UNIVERSITE DE PARIS IX - DAUPHINE
U.E.R. DES SCIENCES DES ORGANISATIONS
THESE POUR L'OBTENTION DU TITRE
DE
DOCTEUR D'ETA T EN SCIENCES DE GESTION
«Marketing - Prospective»
«L'ËCONOMIE AGRO-ALIMENTAIRE IVOIRIENNE:
UN SCÉNARIO POUR L'AN 2000»)
ASSAND~ ADOM
J" "
DIRECTEUR DE RECHERCHE:
Mr JOSEPH LEBIHAN
03 --'UIN 1988
PARIS - 1988

COMPOSITION DU JURY
PRESIDENT
DIRECTEUR DE RECHERCHE
Mr Joseph LEBIHAN
SUFFRAGANTS

"L'Université
n'entend
donner
aucune
approbation, ni
improbation aux
opinions émises
dans
les thèses
ces opinions
doivent
être
considérées
comme propres à leurs auteurs".
-
2
-

REMERCIEMENTS
A tous ceux qui, par leurs conseils ou
bons
offices, nous
ont aidé
à
rédiger cette
thèse,
nous
témoignons notre sincère
gratitude. Enseignants de
la
cellule doctorale "102" (notamment Mr. S. WICKHAM ainsi
que Mr.
J.
LEBlHAN, ses collaborateurs
et les
autres
membres du
jury),
personnels
extérieurs
(M.
NAVIL,
Responsable
économique
de
l'I.R.F.A.,
Mr
DIALLO,
Responsable
du
C.I.C.E.
à
Paris)
qui
nous
ont
aimablement reçu et d'autres personnes non citées
ici,
à
tous nous disons cordialement : merci
-
3
-

A mon père
EHUI ASSANDE
A ma mère
ASSOUMOU AMAH
Sans oublier oncle
ASSOUMOU KOUAME Maurice
-
4
-

PLAN
AVANT-PROPOS
1
6
METHODOLOGIE
12
INTRODUCTION
12
-
Problématique
15
-
Résumé
CRAP.
l
- ANALYSE STRUCTURELLE DU SYSTEME AGRO-ALIM.
25
IVOIRIEN
Section l
- Modèles ivoiriens de production
27
Paragr.
l
-
Les effets du sytème social
sur
le mode de
production
traditionnelle en Côte d'Ivoire.
29
11.
Le processus de production de
l'agriculture de
subsistance
29
12.
La logique sociale dans
le
r~r'()cessus de
production
('
/
33
tradit.
13.
Les conditions de mutation du m~de de production
traditionnel
35
1 4.
Les é t a p e s
d e I a
t l' ans for mat l 0 n du ln 0 d e
de
pro duc .
tradit.
37
Par a g .
I 1
-
Les
é t a Il e s
d e I a
t l' ans r () r III a t l 0 n
d U
ln 0 d e
li e
production marchande cn Côte d'Ivoire.
40
21.
Le
pouvo l r' de
1a
1ll0llna 1 ('
dans
1 ('
pl'ocessus de PI'O-
40
duc t 1 0 n
ma r' cha Il d e

22.
Les
formes
capitalistes
du
mode
de
production
marchande
42
23.
Les
formes
"para-capitalistes"
du
mode
de
production marchande
44
Section
I I
Processus
d'industrialisation
agro-
alimentaire
ivoirienne
49
Parag.
l
-
Modèle agro-alimentaire
ivoirien
49
Parag.
II
-
Les étapes
de
l'industrialisation agro-ali-
mentaire
ivoirienne
57
Parag.
III
-
L'industrialisation de
l'agriculture
62
31
-
Détermination des
critères de mesure de
63
l'industria.
agI'.
32
-
Analyse des critères de
transformation
indust.
de
l'agI'.
67
Par ag .
l v- L' 1 n dus trI aIl sa t ion des produits agricoles
70
41
Détermination
de
la
contribution
de
l ' 1n dus trI c
ù
la pro duc t ion ag ri col e
fin ale
(PAF)
70
42
-
Analyse des causes de
la
transformation
industrielle des
produits
agro-allmcntair'es
(PAA)
72
Par' ag.
V -
L' 1n d li S tri ail sa t 1 on de
1 a
dis t r' 1h li t 1on e t
de
la restaurat.ion
74
Section
III
Recherches
technologiques
ivoiriennes
et
leurs applications dans
l'agro-alimentalre

Parag.
1
-
Les
variétés améliorées et vulgarisables
89
Parag.
II
-
Les systèmes de culture mis au point
100
21
-
Systèmes de culture
dans
les
régions
de
100
savane,
Centre et Nord
22
-
Ssytêmes
de culture
dans
les
régions
forestières
102
Parag.
III
-
Recherches
sur
l'élevage et
la pisiculture
105
31
-
L'élevage
105
108
32 -
La pisciculture
Parag.
IV -
Recherches sur
le système post-productionl09
Section
IV
Modèles
ivoiriens
de
consommation
alimentaire
1 1 1
Parag.
1
Analyse
des
habitudes
de
consommateurs
ivoiriens
1 12
11
-
Variables culturelles
1 12
12
-
Variables psychologiques ou
explicatives
individuelles
1 1 )
1~1
-
Variables explicatives sociologiques
1 1 7
14
--
Autres
variables exp11cat.1ves
1 1 fi
Section
V
Modèles
ivoiriens
de
distribution
alimentaire
1 4,}

Parage
l
Les
étapes
du
développement
de
la
149
distribution en Côte/Iv.
Parage
II
-
La distribution à
l'époque
précoloniale
152
21
-
Système de circuits commerciaux par
réseaux
ou circuit
Ig.
152
22
-
Système de circuits commerciaux par
relais
154
Parage
III
-
La distribution à
l'époque coloniale
155
31
-
Les
sociétés
commerciales
158
159
32
-
Les
commerçants
libanais
33 -
Les
commerçants africains
160
Parage
IV -
La distribution à
l'époque
post-coloniale
161
41
-
Le commerce
traditionnel
sédentaire
163
42
-
Le commerce moderne
167
Parage
V
Les
filières
du
café,
du
cacao
et
des
172
oléagineux
51
-
Le mécanisme
de
la commercialIsation
du
café
177
52
-
Le mécanisme
de
la commercIalIsatIon
du
179
cacao
53
-
I.e cIrcuIt de dIstrIbutIon des
ol{~aglTlcux
181
Par a g.
V 1 -
Les
r i l 1(\\ l'e s des f l' U 1 t set 1é' g li ln e s
IR2
l'antg.
VII
-
Lt's
flll(\\l'es
des
féculents
et
des
céréales
18,)

Parag.
VII 1
Insuffisance de
l'appareil
commercial
193
ivoirien
196
Parag.
IV -
Mécanisme de
régulation
CHAPITRE
II
ANALYSE
PROSPECTIVE
DES
FACTERUS
200
ENDOGENES
Section l
-
Evolution comparative des productions
201
Parag.
1
-
Fonctions d'ajustement des produits vivriers 202
Parag.
II
-
Tendance
des
productions
industrielles
et
d'exportation
216
Parag.
III
-
Perspectives de
la production animale
230
Section II
Evolution
comparative
des
besoins
de
consommation locale
Parag.
1
-
Analyse des composantes de
la population
237
Parag.
1 1 - Estimation des
hesoins en produits
vivriers 239
Parag.
III
Analyse
des
écarts
tendantiels
entre
241
productions ct besoins
Section
III
Modèle
global
de
croissance
de
la
consommation alimentaire
Parag.
1
-
Effets de
l 'accr()lssem(~nt délllogr'aplllqtH',
sur'
la demand.
locale
:~4r)
247
Parag.
1 r
Err ct::;; - r' (' v (' Il U ::;;
l'arag.
I I I
Erret::;;
prix
Il a l' ag. 1 V
-
l' r { sc Il ta t. 1 0 Il
du
ln () d l? 1 ('

CHAP.
III
-
ANALYSE PROSPECTIVE DES FACTEURS EXOGENES
265
Section l
-
Perspectives des demandes extérieures
des
266
produits
ivoire
Parage
1
-
Demande extérieure du
café et du
cacao
269
Parag.
II
Demande extérieure
des
autres
produits
280
ag r 0 - al i m .
i v 0 i r .
Section
II
Impact
de
l'environnement
politique
303
international
Par.
1
-
Analyse critique
des Accords
sous-régionaux
(CEAO-CEDEAO)
303
303
11
-
Principes et objectifs
12
-
Obstacles
307
309
13
-
Potentialités
Parage
II
-
Concepts et effets des
termes de
l'échange
3}4
21
-
Approche
théorique
3}5
22
Impact d'une
variation
des
termes
de
l'échange
sur
la
balance
commerciale
des
pays
en
développement.
320
23
--
Impact
d'une
variation des
terrnt's
de
l'échange
sur
les
recettes
d't~xportation
dcs
pays
Cil
développement
:lJ.B
24
--
Effets de
l Il
V Il [' ! a t ! (J n
des
te,' mes
d e
l'échange
sur'
l '(~conomic
Ivolr!t'Illle
:1:11

Parag.
I I I
Analyse
de
l'impact
des
Accords
344
internationaux
346
31
-
Mécanismes
32 -
Etude critique des Accords sur le cacao
348
33
-
Etude critique
des Accords de
produits
bilatéraux ou multilatéraux
355
CHAP.
IV - RELATIONS FONCTIONNELLES ENTRE LES
FACTEURS
362
PROSPECTIFS
Section
l
Liaison
entre
la
production
et
la
consommation locales
363
365
Parag.
l
-
Les marchés de production
Parag.
I I
-
Les marchés de gros et détail
367
Section
II
Interaction
entre
1 'agro-alimentaire
ivoirien et le système agro-alimentaire international
369
Parag.
l
-
L'offre ivoirienne et la production mondiale
372
Parag.
I I
L'offre
ivoirienne
et
la
concurrence
internationale
391
Section III -
Etude comparative d'un pays concurrent
le Brésil
397
Parag.
1
-
Stratégies de production brésilienne
Pal'ag.
1 1 -
Strat(~gles d'exportatIon
hrésll lenne
402
40<)
CHAP.
V -
LES SCENARIOS

Section 1 -
Le scénario tendantiel
411
Parage
1 -
Conditions d'établissement de
l'image finale
412
11
-
Maintien de
l'ordre politique et économique
mondial
412
12
-
Stabilité politique et géopolitique de
la
414
Côte d'Ivoire
Parage
II
-
Stratégie du modèle de développement
416
Parage
III
-
Primauté des cultures d'exportation
419
Parage
IV -
Facteurs d'instabilité du scénario
426
41
-
Contradictions sociales
426
42
-
Contradictions économiques
435
43 -
Effondrement du marché mondial
438
Section II
-
Le scénario de rupture
440
Parage
1 -
Conditions d'établissement de
l'image
finale
440
Parag.
II
-
Facteurs d'instabilité du scénario
442
Section III
-
Le scénario contrasté ou souhaitable
444
Parage
1 -
Conditions de
réalisatIon de
l'image fInale 445
11
-
Maitien de
l'ordre économique mondial
445
12
Révision des
rapports économiques
446
13
Redéfinition de
la stratégie de
447
d é v e 1 0 P P e me li t.
a g (' 0 - a l lm.
parage
JI
-
StratégIe du nouveau modèle
449

21
-
Objectif prioritaire et
fondements
449
22 -
Restructuration et promotion de
la
450
condition paysanne
23 -
Ecoulement de
la production
459
473
CONCLUSION
l
-
"Miracle économique
ivoirien" ou
"croissance sans dévelop."
474
II
-
La logique du développement agro-a11men-
taire de
la périphérie
476
481
III
-
Pour un autre modèle de développement
ANNEXES
~IBLIOGRAPHIE

AVANT-PROPOS
1
Plus de trois mi11iords d'hommes et de femmes sur
terre,
tirant
du travail
agricole, leurs
principales
richesses! Telle est la population actuelle du
Tiers-
Monde, mais aussi, la population
de la terre qui
vit,
pour la plupart, dans un
&tat de d&nuement absolu
aux
2
confins
de
l'inanition. Pourquoi
cette
situation
?
Pourquoi le
Tiers-Monde pourtant
à 8e~
agricole,
se
trouve-t-i1
incapable
de
nourrir
convenablement
l'ensemble de
sa
population
?
Est-il
incapable
de
cultiver
et
de
produire
des
denr&es
en
quantit&s
suffisantes?
Pour
expliquer
ce
f1&au,
d'enrichissantes
th&ories ont &t& &labor&es
depuis la Conf&rence
tenue
en 1974, à Rome, sur l'alimentation mondiale.
L'analyse n&o-ma1thusienne justifie la faim
dans
le
monde
par
le
diff&rentie1
de
croissance
entre
d&ve1oppement
d&mographique
et
production
agricole.
P~rtant, les d&fenseurs
de cette
thèse proposent
la
limitation
des
naissances
comp1&t&e
par
des
1. Sophie BESSIS: "Les
problèmes agricoles du
Tiers-
Monde"
p.
10,
Nouvelles
parutions
de
la
Documentation Française.
2.
Le nombre de personnes qui n'ont pas assez à
manger
varie en
1979, de
458
millions à
1,3
milliards,
selon le Monde du Jeudi 12 juillet 1979.
Le d&ficit alimentaire
projet& sur 1985,
atteindra
94 millions de tonnes contre 52 millions en
1972-74
et 72
millions en
1977-78. F.A.O.
"Projections
relatives aux productions agricoles 1975-85".
1

améliorations
dans
les
techniques
agraires
:
utilisation
d'une
technologie
agricole
moderne,
extension
et
amélioration
des
terres
cultivées,
modification climatique.
L'analyse
des
Représentants
éclairés
des
différents
gouvernements
et
des
instances
internationales reconnaIt, elle aussi,
l'importance
de
ces facteurs techniques : prix et marchés des
produits
agricoles et des' inputs, échelle des revenus,
pauvreté
des
campagnes,
sous-emplois,
investissements.
Les
tenants proposent alors,
compte tenu des
spécificités
de chaque pays, la politique
des prix, le syst~me
des
crédits
aux
petits
agriculteurs,
l'amélioration
de
l'infrastructure rurale, la politique des réserves,
les
programmes de formation.
L'analyse des wradicaux w quant à elle, accuse les
wpuissants des pays industrie1s w, les
multinationales,
et les wé1ites loca1es w
we xp1oiteurs w, en arguant
que
la faim n'est pas liée
à une production
insuffisante,
mais, à la pauvreté
et à l'absence
de pouvoir qui
en
résulte". Elle
propose, en
conséquence, des
réformes
sociales,
politiques
et
économiques
profondes
permettant
aux
puys
intéressés
de
maItriser
et
contrôler,
eux-mêmes,
la
société
et
la
production
agricole, à tous les niveaux.
2

Mais, aucune
de ces
th~ories n'est
capable
de
résoudre tota1emt~~ le
problème;
les deux
premières
pêchent par
leur
manque
d'analyse
syst~matique
des
structure5socia1es ; si la troisième paraIt
s~duisante
par son
analyse structurelle
des rapports
de
force,
elle ne pr~cise pourtant
pas quelle strat~gie
adopter
dans l'~mm~diat. Enfin,
toutes trois passent
l'~ponge
sur la vraie question.
La
vraie
question
r~su1te
d'une
s~rie
de
dés~qui1ibre engendr~es
par des
causes plus
externes
qu'internes;
La première
est la
cons~qllence de
la
division
internationale
du
travail
n~e
de
la
r~vo1ution
industrielle
en
Am~rique
du
Nord
et
en
Europe,
attribuant aux
colonies (directes
ou indirectes),
la
production de
matières
premières
indispensables
aux
pays industriels.
Ainsi,
pour
satisfaire
les
besoins
de
consommation
de
ces
derniers,
le
Tiers-Monde
privi1~gie,
dans
son
programme
de
d~ve1oppement
agricole,
les
cultures
d'exportation
aux
cultures
vivrières. Point
n'est
besoin
de
statistiques
pour
l'illustrer. Il produit la quasi
tota1it~ du caf~,
du
cacao, des bananes,
des ananas,
des arachides,
bref,
des produits destin~s à alimenter notamment les march~s
3

ext~rieurs. Tandis
que.
paradoxalement,
i l
importe,
pour
ravitailler
son
march~
local,
des
denr~es
alimentaires qu'il
pourrait produire,
lui-même.
Pour
s'en convaincre, quelques exemples peuvent suffire: au
moment

le
gouvernement
br~si1ien
exhortait
les
paysans et les agro-industrie1s ~trangers à se ruer sur
la production
du
soja
destin~ à
l'exportation
(la
production passa de 75e eee t en 1968 à 7 eee eee t. en
197*), on n~gligeait la culture des produits
vivriers,
comme
le
riz,
le
haricot
noir
et
le
manioc.
La
stagnation de la
production de
ces denr~es,
entra!na
une augmentation de prix (275~
entre fin 1972 et
aoOt
1973 pour le seul haricot noir, pourtant pain quotidien
des milieux d~favoris~s).
Conséquence: le Br~si1, deuxième nourricier du
monde,
souffre paradoxa1emant
d'insuffisance alimentaire.
En
Am~rique Latine, 15e millions d'hommes, soit *8~ de
la
population totale,
sont sous-a1iment~s.
Et
pourtant,
entre 1972 et 197*, ses exportations repr~sentaient *5e
calories par jour et par habitant, soit l'~quiva1ent de
3
son d~ficit alimentaire
On pourrait, à l'infini. multiplier ces exemples,
t]F
el(,,,,,..iment tr)II"5' le ",éfrlt:' paradc>xe dont le ~oOt !:'st le
d~ficit alimentaire.
3. PROBLEMES ECONOMIQUES No 1625 : "Les pays en voie de
d~ve1oppement", Documentation Française.
4

,
La seconde cause
est la fille
de la première
c'est l'héritage de
modèles économiques inadaptés
qui
donnent,
le
plus souvent,
la primauté
à
l'industrie
4
non-alimentaire
A
ces
deux
déséquilibres
d'origine
externe,
s'ajoutent
une
explosion
démographique
et
une
croissance urbaine, non encore ma~trisées.
Le
Tiers-Monde
est-il
vraiment
incapable
de
cultiver
et
de
produire
des
denrées
en
quantités
suffisantes pour se nourrir?
Non,
le Tiers-Monde
est
capable de produire lui-même sa nourriture, d condition
qu'il conçoive une nouvelle pédagogie de l'homme et
de
la
terre
(fondée
sur
la
promotion
des
cultures
vivrières), parallèle
d une
réforme profonde
de
ses
schémas mentaux et de ses catégories intellectuelles.
A
ces
problèmes
généraux
du
Tiers-Monde,
n'échappe
pas
la
C6te
d'Ivoire
dont
nous
allons
étudier, ci-après, la prospective agro-alimentaire.
4. De surcro~t, les produits exportés, ironie du
sort,
sont
très
mal
rémunérés
en
raison
de
la
détérioration persistante
des termes
de
l'échange
(analysés plus
loin au
paragraphe II
du
Chapitre
III) .
... / ...
Le sUblmet ';oro-Sud de Cancu" au Mexique, en
Octobre
1981,
le sommet de Wi11iamsburg
et la VIème
CNUCED
tant attendus, ont illustré brillamment l'incapacité
des pays
industrialisés
à résoudre
ces
problèmes
cuisants du Tiers-Monde qui apprit alors la leçon de
ne
compter
que
sur
lui-même
pour
assurer
sa
croissance.
5

METHODOLOGIE
Utiliser la prospective comme instrument dans une
~tude pareille n'est
pas chose facile,
surtout si
on
n'est pas prospectiviste
de m~tier.
Pourtant, nous
y
sommes hasard~s.
Après la d~finition de la prob1~matique et
des
hypothèses, nous nous sommes heurt~s aux difficu1t~s de
choix de l'outil
d'analyse. Oue11es m~thodes
utiliser
pour Wconjecturer W le devenir probable agro-alimentaire
ivoirien ?
Nous avons pass~ en revue bon nombre de
m~thoces
d'analyse en prospective pour essayer de les
appliquer
à notre cas : m~thodes d'analyse des donn~es (analyse à
composantes
principales,
analyse
de
correspondances
etc . .. ).
la
th~orie
des
graphes,
les
matrices,
l'analyse morphologique,
les modèles
analytiques,
la
m~thode De1phi, etc ...
Mais, aucune
ne
nous a
satisfait,
d'abord
en
raison des coOts que
leur ut1isation engendrerait,
et
ensuite, en
raison de
leur
inadaptation et
de
leur
efficacit~ souvent trop 1imit~e.
Aussi, avons-nous
uti1is~ la
m~thode
d'analyse
syst~mique Wpartie11e W faisant
appel à la
fois à
des
~l~ments quantitatifs et
qualitatifs. Nous avons
très
6

simplement
ana1ys~
après
enquete
sur
le
terrain
pr~sent~e en
annexe quatre
facteurs fondamentaux
(la
production, la consommation locale, le march~ ext~rieur
ivoirien
et
la
g~opo1itique)
suffisamment
d~terminants et corr~l~s
avec les
mutations du
sous-
système agro-alimentaire
ivoirien. Notre
analyse
n'a
pas non
plus
ignor~ la
dialectique
socio-~conomique
consid~r~e comme une tendance lourde.
Ensuite, nous avons
tent~ d'~tab1ir la
relation
entre le d~ve1oppement du sous-système agro-alimentaire
ivoirien
et
celui
du
système
agro-alimentaire
international en vue de
d~terminer l'impact du
second
sur le premier.
Oe cette
analyse
se sont
alors
d~gag~s
trois
sc~narios fondamentaux
le sc~nario
tendantie1,
le
sc~nario de
rupture
et
le
sc~nario
souhaitable
ou
contrast~.
Bien
entendu,
on
pouvait
analyser
d'autres
facteurs prospectifs
que
les
nôtres
et
en
d~gager
plusieurs
autres
sc~narios
conduisant
ainsi
à
des
conclusions diff~rentes. Les
voies sont nombreuses
et
nous
demandons
donc
au
lecteur
de
bien
vouloir
pardonner nos lacunes.
Une autre question sans doute br01ante
pourquoi
ce sujet sur la Côte d'Ivoire?
7

En effet, au
départ, notre
première idée
était
d'appliquer
nos
connaissances
universitaires
(théoriques) à un
cas plus concret.
Nous avons
alors
choisi notre
pays,
la Côte
d'Ivoire.
Mais,
peut-on
parler de cette dernière sans
son agriculture?
Selon
notre enqu§te,
82~ de
la population
ivoirienne
tire
directement ou indirectement
leurs revenus du
travail
de la terre (contre seulement 43~ au 8rési1 et ",6~ en
France).
Cette
agriculture
comprend
essentiellement
1 'agro-alimentaire,
clé
de
voûte
de
l'économie
ivoirienne représentant 79,5~ des exportations
totales
d'après
le
Plan
quinquennal
ivoirien
1981-1985
(Ministère du Plan).
En choisissant
donc ce
sujet (L'Economie
Agro-
Alimentaire ivoirienne: un
scénario pour l'an
2eee) ,
nous voulons
particulièrement faire
le diagnostic
du
modèle
de
déve10ppment
agro-alimentaire
ivoirien
suscitant tant
de
controverses
(ses
réussites,
ses
contradictions, ses
mutations possibles
d'ici à
l'an
2eee) .
Mais,
pourquoi
l'horizon
2eee
(1978-1998)
?
Pourquoi 2e
ans et
non le
ou 15
? Cela
a-t-il
une
incidence sur notre étude ?
Nous avons choisi l'horizon 2eee parce que
c'est
une
date
suffisamment
longue
pour
que
l'agro-
8

alimentaire se transforme avec le mouvement dialectique
socio-~conomique de
la C6te
d'Ivoire.
L'horizon
2888
est consid~r~ comme un tournant d~cisif dans la soci~t~
ivoirienne.
Aussi,
toutes
les
grandes
~tudes
prospectives ivoiriennes se situent-elles à cette
date
(Plan, Recherches).
De surcroIt, plus l'horizon d'une prospective est
~loign~, plus l'univers des possibles s'~largit et plus
la marge
d'erreurs dans
les pr~visions
se
r~tr~cit,
même si celles-ci deviennent de plus en plus irr~e11es.
9

LA CÔTE D'IVOIRE EN AFRIQUE
-
10 -

INTRODUCTION
ET
RESUME

I) Prob1~matique
Insensiblement raccord~ au tout ouest-africain en
ses horizons impersonnels (au Sud : l'Oc~an
Atlantique
; au Nord: le
Mali et la Haute
Volta; à l'Est:
le
Ghana; à l'Ouest: la Guin~e et le Lib~ria), entre
le
cinquième parallèle Sud et
le dixième parallèle
Nord,
sur 322 4ee Km2, gft.
paisible, un petit pays de
neuf
5
millions d'6mes
la Côte d'Ivoire.
Drap~e du
grand
manteau
de
la
forêt
ou
tapiss~e
d'interminables
savanes, pays
de plateau
ou de
plaines, sans
vraies
montagnes, sans vraies va11~es, la Côte d'Ivoire est un
monde tout en nuances.
La Côte d'Ivoire, c'est aussi
le foyer actif
du
contraste:
l'orgueil de
l'opulence mê1~e
à la
joie
dans la pauvret~. Deux mondes d~lib~r~ment conçus
pour
ne pas se ressembler.
D'un côt~, Abidjan,
la capitale majestueuse.
Le
centre des affaires. Le centre administratif. Le centre
politique. Le
centre industriel.
Abidjan, le
symbole
des merveilles occidentales.
A la proue
d'un lobe
du
plateau dominant les rivages Ebri~, le drapeau national
signale un ~difice, aux multiples arêtes: le palais du
5. Population de la Côte d'Ivoire en 1987 selon le Plan
Quinquena1 Ivoirien 1981-1985 (Ministère du Plan
de
la Côte d'Ivoire).
12

gouvernement int6grant à la vieille Afrique le luxe
et
les conforts les plus modernes du vingtième siècle. Sur
l'autre berge de-
la lagune, un
gratte-ciel salue
les
nuages:
l'hôtel
Ivoire (cinq
6toi1es
!),
le
plus
prestigieux d'Afrique
et
probablement l'un
des
plus
beaux du mande. Entre le
palais et l'Hôtel Ivoire,
se
dessinent un nombre
impressionnant de
tours dont
les
feux nocturnes proclament l'orgueil.
Oe
l'autre,
la
Province,
la
vieille
Côte
d'Ivoire, d6munie mais emplie
de romance, de
naturel,
de gaiet6,
o~
la vie
traditionnelle,
communautaire,
reflète les valeurs radicales de l'Afrique authentique,
humanitaire, hospitalière.
L'autre fiert6 de la Côte d'Ivoire: la stabi1it6
de son r6gime (le capitalisme
n6tatis6n ) et le
succès
impensable
de
son
6conomie.
Tout
un
modèle
d'origina1it6 incontestable dans une Afrique hant6e par
la s6cheresse, menac6e par la s6cession, brouil16e
par
l'instabi1it6 politique chronique et d6chir6e par les
riva1it6s raciales.
P.N.B.
1976
: 21,7
milliards
de
francs français
P.N.B. par
habitant
: 2
*00
FF.
P.I.B.
1987
environ
60
milliards
FF.
Taux
de
croissance de 1950
à
1980,
9~ situan~
ainsi ~e
pays
6
dans le peloton d'avant-garde du Tiers-Monde
6. Clef
graphique ci-contre.
13

Mais,
sans
atouts
g~ographiques
particuliers
(sans ressources minières
importantes), qu'est-ce
qui
fait donc la force ~conomique de la Côte d'Ivoire?
Ses principales ressources, ce sont les richesses
agricoles : 79,5~
des exportations totales.
Celles-ci
ne se réduisent pas seulement au trio classique: bois,
caf~, cacao
que l'observateur
~tranger a
coutume
de
consid~rer. A ces
trois grandes
vedettes, sont
venus
s'ajouter le cotonnier, le palmier à huile, le riz,
la
canne
à
sucre.
Mais,
s'arrêter
uniquement
à
ces
produits serait porter pr~judice au secteur des
fruits
et l~gumes qui se sont inscrits r~cemment au
marathon.
Les
plus
importants
les
bananes
et
les
ananas
(d'implantation nouvelle)
ont
rejoint le
peloton
de
tête en
hissant
la Côte
d'Ivoire
au rang
des
tout
premiers producteurs mondiaux.
La devise
commerciale
de
la
Côte
d'Ivoire
exporter! Les principaux
produits d'exportation:
le
caf~, le cacao, les bananes,
les ananas. A eux
seuls,
66~
de
l'ensemble.
La
balance
commerciale,
7
structurellement exc~dentaire ph~nomène
rare dans
les
pays en voie de d~ve1oppement !
Toutefois, cette r~ussite ne va sans susciter des
r~serves,
des
commentaires
contradictoires
et
des
7 . . . . du moins jusqu'en 1987
graphique ci-contre.
14

.. 1\\,)
,
o li
0 '
.01
~I
1
1
1
~t-
U'11
1
. . . .
. ~
o
, ~- --_.- -_.~ .......- - - - _.~
CD
co
o
\\
\\
\\
\\ ,

controverses souvent passionnées
; "miracle
ivoirien"
disent les
admirateurs, "mirage
ivoirien"
rétorquent
les pessimistes !
Aussi,
pour
éclairer
le
débat,
allons-nous
analyser la situation
actuelle agro-alimentaire de
la
Côte d'Ivoire,
ses tendances, ses perFormances dans
le
Tiers-Monde,
les
contradictions
du
modèle
de
développement opté,
et les
diverses images
possibles
qu'elle peut revetir, à l'horizon 2eee.
II) Résumé
AFin de mettre
en évidence, le
schéma de
notre
travail, est-il nécessaire de vous
en Faire un
résumé
rapide.
L'agro-alimentaire
ivoirien
traverse
une
situation
ambivalente
00
coexistent
deux
systèmes
(traditionnel-moderne),
engagés
irréversiblement
dans
une
dialectique
de
destructuration-restructuration.
Dans
cette
coexistence
conFlictuelle,
quelle
image
revetira-t-il,
à
l'horizon
2eee,
compte
tenu
de
8
certains Facteurs
la domination pure
et simple
du
second sur
le
premier
en
raison
de
son
inFluence
actuelle sur le moae de
transformation des besoins
de
consommation
et
des
cultures,
ou
bien
un
nouveau
8. Facteurs précisés dans les scénarios
15

(f)
Z
~
'--'
A
~
<i
0
~
Cl:>
cr
0
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·x
w
Q)
,....
N
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1
•0ril=10u
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U-
r ~
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Cf)
0
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<i
-J
.....J
:2-<.
0
8
~.
~
.:~:~"
~
fiS
-
15 Bis

système
agro-alimentaire
int~grant
à
la
fois
les
~l~ments des deux premiers pour r~pondre aux
exigences
du nouvel Homme ivoirien?
Autrement dit, quelle
sera
la tendance
des produits-vedettes
comme le
caf~,
le
cacao, les bananes, les ananas, le palmier à huile,
la
canne d
sucre
par
rapport
aux. autres
cultures
de
subsistance encore sous-d~ve10pp~es ?
A
cette
prob1~matique.
trois
sc~narios
prospectifs nous permettent
de r~pondre
le
sc~ario
tendantie1, le
sc~nario
de
rupture
et
le
sc~nario
constrast~ (ou wdu souhaitab1e w).
Le
sc~nario
tendantie1
constitue
une
image
possible, simple mais
coh~rente de
l'agro-a1imentaire
ivoirien, à l'horizon 2888, sous hypothèses du maintien
de l'ordre
politique
et
~conomique
mondial,
de
la
stabi1it~ politique et g~opo1itique de la C6te d'Ivoire
et de la maItrise des
contradictions de son modèle
de
d~ve10ppement.
Il
minimise,
par
cons~quent,
les
ruptures
fondamentales, mettant
en cause
le fonctionnement
du
march~
mondial
agro-alimentaire,
le
contenu
de
la
division lnternatian.~l~ du trc~'ai1.
et les
a11iar.ces
g~opo1itiques de la Côte d'Ivoire.
16

Dans cette hypothèse de continuit~, la
strat~gie
du modèle
ivoirien
de d~ve10ppement,
fond~e
sur
le
capital ~tranger
et l'industrialisation
substitutive,
restera
toujours
domin~e
par
l'encouragement
aux
cultures d'exportation (caf~,
cacao, bananes,
ananas,
canne à sucre),
bien que leur
avenir soit couvert
de
nuages. L'~vo1ution
de ces
dernières sera
donc
plus
forte
que
celles
des
cultures
vivrières
qui
n'enregistreront que 3,61 de croissance annuelle,
taux
nettement inf~rieur à celui de
la population estim~
à
9
4,21 l'an. Cette ~vo1ution rapide
sera le r~su1tat
de
l'incorporation du progrès technique dans l'agriculture
marchande
ivoirienne
et
de
l'industrialisation
de
celle-ci.
Les futurs
d~bouch~s
de la
Côte
d'Ivoire,
ne
diff~reront
guère,
quant
à
leur
nature,
de
ceux
d'aujourd'hui. Ils pourront se diversifier, par contre,
les principaux clients
actuels (les pays
de la
CEE),
continueront
à
b~n~ficier
de
leurs
privilèges.
La
France occupera toujours une
place dominante dans
les
relations
commerciales
de
10
Côte
d'Ivoire
avec
l'Ext~rieur
;
toutefois,
les
produits
ivoiriens
y
rencontreront
une
vive
concurrence
en
raison
de
l'ouverture progressive de son march~ aux autres pays.
9. Selon
le
Plan
quinquennal
de
la
Côte
d'Ivoire
1981-85.
17

Mais, considérer
l'avenir
seulement
comme
une
continuité, c'est
ignorer
les forces
des
phénomènes
qui,
quoique
minimes
aujourd'hui,
peuvent
prendre
progressivement d'ampleur
dans
le futur.
Ainsi,
des
facteurs
lourds
comme
les
contradictions
socio-économiques du modèle et l'effondrement du marché
mondial
peuvent
compromettre
l'accomplissement
du
scénario tendantie1.
Dans ce
cas, la
Côte
d'Ivoire,
confrontée
à
une
crise
économique,
va
se
trouver
contrainte d'adopter d'autres stratégies : ou bien elle
stocke progressivement ses produits (en refusant de les
vendre), de
telle sorte
qu'à
terme, elle
se
retire
complètement du
marché international
donc de
l'ordre
économique actuel,
fondé sur l'échange inégal
on sera
alors, en présence d'un scénrio
de rupture: ou
bien,
elle adopte une stratégie mixte, accordant la
primauté
aux
cultures
vivrières
au
détriment
des
cultures
d'exportation,
sans
toutefois
rompre avec
le
marché
mondial
on
sera,
cette
fois,
en
présence
d'un
scénario contrasté.
Le scénario
de
rupture
réfléchit
au
présent,
l'image future et possible d'une Côte d'Ivoire infidèle
à son
rythme actuel
de transformations.
Il
exprime,
sous certaines conditions de réalisation (rupture
avec
ses
alliances
politiques,
géopolitiques
et
l'ordre
économique actuel), un cheminement vers un autre régime
18

~conomique dont l'image finale est le repli de la
Côte
d'Ivoire sur e11e-méme.
Celle-ci
cherchera
alors
d
d~ve1opper
la
consommation locale pour activer le march~ int~rieur en
augmentant les
revenus,
en sâmu1ant
les
productions
vivrières, en r~organisant les circuits de distribution
et en cr~ant plusieurs march~s de biens de consommation
et de production.
Mais, des facteurs
comme l'~troitesse du
march~
local ivoirien,
l'impossibi1it~ de produire
tout
ce
dont
on
a
besoin,
et
la
n~cessit~
des
rapports
g~opo1itiques et ~conomiques entre Etats empécheront la
r~a1isation d'un tel sc~nario.
Alors, ne
reste
plus d
la
Côte
d'Ivoire
que
l'autre
alternative
le
sc~nario
contrast~
ou
"souhaitable".
Le sc~nario contrast~ pr~conise un nouveau modèle
de d~ve1oppement
~conomique
destin~
d
r~soudre
les
contradictions de
l'ancien modèle
que les
pr~c~dents
sc~narios ont ~t~ incapables de traiter.
L'~tab1issement de son image finale s'appuie
sur
un
certain
nombre
de
conditions
dont
les
plus
pertinentes sont: le maintien dans l'ordre
~conomique
mondial, la
r~vision des
rapports ~conomiques
de
la
19

C~te d'Ivoire
et 10
red~finition de
la strat~gie
de
d~ve10ppement agro-alimentaire.
Le nouveau modèle repose sur
le principe que
la
Côte d'Ivoire
est
capable de
produire
elle-même
sa
nourriture, à condition
qu'elle ne
s'en empêche
pas.
Partant, il d~finit une strat~giede d~ve10ppement dont
l'objectif prioritaire est accord~
à la promotion
des
cultures
vivrières
sans
pour
autant
exclure
les
cultures d'exportation et rompre.avec le march~.
Pour ~laborer ces
trois sc~narios,
nous
avons
tent~ une
approche syst~mique
W partie11e W
consistant
d'une part
à analyser
4 facteurs
et les
diff~rentes
fonctions
qui
les
relient
(la
g~opo1itique,
la
production,
la
consommation
locale
et
le
march~
ext~rieur),
jug~s
suffisamment
d~terminants
pour
conjecturer les
devenirs
probables
agro-alimentaires
ivoiriens; et d'autre part, à inclure dans la
deuxième
partie, le sous-système ivoirien dans le système
agro-
alimentaire international en ~tudiant les
interactions
entre le secteur agro-alimentaire ivoirien, la
demande
et l'offre
mondiales
(produits
concurrents
et
pays
concurrents).
Les
performances
ivoirienn~sdans le
système
agro-alimentaire international
nous tentent
alors
de
20

penser que
la Côte
d'Ivoire est
wbien partieW
:
sa
balance commerciale, constamment excédentaire (sauf en
1978) ; son
P.N.B., 21,7
milliards de FF
en 1976
et
25,3 en 1977 (la meilleure en Afrique apr~s la Libye et
le Nigéria) ; et un taux de croissance annuel du P.I.B.
de 7,5. l'érigeant en place d'honneur au niveau mondial
1e
apr~s la Corée (9,5.) et le Brésil (~)
Mais,
la
seule
considération
de
ces
données
quantitatives globales suffit-elle à délivrer à la Côte
d'Ivoire le wpasseport W pour le développement?
En effet,
la
logique
sur
laquelle
repose
le
mod~le ivoirien fait
naître en ce
dernier un
certain
nombre de
contradictions
affectant
le
développement
réel de ce pays.
Les
premi~res
sont
d'ordre
économique
:
la
stratégie d'industrialisation
ivoirienne étant
fondée
essentiellement sur le capital
étranger et la
liberté
incontrôlée de
rapatriements
des
revenus
afférents,
ceux-ci
accroissent
à
tel
point
qu'à
terme,
ils
exc~dent
largement
les
apports
en
investissements
initiaux des investisseurs étrangers ; or, ces
revenus
forment une partie du surplus de productivité nationale
nécessaire à
l'accumulation du
capital interne
;
en
échappant ainsi au processus d'accumulation du
capital
18. Statistiques de la CNUCED, clef, bibliographie
21

au sein du système, ils exposent l'économie
ivoirienne
à la vulnérabilité.
Les secondes
sont
sociales:
tout
en
tentant
d'atténuer le
divorce entre
mondes urbain
et
rural,
entre
nantis
et
pauvres,
le
modèle
ivoirien
a
paradoxalement aggravé les écarts entre niveaux de
vie
en engendrant des
récriminations, reflet d'un
clivage
de classes.
Ces contradictions, toutes liées, constituent
de
sérieux
blocages
que
la
Côte
d'Ivoire
doit
nécessairement résoudre pour transformer sa
croissance
en développement économique réel.
Schématiquement, notre
raisonnement se
présente
ainsi
22

ORGANIGRAMME GENERAL DE NOTRE RAISONNEMENT
SllSJ!ME J\\CBH\\LlŒNrAIRE IVOIRIF.N
D:ISJlU:B1fiŒ
1

\\ Variables explicatives
f\\, M:DE 'IRADITICNNEL
1\\
Différentes étapes
C<JTItX>rtaœntales
\\(cemœrce
l'
~e~
i
traditiorme1
préco1on:i.ql ~ réseaux et
Par re1ëUS
l,
1'l1
enquête sur le t e r r a i n '1
-;li
- - - - - -
' Il
.
)
Processus d' inÇlustrialisa
:
i~_____ llcemœrc: ~~tiorme1 p:lSt
, -----,A\\r-'lï~t:!JJ,!on~----
, .,---_-::.:L-
_
;Différents m:rl.è1es ivoiriens \\
w
• Recherches technologiques
de consamation
Il
;i.voiriermes
1\\ cemœrce m:rl.eme
1
.
J
PK&+crrVE
-- .,.
l
, RWœ:Iœ5~
F1ICIKES~
r
1 F1ICIKES EXI':X.DES
nmR~
i\\Evolutions canp:rratives ! \\Perspectives des den3I'rles
Liaison entre production
des producti.onS
j
1 extérieures
des produits
et conscmration locales
3'1
1
1 ivoiriens
Evolution canp:rrative des
1
...
i
,, besoins de cons. locales
1
!
'4'
Impact de
*
l'envi.ronnaneI1t
~ entre l'agro-
.
taire et le systè!œ
~le global de croissance
p:Jlitique international
gro-a1iIœntaire internat.
1
1
de la cons. ivoirierme
J
~_&»WUOIE_mJP1ŒE .,.,j~~~===r~~~~~
)1(
Maintien de l'ordre
Maintien de 1 •
éco-
o~ p:Jliti(Jl~,J 1
1 et eeor.o. IIOl1è.ial
CorrlJ.tions d' étao1J.5saœnt
1
1
'1
1nanique nondial
1
_
'JI'
>
de l'inage finale
1
StabilJ.te po1J.tJ.qye et ~
1
Révision des raFP=>rts
p:Jlitique (le la Côte d'Ivoire!
1
écananiques
Facteurs
d' instabilité
,=
...
Stratégie du m:rl.è1e ivoirien
1Redéfinition
de la stra
de déve10ppererrt
tégie de déve10pp3te1t
1agro-a1irœntaire ivoirien
îV
-
23 -
-li
1 Facteurs
d'instabilité

II) Mots-clf1s
Côte
d'Ivoire
Agro-Alimentaire
Production
traditionnelle,
moderne
Industrialisation
Recherches technologiques - Habitudes des consommateurs
ivoiriens
Modèles
ivoiriens
de
consommation,
de
distribution - Prospective des Productions, Besoins
de
consommations,
Demandes
extf1rieures
Impact
des
Accords
sous-rf1gionaux
(CEAD
CEDEAD)
et
Internationaux -
Effets
des
Termes
de
l'Echange
Interacions
WAgro-Alimentaire
ivoirien
et
système
Agro-Alimentaire International W - Scf1nario
tendantiel,
Scf1nario de rupture,
sc~nario contrastf1.
24

CHA P I T R E
l
ANALYSE STRUCTURELLE DU SYSTEME
IVOIRIEN

L'agro-alimentaire par
définition est
un
sous-
ensemble socio-économique se
rapportant aux
activités
qui
concourent
à
l'accomplissement
de
la
fonction
"alimentaire"
dans
une
société
donnée.
Dans
le
processus de
production,
l'activité de
base
demeure
l'agriculture
qui
fournit
les
matières
premières.
Celles-ci sont distribuées
telles ou transformées
par
une superstructure industrielle et commerciale de
plus
en plus
complexe
: les
industries
agro-alimentaires
(I.A.A.)
et
le
"commerce-restauration".
Le
schéma
suivant montre les interactions
entre ces trois
sous-
ensembles au sein de l'ensemble socio-économique.
e
Ensemble socio-
- ; .
Restaurati.a1.
Di..striJ::.uti.
économique
Transfonœ.ti.a1.
(I.A.A. )
Sous ensanble
rural
;
Sous~e
Autres acti-
agricole
vités en
milieu rural
Les produits agro-alimentaires
peuvent alors
se
définir comme
l'ensemble des
produits alimentaires
à
l'état
brut,
semi-fini
ou
fini
provenant
de
l'agriculture.
Partant,
la
consommation
globale
alimentaire ivoirienne est
la somme
des quantités
de
tous
les
produits
alimentaires
auto-consommés
ou
-
26
-

achetés aux différents prix donnés sur tous les marchés
possibles
du
territoire
ivoirien.
Cette
défin~ion
révèle les
deux principaux
composantes de
l'économie
agro-alimentaire ivoirienne, économie caractérisée
par
l'existence de deux secteurs alimentaires:
le
secteur
de
subsistance
(ou
de
forte
auto-consommation)
essentiellement
rural
et
le
secteur
d'économie
de
marché à population surtout urbaine.
L'analyse
structurelle
du
système
agro-
alimentaire ivoirien consiste donc
à
étudier tous
les
éléments structurants dont
les influences
réciproques
créent
la
dynamique
de
l'économie
agro-alimentaire
ivoirienne
la
production
agricole,
son
industrialisation, sa consommation, et sa
distribution
constituent
autant
de
facteurs
dont
le
diagnostic
dynamique permettra d'imaginer
le devenir probable
de
l'agro-alimentaire ivoirien.
SECTION l
- MODELES IVOIRIENS DE PRODUCTION
Tout système
de
production
est
le'
reflet
du
niveau de
développement
économique et
social
de
la
Formation socio-économique dont il est une
composante.
Cet
ensemble
socio-économique
évolue
lui-même
en
fonction
des
lois
historiques
du
développement
en
suivant des étapes.
-
27
-

Ainsi, dans le développement de l'économie
agro-
alimentaire
ivorien,
sous-ensemble
de
la
formation
socio-économique ivoirienne,
nous
pouvons
distinguer
essentiellement
quatre
étapes
rappelant
celles
des
économies développées,
à la
seule différence
qu'ici,
11
les "délais"
de
conversion (d'une
étape à
l'autre)
sont plus courts :
-
l'étape pré-agricole caractérisée essentiellement par
la cueillette, la chasse et la pê~he
-
l'étape agricole et domestique
où la population
vit
des produits de la terre labourée
l'étape
d'approvisionnement
diversifié

l'on
consomme aussi des produits importés;
- et l'étape agro-industrielle où l'on consomme de plus
en
plus
des
produits
agricoles
élaborés
par
les
industries agro-alimentaires (I.A.A.).
Le mode de production
des deux premières
étapes
obéit
aux
normes
traditionnelles
définies
par
un
système social qui se comporte par référence au
passé,
à
la coutume, à
la tradition.
Par
contre,
le mode
de
production des deux dernières est fondé sur une logique
11. Hicks.
(J.). Dans son A Theory of economic
History
insiste sur le long délai
qui fut nécessaire
pour
faire pénétrer, en Europe,
le secteur agricole dans
l'économie marchande.
De nos
jours, ce
délai
se
raccourcit
de
plus
en
plus
en
raison
de
l'importante
amélioration
du
niveau
économique
mondial,
laquelle
accélère
le
développement
des
économies
sous-développées.
-
28 -

de développement
économique dont
le comportement
des
acteurs obéit aux lois tendancielles de marché.
Le passage
d'un
mode de
production
à
l'autre
engendre
nécessairement
des
transformations
socio-économiques dues
à
des
facteurs
d'ébranlement
émanant à la fois de déviations internes et de contacts
externes. Ces facteurs provoquent,
au sein du
système
traditionnel, des réactions qui peuvent aller du
rejet
catégorique à l'assimilation partielle puis complète en
passant
par
la
concession,
la
juxtaposition,
la
restructuration ou l'intégration.
Comment s'effectue-t-il
ce passage
et quel
est
son impact socio-économique? Tel est l'objet des
deux
premiers paragraphes suivants.
PARAGRAPHE l
- LES EFFETS
DU SYSTEME SOCIAL
SUR
LE MODE DE PRODUCTION TRADITIONNELLE EN COTE D'IVOIRE
1.1. Le processus de production de l'agriculture
de subsistance
A l'origine,
l'agro-alimentaire
ivoirien
avait
une forme purement subsistantielle, forme qui
persiste
encore de nos
jours dans certaines
régions du pays
notre enquête a révélé qu'aujourd'hui,
il existe encore
en COte d'Ivoire, des tribus ou communautés qui
vivent
en
relative
autarcie
culturelle
et
économique,
et
-
29 -

consomment la quasi-totalité de leurs productions
les
maigres
surplus
sont
généralement
conservés
aux
greniers pour les prochaines semences
ces communautés
sont localisées
au Nord
et
au Nord-est
(régions
de
Bouna ... ), au Centre-Nord (régions de Dabakala ... ).
Ce type
d'agriculture
dite
de
subsistance
se
distingue essentiellement par
la particularité de
son
mode de production traditionnel, reflet de son
système
social.
En effet,
l'agriculture
de subsistance
est
un
système économique où la production est presque égale à
la consommation. L'on consomme la quasi-totalité de
ce
qu'on produit et le volume de la production est
calqué
sur celui des besoins pouvant être satisfaits par
voie
d'auto-approvisionnement.
Le but
final
de l'activité
économique
est
de
répondre
quasi
exclusivement
aux
besoins
d'auto-
consommation des
opérateurs
composant le
système
en
garantissant
ainsi
leur
sécurité
alimentaire.
Les
produits comme
les ignames,
le
mil,
le
sorgho,
les
bananes-plantains, le manioc,
le taro,
le paddy
sont
uniquement
destinés
à
assouvir
les
besoins
de
l'individu ou
de la
communauté. Ainsi,
prédomine
la
valeur d'usage du produit.
-
30 -

Les opérateurs économiques du système constituent
les unités
élémentaires
de production
intégrées
aux
unités de consommation dont le fondement repose sur
la
parenté, la
proximité géographique
ou l'habitat.
Ils
produisent pour
eux-mêmes
et
ne
consomment
que
ce
qu'ils peuvent produire.
La satisfaction des besoins est ajustée à l'auto-
approvisionnement qui,
à son
tour, est
réglé sur
le
~
volume de
production.
Le
volume
de
production
peu
élevé, fait de l'agriculture de subsistance un
système
économique de pauvreté, entendons par
là, à niveau
de
vie faible.
Cette faiblesse,
cependant, ne signifie pas
nécessairement une indigence des ressources productives
disponibles
qui,
parfois,
sont
au
contraire
sous-
utilisées, ni une sorte d'ignorance du système
social.
Elle résulte d'un comportement conscient de ce
dernier
qui, par son organisation, fixe
des objectifs dont
la
réalisation
nécessite
seulement
une
utilisation
partielle des ressources existantes.
L'objectif principal étant d'abord de se nourrir,
le volume
de
production n'est
pas
significativement
supérieur
à
ce
qui
est
nécessaire
aux
besoins
à
satisfaire. Cette situation de quasi-équilibre entre la
production
et
la
consommation
détermine
la
caractéristique fondamentale
du système
économique
l'absence de surplus appréciable qui traduit, en somme,
-
31 -

une attitude
consciente,
réfléchie, obéissant
à
des
règles d'organisation bien précises
de la société
qui
renonce volontairement à l'accumulation.
Une autre
caractéristique non
moins
importante
est le rapport direct de
production entre l'Homme
(le
propriétaire) et
la
Terre
(la
propriété)
avec
les
moyens rudimentaires (machettes,
dabas, houes,
haches
etc ... ).
Il défriche directement, en abattant le sous-
bois et les arbres, une parcelle de forêt ou de
savane
dont la
superficie varie
selon
la force
de
travail
disponible et le nombre de bouches à nourrir.
Il y met,
après un certain temps de
séchage,
le feu qui
détruit
toute la menue végétation, feuilles,
brindilles, petits
branchages. Après son nettoyage complet,
il prépare
le
l i t
de
semences
(buttage
pour
les
racines
et
tubercules,
labour ou
grattage pour
les céréales)
et
installe
en
complantation
toutes
les
cultures
nécessaires
à
son
auto-consommation
rizières
complantées de maïs,
ignames complantées de taro et
de
condiments divers, etc.
Après la
récolte,'il
prépare
lui-même
la
campagne
suivante
en
procédant
à
une
nouvelle défriche. Avant
d'être totalement
abandonnée
et mise
en jachère,
pour une
longue période
pouvant
aller de six à
quinze ans selon la
capacité du sol
à
reconstituer sa fertilité et
les disponibilités de
la
famille en
terres
de
cultures,
l'ancienne
parcelle
-
32 -

fournira durant deux ou trois
ans le manioc,
le
taro,
la banane-plantain et les condiments divers
l'igname
et les céréales occuperont le sol seulement pendant
la
durée d'une campagne.
Tous ces travaux sont
exécutés directement à
la
main.
Aucun
détour,
aucun
intermédiaire
entre
le
propriétaire
et
la
propriété,
entre
les
forces
productives et les moyens de production. Pas de travail
salarié. Les
forces
productives de
travail
sont
la
famille et la
communauté. Le
rôle de
la société
est
capital
dans
le
processus
de
production

la
participation
de
la
femme
est
non
négligeable
(nettoyage du
sol avant
semis, plantation
et
semis,
sarclages, récolte,
transport de
récolte)
certains
travaux sont même
réputés être "travaux
de femmes"
semis
des
condiments,
plantation
des
rejets
de
bananier-plantain, certains sarclages.
1.2. - La
logique sociale dans
le processus
de
production traditionnelle
Aussi,
l'agriculture de subsistance ne peut
être
analysé en dehors
du système social
dans lequel
elle
est insérée et qui la
détermine. C'est seulement
dans
ce
contexte
que
l'analyse
prend
sa
véritable
signification
le système
social possède sa
logique,
ses structures, ses valeurs, un mode d'organisation
et
-
33 -

de fonctionnement original
: il détermine les objectifs
en fonction de ses aspirations et besoins qu'il
entend
satisfaire; et l'agriculture de subsistance n'est
que
la traduction du comportement économique des acteurs du
système.
Le système social agit par référence au passé,
à
la
coutume,
à
la
tradition,
d'où
son
appelation
générique
de
"société
traditionnelle".
"Aujourd'hui
comme demain doit ressembler le
plus possible à
hier"
12
écrit
R.
Badouin
Le
poids
des
anciens
est
considérable. L'autorité des ancêtres ou tout médiateur
entre ceux-ci et leurs
successeurs présents sur
terre
doit être
tenue pour
respect
et obéie.
Les
anciens
transmettent leur "know how" aux jeunes dont le
devoir
est de l'appliquer et le perpétuer.
La
société
est
organisée
de
sorte
que
la
communauté constitue un
groupe d'interconnaissance

chacun connait
tout
le
monde
et
tous
les
aspects
d'autrui
; les
rapports sociaux y
sont personnels
et
non fonctionnels et segmentaires.
L'agriculture de
subsistance
étant
étroitement
liée à
la société traditionnelle obéit à
la fois à
une
logique
économique
(adaptation
des
moyens
aux
12. R. Badouin, Les agricultures
de subsistance et
le
développement économique, Ed. A. Pédone.
-
34
-

objectifs) et à une logique sociale dont l'objet est la
satisfaction des objectifs fondamentaux (très
limités)
de la communauté.
1.3. -
Les conditions
de
mutation du
mode
de
production traditionnelle
Le
maintien
de
l'équilibre
entre
ces
deux
logiques c'est-à-dire
assurer
la collecte
du
volume
requis de
subsistance
en
évitant
l'apparition
d'un
surplus appréciable,
rend incompatible l'agriculture de
subsistance et l'accession au développement. Le passage
de l'une
à
l'autre nécessite
donc
au
préalable
la
rupture
de
la
logique
sociale
dont
la
rigidité
constitue le principal obstacle au développement.
Cette rupture, condition nécessaire à la mutation
de l'agriculture de subsistance, est possible grâce aux
facteurs d'ébranlement émanant, à la fois de déviations
internes et
de
contacts
externes
les
déviations
internes traduisent, soit
des mutations naturelles
du
système,
soit
des
changements
comportementaux
des
éléments isolés
ou groupes
d'éléments structurant
la
société
traditionnelle
qui
refusent
de
pérenniser
certaines
pratiques
traditionnelles
la
mise
en
contact permanent avec des
sociétés de type
différent
provoque
également
l'ébranlement
de
la
société
traditionnelle par apports de techniques inédites et de
-
35 -

nouveaux produits, création de débouchés,
introduction
de nouveaux modèles de
consommation et de
contraintes
administratives,
ou
par
certaines
transformations
culturelles.
En
effet,
en
vertu
des
lois
historiques
de
développement,
tout
système
passe
par
une
série
progressive de
transformations.
Cette
évolution
est
d'abord
engendrée
de
l'intérieur
par
des
éléments
structurants qui réagissent
contre les
contradictions
ou les
insuffisances du
système. Le
philosophe
grec
Héraclite
ne
disait-il
pas
"de
la
lutte
des
contraires naît inévitablement la révolution qui induit
l'évolution". Dans
la société
traditionnelle,
malgré
son organisation apparemment étanche,
les
institutions
et les règles qui régissent son fonctionnement sont
si
rudimentaires,
contraignantes
et
précaires
qu'elles
engendrent d'elles-mêmes les
agents matériels de
leur
ébranlement.
Face aux facteurs d'ébranlement qui peuvent
être
internes ou
externes,
la
société
traditionnelle
ne
reste pas
passive. Elle
réagit soit
en les
rejetant
catégoriquement ou les assimilant d'abord partiellement
puis
complètement,
soit
en
se
juxtaposant,
en
se
structurant ou en s'intégrant.
-
36 -

Ainsi,
certaines
régions ivoiriennes
(du
Nord,
Nord-Est
et
Centre
Est)
restées
"réfractaires"
au
développement continuent
à
vivre
un
système
social
traditionnel caractérisé
par
un
mode
de
production
limité strictement aux
seuls besoins
immédiats de
la
communauté.
Mais,
malgré
son
apparence
figée
et
répétitive le
système
n'est pas
absolument
condamné
dans une autarcie culturelle et économique;
car,
dans
la
répétition
des
mêmes
habitudes
(habitudes
de
travail, de rapports, de production pour survivre ... ),
il Y
a
toujours des
changements,
des
échanges
(ou
trocs),
mais
trop
insuffisants
pour
engendrer
une
mutation sensible du système dans sa totalité.
1.4. - Les étapes de la transformation du mode de
production traditionnelle
Cependant, le changement
se fait plus
nettement
sentir dans d'autres régions où l'accroissement
rapide
des
besoins
exige
la
transformation
du
mode
de
production donc des objectifs mêmes du système
social,
objectifs traditionnellement très limités.
Il s'opère progressivement.
D'abord,
la
société
traditionnelle augmente sa capacité productive afin
de
pouvoir satisfairre, outre
les besoins existants,
les
besoins nouveaux.
Ensuite, pour
s'acquérir des
biens
désirés qu'elle ne peut pas produire, elle échange
ses
-
37 -

produits agricoles dont
elle renonce
à
la
jouissance
contre
d'autres
biens
ou
de
la
monnaie.
Cette
opération,
qui
a
pour
conséquence
la
circulation
marchande dans sa forme la
plus simple, supose que
la
production
dégage
suffisamment
de
surplus
transformables en valeur d'échange. Dès lors,
appara1t
une
autre
forme
agraire
dite
agriculture
paysanne
fondée
sur
l'exploitation
familiale
fonctionnant
à
l'intérieur
des
communautés
villageoises
traditionnelles.
En tant
que
forme évoluée
du
système
agraire
traditionnel,
l'agriculture
paysanne
se
caractérise
essentiellement par les ventes de produits et l'auto-
approvisionnement de ses propres facteurs productifs.
Ces deux propriétés font d'elle un système hybride:
hybride parce qu'elle
ressemble à la
fois au
système
traditionnel
par
son
auto-approvisionnement
et
au
système agraire marchand par les
ventes.
Le but
final
étant toujours
la consommation
mais, la
consommation
d'autres biens et services qu'on ne peut produire
soi-
même. Et de ce fait,
on transforme ses propres produits
en monnaie
afin de
pouvoir
à
nouveau
changer
cette
dernière contre les premiers qu'on ne produit pas. On a
alors le cycle classique "Produit-Monnaie-
Produit". Cette étape transitoire constitue la base
de
la formation de l'agriculture marchande qui postule
la
-
38 -

réalisation
d'un
surplus
agricole
appréciable
qui
autorise le développement du système.
-
39 -

Paragraphe II
: LES ETAPES DE LA TRANSFORMATION DU MODE
DE PRODUCTION MARCHANDE EN COTE D'IVOIRE
2.1.
- Le pouvoir de la monnaie dans le processus
de production marchande
L'évolution
de
la
société,
l'introduction
du
progrès technique,
l'affluence progressive
des
biens
extérieurs sur le
marché, ont
provoqué, dans
maintes
régions,
l'émergence
de nouveaux
besoins auxquels
il
faut
satisfaire.
Alors,
apparaît
la
nécessité
de
disposer suffisamment
de
surplus de
production
qui,
transformé en
monnaie
permet
d'assurer
les
besoins
supplémentaires.
Mais
ici,
l'évolution
des
idées
rendant caduques et superflus les objectifs du
système
traditionnel, va modifier le but
final de l'échange
les biens
achetés
ne servent
plus
uniquement
à
la
consommation finale mais
aussi à
la production,
afin
d'obtenir davantage de monnaie.
Le produit n'est
plus
le but
final,
mais
un
moyen
pour
acquérir
de
la
monnaie. La
formule
générale
faisant
intervenir
la
production se présente comme suit:
"Monnaie-Produit
(Travail, Production, Produit)
-Monnaie":
la
monnaie
est échangée contre le produit qui peut être transformé
ou servir de bien intermédiaire pour produire, grâce
à
la force de travail, d'autres
biens agricoles dont
la
vente permet d'obtenir davantage de monnaie. Ainsi, aux
-
40
-

relations
"enchantées"
de
gratuité
obéissant
à
la
logique de
l'honneur et
inspirées par
la
solidarité
clanique
ou
villageoise
se
substitue
la
rigueur
calculée des rapports mercantiles, du donnant
donnant,
dont le
seul but
est de
tirer profit
de sa
monnaie
investie.
On se trouve ici en
présence du système
agraire
marchand
qui
se
distingue
des
précédents
par
. la
production en nombre et la vente dans le but avoué d'en
tirer
un
profit,
nécessaire
pour
assurer
la
reproduction des
forces productives.
Dès lors

le
système autorise
la production
quantitative,
le
seul
auto-approvisionnement,
une
des
principales
caractéristiques de
l'agriculture
traditionnelle,
ne
suffit
plus
à
réunir
les
forces
productives
nécessaires.
Ain~i, l'agriculteur,
propriétaire des moyens
de
production (la
terre,
les outils)
achète,
moyennant
rémunération, de
la
force de
travail
(main-d'oeuvre
agricole) dont la
valeur d'usage est
de produire
des
biens agricoles destinés à être vendus.
La rémunération
peut être
en nature
(logement et
repas gratuits,
un
13
tiers de
la
récolte
au
manoeuvre
etc . . . )
ou
en
13. Suivant un contrat appelé "Aboussan" par les
Agni,
le propriétaire s'oblige à
donner au manoeuvre
un
tiers de la récolte d'une campagne.
-
41 -

monnaie.
Dans
ce
dernier
cas,
le
plus
fréquent,
l'employeur et l'employé
deviennent plus
indépendants
"socialement" et ne sont liés que par le paiement
d'un
salaire
liquide
(moins
contraignant
qu'en
nature)
rémunérant le travail du second.
La monnaie prend
ici
une importance capitale, excédant même sa simple valeur
économique pour
devenir la
médiation universelle
des
relations humaines (entre employeurs-employés, familles
ou tribus, sociétés
différentes ... ). L'obtention
d'un
revenu en monnaie est considérée comme la fin
première
de
toute
activité
de
l'agriculteur.
Mais,
parallèlement, le sentiment
communautaire s'altère
et
l'autorité des anciens, clé de voûte de l'ordre
social
traditionnel s'ébranle
: tout
en créant
de
nouveaux
rapports d'indépendance entre
le ménage
et la
grande
famille,
la grande famille et le clan, l'apparition
de
revenus
monétaires
développe
l'individualisme
et
fournit l'occasion
de
s'émanciper de
l'autorité
des
anciens, gardiens de la tradition.
2.2.
Les
formes
capitalistes
du
mode
de
production marchande
Nous
appelons
cette
forme
d'agriculture
le
système agraire marchand
primitif lorsqu'elle
utilise
les facteurs
humains extérieurs
travaillant avec
des
moyens rudimentaires
comme la
houe,
la
machette,
la
hache pour produire
et vendre dans
le but avoué
d'en
-
42 -

tirer bénéfice. La production de ce type d'agriculture,
itinérante par essence, est aléatoire et non
rentable,
car, soumise aux aléas climatiques. L'accroissement
de
la productivité
nécessite
l'extension
des
parcelles
cultivées, ce
qui
présente le
gros
inconvénient
de
réduire
les
aires
cultivables.
C'est
le
cas
des
myriades de petites exploitations
pérennes de café
et
de cacao dans certaines régions ivoiriennes.
Le système prend la forme capitaliste si la force
de travail (extérieure au
système) utilise des
moyens
de
production
modernes
(tracteurs,
machines
propriété du système)
afin de produire
et vendre
des
biens agricoles non pour la
simple reproduction de
la
force productive, mais dans
but avoué d'accumuler
des
richesses.
L'accumulation
des
richesses,
source
de
l'accumulation
du
capital
agricole,
provoque
la
dissolution de
la
propriété
fondée
sur
le
travail
personnel de
son
possesseur et
la
naissance
de
la
propriété

la
force
du
travail
provient
de
l'extérieur.
L'objectif même d'un tel système,
l'accumulation
des richesses, exige
la mise
en oeuvre
de moyens
de
travail du
sol plus
performants que
la machette,
la
hache, la
daba
et l'utilisation
d'engrais,
produits
divers
et
matériel
végétal
amélioré
(semences,
semenceaux,
boutures,
rejets)
pour
obtenir
la
-
43 -

productivité
maximale.
L'agriculture
itinérante
(technique
de
production
essentielle
du
système
traditionnel) est
incapable de
répondre à
de
telles
exigences. D'où la nécessité de la stabiliser, c'est-à-
dire
défricher
une
fois
pour
toutes
une
certaine
superficie de
terres
et y
installer
tous
les
ans,
toutes les
spéculations,
chacune
étant
conduite
en
culture pure
sur
une
parcelle
bien
définie.
Cette
stabilisation nécessite l'assolement,
la rotation et la
mécanisation des cultures.
Ainsi, appara1t un
nouveau
mode
de
production,
de
type
capitaliste,
fondamentalement
différent
des
précédents
et
caractérisé notamment
par la
haute productivité.
Les
contraintes
financières
qu'il
exige
empêchent
la
majorité des agriculteurs d'y accéder individuellement.
2.3. -Les formes
"para-capitalistes" du mode
de
production marchande
Aussi, en réaction
contre cette
discrimination,
certains
petits
agriculteurs
se
mettent-ils
en
groupements à vocation
coopérative (G.V.C.).
C'est
un
nouveau mode de production collective en COte d'Ivoire,
qui a l'originalité
de mettre en
commun les
facteurs
productifs des
petits
agriculteurs
dans
le
but
de
produire et vendre en
quantités importantes des
biens
agricoles
que
ces
agriculteurs
seraient
incapables
d'obtenir
individuellement.
Leur
objectif
rendre
-
44 -

surtout services
aux
usagers. Le
pr9fit
obtenu
est
distribué sous-forme de
"ristournes" aux adhérents
ou
réservé
pour
auto-financer
le
développement
de
la
puissance coopérative.
Il diffère du mode de production
précédent en ce sens que la force de travail est
aussi
propriétaire, en général, des moyens de production.
Et
par conséquent, elle ne constitue pas une "marchandise"
(selon K. Marx, Capital 1er)
dont la "valeur
d'usage"
fait l'objet de rémunération.
14
Cependant, lorsque
les G.V.C.
acquièrent
(ou
aspirent à)
une
puissance
économique
et
financière
assez
importante,
leur
vocation
coopérative
étant
incompatible avec leur
nouvelle condition, se
confond
alors à
l'objectif
de la
formation
capitaliste
qui
repose sur
la maximisation
du
profit par
un
calcul
d'optimisation.
Il
existe
une
autre
forme
spécifique
de
production,
quoiqu'en
décadence
ce
sont
les
15
exploitations "publiques", "mixtes" ou d'Etat
gérées
14. Par
exemple,
la
COFRUITEL
Coopérative
de
Planteurs des
Fruits et
Légumes était
passée
du
statut de coopérative au statut de société puis,
à
nouveau, au statut de coopérative.
15. Par exemple, la
C.I.D.I.T.
: Compagnie
Ivoirienne
pour le Développement des Fibres Textiles (destinée
aussi à
promouvoir les
vivriers);
la
SODEPALM,
PALMINDUSTRIE :
Sociétés pour le Développement du Palmier à huile ;
la SATMACI
: Société d'Assistance Technique pour la
Modernisation Agricole
de la
Côte d'Ivoire
la
-
45 -

par les Pouvoirs Publics.
Malgré leurs traits
particuliers qui
permettent
de les distinguer facilement,
ces deux dernières formes
de production qualifiées de "para-capitalistes" par
F.
16
Perroux
ressemblent au mode de production capitaliste
en ce
sens
qu'elles
obéissent
toutes
aux
lois
de
l'économie marchande
qui
gouvernent
la
reproduction
sociale au sein de la formation capitaliste.
En conclusion, les
différents modes
historiques
de production agro-alimentaire ivoirienne peuvent
être
regroupés sous deux formes générales
:
-
le mode
de production traditionnelle
que Karl
Marx
appelle "économie naturelle" fondée sur : la
dominance
du système social où la femme joue un rôle capital dans
l'exécution de
certains travaux,
la prépondérance
de
l'objectif auto-consommation dans la-programmation
des
travaux par l'agriculteur, une agriculture itinérante à
production limitée basée
sur la
complantation et
une
longue période de jachère après récolte,
l'utilisation
d'outils
rudimentaires
et
la
force
du
bras,
la
fragilité du système
entralnant la fuite
de la
force
productive ;
SODEPEL : Société pour le Développement des
Fruits
et Légumes.
16. F. Perroux,
le Capitalisme. Collection Que
sais-je
?
-
46 -

- et le
mode de
production marchande
qui obéit
aux
lois
tendancielles
de
rendements
de
l'économie
de
marché dont la croissance repose sur la création et
la
diffusion de masse d'objets marchands.
Le
passage
de
l'un
à
l'autre
entra1ne
nécessairement
la
destruction
de
celui
qui
se
transforme,
en
l'occurence
le
mode
de
production
traditionnel.
Ainsi,
l'économie agro-alimentaire ivoirienne est
17
bien une
"économie dualiste"
caractérisée par
deux
systèmes
(traditionnel-moderne)
engagés
irréversiblement
dans
une
dialectique
de
destructuration-restructuration.
L'importance
du
système
traditionnel
diminue
tendantiellement au profit du
système moderne
cette
diminution, conséquence
directe
de
la
modernisation
accélérée
de
l'agriculture
ivoirienne
est
surtout
favorisée, entre
autres
causes,
par
les
recherches
technologiques
ivoiriennes.
Mais,
comment
ont-elles
contribué
effectivement
à
l'accélération
de
l'industrialisation de
l'agro-alimentaire
ivoirien
?
Tel sera
l'objet de
la
troisième section,
mais
au
\\,l"w.,\\@\\~,mw~i~S~ tCtdCU;l:li~mCl.-~(fJ-iOl))Q"ilYt?b1l'ttnU,d(ll' "",~h"ia1I~Of) d/tl'J,5
/a.~d~J(~r-o-cJlmŒ()teura. IVll{rl~n'
17. D.C. Lambert,
dans les
économies du
Tiers-Monde.
Paris, 1974,
page 110,
classifie les
pays
sous-
développés
en
cinq
catégories
et
met
la
Côte
d'Ivoire
en
3ème
place
parmi
les
économies
dualistes partiellement industrialisées.
- 47 -

- - - - , -
-
SECTION II : PROCESSUS D'INDUSTRIALISATION
AGRO-ALIMENTAIRE IVOIRIEN
Paragraphe l
: Modèle Agro-alimentaire ivorien
La spécificité de l'agro-alimentaire réside donc,
comme
il
a
été
analysé
plus
haut,
dans
sa
bipolarisation en deux sous-secteurs
socio-économiques
définis
par
les
formes
d"organisations
de
leur
production: le sous-secteur
traditionnel et le
sous-
secteur marchand
capitalisé. Mais,
au regard
de
ses
activités,
il
comprend
quatre
sous-secteurs
fonctionnels:
l'agriculture,
les industries
'agricoles
et alimentaires,
le commerce,
la restauration
et
le
"secteur fournisseur".
L'agriculture est une activité qui s'exerce
dans
l'espace à
l'aide des
moyens
biologiques en
vue
de
produire
des
matières
premières
destinées
à
la
nourriture. Cette définition
fait ressortir les
trois
éléments fondamentaux de l'activité agricole (la
terre
ou
l'espace,
les
moyens
biologiques
et
l'objectif
nourricier de la production) : sur la terre est mise en
oeuvre, grâce
à
l'énergie
solaire
et
humaine,
les
processus (naturels) de transformations biologiques des
espèces
cultivées
dont
l'objet
est
la
production
alimentaire. Ainsi,
l'agriculture
ivoirienne
produit
par exemple
des féculents
(ignames,
taro,
pommes
de
-
4'9
-

terre, manioc),. des céréales (paddy, mars,
sorgho, mil,
fonio), du
café-cacao, des
fruits et
légumes. A
ces
produits, il
faut
ajouter
ceux de
la
pêche
et
de
l'élevage dont
les
processus de
production
ont
des
formes non agricoles (ne nécessitant
pas le recours
à
la terre). C'est
encore le
lieu de
préciser ici
que
l'agriculture fait partie de l'ensemble rural dont
les
activités,
elles,
sont
définies
par
des
critères
appropriés de ruralité, relatifs à la campagne. Tout ce
qui est
rural
n'est pas
forcément
agricole
en
campagne
peuvent
s'exercer
des
activités
de
type
primaire, secondaire et tertiaire.
Les produits agricoles
peuvent être consommés
à
l'état naturel comme à l'état
semi-fini ou fini.
Dans
ce dernier cas, ils doivent subir des
transformations.
Tel est le but des industries agricoles et alimentaires
(I.A.A.) sur
lesquelles
nous reviendrons
plus
tard.
L'industrialisation agro-alimentaire ivoirien doit
son
essor à l'important développement socio-économique
qui
imposa
à
la
population,
de
nouvelles
habitudes
alimentaires. Hier encore, on consommait uniquement des
produits
naturels
ou
transformés
mais
importés.
Aujourd'hui, on consomme de plus
en plus des
produits
agro-industriels fabriqués
par
des
industries
agro-
alimentaires
ivoiriennes
pain
et
pâtisseries,
conserves d'ananas,
de mangues,
de
thon
chips
de
-
50
-

bananes-plantains,
"gari"
et "attiéké"
(sous-produits
industriels de
manioc),
champagne
d'ananas,
Nescao,
Nescafé, etc ...
Ces produits agricoles bruts ou transformés
sont
mis à la disposition des
consommateurs finals grâce
à
la filière commerciale. Ce secteur d'activité
concerne
à
la
fois
la
distribution
proprement
dite
qui
s'effectue aussi
bien dans
les superettes
et
super-
marchés que
sur
les marchés
traditionnels
et
la
restauration
collective
et
commerciale
dans
les
restaurants, bars, cafés et cantines.
Enfin,
le
fonctionnement
des
sous-secteurs
agriculture,
industries agro-alimentaires et
commerce,
nécessite des
biens intermédiaires
et d'équipement
les consommations de
ces derniers
proviennent
d'une
part, des échanges
intra-sectoriels (à l'intérieur
du
.secteur agro-alimentaire
lui-même
tels
les
échanges
entre agriculture
et I.A.A.)
et
d'autre part,
des
autres
secteurs
de
l'économie
que
nous
convenons
d'appeler
génériquempent
"secteur
fournisseur"
qui
n'appartient pas au secteur agro-alimentaire proprement
dit, mais,
il participe à son bon fonctionnement et par

il
joue
un
rôle
considérable,
lequel
recouvre
principalement les
branches
suivantes
transports,
services marchands aux entreprises,
(y compris
ventes,
réparations des
automobiles, et
machines
agricoles),
-
51 -

chimie (engrais,
biocides ... )
énergie et
l'ensemble
des
branches
fournissant
des
matériaux
divers
(textiles, cuirs, bois, papiers, cartons, matières
plastiques).
L'importance
de
sa
contribution
à
l'activité
agro-alimentaire
varie
selon
les
sous-secteurs
fonctionnels
en
agriculture,
on
consomme
particulièrement beaucoup de produits chimiques;
dans
les
I.A.A.
et
le
commerce,
la
consommation
des
emballages (matériaux divers) est
très important
la
branche des
transports
contribue
essentiellement
au
commerce.
Ci-après
le
schéma
des
interactions
entre
secteurs
et
sous-secteurs
décrits
ci-dessus
et
la
classification
fonctionnelle
et
socio-économique
du
secteur agro-alimentaire ivoirien.
-
52 -

SCHEMA DES INTERFERENCES SECTORIELLES ET
SOUS-
SECTORIELLES
(
~__-_"'----rMl_----_-
M2-T-----,M3;;....--r
Secteur
5· A.. l
agro-
~
19
alimentaire
Sil
_4"
--
cr
vs
Œ
cr:Œ
J
Autres secteurs
Industries et services liés au Sil
de l'économie
par l'amont ou l'aval.
Autres industries et services
Légende :
Sil : Secteur Agro-alimentaire
VS
Ventes aux autres
secteurs
de
A
Agriculture
l'économie (non
I I I
Industrie Agro-alimentaire
agro-alimentaire)
C.O.:
Commerce
SAI
Sous-secteur
R
Restauration
Agro-industriel
CM
Consommation des ménages
ou complexe de
CI
Consommations intermé-
production agro-
diaires
alimentaire
CX
Consommations de capital
sn
Sous-secteur de
la distribution
agro-alimentaire
-
53 -

-
Co + R.
N.B.
L'agriculture
(A)
ravitaille
en
matières
premières alimentaires
les agro-industries
(IAA)
par
les circuits des
produits transformés
et en
produits
agricoles alimentaires
le consommateur
final
(CM)
ou
exportateur ainsi que
les restaurants
(R+CO) par
les
circuits des produits frais.
- Hormis
l'agriculture
(A)
le
consommateur
(CM)
s'approvisionne également de diverses façons auprès des
industries agro-alimentaires (IAA)
et des
restaurants
(R).
- On
peut distinguer
essentiellement trois
types
de
marché
Ml - marché de collecte ou de production
M2 -
marché
de gros et M3 - marché de détail.
- L'agriculture (A),
les industries
agro-alimentaires
(IAA),
les
restaurants
(R)
et
le
commerce
(Co)
effectuent aussi des
échanges extra-sectoriels
(V.S.)
avec d'autres secteurs non agro-alimentaires pour leurs
consommations intermédiaires (CI) en capital (CK).
-
54 -

Tableau l
Interactions entre soos-secteurs fonctionnels et soos-secteurs socio éconani.ques
-..~IJ';Jriculture
1 Irrlustries agro-
1Distril:lltion
1Restauration
1 Sous-secteur
Sous
teurs
(Activités
alirœntaires
agro-aliIœn-
•'Fournisseurs,•
.secœu:rs f'
_
soci.o-éco- onç, _ agricoles)
taire
(Approvision-
~
naœnt).
els
Sous-secteur
-Elcp1oitations
Tradit:i.alnel
familiales de
sutsistaoce •
.......
.
- Exploita-
Boulangerie:::,
~PJ.cenes,
Restaurants
- Reverrleurs
tiens fami-
cx:J115eL"V€:L~es
rrBrchés
cafés, M:iquis
et réprrt.eurs
liales rrar-
artisanales,
traditiotmels
alo::odrales (1)
de IlBchines
charrles
hJucheries,
etc ...
agricoles,
charcuterie
- services
etc ...
divers.
Sous-secteurs
IlBrd':laros
capitalisés
• Capitaliste
SOciétés
SOCiétés
&lp:mtarché
OJaînes
In:lustries
capitalistes
industrielles
capitalistes
énergétiques
agricoles
de restaura-
chimiques,
tion
mécaniques
• COOpératif
Groupe!œnts
Coopératives
Coopératives
Cantines
à Vocation
de transfor-
de CO'lSCIr.-
Cclcpél:atives
rrateurs
(G.V.C.)
• Public 00
Stations de
SOCiétés
C.S.S.P.A.
COllectivi-
Industries
d'Etat
recherches
agricoles
(C?lfé,
tés (Lycées,
chimiques
et daraines
d'Etat
cacao,) ,
collège,
engrais
expériIten-
(PAIMIN-
OCPA (riz)4
U1i.versité,
etc •••
taux :
OOS'IRIE,
année) •
(&mW:I,
(!RAT, !RFA,
SOOEPAIM) (3)
SCDEPAIM) (5)
IDESSA, IRlD,
IRCC, CIRl') 2
1 -
- Les "AloccdtŒes" : marchés de fritures de b3nanes - Plantains nûres en Côte d'Ivoire.
- Les "M3quis" salt des restaurants traditionnels PJp.ù.aires en Côte d'Ivoire.
2 - Ce salt des Instituts de recherches agro a.l.iIœntaires ivoiriermes.
3 - SDEPAIM, PAlMINDUSIRIE satt des sociétés agro-a.lirœntaires ivoiriermes p:JUr la transforne.tion de:
graines de pùmi.er ; elles salt plubliques ou mixtes.
4 - C.S.S.P.A.
: Caisse de Stabilisation et de sa.rtien des Produits Agricoles ; elle joue aussi l:
rôle de distril:llteur de produits agro-aliIœntaires.
a.c.p.A. : Office de camercialisation des Prodtilts Agricoles traite et carrœrcialise le riz.
5 - SMWIC : SOCiété d'Assistance Tedmique p::;ur la m:deIni.sation agricole en Côte d'Ivoire.
55

