' a~g ent mai~ tu a~ ~ac.onté
jJ/{'~- k5" n~"" /~ b/e7J6~o
que tu Uaü ~ic.he alM~ quand ton ami
1
,,,
\\. -
\\. 'I.\\.
l
\\.
"
/
le ~ic.he e~t mo~t et que nou~ ~omme~
fIl m~ c.~ Wu 0 ~~O, n,) r.)
j
,,1 r{;~- "~/eJ:"-lL.~/ "6 n,'
alié~ .ea-ba~, n'a~-tu ra~ vu c.e qu'il~
J -
"/
_1.' /.\\.J-~~ /' /
Du l'tl ~ t)
yo n IQ.... wl.l J_
ont Sait :'
/)Il 'y)(5':)bt5f(!.:JL. -()i" y~":::';
NOU6
avion~ dMmi dan~ une maùon en
1
{

374
1
1
tôle,
pu~~ nou~ ~omme~ ~evenu~ ~c~ et
vo~la que tu veux nou~ 6a~~e couche~
~ou~ de~ ~co~ce~. C'e~t lo~~que tu
au~a~ con~t~u~t une ma~~on en tôle
que nou~ do~m~~on~ a nouveau en~emble".
Han ! d~t-~l, e~t-ce ce~te nu~t que je
1
dev~a~~ con~t~u~~e une ma~~on en tôle ?
Couchon~-nou~ ju~qu'au leve~ du jou~
avant de che~che~ a con~t~u~~e une ma~-
~on en tôle.
Elle d~t : "non-on-on, con~t~u~~ la
ma~~on en tôle d'abo~d, to~ et mo~
do~m~~on6 en~u~te".
1
I l d~t : "B~en !".
t
Sa 6emme alla 6e couche~ a~lleu~6.
Ma~90u~llat aU66~ do~m~t a pa~t.
"C'e6t ma ~emme,
je l'a~ épou6ée, pu~~
j'a~ voyagé avec elle i ma~6 a not~e
~etou~ vo~la comment elle ag~t.
1
pa~ et que l'h~6to~~e pa~aZt en ple~n
r
jou~, ce ~e~a une honte. Vonc, allez
1
m'achete~ de~ tôle~".
1
Le6 neveux de Ma~gou~llat ce ~ont le~
r
1
1
l

t
375
1
Il dit : "G~enouille6, allez m'achete~
Il6 6'en 6u~ent lui achete~ de6 tôle6.
Il6 bâti~ent la mai60n et 6ini~ent de
tôle.6.
La nuit vint. "Allon6 nou6 couche~!"
1
Elle dit : "Mai6 cette mai60n que tu
!
a.6 con6t~uite,
l'a6-tu c~épie ? Ne
1
ment cette mai60n avant de nou6 couche~
là.-dedan6 ?"
1
Ma~goualat dit
"Me6 neveux, 6aite6
le t~avail".
Il6 c~épi~ent entiè~ement la mai60n
La nuit vint. "Allon6 nou6 couche~ !".
1!
Elle dit : "t~~6 bien pou~ le6 lit6
j
que tu a6 acheté6 mai6 où 60nt le6
1
1
\\
matela.6 ?
1
~iJhÔ ".1 nÊrI~ft
LO~.6que nou6 avion6 été là.-ba.6 et
1
1
tfu~ ~ fi- n.fn;>'[d-
qu'on nou6 avait p~épa~~ un lit douillet
1
6u~ lequel nou.6 avion6 do~mi, n'en avai6-
1
jJjf-
\\1
tu pa6 été 6ati6fait ?"
s~
If. .ic.ï ij'f ë v~-
Il dit : "demain vou.6 i~ez achete~
fVdJ~ </.d- k;;'~iê' /d- IE:-
et le.6 matela6 et le.6 lampe6 etc,
~,.,(~ ë V~- b~ '7rfd!~
cette 6oi.6-là achetez tout ce qui manque

316
une 6oi6 pou~ toute6".
Il6 60nt all~6 achete~ ce qu'il a
indiqu~ et bien d'aut~e6 enco~e.
Le6 lampe6 ~clai~aient toute6 le6 pi~ce6,
en6in tout était au complet.
La nuit vint.
Il dit : "Ma 6emme, d
p~~6ent nou6 pouvon6 alle~ nOu6 couche~
en6in 1"
Sa 6emme in6pecta toute6 le6 pi~ce6.
