UNIVERSITÉ DE DROIT ET DES
SCIENCES D'AIX-MARSEILLE III
Faculté d'Économie
Appliquée
L'EFFET GRAVITAIRE DANS LE
,r!
COMMERCE ENTRE PAYS
j
MOINS DÉVELOPPÉS (P.M.D.)
,
THESE
de Doctorat 3èrfJe cycle
en Macroéconomie
présentée par
FOFANA Brihima
sous la Direction de
MonSieur DJONDANG (Paul)
JURY:
Monsieur le Doyen GRANIER (Roland) Professeur
Monsieur DJONDANG (Paul) Maitre de Conférences
Monsieur BARTHËLËMY (Pilippe) Maitre-Assistant
JUILLET 1986
œNmE REmoaR.lJ'HWE ce l 'ENSEIGNEMENT Sl-"ERE~ REPACOJCTDN 'HEROITE

SUJET: L'EFFET GRAVITAIRE DANS LE COMMERCE ENTRE PAYS MOINS
=====
====================================================
DEVELOPPES
<P.M.D.)
==========

,
SOM
M A I
R
E
======================
INTRODUCTION GENERALE
PAGES
2
à
12
PREMIERE PARTIE
L'effet gravitaire dans le
commerce international :
approche théorique .....................................
13
à 136
CHAPITRE l
Les modèles gravitaires en économie :
présentation générale ................................
18
à
80
SECTION 1
L'effet gravitaire structurel ..........
18
à
47
SECTION 2
L'effet gravi taire tendanciel ..........
47
à
80
CHAPITRE II
Une application de l'analyse des
= = = = =
modèles gravitaires aux P.N.D.: .•.•.••
81
à
136
SECTION 1
Les critères économiques et insti-
tutionnels impliqués par la
structure gravitaire:; ..•.••••••••.
84
à
106
SECTION 2
L'organisation des nouv~lles rela-
tions spatiales : Les pàlitiques
commerciales . . ,
-
~
..........................................
106
à
136
DEUXIEME PARTIE
L'effet gravitaire dans les échanges
entre P.M.D. :
Etude empirique: ••••.•.•••.••••••.•
136
à
297
CHAPITRE III
Les particularismes régionaux dans
l'articulation internationale des
économies .••..•.•••.•........•••••••
140
à
223

SECTION 1
Eléments généraux de la hiéràrchisation
des pays
141 à 178
SECTION 2
L'évolution des structures d'échanges
179 à 223
CHAPITRE IV
Le comportement gravitaire dans les
= = = = = = =
échanges entre P.M.D.: ••••••••••••••••••••••
224 à 297
SECTION 1
Changements de structures dans les
échanges ......................................................................
227 à 252
SECTION 2
Le commerce interrégional et modification
des réseaux d'échanges ..........................................
253 à 297
CONCLUSION GENERALE
298 à 305
BIBLIOGRAPHIE

-
2 -
INTRODUCTION GENERALE
=~=~=================-
L'objet de cette étude est d'expliquer pourquoi
les échanges internationaux diffèrent d'un pays à un autre
et d'une période à une autre.
Cette approche consiste alors
à étudier non seulement
les structures des échanges, mais
aussi
l'action du temps sur les propriétés de l'espace éco-
nomique.
Aussi,
s'agit-il
répondre aux questions
sui van tes
- Quels
facteurs
déterminent les flux d'échange?
- Quelle es t l'importance relative de ces facteurs
et comment agissent-ils ensemble?
Ces questions supposent une certaine spécificité
de l'univers économique. L'on se demande alors s ' i l faut ex-
pliquer les différences entre les flux commerciauX" seulement
à partir de
facteurs généraux ou s ' i l faut faire
référence à
des facteurs spécifiques.
En d'autres termes, les facteurs explicatifs des
mouvements d'échanges des pays développés sont-ils les mêmes
que dans les pays en déve loppement ?
Les modèles gravitaires paraissent d'un apport
utile pour
répondre à cette série de questions.


l N T R 0 DUC T ION
G E N E R ALE
*****************************************.

~
-
.)
-
Les mod~les gravitationnels "pe~mettent d'~value~
un 6lux d'agent~ ~c.onomi.que~, de b-i.el1~ ou de ~e~v-i.c.e~ ent~e
deux loc.al-i.~at-i.on~ pendant une p~~-i.ode de temp~ donn~(l).
Appliqués
aux échanges internationaux, ces mod~les expriment
l'influence exercée sur les échanges par le
dynamisme expor-
tateur, modulé par le partage des marchés existants au dé-
part. Les mod~les gravitationnels aident donc, selon
Pierre MORAN(2),
~end~e c.ompte de la ~t~uc.tu~at-i.on de
l'e~pac.e en zone~ d'att~ac.t-i.on~ élémenta-i.~e~ qu-i. c.on~t-i.tuent
l'~l~ment de ba~e d'une v~~table h-i.é~a~c.h-i.e 6onc.t-i.onnelle
de~ c.en;tJt~ d' att~ac.t-i.on" ..
-
L'analyse est certes basée sur des variables
économiques connues telles que
: le revenu national ~ la po-
pulation
.... mais aussi sur des variables très peu prises
en compte par l'économiste.
Ce sont par exemple,
la distance
géographique certes mais surtout culturelle et économique,
les préférences commerciales.
1 -
P-i.e~~e-Hen~y DERYCKE et Be~na~d BOBE : P~ojec.t-i.on~ de~
~c.hange~ ext~~-i.eu~~ et balanc.e~ de pa-i.ement~. Ec.onom-i.-
c.aPa~ü
1975.
Z -
Claude PONSARD,
P.
MORAN : T~avaux ~u~ l'e~pac.e ~c.ono­
m-i.que. Tec.hn-i.que~
~c.onom-i.que~ mode~ne~ na 4,
1966.

- 4 -
les affini tés, en défonnant en quelque sorte
les
distances aussi bien géographiques que sociales, ont influen-
cé considérablement les facteurs préférentiels et donc les
échanges. On peut donc rappeler brièvement que l'identifica-
tion des affinités et des intérêts communs peuvent être con-
sidérés comme étant le point de départ de ce qui est ".ta c.oo-
pé.Jwtion entlle r.M.V". En effet, les difficultés auxquelles
ces pays font face ont fait naître le besoin et la nécessité
d'accroître leur influence sur le plan international. C'est
pourquoi il nous est apparu utile d'examiner l'ampleur,
l'orientation et la nature de leur coopération commerciale.
Ceci est d'autant plus nécessaire qu'en dépit des nombreux
travaux consacrés à ces pays, très peu ont véritablement
cherché à expliquer qualitativement et quantitativement leur
commerce mutuel.
Des auteurs contemporains tels que LINDER, VERNON
et bien d'autres, ont soutenu que les échanges internationaux
avaient plus de chance de s'accroître entre pays de même ni-
neau de développement qu'entre pays de catégories différen-
tes ...
Si cette thèse a été largement vérifiée et même
confirmée par les échanges de produits manufacturés entre
pays industrialisés, il n'en est pas de même pour les P.M.D.
Des modèles gravitaires ont été également élaborés et appli-
qués aux échanges entre ces pays afin de décri re la figure
que dessinent les attractions entre deux ou plusieurs pays

-
5 -
en relation commerciale. Ces modèles mathématiques destinés
à décrire
les attractions n'insistent pas sur les facteurs
".6 ubj ec.ti6,.6" et se
limitent à l'analyse des flux d' échanges
de marchandises. Leur application au contexte des P .M.D.
doit, non pas établir simplement une sorte d'analogie entre
deux phénomènes économiques et physiques, mais un ~rallélis-
me entre des facteurs économique~~ociaux et Qhysigues.
Aussi, nous cherchons à vérifier la validité des remarques
suivantes:
pa~ exemple, .60nt de g~ande taille (leu~ population totale
et ac.tive e.6t élevée), le.6
6,lux d'éc.hange.6
ent~e eux .6ont
p~opo~tionnellement moin.6 impo~tant.6 qu'ent~e pay.6 de taille
plu.6 mode.6te".
ZO} - Nous vérifierons également la relation de
TINBERGEN(Z} à savoir que "dan.6 le.6 ~elation.6 ent~e un pay.6
à 6o~t P.N.B. et un pay.6 à 6aible P.N.B.,
le volume d'expo~-
tation.6
e.6t plu.6 impo~tant du p~emiei1. veM le .6ec.ond que du
.6ec.ond ve~.6 le p~emie~". Cette remarque sera analysée dans
les échanges
entre les groupes de pays que nous avons cons-
ti tués.
1 -
Pie~~e-Henti VERYCKE et Be~na~d BOBE : "P~ojec.tion.6 de.6
éc.hange.6
extétieu~.6 et balanc.e.6 de paiement.6". Ec.onomic.a,
Pa~ù 1915,
page 209.
2 -
Pie~~e-Hen~i VERYCKE et Be~na~d BOBE : "P~ojec.tion de.6
éc.hange.6
extétieu~.6 et balanc.e.6 de paiement.6" Ec.onomic.a,
Pa~ù
19 15,
page 206.

-
6 -
3°)
-
La troisième direction consistera à étudier
les facteurs autres qu'économiques, susceptibles de déformer
le réseau d'échanges entre les
P.;'I.D.
L'analyse de la structure des échanges entre ces
pays, aura comme on le constate, pour toile de fond,
l'hété-
rogénéité
économique de cet ensemble jusqu'ici difficile à dé-
finir.
La grande diversité et l'hétérogénéité des P.M.D
ne permettent certes pas de les ranger dans une catégorie
unique, cependant, on peut en constituer des sous-groupes en
vue d' une analyse. Ce re groupement passe par un découpage
de l'espace qui doi t s' accorder avec le façonnement du com-
merce. On ne peut plus considérer les P.M.D comme un ensemble
homogène et ceci ressort clairement du rapport de la banque
mondiale qui dit (1 )
"Le..6 palj.6 e.n déve.-toppe.me.nt .6 e. he.u-ue.nt i de..6oo.6ta-
Q-te..6 di66é~e.nt.6
pa~ -te.u~ e.nve.~gu~e. e.t -te.u~ natu~e. -to~.6qu'~-t.6
.6'e.66o~Qe.nt d'aQQé-té~e.~ -te.u~ p~og~~.6 éQonom~que. e.t tOU.6 n'ont
pa.6 -te..6 même..6 ~n.6t~ume.nt.6
à. -te.u~ po~tée..
Ce..6 d~66é~e.nQe..6
~e.­
6-tète.nt -t' ~mme.n.6 e. d~ve.~.6~té de. -te.uM ~e..6.6 OU~Qe..6,
de. -te.u~
.6t~UQtu~e. éQonom~que.,
de. -te.u~.6 t~ad~t~on.6
.6oQ~a-te..6
e.t po-t~­
~que..6 e.t de. -te.u~ hab~-te.té de. ge..6~onna~~e. a~n.6~ que. -te.u~.6
~e.-ta~on.6
ave.Q -t' éQonom..te. ~nte.~na~ona-te.".
1 -
Banque. Mond~a-te. - Rappo~t .6u~ -te. déve.-toppe.me.nt dan.6 -te.
monde. août 1918 page. 1.

-
7 -
L'analyse des pays dans leurs formes économiques, leur échelle
et leurs performances, permet-elle d'avancer une typologie des
différentes relations commerciales ?
Cette question en appelle une autre qui a trait à
la nat ure des centres de décision qui définissent ces relations : La Na-
tion et les espaces économiques. Par quoi se caractérisent-ils;
Le degré
relatif d'industrialisation sera le critère de regroupement choisi.
L'objectif est de savoir comment s'affirme la dynamique de
l'activité économique, c'est-à-dire le façonnement des places centrales dans
les échanges. Compte tenu des disponibilités statistiques, la période d'ana-
lyse sera limitée à dix années de 1970 à 1980.
Le réseau du commerce sera canposé de la façon suivante
- D'une part, re grouper 1es pays dont 1a part du secteur ma-
nufacturier dans le PIB est supérieur ou égale Ç2) à 25 % en 1980 et 10 %
en 1970. Ces pays sont qualifiés de pays plus avancés (PPA) ce sont
l'Egypte, les Philippine, le Nicaragua, le Pérou, la Corée du Sud, le Brésil
le Portugal, l'Argentine, Hong-Kong et le Singapour.
- D'autre part, nous retiendrons au second groupe, ceux dont
la part du secteur manufacturière est
supérieur ou égale à 15 %en 1970 et
comprise entre 15 % et 25 % en 1980 ; ce sont les pays Intermédiaire (PI).
Ce groupe comprend: Sri-Lanka - Jamaïque, République Dominicaine, Colombie,
Côte d'Ivoire, Sénégal, Paraguay, M~~ique, Chili, Grèce; Costa-Rica,
Indonésie, Nigéria.

- s -
Pour notre classification, nous avons utilisé les
statistiques des Nations-Unies (Statistical Yearbook). :-.Ious
avons pris en compte les P.M.D pour lesquels les statistiques
sont disponibles pour la
période
retenue
Evidemment l'on aurait bien pu envisager d'autres
critères de classification pour obtenir des groupes de pays
relativement homogènes également. Parmi ces critères, on peut
citer l'importance des capitaux étrangers dans l'économie,
l'investissement intérieur brut dans chaque pays ...
On comprend alors que le seul critère retenu puis-
se paraître une extrême simplification de la réalité complexe
de ces pays, cependant, dans la mesure où il a des fondements
économiques, nous pensons qu'il pourra permettre de percevoir
les faits que nous envisageons de dégager.
Outre cette classification, il arrivera qu'on
adopte une autre purement géographique celle-là : le classe-
ment par continent. L'utilisation de l'un ou l'autre regrou-
pement dépendra des statistiques disponibles et aussi du phé-
nomène que l'on entendra mettre en évidence.
Nous espérons que le regroupement retenu nous per-
mettra de conclure à l'existence "d'e.66e..:tJ.> de. dom..tn.a.:t..ton."
qui expliquent les inégalités et donc les rapports hiérarchi-
sés dans lesquels certains pays jouent le rôle de catalyseur
ou de "c.e.n..:tlte. de. gILav..t.:té".

- 9 -
La perception de cette hétérogénéité spatiale
fonde à notre avis le phénomène d'attraction qu'exercera une
région définie sur une ou plusieurs autres, et donc l'effet
gravrntationnel.
La spécification des variables portera sur ce qui
devra être considéré dans l'analyse comme facteurs attrac-
tifs. A cet effet, nous prendrons en compte les variables
suivantes:
La dimension du marché
En théorie du commerce, la dimension du marché in-
térieur joue un rôle important dans la mesure où elle influe
sur la structure des échanges et sur le choix des stratégies
adoptées.
Il est vrai que la comparaison internationale des
revenus fait l'objet de sérieuses contestations dans la me-
sure où aucun compte n'est tenu de la différence des systèmes
de valeurs des économies considérées. Cependant, si une com-
paraison entre pays développés et P.M.D revêt une significa-
tion limitée, il apparaît possible de déboucher sur des résul-
tats relativement significatifs, lorsque l'analyse se fait
au sein d'une zone économique, par exemple entre P.M.D, ou
pays africains, pays pétroliers ... L'analyse des échanges
entre P.M.D sera menée selon plusieurs scénarios

-
10
-
- Dans la mesure où, SI deux pays parviennent à
nouer des relations d'échanges entre eux,
l'importance de
ces flux sera influencée par l'aire de marché à laquelle cha-
cun des pays appartient, il faudra envisager l'analyse au
sein des groupes de pays d'abord;
- Ensuite, il est nécessaire d'analyser les rela-
tions commerciales qui existent entre les différents groupes.
Ce deuxième volet pourrait permettre de faire ap-
paraître la proximité géographigue et culturel dans les
échanges.
Il est en effet intéressant d'envisager l'environ-
nement immédiat dans l'étude car l'on admet que les difficul-
tés de communication entre les pays réduisent l'intensité du
trafic à
longue distance. Par contre dans l'immédiat environ-
nement,
les échanges
(petite distance), peuvent s'intensifier
dans la mesure où les quantités demandées sont encore plus ou
moins limitées et l'information relativement fluide.
On tiendra en outre compte du facteur "c.ontlta-i-nte"
appelée dans l'analyse gravitaire, "lté.J.l-i-J.ltanc.e" et qui est le
frein aux échanges. Ce frein sera étudié à travers plusieurs
éléments notamment la distance sociale, les facteurs E2ycho-
logiques, les barrières douanières, poli tiguES et aussi àtra-
vers les préférences commerciales.

-
1 1 -
OL1 HAVRYSHYN et lvlARTIN WOLFe 1) es timent que les
économistes qui considèrent que les échanges entre P.M.D,
sont à privilégier, ont tendance à recommander une libérali-
sation discriminatoire des échanges par le biais de la mise
en place d'unions douanières et de zones de libre échange,
alors que ceux qui pensent que les contraintes institution-
nelles sont une entrave aux échanges souhaitent plutôt
Une analyse de ces deux argumentations devra per-
mettre de savoir si le commerce entre P.M.D est plutôt in-
terrégional qu'intra-régional et l'on aura répondu à la ques-
tion qui consiste à se demander si ces pays favorisent ou
non les échanges de voisinage. Ce point de l'étude nous pa-
raît particulièrement important dans la mesure où il explici-
tera la distinction généralement fai te entre modèle "g!wvi-
taùle-6
type" c'est-à-dire ceux qui intègrent explici tement
la distance dans leur analyse et les modèles dits "p-6eudo-
gILavitaùle" qui ne tiennent pas compte véritablement de la
dis tance en tant que fre in aux échanges.
Comme on le constate, il s'agira de savoir, Sl
les théories gravitaires permettent de donner une explication
satisfaisante de l'échange entre P.M.D.
1 -
OU HAVRYSLHYN et MARTIN WOLF:
"PILomotion de-6
éc.hange-6
entILe paY-6
en développemevlt".
Fivlanc.e-6
et développement,
vol 19,
n O l,
maIL-6
1982.

- 12-
En espérant pouvoir satisfaire aux exigences ana-
lytiques des modèles gravitaires dans notre application aux
P.M.D, le plan sera le suivant:
Nous allons d'abord essayer d'étudier les carac-
téristiques générales des modèles gravitaires que nous clas-
serons en portant une attention particulière aux tendances
et structures dégagées, ce sera l'objet de la première partie.
Dans cette partie,
le premier chapitre portera sur
l'analyse des modèles gravitaires existants, alors que le se-
cond sera une tentative d'expérimentation des modèles sur les
échanges entre P.M.D.
Nous serons conduit là, à accorder une grande im-
portance aux phénomènes d'interactions perçus à travers des
facteurs mesurables et non-mesurables.
Enfin,
la deuxième partie du travail sera essen-
tiellement une application empirique destinée à définir la
signification économique des facteurs explicatifs des échan-
ges. Il s'agira d'indiquer les modifications intervenues tel-
les qu'on peut les apprécier d'après les résultats des cal-
culs qui seront effectués.

PRE~IERE PARTIE
L'EFFET GRAVITAIRE DANS LE COMMERCE INTER-
--------------
---------------
NATIONAL: APPROCHE THEORIQUE

- 15 -
Pour paraphraser DAVIN (E) et H. PRIEBE(1), on
peut dire que les pays sont en "L<'a-<-/.>oYl le/.> UYl/.> avec. le/.> au-
t~e/.>, YlOYl ~eulemeYlt eYl Aa-<-/.>OYl de leuA pAox-<-m-<-té géogAaph-<-que,
Yl-<-que/.>,
/.>c.-<-eYlt-<-n-<-que/.> et c.ultuAel/.>". Les pays sont organisés
commercialement autour de quelques foyers dominants autour
desquels gravitent une hiérarchie d'autres pays. Aussi, pour
l'étude du commerce international, les économistes sont ame-
nés ~ se préoccuper des forces d'attraction entre pays. Les
recherches qui appréhendent ce phénomène s'inscrivent dans
les modèles di ts "gAav-<-ta-<-Ae./.>". Ces modèles s'articulent au
fond, autour de deux types d'orientations
déceler un certain nombre de facteurs d'attrac-
tion ,
- expliquer la résultante de la combinaison de
ces facteurs.
Le support d'analyse des modèles gravitaires est
la "lo-<- de gAav-<-tat-<-oYl UYl-<-veA/.> elle", selon laquelle, "étaYlt
dOYlYlé deux pO-<-Ylt/.> matéA-<-el/.>, Ml de ma/.>/.>e ml et Mz de ma/.>/.>e
mZ' Ml eXeAc.e /.>uA Mz UYle nOAc.e attAac.t-<-ve pAopoAt-<-oYlYlelle au
c.aAAé de la dÜtaYlc.e Ml M (2). Dans ce type de recherche l'on
Z
1 -
E. DAVIN et H.
PRIEBE : "Ec.oYlom-<-e Aég-<-oYlale /.>al1/.>
nAOYl -
ûèAe/.>".
DUYlod,
Pa~/.>
1965.
z -
J.L.
MUCCHIELLI et J.P. THUILLIER : "Mult-<-Ylat-<-oYlale/.>
eUAopéeYlne~
et -<-nve/.>t-<-~/.>ement/.> c.Ao-<-/.>é/.>". Ec.onom-<-c.a
Pa~/.> 198 Z •
'

-
16
-
s'efforce de trouver des solutions à deux séries principales
de p rob 1 èmes
- Comment définir l'aire d'influence d'un pays;
- Quel pays ou groupe de pays exerce l'influence
déterminante sur son environnement?
Répondre à ces qœstions
nécessi te à la science
économique l'utilisation de IJ'éthodes quantitatives,
d'instru-
ments mathématiques et statistiques afin de vérifier ces phé-
nomènes
du monde réel(1).
La variable qu'il s'agit d'expli-
quel' est représentée par la valeur des exportations
tandis
que les masses et la distance sont des variables explicatives.
Le propos
de la présente étude sera de tenter d'expliquer les
flux de commerce entre partenai l'es de P .M. D
à parti l'des mo-
dèles gravi tai l'es. Si ces modèles
rendent compte de la for-
mation de flux d'échanges entre différents pays d'un réseau,
il nous
apparaît cependant important de souligner qu'ils ont
été élaborés et appliqués jusqu'ici dans
le contexte des pays
développés et par conséquent,
leur application aux P.M.D, doit
faire
ressortir la particularité de ces pays. C'est là, nous
semble-t-il,
la condition nécessaire à leur bon fonctionne-
ment. Ainsi l'application de l'approche gravitaire aux
P.M.D
doit combiner une étude économique et une étude socio-poli-
Guy PETIT" L'ana-C.lj!.>e muLtiou:tQJLe et -t'exp-t-ication de
-ta compo!.>it-i~n de!.> échange!.>" (Une app-tica:t-ion de -ta mé-
:tbode E-tec:the.).
VES,
Aix-En PhOve.nCe II 1982.

-
17
-
tique ou institutionnelle, et c'est dans une
telle méthodolo-
gie, prenant en compte cette combinaison de facteurs que
s'engage notre recherche.
Nous sommes
amenés,
dans un premier chapi tre à Sl-
tuer les écoles les unes par rapport aux autres en regroupant
leurs apports. Ce chapi tre mettra l'accent sur la présenta-
tion "méc.aYliqu.e" de ces modèles et prendra en compte le ca-
ractère multiforme de l'analyse
des modèles gravi taires.
Sans rejeter l'approche mécanique de ces modèles
dans leur application aux pays développés, notre apport sera
de tenter de mettre en lumière l'importance d'autres phénomè-
nes qui ne sont certes pas
toujours mesurables et qui cepen-
dant jouent à notre avis un rôle déterminant dans l' orienta-
tion des échanges entre
P.M.D. Nous sommes guidés dans notre
approche par le fait que la hiérarchisation qui caractérise
les P.M.D a une composante aussi bien économique que sociale
et politique. Ce recul par rapport aux modèles de base, peut
nous permettre de voir comment l'on peut inserrer les échan-
ges entre
P.M.D
dans de
tels modèles.

-
1 S -
CHAPITRE l
LES MODELES GRAVITAI RES EN ECONOMIE : PRESENTA-
==========
TION GENERALE
L'effet gravitaire recouvre des réalités mUltiples
dans son application, et c'est cette diversité d'application
que nous allons exposer dans ce chapitre.
Nous définirons les
caractéristiques
de s mo dèle s
gravitaires, exposerons les hypothèses qui les sous-tendent,
leur formulation générale,
avant d'en discuter les variables
et paramètres
(section 1). Ensuite, nous nous attacherons à
analyser les différentes conceptions ou orientations de ces
modèles
(section 2).
SECTION 1
L'EFFET GRAVITAIRE STRUCTUREL
La diversité des modèles gravitaires prouve la
complexité du problème,
ce qui rend impossible l'élaboration
d'un modèle unique. Cette diversité d'application des moèles
exprime la différence de logique de raisonnement sous-tendant
chaque modèle, ceci ressort de la genèse et des hypothèses
ci-après.
L'application de ces modèles aux
P.M.D
exige que
l'on définisse les centres de gravité par leurs caractéristi-
gues structurelles et insiste sur les mécanismes qu'ils met-
tent en jeu.

-
19 -
fi. - L' ASPECT ~1ULTIFORME DE L'ANALYSE
L'origine première des modèles gravitaires doit
être recherchée dans les travaux de Auguste Comte, vers les
années 1820, relatifs à la physique sociale(l).
Dans ses origines, le terme était utilisé
pour
désigner la science qui cherche à connaître les lois de la
nature sociale.
Dans une conception plus élargie, le terme relie
la physique sociale au comportement humain.
En effet, vers la fin de la sixième décennie du
dix-neuvième siècle, Henry C. CAREY présentait le phénomène
social comme relevant de la physique dont les lois restaient
à découvri r.
L'auteur reconnaît l'effectif de la population
ainsi que la distance,
comme des facteurs sociaux. Pour lui,
"plu.6 gILande. e..6t la c.onc.e.ntlLation de..6 pe.!L.6onne..6 dan.6
une. ILé-
gion,
plu.6 gILande. .6e.ILa a~.6i la 60ILc.e. d'attILac.tion qu'e.xe.ILc.e.
c.e.tte. ILégion .6 uIL .6 e..6 voi.6ine.f.> " (2)
1 -
Augu.6te. COMTE
: "The. de.ve.lopme.nt 06 .6 oc.ial phY.6ic..6".
Ame.ILic.an JoulLnal 06 phY.6ic..6,
vol 18.
1950 page..6
239-253.
2 -
Be.ILnaILd ROUGET : "Modèle..6 de. gILavitation e.t théolLie. de..6
9 ILap h e..6 " •
1 ,E M.
iln.6titut de. Mathématique. Ec.onomique.)
Vunod 1971
(c.ité paIL)

-
20
-
Il considère que le niveau d'attraction varie di-
rectement avec la population et inversement avec la distance.
On voit ainsi apparaître le squelette des modèles actuels de
gravi ta ti on.
Quelques décennies après CAREY, J.Q. STEWART cons-
tate que la "phy;.,ique. e.;.,t une. bJtanc.he. de.;., iUude.;., humaine.;., " (1) .
Pour cet auteur,
".te. phénomène. phy;.,ique. e.;.,t un phénomène.
;.,ocia.t e.ntJte. paJtticu.te.;., dont .ta .tibe.Jtté de. chacune. e.;.,t a;.,;.,u-
Jtée. daM
un déte.Jtm-<-nüme. d'e.Me.mb.te."(Z).
Des applications à d'autres domaines se retrou-
vent en 1950 avec STEN SPARRE NILSON(3) qui a publié un ou-
vrage dont le ti tre es t "Hù to-<-Jte. e.t Sc-<-e.nc.e.;.,
Po.titique.;.,".
Dans cet ouvrage,
l'auteur cherche dans les statistiques
électorales,
des lois ou des comportements électoraux. Mais,
notre préoccupation étant l'application de ces modèles aux
échanges commerciaux, nous ne développerons pas cet aspect
du problème.
1 -
HAZEM HQSNY : "Conttibution à .t'étude. de.;., modè.e.e.;., de.
gJtavité e.n économ-<-e. ;.,pat-<-a.te.". Un nouve.au modè.te. e.t ;.,on
app.ticat-<-on aux dép.tace.me.nt;.,

6e.JtJtov-<-aiJte.;., e.n Haute.-
Egypte.. Thè;.,e. 3e. cyc.e.e. Tou.tou;.,e. 7798'2 Page. 4
'2
-<-de.m, page. 4 e.t ;.,uivante.;.,.
3 -
STEN SPARRE NI LSQN : "HütoiJte. e.t Sc-<-e.nce.;., Po.tit-<-que.;.,".
SE RGE N,
7950.

-
21
-
L'une des premières études de gravi tation appliquée
au commerce a été réalisée par W.J. REILLY sous le titre
"Lo-<- de. gilav-<-tat-<-oYl du c.omme.lLc.e. de. déta-<-f" (1). L'auteur
adopte une approche s' inspi rant des modèles neHtoniens.
S'inspirant de la loi physique, Reilly a énoncé la loi écono-
mique sui vante
: ·"If e.x-<--6te. e.YltlLe. de.ux e.Ylt-<-té-6 éc.oYlom-<-que.-6
UYle. attlLac.t-<-OYl c.omme.lLc.-<-afe. plLOpolLt-<-OYlYle.ffe. à UYle. C.e.lLtaiYle.
Si l'on veut donner une forme mathématique à la
loi de Reilly,
on écrira:
VA
=
V
( PA ~a( DB
avec
B
PB
DA
l'
les ventes au dé tai Ides vi lles A et B
aux habi tants d'une
zone C
population agglomérée dans A et B.
distance de la zone C au centre des
villes A et B.
a
et ()
sont deux constantes.
)
-
L. GIRAUD:
"L'attlLac.t-<-OYl c.omme.lLc.-<-afe. e.t fa fo-<- de.
Re.-<-ffy".
Cah-<-e.lL de. f'BEA -6élL-<-e. L Ylo7,
)960.

- 22 -
En fait,
la loi de Reilly s'exprime comme suit
"Veux ville~ atti~ent le comme~ce d'une ville ou
d'un bou~g inte~médiai~e en p~opo~tion di~ecte de la p~emiè~e
pui~~ance de la population de ce~ deux g~ande~ ville~ et en
p~opo~tion inve~~e du ca~~é de la di~tance de la petite ville
inte~médiai~e à chacune de~ g~ande~ ville~" (1) .
Par l'introduction de la zone intermédiaire dans
son analyse, on peut dire que Reilly aborde le problème de
la gravitation de façon originale par rapport aux modèles
d'inspiration newtonienne.
En effet, la loi de Reilly ne met pas en jeu direc-
tement l'effet réciproque d'attraction entre deux "mM~e~"
comme la loi physique universelle, mais plutôt "l'e66et"
univoque
d'attraction exercée par ces deux masses
(PA et PB)
sur une troisième masse unitaire.
Ce faisant,
l'auteur fait apparaître un critère
qui est la situation géographique et économique de la zone
intermédiaire par apport aux deux autres zones principales.
Dans ces conditions, il est indispensable de tenir compte
du phénomène frontalier et des groupements économiques. Ces
zones économiques se justifient par le fait que l'écoulement
des produits de consommation nécessite la création de con-
1 -
Be~na~d Rouget : "Modèle~ g~avitai~e~ et théo~ie de~
g~aphe~". Vunod,
1971.

- 23 -
tacts qui dégagent des avantages évidents. En effet,
la sup-
pression totale ou partielle des barrières
douanières entre
deux pays aura,
ou pourra avoir une influence considérable
sur leurs échanges. Dans
cette démarche,
l'on peut donc dé-
gager l'influence possible de "l'e.66e.t de. VoiJ.>,trlage." dans
l'attraction commerciale
(lorsque deux pays ont une
frontiè-
re commune) mais aussi "l'e.66e.t c.ouJ.>inage."
(lorsque des
rap-
ports privilégiés existent entre
deux Etats: par exemple
les liens coloniaux).
Tous ces effets sont des "e.66e.tJ.>
de.
diJ.>tanc.e." qui influencent les échanges réciproques entre les
pays.
Si la loi de Reilly a porté sur l'attraction com-
merciale, John QUINCY STEWART(l) l'étend à
l'analyse de l'in-
fluence
des villes aux phénomènes d'ordre socio-culturel et
démographiq ue .
Dans une première étude,
il analyse l'effectif
étudiant des grandes universités américaines.
Il a pu remar-
quer que ces universités attiraient les étudiants des Etats
environnants en
"!laiJ.>on di!le.c.te. de. la population blanc.he. de.
c.haque. Etat e.t e.n !laiJ.>on inve.Me. de. la diJ.>tanc.e.".
On peut
donc dire que les
dirigeants d'un pays peuvent mener une po-
litique de localisation économique qui contribuera à transfé-
rer le centre de gravi té du pays.
1 -
Voi!l Pie.!l!le.-He.n!li VERYCKE
"L'éc.onomie. U!lbaine.".
PUF,
Pa!lÜ
1970
Page.J.> 57 e.t J.>uivante.J.>.

-
24 -
Dans une autre étude,
l'auteur définit le "pot:e.n-
L<-e.l dé.mogJtaph.i..que."
comme la "J.>omme. de.J.> .i..n6.€.ue.nce.J.>
é.conomique.J.>
e.xe.Jtcé.e.J.> e.n un point: donné. de. .€.'e.J.>pace.
paJt '€"e.nJ.>e.mb.€.e.
de.J.>
popu.€.ationJ.>
uJtbaine.J.> e.nviJtonnant:e.J.>",
soit:
n
P.
P.
K L
-~
ou
1
j = 1
1J
p.
le potentiel démographique en un point 1
de l'espace
1
K
la constante gravitationnelle
P.
=
la population des vi lles
( j varie de
1 à n)
J
dij
la dis tance de chaque ville J au point 1 •
D'autres auteurs ont utilisé ce concept de poten-
tiel dans la théorie de la localisation. Ainsi, CHAUNCY D.
HARRIS(l)
a élaboré un modèle qui a pour ambition d'expliquer
la localisation des unités de production, mais l'auteur es-
saie de dépasse r
les modèles tradi tionnels en la mati ère. En
effet,
dans son analyse,
il minimise les différences de coûts
de transport entre régions et estime que le
facteur le plus
important est ".t'acce.J.>J.>ibi.€.it:é
au maJtché. nat:i 0 na.€. " .
Ainsi il
utilise
le concept de "pot:e.nt:ie..€.
de. maJtché."
qu'il définit
1 -
Chaunclj V.
HARRIS:
"The. maJtfl.e.t: aJ.>
6act:oJt in t:he. .€.oca.€..i..za-
t:.i..on 06 .i..nduJ.>t:JtIj in t:he. Unit:e.d S.tat:e.J.> " •
Anna.€.J.>
06 t:he. AJ.>J.>oc.i..at:.i..on 06 Ame.Jt.i..can Ge.ogJtaphe.JtJ.>
dé.ce.mbJte. 1954. c.i..t:é. paJt Be.JtnaJtd ROUGET.

-
L;:'
-
comme étant la somme des marchés accessibles depuis une 10-
calis ati on dans ce comté,
di visés par la dis tance de ces mar-
chés,
au comté, soi t
.p
n
1'1 .
_J_ _
l
L.
1
J =
d· .
lJ
P
i
le potentiel en i
produi t par tous les comtés.
Les
comtés sont identifiés à partir du chiffre total des
ventes
de détail (f.1) qui caractérise la taille du mar-
ché.

=
les ventes de détail de chaque comté j
J
dij
la dis tance du comté l
à J.
L'auteur mesure
la distance par le coût d'achemi-
nement d'une tonne de produits. Le résultat de la recherche de
HARRIS est que les
régions
de haut potentiel offrent des con-
ditions
favorables
au développement de l'industrie. Aussi,
une entreprise choisira de se localiser dans une région à haut
potentiel
de marché, c'est-à-dire le plus proche possible de
l'ensemble
des marchés pour bénéficier d'importantes économies
d'échelle.
L'abstraction faite par HARRIS des coûts
de trans-
port introduit une limite sérieuse à son modèle, pour remé-
dier à cette lacune, EDGAR S.
DUNN a construi t un "'<'nd.<.c.e. de.
.toc.a.t'<'-6at'<'on" qui concilie potentiel de marché et coût de
transport (1)
1 -
EdgaJz. S. VUNN : "The. maJz.!<.e.t pote.nt'<'e..t c.onc.e.pt and the.
ana.tY-6'<'-6 06 .toc.at'<'on". Pape.Jz.-6 06 the. R.S .A.,
1956.

-
26
-
Le concept de potentiel a été également utilisé
par William WARNTZ pour analyser la formation spatiale des
prix(').
Il définit dem:: fonctions spatiales:
un-.2.0tentiel
~atial d'offre et un ~tentiel de demande qui selon lui,
gouvernent le prix.
Le potentiel spatial de demande est en fai t un
potentiel de revenu:
n
P . . W.
iV
r
J
J

j =,
p.
est la population de
la région J
J
W.
le revenu par tête dans la région
J
d·. est la distance séparant i
et J.
lJ
Selon l'auteur, "le. pote.nt.{e.l de. !l.e.ve.nu pe.!l.me.t
d'~~.{m.{le.!l. à la de.mande. e.nne.~t.{ve. totale. de.~ ~on~ommate.u~,
le.~ ve.~ e.me.nt~ totaux de. !l.e.ve.nu aux .{nd.{v.{du~ au ~ou!l.~ d'une.
pétiode." .
Le potentiel spatial
d'offre annuelle du bien (k)
dans la région l
est défini par l'auteur comme sui t
:
n
1:.,
où 0kj est "l'output annue.l"
J =
du bien k dans la région j. Pour lui, ce potentiel indique
1·.,.
(!).
CUARNTZ
: "Ge.o!l.g!l.aphy on p!l..{~e.~ and ~pat.{al .{nte.!l.a~­
tian".
Pape.!l.~ on the. R.S.A. 1951.

7~
-
i.. 1
-
l'accessibilité d'une région l
a~x diverses productions loca-
les du bien k.
Aux termes de ce bref rappel historique, situant
les études les unes par rappo rt a~x aut res,
l'on remarque
que même si certains auteurs ne font aucune allusion à une
analogie apparente avec le monde physique dans leurs analyses,
même si le terme de ".to-t de gJta.vLta..:t-toYl (lYl-tveJtJ.>eLte" ne figu-
re explicitement dans leurs études, il reste que, vue les
différentes formulations, on peut affirmer qu'ils ont tous
été influencés par la philosophie newtonienne.
La différence entre les auteurs étant que certains
ont utilisé la loi de Newton comme simple source d'inspira-
tion, d'autres par contre comme un repère d''Vlalogie. Ce
qu'il importe de savoir à notre avis, c'est que le premier
domaine d'application a été l'économie régionale et l'exten-
sion à l'économie internationale n'est venue que plus tard.

- 28 -
~ - LES HYPOTH~SES D:::S :10DELES
De façon générale et selon Pierre-Henri DERYCKE et
Bernard BüBE (1),
".te.J.> modè..te.J.> gltav-<',tat-<'oYlYle..tJ.>
Yle. me.tte.Ylt
paJ.>
e.Yl j e.u. p.tu.J.> de. tlto-<'J.> vaJt-<.ab.te.J.>
:
souvent représentée par l'expression de la dis-
tance séparant les deux localités.
Nous avons déjà fait cas de la multitude des mo-
dèles gravitaires, aussi, le problème qui se pose en pareil-
les circonstances, est de savoir quelle logique de raisonne-
ment emprunter et pour aboutir à quel modèle. ~ous choisis-
sons donc d'exposer et de discuter les hypothèses qui nous
semblent aller dans la ligne de notre préoccupation. En l' oc-
curence, nous mettrons plus l'accent sur les phénomènes de
distance et d'infrastructure de communication. Les hypothèses
retenues seront celles qui selon nous, permettront par la sui-
te, de répondre aux questions que nous nous posons. Notre
démarche consistera à nous demander si les hypothèses des mo-
dèles de base répondent
favorablement dans une application
aux P.M.D.
1 -
P-<'e.ltlte. H. VERYCKE e.t Be.ltYlaltd BOBE : "Pltoje.c.t-<'OYl de.J.>
éc.haYlge.J.>
e.X.téJt-<.e.U.M
e.t ba.taYlc.e.J.> de.J.>
pa-<.e.me.YltJ.>".
Ec.oYlom-<'c.a,
PaJt-<.J.>
1975.

-
29
-
1° - L'HYPOTESE
D'ATTRACTION EN ECONOMIE
Dans les pays développés, les industries du fer
ont été attirées par les gisements de minerai
; les grandes
industries de sidérurgie se sont concentrées dans les régions
de charbon ... , aujourd'hui,
les plantations de café ou de ca-
cao attirent dans les
P.M.D,
les travailleurs agricoles,de
même que certains pays nettement avancés sur le plan indus-
tiel, "pompe.n.t" la population active de la sous-région, sous-
industrialisée. Le déplacement du facteur-travail apparaît
ainsi comme un effet de dynamisme. Cette analyse est fondée
sur le comportement des agents économiques et peut par consé-
quent évoluer en fonction de l'objectif économique que se fixe
la population considérée.
Ce comportement des agents économiqes a une res-
semblance avec la loi de gravitation universelle de Newton.
L'espace prend alors une très grande
importance car il sert de
support "phlj-6-tque. de.-6 -tn.te.J1.lte.lat-ton.-6 e.n.tlte. gltoupe. d'-tn.d-tv-tdu-6".
Bernard ROUGET estime que ces interrelations sont représenta-
tives des
"6oltc.e.-6 d'attltac.t-ton." exercées par les concentra-
tions des populations(l).
Cette hypothèse permet de rendre compte du phéno-
mène de concentration et de migration. On peut en effet se
demander selon quelles "fo-t-6" ou règles, l'économie mondiale
1 -
Be.ltn.altd ROUGET : "Mod èle.-6 de. gltav-ttat-ton. e.t thê.olt-te. de.
gltaphe.-6". Vun.od,

Palt-t-6
1971.

-
30
-
en général et celle des P.M.D en particulier,
s'organise au-
tour de quelques
noyaux portuaires ou industriels
; comment
expliquer les
déplacements des centres de gravité au cours du
temps. Nous estimons que
l'analyse de l'évolution des champs
de forces
fait référence à
la substitution qui implique un
calcul micro-économique. Si l'on apprécie cette substitution
non pas en termes marginaux, mais globaux,
on fait apparaî-
tre le déplacement des activités,
des personnes, des marchan-
dises et des capita~x. En prenant donc en compte tous ces fac-
teurs,
l'action de
l'obstacle ne se limitera plus à la dis-
tance physique comme dans
les modèles gravi taires de base,
i l faut
faire
intervenir les obstacles
juridiques, psycholo-
giques et financiers. Ainsi,
le raisonnement ne se cantonne-
ra plus en termes
de la loi des rendements décroissants. Ce-
pendant, pour rester dans
le domaine économique,
on peut pri-
vilégier l'aspect "utiLLté"
ou gain des
déplacements. En
effet,
compte tenu des nombreuses barrières institutionnelles
entre P.M.D,
les mouvements,
notamment des personnes peuvent
être jugés comme dépendant plus des avantages
financiers que
des avantages psychologiques. Avec le
temps,
les migrations
des activités et des personnes,
finissent par modifier l'o-
rientation,
le volume et la structure du commerce entre
les
espaces concernés.
Cette nouvelle facette du problème s'ins-
crit dans
le cadre des modèles gravitaires
dans la mesure où
la mobilité des marchandises,
des personnes et des capitaux
orientent l'économie autour de noyaux économiques,
décrivant
ainsi le processus d'évolution structurelle de l'espace
(pays ou groupe de pays).

-
31
-
En fin de compte, pour trouver la formule qui ren-
de compte de l'orientation des échanges (origine et destina-
tion), il ne reste plus qu'à relier les facteurs:
substitu-
tion et avantage d'exploitation. La perception du phénomène
d'attraction peut donc se réduire à une analyse des cantres
de travail,
des centres financiers et des centres commerciaux
qui sont à notre avis la r6sultante des forces d'attraction
et dont la combinaison détermine l'effet gravitaire. En fonc-
tion donc de tout ce qui vient d'être dit, on peut dire com-
me J.Q. STEWART et CAREy(l) que la force gravitaire gouverne
plusieurs phénomènes (sociaux,
financiers et économiques).
2° - L'HYPOTHESE DE WARNTZ
LA STRUCTURE SPATIALE
DES PRIX
La contribution de W. WARNTZ est considérée par
WALTER comme un "aooinemen:t de.ta .toi de .t'oooJte e:t de .ta de-
mande(2) •
Pour WARNTZ, le prix d'un bien varie en raison
inverse du potentiel spatial d'offre de la région et propor-
l' -
:
] .Q. STEWART e:t CARE"Y
:
Ci:té palt HAZEl/. HOSNY
:
dan!.l
"Con:t!Ûbution a .t' é:tude de!.l modè.te!.l de gJtavi:té en éc.o-
nomie !.lpa:tia.te".
Un

nouveau modè.te e:t !.lon app.tic.a:tion aux dép.tac.emen:t!.l
oeJtJtoviaiJte!.l
en Hau:te-Egyp:te.
Thè!.le
3e c.yc..te,
Tou.tou!.le
1,
798'2.
2 -
WALTER
ISARV
:
"Mé:thode!.l
d'ana.tY!.le Jtégiona.te
:
Equi.tibJte
éc.onomique"
:
Vunod,
PaJti!.l
7912,
:tome
1,
c.hap.
8,
page!.l
211 e:t !.luivan:te!.l.

-
32 -
tionnellement au potentiel spatial de demande. On retrouve
che: lui le concept de potentiel développé par WALTER.
S'inspirant des travaux de ce dernier,
il représente l'équa-
tion des modèles potentiels comme sui t
n
iV
CL:
~/d?
avec C
1 et b
1 .
j =1
1 J
Il utilise comme masse p.,
la production de la sous-région
]
considérée (j). Aussi,
la contribution de
(j)
au potentiel
d ' 0 ff re de
( i) est
P ./d·. et la somme des contributions de
J
1J
toutes les sous-régions donne
n
v
P./d
L:
i ·
J
J
j =1
En fait l'hypothèse sOlmise à un test, en ce qui
concerne les Etats-Unis, est que "dan-6 toute. .'T.. é.g..i. 0 n,
R.e. pll...i.x
d'un b.i..e.n non ,H.uR.e.me.nt va.Il...i.e. e.n ll.a..i.-6on ..i.nve.Il.-6e. du pote.ntie.R.
-6patia.f d'o661l.e. de. pll.odu..i.t
de. la Il.é.g..i.on, ma..l-6 é.gaR.e.me.nt vall...i.e.
e.n ll.a..i.-6on ..i.nve.Il.-6e. du pote.ntie.l te.mpoll.e.R. d'o661l.e. de. pll.odu..i.t de.
R.a. Il.é. g..i. 0 n" .
Dans ses travaux,
l'auteur n'a pu établir de sta-
tistiques sur le potentiel de demande et corrune substi tut, il
utilise le potentiel de revenu qui selon lui, mesure l' acces-
sibilité à la demande effective dans son ensemble. En effet,
le revenu des autres pays joue un rôle important dans celui
d'un pays donné
; ceci es t particulièrement capi tal lorsque

-
.).)
-
ces pays doivent entretenir des rapports d'échange. Ainsf,
si noUs considérons n pays,
la somme des revenus potentiels
d'un pays donné (i) s'écrira:
V.
n
K.
1
r
Y.
J
j = 1
J
d.l'J
avec y.
le revenu du pays,
J
J,
di. la distance entre ces deux pays
et
J
Kj
est une constante.

mesure donc l'effet du revenu des autres pays sur le flux
1
des échanges en provenance et à destination de (i). Si le
revenu s'avère être aussi déterminant dans l'orientation du
commerce entre pays, l' exis tence de limi tes dans les échanges
(différences considérables de revenus)
apparaissent à partir
desquelles les liens commerciaux peuvent fléchir ou cesser
carrément. Cette déconnexion commerciale d'un pays avec un
autre ou un groupe auquel il était rattaché décrit à notre
avis le processus de gravitation. Les mutations que décrivent
les différences de revenus aboutissent à une concentration
qui va agir à son tour sur le mouvement des populations en
favorisant sa gravitation autour de certaines zones économiques. En par-
ticulier, clans lElS P .r.1.D., la creation de nouveau.'C centres de gravité
économiques est basées sur l 'exis tence d'un grand marché de travail clans
certains pays'~Ces pays connaissant des bas salaires, constituent illle force

- 34 -
d'-attraction !Jour les; localisatvons industriel1es des l'PA ·et des p.I (::).
En réponse à ce déplaceJœnt ces populations ,la demande se délJlaœ ~ . . -
et se concentre dans les 'villes m" l'activité est la plus intencel .'Ünsi,
l'attraction des marchés déclenche un essor local. Mais si le
niveau des revenus est important dans
le processus d'échange,
la proximité du marché est considérée comme une force d'at-
traction importante, à cause justement de certaines habitudes
acquises par les habitants d'une sous-région donnée.
C - LA STRUCTURE GE~~EP,ALE ~ES~~lELES GRAVITAI RES
Comme nous l'avons déjà mentionné,
le modèle gra-
vitaire est un modèle d'inspiration physique et transposé dans
un schéma en termes économiques, il défini t
/l UIl
c.hamp
d'illt~~ac.tioll
~Ilt~~ l~~ di66é~~llte~
éc.ollomi~~
du ~é~~au qui
~ 'exptim~ pa~ Ull ~é~~au d'éc.hallg~,,(1).
Ces échanges sont supposés être dans le modèle,
une fonction croissante des valeurs de productions et d'uti-
lisation des pays et fonction décroissante de la distance les
séparant. La question fondamentale qui se pose est la sui-
vante : dans quelle mesure les éléments tels que la situation
P.P.A
c.e ~Ollt l~~ P.M.A le~ plu~ avallc.é~ de ~ot~e
éc.halltilloll.
Le~ P.I
~Ollt le.6 pay~ illt~~mé-
diai~e.6 .
2 -
]eall-Claud~ BLUET ~t Yve~ SYSTERMANS : "Modèle g~avita­
tiollllel d'éc.hallg~.6 illt~~llatiollaux de p~oduit.6 mallu6ac.-
tu~é~".
CEPRE MAP,
jallvi~~ 1968.

-
3S
-
géographique des pays,
leur taille, la distance qui les séparent
peuvent permettre d'expliquer ou éventuellement, de prévoir
les échanges d'un réseau donné?
L'espace fait donc partie de façon intégrante du
modèle gravitaire. Ainsi, pour SHALOi-'1 ReichmanCP,
"i'eJ.>pac.e
peut ~t~e c.o~J.>~dé~é à tout ~~J.>ta~t c.omme u~ c.hamp de 6o~c.e QU~
ag~t J.>u~ fa dema~de da~J.> deux d~~ec.t~o~J.> oppoJ.>éeJ.> : atthac.t~o~
Pour Jean-Claude BLUET et Yves SYSTERMANS, toute
contrainte à l'intérieur d'un pays résultant des conditions
et des structures de son économie, agit sur ses relations
commerciales. La propension à commercer d'un pays ne peut plus
par conséquent dépendre que de son environnement économique.
Or, les modèles gravitaires dans leur application au commerce
international, éclipsent les facteurs socio-économiques qui
nous paraissent très importants dans l'orientation des échan-
ges entre
P.M.D. Aussi, dans une étude qui se veut "p~agma-
tique",
elle doit intégrer les variables cul turelles et éco-
nomiques dans le même modèle afin de déterminer correctement
l'ensemble des interrelations entre ces pays.
Ces facteurs, certes difficilement chiffrables ,ne
doivent pas constituer la partie résiduelle du modèle d'ana-
lyse car ils peuvent dans certains cas représenter le facteur
déterminant. A notre avis,
ces facteurs qui tiennent compte
1 -
: SHALOM Re~c.hma~
: "LeJ.> t~a~J.>po~tJ.>
: J.>e~v~tude ou f~be~-
-/-,,;"
?,
PUF,
~L
P
.
1983
a~~J.>,
page 49 .

-
36
-
du comportement des agents économiques expliquent une grande
partie des échanges entre
P.M.D.
La formation des flux d'échanges dans un modèle
gravitaire appliqué a~x P.M.D, sera donc la combinaison d'un
effet d'offre du pays exportateur, d'un effet de demande du
pays importateur et d'un effet de comportement qui explique
les interrelations.
1° - PRESENTATION GENE~~LE DES MODELES
De façon générale,
les modèles gravitaires utili-
sent comme variables explicatives de l'interaction,
les
"ma.6.6e..6" en présence et la "di.6taYlc.e."
qui sépare ces masses.
L'interaction est envisagée comme une force agissant entre
les masses avec pour frein la distance.
La formulation la plus générale des modèles gra-
vitaires est la suivante:
X.
w.(P.)a. w · cp ·) b
lj
G
l
l
J
J
d .
D l·J
Les flux que l'on étudie c'est-à-dire X.. dans
lJ
l' équation générale ,sont
pris au sens très large car il peut
représenter tout indicateur économique et social : flux de
biens, de services, des appels téléphoniques,
la migration,

-~
-
.) /
-
le P.N.B., la consommation. Ces flux peuvent donc être glo-
baux ou sectoriels,
tout dépend de l'orientation que l'on
entend donner à la recherche. Nous allons suivre la mécani-
que des modèles en introduisant de temps à autre les spécifi-
cations dues à une application particulière notamment celle
relative aux P.M.D.
a) - Les variables d'attraction (P.
et P.).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
l
J
Les facteurs attractifs, nous par~issent relever
réellement de l'économique et sont par conséquent pratique-
ment les mêmes partout, ce qUl n'est pas le cas de la varia-
ble de rétention du commerce.
Les variables identifiées comme "ma.6.6e.", relatives
aux pays d'origine et de destination sont utilisées de façon
différente et c'est pourquoi le problème du choix de ces mas-
ses est important. Bernard ROUGET estime que ce choix doit
être fait en toute connaissance de cause et les variables
doivent être mesurables. Aussi,
les facteurs qui représentent
ces masses doivent expliquer la "gJtaYlde. paJt.t-i-e. pO.6.6-i-b.e.e. de.
.e.'-i-Yl.te.Jtac..t-i-oYl". Dans leur application au commerce interna-
tional,
les modè'les gravi tai res prennent les re la tions com-
merciales entre pays comme des interactions entre masses.
Mais selon l'optique de l'analyse, les masses choisies ne
seront pas les mêmes. En effet,
l'étude de la migration entre
pays prendrai t de préférence comme masses,
l'emploi ou le re-
venu national, alors qu'une étude du commerce s'interessera

-
38 -
au revenu/tête,
la concentration de la population active et
totale,
l'intensité des échanges ...
On voit donc que la mesure utilisée dépend du pro-
blème à étudier, mais également des données disponibles.
Aussi,
Pierre-Henri DERYCKE et BernardBOBE (1)
estiment que
les masses
considérées "do-<-ve.vtt êtlte. c.ho-<-f.,-<-e.f., f.,-<-mj'J-te.me.vtt de.
6açOvt à pouvo-<"lt tltadu-<"lte. g-toba-te.me.vtt -te. m-<"e.ux pOf.,f.,-<"b-te.,
-t'e.ù-
6e.t d'attltac.t-<"ovt tout e.vt lte.f.,tavtt me.f.,ultab-te.f.,".
Mis à part le problème relatif à la définition
des masses,
un autre se pose
et a trait au poids à donner aux
masses.
En effet, une situation économique ne pouvant être
définie à partir d'un seul élément, à quel facteur donner la
primeur des évènements? Autrement dit, quelle variable dé-
finir comme plus déterminante.
Pour répondre à cette question,
des auteurs procèdent à des
tests économétriques qui consis-
tent le plus souvent à voir les
liaisons entre les variables
explicatives. Cette méthode permet de retenir celles qui re-
vèlent une détermination forte.
Devant l'embarras,
des auteurs
fixent des poids identiques entre les masses. Ainsi,
par
exemple,
dans l'équation:
X..
= G P.P./d~., l'on considère
1J
1 J
1J
que le poids des masses est identique et égal à l'unité. Mais
selon Stewart,
des poids différents sont concevables et même
raisonnables.
Cette possibilité de différences de poids
im-
plique les pondérations de l'équation générale
(W.
et W.).
1
J
1 -
VERYCKE e.t Be.ltvtaltd BOBE
Op.
c.-<-t.
Page. 199.