Les relations
d'interdépendance,
de
concurrence
et de destructuration-restructuration
entre les
sous-
secteurs
fonctionnels
et
les
sous-secteurs
socio-économiques créent la dynamique du secteur
agro-
alimentaire
ivoirien.
Cette
dynamique
est
la
conséquence d'un processus historique (pourrait-on dire
colonial) qui
se
développe dans
le
contexte
de
la
formation socio-économique ivoirienne,
selon les
lois
de développement
occidental. Ces
dernières
résultent
des lois tendantielles de l'économie marchande dont
la
croissance repose sur la production et la diffusion
de
masse
d'objets
marchands
par
des
entreprises
industrielles et capitalistes.
Ainsi,
le
modèle agro-alimentaire
ivoirien
est
fondamentalement
le
produit
du
développement
de
l'économie marchande
globale, développement
lié à
un
double
processus
d'industrialisation
et
de
capitalisation.
Mais,
le rythme et le mode d'industrialisation et
de
capitalisation
agro-alimentaires
ivoiriennes
procèdent
des
spécificités
historiques
et
des
conditions matérielles des
processus de production
en
Côte d'Ivoire.
-
56 -

Paragraphe II - Les étapes de l'industrialisation agro-
alimentaire ivoirien
Toute industrialisation
agro-alimentaire est
le
reflet
du
degré
d'industrialisation
de
l'économie
nationale dont
elle
forme
un
sous-ensemble.
Aussi,
l'analyse
du
processus
d'industrialisation
agro-
ali~entaire
ivoirien
procède-t-elle
de
la
"théorie
18
générale de l'industrialisation
Pour en
saisir
la
portée,
l'on
doit
donc
définir
d'abord la notion même "d'industrie".
Si l'on
définit
celle-ci
par
la
théorie
des
"trois
secteurs"
(primaire
agriculture,
pêche
secondaire
industrie et
tertiaire:
services),
le
processus
d'industrialisation
traduit
l'augmentation
19
relative de ces derniers dans l'économie nationale
et
la modification structurelle de la production finale et
du produit
lui-même
(le secondaire
et
le
tertiaire
s'accroissent au détriment du primaire).
Selon la "théorie des organisations",
l'industrie
peut également
être
définie
comme
"un
ensemble
de
18. R.
ARON,
Dix
huuit
leçons
sur
la
société
industrielle), Gallimard,
1962, et
K.
GALBRAITH,
(Le nouvel Etat
industriel), Gallimard, 1968,
416
pages
19. Colin CLARK "Les conditions du progrès
technique",
PUF, 1960.
-
57 -

méthodes de production
et de principes
d'organisation
20
formés dans les secteurs avancés de l'économie
Partant
de
ces
approches,
l'industrialisation
agro-alimentaire ivoirien se
caractérise alors par
la
croissance
relative
des
activités
secondaires
(industries agro-alimentaires, agro-industrie d'amont),
tertiaires
(commerce,
hôtels-restaurants)
et
des
produits agro-industriels,
par
la
réorganisation
du
procès de production traditionnelle,
la
généralisation
des
méthodes
industrielles
à
l'agriculture,
la
production et la distribution de masse.
En effet, jusqu'en 1960, l'agriculture ivoirienne
évoluait
à
un
rythme
quasi
imperceptible
21
l'industrialisation était inexistante.
Le
processus
de
production
était
caractérisé
notamment par des techniques et formes
traditionnelles
(d'organisation) de
travail fondées
sur des
méthodes
empiriques ou approchées, des productions aléatoires en
20. Louis
MALASSIS
"Economie
agro-alimentaire",
Ed.
Cujas, 1973.
21. Toutefois,
si
l'on
considère
l'introduction
à
l'agriculture des engrais
et des pesticides
comme
début d'industrialisation, celle-ci
date alors
de
la fin du XIXème
avec l'avènement des
plantations
coloniales:
domaine Verdier
de café
et cacao
à
Elima, près de la région d'Aboisso en 1981 selon
Bollinger "Marketing en Afrique" T.l.
-
5 8 -

petites
quantités
donc
une
productivité
faible
et
aléatoire, l'1~existence d'énergie mécanique.
Après cette date historique (année d'indépendance
de la
COte
d'Ivoire) l'agro-alimentaire
ivoirien
va
conna1tre un
nouveau tournant
marqué
essentiellement
par
la
réorganisation
du
procès
de
production
l'application
des
découvertes
scientifiques
et
inventions
techniques,
utilisations
d'énergie
mécanique, des techniques
et méthodes rationnelles
de
production, ayant
pour
corrollaire la
production
en
grandes quantités et l'augmentation de la productivité.
Sur
la
base
de
l'agriculture
artisanale,
préindustrielle aux structures traditionnelles se forme
l'agriculture
"néo-artisanale",
modernisée,
plus
performante, capable d'intégrer le progrès agro-indus-
triel et
de
s'adapter aux
variations
des
demandes.
Cette
restructuration
engendre
également
la
transformation
'profonde
des
filières
agro-
22
alimentaires
Autrefois, on
avait
uniquement
en
amont,
des
paysans producteurs; en aval, des commerçants
parfois
producteurs eux-mêmes, vendant
les produits bruts
aux
22. Les filières ou cha1nes sont des itinéraires suivis
par
les
produits
agro-alimentaires
depuis
la
production jusqu'à la
consommation en passant
par
la transformation,
la distribution
avec tous
les
flux qui s'y rattachent.
-
59 -

ménagères qui
assuraient la
transformation finale
en
aliments
consommables.
Àujourd'hui
en
amont,
on
trouve
de
plus
en
plus
d'agriculteurs
"intégrés"
travaillant en fonction du marché et des exigences
des
industries
en
aval des industries
agro-alimentaires
assurant,
à
la
fois,
la
transformation
et
la
distribution des
aliments
aux
consommateurs
finals.
Àussi est-on passé du commerce
de produits bruts à
la
distribution
de
masse
des
produits
élaborés
et
standardisés par les industries agro-alimentaires
sous
la férule des firmes multinationales (comme Nestlé pour
Nescafé et le Nescao ivoirien ... ).
Bien qu'encore à l'état embryonnaire par
rapport
à
celle
des
pays
occidentaux
développés,
l'industrialisation agro-alimentaire ivoirienne connait
un développement accéléré.
Cette accélération
procède
du développement rapide de la technologie agro-indus-
trielle dont
l'objet est
de transformer,
stabiliser,
adapter nutritionnellement diversifier quantitativement
et normaliser les produits pour répondre aux
exigences
de la distribution de masse.
La dynamique industrielle ivoirienne s'est opérée
à des degrés
différents sur
tous les
maillons de
la
chaine
agro-alimentaire
constitués
par
les
sous-
secteurs fonctionnels
(agriculture,
industries
agro-
-
60 -

alimentaires, distribution et restauration
collective-
hôtels).
-
61 -

PARAGRAPHE III -
INDUSTRIALISATION DE L'AGRICULTURE
L'agriculture est le maillon
de la chaine
agro-
alimentaire
le
plus
difficile
à
industrialiser
en
raison de la
dispersion spaciale de
ses activités
et
des
caractères
mêmes
des
espèces
vivantes
qui
la
composent. Son industrialisation implique la production
de
masse.
Or,
la
production
de
masse
suppose
au
préalable, l'homogénéisation et
la régularisation
des
populations biologiques
(pour
réduire
les
aléas
de
production) ainsi que l'artificialisation croissante du
milieu et la mécanisataion des méthodes productives. La
satisfaction de ces conditions nécessitant un niveau de
technologie avancée,
l'on
comprend aisément le
retard
de l'agriculture sur les autres secteurs de
l'économie
nationale dans le processus d'industrialisation.
Nulle
part au monde aucun pays n'a atteint encore le stade de
l'agriculture industrielle généralisée même aux
Etats-
Unis
ou
l'industrialisation
agricole
est
la
plus
poussée.
Toutefois, selon
les
niveaux
de
développement
industriel des pays, l'agriculture s'industrialise,
au
fil des temps,
à
des
rythmes plus
ou moins
rapides.
Cette industrialisation se manifeste par l'augmentation
des "inputs industriels" dans la branche agriculture et
-
62 -

la
généralisation
des
processus
industriels
de
productions à toutes les activités agricoles.
L~
processus
d'intégration
industrielle
de
l'agriculture ivorienne
commence déjà
dès la
fin
du
XIXème siècle
par
l'utilisation des
engrais
et
des
machines dans
les
plantations coloniales
domaines
"Verdier" de cacaoyiers et caféiers à Elima près de
la
vL/lle d'Aboisso
en 1881.
Il s'est
accéléré
surtout
après 1960, année
d'accession à
l'indépendance de
la
Côte
d'Ivoire,
par
la
consommation
croissante
des
produits intermédiaires: agricoles (semences et plants
reproducteurs etc ... ), agro-industriels (aliments
pour
animaux
etc ... ~,
industriels
(engrais,
énergie,
machines, constructions) et services.
La croissance
de
la. consommation
des
produits
intermédiaires a
favorisé
l'industrialisation
rapide
des
processus
de
production
et
partant,
l'industrialisation des
produits
agricoles,
mais
en
provoquant la décroissance de la part de
l'agriculture
dans la formation du produit agricole final.
3) Détermination des critères de mesure de l'in-
dustrial. agr.
Ce
phénomène
peut
être
mesuré
par
plusieurs
critères
comparaison
des
croissances
des
consommations intermédiaires
et de
la valeur
ajoutée
-
63 -

par l'agriculture,
du capital
d'origine
industrielle
(machines et
installations)
et du
capital
d'origine
agricole (plantations
et
cheptel
vif),
de
l'emploi
direct (ou
agricole)
et
de
l'emploi
indirect
dans
23
l'agro-industrie
d'amont
et
le
calcul
des
coefficients correspondants
par
unité
de
production
agricole (coefficients
techniques
ou
de
production)
représentant
le
quotient
des
consommations
intermédiaires par la production de la branche.
Le tableau
ci-dessous
nous
permet
d'illustrer
l'importance de
l'industrialisation
de
l'agriculture
ivoirienne,
(page suivante).
Si nous posons C.I. -
consom~tions intermédiaires
et
V.A.B.
-
valeur
ajoutée
brute,
la
production
agricole finale
(P.A.) peut
être représentée
par
la
formule:
P.A. -
C.I. + V.A.B.
Les
consommations
intermédiaires,
nous
le
rappelons, sont ici tous les biens utilisés au cours du
processus de
production
de
la
branche
agriculture.
Elles
peuvent
donc
être
soit
produites
par
l'agriculture
elle-même
(ce
sont
les
consommations
intermédiaires produites,
"C.P. ou intra-sectorielles),
23. On entend par agro-industrie d'amont l'ensemble des
industries
qui
fournissent
à
l'agriculture
des
biens
intermédiaires
et
des
biens
d'équipement
(machine, constructions).
-
64 -

soit achetée (C.A.) aux autres branches de
l'économie.
Celles-ci comprennent,
selon la
nomenclature du
Plan
Ivoirien, les branches 03 à 13 -
03 production de bois;
04 mines et exploitations
forestières;
05
industries
de transformations
de
produits
locaux
06
autres
industries
alimentaires
(tabac,
corps
gras
alimentaires ... )
07
autres
industries
non
alimentaires;
08 énergie
09 B.T.P.
; la
transports
et télécommunications;
11 services
12 commerce
et
taxe à l'importation; 13 services.
-
65
-

TABŒAU NO 2 - aBJRllI1l'Iœ lE L ' ~ A lA
HllIX:I.'Iœ J!ŒIaIE FIlW:.E lE 1970 A 1900
VALEURS EN MILLICNS
TAUX DE CROISSMa
DE FR.CFA 1968/1969
MJYENS ANNUELS
1970
1975
1980
1970
1975-80
1980-85
Conscmrations interné-
6.79J
11..444
15.433
19,3
7
5,4
diaires
• Branche 01 - AQri.cul-
ture vivrière, élevage
pêche,
2.439
4.965
7.246
20,7
9,2
4,5
• Branche 02
agric d' exrnrt
4.320
6.479
8.192
la
5,3
6
Prcrluction agricole
finale
l.O6.382
135.457
177.002
5,5
6,1
5,8
• Eranche 01 : Pqr.
vivrière, élevage,
57.319
71.837
89.498
5,1
5
5,7
pêche.
• Branche 02 : lqr.
d'exrnrt
49.063
63.620
87.504
5,9
7,5
5,9
Valeur a joutée
99.623
124.013
161.564
5
~6
5,9
• Branche 01
ag. viv.
é1. p.
54.880
66.872
82.252
4,4
4,6
5,9
• Branche 02
Pqr.
d'expJrt..
44.743
57.141
79.312
5,5
7,8
5,9
Actifs agricoles
91.100
74.100
52.200
(rnnbre de persormes)
Coeff. de conscmrations
intennédia.ires
(C.I. en %)
7,4
15,4
29,6
Actifs
Coeff. structurels
C.I. en %
6,8
9,2
9,6
9,8(1)
V.A
Caeff. Tech : C.I. en %
6,4
8,7
P.A.F
Valeur ajoutée en
%
93,6
91,6
91,6
91(1)
prcrl. finale
FQnœt. Brute
39.500
33 730
du cap.
fixe (variations)
91(1)
Efficacité du K
var. VAB
0,62
1,1
var. cap
(1) Il s'agit des JXUrCeIltages de 1985
Soorœ
: ~tre tableau établi à p:irti.r des tableaux generaux des ressources-emplois 1970, 1975,
1980, 1985 (Plans qu:i.rqJermaux 1971-75 et 1981-85 MINIsrEm: DU PIAN DE C.I.).
66

La
valeur
ajoutée
brute
représente
la
contribution réelle
de
la branche
agriculture
à
la
production
agricole
finale.
Elle
se
Qécompose
en
consommation
de
capital
ou
amortissements
(A.K.)
pendant
la
production
et
en
valeur
ajoutée
nette
(V.A.N.) soit VAB - AK + VAN.
Partant de ces distinctions P.A. -
(CIP + CIA) +
(AK + VAN)
d'où PA
-
(CIP
+ CIA) -
AK +
VAN -
VAB
(formule de la production totale (PT) selon la
théorie
de "production de branche".
Afin
d'obtenir
la
production
agricole
finale
(PAF)
soustrayons
les
consommations
intermédiaires
produites
(intra
sectoriels)
des
consommations
intermédiaires (CI), soit PAFi -
CIAi -
VABi (i
étant
l'année).
PAF 1970-CIA 1970 -
VAB 1970 ; PAF 1975-CIA1975-VAB1975
106 382 -
6759 -
99 623
135 457 - 11 444 -
124 013
PAF 1980 - CIA 1980 - VAB 1980
177 002 - 15 433 -
161 564.
32
Analyse
des
critères
de
transformation
industrielle de l'agr.
Sur la
période d'observation
1970-1985
(hormis
1980-1985 où la
crise économique l'a
considérablement
réduite) la croissance des consommations intermédiaires
- 67 -

est beaucoup
plus rapide
que celle
de la
production
finale et la valeur ajoutée
brute, à prix constants
1970-75, 19,3~ contre 5,5~ et
5~; 1975-80, 7~
contre
6,1~ et 6~ ; et 1980-85,
5,4~ contre 5,8~ et 5,9~.
Il
en
résulte
une
diminution
de
la
contribution
de
l'agriculture à la production finale de la branche
de
93,6~ en 1970, le rapport valeur ajoutée sur production
finale passe à
91,6 en 1975,
91,2 en 1980
et 91~
en
24
1985
Cette tendance à la
baisse de l'agriculture
est
confirmée
par
l'accroissement
des
coefficients
structurels (passant de 6,8~ en 1970 à 9,8~ en 1985) et
25
des coefficients techniques
de 6,4~ en 1970 à 8,9~ en
1985).
Ces
coefficients
expriment
les
rythmes
du
processus
d'industrialisation
de
l'agriculture
ivoirienne. Leur croissance traduit la contribution
de
plus en plus
grande de l'agro-industrie
d'amont à
la
formation de la production de la branche agricole.
L'industrialisation des
processus de
production
agricole ivoirienne appara1t encore plus en relief
par
24. A titre de comparaison, dans l'Europe des six, elle
est passée de
66~ en 1968
à
62~ en
1973 (à
prix
courants)
selon
le
rapport
annuel
CEE
1976
"Situation de l'agriculture dans la CEE".
25.
Les consommations interm.
en ~ de
la PAF en
1972
représentaient 32,2~ en France, 45,4~ aux Pays-Bas,
45,5~ en RFA et 52,1~ au Royaume-Uni (L.
MALASSIS,
Economie agro al., Ed. Cujas).
-
68 -

l'évolution rapide des consommations intermédiaires par
actif agricole le taux passe de 7,4% en 1970 à 15,4
en
1975 et 29,6% en 80.
Ainsi, l'agriculture
ivoirienne
s'industrialise
mais à
des rythmes
encore relativement
lents.
Cette
industrialisation
engendre
le
déclin
de
la
participation de
l'agriculture à
la formation
de
la
valeur marchande alimentaire
finale,
passant de
93,6%
en 1970 à 91% en 1985 alors qu'en France, elle était de
69% en 1971.
En effet, certaines productions ivoiriennes
sont
maintenant à système industriel: volailles, fruits
et
légumes
(ananas,
bananes
... ),
féculents
(ignames,
manioc, pommes
de terre),
céréales (riz,
maïs
... ),
cultures
pérennes
(café
"Arabusta",
cacao),
pêches
(pisciculture de Tilapia;
carpes chinoises, machoirons,
Clarias). D'autres sont en cours: élevage d'animaux.
Le déclin de
l'agriculture est le
reflet de
la
transformation structurelle du secteur agro~alimen­
taire:
l'augmentation des consommations intermédiaires
(fournies par
l'agro-industrie
d'amont)
s'accompagne
nécessairement d'une décroissance de la valeur
ajoutée
par l'agriculture
au sein
de la
production
agricole
finale et
d'une
croissance de
celle
des
industries
agro-alimentaires.
-
69 -

Paragraphe IV
- INDUSTRIALISATION
DES
PRODUITS
AGRO - ALIMENTAIRES
41
Détermination
de
la
contribution
de
l»industrie à la P.A.F.
Le
secteur
agro-alimentaire
ivoirien
fournit
actuellement sur le marché deux catégories de
produits
les
produits
agricoles
ou
produits
frais
en
provenance
de
l'agriculture
et
les
produits
agro-
industriels
ou
produits
agricoles
transformés
ou
préparés dans l'industrie.
La
part
des
produits
agricoles,
comme
nous
l'avons montré ci-dessu, décline
dans la formation
de
la valeur
marchande
alimentaire
tout
en
provoquant
parallèlement la croissance de celle des produits agro-
industriels et des
services. Ce phénomène
est mis
en
évidence par le tableau suivant.
-
70 -

TABŒ1lli N" 3 - a:NJ:RIB.Jl'IOO DE IJ INDUS'IRIE A lA PAF IVOIRIENNE
DE 1970 A 1985
-
VALEXJRS EN MILLIrn5 DE FR.CFA
TAUX DE ŒOlSSANCE mYENS
1968/69
ANNuEr.s
1970
1975
1980
1970
1975
1980-85
Cooscm. intennédiaires
14.573
29.633
47.467
20.7
12
12,5
• B.05 - Ind. des (x)
locaux
7.404
12.985
21.380
15,1
12,9
7,3
• B.06 : Autres inde
alim.
7.169
16.698
26.087
25,2
11?2
16,1
Prcrl. agro. iIrl. finale
33.129
68.510
100.500
18,5
12,2
1l,2
• B.05 : iIrl. de tr. des
(x) locaux
9.490
16.900
28.490
15,6
13,7
7,3
· B.06 : A. Ind.
al. + corps gr.
23.635
51.610
80.090
20,2
11,4
14,9
Valeur ajoutée
18.552
38.827
61.113
17,3
1l,9
8,6
• B.05 : l.T. des prad.
locaux
2.086
3.915
7.110
17,5
16,3
7,1
• B.06 : A.I. AL + Corps
gras
16.466
34.912
54.003
17,24
11
11,3
Actifs (00 de pers.)
2500
4 560
5310
Coef. de a:rJS.
Intenn.CI
5,8
6,5
8,9
Actifs
FOCF (Variat.)
10.140
19.840
17.850
Variat. VAB
20
27.522
286
Efficacité du capit.
VarVAB
1
1,2
varCap
Coef. Str. CI
110,1
116,6
118,4
(%)
VA
Coef. tech.
CI
52,4
53,8
54,2
68,7
PF
Valeur Ajootée
Prcrl. finale
47,6
46,2
45,8
31,3
(en %)
~ : Notra tableau établi à p:u-tir des tableaux généraux des ressources-anplois (Plans quinq.
1971-75, 1981-85 MIN./PL) •
71

En
valeurs
absolues,
la
contribution
de
l'industrie à la production agricole finale
ivoirienne
e~t plus faible que celle
de l'~griculture : en
1970,
la valeur ajoutée
de l'industrie
représentait 18
552
millions; en 1975, 38 827
millions; en 1980, 61
113
millions contre respectivement 99 623, 124 013 et
161 564 millions pour l'agriculture. Mais, son taux
de
croissance moyen annuel est plus fort
: environ 13~
de
1970 à 1985 contre seulement 6~ pour l'agriculture.
42 -
Analyse
des causes
de
la
transformation
26
industrielle des p.a.a.
En effet, depuis 1970, en relation avec le déclin
de
l'agricul~ure,
les
industries
agro-alimentaires
incorporent
aux
produits
agro-alimentaires
des
quantités de plus en plus croissantes de valeur ajoutée
sous forme
de
produits
élaborés.
Ce
phénomène
est
surtout
caractérisés
par
une
diversification
industrielle
des
produits
due
au
transfert
à
l'industrie
par
l'agriculture
des
activités
de
transformation
autrefois
fermières.
Cette
diversification s'est
accompagnée parallèlement
d'une
multiplication
du
nombre
d'industries
alimentaires
locales. Leurs
activités
touchent divers
domaines
26. p.a.a. - produits agro-
alimentaires
- 72 -

transformations des grains
et des farines
; mises
en
conserves et préparations alimentaires, essentiellement
exportées
produits
dérivés
du
cacao,
conserves
d'ananas, café soluble,
conserves de poissons
(thon),
conserves de
tomates
et d'aubergines
produits
de
bière,
de
boissons,
de
glace
et
du
sucre
transformation du lait et du tabac et des aliments pour
bétail; transformation du manio en "Attiéké" et "Gari"
industriels, des bananes plantains en chips ou flocons.
Cette industrialisation a nécessité
d'importants
investissements
gonflant
ainsi
les
consommations
intermédiaires,
phénomène
mis
en
relief
(dans
le
tableau ci-dessus) par
la croissance des
coefficients
structurels (110,1~ en
1970, 116,6 en
1975, 118,4
en
1980)
et
coefficients
techniques
(52,4~,
53,8~
et
54 , 2~ ) •
Le transfert
des activités
de transformation
à
l'industrie par l'agriculture est
doublé de celui
des
services
(la
distribution,
la
restauration,
la
consommation)
: en relation
avec la transformation
de
leurs modèles de consommation, modèles tendant de
plus
en plus
vers la
diversification, les
ménages et
les
unités
de
consommation
collective
abandonnent
progressivement
à
l'industrie
leurs
activités
de
préparation alimentaire
qu'ils effectuaient
autrefois
eux-mêmes en accordant de plus en plus leur
préférence
- 73 -

aux produits
préparés industriellement.
Ce
phénomène
aboutit
à
la
croissance
relative
généralisée
des
services et à leur industrialisation.
Paragraphe
V
INDUSTRIALISATION
DE
LA
DISTRIBUTION ET DE LA RESTAURATION
L'industrialisation du commerce "tout comme celle
de l'agriculture
suscite
de
nombreuses
controverses
chez les théoriciens : selon
la thèse de Colin
CLARK,
il
est
faux
de
parler
de
l'industrialisation
de
l'agriculture et
du
commerce car
ces
deux
secteurs
s'opposent à
la notion
même de
l'industrie.
Certes,
mais
si
l'on
considère
la
théorie
selon
laquelle
l'industrie
constitue
un
"ensemble
de
méthodes
de
production et de
principes d'organisation formés
dans
les
secteurs
avancés
de
l'économie",
l'industrialisation
du
commerce
signifie
alors
la
généralisation de ces
méthodes industrielles aux
dits
secteurs.
Cette
généralisation apparaît
de nos
jours
comme
une
réalité
incontestable.
Elle
répond
aux
exigences sans cesse croissante des conditions sociales
de la
consommation
de masse.
Pour
satisfaire
cette
dernière,
la
distribution
dite
"de
masse"
et
la
restauration
doivent
présenter
les
caractères
fondamentaux
des
méthodes
industrielles
concentration des produits emballés, étiquetés, pesés
extension
des
libres
services,
des
restaurants
de
-
74 -

commodités à prix modérés et
à services rapides
(fast
foods) etc ...
Certes, l'industrialisat~cn de
la
distr~bution
et de la restauration ivoiriennes
est encore à
l'état
embryonnaire mais, son développement se fait de plus en
plus
sentir.
Le
tableau
suivant
en
donne
une
illustration :
-
75
-

Tableau NO 4 - CXNIRI8Ul'ICN DES SERVICES (DIS'IRIBUl'ICN El' RE'SI'AI.JRATICN) A LA VALE1JR
MARœANDE ALIMENI'AIRE3
VALE1JRS EN MILLICNS
TAUX DE CROISSANCE
DE ER. 1968/69
mYENS ANNUELS
1970
1975
1980
1970-75
1975-80
Consamations intenTé-
diaires
633
1.118
2.942
15,3
32,6
Producticn finale
73.883
98.416
142.954
33,2
45,3
Valeur a jootée
73.250
97.298
140.012
6,6
8,8
Nb d'actifs
29.600
42.700
Coef. de CI = CI
9
8,8
l>C
Coef. str. CI
0,9
1,1
2,1
VA
Coef. tech
CI
0,9
1,1
2
PF
FOCF (Variat.)
19.500
33.500
Variat. VAB
24.048
42.714
Effie. du cap.
(VarVAB)
1,2
1,3
varcap
Soorce : Notre tableau établi à pnti.r des tableaux générclux des ressœ.rces-arq;>lois.
Plans quinquennaux 1971-75 et 1981-85
76

Comme le révèle ce tableau,
la valeur ajoutée
de
la distribution et de la restauration accroit plus vite
que celle de
l'agriculture (1970-75:
6% ~ 1975-80
8,4% contre 5
et 6% pour
l'agriculture). Elle
mesure
l'importance de la contribution de ces deux services
à
la valeur marchande alimentaire par rapport à celle
de
l'agriculture. Cette importance
est confirmée par
les
coefficients structurels (services: 0,9%, 1,1% et 2,1%
en 1970, 1975 et 1980 contre respectivement 6,8, 9,2 et
9,6% pour
l'agriculture).
La
croissance
rapide
des
consommations intermédiaires (15,3% et 32,6 en
1970-75
et
1975-80
contre
19,3
et
7%
pour
l'agriculture)
exprime les "inputs" industriels dans lesdits secteurs.
Ainsi, se justifie effectivement l'industrialisation de
la distribution et de la restauration ivoiriennes.
En résumé,
le
secteur agro-alimentaire
ivoirien
n'est plus seulement "agricole", il est devenu agro-
industriel. En relation avec le processus de croissance
globale, l'importance
relative
de
ses
sous-secteurs
fonctionnels se modifie structurellement. L'agriculture
a cessé d'être
une branche
produisant uniquement
des
denrées
alimentaires
pour
devenir
fondamentalement
productrice
de
biens
intermédiaires
ou
matières
premières
industrielles.
Les
industries
agro-
alimentaires, utilisatrices
de
ces dernières
et
les
services
connaissent
progressivement
une
croissance
- 77 -

relative
généralisée
de
la
production
alimentaire
destinés à la consommation finale.
L'importanc~ des coefficier-ts structurels
mesure
également
leur
degré
d'intégration
dans
l'économie
nationale (dépendance intra et extra-sectorielle)
: par
leurs
consommations
intermédiaires
provenant
essentiellement de l'agriculture, les industries agro-
alimentaires et les services sont dépendants de
celle-
ci, donc très intégrés
au secteur agro-alimentaire
et
directement liés
à
l'économie
globale par
leur
aval
(leurs produits étant
surtout livrés aux
utilisateurs
finals).
En appelant :
A, la branche agriculture,
IAA, la branche industries agro-alimentaires
S,
celle
des
services
(distribution,
restauration),
CIA, la consommation extra-sectorielle de A,
CIl, la consommation extra-sectorielle de IAA,
crs, la consommation extra-sectorielle de S,
et VA, la valeur ajoutée.
La valeur marchande finale
(VMF) des ressources
agro-
alimentaires peut s'écrire
'VMF -
(CrA + VAA) + (Crr+VAr) + (CrS + VAS)
-
78 -

VMF1970 -
(6759 + 99 623) + (14 573 + 18552)+(633+7325)
-
213 390 (en millions de F 1968/69)7
(en %)- (3,7 + 47) + (7 + 7) -
(0,3 + 35)
VMF 1980 -
(15 433 + 161 564) +(47 467 + 61 113) +
(2 942 + 140 012) -
428 531
(%)
-
(3 + 38) + (11 + 14) + (1 + 33)
En regroupant les consommations intermédiaires et
les valeurs ajoutées, on obtient:
VMF -
(CIA + CIl + CID) + (VAA -
VAl + VAS)
VMF70 -
(3,7 + 7 + 0,3) + (47 + 7 + 35) -
100
-
11 + 89
VMF80 -
(3 + 11 + 1) + (38 + 14 + 33) -
100
-
15 + 85.
Ces chiffres révèlent qu'en 1970,
pour 100 F
de
dépenses
alimentaires
finales,
moins
de
50%
va
à
l'agriculture. Cette
proportion est
tombée à
38%
en
1980
tandis
que
celle
des
IAA
augmente.
ainsi,
l'industrialisation
de
l'économie
agro-alimentaire
ivoirienne s'accompagne du
déclin relatif
-du rôle
de
l'agriculture dans la production finale.
La contribution du secteur agro-alimentaire à
la
formation de
la valeur
marchande·finale
est
élevée,
mais décrolt dans le temps
(89% en 1970 contre 85%
en
1980) au profit
des consommations intermédiaires
(11%
en
1970
contre
15%
en
1980).
Le
sous-secteur
- 79 -

fournisseur de biens
intermédiaires et d'équipement
y
joue un rôle de plus en plus important tout le long
de
la chaine agro-alimentaire. Ce rôle est illustré par la
croissance relative
des consommations
intermédiaires.
Mais
la
faiblesse
de
ces
derniers
résulte
de
la
faiblesse
relative
des
consommations
de
la
Côte
d'Ivoire en aliments de bétail achetés, en engrais,
en
pesticides, en
énergie
par rapport
à
la
production
agricole finale.
La croissance relative de
la valeur ajoutée
par
les
IAA
est
favorisée
d'une
part,
par
le
double
transfert
vers
l'industrie
des
activités
de
l'agriculture et des unités de consommation collectives
et individu~lles, et d'autre part, par le développement
du
marché
intérieur
caractérisé
par
l'urbanisation
croissante, la réduction de l'autoconsommation et de la
consommation rurale, la
transformation des modèles
de
consommation
(de
plus
en
plus
diversifiés)
et
l'internationalisation de l'agro-alimentaire.
L'évolution
rapide
de
la
formation
brute
du
capital fixe et l'efficacité marginale du capital (clef
tableaux) dans
les
trois
sous-secteurs
fonctionnels
montre que l'agro-économie ivoirienne tend vers l'agro-
industrie
selon
un
double
processus
lié
d'industrialisation et de capitalisation de l'agro-
-
80 -

alimentaire.
Donc,
non
seulement
ce
dernier
s'industrialise, il
se
capitalise mais
à
un
rythme
relativement
faible
procédant
des
spécificités
historiques et des conditions matérielles des processus
de production en Côte d'Ivoire.
Toutefois,
la
part
de
l'agriculture
demeure
toujours prépondérante dans la valeur marchande
finale
des ressources
agro-alimentaires (environ
40~
contre
seulement
14~
pour
l'industrie
et
33~
pour
les
services).
CONCLUSION
Selon
la théorie des
trois secteurs
qui
établit
que
toute
société
passe
par
les
stades
"primaire", "secondaire" et
"tertiaire" autrement
dit
"agricole",
"industriel"
et
"post-industriel",
l'économie agro-alimentaire ivoirienne est donc
encore
agricole mais avec une prépondérance du "post-industri-
el" sur "l'industriel".
Pour saisir ses transformations fondamentales
et
27
déterminer
sa
typologie
nous
pouvons
calculer
le
rapport CTS (CIl + VAl + CIS + VAS)
CIA + VAA
27. Selon L.
MALLASSIS "Econ.
agro-alim.",
typologie
des écon. agrono.
CTS/PBA
VAI/VAA
Economie alimentaire agricole
<1
<1
Economie alimentaire de
transition
<1
1
Agro-industrie
>1
>1
-
81
-

valeur
marchande
formée
par
l'appareil
de
transformation-distribution sur
valeur formée
par
le
secteur
agricole
et
le
rapport
VAl
exprimant
l'importance
relative
de
la
valeur
ajoutée
par
l'industrie alimentaire par rapport à la valeur ajoutée
par l'agriculture
CTS 1970 -
1
VAl 1970 -
18 552 -
0,2
PBA
VAA
99 623
CTS 1980 -
251 524 -
1,4
VA -
61 113 -
0,4
PBA
177 002
VAA
161 564
Les
coefficients
structurels
confirment
que
l'économie alimentaire ivoirienne
est encore au
stade
28
agricole
mais
tend
vers
le
stade
de
l'économie
alimentaire
de
transition.
Elle
est
engagée
irréversiblement sur
la
voie
de
l'industrialisation
dont le rythme
demeure encore lent.
Mais, cette
voie
est-elle toujours la meilleure?
Certes, la
dynamique d'une
économie repose
sur
son industrialisation, mais celle-ci compor~e
beaucoup
d'inconvénients qu'il
ne
faut pas
minimiser
surtout
28. Alors que,
selon MALASSlS, les USA sont au stade de
l'agro-industrie
depuis
1960
(les
deux
coefficients>l). En
1972, avec
CTS/PBA -
1,4
et
VAl/VAA -
0,8,
la France
était encore au stade
de
transition. Le modèle britannique est
exceptionnel
: avec 3,4 et 2,1, il
était déjà en 1970 au
stade
de l'agro-industrie.
- 82 -

dans une
économie naissante
comme
celle de
la
Côte
d'Ivoire.
L'indust~ialisation
agricole
suppose
la
production
de
masse
soutenue
elle-même
par
l'intensification
de
l'agriculture.
Or,
l'intensification
nécessite
l'accroissement
des
"inputs" dans l'agriculture (provenant de l'agro-indus-
trie
d'amont)
l'homogénéisation
des
convertisseurs
biologiques
et
l'artificialisation
du
milieu
pour
réduire le caractère
aléatoire de
la production.
Les
procédés utilisés pour atteindre ces objectifs sont
le
plus souvent dangereux
- Le modelage des
espèces végétales et
animales
pour milieux
standards
provoque
la
perte
de
notre
diversité
génétique,
réduit
les
possibilités
d'adaptation à des milieux différenciés, conduit à
des
appauvrissemnets génétiques et organoleptiques (exemple
de la variété de pommes "Golden delicious")
;
la
consommation
croissante
et
·incontrôlée
d'engrais et de
biocides peut nuire
à
la
composition
chimique des eaux
de surface et
des nappes
profondes
(lessivage
des
zones
à
forte
intensité
de
fumure
minérale ou organique, eutrophisation
des lacs et
des
nappes aquatiques par prolifération des algues) et
aux
-
83 -

produits
alimentaires
(utilisation
des
biocides
caractérisés par leur toxicité, du D.D.T. etc ... ).
La solution résiderait-elle dans la
aubstitution
de
l'agriculture
"biologique"
à
l'agriculture
industrielle? Sans
doute, elle
permettrait de
mieux
respecter les
phénomènes
naturels
en
éliminant
les
effets
nocifs
de
l'agro-industrie
et
d'avoir
des
produits de
meilleure
qualité sur
le
marché.
Mais,
l'inconvénient majeur
de
l'agriculutre
"biologique",
différenciée de la production de masse, est la quantité
trop limitée
de
sa
production
entra1nant
ainsi
le
renchérissement des prix sur le marché qui ne peut être
accessible que par une clientèle privilégiée.
Mais,
si
l'agriculture
"biologique"
est
une
29
illusion
comme
l'écrit
J.
KLATZMANN
une
autre
agriculture
n'est-elle
pas
possible
pour
le
développement agro-alimentaire de l'humanité?
Cette interrogation nous
conduit à analyser
les
différents efforts accomplis par la Côte d'Ivoire
dans
ses recherches technologiques
et leur
impact sur
son
développement agro-alimentaire.
29. KLATZMANN
J.
"Nourrir
dix
milliards
d'hommes",
Paris, 1975, p. 134 à 136.
- 84 -

SECTION III - RECHERCHES TECHNOLOGIQUES IVOIRIENNES
ET
LEURS APPLICATIONS DANS L-AGRO-ALlMENTAlRE
Le
développement
rapide
de
l 'agro-alimentaire
ivoirien (son industrialisation et sa capitalisation) a
été rendu
possible
grâce aux
différentes
recherches
agronomiques qui
étaient initialement
orientées
vers
l'accroissement
de
la
rentabilité
et
de
la
compétitivité des cultures d'exportations telles que la
mise au point du palmier à huile et du café "Arabusta",
sujets
hybrides
à
haute
productivité.
Mais,
les
exigences de la
sous-alimentation croissante, de
plus
en plus
inquiétante,
amenèrent
la
Côte
d'Ivoire
à
modifier son objectif de départ en mettant en
œuvre la
gamme
d'organisation de recherches appliquées la
plus
complète d'Afrique.
Le but
: pallier
un des
gros inconvénients
du
mode de production traditionnnel consistant à augmenter
la rentabilité par
extension des parcelles
cultivées,
extension
souvent
destructrice
de"
surfaces
cultivables, autrement dit
: d'une
part, accr01tre
la
productivité
du
sol
et
de
chaque
agriculture
par
transformation des systèmes traditionnels de production
et
par
la
fourniture
de
matériel
végétal
à
haut
rendement et de
semences performantes en
intensifiant
notamment
les
cultures vivrières,
et
d'autre
part,
-
85 -

rechercher
les
voies
et
moyens
pour
résoudre
les
problèmes
post-récolte
tels
que
le
stockage,
le
conditionnement, la
conservation,
la
transformation,
l'usinage
et
la
commercialisation
rationnnelle
de
toutes les denrées
alimentaires d'origine végétale
et
animale.
Dans cette optique, naquirent plusieurs instituts
de recherches agronomiques :
- L'Institut de Recherches sur le café, le
cacao
et autres plantes stimulantes (IRCC) avec ses st-ations
de Bingerville, Divo, Abengourou, San
Ped~
et Zagne
sa récente découverte
a permis de
mettre au point
un
nouveau plan caféier,
l'Arabusta (teneur en
caféine
1,5~),
café
hybrique

du
croisement
du
Robusta
(caféine 2,7~) et
de l'Arabica (caféine
1 à
1,25~)
les cultures devraient passer à 11 000 hectares en 1984
et 15 000 ha
en 2 000
; avec
objectif de produire
et
commercialiser 20 000 tonnes en 2 000
;
- L'Institut
de recherches
pour les· Huiles
et
Oléagineux (IRHO)
; sa mission
est triple grâce à
ses
s~ations de la
Mé (Palmier à
huile), de
Port-Bouet,
Mo-Poyem, Grand Drewin et Mafiblé (cocotier)
; chercher
et développer les moyens
et les techniques
appliquées
au palmier
; améliorer les
sols par fumure
potassique
pour
accr01tre
les
rendements
des
cocoteraies
-
86 -

existantes, étendre celles-ci en hybrides à plus
forte
rentabilité; et développer les oléagineux;
- L'Institut
de
recherchec sur
les
fru~ts
et
agrumes (IRFA) qui
travaille sur tous
les agrumes
et
fruits
tropicaux
par
ses
stations
de
l'anguededou
(ananas),
Nicky
(bananes),
Azaguié
(bananes
et
fruitiers), San-Pedro (citrus)
- L'Institut
des savanes
(IDESSA) qui
comprend
quatre
départements
(cultures
vivrières,
Elevage,
Plantes, Textiles et Plantes sucrières) ;
- Le Centre de Recherches océanographiques
(CRO)
qui s'occupe de l'Elevage du
machoiron par sa
station
de LAYO
- et
enfin,
le Centre
Ivoirien
de
Recherches
Technologiques (C.I.R.T.) dont
les activités
couvrent
trois domaines essentiels pour
le développement et
la
modernisation du
monde rural
: l'auto-suffisance
des
denrées
alimentaires,
la
mécanisation
et
la
motorisation des opérations culturales, et les énergies
renouvelables pour améliorer le cadre de vie des
zones
rurales.
Tous ces Instituts opèrent
selon un schéma
type
de
recherches
permettdnt
de
penser
des
techniques
- 87 -

rationnelles
et
rentables
de
production
et
post-
production adaptées au monde paysan.
Les données des différents problèmes sont d'abord
saisies au
niveau
des villages
qui
constituent
les
milieux
réels
de
base.
Ici,
sont
posés
tous
les
problèmes humains relatifs aux niveaux et modes de
vie
des paysans, à leurs comportements, à leurs
mentalités
et à leurs prédispositions à
rompre. avec les
systèmes
empiriques pour embrasser les méthodes rationnelles
de
productions.
Ensuite,
elles
transitent
par
des
antennes
construites en milieux réels même où elles subissent un
premier traitement.
Enfin, elles
sont conduites
vers
les
stations

les
résultats
sont
définitivement
affinés avant
de
retourner
par
l'intermédiaire
des
antennes, dans
les milieux
réels
de base
pour
être
appliqués. Ce mouvement de
"va et vient"
intellectuel
continuel
entre
les
stations
et
les
villages
(ou
milieux réels)
avec
transit au
niveau
des
antennes
favorise
un
réajustement
permanent
des
solutions
recherchées
(adaptées
aux
problèmes
concrets
des
paysans). Les
recherches
reposent
donc
sur
tout
le
système
traditionnel villageois. Les réflexions qui en
résultent autorisent, compte
tenu de l'importance
des
problèmes une hiérarchisation des vraies préoccupations
dont
les
solutions
souhatiées
sont
recherchées
en
-
88 -

priorité à différents niveaux. Ainsi, quatre principaux
thèmes préoccupent actuellement les chercheurs :
amélioration
des
divers~a
variétés
des
principales
cultures
vivrières
qui
peuvent
être
proposées à la vulgarisation chez les paysans dans
les
30
grandes régions agricoles du pays
études des systèmes de cultures à appliquer;
- études relatives à l'élevage et à la piscL-culture
améliorations
des
méthodes
de
conservation,
de
transformation, de
transport
et de
valorisation
des
productions agricoles.
Paragraphe
l
Les
variétés
améliorées
et
vulgarisables
Afin
d'étendre
leurs
cultures
dans
plusieurs
régions agricoles un certain nombre de variétés ont été
sélectionnées et améliorées.
30. Les grandes régions
sont, du Sud
au Nord:
zones
côtières (Saussandra,
Divo,
Abidjan,
Aboisso)
;
zone Sud-Ouest
(Sassandra,
Guiglo,
Divo
(partie
sud)
;
Zone
Sud-Est
:
département
d'Abidjan
(Aboisso, Adzopé, Abengourou (partie Nord);
Zone-
Centre-Ouest (Daloa,
Gagnoa,
Bouaflé)
zone
V
Bouaké (Bouaké,
Yamoussoukro,
Bonaflé,
Touba)
;
Zone savane
Nord à
2 saisons
(Séguéla,
Katiola,
Dianra, Dabakala)
; Zone Ouest (Man, Biankouma)
et
zone savane-Nord à une saison (Korhogo, Ferké).
-
89 -

Il
-
L'igname
Un des gros avantages de
cette denrée est
qu'on
la cultive dans
toutes les régions
agricoles du
pays
notamment
au
Centre
Bouaké,
Bouaflé,
Séguéla,
Dimbokro, Boudoukou et au Nord, Nord-Rst de Korhogo
et
de Bouna. La vulgarisation ne pose donc aucun problème.
Plusieurs variétés
à
rendement élevés
(de
10
à
45
tonnes/ha) sont actuellement cultivées sur environ
265 000 hectares avec un rendement moyen de 7,5 tonnes/
hectare de tubercules.
-
90 -

FAMILLE
CAYENSIS
CAYENSIS
AUlT1\\.
AUlT1\\.
Origine
lDcales
lDcales
lDcales
Introduites
Précocité
Tardives
Précoces
Tardives
Tardives
Nan
des variétés
FaJcou
Kp:rla
Goroto
Floride
Tinguere
Croup3.
Ea1a:\\..a
K:rengle
LDkpe
BaJq;nre
Yellow Lisb:ln
SUidée
zones à saisons des pluies
Zones à deux saisons
Régi.ctls de Côte
~rd-Est
~rd-E'5t
centre
centre
d'Ivoire
Q.lest-centre
~rd-<est
Forêt
Forêt
Rerrlaœnts
10 à IBT/ha
15 à 2ar/ha
30 à 35T/ha
35 à 45T/ha
Goût
Excellent
Excellent
Apprécié
A{:.péciée
Sensibilité
Anthracnose
Résistant
Résistant
Sensible
Tolérant
Inteurage
Nécessaire
SOUrce : Ministère de l'Etlucatian· Nationale et de la Recherche SCientifique de Côte
d'Ivoire (1).
(1) Tiré d'\\.U1 èIocI.m2nt d'me trentaine de p3.ges PJbJ.ié en Juillet 1982 intitulés : "Les
~itians fOntLÙ.ées prr la Recherche SC1.entifl.que rnrr la prarotian des cultures
vivrières dans le cadre de lamise en oeuvre de la p;:>litique d'auto-suffisance alirr:entaire.
91

Les
variétés
Florido,
Yellow,
appréci~~s
à
récolte mécanisable possèdent les plus hauts rendements
(35 à 45 T/ha).
Un objectif de production de 15 tonnes/hectare de
tubercules nécessite
l'apport de
100 kg/ha
d'engrais
complet 10-18-18
NPK
à la
plantation,
50
kg/ha
de
chlorure de
potasse,
50
kg/ha d'urée
(au 70ème
jour
après plantation).
Ces doses
sont doublées
pour
une
production double.
12. - Le mals
Comme
l'igname,
le
maïs
peut
également
se
cultiver dans les différentes
régions agricoles de
la
COte d'Ivoire. A chaque zone climatique correspond
une
époque de cultures et une
longueur de cycle
favorable
(1er cycle
semis
mars-avril;
cycle unique,
semis
juin-juillet. On distingue trois catégories de cultures
(ou niveaux
d'intensification):
la culture
manuelle
encadrée ou non, la
culture attelée ou
semi-motorisée
et la culture motorisée intensive. Longueur de cycle de
culture et
niveaux
d'intensificatin
constituent
des
contraintes déterminant la
recherche agronomique
dans
le choix l'amélioration et la
vulgarité
des
variétés
de maïs conseillés. Ci-dessous,
les différentes varlét~G
recommandées :
-
92 -

1er Cycle de culture seni.s rrars-avril
VARIEl'ES
1 a:MroSITE D
ICBB
1
MI'S (Violet de le.J.B. COnp:>-
Cœp)site
IRA'!' 83
<msETIJ.EE:S
Katiola)
site .Jaune
blanc Bouaké
(Hybride)
caractéristi-
Précocité cou-
large adaptabi-
Rusticité,
Rusticité, blanc Culture
ques
leur jaune
lité, violet et
jatme, adap-
adapté au goût
intensive
blanc
té au goût des
des cultiva-
mécanisée,
cultivateurs
teurs.
fertilisée,
jaune.
?ales agrico-
zone savane à 2 zone Sud et
Idem
Idem
Idem
saiscns N;m:l-
centre les 3/4
Est
du FBYS
~
88/90 jarrs
90/100 jarrs
100/105 jarrs
95/105 jarrs
100/105 jarrs
Culture
RerrlE!œnt
209 taux/ha
359 taux/ha
389 taux/ha
359 taux/ha
529 taux/ha
nnyen en
quintaux/ha
Cycle unique de culture seni.s juin-juillet
a:Mro-
VARIEl'ES
FOza Riœ 7429
'l'I,vnoSrv, l
cm Ccr!pJsite
IRA'!' 81
SANl'ES
a:NSETI.T.EE:S
(Mexique)
~~)
jaune Bouaké
Hybride
caractéristiques
l3cmle stabilité
FOtenti.alité élevée
Rusticité, jaune
Culture inten-
de rerrleœnt,
élevée, blanc
ve, mécanisée;
blanc
fertilisée, blanc
cràœ
laJes agricoles
zone oo.est/-N;m:l
zone 0Jest/N:m:l
Idem
Q.Iest/zone N;m:l
Idem
Q.1est/zone Nord
centre + zone
savane N;m:l-Est
Savane N;m:l-Est
savane 2 saiscns
centre + zone
Savane 2 saisons
~Cycle
102/108 jarrs
105/ll0 jarrs
100/105 jarrs
llO/ll5 jarrs
de culture
Rerœœnt rroyen
459 taux/ha
479 taux/ha
389 taux/ha
599 taux/ha
quintaux/ha
Soorce : Ministère dxe l' Etlucaticn Nationale et de la Recherche SCientifique de Côte d' Ivoire.
93

13 - Le riz
Le riz est le produit vivrier le plus consommé et
le plus cultivé à travers toute la COte d'Ivoire. Cette
importance a d'ailleurs
amené les
pouvoirs publics
à
31
créer des structures spéciales
pour sa production,
sa
transformation et sa commercialisation. Deux sortes
de
culture sont réalisées actuellement en COte d'Ivoire
- Le
riz
pluvial,
cultivé
sur
terres
hautes
sans
irrigation;
il peut s'adapter
à
tous les systèmes
de
cultures en zone de forêt comme @n zone de savane
(Sa
culture peut se faire) en 1er cycl~ (semis mars à
mai)
et en cycle unique (semis juillet).
- et le riz irrigué ou inondé de bas-fonds, cultivé
en
deux cycles par an.
Les espèces actuellement
vulganisées et les
nouvelles
variétés proposées
sont
consignées-
dans
le
tableau
suivant :
31. L'encadrement technique
et l'approvisionnement
en
semences améliorées des paysans, l'entretien et
la
gestion
des
périmètres
rizicoles
irigués,
la
production,
l'organisation
de
la
collecte,
le
traitement du paddy et sa commercialisation ont été
confiées à
des organismes
spéciaux
d'encadrement
agricole, OCPA, SATMAC, SODEPALM et surtout la CIDT
(Compagnie Ivoirienne
pour
le
Développement
des
Fibres Textiles).
-
q4
-

Actuellement 1 Nouvelles
vulgarisé
variétés propo- ·i1
sées
Riz pluvial à cycle
IRAT
112
court (cycle -
110
Dourado précoce
IRAT
109
à
117 jours)
IRAT
144
1
----------------1----------------4
Riz pluvial à cycle
IRAT
13
moyen (cycle -
135
Iguape Cateto
IRAT
104
à 140 jours)
1
----------------l
iRiz pluvial à cycle
1

1long (cycle - 149
Morobérékan
IRAT
136
Ià 154 jours)
1
---------------------r--------------~- ---------------~.
Riz irrigué culture
1
intensive (cycle -
Bouaké 189
125 à 140 jours)
Jaya
IRS
BG.
90-2
Riz innondé de bas-
fond (cycle -
150
jours)
lM
16
Source
M.E.N.R.S de Côte d'Ivoire.
-
95 -

Hormis les variétés BOUQk~ 189, BG90.2, Jaya
et
IRS,
les
autres
résistent assez
bien
au
champignon
pyr1culariose,
maladie
de
plante
qui
provoque
la
brunissure du riz. Un traitement chimique au carbofuran
à
420
g.
de
matière
active
à
l'hectare
permet
d'accro1tre encore la résistance du riz irrigué
contre
les insectes ravageurs (foreurs de tiges).
Pour
obtenir
des
rendements
élevés,
on
doit
fertiliser le riz
pluvial et le
riz irrigué avec
les
engrais minéraux • . Il est
conseillé un
apport de
150
kg/ha d'engrais complet 10.018.18NPK à la culture, avec
un complément au tallage de
75 kg d'urée par
hectare.
Ces doses peuvent être augmentées pour le riz irrigué.
14. Le manioc
Féculent couramment consommé sous forme d'Attiéké
"Couscous
ivoirien")
le
manioc
peut
être
cultivé
également dans toutes les régions agricoles ivoiriennes
notamment
dans
le
sud.
En
système
de
culture
traditionnelle (zone de
Botro),
il
peut être
associé
d'abord à l'igname sur défriche, puis au maïs et au riz
pluvial pour devenir une culture pure, résiduelle,
lors
de l'abandon des champs.
Actuellement, deux
variétés
sont
utilisées
en
culture mécanisée:
-
96 -

- La variété CB, précoce, très productive, couvre
très
vite le sol en 2 mois
et demi avant d-être récoltée
à
12/16 mois.
Passé
ce délai,
elle
se
lignifie.
Son
rendement
atteint,
en
culture
intensive,
30
à
35
tonnes/ha de racines
fraîches. Malgré
son goüt
amer,
elle fournit un·
attiéké de très
bonne qualité et
la
variété Bonoua
rouge, riche
en
matière sèche
(30
à
35~à) mais plus tardive (récolte 14 à 18 mois) avec
un
rendement plus faible (25 à 30 t/ha)
; elle se lignifie
peu;
douce elle
peut s'utiliser
différemment ou
se
consommer directement.
Pour un objectif de production de 30 T en culture
intensive,
sa
fertilisation
nécessite
200
kg/ha
d'engrais complet NPK 10-18-18,
100 kg/ha de
chlorure
de potasse au 45ème jour après plantation.
15. Le bananier plantain
Le
bananier
plantain
produit
de
la
banane-
plantain qui constitue en zone
forestière,
la base
de
l'alimentation
traditionnelle.
En
.
culture
traditionnelle,
elle
est
souvent
associée
avec
le
caca_:oyer, le caféier et d'autres vivriers.
Présentement six variétés sont cultivé~s
La variété corn~ traditionnelle à
rendement faible
et
les variétés Corn~l, Corn 4, French PX1, N. Selouka, et
-
97 -

N.
Jock
Korn,
mieux
adaptées
pour
leur
qualité
gustative et leur production élevée.
Pour
être
plus
productive,
la
culture
de
bananier-plantain
nécessite
des
sols
riches,
bien
pourvus en matière organique.
16. - Le mil, le sorgho, l'arachide
Le mil et le sorgho sont des vivriers cultivés et
consommés notamment
dans
le grand
Nord
de
la
COte
d'Ivoire alors que l'arachide de bouche se cultive dans
le centre et l'ouest, généralement en association
avec
d'autres cultures.
Pour le premier. on
ne cultive actuellement
que
des variétés traditionnelles
locales bien
résistantes
aux parasites et adaptées
à
l'écologie de
la
région
Nord. Elles se répartissent selon
un gradient lié
aux
courbes de pluviométrie de 1000m/m
au Nord-Est à
1600
m/m au Nord-Ouest.
Leurs rendements peuvent atteindre 15 quintAux/ha
avec
un semis de juillet.
Pour le second, on dispose de deux variétés
5126
et 5219 vulganisables dans les zones Nord, Nord-Est
et
Nord-Ouest.
-
98 -

La fertlisation des cultures de ces deux
denrées
nécessite
les
apports
de
150
kg/ha
d'engrais
NPK
10-18-18 au
semis
et
50 kg/ha
d'urée
au
début
de
montaison.
Quant à
l'arachide, on
en
distingue des
variétés
à
cycle court
et des
variétés à
cycle moyen
dont
les
variétés
V
locales
407
Alakro
et
N'DOUCI
2
sont
32
classées les meilleures
. Les variétés KR 149 A et
TV
2829,
introduites
récemment en
zone Nord
(région
de
Korhogo) ont un avenir prometteur.
La préoccupation actuelle
des chercheurs est
de
trouver
pour
le
centre
et
le
Nord
des
variétés
résistant aux maladies et ne germant pas en terre à
la
récolte.
17. Les cultures mara1chères
Ici les efforts ont porté essentiellement sur
la
surveillance phytosanitaire des variétés
sélectionnées
pour
la
vulgarisation
diagnostic
des
maladies
d'origine virale des
plantes, recherche
de moyens
de
lutte par voie
chimique ou
des variétés
résistantes.
Ainsi on
a décelé
les insectes
vecteurs des
viroses
(mosaïque chez la
tomate,
le gombo,
le concombre,
le
pois ailé
panachure chez
le
haricot,
l'aubergine
32. Selon les
travaux réalisés
par l'Ecole
Nationale
Supérieure Agronomique (E.N.S.A.) d'Abidjan.
-
99 -

locale). Des
fongicides
ont été
mis
au
point
pour
enrayer la mosaïque
(yellow, l~a~curl) le mildiou
des
melons etc
... Le
traitement a
permis d'obtenir
une
augmentation spectaculaire de la
récolte de la
tomate
agro-industrielle (150 à 200~ du témoin non traité).
Parage
II Les sytèmes de culture mis au point
Vu les spécificités de
ses régions agricoles
et
la diversité
des produits
cultivés il
est
difficile
sinon impossible
de
concevoir
en
Côte
d'Ivoire
un
système unique de cultures applicable
à
tous les
cas.
Aussi des systèmes de
cultures différentes ont-ilS été
mis au point selon les régions et les types de cultures
(spéculations).
Ils visent essentiellement à moderniser
les méthodes de production agricole par sédentarisation
des cultures en évitant les déboisements anarchiques et
dévastateurs que nécessite l'agriculture itinérante.
Systèmes de culture
dans les
régions de
savane
Centre et Nord
En
régions
de
savane
Centre
et
Nord
la
modernisation des cultures est orientée d'une part vers
l'adaptation
de
la
mécanisation
aux
opérations
culturales
culture
attelé,
culture
mécanisée,
motorisation directe (nécessaire
dans les régions
aux
conditions défavorables à la culture attelée en
raison
du
manque
d'animaux
ou
de
l'importance
de
- 100 -

l'en~erlement):
et d'autre
part, vers
l'utilisation
conseillée d'engrais
NPK 10-18-18,
urée, chlorure
de
potasse comme procédé de fertilisation des sols qui
se
fait à deux niveaux d'intensification: un système
peu
intensif (culture traditionnelles) un système
intensif
(cultures mécanisées).
L'utlisation
d'engrais
engendre
des
transformations profondes des
systèmes de
production.
C'est le cas des cultures
industrieDe·s de la zone
de
forêt (palmier à huile, cocotier, hévéa) ou de la
zone
de savane
(canne
à
sucre,
cotonnier)
qui,
sur
une
superficie de
400 000
ha
consomment 100
000
tonnes
d'engrais
commerciaux
ou
45
000
tonnes
d'éléments
fertilisants NPKo
Les objectifs prioritaires consistent en résumé à
ma1triser
- l'érosion,
les
aménagements et
les
techniques
de
travail du sol
;
-
l'enherbement (mauvaises herbes) pour conserver
plus
longtemps les champs avant leur mise en jachère ;
-
l'acidification stérilisante des sols et
l'évolution
de
la
matière
organique
nécessaire
à
leur
fertilisation;
- 101 -

et à
étudier le
matériel
agricole adéquat
pour
une
meilleure
valorisation
économique
du
travail
des
agriculteurs.
Les trois premiers
points ont
pu être
réalisés
dans la plupart des principales régions agricoles.
Par
contre, l'étude du matériel agricole approprié n'a
pas
encore
obtenu
de
résultats
satisfaisants.
Des
techniques de culture attelée Sonrbien au point pour le
cotonnier et le maïs, mais,
il reste à les· étendre
aux
autres cultures
vivrières
comme le
sarclage
du
riz
pluvial, le buttage de l'igname, etc . . .
En
zone
de
savane,
le
système
de
culture
principale intègre
coton
et culture
vivrières
(riz,
maïs, sorgho,
igname. Mais
il
faut viser
surtout
à
développer
par
les
structures
agraires
et
les
équipements agricoles
adéquats
de manière
à
pouvoir
associer à la fois culture de rente à culture
vivrière
et à améliorer le système d'élevage.
22.
Systèmes
de
culture
dans
les
régions
:forestières
Dans les
régions
de forêt
intermédiaire
forêt
savane,
l'intensification
et
la
stabilisation
des
systèmes
de
cultures,
base
de
la
mémorisation
rencontrent beaucoup de difficultés. Elles exigent
des
dépenses
importantes
en
travail
et
en
moyens
de
-
102 -

production pour l'application des techniques
érosives,
le redressement et l'entretien de fertilité des sols.
La
forte
acidité
des
sols
(souvent
gravillonnaires), sitôt qu'on veut établir une
culture
continue
nécessite
des
apports
de
fertilisants
de
redressement
en
phosphore
et
en
dolomie
et
de
fertilisants d'entretien;sans
ces fertilisations,
les
cultures
pures
de
maïs
et
de
riz
pluvial
sont
incertaines en dehors des méthodes traditionnelles
sur
défriche.
Une
fertilisationdaredressement
de
300
kg
de
phosphate
tricalcique,
500
kg
de
dolomie
et
une
fertilisation d'entretien variable ont donné, en 1981 à
San-Pedor, de très bons résultats
- Riz pluvial IRAT 10 et IRAT 109 -
rendement 2,1
T/ha
paddy pour une fertilisation
d'entretien de 200
kg/ha
d'engrais complet, NPK 10-18-18 au
semis et 100
kg/ha
urée à la montaison.
- Maïs variété
CBI -
rendement 3,2
T/ha maïs
grain,
pour une fertilisation d'entretien identique.
- Manioc
variété
Banoua rouge
-
rendement
22
T/ha
racines fralches
Igname
variété
Florido
-
rendement
20
T/ha
de
tubercules.
- 103 -

Cependant, les systèmes intégrant ou associant en
zone
forestière cultures de rente (café, cacao) et
cultures
vivrières (banane plantain,
taro, manioc,
igname,
riz
etc
... )
n'ont
pas
encore
fait
l'objet
d'expérimentations.
-
104 -

Par.
III - Recherches sur l'élevage et la pisciculture
13) L'élevage:
D'importants résultats ont été obtenus aussi bien
dans
le domaine de l'exploitation et de la valorisation
des
pâturages
de
bovins
et
ovins
en
milieu
rural
traditionnel ou en milieu amélioré intensifié que
dans
celui de l'amélioration des races
et de la
production
bovines et ovines.
On a
mis
au point,
en
zones de
savanes,
des
modèles de
gestion des
pâturages naturels
adaptés
à
divers types d'élevage villageois selon la
pluviosité,
la topographie,
la
nature du
sol
et de
son
régime
hydrique.
On
conseille
d'inclure
une
légumineuse
fourragère dans l'assolement traditionnel.
En milieu
amélioré
intensifié,
des
techniques
d'utilisation rationnelle des herbages par la pratique du
pâturage continu, des rotations de parc et des
charges
maximales de saison des pluies sont déjà
expérimentées
sur certaines structures
Centre
d'Elevage Bovin
de
Ferkessédougou,
SODEPRA
(Ranch
d'élevage) ,
PALMINDUSTRIE (Fresco) SODELPALM (de Toumodi). Selon le
ana
type
d'élevage" sélectionné
les
principales
plantes
fourragères
vulgarisables
(pour
les
pâturages
intensifs).
-
105 -

Panicum
Cl-2AJ.T.58.
Rendements
cumulés
pour
10
coupes réalisées
par an
: 5
à
30
tonnes/hectare
de
matières sèche.
Fertilisation
conseillée:
46
kg/ha
d'azote modéré après chaque coupe et une
fertilisation
de fond comportant 240 kg/ha de dolomie, 86 kg
d'acide
phosphorique, 140 kg de potasse.
-'Brachiara riziziensis
Certaines
légumineuses
Stylosanther
résistants
à
l'Anthacnose (Cook, Hamata)
Rendements:
9 à 10 tonnes de matières scèhes à l'ha en
culture fertilisée. Fertilisation:
en fumure de
fond
60 kg d'acide phosphorique, 100 kg de potasse.
En matière
de zootechnie
(production de
viande
bovine)
les
recherches
permettent
d'étudier
et
améliorer les races bovines
locales dans les
systèmes
d'élevage traditionnel d'extérioriser
le potentiel
de
production et sélectionner les races· bovines locales
à
différents
niveaux
d'intensification.
Elles
portent
essentiellement sur
la
description
des
systèmes
de
production
traditionnels
la
caractérisation
de
la
croissance
et
des
performances
de
reproduction
des
races
locales
en
milieu traditionnel (études des facteurs limitants)
-
106 -

-
l'évaluation de la
productivité (viande) du
cheptel
sédentaire en volume et en valeur par région.
-
l'évaluation du poids et
de l'âge des animauA et
le
traitement
des
données
en
vue
du
contrôle
des
performances,
-
l'évaluation des pertes par maladies et la
stratégie
de lutte contre ces maladies,
-
l'amélioration génétique et
la diffusion du
progrès
génétique.
Pour la
production
ovine, les
études
ont
été
axé~ sur les brebis
Djallonké, qui est
une race
bien
,
J
adaptée à
son
milieu et
p,rasen tant
une
très
bonne
ferti'it~ (rythme de
reproduction:
un agnelage
tous
les 8
mois). On
a obtenu
des résultats
intéressants
concernant sa reproduction et l'alimentation nécessaire
pour
une
meilleure
productivité.
Une
alimentation
intensive
discontinue
permet
d'améliorer
la
productivité au sevrage
(40~ de
plus).
La
croissance
des agneaux
et
l'intensification
de
la
reproduction
dépendent de
l'alimentation
post-sevrage.
La
ration
optimum ne
comporte pas
plus de
50~ de
mélasse,
le
reste étant
25~
de farine
basse
de riz
et
25~
de
tourteau de coton.
-
107 -

32 - La p1s1culture
Il s'agit de la pisciculture
en eau douce et
en
lagune. Des méthodes d'élevage en étang sont maintenant
bien
au
point
et
permettent
de
cultiver
diverses
espèces: Tilapia (Tilapia nilotica), coupe commune
ou
carpe chinois clarias,
Machoirons.
La ferme
piscicole
pilote de Natiokolobadnra près de Korhoge à l'unité
de
Tiné
utilisent
déjà
ces
nouvelles
techniqUQs
pour
l'alimentation, on combine les végétaux fertilisés
par
des engrais minéraux.
L'élevage des
machoirons et
des Tilapia
a
été
également expérimenté sur
la région
côtière dans
les
lagunes Grand ~ahou,
Ebrié, Aby couvrant
1200 km2
de
pisciculture. On
y produit
des machoirons
jaunes
et
noirs pesant près
de 250
kgs, 15
à 18
mois après
la
naissance. La station de LAYO (Dabou) peut fournir
150 000
alevins de
machoirons jaunes
nourr~par
des
aliments spéciaux.
L'élevage
des
Tilapia
lagunaires
est
encore
expérimenté dans deux villages près de Dabou
Bodou et
Mopoyen où il
a été fourni
plus de 20
000 alevins
à
divers éleveurs.
- 108 -

Paragr.
IV
Recherches sur
le
système
post-
production
L'objectif, ici, est d'améliorer les méthodes
de
conservation, de
transformation
de
transport
et
de
valorisation des productions agricoles.
Cette préoccupation a été mise en relief lors
du
Conseil National du 25 Novembre 1981 dans le Rapport de
la
Commission
"Aide
à
la
Paysannerie"
résumé
essentiellement en
ces termes
"Toute
politique
de
production
doit
être
accompagnée
d'une
politique
dynamique
de
commercialisation,
laquelle
présuppose
l'étude des
prix de
revient,
le
conditionnement,
le
stockage,
la
conservation,
le
transport
et
la
distribution".
C'est dans cette optique qu'a été crée le
Centre
Ivoirien
de
Recherches
Technologiques
(CIRT).
Ses
programmes de
recherche essentiellement
visent
d'une
part, à améliorer les conditions
de préventions et
de
protections
pour
réduire
les
sommes
considérables
d'argent, de
temps
et
d'énergie
et
les
tonnes
de
denrées alimentaires qui sont perdues chaque année dans
les champs,
pendant
la récolte,
le
stockage
ou
le
transport évaluées de 30
à
60~ de
la production
et
d'autre
part,
à
renforcer
les
bases
de
l'industrialisation à partir de nos ressources propres.
-
109 -

Aussi,
ses
activités
doivent
elles
répondre
à
ces
contraintes
- La connaissance
des technologies tradit1onnelle~
de
conservations et de stockage,
-l'amélioration
des
techniques
de
production,
de
collecte,
de
stockage
et
de
conditionnement,
la
réduction
des
pertes
dans
les
systèmes
post-
productiOn,
la
transformation
et
l'industrialisation
des
productions agricoles à
des fins
alimentaires et
non-
alimentaires.
-
l'utilisation des
sous-produits végétaux et
animaux
à
des fins énergétiques.
Après les modèles ivoiriens de production et
les
processus
d'industrialisation
agro-alimentaire
la
prochaine section sera consacrée aux différents modèles
ivoiriens de consommation.
-
110 -

SECTION IV - MODELES IVOIRIENS DE CONSOMMATION
Un modèle
de
consommation alimentaire
peut
se
définir comme
une
ligne de
consommation
alimentaire
caractérisée le plus souvent
par un "aliment
central"
(selon
Louis
Malassis)
autour
duquel
s'ordonne
le
repas. En ce sens, peut-on parler d'un modèle unique de
consommation en COte d'Ivoire?
Tout modèle de consommation est
le reflet de
la
formation socio-économique dont il est une
composante.
La formation socio-économique
n'étant pas un
ensemble
homogène,
le modèle de consommation n'est pas non
plus
homog~ne. Il revêt diverses
formes selon la
structure
socio-économique dont il est issu.
Dans le contexte
de l'ensemble
socio-économique
ivoirien, assez hétérogène par essence,
il ne peut donc
y
avoir un modèle
unique de consommation
alimentaire.
Il en existe
plusieurs évoluant en
fonction des
lois
historiques du développement économique ivoirien.
En effet,
dans
le développement
de
l'économie
agro-alimentaire
ivoirienne,
on
peut
distinguer
essentiellement quatre
étapes
historiques
l'étape
pré-agricole, caractérisée par la cueillette, la chasse
et la
pêche;
l'étape agricole
et domestique

la
population vit
des produits
de
la terre
labourée
-
111 -

l'étape d'approvisionnement diversifé où l'on
consomme
aussi des produits importants; et l'étape agro-indus-
trielle où l'on consomme de
plus en plus des
produits
agricoles élaborés par les industries agro-
alimentaire (I.A.A.).
Cette
dialectique
historique
et
l'analyse
complémentai~a.
des
enquêtes
sur
la
consommation
ivoirienne nous ont conduits à déterminer cinq
modèles
ivoiriens de
conscmmQ~on qui seront
développés
plus
loin.
Mais,
d'abord,
analysons
les
habitudes
de
consommation ivoirienne au sens large (entendons
auto-
consommation et consommation commercialisée).
Paragraphe
1
Analyse
des
habitudes
des
consommateurs ivoiriens
Très complexes
à
cerner les
comportements
des
consommateurs ivoiriens sont
déterminés par
plusieurs
variables explicatives :
11 -
Les
variables culturelles
les
erhnl:~ ~
les
coutumes, les traditions sont à la fois des mobiles
et
des
contraintes
de
consommations
consommer
les
produits que les grand-parents ont co~tom~
de consom~~
appara1t comme un
symbole de fidelité
à
l'esprit
des
anciens ; généralement les structures de
consommations
rurales sont fonction des régions, ethnies ou tribus
selon notre enquête (~a.g(l .A;l.l)
le Sud-Est et
l'Est
- 112 -

(l'ethnie
Agni)
consomme
traditionnellement
les
bananes-plantains, des taros
le centre (les
Baoulé),
les ignames; le grand
Nord (les Dioulos), le riz,
le
mil,
le fO,nio,
le sorgho ; à l'ouest et Sud-Ouest
(les
Bétés, Gouros, Didas), le manioc.
De plus, la colonisation (par l'éducation et
les
biens
commercialisés)
a
eu
des
effets
non
moins
négligeables sur
les
habi tudes des
consommatcl{J'('S.
en
transformant
parfois
profondément
leurs
modèles
de
consommations
par
exemple,
le
traditionnel
petit
déjeuner aux bananes-plantains grillées aux feux de bois
(en pays Agni) ou aux
bouillies de céréales (chez
les
Dioul~s) tend à être remplacé par le pain accompagné de
café au lait.
Les influences des valeurs traditionnelles et
de
la
colonisation
sur
les
consommations
ivoiriennes
33
illustrent
bien
ce
que
Ralph
LINTON
appelle
"l'héritage social"
ou particularismes
culturels
qui
caractérisent les comportements de toute société.
12. Les variables psychologiques ou explicativ~:
individuelles.
Les variables explicatives individuelles
peuvent
être analysées en termes de motivations, d'attitudes et
33. Ralph LINTON,
"De l'homme",
le Sens Commun, Ed.
de
Minuit.
- 113 -

de
caractéristiques
permanentes
de
l'individu.
Ces
trois approches sont complémentaires.
Chaque
auteur
possède
sa
définItion
de
34
"motivations"
selon G.
SERRAF
c'est
"un état
de
tension mettant
l'organisme
en mouvement
jusqu'à
ce
qu'il ait réduit la
tension", définition assez
proche
de celle de
Howard pour qui
leS motivations sont
les
"buts".("goals") que s'assigne le consommateur afin
de
réduire un
état de
tension. En
toute simplicité
les
motivations expriment
les mobiles
qui déterminent
le
comportement du
consommateur. En
Cote d'Ivoire
elles
sont
très
explicites,
mais,
on
peut
en
dénombrer
essentiellement deux
la
consommation
ostentatoire
le
consommateur
consomme
le
produit,
non
pour
son
caractère
fonctionnel, mais, le prestige qui
y est associé,
lui
faisant
para1tre
"moderne".
Tous
les
prouduits
(alimentaires ou non) peuvent être concernés, notamment
les vêtements et les biens durables.
- et la
vertu d'améliorations et
de conservations
de
santé
ou
motiva~on hypocondriaque
être
beau,
puissant, en
bonne
santé
tels
sont
les
motifs
de
certai~s comportements.
Sont
concernés
les
produits
34. G.
SERRAF,
"Situation
de
la
Recherche
de
motivations", Revue française de marketing,
Numéro
10, 1964.
-
114 -

alimentaires, les produits d'hygiène et les
vêtements.
Des enquêtes ont montré que
les femmes et les
enfants
se soucient plus de leur santé alimentaire.
Quant à
l'approche
en termes
d'attitudes,
les
chercheurs insistent
surtout sur
les
prédispositions
des individus à agir vis-à-vis des objets (pris au sens
35
large) qu'ils rencontrent. Selon Katz et
Stotland
une
attitude .peut
se
définir
comme
une
"tendance
ou
prédisposition de l'individu
à évaluer d'une
certaine
36
manère un objet ou le sYmbole de cet objet". Saporta
pour sa part, définit l'attitude comme "la faculté
des
êtres
humains
d'organiser
leurs
expériences,
voire
leurs motivations
en
ensembles mentaux
cohérents
et
stables". Cette définition met en évidence
l'attit_ude
comme une variable intermédiaire entre la motivation et
le
comportement
dont
la
relation
directe
est
insuffisamment explicative.
Ainsi, l~attitude peut s'analyser en trois
types
d'éléments: des croyances
ou éléments cognitifs,
des
sentimen~ ou éléments affectifs, une tendance à agir ou
élément conatif. Cette composante comportementale n'est
35. Définition
citée
par
Claude
Werk,
"La
notion
d'attitude", Revue Française
du marketing,
cahier
26, 1968.
36. B. Saporta,
"Principaux
éléments
d'une
approche
interdisciplinaire
des
comportements
d'achat",
Revue française du marketing, cahier 36, 1970.
- 115 -

pas
toujours
vérifiée
à
la
différence
des
deux
précédentes car, l'attitude ne se traduit pas
toujours
par un comportement effectif.
En
COte
d'Ivoire
les
comportements
des
consommateurs sont fortement marqués par les croyances,
les religions et les traditions
même si les
attitudes
sont favorables
à
l"égard
des
objets
visés
les
tabous,
les interdits sont des pratiques courantes. Par
exemple,
il
est
interdit
à
certaines
personnes
de
manger des taros, des ignames
ou du r i z ; à
d'autres,
du maïs le mardi ; les musulmans ne doivent pas
manger
du porc etc ...
La troisième approche de l'analyse des
variables
comportementales
individuelles
réside
dans
l'identification
de
certaines
caractéristiques
relativement permanentes: la personnalité,
"l'image de
soi", le "style de vie".
L'achat ou la
consommation de certains
produits
peut être pour un individu Un moyen d'expression de
sa
position
sociale
ou
de
communication
de
sa
personnalité. Cette
présentation
de
soi
se
réalise
d'une part à travers la représentation que la
personne
se fait d'elle-même (ce quP. les pRychologues
appellent
l'image de soi)
et d'autre
part à
travers celle
que
cette personne
a
des objets
qui
lui
sont
proposés
-
116 -

(image des produits constituée par les caractéristiques
objectives du produit
qualité,
technique, utilité
et
symboliques associées à ce produit.
La définition
de
l'image de
soi
met
donc
en
relation la personnalité et
l'objet visé. Par
contre,
celle du "style de vie" consiste à rechercher s ' i l
est
possible de
définir
des types
de
consommateurs,
en
somme des
comportements stéréotypés.
Elle fait
ainsi
appel à
toUt.es les
disciplines
et repose
sur
trois
grands types d'éléments:
les activités,
les
attitudes
et les opinions.
13 - Les variables explicatives sociologiques.
Les
seules
variables
personnelles
(besoins,
motivations,
attitudes
et
traits
de
personnalité
étudiées ci-dessus)
ne suffisent
pas à
expliquer
le
comportement d'un
individu:
"l'homme est
un
animal
social" dit-on.
Il vit en société, en interaction
avec
d'autres
personnes
qui,
par
certaines
formes
de
relations, constituent
ce
qu'on
appelle
un
·groupe,
(pris au sens large)
groupe quelconque,
famille
Le groupe exerce sur les individus une pression directe
ou indirecte afin que
ceux-ci aient des
comportements
conformes à ses normes, à
ses statuts. Que
l'individu
lui appartienne
ou non,
le groupe
sert de
référence
dans
la
détermination
des
croyances,
attitudes
et
- 117 -

comportements. On parle alors
de groupe de
référence.
On distingue les groupes
de références positifs
(ceux
dont les valeurs et les comportements sont approuvés et
imités) des
groupes de
référence négatifs
(dont
les
comportements et les valeurs sont rejetés). Lorsque les
individus sont influencés par leurs semblables du
même
groupe
(camarades
d'école,
collègues
de
travail,
voisins
... ),
le
phénomène
s'appelle
influence
du
"groupe de pairs".
Tous ces
phénomènes
déterminent de
façon
très
importante les comportements
des jeunes ivoiriens
qui
ont souvent
tendance à
imiter
les européens
ou
les
américains.
L'influence de
la
"famille ivoirienne"
sur
la
consommation
est
également
capitale
car,
en
Côte
d'Ivoire le respect de la famille est une chose sacrée:
les
enfants
se
conforment
généralement
aux
comportements des adultes.
14 - Autres variables explicatives
. L'urbanisation: elle influe
sur les modes
de
consommation par un
changement sensible des
exigences
du consommateur.
Ce changement
est favorisé
par-
les
diversités des produits
qui affluent
sur les
marchés
urbains (produits
locaux élaborés
ou frais,
produits
importés ... ) et par
l'apparition de nouvelles
formes
- 118 -

de
consommation
de
certains
produits
traditionnels
(fritures
de
bananes
plantains
et
d'ignames,
préparation d'Attiéké).
. La population
l'accroissement
démographique
agit quantitativement mais
aussi qualitativement
(par
sa répartition en àges) sur la consommation globale.
Les
variations
des
revenus
et
des
prix
modifient
également
les
comportements
des
consommateurs.
,
Nous etudierons
plus
en détail
ces
trois
dernières
variables dans le chapitre II.
-
119 -