Elle vit le6 lampe6 et le6 matela6 ain6i
que tOU6 le6 aut~e6 objet6.
Elle dit: "j'ai vu tout ce qu'il y a
mai6 ce n'e6t pa6 tout".
Il dit: "qu'e6t-ce qui ~e6te enco~e
pou~ que ce ne 60it pa6 "tout" ?
Elle dit
"tu a6 6ini de con6t~ui~e
la mai6on, il q a de6 mat~la6 et toute6
6o~te6 de cho6e6, mai6 où e6t le co~ ?
1
Le jou~ où nou6 avon6 ~té ld-ba6 d la
l
j
mo~t de ton ami et que le6 gen6 le
jouaient, étai6-tu ? Ce co~ qui
1f
~é6onnait ce jou~-la en p066~de6-tu ?
Si tu t'en ach~te6, alo~6 tout 6e~a au
!
complet et toi et moi pou~~on6 a nouveau
t
do~mi~ en6emble".
Han 1 dit-il,
[ent~e temp6 l' a~gent
était en t~ain de 6ini~).

317
,
/1 kw~jt ~""I.I\\.*we."'" ~ kO;-
Le di-t : "Neveux GILerr.ouiUe~, aUez
1
~ vi" ~y(.{.sl n$
m'ac.he-teIL le c.OIL.
r'I~ v~,:~:,,! w::.5ij/lS-
Si je rr.' ac.hUe pa~ le c.oIL, la 6emme
\\! n~ ,,~ V0~!~ ~~ k..eajl
que j' ai ~pou~~e, ma 6emme va paIL-tü,
flt"tyj;n~l/n~-I{~,,/ e-t -tou-t vieux c.omme je ~uü, où
/ç~/~;l_W~J.'rr,.:>lwJ ~
pouMaü - j e avoilt une au-tILe 6emme
~J' < V~ J0/c. è S~ n~
Allez m' ac.he-teIL le C.OIL".
\\. ,
1.- f.. L:;;' 1.-
or""kwe.' ~ c.~ o/' ':jbd
Le~ GILenouille~ pILiILerr.-t la ILou-te
tt1( cVû" ~JJf 0" '-i)iV~ 7J'f-5 j u~ qu.' à E9hec.hi. Le~ ac.h e-te.IL en-t .te c.olL.
c~ /,.{ m( kjê u' 6':1"-
Le~ JLebILOuuèILen-t c.hemin ; lOlL~qu'a~
f e'i~- krv ,.,~/!>i(rJ' MY(
6uILen-t au rr.iveau de CILo-tc.hè (1),
Icr-ûc..if",,{ k't!>' ni 6~
CILo-tc.h~ Hait err. Mue, la 601Lê-t aux
lov~hw:'p'o!~1/ ""j'-o'S';;Iy>S alen-toulLJ.> é-taü err.üe.ILemerr.-t inondée •
.c. /', r
_
~_ ~ - ',,-
,,-
c"{ à
04!f<-
bu f.) "'d V' V<:
IlJ.>
dilterr.-t : "Harr. ! Commen-t e~-t-c.e
~;;.k/,.,{ ~ ~~jr;-Z
pouible ? ac.he-telt le C.OIL, .te
.....l -(;Y ,. J - J "'d( "
""'.!f "~.I' n.:>
f"'''
Dù Q
-tILarr.~ pOIL-t eIL j u~ q ue ~ uIL c. e~ ILi ve~ ,
5.s{ L 6[ b/
main-terr.an-t le~ eaux qui mon-ten-t,
1
fJ~':;i'~~
c.ommen-t paJ.>~eIL la ILivièILe avec. c.e~
,t
-
'" 1
/
1 -
h
D
d M '
,
~S~ rn~ ~ü h6
c. o~e~ ~ouIL e~?
a~~ qu e~-t-c.e que
11
c.ela veu-t dilte ?"
1
1
IlJ.> J.>e ltepILiILerr.-t : "nouJ.> ~avorr.~
nageIL,
1
alOILJ.>
que l'urr. de nouJ.> aille aveIL-tilt
1
Orr.c.le qu'il vienne".
1
i1
1
1
1!