-
39 -
Après avoir évoqué ces aspects tout à fait géné-
raux,
il convient de souligner que la notion d'attraction a
des particularités dans les P.M.D, particularités dues à
leur niveau de développement. Ainsi, on peut relever la pré-
dominance des "po;"YltJ.,"
de développement qui sont à relier
au problème de l'infrastructure de communication et à l'at-
traction des centres urbains.
La caractéristique principale des échanges entre
P.M.D est qu'ils s'organisent dans un cadre géographique et
s'ordonnent autour de quelques pays qui constituent le noyau
principal. Ce noyau principal est généralement édifié autour
d'un port ou un axe de communication important. Or, selon
MARC PENOUIL(1),
le développement dans l'économie moderne ne
;"J.,ot~, ma;"J., ;"mpt;"que t'~tabt;"J.,J.,emeYlt de ~etat;"oYlJ.,
d';"Ylte~d~­
peYldaYl~e et de ~ompt~meYlta~;"t~J., eYlt~e teJ., Yloyaux de d~vetop­
pemeYlt UYl;"J., eYlt~e eux pa~ deJ., moyeYlJ., de t~aYlJ.,po~t e66;"~a~eJ.,
et peu oYl~~eux". Le manque de coordination entre les centres
de gravité commerciaux, eux-mêmes isolés au sein de chaque
aire de marché explique alors la faiblesse des échanges entre
P.M.D, du moins les échanges à longue distance.
Les moyens
de communication entre ces pays constituent donc un facteur
très puissant d'attraction commerciale dans le cadre des
échanges mutuels. A cet effet,
les villes qui sont en même
1 -
MARC PENOUIL : "IYl6o~mat;"oYl J.,u~ teJ., J.,~;"eYl~eJ., J.,oe-;"ateJ.,"
1. S . E. A.
j u;.. Yl 197 0 Yl 0 3 tom e IX.

\\
- 40 -
temps les centres industriels, commerciaux et politiques,
exercent un effet attractif sur les campagnes environnantes
du pays et quelque fuis sur les pays voisins. Mais cette at-
traction est généralement limités à une aire géographique
bien définie. En effet, dans les P.M.D, les plus grandes
villes excercent un effet sur tout l'arrière-pays, de sorte
que la loi de Reilly ne joue pratiquement pas puisque l'at-
traction commerciale du centre en question n'est pas limitée
par la présence d'un autre qui lui soit proche. Ceci est con-
firmé par M. PENOUIL, pour qui .la loi de Reilly ne joue pas
dans ces pays "dan.6 fa me..6lUte. où. fe..6
gltand.6 c.e.ntlte..6 .6ont d.ü-
tant.6 de. miffie.lt.6 de. Qifomètlte..6 e.t où. fe..6 viffe..6 inte.ltmédiai-
lte..6 .6ont tltOp .6ouve.nt pltivée..6 de. tout c.e. qui 6ait f'attltait
de. fa c.apitafe.'( 1)
. Ceci s'explique par le fait qu'on y
trouve une seule ville où tous les services importants sont
concentrés et les villes moyennes ne réussissent pas à atti-
rer l'équipement et la population du seul grand centre.
: un élar-
L'étude du commerce international amène à se
1 .
préoccuper du coût de transport comme obstacle à l'échange
entre P.M.D. Les économistes considèrent que l'aire de marché
est d'autant plus étendue que le coût de transport est faible.
1 -
MARC PENOUIL op. c.it. page. 8.

-
41
-
Cette notion de distance est particulièrement importante
dans les modèles gravitaires. Le principe est nettement dé-
gagé dans tous les "modèle..6-type..6"
de gravitation, que la
distance constitue un obstacle, donc un coût. Etant donc un
frein aux échanges,
la di stance devi en t un "ag e. n.t" de morce 1-
lement des marchés et par conséquent un obstacle à une bonne
utilisation des ressources sur une zone très étendue. La dis-
tance a été largement étudiée dans le cadre de la localisa-
tion des entreprises, où on estime que les.frais de trans-
port déterminent un point optimum de situation pour la firme.
Cependant, elle a été mesurée de nombreuses façons.
On peut distinguer la distance physique, qui selon DERYCKE,
est "la d..l.6tan.c.e. à vol d'oi.6e.au."
; la distance le long d'une
voie de communication; les
consorrnnations
d'essence; cette
distance est très souvent appréhendée à partir du kilomètra-
ge. On note aussi la distance dite ".6oc.iale." qui tient compte
du niveau de vie et des types d'information que possèdent les
entités en interaction. La dimension qui sert de toile de
fond à ce second aspect de la distance, est l'approche cul-
turelle. Aussi, contrairement au premier type de distance,
celle-ci est susceptible de changement. car sujette au déve-
loppement institutionnel et culturel. Il est cependant domma-
ge que les modèles gravitaires ne prennent pas assez
en comp-
te ces phénomènes, peut-être par souci mathématique. Mais ce
désir de vouloir tout mathématiser donne aux modèles un as-
pect trop mécanique et quelque peu éloigné de la réalité pra-

\\
-
42 -
tique.
La distance physique, quoique importante, semble être
peu significative par rapport à la distance économique sur-
tout lorsqu'il s'agit d'analyser les localisations industriel-
les. En effet,
la distance économique dépend du progrès en
technologie qui peut à son tour réduire considérablement la
distance et varie selon l'optique d'analyse adoptée.
Mais la
non organisation et la défectuosité des moyens de transport
entre PtvID ,
font apparaître ce facteur effectivement comme très
déterminant dans
le processus de leurs échanges. En effet,les
lignes
de chemin de fer ou les installations portuaires de
ces pays sont en nombre limité,
or leur existence joue un rô-
le important dans la formation des marchés. Et lorsque ces
'·po-<'nt.6
de. tJtan.6p0Jtt" existent, leurs activités ne sont pas
toujours orientées vers les autres P.rvI.D.
Mais
ces phénomènes que nous venons d'évoquer et
qui sont dûs au degré d'industrialisation des pays, ne sont
pas les seuls obstacles, on pourrait même soutenir qu'ils ne
sont pas les plus
déterminants
dans le processus d'échange
des P .M.D.
dn peut introduire dans 1 'l1nalyse·, des différences
qui tiennent aux barrières commerciales, à des obstacles po-
litiques institutionnels,
linguistiques et historiques, qui
opposent les pays les uns
aux autres(1).
7 -
Jac.que..6
R.
BOUVEVI LLE
: "L 1 -<'ntégJtation éc.onomique. e.u-
Jtopée.nne. e.t l'évolution Jtégionale. de. paJtt e.t d'autJte. du
Rhin".

I.S.E.A.,
n°,o 3 e.t 4 avJtil 7971.
Page. 775.

-
43 -
Se Ion J acq ue sR. BOUDE VI LE (1) "u 11e.. baJtJti èJte.. c.om-:
UI1e..
di.6c.ol1til1uLté .6ubite.. de...6 c.oût.6 de.. tJtal1.6poJtt e..t dé6oJtme.. de.. c.e..
il1teJtl1atiol1afe...6" .Les barrières douanières apparaissent ainsi
comme un obstacle à
l'extension du commerce au-delà des
re-
groupements régionaux. On peut d'ailleurs compléter cette no-
tion de barrière commerciale par celle de frontière poli ti-
que. Cette dernière, qui est en fait artificielle,
rend la
première
(la protection douanière)
très imparfaite.
Les
fron-
tières poli tiques qui ne sont pas toujours précises dans le
contexte des P,;M.D., ont une influence di verse sur les modes
de vie des populations.
J acq ues R.
BOUDEVI LLE cl as se
les
types de
fron ti è-
res politiques en trois catégories(2):
- Les frontières obstacles naturels à l'état pur.
Ces frontières
demandent un aménagement de la
part des pays frontaliers,
de voies de communi-
cation.
-
Les frontières historiques qui selon l'auteur
partagent "pofitique..me..l1t UI1e.. ZOI1e.. de.. déve..foppe..-
me..l1t éc.ol1omique.. .6al1.6 ob.6tac.fe...6 l1atuJte..f.6 e..t .6c.fé-
JtO.6e..l1t fe.. Jtayol1l1e..me..l1t de...6 pôfe...6 uJtbail1.6 de.. dé-
ve..foppe..me..l1t" •
7 -
Jac.que...6 R. BOUDEVILLE op. c.it. page.. 777.
2 -
Jac.que...6 R. BOUDEVILLE op. c.it. page.. 777.

- 44 -
- Enfin, on note les frontières maritimes qui sont
à la fois obstacles et attraction et représen-
tent une source de localisation industrielle.
On peut donc considérer la frontière politique
comme un obstacle à la mobili té des facteurs de production
et de commerce. De façon générale, et nous aurons l'occasion
(chapi tre II) de développer davantage cette notion de distan-
ce, on peut dire que le milieu joue un rôle de frein aux
échanges entre P.M.D. Et c'est dans l'intention de minimiser
les risques de gestion que les pays ont systématiquement ten-
dance à privilégier le commerce de voisinage.

et W·
l
J
Les coefficients de pondération sont appliqués
pour rendre compte des différences qui existent entre les
"ma.6.6e..6"
, par exemple le niveau d'éducation des populations,
l'âge, le sexe, le revenu par tête ... , toutes choses qui per-
mettent de distinguer des groupes. Mais là encore, il n'y a
pas accord quant au poids à attribuer à ces coefficients.
Cette difficulté se comprend dans la mesure où l'on fait ap-
pel à des phénomènes qui ne relèvent plus du domaine du con-
cret. En effet, ces coefficients impliquent des liaisons ;:
avec la socio-psychologie,
la biologie, la culture ou l'éco-
nomique, si bien que les auteurs ont eu tendance soit à les
poser, soit à les estimer.

-
45 -
Dans le premier cas, les coefficients sont iden-
tifiés à l'unité c'est-à-dire qu'on pose Wi = Wj = 1.
Il faut reconnaître que ce procédé pose des problèmes d'ap-
préciation puisque en uniformisant les phénomènes, la proba-
bilité est forte que l'on donne une interpretation biaisée
des évènements analysés.
Dans l'hypothèse où les coefficients sont calculés,
ils n'ont pas souvent donné de résultat satisfaisant selon
les auteurs
; aussi préfère-t-on appliquer la première métho-
de avec toute la subjectivité de jugement qu'elle implique.
Pourtant,
le poids des coefficients nous paraît important
puisque une différence peut être revélatrice de certains phé-
nomènes d'attraction ou de répulsion. La pondération qui dé-
bouche pour certains évenements à une estimation macro-écono-
mique, pose des problèmes. En effet, l'un des problèmes de
pondération, de l'avis de WALTER ISARD(l)
est que en pondé-
rant les masses mesurées d'une certaine façon,
l'on en dédui t
d'autres mesures des mêmes masses. Ainsi, en pondérant la po-
pulation d'une sous-région par le revenu par tête,
on obtient
comme mesure de la masse,
le revenu total. Si bien que, plu-
tôt que de simplifier, la pondération peut dans certains cas,
contribuer à complexi:fLer davantage des si tua tians.
1 -
WALTER
ISARD:
"Méthode. d'ana-ty.6e. Jr.ég;"ona-te.
Dunod,
PaJr.;".6
1912 page. 196-1.

-
46 -
Les exposants permettent de tenir compte de la
non-proportionalité entre facteurs:
- les masses et la distance d'une part ;
- les masses et la variable expliquée d'autre part.
Les exposants
a et b
permettent de tenir compte
des économies d'agglomération ou d'autres facteurs comme le
degré d'intégration sociale et la stabilité politique.
Le coefficient de la distance
(d)
dépendrait quant
à lui,
du degré de développement économique et des progrès
technologiques des transports ou de la différence de produc-
tivité entre pays.
Mais quant aux valeurs à attribuer à
a,b,d,
les
études sont diversifiées, non seulement au nlan statistique,
mais également au plan théorique. En effet, .STEWART soutient
que (a)
doit être égal à (b),
les deux égaux à l'unité :
a = b =
et que (d) doit être égal à
1 ou 2.
CAROLL de
son côté estime plutôt que (d) doit se situer autour de 3(1).
ZIPF, quant à lui, développe une autre logique qui fait que
a = b = d
même s'il estime que la valeur des exposants
n'est pas obligatoirement égale à l'unité, il a tendance ce-
pendant à les identifier dans ses études,
aussi,
on a très
souvent chez cet auteur,
a = b = d = 1.
1 -
:
CAROLL ; Qi~é pa~ PienAe-Hen~i VERYCKE e~ BOBE Be~na~d.
Op. Qi~. page 199.

- 47 -
Un autre courant de pensée se dégage pour estimer
que
a = b = 1
sans toutefois proposer de valeur précise
pour d.
Ce flou qui entoure les estimations des exposants
et de s pondér a ti ons nous paraî t
re le.ve r de l' amb a rras qui é-
prouvent les auteurs à séparer dans les différentes approches,
les phénomènes quantitatifs et qualitatifs. En effet, certains
phénomènes se prêtant très peu ou mal aux formulations mathé-
matiques des auteurs, entrainent une certaine gêne de la part de
de ceux-ci à les écarter totalement d'une analyse dont ils
sont parti prenant.
SECTION 2 : EFFET GRAVITAIRE TENDANCIEL
Il faut rappeler comme nous l'avons déjà souligné
dans le paragraphe premier de la section précédente, que la
formulation gravitaire n'a pas été trouvée d'emblée. En effet,
c'est dans les travaux d'échanges interrégionaux d'impulsion
américaine que l'on trouvera une formulation proche des modè-
les gravitaires véritables.
Dans les modèles traditionnels,
la formation de
flux d'échanges est directement rattachée aux caractéristi-
ques économiques respectives des exportateurs et des importa-
teurs, principalement au volume de la production de l'expor-
tateur et à celui de l'utilisation de l'importateur.

-
48
-
Le jeu des deux forces
(offre et demande) qUl dé-
terminent l'orientation des échanges, permet d'expliquer le
dynamisme des pays. Ainsi,
l'étendu du pouvoir d'attraction
d'un pays sera fonction de ses caDacités commerciales des
lieux de marché (centre de consommation et de production).
c'est pour l'analyse du volume et de la distribution spatia-
le des flux que les modèles gravitaires sont utiles. Cepen-
dant,
l'évolution des modèles ne peut pas être séparée de
leur "tJtan..6ûéJtabiL-i..té -6patiafe.". Si l'universalité de leur
application dans le contexte des pays développés semble ad-
mise,
on notera néanmoins dans les applications, quelques
écarts qui ne sont pas dénués de sens.
Selon DUC-LOr PHAN(1), les effets d'offre et de
demande sont repérés au moyen de variableS appartenant exclu-
sivement au couple de pays considérés de sorte que l'influen-
ce des pays tiers n'est pas prise en compte.
Ces modèles qui font apparaître des effets de
poussées à l'offre et de traction à la demande entre deux pays
uniquement, sont considérés comme des modèles "~udo-gJtavi+iI
taiJte.-6"
et ne prennent pas en compte de façon explici te le
facteur distance.
1 -
VUC-LOI-PHAN:
"Le.-6 éc.hange.-6 e.xtéJtie.uJt-6 e.n 1975 e.ntJte.
fe.-6 -6ix, fe. Royaume. Uni e.t fe.-6 Etat-6-Uni-6 d'apJt~-6 un
~odè~e. gJtavitationne.f". Re.vue. d'éc.onomie. pofitiQue.,
jan v -<.. e. Jt 19 7 2,
pa 9 e.-6 8 1- 10 3 .

-
49
-
Si ces modèles ont pour cadre l'analyse des échan-
ges bilatéralL'<, les modèles "g!tavi:tai!te.J.J-:type." considèrent
les échanges entre un grand nombre de pays.
Non seulement ces modèles prennent en compte ex-
plicitement le facteur "diJ.J:tal1c.e." dans leur analyse, ils font
l'hypothèse que le courant d'échanges d'un pays donné est
influencé par le j eu de 1 r offre et de la demande des pays
tiers (clients). Ces modèles introduisent ainsi la possibili-
té de déviation des échanges (création de courants d'échanges
ou détournement).
Nous verrons successivement dans cette section
l'apport des modèles "pJ.Je.Udo-'l!tavi:tai!t!2.J.J",
llanalyse des mo-
dèl es "g!ta vLtai'1.e.J.J - :tyV) e. " •
A - LES r10D(:l.fS pSEUDn-G~AVI T1\\1 RES
Pierre-Henri DERYCKE et BOBE Bernard(1) considè-
rent que le modèle de LEONTIEF et STROUT des années 1960,
n'est nas un véritable modèle gravitaire.
1 -
VERYCKE Ple.~!te.-He.n!ti
e:t BOBE Be.!tl1a!td
Op.
c.i:t.
page. 200.

-
50 -
Le but de ce modèle,
comme
le soutient
Jean-Pierre BEAULIEU(1)
"e.J.J.:t de. tJ..vJtVt te.J.J
baJ.Je./~ anattj.:tJ..qu.e.J.i
e.n vu.e. de. ta conJ.J.:tJtu.c.:tJ..on e.mpJ..JtJ..qu.e. d~ J.JtjJ.J.:t~me.J.J
d'J..npu..:t-
ou..:tpu..:t J..n.:te.JtJtégJ..onau.x".
Il faut cependant souligner que
ce
modèle a connu par la suite de multiples modifications
afin
de le rendre plus compatible à
l'analyse gravitaire.
1° - L'ANALYSE STATIQUE
LE MODELE DE LEONTIEF
ET STROUT
Ce modèle,
d'inspiration régionale,
considère
les
échanges entre régions
comme s'effectuant de
"poot" à "poot"
ce qui signifie que:
"SJ..
m
Jtégio nJ.J
comme.Jtc.e.n.:t e.n.:tJte. e.tte.J.J, t ' 0 6 6Jte. d' u.ne.
Jtégion
(g)
J.Ju.Jt te. maJtc.hé e.x.:téJtie.u.Jt e.J.J.:t dé6inie. comme. u.ne.
agJtéga.:tion e.n u.n
"poot"
Jtégionat de. .:tou..:te.J.J te.J.J o66Jte.J.J -<..n-
divJ..du.e.tte.J.J
6ai.:te.J.J paJt te.J.J age.n.:tJ.J de. c.e..:t.:te. Jtégion e..:t J.Ja de.-
mande. c.omme. t 1 agJtéga.:tJ..on e.n u.n "poot" de. .:tou..:te.J.J te.J.J de.mande.J.J
de. c.e.J.J m:âme.J.J age.n.:tJ.J,,(2).
Le problème que ce modèle tente
de
résoudre est
celui
de
la détermination de
tous
les
flux X·.
autrement
l J '
dit,
définir un système d'équations interrégionales.
1 -
Je.an-PJ..e.JtJte. BEAULIEU:
"Le.J.J modète.J.J gJtavi.:taiJte.J.J e..:t ta
.:th éoJtie. du. c.omme.Jtc.e. J.. n.:te.Jtvwtio nat". Th èJ.J e. comptém e. n.:taJ..-
Jt e.,
Po i.:tJ.. e.JtJ.J
1979 .
2 -
Je.an-Pie.JtJte. BEAULIEU.
Op.
c.i.:t. page. 43.

- 51
-
La formulation initiale adoptée pour en rendre
compte est la suivante
:
P. (k)
1
u. (k)
p l k j - -
J
représente les exportations en biens (k) de la ré-
gion
i vers la région j.
la production de
(k) dans la région (i).
p(k)
la production de
(k)
dans le pays considéré.
lfutilisation de (k) dans la région J.
a· .
est une constante qui décrit les relations entre
1J
les régions co-échangistes i et j.
La production p~k)
peut être décomposée en uti-
1
lisation par région ou pays (c'est-à-dire tout ce qui est
conservé) et en exportation, vers les autres pays
n
p. (k)
=
x..
.
(k)
(K)
+
r.
X· .
1
1J
1J
jli
Les utilisations intérieures venant de la production nationale
et des importations peuvent s'écrire:
u. = X .. (k)
+
L
X.. (k)
J
J J
ilj
1 J

Bien que ayant évoqué ce cas où
l=J, les auteurs l'excluent

-
52 -
souvent de l'étude, or la consommation intérieure contribue
à modifier considérablement le volume des échanges.
En effet, selon que l'on mette l'accent sur une
politique d'exportation ou de consommation interne,
le volu-
me des transactions ne sera pas le même. Cette remarque nous
semble d'autant plus fondée que l'on suppose que les biens(k)
sont commercialisés par toutes les régions prises en compte,
ce qui laisse supposer une consommation locale du bien.
Apparemment cette formulation ne laisse pas appa-
raître un facteur "d-<'.étaVlc.e.",
cependant les auteurs soutien-
nent que le paramètre aij est fortement lié à la distance
qui sépare (i)
de
(j). Selon eux, plus la distance entre les
régions sera faible, plus élevée sera la valeur de aij et
inversement.
Mais la formulation "olt-<'g-<'Vle.lle." a été par la
suite modifiée et simplifiée par LEONTIEF notamment. La pré-
cédente n'étant pas linéaire, et en vue d'estimer les pro-
ductions et les utilisations, il convenait de rendre linéaire-
la formulation,
ce qui a donné :
x..
1J
aij Pi (k)
(k)
. U.J
Le modèle étant maintenant linéaire, il peut
fournir les valeurs des "yJ!1.0dUC.t-<'OM e.t de..é uUl-<'.éat-<.oVl.é yJalt
ltég-<'OVl,
e.t yJe.ltme.ttl1.e. yJalt c.oVl.ééque.Vlt de. déte.ltm-<'Vle.!1. le.u!1. !1.éyJa!1.-

-
53 -
tition ~nt~~ dinné~~nt~~ ~égion~ ; Q'était l'obj~Qtin non-
dame.ntal ~~Qhe.~dLé".
L'intérêt du modèle est de traduire l'égalité des
ressources et des emplois, autrement dit,
de préserver les
équilibres entre flux internes et externes des régions. Dans
cette optique, si la différence des prix des facteurs est
grande entre régions,
le mouvement des facteurs établira
l'équilibre des prix. Or, compte tenu des différences d'équi-
pement, de revenus, des politiques économiques de la redis-
tribution des facteurs décidée par les autorités et l'accrois-
sement des productivités qui peut en résulter,
les écarts de
prix peuvent ne pas baisser et provoquer ainsi un déséquili-
bre.
Les modè l es conçus dans un cadre d'échanges in ter-
régionaux ne peut s'appliquer au commerce entre pays, sans
modification préalable de certaines hypothèses. En effet,
l'on ne tient pas compte de l'effet des frontièrejentre les
pays.
Cette analyse ne structure en fait que des "ai~e.f.,"
de vente et d'achat à l'intérieur d'un territoire.
Aussi, la spécificité de ce type de modèle
(échange interrégional), même s'il n'exclut pas l'hétérogé-
néité économique des régions dans le processus des échanges,
vient du fait que la frontière fictive entre régions n'est
pas considérée comme une barrière réelle au commerce. Ainsi

-
54 -
le commerce entre régions s'appréhende dans une analyse où
l'espace est considéré continu
puisque la signification
économique de la frontière n'existe pas. Donc, même en consi-
dérant les échanges à l'intérieur d'une frontière politique,
la variation des prix relatifs des facteurs de substitution
entre régions ou pays peut provoquer des modifications de la
structure de consommation,
des importations et par conséquent
du mouvement des échanges.
2° - L'ANALYSE DYNAMIQUE DES MODELES PSEUDO-
GRAVITAIRES.
a - ~~~!~!~~~!~2~_~~_~~_~Q~~~~~_~~~Q!~~~~~
9~~~_~~_~~~~~~_~~~~~~~g~~·
Inspirés par les travaux de TINBERGEN, LEONTIEF
et STROUT, des auteurs utilisent une forme simplifiée de la
fonction de flux et modifient la définition du produit (Pi)
de l'exportateur, qu'ils remplacent par la notion de "pJtoduit
expoJttable". Mais malgré certaines modifications
du modèle
de base,
nous démeurons dans une analyse "p.oeudo-gJtavitaiJte"
dans la mesure où la "di.o-taY1.c.e" n'est pas prise en tant qu'obs-
tacle aux échanges extérieurs. Cependant, on y trouve l'ana-
logie avec l'expression classique de l'attraction newtonienne
et le modèle tire son principe directeur de la formulation des
flux d'échanges entre différents pays.

- 55 -
Les auteurs de ce modèle font inten'enir
"te.!.l
votume.!.l
de.!.l e.xpofltatioYl.!.l e.t de.!.l impofltatiOYl.!.l" pour expliquer
les flux du commerce.
La fonction de flux retenue est la suivante(1)
x' .
1J
Œ • .
P. U.
1 J
1
J
Dans le modèle,
les productions sont considérées
comme endogènes et déterminées en fonction de la demande,
l'optique étant de fai re des projections à long terme. Dans
ces conditions, le niveau des utilisations est supposé fixe.
Les auteurs considèrent que la fonction de flux
déterminée est satisfaisante dans la mesure où elle permet,
connaissant les valeurs attribuées à
d."
de définir le ré-
1J
seau de flux. Mais il faut que les productions totales et les
utilisations totales des différents pays du réseau soient
connues. L'introduction de définitions permettant de calculer
le degré de détermination du modèle peut être considérée déjà
comme une amélioration du modèle par rapport à celui de
LEONTIEF et STROUT.
1 -
Be.flYl.afld MARIN - CURTOUV e.t autfle.!.l
: "Apptic.atioYl. d'uYl.
modète. gflavitatioYl.Yl.e.t aux 6tux d'éc.haYl.ge.!.l iYl.te.flYl.atioYl.aux
de. véhic.ute.!.l automobite.!.l"
CEP REL,
d é. c. e. mbfl e. 19 6 6 pa g e.!.l
3 à 4 6 .

-
56 -
Ce modèle montre selon Pierre Henri DERYCKE et
Bernard BOBE,
les possibilités d'utilisation de la formule
simplifiée dans un "Jté,H,au. intégJté d'éc.hange-6" ; pour ce
faire,
il faut partir de l'équation comptable:
C + l + G + X - M = P

C
es t la consommation
l
=
la formation brute de capi tal
G
=
les dépenses gouvernementales
X
=
les exportations totales
M
=
les importations totales
P
=
la production.
A partir de cette équation comptable, on peut
aboutir à la formulation suivante:
U. + X. = p. + Ml"
en considérant un réseau de
1
J
1
plusieurs pays. Il suffit pour cela de remplacer (C + l + G)
par (U),
l'utilisation nationale.
Dans ce réseau de pays, on pourra définir
X.
comme
X..
1
1 J
= L:
a .. P.U.
et
j
1 J
1
J
M.
comme
X..
1
lJ
= L:
a .. P.U.

~
,
b
Jl
J l,
L: .~.'
etant 1 ensem le
lJ
des flux bilatéraux du réseau.

-
57 -
Une application de ce modèle pseudo-gravitaire a
été faite par les auteurs dans le cadre du Centre d'Etude de
la Prospection Economique à moyen et long terme (C.E.P.R.E.L.),
sur les flux d'échanges de véhicules automobiles entre les
principaux pays d'Europe occidentale.
Une échelle de prix a été constituée, permettant
une différenciation du produit (les véhicules). L'application
de cette différence de prix permet d'obtenir les flux d'échan-
ges à l'intérieur du réseau.
Le modèle estimé est établi sur des séries chro-
nologiques selon l'équation suivante:
X.. t
t
b
1J
(V.
)
• a· . t
les indices désignent:
J
1J
1
les pays exportateurs
J
les pays importateurs
t
la période d'étude;
a et b les élasticités des flux par rapport res-
pectivement aux productions de (i), aux
consommations de Cj).
Par souci de simplification, les auteurs ont con-
sidéré que les élasticités
a et b
sont équivalentes à
l'uni té Ca
b = 1). Il
aparaît dans l'étude que dans un ré-
seau où l'on a éliminé les peti.ts producteurs,
la production
n'intervient plus comme variable explicative des flux d'échan-
ges dans la mesure où le coeffi ci en t
rra rr
est pre sq ue nul ou

-
58 -
très insignifiant Ca = 0,30).
La var i ab 1e "u. tiL<_.6 a ti on"
prend alors une place importante et apparaît comme la varia-
ble dominante Cb = 1,3). Mais on peut déplorer qu'aucune men-
ti on n ' ait été fai te dans l' analy se, des tes ts de s tuden t qui
nous auraient cependant permis de confirmer cette interpréta-
tion.
et Zl GHERA.
L'idée fondamentale qui a présidé à la formalisa-
(1
tion de ce modèle est, selon Jean Pierre BEAULIEU
) "la Jte.-
pJté.6e.ntation de. l'e.66e.t "pu..-.sh" e.t de. l'e.66e.t "pu.ll".
L'effet "pu.ll" est "c.e.lu.i e.xe.Jtc.é paJt u.ne. Jte.gion
.6 u.Jt .t e..6 e. xpo Jtta ti °n.6 d e..6 pa 1J.6 dont e. II e. e..6 t c. li e. nte. l °M qu.'
e.lle. C./lOZt .6e..6 impoJttatioM
totale." ;
et l'effet "pu..6h"
est
"c.e.lu.i e.xe.Jtc.é paJt u.n palJ.6 .6u.JL. .6UI
éc.hange..6
ave.c. le..6 JtégioM
dont i l e..6t le.
60u.Jtni.6.6e.u.Jt,
.6i .6e..6 e.xpoJttation.6 totale..6
au.gme.nte.nt" .
Deux objectifs se dégagent alors de l'analyse des
régions
la détermination de la position exportatrice des
différentes régions sur les marchés des pays avec
lesquels s'effectuent les échanges;
---------
1 - 1 . n Pie.JtJte. BEAULIEU:
"Le..6 modè.le..6
gJtavitatiovl.YLe.l.6
e.t
eoJtie. du. c.omme.Jtc.e. inte.Jtnational".
op.
c.it.
page. 69.


- 59 -
- le second objectif est celui d'une projection
du niveau des échanges pour la période envisagée.
Pour le premier objectif, l'on tient compte aussi
bien des exportations globales de l'exportateur que des im-
portations de l'importateur.
Les auteurs construisent ainsi un tableau d'échan-
ges caractérisant l'importance des flux dans les échanges in-
ternationaux.
Ce tableau est "te.t que. ta paJtt de. c.hac.un. de. .6e..6
6tux dan..6 te. c.omme.Jtc.e. totat e..6t égat à ta paJtt de..6
e.xpoJtta-
:tion..6 totate..6
de. t'e.xpoJttate.uJt mutt~pt~ée. paJt ta paJtt de..6 ~m-
poJttat~on..6
totate..6
de. t'~mpoJttate.uJt",
les parts étant prises
(1
l'une et l'autre par rapport au commerce mondiaI
). Les au-
teurs ont introduit un facteur dont n'avait pas tenu compte
le,modèle précédent de LEONTIEF et STROUT : "t'auto-c.on..6omma-
:tion.".
L'approche de ces auteurs permet de déterminer aisé-
ment les déplacements géographiques des échanges, l'évolution
des politiques discriminatoires appliquées à l'égard de cer-
tains pays et la concentration des échanges.
Jean Pierre BEAULIEU estime que cette méthode de
projection ne considère que la croissance de chaque pays pour
expliquer les échanges internationaux. La critique nous paraît
1 -
Be. Jt n. aJt d Ma Jt~ n. - CURT 0UV:
"L e..6 m0 d èt e..6
pJt é v~.6 ~ 0 n. n. e. t.6 d e..6
Jté.6e.aux d' éc.han.ge..6 ~n.te.Jtn.at~on.aux
e.t te.uJt .6 tJtuc.tuJte. " •
Page..6
1 à
69.
Butte.t~n. du CEPREL,
oc.tobJte. 1965.

- 60 -
importante dans la mesure où les interrelations ne sont pas
prises en compte. Les raisons qui font qu'un pays effectuera
des échanges avec tel pays plutôt qu'avec tel autre n'appa-
raissent pas dans
le modèle. Evidemment,
ces raisons sont très
difficiles à analyser globalement car elles peuvent varier
d'un pays à l'autre.
Bien que appartenant par nature à la famille des
modèles gravitaires,
le modèle de FROMENT et ZIGHERA ne fait
pas non plus apparaître explicitement la distance comme un
obstacle aux échanges. Ainsi,
la caractéristique principale de
ces modèles,
est que les auteurs ne tiennent pas compte de la
distance,
or elle varie selon les moyens,
les endroits et in-
fluence largement les motifs de déplacement ou les types de
marchandises. En effet, un coefficient représentant la dis-
tance,
sera certainement plus bas pour les transports aériens
et plus élevé pour les trafics
automobiles,
ferroviaires et
maritimes. Pour les
P.M.D.,
ce facteur qui caractérise les
moyens de communication doit apparaître explicitement dans
l'analyse. Sa non-prise en compte fait que les modèles dont
nous venons de parler sont classés parmi les "modè.f..e..o p.o e.u.do-
gJr..avJ..:taJ..Jr..e..o " •
Cependant, on peut réwumer dans le coefficient
a
, l'ensemble des éléments compris dans
les modèles-types,
ij
c'est-à-dire grosso-modo,
les conditions de la demande, de la
production et de la distance.

- 61
-
S'inspirant donc des modèles originels de gravita-
tion,
les modèles pseudo-gravitaires n'échappent pas à cer-
taines critiques, à savoir faire jouer au coefficient Œ..
1J
plusieurs rôles à la fois.
Le perfectionnement ultérieur de ces modèles et
leur transformation est venu de Juan TINBERGEN. En effet,
cet auteur a été le premier à avoir imaginé l'application
d'un véritable modèle gravitaire. Ce perfectionnement a con-
sis té à in trodui re !'ide. no uv e.Lte.-5 vafw.abfe.-5· e.xpL[c.ati v e.-5 de.
f'a 6oJte. e.t de. fa de.mande. de.-5
palj-5
e.n éc.hang e. e.t à riU.e.u.x
c. e.Jtne.Jt
f' e.xpJte.-5-5ion de. fa di-5tanc.e. e.ntJte. fe.-5 palj-5 du Jté-5e.au!' (1).
Mais, nous le verrons,
la définition de la distance n'est pas
toujours aussi simple qu'on pourrait se l'imaginer. En effet,
les modèles gravitaires choisissent généralement,
la défini-
tion mesurable (distance physique, économique ... ), or on peut
bien envisager un traitement qualitatif du problème.
B - LES MODELES GRAVITAI RES-TYPE.
Pour analyser la structure des réseaux d'échanges
commerciaux, plusieurs auteurs ont utilisé les modèles gravi-
taires dits !'modè.fe.-5-tljpe.lj", en ce sens que, à la différence
des précédents, ils tiennent compte de la distance entre les
pays, comme facteur restrictif des échanges. Pour James E.
ANDERSON (2) , le modèle gravitaire-type le plus simple possi-
Pie.JtJte. He.nJti DERYCKE op.
c.it.
page. 201.
2 -
Jame.-5
E. ANDERSON: A the.oJte.tic.af bondation 60Jt gJtavitlj
e.quation
A.E.R.
maJt-5
1919,
pp.
106-115.

-
62 -
ble prend sa source d'un réarrangement du système de dépense
de COBB-DOUGLAS, selon lequel chaque pays est spécialisé dans
la production de ses propres biens. Dans ce modèle il n'y a
qu'un bien pour chaque pays et l'on ne tient compte ni des
tarifs douaniers, ni des coûts de transport. Ceci fait appa-
raître la grande diversité des modèles utilisés. En effet,
même si les modèles gravitaires-types ont été construits au-
tour de la notion de distance, la forme de la fonction de dis-
tance est très controversée. Les modèles que nous nous propo-
sons d'exposer ont été utilisés sous la forme générale, à sa-
voir
X.. = f(Y.
y.
D..
est la distance entre 1 et j .
1J
l ,
J ,
1J
X..
1J
exportations du pays 1 vers le pays J .
y.1 = revenu national du pays 1 .
y.J = revenu national du pays J .
2° - LES MODELES DE DETERMINATION DE LA STRUCTURE
DES RESEAUX COMMERCIAUX.
Ces modèles ont été élaborés à la même époque (1963)
par TINBERGEN et des auteurs Finlandais.
Nous n'avons pas la prétention d'exposer tous les
modèles de TINBERGEN sur ce sujet, nous en avons sélectionnés

- 63 -
de~x qui nous paraissent refléter l'essentielle de la préoc-
cupation de l'auteur. Les deux modèles sélectionnés sont à
notre avis les noya~x centraux de ses travaux, les autres
étant de simples prolongements.
Si l'on peut regrouper les travaux Finlandais et
les modèles de TINBERGEN dans une seule et même optique, il
faut cependant faire une nuance dans leur étude. En effet,
l'objectif final de TINBERGEN est quelque peu différent de
celui des travaux Finlandais.
On peut soutenir que, TINBERGEN a certes utilisé
les modèles gravitaires pour rendre compte de la structure du
commerce international, mais, plus que les chiffres, qu'il en
peut obtenir, ce sont les écarts entre ces estimations et la
réalité qui l'intéressent. Pour l'auteur,
l'application du
modèle gravitationnel devrait pouvoir indiquer, ce que sont
censés être les échanges. Les écarts qui peuvent être relevés
entre la réalité et les estimations chiffrées, proviennent,
selon l'expression de l'auteur, "de. pofitique..6 paJr.tic.ufiè-Jr.e..6
de. di.6c.Jr.imination ou de. Jr.égime. pJr.é6 éJr.e.ntie.f" .
Aussi dans son modèle de départ qui porte sur
42 pays en 1959, TINBERGEN a retenu le produit national brut
de l'exportateur (Yi)'
le produit national brut de l'importa-
tion (Y j ) et la distance géographique d
qui sépare les deux
ij
pays. L'auteur a estimé l'équation de la forme:
x..
1J
comme indiqué précédemment

- 64 -
Xij
les exportations de 1 vers J
Yij
le produit national brut de i et de j
Dij
=
la distance entre i et j
a et b=
sont les élasticités - revenu de ces
exportations,
et d représente l'élasti-
cité - distance de X...
1J
De l'application de ce modèle, Pierre Henri
DERYCKE et Bernard BOBE (1)
tire'nt les deux condusions
princi-
pales suivantes
- le facteur offre de l'exportateur apparaît plus
important que le facteur demande de l'importa-
teur ;
- entre un pays à fort
P.N.B et un pays à faible
P.N.B,
le volume d'exportation est plus impor-
tant du premier vers le second.
Dans cette version, TINBERGEN n'a pris en compte
que des variables économiques. La non-conformité de cette
démarche avec la réalité l'a poussé à envisager une seconde
version de son modèle.
Dans ce modèle,
l'auteur introduit des variables
supplémentaires (variables essentiellement non économiques qui
interviennent cependant dans la détermination des échanges
entre pays)
1 -
J~an Pi~~~~ H~n~i VERYCKE op. eit. pag~~ 205-206.

- 65 -
- des variables exprimant l'influence des traités
économiques
(création de zones préférentielles);
- le voisinage. Pour l'auteur,
deux pays voisins
échangent plus que "la .6imple. c.on.6.<..déflatioYL du
6a C.te.Ufl diJ.l taYLc.e. YLe. le. lai.6.6 e.flait pflé.voifl".
Le modèle s'écrit alors
x..
1J
AY~ Y~

1
J
Zl
=
l'intensification des échanges entre pays aux fron-
tières limitrphes
Zz
=
le régime préférentiel général
;
Z~
le régime préférentiel entre pays membres du Bénélux,
.)
n, m et P étant des élasticités. Les autres éléments
de l'équation sont les mêmes que dans le précédent
modèle. Les résultats obtenus à partir de la regres-
sion de cette nouvelle équation sont forcément dif-
férents des premiers dans la mesure où l'auteur a in-
troduit, en plus de la distance géographique,
la dis-
tance économique entre les pays en échange.
Cette distance économique a été appréhendée par
James E. ANDERSON(l) à partir des tarifs douaniers entre pays
et les coûts de transport. Le dernier facteur est pour l'au-
teur, un critère de sélection et d'orientation des flux com-
merciaux et représente à ce titre, un élément important dans
les modèles gravitaires. Les droits de douane et les coûts de
transport deviennent en quelque sorte des facteurs de diffé-
1 -
Jarne..6
E. ANDERSON. op. c.it. page. 112.

- 66 -
renciation des biens selon leur origine, créant ainsi, une
source additionnelle de biais dans l'estimation du commerce.
Ces modèles se veulent plus généraux et peuvent
s'appliquer à tous les pays sans discrimination de niveau de
développement.
Ils veulent expliquer, comme ceux de
TINBERGEN,
le volume des échanges entre pays en fonction des
variables suivantes :
- la capacité de commencer de chaque pays. Cette
capacité est exprimée par le revenu national du
pays.
la distance qui sépare les deux pays. Dans ces
travaQ"
il est supposé que plus deux pays sont
voisins, plus ils auront tendance à commercer.
Si la base de l'analyse des travaux Finlandais est
la même,
on dénote cependant une différence chez chacun des
auteurs. En effet, si POYHONEN considère le facteur "aille. de.
mallc.hé.",
comme prépondérant dans son modèle, il n'en va pas
de même de PULLIAINEN (1). Pour cet auteur,
le facteur
"aille.
1 -
Je.a~ Pie.lllle. BEAULIEU : Le.~ mod~fe.~ gllavitatio~~e.f~ e.t
fa thé.ollie. du c.omme.Ilc.e. i~te.ll~atio~af.
Th~~e. c.ompfé.me.~­
taJ...Ile.,
POJ...tie.ll,
1979,
page. 15

- 67 -
de. maJtc.hé"
intervien t s implemen t comme une vari ab:1e
"c.oJt-
Jte.c.tJtic.e. -6LLpp-téme.n.taiJte."
dans le modèle. Pour tenir compte
des différences structurelles entre les Nations, l'auteur
introduit des variables qui reflètent la situation climati-
que dans la seconde version de son modèle.
Dans la première version,
l'auteur introduit les
variables suivantes
:
- un paramètre de poussée à l'exportation,
- un paramètre de traction à l'importation.
Ceci a permis d'écrire le modèle suivant
y~ y~
x..
1
J

lJ
= C.C .. C ..
1
J
d
D ' .
lJ
C
= est un paramètre d'échelle;
C.,C. = des paramètres d'exportation et d'importation.
1
J
La nouveauté par rapport aux modèles précédents de
TINBERGEN réside dans l'introduction dans le modèle de C, ,Co
1
J
et également dans le fait que la distance est explicitement
mesurée. Cependant, ce modèle appliqué par l'auteur à une
soixantaine de pays ne donne pas des résultats différents de
ceux
de TINBERGEN, quant à l'élasticité par rapport à la
distance.
Dans une version supposée plus élaborée, PULLIAINEN
tient compte des différences de structures entre pays. En ef-
fet,
selon lui, supposer que les échanges entre deux pays dé-

- 68 -
pendent uniquement de leurs revenus nationaux et de la dis-
tance qui les sépare, c'est admettre des conditions économi-
ques identiques pour ces pays, ce qui, pour lui, ne reflète
pas assez bien la réalité. Les échanges entre deux pays peu-
vent être influencés, estime-t-il, par d'autres facteurs tels
que,
la localisation géographique et les conditions météoro-
logiques. Ces deux phénomènes sont particulièrement importants
dans le cadre des échanges entre P.M.D, car le premier permet
de repérer la concentration et l'attraction des centres com-
merciaux et le second définit les spécialisations entre ces
pays
(désert, pays de savane, de forêt ... ).
En embrassant ces nouvelles données, le modèle
devien t
a
Y~
x..
Y.
J
l
l J
==
C.C .. C.
l
J
t~
d
J
D ..
lJ
représentent les températures moyennes dans les pays
l
et J.
Yij et YI.] représentent les produits intérieurs bruts des
pays et les aires de marché.
m,n et g
sont des élasticités des exportations, par rap-
port aux revenus des aires de marché et aux dif-
férences climatiques.
C,C., C.
conservent leurs mêmes caractéristiques que dans
l
J
le modèle précédent.
Il faut dire que l'introduction du facteur clima-
tique apparaît tout le moins curieuse de l'avis des spécialis-

-
69
-
tes.En effet, Jean Pierre BEAULIEU estime que ce facteur
n'intervient pas sinon très peu dans les échanges de produits
manufacturés qui constituent l'essentiel des échanges inter-
nationaux. Mais cette remarque n'est pas évidente pour les
échanges entre P.M.D, puisque le cl~mat définit les spéciali-
sations et peut donc jouer sur la nature du commerce.
La question à laquelle les travaux de POYHONEN
cherchent à répondre est la suivante
"Comme.n..t ,[n..tégJte.Jt t ' appaJt..te.nanc.e. de.J.J
payJ.J
c.o- éc.hang,[J.J ..te.J.J à
de.J.J a,[Jte.J.J
de. maJtc.hé ptuJ.J vaJ.J..te.,
à t'éc.he.tte. géogJtaph,[que. de.J.J
c.ontine.n..tJ.J ou à t'éc.he.tte. éc.onom,[que. de.J.J un,[onJ.J douan,[èJte.J.J
ou
de.J.J
zone.J.J
de. t'[bJte.-éc.hange." (1)?
Pour déterminer les échanges qui s'effectuent en-
tre deux pays, l'auteur utilise dans un premier temps l'équa-
tion suivante(2)
Y. Y.
X ..
1
J
1 j

1J
=
C c. C.
1
1
J
(1
+
r Dij )
X..
=
le volume des exportations du pays i vers J
1J
Yi et Yj =
les revenus nationaux des pays i
et j
D. .
=
la distance entre i et J
1J
1 -
P,[e.JtJte. He.nJt,[ VERYKE e...t Be.JtnaJtd BOBE :
"PJtoje.c...t,[on de.J.J
éc.hange.J.J e.x..téJt,[e.uJtJ.J
e...t batanc.e.J.J
de. pa,[e.me.n..tJ.J".
Ec.onom,[-
c.a,
PaJt,[J.J
1975,
Page.J.J
211-214.
2 -
Je.an P,[e.JtJte. BEAULIEU:
"Le.J.J modè.te.J.J gJtav,[..ta..t,[onne.tJ.J e...t
ta ..théoJt,[e. du c.omme.Jtc.e. ,[n..te.Jtna..t,[onat".
ThèJ.J e. c.omptéme.n-
..ta,[Jte.,
P o'[..t,[e.JtJ.J,
1979.
Pag e.J.J 9 - 15 .

-
70
-
r
le coefficient de coût de transport par
unité de distance
a et b
les élasticités-revenu des exportations de
i vers j
d
= l'élasticité des exportations par rapport à
la dis tance
;
C,
C.,
C.
l
J
des paramètres considérés constants.
Selon l'auteur, C.
représenterait le dynamisme
l
exportateur du pays exportateur et résume par conséquent les
caractéristiques de l'offre. Quant au paramètre C., il expri-
J
me l'ouverture à l'extérieur du pays importateur et contient
alors les conditions de la demande.
Le modèle a fait l'objet d'une application sur dix
pays d'Europe dont les niveaux de développement sont sensi-
blement équivalents, et utilisant un mode de transport simi-
laire (le transport par voie maritime).
L'auteur estime que le modèle ne permet pas de fai-
re de bonnes estimations des paramètres, parce qu'il n'est pas
linéai re .
On peut également reprocher à ce modèle de ne
prendre en compte dans son équation que des échanges bilaté-
taux. Cette dernière caractéristique du modèle fait qu'il
exclut de son champ d'analyse,
l'influence du commerce mon-
dial sur le volume des échanges. Or, les échanges entre deux
pays s'inscrivent dans l'ensemble des échanges de chacun
avec l'extérieur.

- 71
-
Aussi,
l'auteur va construire un second modèle qui
tienne compte de ces faiblesses du précédent.
Cette nouvelle approche de l'auteur peut être dé-
composée en trois temps successifs
- 1° - L'auteur considère que chaque pays est
lié à un marché propre. Aussi,
l'appartenance à des "a-i.Jte.J.J
de. maJtc.hé" différentes influences forcément l'importance des
flux de biens entre ces pays. En effet, b~en qu'il arrive que
des produits soient importés de pays très éloignés, on sait
qu'à l'intérieur des aires de marché, les rapports co®nerciaux
sont généralement plus étroits.
La démarche de l'auteur peut être schématisée com-
me sui t
DjJ
DiI
De ce schéma, on décèle :
Quatre capaci tés de commercer
Y.
, Y.
les capacités de commercer des pays i et j
;
1 '
J
les capacités de commercer des aires de marché l et J.

-
72
-
De même, nous avons quatre distances:
-
D..
1J
la distance entre les pays i et j
la distance entre les aires de marché
l et J
;
la distance ~ui sépare le pays de son
aire de marché;
la distance qui sépare J de son aire de
marché J.
Ainsi, l'équation qui définit les exportations de
l'aire de marché l vers l'aire J est la suivante:
Co

C
= paramètre d'échelle et
al et bJ = les coefficients d'élasticité.
Les échanges étant dans cette démarche, fonction
des aires de marché auxquelles chaque pays appartient, il
faut d'abord déterminer les échanges qui s'effectuent entre
ces ai res .
Dans ces conditions,
des facteurs
tels que
- l'importance relative de la capacité de commer-
cer de chaque pays
;
la localisation des pays dans leur aire de mar-
ché, sont à considérer car ils prennent de l'im-
portance.

- 73 -
2°)
-
La relation gravitaire s'établissant entre
le pays 1 et l'aire j
peut s'exprimer ainsi
(Y./Y
)cn
X
1
l
.
IJ
X ..
Ci

1J
X
=
l'expression des exportations de l'aire
IJ
l
vers l'aire J.
le poids économique que représente le
pays i
dans sa propre aire de marché
(l'auteur pose a i
= 1).
C.
le dynamisme exportateur de 1 dans son
1
aire de marché
(I).
Dans la mesure où ces modèles incorporent explici-
tement la distance, on peut très bien soutenir que les flux
vont également dépendre de la position géographique de chaque
pays par rapport au centre de gravité de l'aire considérée.
On sait que le mode de calcul de ces distances n'est pas le
même selon les auteurs. POYHONEN adopte une fonction de dis-
tance de la forme
:
, °
-d
Lr
+ rD .. )

1J
r
le tarif unitaire de transport,
r O
les coûts fixes.

-
74 -
3°) - Enfin, ces exportations entre i et j peu-
vent se définir dans l'équation suivante
x..
C.c. .C.

1J
1
J
f
(D .. )
1J
f
(D .. )
est le produit des distances calculées en
1J
passant par les centres de gravités des
aires de marché l et J.
Dans cette dernière étape, l'on considère quatre
P.N.B
y.1
avec
L: Y.
et Y
=
L: Y.
1
1
J
.
J
J
et
C, C.,
C.
sont toujours considérés comme des
1
J
paramètres d'échelle.
Pour Pierre H. DER~CKE et BOBE Bernard(1) , cette
démarche est certes judicieuse, mais elle devient contesta-
ble lorsque lIon considère les échanges entre pays limitro-
phes appartenant à des unions douanières différentes. Et
pour Jean-BEAULIEU(2) , ces modèles sont statiques
dans
la
mesure où ils se bornent à ne décrire que la réalité et pas
plus.
Pie~~e H. VERYCKE et B. BOBE op. ~it. 1915, page 214.
2 -
Jean P. BEAULIEU op. ~it. page 14-15.

...,,..
-
1;)
-
Ces observations faites,
nous exposerons un mo-
dèle de projection qui prend au coeur de son analyse,
le rôle
central des facteur "di.6tan.c.e." et "pJtoximité.".
2° - LE MODELE DE J.D.A.
CUDDY
Ce modèle est une mise en perspective des fonctions
de distance ou de proximité. Ce sont donc les coefficients
d'intensité des échanges qu'on mesure à partir d'une relation
.
.
( 1)
grav1ta1re
X..
f
(X.
, M.
,
D .. )

1J
1
J
1 J
X.
la capacité du pays i à exporter.
1
Cette capacité étant mesurée par ses expor-
tations totales.
Mj
= la capacité du pays j à importer; la capa-
cité étant mesurée par ses importations to-
tales.
Dij
la distance entre 1 et J.
Dans ce modèle, on retrouve comme dans ceux de
FROMENT et ZlIGHERA, la notion de "paJtt n.oJtma.te.". Et selon
l'auteur, ".te. JtappoJtt de. fa paJtt Jté.e..t.te. à .ta paJtt n.oJtma.te. e..6t
.te. c.oe.6û-ic.ie.n.t d'in.te.n.J.Jité. de..6
é.c.han.ge.-5"
et que l'auteur
1 -
Pie.JtJte.-He.n.Jt-i VERYCKE e.t B. BOBE op.
c.-it. page.-5 224 e.t
-5 u.-i van. t e..6 .