P.
II - Analyse et exploitation des enquêtes
sur
la consommation alimentaire ivoirienne
Très peu
d'études
ont
été
réalisées
dans
ce
domaine, sans doute
en raison
de leur
cherté et
des
difficultés
à
obtenir
des
informations
auprès
des
consommateurs ruraux
(en
majorité
analphabètes)
qui
consomment
souvent
la
majeure
partie
de
leur
production.
La seule étude fiable actuellement (même si
elle
est restée inachevée) est l'enquête-budgets-consomma-
tion
effectuée
en
1979
par
la
Direction
des
Statistiques (Ministère du Plan et de l'Industrie de la
COte d'Ivoire) auprès
de 1260 ménages
urbains et
720
ruraux répartis en cinq régions urbaines (Abidjan,
les
autres
villes)
et
rurales
(Forêt-Est,
Forêt-Ouest,
Savane).
Son objectif : évaluer pour 1979 la
consommation
par tête
et globale
des produits
vivriers en
milieu
rural
(régions
forestières-Est,
forestières
Ouest,
savane) et en milieu urbain (Abidjan et autres
villes)
sous toutes ses formes (à
l'état 'brut, décortiqué,
en
farine,
en pâte).
Cette
évaluation
imposa
au
préalable
la
vérification
de
certaines
hypothèses
liées
au
- 120 -

comportement des ménages (échanges de plats, échange de
personnes, stabilité des stocks familiaux).
La consommation
peut
être
analysée
sous
deux
formes
: la consommation interne c'est-à-dire effectuée
à l'intérieur des unités familiales par les membres
de
celles-ci,
et
la
consommation
externe
(prise
au
restaurant ou
individuellement
en dehors
des
unités
familiales.
Pour l'évaluer de
façon précise, les
enquêteurs
ont établi dans
chaque famille,
la relation
suivante
permettant de faire
correspondre, sans double
compte,
les
produits
consommés
aux
personnes
qui
les
ont
consommés :
Produit-7plats~repasf--groupes de commensalité~(------­
personnes. Plusieurs
produits
forment les
plats,
les
plats
composent
les
repas
qui
sont
consommés
par
plusieurs
personnes
constituant
des
groupes
de
commensalité.
L'évaluation de la consommation interne conduit à
37
formuler deux hypothèses
par souci de
simplification
l'hypothèse de stabilité des stocks (l'hypothèse
Hl)
qui supposent égaux
le niveau des
stocks ex-ante
(en
début
de
semaine
avant
l'approvisionnement
des
37. Circuit de consommation interne des produits
clef,
figure 1,< page suivante.
-
121 -

cuisines) et le
niveau des stocks
ex-post (en fin
de
semaine
après
la
préparation
des
plats)
et
l'hypothèse 2, qui considère que les plats reçus
(pour
être conso~és) dans les
unités familiales sont
égaux
aux plats envoyés par celles-ci à d'autres.
38
L'évaluation de la consommation externe
prend
en compte
tous les
produits consommés
en dehors
des
habitudes
alimentaires
de
l'unité
familiale
les
consommations
extérieures
effectuées
dans
des
restaurants, des maquis ou
autres; les
consommations
effectuées à titre individuel.en dehors des repas
et
les consommations effectuées lors des invitations
dans
d'autres unités familiales.
38. Décomposition
de
la
consommation
externe
clef
figure 2, page suivante
- 122 -

Fig.
1
CIRCUIT DE CONSOMMATION INTERNE DES PRODUITS
Produits
Ehsanble
Plats
approvi-
exportés
des
sionnés
--- -- - -
---,
- - -
Plats
prcrluits
Plats con.scmœs
i préparés
r Stock ex-posi
Hyt:othèse
--J.- ------/- ----;Il! =""1 H2
Plats
~-
Hyt:othèse lU
Awrovisi.onne!œnt
Prépnation
COnsamation
des produits
des plats
des plats
COnsamation externe totale
~
Consamations
Plats con.scmœs
Plats copscmœs
inli.vidue11es i
!
1
Restaurants,
Invitation dans il
Produitoj
naquis,
les rrénages
Plats 1
1
~
1
Conversion des
non pris en
Hyt:othèse
H3
plats consamés
canpte retrait des
égalité des invités
personnes
\\
concernés
\\(
Total des
consamations
inli.vidue11es
Fig. 2
- Lé *","ositial de la c:xnstmIi1tial erteme
-
123 -

Les résultats de
l'enquête révèlent qu'en
ville
les habitudes de consommations individuelles sous forme
de produits ou de plats
sont les plus répandues;
les
principaux produits composant
la consommation
interne
sont essentiellement
l'igname
tardif
(38%),
le
riz
blanc (17,4%), la banane-plantain (15,7%), et le manioc
(15%). La consommation interne des produits cuisinés,
1 155 015 tonnes (97%
de la consommation totale)
est,
de loin, plus importante que la consommation externe
à
titre individuel (5 tonnes comprennant
essentiellement
des arachides décortiquées,
de la banane-plantain,
du
39
maïs en épi frais et de l'Attiéké
L'analyse de
la
structure
de
la
consommation
totale (consommation interne + consommation externe) et
de son évolution permet d'identifier plusieurs
modèles
de consommation alimentaire.
En région forestière-Est,
le modèle
alimentaire
est
essentiellement
axé
sur
les
produits
vivriers
végétaux (tubercules
féculents)
représentant
environ
50% du budget alim~taire contre
25% pour les
produits
39. Tableau
1
et
2
"Consommation
interne
et
individuelle des
produits
vivriers",
CIRES
COte
d'Ivoire,
Acte
du
seminaire
sur
les
cultures
vivrièrs, Tome II, Mai 1982.
- 124 -

40
animaux (viande,
poisson)
qui entrent
progressivement
dans les habitudes alimentaires,
En forêt Ouest,
le modèle
alimentaire est
basé
principalement sur les céréales, précisément le riz.
En savane,
malgré
une
dominance
des
céréales
(riz, maïs et
sorgho),
aliments de
base,
on
consomme
également beaucoup d'ignames,
de légumineuses, noix
et
graines d'arachide,
de laitages et d'élevage.
40. Tableaux 1,2,3,4:
"Evolution de
la structure
du
budget alimentaire . . . ", page ci-après.
- 125 -


f
~~:.l
TilblC3U 1
Evoh.:t1.on de la Structure du bJdget al1r.entaiJ:e en zone de savane
Evolution <lu taux de 1rCI'l6t=1sation œ l'a1L'rcntation
en COte d'Ivoire dep.J1.s v1rqt ans.
OJ1.enOO
J<:>rt'o:}J
InJaké
Sava....e
\\
SCqJêla.
Céréales
39,4
Ibual<ê
J<orto:]o
OHenn6
fl)rêt-Est
Savane
\\9.ù-Est
'1--39,9 5,9 JO,3
\\
FlIc..ùents
65
63
63
Ser;Jela
79
79
<5,1
24,9
41,8
22,2
65
V1ande
9,7
16,8
16,4
1
1,3
23,7
7,3
Po1S9OCl
Cer6ales
<8,5
40
16,3
8
53,1
22,1
UqurJ.ncuse
Foculcnts
9,8
8
7
3
7 ,0
5,4
lbix graf.">es
3,2
4,3
3,3
7 , 8
V1.an:le
61,S
21,1
24,9
41,6 1
61
28
,
66,<
73,3
96,6
54,3
L6gures f"uilles
Po1SSCl1
1
1
7,9
j
3,5
1
8,0
1
S,
3
1
L
l
1 Autres
8,0
1~,4
17,3
10,3
1
1
;
l-
Ensmble Ile
43,3
30,6
23
16,8
33,8
27,8
- - - - - - -
l'al~tat1.on
Scio.=::C3
é:rqJête Od.lennê-S<:qJéla, Y.orh::.qo, Eo\\lak6 ID:
1
1
1
,
,
(é!1c. )
Source.!:
ErqJête 9Jè-Est
SffiES
65
ErqJêt" n::uaké
5!DES
63
fhqJête k>rto:]o
SIDES
63
,
Ihqllête ();\\1ennê Seçuela ero:l5 65
E.B.C.
79
J
Tableau, 4
EM:llu~ cle la structure
bJdget en produits de b.1se (céréales, t:ubercu1es) 6n.s le
i
'i'ableau
2
SU1 Es t 1..-oir1er.
1
Evoll.:ticr. de la litrue:t1a"e du b.rlgct al1r.enta1re dans le SUd-Est 1vorie'l
------
\\
"1
-9.ù-~-63--=pr;t-Es"79
i
.
---~.-
C
Sl'j-Est 6S
~63
Forêt-Est 79
Riz
-
Cé=~es
8,3
5,9
8,1
l'laI!:
Fl'C\\.Ù('nts
37,8
41,8
44,4
Ibulanger1e
V13..--rl~
16,7
/lutres cérê.:ùes
',.
23,7
H
10,5
10, 3
2,9
Sol
1,8
1
0,3
0,1
1
1
1
15,7
t'o1ssco
12,2
11,7
Ignarrc
40,S
54,6
U';.r.U.....cuscs
2,2
3 ,3
2,7
Dani1ne planta in
23,6
13,4
NoIx graines
H:ul1oc
~ feu1lles
4,6
8,0
5,8
Taro
8,2
h.:trel;
18,2
17 ,3
11,6
1
0,1
L 11,4
9,3
3,5
2,0
1 Autres b..lberculcs
_ _
_ _~ I
5a.l=e E.qllOtes J:O.lill<é, 9.ù-Est
SIDES, . rue
79 l
126
(.::~c. ~t'j/

En zones rurales,
l'on constate généralement
un
déplacement du
modèle
alimentaire
végétal
vers
les
produits animaux traduisant
ainsi une amélioration
de
la qualité alimentaire. Mais, malgré le fort impact
de
la monétarisation,
l'évolution de l'alimentation
donne
une impression
de stabilité
des modèles
alimentaires
ruraux dans leur diversité géographique (clef
tableaux
1,2,3,4, ci-contre).
En
zone
urbaine,
il
en
va
autrement.
L'urbanisation et l'amélioration des conditions de vie,
de travail
exercent
une
influence
considérable
sur
l'alimentation.
Les
consommations
individuelles
de
plats dans les restaurants ou maquis deviennent de plus
en plus importantes.
Le modèle
alimentaire est
fondé
sur
les
produits
souvent
faciles
à
préparer.
Les
céréales, essentiellement le riz, occupent une place de
choix (entre le tiers
et la moitié· du budget qui
est
consacré aux
produits
vivriers). La
consommation
du
pain
prend
également
de
l'ampleur.
A
Abidjan,
l'importance
de
la
part
budgétaire
des
féculents
(tableau
5
ci-contre),
traduit
d'une
part
l'accroissement
de
la
consommation
de
la
banane-
plantain et du manioc (sous forme d'Attléké) faciles
à
préparer et d'autre part la
cherté de l'igname
plutôt
que son importance
quantitative (clef tableau
6 et
7
ci-contre).
-
127 -

Tableau 5
structure du h.rlget alilœn:taire en Zone urtaine
PRCIXJTI'S
ABIDJAN
AIJrnES VILLES
Céréales
11,3
19,7
'l'uhm::ules-Féculents
11,7
11,0
Légun:ineuses-~ix-Graines
3,0
4,8
Léguœs-Feuilles
9,0
9,2
Total prad. végétaux
35,0
44,7
Viarrle
17,2
22,6
Ebissoos
15,6
14,3
Total prad. aninaux
32,8
36,9
Ftuits
0,6
1,5
Sucre
1,7
0,8
Lait. oeufs
1,3
0,7
Mat. Grasse
2,8
2,3
Ebissons
4,8
1,7
CcrrliIœnts
1,5
1,9
Total autres produits
12,7
8,9
Plats préprrés
19,5
9,5
Source
ER: 79
128

Tableau 6
Q.Jantités p3r tête consamées en
zones rurales (*)
PrOOuits g/j/pers.
Foret-Est
Foret-Q.Jest
Savane
Céréales
171
469
601
dont riz
98
387
222
'l\\.ù::lercules
1.985
1.225
960
dont M:mi.oc
515
523
176
Banane plantain
299
537
25
Ignarœ
1.058
99
704
Légtmineuse-Noix
Graines
156
283
42
I.éguœs Feuilles
69
90
48
Vi.aIrle
74
81
76
RJi.ssa1s
59
57
29
(*) r:amées estinées provisoires.
Tableau NO 7 : Q.Jantités p3r tête consamées en zcnes urœines (*)
PrOOuits g/ j/pers.
Abidjan
Autres villes
Céréales
211
302
dont riz
154
240
'l\\.ù::lercules
464
334
dont M:mi.oc
128
Banane Plantain
268
167
Ignarœ
66
93
Iégtmineuses-l'bix~
55
68
I.éguœs
85
70
Vi.aIrle
72
86
RJisscn
91
74
( *) I:bnnées est:iIIÉes provisoires.
SOurce : E.B.C. 79
129

En conclusion,
il
ressort de
cette enquête
que
l'évolution
des
modèles
alimentaires
ivoiriens
sfaccompagne
d'une
modification
des
rations
par
réduction de
la consommation
des grands
produits
de
base au
profit
d'autres.
Cette
évolution
tend
vers
l'unification
des
comportements
alimentaires
autour
d'un
modèle
alimentaire
dominant
"riz-poisson"
qui
repose sur un
rapport protéique
de qualité
et à
bon
marché et sur un produit, le riz, rapide à préparer
et
bien adapté à
la plupart
des traditions
alimentaires
locales.
Toutefois, malgré
la richesse
des
informations
fournies,
les
résultats
de
cette
enquête
sont
insuffisants dans
l'optique qui
est la
nôtre, en
ce
sens qu'ils
n'établissent
pas
clairement
le
lien
entre des différents types
de modèles de
consommation
alimentaire ivoirienne dans leur évolution. Pour cerner-
ce
problème,
il
faut
étudier
non
seulement
les
consommations
alimentaires
par
régions
mais
par
catégories
socio-professionnellaS
car,
un
cadre
supérieur
(par
exemple)
en
campagne
n'adopte
pas
forcément le modèle rural de consommation,
il en va
de
même pour un paysan en milieu urbain. Tel a été l'objet
41
de notre enquête
41.
Pour
la
méthodologie
et
le
questionnaire
voir
annexe.
-
130 -

Elle a été
réalisée auprès
d'une population
de
1740 unités
familiales
représentatives,
sélectionnéaS
selon le plan de sondage mis au point par la
Direction
de
la
Statistique
ivoirienne
à
l'occasion
de
son
enquête
sur
le
budget
et
la
consommation.
Cet
échantillon estimé
représentatif de
l'ensemble de
la
Côte d'Ivoire
découpée
en trois
régions
(Forêt-Est,
42
Forêt-Ouest, savanes)
est réparti sur 23 villes et
60
villages retenus selon
leur importance. Les
individus
ont été
interro~ gés
en fonction
de
leurs
catégories
socio-professionnelles et
non
par
unités
familiales
comme l'a)
" effectué la
Direction de la
Statistique.
Il a été
envisagé 16 principaux
postes différents
de
produits ivoiriens vivriers englobant les divers
états
sous lesquels ils peuvent être consommés
: par
exemple
le riz prend en compte le riz blanc, la farine de r i z ;
le maïs
(épi de
maïs,
farine de
maïs);
le
manioc
(manioc frais,
farine,
"attiéké, gari" ... )
; le blé
(le pain,
la farine
... ), 'etc ...
42. Voir page
suivante:
Carte
de la
Côte
d'Ivoire
"Répartition des villes et villages enquêtés".
- 131 -

fil
• Aiparllli.. rilloull du Vlllu Il du ,11I1111 enquitis
HAUTE-VOLTA
<
c:
~
Q
.J
o
50
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G D L F (
DE
GUI H
Ech. """,00·000
@ Viii.. "'CI"•• f ••
o '''''9' ,,,,.,, ••""Mlh
fU
132

Cette méthode
a permis
d'obtenir les
résultats
consignés dans le
tableau ci-après
(voir annexe
pour
plus de détails)
:
-
133 -

Notre tableau: Structure du b.rlget al:ùœntaire en produits de base prr régions et catégoies socio-professiamelles
(en % 1981-82)
VILU\\GES
ABIDJAN
AUmES VILLES
lP.gricul-I Ehp10yés1cadres nP.gricul-Ierp10yés1cadres1cadres1o:cidennP.gricul-IEhp10yés1cadres1cadresTo:cidentaux
teurs
ouvriers
teurs
ouvriers m:JYer1S
sup.
taux
teurs
ouvriers rroyens
sup.
PRCIXJITS DE BASE
artisans
artisans
artisans
sans
sans
sans
travail
travail

travail
Céréales
1 - Riz
13
16
18
14
20
18
13
8
15
19
21
13,5
7,5
2 - MUs
10
13
11
12
14
10
1 · 2
12
12
la
2
2,5
3 - Mil, sorgho, fonio
6
8
4
5
7
4
-
-
6
6
4,5
4 - Blé (pain)
1
1
3
2
4
6
Il
12
1,5
3
7
Il,5
12
Féculents :
5 - Manioc dont Attiéké
14
Il
09
15
13
15
13
5
15,5
14,5
15,5
12,5
3
6 - Bananaes plantains
12
13
15
13
14
15
9
1
14,5
15,5
16,5
Il
1
7 - Pommes de terre
-
-
-
-
-
2
6
la
-
-
1,5
7,5
Il
8 - Patates douces
5
3
6
4
3
4
4
2
3
3,5
4,5
3
3
9 - Ignames
17
13
15
16
Il
13
4,5
-
15,5
Il,5
la
9
1
10 - Taro
10
9
8
8
4
2
0,5
-
15,5
11,5
10
9
1
Divers
11 -
Uiguœs et noix
grains
12
13
10
11
10
10
30
50
9
10
6
20
48,5
12 - Cbnserves
-
-
1
-
-
1
8
la
-
-
1
8
10,5
Total
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
134

On y remarque que les féculents prennent une part
prépondérante dans la
consommation alimentaire
totale
hormis, bien sûr,
cell~ des cadres
s~pér1eurs et
des
occidentaux.
Cette
importance
s'explique
par
la
proportion que représentent l'igname 33~ (52~ en région
Forêt-Est, 43~ en
savane, 23~ en
villes), le
manioc,
43
23~
et
la
banane
plantain
16~
Toutefois,
elle
diminue
dans
le
temps
(-20~
entre
1949
et
1976)
notamment en zones rurales où tend à se généraliser
la
consommation des céréales à l'image
du riz, du blé
et
du maIs, passant de
27,5 à
45~ entre
.1949 et 1976
en
raison de leur facilité de
cuisson. En zones
urbaines
(à Abidjan),
la consommation des céréales baisse
(tout
en restant toujours supérieure) au profit de celle
des
féculents
: de 20~ en 1963 ; les premières sont tombées
44
à
14~ en 1979 contre 9,9~ et 14,5~
pour les seconds.
Ce
phénomène
traduit
le
transfert
en
zones
urbaines des modes de cuissons
et de consommation
qui
étaient jusque là pratiqués en zones rurales:
friture
d'ignames,
de
bananes-plantains
mûres
(ou
"Aloko")
etc ...
43. Source: CIRES:
"Les
cultures vivrières", Tome
2
page 457. Tableau 8 et page 413, tableau 1.
44. Source
Direction
de
la
Statistique
Enquête-
Budget-Consommation. Tableau No 7 "Evolution de
la
Structure du budget alimentaire à Abidjan".
-
135 -

Quant
aux
produits
divers
(carottes-navet~
salades laitues-choux,
concombre,
conserves
etc ... ),
ils
sont
généralement
consommés
par
les
cadres
supérieurs et
les occidentaux
sous forme
souvent
de
plats principaux accompagnés de pain.
En
zones
rurales,
la
ration
alimentaire
des
agriculteurs
se
compose
de
17~
d'ignames,
14~
de
manioc,
13~ de riz et 13~ de bananes-plantains, 12~
de
légumes,
10~ de taro, 10~
de maïs contre seulement
5~
de patates douces et 6~ de mil-sorgho-fanio.
Par contre, les ouvriers, les employés, les artisans et
les
"sans
travail"
privilégient
le
riz
(16~)
aux
ignames, aux bananes-plantains (13~) et aux maïs (13~).
Les cadres consomment également davantage de riz
(18~)
d'ignames et de bananes-plantains
(15~). Le blé,
sous
forme de farine et de pain, entre progressivement
dans
les habitudes de consommation (3~).
La consommation du maïs (11~)
du manioc (9~)
et
du taro (8~) sont relativement faibles bien que le maïs
tout
comme
le
riz,
le
mil,
le
sorgho,
le
fonio
constituent les
aliments de
base en
zones de
savane
alors
que
les
ignames,
le
manioc,
les
bananes-
plantains, le
taro sont
plutOt consommés
en
régions
forestières.
- 136 -

En zones urbaines (Abidjan et les autres
villes)
les agriculteurs conservent toujours leurs habitudes de
consommation avec une
légère augmentation des
rations
de riz (14-15~), de manioc
(15-15,50~) et de
bananes-
plantains (13-14,5~) contre une baisse tendantielle
de
celles d'ignames (de 17
à
15,5~) et de
taro (de 10
à
8~). Les ouvriers,
les employés, les
artisans et
les
"sans
travail"
accordent
leur
préférence
au
riz
(20-19~),
bananes-plantains
(14-15,5~)
manioc
(13-14,5~), maïs
(14-12~)
au détriment
des
ignames
(11-11,5~) ; du taro (4-5~) et des patates douces (3~).
Les
cadres
moyens
ont
une
alimentation
plus
diversifiée.
Certes,
les
céréales (riz
18-21~,
maïs
10~)
et
les
féculents
(manioc
15-15,5~,
bananes-
plantains
15-16,5~,
ignames
(13-10~)
forment
leur
alimentation
de
base
comme
celles
des
catégories
professionnelles
suscitées,
mais,
ils
consomment
d'autres aliments
les pommes de
terre, les
salades
laitues, choux,
les courgettes,
les conserves.
Quant
aux cadres
supérieurs
(hauts
fonctionnaires,
hommes
d'affaires
)
et
aux
occidentaux
(européens,
américains
), leur
amélioration est
principalement
composée de
blé sous
toutes ses
formes
(11-12~),
de
pomme de terre (10~), de légumes (20-50~), de conserves
(8-10,5~) et
du riz
(8-13,5~):
les légumes
forment
leurs plats de base.
- 137 -

Ainsi,
selon
leurs
catégories
socio-
professionnelles souvent liées
à
leur pouvoir
d'achat
et appartenance sociale,
les consommateurs adoptent des
modèles
de
comportements
différents
dont
la
transformation procèae du degré de modernisation de
la
société (éducation,
urbanisation, contacts,
diffusion
des produits nouveaux sur les
marchés ... ). La
nature
de ces modèles dépend des variables explicatives que le
chercheur
veut
privilégier.
Notre
enquête
nous
a
conduit
à
établir
cinq
modèles
de
consommation
ivoirienne,
hiérarchisés,
différenciés
selon
les
variables explicatives
analysées ci-dessus
(variables
culturelles,
psychologiques
ou
individuelles,
sociologiques,
situation
géographique
et
pouvoirs
.,
.
d'achat)
ce sont
- le modèle de consommation villageois traditionnel,
- le modèle de consommation vilageois diversifié,
- le modèle de consommation villageois urbanisé,
- le modèle de consommation africain moyen,
- et le modèle de consommation des couches ~isées.
Le
modèle
villageois
traditionnel,
le
modèle
villageois
diversifié,
les
modèles
urbanisé
et
africains moyen concernent l'ensemble de la
population
africaine à
niveau
de
vie
encore
faible
ou
moyen
consommant
des
produits
traditionnels
et
parfois
importés de grande consommation tel que le poisson,
le
-
138 -

lait concentré, le riz, le concentré tomates, les
vins
ordinaires, etc ...
Le modèle
de
consommaticn
des
couchea
aisées
régit les consommations
de la
colonie occidentale
en
Côte d'Ivoire
(notamment
française) et
de
plusieurs
dizaines de
milliers
d'africains
ivoiriens
ou
non,
aisés,
disposant
d'un
fort
pouvoir
d'achat.
Ils
consomment variablement, surtout des produits
importés
ou
de
luxe
provenant
essentiellement
de
France
beurre, fromage,
conserves de viande, biscuiterie, vins
fins,
diverses préparations alimentaires, conserves
de
légumes, artichauts, carottes, pommes de terre ...
Paragraphe III. -
Le modèle de consommation
villageois traditionnel
Ce modèle
correspond
à
l'étape
primaire
dans
l'histoire
du
développement
de
la
consommation
alimentaire
ivoirienne.
Il
concerne
une
couche
de
population à forte auto-consommation vivant
uniquement
en campagne:
les paysans,
les artisans, ~es
ouvriers
agricoles.
Ici, la base alimentaire est constituée
par
les produits
agricoles
et domestiques
tels
que
les
céréales, les
féculents,
les
fruits et
légumes,
les
petits élevages. Les unités
de conommation sont
aussi
les unités de production : la "chaine
agro-alimentaire
-
139 -

45 est ici
totalement
intégrée
dans
les
unités
socio-économiques de base.
La population vit dans une économie d'auto-sub-
sistance
fondée
sur
l'exploitation
du
milieu
environnant et
satisfaisant
à
la
totalité
de
leurs
besoins. Chaque
communauté
cultive
ce
dont
elle
a
besoin pour
vivre.
Le
cadre de
vie est
relativement
homogène et
basé
sur
l'auto-suffisance
alimentaire.
L'absence
de
complémentarité
alimentaire
entre
villages,
tribus
ou
ethnies
fait
disparaitre
les
rapports d'échange
car, toute
opération
d'échange
porte en elle l'idée de complémentarité économique: on
échange un bien contre un
autre bien qu'on n'a pas
et
dont on veut jouir de
sa valeur d'utilité ou
d'usage.
Dès
lors

on
s'auto~suffit
et
que
l'idée
de
complémentarité n'existe pas,
l'échange perd tout
son
contenu et disparait. Celui-ci, s ' i l existe,. se
limite
seulement à
quelques
produits essentiels
(sel,
thé,
café, sucre) ou fait l'objet de troc.
Mais,
les
effets
indirects
de
l'urbanisation
accélérée et l'entretien des rapports avec
l'extérieur
par une
certaine couche
de la
population rurale
ont
45. Selon Louis
Malassis "Economie
Agro-Alimentaire",
T.I.
Cujas,
la
chaIne
agro-alimentaire
est
l'itinéraire
suivi
par
les
produits
agro-
alimentaire
dans
l'appareil
de
production
transformation-distribution-consommation.
-
140 -

fait naître
des besoins
nouveaux par
l'invasion
des
biens étrangers ayant
pour conséquence la
circulation
marchande
dans
sa
forme
la
plus
simple
cette
population
échange
ses
produits
agricoles
qu'elle
renonce à consommer contre
d'autres biens lui
faisant
défaut et qu'elle
a envie d'autres
biens lui
faisant
défaut et qu'elle a envie de consommer. Peu à peu,
ces
opérations conduisent
à
former
un nouveau
modèle
de
consommation villageois
diversifié
qui
s'éloigne
du
modèle de consommation villageois traditionnel.
Paragraphe
IV
Le
modèle
de
consommation
villageois diversifié
Il
correspond
aussi
à
l'étape
primaire
du
développement de l'économie alimentaire. Mais,
ici, les
habitudes alimentaires tendent à se transformer avec la
monétarisation
progressive
de
l'économie
de
subsistance,
l'organisation
des
circuits
de
distribution et l'urbanisation accélérée des campagnes.
Désormais, la population (paysans, artisans,
ouvriers,
boutiquiers)
consomme
non
seulement
les
produits
traditionnels et locaux mais également, dans une faible
mesure, ceux qu'elle achète.
La diversification de
la
consommation
repose
ici
sur
la
diversification
de
l'approvisionnement en produits locaux dont la base est
constituée
par
l'agriculture
marchande
de
forme
paysanne.
- 141 -

Le modèle villageois
diversifié diffère donc
du
modèle
de
consommation
rural
traditionnel
de
susbsistance par la diversification de sa
consommation
et aussi par le mode de production, en ce sens que tout
modèle
de
consommation
est
le
reflet
du
mode
de
production
le niveau
et
la diversification
de
la
consommation sont alors directement liés à l'adaptation
des processus (ou systèmes) de production agricole.
Ces
deux
modèles
de
consommation
villageoise
concernent
tous
les
consommateurs
ruraux
ivoiriens
46
estimés à
cinq millions
soit 60~
de la
population
totale.
Leur
caractéristique
commune
est
la
consommation des
produits traditionnels
et locaux
en
fonction des critères se référant souvent au passé, aux
valeurs SYmboliques. On
consomme les
produits qui
se
consomment habituellement par sa lignée, son
entourage
ou sa région: consommer un produit que le grand~père a
coutume de consommer est un symbole de sécurité dans le
choix et de fidélité à l'esprit des anciens.
Leurs croyances et
idéologies diverses,
liées
à
leur
faible
niveau
de
formation
et
d'information
constituent
un
frein
à
la
diversification
et
à
l'évolution de
la
consommation
l'attachement
aux
normes traditionnelles,
la crainte de s'écarter de
ses
46. Ministère
du
Plan
de
Côte
d'Ivoire,
"Plan
quinquennal 1980-1985".
- 142 -

origines,
la
religion
fixent
des
interdictions
de
consommation et par
conséquent,
influent
consciemment
ou inconsciemment sur
le comportement du
consommateur
en l'empêchant de diversifier son choix.
Cependant, la force du modernisme finit par faire
dispara1tre
ces
interdictions.
En
effet,
avec
l'urbanisation accélérée, la
monétarisation rapide
de
l'économie, l'organisation des circuits commerciaux, et
la scolarisation effrénée, les modèles de
consommation
villageois
traditionnel
et
diversifié
évoluent
tendanciellement vers les
modèles villageois
urbanisé
et africain moyen.
Paragraphe V.
- Le modèle villageois urbanisé
Ce modèle de
consommation urbanisé se
rapproche
du modèle de consommation villageois diversifié par
sa
base
agraire
traditionnelle.
Il
intéresse
les
catégories sociales à faible revenu
vivant en ville
les salariés réguliers, les employés de l'industrie
et
du commerce,
les artisans.
Leur consommat~on
est
de
type urbain, tournée vers les produits traditionnels
à
base de
féculents
à
la
tradition
mais
surtout
en
fonction de
leurs revenus
très insuffisants
qui
les
maintiennent le
plus
souvent misérablement
dans
les
bidonvilles.
Leurs
repas
s'ordonnent
généralement
autour du même aliment central "Attiél<é", riz ou foutou
-
143 -

d'ignames, de bananes-plantain,
de manioc
accompagnés
de sauces graines de palme,
d'arachides,
de gombos
ou
d'aubergines.
L'assortiment
alimentaire
est
souvent
monotone et non diversifié.
Les habitudes
alimentaires
de cette
couche
de
population citadine évoluent plus
vite que celles
des
ruraux.
En
effet,
la
prolifération
des
produits
importés
sur
les
marchés
locaux
créant
ainsi
des
besoins
nouveaux,
et
l'amélioration
progressive
et
rapide
des
revenus
(plus
sensible
en
ville
qu'en
campagne) incitent
les
'consommateurs
marginalisés
à
modifier
leurs
comportements
alimentaires.
Cette
modification comportementale
conduit
à
la
formation
d'un nouveau modèle de consommation africain moyen.
Paragraphe
VI
Le
modèle
de
consommation
africain moyen
Le
modèle
africain
moyen
concerne
tous
les
consommateurs
urbanisés
(salariés,
employés
de
l'industrie
et
du
commerce)
dont
l'amélioration
relative
des
pouvoirs
d'achat
leur
permet
de
diversifier leur base
alimentaire. La
diversification
repose pour partie sur des
produits locaux et sur
des
produits
occidentaux
importés.
Ils
conservent
une
alimentation à base vivrière traditionnelle
(céréales,
féculents,
fruits
et
légumes
locaux),
mais
ils
-
144 -

consomment parfois
des
produits
étrangers
(produits
laitiers,
conserves
alimentaires,
vins,
viandes,
poissons, fruits et légumes).
Le nombre de consommateurs urbanisés (villageois,
47
et africain moyen) oscille entre 2 et 2,500 millions
Ces chiffres illustrent
l'importance de
plus en
plus
48
grande
de la population urbaine
dans la formation
de
sa
consommation
globale.
Ce
phénomène
s'explique
essentiellement
par
la
monétarisation
rapide
de
l'économie
alimentaire
et
l'accélération
de
l'urbanisation accompagnée de son fléau:
l'exode rural
qui appara1t ici comme une "pilule de bonne
espérance"
ou un moyen
de se
libérer du
joug traditionnel
trop
contraignant, exode qui
alimente la population
formée
généralement de consommateurs
villageois urbanisés
le
plus souvent sans travail rémunérateur.
L'accroissement progressif des· revenus transforme
les habitudes alimentaires des consommateurs urbains
à
47. Ministère
du
Plan
de
COte
d'Ivoire,
"Plan
quinquenal 1980-1985.
48. Selon Henri Bourgoin
et P.
Guilhaume, dans
"COte
d'Ivoire, économie et société", p. 27, Ed. Stock
:
en 1977, près du 1/3
de la population vivait
dans
48 villes
de
plus de
10
000 habitants
soit
en
moyenne, un taux annuel supérieur à 8,5~
(Abidjan,
pOle d'attraction:
10~). En
1980, la
population
urbaine représentait 40~ du total
et a consommé
1
300 250 tonnes de vivriers.
- 145 -

revenus moyens leur permettant d'accéder à un niveau de
consommation similaire à celui des couches aisées.
Paragraphe VII -
Le modèle
Ù~ consommatiun
des
couches aisées
L'essor économique de la Côte d'Ivoire a favorisé
l'apparition d'une classe dont le niveau de vie dépasse
très largement l·es standards moyens
: les
poli ticiens,
les hauts
fonctionnaires,
l~s
hommes
d'affaires
de
l'industrie et du commerce,
les professions
libérales.
Leur pouvoir
d'achat élevé
leur
confère un
mode
de
consommation
de
type
occidental,
fondamentalement
différent des précédents.
Leur consommation est souvent influencée par
les
phénomènes d'imitation et d'ostentation se
nourrissant
de snobisme :
s'affirmer, c'est
acheter des
produits
chers
ou
qu'on
croit
chers.
La
prétention
à
la
modernité,
définie
par
opposition
à
la
tradition
rurale, confère
aux
biens importés
(occidentaux)
un
prestige convoité.
Aussi, le modèle de consommation de cette
classe
est-il souvent
directement lié
à
la
consommation
de
49
masse occidentale
et
à
l'agro-industrie
capitalisée
49. La
consommation
de
masse
est
un
niveau
de
consommation tel que
le niveau
social du
pouvoir
d'achat et
de
développement
de
l'agro-industrie
-
146 -

qui le sous-tend. L'élévation de son pouvoir d'achat et
la transformation de son mode de vie l'assujetissent
à
Wle
certaine peI'lIléabiltté all changement favorisé par la
prolifération
des
magasins
d'alimentation
et
la
publicité
exclusivement
faite
pour
les
produits
importés, préjudiciables à l'économie nationale.
Cette
classe constitue ainsi
la cible
la plus
intéressante
pour la diffusion des produits de grande masse.
A ces
consommateurs africains
aisés
s'ajoutent
les quelques 70 000
consommateurs occidentaux dont
50
000 Français (essentiellement
ingénieurs des
sociétés
et coopérants) pour former la couche des
consommateurs
aisés.
En
conclusion,
les
modèles
de
consommation
ivoiriens évoluent tous vers
la consommation de
masse
(caractérisée
par
la
diversification
et
l'industrialisation) en suivant
un schéma identique
à
celui
d'un
pays
développé,
avec
des
décalages
historiques, à
des
rythmes
et
selon
des
modalités
spécifiques à la COte d'Ivoire.
Ici,
la
diversificatin
et
l'industrialisation
ont
été
historiquement
50
favorisées par
la
colonisation
qui
introduisit
les
SU1te note page précédente
rend
possible
la
diffusion
rapide
de
nouveaux
produits à une fractin croissante de la population.
50. H. Dupin,
T.
Brun,
"Evolution
de
l'alimentation
dans les
pays en
voie de
développement".
Cahier
Nutrition et Diététique, VIII-4:
à partir des
XV-
-
147 -

cultures
d'exportation
et
monétarisa
l'économie
de
subsistance. Dès lors, l'économie fut imprégnée par
le
modèle occidental
qui dé~rul~lt
sans résistance,
les
modèles
agraires
traditionnels
en
diffusant
ses
produits par le biais des échanges agro-alimentaires et
de l'agri-businesse occidental.
Ainsi, les
facteurs induits
(la
monétarisation
progressive
de
l'économie
de
subsistance,
l'urbanisation, l'organisatin des circuits commerciaux,
les importations
alimentaires
et
l'amélioration
des
revenus) ont contribué aux transformations rapides
des
habitudes alimentaires et
à
la
formation de
nouveaux
modes de consommation. A ces facteurs,
il faut
ajouter
la variation des prix et l'accroissement
démographique
qui
jouent
également
un
rôle
déterminant
dans
l'évolution de la consommation globale ivoirienne.
Nous étudierons en détails au prochain
chapitre,
les effets directs de ces
trois derniers facteurs
sur
la
consommation
alimentaire
globale. .
Mais,
au
préalable,
analysons
les
modèles
ivoiriens
de
distribution alimentaire.
XVIème
siècle,
les
Portugais
introduisirent
en
Afrique le maïs,
le
manioc, puis l'arachide.
Plus
tard,
le
café,
le
cacao
et
d'autres
produits
tropicaux seront
introduits en
Côte d'Ivoire
par
les Français.
-
148 -

Section
V
Modèles
ivoiriens
de
distribution
alimentaire
Paragraphe 1 - L~s étapes du dé~eloppement de
la
distribution en Côte-d'Ivoire
Les formes actuelles de distribution
alimentaire
trouvent leur
genèse
très
loin
dans
l'histoire
du
développement
global
de
l'économie
agro-alimentaire
ivoirienne.
Autrefois,
les
communautés
forestières
ivoiriennes vivaient dans une économie d'auto-subsis-
tance fondée sur
l'exploitation du milieu
environnant
et satisfaisant à la totalité de leurs besoins.
Chaque
communauté cultivait
ce dont
elle avait
besoin
pour
vivre. Aucune
ne
détenait le
monopole
d'un
produit
vivrier. Le cadre de vie était relativement homogène et
fondé
sur
l'auto-suffisance.
Dès
lors,
la
complémentarité économique
entre villages,
tribus
ou
ethnies
disparaissant,
les
relations
d'échanges
perdaient toute nécessité d'exister.
L'organisation sociale
fondée sur
les
lignages
expliquait aussi cette
absence d'échanges. Dans
cette
organisation,
les
rapports
de
production
s'identifiaient aux rapports de dépendance
personnelle
-
149 -

51
entre a1nés
et cadets
Comme le
faisait
remarquer
52
MEILLASSOUX
"dans les transfert& traditionnels ... les
hommes tiennent le devant de
la scène et les
produits
s'échangent selon les
termes qui
reflètent le
statut
social respectif
des parties
... ", sans
bénéfice
et
parfois à perte dans la même communauté.
Ainsi, contrairement
à
ce
qui
se
passe
dans
d'autres
pays
à
économies
d'auto-subsistance,
les
échanges dans les communautés forestières et préfores-
tiêres ivoiriennes obéissaient aux lois de la
gratuité
réciproque et non à celles de l'économie de marché.
Cette
forme
d'organisation
avait
parfaitement
fonctionné
jusqu'aux
contacts
avec
les
étrangers
(commerçants,
sahéliens,
soudanais,
et
navigateurs
européens)
qui,
par
l'introduction
des
rapports
mercantiles, sapèrent la
charpente de
la cohésion
du
système social traditionnel:
le fer,
l'or, la cola
et
l'huile de palme (dans la
zone sud,' à partir de
1850)
étaient échangés contre du sel et du bétail
soudanais,
des marchandises anglaises (tissus, armes à feu,
barils
de poudre), de l'alcool brésilien,
du vin français
et
de la quincaillerie et du tabac américain.
51. Cl. MEILLASSOUX
:
"The
development of
indigenous
Trade and Markets invest Africa".
52. Cl. MEILLASSOUX
"Anthropologie
économique
des
Gouros en COte d'Ivoire".
-
150 -

Ainsi naquit ~'idée de complémentarité économique
qUI
et de spéculation~-pénétra jusqu'aux couches
profondes
de la bâtisse spirituelle de la société
traditionnelle
naguère inviolable. Les
liens traditionnels
familiaux
et les anciennes
allégeances tribales se
relâchèrent,
entraînant l'éclosion d'une nouvelle classe d'émancipés
tournés
vers
le
monde
moderne.
Le
statut
social
s'effaçait
derrière
la
valeur
matérielle
des
marchandises. Et, les échanges se faisaient sur la base
d'un prix mesurant la valeur relative des biens.
Pour mieux
appréhender le
développement de
ces
échanges
on
peut
le
rattacher
à
trois
étapes
historiques:
l'étape précoloniale caractérisée d'abord
par les lois de gratuité réciproque dans les
échanges,
puis par l'esprit mercantile (spéculatif) aux
contacts
des étrangers: deux
systèmes de circuits
commerciaux
(le
système
de
réseaux
et
le
système
de
relais)
favorisaient les transactions; l'étape coloniale qui a
vu naître et
se développer
les commerces
occidentaux
(essentiellement français),
les
commerces ~ibanais
et
les commerces
africains
et
l'étape
post-coloniale
caractérisée par la
réorganisation et l'adaptation
de
la
distribution
aux
exigences
du
développement
économique ivoirien.
-
151 -

Paragraphe II - La distribution à l'époque pré-
coloniale
A l'époque précoloniale le commerce
s'effectuait
53
sur deux circuits de distribution
: le circuit
long
ou "système de réseaux" pratiqué par les peuples de
la
savane, et
le circuit
court
ou "système
de
relais"
caractérisant la région côtière.
21 - Système de circuits commerc~aux par réseaux
ou circuit long
Dans ce
système, les
commerçants parcourent
de
longues distances, d'une peuplade
à l'autre, avant
de
vendre leurs marchandises.
Le système de réseaux est né de la
confrontation
des zones de production
complémentaires. A
l'époque,
trois produits servaient d'étalon d'échange en
Afrique
occidentale: le sel gemme du sahara, l'or et notamment
la kola
(fruit comestible)
et la
forêt. Les
peuples
côtiers du sud revendaient aux peuples
sep~entrionaux,
outre leurs produits personnels (l'or et la kola),
des
armes à feu,
de la
poudre, des
étoffes anglaises
et
53. Le circuit de distribution peut se définir comme le
chemin emprunté par un produit depuis la production
jusqu'à
sa
consommation
finale.
L'ensemble
des
intermédiaires
achetant
et
vendant
les
mêmes
produits de la même façon,
constituent le canal
de
distribution.
- 152 -

hollandaises et de
la quincaillerie qu'ils
achetaient
aux navigateurs européens.
En
revanche,
les
peuples
septentrionaux
leur
offraient du sel gemme, de la verroterie, des bracelets
de cuivre, des tissus et du bétail.
Ces
transactions
deviennent
plus
complexes
lorsqu'elles s'effectuent
à
crédit:
la
marchandise
peut circuler à crédit d'une peuplade à l'autre jusqu'à
ce qu'elle
trouve un
acquéreur en
état de
payer
au
comptant (en
moutons
ou en
boeufs).
Dès
lors,
ces
derniers prennent le
circuit inverse jusqu'au
premier
vendeur à crédit. On a ainsi une "chaine de crédits"
et la
même
marchandise
peut
être
la
propriété
de
plusieurs personnes
intermédiaires, car,
elles
l'ont
achetée, donc elles exercent sur
la chose un droit
de
propriété tant que le nouvel acheteur ne l'a pas encore
payée.
Trois pôles
commerciaux
ou
"cités
marchandes"
54
servaient à ces transactions
- Le pôle sud appelé comptoirs du Golfe du Bénin
Cape
Coast, Axim, El Mina, Dixcove ;
54. Jean-Louis
BOUTILLER
"La
cité
marchande
de
Bouna",
dans
l'ouvrage
"The
developement
of
indigenous Trade and Marks in West-Africa".
-
153 -

-
le pôle
nord ou
"portes" du Sahara,
en bordure
du
Niger : Gao, Djenné, Ségou, Tombouctou;
- et le pôle central représenté par les villes
situées
entre la savane et la ~orêt : Kong, Bouna, Boudoukou.
Tous ces pôles
se communiquaient
entre eux
par
des routes caravanières.
22 - Système de circuits commerciaux par relais
Dans
les
opérations
d'échanges
à
l'époque
précoloniale,
les
marchands
ne
sont
pas
par~ois
autorisés à traverser
d'autres peuplades
que celle
à
laquelle
ils
appartiennent.
Cette
interdiction
est
~ondée
sur
le
principe
de
la
non-violation
du
territoire d'autrui: un
territoire est une
propriété
privée:
un
étranger
peut y
être
invité
pour
des
a~~aires importantes
mais, en
aucun cas,
ne doit
le
traverser
sans
autorisation
préalable.
Les
marchandises, elles,
circulent, mais
pas les
hommes.
Aussi, pour transporter les marchandises d'une peuplade
à
l'autre, les négociants doivent-ils se relayer.
D'où
l'appelation de
"système de
circuits commèrciaux
par
relais".
Les
peuples
côtiers
(Neyo,
Godié,
Avikan,
Alladjan,
Ebrié)
achetaient
des
marchandises
aux
Européens
pour
les
revendre
aux
populations
de
l'intérieur (Dida, Adioukrou) qui les acheminaient vers
-
154 -

le Nord par
l'intermédiaire d'autres populations
plus
septentrionales (Attié, Abey, Abidji, Gouro).
Deux systèJL.es d'échanges commerciaux étaient donc
r
pratiqués en Côte d'Ivoire à l'époque précoloniale soit
par ~ystème de réseaux soit par système de relais:
le
commerce côtier qui portait sur des armes, de
l'alcool
et de
coüteux
objets
de
prestige
fournis
par
l~s
navigateurs
européens
en
contrepartie
de
l'or,
de
l'ivoire, du bois
et de l'huile
de palme des
côtiers
ivoiriens ; et
le commerce continental
interafricain,
le plus
important,
qui
se
rapportait
aux
produits
typiquement africains
(notamment
les
noix
de
kola,
puissants
exCi tants
prisés
par
les
musulmans
en
remplacement du café).
Ces
relations
mercantiles
bouleversèrent
les
habitudes des
communautés
traditionnelles
(dont
les
rapports
étaient
uniquement
fondés
sur
le
statut
social.
Ce
bouleversement
social
alla
s'accentuer
encore
sous
les
forces
destructrices
.
de
la
colonisation.
Paragraphe
III
La
distribution
à
l'époque
coloniale
En
effet,
la
colonisation
s'accompagna
de
l'implan..-tation
de
nouvelles
cultures
agricoles
destinées à ravitailler les marchés français
rétrécis,
-
155 -

55
à
l'époque,
par le
retour au
protectionnisme
Les
plantations coloniales (le café,
le cacao,
la
banane,
l'ananas)
favorisèrent
l'émergence
d'une
nouvelle
classe d'agriculteurs animés d'une nouvelle idéologie:
l'enrichissement. Elles érigèrent l'économie ivoirienne
d'auto-consommation en économie de marché
caractérisée
par la haute productivité.
Pour
permettre
une
évacuation
rapide
des
richesses africaines
destinées à
l'exportation et
un
écoulement plus facile de
produits européens dans
des
villages
reculés,
il
fut
créé
de
nouvelles
infrastructures économiques:
les
wharf,
le chemin
de
fer
(R.A.N.),
les
routes
et
l'aéroport
de
Port-
56
_j?)ouêt
Ces infrastructures
contribuèrent
à
développer
des centres commerciaux.
Il y avait trois catégories de
55. Le dernier
quart du
XIXème siècle
fut marqué
en
Europe,
sauf
l'Angleterre
par
le
retour
au
protectionnisme. L'institution par
la France,
des
hauts droits de douane (de
1873 à 1892),
provoqua
le rétrécissement de ses marchés. Elle décida alors
de se créer des
marchés privilégiés outre-mer.
Le
traité de Berlin de 1883,
qui définit le
principe
de partage de l'Afrique permit à la France d'ériger
la COte d'Ivoire en colonie, le 10 Mars 1893.
56. Le premier wharf
fut mis en
exploitation à
Grand
Bassan le
1er Juillet
1901. La
R.A.N.,
l'unique
chemin de fer ivoirien reliant la COte d'Ivoire
et
le
Niger,
fut
construite
à
partir
de
1904.
L'aéroport de Port-Brouêt, en 1939.
-
156 -

commerçants:
les
sociétés commerciales, les
libanais
et les commerçants africains.
-
157 -

31 - Les sociétés commerciales
Elles
avaient
été
créées
pour
remédier
à
certaines
imperfections
de
l'ancien
circuit
de
distribution pré-coloniale et
permettre à celui-ci
de
mieux s'adapter aux nouvelles exigences coloniales.
Elles commencèrent par supprimer les opérations d~
troc en introduisant dans
les transactions un
nouveau
moyen
de
paiement
la
monnaie.
Puis,
elles
s'attaquèrent
au
crédit
usuraire
et
favorisèrent
l'élévation des cours des produits agricoles. En
fait,
l'idéologie coloniale
officielle était
fondée sur
le
principe que l'enrichissement
de la Métropole
passait
par celui des indigènes.
Accro1tre le pouvoir
d'achat
de
ceux-ci
par
la
hausse
des
cours
des
produits
d'exportations agricoles,
provoquerait une
importante
demande de marchandises européennes.
Trois sociétés commerciales dominaient le marché:
la C.F.A.O.
(Compagnie
Française
pour
1.'Afrique
de
l'Ouest), créée en 1887 par Frédéric BOHN,
la
S.C.O.A.
(Société Commerciale
de l'Ouest
Africain), fondée
en
1920 par les dissidents de la CFAO ; et la Compagnie du
Niger-Français,
filiale
du
groupe
international
Unilever limited.
- 158 -

32 - Les commerçants libanais
Au nombre actuel de lüu 000 environ,
les Libanais'
s'installèrent en
Côte
d'Ivoire au
lendemain
de
la
première guerre mondiale, fuyant les persécutions et la
pauvreté
du
sol
libanais.
Par
leur
dynamisme
incontesté,
ils
favorisèrent
l'accroissement
des
échanges
commerciaux.
Leur
goût
des
affaires
les
intégra
rapidement
dans
le
circuit
commercial.
En
servant d'intermédiaires
entre l'exportateur
français
et le paysan
ivoirien de la
brousse la plus
reculée,
ils contribuèrent à développer la culture de café et du
cacao.
Ils
allèrent acheter
les produits
souvent
au
plus bas
prix possible,
au domicile
du planteur.
En
échange, ils lui
remettaient de la
monnaie qui
était
ensuite utilisée à
acheter, aux
mêmes traitants,
des
produits manufacturés
dont le
paysan avait
besoin
cotonnade, quincaillerie, savon, lampes-tempête, vélos,
etc ...
Dans ces
transactions
commerciales,
le
paysan
était bien sûr,
toujours le perdant,
car le
traitant
était seul à conna1tre les
deux termes de l'échange
le
prix
de
revient
et
de
vente
de
son
produit
manufacturé, et
le
cours exact
du
produit
agricole
acheté
à
l'indigène.
Comme
le
faisait
remarquer
-
159 -

57
Kizerbo
"sur le marché, de la traite,
l'indigène était
naturellement en état d'infériorité
... d'un point
de
vue psychologique ... et d'un point de vue économique".
33 - Les commerçants africains
En
majorité
non
ivoiriens,
les
commerçants
africains participèrent également à l'accroissement
de
la culture des produits coloniaux et des échanges.
Ils
conquirent le monopole d~s marchandises de bonne vente,
produites et consommées en Afrique noire.
L'ouvertu~e des
pistes
reliant la
forêt
à
la
savane favorisa la commercialisation des produits aussi
bien français qu'africains.
Le
poisson fumé de
Mopti,
la viande, etc . . . étaient facilement acheminés du Nord
vers le
Sud et
les
noix de
Kola,
les
oranges,
les
produits français,
du sud vers le nord.
Le commerce africain était surtout exercé par des
africains d'origine musulmane
Les
Nago
commerçants
Yarouba,
originaires
du
Nigéria,
- Les Dioula
commerçants soudanais ;
- et les Marka : commerçants originaires du Haut-Niger.
57. Joseph Kizerbo :
"L'économie de Traité en Afrique",
Présence Africaine décembre 1956.
- 160 -

L'ère
coloniale
a
donc
érigé
l'économie
ivoirienne naguère
"économie
de
cueillette"
en
une
économie de
marché appelée
improprement "économie
de
Trai te" ,
caractérisée
par
le
développement
de
l'agriculture
spéculatrice
(huile
de
palme,
café,
cacao, banane,
ananas)
dont la
finalité
est
de
se
procurer davantage de monnaie.
L'introduct;on
de
celle-ci
dans
les
échanges
engendra alors un
bouleversement de
l'ancien mode
de
distribution, en favorisant l'intégration de l'économie
ivoirienne
dans
l'économie
mondiale
de
marché.
La
nouvelle forme de
l'échange ainsi
créée alla
dominer
longtemps le
circuit
de
distribution
ivoirien
dont
l'organisation actuelle ne diffère guère de l'ancienne.
Paragraphe IV - La d~stribution â l-époque post
coloniale
L'actuelle
structure
de
la
distribution
commerciale
se
caractérise
essentiellement
par
sa
fidélité
à
celle
de
l'époque
coloniale,
rigide,
inadéquate aux nouvelles exigences économiques du pays.
L'analyse de la
grande enquête
du Ministère
du
58
Plan de
1976
sur
toutes
les activités
de
service
58. Ministère du Plan de COte
d'Ivoire:
"Enquête
sur
les
activités
commerciales
existantes
en
COte
d'Ivoire", 1976,
réalisée
par
l'équipe
D.E.D.M.
- 161 -

existantes en COte d'Ivoire met en relief cette carence
59
structurelle déjà soulignée par l'IDET-CEGOS
dans
ses
études réalisées dn 1963, 1961, 1968 et 1969.
A cOté du commerce
dit "moderne" ou
"organisé",
évolue
le
commerce
traditionnel
anarchique,
sans
pratiquement de liaisons avec le précédent. Le commerce
traditionnel est
tenu
par les
Africains
en
majeure
partie
non-ivoiriens.
Sur
12
200
établissements
60
commerciaux recensés en 1976
dans
les villes de
plus
de 10
000
habitants,
les
commerçants
ivoiriens
ne
représentaient que 23%,
soit 2
781. Parmi
les 9
083
commerçants étrangers,
on
comptait
5
273
africains
francophones soit
43%,
1
234
africains
anglophones
(10%) et 978 commerçants libanais (8%).
La faiblesse du taux
ivoirien s'explique par
le
fait que traditionnellement certains groupes
ethniques
(les Mandé-Sud et les Krou) ne sont pas commerçants
sur les 2 781 commerçants
ivoiriens, les Akan ( 1
031
dont 374 Baoulé et 253 Agni),
les Mandé-Nora (832
dont
(suite note page précédente)
CHATEAU
existantes
en
COte
d'Ivoire",
1976,
réalisée par l'équipe D.E.D.M.
CHATEAU.
59.
IDET-CEGOS- Ministère des
affaires économiques
et
financières -
"Ensemble de projets devant concourir
à
l'amélioration
et
au
développement
de
la
distribution en COte d'Ivoire", 1969.
60. Clef. annexe pages
- 162 -

734 Malinké,
très commerçants), les voltaïque (491 dont
402 senoufo) et seulement les Krou (292) et les Mandé-
Sud (120).
Le
commerce
moderne
touche
généralement
les
consommateurs à revenus élevés
tandis que le
commerce
traditionnel
vise
une
clientèle
à
pouvoir
d'achat
relativement faible.
Leur principale différence
réside
dans leurs méthodes de distribution:
le premier, mieux
structuré utilise
des techniques
plus modernes
alors
que
le
second
continue
à
employer
des
méthodes
archaïques fondées sur des circuits longs.
Ainsi, depuis les grands magasins bien
organisés
et achalandés où se vend
tout produit jusqu'au
simple
tablier traditionnel où le morceau de sucre est
vendu,
l'appareil commercial ivoirien
présente une
diversité
de méthodes de distribution.
41 - Le commerce traditionnel sédentaire
Ce
type
de
commerce
est
exercé
par
les
commerçants africains
sédentaires et
les vendeurs
et
vendeuses de marchés.
Les ventes se
font au détail
à
des prix
très variables
ces derniers
n'étant
pas
affichés,
l'acte
d'achat
commence
toujours
par
un
dialogue
entre
l'acheteur
et
le
vendeur
avant
de
conna1tre sa phase finale.
- 163 -

Les
commerçants
sédentaires
sont
de
petits
boutiquiers
africains
vendant
essentiellement
des
produits alimentaires manufacturés,
des boissons,
des
cigarettes et des
produits d'entretien ménagers.
Leur
clientèle est constituée
par des gens
de quartiers
à
revenus faibles.
Leur
activité est
caractérisé~par
une gamme assez restreinte de marchandises (maximum 100
références) offertes
à
des prix
supérieurs
au
prix
61
légal autorisé
et
entassées
sur
des
rayonnages
en
planche sans ordre logique;
local souvent inadapté
la surface de vente sert aussi d'entrepôt et de réserve
aucune
comptabilité même
sommaire;
méconnaissance
totale du montant
des stocks et
du volume des
ventes
même mensuelles ; et pire encore, la confusion sur
une
longue période du chiffre
d'affaires et des
bénéfices
est souvent
la
cause
de
nombreuses
faillites.
Ces
carences
s'expliquent
notamment
par
le
manque
d~
formation
et
l'analphabétisme
"des
commerçants
traditionnels. Selon
une étude
du Ministère
du
Plan
Ivoirien, 69~ des
commerçants sédentaires ~taient
non
62
salariés en 1976
61. Selon une
étude réalisée
en
1973 par
la
chaine
PROMOTION
ACTION
COMMERCIALE,
Daniel
BOLLINGER,
Tome 1
Ed.
CEDA),
les
prix
pratiqués
par
les
commerçants des villages étaient en moyenne de
15~
plus élevés
que
ceux des
mêmes
produits
de
la
localité la plus proche.
62. Clef,
annexe
page
:
"Répartition
des
commerçants sédentaires en fonction de leur
niveau
d'instruction en 1976" - Ministère du Plan.
- 164 -

Le commerce
sédentaire est
généralement
exercé
par
les
libanais
(qui
pratiquent
des
prix
concurrentiels) et
les africains,
principalement
les
Maliens, les Voltaïques et les Nigérians dont 84~
sont
installés en COte d'Ivoire seulement depuis 1960
(date
de son indépendance
politique), d'après
une étude
de
63
CHATEAU en 1968
Au nombre
de 59
039
(selon le
recensement
du
64
Ministère du Plan en 1976)
, l e s vendeurs et vendeuses
des
marchés
constituent
une
armature
dense
et
permanente du réseau
de distribution
des produits
de
grande consommation.
Illetrés à
98~ sans aucune
tenue
de
comptabilité,
ils
vendent
sur
des
nattes,
des
tables, des coffres, etc ... Parmi eux, on compte
plus
d'étrangers que d'autochtones, fait très particulier
à
la COte d'Ivoire: 31 075 soit 53~ d'entre eux sont des
étrangers contre seulement 27 964 ivoiriens dont 85~ de
femmes et
seulement
15~
d'hommes.
L'importance
des
femmes commerçantes
confirme
l'idée
(d'ailleurs
non
fondée) longtemps
véhiculée
en
COte
d'Ivoire
selon
laquelle le "commerce
est un métier
avilissant, à
la
rigueur réservé aux femmes"
;
"un homme libre ne
doit
63. CHATEAU (Ministère du
Plan):
"Le petit
commerce
Africain traditionnel d'Abidjan", 1968.
64. Clef, annexes pages ..
Ministère du Plan : "Les vendeurs et vendeuses
des
marchés de COte d'Ivoire en 1976.
- 165 -

pas s'abaisser à faire du commerce" dit-on souvent dans
les familles nobles.
Ils distribuent au détail et au micro-détail
des
produits alimentaires, des
produits d'entretien et
de
ménage, des textiles et des chaussures qu'ils
achètent
aux demi-grossistes. Pour
les pagnes
et les
produits
cosmétiques ; ils utilisent souvent la méthode du "cash
65
and carry"
qui consistent à s'approvisionner sur place
dans les entrepôts tenus surtout par les Libanais et
à
les vendre
ensuite directement
soit au
marché,
soit
dans les maisons (en
porte à porte).
En raison de
la
longueur du circuit (producteurs grossistes-demi-
grossistes-vendeuses
et
vendeurs),
les
marges
bénéficiaires sont très faibles au niveau des tabliers.
Les valeurs aj~utées aux
marchandises sont lourdes
et
les
prix
au
micro-détail
sont
souvent
assez
exhorbitants,' par
exemple, les
prix des
marchandises
venduas au micro-détail dépassent leurs prix
officiels
homologués de 25% pour les
cigarettes, de 35% pour
le
sucre
et
de
50%
pour
le
pétrole.
Les
produits
alimentaires
locaux
(qui
sont
distribués
par
la
majorité des vendeurs) en font exception.
65. Le "cash and carry" est
un libre service géré
par
un grossiste à destination des détaillants.
- 166 -

42 -
Le· commerce moderne
On
l'appelle
encore
commerce
"organisé"
car,
contrairement au commerce
traditionnel anarchique,
il
est mieux structuré. Forment ce
genre de commerce
les
grandes
sociétés
commerciales,
les
cha1nes
de
distribution intégrée, les supermarchés et
superettes,
le commerce
spécialisé et
le commerce
des fruits
et
légumes.
421 - Les sociétés commerciales
Ce sont principalement la CFAO, la SCOA, la CFCI,
les
Etablissements
Peyrissac
et
les
Etablissements
ABILE-GAL.
Leur clientèle est diversifiée. Grossistes, demi-
grossistes ou
détaillants,
elles
jouent
à
la
fois
plusieurs rôles. Puissamment organisées elles possèdent
en
France,
en
Europe,
des
centrales
d'achats
et
achètent aussi des
produits locaux. Elles
distribuent
les marchandises achetées
soit par le
biais de
leurs
agences de brousse dotées d'entrepôts,
soit directement
aux grossistes. Leur
puissance financière leur
permet
d'accorder des crédits à
leurs clients et
d'organiser
toute forme de distribution au détail.
-
167 -

422 -
Le commerce intégré
66
Selon Kotler
et Dubois
le
commerce intégré
ou
concentré est une forme de commerce selon laquelle
les
fonctions de gros
et de détail
sont remplies par
une
seule
organisation
qui
intervient
donc
directement
entre le producteur et le consommateur.
Le commerce intégré en
COte d'!voire est
exercé
67
principalement par
deux
entreprises commerciales
qui
utilisent la formule succursaliste ; elles sont formées
par un grand nombre de petits points de vente
urbains,
à dominante alimentaire et une centrale d'achat.
La
"chaine
Avion"
tenue
par
des
gérants-
mandataires, c'est une chaine de magasins desservant un
réseau
de
distribution
de
vente
au
détail;
elle
comprend 207
succursales
(dont
66
libres
services)
vendant, à prix ferme, une gamme de 2000 références; 6
sont installées à Abidjan sous la dénomination de "JOK";
La
"SALC!",
nouvelle
appellation
des
anciens
établissements Massieye
et
Ferras,
est
une
société
commerciale
qui
vend
au
détail
des
biens
de
66. Kotler/Dubois
:
"Marketing"
4ème
édition
Publi-Union page 410.
67. La
troisième,
la
"Chaine
Pac",
actuellement
dissoute, utilisait la formule du franchising:
un
contrat par
lequel
une partie
(le
franchisseur)
autorise l'autre
(le
franchisé)
à
utiliser
son
enseigne
;
son
savoir-faire
moyennant
des
redevances appelées "royalties".
-
168 -

consommation
courante
elle
comprend
actuellement
environ
15
succursales
et
cumule
à
la
fois
les
fonctions d'importateur, de grossiste, de détaillant et
de spécialiste dans la quincaillerie.
-
169 -

423 - Les supermarchés et superettes
Un supermarché
est un
magasin qui
pratique
la
méthode du "libre service" et dont la surface de
vente
est comprise
entre 400m2
et 2500m2.
Lorsqu'elle
est
inférieure à 400m2 et supérieure à 150m2. on
l'appelle
"superettes".
Au-delà
de
2500
m2.
elle
est
dite
"hypermarché". En Cote
d·Ivoire.
il n'y
a pas
encore
d·hypermarchés.
On y
compte
seulement 6600
m2
de
super-marchés
et
superettes. centrés
essentiellement
sur
Abidjan.
la
capitale économique.
Les enseignes
le plus
souvent rencontrées
sont
"chaine-Avion" ou "JOK".
Monoprix à
Bouaké (500
m2).
Score (3 magasins de 2080 m2 à Abidjan). Nour-Al
Hayat
à Abidjan (800 m2).
SACI à Abidjan (282 m2) et Azar
et
Salamé (365 m2). L'intérieur
du pays est
généralement
desservi par des magasins à petite surface inférieure à
150 m2 dont les plus connus sont "chaine Avion".
Après cet aperçu général" des formes actuelles
de
distribution des produits en COte d·Ivoire. nous allons
maintenant nous
attarder
sur
certaines
filières
en
raison de leurs particularités: les filières du
café.
du cacao et les oléagineux. les filières des fruits
et
légumes. et les filières des féculents et des céréales.
- 170-

Entendons par "filière" l'itinéraire suivi par un
produit ou un groupe de
produits depuis la
production
jusqu'à
la
consommation
finale
en
passant
par
la
transformation et la distribution.
68
Selon Montigaud
l'étude de
la filière
revêt
deux
aspects
fondamentaux
: "l'identirication
des
produits,
itinéraires,
agents
et
opérations
et
l'analyse des
mécanismes de
régulation (structure
et
fonctionnement des marchés,
intervention de l'Etat)".
En ce sens,
l'approche par filière
a un
double
intérêt
théorique
et
opérationnel.
Sur
le
plan
théorique,
le
repérage
et
l'analyse
des
marchés
concrets permettent d'aller
au-delà de l'approche
par
marché global
des
produits et
de
mettre
en
relief
l'impor.tance
du
phénomène
de
concurrence
sur
les
filières.
Sur le
plan opérationnel,
elle permet
de cerner
les
problèmes d'organisation et de régulation relatifs
aux
activités
de
production,
de
transformation
et
de
distribution et
de
mettre
en
place
les
stratégies
adéquates pour les résoudre.
68. J.
Cl.
MONTIGAUD,
"Filières
et
firmes
agro-
alimentaires
.:
le
cas
des
frui ts
et
légumes
transformés". Thèse, Montpellier, 1975.
- 171 -

Paragraphe V - Les filières du café, du cacao
et
des oléagineux
La flllère du café et
du cacao en COte
d·lvolre
peut être lllustrée par le schéma cl-dessous :
Coopératives de
pI.anteurs (Groop:!œnt
à Vocatim COOpérative
a.v.c.)
Acheteurs agréés
ou traitants
.~
Centre de
commercialisation
1
V
o
Centre de décorti-
III
U
queries (pour les
III
U
cerises de café) .
QI
.-f
J,
Usines portuaires
Société d'exportation
(Abidjan)
l
Marchés extérieurs
marché intérieur
.~~--~. Sociétés de torré-
faction
• Consommateurs final
1
- 172 -

Il importe d'abord
de savoir
qu'il existe
deux
grands $ystèmes de collecte dans les pays producteurs :
le régime, des offices de commercialiùation sous lequel
toutes les opérations sont organisées et exécutées
par'
l'Etat disposant pour
cela des
moyens de
transports,
des magasins, des usines; et le régime des caisses
de
stabilisation

le
secteur
privé
intervient,
travaillant dans le cadre des règlementations
définies
par les pouvoirs publics.
La Côte d'Ivoire
a opté pour
ce dernier
régime
qui offre l'avantage de la souplesse et de la
rapidité
d'intervention.
Née en
1962,
du
fusionnement
des
Caisses
de
Stabilisation des prix du café
et du cacao,
la
caisse
de stabilisation et
de soutien des
Prix des
Produits
Agricoles (CSSPA)
de
Côte d'Ivoire
est
une
société
d'Etat ayant la qualité de commerçante et régie par les
lois sur
le fonctionnement
des sociétés
commerciales
privées. Le but essentiel: mettre le planteur à l'abri
des fluctuations capricieuses des cours mondiaux en lui
garantissant un revenu
stable durant
une campagne
de
commercialisation (du 1er
Octobre au
30 Septembre
de
chaque année).
Théoriquement,
les
activités
de
la
caisse
concernent
les
produits
énoncés
par
le
décret
de
-
173 -

février 1968 : le café,
le cacao,
le coton,
le
coprah,
les produits
du palmier
(huile de
palme, amandes
de
palmistes). Mais,
en pratique,
elle n'intervient
que
sur les exportations
du café, du
cacao, et du
coton.
Elle constitue à la ~fs une assurance des planteurs
et
une
véritable
courroie
de
transmission
entre
ces
derniers
et
les
consommateurs
finals.
Les
intermédiaires commerciaux
sont en
quelque sorte
ses
employés, c'est-à-dire qu'ils agissent pour son compte.
Le mécanisme du fonctionnement de la Caisse est le même
aussi bien pour
le café,
le cacao que
pour le
coton
(qui ne fait pas partie ici de notre étude).
En considération
des trois
facteurs
techniques
(rémunération des efforts
du planteur, alignement
sur
la conjoncture
prévisible
du
marché
et
niveau
des
réserves
monétaires
de
C.S.S.P.A.),
chaque
année,
celle-ci fixe un
prix garanti tout
point d'achat
aux
planteurs
auxquels
les
intermédiaires
sont
tenus
d'acheter le cacao et le
café,
les frais de
transport
étant à la charge
et le café,
les frais de
transport
étant à
la charge
de la
C.S.S.P.A. A
ce prix,
elle
ajoute
toutes
les
dépenses
engagées
(frais
de
transport, rémunération
des
intermédiaires
etc
. . . )
depuis
le
centre
de
collecte
jusqu'au
port
d'embarquement:
on obtient ainsi une valeur
théorique
F.O.B. de revient
à
partir de
laquelle on calcule,
à
-
174 -

destination
fi~ale,
le
pri~
C.A.F.
garanti
(Coüt
Assurance Frais).
Les marges
légales correspondant
à
chaque
opération
de
la
commercialisation
entre
la
coll~cte et
l'embarquement s'appellent
"différentiel"
qui, lui aussi, est fixé par la CSSPA.
Si
le
prix
de
réalisation
(ou
prix
C.A.F.)
effectif,
fonction
des
cours
sur
les
marchés
extér ieurs,
est
supéri <LtH'.,
au
pr ix
C. A. F.
garanti
l'exportateur reverse
la
différence à
la
CSSPA
qui
constitue
des
réserve~
financières.
Si
c'est
l'inverse,
alors,
la
CSSPA
verse
la
différence
à
l'exportateur en puisant dans ses réserves
constituées
: on dit qu'elle soutient les prix.
Les achats de cacao et
de café aux planteurs
ou
aux
coopératives
(C.V.G.)
sont
effectués
par
les
acheteurs agrées, généralement les Libanais
traitants,
lesquels bénéficient des prêts de campagne accordés par
les Sociétés
d'exportation pour
le compte
desquelles
ils
agissent.
Autrefois,
les
planteurs
devaient
préalablement
sécher,
décortiquer
(pour·
le
café),
nettoyer
et
trier
leurs
produits.
M~ntenant,
ils
vendent directement
les
cerises
de
café,
sans
les
décortiquer.
Les produits doivent répondre à des normes
de qualité (taux
d'humidité,
impuretés,
fermentation,
etc ... )
-
175 -

Les produits sont
payés au prix
garanti qUi~tle
prix
"nu-bascule-producteur"
norme
"brousse"
tout
venant,
et
acheminés
vers
le
centre
de
commercialisation la plus proche qui est une succursale
de l'intérieur des
maisons de commerce
d'exportation.
Ensuite, ils sont véhiculés
vers celles-ci à
Abidjan.
Une marge forfaitaire ajoutée au prix "nu-bascule-pro-
ducteur"donne le prix "nu-centre de commercialisation".
Pour
veiller
à
l'application
rigoureuse
des
conditions de collecte définies par le gouvernement, la
Caisse intervient en permanence à
tous les niveaux
du
69
circuit
à
travers
11
Inspections
Régionales
du
contrOle de
la
commercialisation réparties
dans
les
zones de production.
Le
service
du
contrOle
de
commercialisation
vérifie la qualité des produits achetés, le respect
du
prix d'achat garanti au producteur en début de campagne
(du 1er Octobre au 30 Septembre de chaque année).
Les frais
de transport
sont remboursés
par
la
Caisse au vu des lettres
de voiture ou des
récépissés
visés par le poste de contrOle.
Sur les marchés extérieurs,
la Caisse se
charge
également de placer
les produits,
de promouvoir
leur
69. Journal et
Fraternité hebdo
de Côte
d'Ivoire
No
1319 du jeudi 9 août 1984.
- 176 -

image de
marque et
la
politique de
valorisation
de
leurs prix.
Pour
cela, elle
participe
au
sein
des
organismes internationaux et régionaux pour la
défense
des cours des produits de base.
Le
mécanisme
de
fonctionnement
de
la
CSSPA,
apparemment simple,
ut
en
réalité beaucoup
plus
complexe.
51 -
Le mécanisme de la commercialisation du café
On
distingue
essentiellement
deux
sortes
de
marchés
les
marchés gros
consommateurs dits
"sous-
70
quotas" contigentés,
, à cours
élevés et les
marchés
dits "nouveaux"
ou "hors-quotas"
ouverts à
la
libre
concurrence.
Sur les marchés contingentés (sous-quotas),
tous
les pays producteurs disposent d'un contingent de
base
(en pour"centage)
au prorata
duquel", annuellement,
on
calcule et
on
réexamine, selon
les
perspectives
de
consommation, le contingent effectif d'expo~tation.
Sur
les
marchés
"hors-quotas",
pas
de
contingentement. La vente est libre et est sujette à la
loi de
la
concurrence. Les
cours
sont
généralement
70.
Depuis 1962, la
majorité des
pays producteurs
et
consommateur
sont
regroupés
au
sein
de
l'organisation Internationale du café (O.I.C.)
qui
détermine les quotas d'exportation annuels.
-
177 -

inférieurs de moitié à ceux
pratiqués sur les
marchés
sous-quotas.
Cette situation amène
la Caisse
à
sou~ni~
plus
fréquemment les cours.
Si le volume
des soutiens
est
élevé, elle
intervient pour
limiter les
exportations
sur le marché
libre. Elle stocke
alors les
invendus.
Mais, en permanence,
elle cherche
un juste
équilibre
entre les exportations de soutien et la constitution de
stocks trop importants.
Sur les deux
marchés, les
exportations se
font
sur consentement préalable de la Caisse sur les prix et
les destinations.
L'exportat~ur sollicite
l'autorisation de
vente
en précisant la formule optée.
Il y en a deux
- formule "0" à destination des pays sous-quotas
- formule
"X"
à
destination
des· pays
"hors..,.
quotas" .
La CSSPA peut
soit accepter, soit
contre-uffrir
(sur le
prix,
la
quantité,
la
période
... ),
soit
refuser (alors elle supporte les frais de stockage).
Parfois, la CSSPA se substitue aux exportations et
joue alors
le
rôle
de
"marketing
boards
des
pays
anglophones" .
-
178 -

Ainsi, sur le marché italien, par l'intermédiaire
de sa
société
de
stockage
à
Gênes,
elle
alimente
directement
les
petits
torréfacteurs,
ceci
pour
concurrencer le
Brésil
implanté
à
Trieste.
Sur
le
marché
des
U.S.A.,
elle
négocie
directement,
sans
intermédiaire exportateur, avec la Général Foods.
Toutefois, ces interventions
personnelles de
la
Caisse sont très
limitées, car
généralement c'est
le
secteur privé qui s'occupe
de la commercialisation
et
de l'exportation. La caisse ne
se contente pas que
du
rOle du contrOle et de l'intervention stabilisatrice.
52 -
Le
mécanisme de
la
commercialisation
du
cacao
Le mécanisme de la commercialisation du cacao est
le même que celui du
café. L'autorisation de la
GSSPA
est obligatoire. La
seule différence
réside dans
les
vale~r$ du différentiel. De plus,
le cacao ne peut être
stocké
de
plus
d'un
mois.
Avec
une
capacité
de
traitement de
35
000
tonnes·
de
fèves,
la
Société
Africaine
de
cacao
(SACQ)
dont
25~
des
actions
appartiennent à la
CSSPA, joue
à
la fois
le rOle
de
"stock-tampon" et d'exportateur de fèves.
Voici un exemple de différentiel cacao
(campagne
1980-1981) : T.P.S.
: 23,45~
Mercuriale - 220
- 179 -

a:mœANl'ES
FCFA/KG
(1.FF = 50 FŒ'A)
M.O
NU-BASCUlE ~
300 000
Frais rarrassage
13 166
Entre tx>5age, rranutention
et rémmération rarrasseur
3790
16 956
NU-BASCULE CENlRE DE aM1ERCIAL
316 956
Frais de transpJrt
P.M.
J\\m:>rtissaœnt sacs charroi
0.900
Entrée rragasin
0.364
MIDu et corrliti.c:rJnaœnt
2.510
IDyer rragasin
0.395
Pertes intérêts (10%)
3.304
Assurance rragasin
P.M.
Déchets (1,50%)
4.866
5acherie neuve
6.806
Frais genéraux
2.199
Assurance intérieure
0.678
Tiers détenteur
P.M.
C. Stock régulateur
P.M.
22.022
VALElJR u:x:x>-MAGASIN
338.978
SOrtie nagasin
0.364
cami.cnnage à quai
1.964
camri.ssi.cn de transit
0.976
'-3.304
VALElJR A c.uAI
342282
Droit tmi.que de sortie
50.600
Taxe de IXJrt
0.457
Accanage
1.723
Crédit d' erùèvaœnt
0.101
Intervention exp:>rta.teur
2.268
55.149
VALElJR FOB
397.431
100
VENI'ES SUR L' EXJROPE
Valeur F.O.B.
397.431
Frais fixes
• Frêt
20.757
• Slrvei.llaoce
0.500
VALElJR FOB + FRAIS FIXES
Frais variables
• Courtages
0,70 %
3.019
• Freinte
l,50 %
6.469
• Intérêt
0,72 %
3. lOS
12.593
2,92 %
• C.A.F. GARAN1'I
431.281
180

EMBARQ.JEMEN1' U. S.A. ''VENI'ES LIBRES"
VALEllR F.O.B.
397 431
Frais fixes
30 703
• Prêt (147,50 $ T.M x 205 CFA)
30.703
• surveillaoce
0.500
31 203
VALEllR F.O.B. + FRAIS FIXES
428 634
Frais variables
• eoortage
1,00 %
4,452
• Freinte
2,00 %
8904
• Intérêt
0,72 %
3 205
16 561
3,72 %
C.A.F. GARANTI
445 195
ra valeur l<JCX>-fIagaSin représente la valeur du cacao, \\me fois traité rontre les insectes
nmqué et entre);X>sé au pxt.
ra valeur à quai ( 342 282 FCFA) est la valeur du cacao prêt à être expJrté. A cette valeur
i l faut encore ajouter les droits et taxes de sortie, la rénlmération de l'acheteur (2 268
FCF'A/tŒJne) p:lUr obtenir la valeur F.O.B. 397 431 FcrA.
I.e prix CAF (431 281) <bit être encore augrœnté des frais de tra.nsp:>rt :ren1:xJursé, des
contr:ib.Iti.als aux différents organi.sœs intematicnaux, de l'anortissaœnt du financelœnt
et des ca1ts de créa:tiCl'l d'infrastructures.
Source : Dévelq:parent ou aI:Piuvrissaœnt de Denis aRA KANCN, Page 141-142. Etl. Ecarnni.ca
1985.
180 Bis

53 - Le circuit de distribution des oléagineux
Les
oléagineux,
en
l'occurence
le
palmier
à
huile, sont des produits d'avenir sur lesquels la
Côte
d'Ivoire mise en compensation du
déclin du café et
du
cacao.
Les
produits
du
palmier
à
huile
exportés
actuellement
comprennent
les
noix
de
palmiste
et
l'huile de palme.
Avec ses 80 000
tonnes prévues annuellement,
la
Côte d'Ivoire s'affirme
comme le
3ème exportateur
de
l'huile
de
palme
loin
derrière
la
Malaisie
et
l'Indonésie. Ses débouchés sont très diversifiés.
Comment ce produit parvient-il aux
consommateurs
finals depuis
les
palmeraies
?
Le
schéma
ci-après
répond à cette question
. ~ à vcca:tial~
Producteurs
COOpérative (G.V.C.)
isolés
1 1
~
SDEpNM.
B[CfJJRN ete •••
INOOSIRIES :
- BI.C'fI:RN
1..- pAlMINOOSIRIE
.
Sr
1_.....DEMI=--_GROSSI~'7::_s:1E3
--lr-
L
~
r
1
1
-
181 -