(1)
Urr.e ILivièILe qu-<' c.oule à -tILoÙ k-<.lomè-tILeJ.> du. vLUage du 'corr.-teulL:

318
j
l,l
1
1
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1
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1
1
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[
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1
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319
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n/i.I(~
nqE.K~ 2'K~ ~s:'f; "ngu~k.on ngulcon ngulcon ngu~con
'''-,y--,
,J '- 1 l
' - . L , . "
c.t u:> Je. c( /:Je
c) 'LI!}:J'
1l~ ne pouvaient n~anmoùl~ tJLaveJL~eJL
k <:.~ ,'d'
la JL.iviVLe avec ç.a.
1
'~,
"
L /
/
/
Kl'd/d SOYD~ l't'H ~CA!d-
MaJLgouillat, de l'autJLe côa., ~ ecoua
~'I'om':J,r)htjf {cf
la tête, Hcoua, Hcoua la tête et
If.iJ'S/{ ff:-,,( ni c/ïl'1;
dü : "han! cette pauvJLeté qui
J~ d.v w~tJi ""'ij'd
1
S ~ t.
m' aJLJlive là, d'où v.ient- eUe ? C' eH
1
de ma 6emme".
!~
Il n'avait plu~ aucun ~ou,
i
f
Il dit: "j'ai 6ini de con~tJLuiJLe la
!
mai~on, avec le JLe~te de l'aJLgent, nou~
!
auJLion~ pu, tout en doJLmant dan~ la
t
mai~on, nou~ nOUJLJLiJL avec, ma 6emme
!
voulait que j'ach~te un COJL, Voilà
1
~
J'ai acheté le COJL et quand le COJL aJLJLive
1
~uJL le~ JLive~,
c'e~t la cJLue et le COJL ne
i
1
peut pa~ tJLaveJL~eJL l'eau POUJL veniJL
t
t
ju~qu'à moi a6in que je ~oi~ po~~e~~euJL
i~
d'un COJL, et tout le COJL e~t JLe~té
!
dan~ l'eau, me~ neveux GJLenouille~
~Iégo~illent avec là-ba~ ne pouvant
!l,
veniJL ici avec
1
pOUIL que je le voi~,
1
}
Comment ma 6emme a-t-elle pu me 6aiILe
i
ç.a ?"
Le~ GJLenoui~le~ ~ont ILe~té~ avec le COll

320
dan~ l'eau, c'e~t ce qu'il~ jouent
meme ju~qu'à p~é~ent ...
Le~ eaux n'ont toujou~~ pa~ bai~~é
pou~ qu'il~ ~ent~ent.
Voilà d'oa vient "Si Ma~gouillat e~t
pauv~e cela p~ovient de ~a 6em me",
ce p~ove~be.
k
/ ~ '- .J , L- /
Si on le voit (Ma~gouillatJ collé a
/
~ W14 0 ~ q~ fi 0
/ li 1 JI, 'Z 1 -
- k 1 ~ /
,.,~ ~
E ~t.> CE.. F'd
un a~b~e et qu' il ~'agite, le~ gen~
~ 1 / /
... kLSk
~k "
... -
-

~::> oro -r- t" ~ nJ "H düent que Ma~gouillat ~ecoue la tête
'~/
-
-- ... \\"
à
d
n~ ré ré n.e.
kpeukpeukpeu c' e~t pa~ce que cette
.....
ne.
j
1
~
t
1
1
i
1
!
!
1
1
1
1
1
_ _
1
~._,.,.~_.....J

321
N.
121
Si tu a~ eu peu~ de~ co~taud~ ...
ne di~ pa~ qu'il~ t'ont 6ait
6âche~.
Quand tu le~ a~ vu veni~ en g~and nomb~e, tu a~ p~i~
Mai~ quand on te l'a ~ep~och~, tu a~ dit: "Non
c'e~t pa~ce qu'il~ m'ont ~coeu~~ que je ~ui~ pa~ti '"
Et pou~tant, c'e~t pa~ce que tu a~ eu peu~ d'eux.
Le~ vo~ant veni~ en ~i g~and nomb~e, tu a~ c~u
qu'il~ te batt~aient ; au~~i t'e~-tu ~auvé, p~i~ de peu~.
1
1
j
1
t
1j
J
\\J11
1l1~

3ZZ
' /
\\..
D~ na ...
4
là Il ks c~ /~ nd f~ wli
Z
3
4
5 6 7
to~ avo~ co~taud~ peu~
3
4
3
4
5
to~ 6ache~
6
7
S~ tu a~ eu peu~ de~ co~taud~ ...