-
76
-
définit comme un coefficient delta.
x. ·/X
1 J
" .•
Cl i j
=

ex . ./X .• ) ex. ·/X .. )
1
J
x. ./X .•
est la part du flux X.. dans le commerce
1J
1J
mondial
ex . ./X •. )
est la part des exportations de i
dans
1
le commerce mondial.
ex . j/X •• ) la part des importations totales de J
dans le commerce mondial.
Le coefficient définit par l'auteur correspond au
C..
de FROMENT et Zl GHERA.
1J
Pour CUDDY, si
: Clij
est légèrement différent de
un, cela implique que les facteurs géographiques, économiques,
de proximité ou de distance,
n'influencent pas suffisamment
les flux X ..
1 J .
La relation prévisionnelle du flux définit par
l'auteur est la suivante:
x:.:
1
.-
.-
1J =
.-
Cl· .
.-
.-
1J X
X .J
X
1 ~
.
On peut décomposer les flux par produit à partir

- 77 -
de l'équation suivante
d ..
2
X.. k
1J
( X. . • )
_ _U
_

Xi .. X. j . X.. k
k
Xij
exportations dé 1 vers j
en produit k
Xi
= exportations totales de i
X..
importations totales de j
J
X .. k
commerce mondial en produit k ;
X...
commerce mondial, toute catégorie de pro-
duits.
Comme on peut le constater, les modèles exposés
jusqu'ici ne tiennent pas compte de façon explicite des prix.
Or la différence de prix est un facteur d'orientation des
échanges. Cette lacune est désormais comblée par JEFFREY H.
BERGSTRAND (1) .
Dans son étude, l'auteur utilise deux instruments
(le taux de change et la politique douanière), pour étudier
la réalisation des écarts des prix entre Nations et leur in-
fluence sur les échanges. L'analyse procède d'abord d'une
1 -
JEFFREY H.
BERSGTRANV
:
"The gJtav..i.t~ equat..i.on ..i.n ..i.nteJt-
nat..i.onaf tJtade
: Some m..i.~Jto e~onom..i.~ 60ndat..i.an~ and em-
p..i.Jt..i.~af ev..i.den~e".
The Jtev..i.ew 06 e~anami~~
and ~tat..i.;6,­
ti~, augu~t 1985, page.~ 474 à 481.

-
78 -
explication des échanges entre pays dans un cadre d'équili-
bre général en économie ouverte et intègre ensuite le modèle
gravitationnel. Ceci a nécessité la prise en compte de varia-
bles telles que le revenu national,
la dimension du marché
(la population) et la distance. Ce dernier facteur qui inter-
vient comme variable répulsive, est considéré en tant que
coût supplémentaire qui s'ajoute au coût de production.
Il ressort de cette analyse que les prix influen-
cent considérablement les flux d'échanges entre pays. L'ap-
plication empirique revèle également que la variation des
prix et des taux de change ont un effet significatif sur le
mouvement global des échanges entre pays.

-
79 -
CONCLUSION DU CHAPITRE
======================
De façon générale,
les modèles n'expliquent le
conunerce que par les ni\\-eaux de s revenus de la p roduc ti on et
de la consommation des pays co-échangistes. Dans ces condi-
tions, il semble intéressant de se demander ce qu'il en sera
de l'application de ces modèles aux
P.M.D.
Pourquoi l'application de tels modèles poserait-
elle des problèmes dans le cas de ces pays?
Une première réaction peut consister à dire que le
commerce entre les
P.M.D
n'est pas essentiellement basé sur
le niveau des revenus des pays.
Tous les modèles que nous venons d'exposer procè-(:
dent par des représentations mathématiques et utilisent des
indices numériques pour mesurer des phénomènes qui ne sont
pas toujours objectifs mais plutôt subjectifs. Or nous esti-
mons que plutôt que de prendre par exemple la distance géo-
graphique c'est-à-dire physique comme frein aux échanges,
l'on pourrait bien intégrer dans les modèles, un facteur com-
me
la distance psychologique, qui conditionne très souvent
le comportement. Nous n'ignorons pas que les propriétés phy-
siques soient importantes dans le processus d'échanges entre
P.M.D par le fait que, bien qu'étant géographiquement proches,
le transport des biens entre certains d'entre eux et des pays
extérieurs soit trop coûteux. Mais en ne retenant que cette

-
80 -
distance dans les modèles gravitaires,
les auteurs adoptent
une attitude qui suppose le comportement un peu simple des
Etats et des individus qui les composent.
Le phénomène gravitationnel dans l'échange nous
semble dépendre de plusieurs facteurs et ceci rend difficile
l'élaboration d'indicateur global.
Pour rendre compte de la réalité,
il est indispen-
sable de faire ressortir
cette complexité du problème. Aussi,
si l'on ne peut se passer des approches théortques
(mathémati-
ques),
il convient d'inserrer dans ces théories,
les comporte-
ments collectifs ou individuels. En fait, les proximités géo-
graphiques et culturelles peuvent faire que certains biens,
"paJt be.!.loin-6,
goût,
pO!.l!.libilité ou tJtaditiol1,,(l) , ne soient
produits et consommés que dans une aire donnée.
1 -
Se.Jtge.-ChJti!.ltophe. KOLM : La théoJtie. de.!.l eOl1tJtail1te.!.l de.
vale.uJt e.t !.le.!.l applieatiol1!.l.
C.N.R.S.
VUl10d
PaJti!.l 1971
page.
500.

-
81
-
CHAPITRE II
UNE APPLICATION DE L'ANALYSE DES MODELES
===========
----------------------------------------
GRAYITAIRES AUX
P,M,D,
=======================
L'effet gravitationnel exprime le dynamisme de
l'économie exportatrice, en tenant compte des parts de marché
déjà acquises.
C'est pourquoi, estimant que la clef de toute ex-
pansion des transactions réside dans la suppression des obs-
tacles artificiels, ".ie..o pe.up.ie..o" se sont appliqués à définir
les meilleures procédures pour y parvenir : intégration éco-
nomique, marchés communs, sont ainsi devenus dans le vocabu-
laire courant de la coopération internationale, mieux que
des moyens, des symboles d'un développement dans la solida-
.
~ ( 1)
rI te
.
L'élément central de ce schéma tient donc à l'af-
firmation du rale de la dynamique économi~ue d'ensemble d'un
pays dans ses rapports avec l'extérieur.
Les modèles gravitaires dans leur expression méca-
nique, font intervenir les volumes et les distances économi-
ques des pays pour expliquer les flux d'échanges et l'espace
est considéré comme un champ de forces qui agissent sur l'of-
1 -
BVr.naJtd VIANY
: "L'A6Jt,Lque. c.amme.Jtc.e. ave.c. .i'A6 Jt,[que."
PUF,
PaJt,L.o
1968,
page. 1.

- 82 -
fre
et la demande dans deux directions opposées
attraction
et répulsion. Ces modèles posent donc la question de savoir
dans quelle mesure les éléments sociaux, économiques ou au-
tres caractéristiques permettent d'expliquer les échanges.
Si nous suivons HAYEK(1) pour qui "fe. ma)1.c.hé Jte.fè.-
ve. de. f'oJtdJte. ~oc.~af ~pontané, ~f ne. 6a~t auc.un doute. que. c.e.t-
te. ~pontané.~té ~e. man~6e.~te. égafe.me.nt dan~ de.~ ~oc.~été~ c.on-
~~déJtée.~ (a toJtt d'a~ffe.uJt~ l c.omme. ac.c.oJtdant pe.u, ~~non pa~
d'~mpoJttanc.e. a f'ac.tivilé
éc.onom~que. e.t a fa Jtat~onaf~té, de.~
"
6ataf~~te.~. En cela notre projet de transposition de l'appro-
che gravitaire au commerce entre P.M.D nous semble important
en ce sens qu'il permettra un éla~Jssement de la notion de
f"d~~tÇ{.nc.e."qui est capi tale dans ce type d'analyse. Dans la
mesure où l'organisation de toute société s'articule autour
d'institutions appelées à faciliter les rapports entre les
individus la composant, nous estimons qu'il serait difficile
de comprendre la structure actuelle du commerce entre P.M.D
sans faire référence à la multitude de langues, d'ethnies et
de comportement de cet ensemble que l'on saisit dans sa glo-
balité pour les besoins des études.
7 -
:
F. V.
HAYEK
: "VJto~t Lég~~fat~on e.t L~be.Jtté". Tome. 7
PU F,
PaJt~~
79 80 •

83 -
En effet, comme le souligne S.C. KOLM(l), c.ôté
de l'alloc.ation de bien~ et ~e~vic.e~ aux pe~~onne~ (p~oduc.ti-
~elation~ inte~pe~~onnelle~, ~u~ c.e que. ~ont le~ pe~~onne~
elle~-mê.me.~,
~u~ leu~ libe~té et ~ituation ~oc.iale.". Ceci
implique que les relations économiques et commerciales doi-
vent tenir compte des "dinn é~enc.e~ p~ononde~ de~ ~entiment~,
atutude~ et ttjpe~ de ~elat,<-on~" entre les coéchangistes.
Mais,
la science économique a jusqu'ici négligé ces aspects
d'importance capitale en se cantonnant sur l'analyse des al-
locations de biens et services. Or, les traits sociaux, psy-
chologiques, extra-allocatifs considérés comme des phénomènes
extra-économiques, sont nécessaires à la compréhension de cer-
taines organisations. Nous estimons que la prise en compte de
var i ab les
"p~ tjc.ho~ 0 c.iale~" dans 1es études économique scons-
titue un prolongement nécessaire de cette science. En effet,
l'absence de ces variables dans les applications et analyses
économiques au P.M.D, aboutit à un vice de logique et rend
non-valable les résultats auxquels on parvient et par consé-
quent les études et les efforts sont inutiles(2).
1 -
Se~ge-eh~i~tophe KOLM : "La bonne éc.onomie
la ~éc.ip~o-
c.it é 9 én é~ale" .
PUF .,
Pa ~i~
19 8 4 ,
Page
39 t .
2 -
s.e.
KOLM idem page 399.

-
84 -
Les raisons qui poussent à une analyse séparée
des modèles gravitaires dans les P.M.D paraissent évidents
et nombreux
Cependant, nous ne retiendrons qu'une seule
qui semble fondamentale:
la faiblesse de l'appareil statis-
tiq ue.
En effet, l'incertitude des statistiques empêche
l'analyse de se lancer dans des méthodes sophistiquées. Ce
qu'il convient de spécifier,
c'est que le commerce extérieur
de ces pays est "e..x-tJtave..Jt-tJ.." aussi bien dans ses structures
de production que dans ses structures d'échange.
Aussi,
dans le cadre du présent chapitre, nous
commencerons par déterminer
les facteurs qui interviennent
dans l'explication des flux d'exportation entre
P.M.D.
Nous essayerons de déterminer l'évolution des flux d'échanges
d'une part à partir d'ure fonction bilatérale et d'autre part
à partir d'une fonction multilatérale.
Ensuite nous analyserons l'organisation des nou-
velles relations économiques.
SECTION 1
LES CRITERES ECONOMIQUES ET INSTITUTIONNELS
IMPLIQUES PAR LA STRUCTURE GRAVITATIONNELLE.
L'insuffisante diversification,
ou plutôt,
la con-
centration des échanges des
P.M.D
a suffisamment été dénon-
cée pour que l'on s'y attarde encore. Ce qui serait par con-
tre intéressant à savoir, ce sont les raisons d'une telle

-
85 -
orientation. C'est ce que nous allons tenter dans cette sec-
tion.
A - LES VARIABLES ECONOMIOUES
Les modifications intervenues ces dernières années
dans les parts
des différents secteurs de production de ces
pays, peuvent s'expliquer par l'évolution des conditions
(internes et externes) de l'offre et de la demande.
- En ce qui concerne l'offre, le progrès technolo-
gique
a été accompagné d'une mutation dans le réseau des
relations entre P.M.D ("rtouveaΠpays industriels et Etats de
la périphérie sous-développée").
- En ce qui concerne la demande,
la modification
de la compétitivité internationale des différents secteurs
participant
au commerce international, privilégie l'expan-
sion de certains secteurs.
1 0 -
VARIABIES
INTERNES
c
On peut établir une hypothèse symétrique sur l'é-
volution entre exportations et importations d'un pays de fa-
çon générale.
En effet,
les exportations d'un pays dépendent
à la fois de l' acti vi té éconorniqœ inteJ'l}e et ce la structure économiqœ
des pays importateurs.
Cet aspect du problème met l'accent
sur le phénomène d'interdépendance. Comme variable interne
nous nous intéresserons principalement au comportement d'offre

-
86 -
d'exportation qui explique à notre avis,
les mouvements des
parts de marché.
Il existe une relation nous semble-t-il, étroite
entre l'offre d'exportation et l'activité économique d'un
pays dans la mesure où, un excédent de l'offre par rapport
à la demande intérieure encourage l'exportation.
P. ROUMELIOTIS(l) estime que
".ta de.mande. d').mpo!Ltat).on d'un
patjJ.J e6t.te. p.tu.J.J J.Jouvant Ué!/1. .ta p!Loduc;Uon intWe.u!Le. pa.!L une.
!Le..ta-
p!Lope.l1J.J).on ma!Lg).na.te. c.ol1J.Jtante.".
En partant donc de la rela-
tion fondamentale qui existe entre les importations et la
production intérieure, des chercheurs ont mis en évidence la
liaison entre ").mpo!Ltat)'ol1J.J tota.te.J.J e.t p!Lodu)'t nat).ona.t b!Lut
"
r PNB) .
La logique qui sous-tend une telle analyse est
que une augmentation ou une diminution du PNB, ou de la pro-
duction industrielle, en impliquant un mouvement parallèle
de revenus distribués, déterminent des changements propor-
tionnels des importations. Plusieurs auteurs, dont
TINBERGER J. (2), P. POYHONEN, K. PULLIAINEN et LINVEMAINN
ont appliqué
des modèles d'échanges où la principale variable
1 -
P.
ROuMELIOnS
: "c.onjonc.tu!Le. e.t c.omme.!Lc.e. ).nte.!Lnat~ona.t"
Gauth~e.!LJ.J-V~.t.ta!LJ.J,
page. 25-30.
2 -
].
TI NBERGEN : Shop).ng the. wo!L.td e.c.onomtj"
Twe.ntie.th c.e.ntu!Ltj Fund,
Ne.w-Yo!Lk.,
1962.

-
87 -
explicative est le PNB ou la production industrielle du pays
importateur.
L'on pourra peut-être nous reprocher de prendre
en compte des variables contestables dans le cadre d'une
analyse de p.M.D. En effet,
l'utilisation de ces facteurs
comme variable "d'attftac.t-tol1"
pose quelques problèmes
- En ce qui concerne le PNB, il incorpore l'in-
fluence du secteur tertiaire selon P. ROUMELIOPIS. Aussi,
l'auteur estime que sa prise en compte dans une fonction
"d'expofttatiol1 expf-tc.at-tve deI.>
6fux de maftc.hal1d-tl.>el.>",
entrai-
nera un biais dans
l'estimation des élasticités des exporta-
tions par rapport à la demande d'importation.
- En ce qUl concerne la production industrielle,
elle n'explique pas la demande des "pftodu-ttl.> agft-tc.ofel.> 11011-
tftaM6oftmé.K".
Or les P.M.D
sont dans leur majorité des pays
agricoles.
Mais notre étude n'étant pas basée sur des produits
agricoles, et dans
la mesure où le "dYl1am-tl.>me deI.> e.xpofttat-toM
d'un payl.>
ne. dO-tt pal.>
êtfte. fte.c.he.ftc.hé daM f ' évofut-ton de. fa
de.mande. d'-tmpofttat-ton de.I.>
pftodu-ttl.>
ag~c.ofel.>, ma-tl.> pfutôt
da M
c. e.ffe.1.> deI.>
no uv e.a ux p ft 0 du-ttl.>
et f el.> p ft 0 d u-t tl.> ma nu 6a c.tu.ft él.> " ,
cette remarque peut-être minimiser.
Outre le PNB,la production industrielle, on peut
retenir comme variable reflètant la demande d'importation,
la

- 88 -
consommation intérieure.
Ce facteur est appelé dans les modèles gravitationnels
"f'ut-<.f-<'-6at-<'on"
et noté (U). Cette utilisation se décompose
en production propre du pays producteurs
(Xii) et en impor-
tations en provenance des pays du réseau, ce qui donne :
U.1
Xi i + L:
X...
j ri i
JI
La détermination d'une fonction d'échanges dans
une économie ouverte ne peut pas se concevoir en dehors des
influences extérieures. Aussi, le mouvement de la demande
d'importation ou d'exportation est-il affecté plus ou moins
par
les exportations des pays avec lesquels il a des rela-
tions commerciales. Ceci est particulièrement important
dans le cadre des échanges entre P.M.D (à cause du phénomène
d'internationalisation de la production.)
Ce facteur, "c.on-6ommat-<'on -<'nté.IL-<'e.uILe." est très
important dans la mesure où FIfe. pote.nt-<'e.f de. f'066ILe. à. f'e.x-
pOILtat-<'on -6e. dé.6-<.vUt c.omme. fe. -6uILpfu-6 de. fa pILoduc.tion na-
tionafe. qu-<' n'e.-6t pa-6 c.on-6ommé. paIL fa de.mande. dome.-6t-<.que. e.t
qtL-<. -6 / éc.oufe. -6UIL fe. maILc.né e.xtéIL-<'e.uIL".
C LINDER S.D.
"An
E.Hay on tILade. and tILan-66oILmat-<'on"
UPPSALA: A OMQUIST &
WIKSELL,
1961).

- 89 -
En effet Sl l'on considère la théorie de LINDER,
un producteur- préfère écouler sa production en premier lieu
sur son propre marché avant de songer à l'exporter. Aussi
"J..f e-6t néc.e-6-6aJ..Jte de pJtendJte en c.on-6J..déJtatJ..on fa demande
tn:téfllé.CJ}[:e:." des pays exportateurs.
La demande d'importation des pays importateurs-
clients peut se mesurer comme suit(1)
:
P.
avec
J
Pij
le coefficient de pondération mesurant la
part d'exportation de i
tenu dans le total
des exportations de i par chaque pays de im-
portateur client j pendant la période de ré-
férence.
Pi j
Xi j /Xi .
Xij
volume des exportations du pays i à des-
tination de J
Xi.
Volume des exportations totales de 1 •
P.
Indice de la production du pays impor-
J
tateur J •
Si l'on prend en compte le PNB et les habi tudes de
consommation des pays selon leur situation géographique, on
peut comme LINDER, penser effectivement que les P.M.D ont
1 -
P.
ROUMELIOTIS
: "Conjonc.tuJte et c.ommeJtc.e J..nteJtnatJ..onaf
-6éJtJ..e anafY-6e éc.onomJ..que.
GauthJ..eJt VJ..ffaJt-6.
page 30.

- 90 -
tendance à échanger avec d'autres pays ayant sensiblement les
revenus et les habitudes de consommation comparables.
2° - LES VARIABLES EXTERNES
Il est logique d'établir une relation entre le vo-
lume de production d'un pays et la demande mondiale. En effet,
si l'on peut considérer que les marchés sont parfaits ou pres-
que à l'intérieur de chaque pays, il n'en va pas de même lors-
qu'il s'agit de pays différents où l'utilité et les prix des
biens empêchent une uniformisation de l'ensemble des pays.
Dans la mesure où les P.M.D
possèdent maintenant
des filiales dans d'autres P.M.D, il est certain qu'il s'éta-
blira des systèmes de franchise de droit de douane pour des
produits, ce qui entraine des modifications de flux commer-
ciaux (accroissement ou détournement de flux).
Les variables externes dont il est question sont
principalement caractérisées par le mouvement de la demande
d'importation des pays clients. Ces variables donnent donc
la possibilité de saisir la capacité de production de chaque
pays. Ainsi l'on perçoit clairement la liaison qui existe
entre la capacité d'exporter d'un pays et celle de ses con-
curren ts .

- 91 -
Aussi,
l'offre d'exportation des pays concurrents
d'un autre est fonction des productions(1)
Sim

mfj et mfi
et
Xm. IX .. - Xi
avec
P
=
indice de la production du pays concurent
m
de i.
Xm = volume des exportations totales du même
pays (m) pendant une période de base.
qm
=
coefficient de pondération mesurant la part
d'exportation du pays
(m)
dans le total des
exportations mondiales moins le Volume
des
exportations totales du pays (i). La somme
des coefficients est égale à 1.
L'offre d'exportation peut être calculée aussi
bien, pour chaque groupe de pays de notre étude que pour
l' ensemb le.
L'on considérera chaque pays simultanément concur-
rent des autres
- 1° 1 L'équation pour le premier groupe de pays
donne alors
1 0
S.lm
L
~ P
m=1
m
ce qui permet d'écrire
pour l'ensemble des pays, l'équation
1 -
P.
ROUMELIOTIS op. c.J..t.
page. 36 e.t .6u..J..vante..6.

-
92
-
suivante
Evidemment le poids de chaque pays concurrent de
(i) diffère de celui des autres et les coefficients introduits
dans les équations permettent d'en tenir compte.
On peut donc dire, sans crainte de paraître ridi-
cule, que l'activité productive des pays concurrents influen-
ce considérablement les échanges d'un pays considéré.
En effet lorsque la pression exercée par la deman-
de sur la capaci té à= production d'un .paYs es~.. forte, la nroduction
a tendance à diminuer et les importations de produits compé-
titifs croissent, et vis-versa. Ceci nous paraît important
dans la mesure où les P.M.D ne peuvent plus être considérés
comme des pays produisant les mêmes types de biens
(les
échanges entre les pays du premier groupe de notre étude et
ceux des pays du troisième groupe n'ont rien de semblables,
du moins dans leur teneur technologique).

-
93 -
B - LES FACTEURS DE RESISTANCE AUX ECllMlGES : LES VARIABLES
INSTITUTIONNELLES
Pour tout pays, les fluctuations de la demande,
aussi bien intérieure qu'extérieure est source de difficultés.
Ceci est certes valable pour tous les pays, mais plus accen-
tué dans le contexte des P.M.D
à cause de leur niveau de dé-
veloppement. Des obstacles objectives existent au commerce
des P.M.D, qui poussent l'Etat à intervenir constamment dans
l'économie. Cette situation contribue à modifier les prix re-
latifs et par conséquent le mouvement des flux d'échange. Les
disparités de la fiscalité indirecte aux frontières et les
politiques économiques en matière de commerce, introduisent
un biais
dans l'analyse des échanges entre ces pays.
Par
variables institutionnelles,
il faut entendre "le.-6
ùaC.te.uJt.6
dont le. ~ôle. e.-6t d'e.mpêc.he.~ un d~ve.loppe.me.nt no~mal du c.omme~­
c. e. e. x. t ~!'J. e.uJt " .
Dans cette catégorie de facteurs nous mettons,
les facteurs ayant pour objet de discriminer les échanges
selon leur provenance.
1 - LES FRONTIERES POLITIQUES
Le
découpage territorial de la plupart des P.M.D
relève d'un processus historique et dans la mesure où la
science économique a tendance à privilégier les domaines où

- 94 -
l'investigation statistique est poussée, certains phénomènes
pourtant importants ont été presque éclipsés des analyses.
d
f
"
(J';t'
"
t d '
Nous estimons cepen ant que le
acteur
po~~ ~que
e
au-
tres éléments difficilement chiffrables devraient faire par-
tie du champ d'analyse économique.
L'analyse de la "6Jr.0Y1,U.. ~!te poLi..:t....i..que" comme obsta-
cle aux échanges doit être inscrite dans le cadre de la dif-
férence spatiale des comportements et des systèmes économi-
ques qui organisent un territoire donné. Les ~aractéristi~"
ques des pays considérés comme aires de production et de con-
sommation,
résultent d'un ensemble de facteurs hérités du
passé et qui sont répercutés pendant de longues années. Cet
ensemble de comportements module une certaine structure éco-
nomique,
des liens commerciaux, des types de communication,
d'habitudes des habitants qui peuvent être retenus comme fac-
teurs explicatifs d'un espace "homog~Y1e". Si l'on scinde ad-
ministrativement cet espace qui se veut homogène, des dévia-
tions sur le plan commercial interviennent. En effet, dans
cette hypothèse, si la distance physique reste la même, la
distance administrative (institutionnelle) qui doit être
prise en compte, éloigne les pays les uns par rapport aux
autres. Ainsi, si l'on retient le fait que les pays commer-
cent plus avec les pays les plus proches qu'avec ceux qui
sont éloignés, on comprend alors que la frontière politique
suffise à créer des distorsions d'échanges entre entités éco-
nomiques. L'apparition de cette distorsion se comprend et

-
95
-
s'explique fort aisément par la rupture des habitudes d'achats
ou des liens commerciaux noués entre individus qui ne se sen-
tent d'aucune différence à cause d'une frontière.
Le non-respect de ces fTontières "aIL.:U_c.-<-n-<-e.Lte.J.J",
introduit ce qu'on peut appeler "te c.omme.ILc.e. J.Joute.lLlLa-<-Yl.",qui
selon ARNOLD CH) et Philippe BARTHELEMy(1), est un phénomène
qui se produit "daYl.J.J tauJ.J te.J.J paljJ.J d'uYl.e. paILt,
e.t e.Yl.tlle. touJ.J
te.J.J paljJ.J
d'autILe. paILt". En effet, clandestinement ou officiel-
lement, ce type d'échanges existe entre pays limitrophes et
constituent à notre avis, une façon de tourner l'obstacle aux
échanges institués par les autorités politiques nationales ou
internationales. HEETJE et BARTHELEMY soulignent un aspect de
l'économie souterraine qui nous paraît très irrportant
dans le
contexte des échanges entre P .M.D : "ta pILoduc.t-<-oYl. c.ac.he.è.".
Pour ces auteurs, cet aspect est difficile à déterminer
"c.aIL
me. de. tILaMac.t-<-oM c.omme.ILc.-<-ate.J.J". Tout le problème des fac-
teurs de production:en particulier leur acquisition et leur
rémunération se trouve ainsi posé. Le développement des échan-
ges souterrains entre
P.M.D
frontaliers,
nous semble-t-il,
est le signe que, au-delà des frontières politiques, des ré-
seaux d'aires de marché existent et nous rattachons ce fait à
des facteurs historiques et sociaux.
7 -
ARNOLD HEERTJE e.t Ph-<-t-<-ppe. BaILthe.témlj : "L'e.c.oYl.om-<-e.
J.Joute.lLlLa-<-Yl.e.".
Ec.oYl.om-<-c.a,
PaIL-<-J.J,
1984 page. 1.

- 96 -
Il faut considérer l'évolution des limites adminis-
tratives de ces pays comme des phénomènes de société. La con-
séquence la plus visible provoquée par les changements insti-
tutionnels est que l'espace économique
aussi se modifie. Le
flux ou 'l'attrait) vers certaines régions qui séduisent à
cause de leurs richesses
(sol, sous-sol, industries, "déf.JJ..Jt
de pJtote~tJ..on"•. . J,
fait apparaître ces espaces comme ayant
plus de valeur par rapport aux autres. Cette demande sociale
se manifestait déjà dans les temps les plus réculés et carac-
térise l'attraction et la gravitation. La dislocation des es-
paces économiques provoquée par les remplacements successifs
d'institutions sociales et politiques a été bien décrite par
GALBRAITH WELTH, pour ce qui concerne l'Afrique. L'auteur
écri t que
: "f.JJ.. lef.J ~aJttef.J
de 9 eogJtaphJ..e étaJ..t douéef.J
de f.J en-
tJ..mentf.J,
~effe du ~ontJ..nent aûJtJ..~aJ..n auJtaJ..t f.JOUnûeJtt ~Jtuefle-
ment de toutef.J f.Jef.J metamoJtphof.Jef.J ••• j
des territoires, des
tribus étaient réduits à l'anonymat, et les tribus elles-mêmes,
souvent partagées en deux ou en trois, par les frontières fan-
taisistes imposées par l'Europe(1). Mais à l'époque coloniale,
les grandes puissances avaient favorisé d'importants regrou-
pements interterritoriaux :
- pour la France
l'ADF (Fédération d'Afrique
Occi den ta le)
,
l'AEF (Fédération d'Afrique
Equatoriale) .
1 -
:
GALBRAITH WELTH : "L'AûJtJ..que avant fa ~olonJ..f.JatJ..on".
FAYARV,
1970 page 324.

-
97
-
- pour la Grande-Bretagne
Fédération d'Afrique
Centrale,
Fédération d'Afrique
Orientale.
Enfin,
le RHanda-Burundi pour la Belgique (1) .
Avec la proclamation des indépendances,
toutes ces fédéra-
tions vont voler en élats pour faire place à des petits Etats.
Pour des raisons différentes,
tenant notamment à
l'existence de particularismes, certains pays sont restés les
noyaux des futurs Etats et c'est autour d'eux que le commerce
régional actuel gravite. Ainsi,
on note que la concentration
s'est faite en trois courants d'échanges en Afrique(2):
- Le premier courant concerne des Etas où le dé-
veloppement industriel est relativement important, c'est par
exemple l'ex-fédération des Rhodésies et du Nyasaland et
l'Union Sud-Africaine.
- Le second concerne les échanges des trois pays
francophones d'Afrique du Nord entre eux et avec les pays
d'Afrique de l'Ouest anglophones ou francophones.
- Le dernier courant s'établissant entre les pays
de l'Afrique de l'Ouest.
1 -
Ph-i-l-i-ppe. VECRANE
:
"V-i-e.-i-lle. A6 fl.-i-que.,
je.UYLe.~ YLat-i-oYL~".
PUF,
Pafl.-i-~ 1982, page. 246.
2 -
B.
VINAY,
op.
c.-i-t.
page. 43 e.t 44.

-
98 -
En Asie,
le continent s'est également regroupé
autour d'un massif central:
la haute Asie.
Il s'est formé à cette époque déjà, ce que
René GROUSSET a appelé "f' oJtie.n-t-c.faJ.J/!Jique." (1) qui entrete-
nait des communications avec la zone méditerranéenne
(Syrie,
Inde). Comme on peut le constater, à cette époque,
les regroupements sociaux entretenaient entre eux, des rap-
ports économiques à travers les relations de parenté (rela-
tion de proximité) ou d'alliance (relation de distance). Ces
relations tissées au fil de l'histoire se sont perpétuées
avec l'instauration des Etats dits modernes.
L'Amérique Latine a également connu ces transfor-
mations aussi bien économiques que sociales. Ainsi,
Simone DREYFUS(2) écrit à .propos du Brésil que "f'uni60l1.mi-te.
de. fa c.uf-tuJte. ma-te.~e.ffe. e.-t fa J.Jimifi-tude. de.J.J inJ.J-ti-tu-tionJ.J
Jte.vèfe.n-t,
pfuJ.J que. de.J.J phe.nomène.J.J d'ac.c.uf-tuJta-tion e.-t de. di6-
6uJ.Jion in-te.Jt-tJtibafe.J.J,
f'e.xiJ.J-te.nc.e. d'une. ve.Jti-tabfe. J.Joc.ie.-te. pfu-
~fingue. e.-t pofy-e-thnJ..que.
"
Le morcellement de ces espaces commerciaux qui
accompagne l'intitution des frontières politiques actuelles,
ne peut que aboutir pour chaque "nouve.f E-ta-t" à la recherche
1 -
Re.né GROUSSET: HiJ.J-toiJte. de. f'AJ.Jie..
PUF,
Q.S.J ? 1966,
page.J.J 6 e.-t J.Juivan-te.J.J.
2 -
Simone. DREYFUS:
op.
c.i-t,
PaJtiJ.J
1970,
page. 259.

-
99 -
de spécialisation. La course est ainsi engagée entre ces
pays pour la recherche de la plus fine spécialisation et donc
de l'avantage comparatif. Ainsi, le facteur dimensionnel lié
à la répartition spatiale de la population,
du revenu et des
ressources,
explique bien le flux de marchandises entre les
pays.
Il faut souligner que le commerce dans sa concep-
tion moderne ou la coopération commerciale, suppose une har-
monisation des politiques économiques qui déborde souvent les
simples répartitions géographiques des activités. L'économie
moderne exige aujourd'hui pour son expansion, un intermédiai-
re, en l'occurrence la monnaie.
2 - LA FRONTIERE MONETAIRE : LES EFFETS DE LA DIS-
PARITE SPATIALE DES SIGNES MONETAIRES
SUR LES ECH~~GES.
Notre but principal étant d'étudier les déforma-
tions
(orientation, niveau des flux ... ) des échanges entre
P.M.D, il serait impensable de passer sous silence le problè-
me monétaire, même si cet aspect n'est pas explicitement pris
en compte dans les modèles de base ,que nous utilisons, à sa-
voir les modèles gravitaires.
En effet, il est reconnu que le développement des
échanges commerciaux se heurte à l'obstacle des moyens de
paiements, du fait du grand nombre des signes monétaires in-
ternationaux. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle

-
100 -
la plupart des Etats ont introduit des restrictions à la li-
berté des changes, si bien que le problème de la contre-partie
monétaire des accords commerciaux est devenue aujourd'hui ca-
pital. Aussi,
le problème des communautés économiques et des
préférences commerciales ne peut pas être envisagé sans ef-
fleurer celui des zones monétaires. On peut donc établir un
parallélisme entre les préférences économiques et les préfé-
rences monétaires.
Selon MAKTAR DIOUF(l), du point de vue monétaire,
les communautés peuvent être classées en trois catégories :
- celles où les partenaires utilisent la mêmme
monnaie ,
celles où les partenaires ont des monnaies dif-
férentes et
convertibles,
celles où les partenaires ont des monnaies dif-
férentes et inconvertibles.
Les P.M.D se situent généralement dans deux cas de
figure:
1 et 2. Avec l'appartenance à une même zone monétai-
re,
le problème de la distance physique qui sépare les pays,
tend à disparaître puisque la monnaie devient un moyen de com-
munication comme la langue. En effet, les clients d'une même
zone monétaire forment une communauté d'échanges et cette
inter-dépendance ne s'étend pas forcément au reste du monde
7 -
MAKTAR DIOUF : "Intég~ation économiqu~. P~~~p~ctiv~~
aô~cain~~. NEA/Pub{i Sud, Pa~i~, DaQa~ 7984 pag~~ 781
à
796.

-
101 -
constituant en cela un arrangement local destiné à créer ou
à faciliter
le commerce entre pays membres de la zone.
Dans la coopération commerciale entre
P.M.D, les
biens,
les marchandises et les personnes sont "a-6pJ..Jté-6" par
les zones à monnaie plus crédible c'est-à-dire, les zones de
rattachement à des monnaies étrangères.
Le rattachement des monnaies nationales des P.M.D
à des monnaies plus influentes a pour objectif de développer
les relations commerciales entre les pays
(intégration hori-
zontale). Parmi les diverses zones de rattachement,
on note
la zone franc pour l'Afrique d'expression française,
la zone
sterling pour certaines anciennes colonies anglaises et la
zone dollar pour la grande partie de l'Amérique latine et
l'Asie du Sud-Est.
Evidemment
pour les pays à monnaie tonvertible
le
problème de paiements ne se pose pas puisqu'ils peuvent se
procurer tous les produits dont ils ont besoin dans tout
autre pays quelle que soit la zone monétaire à laquelle ce
pays appartient. Ce mecanisme financier de paiements n'est
pas possible pour les pays à monnaie inconvertible. Le con-
trôle du commerce extérieur et la limitation des devises que
suppose une telle situation conduit à une réduction des échan-
ges. Mais à l'intérieur des zones monétaires, il existe des
systèmes de compensation qui sont en fait une subvention fi-
nancière ou un traitement douanier spécial et c'est en cela

-
102 -
qu'elle met en contact des économies isolées par la frontière
monétaire.
Patrick et Svl
,
vie GUILLAU010NT ont mesuré dans
leur étude, l'effet de l'appartenance monétaire
(la zone franc)
(1
d'une zone sur son commerce
).
L'extension de cette étude 10-
cale à l'ensemble des P.M.D, nous permettra de mieux saisir
l'aspect obstacle aux échanges de la différence des signes
monétaires. Nous retiendrons la méthode d'appréciation de ces
auteurs, à savoir évaluer l'effet de l'appartenance à la même
zone monétaire sur les exportations d'une part entre pays mem-
bres, d'autre part, entre ceux-ci et les pays hors de la zone.
Les pays hors de la zone seront scindés en deux
catégories
les pays hors de la zone mais faisant partie
du même continent que les pays membres de la
zone monétai re ,
- le reste du monde CR.D.M.
autres P .M.D) .
Le premier volet nous permettra notamment de tenir
compte des échanges qui se réalisent
aux frontières. Ce com-
merce que nous avons di t "J.:Jr.ad..<.t.:"<'ol1ne-f." et qui correspond par-
ticulièrement à l'échange entre des individus vivants dans une
certaine symbiose de part et d'autre des frontières politiques,
se développe lorsqu'une des monnaies en présence est jugée
plus "6oJr..t.:e" et par conséquent acceptée sur le plan interna-
tional.
1 -
:
P. et.: S.
GUI L LAUMONT :
"Zone
6Jr.anc. et.: déve-f.oppe.ment.: a6Jr."<'-
c.a"<'n.".
Ec.onom"<'c.a,
Pa!LL!>
1984.

-
103 -
Le second point relève de la démarche dont le fil
conducteur est la comparaison des taux de croissance relatifs
à l'orientation géographique des exportations.
P. et S. GUILLAUMONT font l'hypothèse que si le
taux d'exportation a~~~:sein d'une même zone est supérieur aux
taux d'exportation vers les autres catégories de pays, ceci
est dû à des phénomènes tels que :
- l'effet du régime monétaire;
- l'effet de la différence entre le dynamisme
de la demande des pays membres de l'union moné-
taire et celui de la demande mondiale.
Aussi, les auteurs constatent que les échanges
sont plus régionaux qu'intercontinentaux, et que les échanges
au sein des continents sont plus importants que ceux qui sont
effectués entre continents.
Dans la mesure où, les zones monétaires ou les
zones de rattachement monétaires coïncident à peu près avec les
regroupements économiques, on peut faire dépendre la croissan-
ce des exportations à deux phénomènes :
- le régime monétaire
et
l'effet du regroupement économique.
Au sein d'une même zone monétaire, les échanges

-
104 -
sont orientés en fonction des forces d'attraction et les
paiements s'effectuent immédiatement sans aucun coût ou pres-
que, alors que dans deux zones monétaires différentes,
le
phénomène de la hiérarchie des monnaies va jouer et contri-
buer à différencier les pays ou groupes de pays.
Finalement, l'effet monétaire sur les échanges
nous bblige à faire référence aux différences de dotations
factorielles qui elles-mêmes peuvent s'exprimer en prix rela-
tif et en coût. Considéré en termes de gain, si un pays pro-
duit tout moins cher, il établirait un échange à sens unique
avec ses co-échangistes. Or faisant intervenir l'hétérogénéi-
té monétaire, OHLIN montre que dans un tel cas, l'équilibre
des échanges peut s'établir par une hausse du taux de change.
Pour expliquer l'établissement de l'équilibre de change, l'au-
teur fonde son raisonnement sur la proportion des prix et l'i-
négalité des prix relatifs qui deviennent alors une condition
nécessaire aux échanges.
Cet auteur estime donc que les prix étant donnés,
c'est le taux de change qui définira qœlles
marchandises fe-
ront l'objet d'échange.
Et ce taux dépend de la demande réciproque ; on
comprend alors pourquoi P. et S GUILLAUMONT font intervenir
le dynamisme de la demande dans leur modèle.
S'appuyant sur cette réalité, on peut affirmer
que les échanges, du moins leur intensité, dépendra de la con-

-
105
-
vertibilité ou de la non-convertibilité des monnaies. Or dans
les
P.M.D, à part ceux qui sont rattachés à une monnaie
étrangère,
les monnaies ne sont pas convertibles entre elles.
Les pays sont donc obligés de passer par les pla-
ces financières
internationales
(Paris, Londres, Washington ... )
pour effectuer les paiements entre e~~. Ceci a été pendant
longtemps le cas des échanges entre le Niger et le Nigéria
d'une part, et le Sénégal et la Gambie d'autre part.
On assiste également à une méfiance à l'égard des
monnaies jugées "in6éJtie.u.Jte..6"
, c'est le cas du Ghana et du
Nigéria et les pays de la zone franc.
En effet, le Ghana est un débouché potentiel et
même effectif important pour le bétail de l'ex Haute-Volta,
mais du fait de la différence monétaire, et surtout de la
non-convertibilité de ces monnaies,
le marchand de bétail
voltaïque ou Nigérien refuse de commercer avec le Ghana, parce
qu"i 1 ne veut pas se f ai re payer en rr Ce.di 6"
(monnai e du
Ghana) (1).
Si ces quelques faits concrèts ne constituent pas
en eux-mêmes une preuve scientifique qui autorise une généra-
lisation, ils sont cependant révélateurs d'une situation de
malaise et de blocage.

.- 106 -
La vérification empirique de la diversité de
signes monétaires comme frein aux échanges sera faite dans la
deuxi ème partie du travai J .
Mais, pour l'instant, nous pouvons dire que, du
fait du privilège accordé à certaines régions pour leur appar-
tenance monétaire,
la différence de monnaie est un handicap
aux échanges entre
P.M. D.
Paur surmonter cette difficulté, certains auteurs
proposent la création d'une monnaie commune pour les
P.M.D.
L'établissement d'une telle monnaie étant jugé délicat au ni-
veau de l'ensemble des P.M.D, d'autres suggèrent une intégra-
tion monétaire à l'étendue sous-régionale, avec la possibili-
té d'une conversion de chaque monnaie. En principe, si les
monnaies sont convertibles entre elles, le développement des
échanges commerciaux ne devrait plus poser de problèmes. Mais
même dans une telle situation,
le problème de taux de change
peut bien se poser et constituer un frein aux échanges entre
partenaires de régions différentes.
SECTION 2
L'ORGANISATION DES NOUVELLES RELATIONS
SPATIALES: LES POLITIQUES COMMERCIALES.
Il s'agit des mesures prises par les autorités
soit dans le but d'encourager les échanges soit dans celui de
les décourager.

-
107 -
Si l'on considère les puissances étrangères, en
l'occurrence les firmes multinationales comme des "ag!1.e.f.>f.>e.U./L6",
on peut mettre les regroupements économiques et commerciaux
des P.M.D
sous le signe de la protection d'un droit de pro-
priété. Ces pays estiment, qu'étant donné l'inégalité des
forces en présence, pour que leurs économies prospèrent, il
faut instituer une certaine protection des industries jeunes
et encore fragiles. Aussi, ils se regroupent afin de lutter
contre les actes d'agression
"L' il1f.>:til1c.:t" commercial de l' es-
pèce humaine a su faire preuve d'un tel esprit de protection
depuis les temps reculés, en s'organisant dans le cadre des
échanges, entre villages, villes, nlaces
ce commerce (marché)
afin de réduire les coûts de transaction,
de surveillance et
de sécuri té.
La régionalisation des échanges des
P.M.D
s'ins-
crit dans cet esprit de Q!otection et de réduction de coûts de
toute sorte. Mais nous devons faire remarquer, qu'au sein de
ces regroupements,
la position géographique se revèle très
importante puisqu'elle confère à certains pays, le rôle de
centre de gravitation des échanges régionaux.
Généralement, les regroupements se sont faits au-
tour des pays qui ont accès à la mer ou qui ont une position
géographique-économique privilégiée. Cette partition de l'es-
pace a donné à certains pays une place quasiment irréversible
dans le processus de leurs échanges avec les autres P.M.D. Les
réseaux de communication ont ainsi polarisé le commerce entre

-
108 -
P.M.D autour de certains points
(ports notamment)
constituant
généralement un marché unique sur le plan régional.
Ces relations sont plus intenses entre pays situés
sur des grandes lignes commerciales et le développement de ce
déséquilibre des échanges décrit le phénomène de gravitation
commercial entre
P .}.LD.
Nous essayons d'analyser les conséquences qui se
rattachent aux groupements économiques pour ce qui concerne
le commerce entre
P.M.D.
ensuite nous verrons les règlemen-
tations qui donnent forme à ces institutions.
A - LE SYSTEME DES RESEAUX D'AIRES DE MARCHE
Sur le plan commercial, les P . M.D se sont trouvés
pris dans un processus paradoxal qui caractérise d'ailleurs
l'économie moderne, à savoir:
- la nécessité de s'ouvrir sur l'extérieur et,
- le besoin impérieux de se protéger.
La première hypothèse qui consiste à rechercher
des nouvelles sources d'approvisionnement,
implique des opé-
rations dfédlanges
avec d'autres zones géographiques, ce qui
peut faire souffrir les "je.u.ne.J.J" économies des P.M.D.
Ce risque est très pressant à cause des innovations que ces
pays ne maîtrisent pas assez encore et aussi du fait de l'im-
perfection même du marché qui ne permet pas une bonne prévision.

- 109 -
Le deuxième élément découle de la nécessité
pour ces pays de pouvoir contrôler le marché. A cet effet, un
moyen se présente à l'esprit:
l'institution de droits de
douanes. Cette règlementation du commerce est présentée comme
une "pot-<-c.e." du commerce. Elle favorise le commerce au sein
des ensembles économiques et freine les relations avec l'ex-
térieur. Evidemment, l'une ou l'autre de ces deux politiques
économiques débouche sur des avantages ou des inconvénients.
1° - LES JUSTIFICATIONS
Dès les indépendances, et même avant, les P.M.D
ont développé de nombreuses initiatives en vue de renforcer
leur cohésion sur le plan économique. La création des commu-
nautés économiques se situe dans cette perspective d'effort
de coopération, mais dans l'idée des initiateurs, les tentati-
ves devraient aller au-delà de la simple coopération pour a-
boutir à une véritable intégration économique. La réalisation
de cet objectif répondrait selon certains à la conception de
la solidarité entre les membres d'un groupe social. Mais
l'idéal de solidarité et de réciprocité n'a donné d'impulsion
qu'à l'intégration économique dans un cadre géographique plu-
tôt limité et l'idée de coordination et d'unification a favo-
risé des accords de compensation. Nous estimons qu'une telle
organisation du marché peut être considérée comme un droit de
propriété parce que H. DEMSETZ et ALLEN(1) voient en ce droit,
1 -
H.
VEMSETZ al1d tu.
ALLEN,
UI1-<-ve.Jt.-6-<-ty 06 PJt.ope.Jt.ty Jt.-<-ght-6,
A • E • R"
ma-<- 19 6 7 •

-
110 -
une matérialisation de l'information servant de base aux indi-
vidus pour la connaissance à priori, des potentialités de
transactions éventuelles.
Le droit de propriété apparaît ainsi comme une
condition des relations d'échanges. Ainsi,
l'établissement de
règles de conventions portant sur l'échange devient un moyen
pour faciliter les relations de commerce et des anticipations
de gains ou de coûts.
Les P.M.D avancent comme justification principale
de leurs regroupements économiques, la matérialisation du dé-
sir de coopérer entre eux, mais, au-delà de ce simple désir,
se cache celui de réduire les coûts et les r~ues de transac-
tion.
Il apparaît donc que l'une des raisons fondamentales est
le problème de transmission et du traitement de l'information.
La minimisation des coûts de transmission d'information a con-
dui t ces pays à concevoir des organisations économiqœ qui ont
donné
à l'ensemble de leurs relations une forme de structure
centralisée.
De façon générale, les types de regroupements pré-
conisés par ces pays sont de nature "iibf1..e.-éc.han.gi.6te.",
ce qui
suppose une neutralisation des barrières douanières ou des
barrières géographiques. Dans un tel contexte économique, les
échanges s'effectuent au moindre coût, ce qui assure selon les
défenseurs, une rentabilité des échanges puisque chaque pays
bénéficie de sonappartenanœ:à:un
ensemble plus vaste.

- 111" -
L'argument fort que l'on peut ici avancer relève
des avantages de la dimension que constitue l'ensemble formé
et
qui consiste en une minimisation des coûts. En
effet, dans le contexte des
P.M.D, les échanges peuvent
s'effectuer à moindre frais dans un cadre régional parce que
l'espace géographique étant réduit, les lieux d'exécution
sont plus proches et les coûts de communication peu élevés.
La coopération dans un cadre à dimension géogra-
phique réduite fait donc preuve d'une grande cohérence socia-
le et commerciale puisque les communications sont facilités·
et les relations entre pays plus étroites. La cohésion d'un
tel groupe dépend certes de sa dimension, mais aussi de son ~_
histoire,
de son unité linguistique et culturelle. L'ensemble
de ces facteurs conduisent un regroupement donné à un senti-
ment de solidarité qui s'exprime par un effet gravitaire dans
leurs échanges.
Comme le souligne Jacques WOLFF(1) "teJ.J gltoupeJ.J
humainJ.J que conJ.Jtituent teJ.J NationJ.J J.Jont en Itetation teJ.J unJ.J
avec teJ.J
autlteJ.J; CeJ.J Itetatio nJ.J, du nait deJ.J paltticutaltiJ.J meJ.J de
chaque Nation,
ne J.Je déltoutent jamaiJ.J J.JUIt un pied d'égatité
1 -
JacqueJ.J WOLFF
: "Sociotogie et pJ.Jljchotogie économiql.leJ.J".
LeJ.J
coultJ.J
de Vltoit PaltiJ.J
1983,
page 61.

-
112 -
Par conséquent, dans le cadre des échanges entre
P.M.D, nous nous situerons dans l'hypothèse que les pays ont
une information différente quant à la possibilité de leurs
échanges mutuels. C'est cette ~mperfection de l'information
qui motive les regroupements économiques puisqu'en leur sein,
les différentes structures d'information sont données de fa-
çon exogène. Aussi,
l' acquisi tion de l'information
"u.:U-te. e.t
néc.e..6.6aiJte.", en investissant des ressources à cette fin,
n'incombe plus à un seul pays, ce qui rédui t
largement les
coûts et les risques de l'opération. A cet effet, HICKS re-
marque que "p-tU.6 .6ont nombJte.ux. -te.,5 c.omme.Jtç.ant.6 qui e.ntJte.ue.n-
ne.nt de..6 Jte.-tation.6 e.ntJte. e.ux.,
p-tU.6 -te..6 inüoJtmation.6 .6ont üac.i-
-te..6 à obte.niJt ; e.t üait p-tU.6 impoJttant e.nc.oJte., i-t e..6t p-tU.6 üa-
c.i-te. a-toJt.6 pouJt un c.omme.Jtç.ant i.6o-té de. tJtannéJte.Jt -te..6 Jti.6que..6
qui nai.6.6e.nt de. .6a pJtopJte. ignoJtanc.e. à de..6 pe.Jt.6onne..6 qui .60nt
innoJtmée..6 ou qui e..6time.nt uti-te. d'ac.c.omp-ti~ un e.660Jtt pouJt -te.
de.ve.niJt,,(1) .
Ceci nous paraît d'autant plus important que l'é-
change implique que chaque échangiste connaisse les facteurs
succeptibles de modifier sa marge bénéficiaire. Or cette anti-
cipation n'est possible que si l'on est en possession de tou-
tes les informations dans son environnement (situatio~ d'in-
1 -
J.
HICKS op. c.it. page. 58.

- 11:5 -
formation complète). Mais dans le T'1onde réel, cette situation
n'existe pas, aussi, ne pouvant éliminer totalement le risque,
les échangistes chercheront a le réduire.
Pour ce faire,
les regroupements économiques se
présentent comme une bonne formule puisqu'ils réduisent non
seulement les coûts, mais diminuent le risque en le redistri-
buant a tous les membres.
Selon HICKS(1),
les échangistes ont "J...ntélLêt a
tlLouvelL un moyen de lLéduJ...lLe le~ 1LJ...~que~ quJ... lLé~ultent de l'J...m-
pelLûectJ...on de leulL J...n ûolLmatJ...o n, ~oJ...t dJ...lLectement en l'amélJ...o-
lLant, ~oJ...t J...ndJ...lLectement en J...magJ...nant de~ dJ...~po~J...tJ...6~
de 6é~
cUILJ...té qui leulL donnent de~ ehance~ d'êthe moJ...n~ glLavement
gêlLé paIL le~ aléa~
quJ... peuvent ~ulLgJ...1L de l'om6ILe".
L'un des problèmEs du point de vue du développe-
ment des échanges commerciaux réciproques entre P.M.D est
qu'ils s'effectuent entre des peuples appartenant à des espaces
géographiques différents, éloignés les uns des autres. La dis-
tance
(physique) pose donc dans le cas de ces pays, le problè-
me de la transmission efficace de l'information.
Cette difficulté de transmission de l'information
se remarque par la grande fluctuation d'une année sur l'autre,
des échanges mutuels. En effets, contrairement aux échanges
régionaux qui dégagent une relative régularité, les échanges
1 -
J.
HICKS op. eJ...t. ~euJ...l,
page 56.