On distingue
trois types
de producteurs
les
producteurs
isolés
(ou
planteurs
individuels),
les
planteurs
groupés
en
coopératives
(G.V.C.)
et
les
sociétés (propriétaires de palmeraies).
Ils livrent le produit brut aux industries
agro-
alimentaires qui le

transforment) 1 ' adapten taux
besOins
des
marchés
avant
de
le
vendre
aux
différents
distributeurs
intermédiaires
(grossistes,
demi-
grossistes,
détaillants)
ou
directement
aux
consommateurs finals (locaux et extérieurs).
Les producteurs isolés
peuvent également
livrer
directement
aux
consommateurs
des
produits
bruts
(graines de palmiste). Ainsi deux formes de circuits de
distribution
sont
combinées
le
circuit
direct
(Producteur-consommateurs)
et
le
circuit
long
(Producteurs-intermédiaires-consommateurs).
Paragraphe
VI
Les
filières
des
fruits
et
légumes
Parler
de
la
commercialisation
fruitière
et
légumière de la Côte d'Ivoire, c'est parler tout
court
de la SODEFEL (Société d'Etat pour le Développement
de
la Production Fruits
et Légumes).
Elle constitue
une
véritable
courroie
de
transmission
entre
les
producteurs
et
les
consommateurs
(locaux
et
-
182 -

extérieurs). De la production à la consommation finale,
les
produits
empruntent
un
circuit
unique,
bien
organisé, dont la SODEFEL est le principal agent.
Au niveau
de
la
production,
nous
avons
deux
ministères: celui
du Plan et
celui de
l'Agriculture
qui définissent
les
buts à
atteindre,
proposent
et
fournissent les moyens d'y parvenir. Une fois
définis,
les
objectifs
doivent
passer
de
la
théorie
à
la
pratique; un Institut remplit ce rôle
l'Institut
de
Recherches sur les
Fruits et Légumes
(IRFA), dont
la
mission est de fournir les
moyens les plus
rationnels
de les réaliser.
Pour faire passer
les consignes
des
uns
(les
deux
Ministères)
et
les
connaissances
scientifiques
techniques
de
l'autre
(l'IRFA)
à
l'échelon des planteurs et des transfo~mateurs, la Côte
d'Ivoire
dispose
d'un
câble
de
transmission
la
Société d'Etat pour le
Développement de la
Production
des Fruits et Légumes (SODEFEL).
Entre la production
et la commercialisation
une
charnière:
la
Société Nationale
de
conditionnement
(SONACO) dont
la
mission
est
d'emballer,
dans
les
conditions d'hygiène requises par la Loi, les fruits et
légumes avant leur commercialisation.
Au
niveau
de
la
commercialisation,
trois
principaux intervenants
-
183 -

- Le ministère du commerce
dont la tâche est de
faire
respecter
les
structures
commerciales
nouvellement
définies, car,
celles héritées
de l'époque
coloniale
s'avèrent inadaptées aux réalités locales; il
dispose
de plusieurs antennes installées à l'étranger
(France,
Belgique, Allemagne, Italie) qui s'attachent à
observ~
les marchés étrangers et à transmettre les informations
recueillies
aux
entreprises
commerciales
et
industrielles ivoiriennes;
La
SODEFEL
qui
a
créé
un
service
spécial
d'exportation
de
bananes
et
d'ananas
chargé
de
résou~dre
tous
les
problèmes
que
peut
soulever
l'approvisionnement des
marchés extérieurs
elle
se
charge maintenant de la
commercialisation de tous
les
fruits et légumes depuis la
dissolution de la
Société
Ivoirienne
ou
la
commercialisation
des
fruits
et
légumes (SICOFREL)
- Et le Colé-A.G.P.,
organisme international qui
joue
le rôle d'informateur sur
les facteurs déterminant
la
commercialisation des
produits ivoiriens.
Tout
comme
les .antennes étrangères
du ministère
du commerce,
il
informe sur le sprix la qualité, le conditionnement, le
transport,
les
circuits
de
distribution, .
la
règlementation en
vigueur,
les impôts
et
taxes,
la
concurrence,
les
motivations
et
l'attitude
de
la
clientèle.
-
184 -

Ce circuit général
de distribution est
emprunté
par plusieurs
fruits et
légumes
: les
bananes,
les
ananas, les
noix
de coco,
les
avocats, la
canne
à
71
sucre
. En voici le modèle général
:
Ministère du Plan
M:ini.stère de l'agriculture
I.R.F.A.
\\IW
SDEliEL
PlanteUrs individuels
Planteurs grœpés en G.V.C.
Transfomateurs
HmwD
VI
1
Grossistes
..,
Demi-Grossistes
CIM1ERCIALISA-
"tI
~

Détaillants des nm:chés
(Ministère du
- Verx'ieuses des rues
Magasins
Cbtlierce,
SUpel:UarChés
&n::I!EL et
CDŒ-A.C.P. )
111
'lit
~:u:x:AtlX
.
1
i
-
~EXI!RNES
!
71. Nous
parlerons
ici
particulièrement
de
la
production et de la commercialisation du sucre.
-
185 -

Pour la production
des ananas, plusieurs
autres
organismes interviennent:
le groupe Elit qui gère
les
plantations
présidentielles,
c'est-à-dire
ùe
l'organisation de
la
production à
l'exportation
des
produits venant desdites plantations; le groupe
EXKI,
mêmes vocations,
gère de
nombreuses plantations
dont
celles de Matthieu EKRA
(ministre d'Etat) et
s'occupe
également de l'exportation des
ananas provenant de
la
société Nouvelle
SIACA
(Nouvelle
Société
Ivoirienne
Alimentaire de conserverie d'Ananas)
; celle-ci a
pour
objectif, la
production
et
la
commercialisation
de
l'ananas en conserve et frais orientés
essentiellement
sur les
marchés étrangers
(européens)
la
COTIVANA
(SAFCO) et la SALCI qui jouent également le même rôle.
Concernant le sucre, bien que sa production
soit
le fait de
la Société pour
le Développement du
sucre
-
(SODESUCRE), sa commercialisation relève du ressort
de
la Caisse Générale de Péréquation des prix et la Caisse
de Stabilisation.
En effet,
deux qualités
de sucre
(le sucre
en
morceau et en granulé) sont actuellement produites
par
la SODESUCRE.
Celle-ci dispose
de deux
entrepôts
de
stockage: l'un à Abidjan (le plus important) géré
par
la
Caisse
de
Péréquation
elle-même
et
l'autre,
à
Bouaké, par la SO.CO.PAO.
-
186 -

Sur le marché local, le ministère du commerce par
l'intermédiaire de la Caisse
de Péréquation (qui
fixe
également
les
prix)
est
l'acheteur
exclusif
des
productions
de
la
SODESUCRE.
Seule
la
Caisse
de
Péréquation a pouvoir d'enlever du sucre. Sur les sites
de production, elle ne vend qu'aux grossistes ou demi-
grossistes qui achètent une quantité
au moins égale
à
cinq tonnes.
Si un grossiste installé
à Abidjan veut
acheter
du
sucre
en
quantités
agréées
par
la
Caisse
de
Péréquation,
il doit
revendre d'abord
à
celle-ci
qui
lui délibre un "bon à enlever" du sucre sur un site
de
production bien précise. Muni de ce "bon à enlever", le
grossiste revend directement sur le site de
production
pour prendre possession de la quantité de sucre achetée
; ce principe n'est valable
que pour le seul
entrepôt
d'Abd id jan, car, celui de Bouaké ne peut émettre de son
propre chef des "bons à enlever" sur site de production
s ' i l
ne
dispose
pas
des
stocks
demandés
par
les
grossistes.
Pour
les
exportations,
c'est
la
Caisse
de
Stabilisation qui s'en charge.
-
187 -

Ainsi se présente le
circuit de distribution
du
sucre
i
COMPLEXE
\\ PRODUCTION
\\
SODESUCRE
( TRANSFORMATION
~.~
J
'W
~
CAISSE DE
CAISSE GENERALE DE
1
PEREQUATION
STABILISATION
1
1
,
'if •
1
GROSSISTES
..
ir
,
DEMI-GROSSISTES
COMMERCIALISATION
.
~,.
Détaillants
'il
iY
CONSOMMATEURS
CONSOMMATEURS
EXTERIEURS
LOCAUX
.r
======~;:=**> Circuit du sucre
----:>~
Circuit des "bons à enlever"
-
188 -

Paragraphe VII -
Les filières
des féculents
et
des céréales
La distribution des féculents (bananes-plantains,
taro,
ignames, manioc) et des céréales (mil-fonio-sor-
gho, maïs, riz) suit le modèle général ci-après:
M3rchés de aras à la
.
./
J
CAITB
collee- -
I~ JsJlés]
teurs
itl"'ll
/
~n
,
+
C'A/'1B
gros-
-
::a:n::e'EL
.
sistes
--: ~, !I
1~Il
: P/œ
1
Man::hés
ruraux
1
bH~ \\~-~ ~
+.~~-
.
grossi.SteS
gros)
1
1
l CAlm Marchés. urt:a.ins autres qu'Abidjan
,
.
1
1
,
Grossis-
i
détaillantS
1
~
tes 1/2
-
f-= narc:hés et des
1
r
1
~--I
grossis-
1
quartiers
..
.
tes naga
"
1

1
siniers
Fa..u:ni.sseurS
1
.
~
villageois(~ 1
,
\\
C'A/'1B
Max'd1és
d'Abidjan
1
1
Mi.cIo-détai11a
....
des narc:hés et
.... -.-1
-
...
...
des quartiers
..
1
~ ~gasin détail
1
~
CiJ:o.ti.t
} - CiJ:o.ti.t pdncipa1
cami.al
Tê'xi 1:IraJSSe
a:u:r 1 __
TranspJrt à pi.Erl
cial; saticn
Qlaretier ou ''pouSSe-p:u5se"
iCA
Q::r1samaticn
MJy
.
TB
Fournisseurs villageoisde
P
transp:lrt
CH
-
189 -

On distingue
essentiellement quatre
marchés

s'effectuent les opérations
d'achat et de
vente:
le
marché de gros à la production, les marchés ruraux,
les
marchés
urbains
&utres
qu'Abidjan
et
le
marché
d'Abidjan.
Au niveau du marché de gros à la production,
les
producteurs isolés
et
G.V.C.
livrent
à
pied
ou
en
camion
soit
à
la
SODEFEL
sot
aux
grossistes
et
collecteurs
la SODEFEL, elle-même, productrice,
vend
directement aux
grossistes et
détaillants des
autres
marchés et
principalemnet
au
marché
extérieur.
Une
partie de la production est parfois auto-consommée.
Les collecteurs et grossistes approvisionnent (en
camion/taxi-brousse)
les
marchés
ruraux
et
urbains
(demi-grossistes, magasins,
détaillants,
fournisseurs
villageois)
qui
vendent
ensuite
aux
consommateurs
finals.
La
plupart
des
produits
vivriers
sont
ainsi
distribués
selon
ce
modèle
général
caractérisé
essentiellement par sa longueur.
Pour les détails, nous
allons
présenter
ici
seulement
les
circuits
de
distribution de quelques vivriers dont la
consommation
est courante: le riz, l'igname, le manioc.
-
190
-

CIRCUIT DE DISTRIBUTION TRADITIONNEL DU PADDY ET DU RIZ
..
~
Padiv
~
Grossistes ''Dioulas'' +
"
.étaiIes de
propn.
nechines
~
à décorti.cp!r et de camions
,
+
1
11
l
!,
Riz
1
Usines
1
,
~
\\k
1
y
~ 'ï--~
Ateliers de
0BDi - grossistes
w
~
,
;"""16czt--
1
1
-
1
Détaillants ''Dioulas''
1
L_~:-_--------
CIRCUIT DE DISTRIBUTION "MODERNES" DU PADDY ET DU RIZ
Prcductem:s lccaux
G.V.C./isolés
MagasJJ1S de oollecte
.
H~~·I.D'T'
( _ 1
l
~
'k
.
--..., _Usines de déccrtic:age
1
,Di.rectialducamerœintérieur
1- (caisse générale de Péréquation)
I~
aJper-grossist:es
*
(iIq;xJrtateurs)
et grossistes agréés
N.B. : Les cricuits sent
1
1
txcp lal:r.!. cœsé-
î
querx:es : le paddy
1
DEmi.-grossistes
P!Yé 80 F/kg ou
.,
l
250 F/kg aux CCI'lSCIJt-
nateurs.
1
Détaillants
l
*
1
Cooscmtateurs
i
l
)
~
- 191 -

CIRCUITS DE DISTRIBUTION DE L'IGNAME
PRCDt.X:I'E1JRS ISLES
ru GROOPES EN G.V.C.
'l'ran8IXXteurs
courtes distances
Acheteurs
Grossites locaux
cœmi.ssionnaires
"DIaJIAS"
...
~_--*I------l
- Grossistes tnta:i.ns
"DIaJIAS"
.----t_-~--r~
1
Deni. - grossistes
(ABIDJAN)
I----'---~
Détaillants
amb.ùants
Détaillants de marché
(Abidjan)
N.B. : 12 "Dioula" est I.nl groupe etlmique dont l'activité princip:ùe est le camerce
-
192 -

CIRCUIT DE DISTRIBUTION DU MANIOC FRAIS A ABIDJAN
1
... J
PRa::H:.lRICES
PROOUC1'EXJRS
J
• 1 ,...,,\\-
"d' ll.i-i-; .6k6"
1-
,.,
'II
..
Demi~ssistes
r 'l'ransp:>rteurs courtes -\\
de tubercules
1
distances
,
-
1
Demi - grossite
d'Attiké
l
d'Adjané-Trei.chvi.lle
I~
~
V
Détaillantes
Râperie
Fabricantes
Détaillantes
Détaillantes
de Fête
1'"
~
et
de
d'Attiéké
de rranioc:
détaillantes
tubercules
tous quartieJ: ~
"d'Attiéké"
,
~
~
1.
~
~
PROOUC1'EXJRS
..,
'l.'ransp:lrteurs locaux
t
Demi - grossistes
1
.-..A
.
1

~
t
-~ ,
Détaillants de
,..-
Détaillantes de
1Fabricantes et
Fête de rranioc:
Râperie
tubercules
•détaillantes
i
"d'attiéké"
1
I:A
"0__ - - ~- - -- - --- -
y
-~
...
<na:M1ATEl.JRS
-
-
~
>--
1
M.lY.
• L'attiéké est t.m a.liIœnt à œse de rranioc: s'a~tant beaucoup
."
.-L_
au CXlUSCOUS.
-
192 Bis

P. VIII
Insuffisances de l'appareil commercial
ivoirien
L'appareil
de
distribution
ivoirien
a
connu
beaucoup
de
transformations
depuis
la
période
précoloniale. Du système commercial par réseaux, on est
passé
au
commerce
par
factoreries,
aux
sociétés
commercial~ puis au commerce intégr~ et spécialisé.
Le type
d'organisation
commerciale,
instituée
par les grands
comptoirs européens a
fonctionné à
la
satisfaction
générale
jusqu'au
milieu
des
années
soixante, période à partir de laquelle, on a assisté au
repli de ces "cha1nes" de distribution sur Abidjan.
Ce désintérêt relatif des opérateurs
commerciaux
à
l'approvisionnement du milieu rural, poussa l'Etat
à
mettre en
place,
dans les
années
soixante
dix,
un
"Programme d'action Commerciale"
(PAC) puis
"AGRIPAC"
pour
rapprocher
les
centres
de
distribution
des
consommateurs
ruraux
par
la
création
des
magasins
villageois
et
des
halles.
Mais,
ces
expériences
tournèrent court
de
sorte
à
accentuer
encore
avec
acuité les problèmes de
distribution en COte
d'Ivoire
bien
que
les
commerçants
Libanais,
Dioulas,
Mauritaniens,
Nigérians
et
quelques
Ivoiriens
constituant essentiellement le secteur informel tentent
de combler le vide.
-
193 -

Les deux principaux secteurs de commercialisation
(traditionnel et
moderne)
évoluent
l'un
à
cOté
de
l'autre
pratiquement
sans
relation.
A
cette
désarticulation
interne
s'ajoute
la
désarticulation
avec le reste de l'économie.
En effet, l'incapacité
du commerce
traditionnel
de se dynamiser donc de suivre la demande des
produits
vivriers sans cesse croissante des villes, provoque une
distorsion
grave
entre
la
production
et
la
distribution.
Les productions locales sont commercialisées
par
le
biais
des
grandes
sociétés
étrangères
d'importations.
Or,
les
méthodes
importées
de
distribution des
produits étrangers
s'accomodent
mal
avec celles des
productions locales.
Il serait
mieux
que cette tâche soit confiée aux grossistes locaux.
De plus,
l'éloignement de
ces grandes
sociétés
des
zones
productrices,
engendre
une
multiplicité
d'intermédiaires. Celle-ci
rallonge
les
circuits·
en
provoquant un cumul des valeurs ajoutées,
lequel
grève
les prix à la consommation. Cette anomalie entra1ne une
double conséquence
le
consommateur
paie
cher
le
produit
qui
rapporte
pourtant
très
peu
à
son
producteur, le paysan.
-
194 -

D'autre
part,
l'inorganisation,
le
manque
de
notion de
gestion,
d'infrastructures
appropriées
et
l'absence d'informations
entre les
régions sur
leurs
productions, rendent difficiles les échanges inter-ré-
gionaux qui se réduisent
alors uniquement au
commerce
entre la capitale
Abidjan et les
autres régions:
au
niveau de l'alimentation presque tous les distributeurs
se tournent vers Abidjan pour écouler leurs produits.
Attirées
par
les
grandes
villes
(Abidjan,
Bouaké,
Daloa,
Korhogo
... ),
les
sociétés
commerciales
ne
veulent pas prendre le risque
de s'implanter dans
les
petites villes et villages où les pouvoirs d'achat sont
faibles.
Cette
situation,
aggravée par
l'absence
de
circuits adéquats pour distribuer les produits dans ces
petites
contrées,
provoque
par-ci
un
déficit
alimentaire et par-là, un
excédent qui pourrit,
faute
de consommation.
Les commerçants en
profitent alors pour
stocker
les produits là où ils circulent très peu et créer
des
ruptures artificielles de stocks. Celles-ci
engendrent
parfois de véritables pénuries dont la conséquence
est
l'augmentation anarchique et abusive des prix, de 25
à
50~ au stade de gros. Dans toutes ces spéculations,
le
paysan est mis à'l'écart
en raison de sa sit:uation
de
-
195 -

72
monopsone
créée exprès
par
les acheteurs.
S'il
lui
arrive de stocker ses productions en espérant en
tirer
un prix rémunérateur,
l'action retourne contre lui-même
sans gain de
cause: avaries
de stockage à
supporter
sans garantie sur la vente ni sur le prix.
Ainsi,
l'inexistence
des
informations
sur
les
marchés,
la rigidité
structurelle, la
désarticulation
interne,
externe
et
régionale
de
l'appareil
de
distribution ivoirien,
rendent celui-ci
incapable
de
s'adapter aux nouvelles exigences économiques du pays.
Paragraphe IX - Mécanisme de régulation
La régulation
des
défaillances
du
système
de
distribution
ivoirien
passe
notamment
par
l'amélioration des structures et du fonctionnement
des
marchés vivriers en favorisant une confrontation
aussi
large que
possible
entre l'offre
et
la
demande
de
manière à rendre
le marché transparent
et à
garantir
ainsi
aux
consommateurs
et
aux
producteurs
la
possibilité d'acheter
et
de vendre
les
vivriers
au
juste prix.
72. Dans
une
situation
de
monopsone,
plusieurs
producteurs vendent à un seul acheteur. Les paysans
se
trouvent
souvent
dans
cette
situation
car,
l'acheteur de produits agricoles opère par zone
de
collecte "réservée".
-
196 -

Cette régulation résulte des effets conjugués
de
plusieurs actions :
- l'identification
par
le (au
les)
mInistères
concernés des zones de production de vivriers
(grande,
moyenne, faible), en spécifiant
les types de
~ivriers
produits dans ces zones
- mise
en
place
de
centres
de
collecte,
de
centres de groupages, et d'un réseau de marché de
gros
(dans les grands
centres urbains)
pour faciliter
les
échanges entre
les opérateurs,
la réalisation
et
la
gestion de
ces
centres
devant
être
encouragées
et
supervisées par les collectivités
locales de même
que
les Groupements
à
Vocation Coopérative
(G.V.C.)
des
.
producteurs et des commerçants , ""
- ouverture et entretien
des pistes de
collecte
pour désenclaver" certaines zones et assurer un meilleur
transport des produits;
- Valorisation de la production par l'utilisation
de conditionnement
adapté, d'un
meilleur stockage
et
d'une meilleure conservation permettant d'atténuer
les
nombreuses
pertes
estimées
entre
la
et
30~
des
produits;
-
197 -

-
Installation
et
gestion
des
équipements
de
marché
de
détail
(par
les
collectivités
locales,
producteurs et commerçants)
mise
en
place
de
moyens
adaptés
pour
l'acheminement des productions vers les marchés de gros
et
de
détail
(grâce
aux
concours
financiers
des
institutions financières à des taux préférentiels)
- Création de G.V.C.
de commerçants de
produits
vivriers
Instauration
et
gestion
d'un
circuit
d'informations permanentes sur les flux et les prix des
produits vivriers, diffusée instantanément sur tous les
gros marchés de
façon à déterminer
les cours
uniques
par cotation journalière
à
l'aide
des instruments
de
mesure moderne ;
- formation
et sensibilisation
des ivoiriens
à
l'exercice du commerce;
- application
effective
des
textes
juridiques
déjà
existants
pour
moraliser
et
régulariser
les
pratiques ;
- Organisation supervision et contrOle de
toutes
73
ces actions par une structure
en l'occurence
étatique
73. Une structure "Office d'Aide à la commercialisation
des Produits Vivriers (OCPU) existe déjà mais
joue
-
198 -

qui servirait non seulement de courroie de transmission
entre tous les
opérateurs mais jouerait
le rôle
pour
les crédits commerciau~.
Après l'analyse
structurelle
du
système
agro-
alimentaire (Chapitre 1),
nous analyserons
maintenant
la
prospective
des
facteurs
qui
engendrent
sa
transformation. On peut les classer en deux
catégories
: les facteurs endogènes
(qui agissent de
l'intérieur
du système agro-alimentaire)
et les facteurs
exogènes
(qui agissent de l'extérieur).
uniquement le rôle d'informateur.
Or, même si
les
commerçants d'une région excédentaire sont informés
du
déficit
alimentaire
d'une
autre,
il
manque
souvent
des
moyens
financiers
nécessaires
pour
assurer les coüts de transport et de stockage et la
ravitailler surtout si elle est éloignée.
-
199 -

CHAPITRE II
ANALYSE PROSPECTIVE DES FACTEURS ENDOGENES

Nous en avons
retenu trois:
la production,
la
consommation et
le facteur
socio-politique dont
nous
étudierons les perspectives et l'impact sur l'évolution
de l'agro-alimentaire ivoirien.
Section l
: Evolution comparative des productions
La production
agro-alimentaire ivoirienne
revêt
74
essentiellement
deux
formes
se
différenciant
selon
leur
utilisation
et
leur
mode
de
cultures
la
production vivrière et la production d'exportation
~ La première obéit aux méthodes de cultures et à
la finalité du système agraire traditionnel
produire
pour consommer et
souvent avec
des moyens
archaïques
limités; avant de passer à la commercialisation, elles
sont
destinées
d'abord
à
assouvir
les
besoins
alimentaires du paysan ; on
peut les classer en
trois
types de cultures:
les cultures à dominante féculents:
l'igname, la banane-plantain,
le
manioc,
le taro,
les
cultures à dominante céréalière: le maïs,
le paddy
et
les céréales secondaires (mil, sorgho, fonio)
; et
les
cultures à dominante légumière et fruitière:
tomates,
arachides,
piments,
courges,
haricots,
gombos,
aubergines, coco, mangues, avocats etc ...
74. Nous analyserons aussi la tendance de la production
animale.
-
201 -

- La
seconde
production
obéit
aux
normes
de
cultures et à la finalité du système agraire de marché:
produire dans
le but
avoué
d'en tirer
profit,
elle
concerne essentiellement le café, le cacao, les oléagi-
neux, les ananas,
les bananes,
la canne
à
sucre,
le
coprah, le soja.
Paragraphe 1 : Fonction d'ajustement des vivriers
Le
tableau
suivant
illustre
l'évolution
des
produits vivriers de 1960 à
1974 et leurs
projections
en l'an 2000.
-
202 -

Tableau l : Evolution des produits vivriers ivoiriens (en 1000 tonnes)
Source : Statistiques du Ministère de l'Agriculture lvoirierme (1960-1974)
Production effective brute
Froducti.on projetée
1-960
1963
1966
1969
1972
_1974
1980
1985
2000
Céréales
- FalO
5
9
7
8
2
2
- MUs
147
169
195
260
225
240
- Mil
42
34
36
33
24
30
- Pa<Xly
160
219
275
303
320
406
- SorgOO
10
10
11
14
14
16
Total
364
441
524
618
585
867
900
1011
1416
% de croissance
anrroelle
7,04
6,3
5,9
1,75
16
FEO..JLENl'S
- Banane-plantain
490
550
615
638
690
720
- Ignaue
1150
1230
1320
1520
1520
1680
- M3nioc
450
470
515
532
585
625
- Patate
18
18
21
21
21
23
- Taro
135
152
160
178
195
200
Total
2243
2420
2631
2889
3011
4763
4000
4705
6295
% de croissance
annuel
2,6
2,9
3,3
1,4
19,4
Arachide
24
29
30
43
41
46
63
80
150
'IUI'AL GENEW\\L
2631
2890
3185
3550
3637
5676
4963
5796
7861
203

- Taux de
croissance annuelle moyenne
des céréales
4,4~
- '!'aux de croissance annuelle des féculents: ~,9.z
- Taux de croissance annuelle
moyenne de l'arachide
5,7~
M
Taux
de
croissance
annuelle
moyenne
des
produits vivriers
4,3~.
Le taux de croissance annuelle
moyenne est calculée
à
partir des taux de croissance
d'une année sur
l'autre
sans désaisonnalisation des données.
Ce tableau
révèle
que
les
cultures
les
plus
importantes en tonnages 1975 sont les féculents et
les
céréales
l'igname,
2
millions de
tonnes, vient
en
tête (la
Côte
d'Ivoire
en
est
le
2ème
producteur
mondial), suivie de la banane-plantain (1,2 millions de
tonnes), du manioc (1,1 millionjt), du paddy (460 000
tonnes), du maïs (300 000 tonnes) et du taro.
Les
féculents,
premiers
aliments
ivoiriens,
enregistrent
cependant
un
taux
de
croissance
plus
faible que celui
des céréales:
2,7~ contre 4,4~
par
an. La raison réside certainement dans le fait que
les
féculents sont plus chers et
difficiles à cuisiner
ou
tout simplement
méconnus
des
consommateurs
(surtout
citadins) qui préfèrent plutôt les céréales.
- 204 -

Dans les féculents,
la banane-plantain et le taro
(encore méconnu) se comportent mieux. L'igname, premier
produit vivrier ivoirien, progresse mais lentement.
Le
programme gouvernemental a prévu
4 millions de
tonnes
de féculents en 1980. En
considérant constant le
taux
de croissance de 2,7$ par
an, ce chiffre avoisinera
4
millions et demi de tonnes
en 1985 et 6,3 millions
en
l'an 2000.
A
l'inverse
des
féculents,
les
céréales
connaissent
un
taux
d'accroissement
assez
rapide,
passant de l'indice 100 en 1960 à 195 en 1970, soit
de
364 000 tonnes en
1960 à 483 000
tonnes en 1965,
597
000 tonnes en 1970 et 861 000 en 1975, soit près de 17$
en poids en 1970 contre seulement 15$ en 1960. Au
taux
de progression moyen de 4,4$ l'an,
les récoltes passent
de 900 000 tonnes
en 1980, à
environ 1,01 million
en
1985 et un million et demi en 2000.
Cette
augmentation
s'impute notamment au
riz et au
maïs qui ont
presque
doublé leur production
entre 1965 et
1975 tandis
que
les céréales secondaires
(mil,
sorgho, fonio)
battent
en retrait.
Ces
tendances
sont
mises
en
relief
par
les
droites d'ajustement
ci-après dont
les équations
ont
été déterminées selon la méthode des moindres-carrés.
- 205 -

Posons que l'équation
d'une droite
d'ajustement
est représentée par Y -
ax + b avec
Y -
ai+b dont
la
pent
a -
somme de Xi Yi). avec
somme de (XiI)
moyenne x -
somme de xi
moyenne Y -
somme de Yi
nombre total
nombre total
de caractères (ni)
de caractères(ni)
et Xi - xi - i
Yi - yi - Y
Reprenons
les
productions
vivrières
ci-dessus
corrigées par
les
moyennes mobiles
(en
milliers
de
tonnes) .
-
206 -

Rangs
Armées
Brutes
COrrigées
Féculents
(ni)
(xi)
(yi)
corrigés
(yi)
1
1960
364
2 247
2
1961
294
370
2 247
3
1962
451
395
2 438
4
1963
441
457
2 464
5
1964
479
474
2 533
6
1965
502
502
2 580
7
1966
524
548
2 631
8
1967
616
588
2 673
9
1968
625
620
2 726
10
1969
618
614
2 889
11
1970
597
642
2 944
12
1971
712
631
3 002
13
1972
585
637
3 048
14
1973
614
689
3 713
15
1974
867
783
4006
Déterminons maintenant les équations des droites d'ajustement des céréales
et des féculents.
207

Tableau I I I :
EQUATION DE LA
DROITE D'AJUSTEMENT
DES
FECULENTS (EN MILLIERS DE TONNES)
,
!
1
!
,
Annéss! Çroduct.!Yi = yi-Y!X~ = xi-;!
XiYi
x i !
y i !
Y = 2850!
x = 7, 5 !
!
------!---------,---------,---------!--------- ---------!,
1
'
2 2â7
603
-
6,5
'
3 920
42
2
2 4J8
-
412
-
5,5
2 255
30
3
2 464
-
386
-
4,5
1 737
20
4
2 533
-
317
-
3,5
l
110
12
r;
5
2 580
-
270
-
2,5
675
6
2 631
-
219
-
1,5
329
2
7
2 673
-
177
-
G.5
89
l
8
2 725
-
124
+ 0,5
-
62
1
9
2 889
+
39
+ 1,5
59
2
10
2 944
+
94
+ 2,5
235
6
I l
3 002
+ 152
+ 3,5
532
12
12
3 048
+
198
+
4,5
391
20
13
3 71~
+ 853
+
5,5
4 747
30
14
4 006
+1156
+
6,5
7 514
42
105
39 850
24 042
226
-
105
x
7,5
= 14 =
- 39 850
y
2 8 sa
=
la
=
24 042
a
Accroissement
106
=
=
226
=
-
-
Si
b,
Y
2 850
106
7,5
2 055
- ax =
on a
-
x
=
, .. y
d
ou
106x
2 055
=
+
Les projections de la production des féculents sont
donc
-
en 1985
: 4,705 millions de tonnes (y = 106x25 + 2055)
-
et à l'an 2000
: 5,295 millions
(y = 106x40 + 2055}
-
208 -

Tableau IV
: EQUATION
DE LA
DROITE D'AJUSTEMENT
DES
CEREALES (EN MILLIERS DE FRANCS)
!
!
-
-
!Années
Product. !Yi
Xi
= yi-y
= xi-x
,
XiYi
Xi 2
, . xi
y
-
yi
568
7,5
=
x =
------- --------- --------- --------- --------- --------
1
370
- 198
- 6,5
1 287
42
2
395
- 173
- 5,5
951,5'
30
.3
457
- III
- 4,5
499,5
20
4
474
94
- 3,5 !
329
12
5
502
66
- 2,5 !
165
6
6
548
20
- 1,5 . !
30
2
,
7
588
+
20
- 0,5
- 10
1
8
620
+
52
+ 0,5
!
26
1
9
614
+
46
+ 1,5
!
69
2
,
10
642
+
74
+ 2,5
185
6
Il
631
+
63
+ 3,5
220,5
12
12
537
+
69
+ 4,5
310,5
20
13
689
+ 121
+ 5,5
665,5
30
14
783
+ 215
+ 6,5
1 397,5
42
105
7 950
6 126
226
-
105
x
7,5
=
=
14
-
7 950
568
Y =
~ 4
=
6 126
a
Accroissement annuel
27

=
226
=
-
209 -

Selon la méthode des moindres carrés
y
-
ax -b
soit 568 - 27 x 7,5 -
366 - b
d'où l'équation de la droite des céréales
y -
27 x + 366
A
partir de cette équation,
on peut projeter,
sur
n'importe quelle période,
les productions
céréalières
de la Côte d'Ivoire s o i t : en 1985 -
1,011 millions
de
tonnes
(y -
27 x 25 + 366) et à l'an 2000 -
1,416 millions
de
t
(y -
27 x 40 + 366)
Il importe de noter
que ces chiffres
traduisent
les prévisions céréalières de la Côte d'Ivoire en temps
normal, c'est-à-dire
sans irrégularités
saisonnières,
conjoncturelles ou
accidentelles.
Il
en est
de
même
pour les projections des autres productions.
- 210 -

- ... -'"-
-
ri
al O.
'CV 0
~
fLUCTUATIONS DES PRODUCTIONS VIVRIER(S IVOIRIENNES'
I-tOI
'cv .... ,
r,.......,
féculents
'(
r;-
1001 4000
/'
(1 000 t)

.
I
c.. \\e"'\\. S
ù


o ~ e

•,
1 t,e'"
"
100J ,3500
1
1
__ a--- .• _.- _.l
'Ou" 3000
,
.. -."
...-
,0
2500
~
OOJ 2000
,..
DO:.t
1500
,
:lOi 1000
------- f~c~lents 1985
4 705 t
2000
6 295
Cereales
1985
1 011
t
2000
l
416
'.--
::>0
~O.Q
,
' .
i
i
i l . . i
-:-~---~T---:-----~-:'l~-:"-::-,-.-""---------
-j_~
i
j
i
i
1
j
. • . . . )
, 960
61
62
63, 64
65
{i6
'61
68
69
70
11
12
73
74
80
85
' 2 0 0 0
,
Annees de productions
211

Quant
aux
productions
légumières,
les
statistiques sont
encore
inconnues. Les
légumes,
le
plus souvent cultivés entre l~s jardins de banlieue
at
la ville par les épouses, font l'objet de
consommation
et
parfois
d'échanges
actifs
mais
difficilement
chiffrables.
Les
quelques
statistiques
disponibles
proviennent
du
mara1chage
amélioré
encadré
par
la
Société
de
Développement
des
Fruits
et
Légumes
(SODEFEL) . En 1979, la production s'est élevée à 2
377
75
.
tonnes
de légumes
dont
. tomates, 1 173 tonnes
pommes
de
terre,
474
tonnes
aubergine
locale
.
(N'DROWA) , 355
tonnes
, choux,
236
t .
divers,
139
tonnes. Cette production destinée aux centres urbains,
essentiellement Abidjan, Bouaké, est loin de satisfaire
la demande puisque
la COte
d'Ivoire a
importé, à
la
76
même année, 23 115 tonnes
de
légumes divers pour
une
valeur de 2 milliards de FCFA.
La consommation de
1980 a
été estimé
à
26
000
tonnes. En tenant
compte du taux
population
urbaine
dans
son
hypothèse optimiste,
(en
se référant
à
la
croissance
75. Plan quinquennal de COte d'Ivoire 1971-1985.
76. Plan Quinquennal de COte d'Ivoire 1971-1985.
77. Plan Quinquennal de COte d'Ivoire 1971-1985.
- 212 -

plus élevée d'Abidjan),
sa projection donne
33
000
tonnes en 1985, 43 000 tonnes en 1990.
Si la producticn
natio~Âle 3tagne
à hauteur
de
3000 tonne et même 4000 tonnes,
il faudra importer
aux
horizons 1985 et
1990. 30
000 t.
40
000 tonnes
avec
aggravation de
la
dépendance
alimentaire
et
de
la
balance commerciale.
La résolution de cette situation alarmante
passe
par la mise en oeuvre d'un plan mara1cher ambitieux
et
complet qui doit
établir un
programme de
productions
nécessaires en fonction des importatons et des
besoins
à couvrir. Son objectif premier doit être de
minimiser
voir supprimer à terme les importations de légumes
qui
peuvent
se
cultiver
sur
place.
En
considérant
l'évolution
des
besoins
due
à
la
croissance
démographique on peut, de la façon suivante,
augmenter
la production et réduire les importations :
Eléments
1980
1985
1990
2000
Besoins
26.000 t
33 000 t
43 000 t
73 000
Importations
23 500 t
20 000 t
18 000 t
5 000
Productions
Nécessaires
2 500 t
13 000 t
25 000 t
68 000
- 213 -

En ce qui concerne les arachides la production
a
considérablement progressée depuis 1960 : 50 000 tonnes
en 1975 contre
42 000 en
1970 et 23000 en 1969.
Au
taux d'accroissement de 5,9~ l'an
(le plus élevé
dans
les produits alimentaires), elle se classe en tête
des
légumes aussi en
tonnage qu'en
valeur. Sa
production
passera de 46 000 tonnes en
1974 à 63 000 en 1980,
80
000 en 1985 et 150 000 à l'an 2000. Toutefois, elle est
destinée essentiellement
à
l'autre
consommation et
à
l'alimentation des nationaux.
En
conclusion,
malgré
quelque
timide
accroissement, les produits vivriers demeurent encore à
la tralne du développement agricole. Dès lors, se
pose
la grande
question:
avec son
Plan de
développement
agricole actuel, comment
la COte d'Ivoire
résoudra-t-
elle son problème de déficit alimentaire?
Le taux d'accroissement
moyen annuel
des céréales
et
des féculents est d'environ 3,6~
alors que le taux
de
croissance démographique
de ce
pays dépasse
4~
l'an
sans compter le taux de
migrations représentant 20~
de
la population totale. Mathématique~~~il en ressort
qu~n
maintenant ce taux,
le déficit alimentaire
persistera
longtemps.
- 214 -

D'ailleurs, selon
les propres
observations
des
78
autorités
, même si
tout le programme
gouvernemental
d'amélioration est réalisé, on ne pourra pas couvrir en
1985 plus
de la
moitié
des besoins
de
consommation
ivoirienne.
Certes, depuis l'indépendance
(7 ao~t 1960),
le
secteur agricole
ivoirien
a
progressé
à
un
rythme
annuel
de
Mais,
cette
croissance
s'impute
essentiellement
aux
cultures
industrielles
et
d'exportations
café,
cacao,
palmier
à
huile,
cocotier,
ananas,
bananes,
canne
à
sucre.
Ces
productions
constituent
le
fondement
même
de
la
politique
agricole
ivoirienne
dont
le
principal
objectif est l'exportation.
78. Marchés tropicaux et
Méditerranéens No
1639 du
8
avril 1977.
- 215 -

PARAGRAPHE II : TENDANCE DES PRODUCTIONS INDUSTRIELLES
ET D'EXPORTATION
79
En 1980
les exportat~ons agricoles
~eprésentent
220 milliards de FCFA (4,4 milliards de FF) soit 20~ du
produit intérieur
brut contre
162 milliards
de
FCFA
(3,24 milliards
de
FF)
sot
13~
pour
l'agriculture
80
vivrière. Elles
permettent
de
fournir
les
capitaux
nécessaires pour l'accumulation et l'investissement. La
moitié du budget spécial d'équipement de 1977 est
tiré
des exportations du
café et du
cacao. Trois types
de
productions
sont
exportées
les
productions
traditionnelles
(café,
cacao)
les
productions
récemment développées (oléagineux, ananas, bananes)
et
les productions
nouvelles (canne
à sucre,
maïs et
à
partir de 1980, le soja). Mais,
jusqu'à maintenant, les
exportations agro-alimentaires ivoiriennes se
résument
encore
en
"duo"
classique
café-cacao
(57~
des
exportations totales).
Leur
production
doit
passer,
pourle premier, de 270 000 t
en 1975 ~ 300 000
~onnes
en 1980, 310 000 en 1985
et 457 000 en 2000 : pour
le
second, 'de 230 000
tonnes en 1975 à
335 000 en
1980,
79. REVUE FRANCAISE D'ETUDES
POLITIQUES AFRICAINES
No
159 mars 1979.
80. Loin de se ralentir,
la croissance des exportations
agricoles va
s'accélérant. Au
taux de
croissance
moyen
ann.
de
6~,
les
exp.
atteindront
286
milliards/CFA en 1985 et 484 milliards en 2000.
- 216 -

437 000 en 1985 et 0,625 millions en 2000. Excepté 1975
et 1976

elle avait
atteint
301 804
et
308
126
tonnes,
la production ivoirienne
de café est
toujours
restée
en-dessous
de
300
000
tonnes,
objectif
de
production fixé
à
la
Côte
d'Ivoire par
les
Accords
81
Internationaux
de 1962 et 1968.
En 1977-78, elle
est
descendue à
200
000 tonnes
du
fait
des
conditions
climatiques défavorables mais aussi de la politique
de
diversification des
cultures
ivoiriennes,
et
de
la
prime (sorte
de stimulant)
de 1200
FF attribuée
aux
planteurs de cacao qui a eu pour effets de les
attirer
plus vers les cacaoyères que les caféières.
81. Pour prévenir
la surproduction
mondiale de
café,
les Accords de
1962 et
68 avaient
fixé à
chaque
pays producteur des
objectifs de
production à
ne
pas dépasser.
- 217 -

Tableau II
Productions agri.a>les industrielles et d' exp:>rtations
(en l(X)O tormes)
1975
1980
Taux de
1985
%de
2(0)
% de =i.ss.
=i.s/an
=i.s.
lIIJYeIl
café (vert)
270
300
4,5%
310
1,8
457
1,8
cacao (fèves)
230
335
9%
437
8
0,625
8
canne à socre
115
1500
240%
5500
53
49200
53
Palmier à troile sél.

1012
8,5%
1480
9
3478
9
Ananas frais exp.
70
150
23%
230
10
575
10
Ananas~rves
155
215
8%
270
5
473
5
Bananes exp:>rtées
160
200
5%
220
2
286
2
COCOtier (<:optëÙ1)
18
61
48%
145
27
732
27
Arachides d' troil.
Néant
5
30
100
480
100
Avocats eJqXJrtés
0,5
4
140%
10
30
55
30
Soja
0
10
100
180
2800
180
5a.Irœ : Tableau élaboré à IBrtir des Statistiques (de 1975 à 80) de la Revue Française
d'Etlrles Rllitiques 1979 N" 159
218

Cette tendance à la baisse préoccupe beaucoup les
autorités: d'où le Plan quinquennal 1976-80 ayant pour
objectif premier de reconstituer le potentiel théorique
de la
production
caféière afin
de
faire face
à
la
demande internationale. Le verger moderne
représentera
34 000 t
(soit
10~ de la
production totale de
1980),
104 000 tonnes (29~ de la production totale de 1985) et
250 000 tonnes en 2000 soit la moitié de la
production
totale de l'an 2000. Ainsi, la production totale
devra
évoluer à un rythme annuel d'environ 2,7~.
Quant au cacao,
l'objectif de
la Côte
d'Ivoire
était de
ravir
au
Ghana
la
première
place
et
de
s'imposer
comme
premier
fournisseur
mondial
(clef,
tableau ci-dessous).
Au prix
de 20
années
d'effort,
elle y
est
enfin parvenue,
car,
elle occupe
en
ce
moment la "chaire"
de premier
fournisseur mondial
de
cacao.
- 219 -

Tableau I I : Production de cacao en Afrique (en 1000 t)
Rang m:n:li.al
~
1966/67
1971/72
1975/76
1976/77
1er
Q1ana
381,1
470
397
305
2àœ
Côte d' Ivoire
149,7
225,8
231
240
4àre
Nigéria
267,2
256,6
216
160
5àre
carreram
86,4
123
106
96
Autres
83,6
12,6
49
72
'lbtal Afrique
968
1088
999
873
'lbtal l't:n:le
1 336
1 612
1 586
1506
Tableau
III
Production
totale
de
bananes
(en tonnages
embarquées)
Taux
de
croissance
annuel
1970
.............................................
138 732
+ 5,4 %
1971
.................................................. 146 256
+17,2 %
1972
................................................. 171 374
-19,7 %
1973
...............................................
137 653
-19,7 %
1974
...............................................
165 985
+20,6 %
1975
...............................................
141 213
-15 %
1976
................................................
101 365
-28 %
Sources
Tableaux élaborés à p:lrt.i:r des statistiques du Ministère de l'Agriculture de
Côte d'Ivoire
-
220 -

Pour
accomplir
cet
objectif
ambitieux
et
maintenir sa
place, une
politique de
rénovation
est
menée : déjà
en 1970,
2'J4 000 hectares
salt 55%
des
surfaces
productives
sont
cultivées
selon
des
techniques génératrices. A cela s'ajoute la prime à
la
plantation de
1200 FF
attribuée aux
planteurs
ayant
réalisé
un
hectare
de
cacaoyère
selon
les
normes
modernes définies par la SATMACI (Société
d'Assistance
Technique pour la Modernisation Agricole).
La finalité
de cette
politique:
accroître
la
production actuelle
pour
pouvoir
exporter
davantage
demain. C'est ce à quoi
obéit la tendance actuelle
de
la production. De 335 000 tonnes prévues en 1980,
elle
frisera,
au taux d'accroissement de
8~ 437 000
tonnes
en
1985
et
0,625
millions
à
l'an
2000
comme
l'illustrent
les
graphiques
ci-contre
sur
les
"Fluctuations du café et du cacao".
Alors que
celles de
ses principaux
concurrents
diminuent
tendantiellement
(faute
de
soins
aux
cacaoyers
parasités),
la
Côte
d'Ivoire
accroît
notablement sa production : le taux de croissance
basé
sur les tonnages de 1960 et 1976 est de + 6,6~ soit 240000
-tonnes en 1976
contre 93 600
en 1960, tandis
que
pour le
café,
on n'obtient
que
3,28~ soit
365
000
tonnes en 1976 contre 185 000 en 1960.
, ,
- 221 -

..
Excepté l'incident de 1975, la part du cacao
n'a
cessé de croitre
dans les exportations
totales de
la
COte d'Ivoire:
de 19,6~ en
1972 à
25,5~ en1914tt!t~~,tCUl
1976. Si l'accroissement en valeur relative est parÎois
étriqué
ou
en
baisse,
c'est
en
raison
de
la
diversification des cultures. Malgré
tout,
le cacao
a
supplanté, en 1975 le café,
son "aîné", à la place
de
premier produit d'exportations
ivoiriennes:
jusqu'en
1973, le cacao était le
deuxième produit ivoirien
sur
la base du
prix à la
production. Actuellement,
il
se
trouve en première position puisque
sa valeur brute
à
la sortie de
la plantation a
atteint, en 1974,
667,3
millions de FF contre 499,2 millios pour le café, et en
1975, 831,9
millions
de
FF
contre
seulement
817,1
millions pour le café.
-
222 -

1 ré
Cacao
lOOO t)
(lOOOt)
rLUCTUATIONS ou CArE ET OU ~ACAO
70b
1
560.
1
1
50~
480 " - - l'
400
,
30
320
7.
2401200
160
80.
1
N
N
lN
1
~
~
l
1
i
' 1
1
• -
-t -
--- ~'-_-I->
1
9 60
61
~2 1.63 64 65'66'" 6t 68 69.70· 7,1 72 h,- .
1
75
71 !
80
85
1
2000 -
1

.,
1
l,
~
.
,.
Annees de recoltes
,
"
Cafe Productions projetees. 1985 : 310 000 t
2000
460 oon
Cacao Productions projetées 1985: 437 500 t
2000
625 000

Dans ces variations,
il
faut tenir compte
aussi
du comportement du cacao sur le marché international
lorsque les cours s'élèvent comme ces dzrnières années,
les consommateurs
réduisent leurs
achats. Mais,
chez
les producteurs, la diminution des quantités vendues se
trouve largement compensée par la hausse de cours.
A ces deux grandes vedettes
(le café, le
cacao)
sont venus
s'ajouter trois
autres produits
récemment
développés
il s'agit, d'une part, des bananes et
des
ananas dont
l'ascension ces
dernières années
leur
a
valu la troisième place des exportations ivoiriennes et
d'autre
part,
des
oléagineux
qui,
potentiellement,
hissent la COte d'Ivoire aux
rangs de 4ème
producteur
mondial, 2ème
exportateur mondial
et 1er
exportateur
d'Afrique.
Malgré
leur
importance
en
valeur
dans
les
exportations agro-alimentaires ivoiriennes,
les bananes
connaissent une évolution
assez irrégulière.
Jusqu'en
1972, la production enregistra une croissance
positive
82
(comme l'indique le tableau précédent)
. Depuis
cette
date où elle
atteignit son point
culmin_ant (171
375
tonnes), elle n'a cessé de dégringoler, ce qui provoqua
les réductions des volumes annuels exportés.
Plusieurs
82. Clef, Tableau III "Production totale de bananes (en
tonnages embarqués)".
- 224 -

raisons expliquent cette baisse
: les années
tornades
et sécheresse
de 1973,
les
inondations de
1976
qui
ravagèrent les
plantations
le
vieillissement
des
planteurs expatriés (possédant 61~ des plantations) qui
ne peuvent plus donner aux plantations les soins requis
pour leurs meilleurs rendements ;
la hausse des
co~ts
de production agricoles ressentie notamment depuis 1974
; l'insuffisance
de
la main-d'oeuvre
agricole
et
enfin, la
structure
trop hétérogène
des
plantations
bananières. Beaucoup de.planteurs produisent très peu;
et très peu produisent beaucoup.
Face
à
cette
dégringolade
inquiétante,
le
gouvernement ivoirien a décidé
de réagir pour
assurer
une croissance régulière
de la
production. Ainsi,
de
160 000 tonnes exportées en 1975, on passera à 200
000
.-
tonnes en
1980, 220
000
tonnes en
1985 et
286
000
tonnes en 2000, soit une croissance annuelle moyenne de
3~.
Quant à la production des ananas, contrairement à
celle des bananes, elle connait une ascension régulière
depuis 1965 (clef,
tableau de la
page suivante).
Une
des
principales
causes
est
l'accroissement
impressionnant
du
nombre
total
de
plantations
européennes.
- 225 -

Cette évolution
a été
de
pair avec
celle
des
exportations d'ananas frais,
excepté
la chute de
1976
où la production a été tombée de 76 996 tonnes en
1975
à
71 465
tonnes en 1976 et les exportations, de 68 162
en 1975 à
71 465
tonnes en 1976 et les
exportations,
de 68
162 en
1975 à
63 462
en
1976. Cet
incident
s'explique d'abord
par
l'effondrement des
cours
des
fruits
rouges
en
Europe
à
partir
de
mai
1976
(effondrement dù à la vague de chaleur que les
Bretons
n'ont
certainement
pas
encore
oubliée
!).
Ce
qui
obligea la COte d'Ivoire à appliquer un contingentement
sur ses exportations d'ananas de juin, juillet et aoùt,
soit un total
d'environ 5 000
tonnes restées sur
les
plantations.
Les pourcentages
de variations
de 1965
à
1975
sont assez
éloquents.
Cette ascendance
continuera
à
marquer les années
à
venir. Le
volume d'ananas
frais
exporté doublera en 5 ans pour atteindre 150 000 tonnes
en 1980 contre 70 000
seulement en 1975, soit un
taux
de croissance annuel
de 23~.
Il frisera
les 230
000
tonnes en
1985
et
575
000
à
l'an
2000,
soit
un
accroissement annuel de 10~.
-
226 -

Tableau IV
Procluct:icn d'ananas frais
Ex[:ortatials en frais
Années
Tcmages bruts
% de variat.
Tcmages
% de variati.c:n
1965
5200
4645
1966
7100
+ 36,S
6750
+ 45,3
1967
9 765
+ 37,53
9100
+ 34,8
1968
11 765
+ 20,5
12 096
+ 32,9
1969
15 600
+ 32,6
14 275
+ 18
1970
18 320
+ 17,5
16 456
+ 15,3
1971
25 141
+ 37,2
22 096
+ 34,3
1972
44 785
+ 78,1
39646
+ 78,6
1973
50 744
+ 13,3
44 991
+ 14
1974
70846
+ 39,6
62 995
+60
1975
76996
+ 8,7
68 162
+ 8,2
1976
71 465
- 7,2
63462
- 6,9
5a.lrœ : ~eau é1.aI::cré à p!rtir des statistiques du Ministère,de l'Agric:ulturede Côte d'Ivoire
-
227 -

Les
ananas
traités
en
conserveries
suivront
également la même allure. De 155 000 tonnes en 1975, on
passera à
215
000
on 198C
(soit
8~
de
croissance
annuelle),
270 000 en 1985 et 473 000 en 2000 (au
taux
de 5~ de croissance annuelle).
La production des
oléagineux, plus exactement
la

récolte
des
régImes
de
palme
a
considérablement
progressé
depuis
quelques
années.
En
1963,
la
production s'élèverait seulement à 7 500 tonnes d'huile
; et les importations, 1 700 tonnes. A partir de
1970,
on commença déjà à en exporter (12 500 tonnes) sur
une
production de 43 000 t.
En 1975, la production
allait
plus que
tripler
(146
000
tonnes
d'huile)
et
les
exportations
multipliées
par
dix
(113
000
tonnes
d'huile).
Ceci
correspondrait à
950 000
tonnes
de
régimes recoltés : une
croissance vertigineuse qui
se
poursuivra dans les
années à
venir:
1,3 million
en
1980, 1,7 million en 1985 et 3,6 millions à l'an
2000,
soit un accroissement annuel moyen de 9~.
Mais, s'arrêter uniquement à ces cultures
(café,
cacao, bananes, ananas, palmier à huile) serait
porter
préjudice aux productions
nouvelles comme
la canne
à
surcre, le
coco
et
le soja
qui
se
sont
récemment
inscrits au "marathon".
- 228 -

Grâce aux
objectifs très
ambitieux assignés
au
plan sucrier, la production de canne â sucre va
battre
tous les records de progrssion
de 115 000 tonnes
en
1975 la récolte
sera multipliée
par 13
en 1980
pour
atteindre 1;5 million.
En 1985,
elle avoisinnera
5,5
millions et â l'an 2000, 49,2 millions de tonnes.
La production
de coco,
coprah usiné,
encore
à
l'état
embryonnaire
va
elle
aussi
progresser
considérablement.
De
18
000
tonnes
en
1975,
elle
passera â 61 000 en 1980, 145 000 en 1985 et 732 000
à
l'an 2000. A ces chiffres,
il faut ajouter les tonnages
des noix de coco exportées:
16 600 tonnes en 1975,
32
000 en 1980, 59 000 en 1985 et 140 000 â l'an 2000.
Le soja,
inexistant avant 1980 va démarrer sur un
programme ambitieux: 10.000 tonnes.
Ce chiffre passera
â 100 000 en 1985
et 2 800 000
en 2000. Si le
projet
d'implantation de
six
fermes
semancières
de
2
000
hectares chacune est réalisé,
le soja représentera pour
la COte d'Ivoire, une autre intéressante expérience
de
culture commerciale de forte rentabilité, laquelle sera
destinée aux
marchés
européens déjà
dominés
par
la
production nord-américaine.
Ainsi, les productions exportables se développent
plus vite que celles destinées à l'alimentation locale.
- 229 -

Paragraphe III
- Perspectives
de la
production
animale
Un
regar~
.sur
le
passé
révèle
que
la
Côte
d'Ivoire
est
loin
de
satisfaire
ses
besoins
en
protéines
d'origines
animales.
Certes,
d'importants
efforts ont
été
entrepris
depuis
dix
ans
dans
ce
domaine en ce sens que les productions bovines,
ovines
et p~scicoles accusent une augmentation notable. Mais,
la
production
nationale,
principal
indicateur
de
mesure de l'autosuffisance alimentaire ne suffit pas
à
améliorer le
taux de
couverture
des besoins
qui
ne
cessent de s'amplifier.
En effet, ceux-ci
progressent plus
vite que
la
production,
du
fait
de
la
forte
croissance
démographique (environ 4,5~
l'an) engendrée
notamment
par la population urbaine (7~ d'accroissement) dont
la
consommation annuelle per capita est supérieure à celle
de la population rurale.
83
Ainsi, en 1980
, on a
produit seulement 96
000
tonnes
de
poisson
alors
que
les
consommations
effectives se sont élevées à 200 000 tonnes de
poisson
sur
un
besoin
total
de
450
000
tonnes.
Cette
insuffisance a
nécessité une
importation de
104
000
83. Fraternité HEBDO Editons Abidjan
"Le livre
vert
de l'autosuffisance alimentaire".
- 230 -

tonnes, donc une sortie de
devises estimées à
environ
42
milliard de
francs CFA
(soit 0,84
milliards
de
francs français).
En 1975, c'était la même situation tant en ce qui
concerne la. production que les
importations: taux
de
couverture des besoins, environ 44$ seulement.
Parallèlement,
la
croissance
démographique
aidant,
la
consommation par
tête est
passée de
27,5
kg/an/habitant en 1974 à 24 kg en 1980.
La
faiblesse
de
la
production
nationale
de
protéines aquatiques
se
justifie
en
partie
par
la
pauvreté du plateau continental ivoirien qui limite les
possibilités en matière de pêches maritimes.
Le
déficit
est
également
important
pour
la
production de viande bovine qui ne couvre, avec
10.bOO
84
tonnes, que 18,3$ de la consommation
Il en
va de
même pour
la viande
d'ovin et
de
caprin dont
le taux
de couverture
est de
35,5$
des
besoins.
La seule satisfaction
provient de la
production
avicole et
porcine,
grâce
à
la
mise
en
place
de
filières modernes intégrées (SIPRA et AFRIPORC).
84. Ministère
du
Plan
de
COte
d'Ivoire
Plan
quinquennal 1981-1985.
- 231 -

Globalement,
la légère amélioration, depuis 1975,
de
la
ration
protéinique
qui
avoisienne
17,5
85
grammes/jour/habitant
s'explique essentiellement
par
la forte progression de la consommation de lait importé
et,
dans
une
moindre
mesure,
de
la
consommation
d'oeufs.
La situation économique du pays peut permettre de
porter ce poids à 19,2 grammes/habitant/jour en 1990 et
à
23,8 gr/habitant/jour à l'an
2000 tout en
réduisant
le rapport entre consommation par tête en milieu urbain
et en milieu rural
soit de 2,6
(actuellement) à 2
en
1990, puis 1,4 à l'an 2000 : l'augmentation devra
être
alors plus forte en milieu rural.
En
relation
avec
ces
objectif$
et
la
forte
croissance démographique, on peut concevoir ce
tableau
de production et de consommation prévisionnelles :
85. Ministère
du
Plan
de
Côte
d'Ivoire
Plan
quinquennal 1981-1985.
- 232 -

Tableau l : Prcx:lucti.ca1s et CUlsamaticns prévisic:rmeUes aninales
Eh ta1nes
1980
1985
1990
2000
~/tête O:nsœma Pr<xluc- Taux ~/tête O:nsœma Prcduc: Taux ~/tête <XrISCllI r~ taux Kg/tête cct1SCJIIŒl Produc- Taux de
fan
tien
tien
de
fan
tien
tien
de
fan
natien
de
fan
tien
tien
COlVer-
NA'IURE
e1ota1e
OJU
glotale
OJU-
globa-
OJU
glotale
ture
ver
ver
le
ver
(i)
ture
t.ure
ture
(i)
(i)
(i)
l - Produits de l'élevage
(viarœ, abats, oeufs).
7
57800
10 600
18,3
7,5
76400
19100
25
7,7
97 200 38 900 40
8,3
139200
125 280
90
• lbvins
• -OVins, caprins
1,5
12400
4400
35,5
1,5
15300
6100
40
1,8
22 600 13 500 60
2,4
38600
38600
100
• Ibrcins
1
8600
7300
85
1,5
15 300
14400
94
2
25 100 24 700 98
3
45 100
45100
100
• Volaille et oeufs
4
33000
30400
92
5;1
51900
50 300 97
7,5
94 200 94 200 100
12
180 200
180 200
100
'lbtal l
13,5
lU 800
52700
47,1
15,6
158 900
89 900 56,6
19
239 100 171300 71,6
25,7
403 100
389 180
97
,
II - Ibissons
24
198 300
86 300
43,5
27
275 000
122 000 44,4
27
339 000 153000 45
33
479 000
287400
60
ENSEMBIE l + II
37,5
1310 100
39000
44,8
42,6
433 900
211900 48,8
46
578 100 324300 56
58,7
882 100
626180
71
III - Lait équivalent
(lait frais)
2~10000 0,5
30
305400
18 000 0,6
35
446 000 35 000 0,8
43
776 000
70000
0,9
Milie
Milieu
Côte d' Iv.
Milieu
Milieu
Côte d'Iv.
Milieu
Milieu
Côte d'Iv.;
Milieu
Milieu
Côte
rural 1
urbain
rural
urbain
rural
urbain
rural
urbain
d'Iv.
Ratien protéinique
corresp:rrlmte
- en gr./j/tête
9,2
24~J
15,2
10,5
25,2
17,5
12,3
25,2
19,2
14,3
27,2
23,8
- sans lait
-
1
12,9
-
-
14,5
-
-
15,7
-
-
19,7
Tableau éla1:xJré à ~s statistiques du Ministère du Plan (Plan ~ 1 1981-1985) de Côte d'Ivoire.
233

MILLIERS
DE
TONNES
500
450
400
350
300
250
200
150
100
50
1 SC
L85
1 go
2
0
ANNEES
j
ILLUSTRATIûN GRAPHIQUE ~E PRODUITS D'E~AGE
234

Les graphes ci-contre mettent bien en exergue les
écarts
entre
les
productions
et
les
consommations
prévisionnell~de l'élevage nc~amment au niveau du
lait
et des poissons.
La réalisation
de
ces
objectifs
prévisionnels
fondés sur l'amélioration
des taux
de couverture
des
besoins par
les
productions
nationales
suppose
une
modernisation des
systèmes
de
production,
principal
moyen stratégique de croissance de cette dernière.
Cette
modernisation
doit
se
traduire
par
la
promotion
d'un
secteur
moderne
s'appuyant
sur
une
nouvelle classe d'éleveurs
et obéissant aux
objectifs
de caractère social assignés à la politique générale de
développement.
Elle
aura,
pour
corrollaire,
la
modification
de
la
structure
de
consommations
au
bénéfice
des
viandes
des
espèces
à
cycle
court
produites
localement
(volailles
et
porc).
Ceci
permettra d'augmenter substanciellement la consommation
individuelle de protéines animales.
Les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre
ces
objectifs peuvent consister concrètement à
:
a) Susciter
auprès
de
la
population
(surtout
rurale) l'engouement
pour la
pisciculture, la
pêche,
l'élevage bovin,
ovin, caprin
; cette
sensibilisaton--
-
235 -

passe d'abord par
les informations
(grâce aux
divers
supports audio-visuels,
aux meiss-médias,
aux
vi si tes
des villages) sur:
-
le processus administratif à suivre pour la
création
d'un étang piscicole ou d'une ferme,
-
la notion de rentabilité de l'activité d'élevage
par
rapport aux autres activités agricoles,
- la possibilité offerte au rural de l'exercer,
- et
l'importance
de la
consommation
des
protéines
animales sur l'organisme
humain en général
et sur
la
croissance des enfants en particulier ;
b) former, équiper,
assurer l'encadrement de
la
population par les encadreurs et techniciens supérieurs
en la matière ;
c) mettre
à
sa
disposition un
matériel
animal
économiquement intéressant
ainsi
que
des
outils
de
production et
un
cadre
de
travail
mieux
conçu
et
susceptible
de
faciliter
leurs
actions
dans
ce
domaine, la
COte d'Ivoire
peut se
féliciter,
car
le
86
vaste
programme
de
recherches
qu'elle
entreprend
depuis
plusieurs
années
a
permis
d'obtenir
des
résultats scientifiques et économiques intéressants sur
les qualités
des
espèces
d'animaux
susceptibles
de
86. Clef Chapitre l, Section
III (ci-dessus) sur
"les
recherches
technologiques
Ivoiriennes
et
leurs
applications dans l'agro-alimentaire".
- 236 -

faciliter l'élevage intensif en ferme,
en cages et
en
étangs (tels sur les volailles à hormones, les poissons
Tilapia nilotica, chrysichtys
walkéri, clavias
lazera
facilement
vulgarisables).
Concernant
les
pêches
maritimes,
en
raison
de
la
pauvreté
du
plateau
contina~al de la Côte d'Ivoire,
celle-ci doit signer ou
renouveler des accords de pêche
avec les voisins.
Ces
actions
ne
pouvant
durer
éternellement,
elle
doit
parallèlement, accroitre le nombre de sites piscicoles,
87
exploiter
rationnellement
les
400
000
hectares
de
superficie pêchable fournis
par les lacs
superficiels
(Ayamé, Buyo, Kossou, Soubré Taabo).
Evolution
comparative
des
besoins
de
consommation locale
La Côte d'Ivoire, nous le
savons déjà, est
l'un
des pays
dont
la population
s'accroit
à
un
rythme
effrené, environ 4,3~ l'an.
Si ce taux
ne bat pas
le
record d'Afrique, il
figure cependant
parmi les
plus
élevés.
Par.
1 - Analyse des composantes de la population
L'analyse des composantes démographiques du
Plan
quinquennal
1981-85
projeté
sur
1990
révèle
que
l'accélération
est
essentiellement
provoquée
par
87. Plan
quincquennal
1981-1985
(Ministère
de
l'Industrie et du Plan Ivoiriens).
-
237-

l'urbanisation dont le taux de croissance s'estime à 8~
en 1980-85 et 7,5~
en 1985-90 contre
1,5~ et 1,1~
en
milieu rural. Le tableau l
suivant l'illustre bien:
Evolution des différentes composantes de la popu-
lation (1000 habitants)
Nature
1975
1980
1985
1990
-------------------------------------------------------
Population totale
6.720
8.262
10.180
12.568
. Pop. rurale
4.569
4.991
5.365
5.671
Pop. urbaine
2.151
3.271
4.815
4.897
Pop.
rurale
active
2.538
2.706
2.839
. Tableau
établi à
partir
des Statistiques
du
Plan
quinquennal 1981-85
du Ministère
du Plan
de la
COte
d'Ivoire.
Cette disproportion oblige les ruraux à redoubler
d'efforts pour nourrir les
citadins dans l'optique
de
l'autosuffisance
alimentaire,
comme
le
montre
le
tableau II ci-après
:
-
238 -

Prise en compte des citadins par les ruraux
1965
1975
1980
1985
1990
Nombre de
citadins
33
47
65
90
122
nourris par un
rural
Ainsi, un agriculteur devra nourrir en 1990
deux
fois plus de citadins qu'il ne le faisait en 1980.
Par.
II
Estimation des
besoins
en
produits
vivriers
En relation
avec cette
situation, nous
pouvons
estimer les besoins prévisionnels en produits vivriers:
-
239 -

Tableau III
Est.inBtic.n des besoins en prcx:luits vivriers
1980
1985
PrOOuits
1990
iloco tames)
Al.:Î1œntaticn
'lbtaux
Al.ilœntaticn
'lbtaux
Al..hœntation
Totaux
htmrine
htmrine
lu.mrine
Riz Paà1y
694
763
908
999
1 196
1 316
Mais
188
236
218
322
254
455
Autres céréales
60
66
70
77
84
92
-
0 _ _ _ _ _

---------
Ignarres
1 195
1 314
1 357
1 492
1 534
1 687
MIDi.oc
1 030
1 133
1 225
1 347
1450
1 594
Banane Plantain
1 085
1 193
1203
1 432
1300
1689
Taro
207
228
247
265
274
301
Les besoins totaux lXIlpL6lëlIlt les besoins de l' al.ilœntatic.n huœ.i.ne (auto-<:ansamation rurale
et besoins des villes). les besoins de l'irrlustrie (brasseries et al:irrents du bétail). et les
besoins en seœnces
Tableau éla1xlré à p:lrti.r des Statistiques du Plan qu:ÏIXIUerll1al 1981-1985 de Côte d' Ivoire.
-
240
-

Sur cette base de calculs, le taux de
croissance
des besoins
en
produits vivriers
est
estimé
à
30'
pourla
période
1980-85
et
à
31'
pour
la
période
1985-1990.
Il est donc très élevé, d'autant élevé qu'il
est
supérieur
au
taux
de
croissance
des
productions
vivrières.
Par.
III - Analyse des écarts tendanciels
Si ces tendances
se maintiennent
effectivement,
les
déficits,
à
tous
les
niveaux,
seront
très
importants de 1980
à
1990. Le
tableau IV ci-après
en
donne l'illustration:
Produits
Ecarts tendanciels
(milliers de
(Production -
besoins)
tonnes)
1980
1985
1990
Riz pa. ddy
- 367
- 569
- 861
MaIs
30
- 101
- 230
Autres céréales
11
26
Ignames
99
- 229
Manioc
- 107
- 265
Banane-plantain
- 109
- 259
Taro
17
29
Le signe (-) exprime le déficit
-
241 -

Sur cette base de calculs, le taux de
croissance
des besoins
en
produits vivriers
est
estimé
à
30%
pourla
période
1980-85
et
à
31%
pour
la
période
1985-1990.
Il est donc très élevé, d'autant élevé qu'il
est
supérieur
au
taux
de
croissance
des
productions
vivrières.
Par.
III - Analyse des écarts tendanciels
Si ces tendances
se maintiennent
effectivement,
les
déficits,
à
tous
les
niveaux,
seront
très
importants de 1980
à
1990. Le
tableau IV ci-après
en
donne l'illustration:
Produits
Ecarts tendanciels
(milliers de
(Production -
besoins)
tonnes)
1980
1985
1990
Riz pa.,.;ddy
- 367
- 569
- 861
Maïs
30
- 101
- 230
Autres céréales
11
26
Ignames
99
- 229
Manioc
- 107
- 265
Banane-plantain
- 109
- 259
Taro
17
29
- 242 -

Hormis les cas du riz
et du maïs,
la
production
nationale des
autres féculents
de base
couvrait
les
besoins intérieurs
en 1980.
Toutefois, en
1985,
les
écarts tendanciels font appara1tre,
sur l'ensemble
des
produits, un
,déficit
général,
Lequel
s'accentue
en
0ClOSti<Z.S ~roport\\On<'alw-mQn ra,S- notumma nl'an tl~ ~
1990;f;liment principal
dont le déficit
passe de 367 000
tonnes en 1980
à
569 000 t.
en 1985 et
861 000 t.
en
1990.
La croissance
vertigineuse
des besoins
en
riz
procède de
l'accélération
effrénée de
la
population
urbaine qui accorde, en général,
ses préférences à
la
consommation de riz pour trois raisons essentielles
prix à bon marché, cuisson plus rapide et
conservation
plus facile.
Il est cependant important
de savoir que
chaque
grand groupe ethnique et chaque réglonontdes
habitudes
alimentaires reposant sur certains
produits de base
le manioc pour les Akan du littoral,
la banane-plantain
pour les Akan de la forêt et les Krou,
l'igname pour
les Akan des
savanes, le riz
et autres céréales
pour
les groupes
ethniques
Mandé et
voltaïque.
Dans
les
centres urbains, ces habitudes tendent de plus en
plus
vers la consommation du riz.
-
243 -

Le tableau
ci-dessus
ne tient
pas
compte
des
nombreuses
particularités
des
produits
et
des
interférences susceptibles d'exister entre eux au
plan
de la
consommation. Néanmoins,
son interprétation
ne
doit
pas
en
souffrir
pour
autant.
Les
déficits
alimentaires qu'il
fait
appara1tre,
doivent
attirer
l'attention des autorités
compétentes (pour éviter
le
pire) qu'il est impérieux d'ajuster les productions aux
besoins
liés
eux-mêmes
au
rythme
de
la
croissnce
démographique.
- 244 -

Section
III
MODELE
GLOBAL
DE
CROISSANCE
DE
LA
CONSOMMATION ALIMENTAIRE
En vue de
ma1triser l'évolution
des besoins
en
produits vivriers,
il
importe de
cerner d'abord
tous
les facteurs
qui
déterminent la
demande
alimentaire
globale.
La croissance de cette dernière, en effet, est le
produit de trois principaux facteurs parfaitement liés,
lesquels engendrent la transformation des habitudes
de
consommation alimentaire:
la démographie, les
revenus
et les prix.
Paragraphe l
-
Effets de l'accroissement
démographique
sur la demande locale
La
croissance
démographique
engendre
la
En effet,
la COte
d'Ivoire
est l'un
des
pays
africains possédant un taux de croissance assez élevé :
au
rythme
de
4~
par
an
entre
1965
et
1975,
sa
populat1on totale à
frisé,
le
30 avril
75,
les
sept
88. Si C -
consommation globale, Po -
la population
c
la consommation par tête ; C
-
po x c donc
: vC
-
vPo + vc
(v étant
la variation).
C et
Po étant
fortement
corrélés
le coefficient
de corrélation
calculé
sur 10 ans est égal à environ 0,8.
-
245
-

millions d'habitants dont 68$ de
ruraux contre 32$
de
citadins. Elle a atteint déjà en 1980 les huit millions
avec 60$
de ruraux
et
40$ de
citadins. Au
taux
de
croissance
prévisionnel
de
4,3$,
cette
population
avoisinera,
sans les 20$ de migrations externes,
douze
89
millions et demi d'habitants en 1990
Ainsi, la population urbaine
a triplé en
quinze
ans (de 1965 à 1980) pour passer de 950 000 à 3 000 000
d'habitants alors que la population rurale n'a augmenté
que de
30$, atteignant
5 000
000 habitants
en
1980
90
contre 3 500 000 en 1965.
Cette progression vertigineuse
de la
population
ivoirienne s'accompagne nécessairement d'une
évolution
parallèle de la consommation
globale alimentaire:
la
consommation totale
commercialisée des
Africains
est
passée de 52,113 milliards en
1970 à 117,25
milliards
91
en 1980
, elle a été ainsi multipliée par 2,25 en
dix
ans soit un taux de croissance annuelle de 11,6$.
La
consommation
commercialisée
des
ruraux
s'accroit moins vite que celle des urbains africains:
89. Ministère de l'Economie et des Finances et du Plan,
Direct. Statistique,
"Recensement
général
de
la
population 1975".
90. Ministère
du
Plan
de
Côte
d ' I v o i r ,
"Plan
quinquennal", 1971-1975.
91. Ministère
du
Plan
de
Côte
d'Ivoire,
Plan
quinquennal 1971-1975, tableau 25, p. 83.
- 246 -

pour ladite période
décennale, elle
a été
multipliée
par 1,9 contre
2,39 soit
9,3% d'accroissement
annuel
par rapport à 13,9% dans le second cas.
Cette évolution
divergente découle de la
variation différenciée de
la
population
rurale
et
de
la
population
urbaine,
différenciation due à l'accélération de l'urbanisation.
Ainsi,
la
croissance
démographique
agit
directement
sur
la
croissance
de
la
consommation
alimentaire du
fait
de l'augmentation
du
nombre
de
consomateurs
mais, elle n'est
pas le seul facteur
la variation
des
revenus y
joue
également
un
rôle
déterminant.
Paragraphe II - Effets-revenus
La transformation des
habitudes de
consommation
en Côte d'Ivoire est le résultat d'un double
mécanisme
parfaitement
compatible
la
redistribution
de
la
consommation
par
la
mise
en
oeuvre
d'équipements
collectifs
(puits
d'eau,
éducation,
services
administrifs,
etc ... )
dans
les
régions
privées
de
cultures
d'exportation
donc
à
revenus
faibles
ou
inexistants,
et
surtout,
l'élévation
relative
des
revenus agricoles,
(café, cacao) et salariaux.
En
effet,
la
forte
croissance
de
l'économie
ivoirienne enregistrée
depuis l'indépendance
(7
août
1960), a
engendré une
distribution supplémentaire
de
-
247 -

revenus
qui
s'est
traduite
par
une
amélioration
relative du niveau de vie de l'Ivoirien.
L9 revenu
disponible
des ménages
a
frisé,
en
92
1980, 553,6 milliards de francs CFA (prix 1968)
contre
93
seulement 271,6 milliards en 1970
et 384,2 en
1975
En l'espace de dix ans,
le revenu disponible constant a
doublé soit un taux de croissance annuel de 10,3~
l'an
et le pouvoir d'achat s'est accru d'environ 3~ l'an.
Cette croissance n'est
pas répartie
de la
même
importance
entre
les
différentes
couches
de
la
population et les dépenses sont très différenciées.
En
1970,
les
revenus
des
urbains
consacrés
à
l'alimentation s'élèveraient à 36,343 milliards
contre
15,77 milliards. En
1980, les urbains
ont dépensé
en
alimentation 86,73
milliards
alors
que
les
ruraux,
30,52 milliards.
Bien que
les ruraux
consacrent environ
bO~
de
leurs
budgets
à
l'alimentation
et
les
urbains,
94
seulement
40~
ceux-ci
dépensent
donc
dans
92.
Le déflateur utilisé est l'indicateur des prix à la
consommation
africaine
de
la
Direction
de
la
Statistique de COte d'Ivoire.
93. Ministère du
Plan de
COte d'ivoire,
"Rapport
du
Plan
quinquennal
1971-1975",
tableau
21
"Ressources des ménages".
94. Daniel Bollinger,
"Marketing
en Afrique", Tome
1,
Ed. CEDA.
-
248 -

95
l'alimentation commercialisée
2,5
fois plus
que
les
premiers.
Tout comme
en
milieu urbain,
il
subsiste,
en
milieu rural, d'importantes disparités, selon qu'on vit
en forêt, en
savane ou au
Nord, autrement dit,
selon
les cultures
auxquelles
les paysans
s'adonnent,
qui
peuvent être: soit vivrières
dont une partie
procure
des revenus
monétaires
et l'autre,
auto-consommée
soit industrielle dont la totalité procure des
revenus
monétaires.
Dans
l'ensemble,
les
budgets
consacrés
à
l'alimentation
ont
nettement
progressé
depuis
la
période 1975-1980. Cette progression
est le reflet
de
la forte sensibilité de la demande alimentaire
globale
aux variations
des revenus
globaux disponibles
(nets
d'impôts).
Cette
sensibilité
est
illustrée
par
le
coefficient d'élasticité suivant:
En posant : C -
consommation alimentaire
globale
R -
revenu
global disponible
vC -
variation de
la
consommation alimentaire global
et vR
- variation
du
revneu
global,
l'élasticité
de
la
consommation
alimentaire
globale
par
rapport
au
revenu
global
disponible s'exprime -
95. Auto-consommation non comprise. Elle est très forte
surtout en milieu rural.
-
249 -

e/R -
vC:vR-vCxR-vCxR -
pmC
(C -
PMC -
propension
moyenne à consommer et vC
-
pmC -
propension marginale
à
consommer).
D'où, pour les périodes 1975-1977, 1977-1978, 1978-1979
et 1979-1980 :
C (1975) -
55,97 milliards + 21,7 milliards -
77,67 milliards
C (1976) -
63,50 milliards + 23,2 milliards -
86,70 milliards
C (1977) -
65,80 milliards + 24,5 milliards -
90,30 milliards
c (1978) - 68,40 milliards + 26
milliards -
94,40 milliards
C (1979) -
78,30 milliards + 27,2 milliards -
105,5 milliards
C (1980) - 86,73 milliards + 30,52 milliards -
117,25 milliards
e/R 76 - 86,7 - 77,67
: 460,1 -
384,2 -
0,1162 -
0,59
,.1.61
354,t'
ol~1r5
e/R 77 -
90,3 -
86,7
474,5 -
460,1 -
0,0415 -
1,3
î6'l
460 1
o,e?)
1
e/R 78 - 94,4 - 90,3
490,5 - 474,5 - 0,0454 - 1,3
qOt:>
41"41 5
% 33'1'
e/R 79 - 103,4 - 94,4 : 520,2 - 490,5 - 0,0953 - l,58
C:)u,4
4~O15
0,06
e/R 80 - 117,25 - 103,4
553,6-520,2 - 0,133 - 1,9
-10~)4
!5i()J~
fù,O!f
-
250 -