... ne d~~ pa~ qu'~t~ tont 6a~t 6ache~
V~~ que tu te~ a~ vu ven~~ en g~and
nomb~e, tu a~ p~~~ peu~ et tu t'e~ en6u~.
Ma~~ quand on te t'a ~er-~oché, tu a~ d~t:
que je ~ui~ pa~t~".
Et pou~tant c'e~t pa~ce que tu a~ eu
1
1
peu~ d'eux, te~ voyant ven~~ en ~i
g~and nomb~e
1
1
nJ'"!ld" t~/,~ hf nr5
tu a~ c~u qu'~t~ atta~ent te batt~e
r
j'f']!)/'
et tu t'e~ ~auvé, p~i~ de peu~.
1
1
l
1

ANNEXES
**********************
1
1
1
1
f
1j
1
i
1
t
1
1
1
f
1
1
1
1
!
i
1
i
,

(Va bllaba.l
e d.. Or.b.t. c.
Ou-i.. ! da blLaba
d. br4b.,
Va blLaba
Mt. awuj"r~ 0
C'e!>t Awou Y-i..IL~
cla 6r... .&.L
Va blLaba !
Va blLaba !
1>t{
aW"j·;ff:. 0
lA brdÔa.c,
Va blLaba !
~Jïr6 yi'ly>c.j'l. 0
cla br6 &. c.
-
Va blLaba !
o CL Al! t ku rd 0
On l'avait poulLtant plL~venue
cl.. br.b. Ce.
Va blLaba !
el,e. C~ ~ jijo Wo
Qu'on n'if allait pa!>
dd> b~&.c.,
Va blLaba !
e.~L /~k3 nj;)'oo
Elle a d-i..t qu'elle ilLa-i..t.
dd. brd.b6 e.e.
Va blLaba !
01. 0
fcW400 d!W6/fL L
o Kouao Anto-i..ne
d6 b,..b... -c..~
Va blLaba !
oho 64 bd A/rJ e
0 Ba ba Paul
1
cid. b
Va blLaba !
;
rd b~ e..e.
\\1l
~~~ "'d""~J~ It?J !J
Je ne !> que 6aiIL e
1
dd 6r6~d C-~
Va blLaba !
t
!
Lhe. W1~ '" "Jè. M ~ h~
Je ne !>ai!> que dilLe
cid brdbdL~
Va blLaba !
O~() ~ ~Erl /::J M J
Suppliez-le POUIL moi
1
d. br. bd e.~
Va bllaba !

2
oh a MaJE. /d!J Wu 0
A eau~e de me~ en6ant~
d.br.b" e<.
Va bltaba !
0/'0 ""~l'7t 4/f$L ~
o M~n~ Alphon~ e
d.. b,.. 6... LL
Va bltaba !
01,0 ml .s~rE é /:> ",~ 0
Supplie-le POUIt moi
d. br'dbo Le
Va bltaba !
0/'0 c.imu d.n.ijf'>/J e
o Tehimou Anatole
dt!i br.. bd. ~ L
Va bltaba !
~I.~ Mo} )l./a !J Wu J a
A eau~e de me~ en6ant~
d.. bY~b" e e..
Va bltaba !
01.0 L
J " l /:> MO
Supptie-te POUIt moi
d. brcAO. e e..
Va bltaba
0/'0 yjam.:)" ~ 'li) E. 0
la 6itte de N'djomon Angodji
d. br.. b .. 00
Va bltaba
Me voiei
moi, 6itte de Mato
0"C kf. IrrJ ,."~f,,j~ 0
Va bltaba
0'"" 1:"'dI,4 0"
1
o/'o~di d.;y. J'E. 0
Moi, 6itle d'Edi Vonga
,
d ... brob" 0 0
Va bltaba !
ohoj'/r'E.
Yilté,
6itle-de~-Homme~
,:/,'j~tt.jl. c
cl. h'db~ 00
Va bltabll. !
Que lui manquait-it ?
DI, a ,." ca 4 : bu ';:;.~: e..
,
el.. br. bd. e. e.
Va bltaba !
~
t
1
Yilt~ aultait-ette vot~ ?
1
01. 0j"Y'
j
J'vIv./r~
1
1
1
d.. brd-bd ~,
Va bltaba !
j
\\
1
1
ohojiY~ ~E.h~ fo nd
Yilté, eoulteu~e de galtçon~ ?
,
el.,;). br.. /:'.. e.~
Va bltaba !