-
114 -
commerciaux à longue distance sont très instables. L'instabili-
té se manifeste dans les statistiques des échanges, par de
bn1Sqœs variations dans le volume et aussi souvent dans la na-
ture même des transactions.
Selon les pays et d'une année sur l'autre, on note
des fluctuations qui se manifestent par l'apparition ou la dis-
parition de clients ou de fournisseurs. Cet état de fait est
à mettre au compte des phénomènes circonstanciels dûs à l'ab-
sence totale ou la non-maîtrise du processus informationnel.
Le renseignement que l'on retiendra de ces regroupements éco-
nomiques, est qu'ils ont forgé des spécialisations ou complé-
mentarités régionales. Ces complémentarités économiques sont
d'ailleurs naturelles
(pays côtiers et pays de l'intérieur)
ou acquises grâce au développement du secteur secondaire.
Du fait de ces complémentarités, le commerce se
trouve concentré dans certaines régions ou pays au sein des
groupements économiques régionaux; c'est la manifestation de
la gravitation du commerce entre ces pays.
2° - LES OBJECTIONS
L'institution de marchés est-elle un moyen effica-
ce pour renforcer les échanges entre P.M.D. ? Cette question
peut paraître à première vue surprenante pourtant elle se jus-
tifie. En effet, on peut se demander l'effet qu'aura un grou-
pement économique où les marchés n'étaient pas cloisonnés. Les
contrats signés par la plupart de ces pays au sein d'accords

-
115 -
de préférences commerciaux avec les pays développés doivent-
ils être résiliés au profit d'autres
P.M.D? Les P.M.D
sont-ils réellement en mesure de soutenir un commerce intense
entre eux et ce, sur
une longue période, lorsqu'on constate
que les complémentarités économiques sont très souvent (si
elles existent) sous-régionales? Enfin, "que.f..o pe.uve.nt ê.tJte.
f.e..o e.ùùe.t.o .ouJt f.e..o
é.c.hange..o ,ültéJUe.u./'c.6 "d'un gJtoupe.", d'une.
.ouppJte..o.oJ..on de. baJtJUè-Jte..o ~n;té.lLJ..e.UJte./~
dan.o
un maJtc.hé c.ommun
f.e..o c.apac.J..té..o natJ..o naf.e.,s .0 ont --<:'n6 éJUe.uJte./~
aux de.mande..o
natJ..o nale..o " (1) ?
B. VINAy(2) estime dans son étude que "le. de.gJté de.
c.oopéJtatJ..on e.t f 'aJ..Jte. gé.ogJtaph-[que. où e.f.f.e. doJ..t .0 'e.xpJUme.Jt .oont
e.n JtappoJtt J..nve.JL6e.".
Ce qui signifie que l'intensité des rap-
ports d'échanges est liée au champ de la coopération, ce qui
suppose, si l'on étend cette remarque à l'ensemble des P.M.D,
que des liens étroits ne peuvent se nouer qu'entre pays de mê-
me zone.
Comment passer alors de ce cercle réduit à une ex-
tension des échanges à un ensemble plus vaste? La non-complé-
mentarité économique entre pays à longue distance laisse un
1 -
:
LouJ...o PhJ..f.J..p.o
:
"De. l'J..ntégJtatJ..on de..o maJtc.hé.o" e.d.
E.
NAUWELAERTS
LOUVAIN -
7962,
page. 76.
2 -
Be.JtnaJtd VINAY PUF op.
c.J..t.
page. 90.

-
116 -
peu péssimiste sur ce sujet.
On voit donc qu'une harmonisation des échanges
entre
P.M.D qui implique la définition des complémentarités,
un effort de recherche d'information sur la capacité de pro-
duction et d'absorption de chaque pays ou groupe de pays,reste
à trouver.
Cependant, les regroupements économiques actuels
de ces pays nous permettent de mener notre analyse.
Il s'agi-
ra de savoir si la suppression ou la réduction des barrières
g§ographiques entre pays de même groupe modifie la forme du
marché, c'est-à-dire l'orientation des échanges. En mettant
l'accent sur les organisations régionales du marché, il de-
vient alors possible d'analyser l'effet gravitaire dans le
commerce en fonction des données naturelles
(coûts de trans-
port)
ce qui nécessite la prise en compte d'éléments objec-
tifs et subjectifs de différenciation.
Ces différents points nous semblent importants car
selon FERNAND BOUQUEREL(1) ,
"qu'eLte~ que -6oJ.ent.ta JtapJ.dJ.té
maj eUJt-6 q ue ~ ont .te-6 c.outume-6, .te-6 habJ.tude-6 et .te-6 noJtme-6
pJtopJte~ à c.haque paY-6, quJ. -6eJtont .tente-6 à -6 'e66ac.eJt et a66ec.-
teJtont tOU-6 .te-6 maJtc.hé-6 qu'J..t -6 'agJ.-6~e de bJ.en-6 de c.on-6ommatJ.on
1 -
FERNAND BOUQUEREL :
"L'étttde de~ maJtc.hé-6 au -6eJtvJ.c.e de-6
entJtepJt..t-6e-6". Tome III,
PUF,
PaJtJ.-6
1965,
page 1175 ?

-
11 7 -
ou de.. pnoduJ..t!.:J J..ndu!.:JL'tJ..e..f!.:J". Ajouté à ces facteurs succepti-
bles de favoriser un mo.Jz.c.hé. no.tune..f" plutôt qu'un regroupe-
ment économique qui ne respecte pas forcément les frontières
sociales et sociologiques, l'imparfaite transparence du mar-
ché, on peut analyser correctement le phénomène de gravita-
tion dans le commerce de ces pays. On constate que les re-
groupements commerciaux des
P.M.D
n'ont pas supprimé les
avantages découlant pour certains, de leur localisation.
"L'avantage.. gé.ogJz.aphJ..que.. e..!.:Jt un avantage.. dont fa
Jz.e..c.onna~!.:J!.:Janc.e.."
est nécessaire pour repérer les concentrations,
l'orientation et par conséquent la gravitation du commerce.
Or l'offre de ces pays est concentrée géographiquement. Si
l'on considère que la demande est quant à elle dispersée (rela-
tivement), Louis Philips(1) estime que dans une telle hypothè-
se,
l'intégration exige que les vendeurs et les acheteurs
aient la liberté de vendre et d'acheter au client et fournis-
seur de leur choix.
1 -
LouJ..!.:J Ph~fJ..p!.:J,
op. c.~t. page.. 88.

- 118 -
B - LES MERITES D'UN CERTAI NPROTECTI ONNI S~lE
Les différentes politiques économiques préconisées
en vue de promouvoir les échanges des P.M.D ne font pas l'una-
nimi té.
En effet, les auteurs qui estiment que le commerce
entre P.M.D est plus rentable,
tendent à recommander un com-
merce discriminatoire - libéral à travers les unions douaniè-
res,
ou les zones de libre-commerce.
Comme tout problème des P.M.D,
l'on rencontre là
aussi une controverse entre les partisans et opposants de la
libéralisation tarifaire.
1° - LA THESE DU LIBRE-ECHANGISME
Cette thèse emprunte ses arguments à la théorie
économique Ide Ricardo. Selon cet auteur,
le libre-échange
doit assurer le bien-être le plus élevé possible aux popula-
tions des pays échangistes. En effet, par la concurrence, ce
mode d'échange aboutit à une division du travail avantageuse
à tous.
Pour justifier la mise en oeuvre de la théorie de
Ricardo,
les auteurs libéraux soutiennent qu'il ne peut y
avoir d'échange inégal lorsque le mécanisme des prix joue
librement. La thèse soutient également que la concurrence
permettra de réaliser des
baisses
de coûts de production,

-
119 -
de stimuler la recherche d'innovations techniques et qu'elle
oblige à améliorer la qualité des produits. Ainsi, grâce à
la baisse des coûts de production et la spécialisation
les
consommateurs tout comme les producteurs sont bénéficiaires
du libre-échange.
Ainsi, lorsque la question s'est posée aux P.M.D
de savoir quelles règles du jeu il fallait adopter pour favo-
riser le commerce, la théorie économique avait une réponse.
Elle nous avait déjà enseigné la principale
d'entre elles: permettre a~~ produits de s'échanger libre-
ment.
Cependant, le libre échange instauré sans discer-
nement conduit à de graves inconvénients parmis lesquels on
peut
ci te r
la disparition d'entrepwises, faute de pouvoir
s'adapter aux conditions de la concurrence.
l'opportunisme de certaines entreprises qui
cherchent à profiter de conjonctures circonstancielles;
- l'étouffement des jeunes entreprises. Aussi, les
P.M.D
ont constaté que les échanges entre partenaires de ni-
veau et de structure économique très différents sont presque
toujours préjudiciables aux pays dont le niveau est le plus
bas.

-
1 20 -
Le postulat selon
lequel l'accroissement du libre-
échange favoriserait le développement économique de tous les
pays qui y prennent part semblait illusoire. Il est donc natu-
rel que nombre d'économistes de ces pays prennent leur dis-
tance par rapport au système de libre-échange.
La proposition généralement faite dans le cadre du
libre-échangisme est l'élaboration d'une stratégie commercia-
le à vocation régionale. Associant de façon préférentielle les
économies Nationales de pays ayant une demande domestique voi-
sine et appartenant aux mêmes zone historiques et culturelles,
les P.M.D espèrent ainsi réaliser une modernisation Cà l'abri
de la concurrence étrangère) de leur structure productive et
en même temps accumuler le capital nécessaire au "déc.ollage.".
Cependant, SI l'on estime que le protectionnisme
est dans certains cas nécessaire, il convient de noter que
son acceptation implique quelques dangers. Des effets d'une
trop grande protection, il faut craindre l'apparition de
monopoles de fait et la possibilité de ne pouvoir produire
en grande série pour des pays peu ou moyennenment peuplés.
La constitution des zones suppose l'abandon d'une
optique commerciale basée sur la seule loi Ricardienne des
avantages comparés au profit de modèles fondés sur les préfé-
rences nationales de structure~ oü l'optimisation s'établit à

-
1 21
-
(1
partir de critères politiques autant qu'économiques
). Ce
faisant,
l'on part
non de l'offre
mondiale,
mais
de
la
demande domestique de chaque pays, privilégie
les
échanges
entre pays parvenus à des stades de développement comparables,
èe qui signifie des affinités réelles,
des structures écono-
(2
miques comparables et aussi des intérêts communs
).
Ainsi,
le prix de vente d'un produit est fixé en
fonction d'abord du marché intérieur et de la situation éco-
nomique mondiale.
La portée du premier point est restreinte parce
que nous raisonnons dans le cadre de conventions. Quant à la
structure des échanges, elle n'est pas neutre au regard des
droi ts
de douane.
"La .6tn~~c..:tune. de..6 -i..mponta..:t-i..o n.6 pan.
bnanc.he. do-i..t
êtne. m-i...6e. e.n nappont ave.c. la pnoduc.t-i..on e.t le. manc.hé dome..6t-i..-
QUe. du pnodu-i..t : .6-i.. le..6
éc.hange..6 ne. ne.pné.6e.nte.nt Qu'une. pant
na-i..6le. de. la pnoduc.t-i..on
e.t/ou du manc.hé d'un pnodu-i..t,
on .6e.
tno uv e. de. va nt un .6 unplu.6 e.xp onta ble. 0 u d' imp 0 ntatio n.6 .t-i.. é e..6
1 -
STANSTANDAERT,
"F-i..c.hte. a.6 a de.ve.lopme.nt Ec.onom-i...6t" -<..n
c.ultune..6 e.t déve.loppe.me.nt". XIV,
1982,
4,
681-694.
2 -
Andné Gnj e. b-i.. ne. : "La Ylouve.lle. éc.onomie. -i..nte.nnat-i..onale..
De. la c.n-i...6e. mOYlCÜ-ale. au déve.loppe.me.nt autoc.e.ntné",

PUF,
1 980 .

- 122 -
à Ll.ne. de.mande.
de. di66éJt.e.nc.e." (1) •
Dans ce cas, la demande ne se modifie pas en
fonction des variations de prix, si bien que l'efficacité de
la réduction tarifaire est faible.
En effet, quand un "pe.-L<"t. pay.6"
rédui t un droi t
de douane sur une importation dont la production est compéti-
tive,
les pays exportateurs n'en tirent aucun bénéfice(2).

;
1"
Il est tout à fait possible que les espaces commerCIaux crees
par la baisse des tarifs douaniers, soient occupés par des
économies plus concurrentielles. Dans ces conditions, il se
creusera un déficit important des pays échangeurs, puisque
les calculs de réciprocités qui ont guidé les accords de coo-
pération seront
déjoués(3).
Sous cette hypothèse,
le bien-
être des consommateurs ne pourra augmenter qu'avec un accrois-
sement des impcrtations.
1 -
He.nfLi- FJt.ançoi.6
He:11.11.e.Jt. e.t. GéJt.aJt.d LAFAY
: "Me..6l.LJt.e. e.t. fimi-
t. e..6
de. fa
fi b éJt.afi.6 at.i 0 n t.afLi 6aiJt. e. ". Ec.o 11.0 mi e. Ap pfiq Ll. é e.
Tome. XXXIII.
1980.
-
n01
LibJt.aitU.e. VROZ-Ge.nève. PP.
240.
2 -
R. CaWe..6 e.t. R. Jone..6
:
Ec.onomie. I11.t.e.Jt.nat.ionafe. Tome. 1
Le. c. 0 mm e.Jt.c. e. 0p.
c.i t..
19 8 1 PP.
2 2 8.
3 -
He.nfLi-FJt.ançoi.6 HenneJt. et. G.
LAFAY op c.it..
Ec.onomie
App fi q Ll. é e. ,
Tom e. XXXII l
YI 0
1 -
19 8 0 Ge. n è v e. PP.
2 4J - 2 4 8 •

-
123 -
Pour détecter donc les effets positifs ou négatifs
du libre-échangisme entre
P.M.D, il faut se demander si les
échanges relevant des différents accords commerciaux augmen-
tent ou pas. Pour répondre à cette interrogation, il faut sa-
voir Sl la séparation des marchés est fondée sur des barrières
légales ou pas. On peut constater que dans de nombreux cas,
la suppression des barrières douanières ne fait que régulari-
ser une situation qui existait, ce qui permet de conclure que
la levée de cet obstacle aux échanges ne crée pas toujours
un marché concurrentiel.
Cependant, à un niveau plus limité (pratiquement
régional), quelques pays ont déjà mis en place des mécanismes
commerciaux préférentiels. La dissolution de certaines unions,
la création ou l'extension de nouvelles, provoquent des mouve-
ments d'échanges réciproques. En fonction de l'étendue des
différentes unions et des objectifs qu'elles s'assignent (u-
nion douanière, marché commun), le volume du commerce peut
connaître des écarts. Nous donnerons ici quelques cas de re-
groupements dont l'examen statistique permettra dans le cha-
pitre quatre, de déceler l'importance des transactions au
sein de ces regroupements
. la C.E.A.O et la C.E.D.E.A.O en Afrique de l'Ouest.
Jusqu'à leur accession à l'indépendance, les pays francophones
d'Afrique de l'Ouest étaient regroupés en fédération. Cette

-
124 -
fédération reposait sur le plan économique sur le principe de
la libre circulation des produits et des facteurs de produc-
tion à l'intérieur de la zone, et un seul tarif douanier ré-
gissait les pays de la fédération.
L'accession à l'incfé'pendance de ces pays va en-
trainer une dissolution de la fédération et de nouvelles cons-
titutions de zones ou marchés économiques. Avec cette disso-
lution, la coopération commerciale s'est atténuée entre les
pays de l'ancienne fédération. La fragmentation de l'espace
économique de cette partie de l'Afrique a influencé les échan-
ges mutuels, soit dans le sens d'un renforcement entre certains
anciens membres, soit dans le sens d'une nouvelle orientation .
. L'U.D.E.A.C. en Afrique Central
Ce groupement qui était l'U.D.E. sous la colonisation, a su
garder les liens économiques après l'accession à la souverai-
neté nationale. Les principes et règles qui régissaient cet
ensemble faisaient de lui un véritable marché commun. On peut
remarquer que les échanges entre ces pays gravitent autour
du Cameroun qui contrôle l'essentiel de la circulation des
marchandises entre les pays membres .
• La
C.E.A.E.
en Afrique de l'Est
L'objectif principal de cette communauté a été de réduire les
inégalités de développement entre les pays membres. Après
avoir constaté les déséquilibres économiques, les pays membres

-
1 25 -
se sont concentrés sur les déséquilibres du commerce mutuel
(le Kenya apparaît comme le centre de gravité de cette
union(1).
-l'A.S.E.A.N.
en Asie du Sud-Est.
La coopération économique s'est concrétisée entre ces pays
par la répartition de projets industriels
".t'UJ1.ée. à
.t'Indoné~le. e.t a .ta Ma.tal~le. ; .te.~ ~upe.J1.rho~phate.~ aux
Phl.tlpplne.~, .te.~ mote.uJ1.~ dle.~e..t a SlngapouJ1. e.t .te. ~aJ1.bone. de.
~oute. a fa ThaZ..tande.,,(2).
Le marché commun des Caraïbes
Le marché commun centre américain
- Le groupe Andin en ~nérique Latine et
- L'association latino-américaine d'intégration.
En dehors de ces communautés, on trouve des ac-
cords bilatéraux tels que
:
-
l'accord d'expression des échanges et de coopéra-
ration économique passé entre
:
- L'Inde, l'Egypte et la Yougoslavie,
- Le protocole concernant les négociations com-
merci ales entre 16 Etats, à savoir:
le Brésil, le Chili,
la Corée,
l'Espagne, la
Grèce,
l'Inde,
Israël, le Pakistan, le Pérou,
la Tunisie, l'Uruguay,la Yougoslabie,
le Mexique
et les Philippines
B.
VINAY "L'A6Jtique. ~omme.J1.~e. ave.~ .t'A6J1.lque. .PUF, PaJ1.l~
lQ68,
PP.
Il à
37.
2 -
Mak.taJ1. DIOUF,
op. ~lt. page. 136.

-
1 26 -
Les signataires de ces accords s'accordent réci-
proquement un traitement tarifaire et non-tarifaire préféren-
tiel.
Les pays ou groupes de pays semblent profiter de
leur avantage naturel qui est en l'occurrence, l'avantage géo-
graphique pour l'utilisation optimum des facteurs de produc-
tion et des moyens de communication. Aussi, au sein des re-
groupements,
l'offre et la demande sont très souvent concen-
- - -
trées dans quelques pays, ou
tout au plus, l'offre est con-
centrée et la demande un peu plus éparpillée. Cette situation
est à rapprocher de la nature des biens échangés et de la spé-
cialisation de certains
P.~l.D. En effet,
la nature de l'in-
dustrialisation de ces pays ne permet pas d'espérer un effet
concurrentiel entre industries. En fait,
les regroupements
effectués se rattachent plus aux critères théoriques et posent
quelques problèmes au moment de la réalisation effective.
En réalité, malgré leur proximité, les P.M.D ne
sont pas unifiés au plan économique. De manière caractéristi-
que, ils sont plus concurrents que complémentaires et ces
intérêts concurrents font qu'il est difficile de former une
communau té.
Pendant que les tarifs douaniers sont abaissés dans
le cadre d'accords régionaux de coopération, on observe simul-
tanément la montée d'obstacles non-tarifaires. Cela semble
traduire l'existence d'un seuil incompressible de protection.

-
127 -
A l'heure actuelle donc le libre-échange semble avoir épuisé
ses effets bénéfiques et
bute contre de nombreux obstacles.
2° - LA THESE DU PROTECTIONNISME DIFFERENTE
Au cours de ces dernières années, un protection-
nisme intra-régional s'est développé dans les
P.M.D.
Des arguments,
tels que la jeunesse de l'industrie,
la volonté
de réduire la dépendance excessive vis-à-vis de l'extérieur,
celle d'augmenter l'interdépendance ... ont été avancés pour
justifier cette pratique. Cette politique de discrimination
commerciale qui frappe les échanges intra-régionaux est fon-
dée sur un concept défensif à deux facettes
:
- empêcher l'entrée
de produi ts étrangers sur le
marché sous-régional ;
- orienter les
consomnateurs
vers les produi ts
nationaux.
VAITSOS et HUGHES(l) estiment que ces politiqués
sont les meilleurs véhicules pour une plus large libéralisa-
tion dans le cadre des échanges entre
P.M.D.
1 -
VAITSOS
e.,t HUGHES:
"PJtomot--éol1 de..6
éc.hal1ge..6
e.l1tJte. palf.6
e.11 déve.loppe.me.l1t".
F--él1al1c.e..6 e.t déve.loppe.me.l1t.
MaJt.6
19 8Z.
11 0
1.

-
128 -
Les auteurs préconisent cette stratégie en vue
d'éviter le coût con~ercia1 de la diversification et de re-
chercher les opportunités de création du commerce.
Le protectionnisme différencié consiste en la créa-
tion de zones commerciales, ce qui peut bien évidemment favo-
riser les exportations des pays membres de la zone par rapport
aux autres à travers les changements de compétitivité due aux
tarifs douaniers différenciés.
Les Unions dounières rentrent dans ce cadre en con-
ditionnant les effets de cré~tion ou au contraire de diversion
des échanges(1). En fait,
la protection différenciée établie
un libre échange régional
; les tarifs douaniers sont suppri-
més entre Etats membres, mais l'on maintient
au tarif extérieur
vis-à-vis des pays tiers.
La formation sur le commerce international a deux
effets opposés sur le commerce international.
- En premier lieu, elle crée
des échanges en
augmentant les importations. Il y a création de commerce lors-
qu'il y a glissement des sources d'approvisionnement nationales
vers les partenaires, résultant de la réduction des droits de
douane.
1 -
V.G.MAYES,
"The. e.66e.c.:tf.,
06 Ec.oYlom.{c. .{Yl:tégJw:t.{oYl on. :t.tr.ade."
]ou.tr.n.al 06 c.ommoVl. ma.tr.R-e.:t f.,:tud.{e.f."
Vol XVII
n. 0
1,
Se.p:t.
1978
PP.
1-25.

-
1 29 -
- En second lieu, elle détourne une quantité d'im-
portation du fournisseur étranger dont le coût était faible
au profit de partenaires dont le coût est élévé. Il y a donc
détournement de trafic lorsque les achats effectués par les
membres de ces zones douanières les un chez les autres auraient
été faits,
en l'absence de ladite réduction dans les pays
tiers. La figure suivante permet de résumer ces effets de
création et de détournement des échanges commerciaux(1).
Offre
Prix des
impo rtatii ons
K
P
. Demande
1
-+---
L-~':-_ _-----':::----=-_ ~
. ~
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1 -
R.
CAVES
e.:t R.
JONES:
"Ec.onomie. in:te.!tna:tionafe..
Tome. l
Le. c.omme.!tc.e..
Coffe.c.:tion U.
ARMAND COLIN 1981
PP.
24J à
250
'

-
130 -
Les hypothèses adoptées pour illustrer les effets
des préférences commerciales sont les suivantes :
- L'on adopte l' hypothès e de "p e.ut pa!j!.J" et sup-
pose que le prix mondial (op) détermine une offre infiniment
élastique. Cette hypothèse permet d'éliminer les effets défa-
vorables sur les termes de l'échange une fois
l'union réalisée.
La parfaite élasticité de l'offre est également émise, de sor-
te que l'on.
dispose d'une quantité illimitée au prix (op),
ce qui suppose que ce prix mondial ne change pas.
Le partenaire potentiel étant soumis au même droit
de douane que le reste du monde avant l'Union,
il est considé-
ré exclu du marché à cause de son prix avant l'imposition du
droit de douane
(supérieur à celui du reste du monde).
Après l'union douanière, le partenaire potentiel
n'est soumis à aucun droit de douane, alors que le droit (Pk)
continue de s'imposer au reste du monde. Dans ces conditions
le partenaire potentiel préalablement exclu des échanges, de-
vient le partenaire privilégié puisque tous les importations
proviennent de lui. Ce détournement des échanges ne se fait
que par des coûts. ~n effet,
il entraîne une perte de la partie
hachurée sur le graphique qui représente l'augmentation du
coût 01 D1 , désormais produit par le partenaire.

-
131
-
A la suite des travaux de JACOB VINER(1), dont
l'ouvrage "te )'Jf1.obtèrne de~
UnioM
douaniè.lLe~" paru en 1960,
est considéré comme la reférence obligée, plusieurs économis-
tes considèrent que le caractère favorable d'une Union doua-
nière s'apprécie à travers ses effets de création ou de dé-
tournement des échanges. VINER et d'autres économistes ont
appréhendé
là,
les effets statiques
d'une
Union
douaniè-
re sur le bien-être général. Mais en dehors de ces effets sta-
tiques, on mentionne des effets dynamiques qui sont par exem-
pIe,
la diminution de l'incertitude, économies d'échelle, con-
currence accrue, moteur d'une meilleure efficacité économique.
Les conclusions des analyses de J. VINER ont poussé d'autres
économistes à entreprendre des recherches dans ce domaine.
Ains i MAKTAR DIOUF (2) cons i dère 'que toute l' analys e des
.. Unions douanières
fai t corps avec la théorie néo-classique tra-
ditionnelle de l'équilibre micro-statique.
En effet, le cadre statique esquissé par
Jacob VINER permet d'évaluer les effets de création ou de dé-
tournementdes échanges SIon reste dans l'hypothèse d'équili-
bre concurrentiel. Mais la détermination de cet effet stati-
que épuise-t-elle le sujet? , les partisans de l'intégration
1 -
Jac.ob
VIMER
:
"The c.u~tom~ Union i~~ue" New-YolLR.,
CARNEGIE
endowment on~ intelLnationat peac.e,
1950,
Chap.
4.
2 -
MAKTAR DIOUF:
"Inté-glLation é-c.onomique NEA,
Pubti~ud
1964,
pp 21-29.

- 132 -
estiment que non car tous les effets significatifs ne sont
pas forcément statiaues.
Pour essayer de dynamiser l'analyse H.G. Johnson
-
,
et R. MUNDELL ont introduit l'hypothèse de variabilité des
termes de l'échange, alors que J. VI~ER les avait supposés
constants.
La seconde tentative de dynamisation de cette
approche a été l'oeuvre de SCITOWSKY qui a rompu avec l'idée
de coûts constants, pour introduire l'hypothèse d'économies
d'échelle. Pour cet auteur,
les économies d'échelle trouvent
leur origine dans la concurrence que permet l'union douanière
entre les pays membres. Il aboutit à la conclusion que l'ef-
fet positif des Unions douanières se situe non pas au niveau
des effets de création et de détournement du commerce, mais
à celui des économies d'échelle.
Mais parmi les gains dynamiques de l'Union on peut
ajouter la stimulation de la concurrence et des investissements.
Cependant, de façon générale, les
P.M.D
qui constituent des
Unions douanières placent l'essentiel de leurs espoirs dans
les économies d'échelle. Mais ceci n'est-il pas paradoxal
dans la mesure où ces pays ne sont pas suffisamment spécialisés
dans des productions qui permettent de se concentrer sur des
modèles particuliers.
En d'autres termes, ces économies pro-
duisant très souvent les mêmes biens, peuvent-elles attendre
des gains découlant d'économie d'échelle?

-
133 -
La raison profonde qui préside à l'instauration
de politique protectionniste différenciée entre
P.M.D est
la recherche du gain dans les échanges.
On est alors tenté
de se demander si les échanges entre P.M.D
sont plus renta-
bles que ceux avec d'autres notamment plus développés.
En d'autres termes, faut-il que les P.M.D
orien-
tent exclusivement leurs échanges entre eux?
Evi demmen t les théorie s di te s "Jté.vo tutio nnai/1.e..6 "
s ' empres seron t de répondre par l' affi rmat~.,ve, m2is -me
ré flexion
plus approfondie conduit à nuancer la réponse à cette question.
Ainsi, Balassa estime qu'il n'y a aucune raison
pour des
P.M.D
de concentrer les politiques économiques sur
seulement quelques types de commerce comme celui entre
P.M.D.
Pour l'auteur, ce qui est souhaitable, c'est plutôt la réduc-
tion génrale des barrières douanières au commerce. Par contre,
(1
pour OL1 HAVRY LYSHYN et Martin WOLF
),
"toJt.6que. ta potiti-
.6e.ute. me..6uJte. potitique. pJtatique. pe.Jtme.ttant de. vainQJte. te..6 gJtou-
pe..6 de. pJte..6.6ion pJtote.Qtionni.6te..6 d' éQhange..6".
Les auteurs précisent toutefois que l'objectif ne
doit pas être seulement une intensification des échanges
Sud-Sud.
1 -
: OLT HAVRYLYSHYN e.t MaJttin WOLF:
"PJtomotion de..6
é.Qhange..6
e.ntJte. pay.6 e.n dé.ve.toppe.me.nt . FinanQe..6 e.t dé.ve.toppe.me.nt,
n01 maJt.6
1982.
page..6
]]-21.

-
134 -
Pourtant, le programme de caracas (1981) contient
des accords sur la nécessité de créer un système de préféren-
ce commerciale entre
P.M.D. Ce programme est fondé sur
l'hypothèse que les échanges entre ces pays ne peuvent se
développer de façon spontanée. Aussi,
l'on propose le système
de préférences pour encourager une répartition géographique
du commerce.
Mais si la plupart des pays semblent épouser l'idée
d'un système de préférence commerciale, quelques problèmes
pratiques restent à résoudre. En effet, les questions suivantes
démeurent des sujets à controverse:
- la libéralisation "L<.m-i..;tée."
ou protectionnisme
différencié doit-il s'étendre à l'abaissement des barrière ta-
rifaires et non-tarifaires uniquement ou doit-on inclure
d'autres mesures
(contrats de vente et d'achat) pour la pro-
motion des échanges ?
- le second problème qui se pose est de savoir si
les tarifs doivent être réduits, produit par produit ou s'ils
doivent se faire de façon globale.
- enfin, comment coordonner ce système de préféren-
ce au niveau de l'ensemble des
P.M.D
et les accords commer-
ciaux régionaux existants ?
Ces questions permettent de s'interroger sur les
caractéristiques des échanges et de voir que ceux-ci ne sont
ni instantanés ni même immédiats.

-
135 -
L'effet gravitationnel, prenant en compte le dy-
namisme de l'exportation, son objectif est l'analyse des cau-
ses du mouvement des biens, c'est-àJdire l'analyse des rela-
tions entre les forces appliquées et le mouvement qui en ré-
suIte. Aussi, cette analyse se doit de montrer que la concep-
tualisation du mouvement des Uc.onp6 met en jeu le6 pnopni~t~6
de l ' u ni v e'L6 U ( 1) .
La question consiste alors à se demander si on
peut transposer dans l'univers économique, ces propriétés phy-
siques en vues d'une analyse économique. Selon Daniel DUFOUR
"int~gnen c.e6 c.onc.ept6 dan.6 une th.~onie non c.ontnadic.toine
.6uppo.6e néc.e.6.6ainement l'abandon de la n~6~nenc.e à la c.o6molo-
gie c.la.6.6ique.
L'a.6.6imilation de la dimen.6ion .6patiale pan
la th.~onie
~c.onomique ne .6 'ac.h.~vena donc. qu'avec. lr~tude de.6
"
,,--.f--, d
or
_"
_.
",,(2)
P/LO P/L,{. (2.-c (2./.J
e.{. e.6 pac. e (2.c.onomcQu~
1 -
Daniel DUFOURT :
"Lr~c.onomie mondiale c.omme .6Y.6t~meU
PUF de Lyon,
1979 PP.
460.
2 -
Daniel DUFOURT op.
c.it PP.
462,
1979.
PUF LYON.

-
1 36
-
CONCLUSION DU CHAPITRE
======================
Nous avons tenté d'analyser les échanges entre
P.M.D dans le cadre des modèles de gravitation en tenant comp-
te de la spécificité de ces pays. Aussi, nous avons volontai-
rement favorisé le facteur "di.6ta.Ylc.e." c'est-à-dire l'aspect
obstacle aux échanges entre les unités économiques. A cet
effet, l'accent a été mis sur les facteurs institutionnels,
monétaires, politiques, culturels et l'infrastructure de com-
munication existant dans les pays. Ces éléments sont à notre
avis, ceux qui représentent les véritables entraves au pro-
cessus d'échanges. L'orientation des échanges de ces pays
prend en compte, aussi bien les effets physiques, psychologi-
ques, institutionnels, que de simples habitudes d'achat des
consommateurs. C'est peut-être ce dernier aspect, qui expli-
que que les pays commercent plus avec des pays proches qu'avec
d'autres plus éloignés. Aussi, on peut remarquer que si les
frontières artificielles constituent un obstacle majeur aux
échanges, les forces historiques
(culture, langue . .. ), peuvent
quant à elles, jouer le double rôle d'attraction et de répulsion
et cet aspect n'est pas visible dans les modèles mathémati-
ques de la gravitation.

DEUXIEME PARTIE
L'EFFET GRAVITAIRE DANS LES ECHANGES ENTRE
---------------
---------------
P.M,D, : ETUDE EMPIRIQUE.

-
138 -
Jusqu'à très récemment encore,
le commerce entre
P.M.D
était assez mal connu et dans la construction des ré-
seaux mondiaux d'échanges, ces pays constituaient un bloc peu
différencié. Or, si l'on considère que les relations commer-
ciaux structurent l'espace économique des pays, l'existence
de zones fortement concentrées et de puissance plus grande dans
certains pays que dans d'autres a de lourdes conséquences dans
la mesure où ce phénomène fait apparaître une hétérogénéité
n~patialen de ces économies. C'est d'ailleurs cette hétérogé-
néité qui assure la dynamique des échanges. Il importe donc
de comprendre les phénomènes économiques de ces pays à partir
des réalités spatiales. Il convient à cet effet d'analyser les
causes de cette hétérogénéité et de se poser la question de
savoir comment elle intervient dans l'étude de la gravitation
des échanges.
La stratification des pays devra permettre de con-
juguer harmonieusement, observation et explication en vue de
fournir un tableau plus précis des interactions économiques
entre P.M.D.
Mais quelles que soient les méthodes utilisées
pour classifier les pays en ensembles économiques, ce schéma
se déforme sous l'effet de variables non prises en compte.
Ainsi,
les regroupements obtenus ont forcément un caractère
relativement artificiel car les régions économiques sont vé-
ritablement imprécises et ont par conséquent une frontière mo-
bile. Nous estimons que si l'on veut rendre compte de façon

-
139
-
concrète de l'effet gravitaire dans le commerce entre P.M.D,
ce sont les espaces économiques qu'il faudrait analyser en
prenant les courants d'échanges aboutissant ou en partant,
comme la cause fondamentale de leur hiérarchisation.
Les pays ou groupes de pays seront considérés du
point de vue économique, comme simultanément un centre de
consommation et de production. Mais on peut se demander si
l'on trouve réellement deux niveaux distincts: l'espace de
production et l'espace de commercialisation; nous pensons
qu'il faut sfefforcer de maintenir un lien entre les deux.
Cependant, exprimés en aire "d'apptr.ovi.6ioYlYlemeYlt" ou de
"matr.c.hé.", il est probable que certains pays auront une zone
de ltr.ayoYlYlemeYlt" plus étendue que d'autres et ceci aboutira à
la détermination des zones d'attraction commerciale.
En partant de l'hypothèse que c'est le facteur
économique qui engendre la multiplicité des centres d'attrac-
tion, nous retiendrons les facteurs qui nous permettront de
faire ressortir pour chaque région, la ou les centres d'at-
traction du groupe. Le recensement des centres "attitr.e..6"
et
"attitr.aYlt.6", qui définissent une sorte de carte des zones
d'attraction commerciale, nous semble indispensable à l'ana-
lyse de l'effet gravitationnel. Pour atteindre nos objectifs,
nous chercherons à systématiser les rapports entre le commer-
ce extérieur des P.M.D les moins avancés et l'action des plus
avancés.

-
140 -
CHAP 11RE II 1
LES PARTICULARISMES REGIONAUX DANS L'ARTICU-
============
LATION INTERNATIONALE DES ECONOMIES
Les disparités économiques modulent la carte des
échanges des P.M.D et il est permis de dire que la situation
économique de la plupart de ces
pays
est dans une large me-
sure, le reflet de leur dimension et de leur localisation.
Ces deux facteurs
incorporent â notre avis,
les
principales forces déterminant l'attraction commerciale. En
effet, le lien entre la dimension d'un pays
(surface de vente,
population et pouvoir d'achat de la population), sa localisa-
tion (pays enclavé ou côtier) et son degré d'attractivité,
nous paraissent importants â souligner dans la mesure où ils
définissen t les
" pl a c.e..6 c.e.n-tJtale..6" du commerce. Ce qui nous
intéresse ici, c'est de montrer comment les particularismes,
irréductibles, correspondent â la formation d'une certaine
conception de l'espace économique, qui est "l'e..6pac.e. de..6
éc.hange..6".
Cet espace, faut-il encore le souligner, ne cor-
respond pas toujours dans le contexte des P.M.D., â une né-
cessité économique, très souvent il s'agit d'espace géogra-
phique,
culturel linguistique ...

- 141 -
SECTION 1
ELEMENTS GENERAUX DE LA HIERARCHISA-
TION DES PAYS.
La hiérarchie définit des relations asymétriques
entre deux ou plusieurs ensembles. Il s'agit par conséquent
d'un processus qui concentre la prédominance des rapports
dans certains pays, ce qui aboutit à une "polaJti.6at-i:on.".Ces
phénomènes peuvent s'analyser à travers les agglomérations
économiques, démographiques, industrielles, les capacités de
consommation et de production.
A- LA DECOUVERTE DES VARIABLES CARACTERISTIQUES
L'orientation des échanges entre
P.M.D. peut être
perçue comme relevant de l'organisation complexe des pays qui
sont des centres de gravité d'éléments divers. En effet, d'a-
près Alain lYŒTTON(l), "le. c.omme.Jtc.e. n.'étan.t qu'un. .60u.6-e.Yl..6e.mble.
du .6Y.6tème. éc.on.om-i:que., lu-i:-même. Jte.6le.t d'un.e. .6oc.iété, .6a .6tJtuc.-
oJtgan.-i:.6at-i:on. .6e.Jta-i:e.n.t d-i:66ic.ile.me.n.t e.xpl-i:c.able..6,
c.omme. c.e.lle.
de. tout .6Y.6tème. ouve.Jtt, .6an..6 un.e. étude. de..6 -i:n.te.JtJte.lation..6 ave.c.
1 -
Alain. METTON : "Le. c.omme.Jtc.e. uJtba-i:n. nJtan.ca.i..6". PUF PaJti.6
1984, page. 173.

- 142 -
Ainsi, le commerce procèderait de l'existence de
facteurs attractifs et répulsifs et cette action se fait à
travers deux composantes essentielles à savoir l'offre et la
demande.
Afin de mieux apprécier ce c~mmerce, dans les mo-
dèles gravitaires,
il nous semble utile de revenir sur les va-
riables à considérer ce qui permettra de détecter les zones
d'attraction.
Mais nous estimons que la spécificité de l'écono-
mie des P.M.D qui se répercute sur l'étendue et l'intensité
des échanges, fait que les modèles gravitaires appliqués tels
quels, peuvent paraître une formule un peu trop générale.
L'analyse des mouvements des marchandises c'est-à
dire de la structure des réseaux d'échange, ne peut se limiter
à une juxtaposition d'une théorie physique des mouvements et
à une simple mesure de la distance économique. Elle doit con-
duire à mettre en évidence un certain nombre de variables à
savoir
:
1 - L'influence des facteurs historiques et
géographiques
2 - La forme et la densité
3 - La dimension.
L'étude de la structure des réseaux à l'aide
de
ces variables débouche sur une formulation des propriétés de

-
143 -
L'étude de la structure des réseaux à l'aide de
ces variables débouche sur une formulation des propriétés de
l'espace économique. Il faut dans un premier temps, examiner
ces variables qui caractérisent l'analyse des réseaux d'échan-
ge, avant de voir dans un second temps, comment les modèles
gravitaires peuvent se prêter à l'étude des propriétés de
l'espace économique.
Ainsi,
la théorie du capital, celle du commerce
international et celle des formes de marché seront tour à tour
sollicitées.
Mais dans la mesure où l'étendre de l'attraction
commerciale des pays poussent à établir des relations entre
données quantifiables,
il s'agira plutôt de mettre l'accent
plus sur les facteurs succeptibles d'être traités par les mé-
thodes statistiques. On voit donc que notre étude peut aussi
bien être placée sous le signe du qualitatif que du quantita-
tif, ou encore associer ces deux caractères.
En cherchant à répondre à la question : "au.:toufl
de queffe~ ~ompo~a~.:te~ majeu!le~ fe ~ommefl~e ~ 'oflga~~~e-.:t-~f
da~~ fe~ P.M.V", on ne peut s'empêcher de se reférer "aux
f~eux ~e~.:tflaux". Ces lieux sont des espaces de maximisation,
c'est-à-dire des pays et régions à l'intérieur desquels les
agents économiques peuvent trouver des biens et services à des
prix compétitifs et intéressants pour eux. L'attraction commer-
ciale d'un pays pourra donc être reliée à sa proximité ou à

-
144 -
son éloignement par rapport aux centres concurrents car la
proportion des consommateurs ou des producteurs attirés par
les différents centres, variera selon le "Jtayonne.me.n,t"
des
pays. Le concept de zone d'attraction est par conséquent une
approximation qui se refère aux facteurs
jugés les plus im-
portants pour le commerce des pays considérés.
Pour dresser un tableau des facteurs déterminants
des flux d'échanges entre
P.M.D, nous prendrons les compo-
santes du marché: demande et offre. Pour la demande,
l'attrac-
tion s'exprimera au moyen de relations de gravitation portant
sur la population et pour l'offre, l'élément important
sera
la main-d'oeuvre. Mais l'on dégagera également des variables
exogènes qui sont des instruments de politique économique.
1° - L'IMPACT DES FACTEURS HISTORIQUES, GEOGRAPHI-
QUES ET SOCIOLOGIQUES SUR LES ECHANGES.
Moins contraignant que les autres facteurs certes,
le facteur historique fait peser néanmoins sur les économies
de nombreux
P.M.D, des contraintes qui orientent aujourd'hui
leurs économies. En effet, llimplantation d'industries agro-
alimentaires qui trouvent souvent leur origine dans le fait
"c.oloYl-<-a.f",
le tracé des voies de communication ou des fron-
tières politiques, ont laissé des traces souvent profondes
dans les économies. Le développement de cet "hé.JtLta.ge." histo-
rique a fondé des spécialisations et orienté par conséquent les
échanges des pays dans leur majorité.

-
1~5 -
Comment négliger par ailleurs que le facteur géo-
graphique donne une allure particulière à certains pays, les
plaçant ainsi comme des centres de gravité autour desquels le
commerce de la région ou des pays tout entier tourne (port
maritime, grands carrefours, grande gare ... ).
Comme le sou-
ligne René TEBOUL (1), "f' e.nc.fave.me.nt admini.6t!laLi.. n de..6 l1.égion.6
affonge. le. te.mp.6
de. c.iltc.ufation",
et "fe..6
n!laÂ....6 t!lOp éfe.vé.6
de. n!la nc. hi.6 .6 e.m e. nt de. f' e..6 pa c. e. j 0 u e. nt un lt Ôle.
c.ant./1.cùgl'lant. .6 ult
fe..6
éc.hange..6".
Il apparaît ainsi que les réalités de la géogra-
phie physique peuvent être appréhendées comme phénomène gra-
vitationnel dans les échanges entre ces pays.
On distingue en cela les pays enclavés de ceux
situés à proximité de la mer, et l'on remarque que ceux qui
donnent sur la mer ou sur un grand fleuve navigable, consti-
tuent les centres de gravité économiques.
Le facteur transport exerce alors son influence
en liaison avec l'attraction du marché, car il oriente l'accès
des pays aux aires de marché. En introduisant la géographie
dans l'analyse,
la loi du marché et son corrolaire,
1 -
Re.né TEBOUL
: "Le. c.i!lc.uit c.omme. lte.p!lé.6e.ntation de. f'e..6-
pac.e. éc.onomique. (une. !le.fe.c.tU!le. de. f'oe.uvtt.e. de.
Pie.!l!le. de. Boi.6guiffe.be.ltt).

Re.vue. d'éc.onomie. po.f.1tique.,
n02,
1985,
page..6
117-133.

- 146 -
"d-<".6taVlc.e. e.t 6fla-<".6 de. L'1..aVl.6poflt m-<"Vl-<"mu.m", prennent plus d'im-
portance ici. Dans la mesure où les voies de communication de
ces pays n'ont pas été conçues en général pour relier les cen-
tres économiques des pays entres eux, mais plutôt pour joindre
l'intérieur des pays aux ports, il s'est produit une tendance
à la concentration des échanges.
En effet, même si le développement des "pôle..6
c.omme.flc.-<"au.x" ne s'écarte pas véritablement du phénomène d'ur-
banisation, on peut remarquer qu'il se fait plus au profit de
sites propres: à proximité d'axes routiers ou maritimes à
grand trafic. L'existence ou la faiblesse de moyen de trans-
port aboutit ainsi à sélectionner les localisations industriel-
les, constituant par là, une force d'attraction. Il apparaît
donc qu'un petit nombre de pays participeront de manière si-
gnificative à l'attraction commerciale.
Cette concentration va agir à son tour sur les
mouvements des populations en favorisant sa gravitation autour
des centres de production.
La théorie du commerce international interprête
ces mouvements de facteurs comme une alternative aux mouvements
de marchandises (1) . Cette alternative survient dès lors que
1 -
R.A. MUNVELL : IVlte.flVlat-<"oVlal tflade. aVld 6aC.tofl mob-<"l-<"ty"
The. Ame.fl-<"c.aVl
Ec.oVlom-<"c. Re.v-<"e.w Vol 47,
pp 321-335
-
1957.

- 147 -
les obstacles à l'égalisation des prix des facteurs par le
mouvement des marchandises ont un caractère permanent. Evi-
demment les obstacles entrainent des stratégies
d'exploitation
telle la gestion d'un monopole technologique.
L'exploitation de ce facteur monopolistique sup-
pose une stratégie de localisation. Il y a
alors une exploi-
tation différentiée des pays qui fortifie le processus pro-
ductif à l'échelle internationale.
Ainsi, se trouve combinée la théorie du commerce
internationale et celle de la localisation dans le processus
d'internationalisation de la production.
2° - LA REPARTITION DE LA POPULATION ET LA CONCEN-
TRATION SPATIALE DU MARCHE.
Sous ce vocable, on cherche à mettre en évidence
la forme et la densité des réseaux.
La forme des réseaux reflète selon Daniel
DUFOURT(l)
"-te.J.> aLtéJtat-i.oYl.J.> de. -t'e.J.>pac.e. éc.oYl.om-i.qu.e. du.e.J.> à -ta
JtépaJtt-i.t.LoYl. Y!.OYl. ~tYl.-i.&oJtme. de.J.> de.lU-i.téJ.>". Cette inégale répar-
tition des densités
(densité des peuplements) est mise en
J -
VaYl.-i.e.-t VUFOURT : op. c.-i.t, -t'éc.oYl.om-i.e. mOYl.d-i.a-te. c.omme. J.>YJ.>-
t èm e.,
19 79,
PP.
466.

-
148
-
rapport avec le niveau de développement économique.
L'étude de la répartition de la population consi-
dérée comme une différence de potentialité, met certains pays
en position d'exercer une attraction plus ou moins forte sur
les entités consommatrices et productrices. Son analyse per-
met donc de mettre en évidence la structure hiérarchique des
pays. Il faut relier l'évolution démographique aux transfor-
mations des structures de production.
En fait la densité n'est qu'une conséquence indi-
recte de l'inégale répartition des ressources dans l'espace
et des obstacles naturels.
Aussi,
l'étude de cette variable conduit à recher-
cher son impact sur les autres variables.
Les travaux de W.
ISARD(1) ont montré en ce qui
concerne la variable "6oftme", que la répartition inégale de
la densité de peuplement altérait les "aifte..6 de. maftc.hé".
L'influence de la densité sur la dimension a été
définie comme étant une relation de proportionnalité(Z).
1 -
W.
ISARD "Loc.ali.6atioYl. aYl.d e..6pac.e. e.c.oYlomy, Wile.y,
1964,
380 pa.g e.,!' .
2 -
Cn. W.
D'ARCY THOMPSON "OYl. gftowth aYld Foftme.,
c.am6ftidge.,
éd.
abfte.gée.,
1961.

-
149
-
Nous estimons que parmi les facteurs succeptibles
de bouleverser la distribution des activités et des échanges,
on note le facteur démographique. Bien entendu l'évolution
technologique et les tranformations qu'elle implique dans la
structure industrielle d'un pays constituent m élément
de
la
répartition de l'activité économique. Mais on peut soutenir
que l'attraction des centres de travail apparaît comme fonc-
tion d'une certaine répartition de la population. La localisa-
tion des populations s'inscrit donc dans le cadre d'une ana-
lyse d'ensemble qui est l'orientation due à l'attraction du
travail. Ainsi,
les possibilités d'absorption de la main-
d'oeuvre doivent être considérées comme un facteur suscepti-
ble d'influencer le phénomène de gravitation des échanges.
C'est donc à partir de ces éléments que doivent
être examin,§es
les possibilités d'une attractivité de l'espace
commercial considéré. L'intérêt de la connaissance de ce
type de zones est qu'elles permettent d'identifier l'orienta-
tion des courants d'échanges. Et ce mOuvement peut s'analyser
comme une "dév.{.at.{.of1" par rapport à la présence dans certains
pays, de forces "~e.f1tJt.{.6u.ge.-6" et de forces "d'attlta~t'{'of1" qui
drainent vers eux, aussi bien les producteurs en quête de lar-
ge marché, que des consommateurs de services.

-
150 -
(1 5 -64) et la 2012u-
----- ------- -
-
la t ion urb aine.
- - - - - - - - - - - - - -
1
1
0
1
de la popu-
POPULATION URBAINE
(DENSITE
"
1
POPULL\\ TI ON
lation en
1
1
IAU Km2
en 0 de la popu-
% dans
la plus
âge de tra-
il
pop u l a ti or
1
1
(
PAYS
[TI 1980) vailler
lation totale
grande ville
-------------------------------- ----------------
1960
1980
1960
1980
1960
1~SO
1
,
[
P.P.A.
Egypte
45, 15
55
57
41
45
38
39
Philippines
173,60
52
56
... ')
J ..
39
27
30
NiGaragua
23,07
49
51
43
55
41
47
Pérou
13,92
52
56
52
67
38
39
Corée Sud
40S,16
54
64
32
62
35
41
Brés il
15 , 23
54
59
51
71
14
15
Portugal
109,78
63
64
24
30
47
44
Argentine
10,69
64
61
76
84
46
100
Hong-Kong
5300
56
69
89
92
100
100
Singapour
2500
54
67
100
100
100
100
P. l .
Sri-Lanka
233,33
55
60
20
26
28
16
Jamaïque
209,09
51
56
36
52
77
66
Rép. Dominicaine
122,44
48
55
35
54
50
54
1
Colombie
24, 14
80
59
54
66
17
26
Paraguay
7,86
50
55
41
47
44
44
Mexique
38 ,01
50
53
55
69
28
32
Chili
15 ,45
56
63
72
82
38
44
Grèce
74,24
66
64
48
64
51
57
Costa-Rica
47,05
49
59
38
45
67
64
Côte d'Ivoi re
29,50
55
53
23
44
27
34
Nigéria
101,29
52
50
15
22
13
17
Indonésie
8 1 , 13
54
56
16
24
20
23
Sénégal
31 ,63
54
53
27
34
53
65
Source
------
Rapport sur le développement dans le monde, 1985.
Banque mondiale, New-York.

-
1S 1 -
On sait que les agglomérations urbaines ont tou-
jours constitué un "n.oyau" autour duquel s'organise l'espace
économique. Aussi, l'étude des villes des
P.M.D, ne se limite
plus à un simple travail de géographe, puique leur réparti-
tion permet l'examen des facteurs intervenant dans l'attracti-
vité économique et s'inscrit par conséquent dans l'analyse de
la gravitation des échanges.
Ceci nous conduit à dire que, en plus de la popu-
lation en tant que telle, il faut considérer "l'équ-é.pe.me.n.t
c.omme./Lc.-é.al" des pays attractifs et le pouvoir d'achat des pays
attirés. On pourra ainsi se demander dans quelle mesure des
disparités de revenus sont liées aux différences dans la natu-
re des activités économiques et permettent de faire une analy-
se de la structure des échanges des P.M.D à partir des modèles
de gravit~tion économique.
En quoi la différence du facteuT "populat-é.on."
peut-il influer sur les échanges entre P.M.D ? Pour répondre
à cette question,
nous avons dressé un tableau (no]) qui illus-
tre les principales différences que l'on enregistre entre ces
pays en ce qui concerne la concentration de la popul~tion
(densité) et l'urbanisation.