96
Soit en moyenne, e/R1975-1980 -
1,3
Ce coefficient illustre bien la forte sensibilité

de
la
demande
alimentaire
par
rapport
au
revenu,
phénomène
généralement
inverse
dans
les
pays
97
développés
On
l'explique
par le
fait
qU'er
Côte
d'ivoire,
les revenus sont en majeur partie encore
bas
et
la
demande
alimentaire,
insuffisante.
Toute
variation de
revenu engendre
automatiquement,
toutes
choses égales
par
ailleurs,
une
diversification
ou
augmentation
du
panier
de
consommation
alimentaire
jusqu'à un niveau de saturation. A partir de ce
niveau
que nous appelons "seuil de suffisance alimentaire", la
demande alimenta.l~e
cesse
de
suivre
le
rythme
des
revenus.
Dès
lors,
les
consommateurs
utilisent
leurs
revenus supplémentaires
pour
acheter
d'autres
biens
96. Selon Bernard YON,
Marketing agro-alimentaire,
p.
61, Dalloz
G
- Coefficient supérieur à 1 : très sensible
-
coefficient compris entre 0,6 et 1 : sensible
- coefficient
compris
entre
0,1
et
0,6
peu
sensible
- coefficient inférieur ou égal à 0,1 :
insensible.
Cette élasticité globale doit être considérée
avec
précaution, car,
chaque
produit ou
catégorie
de
produits réagit différemment
à
l'accroissement
du
revenu
disponible
et
l'élasticité
globale
ne
constitue qu'une moyenne.
97. En France, par exemple, le coefficient d'élasticité
à
courte
période de
l'ensemble de
l'alimentation
par rapport au
revenu disponible est
de 0,27.
En
longue période, 0,37.
Coll. INSEE, No 87, 22.
- 251 -

durables
ou
semi-durables
les
dépenses
de
consommation alimentaires deviennent alors inélastiques
par rapport aux revenus.
L'analyse de l'évolution
de la
structure de
la
consommation par grand groupe
de dépenses des
ménages
ivoiriens
met
nettement
en
relief
les
changements
comportementaux de
ceux-ci
face à
l'amélioration
de
leur niveau
de
vie
par rapport
au
total
de
la
consommation des ménages (auto-consommation
comprise),
les dépenses alimentaires représentaient en 1970,
1975
et 1980
respectivement bb,7~,
b2,1~, 58,2~
chez
les
Africains ruraux
et
40,8~,
40~
et
39,4~
chez
les
98
Africains urbains
Ainsi, se vérifie la loi de
Engel
selon
laquelle
les
dépenses
de
consommation
alimentaires s'accroissent
avec
le revenu
mais,
que
leur valeur relatiV~ totale décroit dans l'ensemble
des
dépenses de consommation.
En conclusion,
l'accroissement
des
revenus
du
ménage confère
à
ce
dernier un
pouvoir financier
de
varIer ses besoins de
consommation, de diversifier
et
d'augmenter le contenu
de son
panier de
consommation
alImentaire. Ce phénomène aboutit nécessairement à
une
augmentation de la demande alimentaire globale.
98. Ministère
du
Plan
de
Côte
d'Ivoire,
"Plan
quinquennal 1971-1975, Tabl. No 2b p. 83
- 252 -

La transformation du pouvoir financier en
achats
effectifs est généralement
liée aux comportements
des
prix sur les marchés surtout
lorsqu'à court terme,
le
revenu stagne.
Il importe donc d'étudier la sensibilité
de la demande alimentaire aux variations des prix.
Paragraphe III - Effets-Prix ?
La
demande
alimentalte
ivoirienne
est-elle
effectivement sensible aux variations des prix relatifs?
Une étude
de la
Banque
Centrale des
Etats
de
l'Afrique de l'Ouest
sur la COte
d'Ivoire révèle
que
les indices des prix à
la consommation alimentaire
de
la
famille
africaine
(base
1970)
progressent
régulièrement depuis 1970 (1974 : 147,5 ; 1975 : 162,7;
1976 : 174,5 ; 1977 : 243,8 ; 1978 : 271,9 ; 1979 :
99
330,04)
; et que parallèlement, les indices
relatifs
à
la
demande
alimentaire
globale
augmentent
(par
rapport à l'année 1970, base
100) : de 158,4 en
1974,
99. Chiffres calculés
d'après le
tableau "Indice
des
prix
à
la
consommation
familiales
africaine"
Direction
de
la
Statistique
et
des
Etudes
économiques de R.C.I./BCEAO:
par exemple 147,5
220,1
x 130,2.
- 253 -

ils passent à 186,7 en 1975
247,2 en 1976
350,7
en
100
1977 et 460,4 en 1978
Ces tendances traduisent bien que
l'augmentation
des prix des produits alimentaires en COte d'Ivoire n'a
pas
(ou
très
peu)
d'influence
sur
la
demande
alimentaire. Certes, comme la consommation
alimentaire
prise globalement n'a pas de substituts,
il n'est pas a
priori surprenant qu'elle augmente malgré la hausse des
prix
des
produits
alimentaires.
Mais,
11
faut
considérer
également
le
fait
que
le
consommateur
ivoirien
n'a
pas
encore
atteint
son
"seuil
de
suffisance alimentaire". Autrement
dit,
il est
encore
loin de son niveau de saturation alimentaire, au
point
qu'en période de
crise ou
d'inflation manifestée
par
l'aug~entation des prix
des produits alimentaires,
il
continue toujours
d'accroître sa
demande
alimentaire
mêm~ à une vitesse supérieure à celle des prix.
Ce
phénomène
paradoxal
est
le
reflet
du
comportement du
consommateur ivoirien
qui, malgré
la
détérioration de son
pouvoir d'achat, accorde
d'abord
la préférence aux biens alimentaires fondamentaux.
100. Source BCEAD,
"Indices
sect. Désaisonnalisés
des
ventes de marchandises en
C.I., vbase 100,
année
1970.
- 254 -

L'analyse de ces facteurs
conduit à élaborer
un
modèle
global
de
croissance
de
la
consommation
alimentaire ivoirienne.
Paragraphe IV - Présentation du modèle
Nous venons de montrer ci-dessus que la variation
de
la
consommation
globale
alimentaire
dépend
essentiellement de celle de la population, des
revenus
et, dans
une moindre
mesure, de
celle des
prix.
En
désignant
par
"e"
la
variation
de
la
demande
alimentaire par rapport au revenu,
"e'" celle des prix,
"R" le
revenu,
"P"
le prix
et
"Po"
la
population
totale,
nous
pouvons
représenter
la
consommation
globale alimentaire "c,· par la relation :
C - f(Po, R, pe') - fonction de Po, et Pe' (1)
D'autre
part,
l'économie
agro-alimentaire
ivoirienne
étant
caractérisée
par
l'existence
du
secteur alimentaire
de
subsistance et
d'économie
de
marchè, la consommation globale alimentaire (C) est
la
somme pondérée de la consommation de subsistance (8) et
de la consommation de marché (M)
nous pouvons écrire:
.,
.
C -
8 + M (II )
divisons-la par C . C - 8 + M - 1
r "
""""C'
r "
d'où,
1
E + (l-E)
( III)
E ou 8
signtt"t p
ici
)1'1
r
proportion de la population
totale vivant en
économie
-
255 -

de subsistance et (l-E) où M représente celle vivant en
~
économie de marché.
En
économie
de
subsistance,
principalemer.~
agricole et rurale, l'auto-consommation est assez forte
donc dépend directement de la production. Les
concepts
de coefficients d'élasticité-prix et revenu sont
alors
dépourvus de sens. En économie
de marché, par
contre,
les revenus
et les
prix Jouent
un rôle
généralement
prépondérant. Leurs variations déterminent le niveau de
la consommation.
En considérant les
relations (1)
et (II),
nous
pouvons écrire la relation (IV)
:
C -
f
[(Pos) + (Pom, Re
, Pe ')]
;
Pos -
La consommation de
la population en économie
de
subsistance et Pom, la consommation ·de la population en
économie de
marché,
consommation
déterminée
par
le
revenu et les prix.
La consommation de la population
est égale à
la
consommation par tête (c) multipliée par la
population
(Po), soit C - Po x c. Sa variation (à prix
constants)
est donc égale à dC -
dPo.C + dc.Po + dPo.dc.
En divisant par :
-
256
-

"C -
Po.c"
: dC -
dPo.c + dc.Po
+ dPo.dc
- -
c
Po.c
Po.c
Po.c
et en posant dC -
vC;
dpo -
vPo
et dc -
vc
Po
(v étant la variation en ~).
On obtient vC -
vPo + vc
+ vPo.vc (vPo.vc
tend
vers zéro
si les
variations
sont faibles),
d'où
le
modèle simplifié :
vc -
vpo + VC
(relation no V).
Nous venons de démontrer que la croissance de
la
consommation globale (vC) à prix constants en
économie
de subsistance est liée à celle de la population vPo et
à
celle de la consommation
par tête (vc). En
économie
de marché, elle dépend aussi de la croissance du revenu
par tête (vR), de celle des prix (vP) à un niveau donné
d'élasticité-prix (e') et revenu (e).
En faisant l'hypothèse d'un ajustement selon
une
101
fonction de type Cobb Douglas
on peut écrire :
C - Af (pom, Re,
Pe')
Logarithme.
de C -
log A -
logPom + elogR + e'logP.
L'accroissement est égal à
d(logC)
-
d(logPom)
+
ed(logR)
+
e'd(logP).
La
différentielle de log népérien de x s'écrivant:
101. M.
Friedman,
"A
theory
of
the
Consumption
Function",
University
of
Chicago,
Princetown,
University Press, 1957.
-
257 -

1
dx -
dx,
la relation devient
x
x
dC -
dPom -
e dR + e'
dP
C
Pom
R
P
Comme en COte
d'ivoire,
l'augmentation des
prix
n'a pas d'effets sensibles
sur la demande
alimentaire
(clé $ 23),
la relation s'écrit finalement
vC -
vPom + evR (VI).
Ainsi,
la relation IV devient:
vC -
(vPos +
vcs) + (vPom + evR).
En rapport avec
la
relation (III),
on
arrive
en
définitive
au
modèle
simplifié suivant
102
vC - E{vpos + vcs) + (l-E)
(vPom + evR)
dans lequel
:
E - la proportion de
la population vivant en
économie
de subsistance,
(1-&) -
celle vivant
en économie
de
marché,
vPos -
variation en ~ de la consommation de subsistance
vcs -
variation en ~ de la consommation de
subsistance
par tête,
102. On peut
compliquer
la formule
en
ajoutant
liB Il
représentant les
autres variables
non prises
en
compte
:
effet
d'urbanisation,
de
l'ethnie
(coutume),
de
l'organisation
des
circuits
commerciaux ...
-
258 -

vPom -
variation en ~
de la population en économie
de
marché,
vR - var~ation en ~ du
revenu par tête en économie
de
marché
e -
élasticité de la demande alimentaire par rapport au
revenu.
Nous pouvons vérifier ce modèle en remplaçant les
termes par leurs valeurs numériques calculées à
partir
des tableaux NO 24 page 82,
No 25 page 83 et
tableaux
généraux des ressources et des emplois en COte d'Ivoire
tirés du Plan quinquennal de développement
économique,
social et culturel 1971-1975 du ministère du Plan:
Vc - E (vPos + vcs) + (l-E)
(vPom + evR)
103
vC -
(60 (1,7 -
0,7) + (~ (3,8~ + 5,6~)
"i'ôO
100
"i'ôO
100
103. E -
60~ - 60~
de la population ivoirienne vit
en
économie de subsistance donc
40~ vit en
économie
de marché (l-E -
40~) •
vPos -
1,7~
-
croissance
de
la
population
en
économie de subsistance,
chiffre calculé
d'après
le tableau 24
p. 82, Plan 1971-1975, vcs -
-0,7~ - diminution de
la consommation de
subsistance par tête,
chiffre
déterminé d'après
le tableau
24,
p. 82
et
les
tableaux
généraux
p.
88-93
(Plan
Quinquennal
71-75) qui donnent l'auto-
consommation pour 1970 : 38005 millions de FCFA
;
1975 : 39218
millions et 1980
:
41640
millions,
vPom -
3,8~-
croissance de la population en économie de marché,
et evR -
5,6~ -
croissance du
revenu moyen
par
tête consacré
à
l'alimentation
en
économie
de
marché, chiffre obtenu à partir des tableaux 24 et
25 p. 82-
83 du Plan quinquennal 71-75 du minist./Plan.
-
259 -

vC -
60~ (1~) + 40~ (9,4~)
vC -
0,6~ + 3,76~
104
vC -
4,36~
CONCLUSION
D'abord le caractère trop général de ce modèle ne
lui permet pas d'avoir une portée opérationnelle;
car
chaque produit ou catégorie
de produits se
comportent
différemment sur
le
marché de
sorte
qu'il
est
peu
significatif de
représenter
leurs variations
par
un
modèle global. Pour le rendre opérationnel,
il faudrait
alors envisager par produit
ou catégorie de
produits,
et prendre en compte toutes les variables
susceptibles
d'avoir les
effets
sur leur
demande
(notamment
les
possibilités de substitution).
Toutefois, ce modèle revêt un intérêt pédagogique
évident, et
met
en relief
que
la croissance
de
la
consommation
alimentaire
ivoirienne
dépend
effectivement
des
croissances
pondérées
de
la
consommation de subsistance et de celle de marché.
En effet, selon ce modèle (vérifié sur la période
1970-1980),
la croissance de la consommation de
marché
(9,4~) est beaucoup plus forte que celle de subsistance
104. En ajoutant "B" on a
: vC -
4,36~ +
B,
l'importance
de
la
croissance
de
la
consommation dépendrait
donc de
l'importance
de
"B".
-
260 -

(1%).
La croissance
pondérée de
la première,
appelée
aussi demande
monétaire
ou solvable
(3,76%)
demeure
toujours très supérieure à celle de la dernière
(0,6%)
et le
taux global
(4,36%) reflète
bien
les
effets
combinés des variations de ses composantes
; son niveau
assez faible se
Justifie notamment par
le fait
qu'en
économie de
subsistance,
la
population s'élève
à
un
rythme très lent
(1,7%), d'autant plus
faible que
le
taux d'exode rurale est plus
fort,
et la
consommation
par
tête
va
décroissant
(-0,7%).
Il
se
Justifie
également en économie de marché, malgré le
coefficient
d'élasticité-revenu assez
élevé
par la
faiblesse
du
taux de croissance du revenu par tête (faiblesse due au
rythme de
croissance très
élevé de
la population
en
raison des rythmes d'urbanisation souvent importants et
à
la faible croissance des revenus globaux).
Ainsi, au
stade actuel
du développement
de
la
COte d'ivoire représenté
par ce modèle,
l'agriculture
commerciale produisant pour
le marché intérieur
croIt
plus vite que l'agriculture de subsistance.
Cette évolution obéit
bien aux lois
historiques
du développement
de
l'économie de
subsistance
le
développement
socIo-économique
engendre
la
transformation progressive de l'économIe de subsIstance
en
valeur
marchande
agro-alimentaire.
Cette
monétarisation
accélérée
(dans
le
contexte
de
la
-
261 -

formation
socio-économique
ivoirienne)
transforme
tendanciellement les modèles ruraux de consommation
en
modèles
urbains
de
consommation
de
sorte
que
la
consommation globale (C -
S + M) tendant
vers C -
M.
Autrement dit,
l'auto-consommation
(S) sera si
faible
que
sa
variation
aura
des
effets
pratiquement
négligeables
sur
le
taux
de
croissance
de
la
consommation globale alimentaire (C),
laquelle dépendra
alors uniquement
de
la
consommation
de
marché
(M)
appelée encore demande monétaire ou solvable.
A ce stade, la COte d'Ivoire atteindra un
niveau
de consommation alimentaire similaire à celui d'un pays
développé où la presque totalité
de la population
vit
en économie de marché. Et
la consommation de masse
ou
étape finale
de
la
croissance
(selon
Rostow)
sera
atteinte lorsque
la
quasi-totalité de
la
population
pourra
accéder
simultanément
aux
nouveaux
biens
produits et
diffusés
en
masse
par
un
appareil
de
production-distribution suffisamment développé.
La croissance de
la consommation
vers le
stade
final
de
consommation
de
masse
est
un
phénomène
quantitatif qui obéit aux lois tendancielles de
marché
des économies développées. Pour la COte d'Ivoire,
pays
en voie d'émergence,
cette croissance se
transformera
en réel développement seulement lorsqu'elle aura permis
de satisfaire
effectivement les
besoins
alimentaires
-
262 -

fondamentaux
de
toute
ou
majeur
partie
de
la
population.
Ceci suppose à
terme la transformation
du
modèle de consommation
par transformation
du mode
de
production
en
restructurant
l'agriculture
de
105
subsistance qui nourrit 60~ de la population totale
Outre
la
restructuration
de
l'agriculture
de
subsistance, par
adaptation d'un
appareil adéquat
de
production-distribution,
le
pays peut
également
agir
sur les structures de
la consommation alimentaire
par
une
politique
des
produits
agro-alimentaires
bon
marché, une
meilleure répartition
du revenu
national
(notamment
en
relevant
les
revenus
des
catégories
sociales les plus défavorisées et les plus
vulnérables
au
détriment
des
plus
ais~)
qui
réduirait
les
disparités alimentaires.
En effet,
la
fonction
alimentaire
globale
de
consommation est la
résultante de plusieurs
fonctions
individuelles
dont
les
revenus
constituent
les
coefficients
de
pondération.
Comme
les
agents
économiques individuels titulaires
de faibles
revenus
ont une propension
marginale à
consommer plus
élevée
que
les
détenteurs
de
hauts
revenus,
toute
redistribution
de
revenus
en
faveur
des
premiers
105. Assandé Adom,
"Prospective du développement
agro-
alimentaire
de
la
Côte
d'Ivoire",
Thèse
de
Doctorat, Université-Paris Dauphine, mars 1981.
-
263 -

~rovoque simultanément une modification de la
fonction
globale de consommation, même si le revenu global reste
inchangé. On aboutirait ainsi à une amélioratlon de
la
croissance
de
la
consommation
alimentaire
globale,
pouvant
constituer
un
facteur
de
la
relance
de
l'économie ivoirienne.
Mais, une
telle
politique
est-elle
applicable
dans le contexte socio-économique
ivoirien? C'est

toute la question !
-
264
-

CHAPITRE III
ANALYSE PROSPECTIVE DES FACTEURS EXOGENES
-
265
-

Les facteurs exogènes, nous le rappelons sont des
élements extérieurs latents
ou apparents qui
exercent
des
influences
sur
l'économie
agro-alim~ntaire
ivoirienne.
Dans
ce
sens,
nous
analyserons
ici,
essentiellement
les
comportements
économiques
(relations commerciales)
et
politiques
(conventions,
accords internationaux ... ) des
pays avec lesquels
la
Côte d'Ivoire entretient des rapports.
Section 1 - Perspective des demandes extérieures
des produits ivoiriens
La simple volonté
de produire
pour exporter
ne
suffit pas. Encore faut-il pouvoir trouver des crénaux,
les
diversifier,
définir
leurs
besoins
potentiels,
prévoir les quantités à vendre
donc à produire,
enfin
chercher les intermédiairs commerciaux qui se
mettront
directement en contact avec les consommateurs finaux.
Dans ce domaine,
quelle est
la politique
menée
par la Côte d'Ivoire?
La Côte
d'Ivoire
possède
un
marché
extérieur
assez
étroit.
plutôt
concentré
essentiellement
en
Europe où la France apparalt incontestablement comme le
premier pays client de la
Cote d'Ivoire.
Les
produits
qui y
sont vendus
sont en
général périssables.
Sans
dout, ceci
expllque-t-il en
partie cela.
Car,
étant
-
266 -

donné la fragilité
des denrées
exportées par
essence
périssables, leur transport
maritime doit
s'effectuer
sur des courtes distances. Et l'Europe s'y prête mieux.
Toutefois,
la
distance
ne
peut
pas
être
invoquée
partout
pour
justifier
la
politique
d'exportation
ivoirienne
parfois,
elle peut
s'expliquer
par
la
politique,
les
relations
privilégiées
que
la
Côte
d'Ivoire a avec certains clients, parfois aussi par
le
souci de
rentabilité, de
la
facilité à
trouver
des
débouchés:
l'Afrique, bien que géographiquement proche
est
pourtant
pratiquement
absente
dans
le
circuit
commercial ivoirien.
Certes,
le
marché
français
est
actuellement
rémunérateur
pour
les
produits
agro-alimentaires
ivoiriens, mais son avenir
n'·est guère prometteur.
La
concurrence y
sera
vive
et
les
produits
ivoiriens
perdront ce privilège dont ils jouissent à présent.
De
plus,
la tendance de la consommation française par tête
d'habitant est à la baisse du fait de la crise et de la
réduction du taux de croissance économique.
"La
chasse
au gaspi",
l'appel
aux réductions
de
dépenses
dans
certains produits comme le café,
la publicité pour
la
substitution des
produits tropicaux
par des
produits
industriels
moins
chers
tout
cela
modifie
le
comportement français
et
provoque
la
baisse
de
la
demande.
-
267 -

106
Partout ailleurs en
Europe,
la perspective
de
la demande
n'est
guère
encourageante.
Ce
phénomène
compromet donc l'avenir du marché extérieur ivoirien et
devrait inciter la Côte d'Ivoire
à
élargir ce
dernier
vers
d'autres
continents.
Mais,
d'abord,
quel
est
l'avenir du marché actuel de la Côte d'Ivoire?
Quelle
politiqu y mène-t-elle ?
La Côte d'Ivoire n'a
pas une politique
uniforme
d'exportation agro-alimentaire. Elle diffère selon
les
produits et les circuits
de distribution empruntés.
A
chaque circuit de distribution
correspond un canal
et
une politique
particulière
de distribution.
On
peut
classer
les
produits
étudiés
en
deux
principales
catégories suivant les circuits de distribution
-
Le
céfé, le
cacao,
les produits
du
palmier
d'une part,
- et les bananes, les ananas, les noix de coco et
les avocats, d'autre part.
Dans le
premier
cas,
la
commercialisation
est
canalisée par la Caisse de Stabilisation et de
Soutien
des
Produits
Agricoles.
Dans
le
second,
c'est
la
SICOFREL (Société Ivoirienne pour la
Commercialisation
des Fruits
et
Légumes)
actuellement
transformée
en
106. F.A.O.
"Projections
relatives
aux
produits
agricoles 1975-1985". ROME 1979, Collection F.A.O.
-
268 -

COFRUTEL. Les mécanismes, de commercialisations ont été
étudiés à la section V ci-dessus.
Ici, nous analyserons uniquement les différents marchés
et leur évolution.
Paragraphe 1 - Demande extérieure du Café et du
Cacao
Conformément
à
son
modèle
économique
libéral
délibérément choisi, la
COte d'Ivoire entretient
avec
plusieurs pays
des
rapports commerciaux
dans
divers
domaines. Aussi,
les débouchés
du
café et
du
cacao
sont-ils très diversifiés.
11 - Le marché du café.
Le tableau suivant en donne les principaux:
-
269 -

Tableau l
- Principaux acheteurs de café (en tonnes)
PAYS
1974
1975
1976
1977
1978
1979
FraIe:
94 800
92700
101 900
63000
62 400
66 600
U.S.A.
42100
46 700
47800
35700
42 000
47200
Pays-Bas
31 500
20 700
32300
26000
30700
58 200
Italie
15 900
6100
25 200
12300
24 600
Alleœgne/o..t.
l i 700
6700
l i 900
9300
3000
6900
AlJ;11eterre
16300
12 200
10800
27 200
Espagne
22100
21 100
13 900
7200
U.R.S.S.
20 020
100
500
fbJ;lrie
3 769
1360
3888
2871
J~
14800
12 200
13 900
12 400
Algérie
10 100
2900
20400
17700
Divers
61 140
81870
34 400
17400
17700
18200
5am:e : Stati.st.iques de la DiIect:i.al générale des 0Cuanes de 05te d' IvoiIe.
1979 : est.inatials.
-
270 -

Les chiffres du tableau VII nous confirment mieux
que tout autre discours,
la domination de la France sur
le marché ivoirien
d~ ~~fé.
C'est l'illustration
des
liens commerciaux,
vieux
comme la
colonisation,
qui
unissent la Côte
d'Ivoire et la
France. Depuis
1964,
malgré la libération des prix
du café vert en
France,
le marché français est resté le privilège des
produits
ivoiriens:
de 1964 à 1975, les importations françaises
représentent en moyenne 42% des exportations
annuelles
du café ivoirien. Le volume est passé de 92 000
tonnes
en 1975 à 101 900 en 1976 avant de décro1tre jusqu'à 62
400 en 1978 pour
remonter ensuite à
66 600 tonnes
en
1979.
Outre la France, le café ivoirien a acquis peu
à
peu de solides
positions sur certains
marchés:
tels
les U.S.A., 36%
des exportations
ivoiriennes en
1971
(43 600 tonnes en
moyenne de 1974
à 1979);
l'Europe
Occidentale, 10%
le Japon,
7% (8,5% en 1979 soit
24
600
tonnes)
ainsi
que
certains
pays
de
l'Est
européen. Comme l'indique
le tableau di-dessus,
après
la France
viennent
en seconde
position
les
U.S.A.,
suivis de
la
Hollande
qui
est
aussi
un
important
acheteur à la Côte d'Ivoire
(58 200 tonnes de café
en
1979 soit 20% des
exportations totales ivoiriennes
en
1979), contre 30 700 tonnes en 1978 et 26 000 en 1977.
-
271 -

Sur d'autres marchés,
le café
ivoirien est
peu
connu car on y consomme d'habitude peu de café.
Ce sont
notamment les marchés africains, les marchés arabes, et
les marchés des pays de l'Est. Les tableaux suivants le
témoigne :
-
272 -

Tableau II
- Autres
débouchés ivoiriens
de café
(en
tonnes)
~
1976
1977
1978
1979
M!lrchés afri.cai.n5 :
Mill.
62
179
78
Haute Volta
123
106
200
Sénagal
11 600
3 100
700
SOO
M!lrchés arabes :
RépJbl.:i.que Arabe thie
176
100
Marce
6042
2736
494
'lUnis.ie
454
600
403
200
1'm:'d1és des çe.ys de l'Est
YOlJ}JB1avi.e
979
2 536
R.D.A.
304
1 363
2873
t'aI1eIlEIXk
1 178
100
1225
Rammi.e
334
Autres P:YS
'l\\Jrqui.e
1008
Australie
2318
862
72
canada
1461
1310
1°363
555
5aItœ" : Statistiques de la Di.rectia1 générale des Douanes en COte d' ivoire.
-
273
-

Ces nouveaux marchés ou marchés potentiels ont un
avenir plein
de
promesses
(clef
212
marchés
du
cacac).
D'une
façon
générale,
la
tendance
des
importations du café ivoirien
est irrégulière voire
à
la
baisse.
Cette
situation
s'explique
par
les
fluctuations des cours mondiaux,
la montée des produits
de
substitution
et
les
conjonctures
politiques
et
économiques
des
pays
consommateurs
(clef,
chapitre
"Analyse du marché international).
L'avenir du café est donc couvert de nuages et
à
l'horizon 2000, ce produit ne pourra plus jouir de
son
prestige actuel.
12 - Le marché du cacao
La
demande
de
cacao
est
un
phénomène
très
différencié selon les régions consommatrices.
Son
analyse
est
d'autant
complexe
que
les
importations des pays
consommateurs s'effectuent
sous
différentes formes:
fèves,
beurre,
poudre, pâte,
et
liqueur de cacao. Comment
le cacao se
transforme-t-il
en produit fini?
Après la
récolte des
cabosses de
cacao,
elles
sont cassées
pour donner
des fèves
qui sont
ensuite
-
274 -

fermentées
de
5
à
b
jours
sous
des
feuilles
de
bananiers, en caisses ou en chaine continue:
le
cacao
cOté est alors
de type "good
fermented".
Son
séchage
permet d'obtenir le
produit brut vendu
sous forme
de
fèves "cocoa beans"
qui, broyées,
se transforment
en
pàte. Après pressage et séchage
de cette dernière,
on
obtient le produit final
(sous forme diverses: beurre,
tourteau,
poudre
ou
liqueur)
qui
est
utilisé
en
confiserie et chocolaterie.
Les pays consommateurs, presque identiques à ceux
du
café,
peuvent
se
classer
en
trois
grandes
catégories:
- Les gros consommateurs dont la consommation par
tête
plafonne
en
suivant
sensiblement
la
progression
démographique: Royaume-Uni, Pays-Bas, France .. ,
- Les consommateurs modérés dont les habitudes
locales
de consommation les
empêchent d'atteindre les
niveaux
précédents:
l'Afrique, l'Amérique du Sud ... ,
et
les
nouveaux
consommateurs
qui
découvrent
maintenant
la
vertu
du
cacao
leur
consommation
augmente très rapidement:
les pays de l'Est.
L'analyse
du
tableau
ci-après
est
assez
révélatrice.
-
275
-

/
Tableau III - Principaux acheteurs de cacao (en tonnes)
PAYS
1974
1975
1976
1977
1978
19790
Pays-Bas
81600
52400
77 900
75600
lOS 000
70300
Fran::e
42 100
48 200
38 800
JO 300
42 500
62 100
U.S.A.
25200
39700
46 800
41 500
69 100
28 200
All911./0
23 000
22 100
21 900
7400
12 100
11 800
Italie
11 400
7700
16200
3 100
1200
1300
~let:erre
4800
7900
4900
700
E$p:Igne
3700
4500
4600
3 100"
Td1écxls.
1100
1700
2600
400
Ya.r;p5lavie
2 500
1600
340
400
U.E.B.L.
4400
1700
3 010
3200
U.R.S.S.
7300
4100
25 100
17500
Rll.ogne
6700
5400
6500
Divers
10100
4200
6200
11 000
(1) : cacao '" reves + beurre+ lIBSSe
( 0 )
:
est.inatials
(2) Cf. Il1.ust:rati.cn graptique à la fin du c:hapitre III
5œrœ : Statistiques de la Direct:iaI Générale des Douanes de cete d'Ivoire.
-
276 -

La France, habituel client privilégié de la
COte
d'Ivoire, est ici
supplantée à la
première place
par
les Pays-Bas.
En
lQ74, ~~ux-ci
ont
importé
81
bOO
tonnes de cacao
ivoirien soit
l'équivalent du
double
des importations françaises à la même époque.
En
1975,
51 400 tonnes seulement alors
que les achats
français
augmentent de 14,5~
(48 200t) par
rapport à 1974
(42
100t).
Mais,
en
1978,
les
achats
hollandais
atteignirent 108 000 tonnes contre
81 bOO en 74,
soit
32,3~ de plus, alors que
la France se maintient à
peu
près à son
niveau de 1974
(42 500 t
contre 42
100).
L'ascension de
la
Russie est
spectaculaire.
Puisque
inexistants en 1974, ses achats se sont montés à 25 100
tonnes conter 4 100 t
l'année précédente soit six fois.
Les U.S.A.
enregistrent
aussi
une
progression
très
sensible en 1978 (69 100
tonnes contre 25 200 en
1974
et 41 500 en 1977,
tandis que l'Italie dégringole
(de
11 400 t
elle est passée à 1 200 tonnes en 1978).
Quant aux
importations
des autres
clients,
la
tendance est à la baisse. Celle-ci s'inscrit d'ailleurs
dans la
chute
générale de
la
consommation
mondiale
depuis 1971. En effet, de 196b
à
1971, les tonnages de
cacao utilisés
dans
le monde
ont
suivi un
taux
de
progression régulier de 25~. La chute à partir de
1971
s'explique par la loi de l'offre et de la demande
si
les cours mondiaux montent,
les tonnages (ou
broyage)
- 277 -

diminuent et
vice versa.
Donc, avec
le maintien
des
conjoncturent nationales et internationales
actuelles,
l'avenir du cacao est aléatoire,
et à l'horizon
2000,
ce produit, aujourd'hui vedette, ne deviendra plus
que
l'ombre de lui-même.
L'Eur9pe Occidentale est le plus gros importateur
mondial de cacao, avec plus
du tiers de la
production
(504 900 t
sur un total mondial de 1 388 000 tonnes
en
1975 contre seulement 239 000 t
en Amérique du Nord
et
Centrale)
:. mais, les U.S.A. viennent en tête par
pays
avec plus
de 250
000 tonnes
par an.
Le tableau
ci-
dessus révèle bien la dynamique de leur consommation de
cacao (taux de croissance annuel, 30~ contre 14,5~ pour
la France).
On note la
faible présence de
l'Afrique et
des
pays arabes
qui, pourtant,
constituent des
débouchés
potentiels
assez
importants
à
développer
ou
à
conquérir. Des
études
ont montré
qu'en
Afrique,
la
consommation
du
café
et
du
cacao,
hier
encore
inexistante, commence à rentrer dans les moeurs,
grâce
au développement, facteur
du changement des
habitudes
de consommation.
Il en est de même dans les pays arabes
dont les pouvoirs d'achat
élevés suscitent un
certain
espoir malgré la concurrence du
thé. Dans les pays
de
l'Est
(U.R.S.S.
notamment),
l'assouplissement
des
- 278 -

législations
sur
les
importations
garantissent,
à
l'avenir, l'accroissement de celles-ci.
Ces nouveaux marchés ou débouchés potentiels sont
très nombreux :
- Les pays arabes: l'Algérie (95 t
en 1976), le
Maroc
(3 911 t
en 1979), la Tunisie (450 t
en 1976, 200 t
en
1977 et 1978, 671 t
en 1979), la République Arabe
Uie,
l'Arabie Saoudite dont les pouvoirs d'achat sont
assez
substantiels;
mais,
dans ces
pays,
le thé
est
un
concurrent redoutable pour le café et le cacao
- Les pays africains
: le Cameroun (1
561 t
en
1976,
720 t
en 1977, 97 t
en 1978), le Nigér1a dont la
forte
population de 100 millions d'habitants constituent
une
important demande potentielle bien qu'actuellement, ses
importations soient encore à l'état embryonnaire (150 t
en 1977 et 100 t
en 1978)
;
- les pays de l ' E s t :
la Russie, la Bulgarie (100 t
en
1976 et 1977), la R.D.A.
(200 t
en 1977).
Parmi les autres pays, le
Canada (988 tonnes
en
1976), le Japon (460 t
en 1976, 400 t
en 1977, 330 t
en
1978), l'Australie (277 t
en 1976, 270 t
en 1977,
1415
t
en 1979) et la Chine sont des marchés potentiellement
très intéressants.
- 279 -

Paragraphe II
Demande extérieure
des
autres
produits agro-alimentaires ivoiriens
21 - Le marché des produits du palmier à huile
Le palmier à huile est l'un des produits d'avenir
sur lesquels la COte d'ivoire
mise en compensation
du
déclin du café et du cacao.
Les
produits
du
palmier
à
huile
exportés
actuellement
comprennent
les
noix
de
palmiste
et
l'huile de palme.
Par ses 80
000 tonnes
prévues annuellement,
la
COte d'Ivoire s'affirme
comme le
3ème exportateur
de
l'huile
de
palme
loin
derrière
la
Malaisie
et
l'Indonésie. Ses débouchés sont très diversifiés.
Elle exporte surtout vers
les pays européens

la France cède, pour une fois,
sa place de leadership à
la R.F.A .. Celle-ci, avec ses
30 727
tonnes en
1976,
27 315 t
en 1977 et 20 273 t
en 1978, domine
largement
le marché ivoirien du palmier à huile.
La France arrive
seulement en deuxième
position
avec une chute en 1978 (8 668 tonnes en 1978 contre
16
742 t
en
1977), suivie par
les Pays-Bas,
l'Italie
et
l'Angleterre (clef tableau page 48).
- 280 -

L'Afrique est
présente,
cette fois,
mais,
les
demandes sont encore
insuffisantes bien qu'appelées
à
évoluer. Dans cette "poule", le Sénégal domine, talonné
par la Niger, le Gabon et ~e Nigéria.
On remarque l'absence notoire
des pays de
l'Est
et des pays arabes, excepté l'Algérie (2 924 tonnes
en
1976).
Si le gouvernement mise sur
le palmier à
huile,
son avenir n'est pour autant
pas assuré.
Il suffit
de
consulter le tableau suivant pour s'en convaincre:
la
tendance générale
est à
la baisse.
Depuis 1976,
les
clients ne cessent
de réduire
leurs importations.
La
RFA, premier pays importateur a
réduit des deux
tiers
ses achats (de 30 725 tonnes en 1976 à 10 074 t
en 1979
et 20 273
en 1978):
la France est
passée de 16
742
tonnes en 1977 à 8 668 en 1978, l'Angleterre, de 17 295
tonnes en 1976 à 7 867 en 1978 et 3 569 en 1979. Il
en
est de même pour tous les principaux clients. Si
cette
tendance se poursuit,
l'avenir de
la demande
globale
des produits
du
palmier
à
huile
sera
sérieusement
compromis.
-
281 -

Tableau
l
Principaux
acheteurs
des
produits
du
palmier à huile
(en i.onne)
PAYS
1976
1977
1978
1979 0
R.F.A.
30 725
27 315
20273
10044
Frenœ
14215
16742
8668
13 011
Pa.y5-Bas
6684
14711
14 221
7951
Italie
9940
9202
8727
6 818
An;Jleterre
17 295
7972
7867
3659
~
1097
D3u:m:a:k:
5272
2432
1209
~
10 255
1524
Qlana
7713
1821
970
1387
Algérie
2 924
Sénégal
4746
2689
3 624
4071
Haute-Volta
388
814
829
1586
Nigéria
4283
267
981
1 937
Niger
2380
2403
1607
2 952
Mauritanie
180
378
1089
484
Galxn
2023
2 037
2 171
1 335
CCD}::>
127
400
665
976
Divers
110
5623
2 592
6 618
(l) : Noix de palmiste et lu1i.J.e de pWœ.
(O) : Estimiti.cml
5aJrœ : Statistiques de la Di.rect.i.a1 Générale des Douanes de e:ate d'Ivoire.
-
282 -

22.
- Le marché des bananes
On peut distinguer
deux sortes de
marchés:
le
marché mondial

les
prix obéissent
à
la
loi
de
l'offre et de la demande
internationales et le
marché
français où
ils
sont
fixés
annuellement,
au
stade
wagon-départ, par l'Administration.
Le marché français est le
plus gros débouché
de
la COte
d'Ivoire mais,
saturé.
Il
absorbe la
quasi-
totalité des bananes ivoirienne. Sur le total
débarqué
de 1971 à 1974,
sa part relative est de
+ 65~ (de
92
767 en 1971
à 102 810
t
en
1974) ; en
1976, elle
a
atteint le record de 82~ contre 73,33~ l'année
d'avant
107
(soit 79
668 t
contre
99 083
t
en 1975
clef
tableau ci-dessous). Les autres clients ne sont
servis
qu'après
déduction
des
tonnages
allant
au
marché
français.
Le marché français est
aussi celui qui
rénumère
le plus les bananes ivoiriennes contrairement à ce
qui
se passe
ailleurs.
En
effet,
depuis
1961,
il
est
contingenté donc organisé
et protégé.
Les deux
tiers
sont réservés
aux bananes
des D.O.M.
(Martinique
et
Guadeloupe) et
le tiers
restant
à
celles
des
Etats
associés (COte
d'Ivoire,
Cameroun
et Madagascar).
En
107. Marchés Tropicaux et
Méditerranéesn No 1639
page
15.
- 283 -

cas
d'insuffisance
de
ravitaillement,
le
groupe
d'intérêt
économique
bananier
(G.I.E.B.)
en
France
achète le complément aux pays
tiers.
La Cote
d'Ivoire
ne peut donc, en principe,
dépasser sa quote part
qui
représente
seulement
75/140ème
du
tiers
du
marché
français. Mais, actuellement, pour compléter les offres
insuffisantes de ses partenaires,
il
lui est arrivé
à
maintes reprises de dépasser
son contingent.
C'est
le
Comité-Interprofessionnel
Bananier
qui
régit
les
approvisionnements
en
France
en
répartissant
mensuellement les
importations nécessaires
selon
les
besoins. IL comprend les délégués des producteurs,
des
importateurs,
des
compagnies
de
navigation,
des
mürisseurs
et
du
négoce.
L'Administration
fixe
annuellement un prix objectif au stade wagon-départ.
Comment la
COte d'Ivoire
ravittaille-t-elle
la
France? Le ravitaillement se fait par
l'intermédiaire
de la
SICOFREL (ou
COFRUTEL). Celle-ci
a installé
à
Marseille, le
port
phocéen, une
antenne
qui
reçoit
exclusivement
toutes
les
cargaisons
de
bananes
et
d'ananas en provenance de la COte d'Ivoire. De là, elle
les répartit au
sein d'un panel
de vendeurs agréés
Fabre
Caparo-Le
Cozie,
Pomona,
Omer
De
Cugis,
Etablissement Emile Azoulay et Cie, Bénécis et
Dupouy,
C.I.C.A/S.A.C.
-
284 -

Avec les
autres pays
clients,
le siège
de
la
SICOFREL à Abidjan négocie directement les contrats
de
ventes.
Outre la France, un autre marché très
important;
la
Grande
Bretagne.
En
raison
de
ses
difficultés
d'approvisionnement aux Antilles anglaises, elle
avait
passé avec la Côte d'Ivoire, un contrat portant sur
25
000 tian (soit
15 à
20~ des
tonnages exportés
entre
1971 et 1974).
En 1976,
elle a reçu
seulement 7
526
tonnes. L'Algérie
(7,5
à
8~
de
1971 à
1974)
s'est
effacée en 1976 après ses 7 000 t
de 1975. Malgré
leur
faible participation,
la Yougoslavie (2,5
à
5~) et
la
Tunisie (2 à
3~) sont
des clients
réguliers pour
la
Côte d'Ivoire. La part de l'Italie et celle du Maroc ne
méritent d'être mentionnées que pour mémoire. L'Afrique
est encore
absente hormis
le
Sénégal qui
a
importé
entre 1970 et 1976 en moyenne 2 376 t.
D'une
manière
générale,
en
raison
de
la
régression
de
la
production,
les
exportations
ivoiriennes
ont
accusé
une
baisse
considérablement
notamment
en
1975
et
1976.
Cette
baisse
doit
se
poursuivre longtemps, aggravée encore par la poussée de
la concurrence de certaines sociétés multinationales et
notamment des
Etats associés
dont les
offres sur
le
marché français
vont s'accroissant.
De surcrolt,
les
- 285 -

possibilités d'absorption
du marché
européen
tendent
vers la saturation.
-
28b
-

Tableau II
Exportations de bananes
(Poids débarqué en t)
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
Frarx:e
97437
92 767
105 527
86 108
102 810
99 083
79 668
Algérie
10 710
11 537
12 362
10592
12 873
7024
'1\\Ini.si.e
2 343
3 132
5107
3 970
3 752
1 136
5 676
Yc:u;JOSlavie
1 324
3485
5610
5434
8098
973
1983
Gele E:retagne
19 219
28 393
29 617
23 240
23 749
22 671
7526
Sénégal
2277
866
2 285
2 035
3277
3 193
2 693
Italie
419
490
2 755
501
M3rcc
370
713
Autres P3Y5
2 639
941
2882
Total
136 278
141 121
164 250
131 379
157 414
135294
97546
% de croissarx:e
+ 3,5
+ 16
- 20
+ 19,7
+ 14
-28
Cl) Cf; Il1lJstxatiaJ grapuque à la fin du chapitre III
So.Jrœ : Tableau é1ahJré à pm:ir des statistiques du Ministère de l'Jl.gri.c:ulture de
Côte d'Ivoire.
-
287 -

23 - Le marché des ananas
Qui achète
les
ananas de
Côte
d'Ivoire
?
Le
tableau
suivant
nous
répond
mais
avant
tout,
rappelons que la Côte d'Ivoire exporte deux
catégories
d'ananas
: les ananas frais et les ananas en conserves.
Les clients sont presque les
mêmes que ceux
des
bananes.
Le principe de ventes ne diffère pas non plus.
En gros, deux marchés
: le marché
libre où les
cours
résultent de
la
confrontation de
l'offre
et
de
la
demande
internationales
et
le
marché
français,
contingenté où
les prix
et les
quantités sont
fixés
annuellement par l'Administration.
La France
se présente
encore comme
le
premier
pays consommateur des ananas ivoiriens. Elle est
aussi
le marché le
plus rémunérateur
parce que
contigenté.
Mais, le contingentement
vient d'être
.levé en
partie
depuis le
22 Juillet
1975, date
à
laquelle
Paris
a
ouvert ses
frontières aux
autres
pays. Avec
40%
du
tonnage total débarqué en moyenne
(45% en 1975
contre
36% en 1971), la France constitue le plus gros débouché
des
ananas
ivoiriens.
Ses
achats
progressent
régulièrment. De 6 561 tonnes en 1970, ils sont
passés
à
28 912 en 1975 doit 4,5 fois.
La progression générale
est en
moyenne de
37%.
L'Allemagne fédérale
qui
ne
consomme pas de
bananes ivoiriennes
est cependant
le
- 288 -

second acheteur d'ananas ivoiriens. En l'espace de
six
ans, elle a doublé ses
importations (11 470 t
en
1975
contre 4 106 en 1971). Elle est suivie par l'Italie
(6
314 t
en
1975 contre 1
756
en
1970), l'Espagne,
la
Belgique et
les
Pays-Bas.
Les
importations
suisses
progressent aussi considérablement.
En
1976,
les
pourcentages
des
débouchés
se
108
présentent ainsi
France
47~
Belgique
7~
Gde-Bretagne •.. 1,5~
R.F.A.
11,5~
Pays-Bas
5~
Tchécoslovaq ... 1~
Italie
11~
Scandinavie.2,5~ Yougoslavie ... O,7~
Espagne ..
10~
Suisse
Sénégal
autres
•.. 0,4~
Comme le
révèlent ces
.pourcentages, les
ananas
frais ivoiriens sont essentiellement consommés par
les
pays
européens.
Cela
s'explique
par
leur
position
géographique. Les ananas étant des denrées fragiles
et
facilement périssables,
leur transport
maritime
doit
s'effectuer sur de courtes distances. Et, l'Europe
s'y
prête beaucoup:
la
France, les ports
du Nord et
les
ports méditerranées.
Une
fois encore,
l'absence
des
pays africains et des pays arabes se ressent ici.
108. Marchés Tropicaux
et
Méditérranéens du
8
avril
1979.
- 289 -

Quant aux
ananas transformés,
le gros
débouché
est toujours l'Europe avec la prédominance de la C.E.E.
Mais,
la COte d'Ivoire exporte également des
conserves
en Amérique
du
Nord et
quelques
jus en
Afrique.
A
l'intérieur de
la
C.E.E.,
le
marché
principal
est
l'Allemagne
mais,
la
France
demeure
le
débouché
capital et de loin le plus rémunérateur; avec 35~
des
conserves et 85~ des jus.
Les distributions aux consommateurs se
déroulent
de la manière suivante:
les trois usines
ivoiriennes
de traitement
d'ananas
frais
(SALCI,
SAFCO,
SIACA)
disposent
en
Europe
des
services
de
ventes
par
l'intermédiaire
desquels
elles
touchent
les
consommateurs finaux.
Ces
services sont
au nombre
de
trois
à
Paris
Société
Tropicale
de
Commerce
(SO.TROP.CO.) pour
la
SALCI
(qui
vend
sous
marque
principalement le "YAPO";
SELDIF pour la SAFCO
(qui
vend
sous
marque
"Cotivana")
enfin,
les
Etablissements Michel Boyer,
pour la
SIACA (qui
vend
sous marque "Ivorio").
Par ailleurs,
la
COte
d'Ivoire
bénéficie
des
avantages de
la
Convention
de
Lomé.
Ses
conserves
d'ananas sont exonérées
des droits
du tarif
douanier
commun s'élevant à 24~. Mais, ces avantages sont battus
en brêche par l'instauration
du système de
préférence
généralisée (S.P.G.) par la C.E.E.
: celle-ci octroie à
-
290 -

des pays
en
voie de
développement
non
associés
au
marché commun certains avantages tarifaires sous
forme
de
contingents
à
droits
réduits.
Ainsi,
sur
une
consommation communautaire inférieure à 200 000 tonnes,
ils bénéficient d'une part, d'un contingent de 45 000 t
(conserves d'ananas autres
que tranches)
au droit
de
12~ et
d'autre
part,
d'un contingent
de
28
000
t
(conserves d'ananas en tranches) au droit de 15~. Donc,
au total, 73 000 t
échappent au droit plein de 24~ dont
sont
exemptés
les
ananas
ivoiriens
c'est
un
désavantage pour la Côte d'Ivoire.
Dans
l'ensemble,
les
exportations
ivoiriennes
d'ananas frais et d'ananas
en conserves se
comportent
d'une
façon
assez
satisfaisante.
Avec
un
taux
de
croissance moyen
de 34~,
si la
tendance actuelle
se
poursuit, les exportations d'ananas frais atteindraient
281 049 t
en 1985 et bOb 504 t
en 2000. Les
livraisons
de conserves
et
de
jus
d'ananas
augmenteraient
en
suivant
la
tendance
ascendante
(sauf
1975)
de
la
consommation française.
L'avenir des
ananas ivoiriens
serait donc
plus
prometteur
que
celui
des
produits
précédents.
Toutefois, l'ouverture
des frontières
françaises
aux
autres pays
vient ternir
un peu
cet espoir,
car,
à
l'horizon,
s'annonce
menaçante
la
concurrence
- 291 -

(ThaIlande, Formose,
Malaisie,
HawaI,
Kenya).
Déjà,
elle s'est manifestée, mais discrètement.
-
292 -

Tableau III
Exportations d"ananas frais
(Poids débar~ué ~n tonnes)
PAYS
1970
1971
1972
1973
1974
1975
Frarx:e
6561
7 916
13009
15 955
25429
28 912
Allan. Fédér.
4106
6077
9606
8 705
8395
11 470
Belgiqœ
1484
2239
3 540
2907
4171
3293
Pays-B:!s
324
643
2 413
2 251
3 316
2683
Gele Bretagne
39
312
933
1071
1 147
780
Italie
1 756
2245
3 270
4663
6320
6 314
~
352
722
1422
3334
5 529
5958
5can:llnavi.e
110
94
553
1008
1 419
1760
9:.Wlse
1 143
1140
1654
1377
1 595
1 248
Tchécœl.ovaq.
314
368
354
51
512
1347
YO!.J3OSl.avi.e
745
1373
3 11i
129
Grèce
61
52
103
96
Autri.che
8
85
90
87
Divers
94
295
22
2
'lbtal
16258
21808
38498
42 990
61 165
64 079
croissance
annuelle (%)
34
76,5
12
42
4,8
Total 1985 : 281049 t
'lbtal 2000 : 606 S04 t
(l) Cf. Illustzaticn grcq:h:i.que à la fin du chapitre III
5aIrœ : Statistiques agri.o:>1es de Côte d'Ivoire.
-
293 -

24 - Le marché des noix de coco et des avocats
Produits récemment
entrés
dans
le
circuit
de
commercialisation,
les
noix de
coco (coprah)
et
les
avocats connaissent des débouchés encore limités.
Le marché des
noix de
coco est
très actif.
La
demande y
est vive.
Mais,
l'insuffisance
de
l'offre
ivoirienne ne
lui permet
pas d'honorer
toujours
ses
engagements. Les clients
sont les mêmes
que ceux
des
produits précédents.
Le principal débouché est l'Italie
(qui
réexporte
d'ailleurs
sur
l'Europe
de
l'Est),
talonnée par l'Espagne,
la France et l'Europe du Nord.
Le coprah (amande de noix
de coco desséché
pour
l'huile) est
consommé
surtout par
l'Espagne
( 9
340
tonnes en 1977
contre 6
013 en 1976),
la R.F.A.,
la
France ( 1 784 t
en 1977 contre 1 000
en 1976) et
les
Pays-Bas (clef tableau ci-dessous).
Les
exportations
totales
vers
ces
pays
ont
fortement progressé depuis 1970 : 11 257 tonnes en 1974
contre 9 052 en 1973, 5 322 en 1972, 3 212 en 1971 et 2
364 en 1970 soit un
taux d'accroissement moyen de
48~
se répartissant ainsi:
36$ en 1971,
65,6~ en 1972, 70~
en 1973 et 24$ en 1974.
En suivant cette même tendance,
les
exportations
ivoiriennes de noix de coco plus coprah atteindront
-
294 -

~ tonnes en 1980,
204 000
en 1985 et 872 000 à
l'an
2000.
Le marché des noi~ de
coco et dérivés a d~nc
~.
bel avenir, malgré la concurrence de Srilanka depuis la
réouverture du canal
de Suez,
lui donnant
facilement
accès aux marchés européens.
Quant aux
exportations
des
avocats
ivoiriens,
elles se situent encore à l'état embryonnaire: de
150
tonnes en 1972, elles sont passées à 250 tonnes en 1975
(soit le tiers de la production) et 261,6 t
brut
(soit
231
t
net
en
1976).
Les
principaux
clients
sont
l'Europe du Nord, la France, l'Italie et l'Espagne.
Le marché des avocats est pourtant prometteur. Le
seul
concurrent
sérieux
est
Israêl,
mais
la
Côte
d'Ivoire dispose
d'un atout
majeur
sa
période
de
production allant
de
février à
septembre,
prend
le
relais de
la
production
israêlienne
qui
domine
le
marché européen.
- 295 -

Tableau IV - PrincifBUX acheteurs de noix de =
et de coprah
00lX DE fui)
PAYS
1976
1977
1978
1979
Frcmœ
1 923
1 298
975
Pays-Bas
1 215
1 179
808
Italie
3924
47f:fJ
3 697
2000
ESpigne
1849
1883
1481
1669
tJ.E.B.L.
1642
1 563
Irx:lcI1ésie
133
Sénégal
606
562
!bJ:J KcnJ
281
Divers
113
1220
2 337
5665
Les ta1nageS cil roprah sent rép:Irtis entre la Frcmœ ( 1 000 t en 1976, L 784 en
19TI), les Pays-Bas 515 t en 1976, 1 012 en TI), la R.F.A. (3 5f:fJ t en 1976, 1 516 t
en 77), l'Es{:8gne (6 013 en 76, 9 340. en TI), l'tJ.E.B.L. (525 t en TI) et le
FbrttJgal (4 001 t en TI)
296

25 - Le marché de la canne à sucre
La Côte d'Ivoire
produit du sucre
(le sucre
de
canne), mais
l'insuffisance de
sa production
ne
lui
permet pas d'en
exporter actuellement.
Son marché
de
sucre est donc inexistant.
Toutefois, elle compte
sur
109
ses programmes ambitieux
établis
pour venir
gonfler
le nombre des pays
exportateurs déjà assez
important.
Mais, vaut-il la peine de
pénétrer sur un marché
déjà
saturé ?
La
situation
d'excédent
structurel
grave
du
110
marché mondial du sucre
annonce des perspectives plus
que pessimistes
alarmantes se
traduisant
par
une
dépression durable
des prix.
Depuis 1974.
les
cours
n'ont
cessé
de
dégringoler
(13
Unités
de
comptes
111
Européennes
pour 100
kg
en
1977/78
contre
101,66
UCE/l00 kg
en 'novembre
1974 et
17,53 UCE/l00
kg
en
1972/73 à la bourse de LONDRES).
109. Projets de la construction de six grands complexes
sucriers à Ferké l,
Ferké II, Katiola,
Zuenoufla
et Borotou d'une capacité théorique de
production
de 45 à 60 000 t
par an.
110. 25~ seulement (dont 90~ de canne) de la production
mondiale
du
sucre
font
l'objet
d'échanges
internationaux. Le marché libre est résiduel:
10
à
15~ de la production. Le reste est vendu sur
le
marché sous-quotas faisant l'objet d'accords entre
producteurs
et
consommateurs
à
des
prix
généralement supérieurs au cours mondial.
111. L'Unité de Compte Européen (UCE) -
6,06 FF.
-
297 -

Une telle
tendance
ne peut
que
dissuader
les
nouveaux exportateurs sur ce marché déjà partagé
entre
Cuba (environ
26% du
total), le
Brésil (10,5%),
les
Philippines
(7,5%),
l'Australie
(7,5%),
la
France
(6,5%),
la
Rep.
dominicaine (5%),
l'Afrique
du
Sud
(4%), le Mexique (3,5%),
l'Ile
Maurice (3%), le
Pérou
(2,5%),
la
Guyane (1,4%),
la Jamaïque
(1,5%) et
les
quatorze Etats ACP de la Convention de Lomé: Barbarde,
Fidji, Guyana,
Maurice, Jamaïque,
Kenya,
Madagascar,
Malawi, Ouganda, Congo,
Swaziland, Tanzanie,
Trihibad
et Tobago, Surinam.
Certes,
la croissance de la consommation des pays
en voie de développement,
bien que faible
(7 à 18
kg
per
capita
contre
34
à
50
kg
dans
les
pays
industrialisés), constitue
un
élément
d'optimisme
mais,
la saturation de la
demande des pays
développés
et
la
montée
des
produits
de
substitution
(maïs)
viennent
gommer
cet
espoir.
Alors
que
la
demande
baisse,
la tendance des disponibilités exportables
est
à la hausse.
L'excédent de l'auto-approvisionnement
de
la
C.E.E.,
en
tenant
compte
des
importations
préférentielles (ACP, PTOM,
Inde), l'emmène à
prévoir
une augmentation
substantielle de
ses
disponibilités
exportables.
Il en est de
même pour les pays ACP
dont
les
disponibilités
à
l'exportation
passeront
de
2
millions
de
tonnes
actuellement
à
2,9
millions
à
- 298 -

l'horizon 1981. Sur ces 900 000 tonnes de plus,
347 000
t
seront produites par deux nouveaux pays exportateurs:
la COte
d'Ivoire
et
le
Soudan
comme
l'indique
le
tableau ci-dessous
Tableau V - Disponibilités à
l'exportation
Pays
1977
1981
1984-85
Cameroun
12.000
100.000
COte d'Ivoire
0
160.000
188.000
Kenya
0
105.000
Soudan
0
187.000
Swaziland
216.000
359.000
-------
Total
683.000
Ainsi,
les
disponibilités
exportables,
en
accroissant plus vite
que les besoins
d'importations,
laissent appara1tre
un
excédent
de
l'offre
sur
la
demande qui,
à
son
tour,
contribue
à
aggraver
le
112
caractère
dépressif
du
marché
mondial
en
compromettant sérieusement son avenir.
112. Bien que
le
commerce
mondial
du
sucre
amorce
depuis le
début
de l'année
1980,
une
remontée
spectaculaire après trois années bien sombres pour
les exportateurs.
-
299 -

A ces
aléas
conjoncturels s'ajoute
la
volonté
politique d'entrouvrir ou non le
protocole sucre à
de
113
nouveaux pays
La Zambie vient d'essuyer une fin
de
non-recevoir à sa demande de bénéficier de ce protocole
sucre. La Côte d'Ivoire, à
son tour, attend devant
la
porte verrouillée de ce dernier, après la réticence
de
114
la
C.E.E.
de
l'accepter.
Pourtant,
QeJ~e-Gi
même
avait garanti
à
la
Côte
d'Ivoire,
l'achat
de
ses
di~p?nibilités exportables.
Devant
des
perspectives
aussi
sombres,
on
s'interroge
alors
sur
le
bien
fondé
des
fabuleux
investissements en complexes
sucriers projetés par
la
Côte d'Ivoire.
113. Le protocole 3 ou protocole sucre de la Convention
de Lomé prévoit l'achat annuel par la CEE de 1 225
500 tonnes de sucre de canne (valeur sucre
blanc)
provenant des
pays
ACP
producteurs,
auxquelles
s'ajoutent 25 000 t
en
provenance de l'Inde:
ce
protocole s'étend sur d'autres produits
agricoles
: café, cacao, bananes, ananas, coco, palmier
etc
114.
"L'Europe étant elle-même
excédentaire. il
n'est
pas question d'autoriser de nouvelles exportations
de sucre
africain
à
des
conditions
de
faveur"
répondait la CEE aux nouvelles demandes.
-
300 -

H~P~RilTlON ù[S ~"~cHt~ lVOlRlENS
GRAPHIQUES EN POURCENTAGE
01
%
/ .
Cacao
42
42
Café
1
36
36
PAYS-BAS
30
lR.U1CE
\\,
\\
24
24 .
\\
. • l'AYS-BA.S
J
J
t
18'
~
/
1B
--
,
1
..._ _..../
/
·U.S.A.
\\
\\
'U.S.A.
-"'./
12
12
\\
.... -- ....-
t
1
6
6
~/._. U.R.S.S.
,
_A.U.de L'O.
.
-
-~- .......
.,., -- - ./ ........
1 79
1976
%
Bananes
Ananas
42
84
FRANCE
72
60
30
48
24
18
3.6
24
A.LGt:R~ANGLET.
12
6
~.
._---.~~
~UNI.'3.rE
' .
OSLo
1972
1973 1974
19'15
1976
-lOl -

Que retenir donc de ce chapitre II ? -deux
types
de marchés sont à distinguer dans les exportations
des
banalle~, ananas, café et cacao
de COte d'Iv0ire:
les
marchés contingentés
dits sous-quotas
et les
marchés
libres
dits
hors-quotas.
Les
principaux
clients
ivoiriens sont les pays de la CEE dominée par la France
comme
l'illustrent
les
graphes
ci-contre.
~ur
ce
dernier· marché,
les
produits
ivoiriens
sont
mieux
rémunérés car,
il est contingenté donc protégé.
La politique agricole ivoirienne est de faire des
bananes, des ananas, du café et du cacao des "produits-
locomotives".
Mais,
ceux-ci
ont
atteint
déjà
leur
paroxisme
et
la
demande
va
baissant.
Certes,
ces
produits
ont
fourni
l'essentiel
des
devises
ivoiriennes, mais,
n'est-il
pas temps
d'orienter
la
priorité des objectifs
vers les
cultures récentes
et
notamment
vers
les
cultures
vivrières
?
-La
COte
d'Ivoire fait
encore
partie des
pays
qui
souffrent
d'insuffisance
alimentaire
et
pour
résoudre
ce
problème, elle
est obligée
d'importer, notamment
des
céréales
permettant
de
satisfaire
ainsi,
à
la
consommation locale sans cesse croissante.
-
302 -

.
Section
II
. Impact de l'environnement
poli tique
international
Hormis les facteurs d'ordre économique comme
les
marchés
extérieurs,
l'environnement
international
exerce d'autres pressions sur l'économie agro-alimen-
taire ivoirienne. Ces pressions résultent des retombées
économiques des
décisions
politiques ou
des
accords
internationaux
du
genre
Communauté
Economique
de
l'Afrique de l'Ouest (CEAO), Communauté Economiques des
Etats de
l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO),
Organisation
Internationale
sur
le
Café
et
le
Cacao
(OIAC),
Conférence des
Nations Unies
pour le
Commerce et
le
Développment (CNUCED), etc
Par. 1 - Analyse des Accords sous-régionaux
1.1. Principes et objectifs
Menacée
par
la
désertification,
la
crise
alimentaire et énergétique,
l'Afrique Noire souffre
à
la
fois
de
l'asymétrie
de
l'ordre
qui
régit
les
échanges commerciaux et financiers internationaux et de
la médiocrité de la gestion économique interne. A
cela
s'ajoute l'insuffisance
notoire de
la taille,
de
la
concentration et de la solvabili~des marchés africains
(excepté le
Nigéria) pour
assurer la
masse
critique
nécessaire au développement
autocentré des
industries
locales.
-
303 -

Ces handicaps traduisent sa dépendance
chronique
de l'Extérieur, entrave son développement et
détériore
le
niveau
de
vie
d'une
région
africaine
trop
balkanisée.
En vue d'atténuer les
effets de cette
situation
dramatique qui n'a que trop duré,
les pays de l'Afrique
de l'Ouest
ont
jugé
nécessaire
de
conjuguer
leurs
efforts.
111
Communauté
Economique
de
l'Afrique
de
l'Ouest (CEAO)
Créée
en
1974,
la
Communauté
Economique
de
l'Afrique Occidentale est une ébauche de Marché
Commun
entre six
Etats
africains:
COte
d'Ivoire,
Burkina
Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal.
Son objectif repose sur
la volonté de
favoriser
des échanges intracommunautaires
en créant
peu à
peu
les conditions du
libre-échange. Des
actions ont
été
déjà
réalisées
parmi
lesquelles
l'opération
de
promotion des produits
de la sous-région
(réalisation
d'un catalogue
commercial, aménagement
de
"vitrines"
C.E.A.O.) dans chaque
pays; mise
en place du
centre
sous-régional d'Informations commerciales (C.R.I.C.)
création
de
l'Union
Monétaire
de
l'Ouest-Africain
(U.M.O.A.)
et
l'élaboration d'une politique
commune
en matière
de
transports.
La
C.E.A.O.
travaille
en
-
304 -

étroite collaboration avec des organismes de
dimension
régionale (Conseil
de
l'Entente, Centre
du
Commerce
International,
C.E.D.E.A.O.)
et
internationale
Nations-Unies (GATT, Conférence des Nations-Unies
pour
le
Commerce
et
le
Développement,
Programme
des
Nations-Unies pour le développement).
Ses
outils
de
travail
sont
la
Taxe
de
coopération Régionale (T.C.R.), le Fonds
Communautaire
de
Développement
(F.C.D.)
pour
le
financement
des
projets, et le
Fonds de
solidarité et
d'Intervention
pour le Développement de la Communauté (F.O.S.I.D.E.C).
112
Communauté
Economique
des
Etats
de
l'Afrique de l'Ouest
En Mai 1975, convaincus de la nécessité vitale de
développer sur un plan horizontal (entre pays
pauvres)
leurs échanges commerciaux, de conjuguer leurs
efforts
économiques, dix autres
pays de l'Afrique
Occidentale
(le Bénin, le Togo,
le Ghana, la Gambie, la Guinée,
la
Guinée Bissau, le Libéria, le Nigéria,
la Sierra
Léone
et la
Cap-Vert)
se joignirent
aux
six Etats
de
la
C.E.A.O.
(la
COte
d'Ivoire,
le
Burkina
Faso.
le
Sénégal, le
Mali,
la Mauritanie
et
le
Niger)
pour
former une grande communauté économique et commerciale,
la C.E.D.E.A.O.
-
305 -

Son
objectif
fondamental
créer
un
espace
économique et douanier unique,
mieux un marché
commun
régional par un processus d'intégration progressive, en
vue d'améliorer le
niveau de vie
des populations.
La
réalisation de cet objectif devant passer par :
-
l'élimination des droits et
taxes,
la mise
en
place d'un tarif douanier extérieur commun,
la
suppression
des
obstacles
à
la
libre
circulation
des
personnes,
des
services
et
des
capitaux,
l'harmonisation
des
politiques
économiques,
industrielles,
agricoles,
d'infrastructure
par
la
réalisation de
programmes communs
sous-tendus par
la
création
d'un
fon~$J le
Fonds
de
Coopération,
de
Compensation et Développement (F.C.D. destiné à fournir
entre autres aux Etats membres, des compensations,
une
assistance, des
subventions
au développement
et
des
grandes aux investissements étrangers.
Cet objectif,
très
ambitieux,
rentre
dans
le
droit fil du
Plan d'Action qui
vise l'unification
et
l'autonomie économique de l'Afrique d'ici à l'an 2000 à
travers une politique qui met l'accent sur une économie
auto-centrée et un
processus de développement
intégré
des
économies
(intégration
des
marchés
et
des
productions) pour
accroltre
leur
auto-suffisance
et
stimuler leur
croissance
endogène
(c'est-à-dire
une
- 306 -

croissance générée et entretenue par les forces propres
aux pays). Toutefois, sa concrétisation pose
d'énormes
difficultés.
12. Obstacles
Certes, des
acquis
non moins
importants
voire
satisfaisants
ont
été
enregistrés
à
l'actif
de
la
Communauté, mais, si l'on jette un regard sur le
reste
du chemin
à
parcourir pour
aboutir
à
l'intégration
totale et parfaite,
très vite l'autosatisfaction
fait
place à une
certaine inquiétude:
tant les
problèmes
restant à résoudre sont nombreux.
Tout d'abord,
la coexistence de la CEAO et de
la
CEDEAO, deux
organisations
composées
en
partie
des
mêmes pays membres, ne va
sans créer de conflits,
non
entre les objectifs qui sont identiques, mais, au stade
des programmes et des instruments, déphasés les uns par
rapport
aux
autres
conflits
de
calendrier,
de
structures de programme, de mécanismes, etc ...
Cette situation
entrave l'accomplissement
total
de l'intégration économique dans la sous-région.
De surcr01t,
les
disparités d'ordre
structurel,
trop criardflS
entre
H:>
Etats
membres
da
la
CEDEAO,
n'incitent pas à l'optimisme.
-
307
-

Si seuls le Mali, le Niger, le Burkina Faso n'ont
pas
accès
à
la
mer,
le
Nigéria
rassemble,
seul,
115
55%
de
la
population
totale
de
la
région.
Le
Produit-National Brut (PNB)
ou richesse nationale
par
habitant de la
COte d'Ivoire
est pluS ~six (6)*
fois
supérieur à celui de
la Guinée-Bissau.Onze(ll) des
16
pays
ont
un
revenu
par
habitant
inférieur
à
553
dollars* (au
taux
courant de
1
dollar -
350
FCFA)
contre 1430 dollars en moyenne
pour la COte
d'Ivoire,
le Libéria, le Nigéria,
le Sénégal et la Mauritanie.
Mieux, douze (12) des 16 pays concentrent 40%* de
la population et se
partagwtmoins de
20%* du PNB.
La
COte d'Ivoire
et le
Nigéria
représentent~$%* de
la
population de la région et
80%* de son PNB. Hormis
le
Nigéria, la COte d'Ivoire,
le Ghana et la Guinée,
tous
les autres
pays
importent, plus
(en
valeur)
qu'ils
n'exportent. Les pays enclavés, le
Niger, le Mali,
le
Burkina Faso
dépendent énormément
de la
région
pour
leurs importations.
La Communauté regroupe des pays dont les recettes
en devises proviennent à plus de 80% de produits d~base
consommés et transformés
ailleurs.
La
plupart de
ses
membres dépendent pour plus des
trois quarts de
leurs
exportations d'un ou de deux produits de base.
115. Selon les Statistiques CEDEAO.
-
308 -

Sur
ces
disparités
économiques
viennent
se
greffer
encore
des
problèmes
linguistiques
et
monétaires.
Le Groupe Anglophone à 67,2~ de la population
de
la région et un PNB par habitant égal à 1056 dollars (1
dollar courant -
350 FCFA) contre respectivement
32,2~
et 624 dollars pour le Groupe Francophone.
Les pays lusophones
représentent seulement
O,6~
de la population avec 332 dollars par habitant.
En outre,
les
16 Etats
membres
de
la
CEDEAO
utilisent
onze
monnaies
différentes
parfois
non
convertibles entre elles.
C'est là
autant
d'obstacles
à
la
réalisation
d'une solide
intégration.
Néanmoins,
les
atouts
de
cette unification peuvent permettre de doter la
région
d'un
système
productif
intégré
.et
efficient

s'interpénétreront
harmonieusement
les
réseaux
industriels très féconds en effets d'entrainement et de
fonctionnement susceptibles de stimuler les
industries
locales avec
feed-back (c'est-à-dire
retroaction
sur
l'espace sous-régional).
13 - Potentialités
Malgré ses disparités économiques,
linguistiques
et monétaires,
la CEDEAO,
de par
sa population
(150
- 309 -

millions d'habitants consommateurs) et sa superficie (6.
142.000 km2) soit un marché
19
fois plus grand et
15
fois plus
peuplé que
la COte
d'Ivoire, constitue
le
plus grand marché mondial.
Certes,
marché
potentiel
ne
signifie
pas
forcément marché solvable
; mais,
son existence
même
fait naltre déjà
un espoir
en ce sens
qu'il peut
se
transformer en
marché solvable
si les
Etats
membres
remplissent les conditions nécess~ires.
Au préalable, la volonté politique et l'esprit de
solidarité: les opérateurs économiques des
différents
pays-membres
doivent
taire
leur
particularisme
national, leur
désir
de
pouvoir,
certains
intérêts
personnels pour faire prévaloir un esprit communautaire
seul capable de stimuler un processus d'intégration qui
soit
effective,
durable
et
qui
fasse
que
chaque
économie
devienne
à
la
f o i s · fonctionnelle
et
territoriale dans
un
espace
sous-régional
cohérent.
Cette volonté,
ce
dépassement de
soi,
est
d'autant
nécessaire
pour
faciliter
les
prises
de
décisions
communautaires que
le
vote
à
la
CEDEAO
s'effectue
selon le
principe
de l'unanimité,
obligatoire
pour
faire passer toute décision.
Une autre
condition
non moins
importante
est
l'adoption d'un droit communautaire à appliquer par
un
- 310 -

organe
d'exécution
(comme
la
communauté
Economique
Européenne) afin de réprimer
les infractions dont
les
pays membres peuvent se rendre coupables vis-à-vis
des
traités et règlements communautaires.
D'autre part, il faut, entre autres
harmoniser
au
mieux
les
différentes
politiques
nationales
(code
d'investissement,
calendriers,
etc
. . . )
élaborer
un
plan
sous-régional
de
développement
industriel qui prenne en compte les autres plans ;
- privilégier le
long terme (dans
les plans) afin
de
mieux
m~rir
les
projets
et
de
les
réaliser
convenablement
libéraliser
totalement
les
échanges
intra-
communautaires par
suppression
des droits
de
douane
(notamment
sur
l~
produits
industriels),
par
intégration des
infrastructures
de production· et
de
communication
mettre
en
place,
dans
chaque
pays
membre,
une
infrastructure administrative (un secrétariat national)
pour suivre au
jour le jour
le fonctionnement et
les
exigences de la CEDEAO.
La
réalisation
de
ces
actions
fondamentales
favorisera la concrétisation
certaine de l'idéal
dont
s'est
fixée
la
CEDEAO,
à
savoir
assurer
le
-
311 -

développement et l'indépendance économique donc le bien
être de ses membres.
Pour
la
COte
d'Ivoire,
à
économie
en
pleip-
développement mais, handicapée par l'étroitesse de
son
marché,
la
communauté (150
millions de
consommateurs
potentiels)
constitue
incontestablement
un
atout
majeur, en
ce sens
qu'elle lui
permet d'élargir
son
marché local.
En effet,
le dynamisme d'un commerce voire
d'une
économie repose
d'une
part sur
l'étendue
du
marché
local
: plus le marché est grand, plus le commerce
est
dynamique; et
d'autre part sur
la compétitivité
des
produits,
leur
capacité
à
affronter
la
concurrence
étrangère,
et
la
libre
mobilisation
des
facteurs
productifs (capitaux, personnes).
A l'intérieur de
la Communauté,
la
mobilisation
des facteurs
et la
libre circulation
des biens
fait
déplacer
les
lieux
de
production
de
certaines
marchandises.
Cette
évolution
peut
provoquer
la
mutation d'une production à coüt élevé à une production
à bon marché.
Ce changement, de
toute évidence, procède
d'une
cause fondamentale du commerce international,
laquelle
réside essentiellement dans la différence des dotations
en facteurs de production dans les pays.
-
312 -

Ainsi, selon la
théorie de Hecksher,
un pays
a
donc un avantage
comparatif dans la
production de
la
marchandise qui
requiert
l'utilisation
intensive
du
facteur le plus ab9ndant dans le pays.
A
ce
constat,
l'économiste
américain
116
Samuelson
renchérit en
ces termes
: l'effet
et
la
conséquence du commercial
est de tendre
à
rendre
les
rapports des facteurs égaux entre les pays.
Le commerce
se pose donc
en substitut à
la mobilité des
facteurs
entre les pays.
Partant de cette considération sur les
dotations
en
facteurs,
on
peut
dès
lors
déduire
que
les
marchandises produites à moindre coüt seront bon marché
dans la communauté.
Et le bien être des habitants sera d'autant
plus
grand que le revenu douanier
va dispara1tre. Les
prix
des biens devraient en principe baisser.
Les
habitants
retireront
ce
qu'on
appelle
"le
. surplus
du
consommateur".
Il en résulte
donc des
effets dynamiques,
tels
que
l'incitation
au
progrès
technique,
à
l'investissement, et
l'économie d'échelle
(production
116. Paul SAMUELSON
"L'Economique
2",
Collection
U.
ARMAND Colin.
-
313 -

en grande quantité;
à moins que
la demande des
pays
acheteurs soit inélastique).
Paragraphe II - Concept~ et effets des termes
de
l'échange
Le
concept
de
termes
de
l·échange
suscite
beaucoup de controverses entre diverses écoles. tant il
est complexe. Du point de
vue principe général
Colman
117
et F. Nixon
définissent les termes de l·échange comme
la valeur
d·un ensemble
de biens
exprimée en
termes
d·un autre ensemble de biens.
On peut alors parler
de
détérioration des termes de l·échange d·un ensemble
de
biens donnés par rapport à
un autre si la quantité
du
premier permet. en équivalence. d·acheter une
quantité
plus
faible
du
second.
comparé
à
une
situation
antérieure.
La
comparaison
entre
deux
dates
suppose
la
détermination de deux indices de valeul'.s.
C· est dans la
conception de
ces derniers
que réside
la
principale
pomme de discorde entre
les théoriciens. Les
concepts
sont d·autant controversés que les interprétations
des
indices différent<ls.
Certains évaluent
l·uo des
biens en
termes
de
tous les autres: c·est ce qu·on appelle "les commodity
117. D Colman and
F. Nixon
: Economics
of change
in
LDCS. Manchester 1979 (H.B.M.). pp.
90 à 107.
-
314 -

terms of trade". D'autres évaluent un ensemble standard
d'exportations en
termes
d'importations
on
parle
alors de concept de "termes de l'échange net".
D'autres encore ajustent ces termes de
l'échange
net d'un certain volume d'indice d'exportations: c'est
le concept de "termes de l'échange brut". La liste
des
118
concepts est encore longue
Cette variété divise
évidemment les
économistes
sur la question
centrale de
savoir si
des termes
de
l'échange des pays
en développement, dans
l'ensemble,
se sont détériorés
en termes de
leurs importations
à
partir des pays industrialisés.
Pour êlucider
ce
débat,
analysons
les
effets
d'une variation des
termes de l'échange.
En tant
que
phénomène exogène,
celle-ci exerce
une influence
sur
l'économie des pays
en développement.
Comment?
Nous
allons l'étudier
d'abord à
court terme,
puis à
long
terme.
21 - Approche théorique.
La variation des termes de l'échange engendre des
répercussions aussi
bien
sur la
balance
commerciale
118.
Charles P. KINDLEBERGER : The Termes of Trade,
An
European
case
Study,
Chap.man
and
Hall,
Ltd,
London, 1952, p. 240.
- 315 -

donc sur la balance des paiements du pays concerné
que
sur son revenu national.
Cette affirmation a
êtè.déjà
démontrée par
les
119
économistes Kindleberger et
Allemand and Ely
Elle
est récemment
confirmée par
la
baisse du
cours
des
matières, des
pays
en
développement
qui
souffrent,
depuis 1978, du montreux
déséquilibre de leur
balance
commerciale et
par
contrecoup
de
leur
balance
des
paiements.
Les
variations
des
termes
de
l'échange
sont
d'autant
plus
difficile
à
évaluer
qu'elle
s'accompagnent bien
souvent
des
variations
sur
les
quantités exportées
ou importées
elles-même~.
Tantôt
les termes de l'échange varient
dans le même sens
que
les exportations,
tantôt en
sens inverse,
tantôt
la
dégradation des termes de l'échange est concomitante
à
une diminution des quanti tés exporté.es et importées.
Les modèles suivants
illustrent bien les
effets
de ces variations sur la balance commerciale :
En désignant par P et 0 les prix et les quantités
respectivement relatifs aux périodes D,l, . . . X,
l'effet
prix se définit ainsi (Pl-Po)
00 et l'effet
quantité,
(01-00) Po.
119. ALLEN and
ELY
International Trade
Statistics,
Wiley 1953.
-
31b
-