1
\\

3
1
J~~tJ'v!V117 :J /13
1
deS br4b" e &.
Va bltaba !
1
..
,
j'''~ nd n~ n:J na
Y~It~, m~lte de Nana
1
deS brd;bà &..~
1
Va bltaba !
ola., ôf~ rD b~ r't (
o AUo Robeltt
1
dJl. brd.64
1
~ &.
Va bltaba !
1
chf! triaJi. /~ IJ Wu d cJ
A cau~e de me6 en6ant.s,
l1
d~ 61'. bd. C. c.
Va bltaba !
l
oho c. ..s~r( 1. /:J MO
Supplie-le POUIt mo.{. !
1
l
1
d. br4o.. c ~
Va bltaba !
ehc. M~ mvje. Md hé.
Je ne ~aù, que d~lte
1,
1
</. !JT4b_C.C.
Va bltaba !
1
Je 6UÙ mal a l ' aùe
c. /.(. Mr3 'le 01...:1:/'
!
cI~ b,.4 I:,,~ ~ t
!
4
Va bita ba !
1
Mo~, m~lte de Suzanne
1
e.Ac/0"L n.:J 0
1
r
1
d.a bràl,d G~
Va bltaba !
t
r
lj
tl.~e. M4rfd n:J 0
M~lte de ~faltthe
!1
cilS
1
b,.,. bd C. Co
Va bltaba !
1
01,0Jï"l ouru n:> 0
Y~lté, m~lte de Boultou
J
1
i
dA 6,... /:, .. ~ ~
Va bltaba !
l
chcJ~·"é. '!J"r.. "J 0
Y~~,
m~lte de N'goltan
1
1
clt!; 6rdbd e ~
'Da bltaba !
1
r
Y~lté, m~lte de Yagho !
d.~JïrE.JdfO "" 0
!,
1
cid b Yd. bd <. t!.
Va bltaba !
i
1
1
f
j
e.~t! ,...,~ "'VJ'~ Md hl ~
!'
l
i
1
1
clA brcA bà ~ Co
Va bltaba
1
1
j
1

4
,,/'0 ~cJ nt.. <AcI'j/Î
Je ~u~~ mal a l'a~~e
d.. br.. },... c. ~
Va bJt.aba !
e./,~ kWd!O d.fWdnl. ~
o lCouao Anto~ne
d4 brd bd e ~
Va bJt.aba !
e.hc. 1<, J/c. W1:J mJ /~
Que 6a~e ?
d.. 6r... bd ~c.
Va bJt.a ba !
t!../'~Jïk/U ~/d/ttlld
L'homme d~~~d~ a te Jt.~pud~eJt..••
cio IJ.,.dbd ~~
Va bJt.aba !
le:> y~ nv c.n ° °
<::/,) f:, rd bd e ~
Va bJt.aba !
",,~ mV Md
Je ne ~a~~ que d~Jt.e
Va bJt.a.ba !
1
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1
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1
1
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5
(Si j'avai~ ~u a temp~l
e Il. /~ r Ru Wo 0
~ ft- /:> Ir ~tI WO 0
ne le 6ait pa~ ~epou~~e~
~jd ':/"~It "'''JY"o
et c.onduite la.
Je ne ~avai~ pa~
qu'il allait me t~ompe~ et me
qu'il allait me t~ompe~ et me
je ne le ~avai~ pa~.
1
Moa bu /~ f
fi
1
f~ cl,. ~ kS'dd. Wt-
J
f~ k:J me} ~o nI.s~ Il;,
Veux-tu alo~~ que je meu~e aup~~~
e~
J
de mon pVl.e ?
1
:/,4 <y~If
H~la~ ! mOn c.h~~i m'a t~ompée
1
/1IcJ 50
;
J~
1
1
f
1
!

6
Ci!d Iru .5e
La nu~t n'e~t pa~ en~o~e tomble
ye dE. Icf~""~ Ru
Et déja je pleu~e
cydt:' i~ 0 j~o
o m~~e ! ô m~~e !
1
je pleu~e, ô m~~e
ML
Ru ~:.." ':/to
1
/:> WdWo! !""!'V
t1
m'a t~ompée et ~ondu~te là.