- 152 -
Les indicateurs que nous avons choisi dans ce
tableau à savoir la densité,
le pourcentage de la population
en âge de travailler (la partie dynamique de la population)
et la population urbaine, caractérisent à notre avis, l'équi-
pement commercial d'un "pôte." d'attraction, mais cette liste
peut être étendue à d'autres facteurs. L'urbanisation qui im-
prime à l'économie de ces pays une allure caractéristique, ap-
paraît mieux dans les analyses à travers les comparaisons. Si
l'on constate des caractéristiqtEs
dans un groupe n' apparais-
sant pas dans les autres, c'est que la fonction qui corres-
pond à ces caractéristiques
joue un rôle important dans l'éco-
nomie et par cons éq uen t, est un élément de structuration.
A cet effet, la configuration des trois groupes
de pays offre d'importantes différences qui reflètent leur
niveau d'industrialisation. Il faudra d'abord apprécier ces
données à l'aide d'un critère commun, ensuite rapporter ces
appréciations à la situation à partir .de laquelle
on effectue
les comparaisons pour faire ressortir les écarts révélateurs.
Aussi,
on constate que les P.P.A sont les plus urbanisés, et
puisque l'activité économique est concentrée dans les grandes
agglomérations de ces pays, on peut s'attendre à ce que ces
pays soient les plus dynamiques du point de vue des échanges.
La densité de la population (population/Km2) de
ce groupe également plus forte que dans les autres
(Hong-Kong : 5.300
; Corée du Sud : 408,16, Portugal : 109,69
Singapour : 2.500~ constitue un avantage indéniable. La con-

-
153
-
permet la mise en oeuvre de systè-
de l~ population
de favoriser
centration
capables
et de communications
et des
1
me de transports
des personnes
des
plus ou moins "éfuide"
j
dans l'expansion
la circulation
!
sont très importants
t
de la population
biens. Ces éléments
J
que les
entre pays où l'approvisionnement
échanges
On peut dès lors considérer
cons-
problèmes.
de la clientèle
pose d'énormes
de la concentration
résultant
En effet, l'ag- ,
économies
des échanges.
d'orientation
un facteur
et de marché où cette
tituent
de production
a un avantage
glomération
car il s'en dégage un coût unitaire
que
est concentrée
On remarque
production
au degré de concentration.
s'ar-
qui se rattache
de
des P.M.D , pris comme "c..hamp de C0ltc..e.",
les économies
villes et des agglomérations
tient donc'
autour des grandes
ticulent
de l'urbanisation
Le phénomène
variable.
de ces pay,
dimension
une place de choix dans la gravI" tatl" on cl u commerCe
est l'ur,
l'urbanisation
Selon HüLLIS CHENERy(1) ,
la l' .
des pr
pour lesquels
laJ.son avec la transformation'
Ocessus
des
est étr "
e a pour cause la
'
facteurs
Olte. Il estime qu'ell
de l"
d
modernes t:: ,
\\
croissance
ln Us trie et d es autres aCtivités
à l'
l'incitation
eXode rural.
"
observ
de not
Les premières
atlons stat·
.
lStlques
~
Ue
tableau nO 1
"
revelent q
les Iles et l es grand sports pos~ ,
cl
"
ent Un réseau urbain tres dens e et organisé autour de la ]
/

-
153 -
centration de l~ population permet la mise en oeuvre de systè-
me de transports et de communications capables de favoriser
la circulation plus ou moins "6luide." des personnes et des
biens. Ces éléments sont très importants dans l'expansion des
échanges entre pays où l'approvisionnement de la population
pose d'énormes problèmes. On peut dès lors considérer que les
économies résultant de la concentration de la clientèle cons-
tituent un facteur d'orientation des échanges. En effet, l'ag-
glomération a un avantage de production et de marché où cette
production est concentrée car il s'en dégage un coût unitaire
qui se rattache au degré de concentration. On remarque que
les économies des P .M.D , pris comme -"c.hamp de n0J1.c.e", s'ar-
ticulent autour des grandes villes et des agglomérations de
-,
dimension variable. Le phénomène de,l'urbanisation tient donc
une place de choix dans la gravitat~on du commerce de ces pays.
Selon HOLLIS CHENERy(1), l'urbanisation est l'un
des processus pour lesquels la liaison avec la transformation
des facteurs est étroite. Il estime qu'elle a pour cause la
croissance de l'industrie et des autres activités modernes et
. ·f
l'incitation à l'exode rural .
..
Les première~ observations s~atistiques de notre
tableau nO 1 revèlent que les îles et les grands ports possè-
dent un ~éseau urbain très dense et organisé autour de la plus
1 -
HOLUS CHENERY
: "Changement de.6 .6tJ1.uc.tUJ1.e.6 et politique
de développement".
Ec.ol1omic.a 1981.

1 -
1
j
j
j
- 154 -
1\\1
grande ville, c'est notamment le cas de Hong-Kong et de
Singapour. La proportion de la population urbaine par rapport
à la population totale fait apparaître les traits caractéri-
sant ces pays. Si l'on calcule les indices relatifs à la den-
sité de la population, les disparités apparaissent nettement
avec les autres groupes de pays, puisque cette densité est de
2500 peur Singapour, 5.300 pour Hong-Kong, 408,16 pour la Corée
du Sud, et de moins de 100 pour la plupart des autres pays.
Des différences apparaîssent également en ce qui
concerne les taux d'activité et la nature des activités éco-
nomiques (tableau neZ) .

- 155 -
TABLEAU N°2
I~~~_~~~~!~~~!~-~-~~p~~!~!~~~-~~_!~-~~~~!~!~~~
active dans les différents secteurs de produc-
--------------------------------------- -----
tion.
1
TAUX
POURCENTAGE DE LA.POPULATION TRAVAILLANT DANS:
ID'ACTIVI-
PAYS
L'AGRICULTURE
L'INDUSTRIE
LE SERVICE
TE
(1980)
1970
1980
1970
1980
1970
1980
P.P.A.
d)
Egypte
27,8
56
50
15
30
29
20
a)
Philippines
30,2
57
46
16
17
27
37
Nicaragua
-
57
39
16
14
27
47
Pérou
-
50
40
19
19
31
41
Corée du Sud
37,9b )
58
34
13
19
29
37
Brésil
36,8
43
30
1 7
24
34
46
Portugal
-
39
28
31
35
30
37
Argentine
38,3
18
13
34
28
48
59
Hong-Kong
49,6
6
3
54
57
40
40
Singapour
48,3
6
2
26
39
68
59
P.1.
Sri-Lanka
56
54
14
14
30
32
Jamaïque
46 , 8c )
34
35
25
18
41
47
Rép. Dominicaine
-
64
49
13
18
23
33
Colombie
c
45
26
20
21
35
53
Paraguay
33,9 )
55
49
19
19
26
32
Mexique
35, 6b ~
50
36
21
26
29
38
Chili
32 , 1c
26
19
21
19
53
62
Grèce
-
51
37
22
28
27
35
Costa-Rica
35,5
47
29
20
23
33
48
Côte d'Ivoire
-
87
79
3
4
10
17
Nigéria
-
67
54
1 2
19
21
27
Indonésie
35,5
71
58
9
12
20
30
Sénégal
46,3
82
77
6
10
1 2
13
- l -
a) = 1984
b) = 1980
c) = 1982
d) = 1981
Source - Rapport de la Banque Mondiale sur le développement,
1985.

- 156 -
Selon cet auteur, dans la mesure où "ta ma.6/.se. du.
maJ1.c.hê." peut être considérée comme un facteur attractif de
certaines activités constituant par la même occasion un phéno-
mène de "potaJ1."i..6a,t.{.on.", le niveau de revenu des consommateurs
est un bon indicateur pour apprécier l'attraction, s'il est
élevé. En effet, à l'intérieur d'un groupe de pays, la diffé-
rence de revenus engendre d'importants écarts dans la réparti-
tion des activités économiques, ce qui met en lumière la no-
tion "d'e..6pac.e. potaJU.6ê.".
De ce point de vue, les P.P.A constituent dans
le tableau n03 , là région à revenus~.les· plus élevés avec une
moyenne de 2.418 contre 1.735,5 pour les P.J et 1.247,6 pour
les P.M.A. En considérant le coefficient de concentration du
P.N.B./tête comme un élément important d'attraction, on cons-
tate que la structure de l'espace économique des
P.M.D
s'ar-
ticule autour des P.P.A qui ont les coefficients les plus éle-
vés. Ainsi, les P.P.A. apparaissent, avec les P.I. à un degré
moindre,
les régions capables d'exercer sur les autres, une
certaine attraction commerciale. En étudiant donc ces pays
dans leurs relations commerciales, on se rend compte que les
revenus des uns peuvent influencer cel~ des autres, et on re-
joint alors la notion de "J1.e.Ve.n.U i1 pote.n.tie.t" de WALTER ISARD.
Cet auteur combine les revenus et la distance
dans une formule qui permet de tenir compte de l'effet des
changements de revenus qui interviennent dans d'autres pays


-
157 -
ou régions et qu'on attribue aux flux de marchandises à des-
tination ou en provenance d'un autre pays
(soit i).
La formule s'écrit de la façon suivante: Vi= n
K.
2:
1
y.
j =1 di j
J

n = le nombre de régions (ou pays)
y.
= le revenu de la région j.
J
d .. = la distance entre (i) et (j) et K· est une
1J
J
constante.
Des analyses précédentes, on peut retenir que
l'attraction des revenus se fera dans des cadres régionaux, ce
qui donne plus de poirls au façt~ur distance. Une telle remar-
que conduit à dire que les économies des P.M.D graviteront
autour de quelques centres et que l'attraction diminuera avec
l'éloignement par rapport au noyau central. Ainsi, au regard
des phénomènes d'attraction, les différents pays exerceront
des attractions d'intensité différente puisque les centres et
leurs effets changent avec les masses en jeu.
b - Les niveaux de rémunération.
Les différences de croissance économique des
pays engendrent des écarts de salaires entre zones géographi-
ques. Ces disparités de salaire permettent d'appréhender les
inégalités de développement et les attractions économiques.
Et la manière dont sont réparties les activités industrielles
et les services dans les pays peut expliquer la distribution

-
158 -
de ces salaires. Si l'on admet donc qu'il existe un lien en-
tre rémunération et qualification (ce qui nous semble assez
évident), nous pouvons dire que les disparités de niveau de
salaires
(tableau nO 4), expliquent l'attractivité des P.P.A
sur la main-d'oeuvre. En effet,
l'exode des travailleurs a
sans aucun doute été renforcé par les disparités de salaires
entre P.M.D, puisque si les niveaux de salaires sont assez
identiques dans des pays, aucun n'exercera d'influence forte
sur les autres. En l'occurrence, les échanges de main-d'oeuvre
entre ces pays seront faible.
Il y aura dans une telle
hypo-
thèse, maintien des travailleurs qualifiés dans chaque pays,
ce qui permettra une implantation non-différenciée des entre-
prises étrangères à la recherche de main-d'oeuvre dans chacun
des pays. Les P.I et les P.M.A. constituent dans notre étude,
les zones où les salaires sont moins élevés, ce qui peut fawo-
riser les échanges de main-d'oeuvre entre eux, si elle n'est
pas attirée par les pays ~ salaires plus élevés (les P.P.A)

- 159 -
I~~~_~~~~~1~_~~_~E~!~~~~~~_{~~_~1_~~~_~~1~iE~~
E§~1~_i!~ZQ:~Ql_~!_~E~!~~~~~~_~~~~~11~_i~~_~1
1 TAUX ANNUELS DE
CROISSANCE ANNUELLE
PAYS
CROISSANCE DES
MOYENNE DU P.N.B./
SALAIRES
HABITANT.
P.P.A.
Egypte
2 ,3
3,4
Philippines
- 4, 1
2,8
Nicaragua
-2,6
0,9
Pérou
-2,8
1 , 1
Corée du Sud
9,8
7
Brésil
-
5, 1
Portugal
7 , 2
5
Argentine
-
2,2
Hong-Kong
3,0
6,8
Singapour
2,0
7 ,5
P. I.
:Sri-Lanka
5,2
2,4
Jamaïque
-
0,6
Rép. Dominicaine
0,3
3,4
Colombie
0,7
3
Paraguay
-
3,2
Mexique
2,2
2,6
Chili
-
1 , 6
Grèce
6
5,8
Costa-Rica
3,7
3,2
Côte d'Ivoire
-
2, 5
Nigéria
2 ,4
nd
Indonésie
nd
4
Sénégal
nd
-0,3
France
4,2
3,0
Source
"Le travail dans le monde". Tome 10' Genève 1984,
Pages 124 et 144.
Note: Les données sur les salaires montrent surtout
les mouvements des salaires des grands Etablis-
sements non-agricoles du secteur structuré ou
formel.

-
160 -
- Pour arriver à des salaires à prix constants,
les moyennes des gains ou des taux de salaires
un~~~té divisés par les indices des prix à la
consommation.
- par conséquent, les chiffres ne fournissent
qu'une indication approximative des variations
du pouvoir d'achat des salaires pendant la pé-
riode considérée.
Si nous nous en tenons à nos chiffre, on peut
s'attendre à ce que:
- Les P.P.A attirent la main-d'oeuvre (surtout
qualifiée) du deuxième groupe
;
- du fait du niveau relativement élevé des salai-
res dans ces pays, l'échange de travailleurs
entre eux soit réduit.
Il apparaît à la lumière de ce paragraphe qu'il
y aura déplacement de la population active vers les grands
centres commerciaux et industriels et que ce mouvement se fera,
selon le processus suivant :
Les travailleurs des pays "pauv/te..6 Il de la région
(qui peuvent être retenus
comme pays de la périphérie pour em-
ployer un terme bien aonnu) afflueront vers les plus avancés
(le centre), - croissance rapide. La force d'attraction s'exer-
ce ra de proche en proche, certainement à cause des coutumes,
des informations reçues par les migrants et aussi du fait que
la migration entre P.M.D. soit souvent temporaire.

- 161 -
On peut dire que les déséquilibres économiques
entre P.M.D. sont à l'origine d'une attraction par les I~ZOI1e..6"
les plus "tr.ic.he..6" et d'une répulsion par les "ZOI1e..6" pauvres,
ce qui explique comme nous l'avons constaté dans nos diffé-
rents tableaux, les flux de migration. Les conséquences de
cette migration est de déplacer la demande en faveur des pays
d'émigration.
La migration de voisinage pourrait s'expliquer
par les coûts sociaux qui sont liés aux déplacements entre ré-
gions. La migration peut donc être expliquée comme l'on déjà
fait plusieurs auteurs, à partir d'un modèle gravitationnel
dans les termes suivants(1):
P.
M..
1J
=
J
f(Zi)

d ..
1J
Les modèles gravitaires déterminent la migration
comme ayant un caractère macroéconomique. En relevant le com-
portement collectif de la migration, ces modèles conduisent à
identifier les résultats de ce comportement à partir de la
notion de "di.6:tal1c.e. .6 oc.iaie. " (2) . Ainsi pour E.G. RAVENSTEIN(3)
1 -
Wal:te.tr. ISARD: "Mé.:thode..6 d'al1aly.6e. tr.é.giol1ale.". Tome. 1.
Equili6tr.e. é.c.ol1omique.,
Dunod 1912, Evalua:tiol1 de..6 migtr.a-
:ti a n.6 : m0 d è le..6 :th é. a JÙq ue.J.i .
2 -
Danie.l DUFOURT op. c.i:t PP. 480
3
eÙ'
ERNEST Ge.otr.ge..6 RAVENSTEIN: The. law.6 migtr.a:tiol1,
]outr.l1al :the. Royal .6:ta:ti.6:tic.al Soc.ie.:tu, Vol 48, 1885
PP. 161-235.

-
162 -
il s'agit fondamentalement de prévoir la destination, l'am-
pleur et la durée des flux migratoires, plutôt que de s'inter-
roger sur leur nature. Ce choix de méthode provient de ce que
l'auteur .5time que la majorité des migrants parcourent de
courtes distances. L'auteur, en définissant des lois qui gou-
verneraient, selon lui, les manifestations du phénomène migra-
toire, a donné naissance à un courant de pensée (l'écologie
humaine) qui considère que la migration est la conséquence
d'un effet "attJtac.t.-i.on.-Jtépu.i~.-i.on." (-push-pull) (1).
On retrouve derrière ces formulations du phéno-
mène migratoire, l'idée selon laquelle la direction et l'in-
tensité des flux seraient fonction des potentiels économiques
(possibilité d'emplois, et revenus élevés ... ).
Mais ce potentiel n'est pas uniformément distri-
bué dans l'espace. C'est sur la base de ces hypothèses que les
modèles gravitaires proposent la détermination des flux migra-
toires qui expriment la force d'attraction entre deux lieux
et attribue à la distance (sociale - culturelle - économique)
un caractère d'obstacle. L'approche macrosocial de la migra-
tion, loin s'en faut, ne limite pas la portée explicative du
phénomène par les' modèles gravitaires. En effet, il n'est pas
difficile d'y trouver un raisonnement économique. Ainsi, con-
trairement à la conception des modèles néo-classiques de la
- - - - - -
] - : Van.lei VUFFOURT op. c.lt. PP. 48Z.

-
163 -
migration (qui postulent la formation d'un taux de salaire
réel d'équilibre) on peut utilement faire un raisonnement de
type Keynésien.
Ce modèle permet de montrer que le départ des
travailleurs des régions à bas salaires déprime le revenu et
l'activité régionale, et qu'il s'ensuit un chômage engendrant
une nouvelle baisse du salaire régional et donc de nouveaux
flux mi g rat 0 ire s (1). Pou r Dan i e l DUFOU RT ( 2), " au plZ. 0 C. e..6 .6 lL6
c.umulatin d'appauvJz.i.6.6e.me.nt de..6 lZ.égion.6 à 6a.6 .6alailZ.e..6, e.n~
c.le.nc.hé palZ. le..6 plZ.e.mièlZ.e..6 miglZ.ation.6, c.OlZ.lZ.e..6pond le. plZ.oc.e..6.6U.6
c.umulatin de. pola~..6ation de..6 ac.tivité.6 dan.6 la lZ.égion plZ.O.6-
pèlZ.e.",
selon les modalités voisines de l'approche gravitaire.
Les disparités régionales que l'on observe dé-
bouchent donc sur des effets de concentration de revenus et
des évolutions démographiques différentes se manifestent par
l'attraction des facteurs de production.
1 -
Cn. MARC TERMOTE
: "Le..6 mouve.me.nt.6 miglZ.atoilZ.e..6 inte.lZ.lZ.é-
gionaux au .6e.in du malZ.c.hé c.ommun" Re.vue. d'éc.onomie. poli-
tique. MalZ..6-AvJz.il
1974.
PP. 211-227.
2 -
Danie.l VUFFOURT op. c.it. PP. 494.

-
164 -
Du point de vue de l'analyse des structures
d'échanges, l'application des modèles gravitaires aux phéno-
mènes migratoires est utile car elle permet de montrer la si-
militude des lois qui gouvernent les mouvements dans l'espace.
Aussi, il est possible comme l'a d'ailleurs re-
marqué ZIPF(1), d'expliquer le mouvement des hommes et des
marchandises à partir du principe de moindre action. Cette
convergence des résultats témoigne de l'existence d'une dé-
marche méthodologique commune applicable aux modèles gravi-
taires, que celle-ci ait pour objet l'analyse des migrations
ou celle des échanges de biens.
En définitive,
l'application des modèles gravi-
ta:ires aux migrations revèle l'existence de variahles struc-
turelles
:
- une qui exprime la proximité des centres à
partir de la détermination de l'intensité des
flux d'échanges.
- une autre qui affecte la répartition géogra-
phique qui se manifeste par la spécificité de
certains facteurs,
tels que les liens
histori-
ques, culturels ....
1 -
c6. Ge. a Jt9e..6 KHlS LEif Zl P F : "Th. e. PI' P 2 1 V. HIf P0Hf ES l S :
On th.e. ~nte.~~lty move.me.nt on pe.Jt.6on.6, Ame.Jt~~an .60~~oto­
g~~at Re.v~e.w,
Vot Il, PP. 611-686,
Ig46.

-
165 -
Ces spécificités conduisent à moduler la confi-
guration du réseau d'échanges.
Cependant, les divergences de performances éco-
nomiques revèlent une concentration de potentiel qui doit
trouver son interprétation dans les intensités d'échanges.
B - L'IMPACT DES FACTEURS DE DIFFERENCIATION SUR LE MOUVEMENT
DES ECH,~NGES
L'analyse des structures hiérarchiques d'échanges
condui t à adopter la no tion de "m 0 da.t.Lté"
forgée par LOCH (1) .
Nous sommes donc amenés à détecter les points de départ et
d' arri vée des divers· flux qui parcourent l'espace économique
qui nous intéresse. Cette démarche permet de reconnaître l'im-
portance des centres qui sont à l'origine ou auxquels abou-
tissent les flux observés.
Dans l'analyse du paragraphe précédent, nous
avons pu nous rendre compte de la forte "po.taJti.oation" de
l'espace économique à travers les flux de migration, des ni-
veaux de revenu et des rémunérations. Ce phénomène n'est cer-
tes pas récent mais dans la mesure où l'on ne peut plus consi-
dérer les
P.M.D comme un bloc homogène, on peut y déceler
1 -
LOCH {Al, The [~onomi~.6 06 .to~ation, New Haven, Ya.te
UniveMitq PJte.o.6,
]Q54,
page 101.

-
166 -
des asymétries d'échanges. Ces asymétries découlent des attrac-
tions différentes qu'exercent les payS les uns sur les autres.
Aussi, on peut considérer que les échanges entre
P.M.D
sont
un système d'interdépendances hiérarffiisées
où les plus avancés
notamment les
P.P.A., jouent le rôle de pôle d'attraction
ou de gravitation.
Pour notre étude, nous allons établir une analo-
gie de ce processus avec l'approche contemporaine en économie
régionale. La méthode est justifiée dans la mesure où, ce qui
se passe au niveau régional peut très bien s'appliquer sur un
plan international.
Ensuite, nous verrons l'attraction des centres
de production et de consommation sur les autres régions.
1 0 -
UNE. ANALOGIE -AVEC :L.'·cAP,PROC:HE· CONTEMPORAINE
REGIONALE.
Comme l'indique Bernard PLANQUE Cl), "l.' oJtgaYl.-,U,a-
tiOYl. .6pat..to-ê.c.oYl.om..tque. e..6t e.Yl. pe.JtmaYl.e.Yl.c.e. .6oum..t.6e. à cle..6 te.Yl.claYl.-
Dans cette optique, la notion d'espace diffé-
rencié doit être saisie, à travers l'hétérogénéité des pays.
De l'analyse des facteurs d'hiérarchie entre P.M.D, du para-
1 -
Be.JtYl.aJtcl Pl.aYl.que.,
op.
c...tt. page. 138. Voc.toJtat
ArX-EN-PROVENCE 1981.

-
167 -
graphe précédent, il est ressorti que
- Les grands centres économique~ des P.M.D,
c'est-à-dire les P.P.A renforcent leur position en attirant
des deux autres groupes, les facteurs de production les plus
dynamiques (la main~d'oeuvre qualifiée). Ce phénomène permet
de penser que ces pays se doteront d'activité en pleine ex-
pansion.
- Par contre, les autres P.M.D qui sont en quel-
que sorte subordonnés aux premiers, se contenteront d'activi-
tés secondaires dont les coûts deviennent croissants dans les
pays du premier groupe.
Cette situation se résume par les auteurs de
l'économie régionale en deux grandes phases successives:
" p ha..6 e. c. e. ntJL.<.p èt e. e.t p Il a.-6 e. c. e. ntJL.<. 6u 9 e. " •
Les forces "c.e.ntfl..-tpè.te.-6" attirent les activités
dans les centres et les forces "c.e.ntfl..-tr6uge.-6~l les y repoussent.
La coexistence de ces deux tendances opposées, explique les
phénomènes d'hiérarchie et s'intègre parfaitement dans l'ana-
lyse gravitationnelle. Selon les pays et du fait de la mobili-
té hiérarchique des facteurs et des biens, les coûts globaux
de production seront plus élevés dans un type de pays par
rapport à d'autres et ceci explique la localisation des entre-
prises et donc l'orientation des échanges entre pays. Du fait
de la dotation factorielle différente des pays, il s'en suit
un effet de polarisation dû à la concentration des activités

-
168 -
économiques dans les centres industriels urbains, mais aussi
selon P. DJONDANG(1), à l'attraction intellectuelle qu'exer-
cent ces centres sur les environnemen~.
Cette analyse est conforme à l'observation et à
l'analyse précédente de nos différents tableaux. En effet, le
drainage du capital humain par certains pays arabes, d'Améri-
que Latine et d'Asie, n'est rien d'autre qu'une forme de pola-
risation, qui se remarque comme on le verra, dans l'orienta-
tion des échanges de biens et services.
Ce drainage des travailleurs étrangers peut s'ex-
pliquer par les différences de revenus et par les écarts de
rémunération. Le terme de "polalL-t.6at-ton." utilisé pour désigner
la concentration de certains facteurs économiques, ne doit
pas être pris dans un sens péjoratif comme cela se rencontre
fréquemment dans la littérature, mais plutôt comme, selon les
termes de P. DJONDANG "u.n.e. pIL-tme. à l'avan.c.e. -tn.du..6ttie.lle." des
(Î)
P.P.A par rapport aux autres P.M.D ~ .
L'observation que l'on peut tirer de ce qui pré-
cède, c'est que les relations entre P.M.D présentent non pas
un seul foyer de "polalL-t.6at-ton." mais plusieurs, selon les biens
] -
P.
VJONVANG : "Le..6 méc.an.-t.6me..6 de. pIL.iX. da.n..6 la. tILan..6m.i.6-
.6-to n. de. .ta c.l1.OL~.6a;1c.e. e.n.tILe. palJ.6 .in.égale.me.n.t déve.loppé.6".
Thè.6~ c.ompléme.n.ta-tlLe. A.ix-En.-PILove.n.c.e. 1Q16, page. 186.
2 -
P.
VJONVANG op. c.-tt.
page. 189.

-
169 -
échangés. Mais les échanges les plus intenses s'effectuent
entre pays de même région,
ce qui fait dire que la distance
culturelle, physique et politque jouent un raIe très important
dans les échanges entre ces pays. La hiérarchie des échanges
entre P.M.D, tout comme celle qui a existé et qui continue
d'exister entre P.M.D et pays développés
(P.D), relève d'une
logique qui nous semble implacable: la différence de poten-
tialités économiques. C'est l'un des aspects ignorés (volon-
tairement ou non) par les analyses tiers-mondistes de l'échan-
ge inégal, vu comme un scandale. Or il nous semble que la con-
centration des activités productives dans les pays les plus
avancés est une chose désormais- banale en analyse économique.
Cette concentration ne peut par conséquent que orienter le
mouvement des échanges (dominants ou dominés).
La distance, notamment technologique qui sépare
deux ou plusieurs pays, permet de donner une explication plau-
sible à ce phénomène. En effet, la distance technologique
"JLe.Yl6oJLc-e. be.l e.t bie.Yl la .oupJLématie. de..o
éc-oYlomie..o
"le..o plu.o
avaYlc-ée..6" e.t le.UJL e.66ic-ac-ité daM le..o .oe.c-te.UJL.o à pJLogJLè.6
te.c-hYliq ue. JLapi de." (1) .
Ce dynamisme plus élevé des pays les plus avancés
(économiquement), exerce une attraction sur les populations
et
les échanges des pays "attaJLdé.o". La direction des échanges
1 -
P. VJONVANG : op.
c-it page. 190. Thè.6e. c-ompléme.YltaiJLe.
Ai x - e. Yl- PJL 0 v e. Yl c- e. ,
19 1 6 .

-
170
-
2° - L'ATTRACTION DES CENTRES DE PRODUCTION ET
DE CONSOHMATION.
Le phénomène d'attraction fait référence aux muta-
tions technologiques et permet d'analyser l'évolution des
structures productives en l'occurrence la substitution des
facteurs de production et la structuye de la qualification de
la main-d'oeuvre. '.Ainsi 'posé, ' le problème se ramène à une ana-
lyse en termes d'offre et de demande.
L'évolution générale des niveaux de vie et l'aug-
mentation des achats qui en résultent, permet de nouvelles ins-
tallations industrielles dans une région donnée.
Le rythme de l'évolution de la demande sur le
marché d'un produit exerce une grande influence sur les struc-
tures de l'industrie correspondante. L'effet de l'attraction
de consommation se saisira donc à travers les implantations
d'unités productives.
a - L'attraction des centres de consommation.
Plutôt que d'exprimer la demande potentielle du
marché en tenant compte du nombre d'individus dans le pays
concerné, nous retiendrons la demande solvable. Pour représen-
ter cette demande, nous prendrons le taux annuel moyen de
croissance du P.N.B/tête. La confrontation de cette demande
et le nombre de firmes dans chaque pays nous permettra de ti-
rer des conclusions quant au rapport entre la répartition des
firmes et le revenu national par tête.

- 171 -
Le tableau n° 5 ne nous permet pas de constater
de très grandes disparités entre les
P.M.D
quant à la con-
sommation privée, cependant, nous avons retenu cet indicateur
car il exprime mieux le niveau de vie des populations.
Ainsi, on trouve à une extrémité
(la borne supé-
rieure),
les
P.P.A
où le développement économique est rela-
tivement complexe et où le taux annuel de croissance de la
consommation privée est en moyenne de 6,25 % (1960-70) et
5,62 % (1970-80). Dans ce groupe de pays, on remarque que le
taux de consommation annuelle a baissé.
Mais, de façon générale, et pour les trois grou-
pes de pays, le taux annuel moyen de croissance de la consom-
mation privée est supérieure au taux annuel moyen de croissan-
ce du P.N.B/tête. Par rapport aux deux autres groupes de pays,
les taux de croissance de la consommation privée des P.P.A
reflète l'existence d'une prospérité, d'une abondance de
ressources et probablement d'une plus grande diversification
économique. Aussi, malgré la baisse des taux dans ce groupe
(la moyenne passant de 6,25
(1960-70) à 5,62 (1970-80), ils
restent plus élevés que dans les autres groupes.
Il est donc normal et c'est ce qui se passe, que
ces pays attirent le plus grand nombre de firmes.
En effet, on y dénombre 19 firmes multinationales
parmi les 500 premières mondiales non-américaines. Cette per-

- 172 -
formance n'est pas négligeable et confirme la hiérarchie de
développement entre ces pays.
A côté de ce groupe,
on trouve les P.I
(Pays
intermédiaires) où le taux de croissance de la consommation
est passé en moyenne de 5 (1960-70) à 3,87
(1970-80), marquant
ainsi une baisse.
Ce groupe a attiré 0 des firmes multinationales
parmi les 500 premières non américaines.
Si nous retenons 5 % comme taux de croissance de
la consommation privée relativement élevé,
on voit que les
P.P.A peuvent être considérés comme étant des régions à forte
consommation sur toute la période 1960-70
1970-80. Alors
que les P.I sont seulement des pays à forte consommation pour
la période 1960-70.

- 173 -
I~~_~~~~~1_~~r~~_~~_~~~~~~~~~~_~~_~~~~~~lI~!~
(1~§Q:~Ql_~_I~~~_~~~~~1_~~_~I~~~~~~~~_~~_!~_~~~­
~Q~~~!!~~_~I~~~~_{l~~Q:ZQL_ZQ:~Ql·
TAUX ANNUEL DE
TAUX ANNUEL MOYEN DE
CROISSANCE DU
CROISSfu~CE DE LA CONSO~WA­
PAYS
PNB/TETE
TION PRIVEE (%)
(1960-80) (1)
1960-70 (2)
1970-80 (3)
P . P .A .
Egypte
3,5
6,7
6,6
Philippines
2,8
4,7
4,9
Nicaragua
0,6
7,6
-
Pérou
1 ,0
7 , 1
3, 1
Corée du Sud
6,9
7 , 0
6,8
Brés il
5, 1
5,4
8,0
Portugal
4,8
5,5
3,8
Argentine
1 ,9
4,5
1 , 2
Hong-Kong
6,9
8,6
10
Singapour
7,4
5,4
6,2
P.1.
Sri-Lanka
2,5
2 , 1
2,6
Jamaïque
o,8
3,0
-1 , 5
Rép. Dominicaine
3,3
6,3
5,9
Colombie
3,2
5,5
5,3
Paraguay
3,5
5,3
7,6
Mexique
3,8
7,0
5,9
Chili
0, 7
3,7
1 , 0
Grèce
5,4
7 , 1
4,2
Source
Les chiffres sont tirés
- - -
- Pour la colonne 1, du rapport sur le développement
dans le monde, Banque Mondiale 1984.
- Pour la colonne 2 et 3 : Rapport sur le développe-
ment dans le monde 1985.
- Colonne 4 : J.L.
MUCCHIELLI : "Les firmes multina-
tionales
: mutations et nouvelles perspectives. Eco-
nomica, Paris, 1985, page 170.

-
174 -
Mais malgré cette fluctuation,
on relève une répartition
assez équilibrée de la consommation privée dans les pays des
deux groupes
(P.P.A et P.I). Et l'on constate que les pays où
le taux de consommation privée est inférieur à la moyenne du
groupe, sont en grande partie des pays africains
; le groupe
qui a le taux de croissance de
P.N.B/tête le plus faible,
(en raisonnant toujours sur les moyennes), est aussi celui qui
a exercé le moins d'attraction sur les firmes multinationales.
Ce peu d'intérêt accordé à ces pays par les grandes
firmes multinationales se comprend:
(faiblesse des revenus,
souci de bénéficier de certaines économies externes provenant
d'infrastructures existantes ... ). Ceci donne justement un
" c.JL ê.n.e.au."
aux firmes des
P.M.D.
plus petites et s'accommo-
dant bien avec l'économie de ces pays.
En analyse économique, on s'attache très souvent à
expliquer pourquoi un certain nombre de changements structu-
rels ne se produisent pas au même moment dans tous les pays.
Ces transformations peuvent s'expliquer par
l'évolution de la composition de la demande in-
térieure, qui elle-même dépend des revenus dis-
tribués et de la complexité de l'industrie du
pays considéré
;

-
175
- et du changement dans l'avantage comparatif. En
effet, selon HOLLIS CHE\\ERy(1)"-€"augme.l1tatiol1
de.
-€.a
pa~t de. ~'itldlL~t~e. dal1~ -€.e.
p~oduit tota-€.
de.ux
6aC.te.UM".
L'attraction des centres de production s'exerce au
niveau de la main-d'oeuvre. Aussi, les huits principaux pays
arabes d'accueil comptaient en 1975, 278.700 travailleurs in-
tellectuels et techniciens étrangers; ce chiffre devrait pas-
ser, selon les estimations de la Bnaque Mondiale, à 918.800
en 1985. Et c'est parmi les P.M.D. les plus pauvres
(Afganistan, Bangladesh, Soudan,
les deux Yemens) que l'exode
est le plus important. Le changement de la demande qui se rat-
tache à ce mouvement de la population, nous a semblé être
l'essentiel pour situer les zones d'attraction due à la pro-
duction. Ces zones seront caractérisées par une forte propor-
tion de la population urbaine (que nous apprécierons par l'ex-
pression de son taux annuel moyen d'accroissement)
les taux
d' acti vi té: des pays considérés et le nombre de consommateurs
théoriques sont saisis à partir de la population totale
(tableau n06). Nous choisissons de tabler sur ces facteurs dans
1 -
H.
CHENERY
:
"ChatY1ge.me.l1t de.~ ~t~uc.tuJr.e.~
de. politique. de.
déve.-€.oppe.me.l1t".
Ec.ol1omic.a,
flaw
1981, page. ] 3.

- 176 -
la mesure où l'exode rural est un phénomène très important
dans les P.M.D.
Il s'explique par le fait que toutes les activités
économiques rémunératrices se concentrent dans les grandes
villes. L'examen du tableau n° 6 nous permet de dire que la
hiérarchie mentionnée est encore respecté puisqu'il fait res-
sortir les disparités géographiques qui existent entre les
deux groupes de pays. Nous imputons cette répartition asymé-
trique à la différence d'activité économique.
En ce qui con-
cerne la mutation économique, on peut dire que les premières
installations d'unité productives ont conduit à réduire l'in-
certitude, à améliorer l'information et à mettre en place des
infrastructures économiques. Les configurations qui apparais-
sent dans notre tableau n06, nous invitent à penser que les
différences proviennent de la dispersion de l'activité écono-
mique et de la dimension des richesses en ressources de cha-
que pays. Il est cependant difficile d'établir une liaison
étroite entre population et les autres indicateurs du tableau,
car il n'y apparaît aucune logique qui permette une interpré-
tation dans ce sens. Cela relève du fait que la population
en elle-même n'est pas forcément un bon indice dans les éco-
nomies moins développées; il faut lui adjoindre un autre
qui reflète le pouvoir d'achat. Dans les pays développés,
on peut dire comme Jacques BOURRINET(1) "que plu-6 le quantum
] -
Ja.c.que/.> gOURRTNET : "Le-6 éc.ftange-6 inteJtnationaux".
IPay/.> en voie de développementl. PUF,
PaJti-6. Cuja-6 1911.

-
177 -
de la p~oduQtio~ e~t ~lev~, plu~ le taux de Q~oi~~a~Qe peut
ê. t~ e ~a pide", et l'a u t e u r a j 0 ut e : "à Q a ~ di ti a ~ que la pop u-
latio~ Qo~id~~e.e da~~ ~e~ i~dividu~ ou da~ ~a QolleQtivit~,
~oit a~ime.e du de.~i~ d'~pa~g~e~ et d'i~ve~ti~". Or justement,
cette condition n'est pas toujours remplie dans les
P.M.D,
le revenu étant souvent très maigre.
Evidemment, ce bas niveau des revenus s'exprime
par une ~aible demande et devient
un frein aux échanges.

- 178 -
TAUX ANNUEL MOYEN
TAUX D'ACTIVITE DE POPULATION
D'ACCROISSEMENT DE LA
LA POPULATION
TOTALE(1980
PRODUCTION URBAINE
(L'ANNEE LA PLUS
PAYS
\\!0
RECENTE
----------- ----------- -------...;~ ---------
EN MILLIOr:
1960-1970
1970-1980
TAUX
ANNEE
D'HABITANT
P.P.A.
Egypte
3,0
2,9
27,8
1980
45,2
Philippines
4,0
-
-
-
52, 1
Nicaragua
4,4
5 ,2
-
-
3,0
Pérou
4,7
3,6
-
-
17,9
Corée du Sud
6,5
4,8
37,9
1980
40,0
Brésil
4,5
4, 1
36,8
1980
129,7
Portugal
1 , 2
2 , 5
-
-
10 , 1
Argentine
2, 1
2 , 1
38,3
1980
29,6
Hong-Kong
2, 1
2,7
50,2
1980
5,3
Singapour
1 ,8
1 ,3
48,3
1980
2,5
P. I.
- -
Sri-Lanka
3,4
2,9
-
-
15 ,4
Jamaïque
4,3
2, 7
46,8
1980
2,3
Rép. Dominicaine
5,6
4,7
-
-
6,0
Colombie
4,4
2,9
-
-
27,5
Paraguay
3,2
3,3
33,9
1980
3,2
Mexique
4,8
4 , 1
35,6
1980
75,0
Chili
2,8
2,4
52 , 1
1980
11 , 7
Grèce
2,5
2,6
-
-
9,8
Côte d'Ivoire
8,2
8,5
-
1980
9,5
Nigéria
4,7
5, 1
-
-
93,6
Source
Les chiffres de la premlere colonne sont
tirés
du rapport sur le développement dans le monde 1985,
page 234-5.
Il en est de même de la dernière colonne.
Les chiffre de la colonne
deux sont tirés de l'annuaire
des statistiques du travail (BIT) Genève 1984, pages
13-14.

- 179 -
SECTION 2
L'EVOLUTION DES STRUCTURES D'ECHANGES
L'augmentation des échanges entre P.M.D qui avait
été lente jusqu'à pratiquement 1978, s'est sensiblement accé-
lérée depuis lors. En effet, selon Jean-LEMPERIERE(1), les é-
changes entre P.M.D ont doublé de 1978 à 1980 et dépassaient
les 44 milliards de dollars (US) en 1981. Le commerce entre
ces pays s'est donc nettement amélioré et ce retournement tra-
duit le comportement différent des divers pays exportateurs
et importateurs. L'équilibre de la production et du commerce
est progressivement modifié avec l' appari tion de ces "nouveaux
producteurs sur le marché international. Mais dans ce commer-
ce, l'aspect régional a été privilégié, et on peut dire que
la relative réussite de ces échanges a été rendue possible
grâce aux regroupements régionaux. Mais la comparaison des
évolutions par régions n'est pas suffisante en soi dans la me-
sure où il existe des disparités au sein même de ces regrou-
pements de pays. Aussi, nous semble-t-il qu'un examen des é-
changes bilatéraux s'impose et cette analyse devra être menée
parallèlement à celle que.l'énorme travail statistique que
constitue l'analyse des réseaux d'échanges comportant plus
d'un flux est difficilement réalisable dans le cadre d'une
telle étude.
1 -
Jean
LEMPERIERE
:
"Le développement de.o
éc.hange.o c.ammeJt-
c.iaux entJte pay.o
du tieJW - ma nde.".
Le Mo nde Vip-f.omatiq ue
mai 1985,
nO
314.

- 180 -
A - :TEND,l\\NCES RECENTES DES ECHANGES
On peut envisager cette question comme étant la dé-
termination des places occupées par les exportations et par
les importations dans le produits des pays. Cette optique nous
conduirait alors à examiner le solde des balances commerciales.
On constatera que les déficits des balances de paiements de
ces pays sont couverts par les capitaux extérieurs. Aussi, les
problèmes commerciaux de ces pays ne peuvent être séparés des
mouvements financiers sur le plan international, et c'est pour-
quoi nous envisageons d'examiner l'effet de la multinationali-
sation des firmes sur l'orientation des courants d'échanges
entre P.M.D.
Notre intention sera de montrer de façon concrète,
l'évolution des échanges des P.M.D, rendue possible par l'indus-
trialisation et le dynamisme exportateur de certains. Mais
pour mettre en évidence cette évolution, nous sommes partis
de l'année 1970, en estimant que les entreprises industrielles
d'exportation étaient plutôt rares dans les années 1960.
Pour notre analyse, il ne nous a pas été possible
d'obtenir des séries temporelles statistiques, ce qui ne de-
vrait pas avoir une très grande influence sur l'analyse.
Le tableau n07 construit pour retracer l'évolution
des échanges (exportation-importation) des P.M.D nous fait
remarquer que la part des échanges avec les pays développés
diminue,
tandis que le commerce entre pays peu développés
s'intensifie.

- 181 -
TABLEAU N°7
Evolution des échanges entre P.M.D.
,
,
PART DES EXPORTA-
!
i% DES IMPORTATIONS EXPORTATIONS EXPORTA-
TIONS VERS LES PjvlD
EN PROVENANCE DES DE BIENS MA- TIONS DE
PAR RAPPORT AUX Ek
PMD PAR RAPPORT
NUFACTURES
MARCHANDI-
PORTATIONS TOTALES
AUX IMPORTATIONS VERS L'ENSEM- SES
VERS
PAYS
(%)
TOTALES
BLE DES PMD
L'ENSEMBLl·.
(EN % DU
DES PMD
TOTAL)
(EN %' DU
------ --- --
--- --- -------------------
TOTAL
- -- - - -,- ----- ----- --- -
1970
1975
1980
1970
1975
1980
1960
1980 1960
198U
l----.
P.P.A
Egypte
3,38 .
4,48 42,79
6, 61
5,90
6,73
39
1 5
39
31
Phi lippines
2,93
0,65
3, 51
3,39
14,34 15~09
9
21
6
24
Nicaragua
1 0, 51
10,03
8,85 26,89
32,18 47,38
45
98
9
26
Pérou
2,40
2,52
4,35
6,43
1 , 17
4,10
47
53
16
26
Corée du Sud
3,30
5,38110,13
3,48
15,93 22,62
17
33
11
25
Brésil
6,77
4,41
5,42
3, 71
15,40 24,54
37
52,50
13
33
Argentine
23,09
17 ,32 16,02 18,76
9,45 15,64
35
49
20
35
Hong-Kong
-
-
-
22,76
31 ,87 32,30
36
18
45
20
Singapour
7,37
10,83 27,07
5,83
11 , 81
!
31 ,87
94
48
42
54
Portugal
-
-
-
-
-
-
44
48
42
16
!
P.I
!
- -
Sri-Lanka
15,55
16,58
8,45
1 , 17
11 , 81
1 ,87
35
16
22
46
Jamaïque
i
°,15 2,76 5, 12 6,07 16,22 36,78
27
1 7
4
20
Rép. Dominicainel 4,36
2,23 13,97
6,22
-
25,21
-
-
-
-
Colombie
5,93
8,74 10,89
6,29
4,94
7,31
43
65,50
5
23
t
Paraguay
29,33
31 ,79 36,88 29,70
50,49 52,84
16
-
39
59
Mexique
2,46
5 ,18 12,52
1 ,22
0,88
2 , 1 7
29
31
7
9
Chili
1 ,97
8,74 11 ,36
2,66
5,36 1 2,91
55
69
9
26
Grèce
-
-
-
-
-
39
28
13
21
-
Cos ta- Rica
:.
14,90
19, 1 1 23,87 11 , 31
1 8 , 01 19,19
22
89
7
30
,
Nigéria
3,56
5,95
6, 51
-
-
-
9
-
4
9
Indonésie
15, 81
15,37 14,68
5, 51
7,82 17, 54
46
65
42
25
Sénégal
12,98
1 2, 61 19, 31
3,98
9, 1 3 19,45
24
75
11
35
1
i
L
1
Source
Les chiffres sont tirés du statistical yearbook,
1981 , New-York.

- 182 -
Limitée à l'évolution des échanges des P.M.D, cet-
te analyse conduit à distinguer les échanges pris globalement
des échanges de deux groupes de produits
: les produits manu-
facturés et les marchandises. Les constatations du tableau 7
suggèrent qu'entre 1970 et 1980, les P.M.D enregistrent une
intensification de leurs échanges mutuels. Le renversement de
cette tendance permet une étude de l'effet gravitaire dans le
commerce de ces pays.
Le changement de la tendance des échanges a commen-
cé à se faire véritablement sentir à partir de 1975, pour de-
venir plus visibles en 1980. Le tableau nous montre également,
qu'à l'instar des échanges globaux, les échanges par produits
sont divergeants.
La question essentielle qui est à poser ici, est de
savoir si la croissance des échanges entre P.M.D peut s'analy-
ser en termes d'effet gravitaire.
2° - LES GRANDS COURANTS D'ECHANGES
Le tableau nO 7 qui illustre l'évolution récente
des échanges entre P.M.D fait apparaître des modifications
importantes.
a) -
~~~_~~h~~g~~_g!2~~~~
Pour les périodes 1970 ; 1975 ; 1980, la part des
exportations adressées au P.M.D par rapport aux exportations
totales est passée de 11,30 % à 14,99 % puis à 17,22 %

- 183 -
Les P.P.A ont connu une évolution très irrégulière
de leurs exportations: on note une alternance d'expansion et
de baisse. La part des importations en provenance d'autres
P.M.D est cependant régulière et connaît une nette augmenta-
tion :
10,81 en 1970 ; 15,29 en 1975
; 22,25 en 1980 ; nous expli-
quons ce fait par les importations de pétrole. En effet, les
plus grands clients (importateurs des P.M.D de pétrole), font
partie de ce groupe de pays.
Les années 1970 et 1975, ont été marquées pour ce
groupe, par une exportation très intense vers les pays déve-
loppés
; ceci pourrait s'expliquer par les délocalisations
industrielles et par le fait que les autres P.M.D n'avaient
pas encore un niveau de développement capable d'attirer les
biens produits dans les
P.P.A.
En ce qui concerne les
P.I., la part de leurs
exportations vers les autres P.M.D a suivi celle des
P.P.A
avec cependant une part plus élevée en 1970
(16,31).

- 184 -
Ce groupe de pays a connu une part des importations
fortes,
ceci est dû à leur intermédiaire, qui les rapproche
plus des premiers, du point de vue du niveau de développement
(tableau nO 8).
ANNEES
TENDANCE }!OYENNE DES TENDANCE MOYENNE DES
1
EXPORTATIO~------
IMPORTATIONS---
.------- -----r------------ ------T-------
GROUPE
DE PAYS
1970
1975
1980
1970
1975
1980
1
P. P. A.
7,46
6,95 14,70
10,81
15,29
22,25
P. I.
16 ,31
13,10 13,69
7,50
14,71
19,74
L
Source
Les chiffres de ce tableau sont obtenus à partir de
ceux du tableau n07.
Nous expliquons la forte part des exportations de
l'ensemble des
P.M.D vers les pays développés par la spécia-
lisation des premiers. En effet, nos statistiques prennent en
compte toutes les exportations
(produits primaires, manufac-
turiers ... ), or l'échange des produits primaires entre P.M.D

- 185 -
reste très faible, la presque totalité de ces produits sont
dirigés vers les pays développés.
La principale remqrque à faire,
est que la part
des exportations des deux groupes de produits retenus, s'est
accrue plus rapidement que celle des exportations totales.
En considérant les groupes de pays constitués, on
voit d'une part que la nette progression des P.P.A est due à
l'exportation vers l'ensemble des pays, ce qui n'est pas le
cas des deux autres groupes. En effet, la progression des ex-
portations de ces derniers se localise dans quelques pays et
qui ne sont d'ailleurs pas les mêmes en 1960, 1962 et en 1981
et 1982.
Pour les produits manufacturés, on remarque que
l'augmentation des échanges est plus élevée:
- dans les P.I
en Colombie, au Paraguay et au
Chili ;
- au Costa-Rica, en Côte d'Ivoire, en Indonésie,
au Sénégal.
En replaçant ces pays au sein des regroupements ré-
gionaux, on se rend compte qu'ils constituent les centres de
gravité des échanges.

-
186
-
Pour les marchandises, les mêmes remarques peuvent
être faites avec la particularité que les exportations augmen-
tent plus vite que les biens manufacturés. On peut donc dire
qu'un pourcentage élevé des échanges entre P.M.D
repose sur
ces deux groupes de produits et que l'exportation de ces
grands produits est le fait de quelques pays "noyau.x" , ceci
est surtout visible dans les deux derniers groupes de pays.
Cette évolution divergente des échanges des principaQ~ produits,
exprime l'effet gravitaire du commerce entre ces pays.
Mais, nous estlmons qu'au-delà de cette destination
globale des échanges, il faut faire apparaître l'aspect bila-
téral des échanges entre P.M.D, comme indiqué dans les
tab 1eaux n 0 9.

- 187 -
TABLEAU N° 9
~!!~~!~!~_~~~_§~~~~g~~_~~!!~_~:~:~~_i~!~~~i­
E~~~_f!~_~~~~~~!!~!i~~-~i!~!~!~~) .
g!9~~~_I
1
go
~I
TAUX D'ACCROISSEMENT
1
1
l DU TOTAL
1
%
ORIGINE
DESTINATION
------
------
_··------1·-----_·- ------. -------
1
1970
1975
1980
h970-75
1975-80 1970-8;
Egypte
JO °
100
100
1 2,97
16,78
14,86
Israël
5,98
~ement Démoc.
0,06
0,00
8, 1 7
-24,78
366,79
87,40
lt\\utres pays +
99,94
100
91 ,83
1 2,29
13, 27
27,99
Italie
Corée du Sud
100
100
100
43,63
28,03
35,61
Arabie Saoudite
0,02
1 ,80
5,42
265,40
59,65 141,53
Mong-Kong
3,29
3,59
4, 71
46, 18
35,22
40,59
1
~utres pays
96,69
94,61
89,87
43,00
26,72
81 , 21
Hong-Kong
100
100
100
100
24,27
20,97
~.M.D.
kutres pays
lOO
100
100
17,75
24,27
46,33
i
Philippines
00
100
100
25,55
17,04
21 , 22
f\\rabie Saoudite
1 ,09
10 , 32
9,95
96,50
16 , 18
51 , 10
Kowei t
2,29
4,01
5, 14
40,43
22,96
31 ,40
A.utres pays
96,62
85,67
84,91
23,91
15,66
43,32
Brés il
00
100
100
25,91
18,35
22,07
A.r gen tine
49,05
57,86
58,76
15,61
23,29
19 ,39
~utres pays
50,95
42,14
41 ,24
14,17
38,22
57 , 81
Singapour
00
100
100
28,18
29,22
28,70
. Malais ie
Hong-Kong
4,07
7,34
7,70
44,19
30,48
37, 16
Thaïlande
3,29
3,49
4,36
23,05
35,12
32,36
Autres pays
92,64
89,17
72,94
27, 21
24,13
57,91
Nicaragua
00
100
100
21 , 17
11 , 27
16 , 11
Véné-zuela
4,10
12,42
16,91
51 , 20
18,34
33,76
Costa-Rica
7,04
7,06
13, 18
21 ,25
26,06
23,63
Guatemala
7 ,94
7,06
11 , 56
18,33
22,82
20,55
El Salvador
7,79
5,63
5, 71
13,54
11 ,61
1 2, 57
Autres pays
73,13
67,83
52,64
19,36
5,77
26,25

- 188 -
\\
tPérou
1" 30
100:
JOO
100
1 , 57
15, 26
Argentine
6,43
J , 17
4, 1 0 - 6,94
30,50
10 ,20
Autres pays
93,57
98,83
95,90
32,23
0,96
33,50
Argentine
100
100
100
10,80
22,05
16, 29
Brésil
7 , 81
7,20
9,53
9,02
29,088
18,63
Italie
15 , 2 7
10 , 11
6,48
2,02
11 ,67
6,74
Autres pays
76,92
82,69
83,99
1 2,4 1
22,43
37,63

- 189 -
TABLEAU N° 9
~!E~~!~E~_9~~_~~~2E!~!~2~~_~~!E~_~~~~~~
(~~~_EE~~~~E~~_f!~~1
gE2~~~_!!
1-
%
TAUX D'ACCROISSEMENj
DU TOTAL
%
ORIGINE
DESTINATION
-----_.- ------ ------ -------,------r-----
1970
1975
1980
19 70- 75 19 75-8 0r19iO-S l
Sri-Lanka
100
100
100
14,00
22,28/18,0 1
Arabie Saoudite
0,03
1 2, 1 2
10,48
268,81
18,78 1 109,3\\
Iraq
0,31
0, 11
6, 19 -
6, 71 170,88
58,9,
Autres pays
98,84
83,63
77,94
10,25
20,56
32,9.
Rép. Dominicaine
100
100
100
33,10 - 4,66
12,6 ~
Vénézuela
0,45
0,32
11 ,97
24,74
95, 71
56 ,2 ~
Espagne
3,91
1 ,90
1 ,99
15,26 - 3,77
5 ,3 1
Autres pays
95,64
97,78
86,04
1 1 ,37
13,54
26,4 l
C!
Paraguay
100
100
100
22,13
1 2,25
17 fl.
Argentine
27,40
28,53
23,91
23,13
8,35
15 ,5 (
Brésil
1 ,94
3,25
12,97
35,45
48,00
41 ,5 f
Autres pays
70,66
68,22
63,12
21,27
10,52
34,0.
Colombie
100
100
100
12 , 1 3
25,54
1 8 ,6 ~
Vénézuela
1 , °5
1 ,28
4,22
16,65
59,26
36,3C
Espagne
5,23
3,66
3,08
4,38
21 ,33
12 ,5 L
Autres pays
93,72
95, 06
92,70
12,45
24,91
40,48
Mexique
100
100
100
19,94
38,59
28,9 :
Espagne
1 , 17
0,68
6,93
7,68 120,21
53 ,9~
Iraël
0,07
1 ,45
3,30
117,17
63,27
88 }S
Brésil
0,52
0,75
1 ,40
44,09
30,71
37 ,2:
Autres pays
98,24
97,12
88,37
19,38
36,38
62,6 (
Jamaïque
100
100
100
16,40
0,96
8 ,41
Vénézuela
4,37
13,73
22,36
46,34
11 ,3O
27 6
, ~
Antilles nerland.
1 ,70
2,49
1 4,41
25,59
43,41
34,2
Chil i
1 00
10O
100
10,51
30,57
2°,1 ,
Brés i l
2,66
5,35
8, 16
27,08
42,02
34,3i
Gabon
-
0,00
4,75
-
489,81
-
Autres pays
97,34
94,65
87,09
9,89
28,41
41 J"'
,
Grèce
-
-
-
-
-
-

- 190 -
TABLEAU N° 9
Structure des échancres entre P.M.D.
(Princi-
-------------------Q---------------
~~~~_!!~~_~~~~~2E!~!~2~).
POURC ENTAGE DU
TAUX D'ACCROISSEMENT
TOTAL
(EN %)
_ _ _ _ _ _
0
----_ ....
------- -------------
ORIGINE
DESTINATION
-- --
, 197 a
J975
1980
J970-75 1975 -8 011 970 - S
f - - "
Indonésie
JOO
100
100
46,54
25 , 17
35,4:::
Singapour
15, 8 J
8,87
11 ,33
30,54
31 ,45
30 , 9~'
Trin et Tob.
-
6,50
3,35
-
9,64
-
Au tres pays
84, 19
84,63
85,32
46,66
12 ,33
25,37
Nigéria
100
100
10O
0,37
0,88
0,90
Bermudes
3, 56
5,95
6, 51
61 ,16
22,36
42,59
Autres pays
96, 44
94,05
93,49
47,38
15,29
69,92
Autres pays
J aa
100
-
-
8,14
-
1 Côte
d'Ivoire
100
100
100
20,30
20,68
20,48
Italie
8 , 60
6,59
8,37
14, 07
28, 11
2a, 11
Autres pays
91 , 40
93,41
91 ,63
40,59
1 5, 78
62,79
Sénégal
100
100
100
24,75
1 2,28
18,35
Nigéria
a, 00
4, 10
7,44 356,23
26,47 138 ,63
Thailande
3 , 91
1 ,50
6,08
3,10
48,42
23,70
Iraq
a,06
3,52
5,92 179,31
24,56
86,52
Autres pays
96, 03
90,88
80,56
23,22
8,24
33,38
Costa-Rica
100
100
100
16,98
18 , 13
17 , 55
Vénézuela
2, 41
8 ,45
6,77
50,32
J 3, a1
30,33
Guatemala
6, 80
5,72
6,32
13,02
20,50
16,70
Mexique
2 , 09
3,82
6,09
31 ,97
29,64
30,80
Autres pays
88, 71
82,01
8a ,01
15, 16
1 7 , 78
34,64
,
-l-


- 191
-
L'étude du commerce entre P.M.D à partir des modèles
gravitaires, permet de dépasser la seule description des phé-
nomènes et d'appréhender des aspects fonctionnels et de struc-
turation des exportations de ces pays, met en évidence la pla-
ce de chaque pays dans la hiérarchie commerciale.
La structure des exportations entre les P.M.D, mê-
me si ce commerce ne concerne que les principaux flux, fait ap-
paraître une régionalisation assez forte des échanges. La con-
centration géographique privilégiée dans ces rapports d'échan-
ges peut être analysée en termes historiques, institutionnels
et de démarche qui consiste à desserviY en premier lieu, le
marché environnant se comprend aisément. Certains pays jouent
au sein des regroupements le rôle de véri tables " pô le..6 éc.ol1omi-
que..6" et sociaux à l'échelle de la région et parfois davantage.
Mais on peut remarquer que les aires d'influence de marché dé-
terminées à travers l'attraction au niveau régional, ne se re-
vèlent pas toujours sur le plan général. L'attraction exercée
par un pays au niveau régional ne s'étend pas souvent au-delà
de la région, cependant ces pays apparaissent comme stimulants
de la fonction commerciale et participent ainsi pleinement à
l'épanouissement de la vie économique.
2 0
-
RELATIONS· INVESTXSSEMENTS -
FLUX COJ'.IMERCIAUX
Le développement des. échanges dépend autant de la
politique commerciale que de la ~echerche des marchés au dehors.
Ainsi, après avoir examiné les relations entre P.M.D sous l'an-

-
192 -
gle commercial, il est nécessaire de les examiner sous l'angle
financier à travers les investissements étrangers. Selon
Paule ARNAUD - A MELLER (1), "foJt..6que. de..6 e.xpoJt.tat-i.on.6 ou de..6
-i.mpoJt.tat~on.6 .6ont 6onct~on de. f'~nve..6t~.6.6e.me.nt,
ce.fu-i.-c-i. appa-
Jt.a1t comme. un .6t-i.ffiufant du comme.Jt.ce. e.xtéJt.~e.uJt.,
afoJt..6 que. de..6
une. .6 ub.6 tl tut-i. 0 n,
c' e..6 t - à. - d~Jt.e. un &Jt.e.l n au co mm e.Jt.c e. " •
Il sera question de décrire les liaisons qui exis-
tent entre les flux d'investissement direct et le commerce ex-
térieur des pays concernés. Le dynamisme exportateur des P.M.D
peut se mesurer par le phénomène de la multinationalisation
de leurs firmes. En effet, depuis quelques années, les entre-
prises créées par ces pays à l'étranger et notamment dans d'au-
tres P.M.D. ont augmenté de façon spectaculaire (neuf cent
soixante en 1980) (2). Selon J.L. MUCCHIELLI, sur "pfu.6 de.
10.215 61Jt.me..6 muft-i.nat~onafe..6,
J. STOPFORV e.t J. VUNNING e.n Jt.e.-
ce.nce.nt 356 oJt.-i.g~na-i.Jt.e..6 de..6 palJ.6 d' A.6~e. du Sud-E.6t, dont 133
de. S~ngapouJt.,
91 de. Kong-Kong,
14 de. Mafa-i..6~e. e.t 18 de. TaIwan".
S. LALL recence près de 100 firmes indiennes opérant
à
l'étranger, le classement des firmes est présenté au
tableau n01ü ci-après.
1 -
Paufe. ARNAUX AME LLER : "1 nve..6t~.6.6 e.me.nt.6 d~ft..e.ct.6 e.t 6fux
comme.Jt.c~aux compféme.nt.6 ou .6ub.6t~tut.6".
Re.vue. d'économ~e.
p af-i. t~ que. , N0 3,
1q85,
pag e..6 29 9 - 3 19 •
2 -
J.L MUCCHTELLI
: Re.vue. paJt.fe.me.nta-i.Jt.e., .6e.pte.mbJt.e. 1983.