En appelant par les lettres minuscules "p" et "q"
respectivement les augmentations de P et de 0 on a
:
Pl + p - P2
01 + q
02
La somme des deux "effets" donne alors
:
qPl + pOl - AB
où AB représente l'amélioration de
la
balance
commerciale
(en
supposant
constantes
les
importations pour simplifier).
En ajoutant à
cette mesure
l'élément "2pq",
on
obtient
l'amélioration
véritable
de
la
balance
entralnée par l'amélioration des termes de l'échange et
une augmentation des quantités exportées: qPl+pOl+2pq-
AB.
Si on
désigne
par DB
la
détérioration
de
la
balance commerciale, la somme des deux "effets" donne:
-pOl-pOl -
DB.
Cette formulation signifie
que la
détérioration
apparente est supérieure à la détérioration
véritable.
Pour obtenir celle-ci,
il faut ajouter l'élément "2pq":
-pOl -
qPl -
DB
Ces
modèles
n'ont
pas
uniquement
une
portée
formelle
ils
expriment
objectivement
la
triste
réalité
que
vivent
actuellement
les
pays
en
-
317 -

développement
ceux-ci
déployent
des
efforts
considérables à réduire leur consommation intérieure et
surseoir certains projets d'investissements, mais,
ces
efforts sont fâcheusement neutralisés par les effets de
la détérioration des termes de l'échange.
Les résultats des
études de ALLEN
and Ely
dans
"International
Trade
Statistics",
sont
assez
révélateurs.
Ils posent, au dépar.t que la variation due
aux changements
des prix
est
égale à
la
différence
entre la variation de la
balance (en valeur
nominale)
et la variation en volume.
.
En désignant par .
Xi - Valeur des exportations - xipxi année i
Mi - Valeur des importations - mipmi année i
pxi - indice des prix des exportations, année i
pmi - indice des prix des importations, année i
Po -
indice des prix (exportations et importations),
année de base, égal à 1.
La
variation
de
la
balance
commerciale
peut
s'écrire
(Xl - Ml) -
(Xo - Mo) (1)
(Balance en "1") -
(Balance en "0")
et [(Xl-M1)-(Xo-Mo)J-[(xi-mi)-(xo-mo)J(2)
Variation totale
variation due aux quantités
-
318 -

représente la
variation due
seulement aux
mouvements
des prix.
Etant donné,
par définition
que Po
est égal
à
l'unité,
la relation (2) peut se réécrire
( X1-M1-(X o-mo ) ] -( (x 1-m1 ) ] ( )(o-mo ) ] (3)
En simplifiant, on obtient:
X1(px1-1)-m1(Pm1-1)-
Variation
de
la
balance
due
seulement aux prix.
Soit: X1(l-1
) M1(l- 1) - Variation AB (prix).
PXr
"HiiI"
Pour
l'illustrer,
prenons
les
variations
de
l'année
1975
à
l'année
1980
dans
les
balances
commerciales des pays en développement.
- 319 -

22
Impact
d'une
variation
des
termes
de
l'échange
sur
la
balance
commerciale
des
pays
en
développement.
Tableau
l
Balances
commerciales
des
pays
en
développement : Variations de 1975 à 1980
1975
1976
1977
1978
1979
1980
Valeurs des export.atia1s
en mi 11 ; ms de dollars USA
(Fœ)
88.963
107.965
126.869
143.982
182.827
223.792
Valeurs des ~tia1s en
mi 11 ; ms de dollars USA (Cif)
125.171
132.707
153.734
180.556
225.604
290.261
BalarX:es cxnnez:ciales en
mi.llials de dollars
-36.208
-24.742
-26.865
-36.574
-42. m
-66.469
Var:i.atials des 1:.alarx:es p!r
LdWJLL à (1975)
en m:ill.ials de dollars
- améliorat.icn de
11.466
9.343
- Détériorat.icn de
366
6.569
30.261
I:rxliœs de prix (1975 .. 1:Bse
100)
100
• Des export.atials
100
101
119
119
139
162
• Des :inp:Jrtatia1s
100
103
III
120
153
203
• ~ terIIeS de l' échange
100
98
107
99
91
80
L ' :iIItJ3ct des terIIeS de
1 'éc:hange sur la b!.l.ên::e
Xl (l -!J - Ml (1 - .!....J
o
- 2.796 - 4.760 - 7.104 -26.853 -61.626
?xl
k'\\n!)
5aIrœ : l'alOl)S effectués à p:Irtir des différents tableaux in Harxtix:lk of Intemat.:ialal.
Trade an:1 Developœnt, C.N.U.C.E.D., 1981.
-
320 -

En application de la formule ci-dessus,
estimons
la part de la dégradation
des termes de l'échange
(de
100 à 98) dans la variation de la balance (1975/1976)
Xl
(1-1) - Ml (1-1
) -
Variations/balance (prix)
1lXI"
1mr
107 965 (1-1
) -
132 707 (1-1) -
(107 965 x 0,01)-
T;m.
--r;m
l,di
(132 707 x 0,03) -
1 069 -
3 865 -
2 796.
1,03
En considérant cette
dégradation,
le déficit
de
-1975
(36 208 millions de dollars) aurait pu
s'aggraver
en 1976 de 2 796 millions de dollars soit au total
36 208 + 2 796 -
39 004, au lieu de 24 742 millions
de
dollars mentionnés au tableau.
La différence (39 004
24 742 -
14 262) représente donc l'effort invisible que
les pays en développement ont consenti (de 1975 à 1976)
pour redresser leurs comptes extérieurs en ramenant
le
déficit de 1975 à 24 742
millions de dollars, en 1976:
l'amélioration apparente
de
la
balance
(de
11
466
millions) mesure
alors
une partie
seulement
de
cet
effort qui ne sera jamais imputé au crédit de ces
pays
en développement.
Les tableaux et graphiques ci-après conduisent
à
la conclusion
que si
dans
l'ensemble des
pays,
les
termes de
l'échange
étaient relativement
stables
de
1960 à
1975,
leur évolution
à
partir de
1975,
est
défavorable surtout
aux
pays
en
développement
(non
exportateurs de pétrole), aux pays les moins avancés et
-
321 -

les "plus gravement touchés"
: de 1975 (année de
base)
à
1980,
les
premiers ont accusé
une détérioration
de
20~ allant jusqu'à 25~ (de 1977 à 1980) et 40~ (de
107
en 1977 à 63 en 1982)
le second groupe est passé
de
100 (en
1975) à
94 (en
1980) et
60 en
1982, et
le
troisième, de 100 (en
1975) à 85 (en
1980) et 58
(en
1982).
Les termes de l'échange des pays exportateurs
de
pétrole étaient très bas 34 (en moyenne de 1960 à 1973)
date
à
partir
de
laquelle
ils
ont
commencé
à
s'améliorer pour atteindre le record de 170 en 1980

la
faveur
de
la
hausse
spectaculaire

prix
de
pétrole).
Ceux des
pays développés
à économie
de
marché
n'ont subi de
1975 à 1980
qu'une détérioration de
9~
contre 20~ pour les pays en développement. Cette baisse
est d'autant insignifiante pour les 'pays développés que
la proportion
du
volume
de
leurs
exportations
est
relativement
faible
dans
leurs
produits
intérieurs
bruts,
alors
que
celle
des
pays
en
développement
dépasse parfois 50~ de leur Produit Intérieur Brut.
On
comprend
ainsi
pourquoi
ceux-ci
surveillent
attentivement cet
important
indicateur que
sont
les
termes de l'échange
et dénoncent
avec acharnement
la
moindre détérioration. Cette dernière, même négligeable
à court terme, peut, par
effets cumulatifs, obliger
à
- 322 -

long terme,
les pays en
développement, à consentir,
à
grands
frais,
des
efforts
insupportables,
pour
améliorer leurs comptes. Le pire est que la part de ces
efforts entraînés
par
la dégradation
des
termes
de
l'échange,
n'apparaît
pas
dans
les
statistiques
officielles
servant
de
base
d'interprétation
des
rapports internationaux.
Cette
démesure, qui
minimise
les
coftts
réellement
vécus
par
les
pays
en
développement engendrent
des frustrations,
source
de
mécontentement et de réactions perverses. N'est-il
pas
plus objectif
d'établir
ces
statistiques
en
tenant
compte de l'influence de la détérioration des termes de
l'échange?
-
323 -

TABLEAU"1I'
Indices des lermes de l'échange (Terms of Inde index numben)
des Pays et Terriloires en Développement
1
Pays el lerriloirrs efl
Pays les moins
Pays les plus
~WWp~m"~
aw~~
gra""mefll louch~s
1960
104
118
118
1961
99
III
113
1962
96
100
108
1963
99
97
i07
1964
lOi
102
107
1965
101
106
107
1966
106
106
108
1967
100
103
106
1968
105
106
110
1969
108
\\07
108
1970
III
III
114
1971
106
107
110
1972
106
106
109
1973
108
104
104
1974
109
103
101
1975
100
100
100
1976
98
110
103
1977
107
130
127
1978
99
110
114
1979
91
102
98
1980
80
94
85
(0) Pays exportaleurs de petrole exclus
Source: Hafldboolc ojlfllemalioflal crade afld Developmeflf Scaciscics, 1981, p. 48.
324

TABLEAU 'iIL
IndIces des rennes de l'écb.nge : P.ys déYeloppés à économie
de lIl8n:bé et p.ys et lerritoires en yole de dévefoppemetlt
Pays dlvt!lop,ws à
Pays en dlvelop-
Aut~pays
Années .économie cie en dIV<!lOo""~nt
exporta eurs
marché
de pé~~olèi"
1960
107
38
[04
1961
107
38
99
1962
110
38
96
1963
107
37
99
1964
110
36
10\\
1965
109
35
10\\
1966
107
34
106
1967
109
n
100
1968
109
33
lOS
1969
109
33
\\08
1970
111
33
III
1971
100
3S
106
1972
III
37
106
1973
110
41
lOS
1974
97
101
109
1975
100
100
100
1976
9'1
106
98
1977
98
106
107
1978
100
95
99
1979
97
114
91
1980
91
170
80
-------
Source: Handbook of International trade and DeY<!/opmeni SiallSIies. pp. 14 et 29.
1981
68,4
1982'
63.0
• Eotimation à parlil de données Banque Mondiale.
Indice des pri. des J] produits de base non pétroliers.
325

'.....
IDdIca des lermes de l'écbange
_ _ _ _ Tcnnn ~ l'ichanlC de'I lY)" dfow'f"IoPpn ~ Coconomlt d.. mvchc
____ ........ rnmn ~ 1·et.'halllCC' db p;t,~ Cil \\ind~I"''11'('nl uPloHlaU'UI' lJ(' rwuuk
•••••••.. Tcrmn lJlr l'Cchaaac fJc\\ l''lIP al JC"rioppcrll('1II tl"ll~'" C"f'IOC'HUnan 1Jc pclrok c""h,,,
/
/
/
/
/
/
/
/
/
/
'"
/ '
1
1
,,,,
- -- ---
1
--- -- - -
1
---,-_ ....
326

Le
tableau
relatif
aux
balances
commerciales
étudiées ci-dessus fait ressortir par rapport à l'année
de
base
1975,
'me
améliorat:!.on
des
balancas
commerciales en 1976 de 11 466
millions de dollars
au
lieu de 14 262 millions (montant réel), et en 1977,
de
9 343 millions au lieu de 14 103 millions.
En 1978, 1979 et
1980, les déficits
commerciaux
respectivement s'aggravent encore de $ 366 millions,
$ 6.569 millions, et $ 30 261 millions.
Les situations
auraient
pu
s'empirer
sans
la
hausse relative du volume des exportations par
rapport
au volume des importations.
En
appelant
"Qe",
quantités
exportées,
"Qi"
quantités importées,
"Pen,
prix d'exportation et
"Pi"
prix d'importation, on a assisté en même temps
(durant
ces
périodes)
à
une
amélioration
des
termes
de
l'échange bruts (Qe
x 100 >1)
et à une
détérioration
qi
des terme~
de l'échange nets (Pe x 100 <1).
Pi
La
détérioration
étant
plus
forte
que
l'amélioration il en résulte des pertes pour la balance
commerciale, lesquelles engendrent une baisse dans
les
recettes réelles d'exportation des pays défavorisés.
- 327 -

23
Impact
d'une
variation
des
termes
de
l'échange sur les
recettes d'exportation
des pays
en
développement.
120
L'Economiste KINDLEBERGER
mesure cet impact par
la formule des gains de
l'échange exprimés en
indices
sur la base des termes d'échanges de revenu
Qx (Px -
1)
Pm
Empruntant cette formule,
la CNUCED a
déterminé
sur la période 1975-1980, les indices suivants de gains
ou de pertes des pays en développement.
120. KINDLEBERGER, op. cit. pp.
288 à 297.
-
328 -

Tableau IV : Indices de gains et de pertes des pays en
développement.
ARŒES
1975
1976
1977
1978
1979
1980
~
Imiœs de volL1œs
des exp:Irt. des PVD
100
120
120
136
148
155
Imiœs des prix aux
elCI;X)rtatials
100
101
119
119
139
162
Indices des prix aux
:inp:lrtatials
100
103
111
120
153
203
Indices de gains cu
de pertes
0
-2,33
+8,64
-1,13
-13,54
-31,30
5om:e : ('aJoJls d'après ltIn:lbxJIt of rntema:ti.alëÙ. Traèe am developœnt statistics,
1981, divers tatJ1eë11IX au:::m.
Ce tableau révèle que,
hormis l'année 1977,
les
pays sous-développés ont
accusé une
perte dans
leurs
indices
de
gains,
perte
aggravée
en
1980
(31,30)
représentant
15$
du
rapport
"indice
des
prix
des
exportations à l'indice des importations".
En
exprimant
les
exportations
en
valeurs
courantes, on appréhende mieux
l'effet de cette
perte
sur les
recettes d'exportation.
Le gain
se
définira
alors
comme
la
"variation
du
pouvoir
d'achat
des
exportations par rapport à ce qu'il aurait été lorsque
les termes de l'échange restent inchangés".
Si l'on appelle:
Gt - gain ou perte en valeur pour la période "t",
- 329 -

Xt -
valeur des importations pour la période "t",
Pxt -
Indice des prix des exportations pour la
période
"t".
.
~l;=. ..ï.ndiu.L. d~ prix d«S \\fI')\\>Ortotions pour la pariod({'tf'1
On obtient :
Gt - Xt (Pxt -
1)
Pmt
Gt - Xt Pxt - Xt
Pmt
L'application de
cette
formule sur
la
périod~
1975-1980, met en relief la
perte colossale subie
par
les
pays
en
développement
dans
leurs
recettes
d'exportation
en
1980,
sur
$
223.792
millions
d'exportations, la perte s'estime
à
$
45.23b
millions
121-
soit 20~ par rapport à l'année de base 1975
121. Denis BRAKANON : Développement ou
Appauvrissement
- Economica 1985.
- 330 -

Tableau V : Pertes subies pn' les !BY5 en dével. dans leurs experts.
INDICES DES aux
INDICES DES
~eR>
GlUNS/PERŒS
J\\llX E:XPCRrATICR3
aux AUX
EN MILLIeR>
EN MILLIeR>
(Pxt)
IMRRTATICNS DE $ DES USA
DE S DES USA
(Rnt)
(Xt)
Gt..Xt.Pxt-Xt
Rnt
1975
100
100
88.963
0
1976
101
103
107.956
-2.096,41
1977
119
111
126.869
+9.143,71
1978
119
120
143.982
-1.199,85
1979
139
153
182.82:7
-16.729
1900
162
203
223.792
-45.236
,
- .----
5oUI:œ : cal "Ùs effec:t:ués d' après Hardxlok of Intemati.alal ttade devel.opœ!nt
statistics, 1981, divers tableaux œuE.
24-
Effets
de
la
variations
des
termes
de
l'échange sur l'économie ivoirienne.
Après l'analyse globale
des termes de
l'échange
de tous les pays, nous allons étudier maintenant le cas
typique de la COte d'Ivoire.
Les termes de l'échange de la COte d'Ivoire étant
calculés sur
la
base
des indices
des
prix
et
des
volumes des exportations
par rapport aux
importations
(termes de l'échange nets et termes de l'échange bruts)
il convient de situer d'abord l'importance du
commerce
extérieur de-
ce
pays dans
sa
Production
Intérieure
Brute.
L'étroitesse et l'insuffisance du marché local de
la
COte
d'Ivoire
condamnent
celle-ci
à
s'ouvrir
davantage sur le monde
extérieur. Ainsi, son
commerce
-
331 -

e~té~feur représente l'équivalent
des trois quarts
-de
122
sa
Production
Intérieure
Ses
exportations
comorennent
essentiellement
les
produits
d'origine
agricole
(bois,
café,
cacao,
ananas,
bananes~
Jes
importations
portent
notamment
sur
les
produits
manufacturés d'équipement ou de consommation.
Cette dépendance
vis-à-vis
de
l'Extérieur
met
l~éçonomie ivoirienne à
la merci
des vissicitude~
du
commerce International.
L'analyse des "Comptes
de la
Nation" révêle
en
effet que les termes de
l'échange de la Côte
d'Ivoire
ont subi
une forte
dégradation de
1971 à
1975
(cf.
graphique ci-contre)
; cette
dernière s'explique
par
les
chutes
successives
des
prix
des
exportations
essentiellement dues aux cacao, café et bois (-7,2~
en
1971,
-1,2~
en
1972
et
-5,3~
en
1975
malgré
la
croissance en volume
de 5,3~
en 1971 et
de 12,b~
en
1972) contre les
hausses de prix
des importations
(+
4,9~ en
1971, 5,8~
en
1972 et
10~ en
1975),
clef,
tableau suivant.
Toutefois, malgré la
hausse des importations
en
volume (+28~ en 1977) pour couvrir l'augmentation de la
consommation des ménages et des investissements publics
122. Ministêre de l'Economie des Finances et du Plan de
Côte d'Ivoire:
rapport de 1980-81 du ministre.
- 332 -

de 1976 à fin 1977, les termes de l'échange de la
COte
d'Ivoire connurent
une amélioration
significative
en
raison, notamment de la bonne
tenue des cours du
café
et du cacao à la faveur
d'une chute brutale (de 9~
de
la production
agricole) due
aux mauvaises
conditions
climatiques (Clef, tableau et graphiques ci-dessous).
La
forte
progression
en
valeur
(+43,5~)
des
exportations induite
par
une forte
hausse
des
prix
(+57,8~)
porta,
en
1977,
l'indice
des
termes
de
l'échange de la
COte d'Ivoire à
160 calculé sur
1974
alors que
celui
de
l'ensemble
des
"pays
les
plus
123
gravement touchés"
était
seulement de
127 selon
la
CNUCED.
Après l'amélioration spectaculaire de ses
termes
de l'échange (+60~
en 1977) la
COte d'ivoire subit
à
nouveau des
dégradations très
sensibles depuis
cette
date (-12~ en 1978 et -22~ en 1979 par rapport à
1977)
à
cause de la baisse des prix de's exportations en
1978
(-8,7~) et de l'augmentation considérable des prix
des
124
importations en
1979
(+13,6~)
La
situation
est
encore plus défavorable pour les
autres années où
les
prix internationaux
des
produits primaires
(sauf
le
123. La COte d'Ivoire est classée, par la CNUCED
parmi
cette catégorie de pays.
124. Cf.
Tableau
ci-contre
"Evolution
des
Exportations et des importations,
1971~1979".
-
333 -

pétrole) diminuent tendanciellement alors que ceux
des
produits manufacturés galopent.
En appliquant la formule
"Xl (1- 1
)
-
(Ml -1
)
PX!
lmr
de Allemand Ely
(présentée plus haut),
les effets
de
ces variations des
termes de
l'échange sont
positifs
quand
14S
termes de l'échange sont supérieurs à ceux de
l'année de base
(1974 -
100) et
négatifs vice
versa
sauf
en
1970

la
balance
était
suffisamment
125
déficitaire
par
rapport
à
l'année
de
base
L'excédent de la balance commerciale baisse si l'indice
des prix
aux importations
se
situe au-dessus
de
la
tendance comme en 1978 et 1979.
La baisse
ou
la
hausse
de
l'excédent
de
la
balance commerciale ivoirienne procède non seulement de
la
croissance
des
prix
relatifs
d'exportation,
d'importations
mais,
également
de
l'impact
de
l'inflation sur son solde.
Ainsi,
tout
en
restant
pos1.tive,
la
balance
commerciale de la Côte
d'Ivoire s'est détériorée
avec
les U.S.A.,
les Pays-Bas,
l'URSS
et le Portugal.
Elle
125.
Cf.
Le
tableau
suivant
"Effets
d'une
détérioration
des
termes
de
l'échange
sur
la
balance" .
-
334 -

s'est
améliorée
avec
l'Espagne
et
la
République
126
Fédérale d'Allemagne
Par cont~e, son déficit
s'est aggravé à
l'éga~d
de neuf
pays dont
l'Arabie
Saoudite, le
Canada,
le
Venézuela ... et amenuisé avec la France,
le Japon,
le
Nigéria, l'Autriche, et la Suisse.
Ces
fluctuations,
essentiellement
dues
aux
variations dans les
recettes d'exportation
entraînent
tantôt des
gains tantôt
des pertes
que
l'économiste
KINDLEBERGER mesure par la formule suivante
Gains ou Pertes - Xt (Pxt -1) utilisée pour établir
le
P",\\;
tableau "Termes de l'échange et recettes d'exportations
de la Côte d'Ivoire".
126. Elle risque de s'empirer avec l'Allemagne dans les
prochaines années en raison de la réévalulation du
Deutschmark de 8~
par rapport
au Franc
Français
auquel est rattaché le Franc CFA.
-
335 -

Tetbl. '11_ EvoludoD des ellponalfoDl et des imponadoDl (1971-1979)
crô"te dl:rvoire
EXPORTA TIONS
IMPORTATIONS
VaieuT ell
VaieuT ...
Salallœs
Taux de
Allllm
Volume
Prix
Valeur
milliollS
Volume
Prix
ValeuT
milliollS M
commen:ia/a couvetun
~
~
~
MFCFA
~
~
~
de FCFA
ell M de
U~
FCFA
1971
5,3
-
7.2
2.4
137 361
0.9
4.9
5,9
122 777
14584
112
1972
12,6
-
1.2
11,2
153 162
-
0,9
5,8
4.8
128686
24476
119
1973
1.0
26.7
128.0
195988
21,7
10.1
34.0
172 458
23 530
114
1974
11.6
39.2
55.4
304 645
3,8
36.6
41.8
244 519
60 126
124
1975
-
6.7
-
5.3
-
11.7
275397
-
7.3
10.0
2.0
260 562
14835
105
1976
12.8
37.1
54.7
426 124
21,7
6,2
29.3
336836
89 :88
126
1977
-
9,0
57.8
43,5
611 544
28.2
8.8
39,5
469834
141 710
130
1978
6,1
-
8.7
3.1
592451
14,1
2,9
17,4
551 866
.j() 585
107
1979
1.3
0,6
1.9
603621
-
6.5
13,6
6,2
586264
17357
102
Sources: La Compta d, la Nillioll. de 1971 à 1979 : <1iven tableaux sonl utilisés pour la cOl15uuclion de cc dernier.
C'l3te d'Ivoire
1""
1919
Allnm
336

TABLEAU vl/
,
-
us rffrls d'unr dlllrloralion drs lrrmrs dr "khanllr sur la balancr commrrcJalr
1970 à 1979
ANNÉES
1970
1971
1972
197J
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
Valeurs des e~portations en
millions de F CFA
137941
131 361
153 162
195988 304 645
275 397 426124
611 544
592451
603621
Valeurs des importalions en
millions de F CFA
115986
122777
128686
172 458 224519
260562 336836
469834
551 866
586246
Balance commerciale en mil-
r--
lions de F CFA
21 955
14 584
24476
23 530
60 126
14 835
98288
141 710
40585
17 357
M
M
Indice de pri~ 1974 = 100
des e~portations
62
54
57
72
100
95
130
205
187
188
des importations
60
64
67
7j
100
110
117
128
132
150
des lermes de l'échanlle
103
84
85
98
100
86
III
160
141
125
75 980
Effels :les termes de
l'échar.lle sur la Balance
-7220 -47949 - 52 160 - 12 431
o -32207
49394
210 454
141846
87125
75 Mds
commrrciale
\\

)~
Evolution des cours du café
(Côte d'Ivoire)
1977.78
1978-79
Source: LiI C61e d'/voirr en chiffres. édition 1lG-8[. Sté Africaine d'Edition. page 12[.
GRAPH[QUE 10
80
60
40
2Q
1976
1976-77
1977.78
1978·7 9
338

TABLEAU 'i11L..-
Les lermes de l'échange el des receltes d'exponallons
de la Célle d'Ivoire
lndi~ des
lndi~ des
Va/eun des
Termes de
Gains/penes
Années
p'ixallJC
prixallJC
exportations
de l'khan,e en millions de
expo',tlliolU
importations en ",iII/ons d.
FCFA
'Ext
imt'
Xt .
Xt(Pxt/Pmt--1 )
-
1970
62
60
137941
103
4138
1971
54
64
137361
84
-
21 978
1972
57
67
153 162
85
-
22 974
1973
72
73
195988
98
- 3920
1974
100
100
304 645
100
0
1975
95
1\\0
275397
86
-
38556
1976
130
1\\7
426124
III
46 874
1977
205
128
611 544
160
366 926
1978
187
132
592451
141
242905
1979
188
ISO
603621
12S
ISO 90S
Souree : Handbook, 1981 p CNrrCED statisties
338Bis

Aussi,
la Côte
d'Ivoire enregistre-t-elle,
dans
ses
recettes
d'exportations,
un
gain
de
366
926
millions de FCFA en 1977 et de 150 905 millions de FCFA
en 1979,
soit
respectivement
60~
et
25~
dans
les
recettes d'exportations:
la baisse de ce gain
traduit
l'effet de la détérioration des termes de l'échange
de
1979 par rapport à l'année 1977.
Lorsque la détérioration
se fait
par rapport
à
l'année de base (1974 -
100), on enregistre une perte
c'est le cas de 1975
: 38 556 millions de FCFA de perte
soit 14~ dans les recettes d'exportation (par rapport à
1974) .
Les exportations étant une composante
importante
du Revenu National en COte
d'Ivoire,
la variation
des
termes de
l'échange exerce
donc
sur lui
des
effets
directs se traduisant soit par une hausse soit par
une
baisse du revenu par tête
d'habitant. Sachant que
les
exportations représentaient,
en 1974,
45~ du
Produit
Intérieur Brut, sur la base d'un revenu annuel par tête
127
de 8001 l'impact
de la
perte
de 1975
sur
celui-ci
s'évalue
à
50,4
dollars
(6,3~
de
800
128
dollars)
l'impact de la
perte de
1975 sur
celui-ci
127. Rapport CNUCED de 1981.
128. 6,3~ -
14~ x 45~ - taux de perte relatif au revenu
par tête de 800 dollars.
- 339 -

129
s'évalue à 50,4 dollars (6,3~ de 800 dollars)
soit un
revenu réel
de
$749,6 (800-50,4)
au
lieu
de
800
dollars.
Les
termes
de
1·' échange
constituent
donc
un
important indicateur dans la mesure
de la santé
d'une
économie. Leur
détérioration compromet
nécessairement
la croissance économique en obligeant les pays victimes
à
s'endetter
pour
soutenir
cette
dernière,
ce
qui
gonfle le service de leur dette. On comprend dès
lors,
les réactions justifiées de la COte d'Ivoire qui se bat
depuis des années avec acharnement
contre la chute
du
café
et
du
cacao,
produits
qui
lui
procurent
l'essentiel de ses devises.
Si les effets
négatifs de
la détérioration
des
termes de l'échange sont admis par certains théoriciens
défenseurs des
pays en
développement fournisseurs
de
matières premières, il
n'en va
pas.de
même pour
les
autres qui
soutiennent
fermement la
cause
des
pays
développés.
Les
premiers
défendent
l·a
thése
de
la
détérioration. On se souvient de la fameuse théorie
de
129. 6,3~ - 14~ X 45~ - taux de perte relatif au revenu
par tête de 800 dollars.
- 340 -

130
Raoul PREBISCH et
MYRDAL
selon laquelle
l'avantage
du commerce
international profite
aux pays
les
plus
riches au
détriment
des
pays
en
développement
qui
subissent la
détérioration
des termes
de
l'échange.
Cette idée repose sur une étude économique empirique de
la deuxième
moitié du
XXème siècle
aboutissant à
la
l'indiul
conclusion que dans les pays en développemen~es prix
aux exportations augmente moins
vite que l'indice
des
prix aux
importations et
que l'indice
du volume
des
exportations s'accroit continuellement en relation avec
l'indice du volume des importations
le ratio
baisse
dans les deux cas.
Les seconds contestent sévèrement les premiers en
soutenant la
thèse de
l'amélioration continuelle
des
termes de
l'échange
due
à
la
rareté
des
produits
primaires exportés par les pays
en développement et
à
la baisse de la production
de ces produits.
Parmi
les
131
tenants
de cette théorie, on cite VINER, KINDLBERGER,
ELLSWORTH, HARBLER, MEIER,
BALDWIN.
Il faut
également
132
retenir le nom de BAIROCH
, un des rares auteurs
qui
130. Raoul
PREBISCH
"Vers
une
nouvelle
politique
commerciale en vue
du développement
économique",
DUNOD,
Paris, 1964.
131. Cf.
NAPPI
C.
"Commodity
Market
Controls",
Lexington books, 1979.
132. P. BAIROCH "Diagnostic
de l'évolution
Economique
du
Tiers-Monde
1900-1966",
Edition
Gauthier
Villars,
Paris, 1967.
-
341 -

a
pu
distinguer
explicitement
des
périodes
de
détérioration et d'amélioration.
~u-delà de tous ces
débats d'idtes, de
chiffres
nourris par des "intérêts de camp",
il faut reconnaltre
que le problème des termes
de l'échange est
complexe,
d'autant complexe
que
les
hypothèses
d'appréciation
diffèrent. Toutefois, on ne peut pas "voiler le
soleil
avec
sa
main"
les
arguments
en
faveur
de
la
détérioration des termes de l'échange sont évidents.
En vertu de la
théorie de Engel selon
laquelle
les
élasticités
revenus
de
la
demande
de
biens
agricoles et le niveau de vie varient en sens
inverse,
la
demande
des
produits
primaires
s'accroit
plus
lentement
que
celle
des
biens
fabriqués
et
manufacturés.
Les prix des derniers augmentent tendanciellement
en
relation
avec
l'inflation
tandis
que
ceux
des
premiers
diminuent
à
la
faveur
des
politiques
restrictives d'importations des pays industrialisés
et
du progrès
technique
qui
réduit
la
proportion
des
produits
des
matières
premières
dans
les
biens
industriels et
accroit les
substituts synthétiques
cas du
nylon
et du
polyester
vis-à-vis
des
fibres
naturelles,
des
plastiques
pour
le
caoutchouc,
du
-
342 -

beurre végétal aux dépens du
beurre de cacao dans
les
confiseries, etc ...
On voit
donc
qu'il n'est
point
nécessaire
de
démontrer pour expliquer le phénomène de
détérioration
des termes de l'échange.
L'évidence est sans
conteste
et
évoquer
ici
la
théorie
de
l'amélioration
consisterait
à
masquer
purement
et
simplement
la
réalité pour assouvir ses intérêts idéologiques.
En tout cas quelle que soit l'issue des débats la
seule façon pour
les pays
défavorisés d'atténuer
les
effets de
détérioration est
de conclure
des
accords
internationaux, ou
mieux encore,
de transformer
eux-
mêmes leurs produits primaires.
-
343 -

Par.
III
Analyse
de
l'impact
des
accords
internationaux
En vue
de se
prémunir
contre les
trop
fortes
fluctuations de
leurs produits
de base,
les pays
en
développement ont
mis
en
place
divers
systèmes
de
compensation d'abord
au
niveau
national
(caisse
de
stabilisation
et
de
Soutien
des
prix
en
pays
133
francophones
ou
Marketing
Boarts
chez
les
Anglophones) et
à
l'échelle
internationale
(Accords
internationaux de
produits de
base et
mécanismes
de
financements compensatoires).
Les
politiques
nationales
orientées
vers
la
stabilisation
des
cours
au
niveau
des
planteurs,
s'appuyent sur quatre volets:
la stabilisation interne
(par un système de réserves et de soutien),
les actions
pour
l'accroissement
de
la
productivité
(par
l'encadrement
des
paysans,
diffusion
de
nouvelles
techniques
et
variétés
. .. ) ,
l'industrialisation
(transformations sur place des produits primaires
pour
obtenir des prix plus stables à l'exportation et
créer
des
valerus
ajoutées
locales
supplémentaire),
la
politique de rétention (ou stockage), de la
production
exportable en
période
défavorable pour
infléchir
le
mécanisme de formation des cours.
133. Cf. Section V, Paragraphe V.
-
344 -

Quant
à
la
stabilisation
par
des
accords
internationaux,
elle
repose
sur
la
thèse
de
John
134
Maynavid
Key-nes
qui
exposait
déjà
en
1942,
le
principe du fonctionnement des stocks des mouvements de
prix
à
court
terme
et
des
crises
cycliques.
Il
préconisait de
nombreux
petits
stocks
et
un
stock
central, un financement
par l'Union Internationale
de
compensation, organisme qui sera
plus tard affiché
au
Fonds Monétaire Internation~(F.M.I.).
Ces
propositions
vont
servir
de
cadre
de
référence
à
toutes
les
conférences
et
accords
internationaux qui se sont succédé depuis la charte
de
la Havane
(1958)
jusqu'à
nos
jours
la
première
C.N.U.C.E.D.,
en 1964, confirme l'approche keynésienne
sur la nécessité de passer des accords par produit: la
3ème prOne l'Instauration d'un "nouvel ordre économique
international ; enfin, la quatrième CNUCED, marquant un
tournant vers la
conception du
programme intégré
des
accords internationaux,
sur
les
produits
primaires,
porte créaction du
Fonds Commun, véritable
instrument
de coopération internationale, destiné au refinancement
des fonds de stocks régulateurs.
134. KEYNES J.M.:
"The International
Control of
Raw
Materials" The Journal of International Eco, No 4,
1974, pp. 299 à 311.
- 345 -

Nous allons
étudier
ci-après
le
mécanisme
et
quelques
exemples
de
ces
accords
internationaux
(Accords
Internationaux
sur
le
cacao
et
le
café,
Accords de produits bilatéraux ou multilatéraux).
31 - Mécanismes
Les accords internationaux
aux produits de
base
fonctionnent généralement selon le mécanisme suivant
- On
fixe une
fourchette
de prix
plancher
et
plafond
et
des
prix
d'intervention
supérieur
et
inférieur ;
- puis, sur
la base
des cours sur
le marché
à
terme ou sur
les marchés du
physique on détermine
un
prix indicateur pour suivre l'évolution quotidienne des
cours ;
- si
le
prix
indicateur
atteint
les
niveaux
préfixés
des
prix
d'intervention
supérieur
ou
inférieur, on déclenche alors le mécanisme d'ajustement
de l'offre et
de la
demande de produit
soit par
les
interventions du stock régulateur (cas du cacao) ou
le
contingentement des exportations (cas du café) soit par
les deux simultanément (cas des
accords cacao 1972
et
1975).
Ce mécanisme, apparemment simple et satisfaisant,
cache
cependant
beaucoup
de
difficultés
dans
son
-
346 -

application quant à la fixation
du prix plancher.
Son
bon fonctionnement procède des caractèristiques propres
des marchés concernés
et essentiellement des
rapports
de forces en présence.
Au regard du
schéma classique d'ajustement
(par
les prix) de l'offre
et de la
demande,
le système
de
fixation de
prix
minimal que
supposent
les
accords
internationaux entrave
quelque peu
le libre
jeu
des
mécanismes de formation des prix de marché
("flexprice
market" par opposition à "fix-priee market" ou marché à
prix fixes).
Toutefois, de nos
jours, hormis
les marchés
de
matières premières et les marchés financiers où le prix
constitue encore le mécanisme fondamental d'ajustement,
sur les autres marchés de
produits industriels et
des
services, les ajustements de l'offre
et de la
demande
s'effectuent plutôt
par
les quant~tés.
En
effet,
à
partir du prix d'équilibre,
lorsque l'offre excède
la
demande,
les
industriels
préfèrent
réduire
proportionnellement l'offre
pour conserver
le
niveau
initial des prix. Cette rigidité
à la baisse des
prix
justifie
le
souci
de
conserver,
en
période
de
dépression,
les nombreux avantages sociaux déjà
acquis
qui seraient réduits si on diminuait les prix (donc les
coüts de production).
Malheureusement,
son
corollaire
est qu'en préférant la réduction de la production (donc
-
347 -

des
coûts
globaux)
les
offreurs
sont
obligés
de
supprimer des emplois (donc de créer du chômage).
Ainsi, à l'image
des mécanismes
des marchés
de
produits industriels- et
de services,
les marchés
des
matières
premières
doivent
étre
régis
selon
des
mécanismes d'ajustement
non plus
par les
seuls
prix
mais aussi par les quantités. C'est le système le
plus
juste et le plus viable.
Les Accords de 1972, 1975 et 1980 ont été conclus
dans cet
esprit
mais la
principale
cause
de
leurs
échecs réside
dans
l'incapacité
des
producteurs
et
consommateurs
à
s· J.ntendre
sur
un
ni veau
de
"prix
minimum'· juste (c'est-à-dire
qui tienne
compte de
la
réal! té du marché interna(,onal)·
32 - Etude critique des Accords sur le cacao
L'Accord de 1972,
dans ses ob.j ectifs
dominants,
était un
accord à
contingentement dont
le
mécanisme
d'ajustement reposait sur
un stock régulateur
servant
d'exutoire
aux
producteurs
pour
leur
surplus
de
production,
et
de
réserve
d'approvisionnement
aux
consommateurs en cas de pénurie du produit.
Le prix plancher et le prix plafond étaient fixés
respectivement à 23 et 32 cents/lb séparés par un écart
-
348 -

de 9 cents/lb.
Il en résultait un prix médian de
27,50
cents.
LeR interventions s'effectuaient ainsi
Dans
la
partie
inférieure
de
la
fourchette
(comprise entre
23 et
27,50 cents),
les
contingents
sont de 100~, ils sont réduits de 5~ puis une
nouvelle
fois de 5~ si la première coupure s'avère inefficace;
- dans
la
partie supérieure
de
la
fourchette
(comprise entre 27,50 et 32 cents) les contingents sont
augmentés
de
5~
et
suspendus
après
une
période
d'observation de 7 jours de marché de fluctuations
des
cours.
Le
conseil
se
réserve
la
possibilité
de
s'opposer à cette suspension.
Les
dispositions
d'application
de
cet
Accord
135
étaient si
complexes
qu'elles
demeurèrent
lettres
mortes.
Elles
servirent
toutefols
de
cadre
de
discussions
des
consommateurs
et
producteurs
qui
allaient repenser en
1975 un nouvel
Accord adapté
au
contexte économique et politique c'est-à-dire un Accord
simple,
souple,
applicable,
ayant
pour
objectifs
premiers la revalorisation des
prix pour maintenir
le
pouvoir
d'achat
des
producteurs
et
la
répartition
135. A l'époque,
la Côte
d'Ivoire avait alors
suggéré
de
simplifier
l'ensemble
des
dispositions
économiques
de
cet
Accord
pour
les
rendre
applicables et opérationnelles.
- 349 -

équitable
des
sacrifices
entre
tous
les
membres
producteurs et consommateurs.
Ainsi, dans
l'Accord de
1975, le
pri~
~i~imum
était fixé à 39
et le prix maximum,
à 55 cts/lb
avec
une marge de lb cents,
il en résultait un prix
médian
de 47 cents.
Le
mécanisme
d'ajustement
des
contingents
s'opérait de la façon suivante:
- dans
la
partie inférieure
de
la
fourchette
(comprise
entre
39
et
47
cents)
les
contingents
s'établissent à
100~
entre 35
et 42
cts,
il
y
a
réduction de
3~
des contingents
et
achat de
4~
du
contingent par
le stock
régulateur et
au dessous
du
minimum, achats de stocks illimités.
- dans
la
partie supérieure
de
la
fourchette
(comprise entre 47 et 55 cents) entr·e 47 et 53 cts,
on
a suspension des contigents (sans période d'observation
ni avis du
Conseil):
entre 53
et 55
cts, vente
du
stock régulateur à concurrence de 7~ du contigent:
et
au-delà du stock maximum,
ventes du stock
illimitées.
Avant le prix maximum,
les vents sont donc obligatoires
sans l'avis du Conseil.
- 350 -

En le
comparant à
l'Accord de
1972, le
nouvel
Accord 1975
à
créé finalement
plus
d'illusions
que
d'espoir;
il n'a enregistré aucune amélioration
Les
prix
du
marché,
les
coûts
d'approvisionnement et de production sont ignorés
dans
la fixation de la
fourchette des prix
en termes
de
valeurs réelles,
le prix plancher aurait dû être de
40
cents au lieu de 39
cts et le prix plafond,
supérieur
çà 55 cts/lb
; tandis que les coûts de production de la
COte d'Ivoire excédaient 500
Fcfa/kg, le prix
médian,
"pivot
des
transactions,
étaient
seulement
de
47
cts/lb soit 227 FCFA/kg ;
- De plus,
le mécanisme
de défense des prix
est
très déséquilibré
: en
cas de
fluctuations,
le
prix
plafond
est
énergiquement
défendu
au
détriment
du
prix-plancher
(qui
ne
bénéficie
pa~
de
garantie
suffisante) ; or, la révision des prix, nécessaire dans
cette période
inflationniste
et
instable,
est
très
difficile à
réaliser,
surtout que
l'Accord
de
1975
était plus long (5 ans) que celui de 1972 (3 ans).
En somme,
le nouvel
Accord de
1975 a
servi
à
protéger uniquement les intérêts des pays consommateurs
contre la
montée des
cours en
leur garantissant
des
approvisionnements réguliers.
Il illustrait
tous
les
-
351 -

mécanismes
conduisant
à
la
paupérisation
des
producteurs.
Après
son
expiration
(le
31
Mars
1980),
la
Conférence de Négociations, sous l'égide de la
CNUCED,
s'est tenue le
27 Octobre
au 14
Novembre 1980,
pour
instaurer un nouvel Accord devant en principe
corriger
les insuffisances
du précédent.
Hélas, l'espoir
tant
caressé
des
producteurs
fut
vite
évanoui
dans
le
brouillard du
Ciel genévois
au regard
des
résultats
négatifs des négociations.
Le mécanisme de fonctionnement
de cet Accord
de
1980 se résume ainsi :
- en plus de la
fourchette de prix minimum et
maximum
ramenée respectivement à 100 cts et 160 cts/lb,
il
est
fixé
un
prix
supérieur
et
un
prix
inférieur
d'intervention de 150
et 110
cents,
lesquels
varient
suivant le volume du stock
régulateur
: on diminue
le
prix inférieur d'intervention de 4 cents (soit 106 cts)
si le stock régulateur
achète 200 000
tonnes
on
le
baisse à nouveau de 4 cents (soit 102 cts) après
achat
de 175 000
tonnes. Le Conseil
se réunit pour
adopter
d'autres mesures
si
les
achats
atteignent
250
000
tonnes.
En cas
de ventes
par
le stock
régulateur,
on
procède
plutôt
à
une
augmentation
du
prix
- 352 -

d'intervention:
4
cents (soit 154
cts) pour 100
000
tonnes, 4 cents (soit 158 cts) à nouveau après 175
000
tonnes de ventes; puis, à
250 000 t
le Conseil décide
des mesures complémentaires.
Loin
de
"protéger
le
stock
régulateur
d'une
situation
financière
difficile"
en
cas
d'excès
de
production (comme
le
prétend la
CEE),
ce
mécanisme
semi-automatique de révision a pour objectif inavoué de
défendre
les
intérêts
des
consommateurs
en
leur
assurant un approvisionnement abondant du marché à
bas
prix.
Les
résultats
décevants
enregistrés
dans
cet
Accord (de
1980) s'expliquent
essentiellement par
la
136
désunion
des producteurs qui n'ont pu faire un
front
commun dans
le.s négociations
et
qui ont
permis
aux
consommateurs d'imposer leurs idées.
Devant l'intransigence de certains pays notamment
la COte d'Ivoire qui refusa courageusement de
"brader"
son stock de cacao, on devait négocier un nouvel Accord
succédant
au
précédent.
Mais,
consommateurs
et
producteurs étalèrent encore leurs divergences des mois
136. Lors des
négociations,
les producteurs
se
sont
divisés en deux camps : le premier (Ghana, Nigéria
et Brésil)
soutenaient
les consommateurs
et
le
second
(COte
d'Ivoire,
Togo,
Gabon,
Zaïre)
défendaient
l'idée
de
la
fixation
des
prix
rémunérateurs et
soumis à
une révision
annuelle
pour corriger les effets négatifs de l'inflation.
- 353 -

durant. La pomme de discorde
résidait au niveau de
la
fixation
du
niveau
des
prix
d'intervention
et
du
mécanisme
stabilisateur.
Il
est
proposé
aux
pays
producteurs
de
doubler
le
stock
régulateur
d'un
mécanisme de "retrait" des quantités de cacao du marché
si le
prix de
marchés descend
significativement
en-
dessous
du
prix
d'intervention
et
si
le
"stock
régulateur est
plein
à
80%
au
moins".
Les
effets
probabalbes de
ce mécanisme
flou en
l'espèce sur
le
fonctionnement des marchés suscitait d'inquiétude.
Concernant la
fixation des
prix
d'intervention
les consommateurs proposent un "prix d'équilibre"
fixé
extrêmement bas autour de 95
à
100 cents alors
qu'une
étude de
série
chronologique sur
25
ans
donne
130
cents/lb
au
moins
pour
le
prix
central
de
la
fourchette.
Au
moment

s'écrivent
-ces
lignes.
les
négociateurs n'ont
toujours pas
trouver la
meilleure
formule qui satisfasse simultanément les deux
parties.
Un semblant d'accord serait fait sur la fourchette
des
prix, mais, la répartition des
quotas pose encore
des
problèmes.
Parviendront-ils un
jour
à
conclure
un
Accord
équitable et durable à la satisfaction générale et
des
producteurs et des consommateurs?
Tel est le
souhait
-
354 -

de tout
le monde,
mais, en
attendant, pour
atténuer
quelque peu
les effets
négatifs des fluctuations
des
produits
de
base,
d'autres
accords
de
produits
bilatéraux ou multilatéraux ont été conclus.
33 - Etude critique des Accords de produits
bilatéraux
ou multilatéraux
Ces
accords
liés
le
plus
souvent
à
des
circonstances historiques, sont passés pour résoudNdes
problèmes conjoncturels.
L'exemple le plus
connu est
celui du
protocole
s~re des accords de Lomé qui a vu l'engagement de
la
CEE,
à
acquérir
et
à
importer,
pour
une
durée
indéterminée,
des
quantités
exprimées
de
sucre
de
canne,
à
des
prix
garantis
les
Etats
ACP,
bénéficiaires de ce protocole
vendent leurs quotas
de
sucre à
des prix
indexés
de fait
sur les
coûts
de
production du sucre de betterave produit dans la CEE.
Il existe, dans le
même cadre, d'autres
accords
de
relatifs aux mécanisme~financement compensatoire:
le
Stabex et le système de financements compensatoires des
déficits de
recettes
d'exportation
des
produits
de
base.
Annoncé déjà à la Convention de Yaoundé en
1963,
le Stabex a vu véritablement le jour seulement en
1975
- 355 -

dans le cadre
de la première
convention de Lomé.
Son
objectif dominant : compenser sans intervention directe
sur
le
marché
les
pertes
nominales
de
recettes
d'exportation des
65
pays A.C.P.
causées
par
leurs
échanges
avec
la
CEE.
La
compensation
concerne
principalement
les
produits
agricoles
(matières
premières, bois bruts, quelques produits
transformés),
certains produits
de la
pêche et
le minerai
de
fer
(dont l'exclusion progressive est prévue par Lomé II).
Le financement est assuré
par les Etats
membres
de la
CEE
sur les
ressources
du Fonds
Européen
de
Développement (F.E.D. )
à
concurrence
d'environ
12<t.
pour chaque
période
ainsi, de
1975
à
1979,
375
millions d'Unités
de
Comptes
ont
été
consentis
au
Stabex en
vertu de
Lomé l,
et de
1980 à
1984,
550
,
millions dans le cadre de la Convention de Lomé II.
L'accès aux transferts au titre
du Stabex ne
se
fait pas
systématiquement
au
bénéfice
des
65
pays
A.C.P. Certaines conditions doivent préalablement
être
remplies :
- Les produits
exportés vers
la CEE et
non vers
les
pays tiers doivent figurer sur la liste Stabex
limitée
actuellement à 34 produits
- s'ils
y
figurent,
ils
doivent
être
exportés
en
quantités
suffisantes
par
rapport
aux
exportations
- 356 -

globales des pays A.C.P.
(Proportion minimum ou
seuil
de dépendance
6,5~ pour
les
pays
A.C.P.
classés
riches et 2~ pour les pays classés pauvres, enclavés ou
insulaires)
;
-
le déficit des recettes d'exportation doit
atteindre
le seuil de fluctuation ou de déclenchement (6,5~
pour
les pays classés
riches, et
2~ pour
les autres.
Son
montant
se
calcule
par
référence
à
la
moyenne
arithmétique des recettes annuelles (sur quatre
années
de recettes antérieures).
A
cette
moyenne· dénommée
encore
"niveau
de
référence (R}", on compare les recettes effectives.
La
différence donne le montant du transfert de
ressources
(T) qui
constitue soit
des prêts
remboursables
sans
intérêts soit des dons selon
que les pays sont
soumis
ou non au régime des prêts défini par la Convention
de
137
Lomé
Certes, le stabex permet
de résorber une
partie
des déficits d'exportations des pays A.C.P., mais, face
à
l'immensité
des
besoins
de
ceux-ci,
cette
compensation est comparable à une goutte d'eau dans
la
mer surtout que les
conditions énumérées ci-dessus
et
137. 35 pays sont soumis au
régime des dons.
Ceux
qui
sont soumis au régime des prêts doivent rembourser
au stabex les ressources
perçues si les
recettes
effectives
durant
l'année
courante
sont
supéri"eures au ni veau de référence.
-
357 -

les moyens financiers très limités du Stabex
empêchent
de satisfaire tout
ou partie
des nombreuses
demandes
des pays nécessiteux. Ainsi, en 1975, la Côte
d'Ivoire
a bénêficié seulement de 15 millions d'Unités de Compte
138
Européen du Stabex sur un
déficit global net
de
152
millions de dollars (dont 90 millions pour les bois non
résineux et 62 millions pour les café, cacao et graines
oléagineuses) soit seulement 9~ du déficit global
net.
En 1981, les pays ACP
n'ont obtenu que 52,8~ de
leurs
demandes
légitimes
au
titre
des
transferts
de
ressources Stabex en compensation de leurs déficits
de
139
1980. En 1982, seulement 31,5~.
L'insuffisance de
ces aides
nous conduit
à
la
réflexion générale que les pays du Tiers-Monde
doivent
compter sur eux-mêmes
pour extirper les
maux qui
les
rongent et qui ont pour nom commun la détérioration des
termes de l'échange avec son cortège d'appauvrissement,
d'endettement, de ralentissement économique ...
140
La détérioration est si réelle
qu'elle
produit
138. Déficit global net -
déficits + excédents sur tous
les produits.
139. Muriel UGONIS :
"Réflexion
sur le Stabex",
Revue
du Marché Commun,
No 266, Avril
1983, pp.
195
à
200.
140.
Contrairement
à
la
thèse
de
l'amélioration
soutenue par
certains
économistes
comme
VINER,
KINDLEBERGER, BAIROCH et les autres cf.
ci-dessus
-
358 -

des effets
pernicieux et
perturbateurs obligeant
les
pays victimes à adopter, à
défaut d'un Accord
général
de régulation.
de nouveaux
comportements
é~onomjques
souvent individualistes et défensifs
tel est le
cas
de la Côte d'ivoire dont la nouvelle politique agricole
repose sur la limitation des
produits de rente
(Café,
Cacao, bois), la diversification des cultures vivrières
et la transformation locale des produits de base.
Toutes
ces
politiques
de
changement,
significatives
soient-elles,
demeureront
toujours
insuffisantes tant qu'il n'y
aura pas d'entente
entre
les
pays
producteurs
du
Sud
pour
défendre
leurs
intérêts
communs.
Seule
l'union
leur
permettra
d'exercer une
influence décisive
sur les
marchés
et
amener leurs partenaires du Nord
à accepter un
Accord
qui protège équitablement les intérêts de tous.
Un accord équitable
s'entend ici, fixation
d'un
prix minima
défendu, d'un
prix
maxima et
d'un
prix
d'intervention de façon à
ajuster le comportement
des
marchés des
produits primaires sur
celui des
autres
produi~s industriels
en
tenant compte
des
coûts
de
production
des
planteurs
ce
qui
permettrait
de
maintenir à chaque
campagne au
moins globalement
les
revenus de
ces derniers
ou d'épargner
aux Caisse
de
§lltë ootë ~ précédente
"Effets de la
variation des
termes de
l'échange
"
-
359 -

Stabilisation (ou organismes
équivalents) de
soutenir
les
prix
locaux
(pour
garantir
les
recettes
des
producteurs).
A ce
titre, on
pourrait imiter
le système
qui
régit la fixation des prix
agricoles à l'intérieur
de
la C.E.E., lequel
consiste à
"réaligner"
annuellement
les prix agricoles sur l'inflation à partir des comptes
nationaux de
l'Agriculture
établis
et
débattus
par
chaque pays membre en vue
de garantir les revenus
des
agriculteurs.
Le financement
des
stocks
régulateurs
par
le
Fonds
Monétaire
International
(FMI)
ferait
de
ce
système un
stabilisateur
de l'économie
mondiale
qui
pourrait générer des liquidités supplémentaires.
En attendant un
tel Accord dont
les chances
de
réalisation sont maigres pour sortir de cet enlisement,
les pays du Sud devraient entreprendre d'autres actions
ne dépendant pas directement des bons vouloirs des pays
du Nord
investi~
sur
place
pour
transformer
leurs
produits bruts,
ou
à
défaut,
inve_stir
dans
les
pays
consommateurs par
échange
de
participation
avec
un
partenaire d'un pays industriel.
-
360 -

Dans
un
cas
comme
dans
l'autre,
ces
investissements permettraient
de
s'approprier
ou
de
rapatrier
une
partie
de
la
valeur
ajoutée
et
de
contrôler
efficacement
les
filières
de
commercialisation.
-
361 -

CHAPITRE IV
RELATIONS FONCTIONNELLES ENTRE LES FACTEURS
PROSPECTIFS
-
362 -

Les
facteurs
prospectifs
(la
production,
la
consommation locale et
le marché extérieur
ivoiriens)
analysés
ci-dessus,
sont
liés
entre
eux
par
d~s
rapports fonctionnels
dont
la coordination
forme
la
dynamique du système agro-alimentaire ivoirien.
L'agriculture fournit
à
l'utilisateur
final
et
aux intermédiaires transformateurs . (restaurants, agro-
industrie)
deux
catégories
de
produits
agro-
alimentaires différenciés
selon
leur fonction
les
produits vivriers
et les
produits d'exportation.
Les
premiers sont destinés à la consommation locale, et les
seconds,
au
marché
international.
Comment
s'effectuent-elles ces opérations?
Section l
- Liaisons entre la production et la
consommation locale
La
production
non
exportée.
est
écoulée
ou
consommée à
l'intérieur
du
pays.
Le
transfert
des
produits, du stade de la
production à
la
consommation
141
finale s'opère différemment à travers les
marchés
et
selon la structure fonctionnelle de la filière.
141. La
production
non
commercialisée
constitue
l'auto-consommation, le
stock et
les rebuts
(ou
pertes), clef tableau ci-contre:
"Estimation
des
quantités de produits
vivriers commercialisés
en
C.I.".
-
363
-

Tableau
l
ESTIMATION
DES
QUANTITES
DE
PRODUITS
VIVRIERS COMMERCIALISES EN C.I.
Milieu 1.II'I:Bin
Milieu rmal
4.300 hab. = 60\\
2 7fIJ 000 hab. soit 40t
Total
cœscm. type
11
autoeerIS.
'lbtal
c::alSt1II. type
Total acheté
camer-
rmal I;eI'
d'a-
(T)
acheté pR' urb. I;eI'
pR' la txJP.
cial ;$
capi.ta (kg)
chat
la txJP. (T)
capita (kg)
(T)
Riz
fIJ.O
30
149 520
64 080
79.0
276 500
340 580
~
44.0
10
140 976
15 664
12.0
42 000
57664
Mil. sorgIxl
10.0
10
32040
35fIJ
4.8
16800
20 3fIJ
Etni.o
1.5
0
5340
0
0.6
2100
2100
!gnaIœ
190.0
10
608 7fIJ
67640
fIJ.O
210 000
277 640
l'B1i.oc
125,0
0
445 000
0
71.4
249 900
249 900
Patate
4.0
0
14240
0
2.3
8050
8050
Tal:ot
30,0
0
106 800
0
2,3
8050
8050
!Slane P.
115.0
5
388 930
20 470
64.8
226800
247 270
Arachide
3.0
30
7 476
3204
4.3
15050
18 254
Fruits lég.
fiais
40.0
30
99 680
42 720
90.0
315 000
357 720
'ror!\\L
1 998 762
1300 250
1 587 720
Tableau élaboré à IErtir des <blllées cU ministère de l'agriculture (p;Jp1latial). et cU ministère du plan
"estiIœ.tials produits vivriers" des travaux prépnatoires au plan 1971-75. ~ NO 62 estiIIatial
œx:s.
N.B. : Eh 1980. 1 500 000 T de produits vivriers végétaux. ferme l'objet de transacti.als cemœrciales.
ces transferts œprésentercnt envira1 45 m:i..lliarcls FCIi'A (e5tiIIatial 30 F/kg) •
-
364 -

Par rapport
à
leur localisation,
on
distingue
trois catégories de marchés agro-alimentaires : marchés
de
production,
marchés
de
gros
~t
marchés
de
consommation finale.
Paragraphe l
- Les marchés de production
--- --Les acheteurs (grossistes,
collecteurS~- centrales
n'aenat:) se chargent
ensuite de conditionner,
allotir
et assortir les produits achetés avant de les
expédier
sur
leur
lieu
de
transformation
ou
d'utilisation
finale.
Selon
la
filière,
les
produits
peuvent
emprunter les circuits
directs, courts,
traditionnels
ou intègres.
Les produits frais,
les ignames,
le manioc,
le
riz suivent des
circuits très
diversifiés
circuits
-
365 -

directs
donnant
lieu
à
des
ventes
directes
de
producteurs aux consommateurs finals
(vente aubord
des
routes ou sur
les marchés urbains
de consommation)
circuits courts
(vente directe
de producteurs
à
des
détaillants)
;
circuits
traditionnels
(marchés
de
production
proprement
dits,
organisés
ou
non)
circuits intégrés (centrales d'achats des magasins, des
grandes surfaces
et des
coopératives):
et
circuits
142
longs (comprenant beaucoup d'intermédiaires)
Quant aux produits
destinés à la
transformation
(ananas, bananes,
manioc, riz,
canne à
sucre,
café,
cacao), ils empruntent le circuit "production-agro-
industrie ou centrales d'achats-intermédiaires-consom-
mateurs".
Cette
forme
de
distribution
a
beaucoup
progressé
grâce
au
rôle
dominant
des
I.A.A.,
ces
143
dernières années
Le complexe
de production
agro-
alimentaire (A+lAA) a fourni
en 1970, dans
l'économie
nationale ivoirienne, 33~ de la valeur ajoutée
totale,
46~ de la consommation finale
et 83~ des
exportations
144
alimentaires
Les
produits
transformés
se
sont
accrus
considérablement.
En
1978,
182
000
tonnes
142. Clef ci-dessus : Section
V "Modèles ivoiriens
de
distr i bution" .
143. Clef, Section II
: Processus
d'industrialisation
agro-alimentaire ivoirienne.
144. Louis MALASSIS
"Economie agro-alimentaire",
éd.
Cujas, p. 386.
- 366 -

d'ananas ont été usinés contre 149 000 en 1977, 172 000
en 1976, 141 000 en 1975,
157 000 en 1974, 146 000
en
1973, 145 0007
~~
en 1972, 106 000 en 1971 et seulement 3 600 t
en 1960.,
Les
ventes
locales
d'ananas
en
tranches
ont
doublé de 1972 à 1975 (43 t
en 1972, 62 en 1973,100.01-4 «t
88 en
1975). Celles
des
jus d'ananas
ont
également
accusé la même progression (674 t
en 1975 contre 642 en
145
1974, 483 en 1973 et 382 en 1972).
Malgré
leur
nombre
encore
insuffisant,
les
marchés de production jouent un rôle primordial dans le
développement agro-alimentaire ivoirien.
Ils permettent
de ravitailler les marchés de gros et ceux de détail.
Paragraphe II - Les marchés de gros et de détail
Les marchés de gros constituent non seulement
le
principal lieu de rencontre entre
les offreurs et
les
demandeurs,
mais
aussi
l'ensemble
des
transactions
commerciales et financières concernant une catégorie de
produits
dans
une
zone
géographique
de
production
donnée.
Les vendeurs sont soit des producteurs isolés
ou
groupés
en
coopératives,
soit
essentiellement
des
145. MARCHES TROPICAUX ET MEDITERRANEENS
No 1639 du
8
avr.
1977, p.
26.
- 367 -

expéditeurs et grossistes.
Les premiers
entretiennent
des rapports plus individuels avec les commerçants
qui
négocient souvent
au domicile
des producteurs
les
seconds opèrent
sur des
marchés organisés
pour
leur
propre compte ou à la commission.
Les marchés ivoiriens de gros sont des marchés de
"démonstration" oü
la présentation
de la
marchandise
est une nécessité préalable à l'acte d'achat.
Il n'y
a
pas de bourses de marchandises
comme aux U.S.A. et
en
France

les
transactions
s'opèrent
à
l'absence
physique des produits.
Le développement
des marchés
iv61riens de
gros
est handicapé par
l'appar1tion des circuits
intégrés.
En effet,
attirés
par les
prix
de
faveur
(rabais,
ristournes),
les
centrales
d'achats
préfèrent
s'approvisionner
directement
auprès
des
transformateurs, des coopératives,
et des
groupements
de producteurs.
Quant aux marchés
de détail
ou de
consommation
finale,
contrairement aux précédents,
ils sont
appelés
à évoluer.
L'approvisionnement
des
ménages
ivoiriens
se
réalise par des
voies de plus
en plus diversifiées
achats directs aux producteurs, achats sur les
marchés
locaux de
production
achats
sur
les
marchés
et
-
368 -

détaillants:
achats à
la boutique,
dans les
super-
marchés du commerce intégré, en appareilS
automatiques.
Cet
approvisionnement
obéit
à
des
modèles
de
146
consommations
bien
précis
évoluant
tous
tendantiellement vers le modèle urbanisé.
La transformation
des
modèles
de
consommation
devrait
logiquement
engendrer
l'augmentation
de
la
production
agro-alimentaire
pour
la
consommation
locale. Mais,
l'importance relative
de plus
en
plus
croissante
des
produits
agro-industriels
destinés
notamment
aux
marchés
extérieurs,
"détourne"
le
bénéfice
de
l'accomplissement
automatique
de
ce
processus d'entralnement. Ainsi,
l'augmentation de
la
production globale agro-alimentaire
ivoirienne est
un
phénomène induit essentiellement de l'accroissement des
produits exportés.
Il est difficile de déterminer avec exactitude la
production agro-alimentaire globale de la COte d'Ivoire
en raison
de l'importance
de l'auto-consommation.
On
146. Clef, ci-dessus, Section IV "Modèles ivoiriens
de
consommation alimentaire".
-
369 -

peut toutefois estimer la part de la production écoulée
147
sur le marché international.
Les produits frais et non-transformés y dominent.
Mais, les produits élaborés gagnent de plus en plus
du
terrain sous
la poussée
des I.A.A.,
fondamentalement
caractérisé~par la
production et
la distribution
de
masse sous-tendant
la
consommation
de
masse.
Cette
148
poussée
est
rendue
possible
grâce
à
l'invention
rapide des
nouveaux
procédés
de
fabrication
et
de
commercialisation aboutissant à la diversification et à
l'homo-généisation des
produits
sur toute
la
chaine
agro-alimentaire.
Ceci justifie encore que
le développement de
la
production
agro-alimentaire,
mue
par
le
progrès
technologique,
profite
mieux
au
sous-secteur
agro-
alimentaire orientée principalement Vers
l'exportation
149
qu'à celui destiné à la consommation locale
L'exportation
agro-alimentaire
constitue
donc
l'élément de
base
de
l'évolution
du
secteur
agro-
alimentaire ivoirien. Mais,
celui-ci étant intégré dans
le
système
agro-alimentaire
international,
son
147. Supra ch II par II :
"Les productions d'exportation".
148. Supra Chap.
IV, Par.
l, Les marchés de production.
149. Supra Chap.
l, Sect.
l, La production.
-
370 -

développement
est
aussi
lié
à
l'importance
de
la
demande et
de l'offre
mondiales conditionnées
elles-
mêmes à
l'environnement
international
économique
et
politique
conjoncture
économique,
variations
des
termes
de
l'échange,
Accords
internationaux.
C'est
pourquoi cette
section sera
consacrée à
l'étude
des
interactions entre
l'agro-alimentaire ivoirien
et
le
système agro-alimentaire international.
-
371 -

Section II -
INTERACTIONS ENTRE L'AGRO-ALlMENTAIRE
IVOIRIEN ET LE SYSTEME AGRO-ALIMENTAIRE INTERNATIONAL
L'agro-alimentaire ivoirien forme un sous-système
du système agro-alimentaire international. En tant
que
tel, il
est en
compétition incessante
avec
d'autres
sous-systèmes analogues dont
l'influence constitue
un
facteur déterminant
pour
son
évolution.
Son
avenir
dépend alors de la compétitivité de ses produits. Mais,
les
produits
agro-alimentaires
ivoiriens
sont-ils
compétitifs sur le
marché international
? Répondre
à
cette
question
nous
amène
à
confronter
l'offre
ivoirienne, la demande et l'offre mondiales.
Paragraphe
1
L'offre
ivoirienne
et
la
production mondiale
En évoquant l'offre des produits primaires, on ne
peut s'empêcher
de
soulever l'éternel
débat
sur
le
caractère
spéculatif
des
marchés
mondiaux
de
ces
derniers tant dénoncé par les pays producteurs.
En fait,
la question
à
résoudre
est "le
cours
(d'une matière
première comme
le
café ou
le
cacao)
obéit-il à
la
loi de
l'offre
et de
la
demande
et
comment"?
Là-dessus,
plusieurs
thèses
s'affrontent
violemment. Pour les pays
producteurs, le cours
obéit
au seul
jeu
de
la
spéculation
présentée
comme
un
-
372 -

mécanisme extrémement
pernicieux.
Il
est
impossible
qu'il en
soit
autrement car,
la
formation
du
prix
concrétise ici les voeux du spéculateur, lesquels
sont
diamétralement opposés aux intérêts du pays
producteur:
les intérêts
du premier consistent
à maximiser
ses
gains par un simple
jeu d'anticipation des
mouvements
des prix
sur
le
marché, alors
que
ceux
du
second
consistent à maximiser ses revenus tirés de la
cession
des
produits
primaires
représentant
des
ressources
importantes pour sa survie.
Cette perception
contradictoire
d'une
même
et
unique réalité
engendre
naturellement
l'appréciation
hiatale du phénomène spéculatif lui-même.
Dans l'optique
d'une
analyse
plus
économique,
l'Ecole néo-classique
soutient, de
son cOté,
que
la
150
spéculation est "traditionnellement stabilisatrice"
ce
qui
sous-entend
évidemment
une
compensation
théorique
entre
les
gains
et
les
pertes,
une
compensation qui, bien sfir, est loin de satisfaire
les
producteurs. Le raisonnement
justifie et défend
ainsi
la spécu\\dtion
comme
une profession
à
gros
risque
150. J.E. MEADE.
"Degrees of c('mpet11:i'Je
speculation".
The Review of Economie Studies
1949-50, pp.
159 à
1b7.
J.E. MEADE,
"The role of speculation", Chap.
XVII
dans
The
balance
of
Payments.
Oxford
n.p.
Londres, 1951, pp. 218 à 231.
- 373 -

dont la rémunération serait la contrepartie du
service
rendu à la Société.
Selon toujours
la
démonstration
néo-classique,
les
spéculateurs,
grâce
à
leur
sens
aigu
d'anticipation, se comportent comme des régulateurs
de
marché : ils
anticipent la
hausse par
des achats
en
déplaçant la courbe de demande vers le haut lorsqu'elle
est déprimée : et vice versa,
ils vendent pour
réduire
immédiatement les cours jugés trop élevés en
déplaçant
la courbe d'offre dans le sens de l'augmentation.
Théoriquement, le
raisonnement néo-classique
ne
manque pas d'élégance, mais, dans la pratique, il n'est
pas loin de s'apparenter à un sophisme.
La
thèse
de
l'Ecole
d'inspiration
151
keynésienne
se veut, elle, plus radicale et
réaliste
en ce
sans
qu'elle utilise
l'humeur
des
opérateurs
comme la
manivelle des
fluctuations du
marché.
Elle
démontre qu'à certains
moments de
la vie
économique,
l'optimisme des opérateurs
sur le
marché engendre
un
processus cumulatif
entrainant des
cours plus
élevés
que ceux
issus du
jeu
naturel de
l'offre et
de
la
151. N. KALDOR
"Spéculation
and
economic
st.abil i ty"
dans Essays in Economie stability and growth p. 17
à 58 (republié de:
The review of Eco. Studies
october 1939).
J.M. KEYNES "Long
Term expectations", Chap.
XII,
General Theory.
-
374 -

demande physiques; de la même manière,
le
pessiAMisme
des
opérateurs
crée,
par
moments,
un
processus
d'emballement générant des cours très bas par rapport à
ce qu'ils auraient dü ètre dans les conditions
réelles
de confrontation de l'offre et de la demande.
Ainsi, à certains
moments de
la vie
économique
déterminés eux-mêmes de façon hasardeuse, l'humeur
des
opérateurs génère,
selon l'Ecole
Keynésienne,
tantôt
des hausses tantôt des baisses excessives en provoquant
des déséquilibres importants sur le marché.
En se souvenant des fluctuations particulièrement
violentes du café (en 1976)
et du cacao (en 1981),
on
est tenté de soutenir que la thèse keynésienne dite
de
"spéculation destabilisatrice"
(par
opposition
à
la
thèse néo-classique) traduit mieux les réalités
vécues
actuellement. sur les marchés des produits primaires par
le Tiers-Monde
en
général
et
la
Côte
d'Ivoire
en
particulier.
Cette
dernière
a
été,
en
effet,
d'autant
scandalisée et menacée que
les matières premières
les
plus
durement
touchées
par
la
spéculation
destabilisat~(~ (en l'occurence, le café, et le cacao),
forment les piliers de son économie : ils
représentent
à eux seuls,
72~ des exportations agricoles ivoiriennes
soit 57~ des
exportations totales.
Aussi,
l'étude
de
- 375 -

ces
deux
produits
suffit-elle
à
rendr~ compte
de
l'importance du sous-système agro-alimentaire
ivoirien
dans le système agro-alimentaire international.
Analysons d'abord ce tableau l
:
-
376 -

Part ivoirienne dans la production mondiale du café et
du cacao (en milliers de tonnes)
O:Ji{XJ5Cilltes
CAFE
CN:KJ
1974
1975
1976
1977
1978
1974
1975
1976
1977
1978
Produc:tia1 nuxüale 4 323
4 355
4968
4850
3834
1448
1549
1512
1338
1 503
Produc:tia1 ivoi-
ri.erlne
268
270
300
291
230
209
242
231
230
304
% fob'xti.al
6,2
6,2
6,2
6
6
14,5
13,7
15,2
13,4
20,2
RaD;J m:n:lial
3àœ
3àœ
3àœ
3àœ
3èrœ
3àœ
3àœ
3àœ ,
2àœ
1er
5aIrœ : Tableau él.abJré à ~ des statistiques de l' ATLI\\SEXD ''mML CSSERVl\\mlR" 1977 et 1979.
- 377 -

TAf3L.ll _ CAFE
PRODUCTTON
ET
DEMANDE.
EFT~CTI \\lE ET PROJETr:t
PRO 0 U C T ION
D E M 1\\ N D E
TOT 1\\ L E
Effective
Consommation
Moyenne
Projections
Projections
Moyenne
1972-74
1976
. . . . . . . . 1985
2000
1972 -
1974
.


•..
en milliers de tonnes . . . 1985
. . .
2000
MONDE
4381
36RO
5640
7700
4712
5850
7900
PAYS EN DEVElD?PFMNr
4380
3680
5640
7700
1401
1960
2640
Am~rique Latine
2731
2000
3670
50';0
975
1250
1680
Afrique
1278
1280
1420
1950
165
290
390
Proche-Orient
6
6
10
14
54
110
150
Extrême-Orient
322
35fJ
480
660
200
300
400
Pays d'Asie ECP
11
8
20
30
6
10
13
Divers
32
36
50
70
1
o
o
U:J
PAYS DEVELOPPES
1
o
o
o
-..1
3311
3890
5230
00
Amerique du Nord
1
o
o
o
1378
1370
1840
Europe occidentale
o
o
o
o
1583
1940
2610
CEE
o
o
o
o
1147
1400
1900
Europe orientale & URSS
o
o
o
o
185
310
420
Océanie
o
o
o
o
27
40
60
Di vers
o
o
o
o
138
230
310
-
CAFE
COMMERCE INTERNATIONAL ET PROJECTION DES DISPONIBILITES EXPORTABLES ET DES
BESOINS D'I~PORTATIONS. Tableau élaboré à partir des statistiques F.A.O.

EXP 0 R T A T ION S
1 M P 0 R T A T ION 5
r.xrurtations nettes
Projections
Importations nettes
Proj actions
Moyenne
Moyenne
1972-74
1976
1985
2000
1972-74
1976
1985
2000
. . . . . . . . . en milliers de tonnes . . . . . . . . . . . . .
MONDE
3528
3493
3980
5000
3430
3579
4200
5200
PAYS EN DEVELOPPEHENT
3528
3493
3980
5000
140
189
310
390
Amérif'Jue Latine
2180
21A5
2500
3110
41
56
80
100
Afrique
1151
1072
1540
1540
36
69
110
140
Proche-Orient
1
1
0
0
49
45
110
140
Extrême-Orient
159
193
200
250
13
18
20
30
Pays d'Asie ECP
5
5
10
12
0
0
0
0
w
Di vers
32
37
50
60
1
1
0
0
'1
-.0
PAYS DEVELOPPES
0
0
0
0
3290
3390
3890
4880
Amérique du Nord
0
0
0
0
13"'7
1335
1370
1720
Europe occidentale
0
0
0
0
1589
1677
1940
2430
CEE
0
0
0
0
1152
1222
1400
1760
Europe orientale et URSS
0
0
0
0
181
205
310
390
Océanie
0
0
0
0
27
35
40
50
Dl vers
0
0
0
0
136
138
230
290
- - - -
0
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
CAFE VERT . IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS To..r..L:IJr


TABL.IV ~
CACAO
PRODUC'l'ION ET DEMANDE
EFFECTIVES ET PROJ~:'rEES
P Po 0 DUC T ION
D E MAN D E
TOT ALE
Effective
Consonunation
Projections
Proj ect ions
Moyenne
Moyenne
1972-74
1976
1985
2000
1972 -
1974
1985
2000
en milliers de tonnes
MONDE
1481
1461
1940
2560
1565
1920
2680
PAYS EN DE.VEL<X>PEMmT
1481
1461
1940
2610
149
240
320
Amérique Latine
384
450
630
850
112
190
260
Afrique
1050
952
1220
1640
8
10
13
Proche-Orient
o
o
o
o
8
10
13
Extrême-Orient
15
25
50
70
16
20
30
Pays d'Asie ECP
o
o
o
o
5
10
13
'"
o
00
Divers
32
34
40
50
o
o
o
PAYS DEVELOPPES
o
o
o
o
1416
1670
2260
Amérique du Nord
o
o
o
o
424
450
610
Europe occidentale
.' 0
o
o
o
639
680
910
CEE
o
o
o
o
513
530
710
Europe orientale' & URSS
o
o
o
o
255
410
550
Océanie
o
o
o
o
27
30
40
Divers
o
o
o
o
71
110
150
. _ - . _ - - - - - - - - - - - - - ' - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
-
CACAO
COMMERCE INTERNATIONAL ET PRO~ECTION DES DISPONIBILITES EXPORTABLES ET DES
BESOINS D'IMPORTATIONS.~ableau élaboré à partir des statistiques F.A.O.