1
If ",JJij'"
1
l
On a tant et tant ~hanté ~on nom
ke Ru n,J J' d:> 0
,) /ri,) k.:J MY'" e
que je dé~~da~ d'alle~ ~a~~e ~a
,., tJ,:J
"
m.:J k.:J ""j'" Co
je dé~~da~ d'alle~ 6a~~e ~a
t
Héla~ ! mon ~hé~~ m'a t~ompée et
~.. ty:~ 1+ ""J
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~onduü:e la.

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Le d~~eu~ pou~ ~a pa~t, d~t
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Héla~
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J'éta~~ pou~tant là,
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Et je n'a~ pa~ entendu, ô ~hé~~
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c'e~t pou~quo~ A6ambéwou
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Ma~~ pou~quo~ ne ~'éb~an~he-t-~l pa~
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Ne ~'éb~an~he-t-~l
pa~ ?
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Pou~quo~ ne ~'éb~an~he-t-~l pa~ ?
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Mb~wou ou'<' !
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c'e~t v~a'<'ment a6amb~wou
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Je ne ~ava'<'~ pa~
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me 6a'<'~e 6a'<'~e ~.<. peu de chem'<'n
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Ma'<'~ h~la~,
c'e~t mon ch~~'<',
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Po~te-tu.<. mon ~atut !
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ILe chant d'A-6-6a)
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C' e~t ma
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MU k')kJ ft'IJ '!Jo
6aute a moi Û
je ~ ui~ .idiot
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Md .so MU krJk') /ri,} ~~
C' e~t ma 6aute a moi Û
je ~uü idiot
1'1d Jo,.,u kJ h Md 1io
C'e~t ma 6aute a moi Û
je ~ ui~ idiot
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kJ!cc) Ma el,.,} 0
Si je ~ ui~ .idiot
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Û
je 6ui~ idiot
Md J o,.,u kJ/rJ "'d ijo
C'e~t ma ~aute a moi Û
je ~ ui~ .idiot
~k~ ""J d,.
~i je ~ ui~ .idiot
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je ne
Mel d,. d 10/:J Ir:J .; w"
le ~ui~ pOUIt pelt~onne.
qui ~e conduit vltaiment en incon~cient
1
1
~i tu 6aü un en6ant
1
qui
j
~e conduit vltaiment en incon~cient
~•
qui ~e conduit vltaiment en incoMcient
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qui ~e conduit vltaiment en incon~cient
1
qui ~e conduit vltaiment en incon~cient
1
qui ~e conduit vltaiment en incon~cient
toi, le p~lte, tu e~ tout ~eul.
1
Si tu 6aü un en 6ant
1
qui e~t Itiche, c'e~t vltai
1
~i tu 6aü un en 6ant
l1
qui e~t Itiche, c'e6t Vit ai
-!Ji tu 6aü un en6ant
qui e~t Itiche, c ' e~ t vltai
qui e~t Itic he, c' e~t Vit ai

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~ I~ blt'Y"" Jb40
qui e~t ~iche, c'e~t v~ai
ft /'5'jt ,.,,.
~
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e liJ b/~7Jb"~bdO
qui e~t ~iche, c'e~t v~ai
1
1
1
~ /~ f,10:Jb" ~bdO
qui e~t ~iche, c'e~t v~ai
1
,
J'Id la h~J~()
il appa~tient a tout le monde
MJ n.) !iJJ~
o m~~e~ mienne~
ft. laj~
1
l
tr>dn;, la il laJ~ wO
Je/ro c"t"d'i-~
/(okotchi~aka
J
J~/E- /0 !.)~.fkw~ w~
le pauv~e n'a pa~ de 6amille
Md n" la
~:J ~It bà ",,, Md J:,. /c)
mai~ que 6ai~e, moi ?
f dji;lO
Tu te condu~~ en incon~cient
~
f !J:1 fl
tu
Wo
n'a~ pe~~onne.
Î
~
~?j,r~/'t
Agb~êhê
0
kJj~~ ht.f
c'e~t v~ai, pauv~et~ pique plu~ que
piment
l
7'~ 0
l
è!dd.st- Wu
Adau~ voit
j
d~.sE..dO f"'v ".~ n,
le m~di~ant ig"o~e ce qui ~e pa~~e
1j
j
. ""
J;) d
dan~ ~a mai~on
J:ii
1
~ le> Md
J'ai fa nau~~e
j
1
J~ ,., a Wu nu,! lE ,., J
où t~ouve~ai-je de la vomi~~u~e a
1
JbuJ
vomilt .