-
193 -
Ces nouvelles firmes multinationales ont implanté
des filiales en Asie, en Afrique et même pour certaines, dans
les .pays développés. Ce phénomène doit être relié pour son ana-
lyse à l'approfondissement du commerce entre P.M.D. L'émergen-
ce des multinationales des P.M.D permet de poser en d'autres
termes,
le problème de l'avantage comparatif entre ces pays.
En effet, si les bas salaires ont constitué pour ces pays le
premier avantage comparatif, on peut remarquer, comme le fait
d'ailleurs Pierre Judet, que ".t'avaVl.tage. c.ompaJta.t.{.6 de.I.> P.M.D.,
il
e.n paJttic.u.t.{.e.Jt .te.l.> p.tUI.> avaVlc.él.>
d' AI.>.{.e. "Jte..t ève. de. p.tUI.> e.n p.tUI.>
du n.{.ve.au é.te.vé de. qua.t.{.(.Jc.a.t.{.on de.I.> l.>a.taJt..i.él.> " (1) •
La hiérarchisation des échanges entre P.M.D, nous
semble-t-il trouve son explication dans une telle approche qui
est la démarche gravitaire. Pour ce qui concerne les atouts
dont disposent les entreprises des
P.M.D, L.T. WELL Jr(Z) les
énumène comme suit
"pe..t..i..te.
éc.he..t.te.,
.te.c.hno.tog.{.e. à
6oJt.te. ..i.n.te.nl.>'{'.té de.
.tJta va.{..t ,
na bJt..i. c.a.t.{. a Vl de. pJt 0 du..L.t.6 non eU fi 6éJt e. VlC..{. él.> à PJt.{. x c. 0 mp é-
:tLU~ c..t~I.> .tA. one. 66.{. c. a c. e. e..t p e. u c. aÛ. .te.UI.> e. , p aJt.t'{' c. u.t.{. eJt e. me. n.t
adaptée. à .ta c.Jtéa.t.{.on e..t à .t'e.xpoJt.ta.t.{.on d'e.n.tJte.pJt.{.I.>e.1.>
danl.> .te.
c.on.te.x.te. de.I.> palJl.>
mo.{.n!.>
déve..toppél.>".
1 -
P..i.e.JtJte. Jude..t,
Raphaë..t Chapo nn.{. èJte.,
A.ta.{.n Gal1.te.:" Le.I.>
nou-
ve.aux palJl.> .{.ndul.>.tJt..i.e..t1.>
danl.> .t'évo.tution du c.omme.Jtc.e. mon-
cUa.te. lI •
Monde. e.n déve..toppe.me.n.t,
Tome. 10,
n03Q,
page.l.>
333-350.
'Z
-
L.L.o!ELLS JJt.
:
"FoJte..{.gn .{.nve.l.>.tme.n.t nhom .the. woJt.td : The.
Expe.Jt..i.e.nc.e. 06 Ch.{.ne.l.>e. n.{.Jtm {iJtom Hong<~ono.".Co.tomb.{.a
jouJtna.t
On woJt.td bl1.6..i.ne.l.>,s. (C-l.té. paJt J. L. MUCCHI ÈL LI J •

- 194 -
TABLEAU N° 10
~~Y~_~~Q~tg~~~_~!_~Q~~~~_~~_f.i1b~1~~_~~1!~~~­
~ ~ ~ _E~S:~~~ §~~ _.I?Q~~_ ~ ~~ _I?~i~<::! l?~1pS_:Q~Y~ _~l]_ ~~­
~~1Qrr~~~~~_(~~ ~~~!§).
PAYS D'ORIGINE
TOTAL
INDUSTRIES MANUFACTURIERES
Hong-Kong
325
202
Inde
215
168
Corée du Sud
155
25
Brésil
147
25
Argentine
146
76
Singapour
89
57
Philippines
66
26
Mexique
62
22
Pérou
37
18
Colombie
37
18
Vénézuela
18
9
Chili
1 1
7
Equateur
2
0
Paraguay
2
0
Bolivie
0
0
- - .
Source
L.T. WELLES Jr, third world multinationals.
M.I.T. Press, 1983, page 10 in J .L. MUCCIELLI.
Firmes multinationales. Op. cit page 170

-
195
-
Cette triple attraction: petite échelle, techno-
logie à forte intensité de travail, produits peu coûteux, per-
met d'affirmer que l'implantation d'industries dans les autres
P.M.D doit être rentable. A ce titre, les P.M.C les plus avan-
cés exerceront une influence déterminante. Ceci corrobore l!a-
nalyse de J.H. DUNNING(1) qui estime que la tendance des P.M.D
à s'engager dans les investissements directs étrangers est en
partie fonction de leur niveau de développement et en partie
en fonction de leurs caractéristiques propres.
Et pour lui, ce qui caractérise surtout les échan-
ges entre P.M.D, les plus avancés et les autres, c'est la ten-
dance des premiers à se détourner des technologies intenses en
travail (qu'ils transfèrent au second), leur préférant des
techniques à forte intensité capitalistique. Ce schéma des é-
changes entre ces pays permet de dire que les plus avancés
sont le centre de gravité de ce processus. En l'état actuel de
l'équipement économique des P.M.D, deux régions
(l'Asie et
l'Amérique Latine) vont exercer une attraction à ce titre.
Compte tenu de la spécifité des produits des P.M.D, l'adapta-
tion des firmes à la demande du marché local, la proximité
géographique et culturelle sont autant d'atouts qui permettent
d'orienter les échanges vers eux-mêmes.
1 -
J.H. VUNNING : Q~té pa~ J.L. MUCCHETLLI dan~ : Inte~na­
t~onal ~nve~tment~ and the Chang~n9 patte~n~ On Qompa~a­
~ve advantage : Un~ve~~~ty On A~x-Ma~~e~lle oQt06~e 1983.

-
196 -
B - LES PI M,D
ET LA COMPLE~~ENTARITE DE LEUR DOTATION EN
RESSOURCES
Il est aujourd'hui incontestable que les P.M.D
pris dans leur ensemble, ont enregistré des résultats plutôt
satisfaisants. Cependant, cette prise en compte globale masque
bien de phénomènes. En effet, la classification statistique
de ces pays, en fonction du revenu de la production et bien
d'autres critères ne permet pas de tenir compte de l'hétérogé-
(1
néité de cet ensemble. Mais selon la CNUCED
), cette hétéro-
généité a contribué à renforcer une complémentarité entre ces
pays: certains manquent de capitaux, de main-d'oeuvre quali-
fiée et de technologie, tandis que d'autres possèdent des ex-
cédents dans ces domaines. Ainsi, l'exploitation rationnelle
de ces disparités favorise les échanges mutuels entre
P.M.D.
1 - LE CADRE CONCEPTUEL.
Une offre illimitée de facteurs, faut-il le rap-
peler, n'existe dans aucun pays car la possibilité d'accroî-
tre la production est limitée par la rareté des ressources.
Ce phénomène est décrit par la théorie des avan-
tages comparés en économie internationale. Cette théorie in-
troduit la notion de spécialisation qui selon LE PAS (2 ) "pe.ut
1
eN UCEV
TV / B/ 9 34,
pa 9 e. 3,
J 9 8 3 .
Z
Je.aYl LE PAS:
"V!:fYlamif..me. de.f.. f..tJr.uc.tuJr.e.f..
e.t c.Jr.oi.f..f..aYlc.e.
éc.oYlomique.".
EditioYl Ge. Yli-Yl,
PaJr.if..,
1968,
page. 151.

-
197 -
~conomique~" (ces effets amènent un producteur à renoncer à
certaines productions pour lesquelles il possède cependant un
avantage absolu).
Les pays sont plus ou moins dotés en ressources
ou en facteurs de production. Et selon Jean LE PAS, il se pose
à chacune d'eux "de.6 aLteJtnatJ.ve.6 au ~ujet de. leuJt allocation:
comment obtenJ.Jt avec un mJ.nJ.mum de coût,
un maxJ.mum de .6atJ.~-
6ac,U.on".
Les transactions entre pays vont donc être spécifi-
ques 8 chaque secteur et également aux régions, en raison de
la relation qui s'établit entre spécialisation et échanges.
Aussi, Jean-Louis MUCCHIELLI pense(t) que, envisager des flux
complémentaires de capital et de marchandises "con~J.~te a Jt~-
J.ntJtoduJte dell
dJ.6 6éJtence~ de technologJ.e entJte le!.J palJ~ en
plu~ de leuJt dJ.66~Jtence de dotatJ.on 6actoJtJ.elle~".
Pour l'auteur, cette approche constitue un mélan-
ge de Ricardo (pour la technologie) et de HECKSHER-OHLIN (pour
les abondances de facteurs),
évidemment, la théorie de l'avan-
tage comparatif tient à ces deux éléments. L'auteur poursuit
en disant: "qu'un palJ~ peut ê.tJte abondant en capital, maJ.~ ne
pa~ avoiJt l'avantage compaJtatJ.6 dan.6 le pJtoduJ.t J.nten~J.6 en
capJ.tal .6J. ~a technologJ.e e.6t tJtè.6 J.n6~JtJ.euJte a celle de. ~on
7 -
J . L. MUCCHT ELLT :
"Le~ 6J.Jtme!.J multJ.natio nale.s : mutatJ.o nll
et nouvelle~ peJt!.JpectJ.ve~". EconomJ.ca,
PaJtJ.~ 1985, page 774.

-
198 -
En ajoutant le facteur capital humain à cette ap-
proche, il apparaît intéressant d'étudier les liens géographi-
ques entres ces flux
(capitaux financiers, capital humain) et
le commerce entre
P.M.D.
- Les capitaux sont-ils attirés par les pays où
la technologie est plus développée, ou le contraire?
- Le capital humain s'oriente-t-il vers des pays
de même niveau de développement, vers des pays moins avancés,
ou plus avancés ?
En d'autres termes, quelle orientation prend le capital humain
considéré comme flux de ressources dans les échanges entre
P.M.D ?
Ce sont là quelques questions qui feront l'objet de ce para-
graphe.
2 - MOBILITE DES FACTEURS DE PRODUCTION ET COM-
PLEMENTARITE DES ECHANGES.
La part croissante du volume total du commerce,
le développement des courants de compétences, les capitaux et
les connaissances techniques entre P.M.D sont autant d'indica-
teurs selon la CNUCED(1) qui montrent que leur complémentari-
té favorise l'expansion des échanges mutuels.
l' -
eN UCEV ayJ.
c.i t . yJ a.9 e.-6 4 e. t -6 ui v a. n.t e.-6 •

-
199
-
La
migration des personnes actives entre P.M.D
a été considérée dans l'analyse de la CNUCED comme un échange
de compétences c'est-à-dire un "tJl.a.YL66'e.ft.,t de. fte..6.6ou.Jtc.e..6 pftO-
du.c.tive..6" d'un pays vers un autre.
Pour l'analyse de ce phénomène, les P.M.D
ont
été classés en quatre catégories :
A - les pays dotés à la fois en capital et en
compétences
B - les pays dotés en capital mais pauvres en
compétences
;
C - les pays pauvres en capital mais dotés en
compétences
;
D - les pays pauvres à la fois en capital et en
compétences.
Le cas
CA) ne nous concerne pas car il correspond
à la situation des pays développés; notre analyse s'inscrira
dans les trois autres cas.
CB) correspondra au cas des pays pétroliers
;
CC) correspondra à celui des nouveaux pays indus-
triel ou les P.M.D les plus avancés
CD) illustre le cas des autres P.M.D.

- zoo -
Même si cette stratification ne correspond pas à
celle que nous avons adopté pour notre étude, il faut recon-
naître qu'elle nous permet tout de même de comprendre certai-
nes interactions qui n'ont pu se manifester dans notre classi-
fication en raison des indicateurs choisis. Ce qui est impor-
tant à noter c'est la fragilité des structures économiques de
chacun des groupes pris individuellement. Le groupe B (riche
en capital) ne peut assurer son développement sans "~omp~ten-
~e.6" ce qui relie le sort de ces deux groupes de pays, et des-
sine par là~êrne, une occasion d'échanges.
L'interaction des ressources financières et hu-
maines a été schématisée comme suit:
PAYS DE
DESTINATION
DCo-PCa
DCa-PCo
PCo-PCa
PAYS D'ORIGINE
DCa-PCo
A]
AZ
A3
DCo-PCa
B]
BZ
B3
PCo-PCa
C]
Cz
C3
Source
CNUCED
TD/B/943, 1983, page 4.
DCa ~ Doté en capitaux ;
PEa =~PBuvre en capitaux
DCa ==Doté en compétences;
PCo = Pauve en compétences.

-
201
-
Le type de flux de main-d'oeuvre qualifié entre
P.M.D le plus important, serait le A1 c'est-à-dire celui qui
existe entre pays dotés en compétences (DCa) et pays dotés en
capitaux et pauvres en compétences (PCo).
A cela, on peut adjoindre le cas C1 , dans lequel,
les pays dotés en capitaux attirent les travailleurs des pays
pauvres. Nous rencontrons là, la migration de la main-d'oeuvre
non-qualifiée, c'est l'exemple actael de nombre de pays arabes.
A
correspond à la migration di te de "Jte.mpiac.e.me.YLt"
Z
c'est le cas où les travailleurs venus d'un autre pays prennent
les postes, laissés par les "YLatioYLaux" qui ont émigré vers
d'autres pays. Cette situation se rencontre entre deux pays à
structure "ide.YLtiQue.", c'est-à-dire dotés tous les deux en
compétences et pauvres en capitaux. Mais la migration est ins-
pirée dans ce cas de figure, d'un déséquilibre du marché du
travail du pays de destination.
A
correspond au type d'échanges de capital hu-
3
main qui s'effectue entre P.M.D les plus avancés (P.P.A) et
les autres. En effet, les flux vont des pays dotés en compé-
tences et pauvres en capitaux vers ceux qui manquent à la fois
de capitaux et de compétences (les P.M.A),
c'est le type même
d'échanges à sens unique.
Le déplacement des populations aboutit à une nou-
velle répartition des forces productives mais en faveur des
centres de gravitation économiques. L'émigration se fait

- 202 -
en fonction des différences de salaires, c'est pourquoi les
pays arabes représentent le centre d'attraction le plus im-
portant,
lorsque l'on raisonne au niveau de l'ensemble des
P .M.D.
Ces courants d'échanges sont donc fondés sur le
"je.u de. 6oJtc.e..6 de. maJtc.hé" c'est-à-dire les attractions. Ces
effets d'attraction apparaissent dans l'analyse des tendances
enregistrées dans les courants de transfert de capital humain
entre les pays.
Les pays producteurs de pétrole (riches en capi-
taux) sont ceux qui attirent le plus de travailleurs étrangers.
Selon la CNUCED, en 1980, il Y avait 2,4 millions de travail-
leurs étrangers dans cinq pays arabes exportateurs de pétrole
(Arabie Saoudite, Jamahiriya Arabe Lybienne, Koweit, Emirats
Arabes-Unis et le Quatar).
L'étude de J.S. BIRKS et Sinclair(1) revèle que
la migration entre P.M.D est avant tout, une migration intra-
régionale (à l'intérieur d'une même région),
ce qui fait pen-
ser que la distance (économique, culturelle ou même physique)
joue là aussi un rôle important.
1 -
).S. 13IRKS e.t C.A. SINCLAIR: "Inte.Jtnat..i.onal m..i.gJtaüon
and de.ve.lopme.nt in the. aJta6e. Jte.gion.6". Ge.neve. O.I.T.1980.

- 203 -
Comme nous venons de le voir, la croissance éco-
nomique des pays accroît la force d'attraction qu'ils exercent
sur les populations des pays "attattdé-6". En effet, les courants
d'émigration entre P.M.D ont bénéficié essentiellement aux ré-
gions ou pays en croissance : les pays producteurs de pétrole
sur le plan global, et certains, considérés comme centre de
gravité dans le cadre régional.
Une méthode simple qui aurait consisté à caracté-
riser les pays de "dépattt", serai t de calculer les pourcentages
des personnes résidants dans un pays à une période donnée (t),
par rapport à l'ensemble des personnes nées dans le pays. En
outre, les personnes nées dans un pays
(A)
et résidants en (B)
au moment (t) fourniraient un indice d'attraction de la popu-
lation de A par B. Mais le manque de statistiques sur ces élé-
ments ne nous permet pas d'envisager une telle démarche. Nous
nous contenterons donc de l'estimation des déplacements effec-
tués entres pays.
On peut souligner que l'inadaptation de l'ensei-
gnement au besoin du développement dans les pays dotés en ca-
pitaux et l'excédent de main-d'oeuvre (qualifié ou non) dans
les pays pauvres sont les principaux éléments qui ont permis
et permettent encore le mouvement migratoire entre P.M.D.
Les pays d'accueil, pour accélérer l'exécution de leurs program-
mes de développement, ont utilisé les revenus qu'ils tiraient

-
204 -
de l'exploitation du pétrole pour attirer des facteurs de pro-
duction et des biens et services.
En plus du système éducatif qui ne donne prati-
quement pas la formation voulue dans les spécialités néces-
saires, on peut ajouter que les populations de ces pays sont
peu nombreuses et par conséquent la main-d'oeuvre est propor-
tionnellement faible, ce qui concourt à élever la demande de
travailleurs étrangers.
S) - ~~_~~~~~_~~~PEI2~~~_E!~~_q~~~!~!~!~~~
~~_~~~_~~E!~~~~~~!~'
Si l'offre de main-d'oeuvre est jusqu'ici portée
indifféremment sur du personnel formé ou pas, de plus en plus,
il se fait une sélection en faveur des catégories profession-
neles qualifiées. En fait,
la sélection se fait en fonction
du type d'industrialisation choisie par le pays, c'est-à-dire
la technologie importée. Or, généralement, les pays d'acceuil
choisissent des méthodes de production plutôt à forte intensi-
té de capital.
Aussi, à moyen ou à long terme, la main-d'oeuvre
qui pourra s'exporter devra avoir un niveau d'instruction et
de formation supérieure.
Dans ces conditions, si les zones d'émigration
ne modifient pas leur politique de formation,
l'on risque de
se trouver confronté à un déséquilibre entre offre et demande.

-
205 -
Le tableau N° 11 ci-après nous donne une estima-
tion des mouvements de populations entre l'Asie et le Moyen-
Orient en 1981.
Ces estimations portent sur trois études et retra-
cent les mouvements des pays asiatiques vers l'ensemble du
Moyen-Orient.
Au-delà des différences qui apparaissent dans ces
estimations dues certainement aux méthodes d'estimation, nous
pouvons reconnaître que ce mouvement est relativement intense
et la forte attraction de cette zone apparaît à travers les
transferts de compétences.
Ces pays d'Asie du Sud subissent l'attraction de
la région du Moyen-Orient. Mais les estimations véhiculent à
notre avis une information partielle et incomplète pour une
véritable étude de l'attraction. En effet,
il ne suffit pas
de savoir le nombre de migrants seulement, il faut surtout
connaître la nature de ce courant, et son orientation précise.
Il aurait fallu savoir par exemple, la structure d'âge des
migrants,
leur qualification et une analyse bilatérale de ces
mouvements serait riche d'informations.

- 206 -
TABLEAU N° 11
ESTIMATIONS
PROJECTION
FONDEES SUR
DE LA BANQUE ESTIMATION A
LES SOURCES DU
MONDIALE
MI-1980
PAYS
PAYS D'EMIGRA-
(1981)
(B IRKS ET
TION (DEMERY)
(SERAGELDIN
SAINCLAIR)
ET COL LABO-
TEURS)
ASIE-SUD
Bangladesh
178.500
-
-
Inde
250.000
248.360
280.450
Pakistan
175.000
367.580
371.630
Sri-Lanka
50.000
-
-
Asie du .Sud-Est
et de l'Est
Rép. de Corée
180.400
116.400
Indonésie
20.000
-
Philippines
342.300
-
Thaïlande
159.000
-
------------------ ---------------1------------ .-----------
TOTAL
11.957.200
732.340
1820.580
- ' - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Source
B}I.T (MANOLO I. ABELLA) Genève 1984, page 537
:~ Faute de pouvoir analyser ces mouvements à l'inté-
rieur des groupes de pays de notre échantillon
(la migration étant marquée par le phénomène de
proximité des pays), nous nous sommes contentés
de statistiques qui retracent le mouvement du ca-
pital humain dans les zones géographiques détermi-
nées: les continents.

- 2Q7 -
TABLEAU N° 12
~9~~!~~_~~!~~~~_~~_!!~~~t~~~~!~_~~g!~~!~_~g
1~Z~_~g!!~_!~g~Q~~_Q~~~!:6!!!~~i~~~
(~~_I!!t!!t~!~) .
,
P A Y S
D
A C C U E l
L
PAYS
COTE
SIERRA
GAMBIE
LIBERIA
D'IVOIRE
TOTAL
LEONNE
Côte d'Ivoire
-
-
8
-
8
Ghana
-
24
2
3
29
Burkina
-
418
4
-
422
Libêria
-
2
-
6
8
Mali
3
200
-
-
203
SênRgal
15
11
-
-
26
Sierra Leonne
-
.,
1
3
-
4
Togo
-
7
-
-
7
Autres
15
36
18
35
573
------------- --------- --------- --------- --------- -----------
TOTAL
33
699
35
44
1 .280
Source
B.I.T. op. cit 1984, page 109.

- 208 -
Le mouvement de migration entre ces pays est moins
intense que celui noté auparayant, conséquence du niveau d'in-
dustrialisation du continent. Cependant, le tableau (12)
revèle les centres de gravité de ces échanges. En effet, les
statistiques relatives aux migrations confirment la prédomi-
nance
de certains pays. C'est la Côte d'Ivoire qui vient en
tête pour les effectifs parmi les principaux pays d'accueil,
la Sierra:"'Léonne en deuxième position, suivie du Libéria et la
Gambie ne vient qu'en dernière position.
Ces observations revèlent la puissante attraction
de la Côte d'Ivoire sur notamment le Burkina (418), le Mali
(200) et le Ghana (24). De façon général d'ailleurs, les cinq
pays subissent principalement l'attraction de la Côte
d'Ivoire.
On remarque également que la Gambie exerce une re-
lative force d'attraction sur le Sénégal.
Ce tableau nous renseigne aussi que dans le cadre
des échanges de capital humain, de l'Ouest-Africain, le fac-
teur déterminant est la "plto"X.-i.mLte.". Ce renseignement confir-
me l'aspect régional des échanges de ces pays. Cette pression
démographique se traduira par une augmentation quantitative
de la production et de la consommation, et de la croissance
des revenus pour les pays d'accueil qui apparaîtront par con-
séquent a~ niveau régional, comme des zones de gravitation des
échanges de marchandises et de biens et services.

- 209 -
On constate dans le tableau (13) que ce sont les
pays arabes les plus riches qui attirent la main-d'oeuvre des
autres pays: Koweit (378.000), Arabie Saoudite 002.350),
LibyEr:
(545.500), Emirats Arabes-Unis (411.000) Iraq (125.500).
Mais il faut dire que la migration entre pays arabes a égale-
ment des origines politiques qui n'apparaissent pas forcément
dans les statistiques.

TABLEAU N° 13
~~~~~~~_~~!~~~~_~~_!I~Y~!!!~~E~_~!gE~~!~_~~_I~~Q_~~~_E~Y~_~E~~~~ ,(~~!~~E~~
~~~~~!!~§).
- . _ -
-
-
-
i
1
,
,
P
A
Y
S
D
A
C
C
U
E
l
L
JORDANIE
JAMAHIRIYA
ARABIE
!EMIRATS
BAHREIN
SANS
IRAQ
ARABE
KCWEIT
(MAN
QUATAR
SAOUDITE
ARABES
YEMEN
TOTAL
PALESTINE
LIBYENNE
UNIS
Egypte
2.800
68.500
100.000
250.000
85.000
6.300
5.750
155.000
13.200
4.000
695.650
Inde
12.300
500
2.000
32.000
45.000
35.600
-
29.700
109.500
2.000
280.450
Iraq
310
-
-
-
40.000
-
-
3.250
1 .200
-
44.760
Jo't'dânie avec
Palestine
1.400
-
7.500
15.000
55.000
2.250
7.800
140.000
19.400
2.000
250.000
Liban
300
-
4.500
5.700
8.000
1.500
750
33.200
6.600
500
61.050
Onan$
900
-
-
-
2.000
-
1 .150
10.000
19.400
-
33.450
Pakistan
26.160
4.000
7 .500
65.000
34.000
44.500
20.770
29.700
137.000
3.000
371 .630
Somalie
-
-
-
5.000
500
400
-
8.300
5',000
500
19.700
Soudan
900
-
500
21 .000
5.500
' 620
750
55.600
2.100
2.250
89.220
Rép. Arabe
Syrienne
150
-
-
15.000
35.000
600
1 .000
24.600
5.800
1 .000
83.150
Yemen
1 .125
-
-
-
3.000
120
1 .500
325.000
5.400
-
336.145
Yenen Démoc r.
1 .152
-
-
-
9.500
120
1 .500
65.000
6.600
-
83.150
Autre pays
Arabes
-
-
-
65.600
300
120
-
500
-
-
66.520
Autres pays
Asiatiques
10.000
1 .000
1 .500
27.000
10.000
-
4.500
93.500
20.700
300
168.500
Autres
1 .025
2.000
2.000
44.200
45.900
4.670
22.930
-
-
1 .450
237.300
ITarAL
1
67.620
1
76.0001125.5001545.500
l 378.500 1'96.800 '1 80.250 " 102.350 '1411.000 '1 17.000 ·~21.720 1
Source: B.I.T.
op. cit. page 108.
N
o

- 211 -
En ce qui concerne le tableau nO 14, le B.I.T estime
que, bien que l'étude date de 1974, elle reste d'actualité dans
l'orientation du mouvement même si les chiffres ne sont plus
les mêmes. On remarque que les pays qui attirent plus de tra-
vailleurs étrangers sont ceux que nous avons classé parmi les
P.P.A dans notre nomenclature: Argentine (1.370),
Vénézuela (755), Brésil (140), Pérou (120). Deux pays classés
(P.I.) exercent également une certaine attraction quoique
moindre par rapport aux premiers: le Chili (135), la
Colombie (120). Les pays qui accueillent plus de main-d'oeuvre
étrangère, sont ceux dont les départs de travailleurs sont les
moins élevés, ceci peut s'expliquer par la différence de ni-
veau de revenus. En effet, on note plus de départ dans les
pays classés (P.M.A)
; Bolivie (693), Colombie (667) et
Paraguay (540).

N
TABLEAU N° 14 :N~~Qr~~_~~!!@~~_g~_@igE~~!~_~~Q~Q@ig~~~~~!_~~!ii~_:_~~~!~~_~~gi2~~
.--
N
~~g:~~~Ei~~i~~~_(~~_~i!!!2~~) (l~~~)
~YS
,
P
A
Y
S
D
A
C
C
U
E
l
L
D'ORIGINEf
-
ARGENTINE
BOLIVIE
BRESIL
GIILl
:COLOMllIE
EQUATEUR
PARAGUAY
PEROU
URUGUAY
VENEZUEU\\.
TOTAL
Argentine
-
-
-
3
-
-
-
18
-
25
20
66
Bolivie
500
-
45
70
4
4
-
60
-
10
693
Equateur
70
2
-
-
5
20
30
5
20
20
172
O1ili
250
5
-
-
5
-
-
10
-
20
290
Colombie
-
-
-
7
-
50
-
5
-
605
667
Equateur
-
-
-
8
60
-
-
20
-
20
108
Paraguay
470
-
70
-
-
-
-
-
-
-
540
Pérou
-
~
-.
- -
35
- '
40
4
5
-
-
-
20
104
Uruguay
-80
-
3
-
-
-
-
-
-
-
83
Vénézuela
-
-
-
5
33
-
-
-
-
-
38
Autres
-
3
22
2
9
6
2
20
5
40
109
-- - -------- ---------- ---------- ----------1---------- ---------- ---------- ---------- ---------- ---------- ----------
TOTAL
1 .370
45
140
155
120
85
50
120
50
755
2.870
1
Source
B.I.T.
op. cit, 1984, page 107.

-
213 -
Cette analyse confirme la hiérarchie de développe-
ment et l'attrait différent exercé par certains pays sur d'au-
tres. Les différents tableaux nous ont montré que certains
pays constituent en quelque sorte des "zon.e-6 de dêpa.Jtt" en ce
qui concerne la migration, alors que d'autres sont des "zon.e-6
d'a.ppel", et représentent ainsi les pays d'attraction de la
population.
Après avoir analysé l'orientation de ce mouvement
migratoire, il serait bon de dire quelques mots de l'avantage
qui découle d'un tel échange.
- Pour les pays exportateurs, l'avantage retiré
peut se situer à trois niveaux:
:: la rés or'btion, ne serai t-ce qu'à court ou moyen
terme, du chômage
" l'augmentation de la productivité sociale poten-
tielle due au fait que ces travailleurs ont eu
l'occasion de travailler à l'exécution de projets
économiques qui ne sont pas très différents de
ceux qu'ils trouveront à leur retour dans le. pays
d'origine. En effet, dans la mesure où la migra-
tion est plutôt intra-régionale, le milieu est le
même que celui qu'il a dans son pays.

-
214 -
L'échange de compétences entre P.M.D se fait dans
un environnement socio-culturel semblable à celui du pays
d'origine, ce qui devrait faciliter les réadaptations et l'as-
similation de la technologie.
Les rentrées de devises dues aux possibilités de
rapatriement de fonds.
Selon la CNUCED(1); les rapatriements de fond ont
allégé
les difficultés de la balance de paiements de bon nom-
bre de P.M.D.
Le tableau n015 ci-après, nous donne une idée
de l'évolution de ces rapatriements pour certains
P.M.D
de
1978 à 1982.
1 -
eN UCE V TV / B 9 43 pa. g e. -;,
op.
Qi t.

- 215
-
TABLEAU N° 15
~~1~!E~~_E~Q~!E!~~_Q~E_!~~_!E~Y~!!!~~I~
~~gEê~!~_~~_~!!!!~~~J~~_~~!!~I_~~~~
C1gZ~:l~~Q)
ANNEES
1978
1979
1980
PAYS
Bangladesh
115
153
286
Inde
1 .310
1 .620
2 .930
Népal
20
26
34
Pakistan
1 .303
1 .495
2.048
République de Corée
585
994
1 . 102
Philippines
291
365
421
Thaïlande
140
187
376
Source
B.I.T., Genève 1984, volume 123, page 541.

- 216 -
capitaux entre P.M.D.
---------------------
Finie l'époque où seuls les pays développés inves-
tissaient dans les P.M.D. En effet, l'émergence de ces pays
sur la scène internationale a considérablement réduit la pre-
mière H po .taJt,,[.6at,,[oYL II des investissements. La nouvelle tendance
a contribué à transformer la structure des flux d'échanges
entre P.M.D.
Cette transformation peut s'analyser au niveau du
poids re 1 a tif:~ des pays pri s indi viduellemen t ou en groupe. En
considérant l'ensemble des P.M.D. comme origine et destina-
tion des flux d'investissements, on observe une redistribution
des rôles, ce qui donne lieu à des investissements croisés
dont le ratio peut être calculé à partir du coefficient de B.
Balassa, utilisé pour l'analyse des flux d'échanges commer-
.
(1)
l'
--
. .
d '
claux·
et app lque aux InvestIssements
e capItaux par
J.L. MUCCHIELLI(2).
K
- K
xj
mj
R =

Kxj + Kmj
K
. et K
.
représentent respectivement les exportations et
xJ
mJ
les importations de capitaux du pays j. Ce coef-
ficient varie entre (-1) et (1) et trois situa-
tions différentes se présentent en fonction de sa
valeur :

- 217 -
- Lorsqu'il varie entre -0,33 et 0,33, le pays con-
cerné est considéré comme à la fois importateur et exportateur
de flux d'investissements de grandeurs comparables.
Dan~ cet te premi ère hypothèse, il Y a inves tis semen t
crois é entre (j) et le res te du monde et le pays es t "un paq.6
- Si le Ratio (R) est inférieur à 0,33, ceci signi-~
fie que les investissements entrants sont
"au moin.6 de.ux 6oi.6
pfu.6 gJtand.6 que. c.e.ux qui. .6oJtte.nt".
Dans cette hypothèse, le pays est un ,"paq.6 d'ac.c.ue.if".
Si R est supérieur à 0,33, le pays exporte plus
qu'il n'importe de capitaux et est considéré comme "paq.6 in-
L'analyse des investissements croisés entre P.M.D
ne peut se faire sans référence aux pays développés. En effét,
le passage obligé de cette analyse est la référence à la
trilogie P.D. + N.P.I. + reste des P.M.D. Les investisseurs
des P.M.D, sont ceux qui reçoivent des capitaux des pays dé-
veloppés. Cette orientation des investissements, tout comme
la seconde d'ailleurs
(investissement entre
P.M.D) se fait
] -
l)ELA l)ALASSA : "TaJti6 Jte.duc.tion and tJtade. in manu6a.c.tuJte..6
among indMtftia.f c.ountJ'vLe..6". A.EoR., 1uin ]Q66,
page..6
pag e..6 466 - 4 J 3 .
Z -
J.L.
MUCCffIELLT
:
"Le..6 6iJtme..6 muftinationafe..6". op. c.it.
pa.ge. 156.

\\,,\\\\
Le.
font
ges en t.
h-iéJr..a.Jr..c.h-<.
(la 1?~5qœ
Sri-Lanka re
dont la moi th
La di
rôle important. E.
de vie sont relativ
grand nombre d'inves
'as en Asie du Sud-Est

- 218 -
en fonction des niveaux de vie des pays d'accueil. En effet,
selon J.L. MUCCHIELLI(1) "te..6 inve..6;U..6.6e.me.nt.6.6e. c.onc.e.ntne.nt
daM le..6
pal.J.6 à. nive.au. de. vie. éle.vé". En 1978-80, 65 % de
ceux-ci se sont dirigés vers les pays ayant un revenu par ha-
bitant supérieur à 1.000 dollars (U.S.), mais 20 % d'entre
eux ont concerné
les "panadi.6 6i.6c.au.x" et le reste s'est
orienté vers les P.M.D les plus avancés. Ces premiers inves-
tissements des pays développés dans différents
P.N.D, ont
été à l'origine du phénomène du croisement actuel des inves-
tissements entre P.M.D.
Mais ce croisement entre P.M.D. donne lieu à deux
/~
remarques principales (2)
:
i\\
des flux d'investissements croisés entre P.P.A ;
- des flux d'investissements qu'on pourrait carac-
tériser d'hiérarchiques car allant des P.P.A vers
les deux autres groupes de pays
(P.I et P.M.A).
Les P.P.A reçoivent des investissements importants
des pays développés qu'ils investissent dans les pays situés
au-dessous dIeux où ils ont une forte implantation; les seconds
(les P.I.) connaissent une forte influence des premiers et
J -
J.L. MUCCHIELLI,
op. c.it. page. 112.
2
ide.m,
op.
c.it. page. 176.

-
219
-
selon J.L. MUCCHIELLI, "n'e.66e.c.tue.nt pa.6 e.ux-même..6 de. nom6Jte.ux
-i.nve..6t-i..6.6e.me.nt.6 il l'e.xtéJt-i.e.uJt".
L'étude de J.L. MUCCHIELLI
fait ressortir deux types d'hiérarchies(1)
Cette forme s'instaure dans le cadre de flux croi-
sés entre Singapour) la Malaisie - Thaïlande et Hong-Kong.
Les relations qui unissent ces pays sont symétriques et ne
font pas apparaître de domination véritable.
- par contre, l'auteur estime que les flux d'échan-
ges entre l'Inde et le Sri-Lanka mettent en évidence
"une.
h-i.éJtaJtc.hle. ab.6 olue.", carl' Inde reç oi t ses inves t is s emen ts
(la ~Iesque totalité) des pays développés alors que le
Sri-Lanka reçoit 80 % de ses investissements des autres P.M.D
dont la moitié en provenance de l'Inde.
La différence de niveau de vie, joue là aussi un
rôle important. En effet, en Amérique Latine où les niveaux
de vie sont relativement plus rapprochés, on rencontre un
grand nombre d'investissements croisés, ce qui n'est pas le
cas en Asie du Sud-Est où les écarts de revenus entre Pays
sont plus élevés. Cette situation apparaît clairement dans
les tableaux 16 ~t 17 ci-après.
1 -
Ide.m,
op. c.-i.t page. 111.

-
220
-
Ces flux d'investissements qui résultent en fait
de la comparaison des désavantages, stimulent le commerce
entre les pays dans la mesure où il s'agit d'implanter des
unités de production dans des pays dépourvus de capitaux.

- 221
-
TABLEAU N° 16
!1~_~~1~y~~!!~~~~~~!~_~g!E~_~~~:~:_~~6~!~_~~
Sud-Est en millions de dollar D.S. année 1978
--------.-------------------------------------
~
COREE'
SINGA-
PHILIP- IHAlLAN-
INDo- MALAI-
HONG-KONG
DU
POUR
TAI\\\\(fu\\j
PlNES
DE
NESlE SIE
INDE
ORIGINE
SUD
Hong-Kong
-
-
12,6
-
2
11 , 7
-
-
-
Corée du Sud
9
-
-
-
-
-
-
-
-
Singapour
99
-
-
4
-
-
-
62
-
Taiwan
16,5
-
-
-
-
-
-
-
-
Philippine
14
29
2
9,8
-
1
-
-
4
Thallande
9,6
-
2,4
4,6
-
-
-
49
, ,
2,8
Indonésie
74,7
66
92
S, 1
269
13
-
33
13
Inde
-
-
-
-
-
-
-
-
-
';
t:
!
11
Source : Jean Louis MUCCHIELLI
Les firmes multinationales.
Op. cit. page 175.

- 222 -
TABLEAU N° 17
,
.
~
ARGENfI- 1 :
tyENEZUE-
BRESIL
Ic'XIQUE
COIDMBIE
CHILI
EQUATEUR
PEROU
NE
LA
ORIGINE
Brésil
-
14
27
0,2
-
0,1
-
14
Mexique
0,7
-
0,9
-
-
-
0,1
1,2
-
b
b
Argentine
17
a 7
-
22
-
-
-
lob
,
Colombie
2,5
4,2
-0,8
-
-
17,7
1, 7
26
Chili
14,5
2,5
0,6
-
-
0, 1
-
5
Equateur
4,7
4,7
la
la 3c
,
-
-
1, 2a
5,5
Pérou
3
2
4
1
2
2
-
4
Vénézuela
0,3
1,8
-
2,9
1,5
-
0,1
-
.
.
.
Source
Les firmes multinationales J.L. MUCCHIELLI
op. cit. page 176.
a) - pour l'année 1977
b) - pour l'année 1976
c) - pour l'année 1975.

- 223 -
CONCLUSION DU CHAPITRE
----------------------
----------------------
En définitive, le développement économique des
P.M.A apparaît moins rapide que celui des P.T. et à plus forte
raison des P.P.A. Ceci est attesté par le mouvement des migra-
tions des travailleurs, celui des capitaux et le niveau des re-
venus. Les P.P.A sont des pôles géographiques et économiques
hiérarchiquement supérieurs au P.I et aux P .M.!" Il semble
qu'il y ait cristallisation autour des activités des P.P.A.
par les emplois fournis. Le dynamisme de ces pays s'exprime à
travers un schéma de structuration spatiale selon le modèle
- avancé vers certaines zones et
- abandon d'autres.
Cette structuration satisfait à la Loi de l'offre
et de la demande et s'inscrit dans la théorie du "6/U.:te.JUng
pJtoc.e.!.>!.> Il basée sur le "pu!.>h-puLt 6ac.:toJt" ou encore forces cen-
trixuges et centripètes(1). Le potentiel de marché sera par
conséquent un facteur déterminant dans l'orientation des échan-
ges. Or ".t' ana.ty!.> e. de.!.> po:te.n:tie..t!.> de. maJtc.hé e.!.>:t 60 ndée. !.> u.Jt .te.!.>
phénomène.!.> d'a:t:tJtac.:tion ou. de. gJtavi:ta:tion. éc.onomiqu.e.!.>".
1 -
Rémi Fe.Jte.dj
: Re.n60Jtc.e.me.n:t ou dédou6.te.me.n:t de.!.> c.e.n:tJte.!.>
:
.te. c.e.n:tJte de.!.> a66aiJte.!.>
de. TORONTO.
Van!.> Revue éc.onomique
du Sud-Oue.!.>:t, !.>éJUe éc.onomique nO
Z 1984, page. 49.

-
224 -
GfAP ITRE IV
LE COMPORTEMENT GRAVITAIRE DANS LES ECHANGES
----------
-----------
ENTRE
P.M.D.
En analysant comment les flux d'échanges se forment
et se développent entre les r.M.D, nous analysons la structure
du commerce extérieur de ces pays. En effet, en situant chaque
pays dans l'ensemble des r.M.D, et en prenant en compte leur
localisation les uns par rapport aux autres, on peut saisir
les effets gravitaires des pays les uns sur les autres.
Les effets gravitaires se repèrent principalement
à traver les déplacements de la population,
des capitaux et
des établissements de firmes. Ces différents mouvements sont
fonction de :
la différence de potentie.ls économiques entre
les pays
;
la distance, prise au sens le plus large.
Les r.M.D dans leur globalité peuvent être caracté-
risés par une série de décalages dans les composantes sociolo-
giques, démographiques et économiques, qui se répercutent sur
toutes les organisations s'opérant entre eux.
Et pOUT mieux percevoir ce phénomène, la construc-
tion d'un réseau d'échanges s'impose. Cette méthode permettra
d'analyser le volume des flux d'échanges selon leur origine

- 225 -
et leur destination. L'analyse de ces flux sera rattaché aux
facteurs économiques internes qui, dans les pays importateurs
et exportateurs, déterminent le volume des transactions. On
se propose de déterminer quels points ou zones de l'extérieur
Sont en liaison avec le pays considéré. Par cette démarche, on
pourra ainsi espérer construire un réseau entre P.M.D, d'échan-
ge, mieux explicitement lié aux variables économiques princi-
pales. Le principe de la méthode paraît simple, mais on peut
se ~eurter à de graves ohstatles lorsqu'il s'agit d'appréhen-
-
der des phénomènes aussi complexes que le mouvement des capi-
taux, des personnes et même des marchandises, ou d'attribuer
une signification économique précise à des relations.
Il sera par conséquent utile de voir s'il existe
une relation entre le caractère que l'on envisage d'étudier
avec les facteurs internes des pays, ce qui consistera à re-
chercher les facteurs pouvant avoir une influence sur l'orien-
tation des échanges entre
P.M.D.
La distinction entre variables permettra d'étudier
le comportement de chacune d'elles par rapport à l'exportation
ou l'importation sans qu'il soit besoin de tenir compte de
l'incidence des autres facteurs.
Dans la mesure où l'intensité de l'activité commer-
ciale d'un pays va de paire avec "l' e.n o,,[c.ac...i..::té Il de ses insti-
tutions
(économiques et politiques), les principales composan-
tes qui déterminent l'effet gravitaire dans le commerce pour-

-
226
-
ront être mesurées par les trois comportements suivants
le comportement des consommateurs (demande)
le comportement des exportateurs
(offre)
le comportement des pouvoirs
publics
(la poli tique économique).
Les deux premiers comportements peuvent être consi-
dérés dans les modèles gravi taires comme les "ma!.>!.> e.!.>" c' est-
à-dire les facteurs d'attraction, alors que le dernier jouera
un rôle de résistance aux échanges. Cependant, ce dernier com-
portement peut dans des circonstances précises, devenir un fac-
teur d'attraction. Il faut voir dans ce facteur, la place que
tiendra la politique économique décidée par les pouvoirs pu-
blics des pays: politique de restriction, de grande ouverture
et de regroupement économique.
Il s'agira de se demander comment la cobinaison de
tous ces effets influe sur les courants d'échanges entre P.M.D.
La question fondamentale retenue à cet effet est
la suivante :
"Que.l!.> 6ac...te.uJ1.!.> e.xpLLque.n...t le.!.> vaJr.J.a..t-Lon.!.> a66e.c...tan...t
le.!.> e.c.han.g e.!.> e. n...tJ1.e. P. M. V ?"
Compte tenu du très grand nombre de facteurs suc-
ceptibles d'être pris en considération, nous tenterons de ne
retenir que les plus importants. On se propose par conséquent
d'exprimer les flux d'échanges entre ces pays en fonction des

- 227
-
différenciation.
SECTION 1
CHANGEMENTS DE STRUCTURES_DANS LES ECHANGES.
Qu'il s'agisse de déterminer le niveau absolu des
flux d'échange ou qu'il s'agisse d'en exprimer les variations
en fonction du dynamisme des pays échangistes, l'objectif est
le même : Analyser les mécanismes qui génèrent les variations
des structures.
Selon Daniel DUFOURT(1), à court terme les modèles
nationaux considèrent les structures de production et de con-
sommation invariantes, dans ce cas l'ajustement qui s'opère se
fait par la variation du niveau des activités portant sur la
structure du réseau d~échanges. Par contre dans les modèles de
croissance à moyen terme, le changement des niveaux d'activi-
té se soldent par des modifications dans la structure interne
de production et de dépenses. Aussi, l'ajustement se fait à
travers les prix relatifs.
La période de référence de notre étude a été mar-
quée par un vif développement de la production, de la consom-
mation et surtout des échanges entre P.M.D. En effet, l'ouver-
ture des P.M.D sur l'extérieur s'est accompagnée d'une diver-
sification des échanges par rapport à la situation existant au
moment des indépendances. Ce sont, la nature et les raisons
de cette tendance qu'il conviendra d'analyser ici.
1 -
Va.n-ie.l VUFFOURT : "L' éc. onom-ie. Mo nd-ia.le. c.omme. .6 Y.6tème.
PUF Ve. Lyon,
op. c.-it. PP.
344.