EXP 0 R T A T ION S
1 M P 0 R T A T ION S

Exp:lrtations nettes
Projections
lqortations nettes
Proj ections
Moyenne
Moyenne
1972-74
1976
1985
2000
1972-74
1976
1985
2000
. . . . . . . . . en milliers de tonnes
. . . . . . . .
MONDE
1404
1390
1790
2420
1458
1398
i770
2420
PAYS EN œvElDPPEMENr
1404
1390
1790
2410
56
57
90
120
Amérique Latine
312
328
500
670
30
25
50
70
Afrique
1057
1011
1220
1640
5
5
10
13
Proche-Orient
o
o
o
o
8
11
10
13
Extrême-Orient
5
18
30
40
8
7
10
13
(.:1
o
o
o
o
5
9
10
13
00
Pays d'Asie ECP
....
Divers
30
33
40
50
o
o
o
o
PAYS DEVELOPPES
o
o
o
o
1402
1341
1680
2260
.' 0
Amérique du Nord
o
o
o
408
416
450
610
Europe occidentale
o
o
o
o
644
546
680
910
CEE
o
o
o
o
518
435
530
710
Europe orientale:& URSS
o
o
o
o
255
282
410
550
Océanie
o
o
o
o
26
19
30
40
Divers
o
o
o
()
69
78
110
150
Source
TableaJVélaboré à partir des statistiques F.A.O.
...
Projections relatives aux productions
agricoles 1975-1985" de cacao

Mieux qu'un
long discours,
il nous
montre
que
l'agro-alimentaire ivoirien
se
comporte bien
sur
le
marché international
3ème ~n
café et
1er en
cacao
avec
respectivement
6~
et
20,2~
de
la
production
mondial~ de 1978.
Si
la
Côte
d'Ivoire
maintient
sa
politique
actuelle de production, elle produirait en 1985 et 2000:
respectivement 310
000 tonnes et
457 000 tonnes
de
café sur
un
total
mondial de
5,6
millions
et
7,5
millions; 437
000 tonnes et
0,625 millions de
cacao
sur un total mondial de 1,9 millions de tonnes et
2,56
152
millions
La production ivoirienne accroltrait alors
plus vite que
la production mondiale
: pour le
café,
2,7~ l'an contre 25~ (taux mondial), et pour le
cacao,
8,3~ l'an contre 2,3~ (taux mondial). Cette
croissance
inégale entralnerait l'augmentation de la part relative
ivoirienne dans
la
production mondiale
de
ces
deux
produits, soit, à
l'horizon 2000, 6~
pour le café
et
25~ pour le cacao qui,
ainsi, se positionne
nettement
mieux.
152. Supra Chap.
II
Productions
industrielles
et
d'exportations,
et
tableaux
"Commerce
International" ci-contre.
- 382 -

L'examen
de
son
comportement
sur
le
153
marché
fournit des
éléments
plus
instructifs
pour
l'appréhension
du
phénomène
de
la
spéculation
destabilisatrice et
de
son impact
sur
l'agriculteur
producteur.
Pour
faciliter
la
compréhension
de
notre
raisonnement,
une
explication
préalable
du
tableau
"Taux de récolte et prix du cacao" est nécessaire:
la
première
colonne
"Production
projetée
Moyen
terme"
donne la production moyenne potentielle en fonction
de
l'importance du verger cacaoyer; la colonne 3
"Ratio
de
performance"
représente
le
rapport
entre
la
Production
effective
(colonne
2)
et
la
Production
projetée (colonne 1) ; le quotient traduit l'importance
de la campagne par rapport à la production
potentielle
,
correspondante ; il montre les effets cumulés des al~as
climatiques, de l'évolution de la productivité due à la
technologie, de l'intensité et de la qualité du
travail
du paysan.
Pour isoler l'impact
de ce
dernier facteur,
on
détermine
le
"Rendement
Témoin",
colonne
4
en
considérant
uniquement
les
facteurs
"évolution
de
productivité et variations météorologiques". Ainsi,
en
153. Clef tableau et taux de récolte et prix du cacao:
le cas de la COte d'Ivoire" et le graphique "Effet
prix sur le planteur.
- 383 -

confrontant la
colonne 3
et
la colonne4, on
obtient
l'effet du comportement du paysan
dans son travail
de
production.
Cet effet, mesuré
ici par le
"Taux de
récolte"
(colonne 5)
évolue en
parfaite corrélation
avec
les
variations
de
rémunération
allouée
aux
planteurs
(désignée par Indice du prix planteur, colonne 5).
Le graphique
correspondant
met plus
en
relief
cette corrélation
caractérisée
par
les
fluctuations
simultanées des deux courbes représentatives hormis les
campagnes
1977-78 et 1978-79
où la courbe du taux
de
récolte croit légèrement tandis
que celle de
l'indice
du prix planteur décrott.
-
384 -

GRAPHIQUE: ;
Errel prix sur le pllUlteur
IndiI:c du pria planlnl' 1EthcUc de droilc)
Tau de rft:c* (Indice rulonllc 3) (Echet.. de puche)
/ .....-..
1

1
\\ \\
1
\\
1
\\
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1
\\

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1
1
1
1
1
1
,.
"
Ti ii
iO
TABLEAU.\\l1
TlUUt de récolte el prix du acao :
Le eu de la Côle d'hoire
Productioft P1'OdlM:tioft
RO/l(), de
Rend_Dlt
Tonade
Indice
fNOjeth
qf«tiw Per/ormaft«
Tbrrolft
~te
Prix Plan·
Mo~
(2)
(J .. 1/1)
(-I)
($ • JI-I)
lar (6)
lenrre(/}
( }'O)
( 1&)
1972173
197
185
94
99
95
66
1973/74
209
209
100
98
102
n
1974175
222
242
109
99
110
112
1975/76
2.36
2.31
98
94
104
100
19761n
250
2.32
93
99
94
95
1977178
266
303
114
108
106
120
1978179
282
318
113
lOS
108
110
1979/80
300
350
117
102
Ils
120
1980/81
320
400
125
110
114
108
1981/82
351
487
130
119
109
96
(Il Sur la bue des superficies et des readcmcnts moyens par lac.
(4) Indice de rendement des parcelles lanoins DSREA compl~e pour 1979 par opinion IFee.
(6) Indice du prix garanti au plantcur CIl F CFA CODSlanU.
Souree
StatistiQues Gill & Duffus, Cocoa Statistics
mai 1983
385

En conséquence, malgré cet incident statistique à
caractère conjoncturel,
nous
pouvons
nous
permettre
154
è'affirmer qu'une
partie
de
l'cffre
ivoirienne
de
cacao évolue en relation étroite avec le prix
planteur
accordé au planteur ivoirien.
En d'autres
termes,
les
fluctuations
de
prix
planteur stimulent
plus ou
moins le
paysan dans
ses
efforts de production: une
hausse de prix l'incite
à
accroltre sa production
une dépression ou un
blocage
de prix, au contraire, le démotivent.
La réac-tion des
paysans au
mouvement des
prix
doit
être
appréhendée
différemment
selon
qu'on
a
affaire à une économie cacaoyère de type ivoirien ou
à
une
autre
économie
cacaoyère
de
type
par
exemple
brésilien.
En effet,
il existe en
COte d·'Ivoire une
Caiss~
de Stabilisation qui garantit un certain niveau de prix
mettant le producteur individuel à l'abri des aléas
du
marché. L'existence de
ce système
fait dépendre
donc
directement
la
réaction
comportementale
du
paysan
ivoirien
du
mouvement
des
prix-planteurs
garantis
154. L'offre totale de cacao affichée dans les tableaux
statistiques
de
la
COte
d'Ivoire
évolue
en
relation avec
d'une
part
le
prix
planteur
et
d'autre part
les autres
sources de
fluctuations
(aléas
climatique
productivité
due
à
la
technologie, contingentement).
-
386 -

créant
alors
une
corrélation
immédiate
entre
la
performance du producteur et les fluctuations des
prix
155
de campagnes réelles
:
le producteur informé d'avance
du prix de la campagne
de commercialisation en
cours,
s'offre la possibilité
d'adapter, en conséquence,
son
comportement qui peut engendrer un effet direct sur son
rendement.
Par contre,
lorsqu'il n'existe pas
d'Institution
de garantie des prix au planteur dans le pays (comme au
Brésil), le
producteur étant
directement en
relation
avec
le
marché,
son
comportement
réagit
aux
fluctuations des prix
mais,
il Y a un décalage
entre
les
décisions
de
produire
effectivement
et
l'information reçue sur
les variations de
prix en
ce
sens
qu'elle
parvient
toujours
tardivement
au
producteur.
Les réactions
de
la production·
aux
aléas
des
marchés constituent
cependant des
mécanismes à
court
terme qui,
en
tant
que
tels,
ne
suffisent
pas
à
caractériser tous
les
facteurs
de
détermination
de
l'offre sur
le marché.
Les facteurs
de moyen
terme,
définis comme la réaction de
la production au prix
de
marché à travers le rythme de plantation, permettent de
155. Comme la fixation
des prix
de campagnes
réelles
dépend du niveau du prix
de marché, on peut
donc
affirmer
que
l'attitude
du
paysan
est
indirectement déterminée par le prix de marché.
-
387 -

mieux expliquer les grandes fluctuations de prix qui se
produisent par
cycle de
quinze
à vingt
ans
environ
selon un phénomène que les économistes appellent "cycle
de Cobweb" : la flambée des prix de cacao constatée
en
1975, 76 et 77 peut être expliquée partiellement par le
ralentissement du rythme des plantations des années 60.
En dehors des facteurs (analysés ci-dessus)
dont
la combinaison quelconque peut provoquer des variations
de l'offre
physique. les
fluctuations de
la
demande
déterminent également le prix offert sur le marché donc
exercent
implicitement
des
influences
sur
le
comportement du paysan producteur.
L'analyse de
la
demande
de
cacao
révèle
une
diversité de
caractéristiques selon
le type
de
pays
consommateurs.
Dans
les
pays
d'économie
libérale
(Grande
Bretagne, USA)
l'élasticité par
rapport au
prix
est
assez forte:
toute augmentation sensible
du prix
du
cacao provoque
une diminution
de la
consommation
et
vice versa. Cela
se manifeste sous
diverses formes
répercussion au
consommateur
des
hausses
des
cours
internationaux, diminution
par
les indutriels
de
la
proportion
de
cacao
dans
les
produits
dérivés
(réduction du poids de la tablette de chocolat
... ).
-
388 -

· Toutefois,
l'élasticité
est
faible
et
insignifiante dans
les
pays comme
la
France

la
réglementation
des
prix
entrave
toute
répercu~~on
systématique à
la hausse
ou à
la baisse
("effet
de
156
cliquet")
Au
total,
l'élasticité
de
la
consommation
mondiale aux
variations à
court
terme des
cours
de
157
cacao oscille entre
0,20 et
0,25 contre
0,45
pour
l'elasticité de
la demande
aux variations
du
revenu
dans les pays consommateurs.
On en déduit
que le
marché du
cacao est
assez
for~ment sensible à la conjoncture des pays industriels
notamment en Amérique du Nord et en Europe.
Occidentale
158
(72~ de la demande mondial~
Nous venons de
montrer, ci-dessus, qu'au
regard
du café et
du cacao,
l'agro-alimentaire ivoirien
est
compétitif
sur
le
marché
international
malgré
la
spéculation
destabilisatrice
qui
exerce
des
effets
156. La répercussion de la baisse
des cours est,
dans
la pratique inconcevable car, toute réaugmentation
est limitée par la réglementation qui ne tient pas
compte de la baisse précédente.
157. Sources
Gill and
Duffus, Cocoa Statistics,
mai
1983.
158. Sources
Gill and
Duffus, cocoa statistics,
mai
1983.
-
389 -

pernicieux
sur
les
comportements
des
paysans
producteurs.
T~utefo!2.
des
facteurs
impondérables
coœme
notamment la concurrence internationale des produits et
des
pays
ainsi
que
les
variations
des
termes
de
l'échange (déjà analysées) peuvent bouleverser à
moyen
ou long terme ces tendances prometteuses.
Comment?
Ce
sera l'objet du prochain paragraphe.
-
390 -

Paragraphe II - L'OFFRE IVOIRIENNE ET LA CONCURRENCE
INTERNATIONALE
21 - Les produits concurrents
L'accélération
de
la
technologie
agro-
industrielle liée aux
objectifs de
rentabilité et
au
souci d'indépendance économique à l'égard de
certaines
matières premières importées,
favorise les
recherches
et
la
fabrication
des
produits
de
substitution.
L'objectif
des
I.A.A.
n'est-il
pas
d'assurer
l'expansion marchande
par
la création
incessante
de
nouveaux objets alimentaires
adaptés aux exigences
du
moment? Dès
lors, on peut
présager que les
produits
traditionnels comme
le
café,
le
cacao,
la
canne
à
sucre,
le
palmier
à
huile
ne
pourront
conserver
indéfiniment
la
primauté
dont
ils
jouissent
actuellement.
Déjà, les
utilisateurs
de
cacao,
méfiants
du
prolongement de
la
hausse
des
cours,
réduisent
la
teneur du cacao dans les produits finis,
et accroissent
la part des produits de remplacement sur les marchés de
confiseries en modifiant les cha1nes de production pour
les adapter aux nouveaux procédés de fabrication.
Aux U.S.A.,
au Canada,
au
Japon et
en
Europe
communautaire, le sucre
est de plus
en plus
remplacé
-
391 -

par le sirop de mals à haute teneur en fructo~e. Ce qui
pourrait détourner, en 1985, 9~ de leur demande globale
159
en sucre, soit 2,0 millions de tonnes
Le café,
quant à
lui, est
concurrencé par
les
boissons d'infusion
(thé, verveine,
tilleul,
menthe,
etc ... ), et l'huile de palme par l'huile de Colza,
de
soja, de mals, et de tournesol.
Ainsi,
le
développement
de
ces
produits
concurrents peut
assombrir l'avenir
des produits
qui
forment
aujourd'hui
la
base
de
l'agro-alimentaire
ivoirien.
A cette concurrence potent~ellement menaçante,
il
faut ajouter la montée des pays concurrents.
22 -
Les pays concurrents
En raison de l'ouverture de la France
(principal
marché ivoirien) sur les autres pays, la COte
d'Ivoire
se trouve sérieusement menacée sur le marché des ananas
par une nouvelle
concurrence, celle
de la
ThaIlande,
Formose, Malaisie, HawaY et Kenya. De surcrolt, sur les
autres marchés la concurrence se fait également
sentir
de plus
belle
sur
le
marché du
sucre
(Cuba,
le
BrésIl, les Philippines, l'Australie, la France);
sur
159. F.A.O.
"Projections
relatives
aux
produits
agricoles 1975-1985.
-
392 -

le marché
des
avocats (Israêl,
Srilanka)
sur
le
.
marché de l'huile (la Malaisie,
l'Indonésie)
, sur
le
marché du
Café
(le Brésil,
la
Colombie) et
sur
le
marché du cacao (le Brésil,
le Ghana, le Cameroun,
le
Nigéria) .
Même. sur
ce dernier
marché dominé
par la
COte
d'Ivoire la montée fulgurante
de certains pays
d'Asie
et d'Océanie comme
la Malaisie compromet
sérieusement
l'hégémonie ivoirienne à
long terme.
L'analyse de
la
production mondiale de
cacao brute
consignée dans
le
tableau suivant en donne une belle illustration.
-
393 -

394

La première constatation porte sur la
domination
sans partage,
de cinq
grands
producteurs
la
Cote
d'Ivoire,
le
Brésil,
le
Ghana,
le
Nigéria
et
le
Cameroun. On peut dire alors
que le marché du cacao
a
une structure fortement oligopolistique.
L'ascension des nouveaux venus, dits
"Outsiders"
rend cette
dernière
très mouvante et
peut,
à
terme
perturber les
systèmes de
formation des
prix et
les
volontés éventuelles d'organiser
et de stabiliser
les
marchés. L'exemple de la
Malaisie l'illustre bien.
De
4000 tonnes
en 1970/1971
sa production
est passée
à
5500 tonnes en 1982/83 soit
en l'espace de douze
ans,
elle a été multipliée par plus de dix. Ce n'est pas
en
soi
le
niveau
des
tonnages
de
la
production
qui
inquiète mais,
le rythme de
sa croissance, en ce
sens
que durant la même période, la production mondiale
n'a
pratiquement pas augmenté
: de 1
500 000 tonnes
elle
termine à 1 558 000 t.
Sur ce total mondial, il faut également noter que
la production
africaine
est prépondérante
malgré
sa
tendance à la baisse par rapport à celles de l'Amérique
de l'Océanie et de l'Asie réunies.
Au niveau des pays, le fait marquant est surtout,
d'une part,
la domination
de la production
ivoirienne
(de 180 000 tonnes en 1970/1971 elle atteint 457 000
t
- 395 -

en 1981/82) suivie de celle
du Brésil (314 000
tonnes
en 1981/82 contre seulement 182
000 t
en 1970/71),
et
d'autre part,
la
chute dangereuse
de
la
production
ghanéenne (de 392 000 t
en 1970/71 elle tombe à 225 000
tonnes en
1981/82
puis 183
000
t
en
1982/83)
fait
perdre au Ghana la première place mondiale.
De tous les
pays concurrents,
le
Brésil est
le
plus inquiétant
pour la
COte d'Ivoire.
En effet,
il
possède,
en
plus
du
climat
tempéré,
les
climats
subtropical et
équatorial lui
permettant de
produire
les mêmes
produits
que
la COte
d'ivoire
cette
similitude ajoutée à
la fertilité
de son sol et à
son
gigantisme
sont
autant
d'atouts
pour
menacer
ses
160
concurrents de
la
"périphérie"
et même
défier
les
pays "centraux".
Aussi,
pour
mieux
comprendre
le
"danger"
brésilien, lui avons-nous consacré cette section.
160. Paysnon-indus-
trialisés par opposition aux pays "centraux" selon
SAMIR
AMIN
dans
"L'accumulation
à
l'échelle
mondiale", Paris IFAN, 1969.
- 396 -

Par.
III - Le Brésil, Un concurrent redoutable
Dans l'hémisphère austral, à l'Est de
l'Amérique
du Sud
(au Nord
et au
Nord-Ouest:
les Guyanes,
le
Vénézuela, la Colombie
; à
l'Ouest:
la Bolivie,
le
Pérou:
au
Sud
et au
Sud-Ouest
l'Argentine,
le
Paraguay et l'Uruguay
à
l'Est
l'Océan
Atlantique),
le
Brésil
s'étend,
immense,
à
perte
de
vue.
Un
"continent" dans un continent. Sur 8,5 millions de
Km2
(48~ du continent latino-américain, 16 fois la
France,
26 fois la COte d'Ivoire)
vivent 113 millions
d'âmes,
multiples par leurs problèmes mais
unies pour un
même
combat:
faire
du Brésil
le
"Japon"
de
l'Amérique
latine. Le gros propriétaire foncier
du Parana
ou
àe
Pernambouc,
même
dans
sa
lutte
avec
les
ligues
syndicales, prie Dieu pour un avenir meilleur du Brésil
; le pauvre planteur du Nord-Est qui plante
d'arrache-
pied
pour
nourrir
sa
famille
affamée,
entre
deux
reprises (de travail),
lève les yeux au ciel et implore
Dieu. Le miséreux du ghetto (de las favelas) qui attend
qu'on ne
l'oublie plus,
pour se
consoler, prie
lui-
aussi:
"0 Brésil de demain !". Les fonctionnaires,
les
ouvriers, les
entrepreneurs, les
curés, tous
prient,
persuadés que l'avenir est brésilien; tous, convaincus
que Dieu est Brésilien. La preuve : "Dieu créa le monde
et le septième jour,
pour se reposer,
il créa Rio
de
Janeiro" se bercent les Brésili~ns. Cette foi excessive
-
397 -

en l'avenir, prête au Brésil,
un peu ce genre
d'image
d'Epinal
: un mélange de laisser-aller et de
confiance
dans l'avenir. En effet, tout semble y pousser comme au
"Paradis".
Les
Brésiliens
n'ont-ils
pas
raison
de
croire en la lumière divine même en période de crise?
L'immensité de
son territoire,
la diversité
de
ses races,
la richesse incroyable de la forêt et de son
sous-sol à peine exploités,
les multiples apports
des
civilisations européennes,
africaines,
indiennes
et
asiatiques ne placent-ils
pas le Brésil
au centre
de
notre planète, tout au moins au centre du Tiers-Monde?
Lorsqu'au XVI ème siècle, les premiers navigateurs
portugais découvrirent la
terre de la
Vraie Croix
et
qu'ils la
baptisèrent
par
la
suite
Brésil,
seules
quelques plantations
de manioc
et des
arbres
géants
faisaient signe de vie. En l'espace de quatre
siècles,
le Brésil a fait des
bonds de géant. Les
statistiques
sont éloquentes: P.N.B.
(1976), 509 milliards de FF
P.N.B. par
habitant,
4.600
FF
; taux
de
croissance
économique,
10~ (de 1968
à
1974) et
4,2~ à partir
de
1975.
Si l'accumulation des effets négatifs du
"modèle
brésilien"
(amplification
de
l'écart
entre
classes
riches
et
classes
défavorisées
du
pays)
conduit
tendantiellement
l'économie
à
la
faillite
(42~
- 398 -

d'inflation, endettement
extérieur,
25
milliards
de
dollars
en
1976),
une
vérité
demeure
toutefois
immuable:
le Brésil possède des richesses
potentielles
considérables.
Parmi
celles-ci,
l'agriculture.
qui
mobilise
43~
de
la
population
active.
Malgré
la
politique du régime actuel orientée vers l'industriali-
sation,
le secteur agricole reste encore le "créancier"
des autres
secteurs
économiques
l'exportation
des
produits agricoles
fournit
les
capitaux
nécessaires
pour l'accumulation et l'investissement. Mais, quand on
parle d'exportations agricoles, à quoi fait-on allusion
au Brésil ? Quelles stratégies y pratique-t-on pour ces
produits? Quelles sont les performances du Brésil dans
le système agro-alimentaire international ? Quelle
est
la part de marché?
Tel sera l'objet de cette
section
divisée en deux paragraphe~
stratégies de
production
et stratégies d'exportation brésilienne.
Paragraphe
l
Stratégies
de
production
brésilienne
Par la
puissance de
son économie
agricole,
le
Brésil émerge de l'anonymat qui a pour nom,
le Tiers-
Monde.
Les chiffres suivants
situent mieux qu'un
long
discours,
l'importance
des
productions
agricoles
du
Brésil dans le monde.
- 399 -

Tableau l - Part du Brésil dans la producti.a1 agro-alinatt.air nar:llale
(en milliers de ta1nes ~ de têtes)
Produits agri.=les
1974
1975
1976
% ncnii.al
F.an3
1975
1975
M:mi.oc
24714
27206
27000
25.8
1er
Bananes
6 974
7087
7 526
19.1
1er
café
1650
1 300
1 300
28.9
1er
cacao
200
288
222
18
2èrœ
Oranges
6 232
6298
7286
19.4
2àre
canne à sucre
96 412
89 935
103 192
14.1
2èrœ
Maïs
17284
16491
17 929
5.1
3èrœ
Palmistes
240
245
252
17.5
3èœ
Soja
7 876
10200
11 300
14.1
3èœ
AIles
2854
2908
6.9
3èœ
R>rcs
34 000
35000
35636
5.2
4èrœ
Ihvins
90 830
92480
94 802
7.7
4èrœ
Patates I:nJœs
1850
1 700
1.2
4èrœ
Œ1èvrEs
16000
16000
16200
3.9
6àœ
Riz Paàjy
6482
7 674
9 621
2.2
8àœ
Arachides
438
440
528
2.3
8àœ
Céréales
27 351
26 227
1.9
8àœ
Lait
8 470
8800
10 667
2
9èrœ
Ovins
26000
26500
27137
2.5
llàre
Raisins
563
586
636
0.9
20èrœ
Sources : Annuaires et l:u1letins de la F.A.O.
400

Le Brésil est le 3ème
nourricier du monde
après
les
U.S.A.
et
l'Australie.
Sa
balance
agricole
(exportations moins importations)
est constamment
ü
largement excédentaire. Elle l'a été de 18 milliards de
francs en 1974 et de 17 milliards en 1975 soit 3,7~
du
P.N.B. Parmi
les
exportations
agro-alimentaires,
la
canne à sucre, le
soja, le cacao et
le café sont
les
vedettes incontestées.
En effet,
autrefois,
on ne
pouvait
parler
du
Brésil sans penser à son café:
"le café brésilien".
Il
fut son
temps d'euphorie
: en
1959,
il
représentait
57,2~ des exportations brésiliennes. Mais, aujourd'hui,
ce temps
d'hégémonie n'est
plus qu'un
souvenir;
le
café ne représente plus que
10,9~, bien que le
Brésil
soit
toujours
le
leader
mondial
incontesté.
Les
inondations
de
juillet
1975
n'en
sont-elles
pas
responsables?
Sans doute,
mais, on
ne doit
ignorer
aussi la volonté politique des dirigeants brésiliens de
diversifier les
cultures.
Déjà, en
1974,
le
sucre,
premier produit
d'exportation
brésilienne,
prit
son
élan
plaçant
actuellement
le
Brésil
en
deuxième
position mondiale: 103 192
tonnes en 1976. Le
cacao,
vieux comme le café, n'a cependant pas perdu le souffle
: le Brésil, 3ème fournisseur mondial. Mais, la vedette
de tout cela, c'est le soja: 11 300 millions de tonnes
produites dont
plus
de 50~
exportées
bien
qu'au
-
401 -

troisième
rang
mondial
seulement,
il
appara1t
aujourd'hui comme
le
deuxième
produit
d'exportation
brésilienne.
Cette poussée est
la résultante de
trois
phénomènes
hausse
mondiale
des
cours,
ambition
gouvernementale de supplanter la
Chine au second
rang
mondial,
et
reconversion
par
les
paysans
des
plantations de
caféiers en
cultures de
soja
(jugées
plus rentables).
Ces quatre produits, bien qu'ils soient
destinés
à
l'exportation, ont
un marché
local assez
important
contrairement à ce qui se passe en COte d'Ivoire;
cela
s'explique par l'immensité
du Brésil
et sa
nombreuse
population.
Paragraphe
II
Stratégies
d'exportation
brésilienne
Certes,
les
options
économiques
de
l'actuel
régime du Brésil
sont favorable~ aux exportations
des
produits industrialisés
et semi-industrialisés
la
participation de
ceux-ci aux
exportations totales
va
galopant (de moins
de 1~
en 1955, elle
est passée
à
18,7~ en 1968 et 36,3~ en 1975). Toutefois, penser
que
le Brésil a rompu avec la structure traditionnelle
des
exportations des pays en
voie de développement
serait
une erreur.
Il demeure
encore largement tributaire
de
ses ventes de
produits primaires (61,1~
de la
valeur
-
402
-

des exportations
de
1975
contre
92~
en
1955).
Et
l'active politique d'exportation menée dans le
secteur
agricole apporte bien de l'eau à notre moulin.
Pour
en
saisir la teneur,
il faudra
se référer
au 2ème
Plan
brésilien qui
sert
de base
aux
autres
Plans.
Deux
principaux objectifs lui sont assignés
- Pour les prix à la consommation plus bas,
développer
la part agricole dans le Produit Intérieur Brut qui, en
1975, se composait ainsi
agriculture,
1b~ ; industrie, 33~ et services, 51~
- Faire du
Brésil, le "grenier
du monde" en
matières
premières agricoles et en produtis agro-industriels.
Ce, on prévoit un taux de croissance agricole
de
7~ (conter 4~ habituellement) par
an pendant les
cinq
ans planifiés, 1975 à 1979. Cette ambitieuse
politique
suppose
l'intensification
et
l'extension
de
la
production brésilienne,
son
lancement sur
le
marché
mondial
pour
conquérir
de
nouveaux
secteurs
d'exportations, ainsi que l'intensification des mesures
d'encouragement aux exportations.
C'est ce que le
gouvernement brésilien a
décidé
de faire.
Une série de stimulants à la production et
à
l'exportation
ont
été
mis
en
place.
Les
plus
significatifs
la
garantie
des
prix
minimum
aux
agriculteurs;
l'octroi des
prêts agricoles
pour
le
- 403 -

stockage, la transformation et l'industrialisation
des
produits
agricoles
l'obligation
des
banques
d'attribuer 15~ au moins de leurs dépôts aux
activités
agro-alimentaires
exonération
d'impôts
sur
les
bénéfices tirés
des
exportations
allocations
par
Banco Central des fonds
de roulements aux
entreprises
qui prétendent accroître leurs exportations. Bref, tout
un
arsenal
de
décisions
visant
à
promouvoir
les
exportations.
L'objectif
réel
du
gouvernement
est
d'être le
premier
fournisseur mondial
de
cacao,
de
canne à sucre et de
soja. Cette ambition a déjà
porté
ses fruits.
En effet, si la
balance commerciale agricole
du
Brésil
est
excédentaire,
c'est
grâce
aux
quatre
produits: la canne
à sucre,
le soja,
le cacao et
le
café. Depuis plusieurs années,
ils ont témoigné
d'une
vitalité exceptionnelle
tant
dans la
production
que
dans les exportations. L'ascension cahotique du soja et
du café a de quoi étonner le monde.
Ils représentent
à
eux
seuls,
les
2/3,
en
valeur,
du
total
des
exportations agricoles
de 1977.
Selon le
département
américain
de
l'agriculture
(U.S.D.A.),
celles-ci
auraient atteint une valeur de
9 milliards de
dollars
(dont
4
milliards
rien
que
pour
le
café)
contre
seulement 6,1 milliards en 1976 soit une progression de
47~
d'une
année
sur
l'autre.
Le
Brésil
aurait
- 404 -

supplanté, écrivent
les
exportateurs
américains,
la
France
au
deuxième
rang
mondial
d'exportations
de
produits agricoles derrière les Etats-Unis.
La politique d'exportation du
Brésil a donc
été
un succès sur le plan
numérique. Son marché
essentiel
est les
U.S.A.
suivis
de la
R.F.A.,
du
Japon,
de
l'Italie, de la Grande-Bretagne,
de l'Argentine et
de
la France. Le tableau suivant nous donne la répartition
de l'importance de ces partenaires commerciaux de
1969
161
à 1976
161. Il
est
difficile
de
trouver
des
statistiques
récentes sur ce pays.
-
405 -

Tableau
l
Principaux
clients
(~
par
rapport
à
l'ensemble des exportations brésiliennes)
1969
1971
1972
1973
1974
19ï6
U.S.A.
26,1
25,0
22,3
17,8
21,8
14,7
A1leDBgne ~
9,5
8,9
8,2
9,1
7,2
8,3
Pays-Bas
5,8
6,0
7,8
10,2
7,6
7,1
Jap::n
4,6
5,5
4,6
6,9
7,0
7,6
Italie
7,1
6,9
6,8
5,7
4,5
4,6
Rcyai.Iœ-U1i.
4,3
4,3
4,4
5,1
4,7
4,2
frarx:e
4,3
3,3
3,7
5,2
3,4
2,9
Source diverses : D.N.U., F.M.I., D.C.D.E.
Ainsi.
non
seulement
le
Brésil
et
la
Côte
d'Ivoire vendent
les
mêmes
produits.
ils
possèdent
encore la même structure de clientèle, quoique celle-ci
ne soit pas répartie de la mème importance: le
leader
du marché ivoirien
est la
France alors
que celui
du
Brésil est les U.S.A.
Cela
justifie
pourquoi
le
Brésil
est
un
concurrent redoutable, bien qu'en matière des
produits
agricoles.
le
système
des
contingentements
atténue
parfois la concurrence car les
vendeurs sont tenus
de
ne pas dépasser leurs quotas.
La qualité des
produits
peut toutefois influencer
les préférences des
clients,
notamment sur les marchés
libres ou "hors-quotas".
Le
développement
de
la
part
ivoirienne
du
marché
international dépendra
donc
aussi
de
celui
de
ses
-
406 -

concurrents (comme le Brésil),
de la compétitivité
de
leurs produits.
,
En outr~, les variations des termes de l'échange,
les
Accords
internationaux
entre
producteurs
et
consommateurs
et
sous-régionaux
entre
Etats
162
Africains
sont
également
autant
de
facteurs
qui
influencent l'évolution de l'agro-alimentaire
ivoirien
au sein du système agro-alimentaire mondial.
En
effet,
un
accord
sous-régional
ou
international, juste,
équitable, et
une
amélioration
des termes de l'échange permettent à la COte
d'Ivoire,
pays producteur
de
produits
de
base
d'élargir
ses
débouchés et
d'améliorer
sa
balance
commerciale
en
augmentant
ses
productions
d'exportations
donc
en
stimulant sa croissance économique.
Par
contre,
une
dégradation
des
termes
de
l'échange produit des effets contraires:
démotivation
du pays
à
la
production,
réduction ou
stockage
des
produits
à
exporter,
détérioration
de
la
balance
commerciale, ralentissement ou décroissance
économique
etc ...
162. Supra.
Chap.
III
Section
II
"Impact
de
l'environnement politique international".
-
407 -

Toutes choses égales par ailleurs, l'offre et
la
demande
mondiales
réagissent
en
fonction
de
ces
variations.
Après analyses
des
facteurs prospectifs
et
de
leur corrélation, nous allons déterminer maintenant les
scénarios en
considérant le
système
agro-alimentaire
international
comme un ordre établi par rapport auquel
le sous-système agro-alimentaire ivoirien évolue.
-
408 -

CHAPITRE V
LES SCENARIOS
-
409 -

L'analyse
de
la
situation
actuelle
agro-
alimentaire ivoirienne, de ses tendances évolutives
et
le
diagnosti~
de
ses
cor.traintes
possiblss
nGUS
conduisent
à
définir
trois
scénarios
prospectifs
susceptibles de caractériser
ses devenirs probables
à
l'an 2000 :
-
le scénario tendantiel,
-
le scénario de rupture et,
-
le scénario contrasté ou "souhaitable".
-
410 -

Section l
- Le scénario tendantiel
Le
scénario
tendantiel
constitue
une
image
possible, simple mais
cohérente de
l'agro-alimentaire
ivoirien, à l'horizon 2000, sous hypothèse de stabilité
de l'environnement
national
et
international.
Cette
image ne constitue
en rien une
prédiction mais,
doit
être
interprétée
comme
une
"grille
de
lecture"
permettant de replacer les
phénomènes actuels dans
la
perspective du très long terme.
Naturellement,
un
tel
scénario
minimise
les
ruptures
fondamentales
mettant
en
cause
le
fonctionnement du marché
mondial agro-alimentaire,
le
contenu de la division internationale du travail et les
alliances
géopolitiques
de
la
Côte
d'Ivoire.
L'établissement de
l'image
finale
dépend
donc
d'un
certain nombre de conditions dont les plus pertinentes;
le maintien de l'ordre politique et économique mondial,
la stabilité
politique
et
géopolitique
de
la
Côte
d'Ivoire et
la
maîtrise
des
contradictions
de
son
modèle de développement.
-
411
-

Paragraphe l
Conditions
d'établissement
de
l'image finale
11 - Maintien de l'ordre politique et
économique
mondial
L'ordre politique et
économique mondial
actuel,
fondé
sur
la
hiérarchisation
accrue
des
systèmes
productifs, est un système régi par les superstructures
internationales
le
marché
mondial,
le
système
monétaire international et les appareils politiques
et
militaires.
Or,
les
superstructures
internationales
sont sous la domination
des pays industrialisés,
pays
profitant
le
mieux
de
l'ordre
économique
mondial
établi.
En effet,
le fonctionnement de ce dernier
repose
sur les normes de production et d'échanges des
U.S.A.,
conférant
à
ce
pays,
une
puissance
inégalable
se
traduisant par :
-
la maltrise de la production (ou l'appropriation) des
matières
premières
énergétiques,
minérales
et
agricoles;
-
412 -

-
la mainmise
sur le
système monétaire
international
(rOle du dollar dans le fonctionnement du F.M.I., ainsi
1b3
que les institutions internationales (GATT
,OTAN)
-
la maitrise des normes de production et d'échanges
-
le contrOle
de la technologie
et des transferts
de
technologie vers les autres zones capitalistes, grâce à
la maitrise de la recherche industrielle ;
- l'avance prise
sur les
autres nations
capitalistes
dans
l'évolution
de
l'organisation
du
travail
concernant les accroissements
de la productivité,
son
orientation vers la production de masse ;
- et enfin sa domination sur le plan militaire.
Donc, étant
donné leur
puissance sur
tous
les
plans,
les pays industrialisés (avec leader les U.S.A.)
n'abandonneront pas facilement les privilèges qui
leur
ont valu une
prospérité économique
sans précédent
et
leur hégémonie sur le reste du monde.
Dès lors,
l'ordre
économique et
mondial se
maintiendra aussi
longtemps
que leur volonté résistera : les dernières
tractations
et les tensions engendrées
par la Conférence
Nord-Sud
ne donnent
qu'une
petite idée
des
obstacles
et
de
l'inertie
que
l'ordre
économique
opposera
à
son
démantèlement.
1b3.
G.A.T.T. - General Agreement on Tariffs and Trade.
-
413 -

De
plus,
malgré
la
crise,
le
commerce
international connaît une croissance soutenue: de
100
milliards de
dollars en
1963, il
est monté
à
1
100
milliards en 1977. Bien
que cet accroissement
affecte
inégalement les
quatre
principaux
pôles
échangistes
(pays
développés
à
économie
de
marché,
pays
socialistes, pays
producteurs de
pétrole et
pays
en
développement),
il
milite
en faveur
du
maintien
de
l'ordre économique actuel.
De cette hypothèse de continuité, on peut déduire
que les
rapports
d'échanges commerciaux
de
la
Côte
d'Ivoire
au
sein
de
l'ordre
économique
actuel
ne
subiront aucune modification
de nature à
compromettre
l'accomplissement de ce scénario.
12 - Stabilité
politique et
géopolitique de
la
Côte d"Ivoire
Une fois réglé le problème de maintien de l'ordre
politique et économique mondial, le problème
essentiel
de réalisation du scénario tendantiel est la
stabilité
politique et
géopolitique de
la Côte
d'Ivoire,
car,
tout changement politique
peut entraîner une
nouvelle
redéfinition
des
objectifs
prioritaires
du
développement, ce qui
remettrait en cause
l'existence
même de ce scénario.
- 414 -

Cette
stabilité
passe
nécessairement
par
la
maitrise des
tensions
sociales ouvertes
ou
latentes
pouvant menacer le régime en place. Ce dernier
sera-t-
il en
mesure de
réguler les
contradictions
sociales
secretées
par
l'actuel
modèle
de
développement
économique et conserver
ses alliances géopolitiques
?
Ou
bien
cette
régulation
impliquera-t-elle
des
mutations profondes dans la nature du système ?
Pour éclairer ces questions, on peut se référer à
la dialectique historique du parti
au pouvoir tout
en
ignorant délibérement l'avenir impondérable.
Fondé au lendemain de la seconde guerre mondiale,
164
le P.D.C.I.RDA
, Parti Unique de la COte d'Ivoire, se
singularise, dans le monde politique, par sa
stabilité
et sa fidélité envers le Président de la République
en
exercice depuis le
7 aoüt 1960,
son excellence
Félix
HOUPHOUET BOIGNY.
A l'époque
coloniale, il
dut faire
face à
une
opposition fébrile,
irrésolue qu'il élimina sans
peine
avant d'asseoir
son hégémonie
: l'Action
Sociale
et
Démocratique
(A.S.D.C.C.I. l,
l'Union
Démocratique
(U.D.C.I. l, la Force de Libération Noire (F.L.N. l et le
Mouvement de Renaissance Africaine (M.R.A.).
164. P.D.C.I.R.D.A.
-
Parti
Démocratique
de
COte
d'Ivoire,
sous-section
du
Rassemblement
Démocratique Africain.
-
415 -

Après l'indépendance du 7 aoüt 1960, aux
rumeurs
165
de coups
d'Etat
avortés ont
succédé des
agitations
sociales ("affaires
de
Gagnoa et
des
Sanwi,
grèves
perlées et de6étudiants en 1969,
des enseignants
en
1983 etc
... ) ; mais, elles restèrent sans effets.
Ainsi, plus
d'un
quart
de
siècle
durant,
le
système politique ivoirien, largement inspiré du modèle
français, a su ma1triser ses contradictions internes et
résister
à
son
effondrement.
Cette
stabilité
exceptionnelle dans une Afrique en effervescence,
nous
conduit à émettre, du moins
pour les besoins de
notre
scénario, que le régime
ivoirien peut encore
survivre
assez longtemps.
Il s'en suit
alors, que le
pays conservera
ses
alliances géopolitiques actuelles
et qu'il
poursuivra
l'application
de
son
modèle
de
développement
économique.
Paragraphe II - Stratégie du modèle de développement
Fondé sur le capital étranger,
le modèle ivoirien
de
développement
fut,
à
l'origine,
orienté
vers
l'industrialisation substitutive
caractérisée
par
la
substitution des productions
locales aux
importations
165. Rumeurs de coups d'Etat en 1965-66
1973
1976
1980.
-
416 -

de biens de consommation légers,
autrement dit par
ce
qu'on appelle "import-substituts".
Mais, deux facteurs
imprévus vinrent bloquer
le
processus :
le premier
facteur,
la faiblesse
de
la
demande intérieure
: peuplée
seulement de
8 000
000
d'habitants (en 1975), en majeure partie des ruraux,
la
Côte d'Ivoire offre un
marché local insignifiant
pour
ne pas
dire
inexistant
: de
plus
la
faiblesse
du
166
pouvoir d'achat
interdit à la majorité des
ivoiriens
d'opérer
activement
sur
le
marché
des
biens
de
consommation, donc de
stimuler la
demande locale.
Le
second facteur
:
la lourde présence du capital
étranger dont une
bonne
partie des
revenus
rapatriés échappent
au
processus
d'accumulation du capital au sein du.système.
Ces deux déficiences conjuguées empêchèrent ainsi
la première stratégie du
modèle d'obtenir le
résultat
attendu.
Cet échec
donna
alors naissance
à
la
seconde
stratégie qui consiste, elle, à orienter la
croissance
industrielle vers
les
activités d'exportation.
A
ce
titre,
le plan
quinquennal 1976-1980 a
prévu un
taux
166. Selon le Plan quinquennal 81-85.
Ministère
du
Plan
de
COte
d'Ivoire,
58%
des
ivoiriens ont des faibles revenus,
27% des revenus
moyens et 15%, des revenus élevés; SMIG -
environ
500
dollars.
- 417 -

annuel de croissance de 13%
pour la période
1975-1980
et la suite.
CAS
deux
strat~gies
obéissent
à
une
logique
précise qui peut
être décrite de
la façon suivante
l'industrialisation substitutive et l'accroissement
de
la valeur
ajoutée
locale
engendrent
une
hausse
de
revenus distribuée sur place. Ces derniers, en
élevant
les pouvoirs d'achat permettent de stimuler la
demande
des
produits
locaux
en
remplacement
des
biens
antérieurement importés. L'accroissement de la
demande
des
produits
locaux
va
à
son
tour
entralner
une
augmentation
de
la
capacité
de
production
et
des
importations de
biens intermédiaires.
Mais, comme
le
co~t des devises de ceux-ci dépasse le co~t en
devises
de biens de consommation finale autrefois importés, les
dépenses
en
devises
vont
augmenter
ainsi
que
l'importation des
biens d'équipements.
Résultat
il
co~te
plus
cher
au
pays
de
produire
les
biens
anciennement importés que de les importer.
Ainsi, pour financer les co~ts supplémentaires du
secteur
industriel
il
importait
de
trouver
des
ressources
dans
d'autres
secteurs.
De
plus,
quand
l'industrialisation est fondée sur le capital étranger,
la
balance
commerciale
doit
dégagée
suffisamment
d'excédent pour
financer
les
profits
rapatriés.
Le
secteur tertiaire
étant
incapable, c'est
au
secteur
- 418 -

primaire qu'on fait appel.
D'où la deuxième
stratégie
du modèle fondée sur
l'intégration de l'agriculture
à
l'industrie afin de la rendre
plus compétitive sur
le
marché mondial.
L'idée qui
sous-tend le
modèle est
d'accélérer
l'accumulation du capital qui permettrait d'élargir les
bases productives
du
système
et
de
distribuer
des
revenus
qui
stimuleraient
une
demande
constamment
croissante.
Dans
cette
optique,
,seules
les
cultures
intensives d'exportation agricoles, principales sources
d'accumulation,
peuvent
remplir
ce
rôle.
Ainsi,
s'expliquer la primauté
des cultures
de café,
cacao,
bananes, ananas destinées
essentiellement aux
marchés
extérieurs.
Paragraphe II - Primauté des cultures d'exportation
La
nécessité
de
trouver
des
capitaux
pour
financer
l'industrie
déficiente
commande
au
modèle
d'instituer un ordre
économique dans lequel
prédomine
l'agriculture de marché.
Le schéma de
développement étant la
continuité,
rien ne
va donc
changer, dans
la perspective
de
ce
scénario,
aux
stratégies
de
productions
et
-
419 -

d'exportations analysées dans le chapitre II. Il suffit
simplement d'en faire le résumé.
En comparant
l'évolution des
produits
vivriers
avec celle des
produits industriels et
d'exportation.
la nette
dominance
de
ceux-ci
crève
les
yeux.
Le
tableau suivant en donne une brève illustration :
-
420 -

Tableau récapitulatif (1)
Euo1uticn des produits vivriers et des produits d' exp?rtati.cn
(en milliers de tames)
Nature des produits
Prtxb:ticns
jetées
Tx de
1980
19F
2000
croissarx:e
an !!C'r'!!'!l %
Prcrlui.ts vivriers
Céréales
900
1030
1 700
4,4
Féculents
4000
4200
6000
Prcrlui.ts d'exp:rtati.cn
café (vert)
300
310
457
2,7
cacao (fève)
335
437
0,625
8,3
came à 5Ix:l:e
1 5CO
55CO
49200
53
Palmier à huile
1012
1400
3 478
9
Ananas frais expxtés
150
230
575
14,3
Ananas ttaités (caJSerVeS)
215
270
473
6
Bananes expJrtées
200
220
286
4
(1) Clef : Olapitre n, PaxëIgnItiles l et U.
Les
féculents,
premiers
aliments
ivoiriens
enregistrent le
taux de
croissance le
plus faible
2,7~ (inférieur
au taux
de croissance
démographique)
par an faisant
passer la production
de 4 millions
de
tonnes en 1QSO à 6 millions en 2000.
Avec 4~ de croissance
annuelle, les céréales
se
comportent mieux que
les féculents.
Mais, la
moyenne
des deux (3,6~) est nettement insuffisante par
rapport
à
la croissance démographique dont
le taux dépasse
4~
sans compter le taux de migrations représentant 20~
de
la population totale.
167. Clef; chapitre- II, Paragraphe l et II.
- 421 -

Certains produits
vivriers
comme
l'igname,
la
banane-plantain,
le
manioc
et
le
riz
entreront
progressivement dans le
circuit commercial en
perdant
leur caractère
exclusivement
nourricier.
Mais,
leur
monétarisation, d'ici à l'an
2000,
sera d'autant
plus
lente qu'ils
sont, de
loin, moins
rentables que
les
cultures typiquement exportables.
Comme le montre le tableau ci-dessus, le taux
de
croissance
des
productions
d'exportation
est
très
supérieur à
celui
de l'ensemble
des
vivriers
en
tonnages, la canne
à
sucre vient
en tête avec
49,200
millions de tonnes à l'an
2000 contre 1,5 millions
en
1980 : en
valeurs, le
café et le
cacao disputent
la
place de la vedette. A eux deux seuls représentent
57%
de la valeur des exportations totales.
Le souci premier des
auteurs du modèle
ivoirien
est d'accroitre la quantité en améli.orant la qualité de
la production
globale actuelle
pour pouvoir
exporter
davantage demain. C'est à cet objectif qu'obéit le plan
quinquennal ivoirien 1976-1980 qui prévoit pour
le
café
le
développement
des
quantités,
l'amélioration
des
qualités
(par
le
nouveau
café
"Arabusta"),
la
pratique
d'une
politique
de
prix
,incitative en
intégrant
les
contingences
du
marché
!international
-
422 -

le
cacao
la
mise
en
culture
de
nouvelles
superficies en
distribuant
intensivement
des
plants
sélectionnés, mieux
adaptés
pour remplacer
le
vieux
verger,
l'intégration,
le développement de l'écabossage
mécanique, et la création d'ateliers artisanaux
-
le plan palmier,
les
vergers cocotiers,
les
ananas,
les bananes
: le développement de la production (décrit
au chapitre II paragraphe II)
et
pour
le
soja
un
projet
de
développement
(présenté au chapitre II paragraphe II).
Ainsi, dans
le
droit
fil
de
ces
projets
de
développement, la production du café passera de 300 000
tonnes en 1980, à 310 000 en 1985 puis 457 000 en 2000:
celle du
cacao atteindra
0,625 millions
de tonnes
à
l'an 2000
contre 437
000 tonnes
en 1985
et 335
000
tonnes en 80, soit un
taux de croissance de 2,7%
pour
le café
et 8,3%
pour
le cacao
: la
production
des
ananas frais accroîtra plus vite, au taux de 14,3%
par
an, elle frisera 575
000 t
en
2 000 contre
seulement
1550 000 en 1980
celle des bananes exportées
suivra
le même mouvement de croissance, mais, moins vite
pour
atteindre 286 000 tonnes à l'an 2000 contre 200 000
en
1980, soit
un taux
d'accroissement annuel
de 4%.
Un
ambitieux projet de soja prévoit une production de
- 423 -

10 000 tonnes en
80 et 100 000 en
1985, soit au
même
rythme de croissance annuelle,
2,8 millions de
tonnes
en 2000.
La réalisation
de
ces projets
sera
~n
partie
rendue possible
grâce à
l'incorporation
du
progrès
technique dans l'agriculture
et à
l'industrialisation
168
de celle-ci
En
plus de
l'encadrement des
planteurs
modernes et de l'utilisation des procédés chimiques
de
fertilisation
agraire,
d'importants
projets
de
construction d'usines sont sur chantiers : construction
à
Sinématiali,
d'une usine
de tomates
et de
légumes
divers
construction
d'usines
de
conserveries
associant divers
produits tropicaux
(ananas dans
des
macédoines
de
fruits)
construction
d'une
usine
traitant la mangue et d'autres unités de déshydratation
d'oignons, de poivrons et de piments.
Mais, quels seront
les débouchés
de toutes
ces
productions ?
Avant de répondre
à
cette
question, faisons
un
bref retour au premier sous-chapitre:
le maintien
des
alliances géopolitiques
de
la Côte
d'Ivoire
suppose
nécessairement le
maintien de
ses rapports
avec
ses
actuels partenaires commerciaux donc des privilêges qui
168. Clef.
Chapitre
1,
Section
II
"Processus
d'industrialisation agro-alimentaire ivoirienne".
-
424 -

en
découlent.
Dans
cette
hypothèse,
les
futurs
débouchés de la Côte d'Ivoire ne différeront pas, quant
à leur nature, de ceux
d'aujourd'hui.
Ils pourront
se
diversifier, par contre, les principaux clienLs actuels
(les pays de
la C.E.E.) continueront
à bénéficier
de
leurs
privilèges,
peut-être
pas
totalement,
mais,
relativement. Ainsi,
la France
occupera toujours
une
place dominante dans les
relations commerciales de
la
Côte
d'Ivoire
avec
l'Extérieur.
Néanmoins,
sur
le
marché,
actuellement
contingenté,
les
produits
ivoiriens rencontreront une vive concurrence en
raison
de son ouverture progressive aux autres produits et
de
la
montée
des
rivaux
qui,
jusqu'à
maintenant,
produisent très peu (cf. Chapitre III, Section 1).
Les
perspectives
d'écoulement
des
produits-
vedettes (café,
cacao)
et du
sucre
demeurent
assez
sombres car, leurs marchés tendent vers la
saturation.
Toutefois, celles
des
produits
récemment
développés
(bananes, noix de coco, avocats, mangues etc ..• )
sont
pleines de promesses.
Ainsi,
s'établira
l'image
finale
du
scénario
tendantiel sous
hypothèses
de
stabilité
de
l'ordre
économique mondial,
de
la politique
et
géopolitique
ivoiriennes. Mais, considérer l'avenir seulement
comme
une continuité, c'est ignorer les forces des phénomènes
qui,
quoique
minimies
aujourd'hui
peuvent
prendre
-
425 -

progressivement d'ampleur dans
le futur.
L'avenir
est
un univers

tout
est
possible,

des
facteurs
impondérables peuvent
contrarier
le
présent
stable.
Aussi,
dans
notre
analyse,
allons-nous
considérer
certains facteurs (il y en a sürement d'autres
encore)
que
nous
jugeons
suffisamment
importants
pour
destabiliser le scénario tendantiel.
Paragraphe V - Facteurs d'instabilité du scénario
La logique sur laquelle repose le modèle ivoirien
fait
naitre
en
ce
dernier
un
certain
nombre
de
contradictions susceptibles d'affecter la stabilité
du
système. Les
plus menaçantes
sont les
contradictions
économiques et les contradictions sociales,
lesquelles
peuvent, par
leurs
effets négatifs,
compromettre
la
réalisation
de
l'image
de
continuité
d'une
COte
d'Ivoire
à
l'an
2000.
D'autres
facteurs
d'origine
externe peuvent y contribuer : un é~entuel effondrement
du marché
mondial
agro-alimentaire et
des
pressions
internationales sur le pays.
41 - Contradictions sociales
Fondé à la fois sur l'intégration industrielle de
l'agriculture destinée à
l'exportation et le
maintien
de
l'ancienne
forme
d'organisation
familiale
et
artisanale
de
la
production,
le
modèle
ivoirien
présente une double ambigulté.
- 426 -

Dans un premier temps,
il favorise le
processus
d'intégration
de
l'agriculture
au
marché
mondial.
Celui-ci
étant
très
ouvert
à
la
concurrence,
l'agriculture,
pour
être
compétitive,
doit
être
réorganisée
sur
le
principe
d'efficacité
et
de
productivité.
La
mécanisation
des
cultures,
l'utilisation des
semences, des
engrais de
meilleure
qualité
et
des
services
de
vulgarisation,
la
spécialisation et l'intégration verticale des
paysans,
sont autant de procédés pour réaliser cet objectif.
Le
modèle introduit alors un nouveau mode de production en
transformant les structures agraires existantes afin de
ravitailler
à
bon
marché
les
industries
agro-
alimentaires, l'agriculture intégrée ne produit que des
biens très peu
consommés à l'intérieur
et destinés
à
l'exportation comme le
café, la
banane,
l'ananas,
le
sucre dont les marchés sont pourtant saturés.
Alors que dans un deuxième
temps,
il accepte
de
maintenir
le
système
traditionnel
dans
sa
forme
archaïque de production
caractérisée par l'emploi
des
facteurs productifs rudimentaires
machettes, couteau,
hachette, houe à désherber,
houe à butter,
calebasse,
poterie simple.
Plus loin dans son objectif, il veut permettre au
ménage rural ivoirien de passer de l'économie d'auto-
-
427 -

subsistance à l'économie monétaire.
Ce dernier
devrait
alors réduire voire supprimer son taux d'auto-consomma-
tion en achetant sur le
marché des biens et
services,
des produits dont il a
besoin. Mais, pour rompre
avec
la logique de l'économie d'auto-subsistance,
il faut se
doter des moyens c'est-à-dire, il faut pouvoir
dégager
suffisamment des surplus de consommation qui,
échangés
contre de la monnaie, permettront l'accès à
l'économie
169
de
marché
Or,
le
caractère
artisanal
de
la
production de la grande masse paysanne rend
impossible
le dégagement de surplus suffisants pour le marché.
La
quête
d'une
nourriture
souvent
aléatoire
pour
satisfaire ses besoins primaires oblige le petit paysan
à
renoncer
à
toute
opération
d'échange.
Mais,
l'existence même d'un marché
de biens de
consommation
et de production, l'affluence
de biens extérieurs,
de
la monnaie, provoquent en lui des besoins nouyeaux dont
les problèmes de satisfaction viennent s'ajouter à ceux
des besoins de première nécessité.
Ainsi, en
incitant à
l'intégration des
ménages
ruraux dans
l'économie
monétaire sans
donner,
à
la
majorité, les moyens
nécessairses, le modèle
engendre
en son sein des contradictions, principaux obstacles de
sa propre réussite.
169. Clef: Chapitre l,
Section l,
"Modèles
ivoiriens
de production".
-
428 -

411
Le
développement
ou
la
170
"dépaysannlsatlon"
des paysans ?
L'introduction de
la monnaie
dans
échanges
marchands
a
fait
naitre
de
nouveaux
besoins
en
stimulant l'idéologie à l'enrichissement. Très
marqués
par
ce
dernier,
les
paysans
n'ont
pas
hésité
à
sacrifier
les
cultures
vivrières
aux
productions
d'exportation,
espoirs
de
demain.
L'extension
des
plantations de
café
et cacao,
cultures
pérennes,
a
fortement
entralné
une
réduction
de
la
couverture
forestière et de
la superficie
cultivable du
système
traditionnel,
donc
de
celle
des
cultures
subsistantielles, laquelle a contribué à la sous-ali-
mentation. Cela s'est accompagné de l'individualisation
de la terre, de l'atomisation de l'unité de production,
du relâchement des liens
lignagers et de
l'éclatement
171
des villages
De
nouvelles
formes
d'organisation
caractérisées par de petites
unités de productions
se
substituèrent à
la
famille ou
à
la
communauté.
En
170. Pierre BOURDIEU-ABDELMALEK S.
"Le déracinement", les Ed. de Min.
171. L'introduction .du caféier et
du cacaoyer chez
la
majorité des
populations sylvestres
de la
basse
COte, et chez les Agni
de la portion orientale
a
entralné un éclatement saisonnier des villages
en
petits campements individuels
affectant ainsi
la
cohésion des villages
et la
vie paysanne.
Selon
Cr. B.
HOLAS dans "Changements sociaux en COte d'Ivoire",
Ed.
P.U.F.
-
429 -

donnant naissance à une nouvelle classe sociale,
celle
des planteurs
indépendants,
la désintégration
de
la
cellule collective provoqua de profonds bouleversements
dans les rapports sociaux traditionnels.
Les jeunes, émancipés, ne
se soumettent plus
aU
respect des coutumes.
Les anciennes allégeances tribales se sont
distendues.
L'autorité
parentale,
déclinée
et
le
prestige
des
"vieux", gardiens des traditions, perdu. Le travail, en
perdant sa
fonction
sociale, s'est
désacrilisé
pour
obéir
à
la
logique
de
la
productivité
et
de
la
rentabilité.
Ainsi,
la
monétarisation
de
l'agriculture
a
engendré la dissolution des
vieux rapports sociaux
et
économiques en suivant un processus bien particulier
l'irruption des
cultures marchandes,
en
décourageant
les cultures
des
produits
vivriers,
a
favorisé
la
sous-alimentation paysanne,
laquelle n'a
pas
empêché
l'émergence
d'un
type
nouveau
d'agriculteurs
singularisés par la richesse et
la tendance de
rompre
le
cordon
ombilical
les
liant
à
la
communauté
traditionnelle
qui,
transgressée
jusqu'aux
plus
profondes
de
ses
bâtisses
spirituelles,
naguère
impénétrables,
s'est
exposée,
impuissante,
à
un
mouvement de désagrégation progressive.
-
430 -

Au début, la monétarisation de l'économie eut des
effets bénéfiques dans
l'agriculture, car, elle
s'est
traduite
par
l'éclosion
d'une
nouvelle
classe
d'agriculteurs
nantis
de
pouvoir
économique
les
autorisant à participer activement
au marché de
biens
de consommation et de production.
Mais, apparurent dans le processus des mécanismes
antirégulateurs
incontrôlables.
La
terre
se
défertilise. Les caféiers et
les cacaoyers ne
donnent
plus. Les cultures vivrières, déjà réduites au
minimum
ne suffisent plus
à
nourrir
une population
fortement
croissante (plus de 4% par an).
Cet
appauvrissement
subit,
en
rendant
inintéressant le travail de la terre, provoqua la fuite
des jeunes vers d'autres
régions ou d'autres
secteurs
de l'économie
où,
ils espèrent
trouver
des
emplois
sécurisants et des rémunérations garanties.
412 - L'exode rural ou l'espoir illusoire?
Les fuites
des
jeunes entrainent
des
flux
et
reflux
internes
canalisés
dans
deux
directions
principales
qui
s'entrecroisent
d'une
part,
les
déplacements de
campagne
à
campagne
sous
forme
de
migrations saisonnières s'opérant le plus souvent de la
savane vers les régions riches de la forêt ou encore de
l'Ouest forestier vers le Sud-Ouest où les
plantations
- 431 -

extensives
n'ont
pas
encore
détruit
le
couvert
forestier;
et d'autre part,
les plus importants,
les
déplacements de
campagne à
la ville,
appelés
"exode
rural" ,
L'exode rural,
conséquence de
l'intégration
de
l'agriculture à l'économie
de marché caractérisée
par
un système d'échanges
généralisés, appara1t ici
comme
une "pilule
de
bonne espérance"
ou
un moyen
de
se
libérer du joug traditionnel jugé trop pesant.
En désertant sa région,
on espère trouver,
plus
loin, en ville, un travail garantissant un revenu
plus
élevé, permettant des conditions de vie plus
décentes,
par l'accès
aux meilleurs
équipements collectifs.
En
quittant sa communauté, on espère échapper à
l'emprise
sociale, à
l'autorité
familiale,
et
rompre
avec
le
circuit
économique
traditionnel,
par
définition
collectif,
pour
acquérir
des
r.evenus
monétaires
individualisés conférant un statut social indépendant.
Mais, ces mouvements, en provoquant
d'importants
glissements de la
population rurale
vers les
villes,
surchargent
celles-ci,
déjà
regorgées
de
chômeurs.
entre les campagnes
et les
villes. En
1977, près
du
tiers de la population vivait dans 48 villes de plus de
la
000
habitants,
soit
en
moyenne,
un
taux
de
croissance
annuel
supérieur
à
8,5~
Adidjan,
le
432
-

principal
pôle
d'attraction
enregistre
172
10~
d'accroissement annuel. Hormis les effets cumulés
du croIt
naturel
et
des
immigrations,
la
part
de
l'exode rural dans
le développement
de la
population
urbaine est inquiétante.
En effet,
le
système traditionnel
fournit
aux
sphères
d'activités
urbaines,
ses
jeunes
qu'il
a
nourrIs
vingt
ans
durant
sans
rien
recevoir
en
contrepartie. Mais, restent à sa charge,
les enfants et
les personnes âgées,
improductifs, qui
n'ont pu
être
emmenés car, ils ne peuvent
être nourris en ville
par
des emplois marginaux.
Ainsi,
la
fuite
des jeunes,
en
réduisant
les
forces productives
rurales, engendre
un
déséquilibre
entre le nombre
de bras capables
de travailler et
le
nombre de
bouches
à
nourrir,
lequel
(déséquilibre)
détériore les
conditions
de repro~uction
du
système
traditionnel vivrier.
Telles sont
là,
les
contradictions
du
modèle
économique
Ivoirien
et
leurs
conséquences
sur
la
société paysanne. Elles traduisent l'antagonisme
entre
deux logiques.
L'une
encline à
disparaitre
avec
la
dissolution de son fondement,
et l'autre qui,
incapable
172. Henri
BOURGOIN
et
Philippe
GUILHAUME
"Côte
d'Ivoire
économie
et
société"
page
27,
éd.
Stock.
-
433 -

de la faire disparaître entièrement,
la refoule dans un
traditionnalisme
forcé,
distinct
naturellement
du
traditionnalisme traditionnel,
car il
entraîne, à
la
fois,
la conscience de la
possibilité de change et
la
conscience
de
l'impossiblli té
d'accomplir
cette
possibilité: le
paysan sait,
qu'en vertu
de la
loi
173
dialectique de
conversion
catégorielle,
inévitable,
sa
condition
est
appelée
à
évoluer.
Il
le
sai t,
puisqu'il le
sent.
Mais, en
analysant
sa
condition
actuelle, on
s'aperçoit qu'il
ne vit
ni celle
qu'il
était contraint d'abandonner ni celle qui l'a contraint
à
abandonner.
Il
vit
une
double
ambiguïté,
les
interférences et
les contradictions
de deux
logiques
différentes qui font le sabir culturel.
Aussi,
pour
appréhender
adéquatement
les
problèmes du paysan "dépaysanné", suffit-il
d'analyser
seulement les contradictions. Puisque la résolution
de
celles-ci
rend
nécessairement
compatibles
les
deux
logiques contradictoires qui les ont engendrées.
Même si les
contradictions sont encore
latentes
et inexprimées,
elles
ne sauraient
être
considérées
abstraites.
Les
caractériser
ainsi
serait
nier
l'existence d'une
réalité
concrète, douée
de
forces
agissantes et destructrices
; car,
elles peignent
un
173. Tout corps ou système social évolue en suivant
un
schéma de conversion d'un stade à l'autre.
- 434 -

réel objectivement contradictoire
exerçant ses
effets
incisifs
sur
le
paysan
"dépaysanné".
Donc
toute
abstraction à ces contradictions réelles,
inéluctable-
ment, conduit
à
des tensions
sociales,
négation
de
l'avenir du système qui les a engendrées.
42 - Contradictions économiques
La
stratégie
d'industrialisation
de
la
COte
d'Ivoire est
fondée
essentiellement
sur
le
capital
étranger
qui
rapporte
aux
détenteurs,
des
profits
auxquels
s'ajoutent
les
rémunérations
des
cadres
expatriés. Ces revenus forment une partie du surplus de
productivité nationale nécessaire
à l'accumulation
du
capital
interne.
Or,
en
vertu
de
la
libre
transférabilité des
capitaux du
territoire
ivoirien,
ils sont rapatriés
sous diverses
formes,
sans
aucune
opposition, au point qu'à terme,
ils excèdent largement
les
apports
en
investissements
initiaux
des
investisseurs
étrangers.
Ils
échappent
ainsi
au
processus d'accumulation du capital au sein du système:
c'est la première contradiction du modèle.
Mais, pour alimenter le processus,
le surplus
de
productivité restant
est principalement
utilisé
dans
l'achat de biens d'équipement. En favorisant le facteur
capital (incorporant le progrès technique) au détriment
du
facteur
travail,
on
participe
faiblement
à
-
435 -

l'accroissement du
nombre
d'emplois et
de
la
masse
salariale; or, les nouveaux
diplômés se déversent
en
avalanche sur le marché de travail déjà saturé, d'où la
174
montée du chômage chronique
: deuxième contradiction.
Les
investissement
(incorporant
le
progrès
technique)
sont
tous
réalisés
par
des
filiales,
lesquelles
gardent
jalousement
le
secret
de
l'innovation.
Comme il n'existe aucun ensemble national
pouvant
innover
en
la
matière,
le
modèle
de
développement ivoirien ne peut alors reposer
longtemps
sur
le
processus
de
création
et
de
diffusion
de
l'innovation: troisième contradiction.
_
Ces
trois
contradictions,
toutes
liées,
constituent
de
sérieux
blocages
au
fonctionnement
normal des mécanismes de développement mis en place par
le modèle .. Ceux-ci
devraient suivre
la logique
d'une
économie
de
marché
ouverte
les
investissements
additionnels incorporant le progrès technique devraient
permettre de produire de nouveaux biens de consommation
intermédiaire, finale ou
d'équipement:
en créant
de
174. Les entreprises en Côte
d'Ivoire créent très
peu
d'emplois, de
telle
sorte
que
l'avalanche
des
nouveaux diplômés sur le marché de travail ne fait
qu'accrottre
la
masse
des
chômeurs
et
"sans
travail"
: de
500.000 en 1978,
ils dépassent
en
1987
le
millions
selon
les
statistiques
du
Ministère du
Travail
de Côte
d'Ivoire,
service
"Office de
la
Main d'Oeuvre
de
Côte
d'Ivoire"
(OMOCI).
-
436 -

nouveaux procédés,
ils accroîtraient la productivité du
travail,
laquelle
aiderait
à
développer
de
nouveaux
secteurs, à augmenter le nombre d'emplois et le
revenu
donc la
masse
salariale,
et
à
élever la
masse
des
profits
l'accroissement de la masse salariale et
des
profits,
devrait
stimuler
la
demande
de
biens
de
consommation finale
les profits
et
l'épargne
sur
salaire
devraient
engendrer
l'augmentation
des
investissemnts,
lesquels
entraineraient des
biens
de
consommation intermédiaire et de biens d'équipement.
Et
les
biens
d'intermédiaire
et
d'équipement
qui
ne
pourraient pas
être produits
devraient être
importés
grâce à
une partie
de
surplus de
productivité.
Tel
devrait être
le
processus d'accumulation
interne
du
capital en Côte d'Ivoire.
Cependant,
il n'en est
pas exactement ainsi.
Et
l'Etat
devrait
corriger
ces
déficiences
de
fonctionnement en
intervenant directement
; mais,
de
telles pratiques ne seraient-elles pas en contradiction
avec l'idéologie libérale optée par le régime?
Aussi,
est-on réduit
à
dire
que
ces
distorsions
sont
la
conséquence
inévitable
du
modèle.
Et,
les
firmes
internationales qui opèrent
en Côte
d'Ivoire sont
en
parfaite
harmonie
avec
la
logique
du
système
en
adaptant leur comportement aux paramètres du modèle qui
le régit.
-
437 -

Certes,
jusqu'à
maintenant,
le
modèle
a
pu
supporter ses contradictions. Mais,
il ne peut résister
indéfiniment
sans
s'essoufler.
Car,
lorsque
les
contradictions
franchissent
le
seuil
du
tolérable,
elles engendrent des forces
négatives assez vives
qui
se traduisent
souvent
en tensions
sociales.
Et
les
tensions
sociales
obligent
le
pays
à
réviser
sa
stratégie sinon le fondement du système qui le régit.
43 - Effondrement du marché mondial
L'insuffisance
de
l'accumulation
interne
engendrée par le
modèle ivoirien oblige
ce dernier
à
recourir à l'accumulation
d'origine externe.
Celle-ci
l'emmène donc
à fonder
sa deuxième
stratégie sur
le
développement
des
cultures
d'exportation
(essentiellement le café,
le cacao,
les bananes,
les
ananas).
Les recettes d'exportation permettent au pays
de
compenser les rapatriements de capitaux et d'équilibrer
sa balance commerciale.
Cette situation provoque,
sur
le plan commercial, une dépendance totale à
l'égard
de
l'Extérieur. En
raison
de cette
étroite
dépendance,
l'économie ivoirienne est
vulnérable car, exposée
aux
fluctuations
aléatoires
des
cours.
En
cas
- 438 -

175
d'effondrement
prolongé
du
marché
mondial
et
de
17b
raréfaction des crédits,
l'économie
ivoirienne,
ne
disposant
pas
de
source
interne pour
se
financer,
s'étreint
alors
dans
un
"goulot d'étranglement financier".
Le prolongement de cette situation peut engendrer
une double
conséquence
ou
bien
la
COte
d'Ivoire
stocke progressivement ses
produits (pour
ne pas
les
177
vendre), comme
l'a déjà
fait,
de telle
sorte
qU'à
long terme,
elle
se
retire
complètement
du
marché
international
donc de l'ordre économique actuel
fondé
175. Effondrement dü à
la détérioration persistante des
termres de l'échange et à l'impossibilité des pays
producteurs et consommateurs de trouver un
Accord
juste équitable,
pour
réguler
les
marchés
des
produits primaires (le café,
le cacao ... ),
Clef
Supra,
Chap
III,
Sect.
II,
"Impact
de
l'environnement international
... ".
17b. Selon le Fonds Monétaire International,
les dettes
extérieures de la COte d'Ivoire s'élevaient à
205
millions de dollars en 19bb ; 958 millions en 1975
et 3 78b millions en 1979 soit respectivement
une
croissance de b,8~ et lb,b~.
Alnsi, avec un
taux
de 17~,
la
COte
d'Ivoire
tombe
dans
la
zone
dangereuse. Cet endettement a tellement
préoccupé
le F.M.I. que celui-ci
tira la sonnette
d'alarme
obligeant la COte d'Ivoire,
sous peine de
ternir
sa crédibilité auprès des financiers,
à réviser sa
politique
d'inves~issement
et
à
prendre
des
mesures draconien~ d'assainissement financier
de
son économie.
177. Selon "Afrique
Mensuel"
No 3b/Aoüt
1980,
à
la
suite de la
décision de la
C.E.E. de refuser
le
prix rémunérateur garanti du cacao demandé par
la
COte d'Ivoire,
celle-ci avait
décidé de
stocker
150 000
tonnes,
espérant en
tirer
profit
plus
tard. Mais, elle
fut contrainte
d'en vendre
100
000 tonnes en Juin 1980.
-
439 -

sur
l'échange
inégal
ou
bien,
elle
adopte
une
stratégie mixte
accordant
la
primauté
aux
cultures
vivrières au détriment des cultures d'exportation
sans
toutefois rompre avec le marché mondial.
Section II - SCENARIO DE RUPTURE
Le scénario
de
rupture
réfléchit
au
présent,
l'image future et possible d'une Côte d'Ivoire infidèle
à
son rythme actuel de transformation.
Il exprime, sous
certaines conditions
de
réalisation,
un
cheminement
vers un autre régime économique dont l'image finale est
l'autarcie.
Paragraphe
l
Conditions
d'établissement
de
l'image finale
L'image finale
d'une Côte
d'Ivoire repliée
sur
elle-même, n'est possible
que dans
l'hypothèse où
ce
pays accepte de rompre avec ses alliances politiques et
géopolitiques et l'ordre économique actuel.
L'autarcie ou le
repli de la
Côte d'Ivoire
sur
elle-même
serait
l'aboutissement
logique
d'une
situation de désespoir la contraignant à
rompre
toutes
relations avec le monde extérieur.
Sa nouvelle situation
va l'amener à
réorganiser
son économie sur de
nouvelles bases de
développement.
L'économie
étant
tournée
vers
elle-même,
le
pays
-
440 -

cherchera
à
développer
la
consommation
locale
et
activer le marché intérieur.
Il augmentera les revenus,
lesquels induiront à accroltre le pouvoir d'achat
donc
à
diversifier le panier de consommation.
La
stratégie
de
production
consacrera
naturellement la
priorité aux
cultures vivrières.
On
cherchera à
atténuer
les
différences
régionales
en
créant
les
conditions
favorables
aux
cultures
(fertilisation du sol,
irrigation, etc ... ). Le café,
le
cacao, les
bananes,
les
ananas,
anciennes
cultures
d'exportations seront désormais
produites et
traitées
aux fins de la consommation intérieure.
Pour
écouler
facilement
ces
productions,
il
importera de réorganiser
les circuits de
distribution
et de les adapter aux exigences locales.
Il
conviendra
alors
de
créer
de
nombreux
marchés
de
biens
de
consommation et de
production. Ces ·derniers
serviront
de lieux de
négociation, de
formation de
prix et
de
conclusion de contrats
entre producteurs,
grossistes,
demi-grossistes, détaillants
et consommateurs
finaux.
L'existence de ces lieux d'échanges
à
travers tout
le
territoire permettra de
rapprocher les producteurs
et
les consommateurs donc de réduire
le nombre élevé
des
178
intermédiaires commerciaux.
La diminution de
ceux-ci
178. Clef.
Chapitre
IV, Section
l
"Liaison
entre
la
production et la consommation locale".
-
441 -

entrainera la réduction du poids des valeurs
ajoutées,
laquelle fera baisser le prix à la consommation finale.
Ainsi.
le
nouveau
régime
de
l'éc0nomie
se
développera
uniquement
à
partir
des
transactions
intérieures, en se finançant par ses seules
ressources
internes. Mais, un tel régime économique ne peut
durer
longtemps en
ce
vingtième siècle.
Les
raisons
sont
nombreuses
étroitesse
du
marché
local
ivoirien,
insuffisance des facteurs
productifs, nécessité de
la
complémentarité économique.
Paragraphe
II
Facteurs
d 'instabili té
du
scénario
En effet, une
économie à
régim "autarcique"
ne
peut se
développeer
que si
son
marché
(local)
est
suffisamment important pour pouvoir stimuler à lui seul
la demande globale, laquelle induira l'augmentation des
investissements,
condition
nécessaire
pour
la
croissance de
la
production nationale.
Or,
la
Côte
179
d'Ivoire ne compte
que neuf millions
d'habitants,
à
majorité
paysanne.
Même
s'ils
étaient
tous
des
consommateurs
actifs,
cela
serait
insuffisant
pour
développer le
marché
local
et
accro1tre
le
revenu
179. En
1987,
selon
le
Plan
Ouinquennal
Ivoirien,
1981-1985.
-
442
-

national. Donc,
commercialement, le
pays ne
peut
se
passer du marché mondial.
De plus,
le contact
avec l'o~térleur a
~a7o~isé
l'émergence de
besoins
nouveaux chez
les
individus.
Pour les satisfaire, il faut en avoir les moyens ou les
180
produire
. Or,
un pays,
quel
qu'il soit,
ne
peut
produire tout ce dont
il a besoin.
Même les pays
les
plus peuplés et les plus
puissants du globe comme
les
U.S.A.,
la Russie,
la Chine, ont
toujours besoin
des
autres, car,
ils ne peuvent se suffire à eux-mêmes.
Ainsi, s'impose à la
COte d'Ivoire la
nécessité
d'entretenir des rapports géopolitiques et
économiques
avec les autres pays. Cette contrainte oppose alors
un
obstacle inéluctabie à l'accomplissement d'un
éventuel
scénario de rupture où la COte d'Ivoire, pour
résoudre
ses crises, choisirait de se replier sur elle-même.
Reste donc
la stratégie
mixte permettant
à
la
COte d'Ivoire,
de
corriger les
incohérences
ou
les
distorsions
structurelles
de
son
modèle
de
développement, sans toutefois rompre avec
l'Extérieur.
C'est l'objet du scénario contrasté ou "souhaitable".
180.
Clef supra
Chapitre I,
Section I,
paragraphe
l
"Effets
du
système
social
sur
le
mode
de
production traditionnel en COte d'Ivoire".
-
443 -

Section III - Le scénario contrasté ou souhaitable
Le scénario contrasté préconise un nouveau modèle
de développement
économique
destiné
à
résoudre
les
contradictions sus-cités que
les précédents
scénarios
ont été incapables de traiter.
Il définit une stratégie
de
développement
dont
l'objectif
prioritaire
est
accordé aux cultures vivrières sans pour autant exclure
les cultures d'exportations
et rompre
avec le
marché
mondial.
Il
ne
prétend
pas
résoudre,
dans
ce
court
chapitre, tous les problèmes posés par le développement
de la COte d'Ivoire.
Il en faudrait un livre. Il
prOne
seulement une
autre
voie à
suivre
pour
éviter
les
distorsions
fondamentales
engendrées
par
le
modèle
actuel dans sa stratégie de développement agro-alimen-
taire.
L'agro-alimentaire
ivoirien
traverse
une
situation
ambivalente

coexistent
deux
systèmes
(traditionnel-moderne), engagés
irréversiblement
dans
une
dialectique
de
destructuration-restructuration.
L'horizon 2000 sera une ère
décisive pour la
mutation
de la
société
ivoirienne.
Mais,
pour
répondre
aux
exigences du
nouvel
"Homme
Ivoirien",
une
nouvelle
conception
du
développement
agro-alimentaire
est
-
444 -

nécessaire : celle intégrant à l a fois les éléments des
deux systèmes traditionnel et moderne.
La réalisation de l'image
finale de la
nouvelle
conception de
développement suppose
l'accomplissement
préalable d'un certain
nombre de
conditions dont
les
plus
pertinentes
sont
le
maintien
dans
l'ordre
économique
mondial,
la
révision
des
rapports
économiques de la Côte d'Ivoire
et la redéfinition
de
la stratégie de développement agro-alimentaire.
Paragraphe l
- Conditions
de réalisation
de
l'image
finale
11 - Maintien dans l'ordre économique mondial
Le maintien
de
la Côte
d'Ivoire
dans
l'ordre
économique mondial actuel ne suppose pas nécessairement
que le nouveau modèle ivoirien adhère aux règles qui le
régissent. C'est une réalité.
Il faut la reconnaître
la Côte d'Ivoire toute seule, ne détient aucun
pouvoir
à
faire
changer
cet ordre.
Il
s'en suit
que
toute
modification
de
la
politique
économique
ivoirienne
n'exerce,
sur
son
fonctionnement,
aucun
effet
destabilisateur. Toutefois, elle peut influer au niveau
des rapports bilatéraux
de la Côte
d'Ivoire avec
ses
partenaires commerciaux.
-
445 -

12 - Révision des rapports économiques
Il C~~ bien entendu que la Côte d'Ivoire continue
à
demeurer dans le marché
mondial. Mais, ses
rapports
économiques avec ses
partenaires doivent être
établis
sur des
bases
d'intérêts mutuels.
Elle
doit
exiger
d'eux, le paiement de ses produits à leur juste valeur,
au prix
rémunérateur. Ce
vocable a
été maintes
fois
évoqué dans
les négociations
Nord-Sud (CNUCED).
Dans
notre acception,
le
prix est
rémunérateur
lorsqu'il
peut rémunérer les facteurs
employés pour produire
un
lot donné de produits agricoles exportés, et à un
taux
au
moins
égal
par
catégorie
de
facteur,
à
celui
pratiqué
par
le
partenaire
pour
produire
les
marchandises fournies en échange.
Mais, naturellement, une
telle exigence ne
peut
produire d'effets au niveau
international que si
elle
est soutenue par les co-producteurs. D'où la
nécessité
de la COte d'Ivoire, de renforcer ses rapports avec les
autres producteurs dans le but de former un front
uni,
un~ sorte
d'"O.P.E.P.
verte". L'entente
est
d'autant
nécessaire
qu'elle
donne
aux
pays
producteurs
de
produits
primaires
un
poids
considérable
à
faire
fléchir les
pays consommateurs
dans les
négociations
- 446 -

qui, malheureusement, se
terminent le
plus souvent
en
181
"queue de poisson" ou en défaveur des premiers
La
révision
des
rllppo:-ts
économ1;;.ues
p0Ut
dépendre aussi de
la redéfinition de
la stratégie
de
développement agro-alimentaire ivoirien.
13
Redéfinition
de
la
stratégie
de
développement agro-alimentaire
Le
nouveau
modèle
de
développement
diffère
fondamentalement de
l'ancien
dans la
définition
des
objectifs. Tandis que l'ancien accorde la priorité
aux
cultures
d'exportation,
quasiment
non
consommé~
à
l'intérieur,
le nouveau modèle privilégie les
cultures
vivrières,
sans
toutefois
ignorer
les
précédentes.
Pourrait-on se poser la
question: comment
l'économie
se financera-t-elle
? La
diminution des
rentrées
de
devises due à
la baisse des
exportations pourra
être
compensée d'une part
par les
recettes éventuelles
de
l'important
gisement
de
pétrole
découvert
en
Côte
d'Ivoire dont les débuts
de l'exploitation se
situent
en 1985 et
d'autre part
par les
recettes tirées
des
exportations
du
bois
et
des
cultures
vivrières
excédentaires.
181. Clef, Chap.
III, Section II, Parag.
III,
"Analyse de l'Impact des Accords Internationaux".
-
447 -

Cette
interversion
de
priorité
suppose
nécessairement une
redéfinition
de
la
stratégie
de
développement agro-alimentaire.
-
448 -

Paragraphe II - Stratégie du nouveau modèle
21 -
Objecti~ prioritaire et ~ondements
Avant d'exporter,
il
faut d'abord
assurer
son
182
auto-subsistance, et la Côte d'Ivoire est
capable
de
produire elle-même sa
nourriture, à condition
qu'elle
ne s'en empêche
pas. Tel
est le
principe sur
lequel
repose le nouveau modèle.
Pour assurer l'auto-subsistance,
il ne suffit pas
183
de produire beaucoup comme
le préconise la
F.A.O.
Le récent exemple de l'Inde
et de la Thaïlande est

pour le confirmer. Mais,
le pays doit rétablir le
lien
entre l'acte de produire et l'acte de se nourrir.
La
conjugaison
de
ces
deux
actes
suppose
nécessairement
la
mise
en
place
des
structures
organisées
de
telle
sorte
à
permettre
aux
petits
paysans de participer
à la
production globale,
après
avoir satisfait leurs besoins fondamentaux.
Par là,
le
modèle
exclut
la
stratégie
consistant
à
vouloir
garantir
l'alimentation
de
tous
en
augmentant
les
exportations
pour
financer
des
importations
des
182. En effet,
la
Côte d'Ivoire est
un pays riche
en
volonté,
en
esprit,
en
détermination
et
en
conditions naturelles.
183.
Clef:
Le Monde diplomatique
de Juillet 1979
sur
"Conférence de FAO 1974".
-
449 -

184
produits alimentaires
Mais,
il ne
condamne pas
a
priori la production tournée vers l'exportation.
22 - Restructuration et promotion de la condition
paysanne
221 -
Principe
La restructuration
doit
aboutir à
intégrer
la
petite paysannerie
dans
le système
de
développement
économique en améliorant ses conditions de vie
rurale.
Pour la rendre effective,
il
faut d'abord refondre·
et
promouvoir les structures de production en les adaptant
aux besoins propres des hommes
et des femmes du
tissu
rural.
La promotion des
structures de production,
pour
être efficace et profitable,
doit prendre racine
dans
une révolution agricole
véritable, dans
une sorte
de
"réforme agraire".
La
Côte d'Ivoire a
déjà amorcé
un
début (mais
encore embryonnaire)
par
l'intermédiaire
des actions
conjuguées
et
louables
de
la
COFRUTEL
(anciennement
SICOFREL) ,
SODEFEL
et
184. En effet, en raison de la détérioration résistante
des
termes
de
l'échange
et
de
leurs
efferts
pervers au chap.
III, Section II,
par.
II
"Concepts et effets des termes de l'échange",
une
telle
stratégie
comporte
le
risque
de
l'insuffisance des
recettes
d'exportations
pour
financer les importations alimentaires.
-
450 -