1
k" dSd /t...Jn<:fU
A~~a Leona~d
l'1d n:J h n:J nJ Id d.rv k"
ta m~~e dit qu'elle e~t Callypige
MJ b;l
elfe (qui lut) la p~em~è~e
M~ f,' f ji"
- - _ . __ .- -~-~

10
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1
oh 0 uJ. !
1
,
~J. tu te conduJ.~ en J.ncon~cJ.ent
1

1
tu n'a~ pe~~onne.
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~
Bo ka Vama~ e !
1
1
,
i
quJ. ont dJ.t ce p~ove~be
1
,
i
GallJ.nac~ dJ.t qu'J.l a envJ.e de dan~e~
j
~eulement, J.l n'a pa~ d'a~~ez
g~o~ mollet~
1~ 00
1
oh 0 uJ.,
1
~"f d"kT)I'd 0
(SJ.) tu te nomme~ Kô~a
1
1
k;f f:J (~ WO
tu n'a~ pe~~onne
1
~
1
/if d'JJf 0
tu te conduJ.~ en J.ncon~cJ.ent,
4

k:>fa !" dt. WO
tu n'a~ pe~~onne
dl. /;} Jf'>
lu /'0 dn..~ nd
quJ. ont dJ.t ce p~ove~be
'r~ m;)k:> fOY'IO ;''')E
le ~J.nge ne 6aJ.t pa~ d'enfant
!o J,,,"'jë
J.t ne 6aJ.t pa~ d'en6ant
{o TV dl, w:>'V 6
dont l'homonyme e~t un oJ.~eau
M.J nJ la
!
k", /~ hô
l
f"/J mrJ bd /~
que naJ.~e, moJ. ?
1
,."l nJV rci ..st!. /,'" J
f.J'go~an C~tJ.ne
1
dE. 7~ !y>:>
1
,
kt /'0 cln.1!d n,J
QuJ. ont dJ.t ce p~ove~be
Ic.t.~-.f"/J 10 "j't"e/v ",,; 1y3
l'eau ~e t~oubte ouJ. maJ.~
""Y' ~ f "tJ
l'eau ~e t~oubte.
MY': e C<-/t 0

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1
~.j~.oo .
oh ou.<. !

eJ~t"!l!J ~J
Yap.<. Fulgence
dl. k y;,
1
!
~~ ho cJi"~!d ,,~
qu.<. ont d.<.t ce p~ove~be
m:>k~ dPVf rr7
~''<'l ~ a de~ poux dan~ te~ cheveux
f
1
fd~J;J
que tu ne le~ tue~ pa~
1
OrOMU h5 fi ~v
ta tête engend~e de~ poux
1
~J nJ la
,l
c;~~OO
oh ou.<.
1
!
l
Mj"~ tV Mt 0
L'eau ~e t~ouble ma'<'~
f
~j/~ u/~ 0
l'eau ~e cla~'<'6.<.e.
1
, ft Ict~t~ I~ ~j,E
L'a~b~e mo~t e~t en po~'<'t'<'on de chute
+

h f w"" .s~SE­
l'a~b~e v.<.vant le p~~c~de
.dé.5i. Wu
Adau~ vo.<.t
d~.5~ (ft,j~ Mv
.. -
y,- n,J' .a.
Ce qu.<. ~e pa~~e dan~ ~a ma'<'~on.
J'':!l ~ !J Md
J'a'<' la nau~~e (ma'<'~l
J- me wu
1
'1 Vi
If MJ
où t~ouve~a'<'~-je de la vom.<.~~u~e
~
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a vom'<'~ ?
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j
~b-rE-Af. '0
Agb~êhé
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kJj'.JIE /'tj;ë 'l~
ou.<. pauv~et~ p.<.que plu~ que p'<'ment.
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0
j
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Le ~'<'nge ne 6a.<.t pa~ d'en6ant,
Vt 0". J.'''''j''t.
l 0° A3"Jf
ro ru el/. w".... .;
dont l'homon~me e~t un o'<'~eau.
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j
1

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Mo)
, , ) la
MVle~ mienne~
le;, k bd /YI) 1"?~ bd. /~
mai~ que 6ai~e, moi ?
~
/ce. bC> n"/JE ho
On ~e ~e~t de peau d'animal
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lu kt obù
pou~ couv~i~ le tambou~
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1
k~ !~ bJ /,; /'0
on ne ~e ~e~t pa~ de ta ca~apace
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pou~ couv~i~ te tambou~.
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