-
228 -
A- iNTENSITERELATIVEDES FLUX D'ECHANGES ENTRE-PAYS.
En vue d'analyser le phénomène de gravitation du
commerce entre les P.M .. D, il nous semble intéressant de mettre
en évidence les changements intervenus dans la structure des
échanges de ces pays au cours des dernières années. L'analyse
des facteurs de développement commerciaux a montré la néces-
sité de trouver à l'extérieur des pays, des débouchés. Nous
avons considéré les groupes de pays comme étant à la fois im-
portateurs et exportateurs entre eQx.
Aussi, une certaine impulsion est trouvée aux éco-
nomies locales par l'attraction des débouchés extérieurs. Il
a été dhabord envisagée une analyse de l'évolution de ces é-
changes. A cet effet, nous allons voir comment les pays sont
ouverts les uns aux autres, ce qui permettra de bien apprécier
l'origine et la destination des échanges.
1° - LES PERFORMANCES A L'ECHANGE: UNE ANALYSE DE
LA COMPETITIVITE.
La mesure de l'intensification des échanges entre
P.M.D. consiste en fait à savoir dans quelle mesure l'accrois-
sement des échanges entre ces pays s'est fait au détriment des
partenaires traditionnels (Le R.M.D).
Dans la mesure où les importations de la plupart de
ces pays ont été remplacées par la production interne (politi-
que de "f'lmpoftt-.6u.6f.>t-i.tu.t-i.OYl") , il est vraisemblable qu'une

- 229 -
telle transformation de la demande d'importation affectera
non seulement le commerce avec les fournisseurs traditionnels,
mais les échanges entre P.M.D. L'évaluation de ces échanges
entraine donc une modification des formes et intensités d'in-
teractions économiques entre pays. L'interdépendance ou tout
simplement la
"dépe.ndanc.e. éc.onomiqLLe." peut se mesurer par
l'ouverture extérieure des pays à partir de la formule
X + M
( --=--;--=--)
P.I.B
qui est le wapport des échanges sur le produit
intérieur brut.
a) - L'ouver~ure des P.M.D. sur lotextérieur
L'ouverture sur l'extérieur doit permettre de pré-
ciser le jeu économique entre pays et d'illustrer les
in-
fluences symétriques ou asymétriques qui accompagnent une
plus ou moins grande ouverture. Le tableau N° 1
nous montre
les coefficients d'ouverture de ces pays entre eux et sur le
reste du monde (essentiellement constituée de pays dévelop-
pés à économie de marché), et le taux de couverture des im-
portations par les exportations
(-.!.)
M
- X étant les exportations et M les importations.
Ce dernier indice procède de l'examen de l'évolution
de la balance commerciale de ces pays entre eux et fera res-
sortir les effets de domination commerciale qui expliquent
les inégalités de dynamisme. Si l'on considère un pourcenta-
ge
élevé de l'indice d'ouverture extérieur comme une plus

-
230 -
grande vulnérabilité du pays concerné, on peut dire que les
P .M.D. dans leur ens emb le, "dépe.nde.nt" enc ore he aucoup du
reste du monde CR.D.M). En effet, les interdépendances entre
P.M.D sont relativement faibles comme l'indique le tableau
L'indice d'ouverture et le taux de couverture des
importations nous permettent de distinguer dans une zone géo-
graphique donnée, les pays ou groupes de pays les plus avancés
des moins avancés, ce qui signifie que la
"c.Jtoi.6.6a.nc.e. de..6
ma.Jtc.hé.6 dépe.ndlta.,
outlte. de..6
c.onditioYl..6 de. c.ltoi.6.6a.nc.e. de. fa.
de.ma. nde".,
de. f' a.c. ti on de..6
c.e. ntlte..6 d' i ndu.6 titi e.fi.6 a.ti on" (1 )
On remarque que les P.I. sont les moins ouverts sur
les autres P.M.D. On peut en trouver l'explication dans leur
propre situation: intermédiaire. Il font appel aux P.P.A
pour certains types de produits mais l'essentiel des tran-
sactions se font encore avec les pays à économie complexe.
1 -
Vic.tolt L. URQUIVI
: "Ma.ltc.hé c.ommun fa.tino-a.méltic.a.in".
PU F,
Pa.Jti.6 ,
1 q 6 Z,
pa. 9 e. 4.

- 231
-
TABLEAU N° 18
! !:~! ~~_ ~ ~2~~~ !:!~ !:~_ .c~_:: )-.no:~~ ~~lil_ ~!_ !~~~
~~_~g~Y~!!~!:~_~~~_!~E2!:!~!!g~~
(X/M)
INDICE D'OUVERTURE
1970
1
1980
(%)
(X + M)/P.I.B en
TAUX DE COUVERTURE (X/M)
1980
AYS
--------- ---------
--------- --------
ENTRE
--------r---------
R.D.M
P.M.D
R.D.M.
P .M. D.
R.D.M
P .M.D .
P . P.A
Egypt e
7,09 %
23,31%
0,49
1 , °°
3,98
3,26
Phili ppines
4,09
35,47
0,75
0,87
0, 16
0,78
Nicar agua
21 ,43
39,67
0,34
1 , 08
0,087
0,81
Pérou
1 ,28
29,05
0,62
1 ,75
1 ,34
1,26
Rép. de Corée
11 ,66
36,40
0,39
0,41
0,35
2,83
Brési l
3,03
15,91
1 ,75
0,93
0, 1 7
1 , °1
Argen tine
2,24
11 ,93
1 ,33
0,98
0,77
0,75
Hong- Kong
-
166
-
0,90
1 , 25
Singapour
123,4
290
0,79
0,62
0,68
0,86
P .r.
Sri-L anka
14,29
67,58
11 ,38
0,73
0, 19
0,60
Rép.
ominicai~ne
D
6,43
23,48
0,53
0,78
0,27
0,56
Paraguay
8,4
9,63
0,84
0,85
0,43
0,83
Colombie
2,60
26,50
0,81
0,86
1 ,26
0,81
Mexique
1 ,4O
19,48
0,98
0,48
4;52
0,70
Chili
4,27
33,61
0,98
1 ,33
0,59
0,86
Indon ésie
7,33
39,57
3,39
1 , 05
1 ,69
2,09
Nigér ia
-
28,05
-
1 , 11
-
1 ,6O
Côte d'Ivoire
4,26
65,37
1 ,61
1 , 18
2,33
0,99
Sénég al
11 , 09
46,05
2,72
0,75
0,45
0,46
Costa-Rica
57,08
42,78
0,96
0,70
0,803
0,60
Source
Calculs effectués à partir des chiffres du sta-
tistique Yearbook 1981.

- 232 -
La somme des proportions de nos statistiques ne
fait pas cent pour cent et cela tient l ( deux raisons princi-
pales
:
- d'abord, nous n'avons tenu compte que des échan-
ges entre principaux partenaires ;
- ensuite, nous avons dû décomposer ces échanges
en échanges entre P.M.D et en échanges avec le
reste du monde CR.D.M.).
Cette méthode doit
nous permettre de voir si le pays ou le groupe de
pays étudié a progressé sur chacun des marchés
où il est présent et ceci au dépend de ses con-
currs.nts.
Si l'on peut répondre affirmativement à cette in-
terrogation, alors il y aura "e66et
de c.ompét-t:U.v-i.té" et/ou
de Œdétou~nement de~ éc.hange~". On note dans le tableau n018
une différence de "n-lveau de pénét~at;'on" des pays, ce qui
renvoie à plusieurs schémas d'explication.
Les écarts constatés peuvent en effet s'expliquer
par le biais des différences de dotations en facteurs. Ceci se
traduit par conséquent par une perte de compétitivité par les
coûts.
l'écart de compétitivité entre ces pays permet à
notre avis, de mesurer la relation de la demande entre P.M.D
d'une part et la demande mondiale CR.D.M) d'autre part, et

- 233 -
finalement d'en comparer les conséquences sur les réseaux des
échanges entre P.M.D. A cet effet, l'évolution de l'indice des
exportations entre P.M.D, comparée à celle des exportations
vers le R.D.M, permet de mesurer le dynamisme des pays sur
chacun de ces marchés. En effet, de plus en plus, certains
P.M.D se spécialisent dans les produits dont la demande croît
assez vite chez d'autres P.M.D.
On assiste ainsi à une dou-
ble spécialisation :
- celle sur les produits;
- celle sur les pays
; ce qui permet de faire une
analyse du phénomène de gravitation dans leur
commerce.
Le mouvement des échanges qui résulte de cette si-
tuation est de plusieurs formes
:
- une première forme est le déplacement à double
sens, généralement régional;
- une seconde forme est à sens unique.
Les zones d'attraction.';de ces déplacements se
trouvent dans toutes les régions économiques que nous avons
constituées et ce commerce s'inscrit dans le cadre de l'analy-
se du c.lJc..te. de. pJtodu.Lt" du professeur R. VERNON.
Evidemment, pour une analyse très approfondie de
cet angle d'étude, il faut distinguer des niveaux suffisamment
fins de nomenclature de produits et aussi de pays ou groupes de
pays.

-
234 -
Quant aux taux de couverture des importations par
les exportations, on note un déclin en ce qui concerne ces taux
entre P.M.D.
De façon
générale, les exportations ne couvrent pas
les importations et ce déficit alla s'aggravant de 1970 à 1980.
Le défioit de la balance commerciale des P.M.D se remarque
aussi bien entre eux que avec le reste du monde, quoique moins
accentué. Ceci est le signe que en 1970 et 1980, les échanges
ont bien été perturbés, certainement par la crise économique
mondiale. Cette constatation nous semble paradoxale dans la
mesure où toute la littérature économique s'accorde pour dire
que depuis 1970 et justement à cause de la crise, les échan-
ges se sont intensifiés entre P.M.D.
L'hypothèse d'échanges mutuels étant admise, on
pourra assimiler pour un produit donné, l'indice de prix à
l'exportation du pays l
(par exemple) vers le pays II, à l'in-
dice de prix à l';ümportation de II en provenance de T.
Sous cette hypothèse, l'effet concurrentiel est défini à par-
tir de l'évolution des indices intérieurs
(Pl1) et (P
) des
22
pays échangistes l
et II pour le produit considéré.
A l'exportation, le pays l a le choix entre
vendre sur son marché et vendre sur le marché partenaire,
celui de II, si bien que l'effet concurrentiel est lié au rap-
P 11
port
-p---.
(P 17
étant l'indice de prix à l'exportation de
1 2
~
l vers II).

-
235 -
Les exportations seront découragées par un accrois-
sement relatif du prix intérieur (P11) par contre, elles sont
découragées par un accroissement du prix bilatéral d'échanges
Un premier effet peut se mettre sous la forme
avec
C
,
l'effet d'offre et
a
une élasticité de signe
12
négatif.
A l'importation; les consommateurs du pays II
ont le choix entre les produits nationaux et les produits é-
trangers .
Les prix pratiqués pouvant différer, l'effet concur-
P12
rentiel sera lié au rapport
(
)
P 22
Ainsi, un accroissement relatif du prix intérieur (P
), favori-
22
se l'importation, tandis qu'un accroissement de (P
) (prix
12
à
l'importation) illa décourage.
Le second effet partiel obtenu peut se mettre sous
~l"
~
la forme
Cil
( P 12
)6
Q
d
~
12 =
P
, avec ~ une e astlclte
e meme
22

- 236
-
signe que a (1) .
En posant une égalité des élasticités
(a = S), l'on cherche à limi ter l'influence de l'indice inter-
médiaire (P
)' si bien que l'effet concurrentiel global se
1Z
met sous la forme
) a
(
(
Dans cette approche, le niveau des élasticités
relève de la plus ou moins forte différenciation des produits.
Nous aurions pu adopter cette démarche, mais comp-
te tenu de la nature des informations statistiques aussi bien
sur les prix intérieurs que sur les prix bilatéraux des P.M.D,
il nous paraît illusoire de vouloir estimer ces deux types
d' élas tici té.
Aussi, avons-nous opté pour une autre méthode de
détermination de l'effet d'offre et de demande, qui ~ au fond
ne s'éloigne pas trop de celle qui vient d'être exposée.
1 -
Cn. M. COURCrER et G. LAFAV : "S-i-mulaLi..oYl éc.oYlom-i-que
mult-i-Ylat-i-oYlale", .6tatJ...6tJ..que.6 et Etude.6
F-i-YlaYlc.J..èJte.6, .6é-
JtJ..e oJtaYlge Yl~g,
197Z,
ou eYlc.oJte :
G.
LAFAV : "Le modèle MOrSE et la PJtojec.tJ..oYl de.s éc.haYlge.6
J..YlteJtYlatJ..oYlaux" Thè.6e de Doc.toJtat,
PaJti.6 r Juillet 1973.

- 237 -
b) - ~~~_~~Y~!~QJ2~l!!~I]!~_!,I]!~IY~I]~~_~~g~_!~!.l}!~g­
2~!~_~~~_~~~2I!~!~2~~_~l}!I~ __ ~~~~~·
Il s'agira d'appréhender la compétitivité des pays
ou groupe de pays au niveau des exportations à partir des élas-
tici tés par rapport au P. I.B. Nous pensons que l'amélioration
du niveau de vie d'un pays que l'on peut considérer comme le
principal facteur d'attraction ou de répulsion commercial, est
en grande partie déterminée par la croissance du produit na-
tional brut ou du produit intérieur brut (P.lB). Nous désigne-
rons donc par "e.66e.,t d'o66Jte.", l'indice des élasticités des
exportations par rapport au P.I.B(1). Pour le calcul de cette
élasticité, nous allons comparer l'évolution annuelle moyenne
des exportations à celle du P.I.B.
(1970-80), pour chaque pays.

- 238 -
TABLEAU N° 19
Effet d'off Te.
P A Y S
E: 1
P.P.A.
Egypte
0,98
Philippines
1 , 16
Nicaragua
3,62
PéTou
1 ,06
Rép. de Corée
1 ,80
BTésil
1 ,20
Argentine
0,52
Hong-Kong
0;99
SingapouT
1 , 12
Paraguay
0,89
Colombie
o,71
Mexique
1 ,03
Indonésie
1 ,64
NigéTia
2,66
Côte d'Ivoire
1 , 16
Sénégal
1 ,9
Cos ta-Rica
1 , 71
On note
que les coefficients de (€1)
sont en général
très proches ou légèrement supérieurs à l'unité, ce qui signi-
fie que les exportations de l'ensemble des P.M.D. progressent
aussi vite ou un peu plus vite que le P.I.B.
Les pays qui ont
bénéficié d'une croissance marquée du P.I.B par rapport aux
autres, sont les centres de gravité des échanges car les sta-
tistiques prouvent que les différences dans la croissance des

- 239
-
échanges entre P.M.D, sont le reflet des évolutions divergen-
tes des P.I.B.
En exprimant les exportations par rapport au
P.I.B, on constate que la "dépe.ndanc.e." vis-à-vis de l' exté-
rieur, c'est-à-dire, la capacité d'exporter, est plus grand
pour les P.P.A que pour l'autre groupe.
On serait tenté de dire donc que la mutation économique
a entrainé un changement de rapports de compétitivité entre les
P.M.D.
L'industrialisation accélérée de certains P.M.D, le
dynamisme des échanges commerciaux ont abouti à un renforcement
d'une sorte d'axe commercial, qui fonde l'effet gravitaire dans
le commerce entre ces pays.
Nous avons retenu de ce tableau N° 19, que dans la ma-
jeure partie des cas, l'élasticité est supérieure à l'unité.%
Ceci peut vouloir dire que les exportations entre P.M.D
ne
portent pas uniquement sur des produits à faible valeur ajou-
tée. Cette réflexion est d'ailleurs confirmée par
J. LEMPERIERE(1) ~ui estime que "e.n moye.nne., .f.e..6 éc.hange..6
Sud/Sud .6ont p.f.u.o
dive.Jt.6i~:ié.6
ave.c. p.f.U.6
de pJtoduit.6
ôinÂ...6' e.t de.6
aJttic..f.e.6
d'un niveau te.c.hnique. p.f.U.6 é.f.evé que. dan.6 .f.e.6 0e.nte..6
au NoJtd".
1 -
J.
LEMPERIERE : "La Jte..6tJtuc.tuJtation de..6 éc.hange..6 inteJt-
nationaux". Ec.onom,[e. e.t Soc.iété.6 - c.ahie.M de. .f.'I.S .M.E .A,
.6éJti..e. nO 28 lQS4,
page 39.

-
240
-
c)
-
~~~_~~Y~!~22~~~~!~_~~!~!~~~~~_~~~~_!~~~!~~­
~i!~_~~~_i~Q~r!~!~~~~_~~!r~_~~~~~~
Iles t reconnu que l' évol ut ion des goûts des con."" '!:
somma tEim:I1s exerce sur l'importation cl' un pays, une influence
incontestable. Aussi, le comportement économique des popula-
tions peut être vu
comme le reflet des mentalités. De ce
point de vue, dans les r.M.D, plus qu'ailleurs,
l'incidence
des comportements psychologiques sont plus perceptibles et
les répercussions économ,iques très profondes.
En effet, l'attraction des "C...<.v"<'L.L6a.:U_On-6 oc.c.iden-
ta.le-6" sur certains groupes de personnes de ces pays, est in-
déniable et peut permettre d'expliquer la relative faiblesse
des importations entre r.M.D.
La partie dynamique de la demande finale de ces
pays est formée par les couches à salaires élevés, or le modè-
le de consommation de cette frange de la population est analo-
gue à celui des pays développés, ce qui crée une distorsion
dans le profil de la demande entre r.M.D.
Aussi, nous nous proposons de saisir "1'e66et de
dema.nde"
(E2)
sur les échanges par l'élasticité des importa-
tions par rapport à la consommation. En effet, l'évolution
des "ouXput" qui détennine
la demande des produi ts, structure
les marchés et peut permettre par conséquent une analyse gra-
vitaire des échanges. Ce qui précède montre la considérable

- 241 -
influence exercée par le facteur humain dans l'orientation
des échanges. Il nous a donc paru normal d'introduire dans
l'analyse, la réaction démographique et psychologique pour te-
nir
compte du fait que la population accentue certaines ten-
dances économiques. Dans la mesure où les centres de consomma-
tion sont reliés au phénomène de la gravitation, nous estimons
que l'analyse de ces élasticités est importante dans le cadre
de notre étude.
TABLEAU N° 20
L'effet de demande
E
P A Y S
2
t:. M / L!C
= -M-
-C-
P.P.A.
Egypte
4,55
Philippines
15,03
Nicaragua
-
Pérou
1 ,97
Rép. Corée du Sud
35,Q4
Brésil
33,5
~ Argentine
-
Hong-Kong
5;94
Singapour
37,5
P . l .
- -
Sri-Lanka
1 090
Rép. Dominicaine
15,32
Paraguay
4,52
Colombie
3,36
Mexique
8,60
Chili
15,50
Jamaïque
-
Indonésie
21 ,75
Nigéria
7,97
Sénégal
28,5
,

- 242 -
Les importations entre P.M.D peuvent s'expliquer
pour les plus avancés par la théorie de R. VERNON, en ce sens
que ceux-ci ont tendance à importer davantage les produits dont
ils ont délaissé la fabrication.
Les flux commerciaux entre les P.P.A et les P.I.
trouvent
leur explication dans la dissimilarité structurelle des parte-
naires,
ce qui stimule les échanges des produits différents.
Le groupe de pays défavorisés exercent une attrac-
tion sur les technologies "1.> ta. nda.Jr.cLLo éel.> et tel.> empto..ü
6a.na.-
Li.I.>éJ.l",
ce qui aboutit par conséquent à la constitution de
nouveaux centres de gravité, mais souvent dans un cadre stric-
tement régional. Cet aménagement technologique tient compte
des dotations factorielles et la nouvelle orientation tend à
créer des avantages comparatifs par la modification active des
coûts de la demande et de la nature des produits. Le transferts
des unités de production entre P.M.D, va donc s'accompagner
d'une ré-or~entation géographique de leur commerce. Ainsi,
l'évolution technologique suscite un effet de détournement des
échanges entre P.M.D.
Les échanges entre ces pays consistent alors à dis-
criminer les marchés et les entreprises exportent de préférence
dans les pays où leur offre peut rencontrer la demande la plus
adéquate. Mais, comme nous l'avons déjà souligné, ces mouve-
ments commerciaux entre P.M.D sont souvent le fait de ré-ex-
portations.

- 243 -
En comparant "f'e.nne.t d'onnJr.e." et de "de.ma.nde."
des différents pays, nous constatons que l'effet d'offre est
inférieur dans l'ensemble à l'effet de demande.
TABLEAU N° 21
: Ç9JEE~~~~~9!!_~~_!~~tf~!_~~QtfI~_~!_!~~~i~!_~~
demande.
6.M
t-.C
/
)
M
C
EFFET D'OFFRE
EFFET DE DEMANDE
P A Y S
(
E: 1 . )
( E:
)
2
P.P.A.
Egypte
0,98
4,55
Philippines
1 , 16
15 ,03
Nicaragua
3,62
-
Pérou
1 ,06
1 ,97
République de Corée
1 ,80
35,04
Brésil
1 ,20
33,50
Argentine
0,52
-
Hong-Kong
0,99
5,94
Singapour
1 , 12
37,50
P.1.
- -
Sri-Lanka
0,44
10 ,91
Répub 1 ique Dominicaine
0,79
15,32
Paraguay
0,89
4,52
Colombie
o, 71
3,36
Mexique
1 ,03
8,60
Jamaïque
-3,91
-
Chili
-0,23
15,50
Indonésie
1 ,64
21 ,75
Nigéria
2,66
-
Côte d'Ivoire
1 , 16
-


- 244 -
La structure asymétrique des échanges qui se fait
en faveur des pays les plus avancés et dont l'analyse peut ge
faire à travers les écarts entre les coefficients
(au sein des
groupes et entre l'ensemble des pays), exprime le phénomène
gravi taire du commerce entre les P .M.D.
Mais l'effet gravitaire peut s'expliquer également
par d'autre phénomènes qu'on pourra saisir à travers la
"c.Jtê.a-fioYl." ou le "dê.-fou.JtYl.e.me.Yl.-f"
des échanges dans le contex-
te des échanges préférentiels.
Pour analyser ce processus, nous avons retenu
l'élasticité des importations intra-P.M.D et extra-P.M.D., par
rapport au P.I.B de chaque pays.
Selon que ce coefficient sera en hausse ou en bais-
se, on concluera à une création ou à un "dê.-fou.JtYl.e.me.Yl.-f" d'échan-
ges entre P.M.D.
2° - LA CREATION DE NOUVEAUX COURANTS COMMERCIAUX.
Notre souci permanent a été le long de cette étude,
d'expliquer les variations de flux afin de mettre en évidence
les facteurs les plus importants pouvant modifier la structure
du réseau
d'échanges entre P.M.D. Cette méthode est celle qui
nous permettra de mieux percevoir les effets gravitaires dans
les échanges entre ces pays.
La démarche a pour but de préciser la structure de

- 245 -
l'ensemble des flux cammerciaux dans l'espace économique con-
sidéré, Le principe est simple. Il consiste à déterminer et à
mesurer les échanges qu'un pays ou groupe de pays entretient
avec les autres. L'évolution de ces échanges permet de suivre
les différentes orientations dans le temps. Aussi, en vue de
procéder à une comparaison, nous avons scindé l'analyse en
deux étapes :
- celui des élasticités à l'importation entre P.M.D;
- le calcul des élasticités des P.M.D avec le res-
te du monde CR.D.M.).
Il faut encore préciser que nous ne prenons en
compte que les grands flux d'échanges c'est-à-dire les échanges
avec les principaux partenàires. En analysant l'évolution des
flux commerciaux sur une certaine période à partir des élasti-
cités, on peut obtenir des indicateurs supplémentaires sur la
structure des échanges entre P.M.D. En effet, l'étude des flux
réels sur lesquels sont basés les calculs des élasticités per-
met de mieux connaître la structure de l'économie et son évo-
lution d'une part, et de mieux apprécier l'importance des rela-
tions entre pays d'autre part. Cette analyse témoigne de l'exis-
tence de forces économiques et fait apparaître une hiérarchie
des marchés dans le cadre d'un ensemble géographique donné.
Compte tenu du degré de développement très différent des P.M.D,
une telle étude pourrait
nous permettre de distinguer les
Etats aux productions importantes des autres et par conséquent
de localiser précisement les centres de gravité commerciale.

- 246 -
Les résultats de nos calculs sont regroupés dans
le tableau nO 22. Il ressort de ce tableau qu'il n'y a pas
eu une forte création d'échanges aussi bien entre P.M.D.
qu'avec le reste du monde (R.D.M.), ceci se remarque par la
baisse des élasticités pour les périodes 1970-75 et
1975-80.
On remarque en outre que la création d'échanges
avec les P.M.D, a été plus faible pour les P.P.A.
Selon nos chiffres, seuls Hong-Kong et Singapour
ont pu élargir leurs échanges, avec pour Hong-Kong, une élas-
ticité qui passe de 0,87 en J970-75 à 0,88 en 1975-80 ; et
1,19 à 1,28 à Singapour. Dans le même sens de l'analyse évo-
lutive, nous remarquons qu'il n'y a pas eu non plus, pour
ce groupe de pays, une création d'échanges avec le reste du
monde, à l'exception de Singapour 2,93 (1970-75) à 4,59
(1975-80) ; le Pérou: -0,24 à 4,41 respectivement pour les
périodes 1970-75 et 1975-80.

- 247 -
TABLEAU N° 22
P .M. D.
8 P.I.B.
E:
=
MI
/
M
P.I.B
ELASTICITES INTRl\\ - P . M. D ELASTICITES EXTRA-P.M.D
P A Y S
------------ ------------ ----------- -----------
1970-1975
1975-1980
1970-1975
1975-1980
P.P.A.
Argentine
2,63
0,50
1 , 51
0,61
Brés i 1
2,26
1 ,03
1 ,10
2,47
Corée du Sud
2,05
0,81
1 2 , 1 2
1 ,32
Egypte
4,52
0,29
3,92
0,50
Hong-Kong
0,87
0,88
13,42
0,90
Nicaragua
1 ,56
0,91
2,06
1 ,96
Pérou
2,30
0, 13
-0,24
4,41
Philippines
1 ,67
1 , 28
2,93
4,59
P. I.
- -
Chili
-1 ,62
0,42
-5,79
1,23
Colombie
0,88
1 ,20
0,45
2,04
Jamaïque
0,99
0,32
4, 13
9
Mexique
1 ,26
0,84
0,70
2,69
Paraguay
1 , 14
0,49
2,37
0,53
Rép. Dominicaine
-0,94
1 , 18
-
-
Sri-Lanka
-1 ,53
10,70
42,80
16,66
Costa-Rica
1 ,22
2,78
2,56
3, 11
Côte d'Ivoire
1 ,22
0,79
0,83
0,40
Nigéria
1,26
0,69
-
-
Sénégal
1 ,61
2,67
9,52
4,72

- 248 -
Il est cependant important de noter que pour l'en-
semble des P.M.D., la création d'échanges est plus forte avec
le reste du monde qu'entre eux-mêmes. Ceci s'explique par le
maintien des relations historiques et surtout par l'attrait
qu'exercent les pays développés sur cet ensemble (les P.M.D).
~orsque nous prenons en compte le deuxième groupe de pays,
(les P.T), on remarque une plus forte création d'échanges car
quatre pays ont pu améliorer leurs échanges avec les autres
P .M.D, ce sont :
- le Chili . . . . . . ... . . . . .. . . . . . - 1 ,62 à 0,42
- la Rép. Dominicaine: .. ... . . . . .
0,94 à 1 , 18
- le Sri-Lanka . . . .. . . . .. . . . . . .
1 ,53 à 10,70,
pour successivement 1970-75 et
1975-80.
La diversification géographique des échanges ob-
servée entre les Etats, est pour une large part, le résultat
des efforts entrepris par les P.P.A.
Lorsqu'on analyse les
résultats des échanges entre P.M.D sous l'angle du commerce
global, on peut être amené à douter de l'existence d'un effet
gravitaire, dans la mesure où il n'apparaît pas de façon ex-
plicite. Aussi, proposons-nous de nous intéresser à la struc-
ture des échanges au sein des organisations économiques ré-
gionales. A notre avis, cette analyse tient
compte suffisam-
ment des réseaux d'échanges et permettra par conséquent de
voir si l'on détecte un effet gravitaire dans ce commerce.

-
249 -
Le système multilatéral et bilatéral des préfé-
rences au niveau régional nous permettent de mener une telle
analyse.
B- INTERDEPENDANCE OU STRATEGIES DE RUPTURE
Il ressort de l'analyse précédente
que les P.M.D
ont entre eux à assumer leur propre "eU..a.togu.e. Notr..d/Sud". En
effet, à l'épreuve des faits statistiques, il se dégage une ("
stratixication retraçant la tendance des échanges entre ces
~ays .
Les P.P.A. dont le P.N.B./habitant est le plus
élevé (généralement supérieur à 2.000 dollars U.S. en 1979),
commercent plus avec les P.I.(P.N.B./habitant compris entre
600 et 1. SOO dollars U. S .). Ce deuxi ème groupe de pays
se
charge de commencer avec les P.M.A. Ceci est bien entendu très
schématique, mais cet échelonnement des échanges s'explique
par les différences de niveau de développement et permet d'a-
nalyser, comme nous l'avons déjà fait,
ces aires sous trois as~
pects réductibles en deux :
- la zone!;de diffusion
- la zone de rétention et/ou
- la zone de réception.

- 250
-
Cette hiérarchie des échanges s'apparente fort
bien avec l'analyse de René UHRICH(1) sur la communauté euro-
péenne. En effet, selon l'auteur, les pays de la C.E.E., se
trouvent en présence
"d'une. c.ommunauté qui e.n -ô'élaJtgi.6-ôant,
de.vie.nt plu.6 hétéJtogène. ave.c. un NoJtd e.mme.Jtgé dan.6 la -ôoc.iété
ind~tJtie.lle. e.t un Sud qui ne. la c.ôtoie. que. de.pui.6 une. généJta-
tion".
Ce
déséquilibre ou cette hiérarchisation comme
nous l'avons appelé, provient de facteurs qui expriment les
phénomènes gravitaires et expliquent par conséquent la struc-
ture des échanges entre P.M.D. La notion de "di.6tanc.e. éc.onomi-
~"
prend alors toute son importance. Cette notion comprend,
selon J.L. MUCCHIELLI, "la dl.6tanc.e. géogJtaphique. e.t dépe.nd de..6
ob.6tac.le..6 e.ntJtavant la c.ommunic.ation e.ntJte. de.ux Nation.6 ou Jté-
gion.6 ; e.lle. Jtéali.6e. .6e.lon l'aute.uJt, un c.la.6.6e.me.nt de..6 avantage..6
qu'un pay.6 pe.ut déte.niJt vi.6-à-vi.6 d'autJte..6 e.t c.ontJtibue. à éta-
bUJt une. "di.6c.Jtimination" e.ntJte. le..6 di6QéJte.nt-ô maJtc.hé.6 pote.n-
tie.l.6 " (2) .
Cette démarche place les pays dans une chaîne où
ils se trouvent dans une position intermédiaire par rapport à
leurs partenaires. En fait,
les facteurs de différenciation
1 -
Re.né UffRTCH : "PouJt une. nouve.lle. politique. de. déve.loppe.-
me.nt Jtégional e.n EuJtope.". Ec.onomic.a,
PaJti.6, page. 151 :
19 84 .
Z -
B.
La.6.6udJtie.-Vuc.hê.ne. e.t J.L. MUCCHTELLT
: "Le..6 éc.hange..6
intJta-bJtanc.he..6 e.t la hiéJtaJtc.hi.6ation de..6 avantage..6 c.om-
paJté.6 dan.6 le. c.omme.Jtc.e. inte.Jtnational". Re.vue. éc.onomique.,
mai 1979.

- 251
-
ne sont rien d'autre que les avantages comparés.
1° - LES CARACTERISTIQUES STRUCTURELLES
En, dehors de qœlqœs conclusions déjà tirées, on
peut dire que une grande partie des P.M.D ont de plus en plus
tendance à concentrer leurs échanges sur d'autres régions en
développement. Cette concentration est de caractère de voisi-
nage, ce qui permet d'évaluer les relations entre la façon
dont le commerce se distribue et les distances entre les pays.
Les caractéristiques structurelles du commerce de
ces pays peuvent se distinguer selon quelques r~briques(1)
- lé phénomène his torique d' accroiss emen t de 1 r in ter-
dépendance entre les économies qui se traduit au niveau des
échanges et de l'organisation de la production (habitudes com-
merciales, réseaux de relations commerciales liant les pays
en tre eux ... ).
Evidemment, l'accroissement de l(interdépendance
n'affecte pas tous les auteurs de manière
égale, Il s'agit au
contraire, comme nous venons de le constater, d'une interdépen-
dance asymétrique, permettant la diffusion des effets de domi-
nation entre Nations et aggravation des inégalités. Il serait
approprié d'analyser cette ]négalité au sein de l'interdépendan-
ce qui se traduit par la nature des spécialisations. Selon que
la spécialisation des pays ou groupes de pays manifeste une
r - : Commi~~a~iat géné~ai du pian : VOQumentat~on 6~ancai~e,
no v em b~ e 1983.

- 252 -
plus ou moins grande dépendance à l'égard des autres marchés,
les po?itions des divers pays seront ou non symétriques.
- On peut également citer comme phéno-
mène de structure des écnanges, les rapports de prix qui ac-
compagnent la spécialisation productive. Une étude du marché et
des conts permet de préciser quelle demande et quelle dimen-
sion d'une firme, il est possible d'atteindre en fonction du
prix de fabrique. En effet, à partir des courbes de coûts et
de demande, l'on peut calculer le plus grand bénéfice possible
et localiser l'emplacement optimum. Cette analyse susceptible
de fournir des indications sur les aires
de marché, introduit
une hiérarchisation qui influe sur les mouvements d'échanges.
L'interdépendance entre les partenaires commerciaux des P.M.O
est nettement asymétrique dans la mesure où les P.I. sont moins
puissants économiquement et commercialement que les P.P.A.,
considérés comme "te. gJta.nd pôte."
du commerce entre P .M.D.
Aussi, plus que d'une inter-dépendance commerciale, on peut
parler d'une sorte d'intégration industrielle entre ces pays,
avec des rapports privilégiés de "pJtox1m1te.". La structure
géographique des échanges de ces groupes de pays porte, comme
nous avons eu l'occasion de le noter, la marque de l'histoire
et des positions géographiques. Le changement d'orientation
des échanges de ces pays peut donc être analysé non pas comme
une rupture avec les partenaires traditionnels (pays dévelop-
pés), mais comme un phénomène de recentrage.

- 253 -
Ce recentrage·implique une transformation dans les
positions de forces relatives des partenaires aux échanges. Si
ces partenaires peuvent s'appuyer sur des raretés relatives
de production ou de facteurs, ils imposent des changements pro-
fonds dans les rapports de prix et par conséquent dans l'orien-
tation des échanges. Le redéploiement des exportations entre
P.M.D illustre cependant une tendance au recentrage commercial
non pas "Sud/Sud", mais régional.
SECTION 2
LE COMMERCE INTERREGIONAL ET MODIFICATION
DES RESEAUX D'ECHANGES.
La détection des noyaux dynamiques nous a paru in-
dispensable dans la mesure où l'on a pu cerner l'ensemble des
pays qui détiennent une position centrale dans le système des
échanges entre P.M.D. Nous avons montré qu'au sommet de la hié-
rarchie, se trouvent les pays les plus dynamiques du point de
vue des échanges. Ces pays (les P.P.A.) exercent un rôle domi-
nant en matière d'échanges sur les pays qui sont dans leur
mouvance. Cette démarche consiste à retracer la structure des
réseaux d'échanges et par conséquent, à définir les orienta-
tions des échanges par les parts prises sur les marchés. Une
fois toutes ces orientations définies, nous sauront dans quel-
les mesures les regroupements en Unions douanières sont un
frein ou une mesure d'expansion des échanges entre P.N.D.

- 254 -
A- L'IMPORTANCE- RELATIVE DE LA CAPACITE-DE COMMERCER
Pour l'analyse de ce point, nous construisons deux
tableaux nO 6 et n07 qui retraceront les formes d'évolution
des échanges entre P.M.D.
Dans le tableau nO 6 nous calculerons les coeffi-
cients "ex."
qui sont le rapport entre la variation
du P.I.B
pour les périodes 1970-75 et 1975-80.
Notre désire est de
mesurer l'intensité des flux d'échanges entre ce groupe de
pays.
A cette fin, nous estimons qu'il est utile de tenir
compte des effets de croissance et de structure des économies.
C'est pourquoi nous avons adopté le coefficient "a" qui rend
compte de la variation de la part relative consécutive à des
différences dans les rythmes de croissance.
Il s'e"suitque l'évolution de "a~" pourrait être
attribué aux variations de la structure (la distance géographi-
que - les liens historiques - linguistiques et culturels) du
commerce de ces pays.
Lorsque un pays a un coefficient "a" élevé, cela
signifie que ses échanges avec les autres P.M.D. sont intenses,
et vice-versa.

- 255 -
Dans le tableau N° 7
, l e coefficient
"s"
exprime le rapport des exportations à destination des princi-
paux partenaires (P.M.D.) sur les exportations totales à des-
tination de l'ensemble des P.M.D. Pour ce tableau, nous avons
retenu les années 1970, 1975, 1980 et il nous permettra de voir
l'orientation générale des échanges des pays considérés. Aussi,
nous n'avons pas voulu nous enfermer dans la typologie de dé-
part, nous avons considéré tout les pays pour lesquels on trou-
ve au moins un P.M.D. parmi les principaux partenaires.
1° - L'ELASTICITE DES EXPORTATIONS PAR RAPPORT
AU (~X
I~P.I.B)
--
X
P.I.B
On note que l'expansion des échanges avec le reste
du monde (R.D.M.) a été relativement plus rapide qu'avec les
P.M.D, ceci ressort du tableau N°6. En effet, ce tableau indi-
que un déclin (globalement), des élasticités dans l'hypothèse
des échanges intra-P.M.D. entre 1970-75 et 1975-80.
A part quelques pays, Argentine - Brésil - Nicara-
gua - Singapour (1970-75 - 1975-80) pour qui le coefficient
"a"
est supérieur à 1 pour les échanges intra-PMD; affichent
des résultats plutôt médiocres.
Pour ce premier groupe de pays, le coefficient re-
latif aux échanges extra-P.M.D.
sont beaucoup plus faibles que
celui des échanges intra-P.M.D. Aussi, si
on s'en tient à ce

- 256 -
coefficient, on est conduit à retrouver une certaine division
du travail: les coefficients intra-P.M.D sont élévés (supé-
rieur à 1 tandis que celui relatif aux échanges extra-P.M.D.
est relativement faible.
Le dynamisme de ce groupe de pays a eu pour effet
principal d'amoindrir les échanges extra-P.M.D au profit des
échanges intra-P.M.D.
Particulièrement remarquable est la faiblesse de
l'intensité des échanges intra-P.M.D du deuxième groupe de pays.
Ce deuxième groupe de pays est en marge des échanges intra-
P.M.D (coefficient inférieur à 1). L'essentiel de leurs échan-
ges se font avec les pays développés en général.

- 257 -
TABLEAU N°
23
11 X
'I1P.I.B.
"a"
=
/
X
P. l .B.
ELASTICITE INTRA-
COEFFElCŒENTEXTRA-
P.M.D~
P.M.D.
P A Y S
---------1--------- ._------- --------
1970-]975 1975-~980 1970-,1975
1975-1980
P.P.A
Argentine
1 ,32
°,51
0,50
0,45
Brésil
1 ,32
1 ,63
2,06
1 ,63
Corée du Sud
0,392
0,96
-
-
Egypte
0,95
1 ,43
-
0,24
Hong-Kong
°,83
0,77
-
l'
Ni caragua
1 ,09
°,15
0,99
-0,02
Pérou
°,21
0,235
0,25
°,521
Philippines
°,86
0,92
-0,42
0,743
Portugal
-
-
-
-
Singapour
1 ,27
1 , 71
°,21
0,527
P . I.
- -
Chili
-0,84
0,29
-0,754
0,54
Colombie
°~ 116
0,95
0,226
°,133
Jamaïque
0,4
°,147
0,227
0,83
Mexique
0,112
0,133
°,319
0,485
Paraguay
o, 108
0,29
-
°,39
Rép. Arabe Syrienne
°,163
0,43
°,167 -0,20
Rép.
Dominicaine
o,229
-0,20
-
-
Sri- Lanka
o, 11 2
0,380
o, 131
0,29
Costa-Rica
1 , 1 7
2,33
1 , 79
3,44
Côte d'Ivoi re
°,97
0,79
0,60
1 , 19
Nigéria
1 ,47
0,94
2,64
1 , 11
Sénégal
1 ,49
0,10
1 ,43
1 ,97

- 258 -
On pourrait cependant faire à notre démarche, la
critique qui consiste à dire que la croissance des exportations
est fortement liée à celle du produit, puisque les exportations
font partie de ce produit. Cette critique généralement faite à
ce type d'approche, se justifie ici également car la démarche
de corrélation entre exportations et croissance du
P.I.B
revèle un tel phénomène.
Aussi, nous avons pris des précautions qui ont con-
sisté à considérer le taux d'accroissement des deux variables,
plutôt que leur valeur nominal. Notre coefficient pourra ser-
vir également à déterminer les effets de richesses exercés par
les P.M.D, les plus avancés sur les moins avancés et définir
ai ns i le de gré de vulnérabi li té d'un pays exportateur "A" par
rapport à son client !lB". En faisant un prolongement vers les
théories du commerce international les plus confirmées, en
l'occurence celle de LINDER, les pays qui ont des revenus voi-
sins devraient avoir plus de relations commerciales entre eux.
Autrement dit, les P.P.A, les P.I
devraient avoir plus d'é-
changes à l'intérieur de leur groupe qu'avec d'autres. Ceci
est-il confirmé dans le cadre des échanges entre P.M.D?
C'est
ce que nous avons tenté d'analyser à partir du tableau N°7.
Le coefficient déterminé dans ce tableau exprime la structure
de la demande entre P.M.D.
On peut d~une part refléter la structure de produc-
tion de chaque pays, et d'autre part traduire la structure spa-
tiale de l'utilisation des surplus de production disponibles pour
l'échange.

- 259 -
TABLEAUX N° 24
!: ~~~:g., (En %)
COEFFICIENT
"s"
EXPORTATEURS
IMPORTATEURS
1970
1975
1980
Argentine
Brési 1
33,84
66 ,15
59,52
Italie
66 ,15
58,38
40,47
Brésil
Argentine
100
100
100
Corée du Sud
Arabie Saoudi te
o,51
33,39
53,49
Hong-Kong
99,48
66,60
46,50
Nicaragua
Costa-Rica
100
100
100
Pakistan
Chine
29,38
6,32
30,25
Iran
9 ,22
8 ,02
27,22
Hong-Kong
53,39
54,55
23 ,21
Arabie Saoudite
7 ,99
31 ,09
19 ,30
Singapour
Malaisie
-
-
55,40
Hong-Kong
55, 28
67,77
28,47
Thailande
44,71
32,22
16 , 12
Afganistant
Malaisie
68 ,88
48 ,22
51 ,23
Pakistan
31 , 13
51 ,97
48 , 76
Colombie
Vénézuela
11 ,68
69,89
64,96
Espagne
88,31
30 ,10
35,03
Mexique
Espagne
47,60
1 3,20
55 ,39
Israël
3,03
28 ,09
26,41
·Brésil
43,34
58 , 70
18 , 19
Paraguay
Argentine
93,39
89,76
64,83
Brésil
6,60
10 ,23
35 , 16
Sri-Lanka
Chine
81 ,9 1
70 ,72
58,04
Iraq
18,08
29,27
41 ,95
Grèce
53,64
53,64
29,09
Arabie Saoudi te
23,36
23,36
28, 13
Indonésie
Iraq
27,94
1 5 ,64
37,68
Arabie Saoudie
28,42
30,40
26,20
Syrie
31 ,47
22,82
18 , 12
Inde
4,49
1 2,60
10,68
Turquie
7,66
18 ,51
7,30
8 = Rapport des exportations à destination des principaux
partenaires P.M.D, sur les exportations totales à des-
tination de l'ensemble des P.M.D.

- 260 -
L'interprétation de l'évolution du coefficient
"s" est rendue complexe parce que la structure du réseau d'é-
changes que l'on note entre ces pays décrit une orientation
tantôt à sens unique, tantôt à double sens.
Cependant on peut souligner que le poids relatif
des pays les plus avancés augmente dans la demande des moins
avancés. Par contre les importations
des premiers s'intensi-
fient plutôt entre eux. En fait il est délicat de relever un
net
effet de dimension économique, cependant il est conceva-
ble de dire que les pays les plus avanc'és se tournent davanta-
ge à d'autres de même niveau de développement que par le passé.
Ceci est le signe d'une réorientation des échanges basée sur
le dynamisme différencié de chaque pays.
En ce qui concerne le second groupe de pays, leur
demande adressée aux P.M.D
plus avancés augmente, du moins
pour ceux dont on a les statistiques disponibles, mais ils
jouent encore un rôle assez restreint dans le commerce inter-
national.
Le premier groupe de pays apparaît donc comme ce-
lui qui est économiquement le plus avancé,
le second étant plus
dépendant à son égard qui ne l'est lui-même à son endroit.
Ce résultat doit être nuancé car les flux d'auto-
commerce n'ont pu être introduit de façon explicite dans le
raisonnement. Or ces flux peuvent affecter l'hypothèse d'indé-

-
261
-
pendance dans la mesure où les facteurs qui gouvernent le ni-
veau des flux d'auto commerce ne sont pas les mêmes que ceux
qui orientent les flux d'échanges internationaux. Cependant,
ce coefficient qui repose sur l'hypothèse de l'existence de
lois de déformation des réseaux d'échanges fournit une repré-
sentation des formes sous lesquelles les échanges entre P.M.D
se manifestent.
L'une des principales conclusions de la réflexion
de Linder, à savoir que "p.tU.6 .ta .6:tJtuc.:tuJte. de. .ta de.maYlde. e..6:t
.6~m~.ta~Jte. e.Yl:tJte. de.ux pay.6, p.tU.6 .te. c.omme.Jtc.e. e.Yl:tJte. c.e..6 de.ux pay.6
e..6:t ~Yl:te.Yl.6~6",
n'est pas toujours vérifiée dans le contexte
des échanges entre P.M.D.
Cependant, cette conclusion démeure
d'une haute importance dans l'analyse gravitaire puisqu'elle
est ici perçue comme l'écart économique qui existe entre deux
ou plusieurs pays, et la question fondamentale
que l'on pose
alors, est "que.l.te. e..6:t .t 1 ~mpoJtt.aYlc.e. de. .ta cLüt.aYlc.e. é.c.oYlom~que.
e.Ylt.Jte. pay.6 daM .ta dé.:te.Jtm..tYlat...toYl du c.omme.Jtc.e. ". L'analyse de
la structure des échanges entre P.M.D
nous a révélé une cer-
taine tendance d'une partie de ces pays à la concentration de
leur commerce. Et cette concentration est en plus de caractère
de voisinage. Nous estimons par conséquent que l'on peut mieux
expliquer ces échanges par la spécialisation.
Cette thèse de la spécialisation, invite à consi-
dérer les avantages naturels de chaque pays ou groupe de pays
par rapport aux autres (régions forestières, de savane, déser-
tiques ... ) et peut être rattachée dans son analyse à celle de
l'avantage comparatif ou absolu.

-
262 -
Ce que nous pouvons déjà faire remarquer, c'est
que les
P.I. que F. VELLAS(1) a appelé "palj-6-Itelai-6",
se subs-
tituent aux pays développés (P.D.)
(anciens fournisseurs des
P.M.D.) en tant que nouveaux fournissseurs des
P.M.A.
Pour
cet auteur, là spé~ialisation internationale de ces pays-re~ais
est de type dual, en ce sens qu'elle est caractérisée par des
exportations de produits bruts vers les P.D et par des expor-
tations de produits finis vers les P.M.D
les moins avancés.
Cette nouvelle forme de spécialisation entraine donc un dé-
tournement des échanges en faveur de certains P.M.D. En effet,
les "palj-6 -Itelai-6" exportent 50 % de leurs produi ts manufactu-
rés vers les P.M.D
qui préfèrent s'adresser pour leur impor-
tations aux P.P.A ou aux P.I plutôt qu'aux fournisseurs tradi-
tionnels.
Il faut inscrire cette logique des échanges dans
le cadre de la délocalisation de la production ou "l'inteltnatio-
nali-6ation". Ainsi, les P.P.A et les P.I contribuent-ils à mo-
difier les courants d'échanges traditionnels des P.M.D.
1 -
F.
VELLAS
: "Le-6 ôoJr.me-6 de -6péc.iali-6ation inteltnationale
de-6 P.M.V. et l'emploi" - dan-6 inteJr.nationaU-6ation et
autonomie de déc.i-6ion Ec.onomic.a,
PaJr.1-6
1982.

- 263 -
2° - L'ORIENTATION REGIONALE DES ECHANGES.
De l'analyse des échanges entre P.M.D, un constat
s'impose: "J..i n'y a pa;., de. Jte.iatJ.on;., d'êc.hange.-6 -6Y-6têmatJ.que.;.,
à. c.aJtac.tèJte. c.o ntJ.ne.ntai e.ntJte. c.e.;.,
pay;.,".
Sans procéder à un découpage des pays en fonction
des continents, le coefficient "s" du tableau nO 24 nous revè-
le une préférence des pays à échanger dans leurs régions res-
pectives. Les principaux partenaires d'échanges sont des pays
de la même région. Le fait que les P.M.D privilégient les é-
changent régionaux nous semble être la marque de l'influence
de la distance sur les échanges, du rattachement de~ays à des
monnaies étrangères et de la constitution régionale des unions
douani ère s .
Nous n'avons pas spécialement privilégié le facteur
distance (physique) dans notre étude comme étant un frein aux
échanges, car nous estimons que son rôle a suffisamment été
évoqué, aussi, nous l'admettons ici comme une donnée de départ.
Ce qui a plutôt retenu notre attention c'est que cette réalité
étant, comment les P.M.D ont essayé de la tourner pour organiser
des échanges entre eux et quel effet ceci a eu sur la structu-
re globale des échanges (quantité, orientation).
Le tableau nO 25 nous donne une idée assez précise
sur l'orientation des échanges régionaux car il revèle que ces
échanges restent majoritaires entre les pays de la même région.

- 264 -
TABLEAU N° 25
8~~~!!!!!2~_~~~_g!~~~~_~2~E~~!~_~~~~h~~g~~_~~!!~
~~~~~~ __ ~~_~!2~~!!~_~~~~~~~!~E~~'
LES GRANDS COURANTS
P .M.D
P.M.D
100 %
VALEURS
VALEURS
1970
1980
1981
D'ECHANGES ENTRE PMD a~g.80 EN MZ 1981 EN M$
1
1
ECHANGES REGIONAUX
75J. '_' ~
66,7 %
65,2 1\\0
...
4L
0li
37,6 %
36,5 %
Asie (régional)
14 . 12911,1.' Z 15.618M $
22,3 g0
19 , 1 0li
18,8 %
Amé'riq ue 1 atine (rég .)1
7.008M Z
8.054M Z
4,7 %
8,4 %
8,3 %
Moyen Orient (régi:ona:Q
3.665M Z
3.550M $
6,5 %
1 ,6 %
1 ,6 g0
Afrique
609M Z
676M Z
ECHANGES INTER~ONTINEN<rAUX
25
g0
33,3 %
34,8 %
5 ,8 g0
13,3 %
13
%
Asie-Moyen Orient
5.033M Z
5.561M Z
Moyen Orient-Asie
304M Z
276M:,Z
10 ,2 o.0
7,9 %
8 ,4 %
Asie-Afrique
2.991M Z 3.600M Z
Asie-Amérique Latine
276M Z
425M Z
o,8 %
1 ,9 %
1 ,8 %
Amérique Latine-Afrique
70 lM Z
783M $
Afrique-Amérique Latine
62M Z
42M Z
Amérique Latine-~yen
Orient
421M Z
302M Z
Moyen Orient -
Amérique Latine
17M Z
19M Z
Moyen Orient-Afrique
336M Z
674M g
Afrique-Moyen Orient
112M Z
115M g
Source .. :. J. LEMPERIERE
: La restauration des échanges inter-
nationaux
I.S.M.E.D. nO 28, 1984, page 34.