185
l'IRFA.
Toutefois,
le
fruit
de
ces
actions
est
insuffisant
et
inégalement
réparti
entre
la
paysannerie.
Une révolution
agricole véritable
doit viser
à
établir un
système
de
relations
entre
l'homme,
la
propriété rurale
et l'usage
de la
terre,
capable
de
promouvoir
la
justice
sociale,
le
progrès
et
le
bien-ètre
du
travailleur
rural
ainsi
que
le
développement économique du pays.
Au delà des verbes,
elle doit pouvoir serrer l'éventail
entre les gros
et les petits
exploitants, en
d'autre
version, améliorer le sort des petites propriétés
dont
vit la masse paysanne.
La nature ne fait pas de cadeau aux faibles.
Ceci
est connu et les petits agriculteurs ne nous diront pas
le contraire.
Elle
ne
recule.
que
devant
ceux
qui
résistent. Mais, pour résister,
il faut des moyens.
Ces
moyens,
les
agriculteurs traditionnels
n'en ont
pas.
Tous les ans,
aux prises avec les caprices de la nature
(intempéries), ceux-ci
s'en
sortent à
peine
par
de
maigres récoltes que l'ingratitude de la terre
consent
leur donner.
Aussi, vers la
petite paysannerie,
la
révolution agricole doit-elle tourner en priorité.
185. Clef Supra: Chapitre l, Section III,
"Recherches
technologiques ivoiriennes
et leurs
applications
dans l 'agro-alimentaire"
;
section V,
Par.
VI,
"Les filières des fruits et légumes".
-
451 -

Le gouvernement ivoirien
a vu juste
d'accorder,
dans son plan de développement,
une part importante
à
l'agriculture
dans
le plan
quinquennal
1976-1980,
21,2~
des
investissements
publics
(si
l'on
compte
l'élevage 2,5~,
la pêche
1,6~, on
a en
tout
29,9~)
contre 11,2~ seulement pour l'industrie.
Cependant,
le
problème
est
tout
autre
la
répartition des
investissements et
subventions
entre
les
agents
du
secteur
agricole.
Trop
de
petits
agriculteurs, déshérités, se
sentent de
plus en
plus
largués
dans
ce
marathon
qu'impose
l'expansion
économique, c'est-à-dire le passage époustouflant d'une
économie de subsistance à une économie d'échange fixant
ses
normes
de
production,
au
moyen
des
matériels
186
modernes
222 - Méthodes
Ainsi,
on
ne
saurait
trop
insister
sur
la
nécessité de drainer
vers la
petite paysannerie,
une
partie
substantielle
des
investissements
agricoles.
Ceux-ci peuvent prendre diverses formes:
distribution
des produits
chimiques (engrais
et dérivés)
pour
la
mise en
valeur
des
sols
stériles
éducation
des
agriculteurs,
formation
technique
de
spécialistes
186. Clef Supra
Chapitre
I,
Paragraphe
II,
"Les
étapes de la transformation du mode de
production
marchande en COte d'Ivoire".
- 452 -

nationaux en collaboration étroite avec le monde
rural
et
encadrement
technique
dense
amélioration
des
infrastructures,
par
exemple
en
Côte
d'Ivoire,
l'insuffisance
des
voies
praticables
(surtout
en
périodes de pluies)
est une des
causes fréquentes
de
pourrissements des
ananas
récoltés, mais
ne
pouvant
187
ètre ramassés
allègements des
conditions
d'accès
aux crédits agricoles par les petits agriculteurs:
en
raison des conditions posées, peu sont les
agriculteurs
qui accèdent au crédit de la B.N.D.A.,
l'unique "Banque
Nationale
de
Développement
Agricole",
de
la
Côte
d'Ivoire.
Ces quatre types d'actions doivent contribuer
à
accroltre la productivité
du travail agricole,
donc
la production sans détériorer les conditions de vie
de
la petite
paysannerie.
Le
but
est
d'accroltre
les
rendements plutôt que les surfaces productives.
L'idée de la mécanisation des activités n'est pas
à
priori à rejeter si
elle ne détruit pas
l'équilibre
écologique et ne favorise pas le chômage rural.
Certes,
la mécanisation coûte cher pour un pays
sous-développé
comme soutenait justement
René DUMONT dans
"l'Afrique
Noire est
mal partie
si toutes
les
campagnes
africaines se motorisaient d'un
seul coup, nos
jeunes
Etats n'auraient plus de devises pour équilibrer
leurs
187.
Clef
Supra
Chapitre
l,
Paragraphe
VIII
"Insuffisance de l'appareil commercial
ivoirien",
et paragr.
IX "Mécanismes de régulation".
-
453 -

usines". Mais, nous
devons comprendre
aussi que
dans
certains cas,
la mécanisation est utile et
inévitable,
du moins pour la Côte d'Ivoire:
- utile parce que plus productive et plus rentable
: le
rendement
de
la
mécanisation
sur
les
procédés
traditionnels de production
n'est plus
à
démontrer
nous parlons, bien sûr, de mécanisation des
propriétés
importantes sinon quelle est la nécessité de
mécaniser
une propriété qui frise à peine deux hectares ? Dans ce
dernier cas,
il est plutôt nécessaire de revaloriser et
de développer
les méthodes
agricoles
traditionnelles
qui s'avèrent
le
plus souvent,
ét~namment
efficaces
tant au
niveau social
qu'au
niveau écologique
la
méthoàe de
l'agriculture biologique
trouve ici
toute
son utilité
-
inévitable
parce que
le
progrès technique
et
les
exigences
internationales
nous
l'imposent
les
produits, pour être exportables,
obéissent de plus
en
plus à
des
normes
internationales
de
production
aussi, est-il de l'intérêt du pays qui veut
s'affirmer
sur
un
marché,
de
respecter
les
conditions
internationales
;
-
inévitalbe encore parce que le passage d'une économie
de subsistance à
une économie d'échange,
l'apparition
de
nouveaux
types
de
consommations
liés
à
l'augmentation du niveau de vie,
imposent aux
méthodes
-
454
-

traditionnelles de travail, un rythme éreintant. Ainsi,
seule une
mécanisation poussée
permettra de
produire
suffisamment
de
biens
pour
répondre
aux
diverses
exigences des consommateurs sans cesse croissantes tant
au niveau international qU'à celui du marché local.
En
outre,
le
programme
d'industrialisation
agricole intensive doit soutenir la politique agricole.
C'est la
condition
nécessaire
du
décollage.
Depuis
longtemps,
le
Tiers-Monde
sert
de
fournisseur
de
matières premières,
mais que
se passe-t-il
dans
les
échanges?
Il exporte
ses
matières premières
à
bon
marché, celles-ci lui retournent sous forme de produits
finis, mais
proportionnellement plus
cher. En
vingt-
huit ans,
les termes de l'échange se sont détériorés de
plus de 30%.
Il s'en suit des déficits quasi
chroniques
188
des balances commerciales du Tiers-Monde
De cette
constatation
froissante,
s'impose
au
Tiers-Monde,
la nécessité de s'industrialiser (même
la
Chine de Mao ne nous dira plus le contraire!).
Une
industrialisation
massive
du
secteur
agricole, clef de voûte de son économie, permettrait
à
la Côte
d'Ivoire de
transformer
sur place,
tout
ou
188.
Clef Supra, Chapitre
II, Section
II, Paragr.
II
"Impact d'une
variation des
termes de
l'échange
sur
la
balance
commerciale
des
paysa
en
développement".
-
455
-

partie
de
ses
produits
frais
comme
au
Brésil

l'industrialisation agricole est
déjà amorcée.
Ainsi,
pourrait-elle tirer
plus
de
profit
de
ses
propres
ressources et
par
voie de
con~équence
améliorer
sa
balance commerciale et ses termes d'échange.
La
restructuration
de
la
production
serait
incomplète
si
on
omettait
de
parler
de
la
diversification des cultures.
Ce point a une importance
incontestable pour deux raisons.
La
principale,
permettre
à
la
population
ivoirienne de parvenir
d'abord à l'auto-suffisance
en
produits
vivriers
avant
toute
idée
d'exportation.
"Ventre affamé n'a point d'oreilles"
ce dicton trouve
bien
sa
consonnance
dans
la
petite
paysannerie
enchevêtrée dans le dilemme,
survivre
ou faire de
son
pays un
modèle
du Tiers-Monde.
Certes,
le
problème
alimentaire ne revêt pas en COte d'Ivoire, un caractère
alarmant comme malheureusement dans le cas de
nombreux
pays du
Tiers-Monde
Mali, Ethiopie,
Burkina
Faso,
Niger (pour ne citer
que ceux là)
mais, ne
perdons
tout de même pas de vue qu'une partie de la
population
ivoirienne ~e
subvient insuffisamment
à ses
besoins.
Autrefois, ceux-ci
étaient
limités. Et,
grâce
â
la
générosité
de
la
terre,
les
cultures
paysannes
traditionnelles (manioc,
bananes,
igname,
taro,
mil,
fonio ... ) pouvaient suffire. Maintenant,
les choses ont
-
456 -

évolué
: l'expansion économique rapide,
le progrès de
l'urbanisation ont
fait na1tre
de nouveaux
types
de
consommation liés à
l'augmentation du
niveau de vie
en même temps,
la population s'est accrue et la
terre,
~evenue de
plus
en plus
ingrate.
D'autres
aliments
nouveaux (notamment
européens)
sont entrés
dans
les
habitudes
alimentaires
ivoiriennes.
Du
coup,
les
besoins à satisfaire sont devenus si importants qu~ les
seules
importations
entra1neraient
une
hémorragie
financière insupportable.
La seconde
raison est
de libérer
l'agriculture
ivoirienne
de
la
dépendance
des
seuls
produits
bananes, ananas,
café, cacao,
sucre et soja,
laquelle
(dépendance) la rend
vulnérable dans les
négociations
internationales. Une
diversification vers
les
autres
produits
agro-alimentaires
considérées
aujourd'hui
comme
des
produits
de
subsistance,
prémunirait
l'économie
contre
d'éventuelles
méventes
ou
catastrophes climatiques dans la production de certains
produits
d'exportations.
De
plus,
l'expansion
économique rapide
commande de
passer de
ce stade
de
subsistance
à
celui
d'échange.
Puis,
l'avenir
commercial de ces produits de subsistance n'est-il
pas
plus prometteur dans ce monde si hanté par la faim ?
Une
diversification
intensive
et
extensive
contribuerait donc à corriger les disparités régionales
-
457 -

dont sont victimes nombre de petits paysans.
Le Sud,
le
Sud-Est et une
partie du
centre de
la Côte
d'Ivoire
sont plus
favorisés
; il
Y
pousse
les
principales
cultures
du
pays
café,
cacao,
bananes
"Poyo",
bananes-plantain,
igname, manioc,
taro. A l'inverse,
le
Nord, Nord-Est, Nord-Ouest sont les plus déshérités. La
terre est ingrate.
Les récoltes, maigres. Souvent,
pas
assez d'eau.
Cultures
désordonnées,
encore
au
stade
primitif.
On doit reconnaitre,
certes,
les
investissements
projetés
dans
les
régions
déshéritées
de
la
Côte
d'Ivoire
7
500
puits
d'eau
en
1980
projet
d'aménagement
de
1
620
ha
pour
la
production,
à
l'horizon 1980 de
20 000 tian
de légumes,
réparti
en
deux sous-programmes. Mais,
ce programme, méme s ' i l est
réalisé, ne pourra pas couvrir d'ici l'an 2000 plus
de
40% de la consommation ivoirienne. Or, on sait
comment
les projets
de
ce
genre
restent
souvent
dans
les
tiroirs!
de 1971 à 1975,
il était prévu 85 000 ha
de
caféiers sélectionnés, mais les réalisations n'ont méme
pas atteint 32 000 ha. Pour répondre à la totalité
des
besoins locaux et entrevoir des exportations,
il faudra
tripler les investissements prévus.
Ainsi,
la
promotion
de la
production
agricole
doit
être
de
véritables
changements
structurels,
profitables non
seulement
aux gros
exploitants
mais
-
458 -

notamment à la petite
paysannerie, changés fondés
sur
la restructuration radicale des modes de production,
la
généralisation
de
vastes
programmes
intégrés,
la
promotion
des
exploitations
familiales
et
les
tranformations des conditions
de vie
du monde
rural.
C'est seulement dans ces
conditions que les
objectifs
d'exportation,
ambitieux
soient-ils,
peuvent
être
atteints sans provoquer de distorsions à l'intérieur du
pays.
Une fois
résolu
le problème
d'insuffisance
de
production
alimentaire,
le
nouveau
modèle
doit
permettre
d'écouler
cette
dernière.
Deux
objectifs
s'imposent
la
stimulation du
marché
local
et
la
promotion de l'exportation.
23 - Ecoulement de la production
231 -
La stimulation du marché
intérieur
ivoirien
Nous avons dit", plus haut,
que pour assurer
son
autosuffisance
alimentaire,
la
COte
d'Ivoire
doit
rétablir le lien entre l'acte de produire et l'acte
de
se nourrir.
Après la
réalisation
de ce
dernier,
la
cellule
(familiale)
productrice
doit
envisager
la
commercialisation du
surplus de
production,
laquelle
peut faire l'objet d'exportation.
-
459 -

Mais,
avant
d'exporter,
on
devrait
d'abord
s'assurer de la satisfaction du
marché local qui
doit
jouer le
rôle
de moteur
principal
du
développement
économique du pays.
En effet,
contrairement
à
l'actuel
modèle
de
développement économique ivoirien fondé essentiellement
189
sur la promotion du marché extérieur
considéré
comme
la locomotive du développement global,
la stratégie
de
notre modèle repose d'abord sur la promotion du
marché
intérieur
par
lequel
passe
nécessairement
la
réalisation de l'auto-suffisance alimentaire.
Cette conception est justifiée par la théorie
de
reproduction élargie de
Quesnay, Ricardo, Smith,
Marx
et d'autres auteurs de modèles de croissance économique
selon lesquels le marché extérieur
peut jouer le
rôle
de force motrice
de la
reproduction seulement
durant
les phases initiales du développement économique
car,
sa
capacité
d'absorption
de
certains
produits
est
limitée au
développement,
à
la
capacité
du
marché
189. Le auteurs du Plan Quinquennal 1976-1980, Vol.
l,
page 49
"Côte
d'Ivoire
et
du
Projet
du
Plan
Quinquennal 1981-1985, Tome l, p.
11,
soutiennent
qUE
le marché intérieur ivoirien eEt "trop étroit"
pour permettre
le développement
d'une
industrie
suffisamment
intégrée
et
diversifiée".
Et,
partant,
ils
expriment
la
conviction
que
l'ouverture sur
l'extérieur appara1t· souhaitable
et même indispensable.
-
460 -

intérieur
et
à
son
aptitude
à
se
transformer
en
locomotive de développement.
Ce~
limites
confortent
donc
notre
thèse
qui
soutient qu'en fonction du développement de
l'économie
et
du
processus
d'industrialisation,
le
marché
intérieur
se
transforme,
à
un
moment
donné
en
principale force motrice du progrès économique.
Pour l'illustrer
analysons ci-après
l'évolution
du rapport
entre les
marchés extérieur
et
intérieur
dans la masse
globale du Produit
National Brut de
la
Côte d'Ivoire.
-
461 -

EVŒ1JrIŒ DES RlCWITS VENOOS SUR lE MARQIE :INl'mNAt" ~ SUR lE MARœE
NATIeW.L (Eh m:i.lliazès de m'A : 1 W = 50 m'A et E!'l %)
a:Hœl\\NIES
1965
1970
1975
1980
1985
1990
Exportaticn m1.xd ŒA
92,5
131,0
288,0
715,2
959,5
1243.1
Cr:::I1a:wœ.tial inteme
m1.xd ŒA
222,1
329,0
737,0
2343.8
2915,5
4254,9
Pm + IlJIDr1:atial
m1.xd ŒA
314,6
460,0
3059,0
3875,0
5498,0
ExpJrtati.cn E!'l %
29.3
28.4
31,1
23,3
.24,7
22,6
CŒlsl:mœlti.m inteme
E!'l%
70,7
71,6
68.9
76,7
75,3
77.4
Pm + IlJIDr1:atial E!'l %
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
s:urœ M:inistère à.l Plan ''Plan ()l:in::}uennal 1971-1975 J;BÇJe5 61. 72
Plan qlI.Ïn}Uerlr1al 1976-1980, Voluœ ur, p. 626
Projet du Plan c;).JiIq. 1981-1985, r;age 81.
En restant sur le terrain des mutations
réelles,
ce tableau révèle une croissance relative et absolue du
marché intérieur au détriment
du marché extérieur
qui
diminue relativement
depuis
1975
malgré
ses
forces
potentielles entretenues
par la
volonté politique
de
l'ouverture sur l'extérieur. De 68,
9~ en 1975, il
est
passé à 76,7~ en 1980, et atteindra sûrement 80~ à l'an
2000 tandis que le marché
extérieur passe de 31,1~
en
1975 à 23,3~ en 1980.
Cette
croissance
vertigineuse
des
forces
potentielles du marché
intérieur procèle du
processus
dynamique d'industrialisation, de l'urbanisation et
de
la poussée démographique.
- 462 -

Dans cette
perspective,
l'accroissement
de
la
satisfaction des
besoins
de
la
population
par
une
politique d'auto-suffisance
bien
menée
permettra
au
marché
national
de
jouer
le
rOle
d'une
véritable
locomotive du développement économique ivoirien de l'an
2000.
Après
le
marché
intérieur,
il
est
également
intéressant de conquérir les marchés de la CEDEAO.
232 -
Opportunités des marchés africafhs
La
diversification
vers
les
marchés
190
africains
s'avère bénéfique
à
la
COte
d'Ivoire
à
double point de vue
la proximité réduirait les
coûts
de transports
; les
accords commerciaux
entre
Etats
Africains sont
plus souples
et avantageux,
du
moins
La Taxe de Coopération Régionale (TCR) destinée à
amoindrir les droits douaniers des produits industriels
constitue une puissante incitation aux échanges intra-
190. Clef.
Chapitre
III,
Sections
l
et
II "Demande
extérieure",
et
"Analyse
critique
des
Accords
sous-régionaux" (CEAO-CEDEAO).
191. Clef:
Chapitre III,
Sections l
et II
"Demande
extérieure ... ", et "Analyse critique des
Accords
sous-régionaux" (CEAO-CEDEAO).
-
463 -

communautaires.
Certes,
la CEAO
et la
CEDEAO
gisent
encore à l'état embryonnaire,
mais déjà les
résultats
enregistrés sont encourageants : les échanges intra
communautaires ont augmenté entre 1976 et 1978 de
111%
192
soit 0,17
milliards
de Francs
Français
en
1978
totale franchise sans droits douaniers des produits
du
cru: réalisation
d'un programme
de développement
de
centre semencier et de centres de multiplication et
de
sélection du bétail, etc ...
Ces initiatives
doivent
donc se
poursuivre
et
s'étendre sur tout le
continent africain.
La
réussite
de celles-ci nécessite,
entre autres, un
enthousiasme
des
administrations
nationales,
l'harmonisation
des
réglementations.
un
bon
appareil
de
statistique
économique, bref, un
profond changement d'attitude
et
une meilleure information des décideurs concernés.
Certes,
les
produits
frais
ivoriens
y
rencontreront une vive concurrence
du fait que
nombre
de
pays
africains
en
sont
producteurs,
mais
les
produits agro-industriels ivoiriens
pourront faire
la
balance vu l'avance
incontestable de
l'agro-industrie
193
ivoirienne sur
celle de
ses voisins
Sur les
150
192. Jeune Afrique, No
1033 du 22
Octobre 1980,
page
57.
-
464 -

194
millions
de
travailleurs-consommateurs
(un
intéressant marché
potentiel) qu'offre
la CEDEAO,
la
COte d'Ivoire pourra "tailler sa part de lion" grâce
à
la compétitivité de ses produits.
Ces quelques chiffres suffisent pour nous
situer
l'importance de la taille de ce marché potentiel sous-
régional
:
les importations
de produits
alimentaires
autres que le tabac
et les boissons
de la Gambie,
du
Sénégal, du Ghana, du Libéria, du Mali,
du Nigéria,
de
195
la Sierra Leone et du
Togo
ont progressé en
moyenne
de 21,1% par an passant de 1,439 milliards de dollars à
3,470 milliards entre 1974 et 1979. Le Nigéria a vu
sa
part augmenter exceptionnellement
de 36,7%
en 1974
à
69.6% en 1979.
L'augmentation des seules céréales dans 15 autres
196
pays de la CEDEAO
a été de 877,1 millions de
dollars
en 1978
et
957,1 millions
de
dollars en
1980.
Les
importations
du
riz
ont
été
plus
élevées
(52,6%)
193.
Clef
Supra,
Chap.
l,
Section
II
"Processus
d'industrie
ivoirienne".
. et
"Recherches
technologiques ... ".
194. Jeune No 1016, du 25 Juin 1980, page 601.
195.
Il
s'agit
des
pays
de
la
CEDEAO
dont
les
statistiques sont disponibles,
cahier du CIRES
l,
I I .
196.
Il
s'agit
des
pays
de
la
CEDEAO
dont
les
statistiques sont disponibles, Cahier du CIRES
l,
II.
-
465 -

suivies du blé
(37,6%), du mars
(6,4%) et des
autres
céréales (3,4%).
197
Ces statistiques
éloquentes
révèlent bien
les
possibilités rassurantes de la Côte d'ivoire à
écouler
son surplus de produits alimentaires
sur le marché
de
la CEDEAO.
Le
marché
intérieur
ivoirien
et
les
marchés
africains sont certes, nécessaires pour la dynamisation
du
commerce
de
la
Côte
d'Ivoire,
mais,
ils
sont
insuffisants (à eux seuls), en
ce sens que le
premier
est très limité (9 000 000 habitants au pouvoir d'achat
198
faible)
et les
seconds
gisent encore
à
l'état
de
gestation. Donc,
l'exportation hors
de l'Afrique
est
utile
sans
pour
autant
constituer
la
base
de
la
stratégie commerciale.
233 - La promotion de l'exportation
L'exportation,
en
Côte
d'ivoire,
bien
que
reléguée au secondplan (dans ce modèle), est aussi
une
phase
assez
importante
parce
que
ancrée
dans
le
comportement
du
producteur
ivoirien
l'Ivoirien
197.
Il
s'agit
des
pays
de
la
CEDEAO,
dont
les
statistiques sont disponibles,
Cahier du CIRES
l,
II.
198. En effet, plus un pays
est petit, plus son
ratio
d'ouverture internationale
est
élevée.
La
Côte
d'Ivoire,
avec
sa
faible
population,
ne
peut
compter uniquement sur son commerce intérieur.
-
466 -

produit les bananes "Paya",
les
ananas,
le café et
le
caca~ mais
en
consomme très
peu
il
produit
pour
l'extérieur, le consommateur occidental en particulier.
Aussi, doit-il suivre l'évolution de la technologie
et
des pratiques
comme~iales
pour mieux
satisfaire
ses
clients (devenus de plus en plus avertis) et élargir sa
part de marché.
En effet, de nos jours,
la demande détermine
la
production, une demande
de plus en
plus exigente.
Le
produit agricole apparalt comme un produit
industriel,
fabriqué,
standardisé.
Il doit répondre à une
certaine
attente du consommateur. Par là,
il a perdu sa
qualité
première, son essence naturelle pour devenir artificiel
même avant son usinage. A la production, on mélange les
semis, on greffe les plants, on les engraisse, bref,
il
faut respecter les normes des cultures modernes,
si
on
veut
que
ses
produits
soient
compétitifs.
Le
consommateur se trouve alors devant plusieurs
"gammes"
de produits agricoles de même
nature mais de
qualités
différentes
sur
lesquelles
se
porte
son
choix
199
d'efficience
Il
va
éliminer
celles
dont
les
199. Selon le modèle de Lancaster, lorsque le nombre de
produits
est
supérieur
à
celui
des
caractéristiques, le choix complet du consommateur
se décompose
en
deux
un
cho~x
d'efficience
consistant à éliminer
toutes les combinaisons
de
produits
efficients
et
un
choix
de
prix
consistant à
retenir le produit ou la
combinaison
de
produits
efficients
ayant
les
"prix
intéressants".
-
467 -

caractéristiques ne
satisfont pas
ses attentes
on
n'achète plus de l'ananas,
de la mangue,
du citron,
de
la papaye . . .
(comme naguère),
mais l'ananas de
telle
taille,
la mangue
de tel calibre,
le citron de
telle
couleur, la papaye
de tel
goût, ou le
café de
telle
teneur (en
caféine)
Après
l'élimination,
il
ne
reste plus sur le marché
que les produits qui
rendent
les meilleurs services.
Dans une telle
situation, apparalt l'utilité
de
la promotion et de la
publicité. Mais,
ici encore,
la
COte d'Ivoire
a une
grosse lacune.
On n'est
plus
à
l'époque

"un
produit
techniquement
bon
est
commercialisable", où
seul
le produit
comptait,
les
besoins excédant les biens,
il suffisait de
produire.
On n'est
plus à
l'époque de
"l'optique de
l'offre",
(selon l'expression de M.
J.J.
JUSTEAU dans
"Objectifs
et méthodes du marketing").
Le postulat de
l'économie
classique
semble
aujourd'hui
inversé
c'est
le
producteur qui va à
la recherche du
client et non
ce
200
dernier qui prospecte le premier.
Ainsi, pousser le
produit vers le
consommateur,
l'informer
constamment,
lui
donner
la
capacité
d'évaluer les
performances de la
marchandise,
telles
200.
'"
Du moins, concernant les biens de consommation
courante, vendus sur
des marchés
concurrentiels,
la pluralité des producterus
impose à ceux-ci
la
prospection des clients ...
-
468 -

sont les actions
que doit
mener la
Côte d'Ivoire
si
elle veut accro1tre
ses exportations
et garantir
son
marché potentiel.
Ce dernier ne
doit pas étr~ canalisé
dans un seul créneau comme la France l'est pour la Côte
d'Ivoire.
Nous
l'avions
analysé
dans
le
chapitre
201
III
précédent
la
France est
de
loin
le
client
privilégié de
la Côte
d'Ivoire
: 35%
des
conserves
d'ananas, 85%
des
jus, 65%
des
bananes (de
197Y
à
1974), 73,3% (en 1975) et 82% en 1976. On peut
estimer
ainsi à plus de 75%
des exportations ivoiriennes
vers
la France. Certes, la Côte
d'Ivoire y trouve
meilleur
prix
de
ses
produits
agricoles,
mais
le
problème
demeure dans
l'avenir
: ce
quasi-monopole
ne
saura
durer longtemps.
Le marché français est contingenté. Et
la Côte d'Ivoire dispose seulement de 75/140è du
tiers
du
marché
franç.ais
qu'elle
ne
peut
dépasser
J
théoriquement. Si
elle
est amenée
parfois
à
livrer
davantage,
c'est
pour
compléter
les
offres
insuffisantes de ses
partenaires. Mais,
cela ne
peu
continuer longtemps car ces derniers se réveillent peut
à
peu et deviennent même des concurrents inquiétants.
De même,
le marché des ananas souffre des menaces
de l'avenir car Paris, après avoir accordé le privilège
au département de la Martinique, a décidé d'ouvrir
ses
201.
Chapitre III,
Section l,
Paragraphe l,
"Demande
extérieure des
autres produits
agro-alimentaires
ivoiriens".
-
469 -

frontières.
Ainsi,
la
Côte d'Ivoire
voit
poindre
à
l'horizon,
la
concurrence
de la
Thaïlande,
Formose,
Malaisie, de
Hawaï
et du
Kenya.
Tout
ceci
laisse
présager
un
marché
potentiel
incertain,
voire
inexistant, du moins
on ne
comptera plus
que sur
le
marché actuel. Or, une entreprise sans marché potentiel
réel
(ou marché projeté) étouffe son expansion, et
par
là, s'expose à une faillite certaine.
Il en va de
même
pour la
Côte d'Ivoire
dont
le marché
principal,
la
France, se rétrécit d'année en année.
Pour éviter l'impasse,
s'impose une nécessité
promouvoir
les
produits
auprès
des
revendeurs
et
utilisateurs
finaux
(par
exemple,
actions
promotionnelles
dans
les
foires
internationales,
publicité sur lieu de vente "P.L.V."),
intensifier
les
actions publicitaires
(sur
les
anciens
et
nouveaux
produits),
en
vue
d'ancrer
dans
l'esprit
des
consommateurs,
le
label
du
pays.
Car,
si
la
Côte
d'Ivoire a sur acquérir une renommée de qualité
auprès
des importateurs
du monde
entier
(pour le
café
par
exemple),
il lui
reste à obtenir
une image de
marque
auprès des consommateurs finaux.
D'autre part,
il
faut lancer
ou développer
les
produits ivoiriens sur d'autres marchés que la
France,
à
l'intérieur comme à l'extérieur de la CEE:
liItalie,
la R.F.A.,
les
Pays-Bas,
la Belgique,
la Suisse,
les
-
470 -

U.S.A.~ les pays arabes, le Koweit, les Emirats
Arabes
unis,
pour ne
citer que
ceux là,
sont des
débouchés
202
intéressants à conquérir
En
conclusion,
l'intensification
et
la
diversification des exportations de produits
agricoles
peuvent permettre
à
la
COte d'Ivoire
d'améliorer
la
position de
sa balance
de
paiements et
de
financer
(sans coüts) son
industrialisation.
Dans une
économie
disposant d'un capital relativement faible comme
celle
de la
Côte d'Ivoire,
l'industrialisation ne
peut
se
développer que par le transfert des revenus à partir du
lieu
initial
d'accumulation
le
secteur
de
l'exportation qui procure des capitaux nécessaires pour
l'accumulation et l'investissement.
La stratégie du nouveau modèle (préconisé)
obéit
donc à une .logique bien
précise qu'on peut résumer
de
la façon suivante
: la
structuration de la
production
vivrière entra1ne
le
développement
de
celle-ci
qui
permettra de vendre les surplus
de consommation
les
ventes permettront d'améliorer les conditions de vie et
de travail des paysans,
lesquels auront alors la
force
d'étendre
leurs
activités
vers
d'autres
202.
Clef,
Chapiter III,
Section l,
"Perspectives
des
deman~es extérieures des produits ivoiriens".
-
471 -

cultures
d'exportation
l'amélioration
de
leurs
conditions de travail et l'extension de leurs activités
engendreront un
accroissement
de la
productivité
du
travail qui entra1nera
une élévation
de leur
pouvoir
d'achat, donc de leurs revenus:
ceux-ci leur donneront
le pouvoir d'intervenir plus
activement sur le
marché
local de biens
de consommation et
de production
la
stimulation
du
marché
incitera
à
accro1tre
les
investissement~ qui,
à
leur
tour,
entretiendront
l'accumulation interne du
capital:
l'accumulation
du
capital d'origine agricole
augmentée d'autres
sources
financières
(comme
le
pétrole,
le
diamant
etc
... )
permettra de
financer
l'économie
et
de
la
libérer
progressivement du joug du capital extérieur.
-
472 -

CONCLUSION
GENERALE
473

I
- "MIRACLE ECONOMIQUE IVOIRIEN" ou
"CROISSANCE
SANS DEVELOPPEMENT" ?
Parvenu
au
terme
de
cette
étude,
peut-on
maintenant éclairer ce
débat? Que
dire du mod~le
de
développement de la
Côte d'Ivoire et
de son avenir
d
l'an 2000 ?
En comparant
quantitativement
les
performances
économiques ivoiriennes avec
celles des pays
voisins,
on a une raison, en effet, de f~ter avec allégresse
le
27~me anniversaire du
mod~le ivoirien.
Mais,
la
Côte
d'ivaire est-elle pour autant bien partie?
Mieux qu'un long discours,
le tableau
comparatif
(en annexe 15) nous répond en partie.
En
effet,
avec
un
taux
de
couverture
d'importation oscillant entre 118. et 128', la
balance
commerciale ivoirienne,
constamment excédentaire,
est
l'une des meilleures
en Afrique apr~s
la Lybie et
le
Nigéria,
loin devant le Gabon,
le Ghana, le
Cameroun,
10 Tanzanie,
l'Algérie, le Sénégal
et les autres
pays
d'afrique Occidentale.
Son Produit Intérieur brut s'est chiffré en
1979
à 1 942 milliards de FCFA, soit en moyenne, un taux
de
croissance de 7,5' (en termes réels) depuis 1968,
date
474

de
son
indtpendance.
Ce
dernier
a
trigt
la
C6te
d'Ivoire
en
place
d'honneur
au
niveau
mondial
surclassant de
loin
ses voisins
aFricains
comme
la
Tanzanie (5,21), le Nigtria (5~), l'A1gtrie (4,8~),
le
Cameroun (4~), le Stntga1 (2,7~), le Ghana (1,5~), pour
ne
nommer
que
les
plus
importants,
elle
se
Fait
dtpasser à peine par
le Japon, la
Corte (9,5~) ou
le
Brtsi1 (8~),
mais
devance
nettement
tous
les
pays
europtens, le Canada ou les U.S.A.
Son Produit National Brut
(21,7 milliards de
FF
en 1976 et 25,3 en 1977) la classe en premi~re position
en AFrique apr~s le Nigtria, l'A1gtrie, la Lybie
(tous
producteurs de pttro1e).
Ainsi,
en
considtrant
uniquement
ces
donntes
quantitatives globales,
la
C6te
d'Ivoire
Fait
bien
portie du peloton
de tete en
AFrique. Mais, la
seule
considtration des chiFFres
globauK nous suFFit-elle
à
dt1ivrer à
la
C6te d'Ivoire
le
"posseport
paur
le
dtve10ppement 7".
En eFFet,
le mod~le
ivoirien, tout
en
tentant
d'atttnuer le
divorce entre
mondes urbain
et
rural,
entre nantis et pouvres,
a poradoKa1ement aggravt
les
tcarts
entre
niveauK
de
vie
en
engendrant
des
rtcriminations, reFlet
d'un
clivage
de
classes.
Il
porte en lui des contradictions
internes, germe de
sa
475

propre négation. Celles-ci constituent
l'aboutissement
conséquent de
son
processus de
développement
lequel
obéit à
la logique
de développement
des pays
de
la
21!3
"périphérie.
II -
LA LOGIOUE DU DEVELOPPEMENT AGRO-ALIMENTAIRE
DE LA PERIPHERIE
La logique
du
développement
de
la
périphérie
obéit aux
règles
de
la
Division
Internationale
.du
Travail née de la "révolution industrielle" aux
U.S.A.
et en
Europe.
attribuant aux
calonies
(directes
ou
indirectes)
la
production
de
matières
premières
indispensables aux pays industriels.
Elle
est
fondée
sur
une
bipolarisation
de
l'agriculture et un mode de production caractérisée par
la
haute
productivité.
condition
nécessaire
pour
l'intégration de l'agriculture au système industriel.
Pour
faciliter
le
processus
d'intégration
industrielle. les pays de la périphérie accordent, dans
leurs programmes de développement agricole, la priorité
aux
cultures
d'exportation.
En
modernisant
ces
dernières et
en
maintenant pour
des
raisons
autant
politiques qu'économiques l'organisation arrisana~e
et
21!3. Autre appelation
du Tiers-Monde
ou des
pays
en
développement par oppasition aux pays du
"centre"
ou pays développés.
476

certains traits
archalques
du
Wstatut
paysan W,
ils
participent
consciemment
ou
inconsciemment
la
division du monde agraire.
Oans ce
nouveau syst~me
agraire bipo1arisé,
le
statut-paysan, caractérisé par le travail familial
non
salarié et peu
rentable (axé
essentiellement sur
les
productions vivri~res), appara~t
donc comme une
forme
idéologique et économique que revet
à un moment
donné
l'organisation moderne
de
l'agriculture
soumise
aux
firmes industrielles.
Cette forme idéologique et économique,
identique
dans tous
les
pays
périphériques,
persistera
aussi
1angtemps que
le mode
actuel de
production
agricole
survivra.
Méme si le mode de propriété de la terre
diff~re
d'un pays
à
l'autre
(en
C6te
d'Ivoire,
W1a
terre
appartient à
qui la
travai11e w , au
Brésil, c'est
le
syst~e de latifundia et minifundia) , il est un domaine
00 tout le monde converge: le mode de production.
En effet,
apr~s
l'~re de
la
féodalité
et
de
l'esclavage
(dans
certains
pays)
ou
de
10
préco10nisation
(dans
d'autres),
apparurent
deux
syst~mes
agraires
qui
demeurent
encore
en
vigueur
aujourd'hui: d'une part, les grondes unités
fonci~res
et
commerciales
appelées
au
Brésil,
477

c'est-à-dire le contr81e par une minorité de l'accès
à
la propriété foncière
leur but
:
fournir au
marché
mondial des produits tropicaux résumés
essentiellement
par le café, le cacao, les bananes, les ananas. O'autre
part,
la
petite
agriculture
de
type
primitif
et
itinérant. ou
wminifundiaw
au Brésil
sa
raison
d'etre : produire pour survivre.
S'il lui arrivait
de
vendre quelques
produits,
c'étaient les
surplus
des
économie~ de subsistance
Le
développement
agricole
engendré
le
développement
rapide
des
marchés
urbains
et
de
l'industrialisation,
n'a
pu
faire
dispara~tre
la
structure
agraire
primitive.
Au
contraire,
la
production de celle-ci s'est accrue
en meme temps
que
celle de la grande
entreprise agricole et
commerciale
puisqu'on
a
pu
satisfaire
en
partie
les
besoins
alimentaires sans cesse croissants des marchés urbains.
En effet. i l était vital
pour les petits
agriculteurs
d'accro~tre leur production (donc la vente des
surplus
des économies
de
subsistance)
pour
se
procurer
le
complément monétaire nécessaire à leur austère
régime,
c'est-à-dire d'etre de petits paysans. Les tableaux (en
annexe 16)
illustrent quelques
exemples
d'inégalités
entre les plantations en C8te d'Ivoire et au Brésil.
Beaucoup
produisent
très
peu.
Et
très
peu
produisent
beaucoup.
Telle
est
la
structure
des
478

plantations
ivoiriennes
et
brésiliennes,
et
extension, de celles de la périphérie . C'est le rer1et
du développement du syst~me agraire de marché. Celui-ci
modirie la structure agraire, lui impose rapidement une
rorme purement industrielle
tout en
maintenant et
en
entretenant par
ailleurs,
une
autre
rorme
de
type
primitir.
Ainsi, les
productions
ne sont
pas
dans
leur
ensemble
assurées
une
agriculture
Tins
commerciales
mais,
par
une
agriculture
en
partie
subsistantie11e. Et les
ventes qui
en résultent
sont
les surplus des consommations apr~s que les myriades de
petits
agriculteurs
ont
assouvi
leurs
besoins
de
subsistance. Autrement dit,
les ventes sont
couvertes
por la partie de la
production de subsistance que
les
agriculteurs ont renoncé d consommer.
Il coexiste donc, dans les pays en développement,
deux syst~mes de production (le
syst~me moderne et
le
syst~me traditionnel),
engagés conr1ictue11ement
dans
une dialectique de destructuration-restructuration.
Caractérisé
son
mode
de
production
industriel, homog~ne,
bien
structuré et
intégré,
le
premier est rondé sur la rentabilité et la production d
grande
éChelle
(Be.
de
la
production
nationale)
orientée essentiellement vers les exportations.
479

O~fini pàr la petite production subistantie11e ou
marchande destin~e à alimenter la consommation
locale,
le second se
distingue du
premier par
l'organisation
familiale et artisanale de sa production.
Les
besoins
alimentaires
de
la
population
s'accroissant rapidement, le caract~re artisanal de
la
production du second ne lui permet pas d'y faire
face.
Alors, apparaIt
la distorsion
dont le
tribut est
le
ddficit alimentaire .

Pour
assurer
l'dqui1ibre
alimentaire,
on
se
trouve donc
cantraints
d'importer. Or,
les
recettes
d'exportation,
du
fait
de
l'dchange
in~ga1,
ne
suffisent pos à financer les importations ndcessaires à
couvrir les besoins alimentaires supp1dmentaires
qu'on
aurait pu satisfaire soi-même. On
est ici en
prdsence
du
grand
poradoxe
des
politiques
de
ddve1appement
agricole centr~es
sur
les
exportations
quand,
pour
assurer la consommation
locale, an
doit importer
des
aliments qu'on pourrait produire soi-même.
Ce paradoxe est
entretenu par l'incohdrence
des
investissements
dans
des
secteurs
non
n~cessiteux,
laquelle produit
des
distorsions ~conomiques
qui,
à
leur tour, engendrent des foyers de tensions sociales.
Ainsi,
10
logique
du
ddve10ppement
agro-
alimentaire des pays de la pdriph~rie porte en elle des
480

contradictions, sources
des
insatisFactions
sociales
exprimées parfois violemment ou tacitement.
III - POUR UN AUTREftlODELE DE DEVELOPPEftlENT
Pour résoudre ces
contradictions, la
périphérie
doit
nécessairement
-divorcer-
avec
sa
logique
de
développement de base et -épouser- une autre : celle du
développement
centré
sur
l'auto-satisFaction
égalitaire.
Cette derni~re ne suppose
pas la rupture
totale
avec les exportations, mais, l'inversion des
priorités
dans les plans de développement
agricoles tel qu'il
a
été
détaillé
dans
notre
scénario
souhaitable.
La
périphérie doit repousser le productivisme
déshumanisé
comme principe
d'action,
et renoncer
rad:fcalement
ct
copier les mod~les
du -centre- pour
se mouler sur
la
réalité nationale.
Car,
l'importation
du
mod~le
d'un
pays
dont
l'histoire n'a rien de commun avec la nOtre, n'est-elle
pas
au
contraire,
une
source
de
blocage
au
développement
?
La
destruction
des
communautés
traditionnelles
au
praFit
d'un
individualisme
incontràlaDle, ne nuit-elle pos au développement?
Les disparités régionales niées au nom d'un centralisme
mal
compris
ne
Ferment-elles
pas
les
portes
du
481

d~ve1oppement
qua1itati~,
pro~itab1e
d
toute
la
population ?
Pour gagner
son
pari
de
l'an
2666,
la
C{jte
d'Ivoire doit d~~inir de nouvelles ~ins
un .odtHe
de
d~ve1oppe.ent ~ond~ sur le wconsciencis.e nationa1 w
et
int~grant la masse
dans le
syst~.e ~conomique
appuy~
sur la r~a1it~ organique
du peuple, la
revalorisation
de ses
richesses, le
d~ve1oppement de
l'~ga1it~
des
chances, le respect de ses troditions et de sa 1ibert~,
et
la
satis~action
premi~re
de
ses
besoins
~ondamentau)(.
482

ANNEXES

(I)
A N N E X E
15
Caractéristiques économiques de La Côte d'Ivoire avec quelques pays
(en miUiards de francs)
/
/
P.N.B.
/
Tauz d'in fia-
/
Ba7,ance de
/
Ba Û1:nce cam-
/
/
/
g7,oba7,
/
tian en %
/
paiements
/
mercia7,e
/
/
/
/
/
/
/
,
,
,
,
,
,
/
/
/
/
{
/
{
1976
1977
1976
1977
1975
1977
/
i
/
i
i
/1978 /1975 t 1978 t 1977 /
t 1976 1
/
- - -- - -
,
,
,
,
,
,
,
,
,
,
/
/
/
/France
. 1 351i1 866
9,6
9,5
9,li-0,1 . -28 7 i-16 ,2
/+6,50 i-22,3 i-13,4
/
/
/
/
/
'
/
/Cte d'IV.! 21,7/ 25,3 { 12,1 /27,5 / 13,2{-1,7 /-0,99 /-1,96
/+0,98 {+2,4
/+3,57 /
,
,
,
,
,
,
/
1
/
/
/
/
/
; Sénéga 7,
10,1; 11
6,2
6,6
i-0,25; -
;-0,6
1
/
1
!
/
/
/
/
/N-t"-géria
/147,4/ 163
/ 22,1 /21,3 !
-
/+0,18/-1,67 /-4,39
/+12,9 /+13,7 /+12,9 1
,
,
,
,
,
,
,
,
,
,
/
/
!
iGhn.na
18,4; 20
52,4 ;80,4 ;69,9 ,-0,01,-0,42 ;-0,2
i+O,64 }+0,4
;+0,64
/
/
/
/Gabon
/
9,7/
9,9 / 20,2 fl3,9 flO,7 /+0, 141+!J,14 / +0,21
/
- /+2,77 /+2,78 1
,
,
,
,
,
,
,
/
/
/
/
/
/
,Caméroun
11,3; 13
9,9 ,14,6
- ,-0,42
/
i-O, :3
i+O,14 i+O,53
1
/
!
/
!
/Tanzanie 1 13,21 15
!
6,9 fl1,5 /
/-1,02/-0,02 /-0,05
/-1,27 /-0,75 /-0,51 /
,
,
,
,
,
,
,
,
,
,
,
/
1
;A7,gérie
79,6; 92,2
9,2
/
1
i 11 ,7 /17,2 /-7,14/-4,34 /-11,3
;-4,35 /+2,49 ;-1,27 /
/Tunisie
/ 21,8/ 24,5 /
5,4 / 6,6 / 6,2 /-0,79/-0,60 /';'2,62
/-1,95 1-2,97 /-3,98 1
,
,
,
,
,
,
,
,
/
1
/
/
!
/Lybie
72,2; 86
5,2
6,4
;-0,29/+8,09
/
i+14,2
;+7,81 i+18,9 ;+25,3
/
/
/
/
(BrésiL
1682
/770
1 41,7 /43,7 /38,7 /-29,1/-29,7 /-23,8
/-15,2 !-10,9 /+0,22 /
1
1
!
!
!
/
!
/
!
!
!
!
!
Dettes ivoiriennes: 4,14 mi7,7,iards en 1975, 5,64 en 1976, 9,67 en 1977.
Source
TabLeau éLaboré à partir des statistiques du NOUVEL OBSERVATEUR
"ATLASECO 1979".

(II)
A N N E X E
16
TabLeau
Production
- - - - - - - -
Nombre
Tonnes
1973
De o à 120 tian. •••••••••
1 039
85,58
24 892
10,08
De 120 à 600 tian. ••••..•
118
9,72
33 543
24,37
nus de 600 tian
.......
57
4,70
79 218
57,55
TotaL ••••••.•.•
1 214
100
137 653
100
1974 :
De o à 120 tian .........
1 062
86,06
22 552
13,59
De 120 à 600 tian. ••.••..
125
10,13
44 934
27,07
nus de 600 tian
.......
47
3,81
98 499
59,34
TotaL ·.........
1 234
100
165 985
100
1975 :
De o à 120 tian ·.........
921
86,48
16 584
11,74
De 120 à 600 tian ••••••••
80
7,51
21 856
15,48
nus de 600 tian ••••..•.•
64
6,01
102 7?J
72,58
TotaL ·.........
1 065
100
141 213
100
1976 :
De O,à 120 tian ·.........
759
86,74
11 664
11,51
De 120 à 600 tian .••.••.•
52
7,09
17 854
17,61
nus de 600 tian ••••••••.
54
6,17
71 847
70,80
TotaL ••.•••••••
875
100
. 101 365
100
Source: Ministère ivoirien de L'AgricuLture
TabLeau
ExempLes de distributions des e:r:pLoitations seLon l,a. taiLLe
(au BrésU)
PERNAMBOUC
SAD PAUW
SANTA CATARINA
MATO GROSSO
TaiUe des
Nbre Surface
Nbre de surface
Nbre de surface
Nbre de surface
ezpwitat.
%
%
%
%
%
%
%
%
(en hâ)
65,1
0-5
6,3
22,2
1,1
15,4
1,3
28,2
0,2
5-10
12,4
4,5
18,0
2,2
16,2
3,4
15,9
0,3
10·20
8,8
6,3
19,2
4,4
27,2
11,1
12,8
0,4
20-50
7,0
11,3
20.4
10,4
29.7
25.9
16.2
1,2
50-100
3,1
11.3
9.1
10,3
7,2
14,0
5,7
0,9
100-1000
3,3
44,9
10.3
43,4
4,1
29,2
13,9
11,3
nus de 1000
0,2
15,3
0.7
28,2
0,2
15,0
6,7
85,7
Source :
Censo Agropecuario 1970, Sinopse preUminar

(III)
L'enquête a été l'éalisée aupl'ès d'une poT!Ulation de 1 740 unités
familiales l'epl'ésentatives, séleationnées selon le p~ de sondage mis au
point pal' la Dil'eation de la Statistique Ivoil'ienne à l 'oaaasion de son
enquête SUl' le budget et la aom:or.rnation. '::et
é~luzntiUor. estimé ='::!pzoéser.-
tatif de l'ensemble de la Côte d'Ivoil'e déaoupée en quatre l'égions (Fol'êt-
Est, FOl'êt~st, Savanes, viUes) est l'épal'ti SUl' 23 viUes et 60. viUages
l'etenus selon leUl' inrpol'tanae.

Ce déaoupage l'epose SUl' l'idée que l'étude des aompol'tements des
aonsorrvnateu:t'B passe d'abol'd pal' l'analyse des pl'oduits de aonsommation dont
la typologie, dans le aas de la Côte d'Ivoil'e, est étroitement liée à leUl'8
origines auUul'ales. Pal' exemple le taro étant aultivé essentieUement en
FOl'êt-Est, sa aonsommation est logiquement plus inrpol'tante
dans aette l'é-
gion que dans les autl'es.
Pal'tant, les individus ont été intel'l'ogés en fonation de leUl'8
aatégo!'Us soaio/?rofessionneUes (souventdiffél'entes dans une même famille)
et non seulement pal' unités familiales aomme l'avait effeatué la Dil'eation
de la Statistique.
Il a été envisagé douze (12) prinaipau:x: postes diffél'ents de pl'O-
duits vivriel's englobant les divel's états sous lesquels Us peuvent être
aonsommé8
: pal' exemple, le riz pl'end en aompte le riz blana, la farine de
riz.; le mats (l'épi de mats, la fal'ine de mats) ; le manioa (le manioa
frais, la farine, l'A ttiéké, le gari ... ) ; e ta.
Avant d'analysel' les l'ésultats de l'enquête, U inrpOl'te d'abol'd
de pl'éaisel' nos démal'ahes qui s 'al'tiaulent autoUl' de quatre points : la
nomenalatUl'e des pl'oduits vivriel's l'etenus ; les méthodes de stratifiaation
et les l'égions de l'enquête qui en déaoulent ; la taiUe de l'enquête et
les période8 de aoUeate aOl'l'espondante8 ; enfin, le mode d'évaluation de
la aonsommation en pl'oduits vivriel's.

(1) La nomenalature des pl'oduits viv!'Ul's
Le ahoix des 12 prinaipau:x: postes de vivriel's a été guidé pal' le
souci de pl'endre en aompte tous les aspeats essentiels des produits alimen-
tail'es aOUl'amment aonsommés en Côte d'Ivoil'e. TI a été dona l'etenu dans
les:
- aél'éales : le riz, le mats, le mil, le sOl'gho, le fonio, le blé ;
- féaulents : le manioa dont l'Attiéké, la banane-plantain, les pommes
de tel'l'e, les patates douces, les ignames, le taro ;
- divel's : les légumes, noix et gl'ains (araahides, aal'ottes, navets,
hal'iaots, radis, salades vel'tes, ahou, aonaombl'e, poivl'ons,
aOUl'ges, piments, oignons, ail, Maines, feuiUes, gl'aines
oléagineux eta ... ) et les conserves.


(IV)
(2) Méthodes de stratification et rég'/,Ons d'enquête
L'enquête a été menée à la foù; en milieu puro"L et en milieu
urbain. En miUeu PUro"L, on a d'abord œ"Leationné au 1er degré, 60
viZlages aonsidérés aomme éahantiUon représentatif de "L'ensemb"Le des
villag;;;s de Cô~ d'Ivoire l'épa1·ties en trois régions (Fon§t-Est, Forêt-
Ouest, Savanes et-en fonation ainq aritères : existenae d'é"Leatriaité,
d'un marahé quotidien, d'un marahé périodique, d'une chatne commereiaZe

et d'un groupement viUageois aoopératif.
Ensuite, on a tiré au second degré au sein de chaque viZlage
des gmppes de 10 unités familia"Les en considérant "Le niveau de revenu
annue"L et la catégorie socio-professionneUe.
En milieu urbain, "L'enquête a été menée à Abidjan et dans "Les
autres viUes sewn deux méthodowgies différentes.
A Abidjan, 30 unités familia"Les ont été tirées d'abord au
premie1' degré, par gmppes de "Logements suivant "Le qUl:œtier et "Le type
d 'habitat, puis, au second degré en utilisant systématiquement "Le revenu

mensuel- et "La catégorie socio-professionneUe aomme critères de strotifi-
cation.
Conael'nant "Les autres viUes, 23 seu"Lement SUI' 65 existantes,
ont été sé"Lectionnées comme échantiUon xoeprésentatif en fonation des
critères de taU"Le de la production et de la proportion du nombl'e d'actifs
agrico"Les mascu"Lins.

Dans un second temps, on a choisi au sein de chaque viUe, des wgements
se"Lon "Les cl'itères de qua1'tiers et de type d'habitat. Puis, on a tiré

30 unités de famiUes pal' viUe de façon systématique en considérant "Le
niveau de revenu mensue"L et "La catégorie socio-professionneUe comme
critèl'e de stratification.
En définitive, "L'enquête a p01'té SUl' cinq grandes régions :
trois en milieu PUra"L ("La Forêt-Est, la Fol'êt-ouest, "La Savane) et deux
en milieu urbain (Abidjan et "Les autres viUes).
(3) La taiZ"Le de "L'enquête et "Les pé1'iodes de coUecte C01'res;
pondânte.
Commencée "Le p1'emie1' Octobre 1981, "L'enquête s'est aahevée
"Le 30 Septembre 1982, soit douze mois de dupée. EUe a été effectuée SUI'
1740 unités familia"Les représentatives composées de 600 unités famUia"Les
en mi"Lieu l'UI'a"L, 450 unités fami"Lia"Les en miZieu abidjanais et de 690

unités fami"LiaZes dans "Les autres viZZes.

(V)
(4) Le mod.e d'évaluation de la consommation en produits vivl'iers
D'abord, la consommation totale des produits vivriers pour
la période 1981-1982 se définit comme la somme de toutes les consomma-
tions des unités familiales de Côte d'Ivoire durant ladite période.
Elles peuvent êt~ effectuées au sein des unités familiales
(on les appelle alors consommations internes) ou en dehors de celles-ci
lors des repas pris à l'extérieur (elles sont dites consommations externes).
Leur évaluation est d'autant difficile qu'elles sont faites
en unités de mesure différentes (qu'il faut ha:maniser) et que les habi-
tudes alimentaires des memb~s de famille sont très variées : ceu::c-ci
peuvent manger soit ensemble dans la même famille, soit séparés indivi-
duellement, soit dans un autre groupe de commensalité,
des plats issus de la
même famitle
ou des familles différentes.
Les formes de la consommation individuelle étant alors multi-
ples et val'iées, la consommation d'un groupe de personnes au sein d'une
unité familiale ne peut être divisible et ramenée à une somme de consom-

mations individue lles.
Aussi, pour calculer la consommation globale à partir des
consommations par tête, a-t-on dû considérer toutes les formes sous-
lesquelles les aliments sont consommés: plats préparés dans les cuisines,
produits et plats re~s de l'extérieur (pour la consommation interne) ;
pour l-a aOruJommation externe
: produits ou plats consommés individuelle-
ment hors des repas, plats préparés pl'is au::c restaurants ou maquis, pro-
duits ou plats consommés dans d'autres unités familiales à titre d'invi-
tation.

Pour évaluer les quantités de la cOruJommation interne, on a
procédé simplement par approximations successives des quantités en exami-
nant les diverses formes de consommation sous hypo.thèses de stabilité

des stocks (égalité des stocks ex-anu et ex-post) et d'égalité des plats
reçus et des plats envoyés (tout plat préparé dans une autre famille et
envoyé dans la famille enquêtée pour y être consommé).
Dans la premiè~ hypothèse, on a admis par simplification
que la variation des stocks (différence entre stocks initiau::c ou ex-ante
et stocks finals ou ex-post) est nulle d'où égalité entre produits appro-
visionnés et produits préparés.
La seconde hypothèse établit, au niveau de l'univers, l'éga-
lité entre les plats re~s et les plats envoyés en partant du pl'incipe
que tout plat envoyé par une famille étant considéré comme un plat ~~
dans la famille destinataire, les effets globau::c de leurs mouvements sur
la consommation s'annulent quasiment. De plus, elle assimile au::c plats
reçus les "produits apportés" (produits qui, achetés ou non, sont amenés
par un invité pour être consommés lors d'un repas avec la famille enquêtée).

(VI)
L'évaluation des quantités de la consommation externe totale
a été effectuée en tenant compte des twis aspects de la consommation:
- vu les difficultés d'évaluer les quantités ou les poids des consomma-
tions extérieures dans des restaurants ou maquis
celles-ci n'ont pas
3
été prises en compte
ce qui a amené à diminuer la population enquêtée
3
du nombre de personnes-repas pris à l'extérieW' pour obtenir la popula-
tion de référence.
- les consommations faites lors de l'invitation dans d'autres unités
familiales n'ont pas été également pri8es en compte en panant du prin-

cipe que toute per80nne physique invitée dans une famille étant absente
dans sa famille d'origine
au niveau de l'univers
l'ensemble des person-
3
3
nes invitées est égal à l'ensemble des personnes absentes
donc les
3
effets globaux de leW's mouvements SW' la consommation sont quasiment
nuls ;
- Seules les consommations effectuées à titre individuel en dehors des
repas ont été considérées : le poids ou les quantités des plats sont
évalués selon les coefficients de poids moyen
par part de plat
ou direc-
3
tement le montant de la dépense afférente à leW' achat et le rapport
valeur-quantité correspondant.
Connaissant les consommations inter>nes et exter>nes
on les
3
a divisées par la population totale de référence pOW' obtenir la consom-
mation par tête qui

multipliée par l'ensemble de la population ivoirienne
3
a donné la consommation totale des produits vivriers dW'ant la période
considérée 1981-1982.
Maintenant
comment a-t-on évalué l'auto-consommation comprise
3
dans ces consommations ?
D'abord
l'auto-consommation, par définition
est la consom-
3
3
mation des produits approvisionnés qui sont d'une part ante-preduits3
aulement dit provenant d'un grenier
d'une parceUe
d'un troupeau d'ani-
3
3
maux
de la chasse ou de la cueillette et d'autre part reçus en cadeaux
3
ou en échanges.
NOU8 l'avons valorisée par le prix moyen pondéré au kg calculé
SW' la base des poids de chaque produit acheté par strate d'enquête
(en
le multipliant par la quantité totale auto-consommée). En voici la
formule :

i A 3 un produit donné de la strate A
o 3 les différentes observations du produit i dans le fichier 3
P
3
la valeW' du produit i acheté 3
Q
3
la quantité en gramme du produit i acheté pOW' la valezœ P3
le prix moyen au kilogramme de pwduit i pour la strate A se calcule ainsi :
1000 X Eo Po 3 i A X Qo , iA
P.
=
1-A
Eo Qo 3 i A

(VII)
La valeup du produit i. autooonsommée par la strate A est
égale à :
_ QAC. iA X PiA
1000

QAC. est la quantité totale en grCUTUl7es du produit "i" autooonsommé
pour la strate .1.
Quoique satisfaisante en général. oette méthode a l'incon-
vénient de ne pas tenir oompte des produits non représentatifs oomme le
ma1:s en épi frais dont on n'avait pas de valeup aohetée en milieu 1'U1'al
et qui a été en oonséquenoe évalué au prix du marohé urbain. oe qui a
entrainé
sa surestimation.
Enfin. après reoensement de toutes les fiohes d'enquête qui
ont fait l'objet d'un traitement par tri à plat et oroisé. Zes tableaux
oi-après ont été établis.


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Les résultats de l'enquête consignés dans ce tableau indiquent
que, du 1er Octobre 1981 au 30 Septembre 1982, la consommation interne
(de la population de référence) déterminée sur la base des quantités de
produits préparés dans les cuisines est estimée à 2 212 417 tonnes, soit
97,4 % de la consommation totale.
Son analyse révèle que les habitudes de consommations indivi-
du.elles en produits ou an plats (brs d~s repa.s fcurd.lie:u:r:) sont pT!!$
accentuées en milieu urbain (Autres villes 4,8 %, Abidjan 4,1 %) qu'en
milieu rural (Forêt-ouest 4 %, Forêt-Est 1,4 %, Savanes 0,9 %), par
rapport à la consommation totale.
D'autre part, cette consommation interne comprend principalement
l'igname 36,6 % suivie du manioc 19,6 %, des bananes-plantains 18,5 % et
du riz 15 %.

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La aonsommation extezone de lA populAtion de référenae (aonsignée
dans le tableau II) s'élève seulement à 58232 tonnes de produits vivriere
aontI'e
2212471 tonnes de produits vivriers de aonsommation interne soit
2,6 % de lA aonsommation totale.
EUe se aompose essentieUement de bana:n.es-plantains (37,1 %
sous fome d'AUoao, beignets, de bouiUie, de braisée ou de foutou), du
manioa (34,8 % sous fome d'Att~'éké, de foutou~ de rrzgcrût, de P7.(lrJ9r.i-.~ ..• J;
du riz (11 % sous fome de sauae, ou de bouiLLie) et du ma'Îs (8,2 % sous
fome de bouiLLie, de purée ou de braisée). Les ignames, pourtant dominan-
tes dans lA aonsommation totale, ne représentent, en aonsommation extezone,

que 6,7 %, en raison, aertainement, du fait qu'eUes sont méaonnues et
diffiaiLes à préparer.

TABLEAU III - REPARTITION REGIONALE DES POPULATIONS
Population
CO!'!'eation des
Population de
Régions
totale
repas extérieU!'s
référenae
Forêt-Est
2 250 300
1,05
2 143 143
Forêt-ouest
1 300 632
1,03
1 262 750
Sava:ne
1 625 843
1,06
1 533 814
Abidjan
1 513 122
1,09
1 388 185
Autres villes
1 791 213
1,07
1 674 031
Ensemble
8 481 110
1,06
8 001 923
Avant de détemner les aonsommations par tête et en déduire
Les aonsommations totales, il a faUu tout d'abord aonnattre la popula-
tion de référenae qui est égale à lA population totale diminuée du nanbre
de personnes ayant aonsommé à l'extérieur de la fCllTliLLe dans des restau-
rants modezones ou traditionne ls ( ''Maquis''). TI ressort du tab Leau III,
ai-dessus, que 6 % de l'ensemble des repas-pereonne poU!' la popu'lation
totale du pays ont été aonsommés à l'extérieur des unités familiales.
Ce taux diffère aependant d'une région à l'autre : il est plus élevé en
milieu urbain (9 % à Abidjan, 7 % dans les autres viUes) qu'en milieu
l'UI'CÛ
(6 % en Sava:ne, 5 % en Forêt-Est et 3 % en Forêt-Duest).

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En divisant l,a consommation total,e (e.xternes + interne8) paZ' l,a
popuZation de Z'éféZ'ence, on obtient Za consommation paZ' tête du tabl,eau IV.
Pour 1, 'ensemb!,e de Za Côte d'IvoiZ'e, du leZ' Octobroe 1981 au 30 Septemb1'e
1982, eUe monte à 1 374 kg Z'éPaZ'tis inégal,ement entroe !,es différoentes
Z'égions enquêtées: pl,us faib!,e en miUeu UZ'bain (187 kg à Abidjan, 13,6 %
du total, ; 204 kg dans l,es autZ'e8 viUe8, 14,9 %) qu'en miUeu Z'Ural,
(FoZ'êt-Eat 400 kg, 29,1 % ; ïioZ'êt-Duest 398,6 kg, 21,7 % et Savane 285,.1
kg, 20,7 %).
Les pZ'oduit8 consommés coUZ'amment 80nt : l,es ignames (33, 1 % de
Za consommation g7,obal,e, 49 % en FoZ'êt-Est) suivies paZ' l,es bananes-pl,antains
(20,3 % du total"
35,8 % en FOZ'êt-Due8t), l,e manioc (20,1 % du total"
34,2 % en FoZ'êt-<Juest), l,e Z'iz (15,8 % du total"
22,3 % dans l,e8 auti'e8
viUes) et du ma-ts (5,7 % du total"
13,3 % en Savane).
La connais8ance des consommations paZ' tête pe:rmet de bâtiZ' l,e
tabl,eau V Z'eZatif à l,a st1'uctUZ'e du budget de IXJnsommation total,e de8 pro-
duits vivZ'ieZ's paZ' Z'égions et aatégoZ'ies 8oaio-pZ'ofessionnel,l,e8.

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(xv)
Ce tabLeau V est Le l'efLet du tabLeau l
(SUI' La consommation
interne) en ce sens que Les produits conservent Le même OI'dre de grandeup
l'ûative : d'une manièI'e génémLe, Le bwlget consacI'é, à L'aLimentation
est beaucoup pLus important en miLieu 1'UI'aL qu'en miLieu' urbain (Forêt-Est
901930 tonnes, 37,6 % ; Savane 460 767 tonnes, 19,2 % ; Forêt-Guest
388406,6 tonnes,
16,2 % contre 365507,3 tonnes, 15,2 % dans Les Autres
ViLLes et 283413 tonnes, 11,8 % à AbidJan).
Les fécuLents, affectionnés p'71' ~eB C!ÇJl'1.:l'>uUeW's_ ot Les eTTTJ?7.Ql!,~q­
OuvZ'ieI's-Artisans, dominent Les céZ'éaLes par Leur importance quantita-tive :
Les ignames, en tête aVec 857846 tonnes soit 36 %, sont essentieLLement
consommées en Forêt-Est, de même que Le manioc (477358 tonnes, 20 % occu-
pant ainsi ~ seconde position) ; les bananes-pLantains (455841 tonnes,
19 % 3è mng) sont égaLement dominantes en ,Forêt-Est, mais, surtout en
Forêt-Duest.

En revanche, Le riz (357814 tonnes 15 %) est pLutôt consommée
principaLement dans Les viLles et dans Les régions de Savane par Les ca-
dres en génémL, mais aussi Les empLoyés-ouvriers-Artisans - sans profes-
sion réaida:n t en viUes .
Certes, Les diffé1'e/1.ees démographiques entre Les régions e3;er-aent
une infLuence non négUgeab~ SUI' Les chiffres gLobauz, mais ceu:c-ci sont
d'autant significatifs qu'Us sont confiI'TTlés
par Les consommations/tête
du tab leau IV.
Il- faut souLigner égaLement que chaque région a ses habitudes
aLimentaires Liées au:r: camctéristiques des produits cuLtivés. Et, chaque
unité de famiLLe ou individu consomme en fonction de
ses revenus souvent
dépendants de sa catégorie socio-professionneUe.
Le tabLeau VI et VII, ci-après donne La répartition du bud(;et
de consommation suivant Les revenus et Les régions. On remarque ~ domi-
nance des fécuLents et des céréaLes sur tous Les pLans et ~ substitution
réciproque entre viandes et poissons. Les légumes, Les noix et gpains
prennent une part de pLus en pLus importante dans Les bud(;ets de consomma-
tion.

TABLEAU VI : STRUCTURE DU BUDGET DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE
EN FONCTION DU REVENU ANNUEL/TETE EN MILIEU RURAL
(Pour 100 FCFA : 1 FF = 50 FCF)
moins dB
la 000
20 000
30 000
50 000
70 000
100 000
Plus dB
'RODUITS
la 000
~ 20 000
à 30 000
à 50 000
à 70 000
à 100 oro
à 200 000
200 Oi]i]
'l'éales
2,5
la
6
la
11
9
8
9
'au len ts
60
50
52
47
49
51
45
47,5
'gumes-groins
12
15,5
13,5
13
5,5
6
9
8
nseI'Ves
0,5
1
3
2
1
2,5
3
2
andB
17
8
la
12
23
19
23,5
21
isson
5
13
12
14
la
11
10,5
11,5
:tI'es diveI's
3
2,5
3,5
2
0,5
1,5
1
1,5
'Semble
100
100
100
100
100
100
100
100
TABLEAU VII : STRUCTURE DU BUDGET DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE
EN FONCTION DU REVENU MENSUEL/TETE EN MILIEU RURAL
moins de
5 000
la 000
20 000
30 000
Plu8 dB
PRODUITS
5 000
à la 000
à 20 000
à 30 000
à 50 000
50 000
Cél'éales
30
31
29
32
31
31,5
Féaulen ta
18
19
17
16
16
15
Légumes-groins
12
12,5
13
13,5
13
14
ConseI'Ves
3
2
3,5
2
3
4
ViandB
17
17,5
15
16
17
18
Poisson
15
18
19
18,5
18
16
AutI'es diveI'8
5
2
35
2
2
1,5
Ensemble
100
100
100
100
100
100

. .-"
QUESTIONNAIRE
Bonjouzo
Bonsoir

Monsieuzo, Madame, MadBmoise l le,
Dans le aadre dB notre enquête SUl' les aonsorrmations alimentaires en
Côte d'I7JOire, noUft aimenont; ')01'/'8" pOl:'er rr.œZques questione.
D'wanae, merai dB 7JOtre aoUahorotion
N.B.
Traduction en Zcr:rvJage loaal
I -
NIVEAU D'INSTRUCTION
Comprenez-vous le Fm:n.çais ?
Oui
Non
a) Si oui, quel est 7JOtre niveau d'études ?
Pas d'études
I l
Etudes primaires (CEPE ou non)
I l
EtudBs seaondo.ires 1er C!fjale (CAP, BEPC,ou non)
I l
Etudes seaondo.ires 2è ayale
(BaaaalaW'éat ou nOn)
I l
Etudes supérieures (Universités, grandes éaoles, Instituts)
I l
b) Sinon, quel(s) langues ou diaZeates parlez-vous ?
Espagnol
I l
Anglais
I l
Agni
1 /
Baoulé
17
Bété
I l
Gouzoo
/
j
Atti4:
I l
• Abbè
/7
Koulango
I l
Barnba.1'a
I l
Autres (à préciser)
I l

(XVIII)
II - ACTIVITES
1) Quelle est votre profession principale ?
a) Coopéran t-Assistan t-V. S. N-Horrme d'Affaires
(Occidentaux ou)
/ 1
Asiatiques
b) Fonctionnaire, Privé (Cadres supérieurs)
/ 1
c) Fonctionnaire, Privé (Cadres moyens)
/ 1
d) E;npwyés
I l
e) Ouvriers
/ 1
f) Artisans
/ 1
g) AgricuUeurs
/ 1
h) Autres (à préciser)
/ 1
2) Avez-vous des pLantations ou cultures vivrières ?
Oui
/ 1
Non
/ 1
- Si oui, quels sont les produits cultivés ?
a) CéT'éales
riz
/ 1
mats
/ 1
• mil, sorgho, fonio
/ 1
b) Féculents
manioc
/ 1
bananes-plantains
/ 1
igname tardif
/ 1
igname précoce
/ 1
• taro
/ 1
porrmes de terre
I l
patates douces
/ 1
c) Légumes et noi:t:-grains
arachides
/ 1
conserves
Cl
cou:t'ges
/ 1
haricots
/ 1
oléagineux
I l
piments
/ 1
- Si non, corrmercialisez-..Jous une partie de ces produits ?
Oui
/ 1
Non
/ 1

(XIX)
III - CONSOMMATIONS
1) Mangez-vous à domicile ou en famiUe :
F r é que n ces
Re pas
Toujours
Souvent
Que l-que fois
Rarement
Jamais
Autres
a)
Petit déjeuner
I l
I l
1 7
1 7
1 7
/
1
b)
Déjeuner
1 7
1 7
17
/
/
17
17
c)
Dtner ou souper
17
17
Cl
17
17
I l
d)
Autres (à préciser)
I l
17
17
17
17
17

(XX)
2) Dans l'affirmative, quels produits ou plats (principaux) consommez-vous
habitue l Lemen t :
Natu1'e du
p!'oduits
plats ou p!'oduits p1'épaPés
!'epas
Café(soluble)
r 7
Bananes-
Chocolat, Café, Chico!'ée ou
Petit
plantain
r7
tisane au Lait
Cacao (moulu)
r 7
déjeune!'
Ignames, taPo
r 7
Chico!'ée
r 7
Chocolat, café, chico!'ée ou
D Mat8, riz, mil,
tisane sirrrp le
I l
Tisane (thé,
fonio, so!'gho
r 7
veI'Veine,
Pain au beu:rTe
r 7
tiUeul)
Aut!'es
r 7
Pain simple
r 7
Blé
r 7
Bananes, ignames, taPo
(braisés)
r 7
MU, sorogho, fonio, mats,
riz (bouiUis)
r 7
Autre8
r 7
Igname ta!'dif r 7
Manioc
r 7
Riz en sauce
r 7
Igname p!'écoce r 7 TaPo
r 7
Riz tomates
r 7
Bananes-pLant./ . ;
Pomme de
Foutou d'ignames en sauce
I l
te!'I'e
Patates
r 7
douaesr7
Foutou de bananes et de manioc
I l
en sauce
Mats
r 7
MU, so!'gho,
Déjeune!'
fonio
r 7
Foutou de taPo en sauce
Riz
r 7
r 7
Blé
Foufou
1 1
AttiéM au
Auberogines
I l
r 7
poi88on
r 7
Haricots
17
Ragoût
r 7
A!'achides
r 7
PLacaLi
T l
AUoco
r 7
Tomate8
r 7
Piments
r 7
PU1'ée
BouiUie
r 7
r 7
COU1'ge8
r 7
Oignons
r 7
Beignets
r 7
Steak
Oléagineux/
;
Boeuf
r 7
1
frites
1
Crudité8
T l
VolaiUe8/
;
Mouton
17
Mal'aconi
1
Aut!'es plats
I l
Poisson
r 7
Antilope
r 7
(ou pâte8)L
eU1'opéens
F1'Uit8
r 7
EscaPgots r 7
ConseI'Vesr7
aut1'e8
r 7
Salades
FeuiUe8
r 7
Couscousl
1
(à p!'éC"i8e!')
r 7
ve!'tes
Aut!'es
r 7
Dtne!'
identique
ou
identique
soupe!'

J) En dEhors dEs repas en famiUe
(ou à domicile) ~ mangez-vous :
F l' é que n ces
LIE U
Tour jours
Souvent
Quûquefois
Rarement
Jamais
Autres à
préciser

,----,
~)
Chez des amis
/ 1
17
1 ;'
/ ;'
L I
17
,)
En corrmunautés de famrriUes
différentes.
17
17
/ 7
17
0
/7
!)
Au restaurant l'Maquis"
17
17
17
17
/ 7
17
u Au restaurant moderne
17
17
17
17
17
17
~)
Au bal'
17
/ 7
[ 7
/1
17
17
')
Chez dEs venMurs(euses)
17
/7
T7
17
17
17
dE marché ou dE rues
r)
Autres (à préciser)
17
CJ
/7
0
17
17
4) QueUs) type(s) dE p~at(s) consommez-Vous ?
a) Riz en sauces
/7 b) Riz tomates
17
c) PLacaU
/ 7 d) foufou / /
e) Attiéké au poisson
17 f) Macaroni (pâtes)
17
g) AUoco
/7 h) BouiUieO
i) Foutou d ligname ~
17
j) Fou tou dE bananes~
-
k) Ragoût /
1
dE taro ~ en sauces
cJ.g manioc ~ en sauces U
m) Plats européens
17
n) Autres (à préciser)
17

\\
(XXII)
5) Pouvez-voua nous donner approximativement Les quantités et les valeurs quoti-
diennes ou hebdomadaires moyennes des produits suivants vos plats individuels
ou en groupe :
Consommations
Quotidiens
Hebdomadaires
Produits
indivi-
en
poids ou
nombre
pm
poids ou nombre
pm
duelLes
.famiLle
d'unités
unitaires
drunité~ unitaires
CéZ'éaLes :
- riz
·
""
..
..
·
~
.
- Mais
...... "" t
"""
..
- Mi2, so:ragho,
fonio
- Blé
Féc:ultenta
- Manioa
·····.·· ······. ········· ···.····· ·····.··· ······· ······.·.·····.····
- Ignames
········ ·······. ····.··.· ·.···.·.· ·······.· ······. ··.···········.····
- Bananes-plant.
···.···. ······· ·.·····.· ········· ···.·.··· ····.·· ····.·········.···•
- Taro
········ ··.···· ········· ········· ········· ······· ··.···········.··.·
- Pommes de terre
········ ·.·····. ······.·· ········· ········· ·····.· ··············.····
- Patates douaes
········ ······· ·.······· ········· ·····.··· ······· ····.·····.···.·.·
- Légumes, noix-
grains
.. .. .. ..
..
..
- Conserves
.. .. .. .. .. ..
..
..
Autres
(à préaiser)
...... ""
..

(XX 1fi)
IV - CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
1) Sexe
• Masaulin
17
• Férrrinin
1 /
2) Age
Inférieuzo à 18 ans
18 ans à 24 ans
25
-
34 ans
35
-
44 ans
45
-
54 ans
55
-
64 ans
supérieuzo à 64 ans
3) Situation familiale
MariéCe)
Célibataire
Veuf~ divoroé
Nombre d'enfants
Nombre de personnes
aomposan t
le groupe
o
de aommensalité
4) Niveau de revenus (en FCFA)
Montants
MensueLs
Annuels
Type
Forêt
Forêt
Sava-
Abi-
Autres
d'habitat
Est
Ouest
nes
djan
villes
-
moins de 5 000
.
j
1
1
1
Pavillon
j,l
1 /
1 /
11 1 /
5 000
à
la 000
17
17
Maison indi-
la
17
17 1 / 1 / 1 /
000 -
20 000
1 /
1
1
vidu.elle
20 000 -
30 000
17
1
1
Maison
aolleative
30 000 -
50 000
I l
1 7
(aonaession)
il il D D D
50 000 -
70 000
17
V
/
H.L.M.
70 000 -
100 000
I l
CJ
(AppaI'te
menta)
100 000 - 200 000
1 /
CJ
D a 0 0 0
Plus de
200 000
1
1
1
7
Bidonville
I l r7 I l C7 / 7
Autres
(à préaiser)
0
I l
I l
1 /
I l
·...........
·...........
·...........
1

\\.
(tiN)
v - IDENTIFICATION DU QUESTIONNAIRE
Nom et PIoénoms de l'Enquêtewo :
Lieux enquêtés
:
Villages
Abidjan (qua:r>tieZ' )
AutZ'es villes
RéféZ'ence du questionnaiZ'e-
Temps effectué
Date

B 1 B LlO G R A PHI E
LIVRES ET MANUELS :
.ABDELMALEK, BOURDIEU :"Le déracinement
: la crise
de
l'agriculture traditionnelle en Algérie, Ed.
de Minuit.
AMIN (Samir)
: "Le développement du capitalisme en COte
d'Ivoireé, Ed. de Minuit.
AMIN (Samir)
: L'accumulation à l'échelle mondiale" Ed.
Paris Anthropos,
IFAN lq6q.
ARON
(R.)
"Dix
huit
leçons
sur
la
société
industrielle", Gallimard,
lq62.
BADOUIN (Robert)
:
"Les agriculteurs de subsistance
et
le développement économique".
BAIROCH
P;
"Diagnostic
de
l'évolution,
évolution
économique du Tiers-Monde,
lqOO-lq60". A.
PEDONE,
lq75.
Ed. Gauthier Villards,
Paris lq67.
BRA KANON (Denis)
: "Développement ou
appauvrissement"
Ed . Economica,
lq85.
BASTIDE (Roger)
:
"Brésil, Terre des contrastes", Paris
Hachette, lq75.
BESSIS (Sophie)
"Les
problèmes agricoles
du
Tiers
Monde",
Nouvelles
Publications
de
la
Documentation
française.

BOLLINGER (Daniel)
: "Le marketing en Afrique:
la Côte
d'Ivoire"
CEDA
Abidjan,
Collection,
"L'Entreprise
Africaine" .
BORRIS (Maldant)
"Les
facteurs
de
la
production
agricole en
Côte d'Ivoire",
CEDA Abidjan,
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· Collection, Un
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l'Auto-suffisance alimentaire", Edition ABIDJAN.
-
«'

- Enquêtes
sur les
consommations dans
les villes
et
campagnes ivoiriennes.
ENTRETIENS AVEC :
- Mr Joseph LEBlHAN, Directeur
de Recherches à
Paris-
Dauphine : durant tout le temps de préparation de cette
thèse.
- Mr S.
WIKHAM, Professeur Responsable
de la
Cellule
"Marketing" à l'Université de Dauphine
25 juin
1980
et quelquefois après les cours 1979-1980.
- Mme MARCHAND, Maitre de Conférences à l'Université de
Paris-Dauphine: 18 Juin 1980.
- Mr
PIGANIOL,
Professeur de
prospective
économique
Dauphine: février 1980.
- Mr DIALLOZ, Responsable du
C.I.C.E., 21 av.
de
Saxe
75007 Paris
en 1977
- Mr NAVIL, Responsable du Service Economique, IRFA, 6,
rue Gal Clerg, 75016 Paris
: en 1978.
- Mr
le Responsable
des
Affaires Economiques
de
la
SICOFREL, 21, av.
de Saxe - 75007 Paris: en 1978.