- 265 -
Le tableau est tout à fait révélateur du grand
déséquilibre qui caractéri~e ces échanges. Les échanges ré-
gionaux, bien que décroissants, restent largement plus élevés
en proportion (au moins le double) par rapport à ceux qui s'ef-
fectuent entre continents :
75 % con t re 25 % en 1970
; 66, 7 % con t re 33, 3 %
en 1980 et 65,2 % contre .34,8 % en 1981.
A partir de ce tableau nO 25, nous avons calculé
les taux de croissance des grands courants d'échanges entre
P.M.D, pour la période 1980-81. Les résultats sont regroupés
dans le tableau nO 26
TABLEAU N° 26
I~~_g~_~E9!~~~~~~_g~~_gE~~g~_~2~!~~!~_~~~~h~~­
~~~_~~!E~_~~~~~~ (1~~Q:~1_~~_~!!!!2~~_g~_~_~~~)
E CHA N G E S
TAUX DE CROISSANCE
ECHANGES REGIONAUX
Asie
10 ,53
Amérique Latine
14,92
Moyen Orient
-3,13
Afrique
11 ,00
ECHANGES,:" TNT/ER-:CmHlNENTAUX
;u:
d
.... Asie:- f.{.oy~n·-Orient
10 ,49
"Moyenc:(orâ:'ent - Asie
-9 , 21
Asie - Afrique
20 ,36
Afriq ue - Asie
8,65
Asie - Amérique Latine
24,93
Amérique Latine - Asie
59 ,17
Amérique Latine - Afrique
-3,22
Amérique Latine - Moyen Orient
11 ,76
Moyen Orient - Afrique
100,50
Afrique - Moyen Orient
2 ,67
Source
Tableau obtenu à partir des chiffres précédents.

- 266
-
La période que couvrent ces chiffres ne permet
évidemment pas de tirer une véritable conclusion quant à la
tendance des échanges, aussi, une comparaison a été faite avec
des chiffres de périodes antérieures qui confirment la tendan-
ce des données du tableau nO 25. Nous pouvons donc dire que la
zone où les échanges entre pays de la région sont plus denses
est l'Amérique Latine (avec un taux de croissance de 14,92 %
en 1980-81), suivie de l'Afrique (11,00 %).
Cette "pe.Jtn0Jtma.nc.e." de l'Afrique est à attribuer
à la complémentarité entre leurs économies et à l'appartenance,
surtout en Afrique Occidentale d'un grand nombre de pays, à la
même zone monétaire.
Ces échanges évalués en monnaie ne reflètent cer-
tainement pas toute la réalité des échanges entre ces pays ou
régions. En effet, nous estimons que, du fait des échanges
".6oute.Jta.1Y!.-6" et/ou clandestins, qui ne sont pas pris en compte
dans les statistiques officielles, les données sur ce phénomè-
ne sous-estiment largement les échanges. Les échanges soute-
rrains, bien que n'apparaissant pas dans les statistiques, cons-
tituent une partie importante des échanges surtout en Afrique,
et sont plus fréquents entre pays limitrophes.
Cet aspect du problème est très difficile à saisir.
En effet, la classification de ces biens n'est pas toujours
aisée, par exemple un troupeau de boeufs qui quitte le Mali
pour la Côte d'Ivoire, doit-il être appréhendé comme un dépla-

- 267
-
cement de capital ou de marchandise? Pour le berger (proprié-
taire du troupeau), les boeufs sont à la fois marchandise et
capital, tandis que les autorités douanières de la Côte
d'Ivoire saisiront cette entrée comme simplement une marchan-
dise, n'y a-t-il pas là un biais dans les statistiques, si
toutefois elles existent?
Tout le problème de la comptabili-
té des mouvements entre Nations se trouve poser par cette dif-
férence de conception.
Quant aux échanges clandestins, nous les expliquons
par la rigidité institutionnelle aussi bien nationale qu'in-
ternationale, le facteur politique, qui a érigé des barrières
"aJt:t.i6icJ.e.lle.!.:J" entre agents économiques qui avaient en com-
mun un certain nombre d'habitudes, de coutumes, de goûts, de
religion, de langue ... , toutes choses faites pour considérer
comme étant un groupe homogène.
Les frontières politiques ont par conséquent coupé
articificiellement des régions et instauré des aires de marché
sans tenir compte de certains comportements économico~sociaux.
Aussi, nous estimons que le commerce entre P.M.D doit tenir
compte du comportement des populations des régions différentes
comme une variable très importante.
Pour conclure sur ce point, nous dirons que les
P.M.D traversent une phase de grande mutation économique qui
déplace régulièrement les régions dynamiques. Pour la période
1980-81, le taux de croissance des échanges du Moyen Orient

- 268 -
vers l'Afrique a été le plus élevé (100,5 %), faisant ainsi
de cette zone la plus dynamique pour la période. L'Afrique
étant la moins industrialisée, a les taux de croissance des
échanges les moins élevés:
2,67 % vers le Moyen Orient
8,65 % vers l'Asie. Le déséquilibre des échanges se fait en sa
défaveur, puisqu'elle importe des autres continents plus qu'
elle n'exporte vers eux.
B - LES ECHANGES COMMERCIAUX
LES MODI FI CATIONS DE STRUCTURES
D'ECHANGES ENTRAINEES PAR LE
SYSTEME PREFERENTIEL
La constitution des aires de marchés des P.M.D
a surtout été basée sur des considérations géographiques.
Faut-il voir derrière cette attitude, l'influence de la dis-
tance physique, la proximité linguistique, le rapprochement
des goûts et des habi tudes ? En tout cas, une remarque s' impo-
se : les mouvements internes aux groupes constitués sont in-
tenses. A l'intérieur de ces groupes, on note l'existence de
l'effet gravitaire dans les échanges. Cet effet gravitaire se
traduit d'ailleurs dans certains cas, par une dépendance pure
et simple. Nous tenterons dans ce paragraphe d'analyser ces
stratégies commerciales à vocation régional. Ensuite, nous
verrons l'effet des Unions monétaires sur l'orientation des
échanges. Ce dernier point fera ressortir l'effet de comporte-
ment des agents économiques.

-
269
-
1° - LES STRATEGIES COMMERCIALES A VOCATION REGIO-
NALE : LA CONSTITUTION DES AIRES DE MARCHE.
L'interdépendance des économies se concrétise par
le regroupement relativement récent des Etats des P.M.D. En
effet, ces pays tentent de privilégier les organisations pou-
vant promouvoir la coopération économique entre partenaires
ré-
gionaux, ce qui peut-être considéré comme la première étape à
l'expression d'un mouvement intra-P.M.D dans son ensemble. Ce
processus est bien connu
sous le nom "d'intégJta.üon éc.onomique."
et se manifeste aussi bien entre P.M.D qu'entre P.D.
Les stratégies commerciales sont matérialisée par
des organes de promotion des échanges commerciaux. Les échan-
ges à l'intérieur des zones sont régis par des accords bilaté-
raux ou multilatéraux. Dans le cadre des P.M.D, ces stratégies
reposent sur la notion "6oJtgé" d'autonomie collective(1)
et
implique la création entre les membres, d'une union douanière.
Cette union douanière comporte généralement l'élimination ou
la réduction des droits de douane entre partenaires et l'ins-
tauration d'un tarif douanier commun à l'égard de l'extérieur.
1 -
:
La. ~tJta.tégie. d'a.utonomie. c.olle.c.tive. e.~t une. ~tJta.tégie. pJto-
po~ée. pa.Jt la. CNUCEV, pu.{.~ a.doptée. e.n 1916. La.dite. ~tJta.tégie.
ne. de.vJta.it pa.~ c.oMtitue.Jt un Jte.pli de.~ P.M.V -6IlJt e.ux-mê.me.~,
ma.l~ a.u c.ontJta.1Jte. c.on~tltue.Jt un éléme.nt de.~ Jte.la.tlon~ éc.o-
nomlque.~ lnte.Jtna.tlona.le.~. Ve.ux d.{.Jte.c.tlon~ l'ont a.nlmée. :
- la. ~tJta.té91e. c.on~tJtulte. da.n~ un but dé6e.Y/..616 e.n vue. de. 6a.-
voJti~e.Jt la. c.oopéJta.üon e.ntJte. P.M.V e.t de. Jte.n6oJtc.e.Jt la. po-
-61t1on négoc.ia.tlon de. c.e.~ pa.y~ ;
- la. ~tJta.tég1e. c.on~tJtu.{.te. e.n vue. de. me.ttJte. le. Jte.n6oJtc.e.me.nt
e.t l'lnte.n~16ic.a.tlon de.~ éc.ha.nge.~ (lnve.~tl~-6e.me.nt~ e.t c.oo-
péJta.t1on te.c.hnologlqlle.! .

- 270 -
Aussi, les échanges peuvent être appréhendés dans deux direc-
tions principales :
- les échanges entre pays du même groupe
;
- les échanges du groupe avec le reste du monde.
Le mouvement de coopération commerciale interré-
gionale entre P.M.D est un phénomène relativement récent et
semble s'intensifier entre pays favorisés. Ces regroupements
régionaux ont eu pour conséquence de modifier considérablement
les réseaux d'échanges des P.M.D. Mais cette modification s'in-
tègre dans le processus hiérarchique que nous avons relevé
dans les premières pages de cette partie. Ainsi, les échanges
entre P.M.D revèlent une forme très complexe: échanges à l'in-
térieur des groupes, échanges en dehors du groupe d'intégra-
tion ... Or, un pays peut appartenir à plusieurs regroupements
économiques à la fois, ce qui ne manque pas de poser souvent
des problèmes au niveau de la coordination des avantages à ac-
corder aux différents partenaires.
Notre objectif ici n'est pas simplement de relater
les expériences de constitution d'aires de marchés mais plutôt
de voir dans quelle mesure on peut parler d'effet gravitaire
dans le contexte de regroupements de ces pays. Si nous partons
de l'hypothèse qu'à l'intérieur des aires constituées, les
économies sont régies simplement par le mécanisme de marché,
l'optimum économique, selon la théorie néo-classique sera en-
gendré par la libre circulation des facteurs de production et

-
271
-
des marchandises. Or, l'évolution des productions et des ri-
chesses ne se fait pas au même rythme, c'est ainsi qu'apparaît
le processus d'hiérarchisation économique qui fonde l'effet
gravitationnel. Nous allons nous demander si la distance géo-
graphique, et en quelque sorte les regroupements économiques,
expliquent les polarisations marquées des échanges et rendent
ainsi mieux compte des relations commerciales entre ces pays.
Ces facteurs qui expliquent les interactions réciproques entre
les pays importateurs et les pays exportateurs sont fondamen-
taux dans les relations gravitationnelles, puisqu'ils intro-
duisent les effets de demande d'ordre psychologique, sociolo-
gique et économique.
Maktar nIOUp(J) estime que ~le~ communau~~~ ~cono-
m1que~ en A6Jr.1que on~ ~~~ g~n~Jtalemen~ con~~Jtu1~e~ au~ouJt de~
gJtoupe-6 de patd~ ~1~u ~~ dan~ de~ Jt~g10 n~ noda.le.6 Il •
Pour lui, la région nodale ~e~~ une zone g~ogJtaph1-
que pJtüen~an~ de gJtande~ d1~paJt1~~~ du po1n~ de vue de la loca-
U~a~1on de~ ac~1v1~~~ ~conom1que~ no~ammen~ 1ndU.6~Jr.1elle~~.
1 -
Ma.k~aJt Viou6 : "In~~gJta~1on ~conomique". PeMpec~1ve~
a6Jt1caine.6 N.E.AIPu6li~ud VakaJtIPaJr.1~, page 222.

- 272 -
Cette région nodale a une incidence certaine dans le classement
de la propension à commercer des pays. Dans cette zone situés
sur des grands axes d'échanges internationaux. Dans les re-
groupements économiques, les positions géographiques ont donc
be aucoup joué.
de l'Es t.
Le taux de croissance du P.N.B/habitant~et la pro-
portion de la population active dans l'agriculture et l'indus-
trie de ces pays se présente comme suit pour les périodes
1960-80 et 1960-80
:
TAUX ANNUEL MOYEN
POURCENTAGE DE LA POPULATION
DE CROISSANCE DU
ACTIVE DANS
P A Y S
P . N.B. PAR HAB l T:AN"T
--
L'AGRICULTURE
L'INDUSTRIE
1960
1980
1960
1980
Kenya
2,5
81
73
5
9
Tanzanie
1 ,60
85
80
3
7
Ouganda
-0,90
85
80
4
7
Source
- Taux d'accroissement du P.N.B/tête, in P. et S.
GUILLAUMONT : Zone franc et développement africain.
Economica, 1985. Ces statistiques ont été corrigées
par l'auteur.

- 273 -
- les pourcentages de la population active, dans
le rapport de la Banque mondiale 1985.
Le niveau du revenu/habitant est plus élevé au
Kenya par rapport aux deux autres pays. Quand on examine la
progression des secteurs agricole et industriel, la disparité
régîonale se confîrme et l'écart se creuse entre le Kenya et
les deux autres pays. Le premier est plus industrialisé et on
y remarque une baisse de la population active travaillant dans
l'agriculture en faveur de l'industrie.
Le Kenya apparaît dans ce regroupement comme le
coeur du système, et ceci ressort du tableau du solde de leurs
échanges.
TABLEAU N° 28
(1971-1977)
P A Y S
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1980
Kenya
+49,2
+55,1
+76,4
+93,6
+97,1
+127,4
+144,3
-
Tanzanie
-15,12
-26,28 -24,28 -23,09 -30,85
-48,82
-19,05
-
Ouganda
-31,40
-24,65 -52,16 -70,32 -62,17 . -78,40 -132
-
Source
Maktar DIOUF op. cit. page 224
Ce tableau des échanges fait apparaître le déséqui-
libre des échanges entre ces pays, seul le Kenya réalise un

-
274 -
solde excédentaire dans ses échanges avec ses partenaires de
1971 à 1977.
Selon Maktar DIOUp(1), les échanges entre l'Ouganda
et la Tanzanie sont pratiquement inexistants, alors que chacun
de ces deux pays enregistre des flux importants d'exportation
de produits agricoles vers le Kenya, et d'importation de pro-
duits industriels en provenance de ce dernier pays. On relève
dans ces échanges, une certaine complémentarité ou ce qui a été
appelé en d'autres temps, "t'ec.hal1ge. il1egat"
entre le Kenya
(exportateur de produits manufacturés) et les deux autres moins
avancés que le premier, cantonnés dans le rôle de fournisseurs
de produits agricoles. Il faut faire remarquer que cette spé-
cialisation n'est pas spécifique à ce groupe de pays car elle
apparaît clairement en Afrique de l'Ouest entre pays de forêt,
zone de savane et zone sahérienne. L'attraction qu'exerce le
Kenya sur ses partenaires commerciaux apparaît dans le tableau
précédent et on peut dire qu'il existe effectivement un effet
gravitaire dans les échanges entre ces pays.
Centrale
Les pays constituant cette union douanière ont adop-
té un système de taxe unique et les produits soumis à cette
taxe sont ceux des industries împlantées dans la zone (UDEAC).
J -
Makta~ DIOUF op. c.it. page. 222.

- 275 -
Aussi,
le nombre d'entreprises soumises à cette taxe revèle
directement le niveau d'industrialisation des pays, ce qui ap-
paraît dans le tableau suivant:
TABLEAU N° 29
- -
A "Nil N
E
E
S
P A Y S
-------------_ .. -----------------
1966
1973
! Cameroun
48
59
Cen tr afriq ue
17
15
Congo
19
25
Gabon
3
9
TOTAL
87
108
1
Source
UDEAC ANX, Secrétariat général UDEAC pages
177-179.
On constate que le Cameroun regroupe en 1966 55,77 %
des industries localisées dans cette zone et 54,6 % en 1973,
et le Congo réalise 21,8 % en 1966 et 23,14 % en 1793. A eux
deux, ces pays regroupent près des 3/4 des industries
implantées
dans le marché UDEAC. Cette suprématie du Cameroun et du Congo
confirmée par les statistiques, implique un effet gravitaire
dans les échanges entre ces pays. L'attraction des pays se JUS-
tifie par les indicateurs du tableau suivant, qui marquent les
disparités régionales économiques de ce marché.

- 276 -
TABLEAU N° 30
I~~_~~_~~Q~~~~~~~_~Q~~~~~~_~~~_~~Y~_~~_!~
~Q~~ __Y~~~~~6~Ç~ (en %)
'PNB/HABITANT
P. l .B.
VALEUR AJOUTEE
P A Y S
------r------- ------- ------- -------- INDUSTRIELLE (%)
1:960-79
1960-80
1960-70
1970-79
1970-80.
1970-80
Cameroun
2,5
2,6
3, 7
5,4
5 ,6
8,6
Congo
0,9
0,8
2, 7
2,9
3 , 1
4,0
Gabon
6 , 1
6 , 1
4 , 1
7,7
7,7
-
Centrafrique
0, 7
o,9
1 ,9
3 ,3
3,0
5 , 1
1
Source
P. et S. GUILLAUMONT op. cit. page 212.
Les échanges de cette "a.,[Jte. de. meur.c.hé." s'articulent
autour de deux" a.xe..6" ou pays, le Cameroun et le Congo. Cette
articulation s'inscrit bien entendu dans une logique économique
qui privilégie les relations de proximité géographique, mais
aussi, la logique de l'évolution économique des pays. Des rela-
tions privilégiées sont conclues entre les pays pour certains
produits manufacturés etine portent que sur des produits de
l'industrie légère (boisson, tabac, textiles et vêtements ... ).
Ce que l'on peut dire, c'est que les habitudes de
consommation, les liens de proximité, la monnaie commune,
créent entre ces pays une sorte de rente de situation qui con-

- 277 -
tribue à renforcer les liens d'échanges entre eux, même si ces
transactions ont
tendance à être unilatérales.
Les entreprises soumises à la taxe unique dans la
zone, trouvent la grande partie de leurs débouchés dans le pays
d'implantation: Cameroun 80 %, le Gabon faisant exception à la
règle car seulement 10,1 % des produits soumis à la taxe unique
sont consommés dans le pays. La raison de ce fait doit être re-
cherchée dans la dimension du pays et l'exportation de son pé-
trole aux pays membres de la communauté.
y)
-
~~~_~2~~~~~!~~_~~2~2~iq~~~_~~_!~~!Eiq~~
~~_!~Q~~~! (CEAO)
A la différence des autres "o.,,[Jte..6 de. mo.Jtc.hé.6", la
CEAO n'est pas une zone de libre-échange mais plutôt une "zone.
d'éc.ho.nge.6
o~go.n,,[.6é.6". Dans cette zone, le libre-échange porte
sur les produits d'origine animale, végétale ou minérale. Comp-
te tenu de la situation géographique de certains pays membres
(pays enclavés), un système de taxation des produits industriels
a été imaginé (la T.C.R.) c'est-à-dire, la taxe de coopération
régionale qui n'est rien d'autre que l'équivalent de la taxe
unique de l'UDEAC.
Les produits admis à ce régime sont ceux fabriqués
à partir d'une matière première locale, dans le cas échéant,
la valeur ajoutée par la fabrication locale doit représenter
3S % au moins du prix de revient.

- 278 -
La répartition des entreprises agrées à cette taxe
permet de se faire une idée assez nette des échanges industriels
de l'aire de marché. On peut donc estimer les échanges entre
les pays membres de cette communauté à partir de la répartition
des entreprises agrées à la T.C.R.
(tableau nO 31).
TABLEAU N° 31
: ~~E~!!!!!2!!_~~~_~~!!~2!:!~~~_~gI~~~~_~_!~_I.:.Ç.:.8
dans la
C.E.A.O
P A .y S
1975
1976-77
1978
1979~980
Côte d'Ivoi re
46
81
94
113
119
Sénégal
30
52
58
6 1
66
Burkina
4
6
10
12
18
Mali
8
10
1 2
1 2
13
Niger
3
5
5
5
5
Mauritanie
0
0
0
1
1
Source
Intégration économique, CEAO, nO spécial, septembre
1981, in Maktar DIOUF, page 229.
La Côte dl Ivoire et le Sénégal se détachent bien
des autres pays. Le taBleau montre des pays "pêtr.lphêtr.ique." dé-
favorisés par rapport à un "c.oe.utr." , marquant ainsi un désé-

-
279 -
quilibre des échanges: le Sénégal et la Côte d'Ivoire détien-
nent en 1980, 93,8 % du marché des produits industriels agréés
par la taxe. Daps
la mesure où les produits manufactu~és des
P.M.D sont essentiellement exportés vers d'autres P.M.D, la
domination numérique des entreprises ivoiriennes et sénégalaises
se traduit par une domination commerciale de ces pays. On relè-
ve une telle domination des échanges par le Nigéria dans le
cadre de la C.E.D.E.A.O.
C'est d'ailleurs la crainte de voir
leur marché envahi par les articles du Nigéria qui fait que
certains pays Africains sont réticents à intégrer cette organi-
sation. Il apparaît que la grande partie des disparités régio-
nales dans ces communautés est ilimputable aux disparités de pro-
duction. Aussi, aucune étude sur le commerce de ces pays ne
saurait ignorer les potentialités de développement propres à
chaque pays ou région car elles constituent la base fondamen-
tale des échanges.
Dans le cas des échanges entre P.M.D, il s'agit
des ressources propres, infrastructure routière, aérienne, fer-
roviaire ... , des conditions climatiques (ces pays étant encore
largement agricoles), de la situation géographique du pays
(pays enclavés). Les différences que l'on peut constater entre
les pays au niveau de ces facteurs, aboutissent à une spécia-
lisation horizontale. Cette spécialisation est basée sur les
dotations naturelles en facteurs et se manifeste dans le domai-
ne agricole uniquement. En effet, dans la mesure où tous les
pays veulent se doter du même type d'industrie (industrie lé-

- 280 -
gère), la complémentarité dans ce domaine devient inexistante
et c'est certainement ce qui a fait dire à des auteurs que les
économies des P.M.D
ne sont pas complémentaires.
Le tableau nO 32 nous permettra de regrouper les
analyses fragmentaires sur les différentes aires
de marché en
Afrique.

- 281 -
TABLEAU N° 32
~~~~_l~~_~~~QE!~!ig~~_!Q!~~~~-~~~-~~Y~_~~~~~~~
(en %)
'-..............
',~
ANNEES
~," "'-,"
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1977
1978
1979
-
œOUPEMENf
", ",
ECŒJa.1IQUE
"'--",-,'-...
',,-
CEAE
-
. -
-
~6 ,93 h3,73 h2,81
11,67
6,77
5,66
5,62
- -
Kenya
-
-
-
28,86 ~5,63 ~1,63
20,05 12,65 10,35 10,62
Tanzanie
-
-
-
8,05
5,65
7,38
6,30
0,78
0,17
0,16
Ouganda
-
-
-
2,19
7,75
3,36
0,56
0,35
1 ,35
1,20
CEDEAO
3,13
3,29 3,87
3,93
3,85
3,25
3,14
3,65
3,90
3,47
Bénin
7,69
20
9,09 18,19 hl,12 QO
22,61 19,35
12,76
8,16
Gambie
0
0
5,56
0
0
1,54
4,57 5,32
8,97
8,26
Ghana
1,25
1,12 0,60
0,44
1, 17
0,69
1,57 1'~ 71
1,78
2
Guinée
-
-
0
0
0
0
0
0
0
0
(
.
l
Guinée Bisseau
-
-
-
l-
I-
1-
2,63 2
2,04
2,54
Libéria
-
0
0,88
1,34
1,12
1,60
0,90 2,60
1,26
1, 16
Mali
11 , 11
13,89 17,65 h:7,78 ~O ,26 h5,59
24,27 36,71
33,73 30,06
Mauritanie
-
o
8,57
7,15
7,05
6,92
9,29 12,41
18, 14 17,12
Niger
15,63
11,3615,00 13,80 h3,2\\4 h5,76
14,5215:,98i: 16,21 13,95
Nigeria
0,14
0, 14 0,80
0,36
0,20
0,22
0,56 0,64
0,87
1,52
Sénégal
0
4,52 6, 11
5,76
7,56
9,07
6,59 7,25
6,02
6,75
Sierra Léone
1
2
2,20
4,21
9,17 10,18
13,45 74 ,68
25,19 32,94
Côte dl Ivoire
2,45
3,11 2,87
3,10
5,37
7,22
4,57 5,32
4,85
6,16
Togo
7,32
8,51 8,51
7,47
4,71
5,88
3,39 2,71
3,33
3,23
Ex-Haute Volta
30,77
32,4330
b3,41 27,12 h8,95
19,51 h6,73
24,70 25,58
UDEAC
Rép. Centrafricaine
-
-
-
f-
f-
f-
-
-
7,91 12,42
Gabon
2,86
-
-
l-
I-
0,24
0,02 0,21
4,03
4,56
Cameroun
0,86
1,53 4,35
5,36
4,62
5,03
3,9~ 4183
4,0~
4,01
Congo
-
-
-
1-
8,13
11,42 -
3,68
3,76
1
Source
Direction du commerce:
1964-1968
; 1964-1972
1970-1976 ; 1973-1979.
F.M.I. Washington.

-
282 -
A la lecture de ce tableau, on peut procéder à une
classification des pays en deux groupes en dehors de leurs ai-
res de marché :
- ceux pour lesquels les exportations intra-commu-
nautaires sont élevés,
- ceux pour lesquels elles sont négligeables.
Dans le premier groupe de pays, on peut y mettre
l'ex-Haute Volta, la Sierra-Léone, le Niger, la Mauritanie,
la Guinée-Bisseau, la Gambie, le Bénin, le Keyna, la Républi-
que Centrafricaine. Ces pays exportent au moins plus du 1/3 de
leurs produits vers des pays Africains. Ce sont des pays encore
largement agricoles et par conséquent, leurs exportations por-
tent sur des produits agricoles ~u miniers.
Les pays du second groupe, sont des pays plus a-
vancés que les premiers dans le processus d'industrialisation.
Ces pays commencent relativement peu avec les autres pays
d'Afrique, et pourtant, les communautés économiques ont été
construites autour d'eux.
La part de ces pays dans les échanges avec le res-
te des pays d'Afrique ne dépasse pas les 7 %, par contre, ceux
du premier groupe réalisent l'essentiel de leurs échanges avec
eux. Ces échanges, comme nous l'avons déjà souligné, revèlent
une IIdépenda.nc.e"
à sens unique. Les pays ont donc tendance à
commercer avec des pays à niveau de développement plus élevé,

- 283 -
ceci est vérifié par le cas du Nigéria (le plus avancé de la
zone prise en compte) et qui échange très peu avec les autres
pays de la CEDEAO.
La synthèse de cette analyse nous enseigne qu'il
s'est établie une spécialisation entre pays, les zones CEAE ;
CEDEAO et UDEAC
les moins avancés exportent surtout des pro-
duits agricoles vers les plus avancés qui à leur tour échan-
gent avec les premiers, des produits industriels, ceci est ap-
paru dans les différents tableaux sur l'implantation industriel-
le. La concentration des exportations des pays les moins avancés
se traduit par une domination commerciale et économique. Cette
polarisation en quelque sorte verticale du commerce d'un grou-
pe de pays sur ceux considérés comme étant plus avancés, est la
marque de l'intensification des échanges.
On ne peut nier l'existence de l'effet gravitaire
dans ce processus d'échange.
Les formes de coopération régionale en Amérique
Latine sont multiples. Dans le but de développer les industries
de substitution d'importation, certains pays de cette région
avaient crée en 1960, "l'AJ.JJ.Joc.iation Latino AméJtic.aine. de. LibJte.
Ec. ha n9 e. [A. L. A. L. E. ) "
A la suite de l'échec de ce groupement, l'A.L.A.D.I
(Association Latino-Américaine d'Intégration) a été créée avec

-
284 -
pour objectif de réaliser progressivement un marché commun_ Ce
regroupement, pour atteindre son but, a classé les pays en trois
groupes selon les niveaux de développement :
les pays m0ins développés
BGlivie~Equateur, Paraguay
les pays plus
développés
Argentine, Brésil, Mexique
l~s pays in termédi ai res
Colombie, Chili, Pérou, Uruguay
et Vénézuela.
Les statistiquesdu tableau n° 33 qui montrent
l'accroissement des échanges entre les pays de cette zone sont
très parlants
il Y a une concentration des échanges autour
de deux pays, les plus dynamiques car les plus avancés du grou-
pe.

TABLEAU N° 33
~~~~~g~~_i~~EQ~!~!iQ~~1_~~!E~_E~Y~_~~~hE~~_q~_!~6~~~6~~~!~
(l~ZQ:Z~_~!_!~Z~:~Q)
1
- ~
- -
(ENMI'L:'"
", REVENU PAR
, ',YS
LIERS)
TETE EN DOIr ARGENTINE
BRESIL
MEXIQUE
BOLIVIE EQUATEUR
PARAGUAY :OLOMBIE
CHILI
PEROU
VENEZUELA
POPULATION LARS
lJ'ORIGlNE
---------- -- --------- ----- ----- ----- ----- ---- ---- ___ 4_ --- ---- ---- ---- ---- ---- --- ---- ---- --- ---- ---- ---
1980
1980
170-75 75-80 '1170-75
75-80 70-15 75-80 70-75 75-80 1)-75 75-80 70-75 7.) -80 70-75 7So80 70-75 75-80 70.::;s 75-80 70-75 75-80
\\RGENTlNE
27.7.40
2.390
9,02 29,08
3résil
118.667
2.050
15,61 23,29
vbxiqœ
67.458
2.130
44,09 30,77
30livie
5.570
570
54,05 -1,46 63,40 26,99
iluateur
8.357
1 .220
69,54 6,45
)araguay
3.062
1 .340
23,13
8,35 35,45 48
:olanbie
27.790
1 .180
llili
11 . 104
2.160
32,05 35,54
117,77 25,5 L
)érou
17.625
930
Jruguay
2.924
2.820
34,75 38,17 39,28 24,01
{énézœla
14.930
3.630
Sou ree
Oliffres
tirés du "Statistieal Yearbook",
1981, N.U.
N
00
ln

- 286.·-
Le niveau des revenus
(revenu/tete) explique l'o-
rientation de ces échanges. En effet, ils ont tendance à s'ef-
fectuer entre pays à revenu élévé (Argentine, Brésil, Mexique,
Colombie: et Vénézuela). Tous les peys ou presque tous, orien-
tent une proportion assez importante de leurs échanges vers le
Brésil et l'Argentine.
Les pays développés, selon la classification adop-
tée au seln de l'aire de marché, ont entre eux des flux inten-
ses d'échanges commerciaux et ils commercent peu avec les au-
tres. Là encore, on relève une domination commerciale de la
part des plus avancés du groupe.
On trouve également en Amérique Latine, des grou-
pements tels que
:
- le groupe Andin,
- le CARICOM (Carribean Common Market).
Au sein du groupement Andin, on retrouve .la
Colombie, la Bolivie, l'Equateur, le Pérou et le Vénézuela.
Des a rrangements tari fai res spéciaux sont appli-
qués au sein de ce groupe en faveur des plus défavorisés. Les
disparités industrielles existent là encore, puisque la
Colombie réalise à elle seule, la moitié des exportations in-
dustrielles, le Vénézuela,
22 %.

- 287 -
Le CARICOM qui regIDoupe : Barbados, Guyane, Trinité
et Tobago et Jamaïque, n'échappe pas â cette concentration des
échanges autour de quelques pays, généralement deux ou trois
qui orchestrent les échanges de la zone. En effet, le phénomè-
ne d'échanges des produits manufacturés se fai t en faveur de la
Jamaïque et au détriment de la Guyane.
Dans le marché commun centre-américain, lapolari-
sation se fait 'en -faveur du Salvador et du Guatemala (60 % des
exportations) contre 5 % pour le Honduras.
Lac on c 1us ion par t i e 11e que l' on peu t tire r est
que les pays les plus "deve.loppé-6" sont ceux qui enregistent
les concentrations les plus fortes. La réorientation des échan-
ges des P.M.D, même s'ils démeurent relativement faibles, du
moins pour la part qui apparaît dans les statistiques officiel-
les, empruntent un nouveau circuit. Et c'est en terme d'at-
traction qu'il faut analyser ce processus. En effet, l'avanta-
ge comparatif acquis par certains P.M.D â la suite de l'impor-
tation des technologies,-a amélioré leur attractivité par rap-
port aux pays industrialisés (partenaires traditionnels privi-
légiés). Les réseaux nouveaux d'échanges adoptés par les P.M.D
constituent un champ d'analyse et d'études pour le futur.
La communauté la plus connue dans cette partie du
monde est l'ASEAN (l'Association des Nations du Sud-Est Asia-
tique). Les pays membres sont les suivants:
l'Indonésie, la

- 288 -
Thaïlande,
le SIngapour,
la Malaisie, les Philippines.
La matrice des exportations entre ces pays nous
permet de saisir l'orientation (la structure)
des échanges de
cette zone de préférence douani ère.
TABLEAU NG 34
1
IMPORTATEURS
SINGAPOUR
THAl LANDE
ENPORTATEURS
1970-75
1975-80
1970-75
1975-80
Indonésie
30,54
31 ,45
-
-
Malaisie
16 ,51
25,93
-
-
Phi lipp i nes
-
-
-
-
Si ngap our
-
-
29,05
35, 1 2
Thaïlande
33,47
19 ,52
-
-
l
Source
Chiffres ti rés de l' annuai re statistiques 1981.
La morphologie du réseau d'échanges que revèle cet-
te analyse 'statistique',' fait apparaître Singapour et Thaïlande
comme les centres de gravité du commerce au sein de l'A.S.E.A.N.
Le caractère asymétrique de cette matrice des échanges relève
du manque de statistique pour l'ensemble des pays.
L'ensemble des flux et des précédents d'ailleurs,
sont à attribuer en partie au fait qu'il n'est tenu compte que

-
289 -
des principaux flux, aussi, les petits flux peuvent également
déterminer l'orientation des échanges d'un pays, les interprê-
tations se doivent d'être prudentes. Ceci étant, nous remar-
quons une concentration des exportations autour de Singapour
qui est le plus avancé du groupe. La capacité économique dont
jouit ce pays le fait apparaître comme le foyer dominant de la
communauté, autour duquel gravitent des échanges.
La conclusion qui ressort de l'analyse des échanges
à l'intérieur des "a...tJte..6 de. ma.Jtc.ftê..6" étudiées, est que les
courants commerciaux s'établissent à sens unique": les moins
avancés exportent vers les plus avancés (effet d'attraction)
et entretiennent très peu d'opérations d'échanges entre eux.
Ce phénomène peut s'analyser comme si les plus avancés produi-
sent tout moins cher, ce qui fait qu'ils exportent sans impor-
ter des autres. Mais la réalité est sûrement plus substile que
cette simplification. En effet, nous pensons qu'il faut avoir
à la base de ceci, les attractions que certains pays peuvent
exercer sur leur immédiat environnement. L'aire d'attraction
des pays les plus dynamiques dépend de leur situation économi-
que par rapport à ses partenaires et cette attraction peut être
plus ou moins forte, occasionnelle ou durable. Nous avons cons-
taté une concentration des exportations autour des "Pa.If.6 dlfna.-
m-i.qu.e..6"
de chaque aire de marché. Evidemment, l'attraction de
ces "Pa.If.6 - 6olfe.Jt.6" obéi t à une logique économique et à un pro-
cessus de sélection qui tend à favoriser soit les régions pro-
ches (effets de distance), soit les régions qui ont le même

-
290
-
(ou presque) niveau de développement.
En définitive, on voit que l'orientation régionale
des échanges entre P.M.D est très puissante par rapport bien
entendu aux échanges extra-régionaux. La question que nous al-
lons poser à la suit.-e de cette analyse, sans y répondre, est
de savoir si la régionalisation des échanges des P.M.D peut,
à terme, constituer une dynamique d'ensemble.
Même si nous ne donnons pas de réponse explicite à
cette question, nous pensons que quelques éléments peuvent ap~
paraître dans le second volet de l'analyse, à savoir le rôle
de la monnaie dans l'orientation des échanges entre P.M.D.
2° - LE ROLE DE LA MONNAIE DANS L'ORIENTATION DES
ECHANGES ENTRE P.M.D.
Même si la proximité ou le niveau de développement
agissent de façon décisive sur les chances qu'ont des pays
d'échanger, il n'en démeure pas moins que la monnaie reste un
facteur important dans ce processus. Le facteur monétaire n'est
pas intégré dans les analyses ":tltadLü.onne..U.e.o"
gravi taires,
mais nous estimons que, du fait de la particularité des P.M.D,
on ne saurait ne pas en tenir compte. En effet, la particula-
rité de ces pays dans leur processus d'échanges provient du
fait qu'ils rattachent leur monnaie nationale à une ou plusieurs
autres. Le tableau nO 35 ci-après résume le rattachement des
P.M.D retenus, dans notre nomenclature, à des monnaies étran-
gères ou internationales.

( 291
-
Selon Pierre Pressert et Alain Piquemal(1),
ce
rattachement
"e..6t c.oVl..6idéné daVl..6 c.e.ntaiVl..6 P.M.V,
c.omme. aVl.
i Vl.J.:j tnam e. Vl.t il 0 anVl.i.6.6 aVl.t,
da Vl..6 te. an c.a.6, a VI. c. a dn e. vi a 6te. ... " .
Dans ce paragraphe, nous essayerons d'analyser
comment le facteur "moVl.Vl.aie."
peut agir sur le commerce, d'a-
bord officiel, ensuite non officiel qui constitue une partie
importante
des échanges entre P.M.D.
Dans l'analyse du rôle de la monnaie, trois aspects
fondamentaux sont à distinguer :
- les échanges entre pays n'utilisant pas la même
monnaie mais deux monnaies
convertibles entre-
elles
;
- les échanges entre pays utilisant la même mon-
naie ;
- les pays utilisant pour leurs échanges des mon-
naies différentes et inconvertibles entre elles.
En principe, dans la mesure où ces pays font par-
tie soit d'union monétaire, soit ont rattaché leur monnaie à
une ou plusieurs autres, le problème de la convertibilité ne
1 -
Pne..6.6e.nt e.t AtaiVl. Piqae.mat : "Stnatégie. e.t é..c.oVl.omie. de..6
éc.haVl.ge..ô iVl.te.nVl.atioVl.aax.". Re.vae. BaVl.qae.,
Panùj 1981,
page..ô
211.

- 292 -
devrait pas se poser. Mais certains P.M.D ont leur propre
monnaie qui, non seulement n'est pas acceptée dans les tran-
sactions internationales, mais que les nationaux eux-mêmes
tendent à refuser.
Nous allons essayer donc d'analyser l'effet de
l'appartenance à une zone monétaire sur les échanges des grou-
pements de pays d'abord:
- sur les échanges entre eux ;
- ensuite avec l'extérieur, c'est-à-dire les pays
hors de la zone monétaire.
Nous estimons qu'une telle comparaison pourra nous
permettre de conclure à un effet favorable ou défavorable de la
monnaie sur l'orientation des échanges entre les P.M.D.
Une telle étude a été faite par Patrick et Sylviane
GUILLAUMONT(l) sur les pays de la zone francs, nous présente-
rons les résultats de cette étude.
Mais plutôt que d'étudier les échanges entre pays
rattachés à la même monnaie, nous allons construire un tableau
relatif à la structure des échanges entre P.M.D et avec le
R.D.M pour les différents groupes que nous avons constitués,
ensuite nous verrons si l'orientation de ces échanges peut
1 -
P. et S. GUILLAUMONT : "Zone 6~an~ et développement
ao~~ain". E~onomi~a, Pa~i~ IgS5,
~hapit~e x.

- 293
-
être attribuée à l'appartenance aux mêmes monnaies.
Pour
faciliter les comparaisons à faire, nous avons regroupé dans
le tableau nO 35 les P.M.D en fonction du rattachement de leur
monnaie nationale aux monnaies étrangères. Ce regroupement
nous donne :
la zone dollar .. ,. ... .. .. .. .. .. .. .. .. ..
( 1 5 pays)
la zone francs français
( 6 pays)
autre panier de monnaie
( 6 pays)
la zone
D.T.S. . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ( 3 pays)
- la zone de taux de change
aj us té en fonction de cer-
tains indicateurs .......... ( 4 pays)
- autres .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. (10 pays) .
Il faut rappeler que le nombre de pays retenus ici,
ne correspond pas à l'ensemble des effectifs de ces zones, nous
avons regroupé les pays de notre échantillon d'analyse selon
leur
attachement monétaire.

- 294 -
TABLEAU N°
35
Ç1~~~!f!9~!!Q~_~~~_~iY~~~_~~Y~_~~~QI~~-~~!Qg
1~~~_~2!i!!q~~_~~_9~~gg~_~~I_!~_~~~~!.
au
~l_~~I~_l~~l·
Monnaie rattachée· à
. ;
AUTRE PA-
TAUX _.DEC
NIER DE
F.RANC
qHANGr; fS-
MO~mIE
SUJETI.EN
OOLLAR E.U.
-FRANCAIS
Ca)
D. T. S. .FONCTION DE : AUTRES Cc)
CERTAINS
(0) INDICA-
TEURS
ChiUe
Côte d'Iv.
Algérie
Jordanie
Brésil
Argentine
Costa-Rica
Bangladesh Kenya
Co lonf>ie
Bolivie
Rép. Dominicaine
Sénégal
Malaisie
Zambie
Pérou
Corée
Egypte
~ingapour
Portugal
Inde
Equateur
Tanzanie
Indonésie
Jamaïque
~aïlande
Mexique
Iraq
Nigéria
Libye
Philippines
Nicaragua
Sri-Lanka
Pakistan
Turquie
Panama
Rép. Arabe Syrienne
Trinité et Togabo
Vénézuela
1
1
Ca)
couvre les monnaies rattachées à di vers Il pa. Yl.-te.Jt.6 " de mon-
naie qui, contrairement au panier D.T.S, sont choisis par
le pays membre.
Cb) - couvre les dispo~itions aux termes desquelles le taux de
change est ajusté à intervalles relativement rapporchées
en fonction de certains indicateurs désignés par le pays
membre.
Cc) - groupe de disposi tions de changes hétérogènes y compris
celles en vertu desquelles le taux peut être considéré
comme flottant indépendamment ou celles qui, à bon escient
ne peuvent être classées dans les autres catégories.
Source : Pierre Prissert et Alain Piquemal : "Stratégie et éco-
nomie des échanges internationales".
Revue Banque, Paris 1981, pages 210-211.

- 295 -
L'analyse des différents tableau nous permet
de
dire que le commerce est plus intense entre pays soit à même
structure monétaire, soit entre pays dont les monnaies sont
convertibles entre elles. Mais, ceci n'est pas étonnant dans
la mesure où les découpages monétaires ne semblent pas être
fondamentalement différents des appartenances régionales. Il
y a donc une logique dans l'orientation géographique des échan-
ges entre P.M.D,
logique basée sur le fait que, ayant une mon-
naie commune, ou facilement convertible,
le commerce s'effectue
immédiatement, tandis que dans le cas contraire, il faut un
laps de temps relativement long.
Ce temps qu'on peut assimiler à un coût dû aux dif-
ficultés de transactions monétaires. En fait,
le problème mo-
nétaire dans les échanges entre pays, se pose avec moins d'a-
cuité en Amérique Latine et dans nombreux pays asiatiques dans
la mesure où leurs monnaies nationales ne sont souvent rien
d'autre que le dollar américain ou une simple doublure de cette
monnaie.
Aussi,
l'on n'a pas affaire à une mosaïque des si-
gnes monétaires comme c'est le cas par exemple en Afrique. Ce-
ci explique sans doute que les échanges entre les pays
latino-américains soient plus intenses qu'en Afrique.
On trouve en Afrique, plusieurs signes monétaires,
situation qui découle de réactions manifestées par certains
pays en vue de se prévaloir d'une ~'i.Sou.ve.Jta.{.ne..té" monétaire et

-
296 -
politique. Aussi, à part la zone franc, et le dollar libérien
(qui correspond au dollar américain), les autres pays utilisent
des monnaies qui n'ont pas cours sur le marché international
et n'est par conséquent qu'à usage domestique. Cette non-conver-
tibilité des monnaies entre ces pays ne favorise évidemment
pas les échanges.
Cette analyse corrobore celle de Maktar DIOUF qui
donne l'exemple frappant de quatre pays africains (Nigéria,
Niger, Sénégal, Gambie) qui ont eu recours pendant longtemps à
des accords bilatéraux de règlement de leurs échanges. Selon
l'auteur, ces pays ont été souvent obligés de passer par les
places financières de Paris ou de Londres pour faire face à
leurs paiements intra-régionaux. Il serait inutile de dire que
le coût d'une telle opération décourage les échanges entre eux.
Le comble c'est que les populations des pays à
monnaie "au.tonome." n'en veulent pas et il se crée alors aux
frontières des zones à monnaie dominante, un taux de change,
au marché noir. C'est le cas du Nigéria vis-à-vis de la zone
franc, ainsi que le Ghana. Dans ces conditions, même si le
Ghana s'avère être un marché potentiel pour un produit donné,
dans la mesure où les commerçants de la zone franc ne veulent
se faire payer en monnaie de ce pays, les flux d'échanges se-
ront forcément freinés.
Ceci apparaît dans l'étude de P . e t S GUILLAUMONT
qui estiment que "l'e.xi.6te.ne.e. d'un taux de. e.hange. nixe. e.ntJte.
le.~ pay~ de. la zone. nJtane. e.t in~ta6le. e.ntJte. e.ux e.t le.~ autJte.~

- 297 -
fe.6
échange~ en~~e pay~ a6~~ca~n~ de fa zone nAanc pa~ Aappo~~
aux échange-ô
avec fe-ô
au~~e~ pay~ an~~ca~n-ô Il (12) .
1 -
Pa~A~ck e~ Sy.tv~ane GUTLLAUMONT. Op. c~~. page 2'18,
Pa~-ô 19 8 5.

CON CLUS r 0 N~. GE NE RALE
===================='w ===============

-
299
-
Au cours de cette étude, nous avons voulu répon-
dre en fai t à un certain nombre de _qœstioos, à savoir
- Dans quelle mesure le commerce entre P.M.D.
s'est-il adanté a~~ modifications de la demande
mondiale?
- Peut-on se contenter d'expliquer le commerce
entre ces pays uniquement par l'évolution des
variables classiques (offre-demande) ?
Si non, quel peut être le rôle joué par d'autres
vari ab les
.

-
300
-
Nous avons d'abord procédé à une analyse théori-
que des modèles qui ont servi de ".6Du.6-ba..6.6e.me.nt"
à l'étude,
à savoir les modèles gravitaires, avant de tenter une applica-
tion aux
P .M.D.
Ensuite, nous avons étudié à l'aide de données
statistiques, l'évolution et la stwucture des échanges entre
ces pays. Nous avons estimé que l'étude de l'effet gravitaire
dans le commerce entre P.M.D n'était pas possible en dehors
d'un cadre socio-économique. Il a suffit pour cela de recon-
naître le caractère psycho-sociologique du commerce entre ces
pays, donc d'admettre le parallèlisme entre les faits écono-
miques et extra-économiques, pour qu'il devienne possible d'ap-
pliquer les modèles gravitaires aux réalités des P.M.D.
Or la trop grande abstraction des analyses de la
sciences économique conduit souvent à ne retenir qu'un aspect
de l'activité humaine. L'on dissocie ainsi les espaces physi-
ques, sociologiques, politiques, géographiques et même biologi-
ques.
Cette distinction entre les forces économiques et
les différents comportements nous paraît un peu artificielle.
Aussi, par delà les modèles de base que nous
avons utilisés, nous voudrions avant tout, souligner la néces-
sité d'une optique nouvelle de l'analyse de ces modèles. La
spécificité que nous avons voulu mettre en évidence a demandé
une analyse des conditions économiques, sociales et psycholo-

-
301
-
giques existantes dans les pays concernés.
A travers ces conditions, nous voulions relever
les facteurs de blocage ou d'expansion du commerce entre les
P.M.D.
Pour ce faire, les modèles gravitaires nous sem-
blent bien choisis comme squelette de l'étude.
Nous avons voulu'liégalement par cette étude, rompre
avec les analyses si nombreuses qui enfoncen t les échanges
extérieurs des P.M.D. dans le carcan international du dialogue
Nord/Sud.
Ainsi, on peut souligner le caractère quelque peu
"maJtg.,{.Yl.a.t"
de notre étude par rapport à l' ens emb le des tra-
vaux méthodologiques consacrés à ces pays.
L'étude a certes fait apparaître la caractéristi-
que commune à ces pays, à savoir qu'ils échangent principale-
ment avec les pays développés mais elle a surtout confirmé la
progression de leur commerce mutuel.
Deux étapes ont donc été notées dans l'organisation
du commerce entre P.M.D qui s'explique par un certain nombre
de raisons dont les plus importantes sont :
- Pour le commerce avec les pays développés, il
faut relever les liens privilégiés et historiques que ces pays
entretiennent entre eux. Il faut d'autre
part noter l'appar-

-
302 -
tenance des P.M.D à des zones monétaires directement ou indi-
rectement rattachés aux monnaies des pays développés, ceci un
est un motif déterminant dans l'orientation du commerce.
- Pour ce qui concerne le commerce entre P.M.D,
l'accent a été mis sur la spécificité de ces pays, mais dans
la mesure où la demande de chaque marché est correlée positi-
vement à son revenu, il est clair que la progression des ex-
portations d'un pays est tributaire du rythme de croissance réa-
lisé sur chaque marché.
Cependant, les liens commerciaux et par conséquent
les mouvements d'échanges entre certaines zones des P.M.D
res-
tent encore rattachés à des phénomènes qui ne sont pas apparem-
ment explicites parce que ne relevant pas de l'économique.
Ce "61oü" est à relier aux rapports gui se sont
noués entre les peuples au cours de l'histoire.
Cet échange était avant tout d'ordre moral et l'ob-
jet en était de produire un sentiment amical entre les deux
personnes en jeu. Les modèles de référence ont suivi comme
ossature pour expliquer ces interrelations
commerciales en
permettant de déterminer les espaces d'influence
dans lesquels
se situent les flux d'échanges.
Nous avons abouti à une conclusion somme toute
logique pour nous et peut-être inattendue pour d'autres, à sa-
voir que les relations commerciales entre P.M.D Mont apparaî-

- 303 -
tre très clairement des rapports justiciables du calcul ration-
nel. L'analyse des structures commerciales des P.M.D nous a
revélé leur caractère hétérogène et le comportement social,
culturel et économique des populations sont apparus comme un
stimulant et/ou une entrave à la formation des marchés plus
étendus. Aussi, l'orientation des échanges entre ces pays est
à mettre surtout au compte de phénomènes tels que les facteurs
sociaux, psychologiques, la langue, les habitudes de vie, de
consommation et de comportement. Les courants interrégionaux
se sont par conséquent considérablement développés, le commer-
ce régional ayant consisté très souvent en échange frontalier
ou en un trafic qui transite par les places centrales.
Les éléments d'appréciation et de détection de ces
places sont notamment les conditions naturelles, l'effet d'une
répartition inégalitaire des revenlli
et d'une forte urbanisa-
tion et l'importance de la concurrence (le degré d'ouverture).
L'analyse de ces éléments a permis de déterminer
non seulement la localisation optimale des villes centrales,
mais aussi, les principaux réseaux d' échanges et l'orientation
des courants commerciaux de chaque pays.
En effet, ces forces économiques permettent de dé-
terminer les prix, les aires de marché et les localisations
des unités de production les plus concurrentielles.
Dans cette analyse de l'organisation du commerce
entre P.M.D
nous avons souligné que de larges groupes sociaux

- 304
-
de ces pays dérneuren tfermés sur eux-mêmes, vivant ainsi dans
des structures relevant d'une "éc.onomie. agJta-tJte."
et dont les
mouvements échappent aux statistiques des échanges dits
" 0 6 6-t c.-t e.l-6 " .
C'est cette réalité qui a motivé notre tentative
dl application des modèles gravi taires au commerce entre P .M.D.
Cette optique fait apparaître toute la difficulté des analyses
de ces pays. En effet, comme ae
souligne le professeur
Marc PENOUIL (1) "le.-6 -6e.Jtv-tc.e.-6 de.-6 douane.-6 ne. d,ü:t..tngue.n:t pa-6
e.n :tJtan-6-t:t ou e.n adm-t-6-6-ton :te.mp0JtaJ..Jte.", et le professeur
M. PENOUIL d'ajouter, ":tJtavaJ..lle.Jt -6uJt c.e.-6 c.hJ..66Jte..6 pltl.-6 ou
mO-LYl-6
6aux e.-6:t le. lo:t
C.ommun de..6 c.he.Jtc.he.uM a6JtJ..c.aYud-6:te.-6",
et nous disons du ":u'e.Jt-6-monde.".
1 -
M. PENOUIL dan-6 : "Ec.hange. e.:t dév~loppe.me.n:t".L~éc.onomJ..e.
c.ame.JtounU-6e.
(J .M. GANKOU).
Ec.onom-tc.a,
PaJtJ...o, P. gS,
page. 8.

- 305
-
Ainsi, après avoir éliminéd'effet de structure
de ce commerce, nous nous sommes occupés d'examiner la liaison
qu'il pourrait y avoir avec la part du commerce non expliquée
par les variable classique.
Les résultats de l'analyse tendent à renforcer
notre impression quant au rôle des variables spécifiques dans
les échanges entre P.M.D.
Cependant nous sommes loin
d'une
prise de posi tion sur son influence exacte et chiffrée,.
Quoi qu'il en soit, il apparaît exclusif d'expli-
quer le dynamisme du commerce entre P.M.D. uniquement par des
facteurs généraux.
L'analyse tend à rev6ler donc que aussi bien l'ef-
.'
fet structurel que les effets spéci;f~ques, liés ou non d'ail-
leurs à d'autres éléments, ont conjointement joué un rôle dans
l'orientation et l'évolution du commerce 'entre P.M.D.

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**************************

TABLE
DES
INTRODUCTION GENERALE
PAGES
2
à
12
PREMIERE PARTIE
L'effet gravitaire dans le commerce
International :
approche théorique ••••••••••••••••••••••
13
à
136
CHAPITRE l
Les modèles gravitaires en économie :
présentation générale ••••••••••••••••••••
18
à
80
SECTION 1 :
L'effet gravitaire structurel .••••••••••
18
à
47
AO/
L'aspect multiforme de l'analyse .•••••••
19
à
28
BO/
Les hypothèses des modèles ••••••••••••••
28
à
34
col La structure générale des modèles
grav i taires ••••••••••••••••••••••••••••••
34
à
47
SECTION 2 :
Effet gravitaire tendanciel .............
47
à
80
AO/
Les modèles pseudo-gravitaires ..........
49
à
61
BO/
Les modèles gravitaires-types ...........
61
à
78
Conclusion du chapitre l
................
79
à
80
CHAPITRE II
Une application de l'analyse des modèles
gravitaires aux
P.M.D
81
à
136
SECTION 1
Les critères économiques et institution-
nels impliqués par la structure gravita-
tionnelle : ••••••••••••.•••••••••••••••••
84
à
106

2
,
Aol Les variables économiques : ••••••••••.••••••••
85
à~î
Bol Les facteurs de résistance aux échanges :
,
les variables institutionnelles : •••••••••••••
93
à1~,
~
SECTION 2
L'organisation des Nouvelles relations
spatiales :
Les politiques Commerciales
106
,
Aol Le système des réseaux d'aires de marché
108
à":rf.
Bol Les mérites d'un certain protection-
...-Î
nisme •••.••••.•••••••.••••••••••••••••••••••••
118
àt:Wl
Conclusion du chapitre
136
DEUXIEME PARTIE
L'effet gravitaire dans les échanges entre P.M.D
Etude empirique : •••••••••••••••••••••••••••••••
CHAPITRE III
Les particularismes régionaux dans l'articula-
tion internationale des économies : •••••••••••••
SECTION 1
Eléments généraux de la hiérarchisation des
pays :
.
141
àrifl!
AOl La découverte des variables caractéris-
tiques :
..
Bol L'impact des facteurs de différenciation
sur le mouvement des échanges : ••••••••••••••••
165~~1:
.. .1. ..

3
SECTION 2 :
L'évolution des structures d'échanges ..........
179 à 223
AO/
Tendances récentes des échanges ................
18 à 195
BO/
Les P.M.D. et la complémentarité de leur
dotation en ressources ..........................
196 à 222
Conclusion du chapitre .........................
223
CHAPITRE IV
Le comportement gravitaire dans les échanges
entre P .M.D. : ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
224 à 297
SECTION 1
Changements de structures dans les
échanges : ••••••••••••••••.•••••••••••••••••••••
227 à 252
AO/
Intensité relative des flux d'échanges
entre' pays : ••.•••••••••••••••••••••••••••••••••
228 à 240
BO/
Interdépendance ou stratégies de rupture : ••••••
249 à 253
SECTION 2
Le commerce interrégional et modification
des réseaux d'échanges : •••••••••••••••••••.••••
253 à 297
AO/ L'importance relative de la capacité de
cODIIDercer : •.•••••••••••••••••••••••••••••••••••
254 à 268
BO/ Les échanges commerciaux :
Les modifications de structures d'échanges
entrainées par le système préférentiel : ••••••••
268 à 297
CONCLUSION GENERALE :
298 à 305
BIBLIOGRAPHIE
306 à
/
TABLE DES MATIERES :